ivAiivLiET TRAIT! V:À ET .AGRÎOOT (^ LIBRARY OF l©65_l©5e TRAITÉ ZOOLOGIE MÉDICALE ET AGRICOLE 4585-03. — CoRBEiL. Imprimerie Éd. Créfé. TRAITÉ DE ZOOLOGIE MÉDICALE ET AGRICOLE A. RAILLIET PROFESSEUR d'hISTOIRE NATURELLE A l'ÉCOLE VÉTÉHINAIRE d'aLFORT DEUXIÈME ÉDITION Avec 892 figures intercalées dans le texte PARIS ASSELIN ET HOUZEAU LIBRAIRES DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE et de la Société centrale de médecine vétérinaire PLACE DE l"ÉCOLE-DE-.MÉDECINE 1895 PREFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION Le titre même de cet ouvrage nous paraît en indiquer clairement le but et la portée. Ces Eléments de zoologie médicale et agricole ne sont autres que le développement du cours que nous professons à Alfort depuis plusieurs années, — car nous avons toujours conçu notre enseignement comme devant répondre à ces deux indications essen- tielles : applications à la médecine et à l'agriculture. Ce n'est point à dire pour cela que nous ayons cru devoir nous limiter à des considérations pratiques. Il est impossible de mécon- naître que, dans le cours entier de leur carrière, les élèves auxquels nous nous adressons doivent avoir l'esprit dirigé vers les études bio- logiques : partant, nous sommes tenus de ne pas négliger les prin- cipes généraux qui servent de base à ces études. D'autre part, ces élèves ont déjà acquis, dans l'enseignement universitaire, des notions élémentaires sur les choses de la zoologie : nous devons donc rappe- ler et au besoin compléter ces notions, avant d'aborder les points d'application. D'après ces données, nous avons tenté de produire un exposé élé- mentaire, concis et méthodique, de l'organisation, des fonctions et de la classification des animaux, en profitant de ce cadre pour faire une étude spéciale des formes animales qui intéressent la médecine et l'agriculture. Nous avons cherché à donner de ces formes une descrip- tion abrégée, mais aussi précise que possible, de manière à permettre même aux débutants d'en faire la détermination. Ilnous a paru conve- nable d'insister plutôt sur leur évolution, qui permet dans beaucoup de cas de mettre en lumière leur mode d'action et de préciser leur rôle dans le développement des maladies. Il ne faut pas s'étonner de voir l'étude des parasites tenir ici le premier rang : on sait trop combien s'étend chaque jour le champ de VI PRÉFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION. la nosologie parasitaire. Nous avons d'ailleurs étudié comparative- ment les parasites de THomme et ceux des animaux domestiques, d'abord parce que les premiers sont, en général, mieux connus et servent en quelque sorte de types pour l'étude des autres; ensuite parce qu'il en est un grand nombre qui sont communs à l'Homme et aux animaux. Une place importante a été réservée également aux espèces comestibles, en vue de l'inspection des denrées alimen- taires. Enfin, nous avons considéré qu'un ouvrage de celte nature devait servir comme d'introduction aux études zootechniques, et c'est cette idée surtout qui nous a guidé dans la distribution et l'exposé des matières de la zoologie générale. C'est dans le même but que nous avons traité des animaux domestiques avec une attention particu- lière ; et, si nous nous sommes quelque peu étendu sur les données de l'anthropologie, c'est qu'elles fournissent encore un guide utile pour l'étude même de nos auxiliaires. En ce qui concerne le plan de l'ouvrage, nous avions à choisir entre deux voies : ou bien faire l'analyse de quelques types pour arriver à la connaissance générale du groupe auquel ils appar- tiennent, ou bien débuter par l'exposé synthétique des caractères du groupe, pour étudier ensuite les différentes formes qui le com- posent. La méthode analytique, inaugurée avec tant de succès par M. de Lacaze-Duthiers, nous paraît excellente en tous points lorsqu'il s'agit d'un enseignement oral ; mais elle nous a semblé ne pas con- venir à la rédaction d'un livre, qui doit nécessairement exclure les digressions et les répétitions. Nous avons donc préféré donner d'abord une idée générale, et en quelque sorte schématique, de chaque groupe, sauf à décrire ensuite, afec des détails particuliers, l'orga- nisation des formes les plus intéressantes. Pour rendre notre ouvrage aussi complet que possible, il nous a fallu dépouiller un nombre considérable de monographies et d'articles diverS; disséminés dans les journaux, les bulletins et les mémoires des sociétés savantes. Nous avons cherché à en extraire seulement les points essentiels ; mais, afin de permettre au lecteur de recourir lui-même aux sources originales sans fatiguer son attention par des renvois multiples, nous avons indiqué, en tête de chaque groupe, les principaux travaux dans lesquels nous avons puisé les éléments de nos descriptions. De plus, nous avons nous-même vérifié, toutes les fois que la chose nous a été possible — et souvent rectifié — les données fournies par les auteurs : ce n'est point, du reste, le lieu d'insister sur les résultats de nos recherches particulières. PRÉFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION. VII Quelque nombreuses qu'aient été nos investigations bibliogra- phiques, il faut cependant reconnaître que les résultats en seraient demeurés très incomplets si nous n'avions mis à contribution les documents rassemblés dans un grand nombre d'ouvrages classiques, parmi lesquels nous citerons, en première ligne, les excellents traités généraux de Milne-Edwards, Claus, Sicard, Brehm, puis les ouvrages d'application de Richard, Grognier, P. Gervais et Van Beneden, Moquin-Tandon, Cauvet, Davaine, Leuckart, Cobbold, Ziirn, Perron- cito, etc., etc. Ce n'est que justice de constater ici l'usage courant que nous avons fait de ces divers travaux, dont il eût été fastidieux de répéter le titre à propos de chaque groupe. Ajoutons que notre tâche a été facilitée encore par le concours amical et empressé de plusieurs de nos collègues, et en particulier de M. G. Neumann, de Toulouse, à qui nous sommes heureux de témoigner publiquement notre reconnaissance. Nous devons aussi les plus vifs remerciements à nos éditeurs, MM. Asselin et Houzeau, dont nous avons été à même d'apprécier, en toutes circonstances, les bons et affectueux offices. C'est grâce à leur libéralité que nous avons pu joindre au texte un nombre aussi considérable de figures. Quelques-unes ont été empruntées aux traités d'anatomie de Cruveilhier et de Leyh, d'autres au traité de physiologie de M. J. Béclard ; d'autres encore à des ouvrages classiques de zoologie, notamment à ceux de Richard et de Milne- Edwards, ou bien à des monographies diverses. Un plus grand nombre étaient jusqu'alors inédites. Parmi celles-ci, plusieurs ont été gracieusement mises à notre disposition par MM. Labouibène, Colin, Moniez, Neumann ; beaucoup sont tirées des remarquables planches dessinées à Alfort par H. Nicolet sous la direction de Delafond ; la plupart enfin sont originales et ont été dessinées d'après nature par M. G. Nicolet, en qui nous avons trouvé un collaborateur aussi zélé qu'habile ; la gravure en a été confiée à M. A. Martin, qui s'en est acquitté avec son talent habituel. A. RAILLIET. Alfort, le 10 avril 1886. La Ifc édition a été publiée en deux fascicules : le premier (pages 1 à 800) est paru en octobre 1885; le second (pages 801 à 105-3), en juin 1886. PREFACE DE LA DEUXIÈME ÉDITION Nous devons tout d'abord nous excuser du retard apporté à la publi- cation de cette nouvelle édition. Tous ceux qui ont souci de se tenir au courant des recherches scientifiques en comprendront facilement la raison : la somme de matériaux à rassembler et à étudier est aujourd'hui tellement considérable, lorsqu'il s'agit d'envisager l'em- semble du règne animal, que le travail devient excessivement pénible pour qui doit compter sur ses propres forces. L'ouvrage que nous livrons maintenant au public est conçu à peu près sur le même plan que son aîné, mais il comporte l'examen d'un nombre beaucoup plus élevé de formes animales, et celles-ci sont étu- diées d'une façon plus précise, particulièrement au point de vue de leur utilité ou deleur nocuité. Presque tous les chapitres ont été rema- niés et ont reçu des développements nouveaux ; nombre de parasites à peine mentionnés dans l'édition précédente ont été décrits avec tous leurs caractères essentiels. C'est que, dans notre esprit, un Traité de zoologie appliquée ne doit pas avoir pour but unique d'initier les élèves à la connaissance des animaux qui les intéressent directement; il doit permettre en outre la détermination pratique et facile de ces animaux et de ceux avec lesquels ils peuvent être confondus. Dans cette vue, nous avons em- ployé deux textes différents : texte ordinaire pour les données clas- siques ou d'importance primordiale, petit texte pour les questions de détail ou d'ordre secondaire. Le nombre des figures a été augmenté de plus de 180. La plupart de ces figures nouvelles sont originales ; d'autres sont dues à M. le professeur Neumann, de Toulouse, et à M. Phisalix, du Muséum, que nous remercions de leur excellent concours. Comme dans la première édition, nous avons indiqué en tête des PRÉFACE DE LA DEUXIÈME ÉDITION. IX chapitres les principaux travaux dans lesquels nous avons pu puiser des documents; nous donnons d'ailleurs, ci-après, la liste des ouvrages dont nous avons fait un usage général. Mais, à notre grand regret, nous avons di'i renoncer à produire la bibliographie complète des sujets exposés : cela nous eût entraîné presque à doubler le volume, déjà beaucoup trop chargé à notre gré. Nous nous sommes limité presque partout aux indications bibliographiques récentes, n'ayant pas encore trouvé place dans les ouvrages classiques. A. RAILLIET. Alfort, le 10 avril 1895. La 2<^ édition a é(é publiée aussi en deux fascicules : le premier (pages 1 à 73G est paru en décembre 1893 ; le second (pages 737 à 1303), en mai 1895. BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE Balfour (F. -M.), Traité d'embryologie et (Vorganoqénie comparées. Paris, 1885. Blanchard (R.), Traité de Zoologie médicale. Paris, 1885-1890. Brai'n (Max), Die tliierischen Parasiten des Mensc/ten. 2'*= Aufl. Wiirzburg, 1895. Brehm (A.-E.), Merveilles de la nature. L'Homme et les animaux. Paris. Brocchi (P.), Traité de Zoologie agricole. Paris, 1886. Cal'vet (D.), Nouveaux éléments d'Histoire naturelle médiccde, 2^ éd. Paris, 18'i7. Claus (G.), Traité de Zoologie, 2» éd. Paris, 1883-1884. GoBBOLD (T. Sp.), Parasites. London, 1879. GoRNEViN (Ch.), Traité de Zootecltnie générale. Paris, 1891. Darwin (Ch.), De la variation des animaux et des plantes à l'état domestique. Paris, 1879. Ercolani (G.-B.), Nuovi elementi teorico-pratici di medicina veterinaria : Dei porasiti e dei morbi parasitari. Bologna, 1859. Geoenbaur (C.), Manuel d'anatomie comparée. Paris, 1874. Geoffroy Saint-IIilaire (Is.), Acclimatation et domestication des animaux utiles. 4c éd.. Paris, 1861. Gervais (P.) et Van Beneden fP.-J.), Zoologie médicale. Paris, 1859. Grognier (L.-F.), Précis d'un cours de Zoologie vétérinaire. Paris et Lyon, 1833. Huxley (Th.-H.), Éléments d'anatomie comparée des animaux vertébrés. Paris, 1875. — Éléments d'anatomie comparée des atiimaux invertébrés. Paris, 1877. Kïichenmeister (F.), Die in und an dem Korper des lebenden Menschen vorkom- menden Parasiten. Leipzig, 1855. — und ZïiRN (F. -A.), Die Parasiten des Menschen {tliierischen Parasiten). Leipzig, 1888. Leuckart (R.), Die Parasiten des Menschen und die von ilmen herriihrenden Krank- heiten. 2te Aufl. Leipzig, 1879-1894.... MiLNE-EowARns (H.), Éléments de Zoologie. '2' éd. Paris, 18U. MoNiEZ (R.), Les parasites de VHotnme {animaux et végétaux). Paris, 1889. Moquin-Tandon, Éléments de Zoologie médicale. Paris, 1862. Neumann (L.-G.), Traité des maladies parasitaires {no7i microbiennes) des animaux domestiques. 2"= éd. Paris, 1892. Perrier (Ed.), Traité de Zoologie. Paris.... Perroncito (E.), I parassiti delV uomo e degli animait ulili. Milano, 1882. Plateau (F.), Zoologie élémentaire. Mons, 1880. Richard (A.), Éléments d'Histoire naturelle médicale. 4<= éd. Paris, 1849. Sanson (A.), Traité de Zootechnie, ^'^ éd. Paris, 1882. Sicard (H.), Éléments de Zoologie. Paris, 1883. VoGT (C.) et YuNG (E.), Traité d'anatomie comparée pratique. Paris, 1882-1894. ZiJRN (F. -A.), Die Schmarotzer auf und in dem Korper unserer Haussuugetiere, u. s. w. 2''^ Aufl. Weimar, 1882-1889. TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES Préface de la première éoition v Préface de la deuxièjie édition vin Bibliographie générale x Introduction \ PREMIERE PARTIE ZOOLOGIE GÉNÉRALE CHAPITRE I. - Animalité 3 § 1. — Corps inorganiques et corps organisés 4 g 2. — Végétaux et animaux 7 CIIAP. I(. — Organisation et développement des animaux 10 § 1. - Cellules et tissus 12 Multiplication des plastiiJes 13 Association et dilTéreuciation des plastides : tissus 15 § 2. — Spécialisation et rapports des fonctions et des organes 22 DivisioQ du travail phj'siologique 22 Différenciation, réduction, corrélation 23 Comparaison des organes 25 Organes et individus 26 6? 3. — Étude anatomique et physiologique des organes 27 i . — Organes et fonctions de relation 27 II. — Organes et fonctions de nutrition 34 III. — Organes et fonctions de reproduction 41 § 4. — Développement des animaux 45 I. — OKuf et sperme. Fécondation 46 II. — Développement de l'embryon. Embryogénie 50 III. — Développement post-embryonnaire 53 IV. — Évolution terminale 56 CHAP. III. — Rapports de l'organisme avec son milieu 58 § 1. — Rapports des animaux avec le monde inorganique et les êtres vi- vants en général 58 Adaptation, variabilité des formes animales 59 Concurrence vitale 61 Sélection naturelle 65 § 2. — Rapports des animaux avec l'Homme 67 I . — Animaux nuisibles 67 II. — Animaux utiles 80 CHAP. IV. — Taxinomie 87 § 1 . — Valeur des groupes taxinomiques 88 I. — Aperçu historique 88 II. — Groupes priucipaux des systèmes zoologiques 90 III. — De l'espèce 92 § 2. — Nomenclatui-o zoologique 108 § 3. — Division du Règne animal en embranchements 109 XII TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. SECONDE PARTIE ZOOLOGIE SPÉCIALE PREMIER EMBRANCHEMENT. — Protozoaires. . . .'. 112 Classe 1. — li/dzopndes 114 Sous-classe I. — .Alonères 11.') Sous-classe II. — Amœbieus 116 Sous-classe III. — Foraminifères 119 Sous-classe IV. — Héliozoaires 120 Sous-classe V. — Radiolaires 120 Sous-classe aunexe. — Hémamœbieus 122 Classe II. — Sporozoaires I27 icr Ordre. — Grégariues 128 2e Ordre. — Coccidies 130 ;{•= Ordre. — Sarcosporldies 150 4c Ordre. — Myxosporidies 157 5<= Ordre. — Microsporidies 160 Classe III. — Infusoin's 160 Sous-classe I. — Flagellés 162 1" Ordre. — Euflageilés 163 Sous-classe II. — Ciliés 171 l'î'' Ordre. — Gymnostomes 173 2<' Ordre. — Trichostomes 175 DEUXIÈME EMBRANCHEMENT. — Spongiaires 184 Sous-EMBRANCiiEMENT I. — Ccilcisponges 186 Sous- EMBRANCHEMENT H. — SiUcosponges 186 TROISIÈME EMBRANCHEMENT. — Polypes 187 Classe I. — CoralUaires 1 89 1er Ordre. — Alcyonaires 191 2<= Ordre. — Zoanthaires 192 Classe II. — Hydroméduses 192 1" Ordre. — Hydroïdes 193 2« Oi'dre. — Siphonophores 195 3"= Ordre. — Acalèphes 1 95 Classe III. — Cténophores 197 QUATRIÈME EMRRANCHEMENT. — Échinodermes 198 Classe I. — Crinoïdes 202 Classe II. — Astéroïdes 202 le»- Ordre. — Stellérides 203 2« Ordre. — Ophiures 203 Classe 111. — Êchinides 203 Classe IV. — Uolotliurides 205 CINQUIÈME EMBRANCHEMENT. — Vers 205 Classe i . — A neurif?is 208 Classe II. — Plathelminlhes 208 l C Ordre. — Grimpeurs 1059 '« Ordre. — Préhenseurs lOGO 8"= Ordre. — Passereaux I OG I F' Sous-ordre. — Lévirostres 1061 20 Sous-ordrc. — Ténuirostres 1061 3<^ Sous-ordre. — Coiiirostres 1062 4'' Sous-ordre. — Deulirostrcs 1063 5° Sous-ordre. — Fissirostres 1064 •je Ordre. — Rapaces 1065 l«r Sous-ordre. — Nocturnes 106.Î 2c Sous-ordre. — Diurnes 10C6 Classe V. — Mammifères 1066 1" Ordre. — -Monolrèuies 1092 2e Ordre. — Marsupiaux 1093 It^r Sous-ordre. — Polyprolodoiiles 1095 2e Sous-ordre. — Diprotodontes 1095 3« Ordre. — Édentés 1095 4" Ordre. — Cétacés 1096 IT Sous-ordre. — Denticétes 109T 2e Sous-ordre. — .Mysticétes 1 100 5» Ordre. — Sirènes IloO 6« Ordre. — Bisulques 1101 pr Sous-ordrc. — Porcins 1104 2« Sous-ordre. — Ruminants 1113 Te Ordre. — Jumenlés 1147 S'^ Ordre. — Ilyracicns 1175 9* Ordre . — Proboscidieus ...... 1175 10e Ordre. — Rongeurs 1176 l*"" Sous-ordre. — Protrogomorphes 1178 2^ Sous-ordre. — Sciuromorphes 1178 3e Sous-ordre. — Myomorphes 1181 4" Sous-ordre. — Hystricomorphes 1184 5e Sous-ordre. — Lagomorphes 1188 ll^ Ordre. — Pinnipèdes 1192 ne Ordre. — Carnivores 1193 13e Ordre. — Insectivores 1213 14e Ordre. — Chiroptères 1216 1er Sous-ordre. — Frugivores 1217 2e Sous-ordre. — Insectivores 1217 15° Ordre. — Lémuriens 1218 16e Ordre. — Primates 1219 1er Sous-ordre. — Simiens 1219 le Sous-ordre. — Hominiens 1223 Table alphabétique des matières 1246 Errata 1302 FIN DE LA TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. TRAITÉ DE ZOOLOGIE MÉDICALE ET AGRICOLE INTRODUCTION La Zoologie (Cwov, animal; Xo'yoç, discours) est la partie de V Histoire naturelle qui a pour objet l'étude des animaux. Son domaine est donc des plus vastes, et il n'est pas besoin d'insis- ter sur son importance. En dehors de l'utilité qu'elle tire de ses appli- cations, on ne peut méconnaître, en effet, qu'elle concourt, aussi bien que les autres branches des sciences naturelles, à élever l'esprit, à donner de la rectitude au jugement, et qu'elle fournit à la philosophie des éléments de la plus haute valeur. Du moins ces résultats sont-ils attribuables à la Zoologie vraiment scientifique, à celle qu'ont établie les recherches des naturalistes mo- dernes, à dater des Lamarck et des Cuvier. Les premiers observateurs s'étaient à peu^jgrès bornés à considérer les caractères extérieurs des animaux et à les grouper plus ou moins artificiellement d'après ces caractères. Cuvier montra la nécessité de faire reposer la Zoologie sur des bases plus sérieuses, et créa l'anato- mie comparée. Puis, von Baer vint ajouter aux données fournies par l'organisation des éléments non moins importants tirés de l'em- bryologie. C'est en s'appuyant sur ces bases que les zoologistes ont pu, non seulement établir un groupement rationnel de l'immense quantité d'êtres qui s'offraient à leur étude, mais chercher même à déterminer l'origine de ces êtres. L'étude superficielle des animaux est donc devenue tout à fait in- suffisante. Le temps est déjà loin où pouvait être réputé naturaliste quiconque savait discourir élégamment sur les beautés de la nature, Railliet. — Zoologie. 1 2 INTRODUCTION. OU ranger avec art des insectes de toutes couleurs dans des boîtes vitrées et retenir par cœur les noms plus ou moins barbares de quel- ques milliers d'entre eux. Il est certain qu'on ne peut se faire une idée exacte de l'organisa- tion, de l'évolution et des rapports des animaux qu'en étudiant la nature avec patience, le scalpel à la main. Partant, la Zoologie ne s'apprend pas dans les livres seuls. Rien n'est plus vrai, dit Huxley, que ces paroles de Harvey : « Ceux qui lisent sans acquérir, à l'aide de leurs propres sens, une vue distincte des choses, n'arrivent pas au savoir réel etne conçoivent que des fantômes. » En résumé, la Zoologie, sans négliger l'étude des formes extérieu- res, se base avant tout sur l'anatomie et l'embryogénie. De plus, lors- qu'il s'agit de déterminer l'évolution d'un animal donné, elle doit, en général, recourir à l'expérimentation : c'est par cette voie seulement que le zoologiste arrive à reconnaître, par exemple, les migrations d'un helminthe. Au point de vue didactique, la Zoologie se divise en deux parties : 1° La Zoologie générale, qui étudie les lois de l'organisation, des fonctions, de la genèse, de l'évolution et de la classification des animaux ; 2° La Zoologie spéciale, qui s'occupe, au contraire, des animaux en particulier, de leurs caractères, de leurs mœurs et de leurs rapports. Nous aurons à aborder successivement ces deux parties, sans ou- blier toutefois qu'il ne doit pas s'agir ici de Zoologie pure, mais bien de Zoologie appliquée, c'est-à-dire d'une étude spéciale des animaux envisagés au point de vue de leur rôle utile ou nuisible. Les ap- plications de cette science sont d'ailleurs assez variées, et l'on a pu, à cet égard, étudier isolément la Zoologie médicale, la Zoologie agri- cole, la, Zoologie industrielle, etc., que leur seule qualification suffit à définir. Pour répondre au titre de cet ouvrage, nous nous occuperons donc, de préférence, des animaux qui fournissent des substances em- ployées en médecine, de ceux qui nuisent directement à l'homme ou aux animaux domestiques, et de ceux qui dévastent ou protègent les récoltes. PREMIERE PARTIE ZOOLOGIE GÉNÉRALE CHAPITRE PREMIER ANIMALITÉ Lorsqu'on soumet à un examen riiçoureux la généralité des corps répandus dans l'univers, on est amené à reconnaître que tous sont réductibles à un certain nombre d'éléments ou corps simples, qui constituent la matière primitive, et qui eux-mêmes ne sont peut-être que des états divers d'agrégation moléculaire d'une substance unique. Toutefois, dans l'état où ils se présentent à nous, ces corps na- turels difTèrent entre eux par des propriétés d'importance variable, en raison desquelles on peut les diviser en groupes plus ou moins étendus. Ainsi, tout le monde sait que Linné les répartissait entre trois règnes distincts : le règne minéral, le règne végétal et le règne animal. De fait, en ce qui concerne les représentants les plus élevés et partant les plus connus de chacun de ces groupes, la distinction est facile et du domaine vulgaire. Le grand naturaliste croyait l'avoir sûrement établie dans l'apho- risme longtemps resté classique : Lapides crescunt ; vegetabilia cres- cunt et vivunt ; animalia crescunt, vivunt et sentiunt. Mais ces données sont devenues aujourd'hui tout à fait insuffisantes, et les modifica- tions mêmes que les successeurs de Linné ont introduites dans les définitions des trois règnes n'ont guère une plus -grande valeur absolue. On sait d'ailleurs qu'il existe entre les minéraux ou corps bruts, d'une part, et les végétaux et animaux, ou corps organisés, d'autre part, une différence beaucoup plus tranchée qu'entre le règne végétal et le règne animal. C'est pourquoi Pallas a cru devoir réunir ces deux derniers groupes sous le nom d'empire organique, par opposition à l'empire inorganique, constitué par les minéraux. Pour aborder avec fruit l'étude de la zoologie, on conçoit donc qu'il 4 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. importe de déterminer d'abord quels sont les caractères de l'anima- lité. C'est dans cette vue que nous allons consacrer ce chapitre à l'étude des analogies et des différences que présentent entre eux les empires organique et inorganique, puis les deux règnes organisés. Toutefois, en raison du cadre même de cetouvi-agé, nous nous borne- rons à exposer les principes généraux de la question. § 1"^. — CORPS INORGAMQUES ET CORPS ORGANISÉS. En comparant les principaux caractères de ces deux ordres de corps, on ne tarde pas à se convaincre que les différences signalées en- tre eux ont été singulièrement exagérées, bien que quelques-unes aient une importance réelle et constituent des barrières qui n'ont pu encore être franchies. Cette comparaison doit porter sur les diverses manières d'être des corps, notamment sur leur origine, leur constitution, leur mode d'exis- tence, leur résistance à l'action des milieux, enfin leur mode de destruction. A. Genèse. — Un minéral trouve son origine dans l'action des agents physiques et la mise enjeu des affinités chimiques. Il n'en est pas de même des êtres vivants, animaux ou plantes, qui paraissent au contraire, dans tous les cas, dériver de parents, c'est-à-dire d'êtres préexistants, comme eux doués de la vie. En principe, rien ne s'oppose, il est vrai, à ce qu'on admette la génération spontanée de ces êtres; mais nous verrons plus loin que, jusqu'à ce jour, la science n'a pu démontrer la réalité de celte conception. B. Morphologie. — Envisagée d'une manière superficielle, la morphologie des corps bruts et des corps vivants paraît comporter, dans la plupart des cas, de profondes différences. Aussi est-il classique de faire remarquer combien la simplicité géométrique des cristaux s'éloigne de la forme com- plexe et variable des corps organisés. Mais il ne faut pas perdre de vue que le cristal est précisément le corps brut qui s'écarte le plus des règnes orga- niques, et que c'est au contraire dans les substances minérales non cris- tallines, ainsi que dans les composés de la chimie organique, qu'il faut chercher les points de rapprochement. D'ailleurs, de nombreux êtres vivants inférieurs affectent des formes relativement régulières. En ce qui a trait au volume, on sait que celui des corps bruts est suscep- tible de s'accroître d'une manière indéfinie, tandis que les êtres vivants sont assujettis à se tenir, à cet égard, dans des limites plus ou moins étroites. On a pu invoquer enfin, comme caractère morphologique propre à établir la distinction entre les deux empires de la nature, la structure intime des corps vivants, sur laquelle nous aurons à nous étendre plus loin. C. Composition chimique. — Non seulement on peut i^encontrer, dans la substance des animaux et des plantes, la plupart des éléments qui compo- sent les corps inorganiques ; on y trouve aussi de nombreux composés mi- néraux, tels que l'eau, la silice, le carbonate de chaux, etc. Par contre, il existe d'autres composés, remarquables par leur instabilité, produits sous l'influence de la vie et partant propres aux corps organisés : ce sont les ANIMALITE. 5 matières organiques, qui ont pour base le carbone, auquel sont associés de l'hydrogène et de l'oxygène, avec ou sans azote, et parfois aussi du soufre, du phosphore, du fer, etc. On leur donne le nom de substances quaternaires ou ternaires, suivant qu'elles contiennent ou non de l'azote. La chimie mo- derne est parvenue à former artificiellement un certain nombre de ces corps; mais ce qu'elle est impuissante à produire, c'est la matière vivante, lorsmême qifelle se présente dans son état le plus élémentaire, celui de protoplasma. Nous verrons, du reste, qu'il est impossible de définir chimi- quement cette substance, attendu qu'elle varie selon le corps ou la partie du corps à laquelle on l'emprunte, et suivant l'instant auquel on l'examine : c'est que la vie, en effet, consiste en un échange continuel s'efTectuant en- tre le corps organisé et le milieu ambiant ; et ce mouvement incessant se montre en opposition avec le repos des corps inorganiques. D. Évolution. — Les corps bruts, une fois constitués, demeurent dans un état de véritable inertie ; ils ne possèdent aucune activité propre et ne sont subordonnés qu'à la seule influence des agents physiques et chimiques. Aussi leur accroissement s'effectue-t-il par simple apport de matériaux à la périphérie, ou, comme on le dit, par apposition : les pertes qu'ils peuvent subir se produisent elles-mêmes d'une façon tout accidentelle et d'après le fait de causes extérieures. Tout au contraire, les corps organisés sont dans un état d'incessante activité ; leur substance est le siège d'échanges molé- culaires constants, de façon qu'ils sont toujours en voie de rénovation; ils s'assimilent des molécules puisées à l'extérieur (absorption) et en rejettent d'autres qu'ils rendent au milieu ambiant (excrétion) ; en outre, ces mouve- ments moléculaires s'effectuent dans toute la masse du corps, c'est-à-dire par intussusception. C'est à l'ensemble de ces phénomènes qu'on a donné le nom de nutrition. Pour qu'ils puissent se produire, il est nécessaire que les substances chimi- ques qui constituent les corps soient dissoutes : corpora nonagiint îiisi soluta; et c'est là ce qui explique la nécessité de la présence de l'eau dans les êtres vivants (Rotifères, Anguillules, etc.), ainsi que la moindre fixité de leur forme. De même, une certaine quantité de chaleur est indispensable, comme on le constate, par exemple, pour l'évolution des œufs. Les êtres vivants possèdent encore des caractères dynamiques, que nous ne ferons qu'indiquer et qui se rattachent intimement à leur évolution : à un degré variable, tous dégagent des forces vives (chaleur, mouvement mé- canique, etc.), et, d'une manière générale, transforment les forces. Quant aux composés inorganiques, ils ne produisent guère de chaleur qu'au mo- ment de leur formation ou de leur décomposition. Suivant le milieu dans lequel on les observe, les êtres vivants présentent d'ailleurs une manière d'être particulière. Non seulement ce milieu leur fournit les matériaux nutritifs proprement dits, mais il leur donne le mouvement nécessaire aux fonctions vitales, sous forme de lumière, de chaleur, etc. L'action des influences extérieures sur les êtres vivants est du reste suivie d'une réaction de ceux-ci, qui, ainsi que nous le démon- trerons, s^idaptent au milieu en raison de leur variabijlté. Nous aurons à nous étendre plus tard sur ces influences niésolûgigues. ■.' En dernier lieu, il faut remarquer que les corps inorganiques ont une durée indéfinie : ils ne cessent d'exister que lorsqu'une force étrangère vient 6 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. les détruire. Les corps organisés, au contraire, ont une existence limitée, et Ton a dit avec raison que la mort est le corollaire obligé de la vie : tout être vivant subit une évolution déterminée dont l'aboutissant est fatal. C'est que cette fin est elle-même nécessitée par le mode de genèse de ces corps, ainsi qu'on le verra lorsque nous exposerons le théorème de Malthus. En résumé, on voit que, s'il existe entre les corps bruts et les corps vivants des différences assez nombreuses quand on compare les mieux caractérisés de ces corps, ces différences tendent à s'atténuer de plus en plus lorsqu'on s'adresse aux types inférieurs. Est-ce à dire cepen- dant qu'elles arrivent, dans certains cas, à disparaître tout à fait ? Dans l'état actuel de la science, rien n'autorise à répondre affirmati- vement à cette question. Et quelle que soit, du reste, l'idée qu'on se fasse des propriétés particulières aux êtres vivants, ou propriétés bio- logiques, on ne peut se refuser à en admettre l'existence. Resterait à examiner en quoi elles consistent ou, en d'autres termes, quel est le principe de la vie. Les uns admettent une force vitale particulière, in- dépendante de l'action des forces physico-chimiques ; les autres, au contraire, rapportent la vie à la seule influence de ces forces agis- sant sur une matière complexe, le protoplasma, et développant des effets spéciaux, en raison du mode de groupement de ses molécules. En réalité, les recherches modernes tendent à nous représenter les actes vitaux, à l'égal des actes physico-chimiques, comme des formes du mouvement, dont la complexité rend toutefois l'interprétation fort difficile. A ce titre, on peut considérer la vie comme une force ; mais il y a loin de cette force vitale, soumise aux lois de la mécanique, à la force vitale indépendante, au caractère capricieux et irrégulier, qu'avaient dès longtemps admise les partisans de l'école dite vitaliste. C'est un des plus beaux titres de gloire de Claude Bernard d'avoir démontré que les phénomènes organiques ont leur déterminisme, aussi bien que ceux de la physique et de la chimie, c'est-à-dire qu'ils sont sous la dépendance directe d'un certain nombre de causes, lesquelles sont la condition nécessaire et suffisante de leur production. « Toute ma- nifestation de l'être vivant, dit l'éminent auteur, est un phénomène physiologique et se trouve liée à des conditions physico-chimiques déterminées, qui le permettent quand elles sont réalisées, qui l'em- pêchent quand elles font défaut. » Tout le monde sait, en effet, que les plus simples de ces manifestations sont suspendues par une priva- tion d'air, de chaleur ou d'humidité. Conséquemment, la force vitale ne peut être conçue que comme une puissance directrice, non déter- minante (Arloing). C'est ainsi, pensons-nous, qu'il faut interpréter cette conclusion de Claude Bernard, que « les phénomènes organiques ou vitaux sont réglés dans leur apparition par des conditions matériel- les, tangibles, physiques, chimiques et mécaniques, réglés dans l'ordre et la forme T[)d.T des lois préétablies ». ÂNI?JÂLITE. 7 Rappelons, en terminant, que les actes les plus frappants de la vie consistent dans la nutrition et la reproduction, de telle manière qu'on peut, avec H. Milne-Edwards, définir les êtres vivants « des êtres qui se nourrissent et qui- se reproduisent ». § 2. — VÉGÉTAUX ET AMM4UX. La plante et l'animal représentent les deux aspects distincts sous lesquels se manifesie la vie; mais il est facile de prévoir que les rela- tions établies entre ces deux ordres d'êtres sont beaucoup plus étroi- tes que celles qu'entretiennent les corps bruts et les corps organisés. Tellement qu'on ne peut tracer entre les formes inférieures des règnes animal et végétal qu'une délimitation arbitraire. On ne saurait nier toutefois que, dans les degrés supérieurs de l'organisation, il existe des différences notables entre les animaux et les plantes : personne, en effet, ne confond un arbre de nos forêts avec un des animaux qui nous entourent. On a vu quels sont les caractères distinctifs invoqués dans l'apho- risme de Linné; Cuvier et de Blainville, quoique plus explicites, n'en ont pas, en somme, indiqué d'une valeur plus absolue. Nous allons, d'ailleurs, examiner successivement les principaux d'entre ceux qu'ils ont signalés. A. Organisation. — La plante est, sans aucun doute, constituée sur un plan beaucoup plus simple que l'animal; elle ne possède que des organes peu nombreux, et la division du travail se trouve, par le fait même, assez bornée ; de plus, c'est sa surface externe qui se développe pour exécuter les fonctions. L'animal, au contraire, montre une organisation relativement complexe, et chez lui, la multiplicité des mstruments de la vie s'accompa- gne du développement interne des surfaces. On notera cependant que la présence d'une cavité digestive et d'un appareil circulatoire n'est pas cons- tante dans le règne animal : à mesure qu'on descend vers les formes infé- rieures, on voit l'organisation se simplifier; les organes se suppriment peu à peu, et la confusion semble apparaître entre les deux règnes. On a signalé aussi une différence dans la structure : il est certain, eu effet, que les cellules végétales conservent plus nettement que celles du corps animal leur forme primitive et leur individualité. Mais le fait trouve son explication dans cette particularité que, chez les premières, la mem- brane albuminoïde qui limite extérieurement le protoplasme s'est revêtue d'une couche rigide de cellulose, tandis que, chez les cellules animales, cette membrane conserve davantage ses caractères primitifs, reste souple et se prête mieux, par suite, à la déformation et aux mouvements. Pourtant, dans son état primitif, la cellule végétale ne possède pas de revêtement cel- lulosique; d'un autre côté, on connaît des cellules animales qui s'entourent de capsules résistantes (cartilage) et conservent par suite une plus grande indépendance. Enlin, le rapprochement s'établit encore par les êtres uni- cellulaires qui occupent les confins des deux règnes. B. Composition chimique. — S'il est vrai que les plantes sont principale- 8 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. ment formées de substances ternaires, et qu'elles ont pour élément essentiel le carbone, tandis que les animaux sont formés surtout de substances azo- tées, il faut reconnaître cependant que ces deux ordres de matières se ren- contrent dans les deux règnes. Il existe de l'albumine, de la fibrine, de la caséine, dans les plantes comme dans les animaux. Le glycogène, si répandu dans le corps animal, a été retrouvé dans des Champignons et dans d'autres plantes. La chlorophylle, qui manque dans certains végétaux, tels que les Champignons et quelques plantes parasites, se retrouve chez divers ani- maux, par exemple, chez l'Hydre verte, VEuglena viridis, le Stentor poly- morphus, etc. En somme, la composition chimique ne permet pas de dis- tinguer, d'une façon absolue, les plantes des animaux. G. Nutrition. — L'irritabilité du protoplasma, et en particulier l'irritabilité nutritive, comme l'a montré Claude Bernard, est un fonds commun aux animaux et aux végétaux, et entre en jeu sous des conditions bien définies : eau, chaleur, oxygène, substances dissoutes dans le milieu ambiant; condi- tions qui, en tous cas, ne sont pas plus différentes de l'animal à la plante que d'un animal à un autre, voire d'un tissu à l'autre du même individu. Et cette irritabilité peut être suspendue ou supprimée dans les corps des deux règnes sous l'influence des mêmes agents. Quant aux phénomènes essentiels de la nutrition, on doit aussi les consi- dérer comme identiques chez les animaux et chez les végétaux. D'abord, toutes les plantes ou parties de plantes dépourvues de chlorophylle exi- gent des aliments de nature organique, aussi bien que les animaux. De plus, il serait facile de démontrer que les trois actes intimes de la diges- tion s'accomplissent également dans les deux règnes : transformation des fécules en sucre, émulsion et dédoublement des corps gras, transformation des matières albuminoïdes en substances solubles ou peplones. Enfin, les observations faites sur les végétaux carnivores montrent que les préam- bules les plus extérieurs de la nutrition, tel que la capture de la proie, la trituration des aliments, etc., ne sont pas l'apanage exclusif des animaux. De même, la respiration est identique chez tous les êtres organisés. Tout élément qui fonctionne a besoin d'oxygène, et le protoplasma végétal ne peut se comporter, à cet égard, autrement que le protoplasma animal : toujours la respiration se traduit par une introduction d'oxygène et une élimination d'acide carbonique. II est certain cependant que la résultante des échanges gazeux se montre différente dans les deux cas : c'est que, chez les végétaux, des phénomènes particuliers d'assimilation se manifestent et prédominent. Nous voulons par- ler de l'assimilation du carbone, qui s'effectue par l'intermédiaire de la chlorophylle, et se traduit par une absorption d'acide carbonique et une élimination d'oxygène. Du reste, cette fonction s'exécute au même titre chez les animaux qui contiennent de la chlorophylle. Les caractères dynamiques ne diffèrent pas non plus d'une façon essen- tielle dans les deux règnes. Toutefois, si la nutrition des végétaux implique des phénomènes de synthèse qui ont pour résultat la transformation des forces vives (chaleur, lumière) en forces latentes ou forces de tension, l'a- boutissant général des phénomènes nutritifs des animaux est tout opposé. Mais, la preuve que ces caractères ne sont pas absolus, c'est qu'on peut ANIMALITE. 9 observer aussi, dans certaines circonstances, un dégagement de lumière, de chaleur, etc., chez les végétaux. D. Mouvements volontaires et sensibilité. — Les végétaux supérieurs, à rélat de complet développement, ne sont pas susceptibles de mouvements spontanés au même titre que les animaux, et, pour la plupart, ils ne réa- gissent pas, comme le font ceux-ci, aux excitalions mécaniques. Nous avons donné déjà l'explication de ce fait en montrant que les mouvements du protoplasme végétal sont limités d'ordinaire par l'enveloppe résistante de cellulose; lorsque cette enveloppe fait défaut (Myxomycètes, Volvocinées), le mouvement se manifeste tout aussi nettement que chez nombre d'animaux inférieurs. D'autre part, en ce qui concerne ces derniers, il est permis de se deman- der si les mouvements sont ou ne sont pas volontaires, et l'on conçoit l'em- barras de répondre d'une façon positive à cette question. Quant aux mouvements provoqués, on les constate dans beaucoup de plantes phanérogames : feuilles des Sensitives, des Droséracées, étamines des Centaurées, etc. ; et il est intéressant de remarquer que tous sont adaptés à des buts utilitaires : conservation de l'individu ou de l'espèce. Il est à peine besoin de faire ressortir comment ces mouvements provoqués témoignent de la sensibilité des plantes dont il s'agit, sensibilité beaucoup plus manifeste que celle d'une foule d'animaux inférieurs dépourvus de système nerveux et d'organes des sens. Rappelons seulement, à cet égard, l'identité d'action des anesthésiques chez les animaux et chez les plantes. Si maintenant nous cherchons à exprimer en quelques mots les prin- cipaux caractères distinctifs des animaux et des végétaux, etla diver- sité de leur rùle dans réconomie du globe, nous dirons que le végétal offre une organisation relativement simple, qu'il est formé surtout de substances ternaires, qu'il ne manifeste en général ni sensibilité, ni mouvements volontaires. Il puise dans l'air et dans le sol des maté- riaux inorganiques très simples, riches en oxygène, qu'il transforme en substancesorganiques complexes, riches en carbone, sous l'influence des rayons lumineux absorbés par la chlorophylle : c'est donc un organisme de réduction et de synthèse^ qui emmagasine l'énergie actuelle de la radiation solaire pour la transformer en énergie poten- tielle. L'animal, au contraire, aune organisation complexe; les matières azotées dominent dans sa constitution; il est doué de sensibilité et capable de mouvements volontaires. Il est obligé de se nourrir, soit directement (herbivores), soit indirectement (carnivores), des matières organiques qu'il trouve toutes formées dans les plantes. Il fait subir à ces matières une oxydation lente, grâce à laquelle elles sont définiti- vement converties en acide carbonique et en eau. C'est donc un orga- nisme de combustion et d'analyse, qui dépense rapidement l'énergie potentielle accumulée peu à peu par le végétal, en la transformant en énergie actuelle. PROTISTES. — Des considérations dans lesquelles nous venons d'entrer, il résulte que les deux règnes organisés se touchent de très près par leurs 10 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. groupes inférieurs et arrivent même à se confondre, de telle sorte que nous ne possédons aucun critérium absolu pour les distinguer. Hœckel a essayé de trancher la difficulté en créant, pour cette légion d'êtres ambigus qui se rapportent à peu près également aux animaux et aux végétaux, un règne spécial, celui des Protistes. Longtemps avant lui, Bory de Saint-Vincent avait tenté de même d'établir un règne des Psychodiaires. Mais on a fait à la création de ce groupe des objections sérieuses. Il ne paraît pas convenable, par exemple, de séparer aussi nettement et des animaux et des végétaux, des êtres qui s'y rattachent d'une façon intime. En outre, la difficulté de la distinction des règnes, loin d'être aplanie, se trouve doublée, car les limites entre les Prostistes d'une part, et les ani- maux ou les végétaux de l'autre, ne peuvent être tracées encore que d'une façon arbitraire. Hceckel admet huit classes dans son règne des Protistes : i° Monères; 2° Amibes; 3° Flagellâtes; 4° CatallacLes ; S° Labyrinthulées ; 6° Diatomées; 7° Myxomycètes; 8° Rhizopodes. Il ajoute qu'on pourrait y rattacher en ou- tre les quatre groupes suivants: 9° Phycochromacées; 10° Champignons; 11° Éponges; 12° Noctiluques. Nous rejetterons un certain nombre de ces classes dans le règne végétal; quant aux autres, nous les réunirons, pour la plupart, à l'embranchement des Protozoaires, le crilérium de cette séparation artificielle reposant sur la présence ou l'absence d'une enveloppe cellulosique, soit à toutes les périodes de la vie, soit seulement à l'époque de la reproduction (enkystement). CHAPITRE II ORGANISATION ET DÉVELOPPEMENT DES AIVI3IAUX La substance qui sert de base à l'organisation, la véritable substance vivante, c'est, nous l'avons déjà dit, le protoplasme {proloplasma). Jusqu'à ces derniers temps, on regardait le protoplasme comme ayant une constitution homogène. C'est seulement en 1880, et à la suite des recherches de Heitzmann, Fromann, Hanstein, qu'on a com- mencé à reconnaître sa réelle complexité. Il se compose en effet de deux parties : Vhyaloplasma, substance fibrillaire, hyaline, réfringente, disposée en un réseau plus ou moins serré, et \eparaplasma, substance fluide, moins réfringente, remplissant les mailles de ce réseau. Le sarcode de Dujardin correspond au paraplasma et non, comme on l'a cru, au protoplasma tout entier. On a vu plus haut que le protoplasme vivant n'offre pas une consti- tution chimique définie, en raison même de son activité incessante : si l'analyse chimique le montre formé d'un mélange de substances albuminoïdes, c'est qu'elle ne peut l'étudier précisément qu'après cessation de la vie. ORGANISATION ET DEVELOPPEMENT DES ANIMAUX. 11 C'est dire que les propriétés du protoplasme sont les attributs mêmes de la vie. Examinons en quelques mots ces propriétés. Au contact de Tair, le protoplasme absorbe de l'oxygène et exhale de l'acide carbonique : donc, il respire. Parle fait même de cette res- piration, il perd une partie de son carbone, et les substances albumi- noïdes qui entrent dans sa constitution se résolvent ainsi peu à peu en produits impropres à la vie et destinés à être expulsés. Ces phéno- mènes de destruction fonctionnelle constituent la désassiniilation . S'ils se continuaient sans compensation, le protoplasma ne tarderait pas à disparaître; mais en général il répare sans cesse les pertes qu'il subit, grâce à la faculté qu'il possède de s'incorporer, en les décomposant, de nouveaux matériaux ou aliments qu'il puise dans le milieu ambiant. L'acte par lequel ces matériaux deviennent partie intégrante de la substance vivante s'appelle Y assimilation. L'assimilation et la désassimilation constituent les actes essentiels de la nutrition, dont les résultats varient suivant leur intensité relative. Si les entrées l'emportent sur les sorties, la masse protoplasmique s'accroît ; dans le cas contraire, elle dépérit et meurt ; enfin, elle reste stationnaire s'il y a équivalence entre l'apport et la dépense. Le protoplasme est doué de contraciilité ; et cette propriété semble appartenir spécialement à l'hyaloplasma. Lorsque la masse protoplas- mique est libre, elle émet ainsi des prolongements obtus ou s'étire en filaments délicats; si au contraire elle est emprisonnée dans une enve- loppe plus ou moins résistante, la contractilité ne se manifeste guère qu'à l'intérieur : l'hyaloplasma modifiant sans cesse la longueur de ses filaments, et par suite la largeur de ses mailles, met en mouvement le paraplasma contenu dans celles-ci et détermine des phénomènes de translation que l'examen des granules protoplasmiques permet de suivre facilement : on a donné à ces mouvements le nom de circulation protoplasmique ou de cyclose. Enfin, le protoplasme est le siège d'une véritable sensibilité, comme en témoignent les réactions que, grâce à sa contractilité, il manifeste à l'endroit des différents excitants extérieurs (irritabilité protoplas- mique). Les granules flottant dans le protoplasme sont de nature variable. Les uns sont des produits de son activité formatrice, et s'y trouvent mis en réserve ou destinés à être rejetés : tels sont les grains de pig- ment, les granules glycogènes, les globules adipeux, divers cris taux, etc. Les autres sont des inclusions, c'est-à-dire des corps étrangers qu'il a saisis et englobés. Lorsque ces substances sont liquides ou en solution aqueuse, elles distendent parfois les mailles de l'hyaloplasma et s'accu- mulent en certains points du paraplasma sous forme de suc cellulaire ; mais ce fait est relativement rare dans les protoplasmes animaux. 12 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. § 1". — CELLULES ET TISSUS. La croissance d'une masse protoplasmique n'est jamais indéfinie. Dans certains cas, il est vrai, cette masse peut acquérir de très grandes dimensions : sans parler de la Fleur de tan {Fuligo septica), qui n'est pas de notre domaine, on connaît certaines espèces de Foraminifères qui atteiguent plusieurs centimètres de diamètre. Ces masses volumi- neuses sont appelées plasmodes. Mais, en général, les dimensions ne dépassent pas quelques dixièmes de millimètre, et toute masse ainsi limitée reçoit le nom de plastide, qu'elle demeure isolée ou qu'elle se trouve associée avec d'autres pour constituer un organisme complexe. Dans ce dernier cas, les plas- tides représentent ce qu'on appelle les éléments anatomiques. Aussi bien, ces divers corps ne conservent-ils pas toujours leur sim- plicité primitive; nous les voyons au contraire, le plus souvent, se compliquer par la production de parties nouvelles, souvent impor- •tantes, telles que noyau et membrane d'enveloppe. Le noyau, découvert au xvin^ siècle par Fontana, est d'une telle constance qu'on arrive à se demander s'il existe des plasmodes ou des plastides qui en soient réellement dépourvus. Les exceptions signalées à cet égard deviennent de plus eu plus rares et commandent dès à présent de sérieuses réserves.' En tout cas, on peut constater que l'im- V mense majorité des masses protoplasmiques renferment un ou plu- sieurs noyaux. La forme et les dimensions de ces corps sont des plus variables, mais leur structure mérite une mention particulière. Un noyau se compose d'un corps protoplasmique à caractères spéciaux, souvent entouré d'une membrane et contenant une formation dite nucléinienne, d'aspect très variable. Le corps nucléaire ?,& montre formé d'un réseau hyaloplasmique baigné d'un paraplasma qui renferme des granules dont quelques-uns, assez volumineux, répondent à certaines des formations décrites sous le nom de nucléoles. L'existence de la membrane nucléaire n'est pas constante; du reste, cette membrane ne représente qu'une simple couche pariétale de protoplasma, diffé- renciée par sa réfringence et son pouvoir chromatique. Quant à la formation nucléinienne, ses caractères et sa constitution offrent les plus grandes variations ; elle peut se présenter sous la forme de fila- ment pelotonné, de ruban, de réseau, de sphère ou même de frag- ments épars; et, au point de vue de sa différenciation chimique, nous dirons seulement que certaines de ses parties possèdent une grande avidité pour les matières colorantes [chromatine), alors que les autres ne possèdent pas ce pouvoir électif [achromatine). Il faut mentionner enfin les corps décrits par les auteurs sous le nom de nucléoles. Ce sont en réalité des parties très dissemblables. Les uns, en effet, représentent des amas condensés du protoplasma nucléaire ORGANISATION ET DEVELOPPEMENT DES ANIMAUX. 13 [nucléoles plasmatiques) ; les autres appartiennent à la formation nucléi- nienne {nucléoles nucléinims) : parmi ces derniers, il en est qui répon- dent à cette formation tout entière, d'autres à des parties renflées du fdament ou du ruban nucléinien, ou à des segments résultant de sa rup- ture, etc. — Ce noyau paraît jouer, comme on le verra plus loin, un rôle essentiel dans la multiplication des plastides; mais en outre, il exerce une action très importante, sinon nécessaire, sur leur nutrition même. Ajoutons que, dans le voisinage du noyau, on observe un petit corps d'origine protoplasmique {sphère directrice)^ constitué par un corpus- cule central ou cenirosovie qui en est l'élément essentiel et par une zone périphérique plus ou moins large. Nous indiquerons dans un instant la signification de ce corps. Hœckel a donné le nom de cytodcs (xuxoç, cavité) aux plastides qui seraient dépourvus de noyaux, réservant la dénomination de cellules à ceux qui possèdent cette formation. Avec ou sans noyaux, d'ailleurs, ils peuvent être pourvus ou dépour- vus de membrane d'enveloppe. Celle-ci n'est en somme qu'une portion condensée du protoplasma périphérique. Très souvent, en effet, les. mailles de l'hyaloplasma se resserrent dans la zone extérieure du corps, et la couche plus ou moins épaisse ainsi différenciée reçoit le nom d'ectoplasme ou ectosarque, par opposition à la région interne, pourvue d'un réseau lâche, qui est dite endoplasme ou endosarque. La couche ectoplasmique est donc vivante ; mais elle est souvent envahie par des substances incrustantes qui en font une membrane inerte; ou bien, dans certains cas, elle donne naissance à une couche de sécrétion qui repré- sente une sorte de cuticule. 'cjie.— 7, me*!!"- Cytodes et cellules ont reçu des noms différents sui- •^"'"e cellulaire. vant qu ils sont prives ou pourvus d une membrane topiasma. d'enveloppe : c'est ainsi qu'on les nomme gymnocytodes et gymnocytes (yupvo'ç, nu) dans le premier cas, lépocytodes et lépocytes (XsTroç, coquille) dans le second. Multiplication des plastides. — Nous avons constaté plus haut que les plastides présentent en général une taille très limitée; dès que cette taille est atteinte, ils se divisent en deux ou plusieurs parties : on dit alors qu'ils se sontmultipliés ou reproduits. La, faculté de reproduc- tion, que possède le protoplasma, nous apparaît donc comme un corol- laire de l'accroissement, et partant de la nutrition. A. Scission. — Cette multiplication des plastides s'effectue géné- ralement par scission ou scissiparité. Lorsqu'il s'agit de cytodes, le phénomène paraît être très simple : la masse protoplasmique se divise endeux parties qui vivent isolément et s'accroissent pour se subdiviser de la même manière. La division des cellules, beaucoup plus intéressante, peut s'accom- plir de deux façons : elle est directe ou indirecte. 14 ZOOLOGIE GENERALE. a. On a observé la division directe non seulement chez les Protozoaires, mais aussi dans les cellules des Arthropodes, les leucocytes des Verté- brés, etc. Dans ce processus, on voit le noyau s'étrangler dans son milieu, puis se diviser en deux; le protoplasme suit ce mouvement, et deux cellules se trouvent ainsi constituées. p. Là divisio)} indirecte est plus connue sous le nom de karyokinèse (xocpov, petite noix, noyau; x(vr,(i[ç. mouvement) ou de cy^oc?ierèse (xûtoç, cellule ;o[aip£(7tç, division) : elle s'observe avec la plus grande fréquence dans les deux règnes, et offre d'ailleurs d'innombrables variations ; nous ne pouvons donc en donner ici qu'une idée toute schématique. ' — Lorsque la cellule se dispose à entrer en division, le centrosome se divise en deux moitiés qui se séparent en entraînant chacune une partie de la zone périphérique : ainsi se trouvent constituées deux sphères directrices, qui s'éloignent l'une de l'autre et vont occuper deux points directement opposés. On remarque alors que de chacune d'elles partent des stries rayonnantes plus ou moins nombreuses : bientôt ces stries prennent un développement plus marqué vers le centre de la cellule, où elles se rejoignent en s'écartant de manière à figurer un fuseau. En même temps que se produisent ces changements, la formation nucléinienne se dispose en peloton et se divise en un certain nombre de segments. Puis ces segments prennent la forme d'anses ou d'U et se rassemblent sur un plan per- pendiculaire à la ligne de réunion des deux sphères directrices [plaque équaio- riale). Après quoi chacune des anses se fend suivant sa lon- gueur, et se dédouble ainsi en deux anses identiques, qui ne tardent pas à se sé- parer et à se mettre en rap- port avec les stries du fuseau. Dansleur mouvement de séparation, elles s'orientent toujours de telle sorte que le sommet de l'une se dirige vers une des sphères directrices, et le sommet de l'autre vers celle qui lui est opposée. Elles suivent alors la direction des stries et arrivent peu à peu à gagner le voisinage des sphères, lesquelles se sont elles- mêmes divisées dès le début de cette translation. Dans chacun de ces deux groupes polaires, les anses chromatiques se rejoignent bout à bout, se disposent en peloton, et reconstituent enfin la formation nucléinienne d'un nouveau noyau. Quant au protoplasma de la cellule, il n'entre en divison que tar- Scliéma de la karyokiniise. ORGAMSATION ET DÉVELOPPEMENT DES ANIMAUX. la divement. Au moment où les anses secondaires se réunissent, il montre au niveau de la région équatoriale un étranglement qui s'ac- cuse peu à peu, jusqu'à séparation complète. Ainsi sont constituées deux cellules filles, dont les noyaux représentent exactement la moi- tié du noyau primitif, et qui sont aptes à se multiplier immédiatement de la même manière. B. Bourg-eoiiueiiieiit. — Il arrive assez souvent qu'un plastide, au lieu de se diviser en deux plastides égaux, donne naissance à un ou plusieurs petits plastides qui s'en séparent et dont la masse reste inférieure à la sienne. On donne à ce mode de division le nom de bourgeonnement ou gemmation: ce n'est, en réalité, qu'un cas particulier de la multiplication par scission. Association et différenciation des plastides. — Un grand nombre d'animaux inférieurs, qu'on réunit sous le nom de Protozoaires, sont représentés par un seul plastide. Mais tous les autres ani- maux, qui composent le vaste groupe des Métazoaires, se montrent constitués au contraire par une association de plastides nés les uns des autres. D'abord semblables entre eux, ces plastides prennent peu à peu des caractères différents, ou, selon l'expression consacrée, se di/fcroicient qndinl à leur constitution morphologique et à leurs fonc- tions. C'est ainsi que se forment les cellules et les fibres nerveuses, musculaires, etc. Or, les associations d'éléments anatomiques de même ordre, ayant un rôle déterminé, sont désignés sous le nom de tissus. Exemple: tissu musculaire, tissu nerveux. La science qui s'occupe de l'étude des tissus porte le nom dliistologie \^ (îoToç, tissu; Xo'yoç, discours); cette science, qui comporte une tech- nique spéciale et complexe, est universellement reconnue aujourd'hui comme l'auxiliaire indispensable de l'anatomie et par suite de toutes les branches de la biologie qui ont celles-ci pour base. Pour éviter de revenir à propos de chaque groupe sur les divers tissus qui entrent dans la constitution des organismes animaux, nous allons en esquisser, d'une façon très sommaire, les piincipaux caractères. A l'exemple de Ranvier, nous les classerons de la manière suivante : 1° Ceux dans lesquels la substance qui unit et sépare les cellules, ou subs- tance intercellulaire, est caractéristique par sa forme, ses propriétés phy- siques et thimiques : tissus conjonctifs ; 2° Ceux dans lesquels la cellule principale s'est modifiée au point de devenir méconnaissable : tissus musculaire et 7ierveux ; .3° Ceux qui sont composés de cellules à évolution régulière et constante, soudées les unes aux autres par une substance unissante peu abondante : épithéliums. Enfin, nous étudierons, à côté des tissus, les liquides de l'organisme conte- nant en suspension des éléments anatomiques, et qu'on a pu regarder pour cela comme des tissus à substance unissante liquide. 1° Tissus conjonctifs. — Le groupe des tissus connectifs, conjonctifs, 16 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. B. Tissu conjonctif diffus. Fig. 3. — Cellules adipeuses de l'épi- ploon du yeau. OU de substance conjonctive comprend plusieurs types plus ou moins dis- tincts : A. Tissu conjonctif cellulaire. — Formé de cellules assez régulières, pourvues de membrane etcontiguës. Ex. : parenchyme des Trématodes,coidè dorsale des Vertébrés. — Comprend des faisceaux de fibrilles {fibi-es conjonctives) entre lesquels se trouvent des cellules qui souvent se moulent sur eux. D'autres fibrilles plus résistantes et anasto- mosées {fibres élastiques) s'y joignent en pro- portion variable. Plusieurs variétés : a. Tissu gélatineux ou muqueux. — Demi- fluide, transparent, ne comprenant que des fibres conjonctives. Ex. : ombrelle des Médu- ses ; gélatine de Wharton du cordon ombilical des Mammifères. b. Tissu conjonctif lâche. — Le tissu cellu- laire des chirurgiens. Nombreux faisceaux de fibres conjonctives serrés de place en place par des fibres annulaires, et entremêlés de fibres élastiques. Dans les inters- tices, des cellules lymphatiques flottent librement au milieu du plasma qui baigne le tissu. Ex. : tissu conjonctif sous-cutané des Mammifères. c. Tissu adipeux. — Variété de tissu conjonctif lâche, présentant de nom- breuses cellules qui deviennent le siège de surcharge graisseuse. Ex. : lard et panne du Porc. d. Tissu conjonctif réticulé. — Faisceaux de fibres conjonctives anastomosés en un réseau très serré, dans les mailles duquel abon- ^ dent des cellules libres. Se rencontre dans les lacunes u // /^^-^ ^^^ Mollusques, les ganglions lymphatiques des Verté- brés, etc. C. Tissu conjonctif modelé. — Même constitution que le lissu conjonctif diffus, mais modelé en organes dis- tincts. Trois formes principales : a. Tissu conjonctif engainant. — Disposé en lamelles superposées. Ex. : gaines des nerfs des Vertébrés. b. Tissu fibreux. — Faisceaux connectifs parallèles ou entre-croisés suivant une règle uniforme. Ex. : tendons, ligaments, aponévroses. c. Tissu élastique. — Les fibres élastiques prédomi- nent et parfois existent seules. Ex. : ligaments jaunes compris entre les lames des vertèbres. D. Tissu cartilagineux. — Les cartilages sont formés de cellules spéciales assez régulières, et d'une subs- tance interstitielle très épaisse, relativement rigide, qui donne delà chondrine par l'ébullition. Les cellules cartilagineuses s'en- tourent chacune d'une capsule de même nature que la substance fondamen- tale : l'ensemble delà cellule et de la capsule constitue un chondroj)laste. Les cartilages sont nus (c. articulaires) ou enveloppés d'une membrane fibreuse dite pertc/iondre. Suivant que la substance fondamentale est homo- Fis.4 Fibres élastiques du ligament cervical du veau. ORGANISATION ET DÉVELOPPEMENT DES ANIMAUX. 17 gène, envahie parties éléments étrangers, on en distingue plusieurs variétés: le cartilage hyalin (c. costaux), le fibro -cartilage (disques intervertébraux), le cartilage »'(/S ZOOLOGIE GÉNÉRALE. Si Ton passe à des types plus élevés, on ne tarde pas à distinguer l'élément moteur par excellence, la cellule ou la fibre musculaire. Tout d'abord, les muscles se montrent intimement unis à la peau, de ma- Tionlal (l'ariôlal. Orliilf.„ Màclioirc iiifc'T. Vertèbres cervic- Omoplate. . Iluménis. Verlèbros lomb. Os iliaque. Cubitus. ï'i I' Radius. Carpe. Métacarpe. l'halanijes. Fémur. Tibia. Péroni'", Temporal ■Clavicule. Os iliaipie. UoUilc. Tarse. ^Métatarse. Plialaiises. 1G. — S(|uek'Ue de lHomme. nière à former une enveloppe musculo-cutanée donila. contraction dé- termine le déplacement du corps (Vers). Dans certains cas. ils se concentrent sur une région spéciale, telle que la face ventrale du ORGANISATIUN RT DÉVELOPPEMENT DES ANl.MMN. 20 corps (pied dos Mollusques). Enfin, ils peuvent s'isoler davantage encore des téguments et $e diviser en groupes similaires, placés les uns derrière les autres (Arthropodes et Vertébrés). Il existe alors des parties solides destinées à leur fournir des points d'appui, comme à servir de soutien et à protéger les organes internes: squelette der- inifjnr des Arthropodes, squelette 'intérieur des Vertébrés, dont les difl'érenles parties sont mobiles les unes sur les autres. En même temps, apparaissent des appendices, ou membres, qui représentent des leviers particulièrement puissants et ont une constitution analogue à celles des parties centrales. Organes de sensation. — Comme le mouvement, la sensibilité est d'abord difïuse dans toute la masse du corps; mais, en général, on voit se difterencier les ëUments nerveu.r en même temps qu'apparais- sent les muscles. Lorsqu'il est complètement développé, le si/sli-oie nerveux comporte trois dispositions fondamentales : 1" lyiie rayonné des Échinodermes : aux rayons du corps corres- pondent autant de centres nerveux, réunis eux-mêmes par des com- missures qui forment un anneau entourant l'œsophage. 2° Type bilatéral des Arthropodes, des Vers et des Mollusques. — Les animaux dont il s'agit ayant leurs principaux organes symétriques par rapport à un plan médian, le sytème nerveux suit cette disposition générale. Quelques Vers possèdent seulement une paire de ganglions situés sur les côtés ou au-dessus de l'œso- phage, où souvent ils se confondent en une masse, émettant des filets nerveux dans différentes direc- tions. Tel est le cas des Turbellariés et des Rota- teurs. A un degré plus élevé, ces ganglions, dits œsophagiens ou eérébroïdes, sont unis à une autre masse ganglionnaire double située au-dessous de l'œsophage {ganglions sous-œsophagiens), au moyen de deux cordons latéraux qui forment ce qu'on appelle un collier œsophagien. En arrière des gan- glions sous-œsophagiens, il existe quelquefois une seule paire ganglionnaire située comme eux au-des- sous du tube digestif (Mollusques acéphales) ; mais, chez les animaux dont le corps est composé de mé- tamères, on trouve toute une série de paires sem- blables, réunies par deux connectifs (1) souvent con- tigus; ainsi se trouve constituée la double chaîne ganglionnaire ven- trale des Arthropodes et des Annélides. Les nerfs destinés aux or- (I) H. Milne Edwards a proposé d'appeler commissures les cordons qui unissent transversalement les niasses nerveuses, et connectifs ceux qui les joignent dans le sens longitudinal. Fig. 17. — Système ner- veux de la vie de rela- liou d'un Insecte. — a, collier œsopliagien. //, />, nerfs optique>.. c, ciiaiue ganglion- naire ventrale. 30 ZOOLOGIE GENERALE, sens sont toujours fournis par les ganglions céré- ganes des broïdes. 3° Type bilatéral des Veriébrrs. — Dans tous les animaux de ce groupe, le système nerveux central se présente sous la forme d'un long cordon [axe cérébro-spinal) renfermé dans une &■ d cavité spéciale, située dans la région dorsale du corps, |j|\.a fit entièrement distincte de celle qui contient les vis- cères. Les filets nerveux qui se rendent dans les diffé- rentes parties du corps naissent de cet axe par paires symétriquement disposées. Chez les animaux inférieurs, les organes de nutrition et de reproduction reçoivent directement leurs nerfs des masses ganglionnaires centrales ; mais, dans les types d'une organisation plus élevée ("Vertébrés, Ar- thropodes, etc.), les viscères sont innervés par un appareil autonome, formé de ganglions et de filets disposés en réseaux (plexus). Ce système^ particulier, quoique relié aux centres nerveux, demeure soustrait à l'empire de la volonté : on lui donne le nom de aiisième du grand sympathique ou système nerveux vis- céral. Les nerfs qui unissent le système central à la péri- phérie sont moteurs ou sensitifs. Les premiers trans- mettent aux muscles les incitations motrices parties des centres. Les autres portent aux centres nerveux les excitations venues du monde extérieur et recueillies par des appareils périphériques, les organes des sens Le tact ou toucher est celui des sens qui est le plus disséminé. 11 a pour siège l'enveloppe du corps ou certains appendices qui en dérivent, tels que les tentacules des Polypes et des Mollusques, les palpes et les antennes des Arthropodes, etc. Chez les Vertébrés supérieurs, les nerfs cutanés se terminent dans des organes tactiles particuliers (corpuscules du tact, de Pacini, deKrause). Le sens du goût, dont on ne peut bien constater l'existence que chez les animaux supérieurs, est localisé dans la bouche, du moins chez les Vertébrés. Les impressions gustativcs, recueillies par des papilles si- tuées sur la langue, sont transmises aux centres par les nerfs lingual et glosso-pharyngien. L'odlorfli paraît assez répandu chez les Invertébrés; mais il ne se distingue pas nettement du goût chez les animaux à respiration bran- chiale. On regarde comme des organes olfactifs, chez les Vers et les Mollusques, des fossettes revêtues d'un épithélium à cils vibratiles et auxquelles aboutit un nerf spécial. Chez les Vertébrés, ces organes sont représentés par une double cavité creusée dans les os de la face et Fig. 18. — Axecc'rébro- ^^pillal de la Gre- nouille. — d, lobes olfactifs. «, hémi- sphères cérébraux, eu arrière desquels se voit la glande pinéale . 6, lobes optiques, c, moelle allongée. Le cerve- let est représenté par la bandelette qui règne au-dessus lie la partie anté- rieure de la moelle allongée. OHGANISATION ET UKVELOIM'KMENÏ DES ANIMAUX. :h tapissée par une muqueuse, la membrane pituitaire, dans laquelle se ramifient les nerfs olfactifs. - L'organe de Voiiïe, dans beaucoup de formes inférieures, est cons-^ titué par une vésicule [olocyste) renfermant un liquide dans lequel y^ flottent des concrétions calcaires (otolithes) ; la paroi de cette vési- cule, ciliée ou garnie de poils, reçoit la terminaison du nerf acous- Fig. 19. — Corpuscule de Pacini du Chat. — a, pédicule. 6, couches conjouctives concen- triques, c. cavité centrale, d, cylindre-axe à terminaison ra- mifiée, engagé dans le corpus- cule. Grossissement : 310 diamètres. Fig. 20. — Oreille de l'Homme. — a, pavillon, é, condui auditi externe, c, chaîne des osselets, rf, vestibule, e, muscle antérieur du marteau, g, canaux semi-circulaires, h, muscle interne du marteau, s, limaçon, m, muscle externe du marteau. ;/, nerf acoustique, t, tromjie d'Eustache. tique OU auditif. Quand la vésicule n'est pas close, les otolithes sont remplacés par de petits corps étrangers, tels que des grains de sable. Chez les Vertébrés, la vésicule auditive offre une structure plus com- plexe (labyrinthe membraneux) ; il s'y ajoute d'ailleurs des organes propres à recueillir et à renforcer le son (oreille externe et oreille moyenne). Les organes de la vue, les plus communs après ceux du tact, sont souvent représentés, chez les animaux inférieurs, par une simple tache de pigment placée à l'extrémité d'un nerf (taches oculaires). C'est à peine si de tels yeux peuvent permettre à l'animal de distin- guer la lumière de l'obscurité ; ils ne sont guère sensibles qu'aux rayons calorifiques. Chez les animaux plus élevés, l'œil se complique graduellement par la différenciation des terminaisons nerveuses (cônes et bâtonnets); mais, pour que la perception d'une image puisse avoir lieu, il faut que des appareils de réfraction (cornée, cristallin, etc.) 32 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. soient placés au-devant de la membrane sensible (rétine) formée par l'expansion terminale du nerf optique. P j\ à lacettob du llaiiiicloii. — nerfs optiques, c. œii entier, lonçitudinalement . Fig. 2i. — Coupe schématique de 1 œil de l'Honiine. — C, cornée transparente. S, sclérotique, g, choroïde, c, rétine, n, liunieur aqueuse. /. iris. P, procès ciliaires, tl, cristallin. V, corps vitré entouré de la membrane hyaloïde. 0, nerf optique (J. Béclard). Instinct et intelligence. — Il ne saurait être dans notre intention d'a- border ici l'étude des opérations complexes qui ont pour siège le système nerveux et desquelles résultent Finstinct et l'intelligence. Nous renverrons pour cette étude aux traités de physiologie, et nous nous bornerons à exposer en quelques mots ce que les auteurs qualifient de facultés instinctives et intellectuelles. L'observation des mœurs si variées des animaux nous montre que, chez un grand nombre d'entre eux, les actions sont déterminées par des impul- sions intérieures, innées, inconscientes, qui conduisent à des résultats avantageux à la conservation de l'individu ou à celle de l'espèce. On dit que ces actions sont instinctives, et l'on appelle instinct la faculté qui préside à leur accomplissement. L'art avec lequel le Castor construit sa cabane et l'Oiseau son nid, la merveilleuse industrie dont fait preuve tel ou tel insecte pour se procurer sa nourriture, tant d'autres faits remarquables que nous pourrions citer, témoignent de l'extension de cette faculté. Les animaux doués d'instinct agissent sans se rendre compte du but de leurs actes ; ils continuent même d'agir lorsque ce but est atleint ou supprimé, et nous ne les voyons pas modifier leur manière de faire en vue d'obtenir un résultat nouveau ; enfin, ils exécutent tous ces actes sans les avoir appris, comme nous le montrent, d'une façon certaine, ceux qui éclosent après la mort de leurs parents. Tous ces caractères sont assez distincts de ceux qui appartiennent à {'in- telligence. Effectivement, celle-ci suppose que l'animal a conscience de l'acte accompli, du but à atteindre, et qu'il est apte à modifier sa façon d'agir suivant les circonstances, en mettant à profit ce que lui a enseigné l'expé- rience. L'intelligence, déjà bien manifeste chez certaines formes inférieures, notamment chez les espèces sociales (Abeilles, Fourmis, etc.), acquiert tou- tefois un degré beaucoup plus élevé chez les Vertébrés supérieurs, et eu particulier chez nos animaux domestiques. Il y a lieu de penser, du reste, que la vie sociale n'a pas été étrangère au développement de l'intelligence; et c'est, en effet, nous le montrerons plus loin, parmi les animaux sociables que l'homme a choisi la presque totalité de ses serviteurs. ORGANISATION ET DÉVELOPPEMENT DES ANIMAUX. 33 On peut ajouter que rintelligence des animaux ne diffère point qualita- tivement de l'intelligence humaine; la différence n'existe, en réalité, que dans le degré de perfection, et H. Milne Edwards a établi qu'il n'est pas une seule faculté de l'entendement humain qu'il ne soit possible de retrouver, au moins en germe, chez les animaux. Il ne faudrait pas croire, d'ailleurs, qu'il soit toujours facile d'établir une ligne de démarcation bien tranchée entre les phénomènes de l'instinct et ceux de l'intelligence. Le chant des Oiseaux, qu'on a longtemps regardé comme un phénomène purement instinctif, n'est en réalité que le résultat de l'éducation ; et il n'est pas certain que l'édification des nids ne puisse être, du moins en partie, rattachée à la même cause. D'autre part, les actes accomplis sous l'inlluence de l'instinct ne sont pas absolument immuables. F. Pouchet^ constaté que, dans les quartiers neufs de Rouen, l'Hirondelle de fenêtre ne construit pas son nid de la même façon que dans les vieux quartiers. Les rares Castors qu'on rencontre encore au- jourd'hui dans la vallée du Rhône ne bâtissent plus de cabanes : sans cesse dérangés par l'homme, ils se contentent de se creuser des terriers sur les bords du fleuve, à la manière des Loutres. Enfin, les animaux domestiques pourraient nous fournir des preuves multiples de la modification des ins- tincts. Or, en laissant de côté ces derniers faits, qui sont déterminés par l'intelligence humaine, ne voit-on pas que si l'Hirondelle et le Castor ont transformé leurs constructions pour répondre à de nouvelles conditions de milieu, ce ne peut être que par l'effet d'une comparaison et d'un raisonne- ment, c'est-à-dire par un acte d'intelligence ? Mais, grâce à la puissance de l'hérédité, le résultat de cet acte n'est pas limité aux seuls animaux qui l'ont accompli : il se transmet aux générations successives. Par contre, il serait facile de démontrer que des actes qui se rapportent en propre à l'intelligence peuvent s'exécuter dans certains cas d'une façon absolument inconsciente. Sans parler des sujets affectés de certaines mala- dies nerveuses, nous n'aurions qu'à rappeler une foule d'actes qu'une longue habitude nous amène à effectuer en quelque sorte machinalement. C'est pourquoi divers auteurs ont cru pouvoir définir l'instinct « une habitude transmise par hérédité ». En résumé, il n'y a pas, comme on l'a souvent affirmé, une opposition complète, fondamentale, entre les phénomènes de l'instinct et ceux de l'in- telligence. Les opérations mentales qui se rattachent le plus nettement à l'instinct peuvent au contraire se relier, par une série d'actes intermé- diaires, aux manifestations les plus élevées de l'activité intellectuelle. Sous sa forme élémentaire, l'instinct est, comme nous l'avons vu, tout à fait in- conscient, et se transmet par hérédité, d'une façon à peu près invariable. Lorsque la conscience se dégage, l'intelligence apparaît et, dès lors, arrive aisément à provoquer des modifications qui affectent souvent un caractère de permanence en rapport avec la persistance des causes qui les ont ame- nées. « Peu à peu la conscience devient plus étendue, les idées plus clai- res, les rapports compris plus nombreux : l'intelligence se distingue nettement. Elle se mélange d'abord, à tous les degrés, à l'instinct; enfin, arrive le moment où elle masque à peu près complètement les instincts innés, oii ce qu'ils ont de fixe disparaît sous le Ilot changeant de ses inces- R.MLLiET. — Zoologie. 3 34 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. santés innovations, où ce qui se fixe par l'hérédité, ce n'est plus l'aptitude à concevoir presque inconsciemment tel ou tel rapport, c'est l'aptitude à re- chercher et à découvrir des rapports nouveaux, jusqu'à ce qu'enfin se montre le merveilleux épanouissement de la raison humaine. » (Ed. Perrier.) IL Organes et fonctions de nutrition. L'entretien de la vie individuelle est sous la dépendance des fonc- tions de nutrition, accomplies par les organes de la vie végétative. La nutrition, dans son en- semble, consiste en des échanges incessants qui s'o- pèrent entre le corps de l'animal et le monde exté- rieur. Les manifestations de la vie, en effet, sont liées nécessairement à l'usure des éléments organiques (dés- Fi". 23. — Schôma cfune l'aramôcic, d-aprôs Fi-. 24. — Seclion d\m Polype {Asfroidi-s calicularis), Hayek. — 6, orifice buccal, o, fente auak'. moiilrant la cavité gastro-vasculaiie gv, l'œsophage vc, vacuoles contractiles, ec. ectoplasme. r/-, et la bouche b (Lacaze-Duthiers). en, endoplasme. assimilation), et les matériaux usés sont rejetés à l'extérieur. Mais cette usure même nécessite une réparation continuelle des éléments dont il s'agit (assimilation), réparation qui s'effectue par l'absorption de principes nouveaux puisés dans le milieu ambiant. Fort simples chez les formes inférieures, ces deux phénomènes nutritifs primordiaux se compliquent graduellement : les actes qu'ils comportent se multiplient, et l'on voit par suite les appareils orga- niques se différencier de plus en plus. Ainsi, l'animal recueille tout d'abord à l'extérieur ses matériaux nutritifs ou aliments et les élabore dans un appareil spécial [digesiion). Les substances ainsi élaborées forment un liquide nourricier qui se répand dans un système de lacunes ou de canaux pour aller baigner les tissus {circulai ion). Ce liquide, qui reçoit le nom de sang, fournit ORGANISATION ET DÉVELOPPEMENT DES ANIMAUX. 35 aux tissus non seulement les matériaux propres à leur croissance et à leur réparation, mais aussi une certaine quantité d'oxygène en échange duquel les tissus lui cèdent de l'acide carjjonique. Ainsi mo- difié, le sang va se régé- nérer dans un autre appa- reil, où il abandonne son acide carbonique et se charge d'oxygène {respi- rnfion). L'oxydation des tissus donne lieu d'ail- leurs à une production de chaleur qui en partie se manifeste directement (chaleur animale) et en partie se transforme en travail mécanique. Enfin, les matériaux usés non gazeux, qui rendraient le sang impropre à l'en- tretien de la vie, sont ex- pulsés par diverses voies [rxo'Ctio)!). Appareil digestif. Les Protozoaires infé- rieurs ne possèdent pas, à proprement parler, d'appareil digestif : ce sont des processus pro- toplasmiques qui vont au-devant des corps étrangers et les englo- bent. Chez les Infusoires, apparaît une ouverture buccale permanente, en même temps que le corps offre une zone centrale (endoplasme) dans la- quelle sont digérées les substances alimentaires. Les Polypes sont toute- foislespremiersanimaux qui présentent une ca- vité digestive bien définie : c'est un cul-de-sac, dont l'orifice sert à la fois de bouche et d'anus, c'est-à-dire de porte d'entrée et de sortie. A un degré supérieur, le tube digestif est ouvert à ses deux extrémités, ig. 25. —Tube digestif d'une Dinde.— n, œsophage, b, jaboL c, ventricule succenturii'. d, gésier, ff, pancréas entouré par le duodénum. A, intestin grêle. /, gros intestin. //;, ovaire. n, oviducte. o, cloaque. /), fuie. /•, vésicule biliaire. .?, caecum (.1. Béclard'. 36 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. et l'anus se montre distinct de la bouche. Entîn, ce tube se subdivise en plusieurs régions, ayant chacune un rôle spécial à remplir. On y reconnaît alors trois parties principales : intestin buccal, intestin moyen et intestin terminal. L'intestin buccal offre à sa partie an- térieure une cavité dite buccale, souvent armée de formations solides destinées à saisir et à broyer les aliments ; cette cavité est suivie de Tœsophage, qui conduit les aliments dans une portion dilatée, l'estomac, où ils subissent d'importantes transforma- tions. Ce produit passe de là dans Vintestin moyen ou in- testin grêle, où se complète son élaboration. Il est alors absorbé par les parois intes- tinales. Qndini hV intestin ter- minal ou gros intestin, qui aboutit à l'anus, il n'a le plus souvent qu'une faible action sur les substances alimentaires ; il est surtout destiné à recevoir les ré- sidus de la digestion, qui s'y accumulent sous forme d'excréments, et à les ex- pulser. A mesure que se compli- quent les réservoirs diges- Fig. 26. — Coupe derai-scliéniatique du cœur de l'Homme. — a, ventricule gauclie. 6, ventricule droit, c, oreillette gauche. f/, oreillette droite. /", artère aorte, j, 9, branches de l'artôre . . « j pulmonaire, /i, veine cave inférieure. !, veine cave supé- tllS, OU VOll apparaître ÛeS Heure, k, orifice de la veine cave supérieure, l, orifice de ^j^ndeS dout leS SécrétionS la veine cave iniérieure. m, oriuce de la veine coronaire, o, '-' veines pulmonaires gauclies.ja, veines pulmonaires droites. SCrveut à modifier IcS ali- r, orifices des veines pulmonaires droites, s, orifices des ,„ i„ . i j ;• • veines pulmonaires gauches (J. Béclard). ^CUtS : glandeS SallVaireS, déversant leur produit dans la bouche ; glandes à pepsine, s'ouvrant dans l'estomac ; foie et pa?!- créas, amenant la bile et le suc pancréatique dansl'intestin moyen, etc. Remarquons cependant qu'un foie véritable n'existe que chez les Ver- tébrés ; les glandes analogues des Crustacés et des Mollusques, par exemple, sécrètent un produit dont les propriétés diffèrent entière- ment de celles de la bile, et l'on s'accorde assez aujourd'hui à les classer à part, sous le nom dliépatopancréas. Appareil circulatoire. — Le liquide nourricier formé dans le tube digestif se trouve répandu dans l'organisme par un système de cavités d'une complexité fort variable. Chez les Polypes, ce sont de sim- ples diverticules de la cavité digestive, laquelle mérite par conséquent le nom de cavité gastro-vasculaire. A un degré plus élevé, l'appareil de la circulation se montre distinct du tube intestinal, mais le li- ORGANISATION FT UÉVELOPPEMENT DES ANIMAUX. 37 quide nourricier occupe les espaces ou lacunes que les organes lais- sent entre eux, et la circulation est dite lacunaire. En continuant à s'élever dans la série, on voit les lacunes remplacées plus ou moins complètement par des vaiaseau.r à paroi propre. Chez les Annélides et quelques autres Vers, il existe même un liquide nourricier dans la cavité viscérale (liquide p/asmafi^we) et unautre dans des vaisseaux clos (liquide liémal). Sur certains points, ces vaisseaux sont contrac- tiles, de manière à communiquer au sang un mouvement régulier. Peu à peu, enfin, on voit se différencier Tune de ces parties contractiles, sous la forme d'un organe parti- culier, appelé cœur, qui acquiert son plus haut degré de compli- cation chez les Vertébrés supé= rieurs. Les vaisseaux qui conduisent le sang du cœur dans les organes reçoivent le nom d'avtèrrs ; ceux qui le ramènent au cœur sont appelés veines. Entre ces deux ordres de vaisseaux, qui peuvent d'ailleurs manquer entièrement, se trouve quelquefois interposé un système de lacunes (Arthro- podes) ; ou bien il existe un ré- seau de fins canalicules, les vais- seaux capillaires (Vertébrés). Dans ce dernier cas, on distin- gue, à côté du système vasculaire sanguin, d'autres vaisseaux con- tenant un liquide blanc puisé dans les voies digestives [vais- seaux chylifères)., ou un liquide transparent recueilli dans les ia- terstices des organes {vaisseaux lymphatiques). Appareil respiratoire. — Le sang va porter aux tissus, avec les éléments de leur nutrition, l'oxygène nécessaire à l'entretien de leur activité physiologique; il leur enlève dautre part, pour les rejeter à l'extérieur, l'acide carbonique et la vapeur d'eau qui résultent des oxydations ainsi produites: conséquemment, il doit puiser sans cesse de nouvelles quantités d'oxygène dans le milieu ambiant. C'est l'en- semble de ces échanges gazeux qui constitue la respiration. ■ Dans les types les plus simples, c'est par la surface cutanée que s'effectue la fonction respiratoire. Du reste, la respiration cu- tanée persiste assez souvent chez des animaux d'une organisation — Braucliies d'une Annélido {Srrjmin con- tor/iip/icata). 38 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. compliquée et munis d'un appareil respiratoire bien développé. Dès que l'organisme se perfectionne, on voit apparaître les traces de cet appareil, qui consiste essentiellement en une membrane per- méable interposée entre le liquide nourricier et l'air, mais dont les dispositions varient suivant que la respiration est aquatique ou aérienne. La respiration aquatique s'accomplit au moyen d'expansions cutanées, parfois très divisées, dans l'intérieur desquelles circule le sang {branchies); elle utilise seulement l'oxygène de l'air dissous dans l'eau. Quant aux organes de la respiration aérienne, ils sont formés par des invaginations de la surface tégumen taire dans l'intérieur du corps. Chez les Arthropodes terrestres, ce sont des irachées, tubes ramifiés soutenus par une spirale chitineuse, et dans la lumière des- •13 Fig. ±i. Moilii'' droite de l'abdomen d'un Hannelon, grossie iiuil fois pour montrer, par sa face interne, la première couciie de trachées. — a, faisceau de tracliées vésiculaires. b, vésicule (Straus-Durcklieim). quels l'air s'engage pour aller à la rencontre du fluide sanguin ; chez, les Vertébrés et quelques Mollusques, ce sont des poumons, système plus ou moins compliqué de poches dont les parois sont tapissées de vaisseaux. Chaleur animale. — Les combustions qui s'effectuent dans l'oi'- ganisme ont pour résultat une production de force vive, qui se trans- forme en partie en travail extérieur, et se manifeste d'autre part en communiquant à l'organisme une température propre : c'est là ce qu'on appelle la chaleur animale. Or, cette température propre est très variable suivant les animaux. Chez les Invertébrés, ainsi que chez les Vertébrés inférieurs, y com- pris les Reptiles, elle est toujours très faible, de telle sorte que ces animaux sont, en définitive, soumis aux variations du milieu am- biant. C'est pourquoi on les désigne sous le nom d'animaux à sang froid, ou mieux à température variable. Les Oiseaux et les Mammi- ORGANISATION KT DÉVELOPPEMENT DES ANIMAUX. :]<) fères produisent, au contrairo, une quantité de chaleur suffisante pour que l'organisme puisse résister, dans une certaine mesure, àl'in- lluence des circonstances extérieures : c'est ce qui leur a valu le nom ddiiiiiinii.r à sfitir/ chniid ou () O'iiiprralurr ransidnlc Phénomènes luniinenx. — La force vive calorifique peutaussi se transformer en lumière et en électricité. Un grand nombre d'animaux marins sont phosphorescents : tels sont les Noctiluques, certaines Méduses, des Annélides, des Tuniciers, des Poissons, etc. Il en est de même de divers Insectes ou Myriapodes. Dans certains cas, l'émission de la lumière est provoquée par une excitation quelconque; d'autres fois, elle paraît soumise à l'empire de la volonté (Lampyres). Du reste, elle est presque toujours limitée à une partie restreinte du corps. Prodnction d-électricîté. — Sous l'influence des réactions chi- miques qui s'efl'ectuent au sein des tissus, il se manifeste, dans la plupart de ceux-ci, des courants de direction constante. Mais la pro- duction d'électricité est beaucoup plus manifeste chez certains Pois- sons, tels que les Torpilles et les Gymnotes, qui ont des appareils spéciaux pour cet usage et sont capables de produire à volonté de véritables décharges électriques. Appareil sécréteur. — Outre l'acide carbonique et la vapeur d'eau rejetés par la respiration, il se forme dans l'économie de nombreux produits de désassimilation liquides ou solubles qui passent dans le sang, d'où ils sont expulsés par des glandes (voir p. 20): c'est à ce phénomène qu'on donne le nom de sccréiton. Il ne faut pas confondre la sécrétion avec la production d'éléments anatomiques; le testi- cule et l'ovaire ne sont pas, à proprement parler, des glandes, puisque celles-ci sccri'lrut des humeurs, tandis que les organes dont il s agit dont} en i naissance à des éléments anatomiques (spermatozoïde, ovule). Les glandes fabriquent des produits nouveaux, plus ou moins direc- tement utiles à l'organisme (sécrétion proprement dite), ou bien ne servent qu'à l'élimination de produits préexistant dans le sang (sécré- tion excrémentitielle ou cxcrction). L'utilisation des produits de sécrétion peut avoir lieu dans les sens les plus divers. Sans revenir sur les glandes du tube digestif qui agis- sent sur les matières alimentaires, nous citerons pour exemples les glandes à venin des Scorpions ou des Hyménoptères, les glandes odo- rantes des Punaises, les glandes lacrymales, sébacées, etc., des Ver- tébrés supérieurs. Les produits d'excrétion les plus importants, qui sont très riches en principes azotés, sont rejetés par les organes urinaires. On assimile d'ordinaire à ces organes les vacuoles pulsatiles des Protozoaires, ainsi que les vaisseaux aquifcres des Némathelminthes, vaisseaux qui pren- nent leur origine dans les tissus ou la cavité du corps et communiquent 40 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. avec Textérieur. Chez les Annélides, les organes excréteurs {néphridies) sont des tubes pelotonnés qui s'ouvrent dans la cavité du corps par des entonnoirs ciliés et se répètent par paires dans les segments successifs, d'où le nom d'organes segmentaires qui leur a été donné. Chez les Arthropodes à respiration aérienne, ce sont des appendices du tube digestif, les tubes de Malpighi (fig. 29). liBiwt^^ii Les corps de Bojanus des Mollusques sont ^^•**H!wfc«*iî*3ii' aussi des organes urinaires. Enfin, ceux-ci ac- quièrent leur plus haut degré d'indépendance et de complication chez les Vertébrés, où ils forment les rei}}s. Fig. 29. — Oi'gaues digestifs d'un Insecte. — a, œsophage, h. jabot. il, ventricule cliyiifiquo. f, intes- tin, e, tubes de Maljiigbi. i. ar- mure copulatrice. pj„, 30. — Tubes urinifères du rein d'une Tortue (Testtuio f/neca). — a, deux tubes formant une anse au sommet de laquelle se trouve, en b. un glomérule de Malpighi. c, cellules épithéliales: celles qui sont situi^es près du glomérule sont pour- >uesdecils vibratilcs. rf, concrétions urinaires (J. Béclardj. Les produits de sécrétion ou d'excrétion renferment très souvent des Icucomaïnes. Gautier a donné ce nom à toute une série d'alca- loïdes complexes, oxygénés, qui se forment dans les tissus vivants en pleine activité : il a voulu indiquer ainsi (Xsu)cw(xa, blanc d'œufj que ce sont les produits basiques du dédoublement des albuminoïdes. Ces substances se forment sans cesse dans les cellules vivantes ; elles s'éli- minent en partie par les urines (xanthine, sarcine, guanine, carnine, créatine). On en a trouvé aussi dans les venins, dans divers produits de sécrétions normales, etc. A côté des leucomaïnes se placent les ptomaïnes. Selmi appelait ainsi (de TtTwfjta, cadavre) les alcaloïdes qui se produisent durant- la putréfac- tion ; Gautier a étendu ce nom à tous ceux qui résultent d'une fermen- tation anaérobie, et à ceux qui se forment dans les tissus des animaux supérieurs lorsqu'ils fonctionnent sans air ou avec une quantité insuf- fisante d'oxygène (cadavérine, putrescine, muscarine, etc.). ORGANISATION KT DÉVELOPPEMENT DES ANIMAUX. 41 m. Orc.anes et fonctions de reproduction. Les fonctions que nous avons précédemment étudiées ont pour but la conservation de l'individu : la reproduction, au contraire, est des- tinée à assurer la conservation de l'espèce. Elle comprend un ensemble d'actes qui aboutissent à la production d'êtres nouveaux plus ou moins semblables à ceux qui leur ont donné naissance. C'est d'ailleurs cette production même qui constitue la. gé))rrntion. On a longtemps admis, et quelques physiologistes admettent encore, que certains organismes peuvent se produire sans germes ou sans parents antérieurs; c'est là ce qu'on a appelé, par un emploi abusif des mots, la génération sponinnéo (hétérogénie, archigo- nie, etc.) (1). Nous n'insisterons pas sur cette hypothèse, si ardem- ment soutenue par F. Pouchet, et à laquelle les belles expériences de Pasteur ont porté un coup dont elle ne s'est pas relevée. Scientifiquement, on ne peut tenir compte, à l'heure actuelle, que de la génération généalogique ou génération proprement dite. Celle-ci offre, du reste, des modes variés. Si l'on cherche à ramener les phé- nomènes qu'elle comporte à leurs éléments essentiels, on reconnaît tout d'abord que le corps d'un être vivant dérive toujours, quelle que soit sa complexité, d'un corps antérieurement constitué, dont il n'est qu'une partie séparée et accrue. A son tour, ce corps détachera de sa masse des parties qui constitueront les germes d'autant de corps nou- veaux, et ainsi de suite. Les êtres vivants se reproduisent donc comme ils sont nés, par simple dissociation, et la reproduction se réduit à un fait de simple continuité. Or, cette continuité même entraîne la con- servation des propriétés de tout ordre reçues ou acquises antérieure- ment : la partie séparée pour former un être nouveau possède naturel- lement, en effet, la même forme, la même structure et la même puissance évolutive que la masse dont elle émane; et c'est là ce qui constitue l'hérédité, qu'on définit « le phénomène en vertu duquel les ascendants transmettent aux descendants les propriétés qui leur ap- partiennent à un titre quelconque ». (A. Sanson.) On peut distinguer deux formes principales de reproduction, basées sur l'origine simple ou double de l'être nouveau : la reproduction monomèrp ou asexucllc, et la reproduction dimère ou sexuelle. Divers auteurs, se basant sur ce fait que la reproduction asexuelle se réduit en somme à un phénomène de dissociation, refusent de la considérer comme un mode réel de reproduction, et lui appliquent le nom de multiplication. D'après les considérations qui précèdent, on peut juger qu'il n'y a là qu'une simple dispute de mots. A. Reproduction monomère. — La reproduction monomère {uow;, (1) II. MiLNE Edwards, Leçons siirranaf. et la physiol. comp., t. VIII, p. 237, 1863. 42 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. seul; uEpoî^ partie), asexuelle ou agame repose sur ce fait qu'une por- tion de l'organisme peut se détacher et vivre d'une façon indépen- dante, comme cet organisme lui-même. Elle s'effectue d'après trois modes différents : scission, bourgeonnement et sporulation. 1° La reproduction par scission ou scissiparité ne s'observe guère que chez les Protozoaires. Lorsque le corps a acquis un certain développement, il s'étrangle vers le milieu et se divise en deux fragments, dont chacun forme un individu distinct. Dans certains cas, la Kig. .'il. — Rc))roi1uclion par segiiieiUaliou il'uiie Mo- lière d'eau douce {Pro/auio-ba pr'uaitiva), d'après Hœckel. — A, MonOi'e entière. B, la même divisée en deux moitiés par un ('■tranglonicnt. C, les deux moitiés séparées et constiluanl des individus indé- pendants. ig. 'i-. — Reproduction par gctuniiparilé . Hydre d eau douce (Carlel). — b, b', b": Jjourgcons à divers degrés de développe- ment. S', bourgeon complètement séparé de la mère et pouvant vivre indépendant. S, point qui correspond au détachement de ce bourgeon. séparation n'est pas complète, et les individus nouveaux restent unis en colonies. 2" La, genimipariié ou reproduction par bourgeonnoineni ne diffère pas essentiellement de la scissiparité : elle consiste dans la formation, sur un point limité de la surface * ^ c d du corps, d'une excroissance ou hourgeon qui s'accroît peu à peu et se transforme en un organisme semblable à celui qui lui a donné naissance, puis se détache pour vivre à part. Si les bourgeons ne se Fig. 33 - Sporulation de la Coccidie ovifonne, d'après séparent pas de l'organisme Leuckart. — a, b. Coccidies enkystées des canaux ri o biliaires du Lapin: en è, le protoplasma est ramassé au générateur, il SC fomiC UUC centre du kyste, c, fl, formation des spores après séjour i ■ • i . i x i dans l'eau i i j colonie aiiimale : tel est le Câs du Corail. 3' La sporulation ou reproduction par spores n'est, à proprement parler, qu'une gemmiparité interne. On ne l'observe du reste, dans le règne animal, que chez les Protozoaires. Il se produit, dans l'intérieur de la cellule qui constitue ces êtres, des cellules germinaiives ou spores ORGANISATION ET UÉVKLOPPEMENT DES ANIMAUX. V.) qui deviennent autant d'individus nouveaux, soit sur placée, soit après être sorties du corps. Les Sporozonires empruntent leur nom à ce mode de reproduction. B. Reproduction dimére : sexualité. — La sporulation, comme les autres modes de reproduction monomère, représente toujours, en somme, une continuation directe. Mais elle conduit assez facilement à une seconde forme de reproduction qui s'observe chez la plupart des animaux, et dans laquelle on constate au contraire un point d'arrêt. Là encore, cependant, c'est d'une simple dissociation que pro- viennent les cellules reproductrices ; mais celles-ci, prises séparément, ne suffisent plus pour mener à bien l'œuvre de la re- production : isolées, elles seraient desti- nées à périr. Ce ne sont donc plus des spores. On leur donne le nom de ganiètcs {yônt.nç, mariage), car pour être capables de développement ultérieur, il fautqu^elles s'associent deux à deux et se combinent dune façon plus ou moins complète. Le produit de cette fusion ou conjugaison de deux cellules en une seule est ce que les botanistes appellent un œuf. L'origine de l'œuf est donc dimère (oic, deux ; jxs'pc;, partie), contrairement à ce qu'on a vu pour la spore. Le cas le plus simple que puisse offrir une telle union est celui où les gamètes sont semblables et se comportent de la même manière. On dit alors que la conju- gaison est égale, ou qu'il y a isogamie (Rhizopodes, Infusoires). Mais, le plus souvent, les deux gamètes diffèrent profondément l'un de l'autre : l'un d'eux, généralement assez volumineux par suite de l'accumulation de matériaux de réserve, demeure immobile : c'est Vêlement femelle ou ovule ; l'autre, plus petit et agile, est apte à se porter à sa rencontre : c'est Vêlement mâle ou spermatozoïde. Ainsi apparaît la sexualité, et cette conjugai- son hautement différenciée est ce qu'on nomme la fécondation . Chez quelques animaux inférieurs, comme les Polypes, les éléments sexués prennent naissance sur certains points non localisés de la paroi du corps. Mais, en général, ils se forment dans des organes spéciaux qu'on distingue en testicules et ovaires, suivant qu'ils pro- duisent le sperme ou les ovules. A l'état le plus simple, ces organes seuls constituent l'appareil sexuel, et leurs produits tombent dans la Fig. o4. — Scliônia île l'appareil génital (le l'Homme (J. Béclard). — a, vessie. h. portion spongieuse de l'urètre, c- portion membraneuse de l'urètre. '/, portion jirostatique de l'urètre. (', uretère. /", testicule. //, tète de lY'pididyme. /), queue de l'épidi- dymc. k, canal d(''férent. i, vésicule séminale, o, corps caverneux de la verge, p, bulbe de l'urètre. .«, corps caverneux du gland. /, |)rostate. 44 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. ir-oue cavité générale du corps ou sont rejetés à Textérieur (Échinodermes). Puis, on voit survenir graduellement diverses complications qui con- sistent surtout en appendices et en appareils vecteurs, destinés à protéger les éléments sexuels et à favoriser la fécondation. Ainsi, les testicules sont munis de conduits excréteurs ou canaux déférents, qui offrent souvent sur leur trajet une dilatation faisant office de réservoir et nommée véskule séminale. Des glandes mêlent leur sécrétion au sperme, ou lui forment des sortes d'enveloppes pro- tectrices [spermatopho- res). Enfin, des organes spéciaux sont chargés de faciliter l'intromis- sion du sperme dans les organes femelles : ce sont les organes copula- teurs. Du côté de l'appareil femelle, on trouve de même des conduits vec- teurs, les oviducies, qui souvent se dilatent en un point pour constituer une chambre incubatrice ou un utérus, où l'ovule puisse accomplir son dé- veloppement. Des glan- des annexes fournissent d'ailleurs à cet ovule dfes matériaux divers, et la portion terminale des 2" oviductes offre des dis- positions variables, pro- pres à assurer le dépôt du sperme et la fécondation. Chez un grand nombre d'animaux, l'ovaire et le testicule sont réunis sur le même individu ; on donne à cet état le nom dliernui- phrodisme, et les animaux qui le présentent sont appelés hermaphro- dites ou monoïques {^). En thèse générale, un seul individu suffit alors à produire de nouveaux êtres, j^ar autofécondation, et l'hermaphro- disme est qualifié de vrai ou de complet (Huître). Mais il arrive souvent aussi qu'un individu hermaphrodite est incapable de so féconder lui-même, et a besoin du concours d'un autre: c'est là ce qu'on a appelé l'hermaphrodisme insuffisant (Colimaçons, Limnées). Lorsque les organes sexuels sont répartis entre deux individus distincts, les animaux sont dits unisexués ou dioïques. Cet état, qui Fig. S.ï. — Appareil séiiilal interne de la Femme (Cruveilhier). L'o- % iducte droit et l'ovaire corres- pondant ont été enlevés. Ljj, grande lèvre. Ccu. section trans- \ersale du bulbe du vagin. //, livmen. Cvp, colonne postérieure du vagin. Va, vagin. Fr, cul- de-sac vaginal Lu. lèvre du col. [ t, iilérus. Oi!, oviducte. Lo, ligament de l'ovaire. 0, ovaire. Po, organe de Rosen- mUller. X. Iiydalide de cet or- gane. *, vésicule de de Grauf. **, corps jaune. ORGANISATION ET DÉVELOPPEMENT DES ANIMAUX. US se rencontre surtout chez les formes supérieures, parait être toujours secondaire : dans le principe, l'embryon possède à la fois les organes mâles et femelles; mais le développement des uns s'accompagn(> normalement de l'atrophie des autres, de telle sorte que certains individus sont chargés de produire le sperme : ce sont les mâles {ç^), tandis que les autres donnent naissance aux ovules : ce sont les femelles (9). Le rôle tout différent qu'ont à remplir ces deux ordres d'individus entraîne des modifications variées de l'organisme. Le mâle, par exemple, doit chercher à captiver la femelle, à s'en rendre maître, et il offre effectivement, dans beaucoup de cas, des couleurs brillantes, une voix sonore, une grande puissance, etc. La femelle, au contraire, est en général plus faible, moins agile, de teinte plus sombre. C'est à ces caractères, qui n'ont pas de rapports immédiats avec la repro- duction, que Hunter a donné le nom de caractères sexuels secondaires. Parthénogenèse. — Celte expression (T^apôevoç, vierge; ^sveat?, naissance) s'applique à un singulier phénomène caractérisé par ce fait, qu'un être né d'un ovule donne naissance à d'autres êtres sans avoir été fécondé. La parthénogenèse, encore appelée reproduction virginale, a été observée en premier lieu par Bonnet sur les Pucerons. Comme nous le verrons plus loin, en effet, les Aphis nés au printemps d'un œuf qui a passé l'hiver sont aptères et vivipares : tous sont pourvus d'un organe analogue à un ovaire (pseudovaire), mais sans réceptacle séminal, et donnent naissance, en de- hors de tout accouplement, à des individus également vivipares. Une série de générations semblables se succèdent pendant l'été, et à l'automne seule- ment, on voit apparaître des mâles et des femelles ailés : l'accouplement s'effectue alors, et les femelles pondent des œufs d'où sortiront, au prin- temps suivant, des individus aptères et vivipares. Chez les Abeilles, les œufs que pond la reine donnent toujours des mâles lorsqu'ils n'ont pas été fécondés. La parthénogenèse peut être envisagée de ditTérentes manières : on peut y voir un simple phénomène de sporulation et la rapporter par conséquent à la reproduction asexuelle ; ou bien on peut regarder les individus parthé- nogenésiques comme des vierges fécondes et leurs cellules reproductrices (pseudova) comme résultant d'une réelle oviparité. II n'est guère possible d'in- terpréter le cas de l'Abeille que dans ce dernier sens. Lorsque la parthénogenèse se rencontre chez des larves, on lui donne le nom de pédogcnése : un remarquable exemple de ce genre est fourni par cer- taines Cécidomyies (Miastor). S î. — DÉVELOPPEJIEXT DES ANIMAUX. On entend par développement d'un organisme son évolution complète depuis le moment où il commence à s'accroître jusqu'à sa mort. Lorsque cet organisme est le résultat de la reproduction sexuelle, son développement commence aussitôt après la fécondation et com- 46 ZOOLOGIE GENERALE. prend deux phases assez distinctes: Tune qui s'accomplit à l'intérieur de l'œuf [développement embryonnaire), l'autre postérieure à l'éclosion [développement postembryonnaire). Avant d'étudier les phénomènes qui s'y rapportent, nous devons jeter un coup d'oeil sur les éléments, générateurs et chercher à con- naître comment s'effectue la fécondation. ii-i- e 1. OElf et sperme. Fécondation. Constitution de l'œuf. — Chez tous les animaux, l'ovule est repré- senté, dans le principe, par une cellule nue, c'est-à-dire par une petite masse protoplasmique [vitellus] contenant un noyau [vésicule germinative) lequel montre lui-même au moins un nucléole [tache germi- native). Mais il se complique le plus sou- vent par l'adjonction de parties nouvelles. C'est ainsi que le vitellus s'entoure d'une enveloppe transpa- rente [membrane ritelline), et que parfois le follicule ovarien le recou- vre aussi d'une couche protectrice [chorion), sans parler de divers pro- duits et membranes secondaires comme en présente l'œuf des Oi- seaux, par exemple. On a l'habitude de donner le nom d'œuf à l'ensem- ble formé par l'ovule et ces parties accessoires : à la rigueur, cependant, ce nom devrait être réservé, comme on l'a vu plus haut, à l'ovule fécondé, c'est-à-dire à la cellule résultant de l'union des deux éléments mâle et femelle. A côlé de la vésicule germinative, on a reconnu l'existence fréquente, au sein de l'ovule, d'un autre corps arrondi auquel H. Milne Edwards a donné le nom de vésicule embryogéne. D'après Balbiani, qui l'a surtout étudié, ce serait une véritable cellule, née par bourgeonnement d'une des cellules épi- théliales qui entourent l'ovule; elle jouerait le rôle d'un élément mâle primor- dial, en exerçant sur celui-ci une préfécondation lui permettant d'accomplir les premières phases de son évolution, et même de poursuivre dans certains cas (parthénogenèse) son entier développement. La coque de l'œuf, formée par les membranes ovulaires primaires, est quelquefois épaisse et imperméable; elle offre alors un ou plu- sieurs orifices [micropyles) servant à la pénétration du sperma- tozoïde. Quant au vitellus, il se compose de deux parties : 1° le vitellus de formation ou protoplasme, employé presque entièrement à la forma- Fig. 3t). — Ovule de la Femme, d'après C.li. Robin. — ti, membrane vitelline. '/. vitellus ou jaune, c, vésicule germinative ou de Pur- kinje. b, tache germinative ou de Wagner, e, espace entre le jaune et la membrane vitel- line. Fig. 37. — (".oiipe lliéorique de l'œuf de la Poule, d'après Gerbe. — v;/, place de hi vésicule germinalive, qui a disparu avani la ponlo. g, clca(ricule. mg, couche granuleuse très mince doulilaut la nicmbraue ^ileIline niv. j, jaune./, latebra. eh, rlialaze.s. //, />', b" . couches externe, moyenne et interne du blanc d'œuf. me', feuillet interne do lu membrane coquillière. me, feuillet externe, a. cliambre à air. c. coqiiilli». omiA.MS.MIO.N 1:T DKVKLOl'PKME.NT DES .^M.M.VIX. 47 lion de l'embryon ; 2" le vUcllus de nutrition ou deutoplasme, riche en granulations alhuminoïdes ot graisseuses, et destiné à fournir à cet embryon des éléments nutritifs. D'après le mode do groupement do ces deux parties, on distinguo trois sortes d'œufs : 1" Les œufs alécithes, qui ne renferment pas do vitellus nutritif ou tout au moins n'en possèdent qu'une très faible quantité, dis- tribuée d'une façon uniforme dans le vi- tellus formatif. Tels sont les œufs des Éponges, des Méduses, de l'Âmphioxus ; "■l" Les o?ufs trlolr- citlics, dans lesquels chacun des deux vi- tellus tend à occuper un pôle différent. On rencontre ce type chez les Vers, les Mollus- ques et les Vertébrés (non compris l'Amphioxus). L'œuf des Mammifères, qui paraît alécithe à première vue, sy rattache d'une façon certaine, comme le montre l'inégalité de sa segmentation ; 3'' Les œufs cenfrolécithes, dont le vitellus nutritif occupe le centre et se trouve entouré complètement par le vitellus formatif. Ces œufs sont caractéristiques des Arthropodes. Spermatozoïdes. — Les éléments mâles ou .spermatozoïdes sont représentés par des filaments mi- croscopiques flottant en abondance dans une petite quantité de liquide : la masse visqueuse ainsi formée re- çoit le nom de sperme. Chez la plu- part des animaux, ces éléments offrent une partie renflée ou tète et un appendice filiforme ou qiiene ; cependant, ils peuvent s'éloigner beaucoup de cette conformation typique. Fécondation. — La connaissance des phénomènes intimes de la fécondation est de date toute récente ; elle remonte seulement aux recherches de Fol, Hertwig, Ed. van Beneden, etc. Avant d'en faire l'étude sommaire, nous jetterons un coup d'œil sur la maturation de l'œuf. A. Maturation de l'œuf. — L'ovule complètement formé n'est Fig. 38. — Spermatozoïdes de l'Homme. MIS de face. //, de prolll. 48 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. pas apte à être fécondé : son noyau (vésicule germinative) doit d'abord subir des divisions successives qui aboutiront à la formation et à l'expulsion de globules polaires (ordinairement deux). QM.ez Y Ascaris megalocephala du Cheval, que l'on peut prendre pour type, la cellule ovulaire possède un noyau dont les éléments chromatiques {chromo- somes) sont au nombre de quatre (1). Après une période de repos, ces éléments se dédoublent, puis se disposent en une plaque équa- toriale comprenant de chaque côté quatre segments réunis par un fuseau (fig. 39, A). Cet ensemble se porte bientôt à la périphérie de l'ovule, et les quatre chromosomes les plus voisins de la surface s'é- chappent avec une portion du fuseau (B) : c'est le premier globule po- laire. Aussitôt après, sans aucune phase de repos intermédiaire, les Fig, 39. — Formation des globules polaires cliez VAscaris mci/aloccphala. — s/;, sperniatozoVile. quatre chromosomes restants se placent deux à deux sur un nouveau fuseau (C), et les deux plus voisins de la surface sont rejetés de la même manière : deuxième globule polaire. Il ne reste plus alors dans l'ovule qu'un noyau à deux chromosomes, c'est-à-dire un demi-noyau : c'est ce qui constitue lepronucleus femelle. A ce moment, l'ovule est mûr. Le développement des spermatozoïdes de V Ascaris est tout à fait analogue à celui de l'ovule. Les cellules mères qui leur donnent nais- sance ont quatre chromosomes; elles se divisent deux fois coup sur coup, sans période de repos, donnant ainsi quatre cellules filles dont chacune deviendra un spermatozoïde, de sorte que celui-ci n'a plus que deux chromosomes. B. Fécondation. — L'ovule de l'Ascaride est entouré d'une mem- brane qui manque cependant à l'un des pôles. Le spermatozoïde pénètre à ce niveau, puis s'enfonce dans le vitellus, pendant que la membrane s'étend pour obturer le pôle d'imprégnation, et que les globules polaires prennent naissance. Ceux-ci une fois expulsés, le spermatozoïde se transforme en un pronucleus mdle, constitué par son noyau et le protoplasma voisin, le reste de sa substance diffusant (1) On distingue à cet égard deux variétés d'Ascaris : une var. univalens, don le noyau n'a que deux éléments chromatiques, et une var. bivalens, à quatre chromosomes ; c'est cette dernière dont il est ici question. ORGANISATION ET DÉVELOPPEMENT DES ANIMAUX. 49 dans le vitellus. Ce pronucléus mâle, comme d'ailleurs le pronucléus femelle, est accompagné d'un centrosome (spermocentre et ovocentre). Bientôt tous deux s'accroissent; puis leurs éléments chromatiques subissent diverses modifications aboutissant, dans chacun, à la for- mation de deux anses chromatiques. Ceci fait, ils s'avancent à la ren- contre l'un de l'autre, accompagnés de leur centrosome, et dès que leur rapprochement est opéré, on peut dire que la fécondation est opérée. On voit alors l'ovocentre et le spermocentre se dédoubler chacun en deux corpuscules; puis les deux demi-centres de chaque groupe décrivent en sens inverse un quart de tour {quadrille des centres, H. Fol) et se fusionnent avec le demi-centre opposé : il se pro- \ Fig. 40. — Formation dos deux pronucléus et de la plaque ( i|ii;il(>i laic dans l'œuf de. l'Aicarw megalocephala, d'après Boveri. — pr, pr', pronucléus. es, es', ccntrosomes. duit ainsi deux centres nouveaux, les astrocentres, comprenant l'un comme l'autre un demi-ovocentre et un demi-spermocentre. Ces astrocentres correspondent aux deux extrémités du futur fuseau de division. Les quatre anses chromatiques, obéissant à leur attraction, ne tardent pas en effet à se disposer en une plaque équatoriale, et se dédoublent selon le procédé habituel de la karyokinèse ; enfin, les deux anses secondaires se rendent en sens inverse aux deux pôles du fuseau, pour former les éléments chromatiques des deux premières cellules embryonnaires. De sorte que ces deux cellules comprennent chacune un noyau provenant de deux anses mâles et de deux anses femelles, et contenant par suite exactement la même quantité de substance chromatique maternelle et paternelle. Ainsi, malgré l'inégalité de volume du spermatozoïde et de l'ovule, il n'y a pas dans l'œuf une prépondérance réelle de celui-ci. Dans certains cas, plusieurs spermatozoïdes peuvent pénétrer à l'intérieur Kailliet. — Zoologie. 4 50 ZOOLOGIE GENERALE. de l'ovule ; il n'y a pas davantage alors prédominance de l'élément mâle : ou bien, en effet, il se forme plusieurs pronucleus mâles qui s'unissent à l'unique pronucleus femelle, et le développement est monstrueux; ou bien il se constitue un seul pronucleus, et la subs- tance des spermatozoïdes est absorbée par le vitellus, augmentant ainsi la quantité des matériaux nutritifs. La connaissance de ces faits nous permet de comprendre l'hérédité dans les cas de fécondation tout aussi bien que dans les cas de reproduction asexuelle. De plus, elle peut nous rendre compte de la plupart des faits de parthénogenèse. En effet, chez les Rotifères, par exemple, il existe des œufs d'hiver qui ont besoin d'être fécondés, et des œufs d'été parthénogenésiques. Or, les premiers éliminent deux j,dobules polaires, tandis que les seconds n'en rejettent qu'un seul. Puisque nous avons vu que le second globule con- tient le même nombre d'éléments chromatiques que le spermatozoïde, on peut concevoir que sa non-expulsion ait la valeur d'une fécondation. C'est dans ce cas que se trouvent encore les Pucerons, Phylloxéras, etc. Par con- tre, chez les Abeilles, le développement parthénogenésique des mâles est précédé de l'expulsion de deux globules polaires, et ce cas particulier n'a pas encore reçu d'explication satisfaisante. 11. DÉVELOPPEMENT DE l'eMBRYON. EMBRYOGÉNIE. Segmentation. — La segmentation de l'œuf suit immédiatement la fécondation toutes les fois que les conditions nécessaires au dévelop- pement sont réalisées. Elle peut même commencer parfois sans fécondation préalable. Chez l'Ascaride, nous avons vu qu'elle se pro- duisait d'emblée, c'est-à-dire sans qu'il y eût formation réelle d'un noyau de segmentation. D'autres fois, les conditions du développement ne sont réunies que d'une façon tardive, et il y a par conséquent une période de repos : tel est le cas de l'œuf d'hiver du Phylloxéra, de l'œuf des Oiseaux, etc., dont l'évolution exige une température déterminée. Le vitellus, suivant les divisions successives des noyaux, ne tarde pas à présenter à sa surface des sillons qui sont la marque extérieure de la segmentation. En définitive, l'œuf se divise en un certain nombre de cellules ou blastomères, encore ap- pelées sphères de segmentatïori. Il faut cependant remarquer que la segmentation ne s'effectue pas tou- jours dans les mêmes conditions, et, à cet égard, on distingue deux sortes d'œufs : 1° les œufs holoblastiqiies (ô'Xo;, entier, [âXâdTr,, germe), dont la segmentation est ^o/a/e, c'est-à-dire portant sur le vitellus tout entier qui se partage peu à peu en 2, 4, 8, 16, etc., blastomères; on la dit Fig. 41. — Segmentation lioloblastique régu Hère. — rt, deux blastomères. 6, quatre, c morula. OHGAMSATION ET DÉVELOPPEMENT DES ANIMAUX. ol d'ailleurs rgalc ou régulière quand tous les blastomères ont les mêmes dimensions, et inrgale quand un certain nombre d'entre eux se divi- sent plus lentement et conservent un volume plus considérable ; 2° les eeufs mcroblasiiqws (!x='poç, partie), à segmentation /3«r^>//r, ne portant que sur le vitellus formatif, mais tantôt encore régulière, tantôt irré- gulière. Dans les œufs alccltliesy la segmentation est toujours totale et régulière. Dans les «i-ufs trloUklthes, elle est totab' (Mammifères) ou partielle (Oiseaux), mais toujours inégale. Enfin, dans les œufs centrolécithes, elle est toujours partielle et périphérique, mais ianloi régulière, la,nt6l irrégulière. Blastoderme. — La segmentation totale régulière et les formes qui s'en rapprochent aboutissent à un groupement des cellules embryon- naires pouvant se ramener à deux types essentiels : un amas mûri- forme ou sphère pleine [inorula), et une sphère creuse [blastula), ces Fig. 42. — Foniiation d'une fraslrula. — A, Llastula. U. invagination ou uniljolio. C. gastmia. — 6, blas- todcrnu'. b' , i-i'^gion qui s'invagine. 6e, lilastocœlo. bp, blastoporc. n, archeutôron. en, endoderme, ce, ectoderme. types étant reliés entre eux par une série d'états intermédiaires, et le second dérivant parfois du premier. La cavité de la blastula s'appelle cavité de segmentation , cavité de von Baer ,o\iblastocœle ;ldi paroi est formée de cellules d'abord toutes sem- blables entre elles. Mais bientôt la sphère se déprime en un point, et la partie correspondante s'invagine dans le reste juqu'à disparition plus ou moins complète de la cavité. L'embryon se présente alors sous la forme d'un double sac; on a donné à cet état le nom de gastrula. La paroi de la gastrula constitue le blastoderme; son feuillet interne, dont les cellules se sont différenciées, s'appelle endoderme, et son feuillet externe, ectoderme. La cavité centrale limitée par l'endoderme forme Viniesiin pri)nitif ou archentéron ; son orifice est la bouche primitive ou blastoporc (il ne devient pas nécessairement la bouche définitive). Entre les deux feuillets blastodermiques primitifs, il s'en forme bientôt un troisième, le mésoderme , dont l'origine est très variable, et qui sou- vent se dédouble en deux lames, l'une s'unissant à l'ectoderme [soma- topleure), l'autre à l'entoderme {splanchnopleure) : l'espace compris entre ces deux lames est le cœlome (cavité générale). — La forme gas- 52 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. irula, rare chez les Cœlentérés, est très répandue dans les autres groupes: Échinodermes, Nématodes, Tuniciers, Âmphioxus, etc. Chez quelques Éponges et la plupart des Polypes, la segmentation donne naissance à une sphère pleine ou mornla, et ce sont simple- ment les cellules internes qui se différencient pour former Fendoderme et le mésoderme ; puis une cavité apparaît au centre de la sphère, qui devient ainsi une planula. Enfin, diverses autres variations peuvent se présenter, sur lesquelles il nous paraît inutile d'insister. L'apparition des feuillets blastodermiques est le point de départ de la division du travail dans l'organisme. L'ectoderme, en effet, reçoit les excitations extérieures ; l'endoderme se met en rapport avec les substances alimentaires introduites dans l'intestin primitif; le meso- derme ne reçoit que des excitations indirectes transmises par les autres feuillets, auxquels il sert d'intermédiaire. Aussi ces couches se différencient-elles en divers sens, de manière à produire chacune, au cours du développement, un ordre d'organes assez bien détermine. Ainsi l'ectoderme (feuillet sensoriel cutané) forme l'épiderme, le sys- tème nerveux central et les organes des sens. L'endoderme (feuillet intestino-glandulaire) produit le revêtement épithélial du tube digestil et de ses glandes annexes. Enfin le mésoderme donne les muscles, les vaisseaux, les tissus conjonctifs, elc. C'est en général à partir du stade de bifoliation du blastoderme que l'embryon se développe d'après le type radié ou bilatéral ; puis il prend successivement, selon la remarque de von Baer, la forme de 1 em- branchement, de la classe, de l'ordre... enfin de l'espèce à laquelle il appartient. Nous n'entrerons pas dans le détail de ces transformations, qui seront étudiées plus fructueusement dans la partie spéciale de cet ouvrage. Oviparité et viviparité. - On appelle ovipares les animaux qm pondent des œufs et vivipares ceux qui mettent au monde des petits vivants En réalité, il n'existe pas de différences essentielles entre ces deux groupes, qui sont reliés entre eux par gradations insensi- bles Il arrive, en effet, que l'œuf se trouve expulsé aussitôt après avoir été fécondé et avant même d'avoir commencé son évolution (Ascarides;. D'autres fois, il est pondu après avoir subi les premières phases de la segmentation (Sclérostomines) ou même après le déve- loppement complet de l'embryon (Strongle paradoxal). Enfin, il che- mine parfois si lentement dans les canaux vecteurs des organes femelles, que l'éclosion a lieu dans ce trajet, et que le jeune naît a l'état de liberté (Trichine). Ce jeune individu peut même séjourner assez longtemps dans l'organisme maternel pour s'y accroître et se trouver prêt à subir, aussitôt après la ponte, de nouvelles transtor- niations(Mélophage). Ajoutons qu'il est possible de rendre vivipares des animaux normalement ovipares: ainsi, en conservant une Cou- ORGANISATION ET DÉVELOPPEMENT DES ANIMAUX. ".3 leuvre à collier dans une cage dont le fond ne contient pas de sable, cette Couleuvre garde ses œufs jusqu'à éclosion. Cependant, on a souvent entendu la viviparité dans un sens plus restreint que celui que nous venons d'indiquer. Pour beaucoup d'au- teurs, les animaux dont les petits éclosent simplement dans le corps de la mère méritent la qualification d'ovovivipares, et les vivipares proprement dits sont ceux chex lesquels il s'établit une adhérence et des échanges nutritifs entre l'embryon et la mère. LesSalpes et beau- coup de Requins offrent une communication de ce genre ; mais le fait ne devient général que chez les Mammifères, où l'œuf fécondé, se détachant de l'ovaire, est reçu dans la matrice, à la paroi de laquelle il s'attache au moyen d'un organe particulier, le placenta^ et d'où l'embryon tire les éléments de sa nutrition. III. DÉVELOPI'EMENÏ postembhyonnatrr. Après une série de transformations accomplies à l'intérieur de l'œuf, l'embryon se trouve mis en liberté. Mais ces transformations sont très variables quant à leur importance et à leur durée, de telle sorte que le nouveau-né est loin d'être, dans les différents groupes d'animaux, à la même phase de son évolution. Les variations dépen- dent principalement de la quantité des matières nutritives dont peut disposer l'embryon. Développement direct. — Chez les Oiseaux, par exemple, où le vitellus nutritif est très développé ; chez les Mammifères, où l'orga- nisme maternel supplée à l'insuffisance du vitellus par un apport constant de substances propres à la nutrition, le développement de l'embryon est poussé relativement loin, et le nouveau-né offre une grande ressemblance avec l'individu sexué dont il procède. Pour arriver à l'état adulte, il ne lui reste qu'à s'accroître et à attendre le perfectionnement de ses organes génitaux. Le développement est dit alors dii'f'ct. Métamorphose. — Lorsque l'embryon, au contraire, ne peut dis- poser que d'une faible quantité de matériaux nutritifs, il se trouve mis en liberté de bonne heure et à un état de développement peu avancé. Cet être naissant, dont les caractères morphologiques sont si diffé- rents de ceux de l'adulte, reçoit le nom de larve. Il ne peut parfaire directement son organisation, mais doit subir, pour arriver à la forme d'animal sexué, de nouvelles modifications plus ou moins pro- fondes, du même ordre que celles accomplies dans l'œuf: c'est à ces modifications qu'on donne le nom de métamorphoses. Les Batraciens et les Insectes nous en fournissent de nombreux exemples. Génération alternante. — Chez certains animaux, l'évolution de l'espèce, au lieu d'être limitée au développement d'un seul individu, s'étend à une succession de générations dérivées les unes des autres. 54 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. Lorsqu'un individu issu d'un œuf, c'est-à-dire produit par généra- tion sexuelle, est capable de donner naissance à un ou à plusieurs autres individus par génération asexuelle, on donne à ce fait physio- logique le nom de digenèse (SU, deux; Yévsfftç, génération). Souvent alors, ce n'est qu'après une succession plus ou moins longue d'indi- vidus asexués qu'apparaissent de nouveaux individus sexués. Le poète Chamisso est le premier qui ait constaté des faits de cet ordre : ses observations (1819) avaient porté sur des Salpes, orga- nismes pélagiens du groupe des Tuniciers. Van Beneden distingue deux sortes de digenèse : 1° la digenèse. ho- mogone (ôjjlo:, semblable; yovo;, engendrement), dans laquelle l'individu issu de l'oeuf et ceux produits par bourgeonnement sont semblables (Salpes, Bryozoaires, Nais, Hydres, etc.); 2° la digenèse héiérogone (erspoç, autre), caractérisée par ce fait que les individus appartenant à la génération ou aux générations asexuées sont différents des indi- Fig. 44. Fig. 45, 43. Fi". 43 à 4G. — Métaniorjjlioses d'un Insecle, l'Œstre liéinorroïdal [Gastrophilus /i.vmorr/ioiduU.s). — Fig. 43: œuf. — Fig. 44: larvo. — Fig. 45: pupe. — Fig. 40: insecte parfait (Delafond). vidus sexués dont ils sont issus ou qu'ils sont destinés à reproduire (Méduses, Cestodes, Trématodes, etc.). La digenèse hétérogone est plus connue sous le nom de génération alternante^ qui lui a été appliqué par Steenstrup dès 1842. C'est à cet auteur qu'on doit d'ailleurs les termes employés encore par certains naturalistes pour désigner les diverses individualités qui se succè- dent dans cette évolution complexe. Pour lui, les individus sortis de l'œuf sont des nourrices (Ammen) lorsqu'ils sont appelés à reproduire directement la forme sexuée ; quand, au contraire, deux générations d'êtres agames s'interposent entre les individus sexués, la première, issue de l'œuf, reçoit le nom de grand'nourriee (Grossamme), et la seconde celui de nourrice proprement dite (Amme). En France, cette nomenclature a été généralement peu suivie, et la plupart des naturalistes ont adopté celle de Van Beneden. Le savant professeur de Louvain appelle scolex la larve agame qui sort de l'œuf, et, dans le cas où deux formes agames se succèdent, la première est dite proto-scolex, la seconde deuto-scolex. Il donne le nom de slrobilr à l'état ultérieur dans lequel les individus produits par le bour- ORGANISATION ET DÉVELOPPEMENT DES ANIMAUX. b!; geonnement du deuto-scolex demeurent unis entre eux et acquièrent leurs organes reproducteurs. Enfin il nomme progloitis ces éléments générateurs, sexués, qui se sont définitivement séparés. Ainsi, dans le développement des Aurélies, l'embryon cilié (fig. 47) représente le Fig. 47. — Dt'veloppoment d'une Méduse du genre Aurélia (Huxley). — a, embryon ciliô nageant librement ou plannle. b, forme polypoïde ou Scyphistome à huit tentacules, c, la même parvenue à l'état de strobile, c'est-à-dire divisée en segments transversaux, d, phase encore plus avancée, dans laquelle beaucoup de segments ou proglottis se sont déjà séparés, sous la forme A'Ephyres. pour mener une existence indépendante et arriver ultérieurement à l'état de Méduses sexuées. proto-scolex, la forme polypoïde ou scyphistome est un deuto-scolex, cette forme en voie de bourgeonnement est un strobile, et les Mé- duses libres correspondent aux proglottis. Si Ton veut bien se rappeler la délimitation indécise que nous avons constatée entre l'organe et l'individu, on se convaincra bien vite qu'il existe un lien très étroit entre la génération dite alternante et la formation des différentes parties de l'organisme. Il est même possible d'aller plus loin, et de reconnaître, avec Claude Bernard, que le développement de l'embryon et l'accroissement de l'organisme tout entier peut être directement assimilé à ce phénomène. De l'œuf fécondé naissent en effet par simple multiplication, c'est-à-dire par voie agame, les innombrables générations cellulaires qui constituent d'abord le blastoderme et plus tard l'ensemble des tissus de l'orga- nisme. Et cet organisme, avant de périr, fournit lui-même un certain nombre de cellules propres à être fécondées et à reproduire, dans les mêmes conditions, un individu nouveau. Ainsi comprise, la génération alternante perd évidemment toute l'importance qu'on lui avait autrefois attribuée. Hétérogonie. — Si l'on veut s'en tenir à la manière de voir de Steenstrup et Van Beneden, il faut reconnaître que l'alternance des générations sexuelle et asexuelle est loin d'être la règle chez les ani- maux; beaucoup plus général, au contraire, est le cas des animaux qui ne présentent qu'un seul mode de reproduction, s'effectuant à l'aide d'oeufs {monogenèse). rj6 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. Or, on peut distinguer aussi deux sortes de monogenèses : 1° la monogenèse homogone, c'est-à-dire la reproduction ordinaire, dans laquelle les générations successives sont identiques; 2° la monogenèse hêférogone, dans laquelle ces générations sexuées sont dissemblables et soumises à un régime différent. La monogenèse hétérogone n'a été bien étudiée que depuis peu de temps, et en particulier par R. Leuckart, qui lui a donné le nom d'hétérogonie. Elle est de règle dans une famille de Nématodes que nous étudierons sous le nom d'Angiostomidés ou Rhabdonémidés. Citons-en ici un seul exemple. VA^igiostoma nigrovenosum vit en parasite dans les poumons des Grenouilles et des Crapauds. Tous les individus ont l'aspect de femelles, mais contiennent des spermato- zoïdes, qui se sont formés avant les ovules dans les tubes génitaux. Les embryons, qui éclosent dans les utérus de ces Vers, passent dans l'intestin des Batraciens et sont expulsés avec les excréments dans la terre humide. Là ils s'accroissent et prennent la forme de Rhabditis, les uns- mâles, les autres femelles. Les embryons qui se développent dans le corps de celles-ci sont ingérés par les Batraciens et gagnent alors les poumons, où ils deviennent des Angiostoma. IV. ÉVOLUTION TERMINALE. Quel que soit leur mode primitif de développement, qu'ils subissent ou non des métamorphoses, tous les organismes sont appelés à suivre une évolution dont les traits généraux sont sensiblement les mêmes, et ne sont guère altérés que par des circonstances accidentelles. A une certaine période de leur existence, ils ont acquis la faculté de se reproduire : ils sont adultes. Puis leur activité physiologique dimi- nue graduellement, ils deviennent vieux : leurs organes sont, en défi- nitive, incapables de remplir les fonctions dont ils sont chargés, et la mort survient naturellement. Un fait remarquable, c'est l'influence de la fonction de reproduc- tion sur la rapidité de cette évolution terminale. Chez beaucoup d'In- sectes, par exemple, la mort survient presque aussitôt après l'accom- plissement de cette fonction. Les Éphémères vivent plusieurs années à l'état de larve, tandis que l'existence des Insectes parfaits se pro- longe à peine l'espace d'une nuit : tout juste le temps de s'accou- pler et d'effectuer la ponte. Si on s'oppose à l'accouplement, on arrive, au contraire, à prolonger la vie pendant plusieurs jours. Ces cas sont loin d'être isolés, et d'une façon générale on peut constater que le développement de l'individu semble avoir pour but essentiel d'assurer la conservation de l'espèce. Mais la destruction des organismes est sous la dépendance d'une foule de circonstances accidentelles, et on est autorisé à admettre qu'un bien petit nombre des animaux qui vivent à l'état sauvage arri- ORGANISATION ET DKVKl.Ol'PEMENT DES ANIMAUX. H7 vent au terme naturel de l'existence, c'est-à-dire succombent direc- tement à l'altération sénile des organes. C'est que l'affaiblissement progressif par lequel se manifeste la vieillesse rend les individus de moins en moins aptes à soutenir la concurrence vitale, et qu'alors ils ne tardent pas en général à périr sous le coup de la faim ou des attaques de leurs ennemis. Sans compter qu'à toutes les périodes de leur exis- tence, mille causes diverses peuvent amener un semblable résultat. Il esta remarquer, d'ailleurs, que les chances de destruction sont d'autant plus nombreuses, pour un organisme, que les parties qui le composent sont plus étroitement unies et solidaires. 11 résulte, en effet, de cette solidarité même, qu'une atteinte grave portée à une seule de ces parties retentit d'une façon assez sérieuse sur les autres pour amener la perte de l'organisme tout entier. C'est ce qu'on observe chez la plupart des animaux supérieurs. Dans beaucoup de formes inférieures, au contraire, l'indépendance des différentes par- ties du corps est suflisante pour qu'on puisse léser profondément ou même isoler certaines de ces parties sans porter atteinte à l'ensem- ble. Il y a plus : les mutilations peuvent souvent se réparer d'une façon complète, et cette réparation est connue sous le nom de rédinté- gration. Une patte de Salamandre repousse lorsqu'on l'a arrachée en conservant l'épaule. La queue d'un Lézard se reconstitue pareillement lorsqu'elle a été coupée. Chez quelques Étoiles de mer, un bras séparé de l'animal forme même une nouvelle Étoile. Enfin, on sait qu'en cou- pant une Hydre d'eau douce en plusieurs morceaux, chacun de ceux- ci reproduit une Hydre complète. Les mêmes faits s'observent, d'une façon beaucoup plus nette encore, dans un grand nombre de colonies animales, où l'indépen- dance des individus composants est poussée à un degré très élevé. Ceux de ces individus qui disparaissent sont remplacés par d'autres, et la durée de la colonie est en quelque sorte indéfinie (Ed. Perrier). Il est un assez grand nombre d'animaux qui, sous l'influence d'une dessiccation plus ou moins complète, perdent toutes les apparences de la vie, mais qui, néanmoins, peuvent être ranimés lorsqu'on les replace dans l'humidité : ces ani- maux sont dits n'viviscr»fs.Te]':i sont certains petits Vers (Anguillules), de nombreux Rotateurs, des Tardigrades, etc. Lorsqu'ils ont été desséchés, ils se montrent comme 'f,',a„*x 7é^i^"i's~- racornis, immobiles et paraissent absolument morls^ '■eni'^ ■ Anguii- . , , , , , , , Iules dans un mais ce n est qu une mort apparente; leurs éléments g,.ain de bie anatomiques ont conservé une vie latente {vie ralentie), (navaine). qui revient à des manifestations normales sous l'influence de l'humidité {vie active). La reviviscence peut s'observer quelque- fois après des années de dessiccation. A part ces cas particuliers, dans lesquels la vie n'est que suspen- due, on considère qu'un organisme est mort lorsque ses fonctions 58 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. sont arrêtées. Un certain temps encore après cet arrêt, les éléments anatomiques peuvent cependant conserver une faible vitalité. Puis, les liquides qui les alimentent n'étant plus renouvelés, leur activité ne tarde pas à s'éteindre. Dès cet instant, le corps est soumis exclu- sivement aux forces physico-chimiques, et le résultat de cette action est la dé composition cadavérique. Ajoutons que, d'ordinaire, le cada- vre d'un animal devient la proie d'une foule d'êtres vivants (Carni- vores, Insectes, Microbes), qui font rapidement disparaître toutes ses parties molles. CHAPITRE III RAPPORTS DE L'ORGANISME AVEC SON 3IILIEU Les êtres organisés entretiennent, avec le monde au sein duquel ils vivent, des rapports infiniment variés, dont l'étude offre, à notre point de vue, un intérêt tout spécial, et forme même comme une science à part, à laquelle on a donné le nom d'cecoloyic, ou économie de la nature. Sous peine de disparaître, tous ces êtres doivent s'adapter au milieu dans lequel ils sont appelés à vivre, y trouver leur nourriture, et au besoin la disputer à de nombreux concurrents, se soustraire aux atta- ques de leurs ennemis, enfin assurer la perpétuité de leur espèce. La conservation de l'individu, d'une part, celle de l'espèce, d'autre part, tels sont donc les éléments essentiels qui servent de base aux rapports que les animaux affectent, soit avec le monde inorganique, soit avec les êtres vivants. Or, au premier rang de ces êtres se place l'Homme, qui exerce sans contredit une influence de premier ordre sur les organismes qui l'entourent. Il est à peine utile de faire remarquer, cependant, que les rapports des animaux avec l'Homme ne diffèrent pas essentielle- ment de ceux qui s'exercent entre les animaux eux-mêmes. Dans un traité de zoologie pure, il n'y aurait même aucune bonne raison pour les séparer; mais la nature de cet ouvrage nous impose l'obligation de les étudier d'une façon toute particulière, et par conséquent de leur faire un cadre à part. § 1«'. — RAPPORTS DES ANIMAUX AVEC LE IMOiVDE INORGANIQUE ET LES ÊTRES VIVANTS EN GÉNÉRAL. En premier lieu, nous allons constater que l'organisme est apte à subir, sous l'influence du milieu extérieur, certaines modifications qui sont, en thèse générale, la condition nécessaire de sa propre con- servation. UAPPOliTS DR I/OHIIAMS.MK AVKi; SON .MlMKi;. ;•,'.> Adaptation, variabilité des formes animales. — « Par adaptation ou variation, dit Hseckel, nous entendons dire que, sous Tintluence du monde extérieur ambiant, l'organisme a acquis dans ses fonctions physiologiques, dans sa constitution, dans sa forme, quelques parti- cularités nouvelles qui ne lui avaient pas été léguées (1). » La variabilité ou faculté d'adaptation est inhérente à tous les orga- nismes, et les phénomènes de variation se manifestent à chaque ins- tant sous nos yeux. Ces phénomènes ont pour cause fondamentale l'intluence ondulés sont souvent envahis par des sarcomes mélaniqiies. Les ani- maux dont les testicules ont été enlevés avant leur entrée en fonctions ne prennent pas les caractères de leur sexe : ils ressemblent plutôt aux fe- melles. Chez l'Homme, le larynx subit un arrêt de développement, et les cas- trats conservent indéfiniment leur voix d'enfant. Les femelles sont beau- coup moins affectées par l'ablation des ovaires : d'après la remarque do Sanson, leur fémini^^ine semblerait même s'accuser, « c'est-à-dire que les femelles neutralisées seraient d'un type encore plus lin, plus gracile que celui des femelles normales (1) ». Cependant, Yirchow a fait ressortir, en termes excellents, la corrélation qui existe entre l'ovaire et l'organisme féminin. « La femme est femme, dit-il, uniquement par ses glandes géné- ratrices. Toutes les particularités de son corps et de son esprit, sa vie nu- tritive, sou activité nerveuse, la délicatesse, la rondeur des membres, l'é- largissement du bassin; le développement de la poitrine accompagné d'un arrêt de développement des organes de la voix; sa luxuriante chevelure contrastant avec le duvet fin et imperceptible qui couvre le reste du corps; en outre, la profondeur de sentiment, la perception primesautière et sûre, la douceur, l'abnégation, la fidélité, en résumé tous les caractères essentiel- lement féminins, que nous admirons et vénérons dans la vraie femme, tout cela dépend de l'ovaire. Que l'on extirpe l'ovaire, et la virago nous appa- raîtra dans sa hideuse imperfection (2). » Enfin, nous devons signaler la loi d'adaptation divergente, qui fait en quel- que sorte opposition à la précédente, et a trait au développement différent que prennent, sous rihlluence des conditions extérieures, des organes pri- mitivement identiques. C'est ainsi que le bras droit, dont la plupart des hommes se servent de préférence, se développe beaucoup plus que le gauche. Concurrence vitale. —C'est à Ch. Darwin que revient le mérite d'a- voir mis en lumière le principe si général de la concurrence vitale ou de la lutte pour l'existence [struggle for l'ife), que reconnaissentaujourd'hui les naturalistes de toutes les écoles. Darwin avait puisé l'idée de ce principe dans une théorie émise par l'économiste anglais Malthus à la fin du siècle dernier. Cette théorie, plus connue sous le nom de loi ou théorème de Malthus, peut s'exprimer en disant que « le nombre des hommes augmente en moyenne suivant une progression géométrique, tandis que la masse des substances alimentaires augmente seulement suivant une progression arithmétique » ; ou, plus simplement, que « la population s'accroît beaucoup plus vite que la richesse » ; de telle sorte que les moyens de subsistance ne peuvent être fournis à tous, et qu'une compétition perpétuelle survient entre les hommes dans le but de se les procurer. La généralisation de la théorie malthusienne, son application à l'œcologie, tel est le principe de la lutte pour la vie. « Tout être organisé, dit Darwin, se multiplie naturellement avec tant de rapidité que, s'il n'était détruit, la terre serait bientùt couverte par la descendance d'un seul couple. » (1) A. Saxsox, Traité de zootechnie, 3'^ édit., t. II, p. 8G, 1888. (2) La femme et la cellule: cité par ll;eckel, op. cit., p. 217. 02 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. Cependant, le nombre des animaux et des végétaux qui vivent à la surface du globe est sensiblement constant : les oscillations qui peu- vent s'observer à cet égard dans une période donnée sont en général fort peu importantes. C'est qu'une énorme quantité des individus produits sont appelés à disparaître, souvent même lorsqu'ils sont en- core à l'état d'œufs ou de germes. Il suffira, pour se rendre compte de ce fait, de comparer la rareté relative des Ténias de l'Homme, par exemple, à leur excessive- fécondité. Donc, il est évident que le nombre des individus appelés à jouir de la vie dépend bien moins de la quantité des germes produits que de l'influence du milieu. Dès le début de leur existence, les organismes ont à combattre, non seulement pour se procurer les éléments nécessaires à leur subsistance, mais encore pour échapper à leurs ennemis naturels, bêtes de proie ou parasites; ils ont à lutter contre le froid, la chaleur, les intempé- ries et en somme contre une foule d'influences ennemies, dépendant du milieu qui les entoure. De ces influences si complexes, nous dégagerons, pour les étudier plus spécialement, celles qui ont pour origine le règne animal lui- même, ce qui revient à dire que nous nous occuperons seulement des rapports des animaux entre eux. Or, il nous faut constater que ces rapports se manifestent de prime abord à nos yeux par une hostilité flagrante (1). Prédation. — Cette hostilité peut se traduire d'une façon violente, même entre animaux d'une même espèce ; mais la violence éclate surtout entre individus d'espèces diff"érentes, et la concurrence vitale ne se manifeste nulle part avec autant de puissance que dans le mode d'alimentation des carnassiers, c'est-à-dire dans les rapports du préda- teur avec sa proie. Là, en eff"et, on voit directement l'influence de la force, de la souplesse, de la ruse, aboutissant à la destruction du plus faible. En thèse générale, la proie est représentée par un herbi- vore, c'est-à-dire par un animal faible, timide, dépourvu d'armes of- fensives, et elle se trouve en quelque sorte désignée d'avance à un seul ou à un petit nombre de prédateurs d'espèces déterminées. Parasitisme. — Le but du parasite est évidemment le même que celui du prédateur, mais les moyens employés sont différents. La con- currence vitale ne se montre plus, dans le parasitisme, avec le même caractère de brutalité; elle aftecte des allures beaucoup moins violen- tes. D'emblée, le carnassier tue sa proie ; le parasite, souvent trop pe- tit ou trop faible, se contente de l'attaquer lorqu'il est poussé par la faim. Ainsi font les Taons, les Puces, les Sangsues. Ou bien ce para- site s'installe à demeure sur sa victime et y développe sa progéniture, comme il arrive pour les Acariens psoriques et beaucoup de Vers in- (I) A. EspiNAS, Des sociétés animales, 2<^ édit., Paris, 1878. RAPPORTS DE LORGANISMI-: AVKC SON MILIEU. 03 testinaux. Du reste, nous verrons, au paragraphe suivant, que le pa- rasitisme présente des formes très variées. Mais nous pouvons dès maintenant faire ressortir ce principe général, que le parasite n'a pas intérêt à tuer sa victime; il faut au contraire, ]>our assurer sa propre existence, que la vie de son hôte soit sauve : selon la pittoresque ex- pression de Van Beneden, il « pratique le précepte de ne pas tuer la poule pour avoir les œufs >>. A ce point de vue, c'est entre les préda- teurs et les parasites ((u"il faut placer les larves d'Ichneumons qui, tout en dévorant les chenilles dans lesquelles elles se développent, cherchent à leur conserver la vie le plus longtemps possible. Commeiisïialisme. — Tandis que le parasite vit aux dépens de son hôte, et quà chaque instant il menace sa santé ou sa vie, le commen- sal ne lui demande qu'à partager sa nourriture. La concurrence vitale est donc beaucoup plus atténuée encore ici que dans le parasitisme ; et nous pourrions même citer des cas où elle s'efface complètement, le commensal ne réclamant qu'un abri. Van Beneden (1) distingue des « commensaux libres », qui changent d'hôtes à chaque instant, et des u commensaux fixes », qui, au con- traire, s'installent à demeure sur l'être qu'ils ont choisi. Signalons, parmi les premiers, de petits Poissons qui se logent dans la cavité buccale d'un Siluroïde du Brésil, lequel est excellent pêcheur ; les larves des Méloés, qui se jettent sur les Hyménoptères du genre Anthophore ; les nymphes hypopiales des Tyroglyphes, qui se font transporter, en cas de disette, par des animaux quelconques. Il n'est pas jusqu'aux jeunes Coucous qui ne puissent être signalés au même titre. Quant aux commensaux fixes, les plus intéressants sont ces nombreux Cirri- pèdes que l'on trouve attachés sur le dos ou sur la tête des Baleines. On en trouve parfois aussi sur le dos des Langoustes et sur les bran- chies de certains Crabes. Ajoutons que c'est peut-être dans le même groupe qu'il faut placer un certain nombre d'entozoaires inoffensifs, jusqu'à présent considérés comme des parasites. Mutualisme. — Rigoureusement parlant, nous concevons le com- mensal comme ne donnant rien en retour des bons offices de son hôte; mais, à dire vrai, il en est rarement ainsi. Les Crabes minuscules ou Pinnothères qui vivent dans la coquille des Moules, loin de soustraire à celles-ci une partie de leurs aliments, leur abandonnent les restes de leur chasse. Le service rendu se trouve donc payé. C'est là le point de départ de ce que les naturalistes appellent le Diutualhmr. Il n'y a plus, en pareil cas, aucune trace de la lutte pour l'existence entre les deux êtres en présence. Bien au contraire, ils forment une véritable asso- ciation, et sont en quelque sorte solidaires. L'étude des rapports qui existent entre les êtres organisés et plus spécialement entre les animaux nous conduit donc à ce résultat assez (1) P.-J. Van Benede.\, Les commensaux et les parasites dans le règne animal. Paris, 1875. 64 ZOOLOGIE GÉNÉRALK. paradoxal en apparence, que la lutte pour Texistence peut aboutir à l'association et constituer le point de départ de la solidarité. Maison reconnaît sans peine que cette réaction n'offre rien d'anormal, et que le principe de la concurrence vitale n'est atteint en aucune façon; c'en est seulement un nouveau mode de manifestation, Vassociation pour la lutte. Dans la seconde partie de cet ouvrage, nous aurons à nous occuper d'un certain nombre d'animaux qui sont d'ordinaire classés parmi les mutualistes. Tels sont les Insectes qui vivent entre les plumes des Oiseaux ou les poils des Mammifères, et auxquels on donne le nom de Ricins. En apparence, ces Insectes ressemblent beaucoup à des Poux, mais au lieu de vivre de sang, comme le font ceux-ci, ils passent pour se nourrir des pellicules et de tous les débris épidermiques qui, sac- cumulant entre les poils ou les plumes, sont le départ de la crasse ; de sorte qu'en échange de la nourriture qui leur est fournie par l'hôte, ils entretiendraient sa peau en état de propreté et favoriseraient les fonctions cutanées. A la surface du corps des Poissons, vivent de même de petits Crustacés, les Caliges et les Argules. Les Gheylétielles qui font la chasse aux Listrophores dans les poils des Lapins, le Pi- que-Bœuf qui enlève les larves d'Hypodermes sur le dos des Bœufs en Afrique, et tant d'autres qui rendent des services plus ou moins ana- logues, agissent aussi, en définitive, à la façon des mutualistes. De ces rapports, nous pouvons passer graduellement à des manifes- tations d'un ordre plus élevé, qui nous conduiront à comprendre la domesticité comme un cas particulier du mutualisme. Constatons d'abord, avec Espinas, que « toutes les fois qu'un même milieu rassemble plusieurs espèces douées d'habitudes semblables, des rapports ne manquent jamais de s'établir entre celles qui n'ont rien à redouter les unes des autres et ont, au contraire, à redouter les mêmes ennemis ». C'est ainsi que, en dehors de la saison des amours, nous voyons des Oiseaux d'espèces différentes s'unir en bandes : les Bruants avec les Alouettes, les Pinsons et les Litornes ; les Barges avec les Pluviers et les Bécasseaux, Tous comprennent que, pour évi- ter l'approche d'un ennemi ou lutter contre lui, l'association offre des garanties qui ne peuvent se trouver dans l'isolement. Or, dans de telles réunions, toutes les espèces ne possèdent pas les mêmes aptitudes, et, par suite, il n'est pas rare de voir l'une d'elles prendre empire sur les autres. « Les Barges qui forment une troupe avec de plus petits oiseaux de rivage exercent toujours sur leurs com- pagnons une sorte d'autorité. Ce que faille Barge, les autres l'imitent ; ses mouvements et ses cris guident la troupe tout entière. » « Il n'est pas de volière, ajoute plus loin l'auteur, qui n'ait son maître, quelque différents qu'en soient les hôtes. C'est même sur cette propension des uns à la domination, des autres à la subordination, que repose l'usage que l'on fait à la (îuyane de l'agami pour diriger les oiseaux dômes- RAPPORTS DE LORGA.NISME AVEC S0\ MILIEU. Gr. tiques, en Afrique de la grue cendrée pour conduire un troupeau de moutons, dans tout le monde, du chien pour gouverner le bétail grand et petit (1). » Tout cela, c'est encore du mutualisme, mais il ne reste plus qu'un pas à faire pour passer à la domesticité. Ce pas se trouve franchi par les Fourmis douées d'instincts esclavagistes. Il n'est pas rare de voir des Fourmis arrêtées au milieu des Pucerons qui couvrent les rameaux d'un arbuste, et occupées à sucer le liquide épais que distille l'abdo- men de ces Insectes. Or, Huber a observé quelquefois que, pour s'as- surer la possession exclusive d'une colonie de Pucerons, les Fourmis arrivent à construire un abri autour de cette colonie. Il les a même vues, sur une tige de chardon, apporter leurs larves dans l'intérieur de cet abri. D'autres fois, au lieu de transporter ainsi leur propre nid, ce sont les Pucerons, au contraire, qu'elles amènent dans ce nid. « Nous touchons enfin à l'acte caractéristique de la domestication, l'élevage. Les Pucerons, vivipares en été, sont ovipares en automne. Les œufs déposés dans la fourmilière y deviennent l'objet de soins en tout semblables à ceux que les Fourmis donnent à leurs propres œufs. Comme les leurs, elles les descendent dans les profondeurs de la four- milière, quand le dessus est découvert; comme les leurs, elles les vernissent et les humectent de leur salive. Voilà la domestication complète (2). » Nous pouvons faire remarquer en terminant que le mutualisme ne s'exerce pas seulement entre individus d'espèces différentes : peut-être même est-il plus général de le constater entre individus de la même espèce. Les associations de ce genre ont été étudiées avec soin par Es- pinas, qui les désigne sous le nom de sociétés normales : sur ce point, nous renverrons le lecteur au remarquable travail de cet auteur (3). Sélection naturelle. — Nous possédons dès maintenant les éléments qui servent de base à la constitution de formes organiques perma- nentes. Ces éléments ne sont autres, en effet, que l'hérédité ou faculté de transmission, et la variabilité ou faculté d'adaptation. Ce sont ces deux propriétés fondamentales des êtres organisés qui entrent en jeu dans la sélection artificielle, c'est-à-dire dans le pro- cédé que l'homme met en usage lorsqu'il veut perpétuer, sous forme de race, des caractères qu'il recherche à un titre quelconque : finesse de la laine, pelage particulier, grande taille, aptitude laitière, etc. Pour obtenir ce résultat, l'éleveur met d'abord à profit les modifica- tions qui se manifestent parmi les animaux dans le sens désiré, modi- fications produites sous l'influence du milieu et relevant conséquem- mentde Vadaptaiion. Il choisit avec le plus grand soin les individus qui offrent ces modifications, et les emploie seuls à la reproduction : (1) Loc. cit., p. 174. ^2) Loc. cit., p. 19-2. (V) Loc. cit., p. 207. Raii-lift. — Zoologie. K 66 ZOOLOGIE GENERALE. SOUS Tinfluence de Vhrrt'd'itê, il obtient alors une première génération composée en partie d'individus présentant le caractère voulu. En triant ceux-ci avec attention, et même en ne conservant que les meil- leurs d'entre eux, il obtient une nouvelle génération dans laquelle la proportion des individus bien doués est accrue; et cette méthode suivie avec persévérance pendant un temps suffisant ne peut manquer d'accentuer et de fixer, d'une façon définitive, les caractères qu'il recherche. Tout l'art de l'élevage consiste donc à combiner adroitement les faits de variation et les phénomènes de l'hérédité. Cet art a d'ailleurs fait de tels progrès que les éleveurs sont quelquefois capables de pro- duire une forme demandée après un nombre déterminé de générations. C'est ainsi, nous apprend Darwin, qu'un des éleveurs anglais les plus expérimentés, sir John Sebright, assurait « qu'en trois ans, il produi- rait chez un Oiseau une plume donnée, mais que, pour obtenir telle ou telle forme de la tète ou du bec, il lui fallait six ans ». Or, après une étude attentive des principes de la sélection artifi- cielle, Darwin a été conduit à se demander si les êtres qui vivent à l'état de nature subissent des conditions qui puissent déterminer un triage, une sélection plus ou moins analogue à la sélection faite sous la volonté de l'homme. Après beaucoup de recherches et de médita- tions, l'illustre naturaliste a affirmé qu'il existe une sélection naturelle^ et que celle-ci est sous la dépendance de la concurrence vitale. Il a su montrer, en effet, que la lutte pour la vie fait un choix véritable parmi les formes animales et végétales ; que les éléments sur lesquels elle agit sont également la variabilité et l'hérédité, et que le résultat de cette action inconsciente doit être pour le moins aussi fixe que celui de la sélection artificielle. Dans la lutte souvent acharnée que les organismes se livrent entre eux, le moindre avantage personnel peut faire pencher la balance en faveur de celui qui le possède, et assurer son triomphe. 11 en est de même, évidemment, à propos de la résistance qu'opposent ces organismes à l'influence du milieu ambiant. Les animaux qui sont pourvus des armes de chasse les plus puis- santes, ceux qui sont les plus agiles dans la poursuite ou dans la fuite, ceux dont l'organisation est assez forte pour résister aux attaques des parasites, en un mot, les individus les mieux doués persisteront là où les autres sont condamnés à périr, et eux seuls seront appelés à trans- mettre leurs propriétés par la reproduction. On a souvent dit, avec raison, que V avenir eut aux plus aptes. Toute modification avantageuse, tout caractère assurant une supé- riorité quelconque à l'individu, peuvent donc être transmis par héré- dité. Au contraire, les déviations qui se produisent en sens opposé ont toutes chances de disparaître à bref délai, parce que, le plus souvent, les animaux qui les présentent succombent dans la lutte RAPPORTS DE L'ORGANISME AVEC SON MILIEU. CT avant d'avoir pu se reproduire : la nature élimine les incapables. On sait, en outre, qu'un des modes les plus intéressants de la sé- lection naturelle est celui auquel Darwin a donné le nom de sélection sexuelle, et qui consiste dans le choix des mâles les plus beaux ou les plus forts pour concourir à la reproduction. Il nous paraît inutile de revenir sur les détails que nous avons cités plus haut à ce sujet. Quant à l'étendue du rôle de la sélection naturelle dans les forma- tions organiques, c'est un point que nous aurons à discuter ultérieu- rement (V. Taxinomie). Nous nous sommes borné ici à exposer le principe de cette sélection. S 'i. — RAl'l'ORTS DES ANIMAUX AVEC L'HOMME. Ainsi que nous l'avons fait pressentir au commencement de ce cha- pitre, les rapports que les animaux peuvent avoir avec l'Homme sont de même nature que ceux qu'ils entretiennent entre eux. Nous allons, en effet, avoir à constater encore des rapports d'hostilité et des phé- nomènes d'association. Il est clair, d'ailleurs, que nous aurons principalement en vue les animaux qui intéressent la médecine et l'agriculture. Au surplus, le tableau ci-dessous donnera une idée du rgique est bientôt rompue lorsque des modifications désavantageuses viennent à se pro- duire dans la constitution de ce dernier. Alors apparaissent les troubles fonctionnels qui caractérisent les maladies parasitaires. Nous devons ajouter, du reste, qu'il est des cas où le parasite, par la puissance de ses armes, son mode d'attaque ou son habitat, constitue d'emblée un danger sérieux pour l'organisme. La nocuité des parasites tient à des modes d'action assez variables. Dans certains cas, par exemple, il s'agit d'une gène mécanique appor- tée à l'accomplissement des fonctions : c'est ainsi que des pelotons ou des faisceaux d'Ascarides peuvent entraver la circulation des ma- tières alimentaires dans l'intestin. D'autres fois, c'est un traumatisme qui résulte de leurs morsures — venimeuses à l'occasion — ou de leur déplacement (Taons, Simulies, Strongle géant); ou bien leur accrois- sement surplace atrophie \es organes (Cénure). Leur seule présence peut même amener des inflammations locales, occasionner des dou- leurs variées, provoquer des désordres nerveux, soit directement, soit par action réflexe, et en général causer des troubles plus ou moins graves suivant l'organe qu'ils affectent. Quant à leur action spoliatrice, elle est d'ordinaire peu importante : citons cependant, à ce point de vue, les Uncinaires ou Ankylostomes, dont les morsures suivies de succion sont le point de départ de l'anémie des Chiens de meute. Il n'est pas toujours aussi facile qu'on pourrait le penser d'établir l'influence pathogène des parasites. 11 ne suffit pas, en effet, de cons- tater que l'existence d'un trouble morbide coïncide avec la présence de parasites dans l'organisme, pour conclure que celui-là est le fait de ceux-ci. Ce n'est le plus souvent qu'à la suite d'observations cliniques et surtout d'expériences précises et multiples qu'on peut arriver à établir sérieusement la réalité d'une telle relation ; et c'est faute de s'être conformés à cette manière de faire, que certains auteurs ont surchargé jusqu'au ridicule le tableau symptomatique de certaines affections parasitaires. Prophylaxie et traîtemeiit. — Pour se garantir d'une façon vraiment efficace contre l'attaque des parasites, il faudrait d'abord connaître le mode d'introduction de chacun d'entre eux. Or, il en est «APPORTS DE L'OKGA.MSML: AVEC SON MILIEU. 77 un grand nombre dont les premières phases de l'évolution sont encore inconnues ou tout au moiiks sont à peine soupçonnées. Néanmoins, nous ne sommes pas entièrement désarmés vis-à-vis de ceux-ci. Sa- chant, en effet, que les parasites dérivent, comme tous les êtres vi- vants, d'individus ayant subi la même évolution qu'eux-mêmes sont appelés à subir, on pourra s'opposer à leur pullulation en détruisant tous ceux qu'on peut atteindre, soit par le feu, soit par l'eau bouil- lante ou tout autre moyen. 11 faut surtout éviter de jeter au fumier les parasites rejetés par les animaux, car ils seraient fort exposés à être emportés dans les abreuvoirs par les eaux de pluie. En somme, dans tous les cas, la propreté des locaux, des individus, des aliments et des boissons est le premier élément de la prophylaxie. En ce qui concerne les parasites dont l'évolution est bien connue, les moyens préventifs à leur opposer sont évidemment subordonnés à leur mode d'introduction. Il est bien difficile de formuler à cet égard des règles générales. Disons toutefois que, si la contagion est ù craindre, il faut tout d'abord isoler les individus atteints et désinfecter le local qu'ils occupaient ; que si les animaux contractent leurs para- sites en raison du régime auquel ils sont soumis, il y a lieu de modi- fier ce régime, etc. Ainsi, on évitera, suivant les cas, de faire paître les animaux dans les pâturages humides ou de les abreuver dans des mares; on évitera de donner aux Chiens des cervelles de Moutons atteints de tournis, etc., etc. La cuisson des aliments sera souvent aussi un bon préservatif. Enfin, prenant en considération ce fait que les parasites envahissent de préférence les organismes affaiblis, on soutiendra l'économie par des aliments de bonne nature et par un régime reconstituant. Ajoutons que l'inspection des viandes et les règlements de police sanitaire sont d'un utile secours pour éviter la propagation des parasites. Lorsque les affections parasitaires se sont développées, le traite- ment à leur opposer comporte une indication essentielle : obtenir la disparition du parasite. La médecine de sympt(>mes ne tient ici qu'un rang tout à fait secondaire. Les moyens employés pour détruire les parasites sont assez variés : on pourrait les distinguer en hygiéniques, chirurgicaux et médica- menteux. Les derniers reçoivent quelquefois le nom de paraslticides, bien que ce nom soit plutôt réservé aux médicaments employés contre les parasites externes, tant animaux que végétaux. Il est évident que les ectoparasites sont plus faciles à détruire que les parasites internes. Parmi ces derniers, on ne peut même guère songer à atteindre au moyen des agents médicamenteux que ceux qui vivent dans des cavités en communication avec l'extérieur, telles que le tube digestif et les voies respiratoires. Ajoutons qu'un certain nombre de parasites disparaissent sponta- 7N ZOOLOGIE GÉNÉRALE. nément de Torganisnie, soit en raison de leur évolution (OEstridés), soit à l'arrivée de la mauvaise saison (Ixodes, Rougets), etc. Pseudo-parasites. — Avant de quitter celte question du parasi- tisme, il importe de mettre les débutants en garde contre certaines chances d'erreur qui peuvent se présenter dans la détermination des parasites. 11 faut éviter, en premier lieu, de considérer comme tels des animaux qui se trouvent accidentellement sur le corps ou qui y sont apportés par les objets de pansement (Insectes, Acariens). Souvent aussi, il arrive de prendre pour des Vers des larves de Mouches qui se développent sur les plaies, dans les urines ou même dans les cadavres. Les malades surtout se figurent volontiers avoir émis, avec les urines ouïes fèces, des larves tombées dans les vases, et il ne faut accepter leurs affirmations qu'avec les plus grandes ré- serves. On n'oubliera pas non plus que les cas de simulation ou de supercherie ne sont pas rares chez les sujets atteints de certaines névroses, telles que l'hystérie. Une erreur beaucoup plus grave encore consiste à prendre pour des 'Vers des corps étrangers quelconques. C'est ainsi que Mongrand décri- vait sous le nom de Filaria zébra un caillot fibrineux de la saphène, que Scopoli baptisait du nom dePhysis infestinnlis une simple trachée d'Oiseau, qu'un autre appelait S/na^M/e une nervure de salade (!), etc. Parmi les faits de cet ordre, un des plus communs est fourni par les poils qui composent la pulpe de l'orange, et qui sont expulsés par les vomissements ou les selles, sous forme de vésicules oblongues, effilées aux deux extrémités : nous avons eu récemment l'occasion, avec X. Raspail, d'en relever un cas. Quant aux parasites fabuleux, tels que \a.Furia infernaUs et le Vé- roquin, il est heureusement devenu inutile d'en parler. En tous cas, il faut être très circonspect, comme le recommande Mo- quin-Tandon, avant d'entreprendre la description d'un parasite nouveau, et la meilleure voie à suivre, en pareille occasion, est de s'adresser à un spécialiste. B. Vulnérants. — Nous avons dit qu'un certain nombre de para- sites exercent sur l'organisme une action mécanique. Tels sont les Ankylostomes ; tels sont encore les Taons, qui déjà rentrent à peine dans le groupe des parasites. Mais il est aussi un grand nombre d'animaux divers qui sont capa- bles de blesser l'Homme ou ses auxiliaires, soit avec les dents, soit avec le bec, les griffes, etc. Il n'est pas besoin d'en faire ici l'énumération. C. Porte-Virus. — Parmi les animaux vulnérants, il en est qui doivent être à l'occasion des agents actifs de la transmission des ma- ladies virulentes. En se portant successivement d'un individu à l'autre, ils peuvent puiser sur un malade l'élément virulent qu'ils transportent ensuite sur un individu sain. HM'l'OHTS liK L(l|{(iAMS.\|K AVKC SON MliJKU. 79 C'est surtout pour les affections charbonneuses qu'on a cité des faits de cotte nature, presque toujours rapportés aux Diptères (Sto- moxes, Simulies). Nous y reviendrons en traitant de ces Insectes. Mais beaucoup d'autres animaux peuvent être également considérés comme les propagateurs de telle ou telle maladie contagieuse, sans parler de ceux qui, comme les Chiens enragés, inoculent leur propre virus. D. Venimeux. — Moquin-Tandon appelle loxlcozoalrrs tous les ani- maux qui produisent du venin. « Ces auimaux possèdent des glandes ou glandules pour sécréter l'humeur toxique et des instruments pour la transmettre. Les uns inoculent le venin avec la bouche ou une partie de la bouche disposée à cet effet, d'autres sont pourvus d'un organe spécial. » Parmi les premiers se placent les Serpents, les Araignées, les Sco- lopendres. Peut-être aussi pourrait-on ranger dans le même groupe les Insectes à salive irritante, tels que les Cousins, les Simulies, les Réduves. Au nombre des toxicozoaires qui possèdent un appareil spécial pour inoculer leur venin, nous pouvons citer les Vives, les Scorpions, les Hyménoptères, etc. Enfin, il est quelques animaux venimeux qui sont dépourvus de tout instrument d'inoculation : tels sont les Crapauds, les Tritons et les Salamandres. L'activité des venins peut être due à des produits assez variables: leucomaïnes, substances acides, globulines, etc. Jusqu'à présent, d'ailleurs, on est beaucoup moins fixé sur la nature chimique de ces produits que sur leur activité physiologique. E. Vénéneux. — La consommation de la chair des animaux (par- fois aussi des œufs) détermine dans certaines circonstances de vérita- bles empoisonnements. On peut à cet égard distinguer deux cas prin- cipaux : 1" Botulisme. — Après la mort, la viande est envahie par des microor- ganismes (microbes de la putréfaction) qui s'y multiplient en provo- quant la formation de pfomaïnes^ dont la plupart constituent de vio- lents poisons. Les intoxications qui reconnaissent un tel point de départ sont aujourd'hui assez bien connues ; on leur donne le nom de botulisme ou allantiasis. 2° Siguatère. — Mais il est un grand nombre d'animaux dont la chair est toxique à l'état normal, soit d'une façon constante, soit seulement dans des conditions particulières. Nombre de faits de ce genre seront indiqués à propos des Crustacés, des Mollusques et sur- tout des Poissons. La toxicité est due en pareil cas encore à des subs- tances chimiques, mais celles-ci sont produites directement par l'ac- tivité physiologique des tissus animaux : ce sont des leacouiaïnes. On peut donner aux empoisonnements provoqués par la chair 80 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. fraîche ou les produits animaux non altérés le nom de sigualera, ap- pliqué spécialement par les médecins sud-américains aux accidents déterminés par Tingestion de Poissons vénéneux. F. Destructeurs d'animaux ou de végétaux utiles. — On pourrait certes étendre beaucoup la liste des animaux nuisibles ; qu'il nous suffise d'ajouter k tous ceux que nous venons de citer la simple indi- cation de ceux qui nuisent directement ou indirectement à l'Homme en s'attaquant soit aux animaux qui lui rendent des services, soit aux plantes qu'il cultive pour son alimentation, pour celle de ses animaux domestiques, pour son agrément, etc. II. Animaux utIles. L'utilité des animaux, à notre point de vue, est susceptible de se manifester de façons fort diverses, de telle sorte qu'elle pourrait don- ner lieu à de nombreuses classifications. Nous nous bornerons à re- produire, comme étant la plus simple, celle qui a été proposée en 1838 par I. Geoffroy Saint-Hilaire (1), et qui se trouve résumée dans le tableau synoptique que nous avons tracé plus haut. A. Animaux alimentaires. — Dans ce groupe doivent être rangés tous les animaux qui nous procurent des substances alimentaires quelconques. L'Homme ayant un régime omnivore, les produits d'o- rigine animale tiennent une place très importante dans son alimen- tation. Ainsi s'explique l'intérêt primordial que la zootechnie attache, en ce qui la concerne, à l'exploitation des animaux dont il s'agit. Mais, à côté des animaux de boucherie ou des bêtes laitières, il faut signaler aussi les volailles, le gibier, les Poissons, etc., etc., qui nous fournissent également leur chair; les Oiseaux, dont nous consommons en outre les œufs ; les Abeilles, dont nous recueillons le miel, etc. B. Animaux auxiliaires. — On donne ce nom à tous les animaux dont nous tirons une aide quelconque en raison de leurs facultés spé- ciales. Le Cheval, l'Ane, le Bœuf, par exemple, dont nous utilisons les forces, sont des animaux auxiliaires. Le Chien, dont nous exploitons les instincts ou l'intelligence pour la garde des troupeaux, pour la chasse, etc., doit prendre place à côté de ceux-ci, et peut-être même à leur tête. Nous pourrions citer encore au même titre tous les ani- maux qui nous rendent service en détruisant une foule de produits ou d'êtres nuisibles: tels sont les Nécrophores et les Diptères, qui con- somment les substances en putréfaction ; les Coccinelles, qui dévorent les Pucerons; les Crapauds, qui débarrassent nos jardins d'Insectes, et tant d'autres animaux, dont nous méconnaissons trop souvent l'utilité. Il faut savoir établir, il est vrai, la balance entre l'utilité et la no- (1) I. Geoffroy Saixt-IIilaike, Acclimatation et domestication des animaux utiles. 4e édit., 1861, p. 56. RAPPORTS DE L'ORGANISMK AVEC SON MILIEU. SI cuite des animaux qui nous entourent, et c'est à l'égard des animaux auxiliaires surtout, que ce point offre une grande importance. Prenons un exemple. La Taupe est un animal que les jardiniers ont en horreur, parce qu'elle bouleverse leurs plantations; aussi n'hésitent-ils jamais à la détruire lorsqu'ils le peuvent. En présence de ce fait, le natura- liste proteste de l'utilité méconnue de l'animai, qui ne se nourrit en aucune façon de substances végétales, mais détruit, au contraire, une quantité énorme d'Insectes nuisibles, notamment de larves de Hanne- tons. A quel parti se rattacher? Nous pensons, quant à nous, qu'il faut peser les services que nous rend l'animal, et les dégâts qu'il cause. C'est là une question toute de pratique, et le résultat doit varier suivant les circonstances; mais c'est ce résultat seul qui doit nous guider. L'application de ce principe, faite avec sagacité, empêcherait sans doute la destruction d'une foule d'animaux nuisibles en appa- rence, et d'autre part nous débarrasserait d'un certain nombre d'au- tres dont les services sont insignifiants en comparaison des dégâts qui sont leur fait. C. Animaux industriels. — Les produits que l'industrie peut reti- rer des animaux sont fort nombreux. C'est ainsi qu'on exploite le sang, les os, la chair, la graisse de nos grands Mammifères domes- tiques : à ce titre, ceux-ci peuvent donc être considérés comme des animaux qui sont élevés en vue d'une exploitation industrielle. Le Mouton, par exemple, est entretenu dans certains pays comme simple producteur de laine : c'est bien un animal industriel. De même, le Bombyx du mûrier est destiné à produire de la soie, etc. D. Animaux médicinaux. — Les Sangsues constituent le type par excellence des animaux de ce groupe, et on trouvera à leur égard des détails suffisants dans la seconde partie de cet ouvrage ; il faut ranger à cùté d'elles quelques autres Hirudinées, et la qualification de médicinaux peut en outre s'étendre aux Insectes vésicants, et à tous les animaux, en somme, qui nous fournissent des produits utilisés par la thérapeutique : Éponges, Corail, Escargots, Castor, etc. E. Animaux accessoires. — Ce sont tous ceux que l'homme re- cherche pour le convictus et l'ornement. Leur nombre est en quelque sorte illimité. Citons principalement: 1° Animaux de compagnie : Chat, Chien d'appartement, Singe, Marmotte ; 2° Oiseaux parleurs ou chan- teurs : Perroquet, Sansonnet, Serin, Bouvreuil ; 8° Animaux colorés : Paon, Ara, Poissons rouges, Insectes phosphorescents : 4" Animaux de combat: Taureau, Chien, Coq, etc., etc. Un certain nombre d'animaux utiles ont mérité, à des titres divers, d'être associés directement à l'homme : on leur donne, pour cette rai- son, le nom d'animaux domestiques. Domestication. — L'histoire de la domestication des animaux est demeurée fort longtemps dans les limites étroites d'une question de zoologie appliquée; c'est seulement depuis les belles études de Uailliet. — Zoologie. 6 82 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. F. Cuvier (1) et dl. Geoffroy Saint-Hilaire qu'elle a pris rang parmi les thèses les plus importantes de la zoologie générale. Mais, avant d'aborder ce sujet, il importe au plus haut point de* préciser la valeur des expressions (2). Domesticaiion vient évidem- ment de domestique, mot qui dérive lui-même du latin domxis. Au point de vue étymologique, domestiquer un animal signifie donc « en faire l'animal de la maison ». A ce titre, le Moineau franc [Passer domesticus), la Mouche commune {Musca domestica), la Souris seraient de véritables animaux domestiques. Mais les détails dans lesquels nous sommes entré plus haut au sujet des rapports mutuels des orga- nismes suffisent pour nous faire ranger ces animaux dans la catégorie des commensaux, et personne aujourd'hui ne songe plus à prendre à la lettre les qualifications de la nomenclature. Un Oiseau qu'on met en cage, un Loup qu'on enchaîne, ne sont pas davantage des animaux domestiques : ils sont simplement captifs, et demeurent prêts à reprendre leur liberté à la première occasion favorable. Il est certains de ces animaux — mais non pas tous — qui peu- vent passer de la captivité à V apprivoisement. Ils acceptent alors sans réserve leur état de servitude, perdent tout désir de liberté et se plient aux exigences diverses de leur nouveau mode de vie : ceux-là encore ne sont pas domestiqués; ce sont des animaux apprivoisés, ou privés. Notons que l'apprivoisement exige en général que les ani- maux soient pris jeunes, parce qu'on peut alors les plier plus facile- ment à de nouvelles habitudes, et que, d'autre part, il implique un certain degré d'intelligence, leur permettant d'acquérir la connais- sance du maître. Mais l'apprivoisement, comme la captivité, ne porte que sur des individus isolés, et ces individus ne se reproduisent que peu ou point lorsqu'ils sont sous le joug de l'homme, comme c'est le cas pour l'Éléphant, ou leur progéniture elle-même doit être sou- mise à l'apprivoisement. Le Guépard, l'Épervier, le Gerfaut, que l'Homme dresse à la chasse ; la Loutre, le Cormoran, qui l'aident à la pêche, sont soumis individuellement; mais à chaque génération la même œuvre doit être recommencée. La domesticité, au contraire, s'étend aux générations issues les unes des autres ; c'est alors l'es- pèce, et non plus seulement l'individu, qui se trouve soumise à la domination de l'homme. On passe par gradations insensibles, il est vrai, de l'apprivoisement à la domesticité, mais celle-ci témoigne dans tous les cas d'une subordination beaucoup plus complète, préci- (1) Fréd. Cuvier, Essai sur la dômes licite des Mammifères. Méiii. du Muséum d'hist. nat., t. XIII, p. 55, 18-26. (2) I. Geoffroy Saint-Hilaire, Art. Domestication de l'Encyclopédie nouvelle, jgjg. — Essais de zool. (/énér., 1841. — Acclimat. et domesticat. des anim. utiles, 1861. RAIM'ORTS DE LUKGAiMSMb: AVEC SUN MILIEU. K.i sèment parce qu'elle résulte, comme le dit Geoffroy Saint-Hilaire, « de l'action dune suite indéfiûie de générations humaines sur une suite indéfinie de générations animales ». Au surplus, voici les définitions cjue nous donne l'éniinenl naturaliste : « Les a)iimau.r doiitesiif/ (tes sont ceux qui sont nourris dans la demeure de l'homme ou autour d'elle, s'y reproduisent, et y sont habituellement élevés. « La doiiii'slicitr est l'état de l'animal domestique, et la domestication est la réduction à l'état domestique. » En partant de ces données, et en les rapprochant des principes expo- sés dans le paragraphe précédent, on verra que la domesticité, comme nous l'avons déjà dit, n'est qu'une forme du mutualisme (1), et qu'il n'y a, dans ses manifestations, rien qui diffère essentiellement des phénomènes que nous avons signalés chez les Fourmis. Dans l'état actuel des choses, nous avons à reconnaître, en elTet, dans la domesticité, une association d'individus appartenant à deux espèces distinctes, association volontaire de part et d'autre, et dans laquelle l'une des espèces exerce une autorité acceptée par l'autre. Mais comment cette association a-t-elle pris naissance? Ou, pour être plus précis, comment les animaux qui nous sont aujourd'hui soumis ont-ils été domestiqués à l'origine ? 11 est évident qu'une telle question ne comporte pas de réponse positive, tout au moins en ce qui concerne nos principales espèces. Nous possédons bien quelques Oiseaux, tels que le Dindon, le Canard musqué, les Faisans doré et argenté, dont la domestication paraît assez récente; mais les rensei- gnements recueillis à leur endroit sont fort peu précis, et d'ailleurs la faiblesse native de ces animaux a dû rendre cette domestication sin- gulièrement facile. Quoi qu'il en soit, si le problème, tel que nous l'avons posé, n'est pas susceptible d'une solution rigoureuse, nous pou- vons du moins arriver à un résultat offrant une somme de probabili- tés. Pour cela, nous puiserons nos données dans les faits qui se passent encore aujourd'hui sous nos yeux. Ce que nous avons dit plus haut a dû suffire pour démontrer que la domestication est nécessairement consécutive à la captivité et à l'apprivoisement. La captivité suppose la contrainte ; l'homme a donc pu d'abord s'em- parer par la ruse des animaux sauvages et les soumettre par divers moyens d'intimidation : châtiments, immobilisation, privation de nourriture, etc. C'est ainsi que, de nos jours encore, on arrive à se rendre maître des Éléphants. Et, dans certains cas, il faut bien le remarquer, la contrainte se réduit à fort peu de chose, lorsque, par exemple, les animaux sont d'un naturel craintif, ou lorsqu'ils sont très jeunes. (1) A. EsPiNAS, op. cit., p. 174. La plupart des considérations (lui suivent sont empruntées à ce remarquable ouvrage. 84 ZOOLOGIE GENERALE. Mais rapprivoisement, au contraire, exige en général que Thomme entre dans une autre voie. Après avoir dompté les animaux, il doit se les concilier. On sait le rôle des témoignages d'affection dans le dressage des chevaux. On sait comment les grands Félins captifs sont sensibles aux caresses de Thomme. L'appétence particulière des animaux pour certains aliments peut être utilisée dans le même sens avec le plus grand profit. Les procédés doivent évidemment varier suivant le caractère des animaux et suivant les circonstances, « Les corrections d'ailleurs, dit Espinas, et d'autre part les aliments favoris, toujours reçus de cette même main qui sait châtier, ont imprimé de tout temps dans les consciences neuves des animaux pris jeunes une empreinte ineffaçable, leur apprenant que l'homme est un être dont ils peuvent tout craindre et tout espérer, leur faisant sentir qu'ils sont pour ainsi dire dans sa main. Qu'on ajoute à cela l'expres- sion de bonté suprême et d'énergie concentrée, manifestée si éloquem- ment dans les gestes, dans les traits, dans la voix de l'un et de l'autre sexe humain, et l'on comprendra que l'animal intelligent regarde l'homme comme un être infiniment supérieur à lui, dont l'association mérite d'être recherchée par-dessus toutes les autres. C'est ce qui explique les effusions passionnées de tendresse comme les témoigna- ges d'humilité sans réserve que prodiguent à leur maître ceux d'entre eux à qui la dose d'expression a été départie en quelque mesure. » 11 nous reste encore un pas à faire. « La domestication suppose nécessairement la reproduction sous la main de l'homme », ainsi qu'on l'a souvent répété. Ce n'est pas à dire que les deux faits soient absolument corrélatifs : nous avons au contraire de nombreux exem- ples de reproduction en l'état de simple captivité. Mais la formule dont il s'agit tend à exprimer cette donnée essentielle, que la domes- tication doit porter à la fois sur les individus et sur leur descendance. L'animal apprivoisé a pu abdiquer sa liberté personnelle d'une façon plus ou moins complète ; mais, ou bien ses facultés procréatrices sont suspendues, ou bien ses descendants directs chercheront à retourner à la vie sauvage.  cet égard, il est sans doute difficile d'établir une démarcation bien nette entre l'apprivoisement et la domestication ; cependant, les animaux domestiques, qui se reproduisent indéfini- ment entre nos mains, ne manifestent guère, en général, de tendance à reconquérir leur liberté, et il est toujours assez facile de les rame- ner à la vie domestique. D'ailleurs, il en est beaucoup dont la consti- tution a subi des modifications trop profondes pour être en état de résister encore aux rigueurs de l'état sauvage : nos Moutons perfec- tionnés, par exemple, abandonnés à eux-mêmes, ne tardent pas à suc- comber dans la lutte pour l'existence. Or, pour arriver à cette domination complète des générations suc- cessives d'animaux, l'Homme s'est appuyé, selon la remarque de F. Cuvier, sur une tendance héréditaire très puissante, se manifes- RAPPORTS DE L'ORGANISME AVEC SON MILIEU. H'ii tant chez la presque totalité d'entre eux. Il s'agit de la sociabilité et plus particulièrement encore de la surOordination à un « chef natu- rel ». Nous ne pouvons mieux l'aire que de citer encore Espinas : « Sauf le chat qui est resté, en ellet, plutôt le commensal que le ser- viteur de rhomme, tous, chiens, moutons, chèvres, hœufs, rennes, chevaux, sangliers, éléphants, vivent en troupes organisées plus ou moins étendues, soumises à un chef. Retrouvant à un plus haut degré chez leur nouveau maître l'ascendant qu'ils étaient disposés à subir de la part de leurs congénères, ils n'ont pas eu de peine à se soumet- tre à lui. Quand l'homme a eu en sa possession un certain nombre d'entre eux, il est devenu naturellement le chef de leur bande, se sub- stituant ainsi au chef que cette bande eût suivi, ou même obtenant de lui tout le premier une obéissance imitée de tout le troupeau. » Une fois la domestication établie, ses efiets se sont fait sentir sur les animaux aussi bien que sur l'Homme. Les premiers ont naturelle- ment développé les facultés en raison desquelles ils avaient été choisis, et dans le sens même où l'Homme avait intérêt à les diriger. C'est ainsi que l'intelligence du Chien s'est élevée d'une façon remarquable, tandis que le Bœuf, le Porc, le Mouton se sont perfectionnés unique- ment quant aux qualités physiques qui les ont fait de tout temps utiliser. Et, en ce qui a trait à l'Homme lui-même, on peut dire que l'influence exercée sur lui par la domestication des animaux est chose inappréciable. L'animal domestique, c'est une réserve de nourriture, partant un capiial; c'est un instrument de travail, dont la puissance permet d'accumuler de la richesse ou de la transformer; et, par cet intermédiaire, l'Homme se crée des loisirs, grâce auxquels il peut se livrer aux travaux intellectuels qui développent et fortifient son cei-- veau, grâce auxquels il peut se mettre en garde contre les dangers qui l'assiègent et étendre son empire sur tout ce qui l'entoure. C'est là qu'est le point de départ de la civilisation : livré à lui-même, l'Homme serait inévitablement demeuré à l'état de misérable faiblesse dans lequel nous voyons aujourd'hui encore les naturels australiens, occupés chaque jour à recueillir des graines, ou bien à prendre des Vers et des Kangourous. En résumé, nous concevons la domestication des animaux par l'Homme comme un cas particulier et complexe du mutualisme, qu'on peut qualifier de mutualisme substitutif. Historiquement, il nous est facile d'adapter à l'évolution de l'humanité la succession des phases du phénomène, telle que nous l'avons esquissée. L'Homme chasseur a pu longtemps se passer d'auxiliaires animaux; toutefois, mis à même d'apprécier leur valeur, il a dû chercher à s'emparer de certains d'entre eux, du Chien, par exemple, pour le dresser à la chasse. La période pastorale comporte une extension considérable de la domes- tication, en ce qui concerne les animaux propres à fournir leur toison, leur lait et leur chair. L'Homme agriculteur vient ensuite et soumet des 86 ZOOLOGIE GENERALE. espèces plus puissantes pour l'aider aux travaux de la terre. Enfin, c'est aux premières périodes de la civilisation, sans doute, qu'il faut reporter la domestication des animaux d'une utilité secondaire ou de ceux que nous avons appelés accessoires. Quant au rôle des sociétés modernes dans la domestication, il se réduit à fort peu de chose. En cette matière, l'œuvre de nos premiers ancêtres a été si complète qu'ils ne nous ont laissé que des vides insi- gnifiants à combler. Acclîmatatioii et naturalisation. — Acclimater un animal (ou un végétal), c'est, à proprement parler, l'accommoder à un nouveau climat. Or, « l'expression de cUmcil, dit Humboldt, prise dans son acception la plus générale, sert à désigner l'ensemble des variations atmosphériques qui affectent nos organes d'une manière sensible : la température, l'humidité, les changements de la pression baromé- trique, le calme de l'atmosphère, les vents, la tension plus ou moins forte de l'électricité atmosphérique, la pureté de l'air ou la présence de miasmes plus ou moins délétères, enfin, le degré ordinaire de transparence et de sérénité du ciel ». On peut donc, d'après cela, déHnir V acclimatation , l'accommodation aux influences très multiples et très complexes d'un nouveau climat; V acclimatement n'est que le résultat de cette accommodation, c'est l'état de l'être qui s'y est trouvé soumis. Beaucoup d'auteurs confondent la naturalisation avec VaccUmata- tion : I. Geoffroy Saint-Hilaire attache pourtant beaucoup d'impor- tance à la distinction de ces deux termes. Naturaliser, dit-il, n'est et ne peut être que rendre naturel. Par conséquent, naturaliser une race, une espèce, n'est 'pas seulement « l'amener et la faire vivre dans un nouveau pays, mais l'y faire vivre dans les mêmes conditions que les espèces naturelles à ce pays » L'acclimatation de certains individus est un fait constant : les Fai- sans qui sont depuis longtemps nourris dans nos parcs s'y trouvent soumis à des conditions d'existence différentes de celles qu'ils trou- vaient dans leur patrie; ils peuvent même se reproduire sous nos yeux, mais cette reproduction, ainsi que l'éducation des jeunes, exige des soins tout spéciaux, et l'espèce, abandonnée à elle-même au milieu des rigueurs de notre climat, ne tarderait pas à disparaître. Ces ani- maux sont donc acclimatés, c'est-à-dire amenés à vivre dans un nou- veau climat, mais dans des conditions plus ou moins éloignées de l'état de nature. Au contraire, le Lapin de garenne {Lepus cuniculus), qui paraît ori- ginaire de l'Europe méridionale et peut-être de l'Afrique, vit et se mul- tiplie dans nos forêts à l'état sauvage ; il s'est donc, non seulement acclimaté, mais aussi naturalisé. Il faut avouer cependant que les exemples d'acclimatation et surtout de naturalisation sont beaucoup moins nombreux qu'on ne le pense TAXINOMIE. 87 généralement, et ce, malgré les efforts des savants qui se sont donné pour mission de fonder dans nos pays des sociétés et des jardins d'acclimatation. CHAPITRE IV TAXINOMIE Déterminer les rapports des animaux entre eux, tel est le but le mieux défini de la zoologie : et nous voyons en effet les recherches les plus variées dans le domaine de cette science aboutir en somme, dans la plupart des cas, à des essais de classement des formes étu- diées. L'étude des lois sur lesquelles doivent reposer les classifications porte le nom de taxinomie (xâ^tç, ordre ; vo'jjloç, loi), et c'est un des points de la zoologie générale qui méritent le plus d'attirer notre attention. Il serait, sans doute, exagéré d'affirmer, comme d'aucuns l'ont fait, que la taxinomie constitue à elle seule la biologie tout entière ; mais on doit reconnaître, du moins, qu'elle en représente un des éléments les plus importants. Les classifications, d'ailleurs, ont un côté utilitaire dont l'intérêt ne peut échapper à personne, d'autant que le besoin de rapprocher les choses semblables résulte de la portée limitée de notre intelligence. Le nombre des êtres qui s'offrent à l'étude du naturaliste est tellement considérable que sa vie entière lui permettrait à peine d'acquérir la connaissance individuelle d'une fraction insignifiante d'entre eux. Pour nous former une idée de ces êtres, il est donc nécessaire de les rapprocher d'après leurs affinités, c'est-à-dire de les classer, et, selon la remarque de Milne Edwards, de se représenter chacun des groupes ainsi formés par un type idéal, abstrait, par une image mentale, si l'on veut, à laquelle on applique un nom particulier. L'établissement de ces catégories permet de s'élever du particulier au général et de saisir du premier abord les rapports des êtres entre eux. Avons-nous en vue un Cheval, par exemple : aussitôt, et sans le moindre effort, notre esprit réunit un ensemble d'êtres qui ressem- blent à celui-ci, et il arrive à embrasser progressivement tous les Che- vaux, tous les Mammifères, tous les Vertébrés, tous les Animaux... Or, le Cheval, le Mammifère, le Vertébré, /'Animal ne sont que des abstractions morphologiques, n'ayant aucune existence en dehors de l'esprit, au lieu de correspondre à une forme réelle, tangible, comme Yindividu déterminé sur lequel nous avions fixé notre attention. Envisagée à ce point de vue, la classification apparaît surtout comme la conséquence et la traduction d'un besoin de l'intelligence, au lieu de reposer sur l'existence réelle de groupes ou catégories 88 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. d'êtres ayant toutes une valeur positive, ainsi que l'admettent les rares disciples d'Agassiz. Ce n'est pas à dire cependant qu'il faille, à l'exemple de BufFon, regarder la classification comme une pure in- vention de l'esprit. Entre ces deux opinions extrêmes, il y a place pour des vues moins absolues et plus rationnelles, et nous ne pou- vons méconnaître que les divers groupes des systèmes zoologiques reposent, en réalité, sur les rapports plus ou moins étroits qui existent entre les animaux, quant à leur organisation. Seulement, il ne faut pas oublier que ces catégories n'ont qu'une valeur relative^ ce qui explique du reste les modifications qu'elles subissent suivant la manière de voir de chaque classificateur. En tout état de cause, on peut juger combien la division des clas- sifications en naturelles et artificielles a perdu de son ancienne impor- tance, puisque, dans tous les cas, notre activité intellectuelle prend une certaine part au groupement méthodique des êtres. Rappelons cependant que les classifications artificielles, encore appelées systèmes artificiels, sont basées sur des caractères tirés de certains organes choisis arbitrairement : aussi, la faveur momentanée dont elles ont pu jouir est-elle altribuable à la seule facilité de leur application. Les classifications naturelles, au contraire, plus souvent dénommées méthodes naturelles, sont établies d'après l'ensemble des caractères fournis par l'organisation. Or, comme on le verra plus loin, tous ces caractères n'offrent pas la même valeur, et ce n'est que par une juste appréciation de leur importance relative qu'on peut arriver à déter- miner les affinités qui existent entre les animaux. Nous consacrerons ce chapitre à rechercher quelle est la nature réelle de ces affinités. § ler. _ VALEUR DES GROUPES TAXINOMIQUES. I. Aperçu historique. Aristote (384-322 av. J.-C), qui est universellement, et ajuste titre, consi- déré comme le fondateur de la zoologie, divisait les animaux en deux grandes catégories : Animaux pourvus de sang et Atiimaux exsangues. A s'en tenir au sens littéral de la caractéristique employée, il est évident que cette classification reposerait sur une erreur; mais en réalité sa base était beau- coup plus étendue, ces deux catégories correspondant, l'une aux Vertébrés, l'autre aux Invertébrés. Chacune d'elles se subdivisait d'ailleurs en quatre groupes naturels : Animaux pourvus de sang : Quadrupèdes vivipares, Oiseaux, Quadrupèdes et apodes ovipares. Poissons. Animaux exsangues : Mollusques, Crustacés, Insectes, Testacés. Toutefois, il est bon de remarquer qu'Aristote n'avait pas en vue l'établis- sement d'une classification régulière. Ces groupes principaux étaient bien partagés en groupes secondaires, mais la valeur de ceux-ci élait loin d'être TAXINOMIE. «9 fixe : les expressions employées pour les désigner, fi-toi et dSo;, répondent assez bien, dans quelques cas, au genre et à Vespèce des classificaleurs mo- dernes; la première, cependanl, a une signification fort peu constante, et sert quelquefois à désigner un groupe quelconque d'espèces, ayant la valeui- de ce que nous appelons aujourd'hui famille, ordre et même classe. .\près Aristote, il faut franchir une période de vingt siècles avant de constater un progrès sérieux dans la classilicaLion zoologique. L'illustre naturaliste suédois Ch. Linné (1707-1778) sauva la zoologie de la confusion dans la([uelle menaçait de la jeter l'encombrement des matériaux recueillis par une foule de savants chercheurs. Linné doit à son esprit méthodique l'action immense qu'il a exercée sur les sciences naturelles : il était le premier qui eût tenté de dresser un tableau précis du système de la na- ture ; et, par l'emploi d'une méthode de classification et de nomenclature aussi simple que claire, il était appelé à communiquer à la zoologie l'impul- sion la plus féconde. Plus nettement que ses prédécesseurs, il distingua les espèces et les genres, et introduisit en outre les ordres et les classes dans le système de la zoologie. Voici, du reste, la classification adoplée dans la ^2' édition (1766) de son Systema natiirx : Classe 1. Mammalia. Ord. Primates, Bizuta, Fera?, Glires,Pecora,Bellu3e, Cete. Classe 2. Aves. Ord. Accipitres, Pics;, Anseres, Gralls', Gallinx, Passeres. Classe 3. Amphibia. Ord. Reptiles, Serpentes, liantes. Classe 4. Pisces. Ord. Apodes, Jufiidares, Thoraclci, Abdominales. Classe 0. Ln'secta. Ord. Coleoptera, Heiniptera, Lepidoptera, Neuroptera,Hy- menoptera, Diptera, Aptera. Classe 6. Vermes. Ord. hitestina, Mollusca, Teslacea, Lithophyta, Zoophyta. Les continuateurs de Linné ne firent subir à son système que des modifi- cations de détail, jusqu'au jour où Cuvier publia le résultat de ses belles et vastes recherches sur la structure des animaux, et en fit une application directe à la classification (1812). En se basant sur le principe exposé plus loin de la subordination des caractères, Cuvier fut amené à reconnaître que les animaux se rattachent à différents types ou plans d'organisation, dont il fixa le nombre à quatre, en donnant aux groupes ainsi constitués le nom d'em- branchements. A ces grandes divisions, il subordonna les classes, dont le nombre fut de beaucoup augmenté ; mais il ne s'arrêta pas à subdiviser celles-ci d'une façon régulière. Dans la plupart des cas, cependant, il les partagea en ordres, puis en familles, parfois même en sections, tribus, etc., avant d'en arriver aux genres et aux espèces. Nous nous bornons à l'indica- tion des groupes primordiaux : Premier embranchement : Vertébrés. 4 classes : Mammifères, Oiseaux, Reptiles, Poissons. Deuxième embranchement : Mollusques. 6 classes : Céphalopodes, Ptéro- podes. Gastéropodes, Acéphales, Brachiopodes, Cirrhopodes. Troisième embranchement : Articulés. 4 classes : Annclidis, Crustacés, Arachnides, Insectes. Quatrième embranchement : Rayonnes, o classes : Échinodermes, Intes- tinaux, Acali'phes, Polypes, Infusoires'. 90 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. La base fondamentale de cette classification, c'est-à-dire l'existence d'em- branchements ou types d'organisation constituant les catégories les plus compréhensives, trouva le plus sérieux appui dans les travaux embryolo- giques de von Baer. Aussi n'est-il pas surprenant de constater que l'œuvre taxinomique de Cuvier n'a subi jusqu'à notre époque aucune altération essentielle. Seulement, les constants progrès de la science devaient nécessiter quelques remaniements de ces groupes. Eu 1845, Siebold sépara des Rayonnes les Infusoires et les êtres voisins, pour en faire un type particulier, celui des Protozoaires. Trois ans plus tard, Leuckart divisait le reste des Rayonnes en Cœlentérés et Échinodermes ; et depuis lors les Cœlentérés ont été également partagés en S/)o«(jfiaf/"es et Polypes. De même, on ne tarda pas à scinder le grand groupe des Articulés en deux catégories : les Arthropodes et les Vers. L'em- branchement des Mollusques lui-même a été démembré, et ses rameaux ont été disséminés dans d'autres groupes. Au surplus, on a dû cesser de concevoir les embranchements comme des groupes tout à fait séparés et ne pouvant offrir entre eux aucune liaison. Bien au contraire, les formes intermédiaires ou « formes de passage » constituent des éléments de plus en plus nombreux et embarrassants pour les zoo- logistes. II. Groupes principaux des systèmes zoologiques. D'après ce qui vient d'être exposé, la classification zoologique est établie actuellement d'après un mode assez uniforme. Le règne animal est divisé en plusieurs types ou embranchenienis ; ceux-ci se subdi- visent en classes, les classes en ordres, les ordres en familles, les familles en genres, et les genres en espèces. C'est ainsi que nous disons, par exemple, que l'Ours brun {Ursus arctos) est une espèce du genre Ursus, de la famille des Ursidie, de l'ordre des Carnivores, de la classe des Mammifères et de l'embranchement des Vertébrés. Dans certains cas particuliers, la multiplicité des formes ou quel- que autre motif impose même au zoologiste l'obligation de constituer, parmi ces groupes principaux, des divisions secondaires, telles que sous-classes, sous-ordres, sous-familles ou tribus, etc. Toutefois, ce sectionnement, basé avant tout sur l'utilité pratique, ne mérite pas, pour l'instant, de retenir notre attention. Mais il serait fort important, au contraire, de déterminer la valeur de chacun des groupes principaux que nous avons énumérés plus haut, et, partant, les caractères sur lesquels on doit s'appuyer pour les établir. L'étude de l'anatomie comparée nous montre dans quelles limites considérables varient l'étendue et la constance des rapports qu'entre- tiennent entre elles les diverses parties de l'organisme. C'est cette observation qui a servi de base au principe de la subordination des caractères, établi par Antoine-Laurent de Jussieu et introduit par Cuvier dans la classification des animaux. Le principe dont il s'agit TAXINOMIE. 'M repose essentiellement sur ce fait que les dispositions organiques les plus fixes sont celles qui ont le plus d'intluence sur le reste de l'éco- nomie, et qu'elles doivent, par suite, fournir les caractères primaires ; tandis que les particularités plus variables de l'organisation n'ont qu'une importance secondaire, de telle sorte que les caractères qu'elles fournissent sont subordonnés aux premiers. En appliquant ces données au règne animal, Cuvier rendit à la zoologie le plus signalé service ; toutefois il eut le tort d'exagérer la valeur des rap- ports dont il vient d'être question. Pour lui, les caractères supérieurs ou. de premier ordre sont des caractères dominateurs, qui entraînent toujours une modification déterminée de l'organisme et règlent, en ((uelque sorte, la nature essentielle de l'être vivant. Les disciples du grand anatomiste n'ont pas hésité à reconnaître l'erreur du maître ; et l'un des plus éminents parmi eux, H. Milne Edwards, après avoir constaté qu'aucun caractère ne domine d'une manière absolue la constitution d'un animal ou d'une plante, conclut avec raison que, « dans chaque groupe naturel, il existe dans l'organisme certains caractères prédominants, sans qu'il y ait des organes dominateurs [\) ». Le principe une fois posé, il reste à en faire l'application. A cet égard, c'est au tact du naturaliste qu'est laissée l'appréciation de l'importance relative des différents caractères ; et c'est là, sans aucun doute, l'origine des variations, parfois très étendues, qu'on observe tous les jours dans la classification de tel ou tel groupe. Agassiz a pensé qu'il élait possible d'éviter cet écueil. Après un exanuMi attenlif des principaux systèmes zoolofhases, le tout résultant d'adaptations à des conditions parti- culières, subies pendant les premières périodes de l'existence. Enlin, il ne faut pas oublier que le développement paléontologique forme, selon la re- marque de H;pckel, une série évolutive ramiliée, un arbre généalogique, tatiilis que le développement indiviiluel représente une chaîne simple. 2° Distribution géographique. — Les lois qui régissent la répartition des animaux à la surface du globe sont trop complexes et trop peu connues pour être invoquées à titre de preuves directes et frappantes en faveur de la théo- rie transformiste; mais, à défaut de lois, on cite un certain nombre de faits qui trouvent dans cette théorie une explication rationnelle. On ne doit pas perdre de vue, d'ailleurs, que la géographie zoologique est intimement liée à la géologie, et que la distribution actuelle des animaux résulte, non seulement de la répartition primitive de leurs ancêtres, mais aussi des transformations géologiques qui ont modifié l'étendue, la position et les communications des mers et des continents. Et d'abord, il est impossible d'expliquer, par la seule influence des condi- tions climatériques, la ressemblance ou la dissemblance qui existe entre lis faunes de diverses régions. Lorsqu'on parcouit l'Amérique, par exemple, on rencontre d'un point à l'autre les conditions locales les plus variées : tem- pératures élevées, basses ou moyennes, montagnes ou plaines, déserts arides ou marécages herbeux, etc., etc., toutes particularités qui s'observent égale- ment dans l'ancien continent. Or, tandis qu'il est facile de reconnaître aux espèces américaines, sous les latitudes les plus diverses et dans les climats les plus opposés, nn cachet de commune ressemblance, on est frappé de la grande différence que présentent entre elles la faune de l'Amérique et celle de l'ancien monde, saufencequi se rapporte aux contrées polaires. Ces faits trouvent leur explication dans la théorie de l'évolution, si l'on s'appuie sur l'influence des migrations et des barrières qui font obstacle à celles-ci. L'espace qu'occupent naturellement, à la surface du globe, les représen- tants d'une espèce quelconque, est ïaire géographique de cette espèce, et le point où cette espèce est apparue en premier lieu, d'où elle s'est répandue, s'a])pelle son centre de création ou de ragonnement, ou plus simplement sou berceau. On conçoit que, pour la plupart des espèces, ce berceau doive être cherché dans les époques géologiques antérieures. 104 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. Une forme nouvelle étant donnée, la concurrence vitale contraintà rayon- ner, loin de son séjour primitif, les individus qui en dérivent, et ainsi se constitue Taire f,'éngraphique, laquelle peut être figurée schématiquement par un cercle. D'après cette mnnière de voir, il est évident que les individus appartenant à une même espèce ne doivent pas se rencontrer dans des ré- gions qui sont séparées par des barrières naturelles, telles que hautes mon- tagnes, bras de mer, climats trop doux ou trop sévères, etc. Lors donc qu'une pareille solution de continuité se présente, la théorie doit, sous peine d'être mise en défaut, trouver l'explication du fait dans les phénomènes géo- logiques connus, ou dans la puissance des moyens de locomotion des animaux. Or, Darwin a, dans nombre de cas, fourni cette explication. Les seuls Mam- mifères, par exemple, qu'on découvre dans beaucoup d'iles océaniques, sont des Chauves- Souris : la raison en est, sans doute, dans la locomotion aérienne de ces animaux. Dans le nord de l'Amérique et de l'ancien continent, on trouve un certain nombre d'espèces communes, telles que l'Ours blanc, le Renne, l'Hermine; mais il est démontré que l'espace occupé aujourd'hui par le détroit de Behring était, à une époque antérieure, comblé par un isthme qui reliait l'Améiùque à la Sibérie. — On rencontre assez souvent, sur le sommet des hautes montagnes éloignées les unes des autres, comme les Alpes ou les Pyrénées, une ou plusieurs espèces communes, bien que, par suite des conditions climatériques des intermédiaires, toute communication soit impossible pour elles entre ces points. L'explication de ce fait est four- nie par l'existence de la période glaciaire, pendant laquelle les régions ac- tuellement tempérées de notre hémisphère étaient soumises à une tempéra- ture très liasse et partant peuplées d'espèces aptes à supporter les frimas. Lorsque la chaleur revint, ces espèces durent se retirer, soit vers le nord, soit sur les cimes des montagnes : il n'est donc pas étonnant de les voir, au- jourd'hui, en des points séparés. La distiilnition des animaux d'eau douce ne répond pas, à première vue, à l'indication que semble devoir donner la théorie de la descendance. En effet, on constate que les mêmes espèces sont fréquemment répandues dans des rivières et des lacs séparés par de grands espaces de terre, alors qu'on s'at- tendrait à les trouver tout à fait localisées. On peut cependant trouver la rai- son de cette extension dans des changements de niveau du sol, dans des inondations ou des trombes, et enfin dans le transport passif des animaux ou de leurs œufs par des Oiseaux ou des Insectes aquatiques. Quant aux faunes insulaires, on a souvent remarqué, depuis Wallace, com- bien est grande leur ressemblance avec la faune du continent voisin, bien qu'elles ne soient pas toujours composées desmêmes espèces. C'estque, dans nombre de cas, ces îles ont été séparées du continent par suite d'abaisse- ments séculaires, analogues à ceux qui se manifestent encore sous nos yeux. Il faut admettre alors que les changements physiques qui se sont fait sentir dans ces lies ont amené l'extinction ou la transformation des espèces primi- tives. La population animale des îles du Cap-Vert, par exemple, porte le cachet de la faune africaine, quoiqu'elle se compose d'espèces distinctes. Tous ces rapports s'expliquent par une colonisation suivie d'adaptation à des conditions nouvelles : l'isolement doit même être considéré comme un des éléments les plus avantageux de la sélection naturelle, car il supprime TAXINOMIE. 10b les chances de réversion dues au croisement des formes nouvelles avec la souche primitive. En somme, malgré la dilTicullé qu'olTre le sujet, on voit que la théorie évolutive est à même de fournir une explication rationnelle des principaux faits observés relativement à la distribution géographique des animaux. 4" Paléontologie. — On sait que la surface du globe a subi, dans la série des temps, des changements considérables, et que de grandes élendues de terre ont été souvent englouties au fond des mers ou soulevées au-dessus des flots. Par suite, la nombreuse population, animale ou végétale, de chaque continent ou de chaque mer a dû, à différentes reprises, laisser sur place ses débris épars ou accumulés, ossements, coquilles, etc., sous forme de fossiles. La paléontologie, qui a pour objet l'étude de ces fossiles, doit donc avoir fourni des éléments de premier ordre aux partisans des diverses théories relatives à l'origine des espèces. Effectivement, deux doctrines sont en présence pour rendre compte des changements survenus dans laconstitution de l'écorce terrestre. La première, exposée par Cuvier, est celle des révolutions ou calastrophes subites et uni- verselles, détruisant à un moment donné tous les êtres existants, et par suite exigeant chacune la création d'espèces nouvelles. L'autre, soutenue par sir Ch. Lyell, est la doctrine dite des causes actuelles ou de la continuité, d'après laquelle les modifications du globe s'expliquent simplement par l'action con- tinue et longtemps prolongée des causes qui agissent encore sous nos yeux. Nous avons déjà reconnu que les progrès incessants de la science tendent à asseoir déplus en plus cette dernière doctrine. En général, on est d'accord aujourd'hui pour admettre que les périodes géologiques se suivent sans in- terruption, qu'elles ne sont limitées ni à leur début ni à leur terminaison, et qu'il ne faut les accepter que comme un moyen de faciliter l'étude de la croûte terrestre. La théorie de l'évolution est en parfaite concordance avec cette manière de voir, puisqu'elle exige également une longue série de siècles et reconnaît surtout des variations lentes et graduelles. Reste à savoir si la succession des formes animales conservées dans les diverses couches géologiques répond à l'idée de progression constante qu'im- plique cette théorie. En réalité, on constate, d'une manière généi-ale, que la constitution des types éteints se perfectionne de plus en plus à mesure qu'on se rapproche de l'époque actuelle; mais, pour que la paléontologie apportât au transformisme un appui décisif, il faudrait que toutes les formes de tran- sition reliant les espèces vivantes aux types primitifs fussent représentées, à l'état fossile, dans les couches successives. Malheureusement il existe à cet endroit de nombreuses et importantes lacunes que ne nous permet pas de combler Timperfection des archives géologiques, beaucoup d'individus n'ayant pas laissé de débris, et bien peu de régions ayant été explorées jus- qu'à présent. Il est déjà certain, cependant, qu'il existe d'une part, dans bien des grou- pes de fossiles, des passages d'espèce à espèce, de genre à genre, de famille à famille, et que d'autre part, un certain nombre de Mammifères actuelle- ment vivants ont des rapports de parenté très intimes avec les espèces fos- siles (A. Gaudry). Conclusions. — De la discussion rapide à laquelle nous venons de 106 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. soumettre les deux doctrines de la fixité des espèces et de vo lion, on peut tout d'abord dégager le fait que celle-ci rend compte, d'une façon claire et simple, d'une foule de faits que celle-là doit laisser sans aucune explication. Aussi bien, commence-t-il à être superflu de plaider en faveur de la doctrine de l'évolution, qui est acceptée en principe par l'immense majorité des naturalistes, à quelque école qu'ils appartiennent. A cet égard, il est précieux de recueillir la profession de foi de notre éminent paléontologiste français, Albert Gaudry : « Quand nous constatons dans les couches terrestres, dit-il, la preuve de la multiplicité des change- ments des êtres, ceux d'entre nous qui croient à l'indépendance des es- pèces sont obligés de supposer le Créateur se remettant sans cesse à, l'œuvre. Il me semble bien difficile d'établir une limite entre la pro- duction de l'espèce et sa conservation. J'ai de la peine à me représenter l'Auteur du monde comme une force intermittente qui, tour à tour, agit et se repose ; un tel mode d'opérer est bon pour nous, pauvres êtres humains que le travail d'un jour épuise; j'aime mieux me représenter un Dieu qui ne connaît ni nuits, ni réveils, et développe toute la nature d'une manière continue, de même que, sous nos yeux, il fait sortir lentement d'une humble graine un arbre magnifique. » Ceci dit pour bien établir que la doctrine de l'évolution n'est nulle- ment inconciliable avec les idées philosophiques les plus arrêtées d'un homme de science, il resterait encore à montrer que la question de l'origine des espèces peut et doit être posée, contrai- rement à l'opinion des positivistes, qui croient devoir la négliger sous prétexte qu'elle n'est pas susceptible d'une détermination scien- tifique directe. Mais il est inutile de s'attarder à des discussions de ce genre : après tout, on n'enraye pas à volonté la marche de l'esprit humain, et c'est même un des plus nobles attributs de notre espèce que cette tendance à aborder les problèmes les plus ardus et à rechercher l'origine des choses. En somme, la doctrine de l'évolution nous paraît dès aujourd'hui solidement assise. Les seuls points que les naturalistes auront encore à discuter, ce sont les causes qui la déterminent et le mode selon lequel elle s'accomplit. Nous avons indiqué à ce sujet l'opinion de Lamarck, qui admet comme facteurs principaux les conditions de milieu et l'usage ou le défaut d'usage des organes; puis celle de Darwin, qui fait intervenir spécialement la sélection naturelle ; nous aurions pu en exposer d'autres encore. Mais, que la vérité se trouve exclusivement dans l'une de ces théories, ou qu'elle repose en partie sur chacune d'elles, ou encore qu'elle ne soit ni dans Tune ni dans l'autre, la doctrine de l'évolution n'a aucune atteinte à subir de ce chef, contrairement aux vues de certains esprits, qui s'imaginent vo- lontiers l'pivoir ruinée quand ils ont démontré que l'hypothèse de Lamarck ou de Darv^in est inapplicable à tel ou tel cas particulier. TAXINOMIE. 107 Applications laxinomiqucs. — L'adoption de la théorie évolutive a pour résultat direct de modifier, au fond, le sens des anciennes clas- sifications. Le but de la taxinomie se trouve indiqué, en etïct, par l'établissement d'un arbre généalogique. Mais nos connaissances en paléontologie sont, comme on l'a vu, encore bien incomplètes; et d'ailleurs, de nombreux rameaux, non conservés par la fossilisation, représentent autant de vides qu'il sera, sans doute, à jamais impos- sible de combler. On voit la difliculté de découvrir la filiation des formes animales : aussi ne devons-nous citer que pour mémoire les tentatives faites dans ce sens par divers naturalistes, et en particu- lier par Ha^ckel. Au total, la doctrine de l'évolution n'a pas apporté dans la classi- fication un trouble sensible : elle en a seulement changé la signi- fication. Les procédés employés pour déterminer le» rapports des animaux entre eux restent les mêmes, mais l'expression de parenté perd son sens métaphorique pour acquérir une valeur réelle. En fait, on arrive à concevoir les groupes taxinomiques comme correspondant à peu près aux branches, rameaux et ramuscules de l'arbre généalo- gique. A telles enseignes que, d'après Hœckel lui-même, les embran- chements ou types de la plupart des auteurs ont sensiblement la même valeur que les phyles ou lignées organiques qui réunissent les catégories d'animaux ayant entre eux une parenté non douteuse. Il n'est pas jusqu'à l'espèce qui ne soit maintenue dans la classifi- cation des transformistes: ceux-ci, en effet, reconnaissent, comme leurs adversaires, des caractères spécifiques ; ils nient seulement la valeur absolue de ces caractères. Il y a plus : à ne considérer que l'état actuel des choses, on peut s'en tenir, sans inconvénient, à la définition de l'espèce donnée par Cuvier. On regardera donc, par exemple, le Dromadaire {Camclus drome- clarius L.), le Chameau à deux bosses [Camelus bactrianus L.), la Vigogne [Auchenia vicunna Desm.), comme représentant chacun une espèce distincte. Les deux premières de ces espèces, qui ont entre elles une grande ressemblance : bosses dorsales, doigts réunis par une plante com- mune, cou long et recourbé, appartiennent au même rjenre [Ca- melus L.). — Quelquefois on établit, dans le genre, des sections ou sous-genres. Ainsi, l'Ane à pieds bandés [Equm ticniopua Heuglin) possède une robe presque unie, tandis que le Zèhre [Jùjuus zchra L.) a un pelage orné de raies foncées sur fond clair : ces deux animaux sont par suite classés dans deux sous-genres distincts du genre Equus. Les Chameaux (Camelus) et les Lamas [Auchenia), qui otTrent un certain nombre de traits communs, composent ensemble une famille, celle des Camelidœ. — Souvent aussi la famille se divise en sous- familles ou tribus : c'est ainsi que les BovicUe forment les trois sous- familles des Antilopime, des Ovime et des Bovinœ. 108 ZOOLOGIE GÉNÉRALE. Nous pourrions montrer de même que les Camelidœ, les Bovidœ et quelques autres familles composent un ordre {Bisulques) ; que les ordres des Bisulques, des Jumentés, des Carriivores, etc., constituent une classe (Mammifères) ; enfin que les classes des Mammifères, des Oiseaux, des Beptiles, etc., concourent à former un iijpe ou embran- chement [C hordes). Tous ces groupes, d'ailleurs, peuvent se subdiviser comme les précédents. § 2. — NOMEIVCLATURE ZOOLOGIQUE. Le point de vue utilitaire, qui paraît avoir dominé l'établissement des classitications, a sans aucun doute guidé aussi les naturalistes dans la création d'une nomenclature rationnelle. Lorsqu'on ne connaissait qu'un petit nombre d'êtres organisés, un seul nom était attribué à chacun d'eux; mais la découverte d'un grand nombre d'espèces nouvelles ne devait pas tarder à rendre ces dénominations insuffisantes. La création de la nomenclature binaire fut, sans contredit, un ser- vice immense rendu à l'histoire naturelle. On regarde en général Linné comme le véritable fondateur de cette nomenclature : en réalité, quelques auteurs, et en particulier Pierre Belon, l'avaient précédé dans cette voie. Les principes sur lesquels elle doit reposer n'avaient cependant pas été établis d'une façon bien précise, et son application avait par suite donné lieu à une foule d'abus contre lesquels il était temps de réagir. C'est ce qu'a fait surtout le Congrès international de zoologie, dans ses deux premières sessions, tenues à Paris en 1889 et à Moscou en 1892. On trouvera dans les comptes rendus de ces deux sessions l'ensemble des règles adoptées (1) : le détail en est trop étendu pour trouver place ici, et nous devons nous borner à en énoncer les prin- cipes les plus importants : L De la nomenclature des êtres organisés. — « La nomenclature adoptée pour les êtres or^'anisés est binaire et binominale. Elle est essentiellement latine. Chaque être y est distingué par un nom de genre suivi d'un nom d'espèce. Exemple : Corvus corax. « Dans les cas spéciaux où il est utile de distinguer des variétés, radjonction d'un troisième nom à ceux du genre et de l'espèce est permise. Exemple : Corvus corax kamtschuticus ou Corvus corax var. kamtschalica. (< Dans la notation des hybrides, le nom du procréateur mâle sera cité en premier lieu et sera réuni au nom du procréateur femelle par le signe X- Dès lors, l'emploi des signes sexuels est inutile. Exemple : Capra Idrcus O^X Ovis aries 9 et Capra hircus X Ovisarics sont deux formes également bonnes (2). » (1) Compte rendu des séances du Congres international de Zoologie. Paris, 1889, p. 419. — Rrvue scientifique, L, p. 458, 1, , ^ bjmaiK, Polypes. Acliîiozoaires. Ly.^^^^ digestif à pa- \ rois distinctes... Éciiinodebmes. Animaux pluricellu- ) / l''is de laircs : '\ / l membres Métazoaires, j , Corps V'^i'ti<'Lilés . Vkhs. Pas de corde l aiuicle : ' dorsale ni de ] Aimelés. ï Des squelette ' membres Symétrie | interne. i (articulés. Autiiropooes. bilatérale : Arliozoaires. 1 \ Corps non annelé. Mollusques. Une corde dorsale, au moins à l'état larvaire Ciiordés. SECONDE PARTIE ZOOLOGIE SPÉCIALE PREMIER EMBRANCHEMENT PROTOZOAIRES Etres de très petite taille, dont toutes les parties résultent de la diffé- renciation d'un seul plastide [cytode ou cellule), et qui se reproduisent sans le secours d'éléments sexuels dissemblables, œufs et spermatozoïdes. Les Protozoaires (TrpcoTo;, premier; (;coov, animai), en raison même de leur insuffisance de différenciation, constituent un groupe dont les Fig. 49. — Proloijenes porrecta, Monùre à pseudopodes rhizoïdes. limites sont fort peu précises, et qui se relie insensiblement aux formes élémentaires du règne végétal. PROTOZOAIRES. 113 D'après les recherches de Biitschli, Fabre-Domergue, etc., le proto- plasme qui les forme montçe souvent, d'une façon bien nette, la cons- titution complexe (hyaloplasme et paraplasme) que nous avons indi- quée plus haut. Dans la plupart des cas, d'ailleurs, on observe un .ectopla,sme et un endoplasme distincts. La couche périphérique peut toutcibis rester libre, et alors la forme du corps varie sans cesse (lihizopodes); ou bien elle se montre limitée par une membrane, et la forme demeure fixe. Chez la plupart des Protozoaires, sinon chez tous, il existe une formation comparable au noyau cellulaire, et qu'on désigne quelque- fois sous le nom d'endoplaste. Ce noyau préside aux fonctions de multiplication. Fréquemment, le protoplasme émet des prolongements mobiles, de forme et de longueur variables, grâce auxquels s'accomplit la trans- Fig. 30. — ■ Balantidium coli, Infusoirecili(5. — p, péristome. a, anus, n, noyau, vc, vacuoles contractiles (Stein). Fig. bl. - Euglena viridis, Infusoire flagellé (Stein). lation du corps. On leur donne le nom de pseudopodes ('l^suo/jç, faux ; ïToiiç, pied) quand leurs mouvements sont lents et irréguliers, tandis qu'on les appelle cils on flagellums lorsque ces mouvements s'effec- tuent rapidement et avec régularité. Les pseudopodes s'allongent et se contractent de façons très variées; souvent ils rentrent dans la masse du corps, pour être bientôt remplacés par de nouveaux pro- cessus. Les cils vibratiles et les flagellums ont au contraire un siège fixe. En ce qui concerne les formes privées de ces divers appendices, le mécanisme du mouvement n'est pas encore connu. L'introduction des aliments dans le corps a lieu souvent à la faveur des pseudopodes, qui les saisissent au passage et les amènent dans la masse protoplasmique, où ils doivent être digérés. Chez les formes limitées par une membrane rigide, cette membrane se prête parfois aux phénomènes osmotiques (Grégarines) ; mais le plus souvent (Infu- soires) on y remarque de véritables ouvertures servant aux fonctions digestives. R.\ILLIET. Zoologie. 114 ZOOLOGIE SPÉCIALE. La respiration a lieu par osmose ; elle est du reste favorisée par la formation des pseudopodes. Chez un assez grand nombre de Protozoaires, on observe une ou plusieurs vacuoles contractiles : ce sont de petits espaces qui apparais- sent dans le protoplasma et se dilatent peu à peu, en se remplissant de liquide aqueux, pour se contracter ensuite, toujours avec lenteur, jusqu'à disparition complète. Ces mouvements, qu'on pourrait qua- lifier de diastolique et de systolique, se reproduisent avec le même rythme d'une façon en quelque sorte indéfinie. Il est probable que les vacuoles dont il s'agit, et dont le siège est fixe, sont toujours en com- munication avec l'extérieur par une. petite ouverture (tache claire). Leur rôle paraît être d'éliminer les résidus des échanges moléculaires : ce sont des organes d'excrétion. La multiplication des Protozoaires s'effectue par scission, bour- geonnement ou sporulation. Elle est quelquefois précédée d'un phé- nomène désigné sous le nom de conjugaison, qui consiste dans la fusion permanente ou passagère de deux ou plusieurs individus ; mais on ne voit jamais intervenir les éléments sexuels, œufs et sper- matozoïdes, que sont capables de produire tous les Métazoaires. Le développement ne comporte que l'accroissement et la différen- ciation de l'individu nouveau, puisque la substance de tous les Pro- tozoaires n'est formée que d'une seule masse protoplasmique. Le genre de vie des Protozoaires est extrêmement varié. Tous vivent dans des milieux liquides : on les rencontre dans l'eau douce, dans l'eau de mer, dans les matières organiques en décomposi- tion, etc. Un grand nombre d'entre eux ont la faculté de s'enkyster, c'est-à-dire de s'entourer d'une enveloppe chitineuse (kyste) formée par une sécrétion du protoplasma. Cet enkystement est quelquefois lié à la multiplication : plus souvent, il paraît avoir un but protecteur. : On peut diviser ce groupe en trois classes : Rhizopodes, Sporozoaires et Infusolres. 3 classes : Pas de membrane d'enveloppe ; des pseudopodes Rhizopodes. Une cuticule; l Ni flagellums, ni cils, ni tentacules Sporozoaires. pas de pseudopodes. | Flagellums, cils ou tentacules Ikfusoires. CLASSE I RHIZOPODES Protozoaires dont la couche externe du protoplasme demeure libre et peut dé- velopper des pseudopodes. Ces êtres sont constitués par une petite masse de protoplasme pourvue ou non d'un noyau, nue ou revêtue d'une carapace, mais toujours libre au moins en partie. Ils se déplacent parfois en masse, mais le plus souvent on les voit RHIZOPODES. 115 émettre des pseudopodes, qui se présentent sous deux aspects principaux : tantôt ils sont courts et arrondis, ou bien acuminés et un peu ramifiés, mais non susceptibles de s'anastomoser : on les dit alors lobés ou amiboïdes ; tantôt, au contraire, ils s'allongent et forment de nombreuses ramifications très déliées, s'anastomosant volontiers entre elles, auquel cas on les qualifie de rhizoîdes. o sous-classes : Pas de noyau : Cijlodiqups Mo.nkres. y _ /Pseudopodes lobés ou acuminés Amoebiens. AtS" ■ Pseudopodes i [J'-otoplasme homogène Fokaminifères. ' I rhizoîdes / ^'"otoplasme | Pas de capsule centrale. IIéliozoahies. ' vésiculeux. ( Une capsule centrale. . Uauiolaires. SOUS-CLASSE I MONÈRES Êtres formés d'une masse de protoplasma dépourvue de noyau (cytodes). Le groupe des Monères, établi par Hœckel, comprend les êlres les plus simples qui se rencontrent dans la nature : ce sont des masses de proto- plasma de forme sans cesse changeante et toujours dépour- vues de novau. Ces masses émettent des pseu- dopodes d'aspect varié, tantôt lobés, c'est-à-dire obtus et non anastomosés, tantôt rhizoîdes ou en forme de racines déliées et susceptibles en ce cas de s'anas- tomoser ou de se fusionner pour englober des particules nutri- tives. Les pseudopodes, en effet, ser- vent non seulement à la loco- motion, mais aussi à la préhension des aliments, qui pénètrent peu à peu dans le protoplasme, où ils disparaissent s'ils sont assimilables, et d'oii ils sont rejetés dans le cas contraire, La reproduction a lieu, soit par scissiparité, soit par sporulation après en- kystement. Les Monères habitent la mer ou les eaux douces. Il est des formes qui s'associent de manière à constituer des sortes de colonies : la réunion a lieu par l'intermédiaire des pseudopodes. Nous devons ajouter que le nombre des êtres classés parmi les Monères diminue de jour en jour, les perfectionnements de la technique moderne permettant d'établir la présence du noyau dans des organismes où il était demeuré jusqu'alors inaperçu. 2 ordres : I. Lobomonéres. — Monères à pseudopodes lobés. — Genres Frotamœba et Gloidium. g. !>2. — Protnmœba primitiva, Monère d eau douce, se reproduisant par scission. — A, Monère entière. B, la niânie divisce en deux moitiés par un étrangle- ment. C, les deux moitiés séparées et constituant des individus indépendants (Hccckel). H 6 ZOOLOGIE SPÉCIALE. II. Rhizomonères. — Monères à pseudopodes rhizoïdes. — Genres Proto- genes{C\g. 49), Protobathybiiis, etc. On peutciter aussi pour mémoire le fameux Bathybius Hasckeli Huxley, prétendu tapis vivant des mers profondes, que Huxley lui-même a reconnu pour un précipité gélatineux de sulfate de chaux. SOUS-CLASSE II AMŒBIENS Rhizopodes niicldés, sans cils ni flagellums à l'état adulte, émettant des pseu- dopodes ordinairement larges, obtus, à contours nets. Une particularité importante sépare des iMonères les Protoplastes ou Amœ- biens : c'est la présence d'un noyau. La masse protoplasmique qui constitue ces petits êtres émet des pseudo- podes digitiformes ou lobés, c'est-à-dire courts, obtus, non anastomosés, ana- logues à ceux des Lobomonères. Elle se divise assez nettement en deux zones : un ectoplasme hyalin et un endoplasme granuleux. Le plus souvent, le corps est nu ; mais il existe aussi des for- mes, assez nombreuses, chez lesquelles il est revêtu d'une carapace chitineuse, calcaire, siliceuse, etc., englobant même des corps étrangers, et ne laissant sortir les pseudo- podes que par des ouvertures spéciales. La nutrition s'effectue comme chez les Mo- nères. Souvent il existe, dans l'endoplasme, une ou plusieurs vacuoles contracliles. ■.,•, „^ a i, ^- . J^ rig. oo. — a, Amœba radiosa, nionlran La reproduction a lieu par scissiparité ou les pseudopodes, la vésicule contractile par sporulation. ^^ '"^ noyau. 6, Dlf/lugia, avec les pseu- '^ ^ dopodes sortant de l'extrémité supé- Ces organismes habitent pour la plupart rieure de la carapace (Huxley). les eaux douces ou les eaux salées; quel- ques-uns se rencontrent dans la terre, etc. Enfin, il en est qui ont été signa- lés comme vivant en parasites chez l'Homme et chez divers animaux. 2 ordres . I. Gymnamœbiens. — Corps nu. Genre Amibe (Amiba Bory St.-V. ; Amœba Ehrenb.). — Les Amibes ou mieux Amœbes ont un endoplasme très granuleux, entouré d'un ectoplasme hyalin et comprenant, outre le noyau, une ou plusieurs vacuoles contrac- tiles ; leurs pseudopodes sont digitiformes ou quelquefois lobés, et se mon- trent remplis de granules quand ils ont atteint certaines dimensions. Ce sont les plus anciennement connus des organismes à formes sans cesse changeantes (protées), ce qui leur a valu leur nom (àaoïêYi, changement). La plupart de ceux qui vivent en liberté se nourrissent de substances végétales. Citons Amœba princcps, A. radLOsa,A. crassa, etc., espèces communes dans les eaux douces contenant des matières organiques en décomposition. Amibe du côlon {A. coli Lôsch, 1875). — Le corps, fortement granuleux, mesure de 20 à 35 a à l'état de repos. Il n'émet d'ordinaire qu'un seul ou un petit nombre de pseudopodes larges et mousses, clairs au début, qui apparaissent et disparaissent souvent d'une façon RHIZOPODES. 117 brusque, de sorte que la l'orme primilivemenl arrondie devient ova- lairc, pyriforme ou même irrégulière. Outre les granulations et les corpuscules alimentaires, on distingue à Tintérieur un noyau pâle, nucléole, et une ou plusieurs vacuoles qui ne paraissent pas con- tractiles. Cette Amibe a été découverte par Lôsch, en 1875, à Saint-Péters- bourg, dans les selles dysentériques d'un paysan du gouvernement d'Arkangel , qui souffrait d'une inllammation ulcéreuse du gros intestin. Ce malade resta quatre mois à l'hôpital, et l'on put constater pendant longtemps la présence et l'abondance du parasite ; celui-ci ne disparut que sous l'influence de la- vements répétés de quinine. La diarrhée cessa en même temps ; '''■ ''■ -i^:S (SsSr '" '"""'^ "^ais «^rvint une pleurésie suivie de pneumonie, qui entraîna la mort. A l'autopsie, on trouva une violente inflammation du gros intestin, avec quelques ulcérations. Losch admet que ces lésions avaient été produites ou tout au moins étaient entretenues par le parasite. Il a même cherché à dé- montrer l'action nocive de celui-ci en faisant prendre à des chiens, par la bouche et par l'anus, de la matière diarrhéique expulsée par le malade : chez l'un de ces animaux, les Amibes se multiplièrent en déterminant une inflammation ulcéreuse du rectum. L'A. co/i ressemble beaucoup à une espèce trouvée par Mérejkovsky dans les marécages de Jelagin, près Saint-Pétersbourg, où préci- sément le malade de Losch travaillait comme manœuvre, espèce qui a reçu le nom d'A. Jelaginia Mérejk. Aussi a-t-on supposé que l'in- dividu en question s'était infesté en buvant de cette eau. Mais Leuc- kart fait des réserves formelles sur l'identité de ces deux espèces. Lewis et Cunningham, dans l'Inde, ont aussi trouvé des Amibes dans les selles des individus atteints de choléra ou de diarrhée simple. Beaucoup d'autres observateurs ont fait des constatations du même genre dans différents pays. Grassi, en Italie, dans le sud de la France et en Afrique, en a observé dans les déjections des individus sains comme dans celles des sujets affectés de maladies variées: fièvre typhoïde, choléra, pellagre, diarrhée ab ingestis^ etc. Aussi affirme-t-il que ce sont des êtres inoffensifs. Avec Calandruccio, il a constaté que l'A. coli s'enkyste à la façon de l'A. blattarum Butschli, et que les kystes ainsi formés, contenant trois, six, neuf noyaux ou spores, sont susceptibles de communiquer des Amibes à l'Homme qui les ingère : une fois développées dans l'intestin, celles-ci se multi- plieraient abondamment par scissiparité. 118 ZOOLOGIE SPÉCIALE. Amibe du vagin (A. vaginalis BœJz, 1883). — Forme semblable à A. coli; diamètre 50 [l. Trouvée par le professeur Bselz, de Tokio, dans la vessie et le vagin d'une jeune fille morte de tuberculose du poumon et des organes génito-uri- naires. Jùrgens aurait fait récemment, à Berlin, une observation analogue. Amibe buccale {A. buccalis Steinberg, 1862). — Forme peu connue, si- gnalée par Steinberg dans le tartre dentaire, en même temps que diverses Bactériacées et des Flagellés qu'il rapporte aux espèces suivantes : Monas crepiisculnm Ehrbg., M. globidus Duj., M. Uns Duj., M. elongata Duj., Bodo socialis Ehrbg., B. intestinalis Ehrbg., Cercomomas biflagellata Stbg., C. acii- minata Duj.. C. globuliis Duj. Gomme la plupart de ces espèces ne sont connues qu'à l'état de vie libre, il est possible que cette Amibe ne repré- sente pas davantage une forme parasite. En 1879, Grassi a signalé aussi une A. dentalis, ressemblant beaucoup à A. coli, et Perroncito dit l'avoir retrouvée deux fois. Plus tard, Grassi s'est demandé s'il n'avait pas eu affaire à un corpuscule salivaire. Amibe parasite (A. parasitica v. Lendenfeld, 1883). — Cette forme ne différerait pas morphologiquement de VA.princeps Ehrbg., dont il a été fait mention plus haut. Elle a été découverte en Australie, par R. von Lendenfeld (1), sur des agneaux affectés d'une maladie spéciale, simulant un cancer épithélial et siégeant sur les pieds, en arrière des onglons, sur les narines, les lèvres et les gencives. Le réseau muqueux de Malpighi était enflammé, et la couche cornée de l'épiderme, fortement épaissie, se détachait sous forme de croûtes. Entre les assises de la couche cornée se trouvaient des masses granuleuses d'apparence parasitaire, pourvues de noyaux. L'auteur suppose que ce, sont des Amibes, à l'action irritante desquelles on devrait attribuer les lésions dont il s'agit. Il a réussi à élever ces organismes dans un milieu humide, et semble disposé à admettre qu'ils vivent normalement dans l'eau, d'oii ils pénétreraient dans l'épiderme, à la faveur de blessures préalables. D'autres Amibes ont été rencontrées encore dans l'intestin du Bat, de la Grenouille, etc., dans le cloaque de la Poule (Artault) et dans les fèces de nombreux animaux. Cunningham dit en avoir observé très fréquemment dans les excréments du Cheval et de la Vache. IL Thécamœbiens. — Corps protégé par une carapace dont l'aspect, la consistance et la nature sont des plus variables. Nous ne signalerons ici que les Difftugia, dont l'enveloppe paraît être formée par la réunion de petits corps étrangers, et les Arcella, qui pos- sèdent un test véritable, sécrété par le protoplasma. Lambl dit avoir trouvé des représentants de ces deux genres dans le mucus intestinal d'un enfant mort d'entérite : ils avaient sans doute été introduits dans le tube digestif avec les boissons, car ce sont des organismes qonîraiins dans les eaux fangeuses. (1) Proceed. Linn. Soc. N. S. Wales, X, p. 35 (avec une pl.\ 1885. RHIZOPODES. 119 SOUS-CL.VSSE III FORAMINIFKRES Rhizopodes ordinairement pourvus d'une enveloppe chilineusc arénacée ou cal- caire ; pseudopodes mous, réticulés ; protoplasme homogène. Les Foraminifères sont rarement nus; ils possèdent parfois une carapace chitineuse ou arénacée, c'est-à-dire formée de grains de sable que le protoplasme extérieur a agglutinés ; mais le plus souvent ils sont protégés par un test calcaire, sécrété par le protoplasme. Cette coquille ne présente parfois qu'une seule chambre pourvue d'une large ouverture (Monothalames); d'autres fois, elle en ofTre plusieurs {Polythalamcs), communiquant toutes entre elles. Il existe une ou plusieurs ouvertures permettant au protoplasme d'émettre ses pseudopodes à l'extérieur. ig. 55. — Morphologie des Foraminifùres. — a, Lagena vidgaris, monotlialame. b, Miliola, montrant l'émission des pseudopodes par l'ouverture ovale de la coquille (Scliultze). c. Discorbiiia, montrant la coquille nautiloïde (Schuitze). rf, section de IVodosaria (Garpenter). e, Nodosaria hispida. f. Globi- gerina bidloides (Huxley). La reproduction s'effectue d'ordinaire par scissiparité ; la sporulation est beaucoup plus rare. Dans les époques géologiques antérieures à la nôtre, les Foraminifères ont joué un rôle important dans la formation des roches, principalement de la craie. 2 groupes : \. Imperforés. — Coquille présentant une seule ouverture assez large pour la sortie des pseudopodes. — Cette coquille est tantôt chitineuse {Gromia), tantôt constituée par des grains de sable (Lituola) ou des spicules d'épongés [Squamidina), tantôt calcaire, à une {Cornuspira) ou plusieurs chambres {Miliola, Alveolina). II. Perforés. — Coquille percée d'une foule de petits pertuis par lesquels 1-20 ZOOLOGIE SPÉCIALE. sortent les pseudopodes. — Le plus souvent calcaire, elle peut offrir aussi une seule chambre (Lagena) ou plusieurs (Nodos.mia, Globigerina, Discorbina, Nummulitcs, etc.). SOUS-CLASSE IV HÉLIOZOAIRES Rhizopodes à protoplasme creusé de nombreuses vacuoles non contractiles, et munis parfois d'un squelette siliceux rayonné; pseudopodes grêles, rigides, rayonnants. Beaucoup de formes sont nues {Actinophrys sol, Actinosphaerium Eichorni) ; d'autres sont entourées d'une carapace siliceuse tantôt lisse (Heterophrys), tantôt munie de rayons également siliceux [Acanthocystis). Fig. 50. — Actinophrys sol. — L'individu représenté à droite a avalé une Diatomée (Huxley). Le protoplasme, outre les vacuoles simples dont il est creusé, peut con- tenir aussi des vacuoles contractiles. Les pseudopodes qu'il émet sont sou- vent permanents, non susceptibles de s'anastomoser, et se rapprochent ainsi des flaj^ellums. La reproduction est fissipare, gemmipare ou zoosporée. La plupart des Héliozoaires habitent les eaux douces ; on ne connaît qu'un fort petit nombre d'espèces marines. SOUS-CLASSE V RADIOLAIRES Rhizopodes à protoplasme creusé de nombreuses vacuoles non contractiles; une capsule centrale séparant V ectoplasme de Vendoplasme; souvent un squelette si- liceux rayonné ; pseudopodes rayonnants, réticulés, parfois rigides. Comme chez les Héliozoaires, le protoplasme se différencie assez nette- ment en ectoplasme et endoplasme ; mais ces deux parties sont séparées l'une de l'autre par une membrane chitinoïde percée de fins canalicules et nommée capsule centrale. Les pseudopodes offrent à peu i^rès les mêmes caractères que dans le groupe précédent ; ils sont disposés d'une façon très régulière. L'endoplasme, qui renferme un ou plusieurs noyaux, est creusé d'un, grand nombre de vacuoles non contractiles renfermant un liquide qui tient RHIZOPODES. 121 en suspension des gouttelettes graisseuses. Il est rare que l'ectoplasme pré- sente de semblables vacuoles ; il contient souvent des Algues unicellulaires, qu'on a longtemps décrites sous le nom de cellules jaunes, et qui vivent en symbiose avec le Uadiolaire. On connaît des formes nues, d'autres qui sont pourvues de spicules sili- Fig. 57. — rt, Acantkomelra lanceolata. b, Haliomma hexacanthum (Millier). ceux indépendants, et d'autres enfin qui ont un squelette formé d'une sphère fenètrée ou de plusieurs sphères emboîtées les unes dans les autres, avec des épines rayonnantes pénétrant parfois jusqu'au centre de la capsule. La reproduction des Radiolaires paraît se faire par scission, en donnant alors lieu à la formation de colonies, ou par production de spores aux dépens de l'endoplasme. Ces êtres vivent à la surface des mers, d'où leurs squelettes siliceux tom- bent au fond pour constituer d'immenses dépôts sableux. On en connaît aussi Fig. 58. —"a, squelette siliceux fenètrô du Collosphara Huxleiji. b, Thalassicola morum, iiioutraut des corps en forme de cellules, des groupes de spicules et des pseudopodes rajonni's (Huxley). de nombreuses formes fossiles, et certaines roches tertiaires résultent en grande partie de l'agglomération de leurs débris. 2 ordres : I. Monocyttariens. — Radiolaires isolés, ne possédant qu'une capsule cen- trale. Ex. : Thalassicola, forme nue; Acanlhometra, à spicules rayonnes; Haliomma, à plusieurs coquilles treillissées. II. Polycyttariens. — Colonies de Radiolaires présentant d'ordinaire une forme arrondie; les individus sont unis par leur ectoplasme, tandis que l'endoplasme de chacun reste distinct, entouré de sa capsule. Ex. : Colla- 122 ZOOLOGIE SPÉCIALE. zoum, sans squelette; Sphaerozoum, à spicules siliceux indépendants; Collo- sphaera, à squelette entier, sphérique, percé de fenêtres. SOUS-CLASSE ANNEXE HÉMAMŒBIENS Nous croyons devoir classer provisoirement entre les Rhizopodes et les Sporozoaires les curieux organismes qui ont été découverts par Laveran dans le sang de l'Homme atteint de paludisme, et ceux qui ont été rencontrés par divers observateurs dans le sang des Oiseaux (1). Hémaniibe de la malaria [Hœmamœha malarix Grassi et Fe- letti, 1890). — Le parasite de la malaria humaine se présente sous des formes assez variées, que l'on peut toutefois ramener aux quatre types suivants : 1° corps sphériques ; 2° flagellums ; 3° corps en crois- sant; 4° corps segmentés ou en rosace (fig. 59). pjo-. 59. Hi^malozoaire du paludisme. — 1, hcmalie normale. 1, hématie avec un petit corps sphé- rique non pigmenté. 3 à 6, ht-maties avec un ou plusieurs corps spliériques pigment(^'S. 7, 8, corps spliériques libres ayant atteint leur développement complot. 9, corps segmenté adhérent à une hématie. 10, corps segmenté libre. Il, segments s'arrondissant et devenant libres. 12, 1.3, petits corps sphéri- ques libres. 14, corps sphérique avec trois flagellums 13, avec un seul flagellum. lo bis, llagellum libre. 10, 17, corps en croissant. 18. iO, corps o\alaires dérivés de corps en croissant. 20, corps sphérique après le départ des flagellums. 21, 22, leucocytes mélaniféres (Laveran). 1° Corps sphériques. — Ces corps représentent la forme la plus com- mune des éléments parasitaires : ils apparaissent comme des globules à contours nets, de dimensions très variables, les plus petits (2, 3) mesurant à peine 1 (jl, les plus gros (4, 5) dépassant le volume des (1) A. Laveran, Du palufiisme et de son hématozoaire. Paris, 1801. — Id., Dupalu- disme. Paris, 1892 (bibliographie). HÉMAMŒBIENS. i23 hématies. Ils sont constitués par une substance hyaline, incolore, et contiennent presque toujours des granules de pigment noir ; le nombre de ces granules augmente avec la taille du parasite: les plus petits n'en montrent guère qu'un ou deux; les plus gros en possèdent un grand nombre, disposés en couronne (7) ou d'une façon irrégu- lière (8). Les corps sphériques sont souvent animés de mouvements amiboïdes, coïncidant avec une agitation particulière des grains de pigment. Ces corps sont tantôt libres dans le plasma sanguin (7, 8), tantôt accolés, un ou plusieurs à la fois, aux globules rouges ou plutôt inclus dans ceux-ci (1 à 6). Ils s'accroissent aux dépens des hématies, qui pâlissent peu à peu, diminuent de volume et finissent par disparaître. A l'aide de difierents procédés de coloration, on a décelé dans l'intérieur des corps sphériques la présence d'un noyau généralement excentrique, accolé à la paroi. 2° Flafjdlums. — Les corps sphériques de moyennes dimensions, libres dans le plasma, montrent assez souvent à leur périphérie des filaments mobiles ou flagellums (14, 15), longs de 21 à28;ji., qui s'agitent avec vivacité et refoulent les hématies. Ces filaments sont très fins et transparents; chacun des corps en émet un, deux, trois ou quatre. A un moment donné, les flagellums se détachentet nagent en liberté (15 bis) au milieu des globules, de sorte qu'il devient difficile de les suivre. Les corps pigmentés qui les portaient se déforment alors, de- viennent immobiles, et les grains de pigment s'accumulent sur un ou plusieurs points (20). 3° Corps en croissani. — Ce sont des éléments cylindriques, atté- nués à leurs extrémités et d'ordinaire recourbés en croissant (16, 17). Ils mesurent en général 8 à 9 fx de long, sur une largeur de 2 à 3 [x vers leur partie moyenne. Comme les corps sphériques, ils sont trans- parents et renferment des grains de pigment, mais ceux-ci sont pres- que toujours' rassemblés dans la région moyenne (plus rarement à une extrémité'. L'emploi des réactifs colorants permet de leur reconnaître un double contour, témoignant de l'existence d'une mem- brane d'enveloppe (kyste). On remarque souvent, du côté de la con- cavité, une ligne très fine qui relie les deux cornes du croissant, et qui paraît représenter une partie du contour de l'hématie dans laquelle le parasite s'était développé. — Enfin, on peut voir dans certains cas (18, 19), le corps en croissant se transformer en un corps ovalaire, puis sphérique. A" Corps segmentés. — Les corps segmentés ou en rosace paraissent correspondre à une phase de reproduction du parasite. On peut voir, en efifet, sur le contour d'un corps sphérique, que celui-ci soit libre ou accolé à une hématie, apparaître des dentelures peu profondes, en même temps que le pigment se rassemble en un seul amas central (9, 10): c'est le premier degré de la segmentation. Bientôt ces dente- lures s'accusent, et le corps sphérique se trouve divisé en plusieurs 124 ZOOLOGIE SPÉCIALE. secteurs, ce qui lui donne l'aspect qui a été désigné sous le nom de corps en rosace ou en marguerite. Puis ces secteurs s'arrondissent et se séparent les uns des autres, le corps segmenté donnant ainsi naissance à une série de petits corps sphériques qui deviennent libres (11, 12). On trouve aussi dans le sang palustre des leucocytes mélanifères (21, 22), qui se distinguent des formes cadavériques du parasite (20) par la présence d'un ou de plusieurs noyaux faciles à mettre en évidence. Les quatre formes principales de l'Hémamibe ne se montrent pas avec la même fréquence. La plus commune de beaucoup est repré- sentée par les corps sphériques sans flagellums. Viennent ensuite les corps à flagellums, puis les corps en croissant. Quant aux corps en rosace, il est difficile de les rencontrer; il faut les chercher surtout à la première période des accès de fièvre. D'après Laveran, ces diverses formes doivent être considérées comme des états successifs d'un même parasite polymorphe. Les petits corps non pig- mentés (2) en représentent la forme embryonnaire; ces corps s'accroissent en se chargeant de granules pigmentaires, puis développent des flagellums qui, à un moment donné, se détachent et deviennent libres. Le savant médecin français ajoute que Ja relation des corps en croissant avec les corps sphé- riques et les flagellums n'est pas douteuse, bien qu'on ne sache pas pourquoi les corps en croissant, très communs chez certains malades, font défaut chez d'autres. On constate quelquefois, en effet, une série de formes intermé- diaires entre les petits corps sphériques des hématies et les croissants arrivés àleurdéveloppement complet; de plus, on voit assez souvent ceux-ci se transformer en corps sphériques d'oîi s'échappent des flagellums. En résumé, le parasite du paludisme se trouverait dans le sang sous deux états princi- paux : 1° corps amiboides libres dans le plasma ou accolés aux globules rouges ; 2" corps enkystés dans ces globules, présentant d'abord une forme sphérique, puis s'incurvant pour suivre le contour extérieur de l'hématie, le développement étant limité du côté interne par la dépression centrale de celle-ci. Par contre, plusieurs observateurs italiens admettent l'existence de plu- sieurs espèces de parasites. Grassi et l^eletti en reconnaissent cinq, se ré- partissant entre deux genres et correspondant à des manifestations cliniques spéciales du paludisme : Genre Hxmamœha : corps sphériques. — H. malavisé, de la fièvre quarte simple, double ou triple. — H. vivax, de la fièvre tierce simple ou double. — H. prœcox, des fièvres pernicieuses. - H. immaculata, forme n'existant qu'à Rome et produisant les mêmes accidents que la précédente, mais ca- ractérisée par l'absence de pigment. Genre Luverania : corps en croissant. — L. malàriœ, donnant naissance aux fièvres quotidiennes, aux subcontinues et aux intermittentes à longs inter- valles d'apyrexie. Il est certain queles observations cliniques donnent à l'opinion de Laveran le plus sérieux appui, et quoiqu'il soit séduisant à première vue de ratta- cher chaque type de fièvre palustre à l'évolution d'une espèce particulière HÉMAMŒBIENS. 125 de parasite, rétude attentive des faits est décidément favorable à la thèse du polymorphisme. C'est en 1880 que Laveran a donné la première description de ce parasite, qu'il avait observé en Algérie dans le sang des individus atteints de paludisme. Depuis celte époque, le même organisme a été retrouvé et étudié par un grand nombre d'observateurs français et étrangers. Nous n'avons pas à faire ici l'histoire clinique du paludisme. Rap- pelons seulement qu'on donne ce nom, ou ceux de fièvres palustres, fièvres paludéennes, fièvres intermittentes, impaludisme, malaria, etc., à un ensemble d'accidents sévissant sur les habitants des régions ma- récageuses, et se manifestant sous la forme de fièvre et de cachexie. Ces accidents peuvent se ramener en définitive à trois types essen- tiels : fièvre intermittente, fièvre continue et cachexie palustre. En France, le paludisme est endémique dans les régions du littoral où séjournent des eaux saumâtres (Camargue, Landes, Charentes, Vendée) et sur divers points de l'intérieur bien connus pour l'état marécageux de leur sol (Sologne, Brenne, Bresse, Dombes). Il ne paraît pas douteux que le parasite décrit ci-dessus soit l'agent pathogène du paludisme. Sous l'influence de la médication quinique, on le voit disparaître en même temps que la fièvre. D'ailleurs, l'injec- tion intra-veineuse, à des individus sains, du sang qui le renferme, est suivie, après une incubation de huit à dix jours, de toutes les mani- festations du mal, y compris la multiplication du parasite. On ne sait encore rien du mode d'infection. Il est probable que les Hémamibes, comme beaucoup de Sporozoaires, doivent accomplir dans le milieu extérieur (eaux stagnantes) une partie de leur évolution, et pénétrer dans l'organisme à la faveur des eaux de boisson. Pour rechercher le parasite dans les cas de fièvre intermittente, il faut choisir les instants qui précèdent l'accès, ou le début de l'accès lui-même, et s'adresser- de préférence aux sujets qui n'ont pas encore pris de quinine. On aura recours aux préparations de sang frais, qui ont l'avantage de laisser aux flagellums leur mobilité. Héniamîbe des Oiseaux [Hiemamœba Danilevskyï). — On trouve assez souvent, dans le sang de certains Oiseaux, tels que Geai, Hibou, Corneille, Alouette, Moineau, Pinson, Pigeon, etc., des orga- nismes analogues à ceux du paludisme, auxquels plusieurs auteurs ont même voulu les identifier. Ces hématozoaires (fi g. 60) semblent être inclus le plus souvent dans les globules rouges. A leur premier degré de développement, ils se pré- sentent sous la forme de petites taches claires, arrondies ou allongées, renfermant des grains de pigment en nombre variable suivant leurs dimensions (2 à 6). Il n'est pas rare d'en trouver plusieurs dans le même globule. A mesure qu'ils se développent, ils déforment celui- 126 ZOOLOGIE SPÉCIALE. ci en refoulant le noyau (7, 8), qui cependant persiste le plus sou- vent. 11 est même commun de retrouver ce noyau accolé au parasite, alors que le reste de l'hématie a disparu (9 à l^ et 15). Une fois com- plètement développé, l'hématozoaire devient libre et prend, s'il ne l'avait déjà, une forme ovalaire ou sphérique; ses granules pigmen- laires s'agitent et à la périphérie apparaissent des flagellums (18) qui bientôt se détachent et deviennent libres. Les corps en rosace se mon- trent rarement. L'analogie entre ces parasites et ceux du paludisme de l'homme est évidemment très grande; mais il ne paraît cependant pas y avoir iden- tité. Ils ne produisent généralement aucun trouble chez les Oiseaux ; Fig. 60, — Hômamœbiens du Pigeon. — 1, liémalic normale. 2 à 8, hématozoaires intraglobulaires (un ou deux dans chaque liématie). 9 à 12, hématozoaires cylindriques devenus libres, avec le noyau de l'hématie détruite à côté de chaque vermicule. H, 14, hématozoaires intraglobulaires sphériqucs. 13, hémato- zoaire sphérique avec le noyau de l'hématie détruite. 16, 17, hématozoaires sphériqiies libres. 18, héma- tozoaire sphérique libre avec un flagellum (Laveran, inédite). » pourtant, Danilevsky a constaté que les sujets qui montrent des corps en rosace sont souvent malades et meurent quelquefois; et La- veran a vu mourir de même des Alouettes et des Pinsons ne présen- tant pas ces corps segmentés. Ce dernier observateur n'a pas réussi à trouver des hématozoaires chez les Pigeons d'origine française, mais il en a vu souvent chez ceux d'origine italienne. L'inoculation du sang palustre de l'Homme aux Oiseaux ne donne aucun résultat; l'inoculation du sang d'Oiseau à des sujets sains de la même espèce ne réussit que dans certaines circonstances encore mal déterminées. L'étude des Hémamœbiens des Oiseaux et des Batraciens (1) per- (I) A. Labbé, Su7' les hématozoaires des vertébrés à sang froid. Comptes rendus Acad. se, 24 octobre 1892. SPOROZOAIRES. 127 mettra sans doute de combler les lacunes qui existent encore dans l'histoire de l'hématozoaire de la malaria. HÉMATococcus. — Il ne faut pas confondre avec les Hémamœbiens d'au- tres parasites intraf,'lobulaires décrits par Babes et par Sniilh, et que le pre- mier de ces auteurs propose de classer entre les Bactéries et les Protozoaires. Nous nous bornerons à les mentionner en quelques mots (1). En 1888, Babes a fait connaître, sous le nom d'hémoglobinwic bactcriemie du bœuf, une redoutable affection endémique en Uoumanie, surtout dans les régions basses et marécageuses qui avoisinent le Danube. 11 a constaté que cette affection est due à Tenvahissement des globules rouges par un corpus- cule rond, pâle, du diamètre de 1 p. environ, que les réactifs colorants mon- trent pourvus d'une ligne de division. — Plus récemment, le même obser- vateur a rencontré un parasite semblable dans une maladie du Mouton sévissant dans les mêmes localités et connue sous le nom de cdrceag. D'autre part, ïh. Smith a reconnu que la. fièvi-e du Texas [Texas fever), qui décime les troupeaux de Bœufs dans le sud des États-Unis, est déterminée également par un parasite des globules rouges, auquel il donne le nom de Pyrosoma bigeminuin. On trouve en effet, dans un certain nombre d'héma- ties, des corpuscules pâles, pyriformes, associés deux à deux. Ces corpus- cules, longs de 2 à 4 [jl, larges au maximum de 1 [jl 5 à 2 u-, se montrent le plus souvent parallèles et dirigés dans le même sens; dans leur partie renflée, on remarque un petit corps arrondi. L'histoire de ces organismes n'est pas encore bien connue, mais on sait déjà que les Tiques [Rhipicepha- liis) sont leurs principaux agents de transport. CLASSE II SPOROZOAIRES Protozoaires nucléés, de forme plus ou moins définie, d'abord nus, mais généralement limités à l'état adulte par une cuticule lisse ; sans cils, ni flagellums, ni tentacules; se reproduisant par des spores; vivant en parasites. A l'exemple de Leuckart et de Balbiani, nous réunissons provisoirement aux Grégariniens, représentants typiques de ce groupe, les êtres divers connus sous le nom de Psorospermies, qui offrent avec eux une grande ana- logie dans le mode de reproduction (2). Tous les Sporozoaires, en effet, se multiplient parla segmentation de leur protoplasme en un certain nombre de spores, qui elles-mêmes donnent nais- sance chacune à un ou plusieurs éléments amiboïdes, destinés à reproduire plus ou moins directement l'individu adulte. Ces êtres vivent en parasites chez les animaux les plus divers. (1) V. Babes, Comptes rendus Ac. se, GVII, p. 692, 1888 ; CX, p. 800 et 975, 1890; CXV, p. 359, 1892. — Tu. Smith and F. L. Kilborne, Investigniions info the nature, causation and prévention of Texas or southern catlle fever. Washington, 1893. (2) A. Railliet, Article ^porozomke^, à\Ji Nouveau Dictionnaire prat. deméd., chir. et liyy. vét., XX, p. 333, 1892 (bibliographie). 128 ZOOLOGIE SPÉCULE. On peut, avec Balbiani, les répartir dans cinq groupes ou ordres distincts : 1» Grégarines ; 2° Psorospermies ovif ormes ou Coccidies; 3" Psorospermies utri- culiformes oiiSarcosporidies; i° Psorospermies des Poissons ou Myxosporidies; 3» Psorospermies des Articulés ou Microsporidies. — Labbé propose môme d'en ajouter un sixième, celui des Héinosporidies, pour certaines formes d'hématozoaires différentes des Hémaraœbiens [Drepanidium). PREMIER ORDRE GRÉGARINES Les principaux représentants du groupe des Sporozoaires sont, avons- nous dit, les Grégarines {grex, gregis, troupeau) ou Protozoaires apodes. Ce dernier nom tient à l'absence de pseudopodes chez les individus adultes ; ce sont alors des organismes cellulaires, vermiformes, limités nettement pal- une membrane cuticularisée (cuticule on épicyte). Le protoplasma qui les constitue, Uuide et granuleux dans la partie centrale (endoplasme ou ento- cyte), est plus dense et transparent à la périphérie (ectoplasme ou sarcocyle), où il présente une couche de stries transversales auxquelles on a attribué des propriétés contractiles [myocyte). Il existe un noyau avec un ou plusieurs nucléoles. Assez souvent, le corps est étranglé en avant, et offre à ce niveau une fausse cloison transversale, qui sépare un petit segment auquel Stein applique le nom de tête. Parfois même, il y a deux cloisons, qui donnent à la Grégarine une apparence tricellulaire : en pareil cas, Aimé Schneider désigne les segments, d'avant en arrière, sous les noms d'épimérite, proto- mérite et deutomérite. D'après cet auteur, c'est l'épimérite qui est le moins constant : c'est lui qui manque lorsqu'il n'existe que deux segments. Il porte souvent des appendices variés (dents, crochets, disques étoiles) jouant le rôle d'appareil fixateur. Les Grégarines formées d'un seul segment sont dites Monocystidées ; celles à deux et à trois segments reçoivent le nom gé- néral de Polycystidées. Les mouvements des Grégarines sont, en général, assez énergiques. Tantôt ce sont des mouvements de contraction très nets, à l'aide desquels l'animal se fraye un chemin ; tantôt, au contraire, c'est un glissement lent et uni- forme, s'effectuant dans le sens de l'axe du corps, sans contraction appa- rente. La nutrition est purement osmotique. La reproduction a lieu par formation de spores. Le corps se raccourcit et devient sphérique, puis la membrane d'enveloppe se dissou ou se déchire, et le protoplasma s'entoure de nouvelles couches d'une substance résistante et transparente qu'il sécrète; on dit alors que la Grégarine est enkystée. Quelquefois l'enkystement n'a lieu qu'après la réunion (syzygie) de deux ou même trois individus. Selon Schneider, ces individus se sépareraient au moment de la reproduction, pour s'enkyster isolément. Pour Biitschli, au contraire, la syzygie aboutirait à une véritable conjugaison, les individus s'enfermant dans un même kyste pour y mélanger leur substance. Après cet enkystement, le protoplasme se divise en un grand nombre de sphères ou sporoblastes. Puis chacune de ces sphères s'entoure d'une paroi simple ou double, et prend un aspect le plus souvent fusiforme ou losan- SPOROZOAIRES. GREGÂRINES. 129 gique. La ressemblance de ces corpuscules avec certaines Diatomées leur a valu le nom de navicelles (Stein, von Siebold) ou de pseudo-navicelles (Frant- zius). On les désigne souvent aussi sous celni de psovospermies, par suite de leur analogie avec certaines formations parasites des Poissons, sur lesquelles nous reviendrons plus loin. Aimé Schneider a substitué à ces expressions celle plus simple et plus significative de spores. -B Les matériaux protoplasmiques non utilisés pour la constitution de ces spores forment une masse résiduelle [reliquat de segmentation) qui se liquéfie dans la géné- ralité des cas, et sert à faire éclater le kyste ; d'autres fois, ce résidu s'entoure d'une paroi et simule un petit kyste in- clus dans le grand. Les spores, destinées à être éliminées dans le monde extérieur par déhiscence du kyste, ne sont elles-mêmes que des kystes en miniature. Leur noyau subit des divisions successives, et les noyaux secondaires ainsi formés se portent à la périphérie ; la masse protoplasmique bourgeonne à leur niveau et donne ainsi naissance à un nombre variable de petits corps nucléés, en forme de croissants {corpuscules falcif ormes ou sporozoïtes) ; assez souvent, mais non toujours, une partie de cette masse n'est pas employée et reste au centre sous forme de résidu [micléus de reliquat Schneider, ou mieux reliquat de différenciation}. Les spores ainsi constituées montrent une ligne de déhiscence destinée à l'issue des sporo- zoïtes. Lorsque ceux-ci sont arrivés dans le milieu qui leur convient, ils se dégagent donc de la spore, et chacun d'eux s'intro- duit dans une cellule épithéliale, où il s'accroît et se revêt d'une membrane. Bientôt il bourgeonne du côté de la sur- face libre de la cellule ; le mamelon ainsi produit perce le plateau de celle-ci et fait hernie dans le tube digestif ; il prend alors un développement de plus en plus considérable et représente le corps de la Grégarine, la partie inté- rieure ne constituant plus qu'un appareil de fixation. Si l'on a affaire à une Monocystidée, le développement est complet : l'animal n'a plus qu'à se dé- gager de la cellule pour vivre en liberté. S'agit-il au contraire d'une Polycystidée, le prolongement qui baigne dans le tube digestif se divise de bonne heure en deux régions : la distale sera le Railliet. — Zoologie. 9 Fig. 61. — A, C(''phalin et B, sporadin du Stylorhynchus lonfficollis, de l'intestin du Blaps 7Hortisaga (A. Schneider). 130 . PROTOZOAIRES. deutomérite, et la proximale, le protomérite ; quant au corps maternel, à la masse primitive, elle a généralement cédé son noyau au deutomérite et constitue simplement la tête de la Grégarine, ou l'épimérite. La Grégarine se trouve ainsi complètement formée ; elle n'a plus qu'cà s'accroître et à dif- férencier sa substance pour arriver à l'état adulte. Elle se détache enfin de la muqueuse, soit en emportant la tête et parfois même la cellule qui ren- ferme celle-ci, soit en se séparant de l'épimérite, pour vivre en liberté dans le tube digestif. En tout cas, l'épimérite finit par tomber tôt ou tard. Schnei- der donne à la forme complète le nom de céphalin ; celle qui a perdu l'épi- mérite reçoit le nom de sporadin. C'est ce sporadin qui représente le corps destiné à la reproduction. En résumé, l'évolution des Grégarines comprend un double cycle, qu'on pourrait se représenter par deux circonférences se coupant en deux points : l'un de ces points correspondrait à l'état de sporozoïte, l'autre à celui de Grégarine. 1° Sporozoïte; masse protoplasmique intracellulaire; Grégarine. 2** Grégarine; kyste; spore; sporozoïte. Tous les Grégariniens, à l'état adulte, vivent en parasites dans le tube di- gestif ou dans les cavités du corps des Invertébrés, notamment des Anné- lides et des Arthropodes ; ils se nourrissent des substances élaborées par leur hôte. C'est à tort qu'on avait autrefois signalé des Grégarines parasites de l'Homme : on ne trouve chez les Vertébrés que des Psorospermies, non des Grégariniens véritables. Néanmoins, il était nécessaire de les étudier : leur histoire, mieux connue que celle des autres groupes, doit servir utile- ment d'introduction à l'étude de ceux-ci. Les affinités de ces êtres sont assez difficiles à déterminer : ils ont sans doute d'étroits rapports avec les Amœbiens, mais leur mode de vie donne à penser que ce sont peut-être des organismes assez élevés, dégradés par le parasitisme. Léger (1) divise les Grégarines en deux groupes principaux : Gymnosporées. — Spores nues. Ex. : Porospora gigantea Ed. Van Ben., du Homard ; facile à trouver en raclant l'intérieur de l'intestin moyen ; kystes dans l'intestin terminal. Angiosporées. — Spores revêtues d'une coque. Ex. : Monocystis, Stylorhyn- chus, etc. DEUXIÈME ORDRE COCCIDIES Sporozoaires à corps nu pendant le jeune âge, mais s' entourant ^i après avoir acquis tout leur développement .^ d'une coque résistante, à Vintérieur de laquelle le protoplasyne se convertit en une ou plusieurs spores, qui se différencient elles-mêmes en un nombre variable de corpus- cules falciformes. Ces êtres, longtemps désignés sous les noms de Cellules, Corps ou Psorospermies ovi formes, ont reçu de Leuckart celui de Coccidies, tiré du genre type Coccidium. (1)L. Léger, Recherches sur les Grégarines. Tablettes zoologiques, III, p. I, 1892. SPOROZOAIRES. — COCCIDIES. 131 Leur développement offre à considérer deux périodes : une période d'accroissement ou de végéiation et une période de reproduction. Tout dabord, en effet, les Coccidies se montrent formées par de petites masses de protoplasma granuleux, masses arrondies, régulières et probablement toujours nucléées, qui ont pénétré dans les cellules épithéliales ou conjonctives d'un organe déterminé (foie, intestin, corps adipeux, elc.) et s "y développent peu à peu. A la fin de celle période d'accroissement, chacune de ces masses amiboïdes seutoure d'une enveloppe transparente, plus ou moins com- plexe (kyste ou coque), rompt habituellement la cellule qui la renfer- mait et tombe dans la cavité de l'organe. C'est là d'ordinaire qu'on la trouve enkystée. Le contenu protoplasmique remplit d'abord tout le kyste, mais il ne tarde pas à se contracter en boule. La suite du développement ne s'observe généralement qu'en dehors de l'hôte: on voit alors presque toujours la boule, après division suc- cessive du noyau, comme chez les Grégarines, se segmenter en plu- sieurs sphères [sporoblasies] qui s'entourent ordinairement d'une paroi propre et constituent ainsi autant de spores. Chacune de celles-ci se dif- férencie alors en un nombre variable de sporozoïtes ou corpuscules fal- ciformes., nucléés, et souvent en un ou plusieurs noyaux de reliquat. On doit admettre que ces corpuscules falciformes, une fois échappés de la coque et dégagés de la spore, se transforment en une masse amiboïde qui pénètre dans une cellule épithéliale, où elle grossit et revient à la phase primitive. Il y a donc, entre cette évolution et celle des Grégarines, des rap- ports très étroits; seulement le cycle, au lieu d'être double, reste tou- jours simple et se réduit aux phases suivantes : Sporozoïle ; masse protoplasmique intracellulaire; Coccidie libre ou kyste ; spore. On peut même voir ce cycle se restreindre davantage encore, car dans les Monosporées, comme Eimeria, par exemple, il n'y a pas à proprement parler de spore, la division du noyau donnant lieu direc- tement à des corpuscules falciformes. Les Coccidies ont été rencontrées, parmi les Vertébrés, chez les Mammifères, les Oiseaux, les Batraciens et les Poissons ; on en a aussi observé sur ([uelques Mollusques, Arthropodes et Vers. Aimé Schneider a proposé, pour les Coccidies, une classification basée sur les différences qu'elles présentent dans la période de reproduction. Le tableau suivant, que le savant professeur de Poitiers a bien voulu compléter à notre intention, résume cette classification. 132 PROTOZOAIRES. Genres : I. Tout le contenu du kyste se convertit en une spore unique : Monosporées. n. Spore renfermant un seul corpuscule : monozoïques ? 6. Spore renfermant des corpuscules en nombre défini : oli- GozoÏQUES. Corpuscule au nombi'e de quatre Orlhospora. c. Spore renfermant un nombre indéfini de corpuscules : poLYzoÏQUES Eimeria. If. Contenu du kyste se convertissant en un nombre constant et défini de spores : Oligosporées. A. Deux spores: disporées. a. Corpuscules des spores au nombre de deux Cyclospora. b. Corpuscules des spores en nombre indéfini Isospora. B. Quatre spores : tétp.asporées. Corpuscules des spores au nombre de deux Coccidium. m. Contenu du kyste se convertissant en un grand nombre de spores : Polysporées. a. Spores lenticulaires; deux corpuscules sj^métriques Adelea. b. Spores ellipsoïdales ; un seul corpuscule Barrouxia. c. Spores sphériques ; un ou plusieurs corpuscules Klossia. Le genre Orthospore (Orthospora A. Sclin., 1881) est donc caractérisé, dans son sens général, par une spore unique renfermant quatre corpuscules falciformes. Schneider avait établi ce genre, en 1881, pour des Coccidies qui vivent dans l'intestin de divers Tritons; mais il a reconnu depuis (1887) que ces parasites appartiennent en réalité au genre Coccidium. Orthospore du rein ( 0. nova Raill., 1892). — Espèce observée par Pa- chinger (1) dans l'œsophage, Testomac et l'intestin d'un Chat, puis dans les reins d'un Chien. Genre Eimérie [FÀmeria A. Schn., 1881). — Une seule spore, donnant un nombre indéfini de corpuscules falciformes. Eimérie faloîforme [Ebn. falciformis [Eimer]. — Syn. : Gregarina falci- formis Eimer, 1870; Eim. falciformis A. Schn., 1875; Gregarina mûris Riv., 1878). — Cette petite Coccidie a été découverte par Eimer dans l'intestin de la Souris. Les cellules épithéliales renfermaient des masses protoplas- miques arrondies ou ovoïdes, nucléées, refoulant le noyau propre de la cel- lule. Dans la cavité de l'intestin, on rencontrait les mêmes masses, mises en liberté et entourées d'une double membrane, l'interne très fine et l'externe plus épaisse, formant coque ; le tout mesurant en moyenne 26 \x de long sur 16 de large. D'autres kystes se trouvaient à des stades plus avancés, la masse interne se divisant en un certain nombre de petites sphères bientôt transformées en corpuscules falciformes. Ceux-ci, d'abord appliqués contre la membrane interne à la façon des méridiens d'une sphère et accom- pagnés d'un nucléus de reliquat (reliquat de segmentation), perdaient en- suite cette disposition régulière et prenaient une situation quelconque. En examinant le contenu de l'intestin, Eimer y trouva des corpuscules semblables, mais libres, animés de mouvements énergiques et se transfor- mant peu à peu en une masse amiboïde. II admet que cette Amibe doit pé- nétrer dans une cellule épithéliale et reproduire directement la Coccidie. Les Souris doivent s'infester par l'ingestion de kystes rejetés avec les ex- créments ; elles succombent assez rapidement à cette infestation. (1) Al. Pachinger, Miltlieilungen uber Sporozoen. Zool. Anzeiger, IX, p. 471, 1886. SPOROZOAIRES. — COCGIDIES. 133 D'après quelques observations niallieusemcnl peu précises, l'Eimérie falcilorme pourrait s'observer ebez d'autres animaux (1). C'est ainsi que Pachinger dit l'avoir rencontrée trois t'ois dans les reins de Che- vaux dont elle paraissait avoir causé la mort, et que Rivolta déclare l'avoir trouvée dans le l'oie du l.apin, à côté de la Coccidie oviforme. D'autre part, Vircliow a signalé, en 1800, l'existence de kystes par- ticuliers dans une p(!tite tumeur recueillie sur le foie d'une vieille femme. Ces kystes, de l'orme ovoïde, longs en moyenne de 56 [x, offraient une nu-mbrane externe assez, épaisse, à double contour, et une membrane interne très délicate. Le contenu, d'aspect variable, se montrait formé le plus souvent de nombreux globules. Virchow pen- sait avoir affaire à des œufs de Pentastome en voie de segmentation, mais il est bien évident qu'il s'agissait d'une Coccidie. Probablement même faut-il voir, dans les globules intérieurs, des corpuscules falci- formes en formation, et ranger par conséquent cette Coccidie dans le genre Ëimeria. Enfin, Ktinstler et Pitres ont trouvé , dans le licjuide purulent extrait par thoracentèse de la cavité pleurale d'un malade atteint de pleurésie chronique latente, des corpuscules falciformes munis d'un noyau et mesurant 18 à 20 (x de long, par exception 60 et jusqu'à 100 f*. En même temps, il existait des spores volumineuses, renfermant 10 à 20 de ces corpuscules accolés à la membrane et accompagnés d'un reliquat de différenciation. En l'absence d'autopsie, l'observation est demeurée incomplète, mais il est fort probable qu'il s'agissait encore d'une Coccidie monosporée à nombreux corpuscules, c'est-à-dire d'une Eimérie. Eiinéi'ie douteuse [Ehn. dubia RailL, 1892. — Syn. : Gregarina aviiim in- teslinalisKiv., 1878). — Organisme de forme ronde, ovoïde on oblongue, du diamètre de 40 à 48 fx, limité par une mince membrane homogène, et rem- pli de corpuscules fusiformes ou falciformes, granuleux ou comme creusés de vacuoles, longs de 11 à 14 [x. C'est pour ordre seulement et titre provisoire que nous rangeons ce para- site parmi les Eimeria. D'après les figures qu'en donne Rivolta, il semble représenter, en effet, une Coccidie monosporée à nombreux corpuscules falciformes. A la vérité, on pourrait y trouver aussi des analogies avec les Sarcosporidies {Balbiania), et Rivolta le regarde comme un Utricule de Miescher. Cet observateur Fa découvert dans le tissu conjonctif sous-muqueux de l'intestin de la Poule et de divers autres Oiseaux, comme les Merles et les Corbeaux. Sa présence se traduit par des ponctuations blanchâtres, du volume d'une graine de pavot, correspondant à un certain nombre d'indi- (1) Al. Pachinger, loc. cit. — Rivolta, Délia Gregarinosi, ecc. Giornale di anat., fis. e patol. degli aniniali, 1878. — R. Virchow, Helminthologische Notizen : Zur Kennlniss cler Wurmknotcn. Virchow's Archiv, XVtlI, p. 523, 18G0. — J. Kùnstler et A. Pitres, 'Sur une Psorospcrmic trouvée dans une humeur pleurétique . Journal de micrographie, 1884. 134 PROTOZOAIRES. vidiis agglomérés. Quand il n'existe qu'un petit nombre de ces amas, les Oiseaux ne paraissent pas en souffrir ; mais lorsque l'intestin en est couvert et qu'il existe en même temps des Coccidies de l'épithélium, la mort peut survenir. Genre Isospore [Isospora A. Schn., 1881). — Kyste à deux spores donnant chacune un nombre indéfini de corpuscules falciformes. Isospore des oiseaux (I. avium [Riv.]. — Syn. : Psorospermium avium Riv., 1878; 1. avium Raill., 1885). — Coccidie de dimensions inférieures à celle de la Coccidie oviforme; coque plus mince; contenu se divisant, après séjour dans l'eau, en deux spores, dans chacune desquelles se forment dix à quinze corpuscules. Trouvée par Rivolta et Piana dans l'intestin des petits Passereaux captifs, que sa multiplication conduit au marasme et à la mort. Rivolta dit en avoir obtenu le développement dans l'intestin du Moineau et de la .Poule, par l'ingestion de pulpe remplie de parasites à la phase ultime de la segmentation. Genre Coccidie {Coccidium R. Leuckart, 1879). — Kyste à deux spores, chacune donnant deux corpuscules falciformes (un seul en apparence). Nous avons à étudier dans ce genre quelques formes particuliè- rement intéressantes. Coccidie oviforme (CoccidinmoviformeLeuck. ,l81d. — Syn. : Pso- rospermium cuniculi Rivolta, 1878. — Priorité : Coccidium cuniculi [B.i\.]). — Coccidie à coque ovoïde, lisse, assez épaisse, présentant à l'un des pôles, ordinairement le plus étroit, une petite dépression en forme de micropyle. Longueur maximum 40 à 49 p.; largeur, 22 à 28 (x. On rencontre ces petits corps dans le foie (conduits biliaires) de divers Mammifères, notamment du Lapin. Évolution. — Pour étudier le développement des Coccidies hépati- ques, il convient de pratiquer des coupes fines dans les parties du foie qu'elles ont envahies. Si l'on exa- mine de la sorte des canalicules biliaires encore peu altérés, on remarque dans leurs cellules épithéliales des parasites très jeunes, récemment introduits, sous laspect de masses protoplasmiques ar- rondies, de 9 à 10 [JL de diamètre, légè- rement granuleuses, dépourvues de mem- brane, mais contenant une sorte de gros Fig. 62. - Coccidium oviforme dans les "oyau nucléolé. Lcs masscs grossisscnt cellules (-piUiéiiaies des conduits hfpa- peu à pcu, cn dilatant Ics ccllules et tiques et refoulant les novaux dos cel- lules (Baibiani). " rcfoulant le noyau propre de celles-ci vers le sommet ; finalement, elles cons- tituent une boule sphérique d'environ 26 [l de diamètre, ne montrant plus de noyau distinct. A cet état, elles présentent une ressemblance SPOROZOÂIRES. — COCCIDIES. 13!i indiscutable avec les Grégarines. 11 n'est pas rare d'observer dans une même cellule deux ou trois masses parasitaires, parfois même davan- tage. Il nous a paru que ce fait résulte plus souvent de la division répétée d'une masse primitive que de l'immigration successive de plusieurs germes. Dès que les masses granuleuses ont acquis leur taille maximum, elles passent cà l'état de Coccidies proprement dites : de rondes qu'elles étaient, elles prennent une forme ovoïde, assez allongée, et s'entou- rent d'une coque qui s'épaissit rapidement (enUystement). Cette coque lisse, à double contour, leur donne l'aspect d'un œuf d'helminthe; elle peut du reste varier dans ses caractères, et parfois même se montrer double, ce qui est peut-être l'indic(> de mues. En tout cas, elle est uniformément remplie parle protoplasma granuleux, et l'on Fig. 63. — Coupe d'un foie de Lapin envahi par le Coccidium oviforme, d'après Balbiani. Les conduits h('-patiques sont dilatés par les productions parasitaires. remarque souvent à l'un de ses pôles une dépression micropylaire plus ou moins accusée (fig. 64, d). La longueur moyenne est, à cette période, de 32 à 40 ^i, sur une largeur de 18 à 20 a. Cependant, cette Coccidie continue de grossir: sa coque devient plus bombée et plus épaisse, et atteint les dimensions de 40 à 49 |x sur 22 à 28 fx, en même temps que le contenu se sépare de la paroi et se contracte en une masse globuleuse plus ou moins centrale, montrant une sphère pâle qu'on a décrite comme un noyau (/"). Finalement, les Coccidies enkystées rompent la paroi des cellules ou tombent avec elles dans la lumière des canaux biliaires, où elles s'ac- cumulent au milieu d'un détritus granuleux mêlé de noyaux et de débris de cellules épithéliales. La dernière forme que nous venons d'étudier (kyste à double con- tour, avec contenu ramassé en boule au centre) est la phase ultime du développement des Coccidies dans le foie. Elles tombent du reste en grande partie dans l'intestin et sont emportées avec les excréments. 136 PROTOZOAIRES. Leur développement ultérieur, qui s'effectue dans Teau ou dans la terre humide, dans des bouillons divers^ parfois même dans lalcool étendu, dans des solutions faibles d'acide chromique, de bichromate de potasse, d'acide salicylique, etc., exige un temps variable suivant les conditions dans lesquelles elles sont placées : sous une couche d'eau de 2 ou 3 centimètres, Balbiani a vu la segmentation de la masse se produire après quinze jours à trois semaines ; sous une couche plus mince ou dans du sable humide, elle survenait en deux ou trois jours, et l'évolution complète était terminée dans l'espace de dix à quinze jours en été. Les Coccidies à contenu non rassemblé en boule périssent dans les chambres d'incubation. — Le protoplasma commence donc par se segmenter : il se divise d'une façon constante Fig. 64. — Evolutions du Coccidium oviforme du foie du Lapin, d'après Balbiani. — a, b-, c. jeunes Coc- cidies renfermées dans les cellules ('■pitliéliales des canalirules liépatiques : a, noyau de la cellule 6pi- théliale. rf, e, f, Coccidies adultes enkystées, g, h, i, k, l, dévelo|)penicnt des spores. ?)!, spore mûre isolée, très grossie, montrant les deux corpuscules falciformes dans leur position naturelle, avec le nucléus de reliquat, n, spore comprimée avec les deux corpuscules écartés l'un de l'autre, o, un cor- puscule falciforme. y, son noyau. en deux, puis en quatre masses] arrondies ou sporoblastes {h). Puis chacune de ces sphères s'allonge, s'enveloppe d'une délicate membrane et constitue alors une spore (?'). Enfin, cette spore elle-même produit une sorte de bâtonnet légèrement recourbé, avec les deux extrémités renflées en boule : dans la concavité de ce petit corps, on rencontre toujours un reliquat de la masse granuleuse du sporoblaste. Balbiani a démontré que ce bâtonnet résulte en réalité de l'accolement de deux corpuscules falciformes nucléés, placés en sens inverse. A cet état, les Coccidies se conservent sans modification appréciable pendant une période indéfinie; mais on n'est pas fixé sur leur mode d'introduction dans l'organisme. Il est probable que les kystes, ayant évolué dans un milieu humide, sont ingérés avec les eaux de boisson, ou mieux sont entraînés avec les poussières atmosphériques ou de SPOROZOAIRES. — COCCIDIES. 137 toute autre façon, sur les alimeuts des animaux. Il est probable aussi que lors(}u"ils sont parvenus dans le tube digestif, ils se rompent, que les spores se déchirent ensuite et mettent en liberté leurs corpuscules falciformes, enfin que ceux-ci se transforment en petites masses amiboïdcs destinées à pénétrer dans les conduits biliaires par le canal cholédoque et à envahir les cellules épilhéliales. Mais la dé- monstration expérimentale de cette manière de voir reste à faire. Pat[10logie. — La coccidiosc hrpalique, c'est-à-dire l'affection causée par la présence des Coccidies dans le foie, offre chez le Lapin les caractères généraux d'une anémie pernicieuse. A l'autopsie] des sujets envahis, on trouve d'ordinaire les tissus pâles et décolorés, le sang pâle et aqueux. Le foie est plus ou moins hypertrophié, et montre çà et là des nodules blanchâtres de la gros- seur d'un grain de mil à celle d'une noisette, isolés ou disposés en traî- nées. L'ouverture de ces nodules donne issue à une masse crémeuse, contenant, avec divers produits de dégénérescence, de nombreuses Coccidies enkystées. Il est facile de reconnaître qu'ils représentent des conduits biliaires altérés et transformés (Nicati et Richaud). L'examen hislologique y fait voir de nombreuses travées revêtues d'un épi- thélium dont les cellules sont envahies par les parasites (Malassez). Les lobules hépatiques voisins sont souvent atrophiés. Les troubles résultant de ces altérations sont peu caractéristiques. Les animaux sont faibles, anémiques, présentent de la tympanite, de l'ascite {gros ventre), de la diarrhée, et succombent au bout de deux ou trois mois, dans le marasme et les convulsions. Les sujets jeunes sont surtout exposés aux atteintes de la maladie. Celle-ci est très répandue aux environs de Paris, comme dans tous les endroits où les Lapins sont entassés dans des clapiers étroits et mal tenus. Elle cause en somme des pertes sérieuses et peut compro- mettre l'élevage. Il y a donc lieu de prendre à son endroit des mesures prophylacti- ques : isolement des individus malades ou suspects ; incinération des Tiscères envahis; désinfection de la litière et des cages; distribution d'aliments secs et d'eau très propre. — D'après les données qui pré- cèdent, en effet, il est facile de concevoir que, dans les conditions naturelles, les Coccidies enkystées tombent des canaux biliaires dans l'intestin, sont rejetées avec les excréments, et se développent dans la litière humide ou dans les flaques d'eau; et que, dans le cas où les animaux sont sacrifiés, le foie, abandonné en raison des lésions qu'il présente, peut mettre également les parasites en liberté dans un milieu favorable à leur évolution. La Coccidie oviforme ne s'observe pas seulement chez le Lapin domestique; elle se développe aussi dans le foie du Lapin de garenne, et donne lieu parfois à des épidémies assez sérieuses. Ch. Robin paraît l'avoir vue aussi chez le Cobaye, et Johne la 138 PROTOZOAIRES. signale chez le Porc; mais ce dernier observateur a eu probablement affaire à une autre espèce. On sait enfin qu'elle peut envahir le foie de l'Homme, ainsi qu'en témoignent les observations de Gubler, Dressler, Péris et Sattler, von Sommering (Leuckart) , Silcock, etc. 11 paraît bien évident que l'Homme tire ses Coccidies du Lapin, et qu'il contracte ces parasites en faisant usage d'eaux non filtrées ou de salades souillées par des kystes qu'a rejetés cet animal. Coccidîe perforante [C. perforans Leuckart, 1879. — Syn. : Cyto- spermium hominis Rivolta, 1878. — Priorité : Coccidium hominis [Riv.]). 1 Fig. 63. — Coccidium perforans, de l'intestin du Lapin domestique. — i, cellule épithéliale altérée, envahie par deux Cocoidies. 2, Coccidie libre, recueillie dans l'intestin. 3, Coccidie avec quatre spores et un reliquat de segmentation. 4, une spore isolée. 5, spore montrant les deux corpuscules falci- formes. Grossissement : 1140 diamètres (Orig.). — Au point de vue morphologique, cette espèce diffère très peu de la Coccidie oviforme ; elle est cependant un peu plus petite : à la phase parasitaire ultime (protoplasma ramassé en boule), elle mesure 2G à 35 f* de long sur 14 à 20 de large. Elle se développe dans l'épithélium intestinal du Lapin, de l'Homme et probablement de divers autres Mammifères. Son nom rappelle que c'est sur l'épithélium intestinal qu'on a observé d'abord la perfo- ration des cellules au moment où les Coccidies les abandonnent pour tomber à l'état de kystes dans la cavité de l'intestin. Remak paraît être le premier qui l'ait signalée chez le Lapin; elle a été ensuite retrouvée chez le même animal et étudiée attentivement par un grand nombre d'observateurs. SPOROZOAIRES. — COCCIDIES. 139 ÉVOLUTION. — Cette espèce suit dans son développement une marche parallèle à celle de la Coccidie oviforme, et nous pouvons par conséquent nous contenter d'un exposé rapide. Sur des coupes de l'intestin grêle du Lapin, on voit les cellules épithéliales des villosités et des glandes de Lieberkulm occupées par des masses protoplas- miques de dimensions variables, soit nues, soit entourées d'une mem- brane simple ou d'une coque épaisse à double contour. Dans une même cellule, on trouve parfois jusqu'ù, cinq ou six de ces masses, qui ne sont autres que des Coccidies, et comme on les rencontre sou- vent à divers degrés de développement, cela suffit à montrer que cette multiplicité ne tient pas toujours à la division des cellules pri- mitives, mais qu'elle peut provenir d'invasions successives. Au bout d'un certain temps, ces Coccidies quittent leurs cellules en les perfo- rant, et tombent dans la lumière de l'intestin, où on les trouve mélan- gées au mucus. Leur protoplasma ne tarde pas à se rassembler en boule au centre, et elles doivent être alors expulsées avec les excré- ments. Stieda dit en avoir trouvé avec quatre sporoblastes dans l'in- testin même. Mises en incubation dans l'eau, par exemple, elles subissent la seg- mentation au bout d'un temps variable. Leuckart prétendait que l'é- volution de cette espèce était au moins sept fois plus rapide que celle de la Coccidie du foie; mais, pas plus qu'à Rieck, il ne nous a paru exister entre les deux formes, à ce point de vue, de différence bien sensible. Balbiani attribue même nettement les variations observées par Leuckart à l'épaisseur plus ou moins grande de la couche d'eau qui recouvre les kystes en incubation. Le protoplasme se divise encore en quatre sporoblastes, mais il laisse entre ceux-ci une masse arrondie, grossièrement granuleuse, qu'on peut désigner sous le nom de « reliquat de segmentation ». Bientôt après, les sporoblastes s'orga- nisent en spores, dans chacune desquelles apparaissent deux corpus- cules falciformes, accompagnés d'un « reliquat de différenciation ». Waldenburg, ayant fait prendre à un Lapin de quatre semaines des Coccidies intestinales à quatre spores, avait trouvé au bout de quatre jours, à la surface de la muqueuse intestinale, outre quelques " pso- rospermies » mûres, de nombreux corps ronds, granuleux, nucléés, nus ou revêtus d'une membrane mince. Des animaux témoins n'avaient rien présenté de semblable. Ces faits n'avaient été accueillis qu'avec de grandes réserves, d'autant que Waldenburg professait, sur l'évolu- tion des Coccidies, des idées fort erronées. Nous avons repris l'expé- rience, Lucet et moi, dans les conditions suivantes : après avoir obtenu le développement des spores et des corpuscules falciformes, nous avons fait prendre à deux Lapins, âgés d'environ deux mois et re- connus préalablement indemnes, un grand nombre de Coccidies. Ces animaux sont morts au bout de huit à dix jours, en présentant toutes les lésions de la coccidiose intestinale ; les cellules épithéliales i40 PROTOZOAIRES. de l'intestin grêle renfermaient des Coccidies à tous les âges, qu'on retrouvait également dans le mucus de l'intestin. Deux individus de la même portée, conservés comme témoins, ne présentaient aucun de ces parasites. Rivolta prétend, d'autre part, avoir fait développer la Coccidie per- forante du Lapin dans l'intestin de la Poule, mais le fait aurait besoin d'être sérieusement contrôlé. Nous avons, avec Lucet, com- plètement échoué sur des Poulets et des Cobayes. Patuologie. — Les lésions de la coccidiose intestinale du Lapin se traduisent tout d'abord par des taches blanchâtres, punctiformes ou plus ou moins étendues, siégeant le plus souvent sur l'intestin grêle. La muqueuse est enflammée et parfois ulcérée ; dans Texsudat qui la revêt, on trouve de nombreuses Coccidies enkystées, et même des masses protoplasmiques encore nues. Les taches correspondent à des amas de Coccidies occupant les cellules épithéliales des villosités et des glandes de Lieberkiihn. Ces cellules se dilatent et se déforment, leur noyau se trouvant refoulé à la partie inférieure. Les glandes de Lieberkuhn sont quelquefois bourrées de parasites; Klebs aurait même vu ceux-ci pénétrer dans le tissu conjonctif sous-muqueux, et Reincke en aurait trouvé les stades jeunes jusque dans les ganglions mésentériques. Si la maladie a évolué lentement, on observe en outre les altérations de l'anémie. Les symptômes de l'affection sont assez analogues à ceux de la coc- cidiose hépatique : la mort ne survient parfois qu'au bout d'une assez longue période, par cachexie ; mais, dans les cas d'infestation étendue, elle arrive au bout de quelques jours, avant que le marasme ait eu le temps de s'accuser. — Le diagnostic différentiel peut être établi par l'examen microscopique des fèces ; à première vue même, on reconnaît que le nombre des parasites est plus élevé que dans la coccidiose hépatique. Les deux affections comportent du reste les mêmes indications prophylactiques. Eimer rapporte qu'il a trouvé deux fois, sur des cadavres de l'Ins- titut pathologique de Berlin, l'intestin rempli de « Psorospermies semblables à celles des animaux ». Dans les deux cas, Tépithélium intestinal était en grande partie détruit et perforé par les parasites : il s'agissait donc vraisemblablement du Coccidium perforans ou dune forme voisine. Quant au cas souvent cité de Kjellberg, nous le rap- portons au Coccidium bigeminum. Divers observateurs, entre autres Grassi, Rivolta, Railliet et Lucet, ont signalé d'autre part la découverte de Coccidies dans les excréments de l'Homme, mais on ne peut préciser l'origine et partant l'espèce de ces parasites. Dans les observations de Railliet et Lucet, les Coccidies mesuraient 15 u. sur 10 a, ce qui tend à les rapprocher de C. bige- minum ; elles étaient émises par une femme et son enfant, tous deux atteints depuis longtemps de diarrhée chronique. SPOROZOAIRES. — COCCIDIES. 141 Enfin, les Coccidies intestinales du Chien et du Chat, rapportées par Leuckart au C. perforons^ nous paraissent appartenir à d'autres espèces, dont il sera question plus loin. Cependant, Dages nous a signalé un cas inédit de Coccidies de répithéliuni intestinal chez de très jeunes Chiens. Ziirn a décrit, sous le nom de rhinite psorospermiqitc, une grave afîection qui sévit assez fréquemment sur le Lapin domestique, en Allemagne, et qui est due à l'invasion des muqueuses du nez, du pharynx et de l'oreille moyenne par des Coccidies. Peut-être s'agit-il d'une localisation particulière du C. pcrforans. Les symptômes de cette maladie consistent en un violent catarrhe nasal, ac- compagné de toux et d'éternuements. Parfois il se manifeste en même temps de l'angine; enfin, dans le cas où il existe des lésions de l'oieille moyenne, on observe des troubles nerveux plus ou moins marqués. La fièvre, assez légère d'abord, s'accuse peu à peu ; les malades s'affaiblissent et meurent dans des convulsions. L'examen microscopique du mucus nasal révèle la présence des Coccidies. Coccidie de Ziirn (C. Ziirni [Rivolta]. — Syn. : Cytosper- mium Zùrnil Riv., 1878; Coccidium Zùrni Raill., 1892). — Nous ne possédons aucun détail sur les caractères morphologiques de cette espèce nominale. Elle a été découverte par Ziirn dans l'intestin et les ganglions mé- sentériques d'un Veau mort, après trois autres, avec les symptômes et les lésions d'une entérite violente. La surface entière de l'intestin était tapissée d'une couche de mucus purulent. La muqueuse du gros intestin était criblée de boutons jaunâtres, de la grosseur d'une tète d'épingle. A l'examen microscopique, on reconnut que les cellules épithéliales étaient envahies au plus haut degré par des Coccidies, amassées en quantité énorme dans les glandes de l'intestin grêle et dans les folli- cules solitaires, d'où l'apparence de boutons miliaires. Le contenu de l'intestin charriait une proportion incroyable de ces parasites. Les Veaux en question n'avaient jamais cohabité avec des Lapins. Rivolta fait remarquer, d'ailleurs, que très souvent des Lapins atteints de coccidiose sont élevés dans des étables sans que les Veaux con- tractent cette affection, et il tire argument de ce fait pour considérer la Coccidie de Ziirn comme une espèce particulière. E. Zschokke et Hess (1) ont observé en Suisse une maladie très répandue chez les bètes bovines, la « dysenterie rouge », qui est dé- terminée par des Coccidies de l'épithélium intestinal. Le premier de ces auteurs a étudié les parasites à toutes les phases de leur évolu- tion dans l'intestin, évolution en tous points semblable à celle de la (1) E. Zschokke, Beobachtungen iiber die rothe Ruhr. Schweizer Archiv fur Thier- heilk., XXXIV, p. l et 49, 18!i2. — E. Hess, Die rothe Ruhr des Rindes {di/senteria haemovrhagica coccidiosa). Ibid., p. 105. 142 PROTOZOAIRES. Coccidie perforante. Ils se montrenl tantôt arrondis, tantôt ovoïdes; à la phase ultime, ils peuvent atteindre 26 [a de long sur 18 p. de large. On les rencontre de préférence dans le gros intestin et surtout dans le rectum. La muqueuse de ce dernier organe est pigmentée et cou- verte d'exsudats sanguinolents. En dehors de symptômes généraux souvent alarmants, les sujets atteints présentent une diarrhée séro- sanguinolente avec ténesme, amenant parfois un prolapsus rectal. Il n'est pas rare de voir la mort survenir rapidement ; d'autres fois, le mal s'atténue, pour disparaître complètement ou récidiver après une période plus ou moins longue. La dysenterie rouge peut se montrer en toute saison, mais elle fait surtout des ravages en été, sur les animaux au pâturage. Elle est inconnue chez les Veaux à la mamelle, rare sur les individus âgés de moins d'un an et de plus de deux ans. Dans certains districts, elle attaque 5 p. 100 de la population bovine et en fait périr 2 à 4 p. 100. Au point de vue prophylactique, Hess recommande avec raison l'usage exclusif de fourrages secs; comme traitement, il emploie le soufre sublimé, l'hyposulfite de soude, le crésyl, le lysol. — Rivolla rattache encore au C . Zùrni des Coccidies trouvées par Ziirn dans l'intestin d'un Cochon de lait qui avait succombé à une entérite, et qui provenait d'une ferme dans laquelle une série de Por- celets étaient morts à peu d'intervalle. — Stiles (1) a décrit sommairement des Coccidies trouvées par C. CurticeetTh. Smith dans l'épithélium de l'intestin grêle du Mouton, en Amérique. Il tend à les rapporter au C. perforans. Elles mesu- raient 18 à 21 p. de long sur 15 à IG jj. de large. Rivolta en Italie (1874) et Nocard en France (1891) avaient déjà fait de semblables observations ; mais les Coccidies examinées par Nocard ne mesuraient que 10 à 12 p. de long sur 7 à 9 [x de large : elles avaient provoqué la formation de véritables tumeurs. — Enfin, on a signalé des Coccidies intestinales, non déterminées, chez le Cobaye et chez la Taupe. Coccidie délicate (C. tenellum Raill. et Lucet, 1891. — Syn. : C. Rivoltx Harz, 1886, nec Grassi, 1881). — Espèce de forme plus ramassée que les Coccidies oviforme et perforante, plutôt ellipsoïde qu'ovoïde, les deux pôles étant également larges; coque plus mince, plus délicate; dimensions plus faibles, soit en moyenne 21 à 25 y. de long sur 17 à 19 u. de large à la phase ultime du développement. Cette Coccidie vit dans l'intestin de la Poule, oîi elle a été vue par Rivolta et Silvestrini, par Perroncito, par Railliet et Lucet, etc. (1) Ch. W. Stiles, A case of intestinal Coccidies in Sheep. Journal of compar. Med. and veter. Archives, XIII, p. 319, 1892. — Ed. Nocard, Tumeurs à Coccidies defin- testin grêle du Mouton. Transact. of the 7th internat. Congress of Hygiène in Lon- don, 1891; vol. II, p. 94, 1893. SPOROZOAIRES. — GOCCIDIES. IW Fig. 66. — Coccidium tenellum de l'intestin de la Poule, d'après Perroncito. — a, 6, Coccidies extraites des cellules l'-pitlit-tiales de l'iutestin et représentant les premières pliases du développement, c, Coccidie adulte enkystée, trouvée en liberté dans l'intestin. d, CocciJie adulte enkystée dans une cellule épi- tliéliale grossie et déformée. Elle se développe à la façon de la Coccidie perforante ; cependant, nous n'y avons pas remarqué de lasliquat de segmentation. Rivolta et Silvestrini auraient réussi, d'après Leuckart, à infester des Poules avec cette espèce; mais ces expériences paraissant peu décisives, nous les avons reprises, Lucet et moi, en faisant usage de Coccidies recueillies dans les cœ- cums de Poussins dont leur multipli- cation avait amené la mort. Après eu avoir suivi le dévelop- pement jusqu'à la formation des corpuscules falciformes, nous les avons fait prendre à deux Pous- sins de quinze jours à trois semai- nes : ces deux sujets sont morts au bout de vingt et trente-un jours, avec des Coccidies nombreuses et bien développées dans les caecums. Deux témoins n'ont rien présenté. Pathologie. — Les lésions sont le plus souvent localisées à une région de l'intestin grêle, et en particulier du duodénum. La muqueuse est parse- mée de tâches et de traînées blanchâtres constituées par des Coccidies accu- mulées dans les glandes, et tantôt libres, tantôt enfermées dans des cellules épithéliales altérées. D'autres fois, ces lésions sont restreintes aux cœcums (typhlite coccidienne). Comme symptômes principaux, on peut noter : affaiblissement progressif, torpeur, diarrhée ou constipation, cris plaintifs. La mort survient d'ordi- naire en quelques jours, et il n'est pas rare de voir périr tous les Poulets d'une même couvée, voire les couvées successives d'un même élevage. Des Coccidies analogues ou peut-être identiques ont été rencontrées dans l'intestin de divers Oiseaux de basse-cour. Ainsi, Rivolta et Delprato ont observé une coccidiose intestinale chez le Pigeon; les Pigeonneaux au nid étaient infestés parleurs parents; la mar- che de la maladie était ordinairement lente. L. Pfeiffer a fait des observa- tions du même genre à Weimar; d'après lui, la Coccidie du Pigeon mesure 18 (1 de long sur 16 (a de large. Zûrn signale aussi une entérite coccidienne chez les Oies et les Canards; elle est caractérisée par la faiblesse extraordinaire et le dépérissement des sujets atteints, bientôt suivis d'une diarrhée profuse qui emporte brusque- ment les animaux. Avec Lucet, nous avons observé des nodules coccidiens dans l'intestin de Canards qui n'avaient présenté pendant la vie aucun symptôme particulier; les parasites nous ont paru être identiques à ceux de la Poule. Coccidies dans les œufs de poule. — Dans l'automne de 1889, Podvis- sotzky jeune a trouvé les œufs de Poule provenant de la petite ville de Fas- tov, près Kiev, endémiquement envahis par les Coccidies. Par contre, les œufs recueillis l'hiver se montrèrent indemnes, ainsi que ceux obtenus en diverses saisons dans d'autres localités. Les parasites existent seulement dans l'albumen, à l'état de colonies qui. 144 PROTOZOAIRES. sur une coupe de l'œuf durci, apparaissent comme de petites taches d'un brun grisâtre ou jaunâtre, pouvant atteindre le diamètre d'une tète d'épin- gle. A l'œil nu, on peut confondre ces colonies avec les taches vulgaires dues à des amas de pigment ou à des parcelles de jaune; mais l'examen microscopique lève immédiatement tous les doutes. Sur chaque coupe, on peut voir, surtout après coloration par l'hématoxyline, tous les stades de la formation des spores; on remarque en outre, à côté de colonies qui renfer- ment des Coccidies encore munies de leur coque, des amas de spores libres, avec des débris de vieilles coques provenant d'individus morts. Les colonies coccidiennes doivent leur coloration spéciale à un pigment contenu dans les vieilles Coccidies mortes: à leur périphérie, on trouve quelquefois un petit nombre d'individus isolés, mais les points qu'ils occupent sont à peine perceptibles à l'œil nu. Le microscope montre des Coccidies remplies de spores arrondies ou fusiformes, et, à côté d'elles, de vieux individus morts, constitués parune coque brillante renfermant un pigmentbrun noirâtre. Enfin, on trouve aussi dans l'albumen des amas de spores libres et des fragments de coque d'une réfringence particulière. Comment ces parasites parviennent-ils dans l'œuf? On ne peut répondre à cette question d'une façon positive, car les Poules n'ont pas été examinées; mais il faut admettre ou bien l'existence d'une coccidiose de l'oviducte, per- mettant l'incorporation directe des Coccidies à l'albumen, ou bien la péné- tration dans l'oviducte de Coccidies intestinales parvenues dans le cloaque : cette seconde hypothèse est la plus probable, mais il y aura lieu de la vérifier à l'occasion des épidémies de coccidiose de l'intestin. En tout cas, les parasites semblent trouver dans la couche d'albumine un milieu favora- ble à leur développement. Ces Coccidies avaient les mêmes dimensions et la même forme que celles du foie du Lapin et de l'Homme. Pod- vissotzky les croit identiques à celles qu'il a observées dans les cellules hépa- tiques de J'Homme, et qu'il a décrites sous le nom de Karyophatjus hominis. L'invasion du foie résulterait donc, d'après lui, de l'ingestion d'œufs de Poule insuffisamment cuits. Cette hy- pothèse nous paraît peu fondée. Coccidie tronquée (C. tnmcatum Raill. et Lucet, 1891). — Coque sub- globuleuse, offrant à l'un des pôles une légère saillie tronquée qui corres- pond à un micropyle très distinct et relativement large ; dimensions à la phase ultime du développement : 20 à 22 [i sur 13 à 16 p.. Nous avons découvert, Lucet et moi, cette Coccidie dans l'épithélium des tubes urinifères de l'Oie domestique. Elle donne lieu en généi-al à des no- dules blanchâtres gros comme des têtes d'épingle ; plus rarement les lésions sont diffuses. Fig. 07. — Coccidium truncalwn, des reins de l'Oie. — 1 et 2, phases parasitaires. 3 et 4, formation des sporoblasles. Grossissement : il40 diamètres (Orig.). SPOROZOAIRES. — COCCIDIES. 145 L'évolution est analogue à celle de laCoccidie oviforme. Une fois dévelop- pés, les parasites tombent dans les canaux urinifères et sont rejetés à l'ex- térieur. En les maintenant dans l'eau, nous avons vu la masse protoplas- mique se diviser en quatre sporoblastes. Les Oies atteintes de coccidiose rénale maigrissent d'abord, puis de- viennent incapables de se traîner et restent immobiles, le ventre à terre. Il en est qui présentent des manifestations bizarres : elles se placent sur le dos, les pattes écartées, quelque soin qu'on prenne de les redresser. En tout cas, elles finissent par ne plus prendre de nourriture et ne tardent pas à succomber. On a rencontré aussi, dans les reins de l'Homme et de divers Mam- mifères, des Coccidies qu'il est encore impossible de classer. La plu- part des auteurs se contentent de les déclarer identiques à la Coccidie oviforme. Brown-Séquard en a trouvé dans les voies urinaires d'un Lapin ; il les regardait comme des œufs d'helminthe. Selon Arnold, une forme d'hématurie du Bœuf serait due au déve- loppement, dans l'épithélium de la vessie, d'une Coccidie qui don- nerait lieu à des excroissances variqueuses et hémorragiques (1). Chez l'Homme, Lindemann avait décrit et ligure desPsorospermies de la tunique propre du rein ; cepen- dant rien, dit Leuckarl, ne justifie sa manière de voir. Mais plus récem- ment, divers médecins : Bland-Sutton, ïargett, etc., ont rapporté des exem- ples authentiques de coccidiose des reins et des uretères. Coccidie big-éininée [C. bige- minum Stiles, 1891. — Syn. Cyto- spermium villoruni intestiual'mm canis Rivolta, 1878). — Coque généralement ellipsoïde et un peu asymétrique, à double contour, mais cependant très mince ; contenu variable suivant la phase du développement. Nous en connaissons actuellement trois varié- tés : var. canis. Il à 15 u. de long sur Fig. 68. — Coccidium bifieminum. des villo- sités intestinales du Cliien. — A. h!, C, D, E, Coccidies g(;mini';es, montrant la forma- lion progressive des sporoblastes. F, G, H, 1, Coccidies isolées : G, à protoplasme granuleux ; I, vue par l'un des pôles ; H, à quatre spores fusiformes et un reliquat de segmentation. J, deux Coccidies dans une même enveloppe. Grossissement : fiïO dia- mètres (Orig. I. 7 à 10 [X de large ; var. caii, 8 à 10 a de long sur 7 à 9 [xde large; var. piifori), 8 à 1:2 [x de long sur 6 à 8 (x de large. Cette Coccidie vit à l'intérieur des villosités intestinales du Chien, du Chat et du Putois let non pas dans les cellules épithélialesj. C'est (1) Dr. Arnold, Dus Slatlrolk und seine BehandUuuj. Thierârztliche Mittheilungen. XXV, p. 33, 1890. Railliet. — Zouloifie. 10 146 PROTOZOAIRES. Finck qui le premier Fa observée, en étudiant l'absorption intestinale, chez le Chat; Virchowl'a vue ensuite chez le Chien ; Railliet et Lucet l'ont rencontrée chez le Putois. Enfin, il faut sans doute rapportera cette espèce, comme nous l'avons dit, les Coccidies trouvées par Kjellberg sur un cadavre de l'Institut pathologique de Stockholm, car elles étaient situées à l'intérieur et vers la pointe des villosités, et ressemblaient à celles qu'avait observées Virchow chez le Chien. La qualification de bigéminée indique que ces Coccidies sont géné- ralement accolées deux à deux, ce qui nous avait paru être l'indice d'une division longitudinale. Stiles (1) a établi la réalité du fait par l'étude des premières phases du développement. La Coccidie jeune, mais enkystée, divise son contenu granuleux en deux masses. Il arrive parfois que l'une de ces deux masses avorte ; mais le plus souvent toutes deux s'entourent d'une coque et restent accolées. Puis chacune des deux cellules filles ou jumelles divise son protoplasme en quatre sporoblastes, avec un reliquat de segmentation. Finalement, ces spo- roblastes s'organisent en spores fusiformes. L'influence de ces parasites sur la santé des animaux nous paraît insignifiante : nous les avons rencontrés chez de nombreux Chiens sains ou ayant succombé à des maladies très diverses. Coccidie de Rîvolta {Coccidium (?) Rivoltai Grassi, 1881). — Coccidie à •coque mince, ovoïde ou ellipsoïde, pourvue au pôle le plus étroit d'une sorte de micropyle, et mesurant à l'état de maturité (protoplasma ramassé en boule) 27 à 30 [A de long sur 22 à 24 i>. de large. Observée à Rovellasca (Italie) dans le contenu de l'intestin grêle et du gros intestin du Chat, par Grassi. Elle se développe dans les cellules épithéliales, où on la trouve sous l'as- pect d'une masse ovalaire d'abord nue, puis revêtue d'une coque très mince ; «'accroissant peu à peu, elle présente bientôt une coque plus épaisse, dé- doublée au pôle le plus large et munie à l'autre pôle d'un micropyle distinct. A cet état, elle est mise en liberté par rupture de la cellule, et tombe dans l'intestin. Le contenu achève alors de se rassembler en boule au centre, et parfois même se segmente en deux masses au milieu des matières alimen- taires. Mais en général la segmentation ne se produit qu'à l'extérieur du corps, comme pour la Coccidie oviforme. Après séjour dans l'eau, on voit la masse protoplasmique se diviser en deux, puis en quatre sporoblastes qui s'organisent en spores donnant chacune quatre (?) corpuscules falciformes et un reliquat de différenciation. Au delà de cette période, les Coccidies meurent et se décomposent ; aussi Grassi a-t-il supposé qu'elles étaient arrivées au terme de leur développement. Cependant, il en fit avaler un grand nombre à deux jeunes Chats, sans aucun succès. Il faut reconnaître que, si les spores produisent réellement quatre corpus- cules falciformes, ce que l'auteur n'ose pas affirmer, l'espèce dont il s'agit devra être distraite du genre Coccidium pour devenir la base d'un genre nouveau . (1) Ch. W. Stiles, Notes on parasites, n. 11. Journal of conip. Medicine and veter. Archives, Xlll, p. h\-, 1893. SPOROZOAIRES. — COCCIDIES. 147 Grassi ne donne aucune indication sur les troubles que peuvent occasionner ces Coccidies. CocciDiEs (?) DES CHEVEUX [GregaHua Lindemanni Rivolta, 1878). — En 1863, Lindemann (1) avait rencontré sur les cheveux d'une jeune fille des granulations brunâtres dans lesquelles il crut reconnaître des amas de Pso- rospermies. Des recherches ultérieures lui montrèrent que ces productions étaient très communes à Nijni-Novgorod, principalement sur les cheveux des- tinés à la confection des faux chignons et en général des coiffures artifi- cielles. Il crut même pouvoir admettre que ces parasites se développaient a l'état de Grégarines dans l'intestin des Poux, qui abondent sur les cheveux des femmes de ce pays. Mais, comme le fait remarquer Leuckart, si de nom- breuses observations, faites avant et après celles de Lindemann, établissent l'existence fréquente de telles productions sur les cheveux, rien ne permet de les regarder comme des Psorospermies, et les curieuses migrations si- gnalées par l'auteur russe rentrent dans le domaine de la pure fantaisie. CocciDiosEs DOUTEUSES. — Rivolta , le premier, a signalé en 1868 l'exis- tence de Coccidies dans des lésions cutanées, chez les Oiseaux. « Sur une poule, dit-il, j'ai trouvé un nodule mou, de la forme d'une aveline, situé à peu de distance du croupion; il contenait une substance gélatineuse, bru- nâtre, qui, à l'examen microscopique, se trouva renfermer une espèce de petit boyau farci de psorospermes de couleur brune ; ces derniers étaient un peu plus petits que ceux du lapin. » Mais il y a lieu de se demander si ces Psorospermies brunes, renfermées dans un tube, ne seraient pas simple- ment des œufs d'helminthe enlevés avecl'oviducte qui les contenait. Quelques années plus tard, ce même observateur étudiait avec Silvestrini une épizootie sévissant sur les Poules et les Chapons des environs de Pise, et se tr9,duisant par le développement de nodules ou de fausses membranes en des points variés de l'organisme. Ils étaient amenés par ce fait à distin- guer dans cette affection un assez grand nombre de formes : laryngite, sto- matite, conjonctivite croupales psorospermiques, psorospermose de la crête, entérite psorospermique. Ces dénominations montrent qu'ils considéraient l'affection comme déterminée par des Psorospermies ou Coccidies. Et de fait, les figures que donne Rivolta de corpuscules trouvés dans l'épithélium laryngien d'une poule malade semblent bien représenter des Coccidies [Pa- rassiti vegetali, fig. 46). Presque en même temps, Arloing et Tripier signalaient une affection d'ap- parence tuberculeuse, observée sur des Poulets, transmissible par les voies digestives à des animaux sains de la même espèce, et provoquée, à leur avis, par un parasite que Balbiani tendait à rapprocher de VEimeria falci- formis. Mais ce parasite est décrit comme une cellule aplatie, ovalaire, allon- gée, munie à ses deux pôles d'une « sorte de trompe ou de ventouse », et il est au moins difficile, par suite, d"y reconnaître une Coccidie. Les auteurs avaient évidemment affaire à de la tuberculose. Des recherches du même genre se poursuivaient à la même époque en Al- lemagne. BoUinger, étudiant l'affection noduleuse de la tête et du bec, si (1) Cari Lindemann, Die Gregarinen und Psorospermien als Parasiten des Men- schen. BuUet. de la Soc. impér. des Natural. de Moscou, 1863, p. 425, et 1865,p.282_ — Gazette médic. de Paris, 1870, p. 80. 148 PROTOZOAIRES. commune chez les Pigeons, les Poules, les Dindons et même chez les Oies, la rapprochait de la maladie connue chez l'Homme sous le nom de molluscum contagiosum ou à' épithélioma contagiosum, et la rattachait également à des parasites. Quelques années plus tard, Piana publia la relation d'une épizootie qui avait régné aux environs de Bologne, en septembre 1875, sur les Poules, les Dindons et même sur les Oies et les Canards. Les lésions siégeaient princi- palement sur le mésentère, qui était injecté, de teinte noirâtre ou verdàtre, et parfois revêtu de fausses membranes. Cette coloration particulière était due à des amas de corpuscules sphériques, ovoïdes ou pyriformes, tantôt verts, tantôt noirs, d'un diamètre variant de 10 à 70 [i. Piana regardait ces corpuscules comme des Psorospermies, et Rivolta partagea un certain temps cette manière de voir, en les décrivant sous le nom de Cytospennium viride Paulicki, 1872 : mais leur aspect et leur coloration éveillent en nous les plus grands doutes au sujet de leur nature. Mégnin reproduisit ensuite et étendit même les données fournies par Ri- volta, Silvestrini et Piana, en décrivant la maladie sous le nom de tuberculo- diphtérie ou simplement de diphtérie. Comme ces auteurs, il en admettait la nature psorospermique. Johne, Csokor et d'autres se prononcèrent dans le même sens. Cependant, Rivolta et Delprato furent amenés, en 1880, k émettre des doutes sur la nature du parasite incriminé, et, après s'être demandé si c'était une Psorospermie ou une Amibe {Psorosperma crouposus ? ou Amœba croupo- gena ?), ils en firent un champignon {Epitheliomyces nodulogemts et croupo- genus). Enfin, à la suite des recherches de Klebs et de Lôffler d'une part, de Koch, Ribbert, Babes d'autre part, Cornil et Mégnin établirent que les lé- sions noduleuses et pseudo-membraneuses des oiseaux devaient être rap- portées à la diphtérie et à la tuberculose. Il convient de remarquer, toutefois, que nous avons démontré l'existence réelle d'une entérite coccidienne. Des observations analogues à celles dont il vient d'être question ont été également poursuivies chez l'Homme. Perroncito, après Virchow et Bollinger, décrivit comme des Coccidies des corpuscules trouvés dans les cellules épi- dermiques d'individus affectés de molluscum contagiosum, et qui avaient été signalés aussi par Bizzozero et Manfredi. Plus récemment, Malassez et Albarran découvrirent des corps analogues dans les épithéliomes, et les rattachèrent également aux Coccidies. Puis, Darier signala comme de nouvelles maladies psorospermiques l'acné cornée ou acné sébacée concrète (psorospermose folliculaire végétante) et la maladie de Paget du mamelon. Et dès ce moment, les recherches se multipliant dans le même sens, de nombreuses observations furent publiées, annonçant la présence de Coccidies dans des lésions cutanées ou dans des tumeurs va- riées (1). Par contre, divers observateurs furent amenés à contester d'une ma- nière plus ou moins formelle la nature parasitaire des coi'ps observés, qui ne seraient, d'après eux, que des éléments cellulaires déformés. (1) W. PobWissuzKi und Sawtschenko, Ueber Parasitismus bel Ca>'cinomen...Cen- tralbl. fur Bakter. u. Paras., XI, p. 493, 189-2. — Alexis Korotneff, Rhopalocephalus carcinomatosus n. y. und sp. Kor. [Krebsparasit). Ibid., XIII, p. 373, 1893. SPOROZOAIRES. — COGGIDIES. 149 Mais cette question n'en est encore qu'à la période des éludes prélimi- naires, et nous croyons qu'il convient pour le moment de garder à son en- droit une prudente réserve. Appendice à l'étude des Coccidies. — L. Pfeiffer a récemment signalé, dans l'évolution des Coccidies, des faits qui, s'ils étaient reconnus exacts, renverseraient complètement la classification actuelle de ces êtres (1). Ses observations ont porté principalement sur les Coccidies du foie et de l'intestin du lapin, qu'il considère comme appartenant à une seule et même espèce. Sur les jeunes animaux de quatre à six semaines qui habitent un clapier depuis longtemps infesté et qui commencent à prendre des aliments verts, la maladie alfecte, dit-il, une forme très aiguë, se traduisant par une diarrhée intense et un amaigrissement rapide, et les animaux sont emportés en peu de jours. Des lésions profondes se rencontrent sur toute la longueur de l'intestin, et en particulier dans le caecum. On obtient un résultat ana- logue et même plus prompt encore, en faisant ingérer des Coccidies spori- fères à des lapereaux à la mamelle. Or, cette marche suraiguë de la maladie serait due à un mode de multi- plication des Coccidies non signalé jusqu'à présent, et correspondant à une forme spéciale de kystes. — On a vu que, dans les conditions ordinaires, les Coccidies, munies d'une coque assez épaisse, ne poursuivent leur évolution qu'à l'extérieur du corps, et donnent seulement quatre spores avec deux corpuscules falciformes pour chacune. Pfeiffer donne à cette forme vulgaire le nom de hyste durable (Dauercyste). C'est elle qu'on rencontre dans les no- dules du foie et en général dans les lésions à marche lente ; elle n'a qu'une influence pathogène insignifiante, puisque les expériences de Ponfick ont démontré qu'on peut enlever aux lapins jusqu'à 75 p. 100 de la masse to- tale du foie sans provoquer de troubles notables dans l'organisme. — Mais, en dehors de cette forme coccidienne qu'ont reconnue tous les observateurs, Pfeiffer a vu, dans les cas de coccidiose aiguë, des kystes à enveloppe molle, donnant d'emblée un grand nombre de corpuscules falciformes ou zoo- spores, par division du noyau et de la masse protoplasmique. Ces formes particulières reçoivent le nom de kystes essaimants (Schwàrmercysten) ; ils évoluent surplace, dans l'organisme même, et laissent échapper leurs cor- puscules falciformes, qui vont par myriades envahir de nouvelles cellules épithéliales, amenant ainsi, par leur action directe et peut-être en même temps par la production d'une substance toxique, les désordres violents qui caractérisent la maladie aiguë. D'après ce court résumé, on voit que^, pour Pfeiffer, le mode de multipli- cation des Coccidies dépend simplement des conditions de milieu, et que le nombre des spores et des corpuscules falciformes, dans une espèce donnée, est susceptible de varier dans de très grandes limites. La classification ne peut donc pas reposer sur ces caractères : dans le cas particulier qui vient d'être signalé, les kystes durables appartiendraient bien, en effet, au genre Coccidium, mais les kystes essaimants devraient être rattachés au genre Ei- (1) L. Pfeiffer, Die Prolozoen als Krankheitsen-er/er. 2'e Aufl., léna, 1891. — R. Pfeiffer, Die Coccidienkrankheii dev Knninchen. Berlin, 1892. — Schuberg, Ueùer Coccidiender Mausedannes. Sitzun,?sber. der VVïirzburger Phys. nied. Gesellschal't, 18 Miirz 1^92. 150 PROTOZOAIRES. meria. 11 s'agit donc bien, comme nous le disions, du renversement de toutes les données acquises antérieurement. Mais, avant d'accepter des transformations aussi profondes, il faudrait que les faits annoncés eussent été contrôlés. Schuberg a bien cru voir l'Eimeria falciformis de la Souris évoluer, dans une chambre humide, comme un vé- ritable Coccidium; mais avait-il bien affaire à un Eimeria ? Aimé Schneider, en examinant des préparations de Schwarmercysten qui lui avaient été communiquées par L. Pfeiffer, a retrouvé le noyau indivis au milieu des prétendus zoospores. En présence de ces contradictions, nous avons cru bon de nous en tenir aux données classiques. TROISIEME ORDRE SARCOSPORIDIES Sporozoaires limités par U7ie cuticule et divisés intérieurement en un certain nombre de loges (spores?) qui contiennent chacune plusieurs cor- puscules réni formas ou falci formes. Les Sarcosporidies ou Psorospermies utricuU formes, Utricules pso- rospei^miques, se rencontrent d'ordinaire dans les muscles, surtout chez les Vertébrés ; mais on peut les observer aussi dans le tissu conjonclif. Leur constitution, leur mode de développement et leurs affinités sont encore peu connus, si bien que certains auteurs hésitent encore à les classer dans le règne animal. C'est Balbiani qui les a rangées parmi les Sporozoaires. Nous les étudierons d'après la classification provisoire qu'a pro- posée R. Blanchard, et qui est basée sur leur siège ainsi que sur la constitution de la cuticule. Famille des MIESCHÉRIDÉS. — Utricules siégeant dans les mus- cles striés. Ces organismes ont été observés pour la première fois par Miescher, de Bâle, dans les muscles striés d'une Souris ; Herbst, puis Rainey, les retrouvèrent ensuite chez le Porc, Hessling chez le Chevreuil, le Bœuf et le Mouton, etc. D'où les noms d'Utricules de Miescher ou de Rainey, sous lesquels on les désigne encore fréquemment. 2 genres : Genre Sarcocyste [Sarcocystis Ray Lankester, 1882.), — Membrane d'enveloppe épaissie et traversée de fins canalicules. Le Sarcocyste de Miescher [S. Miescheri [Kùhn]. — Syn. : Syn- chytriuni Miescherianum Kuhn, 1865; Gregarina Miescheriana Ri- volta, ISIS; Sarcocystis Miescheri Ray Lankester, 1882; Miescheria utriculosa Harz, 1886) se présente sous la forme de corps allongés, peu réfringents, d'apparence grenue, atténués aux extrémités et générale- ment plus à l'une qu'à l'autre ; leur loii'gucur atteint rarement SPOROZOAIRES. SARCOSPORIDIES. liii 2 ù3 millimètres (moyenne 0'n'",()) et leur largeiir ne (l(''passe f^uère 200 à 300 (X. Ces « tubes » ont pour paroi une cuticule i'erme, épaisse, montrant une striation transversale que ' 1 lll I if Leuckart attribue à la présence de noni- V!ir!; Il'iil t I breu\ canalicules : parla compression, cette paroi se désagrège et oUre alors l'apparence d'un revêtement ciliaire qu'on l-'ifî. 69. — LUriculos psori)sperrnii|Uos Fig. TO. — l'triculc?; psorospeniiiiitics du l'oie isoli'cset forte- dans les fibros niusculairos du l'orc nipiil grossies. — A, extn^niili'! d'une ulrirulo dont la cnti- (Orig.). l'ulc est iutdcte. Il, autre utricule, dont la cuticule est écrasée et donne lieu à une apparence de cils. C, corpus- cules réniformes et granules séparés (Orig.). /■ ..../• a longtemps regardé comme une disposition normale. La cavité inté- rieure est occupée par un nombre variable de sphères de i2o à 50 (/, de diamètre, devenant polygonales par pression réciproque; aux extré- mités, cependant, il reste un espace libre occupé seulement par des granules réi'ringenls. Dans chacune de ces sphères, qui paraissent représenter des spores, se dévelop[)ent de nombreux corpuscules d'abord arrondis, puis réniformes, montrant un ou plus souvent deux points très brillants (va- cuoles), et mélangés aussi à des granules. Cet organisme se rencontre ^''^- .^': - ''*'"'''' transversale d'un groupe .le faisceau. * primitifs du Porc, dont l'un est occupé par un Sarco- danS les muscles du Porc, Oll cvsle. — «, coupe du parasite. 6, sa gaine contractile il u riffi r»hcpr\-ô irih^r/l formée par la substance du faisceau primitif repoussée Il d CIC ODSer\(, UanOrU, sous lesarcolemme. /•, faisceauM'Hmilifs il.anlanié). comme nous l'avons dit, par Herbst, puis par Rainey, Krause, etc. Tous les muscles striés peuvent en renfermer, et on les dislingue parfois à l'aMl nu sous l'aspect de petites lignes blanchâtres. Ils sont situés à l'intérieur dos faisceaux /, 152 PROTOZOAIRES. primitifs, comme on peut s'en rendre compte aisément sur des coupes transversales ; dans bien des cas, ces faisceaux se montrent simple- ment dilatés à leur niveau ; mais souvent aussi on remarque une multiplication des noyaux du sarco- lemme. 11 nous est arrivé de rencontrer deux de ces parasites placés côte à côte. D'après Perroncito, ils peuvent voyagera l'intérieur du sarcolemme, en laissant des traces évidentes de leur passage. Ils sont d'ailleurs susceptibles de déter- miner parfois des altérations assez profon- des. Laulanié a fait connaître un cas dans lequel le tissu musculaire était criblé de granulations fusiformes, jaunâtres, souvent disposées en séries de deux ou trois dans le sens des fibres musculaires. Par la dissocia- tion de ces petites masses, on obtenait des globules purulents, des grains calcaires et rarement des cellules épithélioïdes. Quelques-unes d'entre elles siégeaient à Pintérieur des faisceaux secondaires, mais la plupart s'étaient développées au voisinage des cloisons conjonctives qui entourent ces fais- Fig. 72. — Gramilaliou psorospermique des muscles du l'orc, au dtMiut de son dL^veloppemonl. — a, section transver- sale du Sarcocj ste. b, couronne puru- lente, c, c, faisceaux primitifs atrophiés. d, infiltration embryonnaire iLaulanié). Fig. 73. — Granulation psorospermique des muscles du Porc complètement formée : le parasite a disparu au milieu des produits de la dégénérescence. — • a, zone centrale représentée par un petit foyer de dégénéi'cscence calcaire, b, zone périphérique de prolifération embryonnaire, c, C, espaces primitive- ment occupés par des faisceaux primitifs et actuellement remplis de cellules, d. d. faisceaux primitifs atrophiés englobés dans la prolifération, e, cloison conjonctive (Laulaniél. ceaux. Elles se montraient constituées par une zone centrale plus ou moins dégénérée et une zone périphérique de prolifération, et offraient par consé- quent une certaine analogie avec des granulations tuberculeuses. La zone centrale était formée le plus souvent d'un amas de globules purulents ayant SPOROZOAIRES. — SARCOSPORIDIES. ISH subi la dégénérescence caséeuse, et souvent même rinliltralion crétacée. La zone de prolifération, constituée par des cellules embryonnaires et quelques cellules épitbélioides, s'étendait à la périphérie entre les faisceaux primitifs, qui se trouvaient incorporés et détruits sur place. Le processus se déroule en empruntant à la fois les procédés de la myosite interstitielle et de la myo- site parenchymateuse. — Nous avons eu plusieurs fois l'occasion d'étudier, avec Moulé, des muscles de Porc offrant des f,'ranulations semblables. Rieck prétend d'autre part avoir observé de la myosite chronique due à la pénétration des spores f?) dans les fibres musculaires et à leur enkystement. Les animaux envahis par les Sarcocystes ne laissent généralement percevoir, pendant la vie, aucun trouble appréciable; cependant Vir- chow dit avoir constaté, sur quelques Porcs, de la faiblesse ou de la paralysie du train postérieur, une soif ardente, des rougeurs passa- gères de la peau, un aspect terne et larmoyant des yeux ; mais la re- lation existant entre ces manifestations et la présence des parasites n'est pas suffisamment établie. La fréquence des Sarcosporidies chez le Porc varie suivant les loca- lités : Koch l'estime à 8 p. 100, Perroncito à 25 p. 100, Leuckart, à 28 p. 100, Moulé à 40 p. 100, Herbst et Rupprecht à 50 p. 100, Kuhn à 98,5 p. 100. On ne connaît pas encore le mode de développement de ces para- sites. Les essais poursuivis par Virchow et par Manz, en vue de les transmettre à des animaux sains (Chats, Lapins, Cobayes, Rats, Souris) par l'ingestiuii de viande infestée, n'ont donné que des résul- tats négatifs. Pourtant, dans une expérience du même genre, Leuckart vit un Porc, reconnu sain au préalable, se montrer envahi quand on le sacrifia six semaines plus tard. Mais, comme le dit l'auteur lui- même, ce fait n'est pas suffisamment démonstratif, d'abord parce qu'il est unique, ensuite parce que l'infestation a pu se produire par une autre voie au cours de l'expérience. Manz affirmait que les Utricules psorospermiques se détruisent au contact des sucs digestifs, sans laisser aucune trace dans l'intestin, non plus que dans les muscles. La consommation de la viande de Porc envahie par des Sarcocystes paraît être ordinairement sans inconvénient pour l'Homme. Cepen- dant, Rabe a fait connaître un cas de catarrhe intestinal grave chez un individu qui avait fait usage de chair infestée à un haut degré. Sarcocyste du Mocro.N. — La Sarcosporidie qui se développe à l'in- térieur des faisceaux primitifs des muscles du Mouton nous a paru être munie d'une cuticule moins épaisse que celle du Porc, et nous l'avons dési- gnée provisoirement sous le nom de SarcocystU tenella. Elle mesure en moyenne 0 mm. 5 de long sur 60 à 100 [x de large. Moulé l'a trouvée 44 fois sur 100 chez les Moutons gras, et 98 fois sur 100 4;hezles cachectiques. Elle s'y trouvait, du reste, en quantité d'autant plus grande que la cachexie était plus accusée. Von Hessling, Cobbold, Moulé, Sticker, ont trouvé des Sarcosporidies dans loi PROTOZOAIRES. les fibres musculaires et Brusaferro dans les fibres du Purkinje du cœur : nous y en avons vu nous-mènie, mais il nous a toujours été impossible de déceler la moindre strialion dans leur mince cuticule. Krause en a décou- vert dans les muscles de l'œil. Sarcocsyte de la Chèvre. — Sarcosporidie plus grande et plus crosse que celle du Mouton, et pourvue d'une cuticule plus épaisse, plus résis- tante, plus nettement striée. Moulé Fa trouvée chez 33 p. 100 des Chèvres grasses, et chez 46 p. 100 des Chèvres maigres ou cachectiques, mais toujours en quantité relativement faible. Il est plus difficile de l'isoler du faisceau primitif que celle du Mouton, d'autant que les fibres musculaires sont beaucoup plus serrées et beaucoup moins distendues par les liquides, même chez les cachectiques. Sarcocyste du Bœuf. — Dimensions très variables : jusqu'à 5 milli- mètres et même 1 centimètre de long; cuticule assez épaisse, nettement striée, et se désagrégeant volontiers en cils. Moulé en a rencontré chez 6 p. 100 des Bœufs en bon état, et chez 37 p. 100 des Bœufs saisis pour maigreur extrême ; Beale en a vu dans les muscles de presque tous les animaux atteints de peste bovine, et Klein leur avait même attribué un rrMe dans le développement de cette maladie. Tokarenko a signalé chez un jeune Bœuf de la race des steppes une affection grave, due, selon lui, à une multiplication extraordinaire des utricules psorospermiques. dans les muscles. Des Sarcosporidies ont été vues en outre chez le Bœ.uf dans les fibres du cœur, par von Hessling, Cobbold, Perroncito, dans les muscles de Tœil par Krause, dans le crémaster d'un Taureau par Manz. Cobbold, dans le but de montrer l'innocuité de la viande envahie par ces^ parasites, a consommé en deux repas un cœur de Mouton et un cœur de Bouvillon contenant ensemble plus de 18,000 Sarcosporidies. Sarcocyste du Cheval. — Les Psorospermies des muscles du Cheval sont assez semblables, par leur aspect et leurs dimensions, à celles du Bœuf. Les Chevaux en bon état en ont fourni à Moulé à peine 6 p. 100 et les Chevaux maigres 20 p. 100; mais I'>iedberger et Frôhner déclarent que, chez les animaux âgés, il semble en exister presque constamment. Siedamgrotzky en a trouvé sur 13 Chevaux sacrifiés pour les dissections ou morts d'afîections diverses dans les hôpitaux de l'École vétérinaire de Dresde. Ils se montraient surtout dans la couche musculeuse de l'œsophage, formant dans les fibres transversales des stries blanchâtres visibles à l'œil nu ; mais on en rencontrait aussi dans les muscles du pharynx, dans les. muscles cervicaux inférieurs et dans le diaphragme. Cobbold dit avoir observé des Psorospermies utriculiformes dans la val- vule mitrale d'un Cheval, mais les détails qu'il en donne nous laissent con- cevoir quelques doutes sur la nature réelle de ces productions. Sarcosporidies des autres AiNimaux domestiques. — Mentionnons simple- ment la découverte de ces parasites par Krause dans les muscles oculaires- du Chien et du Chat, par Manz dans les muscles du squelette du Lapin, par Kiihn dans ceux de la Poule. Sarcospobt chez l'Homme. — (3n n'a pas encore démontré d'une manière préL.^3 l'existence de Sarcosporidies dans les muscles de ■O^-v x- ^ i\V'' ^\ \ SPOROZOAIRES. — SARCOSPORIDIES. l'Homme (1). Lindemann a bien décrit et tiguré des mies » observées dans les valvules sigmoïdes de l'aorte et dans la valvule mitrale ; mais il est ma- nifeste que ces productions n'ont rien à voir avec des Sarcosporidies, pas plus que celles qu'il avait vues dans le rein (voir p. 1 45). Rosenberg a trouvé, à l'autopsie d'une femme de -40 ans, morte à la suite de pleurésie et d'endocardite végétante, une hyperplasie considérable de l'endocarde sur un des muscles papillaires du ventricule gauche. En sectionnant ce muscle, il découvrit un kyste d'en- viron o millimètres de long sur 2 millimètres de large, possédant une enveloppe striée, et un con- tenu formé de petites masses protoplasmiques, les unes granuleuses, les autres hyalines, avec ou sans noyau, des corps falciformes, etc. Rosen- berg regarde ce kyste comme un Sarcocyste {Sar- cocxjstis hominis) ; mais cette détermination nous paraît un peu prématurée. Genre Mieschérie [Micscheria R. Bl., 1885). — Mem- brane d'enveloppe mince et anhiste. Nous ne signalerons dans ce genre que le Mieschcria mwHAR. Bl., des muscles de la Souris et du Rat, et le M. Hueii R. Bl., des muscles de l'Otarie de Californie. Famille des BALBIANIDÉS. — Utricules siégeant dans le tissu conjonctif [aa moins à l'état de développement complet). Genre Ba.U)ia.me [Balbiana R. Bl., 1885). — Membrane d'enveloppe mince et anhiste ; cavité intérieure divisée en loges nombreuses et irré- gulières par des cloisons mitoyennes. Balbianie géante [B. gigantea Raill., 1886). — Cette Sarcosporidie se présente sous l'aspect d'un nodule blanchâtre, dont le volume varie de celui dun grain de millet à celui d'une petite noisette. Sur une coupe, on reconnaît qu'elle est limitée par une membrane transparente très déli- cate, et qu'elle ofîre à l'intérieur un cloisonne- ment complexe, donnant lieu à la formation d'un réseau dont les mailles (représentant des spores) sont de dimensions variables. Dans les plus gros exemplaires, la[par Fig. 74. — l'i-asment d'œso- pliagc de Moulou cnvalii par desBalliiaiiics gi'antes. Grandeur iiatuielle (Orig.). (1) r.ail Lindemann, loc. cil., p. 425; tab. VII, fig. 1, 18G3. — Ben '«Jt Hosenbehg, Ein Befiind von Psorospennien (Sarcosporidien) im Herzmuske. 's Men.^c/i';?!. Zeitsohrift fin- Hygicne, XI, p. 4.35, 1892. 156 PROTOZOAIRES. tie centrale laisse un vide de l'épaisseur d une tête d'épingle. Les mailles voisines de la périphérie sont remplies de corpuscules falciformes très réguliers, pourvus ou non de deux points brillants et parfois mé- langés de corpuscules arrondis. La Balbianie géante a été rencontrée d'abord chez le Mouton par Winkler et Leisering, puis par Dammann, Roloff, Fiirstenberg, Ziirn, Morot, Brusaferro, etc. A première vue, elle oflre assez l'apparence d'un petit abcès ou d'un amas de graisse, mais l'examen microscopique de son contenu lacto-puriforme ou caséeux révèle immédiatement sa nature en montrant un nombre immense de corpuscules en croissant. Elle siège principalement dans la musculeuse de l'œsophage, mais on la trouve aussi dans la langue, dans les muscles du pharynx, du la- rynx, des joues, des lèvres, du cou, de l'épaule, du thorax, de l'ab- domen, des cuisses, dans la portion charnue du dia- phragme et même dans le peaucier. Il n'est pas rare Fig. 75. — Coupe transversale d'une Balbianie géante du Mouton, Fig. 76. — Corpuscules falciformes enveloppée par les fibres musculaires de l'œsoijhage. Grossis- de Balbiania rjigantea, grossis 850 sèment : 20 diamètres (Orig.). fois (Orig.). d'en observer sous la plèvre, sous le péritoine ou même sous le péri- carde, et Ziirn en a vu deux sous la dure-mère cérébrale d'un Mouton. Ces parasites sous-séreux présentent généralement une forme un peu plus allongée que ceux des autres régions du corps. Les premiers observateurs allemands avaient rencontré cette Sarcosporidie chez des animaux qui étaient morts, les uns subitement, les autres après avoir présenté des symptômes d'asphyxie ou des accès épileptiformes. Ils en avaient conclu que la perte de ces animaux devait être attribuée au pa- rasite. Mais les recherches de Furstenberg et surtout celles de Morot ont établi que les Balbianies, même en très grand nombre, se rencontrent chez les animaux les mieux portants. Sur environ 900 bêtes bovines sacrifiées pour la boucherie à l'abattoir de Troyes, 272 offraient des nodules œsopha- giens ; 6 en avaient en même temps sous la plèvre, 10 sous le péritoine, 27 à la fois sous la plèvre et le péritoine. L'existence et même l'abondance des parasites paraissaient être absolument indépendantes de l'état d'embon- point, de l'âge et du sexe des animaux. Une Brebis bien portante, de 8 à 10 ans, en avait un grand nombre dans toutes les parties du corps, et en particulier 227 dans l'œsophage et 128 dans la langue. Fiirstenberg prétendait qu'on en rencontre chez tous les Moutons im- SPOROZOAIRES. — MYXOSPORIDIES. Td? portés de France en Allemagne ; on vient de voir, en outre, qu'ils sont com- muns à Troyes; ils s'observent aussi très souvent à Reims, assez rarement à Paris. Lorsque les Balbianies sont anciennes, elles peuvent subir, comme les autres Sarcosporidies, la dégénérescence calcaire. On ne connaît rien du mode de développement de ces Sporozoaires ; nous n'avons pas réussi à les transmettre par ingestion ; PfeifiFer a également échoué dans ses essais d'inoculation, mais ses animaux d'expériences ont succombé à une sorte d'intoxication, due peut-être à une ptomaïne. — Les Balbianies géantes s'observent aussi chez la Chèvre, où elles ont été rencontrées par Harms, von Niederhœusern, Railliet. De Jongh en a trouvé un grand nombre dans les muscles des Buffles de Java et de Sumatra. Un bouclier de cette dernière île lui a assuré, en outre, que de semblables productions s'observaient souvent chez les Poules, et de temps en temps chez le Porc, la Chèvre, le Mouton et le Bœuf. Van Eecke en a vu chez le Bœuf et chez le Buffle. Enlîn, quelques auteurs rapportent à cette forme, mais sans preuves suf- fisantes, des Psorospermies signalées par divers observateurs dans l'œso- phage du Cheval. — Le type du genre {B. mucosa R. Bl., 1885), a été découvert par R. Blan- chard dans le tissu conjonctif sous-muqueux de l'intestin d'un Kangourou. — Stiles , en Amérique, en a trouvé également une forme {B. Bileyi Stiles, 1893) dans le tissu conjonctif intermusculaire d'un Anatidé iSpatula clypeata), où elle détermine ce qu'on appelle la ladrerie des Canards. QL'ATIUEME ORDRE MYXOSPORIDIES Les Myxosporidies ou Psorospermies des Poissons n'otlVent que des ana- logies assez éloignées avec les autre? Sporozoaires. C'est Jean .Mùller qui, le premier, a spécialement attiré l'attention des naturalistes sur ces pro- ductions ; il les avait rencontrées chez divers Poissons d'eau douce affectés d'une maladie siégeant sur la peau, sur les muqueuses et jusque dans les muscles ; mais, n'ayant observé en réalité que les corps reproducteurs, qu'il comparait à des spermatozoïdes, il leur avait donné le nom de Pi>orosper- »îies (4'ùpa, gale; s-kI^^-t., semence). Dujardin reconnut le premier que ces corps naissent aux dépens d'une masse protoplasmique, et fut amené à émettre l'idée d'une parenté entre ces organismes et les Crégarines. Ap- puyée par Bùtschli, cette opinion a fini par prévaloir. Les Myxosporidies consistent en des masses protoplasmiques granuleuses, nucléées, souvent pressées les unes confie les autres et douées de mouve- ments amiboïdes ; on peut y distinguer un ectoplasme dense, ne renfermant que de fines granulations et s'allongeant en pseudopodes tantôt larges, tantôt grêles, et un endoplasme de teinte souvent jaune Oii brunâtre. 158 PROTOZOAIRES. C'est à l'intérieur de ces masses que se développent les psorospermies de J. Millier, corpuscules auxquels Biitschli accorde la signification de corps reproducteurs ou spores. Leur structure est complexe. Ils ont pour enve- loppe une coque solide, formée de deux valves. Le contenu se compose d'une masse protoplasmique montrant parfois une vacuole et d'une ou plu- sieurs capsules, situées presque toujours à l'un des pôles et inclinées l'une vers l'autre ; ces capsules polaires elles-mêmes ont une paroi épaisse et contiennent un filament spirale, qui peut se dérouler et sortir sous l'in- fluence de divers réactifs (1). Fig. 77. — Psorospcrniies de la Tanche, d'après Balbiani. — a, Psorospermie vue de face. 6, de profil, c, avec les filaments déroul)v'.v nniscula ir es {'èieniovs, Vorticellesl . D'autres fois, il présente dans son épaisseur des bâtonnets urticantsou trichocystes. Il est ordinairement limité par une cuticule, dont l'épaisseur est des plus variables. Les cils dont le corps est revêtu sont diversement répartis, et c'est précisément sur cette répartition qu'est basée la classification de Stein. Fig. Sti. — Infusoires cilir's. — a, Vaginicnio crystallina. 6, Stentor Miilleri. c, groupe de Vorli- ceiles. d, bourgeon délaclu'' de Vorlicelle, moulrant la couronne poslérieure de cils (Huxley). Ils peuvent d'ailleurs se différencier pour former des appendices par- ticuliers : cirres, soies, lanières vibratiles et membranes ondulantes. Chez quelques formes, la bouche est absente, et la nutrition s'ef- fectue alors par endosmose (Opalines). Mais la plupart des Ciliés sont, au contraire, pourvus d'un orifice buccal, qui conduit dans l'en- doplasme par une sorte de tube œsophagien; ils possèdent aussi un anus, apparaissant sous la forme d'une fente étroite au moment de l'expulsion des résidus alimentaires. La digestion est souvent facilitée par un mouvement circulaire de la masse endoplasmique (cyclose) : les vacuoles alimentaires font ainsi plusieurs fois le tour du corps, et sont enfin expulsées lorsqu'elles passent au niveau de l'anus. Lors même que ces bols n'obéissent pas à la cyclose (Oxytrichidés), on les 172 PROTOZOAIRES. voit se rapprocher de l'anus à mesure que leur contenu diminue en passant à l'état résiduel, et se trouver finalement expulsés. Dans quel- ques cas, on a même constaté une tendance du réseau endoplasmique à s'ouvrir devant les aliments dans une direction déterminée, et à constituer ainsi un tube digestif sans parois propres, de la bouche à l'anus. Toujours on trouve une ou plusieurs vacuoles contractiles. Quant au noyau., viacronurléus ou endoplaste, il est très variable dans sa forme : rond, ovale, oblong, allongé en boudin, contourné en fer à cheval, etc., quelquefois même divisé en articles ou en grains. Le plus fréquemment, il est accompagné d'un ou de plusieurs corpuscules qu'on nomme nucléoles, micronucléus, endoplastules, etc. Le nucléole est toujours situé à côté du noyau, auquel il est souvent même accolé ; il a, en réalité, la signification d'un petit noyau. Les Infusoires ciliés se multiplient d'ordinaire par scissiparité : en pareil cas, c'est la division transversale qui prédomine; la scission longitudinale est beaucoup plus rare. Parfois, il se produit une divi- sion répétée après eQkystement (Colpodes). On peut observer aussi des exemples de gemmiparité. Mais, chez un grand nombre de formes, la série des générations qui se succèdent d'après ces procédés se montre limitée, et il semble né- cessaire qu'un rajeunissement intervienne par la conjugaison de deux individus. Les phénomènes qui se manifestent dans cette circonstance ont été récemment étudiés avec soin par Maupas, sous le nom de ra- jeunissement karyogamique ; mais il est juste de reconnaître que les premières observations précises sur ce sujet sont dues à Balbiani. — La conjugaison s'annonce souvent par une série de manifestations comparables à celles qui préludent au rapprochement sexuel chez les animaux supérieurs. Elle est, d'ailleurs, provoquée par l'appauvrisse- ment nutritif du milieu. — C'est généralement le matin qu'on voit les individus (gamètes) s'accoler deux à deux. Mais le phénomène essentiel de la conjugaison consiste dans l'évoUition du nucléole, que Maupas est arrivé à schématiser d'une façon assez simple. Cet auteur distingue huit stades principaux, qu'il désigne par les huit pre- mières lettres de l'alphabet. — A. Le nucléole se sépare du noyau et aug- mente de volume. — B. Il se divise en deux suivant les phases ordinaires de la karyokinèse. — C. Ceux-ci se divisent de la même manière. — D. Des quatre corpuscules nucléolaires ainsi formés, trois disparaissent par ré- sorption (corpuscules de rebut). Le corpuscule persistant dans chaque indi- vidu se divise de nouveau en deux : l'un de ceux-ci est destiné à jouer le rôle de pronucléus mâle, ou élément fécondateur; l'autre remplit celui d'é- lément fécondé, ou pronucléus femelle. — E. Chaque pronucléus mâle pé- nètre dans le corps de l'autre conjoint et va se fusionner avec le pronucléus femelle de celui-ci. — F. Le noyau mixte résultant de cette fusion se divise en deux, puis — G. en quatre. — H. Les produits de cette division se diffé- INFUSOIRES. — GYMNOSTOMRS. 17:{ rendent en noyaux et nucléoles, un certain nombre d'entre eux étant sus- ceptibles de se résorber. Les six premiers stades, A-F, sont constants. Le septième ou stade G peut manquer ou au contraire présenter une plus grande complication. Pendant toute cette évolution, le noyau primitif est demeuré inerte; mais, au moment du stade H, il s'étire et se fragmente, pour disparaître en tota- lité ou en partie par résorption. Il ne joue donc aucun rôle essentiel dans la conjugaison. La dissolution de la syzygie ou, pour parlei' plus simplement, la disjonc- tion des individus s'effectue dans l'un quelconque des stades qui suivent l'échange des |ironucléus mâles ; mais ce n'est qu'à la fin du stade H que ces ex-conjugués sont aptes à se multiplier par scission ou gemmation. Les Infusoires ciliés abondent surtout dans les eaux douces, mais on en rencontre aussi dans l'eau de mer. Il est même un certain nombre de formes qui vivent dans les réservoirs digestifs des animaux. La classification généralement adoptée jusqu'à ces derniers temps pour ce groupe dlnfusoires était celle de Stein, qui répartissait les Ciliés, d'après la disposition de leur revêtement, entre quati'e ordres, ceux des Holotriches, des Hétérotriches, des Hypotriches et des Péritriches. Mais elle est devenue insuffisante en beaucoup de points, et il convient de lui substituer celle de Bïitschli, établie sur des bases beaucoup plus rationnelles. 2 ordres : Bouche dépourvue de membrane Gvmnostomes. Bouclie pourvue d'une membrane ondulante Trichostomes. PREMIER ORDRE GYMNOSTOMES Bouche arrondie ou en fente, ouverte seulement lors de la préhension des aliments, et ne montrant pas de membrane ondulante, bien que les cils soient parfois un peu modifiés dans la région buccale. Œsophage non cilié. Les corpuscules alimentaires sont toujours engloutis et non pris par un tourbillon. Revêtement ciliaire complet ou réduit : cils courts, tous sem- blables. Cet ordre se divise en 3 familles, dont la première seule doit nous retenir. Famille des ENCHÉLYIDÉS. — Bouche terminale, presque toujours arrondie. Œsophage formant un tube dirigé en arrière et généralement en- touré de trichocystes plus ou moins distincts. Anus le plus souvent ter- minal. Parmi les nombreuses sections de cette famille, nous n'avons à citer que la suivante : Sous-famille des prorotrichinés. — Forme globuleuse ou ovale; extré- mité antérieure souvent un peu tronquée. Œsophage court. Kevêtement ci- 174 PROTOZOAIRES. liaire borné à rextrémité antéro-externe, ou comprenant en outre quelques bouquets ou séries transversales de cils sur divers points du corps. (ienre Butschlie (fîMx. Paraïsotrique flacon '(P. amimlla Fior. , 1890). — Corps en forme de flacon, dont le col est revêtu de cils beaucoup plus longs que ceux du reste de la surface. Noyau latéral. Péristome très petit, terminal. Longueur 110 [x; largeur 40 a. Paraïsotrique entaillée (P. incixa Fior., 1890). — Corps arrondi, avec une incision latérale correspondant au péristome. Noyau latéral. LongueurôOfi; largeur 40 a. Toutes ces formes habitent le gros intestin des Équidés; la dernière est rare. DEUXIÈME SOl'S-oriDRE spiROTtiicnËs 'foQjours une zone adorale, consistant d'ordinaire en une membrane plus DU moins spiralée qui limite en partie Ou en totalité un chanip péristomien. Souvent, en outre, celui-ci se distingue, paf- d'autres particularités, du reste lie la surface du corps. Ce sous-ordre se subdivise en quatre sections : Héférotrichcs, OligotricheSi Hijpotrirhes et Péritriches. ['" Section : Hétérotriches. — A la présence d'une zone adùrale assez dé- veloppée et directe, oblique ou spirale, ces formes joignent un reVèteftierit ciliaire uniforme et généralement complet. Genres Plagiotoma, Balantidium, Biirsaria^ Stentor, etc. llAiLLiET. — Zoologie. i2 178 PROTOZOAIRES. Famille des BURSARIDÉS. — Corps en forme de bourse, parfois nu peu aplati dans le sens dorso-ventral, rarement dans le sens latéral. Le pé- ristome, court et lai-jL;e, suit une ligne directe ou oblique, mais jamais spirale, qui de l'extrémité antérieure du corps s'étend en général du côté droit de la surface ventrale jusqu'à la bouche; il n'est bordé que du côté gauche par les cils adoraux; le bord droit porte aussi parfois une membrane ondulée, ((l'œso- phage nul ou peu distinct. (ïenre Balantidium {Balantidium Glaparède et Lacbmann, 1838). — Corps ovale ou allongé, à surfaces dorsale et ventrale à peu près également bombées, un peu tronqué en avant, avec un péristome en forme de fente, qui se ré- trécit en arrière et ne se dévie que légèrement à droite de la ligne médiane ventrale. Cils adoraux à peine plus longs et plus épais que ceux du corps. Au fond du péristome s'ouvre la bouche, qui se continue par un court œso- phage. Anus terminal. Un noyau ovoïde ou rubanaire. En général, deux ou trois vacuoles contractiles. Toutes les espèces de ce genre vivent en parasites dans le lube digestif des Vertébrés, et en particulier des Batraciens. Balantidium du côlon [Balantidium coli [Malmsten]. — Syn. : Paramœcinm coli Malmsten, 1837 ; B. coli Stein, 1862). — Grand Infu- soire, de 70 à 100 \j. de long sur 50 à 70 p de large, de forme ovalaire, à endoplasme fine- ment granuleux, renfermant des gouttelettes de graisse et d'autres corps plus gros, tels que des aliments ingérés et peut-être des masses fécales ; à ectoplasme transparent, offrant de nombreuses stries qui vont du péristome à l'extrémité postérieure. Cuticule mince, revêtue de cils implantés dans Tin- tervalle de ces stries. Au pôle antérieur, lé- gèrement tronqué, un court péristome en entonnoir, naissant d'ordinaire à droite sur Fig.so.—fiaZaH/Wmmco//, d'après la facc vcutrale et se dirigeant obliquement Slein. — p, péristome. a, anus. , . , j. ,, , "^ . • , , , - ■ », noyau, w, vacuoles coniiaciiies. ^'^i"» iG plan médian ; 1 extrémité postérieure, très rétrécie, de ce péristome. représentant la bouche, se continue par un court œsophage qui traverse l'ecto- plasme et aboutit à Fendoplasme. Noyau elliptique et légèrement incurvé situé vers la face ventrale et dans le voisinage de la ligne médiane ; pas de nucléole. Vacuoles contractiles ordinairement au nombre de deux, dont une postérieure presque toujours plus grande ; toutes deux occupant en général le côté droit du corps et ne présen- tant que des contractions faibles et lentes. Anus au pôle postérieur, ne se distinguant que par la sortie des excréments. — La reproduc- tion a lieu par scission transversale. Wising a observé en outre le début d'un processus de conjugaison, deux individus s'accolant par la région du péristome et se fusionnant en ce point. INFUSOIRES. — ÏRICHOSTOMES. 179 Le Balantidiutn coU a été découvert en 1856 par le professeur Malmsten, de Stockholm, dans les selles d'un homme qui, deux ans auparavant, avait souffert d'une violente attaque de choléra, et qui depuis lors se plaignait de troubles digestifs s'accompagnant alterna- tivement de diarrhée et de constipation. Peu de temps après, cet observateur retrouva le même Infusoire dans le cœcum et le C(Mon d'une femme qui avait succombé à une colite chronique. Depuis lors, divers médecins l'ont retrouvé chez l'Homme, dans des cas de typhus, de diarrhée, de dysenterie, etc., tant en Suède qu'en Russie, en Italie, en Cochinchine, etc. D'autre part, Leuckart a montré, dès 1803, que le même parasite se rencontre constamment, et en grande abondance, dans le gros intestin du Porc, en Saxe. Il a été ensuite observé, avec une fréquence varia- ble, dans les différentes parties de l'Allemagne, en Suède, en Italie, en Russie et en France, chez le même animal : à Alfort, nous l'avons trouvé sur tous les Porcs examinés (1886); Neumann l'a vu égale- ment à Toulouse. Perroncito croit en outre l'avoir observé dans des nodules pulmo- naires, chez un Mouton, et Brusaferro l'a signalé dans une tumeur du poumon droit d'un jeune Bœuf, mais, comme nous l'avons dit plus haut, il s'agit vraisemblablement d'Infusoires de la panse {Isofricha?). Il suffît, pour le découvrir, de recueillir à l'aide d'une sonde les ma- tières fécales ou les mucosités du rectum, ou bien d'examiner des excréments très récents de Porc. En déblayant ces matières dans un peu d'eau, on distingue, même à la simple loupe, de petits points incolores qui se déplacent en tous sens et ne sont autre chose que les Infusoires. Au bout d'un certain temps, ceux-ci s'arrêtent et se con- tractent. Les cils du corps disparaissent, puis les cils adoraux et enfin l'épistome lui-même, et le corps se présente sous l'aspect d'une boule de 80 à 100 [x, dont l'endoplasme, renferme des gouttelettes grais- seuses, et dont l'ectoplasme clair est limité par la cuticule épaissie en forme de capsule. Dans les excréments de Porc en partie desséchés, on retrouve des kystes semblables. Or, les Infusoires ainsi protégés sont doués d'une grande force de résistance aux influences exté- rieures; ils se dispersent à la façon des œufs d'helminthes, et c'est vraisemblablement à cet état qu'ils pénètrent dans le tube digestif de l'Homme ou des animaux, à la faveur des aliments ou des boissons. Cependant, nous devons dire que Calandruccio et Grassi n'ont pu développer le Balantidium chez l'Homme par l'ingestion de kystes provenant du Porc, ce qui leur fait émettre le soupçon d'une diffé- rence spécifique entre les parasites de ces deux hôtes. Déjà Wising avait noté que l'Infusoire atteint chez l'Homme une taille moins con- sidérable (60 à 70 fx) que chez le Porc. En tout cas, l'influence pathogénique du Balantidium coli n'est pas encore nettement établie : tout ce que nous pouvons dire jusqu'à pré^ 180 PROTOZOAIRES. sent, c'est que, chez le Porc, il vit dans un intestin tout à fait sain, tandis qu'on ne l'a encore vu chez l'Homme que dans des cas de maladie. Pour le détruire, on a employé l'acide chlorhydrique dilué, l'acide acétique et le tannin, l'acide salicylique, etc., per os et anwn. 2"= Section : Oligotriches, — Corps de dimensions médiocres, peu allongé. Le champ péristomien, situé près de l'extrémité antérieure, est orienté per- pendiculairement à l'axe longitudinal. La zone adorale forme un cercle plus ou moins complet. Le revêtement ciliaire du reste du corps est assez variable. Genres principaux: Halterla, Tintimnis, Ophryoscoleoc, etc. Famille des OPHRYOSCOLÉCIDÉS. — Corps de dimensions variables, ri- gide, à cuticule épaisse : seul, le péristome est rétractile ; zone adorale demi- circulaire, son extrémité orale s'enfonçant profondément dans la cavité infun- dibuliforme du péristome. Celle-ci est largement ouverte en avant et se continue en arrière par un œsophage peu distinct, recourbé à gauche. Les cils adoraux sont disposés en spirale. En avant du miUeu du corps, sur les parties dorsale et latérale gauche, on observe parfois une ceinture ciliaire incomplète (ceinture équatoriale). L'extrémité postérieure porte souvent des prolonge- ments styliformes, recourbés, entre lesquels se trouve l'anus terminal, pré- cédé d'ordinaire d'un court canal. Genre Entodinion {EntodmiumSlem,i8*68). — Corps ovoïde, nu, aplati dans le sens dorso-ventral, brusquement tronqué en avant. Ouverture buccale très large, comprenant presque toute la portion tronquée, et entourée d'une spirale de cils épais insérés dans un sillon et descendant dans le pharynx. Pas de cein- ture équatoriale. Noyau cylindrique avec un nucléole et placé contre la face gauche du corps. Une vésicule contractile. Endoplasme rempli de débris vé- gétaux. Entodinion minuscule (Eut. minimum Schub., 1888). — Corps allongé, atténué en arrière et terminé en pointe obtuse, délicatement strié en long. Bord droit régulier ou légèrement concave; bord gauche fortement bombé. Vésicule contractile au milieu delaface dorsale. Longueur 38 ,o.; largeur 23 [j.. Entodinion bourse {Ent. biirsa Stein, 18o8, pro parte). — Corps assez large, arrondi en arrière, oîi existe une légère échancrure (vestibule anal), transparent, strié longitudinalement. Vésicule contractile logée à droite du pharynx. Longueur S5 à 114 (jl; largeur 37 à 78 [i. Entodinion. à queue {Ent. caudatum Stein, 18b8). — Ovoïde ; face dorsale légèrement bombée ; face ventrale offrant à gauche une cavité en forme de coquille. Le corps se prolonge, du côté gauche de la face ventrale, en un ong appendice caudiforme aplati et un peu recourbé ;du côté droit, il forme deux lobes pointus beaucoup plus courts, l'un dorsal, l'autre ventral. Vési- tule contractile à droite du pharynx. Longueur 53 (x; largeur 26 [x. Entodinion à bec {Ent. rostratum Fior., 1889). — Diffère surtout de l'En- todinion à queue en ce que le corps n'est prolongé que par un court appen- dice en forme de crochet. Longueur 60 p. ; largeur 24 \x. Ces quatre espèces se trouvent, en médiocre abondance, dans la panse des Bœufs et des Moutons. LNFUSOIRES. — TRICIIOSTOMES. 181 Entodinion vaivé {E? valvatum Fior., 1890). — Corps conique, à base an- lérieure. Péristome entouré de cils et recouvert d'une sorte de valvule fixe. Kn arrière, une couronne de cils autour de l'anus, qui communique par un court canal avec une grosse vacuole contractile. Longueur 60 [ji; largeur 20 a. Gros intestin dos Équidés. l-]n(odiiiioii hipalnié {E? bipalntalinii Fior., 1890). — Corps rectangu- laire, déprimé, plus épais sur un bord que sur l'autre. Cuticule finement cha- grinée, surtout en avant. Bord droit offrant une bande marquée de zones allernalivement transparentes et opaques, sous laquelle on trouve le noyau et le nucléole, puis 5 ou G vacuoles contractiles. Péristome large, entouré de cils, occupant tout le bord antérieur. Vers la partie postérieure et de chaque côté, une touffe de cils portée par un large pédoncule. Longueur 214 ;j. ; lar- geur 99 ;x. Très abondant dans le c;ecuni des Équidés. G. Colin l'a représenté sous plusieurs aspects. (;onre Diplodinion {Diplodinium Schuberg, 1888). — Schuberg a proposé d'élablir ce genre pour les formes qui présentent les caractères généraux des Entodinions, mais possèdent une couronne postérieure plus ou moins incom- plète de cils {ceinture équatonale). Diplodinion bourse (D. Bursn [Stein]. — Syn. : Entodinium bursa Stein, 18oH, pro parte ; D. Buna Fior,, 1889). — Corps cordiforme, aplati ; ex- trémité antérieure tronquée, avec une seule couronne de cils; extrémité postérieure divisée en deux par une échancrure au fond de laquelle s'ouvre l'anus. Ceinture équatoriale très petite. Longueur 100 ,u.; largeur 60 ,u.. Panse du Bœuf. Diplodinion de Mag:gi (D. Marjgu Fior., 1889). — Corps cordiforme ; ex- trémité antérieure tronqué-e avec deux couronnes de cils dont la plus grande limite le péristome; à peu de distance de l'extrémité postérieure, une légère échancrure ou vestibule anal. Ceinture équatoriale très incomplète, incons- tante ("?). Très grande espèce: longueur 180 (x; largeur 120 [i.. Diplodinion à mamelons (D. mammosum RailL, 1890. — Syn.: D. den- tatum Fior., 1889, nec Stein, 1838). — Corps aplati de dessus en dessous, concave-convexe; extrémité antérieure tronquée, avec une seule couronne de cils; extrémité postérieure à trois lobes mamelonnés. Longueur 100 [i; lar geur 48 [t.. Diplodinion denté (D. dcntatum [Stein, nec Fior.]. — Syn, : Entodinium dcntatum Stein, 18.o8; D. denticulatum Fior., 1889 ; D. dentatum RailL, 1890). — Corps légèrement incurvé dans le sens latéral, divisé par une saillie lon- gitudinale en deux zones inégales distinctes ; extrémité antérieure tronquée offrant six fortes dentelures recourbées en crochets. Ceinture équatoriale in- constante (?), Dimensions presque égales à celles du D. Bursa. Panse du Bœuf. Diplodinion à queue en bec [D. roUratum Fior., 1889), — Corps trapu, gibbeux; extrémité antérieure tronquée, avec une seule couronne de cils; extrémité postérieure pourvue d'une courte queue recourbée en forme de bec. Longueur 80 u. ; largeur 40 ;jl. Panse du Bœuf, Diplodinion à crochet [D? uncinatiim Fior., 1890), — Corps légèrement pyriforme, nioiitiant à bipartie antérieure deux couronnes de cils entourant 182 ■ PROTOZOAIRES. deux orifices buccaux (?) qui conduisent à un pharynx unique. Un crochet creux, né du fond de ce pharynx, dépasse l'extrémité antérieure. En arrière, l'anus, entouré de cils, communique par un court canal avec une grosse vacuole contractile. Longueur 90 [j. ; largeur 30 [j.. Commun dans le gros intestin des Équidés. Diplodinion unifasciculé {D? unifusciculatum Fior., 1890). — Corps court, un peu anguleux. Cuticule striée en long et obliquement en travers. Péristome sans cils. Un peu en arrière, deux couronnes ciliaires. Extrémité postérieure offrant latéralement deux groupes de cils. Longueur 230 p., largeur 90 y.. Dans le côlon des Équidés; très rare. Genre Ophryoscolex {Ophryoscolex Slein, 1858). — Corps trapu, vermiforme, nu et raide, un peu souple seulement à l'extrémité antérieure, tronqué en avant, arrondi en arrière et terminé souvent par un ou plusieurs appendices styliformes flexibles. Face dorsale fortement bombée ; face ventrale avec une étroite sole limitée par deux stries granuleuses. A l'extrémité antérieure du corps, un organe ondulatoire en forme de manchette, à cils puissants, pro- traclile et rétraclile; à l'extrémité postérieure, au-dessus de l'origine des sty- lets caudiformes, se trouve l'anus. En avant du milieu du corps, une ceinture de cils épais, entourant les parties dorsale et latérale (ceinture équatoriale). Sur le côté droit, un noyau elliptique, et sur celui-ci un nucléole arrondi. Quelques vésicules lentement contractiles. Ophryoscolex de Purkynje (0. Purhynjei Stein, 1838. — Syn. : Diplodi- niiim vorlex Fior., 1889). Corps irrégulier, gibbeux, un peu atténué en avant, assez large en arrière. Trois verticilles de stylets très fortement recourbés à l'extrémité postérieure du corps, à l'exception de la face ventrale. Longueur 200 [jl; largeur 80 [x. Très commun dans la panse des Ruminants, particulièrement du Mouton, — Je crois pouvoir rapporter à cette espèce l'animalcule que Perroncito a trouvé en 1872 dans des nodules pulmo- naires du Mouton et qu'il a décrit comme un Rotifère. Ophryoscolex inerme (0. inermis Stein , 1858. — Syn. : LHplodinium ecaudatam Fior., 1889). — Corps allongé, sub- cylindrique, concave en dessus, convexe en dessous. Anus dans une échancrure de la parlie postérieure, qui est ar- rondie, sans'stylets. Longueur 120 [i. ; largeur 44 p.. Fiorentini décrit à côté de cette espèce, sous le nom de D. caudatum, une forme qui n'en est probablement qu'une variété, car elle n'en diffère que parla présence d'un stylet caudiforme long de 40 jjl. Commun dans la panse des Ruminants, Ophryoscolex de Cattaneo (0. Catlaneoi [Fior.]. — 'l'colex ûiermisyav. ^y"^' '■ J^iplodiniiim Cuttanei Fior., 1889 ; 0. Cattanei Schu- caudatus {G. CoWn). berg, 1893). — Corps allongé, marqué de quelques lignes spiralées ; extrémité antérieure tronquée, avec une cou- ronne de cils ; extrémité postérieure avec cinq longs prolongements caudi- formes, dotit un dépassant notablement les autres. Longueur 180 [x ; lar- geur 64 [X. Panse du Bœuf. INFUSOIllES. — TRICHOSTOMES. 183 (ieiire Spirodinion {Spirodinium Fior., I89(i). — Une rangée de cils disposés en spirale, contournant plusieurs fois le corps et entourant le péristome eu avant. Cuticule résistante. Noyau allongé ot irrégulier. Débris alimentaires dans l'endoplasme. Spii-odinioii du Cheval [Sp. et.-v.;, peigne ; oopo;, porteur) sont des animaux marins de consistance gélatineuse, nageant librement, et de forme arrondie, ovoïde, cylindrique ou rubanée. La symétrie est biradiaire et non bilatérale, car si les parties similaires sont disposées de chaque côté d'un plan longitudinal, on ne peut distinguer ni face antérieure ni face postérieure. — La progres- sion est déterminée par l'action de petites palettes ciliées disposées à la sur- lace du corps suivant huit méridiens : ces palettes résultent de la soudure partielle de grands cils formant des rangées transversales comme les dents d'un peigne, ce qui a valu à ce groupe son nom particulier. — La bouche^ située à l'un des pôles du corps, conduit dans un tube stomacal (œsophage) qui s'ouvre dans la cavité du corps ou entonnoir. D'ordinaire, cet entonnoir émet, au voisinage du pôle aboral, deux branches qui débouchent au dehors par de très petits pores, lesquels, toutefois, ne remplissent jamais le rôle d'anus. Entre ces branches, se trouve un organe cellulaire regardé comme sensoriel et nommé ctënocyste. D'autre part, il naît de l'entonnoir deux ca- naux latéraux (radiaires), qui se divisent bientôt en deux, puis ceux-ci en 198 ÉCHINODERMES. deux autres en se dirigeant vers la périphérie; ces huit canaux radiaires pé- nètrent finalement dans autant de conduits longitudinaux ou dénophoriques situés au-dessous des rangées de rames. En outre, l'enton- noir fournit deux canaux qui remontent vers la bouche et se terminent en cul-de-sac : ce sont les canaux paragastriques. Enfin, quand il existe des ten- tacules, leur cavité communi- que aussi avec Tinfundibulum : ces tentacules sont rétractiles et chargés de nématocjstes mo- difiés (cellules adhésives). Les sexes sont, en général, réunis sur le même individu. Les œufs et les spermatozoï- des prennent naissance dans les parois latérales des canaux cténophoriques. Le développement parait direct dans la plupart des cas. A cette classe appartiennent les Béroés, les Gestes, etc. Fig. 101. Clénophores : Pleurobrachia pileus, d'aprùs Huxley. QUATRIÈME EMBRANCHEMENT ÉCHINODERMES AnirnaUx à symétrie rayonnée généralement alliée à une symétrie bila- térale; à squelette dermique incrusté de calcaire et souvent hérissé de piquants; une cavité générale séparant le tube digestif de la paroi du corps; un appareil ambulacraire spécial. Comme les Polypes, les Échinodermes [iywz, hérisson ; ^£p,u.a, peau) ré- sultent du démembrement des Rayonnes de Cuvier. Leur symétrie est en apparence très nettement radiaire, mais en réalité il existe toujours des or- ganes impairs situés en dehors de Taxe (plaque madréporique, canal hy- drophore), et chez de nombreuses formes supérieures (Holothuries), aussi bien qu'à l'état larvaire, la symétrie bilatérale devient évidente. Les Échinodermes sont d'ordinaire constitués selon le type quinaire, c'est- à-dire que les antimères sont au nombre de 5. Ainsi,' une Astérie offre cinq branches, un Crinoïde a cinq bras ramifiés ; un Oursin représente une sphère avec cinq bandes renfermant toutes les mêmes organes ; une Holothurie montre un corps cylindrique avec cinq bandes analogues. On peut, chez ces divers animaux, reconnaître cinq plans verticaux équidistants, correspon- dant aux antimères : ce sont les plans radiaires ou rayons, entre lesquels s'en trouvent cinq autres ou intevrayons, La ligne de réunion des cinq rayons constitue l'axe longitudinal du corps : la bouche occupe l'une de ses extrémités {pôle oral) et l'anus s'ouvre d'or- dinaire à l'extrémité opposée {pôle ahoral). ÉCHINODERMES. 199 La paroi du corps, qui est séparée du tube digestif par une cavité géné- rale entérocœlique, se montre constituée en général par une couche épithéliale externe, une couche fibro-cellulaire moyenne, et une couche épithéliale in- terne. L'épithéiium externe, d'origine ectodermique, manque souvent chez les adultes, surtout au niveau des parties calcitiées. Le revêtement interne, endodermique, est un épithélium pavimenteux généralement vibratile. Quant à la couche moyenne ou mésodermique, elle a pour base un tissu conjonctif particulier, dilTérencié sur certains points en faisceaux contrac- tiles, et laisse s'effectuer dans son épaisseur des dépôts calcaires, sous forme de spicules disséminés ou plus souvent de plaques polygonales qui consti- tuent un véritable squelette dermique. A la surface de ce test se montrent divers appendices, parmi lesquels on remarque principalement des piquants et des pédicellaires. Les Cliquants sont de simples pointes immobiles (Asté- rides) ou mobiles (Échinides, Ophiurides), celles-ci articulées sur de petits tu- e Fig. 102. — Morphologie des Echinides, d'après Forbes. — 1, portion du test du Galerites heniisphse- ricus, grossie, montrant une aire anibulaoraire b, et une aire interambulacraire a. 2, face supérieure du même : lettres correspondant aux mômes régions. 3, disque génital et ocellaire de l'Hemicidaris mterinedia, grossi : c, plaque ocellaire; d, plaque génitale; e, ouverture anale; f, tubercule madré- poriformc. 4, piquant du même. Pour plus de clarté, ou a omis la plupart des tubercules dans les figures 2 et 3. hercules du test et mues par des muscles spéciaux. Quant ànx pédicellaires, ils consistent en des sortes de tenailles à deux ou trois branches unies par des fibres musculaires striées et capables de saisir les corps peu volumineux qui arrivent à leur portée : ce sont donc des organes de préhension ; mais on a signalé chez diverses espèces des pédicellaires, dits gemmi formes, qui paraissent sécréter une substance venimeuse. L'appareil locomoteur est représenté par un système ambulacraire, qui est une dépendance directe d'un appareil particulier et très caractéristique, Vappareil aquifère. Celui-ci se compose d'un canal annulaire qui entoure l'œsophage et émet dans chacun des rayons du corps une branche qui gagne la périphérie : ces cinq branches rayonnantes sont dites canaux amlada- craires. A l'anneau périœsophagien sont annexées, chez la plupart des Échi- nodermes, des sortes d'ampoules contractiles appelées vésicules de Poli, qui mettent en mouvement le liquide contenu dans tout le système. En outre, il part de ce môme anneau un conduit plus ou moins sinueux, le canal hy=- 200 ÉCHINODERMES. drophore (ancien ccmal du sable), destiné à Fintroduclion de l'eau ambiante dans le système aquifère : ce conduit aboutit à une plaque calcaire poreuse, la plaque madréporique, située en un point variable de la surface du corps, et s'ouvre au dehors par des entonnoirs vibratiles. Lorsqu'il existe plusieurs plaques madréporiques, on observe un nombre correspondant de canaux hydrophores. Chez les Holothuries, la communication avec l'extérieur dis- paraît à l'état adulte, et le tube hydrophore s'ouvre dans la cavité générale. Quant aux canaux rayonnants ou ambulacraires, ils émettent de nombreuses petites branches latérales, constituant des tubes grêles qui traversent le test et se renflent en de petites ampoules membraneuses, sortes de ven- touses dites pieds ambulacraires. Ces tubes présentent d'ordinaire à leur point d'origine une petite vésicule ovoïde {vésicule ambulacraire), destinée à Fig. 103. — Schéma de l'organisalion d'un Oursin, d'après Huxley. — b, bouche, d, dents, l, lèvres. a, anus, pe, pédicellaires. pr, propulseur et re, rétracteur de la lanterne, jn, piquants, t, tubercules sur lesquels ils sont implantés, po, vésicules de Poli, vc, vaisseau annulaire de l'appareil aquifère. vr, vaisseau radiaire. va, vésicule ambulacraire. jsa, pieds ambulacraires. es, canal du sable, m, plaque madréporique. pousser le liquide du système aquifère dans les pieds ambulacraires et à les distendre : à la suite de cette distension se produit une contraction des élé- ments musculaires contenus dans l'épaisseur de leurs parois, et c'est de la sorte que le corps se déplace lentement. Pour permettre le passage des tubes ambulacraires, le test se montre percé, dans la zone qui avoisine chaque rayon, de rangées régulières de petits trous {pores ambulacraires), et les régions du corps ainsi perforées reçoivent le nom d'aires ambulacraires; par suite, on donne celui d'uires' inieramôwiacraires aux intervalles imper- forés qui les séparent, et dont l'axe est marqué par les interrayons (fig. 102). Le système nerveux se compose essentiellement d'un anneau péribuccal qui émet cinq troncs radiaires. Chez les Astéries, l'ensemble de ces parties est sous-épithélial. Chez les Ophiures, les Oursins et les Holothuries, le système nerveux abandonne cette situation superficielle pour s'enfoncer dans les tissus sous-jacents. Enfin, chez les Crinoïdes, on ne trouve pas moins de ÉGHINODERMES. 201 trois systèmes : un système profond, à branches radiaires doubles, un second sous-épithélial, et un troisième représenté par un gros anneau aboral, en- voyant de nombreuses ramifications dans les bras et le pédoncule. Les organes des sens sont peu importants. Chez les Astéries, il existe des yeux représentés par des taches pigmentaires rouges situées à la face infé- rieure de l'extrémité des bras. On a décrit en outre des vésicules auditives chez les Synaptes. Il existe toujours un tube digestif distinct de la cavité générale (cœlome) dans laquelle il est suspendu. La bouche, tantôt centrale, tantôt excentrique, est parfois munie d'un appareil masticateur, tel que la lanterne d^Aristotc des Oursins ; elle est suivie d'un court œsophage qui se renfle bientôt en une sortede sac stomacal ; enfin, l'intestin s'ouvre le plus souvent par un anus dont la situation est variable, mais il peut aussi se terminer en cul-de- sac (Ophiures, Astropecten). On décrivait autrefois, sous le nom très impropre d'appareil circulatoire, un ensemble de formations particulières aux Échinodermes, et qui ne cons- tituent pas moins de trois systèmes : cavités sous-ambulacraires, appareil plastidogène et système absorbant. — i°Lescavités sous-ambidacraires enlrent en communication avec la cavité générale; elles comprennent un anneau œsophagien ou labial (absent chez les Oursins et les Holothuries) dans lequel s'ouvrent cinq branches radiaires situées en dessous ou en dehors des canaux ambulacraires. Ces cavités constituent des gaines protectrices pour les nerfs et pour l'appareil suivant. — 2° L'aj^pareil plastidogène donne nais- sance aux globules (amibocytes) qui flottent dans le liquide de la cavité gé- nérale, et aux organes génitaux. Il offre une partie centrale, prise autrefois pour un cœur : c'est la glande ovoïde, souvent annexée au canal hydrophore, et dont un prolongement s'ouvre dans un anneau périœsophagien qui émet cinq cordons radiaires. — 3° Le système absorbant, qui manque chez les As- téries, apporte à l'appareil plastidogène les substances assimilées néces- saires à la formation des amibocytes. Il se compose de lacunes développées dans les parois de l'intestin et débouchant dans l'anneau œsophagien de l'appareil précédent; il entre en outre, sur certains points, en relation avec le système aquifère. — Mais il n'y a en somme, dans tout cela, ni sang, ni vaisseaux, ni appareil circulatoire quelconque (Perrier). Il ne semble pas exister d'appareil respiratoire bien spécialisé : les tissus reçoivent surtout l'oxygène dont ils ont besoin par l'intermédiaire de l'eau de mer qui s'introduit dans le système aquifère et par suite dans l'appareil absorbant. On a cependant décrit, chez divers Échinodermes, des organes pro- blématiques auxquels certains auteurs ont attribué un rôle dans la respiration. La. rep7'oduction esi généralement sexuelle. A quelques exceptions près, les Échinodermes sont dioïques. Les organes des deux sexes sont des glandes en grappe dont on ne distingue la nature à l'œil nu que par la teinte souvent blanchâtre des spermatozoïdes et rougeàtre des œufs. Le développement s'accompagne presque toujours de métamorphoses com- plexes : on observe des formes larvaires à symétrie bilatérale, munies de bandes ciliées {Echinopœdium Huxley) ; en général, c'est aux dépens d'une partie seulement de ces larves que se forme l'Échinoderme rayonné. Tous les animaux de ce groupe sont marins ; ils se nourrissent surtout de Mollusques ou de fucus. 202 4 classes ECHINODERMES. Squelette dermique / Pas de plaque madréporique Cbinoïdes. formé de Une plaque ( Corps pentagonal ou étoile. Astéroïdes. plaques polygonales. ( madréporique. ( Corps globuleux ou discoïde. Échinides. Tégument formé de corpuscules calcaires ; corps vermiforme Holothurides. CLASSE I CRINOÏP . Echinodermes en forme de coupe ou de calice, portés, dans le jeune âge ou pendant toute la vie, par une tige calcaire multi- articulée, et pourvus de bras articulés qui sont garnis de petites branches latérales ou pinnules. Squelette dermique composé de plaques calcaires polygonales mobiles. Pas de pla- que madréporique. Les Encrines ou Crinoïdes (xpîvov, lis ; elSc?, apparence) ont un corps étoile : la partie cen- trale ou disque contient le tube digestif, dont les deux orifices sont très apparents et assez rapprochés (bouche centrale, anus excentri- que); les organes génitaux sont situés dans les bras. Ces animaux se tiennent la bouche tournée en haut, fixés d'ordinaire aux rochers par une tige articulée qui naît de leur région aborale ou dorsale. Dans quelques genres ce- pendant, tels que les Aiitedon ou Comatules, ce pédoncule n'existe que pendant le jeune âge; il se rompt ultérieurement, et l'animal mène alors une vie libre. Les Encrines ont apparu dès l'époque paléo- zoïque ; on en trouve encore un assez grand nombre dans les terrains secon- daires. Les entroques des paléontologistes ne sont autre chose que les articles dissociés de la tige. CLASSE I ASTÉROÏDES Echinodermes à corps déprimé, pentagonal ou étoile. Squelette der- mique formé de plaques polygonales mobiles. Une ou plusieurs plaques madréporiques. Comme leur nom l'indique, les Astéroïdes (àtJTvip, astre; ùSoç, ressem- blance) ont généralement le corps étoile, c'est-à-dire muni de bras disposés en rayons. La bouche est située au centre de la face inférieure; l'anus, lors- qu'il existe, s'ouvre au pôle opposé. Les pieds ambulacraires se trouvent li- Fig. 104. — Encrimis Uliiformis, du Trias (Muschelkalk). ÉGHINIDES. 203 mités à la face buccale. Les pédicellaires sont d'ordinaire à deux branches. 2 ordres : {" ordre : Stellérides ou Astérides. — Les Étoiles de mer ont les bras épais, peu mobiles, largement unis au disque, et contenant des prolonge- ments cœcaux du tube digestif, ainsi que les organes reproducteurs. Fig. 103. — Asléride : Cribrella oeidata, d'après Forbcs. Les Étoiles de mer se nourrissent surtout de Mollusques; aussi sont-elles redoutées des éleveurs de Moules. L'Étoile de mer commune {Diplasterias ru- bens) existe en si grande abondance sur les côtes de la Manche et de la mer du Nord, qu'on la recueille pour fumer les terres. On a accusé, probablement à tort, certaines Astéries, comme Di- plosierias rubcns et Crossasfer papposus, de communiquer aux Huîtres et aux Moules des propriétés toxiques, en déposant leur frai entre les valves de ces Mollusques. Néanmoins, il paraît établi que les Étoiles de mer sont elles-mêmes vénéneuses dans certains cas. Parker a tué rapidement deux Chats en leur faisant ingérer des fragments de Crossaster papposus, et Max Wolff a vu qu'en certains points du port de Wilhelmshaven, le Diplas- terias rubcns présentait une toxicité allant de pair avec celle des Moules. Il est probable que ces propriétés sont dues à une leu- comaïne. 2^ ordre : Ophiures. — Les bras sont allongés, mobiles comme des Ser- pents ; ils ne renferment pas de prolongements du tube digestif ni de glandes sexuelles. L'anus fait défaut. CLASSE III ÉGHINIDES Echinodermes à corps sphérique, ovoïde, discoïde ou cordiforme. Test formé de plaques polygonales immobiles, et revêtu de piquants mobiles. Plaque madréporique. 204 ÉCHINODERMES Les Echinides (âyjvo;, Oursin) peuvent être ramenés au type des Étoiles de mer, en supposant que les cinq bras de celles-ci soient réunis en se recour- bant vers la face dorsale. La bouche est donc située à la face inférieure, l'anus au pôle aboral. Souvent on constate la présence d'un appareil masti- cateur (lanterne d'Aristote). Les pédicellaires sont en général à trois bran- ches. En outre, il existe presque toujours, dans le voisinage de la bouche, de petits boutons mobiles, pédicules et ciliés, les sphéridies, qui paraissent représenter des organes des sens. Les pieds ambulacraires sont disposés en zones verticales. Les Oursins sont herbivores. — On en trouve déjà des espèces fossiles dans le Silurien, mais leur nombre est beaucoup plus considérable dans les terrains secondaires et tertiaires. Fig. lût). — Oursin comeslible. — Les piquants ont été eulevt sur la moiti(j gauche, pour mettre le test à découvert. Sous le nom vulgaire de Châtaignes de mei\ les Oursins entrent pour une certaine part dans Talimentation des habitants du littoral. On en expédie même au- jourd'hui sur nos mar- chés. Les espèces les plus recherchées sont : l'Our- sin commun [Strongylo- ccntrotus lividus), ré- pandu sur presque toutes les eûtes européennes ; l'Oursin comestible(^c/ii- nus esculentus), de l'At- lantique et de la Médi- terranée ; l'Oursin melon {Ech. melo)^ de la Médi- terranée, etc. On rejette le canal digestif, qui est toujours rempli d'Algues et de sable, et on ne mange que les glandes génitales de l'animal vivant. Dans certaines localités du Midi de la France, on boit en outre le liquide de la cavité générale, comme excitant des fonctions digestives : la dose convenable est d'un demi- verre par jour, d'après Mourson et SchlagdenhaufFen. Ces auteurs ont étudié avec grand soin le liquide de l'Oursin com- mun, qu'ils ont trouvé quelque peu différent de l'eau de mer. Ce liquide renferme, en particulier, de l'urée et une leucomaïne parti- culière. C'est probablement à cette dernière qu'il faut attribuer les phénomènes d'intoxication souvent observés dans les pays chauds après ingestion d'Oursins. Ces accidents sont surtout communs au moment du frai, et il est indiqué, par suite, de ne faire usage de cet aliment qu'en dehors de la période de reproduction, c'est-à-dire de septembre à avril. Dans les mois d'été, l'activité des glandes génitales entraîne sans doute la production d'une plus grande quantité de leucomaïne. VERS, 205 CLASSE IV HOLOTHURIDES Fchinodermes cylindriques, vermiformes. Tégument incrusté d'une multitude de corpuscules calcaires. Pas de plaque madréporique. Les Holothurides (ÔXoî, entier; âupîrîiov, petit trou) ont le corps allongé, parfois recourbé en U. Leur tégument est coriace, mais flexible ; les plaques calcaires sont remplacées par de nombreux spicules disséminés dans son épaisseur. La bouche, située à l'extrémité antérieure, est entourée d'une couronne de tentacules. L'anus occupe l'autre extrémité; dans le cloaque débouchent, chez certaines formes, deux ou plusieurs organes creux, dans lesquels pénètre l'eau ambiante, qui en est bientôt expulsée : ces organes sont souvent désignés sous le nom de poumons. Ces Échinodermes vivent d'ordinaire près des côtes, où il est facile de les pêcher. Diverses espèces d'HoIothurides sont comestibles. A Naples, par exemple, on mange VHolothuria fubulosa ; Dlvlx îles Mariannes, 1'^. guamensis ; mais ce sont les Chinois surtout qui recher- chent cette sorte d'ali- ments. Les espèces qu'ils consomment, //. edulis, tremula, vagabunda, etc., <^^^^&^^^^^^^e^- li tube digestif des animaux carnivores; leurs larves, dans les cavités closes du corps des herbivores ; les omnivores seuls peuvent être por- teurs de Cystiques et de Ténias. Nous n'admettrons dans cette sous-famille qu'un seul genre, auquel nous conserverons l'ancien nom de Ténia [Tumia L.), et que nous diviserons, avec Villot, en trois sections ou sous-genres : Cysticercus, Cœnunis et Ecfiinococcus, d'après la constitution de leurs Cystiques. Fig. 109. — Tôle du T.rnia solium, vue de devant, avec les voutouscs saillantes (LabouLbône'. f 10. — Coupe sciiômalique d'mi Cjsticerque. 1" Les Cysticeroues {Cysticercus Zeder, 1803) sont caractérisés par ce fait que leur vésicule caudale donne naissance à un seul corps, contenant une tète unique (Cystiques monosomatiques et mono- céphales). Nous prendrons pour type de ce sous-genre et du genre entier le T;cnia scrrata, en raison de l'ensemble de ses caractères, aussi bien que des recherches dont il a été l'objet, et de la facilité qu'on peut avoir de se le procurer sous ses divers états. Ténia en scie {T. serrata Gœze, 1782. — Syn. : T. [Cystotxnia] serrata Leuckart, 1863). — Long de 0",oO à 2 mètres (ordinairement I mètre). Tète globuleiise-tétragone, large de 1"™,3 ; rostre puissant, armé d'une double couronne de 34 à 48 crochets (en moyenne 40) : les grands longs de 223 à 250 [A, à manche cylindrique, épais, plus long que la lame ; les petits longs de 120àl60tJL,à manche court, à garde bifide. Cou un peu plus mince que la tête, longdel à2millimètres. Anneaux d'abord étroits et beaucoup plus courts que larges, devenant carrés à environ 23 centimètres de la tète ; oiïrant alors un aspect évasé en arrière, le bord postérieur étant manifestement plus large que l'antérieur; ce bord postérieur est rectiligne, à angles saillants, d'où l'aspect denté en scie de la chaîne ; pore génital très saillant, rendant con- vexe le bord qui le porte ; anneaux mûrs au nombre de 30 à 40, représen- tant les 2/3 de la longueur totale de la chaîne, longs de 10 à 17 millimètres, larges de 4 à 6. Utérus formé d'un tronc longitudinal médian, assez long, por- tant de chaque côté 8 à 10 branches irrégulièrement ramifiées. Embryophores ovoïdes, longs de 36 à 40 [t., larges de 31 ta 36 (x. Le 7'. serrata vit dans l'intestin grêle du Chien domestique. Sa larve, connue sous le nom Cysticercus pisiformis Zeder,'habite le péritoine des Lapins domestiques ou sauvages, du Lièvre commun et 216 VERS. du Lièvre variable ; Gœze et Leuckart l'ont même signalée chez la Souris. Elle se présente sous l'aspect d'une petite ampoule du volume d'un pois, remplie de liquide et entourée d'un kyste. Le prétendu bm. Fig. 111. — Tète du Txnia serraia, vue de trois quarts et grossie. Fig. 112. — Un anneau mûr du Tsenia serrata, grossi trois fois. — c, canal déférent ou sperniiducte pelotonné, u, vagin, m, corps de la matrice, bm, branches de la matrice (Orig.). Fig. 113. — Œufs du Ta'nia ser- rata. — A, œuf entouré de la membrane vitelline et contenant eucore les masses vitcUines. B, enibryophore, ou œuf dégagé de ces parties accessoires (Orig.). Monosioma leporis Kuhn n'est autre chose, comme nous l'avons montré, que ce Cysticerque incomplètement développé. ÉVOLUTION. — C'est à Kuchenmeister, on le sait déjà, que revient l'honneur d'avoir démontré la transformation du Cysticerque pisiforme en Tœnia serrata dans l'intestin du Chien. A sa suite, divers expérimentateurs, von Siebold, Lewald, Van Beneden, Baillet, etc., vérifièrent l'exacti- tude du fait. D'autres, tels que Rôll, May, etc., obtinrent de même le développement du Cys- ticerque pisiforme chez le Lapin par l'administration d'oeufs du Tœnia serrata. Depuis lors, cette question a été fouillée jusque dans les détails, et l'examen rapide que nous allons faire des difTérentes phases de ce Ténia sera basé principalement sur les excellents travaux du profes- seur Moniez (de Lille), un des savants qui ont le plus contribué à étendre nos connaissances au sujet des Cestodes. 1° Embrxjogénie. — Le développement de l'embryon s'accomplit alors que l'œuf est encore renfermé dans les anneaux du Ver. L'ovule du T. serrata ou des espèces du même type est une cellule riche en granulations vitellines. Après la fécondation, il se divise en deux niasses qui restent soudées, mais dont les granulations sont inégalement réfringentes (flg. 115, 1). Ces Fig. 114. — Fragment de mésentère du Lapin envaiii par de Cysticerqucs pisiformes. Grandeur naturelle (Orig.). PLATHELMINTHES. — CESTODES. 2\1 deux masses vitellines renferment dans leur intérieur un gros noyau ou mieux une véritable cellule cachée parles granulations. L'une de ces cellu- les parait n'être pas employée à la formation de l'embryon. L'autre se divise en deux éléments : un premier, lui-même inactif, et un second représen- tant une cellule embryonnaire qui se dégage bientôt, en même temps qu'ap- paraît la membrane vilelline (2). Puis cette cellule se multiplie (3, 4), et l'en- semble des éléments blastodermiques qui en dérivent constitue une sorte de monda dépourvue de membrane propre (5). Pendant ce temps, les masses vitellines diminuent sensiblement de volume : l'une d'elles tend même à se désagréger de bonne heure ; toutes deux, du reste, cessent désormais de prendre part à la vie de l'embryon et n'offrent plus d'intérêt au point de vue de l'embryogénie. — La morula s'arrondit peu à peu, puis sa couche cellu- laire périphérique se sépare des éléments sous-jacents, en formant (par dé- lamination) une sorte de membrane cellulaire autour des autres cellules Fig. 115. — ^Embryogénie des Ténias du type Tsenia scrrata, d'aprfs R. Meniez. — vt, vt', les deux niasses vitellines. 7nvt, membrane -vitelline. bl, cellules blastodermiques. cil, couche délaniinée, cd', couche de granules dérivant de la précédente et se transformant en bt, couche de bâtonnets, eb, embryon. blastodermiques (6, cd). Les éléments de cette couche délaminée paraissent ensuite se résoudre en granules (7, cd), dont les plus extérieurs se soudent entre eux, deviennent plus réfringents (7, cd'), puis se transforment eu corps très allongés (8, ht) : telle est l'origine de la coque de bàWnnets qui entoure l'embryon des Ténias du type T. serrata. Quant aux granules in- térieurs, ils se disposent en une couche persistante (8, cd), dont la partie interne prend l'aspect d'une mince lame chitineuse. Enfin, en même temps que la couche de bâtonnets, on voit apparaître, dans la masse cellulaire qui constitue Tembryon, les trois paires de stylets ou crochets caractéi^stiques. En définitive, l'œuf du T. serrata se montre formé d'une mince membrane vitelline, qui renferme normalement deux masses vitellines plus ou moins épuisées, et un embryon hexacanthe (oncosphère) protégé par une épaisse coque de bâtonnets (fig. 113, A et fig. 115, 8). Mais la membrane et les masses vitellines ne tai^dent pas à disparaître, et il ne reste plus que l'embryon avec sa coque, qui se présente :0us l'aspect 218 VERS. d'un corps ovoïde, brunâtre, mesurant en moyenne 38 ja de long sur 33 u. de large (fig. 113, B). Ce corps, auquel on donne habiluellement le nom d'œuf, n'est donc en réalité qu'un em6r?/023/io;'e. ^1° Phase cystique. — L'embryon renfermé dans sa coque peut y rester en état de vie latente pendant un temps variable, suivant les conditions dans lesquelles il se trouve placé. Mais il ne peut poursui- vre son évolution que s'il est introduit dans le tube digestif d'un hôte favorable, tel que le Lièvre ou le Lapin. Cette introduction est d'ail- leurs toute passive, et s'effectue par l'intermédiaire des boissons ou des aliments. La résistance vitale des embryons du T. serrata paraît être assez considérable, du moins tant qu'ils demeurent dans un milieu humide. Rôll, de Vienne, a pu infester des Lapins en leur faisant prendre des anneaux abandonnés depuis dix jours en plein air, et déjà couverts de moisissures. Leuckart a obtenu le même succès en les laissant pen- dant douze jours dans l'eau. Enfin, Davaine dit avoir conservé pendant plusieurs années, également dans l'eau, des embryons vivants et nullement altérés. Par contre, la mort de ces embryons paraît surve- nir assez rapidement sous l'influence de la dessiccation. — Et il est certain, en définitive, que sur l'immense quantité d'oeufs produits par un Ténia, un fort petit nombre sont appelés à poursuivre leur évolu- tion. Dès qu'ils sont parvenus dans l'intestin, leur coque est détruite sous l'action du suc gastrique, et l'éclosion a lieu. Les embryons hexacan- thes, mis en liberté, se fraient un chemin dans les tissus à l'aide de leurs trois paires de crochets. Probablement même gagnent-ils les vaisseaux pour se faire transporter à la faveur du mouvement circulatoire : Leuckart a pu en recueillir dans la veine porte, et il ne répugne pas d'admettre que ce soit là leur voie nor- male. En définitive, les embryons parviennent dans le milieu qui convient à leur développe- ment. Nous ne parlons pas de ceux qui s'éga- rent dans l'organisme même : ceux-là encore sont destinés à périr. Quelques jours après l'ingestion des œufs, on trouve, à la surface et dans la profondeur du foie, de petites nodosités et de fines traî- cerqucs pisiformes au douzième nécs distribuées daus tous Ics scus. Lcs prc- jour de leur développement. Vu . .ai, n . à la loupe (G. P. l'iaua). mièrcs paraisseut etrc des kystes formes autour des embryons morts ; quant aux traînées, elles représentent des galeries, que Laulanié a reconnues pour être toujours des vaisseaux veineux sous-hépatiques. Dans ces galeries, on découvre de petits organismes dérivant de l'embryon hexacanthe, Fig. IIG. - Portion de la surface du foie d'un Lapin infesté arti- fieiellcment, montrant des traî- nées vasculairos et des Cvsti- PLATHELMINTHES. CESTODES. 219 SfK- Fia 117. Cysli- mais ne posstklant déjà plus les six crochets de celui-ci : ils sont très étroits, mesurent à peine 1 millimètre de lon^, et se montrent formés d'un réticulum délicat, enveloppé d'une mince cuticule. Au bout de douze jours, ils ont déjà 3 millimètres de long et présentent des mouvements obscurs, dus à la contraction des cellules sous-cuticu- laires. Ces jeunes Vers se développent graduellement, s'allongent et élar- gissent les galeries qui les contiennent. Moniez a constaté, sur les individus âgés de vingt-deux jours, un phénomène très intéressant. Ils ont à cette époque 1 centimètre de long sur moins d'un millimètre de large : leur partie moyenne subit alors, sur une certaine étendue, une conslriction don- nant naissance à une sorte de cordon plus ou moins tordu ; ils se trouvent ainsi divisés en deux parties, creusées chacune d'une dépression dans laquelle s'in- sère ce cordon (fig. 117); puis celui-ci s'atrophie de plus en plus et finit par être résorbé. La séparation des deux moitiés est alors complète : l'une d'elles paraît devoir se détruire ; l'autre ne tarde pas à bour- geonner une tète de Ténia, et constitue, par consé- quent, le Cysficerqun définitif. La dépression signalée par Leuckart à l'extrémité postérieure de ce Cysti- cerque, et à laquelle il avait donné le nom de fora- men caudale, a sans doute pour origine le phénomène que nous venons d'indiquer. Étudions maintenant le mode de formation de la tête du futur Ténia, à l'intérieur de la vésicule. A l'une des extrémités se produit une invagination, en même temps que se manifeste une prolifération cellulaire active, déjà facile à constater le vingt-deuxième jour. Eientôt, à la partie profonde, légèrement élargie, de cette gaine, un peu sur le côté, on voit se soulever un mamelon cellulaire : c'est le point de départ de la tête, le rudiment céphalique, à la base duquel se for- ment ensuite quatre protubérances secondaires, rudi- ments des ventouses. Puis, l'invagination s'accentue, et les crochets se développent. Us ont d'abord la forme d'aiguillons faiblement courbés, disposés en trois ou quatre rangées irrégulières autour du mamelon céphalique. Plus tard cette disposition se régularise; il ne reste plus que deux rangées alternes de crochets, et ceux-ci, bientôt chitinisés, acquièrent leur forme définitive. Il est à remarquer que cette partie, à laquelle on donne le nom de tète^ se forme toujours à l'extrémité de l'embryon opposée aux six crochets, c'est-à-dire à l'extrémité postérieure, puisque les crochets sont à l'avant dans la progression. D'après Moniez, cette tête ne serait donc, morphologiquement, qu'un ccrque pisifornie en voie de division au vingt-deiixiônic jour. Un cordon sph unit les deux parties d'une larve primitivement simple et marque une portion spliacOlée du Cysticerque. A l'extré- mité supérieure du segment A, on voit le rudiment de la tète et du reeeptaculum {rc, O') ; il y a quelque chose d'analogue dans la|iarlie B. — ci, lame de cuticule qui se dé- taclie. oi, orifice d'in- vagination. La partie A forme l'animal fu- tur ; la partie B doit se détruire (R. Mo- niez). 220 VERS. organe de fixation, développé à la partie postérieure du Ténia et comparable aux armatures des Trématodes Polystomiens. Néan- moins, comme l'a fait remarquer Neumann, il y a lieu de s'en tenir au langage adopté couramment. Un mois à peine après l'inlestation, les Cysticerques quittent les galeries du foie, qui sont remplacées par des cicatrices. Ils ont alors plus d'un centimètre de long; doués de mouvements énergiques, ils Fig. ils. — Dûveloppement du Cysti- cercus pisiformis, d'après R. Monie/,. — Larve âgée d'un mois environ, prise dans une galerie superficielle du foie d'un Lapin. Elle est déjà marquée de nombreux plis ou papilles p et ne pré- sente encore aucune trace d'Ii; dropi- sie. — a, partie centrale finement grenue, qui marque le point où se fera la déchirure des tissus. La partie mar- quée b, jusqu'au rudiment de la tète rc, représente le futur receplaculum copi- tis. Grossissement : 15 diamètres. Fig. 119. — Coupe du Cysiicercus 7j(.s//o?'m!S complètement développé, d'après R. Monicz. — La tète est évaginée et suivie d'une longue portion qui passera presque entière à l'état adulte. — d, dépression constante à la partie posté- rieure du Cysticerque, due à l'atrophie d'une partie du corps à un stade antérieur (représenté fig. 117). vs, coupe des vaisseaux dans la vésicule, vs', coupe des vaisseaux au mo- ment où ils s'anastomosent, vsc, vésicule, p, papilles, et, cuticule, se, couche sous-cuticulaire. ce, corpuscules cal- caires, ml, fibres musculaires longitudinales, mt, fibres musculaires transversales, v, ventouses, bb, bulbe cépha- lique. Grossissement : la diamètres. se contractent, rampent ou glissent à la surface des tissus; à l'état de repos, ils ont un aspect vermiforme et sont renflés au point où bour- geonne la tête (fig. 118). La partie centrale (a) se montre alors grenue et entre en régression ; quant à la partie périphérique, elle est garnie de papilles ou plis circulaires irréguliers. Parvenus dans le sac péritonéal, les jeunes Cysticerques ne tardent pas à devenir hydropiques, puis ils s'enkystent sur divers points de la séreuse, notamment au niveau de la grande courbure de l'estomac PLATHELMINTHES. — GESTODES. 221 et dans la région du bassin. Le liquide hydropique s'accumule dans la partie centrale et postérieure du corps, par suite de la déchirure du tissu granuleux que nous avons vu entrer en régression : ainsi se trouve consUluée la vésicule caudale, laquelle, on le voit, dérive directement de l'hexacanthe. Le Cysticerque offre trois parties distinctes : la iêie ou scolex (Kopf), le corps (Wurmleib), ({ui lui fait suite et forme les parois de la cavité d'invagination; enlin la vésicule cauclalc (Scli\vanzl)lase). Quant au kyste, que certains auteurs rattachent au Ver lui-même, ce n'est autre chose qu'une enveloppe adventice fournie par les tissus de l'hôte. L'examen histologique du Cysticerque montre d'ailleurs une con- stitution tout à fait analogue à celle du Ténia adulte, et sur laquelle nous reviendrons plus loin ; la tête, en particulier, s'est organisée d'une façon complète : on y distingue les ventouses, les crochets, le bulbe, les masses nerveuses, les vaisseaux. Mourson et Schlagdenhauffen ont reconnu, dans le liquide des Cysticerques, la présence d'une quantité relativement considérable d'albumine, et d'une leucomaïne qui lui communique des propriétés vénéneuses très accusées. Un Lapin, dans le péritoine duquel on injecte ce liquide, meurt avec des signes de décomposition du sang. 3° Fiat rubanaire. — L'évolution du Ténia est suspendue tant que le Cysticerque demeure enkysté chez le Lapin. Ce Cysticerque doit donc être introduit — encore d'une manière passive — dans l'intestin du Chien. La vésicule caudale ne tarde pas alors à se flétrir et à se détacher, et la chute du corps suit de près. Ces deux parties ne pren- nent donc aucune part à la formation du Ténia adulte. C'est aux dépens du cou, c'est-à-dire de la partie postérieure de la tête, que se développent par gemmation les productions nouvelles. Celles-ci consistent en une série d'anneaux qui demeurent unis en une chaîne d'aspect rubané : on a donné à cette chaîne le nom de stroblle. Une dizaine de jours après leur introduction dans le tube digestif du Chien, les jeunes Ténias mesurent déjà de 1 à 3 centimètres de long, et au bout de deux mois les premiers anneaux formés sont déjà mûrs et commencent à se détacher. Le Tœnia serrata ainsi constitué est donc représenté par un long ruban, dont l'une des extrémités, graduellement atténuée, se termine par un renflement qu'on est convenu d'appeler la tête. L'extrémité libre de celle-ci offre un polit prolongement conique appelé trompe ou rostre {rostellum), qui porte à sa base une double couronne de crochets chitineux. Ceux-ci (fig. 120) comprennent une partie libre ou lame, recourbée en faucille, un long manche obtus, sur lequel viennent se fixer les fibres contractiles du rostre (bulbe) ; et enfin, au point de réunion de ces deux parties et du côté de la concavité, une saillie apophysaire ou garde (dent, talon, hypomochlion), sur laquelle sin- sèrent également des fibres musculaires. Les crochets des deux ran- 222 VERS. gées n'ont pas les mêmes dimensions. Aussi les distingue-t-on en grands et petits. Ces derniers ont la garde bifide. La disposition de ces organes leur permet de basculer autour de leur partie moyenne, sous l'influence de la contraction des muscles du bulbe, et la lame s'enfonce de la sorte dans la muqueuse intestinale. — Au-dessous des crochets, on observe quatre ventouses, cupules hémisphériques saillantes, com- prenant un système complexe de fibres musculaires (radiales, circu- laires et longitudinales) ; la contraction de ces fibres tend à produire le vide dans la cupule, et il en ré- sulte une adhérence très puis- sante de la ventouse à la mu- queuse intestinale. En zoologie descriptive, on donne le nom de cou à la partie m r a inarticulée qui fait suite à la tête. A 2 ou 3 millimètres de celle-ci, Fig. 120. — Crochets du Txnia serrata, f^rosals 2.Ï0 fois. A, grand crochet. B, petit crochet (Orig.). Txiiia set'rata, grandeur naturelle. dans l'espèce qui nous occupe, on y distingue déjà des stries qui séparent les premiers anneaux, ceux de récente formation. Ces anneaux sont courts et étroits; à 25 centimètres environ de la tête, ils sont carrés et mesurent alors o à 6 millimètres de côté ; ceux qui viennent ensuite s'allongent de plus en plus, et les derniers ont d'ordinaire 10 à 12 mil- limètres de long sur 4 à 6 de large. Lorsqu'il ne s'en est encore détaché aucun, le dernier porte souvent une échancrure que von Sie- bold a appelée cicatrice terminale, et qui résulte de^la séparation de la vésicule caudale. Le nombre total est d'environ 400. Dans chacun de ces anneaux, se développent peu à peu des organes PLATHELMLNTHES. — CESTODES. 223 génitaux, qui sont déjà bien nets vers le 175" anneau, et dont les oritices sont situés sur de. petits tubercules saillants, visibles sur la marge [pores génitaux), et placés alternativement, quoique d'une façon peu régulière, d'un côté et de l'autre. Pendant que le bourgeonnement continue à Texlrémité céphalique, les œufs se développent et s'accumulent dans les derniers anneaux ; on dit alors que ceux-ci sont parvenus à maturité. Enlin, ces anneaux ovifères mûrs se détachent tour à tour de la colonie, et peuvent vivre librement dans l'intestin. En général, cependant, ils ne tardent pas à être expulsés, et vont répandre au dehors les milliers d'oeufs qu'ils contiennent, par des déchirures de leurs tissus ou, comme l'a dit Van Beneden, par une véritable opération césarienne spontanée. Ce sont ces articles séparés qu'on connaît depuis longtemps sous le nom de cucurbilins. et qu'on a cru devoir distinguer comme autant d'indivi- dus distincts, représentant l'état adulte et définitif du Ténia, sous le nom de progloitis. En résumé, le Tsenia serrata contenu dans l'intestin du Chien aban- donne ses anneaux ou cucurbitins à mesure de leur maturité. Ces anneaux, rejetés avec les excréments, laissent échapper leurs œufs, qui peuvent alors se répandre sur les aliments ou parmi les boissons. Ingérés à l'occasion par les Lièvres ou les Lapins, ces œufs, qui ren- ferment un embryon hexacanthe, donnent naissance à des Cysticer- ques pisiformes, lesquels s'enkystent dans les replis du péritoine. Puis, lorsque les entrailles du Lapin sont dévorées par un Chien, le Cysticerque perd sa vésicule, reproduit un Tœnia serrata dans l'intes- tin de cet animal, et le cycle recommence. Organisation. — Il nous reste à étudier l'organisation interne du Ténia sous sa forme rubanée ou strobilaire. — Comme chez tous les Cestodes, le corps est revêtu d'une cuticule, au-dessous de laquelle s'étend une couche cellulaire active (flg. 122). En dedans de celle-ci, et au milieu du réseau conjonctif qui forme la masse du corps, on distingue, sur une coupe trans- versale, deux séries de muscles longitudinaux et une rangée plus profonde de muscles circulaires ou mieux transversaux. Dans la zone centrale, on trouve d'abord les deux cordons nerveux lon"i- tudinaux principaux qui suivent les côtés du corps jusqu'au niveau de la tète, où il existe un système très complexe de ganglions et de commissures, d'oii dérivent les filets qui vont innerver les muscles des ventouses et de la trompe. Ce système a été bien étudié par É. Blanchard, Moniez et Niemiec. En dedans des nerfs, on observe de chaque côté deux vaisseaux longitudi- naux, semblables au niveau de la tête, où ils forment une anastomose circu- laire, mais prenant à quelque distance des caractères assez dilférents. Le plus voisin de la face ventrale devient extérieur, s'élargit beaucoup et semble dépourvu de paroi : Moniez l'appelle lacune lonc/itudinale ou simplement la- cune. L'autre conserve sa situation, demeure étroit et se montre en général limité par des cellules : on lui laisse le nom de vaisseau. Les lacunes sont reliées entre elles par une large anastomose située à la partie postérieure de 224 VERS. chaque anneau; les vaisseaux ne présentent jamais cette communication. L'étude des organes reproducteurs offre un grand intérêt. Cliacun des anneaux est hermaphrodite, mais les organes mâles se développent avant les organes femelles, et ceux-ci persistent seuls en dernier lieu : il y h. là un phénomène comparable à ce qu'on appelle, chez les végétaux, la dichogamie protandriqiie. Les organes mâles sont représentés par des amas de spermatozoïdes situés rs ra bm b m l.l ov p mlV ;raP t,t îii PP. Fig. 122. — Sch(''ma do l'organisation d'un anneau de Ténia du type Txnia serrata, d'après R. Meniez. — A, coupe horizontale. La moitié gauclie de la coupe est prise au voisinage de la face dorsale, pour montrer la disposition des follicules testiculaires ; la moitié droite au niveau de la face ventrale, pour montrer les ramifications de la matrice. B, coupe verticale. — c, cuticule, se, couche sous-cuticulaire. ?«/' et ml^, faisceaux musculaires longitudinaux, me, fibres musculaires dites circulaires. )?, cordon nerveux. H, lacune longitudinale. It, lacune transversale, vs, vaisseau. It, follicules testiculaires. sp, spermiductc, pp, poclie péniale. o, orifice du spermiducte. ou, ovaires (pour simplifier la figure, le .'^° ovaire [vitellogône] n'a pas été représenté), py, pavillon, r, point do rencontre des spermatozoïdes et des œufs. >■$, réservoir séminal, vg, orifice du vagin, m, corps de la matrice, fim, ses branches latérales. à la partie supérieure de l'anneau, et connus sous le nom de testicules. Ces amas sont peu abondants en arrière, au point où se développe l'ovaire. Il ne parait pas exister de véritables tubes de communication entre ces testicules et le conduit excréteur mâle {canal déférent ou spermiducte); les spermato- zoïdes, pourvus d'une petite tète et d'une longue queue, y arrivent en ser- pentant à travers le réseau conjonctif, et en traçant, dans leur trajet, des voies qu'on a prises pour des tubes. Quant au spermiducte, il consiste en un canal à parois propres, qui s'allonge peu à peu et décrit de nombreuses cir- convolutions, à mesure que les spermatozoïdes l'envahissent. Il s'ouvre fina- lement au fond d'une dilatation dite poche péniale ou poche du cirre, à la PL.VTHELMINTHES. — CESTODES. 225 partie supérieure de laquelle se fixent des fibres musculaires émanées du plan supéi'ieur des muscles circulaires. L'extrémité du spermiducte peut se renverser et faire saillie à l'axtérieur : telle est l'origine de l'organe qu'on a décrit sous le nom de cirre ou de pi'nis. Les oviianes femelles occupent la partie ventrale de l'anneau. Ils sont cons- titués essentiellement par trois masses glandulaires situées dans la moitié postérieure. D'après Meniez, toutes trois ont la môme constitution : elles sont formées par un assemblage de follicules qui donnent naissance aux œufs dont nous avons étudié l'évolution ; ce sont donc bien dos ovaires, dans le sens propre du mot. Deux d'entre elles, latérales et symétriques, sont réunies par une bande inférieure, formant une sorte de canal transversal. La troisième est étendue entre celles-ci et la lacune anastomotique. — Les œufs sont recueillis par un pavillon à parois musculaires, ouvert contre le tube qui réunit les deux lobes ovariens latéraux. Du fond de ce pavillon part un canal ou oviducte qui se diiige en arrière, reçoit bientôt le vagin, puis remonte vers la face dorsale en décrivant une ou deux boucles, et aboutit à un organe ovoïde connu sous le nom de corps de Mehlis, C'est au niveau de cet organe qu'il reçoit le tube collecteur du troisième ovaire, né à la base de celui-ci par un pavillon spécial. Il se continue enfin par un tube grêle qui redescend brusquement et va se joindre au rudiment de l'utérus. Leuckart et Deffke n'interprètent pas ces organes de la même manière. Pour eux, les deux lobes latéraux représentent seuls des ovaires, et le lobe impair ou postérieur est, un vitellogène ou une glande albuminipare. Quant au corps de Meblis, ils le regardent, avec Sommer, comme une glande coquil- lière; mais cette opinion est inadmissible, puiscjne nous avons vu que la coque qui entoure l'embryon n'est nullement un produit de srcrétion. Meniez a fait voir que cet organe n'est autre qu'une dilatation fusiforme de l'oviducte (col de la matrice), entouré d'une sorte de bulbe à fibres entre-croisées. Le vagin nait sur la papille géjiitale immédiatement en arrière de la poche péniale ; il se dirige en arrière et en bas pour gagner le tube qui émane du pavillon; mais, avant de s'aboucher avec celui-ci, il se dilate en un réservoir destiné à l'accumulation des spermatozoïdes {receptaculum seminis). La matrice ou utérus part de la base du col, descend un peu vers la face ventrale, et s'étend parallèlement à celle-ci, sur la ligne médiane, en se di- rigeant vers le bord antérieur. Cette matrice, représentée dans le principe par un cylindre plein, se creuse bientôt d'une cavité dans laquelle pénètrent les œufs. L'accumulation progressive de ceux-ci, de même que leur accrois- sement, détermine la formation de hernies latérales, plus ou moins rami- fiées, qui ne tardent pas à se rompre : les œufs se répandent alors dans la zone centrale, où ils se disposent d'une façon assez régulière, quoique n'étant plus maintenus par une membrane propre. Comment s'effectue la fécondation? Sommer admet que, par la rétraction de la papille génitale, il se forme au sommet de cette papille une sorte de cloaque {dnus génital); pendant l'acte de la fécondation, une énergique con- traction des muscles longitudinaux, resserrant les bords de cette cavité, la transformerait en une poche fermée, dans laquelle serait versé le sperme, qui de là passerait dans le vagin. Mais Leuckart et Van Beneden ont observé, dans divers Ténias, une pénétration directe du pénis dans le vagin. En tout il.wLLiKT. — Zoolo'àe. lo 226 VERS. cas, ces auteurs sont d'accord pour admettre une autofécondation dans chaque anneau. Le sperme va s'amasser dans le réceptacle séminal, en attendant la formation et le passage des œufs. Mais si l'on considère, avec Meniez, que la glande postérieure représente un ovaire, force est d'admettre en outre qu'une partie des spermatozoïdes doivent suivre l'oviducte jusqu'au corps de Mehlis, pour aller féconder les œufs émanés de ce troisième ovaire. Ce sont tous ces œufs fécondés qui vont s'accumuler dans l'utérus, pendant que les autres organes s'atrophient. Les testicules disparaissent les premiers, puis les lobes latéraux de l'ovaire, et plus tard le lobe impair. Le corps de Mehlis se conserve assez longtemps; mais, sur les anneaux mùis, on ne voit plus qu'une partie du canal déférent et du vagin. Les œufs ne sont pas sans avoir subi eux-mêmes d'importantes modilications : ils ont perdu leur mem- brane et leurs deux masses vitellines, dont les résidus ont donné naissance à un système de mailles étroites, réfringentes, dans lesquelles sont renfer- més les embryophores. C'est à cette période que les anneaux se détachent spontanément de la chaîne, soit un à un, soit quelquefois en petits groupes; et grâce aux solu- tions de continuité qu'ils subissent ainsi, un certain nombre d'œufs s'échap- pent souvent dans l'intestin même, ce qui permet de reconnaître la présence des Ténias dans l'intestin par le simple examen microscopique des matières fécales. Les premiers anneaux commencent à être expulsés huit semaines après l'ingestion des Cysticerques. Un dernier point mérite de retenir notre attention : c'est V interprétation à donner de l'évolution des Ténias se rattachant au type dont nous venons de nous occuper. Dès que cette évolution eut été déterminée, les naturalistes, sous l'empire des idées de Steenstrup, s'empressèrent de la citer comme un des exemples les plus frappants de la génération alternante. Ainsi, pour von Siebold et Leuckart, l'embryon hexacanthe, produit par génération sexuée, représentait une grand' nourrice ; pour Van Beneden, ce fut un proto-scolex. On considéra que cet embryon, parvenu dans le corps d'un premier hôte, engendrait, par voie agame, un nouvel individu qui demeurait invaginé dans sa propre mère, devenue vésiculaire (hydatide), et on regarda comme une seconde larve ou nourrice cet être nouveau, qui prit le nom de deulo-scolex dans la nomencla- ture de Van Beneden. Puis, cet auteur appela strobile l'état ultérieur, dans lequel le Ver, parvenu chez son hôte définitif, a acquis par bourgeonnement une série d'articles et pris la forme rubanée. Enfin, chacun de ces anneaux arrivé à maturité et séparé du reste de la chaîne, fut regardé comme un individu distinct, chargé de reproduire, par voie sexuée, l'embryon hexa- canthe primitif : cet individu générateur reçut le nom de proglottis. On a contesté la justesse de cette manière de voii'. Pour Moniez, par exemple, le Cysticerque, qui est constitué, comme on l'a vu, par une vésicule résultant de l'accroissement de l'embryon hexacanthe, et par un organe de fixation prisa tort pour une tète, ce Cysticerque représente un seul être, un jeune Ténia, dont l'individualité n'est pas distincte de celle de l'embryon hexacanthe. Ce Ténia bourgeonne comme la généralité des autres Vers (Annélides), à la partie postérieure du corps, entre la tête et la vésicule. Celle-ci, dont l'auteur ne distingue pas le corps, « représente le premier an- neau de la chaîne future; elle tombe dans la plupart des cas, sans rien pro- PLATHELMINTHES. — CESTODES. 227 duire, après avoir servi d'or;,'ane de protection )>. H]ii se basant sur ces con- sidérations, Moniez se refuse à admettre l'existence de la génération alternante. En cette matière, la discussion nous parait avoir peu de chances d'aboutir, à moins de s'entendre tout d'abord sur la valeur des expressions. Si l'on admet qu'il n'y a de génération que par voie sexuée, et si l'on considère que les ciicurbilins sont des organes et non des individus, il est évident qu'il n'y a point de génération alternanle. Dans le cas contraire, il faut bien recon- naître chez les Ténias ce mode de génération, qui est, du reste, admis par la majorité des auteurs. Mais nous n'attachons, pour notre part, aucune impor- tance à cette question d'interprétation. Anomalies. — Leidy a décrit des T. scrrata pourvus d'une seule couronne de crochets (var. a monoslephana Dies.) ; Bremser en a signalé comme étant inermes (var. (3 astephana Dies.) ; ce sont là des faits sans importance : il s'agissait peut-être d'individus recueillis sans soin, ou très vieux, ou altérés. Le musée d'Alfort possède une préparation de Cysticerciis pisiformis, venant de Delafond, et dans laciuelle la tète montre six ventouses, avec 44 crochets. — Le Cyslicercus elongatus F. Leuckart n'est autre qu'un Cysticerque pisi- forme très allongé. Gel aspect, d'ailleurs, n'est pas très rare. Pathologie. — La fréquence du T. serrata est assez variable sui- vant les régions. En Islande, Krabbe n'en a pas rencontré un seul exemplaire ; à Copenhague, il en a vu un seul, sur 500 Chiens examinés. Zscholcke, à Zurich, en a rencontré chez 2,3 p. 100 des Chiens; Ber- tolus et Chauveau, à Lyon, chez 27 p. 100. A Paris, c'est de beaucoup le plus commun des Cestodes du Chien après DipijUd'nim caninum. On n'en trouve généralement qu'un petit nombre à la fois dans l'intestin. En pareil cas, la santé de l'animal n'est pas altérée. Mais l'accumulation d'un grand nombre de Téniadés, qu'ils appartiennent à cette espèce ou à d'autres, donne lieu assez souvent à des troubles de diverse nature : catarrhe intestinal, coliques, irrégularité de l'ap- pétit, parfois même attaques épileptiformes et accidents nerveux variés, dont l'origine est peut-être attribuable à une substance excrétée par les Vers (leucomaïne?). Cadéac et Lahogue ont signalé des cas de perforation de l'intestin grêle par ce Ver chez des Chiens qui avaient présenté pendant la vie des symptômes rabiformes. — Wolpert, chez un sujet abattu pour la même cause, a trouvé un Ténia dans l'œsophage, plusieurs dans l'in- testin, un autour du rein gauche et un dans le bassinet de chacun des deux reins. Quant aux Cysticercus pisifonnis^ nous avons vu qu'ils n'atteignent d'ordinaire leur complet développement que dans le péritoine, rare- ment dans le foie. On les trouve surtout dans l'épiploon et dans le bassin, où ils forment parfois de véritables grappes. S'ils sont très nombreux, ils peuvent amener le sujet à un état cachectique qui aboutit à la mort, ainsi que l'a constaté Neumann. Mais ils provoquent 228 VERS. surtout de dangereuses lésions pendant leur passage dans le foie et plus spécialement au moment de leur émigration dans le péritoine. Ténia bordé (T. marginata Batsch. 1786. — Syn. : T. è cysticerco tenuicolli Kûchenmeister, 1853; T. [Cystotx7iia] marginata Leuck., 1863). — Le plus grand des Ténias du chien : long de l'a,30à 3 mètres (en moyenne 2 mètres). Tête réniforme, large de 1 millimètre; rostre long et mince, armé d'une double couronne de 30 à 44 crochets (ordinairement 36 à 38) : les grands longs de 180 à 220 [jl, à manche mince, ondulé sur les bords, légèrement plus long que la lame ; les petits longs de 110 à 160 \)., à manche assez long, à garde simple. Cou assez long, presque aussi large que la tête. Anneaux plus larges et relativement plus courts que dans l'espèce précédente, ne devenant carrés qu'à 60 centimètres au moins de la tète ; bord postérieur emboîtant comme une manchette l'anneau suivant, et irré- gulièrement ondulé ou crénelé {margina- tus); pore génital peu saillant; anneaux mûrs au nombre de oOà 70, longs de 10 â 14 millimètres sur 4 à7 de large. Utérus 123. — Ts'iiin marçjinala, naturelle (Orig.). ïrandeur Fig. 124. — Crochets du Tsenia marginata, grossis 2o0fois. A, grand crochet. B, petit crochet (Orig.). formé d'un tronc médian court, portant de chaque côté o à 8 fortes branches, dont les ramifications, très profondes, s'étendent au loin en avant et en ar- rière. Embryophores à peu près sphériques, de 31 à 36 [j. de diamètre. Le T. marginata vit dans la région antérieure de l'intestin grêle du Chien et du Loup. Son Cysticerque {Cysiicercus tenuicollis Rud.) se rencontre dans le péritoine, plus rarement dans la plèvre ou le péricarde de divers animaux: Singes, Écureuils, Ruminants, Porcins; il représente en PLATHELMINTHES. CESTODES. 229 grande partie ce que les anciens vétérinaires désignaient sous le nom de Ténia globuleux, et ce que les bouchers qualifient de boule d'eau. Il est remarquable par le grand développement de la vésicule caudale, qui atteint d'ordinaire le volume d'un (euf de Pigeon ou même de Poule, mais peut acquérir dans certains cas des dimensions colossales : ainsi, la collection de Giessen possède un exemplaire provenant du Bœuf, dont la vésicule mesure IG centimètres (1) de long sur G à 7 centimètres de large, et Diesing parle d'un autre spécinîen, pro- venant du Porc, mesurant presque un pied de long sur 4 pouces de large. La vé- sicule caudale se prolonge en un col à l'extrémité duquel la tète du jeune Ver avec son réceptacle (corps) se trouve inva- ginée ; ce col lui-môme rentre d'ordinaire dans la vésicule, où il flotte. L'extrémité postérieure du réceptacle se prolonge, à l'intérieur de la cavité de la vésicule, par un appendice assez long, connu sous le i-ig. 125. - cijsticrrms tenwcoiih^ nom de queue du CySticerque, et qui n'est grandeur ..aturolle, avec la tète 6va- autre qu'un reste de l'ancien parenchyme de la vésicule, détruit par l'accumulation du liquide hydropique. Évolution. — En 1852, von Siebold avait réussi à obtenir le déve- loppement du C. fenuicollis en Ténia dans l'intestin du Chien (2), mais il no sut pas reconnaître la spécifité de ce Ténia, qu'il considé- rait comme identique aux 7\ serrata, cœnurus et solium. C'est Kiichen- meister qui, l'année suivante, après des expériences du même genre, distingua nettement le Ver comme espèce, sous le nom de T. è cysti- cerco tenuicoW. Dix ans plus tard, Leuckart montra qu'il était iden- tique au T. marginata du Loup, décrit par Batsch en 1786. Dans un autre sens, Kûchenmeister, Baillet, etc., développèrent le Cysticercus fenuicollis chez des animaux tels que Mouton, Chèvre, Porc, auxquels ils firent prendre des anneaux mûrs de T. marginata. Lorsque ces anneaux sont donnés en trop grande abondance, les sujets d'expérience meurent d'ordinaire au bout d'une dizaine de jours, par le fait d'une hémorrhagie hépatique due à l'émigration des jeunes Cys- ticerques vers le péritoine (b). Ces larves sont ovoïdes et montrent le rudiment de la tète à l'un des pôles. (1) Leuckart écrit, évidemment par erreur, 160 cent. (2) Une expérience faite par le D' Moller, d'Altona, sur lui-mt"me, a montré que cette transformation n'a pas lieu chez l'Homme. (3) A. H.Mi.MRT, Développement (■xpérimenlal du Cysticercus tcnuicollis chez lé Chevreau. BuUet. de la Soc. zoolog. de France, XVI, p. 157, 1891. 230 VERS. Dans les expériences de Leuckart, les Cyslicerques étaient complè- tement développés au bout de sept à huit semaines. — Quant au dé- veloppement du Ténia dans l'intestin du Chien, on constate qu'il faut en général dix à douze semaines avant l'expulsion des premiers anneaux. Anomalies. — Moniez a décrit un T. margtnata qui était bifurqué en deux points, formant ainsi chaque fois deux chaînes qui s'étendaient côte à côte, Tune beaucoup plus faible que l'autre. Le même observateur a fait connaître aussi diverses modifications térato- logiques du C. tenidcollis, notamment une déformation de la tète, qui était pourvue de crochets très irréguliers. — Fromage de Feugré et Rudolphi ont vu des exemplaires de ce Cysticerque qui étaient munis de deux tètes. — Enfin, Leuckart dit avoir reçu du D'' Schmidt un C. tenidcollis dont la vési- cule renfermait trois vésicules-filles stéi'iles. Pathologie. — Le T. marginata est surtout commun chez les Chiens de boucher et de berger, pour un motif facile à saisir. En Islande, Krabbe l'a rencontré chez 73 p. 100 des sujets examinés; à Copen- hague, chez 14 p. dOO seulement. Les autres observateurs déjà cités Font vu, à Zurich, chez 5 p. 100, et à Lyon, chez 13 p. 100 de ces animaux. On le trouve souvent isolé ou tout au moins en petit nombre. Malgré sa grande taille, il ne doit donc jouer qu'un rôle assez secon- daire dans la production des troubles imputables au téniasis du Chien. Le Cysticercus iemncolUs est commun chez nos Ruminants domes- tiques : Mouton, Chèvre, Bœuf; on l'observe assez souvent aussi chez le Porc, et nous avons montré que, dans ce cas, un examen attentif est parfois nécessaire pour le distinguer du C. cellulosx. Son siège habituel est dans les séreuses, comme il a été dit plus haut, mais on l'a rencontré aussi dans le foie, dans le poumon et même dans les muscles. Il n'existe d'ordinaire qu'en petit nombre sur un même sujet, et ne détermine pas de troubles appréciables; cependant, il peut arriver qu'un animal ingère d'un seul coup tout un fragment de Ténia, et il survient alors, au moment où les larves émigrent du foie dans le péritoine, des accidents identiques à ceux que nous avons signalés à propos de l'évolution. Leuckart, le premier, a constaté un fait de ce genre chez le Porc; Piitz en a recueilli un chez une Vache. En 1865, Cobbold découvrit, dans les muscles du Mouton, un Cysti- cerque armé qu'il regarda comme une espèce nouvelle, à laquelle il donna le nom de Cysticercus ovis. D'après lui, ce Cysticerque est plus petit que celui du Porc ; la tète a O"""^,? de large et porte une double couronne de 26 crochets, dont les plus grands mesurent 157 ,u. L'hel- minthologiste anglais soupçonnait, malgré le résultat négatif d'un essai d'infestation du Mouton, que ce Cysticerque était la larve d'un Ténia de l'Homme décrit, d'après de petits exemplaires sans tète, sous le nom de T. teyiella Cobbold (nec Pallas, 1781, nec Pruner, 1847). PLATIIELMINTHES. — CESTODES. 231 Cet envahissement des muscles ayant été constaté de nouveau par divers observateurs, la viande de Mouton, réputée jusqu'alors pour la plus saine, menaçait dope de se trouver condamnée, à l'égal des viandes de Porc et de Ranif, pour ses propriétés lénigènes, et déjà quelques médecins militaires avaient cru pouvoir attribuer à des Cysticerques du Mouton plusieurs cas de Ténias observés en Algérie. — Mais les recherches de J. Chatin ont démontré, d'une façon rigou- reuse, que ces craintes n'étaient pas fondées. Los prétendus T. loiella Cobbold n'étaient que des J\ solium de petite taille ; quant aux C. ovis, c'étaient de simples C. tciuiicollia, peu développés. A plusieurs re- prises, J. Chatin ingéra de ces Cysticerques vivants, répondant autant que possible à la diagnose de Cobbold, et jamais il ne constata le moindre indice de la présence d'un Ténia. Administrés au contraire à des Chiens, ils donnèrent lieu au développement du J'. marginata. Avec Ch. Morot, nous avons observé de nombreux Cysticerques ana- logues dans le foie et le diaphragme d'un Chevreau de quatre à six semaines; il en existait aussi quel((ues-uns dans le poumon ; les cro- chets étaient au nombre de 2(), les grands longs de 160 à 170 p., les petits longs de 125 fx. Bremser a observé deux fois le C. ienuiroUis dans les parois du cœur, chez le Bteuf. C. Baillet en a recueilli deux exemplaires dans le tissu conjonctif de la région sous-lombaire, chez un Chat. Rudolphi a décrit, sous le nom de C. fisiularh, un Cysticerque que Chabert avait trouvé dans le péritoine d'un Cheval et dont plusieurs individus étaient conservés au musée de l'École d'Alfort, où ils n'exis- tent plus aujourd'hui. Quelques années après, Reckleben retrouva le même parasite à l'École vétérinaire de Berlin. D'après Gurlt, le Ver entier est long de 65 à 130 millimètres, épais en arrière de 6 à 15 mil- limètres; il est blanchâtre, transparent, tantôt grêle et allongé, tantôt large et court. La tête est très petite, tétragone, munie de crochets en avant ; les quatre ventouses sont arrondies et très petites. — Comme le font remarquer Cobbold et Leuckart, il s'agit probablement d'un C. tenuicoUis très allongé. Sur la foi de plusieurs auteurs anciens, et en particulier de Bonet, le CysficercKS fcnuicollis a été longtemps classé, en outre, parmi les parasites de l'Homme [Txnia visceralis Treutler, C. visceraiis Zeder). Cependant, on en était arrivé à mettre le fait en doute, quand Eschricht, étudiant des hydatides recueillies chez les Islandais par le D"" Schleis- ner, eut la surprise de constater c[u"il s'agissait du C. teniâcollis. Cette découverte fit quelque bruit, jusqu'au jour où Eschricht et Schleisner lui-même reconnurent qu'une méprise avait dû avoir lieu, et que ces Cysticerques devaient provenir d'un Mouton (1). (1) H. Krabbe, Recherches lœhninthologiques en Danemark et en Islande. Copen- hague, 1866, p. 43. 232 VERS. Ténia de Krabbe (T. Krabbei Mz., 1879). — Ver un peu plus long que le T. cœnurus. Tète petite, se continuant insensiblement avec le cou comme dans cette espèce, mais formant un renflement plus marqué; rostre armé de 26 à 34 crochets, les grands longs de 215 a, les petits de 160 p. Anneaux beaucoup plus larges que longs, sauf à l'extrémité de la chaîne, où ils s'al- longent brusquement et prennent une forme un peu caténulée ; pore géni- tal très développé, formant une papille saillante qui occupe toute la longueur du bord de l'anneau tant que celui-ci reste court, et qui mesure parfois 1 millimètre de diamètre; souvent plusieurs pores génitaux se succèdent du même côté. Embryophores à peu près sphériques, de 30 (/. de diamètre. Ce Ver a été développé expérimentalement, par Moniez, chez un jeune Chien auquel il avait fait prendre, SOjours auparavant, des Cysticerques trouvés en abondance dans les muscles de plusieurs Rennes morts au jardin zoologique de Lille. Peut-èti'e les Chiens des Lapons en sont-ils les botes habituels. Le Cysticerque (C. tarandi) est remarquable par le peu de développement de la vésicule. Ténia inerme de l'Honinie (T. saginala (îœze, 1782. — Syn. : T. soliinn L., 1767, pro parte ; T. mcdiocctncllata Ktichenmeister, 18K2; Tœniarhynchiia medioccmcUatiis Weinland, 1858; T. mennis Moquin-Tandon, 1860; T. [Cysto- t3enia] saijinata Leuck., 1879). — Ver long en moyenne de 3 à 8 mètres, mais atteignant parfois des dimensions beaucoup plus considérables (1). Tête subtétragone, large de l'"",5à 2 milli- mètres, dépourvue de crochets, le ros- tre faisant défaut et se trouvant rem- placé fréquemment par une légère dépression ; ventouses arrondies, larges de 0'"'^,8, souvent entourées d'une bordure noirâtre plus ou moins large, formée par des granulalions pigmen- taires. Cou assez long, en général de moitié plus étroit que la tête. Pre- miers anneaux très courts, les sui- vants augmentant fort lentement de longueur, de sorte qu'ils demeurent Fig. 126. — Tète de Fis;. 12". — Tête de r^n/rt plus larges que longs sur une très TiBnia saf/inata )'^gin'^ta, vue de profil grande étendue de la chaîne ; s'allon- vue de trois quarts (I,aboulbène). " (Labouibène). géant enfin assez rapidement, de sorte que les anneaux mûrs, qui sont épais, légèrement cucumiformes, arrivent à mesurer environ 18 à 20 millimètres de long sur 5 à 7 de large. Pores génitaux très irrégulièrement alternes, faisant saillie en arrière du milieu du bord latéral. Utérus formé d'un tronc médian long, portant de chaque côté 20 à 33 branches latérales grêles, indivises ou divisées par dichotomie. Embryophores généralement ovoïdes, longs de 30 à 40 [j., larges de 20 à 33 i>., presque toujours entourés encore de la membrane (I) Jusqu'à 74 mètres, selon Bérenger-Féraud. PLATRELMINTUES. — CESTODKS. •233 vitelline; coque moins opaque et laissant mieux voir l'embryon que dans ceux du T. soliwn. Fig. 128. — Cucui-hilin du T^nia Fi^. li'.i. — Cururbitin libre Fig. 130. — Œuf du Txnia saginata, saginata ; formes successives en quelques instants (Laboul- bène). du Taenia saginata, grossi trois fois (Orig.). rossi 330 fois. — A, vu dans la glycérine. B, après avoir été traité par une solution concentrée de potasse (Laboulbône). Ce Ténia vit dans l'intestin grêle de l'Homme. Il est représenté, à l'état vésiculaire, par le Cysticercus bovis Cob bold [C. Txnix mediocanellatx Davaine; C. T. saginatse Leuck.), qui n'a encore été rencontré à l'état spontané que dans les muscles et les viscères du Bœuf, de la Girafe (Mobius) et peut-être de l'Homme. Ce Cysticerque se présente, à l'état de complet développement, sous la forme d"une vésicule oblongue, de 4 à 8 millimètres de longueur, en moyenne, sur 3 millimètres de largeur, montrant, en un point de la zone équatoriale, une tache blanc jaunâtre qui correspond à la tête invaginée. Si on le place dans de l'eau tiède (37 à 40° C), on voit souvent Tévagination se produire; elle peut être obtenue, d'ailleurs, par une pression méthodique entre le pouce et l'index, mais ce procédé amène souvent la dé- Fig. \u chirure de la vésicule. En tout cas, il est facile de reconnaître ainsi l'existence d'une tête inerme, pourvue de quatre ventouses et d'une dépression centrale, et suivie d'un cou fortement plissé. Kragincut d'un muscle de Génisse contenant des Cysticercus bovis (Orig.). 234 VERS. Remarques historiques. — Il est presque certain que les èJ-uivAe; ;:/.aTeîa!, et les Taivi'at ou y.ïiptat des Grecs, ainsi que les Lumbrici lati et les Tsenise de leurs traducteurs et commentateurs, se rapportent ou T. saginata Gœze. Mais, en ce qui concerne le Ver décrit et ligure en 1700, par Nicolas Andry, sous le nom de Solium ou Ténia sans épine, le fait est indiscutable. Andry employait ce nom de solium comme indiquant que le Ver « est tou- jours seul de son espèce dans le corps où il se trouve »; mais il n'en est pas le créateur, car Arnauld de Villeneuve, en 1300, le cite déjà dans le même sens. Krehi, de Leipzig, voudrait le faire dériver du mot syriaque schuschi, qui signifie chaîne, mais il est beaucoup plus probable que c'est une simple altération populaire de l'adjectif latin solum. La 12"^ édition du Systema naturx de Linné désigna sous le nom de T. solium un parasite de l'Homme se rapportant à la fois au Ver qui porte actuellement ce nom et surtout au T. saginata. C'est à Gœze (1) que nous devons la première distinction un peu précise de ces deux espèces : il qualifia la première de translucide, aplatie [pelliicida), et la seconde de charnue, engraissée {saginata}. Après lui, cependant, on continua de les confondre, et comme certains observateurs trouvaient chez l'Homme des Ténias armés de crochets, tandis que d'autres en recueillaient d'inermes, on en vint à admettre, avec Bremser, Mehlis et F. Leuckart, que ces Vers perdaient leurs crochets en vieillissanl, de même que l'Homme perd ses cheveux. Il faut dire toutefois que Seeger, en 1832, formulait des réserves expresses sur cette manière de voir, en faisant remarquer que, chez des Ténias de tout âge, on pouvait constater tantôt la présence, tantôt l'absence de la couronne de crochets. Tel était l'état de la question lorsque Kiichenmeister, en 18o2, déclara qu'il y avait lieu de reconnaître décidément, parmi les Ténias de l'Homme, deux espèces distinctes, non seulement par les caractères de leur tète, mais aussi par la structure de leur ovaire : l'une armée, à laquelle il conserva le nom de T. solium, l'autre inerme, plus grande, plus large et plus épaisse, qu'il dénomma T. mediocanellata. Il eût été sans doute préférable d'appliquer le nom de T. solium à l'espèce inerme, que Linné avait prise pour type, et d'appeler T. îJellucida la forme pourvue de crochets; mais la nomenclature de Rudolphi régnait en mai- tresse, et cet auteur avait classé le T. solium parmi les espèces armées; c'eût été d'ailleurs une nouvelle source de confusion. Leuckart a proposé de rem- placer le nom de mediocanellata, dont la signification est du reste assez peu claire, par celui de T. saginata Gœze. Encore que ce dernier helminlhologiste n'ait pas fait usage d'une nomenclature rigoureusement binaire, cette subs- titution a été adoptée presque partout, et nous l'admettrons pour éviter toute complication. Evolution. — La transformation du Cysticercus bovis en T. saginata dans l'intestin de l'Homme, a été établie successivement par des observations et par des expériences. Depuis longtemps, en effet, divers médecins avaient remarqué la fréquence du Ténia inerme chez les individus qui faisaient usage de viande de Bœuf crue ou insuffi- (1) Gœze, Naliirgeschichte. Blankenburg, 1782, p. 42 et 278. PLATIIELMINTHES. — CESTODES. 235 samment cuite. Mais la preuve directe de Torigine bovine de ce Ténia no fut donnée que par les expériences d'Oliver, dans l'Inde (1860), et de Perroncito,en Italie (1877), consistant à faire prendre à des Hommes des Cysticerques du Bœuf: au bout de (57 jours, Perroncito fit évacuer un Txnia saginata qui, avec les anneaux rendus antérieurement, pou- vait mesurer i™, 80 ; ce Ver s'était donc accru par jour de 72 millimè- tres, en produisant 13 ù, 14 anneaux. Le développement du Cysticerque chez le Bœuf a été démontré aussi par des observations établissant la présence, dans les organes de cet animal, d'une forme cystique pourvue d'une tête identique à celle du T. saghiata, et par des expériences ayant pour base l'admi- nistration, à des Veaux, d'anneaux mfirs du Ténia en question. Lespre- mières de ces expériences furent entreprises par Leuckart (18G1), elles donnèrent des résultats positifs, qui ont été confirmés depuis par un grand nombre d'autres. La rapidité de l'évolution a été déterminée principalement par les recher- ches de Hertwig (1). Leuckart avait déjà constaté que, 17 à 25 jours après l'infestation, les Cysticerques avaient environ 0'"'^,4 à 0™™,7 de diamètre; ils étaient globuleux, parfois atténués à l'un des pôles, les plus grands montrant déjà, au pôle opposé, un rudiment de tête. Voici, en résumé, les résultats de Hertwig : Après quatre semaines, le diamètre des Cysticerques [extraits de leur enve- loppe ou kyste) est de 2"°', 25; le diamètre de la tête est de 0™",o. Un exem- plaire était déjà dégénéré. Après six semaines : forme un peu ovoïde ; longueur 3 millimètres, largeur 5; diamètre de la lète 1 millimètre. Huit semaines : Cysticerque long de 3™™, 25, large de 2'"™,7o; tète longue de 1™°\5, large de 1 millimètre. Dix semaines : Cysticerque long de 3™"", 5, large de 3'»™,5 ; tête sinueuse, longue de 1™",75, large de 1 millimètre. Douze semaines : Cysticerque long de 4 millimètres, large de 4 millimè- tres; tète longue de 1™",8, large de 1 millimètre. Dans ces deux derniers cas, les Cysticerques enfermés dans leur kysle sont allongés; dégagés de l'enveloppe, ils se montrent sphériques. Quatorze semaines : Cysticerque long de 5 millimètres, large de 4™™, 5; tête longue de 2 millimètres, large de 1 millimètre. — [^n certain nombre d'exemplaires étaient subglobuleux et plus petits. Seize semaines : Cysticerque long de 5 millimètres, large de 4™™, 5; tète longue de 2 millimètres, large de 1 millimètre, comme dans l'essai précédent. — Du reste, formes et dimensions assez variables. Dix-huit semaines : Cysticerque long en moyenne de 6 millimètres, large de 4 millimètres; tête longue de 2 millimètres, large de 1™'",25. Vingt-deux semaines : Cysticerque long de 6 millimètres, large de 4™™, 75; tète longue de 2'»™,2o, large de t™°',75. Vingl-huit semaines : Cysticerque long de 7 millimètres, large de 5 milli- (1) Hertwig, Bfiitrafj zur Fraqe der Enfwicklung der Rinderfinne. Zeitschr. f. Fleisch- und Milchhygiene, I, p. 107 (M. 1 Taf.), 1891. 236 VERS. mètres; tète longue de 2"™, 5, large de 2 millimètres. — Revêtu de son kyste, le Cysticerque, à cette date, mesurait 7"",:j à 9 millimètres de long sur o^i^jB de large. La durée de la vie de ces Vers paraît être assez courte : Saint-Cyr les a trouvés complètement calcifiés au bout de sept mois et demi. Leur résistance à faction de la chaleur a été étudiée par Perroncito, qui les a vus mourir quelquefois à 44° C, souvent à 45, 46% et tou- jours entre 47 et 48° ; mais ces déterminations ont été faites sur des exemplaires isolés, et d'ailleurs les parties centrales des viandes rôties sont loin d'atteindre toujours cette température. De nombreuses tentatives ont été faites en vue d'infester d'autres animaux que le Bœuf; elles ont porté sur le Porc, le Mouton, la Chèvre, le Lapin, le Cobaye, les Singes et le Chien. Toutes ont donné des résultats négatifs, à l'exception d'une seule, dans laquelle Zenker a obtenu, chez une Chèvre, deux Cyslicerques bien développés et un grand nombre d'autres en état de dégénérescence caséeuse ou calcaire. (D'après R. Blanchard, Heller aurait infesté la Chèvre et le Mouton.) Anomalies. — Le T. saginata paraît être particulièrement sujet à des ano- malies, d'ailleurs assez variées. Signalons d'abord celles qui ont trait à la coloration. Nous avons dit que les ventouses sont souvent bordées de noir; cette pigmentation peut s'éten- dre à leur fond et se répandre à leur voisinage, de sorte que la tête dans son ensemble prend une teinte noirâtre. Dans certains cas, la production du pigment gagne même la chaîne : telle est évidemment l'origine du Tœnia nigra Laboulbène, 1875, d'un noir ardoisé, rendu par un Français qui avait longtemps habité les États-Unis, ainsi que du Tœnia algérien, de teinte grise, mais à ventouses non pigmentées, observé par Redon chez des soldats fai- sant partie des colonnes du Sud-Oranais. Le nombre des ventouses est quelquefois porté à G, et l'on soupçonnait depuis longtemps que cette augmentation était, comme chez T. crassicollis, T. solium, etc., en rapport avec l'aspect prismatique ou mieux triquètre de la chaîne, que Bremser avait décrit comme résultant de la coalescence de deux Ténias. Trabut a montré que cette supposition était fondée. Chez ces Ténias dits trièdres, triquêtres ou à crête , la coupe transversale d'un anneau présente assez bien l'aspect d'un Y, dont la branche médiane ou infé- rieure porte les orifices sexuels. C'est à ce groupe qu'il faut rattacher évi- demment le Ténia du Cap de Bonne-Espérance (T. capensis), signalé par Kuchenmeister, et le T. lophosoma Cobbold (t). On observe parfois sur un même anneau deux pores génitaux situés, soit sur un seul bord, soit d'un côté et de l'autre : en pareil cas, un appareil génital hermaphrodite est en rapport avec chacun de ces orifices, et il n'est pas rare de constater d'ailleurs, sur cet anneau anormal, un commencement (1) L. Trabut, Observations téralologiques sur un Taenia saginata à sir ventouses et de forme tritjuêtre (avec fig.>. Arch. de zool. expér. (2), VII, Notes, p. 10, 1889. — J. CoATS, A spécimen of the prismatic variety of the Tœnia saginata (mediocanellata). Glasgow lued. Journal, p. 103, 1891. PLATRELMINTllES. — CESTODES. 237 de segmentation ; on peut donc admettre que cette anomalie tient à la fusion plus ou moins complète de plusieurs anneaux, ou, ce qui revient au même, à l'absence de segmentation sur un point de la chaîne (1). Si ce défaut de segmentation se manifeste sur toute une série d'anneaux, la partie correspondante du Ver prend l'aspect d"un ruban simple, pourvu sur ses bordsd'un nombre variable de pores génitaux irrégulièrement répar- tis : divers observateurs ont rapporté des faits de ce genre, notamment Welch, qui a vu la segmentation faire défaut sur une longueur de 5 centimètres. R. Blanchard a constaté, sur un anneau double, demi-segmenté, une inver- sion des organes génitaux dans la moitié antérieure : les ovaires étaient situés en avant (2). Assez souvent on trouve un anneau surnuméraire intercalé, à la façon d'un coin, entre deux autres anneaux. Le D'" Pauli, de Francfort, a même vu naître d'un anneau mûr une petite chaîne formée de deux anneaux étroits et allongés. Enfin, une anomalie assez commune consiste dans la perforation des anneaux, observée d'abord chez T. saginaUi par Andry, puis par Masars de Cazeles, ce dernier croyant avoir affaire a une espèce nouvelle, le Ténia fenê- tre. Depuis lors, bien des observateurs ont rapporté des cas analogues, dont la signification n'est cependant pas encore établie d'une façon très précise. La perforation se montre d'ordinaire sur toute une série d'anneaux; elle apparaît dans la région moyenne et s'étend peu à peu vers la périphérie, de sorte qu'elle est plus marquée à mesure qu'on s'éloigne de la tète. En se basant sur ces observations, on a surtout admis que la lésion se produit de dedans en dehors, et qu'elle est due à une rupture des parois de l'anneau occasionnée par l'accumulation excessive des œufs.Marfan, ayant observé des érosions superficielles, a supposé qu'elles dérivaient d'une fixation momen- tanée de la tète du Ténia sur les anneaux. Enfin Danysz pense qu'il s'agit d'une maladie propre du Ver, amenant la nécrose du tégument, et permettant ainsi aux sucs digestifs d'attaquer les tissus sous-jacents (3). Quant au prétendu T. solium var. abietina décrit par VVeinland, d'après un exemplaire recueilli par Agassiz chez un Indien Chippewa, ce n'est en réalité qu'une petite variété de l'espèce qui nous occupe. Ajoutons, enfin, que Heller a vu des embryons de T. saginata pourvus de 12, 16 et même 22 crochets; ils étaient alors de très grande taille. En ce qui concerne le Cyst. bovis, Cobbold a observé, dans le cœur d'un Veau, des exemplaires plus ou moins avortés, dont la tète ne portait que deux ou trois ventouses; dans un cas même il n'en existait qu'une seule, et, sur d'autres, les ventouses faisaient entièrement défaut. Distribution géographique. — Puisque, comme nous l'avons vu, le Ténia inerme se développe par la consommation de la viande de Bœuf, il est facile (1) Le T. vul-jaris Werner, 178"2 (T. deidata Batsch, I78G), à pores génitaux dou- bles et opposés, n'est probablement qu'un T. saginala présentant cette anomalie sur un grand nombre d'anneaux. (2) R. Blanchard, Anomalie des organes génitaux chez un Tœnia saginata Gœze (avec 1 fig.). Bull. Soc. zool. de France, XV, p. 166, 1890. (3) AxDRY, De la génération des Vers dans le corps de l'Homme. Paris, 3'= édit. 1741, p. 224, fig. F. — J. Danysz, Recherclies sur un Ténia fenêtre. Journal de TAnat., XXIV, p. 518, pi. XVII. 1888. — A. Maggiora, Ueher einer Fait von Ttenia inermis fenestrata. Centralbl. f. Bakt. u. Paras., X, p. 145, 1891. 238 VERS. de prévoir que ce Ver doit se rencontrer à peu près dans tous les pays. En France, la fréquence des Ténias s'est accrue, d'une façon progressive et très sensible, depuis un demi-siècle, et presque partout le Ténia inerme se montre plus commun que le T. solium, qu'on prétend, sans preuves suffi- santes, avoir été autrefois le plus répandu. Il résulte des recherches récentes de Bérenger-Féraud (1) que, dans les six périodes quinquennales de 1861 à 1890, le nombre des hommes atteints de Ténias, relativement à la totalité des individus admis dans les hôpitaux maritimes, a présenté les rapports suivants : 1861 à 18G5 33 pour 130 927, soit 0,20 p. 1000 1866 à 1870 flS — 152 822, — 0,02 — 1871 à 1875 422 — 137 361, — 3,06 — 1876 à 18cS0 1108 — 130 898, — 8,45 — 1881 à 1885 1565 — 155 646, — 10,05 — 1886 à 18D0.. 2253 — 152 352, — 14,80 — Dans les hôpitaux civils de Paris, l'augmentation de fréquence est également démontrée, quoique la proportion des cas soit beaucoup moindre. Dans les départements, autant qu'on peut en juger par les rapports des médecins de l'armée, les chitfres sont encore moins élevés, sauf dans trois régions qui correspondent aux frontières de Belgique, de Suisse, et au littoral méditer- ranéen, points par lesquels le bétail étranger pénètre en France. En Allemagne, le T. solium était autrefois abondant surtout dans le nord, tandis que le T. saginata s'y rencontrait rarement et régnait au contraire dans le sud; aujourd'hui, cette dernière espèce prend une grande extension et tend à prédominer partout. — En Angleterre, en Danemark, en Suisse, en Autriche, en Italie, c'est également le Ténia inerme qui se propage, tandis que le T. solium devient de plus en plus rare. Mêmes observations pour l'Asie, l'Afrique et l'Amérique, avec une excep- tion cependant en faveur des États-Unis, où le T. saginata parait encore très rare. La cause de l'extension considérable de cette espèce se trouve naturelle- ment dans l'usage de plus en plus répandu de la viande de Bœuf insuffisam- ment cuite. Il faut donc admettre que le Cijsticercus bovis existe sur le bétail de toutes les régions que nous venons d'indiquer; et si cette donnée ne paraît pas en rapport avec les résultats de l'observation, c'est que, dans les abattoirs ou sur les marchés, la viande de Bœuf n'est soumise le plus souvent qu'à un contrôle illusoire. Disons cependant que ce parasite a été rencontré déjà en Russie, en Suisse, en Allemagne, en Hongrie, en Alsace, en Suède, en Italie. Chez nous, le premier cas a été relevé par Bascou, en 1888, sur une Vache de quatre ans sacrifiée à l'abattoir de Boulogne-sur-Seine. A Berlin, sa constatation est devenue aujourd'hui des plus communes, ainsi que nous l'indiquerons plus loin. Mais il se montre surtout extrêmement répandu en Afrique et en Asie. Citons spécialement l'Algérie (Arnould, Cauvet, etc.), la Tunisie (Alix), le Sénégal (Dupuy), l'Abyssinie (Schiniper), la Syrie (Talairach), et surtout l'Inde (J. Fleming). Cette fréquence est en rapport avec le mode d'élevage (1) Bérenger-Féraud, Sîi/' VaugmenLation de fréquence du Taenia en France depuis un demi-siècle. Bull. Acad. de méd. (3), XXVII, p. 112, 1892. PLATIIELMINTHES. — CESTODES. 239 des besliaux, dont les aliments ou les eaux de boisson se trouvent souvent souillés par les excréments 4e l'Homme. Patholocie. — Les Téniadés en général, et plus particulièrement les grands Ténias de rilomme, sont désignés vulgairement sous le nom de Vers solUaires, en raison de la croyance fort ancienne que rinteslin n'en renferme qu'un seul à la fois. C'est en effet le cas le plus ordinaire; mais il n'est pas très rare d'en voir évacuer en même temps 2, 3, ou même davantage, jusqu'à 20, 30, 50 et au delà, qu'il s'agisse de T. saginala, de 7\ solium ou des deux en même temps, ou encore de leur association avec BotriocepJialus laius (1). C'est à l'époque moyenne de la vie que l'Homme contracte le plus souvent les Ténias : Krabbe les a surtout observés chez des individus de vingt à trente ans ; mais on en rencontre aussi chez des vieillards, et même, chose assez difficile à expliquer, chez des nourrissons et des enfants nouveau-nés. La plupart des observateurs constatent en outre leur plus grande fréquence chez les femmes. Nous avons dit que le Ténia inerme siège dans l'intestin grêle : il se fixe d'ordinaire à peu de distance du pylore, engage sa tête entre les villosités, et développe sa chaîne en arrière, mais ne la laisse que très rarement pénétrer dans le gros intestin. De même, il est très exceptionnel de la voir remonter dans l'estomac. Quoique dépourvu de crochets, il adhère plus solidement à la muqueuse, au moyen de ses ventouses, que le Ténia armé. On ne possède que d'assez rares renseignements sur sa longévité ; on a cependant vu des malades expulser des anneaux pendant de longues années, jusqu'à trente-cinq ans (Wawruch). Comme il peut produire par jour, ainsi qu'on l'a vu plus haut, 13 ou 14 anneaux, et que chacun de ceux-ci renferme en moyenne 8,800 œufs, on arrive pour une telle période au chifïre formi- dable d'un milliard et demi d'œufs rejetés au dehors. Les symptômes qui se rapportent à la présence des Ténias dans rintestin sont de deux ordres: les uns sont des troubles locaux, les autres des accidents nerveux variés, d'origine réflexe. Le plus sou- vent du reste ils sont très peu marqués ou font complètement défaut. Les troubles locaux consistent en un sentiment de gêne ou de pesanteur, en douleurs abdominables vagues ou fixes, légères au début, pouvant s'exagérer plus tard, et parfois accompagnées de bor- borygmes. Ces sensations s'accusent principalement au moment des repas. Dans beaucoup de cas l'appétit devient capricieux, tantôt immodéré, tantôt nul. Il peut survenir aussi de la diarrhée, de la constipation, des vomissements; quelques patients maigrissent et de- viennent anémiques. Quant aux phénomènes nerveux, qu'on voit se manifester plus rare- (1) Bérengek-Féraud, Du nombre et de la longueur des Tœnias que l'on rencontre chez Vhomme. Bullet. de l'Acad. de méd. (3), XXIX, p. 12, 1893. 240 VERS. ment, ils se traduisent par des vertiges, des bourdonnements d'o- reille, des troubles de la vue, des accidents choréiques ou épilepti- formes, etc. Le prurit nasal ou anal est aussi des plus communs, Nous ne pouvons passer en revue ici toutes les manifestations du téniasis de l'Homme; ajoutons seulement que si le Ver est presque toujours évacué par l'anus, on l'a vu quelquefois aussi être rendu par la bouche ; enfin qu'il peut s'échapper à la faveur d'une lésion de l'intestin, pénétrer dans le péritoine, dans le canal de l'urètre et même apparaître au dehors par une fistule. Lorsqu'on soupçonne l'existence d'un Ténia chez un malade, il est facile d'assurer le diagnostic par l'examen des selles. La forme et les dimensions des œufs permettront souvent de recon- naître l'espèce à laquelle on a affaire. D'ailleurs, on sait que les anneaux mûrs du Ténia inerme sont plus grands que ceux du Ténia armé, qu'ils sont presque toujours isolés eisoitt expulsés spontanément dans Vinteroalle des selles: enfin, qu'ils sont très vivaces et s'agitent assez longtemps après leur sortie, notamment lorsqu'on les place dans l'eau tiède. Au besoin même, on peut se rendre compte de la disposi- tion de l'utérus, en comprimant l'anneau entre deux lames de verre, surtout après action de la potasse à 1 p. 100 ou de l'acide acétique à 1 p. 5. Les substances propres à déterminer l'expulsion du Ver sont extrê- mement nombreuses. Celles qu'on emploie les plus souvent aujour- d'hui sont les sulfates de pelletiérine et d'isopelletiérine, avec addi- tion de tannin (Dujardin-Beaumetz), l'extrait éthéré de fougère mâle, les semences de courge, les sels de strontium (Laborde), etc. En tout cas, il importe de constater si la tête a été expulsée, puisque c'est le point de départ de la formation de la chaîne : cette recherche doit être faite avec la plus grande précaution, en déposant le Ténia dans l'eau tiède, car la partie antérieure est très grêle et passe facilement inaperçue. Le Cysticercus bovis siège dans le tissu conjonctif de la plupart des organes, principalement des muscles striés, et sa présence dans l'or- ganisme caractérise l'affection connue sous le nom de ladrerie du Bœuf, dont la connaissance est assez récente, ainsi qu'on l'a vu plus haut. D'après Hertwig, les Cysticerques se trouvent de préférence dans les muscles de la région massétérine , et en particulier dans les ptérygoï- diens externe et interne. Pour les mettre en évidence, il convient de pratiquer dans ces muscles des sections parallèles à la branche du maxil- laire inférieur, dans la direction de la base du crâne. Avant la mise en usage de ce procédé à l'abattoir de Berlin, on n'avait trouvé, dans l'espace de plusieurs années, que cinq Bœufs atteints de ladrerie. Dans les neuf mois qui suivirent son adoption, on en trouva 55; en 1890, le nombre s'est élevé à 390, et sur ce chiffre, 316 individus ne portaient de parasites que dans les ptérygoïdiens. La distribution PLATHELMINTHES. — CESTODES. 241 des Cyslicerques est indiquée par le tal)leaii suivant (exclusion faite de 2:2 cas d'invasion générale) : ptérygoïdiens, 3(»() fois; ca'ur, 41; lan- gue, 10 ; muscles cervicaux, 3; muscles thoraciques, 1. .1 priori, on devrait admettre que le jeune âge est plus favorable à l'infestation ; les expériences dont nous avons parlé ont du reste été faites sur des Veaux, et G. Colin (1) n'a réussi à infester aucun animal adulte ou un peu éloigné de la jeunesse. Cependant, les faits d'obser- vation contredisent cette manière de voir, et, à l'abattoir de Berlin, la très grande majorité des cas de ladrerie est fournie par des adultes. D'autre part, la (|ueslion du sexe paraît n'être pas indifférente, car, sur 60 animaux envahis, on acompte :28 Taureaux, li Bœufs et 18 Va- ches ou Génisses. Le plus souvent, la ladrerie ne se décèle, du vivant de l'animal, par aucun symptôme ; on ne peut guère la reconnaître que par l'exploration de la langue, qui montre parfois, à la face inférieure et sur les cotés, des saillies formées par les Cysticerques. Sur l'animal mort, les Cysticerques apparaissent comme de déli- cates vésicules, du volume d'un grain de moutarde à celui d'un pois ; ils sont quelquefois entourés d'un kyste conjonctif très épais et résis- tant. Mais comme ils sont en général disséminés et peu abondants, ils échappent facilement à l'examen. Laboulbène a fait voir, en outre, qu'ils perdent rapidement leur aspect vésiculeux, s'affaissent et de- viennent ainsi beaucoup moins apparents, lorsque le muscle est exposé directement à l'air: pour leur rendre leur aspect primitif, il convient d'humecter la surface de la pièce. Il n'est pas rare de les trouver morts et calcifiés, et cette dégénérescence donne à la viande ladrique une certaine ressemblance avec les lésions tuberculeuses {Cestodon Tuber- culose). En dehors des conditions expérimentales, on n'a guère observé le Cysticercus bovis que sur les bêtes bovines ; Schimper note expressé- ment son absence chez la Chèvre, en Abyssinie. Moniez dit cependant qu'on aurait observé ce Ver chez le Mouton, en Afrique. D'autre part, Kiichenmeister avait affirmé, en 18G0, avoir rencontré le Cysticerque du Ténia inerme sur un Porc; mais il paraît avoir abandonné plus tard cette indication, et peut-être ne s'agissait-il que d'un C. cellulosx dépourvu de rostre, comme Lewin en a figuré un en 1873. Enfin, Heller, Arndt et Bitot ont signalé chez l'Homme, dans l'œil et dans le cerveau, des Cysticerques inermes qui ont été rapportés également au C. bovis (:2). Mais cette détermination est surtout basée sur l'absence de rostre et de crochets, et, comme on vient de le voir, ces organes peuvent faire défaut dans le C. rrllidosn'^ de sorte qu'il (1) G. CoLi\. Sur la fréquence relative des diverses espèces de Tœnias. BuUet. Acad de méd. (3;,XXV1I, p. 17G, 1892. ['!) E. Brror et J. Sabrazès, Étude sur les Cysticerques en grappe de l'encéphale et de la moelle chez Vllorume. Gaz. méd. de Paris (7), VII, 18'J0. Voir p. 31i et 355. Railliet. — Zoologie. \^ 242 VERS. reste un doute relativement à la possibilité du développement, chez l'Homme, du Cysticerque du Bœuf. Ténia armé de l'IIomine T. solium ï\ud., 1810. — Syn. : T. solium L., 1767, pro parle; T. pellucida Gœze, 1782; T.[Cystotsenia] solimn Leuck., 1862). — Long en moyenne de 2 à 3 mètres, atteignant parfois 6 à 8 mètres. Tête glo. buleuse-téfragone , large de 0™™,6 à Qmm^g ; rostre court, souvent teinté en noir par des granulations pigmentaires, et armé d'une double couronne de 24 à 32 crochets : les grands longs de 160 à 180 [j., h manche ondulé, à lame à peu près aussi longue que le manche; les petits longs de 110 à 140 jj., à garde légè- rement bilobée ; ventouses arrondies, saillantes, larges de 0"'",4 à 0™'",î). Cou long et grêle. Premiers anneaux très courts, les suivants augmentant graduel- lement de longueur, mais ne devenant carrés qu'à plus d'un mètre de la tête; anneaux mûrs mesurant 10 à 12 milli- mètres de long sur o à 6 de large. Pores génitaux assez régulièrement alternes, situés en arrière du milieu du bord la- téral. Utérus à tronc médian portant de chaque côté 7 à 10 branches épaisses, écartées, à ramifications dendritiques. Embryophores globuleux ou à peine Fig. 132. — T;ritia solium, grandeur naturell- Fig. 133. — Trie du Ttnia solium, \nv de trois quarls (Orig.). (Laboulhène). ovoïdes, du diamètre de 31 à 313 {*, 'parfois encore entourés de la membrane vitelline. Ce Ver habite, comme le précédent, l'intestin grêle de l'Homme. Son Cysticerque est connu sous le nom de Cysficercns cellulosce Rud.; PLATHELMINTHES. — CESTODES. ■24:i il vit surtout dans les muscles et les viscères du Porc domestique, mais on Ta rencontré aussi chez le Sanglier, l'Homme, le Chien, It* 134. — Tc'te du Tienia solium. vue lie profil (l.aboulbùnci. Fig. 13.Ï. — Crocliets du Txnia aoliutn, grossis 2aO fois. — A, grand crochet. B et C. petit crochet vu de profil et de l'ace (Orig.). Chat, le Chevreuil, le Rat noir, l'Ours brun et divers Singes. 11 se montre sous la forme d'une vésicule ellipsoïde, de 6 à ^0 millimètres de long sur o à 10 de large, offrant sur sa zone équatoriale, c'est-à-dire vers le milieu de sa longueur, une tache blanche qui cor- Fiff. 1.30. Cucurbitiii du Tspnia solium : formes successives en quelques minutes (Davaine). Fig. )3T. — Cucurbitin libre du Txnia solium, çrossi trois fois (Orig.). respond à la tête invaginée. En provoquant la sortie de celle-ci sui- vant les procédés indiqués à propos du Cysticerque du Bœuf, on constate qu'elle est identique à celle du Tumia solium. EvoLiTiox. — 11 est probable que, dès la plus haute antiquité, on avait reconnu la fré- quence du Ver solitaire chez les individus fai- sant usage de viande de Porc, et c'est à une telle constatation, sans doute, qu'il faut attri- buer l'interdiction de cette viande faite par Moïse aux Hébreux et par Mahomet aux Mu- sulmans. Mais c'est seulement à une époque très rapprochée de nous que fut émise l'idée d'une transformation du Cysticerque du Porc en Ténia Fig. 138. — CEuf du Twnia so- lium, grossi 350 fois. — A, dans la glycérine. B, même grossissement, après avoir été traité par une solution de po- tasse (Laboulbéne). 244 VERS. dans l'intestin de l'Homme (Ktichenmeister). La preuve de cette trans- formation fut bientôt donnée expérimentalement : Humbert (1854), puis Kuchenmeister (185S), Leuckart, Hollenbach, Heller firent développer le l\enia solium chez des Hom- mes auxquels ils avaient ad- ministré des Cysticerques du Porc. En général, les pre- miers anneaux furent expul- sés au bout de deux mois et demi. Redon a démontré sur lui-même que les Cysticer- ques de l'Homme donnent un résultat identique. — Des ex- périences du même genre ont été tentées sans succès chez le Porc (G. Colin), le Chien, le Cobaye, le Lapin et chez Macacus cynomolgus. On a montré de même que les œufs du Tœnia solium don- nés au Porc se développent en Cysticercus cellulosœ dans l'organisme de Fig. 139. — Fragment d"un muscle de Porc ladre. — c, c, Cysticerques. v. alvéole marquant la place d'un Cysticerque enlevé (Orig.). Fig. 140. — Cysticerque ladriquc. — A, vésicule entière un peu grossie. B, trompe portant les crochets à sa base. C, crochets isolés. D, fragment de Cysticerque fortement grossi : la vésicule n'est représentée que par un segment a correspondant à son orifice d'invagination b 'Ch. Robin). cet animal. La première expérience dans ce sens a été réalisée en 1853 PLATHELMINTHES. — CESTODES. â45 par p. J. van Beneden ; un grand nombre d'autres ont été répétées, presque toujours avec succès, par llaubneretKiichenmeister,Leuckart. Baillet, etc. Haubner et Gerlach ont reconnu que Tinfestation ladrique est très difficile, sinon impossible, chez les Porcs un peu âgés. I^euckart et Railliet n'ont pas réussi à infester le Cliien; Neumann a été un peu plus heureux : sur quatre jeunes Chiens soumis â l'expérience, un seul a pré- senté à l'autopsie quelques Cysticerques dissé- minés dans les muscles olécràniens et cruraux. On ne connaît encore que d'une manière imparfaite les diverses phases de l'évolution du Cysficcrcus celhdosn'. Le 9" jour après l'infesta- tion, Mosler Ta vu représenté par des vésicules ovales, longues de 33 a, larges de 24, situées n,, ,4i.-Tote.iur>^c.rc«, entre les fibres musculaires et encore dépour- cc/Zu/oça", vuo de devant, les d, , -, ,^i„- T 1 111 ventouses non saillantes e kystes. Le 21" jour, Leuckart 1 a vu (Orig.). également dans les muscles, sous forme de vésicules libres mesurant au plus 0™™,8, de forme sphérique et légè- rement atténuées vers un point qui portait un rudiment céphalique. Au 32*^ jour, c'étaient des vésicules ellipsoïdes, de dimensions très diverses, le grand diamètre variant de 1 à 6 millimètres, le petit diamètre de O™"",? à 2"^", 5. Autour des plus petites, le tissu con- jonctif commençait à proliférer; les plus grandes, parcourues par des vaisseaux ramifiés et montrant des entonnoirs vibratiles, étaient entourées déjà d'un kyste très délicat; le rudiment céphalique occu- pait, non plus l'un des pôles, mais la zone équatoriale. Parvenu à ce degré, le Cysticerque n'a plus qu'à s'accroître et à organiser sa tête : celle-ci prend naissance, comme d'habitude, au fond du recepiaculum capitis et un peu obliquement ; mais, au cours du développement, elle se recourbe et arrive parfois à décrire un tour et demi; le réceptacle lui-même, qui est formé, comme on le sait, par les parois de l'invagi- nation primitive, offre un plissement très accusé et caractéristique. Pour arriver à son complet développement, le Cysticerque exige trois ou quatre mois ; mais comme, au bout de deux mois et demi, la tête est déjà pourvue de ventouses et de crochets, il est probable qu'à cette période elle serait déjà propre à se développer en Ténia : les changemxents ultérieurs sont limités à l'élongation du corps cylin- drique qui lui fait suite. 11 est difficile de préciser la longévité du Cysticercus cellulosœ. Elle doit du reste varier suivant diverses circonstances. Parfois le parasite entre en dégénérescence dans les premières phases de son dévelop- pement, mais le plus souvent cette modification est le résultat de l'âge : il perd son liquide et prend l'aspect d'un grain arrondi, dur et imprégné de calcaire (1). — Quant à sa résistance vitale, les expé- (t) On en a vu cependant continuer à produire des troubles graves dans le cer- 246 VERS. riences de Perroncito ont montré qu'elle est un peu supérieure à celle du C. bovis; il périt à une température de 47 à 48°. Dans la chair, on Ta trouvé encore vivant au bout de vingt-neuf jours. Anomalies, — Elles paraissent moins fréquentes que chez T. saginata, mais sont à peu près de même ordre. Laker a observé deux T. soliiim à six ventouses et à corps non triquêtre. Par contre, Zenker a trouvé, à Fautopsie d'un tuberculeux, un exemplaire non encore parvenu à maturité, dont la tête portait 6 ventouses et 28 cro- chets, et dont les anneaux étaient prismatiques, avec les pores génitaux situés sur l'arête médiane. On a signalé aussi dans cette espèce une fusion incomplète (Weinland) ou complète (Leuckart) de deux anneaux; Cobbold etL. Colin ont même étudié des individus non segmentés sur une grande longueur — jusqu'à 15 centi- mètres — et montrant des pores sexuels répartis sans ordre à droite et à gauche : c'est à cette forme que Colin a donné le nom de T. fusa ou continua. Rudolphi, Taruffi et Délie Chiaje ont décrit divers cas de Taenia solium fenestrata. L'ensemble de la chaîne est quelquefois très grêle, elles exemplaires ainsi conformés ont été quelquefois regardés comme représentant une variété ou une espèce particulière (T. feneWa Cobbold, T. solium var. minor Guzzardi). Le Cysticercus cellulosse est lui-même sujet à diverses anomalies. — Ainsi, Krause en a trouvé un spécimen pourvu de six ventouses, dans le cerveau d'un idiot. Lewin en a décrit et figuré un autre, provenant du Porc, dans lequel le rostre et ses crochets avaient disparu et se trouvaient remplacés par une dépression médiane simulant une cinquième ventouse. Les crochets peuvent, au contraire, augmenter de nombre et se disposer sur trois rangs, comme l'ont vu Dallinger et Redon. — C'est à des Cysticer- ques semblables, recueillis par Wyman en Virginie, chez une femme phti- sique de race blanche, que Weinland a donné le nom de Cysticercus acantho- trias (1858). Chaque rangée comprenait 14 à 16 crochets, longs d'après Leuckart de 196, 140 et 70 f*, de forme générale plus grêle et à manche un peu plus long que dans le C. cellulosse normal. Weinland et Leuckart regar- dent ce parasite comme représentant la forme cystique d'un Ténia encore inconnu, que Leuckart appelle Tœnia acanthotrias. Une variété intéressante de C. cellulosse est celle que Zenker a appelée C. racemosus, Heller C. botryoides et Kûchenmeister C. inuUilocularis, et qui est caractérisée par sa forme souvent très irrégulière. Contrairement à ce qu'on observe pour les Cénures, qui prennent surtout un aspect diverticuli- forme lorsqu'ils siègent en dehors du système nerveux, les Cysticerques ladriques ne se montrent avec ce caractère que lorsqu'ils sont encéphaliques. Zenker reconnaît quatre formes de Cysticerques racémeux : 1° vésicules irrégulièrement bosselées, grâce à des saillies de la paroi; 2° vésicules dou- bles ou multiples, de diverses dimensions, reliées par des portions rétrécies ; 3^ vésicules secondaires acineuses, réunies à la vésicule principale par de minces pédicules, l'ensemble simulant une grappe de raisin; 4° forme en grappe complexe, de grandes dimensions, se rattachant à la fois aux trois veau de l'Homme pendant douze à quinze ans, et l'ophtalmoscope a permis d'en observer dans l'œil pendant vingt ans. PLATHELMINTIIES. — CESTODES. 247 groupes précédenls. Celle division, comme il esl facile de le voir, est lout artificielle. Il arrive du reste parfois qu'un pédicule s'oblitère : la vésicule secondaire cesse alors de communiquer avec la vésicule principale. Les dimensions de ces Cysliccrques deviennent dans certains cas considé- rables : Heller évaluait la longueur de l'un d'eux à 25 centimètres. La tête, se développant en un point quelconque, môme sur un pédicule, est difficile à découvrir; elle est du reste souvent incomplète. Les Cysliccrques racémeux coïncident souvent avec des exemplaires nor- maux; leur siège de prédilection est la base du cerveau. Us ne sont presque jamais entourés d'un kyste, et c'est sans doute grâce à cette circonstance qu'ils s'étendent dans les espaces plus ou moins irréguliers où ils sont con- tenus, et prennent leurs formes singulières. Distribution géographique. — L'aire de répartition du T. solium est natu- rellement la même que celle du Porc, et c'est partant un parasite quasi-cos- mopolile. Il fait défaut dans la zone torride, oà l'élevage du Porc ne réussit pas; il manque également chez les populations juives, musulmanes et autres, qui ne font point usage de viande de Porc. Nous avons déjà dit que la diminution progressive de celle espèce a été constatée dans presque toute l'Europe, et particulièrement en France : cette diminution n'est pas liée d'une façon étroite à celle du Cysticerque ladrique; elle résulte plutôt d'une surveillance plus sévère de la viande de Porc, et de l'habitude qui s'est répandue de faire cuire plus complètement cette viande. Cependant le T. soUiim prédomine encore en diverses régions de l'An- gleterre et de l'Allemagne du Nord, où l'élevage du Porc est florissant, et où la chair de cet animal constitue la base principale de l'alimentation, avec cette circonstance aggravante qu'elle est souvent consommée à l'état cru. Le Ténia armé est relativement rare en Asie, en Afrique et dans l'Améri- que du Sud; il est au contraire assez répandu dans l'Amérique du Nord, où rélevage des Porcs a pris une énorme extension. Quant à la distribution géographique du C. cellulosœ, elle est en rapport surtout avec les conditions d'élevage du Porc. Ainsi, le parasite est commun dans les localités où cet animal est entretenu en demi-liberté, où les trou- peaux de « coureurs » sont conduits aux champs ou â la glandée : tel est le cas, en particulier, de l'Auvergne, de la Manche, du Limousin, de la Breta- gne; il est plus rare, sans faire entièrement défaut, dans celles où les Porcs sont nourris à la ferme, et où ils courent seulement le risque de trouver les excréments déposés dans les cours ou sur les fumiers. Les renseignements fournis par divers auteurs donnent les proportions suivantes : à Cassel, 1 Porc infesté pour 94G; en Prusse, 1 p. 370; en Autriche, 1 p. 307; à Turin, 1 p. 250; à Milan, i p. 70. Ces chiffres, bien entendu, ne sont qu'approxima- tifs, et Leuckart estime que, dans diverses régions de l'Allemagne, le nombre des animaux infestés s'élève à 2 ou 3 p. 100. Le parasite est aussi extrê- mement répandu en Irlande, en Esclavonie et aux Étals-Unis. Patuologie. — Les troubles occasionnés par la présence du 7'. so- lium dans rintestin de IHomme ne diffèrent pas de ceux qui sont altribuables au 7'. saginata, et nous n'avons qu'à renvoyer le lecteur aux indications que nous avons données en traitant de celte espèce. Notons seulement que les anneaux rendus par les patients sont plus 248 VERS. petits, moins vivaces que ceux du Ténia inerme, qu'ils se détachent assez souvent par petits groupes (fragments de chaîne) et qu'ils ne sont presque jamais expulsés qu'avec les fèces. Mais, ce qui donne au Tœ^na soUum une gravité spéciale, c'est la possibilité et la fréquence du développement de son Cysticerque dans l'organisme de l'Homme, point sur lequel nous aurons à revenir dans un instant. Comme celui du Ténia inerme, le Cysticerque du T. solium se dé- veloppe dans le tissu conjonctif, d'où le nom qui lui a été appliqué par Rudolphi de Cijsticercus {ieh') cellulosH'; il peut envahir des organes variés, mais on le rencontre plus spécialement dans les masses musculaires, et depuis longtemps on appelle ladrerie l'état des animaux qui en sont porteurs. La ladrerie du Porc était déjà connue d'Aristophane (iv^ siècle av. J.-C). Les muscles le plus fréquemment envahis sont ceux de la langue, du cou et des épaules; viennent ensuite, par ordre de fréquence décroissante, les intercostaux, les psoas, les muscles de la cuisse et enfin ceux de la région vertébrale postérieure. Quand les Cysticerques ladriques (vulgairement grains ou graines de ladre) sont peu nom- breux, il faut les chercher surtout dans les muscles de la face profonde de l'épaule, dans ceux du cou, dans la portion charnue du diaphragme, etc. Mais dans certains cas ils sont en nombre immense, et la moindre section musculaire en fait apparaître plusieurs : Ktichenmeister en a compté 133 dans un fragment de viande de 17 grammes. Ils sont logés entre les faisceaux secondaires et parallèlement à leur direction. On les trouve assez souvent aussi dans le tissu conjonctif sous- muqueux de la face inférieure de la langue^, ainsi que dans le cœur ; plus rarement sous la peau ou dans le lard; mais ils peuvent se voir en outre dans presque tous les organes : cerveau, moelle épinière, yeux, poumon, foie, reins, rate, ganglions lymphatiques, testicules. Les Cysticerques apjmrents sur les coupes de viande sont quelque- fois enlevés au couteau pour tromper la surveillance des inspecteurs; mais un examen attentif montre les alvéoles qu'ils occupaient. Quand ils ont perdu leur liquide et subi la dégénérescence calcaire, les charcutiers donnent à l'afTection le nom de ladrerie sèche. Les symptômes de la ladrerie sont en général des plus vagues ; un seul est caractéristique, c'est la présence de Cysticerques sous des muqueuses accessibles à l'exploration, et en particulier à la face inférieure de la langue, sur les côtés du frein, où ils constituent souvent des élevures opalines, demi-transparentes. Cette remarque a donné lieu à la pratique du langueyage, déjà connue du temps d'A- ristophane et aujourd'hui encore répandue sur les marchés de bestiaux, pratique qui consiste à visiter la langue du vivant de l'animal, et qui permet d'écarter de la consommation un grand nombre de Porcs ladres. Il est vrai que parfois les vendeurs font disparaître les vésicules PLATHELMINTHRS. — CESTODES. 249 apparentes par Vépinglngr, c'est-à-dire par une simple piqi"ire qui vide le Cysticerque, ou par une incision qui permet de Fenlever. Nous n'avons pas à nous arrêter ici sur la ladrerie du Chien, dont on connaît aujourd'hui une vingtaine de cas; les symptômes en sont d'ailleurs très variables suivant le siège et l'abondance des Cyslicer- ques. — Dans un de ces cas, que nous avons étudié avec Trasbot, nous avons montré qu'il ^'agissait bien du C. cellulosœ. Les Vers recueillis par Chabert et décrits par Rudolphi sous le nom de Ci/sti- ccrcns canis (181)5) appartenaient aussi à cette espèco. Che/, l'Homme, la ladrerie est connue depuis fort longtemps. En 1558, Rumler avait déjà trouvé, sur la dure-mère d'un épileptique, des tumeurs dans lesquelles il est facile de reconnaître des Cysticerques ; depuis lors, bien des observations précises ont été publiées sur ce sujet. Comme celte affection est des plus graves, il importe de déter- miner d'abord selon quel mode peut avoir lieu l'infestation. — Pour que l'embryon puisse se développer, il est nécessaire, on le sait, qu'il arrive dans l'estomac, où sa coque doit être dissoute. Or, cette péné^ tration dans le tube digestif doit s'effectuer le plus souvent par l'in- termédiaire des boissons et des aliments : eaux non filtrées, salades et légumes ayant subi le contact direct du fumier, etc. Elle est favori- sée d'ailleurs par les habitudes de malpropreté, et c'est ainsi que Stich a constaté la plus grande fréquence de la ladrerie humaine dans les classes pauvres. L'invasion parasitaire pourra même être très étendue si la cause d'infestation persiste longtemps, et c'est ce qu'on observe chez les individus qui cohabitent avec des personnes atteintes de Ténia, ou, mieux encore, chez les coprophages.Enfin, il n'est pas très rare d'observer des Cysticerques chez les sujets porteurs de T. solium, fait qu'expliquent suffisamment les considérations précédentes. L'auto-infestation n'exige même pas le passage des œufs par la bouche. Nous savons, en effet, que les Ténias remontent parfois jusque dans l'estomac ; de plus, les contractions antipéristaltiques de l'intestin grêle peuvent amener dans cet organe des anneaux entiers ou des œufs du Ver, et ainsi se trouvent remplies les conditions que requiert la mise en liberté de l'hexacanthe. Les Cysticerques ladriques paraissent se loger de préférence, comme chez le Porc, dans le tissu conjonctif des muscles striés ; mais ils sont aussi très communs dans l'encéphale et ses enveloppes, ainsi que dans l'œil et ses annexes; on les a trouvés encore dans le cœur, le poumon, le foie, le pancréas, les reins, le tissu conjonctif sous- cutané, etc. Leur localisation sous la muqueuse linguale est infiniment moins fréquente que chez le Porc. — Quant aux phénomènes patholo- giques qu'ils peuvent provoquer, ils varient naturellement suivant leur siège et leur abondance. Ténia crassicol (T. crassicollis Uud., 1810). — Ver long de 15 à 60 ceii- 250 VERS. timètres. Tète épaisse, cyliiidroïdo en avant, large de 1""'",7 ; rostre très court armé d'une double couronne de 26 à A 52 crochets (souvent 34), les grands longs de 380 à 420 [^., les petits de 250 à 270 ;j.; ventouses très saillantes, (^ou peu distinct, aussi large ou plus large que la tête . Premiers anneaux très couris, les suivants cunéiformes, les Fiç. Ui. — Tùlc du Txnia crassicoUi s, i^i-o^sie Fig. US. — Crochets du Txnia crassicoUis, grossis 15 fois (('.. Neuniann). i2'6 fois. — A, grand crochet. B, petit crochet. (G. Ncuniami). derniers longs de 8 à 10 millimètres, larges de 5 à 6. Embryophores globu- leux, de 31 à 37 jt de diamètre. Assez commun dans l'intestin grêle du Chat domestique et de di- verses espèces sauvages du même genre ; trouvé aussi chez l'Hermine. A l'état vésiculaire, il est représenté par le Cysticerque fascio- laire {C. fasciolaris Rud.), qui habite le foie des Rats, Souris, Cam- pagnols et Chauves-Souris. Ce Cysticerque, toujours pelotonné dans un kyste dont sa présence a provoqué la formation, offre une dispo- sition intéressante : la vésicule est peu développée, tandis que le corps, au contraire, s'accroît rapidement et par suite ne tarde pas à faire saillie à l'extérieur; il se présente alors sous l'aspect d'une chaîne formée d'anneaux très nets, courts et assez larges, mais sans organes génitaux. Cet aspect l'avait fait considérer comme un Ténia par les anciens auteurs. A l'extrémité antérieure, large de 4 à 5 mil- limètres, on voit la fente au fond de laquelle la tête est invaginée. Bien que la longueur totale du Ver varie de 3 à :20 centimètres et au delà, le volume de la vésicule dépasse rarement celui d'un petit pois. La ressemblance qui existe entre la tête du C. fasciolaris et celle du T. crassicoUis avait déjà frappé Pallas et Goze ; mais ce fut von Siebold qui attira spécialement l'attention sur ce point (1843), et montra l'identité des deux formes. En 1854, R. Leuckartfit prendre des (jeufs du Ténia à des Souris blanches et obtint le développement du Cysticerque (1). L'expérience inverse donna également des résul- (1) Raum a trouvé des embryons hexacanthes dans le sang de la veine porte des Souris, 9, 27 et 52 heures après l'infestation ; il s'en trouvait également dans les ca- pillaires du foie, mais non dans les canalicules biliaires. — Voy. Ualm, Beitrage zur Enlwlckhmgsgesc/iichte der Cysticercen. Dorpat, 1883, p. 3Q. — L.Vogel, Ueber Rau und Entwicklung des Cyst. fasciolaris. Rundschau auf. d. Geh. d. Thiermed. u. vergl. Pathol., IV, p. 41, 49 et 57, 1888. l'LATHELMINTHES. — CESTODES. 2yl tats positifs. Il faut remarquer, à ce sujet, que tous les anneaux qui composent le corps du Cyslicerque se détruisent dès que celui-ci arrive dans l'intestin du Chat : il s'en forme de nouveaux pour constituer le Ténia (Leuckart, 1878). Les anomalies sif^'nalées chez T. (•/•a.s'sico//is sont encore peu nombreuses. Disons seulement que Bremser a observé un exem- l>laire triquêtre, à six ventouses, et que Gœze a décrit un indi- vidu fenêtre. — Quant au T. ammonitiformis Baird, 1862, du l'uma, et au T. semiteres Baird, 1802, du Chat de Perse, ce ne sont même pas, comme le supposait Diesing, des monstruosités du T. cra^sicollis ; Monticellia constaté qu'il s'agit d'exemplaires normaux de celte espèce, déformés par un alcool trop concentré. Iviipke a observé un Cyst. fasciolaris à deux tètes. Pathologie. — La présence d'un grand nombre de Ténias dans l'intestin du Chat peut amener un état inflamma- toire, mortel pour les jeunes animaux (Anacker). De vé- l'is-ii^. — Cys- .... , licercus fas- ritables épizooties causées par ces Vers ont même été doiaris. da- signalées, après des invasions de Campagnols (Lydtin) l'ri's Lourkart. ou de Rats (Romano), donnant lieu à des chasses fructueuses de la part des Chats. Il n'est pas très rare de trouver le Ténia dans l'es- tomac, et il cause alors une gastrite fort grave (Zschokke). — Divers cas de perforation de l'intestin chez le Chat ont été attribués à ce Ver 'Rudolphi, Gamba, Grassi et Parona, Perroncito). Fig. I i;). — Coupe scliémalique il'un Ci-nure. — a, scolex avec sa disposition normale, b. c, d, u, disposition de plus en plus srhi;matique, destinée à montrer la conformité des Cénures et des Cysticerques. 2" Les Cénlres [Cœnarus Rud., I810j sont des Cystiques dont la vésicule caudale donne naissance à des corps multiples, chacun d'eux 232 VERS. ne produisant toutefois qu'une seule tête (cystiques polysomaliques et monocéphales). Ténia cénure (T. cœnurus Kiichenmeister, 1853. — Syn. : T. [Cystofœ- 7iia] cœnurus Leuck., 1863). — Long en moyenne de 40 à 60 centimètres, arrivant rarement à dépasser 1 m être. Tête pyriforme, large de 0"™,8; rostre faible, armé d'une double couronne de 22 à 32 crochets : les grands longs (le 150 à 170 p., à manche mince, un peu ondulé sur ses boi^ds, à peine aussi long que la lame, à garde cor- diforme ; les petits longs de 90 a 130 p., à manche atténué en arrière, à garde simple. Cou assez long, sen- siblement plus grêle que la tête. Anneaux relativement étroits, deve- nant carrés à 15 ou 20 centimètres de la tète; bord postérieur rectili- gne, à angles légèrement saillants; anneaux mûrs au nombre de 12 à 15, un peu caténulés, longs de 8 à 12 millimètres, larges de 3 à 4. Fig. U6. Tsenia cœnurus, grandeur natu- relle (Orig.). 147. Crochets de Taenia cœnurus, grossis 230 fois (Orig.) Utérus formé d'un tronc médian de longueur moyenne, portant de chaque côté 18 à 26 branches presque parallèles, peu ramifiées. Embryophores à peu près sphériques, de 31 à 36 a de diamètre. Le T. cœnurus vit dans la moitié postérieure de l'intestin grêle du Chien ; Môbius l'a trouvé aussi chez un Vulpes lagopus. Sa forme cystique est le Cénure cérébral {Cœnurus cerebralis Rud.), qui se développe d'ordinaire dans l'encéphale du Mouton, plus rare- ment dans la moelle épinière, mais qu'on peut observer aussi chez d'autres herbivores domestiques ou sauvages: Bœuf, Chèvre, Droma- daire, Renne, Chevreuil, Antilopes, Cheval. Ce Cénure consiste en une vésicule d'un volume variable, pouvant atteindre et même dé- PLATHELMINTHES. — CESTODES. 253 148. — Cénure cérébral ayant séjourné dans l'alcool. passer celui d'un œuf de Poule ; il offre l'aspect d'une vésicule dont la paroi très mince, translucide, contrac- tile, est plus ou moins distendue par un liquide incolore et se montre parsemée de petites taches blanches, rassemblées en groupes irréguliers. Ces taches, dont le nombre est très variable, mais s'élève parfois jusqu'à 300, correspondent à au- tant de tètes de Ténia invaginées, offrant d'ailleurs des degrés divers de développe- ment : on peut en trouver de rudimen- laires, alors que d'autres sont complètes. D'après Davainc, ces tètes peuvent s'é- vaginer d'elles-mêmes et venir faire saillie à la surface de la vé- sicule. On rapporte généralement au Cœnurus cerebralis les Génures trouvés par Eichler dans le tissu conjonctif sous- cutané d'un Mouton, par Nathusius dans celui d'un Veau et par Hcincke dans l'œil d'un Cheval. Rabe dit en outre avoir trouvé chez une Antilope chevaline [Hip- potragus equhnis) des exemplaires de ce Ver siégant à la fois dans le cerveau, les muscles, les ganglions lymphatiques et le corps thyroïde (1). Évolution.' — Comme il avait fait pour le Cystkerciis tenuicollls, von Siebold ob- tint, dès 1852, la transformation du Cœ- nurus cerebralis en Ténia dans l'intestin du Chien, mais il confondit le Ver ainsi développé avec le T. serrata, et c'est en- core Kiichenmeister qui, en 1853, le recon- nut comme représentant une espèce nou- velle, à laquelle il donna le nom de 7\ cœ- nurus. Depuis cette époque, de nombreuses expériences ont été effectuées soit dans le même sens, soit en sens opposé, c'est- à-dire en provoquant le développement du Cénure chez les Ruminants par l'administration des anneaux du (I) EicHLEU, in Sachs. Bericht, 1858-59, p. 47. — Nathusius, in Ibid., 1861. — Heiacke, in Preiiss. Mittlieil. 1882, p. 74. — C. R.\be, in Berl. thiemrzU. Wo- chenschr., 1889, p. 219. — C'est par erreur que Nuuian, et à sa suite Leuckart et Cobbold, citent Engelmeyer comme ayant trouvé un Cénure dans le foie d'un Chat : il s' agissait eu réalité d'Échinocuques observés chez une Vache. g. 149. — Coupe de Cwnurus cere- bralis, d'après R. Meniez. — Les erocliots sont fortement rétractés et le bullie, changeant sa forme primitive, les entoure à sa base. — CSC, vésicule dont un fragment seu- lement est représenté, bb, bulbe. cr, crochets, c, ventouses, ce, cor- puscules calcaires, ml, fibres muscu- laires longitudinales, se, couche sous - cuticulaire. Grossissement 20 diamètres. 254 VERS. Ténia; elles ont conduit à démontrer rexaclitude des vues de Kuchen- meister. Lorsqu'on fait prendre ces anneaux mûrs à un Agneau, par exemple, les embryons hexacanthes se trouvent mis en liberté comme ceux du T. serrata chez le Lapin ; ils traversent alors les parois de l'intestin, et cheminent à travers les tissus ou, plus probablement, pénètrent dans les vaisseaux et sont ainsi emportés par les courants sanguins. Il en est un grand nombre qui font fausse route et se rendent dans les poumons, le foie, le diaphragme, l'œsophage, sous le péritoine, la plèvre, le péricarde et même l'endocarde ; ils se creusent en ces divers points des galeries sinueuses, jaunâtres, d'une longueur de 15 milli- mètres au plus. Haubner et Baillet ont trouvé quelquefois dans ces galeries une très petite vésicule; mais le développement ne se pour- suit pas : cette jeune larve meurt, et plus tard on trouve en effet dans le point correspondant une nodosité blanchâtre qui diminue bientùl de volume et disparaît. Les Cénures erratiques que nous avons signalés plus haut ont probablement pour origine quelques-uns de ces embryons égarés. Par contre, les embryons qui parviennent aux centres nerveux se trouvent dans les conditions voulues pour continuer leur évolution. Dans l'encéphale, dit Baillet, on constate dès le 8*^ jour une violente congestion. Du 14^ au 38" jour, on remarque à la surface de l'organe ou même dans les ventricules des sillons d'un jaune pâle, diversement contournés, à l'extrémité ou au voisinage desquels se rencontrent des vésicules analogues à celles dont il vient d'être parlé. Parfois ces vésicules ont pénétré dans l'épaisseur même de l'organe, où elles sont entourées d'une couche de cellules granuleuses qui se transforme bientôt en une étroite galerie. Au bout de deux à trois semaines, elles mesurent 0'""',6 à 3 millimètres de diamètre; le 24^ jour, elles peu- vent avoir le volume d'un pois, mais leur paroi est encore uniformé- ment mince et translucide. Le premier indice de la formation des têtes de Ténia est apparu sur des larves de 38 jours, grosses comme des cerises, et ces têtes n"ont semblé complètement développées qu'au bout de deux mois et demi à trois mois. Après cette période, d'ailleurs, la vésicule continue de s'accroître et de former de nouvelles têtes. La résistance vitale des œufs (embryophores) du Tœnia cœniirus a. été déterminée par quelques expériences. Leuckart a constaté qu'ils avaient perdu leur pouvoir évolutif après vingt-quatre heures, ayant été exposés pendant le jour aux rayons du soleil d'août. Dans l'humi- dité, ils avaient conservé ce pouvoir au bout de trois semaines (Gerlach), mais l'avaient perdu au bout de huit semaines (Leuckart). Le développement du T. cœnurus dans l'intestin du Chien s'effectue assez rapidement; d'après Leuckart, les derniers anneaux arrivent à maturité au bout de trois ou quatre semaines. Je n'ai pas réussi à infester le Chat. PLATHELMINTHKS. — CESTODES. 2S'5 Anumalii:.<. — Kiichonmeister et LeucUart ont signalé des T. cirnurua à tète munie de six ventouses et à chaîne triquOtre. Le dernier de ces auteurs a vu aussi, dans un même Cénure, des têtes liexacotylées à côté des têles tétra- cotylcesou normales. — Il a observé, d'autre part, une inversion des organes sexuels, les glandes femelles étant situées à la partie antérieure dans un certain nombre d'anneaux. Patmologik. — On comprend sans peine que le J . cœmirus se ren- contre de préférence chez les Chiens de berger, auxquels on livre d'ordinaire, par ignorance, la tète des Moutons envahis par des Gé- nures. Au point de vue de la fréquence, ce Ver a été rencontré, en Islande, chez lî) p. 100 des Chiens; à Copenhague, chez 1 p. 100; à Zurich, chez 1,7 p. iOO: à Lyon, chez 1,2 p. 100. Le nombre d'exemplaires trouvés chez le même sujet s'est montré aussi très variable, d'après Krabbe : ordinairement inférieur à 10, sou- vent aussi supérieur, jusqu'à 30, il s'est élevé dans deux cas à 150 et 180. Le nombre de têtes que porte un même Cénure explique ces chiffres élevés, et si de tels cas ne sont pas la règle, c'est que les têtes de Mouton sont souvent altérées lorsqu'on les livre aux Chiens, et que la dent de ces animaux peut broyer une grande partie des jeunes Ténias. Leuckart a vu mourir en dix-huit heures, avec une irritation extrême de l'estomac et de l'intestin grêle, un Chien auquel il avait fait prendre des fragments de Cénure formant un bol du volume d'un œuf d'Oie. Ainsi que nous l'avons fait remarquer plus haut, le Cœnurus cerr- bralis se développe ordinairement dans l'encéphale ; il donne alors lieu à une affection particulière, caractérisée surtout par le tournoie- ment de l'animal, et désignée pour cette raison sous le nom de lournis. Cette affection ne s'observe guère que chez les animaux jeunes, dont les tissus se laissent aisément pénétrer par les embryons hexacanthes. Elle est beaucoup plus fréquente chez le Mouton que chez les autres herbivores. Dans certains cas, étudiés d'abord par Girard, elle affecte une marche rapide (tournis à forme aiguë) : c'est que les em- bryons sont parvenus en grande quantité dans le cerveau. En pareil cas, les Cénures ne peuvent acquérir qu'un très faible volume; ils sont constitués par de simples vésicules ayant à peine la grosseur d'une tête d'épingle, analogues à celles dont nous avons parlé en traitant de l'évolution ; les animaux sont alors emportés en un temps très court. Mais, le plus ordinairement, il ne se développe qu'un petit nombre de Cénures, souvent même un seul; les symptômes propres au tournis n'apparaissent alors nettement qu'au bout de plusieurs mois; ils s'accusent ensuite pendant quelques semaines, et l'animal finit par succomber. — Les Cénures siègent de préférence au voisi- nage de la séreuse, soit vers les ventricules, soit à la surface de l'en- 2S6 VERS. céphale; ils acquièrent parfois le volume d'un œuf de Poule, en refou- lant et atrophiant la substance cérébrale. Plus rarement, le parasite se développe dans la moelle épinière ; il prend alors une forme allongée. Sa présence se traduit surtout par une paralysie du train postérieur, qu'on qualifie de parnplégie hyda- Fig. 150. — Tète d'un Mouton afTeclé de louruis. Le Ct'nure, assez régulièrement arrondi, siège dans la partie antérieure de l'hémisphère cérébral droit et refoule un peu l'hémisplière gauche. ii/S de gran- deur naturelle (Orig.). iique. La mort est amenée dans ce cas par l'épuisement progressif du sujet. Le tournis est plus rare chez la Chèvre et chez le Bo?uf, plus rare encore chez le Cheval. Les moyens à employer contre cette maladie, qui sévit souvent à l'état épizootique et occasionne des pertes très sérieuses, sont surtout PLATHELMINTHES. — CESTODES. 257 d'ordre prophylactique. Il convient de débarrasser les Chiens de berger de leurs Ténias, et de détruire par le feu les têtes de Moutons affectés de tournis. On a proposé d'extraire les Génures de l'encéphale par la trépanation, ou de les tuer sur place par la réfrigération du crâne (Zimmermann, Gierer, Hartenstein) ; mais, en bonne pratique, il y a toujours avantage à sacrifier les animaux atteints. Ténia sériai (T. serialis Baillet, 1863). — Forme très voisine du T. cm- nurus, représentée par un Ver long de 45 à 72 centimètres. Tête glo- buleuse-tétragone, large de 0>"™,85 à l"»"»,:} ; rostre assez saillant, armé d'imo double couronne de 26 à 32 crochets : les grands longs de 13;) à to7 [x, ù manche ondulé sur ses bords, de môme longueur ou un peu plus long que la lame; les petits longs de 85 à 112 jjl, à manche court, à garde bi lobée. Cou assez long. Anneaux semblables à ceux du T. cœnurm: cependant, les anneaux mûrs sont un peu plus étroits et offrent, au moment où ils se détachent, des angles postérieurs plus saillants; en outre, la poche du cirre est beaucoup moins dilatée à son extrémité interne, et le vagin est sensiblement élargi à son origine, pi-ès du pore génital. Em- bryophores ovoïdes, longs de 33 à 41 ;x, larges de 26 à 31. fig. lot. — Crochets de Tsenia serialis, grossis 250 fois. — A, grand crochet. B, pelil Ce Ténia se développe dans l'intestin grêle crochet (G. Xeumann). du Chien. Son Cystique [Cœnurus serialis P, Gervais, 1845), vit principalement chez le Lapin de garenne, assez souvent aussi chez le Lapin domes- tique ; on l'a vu en outre chez le Lièvre et chez des Écureuils (Gobbold, Cagny), peut-être chez le Coypou (Pagenstecher), et Stiles nous le signale chez le Cheval, aux États-Unis. Il a pour habitat spécial le tissu conjonctif des diverses régions du corps et les grandes sé- reuses. Selon les remarques de C. Baillet, sa vésicule peut acquérir le volume d'un œuf de Poule, mais elle porte déjà de nombreuses têtes invaginées lorsqu'elle est de la grosseur d'une noix ; ces invagina- tions sont beaucoup plus volumineuses que celles du Cénure cérébral, et souvent un peu contournées sur elles-mêmes. Elles sont quelque- fois distribuées en séries linéaires non parallèles, d'où le nom spéci- fique. Comme dans l'espèce précédente, elles n'occupent qu'une zone de la vésicule, correspondant vraisemblablement à la partie posté- rieure de l'embryon. Cette vésicule se montre parfois assez régulière, mais, dans la plupart des cas, elle présente des diverticules plus ou moins accusés. En outre, elle offre une particularité qui n'a pas encore été signalée chez le Cénure cérébral : c'est celle de produire quelque- fois par bourgeonnement, soit à sa face externe, soit à sa face interne, des vésicules filles organisées comme elle et capables de dé- Raiij.iet. — Zoologie. 17 258 VERS. velopper également des têtes de Ténia. Les vésicules externes restent souvent fixées par un pédicelle à la vésicule mère; les vésicules u internes, au contraire, se détachent après un certain temps et flottent à son intérieur. Le Cœnurus serialis administré à des Chiens par C. Baillet a donné le Ténia décrit plus haut. Perron- cito, Neumann, Railliet sont arrivés aux mêmes résultats. Les œufs de ce Ténia, donnés à des Lapins, ont reproduit le même Cénure, mais tous les essais poursuivis sur le Mouton par ces expérimentateurs sont restés négatifs, ce qui confirme la distinction établie entre J\ cœ- nurus et T. serialis. Les troubles occasionnés par le C. serialis sont en général peu im- portants. Les garenniers anglais appellent « bladdery rabbits » les sujets qui sont porteurs de ce Ver; ils ont depuis longtemps Thabitude de crever les vésicules avant d'ex- pédier les Lapins sur les marchés. Nous avons fait connaître, avec Mollereau, un cas de paraplégie observé chez un Lapin domesti- que qui présentait un long Cénure dans l'arachnoïde, au niveau de la région lombaire. Fig. 152. — Cœnurus serialis du tissu coujonctif sous-cutanc' du Lapin domestique. — A, forme régulière, simple. B, forme à vésicules filles externes irrégulières. C, un Cénure ouvert montrant, à côté des lètes de Tsenia, sept vési- cules filles internes ; en bas, à gauche, une vésicule fille externe. Grandeur naturelle (Orig.). Les ÉcHiNOcoQUES [Echinococcus Rud, 1810), ont une vésicule cau- dale fortement cuticularisée, qui donne naissance à de nombreux corps (vésicules proligères), lesquels portent des tètes multiples. Ce sont donc des Cystiques polysomati- ques et polycéphales. Ténia échinocoque (T. echinococcus von Siebold, 1853. — Syn. : Echi- nococcifer echinococcus Weinland, 1801). — Très petit Ver, long de 2"°»,o à o millimètres, n'atteignant que très exceptionnellement 6'"°i,5. Tète petite, subglobuleuse, large à peine de O"'",;^ ; rostre saillant, armé d'une double couronne de 28 à 50 crochets, peu différents dans les deux rangées, et tous a garde et à manche très épais; les grands longs de 22 à 30 [j. (40 à 45 [j. Leuc- kart), les petits longs de 18 à 22 u. (30 à 38 u. Leuckart). La tète se rétrécit PLATHELMINTHES. — CESTODES. 259 on arrière en forme de cou, et se trouve suivie d'une courte chaîne composée de trois ou quatre anneaux, dont le dernier mesure environ 2 millimètres de lon^' sur O^^jô de large, et montre un utérus formé d'un Ironc médian pourvu de plusieurs branches latérales courtes, peu ramifiées. Embryophores légèrement ovoïdes, longs de 32 à 30 a, larges de 2o à 30 [j.. Ce Ténia se rencontre d'ordinaire en grand nombre dans la pre- mière partie de l'intestin grêle du Chien ; la tête est fixée entre les villosités, de sorte qu'on aperçoit seulement les anneaux mûrs, de teinte blanchâtre. Les individiis détachés se distinguent, par un examen attentif, sous la forme de filaments jaunâtres à extrémité h is;. Ia3. — Echinococcus polymorphus : schéma de la formation des vésicules jn-oliséres et des vésicules secondaires. — c^ cuticule, dite membrane liydatique. )», membrane germinale ou parenchymale. «/■, vésicule secondaire ou vésicule lille, au début de sa formation, vf, vésicule fille gagnant l'intérieur. v/"\ vésicule fille gagnant l'extérieur, vfc, vésicule fille externe ou exogène, vfi, vésicule fille in- terne ou endogène, vpfi, vésicule petite-fille interne, vpfe, vésicule petite-fille externe, qui parait se produire dans l'Écliinocoiiuc multiloculaire. postérieure renflée, nageant dans le contenu liquide de l'intestin. Le même Ver a été observé dans l'intestin du Dingo (von Lendenfeld), du Chacal (Panceri), du Loup (Cobbold) et probablement aussi du Cou- guar (Natterer). L'état larvaire ou hydatique yl) est représenté par l'Échinocoque (1) Le nom àliydalides était employé autrefois pour désigner toutes les tumeurs enkystées contenant un liquide aqueux et transparent ; il a été ensuite appliqué, soit aux Cystiques en général (Van Beneden), soit à la cuticule des Échinocoques (Davaine) ; on l'applique aujourd'hui à la vésicule tout entière de l'Échinocoque. Or, quand ces larves se développent dans les parenchymes, elles sont enveloppées d'un kyste formé aux dépens du tissu conjonctif de l'organe (dans les cavités séreuses, c'est la membrane elle-même qui fait l'office de kyste). Il importe donc, lorsqu'on parle de kystes lujdaliques, de bien distinguer ce kyste, enveloppe adven- tice appartenant en propre à rhùte, de l'hydatide ou Échinocoque, c'est-à-dire de la vésicule qui constitue le Ver. 260 VERS. polymorphe [E ddnococcus polymorpJins Diesing) qui se développe chez des hôtes très divers, et dans la plupart des organes. On en a signalé la présence chez l'Homme, chez divers Singes, chez des Carnivores iChien, Chat, Ours, Panthère, Mangouste), chez des Rongeurs (Lapin domestique, Souris, Écureuil), chez des Jumentés (Tapir, Zèbre, Cheval, Ane), chez des Ruminants (Girafe, Élan, Antilope, Argali, Mouton, Chèvre, Bœuf, Chameau, Dromadaire), chez le Porc, chez des Marsupiaux (Kangourou géant], et même chez des Oiseaux (Dindons. Goura?, Paon spicifère?). — Nous étudierons plus loin la constitution assez complexe de ce Cystique. ÉvoLLTio.N. — Le T. cchinococcus avait été observé par divers helminthologistes, mais regardé comme la forme jeune d'espèces déjà connues : c'est ainsi que Rudolphi le rapportait au Dipylidium canijiuni, Diesing au Txnia rrassicollis, Rôll au 7\ serrata. C'est en 1850 seulement que Van Beneden le reconnut pour une espèce distincte ; peu après (1853), von Siebold le développa en faisant ingérer à des Chiens des Échinocoques du Mouton. La même expérience fut répétée plus tard, avec le même succès, au moyen des Échinocoques du Mouton, du Porc, du Bœuf et du Cheval, par Kiichenmeister, Van Beneden, J^euckart, Nettleship et Railliet. Avec les Échinocoques de l'Homme, les premiers essais furent infructueux ; cependant, Naunyn à Berlin, Krabbe et Finsen en Islande, Thomas en Australie, sont parvenus à obtenir aussi des résultats positifs. La maturité du Ténia survient après un temps très variable : de quatre à douze semaines. L'infestation des Herbivores par in- gestion d'œufs du T. echinococcus pa- raît être plus difficile à réaliser. Leuckart et Haubner ne purent l'obtenir chez des Agneaux, des Moutons et des Chèvres, mais le premier de ces auteurs finit par reconnaître que le Cochon de lait, au contraire, s'infeste très facilement, et il put suivre, de la sorte, les premières phases de l'évolution. Celle-ci aflecte une marche très lente. Un mois après l'ingestion des œufs, on trouve, sous le revêtement séreux du foie, de petits nodules mesurant à peu près 1 millimètre, nodules formés d'un kyste conjonctif renfermant un jeune Échino- coque sphérique, solide, large de 250 à 350 [/. ; à deux mois, ces larves ont au moins doublé de taille et sont devenues hydropiques : leur paroi s'est déjà différenciée en une membrane granuleuse interne, revêtue d'une épaisse cuticule lamellaire; à cinq mois, elles ont acquis Fig. 154. — Tx- nia cchinococ- cus , grossi (Perroncito). Tig. 15j. — Crochets de Tsenia cchinococcus , grossis oOO fois. — A, grand crochet. B, petit crochet (G. Xeumann). PLATHELMINTHES. — CESTODES. 261 un diamètre moyen de 10 à 12 millimètres, mais n'otTrent encore aucune formation à l'intérieur (1). L'organisation des Échinocoques et leur mode de multiplication sont assez complexes pour mériter une description particulière. Ces points ont été étudiés par Leuckart, Naunyn, etc. ; mais c'est encore Moniez qui nous fournit, à leur endroit, les données les plus rigou- reuses. In Échinocoque entièrement développé, et sorti du kyste qui le contient, se montre constitue par une vésicule tremblotante [vésicule mère, Mutterblase), à paroi épaisse, de teinte un peu laiteuse. Cette paroi comprend deux ordres de tissus, constituant chacun une mem- Itrane spéciale : l'interne, fort mince, d'aspect conjonctif, dépourvue f. cUl ^J^i-col&c axL '^^^ Fig. 156. — Foie de Porc envahi pai' une l'uorme quantité d'Échiuocoques. Ce foie mesurait (l'",'6(> de large sur O",'*! de haut, et pesait 12 kil. 300 (Orig.). de muscles, mais offrant des corpuscules calcaires, a été décrite par Goodsir sous le nom impropre de membrane germinale ; elle est ana- logue au parenchyme de la vésicule des Cysticerques, et divers auteurs rappellent plus justement membrane parenchymale ; l'externe, quali- fiée, également à tort, de membrane hydatique, n'est autre chose qu'une très épaisse cuticule, disposée en lames concentriques; il convient donc de la dénommer membrane cuticulaire. A la face interne de la membrane parenchymale, on trouve des groupes plus ou moins serrés de petites expansions vésiculeuses fournies par elle, et en continuité avec ses propres tissus par un pédicule : ce sont les vésicules prolirjères (Brutkapseln), identiques, en somme, au corps (l) Lebedev et Andreev ont réussi à transplanter des Échinocoques de l'Homme dans la cavité abdominale du Lapin (Vratsh, p. 285, 188'.)). 262 VERS. des Cysticerques et des Cénures. Le développement de ces vésicules débute par une prolifération locale de la membrane germinale, don- nant naissance à un petit mamelon ; puis le centre de celui-ci se creuse d'une cavité qui s'agrandit peu à peu, et qui se montre de bonne heure tapissée d'une mince cuticule. C'est à la face interne de ces vésicules que naissent les jeunes Ténias (1) ; on en trouve d'ordinaire cinq à dix dans chacune d'elles : Moniez en a compté exceptionnelle- ment jusqu'à trente-quatre. Leur mode de formation a été fort discuté: nous nous bornerons à indiquer comment les choses se passent en réalité, d'après Moniez. Sur la membrane de la vésicule proligère, se produit un épaississement en disque, d'où résulte un mamelon qui reste toujours solide, et qui finit par faire entièrement saillie à l'inté- rieur de cette vésicule. Ce mamelon, d'abord arrondi, devient ovale, 157. — Une vésicule proligère Kig. 15S. — Sclii5nia d'une vûsiculo proligère, pour monlrer le fortemenl grossie (Orig.). mode de formation des tètes de Ténia à son intérieur. et développe vers son extrémité une sorte de collerette au-dessous de laquelle apparaissent les crochets : cette extrémité céphalique ne tarde pas à s'invaginer, en même temps que la base du mamelon se pince pour constituer un pédicule ; puis les crochets achèvent leur dévelop- pement, et le jeune Ténia prend l'aspect indiqué par la figure 159, A. Dans certains cas, on peut voir en outre les têtes bourgeonner au fond de petits diverticules extérieurs de la vésicule proligère ; mais ces formations ne résultent pas, comme le croyait Naunyn, de l'évagina- tion des bourgeons internes sous l'infiuence du froid. Les têtes de Ténia renfermées dans une même vésicule proligère diffèrent souvent d'âge et de taille. Elles portent des crochets qui se distinguent de ceux du Ténia adulte par leur longueur moindre et l'aspect plus grêle de la garde et du manche, surtout accusé dans les grands. La modification se produit graduellement et assez lentement lorsque le Ver se développe dans l'intestin du Chien. (1) Plusieurs auteurs réservent à ces jeunes Ténias ou scolex le nom d'Échino- coques: il nous semble beaucoup plus rationnel de l'appliquer, avec la plupart des helmintholosistes, à la vésicule elle-même. PLATHELMINTHES. — CESTODES. 263 Les vésicules proligères ne représentent pas le seul élément de multiplication de l'Échinocoque : celui-ci peut se reproduire, en outre, par des vrsicules secondaires ou vésicules filles (Tochterblasen), qui sont revêtues extérieurement d'une épaisse cuticule et ont en somme tous les caractères de la vésicule mère. Ces vésicules secondaires prennent naissance dans l'épaisseur même de la cuticule : d'après Leuckart et Moniez, on voit apparaître entre deux lamelles de celle-ci un amas de granules qui s'entourent bientôt d'une couche cuticulaire ; puis cet amas grossit et se creuse d'une cavité qui se remplit de liquide, en même temps que de nouvelles couches cuticulaires se développent : une vésicule secondaire est alors constituée. Pour com- prendre cette formation au sein d'une production d'apparence amorphe comme la cuticule, il importe de se rappeler que cette production, chez les Cestodes, n'est pas un produit de sécrétion, mais résulte de Fig. l.'j'.l. — Ec/iinococcus polymorphus. — A, jeune Té- nia détacliL- (io la vésicule prolifère, à laquelle il était fixé par son pédicule inférieur : la tôte est rétractée à l'in- térieur du cou. b, le même, d'après Perroncito, avec la tête évasrinée. Fig. i60. — Echinococcus polymorphus. — A. crochets vus de profil et de face. B ventouses isolées. la modification directe de la couche cellulaire sous-cuticulaire. On conçoit alors que des éléments vivants aient été conservés dans la cuticule, et qu'ils soient le point de départ des vésicules secondaires. Celles-ci se distendent peu à peu, rompent la cuticule, et sortent tantôt au dehors, tantôt en dedans, « selon les conditions dans les- quelles le développement s'est effectué ». D'après la voie qu'elles sui- vent, on a donc à distinguer les vésicules secondaires en externes et internes. Leur formation avait été qualifiée, dans le premier cas, de reproduction exogène et, dans le second, de reproduction endogène : on vient de voir que cette distinction n'a rien de fondamental et que le processus est toujours le même. Naunyn et Leuckart admettent en outre, sans preuves suffisantes, que les vésicules secondaires endogènes peuvent se développer aux dépens des vésicules proligères et même des têtes de Ténia. Les vésicules secondaires externes ou exogènes {Echinococcus exo- gena Kuhn, E. scolicipariens Kûch., E. simplex, E . granulosus Leuck.) 264 VERS. sont surtout communes chez les Ruminants, mais on les a observées aussi chez l'Homme. Elles restent en général fort petites, et doivent souvent passer inaperçues. On a remarqué que ce sont de préférence les Échinocoques de dimensions moyennes qui leur donnent nais- sance. — Quant aux vésicules secondaires internes {F. endogena Kuhn, F. altricipariens Kûch,, F. hydaiidosus Leuck.), on les a signalées principalement chez l'Homme, le Porc et le Cheval ; nous en avons vu une seule fois chez le Bœuf. Leur volume dépasse souvent de beau- coup celui des vésicules exogènes, et il n'est pas rare de les voir elles-mêmes produire d'autres vésicules endogènes, d'ordre tertiaire, ou vésicules pefUes-filles (Enkelblasen). Les vésicules filles et petites-filles, endogènes ou exogènes, sont propres à développer des vésicules proligères et partant des scolex ou jeunes Ténias, aussi bien et mieux que la vésicule mère ; mais, comme elle également, elles peuvent demeurer stériles. On a dit même que les vésicules QUes issues d'une mère stérile sont quelquefois fertiles ; mais le fait n'est pas bien démontré. Les vésicules dépourvues de lé tes de Ténias sont désignées sous le nom d'acéphalocysies (a privatif; xEcpaX^, tête ; xûffTtç, vésicule). . Nous devons encore signaler une forme spéciale d'Échinocoque, qui a reçu le nom d'Fchinocoque multiloculaire. On l'a surtout rencontrée chez l'Homme, et en particulier dans le foie ; mais le Bœuf, et plus rarement le Porc, en ont aussi fourni des exemples. Les anciens méde- cins l'avaient prise pour une tumeur colloïde ou un carcinome gélati- neux (cancer colloïde alvéolaire). Elle est représentée par une tumeur dont le volume peut atteindre et dépasser celui de la tête d'un Homme. Le tissu qui en forme la base est en général très résistant, et se montre creusé d'une foule de petites cavités ou alvéoles de la dimension d'un grain de mil à celle d'un grain de chènevis ou même d'un pois ; dans certains cas, on remarque au centre une poche beaucoup plus volumineuse. Dans l'intérieur de ces alvéoles se trouvent de petites masses molles, gélatineuses, transparentes. Or, un examen attentif montre que le stroma est constitué par un tissu fibro-conjonctif, dont les éléments se propagent en traînées dans les tissus voisins, et que les masses gélatineuses renfermées dans les alvéoles ne sont autres que de petites hydatides repliées sur elles-mêmes, l'espace restreint qu'elles occupent ne leur ayant pas permis de prendre la forme globuleuse normale. La tumeur a une tendance marquée à l'ulcération. Un petit nombre seulement de ces Échinocoques minuscules produisent des têtes de Ténia, toujours peu abondantes du reste. — Le mode de développement n'est pas encore bien connu ; il est probable cepen- dant qu'il s'agit là d'une formation de vésicules filles et petites-filles, pour la plupart exogènes, aux dépens d'une seule ou de quelques vésicules mères. Klemm a constaté nettement, en eftet, l'existence de vésicules endogènes et exogènes. Peut-être aussi doit-on faire inter- l'LATIlKLMliNTHES. — CESTODES. 265 venir Tisolement des diverfcicules que poussent les vésicules primitives dans les points où le tissu ambiant offre une moindre résistance. En tout cas, on ignore jusqu'à présent la cause de l'aspect particulier que présentent CCS tumeurs; il y a évidemment une réaction spéciale de l'organe envahi, grâce à laquelle se manifeste une vivo proliféra- tion conjonctive qui limite de bonne heure l'accroissement des vési- cules; et on a été amené à supposer que cette réaction est due à la pénétration de l'embryon dans des organes particulièrement délicats (vaisseaux lymphatiques, d'après Virchow ; vaisseaux sanguins, d'après Leuckart; canaux biliaires, d'après Friedreich^ — On avait supposé i'Échinocoque alvéolaire spécifiquement distinct de l'Échinocoque ordinaire; mais Klemm a montré qu'il donne chez le Chien, comme celui-ci, le véritable Ténia échinocoque. En résumé, on voit que les Échinocoques ne diffèrent pas essen- tiellement des Cénures et des Gysticerques. Chaque vésicule proligère correspond à un corps de Cysticerque ou de Cénure produisant plu- sieurs têtes; seulement ces tètes se trouvent ici à l'intérieur et non plus à l'extérieur de la vésicule. La cuticule des Échinocoques paraît être de nature chitineuse; sa composition chimique subit d'ailleurs avec l'âge diverses variations. Le liquide qui remplit la vésicule est incolore ou légèrement jaunâtre, de réaction neutre ou faiblement acide. Il peut renfermer des sub- stances très diverses, dont la plupart n'ont pas été élaborées par le Ver, mais sont venues, par endosmose, du sang ou des organes envahis. On y trouve de l'albumine en faible quantité, bien qu'il ne se coagule pas par la chaleur. Mais, ce qu'il importe de noter, c'est la présence normale d'une leucomaïne, signalée par Mourson et Schlag- denhauffen ; cette substance se présente en proportions variables, et parait être la cause des accidents graves (urticaire, péritonite) sou- vent observés chez l'Homme dans les cas où l'hydatide vient à s'ou- vrir dans une des grandes cavités séreuses. Les anomalies signalées dans l'espèce qui nous occupe sont encore peu nombreuses. Von Siebold a décrit et figuré un T. echinococcus à six ventou- ses, mais il ne dit rien de l'aspect de la chaîne. — Quant à V Echinococcus po- lymorphus, il présente quelquefois, surtout lorsqu'il siège dans le foie ou le poumon, des diverticules assez comparables à ceux que nous avons signalés chez les Gysticerques ladriques du cerveau humain, et qu'on peut désigner avec Leuckart sous le nom d'Ec/t. racemosus. Il existe des rapports évidents entre cette forme et l'Échinocoque multiloculaire. Distribution géographique. — Le T. echinococcus est surtout commun chez les Chiens de boucher ou de .berger. Il s'est 'rencontré, en Islande, chez 280 p. 1000 des Chiens examinés; à Copenhague, chez 4 p. 1000; à Zurich, chez 39 p. 1000; à Lyon, chez 71 p. 1000. Il est aussi très commun en Aus- tralie, mais pour ainsi dire inconnu aux t]tats-Unis. Chez un même animal, on le trouve toujours en nombre considérable. 266 VERS. Les kystes hydatiques dont ce Ver provoque le développement chez l'Homme et les animaux sont de même répandus presque partout. Ils ne sont pas rares en France, non plus que dans la plupart des autres contrées de l'Europe; cependant, on ne les a trouvés que rarement chez l'Homme, en Danemark et en Norvège. Par contre, ils sont très répandus dans le Mecklembourg. Mais c'est l'Islande qui est la patrie classique des Échino- coques : Finsen en a constaté chez 1/43 des individus. Le fait n'a rien de surprenant si l'on songe qu'il y a dans ce pays 28 Chiens, 36 Bœufs et 488 Moutons pour 100 habitants, et que, pendant les longs mois d'hiver, hommes et bêtes vivent dans les mêmes cabanes, sans le moindre souci des règles de l'hygiène. Les viscères des Ruminants sont livrés aux Chiens, qui contractent ainsi le Ténia échinocoque et deviennent à leur tour une source constante d'infestation. Les kystes hydatiques sont aussi très communs en Australie, et très rares aux États-Unis. En ce qui concerne l'Échinocoque multiloculaire, c'est surtout en Suisse et dans l'Allemagne du Sud qu'il a été observé, chez l'Homme aussi bien que chez les animaux. Païuologie. — Dans l'intestin du Chien, le T. echinococcus déter- mine parfois une violente irritation qui se traduit par des symptômes rabiformes, ainsi qu'en témoignent les observations de Pillwax, Bollinger et Leisering. Mais c'est principalement sous sa forme hydatique que ce Ver se montre dangereux. Nous avons dit qu'il se rencontre à cet état chez l'Homme aussi bien que chez les animaux. Rudolphi distinguait, d'a- près l'habitat, trois espèces d'Échinocoques: E. veterinorum, E. simûe et E. hominis. Dujardin n'en admit plus qu'une seule, à laquelle il conserva le premier de ces noms; mais Diesing, estimant avec raison qu'aucune de ces formes ne devait imposer son nom aux autres, les réunit sous celui d'^. polymorphus. Chez l'Homme, l'affection hydatique ou échinococcose s'observe à tous les âges, mais surtout de vingt à quarante ans ; elle est plus commune chez les femmes que chez les hommes, sans qu'on puisse s'en expliquer clairement la raison : elle est surtout fréquente, comme il est facile de le prévoir, chez les individus qui vivent en contact avec des Chiens, bien que l'infestation puisse se produire aussi à la faveur des légumes ou des salades, ou encore par l'intermédiaire des eaux de boisson non filtrées. Les Échinocoques peuvent se rencontrer, chez l'Homme et chez les animaux, dans presque tous les organes, même dans les os ; c'est cependant le foie qui se montre le plus souvent envahi : viennent ensuite, par ordre de fréquence décroissante, le poumon, les reins, la rate, le cerveau, etc. Les symptômes de cette affection sont assez vagues, et varient du reste suivant le siège des Échinocoques. Il en est un cependant qui a été signalé chez l'Homme, et qui est connu sous le nom de frémisse- ment hi/daiique : Briançon, qui l'a découvert, le compare à la sensation PLAÏllELMINTHES. — CESTODES. 267 que fait éprouver un corps en vibration. On le provoque en appliquant une main sur la région occupée par le kyste, et en frappant un coup sec avec l'autre main sur la tumeur. Ce frémissement a été attribué par les uns à la présence de vésicules filles internes, ou de plusieurs vésicules contiguës; mais on l'a observé aussi dans le cas d'hydatides solitaires, et comme on le perçoit fort bien en agitant une de ces hydatides placée dans la main, il doit s'expliquer par l'élasticité de la membrane épaisse qui limite le parasite. — La ponction, aidée de l'examen microscopique, permet de confirmer le diagnostic. La ponction est aussi employée comme moyen de traitement, et plus d'une fois elle a réussi en dehors de toute autre intervention chirurgicale. Mais il importe de se rappeler qu'elle est souvent suivie d'une éruption d'urticaire. Cet accident a même été constaté quelque- fois dans des conditions toutes spontanées; mais il est surtout à craindre dans le cas où les hydalides viennent à s'ouvrir dans une cavité séreuse ou dans un tronc vasculaire. Vurikaire hydatique s'ac- compagne dans certains cas d'une dyspnée intense, et peut amener une mort rapide. La gravité de l'accident est d'ailleurs assez variable, ce qui tient peut-être au degré d'impressionnabilité des sujets et à l'état de prolifération ou de repos de l'Échinocoque. Nous avons dit plus haut que tous ces troubles sont attribuables à une leucomaïne (1). On n'a rien signalé de semblable jusqu'à présent chez les animaux, bien que cette leucomaïne existe, non seulement dans leurs Échino- coques, mais aussi dans leurs Cysticerques. La durée de la vie des Échinocoques n'a pas encore été fixée d'une façon précise. Disons cependant que Raymond en a vu persister un pen- dant sept ans chez un Cheval, et que Courty a observé chez l'Homme un kyste hydatique de la région iliaque qui datait de trente-cinq ans. En vieillissant, l'hydatide subit diverses modifications. Elle s'accroît parfois jusqu'à acquérir jusqu'à 15 centimètres de diamètre ; mais le plus souvent son volume reste inférieur à celui du poing. En même temps sa cuticule va s'épaississant, de manière à atteindre parfois jusqu'à 1 millimètre. En tout cas, le Ver finit par se détruire. Le point de départ de cette destruction paraît se trouver dans le kyste adventif, dont la face interne, primitivement lisse et luisante, devient peu à peu opaque, et ne tarde pas à produire des couches d'une substance crémeuse ou caséeuse qui refoule l'hydatide. Celle-ci ne semble pas d'abord atteinte, mais un examen minutieux montre pourtant que la membrane germinale ou parenchymale est ramollie et a subi la dégé- nérescence graisseuse, que sur quelques points elle s'est séparée de la cuticule, et que les têtes, plus ou moins altérées, nagent dans le liquide. Celui-ci finit par exsuder à travers la paroi, et se mélange à la matière produite à la surface interne du kyste, de manière à former (1) Ch. Achard, De V intoxication hydatique. Archives génér. de méd. (7), XX, p. 410 et hn, 1888. 268 VERS. une masse épaisse, ayant un aspect décolle ou de miel, qui s'épaissit et se concrète avec le temps. L'hydatide s'affaisse et se plisse, perd son apparence pellucide et forme un paquet gélatineux qui, à la longue, dégénère en une masse amorphe. Assez souvent, la couche qui tapisse le kyste s'imprègne de sels calcaires, particulièrement de carbonate, et la matière concrète qui s'amasse au centre peut subir la même infiltration. En définitive, le volume primitif du kyste hydatique se montre extrêmement réduit, et souvent un simple nodule représente la dernière trace d'un Échinocoque de grandes dimensions. On a donné à cette transformation le nom peu précis de dégénérescence athéromateuse. La nature de ces hydatides altérées se reconnaît à l'examen microscopique, qui peut faire découvrir des lambeaux de la cuticule lamellaire et surtout des crochets. La prophylaxie de l'échinococcose doit être basée sur la connaissance du mode habituel d'infestation. Il suffît donc de rappeler que les ani- maux herbivores trouvent surtout dans les pâturages les œufs d'oîi dérivent les Échinocoques. Pour ce qui a trait à l'Homme, il faut plutôt incriminer les eaux non filtrées, sans oublier, cependant, les salades, les fruits tombés à terre, les aliments et les ustensiles de cuisine souillés au contact direct du Chien. Sous-famille des anoplocéphalinés. — C'est le groupe auquel nous avions donné, en 1885, le nom d'Anoplotœniui (avouXoç, inerme; xeyaÀTj, tête). Les Téniadés qui le composent ont un corps lancéolé en avant; une tête sans trompe ni crochets ; des anneaux serrés, en général plus larges que longs; enfin, des œufs pourvus d'une mince membrane vitelline et d'un chorion souvent irrégulier, renfermant un embryon entouré d'une enveloppe résistante, presque toujours prolongée par deux cornes [appareil pyrl forme). L'évolution est encore inconnue; cependant, C. Curtice a fait sur le Lepiis sylvaiicus une observation intéressante, qui pourra mettre les expérimentateurs sur la voie des recherches à entreprendre pour la déterminer. 11 a trouvé, en effet, dans l'intestin, un grand nombre de petits Téniadés encore très jeunes, quoique à divers degrés de dévelop- pement. Les uns, longs de 5 millimètres, non segmentés, offraient entre les ventouses une dépression cupuliforme bordée de 83 à ÎIO crochets; d'autres, plus âgés, avaient perdu ces crochets, et quel- ques-uns ne montraient même plus la dépression correspondante ; enfin, il en existait un certain nombre dont la segmentation était com- mencée, mais tous ceux-ci étaient inermes. On est ainsi porté à sup- poser que l'état larvaire des Anoplocéphalinés peut être représenté par un Cysticercoïde armé, et que les crochets disparaissent au cours du développement. Les Vers de ce groupe vivent, à l'état adulte, dans l'intestin grêle des Mammifères herbivores. l'LAT HELMINTHES. — CESTODES. 26.9 Leur classification ne peut être encore donnée d'une façon très précige ; cependant, divers auteurs ont entrepris, dans ces derniers temps, des re- cherches importantes qui pourront servir bientôt à l'établir sur des bases sérieuses (1). Nous nous bornerons pour l'instant à répartir les formes qui • nous intéressent dans quelques genres, dont plusieurs n'ont toutefois encore qu'une valeur provisoire. Genre Moniézia {Moniezia R. Bl., 1801). — Utérus double; pores génitaux doubles; œufs avec un appareil pyriforme bien développé. Intestin des Ruminants. 0x1 peut noter que dans ce genre, d'après Stiles, les conduits sexuels pas- sent au-dessus des canaux longitudinaux (dorsally). De plus, cet auteur a constaté que, dans certaines espèces, il existe entre deux anneaux consécutifs de la chaîne desglandes spéciales {glan- des inte)pro()lott(illen)ies ou inlerannu- laircii) tanlot disposées en série linéaire, tantôt groupées autour de dépressions en cul-de-sac de la cuticule. D'après ces caractères, les espèces de ce genre se laissent disposer en trois groupes : A. Section planissinid, caractérisée par la disposition linéaire des glandes interannulaires. — M. planissima, M. ^'S- «ei- - 'i'^'s 'aiéral dun anueau de Mo- . . nu>zia., montrant la disposition d'une tache Benedeni, M. Neumonm. g,5nitale. Grossi lo fois (G. Neumaan). B. Section expansa, caractérisée par la disposition sacculaire des glandes. — .]/. expansa, M. oblomjiceps, M. tii- gonophoru. G. Section denliculata, comprenant les formes dépourvues de glandes in- terannulaires. — M. denticulata, M. alla. Nous prendrons pour type le Monieza expansa. Mouiézia étendu {M. expansa [Uud.]. — Syn. : ? Tœnia ovma Gœze, 1782 ; T. expansa Rud., 1810 ; M. expansa R. Bl., 1891). — Ver ordinaire- ment blanchâtre dans sa portion antérieure, et jaunâtre dans sa portion postérieure ; atteignant 4 à 5 mètres de longueur (2). Tête obtuse, plus ou moins carrée, légèrement lobée, large de 360 à 700 u. ; ventouses nettement saillantes, à ouverture dirigée obliquement en avant. Anneaux toujours 1^1) Ém. Blanchard, Recherches sur l'organisation des Vers. Annales des se. nat. (zoologie) (3), X, p. 344. — G. Nkumann, Observations sur les Ténias du Mouton. Soc. d'hist. nat. de Toulouse, 18 mars 1801. — R. Blanchard, Notices helniiyithologiques, 2^^ série. Mém. de ta Soc. zoot. de France, IV, p. 420, 18'JI. — R. Moniez, Notes sur les Helminthes, VI, VII et VIII. Revue biol. du Nord de la France, IV, p. 65, 1891. — G. W. Stiles and A. Hassall, Revision of the Adult Cestodes of Cattte, Sheep and ullied Animais. Washington, 1893. (2) Raulin mentionne un fragment de Ténia de 2(5 pieds provenant d'un Agneau de trois mois. Gœze dit avoir trouve chez un Agneau à la mamelle, âgé de quatre semaines, un Ténia long de 51 aunes. Divers autres observateurs citent des faits semblables, mais il s'agirait de savoir s'ils n'ont pas eu alfaire à des fragments séparés provenant de divers exemplaires. 270 beaucoup plus une laraeur de VERS. arges que longs, les derniers très épais, pouvant atteindre 16 millimètres. Glandes inlerannulaires localisées autour d'une série de culs-de-sac qui s'ouvrent entre les anneaux. Testicules disposés ^!^ généralement en une figure quadran- gulaire, rarement en deux triangles. (JEufs cuboides ou globuleux, de 50 à 90 u. de diamètre ; bulbe de l'appa- reil pyriforme large de 20 y. (1). Tig. 163. — Extrémité céphalique du Moniezia e:r- jiaiisa, vue de face et de profil, d'après un ('■cliaiitillon authentique de la colleclion de Budol- plii (Stiles, inéd.). Fig. 102. — Muiiiezia cxpansa, grandeur natu- Fig. 104. — Diagramme de Moniezia expansa, face relie (Orig.). dorsale. —f, testicules, id, glandes interannulaires en eul-du-sac (Stiles). Le Moniezia expansa habite Tinteslin grêle de divers Ruminants^ notamment du Mouton, de la Chèvre et du Bœuf. (1) La forme des œufs est variable chez la plupart des Anoplocéphalinés, suivant les conditions de leur pression réciproque : on peut en trouver en même temps de cubiques et de sphériques, avec toutes les formes intermédiaires. — Quant à l'appa- reil pyriforme, ses caractères sont plus fixes. Les dimensions que nous en donnons se rapportent toujours oja plus grand diamètre, les cornes exclues. PLATHELMINTHES. — CESTODES. 271 1" Embryogénie. — L'ovule du M. expaufid apparaît au premier abord comme iiii élément cellulaire chargé de granulations vitellines et pourvu d'une sorte de noyau excentrique nucléole ; en réalité, c'est ce noyau qui consti- tue la véritable cellule, et les granules vitellins ne sont que des éléments accessoires (fig. 165, 1). — Aussitôt après la fécondation, apparaît une mem- brane vitelline, et la cellule se segmente : l'un des deux éléments ainsi, formés fait en général immédiatement saillie en dehors de la masse vitel- Fig. 165. — Embryogénie des AnoplocéplialiiiL's du type MoiMzia expansa, d'après R. Meniez. — vt, masses vitellines. nvjt, membrane vitclliuo. bl, cellules ijlastodermiques. cd', première couche délaminée, cd", seconde couche délaminée formant l'appareil pyriforme. iiy, globules polaires, nj, masse granuleuse provenant de cd' , et entraînée par les cornes de l'appareil, cb, embryon. — 1 à 11, Moaiezia expansa, 12, appareil pyriforme de VAiulnja wirncrosa, pour montrer comment les cornes peuvent s'entrc-eroiser. line (2), et se multiplie (3 et 4) ; l'autre reste inclus dans la niasse vitelline, devient très réfringent et perd ses granulations (corpuscule polaire). — La masse vitelline se divise ensuite en deux parties (5) qui présentent bientôt chacune un gros élément cellulaire vitreux, pendant que les cellules blasto- dermiques continuent à se multiplier et arrivent à constituer une monda [6] : les faits se passent donc comme chez le Tœnia serrata ; il n'y a qu'un retard dans la division de la niasse vitelline. Plus tard, l'œuf, qui a acquis de grandes dimensions, offre une morula bien régulière et deux grosses masses vitel- 272 VERS. lines en forme de virgules, situées sur les côtés, et tendant à se rejoindre par leurs extrémités ; les globules polaires sont alors très nets (7). — Survient ensuite la délamination : une couche de cellules rejetées à la périphérie de la masse embryonnaire forme à celle-ci une membrane d'enveloppe ; puis ces cellules se résolvent en granules. Peu après, une seconde couche se dé- tache de la même façon (8} ; puis la sphère creuse qu'elle constitue s'aplatit sur presque la moitié de son étendue, et aux deux extrémités de la moitié aplatie, elle pousse deux prolongements qui s'accusent de plus en plus, en s'amincissant à leur extrémité (9), et en se redressant peu à peu (10, H). En même temps, les granulations qui composaient cette couche disparaissent, de sorte qu'elle forme une enveloppe homogène, réfringente, revêtant l'em- bryon et munie de deux cornes : c'est là ce qu'on appelle Vappareilpy ri forme (H, 12). La masse grenue et rayonnée qui s'aperçoit entre les pointes des deux cornes n'a aucune signification morphologique : c'est simplement une portion de la première couche délaminée qui a été entraînée par ces deux prolongements. Une fois la double délamination effectuée, l'embryon acquiert ses six crochets, et bientôt on le voit entrer en mouvement. Il paraît présenter une cavité à son intérieur. Quant aux masses vitellines, elles se creusent de vacuoles de plus en plus grandes, et fondent entre elles leurs vésicules (H). 2° Les PHASES posT-KMBRYONNAiREs de l'évoUition ne sont pas connues. Die- sing a émis l'opinion que cette évolution doit être directe, et la plupart des auteurs ont accepté cette manière de voir ; mais les essais expérimentaux tentés dans ce sens n'ont donné jusqu'à présent que des résultats négatifs. Il est fort possible que, selon la supposition de G. Baillet, l'embryon doive pénétrer tout d'abord dans le corps de certains Insectes ou d'autres animaux inférieurs. Pour ce qui a trait à Vorganisation de ce Ver, nous ne pouvons entrer ici dans tous les détails qu'elle comporte, et nous nous bornerons à renvoyer le lecteur à l'étude spéciale qu'en a faite Zschokke (1). Pathologie. — Ue toutes les espèces d'Anoplocéphalinés qui habitent le tube digestif des Ruminants, c'est le M. expansa qui paraît se rencontrer le plus fréquemment et qui, par suite des dimensions qu'il peut atteindre, est susceptible de jouer le rôle pathogénique le plus mportant. Lorsque ces Vers sont peu nombreux, ils ne provoquent pas de trou- bles appréciables ; mais ils se multiplient quelquefois à tel point qu'ils causent dans les troupeaux de Moutons une affection redoutable. Ce téniasis [Bandwurmseuche des Allemands), à caractère épizooti- que, sévit de préférence sur les Agneaux et les Antenais, dans les loca- lités humides et au cours des années pluvieuses; il affecte d'ordinaire la forme d'une anémie pernicieuse. Chez la Chèvre et le Bœuf, on n'a que rarement attribué aux Ténia- dés la production de troubles sérieux. (1) F. Zschokke, Recherches sur la structure anatomique et histologlque des Ténias. Genève, 1888, p. 03; fig. 31-38. PLATllKLMlNTin:S. — CESTODKS. 273 Moniézia trigonophore {M. (riijonophora Stiles ot Hassall, 1893). — Longueur, l'",00 à 2 mètres ; teinte blanchâtre. Tête large de 0°>'",624 à 0mmj04; ventouses non saillantes, mesurant G™"", 256 sur 0'",200, à ouvertures en fente. Cou filiforme, long de 2 millimètres. Anneaux généralement plus larges que longs ; parfois cependant les derniers aussi longs ou même un peu plus longs que larges ; dépassant rarement 2 millimètres de long sur 6 millimètres de large. Topographie générale des organes comme dans M. expansa; toutefois, testicules ordinairement disposés en deux triangles et disparaissant sur la ligne médiane ; utérus laissant le plus souvent un es- pace vide sur la ligne médiane. Pores génitaux jamais en arrière du milieu de l'anneau. Œufs de 02 à 60 u. ; appareil pyriforme de 20 à 24 [x, à cornes de 12 à 15u.. Intestin du Mouton (France, Elats-L'nis). Mouiézia très mince. {M. jjlanissima Stiles et Hassall, 1892). — Lon- gueur, 1 à 2 mètres ; teinte jaunâtre. Tête carrée, large de 0'"'",8 à 0™™,9 ; ventouses occupant les quatre coins, dirigées en avant et à ouverture légère- mentallongée. Cou longde 0°i™,6 à l™'",o, assez large. Anneaux toujours beau- coup plus larges que longs et plus longs qu'épais : les premiers extrêmement courts ; anneaux mûrs larges de 12 à 26 millimètres, longs de 1 millimètre à Fisr. 100. — Moiticzia planissiina, face dorsale. — /(/, glandes interaimulaires, sans culs-de-sac (Stiîcsi. i"™,7a, généralement très minces. Glandes interannulalres linéaires, grandes et très distinctes. Pores génitaux situés dans la partie antérieure du bord la- téral ; du côté droit, vagin ventral et cirre dorsal ; à gauche, cire ventral et vagin dorsal. Premières traces d'organes génitaux à 7-12 millimètres de la tête (vers le loO'' anneau) ; testicules apparaissant à 10 centimètres environ, d'abord disposés en deux triangles, puis remplissant tout l'anneau. Replis de l'utérus pénétrant dans les champs latéraux. Œufs de 63 \i. ; appareil pyri- forme de 20 ,a, à cornes de 24 ii; embryon de 16 à 18 ix, à crochets de 9 [x. Intestin grêle du Mouton et du Bœuf: Paris (Railliet, Stiles); Toulouse (Neu- mann) ; Washington (Hassall, Stiles et Curtice). Moniézia de Van Beneden {M. Benedeni [Moniez]. — Syn. : Taenia Benedeni Mz., 1879 ; If. Benedeni l\. Bl., 1891). — Longueur, 4 mètres et plus. Tète obtuse, carrée, volumineuse, de plus d'un millimètre d'épaisseur, net- tement séparée du cou ; ventouses dirigées obliquement en avant et à ouver- ture circulaire, puissantes, très saillantes, se touchant toutes les quatre, ce qui fait paraître la tête, viie de dessus, comme formée de quatre sphères con- tigUHS. Cou presque aussi large que la tête, long d'environ 2™™o, diminuant insensiblement de largeur, puis présentant un léger rétrécissement plus brusque, à partir duquel le corps s'élargit avec régularité. Anneaux toujours Railliet. — Zoologie. 18 274 VERS. plus larges que longs ; anneaux mûrs, ù l'état de contraction, atteignant 12 millimètres de large sur 3 millimètres de long et plus d'un millimètre d'é- paisseur. Couche musculaire de l'une des faces sensiblement moins fournie que l'autre. Topographie des canaux longitudinaux, des conduits génitaux et des glandes femelles comme dansM. pZa?iissima. (ilandes interannulaires peu distinctes, mais linéaires, sans sacs. Œufs de 80 à 8o ;j. : appareil pyriforme de 18 à 21 [j. ; embryon 15 ;x. Intestin grêle du Mouton et du Bœuf, à Lille (Moniez), à Vienne (Marenzeller). l'ig. 107. — Evtrémitô céphaiique du Moniezia Benedeni, grossie 20 fois (G. Neumaiin). Moniézia de IVeuinann {M. Neumanni Mz., 1891). — Longueur, 50 à 70 centimètres. Tète et cou comme dans l'espèce précédente, à cette différence près que la tète est moins nettement lobée : mais la partie anté- rieure de la chaîne se rétrécit brusquement et se montre très grêle, filiforme. Les anneaux sont aussi moins larges et moins épais ; les plus larges n'ont que 8 millimètres, sur 1™™,5 de long ; les derniers mesurent 6 millimètres sur 2. Testicules disposés en quadrilatère. Glandes interannulaires petites, sans sacs. Œufs de 55 à 65 [j.; embryon de 18 à 21 [j.. Intestin grêle du Mouton, à Lille (Moniez). Moniézia denticulé {M. denliculata [Rud.]. — Syn. : Tœnia denticulata Rud., 1804 ; M. denticidata R. El., 1891). — Long de 32 à 40 centimètres (jusqu'à 78 centimètres?). Tête munie de ventouses relativement grandes, di- rigées en avant. Cou nul ou très court. Anneaux antérieurs très courts, s'ac- croissant rapidement en largeur et lentement en longueur : à 25 millimètres de la tête, ils mesurent 4 millimètres de large ; largeur maximum, 13 à 25 millimètres. Anneaux mûrs très épais et plus étroits. Pas de glandes inter- annulaires. Pores génitaux dans la moitié postérieure des bords de l'an- neau. Œufs de 48 [j. ; bulbe de l'appareil pyriforme de 12 à 16 [X ; cornes de 8 à 16 [x. Intestin grêle du Bœuf. Trouvé aussi chez le Mouton, à Lille (Moniez). Moniézia l)lanc {M. alba [Perroncito]. — Syn. : TseniaalhaVQTv., 1878 ; M. alba R. Bl., 1891). — Teinte blanche. Longueur, 0™,60 à 2™, 50. Tête globuleuse, quadrangulaire, assez grosse, mesurant 1™™,! 5 à 1™™,40 ; ventouses hémisphériques, ouvertes obliquement en avant et en dehors. Cou bien distinct, long de 1™™,5 à 5""°», 3. Anneaux épais, opaques, relativement étroits, n'atteignant que rarement 10 à 12 millimètres de lar- geur, et parfois plus longs que larges. Anneaux mûrs larges de 8 à 14 millimètres, longs de 2 à 6™", 5, épais de 1™"5. Glandes interannulaires totalement absentes. Pores génitaux dans la moitié antérieure des bords de l'anneau. Testicules en quadrilatère. Œufs de 60 à 88 |x ; bulbe de l'appareil pyriforme de 20 à 24 [j. ; cornes de 12 à 20 a. Intestin grêle du Bœuf et plus rarement du Mouton. Fig. IfiS. — txlii'mité céphaiique à\i Moniezia alba, grossie 20 fois (G. Neumann). PLATHELMIlNTHES. — CESTODES. 275 Meniez a trouvé à plusieurs reprises, chez le Mouton, une variété de cette espèce (3/. alba var. dubia) à tête relativement petite, mesurant 600 [x, à cou plissé, plus large que la partie antérieure de la chaîne ; les anneaux étaient moins longs et les œufs un peu plus petits que dans le type. Mouiézia sans cou (.W. nullicollis Moniez, 1891). — Longueur, 40 centi- mètres environ. Tète de forme cubique, arrondie en avant, hémisphérique en arrière, large de f'^jS. Cou nul, les premiers anneaux commençant au point où la tète se rétrécit, c'est-à-dire immédiatement derrière les ventouses. Par- tie antérieure de la chaîne ayant presque la largeur de la tête. Tous les an- neaux très courts, ne prenant en aucun point la forme carrée; les derniers assez minces, mesurant 8 millimètres de large sur ] millimètre de long. CEufs de 55 à 65 [x environ ; appareil pyriforme de 18 à 21 p., à cornes très élargies à la base. Trouvé deux fois chez le Mouton, à Lille, par Moniez. — Sa place dans la classification n'a pu encore être déterminée. MoNiÉziA DELA Chèvre (M. capvœ [Rud.]. — Syn. : Tœnia capr«Rud., 1810). — Espèce douteuse établie par Rudolphi d'après des fragments sans tête, trouvés dans l'iléon d'une Chèvre. Elle devrait être classée, d'après cet au- teur, entre le M. expanm et le M. denticulata. Bremser a fait une observation analogue. Il s'agissait probablement, dans ces deux cas, de l'une des es- pèces que nous avons décrites plus haut. Nous pouvons encore citer : M. oblongiceps Stiles et Hassall, 1893, de l'in- testin d'un Cervidé {Coasi^us sp. ?), et M. crucigera Nitzsch, 1860, de l'intestin du Chevreuil. Genre Thysanosome {Thysanosoma Dies., 1834). — Utérus simple, transversal, avec des sacs ovifères en forme d'asques ; pores génitaux doubles ou irrégulièrement alternes ; cornes de l'appareil pyriforme non développées. Intestin des Ruminants. Thysanosome actinioïde {Th. actinioides Diesing, 1834. — Syn. : Tœ- nia fimbriata Dies., 1850 ; Moniezia fimbriuta R. 81., 1891). — Longueur, loà 30 centimètres. Tète tétragone, large de 1 millimètre à 1™",5 ; ventouses hémisphériques, contiguës, ouvertes obliquement en avant et en dehors. Fig. 109. — Anneaux de la région antérieure du Thysanosoma actiiiioidi's, grossis 10 fois (Orig.). Fig. 170. — Partie latérale dos derniers an- neaux du Thysanofioma actinioklos, grossie 10 fois (Orig.). Cou nul. Anneaux s'élargissant progressivement et régulièrement jusqu'au voisinage de l'extrémité postérieure, où ils se rétrécissent quelque peu ; leur 276 VERS. plus grande largeur est de 8 millimètres. Tous ces anneaux, beaucoup plus larges que longs, sont découpés en longues franges à leur bord postérieur. Œufs groupés dans des culs-de-sac utérins; appareil pyriforme sans cornes. Trouvée d'abord au Brésil, par Natterer, dans Tintestin de divers Cervidés, cette espèce est très abondante chez le Mouton dans les plaines de l'ouest des États-Unis (C. Curtice). Thysanosome du Mouton {Th. ovilla [Rivolta]. — Syn. : Tœnia ovilla Riv., 1878, necGmelin, 1789; T.tiiardiUz.,i819; T. acw/eaia Perroncito, 1882).— Fig. 17i. — Diagramme de Thysanosoma ovilla, face ventrale. — w, utérus, t, testicules, de, canal dorsal. vc, canal ventral, te, canal transversal (Stiles). Long de 2 mètres et plus, large de 3 à 10 millimètres et plus . Tête tétragone, ayant parfois plus d'un millimètre de largeur. Cou assez long, d'une largeur moitié moindre que celle de la tète. Anneaux très courts, augmentant graduelle- Fig. 172. — Deux anneaux de Thysanosoma ovilla, grossis 20 fois. — t, testicules, pe, poche du cirre. e, cirre. v, vagin. ?■«, réservoir séminal, u, ébauche de l'utérus, vit, vitellogènes (G. Neumann, d'après une préparation de Rivolta). ment de longueur et de largeur jusqu'aux derniers, où ces dimensions at- teignent 1 millimètre à l'"™,^ sur 5 à 10 millimètres. Pores génitaux géné- ralement alternes, mais parfois doubles. Testicules situés sur les côtés, au delà des canaux longitudinaux, au lieu d'être dorsaux et d'occuper la région centrale, comme chez la généralité des Téniadés. CEufs groupés, au nombre PLATHELMINTHE5. — GESTODES. 27T de G il 10, dans des diverticules globuleux de l'utérus, sortes de coques fi- brillaires qui donnent un aspect grenu à la cassure des anneaux ; ces œufs perdent de bonne heure leur enveloppe ex- terne, qui se résout en granulations au sein des- quelles sont plongés les embryons, entourés d'une coque chitineuse qui est homologue de l'appareil pyriforme, et qui mesure 21 [>. dans son plus grand diamètre. Intestin du Mouton. Moniez en décrit une variété [Th. ovilla var. macilenta) qui peut atteindre 1™,20, mais qui offre une chaîne ordinairement plus grêle, plus aplatie et moins large que dans le type; les sacs ovigères sont en outre beaucoup plus petits. FifT. 173. — Coupe transversal!» Crenre StlleSia [StÛoXKt Raill., 1898). — „miia, montrant la disposition Nous établissons ce genre, dédié à notre ^'"^ "^^i"^^ ovigôres, grossie . ■40 fois (G. rVcuinann). ami Stiles, de Washington, pour des formes très grêles di\A.noplocephaltn;r dont les pores génitaux sont irréguliè- rement alternes, et dont les œufs, à coque simple, renferment un appareil pyriforme dépourvu de cornes. L'utérus est transversal, sans sacs ovifères. L'espèce type de ce genre est représentée par le Tienia globipunciata Rivolla. Intestin des Ruminants. Stilésiaglobiponctué [St. (jlûblpunctata\Y\\\ ,]. — Syn. : Tsenla globipunc- iata Rivolta, 1874; T. ovipiinctata Riv. 1874,). — Ver très délicat, de teinte blan- châtre ou gris jaunâtre, diaphane, long de 45 à 60 centimètres et ne dépassant pas 2™™, 5 de large. Tête carrée, large de 0™'",b à 1 millimètre, à ventouses plus ou moins lobées,dirigées directement ou obliquement en avant. Cou long de 2 milli- mètres et plus (Stiles), nul d'après d'autres. Anneaux antérieurs larges de 0'"°»,33 à 2°'™,o, longs de 0°i™,15 à 0°>™,17 ; anneaux postérieurs plus étroits et plus longs, larges de 0™'",60, longs de 0"'°,28. Pores génitaux irréguliè- rement alternes, dans la portion antérieure du bord de l'anneau. Ovaire en- tre les canaux longitudinaux dorsal et ventral, du côté du pore génital ; deux utérus dans chaque anneau, situés latéralement et divisés chacun en trois corps globuleux. CEufs longs de 14 à 16 u., larges de 10 à 14 ;j. ; coque avec un prolongement épineux, long de 4 à 6 j^., aux deux pôles. Intestin du Mouton (Italie, Inde). — Neumann a réuni en une seule espèce les Vers décrits par Rivolta sous les noms de Tœnia globipunctata et de T. ovipunctata. Ces derniers avaient la tête enfoncée dans la muqueuse intesti- nale, et leur présence avait donné lieu à la formation de nodules inllamma- toires. Stilésia centriponctué [St. centripunctata [RivoltaJ. — Syn. : Txnia centripunctata Riv., 1874). — Ver long de 2™,75 à 2", 85, remarquable en ce qu'il est plus large dans sa moitié antérieure que dans sa moitié postérieure. Tête suivie d'une partie plus étroite où les anneaux sont à peine marqués par une Une striation transversale. A 10 centimètres de la tête, les anneaux 278 VERS. ont 2 à 4 millimètres de large; à 1 mètre 50, ils n'ont plus que 1 millimètre, mais deviennent- plus épais et plus longs; les anneaux mûrs ont à peine 1 mil- limètre de large sur 330 |j. de long. Au centre de chaque anneau, à partir de la moitié de la chaîne, on voit à l'œil nu une tache blan- châtre un peu saillante formée par l'utérus. Les testi- cules sont symétriques et situés en dedans des canaux longitudinaux. Le pore génital s'ouvre sur le milieu d'un des bords de l'anneau. Appareil pyriforme sans cornes, de 21 à 24 u. de diamètre. Intestin du Mouton (Italie, Algérie). Genre Cténoténia {Ctenotœnia Raill., 1893. — Syn. : Fig. 174. — ExWmité Bipylidium Riehm, 1881, nec Leuck., 1863). — D'après céphaiique du Stiiesia y ^^^^^^^ ^^^ caractères anatomiques, il convient de centnpunctata, grossie i ' io fois (G. Neumanni. séparer des J/onJeifrt les Anoplocéphalinés des Rongeurs, qui possèdent comme eux des orifices génitaux doubles. Nous proposons pour ces Vers le nom de Ctenotsenia (xteI;, peigne), en prenant pour type le Tœnia marmotœ Frôlich. Le tableau ci-dessous indique les caractères extérieurs les plus saillants des formes qui vivent en parasites chez les Léporidés : Pas de cou. Tête assez grosse (800 u.) Ct. Gœzei. .^ j élargi. Tète petite (ôOO p.) Ct. Leuckarti. ^ \ grêle. Tête très petite Ct. pectinata. Cténoténia de Goeze [Ct. Gœzei [Baird]. — Syn, : Tsenia Gœzei Baird, 1853 \ Bipylidium latissimum Riehm, 1881). — Longueur, 40 à 80 centimètres. Têle trapézoïde, un peu aplatie, large de 800 |«. ; ventouses proéminentes, légèrement elliptiques, à grand axe transversal. Cou nul : la tête s'élargit en arrière et se continue directement avec la chaîne, qui se développe rapi- dement en forme de lancette. Anneaux toujours beaucoup plus larges que longs, très épais, notamment sur les côtés ; anneaux mûrs atteignant une largeur de lo millimètres sur 4 millimètres de long. Pores génitaux dans les angles postérieurs des anneaux, qui font saillie et donnent au bord un aspect frangé. Œufs de 52 à 60 a; appareil pyriforme de 16 à 24 p. Intestin grêle du Lapin de garenne. Cténoténia de Leuckart [Ct. Leuckarti [Riehm]. — Syn. : Bipylidium LewcAaWi Riehm, 1881 ; Taenia ctenoides Raill., 1890). — Longueur, jusqu'à 80 centimètres. Tète petite, large de 500 [jl, se continuant avec le cou sans sé- paration nette; ventouses plates. Cous'élargissant en lancette pour se conti- nuer avec la chaîne. Anneaux toujours beaucoup plus larges que longs ; lar- geur des anneaux mûrs, jusqu'à l centimètre. Pores génitaux dans le quart postérieur des bords de l'anneau. Intestin grêle du Lapin de garenne. — De même que Neuniann,nous avons trouvé, chez un Lapin domestique, un Téniadé qui nous a paru se rapporter à cette espèce. Cténoténia pectine {Ct. pectinata [Gœze]. — Syn. : Taenia pectinata Gœze, 1782, pro parte : Ct. pectinata E. Blanch., 1848, pro parte; Dipylidium pectinatum Riehm, 1881). — Longueur, 18 à 40 centimètres, tête très petite, large seulement de 250 à 340 u. ; ventouses elliptiques, à grand axe longitu- PLATHELMIMTHKS. — CESTODES. 279 dinal, à ouverture irrégulière. Cou assez grêle, un peu plus mince que la tèle. Partie antérieure de la cliaine s'élargissant rapidement en forme de lancelle. Anneaux toujours beaucoup plus larges que longs; anneaux mûrs larges de 7 à iO millimètres. Pores génitaux situés vers le milieu des bords de l'anneau. Œufs longs de 80 à 00 [>■ ; appareil pyriforme de 25 à 30 p.. Intestin grêle du Lièvre commun et du Lièvre variable. <îenre Anoplocéphale {Anoi)locc/)hala Èm. Blancli., 1848). — Corps lorm<' d"anneaux en général très courts, assez éjjais, se recouvrant un peu les uns les autres de manière à paraître comme imbriqués. Pores génitaux unilatéraux. Utérus transversal. OEufs pourvus d'un appareil pyriforme. Espèces parasites des .lumontcs. Le tableau ci-dessous permettra de reconnaître les trois principales formes ([ui s'observent chez nos Équidés domestiques : Tête très grosse sans lobes en arrière I . plicata. ( à quatre lobes postérieurs.... A. perfoliata. Tête petite, sans lobes postérieurs A. mamillana. Anoploeéplialc pliswé (.4. plicata [Zeder]. — Txnia cquina Pallas, 1781, pro parte; T. magna Abildgaard, 1789 ; Alijsel- ininthit^ plicatiis Zeder, 1800; Anopl. plicata R.Bl.,1891. — Priorité: A. magna). — Long de 9 à 80 centimètres. Tète très grosse, courte, tétragone, arrondie, un peu dépri- mée dans le sens des deux faces, large de 4 à 6 millimètres ; ventouses cupuliformes, dirigées en avant. Cou nul. Anneaux deve- nant rapidement plus larges que la tête, et continuant de s'accroître en largeur tantôt jusque vers le milieu, tantôt jusque vers l'extrémité de la chaîne, de manière à ac- quérir un maximum de H à 20 millimètres ; FiK. 17b. A iioplocfphala plicata, grandeur Fig. 176. — Extrémité crphaliquo de V Anoplocephala naturelle (Orig.). plicata, grossie 10 fois (Orig.). augmentant aussi de longueur jusqu'aux derniers, qui atteignent i millimètre à l™™,o. Œufs de oO à 60 u. ; appareil pyriforme de 10 à 18 p.. 280 VERS. Ss rencontre assez rarement dans l'intestin grêle et plus rarement encore dans l'estomac du Cheval (1). Nous en possédons aujourd'hui d'assez nombreux exemplaires recueillis en France, aux abattoirs de Yillejuif et de Troyes (Morot). A Gabès, en Tunisie, sur 33 autopsies de Chevaux et Mulets pratiquées dans l'espace de vingt-sept mois, Beugnot a trouvé 8 fois des Anoplocéphales appartenant à cette espèce ou à la var. pcdiculata. A côté de cette forme typique, il en existe plusieurs autres qui représen- tent peut-être des espèces distinctes, mais que nous étudierons provisoire- ment comme de simples variétés. Anoplocéphale pédicule (.1. 2)lirata var. pediculata). — Ver long de 24 à 33 centimètres. Tète tétragone à coins arrondis, plus large que longue, mais aussi épaisse que large (4 millimètres) ; ventouses saillantes, à ouverture pro- fonde, circulaire, relativement large, sillonnées régulièrement en travers et dirigées en avant. Cou nul. Partie antérieure de la chaîne beaucoup plus étroite que la tète, naissant au fond d'une cavité de l'extrémité postérieure de celle-ci ; large de 1"'",8 à 2 millimètres : s'élargissant plus ou moins ré- gulièrement jusque vers le tiers ou le quart postérieur, point où les anneaux mesurent 1 millimètre à 1™™,3 de long sur 7 à 19 millimètres de large ; der- niers anneaux larges de o à 13 millimètres, longs de l'"°»,2 à li"'°,8. Œufs de 75 à 90 [i.; appareil pyriforme de 16 p.. Trouvé par Beugnot, à Gabès (Tunisie), dans l'intestin du Cheval et du Mulet. La description qui précède a été établie d'après des échantillons conservés dans l'alcool ; à l'état Irais, les Vers mesuraient de 30 à 78 centimètres de longueur sur une largeur maximum de 8 à 20 millimètres. Cette différence de longueur tient surtout à ce que la partie postérieure de la chaîne offrait, dans les plus grands exemplaires, une série d'anneaux presque aussi longs que larges (3 millimètres sur 4 chez l'un d'eux), mais se détachant facilement et n'ayant pu être conservés. Anoplocéphale étranglé (A. pUcala var. strangulata). — Long de 70 à 95 millimètres. Tète très grosse, tétragone-arrondie, plus large que longue, un peu déprimée dans le sens des deux faces : large de 4 millimètres, épaisse de 3 millimètres ; ventouses cupuliformes, à ouverture étroite et profonde, sillonnées régulièrement en travers, dii'igées en avant et un peu en dehors. Cou nul. Partie antérieure de la chaîne offrant un étranglement très net, long de 1 millimètre à 2'"'",o, large de 2"'", 5 à 3™"^, 5. Les premiers anneaux qui suivent cette région étranglée ont 4 à 6 millimètres de large, de sorte qu'ils font une saillie brusque. Anneaux suivants s'élargissant assez régu- lièrement, mais restant toujours très courts ; atteignant leur largeur maxi- mum à un centimètre environ de l'extrémité postérieure, et mesurant alors 18 à 20 millimètres de large sur 0™™,4o à O^'^jô de long. Derniers anneaux larges de 10 à 11 millimètres sur 1 millimètre à 1™™,3 de long. Œufs de 82 à 94 |a; appareil pyriforme de 16 à 20 u.. (I) Girard aurait observé dans l'utérus d'une Jument des Téniadés qui, d'après leurs dimensions, se rattaclieraient à cette espèce, si l'observation devait être coa- sidérée comme sérieuse. PLAÏHKLMINTHES. CESTODES. 281 Cette forme, curieuse par son élranglement antérieur, qui simule un cou, a été trouvée par M. Guillod, vétérinaire à Étain (Meuse), dans le tube digestif de Poulains anémiques. Ils se montraient en quantité extraordinaire depuis l'estomac jusqu'au côlon. Les animaux ainsi envahis succombent assez rapidement, après avoir présenté des (y)li- ques sourdes. Anoploi:i':i'ii.\lf. mai ht {A. plicata var. restricta). — Long de 40 à 55 milli- mètres. Tète Iles grosse, tétragone-arrondie, plus large que longue, un peu déprimée dans le sens des deux faces : large de 3 à 4 millimètres, épaisse de 2™",1 à 2™™, 5 : ventouses peu saillantes, à ouverture étroite et profonde, sillonnées en travers, dirigées en avant et un peu en dehors. Cou nul. Par- tie antérieure de la chaîne immédiatement plus large que la lète ; largeur maximum vers le quart postérieur de la longueur. Premiers anneaux très courts jusqu'il une distance de 10 à 30 millimètres de la tète, puis s'allon- geant assez brusquement et mesurant alors 0™'",5 de long sur 5 millimètres de large ; atteignant au niveau du quart postérieur 0™",7 à C^^jO sur o à 8 millimètres ; derniers anneaux longs de 1 millimètre, larges de 3 à4 mil- limètres. Cette petite forme, qui a probablement une valeur spécifique, a été recueil- lie en 1885, par Sarciron, dans l'intestin grêle d'un Anon, à Kayes (Haut-Sé- négal). Il en existait des centaines d'exemplaires. Aiiopjocépliale perfolié (.4. x>erfoliala [Guzej. — Syn. ; Tœnia equina Pallas, 1781, pro parte ; T. perfoliata Gœze, 1782 , nec Duj., 1845 ; Anojjl. perfoliata Blanch., 1848). — Long en général de 8 à 25 millimètres, mais pouvant atteindre 80 millimètres. Tète grosse, courte, tétragone-arrondie, Fig. 1 77. — Anofiloi'pphala perfoliata, grandeur naturelle ; inconiplet(Ong.U Extrc'raitc céphalique de \' Anoplocephata per- foliata, grossie 12 fois (Orig.). un peu aplatie, large de 2 à 3 millimètres, prolongée en arrière par quatre lobes arrondis ; ventouses cupuliformes, dirigées en avant. Cou nul. An- neaux devenant rapidement plus larges que la tète, et continuant de s'ac- croître en largeur jusque vers le milieu de la chaîne, oii ils atteignent 3 à V6 millimètres, puis diminuant progressivement dans beaucoup d'exemplai- res jusqu'à l'extrémité postérieure, de sorte que l'ensemble présente assez VERS. l'aspect d'une graine de courge. Ces anneaux sont épais, mais tous très courts et peifoliés, chacun d'eux recouvrant ou mieux emboîtant le suivant, auquel il n'adhère que par sa partie centrale ; souvent les derniers ne con- tiennent plus d'œufs. Œufs de 65 à 80 f/. ; appareil pyriforme de 19 à 22 y.. EHans le cœcum, assez souvent aussi dans l'iléon, plus rarement dans le côlon du Cheval. Dujardin l'avait confondu avec le suivant ; il vit du reste comme lui en colonies plus ou moins nombreuses. Kahane le considère comme identique à VA. plicata, celui-ci en représentant la forme jeune (?) ; comme le fait remarquer cet auteur, on peut en reconnaître deux formes, l'une atténuée en arrière, l'autre tronquée. Neumann (1) a décrit un A. perfoliafa trièdre, dont la tête portait six ventouses. Des troubles pathologiques ont été assez souvent attribués à cette espèce. Poulton, Mégnin, Bassi, Perroncito, etc., ont vu sa présence coïncider avec le développement de culs-de-sac dans l'intestin grêle, culs-de-sac qui arrivent dans certains cas à se rupturer. La mort sur- vient à la suite de violentes coliques. Anoplocéphale maniillan [A. mamillana [Mehlis]. — Syn. : Taenia mamillana Mehlis, 1831 ; T. perfoliata Duj., 1845, pro parte ; A. mamil- lana R. Bl., 1891). — Long de 6 millimètres à 5 centimètres. Tète petite, té- tragone-arrondie, large de 0"™,?, souvent rétractée dans la partie antérieure de la chaîne ; ventouses latérales, elliptiques, à Kipr. 179. Aiio/)locepha!a mamillana, grandeur Fig. 180. — Extrémiti'' C(5phalique de VAnoplo- iiaturellc (Orig.). cephala mamillana, grossie 20 fois (Oi-ig.). ouverture en forme de fente longitudinale. Anneaux devenant rapidement plus larges que la tète et atteignant peu après leur plus grande largeur (4 à 6 millimètres), qu'ils conservent souvent jusqu'à l'extrémité. Habite l'intestin grêle, et en particulier le jéjunum et l'iléon du Cheval. Nous ne l'avons trouvé que très exceptionnellement dans l'estomac. C'est un petit Ver assez transparent, qui peut échapper à un examen superficiel, bien qu'on en trouve toujours à la fois de nom- breux exemplaires. Des trois espèces de Téniadés qui vivent chez le Cheval, c'est celle que nous rencontrons le plus communément à Âlfort. (1) G. Neumann, A propos d'un T.vjiia trièdre de l'espèce Tasnia perfoliata Gœze. Revue vétér., XV, p. 478, 1890. PLATHELMliNTHES. — CESTODES. 283 (ienre Aiuirya [Andrija Raill., 1893). — Il n'est pas douteux, bien que leur étude anatoniique soit encore peu avancée, que les Anoplocéphalinés des Hongeurs, pourvus de pores génitaux alternes, doivent être séparés gé- nt'riquement de ceux des Équidés, qui ont les pores génitaux unilatéraux. -Nous en faisons donc le genre Andrya, d'aprcVs le Txnia rhopalocephala Rielini, et en l'honneur de Nicolas Andry, le savant médecin du xvn« siècle qui a contribué l'un des premiers à élucider Tliistoire des Téniadés. Les trois espèces que nous avons à signaler peuvent se distinguer à l'aide ilu tableau suivant : Chaîne \ Tète grande; cou assez large.. A. pectinata. très longue ( Tôte petite; cou grêle A. cuniculi. Chaîne trrs courte; pas de cou 1. ivimerosa. Andrya pectine {A. pcvlinala IZcderi. — Syn. : Aliiselminthus pectinalUfi Zeder, 1800 ; T.xnia rhopalocephala Riehm, 1881). — Long de 60 à 80 centi- mètres, large de plus de 5 millimètres. Tète grande, claviforme ; ventouses puissantes, tressaillantes. Cou assez large, mais nettement détaché delà tête et naissant immédiatement en arrière des ventouses. Anneaux trapéziformes, à peu près aussi larges que longs. Pores génitaux ordinairement situés tous du même côté, et s'ouvrant au niveau du quart postérieur du bord latéral de l'anneau. Intestin grêle du Lièvre commun. Andrya du Lapin {A. cuniculi |R. Bl.|. — Syn. : Taenia rhopaliocephala Uiehm, 1881; Anoplocephala cuniculi R. Bl., 1891). — Longueur, jusqu'à 1 mè- tre; largeur, jusqu'à 8 millimètres. Tête petite, claviforme, s'étendant assez loin en arrière des ventouses. Cou grêle, bien séparé de la tête lorsque celle-ci n'est pas trop fortement contractée. Anneaux trapéziformes, à peu près aussi larges que longs. Pores génitaux s'ouvrant un peu en arrière du milieu du bord latéral de l'anneau. Intestin grêle du Lapin de garenne. Andrya de Winiereux {A. wimerosa [Mz.]. — Syn. : A. peclinata É. Blanch., 1848, pro parte [?] ; Tœnia wimerosa Mz., 1880; Anoplocephala wime- rosa R. Bl., 1891). — Long à peine d'un centimètre, large de l™'",o. Tête grosse ; ventouses écartées. Cou nul. Chaîne épaisse, formée d'une dizaine d'anneaux qui sont bordés de cils en arrière. Pores génitaux unilatéraux, débouchant à l'angle postérieur de l'anneau. Œufs à appareil pyriforme très développé (fig. 165, 12). Intestin grêle du Lapin de garenne (Moniez). — R. Blanchard a trouvé chez le Lièvre variable, à Briançon, une forme analogue, mais à anneaux plus nombreux (25 à 30) et à pores génitaux s'ouvrant vers le milieu du bord latéral. Pathologie. — On a signalé assez souvent de sérieuses épizooties sévissant dans les parcs et dans les garennes, sur les Lièvres et les Lapins, qui périssaient en grand nombre, l'intestin bourré d'Anoplo- céphalinés. Comme chez les Agneaux, ce téniasis affecte la forme d'une anémie pernicieuse {gros ventre). 284 VERS. Les Téniadés du Lapin pénètrent quelquefois dans la cavité péri- tonéale, sans laisser de traces bien nettes de leur passage. C'est un fait que Marigues a signalé, dès la fin du siècle dernier, chez le Lapin de garenne. Dans un cas semblable, Gœze a trouvé l'ouverture par laquelle les Vers étaient sortis; elle était fermée par Fépaississement de ses bords et ne s'apercevait qu'à la face interne de l'intestin, c'est-à-dire sur la muqueuse (1). Espèce non classée. — Nous sommes obligé délaisser à part, sous le nom de Taenia s. lat., l'espèce suivante, encore trop imparfaitement connue pour prendre rang dans la classification qui vient d'être donnée. Ténia de Vogt (T. Fog'fi Mz., d879. — Syn. : Anoplocephala Vogli Mz., 1891). — Espèce basée sur un échantillon sans tète, mesurant environ 50 centimètres de longueur, très grêle et très plat! Anneaux mûrs plus longs que larges (près de 5 millimètres sur 2™"", 3). Un seul pore génital par anneau. Œufs de 29 p.; appareil pyriforme de 14[;i. 3. Intestin du Mouton (Lille). Sous-famille des cystoidot^ieniés. — Corps de moyenne ou de petite taille. Tête probablement toujours armée d'une couronne simple, double ou multiple, de petits crochets de forme variable. Pores géni- taux alternes, unilatéraux ou opposés. OEufs à enveloppes multiples, mais transparentes, sans coque de bâtonnets. La larve est un Cysticercoïde ou un Pseudo-cystique. Ces Téniadés vivent à l'état adulte chez les Vertébrés, et en par- lier chez les Mammifères et les Oiseaux. Leurs larves sont géné- ralement i^arasites des Invertébrés (Insectes, Mollusques, etc.). Genre Dipylidium {DipylidhwiLeuckdiTt, 1863). — Téniadés de taille relativement petite. Tète pourvue d'un rostre rétractile armé de plusieurs couronnes de petits crochets présentant souvent la forme d'aiguillons de rosier, c'est-à-dire à manche et à garde très réduits, formant une simple base discoïde. Anneaux pourvus chacun de deux pores génitaux, l'un sur le bord droit, l'autre sur le bord gauche, corres- pondant à des organes sexuels également doubles. OEufs à membranes transparentes, s'accumulant, après formation de l'embryon, dans des capsules distinctes. La larve est un Cryptocysiis qui vit dans la cavité viscérale de certains Insectes. Dipylidium du Chien (D. caninam [L.]. — Syn. : Taenia canina L., 1767, nec Batscli, 1786 ; T. monilifornm Pallas, 1781 ; T. cucumerina Bloch, 1782 ; T. elliptica Baitsch, 1786 ; T. [Dipylidium] cucumerina Leuck., 1863). — Ver (1) Marigues, Observation sur des Vers Ténia trouvés dans le ventre de quelques Lapins sauvages. Journal de physique de l'abbé l^ozier, XII, 2, p. 229-221, pi. Il, fig. 3, 1778. — GôzE, Versiich einer Nalurqeschichie der Eingeweidewurmer thierischer Korper. Blankenburg, 1782, p. 364 et 367. PLATHELMINTHES. CESTODES. 285 Ions de 10 à 40 centimètres en moyenne, ayant l"™,^ à 3 millimètres dans sa plus grande largeur. Tète petite, presque rhomboïdale, surmontée d'un rostre claviforme, rétractile dans un infundibulum situé au sommet de la tête, et armé de trois ou quatre couronnes de crochets en aiguillons de ro- u sier, de dimensions décroissantes d'avant en ar- rière, ceux de la première couronne ayant envi- ron io p. de hauteur, et ceux de la dernière à peine G \i. ; ventouses assez grandes, un peu ellipr tiques. Cou assez court, de moitié plus étroit que la tète. Premiers anneaux très courts et très M étroits, les suivants trapézoïdes, puis devenant B Fig. 181.— Lipylidium caniiwm\diV. l'ig. 18J. — Dipylidium vuniniwi. — A, tète grossie, avec le canis, petit exemplaire, grandeur rostre sorti en partie. B, un des crochets du rostre, fortement naturelle ^Orig.}. grossi (Orig.t. bientôt plus longs que larges et en forme de graines de melon (cucumis). Œufs globuleux, du diamètre de 43 à 50 [j. ; embryon hexacanthe large de 32 à 36 [JL, avec des crochets longs de 12 à 14 a. Ce Ver habite la moitié postérieure de l'intestin grêle du Chien domestique, où il acquiert des dimensions relativement assez grandes (var. canis). On le trouve également chez le Chat, mais dans cette espèce il reste généralement un peu plus petit, quoique avec des œufs légèrement plus gros (var. cati) ; Rudolphi et autrefois Leuckart le regardaient même comme représentant alors une espèce à part {T. elliptica Batsch). Enfin il a été signalé aussi chez l'Homme, et récemment chez le Canis aurcns var. dalmatka (Stossichi. II présente souvent en arrière une belle teinte rosée, qui disparaît dans les liquides conservateurs. La larve {Crypiocysils trichodecth Villot) vit dans la cavité viscérale du Trichodecte et de la Puce du Chien. i° Embryogénie. — Le développement de l'œuf a été suivi par Moniez. Aussitôt après la fécondation, l'ovule du D. caninum se sépare de la couche 286 VERS. Fig. 183. — Œuf complôlement dc- velopp(5 du Dipylidium canhium. — vivt, membrane vitelline. cd, couche di^'laminfe. eb, embryon (R. Meniez). extérieure de sou protoplasma, qui forme une membrane vitelline. En même temps, il expulse un globule polaire d'aspect réfringent. Puis sa masse entière se divise en deux éléments égaux, pourvus chacun d'un noyau et d'un nu- cléole ; ce sont les deux premières cellules blastodermiques, qui se segmentent elles- mêmes d'une façon irrégulière jusqu'à la for- mation d'une morula à cellules très petites. La délamination s'effectue alors comme chez le Tœnia serrata, et les six crochets apparaissent. Puis, les éléments de la couche délaminée su- bissent la dégénérescence granuleuse, pendant que l'embryon s'enveloppe d'une couche mince, d'aspect chitineux. L'œnf complètement développé, de forme globuleuse, n'offre donc que des enveloppes transparentes, qui permettent de distinguer sans difficulté l'embryon hexacanthe s'agitant dans l'intérieur. 2° Phase cystique. — On a longtemps ignoré quels étaient les hôtes du Dipylidium caninum à l'état larvaire. Leuckart avait cependant émis l'idée que ce devait être quelque Insecte, lorsque Melnikov, en 1869, découvrit par hasard, dans la cavité viscérale du Trichodecte du Chien [Trichodectes canis), de petits corps blancs que Leuckart reconnut pour la larve du Ver en question. Quelque temps après, l'étudiant russe parvint à infester deux Trichodectes en plaçant sur la peau d'un Chien, en un point envahi par ces Insectes, une sorte de bouillie obtenue en broyant des anneaux mûrs. Malgré l'insuflisance de ces recherches, on ad- 'l mit généralement que l'hôte intermédiaire du IJ. caninum était bien le Trichodecte. Pourtant, bien des réserves se présentaient à l'esprit, sur- tout lorsqu'on arrivait à mettre en parallèle la fréquence du Ver avec la rareté de l'Insecte. Quelques auteurs allaient même jusqu'à admettre la possibilité d'un développement direct. Ce fut alors que Grassi et Rovelli parvinrent à démon- trer que le rôle d'hôte intermédiaire peut être rempli, en dehors du Trichodecte, par la Puce du Chien [Pulex serraticeps P. Gerv.) et même par la Puce de l'Homme {P. irritans L.), mais seulement à l'état d'Insectes parfaits. Par contre, l'Hématopi- nus pilifère, qui est aussi parasite du Chien, ne peut être accusé. L'hôte principal est en réalité la Puce canine, comme l'a vu aussi Sonsino. Fig. 1S4. — Coupe lon- gitudinale schématique de la larve primitive du Dipylidium cani- num. — 6, bulbe, zc, zone circumbulbaire. v, \entouse. cp, cavité primitive. (/, queue (Grassi et Rovelli). Si l'on suit l'évolution de cette larve dans le corps de la Puce, on constate que l'embryon hexacanthe, formé d'un amas de cellules homogènes, se PLATllELMINTHES. CESTODES. :>8- transforme bienlôt en une larve allongée [vésicule primitive) creusée d'une cavité excentrique remplie deViquidc {cavité primitive). La partie antérieure de l'embryon, qui porte les crochets, constituera la queue de cette larve ; la partie postérieure en formera le corps, de sorte que la larve s'oriente immé- diatement en sens inverse de l'embryon. Le corps s'épaissit peu à peu, et ne tarde pas à développer à sa partie an- térieure, mais d'une façon tout à fait isolée, le rostre et les ventouses. — En ce qui concerne le rostre, on voit apparaître en premier lieu, à l'extré- mité antérieure et sous la cuticule, le bulbe, qui offre une musculature très puissante. Ce bulbe no tarde pas à s'invaginer, entraînant avec lui la cuti- cule et une zone cellulaire avoisinante (^zone circumbulbaire), et, peu après, l'invagination subit un étranglement, qui sépare deux dilatations, toutes deux munies de pointes cuticulaires ou crochets rudimentaires. Ces pointes disparaissentbientôt dans la dilatation postérieure, mais celles de l'antérieure se développent et prennent le caractère de crochets définitifs. Après diverses modifications, le bulbe se montre complètement organisé ; en outre, la ré- gion antérieure de la dilatation antérieure s'élargit davantage et constitue le réceptacle céphalique; sa région postérieure, en se renversant, recouvre le rostre de crochets ; quanta la dilatation postérieure, elle forme le sommet du rostre, qui souvent, en eiïet, offre une légère dépression chez le Ver adulte. — Les ventouses naissent sous l'aspect de masses arrondies situées sur les parties latérales du corps, et plus tard s'invaginent à la suite du bulbe. La tète du Ver est ainsi définitivement constituée. Fig. 183. — Partie antérieure de la coupe longitudinale Fig. 180. — Coupe longitudinale schématique schématique, montrant l'invagination du bulhe et la formation du rostre. — b, bulbe, zc. zone circumbul- baire. i\ V, ventouses, da, dilatation antérieure, dp, dilatation postérieure. Ji, système nerveux (Grassi et Rovelli). d'une larve complètement formée. — r, ventouse, da, dilatation antérieure, dp, dilatation postérieure. 6, bulbe, r/, queue (firassi et Rovelli). La partie postérieure de la vésicule primitive, qui représentelaqueuede la larve, montre les trois paires de crochets embryonnaires; parfois cependant, une paire occupe la partie postérieure du corps. Cette queue devient très longue ; à son point d'union avec le corps, elle finit par subir un étrangle- ment. Comme elle ne contient pas de liquide, elle est comparable à la queue des Cercaires de Trématodes, et représente sans doute un organe qui servait à la natation chez les larves de Cestodes avant qu'elles fussent adaptées à la vie parasitaire. La cavité primitive se montre d'ordinaire, partie dans le corps, partie dans la queue ; mais tôt ou tard elle est comblée par une sorte de tissu 288 VERS. conjonctif lâche; il est rare de la trouver encore dans la queue complètement développée. En même temps que la queue s'allonge et que la cavité primitive disparait, la partie antérieure du corps s'invagine de plus en plus dans la partie pos- térieure, jusqu'à prendre l'aspect qu'avait observé Melnikov (fig. 187), à cette difîérence près que la queue avait échappé à l'examen de celui-ci. C'est du reste cet aspect que le parasite conserve tant qu'il demeure dans le corps de l'Insecte ; quand on le dé- gage, on peut le voir s'évaginer sous le microscope et prendre sa position définitive. Grassi et Rovelli considèrent l'invagination anté- rieure comme un stomodajum ; la dilatation anté- rieure représenterait une cavité buccale, et la posté- rieure un pharynx, celui-ci possédant un épaississe- Fig. 187. — Pseudo-cysiique ment musculairc (Inilbe) comparable à celui des {Cryptocystis trkhodec- Trématodes. L'invagination serait le résultat d'une tis) du Dipylidmin eani- - num, d'après Leuckart. adaptation à la vie parasitaire, et animait pour but d'empêcher le Ver, qui doit se développer dans l'in- testin de l'hôte délinitif, de se fixer dans l'estomac. 3° Fiat rubanaire. — On sait comment le Chien fait la chasse aux parasites qui vivent sur sa peau. Or, en avalant les Puces ou les Trichodectes pour s'en débarrasser, il ingère les Cryptocystes qu'hé- bergent ces Insectes. On conçoit que les enfants puissent s'infester eux-mêmes en jouant avec les Chiens. Grassi et Rovelli ont d'ailleurs donné la preuve expérimentale de ce mode de développement. On trouve des Puces qui hébergent jusqu'à cinquante larves; mais le nombre de celles-ci est généralement beau- coup plus limité, et elles prennent alors plus d'accroissement. Elles vivent librement dans la cavité viscérale, et si l'on ouvre la Puce dans un liquide albumineux, elles en sortent et apparaissent à l'œil nu comme une poudre blanche en suspension dans ce liquide. Données en cet état à des Chiens, elles meurent en général dans l'estomac de ces animaux, tandis qu'en faisant ingérer entières les Puces infestées, on obtient toujours le développement du Dipylidium caninum, qui offre alors des dimensions en rapport avec la durée de l'expérience. — Les expérimentateurs jugeaient de cette infestation probable par la dissection d'un grand nombre d'exemplaires pris au hasard, et con- servaient d'ailleurs des animaux témoins, qui demeuraient indemnes. Parvenus dans le tube digestif du Chien, les Cryptocystes perdent leur queue, mais leur corps entier passe au Ver adulte. Vorgan'mition de celui-ci a été bien étudiée par Leuckart, J. Chatin, Steu- dener. La première trace de l'appareil mâle se montre déjà sur le 17'' an- neau ; la maturité sexuelle est atteinte vers le 50", et l'ovaire entre souvent en régression à partir du 60'^. Les testicules, globuleux, sont disposés en grand nombre dans la couche PLATHELMINTHES. — CESTODES. 289 moyenne de l'anneau. Les spermatozoïdes qui en émanent se rendent, par de fins canalicules, vers la région médiane ; à ce niveau prend naissance, de chaque côté, un spermiducte ou canal déférent qui se dirige, en formant des lacets, vers le bord latéral, et pénètre alors dans la poche du cirre, or- gane allongé transversalement, dans lequel il se contourne en boucle, pour s'ouvrir enfin vers le milieu du bord. Chaque moitié latérale de l'anneau renferme, en outre, un ovaire et un vitellogène. Celui-ci a une structure iobulée, tandis que l'ovaire consiste Fig. i88. — Dipylidium canimtm: partie moyenne d'un anneau avant l'ovulation. — c, cirrc. pc, poche du cirre. cd, canal déférent, t, t, testicules, v, vagin, rs, réceptacle séminal, ov, ovaire, vt, vitello- gène. u, réseau utérin. Grossissement : i5 diamètres (G. Meumann, inéd.). en tubes ramifiés. Les canaux excréteurs de l'ovaire se réunissent en un conduit unique, qui reçoit le vitelloducte au niveau du corps de Mehlis. — Le vagin s'ouvre au dehors par un orifice situé immédiatement en arrière de la poche du cirre ; il se dirige en dedans et en arrière, passe entre les deux moitiés de l'ovaire et va se jeter dans l'oviducte, après avoir formé un large réceptacle séminal. L'oviducte communique, d'autre part, avec l'utérus qui est unique et com- mun aux deux groupes de glandes sexuelles. A l'époque de la maturité sexuelle, cet utérus affecte la forme d'un réseau dont les fils sont tendus entre les testicules et envoient par côté un grand nom- bre de tubes en culs-de-sac. Par suite de l'accumulation et de l'accroissement des œufs, ces tubes, ainsi que les nœuds du réseau, se dilatent en poches arrondies, qui finissent par s'isoler. La dimension de ces capsules ovifères est des plus variables, de même que le nombre des œufs y contenus ; d'ordinaire, cependant, ce nombre n'est guère que de 8 à 10. Quand les embryons sont constitués, on constate que chaque poche renferme en outre une substance brun rougeàlre, dans laquelle sont c'est à cette substance qu'est due la coloration dont Fig. 189. — Capsule ovi- fére du Dipylidium ca- niniim, grossie 123 fois (Orig.). englobés les œufs nous avons parlé plus haut. A.NOMALiEs. — Rudolphi a signalé un T. canina recueilli par Braun chez un Chien, et dont le corps était triquêtre [T. prismatica Braun). Raii.liet. — Zooloffie. 19 290 VERS. Neumann a trouvé, à l'autopsie d'un Chien, 767 exemplaires de la même espèce, dont 15 étaient fenêtres, parfois avec échancrure du bord latéral. Nous avons aussi étudié cette même échancrure dans divers spécimens (1). Enfin, Salzmann et Leuckart ont observé des embryons à douze crochets. Pathologie. — Le Dipulidmm caninum est sans aucun doute le plus commun des Cestodes du Chien. Zschokke, à Zurich, l'a rencontré chez 21 p. 100 des Chiens examinés ; Krabbe, à Copenhague, chez 80 p. 100 ; Bertolus et Chauveau, à Lyon, chez 89 p. 100. 11 en existe presque tou- jours un grand nombre sur le même sujet : c'est ainsi que Krabbe en a vu quelquefois moins de 10, mais souvent beaucoup plus, jus- qu'à 100; dans certains cas, il en a trouvé plusieurs centaines, et une fois jusqu'à 2000. Les troubles occasionnés par ce parasite ne difTèrent pas de ceux dus aux autres Téniadés. Gœze a cité le cas d'un Chien porteur de B. caninum et qui avait cessé d'aboyer. Wagler a vu survenir dans les mêmes conditions des 'troubles gastriques. Schiefferdecker a trouvé dans l'intestin grêle d'un Chien une quantité prodigieuse de ces Vers qui avaient creusé des tunnels dans la muqueuse. — Nous avons rencontré, chez un Chien, trois anneaux isolés de ce Ver dans une glande anale. Chez le Chat, le parasite offre, comme on l'a vu, des dimensions un peu moindres, ce qui l'a fait regarder comme représentant une espèce distincte [D. ellipticum). Krabbe appuie cette manière de voir en se basant sur ce fait qu'il ne l'a jamais rencontré chez les Chats, en Islande, alors qu'il existe chez les Chiens de cette île dans la proportion de 61 p. 100. Au contraire, à Copenhague, il l'a trouvé sur la moitié des Chats, logé dans les deux tiers postérieurs de l'intestin grêle. En général, il n'y en avait pas plus de 60 à la fois ; mais il a pu en voir quelquefois des centaines, et jusqu'à 600. Nous avons dit aussi qu'on peut le rencontrer chez l'Homme. C'est à G. Dubois, élève de Linné, qu'il faut rapporter la première men- tion de ce fait. Une dizaine de cas ont été signalés en Allemagne et en Suisse (Leuckart, Brandt, Kriiger, Hoffmann). Krabbe et Friis ont rapporté aussi diverses observations du même genre, recueillies en Danemark. Le parasite se rencontre surtout chez les jeunes enfants; cependant, R. Blanchard en fait connaître un cas observé chez un adulte, à Paris. — On n'a jusqu'à présent rattaché à sa présence aucun symptôme particulier. Dipylidium de Trinchese ( D. Trinc/tesei Diamare, 1892). —Très petit Ver, long au plus de 2a millimètres. Tête globuleuse, avec un rostre relativement gros, imbutiforme, dont le sommet renflé en massue porte environ 65 cro- (1) G. Neumann, Su7- des Ténias fenêtres de l'espèce Tœnia canina Linné. Soc. d'hist. nat. de Toulouse, séance du 25 avril 1891. — A, Railliet, Sur des Téniadés échancrés du Chien (Dipylidium caninum L.). Rullet. de la Soc. zoologique de France, XVII, p. 112, 1892. PLATHELMINTHES. — CESTODES. 291 chets disposés en quatre couronnes ; ces crochets sont trois fois aussi longs que ceux de l'espèce précédente : ils ont une garde et un manche distincts, et leur lame est fortement arquée; ventouses orbiculaires, saillantes. Cou court. Premiers anneaux rectangulaires, à bords arrondis; anneaux mûrs de forme spéciale, rappelant celle d'un vase à fleurs, et s'allongeant jusqu'à acquérir, en arrière de la chaîne, une longueur quadruple de la largeur ; pores génitaux situés assez loin en avant du milieu de chaque bord, au point où l'anneau atteint sa plus grande largeur. Capsules utérines contenant chacune un seul œuf. Trouvé en novembre 1891, dans l'intestin d'un Chat domestique, par V. Diamare (1). Ce parasite diffère en outre du jD. caniniirmpav \a. poche du cirre, qui est cylindrique au lieu d'être conique, et débouche au-dessous du vagin, par les capsules utérines, qui ne contiennent chacune qu'un seul oeuf, etc. Genre Hyménolépis [ni/iiicnolcpis Weinland, 1858). — Corps petit, souvent grêle. Tète petite, pourvue d'un rostre rétractile, tantijt bien développé et armé de petits crochets, tantôt rudimentaire et inerme. Anneaux beaucoup plus larges que longs, à angles postérieurs saillants en dents de scie. Pores génitaux, dans toutes les espèces connues, percés sur le bord gauche des anneaux, la face antérieure ou ventrale correspondant à l'appareil génital femelle. Œufs à trois enveloppes très écartées les unes des autres; l'interne, qui limite l'embryon, ne montre jamais de prolongements en forme de cornes (2). La larve est un Cysticercoïde exogène [Cercocystis ou Staphylocysiis). L'évolution comporte, soit le passage par un habitat provisoire chez un hôte unique, soit le passage par un hôte intermédiaire (Insecte ou Myriapode). Le Ver adulte vit en parasite chez l'Homme, les Chiroptères, les Insectivores, les Rongeurs, ou même chez les Oiseaux insectivores. 2 sections : fe Section : Hymenolepis armés. Hyménolépis des Muridés [H. miirina [Uuj.J. — Syn. : Tœnia miirina Duj., 184o; H. [Lepidotrias] murina Weinland, iSfll). — Long de 25 à 40 mil- limètres, large de O'"'",oo àO^^jgO. Tète large de 0'"'",32 ; rostre court, épais, rétractile, armé d'une couronne simple de 20 à 24 crochets lougs de 15 à 17 ]>. ; ventouses larges de 80 u.. Cou assez long, de largeur moitié moindre que la tète. Premiers anneaux très courts, les suivants graduellement plus longs et plus larges, jusqu'à acquérir 0™",lo à 0™",17 sur O'^'^jS à 0™™,9. Œufs elliptiques, à enveloppe externe longue de 68 tx; enveloppe interne oblongue, mesurant 29 à 30 fx, et présentant à chaque pôle un mamelon bien marqué; crochets de l'embryon longs de 15 à 16 ja. Habite, à l'état adulte, l'intestin du Surmulot, de la Souris, du Muspumi- lus et du Lérot. (1) Vincenzo Diamare, [>i un Jiuovo Cestode del fjenere Dipylidium Lkt. Bollett. délia Soc. di Natur. in Napoli, VI, p. 4G, 1892. (2) H. Blanchard, //('s/oîVe zoologique et médicale des Téniadés du genre Hymeno- lepis Weinland. Paris, 1891. 292 VERS. Grassi a fait sur cette espèce, qu'il considère comme identique à TH. nana, des recherches fort intéressantes, et propres à éclairer l'histoire de ce der- nier Ver. En faisant ingérer à des Rats blancs {Mm decumaniis albinos), âgés de 1 à 4 mois et nourris exclusivement au pain et à l'eau pure, des anneaux mûrs d'H. murina, cet expérimentateur a toujours obtenu le développement du Ver. Par contre, il a constaté que la même expérience réussit beaucoup plus difficilement lorsque les sujets ont moins d'un mois (non sevrés) ou plus de quatre. Il en est de même avec les Surmulots gris. La conclusion à tirer de ces expériences, c'est que V Hymenolepis murina se développe sans hôte intermédiaire. Mais il ne s'agit point pourtant d'un dé- veloppement direct : en réalité, ce Téniadé passe, comme ceux que nous avons étudiés précédemment, par une phase larvaire bien distincte ; mais la migration s'accomplit dans un seul et même organisme, entre deux points déterminés de cet organisme. C'est là sans doute un fait très intéressant, mais qui laisse intacte la grande loi des migrations. Suivons maintenant les diverses phases de l'évolution, telles que les a dé- terminées Grassi : 24 à 36 ou 50 heures aprèsl'ingestion des œufs, on trouve, vers les 12 derniers centimètres de l'intestin grêle, les embryons hexacan- thes logés dans l'épaisseur de la muqueuse, surtout à la base des villosités. Ils ont déjà subi un accroissement notable et se sont transformés en une larve qui offre l'aspect d'une bouteille. Le ventre de cette bouteille peut montrer un ou plusieurs étranglements ; il se continue d'ailleurs avec le col sans ligne de démarcation. Les trois paires de crochets de l'embryon se voient d'ordinaire sur ce col, plus rarement dans la région du ventre qui s'en rapproche. De 40 à 70 heures après Tinfestation, la larve s'est encore accrue et modi- fiée, tout en conservant la même forme. Sur la portion rétrécie, on constate que les trois paires de crochets se sont écartées l'une de l'autre. Le ventre, de forme ovoïde, se montre constitué par une sorte de kyste renfermant une tête qui offre déjà tous les caractères de celles de rHy??ïe/îo/e- pis nana; le faible espace laissé entre ces deux parties est rempli de liquide. La tête est rattachée au kyste par un cou large et court, au niveau même du point où le ventre de la bouteille s'atténue en col ; elle est dirigée vers le pôle opposé à celui d'où émane l'appendice caudal. De ces données, il résulte que la tête s'est développée, comme dans les Téniadés du type 7'. serrata, à l'extrémité postérieure de l'embryon ; quanta l'extrémité antérieure de celui-ci, représentée par le col de la bouteille et portant les crochets, elle constitue simplement un appendice caudal. La larve de ÏHymenolepis inurina doit donc être rattachée au genre Cercocystis. Si l'on compare le développement de cette larve avec celle du Dipylidium caninum, on constate qu'une différence assez accusée se manifeste après l'invagination de la partie antérieure du corps : cette région, en effet, se ré- duit aune simple paroi qui porte la tête et se trouve revêtue par une autre paroi que forme la partie postérieure. La cavité primitive n'est plus alors que virtuelle, ou du moins ne contient, comme une séreuse, qu'une quan- tité très restreinte de liquide ; l'orifice antérieur de l'invagination (bouche, d'après Grassi) se ferme peu à peu. La partie postérieure du corps ne constitue PLATHELMINTHES. — CESTODES. 293 donc plus ici qu'une enveloppe larvaire ; elle est appelée à disparaître et devra se régénérer pour la constitution du Ver adulte. A cette période, la métamorphose est complète. La villosité se rompt alors et le Cysticercoïde tombe dans la lumière de l'intestin, oii il passe à l'état adulte. De 3 à 8 jours après le début de l'expérience, on observe déjà des individus lonfjs de 2 à 4 millimètres, pourvus d'un long cou et parfois même présentant des anneaux dis- tincts. Au bout de quinze jours, on trouve souvent des Vers dont les derniers anneaux contiennent des œufs mûrs; ces œufs apparaissent dans les fèces vers le tren- tième jour. Malgré ces conditions, en apparence si favorables, le parasite ne peut se multiplier sur place, car l'embryon n'est mis en liberté qu'après le passage de l'œuf dans l'estomac. — Il est assez curieux de noter, en outre, que les Rats infestés parl'H. murina sont réfractaires à l'inva- sion des autres Téniadés. Hyinénolépis uaiii {H. nana [von SieboldJ. — Syn. : Tœnia nana von Sieb., 1832, nec Van Ben., 1861 ; T. œgyp- tiaca Bilharz, 1832, nec Krabbe, 1869; Diplacanthua nanus Weinland, 1838 ; Tœnia [Hymenolepis] nana Leuck., 1863). — Long de 10 à 15 millimètres, rarement de 20 à 2o milli- mètres ; large de 0™'",5 à 0"",7. Tête subsphérique, large de 0™™,2o à 0™",33 ; rostre épais, rétractile, armé d'une couronne simple de 24 h 28 et jusqu'à 30 crochets longs de 14 à 18 ;j.; ventouses larges de 90 à 103 [j.. Cou assez long, se continuant insensiblement avec la tète, mais devenant de moitié moins large qu'elle, et s'élargissant ensuite de nouveau. Premiers anneaux très courts, à peine distincts, les suivants graduellement plus longs et plus larges, jusqu'à acquérir 0™™,14 à 0™™,30 sur 0°i™,41 à 0™™,92; la chaîne atteint sa plus grande largeur au dernier anneau chez les individus qui ont commencé d'éliminer leurs anneaux, un peu avant chez ceux qui sont encore vierges. Œufs arrondis ou ovalaires, à enveloppe externe longue de 30 à 37 [a, rarement de oO à 33 [a ; à enveloppe moyenne de 24 à 27 a sur 20 a ; à enveloppe interne de 16 à 19 [j., présentant à chaque pôle un mamelon peu apparent. Crochets de Tembryon peu visibles, longs de 10 à 12 et même 14 a. L'Hyménolépis nain habite Tinlestin grêle de l'Homme. Fig. i90. — Hymenole- Evolution. — Grassi considère ce parasite comme pJs««««. grossi 20 fois identique à V Hymenolepis murina; mais cette opi- nion a été sérieusement combattue par Moniez. Si l'on compare 294 VERS. entre elles les descriptions que nous venons de donner de ces deux espèces, on remarquera bien réellement de grandes analogies; mais, à part même la question de taille, qui pourrait tenir à l'habitat, il semble exister des différences assez nettes dans la constitution et les dimensions des crochets, de l'œuf et de l'embryon. Il faut dire toutefois que Grassi a fait prendre à six personnes des anneaux mûrs d'/^. murina; quinze jours après, les selles de l'une d'elles montrèrent des œufs d'//. naua, et un ténifuge lui fit rendre une cin- quantaine de Vers de cette espèce. Mais, comme Fig. 191. — Crochci j[ \q reconnaît lui-même, une seule expérience de à'Hymcnolepis nana, p ■ ,r. grossi 1140 fois (Orig.). Ce genre est fort insuiiisante, surtout dans un pays oîi VB. nana est très commun chez l'Homme. Au surplus, le même expérimentateur s'est trouvé dans l'impossibilité d'infester le Rat, non plus que l'Homme, par l'ingestion d'œufs mûrs de VU. nana. Nous devons donc attendre de nouvelles recherches pour être fixés sur l'évolution de cette espèce. Organisation. — Sur un Ver formé d'environ 150 anneaux, les organes sexuels commencent à se montrer vers le 50% mais ne sont bien développés que vers le 100*=. Les organes mâles apparaissent, selon la règle habituelle, les premiers, et occupent la face dorsale. Ils se composent de trois gros testicules globuleux, situés non loin du bord postérieur, deux à droite et un à gauche. Les canalicules qui en émanent se réunissent en un canal dé- férent unique qui se porte à gauche, puis en avant, se dilate en une vésicule séminale ovalaire, et va enfin se jeter dans la poche du cirre. Celle-ci, d'aspect ciaviforme, est disposée parallèlement au bord antérieur de l'anneau et sur la gauche, sa grosse extrémité étant tournée en dedans. Le canal dé- férent, après avoir pénétré à son intérieur, se dilate d'abord, puis s'atténue en un tube sinueux, grêle et lisse, qui n'est autre que le cirre ou pénis. Les organes femelles occupent la région médiane et ventrale de l'anneau. lis comprennent deux ovaires (germigènes) latéraux, et un vitellogène glo- buleux situé entre eux et un peu en arrière. Du pore génital, toujours peu marqué, part un vagin placé en dessous, puis en arrière de la poche du cirre, et bientôt dilaté en un réceptacle séminal ovoïde, qui se loge entre la poche du cirre et l'ovaire. A mesure que les œufs se développent et s'accumulent dans l'utérus, les testicules, puis les ovaires et le vitellogène disparaissent; mais la poche du cirre, le réceptacle séminal et le vagin persistent, quoique refoulés vers la partie antérieure de l'anneau. Dans la portion terminale de la chaîne, les œufs sont x-épandus dans les lacunes du parenchyme ; cependant, on n'en trouve qu'une centaine au plus par anneau, en raison d'une sorte de ponte qui s'effectue à la faveur de déchirures de la cuticule, vers les bords anté- rieur et postérieur. Distribution géographique. — L'Hyménolépis nain a été découvert en 1851 par Bilharz, au Caire, dans l'iléon d'un jeune homme mort de méningite : PLATHELMINTHES. — CESTODES. 295 il s'y trouvait en nombre considérable. En 1885, Walter Innés en a retrouvé un exemplaire également en Egypte, dans l'intestin d'une jeune Nubienne. Spooner parait l'avoir vu aux États-Unis (1872); Wernicke l'a observé dans la République argentine (1890). En Europe, il faut d'abord signaler l'observation de Ranson, recueillie en Angleterre, bien que ce médecin n'ait vu que les œufs dans les selles d'une fillette (18.^4). Vient ensuite un cas observé à Belgrade en 188r. et signalé par R. Blanchard. Mais c'est en Italie surtout que le Ver en question s'est pré- senté fréquemment : il ya été signalé jusqu'à présent en Lombardie (Grassi, Comini, etc.), en Piémont (Perroncito), en Toscane (Sonsino), en Sicile (Grassi et Calanilruccio). Ces derniers observateurs en ont rencontré chez 8 à 10 pour 100 des individus appartenant aux classes populaires. Ajoutons que Grassi en a trouvé chez un enfant venant de Marseille, etc. Pathologie. — \,H. nana s'observe principalement chez les enfants, et le plus souvent en grand nombre, quelquefois même par milliers. Il siège dans la portion moyenne de l'intestin grêle, mais peut s'étendre jusqu'à une petite dislance de la valvule iléo-caecale. On le trouve assez fréquemment en compagnie d'autres helminthes. Lorsqu'il n'existe qu'un petit nombre de Vers à la fois, leur présence peut passer inaperçue; mais dès qu'ils se montrent un peu abondants chez un sujet, ils provoquent des troubles plus ou moins graves, et en général plus graves que ceux occasionnés par les grands Cestodes, quoique de même ordre. Signalons rapidement : violentes coliques; diarrhée alternant parfois avec de la constipation; gastralgie; altéra- tion de la nutrition, conduisant à la cachexie. On observe souvent aussi des accidents réflexes : troubles de la vision, céphalalgie, dyspnée, attaques épileptiformes ; pins rarement, il survient de la fièvre, du coma, voire un affaiblissement des facultés intellec- tuelles, etc. Tous ces troubles peuvent persister pendant des mois et des années ; et il n'est pas impossible qu'ils aboutissent dans cer- tains cas à la mort. Chez un sujet dont Visconti et Segré ont fait l'autopsie, la muqueuse intestinale était tuméflée, congestionnée et revêtue de mucosités gri- sâtres ; les follicules clos étaient également tuméfiés. 2^ Section : Hymenolepis inermes. Hyniénolépis réduit [H, dimimita [Rud.]. — Syn. : Tsenia diminuta Rud., 1819; T. leptocephala Creplin, 1825; T. flavo-punctata Vf einlanâ, 1858 ; H. [Lepidotrias] flavopimctata Weinland, 1861 ; T. varesina E. Parona, 1884; T. minima Grassi, 1886; H. diminuta R. Bl., 1891). — Long de 20 à 60 cen- tim., large de 3™™, 5, Tête très petite, cuboïde ou claviforme, arrondie ou tronquée en avant et creusée d'un petit infundibulum dans lequel se cache d'ordinaire un rostre inerme, pyriforme, très réduit et à peine protrac- tile; ventouses petites, mais profondes, assez rapprochées du sommet de la tète. Cou long de 0™", 5, et de moitié moins large que la tète. Premiers an- neaux très courts, à'peine distincts ; les suivants augmentant progressivement 296 VERS. en longueur jusqu'à l'extrémité postérieure de la chaîne, et en largeur jus- qu'à une petite distance de cette extrémité ; les plus larges mesurent ainsi 3™",5 sur 0'"'^,66 de long; les derniers ont jusqu'à 0"",75 de long sur 2"", 5 de large. (Eufs arrondis ou ovalaires, à enveloppe externe un peu épaissie, jaunâtre et délicatement striée dans le sens de son épaisseur, longue de 60 à 86 iJ.; à enveloppe moyenne offrant deux couches contiguës ; à membrane interne munie de deux mamelons polaires. Embryon hexacanthe ovoïde, me- surant 36 \i sur 28, à crochets longs de H [j.. VH. diminuia habite ordinairement la portion moyenne de l'intes- tin grêle de divers Rongeurs [Mus decumanus, M. rattus, M. musculus, M. alexandrinus). Il a été vu aussi quelquefois chez l'Homme. — Sa larve [Cercocystis H. diminuix) a été observée chez un Lépidoptère [Asopia farinalis, Chenille et Papillon), chez un Orthoptère [Anisolabis annulipes), enfin chez des Coléoptères {Akis spinosa, Scniii^us striatus). L'hôte habituel serait Asopia. ÉVOLUTION. — Les migrations de ce Ver ont été déterminées par Grassi et Rovelli. Le Cysticercoïde est constitué sur le même type que celui de VB. înurina, mais sa queue est très longue, et la cavité primi- tive, qui occupe le corps seul, est mieux circonscrite. Deux paires de crochets se trouvent sur la queue; la troisième apparaît à l'extrémité postérieure de la paroi externe. Celle-ci est plus compliquée, et par- fois on trouve un kyste fourni par l'hôte. Des larves {Cercocystis) pro- venant d' Anisolabis annulipes ont été données à des Rats blancs, qu'on tuait à des intervalles plus ou moins éloignés : au bout de trois jours, les Vers se trouvaient dans l'intestin, formés d'une tête et d'un cou très court; au bout d'une semaine, ils avaient 5 millimètres de long, mais n'offraient encore aucune trace de segmentation ; au bout de quinze jours, de nombreux anneaux étaient déjà constitués. Deux Hommes adultes reçurent de ces mêmes larves : l'un d'eux resta indemne, mais on trouva dans les selles du second, quinze jours après l'ingestion, des œufs caractéristiques, ne différant de ceux de VB. diminuta des Rongeurs que par l'absence de mamelons polaires à la coque interne. Quelques jours plus tard, l'extrait éthéré de fou- gère mâle provoqua l'expulsion de nombreux Hyménolépis inermes identiques à ceux observés antérieurement dans l'espèce humaine. Organisation. — L'anatomie de ce Ver a été récemment étudiée avec soin par F. Zschokke, au travail duquel nous renverrons pour les détails (1). Comme chez U. nana, l'appareil mâle comprend en général trois testicules globuleux, deux à droite et un à gauche. Les trois canaux qui en émanent se réunissent vers la ligne médiane, près de la face dorsale. De leur point de réunion naît le canal déférent, qui se dirige à gauche en formant de longs lacets, puis se dilate en une vésicule séminale pyriforme, dont la partie (1) F. Zschokke, Recherches sur la structure analomique et histologique des Cestodes. Genève, 1888. — Voir p. 63; pi. I et II, fig. 21-24. PLATHELMINTHES. — CESTODES. 297 atténuée aboutit à la poche du cirre, après avoir décrit un double coude. Cette poche est allongée, grêle ; le cirre, continuation du canal déférent, se montre d'ordinaire replié à son intérieur ; on le voit rarement faire saillie au dehors, sous l'aspect d'un tube mince et lisse. L'appareil femelle se compose, ici encore, de deux ovaires ou germigènes, situés à droite et à gauche de l'axe médian, et d'un vitellogène postérieur et impair. Les deux germigènes sont réunis par un germiducte transversal ; de celui-ci part un germiducte commun qui décrit un circuit en se portant à gauche à la rencontre du vagin, et vient ensuite se réunir au vitelloducte, dans une dilatation (corps de Meblis) entourée par les glandes de la coque. — Le vagin, qui nait au-dessous de rorifice mâle, se porte à droite, s'élar- Sit un peu, puis se rétrécit pour s'élargir bientôt de nouveau en formant un 0/ ta t rs l'I (I Fig. 19:!. — Coupe transversale de l'appareil génital de Vf/ymenolepis diminuta, d'après F. Zscliokke. — t^ t, testicules, ce, canaux efférents. cd, canal déférent, vs, vésicule séminale, pc, poche du cirre. oni, orifice mâle, o, ovaire, vt, vitellogène. fv, fond du vagin, c*, canal séminal, rs, réceptacle sémi- nal, va, vagin, of, orifice femelle, m, corps de Melilis. u, utérus. long réceptable séminal très allongé et contourné, duquel nait un canal sé- minal impair qui va se jeter dans le germiducte commun. — L'ovule (vilellus de formation), fécondé à ce niveau, se revêt ensuite du vitellus nutritif amené par le vitelloducte, et passe dans l'oviducte, qui le conduit dans l'utérus. Celui-ci, représenté d'abord par un simple canal transversal, prend plus tard l'aspect d'un fer à cheval dont les deux branches sont dirigées du côté du pore génital ; puis des anastomosesdeplus en plus nombreuses font com- muniquer ces branches, jusqu'à ce que, finalement, l'anneau ne constitue plus qu'un sac bourré d'œufs qui écrasent les autres organes. — On trouve pourtant encore des testicules vers la fin du second tiers de la chaîne, et la poche du cirre peut être distinguée bien au delà de cette limite. Distribution géographique. — En 1842, le D'' Ezra Palmer recueillait, en Amérique, six exemplaires sans tète d'un Cestode particulier, expulsés par un enfant de dix-neuf mois, qui jouissait d'ailleurs d'une bonne santé ; il les. prit pour des Bothriocéphales, et les déposa dans un musée de Boston, où ils furent étudiés plus tard par Weinland. Celui-ci les reconnut pour des Ténia- dés et en donna, sous le nom de Txnia flavo-punctata, une description som- maire, bientôt complétée par Leuckart, à qui il en avait envoyé un frag- ment. En 1884, Leidy publia une seconde observation de T. flavo-punctata, d'a- près des exemplaires incomplets rendus, à Philadelphie, par un enfant de trois ans. La même année, Ern. Parona observait une fillette de deux ans, des envi- rons de Varese (Haute Lombardie), qui depuis quelque temps avait perdu sa santé et sa gaité habituelles, et qui rendait des rubans blanchâtres : un téni- 298 VERS. fuge lui fît évacuer quatre Vers longs de 12 à 20 centimètres, pourvus chacun d'une tête cuboïde et inerme, Vers qu'il rattacha, non sans quelque doute, au T. flavo-punctata. Il existait en effet certaines différences, surtout dans la description de l'œuf et de l'embryon, entre le parasite observé par Parona et celui décrit par Weinland et Leuckart. Grassi fît voir alors que le ver de Parona devait être rapporté au Tœnia leptocephala ou diminuta, commun chez les Muridés, et bientôt un nouveau cas, observé en Sicile sur une fillette de douze ans, lui permit d'appuyer cette manière de voir. Les expériences que nous avons relatées plus haut tendent d'ailleurs à la confirmer, et il est même probable que les Vers re- cueillis en Amérique appartiennent également à l'espèce dont il s'agit. Enfin, en 1892, j'ai trouvé dans la collection helminthologique d'Alfort deux exemplaires d'un Téniadé provenant de l'Homme et que j'ai pu, avec F. Zschokke, identifier aussi à VH. diminuta : ces exemplaires avaient dû être recueillis par Chabert, vers 1810, de sorte que le cas auquel ils se rap- portent est certainement le plus ancien de ceux qui ont été publiés jusqu'à présent (1). Les enfants s'infesteraient en mangeant des fruits ou d'autres aliments envahis par des Insectes. Ajoutons que l'if, diminuta n'est pas rare chez les Rats en Italie, en France, et probablement partout oii ont pénétré ces animaux. Il est donc possible qu'on arrive quelque jour à le rencontrer chez l'Homme dans des localités très diverses. Genre Drépanidoténîa [Drepanidotœnia RailL, 1892). — Nous rangeons dans ce groupe les Téniadés pourvus d'une couronne simple de crochets uniformes, généralement en petit nombre, à man- cbe beaucoup plus long que la garde, qui est tou- jours faible, à lame dirigeant sa pointe en arrière lorsque le rostre se contracte (^pewavî;, faux). Fig. 193. - Crochet de i),r- ,* , ^, ^. • . u , >>• panidota'masetiç/era. s;voss[ La plupart de ces Vers Vivent chez les Oiseaux 700 fois (Orig.). aquatiques, Palmipèdes et Échassiers ; nous en rap- prochons cependant les Téniadés à crochets égale- ment falciformes, qui habitent l'intestin des Passereaux, des Gallinacés et des Pigeons. On a déjà rencontré les Cjsticercoïdes de diverses espèces chez de petits Crustacés d'eau douce : ils paraissent se rattacher aux Cercocystis de Viilot. Nous décrirons les espèces indiquées dans le tableau suivant : longs de 77 à 80 (j. Dr. gracilis. crochets \ longs de 57 [x Dr. fasciata. ( longs de 31 à 25 \). Dr. lanceola génitaux \ I longs de 65 à 72 \). Dr. anatina. génitaux \ ; longs de 65 a 72 [ji Dr. anatina. unilatéraux [ iq „ i t ' longs de 51 à 61 \j. Dr. sinuosa. \ longs de 35 à 40 n Dr. setigera. '. longs de 20 à 23 (j Dr. tenuirostris. Pores génitaux alternes : 16 à 20 crochets longs de 20 à 27 \i.. Dr. infundibuliformis. (1) A. Railliet, Un cas très ancien de Tienia. (Hymenolepis) diminuta chez l'Homyne. Comptes rendus Soc. de biologie (9), IV, p. 894, 1892. PLATHELMINTHES. — CKSTODES. 299 Drépaiiidoténia grêle [Dr. gracilis [Zeder]. — Syn. : Ilalysis ijracilisZeder, 1803 ; Tœnia i/racilis Rud., 1810). — Long de 27 centimètres environ, large de 1™™,5 à 2 millimètres. Tète subglobuleuse; rostre cylindrique, obtus, armé d'une couronne simple de 8 crochets longs de 77 à 80 [x. Cou très court. Partie antérieure du corps très mince sur une grande longueur ; premiers anneaux infundibuliformes, les suivants peu à peu carrés. Pores génitaux unilatéraux. Intestin de l'Oie et de divers Canards sauvages; observé chez le Canard do- mestique, en Danemark, par Krabbe. Th. Scott a trouvé chez un Cruslacé ostracode, le Candonarostrala, unCys- ticercoïde que R. BlanchaVd, à la suite d'une comparaison minutieuse des crochets, regarde comme Tétai larvaire de celte espèce. Al. Mrâzek a vu en outre ce Cysticercoïde chez le Cypris compret^sa Baird(Cî/prJrt ophthalmica .lu- rine), et même chez un Copépode, le Cyc/ops lundis Fischer. Il est pourvu d'un appendice caudal médiocre, sur lequel se voient épars les six crochets de l'embryon, longs de 9 |j. (Cercocystis Dr. gracilis). Moniez en a trouvé un exemplaire dans un Cypria ophthalmica provenant du lac chinois de Sitaï. Von Linstow l'avait rencontré dans rintestiu d'une Perche, celle-ci ayant sans doute avalé des Crusiacés ([ui en élaienl infestés. Drépaiiidotéiiia fascié {Dr. fasciala [Rud.j. — Syn. : T. fasdata Rud., 1810). — Long de 6 à 16 centimètres, large de 1 à 2 millimètres. Tète hémi- sphérique, comprimée; rostre long, épais, cylindrique, armé d'une couronne simple de 8 crochets longs de 57 ;j.. Cou très long, des deux tiers plus mince que la tète. Anneaux beaucoup plus larges que longs, épais au milieu, où ils sont traversés par une bande longitudinale obscure, plus minces et transpa- rents sur les bords, plus étroits au niveau des quatre angles, ce qui donne à la chaîne un aspect crénelé. Pores génitaux unilatéraux. Intestin de l'Oie domestique (Zeder, Krabbe). Mrâzek a trouvé, chez des Cyclops ag 'dis recueillis dans une mare des envi- rons de Pribram (Bohème), des Cyslicercoïdes à corps lenticulaire, long de 120 à 180 [j., prolongé par un appendice caudal 20 fois plus long et décrivant des spires irrégulières {Cercocystis Dr. fasciatœ). Le roslre portait 8 ou 9 crochets longs de .oo à 68 ;i., identiques à ceux du Dr. fasdata. 80 pour lOOdecesCyclopes étaient infestés; il n'existait d'ordinaire qu'un seul parasite dans chaque individu, el cependant, chez les femelles, les organes reproduc- teurs étaient en voie de dégénérescence (castration parasitaire). Les Cydops viridis de la même mare n'offraient aucun parasite, probablement parce qu'ils n'étaient pas encore développés au moment de l'infestation. Drépanidoténia lancéolé (Dr. lanceolafa [Bloch]. — Syn. : Tœnia an- serrnn Frisch, 1727 ; T. lanceolata Rloch, 1782). — Long de 3 à 13 centi- mètres, large de bà 18 millimètres. Tète très petite, globuleuse ; rostre cy- lindrique, légèrement renflé au sommet, armé d'une couronne simple de 8 crochets longs de 31 à 35 [x ; ventouses arrondies. Cou très court, rétractile, ainsi que la tète, dans la partie antérieure de la chaîne. Premiers anneaux très courts, les suivants augmentant un peu de longueur, et devenant de plus en plus larges jusqu'à une petite distance de l'extrémité postérieure, pour se rétrécir ensuile, de sorte que l'ensemble présente un aspect lancéolé. Pores génitaux unilatéraux ; pénis hérissé de petites épines. (TEufs à enve- 300 VERS. loppe externe très mince, longue de 50 jx, large de 35 [x ; crochets de l'em- bryon longs de 8 \i.. (Test le Téniadé le plus commun dans l'intestin de l'Oie. Frisch, qui l'a dé- couvert en 1727, l'a rencontré si sou- vent qu'il le considère comme la cause d'une affection épizootique. Nous l'avons recueilli dans les Ar- dennes, et Lucet dans le Loiret. — Dujardin l'aurait aussi rencontré chez le Canard de Barbarie, mais comme il lui attribue dix crochets et des pores sexuels alternes, il a pro- bablement eu affaire à une autre es- pèce. Drépanidoténia des Canards [Dr. analina [Krabbe]. — Syn. : T. anatina Krabbe, 1869). — Lon- gueur, jusqu'à 30 centimètres ; lar- Fig. 19*. — Drepanidotxnia lanceolata, de l'Oie P'ig. 193. — Drepanidolxnia lanceolata. — A, domestique ; grandeur naturelle, dans un état extrémité céphalique grossie 100 fois. B. œuf moyen d'extension (Orig.). grossi 300 fois (Orig.). geur, 3 millimètres. Une couronne simple de 10 crochets longs de 65 à 72 tjL. Cou long. Orifices génitaux unilatéraux. (Hufs à 3 enveloppes, l'externe mince, ovoïde, longue de 140 [x, large de 90 [x ; crochets de l'embryon longs de 10 à il jj.. Dans l'intestin de divers Canards, et en particulier du Canard domes- tique, en Poméramie (Greplin), en Danemark (Gad, Krabbe), à Lille (Moniez). Mrâzek en Bohème et Moniez à Lille ont trouvé le Cysticercoïde de ce Ver dans le Cypris incongruens. Drépanidoténia sinueux (Dr. siniiosa [Zeder]. — Syn. : Tœnia collarh Batsch, 1786 ; Ah/selminthus sinuosiis Zeder, 1800). — Long de 5 à 16 centi- mètres, large de 1 à 2 millimètres. Tète presque globuleuse ; rostre armé d'une couronne simple de 10 crochets longs de 51 à 61 u. Cou très long. Premiers anneaux de largeur et de longueur variables; les suivants trapé- zoïdaux ; les derniers arrondis. Pores génitaux unilatéraux, situés vers le PLATllELMINTHES. — CRSTODES. 301 tiers untéiieur du bord de l'anneau. En dedans de chacun d'eux se trouve une sorte de sac globuleux, hérissé de spinules, el apparaissant comme un point noir ; la ligne ponctuée ainsi formée fait reconnaître à première vue cette espèce. (*]ufs globuleux à trois enveloppes, l'externe longue de 42à44|A; crochets de l'embryon longs de 7 à 8 a. Intestin de divers Analidés sauvages. Trouvé aussi chez le Canard domes- tique, en Allemagne (IJloch, Rudolphi), à Hennés (Uujardin), en Irlande (Bel- lingham), en Danemark (Krabbe). — C'est à tort que Diesiiig signale Rudol- phi comme l'ayant rencontré chez l'Oie domestique ; mais Dujardin affirme l'avoir vu assez communément chez cet hôle. Hamann a trouvé dans les Crevettes d'eau douce {Gammarus piilcx) des en- virons de (iœtlingue un Cysticercoïde {Cercocystis Dr. sinuosœ) qui doit être rapporté à cette espèce. Von Linstow a fait une observation semblable. — Mrâzek a rencontré cette larve chez Cyclops viridh Fisch., C. agilis Koch et C. hiciduliifi Koch. Di'épanidoténia séti|j:ère {Dr. setigera [Frôlichj. — Syn. : Tœnia setigera Frolich, 1789). — Long de 200 millimèlres, large de 1 à 3 millimètres. Tète subglobuleuse; rostre pyriforme, armé d'une couronne simple de dix crochets longs de 33 à 43 (x; ventouses assez grandes, en forme d'ellipse courte. Cou très court, presque nul. Premiers anneaux très courts, les suivants un peu plus longs, infundibuliformes, avec les angles postérieurs 1res saillants ; chaîne parcourue par une bande médiane obscure. Pores génitaux unilatéraux, situés vers l'angle antérieur de l'anneau, et laissant souvent émerger un pénis assez épais, hérissé d'épines. CEufs ellipsoïdes, longs de 63 jx, larges de 28 [l. Assez commun dans l'intestin de l'Oie. Il y a été rencontré d'abord par le vétérinaire Brosche, en Saxe, puis par Krabbe, en Danemark. Lucet l'a vu, dans le Loiret, produire chez les jeunes Oies un téniasis mortel. — Von Lins- tow le signale aussi chez le Cygne domestique, mais cette indication se rap- porte évidemment à Bellingham, qui l'a trouvé en réalité chez Cygnus olor. Schmeil a trouvé le Cysticercoïde [Cercocystis Dr. setigerœ] dans le Cyclops brevicaudatus Claus. Drépanidoténia ténuirostre [Dr. tenuirostris [Rud.]. — Syn. : T.tenui- rosfris lUid., 1819). — Long de 10 à 25 centimètres, large de 1 à 3 millimè- tres. Tète subglobuleuse ; rostre mince, subclaviforme, armé d'un couronne simple de 10 crochets longs de 20 à 23 ;j. ; ventouses arrondies. Cou assez long. Premiers anneaux très étroits et très courts, les suivants plus longs, avec les angles postérieurs aigus et saillants en dents de scie. Pores génitaux unilatéraux. Œufs cylindriques, longs de Sa a ; crochets de l'embryon longs de 7 [J-. Intestin de divers Analinés et Merginés sauvages. Nous l'avons trouvé chez une Oie domestique, avec M. Bonnigal, de Vendôme. Hamann a trouvé dans les Crevettes d'eau douce (Gammarus pulex) des ruisseaux de Cœttingue un Cysticeixoïde [Cercocystis Dr. tenuirostris) qui semble se rapporter à cette espèce ; mais comme ces ruisseaux ne sont fréquentés que par des Canards domestiques, il en conclut que le Drépanido- ténia ténuirostre doit se développer dans l'intestin de ces Oiseaux, ce qui n'a rien d'impossible. Von Linstow a vu aussi cette larve chez le même Crustacé. Mrâzek l'a retrouvée chez les Cyclops agilis et jnikhellns. 302 vers; Drépanidoténia inrtiudibulirorine {Dr. infundibuliformis [Gœze]. — Syn. : T. infundibulum Bloch, 1779, pro parte ; T. infundibuliformis Gœze, 1192, necDuj.,184o). — Long de 20 à 130 millimètres, atteignant exceptionnellement 230mi[limèlres. Tête globuleuse, un peu déprimée; rostre allongé, cylindrique ou hémisphérique, renllé au sommet, muni d'une couronne simple de 16 à 20 crochets, longs de 20 à 27 ;j., à long manche et à garde courte ; ventou- ses assez petites. Cou très court. Premiers anneaux très courts, les suivants infundibuliformes, le bord antérieur étant beaucoup plus étroit que le bord postérieur ; les derniers presque aussi longs que larges. Pores génitaux irré- gulièrement alternes. Pénis épais, revêtu de poils peu nombreux. Crochets de l'embryon longs de 12 à 17 [j.. Ce parasite, que nous rattachons avec doute aux Drepanidotœnla, est com- mun dans l'intestin de la Poule ; Bremser l'a rencontré aussi chez le.Faisan commun. D'autre part, Bellingliam le signale chez le Canard domestique, en Irlande, mais il y a eu évidemment dans sa détermination une erreur qu'a- vait déjà commise Gœze. D'après Grassi et Rovelli, l'hôte intermédiaire de cette espèce est repré- senté par la Mouche domestique. Le Cysticercoide est complètement dé- pourvu de queue ; mais cet appendice a dû former en grande partie la paroi externe, car les crochets embryonnaires se rencontrent sur celle-ci, et même à son point d'union avec la paroi interne. Davaine a vu dans cette espèce de grands œufs renfermant un embryon à douze crochets. Nous avons étudié un ïéniadé du Pigeon domestique recueilli par Delà- fond et paraissant se rapprocher de celui-ci : la tète portait 18 crochets longs de 25 [j. ; le pénis grêle était garni de petites épines. Genre Dicranoténia [Dicranotaenia Raill., 1892). — Les Vers pour lesquels nous avons établi ce genre, et qui ont beaucoup d'affinités avec les Hyme- nolepis, sont caractérisés par une couronne simple de crochets uniformes, courts, généralement en petit nombre, à garde égalant ou surpassant le manche en longueur, et formant Fio-. 106. — Cro- ^^'6C la lame une sorte de petite fourche (owpavov, fourche). chet de Dicra- Ils sont surtout parasites des Échassiers et des Palmipèdes; , , . _„,, mais nous en rapprochons une lorme observée par von Lins- nula, grossi 750 '^^" ^ fois (Oiig.). tow chez les Gallinacés. Les Cysticercoïdes paraissent se développer chez les jîetits Crustacés ; ils représentent des Cercocyslis. Nous aurons à décrire les espèces ci-après : p ... [ 18 à 26 crocliets longs de 13 à 17 [i.. P. coronula. -, j. ' ■ ', 10 crochets longs de 27 à .32 u. D. sequabilis umtateraux ,„ u i i i /-, • />/. r. » ; •_» \ 10 crochets longs de 47 a 06 [x U. r/iomooiaea. Pores génitaux alternes : 12 crochets longs de 32 (x D. ciineata. Dicranoténia coronule (D. coronula [Duj.]. — Syn. : T. coronula Duj., 1843). — Long de 12 à 19 centimètres, large de 1™°',8 à 3 millimètres. Tête presque rhomboïdale; rostre épais, plus large que long, entouré d'une cou- ronne simple de 18 à 26 crochets longs de 13 à 17 a; ventouses saillantes, anguleuses, irrégulières. Chaîne insensiblement amincie en avant, formée PLATIIELMINTHES. — CESTODES. 303 d'articles très courts. Pores génitaux unilatéraux ; pénis hérissé de très pe- tites épines. Crochets de l'embryon longs de 8[i.. Trouvé dans l'intestin de divers Canards, et en particulier du Canard do- mestique, à Rennes (Dujardin), en Danemark (Krabbe). Nous avons recueilli de notre côté, à Alfort, chez le Canard domestique également, de jeunes Ténias encore en état d'indifférence sexuelle, pourvus d'une trompe renllée au sommet, et portant 22 crochets longs de 17 [i.. Nous les avons rapportés à cette espèce, bien que le manche de ces crochets (fig; 196) fût beaucoup plus mince que dans les figures de Krabbe. Les der- niers anneaux étaient infundibuliformcs. Mrâzek a trouvé, dans deux petits Ostracodes d'eau douce [Cypris ovum Jur. et Cijpi'ia ophthalmlca Jur. [Cypris co)npvessa Baird]), vivant dans une source de prairie, en Fiolième, un Cysticercoïde légèrement déprimé, de 140 à 190 tx de diamètre, pourvu de 22 à 31 (ordinairement de 23 à 27) crochets dont la forme et les dimensions se rapportent à ceux du D. coronula, sauf en ce qui concerne le manche, qui est plus mince que dans les figures de Krabbe. Ce Cysticercoïde est pourvu d'un appendice caudal 3 a 5 fois plus long que le diamètre du corps, et portant encore les 6 crochels embryon- naires, longs de 8 [x; on peut le dénommer Cercocystis D. coronulœ. — Ros- seter l'avait déjà trouvé, dans le Kent, chez Cypris cinerea; Montez l'a revu chez des Cypria ophthalmka provenant du nord de la France, du comté de Durham et du lac Silaï, en Chine. Dicrauoténia régulier (D. xquah'dis [Rud.]. — Syn. : T. xquabilis Rud., 1810). — Long de 16 à 35 centimètres, large de 3™", 2 à 4'"'", 6. Tête subglobuleuse ; rostre obové, armé d'une couronne simple de 10 crochets longs de 27 à 32 \i; ventouses assez grandes, orbiculaires, saillantes. Cou très court. Premiers anneaux très grêles et très courts ; les suivants tra- pézoïdaux, beaucoup plus larges que longs, avec les angles postérieurs aigus et saillants, mais devenant un peu obtus vers l'extrémité de la chaîne. Pores génitaux unilatéraux. Intestin grêle du Cygnus musiciis, du Cygnus olor (Bremser) et du Fuligula marila. — Gervais et Beneden, puis von Linstow l'attribuent, probablement par erreur, au Cygne domestique, et non au Cygnus miisicus. Dîcranoténîa rhouiboïcie (D. rhomboidea [Duj.]. — Syn. : T. rhomboidea Duj., 1845). — Long de 33 millimètres, large de 1 millimètre. Tète rhom- boïdale ou prolongée en avant par une gaine tubuleuse contenant une trompe épaisse, ovoïde, oblongue, armée d'une couronne simple de 10 cro- chets longs de 47 à 66 a ; ventouses assez larges. Anneaux trapézoïdaux, 2 là 3 fois aussi longs que larges. Pores génitaux unilatéraux; pénis lisse. Crochets de l'embryon longs de 14 a. Celte espèce, rencontrée par Dujardin et par divers autres observateurs dans l'intestin du Canard sauvage, est probablement identique au Taenia trili- neata Batsch, 1786, et au T. conica Molin, 1858. Or, Diesing signale par erreur le T. trilineata comme ayant été recueilli par Rudolphi chez le Canard do- mestique. Von Linstow reproduit cette erreur et en commet une autre du même genre au sujet du T. conica, de sorte que la plupart des auteurs ont cru devoir attribuer au Canard domestique des parasites qui ne lui appar- tiennent pas. 304 VERS. Dicranoténia cunéiforme {D. cuneata [Linst,.]. — Syn. : T. cuneata von Linstow, 1872, iiec Bcatscb, 1786 ; T. sphénoïdes Raill., 1892). — Long de 2 millimètres, large de 1 millimètre. Tète petite, à peu près aussi longue que large, légèrement rétrécie en arrière en forme de cou, munie d'une trompe rélractile armée de 12 crochets longs de 32 [x, à manche court, de même longueur que la garde ; ventouses ovalaires,à grand axe longiludinal. Anneaux presque toujours au nombre de douze, augmentant graduellement en largeur du premier au dernier, de façon que l'ensemble présente la forme d'un coin ; le dernier contenant des œufs mûrs. Pores génitaux al- ternes, occupant un des angles antérieurs de l'anneau. Intestin de la Poule (von Linstow). Ne se rattache qu'avec doute aux Di- cranotœnia. — Selon Grassi et Rovelli, le Cysticerooïde de ce Téniadé se déve- loppe dans un Lombric, VAUobophora fœtida Eisen ; il est complètement dépourvu de queue, comme celui du I)r. infundibuliformis (Gœze). Genre Échinocotyle {Echinocotyle H, Bl., 1891). — Tète prolongée par un rostre rétractile armé d'une couronne simple de crochets uniformes, en petit nombre, à manche beaucoup plus long que la garde, qui est très faible ; ven- touses garnies de petits crochets. Ce genre ne comprend encore qu'une seule espèce. Échinocotyle de Rosseter [E. Rosseteri R. Bl., 1891). — Connue seule- ment à l'élat jeune, le plus grand exemplaire mesurant l™™,lo de long sur Qmm^lj^ (Je large. Tête subsphérique ou elliptique; rostre allongé, portant à son extrémité 10 crochets longs de 31 à 38 [j. ; ventouses oblongues, à grand axe longitudinal, garnies de crochets disposés en trois séries : une pour cha- que bord et une occupant le grand axe, chacune étant formée de plusieurs rangées de petits crochets à pointe réfléchie en arrière. Cou long, assez grêle. Anneaux plus larges que longs, les premiers à peine plus larges que le cou, les autres augmentant graduellement de longueur et de largeur, et se débordant en dents de scie. Pores génitaux unilatéraux ; pénis grêle, couvert de fines spinules. Ce Ver a été obtenu par T. B. Rosseter, de Canterbury (Kent), en faisant ingérer à un Canard des Cypris cinerea Brady provenant d'une mare des environs de cette ville et renfermant un Cercocystis particulier. Genre Davainéa [Davainea R. BL et RailL, 1891). — Vers de taille petite ou moyenne, dont la tête est munie d'un rostre rétractile, lequel est armé d'une double couronne de crochets très nombreux, petits, à lame et à manche courts, m.ais à garde très développée (1), ce qui leur donne un peu l'aspect d'un marteau à bec recourbé. Ventouses bordées de plusieurs rangées de crochets ou spinules. Pores génitaux quelque- fois irrégulièrement alternes, mais plus souvent unilatéraux; dans ce dernier cas, les œufs sont habituellement rassemblés en petits groupes dans des sortes de capsules. (I) Les crochets doivent être néanmoins mesurés de rextrémité de la lame à celle du manche. PLATHELMINTIIES. — CESTODES. 305 Ces Vers vivent dans l'intestin grêle des Oiseaux (Coureurs, Gallina- cés, Pigeons) et même de l'Homme (1). Leur développement est encore peu connu; on a cependant observé la larve de quelques espèces dans des Insectes et des Mollusques; elle paraît se rattacher au genre Monocercus Villot. Les espèces qui figurent au tableau suivant sont parasites des Oiseaux domestiques : / 5 anneaux au plus ; rostre à 80 rrochcts cnvi- „ ... \ ron, lon seine EnUvicklungsgeschichte. Naturwiss. Wochenschr., IV, p. 257, 1889. PLATHELMINTHES. — CESTODES. 319 fèrcs. Il se basait sur la présence de Bothriocéphales dans l'inlestin de quelques-uns des Chiens auxquels il avait fait prendre de ces embryons. Mais ces expériences manquaient absolument de rigueur, d'autant que Knoch opérait dans une localité où le parasite est très abondant chez THomme, et que, dans ces conditions, les animaux pouvaient s'être infestés spontanément. En les répétant à Giessen, où le Bothriocéphale ne règne pas, Leuckart n'obtint que des résultats négatifs. Cette question du développement direct a du reste perdu presque entièrement son importance à la suite des expériences de Max Braun, Dès 18G3, Bortolus avait considéré comme l'état larvaire du Bothrio- céphale large le Ver agame décrit par Rudolphi sous le nom de Ligula nodosa {selon Diesing, ce ne serait qu'un fragment de Triœnophorus) ^ et qui vit en parasite chez divers Salmonidés (1). En 1881, le profes- seur Max Braun, de Dorpat, eut l'idée d'examiner attentivement les Pois- sons apportés au marché de cette ville, et ne tarda pas à rencontrer chez le Brochet, puis chez la Lotte, {") iJ Q Fig. 208. — Larves du BoUiriocOpIialc large, d'aprfts Fig. 209. — Larves du Bothrioc(''phale large. E. Parona. — A. larve rci)li(''e sur elle-même telle extraites des tissus du Poisson, d'après qu'elle se trouve dans les muscles. B, larve enkystée E. Parona. Grandeur naturelle, (kyste libi-e dans la cavité abdominale). Grandeur naturelle. la forme larvaire que nous avons décrite plus haut, et que Knoch avait déjà observée sans en reconnaître la nature. Ces Poissons ijro- venaient des lacs Peïpous, Wirz-Jarw et Embach ; ceux qui sont amenés au marché de Saint-Pétersbourg, et qui viennent du lac Ladoga et du golfe de Finlande, étaient infestés au même degré ; ceux du lac Burtnek l'étaient un peu moins. A Dorpat, le Bothriocéphale est rare chez le Chien et ne s'observe pas chez le Chat. Braun administra un certain nombre de ces larves à 14 de ces animaux (8 Chats et 6 Chiens), dont on avait examiné avec soin les excréments, et auxquels on avait préalablement admi- nistré des anthelminthiques. On en fit l'autopsie au bout de quelques jours ou de quelques semaines. Dans deux cas seulement, chez un Chat et chez un Chien, le résultat fut négatif. Chez un troisième affecté d'entérite, on ne trouva qu'un Ver encore peu développé ; mais tous les autres présentaient des Bothriocéphales dont le nombre et le degré de développement étaient en rapport avec les éléments de (1) Voir aussi G. Dav.vine, Sur une Ligule (Ligula minuta) de la Truite du lac de Genève. Comptes rendus de la Soc. de liiol. (4), I, p. 87, 18(j-i. 320 VERS. l'expérience. — Le résultat fut négatif chez deux Canards. — Trois étudiants de Dorpat se prêtèrent également à l'expérimentation, et tous trois, au bout d'un mois environ, expulsèrent, après l'administra- tion d'anthelminthiques, desBothriocéphales plus ou moins complets. L'observation attentive des Vers développés chez les animaux et chez l'Homme, dans ces divers cas, montra des différences assez sail- lantes dans leurs caractères. — Ceux de l'Homme avaient atteint une longueur de 2"", 57 à 4°',o2, et se montraient formés de 1,000 à 1,300 anneaux, ce qui représente par jour un accroissement de 8G milli- mètres, pour 31 à 32 anneaux. — Les Bothriocéphales développés chez le Chat dans le même laps de temps sont plus courts que ceux de l'Homme et possèdent moins d'anneaux ; leur tête est notable- ment plus petite ; l'extrémité antérieure est large et épaisse, tandis que le reste de la chaîne est étroit et mince, avec des anneaux qui, pour la plupart, sont très allongés. — Ceux trouvés normalement chez le Chien sont également moins longs et moins épais que chez l'Homme; la tête atteint seulement le tiers des dimensions ordinaires, les anneaux sont plus petits et plus aplatis, etc. — L'influence du milieu sur le développement du Ver est donc considérable. Malgré la netteté de leurs résultats, les expériences de Braun susci- tèrent des critiques assez vives de la part de plusieurs auteurs, notam- ment de Kiichenmeister. Les objections étaient du reste assez sem- blables à celles qui avaient été faites à Knoch. Cela suffit à expliquer pourquoi j'avais écrit dans la première édition de cet ouvrage, en 1885, à propos de l'embryon du Bothriocéphale : « On n'est pas encore fixé d'une façon absolue sur les phases par lesquelles doit passer cet embryon. » E. Parona, de Milan, se basant sur cette mention restric- tive, ainsi que sur une assertion négative de Vogt, relative à l'influence de la chair des Poissons, résolut d'instituer de nouvelles expériences. Il avait déjà constaté, non seulement dans les Brochets, mais aussi dans les Perches du pays de Varèse, la présence des larves de Bothrio- céphale ; des recherches étendues lui montrèrent que l'infestatiou était limitée aux Poissons des lacs, et il l'observa dans les lacs lom- bards de Varèse, de Monate, de Ternate, de Cûme, d'Orta, dans le lac Majeur, ainsi que dans le lac de Genève. Il entreprit alors des essais d'infestation sur l'Homme et le Chien, avec les larves de la Perche et du Brochet : sur dix essais, huit donnèrent des résultats positifs. A peu près en même temps, F. Zschokke recherchait les larves du Bothriocéphale sur les Poissons du lac de Genève, et les découvrait non seulement chez le Brochet, la Lotte et la Perche, mais encore chez la Truite commune, l'Ombre-Chevalier et l'Ombre des rivières. Des expériences effectuées sur l'Homme fournirent des résultats positifs avec les larves de la Lotte et de l'Ombre-Chevalier, négatifs avec celles de la Perche. Les œufs apparaissaient dans les selles du dix-huitième au vingt-troisième jour après l'ingestion. — Ces larves peuvent survi- PL\THELMINTHES. — CESTODES. 321 vre jusqu'à, dix-huit jours à leur liôte ; elles meurent rapidement dans une solution saturée de chlorure de sodium, résistent quelque temps à une température de — 5 à — 10" C. et moins longtemps à -f 50 ou + 53° C. Grassi, Ferrara et Rovelli ont fait aussi sur l'homme des essais fruc- tueux, au moyen de larves provenant de la Perche et du Brochet. Parona a retrouvé les mêmes larves sur la Fera du lac Léman, Zschokke sur la Truite des lacs pèchée dans le Rhin, à Bàle. Et il est évident que la liste des Poissons qui peuvent servir d'hùte intermédiaire au Bothrio- céphale est loin d'être close. Organisation. — Les détails que nous avons donnés au sujet des Ténias nous permellront d'étudier plus rapidement l'organisation interne du Bollu'iocépliale. Il convient de faire remarquer d'abord que les bothridies occupent en réalité les faces supérieure et inférieure de la tête, comme le montre la situation des nerfs et des vaisseaux [iv^. 210); elles n'ont pris une position latérale que par suite d'une torsion effectuée par le cou. Aucune observation importante en ce qui concerne le tissu fondamental, les téguments et les muscles. — Le système nerveux est re- présenté par deux troncs longitudinaux situés au milieu de l'espace qui s'étend entre la ligne médiane et le bord des anneaux; d'après Nie- Fig. 210. — Coupc verticale passant miec, ces deux troncs latéraux, arrivés à l'ex- p*'"''' "''l'eHdc la tèie du Bothrioce- .,.,,,,.,. .• ,• , . 1 ■ , phalus latiis, d';iprès R. Moniez. — tremite de la tête, s mclment a la rencontre „, cordonsnerveux. vs, vaisseaux de l'un de l'autre, et, après un renflement insi- la zone centrale, m', vaisseaux sous- , -P . ■ ■ L ■ i cuticulaires. ml, fibres musculaires gnifiant, se réunissent par une puissante com- i„„„;, .h ...i»- 1 a "^"*"" ~ _ ' i i longitudinales. Les deux dépressions missure olfrant dans son milieu un épais- correspondent aux botiiridies. sissenient qui renferme des cellules gan- glionnaires. Les deux troncs se prolongent encore au delà de la com- missure et se terminent en émettant une série de filets nerveux courts et grêles. En deçà de la commissure, ils donnent naissance, de chaque côté, à quatre nerfs qui se recourbent eu arrière et se perdent dans la tète. — Il n'existe dans la zone central qu'un seul vaisseau de chaque côté de la ligne médiane, un peu en dedans du cordon nerveux; on a décrit, en outre, des vaisseaux sous-cuticulaires, au sujet desquels les renseignements sont peu précis. Les foUiciiles testiculaircs occupent les parties latérales de l'anneau ; les spermatozoïdes ont une queue très courte ; on ne sait pas bien exactement si ces produits cheminent à travers les tissus ou dans des canaux à parois propres. En tout cas, ils aboutissent à un spermiducte ou canal déférent très long, replié sur lui-même, qui va s'ouvrir au sommet d'un petit tubercule situé à la partie antérieure de l'anneau, après avoir traversé un bulbe mus- culeux et une poche péniale pourvue elle-même de fibies musculaires. Les contractions de celles-ci déterminent le renversement du spermiducte, qui fait saillie sous forme de pénis. Railliet. — Zoologie. 21 322 VERS. Les organes femelles sont constitués essentiellement par un ovaire et des vitellopènes. — Vovaire est appliqué contre la couche inférieure des muscles circulaires, dans la partie postérieure de l'anneau, et empiète un peu sur l'anneau suivant. 11 présente des traînées d'ovules qui rayonnent vers un point central, où ils vont s'accumuler quand ils sont détachés. Il existe en outre une sorte d'ovaire central, dont les éléments ont été regardés comme des glandes unicellulaires deslinées à sécréter la coque de l'œuf; ces élé- ments ou ovules entrent en régression sur les anneaux mûrs et ne parais- sent pas donner naissance à des œufs. — Les ovules sont recueillis par un pavillon qui s'ouvre contre le point central précité de l'ovaire. Ce pavillon donne entrée dans un oviducte qui rencontre bientôt un petit canal émané du réceptacle séminal, puis se continue par un tube qui deviendra la ma- trice, et qui lui-même ne tarde pas à recevoir un affluent, le vitelloducte. pjo.. 211. Schif-ma d'un anneau de Bothriocépliale large, vu par sa face ventrale. — v, vaisseau. n, nerf, tt, testicules sp, spermiducte ou canal déférent, op, orifice du pénis, vo, ovaire. j3u, pavillon. mt, matrice, om, oriCce de la matrice ou tocostome. vt, follicules vitellogènes. do, vitelloducte. vg, vagin, ovg, orifice du vagin. Le vagin naît immédiatement en arrière de la poche péniale; il se dirige vers la partie postérieure de l'anneau, et s'élargit en un vaste réservoir sé- minal [recepUiCulum seminis), qui communique avec l'oviducte par un très court canal. Ce vagin est cilié : il amène les spermatozoïdes qui féconderont les ovules au passage. Les vitellogènes, que nous n'avons pas eu à signaler chez les Ténias, sont des glandes l'eprésentées par des amas cellulaires ou follicules, répandus sur les deux faces de l'anneau, sauf dans le champ médian, et situés entre la couche sous-cuticulaire et la couche des muscles longitudinaux. Leurs éléments se résolvent en granulations vitellines, qui cheminent à travers les tissus, sous forme de boyaux, comme les spermatozoïdes, et convergent vers un centre commun ; de là s'élève une colonne de vitellus, qui pénètre dans un canal collecteur, le vitelloducte, et va bientôt tomber dans la matrice. Par suite de cette disposition, les granules vitellins ne sont adjoints aux ovules qu'après la fécondation. La matrice est constituée par un tube dont la disposition est assez simple sur les anneaux jeunes; mais l'accumulation des œufs dans son intérieur l'oblige bientôt à décrire des circonvolutions nombreuses, qui s'enchevêtrent PLÂTHELMINTHES. CESTODES. 323 avec celles du spermiducte, tout en s'écarlant à mesure que l'anneau gran- dit. La porlion terminale de .ce tube matrice offre des parois épaisses; elle aboutit à un pore ventral, situé a quelque distance en arrière des orifices du spermiducte et du vagin : c'est par cette ouverture {tocostomc) que s'effec- tue la ponte. D'après les faits qui viennent d'être exposés, on voit que les ovules for- més dans les branches rayonnantes de l'ovaire se dirigent vers un point central, oii ils sont recueillis par le pavillon. Dans le conduit qui émane de cet organe, ils ne lardent pas à rencontrer les spermatozoïdes qui débou- chent du réservoir séminal, et la fécondation a lieu. Un peu plus loin, ils se trouvent en contact avec les granules vitellins que le tube vitelloducte dé- verse dans la matrice; ils s'organisent alors définitivement, et on les voit bientôt entourés d'une coque. L'œuf ainsi formé renferme une cellule-œuf Fier. 213. IV ov pV v§ Fig. 212 cl 213. — Coupes scliématiques longitudinale et transversale d'un anneau de liothriocéphale large. — c, cuticule, se, couche sous-cuticulaire. ml, muscles longitudinaux, me, muscles circulaires. V, vaisseau, n, nerf. tt. testicules, sp, spermiducte. 66, bulbe, pp, poche p(?niale. ou, ovaire, oc, ovaire central, pv, pavillon, rfc, vitelloducte (les follicules vitellogènes ne sont pas dans le plan de la coupe). mt. matrice, avec ses circonvolutions coupées, om, tocostorae ou orifice de la matrice, rs, réservoir séminal, vg, vagin, ovg, orifice du vagin. assez volumineuse, pourvue d'un gros noyau nucléole, et des éléments ac- cessoires plus petits, d'origine vilelline (fausses cellules), dont le noyau n'offre pas de nucléole. La coque parait n'èti-e auti^e chose que la membrane vitelline. Anomalies. — L'une des plus communes est à coup sûr le dédoublement des orifices génitaux, qu'on trouve placés côte à côte dans le même anneau. Leuckart dit qu'il n'a presque jamais observé un exemplaire de Bothriocé- phale n'offrant pas cette anomalie au moins sur quelques anneaux. Les deux moitiés de l'anneau sont alors plus ou moins distinctes, et possèdent chacune un appareil génital particulier. Knoch a vu l'orifice mâle situé sur le bord de l'anneau. Pittard a signalé, sur un exemplaire conservé à Londres, une disposition qui rappelle celle des Ténias trièdres. 11 n'est pas rare de rencontrer aussi des Bothriocéphales perforés, et comme les anneaux sont très courts, la fenestration porte en général sur plu- sieurs anneaux consécutifs. Si elle est très étendue, il en résulte une bifur- 324 VERS. cation qui peut se montrer soit sur le milieu de la chaîne (Délie Chiaje), soit sur la portion terminale (Bremser). Mais il est possible aussi que cette bifi- dité soit liée au dédoublement des organes sexuels. Pallas et Grassi ont observé des formes à chaîne grêle (B. latus var. tcnella). Par contre, Bugnion, de Lausanne, a vu des exemplaires à très larges anneaux. Distribution géographique. — Contrairement aux deux grands Ténias de l'Homme, le Bothriocéphale est loin d'être cosmopolite : sa distribution est en rapport avec celle des Poissons qui lui servent d'hôte intermédiaire, et partant avec la constitution hydrologique des localités. Le Ver est en somme confiné au voisinage de certains lacs ou de certaines mers. On sait que sa patrie classique est la Suisse française, la région des lacs de Genève, de Neuchàtel, de Bienne et de Morat. Zschokke admet qu'autrefois 1 habitant sur 10 était infesté à Genève; mais, depuis une trentaine d'an- nées, la proportion s'est abaissée jusqu'cà 1 pour 100 environ. A mesure qu'on s'éloigne des lacs, la fréquence du parasite diminue graduellement, de sorte qu'il devient très rare à quatre ou cinq lieues, et qu'au delà on n'en observe plus que des cas isolés, comme dans les déparlements français limitrophes. Il se rencontre aussi dans la Haute-Italie, en Lombardie, en Piémont. Un autre foyer important — le plus important — correspond au littoral de la Ballique. Il y a là une zone immense, partant du cours inférieur de la Vistule et contournant les golfes de Riga, de Finlande et de Botnie ; elle com- prend la Prusse orientale, les provinces russes de la Baltique (Kovno, Cour- lande, Livonie, Esthonie, Saint-Pétersbourg), la Finlande et la côte orientale de la Suède. Dans certaines régions de cette zone, 'notamment enFinlande et dans le nord de la Suède, le parasite est d'une fréquence extraordinaire ; toutefois, il est à remarquer, en ce qui concerne cette dernière contrée, qu'il disparaît à huit ou neuf lieues de la côte, de sorte qu'on devrait peut-être incriminer l'usage d'un Poisson de mer. Sa fréquence diminue d'ailleurs à mesure qu'on pénètre en Russie, en Pologne, etc. Il n'est pas très rare en Danemark, non plus qu'en Irlande. Depuis quel- ques années, il est apparu aussi en Bavière, oîi le centre d'infestation paraît être le lac de Starnberg, probablement souillé par les déjections de voya- geurs qui hébergeaient le Ver. On commence à en signaler aussi des cas en Belgique et en Hollande. Il est presque inconnu en France en dehors des frontières .de Suisse, et les quelques cas observés doivent provenir de Pois- sons importés. On peut en dire autant de l'Angleterre, de l'Allemagne du Nord et de l'Autriche. En Asie, on l'a signalé dans le Turkestan, ainsi qu'au Japon, où Janson l'a trouvé chez 30 p. 100 des Chiens. Pathologie. — Gomme les grands Ténias, le Bothriocéphale large est ordinairement solitaire dans l'intestin ; cependant, E. Parona l'a trouvé multiple dans la moitié des cas, en Lombardie ; Huss en Suède et Krabbe en Danemark en ont aussi trouvé généralement plusieurs à la fois. Roux, en Suisse, a vu un malade en expulser en une seule fois 90, et Bôttcher, en Livonie, en a recueilli près d'une centaine en PLATHELMINTHES. — CESTODES. 325 pratiquant une autopsie. Il n'est pas rare de trouver en même temps des Ténias ou des Nématodes divers. On rencontre surtout le Bothriocéphale chez les adultes; mais il a été signalé aussi chez des enfants, voire des nourrissons, et chez des vieillards. Krabbe Ta trouvé beaucoup plus fréquemment chez la femme que chez l'homme, ce qui est peut-être accidentel. Mais il est évident que sa fréquence dépend avant tout du mode d'alimenta- tion : c'est ainsi qu'il est extrêmement répandu dans les populations ichtyophages, et en particulier chez celles qui consomment le Poisson cru. A Genève, c'est la Lotte qui joue le principal rôle dans l'infesta- tion : elle est consommée en très forte proportion, et les ovaires, le testicule, le foie — morceaux de choix des gourmets — sont mangés presque crus. Le parasite peut séjourner pendant des années dans l'intestin de l'Homme. Mosler en a vu un persister quatorze ans; Seeger aurait même observé un malade atteint depuis \ingt et un ans. Les symptômes provoqués par le Bothriocéphale sont analogues à ceux dont nous avons parlé à propos des Ténias. Toutefois, il est à noter que, d'après E. Parona, les troubles intestinaux prédominent sur les accidents d'ordre sympathique. Et nous devons ajouter que divers médecins ont accusé ce Ver de produire une forme particulière d'anémie pernicieuse, ce que Shapiro attribue à l'élaboration par le parasite d'une substance toxique. Le diagnostic est facile à assurer par l'examen des fèces. Il faut noter que les anneaux du Bothriocéphale ne se séparent pas en cucur- bitins comme ceux des Ténias, et que souvent ils restent fixés à la chaîne après la ponte : la séparation se fait par fragments assez longs, d'ordinaire ratatinés ou tordus. En ce qui concerne le traitement, les opinions sont contradictoires. Laboulbène dit que, de tous les Ces- todes, le Bothriocéphale est le plus tenace elle plus difficile à évacuer; E. Parona, se basant sur un grand nombre d'essais, affirme au contraire que c'est celui dont on se débarrasse le plus aisément. — La prophy- laxie est facile à régler : ne consommer la chair des Poissons qu'après une cuisson complète ; empêcher le déversement des excréments humains dans les lacs ou dans les rivières. Bothriocéphale à crête (B. cristatus Davaine, 1874). — Ver formant un ruban épais et raide, roussàtre, opaque, finement strié en travers, avec un sillon médian longitudinal sur les deux faces. Tèle ap'atie, ovale, lan- céolée, longue de 3 millimètres, large de 1 millimètre, épaisse de 0'"°^,6. Extrémité libre et pointue offrant sur chacune de ses faces planes une crête longitudinale saillante, longue de 1 millimètre, qui forme avec sa congénère un rostre rigide et couverl de papilles; chacune de ces ci êtes se continue en arrière, sur la face correspondante de la tète, par deux prolongements divergents. Pas de bothridies apparentes. Cou nul. Chaîne se continuant in- sensiblement avec la tète; d'abord très grêle (l"""), atteignant brusquement 326 VERS. 4 millimètres de largeur à 15 ou 20 centimètres de la tête, puis s'élargissant graduellement jusqu'à la distance de 90 centimètres, oii elle mesure 9 milli- mètres, et décroissant ensuite jusqu'en arrière, où les anneaux les plus étroits n'ont plus que 3 millimètres. Tous les anneaux très courts ; déjà bien distincts à 2 millimètres, ils atteignent imra 15 (Je longueur à 90 centimètres et ne dépassent pas 2'"™,o ; ils sont remarquables par la saillie de leur bord postérieur, qui embrasse l'an- neau suivant comme une manchette. Orifices génitaux comme dans le Bo- thriocéphale lai^ge; rosette utérine pa- raissant plus étroite et plus longue. Corpuscules calcaires nombreux, sur- tout dans la tète. Œufs longs en moyenne de 75 ;j., larges de o5 |i. ; offrant assez souvent à l'un des pôles, ou même aux deux, unépaississement de la coque en forme de bouton. Cette espèce a été établie par Davaine sur deux spécimens : le premier, recueilli par Féréol chez un enfant de cinq ans, né et élevé à Paris, se composait de plusieurs fragments dont l'un portait la tête ; il pouvait mesurer au plus 3 mè- tres; l'autre, long de 9^ centimè- tres, n'avait point de tête ; il avait été expulsé spontanément par un individu habitant la Haute-Saône et âgé d'environ quarante ans. Davaine pense que ce Ver a dû être observé déjà plus d'une fois, mais confondu avec le B. latus. Tel est le cas d'un auteur anonyme qui, en 1776, l'a décrit et dessiné d'après un exemplaire expulsé par un homme de trente ans, à Kempten, en Bavière. Cobbold tend à y rapporter aussi des Bothriocéphales conservés au Musée de Westmins- ter Hospital médical Collège, à Londres. On peut se demander, au surplus, s'il ne s'agirait pas là d'une monstruosité ; mais la question ne pourrait être résolue que par l'étude histologique. Fig. 214. — Tète du Bof/a'iocephahi.i eristatus, vue de face à gauche ot de profil à droite. — o, a, crête médiane ; ô, son prolongement en arrière ; c,c, traînt'e externe de corpuscules calcaires; dd, traînée interne (Davaine). Bothriocéphale cordé (JB. cordatus Leuck., 1862). — Ce Ver est long au plus de l™,lo, et comprend alors environ 600 anneaux (ordinairement il n'en existe guère que 400). La tète est courte, large, aplatie d'un côté à l'au- tre, cordiforme, creusée de deux profondes bothridies situées sur les faces ventrale et dorsale; elle atteint au plus 2 millimètres en longueur comme en largeur. Le cou est nul : immédiatement en arrière de la tête, le corps se PLATHELMINTHES. — CESTODES. 327 montre pourvu d'anneaux visibles à l'œil nu; ceux-ci s'accroissent si rapi- dement que rextrémilé antérieure de la chaîne présente la forme d'une lan- cette. A 3 centimètres de la tète, ils ont déjà atteint leur maturité sexuelle ; 3 centimètres plus loin, ils sont arrivés à leur plus grande largeur, qui est de 7 à 8 millimètres et même 1 centimètre. Le nombre des anneaux non mûrs, c'est-à-dire ne contenant pas d'œufs à coque solide, est tout au plus d'une cinquantaine, et la plupart d'entre eux mon- trent déjà des orifices sexuels sur la ligne médiane ventrale. A mesure que la maturité s'accuse, on distingue une zone médiane claire et des zones laté- rales d'un gris sombre. Les anneaux mûrs ont une longueur moyenne de 3 à 4 millimètres, mais la contractilité du Ver est telle qu'ils se raccourcissent — jijj= parfois jusqu'à 1°'",3, en augmentant de largeur et Fig. 2i5.--T(,He du Bothrio- d'épaisseur. Les derniers anneaux ont en général cephaïus coniatus. — a.yMe, r. , . ,111 de profil et b vue de face, une lorme carrée et mesurent dans les deux sens d'apKs Louckart. 5 à 6 millimètres. La face dorsale est parcourue, dans son milieu, par un sillon longitudinal; un semblable sillon se voit éga- lement à la face ventrale, en arrière des orifices sexuels. Le parenchyme renferme de nombreux corpuscules calcaires. L'utérus est plus long et plus étroit que chez le Bothriocéphale large ; il présente en outre un plus grand nombre de branches latérales (6 à 8). Les œufs sont ellipsoïdes, longs de 7b à 80 i)., larges de ."iO ix. Le Bothriocéphale à tête en cœur a été découvert par Olrik à Godhavn, dans le nord du Groenland. Un seul exemplaire, long de 26 centi- mètres, fut rendu par une femme enceinte, en 1860; mais le même observateur en recueillit une vingtaine d'exemplaires chez six Chiens, dont trois les avaient expulsés librement. Trois autres Chiens examinés par Pfaff, médecin dans le nord du Groenland, hébergeaient un total de vingt-quatre vers. Pfaff en trouva aussi quatre exemplaires dans l'intestin grêle d'un Phoque barbu de l'île de Disco, et Zimmer trois exemplaires chez un Morse. — Contrairement à ce qui a été dit par Leuckart, ce Bothriocéphale n'a pas encore été rencontré en dehors du Groenland. On ignore quel en est l'hôte intermédiaire ; mais on peut aisément prévoir qu'il s'agit d'un Poisson. Krabbe signale, comme anomalies observées chez ce Ver, une courte fissure longitudinale sur la ligne médiane à l'extrémité postérieure, et une intercalation assez fréquente d'articles cunéiformes, sans dédou- blement des organes génitaux. Bothriocéphale de Manson {B. Mansoni [Cobbold]. — Syn. : Ligula Afanso?ii Cobbold, 1883 ; B. liguloides Leuck., 1884; B. Mansoni R. Bl., 1886). — Ce Ver n'est encore connu qu'à l'état larvaire. Longueur de l'animal vi- vant 30 à 35 centimètres ; largeur 3 millimètres ; épaisseur 0°>"',4. Corps aplati, non segmenté, marqué de plis transversaux irréguliers, progressive- ment rétréci en arrière, et dilaté à son extrémité antérieure en une sorte de 328 VERS. disque. Celui-ci porte en avant une élévation papilliforme sur laquelle se trouve la tête proprement dite, qui est un peu comprimée et d'ordinaire plus ou moins complètement invaginée. Il n'y a aucune trace d'orf^anes sexuels, ni même aucune dilTérence appréciable entre les deux surfaces du corps. Le D"' Patrick Manson, d'Amoy, a rencontré ce Ver en 1881, à l'au- topsie d'un Chinois de trente-quatre ans, atteint d'une hypertrophie éléphantiasique du scrotum et mort de dysenterie dix-huit jours après l'opération. Une douzaine d'exemplaires occupaient le tissu conjonclif sous-péritonéal, les uns pelotonnés, les autres allongés; un seul était libre dans la cavité pleurale droite. Ils étaient animés de faibles mouve- ments, comparables à ceux des Ténias. Avant les communications de Manson et de Cobbold, Leuckart (1) avait déjà reçu des spécimens du même parasite, recueillis par le D"" Scheube, directeur de l'hôpital de Kioto, chez un Japonais de vingt- huit ans, qui avait longtemps souffert d'hématurie, était ensuite devenu syphilitique, et avait enfin présenté une hypertrophie du testicule gauche accompagnée de dysurie et de douleurs vésico-urétrales. Un seul fragment de Ver, comprenant la tête, fut évacué par le canal de l'urètre. Plus récemment, Ijima et Murata ont publié de nouvelles observa- tions relatives à l'occurrence de ce parasite au Japon. Ils en ont relevé sept cas, chez des individus de neuf à quarante-deux ans : dans trois de ces cas, le Ver fut expulsé par l'urètre ; dans trois autres, on le trouva sous la conjonctive ; dans un dernier, il fut évacué par abcédation d'une tumeur de la cuisse. Le plus grand exemplaire, qui vécut deux heures après sa sortie du canal urétral, mesurait 3G4 millimètres de long sur 12 millimètres de large. Ce parasite nous paraît offrir les plus grands rapports avec Sparga- num reptaus Diesing. D'ailleurs, Ijima et Murata ont déjà observé une larve analogue chez Inuus speciosus et Mustela itatsi, et Sonsino en a reçu de Walter Innés un exemplaire recueilli en Egypte sous la peau d'un Chacal. Botliriocéphale noirâtre {B. fuscus Krabbe, 1865). — Ver long de 8 millimètres à 80 centimètres. Tête comprimée, lancéolée, un peu plus large que le cou. Premiers anneaux peu distincts, apparaissant à quelque distance ou immédiatement en arrière de la tète. Longueur des anneaux s'accroissant d'une façon régulière depuis O^^jS environ jusqu'à 5 millimè- tres, puis diminuant, alors que la longueur augmente, de sorle que les an- neaux deviennent souvent plus longs que larges. Utérus formant une tache centrale noire bleuâtre et comprenant dix à douze anses de chaque côté dans (1) 11. Lecckart, Démonstration einiger seltener menschlicher Eiitozoen. Tagebl. 57 Versaraml. deutsch. Naturforsch. Magdeburg, 1884, p. 321. — I. Ijima and K. Murata, Some ne'r cases of Ihe occi/z-rence o/" Bothriocepholus liguioides Ll (with I pi.). Journ. of the Collège of Science Impérial University, Japan, 11, p. 149, 18,->8. — P. So.nsixo, Studi e 7iolizie elmintologiche. Soc. Tosc. di Scienze natur., 12 maggio 1889. PLATIIELMINTHES. — CESTODES. 329 les anneaux postérieurs. Oilufs brunàlres, ellipsoïdes, longs de 'S'6 à 60 [i.. Pas de corpuscules calcaires. Krabbe a rencontré ce Ver dans l'inlesLiu de deux Chiens, en Islande : le premier en renfermait deux petits exemplaires et le second 22 de différentes giandeurs. Dans la partie postérieure de la chaîne, il n'était pas tare d'ob- server 2 ou 3 anneaux qui n'étaient pas séparés l'un de l'autre, ou du moins ne l'étaient qu'à l'un des bords. Le même auteur a décrit, sous les noms de B. reticulalus et B. dubius, deux espèces douteuses rencontrées aussi en Islande, chacune chez un Chien; ce ne sont peut-être que des variétés de la précédente. Genre Bothrioténia {Bolhriotxnia Raill., 1892). — Deux bothridics. Orifices génitaux situés sur les bords des anneaux. Bothrioténia longicol (B. longicollin [Molin]. — Syn. : Dlbothrium lon- (/ico/Ze Molin, 1858; Bothriocephalus longkollis von Linstow, 1878). — Lon- gueur 18 à 27 millimètres ; largeur 4 millimètres. Tête petite, claviforme, épaissie, offrant deux bothridies marginales oblongues et une petite dépres- sion centrale à son extrémité antérieure. Cou long, très grêle. Corps ténioïde, déprimé, parcouru par deux sillons longitudinaux. Premiers anneaux très courts, les suivants presque carrés, imbriqués-perfoiiés, les derniers en ellipse transversale, épais, à bords arrondis. Anneaux mûrs oîîraut des ta- ches anguleuses en mosaïque, formées par des poches ovifères. Orifices gé- nitaux unilatéraux, situés sur le milieu du bord de chaque anneau. Quatorze expmplaires trouvés dans l'intestin grêle d'une Poule, à Pavie, par Molin. L'aspect des anneaux mûrs rapprocherait ce Ver des Davainea. BoTHRiocÉPHALiDÉ DU PiGEON. — Ver blauc jaunâtre, long de 24 centimè- tres. Tète munie de deux bothridies aplaties. Cou court. Premiers anneaux très courts et très étroits; les suivants augmentant en largeur jusqu'à ce qu'ils aient atteint 6 millimètres, puis se rétrécissant de nouveau vers l'extrémité postérieure. Le bord de la chaîne est denté, à dents aiguës en avant, mousses en arrière. Pores génitaux... ? Un exemplaire rendu par un Pigeon messager, à Elberfeld (Cornélius, 1874). Cet Oiseau, qui était devenu triste et indolent, reprit toute sa gaité après l'expulsion du parasite. Il faut rapprocher de ce cas celui signalé par Ilzigsohn, de Neudamm (Brandebourg). Ce médecin avait été appelé auprès d'un enfant qui, assu- rait-on, venait de vomir un Ver. On lui montra en effet un Bothriocéphale; mais une enquête sérieuse permit de reconnaître que l'enfant avait joué avec un Pigeon tué la veille par son père, et dans lequel on retrouva un Ver tout à fait semblable. Sous-famille des ligulinéS. — Le corps est formé de segments courts, souvent peu distincts et mal délimités, ou même ne montre pas de segmen- tation extérieure ; mais les organes génitaux sont multiples. La tète est pourvue en général de deux bothridies, en forme de sillons. Les orifices gé- nitaux sont situés sur la face ventrale. Les Ligules [Urjula Bloch, 1782) vivent à l'état larvaire dans la cavité gé- nérale des Poissons osseux, surtout des Cyprinidés : cette forme asexuée 330 VERS. correspond à Ligiila simplicissima Rud. Elles achèvent leur développement dans le tube digestif des Oiseaux aquatiques et y deviennent sexuées': dans cet état, on en a distingué un certain nombre d'espèces, dont quelques-unes seulement sont bien connues (1). Radolphi et Creplin avaient déjà indiqué ces migrations et ces métamorphoses, dont Duchamp a donné la démonstra- tion expérimentale (2). L'œuf, rejeté par les Oiseaux aquatiques, tombe au fond de l'eau, sur la vase. Au bout de quelques semaines, il en sort un embryon hexacanthe re- vêtu de cils vibratiles, qui est ingéré par les Poissons et se développe dans leur cavité générale sous la forme de L. simplicissima. Celle-ci a la forme d'un long ruban aplati, de couleur blanc jaunâtre, assez large et arrondi à l'extrémité antérieure, graduellement atténué en arrière, où il se termine tantôt en pointe, tantôt par une sorte d'appendice étroit et court. Placée dans Feau froide, elle subit une élongation considérable aux dépens de sa largeur. Le Poisson envahi par les Ligules présente un développement anormal du ventre, qui prend une teinte jaunâtre gagnant peu à peu tout le corps ; ses mouvements deviennent plus lents, etc. La cavité générale est remplie d'un liquide séro-sanguinolent ; sa séreuse est enflammée et revêtue de fausses membranes. Les Ligules, en nombre variable, sont enchevêtrées d'ordinaire entre le foie et les anses intestinales. Ces Vers séjournent un temps plus ou moins long — jusqu'à deux ans — dans les Poissons ; mais on voit finalement apparaître en un point du corps, d'ordinaire en avant de l'anus, une saillie arrondie [bouton des pêcheurs) qui s'ouvre à un moment donné, et laisse ainsi échapper les Ligules. Dans certains cas, le Poisson ne paraît pas souffrir de cette émigration ; d'autres fois il périt. Mais il arrive aussi très souveat qu'il succombe sans que les Ligules se soient échappées, et il est probable qu'alors celles-ci doivent être mises en liberté par la décomposition des tissus. Les Ligules ainsi devenues libres peuvent vivre jusqu'à 8 et 10 jours dans l'eau; cependant, on n'en trouve que fort rarement dans les étangs, caries Poissons s'en repaissent très volontiers, et dans ces conditions elles se trouvent digérées sans poursuivre leur développement. Elles peuvent aussi êlre ingérées de la sorte par les Oiseaux aquatiques, mais seulement d'une façon exceptionnelle. En thèse générale, elles ne pénètrent dans le tube digestif des Oiseaux qu'avec le Poisson qui les héberge. Une fois arrivées dans ce milieu, leur évolution s'achève avec une rapidité extraordinaire : au bout de 30 heures suivant Donnadieu, de 4 jours suivant Duchamp et Moniez, les œufs sont en pleine production et se trouvent émis en grande abondance. Mais cette période d'activité sexuelle n'est que de courte durée : les Ligules sont bientôt rejetées ou digérées, et, (1) On reconnaît généralement, depuis Creplin, deux espèces de Ligules : l'une, la Ligule unisériaie [L. uniserialis, etc. Rud., 1810; L. monoçiramma Crepl., 1839) offrant une série simple, et l'autre, laLigule bisériale [L.alternans, etc. Rud., 1810; L. digramma Crepl., 1839), une série double et alternante d'organes reproducteurs. ("2) G. Duchamp, Recherches anal omiqiœs et phi/siolor/iqites sur les Ligules. Paris. 187G. — 1d., Sur les conditions de développement des Ligules. Comptes rendus Acad. se, LXXXV, p. 1230, 1877, et LXXXVI, p. 493, 1878.- A. L. Donnabieu, Contribution à l'histoire de la Ligule. 3ourn. de l'Anat., p. 324 et 421 ; pi. XIV-XX, 1877. — G. Riehm, Fûtlerungsversuche mit Ligula simplicissima. Zeitschr. f. Naturwiss. d. Ver. in Halle, LV, p. 328, 1882. — R. Moniez, loc. cit. PLATHELMINTHES. — CESTODAIRES. 331 dans les conditions expérimentales (chez le Canard domestique), il est très rare d'en retrouver des individus ovigères au bout d'une huitaine de jours. Les fragments de Ligules se déveloi^pent parfois aussi bien que les indi- vidus entiers. Ajoutons que Duchamp a pu obtenir les mômes résultats en introduisant le Ver agame dans la cavité péritonéale d'un Chien. La ligulose sévit souvent à l'état épidémique dans les étangs, où elle amène la destruction d'un grand nombre de Poissons. On sait que de 1870 à 1880, elle a ravagé, en particulier, les étangs de la Bresse. Dans certaines localités, les gens du peuple ne dédaignent pas de faire servir les Ligules à leur alimentation. D'après Rudolphi, celles d'un petit Poisson voisin du Barbeau sont recherchées et mangées avec délices en Italie, sous le nom de macarcmi pialti. Et à Lyon même, au rapport de Donnadieu, certaines personnes en font usage à la manière des Italiens. Ligule de l'Homme. — Lars Moiitin a signalé, en ITOS, le cas d'une femme de vingt-cinq ans qui avait rendu, en même temps que des Ténias et des Ascarides, des fragments de Ligules. Rudolphi rapporta ce Ver à son espèce L. cingidum. Mais il est très probable qu'il s'agissait en réalité de fragments de Ténias. Famille des TÉTRARYNCHIDÉS. — Le corps est rubané, nettement divisé en anneaux. Les orifices génitaux sont situés, comme chez les Ténia- dés, sur la tranche des anneaux. La tète est pourvue de quatre trompes pro- tractiles garnies de crochets. — Ces Vers se montrent, à l'état larvaire, enkystés chez les Poissons osseux, soit au milieu des muscles, soit dans des replis du péritoine. Sous la forme adulte, on les rencontre dans le tube di- gestif des Sélaciens, où ils ont passé avec l'hôte primitif qui sert de proie à ces Poissons. Le Tétrarynque hérissé [Tcfrarhynchus ennacciis\an Ben.) a été trouvé par Van Beneden enkysté dans le péritoine de la Baudroie (Lophhis 2:>iscaloriuî^) et du Cabillaud [Gadus morrhuu), et sous la forme adulte dans l'intestin de la Raie ronce [Raja rubuA). M. Labully (de Saint-Étienne) nous a communiqué, en 1802, des échantil- lons de Morue fraîche dont les chairs étaient envahies par de petits nodules pisiformes noirâtres. Il s'agissait de kystes renfermant chacun une larve de Tétrarynque, que nous avons cru pouvoir rapporter à cette espèce. La « Morue ladre» est assez commune; mais, comme la chair n'est nullement altérée, il n'existe aucun motif pour la soustraire à la consommation. DEUXIÈME ORDRE CESTODAIRES Plathelminthes mis, à corps allongé, mais non segmenté, dépourvus de tube digestif, de ventouses et de crochets. Endoparosites. Sous le nom de Cestodaires, Monticelli (1) rassemble des formes jusqu'à présent considérées comme des Cestodes simples, monogénéliques ou mono- zoïques. (I) F. S. Monticelli, Appunti sui Ceslodaria. Napoli, 1892. 332 VERS. Cet ordre constitue un groupe de passage entre les Cestodes et les Tré- matodes. Il se rapproche des premiers par Fabsence d'appareil digestif, et des seconds par la simplicité ou mieux l'unicité de l'appareil sexuel. Les orifices de cet appareil s'ouvrent sur la ligne médiane du corps. Le développement est parfois direct (Archigeles), mais le plus souvent il comporte des mélamorphoses et des migrations. Genres Gyrocolyle {Amphiplyches}, Amphiplina, Caryophyllxus, Archigetes. TROISIÈME ORDRE TRÉMATODES Plaihehninihes nus, non segmentés, généralement foliacés, pourvus d'un tube digestif incomplet, sans anus, et d'une ou de plusieurs ven- touses. Parasites. Les Trématodes (Tpy);j.aTt/>5r,ç, troué) ont le corps aplati, ou plus rarement cylindrique, mais toujours sans trace de segmentation (1). Le tégument est mou, non cilié chez l'adulte; il oiïre une cuticule dont les caractères et le mode de formation sont identiques à ce que nous avons signalé chez les Cestodes (2). Le système musculaire comprend des fibres circulaires longitudinales, diagonales et dorso- ventrales. Il existe des organes de fixation, représentés par des crochets et des ventouses. Celles-ci occupent toujours la face ventrale; elles offrent une structure analogue à celle des Cestodes. La zone centrale du corps, ou parenchyme médullaire, est consti- tuée par une sorte de tissu conjonctif dans lequel sont logés les or- ganes de nutrition et de reproduction. Le système nerveux n'a pu être observé jusqu'à présent que chez un petit nombre de formes. Il se compose de deux ganglions sus- œsophagiens ou cérébroïdes reliés entre eux par une courte commis- sure transversale; parfois aussi on rencontre un ganglion impair sous-œsophagien rattaché aux deux autres par deux commissures verti- cales. De chacun des ganglions cérébroïdes parlent en général : en avant, un ou deux cordons nerveux; en arrière, trois troncs longitu- dinaux principaux, réunis souvent par une série de commissures transverses et se distinguant en ventraux, latéraux ou externes, et dorsaux. Les organes sensoriels se réduisent à des taches oculaires, qu'on observe surtout pendant la période embryonnaire. Les Trémalodes adultes sont pourvus d'un tube digestif incomplet, presque toujours bifurqué, à branches simples ou ramifiées, mais (1) Fr. Sav. Monticeu.i, Saggio cli una morfolngia dei Trematodi. Napoli, 1888. (2j D'après Brandes, la couche sous-cuticulaire ne serait autre que la portion su- perficielle du tissu conjonctif parenchymateux. PLATIIELMINTIIES. — TRÉMA.TODES. 333 toujours en cul-dc-sac; souvent la bouche est terminale et située au fond d'une ventouse. Il est évident que cette bouche fait aussi fonction d'anus. Elle est suivie dun pharynx toujours pourvu d'un renflement très musculeux (bulbe pharyngien), et le plus ordinaire- rement d'un œsophage aboutissant à Tintestin. La paroi de celui-ci est constituée par une tunique musculaire directement unie au paren- chyme, et par un épithélium dont la sépare une membrane propre. Le sysirme excréieiir — qui peut- être sert aussi d'appareil circulatoire ou lymphatique — est très déve- loppé; il a son point de départ dans un réseau de lins canalicules prenant leur origine, comme chez les Ces- todes, dans des entonnoirs ciliés ou flagellés (organes segmentaires) Ces Fi canalicules se joignent de manière à constituer des vaisseaux de plus en plus larges, ciliés et non contractiles, qui convergent finalement vers un ou plusieurs canaux longitudinaux à parois contractiles non ciliées, com- muniquant avec l'extérieur ; lorsque ces canaux sont multiples [Amphis- toma), ils se réunissent en formant un renflement contractile connu sous le nom de vésicule pulsatile. Sauf de rares exceptions, les Tré- malodes sont hermaphrodites. Les organes mâles sont souvent très dé- veloppés : il existe en général deux testicules, représentés par des tubes ramifiés et terminés en cul-de-sac, ou par des masses arrondies et ma- melonnées. De ces testicules émanent deux canaux déférents, qui se réu- nissent avant de déboucher à l'extérieur par un orifice dont la situa- tion est variable. La partie terminale de cet appareil est susceptible de présenter diverses modifications; elle est en général accompagnée de glandes dites prostatiques et enfermées, quand celles-ci acquièrent un grand développement, dans une poche à parois musculaires, la poche du cirre. Quant aux organes femelles, ils se composent essentiellement d'un ovaire, encore appelé germigène, parce qu'on l'a regardé comme 216. — Sclu'tna de l'organisation d'un ïrfmatode, d'après P.-J. Van Bcneden. — DO, ventouse antérieure, ô, bouclie. ph, bulbe pliaryngicn. i, l'un des intestins, se terminant en cul-de-sac en c; l'autre intes- tin est enlevé. v,v', vaisseaux excréteurs et hnirs divisions, l'p, vésicule pulsatile. (t, testicules, sp, canaux déférents ou spermi- ductes. pp, poclie du pénis, vs, vésicule séminale, p, pénis ou cirre. ov, germigcne (ovaire), vt, vitellogénes. do, vjtelloductes. sv, vilellosac ou continent dilaté des vitel- loductes. rs, réservoir séminul. (/o, oviducte. ml, utérus. VQ, vagin, montrant sou orifice ou vulve vu au-dessous du pénis. 334 VERS. donnant naissance seulement à des vésicules germinatives : en réa- lité, cet organe produit des ovules, qui se présentent sous la forme de cellules pourvues d'un gros noyau (vésicule germinative) et d'un pro- toplasme (vitellus formatif) peu abondant. De cet ovaire presque tou- jours simple part un canal vecteur ou oviducte (germiducte) de longueur variable. L'appareil femelle comprend en outre des glandes chargées de fournir à l'œuf son vitellus nutritif : ce sont les vitello- gènes ou glandes albuminipares. Le produit de ces glandes est repré- senté par des cellules qui se résolvent en granulations nageant dans un liquide albumineux; il est emporté par des conduits vitellins ou vitel- loducies; ceux-ci se réunissent à l'oviducte pour se continuer par un canal sinueux, Vutérus, qui va déboucher à peu de distance de l'ouver- ture mâle. A l'orifice de l'utérus se trouve un amas glandulaire destiné à sécréter la coque de l'œuf {glande coquillière). Enfin, nous devons citer un canal qui met encore en communication les organes femelles avec l'extérieur, le canal de Laurer. L'œuf mûr est donc entouré d'une coque plus ou moins épaisse; il renferme une seule cellule ovulaire et un vitellus nutritif contenant des noyaux qui témoignent de son origine cellulaire. La plupart des Trématodes sont ovipares ; dans quelques cas seule- ment, le développement embryonnaire s'effectue en entier dans l'utérus. Quant aux phases ultérieures, elles varient suivant les formes qu'on étudie. Chez les Polystomiens, qui sont ectoparasites, et les Aspidocotylés, qui sont endoparasites, le développement est pres- que toujours direct; chez les Disiomiens, endoparasites, il s'accompa- gne au contraire de métamorphoses. Les affinités des Trématodes avec les Cestodes sont bien établies par les organes de fixation (Polystomiens), par la constitution des principaux appareils et même, jusqu'à un certain point, par le déve- loppement (Distomiens). Mais les Trématodes se relient peut-être mieux encore aux Turbellariés. Enfin, ils ont aussi des relations évi- dentes avec les Hirudinées. Monticelli (1) admet, comme Burmeister, trois sous-ordres parmi les Trématodes : 1° les Mulacocotylés, plus connus sous les noms de Digenèses ou Distomiens; 2° les Aspidocotylés, parasites internes des Reptiles, Poissons et Mollusques; 3° les Eétérocotylés, correspondant aux Monogenèses ou Polysto- miens. Le second de ces groupes ne mérite pas de retenir spécialement notre attention. (1) F. S. Monticelli, Cotylogaster Michaelis )i. g. n. sp. e revisione degli Aspido- bothridse. Fortschritt zuui siebenzigsten Geburtstage Rudolf Leuckarts. Leipzig, 1892. PL.VTIIELMINTIIES. — TREMATODES. 335 PnEMIEIt SOUS-OnDRE DISTOMIENS Trématodes munis au plus de deux ventouses. Métamorphoses com- plexes. Presque toujours endoparasites. Le corps est ordinairement aplati, quelquefois cylindroïde. Les ventouses proprement dites sont situées sur la face ventrale : il en existe au maximum deux, une antérieure, terminale ou subterminale, et une postérieure, à siège variable. Parfois, en outre, on observe de nombreuses ventouses minuscules sur la face dorsale ou sur la face ventrale. La bouche s'ouvre d'ordinaire dans la ventouse antérieure, plus ra- rement dans la postérieure. L'intestin est bifide ou simple; il fait défaut chez quelques formes. Les orifices génitaux sont situés à la face ventrale. L'œuf des Distomiens, rarement pourvu d'appendices polaires, est toujours plus petit que celui des Polystomiens. L'embryon qui s'y forme ne va pas, en général, au delà de la phase morula, et le déve- loppement se complique de métamorphoses, lesquelles sont liées à des phénomènes de génération alternante et à des migrations mul- tiples. Nous allons exposer rapidement la succession des phases de cette évolution, d'après les belles recherches de Steenstrup, Van Beneden, de Filippi, de la Valette Saint-Georges, Moulinié, Pagenstecher, G. Wagener, Ercolani, etc. Toutefois, comme l'histoire de toutes les formes de ce groupe est loin d'être connue, nous ne pourrons tracer qu'une sorte d'esquisse schématique, sauf à revenir plus loin sur quel- ques faits particuliers. Lorsque les œufs des Distomiens sont déposés dans un milieu conve- nable, et en particulier dans l'eau, ils laissent échapper, au bout d'un certain temps, les embryons qui se sont développés dans leur inté- rieur. Ces embryons sont tantôt nus, et alors peu actifs, souvent pourvus de piquants à la partie antérieure, tantôt revêtus de cils qui leur permettent de se mouvoir avec rapidité, ce qui leur a valu le nom (ïembryons in fusorl formes. Après avoir nagé, pendant un temps indéterminé, dans le liquide ambiant, ils doivent pénétrer, par une migration active, dans le corps d'un animal aquatique, le plus souvent d'un Mollusque (Limnée, Pla- norbe, Paludine, etc.). — Une fois fixé, l'embryon donne naissance à un organisme plus ou moins complexe, ordinairement muni d'une ventouse, et auquel on donne le nom général de sac germinatif ou sac cercarigère. Lorsque cet organisme est dépourvu de bouche et de tube digestif, Van Beneden le distingue par la dénomination de Spo- 336 VERS. rocijste (aTTopa, graine; xuîtc;, vésicule); s'il possède, au contraire, ces organes, de Filippi l'appelle Rédie. Ces sacs germinalils, qui représentent la seconde phase du dévelop- pement extérieur, peuvent se multiplier soit par scission, soit par bourgeonnement endogène ou exogène; mais, dans les Sporocystes ou dans les Rédies ainsi produites, aussi bien que dans celles qui leur ont donné naissance, la germination interne aboutit à la formation de nouveaux organismes, appelés Cercaires. — Un Cercaire peut être comparé, pour la forme, à un têtard de Grenouille : il possède un corps plus ou moins ovalaire, terminé en arrière par une queue très mobile, simple ou bifide, d'où lui vient son nom (xépxo;, queue). On a longtemps regardé les Cercaires comme des Infusoires : c'est Steens- trup qui, le premier, a reconnu leur nature et obtenu leur transfor- mation. Ils sont quelquefois munis de taches oculaires; quant à leur organisation interne, elle est tout à fait analogue à celle des Disto- miens adultes, dont ils ont déjà les ventouses caractéristiques; mais les organes génitaux font défaut. En général, au bout d'un certain temps, les Cercaires s'échappent du sac qui les contient, et quittent même souvent le corps de leur hôte : c'est à cette période qu'on peut les observer nageant ou ram- pant en liberté dans l'eau. Ils sont alors à la recherche d'un meilleur gîte : par une nouvelle migration active, sans doute, ils pénètrent dans le corps d'un autre animal aquatique. Ce second hôte est par- fois encore un Mollusque; d'autres fois, c'est un Ver, un Crustacé, un Insecte aquatique ou une larve ; plus rarement, un Vertébré : Poisson ou Batracien. Ercolani a trouvé aussi des Cercaires chez des Mollusques terrestres, et il est même établi que ces organismes peu- vent se fixer à la surface de certaines plantes ou de corps inorgani- ques divers. Quel que soit du reste leur nouveau séjour, ils perdent leur appendice caudal, se contractent en boule et s'entourent d'un kyste à double paroi qu'ils sécrètent eux-mêmes. Leur organisation subit alors quelque perfectionnement, et parfois les organes sexuels commencent à se développer. Mais là ne doit pas se terminer la vie de ces jeunes Distomiens agames. Une dernière migration a lieu, en effet, celle-là toute passive, quand l'animal ou le végétal porteur de Cercaires enkystés est ingéré par un Vertébré. Le parasite résiste à l'action des sucs digestifs, et gagne l'organe qui représente son habitat définitif. C'est presque toujours une cavité en communication avec le monde extérieur : in- testin, canaux biliaires, vessie urinaire, voies aériennes, sinus sous- orbitaires (des Oiseaux), etc. Arrivé en ce point, le jeune Ver acquiert ses organes génitaux et devient ainsi un Disiomien adulte. En résumé, on voit que : 1° l'œuf donne naissance à un embryon ordinairement cilié, qui vit en liberté dans l'eau, puis se fixe sur un animal inférieur : Van Beneden compare cet état au proacolex des PLATHELMINTIIES. — TRÉMATODES. 337 Ceslodes ; 2" l'embryon se transforme sur place en un sac cercarigère, correspondant à un scolcx; 3° ce sac germinatif engendre des Cer- caires qui se mettent en liberté pour aller s'enkyslor sur un hôte nouveau; puis ces Cercaires, qui ne sont autres que des Distomiens imparfaits, parviennent chez un hôte définitif qui a fait sa proie du précédent; ils deviennent alors adultes et sexués, comme les pro- glotds des Cestodes. L'évolution de toutes les espèces de Distomiens ne suit pas d'une façon invariable la voie typique que nous venons d'indiquer; elle est tantôt plus, tantôt moins complexe. D'ailleurs, les recherches de Pagenstecher tendent à prouver que, suivant les conditions climaté- riques, la succession des phases peut varier dans des limites étendues ou, en d'autres termes, que le processus évolutif est susceptible de se condenser ou de se dilater. Ainsi, dans certains cas, le sac germi- natif se montre déjà formé dans l'embryon {Mo- nostoma luulabile), ainsi que l'avait observé von Siebold, qui regardait ce corps vésiculaire comme un «parasite nécessaire ». G. Wagener auraitmême vu l'embryon cilié du Dlplodhcus subclavaius pré- senter dans l'œuf la constitution complexe d'une Rédie (fig. 217). D'autre part, on constate assez souvent que des sacs germinatifs donnent nais- sance à des Cercaires dépourvus de queue, c'est- à-dire à des Distomiens agames ; quelquefois aussi des Cercaires complets s'enkystent dans l'intérieur même du sac germinatif. Enfin, il est Fig. ^it. — Œuf de ûi- des Cercaires qui se transforment en Distomiens ^^'"f «"^ ^^bciac^tus, ^ contenant un embryon adultes sans passer par la phase asexuée, des pourvu dun tuLe diges- Distomiens enkystés qui acquièrent des organes ' ■"^''''"'^• sexuels complets et produisent des œufs, etc. Dans un sens opposé, on a vu, chez des Cercaires, l'appendice caudal se développer en Sporocyste. Par exception, l'embryon se transforme, non en un sac germinatif, mais en une larve typique [Tetracoli/le] qui s'enkyste et arrive avec l'hôte intermédiaire dans l'hôte définitif ( Holosto- midés). Ajoutons que les Distomiens peuvent subir d'importantes variations de forme suivant le milieu dans lequel ils se développent. C'est là un fait remarquable, qui a été mis en lumière par les expériences d'Er- colani. Ces Vers sont endoparasites d'un grand nombre de Vertébrés, et même de quelques Invertébrés ; on les trouve rarement sur les branchies ou dans la cavité buccale des Poissons. Ils se montrent surtout abon- dants chez les animaux aquatiques et chez les espèces terrestres qui fréquentent les lieux humides. Les formes jeunes sont endoporasites des Invertébrés et de quelques Vertébrés. Railliet. — Zoologie. 22 338 VERS. 5 familles : iMouoslamidsc, Wedlldx [Didymozoonidx), Distomidae, Amphislomidœ, Holosiomidue. Famille des MONOSTOMIDÉS. — Corps aplaLi ou rylindroïde, de forme variable. Une venLoiise antéiieure plus ou moins évidente; jamais de ven- touse postérieure. Bouche s'ouvraut dans la ventouse antérieure. Intestin bifide. Orifices génitaux situés dans le tiers antérieui' du corps ou à Textré- iTÙté caudale. Parasites internes des Mammifères, des Oiseaux, des Batraciens et des Poissons. Genres Blovo.sloma Zeder, Nocotyle Dies.. Ogmoyusler Jacgerskiold, Opis- tholrcma I.euck. Genre Monostome {Monostoma Zeder, 1800). — Corps de forme variable, sans papilles ou vei rues sur la face ventrale. Ventouse antérieure ordinai- rement terminale, armée ou inerme. Orifices génitaux dans le tiers antérieur du corps. Monostome chang-eant (M. mutahile Zeder, 1800. — Syn. : Monosfomum microstomum Creplin, 1829; M. attenuatum Molin, 1859, uec Piud., 1809). — Corps d'un jaune sale, parfois légèrement rosé, long de 5 à 24 millimètres, large de 2 à 8 millimètres, déprimé, plan en dessous, un peu convexe- en dessus, atténué anti'rieurement en cône, élargi et arrondi en arrière. Ventouse subterminale, très petite. Un bulbe œsophagien épais vers le milieu de la longueur de l'œsophage. Branches de l'intestin simples, anastomosées en arrière. Teslicnles et ovaire globuleux, situés dans la partie postérieure du corps. Vitellogènes formant un vaste réseau qui enveloppe tous les orga- nes internes. Utérus décrivant de nombreuses sinuosités sur presque toute la largeur du corps. Orifices génitaux contigus, s'ouvrant en avant du bulbe œsophagien. OEufs brunâtres, ovoïdes, longs de 173 [j., larges de 84 [j.. Vit dans les sinus sous-orbitaires, sous la membrane nictitante, dans les cavités nasales, la trachée, les cavités thoracique et abdominale (sacs aé- riens) et même dans l'intestin de divers Oiseaux pour la plupart aquatiques. Wiesenthal, von Siebold, Uiesing et Zûrn l'ont recueilli en particulier dans les sinus sous-orbilaires de l'Oie domestique ; Wiesenthal aurait même signalé» en 1799, une sorte d'épizootie due à la présence de ce Ver. Monticelli pense qu'il faut rapporter à la même forme le parasite rencontré par Polonio dans un cœcum de Dindon et décrit par Molin sous le nom de M. atlenitatmn. C'est sur cette espèce que von Siebold a fait, dès 1835, les premières obser- vations relatives au développement des Trématodes. Chez les individus adultes, on voit se former dans l'œuf nu embryon couvert de cils vibratiles, qui ne tarde pas à sortir de la coque en soulevant un opercule et nage alors librement dans l'utérus. Cet enibiyon, qui présente une tache oculaire d'a- bord bipartite, laisse voir, au milieu de sa partie postérieure, un corps non cilié, allongé, un peu plus épais au milieu, légèrement étranglé en avant, muni d'un appendice caudal et de deux courts appendices latéraux. Von Siebold regardait ce corps, dont les mouvements sont très limités, mais indépendants de ceux de l'embryon, comme « un parasite nécessaire » ; on sait aujourd'hui qu'il représente un sac germinatif (Sporocyste) dû à un dé- veloppement précoce de cellules germinatives. PLATHELMINTIIES. — TRÉM\TODES. 339 M"",7. Ses cellules germina- tives envahissent bientôt toute la cavité du corps et se disposent en amas mûriformes qui donnent naissance chacun à une Rédie. Chaque Sporocyste contient d'ordinaire cinq à huit Uédies, à divers degrés de développement. Quand l'une d'elles a atteint une certaine lon- gueur, elle rompt la paroi du sac maternel et s'en dégage. Une fois libre, elle se fraye un chemin à travers les tissus du Mollusque et va se fixer dans des organes variés, mais de préférence dans le foie, où elle s'accroît jusqu'à acquérir une longueur de lnim,(J. Cette Rédie est cylindrique et présente, comme la plupart des Ré- Fig. 224. — Jeune Sporocyste du Distome Iii'palique, Fig. 223. — Sporocyste du Dislome h(^patique,con- quelques jours après la pt'nélration de rcinbryou tenant des Ri^dies à divers degr(''s de développe- cilié dans la Linini''e (Lcuckart). nient. Grossissement: 200 diamètres (Leuckart). dies, à l'origine de l'extrémité postérieure amincie, deux courts pro- longements latéraux qui jouent le rôle de membres rudimentaires; en outre, à quelque distance de l'extrémité antérieure, on remarque une sorte de collier faisant plus ou moins saillie à la surface du corps et destiné sans doute à donner une base solide à la région buccale. Mais le caractère essentiel de la Rédie est la présence d'un appareil digestif, comprenant une bouche, un pharynx et un intestin simple, terminé en cul-de-sac. Les cellules germinatives de la Rédie donnent naissance, soit à des Rédies filles, soit directement à des Cercaires : les premières se forment surtout pendant l'été, les autres pendant la saison froide. Chaque Rédie produit en moyenne 15 à 20 Cercaires, qui se dévelop- pent successivement, s'échappent à la faveur d'un petit orifice impair situé sur le côté de la Rédie, un peu au-dessous du collier, et enfin se dégagent en rampant du corps du Mollusque, de façon à se trouver bientôt en liberté dans l'eau, où ils nagent avec agilité, se contractant en tous sens. 346 VERS. Étudiés à Tétat de repos, ils montrent un corps aplati, ovalaire, mesurant en moyenne 280 p. de long sur 230 [x. de large, et une queue plus de doux l'ois aussi longue que le corps. Celui-ci offre deux ven- touses correspondant à colles de l'adulte, mais ayant toutes deux à peu près la même dimension. Au fond de la ventouse antérieure s'ou- vre la bouche, suivie d'un bulbe pharyngien et d'un œsophage qui se bifurque en deux branches intestinales en avant de la ventouse ven- trale. La partie antérieure du corps est revêtue de ti-ès hues épines. W \ — Ci, Fig. 22G. — llrd'iii i\u Distomn /icpûticiim^iVapràs IjOuc- Fig. 227. — Rrdic ronlenant des Cprcairex, kart. — 6, Ijoiiclic. ;///, pharynx. !, tube dip^oslif. p, d'apris Leuokart. — 6, bouolie. y;/(, pluirjnx. cellules dites gcrrninalives, destinées à produire des ï, tube digestif, c, cercaires. Cercaires. Enfin, de chaque côté du corps, on remarque des cellules infiltrées de granulations rélringentes, qui masquent en grande partie les organes internes : ce sont les cellules cystogônes. Le Cercaire ne paraît vivre en liberté dans l'eau que pendant une courte période : il s'arrête bientôt au contact d'un objet submergé, d'une plante aquatique, par exemple, se contracte en boule et laisse exsuder de toute sa surface une sorte de mucus qui entr-aîne les gra- nulations des cellules cystogônes; la queue se détache alors, si elle n'est pas tombée avant le début de ces phénomènes. En peu de temps PLATHELMINTHES. — TRÉMATODES. 3'i7 la couche exsudée durcit, ^et ranimai se trouve enlcnné dans un kyslo proloctcur d'une blanclieur de neige. Si par des niani|uilali()ns soi- gneuses on l'extrail do ce kyste, on constate que les cellules granu- leuses ont disparu, (|iie le parenchyme du corps est transparent, et que Tintestin et l'appareil excréteurs sont distincts ((îg. Ilil). Le L'imn.ra ivuncatiila s'éloigne souvent des ruisseaux : il est fa- cile de comprendre, par suite, que les Cercaires, en s'écliappant de leur hùte, puissent s'enkyster Fig. 2"i8. — Orcairo lilirc!, loi qu'il so présente nageant Fi dans Tcau, d'apivs Thomas. — ua, vciitoiiso anté- rieure, vp, ventouse postérieure. /, intestin, ce, cellules ejstogènes. Grossissement : KiU diamèlres. t1\). — Ceroaii-c eu voie d"enkyslenient, grossi Kio l'ois, d'après Tliouias. sur l'herbe des prairies. C'est donc en consommant cette herbe que les animaux doivent s'infester : le kyste, i)arvenu dans Teslomac, se dissout et met en liberté le Ver, qui probablement pénètre dans le foie par le canal cholédoque. Ainsi s'expli(| lierait le résultat négatif des expériences de Leuckart, qui avait fait ingérer à des Lapins des Cercaires non encore enkystés. Thomas fait remarquer, d'autre part, que les kystes de Cercaires occupent surtout les feuilles inférieures des plantes : c'est pourt[uoi 348 VERS. sans doute les Moutons, qui tondent les pâturages de très près, sont plus souvent infestés que les Bœufs. Quant à l'Homme, il doit surtout ingérer les Cercaires à la faveur des plantes consommées en salade, notamment du cresson. D'après l'ensemble des faits exposés plus haut, l'infestation ne peut guère se faire, dans nos climats, que pendant la belle saison : la plus favorable correspond à l'automne. Gerlach admettait même que les Douves pénètrent toujours à l'automne dans le foie des ani- maux, et en sont expulsées au commencement de l'été suivant; Fig. 230. — Trois kystes de Dislome hépatique, fix^s Fig. 231. — Jeune Dislonie extrait de son kyste, sur un brin d'Iierbe, d'après Thomas. Grossis- sement : 10 diamùtres. d'après Leuckart. — va, ventouse antérieure, va, ventouse ventrale, ph, pharynx, bi, branches de l'intestin, terminées en caecum. mais ces assertions sont contredites par les observations de chaque jour, et la preuve est faite que les Douves sont susceptibles de de- meurer plus d'un an dans les canaux biliaires de leur hôte. J'en ai trouvé (/>. hepaficuvi et J). lanceolaium) chez un Mouton isolé et soustrait aux conditions d'infestation depuis près de trois ans. Organisation. — Thomas estime à six semaines au moins le temps néces- saire pour que le Cercaire introduit dans le foie devienne un Distome adulte. Les principales modifications qu'il subit tiennent naturellement au dévelop- pement des organes génitaux, qui entraîne d'ailleurs une modilicatiou de forme. Il nous reste à faire connaître la constitution anatomique de ce Dislome adulte, qui a été étudié avec soin par de nombreux observateurs, parmi lesquels Mehlis, É. Blanchard, Leuckart, Sommer, Macé et Poirier. La cuticule présente des plis transversaux assez réguliers; elle tapisse l'intérieur même des ventouses et se replie dans la portion antérieure du tube digestif, ainsi que dans la région terminale des conduits génitaux ; elle est revêtue de nombreux petits piquants squamiformes, dirigés en arrière, très rapprochés à la face ventrale, plus espacés et disparaissant même dans la région postérieure de la face dorsale. Au-dessous de la cuticule existerait une couche élastique reposant sur une enveloppe musculaire composée de plu- sieurs couches : une superficielle, continue, de fibres annulaires; une seconde de faisceaux longitudinaux séparés, et entre les deux une couche de fibres diagonales limitée au tiers antérieur du corps. PLATHELMINTHES. TRÉMATODES. 349 La zone centrale du corps a pour base un tissu conjonctif à grosses cellules polyédriques ou arrondies; elle est traversée par un système dorso-ventral de faisceaux musculaires, et entoure les différents organes internes. Le système nerveux se compose de de\ix ganglions a'rébroïdes, situés immé- diatement en avant de la ventouse antérieure et reliés entre eux par une commissure transversale passant au-dessus du plinrynx. Chacun de ces deux ganglions émet deux nerfs en avant, un par côté et trois en arrière. Des deux antérieurs, l'interne se rend à la couche cellulaire et à Tenveloppe musculaire cutanées, l'externe envoie des branches dans la ventouse et dans le tégument. Le nerf né sur le côté du ganglion se bifurque et va se terminer dans la couche musculo- cutanée. Quant aux nerfs postérieurs, on peut les distinguer en interne, moyen et externe. L'interne se dirige vers la face dorsale et reste accolé au tégument : Poirier a pu le suivre au delà de la ventouse postérieure. Le nerf moyen s'a- baisse en longeant la surface externe du pharynx : d'après Sommer et Macé, il se réunirait h son congé- nère dans un petit ganglion sous-œsophagien, de ma- nière à former un véritable collier œsophagien. Enfin, le nerf externe, ou tronc longitudinal ventral, le plus important, se rapproche de la face ventrale et s'étend jusqu'au voisinage de l'extrémité postérieure, en envoyant de fins rameaux dans les différents or- ganes. L'appareil digestif se compose de deux parties : l'intestin buccal, tapissé par la cuticule, et l'intestin moyen, revêtu d'un épithélium à cellules cylindriques. — L'intestin buccal ou antérieur comprend lui-même p^„ 232.— Appareil di<'cstit trois régions : l'infundibulum buccal, le pharynx et et sysièmc nerveuv delà l'œsophage. L'infundibulum buccal est constitué par deux culs-de-sac qui occupent le fond de la ventouse antérieure, l'un du côté dorsal, l'autre du côté ven- tral, et sont limités par deux lèvres : celles-ci, qui sont susceptibles de faire saillie dans la cavité de la ventouse, circonscrivent la bouche, laquelle conduit dans un pharynx ovoïde, très musculeux, dont la structure est analogue à celle des ventouses et le rend propre à aspirer les liquides nutritifs. Vient ensuite un court œsophage se divisant en deux branches en avant de la poche du cirre et de la ventouse ventrale. Ces deux branches intestinales se prolongent jusqu'au voisinage de l'extrémité pos- térieure, oîi elles se terminent en cul-de-sac ; elles émettent, sur leur tra- jet, un grand nombre de ramifications arborescentes, aboutissant également à des cœcums. D'après Leuckart, tous ces canaux renferment des cellules épithéliales altérées, des globules sanguins gonflés et décolorés et des corpuscules lym- phoïdes. Les Douves se nourriraient donc du mucus brun qui revêt les con- duits biliaires, et qui montre ces mêmes formations. Kiichennieister pensait d'abord qu'elles devaient se nouri-ir de bile ; il admit plus tard qu'elles pui- saient du sang dans le foie. Un fait que nous avons constaté nous a fait Douve hépatique (le sys- tùnio nerveux est scliénia- liquel. • — l'o, veulouse buccale. t>u, ventouse ven- trale, ph, p'iaruix. ce, œsophage. 6, branches de l'intestin. )•, leurs ramifica- tions, g, ganglions nerveux. n, nerf ventral. 350 VERS. appuyer celle dernière manière de voir: dans des foies de Moulons dont le système artériel avait été injecté de plâtre coloré, nous avons trouvé un grand nombre de Douves dont le tube digestif était injecté de la même ma- nière, bien qu'il n'y eût pas trace de pkitre dans la lumière des canaux biliaires. Évidemment cette substance avait été empruntée par succion aux petits vaisseaux des canaux biliaires, au moment même de l'injection. Les cahalicules de Y appareil excré- teur convergent vers un canal longitu- dinal unique, situé sur la ligne médiane et déboucliant à l'extrémité postérieure de la face dorsale par un orifice (pore excréteur) qui, depuis Hudolphi, est dé- signé sous le nom de furainea caudale. Les deux sexes sont réunis sur le même individu. — Les testicules sont représentés par de nombreux tubes ramifiés, terminés en cul-de-sac et oc- cupant un vaste espace à la partie cen- trale du corps; on en distingue deux superposés, dont les ramifications aboutissent à deux canaux déférents. Ceux-ci passent au-dessus des organes femelles et se confondent, au niveau de la ventouse ventrale, en un conduit unique, qui ne tarde pas à se dilater en une vésicule séminale pyriforme. De cette vésicule émane un canal étroit et sinueux, que Poirier désigne sous le nom de canal prostali'juc, parce qu'il est entouré de glandes unicellulaii^es venant déboucher dans son intérieur ; il se continue lui-même par un tube cylin- drique à lumière plus étroite, mais à parois épaisses et musculaires, le carrai cjuculateur, re\èlu intérieurement d'une cuticule garnie de petits piquants, et Fig. 233. — A|)|)ar('il griiiUil de la Douve lirpa- li(|uc, vu pal' la face veulralc. — -, larges de 22 à 30 [a. La Douve lancéolée vit dans les canaux biliaires du Mouton et de divers autres her- bivores : Ane, Bœuf, Chèvre, Porc, La- pin, etc. (1). En outre, quelques observa- teurs l'ont recueillie chez rHomme. On la rencontre généralement en colonies nombreuses, et souvent associée à la Douve hépatique, dont elle partage, du reste, l'in- fluence pathogène. Son aire de distribution, très étendue, n'est cependant pas la même. Elle manque en An- gleterre, tandis qu'elle se rencontre presque seule dans la Thuringe et à Berne. Fig. 236. — Distoma lanceolatum, grandeur naturelle et grossi 10 fois, vu par la face dorsale. — ph, pharynx. a\ œsophage, i, branches do l'intestin non rami- fiées et terminées en cul-de-sac. vv, ventouse ventrale, t, t', tes- ticules. C'/,''d', canaux déférents. pc, poche du cirre. o, ovaire. ga, vitellogènos. u, utérus. « vagin (Orig.). L'ÉVOLUTION de cette espèce n'est pas encore bien connue. L'embryon se développe dans l'utérus, et on peut le voir déjà tout formé dans loeuf au moment de la ponte. Cepen- dant, l'éclosion n'a guère lieu qu'après trois semaines de séjour dans l'eau. Une fois en li- berté, cet embryon se montre globuleux ou pyriforme, cilié seulement dans le tiers antérieur du corps et armé d'un aiguillon céphalique, en arrière duquel se voit un intestin simple; ses mouvements sont moins rapides que ceux de l'embryon de la Douve hépatique. — Willemœs- Suhm avait cru obtenir son développement chez une Planorbc [Planorbis marginatus). De nombreux exemplaires de ce Mollusque, placés dans un aquarium avec des œufs de Distome lancéolé, avaient été trouvés, au bout de quelques mois, porteurs d'un Cercaire [Cercaria cystophora) précédemment décrit par G, Wagener et remarquable en ce qu'il pos- sède deux queues inégales et qu'il dérive d'une Rédie provenant elle- (1) Von Siebold croyait l'avoir rencontrée chez le Chat et van Tright chez le Chien mais tous deux avaient eu affaire évidemment au D. felineum Riv. 358 VERS. Fig. 237. — Embryon du Distoma lun- ceolatum, d'après Leuckart. même d'une Sporocyste. Mais la preuve de la transformation n'avait pas, de la sorte, été rigoureusement fournie, ainsi que nous le faisions déjà ressortir dans la première édition de ce livre. Depuis lors, il a été bien établi qu'une erreur s'était produite dans l'observation de Willemœs Suhm, car Leuckart et Creutzburg ont fait voir que Cercaria cysio- phora appartient au cycle d'évolution du Distoma ovocaudaium, Ver assez commun sous la langue de la Grenouille verte. Du reste, des essais d'infestation tentés par Leuckart au moyen d'œufs embryonnés du Distome lancéolé n'ont donné aucun résultat, non seulement sur Planorbis marginatus, mais encore sur diverses espèces du même genre ou des genres voisins Limnxa, Physa, Paludina, Ancylusei Cyclas (à part un cas douteux sur Limnsea irimcatula). Non moins infructueuses ont été les expériences portant sur les Mollusques terrestres des genres Limax, Agriolimax et Arion. Nous de- vons dire cependant que Piana a cru devoir incriminer une espèce d'Escar- got. Il se basait sur le fait, signalé par Ercolani, de l'absence d'appareil diges- tif chez les très jeunes Distomes lan- céolés : c'est seulement sur les indivi- dus mesurant 1 millimètre de long que commence à apparaître cet appareil; on voit auparavant se différencier des groupes d'éléments cellulaires qui re- présentent les futurs testicules, puis le canal éjaculateur et en dernier lieu l'o- vaire. Or, Piana a précisément décou- vert, dansVHelix carthusiana^ desSporo- cystes contenant des Cêrcaires à longue queue [Cercaria longicaudaia), qui sont dépourvus de tube intestinal : c'est pour- quoi il a supposé que ces Cêrcaires re- présentaient l'état larvaire du D. lanceo- latiim. Il est pourtant difficile d'admettre a priori^ en raison du revêtement cilié de l'embryon, que l'hôte intermédiaire soit représenté par un Mollusque ter- restre. — En somme, on ne connaît jus- qu'à présent rien de précis concernant l'évolution du Distome lancéolé : aussi nous bornerons-nous, en ter- minant, à rappeler une expérience déjà ancienne de Leuckart. Malgré l'immunité que nous avons signalée plus haut, les petites espèces de — Développement du Distoma lanceolatum dans les conduits biliaires du Mouton, d'après Ercolani. — 1, pre- mière pliase : pas d'ap|)arcil digestif. 2, phase ultérieure : quelques groupes cellulaires représentant les futurs tes- ticules. 3, phase plus avancée : testi- cules plus nets ; au-dessous de la ventouse ventrale, un groupe cellulaire annonçant la poche du cirre. PLATHELMINTHES. — TRÉMATODES. 359 Planorbes contiennent assez souvent des kystes de Distome longs d'environ 0"'",2, dont les habitants rappellent la Douve lancéolée par la forme de leur corps, les dimensions relatives des ventouses, etc. Leuckart administra quelques douzaines de ces kystes à un agneau de quatre mois qui, depuis sa naissance, n'avait été nourri qu'avec des fourrages recueillis dans un jardin : lautopsie de cet animal, faite au bout de six semaines, montra dans les conduits biliaires huit exem- plaires de Dlstonia lanceolaium, complètement adultes. — Peut-être l'embryon de ce Distome doit-il passer par un autre hôte avant de parvenir chez les Planorbes. L'organisation du Distome lancéolé diffère un peu de celle du Distome hépatique. Les ventouses sont relativement plus grandes. Les deux branches de l'intestin, au lieu d'être ramifiées, sont simples et se terminent en cul- de-sac vers le quart postérieur du corps. L'appareil excréteur est moins compliqué : les canalicules émanés des entonnoirs vibraliles donnent nais- sance de chaque côlé du corps à un canal qui devient apparent dans le tiers antérieur, se porte en avant, puis se replie en arrière au niveau du pharynx, se rapproche de son congénère vers le tiers postérieur et s'unit à lui pour former un Iroiic impair qui débouche à l'extrémité du corps par un foramcn caudale muni d'une sorte de sphincter. Les testicules sont constitués par deux sacs mamelonnés placés l'un au-devant de l'autre, en arriére de la ventouse ventrale; leurs canaux déférents se réunissent au bord antérieur de cette ventouse en un conduit unique qui pénètre dans la poche du cirre et se dilate en une sorte de vésicule séminale : celle-ci aboutit enfin à un canal éjaculateur susceptible de se renverser en forme de cirre mince et filiforme. La poche du cirre occupe l'espace compris entre la bifurcation du tube di- gestif et la ventouse postérieure. L'ovaire est un organe arrondi, situé en arrière des testicules et un peu plus petit que ceux-ci ; l'oviducte qui en émane serait en communication avec un conduit provenant du testicule postérieur. Les vitellogènes sont peu étendus et occupent les côtés du corps. Les vitel- loïkictes transversaux s'unissent à l'oviducte dans l'épaisseur de la glande coquillière, qui est formée de cellules assez lâches. L'utérus constitue un canal très long, décrivant de nombreuses sinuosités dans la partie centrale et postérieure du corps; il contient un nombre consiJérable d'œufs, que Leuckart évalue à plus d'un million. Ces œufs ont une coque qui brunit pro- gressivement jusqu'à passer au noir; ils sont toujours pourvus d'un grand opercule. Revenu vers la partie antérieure, le tube utérin devient moins si- nueux, passe entre les deux testicules, contourne le bord gauche de la ven- touse ventrale et va se terminer dans le cloaque génital un peu en avant ou à gauche du cirre, par un vagin gaini d'une couche musculaire. Ce cloaque ou pore génital est situé à la bifurcation du tube digestif. PATQOLor.iE. — Le Distome lancéolé est un peu moins commun, dans nos régions, que le Distome hépatique ; d'après Leuckart, on l'ob- serve plus fréquemment dans le sud de l'Europe que dans le nord. Cependant, on le signale comme prédominant de beaucoup sur son congénère dans la Thuringe et à Berne. Il paraît manquer en Angle- 360 VERS. terre, mais se rencontre dans tout le reste de TEurope, en Algérie, en Sibérie, dans le Turkeslan, dans lAmérique du Nord. Wernicke ne Fa pas trouvé à Buenos-Ayres. Il ne paraît jouer qu'un rôle secondaire dans le développement de la cachexie aqueuse. Cependant nous l'avons vu produire seul, chez le Mouton, des lésions intenses de cirrhose. D'après Oreste et Ercolani, les nodules crétiOés qu'on rencontre souvent dans le foie du Cheval auraient pour centre et pour point de départ des œuis de D. lanceolatum (1). Chez l'Homme, il n'a été observé encore que six fois, par Buccholz, Chabert, Brera, Mehlis, Kirchner et Schiess-Bey (2). Il ne paraît pas avoir déterminé de troubles graves, sauf peut-être dans le dernier cas. Nous avons dit, en outre, que Pcrroncito avait trouvé des œufs de B. lanceolatum dans les selles des ouvriers employés au percement du Saint-Gothard. Remarque. — A l'Exposition universelle de 1889, nous avons pu voir, parmi les collections de l'École agricole et forestière de Komaba (Japon), des flacons étiquetés : « Distoina pancrcaticiim, du conduit pancréatique du Mouton », et « D. pancreaticum var., du pancréas du Mouton >>. Autant qu'il nous a été possible d'en juger, les Distomes dont il s'agit ont l'aspect général de notre D. lanceolatum; ils sont cependant un peu plus longs et un peu plus larges- Distome DE l'œil (D. oculi humani von Ammon 1833; D. ophthalmobium Dies., 1850). — Petit Ver trouvé par le professeur von Ammon, de Dresde, dans l'œil d'un enfant de cinq mois, affecté de cataracte congénitale. Il en existait quatre exemplaires, logés entre le cristallin et sa capsule. D'après Gescheidt, qui en a donné la description, ils mesuraient de 1/2 à 1 milli- mètre de long, sur une largeur trois fois moindre : ils étaient asexués. Bien évidemment il s'agit là de parasites égarés, que Leuckart considère comme déjeunes Distomes lancéolés. Distonie cœloinatique (D. cœlomaticiim Giard et Billet, 1892). — Corps rouge sanguin, rappelant par sa forme celui du D. hcpaticum, mais relative- ment plus large et plus acuminé en arrière, long de lo millimètres, large de 5 millimètres. Ventouse antérieure sub-terminale, infère, à peine plus petite que la postérieure. Pharynx globuleux, suivi d'un œsophage divisé presque immédiatement en deux branches simples qui se terminent vers le quart pos- térieur du corps. Deux testicules latéraux, à peine lobules. Orifice génital un peu en arrière de la ventouse antérieure. Œufs à coque épaisse. Trouvé une seule fois, par le D"" Billet, dans la cavité générale, sur la plèvre et sur l'épiploon d'un Bœuf sacrifié pour la consommation des troupes, à Cao-Bang (Tonkin) (3). Il en existait un grand nombre d'exemplaires. (1) Pour Mazzanti [Il moderno Zooiairo, 25 aprile 1890), ces nodules seraient dus aux embryons d'une Filaire indéterminée. (2) F. ZscHOKKE, Selte7ie Parasiten des Menschen. Centralbl. f. Bakt. u. Par., XII, p. 500, 1892. (3) A. Giard et A. Billet, Sw quelques Trématodes parasites des bœufs du Tonkin. Comptes rendus de la Soc. de biologie (9), IV, p. 613, 1892. PLATflELMINTHES. — TRÉMATODES. 361 2" section. — Testicules situés à rextrémité postérieure du corps, ou en arrière des replis de l'oviductc. A. — Testicules arrondis ou lobés. Disfoinc des Félidés (D. fclincwn Uivolta, 1885. — Syn. : I). conus Giirlt, J83I, nec Creplin, 1823; D. lanceolatum [fclis cati] von Siebold, 1830 ; D. lanccolalum [canis familiaris] van Tright, 18S9). Corps long de 7 à 18 millimètres, large de 2 milli- mètres à 2™",D, déprimé, lancéolé ou presque ovalaire, fortement atténué en avant de manière à former une sorte de cou conique, plus obtus en arrière, rougeàtre à l'état frais, demi-transparent. Tégument lisse. Ventouse postérieure au niveau de la base du cône, un peu plus petite que l'anlé- rieure. Bulbe pharyngien suivi d'un œsophage à peu près aussi long que lui ; caecums intestinaux se prolongeant jusque dans le voisinage de l'ex- trémité postérieure. Deux testicules situés l'un devant l'autre, dans la région postérieure du corps : le droit à cinq lobes, le gauche ou anté- rieur à quatre lobes. Ovaire à peine lobé, placé un peu plus en avant. Vilellogènes latéraux, occupant le tiers moyen du corps, constitués par sept glo- mérules glandulaires à gauche et huit à droite. Utérus très sinueux, situé entre l'ovaire, la ven- touse postérieure et les branches de l'intestin. Œufs ovoïdes, operculés, avec une petite saillie aiguë au pôle opposé à l'opercule ; longs de 20 îi 30 [X, larges de 1 1 à lo u.. Fig. 239. — Disloma felineum, vu parla face ventrale et grossi 10 fois. — va, ventouse anté- rieure, u-), ventouse posté- rieure, pfi, pharynx, ce, œso- phage, i, branches de l'intestin. ce, canaux excréteurs, te, teur tronc commun, t, t', testicules. cd, ccC , canaux déférents, c, canal prostatique, gc, ovaire. 0, réservoir séminal, cl, canal de Laurer. vg, vitellogènes. dv, viloUoductes. u, utérus, pg, pore génital. /', porc excréteur (Orig.). Ce Distome paraît avoir été trouvé tout d'abord par Gurlt dans la vésicule et les con- duits biliaires du Chat domestique ; mais cet auteur le confondit à tort avec le D. conus Creplin. Plus tard, von Siebold le prit pour un J). lanceolatum. C'est Rivolta qui, en 1883, le distingua comme espèce particulière : il l'avait trouvé dans le foie du Chien et surtout du Chat. Van Tright, en Hollande, l'a vu chez le Chien; Neumann l'a trouvé à Toulouse, et moi- même à Alfort, chez le Chat. Max Braun, à Konigsberg, l'a rencontré chez 27 Chats sur 34. De concert avec les D. albidum et truncatum, il irrite les parois des canalicules biliaires et provoque, outre l'épais- sissement de leurs parois, des dilatations pisiformes por- tant souvent jusque sur les conduits du plus fin calibre, dilatations qui se traduisent à l'extérieur par des bosselures de la surface. Il survient plus tard une cirrhose véritable, souvent com- plexe. 362 VERS. B. — Testicules tubulaires, ramifies. Distome de Chine {D. sincnse Cobbold, J87b. — Syn : D. Rpathiilatum Leuck., 1876, nec Rud., 1819; D. hepatis ende- micum seii perniciosum Baelz, 1883 ; D. hepatis innocuum Baelz, 1883; D. jopunicitm R. Bl., 1886). — Corps long en moyenne de 10 à 13 millimètres (jusqu'à 20 millimètres), large de 2 à 3 milli- mètres, aplati, ovale oblong, atténué en avant, arrondi en arrière ; rougeàtre, presque transpa- rent pendant la vie. Tégument lisse. Ventouse buccale plus grande que la ventrale, qui est si- tuée vers le quart antérieur du corps. Bulbe pha- ryngien suivi d'un court œsophage se divisant en deux csecums qui s'étendent jusque vers l'extré- mité postérieure. Dans le quart postérieur du corps, deux testicules très développés, à 4-6 bran- ches ofTrant quelques ramifications dendritiques, et placés l'un derrière l'autre. Ovaire trilobé, situé immédiatement en avant d'un ample ré- servoir séminal en forme de gourde, occupant lui-même la région médiane du corps en avant des testicules. Vilellogènes latéraux, occupant à peu près le tiers moyen du corps. Utérus très si- nueux. Cloaque génital peu marqué, sans cirre ni poche du cirre, s'ouvrant immédiatement en avant de la ventouse ventrale. Œufs ovoïdes, devenant presque noirs, longs de 28 à 30 [a, larges de 16 à 17 fx, et renfermant, dans l'utt^rus même, un embryon couvert de cils vibi atiles. Le D. sinense a d'abord été recueilli dans F\g. %'t\. — Dixtoma sinense, \a l'Inde et à l'île Maurice, par McConnell et par la face ventrale et grossi ,, ■ r-irr . m.> i i i • 10 fois (Ori"-.)- Macgregor, en 1874-78, dans les canaux bi- liaires de Chinois qui avaient succombé à des troubles hépatiques paraissant tenir à la présence du parasite. Depuis lors, il a été revu fréquemment au Japon, par divers méde- cins. Baelz en avait d'abord fait deux espèces dis- tinctes, en se basant principalement sur des obser- vations cliniques; mais il reconnut plus tard l'identité de ces deux formes, que W. Taylor et Leuckart ratta- chèrent enfin au Distome de Chine. On a surtout ob- servé ce parasite dans le voisinage de la ville d'Oka- Fig.242.— ŒufduZ)/.?- yama; dans cette région, le sol, quoique relativement toma sinense, grossi , ,ip-i.i' 650 fois (Orig.). sec, Gst coupe de canaux et de iosses dont 1 eau saumâtre est souvent utilisée comme boisson par les habitants. La maladie, très redoutée, offre des degrés de gra- vité en rapport avec le nombre des parasites ; les individus at- PLATIIELMINTHES. — TRÉMATODES. 363 teints meurent souvent de cachexie au bout de plusieurs années. Le même Ver a été observé au Tonkin par Grall, Caraes, Vallot, Treille, Billet, et peut-être au Bengale par Pfilil. En 1586, Ijima a signalé la présence de ce Ver dans le foie du Chat, au Japon : déjà, du reste, Taylor avait observé chez le même animal un Dislome non déterminé, produisant une maladie très grave et à évolution rapide (1883). Nous avons pu voir également à l'Exposition universelle de Paris, en 1889, des échantillons de Distomes du foie du Chat envoyés par l'É- cole agricole et forestière de Komaba, sous le nom de D. endemicuni. Distonic de Busk (D. Buskl Lankester, 1857 ; D. crassum Bnsk, 1839, nec von Sieb., 183G). — C'est une fort grande espèce, longue de 3o à 75 milliiiièti'es, sur 14 à 20 millimètres de large; elle est, en outre, remarquable par son épaisseur. Le corps est plat, oblong, obtus aux extrémités, plus élroit en avant qu'en arrière. Le té- gument est lisse. Les deux ventouses sont arrondies; la postérieure est un peu plus t grande que Tantérieure. Or n ganes génitaux assez mal connus; utérus décrivant de nombreuses circonvolutions dans la parlie antérieure du ^.^„ 2^.j _ ^,^,^„,^ nalhouisl, vu par la face ventrale, corps. Œufs longs de 125 [J-, d'après Poirier. — va, ventouse antC'rieure. vp, ventouse larges de 75 a postérieure, cl, cloaque génital, t, t', testicules, o, ovaire. '-' ' ' vy, vitellogène. do, vitelloduclos. ffc, glande coquilliôre. u, utérus./), pore excréteur. Grossissement: 3 diamètres, G. Busk, le premier, a re- cueilli ce Distome dans le duodénum d'un lascar mort au Seamen's Hospital en 18i3. Plusieurs observateurs l'ont retrouvé depuis chez des personnes habitant la Chine ou revenant de ce pays. Johnson et Cobbold, en particulier, en ont obtenu des exemplaires rendus par un missionnaire, sa femme et sa fille, dont la nourriture habituelle se composait de substances végétales fraîches, d'huîtres et de poisson. C'est vraisemblablement à cette espèce qu'il faut rapporter aussi le D. Raihouisi Poirier, 1887, recueilli par le Père Rathouis dans la mis- sion de Zi-ka-wei. Ce Distome avait été rendu par une Chinoise de trente-cinq ans, qui souffrait de douleurs hépatiques. Il est caractéh 364 VERS. risé par deux testicules tubuleux, ramifiés, situés dans la partie postérieure du corps, et par un ovaire du même type, placé en avant de ceux-ci et par côté ; les vitellogènes, latéraux, occupent presque toute la longueur du corps ; le cloaque génital est situé immédiate- ment en avant de la ventouse ventrale. III. Sous-genre Brachylahnus Duj., 1845. — Intestin divisé immé- diatement en arrière du bulbe œsophagien. Distonie tronqué (D. truncatum [Rud.]. — Syn. : Amphistomn truncatum Rud., 1819; D. coniis Creplin, 1825, necGurlt, 1831). — Gorpslong de 2"'^,2o, large en arrière de 0™",6 ; en forme de cône dont la base postérieure est munie d'un bourrelet marginal musculeux. Teinte blanchâtre, avec une tache brune (utérus). Tégument revêtu, chez les individus âgés comme chez les jeunes, de fins aiguillons régulièrement rapprochés. Ventouse postérieure située un peu en avant du milieu du corps, à peine plus grande que l'anté- rieure. Immédiatement en arrière du pharynx, a lieu la bifurcation de Tin- testin, dont les deux branches s'étendent jusqu'à l'extrémité postérieure du corps. Testicules situés eu avant de la terminaison de ces branches, côte à côte, le droit un peu plus eu arrière; légèrement elliptiques, non lobules. Ovaire globuleux, placé en avant des testicules, sur la ligne médiane ou par côté. Vitellogènes latéraux, occupant le tiers moyen du corps, constitués de chaque côté par dix à douze glomérules glandulaires. Utérus entre l'ovaire et la ventouse ventrale. Cloaque génital immédiatement en avant de celle-ci; pas de cirre. CEufs operculés, longs de 29 [ji, larges de 11 ja. Recueilli d'abord dans les conduits biliaires du Phoca vitulina par Otto, puis dans l'estomac et l'intestin du même animal par Rudolphi, le Distome tronqué fut dabord pris, par ce dernier observateur, pour un Amphistome, à cause de l'aspect ventousiforme de l'extrémité postérieure. En 182o, Creplin rencontra, dans le foie du Chat domesti- que et du Renard, un Ver qu'il décrivit sous le nom de B. conus ; mais il reconnut plus tard l'identité de cette forme et du prétendu Amphis- tome de Rudolphi. Le même parasite a encore été trouvé par Creplin chez VHalichœrus fœtidus^ et par Holzendorf chez le Gulo borealis. A Kônigsberg, Max Braun l'a rencontré chez 3 Chats sur 34. Il est possible qu'on doive rapporter encore à cette espèce le Ver décrit et figuré en 1846, sous le nom de D. iruncatum, par Ercolani, qui l'avait recueilli dans la vésicule biliaire du Chien ; mais la figure de cet auteur, fournie évidemment par un exemplaire mal conservé et en voie de dessiccation, laisse quelque doute à cet égard. En tout cas, on peut y rapporter sans hésitation le D. campanulatum Ercolani, 1876, également trouvé dans le foie du Chien. Distome blanchâtre (D. albidum M. Braun, 1893). — Corps long de 2™™, 5 à 4 millimètres, large de 1 millimètre à 2 millimètres, formé de deux parties bien distinctes : la moitié antérieure conique, pointue, la moitié pos- térieure aplatie, plus large, formant en avant une saillie sur l'autre, et arron- PLATIIELMINTIIES. — TRÉMATODES. 365 die en arrière, sans bourrelet musculeux. Teinte blanche, avec une tache brune (utérus). Tégument épineux sur toute son étendue; dans la répion postérieure, les aiguillons sont plus petits et moins serrés. Ventouse ven- trale au premier tiers du corps, un peu plus petite que l'antérieure. Bifur- cation de l'intestin immédiatement en arrière du pharynx, les deux branches s'étendant jusqu'à l'extrémité postérieure du corps. Testicules situés dans l'espace que limitent ces branches en arrière, et placés l'un devant l'autre ; tous deux lobés, souvent le postérieur ou droit à 4 lobes, l'antérieur ou gau- che à 3 lobes. Ovaire globuleux ou ovoïde, non lobé. Réceptacle séminal py- riforme. Vitellogènes latéraux, commençant un peu en arrière du niveau du pharynx et s'étendant jusqu'au milieu de la longueur du corps. Utérus en avant de l'ovaire, à sinuosités nombreuses recouvrant souvent la ventouse postérieure. Cloaque génital immédiatement en avant de celle-ci ; pas de cirre. Œufs operculés, longs de 27 à 32 [x, larges de 13 à 16 [x. Canaux biliaires du Chat domestique. Sur 34 Chats ouverts à Konigsberg- en 1893, M. Braun Va rencontré 25 fois. Je l'ai trouvé une seule fois sur le même animal, à Alfort, en 1892. — Enfin, je pense que les petits Distomes du foie du Chien, décrits en 1889 par Sonsino, appartiennent également à cette espèce. Distome social {D. conjiinctum Cobbold, i8o9). — D'après McConnell, ce Ver est long de 9°»™, 5 (jusqu'à 12'"",7), large de 2""™, 5, lancéolé, atténué vers les deux extrémités, mais plus obtus en arrière. Le tégument est revêtu de petites épines. La ventouse postérieure est un peu plus petite que l'anté- rieure, dont elle est assez rapprochée. L'intestin se bifurque immédiatement en arrière du pharynx, et ses deux branches s'étendent jusque dans le voisi- nage de l'extrémité postérieure. Les testicules sont globuleux, un peu lobés; le postérieur est situé un peu à droite, l'antérieur à gauche de la ligne mé- diane. Ovaire plus en avant, sur cette ligne. Vitellogènes latéraux, commen- çant en arrière de la ventouse ventrale et s'étendant jusqu'au niveau des testicules. Utérus en avant de l'ovaire. Cloaque génital immédiatement en avant de la ventouse ventrale. CEufs ovoïdes, longs de 34 a, larges de 19 [j.. Me Connell a rencontré deux fois ce parasite chez l'Homme, à Calcutta (1876 et 1878), dans les canaux biliaires épaissis et dilatés. Il l'a rapporté au B. conjiinctiim, découvert en 1858, par Cobbold, chez un Renard rouge américain [Vulpes fulva) mort au Jardin Zoologique de Londres. Cependant, le Distome de Cobbold était plus petit (long de 6"™, 3, large de 2'"™,1) et avait la ventouse postérieure un peu plus grande que l'antérieure, Lewis et Cunningham ont observé le même Ver, à Calcutta, dans le foie du Chien paria, où il serait assez commun. IV. Sous-genre Fchinostoma Duj. — Ventouse antérieure entourée de piquants, ou occupant le milieu d'un disque échancré en dessous et bordé de piquants latéralement et en dessus, ou accompagnée de deux larges lobes bordés de piquants. Distome trigonocéphale [D. trigonocephalum Rud. — Syn. : Planaria 366 VERS. putorii et P. melis Gœze, 1182; Fasciola armata Rud., 1793 ; F. trigonocephala Rud.. 1802; D. armatum Zeder, 1803; D. trigonocephalum Rud., 1809. — Priorité : D. putorii). — Corps blanc jaunâtre, long de 1 à 13 millimètres, large de O'^'^.e à 2 millimètres, oblong, déprimé, atténué eu avant et en arrière, et atteignant sa plus grande largeur au niveau de la ventouse posté- rieure. Extrémité céphalique suhtriangulaire, armée d'une double couronne de gros bâtonnets oblongs. Tégument revêtu dans la moitié antérieure d'é- pines aiguës, rétractiies, caduques. Ventouse antérieure terminale, orbicu- laire ; ventouse ventrale située vers le quart ou le cinquième antérieur, plus grande que la ventouse orale et à ouverture elliptique. Deux testicules arrondis, placés l'un devant l'autre, et précédés de l'ovaire. Pénis très long, cylindrique, flexueux et couvert de très courts aiguillons. CEufs ellipsoïdes, longs de lo2 a, larg'es de 92 a. "vit dans l'intestin du Hérisson (oià nous l'avons trouvé, avec Lucet, daais le Loiret) et de divers Carnivores sauvages. Max Braun le signale en outre chez le Chien domestique. Distoine hérissé (D. echinatum Zeder, 1803. — Syn. : Cucullamis conoi- deus Bloch, 1782; D. excavatum Rud., 1819;?D. militure Rud., 1809; D. echi- niferum, La Val., 18.Ï5; D. conoideum Raill., 1885). — Corps rosé ou rou- geàtre, long de 4 à 15 millimètres, large de 1 à 2 millimètres, sublinéaire, aplati, prolongé en avant de la ventouse postérieure par un cou assez court terminé par une sorte de tète ou de dilatation réniforme échancrée en dessous et entourée d'épines caduques, droites, sur tout le reste de son contour. Cou revêtu de petites épines aiguës sur la l'ace ventrale, obtuses sur la face dorsale. Ventouse antérieure terminale, circulaire; ventouse posté- rieure beaucoup plus grande. OËufs jaune brunâtre, longs de 86 à 96 p., larges de 6b à 72 jj.. A l'état adulte, ce Ver vit dans l'intestin du Canaid domestique, où il a d'abord été signalé par Bloch, du Canard musqué, de l'Oie, du Cygne domes- tique (Bellingham), et d'un grand nombre d'Oiseaux aquatiques sauvages. Il a même été trouvé par Geneiali, de Modène, dans le duodénum d'un Chien (1880). Avec Stossich, nous pensons qu'il faut rattacher à la même espèce le D. dilatatum Fischer de Walheira, 1840, trouvé à Vilna, par Miram, dans le cœcum et le rectum du Poulet, ainsi que le D. armatum Molin, 1858 (nec Zeder, 1803), trouvé a Padoue, dans les mêmes organes, chez la Poule. Un intérêt spécial s'attache à ce parasite, en raison des recherches com- plètes qui ont été faites sur son évolution, et dont les résultats ont été recti- fiés pai- Ercolani. Il doit être confondu avec le D. echiniferum La Val. et probablement aussi avec le D. militare Rud. Les formes larvaires de ce Distonie sont celles qui s'observent le plus com- munément chez les Mollusques aquatiques. On les rencontre surtout chez des Limnées, Planorbes, Paludines, etc., mais dans des organes très divers, et, dans ces condilions, leurs caractères sont si variables qu'on avait cru devoir admettre l'existence de plusieurs formas spéciliques distinctes. Telle est l'origine du Cercaria echinatoides Fil., identique au C. echinifcra La Val., et du C. spinifera La Val. Les sacs germinatifs de cette espèce sont des Rédies (fig. 244, n° 1), qui développent par gemmation, dans leur intérieur, d'autres Rédies ou des Ger- PLATHELMINTHES. — TRÉMATODES. 367 caires, et qui se reproduisent même quelquefois par bourgeonnement externe ou par scission (n° 2). — Les Cercaires qui ont pris naissance dans ces llédies sont, comme celles-ci, très variables quant à leur forme, du moins Fig. 244. — Phases de l'évolution du Distonic liérissé, de l'intestin du Canard, d'après Ercolani. — 1, Rédie contenant des Cercaires libres et des Cercaires enkystés. 2, mulliplicalion de la Rédie par scission. 3, Cercaria echinala enkysté, du cœur de la Paludiue vivipare. 4, le même sorti de son kyste. 5, une des petites formes à queue du même Cercaire. 6, une des grandes formes. 7, Distome hérissé développé dans l'inleslin du Surmulot. S, le même développé dans l'intestin du Canard. lorsqu'ils sont libres, mais paraissent oiïrir des caractères semblables dès qu'ils sont enlvysti''S. Dans certains cas, ils quittent le corps du Mollusque qui hébergeait la Rédie, pour aller s'enkyster dans la peau ou autour du cœur des Paludines, tandis que d'autres fois ils s'enkystent à peine sortis de la Rédie ou même dans son intérieur (n° 1). — En administrant à des animaux 368 VERS. à sang froid — Grenouilles, Crapauds ou Couleuvres — ces Cercaires enkystés, on n'obtient aucun résultat; ils se transforment, au contraire, en Distomes, lorsqu'on les fait ingérer à des animaux à sang chaud. Les expériences d'Ercolani ont porté en particulier sur les Canards, et, chez ces animaux, les diverses formes de Cercaires sus-indiquées ont toutes donné le D. echinatum. Chez les Moineaux, Souris, Rats, Taupes et Chiens, le même Distome a été obtenu, mais avec des variations morphologiques très remarquables {n"^l et 8), Distome oxycéphale (D. oxycephalum Rud., 1819). — Le Ver que Rudolphi a décrit sous ce nom paraît être, comme l'a reconnu Dujardin, une simple va- riété du Distome conoïde ou hérissé, dont les épines sont très petites ou nulles. Il a été observé chez le Canard et chez l'Oie domestiques, plus rarement chez la Poule ; il vit dans l'intestin. V. Sous-genre Crossodcra Duj., 1845. — Ventouse antérieure en- tourée de papilles ou de lobes charnus. Distome linéaire {D. lineare [Rud.]. — Syn. : Fasciola linearis Rud., 1793 ; D. lineare Zeder, 1803 ; Cr^ossodera linearis Cobbold, 1859). — Corps rougeàtre, long de 11 à 16 millimètres, large de l™™,o, déprimé, linéaire, obtus en arrière, atténué en avant en forme de cou. Ventouse antérieure petite, entourée de six iiapilles minuscules; ventouse postérieure beaucoup plus grande. Cirre assez grand, cylindrique, sortant en avant de celle-ci. Rudolphi a trouvé sept exemplaires de cette espèce à Greifswald, dans le gros intestin de deux Poulets ; mais il était, à cette époque, encore novice en helminthologie, et n'a pu en donner qu'une description incomplète. Genre Céphalogonime {Cephalogonimus J. Poirier, 1885). — Se dis- tingue du genre Distome par les orifices gé_nitaux situés <à la partie antérieure du corps, sur la face dorsale, un peu en avant de la ven- touse antérieure. Céphalogonime taché (C. ovatus [Rud.]. — Syn. : Fasciola ovata Rud., {80^; Distoma ovatumRnd., 1809;D. hursicola Creplin, 1846; C. ovatus Sossich, 1892) . — Corps long de o'°™,2 à 6'°°^,54, large en arrière de 2»'"1 7 à 4 millimètres, blanchâtre, taché de noir, aplati, ovale, plus étroit en avant. Tégument hérissé de petites épines à pointe rétrograde, serrées dans la partie antérieure, cadu- ques, visibles seulement sur les exemplaires jeunes. Ventouse antérieure termi- nale, orbiculaire ; ventouse postérieure deux fois aussi large que la précédente, dont elle est assez éloignée. Les circonvolutions de l'oviducte sont pressées les unes contre les autres dans le tiers postérieur, de sorte qu'à ce niveau le corps est jaune et opaque. OEufs elliptiques, très petits, jaunes, longs de 21 à 26 ;x, larges de 18 (o-, pourvus d'une courte épine polaire. Ce Ver habite la bourse de Fabricius d'un grand nombre d'Oiseaux, quand ceux-ci sont jeunes, bien entendu, puisque cette poche glandulaire disparait chez l'adulte. Otto l'a trouvé dans l'oviducte de la Poule, et on comprend qu'il puisse ainsi pénétrer dans l'œuf avant la formation de la coquille. Hanow, Purkinje et d'autres observateurs l'ont en effet rencontré dans des œufs de Poule bien développés. PLATHELMINTHES. — TREMATODES. 369 Millier a signalé en 1779, sous le nom d'IIirudo fasciolaris, un Ver qu'il avait trouvé adhérent à la surface externe de Tinlestin d'une Oie domestique, et que Rudolplii soupçonne appartenir à cette espèce. L'introduction de ce pa- rasite dans la cavité abiloniinale avait été évidemment accidentelle. D'autre part, Rudolphi a décrit, sous le nom de Distoma cuneatum, une forme qu'il avait trouvée une seule fois dans l'intestin d'une Outarde, et qui ne difl'érait du Dititoma ovatum que par son corps plan en dessus, convexe en dessous, très atténué en avant, de manière à présenter l'aspect d'un coin, et par la grande extension de ses circonvolutions utérines. Il ne paraît guère douteux qu'il s'agisse d'une seule et même espèce, surtout si l'on consi- dère que Gurlt a retrouvé ce Distoma cuneatum dans l'oviducte d'un Paon. Céplialojçoniinc pelliicido (C. pelluridus (von Linstow]. — Syn.: Distoma j-tclliicidum von Linstow, ISTîi; C. pellucidus Raill., 1890). — Corps long de 9 millimètres, large de 5 millimètres, rougeàtre, transparent, aplati, pyri- forme, alténué en avant. Tégument revêtu, dans la moitié postérieure, d'épines longues de 43 (*. Ventouse antérieure terminale, orbiculaire; ven- touse postérieure à peine plus grande que la précédente. Branches de l'in- testin présentant des dilatations vésiculaires. Testicules ovoïdes, placés l'un en face de l'autre, un peu en arrière du milieu du corps, mais en avant des circonvolutions de l'oviducte. Ovaire lobule situé en avant et en dedans du testicule droit; vitellogènes latéraux peu étendus. Les circonvolutions de l'oviducte sont lâches et disposées sans ordre, de sorte que le tiers postérieur du corps est tout à fait transparent. Œufs longs de 31 à 34 u.. Cette grande et belle espèce a été trouvée, par von Linstow, dans l'œso- phage de la Poule. Le contenu de son tube digestif, d'un brun plus ou moins foncé, parait être du sang à demi digéré. Genre Mésogonime [Mesogoninius Monticelli, 1888). — Ce genre se distingue du précédent par la situation des orifices génitaux, qui sont placés derrière la ventouse postérieure : la ventouse antérieure est orbi- culaire, plus petite ou plus grande que la postérieure, qui est sessile. Mésogonime de AVesterniaiiu [M. Westermanni [Kerbert]. — Syn. : Distoma Ringeri Cobb., 1880; D. pidmonale Biilz, 1883 ; M. Westermanni Raill., 1890). — Ver massif, long de 8 à 10 millimètres et large de 4 à 6 mil- limètres, rougo bruucàtre, ovoïde, arrondi en avant, un peu plus atténué en arrière ; très épais, de sorte que la coupe transversale est presque cir- culaire. Ventouses pelites et peu distinctes, l'antérieure subterminale, infère, la postérieure un peu plus grande, située à une faible distance en avant du milieu du corps. Tégument revêtu d'épines larges, écailleuses. Bouche s'ou- vrant au fond de la ventouse antérieure ; bulbe pharyngien suivi d'un très court œsophage, qui se bifurque en deux cœcums intestinaux écartés, si- nueux et irréguliers. Deux testicules tubuleux, ramifiés, placés quasi-symé- triquement dans la partie postérieure du corps. Pas de cirre ni de poche du cirre. Ovaire également ramifié, situé vers le milieu du corps, à gauche de la ligne médiane; en face, une glande coquillière faiblement lobulée et un utérus assez court, pelotonné. Vitellogènes latéraux, très développés, en- tourant le corps sur presque toute sa longueur. Vitelloductôs présentant, avant leur terminaison dans l'oviducte, un large vitellosac. Œufs ovoïdes, à coque jaune et mince, longs de 80 à 100 ;* et larges de 50 [j.. Railliet. — Zooloffie. 24 ' 370 VERS. Le Mésogonime de Westermann, plus connu sous le nom de Dis- tome pulmonaire, paraît être assez répandu dans l'Asie orientale (Ja- pon, Chine, Corée). Il vit en parasite dans le poumon de THomme, où il a été rencontré pour la première fois en 1880, à Formose, par le D"" Ringer. Mais il avait été déjà observé en 1878, par Kerbert, dans le poumon d'un Tigre royal mort à Amsterdam. De plus, il doit se développer aussi chez le Chien, car, parmi les échantillons de parasites envoyés par le Japon à TExposilion de 1889, se trouvaient des Dis- ionia pubnonale des bronches du Chien. Ce Ver siège dans les petites bronches ou dans des sortes de ca- vernes situées à la périphérie de celles-ci. Les cavernes en question atteignent le volume d'une noisette ; elles renferment une bouillie rou- geâtre formée de mucus, de globules sanguins, de débris de tissu pulmonaire et enfm de Distomes. Leur paroi est indurée, et elles ne communiquent avec les bronches que par d'étroits orifices, à la faveur desquels les œufs sont expulsés. Les individus envahis par ce parasite présentent des troubles par- ticuliers qui peuvent se résumer ainsi : toux légère ou nulle ; crachats sanguinolents et paraissant un peu rouilles par suite de la présence des œufs à coque brunâtre ; parfois production d'hémorragies qui peuvent se répéter d'une façon irrégulière pendant des années. Cette affection, qu'on a nommée « hémoptysie parasitaire » ou simplement «. distomatose pulmonaire », paraît être commune surtout à Formose — où elle frapperait au moins 15 p. 100 de la population — - et au Japon. Elle n'est pas incurable ; elle paraît même n'offrir de gravité que dans des cas exceptionnels. L'examen microscopique des crachats permet de la distinguer aisément de la tuberculose (1). Les œufs placés dans l'eau donnent naissance à un embryon pourvu d'un appareil perforateur et revêtu de cils vibratiles dans les deux tiers postérieurs ; au bout de six semaines à deux mois, cet embryon sort de l'œuf en soulevant l'opercule et se met à nager dans l'eau (P. Manson). On ignore jusqu'à présent quel est son sort ultérieur. Mésogoiiimehétérophye(3f. /ieferop/i?/es[vonSiebold]. — Syn. : Distoma heterophyes von Siebold, 1852; M. heterophyes l\aill., 1890). — Corps long de 1 millimètre à l^^jO sur une largeur maximum de 0"^™,?; rougeàtre, ovale- oblong, fortement atténué en avant, arrondi en arrière; déprimé, un peu convexe en dessus, plan en dessous. Tégument garni, dans la moitié anté- rieure, de nombreuses petites épines dirigées en arrière. Ventouse anté- rieure subterminale, légèrement infère, petite. Ventouse postérieure sub- centrale, près de trois fois plus grande que celle-ci. Bouche s'ouvrant au fond de la ventouse antérieure, suivie d'un œsophage qui offre à quelque distance un bulbe peu accusé, puis se bifurque en deux caecums intestinaux (1) Yamakiva et Inouye, de Tokyo, rapportent que le parasite est très répandu dans certains villages des montagnes du Japon, et qu'il y est redouté à ce point que les habi- tants des autres villages s'interdisent toute relation avec les localités contaminées. PLATHELMINTHES. — TRÉMATODES. 37t prolongés jusque dans la partie postérieure du corps. Deux testicules arron- dis, situés en arrière, entre ces deux cœcums. Ovaire également arrondi, placé un peu en avant des testicules et caché sous les circonvolutions de l'oviducte. Vitellogènes peu développés, latéraux, situés au niveau de l'ovaire. Orifices génitaux s'ouvrant en arrière de la ventouse postérieure et entourés d'un bourrelet circulaire garni de bâtonnets cornés, qui simule une ventouse acces- soire. Œufs rouge brunâtre, à coque épaisse, longs de 20 [j., larges de 15 [l. Ce petit parasite a été trouvé au Caire, par Bilharz, en avril 1831, dans l'intestin grêle d'un enfant, où il existait par centaines, sous l'as- pect de petits points rouges. Un second cas fut recueilli peu de temps après par le même observateur. Enfin, Walter Innés a retrouvé le même Ver en Egypte en 1891. Mais on n'a pas signalé de troubles patholo- giques pouvant être attribués à sa présence. ^ Mésogoniinc dimorphe (3/. dimorphns [Wagener]. — Syn. : Distoma d/mo)p/(!/m Wag., I8o2, nec Dies., 18o0; D. commutatum Dies., 18S8; D. co- ■lumbœ? Mazzanti, 1889; M. commutatus Sonsino, 1889; M. dimorphus, Ilaill., 1890). — Corps long de 7'"°>,a environ, large en avant de l^'^jK, en arrière do 2 millimètres, blanchâtre, aplati, sublinéaire, arrondi aux deux extrémités. Ventouse antérieure terminale, circulaire, assez grande. Ventouse posté- rieure subcentrale, un peu plus petite que l'antérieure, à ouverture circu- laire. Deux testicules arrondis, situés l'un derrière l'autre, dans la partie postérieure du corps. Ovaire un peu à droite et entre les deux testicules, Vitellogènes latéraux, s'étendant assez loin en avant. Orifices génitaux en avant du testicule antérieur. Œufs ovoïdes, jaune clair, à coque asymé- trique, contenant un embryon, longs de 27 p., larges de 14 [ji. Trouvé à Pise et à Nice, en 1851, dans les caecums des poulets, par Wage- ner. Sonsino l'a recueilli de nouveau à Pise en 1889, dans l'intestin grêle d'une Poule. Nous croyons devoir rapporter d'ailleurs à la même espèce les Vers ren- contrés en 1889, dans l'intestin grêle d'un Pigeonneau, par Mazzanti, et décrits par cet observateur sous le nom de Distoma columbsb. Ces parasites semblaient avoir provoqué une irritation de la muqueuse intestinale. Genre Gynécophore {Gt/nœcophorus Dies., 1838. — Syn. : Schis- tosonia Weinland, 1838 ; Billuwzia Cobb.,1839; Thecosoma Moquin- Tandon, 1860). — Les Gynécophores (ou Bilharzies) se distinguent de tous les autres Distomidés en ce qu'ils ont les deux branches de l'Intes- tin réunies en un seul canal dans le quart postérieur du corps. Les sexes sont séparés : le mâle a le corps épaissi en arrière de la ventouse postérieure, avec les bords repliés en dessous, de manière à former un canal qui loge la femelle; celle-ci est filiforme. Les orifices géni- taux sont situés immédiatement en arrière de la ventouse postérieure. Ces Vers sont des hématozoaires. Gynécophore hématobie {G. Iiccmalobius [Bilharz]. — Syn.: Distomum hxmatobium Bilharz, 18o2; G.hwmitlobius Dies., 18:)8 ;Schislosoina hxmatobium Weinland, 18o8; Bilharzia hœmalobia Cobb., 1859; Thecosoma hxmatobium 372 VERS Moq.-Tand., 1860; Distoma capense Harley, 1864).— Le mâle est blanc, mou, à peu près de Ja grosseur d'un Oxyure vermiculaire ; il mesure H à 14 millimètres de long sur 1 millimètre environ de large; l'extrémité antérieure est aplatie et porte les deux ventouses, qui sont peu éloignées l'une de l'autre et assez saillantes; en arrière delà ventouse postérieure, le corps s'enroule de manière à former une gout- tière par sa face ventrale et à prendre un aspect cylindrique : c'est dans cette gouttière ou canal gynécophore que se trouve logée la femelle. Le tégument est lisse dans la partie antérieure ; dans le reste de la longueur du corps, il présente, sur sa face dorsale ou externe, de nombreuses petites papilles revêtues d'épines, et sur sa face ventrale, de légères saillies coniques très serrées, ne manquant que sur la ligne médiane. Le tube digestif commence à la ventouse antérieure; il offre un petit bulbe pharyngien et se continue par un œsophage qui, en avant de la ventouse ventrale, se divise en deux branches : celles-ci vont se rejoindre en arrière pour se terminer en un cœcum unique. Les testicules sont représentés par cinq ou six vésicules disposées immédiate- ment en arrière de la ventouse ventrale, et aboutissant à un canal déférent qui s'ouvre im- médiatement dans le fond du canal; il n'existe pas de poche du cirre. — La femelle est filiforme, plus longue et beaucoup plus étroite que le mâle; elle mesure de 15 à 20 millimètres; son le dos de la dépression ventrale ^paisseur s'accuse progressivement en arrière et (jui constitue le canal. !, ventouse ' r a buccale, k, ventouse ventrale. atteint jusqu'à 280 p. ; les vontouses sont rappro- chées et saillantes; le tégument est revêtu de fines épines dirigées en avant. Le tube digestif est assez semblable à celui du mâle. L'ovaire, oblong et lobé, est situé dans l'angle formé par la réunion ])Ostérieure des caecums intestinaux; les vitellogènes sont latéraux, l'utérus est sinueux, la vulve est en airière de la ventouse ventrale. — Les deux individus sont accolés ventre à ventre ; leurs orifices génitaux se correspondent ; les extrémités de la femelle, et surtout l'extrémité postérieure, pendent en dehors du canal gynécophore. — Les œufs, ovoïdes, mesurent 13o à 160 [i sur 53 à 66 [i.; ils portent d'ordinaire à l'un des pôles un prolongement épi- neux, qui se monlre parfois un peu latéral; on n'y remarque pas d'opercule. Le dangereux Ver dont il s'agit a été découvert en 1850 par Bil- harz, en Egypte, dans la yeine porte de l'Homme. Plus tard, et dans la même contrée, Griesinger l'a trouvé 117 fois sur 363 autopsies, et 30 fois sur 54 autopsies. D'autres Font vu aussi dans le sud de l'Afri- que, au Cap (Harley), à NataletenCafrerie (Cobbold), et on assure même qu'il se rencontre sur toute l'étendue de la côte orientale africaine. Eyles et Eden l'ont signalé sur la côte d'Or, Felkin dans la région du Fig. 245. — Gyneeophorus hxma- tobius, mâle et femelle, fortement grossis, d'après Bilharz. — abc, femelle contenue en partie dans le canal gynécophore. a, extré- mité antérieure, c, extrémité postérieure, d, corps vu par transparence dans le canal, ig, mâle, e, f, canal gynécophore, entr'ouvert en avant et en arrière de la femelle, qui en a été ex- traite en partie.;/, A, limite vers PLATHELMINTHES. — TRÉMATODES. 373 Nil blanc, Nachtigall dans le voisinage du lac Tchad (?). Enfin, depuis quelques années, on l'observe en Tunisie (Villeneuve, Braull). Il ne serait du reste pas propre à l'Homme : Cobbold en aurait rencontré un exemplaire (l)che7, un Singe égyptien, vulgairement appelé Manga- bey [Cercopilht'cus fulighiosus), mort au Jardin zoologiquc de Londres. Il habite la veine porte et ses branches (notamment la veine splé- nique), les veines rénales, les plexus veineux de la vessie et du rec- tum. Il se nourrit de sang, dont les globules se retrouvent en grand nombre dans son tubedigestif. Les œufs sont souvent entraînés, parle torrent circulatoire, danslcs capillaires de divers organes, tels que le foie, le poumon, où ils peuvent déterminer des lésionsvariables ; ils sont sus- ceptibles en outre de s'accumuler dans les petits vaisseaux, au voisinage du point où ils ont été pondus, et l'obstruction vasculaire qui résulte de leur présence, aussi bien que de celle du Ver lui-même, s'accompagne parfois de désordres fort graves. La vessie s'enflamme, il survient des ruptures vasculaires, entraînant une hématurie (qui toutefois n'est pas chyleuse comme celle de lafilariose) avec évacuation abondante d'œufs ; ou bien ces œufs sont le point de départ des calculs vésicaux. Si les altérations se manifestent au niveau du gros intestin, elles donnent lieu à une sorte de dysenterie : le sang et les œufs sont entraînés avec les excréments. C'est à ces accidents diver^ qu'on donne le nom de billiarziosc^ ou mieux de gynécop/iorose. Les Égyptiens paraissent contracter les Gynécophores en buvant l'eau du Nil non filtrée. Bien qu'on ne connaisse pas encore l'évolution de ce parasite, il est certain, en effet, que les premières phases s'ac- complissent chez un animal aquatique. L'embryon ne se développe qu'après la ponte, mais il se forme d'ordinaire alors que l'œuf est encore renfermé dans le corps de l'hôte. Cet embryon a été étudié par Cobbold, J. Chatin, Sonsino, Cahier, Railliet. Il paraît immobile tant que l'œuf est maintenu dans l'urine, et son activité se manifeste seu- lement par le jeu des entonnoirs vibratiles. Remplace-t-on l'urine par de l'eau, l'œuf se gontle et acquiert peu à peu 175 [x de long sur 80 à 82 (X de large. Les parois de la coque s'écartent par conséquent de l'embryon et celui-ci apparaît plus nettement. Il est entouré d'une masse granuleuse limitée par une mince membrane et montrant au niveau des pôles deux zones distinctes, l'externe un peu plus claire que l'autre. 11 offre l'aspect d'un Infusoire cilié; à l'extrémité anté- rieure, qui se trouve dirigée indifféremment vers l'un ou vers l'autre pôle, existe une sorte de rostre inerme représentant sans doute un ap- pareil perforateur. Le corps présente trois étranglements : deux produits par des ceintures granuleuses, et un troisième plus en arrière, vers le sixième postérieur. De la base du rostre partent deux canaux (0 Bil/iarzin magna Cobbold, 1850. — Leuckart et Cobbold ont plus tard admis l'identité de cette forme et du parasite humain, ce qui n'est pourtant pas suffisam- ment établi. 374 VERS. qui se portent en arrière et aboutissent chacun à une sorte de grosse glande unicellulaire. Entre ces canaux, on aperçoit un espace grossièrement granuleux, qui correspond à un tube digestif rudimen- taire se terminant en cul-de-sac à sa partie postérieure. En arrière des deux étranglements antérieurs, on distingue une paire d'enton- noirs flagellés. Enfin, dans la région postérieure du corps, on observe un amas de cellules nucléées (cellules germinatives). Après une période variable suivant le degré de pureté de l'eau, l'é- closion a lieu, tant par le fait des mouvements de l'embryon que par le gonflement endosmotique de l'œuf. L'embryon s'échappe par une ouverture la-térale, qui se produit d'ordinaire dans le voisinage de la A B C Fig. 24G. — Œufs el embryon du Gynecnphorvs kœmaiobius, grossis 330 fois. — A. œuf examiné dans l'urine. B, le même après addition d'eau. C, embryon libre (Orig.). région céphalique. Puis il se met en marche, eff"ectuant dans le milieu ambiant des mouvements très variés et subissant des changements de forme innombrables. On peut néanmoins reconnaître presque toujours les trois étranglements qui ont été signalés plus haut; il existe d'ailleurs, au niveau des deux premiers, deux petits cirres latéraux situés au milieu des cils. Ceux-ci sont surtout développés à la partie antérieure du corps. Peu après l'éclosion, lorsque l'embryon se gonfle et s'arrondit pour se mettre en mouvement, les organes internes deviennent moins apparents, mais on aperçoit, en arrière du rostre, quatre cercles clairs, deux en dessus et deux en dessous, dont le passage successif devant l'œil est des j^lus curieux lorsque l'embryon tourne sur lui- même à la façon d'une toupie. Après une période d'activité d'une durée assez variable, l'embryon du Gynécophore ralentit ses mouvements, et finalement s'arrête. On voit alors des globules transparents apparaître à sa périphérie, aug- PLATHELMINTIIES. — TRÉMATODES. , 37» mentant pou à peu en nombre et en dimensions : ce sont dos globules « sarcodiques », c'est-à-dire formés par la diffusion d'une certaine quantité de paraplasma à travers la cuticule. Puis le corps se dé- forme, et la mort survient définitivement. Quant à la sortie des cellules gerniinatives, je n'ai pu l'observer que sur des individus altérés, et je ne puis la considérer que comme un fait anormal ou accidentel. Les essais d'infestation tentés par divers expérimentateurs, Cobbold,. Harley, Sonsino, sur des Mollusques d'eau douce, des Crustacés, des larves d'Insectes, des Poissons, n'avaient jusqu'à présent donné aucun résultat. Mais dans des recherches toutes récentes, effectuées àGabès (Tunisie), Sonsino croit avoir constaté que l'hôte intermédiaire est un petit Crustacé. Le mode de développement du parasite rappelle plutôt celui des Holostomidés que celui des Distomiens typiques. Dès que l'embryon rencontre le Crustacé, il l'attaque, à l'aide de son rostre, en un point vulnérable, pénètre dans le corps après s'être dépouillé de son revêtement ciliaire, et s'y enkyste. Le siège le plus ordinaire de co kyste est le premier segment, au voisinage de l'œil. La larve enkystée attend que le Crustacé soit ingéré par l'Homme, avec l'eau de boisson; elle est mise en liberté dans le tube digestif, traverse les parois intes- tinales et pénètre probablement dans la veine porte pour compléter son développement. Gynécophore épais (G. crassus [Sonsino]. — Syn. : B'dharzla bovis Sons., 1876; B. crassa Sons., 1877; G. crassus Stossich, 1892. — Priorité : G. bovis). — Cette forme diffère de la précédente par ses dimensions un peu plus considérables, ainsi que par ses œufs, notablement rétrécis aux deux pôles et mesurant en moyenne 170 [x sur 45. En 187G, Sonsino en recueillit 35 exemplaires dans la veine porte d'un Taureau sacrifié à l'abattoir de Za- gazig (Egypte;, et dont la vessie présentait les altérations analogues à celles qui s'observent dans la gynéco- phorose de l'Homme. Cobbold et Panceri regardèrent ce parasite comme une espèce distincte, tandis que Tom- p-„_ 247 — oeuf masi Crudeli le considérait comme une simple variété du Gynecophorm duGynécophore hématobie, produite par adaptation à sonsino'. ^^^ ^ un nouvel hôte. — Sonsino le retrouva plus tard chez le Mouton. Grassi et Rovelli l'ont rencontré chez 75 p. 100 environ des Moutons de la plaine de Catane, en Sicile. Bomford a observé en 1886, à Calcutta, chez deux Taureaux abattus- pour cause de peste bovine, les lésions de la gynécophorose dans le gros intestin; mais les œufs du parasite étaient semblables à ceux da G. hsematobius. (I) P. Sonsino, Sviluppo, ciclo vitale e ospilc intennedio délia Bilharzia haematobia. Processi Verbali délia .Società Toscanadi Scienze Naturali, sedutadel 11 Agosto 189-3. 376 VERS. Distoiuidé agame du Porc. — Corps long de S millimètres environ, elliptique, grisâtre, transparent. Ventouse antérieure terminale, avec une sorte de stylet buccal dirigé en arrière. Ven- touse postérieure située vers le milieu du corps. Pharynx suivi d'un court œsophage et de deux branches intestinales simples. Dans la moitié antérieure, régnent quatre grosses glandes dont les conduits excréteurs vont déboucher dans la ventouse orale. Organes génitaux ru- dimentaires. Ce Trématode a été rencontré dans les mus- cles du Porc. G. Leunis l'a vu dans la portion charnue du diaphragme; Happeu et Muhle l'ont trouvé dans les muscles laryngiens. Chaque individu occupait un kyste ovoïde, analogue à celui des Trichines et logé dans le lissu conjonctif inlerfasciculaire. Duncker en a trouvé des exemplaires encore munis de leur queue de Cercaires. 11 s'agit évidemment de parasites égarés : le Porc n'est pour eux qu'un hôte accidentel, chez lequel ils ne peuvent suivre le cours de leur développement. Fig. 248. — Agamodistoma des mu du Porc, grossi 80 fois (Leuckart) Famille des AMPHISTOMIDÉS. — Dans ce groupe, le corps est de forme as- sez variable, avec une ventouse antérieure terminale, très petite, et une ventouse postérieure terminale ou subterminale. La bouche s'ouvre toujours dans la ventouse antérieure. Les orifices génitaux sont situés surla ligne médiane de la face ventrale, dans le tiers antérieur du corps. A l'état adulte, les Amphistomidés sont endoparasites des Mammifères, Oiseaux, Reptiles, Batraciens et Poissons. Genres Amphisfoma Rud., Gasirothylax Poirier, à pharynx unilobé; Diplodiscus Dies., Honialogaster Poir., Gastrodiscus Leuck., à pharynx bilobé. Genre Amphistome [Amphisioma Rud., 1801. — Syn. : Slriyea Viborg, 1795). — Corps épais. Ventouse postérieure médio- cre, subterminale, à ouverture circulaire. Pharynx unilobé. Amphistome conique (A. conicum [Ze- der]. — Syn. : Festucaria cervi Zeder, 1792; Fasciola claphi Gmelin, 1789; Monostoma coni- cum Zeder, 1800 ; A. conicum Rud., 1809. — Priorité : Strigea cervi). — Corps long de 10 à 13 millimètres, large en arrière de 2 à 3, de teinte carnée nuancée en avant et surtout en arrière de rouge Fig. 249. — Fragment de rumen de Vaclie, montrant des Ampliislomes coniques fix('^s entre les papilles par leur grosse ventouse i)0sl(5ricurc. On distingue les tubercules d'insertion de plusieurs individus qui ont éli'^ enlevOs. A gauclie, un individu isolé. Grandeur naturelle (Orig.). PLATHELMINTHES. — TREMATODES. 377 plus foncé ; très épais, conoïde, atténué en avant, élar{j;i, recourbé et obtus en arrière. Ventouse antérieure urcéolée ; ventouse postérieure assez larj^e etprofonde. Orifices génitaux situés un peu en avant de la bifurcation de iintestin, et souvent de côté. Œufs ovoïdes, operculés au pôle le plus étroit, et offrant un épaississement de la coque au pôle le plus large ; longs de lo5 à 162 p., larges de 82 à 90 f*. Daubenton a, le premier, trouvé ce Ver dans la panse duBœuf. Depuis lors, il a été rencontré chez le Mouton (Treuller), chez la Chèvre (Cre- plin) et chez de nombreux Ruminants sauvages. Il se fixe par la ven- touse postérieure entre les papilles du rumen, et de préférence aux abords de la gouttière œsophagienne. On le considère généralement comme inoffensif; d'après Ziirn, on lui aurait pourtant attribué, àtort ou à rai- son, une affection meurtrière qui sévissaitsur le gros bétail, en Australie. Amphistonie étalé [A. explanaium Creplin, 1847). — Corps long de 9 à iO millimètres, large de 4 millimètres à 4"'™, 5, ovale lancéolé, très étroit en avant, épais. Ventouse antérieure petite, terminale, circulaire. Ventouse postérieure basilaire, subeliiptique, rélrécie en arrière, à bord large, aplati (cxplanatus) sur la totalité ou sur la plus grande partie de son étendue. Recueilli par Gurlt, à Berlin, dans les conduits hépatiques et la vésicule biliaire d'un Zébu. Ainphistonie bothriophore (.4. bothriophoron M. Braun, 1892). — Es- pèce un peu plus grande que TAmphistome conique, dont elle se distingue à première vue par un orifice situé sur la face ventrale, en arrière de la ven- touse buccale. Cet orifice, entouré d'un bourrelet, mesure près de 0™'",5, et donne entrée dans une cavité arrondie, profonde de 0™"," et longue de 0mm^04 d'avant en arrière. Au fond de celle-ci s'ouvrent les orifices génitaux, sur une petite papille. Il s'agit donc d'un atrium génital, rudiment de la pocbe que nous aurons à signaler chez les Gastrothylax. Cet Amphistome a été recueilli par Sikora, dans la panse du Zébu, à Tananarive (Madagascar). Aiuphistoiiie tubercule {A. tuberculatum Cobbold, ISTii). — Espèce nominale, établie par Cobbold d'après des échantillons envoyés de l'Inde, en septembre 1875, par le lieutenant-colonel Hawkes, qui les avait re- cueillis sur le Bœuf, « dans l'intestin seulement ». L'envoi comprenait 60 exemplaires, tous plus ou moins ridés, et montrant de grandes varia- tions dans la taille et dans l'aspect. Amphistome de CoUins {A . Collinsi Cobbold, 1875). — Cobbold a de même signalé sous ce nom, sans les décrire, des parasites de l'intestin du Clieval qui lui avaient été adressés de Simla (Bengale), en mars 1875, par F. F, Collins, vétérinaire principal de l'armée anglaise. Comme ceux de l'in- testin de l'Éléphant et du Bœuf, ces Amphistomes â l'état frais sont de cou- leur rouge brique, et reçoivent des indigènes le nom de Masuri. Cobbold les dit simplement plus petits que ceux de l'Éléphant. Ils avaient été recueillis dans le côlon d'un Cheval mort d'une « fièvre par- ticulière à la région ». Ils se trouvaient au nombre d'un millier environ, presque tous au voisinage du cœcum, et libres dans l'intestin. 378 VE3S. Cinq ou six ans auparavant, Edward Stanley jeune avait envoyé de l'Inde au professeur Simonds des Amphistomes également recueillis dans le côlon du Cheval, et présentant des dimensions supérieures à celles des exemplaires de Collins. D'après un examen superficiel, Cobbold les a considérés comme une grande variété des précédents, se demandant même si les différences ne tien- draient pas au degré de concentration de l'alcool dans lequel les Vers étaient conservés {A. Stanlcyi Cobbold, 1875 ; A. Collinsi \ar. Stanleyi Cobbold, 1879). Sandrin a vu au Tonkin, dans l'intestin des Chevaux venant des îles de la Sonde, des myriades de ces Amphistomes rouges. Amphistonie de rHoninie [A. hominis Lewis et McConnell, 1876). — Corps rouge, long de 5 à 8 millimètres et large au plus de 3 à 4 millimètres,, offrant un disque aplati et un prolongement antérieur A B ou cou cylindro-conique, l'un et l'autre à peu près de même longueur. Tégument lisse. Prolongement cépha- lique offrant sur sa face ventrale, à l'extrémité, la pe- tite ventouse antérieure elliptique, transversale, et, vers le miUeu de la longueur, le pore génital. Disque ayant Fig. 2u0. — Amphistoma ^^^ hords dilatés et recourbés, de manière à former une hominis, grossi deux sorte de poche ventrale circulaire, à l'extrémité posté- McC ''P'"^*_^''^^''^ ''"• rieure de laquelle est située la large ventouse posté- ventraie. B, face' dor- l'ieure. CEufs ovoïdes, operculés au pôle étroit et mesu- **^^- rant en moyenne 150 [x sur 72. Ce parasite n'a encore été vu que deux fois, dans Vlnde, chez des individus morts du choléra. Il en existait chaque fois de nombreux, exemplaires, fixés par leur ventouse postérieure à la muqueuse du gros intestin, particulièrement dans le cœcum et le côlon ascendant,, où se voyaient de nombreuses petites taches rouges semblables à des piqûres de Sangsues. — Il existe certainement de grandes affinités entre cet Amphistome et le Gastrodisque dontil sera question plus loin. Il n'est peut-être pas inutile de citer encore, parmi les représentants du genre, VA. lunalum Dies., 1850, trouvé au Brésil, par Natterer, dans les cœ- cums du Canard musqué sauvage. Il est possible qu'on arrive à le rencontrer quelque jour chez le Canard musqué domestique. Genre Gastrothylax [Gastroihylax J. Poirier, 1883). — Corps allongé ou ramassé. A la face ventrale, une poche à section triangulaire, s'ouvrant au dehors, un peu au-dessous de la bouche, par une fente transversale. Cette poche s'étend sur tout le corps jusqu'un peu en avant de la ventouse postérieure (yacTÎîp, ventre ; 6uXa?, poche). Ven- touse postérieure grande, elliptique, terminale. Pharynx unilobé. Gastrothylax à poche (G. crumeniferum [Creplin]. — Syn. : Amph.. cnimeniferum Creplin, 1847; G. crumeniferum J. Poir., 1883). — Corps sub- triquètre, légèrement atténué en avant, long de 9 à 14 millimèlres, large de 5 millimètres au milieu ; ventouse antérieure petite, terminale, orbicu- laire ; ventouse postérieure terminale, large, à bord saillant. La fente trans- versale qui donne entrée dans la poche se trouve située à peu de distance de la ventouse antérieure. PLATHELMINTIIES. — TRÉMATODES. 37» Trouvé par Gurlt, à Berlin, dans la panse du Zébu. Bourges et Saii- drin l'ont rencontré habituellement, et en quantité énorme, dans la panse du même animal, au Tonkin. Les sujets envahis de la sorte subissent un amaigrissement extrême (1). Gastrothylax allongfé (G. elongatiim J. Poirier, 1883). — Corps de forme allongée, atténué en avant, triquèlre ensuite sur une grande étendue, puis un peu étranglé ol enfin subcylindrique ; longueur 20 millimètres, lar- geur maximum 4 millimètres ; ventouse antérieure petite, terminale, orbi- culairc ; ventouse postérieure arrondie, légèrement ventrale, large de l"""',;). Cette espèce a été trouvée par Poirier dans la panse d'un Gayal {Do^ frontalh) provenant de Java et mort à la ménagerie du Muséum de Paris. Nous en possédons quelques exemplaires recueillis en 1888 dans le rumen d'un Zébu mort au Jardin d'acclimatation. Poirier a signalé en outre une troisième espèce : G. Cobboldi Poir.^ de la panse du même Bos frontalis. Genre Homalogastre {Homalogaster J. Poirier, 1883). — Corps plat- Ventouse postérieure terminale. Pharynx bilobé. IIoinalojsi:asti'c de Poirier (H. Poirieri Giard et Billet, 1892). — Ven- touse antérieure entourée de fines papilles digitées. Ventouse postérieure très large. Face ventrale couverte de lignes longitudinales de papilles agissant sans doute comme ventouses accessoires. Ce parasite a été trouvé chez les Bœufs sacrifiés pour la consomma- tion des troupes à Cao-Bang (Tonkin), par le D' A. Billet (2). Il est fixé sur la muqueuse du gros intestin, à laquelle il adhère fortement par sa ventouse postérieure. On peut en trouver jusqu'à 20 exemplaires groupés sur une surface de quelques centimètres carrés. Genre Gastrodisque {Gasirodiscus Leuck., 1877. — Syn. : Cotyle- gaster von Siebold, 1877, errore). — Corps formé d'un disque ellip- tique à face dorsale convexe, à face ventrale légèrement concave et couverte de nombreuses papilles-ventouses, et d'un prolongement antérieur ou céphalique cylindro-conique. Ventouse postérieure mé- diocre, circulaire, subterminale. Pharynx bilobé. Gastrodisque égyptien (G. ocgyptiacus [Cobbold et Sonsinoj. — Syn. : Hemistoma sp. ? Sonsino, 1876; Diplostowa œgyptiacum Cobb. et Sons., 1876; Cotylegaster cochlearlforme vonSieb., mars 1877, errore; G. Sonsinoii Cobbold, avril 1877; G. pohjmastos Leuck., 1880). — Corps rouge chair à l'état frais. Prolongement céphalique long de 3 à 4 millimètres, naissant de la face dorsale du disque et portant à son extrémité la petite ventouse antérieure. Disque elliptique, long de 11 à 12 millimètres, large de 8 à 9 millimètres ; (1) A. Railhet, Sur les Amphistomes des animaux domestiques du Tonkin. Comptes rendus Soc. de biol. (9), IV, p. G.33 et XIH, 1892. (2) A. GiARi) et A. Billet, Sur quelques Trématodes parasites des Banifs du Tonkin. Comptes rendus Soc. de biologie (9), IV, p. 613, 1892. 380 VERS. face dorsale convexe, lisse ; face ventrale presque plane, à peine déprimée en cuiller et couverte de petites papilles-ventouses très serrées-. Ventouse pos- térieure assez grande, tangente au bord postérieur du disque. Orifices génitaux situés au pôle opposé, à peu de distance du bord antérieur. Œufs ovoïdes, blan- châtres, operculés au pôle le plus étroit, les plus avancés se trouvant au stade morula, longs de 150 à 170 p., larges de 90 à 9.5 y.. Fig. 231. — Gastrudiscus xgyptiacus, grandeur na- turelle. — A, vu par la face ventrale. B, par la face dorsale (Orig.). Fig. 252. — (JEufs de Gastrodis- cus xgyptiacus, grossis 100 fois (Orig.). Ce Ver habite le tube digestif des Équidés : Cheval, Ane, Mulet, Zèbre. Il se tient fixé à la muqueuse par sa ventouse postérieure, tandis que le prolongement céphalique, très mobile, demeure libre. Il en existait de nombreux exemplaires dans l'ancienne collection helminthologique de l'École d'Alfort, mais sans aucune indication. Je soupçonne qu'ils avaient été recueillis, vers 1832, par les vétérinaires français de l'École d'Abou-Zabel (Egypte). En 1870, le D"" P. Son- sino en recueillit un grand nombre dans l'iléon et le gros intestin de deux Chevaux morts à Zagazig (Egypte), au cours d'une grave épi- zootie, et les communiqua à divers helmin- thologistes européens, notamment à Cobbold et à Leuckart. L'étude anatomique en a été faite par Lejtényi (1). Zucchinetti et Burlazzi. puis J.-B. Piot, retrouvèrent ensuite le même parasite dans diverses localités égyptiennes. Il se rencontre également à la Guadeloupe, où Guyot et Couzin l'ont observé par milliers chez des Mulets. Le premier l'a vu sur toute la longueur du tube digestif, depuis le pharynx jusqu'à l'anus, et même jusque dans les fosses nasales. — Un de nos regrettés élèves, Sarci- ron, en a recueilli cinq exemplaires dans le cœcum d'un Anon, à Kayes, dans le Haut-Sénégal. — Giles l'a trouvé en abondance dans le caecum et le côlon d'un Mulet, à Shillong, dans l'Inde. — Enfin, A. Collin l'a observé dans l'intestin d'un Zèbre. Dans la plupart des cas, ces parasites ne semblent pas avoir troublé la santé de leur hôte; c'est seulement en ce qui concerne les Mulets de la Guadeloupe qu'on a pu les considérer, en raison de leur nombre extraordinaire, comme ayant provoqué des troubles mortels. Famille des HOLOSTOMIDÉS. — Corps divisé par un étrangle- ment en deux régions : une postérieure cylindrique et une antérieure élargie, plus ou moins concave. Dans la région antérieure se trouvent : tout ou partie des vitellogènes; une ventouse antérieure ordinaire- (I) Dr Lejté.wi Karoli, Ueber den Bau des Gastrodiscus polyinastos Leuckart (Thèse inaug.). Frankfurt a M., 1881. PLATHELMINTHES. — TREMATODES. 381 ment très petite; une vcatouse postérieure également petite, plus ou moins rapprochée du centre ; enfin, un peu en arrière, un appareil de fixation, qui donne un aspect très variable à cette région, et consiste, tantôt en une ouverture ovalaire à bords saillants garnis de papilles digitiformes {Diplostomime), tantôt en un cône très puissant, plein ou creusé d'une cavité centrale profonde. Bouche s'ouvrant dans la ven- touse antérieure. Œsophage court; intestin bilide, s'étendant sur toute la longueur du corps. Organes génitaux situés dans la région postérieure, et allant s'ouvrir dans une vaste cavité du pôle postérieur du corps (cloaque génital ou bourse copulatrice) ; du fond de cette cavité s'élève une masse conique pouvant faire saillie au dehors (cône génital) et portant à son sommet l'orifice mâle, à sa base l'orifice femelle. Dans l'utérus, œufs peu nombreux, mais de grandes dimen- sions, se développant dans l'eau. Les recherches de von Linstow, Ercolani, Brandes, ont commencé à jeter quelque lumière sur l'évolution de ces Trématodes. De l'œuf sort un embryon cilié, pourvu de taches oculaires. Cet embryon pénètre chez un hôte provisoire, perd ses cils et se transforme en une larve assez bizarre, que Steenstrup avait observée dès 1842, et à laquelle de Filippi a donné en 1834 le nom de Tctracofyle. Cette larve offre la curieuse particularité de vivre en parasite dans les Sporocystes de diverses espèces de Distomiens; cependant, on l'a rencontrée aussi, libre ou enkystée, dans les viscères d'un certain nombre de Mollus- ques, Annélides, Poissons, Batraciens, Reptiles, Oiseaux. Elle se pré- sente sous l'aspect d'un corps ovoïde ou arrondi, de teinte noirâtre, enveloppé dans une membrane transparente et élastique, qui suit ses mouvements de contraction et lui appartient en propre. A la face ven- trale, on remarque une ventouse antérieure ou buccale arrondie, une centrale ou postérieure, et deux orifices glandulaires latéraux qui ont été longtemps pris aussi pour des ventouses. Cette larve, ingérée par l'hôte définitif, se transforme dans son intestin en un Holostomidé adulte, comme l'avait soupçonné Claparède, et comme l'ont démontré les expériences d'Ercolani et de Brandes. 3 sous-familles ; Diplosfominx, Hcmistominœ et Holostominse. Les HÉansTOMiNÉsont la partie antérieure du corps aplatie, avec les bords lamelleux recourbés vers la face ventrale, de manière à présen- ter l'aspect d'une cuiller ou d'un cornet ouvert largement et oblique- ment en avant. Appareil de fixation en forme d'appendice épais, cou- vrant souvent la plus grande partie de la région antérieure du corps et cachant la ventouse postérieure. Cône génital et bourse copulatrice rarement bien développés; orifice de la bourse du côté dorsal. Chez les Oiseaux et les Mammifères, Le genre Hémistome [Hemistoma Dies., 1830) représente à lui seul cette sous-famille. 382 VERS. Hémistome ailé (H. alatum [GœzeJ. — Syn. : Planaria alataGœze, 1782; Holostomum alatum Nitzsch, 1819; Hcmistomum alatum Dies., 1830). — Corps d'un blanc sale, long de 3 à 6 millimètres. Région posté- rieure du corps beaucoup plus courte que l'antérieure. Ventouse antérieure et pharynx assez développés ; ven- touse postérieure un peu plus petite. En dessous de celle-ci, l'appareil de fixation représenté par un appen- dice peu saillant, dont les bords latéraux sont renflés en avant. Sur les cotés de la ventouse buccale, des orifices glandulaires saillants, de forme semi-lunaire. Orifices génitaux dans le milieu du petit cône génital. Bourse copulatrice insignifiante, tournée vers la face dorsale. a „. .„„ rj ■ . Assez commun dans l'intestin grêle du Renard et ïig. 253. — Hemistoma _ " alatum, grandeur na- du Loup. Crcpliu, à GreifswaM, l'a trouvé aussi Gurit! "^ ^"^"^^ ' ^'"^^^ dans l'intestin grêle du Chien domestique, et Mac- lay en a recueilli quatre exemplaires asexués chez un très jeune Chiot. Les HOLOSTOMiNÉs Ont la région antérieure du corps transformée fig. 254. — D(?vcloppement d un Holostome, dapies Ercolani — l Tutracotj le parasite d'une Sporo- cyste. 2, Ti''tracol\le libre extrait d'une Planorbe. 3, Télracoljle développé en Holostome dans l'intestin du Canard doraesLiriuc. €n capsule par suite de la fusion des bords latéraux lamelleux. L'appa- PLATIIELMINTIIES. — TURBELLAKIÉS. 383 pareil de fixation représente un appendice conique avec une cavité centrale profonde. Cùne génital et bourse copulatrice souvent bien visibles. Parasites des Oiseaux, rarement des Batraciens et des Poissons. Le genre Holostome {Ilolostoma Nitzsch, 1819) est le seul représen- tant de ce groupe. 11 comprend un certain nombre d'espèces dont aucune n'a été rencontrée jusqu'à présent à l'état spontané chez nos animaux domestiques. Citons H. variabilc Xilzsch, de l'intestin de divers Rapaces ; ff. ermticumïia']., nec von Ijnst., de rinteslin du Lanis maculipennis ; H. gracile Duj., de l'inteslin de divers Analidés. Ercolani croyait avoir développé VH- crvaticum chez le Ca- nard domestique, en faisant ingérer à celui-ci le Tctracotyle typica Dies. ; mais il est probable, comme le fait remarquer Brandes, qu'il s'agissait d'une autre espèce. TKOISIEME SOUS-ORDRE POLYSTOMIENS Trématodes munis en général de deux petites ventouses antérieures et d'une ou de plusieurs ventouses postérieures, souvent accompagnées de crochets, surtout les postérieures. Développement presque toujours direct. Généralement ecto parasites. Le corps est aplati ou à peine renflé. Les ventouses antérieures sont quel- quefois remplacées par des lobes membraneux ou par des tentacules. La bouche s'ouvre en avant. L'intestin est bifide ou simple. Les orifices génitaux sont situés sur la face ventrale. Les œufs sont très développés et souvent pourvus d'appendices polaires. L'embryon qui s'y développe présente d'ordinaire la forme et l'organisation des parents. Les Polystomiens vivent en parasites sur la peau, sur les branchies ou même dans la cavité buccale des Poissons ; parfois sur les Crustacés ou les Hirudinées ; rarement dans la vessie urinaire des Batraciens et des Reptiles. 3 familles : PohjMomidse, Temnocephalidw , Tristomidœ. Janson dit avoir trouvé un grand nombre de Tristomes dans l'intes- tin d'un Chien, au Japon : ce sont probablement des Distomiens mal étudiés, ou bien des pseudo-parasites, ingérés avec un Poisson. QUATRIEME ORDRE TURBELLARIÉS Plathelminthes ciliés, foliacés, à tube digestif incomplet, presque tou- jours dépourvu d'anus. Généralement libres. Les Turbellariés [tarbellœ, agitation, sous- entendu ciliaire) ont un corps 384 VERS. mou, dont l'aspect et l'organisation rappellent celui des Trématodes. Ils ne possèdent ni crochets, ni ventouses, mais leur tégument est recouvert de cils vibratiles, et renferme des organes urticants de conformation variable. Le système nerveux se compose de deux ganglions sus-œsophagiens unis par une commissure ou même fusionnés, et desquels partent divers filets nerveux, en particulier deux latéraux, dirigés en arrière. —Assez souvent on observe des taches oculaires, plus rarement des olocystes. La cavité viscérale (cœlome) n'est représentée que par d'étroites lacunes dans lesquelles prend naissance l'appareil excréteur. Le tube digestif, uni au tégument par un lissu conjonctif épais, comprend une bouche ventrale, munie d'un sphincter, un pharynx souvent protractile, et presque toujours une cavité gastro-intestinale, dont la disposition est variable. Sauf de très rares exceptions (Miwosioma), l'anus fait défaut. — Il n'existe pas d'organes pour la circulation et la respiration. — Vappareil excréteur est représenté par deux troncs latéraux plus ou moins ramifiés. La reproduction s'efîectue quelquefois par scissiparité, mais elle est en gé- néral sexuelle. La plupart des espèces sont hermaphrodites. Le développe- ment est direct, sauf chez quelques formes marines, qui produisent une larve munie d'appendices digités. Les Turbellariés vivent dans les eaux douces ou salées, parfois dans la terre humide. 2 sous-ordres : Rhabdocœles. — Tube digestif simple, rectiligne (poco^oç, bâton; xoiXîx, in- testin). — Genres Plagiostoma, Microstoma, etc. Dendrocœles. — Cavité digestive plus ou moins ramifiée [ShSçcv, arbre). — Genres Flmtoxia, Leptoplana, etc. CINQUIÈME ORDRE NÉiMERTIEiNS Plathelminthes ciliés^ à corps cylïndroïde ou déprimé, pourvus d'un tube digestif complet. Libres. Le corps est allongé, non annelé, cylindi'Oïde ou plus souvent aplati, re- couvert de 'cils. A l'extrémité antérieure, il présente un orifice conduisant dans un tube musculaire susceptible de se renverser au dehors et formant ainsi une très longue trompe, parfois armée d'un stylet central et de crochets latéraux. Le système nerveux est analogue à celui des Turbellariés, mais plus dé- veloppé. — Il existe des taches oculaires, des otocystes et souvent des fos- settes ciliées à signification douteuse. La cavité générale est remplie de travées conjonctives. — Le tube digestif débute par une bouche située au-dessous de l'orifice de la trompe ; il est rectiligne, ordinairement cilié, parfois pourvu de caecums latéraux, et aboutit à un anus terminal. — Il faut noter l'existence d'nn appareil circulatoire com- posé de trois troncs longitudinaux contractiles, renfermant un sang généra- lement incolore. — Pas d'organes spéciaux pour la respiration. — Appareil excréteur comme dans le groupe précédent. NEMATHELMINTHES. — NEMATODES. 385 Les aexes sont presque toujours séparés. Le développement est direct, ou se fait au moyen de larves ciliées, dont la forme la plus répandue, en casque, porte le nom de Pilidiiim. Les Némertiens, autrefois confondus avec les Tiirbellariés, sont pour la plupart marins; quelques-uns vivent dans les eaux douces ou saumàtres ; d'autres sont terrestres ; enfin certaines formes vivent en parasites chez les Lamellibranches et les Crustacés. 2 sous- ordres : Anopudks. — Trompe inerme (avorXoî, sans armes). Des métamorphoses. — Genres Malacobdella (parasite), Lineus. Énopudés. — Trompe armée (évoTrXicç, armé). Développement direct. — Genre Nemertes. CLASSE III NEMATHELMINTHES Vers cylindriques, sans appareil ciliaire prébuccal, pourvus d'un système nerveux variable, mais ne formant pas de chaîne ventrale. Géné- ralement dioïques. Les Némalhelminthes (vî^aot, fil ; eAi/tv;, ver) sont ainsi nommés en raison de leur forme cylindrique et allongée ; souvent même ils sont en réalité filiformes. Ils possèdent une cavité générale dans laquelle flottent le tube digestif quand il existe, et les organes sexuels, ces parties n'étant reliées à la paroi du corps que par de rares travées conjonctives. La plupart sont unisexués et endoparasites (helminthes), 3 ordres principaux : T, , , ,. .f \ complet Nématodes. Ln tube digestif . . ■ . . r j i. n ° ( atrophie chez 1 adulte Gordiaces. Pas de tube digestif chez l'adulte Acanthocéphales. PREMIER ORDRE NEMATODES Némathelminthes pourvus d'un tube digestif complet. Ainsi que l'indique leur nom, les Nématodes (1) ou Nématoïdes (vYJfxa, fil ; eTSoç, apparence) sont des Vers cylindriques, allongés, sou- vent grêles et même filiformes ; mais ils ne sont pas segmentés : les organes reproducteurs ne se répèlent jamais plusieurs fois sur la lon- gueur du corps. La cuticule chitineuse est transparente, ferme, élastique, et divisi- ble en plusieurs couches : l'externe, presque toujours finement striée (1) DiESTNr,, Révision dcr Nemaloden. Sitzungsber. d. Wien. Akad. d. Wiss., XLII, p. /.9), ISGI. — Id.. A'ar/itrag. Ibid., XLIII, 186-2. — Auton Schneider, Moiiojra- ptiieder Semaloilen. Berlin, 1866. Railhet. — Zoologie. 2o 386 VERS. en travers, enveloppe le corps comme un fourreau, et recouvre une double ou triple couche fibrillaire souvent très épaisse. Il n'existe nulle part de cils vibratiles, mais on peut observer à la surface du corps diverses productions cuticulaires, telles que tubercules, épines, poils, etc. Parfois même la cuticule se détache sur les côtés du corps, à l'extrémité antérieure ou postérieure, de manière à constituer des expansions vésiculeuses ou aliformes. Pendant le jeune âge, il se produit des mues, qui consistent dans la chute et le renouvellement périodiques d'une partie des strates cuticulaires. Au-dessous de la cuticule, se trouve une couche molle, granuleuse, nucléée (hypoderme ou épiderme), qui lui a donné naissance, et qui représente le tégument propre ou ectoderme. D'après J. Chatin, cette couche est primitivement cellulaire. Presque toujours elle prend un développement considérable sui- vant quatre lignes longitudinales équidistantes : il se forme ainsi quatre bourrelets qui font saillie, à un degré variable, dans la cavité du corps et interrompent la couche musculaire. Les deux plus importants sont les lignes latérales — ou mieux champs latéraux — situés de chaque côté du corps et souvent bien distincts à l'œil nu. Les deux autres, moins larges, reçoivent, en raison de leur situation, le nom de lignes médianes [dorsale et ventrale). Quelquefois même il existe des lignes accessoires {lignes médianes secondaires ou lignes SMÔmerfiarjes), occupant l'intervalle des précédentes. En dedans de la couche sous-cuticulaire, on observe une puissante enveloppe musculo-cutanée , formée d'éléments musculaires tout à fait particuliers (cellules musculaires), dont la forme et la répartition varient suivant les groupes. Ainsi, dans certains genres [Ascaris, Heterakis^ Eustrongylus^ Physaloptera, Filaria, Spiroptera, etc.), ces cellules musculaires sont nombreuses et par conséquent serrées les unes contre les autres : chacune d'elles se montre alors formée de deux parties distinctes : une partie externe, striée transversalement, et une partie interne, vésiculeuse, beaucoup plus développée que la précédente et renfer- mant une substance granuleuse avec un gros noyau. De la face profonde de cette vésicule partent des filaments qui vont pour la plupart former un cordon longitudinal sur les lignes médianes dor- sale et ventrale. La couche musculaire est évidemment interrompue au niveau de ces lignes, comme au niveau des champs latéraux. Les Nématodes qui présentent cette structure sont dits, d'après la consti- tution de la cellule, cœlonnj aires ; au point de vue de la répartition, les éléments musculaires étant nombreux, on les appelle pobjmyaires. D'autres fois [Oxyuris, Strongylinse, Sclerostominœ, Rhabditis), les cellules musculaires sont peu nombreuses ; il en existe seulement deux rangées dans l'intervalle qui sépare une ligne médiane d'un champ latéral. Ce sont alors de grandes cellules aplaties, losangiques, NEMATIIELMINTHES. — NEMATODES. 38T à substance striée transversalement, et munies d'un gros noyau. Les genres offrant ces caractères constituent le groupe des platymy aires ; d'après la répartition des éléments, on les appelle mcromyaires. 11 faut ajouter que, chez certains platymyaircs, dont les lignes mé- dianes et les champs latéraux sont peu développés ou nuls [Trichoce- phalus, Jrichosomn, Trichina^ Pseudalius, Mennis, etc.), la couche mus- culaire, formée de nombreuses rangées de cellules, n'est plus ou presque plus interrompue, sauf parfois au niveau de la ligne ventrale. Ces Vers sont dits holomy (lires, mais ce terme ne doit s'entendre que de la répar- tition des éléments. Ant. Schneider admettait que les Vers auxquels il donnait ce nom étaient dépourvus de véritables cellules musculaires, et possédaient seulement des librilles répandues dans une masse pro- toplasmique commune: dans ce sens, les holomyaires n'existent pas. En dedans de l'enveloppe musculo-cutanée, on trouve une sorte de tissu conjonctif de consistance spongieuse, qui représente avec elle le mésoderme. Le système nerveux a pour base un anneau qui entoure l'œsophage et envoie des filets en avant et en arrière. A ce collier œsophagien sont annexés des groupes de cellules ganglionnaires qui correspon- dent à l'origine même des nerfs, et qu'on distingue en ganglions dor- sal, ventral et latéraux. Les nerfs antérieurs sont au nombre de six: deux situés dans les lignes latérales et quatre dans l'espace intermé- diaire aux lignes latérales et médianes ; ces nerfs se rendent dans les papilles buccales. Les nerfs postérieurs suivent les lignes médianes, ventrale et dorsale, jusqu'à l'extrémité postérieure, et émettent des fibres qui vont aux téguments. Quelques auteurs ont vu également des nerfs postérieurs dans les champs latéraux. Enfin on rencontre quelques amas ganglionnaires dans la région anale. Les Nématodes ne possèdent, en fait à' organes sensoriels, que des papilles tactiles et quelquefois des taches oculaires. Ces dernières, placées sur l'anneau œsophagien, n'ont d'ailleurs été observées que sur des espèces non parasites. Quant aux papilles, elles sont très ré- pandues et consistent en de petites saillies cutanées, souvent coni- ques, à la base desquelles se rendent habituellement des nerfs. Leur nombre, qui varie beaucoup, fournit de bons caractères pour la clas- sification. Il est rare qu'elles soient disséminées sur toute la surface du corps [Nematoxys) ou disposées en rangées le long des champs latéraux [Eustrongylus gigas) ; le plus souvent, elles sont localisées au pourtour de la bouche et au voisinage de l'anus : ces dernières sont parfois très nombreuses chez les mâles, mais les femelles en possè- dent rarement plus d'une paire (1). (1) Dans le système de Schneider, que nous avons adopté, les papilles caudales se comptent d'aiTière en avant : ainsi, n" 1 représente la papille postérieure de chaque côté, n° 2 celle qui préo'-de, etc. Celles qui se trouvent au niveau de la fente anale sont comptées parmi les préanales ou dénommées adanales. 388 VERS. Le tube digestif est en général complet, à deux ouvertures. La bouche, orbiculaire ou elliptique, est située à rextrémité antérieure du corps ; quelquefois, cependant, par suite du relèvement de cette extrémité, elle paraît n'être plus tout à fait terminale {Uncinaria). Elle est souvent pourvue de deux, trois ou six lèvres molles ou cor- nées, presque toujours papillifères. Dans certains cas, elle porte une armature chilineuse munie de piquants, de cro- chets, etc., armature qui peut se renouveler, en se mo- difiant, au moment des mues [Schrosioma equinum). Elle s'ouvre directement ou par l'interméd aire d'un infandi- hulum de conformation variable [capsi buccale, pharynx de quelques auteurs) dans un œsop iage étroit, cylin- drique ou triquêtre, souvent dilaté < en massue » dans sa partie postérieure. Ce conduit, bien distinct du reste du tube digestif, est caractérisé par la présence, à sa partie externe, d'une épaisse couche de « fibres muscu- laires » rayonnantes qui servent à le dilater et en font un organe de succion, destiné à l'aspiration des liquides alimentaires. Il présente quelquefois [Oxyuris) un étran- glement plus ou moins marqué, suivi d'une dilatation à laquelle on donne souvent le nom de venirinde. Là se termine l'intestin buccal, dont la paroi (endoderme) est tapissée par une cuticule chitineuse continue avec celle du tégument et offrant dans quelques cas des saillies longitudinales ou des éminences dentiformes. — L'intes- tin moyen, séparé lui-même de l'œsophage par un étran- glement, est un tube large et droit, rarement ondulé ou moniliforme [Irichocep/ialus), dont la paroi est formée d'une simple couche de cellules épithéliales, revêtue aussi d'une cuticule à sa face interne. Il est fixé par des cor- dons fibreux à la paroi du corps, presque toujours le long des lignes latérales. — L'intestin terminal ou rec- tum, qui peut présenter des fibres musculaires à sa face externe, est un court canal se distinguant des autres parties par son étroitesse. Il aboutit à fanus, qui s'ou- vre, soit à une petite distance de l'extrémité caudale, soit à cette extrémité même, mais toujours à la face ventrale. Telle est la disposition de l'appareil digestif complet des Néma- todes typiques. On peut ajouter que, dans certaines espèces, des glandes y sont annexées, soit dans la région antérieure, soit au niveau du rectnm. Enfin, il est des Nématodes dépourvus d'anus (il/ennis) et dont l'intestin se termine par conséquent en cul-de-sac. Il n'existe pas d'appareil circulatoire. Toutefois, comme le canal intestinal n"est pas en connexion immédiate avec l'enveloppe mus- Fig. 255 Tube digestif d une fe- melle de Scle- rostoma equi- num. — c, cap- sule buccale, œ, œsophage, i. in- testin, a, anus. g, g', glandes dites cépliali- ques ou salivai- res (Delafoud). I NÉMATIIELMINTIIES. — NÉMATODES. 389 culo-cutanée, il en résulte une cavité viscérale remplie de liquide plas- mafique contenant même parfois ^ des globules. La distribution de ce liquide dans le corps a lieu par le fait des contractions de l'enveloppe musculo-cutanée. Le système excréteur se compose de canaux (vaisseaux aquiféres) si- tués dans les champs latéraux : il s'en trouve quelquefois deux [Spiro- ptera) et peut-être même trois [Scle- rostoma) de chaque cùté. Leur con- tenu est transparent, sans granula- tions. Au niveau de la terminaison de l'œsophage, ces canaux latéraux s'infléchissent en dedans et en bas et forment un court canal impair qui va s'ouvrir sur la ligne médiane de la face ventrale, par un très petit orifice appelé pore excréteur. A de très rares exceptions près [Angiosioma nigrovenosum), les Né- matodes sont dioïques. Les organes sexuels consistent en des tubes si- tués dans la cavité viscérale et débouchant à l'extérieur ; l'extré- mité cœcale de ces tubes fonc- tionne comme testicule ou comme ovaire, le reste comme appareil conducteur et récepteur ; il n'existe d'organes accessoires qu'à l'ouver- ture extérieure. — Les individus mdles se reconnaissent en général à leur taille plus petite et à leur queue recourbée. Ils ne possèdent d'ordinaire qu'un seul tube sexuel, qui décrit des circonvolutions plus ou moins nombreuses, et qu'en zoologie descriptive on qualifie de testicule, mais qu'on doit distin- guer en testicule proprement dit et en canal déférent. Celui-ci pré- sente quelquefois, avant sa ter- minaison, une dilatation regardée comme une vésicule séminale; la portion terminale, ou conduit éja Fijr. lod. — Analomie du l'Ascaride du Porc. — A, mâle. B, femelle, c, champs lalc'-raux. œ, œsophage. /, intestin, vs, vésiculo séminale, ce, canal ('■jaculateur. ou, ovaires. '/o. partie renflée de l'oviducte ou utérus, vg, vagin (Delafond). :390 VERS. culateur, vient déboucher en arrière, avec le tube digestif, dans un cloaque. Au voisinage de ce cloaque, on observe souvent une ou deux pièces de chitine, auxquelles on donne le nom de spicules, et qui ne sont autres que des organes de copulation. Effectivement, ces spicules, qui peuvent être projetés au dehors par des muscles spé- ■ciaux, pénètrent dans la vulve de la femelle et la distendent de manière à permettre l'introduction du sperme dans le vagin. Dans •certains cas [Strongyl'idx), la copulation est en outre favorisée par la présence d'une bourse caudale, expansion campanuliforme qui main- tient le mâle étroitement fixé à la femelle. D'autres fois, enfin, ces divers organes copulateurs font défaut, mais le cloaque peut se ren- verser en dehors et jouer ainsi le rôle de pénis (Trichina). Les spermalozoï- // des sont sphériques ou coniques : ils offrent cette particularité remar- quable de présenter des mouvements '''' amiboïdes. — Les femelles possèdent quelquefois un seul, plus souvent deux tubes sexuels, dits ovaires, dé- crivant plus ou moins de circonvo- lutions suivant leur longueur. Nous Fig. 257. — Extriimilc' caudale de l'Ascandc du Porc, Fi^. 2o8. — Spicules de l'Ascaride des Équidés. vue de côté (les spicules sont figurés un peu trop — m, muscles rétracteurs (Delafoud). épais) (Delafond). savons déjà qu'en réalité l'ovaire est représenté seulement par la portion Ccecale du tube, laquelle se continue par une section ordinairement plus large ou oviducte, aboutissant en général à «ne dilatation de forme variable désignée sous le nom d'utérus ; à celui-ci fait suite un canal plus ou moins étroit, le vagin, qui débou- che à l'extérieur par la vulve. Lorsqu'il existe deux tubes sexuels, ils sont presque toujours distincts jusqu'à la naissance du vagin, quel- quefois même plus loin. Quant à la vulve, sa situation est variable ; mais, dans tous les cas, elle occupe la face ventrale. On admet géné- ralement que les œufs, comme les spermatozoïdes, naissent par gem- mation aux dépens d'une masse protoplasmique nucléée disposée sous forme de cordon [rackis] dans l'axe des tubes germinatifs : ils se pré- NÉMATHELMINTHES. — NÉM\TODES. 391 senteraient tout d'abord sous^l 'aspect de cellules à noyaux, renflées en massue et groupées autour de ce cordon. LesNématodes sont ovipares ou ovovivipares. Dans le premier cas, les œufs, de forme ovoïde ou sphérique, sont d'ordinaire pourvus d'une coque très résistante. Assez souvent, le développement em- bryonnaire ne commence qu'après «t même longtemps après la ponte ; du reste, les circonstances exté- rieures le font varier : il dé- bute par une segmentation totale dont le résultat est la formation d'une morula souvent ovalaire. Celle-ci « s'échancre d'un côté, et l'embryon, à mesure qu'il croit, se replie dans le sens de cette éclian- crure. Les cellules centrales de la morule pleine se différencient du reste du corps pour former l'endo- derme, qui naît ainsi par un procédé de délamination. » L'embryon prend peu à peu un aspect vermi- forme et se montre enroulé dans l'intérieur de l'œuf. Les phéno- mènes se passent de la même façon chez les espèces ovovivipares, maisl'éclosion s'effectue dans l'u- térus. Les phases ultérieures du dé- veloppement comprennent une grande diversité de manifesta- tions; on peut, avec Leuckart, les classer pour la plupart sous les chefs suivants, en ce qui a trait du moins aux espèces para- sites : A. Développement avec hôte in- termédiaire. — 1" TYi'E : les para- sites passent, avant ou après leur éclosion, dans un premier hùte intermédiaire, sous la forme de larve (Spiroptera obiusa de la Souris ; Cucullanus elegans de la Perche). — 2'^ type : les embryons libres en- vahissent non seulement un hôte intermédiaire, mais aussi l'hôte même chez lequel ils éclosent [Ollulaniis tricuspis). — 3<= type : les embryons envahissent les tissus de l'hùte qui héberge leur mère et Fig. 259. — Ascaride des Équidôs, — A, l'un des luljes sexuels de la femelle (l'autre a été sec- tionné à peu de distance du vagin), ov, ovaire. (h, oviducte.K, utérus, u, vagin. B, œufs grossis environ 130 fois (Delafond). 392 VERS. chez lequel ils sont éclos [Trichma spiralis) ; ils arrivent à l'état adulte chez un second hôte. — A" type : l'embryon atteint un hôte intermédiaire, mais ne subit chez celui-ci que peu ou point de chan- gements : les métamorphoses complètes ne s'accomplissent que dans l'hôte définitif (Ascaris acus...). B. Développement sans hôte intermédiaire. — 5^ type : l'embryon se développe dans l'œuf évacué et passe dans son hôte définitif pendant qu'il se trouve encore dans sa coque [Oxyuris vermicularis, Trichoce- phalus a f finis). — 6^ type : les embryons abandonnent leur coque et se rendent, sous la forme de petits Rhabditis (à double renflement œso- phagien), dans l'eau ou dans la terre humide, où ils se nourrissent et s'accroissent ; mais ils ne prennent leurs organes sexuels qu'après introduction dans le corps de leur hôte {Uncinariu trigonocephala). — 7e type : les embryons deviennent sexués à l'état de liberté, sous la forme de Rhabditis ; puis ceux-ci donnent naissance à une généra- tion également sexuée, qui retourne à la vie parasitique {Angiostoma nigrovenosum ) : nous avons déjà signalé cette succession de généra- tions sexuées différentes sous le nom àliétérogonie. Les variations morphologiques en relation avec le mode de vie [dimorphobiose)., telles qu'on les observe dans ces deux derniers types, ont même été constatées chez des Nématodes libres {Rhabditis)., sous la seule influence d'une alimentation abondante ou précaire. Remarquons, d'autre part, que beaucoup de petits Nématodes, et plus spécialement des larves, résistent à la dessiccation, et reprennent leur activité en présence de Ihumidité. La plupart des Nématodes sont parasites et se nourrissent des substances liquides contenues dans l'organisme de leur hôte. Il en est qui jouent le rôle de simples commensaux; d'autres, par contre, at- taquent les tissus au moyen de leur armature buccale. Leur présence peut déterminer, suivant les cas, des accidents d'une gravité variable. Nous aurons, en outre, à signaler quelques formes qui vivent aux dé- pens des plantes. 1. Famille des ASCARIDES. — Les Ascarides ont le corps relati- vement épais. La bouche est d'ordinaire entourée de trois lèvres (valves céphaliques ou buccales) souvent papillifères : une occupant la face dorsale, les deux autres se touchant sur la ligne médiane de la face ventrale. L'œsophage est long, musculeux, renflé en arrière et parfois suivi d'un bulbe œsophagien (ventricule). Les mâles sont pourvus d'un seul ou de deux spicules. Les femelles paraissent avoir toujours un ovaire double. L'oviparité est la règle. 11 est vraisemblable que tous les Vers de cette famille ont un déve- loppement direct. Genre Ascaride [Ascaris L. , 1 758, pro parte) . — Les Ascarides sont des Polymyaires à trois fortes lèvres, dont les parties latérales sont gêné- NÉMATHELMINTllES. — NÉMATODES. 393 ralement dentées. Les mâles ont deux spicules égaux et de nom- breuses papilles en avant et en arrière de l'anus. D'après Schneider, les meilleurs caractères spécifiques sont fournis par les papilles post- anales. La vulve est située en avant du milieu du corps. Les œufs sont globuleux ou ellipsoïdes. o^ Ascaride loinbricoïdc (A. lumlni- coides L., 1758). — Le corps est d'un blanc laiteux, laide et élastique, atténué aux deux extrémités. La tète ou région labiale est petite; les trois lèvres ont leurs bords finement deiiticulés : la supé- rieure porte à sa base deux papilles; chacune des deux autres n'en possède qu'une bien apparente. Le mâle mesure 15 à 17 centimètres de longueur sur 3 à 3™'", 2 d'épaisseur; son extrémité cau- dale, conique et courbée vers la face ven- trale, montre deux spicules courts, un peu arqués, cylindriques à la base, cla- viformes et aplatis dans leur moitié libi^e. Sur cette face ventrale, régnent de cha- que côté 69 à 75 papilles, dont 7 (paires) post-anales : n° 2 rapprochée de la ligne médiane ; 4-5 et 0-7 géminées ; les sui- vantes disposées sur un seul, puis sur deux rangs; une papille impaire en avant de l'anus. La femelle est longue de 20 à 25 centimètres sur 5 millimètres à 5""™, 5 d'épaisseur; son extrémité caudale est conique et droite; la vulve est située vers le tiers antérieur du corps, dans un espace annulaire légèrement rétréci. Les œufs sont ellipsoïdes et mesurent 50 à Fig. 2G0. — Ascaride Fig. 261. — Ascaride Fig. 202. — Exlroiniti; autérieure do l'Ascaride lom- loinbricoïdc, mâle, vu de côté. Grandeur naturelle (Orig.). lombricoïde, femelle, face ventrale. Gran- deur naturelle (Orig.). bricoïde. — A, vue de devaut. B, vue par la face dorsale. 394 VERS. 7o (A de long sur 40 à 58 y. de large ; leur coque lisse est entourée d'une couche transparente, albumineuse, irrégulièrement mamelonnée. L'Ascaride lombricoïde habite normalement l'intestin grêle de rilomme, où il est assez commun. En raison de son aspect, il a été longtemps confondu avec les Vers de terre, et on lui donne encore vulgairement le nom impropre de Lombric. ÉVOLUTION. — Le développement embryonnaire ne se manifeste pas tant que l'œuf demeure dans l'intestin de l'Homme ; il ne commence même parfois que fort longtemps après l'expulsion. On peut le suivre aisément, en plaçant les œufs dans l'eau, sur du sable humecté et en général dans un milieu humide. Il est suspendu par la dessiccation, mais celle-ci doit être très prolongée pour que tous les œufs aient perdu leur faculté évolutive. Cette faculté résiste même à la gelée ■et à une température de -42°. L'enveloppe albumineuse se détruit souvent au cours du développement. La segmentation est égale, et a lieu avec une rapidité variable sui- vant l'élévation de la température ambiante. En hiver, le processus ■embryogénique ne fait aucun progrès ; il est, au contraire, fortement activé par les grandes chaleurs de l'été. En prenant pour base une douce température, l'embryon est constitué au bout de 30 à 40 jours. Cet embryon est enroulé sur lui-même en une spirale irrégulière, dont ses mouvements changent à chaque instant l'aspect. Avec quel- que précaution, il peut être extrait de la coque, et se présente alors avec une longueur moyenne de 300 pi et une largeur de 14 [j.. Il est cy- iindroïde, à tête obtuse munie d'une petite dent (que Stiles a vue formée en réalité par l'accolement de trois lèvres), à queue conique, mais non effilée. Il subit déjà une mue à l'intérieur de la coque, car on voit, àlune de ses extrémités, une mince membrane se séparer de ia surface du corps. L'embryon ne sort pas de la coque tant que l'œuf demeure dans le monde extérieur (tout au moins quand on le conserve dans l'eau) ; d'après Davaine, il peut y prolonger son existence pendant cinq ans dans un milieu humide. La suite de l'évolution a donné lieu à de nombreuses controverses. Leuckart, ayant ingéré sans succès des œufs contenant un embryon bien développé, admet que cet embryon doit évoluer d'abord chez un hôte différent de celui qui héberge l'adulte. Von Linstow, appuyant cette manière de voir, a cru devoir attribuer ce rôle d'hôte intermé- rfwpar ; extrémité eau- rarement chez les Oies au pâturage. Je l'ai également daie du mâle, vue par observé, avec Lucet, chez des Oies du Loiret affectées de grossie 50 fois (Orig.). diverses maladies parasitaires; il était plus commun que VHeleraJiis papillosa. On l'a signalé encore chez le Canard domestique, le Canard de Barbarie, etc. Hétérakis compagnon [H. compar [Schrank]. — Syn. : Ascaris compar Schrank, 1790; A. lagopodis Frulich, 1802; Fusaria compar Zeder, 1803; H. compar Stossich, 1888). — Corps blanchâtre, atténué surtout en arrière. Bouche à trois lèvres arrondies, pourvues chacune d'une papille centrale. Mâle long de S6 à 48 millimètres ; extrémité caudale droite, tronquée obli- quement; ventouse entourée d'un cercle de petites papilles et de deux séries latérales de quatre papilles; un cercle de petites papilles également autour de l'orifice anal. Feme//e longue de 84 à 96 millimètres. Intestin grêle de divers Gallinacés. — Trouvé dans l'estomac d'un Poulet, par le capitaine Chierchia, à Saint-Hyacinthe, dans l'île de Luçon (Philip- pines) (1). Hétérakis brésilien [H. brasiliensis de Magalhâes, 1892). — Le mâle seul est connu. Corps cylindrique, jaunâtre, atténué aux extrémités, surtout en arrière. Longueur, 24 millimètres. Bouche à trois grosses lèvres inégales ; papilles submédianes bien distinctes. Ventouse circulaire avec une papille cachée au bord postérieur. Ailes caudales peu marquées. Deux spicules un peu inégaux. 9 paires de papilles latérales, dont une en avant de la ventouse. Une papille asymétrique, médiane, au niveau de la paire postérieure. (1) F. S. IMoNTiCELLi, Elminli del viaggio delta R. corvetta « Veltor Pisani ». BoUettino délia Soc. di Natur. in Napoli, 111, p. 70, 1889. NÉMATHELMINTHES. — NÉMA.TODES. 409 Intestin de la Poule domestique, ti Rio-de-Janeiro (Brésil) (1). 2' section: Acoeilostomi {Stelmlus Duj., Subulura Molin, etc.). — Bouche sans lèvres ; deux spicules, plus une pièce accessoire ; ven- touse sans anneau chitineux. Ilétérakis différent [H. differcns Sonsino, 1890). — Longueur, jusqu'à m millimètres et plus. Corps atténué aux deux exlrémilés, surtout chez la femelle. Bouche sans lèvres distinctes; œsophage suivi d'un ventricule bien distinct. Mâle avec deux spicules égaux, assez courts, non crochus à l'extré- mité, et accompagnés d'une pièce accessoire ; ventouse allongée, sans an- neau chitineux; papilles peu nombreuses et peu développées; ailos caudales à peine apparentes. Femelle à extrémité postérieure brusquement acuminée; anus à peu de distance de la pointe. Œufs subglobuleux, à coque mince, contenant un embryon alors qu'ils sont encore renfermés dans les utérus. Trouvé à Pise, par Sonsino, dans les dernières parties de l'intestin de la Poule. Genre Oxyure [Oxyuris Rud., 1803). — Méromyaires à bouche nue ou entourée de trois lèvres peu saillantes. Œsophage long, suivi d'un bulbe ou ventricule généralement bien distinct. Mâles petits et rares, pourvus d'un seul spicule ; deux paires de papilles préanales, dont une occupant en général les côtés mêmes deTanus. Femelles ayant Vextré- mité caudale très allongée, subulée ; deuy. ovaires; vulve s'ouvrant d'or- dinaire vers la partie antérieure du corps. OEufs oblongs, asymétri- ques, contenant parfois un embryon tout formé avant la ponte. Plusieurs espèces vivent en parasites chez l'Homme et chez les animaux domestiques. Oxyure vermictilaire (0. vermicularis [L.]. — Syn. : Ascaris vermicularis L., 1767 ; Fusaria vermicularisZedeT, 1803 ; 0. vermicularis Bremser, 1819). — Ver de petites dimensions, de teinte blanchâtre, offrant à son extrémité antérieure un renllement cuticulaire vési- culeux qui fait saillie, aux faces supérieure et inférieure, sous l'aspect d'ailes striées en travers. Bouche entourée de trois lèvres qui se montrent saillantes au repos, mais sont susceptibles de se rétracter plus ou moins pro- fondément. Sur les parties latérales du corps, une crête prismatique longitudinale formée par un épaississement triquètre de la cuticule. Md/e long de 3 à S millimètres, plus court et plus épais après la mort; queue sinueuse pendant la vie, s'enroulant en spirale après la mort, et portant, d'après Leuckart, six paires de papilles dont les plus longues soutiennent des ailes cuticulaires qui .,. _^ r r> 1 j.,g_ 260. — Oxvure simulent une bourse caudale ; spicule pouvant atteindre vermkuiaire, niàie, jusqu'à 70 u., aminci et recourbé en hameçon à l'extré- de grandeur uaiu- * rGilc 6t "^rossi, mité. Femelle longue de 9 à 12 millimètres; queue longue, ° subulée, légèrement ondulée à son extrémité; anus situé à près de (1) P. S. de Magalhaes, Notes d'helminthologie brésilienne {II). Bullet. Soc. zool. de France, XVII, p. 145, 1892. .10 VERS. 2 millimètres de la pointe; vulve transversale, à lèvres saillantes, située un peu en avant du quart antérieur du corps. Œufs lisses, oblongs, non symé- triques, longs de SO à o4 jx, larges de 20 à 27 {*, et renfermant déjà un embryon au moment de la ponte. L'Oxyure vermiculaire, parasite connu depuis les temps les plus reculés, habite l'intestin de l'Homme, oi^i il se montre surtout localisé dans le cœcum. — D'après Zurn, il se rencontrerait aussi chez le Chien ; mais l'Oxyure qu'on a observé chez cet animal n'a pas encore fait l'objet d'études pré- cises, et il y aurait lieu de rechercher s'il ne s'agit pas plutôt de VO. compar Leidy. Évolution. — L'œuf possède une coque lisse, ré- sistante, formée de trois couches superposées ; de plus, il est revêtu d'une mince enveloppe albumi- neuse qui permet après la ponte une agglomération des œufs déposés sur un même point. 11 parcourt dans l'utérus même, comme nous l'avons dit, les premières phases de son développement. Au moment où il est pondu, il montre déjà un em^ bryon en forme de têtard, c'est-à-dire constitué par un corpsovoïde, très épais, souslequel est repliée une queue effilée. Pour continuer son évolution, cet embryon gyriniforme exige une température de 30" C. au moins, et un certain degré d'humidité. Il peut donc se développer dans le mucus du rectum et de la ré- gion anale, ou dans les matières fécales qui ne sont pas exposées à un refroidissement trop considé- rable. On trouve même d'ordinaire un grand nombre d'embryons parvenus à leur complet dé- veloppement dans les fèces qui viennent d'être évacuées. A cette période, ils sont longs de 140 [a sur une largeur maximum de 10 [a; ils possèdent Fig. 270. — Oxyure ver- miculaire , femelle, grandeur naturelle et ^j^g queue cffiléc, louguc dc 21 Ut. Le tubc digestit grossie. ^ i i i est déjà distinct, et 1 œsophage montre dans sa région postérieure une dilatation pyriforme. On a cru longtemps que ces embryons pouvaient éclore dans les dernières portions du tube digestif et subir ainsi sur place toutes les phases de leur évolution : c'est ainsi qu'on expliquait l'extrême multiplication de ces parasites, observée dans certains cas. De fait, Vix a vu, dans le mucus rectal, des embryons en voie d'éclosion, mais cela ne suffit nullement à établir l'exactitude de l'opinion NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 4H ci-dessus exprimée. Il y a tout lieu de croire avec Leuckart, au con- traire, que les œufs ou les embryons d'Oxyure doivent être expulsés de Tinlestin pour rentrer ensuite dans le tube digestif par les voies supérieures. Aussi bien, une véritable auto - infestation doit-elle souvent se produire de cette façon : le prurit qui accompagne le passage des Oxyures dans le rectum engage le patient à se grat- ter, et les ongles recueillent des mucosités chargées d œufs, parfois même de femelles entières (Zenker, Heller); on conçoit ainsi com- bien est facile le transport de ces œufs à la bouche, surtout chez les enfants. L'embryon une fois formé reste en état de vie latente pendant des semaines et des mois ; il ne résiste pas à Faction prolongée de Teau, de sorte que celle-ci ne peut jouer qu'un rôle secondaire dans la transmission du parasite. Mais la dissémination des œufs est assurée surtout par l'effritement des matières fécales, qui leur permet d'être emportés par le vent, et d'aller se déposer sur les fruits, les légumes, dans les eaux de boisson et en général sur tous les objets qui peuvent être portés à la bouche. Les enfants sont très souvent, d'ailleurs, contaminés par le linge ou les mains sales des personnes infestées qui les soignent. Le développement direct de l'Oxyure vermiculaire a été éta'bli d'abord par les expériences de Leuckart. En ISG.'i, ce savant et trois de ses élèves avalèrent chacun quelques douzaines d'œufs mis en incubation dans une étuve et renfermant des embryons mûrs. Au bout d'une quin/aine de jours, ils rendirent des Oxyures longs de 6 à 7 mil- limètres, Grassi, en 1879, et Calandruccio, en 1888, ont répété cette expérience avec le même succès. Quand l'œuf est arrivé dans l'estomac, sa coque est ramollie par le suc gastrique, et, sous les efforts de l'embryon, cède en un point où la •couche moyenne fait défaut, point situé à la face convexe de l'œuf, un peu en arrière du pôle le plus étroit. L'embryon s'échappe par cette ouverture et gagne le duodénum, oii il s'accroît rapidement en subissant une ou deux mues successives. Au bout d'un certain temps, les organes sexuels apparaissent, et, après une dernière mue, le Ver prend les caractères de l'adulte. Le mâle parait se développer plus vite que la femelle; il montre déjà des spermatozoïdes alors qu'il mesure seulement 3 millimètres; les femelles de cette taille n'ont en- core que des organes génitaux peu développés ; à 6 ou 7 milli- mètres, leur vagin est rempli de sperme, avant même que les œufs apparaissent. Ces jeunes Vers séjournent plus ou moins longtemps dans l'intestin grêle: c'est là surtout qu'ils paraissent s'accoupler; après quoi, les femelles fécondées et quelques mâles passent dans le caecum. Les mâles ne tardent pas, en général, à mourir, une fois la fécondation opérée; ils sont expulsés avec les fèces avant qu'aucun symptôme ait 412 VERS. signalé laprésence du parasite. Pourtant, on les trouve assez longtemps en nombre dans l'appendice iléo-cœcal (Heller). Quant aux femelles, elles demeurent en grande partie dans le cœcum tant que le déve- loppement des œufs n'est pas achevé ; puis elles descendent, en con- tinuant à pondre, le long du côlon et du rectum, et arrivent à l'anus, où l'action incessante de leurs lèvres sur la muqueuse occasionne un prurit parfois insupportable. Un grand nombre d'œufs sont donc encore déposés, soit dans le mucus anal, soit sur le tégument humide de la région voisine. Enfin, bien des femelles remplies d'œufs sont expulsées avec les fèces. Dans ces conditions, il est facile de comprendre que l'examen des ma- tières fécales ne laisse découvrir qu'un nombre relativement restreint demâles : et c'est en effet ce qui avait fait longtemps attribuer à ceux-ci une rareté excessive. Mais Zenker a montré qu'on les rencontre aisément dans les autopsies, en ayant soin de racler avec un scalpel la surface de la muqueuse. Organisation. — Nous serons très bref sur ce point, la constitution géné- rale du Ver, sauf en ce qui concerne la musculature, pouvant être comparée à celle des Ascarides. La cuticule est formée de trois couches, dont l'externe offre des stries transversales écartées de 18 à 23 f^., plus nettes en avant qu'en arrière, et disparaissant parfois chez la femelle ovigère. La vésicule céphalique ren- ferme un liquide clair, coagulable ; d'après Leuckart, elle représenterait un appareil destiné à la propulsion des lèvres. Les muscles consistent en un petit nombre de cellules, se rapportant au type platymyaire et méro- rnyaire. Vanneau nerveux est situé au niveau de l'extrémité postérieure de la vésicule céphalique. La cavité buccale, en forme de courte pyramide triangulaire, se continue avec l'œsophage; celui-ci s'élargit progressivement en arrière, puis s'étran- gle pour communiquer avec le ventricule (bulbe pharyngien, estomac de di- vers auteurs), organe arrondi, également très musculeux, pourvu à sa face interne de trois dents chitineuses dont le rôle est, non pas de mâcher les aliments, mais bien d'empêcher le retour de ceux-ci dans l'œsophage. L'in- testin se continue en ligne droite jusqu'au rectum ; il offre à ce niveau une sorte de sphincter et deux glandes unicellulaires ; le rectum est étroit el s'ouvre dans le cloaque, situé à l'extrémité postérieure, chez le mâle; à l'anus, situé à la base de la queue, chez la femelle. — Vappareil excréteur n'offre rien de particulier; le pore terminal débouche à 0™",8 en arrière du ventricule. Vapjxireil génital mâle est formé d'un tube qui naît vers le milieu de la longueur du corps, se dirige en avant, puis aussitôt se recourbe en arrière et gagne en ligne droite le cloaque. On peut y reconnaître les mêmes sec- tions que chez les Ascarides ; cependant, la vésicule séminale est à peine marquée. — L'appareil femelle comprend encore deux tubes, mais l'un le replie dans la partie antérieure du corps et l'autre, plus grand, dans la partie postérieure. Les deux utérus s'unissent en un court vagin qui s'étend d'arrière en avant pour aboutir à la vulve. Les œufs s'accumulent souvent NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 413 en énorme quanlité (10 à 12,000 d'après Leuckart) dans les utérus, qui su- bissent alors une dilatation considérable et compriment tous les autres organes. Distribution cÉor.RApniQUE. — Comme l'Ascaride lombricoïde, l'Oxyure paraît être cosmopolite. On le rencontre même plus fréquemment dans les villes, et il existe souvent en grande abondance dans les pays froids aussi bien que dans les contrées chaudes. Pathologie. — L'Oxyure vermiculaire peut s'observer à tous les âges de la vie : Ileller, à Kiel, l'a vu chez un enfant de cinq semaines et chez un vieillard de (juatre-vingt-deux ans. Mais il est surtout commun chez les enfants : le même auteur en a trouvé chez 188 p. 1000 des hommes examinés, chez 211 p. 1000 des femmes et chez 338 p. 1000 des enfants. Il paraît plus abondant au printemps qu'en toute autre saison. On en voit presque toujours un grand nombre à la fois, ce qui tient sans doute à la facilité de l'auto-infestation. Leur présence n'exclut nullement, du reste, celle des autres parasites intestinaux. Assez souvent, ces parasites sont presque inoffensifs, et leur action se borne au prurit anal que nous avons signalé, et qui revient pério- diquement au début de la nuit, principalement quand le patient vient de se mettre au lit. -Mais, lorsqu'ils sont très nombreux, les déman- geaisons peuvent devenir insupportables, et s'accompagner d'élance- ments à l'anus, de ténesme, etc. Il survient même, dans certains cas, par voie réflexe, des accidents très variés analogues à ceux dont nous avons parlé à propos des Ascarides. On les trouve moins souvent à l'état erratique que ces derniers Vers; cependant on en a vu dans l'estomac, dans l'œsophage, et ils sont quelquefois rendus par la bouche. Proskauer a recueilli des embryons dans les fosses nasales. Ce qui est moins rare, surtout chez les petites filles, c'est de les voir passer de l'anus à la vulve, et pénétrer ainsi dans le vagin : ils peuvent alors provoquer l'onanisme et même des accès de nymphomanie. Leur introduction dans la vessie est excep- tionnelle. Ajoutons enfin que Michelson a signalé un cas intéressant dans lequel l'épiderme du sillon génito-crural était perforé et occupé par un nombre immense d'œufs d'Oxyures. Il est souvent difficile de débarrasser un malade de ses Oxyures, à cause surtout de l'auto-infestation qui a lieu dans nombre de cas. Le traitement consiste dans l'administration de vermifuges et de purga- tifs, combinée avec l'usage de lavements à l'eau froide, salée, vinai- grée, sulfureuse, etc. On éloigne pour quelque temps les Vers de l'anus, et par conséquent on fait cesser le prurit, par une application locale de pommade mercuriclle ou par une injection d'huile d'olive. En tout cas, le traitement doit être continué longtemps. 414 VERS. Oxyure compagnon (0. compar Leidy, 1856). — Corps fusiforme ; tête A B cd- Fi che petite. La femelle seule est connue et mesure 8 à 15 millimètres de lon- gueur surO""",? de largeur; son extrémité caudale est longuement subulée, contournée en spirale ; la vulve est située au niveau du cinquième antérieur du corps. Leidy a trouvé 17 spécimens de cette espèce, en compagnie de plusieurs exemplaires de Tœnia crassicoUis, dans l'intestin grêle d'un Chat, à Phila- delphie. On voit que cet Oxyure ne diffère pas sensiblement de l'Oxyure ver- miculaire. Oxyure des Équidés. — (0. equi [Schrank]. — Syn. : Trichocephalus equi Schrank, 1788; 0. airvula Rud., 1803; Mastig odes equi Zeder, 1803; ¥^':. Fig. 273. — Extréinit(; ci''phalique- de l'Oxyure du Cheval, vue de- devant. Fig. 27.3. — Oxyure du Che- Fig. 274. — Extrémité caudale de Fig. 27G. — Œufs de l'Oxyure d-J val, femelle, grandeur na- l'Oxyure du Cheval, femelle. — a, Cheval, grossis 200 fois, turelle. — vu, vulve, a, anus. «, utérus (Delafond). anus. 0. equi Blanch., 1849"; 0. inastigodcs Nitzsch, 1866). — Corps le plus souvent blanchâtre, assez épais, sans vésicule céphalique. Bouche à trois grandes lèvres arrondies enveloppant chacune deux mamelons ; œsophage d'abord assez large, puis se rétrécissant et se renflant ensuite en un bulbe ou ven- tricule non séparé de la partie précédente par un étranglement ; 6 papilles buccales : deux latérales faibles, quatre submédianes à stries radiées péri- phériques. Mâle long de 9 à 12 millimètres ; extrémité caudale obtuse, munie de plusieurs papilles dont les plus longues soutiennent une bourse caudale très développée ; spicule droit, grêle, très aigu. Femelle longue de 40 à 150 millimètres; corps épais et arqué en avant sur une longueur de 30 à 35 millimètres, puis brusquement atténué en une queue de longueur 416 VERS. extrêmement variable, subulée ; vulve située à 7 ou 8 millimètres de la bouche. Œufs ovoïdes, longs de 85 à 93 y-, larges de 40 à 43 p, un peu asy- métriques, otîrant une sorte d'opercule à l'un des pôles, qui est oblique- ment tronqué. Ce Ver peut se rencontrer dans toute la longueur du gros intestin des Équidés (Cheval, Ane, Mulet) ; mais, comme l'a montré G. Colin, son habitat normal est la cour- bure diaphragmât! que du gros côlon. Le mâle est assez rare ; nous croyons l'avoir décrit et figuré le premier. Rudolphi avait déjà fait la re- marque que la queue de la femelle a une longueur variable ; Delafond distingua plus tard une forme à petite queue et une forme à longue queue. Cette der- nière fut considérée comme une Fig. 277. — Oxyures du Cheval : femelles à queue Fig. 278. — Oxyures du Cheval : femelles à queue de relativement courte, rt^pondant à la l'orme cur- plus en plus longue, répondant à la forme masti- vula des auteurs. Grandeur naturelle (Orig.). godes de Nitzsch. Grandeur naturelle (Orig.). espèce particulière par Nitzsch et Friedberger, sous le nom d'Oxyuris mastigodes ; ces auteurs lui attribuaient un seul ovaire, et des œufs englobés dans une masse gélatineuse les réunissant par 5 à 8 en groupes étoiles ou irrégulièrement globuleux. Or, nous avons étu- dié comparativement les deux formes, et nous n'avons pu les distin- guer l'une de l'autre; partout nous avons vu deux ovaires elle groupe- NÉMATllELMINTIIES. — NÉM.VTODES. 417 ment sus-indiqué des (jeufs. Nous avons même trouvé tous les intermédiaires possibles entre les Oxyures à queue très courte et ceux à queue très longue, ainsi qu'en témoignent les figures 277 et 278, dessinées d'après nature ; de sorte qu'il n'y a là, selon nous, qu'un exemple de polymorphisme des femelles. L'Oxyure à longue queue a surtout été trouvé dans les crottins du cheval (Nitzsch, Friedberger), ou bien attaché à la marge de l'anus (Biaise, G. Colin) ; mais nous l'avons aussi recueilli directement dans le gros côlon, cote à cùle avec l'Oxyure à petite queue, L'Oxyure des Équidés est un Ver inoffensif; on ne trouve guère dans son tube digestif que des substances végétales, et c'est plutôt un com- mensal qu'un véritable parasite. Cependant Emmerson, qui l'a touvé chez la moitié des Chevaux de l'ile de Singapore, l'a accusé de produire chez ces animaux des affections cutanées rebelles, accompagnées d'amaigrissement. PIlug a observé un Cheval qui portait à la base de la queue des croûtes épaisses et prurigineuses, renfermant des œufs d'Oxyure à divers degrés de développement. Cobbold dit que ces œufs forment parfois des masses jaunâtres incrustées à la marge de l'anus. Enfin, Willach tend à leur attribuer le développement des nodules hépatiques du Cheval. Nous devons signaler ici un Ver mentionné par Schlotthauber (1) sous le nom de Piyuris reliculata. Cet auteur le donne comme très étroitement allié à l'espèce précédente parla texture du tégument et l'habitat, mais en diffé- rant tout à fait par l'aspect extérieur, la constitution de la bouche et la si- tuation de l'anus à la pointe de la queue. Il en avait trouvé une seule fe- melle, le 6 janvier 1843, dans le côlon d'un Cheval, à Gottingue. D'après des renseignements aussi incomplets, il est impossible d'accorder la moindre importance à une telle indication. Oxyure ambigu (0. ambigiin Rud., 1819." — Syn. : Passaluriis ambiguus Duj., 1843). — Corps blanc, fusiforme. Une membrane latérale refoulée à son bord libre, et interrompue en avant et en arrière du bulbe œsophagien ou ventricule. Bouche ronde, avec 6 papilles. Mâle long de 3 à 3 millimètres, atténué en arrière jusqu'au delà du cloaque, puis terminé par une queue grêle ; spicule en aiguillon un peu courbé ; 3 papilles caudales de chaque côté ; ailes caudales peu développées. Femelle longue de 8 à 12 millimètres, atténuée à partir de l'anus, puis terminée brusquement par une queue su- bulée. Œufs ressemblant à ceux de l'Oxyure vermiculaire, longs de 88 t»., larges de 42 f»., en segmentation au moment de la ponte. Gros intestin du Lièvre, du Lapin de garenne et du Lapin domestique. Nous l'avons souvent observé à Alfort : il est du reste assez commun eu France. Famille des STRONGYLIDÉS. — Le corps est allongé, cylindroïde, (1) Schlotthauber, Beitrage zur Helminthologie» Amtlicher Bericht iiber die -M. Versamml. deutsch. Naturf. u. Aerzte zu GôtliDgen iui Sept. 1854. Gôttingen, 186U, p. 12C. Rmlliet. — ZooIo"rie. 27 418 VERS. rarement filiforme ou capillaire. La bouche est probablement toujours munie de six papilles, dont les quatre submédianes sont d'ordinaire saillantes, sous forme de nodules ou de pointes coniques ; elle est tantôt dans Taxe du corps, tantôt tournée vers la face dorsale ou vers la face ventrale, et parfois munie d'une armature chitineuse qui la maintient béante. L'œsophage est plus ou moins renflé dans sa partie postérieure, mais sans présenter de ventricule distinct. Les mâles pos- sèdent une bourse caudale ouverte ou close, entière ou divisée, avec un seul ou deux spicules. Les femelles ont un ou deux ovaires ; la vulve «st située tantôt en avant, tantôt en arrière du milieu du corps, parfois même dans le voisinage de l'anus. Les œufs sont pondus après avoir subi une segmentation plus ou moins complexe, et dans certains cas après la formation de l'embryon (1). Les principaux éléments de la classification de ces Vers sont fournis par farmature buccale et par la bourse caudale des mâles. Le plus souvent, ■celle-ci est pourvue de côtes ou rayons, prolongements du tissu sous-cuticu- laire comprenant des muscles fibril- laires et comparables à des nervu- res. Des papilles sont d'ailleurs an- nexées à l'orifice génital mâle; elles occupent parfois le bord de la bourse et, lorsqu'il existe des côtes, elles sont situées à l'extrémité de celles-ci. D'après Schneider, on peut distin- guer ces côtes de la façon suivante, en prenant pour type la bourse cau- dale du Strongylus dentatus (fig. 279). 1° Côtes postérieures, s'étendant de i^ig. 279. - Bourse ^caudale de VŒsopkago.toma l'intérieur de la bourse j usqu'au bord : dentatum, grossie 93 fois, d'après Schneider. — le pluS SOUVent à deUX branches. p, côtes postérieures, pe, côtes postérieures ex- g» CÔteS pOStériCWeS extemc^, n'al- ternes, m, cotes moyennes, ae, cotes antérieures . i i_ j i i. externes, a, côtes antérieures. teignant pas le bord de la bourse : presque toujours simples. 3° Côtes moyennes, aboutissant au bord : d'ordinaire à deux branches, soit î-éunies (côte fendue), soit séparées (côte dédoublée). 4° Côtes antérieures externes, n'atteignant pas le bord : toujours simples. 5° Côtes antérieures, se terminant au bord : toujours à deux branches réunies ou séparées. Nous aurons à étudier quatre sous-farailles : Eustrongylinae, Strongylime, ■Scier ostominae, Physalopterinx. A. Sous-famille des eustrongylinés. — Polymyaires dont les mâ- les possèdent un seul spicule et une bourse caudale dépourvue de >côtes. Genre Eustrongle [Eustrongylus Dies., 1831). — Corps cylindroifde. ^1) R. MoLiN, H sotlordine degli Acrofalli. Memorie dell' Istituto veneto, IX, 1860. NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 410 Bouche sans lèvres, entourée de papilles. Mâle à spicule filiforme. Femelle pourvue d'un seul ovaire ; vulve dans la partie antérieure du corps. On ne connaît jusqu'à présent qu'une seule espèce se rattachant à ce •genre. Eustrongle géant (E. gigas [Rud.]. — Syn. : Ascaris canis et martis Schraiik, 1788; .4. visceralis et rcnalis Grnelin, 1789; Strongyhts Gigasiiad., 1802; Eu»tr. Gigas Diesing, 1851 ; Strongylus renalis Moquin-Tandon, 1860 ; Eustr. vis- ceralis Raill., 1885). — I>e corps est en général d'un rouge sanguin, un peu atténué aux extrémités, sur- tout en avant. La bouche est hexagonale, entourée de six nodules papillifères très développés. Le tégument, très mince et transparent, est finement strié en tra- vers ; au niveau des lignes latérales, il porte une série longitudinale de petites papilles punctiformes, plus écartées dans le milieu du corps qu'aux extrémités. Le mâle est long de 14 à 40 centimètres; large de 4 à 0 millimètres ; son extrémité caudale est obtuse et se termine par une bourse épaisse, ovalaire, à grand diamètre transversal, dont le bord est garni de très petites papilles et légèrement échancré en avant et en arrière ; vers le centre de cette bourse, on remarque une saillie en Y, portant à son milieu, sur une petite éminence, l'orifice cloacal, par lequel il n'est pas rare ■de voir sortir le spicule sétiforme, long de o à 6 mil- limètres. La femelle mesure de 20 centimètres jusqu'à 1 mètre de long, sur une largeur de S à 12 millimè- tres ; son extrémité caudale est obtuse et porte, tout à fait en arrière, l'anus en forme de croissant ; la vulve ■est située à 50-70 millimètres seulement de la bouche. Les œu''s sont ellipsoïdes, brunâtres, à coque épaisse, mais criblée de dépressions ; ils mesurent 64 à 68 ,u. •de long sur 40 à 44 li. de large. ï. 280. — Eustrongle g(''ant, niàlc, grandeur naturelle. Le Strongle géant, le plus grand des Némato- ■des, est surtout un parasite des reins. On l'a rencontré fréquemment chez des Mammifères ichthyophages, tels que le Phoque, la Loutre, le Vison d'Amérique, mais aussi chez bien d'au- tres : Martre, Putois, Loup, Chien, Bœuf, Cheval, Homme, etc. ÉVOLUTION. — Le développement de l'embryon a été étudié par Bal- biani. Au moment de la ponte, l'œuf a déjà subi un commencement de segmentation ; il est alors entraîné au dehors avec l'urine. Si on le place dans l'eau ou dans la terre humide, on voit l'embryon se dé- velopper, en hiver, dans l'espace de cinq à six mois ; en été, l'évolu- 420 VERS. tion serait sans doute plus rapide. Cet embryon, une fois formé, peut rester pendant cinq ans au moins dans Fœuf sans éclore et sans périr ; si on l'en extrait, il s'altère rapidement dans l'eau pure et ne vit bien que dans les liquides albumineux. 11 meurt même dans l'œuf, après une dessiccation de quelques jours. Il est fusiforme, long d'en- viron 240 (X et large de 14 [x ; son tégument est finement strié en travers, et son œsophage montre, dans la partie antérieure, une petite arma- ture formée de trois dents chitineuses. Balbiani a tenté vainement d'infester des Chiens en leur faisant pren- dre des œufs embryonnés. Il y a donc lieu d'admettre que l'embryon Fig. iSl. — Euslrongle géant, femelle, dans le rein d'un Chien. La face supcrieure du rein a été excisée. Grandeur naturelle (Orig.). doit passer par un hôte intermédiaire. Mais cet hôte reste à détermi- ner. Schneider a trouvé, chez quelques Poissons exotiques, des Néma- todes enkystés que Rudolphi avait déjà décrits sous le nom deFilaria cystica et Diesing sous celui à-'Agamonema cysticiim. Or, ce sont en réalité des larves d'un Fustrongylus ; mais tandis que Schneider suppose qu'il s'agit de VE. ^i^rts, Leuckart émet un avis opposé. Ajoutons que Bal- biani n'est même pas parvenu à faire éclore les œufs embryonnés de l'Eustrongle géant dans l'intestin du Chien, du Lapin, de divers Pois- sons (Anguilles, Carpes, Cyprins dorés), des Couleuvres, des Tritons, ni de la Crevette des ruisseaux. Organisation, — Le tégument dû Ver possède une teinte rouge qui s'ob- serve également dans le liquide nourricier de la cavité viscérale. D'après NÉMATIIELMINTHES. — NÉMATODES. 421 Aducco, cette coloration est due à une substance rouge qui a beaucoup de ressemblance avec l'oxyhénioglobine des Vertébrés, mais en diffère cepen- dant par une plus grande résistance à l'action de la chaleur et des réactifs (i). Les lignes longitudinales sont étroites ; au lieu de quatre, on en compte huit, car chacun des quatre champs musculaires primitifs est interrompu dans son milieu par une lacune longitudinale (ligne submédiane) au niveau de laquelle viennent s'insérer des muscles radiaires venant de l'intestin. La couche musculaire est as- sez faible ; elle est formée de cellules cylindriques ou fusiformes qui ne sont contractiles que par leur partie externe. La cavité générale est relative- ment large ; elle est tapissée par une sorte de sé- reuse qui forme deux mésentères latéraux, indé- pendants des quatre lames de muscles radiaires précités. La bouche représente une cavité à paroi chiti- neuse, qui devient triquêtre dans sa partie pro- fonde, où elle se continue avec l'œsophage. Celui-ci est un canal étroit, qui s'épaissit peu à peu en arrière. L'intestin est rectiligne, de teinte jaunâtre. L'appareil génital mâle comprend un seul testi- cule, qui prend naissance non loin de l'extrémité caudale, remonte jusqu'au voisinage delà bouche, puis s'infléchit en décrivant quelques sinuosités, pour former le canal déférent : celui-ci va s'ou- vrir en commun avec le tube digestif, au fond de la bourse caudale. Il n'existe également qu'un seul tube femelle, naissant à l'extrémité postérieure, s'avançant jus- que vers la terminaison de l'œsophage, puis rev^e- nant vers la queue, où il se pelotoime, pour re- prendre ensuite sa marche en avant : il se dilate alors en un utérus recti- ligne, qui arrive jusqu'à 24 millimètres de la vulve. A ce niveau, il se con- tinue par un vagin grêle, d'abord rétrograde, qui va déboucher à la vulve, située sur la ligne médiane ventrale. En arrivant dans l'utérus, l'œuf est formé par une simple masse vitelline; il s'entoure alors d'une membrane mince et lisse, autour de laquelle se dé- pose ensuite une masse granuleuse bientôt criblée de pertuis qui la traver- sent de part en part, — sauf aux deux pôles, dont l'aspect reste homogène. g. 2Si. — Œufs et embryon de rEustrongle géant, d'aprùs Bal- biani. — A, œuf mûr, extrait do ruti'rus d'une femelle fécon- dée, grossi 400 fois (on re- marque à sa surface les orifices des canaux nombreux qui tra- versent la coque de part en part) B, œuf renfermant un embryon encore celluleux. C, embryon extrait de la coque, ïjrossi 250 fois. Pathologie, — L'Eustrongle géant paraît être répandu un peu par- tout, mais il est plus commun dans les contrées où rJ^gnent abondam- ment des eaux riches en Crustacés et en Mollusques. Il est assez rare en France, mais relativement commun en Italie. Silvestrini l'a sou- vent observé, en Toscane, chez les Chiens de chasse : braques, set- (1) V. Aducco, La soslanza colorante rossa de//' Eustrongylus Gigas. Atti R. Accad. Lincei, Hendiconti, IV, p. 187 et 213, 1888. 422 VERS. ters, pointers, épagneulsou bâtards. On l'a signalé aussi en Angleterre, en Hollande, en Allemagne, en Russie, au Japon et dans les deux Amérique. Au point de vue des troubles pathologiques occasionnés par ce pa- rasite, nous ne possédons guère que des observations se rapportant au Chien. Le plus souvent, chez les autres animaux, la présence du Ver n'a même pas été soupçonnée pendant la vie, et n'a été révélée qu'à l'autopsie. D'ordinaire, le Chien affecté devient triste, méchant ; la marche est vacillante, la voixrauque ; les urines sont sanguinolentes. Dans certains cas, les troubles nerveux sont tels que l'observateur peut croire à l'exis- tence de la rage. D'autres fois, les animaux manifestent les souffran- ces qu'ils éprouvent par des cris ou des hurlements continuels; ou bien encore la présence du Ver ne se traduit que par le dépérissement du sujet atteint, et l'on a même cité plus d'un cas où le Chien était de- meuré toujours gras et bien portant. Le parasite paraît occuper d'abord le bassinet, mais il détruit peu à peu tout le parenchyme de l'organe, et souvent la tunique d'enve- loppe persiste seule, subissant une dilatation plus ou moins considéra- ble. En général, le bassinet et même l'uretère sont également dilatés; le Ver est quelquefois engagé dans celui-ci. Dans toutes les observa- tions que nous avons pu relever jusqu'ici, il n'y avait qu'un seul rein d'envahi, soit par un, soit par plusieurs parasites. Il n'est pas très rare de voir ceux-ci tomber dans la cavité périto- néale, par suite d'une déchirure de la tunique fibreuse. On en a même trouvé dans cette cavité, bien que les reins fussent parfaitement sains. On en a vu aussi dans le foie, dans la cavité thoracique, dans le cœur (?), etc. L'Eustrongle peut encore s'échapper par l'uretère, passer dans la vessie et même dans le canal de l'urèthre ; dans ce dernier cas, il s'arrête parfois en route et va se loger dans le tissu conjonctif voisin, ou bien il est expulsé au dehors. Le diagnostic de l'eustrongylose rénale ne peut guère être affirmé que par la découverte des œufs du Ver dans les urines sanguinolentes. Il est presque impossible, du reste, d'instituer un traitement efficace (extirpation du rein). Chez le Cheval, nous ne connaissons, relativement à la présence de l'Eustrongle géant dans le rein, que les observations de Chabert, Le- blanc, Labat, et un cas douteux de BruckmQller. Le parasite de Chabert, noyé dans un liquide purulent, était de teinte blanche, ce qui tend à montrer que la couleur rouge ordinaire tient à l'absorption du sang de l'hôte. — Chez le Bœuf, on ne cite que deux cas, un du musée d'Alfort, relevé par Rudolphi, et un autre de Grève. — Von Linstow mentionne aussi l'Eustrongle géant parmi les parasites du Porc. Enfin, on a depuis longtemps signalé le parasitisme de ce Ver chez NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 423 l'Homme ; mais la plupart des observations qu'on a données comme s'y rapportant sont extrêmement douteuses. On ne peut en citer au- jourd'hui que huit dont l'authenticité soit certaine. Genre Hystrichis {Hysirichis Duj., 1845). — Vers iiliformes, à corps armé de piquants dans sa partie antérieure (GdTfiytç, fouet armé de pi- quants). Extrémité antérieure parfois renflée en tête. Mâle à bourse entière, campanulée ou patelliforme; spicule filiforme très long. Fe- melle pourvue d'un seul ovaire ; vulve à l'extrémité caudale, contiguë à l'anus. Vivent en parasites entre les tuniques de l'œsophage et du ventri- cule succenturié des Oiseaux. Hystrichis élégant [H. elegans [Olfers]. — Syn. : Str. mergorum et ana- lisRud., 1809; S<)'. elegans Olfers, 1816; Str. tuhifex Nitzsch, 1819; Eustr. tubifex Dies., 18ol ; H. tubifex Molin, 1860). — Corps blanchâtre, fusiforme,. très épais, contourné au milieu, atténué aux extrémités. Bouche orbicu- laire, entourée de six papilles saillantes surmontées chacune d'une petite pointe. Extrémité antérieure armée de petits crochets qui disparaissent pro- gressivement. Md/e atteignant jusqu'à 26 millimètres sur l™™,o à 2 millimè- tres d'épaisseur ; extrémité caudale spiralée : bourse cainpaniforme,. obliquement tronquée. Femelle longue de 26 à 40 millimètres, large de 2 à 3 millimètres ; queue mousse. Œufs ellipsoïdes, longs de 62 à 64 ■>. +^4 VERS. Hystrichis du Cygne {H. cygni Molin. — Syn. : Echinocephalus cygnî Molin, 1858; H. cy^m' Molin, 1860; H. pachycephalus Molin, 1860). — La fe- melle seule est connue. Corps long de 3 centimètres et plus, irrégulièrement renflé au milieu et en arrière, et formant en avant une tête cesLicilIiforme, garnie d'environ 20 séries de grands crochets dirigés en arrière et épaissis à la base; extrémité antérieure armée de crochets plus petits disparaissant peu à peu en arrière. Bouche orbiculaire, protractile, entourée d'une cou- ronne de petites épines. Trouvé à Padoue, par Molin, chez le Cygnus olor, entre les tuniques ex- ternes du ventricule succenturié, dans des vésicules remplies de liquide jaune. B. Sous-famille des strongylinés. — Méromyaires à bouche dé- pourvue d'armature chitineuse, à deux spicules égaux, à bourse caudale munie de côtes ou rayons. Deux ovaires. Un seul genre : Genre Strongle {Strongylus 0. F. Millier). — Corps grêle; extrémité antérieure parfois ailée. Bouche petite, dont les lèvres molles, souvent peu distinctes, laissent voir, lorsque leurs dimensions le permettent, six faibles papilles. OEsophage plus ou moins renflé en massue dans sa partie postérieure. Mdles à bourse caudale entière ou excisée sur la face ventrale, parfois même bi, tri ou multilobée ; spicules souvent ac- compagnés d'un organe de soutien impair. Femelles ayant l'extrémité postérieure terminée en pointe courte ; vulve presque toujours située dans la moitié postérieure du corps. On ne connaît encore l'évolution que d'un petit nombre d'espèces de ce genre. Les Strongles du tube digestif (type St?'. contortus) ont un embryon rhabditiforme pourvu d'un bulbe œsophagien bien développé, à trois dents chitineuses, embryon qui se nourrit et s'accroît aux dépens des matières organiques contenues dans l'eau fangeuse ; ils ont un déve- loppement direct. Les Strongles des voies respiratoires (type Sir. filaria), produisent des larves à bulbe œsophagien faible, sans dents, qui ne prennent pas les matières en suspension dans l'eau, ne s'y accroissentpas et vivent aux dépens des matériaux emmagasinés dans leurs tissus. — Leuckart n'a pas pu en obtenir le développement direct et admet qu'ils doivent passer par un hôte intermédiaire. Enfin, le Strongle des vaisseaux [Sir. vasorum) nous paraît devoir être rapproché des Strongles des voies respiratoires. Strongle filaîre [Strongylus filaria Rud., 1809). — Ver filiforme, atté- nué seulement un peu aux extrémités, et de teinte blanchâtre. Extrémité antérieure obtuse, non ailée ; bouche circulaire, nue. Mâle long de 3 à 8 cen- timètres ; bourse caudale excisée en avant ; côtes postérieures trilobées, les moyennes bilobées, les antérieures dédoublées ; spicules bruns, courts, £pais, ailés, un peu arqués. Femelle longue de 5 à 10 centimètres ; extrémité NÉMATHELMINTHES. NÉMATODES. 425 caudale droite, conique ; vulve située en arrière du milieu du corps, vers les trois cinquièmes de la longueur. Œufs ellipsoïdes, longs de 112 à 13o p., larges de 52 à G7 u., renfermant au moment de la ponte un embryon dont Fig. 283. — Stronglc filaire. Gran- Fig. 284. — Strongle filaire. — A, extràmilé aaliJrieun', mon- - deur naturelle. — A, niàle. B, trant l'œsophage, les glandes C(5pli;iliques et l'origine de 1 intes- fcmelle. tin. B, bourse caudale du mâle. C, œufs à différents degrés de développement, grossis 120 fois (Delafond, inéd.). les mouvements déforment à chaque instant la coque très mince. Embryons libres mesurant au moment de la naissance 540 [j. de long sur 20 p. d'épais- seur; extrémité antérieure offrant une sorte de petit bouton protractile ; ex- trémité caudale terminée en pointe obtuse ; œsophage court. Le Strongle filaire habite les voies respiratoires du Mouton, de la Chèvre, du Dromadaire, du Chameau et de divers Ruminants sauvages (Cerf, Chevreuil, Daim, Argali, Gazelle). Von Linstow Ta recueilli en outre chez le Veau. Il siège de préférence dans les bronches de diamè- tre moyen. Évolution. — Les embryons du Sfr. fîlaria éclosent dans les bron- ches de leur hôte, où on les trouve en abondance au milieu du mu- cus ; de là ils gagnent la Irachée et sont sans doute expulsés par la toux, ou par Téternuement et le jetage quand ils ont pénétré dans les cavités nasales. Mais, ce qu'il importe de noter, ils ne subissent sur place aucune modification. Quand on les conserve dans Teau, ils périssent rapidement s'ils sont mélangés à des matières organiques qui subissent la putréfaction. Dans l'eau pure, ils résistent mieux, mais ne prennent aucune nourri- 426 VERS. do ture et ne s'accroissent pas. Au bout de huit à quinze jours, cepen- dant, ils subissent une mue, après laquelle ils offrent un aspect un peu différent de leur état antérieur : ils ont la queue plus pointue, le bouton céphalique moins saillant et offrent une légère teinte jaune ver- dâtre. Un grand nombre meurent pendant cette mue ; les autres peuvent continuer à vivre plu- sieurs mois dans l'eau. Ils ne s'y accroissent pas encore d'une façon sensible ; cependant, C. Baillet dit en avoir vu atteindre une longueur de l"™,2o. Avant la mue, leur résistance vitale est très faible : la plupart sont morts après une dessicca- tion de deux heures ; mais, après cette crise, nous en avons vu reprendre leur activité à la suite d'une dessiccation de soixante-trois heures. Quel est le sort ultérieur de ces embryons ? On admet en général qu'ils rentrent directement dans l'organisme de leur hôte définitif par l'in- termédiaire des boissons ou des aliments. Mais Leuckart n'a pas réussi à infester un Agneau avec des Vers en mue ; il a échoué également sur quatre Moulons avec du mucus bronchique chargé d'embryons, et il admet par suite que ces em- bryons doivent passer par un hôte intermédiaire (Insecte ou Mollusque). Les plus petits exem- plaires qu'ait observés cet auteur mesuraient 3 à 5 millimètres et n'offraient pas encore de diffé- renciation sexuelle ; ils avaient été recueillis dans la trachée de Brebis saines. Quand les Vers ont acquis une longueur de 9 à 12 millimètres, on les trouve dans le poumon. En somme, on en est encore réduit à des hypo» thèses relativement à l'évolution du Strongle filaire. Organisation. — Le tégument du Strongle filaire ne montre pas de stries transversales. La bouche s'ouvre dans un oesophage légèrement renflé en massue à sa partie postérieure ; l'intestin, qui en est séparé par un étranglement peu accusé, s'étend directement jusqu'à l'anus, situé un peu en avant de Texlrémité caudale. Sur les côtés de l'œsophage et de la partie antérieure de l'intestin, se trouvent deux glandes donnant naissance chacune à un canal excréteur qui va s'ouvrir dans la bouche. L'appareil reproduc- teur mâle est représenté par un seul tube testiculuire, qui commence en Fig. 283. — Tube digestif et organes sexuels d'une fe- melle de Strongle filaire. — ia, œsophage, i, intestin, o, ovaires, do, oviductes. u, leur partie renfilée ou utii- rus. vu, vulve, g, glandes C(''phaliques (Delafond). NÉMATIIELMINTHES. — NÉMATODES. 427 arrière de l'origine de l'intestin et s'étend jusqu'à l'extrémité postérieure^ en décrivant à peine quelques sinuosités. A sa portion terminale sont annexés deux spicules courts, un peu arqués, de teinte brun rougeàtre et bordés chacun d'une aile membraneuse qui s'élargit en avant de la pointe. En outre, la copulation est favorisée par une bourse caudale, expansion membraneuse campanulée excisée en avant et offrant de chaque côté, en arrière, une légère échancrure. Cette bourse est allongée et sou- tenue de part et d'autre par cinq côtes : la postérieure Irilobée, la posté- rieure externe simple, la moyenne bilobée, l'antérieure externe simple, l'an- térieure dédoublée. — La femelle possède deux tubes ovariens symMriques formant chacun une anse, l'un en avant, l'autre en arrière, et se dilatant bientôt en une longue poche oviductale ou utérine, souvent étranglée de distance en distance. Cette poche se rétrécit ensuite de manière à constituer enfin un court vagin, et les deux tubes vaginaux aboutissent à une sorte de vestibule oblong, au centre duquel est percée une vulve à deux lèvres saillantes. Les œufs sont ellipsoïdes : ils s'entassent en quantité considérable dans l'oviducte, où l'on peut suivre les diverses phases du développement em- bryonnaire. Vers la portion terminale de cetoviducte, on distingue l'embryon disposé en anse, en spirale ou en 8 dans l'intérieur de la coque, où il s'agite continuellement; c'est à cet état que l'œuf est pondu. Pathologie. — La présence dans les bronches des Strongles filaires,. de leurs œufs et de leurs embryons, détermine souvent une inflam- mation catarrhale à laquelle on donne le nom de bronchite vermi- Deuse. Dans les cas graves, les ramifications bronchiques offrent des dilatations dans lesquelles sont accumulés des paquets de Vers mé- langés à du mucus spumeux, parfois teinté de rouge sanguin. La mu- queuse offre souvent des traînées inflammatoires. On peut même ob- server des foyers étendus de pneumonie. Les symptômes de la maladie sont ceux du catarrhe bronchique : dyspnée, toux, jetage, etc. Il n'est pas rare de voir les animaux périr au bout de quelques mois, par suite de cachexie ou d'asphyxie. Le diagnostic peut être établi par l'examen du jetage ou des mucosités expectorées, qui permet de constater la présence de nombreux em- bryons. La maladie sévit surtout pendant la belle saison; elle est beaucoup plus commune chez les agneaux et les antenais que chez les adultes, et donne lieu parfois à de graves épizooties, qui ont été signalées de- puis longtemps. On a recommandé, comme moyens de traitement, des fumigations de goudron, de cônes de genévrier, etc. Les injections trachéales an- tiparasitaires seraient plus efficaces, mais sont d'une application dif- ficile. Strongle roussàtre {Str. rufesccns Leuckart, I860. — Syn. : Nematoi- deum ovis [pulmonale] Dies., 1831 ; Sir. minutissimufi Mégn., 1878 ; Pseudalius ovis pulmonalis A. Koch, 1883 ; Sir, ovis pulmonalis C. Curtice, 1890). — Corps 428 VERS. très grêle, offrant une teinte brun rougeàtre caractéristique, due au canal intestinal. Extrémité antérieure noa ailée; bouche à trois lèvres papilli- formes. Mâle long de 18 à 28 millimètres ; bourse caudale excisée en avant et offrant deux légères échancrures latérales ; côtes antérieures fendues, moyennes dédoublées, postérieures ?. Deux spicules longs de 110 à 310 p, ^^ Fig. 286. — Strongylus rufesceus, extré- mité caudale du mâle, grossie 100 fois (Orig.). Fig. 287. — Stronqylm rufescens. — A, mâle et femelle, grandeur naturelle. B, extrémité caudale de la femelle, grossie 50 fois (Orig.). arqués, pectines dans le sens transversal, cylindriques en avant, aplatis en arrière. Femelle longue de 25 à 35 millimètres ; queue terminée en pointe mousse ; vulve située immédiatement en avant de l'anus, à la base d'une petite éminence. Ovipare : œufs ellipsoïdes, longs de 75 à 120 [j., larges de 45 à 82 [X. Le Strongle roussâtre vit chez le Mouton, la Chèvre et le Chevreuil. Les individus adultes se rencontrent assez souvent dans les petites bronches et parfois même dans celles d'un certain calibre, mais ils semblent s'étirer en pénétrant dans les dernières ramifications, et on les trouve enfin fixés (mais non enkystés) dans le parenchyme pulmo- naire, sous la forme de filaments entortillés et extrêmement grêles : à cet état, Koch les a décrits comme une espèce particulière, sous le nom de Pseudalius ovis pulmonalis. Leurs œufs sont en voie de segmentation au moment de la ponte. Ils sont déposés dans les alvéoles pulmonaires, où ils achèvent leur développement, jusqu'à éclosion. Les embryons passent ensuite dans les bronches et la trachée, d'oîi ils doivent être sans doute expulsés au dehors. Ces embryons sont à peine atténués en avant, mais forte- ment amincis en arrière, où ils offrent un prolongement ondulé court NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 429 et grèle ; ils mesurent 300 à 400 p de long sur 16 à 18 [x de large. Ils sont doués d'une résistance vitale considérable : ils se conservent vi- vants dans l'eau pendant des mois entiers, et je les ai vus reprendre leur activité après quatorze mois de dessiccation complète. Leuckart n'a jamais pu en obtenir le développement direct chez le Mouton, et admet qu'ils doivent, comme ceux du Stronglo Filaire, passer par un hôte intermé- diaire. Fig. 288. — Œufs et embryons du Stron- gylus ritfescens, grossis 130 fois. — A, B, œufs en voie de segmentation. C, œuf contenant un embryon. D, embryon libre (Orig.). Pathologie. — Les Vers adultes, ainsi que leurs œufs et leurs em- bryons, donnent lieu H des phénomènes inflammatoires susceptibles de revêlir des formes variées. C'est ainsi que Bu- gnion distingue trois formes de pneu- monie vermincuse : 1° une pneumonie lobulaire, due à des Strongles adultes arrêtés dans les bronches ; 2° une pneumonie diffuse^ déterminée par les œufs et les embryons répandus par mil- liers dans le parenchyme pulmonaire ; S" une pneumonie no«/w/ewse ou pseudo-tuberculeuse, occasionnée par l'accumulation d'œufs ou d'em- hryons dans des parties circonscrites du poumon. Cette dernière est la plus commune : à l'œil nu, les lésions qui s'y rapportent se pré- sentent le plus souvent sous l'aspect de petites tumeurs d'un gris jaunâtre, demi-transparentes, dont la partie centrale est assez dense, tandis que la périphérie reste dépressible et perméable à l'air, pour se continuer ensuite progressivement avec le tissu sain. D'abord mi- liaires, ces foyers arrivent peu à peu à mesurer 2 ou 3 millimètres de diamètre et parfois jusqu'à plus de 2 centimètres. Plus tard ils finis- sent par subir la dégénérescence caséeuse et même, assure-t-on, l'in- filtration crétacée. Ils siègent surtout à la surface du poumon, dont ils occupent le plus souvent les bords ; on en trouve quelquefois des centaines sur un seul poumon. Comme l'a montré Laulanié (1), ces tumeurs représentent de simples foyers inflammatoires, dont le point de départ est formé par les œufs déposés dans les alvéoles pulmo- naires. Lorsque les embryons sont dégagés de la coque, ils provo- quent une irritation beaucoup plus vive, qui amène une abondante diapédèse des leucocytes dans les alvéoles, et développe ainsi des foyers de pneumonie purulente miliaire. Contrairement à ce qu'a avancé G. Colin, il n'y a donc rien là qui ressemble à de la tubercu- (1) F. Laulamé, Sur quelques affeclions parasitaires du poumon et leur rappoi t avec la tuberculose. Archives de physiologie (3), IV, p. il'J, 1884. 430 VERS. lose. Dans les produits de raclage obtenus sur la section de ces foyers, on trouve un grand nombre d'œufs et d'embryons. Souvent, en outre, on y rencontre des Vers adultes ou presque adultes, enroulés mais non enkystés. En somme, il s'agit d'une pneumonie vermineuse et non d'une phtisie vermineuse. Cette affection, qui est fort commune, sévit plutôt sur les adultes •que sur les jeunes. Les troubles qui la révèlent sont souvent peu accusés : ce n'est guère que quand il se forme des foyers purulents étendus que les animaux maigrissent, présentent des signes de ca- chexie et finissent par succomber. Nous l'avons observée sur le Chevreuil. Strongle mîcrure {Str. micrurus Mehlis, 1S31. — Syn. : Gordius vivipa- rus Bloch, 1782; Ascaris vit uU Bruguière, 1791 ; Sir. vitulorum Rud., 1809). — Corps filiforme, atténué aux ex- trémités, de teinte blanchâtre. Ex- trémité antérieure arrondie, non ailée ; bouche circulaire, nue. Mâle long de 4 centimètres environ ; bourse caudale petite, entière ; cô- tes postérieures trilobées, les anté- rieures dédoublées, les autres sim- ples ; deux spicules courts et forts, accompagnés d'une pièce accessoire. Femelle longue de 6 à 8 centimè- tres; queue courte et pointue ; vulve située vers le sixième postérieur du corps. CËufs ellipsoïdes, longs de 85 [X, larges de 33 [jl, contenant un embryon bien formé au moment de la ponte. Embryons libres longs de 280 |A, larges de 23 [x. Fig. 289. — Strongle micrure. —A, mâle et femelle, Ê grandeur naturelle. B, extrémité caudale du mâle, grossie 100 fois (Orig.). Le Strongle micrure habite les bronches des bêtes bovines, où il a été vu d'abord par Ruysch, Frank NichoUs et Camper. Plus tard, Mehlis Ta trouvé en outre dans les bronches du Daim. On a rapporté d'autre part à cette espèce les Strongles qui se ren- contrent parfois dans les bronches des Équidés domestiques, aussi bien chez l'Ane (Gurlt) que chez le Cheval (Gurlt, Diesing, Cobbold, Verrill) ; mais j'incline fort à croire qu'il s'agissait du Strongylus Arnfieldi. ÉVOLUTION. — Cobbold a constaté que les embryons récomment éclos du Strongle micrure ne résistent pas à la putréfaction ni à la dessicca- tion. Ils vivent assez bien dans la terre humide, mais sans subir de modifications. En examinant au bout de trois jours le contenu intes- tinal d'un Lombric renfermé dans ce milieu, il y trouva des œufs cm- NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 431 bryonnés et plusieurs embryons libres : ceux-ci mesuraient environ 317 fi de long; leur extrémité céphalique montrait un tube buccal court, chitineux ; leur queue était un peu plus pointue et recourbée en haut; les granulations du corps étaient plus serrées. Au bout de cinq jours, l'intestin du même Lombric offrait de nombreux embryons longs d'environ 500 f*, possédant un œsophage distinct et un intestin plus apparent. Quelques-uns d'entre eux furent déposés sur les lo- bules humides d'une fronde de fougère. Le lendemain, c'est-à-dire le sixième jour, ces larves étaient déjà, visibles à l'œil nu, mesurant 846 ix de long; l'appareil digestif était mieux défini, et on pouvait dis- tinguer dans son voisinage une série de cellules représentant l'ébau- che de l'appareil reproducteur. Le septième jour, une des larves dé- posées sur la fougère montrait nettement les caractères d'un mâle : le canal déférent, assez bien formé, avait repoussé l'intestin par côté, et il existait une bourse caudale à deux lobes soutenus chacun par cinq côtes. Une autre était en mue. Le huitième jour, cette dernière avait achevé sa mue et montrait, outre la bourse caudale, deux courts et forts spicules ; la pointe caudale formait un très petit prolongement subulé. Par suite d'un abaissement de la température, ces observations ne purent être poursuivies ; mais les résultats qu'elles ont fournis sont néanmoins fort intéressants, car ils tendent à montrer que les Vers de terre constituent pour le Strongle micrure un hôte intermédiaire. Les embryons, après avoir subi dans l'intestin de ces animaux d'im- portants changements de structure, seraient rejetés avec les excré- ments qui sont déposés en tortillons à la surface du sol, et de là seraient introduits passivement avec les herbes humides dans l'orga- nisme des bêtes bovines. Pathologie. — Le Strongle micrure entraîne, lorsqu'il existe en grand nombre chez les animaux de l'espèce bovine, une bronchite vermineuse analogue à celle que nous avons vue occasionnée par le Strongle filaire chez le Mouton. Ce sont encore les jeunes sujets qui paient le plus sérieux tribut à l'affection, laquelle revêt souvent un earactère épizootique. On a souvent confondu cette bronchite vermineuse avec la péri- pneumonie contagieuse; mais l'examen microscopique des matières expectorées doit suffire à lever les doutes. La méthode des injections trachéales antiparasitaires donne de bons résultats dans le traitement de cette maladie. Strongle pulmonaire {Str. pulmonaris Ercolani, 18o9). — Sous ce nom, Ercolani a décrit, quoique d'une façon insuffisante, un Ver très voisin du Strongle micrure. « Il en diffère par la longueur du corps, qui est beaucoup plus petite, variant de 10 à 40 millimètres; les mâles sont plus épais en ar- rière qu'en avant ; la bouche est entourée d'une couronne de petites papilles 432 VERS. subarrondies ; la queue de la femelle est niucronée, assez mince et oblique ; de celle du mâle, obtuse et arrondie, partent sept languettes ou côtes qui soutiennent la bourse caudale en forme d'expansion membraneuse semi- campanulée ; la languette dor- sale impaire arrive jusqu'à la périphérie de la bourse. OriTice anal bilabié. Les femelles sont ovovivipares. » Ercolani avait recueilli un grand nombre de ces Vers dans les bronches d'un Veau. Il reçut en outre de Prangé quelques Strongles identiques recueillis en France, également sur des Veaux. Strongle paradoxal {Str. paradoxiis Mehlis, 1831. — ■ Syn. : Gordius pulmonalis opri Ebel, 1777; Ascaris apriGme\m,il8d; Strongylus suis Rud., 1809; Sir. elongatus Duj., 1845 ; Str. longe- vaginatus Dies., 1831 ; Metastrun- gylus paradoxiis Molin, 1860). — Corps blanc ou brunâtre. Bou- che entourée de six lèvres, les deux latérales plus grandes. Mâle long de 12 à 2o milli- mètres ; bourse caudale bilobée, chaque lobe soutenu par cinq côtes, la moyenne et l'anté- rieure dédoublées, les autres simples ; spicules grêles et très allongés, mesurant 2"™, 3 à 4 millimètres. Femelle longue de 20 à 50 millimètres, à queue terminée par un court appen- dice crochu, à la base duquel vient s'ouvrir l'anus ; vulve si- tuée immédiatement en avantde celui-j;i, au niveau d'une émi- nence arrondie. CEufs ellipsoï- des, ou renflés dans leur mi- lieu, longs de o7 à 100 [jL,larges de 39 à 72 j*, contenant un embryon bien formé au moment de la ponte. Embryons libres longs de 220 à 330 ij., larges de 10 à 12 ;i.. Ce parasite a été découvert à la fin du xviii^ siècle, par Ebel, en Prusse, dans les bronches d'un Marcassin, puis retrouvé parModeer, en Suède, dans celles d'un Porc domestique. Depuis lors, il a été si- ig. 290. — Strongle paradoxal. — A, mâle et femelle, grandeur naturelle. B, extr(jmité caudale du mâle, grossie 50 fois. C, fragment d'un spicule très fortement grossi. D, un des lobes de la bourse caudale, grossi 100 fois. E, extrémité caudale de la femelle, grossie, 50 fois. F, embryon libre, grossi 150 fois (Orig.). NÉMATHELMINTIIES. — NÉMATODES. «3 gnalé nombre de fois en France, en Angleterre, en Italie, etc., même en Amérique et au Japon. Koch dit Tavoir rencontré aussi chez, le Mouton. Molin le décrivait comme pourvu d'un utérus unicorne, c'est-à-dire d'un seul ovaire ; en réalité, il possède deux tubes femelles comme les espèces précédentes ; tous deux naissent vers le milieu du corps : l'un se dirige en avant, se replie un peu en arrière de l'œsophage, puis se dilate on descendant vers la queue; l'autre s'étend d'abord en arrière, mais se replie avant d'arriver à la vulve, se dilate, remonte jusque vers le milieu du corps et redescend enfin avec le premier ; ces deux utérus se réunissent, à quelque distance de la queue, en un vagin sinueux assez long qui va s'ouvrir à la vulve. Des recherches de Colin et de Baillet, il résulte que les embryons du Str. paradoxus ont une résistance vitale comparable à ceux du Sir. filnria. Le Strongle paradoxal vit le plus souvent dans les bronches de petit et de moyen calibre ; mais il n'est pas très rare de le trouver aussi dans les plus grosses et même dans la trachée. Les troubles qu'il occasionne sont en général assez restreints ; on a cependant vu des Porcs, surtout dans le jeune âge, succomber à la bronchite vermi- neuse. De même que Gratia, j'ai constaté quelquefois la formation de foyers inllammaloires analogues à ceux qui constituent la pneu- monie vermineuse du Mouton. Diesing a décrit, sous le nom de Strongylus longevaglnaiiis, un Ver trouvé en 1845 à Klausenbourg (Transylvanie), par le médecin mili- taire P. Jortsits, dans le poumon d'un garçon de six ans, mort de ma- ladie inconnue. Les exemplaires recueillis avaient été envoyés à Ro-^ kitansky, et examinés par Diesing, par Molin et par Leuckart; mais, comme ils étaient mal conservés, ils ne purent être étudiés que d'une façon incomplète. Molin, attribuant à ce Ver, ainsi du reste qu'au Str, paradoxus du Porc, un seul ovaire, le rangea dans son genre Meta- strongylus, avec les caractères suivants : — Bouche entourée de quatre à six papilles. Mdle long de 13 à 15 millimètres ; bourse caudale à deux lobes triradiés : le rayon médian bipartit, les autres simples ; spicules très longs, filiformes. Femelle atteignants) millimètres de longueur; extrémité caudale offrant un appendice conique: vulve située im- médiatement en avant de lanus, sur une éminence hémisphérique. A part quelques détails insignifiants, qui s'expliquent d'ailleurs par l'insuffisance des méthodes d'examen, tous ces caractères se rap- portent au Sir. paradoxus, et la simple inspection des figures de Molin et de Leuckart confirme cette identification. Le parasite du Porc peut donc s'égarer chez l'Homme comme chez le Mouton. En 1888, J. Chatin (1) a communiqué à l'Académie de médecine une (1) J. Chatin, Le Strongle paradoxal chez l'IIomme. lUillelin de l'Académie de méd. (3). XIX, p. 483, 1888. Railliet. — Zoologie. ■ 28 434 VERS. observation relative à un habitant d'Oloron (Basses-Pyrénées) atteint de troubles gastro-intestinaux et dans les déjections duquel on avait trouvé, à deux reprises différentes, des exemplaires de 5<î\ paradoxus. A notre avis, il s'agissait là d'un cas de pseudo-parasitisme, la pré- sence de ce parasite dans le tube digestif étant un fait anormal, qui ne peut guère s'expliquer que par l'ingestion directe. Il faut noter en effet que ce malade faisait, durant une partie de Tannée, un grand commerce de viande fraîche. En 1855, Bristowe et Rainey ont décrit, sous le nom de Filaria tra- chealis^ des embryons de Nématode trouvés en abondance sur la mu- queuse de la trachée et du larynx d'un individu qui avait succombé à une affection des membres inférieurs. Ces embryons étaient longs de 0"",5, larges de 0°"",16; ils avaient l'extrémité antérieure obtuse et arrondie, l'extrémité postérieure graduellement amincie; à peu de distance de la pointe caudale se voyait une petite papille (anus ?). Quoique les dimensions de ces embryons soient un peu supérieures à celles des embryons du Sir. paradoxus, il n'est pas impossible qu'ils aient été fournis par des exemplaires de cette espèce habitant les pe- tites bronches. Strongle d'Arnfleld [Slrongylus Arnfieldi Cobbold, 1884). — Corps fili- fP .w''.->!:n''^MItoiii forme, blanchâtre. Extrémité antérieure [s, Vr^iâî;ife'5 ^^^hI ^^^^ ailée. Bouche nue, orbiculaire. Mdle ■^'^ .^^^i iH^Bl ^^"8 *^^ -^ '^ ^^ millimètres ; bourse cau- Fig. :291. — ExtiLinilL' caudale du Slrongylus Fig. 292. — Exlréniilés cûplialique et caudale de la femelle Arnfieldi mâle, grossie 100 fois(Orig.). du Slrongylus Arnfieldi, grossies 100 fois (Orig.). dale courte, à peine lobée sur les côtés et en arrière ; côtes antérieures bifides, à branche antérieure un peu plus courte que la postérieure ; côtes NÉMâTHELMINTHES. — NKMATODES. 435 moyennes bifides, à branches égales ; côtes postérieures épaisses, bilobées à l'extrémité et largement réunies à la hase ; spicules d'un brun fauve, légè- rement arqués, réticulés, longs de 200 à 240 |A, accompagnés d'une pièce ac- cessoire courte, de teinte plus pâle. Femelle longue de 43 à o5 millimètres, à queue courte, un peu arquée, se ter- minant en pointe mousse ; vulve étroite et non saillante, située aux 3/5 antérieurs du corps. Œufs ellipsoïdes, longs de 80 à 100 f*, larges de 50 à 60 a, embryonnés au moment de la ponte. Embryons libres longs de 400 à 490 fA, larges de 14 à 18 [x, pourvus d'un petit appendice caudal mince et transparent. Le Strongle d'Arnfield (1) habile les bronches du Chevalet de l'Ane, il est susceptible de déterminer des a' r ~ .^"''"'•on AnSlronyylnsArufîeldi. _ pig. 294. — Extrôraité caudale du Strongylvs A, œufenvoiede segmentation. B,ilV.fatdenioiu!a. commutalus mâle, grossie 300 fois (Orig.). C, œuf embryonné. D.éclosionderembryon. E, em- bryon éclos. Grossissement : 1.50 diamètres (Orig.). troubles analogues à ceux produits chez le Mouton par le Strongle filaire. Strongle débaptisé (Sf?-. commwiflfw.s Diesing, 18oi). — Corps filiforme. Extrémité antérieure arrondie, aplatie; bouche inerme. Mdic long de 18 à (1) CoBBOLD, New parasites from the Uorse ami Ans. The Vetenniirinn, 1885, p. 4.— 436 VERS. 30 millimètres ; bourse caudale très petite, arrondie ; côtes postérieures pa- raissant unies en un large tronc ; moyennes et antérieures bifides. Femelle longue de 28 à 50 millimètres ; vulve située immédiatement en avant de l'anus. Assez commune dans les bronches des Lièvres, cette espèce n'a été que rarement indiquée chez les Lapins domestiques (1) ou sauvages. Elle détermine une broncho-pneumonie souvent mortelle. Sollmann a signalé une épizootie de ce genre sévissant sur les Lièvres de la Thuringe, en 1864-1865. Depuis quelques années, cette affection s'est aussi répandue en France, où nous avons eu l'occasion de l'observer. Strongle nain [Str. pusillus A, Millier, 1890). — Corps filiforme. Extré- mité antérieure non ailée. Bouche nue, sans papilles. Mâle long de 4™™, 9 ; bourse caudale courte, à peine festonnée ; côtes postérieures bilobées, les moyennes dédoublées, les anté- rieures bifides, les autres simples ; spicules grêles, un peu courbés, longs de 100 à 130 ij.. Femelle longue de 9"'™, 6 à 9°»™, 9, à queue courte, terminée en pointe mousse; vulve si- tuée immédiatement en avant de l'anus. Œufs ellipsoïdes ou subglobuleux, longs de 60 à 85 \i, larges de 55 à 80 li., non segmentés au moment de la ponte. Embryons libres longs de 370 à 450 [j., larges de 16 à 18 [j., pourvus, à l'extré- mité caudale amincie, d'un petit appendice ondulé. Fig. 295. — Œufs el embryons du Strongylus pusillus du Chat, gros- sis 150 fois. — A, B, œufs en voie de segmentation. C, œuf conte- nant un embryon. D, embryon libre (Orig.). Ce Ver habite le poumon du Chat, oii il détermine des foyers de pneumonie qui ont une ressemblance extérieure assez marquée avec ceux que nous avons signalés chez le Mouton, et dont Laulanié a publié également une excellente étude (2). Dans la première édition de cet ouvrage, je disais que nous croyions avoir surpris, avec Laulanié, le Ver adulte au milieu des petites bronches, sur des coupes du tissu enflammé. Après de nombreuses recherches, je suis en effet parvenu à trouver des fragments du corps de la femelle ; G. Neumann, de son côté, trouvait une femelle non ovigère ; mais nous avions été précédés dans cette découverte par A. Millier, qui avait réussi à isoler, de certains foyers, des individus entiers, mâles et femelles. La pneumonie vermineuse du Chat se traduit en général par une toux fréquente, revenant par accès et souvent accompagnée de vo- Jd., Description of Strongylus Arnfieldi... Journal of Linn. Soc. (Zoology), XIX, p. 284, pi. XXXVl, 188tj. — A. Railliet, Sur la slrongylose bronckiale du Cheval et sur le Ver qui la détermine. Comptes rendus Soc. de biologie (9), III, p. 105, 1891. (1) E. Mazzanti, Pneumofiite verminosa nel Coniglio dome:Ie (les vaisseaux {Sir. vasorum Ba.i\\el, 1866). — Corps filiforme, blanchâtre ou rouf,'eàtre, montrant souvent par transparence une spirale rouge formée parle tube digestif autour duquel s'enroulent les tubes géni- taux. Tégument strié en long. Extrémité antérieure nue pendant la vie, mais Fi?. iOC. Strongylus vasorum. — A, mâle el femelle, grandeur naturelle. B, extrémité céphalique. C, extrémité caudale du mâle. Grossissement : 100 diamètres (Orig.). montrant parfois, après la mort, des expansions cuticiilaires qui simulent, soit des lèvres, soit des ailes latérales. Mâle long de 14 à 18 millimètres; bourse caudale à deux lobes soutenus chacun par quatre côtes (la posté- rieure fait défaut), la moyenne et l'antérieure dédoublées. Femelle longue de 18 à 21 millimètres; vulve située en avant de l'anus. Œufs ellipsoïdes, longs de 70 à 80 a, larges de 40 à 50 \t.. Serres paraît avoir le premier trouvé ce Ver dans le cœur droit et les divisions de l'artère pulmonaire, chez le Chien. Laulanié (1) a pu- blié d'intéressantes recherches sur son évolution et sur les troubles qu'il détermine. ÉVOLUTION. — Les femelles, fécondées sur place, pondent des œufs non segmentés qui vont s'arrêter dans les plus fines artérioles et y (1) Loc. cit. — MAuni, Deux as de strong>/lose chez le Cliien. Revue vét., 1889, p. 371. — Railliet et Cadiot, Strongylose du cœur et du poumon chez le Chien. Comptes rendus de la Soc. de biologie (9), IV, p. 482, 1892. — In., Essais de trans- mission du Strongylus vasorum du Chien au Chien: résultats négatifs. Ibid., p. 702. 438 VERS. parcourir toutes les phases de leur développement, en donnant lieu à des granulations spéciales. Les embryons qui en sortent sont longs de 300 à 360 [x, larges de 13 [x, à extrémité caudale prolongée par un petit appendice ondulé. Ils émigrent dans les bronches de petit cali- bre, et peuvent enfin être rejetés au dehors ou se trouver déglutis. Leur résistance vitale est fail)le ; ils vivent seulement quelques jours dans l'eau, et ne suppor- tent même pas une dessiccation d'une minute. D'après les résultats de quel- ques expériences, Laulanié avait pensé que ces embryons, ingé- rés par d'autres Chiens, se dé- veloppaient directement dans l'organisme de ces animaux. Mais Laulanié opérait à Tou- louse, c'est-à-dire dans un mi- Fig. 297. — Pseudo-follicule eu voie de fonnatiou sur Fig. 298. — Pseudo-follicule de strongjlose le trajet d'une artériole a, à deux couches de fibres musculaires, dont la directiou reste iudiquée en 6 par un cordon de cellules (?pitlic'lioïdes. c, fissure et revôtemeut épithélial assurant la continuité de la circulation, d, cavité ovulaire (Laulanié). pulmonaire du Chien, montrant la cellule géante ovigère ; l'œuf de Strongylus vaso- rum (o) contenu dans cette cellule est seg- menté (Laulanié). lieu infesté ; deux essais que nous avons tentés dans le même sens à Alfort ne nous ayant donné que des résultats négatifs, nous avons cru devoir émettre des réserves relativement à cette manière de voir. Pathologie. — Les lésions de la strongylose pulmonaire sont en général limitées à la base des deux lobes de l'organe, dont le tissu compact, grisâtre, plus dense que l'eau, est criblé de granulations grises et demi-transparentes, très fines, atteignant rarement le volume d'une tête d'épingle, et donnant un aspect chagriné aux surfaces libres et aux surfaces de section. Ces granulations parasitaires pourraient être prises à première vue pour des lésions tuberculeuses, mais l'examen microscopique lève rapidement tous les doutes. Elles ont pour point de départ, comme nous l'avons dit, les œufs arrêtés dans NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 439 les lines artérioles : ceux-ci, en cflct, donnent lieu généralement à une artérile noduleuse réunissant tous les caractères des follicules élémentaires de la tuberculose. La plupart des pseudo-follicules ainsi produits offrent, en effet : 1° une zone centrale représentée par une cellule géante creusée d'une cavité renfermant un œuf ou un embryon; 2° une zone moyenne formée de cellules épithélioïdes ; 3" une zone périphérique composée d'éléments embryonnaires dis- posés circulairement. — Souvent, en outre, on trouve dans le poumon des nodules plus volumineux , correspondant chacun à un caillot développé dans une branche de l'artère pulmonaire et en amont duquel sont amassés des Vers adultes. Les symptômes de cette strongylose sont peu connus. L'affection resterait longtemps silencieuse pour se manifester tout à coup par une dyspnée pénible qui peut se calmer au bout de quelques jours ou se terminer par l'asphyxie. Mauri, Railliet et Cadiot ont noté de Tas- .cite. L'auscultation et la percussion ne fournissent aucun signe saisis- sable. Le plus souvent la cause des troubles n'est reconnue qu'à l'au- topsie ; encore est-il rare que la mort survienne naturellement : les animaux sont presque toujours abattus après de longs mois de maladie, La strongylose est généralement sporadique, mais, dans certains cas, elle peut sévir à l'état enzootique dans une meute et y occasion- ner des ravages sérieux. Lafosse et Labat disent avoir obtenu la guérison des sujets atteints par l'emploi de l'essence de térébenthine ou de la térébenthine. Jusqu'à présent, le Str. vasorum n'a été vu d'une façon certaine qu'à Toulouse. Railliet et Cadiot l'ont rencontré à Paris, mais sur un chien d'origine toulousaine. Bossi (1870) a observé en Italie, dans le cœur de deux Chiens, des Vers qu'il rapporte au genre Filaria, et qu'il appelle cependant emaiozoa filaria cardiaca. Mais la description qu'il en donne est incomplète, et si le caractère tiré de la présence de la vulve au voisinage de l'anus tend à les rapprocher du Strongylus va- sorum, par contre la longueur des femelles (jusqu'à 30 et 35°"") et le spicule unique signalé chez le mâle semblent devoir les en distinguer. Strongle scbulé. — Cobbold avait dénommé Strongylus subulatus un Ver trouvé par Leiseringdans les veines du Chien et décrit par Gurlt sous le nom à'Hœmatozoon subulalum. 11 en sera question plus loin (Voy. Diplo- gaster). Strongle contourné (Str. contortus Rud., 1803. -— Syn. : Str. ovinus 0. Fabr., 1784; S., larges de 42 à 48 y-, en morula au moment de la ponte. Fig. 301. — Extrémité caudale du Sfron- gylus instabilis mâle, grossie 150 fois (Orig.). Nous avons rencontré ce Strongle en petite quantité dans la caillette et en grande abondance dans l'intestin grêle (surtout dans le duodénum), chez les Moutons qui succombaient à l'anémie pernicieuse due au Sir. contortus. Dans un cas nous l'avons même vu provoquer seul cette afîection chez une Chèvre. Nous l'avons égale- ment recueilli chez le Chevreuil. C'est la forme que nous avions prise tout d'abord pour le Str. fih'collis, puis pour le Str. ventricosus. Giles a décrit en 1892, sous le nom de Str. colubriforniis, un Ver très voisin de celui-ci, peut-être même identique; pourtant il ne paraît pas avoir vu la pièce chitineuse annexée aux spicules, non plus que les côtes postérieures de la bourse caudale. Ce Ver se trouvait en abondance dans l'intestin grêle du Mouton, dans l'Inde anglaise. Strongle filicol {Str. filicollis Hud. — Syn. Ascaris filicollis Rud., 1802 ; Fusaria filicollis Zeder, 1803; Str. filicollis Rud., 1803). — Corps capil- laire, blanchâtre, longuement effilé dans sa partie antérieure, ainsi que l'in- dique le nom spécifique. Extrémité céphalique souvent un peu vésiculeuse. Tégument rayé par 18 arêtes longitudinales. Bouche nue. Mdle long de 8 à 13 millimètres, à bourse caudale bilobée, chaque lobe étant soutenu par cinq côtes : la postérieure un peu fendue à son extrémité, la moyenne et l'antérieure bifides ; deux spicules grêles et très longs. Femelle longue de 10 à 24 millimètres ; vulve située vers les trois quarts postérieurs du corps. Œufs ellipsoïdes, relativement énormes, longs de 110 à 113 pi, larges de 64 à 70 [X, en morula au moment de la ponte. NÉMATHELMINTHES. — .NÉMATODES. 443 Ce Ver habite l'intestin grêle du Mouton et de la Chèvre ; on l'a Fig. 302. — Extrc^mité caudale du Stron;/ylus fiUcoUis niàle, grossie 150 fois (Orig.)- trouvé aussi chez le Chevreuil et chez le Daim. Il est plus commun chez les jeunes animaux. Strougle d'Ostertag [Str. Ostertagi Stiles, 1892. — Syn. : Str. convoluius Ostertag, 1890, nec Kuhn, 1829). —Corps filiforme, brun clair, atténué aux extrémités. Tégument rayé par 34 arêtes longitudinales. Bouche entourée de 6 pa- pilles très petites, difficilement percep- ib les. Mâle long de 7 à 9 millimètres ; bourse caudale à deux lobes latéraux réunis en arrière par un lobe impair plus faible; côtes postérieures bifurquées à l'extrémité ; côtes moyennes et antérieu- res dédoublées. Deux spicules assez complexes, longs de 200 u. environ, avec une pièce accessoire peu distincte. Fe- melle longue de 10 à 13 millimètres; ex- trémité caudale en pointe courte ; vulve située vers le dixième postérieur du corps, et recouverte d'une duplicalure cutanée en forme de cloche. Œufs ellip- soïdes, en voie de segmentation au mo- ment de la ponte. Fig. 303. — Extrémilé caudale du Strotigylus Ostertagi niàle, grossie 15U fois (Orig.). Ce Ver a été trouvé par Ostertag dans la caillette du Bœuf, à l'abattoir de Berlin. Stiles Ta retrouvé aux États-Unis. Une étude assez complète en a été faite par Sta- 444 VERS. delmann (Ij. Il siège sous répilhélium, dans des nodules déprimés, d'un volume variant de celui d'une tête d'épingle à celui d'une len- tille, les plus petites grisâtres, les autres entourées d'une aréole brun jaunâtre. Ces nodules portent une petite ouverture centrale, par la- quelle on voit souvent sortir l'extrémité céphalique du parasite, lequel est enroulé à l'intérieur ; les plus gros offrent parfois plusieurs de ces ouvertures, correspondant chacune à un Ver. Lorsque l'estomac com- mence à entrer en putréfaction, les Nématodes quittent leur habitat et se déplacent rapidement à la surface de la muqueuse. Il est probable que le développement de cette espèce est direct. L'infestation semble se produire à l'automne. En septembre et octo- bre, on ne trouve presque plus de parasites dans la caillette, bien que les nodules n'aient pas encore disparu. Fin d'octobre et en novembre, cet organe est envahi seulement par des larves à un 1" stade, qui ont à peu près l'"",5 de long, possèdent deux dents buc- cales et un bulbe pharyngien à 4 plis ou dents. En décembre et jan- vier apparaît un second stade larvaire, séparé du premier par une mue : les Vers ont acquis alors une longueur un peu plus considé rable et ont subi diverses modifications secondaires. Après une nou- velle mue, qui survient vers la fin de l'hiver, les parasites revêtent la forme adulte. On trouve en moyenne deux mâles pour trois fe- melles. D'après Ostertag, 90 pour 100 des sujets sacrifiés aux abattoirs de Berlin sont porteurs de ces Strongles. On n'en trouve qu'un petit nombre à la fois chez les individus en bon état, mais les cachectiques sont largement infestés. Dans les points où les nodules abondent, on observe une inflammation catarrhale plus ou moins étendue. Les Vers, au moins pendant leur jeune âge, sucent le sang des capillaires de la muqueuse : aussi a-t-on pu leur attribuer la production d'une sorte d'anémie pernicieuse, qui sévit surtout sur les jeunes animaux, et que divers auteurs rapportaient aux pulpes de betterave employées dans l'alimentation. Strongle suppléant [Strongylus vicarius Stadelmann, 1893). — Ce Ver offre l'aspect général du Str. Ostertagi; il a la même taille, la même teinte et la même situation des organes génitaux; mais la femelle adulte ne pos- sède pas sur la vulve de duplicature cutanée en forme de cloche. Stadelmann (2) a trouvé ce parasite dans la caillette du Mouton, où il développe des nodules semblables à ceux produits par le Str. Ostertagi chez le Bœuf. Déjà Stiles, aux États-Unis, avait trouvé de petits Strongles dans la caillette du Mouton; mais il les rapportait à l'espèce précédente. Strongle rouge brun [Str. rubidiis Hassall et Stiles, 1892). — Corps (1) H. Stadelmann, Ueber den anatomischen Bau des Strongylus convolutus Ostertag, nebst einigen Bemerkungen zu seiner Biologie. Inaug. Diss. Berlin, 1891. (2) Stadelmann, Zur Fragedes Strongylus convolutus. Zeitschrift fur Fleisch- und Milchhygiene, III, p. 219, 1893. NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODKS. 445 rouge, grêle ; cuticule finement striée en travers, et possédant en outre 40 à 45 arêtes longitudinales ; lignes latérales saillantes. Extrémité céphalique un peu renflée. Deuxspinulcs cervicales latérales. Bouche petite, ronde, inerme. Mâle long de o millimètres; bourse caudale non excisée en avant, divisée à son bord postérieur en deux lobes réunis par un petit lobe médian; côtes postérieures formant un tronc bifurqué à l'extrémité et portant sur sa lon- gueur deux courtes branches latérales ; côtes moyennes et antérieures dé- doublées; spicules courts, tordus, mesurant 130 [j., avec support chitinenx en avant de l'anus. Fcme/Zc longue de 8 millimctres à 8™"',o ; anus à 0°"",68 de la pointe de la (jueue; vulve à l'"'",3 — l™™,o on avant de l'anus, immédia- tement suivie d'un repli cuticulaire en demi-lune. Œufs longs de 45 p., larges de 36 jj., commençant à se segmenter avant la ponte. Trouvé par Hassall et Stiles dans l'estomac des Porcs sacrifiés pour la con- sommation à l'abattoir do Washington. Dans certains lots, 7o p. 100 des ani- maux en étaient porteurs, et parfois on en trouvait un nombre immense : dans ce dernier cas seulement on observait un peu de catarrhe de la muqueuse. C'est probablement le même parasite que Lutz avait déjà signalé au Brésil (1). Stroiigle d'Axe (S.. Trouvé d'abord dans l'intestin de la Chèvre, par Rudolphi, puis dans la caillette du Chamois et de VOvis Ammon. Nous en avons rencontré au musée d'Alfort des spécimens assez bien conservés provenant aussi de la Chèvre. C. Baillet avait certainement vu des Fig. 3U. — ExU-émité caudale de VŒso- phagostoma venulosum mâle, grossie 100 fois (Orig.). NÉMATIlELMliNTHES. — NÉMATODES. 4ol individus de cette espèce chez le Mouton, mais il les avait confondus avec Sclcrostoma hypostomum. Dautre part, Carità, qui en avait recueilli deux exemplaires chez la Brebis, les avait rattachés à VŒs. inflatum. Nous en avons fréquemment observé chez le Mouton (surtout dans le cœcum et le colon) , chez le Chabin et chez le Che- vreuil (1). OEsophajçostoine de Coliiinbia (Œs. columbianum Curtice, 1890). — Corps blanchâtre; exLréaiiLé ccphalique souvent recourbée en crochet. Bouche circulaire, munie d'une double couronne de soies convergentes. Cou sans renflement vésiculeux, mais offrant néanmoins une fente ventrale transversale, en avant dç laquelle se trouve un pli culiculaire. Deux ailes latérales faibles, naissant immédiatement après la fente. Deux papilles laté- rales vers le premier tiers de l'œsophage, c'est-à-dire à l'origine des ailes. Mâle long de 12 à 15 millimètres ; bourse caudale et côtes cofiime dans l'es- pèce précédente ; deux spicules longs de O"",?. Femelle longue de 14 à 18 millimètres; vulveun peu en avantdel'anus. CEufs ellipsoïdes, longs de 90 [x, larges de 50 [x, pondus à l'état de moiula. Embryons, à la naissance, longs de 230 u.. Cette espèce a été trouvée par Cooper Curtice, chez le Mouton, aux États-Unis, à Test du Mississipi. Les Vers adultes vivent dans le côlon, mais les larves se développent dans de petites tumeurs sous- muqueuses, dont le volume varie de celui d'une tête d'épingle à celui d'une noisette, et qu'on rencontre depuis le duodénum jusqu'à l'anus, mais plus particulièrement dans le cœcum. Dans chacune de ces tumeurs habite une seule larve, qui atteint au maximum 3 à 4 mil- limètres de longueur. Les animaux de tout âge peuv.ent être envahis de la sorte, mais l'infestation porte de préférence sur les sujets âgés. Elle survient en été, et les tumeurs s'accroissent jusqu'au printemps suivant, après, quoi on les voit diminuer. Les troubles consistent dans le dévelop- pement d'une anémie insidieuse qui conduit peu à peu les animaux au marasme. Les intestins affectés ne peuvent plus être utilisés â la fabrication des saucisses. Giles (2) a observé la même affection dans l'Inde anglaise. CKilsophagostome denté {(Es. denlatum [Rud.j. — Syn. : Strony. denta- tus Rud., 1803; Scleroslomu dentatum de Blainville, 1828; Œs. subidatum Molin, 1860; Œs. denlatum RàiW . , 1885), — Corps blanchâtre ou gris biu- nàtre. Bouche circulaire, munie d'une couronne de soies convergentes. Un renflement vésiculeux. Pas de membrane latérale. Deux papilles opposées au niveau du quart postérieur de l'œsophage. Mctlc long de 8 à 12 milli- mètres; bourse caudale obscurément trilobée ; côtes postérieures bifurquées, (1) A. Railliet, Les parasites du Chabin et VOtlsopItagostome des petits Ruminants. Bulletin Soc. zool. de France, XIII, p. 21(i, 1888. (2) G. M. J. GiLEs, On nodular diseuse of llie intestine in Slieep. Scientific Memoirs by Médical Officers of the Army of India, Part YII. Calcutta, 18'j2. 452 VERS. moyennesetantérieures légèrementdédoublées(fif,'.279). Deux spicules grêles, bordés d'une membrane transparente, longs de l^^jlS. Feme//e longue de 12 à 15 millimètres; extrémité caudale subulée et mucronée ; vulve située un peu en avant de l'anus et limitée par un rebord saillant. Œufs ovoïdes, longs de 60 à 80 [jl, larges de 33 à 45 [a. Dans l'intestin du Porc, du Sanglier et du Pécari à lèvres blanches. Leidy l'a trouvé dans le foie du Porc. D'après C. Baillet, les œufs de celte espèce éclosent dans l'eau au bout de trois ou quatre jours. Les embryons mesurent alors 200 à 2o0fx. Genre Stéphanure [Stephanurus Diesing, 1839). ■ — Extrémité anté- rieure tronquée; bouche suborbiculaire, limitée par un anneau chiti- neux garni de dents. Les mâles possèdent un seul spicule et une bourse caudale multilobée. Stéphanure denté {St. dentatus Diesing, 1839. — Syn. : Sclerostoma pin- guicola Y erriW, 1870; St. Nattereri Cobbold, 1879). — Corps allongé, cylin- droïde, rarement filiforme ou capillaire. Bouche terminale, munie de six dents, dont deux opposées plus fortes. Mâle long de 22 à 28 millimètres ; bourse caudale formée de cinq languettes que réunit une délicate membrane transparente; spicule filiforme. Femelle longue de 33 à 40 millimètres; queue recourbée, obtuse, prolongée par une petite pointe et pourvue de chaque côté d'un court processus obtus ; vulve située vers le milieu de la longueur du corps. Œufs longs d'environ 84 jj.. Ce Nématode a été découvert en 1834 au Brésil, par Natterer, chez un Porc de race chinoise; les exemplaires étaient isolés ou réunis plusieurs ensemble dans des sortes de kystes situés entre les couches adipeuses. White l'a retrouvé aux États-Unis en 1858, et Morris en Australie en 1871. Dans cette dernière contrée, aussi bien que dans les deux Amérique, ce paraît être un parasite très commun. Mais c'est à tort sans doute que Flechter, aux États Unis, l'a considéré comme la cause du Hog choiera et que Morris, en Australie, lui a attribué la production d'une mysterious disease causant parmi les Porcs une mortalité considérable. Il siège dans les viscères abdominaux, et en particulier dans le tissu adipeux qui entoure ces organes. Mais c'est au voisinage des reins qu'il s'établit de préférence, d'où le nom de kidney-worm que lui donnent les Américains. Il se creuse des galeries qui prennent souvent un caractère listuleux, et entraînent parfois la production d'é- panchements dans le péritoine. Il n'est pas très rare enfin de le voir pénétrer dans le rein, dans les capsules surrénales et dans le foie (Lutz, Dinwiddie). Genre Syngame [Syngamus von Siebold, 1836). — Tête épaissie; bouche large, suivie d'une capsule chitineuse qui la maintient béante. NÉMATHELMINTIIF.S. — NÉMATODES. 453 Mdlrs relativement petits, avec deux spicules. Femelles munies d'un double ovaire; vulve située dans la partie antérieure du corps. L'accou- plement, qui est quelquefois perma- nent (gÙv, yâ^oç, mariage), a lieu à angle aigu, de telle sorte qu'on a pu prendre les individus ainsi réunis pour des Vers à deux tètes. Les Syngames habitent la trachée et les bronches des Oiseaux et des Mammifères. Deux espèces seule- ment ont été signalées chez les Oiseaux domestiques. Synganie trachéal (S. trachealls von Siebold, 183G. — Syn. : Fasciola trached Montagu, dSll ; Stro7igijlus tra- c/jea/is Creplin, 1846; Sclerostomum sijn- gamus Dies., 1851 ; Syng. primilivus Molin, 1860). — Corps cylindrique, de couleur rouge. Tête élargie et tronquée. Bouche orbiculaire, soutenue par une capsule chitineuse héniisptiérique dont le fond présente six ou sept éniinences chitineuses tranchantes et dont le bord épais et retroussé est découpé en six festons symétriques qu'entourent qua- tre lèvres membraneuses (Mégnin). Mâle long de 2 à 6 millimètres, à bourse caudale obliquement tronquée, munie de douze (?) côtes et soudée autour de la vulve. Femelle longue de 5 à 20 mil- limètres, amincie en avant, irréguliè- rement renflée quand elle est remplie d'œufs ; vulve saillante vers le quart antérieur du corps. Œufs ellipsoïdes, operculés, longs de 8o jj., larges de 50 [x. L'accouplement, dans cette espèce, est permanent et si intime, qu'on ne peut séparer le mâle et la femelle sans déchi- rer les téguments. Cobbolda cependant vu cette séparation s'effectuer sans dé- chirure, chez les individus jeunes. Le Syngame trachéal, connu des éleveurs français sous le nom de Ver rouge ou Ver fourchu, vit dans la trachée et les grosses bronches d'un assez grand nombre d'Oiseaux Kig. 312. — Sijngamus tracheatis, grandeur nalui-cUe et grossi 10 fois (Orig.). 434 VERS. sauvages ou domestiques; mais il est surtout répandu chez les Galli- nacés. Ainsi, on la trouvé chez la Poule, le Faisan commun, le Faisan doré (É.Thierry), le Dindon, le Paon (Bellingham, Railliet), la Perdrix grise, la Pie, la Corneille mantelée, le Chocard des Alpes, le Pic-Vert, TÉtourneau, le Martinet. ÉVOLUTION. — Le mode de développement de ce Ver a été déter- miné par Leuckart, Ehlers, Mégnin et Walker. Les œufs ne peuvent s'échapper du corps de la femelle que par le fait d'une déchirure. Chez les grandes femelles, ils présentent dans les utérus mêmes un embryon bien formé (Cobbold). Mais il arrive que les parasites soient rejetés avant d'avoir atteint leur taille définitive : leurs œufs s'échap- pent alors à la faveur de la décomposition cadavérique, se répandent sur le sol humide ou dans les flaques d'eau, évoluent dans ce milieu en une à six semaines suivant la température, et peuvent même arriver à éclosion. L'embryon libre mesure 280 [/. de long sur 13 (x de diamètre; il est muni d'un petit appendice buccal provisoire qu'il abandonnera à la première mue. Ehlers a montré que cet embryon n'a nullement besoin de passer par un hôte intermédiaire : en faisant ingérer à des Oiseaux des œufs embryonnés, il a constaté qu'au bout de douze jours les individus étaient déjà assez développés pour entrer en copulation, et qu'après dix-sept jours les femelles étaient déjà remplies d'œufs bien formés. Walker a même constaté que les embryons se conservent bien vivants dans le tube digestif des Vers de terre et que, après l'ingestion de ceux-ci, les Oiseaux présentent des Syn- games. D'autre part, Mégnin a pu obtenir le développement de ces parasites chez une Perruche en lui faisant avaler des corps entiers de Syngames qui renfermaient sans doute des œufs embryonnés. Pathologie. — La présence de ces Nématodes dans les voies aériennes des Oiseaux détermine une grave affection qui sévit d'ha- bitude à l'état épizootique, surtout chez les jeunes Gallinacés, et que les auteurs américains et anglais désignent depuis longtemps sous le nom de gapes (de to gape, bâiller, ouvrir le bec). Nous avons proposé de remplacer cette expression par celle de syngamose. Les sujets atteints manifestent une sorte de toux sifflante ; à chaque instant ils ouvrent largement le bec pour respirer, en allongeant le cou; ils sont pris d'éternuements, etc. Ils meurent asphyxiés en quelques jours ou périssent un peu plus tard par suite de cachexie, La guérison spontanée est assez rare. A l'autopsie, on trouve les couples de Syngames fixés sur la mu- queuse trachéale comme de petites Sangsues. Ils siègent d'ordinaire à la partie inférieure de la trachée ou à l'entrée des bronches. Les points où ils sont attachés sont généralement enflammés. On a recommandé, pour traiter cette afl'ection, des moyens très divers . NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 455 qui, dans la pratique, se montrent peu efficaces. Le mieux est d'établir une sérieuse prophylaxie, ayant pour base Tisolement, la propreté, la désinfection. Syngaine bronchial (S. bronchialis Mùhlig, 1884). — Corps cylindrique, un peu atténué en avant. Bouche comme dans l'espèce précédente. Mâle long de 10 millimètres, à bourse caudale sphérique, entière; côtes antérieures et moyennes fendues; antérieures externes accolées aux moyennes; posté- rieures tridigitées, réunies à la base en un tronc commun qui a à peu près le double de leur longueur; spicules filiformes, recourbés en crochet à leur extrémité et frangés à leur bord interne. Femelle longue de 25 millimètres, à extrémité postérieure terminée en pointe conique ; vulve peu saillante, située au premier tiers de la longueur du corps. Œufs ellipsoïdes, non operculés, longs de 90 [x, larges de 60 fi. — La copulation n'est pas constante, et les Vers accouplés peuvent être séparés sans déchirure par la traction. Cette espèce a été trouvée par Midilig chez de jeunes Oies japonaises. Peut-être est-ce la même qui avait été vue antérieurement, chez de jeunes Oies également, par Przibylka et par Zûrn ; elle parait assez voisine, en tout cas, du Syngamus variegatiis {CrepVm) {Sclerostonium trachéale D'iqs.; Syng. sclerostomum Molin), recueilli par Nalhusius et Creplin dans la trachée de la Cigogne noire. Elle vit dans le larynx, la trachée, les bronches, jusque dans les petites divisions : sa présence détermine une inflammation pulmonaire. Les symptômes qu'elle provoque sont semblables à ceux signalés à propos du S. trachealis. Hayem a observé en 1873, dans les voies aériennes du Canard, des Néraa- todes qu'il a rapportés au Sclérostome du Cheval {Sclerostoma equinum) ; mais il est probable qu'il s'agissait d'un Syngame, peut-être même du Syng. bronchialis. Genre Giobocéphale {Globocephalus Molin, 1860). — Ce genre, créé par Molin, est caractérisé par une tète sphéroïde, diaphane, et une capsule buc- cale soutenue par deux anneaux cornés, l'un situé au fond, l'autre à l'entrée, tous deux réunis par quatre méridiens cornés; l'orifice buccal est terminal, orbiculaire, à limbe annulaire entier, non denté. Giobocéphale inucroné [Gl. longemucronatus Molin, 1860). — Mâle long de 7 millimètres; bourse caudale légèrement trilobée : côtes postérieures tri- digitées, moyennes dédoublées ainsi que les antérieures. Deux spicules. Femelle longue de 8 millimètres; extrémité caudale en pointe conique, ter- minée par un mucron allongé. Trouvé par Wedl dans l'intestin grêle du Porc, à Vienne. Genre Sclérostome {Sclerostoma de Blainville, 1828). — Extrémité antérieure tronquée, droite ou un peu recourbée vers la face ventrale; bouche circulaire, béante, transversale ou oblique, suivie d'une cavité ou capsule buccale chitineuse et garnie sur le bord de nombreux den- ticules disposés en une ou plusieurs séries. Les mâles possèdent deux spicules et une bourse caudale souvent trilobée. La vulve s'ouvre dans la partie postérieure du corps. 4S»Î YEftS. Fig. ot;i. Moili.^ dorsale de la ea|isiile biioralo du Scleroslonui l'iiuinum, vue par la face interne (Dclafoud). ScI<^roi!itoiiie éqiiiii [Sel. equinum [0. F. Mullev]. — Syn. : Stroiigylua cquiMits 0. F. Millier, 1784; Sir. asininus Vihorg, 1~95; Sir. armatm Riid., 180;{; Sel. equinum de lUainville, 1828; Sel. artmtiim Dies., 18ol). — Corps f^M'is ou brun rougoàtre, droit, raide, plus épais on avant qu'en arrière. Roiiche orbi- culaire, tendue par [diisieurs anneaux chitineux con- centriques, dont les plus intérieurs sont garnis de denticulcs, tandis que le plus extérieur porte six pa- .pilles : deux latérales faibles et quatre submédianes assez saillantes. Capsule buccale soutenue par une seule côte longitudinale dorsale et portant vers son fond deux plaques tranchantes arrondies. Mâle long tantôt de 18 à 20 millimètres, tantôt de 26 à 35 ; bourse caudale presque trilobée ; côtes postérieures tridigitées ; moyennes dédoublées ; antérieures fen- dues. Deux spicules longs et grêles, traversant un étui chitineux. F(î»je//c longue tantôt de 20 à 20 millimètres, tantôt de 35 à 55; queue obtuse ; vulve située vers le tiers postérieur du corps. Œufs ellip- soïdes, un peu renflés vers le milieu, longs de 92 jj., larges de 54 ui, en segmentation au mo- ment de la ponte. Le Sclérostomo équin, plus connu des vétérinaires sous le nom de Slrongle arme, est très commun cho/, le Cheval et chez les autres Équidés; il habite à l'état adulte le caecum, rarement le gros côlon, et se fixe à la mu- queuse à l'aide de son arnui- ture buccal«\ On trouve bon nombre d'individus accou- plés. Mais très fréquemment aussi on le rencontre à l'état agame dans des anévrys- mes de la grande mésenté- rique, dans les artères hépa- tiques, rénales, testiculaires, occipitales, coronaires, etc., dans la veine porte i^Valentin), dans le pancréas (Florman, Goubaux\ dans le foie fMégnin, Nocard et Railliet), dans le poumon (Morot, MichaliU, Leidy\ dans le testicule, dans le tissu conjonctif sous-péritonéal et sous-pleural, etc., etc., enlîn dans des nodules sous-muqueux de l'in- testin, notamment du caecum. Évolution. — Les recherches de C. Baillet ont montré que les œufs Fie. 3U. E\lri^niilô eaudale du Sclerostoma equinum mâle, grossie 30 fois (Orig.). NKMATIIELMINTHES. — NÉMATODES. 4-i7 du Sel. e(jiiinuiii évoluent dans l'eau ou dans les crottins liurnides, ù la température de 1:2 à :2q", et y éclosent dans l'espace de trois à huit jours. Les eml)ryons, à leur naissance, mesurent 340 à 500 fA de long; ils sont un peu obtus en avant, et terminés en arriére par une queue filiforme, courbée d'abord et plus tard droite. Dans leau, ils peuvent vivre sans s'accroître huit à douze jours; mais dans les crottins humides, ils persistent aisément plusieurs mois et atteignent une longueur de 0°"", H à l^'^io. Au bout de quinze à vingt jours, on voit se préparer une mue, qui parfois tarde beaucoup, mais après laquelle les embryons montrent une teinte blanc jaunâtre et une queue beaucoup ■;/h )^^r^ ^ :i '■X, Fig. 313. — Fragment de caecum de Clieval, montrant des tumeurs à Sclérostomes, de différenics grosseurs, et des Sclérostomes fixés à la muqueuse. A droite, les deux variétés du S. equinum ; à gauche, celles du 5. tetracanthum. Grandeur naturelle (Orig.). plus courte. Ils jouissent alors d'une grande résistance vitale et peuvent être conservés dans l'eau pure des mois entiers, même sans s'être débarrassés de leur première enveloppe. Il est probable que ces embryons ayant subi la mue doivent réin- tégrer directement l'organisme des Équidés par l'intermédiaire des eaux de boisson. Baillet en a trouvé quelques exemplaires, en effet, qui s'étaient engagés dans la muqueuse du cœcum et du côlon. Ce n'est là, toutefois, tju'une simple hypothèse, et d'ailleurs on ne con- naît pas encore d'une façon positive les conditions dans lesquelles s'ef- fectue leur développement ultérieur. Un certain nombre d'entre eux, tout au moins, passent dans le système circulatoire, où ils séjournent plus ou moins longtemps : 458 VERS. c'est alors qu'ils provoquent la formation d'anévrysmes vermineux. Ils doivent ensuite revenir dans le cœcum, où ils donnent nais- sance aux kystes sous-muqueux dont nous avons fait mention plus haut. Certains faits d'observation tendent à nous faire considérer ce passage dans le sang comme un fait normal. Nous devons reconnaître cependant que les plus petits individus 5 agames observés jusqu'à présent ont été vus dans les nodules sous-muqueux du caecum ; ils mesuraient de 1 à 8 millimètres (Baillet). Dans les anévrysmes de la grande mésenté- rique, on n'a trouvé jusqu'à présent que des exemplaires longs de 10 à 22 millimètres. Leuckart a constaté que les plus petits de ces exemplaires sont dépourvus de capsule buccale et montrent, à la périphérie de l'ori- fice buccal béant, une plaque en rosette avec six lamelles, d'une très élégante scul- pture; l'extrémité caudale est courte et poin- tue. A un stade plus avancé, on remarque que certains spécimens ont la queue plus courte et plus épaisse : ce sont des mâles, dont la bourse caudale est en voie de déve- loppement; en même temps, apparaît la cap- sule buccale, d'abord formée de quatre seg- ments successifs disposés en forme de terrasses en avant de l'œsophage, lequel est ramassé en bulbe à la partie antérieure du corps; lorsque l'œsophage prend son aspect définitif, ces quatre segments occupent une disposition inverse de celle qu'ils avaient primitivement. En dernier lieu, les Sclérostomes des ané- vrysmes, aussi bien que ceux enkystés sous la muqueuse du cœcum, offrent une capsule buccale et une bourse caudale à peu près identiques à celles des adultes, mais les tubes génitaux demeurent à l'état rudimentaire. C'est seulement dans la lumière du canal digestif que les Sclérostomes acquièrent les caractères définitifs de l'état adulte (1). Rappelons que ces Sclérostomes agames étaient autrefois regardés Fig. 316. — Sclerostoma equinum, individus agames du pancréas, grossis 3 fois. — A, mâle. B, fe- melle, b, bouche, a, anus, vu, vulve. 6c, bourse caudale (De- lafond). (1) R. Leuckart, Zur Entwicklunrjsr/eschichte der Nemaloden. Archiv d. Ver. f. wiss. Heilkunde, II, p. 195, 1865. — G. Colin, Mémoire sur le développement et les migrations des Sclérostomss. Recueil de méd. vét. (.5), p. 686, 1886. — C. Baillet, toc. cit., et Réponse à M. Colin. BuUet. Soc. centr. de méd. vétér., 1868, p. 166. NÉMATHELMINTHES. NÉMATODES. 4S9 comme une variété spéciale : var. a mhwr, aneurismaiica, qu'on oppo- sait à la forme adulte ou intestinale : var. [i major, iniestinalh (Molin). En résumé, l'évolution du Sel. equinum paraît comporter les phases suivantes : les œufs, expulsés avec les fèces, développent dans l'eau des mares leur embryon rhabditii'orme; celui-ci réintègre l'organisme lorsque les Chevaux vont s'abreuver; il passe probablement de l'intestin grêle dans le système circulatoire, et après un séjour variable dans ce milieu, retourne au cœcum, s'arrête sous la mu- queuse jusqu'à ce qu'il soit parvenu à un stade déterminé, et enfin passe dans le canal intestinal, où a lieu l'accouplement. Pathologie. — Les Sclérostomes adultes sont solidement fixés, comme nous l'avons dit, à la muqueuse du ciiecum ; celle-ci forme, au point d'adhérence, une petite saillie de teinte sombre. Ces Vers se Fig. 317. — Aorte abdominale du Cheval avec ses ramifications. — I, tronc cœliaque : o, arlôre gas- trique ; a', arlôre splénique ; a', artère liépatique. — 2, tronc de la grande nii^scntérique, un peu ané- vrvsmatique : b, artère colique gauche ; b' , première artère du côlon flottant ; c, artère colique droite c', artère caecale inférieure; c", artère crpcale supérieure; c'", ailère iléo-ca^cale ; d, artères de l'intestin grêle; r, artère rénale droite; r', artère rénale gauche. — 3. tronc de la petite mésentérique ; t, t', artères grandes testiculaires gauche et droite; ii, iliaques internes; ie, iliaques externes; ci, artères circonflexes iliaques ; pf?, piliers du diaphragme (G. Neumann). montrent dans certains cas en quantité considérable, et comme ils attaquent la muqueuse pour en sucer le sang, on les a quelquefois accusés d'avoir occasionné la mort des animaux par anémie, diarrhée, coliques, etc. ; mais ces faits ne sont peut-être pas assez nettement établis. Les tumeurs sous-muqueuses, qui avaient été prises pour des can- cers par les anciens observateurs, paraissent être sans influence sur la santé. Elles varient du volume d'une tête d'épingle à celui d'une noisette, et renferment chacune un Ver enroulé sur lui-même, avec un peu de pus ou de sang altéré ; parfois le Ver fait défaut, et l'on cons- tate qu'il s'est échappé par un petit orifice central. Quant aux Sclérostomes erratiques dans les divers organes, ils sont susceptibles de provoquer des troubles variables suivant leur siège, et nous ne pouvons nous arrêter ici à tous ces cas particuliers. 460 VERS. Seuls, les anévrysmes vermineux méritent une mention spéciale. Ils ont été observés sur le Cheval, dès 1660, par Ruysch; on les a vus également chez l'Ane et le Mulet, et même chez l'Hémione (Laboul- bène). Ils sont extrêmement communs, surtout chez les sujets adultes ou âgés; BoUinger estime à 90 ou 94 p. 1001a proportion de ceux qui en sont affectés. Ils se rencontrent de préférence sur les branches viscérales de l'aorte postérieure, et plus spécialement sur le Fig. 318. — Anévrysme vermineux de la grande mésentérique, 1/2 de grandeur naturelle. — a, aorte. C, tronc cœliaque. h, artère hépatique, g, artère gastrique, s. artère splénique. m, tronc de la grande mésentérique. ta, tronc du faisceau antérieur, siège d'un petit anévrysme. ce/, artère colique gauche ou rétrograde, cf, première artère du côlon flottant, fg, artères du faisceau gauche ou de l'intestin grêle, td, tronc du faisceau droit, siège d'un anévrysme : la paroi supérieure du vaisseau a été excisée pour montrer l'épaississement de la membrane moyenne de l'artère, les caillots internes et les Scléros- toraes qui y sont fixés, cd, artère colique droite ou directe, ci, artère caecale inférieure, es, artère caecale supérieure, ic, artère iléo-caecale. rg, artère rénale gauche (Orig.). tronc du faisceau droit de l'artère grande mésentérique, tronc qui fournit les artères cœcales. Ils sont le plus souvent fusiformes et attei- gnent en moyenne le volume d'une noix. Leur formation est évidem- ment due à la fixation des parasites sur l'endartère, et à la formation consécutive d'un dépôt fibrineux; en définitive les lésions portent sur les trois tuniques du vaisseau, mais c'est principalement la tunique moyenne qui se montre hypertrophiée. Presque toujours on trouve des Sclérostomes au niveau de l'anévrysme : ils sont tantôt libres, NÉMATIIELMLNTUES. NEMATODRS. 461 tantôt engagés plus ou moins profondément dans les couches du thrombus ; on observe cependant des cas où ils ont disparu, sans doute pour gagner l'intestin. Ils sont de teinte rosée, et d'ordinaire au nombre d'une dizaine, mais parfois en beaucoup plus grande abondance. — Les anévrysmes vermineux se rupturent assez rare- ment, car leurs parois s'épaississent longtemps et subissent même rinfillration calcaire; mais le caillot interne est souvent le point de départ d'embolies qui déterminent des congestions intestinales d'une haute gravité. Ces accidents ont été surtout signalés par Bollinger. Les Sclérostomes libres du Ciccum sont justiciables des vermifuges employés contre les Ascarides ; néanmoins, leur expulsion est fort dif- ficile à obtenir. Contre les Sclé- rostomes agames des artères, on pourrait essayer l'administration répétée de l'essence de térében- thine chez les sujets qu'on soup- çonnerait d'être infestés. Sclérostome tétracantlie [Sel. tetracanthum [MehlisJ. — Syn. : Strongylustctracanthus Mehlis, 1831; Sel. quadridentalum Duj., 1845 -,801. Fig. 319 — Extrémité antérieure du Sderos- Fig. 320. — Extrémité caudale du Sclérostome té- toma tetracanthum, d'après Sclineider. — tracanthe, grossie 30 fois (Orig.). A, vue par la face dorsale. B, vue de devant. Grossissement : 03 diamètres. tetracanthum Dies., 1851; Sel. hexacanthumWedl, I80O; Cyathostomum tetra- canthum UoVm, 1860). — Corps blanchâtre nuancé de rouge, un peu atténué 462 VERS. en avant. Bouche munie d'un rebord cuticulaire saillant qui porte six pa- pilles : deux latérales, puissantes, soulevant la cuticule, et quatre submé- dianes, plus grêles, la traversant. Capsule buccale cylindroïde, munie en avant d'un cercle de denticules triangulaires. Œsophage en massue, offrant une constriction en avant et une autre en arrière. Intestin divisé en une série de compartiments successifs par des constrictions transversales, et teinté en noir par des granulations pigmentaires. Mâle long tantôt de 8 à 10 milli- mètres, tantôt de 12 à 17 millimètres; bourse caudale offrant un lobe posté- rieur plus ou moins allongé, et deux lobes latéraux principaux réunis par un lobe antérieur; côtes postérieures à trois branches rameuses ; moyennes dé- doublées, antérieures bifides. Deux spicules très longs et grêles, crochus à l'extrémité, glissant sur une pièce chitineuse. Femelle longue tantôt de 10 à 12 millimètres, tantôt de 14 à 24 millimètres; queue offrant des saillies ven- trales et une pointe relevée; vulve un peu en avant de l'anus. Œufs ellipsoï- des, longs de 90 à 110 p., larges de 45 à 50 ^, en segmentation au moment de la ponte. Cette espèce, longtemps confondue avec la précédente, vit égale- ment dans le caecum et parfois dans le côlon. Elle présente aussi, sur- tout dans l'armature buccale, de nombreuses variations individuelles, en rapport peut-être avec les phases de développement; c'est ainsi que divers auteurs n'ont vu que quatre papilles, d'où le nom spéci- fique. D'après C. Baillet, les œufs éclosent dans l'eau après 4 à 10 jours, et dans les crottins après 3 ou 4 jours. Ils ne s'accroissent que dans ce dernier milieu. A la naissance, ils sont longs de 470 à 900 (ji, et res- semblent assez à ceux du Sel. equinum; mais, au bout de deux ou trois jours, ils sont plus épais et ont une queue beaucoup plus longue ; leurs mouvements sont en outre plus lents. Après 12 ou 15 jours, ils se préparent également à subir une mue. Vers l'âge de deux à trois mois, ils peuvent atteindre une longueur de 1 millimètre à l""", 5. Giles a cru les voir se transformer alors en Rhabditis adultes (génération libre) ; mais il affirme le même fait en ce qui concerne VUncinaria duodenalis, et ses observations n'ont pas été mises suffi- samment à l'abri des causes d'erreur pour qu'on puisse en accepter les résultats (1). Us doivent probablement, à cet état, rentrer dans le tube digestif; mais ils ne semblent pas devoir passer par l'appareil circulatoire, oii on ne les a jamais rencontrés. On trouve assez souvent des individus agames enkystés sous la muqueuse du cœcum [Trichoneraa arcuatum Cobbold) ; mais, en France au moins, ces cas sont moins communs que ceux offerts par le Sel. equinum. M. Bégné, de Saint-Servan, nous a communiqué des exemplaires de Sclérostomes tétracanthes rejetés avec les excréments; ils étaient d'un (1) G. M. J. Gn.ES, Some observations on the life-history of Sclerostomum tetra- canthum Diesing, etc. Scientific Memoirs by Médical Ofticers of ttie Arojy of India. Part. VII.' Calcutta, 1892. NÉMATIIELMINTIIKS. — NÉMATODES. 463 rouge vif et s'apprêtaient seulement à subir la mue qui devait mettre en évidence les caractères sexuels extérieurs. Inoficnsifs quand ils sont peu abondants, les Sclérostomes tétracan- thes, quand ils s'amassent par milliers dans le cœcum, sont suscepti- bles, dit-on, de déterminer une entérite hémorrhagique et des coliques morloUes; plus souvent ils produisent une forme grave d'anémie, capable d'entraîner la mort dun grand nombre d'animaux, comme nous l'avons observé avec M. Nocard sur des Chevaux de la Marne. Scléi'ostoino robuste (Sel. robiistum fiiles, i892). — Corps brun rou- geàlre foncé, atténué aux exlrémités. Extrémité antérieure un peu renflée. Houclie munie extérieuremeul de quaire papilles terminées chacune par une poinle molle; bord de l'ouverture buccale découpé en créuelures, en dedans desquelles on voil un cercle de denticules plus grands et moins nombreux (environ 18) que chez le Sel. equinum. Une autre série de denticules (envi- ron 48), placés horizonlalemenl et se joignant [)resque au centre, garnit inté- rieurement la cavité de la bouche. Capsule buccale cupulifornie, perlant en arrière trois dents puissantes, logées dans la partie antérieure de l'œsophage. Mâle long de 13 millimètres environ; bourse caudale légèrement bilobée; côtes postérieures à trois branches, réunies en un tronc commun et pair avec la postérieure externe ; moyennes, anté- rieures externes et antérieures [orniant ensem- ble un autre groupe de chaque côté; moyennes dédoublées, à branche postérieure gibbeuse ; antérieures fendues. Femelle longue d'environ 22 millimètres ; extrémité caudale brusquement atténuée; anus près de la pointe ; vulve à 1 milli- mètre environ en avant de Tanus. Œufs ellip- soïdes, longs de 152 p, larges de 82 p., en rao- rula au moment de la ponte. Trouvé dans le gros intestin, et en particu- lier dans le cœcuni du Cheval et du Mulet, à Shiliong (Indes anglaises), par Giles (i). Se nourrit de sang el concourt ainsi à produire une anémie grave chez ces animaux. Sclérostome hypostoine [Sel. hypostomum [Rud.]. — Syn. : Str. ovinus Fabr. , 1788 ; Str. hy- postamusWnà., 1819; Sel. hypostomum Duj., 1845; Dochiuius hypostomus Dies., 18oi. — Priorité: Selerostoma ovinum). — Corps blanc, cylindrique, raide. Extrémité céphalique renflée, un peu recourbée vers la face ventrale. Bouche orbicu- laire, ouverte obliquement, munie d'une double rangée de denticules étroits et aigus. Six papilles. Mâle long de 10 à 20 mil- limètres; bourse caudale courte, obliquement coupée; côtes postérieures (1) G. M. J. Giles, On a new Scleroslotne fvom the large intestine of Mules. Scientific .Menioirs by Médical Officers of the Aruiy of India. Part. VII. Calcutta, 1892 (avec une pi.). tig 321 — hclc lostoiiie lij[)oslome. — A, mâle et femelle, grandeur natupelle. B, extrémité C(^phalique, vue de côté, grossie oO fois (Orig.). 464 VERS. bifurquées, les moyennes fendues, les antérieui-es dédoublées. Deux spicules grêles, striés en travers, longs de 1™™,3 à 1™",7, glissant sur une pièce chitineuse. Femelle longue de 13 à 23 millimètres; queue presque toujours encroûtée d'une substance jaune noirâtre, et terminée par une pointe courte qui se relève vers la surface dorsale ; vulve située un peu en avant de l'anus. Œufs ellipsoïdes, longs de 90 à 110 tji, larges de 4o à 65 ix, en segmentation au moment de la ponte. Ce Ver est assez commun dans le gros intestin du Mouton et de la Chèvre, ainsi que de divers Ruminants sauvages : Cerf, Chevreuil, Daim, Argali, Antilopes. Nous l'avons observé chez le Chabin. D'après les recherches de R. Leuckarl et de C. Raillet, les phases exté- rieures'de l'évolution sont semblables à celles du Sclérostome du Cheval. L'éclosion a lieu en quatre ou cinq jours dans l'eau, et les embryons mesu- rent alors 350 à 500 y.; leur queue est relativement courle ; ils ont un aspect rhabditiforme et possèdent par conséquent deux renflements œsophagiens assez faibles, le postérieur pourvu de dents. Ils s'accroissent dans les crottins humides et, vers la fin de la troisième semaine, subissent une mue après laquelle les dents du bulbe oesophagien postérieur ont disparu, en même temps que la queue s'est noiablement raccourcie. Au bout de deux mois, ils ont acquis une longueur de 0™™,66 à 0™",78. Ils doivent probable- ment alors rentrer dans le tube digestif du Mouton; pourtant Leuckart a échoué dans sa tentative d'infester un agneau. D'après ce dernier auteur, le Sclérostome du Mouton se nourrirait, comme l'Oxyure du Cheval, aux dépens des ma- tières végétales contenues dans le gros intestin. Cependant, quelques observateurs l'ont accusé d'attaquer la muqueuse et de produire une iriitation intestinale ou même une anémie mortelle. Genre Uncinaire [Uncinaria Frôlich, 1789. — Syn. : Ankylosioma Dubini, 1843; Dochmius Duj., 1845). — Extré- mité antérieure recourbée vers la face dorsale. Bouche ovalaire, ouverte obli- quement, limitée par un limbe trans- parent et suivi d'une capsule buccale chitineuse dont la paroi dorsale, plus courle que la ventrale, est soutenue par une côte conique dont la pointe fait quelquefois saillie à l'intérieur de la cavité. Au fond de la capsule exis- tent, sur la paroi ventrale, deux dents ou lancettes tranchantes ; vers le bord libre, cette même paroi porte, de cha- que côté de la ligne médiane, des lames chitineuses ou dents souvent recourbées en crochet à l'extrémité; le bord dorsal peut être également denté. Fig. 3^2. — Uncinaria cernua : exlréniité anl(^rieure, vue de côté, grossie 150 fois (Orig.). NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 46b Les Uncinaires, plus connues sous les noms d'Ankylostomes ou de Dochmies, vivent en paragites dans Tintestin grêle et surtout dans le duodénum des Mammifères. Jî Uiiciiiairc duodénale {Une. diiodenalis lOiibinij. — Syn. : Anchylostoma duodénale Diil)., 1843; Strongyliis quadridentatus von Sie- bold, 1851; Dochmius Anchylostomum Molin, 1860; Sclerostoma duodénale Cobbold, 1864; Str. duodenalis Schn., 18G6; D. dundenalis Leuck., 1870; Une. duodenalis Raill., 1885). — Corps blanc rosé, cylindrique, un peu atténué en avant. Capsule buccale légèrement renflée, à deux paires de dents recourbées en crochet ; côle dorsale non saillante dans la cavité. Deux papilles opposées vers le sixième anté- rieur du corps. Mâle long de 8 à 11 millimè- tres; bourse caudale offrant un lobe dorsal faible et deux lobes latéraux bien développés, réunis en avant par un lobe ventral surbaissé ; côtes postérieures tridigitées, naissant d'un tronc qui offre à peu près le double de leur longueur ; moyeimes largement dédoublées ; antérieures fendues. Deux spicules longs et grêles, glissant dans une pièce chitineuse. creusée d'une rainure. Femelle longue de 10 k 18 millimètres; queue en pointe obtuse,, prolongée par un rnucron aigu; vulve située vers le tiers postérieur du corps. CEufs ellip- soïdes, à coque mince, longs de 52 a, larges de 32 [>., en segmentation au moment de la ponte. Ce Nématode habite l'intestin grêle de Fig. 323 — Aukjloslome duodrnal l'n- cinaria duodenalis), grossi, d'aprôs E. Perroncito. — A, mâle. B, femelle. 3-1. — Bourse caudale de rAiikjlosLoine duodéiial, grossie 50 fois (demi-schématique). THomme et de quelques Singes anthropoïdes ((/or///a gina., Hylobcdes lar). Il a été découvert en 1838 dans l'intestin d'une jeune paysanne R.\iLLiET. — ZooloRle. 30 466 VERS. morte à l'hôpital de Milan, par Dubini, qui lui donna le nom d'An- kylostome (àyxuXoc, crochu; crôiia, bouche). C'est, comme on le verra plus loin, un parasite des plus dangereux. ÉVOLUTION. — Les premières phases du développement de l'Ankylos- tome duodénal ont été étudiées principalement par Grassi et Parona, Perroncito, Leichtenstern. Elles sont assez semblables à celles de l'Ankylostome du Chien, que Leuckart avait fait connaître antérieure- ment. La segmentation des œufs (fig. 325) commence dans les utérus, mais se continue tout au plus jus- qu'au stade morula (è). Ces œufs n'évoluent pas complètement dans l'intestin de l'Homme ; ils doivent sortir de l'organisme, et sont éva- cués avec les fèces. Leur incuba- tion ne s'efTectue bien que dans un milieu demi solide : dans les ma- tières fécales pures ou addition- nées d'albumine, dans la terre hu- mide, etc. Perroncito se servait avantageusement de morceaux de viande. L'éclosion ne se produit pas dans l'eau, et les larves mêmes ne vivent pas dans ce milieu avant d'avoir subi ou préparé leur mue. Au bout de 12 à 15 heures d'incu- bation à la température de 25 ou Fig. 325. — Développement de lAiikylostome 30°, quelqUCS CmbryOUS écloseut ; duodénal, d'après E Perroncito. -a, œuf non ^^ plupart SOnt écloS aprèS dcUX à segmenté, o, formation de la morula. c, appa- tr f r ritJon de l'embryon, rf, éclosion. f, coque vide, quatre jOUrS (c?, g). /", larve dans la première phase de sa vie libre. » i j i • i g, phase ultime : larve encapsulée. ^U mOmCUt de la UaiSSaUCe, ICS larves mesurent 210 [x de long sur 44 (x de large ; leur extrémité postérieure est allongée en une queue effilée (/). Elles possèdent une tête trilobée ; la cavité buccale tubu- leuse conduit dans un œsophage épais, musculeux, offrant un renfle- ment antérieur atténué en arrière et un renflement ou bulbe postérieur muni intérieurement de trois dents chitineuses [laitue rhabdiiiforme). L'intestin aboutit à un anus situé vers la naissance de la queue. Un peu au-dessus, on observe un corpuscule ovoïde qui représente le rudiment génital. Ces larves rhabditiformes s'accroissent très vite, se nourrissant aux dépens des substances organiques du milieu ; elles gagnent chaque jour 80 à 100 [x en longueur et 2 {x en largeur. Le troisième jour, elles NÉMATllELMINTlIliS. — NÉMATODES. 467 subissent une première mue, par suite de laquelle elles perdent la pointe en alêne do la queue. Au bout de 4 à 8 jours, elles ont acquis leurs dimensions maximum : o()0 [x de longuenr sur 24 [/. d'épaisseur. Une seconde mue se produit alors, après laquelle on constate que le renflement œsophagien postérieur a perdu ses dents chitineuses {g) ; l'ensemble de l'œsophage offre ensuite un aspect granuleux, l'intes- tin est recliligne, le rudiment génital plus développé ; deux papilles cervicales sont apparues. Comme chez les Sclérostomes, il est com- mun de voir cette larve demeurer enfermée dans la peau de sa mue; elle continue cependant à s'y mouvoir avec vivacité et à perfectionner son organisation. Puis, ce tégument extérieur (capsule) s'imprègne de sels calcaires et devient en général rigide. Cette persistance de la peau de la mue a été considérée par Perroncito et plusieurs autres comme un ])hénomène normal [encapsulemeni) correspondant à la phase d'enkystement des Vers à transmigrations. Les larves ainsi pro- tégées sont en effet douées d'une grande résistance vitale ; elles peu- vent, en particulier, survivre aune dessiccation de 24 heures au moins. Elles seraient donc susceptibles d'être transportées à distance par le vent, en vertu de leur ténuité, avec les poussières en suspension dans l'air, et d'infester des localités jusqu'alors saines. Elles vivent d'ail- leurs très activement dans l'eau, et l'on conçoit qu'elles puissent ainsi, par les ruisseaux ou les rivières, gagner des points très éloi- gnés; elles ne vivent bien cependant que dans l'eau vaseuse ou dans la boue ; dans l'eau pure, elles ne tardent pas à périr. Il est probable que, dans les conditions naturelles, les larves subis- sent au milieu des fèces les premières phases de leur développement, et qu'après leur seconde mue elles sont — encapsulées ou non — entraî- nées dans les eaux pour être ramenées dans le tube digestif de l'Homme, soit avec la boue qui souille les mains ou les objets qu'on porte à la bouche, soit avec les eaux de boisson. Elles doivent subir de nouvelles mues dans le tube digestif, pour parvenir à l'état adulte dans l'espace de quelques semaines. Leichtenstern a prétendu qu'un certain nombre de larves, plus résistantes que les autres, seraient aptes à se transformer en adultes rhabditiformes, se reproduisant indéfiniment en liberté ; mais ces as- sertions manquent jusqu'à présent de tout contrôle. Organisation. — La cuticule est formée de deux couches dont l'externe, plus épaisse, est délicatement striée en travers. On distingue à la surface du corps plusieurs papilles, dont deux latérales situées vers le milieu de l'œso- phage . Comme chez beaucoup de Strongylidés, il existe deux glandes cervicales, fusilormes, unicellulaires, atténuées antérieurement en un canal excréteur qui va s'ouvrir au pore excréteur. La musculature appartient, on le sait déjà, au type méromyaire; mais, outre la couche de cellules périphériques, on peut remarquer un double 468 VERS. système de fibres transversales qui s'étendent dans toute la longueur du corps, dans la moitié supérieure et dans la moitié inférieure de la cavité générale. Les quatre lignes longitudinales sont bien distinctes ; les deux latérales, plus larges, se montrent formées chacune de deux faisceaux de substance granuleuse creusés d'un canal central et séparés par un troisième canal. Ce dernier représente le canal excréteur; il va s'unir à son congénère en avant pour déboucher au pore excréteur, en même temps que les glandes cervicales. On ne connaît encore bien du système nerveux que le collier œsophagien, situé un peu en avant de la partie moyenne de l'œsophage. Vappareil digestif offre d'abord à considérer la capsule buccale. Celle-ci consiste en une coque chitineuse ovoïde, redressée vers la face dorsale et enchâssée dans la partie antérieure de l'œsophage. Son orifice antérieur ou buccal a la forme d'une ellipse transversale ; il est entouré d'un bord labial transparent, mais rigide et immobile ; son orifice postérieur, également elliptique, donne entrée dans l'œsophage. — La face ventrale de la capsule est fortement bom- bée et entière; la face dorsale, plus courte, est divisée en deux par une fente élargie en ar- rière et recouverte d'une lamelle ou côte chi- tineuse triangulaire, laquelle est abritée elle- même sous une autre lamelle plus large et plus courte. En avant, le bord dorsal est creusé d'une échancrure qui sépare deux petites dents saillantes ; du côté ventral, sont enchâssées deux paires de dents, disposées symétriquement de chaque côté de la ligne médiane et offrant la forme de crochets recourbés vers l'intérieur de la capsule : l'interne ou inférieure, plus petite que l'autre, porte une petite saillie laté- rale. Enfin, le fond de la capsule présente en- core, Vers la face ventrale, deux lames puis- santes ou lancettes, de forme triangulaire, dont le rôle paraît être d'inciser les tissus introduits par succion dans la capsule. C'est ici qu'il convient de signaler les deux glandes céphaiiques, analogues aux glandes cervicales, mais reportées plus en arrière et allant s'ouvrir dans la bouche. L'œsophage, très musculeux et renflé en massue dans sa région posté- rieure, a une lumière triquêtre; il s'enfonce largement dans l'intestin, mais offre à sa terminaison une valvule à trois lobes (appendices pyloriques des auteurs) destinée à empêcher le retour des aliments dans son canal. — L'in- testin, à peu près rectiligne, se termine par un rectum court et étroit qui. chez la femelle, s'ouvre sur la face ventrale à la base de la pointe caudale, et, chez le mâle, débouche, en commun avec le canal déférent, à l'extrémité d'une papille située au fond de la bourse copulatrice, après avoir reçu les canaux excréteurs de deux glandes anales. L'Ankylostome se nourrit de sang, et on retrouve en effet cette substance dans l'intestin quand on examine les exemplaires immédiatement après leur expulsion. Vappareil reproducteur mâle se compose d'un tube testiculaire, naissant Fig. 3i6. — Ankjloslonie duodénal : extrémité céplialique vue par la face dorsale, fortement grossie, d'après E. Perroncito. NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 469 un peu en arrière du milieu du corps, s'avançant jusqu'au tiers antérieur, puis se repliant en arrière, ea décrivant quelques sinuosités. Ce tube, revenu dans la région moyenne, se jette dans une large vésicule séminale, qui se continue par un canal éjaculateur atténué on arrière, où il s'unit au rectum pour constituer un cloaque. — Les deux spicules, grêles et striés en travers, sont un peu élargis à la base et effilés à l'extrémité; ils sont renfermés dans une longue gaine de tissu granuleux et s'engagent, avant de sortir par rori- fice cloacal, dans une pièce chitineuse creusée d'une rainure, comme chez les Sclérostomes. Nous n'avons pas à revenir sur la bourse caudale; nous noterons seulement que chacune des côtes offre à son sommet une petite papille. Les organes femelles comprennent deux tubes qui naissent séparément en cul-de-sac, et se distinguent en antérieur et postérieur. L'ovaire antérieur débute au niveau de la terminaison de l'œsophage, se porte en arrière jus- qu'auprès de l'anus, remonte jusqu'à l'origine de l'intestin et se replie encore pour former l'utérus antérieur. L'ovaire postérieur prend naissance un peu en arrière du précédent, s'étend de là jusque vers le milieu du corps, se ré- fléchit, gagne presque son point de départ, et retourne encore en arrière, où il se recourbe en formant l'utérus postérieur. Les deux tubes utérins, plus larges, s'avancent à la rencontre l'un de l'autre, et de leur réunion naît un court canal transversal qu'on regarde comme le vagin. A l'origine des utérus, on trouve des ovules mêlés à des spermatozoïdes; c'est donc là qu'a lieu la fécondation ; la coque se forme ensuite, et d'ordinaire l'œuf commence même sa segmentation avant d'être expulsé parle vagin. L'accouplement, qui parait être d'assez longue durée, a lieu à angle aigu, dans lïntestin : le niàle fixe sa bourse caudale sur la vulve de la femelle et introduit ses spicules dans le vagin. Distribution géographique. — L'Uncinaire duodénale parait être répandue sur presque toute la surface du globe. En Europe, elle a été rencontrée non seulement en Italie, mais en France, en Autriche-Hongrie, en Allemagne, en Belgique, en Espagne. Elle n'est pas rare dans l'Asie orientale et méridio- nale, en Afrique, en Amérique, en Océanie. Pathologie. — Le parasite habite, non seulement le duodénum, mais surtout les deux tiers antérieurs du jéjunum ; plus rarement il se rencontre dans liléon. lise fixe à la muqueuse, quil entame pour blesser les vaisseaux sanguins, et dans laquelle il pénètre même dans certains cas. Il suce en partie le sang qui s'écoule des blessures ; le reste s'écoule dans l'intestin, qui se montre alors rempli d'un liquide épais, odorant, de teinte rouge sombre. Si l'infestation est intense ou répétée, et si le sujet envahi se trouve d'ailleurs soumis à de mau- vaises conditions hygiéniques, on conçoit qu'il puisse survenir des troubles graves. La maladie ainsi produite, et qu'il convient de dési- gner sous le nom d'uncinariose, oft're les caractères d'une anémie per- nicieuse ; le patient va s'alTaiblissant peu à peu, souvent avec des troubles digestifs, et finit dans bien des cas par succomber. F. Lus- sana, du reste, a prétendu que les Vers inoculent des produits toxiques, propres à dissoudre l'hémoglobine. 470 VERS. La maladie est commune chez les mineurs, d'où le nom d'anémie des mineurs sous lequel on la désignait bien avant d'en connaître la cause. C'est en 1879 que Graziadei trouva le parasite à l'autopsie d'un ouvrier anémique qui avait travaillé au percement du Saint- Gothard. Peu après, Perroncito proclamait que l'anémie qui sévissait sur une grande échelle dans ce milieu était déterminée par les An- kylostomes ; au bout de quelques années, il constatait également la présence de ces Vers chez les mineurs de Saint-Étienne ; enfin, des observations semblables étaient ' faites à Anzin, à Commentry, etc. — Grassi et Parona reconnurent ensuite que le même Ver détermine y anémie des briquetiers, observée non seulement en Italie, mais en Allemagne et en Belgique. Puis on le retrouva encore chez les ou- vriers des rizières et des solfatares, provoquant partout des troubles du même ordre. L'Ankylostome duodénal est peut-être plus répandu et plus redou- table encore dans les pays chauds. Dès 1851, Griesinger le reconnais- sait comme la cause unique de la chlorose d'Egypte. Aux Antilles, il occasionne la cachexie aqueuse ou mal-cœur des Nègres ; au Brésil et dans l'Afrique équatoriale, V anémie intertropicale, etc. L'Ankylostome peut sans doute vivre plusieurs années dans l'in- testin de l'Homme. A l'autopsie des sujets envahis, on en a trouvé souvent des centaines et parfois plusieurs milliers. Le diagnostic peut s'établir par l'examen des selles, où l'on rencontre des œufs en plus ou moins grande abondance, mais très rarement les Vers eux-mêmes. La prophylaxie de l'uncinariose est basée tout entière sur une hygiène bien entendue : empêcher les malades de disséminer leurs excréments, faire usage d'eau bouillie ou filtrée, etc. Quant au trai- tement, il comporte l'usage d'anthelminthiques puissants, car les Vers sont fort difficiles à détacher de la muqueuse. L'extrait éthéré de fougère mâle passe pour donner de bons résultats. Il importe ensuite de relever les forces par une bonne alimentation et une médication appropriée. Uncînaire trig:onocéphaIe [Une. trigonoce'phala[Knô..'\. — Syn. : Une. rulpis Frôlicli, 1789 ; Strongylus trigonocephalus et tetragonocephalus Rud., 1809; Dochmius trigonocephalus Duj., 1845; Sclerostoma caninum Ercolani, 1859; Dochmius fia/sami Grassi et Parona, 1877). — Corps blanchâtre. Capsule buccale un peu renflée, portant de chaque côté de la face ventrale trois dents recourbées en crochet, dont les dimensions vont en décroissant de dessus Fi»-. 327. — Uncinaire ^^ dessous. Deux papilles latérales au niveau du tiers trigonocéphale.mâie postérieur de l'œsophage. Mdle long de 9 à 12 millimètres; ^'és '^'"randeurna- ^^"^^^ caudalc et côtcs sur le même type que dans Tespèce turelle. précédente ; côtes postérieures naissant d'un tronc trois fois aussi long qu'elles. Deux spicules grêles, longs de 0°"",6 à O^'^jS. Femelle longue de 9 à 21 millimètres, le plus souvent de IS à 20; queue obtuse, prolongée par un mucron aigu; vulve vers le tiers NÉMATHELMINTIIES. NÉMATODES. 471 postérieur du corps. Œufs ellipsoïdes, de 74 à 84 (/. sur 48 à 54, en segmenta- tion au moment de la ponte. L'Uncinaire Irigonocéphale habite l'intestin grêle du Chien et du Chat domestiques, du Loup {Canis lupus), du Renard commun [Vulpes viilgaris), du Renard des pam- pas {V. Azarœ) et du Renard bleu ( V. lagopus)^ du Fennec [Megalotis cerdo) et du Guépard à crinière {Cynaiho'us ju- batus). ÉVOLUTION. — Dès 1865, Leuckart fai- sait connaître les diverses phases de l'é- volution de cette espèce, qui offrent les Fig. 328. — Uncinaire trigonoct'-phale : extrémilé céphalique vue par la face dorsale, grossie 150 fois (Orig.). Fig. 329. - Bourse caudale de l'Unciiiaire Irigonocéphale' grossie 50 fois (demi-schématifiue). plus grandes analogies avec celles de l'Uncinaire duodénale. Le développement de l'embryon s'effectue dans la terre humide, et léclosion a lieu au bout de trois à quatre jours en été, de quatre à six en hiver. Les embryons rhabditiformes mesurent à la naissance 300 à 340 fjL de long sur 95 fz d'é- paisseur : ils sont un peu atténués en avant, tandis que leur extré- mité postérieure s'effile en une queue longue et grêle, dont la pointe forme un appendice dis- tinct. Le troisième jour après l'é- closion, ils subissent une mue, au cours de laquelle disparaît la pointe caudale. Au bout d'une semaine environ, on constate que le corps s'est étiré, de manière à mesurer 560 i/. de long sur 28 (x de large. Une seconde mue survient alors, amenant une modification du bulbe œsophagien postérieur : celui-ci a perdu ses dents; sa texture si nettement musculeuse a pris Fig. 330. - Œufs de l'Uncinaire Irigonocéphale, à divers dcgrôs de segmentation, recueillis dans les fftces du Chien. Grossissement : 300 diamè- Ircs (Orig.). 472 VERS. un aspect granuleux, et l'extrémité postérieure de l'œsophage montre deux vésicules transparentes. La période de vie libre est alors terminée, car les larves, par suite de la perte de leur armature dentaire, sont devenues incapables de se mouvoir; elles peuvent cependant continuer à vivre dans la vase pendant des semaines et des mois, aux dépens des matériaux préala- blement amassés dans leurs tissus. Leuckart supposait d'abord qu'elles devaient passer par un hôte intermédiaire, avant de revenir dans l'intestin du Chien, et il tenta d'infester des animaux inférieurs, notamment des Mollusques et des Insectes. Après plusieurs semaines, il trouva, parmi les Limnées et les Physes soumises à l'expérience, deux individus hébergeant ces larves; mais elles n'avaient subi aucune modification, et les essais d'infesta- tion du Chien par l'intermédiaire de ces Mollusques ne donnèrent aucun résultat. Il s'agissait donc d'une migration purement accidentelle : et en effet, l'introduction directe, dans le tube digestif du Chien, des Larves au troisième stade contenues dans la vase, montra que leur dévelop- pement se poursuivait, sans qu'il fût aucunement besoin d'un hôte intermédiaire. Pendant une huitaine de jours, les parasites, qui rampent sur la muqueuse gastrique et plus spécialement dans la moitié cardiaque, ne présentent guère de modifications dans leur structure, mais s'ac- croissent, tout en conservant leur forme gracile, jusqu'à acquérir 1 millimètre de long sur SOfide large. C'est seulement après neuf ou dix jours qu'ils se débarrassent de leur ancienne cuticule et offrent un nouveau stade de développement, caractérisé par une forme plus ramassée et par la présence d'une capsule buccale chitineuse; celle-ci, toutefois, ne représente pas la capsule définitive : ce n'est guère qu'un simple revêtement de la cavité buccale cupuliforme, se continuant en arrière avec la couche cornée qui tapisse l'œsophage. Les organes sexuels sont encore très rudimentaires, quoique plus développés que dans la phase précé- dente. Ce stade dure à peine trois ou quatre jours; mais il permet cepen- dant aux Vers d'acquérir une taille de 2 miUimètres. Une douzaine de jours après l'infestation, ils subissent encore une mue, à la suite de laquelle ils prennent leurs caractères définitifs. La capsule buc- cale se développe en arrière de la cavité primitive, et se montre d'abord comme un revêtement épais et incolore, formé de pièces séparées. Deux jours plus lard, les jeunes Uncinaires mesurent déjà 3 à 5 millimètres. Leurs organes génitaux sont entièrement développés chez les mâles, quoique sans spermatozoïdes; l'appareil femelle a une évolution un peu plus lente. Dans les conditions naturelles, c'est évidemment dans les flaques NÉMATHELMINTHES. — NEMATODES. 473 d'eau que les larves accomplissent en général leurs phases de vie libre, et c'est en buvant cette eau que les Chiens s'infestent. Pathologie. — L'Uncinaire trigonocéphale agit chez le Chien de la même manière que l'Uncinaire duodénale chez l'Homme, et dès 1879 Trasbot et Railliet (1) ont rattaché à la présence de ce Ver une forme grave d'anémie dont sont fréquemment atteints les Chiens de meute. Cette iincinariose, encore désignée sous le nom d'anrmie pernicieuse des Cfiiens de meute, ou de saignement de nez, se traduit par un affai- blissement progressif des animaux, qui maigrissent et deviennent profondément anémiques. Souvent il se produit des épistaxis. A la dernière période de la maladie, on voit survenir de l'œdème des membres, de la diarrhée et môme de la dysenterie. Les Chiens meu- rent dans le coma ou dans les convulsions. — A l'autopsie, on trouve, outre les lésions générales de l'anémie, une irritation intense de la muqueuse intestinale, qui est piquetée de points hémorrhagiques. Les ganglions mésentériques sont hypertrophiés. L'uncinariose des Chiens de meute est très rebelle à la plupart des anthelminthiques ; aussi convient-il d'insister sur la prophylaxie. Nous avons constaté que les Ankyloslomes se développent dans des chenils relativement secs, et nous pensons qu'il faut détruire les œufs et les embryons par des substances douées d'une action énergique, comme l'eau coupée d'acide sulfurique. C. Parona et B. Grassi ont montré en 1877 qu'il existe chez le Chat une affection analogue, connue en Italie sous le nom de tifo dei Gaiti. Ces auteurs en attribuaient le développement à une espèce particulière de Dochmie, qu'ils appelaient Dochmius Balsami. J'ai pu m'assurer de visu, grâce à l'obligeance du pro- fesseur Parona, qu'il s'agissait en réalité de VUnc. trigonocephala. Uncinaire sténocépliale {Une. stenocephala Raill. — Syn. : Dochmius Fig. 331. — Uncinaire sténoc(?pbale : cxlrO- Fig. 332. — Bourse caudale Je l'Uncinaire sténoc6- niit(5 céphalique vue par la face dorsale, phalc, grossie 50 fois (demi-scluf'raatique). grossie 150 fois (Orig.). stenocephalus Raill., 1884). — Corps plus grêle que dans l'espèce précédente. Extrémité antérieure assez étroite. Capsule buccale portant de chaque côté de sa paroi ventrale une lame chilineuse à tranchant arroudi, au-dessous (1) Bulletin de la Soc. centr. de méd. vétér., 1880, p. 26G. 474 VERS. de laquelle on distingue une dent recourbée en crochet. Le bord dorsal offre une dépression médiane, mais pas de dents saillantes. Mâle long de 6 à 8 millimètres ; bourse caudale et côtes sur le même type que dans les espèces précédentes; côtes postérieures naissant d'un tronc de même longueur qu'elles. Deux spicules grêles, longs de 520 à 750 [t.. Femelle longue de 8 à 10 millimètres ; queue prolongée par un mucron aigu ; vulve vers le tiers postérieur du corps. Œufs ellipsoïdes, de G3 à 76 ;i. sur 32 à 38. Nous avons rencontré celte espèce, en compagnie de la précé- dente, dans l'intestin du Chien. Elle nous paraît jouer un rôle aussi actif dans la production de l'anémie des meutes. Uncinaire courbée [Une. eernua [Creplin]. — S3'n. : Strongylus cermius Crepl., J829; Monodontus Wedlii Molin, 1860; ûoc/im. cermius C. Baillet, 1868; Une. eernua Raill., 1885). — Corps jaunâtre ou rougeàtre, assez raide, atténué aux extré- mités, surtout en avant. Extrémité antérieure mince, relevée en arrière. Bouche circulaire, s'ouvrant dans une capsule buccale ovoïde et armée de quatre dents, deux de chaque côté, dont la base est enfoncée dans la capsule et dont l'extrémité libre se recourbe en crochet vers l'intérieur de la cavité ; les deux dents ventrales sont fortes et réfringentes, les dor- sales étroites et peu distinctes; la côte dorsale enfonce également dans la capsule sa pointe conique; enfin, l'armature est complétée par les deux lancettes ventrales profondes. Six papilles buccales non saillantes. Mâle long de 15 à 18 millimètres ; bourse caudale pro- fonde, infundibuliforme, ne se laissant pas étendre sans se déchirer ; côtes asymétri- ques, celles d'un côté toujours plus longues que celles de l'autre; côtes postérieures bilo- bées, moyennes dédoublées, antérieures fen- dues. Spicules grêles, longs de 630 à 670 [x. Femelle longue de 20 à 28 millimètres; vulve située un peu en avant du milieu du corps. Œufs ellipsoïdes, longs de 80 à 83 a, larges de 43 à 48u., en segmentation au moment de la ponte. Intestin grêle et quelquefois gros intestin du Mouton, de la Chèvre et du Chamois. Dujardin et Diesing avaient à tort mis en doute l'existence de cette espèce : elle est tout à fait différente du Sderostoma hypostomum. Molin en avait fait, non sans quelque raison, le type d'un genre à part {Monodontus), caractérisé par la puissante dent conique qui naît du fond de la capsule buccale et se dirige obliquement de la paroi dorsale vers l'inté- rieur de la bouche. D'après C. Baillet, le développement de l'embryon se poursuit dans l'eau, où l'éclosion a lieu au bout de quatre à six jours. Cet embryon est rhabditi- forme, atténué surtout en arrière et prolongé par une queue filiforme ; il mesure à la naissance 350 à 400 u de long sur 23 à 30 ;j. de large. Fig. 333. — Uncinaire courbée : extré- mité antérieure, vue par la face dor- sale, grossie 130 fois (Orig.) NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 475 C. Curtice signale la forme adulte comme se nourrissant de sang; sur les animaux récemment abattus, il l'a toujours trouvée attachée à la paroi de l'intestin. Unciiiairc radiée {Une. radiala Rud. — Syn. : Strongi/liis radiatin^ Rud., 1803; Une. radiala Raill., 1885). — Ver de teinte foncée. Capsule buccale comme chez l'Uncinaire courbée ; à l'orifice postérieur de cette capsule, six dents recourbées en forme de crochets. Mâle long de 10 à 16 millimètres; bourse caudale comme dans l'espèce précédente. Femelle longue de 24 à 28 millimètres; vulve située un peu en avant du milieu du corps. Cette espèce, trouvée par Rudolphi dans le duodénum du Veau, n'a guère été étudiée que par Schneider. Elle a besoin d'être examinée à nouveau. Cooper Curtice la signale en Amérique, dans l'intestin grêle du Bœuf. Il a vu, en outre, une forme analogue ou identique dans l'intestin grêle du Porc. Genre Ollulan (Ollulamis Leuckart, 1805). — Le nom de ce genre, qui ne comprend jusqu'à présent qu'une seule espèce, est tiré de l'aspect de la capsule buccale, qui est poculiforme [olla, urne). Les mâles possèdent deux courts spicules. Les femelles ont un seul ovaire. Ollulan à trois pointes (0. tricuspis Leuck., 1865). — Petit Ver assez épais. Œsophage faiblement musculeux, d'apparence granuleuse. Mâle à bourse caudale bilobée, chaque lobe étant soutenu par six côtes ; deux spi- cules forts et courts, presque droits. Femelle longue à peine de plus d'un millimètre et offrant trois pointes caudales ; vulve un peu en avant de l'anus. Vivipare. Ce Ver habite dans l'épaisseur de la muqueuse stomacale du Chat. On en trouve généralement un grand nombre d'individus, adultes et embryons, de sorte que la muqueuse irritée présente une teinte rouge et se montre souvent couverte d'ecchymoses. La femelle donne naissance directement à des embryons d'une taille relativement colossale : ils mesurent en effet 320 [jl de long sur 15 fx de large ; leur diamètre reste à peu près le même dans toute l'étendue, et leur courte queue est prolongée par une pointe ondulée. — Ces embryons ne demeurent que peu de temps dans l'estomac : les uns sont éliminés avec les excréments, tandis que les autres émigrent dans les tissus de leur hôte à la façon des Trichines. C'est ainsi que la plèvre, le dia- phragme, le foie et surtout les poumons des Chats infestés se mon- trent parsemés de petits kystes, du diamètre de 0"'",15 à 0™°',20, dont chacun renferme un ou plusieurs embryons, logés isolément dans une cavité propre. L'ensemble de ces kystes offre parfois l'apparence d'une tuberculose miliaire, et donne lieu à une inflammation diffuse qui peut entraîner la mort. Le mucus bronchique, sanguinolent, contient d'ordinaire un grand nombre d'embryons mobiles. — Contrairement à ce qui s'observe pour les Trichines, les jeunes embryons ne s'ac- croissent pas dans leur kyste ; destinés tôt ou tard à périr, ils devien- nent opaques, granuleux et se décomposent finalement en une masse 476 VERS. ovalaire ou arrondie qui renferme une gouttelette huileuse et pourrait être aisément prise pour un œuf ou pour une masse vitelline. La mi- gration de ces embryons dans les viscères du Chat ne représente donc qu'un phénomène accidentel. L'évolution ne peut se poursuivre, en réalité, que pour ceux qui sont rejetés au dehors, soit avec les excréments, soit avec le mucus bronchique. Leuckart, les ayant fait ingérer à une Souris, trouva en effet celle-ci infestée lorsqu'il la sacrifia au bout de six semaines : il existait de nombreux kystes, d'environ 0°"",3 de diamètre, dans les muscles du tronc, dans l'œsophage, le cœur et le tissu conjonctif lâche de la région cervicale. Ces kystes étaient plus ronds que ceux des Trichines, et leur structure était aussi assez différente. Les Vers qu'ils renfermaient avaient déjà subi quelques modifications et mesu- raient 800 [JL de long sur 40 ja de large. Leuckart fit manger à un Chat la chair de cette Souris, et au bout de huit jours il retrouva les para- sites, non pas dans l'estomac, mais dans le cœcum et le côlon. Ils n'avaient cependant subi aucune modification, ce qui porte à supposer qu'ils n'étaient pas encore assez mûrs au moment de l'expérience pour être aptes à se transformer en individus adultes. D. Sous-famille des physaloptérinés. — Polymyaires dont les mâles possèdent deux spicules inégaux et une bourse close, vésicu- leuse, embrassant l'extrémité caudale tout entière. Genre Physaloptère {Physaloptera flud., 1819) — Ces Vers ont la bouche à deux lèvres égales et ordinairement latérales, munies chacune de trois pa- pilles en dehors, armées de dents à l'extiémité et le plus souvent du côté interne. La cuticule forme en général des expansions variables en arrière des lèvres. L'extrémité postérieure du mâle est lancéolée, profondément excavée en cuiller et limitée de tous côtés par un rebord cuticulaire vésicu- leux constituant une bourse caudale; elle porte deux sortes de papilles : les unes, externes (cotes), au nombre de quatre de chaque côté, situées au voisinage de l'anus, toujours pédonculées et soutenant la bourse caudale ; les autres, internes, presque toujours sessiles ; très généralement une pa- pille impaire en avant de l'anus. Deux spicules inégaux. Les femelles ont deux ovaires; la vulve s'ouvre vers la partie antérieure du corps. Ovipares. Les Physaloptères habitent le tube digestif et de préférence l'estomac des Vertébrés carnivores : Mammifères, Oiseaux et Reptiles (1). Physaloptère tronqué [Ph. truncata Schn., 1866). — Lèvres munies chacune d'une grosse dent externe épaissie en bouton au sommet ; dents internes cordiforraes. Mâle long de 25 millimètres ; 5 papilles internes postanales et 1 préanale de chaque côté, plus une préanale impaire contiguë (0 R. MoLiN, Una monografia dt-l f/enere Physaloptera. Sitzungsberichte der kai- serlichea Akademie der Wissenschaften, XXXIX, p. «37, 18G0. — M. Stossich, // génère Physaloptera Rud. RoUettino délia Soc. adriat. di scienze naturali in Trieste, XI, 1889. NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 477 à l'anus. Femelle longue de 33 millimètres; vulve située à peu près au milieu de la longueur. , Recueilli dans Testomac (?) du Coq domestique, au Brésil, par Olfers et Sello. PnYSALOPTÉRE DU CHAT. — Lutz dit avoir trouvé dans l'estomac d'un Chat, au Brésil, un grand nombre de Vers qu'il rapporte au genre Physa- loptcnt. — Peut-être s'agissail-il de parasites provenant d'un aulre Mammi- fère ou dun Oiseau, ingérés avec leur hôte par le Chat< 4. Famille des TRICHOTRACHÉLIDÉS. — Ce sont des Vers à corps tî'ès allongr, offrant une pavik antérieure longue et mince, et une partie postérieure plus ou moins renflée (contenant les organes géni- taux).. La bouche est arrondie, nue. L'œsophage est très long; point de ventricule; anus plus ou moins exactement terminal. Les mâles sont parfois dépourvus de spicule ; le plus souvent, pourtant, ils en possèdent un, simple et vaginé, c'est-à-dire entouré d'une gaine, laquelle se retourne en doigt de gant lorsque le spicule fait saillie au dehors. Les femelles possèdent un ovaire simple ; la vulve est située à l'origine de la partie renflée. Quelques genres sont ovovivipares, mais la plupart sont ovipares : leurs œufs présentent, à chacun des deux pôles, une sorte de goulot translucide que recouvre un bouchon albumineux. L'évolution ne paraît comporter aucune mue. Ces Vers sont parasites des Vertébrés. — Ils forment les genres Trichocephalus, Trichosoma, Trichodes, Trichina, Sclerotrichum et Oncophora. Genre Trichocéphale {Trichocephalus Schrank, 1788. — Syn. : 7'richuris Buliner, 1761 , Ascaris L., 1771 ex parte ; J'richocephalos Gœze, 1782; Mastigodes Zeder, 1803). — LesTrichocéphales sont caractérisés par la différence d'épaisseur considérable et assez brusque qui existe entre la partie antérieure et la partie postérieure du corps. La partie antérieure, correspondant à l'œsophage, est capillaire et très longue; la partie postérieure, qui contient l'intestin et les organes génitaux, devient rapidement plus épaisse et demeure toujours plus courte. L'extrémité caudale est arrondie et obtuse dans les deux sexes. L'anus est plus ou moins nettement terminal. — La face ventrale offre tou- jours, dans la partie antérieure, une large bande longitudinale formée d'une foule de saillies ponctiformes, dont chacune représente l'extré- mité d'un bâtonnet émanant d'une des cellules cylindriques de la couche sous-culiculaire et traversant toute l'épaisseur de la cuticule. Cette batide bacillaire va se perdre au voisinage de la partie posté- rieure. Les stries transversales de la cuticule s'arrêtent à son niveau. On observe souvent, sur ses bords, des sortes de tubercules développés par un effet d'endosmose. — Les Trichocéphales sont généralement considérés comme dépourvus de champs latéraux : ceux-ci existent pourtant, mais sont très réduits et ne se distinguent que sur des coupes 478 VERS. transversales. Les lignes médianes principales existent également, mais sont encore plus rudimentaires. — Le mdle a Textrémité posté- rieure contournée en spirale, avec cette particularité que la concavité de la spirale correspond à la face dorsale. Il possède un seul testicule et un spicule simple, dont l'axe est occupé par une masse médullaire claire, donnant l'apparence d'un canal. Ce spicule est entouré d'une gaine, sorte de prépuce susceptible de s'évaginer et dont la face devenue ainsi externe se montre tantôt lisse, tantôt recouverte de petites écailles. — La femelle a la partie postérieure légèrement arquée, mais non enroulée en spirale. Elle possède un seul ovaire, et la vulve est située à l'origine de la partie renflée. Les œufs sont ellipsoïdes, revêtus d'une coque dure qui forme aux deux pôles une sorte de goulot surmonté souvent d'un bouton peu apparent. On trouve les Trichocéphales dans le gros intestin, et surtout dans le caecum des Mammifères. — Leur développement paraît toujours être direct : les œufs sont pondus sans avoir subi aucune segmenta- tion ; la formation de l'embryon a lieu dans l'eau ou tout au moins dans un milieu suffisamment humide ; l'éclosion ne s'effectue que dans le tube digestif de l'hôte. Trichocéphale de l'Homme {Tr. dispar Rud., 1801. — Syn. : Tr. hominis Schrank, 1788; Ascaris trichiura L., 1771). — Le mdle est long de 35 à 43 millimètres, le rapport de la par- lie antérieure effilée à la partie pos- térieure épaisse étant comme 3 : 2 ; son spicule est long de 2™™, 5, cylin- drique, atténué irrégulièrement en pointe à son extrémité postérieure : son contour est à peu près direct du côté dorsal, tandis qu'il est con- vexe, puis un peu concave avant d'aboutir à la pointe, du côté ven- tral ; sa zone médullaire ne s'étend pas tout à fait jusqu'à la pointe. La gaine du spicule est hérissée sur toute sa longueur de petites écailles pointues et serrées. La femelle est longue de 35 à 50 millimètres ; le rap- port de la partie antérieure à la partie postérieure est environ comme 2:1. Les œufs sont brunâtres, longs de 31 à 53 [x, larges de 21 à 23 u.. Ce Ver vit habituellement dans le caecum de l'Homme; il pénètre aussi parfois dans l'appendice caecal ; on le trouve moins souvent dans le côlon et plus rarement encore dans l'intestin grêle. Il n'existe d'ordinaire qu'en fort petit nombre sur le même individu; cependant, Bellingham en a vu 119 dans un seul cadavre, et Rudolphi plus de 1000. Il s'observe sur des sujets de tout âge, les enfants à la mamelle exceptés. Il est très commun dans la plupart des contrées du globe : à Paris, Fig. 334. — Trichocc-pliale de l'Homme : mâle, gran- deur naturelle et partie postérieure grossie. NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 479 Pascal et Mérat le trouvaient, au commencement du siècle, chez presque tous les individus; mais il paraît être devenu très rare aujour- d'hui, par suite de Tusage courant d'eau liltrée: on ne le trouve plus guère que chez les sujets récemment arrivés de la campagne. On le signale comme très fréquent en Egypte, en Nubie, en Algérie, au Japon, aux Itlals-Unis, dans l'archipel malais; assez fréquent en Allemagne, en Suisse et en Angleterre; rare en Ecosse et en Danemark. En somme, il est plus répandu dans les régions chaudes ou tempérées que dans les contrées froides. Les Trichocéphales. chez l'Homme comme chez les animaux, parais- sent avoir assez souvent la tète enfoncée dans la muqueuse; cepen- dant, d'après Heller, cette perforation serait loin d'être la règle : l'extrémité antérieure s'insinuerait simplement entre les replis super- ticiels de la muqueuse, en les enserrant de ses sinuosités. En général, la présence du Trichocéphale dans l'intestin ne s'ac- compagne d'aucun trouble sérieux; cependant, on a cité quelques cas exceptionnels dans lesquels l'accumulation de ces parasites a coïncidé avec des phénomènes nerveux graves, parfois même mortels. Le Trichocephalus dhpar n'est pas propre à l'Homme; il a été ren- contré aussi chez divers Singes (7V. palœformis Rud.) et Lémuriens [Tr. lemuris Rud.). Évolution. — Dès 1858, Davaine faisait remarquer que les œufs du Trichocéphale n'évoluent pas dans l'intestin de l'Homme, et qu'ils sont toujours expulsés dans l'état où ils se trouvaient au moment de la ponte, c'est-à-dire avec le vitellus entier. La segmentation a lieu dans l'eau, et ne s'observe qu'au bout de plusieurs mois et même de plus d'une année. Mais l'œuf, en raison de sa coque épaisse, offre une grande résistance aux influences extérieures. Heller a pu ob- tenir l'évolution d'œufs qui avaient été gelés pendant plusieurs jours. Une fois l'embryon formé, il peut demeurer fort longtemps dans la coque sans s'altérer : Davaine a conservé pendant cinq ans des œufs dont l'embryon était resté vivant. Si de tels œufs sont introduits — avec les eaux de boisson — dans le tube digestif, la coque se trouve dissoute par le suc gastrique, et les embryons sont mis en liberté : au bout de quelques semaines, ils acquièrent leur maturité sexuelle. Ces faits ont été définitivement établis par Grassi. Un de ses élèves, S. Calandruccio, après s'être assuré, par l'examen répété de ses fèces, qu'il n'hébergeait aucun Trichocéphale, ingéra sur son conseil, le 27 juin 1886, un certain nombre d'œufs embryonnés. Le 24 juillet, il découvrit pour la pre- mière fois des œufs de Trichocéphale dans ses selles. Semblable expé- rience fut répétée, avec le même succès, sur un jeune homme. Organisation. — Les diverses espèces de Trichocéphales sont orjïanisées d'après un plan très uniforme et ne se distinguent entre elles que par des 480 VERS. caractères assez peu tranchés ; l'anatomie du Trichocéphale de l'Homme, dans ses traits généraux, pourra donc servir de guide pour l'étude des autres formes. En raison des détails que nous avons donnés plus haut sur les caractères du genre, il nous suffira, du leste, d'en faire un exposé sommaire. La cuticule va s'épaississant d'avant en arrière; elle est marquée de stries transversales écartées de 3 à 4 p. et interrompues, comme nous l'avons dit, au niveau de la bande bacillaire ventrale. Celle-ci, qu'on a considérée comme un organe d'accouplement, commence à O™'",! de l'extrémité antérieure, s'élargit rapidement de manière à occuper à peu près toute la largeur de la face ventrale, el se termine vers l'origine de la partie postérieure du corps. — La couche musculaire, fort mince, est formée de cellules nombreuses, étroites et transformées en fibrilles : les Trichocéphales sont des platy- myaires holomyaires. La partie antérieure du Ver est assez mobile, mais la partie postérieure n'est capable d'effectuer que des mouvements fort li- mités. On ne sait rien de précis sur le système excréteur ni sur le système nerveux. La bouche, arrondie et dépourvue de papilles, donne entrée dans un très long œsophage qui occupe toute la partie antérieure du corps. Cet œsophage est formé de deux parties assez dissemblables. L'antérieure, longue seule- ment de 0™™,4, constitue un tube chitineux trièdre, entouré de muscles radiaires. L'autre, qui occupe tout le reste de la longueur, est un canal chiti- neux dépourvu de muscles et logé dans une gouttière située à la face infé- rieure d'une série d'énormes cellules, offrant pour la plupart des étrangle- ments annulaires et constituant ce qu'on est convenu d'appeler le corps cellulaire. Les deux dernières cellules de cette série longitudinale sont dis- posées latéralement et forment deux sortes d'appendices. L'œsophage se termine par un étranglement à la suite duquel vient l'estomac, qu'il serait préférable d'appeler l'intestin moyen. Celui-ci, dont la lumière est assez large, renferme toujours un liquide clair; il aboutit à un étroit rectum qui, chez la femelle, s'ouvre isolément à environ 40 \t. de l'extrémité du corps, tandis que, chez le mâle, il s'unit à la porlion terminale de l'appareil génital pour constituer le cloaque. Les organes reproducteurs sont situés en entier dans la partie postérieure du corps, laquelle ne se renfle, d'ailleurs, qu'à mesure de leur développe- ment. — Le testicule unique prend naissance au niveau de l'origine du cloa- que; très sinueux, il se porte en avant jusque vers la naissance de l'intestin, puis se replie pour se continuer par un canal déférent très étroit, qui revient en arrière, s'élargit et se renfle enfin en une vésicule séminale cylindri- que. De l'extrémité postérieure de celle-ci part un court conduit sinueux, aboutissant enfin à un canal éjaculateur garni de muscles puissants. — C'est de l'union de ce canal éjaculateur et de l'intestin terminal que résulte le cloa- que, canal cylindrique long d'environ 4 millimètres, incurvé comme l'extré- mité caudale du mâle, et dont l'orifice, reporté sur la face dorsale, est limité en dessous par une saillie de la partie ventrale. Vers le milieu de sa lon- gueur, le cloaque présente un diverticule dont le fond, dirigé en avant, se rattache à la paroi du corps par deux muscles assez puissants. Ce diver- ticule loge la base du spicule. Dans toute son étendue, le cloaque montre, à son intérieur, un tube chitineux à paroi mince, transparente, offrant sur sa face interne de très petites écailles ou épines dont la pointe est dirigée en NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 48, arrière. Ce tube, qui provient d'une mue du cloaque, est libre dans La cavité, et ne se Irouve fixé ({u'au pourtour do L'orifice cloacal : de la sorte, il peut s'évaginer et apparaître à l'extérieur comme une sorte de prépuce entourant le spicule: la face devenue ainsi externe montre alors la pointe de ses épines dirigée en avant. On donne à ce tube préputial le nom de gaine du spicule. — L'ovaire prend naissance, comme le testicule, vers l'extrémité caudale- il se dirige en avant, puis rétrograde, au niveau de l'origine de l'intestin, pour se continuer par un oviducte qui revient en arrière ; celui-ci se replie lui-même puis se renfle en un utérus qui s'étend en avant et se rétrécit finalement de manière a constituer un court vagin brusquement coudé à sa terminaison Laparo. interne de la portion terminale du vagin possède une cuticule revê- tue de petites épines dont la pointe est dirigée vers la vulve. Celle-ci est située sur la face ventrale; elle montre souvent une évagination de la paroi vagi- nale, qui doit probablement se fixer à la gaine du spicule pendant l'accou- plement. L'utérus renferme un nombre d'oeufs considérable, que Leuckart évalue a 5 800, ajoutant que la ponte annuelle d'une seule femelle peut s'é- lever à 3 ou 400 000 œufs. Trichocéphale crénelé {Tr. crenatm Rud., 1809. — Syn • Tr suis Schrank, 1788). -Mâle long de 33 à 40 millimètres; rapport de la partie an- térieure a la partie postérieure, environ comme 5 : 3 ; spicule long en moyenne de 3--,3o, arrondi à l'extrémité, à zone médullaire ne s'étendant pas jus- qua la pointe; gaine du spicule garnie d'écaillés courtes, mousses, clairse- mées surtout dans la partie la plus éloignée de l'orifice cloacal et finissant même par disparailie. Femelle longue de 34 à 50 millimètres ; rapport de la partie antérieure à la partie postérieure, environ comme 2:1. QEufs bru- nâtres, longs de 52 à 56 a. Cette espèce, souvent confondue avec la précédente, habite le -ros intestin et surtout le ca?cum du Porc, du Sanglier, du Pécari à lèvres blanches et du Phacochère africain. Elle ne détermine pas de troubles appréciables. Leuckart a montré que les embryons encore contenus dans l'œuf introduits dans le tube digestif du Porc, s'y développent directement et donnent, en quatre semaines, des individus sur le point d'arriver à maturité sexuelle. Dans les conditions ordinaires, l'infestation doit avoir heu par l'intermédiaire des boissons. Trichocéphale voisin [Tr.affinisliiid., 1801. -Syn. : Tr. ot.'/.s Abildgaard 1.95; Mastigodes a f finis Zeder, 1803). -Extrémité céphalique munie parfois de deux renflements vésiculeux latéraux offrant l'aspect d'ailes transpa- rentes. Bande bacillaire à bâtonnets marginaux plus forts que les autres Mâle long de 50 à 80 millimètres, la partie antérieure représentant près des trois quarts de la longueur totale; spicule très long, mesurant 5 à 6 milli- mètres et plus, graduellement et régulièrement atténué en arrière à zone médullaire s'étendant presque jusqu'à la pointe ; gaine du spicule très longue hérissée d'épines aiguës d'autant plus petites et plus rapprochées qu'elles sont plus éloignées de l'orifice cloacal. Femelle longue de 50 à 70 milh mètres, la partie antérieure comprenant environ les deux tiers de la lon- Raii.liet. — Zoologie. -. , 482 VERS. gueur totale. Œufs longs de 60 p. d'un goulot à l'autre, sans compter les boutons qui les surmontent. Le Trichocéphale voisin, qui tire son nom de sa ressemblance avec le Trichocéphale de l'Homme, habite le gros intestin, et plus particu- lièrement le ca3cum, d'un grand nombre de Ruminants appartenant Fig. 335. — Trichocephalus affinis, individus fortement grossis. — A, mâle. B, femelle, c, extrémité céplialique. i, iutesliu. a, anus, t, testicule, vs, vésicule séminale, g, gaine du spicule. ou, ovaire. C, œuf grossi environ 200 fois (Delafond). aux deux familles des Bovidés et des Cervidés. Il est assez commun chez le Mouton et la Chèvre, mais plus rare chez le Bœuf. Nous l'a- vons trouvé chez le Chabin. Diesing l'a signalé en outre chez le Porc- Épic d'Europe, mais cette assertion aurait besoin d'être contrôlée. Jusqu'à présent, on n'a rapporté à sa présence aucun trouble patho- logique ; Wernicke note seulement qu'on le trouve chez presque tous les agneaux qui périssent au printemps dans la République argen- NÉMATIIELMINTHES. — NÉMATODES. 483 tine. U. Caparini a trouvé des exemplaires de ce ïrichocéphale im- plantés dans des nodules Uépaliques chez un Bœuf. Leuckart a constaté que les œufs embryonnés de cette espèce, ingérés par un agneau, avaient donné, en seize jours, de petits Vers longs d'environ 1 millimètre et situés déjà dans le gros intestin. Trichocéphale échinophyllc (T;-. cckinophyllns Nitzsch, 1 866. —Syn. : (?) Tr.cameti Riid., d8l'.)). — Partieantérieure environ trois fois aussi longue que la postérieure, dans les deux sexes, Mdle à gaine du spicule très longue, renllée eu boulon et garnie, sur toute sa longueur, d'épines abondantes; spicule long, filiforme, plat, terminé en pointe. Femelle pourvue, à l'ori- gine de la partie effilée, d'un orifice dont la signification est inconnue. Parasite du Dromadaire. 11 convient, pensons-nous, de rapporter à celte espèce, encore qu'elle soit assez mal caractérisée, les Trichocéphales trouvés autrefois à Vienne dans le gros intestin du Chameau à deux bosses et du Dromadaire. Rudolphi les avait décrits sous le nom de Tr. cameli; Diesing les rattachait au Tr. affinis. Trichocéphale déprimé [Tr. depressiusculus Rud., 1809. — Syn. : Tr. viilpis Frùlich, 1789; Mastvjodes vulfns Zeder, 1803). — Mâle long de 43 à 7o millimètres; rapport de la partie antérieure à la partie postérieure, comme 3 : 1 ; spicule ex- trêmement long, de 9 à H millimètres, se ter- minant en une courte pointe conique ; gaine du spicule revêtue d'écaillés mousses dans la moitié la plus rapprochée de l'orilice cloacal, le reste demeurant lisse. — Femelle longue de 4b à 73 millimèlres ; rapport de la partie antérieure à la partie postérieure, comme 3:1. Œufs longs de 72 à 80 [i, larges de 37 à 40 u., à goulots étroits et à coque mince, lisse. Dans le caecum du Chien et du Renard. Très commun chez les Chiens affectés de l'a- némie des meutes, mais ne jouant, à nos yeux, qu'un rôle insignifiant dans le déve- loppement de cette maladie. Méguin Ta ren- contré dans toute l'étendue du gros intes- tin. — Nous avons trouvé, dans le jéjunum d'un Furet, un Tricho- céphale femelle qui nous paraît voisin de cette espèce. En 1884, nous avons montré que l'évolution du Trichocéphale du Chien est identique à celle des formes précédentes : des œufs, re- cueillis en février et conservés dans l'eau, avaient mis cinq mois à évoluer jusqu'à la formation complète de l'embryon ; ils furent alors ingérés par un Chien, dans le cœcum duquel nous trouvâmes, au bout de trois mois, plus de cent cinquante Vers qui avaient atteint leur complet développement. Fig. 336. — Frajimcnt de caecum du Chien, sur lequel sont fixés des Trichocephalus depressius- culus. Grand, nat. (Orig.l. Trichocéphale denté {Tr. serrutus von Linstow, 1879). — Corps denté 484 VERS. en scie dans la région antérieure. Rapport de la partie antérieure à la par- tie postérieure, comme 2:1. Bande bacillaire mesurant les 3/7 du diamètre du corps. Mâle long de 40 millimètres; spicule de S""", 9; gaine du spicule revêtue, dans toute son étendue, d'épines coniques devenant plus fines, plus étroites, à mesure qu'on s'éloigne de l'orifice cloacal. Femelle longue de 48 millimètres; vulve offrant un appendice extérieur dû à un prolapsus du vagin extraordinairement garni d'épines. Œufs longs de 56 [l, larges de 39 [a. Intestin du Chat domestique (von Linstow). Trichocéphale campanule (Tr. campanula von Linstow, 1888, — Syn. : (?) Tr. felis Dies., 1831). — Corps denté en scie dans la région antérieure. Bande bacillaire large des 4/7 du diamètre du corps. Mâle de longueur indéter- minée ; extrémité postérieure munie de deux papilles ; gaine du spicule gar- nie de petites saillies coniques et élargie en cloche à l'extrémité. Femelle longue de 31™™, 5 ; œsophage occupant les 4/5 de la longueur entière du corps; vulve encadrée par deux lèvres longitudinales peu saillantes. Œufs longs de 72 [x, larges de 36 [t.. Cette espèce a été trouvée dans l'intestin du Chat domestique, au Brésil. Peut-être est-elle identique au Tr. felis Dies., recueilli également au Brésil, parNatterer, dans l'intestin du Felis tigrina, mais qui n'a pas été décrit. Trichocéphale onguiculé {Tr. imguiculatus Rud., 1S09. — Syn. : Tr. leporis Frôlich, 1789; Mastigodes leporis Zeder, 1803). — Bande bacillaire large environ des 4/5 du diamètre du corps, s'étendant jusque sous le vagin. Mâle long de 29 à 32 millimètres ; rapport de la partie antérieure à la partie postérieure, comme 3:2; orifice cloacal un peu ventral ; spicule grêle, attei- gnant jusqu'à 7 millimètres de long; gaine du spicule délicate, cylindrique, garnie de petites dents pâles, ponctiformes. Femelle longue de 32 à 34 milli- mètres; rapport de la partie antérieure à la partie postérieure, comme 2:1; vulve arrondie. Œufs longs de 32 [i. (sans les boutons), larges de 31 à 34 p., à coque un peu granuleuse. Cœcum du Lièvre commun, du Lièvre variable, du Lapin de garenne et du Lapin domestique. Nous ne l'avons pourtant trouvé que rarement dans cette dernière espèce. Genre Trichosome (rnc/iosoma Rud., 1809. — Syn.: Capillaria Zeder, 1803). — Ces Vers, comme l'indique leur nom, ont le corps grêle, capillaire. Ils difTèrent des Trichocéphales en ce que la partie posté- rieure, contenant l'intestin et les organes génitaux, n'est que légère- ment et progressivement renflée. Leur tégument montre des bandes bacillaires analogues à celle que nous avons signalée chez les Tricho- céphales. Ces bandes, diversement réparties suivant les espèces, sui- vent les lignes médianes ou les champs latéraux, et on les distingue par suite en latérales, ventrale et dorsale. Les stries transversales de la cuticule sont interrompues à leur niveau. Les champs latéraux existent, aussi bien que les lignes médianes principales. L'extrémité caudale du mâle, dépourvue de papilles, montre des lobes cuticulaires plus ou moins développés, entourant l'orifice cloacal, et considérés par Eberth comme représentant une bourse. Le spicule unique est NEMATHELMINTIIES. — NÉMATODES. 485 enveloppé d'une gaine comme celui des Trichocéphales. La femelle possède une vulve parfois renversée au dehors, et située à la jonction des deux parties du corps. Tube digestif, appareil génital et œufs comme dans le genre précédent. Les ïrichosomes vivent en parasites chez tous les Vertébrés, mais principalement chez les Mammifères et les Oiseaux. On en connaît environ soixante-dix espèces (1). Dujardin avait proposé de les répartir entre plusieurs genres : Tr'ichosoma s. str., Calodiurn, Thominx et Ëucoleus. Ce démembrement ne mérite pas d'être accepté : nous nous bornerons à classer les Trichosomes d'après les caractères four- nis par la gaine du spicule. On ne possède encore que peu de données sur leur développement. Dans les recherches que j'ai faites sur une espèce, il s'est montré iden- tique à celui des Trichocéphales (2). l'" section : Gijiunotheca'. — Gaine du spicule lisse ou plissée. Trichosome pliqiie {Tr. plicaliud., 1819. — Syn. : Calodium pUca Duj., 1845). — Corps capillaire; culicule finement striée en travers. Bouche orbi- culaire, petite, latérale. Bandes bacillaires latérales, atteignant presque en largeur la moitié du diamètre du corps; vers l'extrémité postérieure, les bâtonnets disparaissent et les bandes se rétrécissent de manière à ne plus représenter que deux canaux très étroits, composés de petites cellules. Mâle long de 13 à 30 millimètres, la partie antérieure étant à la partie pos- térieure comme 6:7; extrémité postérieure tronquée obliquement et enve- loppée par une petite bourse délicate, se prolongeant en pointe en arrière; orifice cloacal légèrement ventral ; spicule très long, arrondi à son extrémité ; gaine du spicule finement plissée en travers, les plis étant souvent inter- rompus par d'autres plis longitudinaux, de fnçon à donner une apparence ponctuée. Femelle longue de 30 à GO millimètres, la partie antérieure étant à la partie postérieure comme 2 : 1 ; corps peu épaissi en arrière, se termi- nant en pointe mousse; anus terminal; vulve ronde, avec un appendice cylindrique. Œufs longs de 60 [>., larges de 30 [j.. Ce Trichosome habite la vessie urinaire du Renard et du Loup. Bellingham l'a recueilli dans le même organe, en Irlande, chez le Chien domestique. — Peut-être est-ce le même Ver dont Beorchia-Nigris a trouvé, en 1888, une cinquantaine d'exemplaires fixés à la muqueuse vésicale d'un Chien d'expérience qui, pendant la vie, rendait une urine sédimenteuse chargée d'œufs à goulots. Cet auteur croyait avoir afTaire à un Trichocéphalc. Trichosome très mince {Tr. tenuissimum Dies., 1851. — Syn. : Tr. co- lumbœ Rud., 1819; Calodiivn îenueDn']., 1845, nec Euco/ews tenuis Duj., 1845). (1) M. Stossich, Ilgenere Trichosoina Rudolplii. Bollettino délia Società Adriatica dl scienze naturali in Trieste, XII, 1890. (2) A. Railliet, Recheiclies expérimentales sur les tumeurs vermineuses du foie des Muridés. Ballet, de la Soc. zool. de France, XIV, p. 62, 1889. 486 VERS. — Tégument vaguement strié entravers. Bandes bacillaires latérales, attei- gnant en largeur le 1/4 du diamètre du corps. Mâle long de 10 millimètres, dont 4"™,7 pourla partie antérieure; de chaque côté de l'orifice cloacal, qui est terminal, un petit appendice lobule; gaine du spicule délicatement plis- sée en travers. Femelle longue de 18 millimètres, la partie antérieure mesurant 7 millimètres; corps médiocrement épaissi dans la partie posté- rieure, qui est arrondie à son extrémité. Vulve transversale, non proémi- nente. Œufs longs de 47 à 50 [j., larges de 24 à 27 (x. Habite le gros intestin du Pigeon domestique et de quelques autres Colom- bins. Nous l'avons trouvé aussi dans l'intestin grêle : d'après Ziirn, on l'ob- serverait souvent dans cette région, parfois même en grand nombre, et il serait alors dangereux pour son hôte. Trichosonie obtus [Tr. retusum RailL, 1893. — Syn. : Tr. longicolle Duj. et Eberth, nec Rud.). — Corps peu renflé en arrière. Une bande bacil- laire ventrale, ayant en largeur environ la moitié du diamètre du corps; deux lignes latérales très étroites, formées de petits noyaux. Mâle long de 13 millimètres, dont 4 millimètres pour la partie antérieure; extrémité pos- térieure avec deux lobes latéraux arrondis; orifice cloacal assez ventral; gaine du spicule étroite, lisse. Femelle longue de 19 millimètres, dont 6 millimètres pour la partie antérieure; extrémité postérieure arrondie et mousse; anus légèrement ventral ; vulve située à peu de distance en arrière de l'origine de l'intestin, légèrement proéminente, transversale, sans véritable appendice. Œufs longs de 50 à 55 f/., larges de 30 à 32 (*; coque solide externe revêtue, entre les deux pôles, d'une couche molle, incolore, légèrement irré- gulière. Ce Ver a été trouvé dans les cœcums de la Poule par Dujardin et par Eberth. Nous l'avons recueilli, avec Lucet, dans les cœcums de la Pintade. Dujardin et Eberth l'ont décrit sous le nom de Tr. longicolle Rud., mais la diagnose qu'ils en donnent est en contradiction flagrante avec celle de Rudolphi. Les Vers de la Poule, du Faisan, du Coq de bruyère, etc. , décrits par Gœze, Schrank, Frôlich, et longs de 39, 52, 67, 80 millimètres, appartiennent évi- demment à une ou à plusieurs autres espèces : c'est à eux que se rapporte le nom de Tr. longicolle Rud. Trîchosome à cou court (Tr. brevicolle Rud., 1819; Tricha cep halus anatis, Schrank, 1790. — Priorité : Trichosoma analis). — Corps peu renflé en arrière, arrondi et mousse à l'extrémité postérieure. Bandes bacillaires latérales, d'une largeur égale au tiers du diamètre du corps. Lignes dorsale et ventrale égales, très étroites, composées de petits noyaux. Mâle long de H à 13 millimètres, à extrémité postérieure fortement atténuée ; orifice cloacal plus ventral que l'anus de la femelle ; gaine du spicule lisse. Fe- melle longue de 21 à 28 millimètres, dont 8 à 11 millimètres pour la partie antérieure ; anus un peu ventral ; vulve également sur la face ventrale, à peu de distance en arrière de l'origine de l'intestin, légèrement proéminente. Œufs longs de 42 à 46 u., larges de 24 à 25 [«. Cfpcums de l'Oie domestique et de divers Anatidés sauvages; habite plus rarement l'intestin grêle. NEMATHELMINTHES. — NEMATODES. 487 2" section : Echinothecic. — Gaine du spicule hérissée d'épines ou de soies. Trichosome aérophilc {Tr.aerophilum Creplin, 1839. — Syn. : Eucoleus aerophilum Diij., 1845). — Corps d'un blanc jaunâtre uniforme. Tégument strié en travers. Une bande bacillaire ventrale, à bâtonnets nombreux, équi- valant au tiers, et une bande dorsale équivalant aux trois quarts du diamè- tre du corps. Lignes latérales très petites, sans bâtonnets. Mdle long de 24 millimètres, la partie antérieure étant à la postérieure comme 1 : 2; extrémité postérieure amincie, recourbée et obliquement tronquée, offrant deux lobes courts réunis par une bourse délicate; gaine du spicule revêtue de spicules et de granulations. Femelle longue de 25 à 32 millimètres, la partie antérieure étant à la postérieure comme 1 ; 3,3 ; corps épaissi en arrière, puis atténué en une queue obtuse, légèrement incurvée en dessous; anus un peu ventral; vulve latérale, ronde, non saillante, exactement située à la hauteur de l'origine de l'intestin. Œufs blancs, à coque granuleuse, longs de 68 fA, larges de 3") ti, retenus à la surface du corps dans une substance mucilagineuse. Ce Ver était connu comme parasite de la trachée du Renard. A. Millier l'a trouvé dans le poumon d'une Martre, ainsi que dans la trachée d'un Chat, où il en existait huit exemplaires. Neumann l'a revu également dans la trachée et dans les grosses bronches, chez trois Chats, porteurs chacun d'un seul exemplaire femelle. Trichosome à collier {Tr. collare von Linstow, 1873). — Extrémité anté- rieure conique, obtuse et présentant, à 6 (x de l'ouverture buccale, un collier linéaire. Deux bandes bacillaires latérales, dont la largeur est à celle du corps comme 1 : 3,0; chez les individus très âgés, ces bandes deviennent indistinctes et les bâtonnets disparaissent. Mdle long de 8™™, 9, la partie antérieure ou œsophagienne étant à la partie postérieure comme 41 : 48 ; extrémité caudale divisée en deux saillies hémisphériques; gaine du spicule revêtue de soies extrêmement fines. Femelle longue de 9™", 5, la partie œsophagienne étant à la partie postérieure comme 2 : 1 ; extrémité caudale arrondie; vulve située un peu en arrière de l'origine de l'intestin : chez les femelles non ovigères, elle fait souvent une forte saillie extérieure, qui dis- paraît dès qu'il y a des œufs. Œufs longs de 66 p., larges de 30 ;*. Trouvé en grand nombre, par von Linstow, dans l'intestin de la Poule. — Zûrn l'a rencontré, en outre, dans la musculature du gésier, et dans une vésicule développée sur l'intestin grêle et le mésentère d'un Coq. Trichosome contourné {Tr. contortum Creplin, 1839). — Corps fili- forme, progressivement renflé en arrière, puis alténué de nouveau à l'extré- mité postérieure, dans les deux sexes. Bande bacillaire ventrale ayant les trois quarts du diamètre du corps ; bande bacillaire dorsale ayant seulement le tiers de ce diamètre. Mdle long de 12 à 17 millimètres; rapport de la partie antérieure à la partie postérieure, environ comme 2 : 'ô ; extrémité caudale d'abord un peu atténuée, puis se renflant dans la région terminale et présentant deux saillies latérales ; orifice cloacal légèrement ventral ; gaine du spicule revêtue de très petites épines sétacées. Femelle longue de 31 à 488 VERS. 38 millimètres : rapport de la partie antérieure à la partie postérieure, en- viron comme 1 : b; extrémité caudale en pointe mousse ; vulve en forme de fente transversale , en dehors ^ de la bande ventrale. Œufs longs de 48 à 56 [j. (d'un goulot à l'autre) sur 21 à 24 [j. de large. Habite l'œsophage d'un grand nombre d'Échassiers, Palmipèdes, Passereaux et Rapaces, où il se montre tantôt libre, tantôt engagé dans et même sous la mu- queuse. Nous l'avons ob- servé, avec Lucet, chez le Canard domestique, dans le tissu conjonctif sous-mu- queux du renflement œso- phagien qui fait office de jabot (1). Le nombre de Vers que peut héberger un seul Canard est assez considé- rable : nous en avons compté jusqu'à trente-trois. Ces Vers se creusent des galeries si- nueuses dans lesquelles les femelles déposent leurs œufs. Leur présence entraîne une obstruction de l'œso- phage (indigestion inglu- viale) qui aboutit rapidement à la mort. Fig. 337. — Trichosoma contorlum, de l'œsophage du Canard. — A. extrémilé caudale de la femelle. C, extré- mité caudale du mâle, avec la gaine el le spicule saillants. H, œufs à divers étals, recueillis dans l'utérus. Grossis- sement : 300 diamètres (Orig.). 3" Espèces incomplètement connues. — Nous sommes obligé de classer à part un certain nombre de formes qui n'ont été décrites jusqu'à présent que d'une façon trop insuffisante pour per- mettre de les faire rentrer dans l'un des groupes précédents. Trichosome du Chat [Tr. felis cati Dies., 1831). — La femelle, seule connue, est longue de 14 à 16 millimètres. Corps très transparent, filiforme, graduellement épaissi en arrière, puis atténué de nouveau un peu en avant de l'extrémité postérieure, qui est tronquée obliquement et arrondie. Tégu- ment lisse. La bouche est limitée par deux lèvres saillantes. Il n'a pas (11 A. Railliet et A. Lucet, Indigestion ingluviale d'origine parasitaire chez des Canards. Recueil de méd. vét. (7), VII, p. 13, 1890 (avec une planche). NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 480 été possible de distinguer la vulve. Œîufs longs de 61 ;j., larges de 32 |x. Ce petit Ver, souvent enroulé en spirale et difficilement perceptible sans le secours de la loupe, a été découvert par Bcllingbam dans la vessie d'nn Cbat sauvage. Wedl, à qui nous avons emprunté la description ci-dessus, l'a retrouvé dans la vessie d'un Cbat domestique. Il n'existait que des femelles. Schlotthauber signale, d'autre part, la présence d'un ïricbosome dans le gros intestin du Cbat domestique. TrichoNomc liiioaii-f {Tr. liiicare Leidy, 18;i6). — Corps filiforme, à. peu près également atténué vers les extrémités. Màlc long de S"""', 8, large de0'°™,2i ; extrémité caudale spiraléo; queue longue, conique, aiguë; orifice cloacal à une distance considérable de l'extrémité de la queue. Femelle longue de 7'"'",G, large de 0™™,85 ; extrémilé caudale enroulée en spirale; queue incurvée, obtuse, avec deux pointes coniques postérieures sur la face ventrale. Leidy, de Pbiladelphie, a recueilli dans l'intestin grêle du Cbat sept exemplaires de ce Ver, que Diesing, sans motifs suffisants, proposait de rattacher à l'espèce précédente. Trichosome aiinelé {Tr. annulafum Molin, 1858). — Corps blancbàtre, capillaire, très atténué en avant, à peine atténué en arrière ; extrémité cépba- lique séparée du reste du corps par un renflement annulaire de la cuticule; tégument à stries transversales délicates et très rapprochées. Mdie long de do millimètres. Femelle longue de 80 millimètres; extrémité caudale obtuse, excavée au sommet; anus subterminal; vulve située dans la partie antérieure du corps. Trouvé cà Padoue, par Molin, sous la ., l'autre de 130 à 140 [jl. Femelle longue de 40 à 36 et jusqu'à 70 millimètres, large de 0'"™,420 à 0°'™,440; extrémité caudale très large- ment arrondie ; viilve située au voisinage de la bouche. Œufs mûrs longs de 32 à 38 a, larges de 24 à 33, contenant un embryon. Cette Pilaire, dont la découverte est due au vétérinaire militaire Drouilly (1), habite le tissu conjonctif sous-cutané et même le tissu conjonctif intermusculaire ou interfasciculaire du Cheval et de l'Ane (Railliet et Moussu). Son évolution est encore inconnue. Le mâle et la femelle vivant côte (1) Drouilly, Lettre an sujet des boutons hémorragiques des chevaux hongrois. Journ. de uiéd. vêt. inilit., XIV, p. r>G9, février 1877. — Condamine et Drouilly, Description de la Pilaire femelle {cause déterminante des boulons hémorragiques). Recueil de méd. vét., 1878, p. lUi (avec 2 pi.). — I^ailliet et Moussu, La Pilaire des boulons hémorragiques observée chez l'Ane ; découverte du mdle. Comptes rendus de la Soc. de biologie, (9), IV, p. 545, 1892. Fi^. 3 17. — Pilaire des boulons hémor- i'agii|ues. — A, femelle adulte, grand, nat. B, extrL'Uiité céphalique avec ses verrues, grossie lUO fois, d'après Coudaminc. 6, bouciie. vv, vulve. 506 VERS à côte, la fécondation doit avoir lieu dans le tissu conjonctif. Lors- qu'on maintient les femelles dans le sérum, elles continuent à y vivre deux ou trois jours. On peut constater alors qu'une partie des œufs embryonnés renfermés dans les utérus sont éclos. Les embryons libres sont longs de 220 à 230 a, larges de 9 à H fx. Ils ne peuvent vivre que peu de temps dans l'eau et ne résistent pas à la moindre dessic- cation. Au mois de mars 1877, nous avons injecté sans résultat, dans le tissu conjonctif sous-cutané dune vieille jument, un assez grand Fi°- 348. - Pilaire des boulons hi-morragiques : cxtré- Fig. 349. - Filaire des boulons hémorra- mité caudale du mâle, vue de côlO, grossie 200 fois giqucs : exlrémité caudale du niale, vue ,Q- -, par la face ventrale , grossie 200 fois (Orig.). nombre de ces embryons extraits du corps de la Filaire. Comme les femelles percent la peau du Cheval en provoquant des hémorragies, nous sommes porté à croire qu'ils sont expulsés à ce moment, et qu'ils doivent passer ensuite dans le corps d'un Insecte suceur ou d'un Crustacé. C'est dans cette voie que devront chercher les helmin- thologistes russes ou hongrois. Pathologie. — La Filaire hémorragique tire son nom des petites hémorragies locales qu'elle provoque sur divers points de la surface cutanée, et qu'on a signalées depuis longtemps chez le Cheval. NÉMATllELMINTHES. — NÉMATODES. 50"; On assure que , depuis une liaule antiquité, les Chinois connais- sent une race de chevaux du Khodang « suant » le san{^. Parmi les auteurs qui se sont occupés de celte alTection, les uns, comme Sibald, affirment qu'elle est commune chez les chevaux blancs de la Tarlarie; d'autres, comme Spinola, la considèrent comme spéciale à la race des steppes ; Leblanc l'a observée sur des Chevaux russes; mais on ne la connaît sérieusement en France que depuis les achats de Che- vaux de troupe effectués en Hongrie par le gouvernement français. Klle serait donc propre aux Chevaux d'origine orientale, bien que Bernard et Liautard aient prétendu l'observer en Algérie sur des Che- vaux et des Mulets venant d'Espagne. La filariose hémorragique se manifeste au printemps, persiste quel- quefois une grande partie de la belle /-p] saison, et disparaît complètement en W hiver pour se reproduire l'année sui- vante. Dans nos pays, l'affection cesse d'elle-même et d'une façon définitive au bout de trois ou quatre ans. L'éruption est d'ordinaire localisée Fig. 350. — Œufs de la Filaire lu'morragique, grossis 300 fois (Orig.). 351. — Embryon libre de la Filaire hé- morragique, grossi 300 fois (Orig.). aux côtés du garrot, aux épaules, aux faces de l'encolure, aux côtes et à la région dorsale. On voit apparaître à la fois plusieurs élevures hémisphériques, de la grosseur d'un pois ou d'une noisette, indolores, un peu œdémateuses à la périphérie. Une heure ou deux après la formation de ces boutons, leur sommet s'ouvre, d'où un. écoulement de sang qui forme des traînées sur les poils et se coagule. Puis la tuméfaction s'afl'aisse et le bouton disparaît ; dans quelques cas cependant, il survient de la suppuration. Mais, vingt-quatre ou quarante-huit heures plus tard, on voit un nouveau bouton se déve- lopper à quelques centimètres du premier. Les Pilaires semblent pouvoir pénétrer dans la profondeur des tissus, et c'est probablement ce qui a lieu pendant la saison froide. Chez un Ane atteint d'une paralysie mortelle, nous avons trouvé la moelle épinière creusée de trajets filiformes attribuables à ces Vers. 508 VERS. Dans le midi de la France et en Italie, les Bœufs montrent assez fréquemment des boutons hémorragiques analogues à ceux dont il Fig. 352. — Coupes faites à divers niveaux, ut légèrement grossies, de la moelle lombaire d'un Ane, montrant les trajets creusés par la Pilaire hémorragique. (Orig.) vient d'être question ; mais la constatation d'un parasite n'a pas encore été faite. Pilaire subaiguë (F. acutiusculaMoYin, 1857). — Corps blanc, filiforme, subégal. Extrémité antérieure épaisse ; extrémité postérieure arrondie. Bouche inerme. Mâle long de 40 à 46 millimètres, large de G"™, 5b ; extrémité caudale enroulée en spirale, offrant de chaque côté une aile cuticulaire et cinq papilles: trois préanales et deux postanales; un spicule linéaire très long, épaissi à la base. Femelle longue de 56 à 138 millimètres, large de 0™°',55 à 0'^°','73; extrémité caudale infléchie, obtuse. Trouvée au Brésil, par Natterer, dans les viscères de deux espèces de Pécaris {Dicotyles albirostris et D. turquatus], et sous les muscles pectoraux du Vulpes Azarœ. — Au mois de mai 1889, le comte de Ninni l'a retrouvée en Vénétie sous la peau d'un Chien domestique (1). Pilaire «les plaies d'été (F. irritans [Rivolta]. — Syn. : Dermofilaria irritam Riv., 1884; F. irritans RailL, 1885). — On désigne sous ce nom une larve de Nématode dont le corps très grêle mesure presque 3 milhmètres de long; la tête est parfois un peu distincte du corps; la queue est atténuée, terminée en pointe obtuse et dentelée. La bouche est orbiculaire, paraissant munie de lèvres. A peu de distance de l'extrémité céphalique se voit une ouverture. L'anus s'ouvre au point où le corps s'atténue pour former la queue. Le tégument est très finement strié en travers. C'est en 1868 que Rivolta a découvert, dans les granulations des « plaies d'été » ou de la « dermite granuleuse » du Cheval, cette larve (1) M. Stossich, Elminti Veneti raccolli dal Dr Âlessandro conte di Ninni. Bollett. dalla Soc. Adriat. di se. nat. in Trieste, XII, 1890. NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. m dont la place dans la classification n'est donnée ici qu'à titre provi- soire. En 1884, Laulanié a confirmé cette découverte. Les plaies d'été, qui ont été bien décrites pour la première fois par H. Bouley en 1850, sont caractérisées par la présence, au milieu des bourf^eons charnus, de granulations ollrant le volume d'un grain de mil à celui d'un pois, et constituées par une masse caséeuse ou cal- caire. C'est dans ces granulations qu'on observe le Nématode, ou ses débris, ou encore la loge qu'il occupait. Les plaies manifestent rapi- dement une tendance à s'étendre et sont d'une ténacité remarquable ; Fig. 353. — Coupe d'un fragment de peau de Cheval atteint de derrai te granuleuse ; à l'intérieur des granulations, on voit la coupe transversale ou longitudinale du Ver. D'après une préparation de Laulanié. Grossissement : 20 diamètres (Orig.). elles sont en outre le siège d'un prurit constant et insupportable. Elles entraînent quelquefois des complications sérieuses. Comme l'indique leur nom, elles coïncident d'ordinaire avec les chaleurs de l'été. On les observe aussi plus fréquemment dans les pays chauds, et l'Ane y est plus exposé encore que le Cheval. Le traitement en est difficile ; cependant Rey a obtenu de bons résul- tats par l'application de sulfure jaune d'arsenic (orpiment) pulvérisé. Biaise a eu recours avec le même succès à l'éther, au chloroforme et à l'iodoforme. Pilaire cruelle (F. immitis Leidy, 1836. — Syn. : F. canis cordis Leidy, 1850; F. jxipillosa, hœmatica canis domestici Gruby et Delafond, 18o2). — Corps blanchâtre, fihforrae, un peu atténué seulement aux extrémités, surtout en 510 VERS. arrière. Extrémité antérieure arrondie. Bouche terminale, petite, orbiculaire, inerme, entourée de six papilles petites et peu distinctes. Anus très rappro- ché de l'extrémité caudale. Mâle long de 12 à i8 centimètres, large de 0™",7à0"™,9; queue effilée, contournée en spirale serrée, et munie de deux faibles ailes latérales soutenues par des papilles, dont quatre nous ont paru plus développées : trois pré- anales et une postanale. D'après Schnei- der, il y a de chaque côté H papilles, dont 6 postanales ; elles sont marginales, sauf 2, 3, 6 et 7 ; les plus fortes sont 5, 8, 9, 10, 11 ; de plus, on rencontre d'un seul côté une papille préanale anormale. Deux spicu- les inégaux. Femelle longue de 25 à 30 cen- timètres, large de 1 millimètre à l^^jS; queue courte, obtuse; vulve vers l'origine de l'intestin, à 7 millimètres environ de la bouche. Œufs éclosant dans les utérus ; embryons libres longs de 285 à 295 [j., larges de 5 p., à extrémité antérieure un peu atté- nuée et obtuse, à extrémité postérieure effi- lée en une queue longue et fine. La Filaire cruelle habite principale- ment le cœur droit du Chien. Sauzade paraît l'avoir vue aussi chez le Renard ; Bowlby l'a même signalée récemment chez l'Homme , mais ses observations auraient besoin d'être contrôlées. Janson Fig. 334. — Filaria immitis. — A gauche, Fig. 3SS. — Filaria immitis: exlrèmitc' caudale du mâle, mâle ; à droite, femelle. Grandeur nalu- grossie 50 fois (Orig.). relie (Orig.). l'a observée chez un Loup du Japon. — Nous ne nous occuperons que du Chien. Les Pilaires cardiaques de cet animal ont été signalées pour la première fois par Panthot (1679) ; elles ont été revues un siècle NÉMATIIELMINTHES. — NÉMATODES. 511 plus tard par de la Peyronnie (1778), et depuis lors par un grand nombre d'observateurs. Les milliers d'embryons émis par les femelles se répandent dans le torrent circulatoire : on les trouve dans le sang pris en un point quelconque du corps, et en nombre généralement considérable. Ils se distinguent des « Hématozoaires de Lewis », dont il sera question plus loin, par cette abondance même, par leur taille généralement un peu plus grande, et par ce l'ait qu'ils ne se fixent jamais, par leur extrémité orale, sur les lames ou lamelles de verre. Galeb et Pourquier ont reconnu qu'ils sont susceptibles de passer du système circulatoire de la mère dans celui du fœtus; mais il nous pa- raît certain que cette infestation congénitale ne peut entraîner leur développement direct en Pilaires adultes. D'après Manson, ils présentent, quoique à un moindre degré que ceux de F. sanguinh homhiis [t}ocfur)îa), la curieuse particularité de se montrer périodiquement dans la circulation périphérique; en réalité, ils ne disparaissent jamais complète- ment des vaisseaux superficiels, mais ils y sont beaucoup plus nombreux que le jour. Sonsino a vérifié le fait. En faisant l'autopsie de Chiens tués par l'acide prussique ou ])ar la strychnine, Manson a constaté que les embryons s'accumu- lent pendant le jour dans les gros vaisseaux du thorax et de l'abdomen. On est loin, du reste, d'être fixé actuellement sur leur évolution. Bancroft disait avoir trouvé des embryons dans l'intestin de Trichodectes qui avaient sucé le sang du Chien, et supposait que ces Insectes étaient appelés à jouer le rôle d'hôtes intermédiaires. Sonsino vérifia cette indication, mais il reconnut plus tard qu'il s'agissait, non du Trichodectes canis, qui ne suce en aucune façon le sang, mais bien de VHxmatopinus pllifer. Grassi et Sonsino trouvèrent également des larves de Nématode dans l'intestin et la cavité viscérale des Puces du Chien, et crurent avoir affaire, soit aux embryons du Splroptera san- gidnolenia, soit à ceux de la Filaria immitis. Ces conclusions étaient prématurées. Le Spiroptère ne fournit pas de larves hématozoaires ; quant à la Filaire cruelle, les recherches ultérieures de Grassi ont démontré que ses larves ne se développent pas dans les Puces, ni dans les Hématopinus, ni dans les Tiques : on ne trouve que des hémato- zoaires morts dans le tube digestif de ces Insectes et Acariens, quand ils ont sucé le sang des Chiens à Filaria immitis; aucune larve ne Fig. 35G. — Enibi-yons de Filaria immitis recueillis dans le sang d'un Chien, grossis 300 fois (Orig.). 512 VERS. pénètre dans la cavité abdominale. — Les larves qui poursuivent leur développement chez quelques-uns de ces hôtes correspondent aux « Hématozoaires de Lewis ». L'évolution de la Pilaire cruelle reste donc tout entière à déterminer. Grassi a émis l'hypothèse que les embryons devaient s'échapper à la faveur des blessures que se font les Chiens dans les broussailles des endroits marécageux, et se développer chez de petits animaux aqua- tiques; mais c'est là une supposition toute gratuite. Distribution géographique. — La Pilaire cruelle ne paraît pas être très commune en France, bien qu'elle y ait été signalée déjà par un certain nombre d'observateurs. Elle est beaucoup plus répandue en Italie, surtout dans les régions marécageuses, comme les environs de Pise et de Milan. On l'a trouvée également en Angleterre, en Danemark, en Allemagne, aux États-Unis, au Brésil, en Australie. Mais elle est surtout exlrèmement fré- quente en Chine et au Japon : c'est au point qu'en Chine, suivant l'assertion de Somerville, on ne trouve qu'un petit nombre de Chiens non infestés ; au Japon, plus de 50 p. 100 de ces animaux sont envahis. Pathologie. — La Pilaire hématique est commune chez les gros Chiens ou chez ceux de taille moyenne, qui vaguent dans la campagne, et en particulier chez les Chiens de chasse; elle est très rare, au con- traire, chez les petits Chiens d'appartement. On considère, au Japon, quelle s'introduit dans lorganisme principalement pendant la saison de chasse, qui s'étend de novembre à fin mars. Les accidents qu'elle détermine apparaissent presque toujours, en effet, d'avril à août; on ne les voit à peu près jamais survenir en hiver. Ces accidents sont beaucoup plus graves chez les animaux introduits ou croisés que chez les sujets indigènes, probablement parce qu'ils possèdent une moindre résistance. L'habitat de cette Pilaire est loin d'être fixe. Dans la plupart des cas, il est vrai, on la rencontre dans le cœur droit, ainsi que dans l'artère pulmonaire, jusqu'à une assez grande distance de son origine. Mais il n'est pas très rare non plus de la voir dans la veine cave pos- térieure (Tokishige, Labat), dans la veine cave antérieure (Schuppert, Tokishige), et dans leurs branches d'origine, telles que les veines diaphragmatiques, sus-hépatiques, iliaques externes et internes d'une part, les veines vertébrales, dorsales, jugulaires, axillaires, etc., de l'autre (Tokishige). Zeviani, de Silvestri et Tokishige l'ont rencontrée dans le cœur gauche ; ce dernier en a vu un exemplaire qui avait traversé la fosse ovale et se trouvait, partie dans l'oreillette droite, partie dans la gauche ; il en a observé aussi dans l'aorte abdominale, dans l'artère fémorale, dans l'artère saphène ; enfin, il en a rencontré (1) Exposition universelle de 1889, à Paris. Note explicative des objets exposés par l'École agricole et forestière de Komaba. Paris, 1889, p. 93. — Janson, Filariaiuimitis und andere bei Hunden in Japan vorkommende Parasiten. Archiv f. wiss. u. prakt. Thierheilk., XVIII, p. 63, 1892. NÉMATIIELMINTHES. — NÉMATODES. Iit3 des exemplaires libres dans la cavité Ihoracique, dans les bronches, dans l'œsophage. Leidy signale la Filaire non seulement dans le pou- mon, mais aussi dans le foie; il en a même trouvé une fois dans les matières vomies par un Chien, deux exemplaires vivants atteignant 15 centimètres. D'autre part, Ercolani a montré que les Pilaires se trouvent dans le tissu conjonctif sous-cutané, plus souvent même que dans le cœur. Enfin, Lan/ùllotti-Buonsanti en a observé dans le tissu conjonctif intermusculaire , où existaient dos kystes contenant à la fois des mâles et des femelles encore jeunes. Mais un fait important à noter, c'est que, dans le cas où il existe des femelles adultes et fécondées, même en dehors de l'appareil circula- toire, on rencontre des embryons dans le sang. Le nombre des Vers que peut héberger un animal varie de 1 à oO; il est tout à fait exceptionnel d'en observer davantage , et l'on peut tenir pour douteuses les assertions relatives à la présence de plusieurs centaines de Pilaires dans un seul cœur. On rencontre en moyenne un mâle pour deux ou trois femelles : parfois il n'y a que des mâles ou que des femelles. Ces Vers sont d'ordinaire enchevêtrés les uns dans les autres et forment souvent des bouchons qui obstruent plus ou moins complètement les cavités du cœur. Les lésions que peut entraîner leur présence sont fort nombreuses , elles varient du reste suivant les points envahis. Lorsqu'il s'agit de fîlariose du cœur, ce qui est la règle, on observe une hypertrophie de l'organe et une endocardite plus ou moins prononcée; si les para- sites siègent dans les artères, il se produit de même de l'endartérite,, de la thrombose, etc. Quant aux symptômes qui décèlent ces altérations, ils sont égale- ment des plus variables : anémie, faiblesse, toux, ictère, ascite, boi- teries, etc. La mort est une terminaison assez commune de la filariose hématique. Aucun traitement n'est applicable en l'espèce, les parasites ne pou- vant être sérieusement atteints dans l'appareil circulatoire. Filaire cachée (F. recondita Grassi, 1890). — La femelle seule est con- nue ; elle est longue de 3 centimètres, large de 0"™,178. Corps transparent, atténué aux deux extrémités, principalement en arrière. Té;.;ument non strié. Extrémité antérieure obtuse, offrant au moins quatre papilles très petites, à une faible distance de l'orifice buccal. Extrémité postérieure également ob- tuse, avec trois papilles, une terminale et deux latérales, et ([uelques autres petites saillies papilliformes. Bouche suivie d'un très court pharynx cylin- drique. Anus à 228 [l de l'extrémité de ia queue. Utérus double ; vulve à 840 a environ en arrière de la bouche. (Les utérus ne contenaient ni œufs, ni embryons.) Jusqu'à présent, un seul exemplaire de ce parasite a été rencontré: Grassi l'a découvert chez un Chien, où il était enroulé, mais non enkysté, au milieu du tissu adipeux, près du hile du rein droit. Bien Raii.liet. — Zoologie. 33 514 VERS. qu'il s'agît d'une femelle non parvenue à maturité, cette découverte offre un grand intérêt relativement à l'origine des Hématozoaires de Lewis. Grassi a donné ce nom à des embryons de Nématode qui existent assez souvent dans le sang du Chien, et qui ne peuvent être rapportés à Filaria immitis. Signalés d'abord par Gruby et Delafond, ils ont été retrouvés et étudiés par Lewis, Manson, Grassi, Sonsino, etc. C'est vraisemblablement à eux que se rapportent la plupart des données fournies par les premiers de ces auteurs sur les hématozoaires em- bryonnaires du Chien. Leur étude a été l'objet de recherches persévérantes de la part de Lewis, de Sonsino et surtout de Grassi. Ce dernier a reconnu, de con- cert avec son élève Calandruccio, qu'ils poursuivent leur évolution dans la Puce du Chat [Pulex serraticeps), dans la Puce de l'Homme (P. irritans) et dans un Ixodiné [Rhipicephalus sanguineus Latr.), mais non dans les Hxmatopinus.Ws doivent passer par quatre stades avant d'arriver à l'état adulte. L Embryon ou première larve. — Habitat : le sang du Chien. Quand le sang est sucé par les Puces, ces embryons passent dans l'intestin de ces Insectes, en perforent la paroi et pénètrent dans la cavité abdominale. Comme l'avait constaté Lewis, ils ont une longueur d'environ 280 u. sur une épaisseur de près de 5 [x. Le corps est un peu atténué en avant, mais obtus à l'extrémité ; en arrière, il s'amincit en alêne et se termine par une pointe presque capillaire. Ils se distinguent surtout des embryons de F. immitis en ce qu'ils sont en général plus petits, et qu'on les voit souvent se fixer un certain temps, par leur orifice buccal, à la lamelle couvre-objet ou à la lame porte-objet, pen- dant que leur corps s'agite vivement en tous sens ; l'extrémité orale paraît alors élargie, comme si elle était comprimée. II. Deuxième larve. — Habitat : ordinairement les cellules du corps adipeux de l'Insecte. Une larve occupe à elle seule une grande cellule de ce tissu, oîi elle s'enroule sur elle-même. Lorsqu'elle sort de la cellule pour rentrer dans la cavité du corps, elle est parfois encore à ce second stade, ou bien elle est en voie de muer pour passer au troisième. Les larves du deuxième stade atteignent, au bout d'un certain temps, une longueur de 770 [x sur une épaisseur de 31 [*. Elles sont à peine mobiles, mais leurs organes sont plus distincts. A l'extrémité antérieure apparaît une sorte de papille digitiforme longue de 5 à 6 p.; l'extrémité postérieure est prolongée par un appendice filiforme de 40 jx. III. Troisième larve. — Ce stade est précédé d'une mue avec histolyse par- tielle, qui se prépare, soit alors que la larve est encore intra-cellulaire, soit lorsqu'elle est devenue libre. En tout cas, la cuticule des stades précédents n'est rejetée qu'après la sortie du corps adipeux. Le corps atteint une longueur de 1™",5, sur une épaisseur de 31 (i encore. L'extrémité antérieure est obtuse et montre deux saillies, une dorsale et une ventrale. La papille antérieure de la deuxième larve a disparu, ainsi que son prolongement caudal filiforme. L'extrémité postérieure montre trois papilles : NÉMATUELMINTIIES. — NEMATÛDES. 515 une terminale, dorsale, et deux subterminales, ventrales. Autour de Tori- fice buccal arrondi, on peut souvent distinguer quatre papilles disposées en croix. Les mouvements sont actifs. — Une seule Puce peut contenir plus de oO de ces larves. IV. Quatrième larve. — Ce stade n'a été observé qu'une seule fois par Calan- (Iruccio. Il correspond à une phase d'eiikystement, et représente probable- ment le seul état dans lequel la larve est apte à se transformer en Filaire adulte. Cette larve enkystée est beaucoup plus grande et plus grosse que dans les stades précédents; les organes génitaux sont plus développés, et la cuticule est plus puissante. La queue, outre les trois papilles principales, montre d'autres saillies papilliformes, comme chez l'adulte. D'après ces caractères, on conçoit que les larves au 3" ou 4* stade soient susceptibles d'arriver à l'état adulte sans subir de véritable métamorphose. Cependant, les essais de Grassi tendant à infester des Chiens par l'ingestion de Puces sont toujours restés infructueux. L'auteur suppose que ces insuccès tiennent peut-être à l'absence de larves au 4" stade, et il se demande si ce stade ne surviendrait pas exclusivement sur des Puces vivant longtemps et pendant les mois chauds. De nouvelles recherches sont nécessaires pour élucider cette question. La fréquence des Hématozoaires de Lewis varie suivant les localités. A Paris, Gruby et Defafond comptaient un Chien envahi sur 20 à 25 ; par contre, Sonsino à Pise, Lewis à Calcutta et Manson en Chine obte- naient en moyenne une proportion de 1 sur 3. D'après Gruby et Delafond, le nombre total des embryons peut varier, pour un seul Chien, de 11,000 à 224,000; d'une façon générale, il est d'ailleurs moins élevé que celui des embryons de F. immitis. Ils ont continué à vivre dix jours dans le sang conservé dans un vase à la température de 15°. Injectés dans les vaisseaux de Chiens sains avec du sang défibriné, ils ont disparu du torrent circulatoire dans l'espace de huit à quarante jours chez neuf sujets, et ont persisté plus de trois ans chez deux autres. Chez un Lapin, ils ont vécu quatre- vingt-neuf jours. En général, les Chiens envahis par ces parasites ne présentent pas de troubles appréciables; cependant, Gruby et Delafond ont constaté des attaques épileptiformes chez trois de ces animaux : deux ont suc- combé à ces attaques, qui ont disparu chez le troisième. Les médicaments anthelminthiques, non plus que l'acide arsénieux et l'acide cyanhydrique, administrés à dose toxique, n'ont aucune action sur ces parasites. Filaire de Bancroft (F. Bancrofti Cobbold, 1877. — Syn. : Trichina cystica Salisbury, 1868; F. sanguinis hominis Lewis, 1872; F. dermathemica da Silva Araujo, 1875; F. Wiic/iereri da Silva Lima, iSll; F. sanguinis hominis nocturna P. Manson, 1891. — Priorité : F. cystica.) — Corps blanc opalin, capillaire, 316 VERS. atténué vers les deux extrémités, qui sont obtuses. Tégument finement strié en travers. Bouche inerme, sans papilles. Mâle long de 83 millimètres, large de 0™™,407; queue assez effilée, formant un à deux tours de spire; quatre paires de papilles préanales, plus une saillie papilliforme impaire en avant de l'anus; quatre paires post-anales; deux spi- cules inégaux, dont l'un est long de 170 jj.. Femelle longue de 155 millimètres, large de 0"'",715 ; vulve à 2™™, 56 de l'extrémité céphalique ; œufs longs de 38 p., larges de 14 y.. Fig. 357. — Pilaire du Fig. 358. — Filaire du sang de l'Homme, Fig. 359. — Filaire du sang de sang de l'Homme, mâle, femelle, grandeur naturelle (de Magal- l'Homme : extrémité caudale grandeur naturelle (de- hues). du mâle, fortement grossie Magalhàes . (von Linstow). Cette Filaire, à l'état adulte, est parasite des vaisseaux lymphati- ques et du cœur de l'Homme. Elle a été trouvée pour la première fois par Bancroft, en décembre 1876, dans un abcès lymphatique du bras, puis dansunehydrocèle. Peu après, Lewis, SilvaAraujo, etc., la rencontrèrent dans les mêmes conditions, et enfin, Manson, en 1881, en découvrit un exemplaire dans un vaisseau lymphatique, ce qui établissait son habitat réel. Plus tard (1886), Figueira de Saboia en recueillit en outre deux exemplaires, mâle et femelle, dans le ventricule gauche du cœur d'un individu dont il faisait l'autopsie, à Rio-de-Janeiro. Ce sont ces exemplaires qui ont fourni à P. -S. de Magalhàes les éléments de la diagnose que nous donnons ci-dessus. Mais, dès le mois d'août 1863, le chirurgien français Demarquay avait trouvé à Paris, dans le liquide extrait par ponction d'une hydro- cèle laiteuse, chez un Havanais, des embryons de Nématode dont il donna une description et une figure exactes. En 1866, Wucherer, ignorant cette observation, retrouva les mêmes embryons à Bahia dans l'urine d'un malade atteint de chylurie tropicale. Lewis, Salis- bury, Crevaux, etc., virent également ces parasites dans des urines chyleuses. Puis, de 1872 à 1875, Lewis les observa, en outre, dans le sang, dans les larmes, dans le produit de sécrétion des glandes de Meibomius, chez des sujets atteints de chylurie, d'éléphantiasis, ou même sains en apparence. La découverte des Filaires adultes chez les individus atteints de semblables affections fit immédiatement admettre que les embryons dérivaient de ces Filaires, et la question parut définitivement élucidée NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 517 lorsque Patrick Manson , médecin des douanes anglaises à Amoy (Chine), eut eftectué ses intéressantes recherches sur les migrations des embryons. Ceux-ci sont habituellement désignés sous le nom de Fllarin sangui- nis ho))i}nis Lewis. Manson ajoute aujourd'hui à ce nom le qualificatif nocturna^ pour les différencier de deux autres variétés {diurna Qiper- Fig. 360. — Embryons de la Pilaire du sang de \'{iomme, in situ. Grossissement : 400 diamètres (Orig.). stans) qu'il a découvertes récemment. On peut conserver provisoire- ment cette désignation. L'habitat normal de la Filaire de Bancroft paraît bien être le système lymphatique; cependant, elle ne vit pas dans les ganglions, mais dans les vaisseaux en amont de ceux-ci. La femelle est vivipare; dans certains cas pourtant, d'après Manson, elle peut émettre des œufs dépourvus de coque et entourés d'un simple chorion, qui sont entraînés dans les ganglions ; mais leurs dimensions étant trop fortes pour leur permet- tre de passer outre, ils sont arrêtés là jusqu'à leur éclosion. Une fois éclos, les embryons franchissent l'obstacle et pénètrent dans le torrent 518 VERS. sanguin, où. on peut les trouver en quantité plus ou moins considé- rable. Nous verrons plus loin comment ils sont susceptibles de passer aussi dans l'urine et dans d'autres produits de sécrétion ; mais ceux qui s'égarent de la sorte sont sans intérêt pour l'étude de l'évolution : ils sont destinés à périr. Lewis a calculé que la masse totale du sang pouvait dans un cas en contenir 140,000, et d'autres ont fourni des chiffres beaucoup plus élevés. Ils mesurent 270 à 340 p de long sur 7 à 11 {x de large ; l'extrémité antérieure est mousse, et susceptible de changer un peu de forme avec les mouvements de l'animal ; la posté- rieure s'allonge en pointe ; vers le milieu de l'axe du corps (Lewis, Manson), on remarque quelques fines granulations. Ils sont souvent entourés d'une sorte de gaine qui résulte sans doute d'une mue, et qu'on pourrait mettre en évi- dence par l'addition au sang d'une petite quantité d'urine. Un fait important de leur histoire, et qui a été dé- couvert par Manson, c'est qu'ils ne se montrent pas dans le sang à toutes les heures de la journée. Comme l'exprime la qualification de nocturna, ils n'envahissent la circulation périphérique que pendant la nuit, ou, plus exactement, pendant le sommeil, comme on a pu s'en assurer en intervertissant les périodes de sommeil et de veille chez les sujets atteints de filariose. Il est probable qu'ils se comportent à cet égard comme ceux de la Filaire cruelle du Chien, et qu'ils s'accumulent pendant le jour dans les gros vaisseaux du thorax et de l'abdomen. Comment ces embryons peuvent-ils poursuivre leur évolution? C'est encore à Manson que nous devons la solution de cet intéressant problème. Ce savant méde- cin a constaté en effet qu'ils doivent émigrer dans le tube digestif d'un Moustique [Culex). Les habitudes nocturnes de ces Insectes sont d'ailleurs parfaitement en rapport avec celles des embryons. La femelle du Cousin, en se gorgeant du sang de l'Homme pendant son sommeil, en ingère de la sorte un grand nombre, souvent 30 à 40 et même davan- tage. Au moment de l'ingestion^ ils passent jusque dans la portion abdominale du tube digestif, où ils ne tardent pas à se débarrasser de la gaine transparente qui les enveloppait. Ils remontent alors, du moins en partie, dans la portion thoracique du tube digestif, où ils subissent d'importantes modifications; ceux qui restent dans l'ab- domen périssent et sont digérés. Tout d'abord, le corps se rac- courcit et s'élargit, à l'exception de la queue, puis le tube digestif se dessine; du troisième au quatrième jour, cette larve mesure 0'""',25 à 0"'",30 de long; elle est à peu près immobile. — Elle s'allonge Fig. 361. — Filaire du sang de l'Homme : em- bryon recueilli dans le sang, grossi 300 fois (von Linstow). NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. ol9 ensuite, en même temps que sa largeur diminue, que lappareil digestif se perfectionnne et que des papilles apparaissent à l'extrémité caudale. Du sixième au septième jour, elle mesure l'"'",58 de long sur 0"",03 de large; elle est alors redevenue très active, et le contact de l'eau, qui jusque-lù, lui était très funeste, semble au contraire aug- menter son agilité : elle est ainsi arrivée à maturité. Mais la plupart des femelles de Moustiques ne vivent pas assez longtemps pour assurer cette maturité; elles pondent et meurent en effet du cinquième au sixième jour après avoir sucé le sang; c'est à peine s'il s'en trouve 10 à 15 p. 100 capables d'atteindre le septième jour, et il en résulte que la pul- lulation des Pilaires se trouve no- tablement réduite. Les Moustiques ayant gagné les eaux stagnantes, y déposent leurs œufs et tombent à la surface, où ils meurent. Les larves de Pilaires traversent alors les tissus du ca- davre et vivent en liberté dans l'eau. C'est donc en buvant cette eau que l'Homme doit s'infester. D'après Manson, diverses espèces de Cidex peuvent puiser les em- bryons dans le sang de l'Homme; mais, à Amoy, une seule, non déterminée, offre des conditions propres à leur développement, et représente par conséquent l'hôte intermédiaire de la Pilaire. Sonsino a reconnu, en outre, que les Puces et les Punaises ne se prêtent pas davantage à cette évolution. Les observations de Manson ont été confirmées par Lewis ; par contre, Myers est arrivé à des résultats négatifs. En présence de ce fait, et considérant d'ailleurs la rareté de la Pilaire adulte, qu'on a cependant recherchée avec ardeur, Grassi se demande si ces divers auteurs ont eu affaire aux mêmes embryons ; il est même porté à croire qu'il existe chez l'Homme, comme chez le Chien, deux espèces d'hématozoaires : l'une correspondant aux « Hématozoaires de Lewis » et évoluant dans le Cousin, l'autre représentée par la Pilaire de Bancroft et n'ayant rien à voir avec les Moustiques. — On remar- quera d'ailleurs plus loin que la découverte, par Manson, de deux variétés nouvelles d'hématozoaires embryonnaires, vient encore com- pliquer davantage la question. Fig. 362. • — Filaire du sang de l'Homme : larve extraite du corps d'un Culex, grossie 150 fois (Manson). Fig. 363. — Filaire du sang de l'Homme : larve vivant dans l'eau, grossie 14 fois (Manson). DisTRiBUTio.N géograi'iiiqcf;. — La Pilaire du sang est propre aux pays 520 VERS. chauds; elle est répandue en Asie, en Océanie, en Afrique et en Amérique ; mais on ne l'a observée en Europe que sur des individus revenant des loca- lités oîi elle est endémique. En Asie, elle est extrêmement commune dans l'Inde (Lewis), en Chine (Manson) et au Japon (Scheube, Baelz, etc.). Bancroft l'a étudiée dans le Queensland, en Australie ; Moty la signale en Nouvelle-Calédonie. En Afrique, elle a été rencontrée en Egypte (Sonsino), au Soudan, en Algérie (Cauvet), sur les rives du Zambèze et du lac Nyassa, sur la côte de Zanzibar (Felkin), à Maurice, à la Réunion, à Mayotte, à Madagascar. Enfin, en Amérique, elle est répandue dans le sud des États-Unis (Guite- ras, Slaughter), au.v Antilles, dans la Guyane (Winckel), à Buenos-Ayres (Wernicke), et on la trouve avec une fréquence remai'quable dans une grande partie du Brésil. Pathologie. — La présence dans l'organisme de la Pilaire et de ses embryons se traduit par des troubles nombreux et variés, dont la synthèse n'a pu être faite qu'après la découverte du parasite. Il s'agit, en somme, d'une grande maladie à expressions multiples, et qu'il convient de désigner, à l'exemple des Anglais, sous le nom de filariose (1). Cette afTection peut s'observer sur des individus de toute race, quels que soient leur sexe et leur âge ; on la dit cependant d'une fré- quence relativement plus grande chez les Européens qui séjournent dans les régions infestées, et en particulier chez les femmes. Pendant la période d'incubation, dont la durée est encore mal délimitée, l'individu envahi ne paraît éprouver aucun trouble. Cette période se prolonge peut-être fort longtemps dans certains cas ; sur quatre-vingt-cinq sujets porteurs d'embryons, P. Manson en a trouvé neuf qui semblaient bien portants. Dans une seconde période, apparaissent des tuméfactions lympha- tiques ou cellulaires dont le siège est assez variable. La plus com- mune de beaucoup est ïhydrocèle chyleuse, qui occupe le testicule ou le cordon ; puis la dilatation des ganglions inguinaux. On peut citer ensniieVéléphantiasis des Arabes (qu'il ne faut pas con- fondre avec l'éléphantiasis des Grecs); c'est une affection caractérisée par une intumescence plus ou moins volumineuse et plus ou moins dure de la peau et des tissus sous-jacents ; elle peut se développer sur toutes les parties du corps, mais se localise de préférence aux mem- bres inférieurs, au scrotum, aux mamelles. On y rattache, comme manifestations secondaires, les varices lymphatiques cutanées, les abcès lymphatiques, etc. L'opinion qui rattache à la filariose l'éléphantiasis et ses variétés a été (1) Moty, Contribution à l'étude de la filariose. Revue de chirurgie, XII, p. 1, 1892. — P. S. de Magalhaes, A'ofe à propos des manifestations chirurgicales de la filariose. Ibid., p. 124. NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 521 fortement combattue par divers auteurs ; mais Manson la défend avec une grande habileté. D'après lui, la forme des accidents tient au degré d'obstruc- tion de la circulation lymphatique dans les ganglions, obstruction produite par les œufs ou les embryons, soit directemeni, soit en provoquant une in- flammation. — Si robslniction est parlielle, dit-il, il n'en résulte que des varices lymphatiques, mais la circulation de la lymphe continue, et les embryons sont charriés dans le sang. Les accidents que l'on constate alors sontlolympho-scrolum, la chylurie et les engorgements ganglionnaires. — Si l'obstruction est complète, deux cas peuvent se présenter : i° l'accumulation de la lymphe distend les vaisseaux jusqu'à en amener la rupture, et il en résulte une lymphorragie plus ou moins permanente. Dans ce cas, la lymphe ne stagne pas absolument, mais elle circule en sens rétrograde, de sorte qu'elle reste iluide. Les symptômes seront alors la lymphorragie du scro- tum et de la jambe, et l'engorgement variqueux des ganglions ; on trou- vera des embryons dans ceux-ci et peut-être dans la lymphe épanchée, mais non dans le sang ; 2° si les lymphatiques ne se rompent pas, il y a stase com- plèle et accumulation excessive de la lymphe en amont des ganglions. Ceux- ci s'indurent, ainsi que les tissus voisins, et l'éléphantiasis apparaît. On ne trouve pas d'embryons dans le sang, car pas un ne peut dépasser le filtre ganglionnaire et la Filaire mère meurt étouffée, pour ainsi dire, par sa pro- géniture et par la lymphe stagnante. Par conséquent, dans l'éléphantiasis vrai, sans complication, aucun embryon ne peut être trouvé, ni dans le sang, ni dans les ganglions. Enfin, plus tardivement, se manifestent des phénomènes un peu dif- férents des précédents, tels que la chylurie et les inflammations des séreuses. La chylurie, ou hcmaio-chijlurie, ou hcmaturie intertrop'icale, est caractérisée essentiellement par l'émission d'urine lactescente ou sanguinolente ; elle s'observe à peine dans 1 p. 100 des cas de filariose. Sa pathogénie, aussi bien qiip celle de la diarrhée chyleuse, de l'ascite chyleuse, etc., est facile à déduire des faits exposés plus haut; il suffit d'admettre que l'accumulation des embryons en amont des ganglions obstrués s"eff"ectue dans les lymphatiques du rein, de la vessie, du mésentère, du péritoine, etc. Les urines chyleuses con- tiennent de l'albumine et des granulations graisseuses extrêmement fines, que ne retiennent même pas les filtres en papier ; à la rigueur, on doit considérer qu'elles renferment toujours du sang, comme le révèle l'examen microscopique, mais il en existe parfois une pro- portion très considérable. Les embryons s'y rencontrent le plus sou- vent. Le traitement médical de la filariose est encore à trouver ; on a essayé jusqu'à présent, sans grand succès, l'administration à l'inté- rieur de diverses substances, telles que la glycérine, le mercure, le thymol (1). Dans le cas de chylurie, on fait surtout de la médecine de symptômes. S'il s'agit de l'éléphantiasis ou des formes affines de la (1) Voir en outre B. de Nabias et J. Sabrazès, Sur les embryons de la Filaire du sang chez L'Homme. Comptes rendus Soc. de biologie (9), IV, p. 455, 1892. o22 VERS. maladie, l'intervention chirurgicale est souvent indiquée ; elle est d'ailleurs ordinairement sans danger. Quant à la prophylaxie, elle repose sur l'usage d'eaux filtrées ou bouillies. Fîlaire diurne (F. diurna P. Manson, 1891. — Syn. : F. sanginnishominis var. jTîCfjor Manson, 1891). — On ne connaît encore de cette Filaire que les embryons, qui ressemblent d'ailleurs entièrement à ceux de la Filaire noc- turne ou de Lewis ; Manson a cependant indiqué l'absence de granulations dans l'axe du corps (1). Manson a trouvé ces embryons dans le sang de plusieurs nègres de la côte occidentale de l'Afrique (Congo, Vieux Calabar). 11 tend à les considérer comme la progéniture de Filaria Loa. Un de ses sujets, qui portait à la fois F. diurna et F. persfans, lui affirma que dans son enfance il avait eu à l'œil un Loa qu'on n'avait jamais enlevé, mais qui avait disparu après application d'un peu de sel commun sur la conjonctive. D'autre part, l'aspect des embryons correspondait exactement avec les dessins des embryons de Loa com- muniqués par Leuckart. Le nom spécifique de diurne, employé par Manson, confirme cette particularité intéressante que les embryons ne se montrent dans le sang que pendant le jour. L'hôte intermédiaire serait donc un suceur de sang ayant des habi- tudes diurnes. Un des malades déclara que dans le Vieux Calabar il existait deux espèces de Mouches extrêmement importunes pour les travailleurs des champs : une rouge, nommée Uyo par les indigènes, et une noire appelée Ukpoj ; pendant la chaleur du jour, elles atta- quent les parties découvertes du corps, et une fois gorgées de sang se laissent tomber à terre où elles cherchent un refuge. Peut-être s'agit-il des « Mouches de mangliers », bien connues des missionnaires et des voyageurs (2). Filaire persistante (F. ferstans P . Manson, 1891. — Syn. : F. sanguinis hominis var. minor Manson, 1891). — Cette espèce a été établie d'après des embryons trouvés par Manson. Ces embryons sont beaucoup plus petits que ceux des Filaires diurne et nocturne; ils mesurent seulement 200 \x de long, (1) P. Manson, TheGeographical Dislribution, Palhological Relations^ nnd Life H'is- tory of Filaria sanguinis hominis diurna and of F. sang. hom. perstans, in con- nexion with Préventive Medicine. Transactions of the 7 th Internat. Congress of Hygiène and Demography, London, 1891 ; vol. I, p. 79, 1893. (2) D'après une Note de Manson, Leuckart a reçu de la Côte de l'Or deux tumeurs vermineuses enlevées à des indigènes par un missionnaire médecin ; l'une siégeait sur le cuir chevelu, l'autre dans les téguments de la poitrine. La section de ces tumeurs montra des amas de Filaires, mâles et femelles, enroulées dans des cavités ou entrelacées en paquets. Les liquides ambiants renfermaient d'innombrables embryons, ressemblant de très près à ceux de F. nocturna et diiirnu. Cependant, ces tumeurs semblent communiquer, non avec le système circulatoire, mais avec l'extérieur. Leuckart appelle ces nouveaux Nématodes Filaria volvulans (?). NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 323 et leur diamètre est en moyenne deux fois moindre que celui des formes sus- indiquées. Ils ne possèdent pas de gaine; l'extrémité antérieure est munie d'une sorte de rostre rélractile, très petit, et l'extrémité caudale est mousse. Ils sont beaucoup plus agiles que les autres, et en outre jouissent de la pro- priété de s'étendre jusqu'à réduire le diamètre du corps à une ligne extrê- mement fine, ou au contraire de se rétracter à un haut degré. Ces parasites n'ont été trouvés jusqu'à présent que dans le sang des nègres de la côte occidentale ou des districts adjacents de l'Afrique tropicale. De nombreuses recherches faites dans d'autres régions n'ont donné aucun résultat. Manson les a vus chez des individus qui avalent quitté l'Afrique depuis 7 mois, 9 mois et 6 ans. Chez un autre, il y avait coexistence de F. diurna et de F. perslans. Or, ce dernier était atteint d'une affection particulière, connue sous le nom de maladie du sommeil ou léthargie des nègres, et comme cette affection est propre à l'Afrique occidentale, Manson présume qu'elle est sous la dépendance de l'un de ces parasites, — probablement/', persians. Chez un autre sujet, qui montrait seulement cette dernière, il a pu constater en effet des troubles cérébraux ayant une grande analogie avec cette maladie du sommeil. Le même auteur tend à regarder F. persians comme la cause d'une dermatose papuleuse observée à la Côte de l'Or, par O'Neil, sur les nè- gres, et connue de ceux-ci sous le nom de craiv-craiv; il est disposé même k l'identifier au parasite d'une papulose analogue, étudiée à Brest par Nielly; mais, pour cette dernière affection tout au moins, celte manière de voir ne nous paraît pas justifiée (Voir Rhabditis Niellyi, p. 551). La caractéristique biologique de la Z'. persians, c'est la présence des embryons dans le sang aussi bien le jour que la nuit. Elle se distingue nettement ainsi des F. nocturna et diurna. Manson pense que l'hôte intermédiaire est un animal vivant dans les eaux douces. Pilaire d'Evans (F. Evansi Lewis, 1882). — Nous n'avons pu jusqu'à présent nous procurer la description donnée par Lewis de cette espèce, dont le mâle et la femelle sont connus (I). Elle a été rencontrée par le D'' Evans, vétérinaire en chef du département de Madras, à l'autopsie d'un Chameau (Dromadaire). Le sang contenait des myriades d'embryons tout à fait semblables à ceux de la Filaire de l'Homme. Evans découvrit des Vers adultes dans le poumon : les artères pulmonaires étaient obstruées par des amas de Nématodes entrelacés. Il en existait aussi dans le mésentère. (1) Th. R. Lewis, Remarks on a Nemnloid U;emalozoon dhcovcred by Dr Griffith Evans in a Camel. Proceedings of the Asiatic Society of Bengal, p. 6-3, 18S2. — A. GouBAUx, Noie sur les ganglions et les vaisseaux lymphatii/ues du Dromadaire (Cauielus dromedarius). Comptes rendus de la Soc. de biologie (I), V, p. 8:5, 1853. — Delafond et BoLRGUiG.xox, Traité de la psore, p. 379, 18G2 524 VERS. Déjà, en 1833, Goubaux avait trouvé des Pilaires chez un Droma- daire galeux, mort à l'École d'Alfort : elles siégeaient dans les gan- glions lymphatiques, dans la glande lacrymale gauche, dans le poumon, dans le sang, etc. Enfin, J. B. Piot a rencontré en Egypte, en 1886, des Pilaires dans un testicule de Chameau. Filaii' 1789; F. 1849). - e équiue {F. equina [Abildgaard]. — Sjn. : Gordius eqidnus Abildg., equi Gmelin, 1789; F. papillosa Rud., 1802; F. equina Blanchard, - Corps blanchâtre, filiforme, allongé, atténué vers les extrémités, surtout en arrière. Tégument finement strié en travers. Bouche petite, ronde, munie d'un anneau chilineux, dont le bord supporte latéralement deux lèvres semi-lunaires, et se relève sur chacune des lignes médianes, dorsale et ventrale, en une saillie papilliforme simple, parfois fendue au sommet ; un peu en arrière se trouvent en outre quatre fortes spinules chitineuses papilliformes, submé- dianes. Mdle long de 6 à 8 centimètres, à queue contournée en spirale lâche, offrant de chaque côté quatre papilles préanales et quatre (cinq '?) poslanales ; n» 1 conique et un peu saillante sur le bord; deux spicules inégaux. Femelle longue de 9 à 12 centimètres ; queue à peine spiralée, terminée Fig. 364. — Filaria equina. — A. mâle. B, femelle. Grandeur natu- relle (Orig.). 36ï. — Extrémité céplialique de la Filaire équine vue de côté ; grossie loO fois (G. Neuraann). par un bouton arrondi précédé de deux saillies coniques latérales. Vivipare: embryons longs en moyenne de 280 ;x, larges de 7 u.. Cette Pilaire se rencontre assez fréquemment dans le péritoine du Cheval, de l'Ane et du Mulet. On conçoit qu'elle puisse passer dans les diverticules de cette cavité. Ainsi, Ercolani l'a trouvée dans la gaine vaginale, en ch<âtrant un Cheval. Schmidt et Pottinger en ont vu également un ou deux exemplaires dans la gaine vaginale de chevaux entiers afîectés d'hydrocèle. Owen et Schmidt auraient observé une orchite et une périorchite chroniques consécutives à la présence de Pilaires entre le testicule et l'épididyme. Gourdon en a recueilli un exemplaire dans une trompe de Pallope. Elle est plus rare dans le sac pleural : cependant, Mengers en aurait NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 525 recueilli, dans la cavité thoracique d'un Cheval, de quoi remplir un panier ; le poumon droit était transformé en un vaste foyer puru- lent (?). Abildgaard Ta trouvée entre la dure-mère et la pie-mère céré- brales, Rudolphi dit l'avoir rencontrée dans l'intestin ; il la signale, do plus, dans le tissu conjonctif sous-cutané (à moins de confusion avec /''. hannorrhagica). Sonsino, en Egypte, et G. Colin, à Alfort, l'ont vue greffée dans le foie. Enfin, on rapporte généralement à cette espèce la plupart des Vers qui se développent à l'intérieur du globe oculaire, chez les Équidés. On les trouve presque constamment dans l'humeur a([ueuse ; leurs faibles dimensions habituelles tiennent sans doute à l'exiguïté de cet habitat et à leur état incomplet de développement. Brown, en 1821, les décrivait comme une espèce particulière d'Asca- ride [Ascaris pclluclda). — Voir aussi F. incrmis, p. 528. On ne connaît encore rien de l'évolution de cette Pilaire (1). Nous avons constaté que les embryons ne résistent pas à la moindre dessiccation. D'après Deup- ser, ils ne vivent même pas plus de trois à six heures dans l'eau, dans le sérum artificiel, dans l'humeur aqueuse, soit à la température ordinaire, soit à 38" C. Par contre, ils vivent jusqu'à trente-six heures dans le sang du Cheval et ne périssent que par suite de la décomposition de ce liquide. Le sang serait donc leur milieu normal. Or, en 1848, Wedl avait observé des embryons dans le sang d'un Cheval dont le péritoine renfermait une F. erjiiina : ils étaient longs de 1/7 de millimètre et se trouvaient au nombre de 1 à 3 dans chaque goutte de sang. — En 1870, Sonsino a également vu dans le sang d'un Cheval, en Egypte, des Nématodes embryonnaires auxquels il a donné le nom de Filaria sangidnis equi; à l'autopsie, on trouva encore des F. equina; les embryons étaient semblables à ceux de F. sanguinis hominis, mais plus petits. — Enfin, Lange (de Kasan) rapportait en 1881 que Jakimoff avait trouvé, dans le sang d'un cheval atteint d'hématurie et d'ictère, de nombreux embryons — 2 ou 3 par goutte — ressemblant aussi à ceux de l'Homme. L'urine n'en contenait pas. Deupser a vainement examiné le contenu du tube digestif et l'urine de chevaux envahis par F. equina ; mais il est parvenu à trouver dans le sang des embryons qui, comme taille et comme aspect, ressem- blaient aux embryons fraîchement éclos de cette Pilaire, à cette diffé- rence près que, chez quelques-uns d'entre eux, il existait une tache claire au tiers postérieur du corps. — D'autre part, en introduisant (1) Devvsek, Ziir Entwicklungsgeschichte der Filaria papillosa. Zool. Anzeiger, XV, p. 1-29, 1892. Fig. 300. — Embryons (.le Filaria equina grossis 150 fois (Orig.). 526 VERS. des Pilaires équines gravides dans le péritoine du Lapin, il a vu les embryons apparaître dans le sang de cet animal et y persister qua- torze jours. — Il semble donc bien, d'après cela, que Filaria equino. doive offrir une évolution analogue à F. Bancrofti; aussi les recher- ches en vue de déterminer l'hôte intermédiaire devront-elles porter sur les Insectes qui sucent le sang du Cheval, et en particulier sur les Simulies. Pathologie. — La présence de la Pilaire équine dans les grandes séreuses ne se traduit généralement par aucun symptôme appréciable ; cependant, Steel, l'ayant trouvée en énorme quantité dans le péritoine d'un Cheval cachectique, attribue la maladie à sa présence. Lorsqu'elle siège dans l'œil, elle donne lieu à une affection qu'on désigne sous le nom d'ophtalmie vermineuse. Cette filariose, exception- nelle en Europe et en Amérique, est très fréquente sur le Cheval dans l'Inde, où elle a maintes fois été étudiée par les vétérinaires anglais. Le plus souvent, un seul œil est affecté ; il contient un, deux, rarement trois Vers, nageant librement dans l'humeur aqueuse. On observe presque toujours une vive inflammation, avec épiphora et photo- phobie ; et quand la maladie est abandonnée à elle même, le résultat habituel est l'opacité complète et définitive de la cornée. — Le trai- tement de cette ophtalmie vermineuse a consisté quelquefois en applications mercurielles sur l'œil atteint ; mais la plupart des vété- rinaires ont recours à l'extraction directe des parasites. Baruchello a fait connaître une autre affection, qui est peut-être attribuable encore à la Pilaire équine. Il s'agit de tumeurs cutanées, du volume d'un grain de mil à celui d'un œuf de Pigeon, apparais- sant, au printemps et en été, dans les régions garnies de crins, chez les chevaux d'un régiment de cavalerie. Ces tumeurs se ramollissaient au centre, puis s'ouvraient pour laisser échapper du pus, dans lequel se montraient un grand nombre de Nématodes agames, longs de 5 à 15 millimètres. Trois Chevaux étant morts fortuitement au cours de la maladie, on trouva dans leur cavité péritonéale un grand nom- bre de F. equina. Pilaire à lèvres papilleuses {F. labiato-papillosa Alessandrini, 1838. — Syn. : F. cervina Duj., 1845; F. terebra Dies., 1851). — Cette espèce res- semble beaucoup à la précédente par son aspect extérieur et ses dimensions. Bouche oblon^ue dans le sens dorso-ventral, entourée d'un anneau chiti- neux dont le bord supporte quatre lames courbées, une dorsale et une ven- trale à concavité antérieure, et deux latérales convexes en avant. Sur les lignes médianes dorsale et ventrale, l'anneau chitineux se relève en une saillie papilliforme, qui se montre nettement géminée chez la femelle, moins chez le mâle. En arrière de la bouche, quatre petites dépressions submé- dianes, de chacune desquelles sort une papille tactile ; en avant de celle-ci, se trouve une petite épine (Stiles). Mâle long de 4 à 6 centimètres; queue en spirale assez serrée ; de chaque côté, trois papilles préanales, une adanale NÉMATHELMINTHES. NÉMATODES. 527 et cinq postanales ; de plus, en arrière de celles-ci, une forte saillie conique, ce qui donne à l'extrémité une apparence trifurquée. Femelle longue de 6 à 12 centimètres ; queue en spirale lâche, terminée par un faisceau de petites pointes mousses précédé de deux fortes saillies coniques latérales. Vivipare : embryons longs de 140 à 230 y.. Fi;?. .367. — l.Mniiiiu- .iiiliuli'ombieuses espèces parasites des végétaux. Anjftiilluline du hlé{A. ^r/aci [Bauerj. — Syn. : Vibrio tritici Bauer, 1823; Anguillula tritici Davaine, 1856; Anguillulina tritici Gerv. et Ben., 1859; Tylen- chiis tritici Bastian, 18(34; Anguillula scandens Schn., 186«}. — Corps blan- châtre, cylindrique, atténué aux deux extrémités. Tégument finement strié en travers. Bouche petite, ronde. Vestibule ovoïde, contenant un aiguillon solide. Anus presque terminal. Bulbe antérieur fusiforme, le postérieur glo- buleux. Mâle grêle, long de 2"™, 3, large de 0'"™,1 ; queue pourvue d'une large bourse commençant un peu en avant de l'anus et se terminant en pointe sans envelopper la pointe caudale. Spicules séparés, avec une pièce accessoire. Femelle plus épaisse, presque toujours enroulée en spirale, longue de 3 millimètres à 4""™, 5, large de 0""",2o ; vulve un peu en avant de l'anus. Ovipare : œufs ob]ongs,à coque membraneuse, longs de 80 [jl. L'Anguilluline du blé, qui a été découverte en 1743 par Needham, est le Ver qui détermine la maladie de cette céréale connue sous le nom de nielle. Davaine en a bien étudié le développement (1). Si l'on examine, après la maturité du blé, un épi atteint de nielle, on trouve un certain nombre de grains, et souvent tous les grains, complètement déformés : ils sont petits, arrondis, noi- râtres, et leur coque, épaisse et dure, renferme une sorte de poussière blanche. Cette substance ne contient aucune trace de fécule; elle est constituée par des mil- F'.?- '^s-- — Coupe d'un liers de petits Vers desséchés, qui ne sont autres que des taine). larves d'Anguillulines. Si on les humecte, en effet, on les voit peu à peu reprendre leur aspect normal et leur activité. Elles sont grêles, filiformes, longues de 800 a, larges de 12 à 15 a; leur tégument ne paraît pas strié, mais elles possèdent déjà l'aiguillon buccal. Quand on sème du blé niellé, les grains altérés se gonflent, se ramollis- sent et se pourrissent. Sous l'influence de l'humidité, les larves reprennent leur activité et s'en dégagent au bout de quelques semaines; elles rampent dans la terre et gagnent ainsi les tiges issues de grains sains. Elles pénètrent alors entre les gaines des feuilles et vont se cacher à l'aisselle des plus jeunes, c'est-à-dire des plus internes. Si la saison est humide, elles montent (1) C. Davaine, Recherches sur i'Angiiillule du blé niellé considérée an point de vue de l'histoire naturelle et de l'agriculture. Mémoires de la Soc. de biologie (2), ITI, p. 201, 1856. 5d4 VERS. à mesure que la lige s'accroît; si elles sont surprises par la sécheresse, elles retombent en état de vie latente jusqu'à ce qu'une pluie vienne leur per- mettre de reprendre leur activité. Finalement elles atteignent l'épi alors que celui-ci est encore très jeune, s'introduisent dans les tissus parenchymateux des fleurs naissantes et y deviennent promptenient adultes. Après l'accou- plement, la femelle pond un grand nombre d'œufs dans lesquels on aperçoit bientôt un embryon : celui-ci, une fois éclos, demeure dans la cavité qui reuferme ses parents. Comme Fa montré Davaine, le grain niellé n'est donc pas un grain de blé envahi par les Vers : c'est une galle déve- loppée aux dépens des diverses parties de la fleur. Le blé niellé vient mal : la tige s'accroît len- tement, les feuilles se dégagent avec difficulté, et leur limbe se crispe; les épis mûrissent en retard et restent souvent irréguliers. On le qua- lifie de blé avorté ou rachitique. Les larves de l'Anguilluline du blé peuvent demeurer en vie latente pendant des années. Baker, ayant examiné en 1771 du blé niellé que Needham lui avait donné en 1744, vit les larves reprendre leurs mouvements après cette lon- gue période de 27 ans. Par contre, Bauer n'a vu la faculté de reviviscence persister que cinq ou six ans et Pennetier quatorze ans. Dans des recherches qui nous sont personnelles, elle avait disparu au bout de neuf ans (1883-1892). Davaine a reconnu que le meilleur moyen de se débarrasser de ces para- sites consiste à laisser tremper la semence pendant vingt-quatre heures dans l'acide sulfurique étendu de 150 parties d'eau. D'autre part, les larves ne pouvant vivre en terre plus de six mois, l'alternance de culture est à recommander. Enfin il convient de brûler les criblures provenant de récolles niellées. On a observé des espèces du même genre sur des plantes assez variées, par exemple: A. putrefaciens, dans les bulbes de l'oignon; A. devastator, dans ceux de la jacinthe, de l'échalote, etc. Plusieurs ont été l'objet d'études très intéressantes de la part de J. Chatin, Prillieux, etc. Blé niellé (Davaine). Genre Hétérodére [Heterodera A. Schmidt, 1871). — Œsophage à deux bulbes, l'antérieur cylindrique, le postérieur globuleux, sans appareil den- taire. Cavité buccale ovoïde, contenant un aiguillon. Dimorphisme sexuel très accusé. Mâle cylindrique, sans bourse. JFewef/e globuleuse ; utérus symé- trique. Métamorphoses complexes. Hétérodére de Schacht (H. Schachti A. Schmidt, 1871). — Mâle long de O^^jS en moyenne; corps allongé, cylindrique, transparent; tégument strié en travers. Extrémité céphalique surmontée d'une coiffe séparée du reste du corps et soutenue par six lamelles chitineuses ; extrémité caudale légère- ment recourbée, en pointe mousse; deux spicules, sans pièce accessoire. NÉMATHELMINTHES. — NÉMATODES. 535 Femelle courte, globuleuse et opaque, de teinte variant du blanc au brun; longue de O^^.S à l""^,2, large de O'"™,.-! à O^-^jO; striation vague. Ordinai- rement pas de coiffe céphalique. Extrémité antérieure cylindroïde, souvent déjetée par côté ; extrémité postérieure en pointe mousse. Anus ventral. Vulve 'out à fait à l'extrémité postérieure, ordinairement garnie d'un produit d'exsudation agglutinatif. Œufs ellipsoïdes, souvent déprimés sur l'une des faces, longs de 80 [i., larges de 40, â coque épaisse et foncée. Ce curieux Nématode, découvert en 18S9 par un botaniste de Bonn, Her- mann Schacht, vit principalement sur les radicelles de la betterave ; mais on peut le rencontrer aussi sur une foule d'autres plantes : choux, colza, navets, moutardes, radis, cresson alénois, épinards, céréales, etc. On l'a même vu vivre librement dans la terre pendant des mois. D'abord étudié en Allemagne par Schmidt et Kûhn, il a été découvert en France par Aimé Girard, et a donné lieu dès lors à d'intéressantes recherches de J. Chatin (1). Évolution. — La femelle de V Hetcrodcra Schachti est tantôt ovipare, tantôt vivipare. Daus les conditions normales, les œufs ou les embryons sont expulsés par la vulve. Mais il n'est pas rare de voir, surtout à la fin de l'été, les tissus périphériques de la femelle subir des modifications profondes, d'où résulte une transformation du corps tout entier en un kyste brun, destiné évidemment à assurer la protection des œufs pendant la mauvaise saison. Une fois celte période passée, en eiïet, ses parois se gonflent, se ramollis- sent et laissent échapper les œufs et les larves, qui vont poursuivre leur évolution. Chacun de ces kystes bruns contient, comme une femelle nor- male, de 300 à 400 œufs. La larve qui vient de sortir de l'œuf (1''^ larve) est blanchâtre, filiforme, longue de 330 [a, large de 15 jj.; elle possède une coiffe céphalique et sa queue est allongée en poiute. Elle vit en liberté dans le sol humide et ne possède même aucune résistance à la dessiccation. Au bout d'un temps variable, elle s'introduit dans les radicelles de la betterave, grâce à son aiguillon buccal, qui lui permet de perforer la couche superficielle et de pénétrer dans le parenchyme cortical. Elle subit alors une mue qui la fait passer à l'élat de 2^ larve. Celle-ci présente un tubercule céphalique qui remplace la coiffe ; son extrémité caudale est mousse. Les organes génitaux se différencient progressivement, et on ne tarde pas à distinguer le sexe de chaque individu. Bientôt la femelle a atteint son complet développement et se trouve apte à la fécondation. Mais son accroissement rapide a distendu à l'excès les tissus de la racine; la tumeur corticale se rompt et lui permet ainsi de se dégager pour vivre en liberté dans la terre ambiante, où le mâle ira la retrouver plus tard. Celui-ci, en effet, doit passer par un S*' stade avant d'arriver à l'état adulte: c'est le stade (ïencapsulement. Le tégument de la 2^ larve se modifie et s'écarte du corps, de sorte que le Ver se trouve enfermé dans une sorte de capsule ou cocon. Peu après il brise cette enveloppe, perfore l'écorce de la racine et passe à son tour dans la terre, où a lieu l'accouplement. (1)J. Chatin, V Anguiliule de la betterave (Heterodera Schachtii). Bulletin du Minis- tère de l'Agriculture, X, p. 4.S7, 1891 (avec 9 pi.). 536 VERS. Dégâts. — La maladie des betteraves déterminée par les Hétérodères n'a pas encore produit de grands ravages en France ; elle est cependant à redou- ter, car elle entraîne une diminution considérable dans la teneur en sucre. Les premiers symptômes se montrent d'ordinaire en juillet ou en août. Souvent ils consistent en une altération progressive des feuilles-: celles-ci passent au vert jaunâtre, perdent leur brillant et semblent se flétrir; elles meurent enfin, à commencer par celles de la périphérie, les autres résistant plus longtemps. Si l'on examine alors les racines, on constate qu'elles sont arrêtées dans leur développement et atteignent à peine le quart des dimen- sions normales : sur des coupes, on remarque des foyers de ramollissement et de décomposition, qui s'étendent très rapidement. Parfois cependant les betteraves semblent se rétablira l'automne, en donnant de nouvelles feuilles. L'ensilage n'arrête pas la marche du mal. L'examen des radicelles à l'œil nu ou à la loupe, au besoin celui des eaux de lavage, suffisent d'ordinaire à faire découvrir le parasite : les femelles fécondées apparaissent sous l'aspect de grains blanchâtres. Destruction. — La méthode qui a fourni jusqu'à présent les résultats les plus sérieux dans les essais de destruction des Hétérodères est celle des plantes-pièges, préconisée par Kùhn. Elle est basée sur la voracité avec laquelle ces Nématodes se jettent, en l'absence des betteraves, sur la plupart des végétaux. On fait surtout usage des choux et de la navette, qu'on sème d'avril à août dans l'année qui précède la culture des betteraves. On en fait trois récoltes au moins; la première (choux) doit être arrachée cinq semai- nes après la levée; pour les deux autres (navette), l'arrachage est pratiqué après trois ou quatre semaines seulement, de manière à ne pas donner aux larves le temps d'achever leurs métamorphoses. 11 importe d'arracher toutes les plantes, y compris celles développées spontanément, en évitant de secouer les racines ; on les rassemble sur un point et on les détruit par l'incinération ou par la chaux vive. La culture des plantes-pièges doit tou- jours être étendue à une assez grande distance autour des points qui ont paru localement attaqués. Cette méthode a donné à Halle d'excellents résultats : une parcelle infestée, rapportant 13,700 kilogrammes par hectare en 1879, donnait 37,000 kilogrammes en 1881. Aimé Girard a proposé, d'autre part, de détruire les Nématodes de la betterave par les injections de sulfure de carbone, suivant les procédés mis en usage contre le Phylloxéra. Famille des ANGIOSTOMIDÉS. — La famille des Angiostomidés ouRhabdonémidés, établie par CErley, se compose de Nématodes hé- térogoniques, c'est-à-dire offrant deux ordres de générations sexuées qui se succèdent indéfiniment: \° une forme dioïque et libre, revêtant tous les caractères des Rhabditis ; 2° une forme hermaphrodite (ou par- thénogénésique) et parasite. On admet actuellement dans cette famille les trois genres Angios- toma Duj., 1845, Slrongyloides Grassi, 1879, et Allantonema Leuck., 1884. Genre Strongyloïde {Slrongyloides Grassi, 1879, — Syn. Pseudo- rhabditis Perroncito, 1881 ; Mhabdonema Leuck., 1882, pro parte). — : NÉMATHELMINTHES. N'ÉMATODES. oo7 Forme parasite à bouche simple, sans armature chitineuse ; à œso- phage subcylindrique, très long. Forme libre à bouche suivie d'un ves- tibule et d'un œsophage à deux bulbes, l'antérieur fusiforme, le posté- rieur globuleux, avec une armature dentaire ; mâle à deux spicules courts et égaux. Stroiigyloïde intestinal (S7r. intestinalis [Bava}']. — Syn : AmjuUlula stercoralis et A. intestinalis Bavay, 1877; Lepto- dera stercoralis et L. intestinalis Cobhold, 1879 ; Pseudo-rhabditis stercoralis Perroncito, 1881 ; Uhabdonema strongyloides Leuck., 1883 ; Str. Fig. 384. — AnguiUulo intestinale, femelle adulte, d'après Grassi et Parona. Fig. 383. — Anguillule stercorale, d'aprùs Perroncito. — A, mâle. B, femelle. C, larve strongyloïde devant se trans- former en Anguillule intestinale. intestinalis Grassi, 1883; Rhabdonema intestinale R. BL, 188o). — 1° Forme parasite ou intestinale : femelle longue de 2™°», 2, large de 34 \j.. Corps un peu atténué en avant, terminé en arrière par une queue conique, dont 558 VERS. rextrémité est arrondie et même un peu dilatée. Tégument fînemenl strié en travers. Bouche à trois petites lèvres, donnant accès dans un œsophage à peu près cylindrique qui occupe environ le quart de la longueur du corps et se continue sans transition avec l'intestin, dont la teinte est différente. Anus en fente transversale, situé vers la base de la queue. Vulve au tiers postérieur du corps : dans son voisinage, l'utérus contient cinq à neuf œufs a'un jaune verdàtre, ellipsoïdes, longs de 50 à 58 [j., larges de 30 à 34 jx. 2° Forme libre ou stercorale : individus mâles et femelles. Corps cylindri- que, lisse, atténué aux extrémités, surtout en arrière. Bouche à trois lèvres peu distinctes, suivie d'un vestibule court et assez large. Œsophage faisant saillie en cône surbaissé dans le vestibule et offrant deux renflements ou bulbes séparés par une partie rétrécie : l'antérieur allongé, le postérieur pyriforme, avec une armature chitineuse en forme d'Y. Inteslin un peu dilaté à sa naissance. Anus à la base de la queue, sur un mamelon, reporté à droite par le développement de l'utérus. Mâle long de 0°i'",7, épais de 35 [jl; queue recourbée en crochet; deux spicules incurvés, canaliculés, longs de 38 ;jl; quelques papilles préanales. Femelle longue de 1 millimètre, large de 50 jx; queue étirée en une pointe grêle légèrement ondulée; vulve un peu en arrière du milieu du corps et à droite. Œufs ellipsoïdes, de teinte jaunâtre, à coque délicate, longs de 70 jx, larges de 45 y., éclosant quelque- fois dans les utérus. Au mois de juin 1876, le docteur Normand, médecin de la marine française, examinant les selles des soldats renvoyés de Cochinchine à Toulon pour cause de dysenterie grave, y découvrit le petit Nématode auquel Bavay donna le nom d'Anguillula slercoralis. Un peu plus tard, à l'autopsie d'un homme mort de cette même « diarrhée de Cochinchine », Normand trouva dans l'intestin, à côté des Anguillules stercorales, un Ver différent qui fut également étudié par Bavay et décrit sous le nom d'AnguiUula mtestinalis. Ces deux formes furent regardées comme espèces distinctes jus- qu'en 1882, époque à laquelle Leuckart établit qu'elles représentaient en réalité deux générations successives, appartenant au cycle d'évo- lution d'une seule et même espèce. Grassi, Golgi et Monti, etc., ne tardèrent pas à appuyer de nombreux faits cette manière de voir. Comme il a été indiqué plus haut, l'Anguillule intestinale, parfois dénom- mée forme strongyloide à cause de sa ressemblance avec certains Strougles, est la génération véritablement parasite. L'intestin de l'Homme vivant ne paraît héberger que cette forme avec les embryons qui en sont issus. Tous les indiT vidus, qu'on rencontre d'ordinaire en nombre immense dans l'intestin, ont un habitus femelle : Leuckart, se basant sur les faits observés chez VAngios- toma nigrovenosum de la Grenouille, était d'avis qu'il s'agissait d'hermaphro- dites, à dichogamie protandrique; mais Rovelli semble bien avoir établi, au contraire, que ces Vers sont des femelles parthénogénésiques. Au moment de la ponte, les œufs sont en voie de segmentation ; quelques heures après, les embryons sont déjà développés : ils ne tardent pas à éclore, mesurant à la naissance 200 à 240 [x de long sur 12 p. de large. Puis ils sont rejetés au dehors avec les excréments, parfois en telle abon- NÉMATllELMINTHES. — NÉMATODES. 5b9 dance qu'on a pu évaluer à plus d'un million leur nombre dans chaque selle. A ce moment, ils ont déjà j,'randi, mesurant 450 à fiOO [l de long sur 16 à 20 u de large, et on peut leur reconnaître le caractère de larves rhabdi- tiformes. Quel est le sort de ces larves? Diverses expériences de Leuckart, Grassi, etc., l'ont déterminé d'une façon assez nette. Si l'on abandonne les matières diarrhéiques à l'air libre et à une température assez basse, les larves muent et suspendent leur évolution, enveloppées dans leur vieux tégument comme dans un kyste, jusqu'à ce que surviennent des conditions plus favorables. Mais si l'on soumet ces matières à une température con- stante de 12 à 25°, on voit un certain nombre d'individus évoluer jusqu'à l'état sexué. Enfin, la plupart des larves se comportent généralement de la sorte quand on fait intervenir une température de 32 à 35°. A 32°, par exemple, on voit au bout de quinze à dix-huit heures les larves subir une mue, à la suite de laquelle apparaissent les caractères sexuels. Mâles et femelles n'ont plus qu'à s'accroître; vers la trentième heure leurs organes reproducteurs sont complètement développés, et ils s'accouplent. Ainsi s'est développée la génération rhabditoïde (Anguillule stercorale). Vingt à vingt-quatre heures plus tard, la ponte a lieu. Chaque femelle émet trente à quarante œufs segmentés, à évolution rapide, et parfois même donne naissance directement à des embryons, qui ont en moyenne une longueur de 220 [i. et sont un peu plus grêles que ceux dérivés de l'Anguillule intestinale. Quand ils ont subi un certain accroissement, leurs organes internes se dessinent, et la présence d'un œsophage à deux bulbes leur donne, comme aux précédents, le caractère de larves rhabditiformes. Toutefois, elles ne tardent pas à perdre ce caractère : parvenues à une longueur moyenne de 550 [l, elles muent et prennent alors un aspect stron- gyloïde. La queue s'est raccourcie et montre à l'extrémité deux petites sail- lies latérales ; la bouche offre quatre prolongements labiaux ; l'œsophage est presque cylindrique et ne montre plus d'armature dentaire. — Pour parvenir à cet état, il leur faut en général trente à trente-six heures. Au bout d'une huitaine de jours, toutes les Anguillules stercorales adultes ont péri, et toutes leurs larves sont devenues strongyloides. Mais celles-ci ne sont pas aptes à vivre longtemps en liberté : une semaine plus tard, elles commencent à mourir d'inanition si elles n'ont pas réintégré l'organisme de l'Homme. En résumé, l'Anguillule intestinale ou forme strongyloïde, qui vit dans l'intestin, émet des œufs d'où sortent des larves rhabditiformes. Celles-ci sont rejetées avec les fèces, et se développent dans ces matières, où elles parviennent à l'état sexué, représenté par l'Anguillule stercorale ou rhabditoïde. Après accouplement, les fe- melles de cette forme donnent, directement ou indirectement, des larves d'abord rhabditiformes, mais devenant bientôt strongyloides, et destinées dès lors à rentrer dans le tube digestif pour passer à l'état d'Anguillule intestinale. Ce cycle d'évolution hétérogonique ne peut cependant être consi- déré comme une condition indispensable à la propagation du para- site. Dès 1878, en effet, Grassi avait annoncé que les larves strongyloides 560 VERS. peuvent provenir directement des larves rhabditiformes produites par l'Anguillule intestinale. Ce fait a été vérifié plus tard par Golgi et Monti, puis observé de nouveau par Grassi et Segrè. Le développement se trouve ainsi abrégé ; la phase intermédiaire de génération libre ou sexuée est supprimée, et l'on se retrouve en présence d'une évolution directe. Les condi lions dans lesquelles se produit cette déviation du cycle primitif ne sont pas encore nettement déterminées ; toutefois, on a constaté que, dans les cultures entretenues à des températures fixes, entre 12 et 35°, les Anguillules stercorales abondent si la température est élevée, tandis que les larves rhabditiformes de l'Anguillule intesti- nale se transforment surtout en larves strongyloïdes si la température est basse [i). Mais ces résultats ne sont pas constants. En tout cas, Grassi et Segrè admettent que la transmission du parasite à l'Homme s'effectue le plus souvent par ces larves strongy- loïdes développées directement. Et maintenant, comment expliquer les observations de Normand, Bavay et autres, qui ont trouvé l'Anguillule stercorale en divers points du tube digestif de l'Homme? Il est assez vraisemblable que les nombreux exemplaires de cette forme, rencontrés au moment de l'autopsie, résultaient du développement des larves rhabditiformes de l'Anguillule intestinale, accompli dans l'intestin après la mort du patient. Mais ce n'est là en somme qu'une hypothèse, et à la vérité on n'est pas encore autorisé à affirmer que l'Anguillule stercorale est incapable de vivre à l'état de parasite ou de commensal dans l'in- testin de l'Homme. Distribution géographique. — Le Strongyloïdes intestinalis est extrêmement répandu, non seulement en Cochinchine, mais dans toute la zone torride asiatique et jusque dans l'Archipel indien. II existe également à la Marti- nique (Chauvin) et au Brésil. Enfin, il n'est pas rare en Italie : Grassi et les frères Parona Font observé à Pavie en 1878-79, chez des individus affectés de cachexie palustre, et Perroncito l'a retrouvé en 1880, en même temps que l'Ankylostome, chez les ouvriers occupés au percement du Saint-Gothard et affectés d'anémie pernicieuse. Pathologie. — La découverte du parasite chez des sujets atteints de la diarrhée de Cochinchine fit tout d'abord admettre qu'il devait jouer un rôle essentiel dans le développement de cette maladie. Puis, comme il arrive généralement, on en vint à lui dénier toute influence nocive lorsque des recherches plus nombreuses eurent démontré qu'il faisait très souvent défaut chez des individus atteints à un haut degré de cette diarrhée spéciale. La vérité est probablement entre ces deux opinions extrêmes. Sans (1) Lorsque la culture renferme beaucoup de larves strongyloïdes et peu d'An- guillules stercorales, celles-ci sont toujours des mâles ; au contraii"e, quand ce sont les Anguillules stercorales qui prédominent, elles présentent à peine un mâle pour sept ou huit femelles. NÉMATHELMINTIIES. — NÉMATODES. 561 doute, la plupart des Européens établis en Cochinchine sont porteurs dAnguillules, sans être pour cela atteints de diarrhée ; sans doute aussi le mal se développe indépendamment de l'Anguillule. Mais il semble bien pourtant que toute altération de l'intestin favorise la pullu- lation du parasite, et qu'en outre celui-ci contribue à aggraver l'affec- tion, en entretenant un état catarrhal de la muqueuse intestinale. Il est à remarquer que les indigènes jouissent, à l'égard des Anguillules et de la diarrhée endémique, d'une assez sérieuse immunité, qu'on doit attribuer en partie peut-être à la résistance de la race, mais en partie aussi, aux mesures hygiéniques auxquelles s'astreignent les individus. Des faits qu'il a observés en Italie, Sonsino tire la conclusion que l'Anguillule, lorsqu'elle se multiplie à l'excès chez l'Homme, peut entraîner une entérite intense, suivie d'une anémie capable de mettre la vie en danger. Normand et Perroncilo ont essayé sur le parasite l'action de diverses substances. Il est tué rapidement par l'extrait éthéré de fougère mâle, mais non par les préparations de kousso et de kamala. Comme moyen prophylactique, il est recommandé de traiter les selles par l'acide phénique ou par la chaleur. Strongyloïde long [Str. longus [Grassi et Segrè]. — Syn, : Rhabdonema longnm Grassi et Segrè, 1887; Str. longus Rovelli, 1888). — Forme parasite à liabitus femelle, mais de taille supérieure à celle de l'Anguillule intestinale (le THomme. Longueur variable, atteignant jusqu'à 6 millimètres. Corps fili- forme; extrémité antérieure un peu atténuée; extrémité postérieure allant d'abord en s'amincissant, puis brusquement rétrécie en une courte queue obtuse. Tégument strié en travers. Bouche à trois lèvres ("?). Œsophage tri- quétre, graduellement renflé en arrière, occupant près du cinquième de la longueur totale. Anus à une très faible dislance de l'extrémité de la queue. Vulve au tiers postérieur du corps, entourée de papilles. Dans les utérus, dix à douze œufs au plus, ellipsoïdes, à coque mince, longs de 40 u., larges de 20 ;j., rarement en voie de segmentation. Cette espèce, d'abord observée par Grassi et Perroncito dans l'in- testin grêle du Lapin (moitié postérieure du duodénum, jéjunum et quelquefois origine de l'iléon), a été retrouvée ensuite par divers obser- vateurs chez le Mouton, le Porc, la Belette, le Putois, le Surmulot. Grassi et Segrè ont constaté que l'Anguillule du Mouton peut pré- senter, comme celle de l'Homme, une génération libre ou rhabdi- toïde, quand on soumet ses larves à une température supérieure à 25°. Mais ici presque tous les Vers arrivés à maturité sexuelle sont des femelles, qui par suite montrent rarement des œufs en voie de segmentation ; on n'a même pas encore vu de larves issues de cette génération libre. Le développement direct est donc la règle, et le passage par la forme rhabditoïde sexuée reste douteux ou tout au Raillikt. — Zooloïie. 36 562 VERS. moins constitue une rare exception. En outre, les adultes rhabditoïdes sont plus petits que les Anguillules stercorales de THomme. Lutz considère le Strongyloïde du Porc comme une espèce distincte {Str. suis) de celui de l'Homme et de celui du Mouton. II se base sur la différence de taille (3'"'", 75 de long sur0'°'^,08 de large), et sur cette remarque que les œufs de la forme parasite ne pourraient éclore qu'en dehors de l'hôte. DEUXIÈME ORDRE GORDIACÉS Némathebninthes filiformes^ pourvus d'un tube digestif en partie atrophié à Vétat adulte. Les Gordiacés ou Dragonneaux, souvent classés parmi les Nématodes, sont des Vers très allongés, filiformes, sans champs latéraux, ordinairement bruns ou noirâtres. Ils ont la bouche oblitérée à l'étal adulte, ainsi que la partie antérieure du tube digestif. Les mâles ont Textrémilé caudale bifur- quée, sans spicules ; ils sont pourvus de deux testicules. Les femelles ont deux ovaires et l'extrémité caudale obtuse. Dans les deux sexes, l'ouverture des organes génitaux est cloacale et postérieure. Parasites à l'état larvaire, ces Némathelniinthes vivent en liberté à l'âge adulte: on les trouve alors dans les ruisseaux, les fontaines et surtout les flaques d'eau. Ils se reproduisent en été, et se réunissent alors par groupes de dix à vingt individus, mâles et femelles, enchevêtrés en un lacis inextricable, sorte de nœud gordien d'où Linné a tiré le nom du genre unique de cet ordre. Des œufs fécondés, qui sont pondus en cordon, sortent des embryons pourvus d'une trompe exsertile armée de crochets. A la faveur de cette armature, ils pénètrent dans les larves aquatiques de divers Insectes (Chiro- nomes, etc.), parfois dans des Mollusques, où ils s'enkystent. — D'après les recherches expérimentales de Villol, ces larves enkystées passent, avec les larves d'Insectes qui les hébergent, dans l'intestin des Poissons, où elles s'enkystent de nouveau dans la muqueuse. Au bout d'un certain temps, elles se dégagent et pénètrent dans les tissus de leur hôte, aux dépens desquels elles se nourrissent. Cinq à six mois plus tard, c'est-à-dire au printemps, elles tombent dans l'intestin du Poisson et vont achever leur évolution dans l'eau : les organes sexuels se développent, tandis que le tube digestif subit une atrophie partielle. — Mais les Gordiacés vivent le plus souvent dans des eaux qui ne renferment aucun Poisson : cette évolution n'est donc pas constante. Il semble établi, en effet, que les embryons enkystés chez les larves d'Insectes peuvent être ingérés avec celles-ci par les Insectes carnas- siers : ils se développent alors dans la cavité viscérale de ces nouveaux hôtes, puis émigrent pour aller vivre dans l'eau. Le genre Gordius L., seul représentant de ce groupe, comprend des espè- ces de dimensions variables, qui peuvent passer accidentellement, avec les eaux de boisson, dans le tube digestif de l'Homme ou des animaux. Le Gordius aquaticus Duj., 1842, très répandu dans les régions monta- gneuses de l'Europe, est long de 17 à 27 centimètres (mâle), de 30 à 90 cen- NEMATHELMINTHES. — ÂCANTHOCÉPIULES. 563 timèlres (femelle). C'est probablement de cette espèce que parle Aldrovande, sous le nom de Seta ou Vitulus aquaticus, comme pouvant se rencontrer chez l'Homme. On peut y rapporter aussi le cas de Hessling, qui vit une jeune fille, souffrante depuis de longs mois, rendre un Gordius après l'administra- tion d"nn vomitif (i8;>4), et celui de von Patruban, relatif à un enfant de huit ans qui rendit par l'anus un Gordius long d'une demi-aune (1875). Le Gordius lolosanus Duj., 1842, recueilli d'abord par Bonne ^ans les réser- voirs des jardins de l'École vétérinaire de Toulouse, habite une grande partie de la France et de l'Allemagno. Il est long de 11 ii i.) centimètres. — A la suite de l'administration d'un vomitif, un enfant de huit ans expulsa un Ver long de 14 à 16 centimètres que Degland (1823) rapporta au G. aquaticus et que H. Cloquet décrivit sous le nom A'Ophiostoma Pontieri. D'après les Fig. 386. — Ver décrit par Cloi|ucl sous le uoiii d'Ophiosloma l'ontieri. caractères des téguments, Villot croit qu'il s'agissait d'un G. lolosanus. — Plus récemment (1881), Fiori, après administration d'acide thymique à un ouvrier atteint d'uncinariose, obtint l'évacuation par l'anus d'un Ver brun long de 18 centimètres, que Rosa reconnut pour un mâle de G. lolosanus. Le G. varius Leidy, 1851, est commun dans les fleuves de l'Amérique du Nord. Diesing rapporte, d'après Kirkland, qu'une jeune fille de l'Ohio en aurait évacué un individu. Enfin, le G. chilensis Blanch., 1849, observé au Chili par Cl. Cay, passe, d'après cet auteur, pour se rencontrer dans le corps des indigène?, et occasionner des troubles graves. En somme, il s'agit simplement de pseudo-parasites. TROISIÈME ORDRE ACANTHOCÉPHALES Némathelminthes sans tube digestif, pourvus d'une trompe protrac- tile munie de crochets. Les Acanthocéphales(a)cavOx, épine; x£ïiaXr), lêle) (1) ontàl'àge adulte un corps allongé, cylindroïde, souvent irrégulier, ridé en travers, parfois déprimé et annelé, dont l'extrémité antérieure porte une trompe garnie de crochets recourbés. Cette trompe sert à fixer le parasite à son hôte ; elle est souvent rétractile à l'intérieur d'une gaine spéciale {réceptacle de la trompe), qui se rattache aux parois du corps par l'intermédiaire de muscles insérés à sa partie postérieure • du fond de cette gaine naît en outre un ligament suspenseur qui se dirige en arrière pour aller supporter l'appareil génital. (1) K. M. Diesing, Revision dev Rliyngodeen. Sitzungsberichte der kais. Akad. der Wiss., XLVII, p. 719. Wien, 1859. 564 VERS. Le corps est protégé par une cuticule percée de pores, reposant sur .une zone granuleuse épaisse et souvent jaunâtre. Au-dessous de celle- ci, se trouve une puissante enveloppe musculo-cutanée, limitant la cavité viscérale. Le système nerveux est représenté par un ganglion qui occupe en général le fond de la gaine et émet des nerfs anté- rieurs destinés à la trompe, ainsi que deux troncs latéraux se rendant aux parois du corps. Il n'existe pas à' organes des sens. Le tube digestif fait aussi défaut : l'ab- sorption des liquides nutritifs s'effectue par endosmose, à travers les téguments. Entre la couche sous-cuticulaire et l'en- veloppe musculo-cutanée, on voit régner un système de vaisseaux anastomosés, se réu- nissant en deux troncs longitudinaux prin- cipaux. Ces vaisseaux, non ciliés, dépourvus de parois propres, contiennent un liquide transparent, chargé de fines granulations ; on les regarde habituellement comme un appareil spécial de nutrition. — D'autre part, on voit flotter, dans la partie anté- rieure de la cavité viscérale, deux corps particuliers, pyriformes, opaques, auxquels on donne, depuis Rudolphi, le nom de lem- nisques ; ces corps se montrent eux-mêmes parcourus par des vaisseaux en commu- nication avec ceux de la région céphalique et débouchant à la base de cette ré- gion dans un canal annulaire. On a sup- posé qu'ils fonctionnent comme appareil d'excrétion; mais cette opinion est aban- donnée par Kaiser et Hamann ; ce der- nier les regarde comme des réservoirs de fluide lacunaire, aidant à l'évagination de la trompe. La cavité viscérale renferme un liquide clair, au sein duquel flottent les organes sexuels. Tous les Acanthocéphales sont dioïques. Les mâles possèdent en général deux testicules ovoïdes, sacciformes, dont les conduits excréteurs se réunissent en un canal déférent com- mun, souvent muni de vésicules glanduleuses accessoires ; ce canal aboutit à la partie postérieure du corps, au niveau d'un pénis conique occupant en général le fond d'une poche campanuliforme susceptible Fig. 387. — Echinorhynchus pohj- morphus, mâle, grossi 20 fois. — t, trompe, g, ganglion nerveux. /, lemnisques. r, rétinaeles. h, li- gament suspenseur. te, te', testi- cules, cd, cd', canaux di^fôrents. gt, glandes prostatiques, rs, réser- voir si5minal. p, pénis, b, bourse caudale. NÉMATHELMINTHES. — ACANTHOCÉPIIALES. bC5 ûe se renverser à l'exlérieur {appareil copulateur). — Quant aux organes femelles, ils se composent essentiellement d'un ovaire con- tenu dans le ligament, et donnant naissance à plusieurs masses ovulaires. L'accroissement progressif de celles-ci amène la déchirure du ligament, et les œufs, tombant dans la cavité viscérale, ne tardent pas à la remplir. Ils sont alors recueillis par un utérus en forme de cloche, dont la large ouverture effectue des mouvements alternatifs de contraction et de dilatation ; puis ils passent dans un court vagin qui aboutit à l'extrémité postérieure. Les a3ufs sont d'ordinaire ellipsoïdes ; ils sont pourvus de mem- branes protectrices épaisses, le plus souvent au nombre de trois, la moyenne étant la plus puissante. Les embryons s'y développent de bonne heure par segmentation totale et inégale, et prennent l'aspect de petits corps fusiformes, munis antérieurement de crochets caducs. Pour arriver à l'état adulte, ils doivent subir une métamorphose assez complexe, accompagnée de migrations. A l'état de larves, les Acanthocéphales habitent la cavité viscérale ou les muscles de divers Crustacés, Insectes, Poissons, etc. Ils acquièrent leur maturité sexuelle dans le tube digestif des Vertébrés : Poissons, Mammifères, qui se nourrissent de leur premier hôte. On n'est pas encore arrivé à déterminer d'une manière bien satis- faisante les rapports des Acanthocéphales avec les autres groupes de Vers ; néanmoins, il ressort de ce qui précède qu'ils ofîrent d'assez grandes affinités avec les Nématodes et les Trématodes. 3 familles (I) : NcorhynchkLc, Giganiorhynchidx ^i Echinorhynchidœ . Les GIGANTORYNGHIDÉS sont représentés par de grandes formes à corps annelé, plus ou moins déprimé, ténioïde. Les crochets de la trompe possèdent sur toute leur étendue un revêtement chitineux transparent et offrent deux prolongements radicaux. La partie qui correspond à la gaine rostrale est entièrement comblée, et c'est l'extrémité antérieure du corps, devenue rétractile, qui sert de ré- ceptacle à la trompe. Le système nerveux central est asymétrique : il est situé en dessous du milieu de la gaine, mais en dehors de la ligne médiane. Les lemnisques sont allongés, en forme d'utricules arrondis, à canal central. Le genre Gigantorynque [Giganiorhynchus Hamann, 189:i) est jus- qu'à présent le seul que comprenne cette famille. Gigantorynque géant (G. gigas [Gœze]. — Syn. : Ascaris lumhrieoi- dcs Frisch, 1727, pro parte; Tœtiia hirudinacea Pallas, 1781; E. gigas Gœze, 1782. — Priorité (2) : G. hirudinaceus). — Corps d'un blanc laiteux, parfois (1) 0. Hamanx, Dus System der Acanthocephalen. Zoologischer Anzeiger, XV, p. 195, 1892. (2) Gœze dit que Muller, dans sa T/nerfjeschichte, nomme ce Ver Echinorynchus 566 VERS. nuancé de bleu ou de brun, cylindroïde, souvent renflé en divers points de sa longueur, montrant après la mort des rides transversales irrégulières, mais réellement annelé pendant la vie, d'après Hamann. Trompe presque globuleuse, garnie de cinq ou six rangées de crochets recourbés en arrière et plus ou moins nettement disposés en quinconce; rétractile dans un cou un peu plus large qu'elle, mais beaucoup plus grêle que la partie antérieure du corps. Mâle long de 6 à 10 centimètres, large de 3 à 5 millimètres, à bourse caudale campanuliforme. Femelle longue de 20 à 35 centimètres, large de 4 à 9 millimètres ; partie postérieure obtuse. Œufs oblongs, presque cylin- driques, longs de 87 à 100 a, lisses, pourvus de trois enveloppes, la moyenne plus épaisse. Embryons en forme de cône tronqué et plus long que l'œuf, de sorte que l'extrémité effilée est repliée dans la coque; la partie antérieure Fig. 388. — Extrémité céplialique du Gigan- Fig. 389. — Giganloryuquc géant, mile, fixé à l'intestin torynquc géant, grossie 10 fois, pour mon- du Porc. Grandeur naturelle (Orig.). Irer la tronnpe (Orig.). porte quatre crochets analogues à ceux des Ténias adultes et un certain nombre d'autres plus petits ou même en forme de simples épines. Ce Ver habite, à l'état adulte, l'intestin du Porc, du Sanglier, du Pécari à collier, etc. S'il fallait en croire Lindemann, il serait même commun chez l'Homme sur les rives du Volga. On le trouve presque toujours dans l'intestin grêle, notamment dans le duodénum ; il est rare de le rencontrer dans le gros intestin. Il est ordinairement lîxé à la muqueuse par sa trompe, la partie antérieure dirigée en avant. Son évolution a été déterminée par divers expérimentateurs. Lespès (1864) avait déjà vu les œufs éclore dans l'intestin de plusieurs Mollusques Gastéropades, et avait même retrouvé une larve dans le foie d'une Hélice. On pouvait donc prévoir l'intervention d'un hôte intermédiaire. Lumbricoides ; nous n'avons pu vérifier cette indication, mais si elle est exacte, respèce devra porter le nom de G. lumbricoides. NÉM.VTllELMINTHES. ACANTIIOCEPHALES. 567 En 1808, Anton Schneider montra que le Ver blanc, c'est-à-dire la larve du Hanneton {Melolontha vulgaris) était apte à remplir ce rôle. D'après lui, les œufs de l'Échinorynque, rejetés avec les excréments du Porc, sont répandus sur le sol ou enfouis avec les fumiers. Ils peuvent être alors ingérés par les Vers blancs, dans l'intestin desquels ils éclosent : les embryons, au moyen de leurs crochets provisoires, percent aussitôt les tuniques intestinales et vont s'enkyster dans la cavité du corps. Ils demeurent dans cette situation durant toute la période larvaire et même après la transformation en Insecte parfait. Si les Vers blancs et les Hannetons infestés vien- nent à être mangés par un Porc, le jeune Échinorynquo se trouve mis en liberté dans l'intestin de celui-ci, s'attache à la muqueuse et acquiert peu à peu son développement complet. — On a objecté à ces données expérimentales que la larve du Hanneton est es- sentiellement phytophage, ne se nourrit que de racines et ne vit pas dans les fumiers, de sorte qu'elle ne pourrait être considérée comme un hùte normal. Mais il suffit, pour faire tomber cette ob- jection, de faire remarquer que les excréments des Porcs sont répandus dans le sol avec les fumiers, et que les Vers blancs abondent sur- tout dans les terrains riche- ment pourvus d'engrais ani- maux. Au surplus, Kaiser a démon- tré que la larve de la Cétoine dorée [Celonia aurata) peut également servir d'hûte intermédiaire, et cette larve est le plus sou- vent humicole. Mais ni le Hanneton ni la Cétoine n'existent aux États-Unis, où TÉchinorynque est cependant commun, et Verrill supposait que les Lnchnosicrna, qui ont les mêmes mœurs que nos Hannetons, devaient être la source d'infestation des Porcs américains. Sliles (1891) a pu (iiganlorynqiie géant, femelle. Grandeur naturelle (Orig.). 568 VERS. faire développer en effet les embryons de rÉchinorynque dans les larves de Lachnosterna arcuata (1). Le Gigantorynque géant est assez commun en France. D'après J. Cloquet, les Porcs limousins sacrifiés aux abattoirs de Paris en sont plus souvent porteurs que ceux d'autre provenance: cet auteur l'a trouvé en abondance surtout à la fin de l'hiver; les mâles étaient, relativement aux femelles, dans la proportion de 2i p. 100. Le parasite se rencontre plus fréquemment encore en Allemagne, en Autriche, en Italie, aux États-Unis. En Sicile, Calandruccio l'a noté chez 40 p. 100 des Porcs abattus. Les troubles qui peuvent résulter de sa présence ont été étudiés par divers auteurs : Cloquet, Hurtrel d'Arboval, Kocourek, etc. On peut les résumer ainsi : — plaies de la paroi intestinale ; — formation autour de la trompe d'un nodule perceptible à l'extérieur ; — inflammation étendue à toute la région de l'intestin envahie par les Vers; — per- foration complète de la paroi intestinale et quelquefois passage de rÉchinorynque dans la cavité abdominale ; — adhérences entre les circonvolutions intestinales, abcès, etc. Quant aux symptômes qui traduisent ces altérations, ils sont fort peu caractéristiques ; ils consistent surtout en troubles digestifs, suivis d'amaigrissement, parfois de convulsions épileptiformes. On a vu des Porcelets succomber en quelques jours. Le diagnostic ne pourrait donc être établi sérieusement que par l'examen microsco- pique des excréments. Le traitement est encore à expérimenter. Gigantorynque nioniliforiue (G. moniliformis [Bremser]. — Syn. : E. moniliformis Bremser, 1819). — Corps atténué en avant, offrant de fines stries et des anneaux transverses, ou même des étranglements qui lui don- nent l'aspect d'une série de perles, sauf dans le quart postérieur, qui est à peu près lisse et cylindrique. Trompe longue de 423 à 450 [j., large de 176 à 190 [J-, garnie de crochets disposés plus ou moins nettement en quinconce, de manière à former au plus lo séries transversales et environ 12 lon- gitudinales ; crochets faibles, fortement courbés, longs de 26 [j.. Lemnisques longs de plus d'un centimètre, cylindriques, ondulés en arrière. Mâle long au plus de 4 à 4 cent. B; bourse campaniforme, visible à fœil nu. Femelle pouvant atteindre 7 à 8 centimètres (jusqu'à 27 centimètres d'après Westrurab). Œufs ellipsoïdes, longs de 85 jj., larges de 45 [x; enveloppe externe mince, jaunâtre ; la moyenne très épaisse, incolore et homogène; l'interne un peu moins épaisse, également incolore et assez souple. Embryon strié en travers dans ses deux tiers postérieurs et couvert d'épines qui augmentent de volume à mesure qu'elles se rapprochent de la tête, où elles se transfor- ment en crochets offrant une griffe et un éperon. L'Échinorynque moniliforme a été trouvé par Bremser dans l'intestin du Campagnol des champs et du Hamster. (1) Ch. W. Stiles, Sur l'hôte intermédiaire de l'Ech. gigas eti Amérique. Comptes rendus de la Soc. de biologie (9), III, p. '04, 1891. NÉMATHELMINTHES. — ACANTHOCÉPHALES. U69 Grassi et Calandruccio (1), à qui nous avons emprunté la diagnose ci-dèssus, l'ont rencontré en Sicile chez le Surmulot et le Loir des forèls, où il habite l'intestin grêle, principalement dans les doux tiers antérieurs. Les observateurs italiens ont reconnu qu'il a pour hôte intermédiaire un Coléoptère assez répandu, le Blaps mucronala Latr., et dans quelques cas ils ont trouvé plus de 100 larves enkystées dans le même Hlaps. Le 2G décembre 1887, un certain nombre de ces larves furent administrées à un Rat blanc; Calandruccio ingéra le reste. Le 10 janvier 1888, on retrou- vait dans l'intestin du Rat un grand nombre d'Échinorynques, mesurant un centimètre de longueur. Le 15 janvier, Calandruccio fut pris de violentes coliques, accompagnées d'un peu de diarrhée, de bourdonnement dans les oreilles, de fatigue, de somnolence. Le 1'^'' février, il trouva dans ses fèces quelques œufs d'Échinorynque. Le 13 février, les douleurs abdominales devinrent tellement intenses qu'il se vit forcé de prendre un anthelminthique (8 grammes d'extrait éthéré de fougère mâle) : il rendit alors 53 Échinoryn- ques bien développés. Les troubles cessèrent deux jours plus tard. En 1887, les mêmes auteurs avaient trouvé dans les fèces d'un jeune villageois des environs de Calane des œufs d'Échinorynque qu'ils pensent pouvoir rapporter à cette espèce ; mais cette observation est demeurée incomplète, par suite des idées superstitieuses des habitants de la localité. En tout cas, l'expérience précédente est des plus instructives, puisqu'elle démontre que l'Échinorynque moniliforme peut évoluer dans l'organisme de l'Homme. A la vérité, les conditions de ce développement doivent être bien rarement remplies, car il faut supposer à un homme une forte dose de distraction pour admettre qu'il puisse ingérer un Blaps, c'est-à-dire un Insecte de la taille du Hanneton. Disons cependant qu'on a signalé une dizaine de cas de ce genre, mais dans lesquels les Insectes étaient rendus sans avoir été digérés. D'autre part, les femmes égyptiennes, au dire de Fabricius, mangent des Blaps sidcata cuits dans le beurre, en vue de se don- ner de l'embonpoint. Les ÉGHINORYNCHIDÉS ont le corps allongé, lisse. La gaine du rostre possède une double paroi et sert de réceptacle à celui-ci. Le système nerveux central est situé au milieu de cette gaine, le plus souvent au fond du cul-de-sac qu'elle représente. La pulpe des cro- chets ne possède de revêtement chitineux qu'à son extrémité. Les crochels n'ont qu'un prolongement inférieur. Échinorynque polymorphe (£. polymorphus Bremser, 1819, pro parle. — Syn. : JE. boschadis et E. unatis Schrank, 1788 ; E. vesiculosus et E. colla- ris Schrank, 1790; etc. ; E. versicolor Rud., 1819). — Corps rouge oi^angé, de forme variable, le plus souvent fusiforme, atténué surtout en avant, et offrant vers le milieu un ou deux rétrécissements. Trompe ovoïde, armée de huit rangées de huit crochets chacune (donc 64), crochets longs de 60 u.. Cou inerme. Partie antérieure du corps garnie de huit séries de crochets longs de 40 a. Mâle long en moyenne de 4 à 6 millimètres. Femelle pouvant atteindre (1) B. Grassi und Calandruccio, Ueber einen Echinorhynchus, welcher auch im Menschen pariisitirt und dessen Zwischenwirlh ein Blaps ist. Centralbl. fur Bakter. u. Parasitenk., 111, p. 521, 1888. 570 VERS. jusqu'à 2b millimètres, un peu plus épaisse que le mule. Œufs fusiformes, longs de 110 (i., larges de 19 [x, à trois enveloppes, la moyenne offrant à cha- cun des deux pôles un prolongement renflé à Fextrémité. Embryon pourvu d'un revêtement épineux, et portant à sa partie antérieure une double cou- ronne de crochets. Ce Ver vit dans l'intestin grêle du Canard (Gœze), de l'Oie (Frôlich), du Cygne (Bellingham) domestiques, et d'un grand nombre d'Anatidés et autres Oiseaux sauvages. Greef a étudié le développement de cette espèce. Il a reconnu la forme larvaire dans la Crevette d'eau douce [Gammarus pulex), où elle présente déjà la teinte orangée; et en donnant à des Canards des exemplaires de ces Crustacés envahis de la sorte, il a obtenu la forme adulte. Les larves en question étaient déjà connues sous les noms d'Ech. miliarius Zenker, E. diffluens Zenker, comme vivant dans les Gammarus, et sous celui d'Ec/t. astaci fluviatilis von Siebold, comme vivant dans l'Écrevisse. Diesing les avait prises pour des Grégarines. Le nom spécifique adopté par Bremser devra être abandonné, car cet auteur l'a employé pour réunir des formes qu'il croyait résulter de modifi- cations produites par l'âge, et dont une au moins représente une espèce bien distincte (E. filicollis). Il reste établi néanmoins que l'Échinorynque polymorphe se transforme en vieillissant : il perd les crochets du rostre et les épines du corps, et sa trompe se transforme en une sphère lisse. Chez le Canard, il occasionne parfois des troubles graves : il a d'ordinaire la trompe enfoncée profondément dans la paroi de l'intestin, et nous avons pu à diverses reprises reconnaître sa présence avant l'ouverture du canal, par les saillies que présente la séreuse à ce niveau. D'après Zûrn, il cause parfois de violentes entérites. Gillet de Grandmont a vu, chez un Canard pingouin, la trompe faire saillie à travers la séreuse et même se fixer sur le mésentère, en se détachant du corps : l'accumulation des parasites dans l'intestin avait d'ailleurs amené un arrêt des matières alimentaires. En 1888, au jardin zoologique de Bàle, on a vu périr un grand nombre de Palmipèdes par suite de l'inflammation intestinale provoquée par ces helminthes. Échinorynque filicol (£. filicollis Rud., 1809. — Syn. : ?E. torquatus Frôlich, 1802; E. borealis Gmelin, 1789; E. anatis mollissimœ Millier, 1787). — Corps blanc chez le mâle, blanc jaunâtre chez la femelle, fusiforme, à extrémité postérieure obtuse, souvent presque tronquée. Trompe armée de 18 rangées de 11 à 13 crochets chacune (moyenne 216), crochets longs de 23 à 31 [X. Cou grêle et inerme. Partie antérieure du corps garnie le plus souvent de 14 rangées de crochets longs de 23 [x. Mâle long de 7 à 8 milli- mètres. Femelle longue de 13 à 30 millimètres. CEufs ellipsoïdes, longs de 62 à 70 a, larges de 19 (jl, à trois enveloppes, la moyenne simplement arron- die aux deux pôles. Embryon pourvu d'un revêtement épineux, et portant à sa partie antérieure une couronne simple de crochets. Longtemps confondu avec l'Échinorynque polymorphe, ce Ver en a été nettement distingué par Max Braun. Divers travaux ont été publiés relati- vement à son évolution; mais, en raison même de cette confusion, ils sont tout entiers à reprendre. L'Échinorynque filicol vit dans l'intestin du Canard domestique (M. Braun) et de plusieurs Anatinés sauvages. NÉMATllELMLNTHES. — ACANTHOCÉPHALES. 571 Avec Tàge, sa trompe se déforme, sans pourtant perdre ses crochets, et prend l'aspect d'une vésicule {bulla Hud.). Échinoryiiqiie sphérocépliale (£. sphxroccphaliis Bremser, 1819). — Corps long do G à 20 millimètres, cylindrique, inégal ou présentant un double renflement. Trompe globuleuse, armée d'environ 10 rangées de crochets. Cou filiforme, long, inerme. Partie antérieure du corps garnie d'épines. Œufs arrondis, oblongs. Cette espèce, encore mal étudiée, trouvée par Natterer dans l'intestin de quelques Oiseaux aquatiques, a été rencontrée à Breslau, par Curlt, chez le Canard domestique. Elle perd en vieillissant les crochets du corps et de la trompe, et celle-ci se transforme en une grosse vésicule lisse, enfoncée dans les parois de l'intestin. ÉcHiNORVNQUE DE l'Homme (E. homùiis Lambl, 1859). — On a décrit sous ce nom une jeune femelle, longue de ii^^^jô, large de 0'°™6. Trompe courte, subglobuleuse, longue de 0™'",3G, large de 0'°™,34 en avant, armée de 12 ran- gées de 8 crochets chacune, crochets longs de 103 |i. sur la grande courbure et de 77 \i. sur la petite, larges de 2b [l h la base et de 12 [x au milieu. Corps séparé de la trompe par un étranglement et renfermant des œufs incom- plètement développés. Cet unique exemplaire a été trouvé par Lambl dans l'intestin grêle d'un enfant de neuf ans qui mourut de leucémie à Prague, en 18o7. Comme on le voit, Lambl en faisait une espèce particulière. Il est fort probable, au contraire, qu'il s'agit d'un parasite accidentel, égaré. Ant. Schneider y voyait un jeune Échinorynque géant, et Leuckart tend à le rapporter soit à TE. anyustatus Rud., des Poissons d'eau douce, soit, ce qui serait plus admissible, à VE. spirula Olfers, de certains Singes. Welcli (1) avait aussi décrit un Échinorynque enkysté sous la muqueuse du jéjunum d'un soldat ; mais il s'agit évidemment d'une Linguatulide. Échinorynque du Chien {E. Grassii Defîke, 1891). — Espèce non encore décrite, signalée par Crassi et Calandruccio dans l'intestin grêle du Chien, en Sicile. Rappelons à cette occasion, que le prétendu Échinorynque trouvé par Lewis, à Calcutta, dans les parois de l'estomac du Chien paria, n'est autre qu'un Gnathostome (Voy. p. 547). Max Braun dit avoir vu, à Kônigsberg, des Échinorynques dans l'intestin du Chat. Écliinorynque du Lapin (E. cuniculi Diesing, 1851. — Syn. : E. sp. ? Bellingham, 1844). — Espèce nominale, signalée par Bellingham comme ayant été rencontrée dans l'intestin grêle du Lapin, en Irlande. Ordres secondaires. — On rattache généralement aux Némathelminthes quelques formes aberrantes qui les relient aux autres groupes de Vers. Tels sont les Desmoscolccidés, les Chétosomidés et les Chétognalhes, qui n'offrent, à notre point de vue spécial, aucun intérêt. ,. (1) Welch, The présence of an encysled Echinorliynchus in Man. Lanceti 16 nov. 1872. 572 VERS CLASSE IV ROTATEURS Vers aquatiques le plus souvent microscopiques, à segmeyitation exté- rieure ne correspondant pas à une division des organes internes (hétéro- nome) ; extrémité antérieure munie d'un appareil ciliaire (appareil rota- toire). Les Rotateurs ou Rotifères ont été longtemps confondus avec les Infusoires. Leur corps, de très petites dimensions, offre deux parties distinctes : l'an- térieure, qui contient les organes internes, est souvent dépourvue de toute trace de segmenta- tion ; la postérieure, au contraire, qui joue le rôle de pied mobile, est d'ordinaire annelée et terminée par deux appendices semblables aux mors d'une pince, servant à fixer l'animal ou à le faire pro- gresser. A l'extrémité antérieure existe presque toujours un appareil ciliaire, le plus souvent rétractile, connu sous le nom à' appareil rotatoire. L'orifice buccal est situé sur la face ventrale de cet appareil, qui sert à attirer les particules alimentaires. €et orifice conduit dans un pharynx musculeux, muni d'épaississements chitineux propres à broyer les aliments, et suivi d'un œsophage étroit, qui s'ou- vre dans un estomac cilié. L'intestin est également cilié. L'anus, qui peut manquer, s'ouvre sur la face ventrale, au point de réunion des deux parties du corps. Il n'existe pas d'appareil circulatoire, et la res- piration est cutanée. — Les organes excréteurs con- sistent en deux canaux sinueux qui communiquent avec la cavité viscérale par des entonnoirs ciliés et débouchent dans le cloaque directement ou par l'intermédiaire d'une vésicule contractile. Le système nerveux est représenté par un ganglion sus-œsophagien souvent bilobé, émettant des nerfs qui se rendent aux mus- cles et aux organes des sens. Parmi ceux-ci, on distingue une ou deux taches oculaires, une fossette ciliée et des érainences tactiles cutanées. Les sexes sont séparés. Les mâles sont rares, de petite taille, et de forme souvent bien différente de celle de la femelle; de plus, leur tube digestif est avorté. Ils sont déjà bien formés au sortir de l'œuf, ne prennent aucune nour- riture et vivent peu de temps. Leurs organes sexuels se réduisent à une po- che remplie de spermatozoïdes et s'ouvrant au voisinage de l'anus. — Les organes femelles possèdent un seul ovaire dont l'oviducte débouche dans le cloaque. Elles sont presque toutes ovipares et produisent deux sortes d'œufs : des œufs d'été à coque mince, se développant' sans avoir été fécondés, et des Fig. 391. — Scliônia d'un Rota- teur (Hydatina senta), d'après Pritchard. — a, vestibule cilié du tube digestif, b, bouche. c, pharynx, avec son appareil masticateur, d, estomac, e, cloaque. /, vésicule contrac- tile, g, canaux excréteurs. h, ganglion nerveux envoyant im filet nerveux à la fossette ciliée, k 0, ovaire. BRYOZOAIRES. 573 œufs iV hiver il coque dure, pondus en automne et fécondés. Les mâles sont issus des œufs d'été et ne se nionlrent qu'à la fin de cette saison. Les Rotateurs vivent en grande partie dans l'eau douce; ils sont libres ou adhérents, mais jamais absolument fixés. Un grand nombre d'entre eux peu- vent résister pendant un certain temps à la dessiccation, et reprendre leur activité sous l'inlluence de l'Immiditt". CLASSE V BRYOZOAIRES Animaux aquatiques de petites dimensions, ordinairement groupés en colonies ramifiées ou lamelleuses, à extrémité antérieure garnie de tenta- cules ciliés qui entourent In bouche. Aquatiques. Le nom de Bryozoaires {^p-Jov, mousse; Çwov, animal) ou de Polyzoaires, ap- pliqué à ce groupe, tient à ce que la plupart des espèces qui le représentent ô. 727. ^lg. 302. — Morpliologio dos Bryozoaires d après H^uxley. — 1, fragment de Flustra inincata, gran- deur naturelle. 2, polypide isolé de Vesicutaria, grossi, montrant la couronne orbiculaire de tenta- cules. .■), un polypide du Lophopus crystallinus, Bryozoaire d'eau douce, fortement grossi, montrant les tentacules disposés en fer à cheval : a, couronne tentaculairc. 6, œsophage, c, estomac, rf, intestin. i-, anus, g, gésier, k, endocyste. /, ectocyste. f, funicule. forment des colonies ramifiées et en général fixées, simulant des mousses ou d'autres plantes. L'ensemble de la colonie possède un exosquelette chitineux ou calcifié, délimitant d'ordinaire un grand nombre de petites loges qui ren- ferment chacune les parties molles d'un individu. Ces loges sont souvent pourvues d'un couvercle mobile, qui se ferme sur l'animal rétracté. Chacun des individus offre un tube digestif à parois propres, fiottant dans la cavité viscérale. La bouche, située au niveau de l'ouverture de la loge, est limitée par un disque ou lophophore dont les bords se prolongent en un nom- bre variable de tentacules ciliés. Le tube digestif décrit une anse assez pro- 574 VERS. fonde; l'anus s'ouvre à peu de distance de la bouche. L'estomac est relié à la paroi du corps par une sorte de ligament ou funicule, et on observe en outre des muscles rétracteurs chargés de ramener le disque tentaculaire à l'intérieur de la loge. Les tentacules représentent des organes respiratoires et servent en même temps à diriger vers la bouche les particules alimentaires. Dans de nombreuses espèces de Bryozoaires marins, il existe d'ailleurs divers appendices qu'on a regardés aussi comme concourant à la préhen- sion des aliments : les uns, en forme de tête d'Oiseau {aiiculaires), soni portés sur des pédoncules flexibles et offrent une mandibule qui happe inces- samment. D'autres constituent des sortes de longs fouets qui battent l'eau {vi- bracitlaires). On a prétendu que ces appendices sont de simples loges avortées ; la mandibule mobile de l'aviculaire, aussi bien que le flagellum vibraculaire, correspondrait alors à un opercule modifié : en réalité, l'origine de ces par- ties reste à déterminer. On n'observe pas d'appareil circulatoire spécial : le fluide nourricier circule dans la cavité viscérale sous l'influence des cils vibratiles qui la tapissent ou par le fait des mouvements généraux. Le système 7ierveux est représenté par un ganglion unique, situé entre les ouvertures buccale et anale, plus rarement par un collier œsophagien. D'a- près Joliet, il n'existe pas, comme on l'avait cru, de système nerveux colonial; lescordons signalés souscette dénomination nesontautres quedes funicules. Les Bryozoaires se multiplient par bourgeonnement, et Joliet a fait con- naître une particularité curieuse de ce mode de reproduction. Les animaux (polypides) contenus dans les loges ont une existence assez limitée; chacun d'eux finit par se flétrir et par se résoudre en un corps brun granuleux. Un bourgeon se forme alors dans la loge, et le plus souvent expulse ce corps brun, après l'avoir introduit dans son tube digestif et digéré en partie. Quel- ques formes d'eau douce se multiplient par des sortes de bourgeons ovifor- mes ou de bulbiUes {statohlastes) se développant sur le funicule à la fin de Télé. La reproduction s'effectue aussi par voie sexuelle, et les organes mâles et femelles sont presque toujours réunis sur le même individu. Les larves sont ciliées. Ces animaux vivent dans la mer, rarement dans les eaux douces. J. Barrois a caractérisé leurs principales affinités en les considérant comme « fils des Rotifères et frères des Brachiopodes ». CLASSE VI BRACHIOPODES Animaux marins, souvent fixés, à corps déprimé, munis d'une coquille bivalve, à valves dorsale et ventrale. Un appareil vibratile prébuccal, porté sur deux bras en spirale. Longtemps classés parmi les Mollusques, les Brachiopodes (|3pax.îojv, bras; -ou;, pied) ressemblent beaucoup aux LameUibranches, mais ils s'en éloignent par divers détails de structure et surtout par leur développement embryon- naire, qui les rattache aux Vers. Ils possèdent un tégument qui se replie de manière à former un manteau ANMÉLIDES. 575 à deux lobes, l'un ventral, l'autre dorsal, enveloppant le corps, et se revêtant d'une coquille bivalve. Cette coquille ne s'ouvre que par la contraction de muscles spéciaux. Le corps est peu développé et ne remplit qu'une petite partie de la cavité formée par le manteau (cavité palléale). La bouche est percée au milieu d'un disque qui se prolonge de chaque côté en un long bras frangé de tentacules et enroulé en spirale. Ces deux bras servent à la respiration et à la préhen- sion des matières alimentaires. Le tube digestif est suspendu dans la cavité viscérale; il se termine en cœcum ou se recourbe pour aboutira un anus voisin de la bouche. — Il existe un appareil circu- latoire distinct, comprenant des canaux anastomosés, qui offrent par place des Fig. o'.U. — Luujula anatina. Fig. 394. — Prodaclus Itorridus. du lorrain péïK^'Cii. dilatations vésiculaires. — Le système nerveux est assez analogue à celui des Mollusques Lamellibranches. — Vappareil excréteur comprend une ou deux paires de néphridies. — La reproduction est encore peu connue. Les sexes sont tantôt réunis, tantôt séparés. Les larves ressemblent d'une façon frap- pante à celles des Bryozoaires et des Annélides, Deux groupes : les Inarticulés ou Êcardines (e, sans ; cardo, charnière), à coquille sans charnière, à bras dépourvus de squelette, à anus latéral (ex. : Lingules) ; et les Articulés ou Testicardines [testis, témoin ; cardo, char- nière), à coquille pourvue d'une charnière, à squelette brachial, à tube di- gestif en cul-de-sac (ex. : les Térébratules, formes vivantes ; les Spirifers, Productus, etc., formes fossiles). CLASSE Vil ANNÉLIDES Vers cylindriques ou aplatis, pourvus d'une chaîne nerveuse ventrale et d'un système vasculaire sanguin. Le corps des Annélides [annellus, anneau) est presque toujours divisé en anneaux plus ou moins marqués, semblables entre eux (segmentation homonome) et disposés de telle sorte que les segments internes correspondent, soit aux divisions extérieures elles-mêmes, soit à un certain nombre de ces divisions. Les organes se répètent dans les segments, mais en réalité l'homonomie n'est jamais complète. 576 VERS. La locomotion s'effectue assez fréquemment au moyen de soies fixées sur des appendices latéraux ou parapodes. Parfois il existe des ventouses. Le système nerveux est représenté par une chaîne nerveuse ventrale le plus souvent ganglionnaire, dont les deux moitiés sont plus ou moins rapprochées sur la ligne médiane. A. la partie antérieure, les cordons nerveux s'écartent pour former un collier entourant l'œso- phage, et se trouvent réunis au-dessus de cet organe par des gan- glions dits cérébroïdes (cerveau). Fig. 393. — Coupe schématique transversale d'un Annélide. — d, arc dorsal, v, arc ventral. », branchies, a, parapode dorsal, b, parapode ven- tral (Huxley). Fig. 390. — Diagramme d'un Annélide. — a, système vasculaire sanguin, b, système di- gestif, c, système nerveux (Huxley). La cavité viscérale renferme un liquide plasmalique incolore, dans lequel flottent des globules animés parfois de mouvements amiboïdes. En outre, il existe un autre appareil circulatoire constitué par des vaisseaux habituellement clos [appareil hématique) et contenant un liquide souvent rouge, mais presque jamais chargé de globules. La substance colorante parait être de l'hémoglobine. Chez quelques Annélides marins dont le sang est d'un beau vert, c'est de la chloro- cruorine. L'appareil hématique comprend des vaisseaux longitudi- naux, principalement un dorsal et un ventral, réunis par des anasto- moses transversales. Tantôt l'une, tantôt l'autre de ces parties jouit de propriétés contractiles et met le sang en mouvement. Les organes excréteurs se montrent d'ordinaire sous la forme de canaux enroulés, dits canaux en lacet, disposés par paire dans chaque segment [organes segmentaires ou néphridies)^ prenant souvent leur origine à l'intérieur du corps par un entonnoir cilié et communiquant d'autre part avec le dehors. On observe quelquefois une reproduction asexuelle par scission et bourgeonnement suivant l'axe longitudinal. En ce qui concerne la reproduction sexuelle, beaucoup d'Annélides sont monoïques; d'autres ont les sexes séparés. Un grand nombre de ces Vers naissent sous la forme de trochosphère ou larve de Lovén, petite larve ovoïde, munie d'une double ceinture équatoriale de cils, au-dessous de laquelle sont situés la bouche et ANNÉLIDES. Vûl l'anus. Cotte larve ne tarde pas à produire, à sa partie postérieure, un anneau, en avant duquel se formeront successivement les autres. Les Annéiides vivent dans la terre et dans Teau ; certaines espèces sont parasites à roccasion. 4 sous-classes, dont les deux premières ne comprennent que des animaux marins et ne doivent pas retenir noire attention : Pas de segmentation \ Tube digestif rectiligne Archiannélides. extérieure. ( Tube digestif contourné Gkpiiyhiens. Segmentation ( Pas de soies. Des ventouses. HmuornÉEs. extérieure. /Des soies. Pas de ventouses Ghétopooes. SOUS-CLASSE III HIRUDINÉES Annéiides pourvus de deux ventouses, mais ne possédant ni soies, ni parapodes. Les Hirudinées ou Discophores ont le corps aplati, composé d'une série d'anneaux courts, parfois peu marqués. Les segments internes, incomplètement séparés par des cloisons transversales, sont moins nombreux que les anneaux extérieurs, et correspondent chacun à plu- sieurs de ceux-ci. Ces Vers sont à peu près toujours dépourvus de pieds et de soies, mais possèdent des organes de fixation représentés par une grande ventouse postérieure {ventouse anale) et souvent par une petite ventouse antérieure {ventouse orale) ; la région céphalique n'est généralement pas distincte du reste du corps. La plupart sont hermaphrodites. Ils se nourrissent de substances animales, et en particulier de sang ; un certain nombre peuvent même être considérés comme des para- sites temporaires. Les Hirudinées composent cinq familles : Histriobdellidœ ^ Acantho- Odellidœ, Rhynchobdellidœ, Branchiobdellidœ et Gnathobdellidie. Famille des GNATHOBDELLIDÉS. — Les Sangsues qui com- posent cette famille ont, comme leur nom l'indique, la bouche armée de mâchoires, le plus souvent au nombre de trois. Le corps est com- posé de vingt-six segments ou somites, chacun de ceux-ci corres- pondant à un nombre variable d'anneaux tégumentaires. La ventouse anale est circulaire; celle de la partie antérieure est en forme de bec de flûte, bilabiée; presque toujours le sang est rouge et renferme de l'hémoglobine. 2 sous-familles : o paires d'yeux; œufs dans des cocons spongienx.... Hirudinin^. 4 paires d'yeux; œufs dans des capsules minces NepheliiN^,. Railliet. — Zoologie. 37 S78 VERS. LesHiRUDiNiNÉs Comprennent un assez grand nombre de genres, parmi lesquels nous nous bornerons à signaler: Hirudo L., Limnat.is Moquin-Tandon, Hxmopis Savigny {Aulastoma Moq.-Tand.), Hxma- dipsa Tennent. Genre Sangsue [Hirudo L., 1738, pro parte). — Les espèces de ce genre prennent une forme olivaire en se contractant. Les somites normaux ou complets comprennent chacun 5 anneaux : le corps est en somme composé de 102 anneaux. La bouche est munie de trois grandes mâchoires demi-ovalaires, comprimées et pourvues, sur leur bord libre, de denticules forts et nombreux. L'orifice mâle est situé entre les anneaux 30 et 31 ; l'orifice femelle entre les anneaux 35 et36. Ce sont des Vers lacustres : on les rencontre dans les étangs, les mares et les fossés. Il en existe un assez grand nombre d'espèces, dont plusieurs sont employées en médecine, soit en France, soit à l'étranger. Sangsue médicinale [IL mcdicinalis L., 1738). — Corps déprimé, long de 80 à 120 millimètres, large de 12 à 20 millimètres; dos généralement gris olivâtre, avec six bandes rousses plus ou moins nettes ; bords olivâtres ; ventre bordé d'une bande noire rectiligne. Cette espèce, dont le type est souvent désigné sous le nom de Sangsue grise, habite l'Europe et quelques parties de l'Afrique septentrionale. Elle offre un grand nombre de variétés, caracté- risées par des différences dans la teinte générale et dans la disposition des lignes et des taches du dos et du ventre. Une des plus connues est la Sangsue VERTE, décrite comme une espèce particulière par Moquin-Tandon, sous le nom de H. officinalis. Elle se distingue à sa teinte verdàtre et à son ventre non maculé. Fig. 397. — Sangsue médici- nale. — A, vue par la face dorsale. B, par la face ven- trale. Organisation. — Le corps est demi-cylindrique, aplati sur la face ventrale, plus large au mUieu qu'en avant et en arrière. A l'extrémité antérieure existe une ventouse en forme de cuiller, à lèvre supérieure saillante, à lèvre inf erieui^e courte. L'extrémité postérieure est aussi terminée par une ventouse, mais celle-ci est plus grande, circulaire et séparée du corps par un étranglement. Il existe en tout 26 segments ou somites, composés en principe de cinq anneaux chacun ; mais, aux deux extrémités, ces anneaux ont une tendance à se fusionner entre eux, et les somites subissent ainsi un raccourcissement plus ou moins accusé. A l'extérieur, la limite de ces divers somites est mar- quée par le premier anneau, qui porte toujours un certain nombre de pa- pilles sensorielles, dites papilles segmentaires. On reconnaît ainsi que les ANNELIDES. 579 6 premiers et les 4 derniers somites se trouvent raccourcis par la porte de 2 à 4 anneaux, et que les IG somites intermédiaires sont normaux. Lf nom- bre total des anneaux, comptés par la face dorsale, est de 102 : si la plupart des auteurs n'en indiquent (jue 9o, c'est qu'ils les comptent par la face ven- trale, en arrière de la ventouse orale, et qu'ils négligent l'anneau rudimen- taire sur lequel s'ouvre l'anus. Le tégument montre d'abord une cuticule anhiste, qui se renouvelle de tempsà autre. A la face profonde de celle-ci adhère une couche de cellules eu palissade, dont l'extrémité superficielle s'étale en forme de marteau. Plus profondément encore, se trouve une couche pigmentaire, de teinte variable. Le système musculaire qui se trouve annexé à cette enveloppe comprend une couche externe de faisceaux annulaires et une couche interne de faisceaux longitudinaux ; de plus, on rencontre dans tout le corps de nombreux mus- cles obliques, transversaux et dorso-ventraux. Sous le tégument, ainsi qu'entre les faisceaux musculaires, existent de nombreuses glandes cellulai- res dont le conduit exciéteur va déverser à la surface du corps un liquide visqueux : ce sont les glandes mucipaves. — Toutes ces parties sont unies par une sorte de tissu conjonctif, qui fournit de distance en distance des cloi- sons incomplètes divisant l'intérieur du corps en segments. L'appareil digestif pvésenla une disposition qui le rend propre à la succion. La bouche est située au fond de la ventouse antérieure; elle a l'aspect d'une ouverture étoilée, à trois branches, chacune de celles-ci donnant passage à une mâchoire. En fen- -•'^ b dant la ventouse orale, on voit ces organes rappro- chés en arrière et divergeant par leur extrémité antérieure. Ce sont des corps demi-lenticulaires, ■offrant un bord rectiligne qui se continue par une sorte de petit manche fixé dans l'enveloppe mus- culo-cutanée, et un bord libre, convexe, qui porte une série de denticules, au nombre de soixante et fig. 398. — a, ventouse orale 1 T\ r ■ 1 ■ • 1 . - !• de la Sangsue. B, niieiaues plus. Des faisceaux musculaires, implantes d un denticules dune mâchoire côté dans la paroi du corps, vont s'insérer d'autre (Carlet). part sur le bord rectiligne de chaque mâchoire : les uns impriment à la mâchoire un mouvement de dehors en dedans, les autres la ramènent de dedans en dehors. A la bouche fait suite un court pharynx ou œsophage musculeux entouré de glandes dites salivaires et terminé par un sphincter. Ces glandes sécrètent un liquide qui empêche la coagulation du sang ingéré. L'estomac, très dé- veloppé, comprend dix chambres successives, incomplètement séparées par des étranglements et des replis de la paroi interne, et formées chacune de deux poches latérales. Ces poches sont d'autant plus grandes qu'elles se trou- vent plus en arrière, et les deux dernières se prolongent sous forme de Cfecums jusqu'au voisinage de l'anus. L'intestin se continue entre ces deux cœcums et aboutit à un anus très petit, à peine visible, situé au-dessus de la ventouse postérieure. Quand la Sangsue veut mordre, elle se fixe par cette ventouse postérieure, et porte la tète au point qu'elle choisit. La ventouse orale soulève un ma- melon cutané, puis les mâchoires sont tirées d'avant en arrière, et agissent à la façon de petites scies pour diviser ce mamelon suivant trois lignes qui 580 VERS. aboutissent au même point. La blessure offre par suite l'aspect d'une petite- étoiles à trois branches, à bords un peu sinueux. « La personne mordue, dit Moquin-Tandon, éprouve d'abord un sentiment de pression à l'endroit oii l'annélide s'est fixée. Le tiraillement devient bientôt un peu plus fort; puis on ressent une douleur vive, pénétrante, qui ressemble à la fois à celle des piqûres et à celle des déchirures.» G. Carlet a établi que les mâchoires de la Sangsue sont les agents essentiels de la succion et de la déglutition: pour effectuer la succion, ces mâchoires, en s'abaissant, s'écartent et rendent béante l'entrée de l'œso- phage, où le sang s'élance; pour effectuer la déglutition, elles se rapprochent et remontent dans l'œsophage où, à la façon d'un piston, elles lancent le sang dans la direction de l'esto- mac. On croyait autrefois que l'ensemble du tube digestif servait à attirer le sang; la preuve qu'il n'en est rien, c'est qu'une Sangsue coupée en deux continue souvent à sucer: le sang s'écoule par la partie sectionnée du tronçon anté- rieur. Piégu avait même proposé de blesser les Sangsues au moment où elles étaient gorgées, pour que la succion continuât plus longtemps : cette opération, connue sous le nom de bdellatomie, ne paraît pas offrir de bien grands avan- tages, et n'est pas entrée dans le domaine de la pratique. — La quantité de sang sucée varie avec la taille des Sangsues. En opérant sur des individus non gorgés de l'espèce officinale,. Moquin-Tandon est arrivé aux résultats suivants: les petites Sangsues absorbent 2 gr. 70 de sang, c'est-à-dire 2 fois 1/2 leur poids ; les petites moyennes 4 fois ; les grosses moyennes 5 fois 1/2; les grosses 5 fois 1/H. 11 faut du reste ajouter à cette somme la quantité de sang qui s'écoule après leur chute, soit 10 grammes environ. — La digestion des Sangsues y/ dure en moyenne de six mois à un an; le sang reste fluide dans leur estomac. V appareil circulatoire n'est guère représenté que par le système vasculaire clos : la cavité viscérale, en effet, se trouve extrêmement réduite; elle ne contient qu'une petite "s'tomacaiës quantité de liquide incolore. L'appareil vasculaire sanguin, Fig. 399. — Tube di- gestif de la Sang- sue. — 0, œso- jjliage. C,C, cham- bres etcœcums. I, in- ^^^ contre, est très développé: il comprend quatre troncs lestin terminal . , . , . -, - j • ■ i - i • i i ' . rt, anus (Carlet). longitudinaux: deux médians, situes 1 un au-dessus, 1 autre au-dessous du tube digestif, et deux latéraux. Les premiers se bifurquent en avant,- et leurs branches se rejoignent en formant un collier qui entoure l'œsophage. Le vaisseau sus-intestinal fournit des branches transversales les unes destinées au tube digestif et s'anastomosant avec le- tronc sous-intestinal, les autres se rendant aux vaisseaux latéraux. Ceux-ci communiquent entre eux aux deux extrémités du corps; ils sont en outre réunis dans chaque segment par des branches transversales inférieures, et envoient un rameau à chacun des organes segmentaires. Ajoutons que le vaisseau sous-intestinal renferme, à son intérieur, la chaîne nerveuse gan- glionnaire. Le sang contenu dans ce système vasculaire a une colora- tion rou^e qui est propre au plasma et ne tient nullement aux globules. La circulation est déterminée par des contractions rythmiques des troncs ANNÉLIDES. 581 iongitiidinaux ; mais le sens du courant est soumis à des variations. Au-dessous du tube digestif, entre les poches stomacales et de chaque cùté du vaisseau sous-intestinal, il existe des organes seg7ncntaircs, au nombre de dix-sept paires. Chacun de ces organes comprend deux parties : une glande en forme de fer à cheval, dont la convexité est tournée du côté (?.9 affectent une forme et une disposition très variables. Les branchies proprement dites n'existent guère que chez les Podophtalmes. Elles sont parfois (fig. 406) fixées aux membres thoraciques, et alors enfer- Fig. 410. — Squillo maculée [Lysiosquilta maculuta). mées dans une chambre située de chaque côté du thorax, sous la carapace. D'autres fois (fig. 410), elles sont portées par les pattes abdominales et flot- tent librement dans l'eau. Chez les autres Crustacés, les branchies sont quel- quefois remplacées par des vésicules membraneuses fixées à la base des pattes thoraciques (Crevette des ruisseaux); ou bien la respiration s'effectue par la peau de certaines régions du corps, et en particulier des pattes : c'est ainsi que les pattes branchiales foliacées des Branchiopodes servent à la fois à la locomotion et à la respiration. — Quelques Crustacés, tels que les Cloportes, quoique vivant à l'air libre, possèdent cependant des bran- chies : celles-ci sont toujours maintenues dans un état convenable d'humi- dité. Enfin, les Crabes terrestres, les Armadilles, les Porcellions, etc., sont beaucoup mieux adaptés encore à la vie terrestre : leurs organes res- 604 ARTHROPODES. piratoires reçoivent directement le contact de l'air et fonctionnent à la façon des pseudo-poumons des Arachnides. Les organes excréteurs sont représentés par des tubes enroulés, indépendants du tube digestif et s'ouvrant à l'extérieur comme les organes segmentaires des Vers. Telles sont les glcmdes vertes situées dans la cavité cépha- lique de l'Ecrevisse, et dont le canal excréteur débou- che sur l'article basilaire de l'antenne externe. Le li- quide sécrété par ces glandes contient de la guanine. La séparation des sexes est la règle chez les Crusta- cés. Cependant, les Cirripèdes sont monoïques. Les organes sexuels sont habituellement pairs ; leurs con- duits excréteurs débouchent à la partie postérieure du thorax ou à la partie antérieure de l'abdomen, tantôt sur le somite lui-même, tantôt sur l'article basilaire d'une paire de pattes. Les mâles sont petits, quelque- jx fwj IH'll ' f*3is nains, et, dans ce dernier cas, ils vivent en para- ^V^^ '^-/^^ sites sur les femelles. Celles-ci, toujours ovipares, portent souvent leurs œufs fixés aux appendices abdominaux ou renfermés dans des chambres incu- batrices. Quelques formes (^pt/s. Daphnies) présentent des phénomènes de parthénogenèse. Le clévelo'ppcment comporte presque toujours une métamorphose complexe. Chez les Crustacés inférieurs, la larve qui sort de l'œuf est munie de deux ou trois paires d'appendices et d'un œil frontal impair : on lui donne le nom de ISauplius (flg. 412, a). La larve des Crustacés supérieurs ou Podophtalmes naît d'ordinaire dans un état d'organisation plus avancé : elle possède déjà six paires de membres et reçoit le nom de Zoc (fig. 413). ig. 411. — Organes mâles de l'Ecrevisse. — a, testicules, b, c, caual déférent, d, arti- cle basilaire des pattes thoraciques de la cin- quième paire, e, orifice génital. Fig. 412. — Achtheres percarum, grossi, d'après Oweu. — a, larve Nauplius, nageant librement, é, mâle adulle, nain. ,,',1 S 9 Fig. 413. — Larve Zoè do Crabe {Pirhnela denliculata), amplifiée, d'après Kinaban. Dans iqjè^lques cas, les jeunes offrent la forme des parents : c'est ce qu'on observegjch^ez l'Ecrevisse. Eniîn, les espèces parasites subissent une méta- morphosé régressive. La plupart des Crustacés sont carnassiers. Les uns se nourrissent de subs- tances animales en décomposition; les autres sucent les humeurs des ani- maux sur lesquels ils vivent en parasites. Un certain nombre d'entre eux, CRUSTACÉS. 60o appartenant à l'ordre des Décapodes, sont recherchés pour l'alimentation de l'Homme. Leur chair est^généralement Ferme, nutritive, mais d'une digestion laborieuse. 8 ordres principaux : ,' Une carapace bivalve. — Dioïques, libres Ostracodes. Nombre variable 1 nr •• c - n ■ j . z no„ !.. /Monoïques, fixes Cirripedes. de segments : j l'as de ' Ento.mostracés. I carapace,' . .. , n ,,. , ,, t> I V,:... |,.g i Dioiques, { Pattes lamellciises Bhanchiopodes. ( libres. ( Pattes non lamelleuses.. Copépodes. [ Lamelles bi'anchiales sur les Yeux sessiles :) pattes thtu'aciques Amphipodes. Édriophtalmes . 1 Lamelles branchiales sur les „^ , , ( pattes abdominales Isopodes. 21 segments : / ^ .MALACosTnACÉs. I / Brauchies extérieures, sur Ics ., ',, pattes abdominales Stomatopodes. pédoncules : ■' ' Podophtalmes. I Branchies ultérieures, thora- \ [ eiqucs Décapodes. 1'''' ordre : Ostracodes. — Petits Crustacés à corps comprimé latéralement, sans segmentation nette, et complètement enfermé dans une carapace bivalve, conchi- forme; pattes ambulatoires. Le nom de ces animaux tient à ce que leur carapace bivalve, souvent incrustée de calcaire, ressemble à une coquille de Mollusque lamellibranche {o n quadricornis). b^ ordre : Âmphipodes. — Crustacés à yeux latéraux sessiles, à corps comprimé latéralement, présentant sept ou six paires de pattes thoraci- ques ambulatoires qui fortent les vésicules respiratoires. Les Amphipodes (à[i.9t,des deux côtés; iroùç, pied) forment avec leslsopodes la sous-classe des Édriophtalmes (s^piô;, stable ; ôœôaXfAÔç, œil) de Milne-Edwards. — Ils comprennent la Crevette des ruisseaux (Gammarus pulex L.), la Puce de mer {Talitrus locusta Latr.), etc. On y rattache souvent les Lémodipodes, auxquels appartiennent les Che- vroUes [Caprella] et les Poux de Baleines {Cyamus). (j^ ordre : Isopodes. — Crustacés à yeux latéraux sessiles, à corps large et bombé, présentant sept paires de pattes thoraciques ambulatoires et cinq jxiires de pattes abdominales fonctionnant comme branchies. Nous citerons, parmi les principaux genres des Isopodes (ïao;, égal; ivoù?, pied), les Tanaïs {Tanais), les Aselles (Asellus), les Clopor- tes [Oniscus), les Porcellions [Porcellio), les Armadilles {Ar- madillo), etc. Le Cloporte commun {Oniscus asellus L.) et l'Armadille offi- cinal [Armadillo officinalis Cuv.) faisaient parLie de Fancienne matière médicale; on les administrait, tantôt vivants, tantôt secs et pulvérisés, comme diurétiques, lithontriptiques etanti- scrofuleux. Leur faible propriété diurétique était attribuée à la présence d'une certaine quantité de nitrate de potasse dans leurs tissus; mais les recherches de Méhu sur ce point n'ont pu déceler l'existence de ce sel. Les CuMACÉs sont très voisins des Isopodes. — Genre Cuma. 7^ ordre : Stomatopodes. — Crustacés pourvus d'yeux pédoncules mobiles, de trois paires de pattes thoraciques ambulatoires et d'une courte carapace qui ne recouvre que les premiers anneaux thoraciques; branchies libres, portées par les pattes abdominales. Les Stomatopodes (oro'u.a, bouche; tvoùî, pied), ainsi appelés en raison du grand nombre de leurs pattes-màchoires, composent avec les Décapodes la sous-classe des Podophtalmes (-oOç, pied ; occaX;j.b;, œil) ou Crustacés à yeux Fig. 415. — Clo porte commun. CRUSTACÉS. 607 pédoncules. — Genres Squilla, Lysiosquilla (fig. 410), etc. La Cigale de mer {Squilla imintis) est commune dans la Méditerranée; elle est comestible. Ou peut rattacher à cet ordre les Sciuzopodes, dont quelques auteurs font un groupe distinct. — Genre Mysis. Nous en dirons aulant des Leptostracés, qui semblent représenter le type primitif de tous les Malacostracés. — Genre Nebalia. HUITIÈME ORDRE DÉCAPODES Crustacés poiwvus d'yeux pédonculc's mobiles, de trois paires de pattcs-iivtchoi- res, de cinq paires de pattes thoraciques ambidatoires et d'une grande carapace céphalothoracique ; branchies thoraciques et intérieures. Les pattes de la première paire sont souvent terminées par une pince didactyle et fonctionnent alors comme organes de préhension. — Un certain nombre de Décapodes (Js'xa, dix; -oOç, pied) sont recherchés pour leur chair. — 2 sous-ordres : les Macroures et les Brachyures. 1*='" sous-ordre: Macroures. — Ce sont les bons nageurs; ils ontVabdomen allongé et terminé par une large nageoire transversale. Famille des CARIDIDËS. — Corps comprimé. Carapace non calcifiée et sans sillon transveisal. Branchies lamelleuses. Cette famille comprend les Crustacés que nous consommons sous les noms de Crevettes de sable, Chevrettes, Salicoques, Bouquets, Civades, etc., et qui appartiennent aux genres Penœus, Palœmon, Crangon, Nika, etc. Les Pénées {Penœus) ont les pattes des trois premières paires thoraciques terminées par une petite pince. — La Caramote (P. caramota), assez commune dans la Méditerranée, a une chair délicate. Les Palémons {Palœmon) ont un rostre en large lame verticale, denté en dessus et en dessous ; les pattes des deux premières paires sont didactyles, celles de la deuxième étant plus fortes. — La Crevette rose (P. serratus) et la Saiicoque (P. squilla) se pèchent en abondance sur les côtes de la Manche ; la dernière est plus petite que Fautre, et son rostre est plus court, moins épineux en dessous. Les Crangons (Cmjigon) possèdent un rostre très court, aplati, non denté; 'les pattes des deux premières paires sont encore didactyles, mais celles de la Fig. 416. — Crevette grise [Crangon vulgaris). première sont plus épaisses. — La Crevette grise {Cr. vulgaris) est très répandue sur tout le littoral français ; elle est moins délicate que les Palé- mons et ne devient pas rouge comme eux parla cuisson. 608 ARTHROPODES. Les Nikas {Nika) ont un rostre horizontal, en triangle allongé, non denté; les pattes de la première paire sont plus fortes que celles de la deuxième; la patte antérieure droite est terminée en pince, la gauche demeurant mono- dactyle. — Le Nika comestible {N. edulis), d'un rose vif avec des points jaunâtres, se pèche en abondance dans la Méditerranée. La digestion de ces divers Crustacés est assez facile, du moins lorsqu'ils sont mangés frais. Cependant, on les a vus quelquefois produire des accidents, alors même qu'ils ne paraissaient avoir subi aucune altération ; c'est ainsi qu'à Amiens, en 18b7, des Crevettes envoyées de Boulogne dans les conditions ordinaires produisirent de violents troubles intestinaux dans plus de trois cent cinquante familles. — Réveil a signalé, en 1876, une fraude consistant à colorer la Crevette grise avec du minium ou de la mine oi-ange (mélange de protoxyde et de bioxyde de plomb) pour la vendre comme Crevette rouge ou Bouquet, le prix de celle-ci étant beaucoup plus élevé; cette fraude serait grave, n'était sa grossièreté. Famille des ASTAGIDÉS. — Corps cylindroïde. Carapace dure et calcifiée, avec un sillon transversal. Branchies en touffes. Pattes de la première paire très fortes, armées d'une puissante pince ; celles des deux paires suivantes ordinairement terminées aussi par une petite pince. Les Écrevisses (Astacus) ont le rostre armé de chaque côté d'une petite dent; le dernier segment thoracique est mobile; les pinces de la première paire de pattes tlioraciquessont fortement renflées, à surface convexe. Toutes les espèces sont fluviatiles. L'Écrevisse commune (A. fliiviatilis Rondelet) est de coloration verdàtre ou brunâtre; elle présente chez nous deux variétés regardées parfois comme espèces : l'Écrevisse à pieds blancs [A . torrentium), répandue surtout dans les petits ruisseaux, et l'Écrevisse à pieds rouges [A. nobilis), habitant de préfé- rence les rivières et les fleuves. Celle-ci est beaucoup plus estimée que la précédente. Le mâle est facile à distinguer de la femelle : il a la queue rela- tivement étroite; les orifices sexuels sont situés sur l'article basilaire de la cinquième ou dernière paire de pattes thoraciques; enfin, les pattes abdomi- nales des deux premières paires sont des appendices couchés en avant au repos et servant à guider les spermatophores. La femelle a la nageoire cau- dale plus large; les orifices sexuels occupent l'article basilaire de la troisième paire de pattes thoraciques; enfin, toutes les pattes abdominales sont confor- mées de la même manière et dirigées en arrière. — La période de reproduc- tion débute vers la fin d'octobre; le mâle dépose ses spermatophores sur le ventre de la femelle renversée, puis la femelle se creuse un abri dans les berges. Vingt-cinq jours après l'approche du mâle, elle effectue la ponte en fixant les œufs à ses pattes abdominales; on dit alors qu'elle est grenée. Au bout de six mois environ, vers le 15 mai, commence l'éclosion. Les petits restent d'abord fixés aux pattes par une mince membrane chitineuse, puis, le deuxième ou le troisième jour, ils se fixent en outre à l'aide de leurs pinces (Laguesse). Une première mue a lieu au bout d'une huitaine de jours, après quoi ils quittent temporairement la mère pour chercher leur nourriture ; une seconde survient vers le trentième jour. A dater de cette période, les CKUSTACÉS. 00'.» Kcrevisses ne muent plus qu'une fois (femelles) ou deux (màlos) par an, aussi la croissance est-elle extrêmement lente. A un an, elles pèsent ls'-,oO, à dix ans 50 grammes, à vingt ans 100 grammes; or, pour être marchandes, elles doivent peser 45 à 5b grammes, c'esl-à-dire être âgées de ucuf à dix ans. L'élevage des Écrevisses est peu pratiqué en p-rance; il serait cependant avantageux de s'y livrer, aujourd'hui surtout que ces Crustacés sont devenus relativement rares. Ils ont été détruits, en effet, surtout dans les régions du nord et du centre, par une redoutable affection qui est apparue d'abord en Alsace, vers 1878. Cette maladie, qui s'étend toujours d'aval en amont et se trouve arrêtée seulement par les barrages, a été attribuée successivement à des Distomes (Harz), puis à des Saprolégniées (Leuckarl); en réalité, elle semble être d'origine infectieuse, et avoir pour principal agent de propaga- tion un Poisson encore indéterminé. Avant les époques de mue, on trouve, vers les angles antérieurs 'de la poche digestive, entre la cuticule qui la tapisse intérieurement et la paroi extérieure, deux concrétions calcaires ayant l'aspect de petits boutons blan- châtres, convexes sur une face, plans ou légèrement excavés sur l'autre. Ces concrétions, formées de 63 p. 100 de carbonate de chaux et de 18 p. 100 de phosphate de chaux, sont destinées à reproduire les nouveaux téguments aussitôt après la chute des anciens; elles tombent en effet dans l'estomac et ne tardent pas à se dissoudre. On les utilisait autrefois en médecine comme absorbants et antiacides, sous le nom depierrcs ou d'yeux d'Ècrevisses {lapides seu ocidi Cuncri Astaci). On ne s'en sert plus guère, aujourd'hui, que pour la confection de certaines poudres dentifrices. Les Écrevisses, comme beaucoup d'autres Crustacés, doivent leur coloration normale à deux substances pigmentaires, l'une rouge, l'autre bleuâtre. Cette dernière est soluble dans l'eau chaude, l'alcool et les acides, ce qui explique la coloration rouge que prennent ces animaux, soit par la cuisson, soit par un lavage dans l'eau acidulée ou alcoolisée. Les Homards [Homarm) ont un rostre armé de chaque côté de trois ou quatre petites dents ; le dernier segment thoracique est immobile ; les pinces de la première paire de pattes sont extrêmement puissantes. Toutes les es- pèces sont marines. — Le Homard commun [H. vulgaris) se pèche sur toutes nos côtes, mais affectionne certaines localités en dehors desquelles on les rencontre difficilement. Il est devenu fort rare dans la Méditerranée. Sa chair est très estimée, très nutritive, mais moins digeste que celle des Écrevisses. Famille des PALINURIDÉS. — Corps cylindroide. Carapace très épaisse. Pattes de la première paire monodactyles. Les larves ont été longtemps dé- crites comme des espèces d'un groupe à part, sous le nom de Phyilosomes. Les Langoustes [Palinurus) ont le corps allongé, et des antennes externes très longues. — La Langouste commune (P. vulgaris), assez répandue sur toutes nos côtes, est d'un brun violacé, avec des taches jaunes ; sa carapace est très épineuse: le bord antérieur porte en particulier deux grosses épines en forme de cornes, qui s'avancent au-dessus des yeu.\ et de la base des an- tennes. Sa chair est presque aussi estimée que celle du Homard. Haillif.t. — Zoologie. 39 610 ARTHROPODES. 2« sous-ordre: Brachyures. — Ils ont le corps ramassé, l'abdomen coio'i, replié en avant et dépourvu de nageoire caudale. Un grand nombre de ces Crustacés, auxquels on peut appliquer le nom gé- néral de Crabes, sont employés comme aliment. Leur chair est blanche et passe pour aphrodisiaque. Les espèces les plus recherchées dans nos pays sont: 1° le Maïa squinado {Maia squinado Rond.), vulgairement Araignée de mer, de la Manche, de l'Océan et de la Méditerranée ; 2" le Crabe tourteau {Cancer pagurus L.), encore appelé Poupart, Ilouvet, elc, une des plus grosses espèces de nos côtes; 3° le Carcin ménade {Carcinus mœnas L.), appelé Cranque par les pêcheurs languedociens et provençaux, Crabe enragé par les Normands; moins délicat que le précédent, mais plus commun. On mange encore les Fortunes (Portunus) ou Étrilles, les Telphuses {Tel- phusa) ou Crabes fluviatiles, etc. Les Gécarcins (Gecarcinus) sont terrestres ; on les connaît aux Antilles sous les noms de Tourlourous, Crabes voyageurs, Crabes violets. L'espèce commune {G. 7'uricola h.) a une chair succulente, mais pouvant devenir accidentellement vénéneuse : on attribue le fait à ce que ces Crabes mangent quelquefois le fruit duMancenillier. Ces mêmes qualités vénéneuses se retrouveraient d'habitude dans la chair des Dromies {Dromia). CLASSE II MÉROSTOMACÉS Arthropodes marins, à respiration branchiale, dépourvus d'antennes. Celle classe comprend trois ordres : Xiphosures, Gigantostracés et Trilobiles. l"" ordre: Xiphosures. — Animaux revêtus d'un grand bouclier céphalotho- raciquc, suivi d'un boudier abdominal aplati qui se termine par un stylet caudal mobile. Les Xiphosures (5î?cç, épée ; oùpà, queue) ou Pœcilopodes constituent un groupe spécial, étroitement lié aux Crustacés, mais offrant aussi des affinités avec les Arachnides. Ces animaux ne possèdent pas les antennules ni les antennes des Crusta- cés; toutefois, le céphalothorax porte six paires de pattes ambulatoires, dont la première pourrait être regardée comme représentant des antennes. Les paires suivantes agissent comme mâchoires par leur article basilaire et peuvent être, à leur tour, considérées comme des gnathites. L'abdomen, articulé avec le bouclier céphaloLhoracique, offre, à sa face ventrale, cinq paires de pattes lamelleuses qui servent à la natation et portent des lamelles branchiales. Les Xiphosures, au sortir de l'œuf, sont dépourvus du stylet caudal et des trois dernières paires de pattes branchiales: ils ressemblent alors beaucoup aux Trilobites. Ils ne sont plus représentés, à l'époque actuelle, que par un seul genre. MÉKOSTOMACÉS. Git celui des l.imules {Limulm). — Liniule ou Crabe des Moluques (L. inoluccanus Cliis.), de Batavia: œufs et cliair comestibles. 20 ordre : Gigantostracés. — Ce sont des Mérostomacés fossiles, très voisins des précédents. Ils s"en distinguent sur- tout parleur abdomen allongé et formé d'anneaux libres. — Genres Eurypterm, IHerygotus, etc., du dévoiiien el du silurien. Fig. 417. — Limule des Moluques, vu par la face dorsale. 418. — Ogggin Gueltardi, Triloliile du terrain silurien. .1* ordre : Trilobites. — Ils composent un groupe également éteint, plus important encore. Ils ont le corps divisé en trois régions: tête, thorax, pygi- dium, et parcouru par deux sillons longitudinaux qui le partagent en trois lobes parallèles. Ce sont des fossiles primaires. — Genres principaux : Caly- mene, Ogygia, Paradoxides, Agnostus, etc. CLASSE III ONYCHOPHORES Arthropodes à respiration aérienne, s' effectuant par des trachées rudi- mentaires; corps composé de segments dont chacun porte une paire de pattes obscurément articulées et terminées par deux griffes; tète munie d'une paire d'antennes annelées ; des organes segmentaires. Les Onychophores, Protrachéates ou Péripatides (TttpiiraTsIv, se promener) 612 ARTHROPODES. forment un groupe de transition entre les Arthropodes trachéens et les Annélides. Leur corps allongé, vermiforme, rappelle celui des Myriapodes. La région antérieure constitue une tète qui porte, outre les deux antennes pluriarti- culées, deux yeux simples. La bouche est munie d'une lèvre circulaire en- tourant deux paires de gnathites : des mandibules armées de griffes, et des sortes de papilles sur lesquelles débouchent les conduits excréteurs de deux glandes dont le produit est susceplible de s'étirer en fils. Le tube digestif comprend un pharynx, un court œsophage, un long estomac intestiniforme et un rectum qui s'ouvre à la partie postérieure du corps. — L'appareil cir- culatoire est représenté par un vaisseau dorsal et un vaisseau ventral allongés. — La respiration s'effectue par des pseudo-trachées courtes et sans épaississement spirale, dont les orifices sont épars à la surface du corps. — Une des particularités les plus intéressantes de l'organisation des Péripa- lides, c'est la présence de véritables organes segmentaires, comparables à ceux des Vers annelés. Dans chaque anneau, en effet, on trouve deux tubes enrou- lés sur eux-mêmes et s'ouvrant, d'une part dans les lacunes de la cavité générale, de l'autre à l'extérieur, vers la base des pattes. — Le système ner- veux se compose d'une paire de ganglions cérébroïdes et d'un double cor- don ventral offrant des commissures transversales, mais pas de renflements ganglionnaires. — Sexes séparés; ovovivipares. Les Péripates forment un seul genre {Peripatus Guilding) ; ce sont des ani- maux terrestres, vivant sous les pierres, sous les feuilles, dans les endroits humides. Ils habitent l'Amérique du Sud, l'Australie, l'Inde, le Cap. CLASSE IV ARACHNIDES Arthropodes à respiration aérienne^ s'e/fectuant par des trachées, par des poumons ou par la surface cutanée ; tête habituellement soudée au thorax; pas d'' antennes; deux paires d'appendices buccaux et quatre paires d'appendices locomoteurs, tous insérés sur le céphalothorax. Les Arachnides ont presque toujours le corps divisé en deux régions seulement : le céphalothorax, résultant de la fusion de la tête et du thorax, et l'abdomen. Parfois même ces deux régions sont réunies en une seule masse, comme on le voit chez les Acariens. A la partie antérieure de la région céphalothoracique, on trouve d'abord deux paires d'appendices fonctionnant comme pièces buc- cales. Ceux de la première paire sont appelés mandibules ou ché- /icéres. Leur forme est variable: ce sont tantôt des pinces didaclyles, tantôt des griffes, tantôt de simples stylets. Les appendices de la seconde paire sont les maxillipèdes ou pattes-mâchoires. Leur article basilaire est toujours inséré près de la bouche, un peu en arrière; il ne porte parfois aucun prolongement (Scorpions), mais d'autres fois (Aranéides, Acariens), il présente un lobe maxillaire très net, dirigé ARACHNIDES. 613 vers la bouche et rencontrant au-dessous d'elle son symétrique; on donne généralement à ce lobe maxillaire le nom de mâchoire, et au reste du maxillipède celui de palpe maxillaire. Lorsque l'organe se termine par une pince didactyle, celle-ci est formée par l'avant-dernier article opposé au dernier. Les quatre paires suivantes de membres articu- lés présentent nettement l'aspect de pattes aml)ulatoires ; cependant la première concourt encore à la mastication, par suite d'une modification de l'article basilaire, chez les Scorpions et les Pédipal- pes; ot même, dans ces derniers animaux, la partie terminale est flagellii'orme. Les trois dernières paires correspondent aux pattes des Insectes. Le système nerveux, très réduit chez les Linguatules et surtout chez les Acariens, comprend d'ordinaire deux ganglions cérébroïdes bien développés ; la chaîne ventrale offre presque toujours une concentra- tion remarquable dans la région céphalothora- cique. Les Araignées et les Scorpions possèdent un système nerveux viscéral ou stomato-gaslri- que. — Les organes des sens sont peu développés. Les yeux sont simples, au nou)bre de deux à douze, et disposés symétriquement à la face su- périeure du céphalothorax. Le tact s'effectue par les palpes, l'extrémité des pattes, et sans doute . , -1 - .• ^ 1 p 1 Fi?, il 'J. - Appareil buccal aussi par les poils repartis a la surlace du corps. dune Araignée, la Sphasc L'appareil dioeslif s élend en droite ligne de la t-ansaipine, vu en dessous. ' ' o I o — ç clielicôres. o, palpes bouche à l'extrémité postérieure du corps ; il maxillaires, a, mâchoires, comprend un œsophage ou intestin buccal étroit, '" ^ ''"■" ^"''r' r I o ' une levre ou mentonnière. suivi d'un intestin moyen dont la région antérieure ou estomac émet en général des ca?cums rayonnants, qui souvent pénètrent jusque dans les membres; enfin, un intestin terminal ou rectum, toujours dilaté. — A l'intestin antérieur sont annexées des glandes salivaires ; à l'intestin moyen, des appendices qu'on a long- temps regardés comme hépatiques; à l'intestin terminal, des tubes de Malpighi. Vappareil circulatoire fait défaut dans les types inférieurs ; quand il existe, il comprend un cœur, en forme de vaisseau dorsal, situé dans l'abdomen ; un système artériel complet ; enfin, des sinus veineux nettement circonscrits. La respiration est parfois cutanée; le plus souvent, elle s'effectue par des trachées en tubes arborescents; mais, chez les Scorpions et les Araignées, les organes respiratoires consistent surtout en pou- mons (phyllolrachées), composés de vésicules membraneuses compri- mées, appliquées les unes contre les autres et s'ouvrant en commun ;\ la face inférieure de l'abdomen. Nous aurons à parler plus loin de quelques sécrétions spéciales : telles sont celles qui donnent naissance au venin des Scorpions ou des 614 ARTHROPODES. Araignées, et à la soie dont se servent ces dernières pour construire leur toile. Sauf les Tardigrades, qui sont monoïques, tous les Arachnides ont les sexes séparés. Les mâles se distinguent souvent des femelles par certains caractères sexuels secondaires ; leurs organes génitaux con- sistent en des testicules tubuleux pairs, se continuant par des canaux déférents qui reçoivent le produit de diverses glandes accessoires et débouchent en commun ou séparément à la base de l'abdomen. Les ovaires, également pairs, sont d'ordinaire des glandes en grappe, dont les conduits vecteurs ou oviductes offrent aussi des glandes accessoires et se renflent en réceptacle séminal. Les Arachnides sont ovipares, à l'exception des Scorpions et de quelques Acariens. Le développement est presque toujours direct; nous n'aurons à signaler de métamorphoses que chez les Linguatules et les Acariens. 10 ordres : / / Abdomen l Hermaphrodites Tardigrades. 1 rudimentaire Pas de poumons. Des pomnons. Abdomen \ développé Abdomen articulé. Dioïques Pycnogonides. Pas de pattes à l'âge adulte Linguatulides. /Abdomen inarticulé.. Acariens. Palpes j n ... ^ I^HALANGIOES. Des pattes à l'âge adulte, j Abdomen articulé. filiformes. / Palpes j„ f ,. , ; , Pseudoscorpions. \ didactvles. i Deux paires de poumons Pkdipalpes. ( Quatre paires de poumons Scorpionides. 1^ .Abdomen inartîpulé Aranéides. Tête distincte . Galéodes. l^"" ordre: Tardigrades. — Arachnides hermaphrodites; abdomen non dis- tinct ; pattes très courtes ; pas de cœur; respiration cutand'e. Les Tardigrades {tardus, lent; g^radi, marcher) sont de petits êtres ver- miformes, dont le rostre est propre à piquer et à sucer. Leurs cliélicères sont styliformes. Leurs pattes sont triarticulées et terminées par des griffes. — Ils se nourrissent d'autres petits animaux, par exemple de Rotifères. On les trouve en quantité dans la mousse des toits, ou dans l'eau, parmi les Algues, etc. — Ils sont réviviscents : soumis à la dessiccation, ils tombent en état de mort apparente, pour reprendre leur activité vitale dès qu'on les replace dans l'humidité. — Genres Macrobiotus, Arctiscon, etc. 2= ordre : Pantopodes. — Arachnides dioïques; abdomen rudimentaire; pattes très développées, muUiarticulées, contenant une partie des organes in- ternes ; un cœur ; respiration cutanée. ARACHNIDES. — LINGUATULIUES. 61;t Les Panlopodes ou Pycnogonides sont de petits animaux qui vivent dans la mer, sous les pierres, dans les Algues, parfois même sur d'autres animaux. — Genres Pycnogonuin, ?lijmpli07i, etc. TROISIKME ORDllE LINGUATULIUES Arachnides vcrmi formes, apodes; corps plus ou moins netiemeni annelé; bouche flanquée de deux paires d^ appendices [crochets); pas de cœur; respiration cutanée. Le corps de ces animaux (1) est toujours allongé, et tantôt déprimé, tantôt cylindroïde. Le céphalothorax est, dans toute sa largeur, soudé à Tabdomen, dont il est souvent peu distinct. C'est le développement de l'abdomen en longueur qui donne au corps son aspect vermiforme. La cuticule est marquée de nombreux sillons transversaux, qui limitent des anneaux parfois à peine perceptibles. La disposition des muscles rappelle l'enveloppe musculo-cutanée des Vers. La bouche est entourée d'un anneau corné qui la maintient béante. De chaque côté se voient deux crochets, qui peuvent se retirer chacun dans une petite gaine ou fossette. Ces crochets, formés de deux ou trois articles, sont mus par des cordons musculaires disposés en divers sens. Claus les regardait comme les vestiges des deux der- nières paires de pattes de l'Arachnide : quant aux deux premières, qui existent seules chez l'embryon, elles auraient disparu sous Fin- iluence d'une métamorphose régressive. Pour Stiles, les crochets péri- buccaux sont plutôt les homologues des pièces buccales qu'on observe chez les autres Arachnides. Le système nerveux est réduit à un simple collier œsophagien, offrant à sa partie inférieure un renflement ganglionnaire assez épais, d'où partent divers troncs nerveux. Van Beneden a décrit aussi un système nerveux viscéral. La circulation est lacunaire; la respiration paraît être cutanée. Les sexes sont séparés. Les mâles sont plus petits que les femelles; leur appareil génital se compose parfois d'un seul, plus souvent de deux testicules ; il s'ouvre à la face ventrale. L'appareil femelle com- prend un seul tube ovarien ; son orifice extérieur se trouve à l'ex- trémité postérieure du corps, un peu en avant de l'anus. Les Linguatules sont ovipares. Leur développement comporte des métamorphoses avec migrations. Les embryons sont acariformes, (1) R. Leuckart, Bau und Entwicklungsgeschichte der Pentaslomen. Leipzig u. Heidelberg, 1860. — C. W. Stiles, Bau und Entwlcldungsffeschichle von Pentasto- inum proboscideum Rud. und Pcntastonuiiii subcylindricuni Dlcs. Zeitschrift fur wiss. Zoologie, LU, p. 85, 1891. tïK) ARTHROPODES. acuminés en arrière, pourvus de quatre ou six (?) pieds ambulatoires et de pièces buccales. Ils pénètrent dans les organes internes des Mammifères, des Reptiles et des Poissons, et subissent là certaines transformations qui les amènent à l'état de larves; celles-ci diffèrent des individus adultes en ce qu'elles ne possèdent que des organes génitaux rudimentaires, que leurs anneaux sont dentelés ou frangés et leurs crochets souvent géminés. Elles émigrent dans les voies aériennes des Mammifères ou des Reptiles, et c'est là enfin qu'elles acquièrent leur développement complet. La famille des LINGUATULIDÉS, qui à elle seule compose cet ordre, ne comprend que deux genres: Linguatula et Porocephahis. Genre Linguatule {Linguatula Frolich, 1789). — Corps déprimé, à face dorsale arrondie, à bords crénelés. Cavité du corps formant des diverticules dans les parties latérales des anneaux (pectinée). Liuguatulc rhinaire (L. rhinaria [Pilger]. — Syn : Tsenia rhinaria Pilger, 1802; Polystoma tsenioides Rud., 1810; L. tœnioides Lamarck, 1816; Pentastoma tœnioides Rud., 1819; L. rhinaria Y\a\ï\., 1885). — Corps lancéolé, très allongé, déprimé de dessus en dessous; extrémité antérieure assez large, arrondie ; extrémité postérieure atténuée. Tégument montrant environ 90 anneaux assez saillants, ce qui rend les bords du corps nettement créne- lés. Bouche subquadrangulaire, arrondie aux angles. Crochets péribuccaux acuminés, biarticulés , à article basilaire atténué dans sa partie profonde. Mâle blanc, long de 18 à 20 millimètres, large en avant de 3 millimètres, en arrière de 0™'",o. Femelle gris blanchâtre, souvent rendue brunâtre par les œufs dans la partie moyenne, longue de S à 10 centimètres, large en avant de 8 à 10 millimètres, en arrière de 2 millimètres. Œufs ovoïdes, longs de 90 fx, -larges de 70 ;j.. La Linguatule rhinaire ou ténioïde habite, à l'état adulte, les ca- vités nasales de divers animaux, notamment des Carnivores. Elle a été découverte en 1763, par Wrisberg, dans les sinus frontaux d'un Chien. Chabert, en 1787, en signala également la présence « dans les naseaux du Cheval et dans ceux du Chien ». De très nombreux obser- vateurs l'ont, depuis cette époque, rencontrée également chez le Chien. Plus rarement elle a été trouvée chez d'autres animaux : Loup (Bremser, Colin, Miram), Renard (Musée Hunier, Moniez), Cheval (U. Leblanc, G. B. Rose), Chèvre (Bruckmiiller), Mouton? (Rhind). Enfin, Laudon l'a signalée chez l'Homme. A l'état larvaire, on a observé cette même espèce dans les viscères, et en particulier dans les ganglions mésentériques, le foie et le pou- mon d'un grand nombre de Mammifères : Mouton, Chèvre, Bœuf, Cheval, Dromadaire, Antilopes, Daim, Porc, Pécari, Lapin, Lièvre, Cobaye, Surmulot, Chat, etc., enfin, chez l'Homme. Toutefois, on a longtemps méconnu les relations qui existent entre les larves et la AUACIIMDES. LlNGUATL'LlbliS. 617 forme adulte, de telle sorte qu'on décrivait les premières comme des espèces particulières [Lmgualula serrata Frolich, 1789; Peut, serratum Rud., 1819; — Tunùa capriea Abildgaard, 1789; Linguatula deniiculata Rud., 1805; Penfastomn dcnlkiilalinn Rud., 1819; — Penl. emarg'i- natum Rud., 1819 ; — Pent. fera Creplin, 18:29; L'uig. fcrox Gros, 1849). C'est Leuckart qui, le premier, a donné la preuve expérimentale de ces relations, dont Colin (d'Âlfort) a ^A'' confirmé Texaclitude. Ir-.-mM ÉVOLUTION. — Le développement de l'embryon s'el- l'ectue avant la ponte. Les œufs embryonnés, déposés en nombre immense dans les cavités nasales, sont expulsés avec le mucus, surtout par le fait des éter- nuements de l'hôte. Ils peuvent se trouver rejetés sur l'herbe des prairies et en général sur les aliments des herbivores, auxquels ils adhèrent grâce aux plis de leur enveloppe extérieure ; ingérés de la sorte par ces animaux, ils arrivent dans l'estomac, où la coque se trouve détruite sous l'influence du suc gastrique. L'em- bryon est ainsi mis en liberté. Cet embryon offre quel- que peu l'aspect d'un Acarien: il a le corps ovoïde, long de 75 a, large de 50 [x, arrondi en dessus, aplati à la face ventrale, et pourvu de deux paires de pattes biongulées; l'extrémité postérieure s'eflîle en une queue longue de 50 \l et large de 18 fx, terminée par dix soies raides et courtes; à l'extrémité antérieure, existe un appareil perforateur formé d'un stylet impair et de deux crochets latéraux; enfin, sur la face dorsale, on remarque en avant deux stigmates, et vers le milieu une fossette dont le fond se relève pour former une sorte de croix. Au moyen de son rostre, l'embryon traverse la paroi du tube digestif et va s'enkyster dans les ganglions mésenlériques, dans le foie ou dans le poumon, etc. Dès lors, il perd son appareil perforateur et ses pattes, et se transforme en une larve ou mieux en une pupe immobile, enroulée, mesurant 250 à 500 [A de long sur 180 [x de large. Cette pupe ne montre aucune trace de segments, de crochets ni de soies, mais à sa face dorsale, qui est convexe, elle porte trois rangées transversales d'oscules, à chacun desquels est annexée une glande unicellulaire; elle possède en outre un tube digestif complet. Ces êtres sont si délicats que Leuckart n'a pu les étudier qu'à dater de la huitième semaine après l'infesta- tion. On trouve dans leur kyste les traces de deux mues, c'est-à-dire les débris de deux cuticules, dont une porte les pâlies, le rostre et la fossette dorsale. ig. 4:!0. — Liii- giKitule rliinaire fcMiielle, gran- deur naturelle (G. Neumann). 6i8 ARTHROPODES. Vers la neuvième semaine, survient une troisième mue, après laquelle la jeune Linguatule montre 8 à dO rangées d'oscules, et des amas cellulaires correspondant au système nerveux et aux organes génitaux. Trois autres mues suivent dans l'espace de quelques semaines ; après la sixième, la larve mesure l°"",2 de long; son tégument com- mence à se segmenter, et à chaque segment correspond une rangée d'oscules. Les crochets péribuccaux apparaissent. Au bout de cinq à six mois, et après trois nouvelles mues, le déve- loppement larvaire est complet, et le parasite répond à la forme connue sous le nom de Linguatule denticulée {Linguatula serrata). Fig. 421. — Premières phases de l'évolution de la Linguatule rhiuaire, d'après Leuckart. — A, œuf grossi 200 fois, contenant un embryon. B, embryon acariforme, tétrapode, libre. C, nymphe ou pupe âgée de 9 semaines : b, bouche, a, anus. C'est un animal blanchâtre, translucide, lancéolé, mesurant 4 à6 mil- limètres de long sur une largeur maximum de ln>m^2 g, ln™,o. Le corps présente 80 à 90 anneaux portant chacun, dans son milieu, une série de stigmates, et au bord postérieur un grand nombre d'épines à pointe dirigée en arrière. Le tube digestif est très large ; la bouche est elliptique et entourée déjà des quatre crochets caractéristiques, accompagnés de crochets accessoires en forme de capuchon. L'appa- reil génital est encore imparfait, mais on peut déjà reconnaître les sexes, principalement à la situation des orifices. Ces larves mûres ne restent pas toujours enkystées dans le même point; au bout d'un certain temps, elles rompent leur kyste et tom- bent dans la cavité péritonéale ou pleurale. Un grand nombre y meurent, mais il en est qui réussissent à s'enkyster sur un autre point : Colin a relevé, sur des animaux d'expériences, des traces évi- dentes de ceft, migrations intérieures. Lorsque les kystes siègent dans les ganglions mésentériques ou sur l'intestin, les larves tombent souvent, comme l'a constaté Babes, dans la lumière de l'intestin ; elles sont alors expulsées avec les fèces. Enfin, les larves enkystées dans le poumon peuvent de même tomber dans les bronches, et c'est ainsi ARACHNIDES. — LINGUATLLIDES. 610 que durit en a trouvé de libres dans la trachée d'un Lièvre et dune Chèvre; peut-être alors peuvent-elles gagner les cavités nasales de leur hôte et y achever leur développement : ainsi s'expliquerait la présence, d'ailleurs exceptionnelle, de Linguatules adultes chez des herbivores. En général, cependant, la migration définitive s'effectue d'une façon quasi-passive, et les larves sont condamnées à périr si les viscères de leur hôte ne sont pas dévorés, en temps voulu, par un carnassier. Mais que ces viscères soient abandonnés à un Chien, par exemple : les larves gagneront les cavités nasales, où elles achèveront leur développement et parviendront à l'état adulte. — Par quelle voie s'effectue ce passage dans l'habitat définitif, c'est ce qui n'est pas encore bien déterminé. On a pu admettre que les larves, mises en liberté par la dent du Chien, gagnent les cavités nasales par les orifices gutturaux (Leuckart) ou même par les narines (G. Co- lin). Mais le plus souvent, ces larves arrivent enkystées dans l'estomac et ne sont libérées qu'après digestion du kyste : Gerlach pense qu'elles traversent la paroi du tube digestif, le diaphragme, le poumon et remontent dans les cavités nasales par les bronches et la trachée ; peut-être aussi remontent-elles quelquefois par l'œso- phage (1). Une fois installées dans leur habitat définitif, les Lin- guatules subissent encore une mue. Celle-ci survient dans le cours de la troisième semaine, et les débarrasse de leur tégument épineux, ainsi que de leurs crochets accessoires. Dès lors, la taille augmente rapidement, surtout chez la femelle, et les organes sexuels se dévelop- pent. Au bout de six à sept semaines, l'accouplement peut s'effectuer. Organisation. — A première vue, le corps de la Linguatule adulte rappelle un peu la chaîne d'un Ténia, en raison des nombreux anneaux qui le com- posent. Chez le mâle, ces anneaux sont à peu près également longs ; chez la femelle, ils atteignent leur plus grande longueur vers le troisième quart, et leur plus grande largeur vers le premier sixième. Leurs parties latérales sont toujours aplaties :1a légion moyenne seule se dilate à mesure que se développent les organes internes. Sauf aux deux extrémités du corps, ils portent chacun une rangée d'oscules auxquels on donne souvent le nom de stigmates, bien qu'ils correspondent simplement à de petits canaux traversant la cuticule, et que leur rôle dans la respiration reste à établir. Fi:;. 422. — Lin- guatule denti- culee, larve de la Linguatule rhinaire, gros- sie 10 fois (Orig.). (1) Gerlach, aj'aut fait avaler à un Chien des larves de Linguatida rhinaria, les retrouva au bout de quelques jours dans la cavité viscérale. Stiles, opérant sur des Serpents avec une autre espèce, a même vu s'enkyster un certain nombre des larves ingérées par le second hôte. C'est par une ingestion de ce genre que ce dernier auteur explique la présence de la Linguatule denticuléc chez les Carnas- siers,, — chez le Chat, par exemple. 620 ARTHROPODES. Par suite de l'absence de pattes, il n'est guère possible de reconnaître une délimitation entre le céphalothorax et l'abdomen. Le second anneau porte, à sa face ventrale et de chaque côté, une papille tactile peu apparente, qui reçoit un filet nerveux. A la face ventrale encore, on trouve sur le troisième anneau, de chaque côté de la bouche, et sur le quatrième un peu plus latéralement, un crochet composé d'un article basilaire et d'une griffe, crochet rétraclile dans une in- vagination tégumenlaire s'ouvrant par une simple fente. Nous savons que ces organes correspondent plutôt à des pièces buccales qu'à des pattes, bien qu'ils servent d'organes de fixation. A la base de chacun de ces crocliets vient déboucher un canal dans le- quel on trouve un liquide clair, élaboré par un grand nombre de glandes unicellulaires répandues sur divers points du corps. En dessous de la cuticule, règne une enveloppe musculaire formée de trois couches: une superficielle à fibres transversales, une moyenne à fibres lon- gitudinales, et une profonde, développée seulement sur les côtés, à fibres diagonales. Le système nerveux ne montre pas de cerveau: il se compose d'un simple anneau entourant l'œsophage et présentant, à sa partie inférieure, deux ren- flements ganglionnaires fusionnés sur la ligne nrédiane : de cette masse partent plusieurs nerfs qui se distribuent à la région antérieure du corps, notamment à l'appareil musculaire des crochets, et deux longs cordons qui suivent les côtés de l'intestin pour aller se perdre en arrière. La bouclie, ouverte sur le troisième anneau, est toujours maintenue béante par un bourrelet chitineux dont sont garnis ses bords. Elle donne entrée dans une sorte de capsule buccale, laquelle est suivie d'un court pha- rynx dont le rôle paraît être d'aspirer les liquides, puis d'un étroit œsophage long de 3 à 4 millimè- tres. Vient ensuite un tube cylindrique, plus large, dans lequel Leuckart distingue deux régions : un estomac antérieur, et un intestin caractérisé par un revêtement cuticulaire. En arrière, cet intestin s'atténue en un rectum qui va déboucher à l'extré- mité postérieure du corps. L'ensemble du tube di- gestif est rectiligne. Il n'existe pas d'appareil circulatoire: le liquide nourricier remplit la cavité générale et ses diver- ticules latéraux. La respiration pax^aîtètre cutanée; elle est peut- être favorisée par les oscules. Les organes génitaux sont placés au-dessus du tube digestif. Le mâle est pourvu de deux testi- cules sacciformes, arrivant à remplir la cavité du corps, sauf dans le quart antérieur. Ces deux tubes s'unissent en avant pour former une vésicule sé- minale impaire, cylindrique. L'extrémité antérieure de celle-ci se divise en deux branches qui embrassent le tube digestif et se continuent chacune par un canal plus étroit. A l'origine de celui-ci se trouve annexé un long tube en cul-de-sac (fig. 423, /'), pourvu d'une puissante couche musculaire Fig. 4"23. — Appareil génital de la Linguatule rhinaire mâle, d'après Leuckarl. — t, losti- cules. î).s, vésicule séminale. g, partie glanduleuse des ca- naux déférents. /, flagellum. p, pénis enroulé. MIACHNIDES. — LINGUATULIDES. 021 do -^ longitudinale et paraissant destiné à favoriser i'éjaculalion. Immédiatement en avant de cette sorte de fouet, cliaque canal se montre entouré d'un amas glandulaire, puis il va se terminer dans nue poche pyriforme, eu constituant nn long pénis contourné sur lui-même. Les deux poches sexuelles, qui renferment en outre une paire de grandes saillies chitineuses, s'ouvrent eu commun au di^hors par nne fente transversale située sur la face ventrale, en arrière du septième segment. Les spermatozoïdes ont l'aspect de petits disques ter- minés par un filament grêle. Les organes femelles comprenneut un seul tube ovarien qui se divise, à son extrémité antérieure, en deux petits oviductes. Ceux-ci se réunissent, en embrassant la portion terminale de l'œsophage, en un point où débouchent les conduits de deux vésicules copulatrices. De là part un canal qui suit à peu près le trajet de l'intestin et aboutit à la partie postérieure du corps, un peu en avant de l'anus: on donne à ce canal les noms de vagin, d'oviducte vaginal ou d'utérus. L'accouplement s'effectue avant que la femelle ait atteint sa maturité sexuelle. Le mâle introduit très probablement ses deux pénis dans le vagin alors rectiligne, et va déposer son sperme dans les poches copulatrices (fig. 424, vcet vc') qu'on trouve en effet remplies au même degré (G. Colin). Cet accouplement doit être de courte durée; de plus, il ne peut avoir lieu qu'une seule fois, car le vagin fait l'office d'un véritable utérus, se remplit d'œufs et prend un développement considérable en décri- vant de nombreuses sinuosités autour de l'intestin. Les œufs sont fécondés à leur passage au niveau des orifices des poches copulatrices. Le sperme paraît se conserver fort longtemps dans ces cavités : au bout d'une année, G. Colin y a trouvé encore de nombreux spermatozoïdes doués d'une ex- trême vivacité. Elles ne se vident pas simultanément, d'où l'aspect de la figure 424. Après l'accouplement, les femelles s'accroissent rapidement, en même temps que les œufs s'accumulent dans le vagin et prennent, en se dévelop- pant, une teinte jaunâtre. Vers l'âge de six mois, commence la ponte, qui se continue pendant une période non définie, mais qui donne évidemment une énorme quantité d'œufs, puisque Leuckart a calculé qu'une seule femelle en peut contenir jusqu'à 500.000. Fig. 424. — Anatoniie de la Linguatule rhiiiaire femelle, d'après Leuckart. — 6, bou- clie. d, tube digestif, a, anus, ov, ovaire, do, do', ovi- ductes. vc, vc', poclies copu- latrices. !(, vagin ou utérus. Patuologie. — Les Linguatules installées dans les cavités nasales n'en occupeni: pas indifTéremment tous les points. Selon la remarque de G. Colin, on ne les rencontre guère qu'au fond des méats, entre les cornets et dans les interstices des volutes ethmoïdales. Par exception, cependant, elles peuvent pénétrer dans les sinus frontaux, et parfois on les y trouve à demi engagées. Mais ce n'est guère qu'a- 622 ARTHROPODES. près la mort de leurs hôtes qu'elles pénètrent, en cherchant à gagner les parties moins refroidies, dans le pharynx et jusque dans le larynx. Enfin, contrairement à Tassertion de Chabert, on ne les voit jamais dans les cellules ethmoïdales. — Mâles et femelles mènent d'ailleurs une vie toute différente, du moins après l'accouplement. Les premiers sont nomades et visitent les différentes régions des cavités nasales, gagnant même l'arrière-bouche et l'entrée du larynx, en quête sans doute de nouvelles amours, mais ayant soin, le plus souvent, de se mettre à l'abri dans les anfractuosités. Quant aux femelles, leur séjour favori est un diverticule assez large et régulier, qui constitue le cul-de-sac du méat moyen. Dans cet antre, elles sont à l'abri des courants respiratoires ; de plus, elles paraissent trouver une alimen- tation abondante dans la sécrétion d'une couche glanduleuse dont la muqueuse est doublée à ce niveau. Les femelles logées dans ,ce diver- ticule s'y tiennent en petit nombre, enroulées sur elles-mêmes. Mais Pig. 425. — Têle de Chien fendue par le milieu, montrant trois Linguatules rliinaires (dont deux placées côte à côte) dans les cavit(^'s nasales (G. Colin). on les trouve encore entre cette excavation et la grande volute qui tient la place du cornet supérieur, entre la masse des volutes ethmoï- dales et celle des cornets ; enfin, mais très rarement, dans le méat inférieur. Pour donner une idée de la fréquence de la Linguatule rhinaire, il nous suffira de dire que, sur 630 Chiens ouverts à Alfort par G. Colin, 64 en ont offert de 1 à 11 exemplaires, en tout 146. Les symptômes par lesquels se traduit la présence de ces parasites n'ont guère été étudiés que chez le Chien. Ils consistent surtout en éternuements saccadés, irréguliers, qui d'ordinaire se manifestent d'une façon soudaine, par exemple lorsque la respiration est activée ou gênée pour une cause quelconque. Souvent ces éternuements s'accompagnent de ronflements sonores, entrecoupés d'arrêts presque complets de la respiration. Enfin, l'animal projette ses pattes sur ses narines, comme pour chercher à se débarrasser d'un corps étranger apportant un obstacle à la respiration. Il est rare que les symptômes ARACHNIDES. — LIXGUATULIDl-^S. 023 s'exagèrent au point d'arriver i\ des accès épileptiformes ou rabi- formes. Dans les éternuements, le Chien rejette du mucus chargé d'œuis; parfois même il expulse des Linguatules : nous en possédons un exemplaire recueilli dans ces conditions. Il n'est pas certain que ces parasites puissent déterminer, chez le Chien, des épistaxis. — En ce qui concerne l'Homme, quelques au- teurs anciens ont cité le cas de malades atteints depuis longtemps d'épistaxis et guéris après avoir évacué des Vers par les narines. On a pu supposer que ces « Vers » n'étaient autres que des Linguatules. Mais un médecin allemand, Laudon, a publié à cet égard un fait précis : il s'agissait d'un soldat allemand, ayant fait la campagne de 1870 et pris, peu de temps après la guerre, d'épistaxis qui durèrent sept ans. En 1878, cet homme expulsa une Linguatule, après quoi les épistaxis cessèrent définitivement. Chez le Chien, la durée du séjour des Linguatules dans les cavités nasales n'a pas encore été nettement déterminée, mais Colin l'a vue dépasser quinze mois. Pour établir la prophylaxie de l'affection que déterminent ces para- sites, il suffit d'empêcher les Chiens de se repaître des entrailles des herbivores, notamment des Moutons, Lapins, etc. Quant au traite- ment, il doit consister surtout en injections de substances parasiti- cides dans les cavités nasales. Les Linguatules larvaires ou Linguatules denticulées envahissent, nous l'avons dit, les viscères abdominaux ou thoraciques d'un grand nombre d'animaux, où elles s'enkystent. Elles sont surtout fréquentes chez le Mouton. Ce sont les ganglions mésentériques qui se montrent le plus ordinairement envahis : ils sont creusés de cavités remplies d'une bouillie brunâtre, et parfois présentent des ouvertures témoi- gnant de la sortie des parasites ; d'autres fois, leur tissu est induré ou même a subi l'infiltration calcaire. Ces lésions n'ont pourtant pas de retentissement bien sensible sur la santé. Chez l'Homme, les Linguatules denticulées s'enkystent de préfé- rence dans le foie, ou Zenker, de Dresde, les a le premier rencon- trées (1854). Cependant, on en a vu aussi dans d'autres organes : rate, rein, sous-muqueuse de l'intestin grêle. Elles semblent être assez communes en Allemagne et en Autriche, plus rares en Russie et en Suisse ; on n'en a pas encore observé en France. Leur présence n'est jamais reconnue qu'à l'autopsie. L'Homme s'infeste sans doute par l'ingestion de légumes ou autres produits souillés par les éter- nuements du Chien. Cependant Stiles admet, d'après l'expérience de Gerlach citée plus haut, que l'infestation pourrait avoir lieu dans certains cas par l'intermédiaire de viscères d'herbivores consommés sans avoir subi une cuisson suffisante. 624 ARTHROPODES. Genre Porocéphale [Porocephahis von Humboldt, 1811. — Syn. : Pentastoma Rud., 1819, pro parte; Pentastomum Leiickart, 1860, s. str.). — Corps cylindroïde. Cavité du corps continue. Porocéphale moniliforme. [Por. moniliformis [Diesing]. — Syn. -.Pent. moniliforme Dies., 1835; Por. moniliformis Stiles, 1893). — « Corps claviforme, atténué en arrière, pourvu d'étranglements successifs qui lui donnent un as- pect moniliforme ; partie antérieure arrondie. Bouche orbiculaire, située entre les crochets, qui sont disposés en arc. Longueur de la femelle 49°"", 5; largeur en avant 4"", 5, en arrière 2'"'", 2.» A l'état adulte, ce parasite a été trouvé dans le poumon du P^'thon tigré {Python moliiriis L.). Wedl et Bruckmijller, de Vienne, ont signalé la présence des larves dans les viscères d'une Lionne, et Bassi, de Turin, dans ceux d'une Panthère. — Chez un Chien d'expérience, sacrifié à Paris, Bochefontaine a recueilli dans le péritoine des milliers de larves libres ou enkystées que Mégnin rapporte, sans preuves suffisantes, à cette espèce. Ces larves étaient longues de 16 millimètres, larges de 2 à 3 millimètres, blanches, cylindriques, moni- liformes, à extrémités arrondies, sensiblement égales, mais un peu atténuées en arrière. Porocéphale annelé {Por. constrictus [von Siebold]. — Syn. : Nema- toideiim hominis [viscerum]. Diesing, 1851 ; Pentastomum constrictum vonSieb., 1852 ; Lingiiatula constricta Kûchenmeister, 1855 ; Por. constrictus Stiles, 1893). — Cette forme n'est connue jusqu'à présent qu'à l'état larvaire. Elle est ainsi caractérisée : « Corps allongé, cylindrique, divisé en anneaux par une suite de constrictions assez régulièrement espacées; extrémité antérieure arrondie ; extrémité caudale terminée en cône obtus; dos convexe, ventre aplati ; pas d'épines au bord postérieur des segments. Longueur 13°*'°,4 ; largeur 2™™, 25. » D'après un dessin de von Siebold, le nombre des anneaux de l'abdomen est de 23. Ce parasite a été découvert en Egypte, par Pruner, dans le foie de deux nègres et de la Girafe. Le même auteur en retrouva plus tard deux échantillons, provenant du foie de l'Homme, au musée de Bo- logne. Puis Bilharz en observa de nouveaux, à deux reprises, dans des autopsies de nègres, au Caire. Fenger en a vu plus récemment dans les mêmes conditions : il est donc probable que le parasite est soudanais et non égyptien. Enfin, Aitken en a rapporté deux cas observés par les docteurs Crawford et Kearney sur des soldats des colonies anglaises d'Afrique ; les larves siégeaient dans les poumons et dans le foie. QUATRIÈME ORDRE ACARIEIVS Arachnides à corps ramassé; abdomen inarticulé, largement uni au céphalothorax et généralement confondu avec lui; pièces buccales réunies ARACHNIDES. — ACARIENS. 623 en un rostre propre à la succion ; cœur uniloculaire ou 7ml ; respiration trachéenne ou cutanée. Métamorphoses. L'ordre des Acariens (Walckenaer) (1), qu'on connaît aussi sous les noms d'Acarides, Acares, Mites, etc., comprend tous les animaux qui constituaient le genre Acarus de Linné, ainsi qu'un grand nombre d'espèces nouvelles. Le type de cet ancien genre était le Ciron du fromage, auquel Aristote avait donné, en raison de sa petitesse, le nom d'àxapt (de àxap>j;, insécable). La plupart des Acariens sont de petites dimensions. Le corps est convexe sur la face dorsale ; il est aplati, au contraire, sur la face ventrale. Le céphalothorax, qui montre rarement des traces de segmentation, est uni dans toute sa largeur à l'abdomen, lequel est lui-même inarticulé. Les deux parties sont ainsi confondues en une seule masse, la séparation demeurant quelquefois indiquée par un sillon [Erytlirieus, Bdella). Le tégument, chitineux, otTre en général de fins sillons parallèles qui limitent des plis très délicats: par places se montrent en outre des épaississemenls d'aspect et de dimensions variables; enfin, le tégument peut porter des appendices divers, tels que soies, poils, pi- •quants, spinules, etc. A la partie antérieure du céphalothorax, se trouve un enfoncement destiné à loger les pièces buccales, et auquel on donne, pour cette raison, le nom decamérostome. La paroi supérieure de cette chambre, qui se prolonge souvent de manière à recouvrir tout ou partie du rostre, est appelée épistome. Les pièces buccales constituent par leur réunion l'appareil connu sous le nom de rostre, et qui est propre, soit à mordre, soit à sucer. Rarement on peut distinguer la lèvre supérieure, qui se montre à l'état rudimentaire au-dessous de l'épistome ; elle n'est bien déve- loppée que dans le genre Gamase et chez les Sarcoptes (où elle émet les processus que Robin appelait les joues). Viennent ensuite deux paires de gnathites : — 1° Les mandibules, organes susceptibles d'ef- fectuer des mouvements alternatifs en avant et en arrière. Chez les types où elles sont bien développées, ces mandibules ou chélicères sont en pinces didactyles: le doigt ou mors supérieur de la pince est 1) A. DcoÈ?, Reclierches sur l'ordre des .icarie7is, etc. Annales des se. nat. Zoologie), (2\ I, p. 5 et 144: II, p. 18, 1834. — C. L.Kocn, Crustacee?i. Myriapodenund Aracliniden Deutsclihtnds. Regensburg, 1835-1814. — Walckenaer, Histoire naturelle des Insectes. Aptères, t. III, par P. Geivais, Paris, 1844. — P. Mégmx. Les parasites et les maladies parasitaires {Articules). Paris, 18S0. — G. II alleu, Ueàer den Buu der vogelbeicofinende7i-Sarcoptiden {Dermaleichidœ). Zeitschr. fiir wiss. Zoologie, XXXIl, p. 365, pi. XXIVetXXV, 1882. — Ant. Berlese, Acari, Miriapodi e Scoi'pioiii iluliani. Padova, 1882-1892. — G. Canestrim, Pi-ospetlo dell' Aca7'ofau7ia italianu. Pa- ■dova, 1882-1892. — A. D. .Michael, On thc variations in the internai anafomij of tlie Gamasinx, especially in that of the Génital Orqans, and on t/ieir Mode ofCoition. Transactions of Linn. Soc. of London, Zuology (2), V, p. 281, pi. X.XXll à XXXV, 1892. R.ULLiET. — Zoologie. 40 626 ARTHROPODES. continu avec la tige et partant immobile ; Tinférieur est articulé à la base du précédent et se meut verticalement. Chez les types, au con- traire, où les mandibules sont faibles ou atrophiées, elles s allongent, perdent leur mors mobile et se transforment en simples griffes ou même en stylets. — 2° Sous les mandibules sont placés des maxilli- pèdes (maxilles composées, pédipalpes) dont chacun présente à sa base un lobe maxillaire appelé maxille ou mâchoire, le reste de l'ap- pendice constituant ce qu'on nomme un palpe. Ces palpes maxillaires^ formés de plusieurs articles et très mobiles, sont situés de chaque côté des mandibules et presque au même niveau. Quant aux maxilles^ qui se trouvent un peu plus bas et en arrière, elles sont incurvées et se joignent sur la ligne médiane en formant une gouttière. — Enfin, en avant et au-dessous des maxilles, existe une pièce membraneuse : c'est la lèvre inférieure, organe impair, mais souvent divisé antérieu- rement en deux lobes symétriques, et qui porte à sa face supérieure une /arî^weZ/e lancéolée. Cette lèvre est généralement soudée par sa base- avec les maxilles, et constitue avec elles le plancher du rostre, qui est disposé en cuiller [hijposiome de Berlese, thécastome de Walckenaer). Dugès, le premier, a fait ressortir l'importance de la configuration des palpes pour la classification; aussi croyons-nous utile de rappeler ici les difTéi-ents noms qu'il leur a donnés (1). Ainsi : 1° les palpes ravisseurs sont (( ceux qui, renflés parleur milieu, ont l'avant-dernier article armé d'un ou de plusieurs crochets, et le dernier mousse et plus ou moinspiriforme ;2°les palpes ancreurs ont une forme assez analogue à celle des précédens, mais le dernier article même est aigu ou armé de pointes; ils appartiennent toujours- d'ailleurs à des espèces aquatiques, comme leur nom l'indique assez ; 3° les- palpes fusiformes sont renflés comme les précédens, obtus au bout comme les premiers, mais sans griffe au pénultième article; 4" les palpes filiformes ne diffèrent guère des fusiformes que parce qu'ils ne sont pas sensiblement renflés; ils sont toujours parallèles; 5° les palpes an ^enju/orwes sont filiformes aussi, mais à articles très variés dans leur longueur ; 6° les palpes valves sont aplatis, excavés, engaînans; 7" enfm, les palpes adhércns sont soudés à la lèvre par la majeure partie de leur longueur et toujours peu développés. » Les quatre paires de pattes ambulatoires présentent également une conformation variable adaptée à leur destination : elles sont com- posées de 8, 7, 6, 5, parfois 3 articles seulement, et sont terminées par des organes divers, des poils, par exemple, ou une paire de griffes ;. quelquefois en même temps par un cirre en brosse ou bien par une sorte de lobe vésiculaire ou caroncule membraneuse qui sert à l'adhé- sion; enfin, chez la plupart des espèces parasites, par une petite ventouse pédiculée {ambulacre à ventouse de Raspail). Suivant les modifications qu'ils présentent, les pieds out reçu, de même que les palpes, des noms particuhers, qui leur ont été appliqués par Dugès (2). (1) Ant. Dugès, loc. cit., I, p. 11. (2) Loc. cit., p. 12. ARACHNIDES. — ACARIENS. G27 Cet auteur appelle pieds palpeurs ceux dont le dernier article est renflé; « marcheurs, ceux dont ce dernier article s'écarte peu, pour l3s dimen- sions en épaisseur et en lon^'ueur, de ceux qui le précèdent ; nageurs, ceux qui, avec les mêmes dispositions, sont ciliés; coureurs, ceux dont le dernier article est très long et très effilé ; tisseurs, ceux dont les crochets sont très courts et très courbés, et dont l'avant-dernier article est garni de soies raides, ordinairement au nombre de quatre, qui dépassent l'extrémité du membre; enfin, ipieds parasitiques ou. C(tro?icM/i'/.s, ceux dont les griires sont en grande partie engagées dans une caroncule, ou une membrane qui serf à fixer l'animal sur les corps les plus polis, comme le fait la ventouse d'une sangsue. » Le système nerveux paraît manquer dans les types inférieurs ; il se réduit chez les autres à un collier œsophagien unissant deux masses ganglionnaires situées, Tune au-dessus, l'autre au-dessous de l'œso- phage. De la masse supérieure partent notamment les nerfs des palpes et des mandibules ; la masse inférieure fournit des filets aux maxilles, aux pattes et aux viscères. — Les organes de la vision sont repré- sentés par une ou deux paires d'yeux simples, qui, d'ailleurs, font souvent défaut. Quant au tact, il s'effectue par les palpes maxillaires, ainsi que par les poils ou les soies qui garnissent le corps ou les pattes. Les organes digestifs sont parfois difficiles à distinguer: à la partie antérieure, il existe une cavité buccale prismatique, limitée en-dessus parles mandibules, sur les côtés par les palpes et en dessous par Thypostome. Le tube digestif, qui continue cette cavité, est souvent pourvu, dès sa naissance, de glandes salivaires ; il présente un court œsophage, suivi d'un estomac offrant presque toujours des diver- ticules plus ou moins étendus. Le rectum, assez large, aboutit à une fente anale longitudinale, qui se trouve située tantôt sur la face ventrale, tantôt sur la face dorsale (notogastre) de l'abdomen, tantôt enfin à la partie postérieure du corps. Vappareil circulatoire est très réduit : le cœur n'existe que dans les formes les plus élevées (Ixodidés, certains Gamasidés), et ne comprend qu'une seule chambre avec une paire de fentes. Chez un grand nombre d'Acariens terrestres ou aquatiques, la res- piration s'effectue par des trachées, qui sont disposées en un svs- tème ramifié aboutissant à une ou à plusieurs paires de stigmates, dont la situation est variable. Chez la plupart des formes parasites la res- piration est cutanée. L'existence d'un système excréteur particulier est douteuse. Cepen- dant, Pagenstecher décrit et figure un organe urinaire chez les Ixodes. D'ailleurs, on rencontre, chez un certain nombre d'Acariens des glandes de nature et de situation variables, en particulier des glandes cutanées, dont le rôle du produit n'a pas encore été déterminé. Les sexes sont séparés chez tous les Acariens. En général, les mâles qui sont moins nombreux que les femelles, se distinguent de celles-ci 628 ARTHROPODES. par leur petite taille, leur conformation, la présence d'organes spé- ciaux de copulation, etc. ; souvent aussi leur genre de vie, voire leur régime, sont différents (1). Ils possèdent un ou plusieurs testicules vésiculeux, déversant leur produit dans des canaux déférents pairs. Fig. 426. — Psoroptes communis var. equi : mule et femelle pubère accouples, grossis 100 fois, vus par la face dorsale (Dclafond). qui aboutissent à un canal éjaculateur unique ; à l'orifice extérieur de celui-ci est annexé (Sarcoptidés) ou non (Gamasidés) un organe copulateur ou pénis. Les organes femelles, d'autre part, sont consti- tués également par un ou plusieurs ovaires, pourvus chacun d'un court oviducte ; ceux-ci se réunissent en un conduit unique, parfois dilaté (l) Les mâles offrent parfois un polymorphisme remarquable. Berlese appelle mâle homéomorphe celui qui est semblable à la iemeWe, hétérotnoi'plie celui qui s'en éloigne par ses caractères extérieurs. On peut trouver toutes les gradations entre ces deux formes (mâles intermédiaires). Trouessart explique ce polymorphisme par la progenèse : d'après lui, les mâles sont homéomorphes quand, une fois leurs organes génitaux développés, ils se dégagent du tégument nymphal avant d'avoir acquis tout le développement de leurs « organes sexuels secondaires ». {Note communiquée.) , ARACHNIDES. ACARIENS. 629 en utérus, qui va le plus souvent déboucher vers la partie antérieure de la face ventrale. A ces parties sont annexées des glandes acces- soires. 11 y a du reste, au point de vue de la disposition de l'appareil femelle, des variations importantes suivant les types considérés (1). Chez les Gamasidés, par exemple, la portion terminale de l'oviducte commun représente un vagin, et l'ouverture extérieure (vulve) sert à la fois à l'accouplement et à la ponte. On observe en outre un réser- voir spécial que Michael nomme saccule. Chez les Sarcoptidés , la véritable vulve est une ouverture ronde, très petite, sem- blable à un trou d'épingle et située immédiatement en avant de la commis- sure supérieure de l'anus. Cette ouverture donne entrée dans un canal aflé- rent (vagin) quelquefois très court, aboutissant à un réceptacle séminal dont la situation est va- riable. L'entrée de ce ré- ceptacle possède souvent une sorte de sphincter dilatateur ; au p(')le op- posé se trouve un canal efférent, qui communique avec l'oviducte , sorte de sac très large , à parois minces (Gudden). D'après Haller, les œufs se déta- cheraient desovaires pour tomber dans la cavité du corps et seraient repris par l'oviducte. En tout cas, la ponte a lieu, non par la vulve, mais par l'orifice extérieur de cet oviducte, orifice auquel nous avons, pour cette raison, donné le nom de tocoslome (toxo;, accouchement ; sToVa, orifice). La fécondation s'opère différemment dans ces deux types. Chez les Gamasidés, qui sont privés de pénis, l'ouverture génitale du mâle laisse échapper des spermatophores ou vésicules renfermant les sper- matozoïdes {capsules spermatiques Michael) ; le mâle saisit alors cette (J) Gl'dde.n, Beiiriige zur Le/ire von der Scabies. Wurzburger medicinische Zeit- schrift, 1801, Bd II, p. 301 (M. 3 Taf.). —G. Hallek, loc. cit. — A. D. .Michael, loc. cit. — E. L. Trouessart, Sur ta reproduction des Sarcoptidés. Comptes rendus Soc. de biologie (9), V, p. 90G, 1893. Fis. 4i!7. — Chorioptes auriciilarum \a.T.canis : femelle pubôro se transformant en femelle ovigOre pendant raccouplement. Grossissement : 100 diamètres. Le mule a été un peu séparé par la compression de la préparation (Orig.j. 630 ARTHROPODES. capsule dans ses mandibules, et l'introduit dans la vulve sous-tho- racique de la femelle. Il en est probablement de même chez les Ixo- didés, où Ton a vu souvent le rostre du mâle introduit dans la vulve de la femelle. Chez les Sarcoptidés, Faccouplement a lieu par Tintroduc- tion du pénis dans l'étroite vulve super-anale de la nymphe pubère, alors que la dernière mue de celle-ci se prépare, et que la femelle ovigère apparaît sous son tégument (fig. 427); le sperme s'écoule par le canal capillaire du pénis, passe dans le vagin et va s'emmagasiner dans le réceptale séminal;, de sorte que la femelle peut féconder ses œufs un à un, après s'être séparée du mâle. Pendant cet accouple- ment, la fente anale de la nymphe ou jeune femelle pubère effectue de curieux mouvements alternatifs d'ouverture et de resserrement, comme nous avons pu le constater après Trouessart: il se produit ainsi, d'après cet auteur, une véritable aspiration du sperme dans le réceptacle séminal. Les Acariens pondent le plus souvent des œufs, parfois des larves hexapodes, plus rarement des individus déjà pourvus de leurs quatre paires de pattes. Le développement des Acariens a été étudié en premier lieu par Claparède. Nous y reviendrons en traitant des Sarcoptidés. Disons seulement ici que les Acares subissent, après leur sortie de l'œuf, des métamorphoses plus ou moins complexes — qu'il ne faut pas confon- dre avec les mues et qui correspondent seulement à quelques-unes de celles-ci. — Au moment où il quitte l'œuf, le jeune animal, générale- ment pourvu de trois paires de pattes, est désigné sous le nom de larve (larve hexapode). Lorsqu'il acquiert la quatrième paire, il passe à l'état de nymphe (nymphe octopode). Le développement des organes génitaux l'amène enfin à l'état adulte (mâles et femelles). — Mais il existe, dans la succession de ces diverses phases, des variations assez considérables, que Kramer (1) réduit à quatre types principaux : 1° un type Tarsonemus, dans lequel l'Acarien quitte l'œuf sous la forme adulte ; 2° un type Trombidium (Trombidinés et Hydrachnidés), dans lequel une nymphe octopode est interposée entre la larve hexapode et la forme adulte ; 3° un type Tyroglyphus (Sarcoptidés, Démodécidés, Gamasidés), présentant deux stades de nymphe; 4° enfin, un type Oribates (Oribatidés) comprenant trois stades de nymphe. Pour plus de simplicité, on peut, avec Canestrini, employer les expressions de métamorphoses uninymphales, binymphales, trinymphales (2). Les mues s'accomplissent suivant deux modes analogues à ceux qui s'observent chez les Insectes : — Dans certains cas (Sarcoptidés, Tarsonéminés), chacune d'elles comporte une sorte de retour à l'état (1) P. Kramer, Veber die Tijpen der postembryonalen Entwicklung bei den Acariden. Archiv fïir Naturgesch., 57^ année, I, p. 1, 1891. (2) Berlese appelle nymphes ihontomorphes celles qui présentent tous les carac tères de l'adulte, sauf les organes génitaux. ARACHNIDES. — ACARIENS. 631 embryonnaire, une fonte de l'individu, et sa rénovation complète. L.a forme ainsi réorganisée est renfermée à l'intérieur du tégument de la première, avec toutes les pattes repliées vers le milieu du corps, celles de la précédente restant ainsi complètement vides. — D'autres fois (Gamasidés, Trombidinés, Tétranycinés, Eupodinés) l'individu nou- veau se moule exactement sur l'Âcarien primitif, chacune de ses pattes étant engainée dans le tégument des siennes. Il est facile de comprendre que ce second mode se prête infiniment moins aux mo- difications de structure, et que, partant, les types qui le présentent doivent subir des métamorphoses beaucoup moins complètes. Les mœurs et l'habitat des Acariens sont assez variés. D'aucuns sont aquatiques, d'autres sont terrestres; ils se nourrissent de petits animaux, ou du suc des plantes : on les trouve souvent parmi les substances organiques en décomposition; un grand nombre enfin sont parasites, soit pendant la totalité, soit pendant une certaine période de leur existence, ou même d'une manière accidentelle. Division. — Depuis Latreille, qui le premier a cherché à établir un grou- pement méthodique des Acariens, un grand nombre de classifications ont été proposées, parmi lesquelles il faut citer celles de Dugès, Koch, Kramer, Beiiese, G. Canestrini et Trouessart. Celle que nous adoptons ici est établie principalement d'après les données fournies par ces deux derniers auteurs (1). Corps allonge VERMIFOn.MIA. 2 paires de pattes. Palpes i inennes. Mandibules sty- • Phytoptidœ. Pas de trachées. | liformes. ) j Pattes à épimères. j i paires de pattes. Palpes à i / crochets. Mandibules sty- ■■ Demodedda?. \ liformes. ) Pas de trachées : ; i Astigmata. ■ ''alpes adhérents, inermes. ( Sarcoptidse. Pattes à épimères. | Mandibules en pinces. \ , Palpes libres, inermes (an- \ Trachées s'ouvrant'' tenniformes). Mandibules f Bdellidw. à la partie \ antérieure du Corps ramassé Ac.\RINA. corps, atrophiées dans les types aquatiques : Prostigmata. Pattes à épimères. Trachées s'ouvrant à la partie j postérieure du corps, à la base des | pattes, parfois • atrophiées : Metastigmata. I Pattes sans f épimères. ^ en pmces. ! Palpes libres, armés (ra- 1 I visseurs). ' -Mandibules en crochets ou stylifor- ^ mes. Marins Halacaridœ. D'eau douce, ihjdiacknidx. \ Terrestres. . Trombididse. Palpes libres, fusiformes. .>Iandibules en pinces. Palpes libres, filiformes ou valves. Mandibules en pseudo-pinces. Palpes libres, filiformes. Mandibules en pinces. Oi'ibatidae Ixodidx. Gamasidae. (1) G. Canestrini, Abozzo del sistema acarologico. Atti del R. Istitulo Veneto di 632 ARTHROPODES. Famille des PHYTOPTIDÉS. — Ces Acariens ont le corps allongé^ vermiforme, l'abdomen strié en travers et représentant une sorte d'appen- dice caudal très développé. Ils se distinguent de tous les autres en ce qu'ils ne possèdent, à tous les âges, que deux paires de pattes, formées de cinq articles, et insérées sur le tégument au moyen d'épimères. Les palpes sont triarticulés, libres, les mandibules styliformes. Pas de tra- chées. Pas d'yeux. Génération ovipare. Les Phytoptidés vivent en parasites sur les plantes, y déterminant des alté- rations variées, telles que boursouflement des feuilles avec production de poils (érinose,phyllé- riose), tumeurs ou galles proprement dites (aca- rocécidies), enroulement, atrophie, déformation des feuilles, bourgeons, rameaux, fruits, etc. Ou en distingue aujourd'hui cinq genres: Phy- toptus Du]., Cecidop/iyes Nalepa, Phxjllocojites'^al., Tegonotus Nal., Oxypleuritcs Nal., qui compren- nent déjà un nombre considérable d'espèces. — Nous ne pouvons évidemmentsonger à signaler toutes les formes qui s'attaquent aux végétaux utiles; nous dirons seulement quelques mots d'une espèce typique et très répandue. Le Pliytopte de la vigne [Phytoplus vitis Landois, 1804) a, comme tous les Phytoptes, le corps cylindrique, lentement atténué en arrière, et les deux faces dorsale et ventrale de l'abdomen marquées de plis (semi-anneaux) qui se conti- nuent les uns avec les autres, de sorte qu'elles en possèdent exactement le même nombre. Il existe à la surface du corps un certain nombre de soies dont la disposition est caractéristique. Le quatrième article des pattes est à peu près aussi long que le cinquième ou tarse, qui porte un seul ongle courbé et se termine par un cirre penné, à 5 paires de barbules, un peu plus court que l'ongle. Le Phytopte de la vigne attaque très généra- lement la face inférieure des feuilles, où il pro- voque la formation de poils ou trichomes blan- châtres, puis roussàtres, allongés, comprimés ou subcylindriques, simples;ou peu ramifiés, obtus à l'extrémité, contournés et feutrés. Ces productions, qui résultent de l'hypertrophie des cellules épider- miques, se présentent en groupes maculiformes, isolés, puis confluents ; à leur niveau, la face inférieure de la feuiUe est excavée, la face supérieure en saillie. On les considérait autrefois comme les filaments ou hyphes d'un Champignon, auquel on donnait le nom cVEnneum, d'où l'expression d'éri- Scienze, Lettere ed Arti (7), II, p. 699, 1891- — Trouessart, Considérations géné- rales sur la classification des Acariens, suivies d'un essai de classification nouvelle . Revue des sciences natur. de l'Ouest, I, p. 289, 1892. Fig. 428. — Pkytoptus vitis : fe melle ovig6re, vue par la fact venU'ale, grossie 400 fois. ARACHNIDES. — ACARIENS. 633 nose employée pour désigner ce genre d'altérations, et à laquelle il convien- drait de substituer, comme l'ont fait les Italiens, celle de phijtoptose. La maladie ainsi produite n'est guère dangereuse que pour les très jeunes plants. On pout, du reste, l'arrêter facilement à l'aide de soufrages. Ce qui en fait le princiival intérêt, c'est qu'on l'a souvent confondue avec le mildiou, lequel est dû à la végétation d'un champignon. Mais, dans cette dernière maladie, les taches blanches s'enlèvent facilement à l'ongle, et la feuille n'est jamais boursouflée à la face supérieure. Famille des DÉMODÉCIDÉS. — Les Démodécidés ou Dermato- philessonl de très petits Acariens vermiformes, glabres, qui ont l'ab- domen strié en travers et formant un prolongement assez distinct du céphalothorax; ils possèdent, à l'état adulte, quatre paires de pattes courtes à trois articles, insérées sur le tégument au moyen d'épi- mères. Les palpes sont adhérents, formés de deux articles ; les mandi- bules sont styliformes. Pas de trachées. Pas d'yeux. Génération ovi- pare. Larve à trois paires de tubercules représentant les pattes. Deux stades de nymphe octopode. Ces Acariens, qui ne composent jusqu'à présent qu'un seul genre, vivent en parasites dans les follicules sébacés et pileux des Mammi- fères, parfois dans le pus dont leur présence provoque la formation. Genre Démodex (Demodex Owen, 1843). — Le rostre est large, saillant, recouvert à sa base par l'épistome, qui Fig. 429. — Exlrémitiî antérieure du Djmo- dex folliculorum Gruby assure que, sur GO personnes examinées par lui, 40 en présen- taient; mais, d'après les recherches de Moniez, cette statistique est fort exagérée. Les enfants très jeunes n'en ont jamais. Le Démodex de l'Homme se multiplié très lentement, et par suite n'a pas de tendance envahissante. Cependant, comme il se montre assez souvent dans les pustules d'acné, quelques auteurs ont cru pou- voir lui attribuer un certain rùle dans le développement de ces lésions : en tout cas, ce rôle doit être bien secondaire. Gruby a essayé de transmettre au Chien le Démodex de l'Homme ; il croyait y être parvenu dans un cas; Simon a rapporté un fait ana- Fig. i31. — Chien atteint de gale folliculaire avancée (G. Xeuiuannl. logue ; mais les tentatives expérimentales de Martemucci et de Fried- berger, faites dans le même sens, ont complètement échoué. Démodex du Chien (D. foUiculonun var. canis. — Syn. : D. caninus Tulk, 1844). — Le mâle mesure de 220 à 250 jx de long sur 43 p. de large. La fe- melle est longue de 230 à 300 a et à peine plus large que le mâle. Le rostre est à peu près aussi long que large ; la longueur du rostre et du céphalo- thorax réunis est un peu inférieure (comme 4 : o) à la moitié de la longueur totale. Les œufs sont fusiformes, de 70 à 90 u. de long sur 23 f* de large. Ce parasite a été découvert en 1843 par Topping. Il est du reste fort commun et détermine une grave affection connue sous le nom de 636 ARTHROPODES. gale folliculaire. Cette affection débute le plus souvent par la tête, et en particulier par le pourtour des yeux, pour s'étendre peu à peu sur les autres régions du corps. Elle se traduit par la formation de pustules acnéiques, s'accompagnant d'une dé- pilation plus ou moins marquée. Parfois, cette sorte de gale affecte la forme circinée. Friedberger et Frôhner en ont aussi décrit une va- riété ou forvie squameuse., qui ne se manifeste guère que par la chute des poils et l'abondance des pellicules épidermiques. En général, le prurit n'est pas excessif. Les Démodex se montrent dans -si les glandes sébacées et surtout dans les follicules pileux ; ceux-ci sont di- 8> la tés et renferment souvent un grand nombre d'individus, qui ont le rostre dirigé vers le fond et la face ventrale tournée du côté du poil ou delà place qu'il occupait; Gruby en a compté jusqu'à 200 dans un même follicule. Kroulikovsky les avus passer de là dans le derme et dans le tissu con- jonctif sous-cutané. Laulanié a cons- taté que leur présencepeut donner lieu à une tuberculose locale très intéressante. La gale folliculaire est très dange- reuse pour le Chien, qu'elle conduit le plus souvent au marasme et à la mort. Elle est, sauf lorsqu'elle est encore localisée ou qu'elle revêt la Fig. 433. — Coupe de la peau d'un Chien af- formc squamcuse, difficile à guérir. feclé de gale folliculaire - ., 6piderme, se ^^ traUSmissioU du ChicU aU Chien continuant pour lormer les gaines dans le follicule /■, lequel, sinueux et bifide à son SC manifeste d'uUC faÇOU bcaUCOUp extrémité profonde, renfermait deux poils ;;, . , , j i i dont on voit les bulbes en 6,6'. En a, a', a", ^oms ncttequc dans Ics gales sar- a'", niv, ce follicule présente des dilatations COptiulqueS, SaUS doutC à CaUSe dC la dues à l'accumulation des Démodex d. sb, . . i> i j glandes sébacées, dont uue (s6') contient des Situation profonde des parasitcs, et Démodex. s(i, glandes sudoripares. (irossiss.: peut-être aussi, semblc-t-il, parce que 40 diamètres (Dessin de G. Neumanu, d après '^ . . ^ ^ une préparation de F. Laulanié). CCUX-ci OUt bcsolu, pOUr SC dévslop- per, d'un terrain particulièrement Il est curieux de constater, en effet, combien sont va- sd favorable. ARACHNIDES. — ACARIENS. 637 riables les résultats obtenus dans les essais de transmission d'un ani- mal à l'autre, soit par cohabitation, soit par dépôt direct de Démodex sur la peau. Jusqu'à présent, Ziirn est le seul observateur qui ait signalé la conta}:;ion de cette maladie à l'Homme : il dit avoir vu un vétérinaire, un cocher et une femme, qui soignaient des Chiens atteints de gale folliculaire, présenter aux mains et aux pieds une éruption pustuleuse accompagnée d'un violent prurit : les pustules renfermaient des Dé- modex. C'est là un fait absolument extraordinaire, si l'on songe que, dans les Écoles et les infirmeries vétérinaires, on panse chaque jour, et sans prendre les moindres précautions, des animaux atteints de cette maladie, et qu'aucun autre cas analogue n'a jamais été relevé. Bien plus, les essais d'inoculation directe de pus démodéci- que du Chien à l'Homme, tentés par Martemucci, Rivolla et Cor- nevin, ont complètement échoué. Démodex un Chat (D. follivulorum var. cati). — Semblable à celui du Chien mais d'un quart plus petit. Signalé d'abord par Leydig (1859), qui l'avait trouvé dans les folli- cules pileux de la région du nez, chez un Chat affecté de gale sar- coptique. Mégnin l'a retrouvé plus tard (187G; dans le conduit auditif externe. Paraît inofîensif. Démodes du Porc (D. follicul o/'wmvar. suis. — Syn. : D. phylloiJes Csokor, 1879). —Le mâle est long de 220 p., large deoO à '61 a. La femelle est longue de 240 à 260 [l, large de 60 à 66 [>.. Le rostre est très développé, plus long que large; la longueur du rostre et du céphalothorax réunis est a peu près égale à celle de l'abdomen. Les œufs sont ovoïdes, un peu rétrécis et allon- gés aux extrémités; ils mesurent 100 à 1 10 fi de long sur 30 à 34 a de laree. 434. — Démodex du Porc, d'après Csokor. rrossi 250 fois. Cette forme, dont les figures ci- contre exagèrent la largeur, a été découverte en 1878 par Csokor. Depuis, elle a été observée par G. Neu- mann, Wright et Lindqvist. Elle détermine chez le Porc une affec- tion caractérisée par des pustules variant de la grosseur d'un grain de sable à celle d'une noisette. Le siège en est surtout au groin, au cou, à la partie inférieure de la poitrine, aux hypochondres, aux flancs, au ventre et à la face interne des cuisses. Ces pustules, qui ont leur point de dé- 638 ARTHROPODES. part dans la dilatation des follicules sébacés, augmentent peu à peu de volume, se réunissent quelquefois et finalement se transforment en gros abcès. Dans ceux-ci, comme dans les tumeurs, on trouve d'é- normes quantitésde Démodex. — Cette maladie ne paraît pas altérer sérieusement la santé générale. DÉMODES DU Bœuf(Z). folHculorum var. hovis). — Les sexes n'ont pas encore été distingués. Longueur, environ 210 [j.; largeur, 5o y.. La longueur du rosire et du céphalothorax réunis est à peu près égale à celle de l'ahdomen. Les œufs sont ovoïdes. Le D"^ Gros avait déjà signalé, dès 1845, la présence de Démodex dans le mufle de la Vache. En 1878, Faxon retrouva ces parasites en Amérique, dans des peaux préparées pour le tannage, observation qui a été répétée depuis par Stiles. Grimm et OEhl les ont rencontrés, en Allemagne, dans des nodules de la grosseur d'un pois, disséminés sur toute la surface du corps. OEhl a obtenu la guérisoa par l'expres- sion des tumeurs, le nettoyage de la peau et des frictions de pommade crésylée (1). Les peaux préparées montrent de nombreuses pustules, connues des tanneurs américains sous le nom de « pimples » (boutons), se tra- duisant par des nodosités de la grosseur d'un pois, et correspondant à des follicules pileux dilatés, remplis de Démodex. Un grand nom- bre de peaux, surtout parmi celles qui proviennent des districts du sud, montrent ces altérations, qui entraînent des pertes considérables. On estime en moyenne la moins-value des peaux à 20 p. 100, soit approximativement 0 fr. 90 par pièce. Démodex de la Chèvre (D. folHculorum var. caprœ). — Le mâle est long de 220 à 230 p., large de 50 à bb pi. La femelle est longue de 230 à 230 [a, large de 60 à 63 [l. Le rostre et le céphalothorax réunis égalent presque la moitié de la longueur totale. Les œufs sont ellipsoïdes, longs de 68 à 80 [-t, larges de 32 à 43 [X. Observé pour la première fois (1881) sur une Chèvre, à l'École vété- rinaire de Berne, par Niederhœusern, qui n'avait trouvé que des lar- ves. Retrouvé en 1885, par Nocard et Railliet, sur un jeune Bouc de deux ans, né et élevé à l'École d'Alfort : les Démodex existaient en abondance, à tous les états, et comme noyés dans un amas de sébum, dans des sortes de pustules de grosseur variable, occupant surtout la région des côtes et les flancs. DÉMODEX DU Mouton (D. folHculorum var. ovis). — Celte variété diffère surtout de celle de l'Homme par sa très grande largeur. (1) Stiles, On Démodex folliculorum var. bovis in American Catlle. The Canadian Entomologist, p. 286, 1892. — OEhl, Acarus beim Rinde. Berl. thieriirztl. Wochenschr. , p. 602, 1892. ARACHNIDES. — ACARIENS. 630 Elle a été trouvée par Oschatz dans les glandes de Meibom du Mouton. DÉMODEX DU CHEVAL (D. folHculovum var. cqui). — Érasme Wilson le dit simplement identique à celui de l'Homme. Cet auteur l'a trouvé, en 1844, dans le produit de sécrétion des glan- des de Meibom. En 1845, Gros indiquait aussi la présence de Démodex dans le « mufle » du Cheval. Ajoutons qu'on a signalé encore des Démodex chez le Renard (Gros), le Cerf d'Aristote(Prietsch),laChauve-Souris de Surinam (Leydig), leRat(Hahn), le Campagnol (Zschokke). Famille des SARCOPTIDÉS. — Ce sont des Acariens de très peti- tes dimensions, presque toujours mous, blanchâtres ou roussâtres. Leur rostre ne constitue d'ordinaire qu'un suçoir imparfait : les maxil- les, à peu près constamment soudées à la lèvre inférieure, forment ainsi un hypostome en cuiller, dans lequel glissent les deux mandi- bules didactyles ; les palpes maxillaires, adhérents par leur base à la lèvre, sont inermes, à trois articles cylindriques ou coniques. Les pattes, insérées sur le tégument au moyen d'épimères et formées de cinq articles, sont disposées en deux groupes; leurs tarses se termi- nent par un ou plusieurs crochets souvent accompagnés d'une ven- touse campanulée ou d'une caroncule vésiculeuse. Pas d'yeux ni de trachées. Ovipares ou vivipares. Larves hexapodes souvent très diffé- rentes des adultes. Métamorphoses binymphales (Canestrini), fréquem- ment compliquées par la présence d'une nymphe hypopiale (Mégnin). Dimorphisme sexuel souvent très accusé. — Vivent en parasites ou en commensaux, ou bien se nourrissent de matières organiques en décomposition. 6 sous-familles : Sat'cop(ina\ Cijtoditime^ Analgesinn', Chirodiscinn', Lisirophorinx^ Canestrinimc, l'ijroglyphinie. Sous-famille des sarcoptinés. — Ventouses copulatrices présentes ou absentes chez le mâle suivant les espèces. Pas de ventouses autour de l'orihce sexuel. Pattes terminées d'ordinaire par un ambulacre à ventouse et souvent aussi par un ongle; celles des 3' et 4" paires à ambulacre fréquemment atrophié ou remplacé par des soies. Toco- stome transversal. Le groupe des Sarcoptinés ou Sarcoptidés psoriques (1) comprend (1) Gerlach, Krntze und Râude. Berlin, 1857. — Ch. Robin, Mémoire zoologique et anatomique sur diverses espèces d'Acariens de la famille des Sarcoptidés. BuUet. de la Soc. impér. des naturalistes de Moscou, XXXIII, p. 184, 1800. — FunsTENBERO, Die Kriitzmilben der Menschen und T/iiere. Leipzig, I8C1. — DELAro>D et Bolrguig.non, Traité delà psore. Paris, 1862. — Mégnin, op. cit., p. 156. 640 ARTHROPODES. les espèces qui, vivant dans le tégument des Mammifères ou des Oiseaux, déterminent les affections cutanées connues sous le nom de gale ou de psore. Les lésions que provoquent ces parasites paraissent être dues à l'inoculation d'un produit venimeux. 3 genres : Pattes postérieures entièrement ou presque entièrement cachées sous l'abdomen; rostre court et large ; ventouses ambulacraires à pédi- cule simple et long Sarcoptes. ^ ,, ^, . , „,, / Rostre long et pointu: ventouses Pattes postérieures au moms celles I ■ „ ,• , , ♦ ■ t- i- n , , , i„ . , \,, , , 1 a pédicule long, triarticule Psoroptes. de a 3" paire) saillantes sur lesî«i Sî <^ ~3 Oî § CTS =;. ?« ^ -3 s=. n,^ -t Qh^C^Û. ^ ARACHNIDES. — ACARIENS. 683 Il convient de remarquer que bon nombre de ces caractères n'ont rien d'absolu, en raison du grand nombre d'espèces que renferme chaque genre, de sorte qu'on a dû établir assez souvent des sous-genres pour classer les formes intermédiaires. Cette observation s'applique plus spécialement aux Analgeseae ; il est presque impossible, par exemple, de trouver la démarcation en Ire Pteronyssus et Megninia, d'où la formation d'un sous- genre Mesabjes Trt. Nous ajouterons que, d'a- près ïrouessart, le groupe des Proctophyllés présente une assez grande unifor- mité pour qu'on puisse réu- nir toutes les espèces qu'il renferme dans le seul genre Proctophi/llodes Rob., de telle sorte que les subdivi- sions indiquées dans le ta- bleau ne correspondraient plus qu'à des sous-genres. Il est utile néanmoins de les conserver pour la facilité des recherches. Nous ne pouvons guère que citer ici les espèces qui vivent sur les Oiseaux do- mestiques : DermoglyphuA clongatus Mégn., de la Poule, parfois dans le tuyau des plumes. D. minor (Nôrner), dans le tuyau des plumes de la poule. D. minor var. similis et D. 'carians Trt., dans le tuyau des plumes de la Pintade , avec des Syringophiles. Freyana anatina (Kochj , des Canards. Fr. [Micro- spalax) Chanayi Trt. et Mégn., du Dindon. Pteroliclms obtusus Rob., des Poules, Faisans et Perdrix. Pt. iincinatus Mégn., des Faisan . Falciger rostratus (Buchholz), des Pigeons. Megninia phasiani (ginglymura) (E. Wilson), des Faisans et du Paon. M. co- lumbœ (asternalis) (Buchholz), des Gallinacés et des Pigeons. M. ciibitaiis (Mégn.), des Poules. M. velata (Mégn.), des Canards. Pterophagus slrictus Mégn., des Pigeons. . i67. — Falciger rostratus, du Pigeon : mâle à mandibules allongées, vu par la face ventrale, grossi 100 fois (Orig.). 684 ARTHROPODES. Epidermoptes bUobatus Rivolta, et Ep. bifurcatits Riv., des Poules. Quelques-unes de ces espèces méritent une mention particulière. Le Falcigerrostratus (Buchholz, 1869), qui vit dans les plumes des Pigeons, présente de singulières métamorphoses, qui lui sont d'ailleurs communes avec d'autres Acariens plumicoles. Dans des conditions encore mal déter- minées, un certain nombre de nymphes pénètrent dans le tissu conjonctif sous-cutané ou périlrachéen, parfois même dans les cavités viscérales, s'allongent, perdent à la suite d'une mue leurs organes masticateurs, et se nourrissent sur place, probablement par endosmose. Dès 1866, Robertson avait observé ces Acariens vermiformes et les avait rapprochés du genre provisoire Cellularia Montagu (1808), qui correspond au genre Hypudcctes De Filippi (1861) ou au genre Hypoderas von Frauenfeld (1864); Slosarski en fit l'espèce Hypodectes columbse (1877) , et Murray l'espèce Hypoderas co- lumbœ (1877). Mais Mégnin , ayant découvert la métamorphose indiquée ci-dessus, a pu les rattacher au Falciger rostratus, dont ils ne représentent que des nymphes hypopiales. D'après cet auteur, la transformation dont il s'a"it se produirait au moment d'une mue brusque, lorsque l'Oiseau perd la presque totalité de ses plumes; les Acariens changeraient. ainsi de forme et d'habitat en vue d'échapper à la destruction : et une fois les conditions nor- males rétablies, les nymphes hypopiales reviendraient à l'extérieur et reprendraient leur forme première, pour suivre ensuite leur évolution régu- lière. Malheureusement, ces vues théoriques ne paraissent pas répondre aux données de l'observation (1). Fig. 408. — Epidermoptes hilobatus, de la Poule : mâle, vu par la face ventrale, grossi 150 fois (G. Neumann). Fig. 4t)9. — Epidermoptes bilobatns, de la Poule : femelle, vue par la face ventrale, grossie 130 fois (G. Neumann). Le genre Epidermoptes RivoUa, 1876, renferme plusieurs espèces qui vivent d'ordinaire à la surface de la peau, au fond du plumage et au milieu du duvet, (1) Le tissu conjonctif du Pigeon héberge aussi une forme hypopiale plus petite [Hypodectes mbior), dont les relations avec le Falciger ne sont pas encore établies, et que Mégnin soupçonne de représenter la nymphe mâle. ARACHNIDES. — ACARIENS. 685 Tel est le cas des Epidermoptes bilobatus et bi furca tus Riv., qui se rencon- trent assez souvent sur la Poule. Dans certaines circonstances, ils se mul- tiplient à l'excès, et leur présence coïncide avec des altérations cutanées qui semblent devoir leur être rapportées. Rivolta, Caparini, Friedberger, Neumann, Lucet et Railliet ont fait connaître diverses observations tendant à établir le rôle pathogène de ces Acariens, qu'on peut cependant ren- contrer à l'occasion sur des individus sains. Sous-famille des listrophorinés. — Ventouses copulatrices toujours présentes chez le mâle. Pas de ventouses autour de l'orifice sexuel. Toco- stome transversal à la face inférieure du céphalothorax. Pattes munies d'am- bulacres à ventouse, au moins celles des deux paires antérieures. Lèvre ou pattes postérieures formant une pince propre à saisir les poils. Ces Acariens, autrefois désignés sous le nom de Sarcoptidés gliricoles, parce qu'on les croyait propres aux Rongeurs, vivent au fond du pelage des Mammifères, sans développer toutefois aucune lésion cutanée. Quatre genres : Listrophonm, Myocoptes, Criîiiscansoj', Cumpylochirus. Les Listrophores [Listrophorus Pagenstecher, 1860), ont le corps ovoïde, comprimé d'un côté à l'autre, muni d'un large plastron céphalothoracique, et la lèvre transformée en une sorte de pince à mors allongés, destinée à saisir les poils. Le mdle porte deux ventouses copulatrices ; son extré- mité postérieure est plus ou moins échancrée ; la femelle a la vulve située entre les deux groupes de pattes ; son extrémité caudale est entière. Le Listrophore bossu (L. gibbus Pag., 1860) a le plastron céphalotho- racique simplement échancré en des- sus ; l'extrémité postérieure du mâle Fig. i70. — Listrophorus gibbus, dnL (Lignières). 688 ARTHROPODES. 1. Ventouses copulatrices chez le mâle 7- Pas de ventouses copulatrices 2 . 2. Ventouses aberrantes dans les deux sexes; palpes à expan- sions chitineuses Histiostoma . Pas de ventouses aberrantes; palpes normaux 3. 3 . Nymphes migratrices homopiales, vivant sur les Mammifères. Homopus . Nymphes migratrices non homopiales, ou manquant 4. 4 . Ongle tarsien rudimentaire Glycyphagus. — — distinct 5. 5. Ventouses génitales absentes dans les deux sexes; toco- stome derrière les épimères de la deuxième paire Hericia. Ventouses génitales au moins dans l'un des deux sexes... G. C . Ventouses génitales dans les deux sexes Carpoglyphus. — — chez la femelle seule Tricholarsus, 7. Mâle à appendices foliacés à l'extrémité postérieure ducorps. Histioçjaster. Mâle sans appendices foliacés 8 . 8. Pas de sillon entre le céphalothorax et l'abdomen Chorloglyphus . Un sillon 9 . 9. Pattes de la première paire, chez le mâle, épaissies et éperonnées Aleurobius . Ces pattes normales 10 . 10. Tarses longs, avec caroncule; pas de dimorphisme mâle. Tyroglyphus. Tarses courts, sans caroncule; dimorphisme mâle Rlùzog typhus. Quelques-uns de ces genres méritent une mention spéciale (1). Les Histiostomes {Histiostoma Kramer, d 876 ; Hypopus Koch, 1841 ; Serrator Mégnin, 1880) ont un sillon entre le céphalothorax et l'abdomen; leurs tarses présentent un ongle distinct, sans ventouse. — H. feroniarum (Dufour), dans les champignons putrescents, les résidus de choucroute, etc. H. necrophagum (Mégn.), sur les cadavres momifiés. Les Glyciphages {Glycyphagus Hering, 1838), qui portent des poils barbelés ou plumeux, ne montrent pas de sillons entre le céphalothorax et Fabdomen. — G. prmionim Her. , 1838, ou spinipes Koch, 1841, dans la poussière des maisons ou du vieux foin, dans les tabacs, sur les substances organiques en voie de décomposition, cadavres, squelettes, produits de charcuterie altérés. — G. domesticus (De Geer, 1778), ou cui'sor Gerv., 1841, dans les mêmes milieux que le précédent ; un peu moins commun, attaquant volontiers les fruits et les matières sucrées. Ce sont probablement des individus de cette espèce que Hering avait observés sur le pied d'un Cheval affecté de crapaud : il les regardait comme propres à celte maladie et en- avait fait une nouvelle espèce de Sarcopte, sous le nom de Sarcoptes hippopodos. En 1867, Moriggia publiait une curieuse observation relative à la présence d'une énorme excroissance cornée sur la face dorsale de la main droite d'une vieille femme; l'intérieur de cette corne était rempli d'Acariens qu'il décrivit et figura sous le nom d'Acarus domesticus. Peut-être s'agissait-il de ce Glyciphage. Il convient de rappeler encore que Busk a trouvé, en 1841, un Acarien mort dans un ulcère de la plante du pied, chez un Nègre soigné au Seaman's Hospital Ship de la Tamise : la saillie conique (2) qui existe à l'extrémité (1) Il y aurait à ajouter encore deux genres insecticoles : Pidlea Canestrini, 1884, et Hemisarcoptes Lignières, 1893. (2) Nous devons cependant faire remarquer que les tubercules impairs qui ter- minent l'abdomen des femelles ovigères ne sont pas propres aux seuls Glyciphages ; ARACHNIDES. — AGARIEXS. C89 postérieure de ce corps tend à montrer qu'il s'agissait d'une femelle ovigère de Glyciphagc, et Murray en a fait un G. Buski. En Angleterre, on observe' souvent, sur les personnes qui manient le sucre, une irritation passagère, mais parfois assez violente, connue sous le nom de gale des épiciers (grocer's itch) : Murray attribue ces accidents aux Gly- ciphages. Dans la poussière des fourrages, on trouve encore, outre les espèces pré- cédentes, G. vitcnnedius, plumiger, C ânes tr inii, palmi fer . Les Carpoglyphes {Carpoglyphus Robin, 18G9; Phycobius Can., 1888) man- quent également de sillon thoraco-abdominal. — C. passularum (lier.) ou P/t. anonymus (llaller), sur les vieilles ligues sèches, les pruneaux, les con- serves, rarement sur le fromage. Heinhardt, de Hautzen, l'a trouvé dans des matières vomies : il avait été sans doute introduit dans l'estomac par l'in- termédiaire de fruits confits. Dans les Chortoglyphes {Ckortoglyphus Berlese, 188i), nous n'avons à signaler que Ch. nudiis Berl., du foin et de la litière. Les Aleurobies {Aleurobius Caneslrini, 1888) ont des ventouses génitales dans les deux sexes. Le mâle possède en outre des ventouses copulatrices, et il a les pattes de la première paire épaissies et armées de crochets; celles de la 4^ paire portent le long du tarse deux petits disques à ventouse. Les tarses sont terminés par une caroncule et par un crochet bien développé. Le tocostome, comme l'armure màle, se trouve entre les épimères de la 4« paire. Il existe un sillon thoraco-abdominal. Les nymphes migratrices sont hypopiales. L'Aleurobie de la farine (.-1. farinx [De Geer] ; Tyr. farinx Gerv.) est de teinte pâle, avec les pattes roussàtres, celles de la première paire, chez le màle, étant très grosses, surtout au niveau du 2* article, qui porte à sa base et en dedans un éperon très fort. En arrière de chacune de ces grosses pattes, une courte soie plumeuse. Mâle long de 330 [jl, large de 160 [i.. Femelle ovigère longue de 600 u,, large de 300 [jl; six courtes soies en arrière, \ymphe hypopiale longue de 200 (x; cinq paires de ventouses, l'avant- dernière la plus grande, la dernière la plus petite. Vit sur des substances organiques très diverses, où il se multiplie à l'excès lorsqu'elles présentent un commencement d'altération : farines, grains, foin, paille, tabac, houblons, fromages, produits de charcuterie, cadavres, etc. Berlese l'a trouvé quelquefois rempli de spores à' Aspergillus glaitciis. Moniez (1) a observé un cas de parasitisme accidentel de cet Aca- rien sur l'Homme. II existait en abondance dans des blés importés de Russie à Lille, et, lors de la manipulation de ces blés, produisit une éruption cutanée sur les ouvriers. on les rencontre aussi chez les Tyroglyphes et même chez divers Analgt^sinés. D'après Trouessart, ils représentent ce qui reste du canal spermatique (vagin) oblitéré et desséché, lorsque la femelle adulte sort de son tégument de femelle pubère. (1) R. JIosiEZ, Parasitisme accidentel sur l'Homme du Tyroglvphus farina?. Comptes rend. Ac. se, CVIII, p. 1026, 1889. Railliet. — Zoolo<^ie. 44 690 ARTHROPODES. Robin, qui décrivait cette espèce sous le nom de Tyroglyphus siro, Fa trouvée en abondance dans la vieille farine de lin; il ajoute que des médecins lui en ont remis trois fois un ou deux exemplaires re- cueillis sur des plaies après application de cataplasmes de farine de lin. — Laboulbène en a étudié un trouvé dans Furine d'un malade, et provenant, bien entendu, de Fextérieur. Burke a signalé d'autre part, sous le nom de stomatilis pustulosa acarosa, une affection qu'il a rencontrée plusieurs fois chez le Cheval, et consistant en des tumeurs épithéliales de la muqueuse buccale. Dans ces tumeurs, qui ont une tendance à l'ulcération, il a trouvé souvent des Acariens qu'il rapporte à VAcarus farinx. Le son avarié qu'on distribuait aux Chevaux renfermait d'ailleurs les mêmes ani- malcules ; mais il est peu probable qu'il y ait eu entre ceux-ci et les tumeurs une relation de cause à effet. Enfin, Hering dit avoir trouvé la Mite de la farine sur le Chat d'un boulanger, atteint d'un exanthème d'apparence psorique. Les Tyroglyphes [Tyroglyphus Latr., 1797) ont aussi des ventouses géni- tales dans les deux sexes. Le mâle possède en plus deux ventouses copula- trices: ses pattes antérieures sont normales; celles de la 4*^ paire portent souvent, mais non toujours, de petits disques à ventouse sur les tarses. Les pattes sont terminées par une caroncule et par un ongle bien distinct. Le tocostome est situé entre les épimères des deux dernières paires, l'armure mâle entre ceux de la dernière. Le tégument est lisse ; il existe un sillon entre le céphalothorax et l'abdomen. Les nymphes migratrices sont hy- popiales. Le Tyroglyphe ciron [T. siro [L.]) est de teinte blanchâtre ou un peu rosée. Tarses de la première paire à peine plus longs que les deux articles précédents (3'= et 4^) réunis; ceux de la 4'= paire plus courts. Tarses des deux premières paires munis à leur base d'une courte soie tactile claviforme. Soies du corps assez longues. Mâle long de 500 [ji, large de 250 i*; pénis droit; deux disques à ventouse sur les tarses de la i" paire. Femelle longue de 530 [i.., large de 280 ij.. Vit sur les substances organiques envoie de décomposition : fromages, fa- rines, etc., mais est relativement rare. Nous l'avons observé, avec Moulé, sur la vanille, 011 Arnozan paraît l'avoir également rencontré. On l'a même accusé de produire des phénomènes éruptifs dans l'affeclion qu'on a décrite sous le nom de vanillisme, et qui paraît être comparable à la gale des épiciers. Les personnes qui manient les vanilles « mitées » éprouvent souvent, en effet, une éruption papuleuse avec prurit intense (f). Pour les auteurs italiens, c'est le véritable Acare du fromage, et cepen- dant, comme Moniez, nous l'avons trouvé dans ce produit beaucoup moins fréquemment que VAleurobius farinx. — Ziirn rapporte que, dans certaines régions de l'Allemagne, on se livre à une sorte d'élevage de ces Acariens, en vue de la production du « fromage aux Mites, » dont on apprécie la sa- (1) A. Layet, Élude sur le vanillisme ou accidents causés par la vanille. Revue d'hygiène et de police sanitaire, V, p. 711, 1883 (Note d'Arnozan, p. 724). ARACHNIDES. — ACARIENS. G91 veur acidulé. Cet auteur ajoute d'ailleurs qu'il a observé à diverses reprises du catarrhe stomacal et intestinal chez des individus ayant l'habitude de consommer ce fromage. Latreille a rapporté au T. siro les Acariens rencontrés par Ro- lander, élève de Linné, dans ses selles, et décrits par ce dernier sous le nom à^Acarus dysenterix. Ils provenaient d'un vase en bois dans lequel Rolander buvait chaque nuit. Lanibl a vu également, à Prague, dos Acariens dans les selles dysentériques des enfants. Le Tyroglyphe allongé (T. longior Gervais, 1844) a le corps blanc ou jaunâtre, brillant, avec deux taches noirâtres à l'abdomen. Tarses relative- ment longs, ceux de la l""" et de la 4" paires notablement plus longs que les 3'-" et 4« articles réunis de la patte correspondante. Pas de soie tactile clavi- forme aux tarses des deux premières paires. Soies du corps plus longues que dans l'espèce précédente. Mâle long de 550 [jl, large de 280 [j.; pénis incurvé ; deux disques à ventouse sur les tarses de la 4« paire. FemeZ/e longue de 01 0 [X, large de 280 [x. Vit en compagnie du T. siro et de VAL farinas, mais est moins commun. Il a eu son heure de célébrité, à l'époque où Cross prétendait produire des êtres vivants sous rinfluence de l'électricité : l'Acarien qu'il affirmait avoir ainsi développé n'était autre, semble-t-il, qu'une femelle de T. longior {Acarus horridus Turpin, 1837; A. Grossi des auteurs anglais). Le Tyrojïl.vphe entomophage (T. c/z/omop/««ârî/.s [Laboulbène, 1852]) est grisâtre, brillant. Pattes très courles, moins longues que le corps n'est large; tarses plus courts que les 3" et 4^ articles réunis. Mâle long de 120 à 400 j*, large de 60 à 200 [x. Feme//e longue de 150 à 500 a, large de 75 à 250 ij.. Dans le corps des Insectes morts, surtout des Coléoptères, comme les Cantharides. Moniez l'a trouvé à Lille dans le safran. Il existe aussi sur la vanille. On peut encore citer les Tyroglyphm ovatus Troupeau, de la farine et du fromage ; T. siculus Fum. et Rob., de la Cantharide de Sicile, etc. Les Rhizoglyphes [Rhizoglyphus Claparède, 1869; Cœpophagus Mégn., 1880) sont reconnaissables à leurs pattes courtes et épineuses, à tarse ter- miné par un ongle robuste, sans caroncule. — Rh. spinitarsus (Hermann, 1804) ou Tyroglyphus echinopus Robin, dans les bulbes de Liliacées en voie d'altération, sur les racines ou les tubercules de diverses plantes. Ren- contré par Baratoux et Mégnin dans le conduit auditif d'une femme atteinte d'otorrhée et se faisant des injections de décoction de racine de guimauve. Ajoutons que Hessling a trouvé, dans la plique polonaise, deux espèces d'Acariens qu'il a décrits et figurés d'une façon imparfaite, sous les noms dCEutarsus cancriformis et de Cœlognathiis tnorsitans ; or, il ne s'agit nullement de parasites ; ce sont, semble-t-il, des nymphes trichodactyloïde et hypopiale de Tyroglyphinés. Famille des BDELLIDÉS. — Acariens à téguments mous, cou- verts de poils diversement conformés, quelquefois vivement colorés. Rostre bien distinct. Palpes grêles, tactiles, libres, à dernier article 692 ARTHROPODES. renflé ou émoussé portant simplement des poils. Mandibules en pinces ou crochues. Le plus souvent une paire d'yeux sur le cépha- lothorax. Pattes toutes semblables, insérées sur le tégument au moyen d'épimères. Deux stigmates à la base du rostre. Larves hexa- podes semblables aux adultes. — Acariens terrestres pour la plupart. Deux sous-familles : Eupodime et Bdellinx. Sous-famille des eupodinés. — Palpes médiocres ou courts, ordinai- rement formés de quatre articles, dont les derniers se replient généralement en dessous sur les premiers comme la lame d'un couteau sur le man- che. Mandibules en pince à mors dentés. Pattes, au moins celles des cinq dernières paires, propres à la marche ou au saut, et terminées par deux ongles et un cirre cilié, rarement par un seul ongle. Orifice génital ventral, entouré de poils plus ou moins modifiés. Poils souvent ciliés, foliacés et disposés en rosette. Ces Acariens délicats vivent librement, et se nourrissent de proies ou de substances végétales. Genre Tydée (Tydeus Koch, 1842). — Palpes de longueur médiocre, à der- nier article long, terminé par quelques soies assez courtes. Mandibules fai- bles. Pattes assez courtes, à tarses coniques, les postérieurs plus longs que les antérieurs. Ouverture sexuelle non entourée de ventouses. Épimères courts, non réunis. Très petits animaux, à mouvements lents. Le Tydée importun (T. molestus Moniez, 1889) est une espèce aveugle, de teinte rose ; le mâle est rare ; la jeune femelle est longue de 250 [x; la femelle bourrée d'embryons atteint 360 [x. Moniez a trouvé cet Acarien en Belgique, localisé dans les jardins d'une grande ferme isolée, où il est apparu vers 1864, à la suite d'une importation de guano du Pérou. Depuis cette époque, il se montre chaque année, de juillet aux premiers froids. On le trouve en quantité fabuleuse dans le gazon, ainsi que sur tous les arbres et arbustes. Il se jette sur l'Homme, et devient surtout insupportable pendant les grandes chaleurs : il suffit d'ébranler faiblement les branches ou de marcher sur l'herbe pour être attaqué. Dès le premier jour il y a formation d'ampoules, et la trace de la piqûre persiste de trois à cinq jours. Le Tydée n'épargne pas non plus les animaux qui pas- sent à sa portée : Chiens, Chats, Poules, Pintades, Canards ; on peut le rencontrer sur tous les points du corps, mais il se fixe de pré- férence aux articulations, autour de l'œil, à l'anus, où il détermine la formation d'une sorte de couronne de croûtes; les jeunes Canards principalement souffrent de ses attaques et en meurent, forcés qu'ils sont de conserver les ailes et les pattes étendues, par suite de l'ag- glomération des Acariens aux plis des articulations. Famille des TROMBIDIDÉS. — Acariens à téguments presque toujours mous, plus ou moins velus et souvent colorés de teintes vives. ARACHNIDES. — ACARIENS. 693 Rostre en suçoir conique formé par l'hypostome incurvé et contenant deux mandibules dépourvues de mors mobile, à branche principale terminée en pointe (mandibules styliformes) ou par un crochet; palpes libres, volumineux, dont l'avant-dernier ou plus rarement le dernier article porte un ongle plus ou moins développé {palpes ravisseurs). Pattes insérées sur le tégument au moyen d'épimères, propres à la marche, ordinairement composées de 5 ou 6 articles et termi- nées par un ongle double souvent accompagné d'un cirre pectine ou d'une petite caroncule, etc.; celles de la première paire souvent tactiles et modifiées à cet effet. Assez fréquemment des yeux. Trachées s'ouvrant, au moyen d'une paire de stigmates, à la base du rostre ou sur les ciMés du céphalothorax. Celte famille comprend un grand nombre d'espèces terrestres, les unes libres, les autres parasites. 10 sous-familles : Tarsoncmin;>\ Cheyletinic, Eryihrxinse, Tetranycinif, Rap/ilgnalhina', Rhyncholophina^ Trombidhui', Scirinn', Cicculimc', Lwi- nocharinx. Sous-famille des tarsonéminés. — Palpes simples, petits, peu distincts. Mandibules styliformes, faibles. Pattes de la 1'''= paire terminées par un seul crochet; jamais de cirre ni de poils caroncules. Corps diversement con- formé, avec séparation assez accusée des segments. Stigmates s'ouvrant sur les côtés ou à la face dorsale du céphalothorax. Un gros cirre claviforme de chaque côté sur la face ventrale de la femelle, entre les deux premières paires de pattes. Dimorphisme sexuel très prononcé. Métamorphoses anym- phales (pas de nymphe octopode). Acariens parasites ou libres. Genres Tarsoncinus, Pediculoides, Pygmephorus, Disparipcs, Podapolipus. Genre Pédiculoïde (Pediculoides Targioni-Tozzetti, 1878. — Syn, : Heteropus Newport, préoccupé; Physogastcr Lichtenstein, 18G8, préoccupé; Sphserorjyna Lab. et Mégn., tSBo). — Rostre normal et libre. Pattes de la 4"= paire, chez la femelle, terminées par deux ongles et une caroncule; celles du mâle mo- dérément développées, terminées par un ongle seul. Dans les deux sexes, pattes de la première paire terminées par un seul ongle, celles des 3* et 4® paires par deux ongles et une caroncule. Écusson dorsal segmenté. Abdomen de la femelle gravide se développant en une sphère énorme. Animaux parasites des Insectes. Le Pédiculoïde ventru (P. venlricosus [Newport]. — Syn. : Heteropus ven- iricosus Newport, 18bO; P. tritici Targ., 1878; Sph. tentricosa Lab. et Mégn., 1885: P. ventricosus Canestr., 1888). — Corps ovale ou cylindroïde, jaunâtre, à téguments mous, à peine striés longitudinalement. Pattes à cinq articles. Mâle long de 120 [j., large de 80 [jl ; corps ovalaire, anguleux, offrant à sa face supérieure six paires de soies et en arrière un plastron grenu. Femelle non gravide longue de 200 |j., large de 70 [i ; corps cylindroïde, à face dorsale montrant sur le céphalothorax, en arrière des stigmates, une paire de soies, et sur l'abdomen deux pailles ; en outre, deux courtes soies postérieures. 694 ARTHROPODES. Femelle gravide différant de la précédente en ce que l'extrémité postérieure de l'abdomen s'est gonflée en formant une sphère énorme pouvant acquérir un diamètre 20 fois supérieur à celui du corps : ce renflement globuleux est rempli d'oeufs à tous les degrés de l'évolution, jusques et y compris la for- mation d'individus octopodes ayant tous les caractères de l'adulte. On peut même distinguer dans l'utérus les individus mâles des femelles : ceux-ci sont toujours accolés deux à deux et tête-bêche dans un œuf allongé qui se sépare facilement en deux parties ayant chacune une enveloppe propre. L'espèce est donc vivipare ; la femelle donne naissance à des individus mâles et femelles paraissant aptes à se féconder immédiatement, de sorte qu'on ne trouve en liberté ni larve hexapode ni nymphe (Laboulbène et Mégnin). Le Pédiculoïde ventru vit en parasite sur les larves et les nymphes d'Insectes variés, et en particulier sur celles de la Teigne du blé. De là, il peut passer sur le corps de l'Homme. Le premier cas de ce parasitisme accidentel a été recueilli par Lagrèze-Fossot et Montané. Du blé récolté dans la vallée de la Garonne avait été préparé en septembre 1849 et vendu quelque temps après, mais l'acheteur n'en prit livraison qu'en juin 1830. Dans cet intervalle, le blé ne fut ni pelleté, ni ventilé. Lorsqu'on l'enleva, les hommes employés au transport des sacs, ainsi que le mesureur et l'acheteur, éprouvèrent de vives démangeaisons. Cependant, une partie du char- gement fut expédiée à Bordeaux, et le reste à Moissac, mais dans ces deux villes les ouvriers employés au débarquement refusèrent bientôt de continuer le travail : tous se plaignaient de démangeaisons insup- portables à la poitrine, aux bras, à la face, autour du cou et sur les épaules, et chez la plupart cette irritation cutanée fut suivie d'une éruption de boutons plus ou moins enflammés, dont quelques-uns renfermaient un peu de sérosité. Lagrèze-Fossot reconnut que ces phénomènes résultaient de la présence d'un Acarien particulier, qu'il décrivit et figura sous le nom û.'Acarus tritici, mais qu'il est facile de reconnaître pour une jeune femelle ou nymphe octopode de Pedi- culoides. Des accidents analogues ont été signalés depuis lors à diverses reprises, sans que toutefois la détermination spécifique du parasite ait pu être faite dans tous les cas. Citons simplement les observations de Rouyer et Robin, dans l'Indre (1868) ; celle de Perrens et Lafargue dans la Gironde (1872); celle de Geber à Klausenbourg, où l'Aca- rien, qui provenait de tas d'orge, est appelé Chrithoptes monungui- culosiis (1879); celle de Koller à Budapest, où le parasite est pris pour une larve d'Oribate (1882) ; enfin, celles de Bertherand en Algérie (1888), où Moniez reconnaît des individus jeunes de P. ventricosus. Au point de vue de l'agriculture, le P. ventricosus est un animal utile, car il détruit les larves d'Insectes. En Amérique, Webster a constaté que 32 p. 100 des larves de l'Alucite du blé [Sitotroga cerealella) étaient tuées par ARACHNIDES. — ACARIENS. G9b cet Acarien, et Laboulbène Ta vu, dans le midi de la France, attaquer les larves du Bupreste du chèn^ {Corxbus bifasciatus). Genre Tarsonème [Tarpon émus Canestrini et Faiizago, 1876. — Syn. : Chironemua Cn.et F., I87;i, préoccupé; Dendvoptus Kramer, 1876; Choyiurus Trt., 188o). — Rostre normal et libre. Pattes de la quatrième paire, chez la femelle, peu développées, sans ongle ni caroncule, mais terminées par deux soies ; celles du mâle très développées, terminées par un ongle robuste, et formant ensemble une pince puissante. Dans les deux sexes, pattes de la première paire possédant un seul ongle, celles des 3" et 4° paires pourvues de deux ongles et d'une caroncule. Écusson dorsal segmenté. Animaux vivant sur les i)lautes. Le Tarsonème nu (T. intectus Karpelles, <88b) a été observé en Hongrie dans Tété de l88o. Des orges ayant été amenées de Bulgarie à Steinbruch, les ouvriers occupés à les transporter furent atteints, sur les parties nues du corps, et en particulier sur le cou, d'un exanthème analogue à l'urti- caire, caractérisé par des vésicules rougeàtres de la grosseur d'un grain de mil et accompagné d'un prurit intense. Le D"" G. Horvâth reconnut que l'irri- tation était occasionnée par des Acariens blanchâtres, qui furent soumis à Karpelles, de Vienne, et reconnus par lui pour une espèce particulière de Tarsonemiis. Il existait à la fois des nymphes et des individus adultes, ceux-ci mesurant environ 350 u. de long. Genre Pygméphore [Pygmephorus Kramer, 1877). — Rostre faible, à pièces peu développées, et caché dans une sorte de papille céphalique. Pattes de la 4"= paire, chez la femelle, terminées par des crochets parfois accompagnés d'une caroncule. Corps de la femelle gravide non déformé, très épineux. Abdomen indistinctement segmenté ; pas do véritable écusson au cépha- lothorax. Le Pygméphore à crochets (P. iincinatus [Flemming, 1884]) a été ren- contré par J. Flemming sur des ouvriers de Klausenbourg qui, déchargeant du blé venu de Russie, furent atteints tout à coup d'un exanthème insolite. Flemming décrivit TAcarien comme un Tarsonemiis, mais Kramer montra qu'il devait être rattaché à son genre Pygmephorus. Sons-famille des cheylétinés. — Palpes ravisseurs composés de trois à cinq articles dont l'avant-dernier ou le dernier est muni d'un ongle ou de crochets plus ou moins robustes. Mandibules stylil'ormes ou à crochet. Ou- verture sexuelle du mâle généralement placée sur le dos. Presque jamais d'yeux. Téguments mous et le plus souvent nus sur la face ventrale. Stigmates s'ouvrant à la base du rostre. Dimorphisme sexuel peu prononcé. Larve hexapode ressemblant beaucoup à la forme adulte. Ces Acariens sont libres ou parasites, les uns se nourrissant de proies vivantes, les autres de liquides d'origine animale. Genre Cheylète {Cheyietus Latr., 1797). — Rostre volumineux. Palpes coni- ques, énormément épaissis à la base; avant-dernier article terminé par un fort crochet rarement accompagné d'un crochet accessoire; dernier article rudimentaire, placé au bord interne du précédent et muni de deux cirres 696 ARTHROPODES. pectines. Mandibules styliformes. Pattes à o articles, à peu près toutes sem- blables, les deux premières parfois un peu plus grandes; tarses générale- ment terminés par deux crochets et des cirres rangés en peigne. Acariens libres, se nourrissant d'autres petits Acariens. Le Cheylète érudit {Ch. eruditus [Schrank, 1781]) est de teinte pâle, rare- ment rouge; les pattes antérieures atteignent à peine la longueur du corps; l'ongle des palpes est bifide; les soies du corps sont simples. Il mesure jusqu'à 800 fx, de long. D'après Beck, il se reproduit par parthénogenèse. Son nom spécifique vient de ce qu'on le trouve parfois dans les vieux livres. Il vit en effet dans les maisons, parmi les objets poussiéreux ou les chiffons, mais il est plus commun encore dans les étables, poulaillers, pi- geonniers, dans les fourrages altérés, dans les magasins de tabacs (Moniez), dans la farine envahie par les Tyroglyphes et partout en général où abondent les Acariens. Il se nourrit en effet de ces petits animaux, qu'il saisit à l'aide de ses palpes, et auxquels il paraît inoculer un liquide venimeux, car on les voit tomber immédiatement dans une immobilité absolue. Leroy de Méricourt a recueilli à Terre-Neuve, sur un officier de ma- rine revenant de la Havane et affecté d'exanthème, trois Acariens qui se trouvaient au milieu du pus s'écoulant de l'oreille. Laboulbène les décrivit d'abord comme des Tyroglyphes [Tyroglyphus Mericourti Lab., 1851; Acaropsis Mericourti Moquin-Tandon, 1860), mais recon- nut plus tard qu'il s'agissait simplement du Cheylète érudit, introduit sans doute dans l'oreille par l'intermédiaire de la charpie. Lors de la restauration de l'église Saint-Pierre, à Londres, les tombes ayant été ouvertes et nettoyées, des myriades d'animalcules se répandirent sur les ouvriers et sur les fidèles. Des exemplaires en furent envoyés à Leuckart, qui les reconnut pour des Cheylètes érudits (R. Blanchard). — Robin, de son côté, a reçu plusieurs fois des spécimens de cette espèce rencontrés sur le corps humain ou dans les selles, et n'ayant occasionné d'ailleurs aucun accident. Brady a figuré le même Acarien, trouvé dans ses fèces, sous le nom de Ch. Robertsoni. De même, on peut rencontrer, sur le corps des animaux, des Cheylètes tombés des fourrages, et Picaglia leur a attribué, dans de pareilles conditions, le développement d'une dermatose observée sur un Cheval ; mais la relation de cause à effet n'a pas été bien établie. Le Chcyletus venustlssimus Koch se rencontre dans les mêmes endroits que le précédent, mais il est infiniment moins commun. Genre Cheylétielle {Cheyletiella Canestr., 18S6). — Se distingue du genre précédent par les palpes, dont le dernier article est dépourvu de cirres pectines, et par les pattes, qui sont terminées par un cirre foliacé ou bifide, accompagné ou non d'une paire de crochets. Les CUeylétielles vivent en mutualistes sur les Mammifères et sur les Oiseaux. ARACHNIDES. — ACARIENS. 09" La Cheylétîelle parasitivore {Ch. parasitivorax [Mégn., 1878]) est sub- hexagonale, gris jaunâtre; elle possède des palpes volumineux dont le dernier article, appendiculairo, porte seu- lement un poil bilide et trois poils simples. Les pattes antérieures sont plus courtes que les posté- rieures ; les tarses sont terminés par un cirre foliacé à bords pecti- nes, non accompagné de crochets. Mâle long de 260 à 270 u.. Femelle ovigère longue de 390 à 430 jjl. Cette espèce vit dans la fourrure des Lapins : d'après Mégnin, elle ferait la chasse aux Mslropliores. Canestrini dit qu'elle s'insinue vo- lontiers entre et sous les squames épidermiques. La Cheylétielle hétéropalpe {Ch. heteropalpa [Mégn., 1878]) est sublosangiquo, de teinte jaunâtre. Son rostre est plus étroit, et à pal- pes moins volumineux que dans Fig. 474. — CheylelieUa parasitivorax, femelle ovi- gôre, vue par la face ventrale, grossie 100 fois (G. .\eumaiin). l'espèce précédente : chez la fe- melle, ces palpes ne dépassent pas le rostre, et le crochet du pénultième article se montre assez faible, mais très coudé; chez le mâle, il dépasse no- tablement le rostre, et le crochet n'est que faiblement arqué. Les pattes antérieures et postérieures sont à peu près égales; leurs tarses se terminent par deux crochets fortement coudés et par un cirre bifide barbelé. Vit à la base des plumes de divers Colorabins et Passereaux; lisse à la surface de la peau de petites toiles formant des plaques blanchâtres et desti- nées à abriter la ponte (Pontaillié). Genre Sarcoptérin [Sarcopterinus Raill., 1893. — Syn. : Sarcopterus Kdzsch, 1818; Harpirhynchus Mégn., 1878; Harpicephalus Can., 1886, tous noms préoccupés). — Rostre saillant, conique, obtus. Palpes épais, à 3 articles, le pénultième dépassant le dernier et muni de trois crochets, soies ou poils souvent recourbés. Mandibules styliformes. Pattes à 5 articles, terminées par deux ongles et un cirre; celles des deux paires postérieures souvent atro- phiées. Ouverture génitale du mâle dorsale. Parasites sur les Oiseaux. Le Sarcoptérin uidulant (S. nidulans [Nitzsch, 1818]) porte à l'extré- mité du deuxième article des palpes trois robustes crochets fortement recour- bés en haut et en arrière. Les pattes des deux premières paires sont termi- nées par deux ongles et un cirre bifurqué ; celles des deux paires postérieures sont réduites à l'état de moignons à 3 articles et terminées chacune par un faisceau de quatre longues soies. Longueur, jusqu'à 400 ix. U vit en colonies nombreuses dans les follicules plumeux dilatés et formant des sortes de tumeurs cutanées, surtout chez les Passereaux. Mégnin dit 698 ARTHROPODES. toutefois avoir rencontré la nympiie pubère vagabonde dans les plumes des Pigeons et de quelques autres Oiseaux. Berlese et Trouessart en ont fait connaître plusieurs autres espèces : presque tous les Oiseaux nourrissent des représentants de ce genre. Genre G.Haller, Syringophile {Syringophilus A. Heller, 1880. — Syn.: [?] Pkobia iSn). — Corps allongé. Rostre fort, à palpes triarticulés, simples, le dernier article portant trois épines. Mandi- bules styliformes. Lèvre unie à Tépistome de manière à former un tube. Pattes assez courtes terminées par deux ongles robustes et plusieurs cirres pectines. Les Syringophiles (c6pi-y?, tuyau ; çtXsîv, aimer) sont parasites des Oiseaux. On les trouve, dit Trouessart, dans le tuyau des plumes de l'aile et de la queue, et souvent dans celui des tectrices alaires. Ils se nour- rissent aux dépens des cônes qui forment l'àme de la plume. Accidentellement, on rencontre des individus isolés en dehors du tuyau, et Trouessart pense que tous en sor- tent avant la mue d'automne, pour chercher un nouveau logement dans les plumes ré- cemment poussées. Ils y pénétreraient par l'ombilic supérieur, et en sortiraient par l'ombilic inférieur, devenu libre au moment de la mue. Syringophile bipectiné (S. bipectinatus Heller, 1880). — Corps très allongé, presque vermiforme, un peu plus large en avant qu'en arrière. Rostre losangique. Extrémité postérieure arrondie. Longueur du mâle : 700 à 800 ;jl; de la femelle 900 [j.. Chez les Poules, Pintades (Trouessart), Pigeons, ainsi que chez un grand nombre d'Oiseaux sauvages. Canards, Mouettes, Pas- sereaux (Poppe). Fig. 475. — Syringophylus bipectinatus, de la Poule : femelle, vue par la face ventrale, grossie 100 fois (G. Neu- uiann). Syringophile unciné (S. uncinatus Heller, 1880 ; Cheyletus uncinatus Poppe, 1888). — Diffère du précédent par ses for- mes plus trapues, le plus grand développe- ment des crochets des palpes, et des peignes plus petits. Chez le Paon. Sous-famille des tétranycinés. — Palpes ravisseurs, l'avant-dernier article terminé par un ongle et portant le dernier comme un appendice tac- tile plus ou moins développé. Mandibules styliformes. Ouverture sexuelle dans les deux sexes située en avant de l'anus. Une ou deux paires d'yeux ARACHNIDES. — ACARIENS. 699 sessiles. Téguments mous, striés. Larve peu difîérente de la forme adulte. Les ïétranyciiiés sont libres à tous les âges; ils vivent sur les végétaux, aux dépens desquels ils se nourrissent, ou bien à terre, dans la mousse. Ils comprennent de nombreux genres. Genre Tétranyque (Tctranijchus L. Dufour, 1832). — Corps ovalaire, un peu cordiforme chez le m;ili% souvent couvert de poils. Rostre en pointe conique assez grosse : mandibules formées de deux parties; l'une basilaire, unie à sa congénère pour former une pièce unique, l'autre styliforme très longue, aiguë, repliée à sa base; palpes à 4 articles, le troisième onguiculé, plus petit que le quatrième. Pattes à 6 articles, aussi longues ou plus longues que le corps, souvent poilues, et toutes terminées par un ambulacre formé de quatre ongles et de quatre poils caroncules. Ces Acariens, généralement de grande taille, vivent en nombreuses sociétés sur toute espèce de végétaux. Ils se montrent souvent colorés en vert par les grains de chlorophylle qu'ils ont ingérés. Ils possèdent des glandes séri- cigènes très développées et se tissent une toile qui leur sert d'abri; la soie, rejetée par la bouche, est dirigée par les palpes. Les piqûres effectuées sur les feuilles par les Tétranyques et par les repré- sentants de plusieurs genres voisins sont l'origine des altérations connues sous le nom de grise. Le Tétranyque tisserand [T. telarius [L.]) produit la « maladie rouge » de la vigne. Mais certains de ces Acariens peuvent aussi attaquer l'Homme et les animaux. Tel est le Tétraii.yque insupportable (T. molestissimus Weyenbergh, 1880), connu dans l'Uruguay et la République Argentine sous le nom de Bicho Colorado. Cet Acarien, de couleur rouge, vit à la face inférieure des feuilles du Xanthium macrocarpum ; mais, depuis le mois de décembre jus- qu'au mois de février, il se jette sur les animaux à sang chaud et à l'occa- sion sur l'Homme. Le Bicho Colorado enfonce dans la peau son rostre armé de longues mandibules recourbées, et provoque des démangeaisons insup- portables. Sous-famille des trombidinés. — Palpes ravisseurs bien développés, à cinq articles dont le second est beaucoup plus volumineux que les autres; le i" est armé d'un ongle puissant et porte le 5"= à son bord interne, à la base de l'ongle, sous forme d'appendice tactile. Mandibules à. crochet. Pattes propres à la marche, terminées chacune par deux griffes et quelquefois en outre par un cirre ; celles de la première paire fonctionnant dans certains cas comme organes tactiles et offrant alors une forme spéciale. Ouverture sexuelle munie de ventouses. Des yeux pédoncules ou sessiles. Céphalothorax bien distinct de l'abdomen. Téguments mous, à couleurs vives, revêtus de poils diversement conformés. Les deux stigmates à la base des mandibules ou des pattes de la première paire. Larves hexapodes assez différentes des adultes (leptiformes). Acariens parasites à l'état de larves, libres sous la forme adulte. 3 genres : Trombidium Latr., Oifonm Kramer, Trombella Berlese. Genre Trombidion [Trombidium Latr., 1793). — Céphalothorax protractile et rétractile, bien séparé de l'abdomen. Palpes à 5 articles, le quatrième pourvu d'un ongle unique. Yeux portés chacun par un pédoncule qui parfois est très court. Tarses munis ou non d'un cirre. 700 ARTHROPODES. Trombidion soyeux [Tr. holosericeum [L.]. — Syn. : Acariis holosericeus L., 1746; T. holosericeum Fabr., 1781). — Corps d'un beau rouge satiné, mon- trant çà et là des taches noirâtres ; trapézoïde, à grande base antérieure ; bord postérieur incisé au milieu, subbilobé. Toute la surface revêtue de poils rouge foncé, barbelés, ceux du noto- gastre et des côtés renflés en massue hérissée au sommet, ceux du céphalo- thorax et de la face ventrale plus longs, atténués. Céphalothorax petit, presque séparé de l'abdomen, au bord antérieur duquel il forme une sorte de crête. Palpes courts et épais, à article appendiculaire claviforme, dépassant à peine l'ongle du pénul- tième. Yeux longuement pédicules. Pattes courtes, à 6 articles, revêtues de poils barbelés; tarses cylindriques, les antérieurs subspatulés, tous dé- pourvus de cirre. Femelle plus grande et plus pâle que le mâle, à poils plus courts; longue de 3 à 4 millimètres. Fig. 476. — Ti'ombidium holosericeum : femelle, vue par la face dorsale, grossie 20 fois (Orig.). C'est une espèce assez com- mune, qu'on rencontre, au prin- temps et au commencement de l'été, dans le gazon des prairies, sur les talus sablonneux, plus rarement dans les jardins (1). Elle parait se nourrir de sucs végétaux. On la considère assez généralement comme la forme adulte du Lepte automnal ou Rouget. Le Lepte automnal [Leptus auiumnaîis [Shaw]. — Syn. : Acarus autumnalis Shaw, 1790; L. autumnalis Latr., 1795; Trombidium autumnale Gerv., 1844; Tetranychus autumnalis Murray, 1877) est en effet une larve hexapode ; il a le corps orbiculaire à jeun, oblong lorsqu'il est repu ; dans ce dernier cas, il atteint facilement 500 [x de long sur 33 a de large; il est de teinte rouge orangé. Le céphalothorax présente à sa face supérieure un écusson revêtu de plusieurs poils, dont deux à base complexe; un peu en arrière et sur les côtés de cet écusson existent deux yeux sessiles. A la base et en dehors de chacun des épimères de la première paire se voit un stigmate assez large. L'abdomen, strié en travers, est garni sur ses deux faces de soies rares, régu- lièrement disposées et plumeuses; il montre l'anus un peu en arrière du milieu de la face ventrale. Le rostre porte des palpes dont l'avanl-dernier article se termine par un ongle bifide. Les pattes, à six articles, sont ter- minées chacune par trois crochets grêles, dont un médian plus long. D'après ces caractères, il est facile de reconnaître que le Lepte au- tomnal n'est autre qu'une larve de Trombididé. Raspail et Friedberger supposaient que la forme adulte devait correspondre au Trombidium (I) L'espèce la plus couimune dans les jardins est le Tromh. fidiginomm Herinann, dont la larve {^Acarus aphidis De Geer) vit en parasite sur les Pucerons. ARACHNIDES. — ACARIENS. 701 holoscriceum ; Mégnin affirme le fait, sans l'appuyer cependant de preuves convaincantes (4). Par contre, Claparède pensait qu'il devait s'agir d'un Tétranyciné. Au surplus, il est probable que les larves de divers Trombididés sont susceptibles de vivre en parasites sur les Vertébrés supérieurs, et que par conséquent les Rougets ou Leptus décrits par les auteurs ne se rapportent pas tous à la même espèce, ni peut-être au même genre. Le Lepte automnal est bien connu sous les noms vulgaires de Rouget, Acare des regains^ liête rouge. Bête d'août, Aoûti, Aoûtat, Vendan- geur, etc., qui rappellent son aspect, son habitat et l'époque à laquelle il se montre. C'est en effet à la fin de l'été et en automne qu'on le voit pulluler, non seulement dans le gazon, mais aussi sur une foule de plan- tes, telles que groseil- liers,haricots, sureaux, etc. De là il passe sur les ani- maux à sang chaud, et en particulier sur les petits Mammifères : les Taupes et les Lièvres, par exem- ple, en sont souvent cou- verts, et il est facile d'en recueillir sur ces animaux de nombreux exemplaires, car ils abandonnent le ca- davre à mesure qu'il se refroidit. Les Rougets se 477. ■Rouget ou Lepte automnal, vu par la face ventrale, grossi 100 fois (Orig.). montrent surtout abondants dans le centre et l'ouest de la France , en Grande-Rretagne et sur certains points de l'Allemagne. L'Homme est fréquemment envahi par ces Acariens, lorsqu'il fréquente, à l'automne, les taillis ou les gazons infestés. Ils grimpent le long des jambes ou s'introduisent dans le cou, et gagnent rapide- ment les diverses parties du corps, y compris le cuir chevelu; si la ceinture ou les jarretières leur barrent le passage, ils s'accumulent et se fixent au niveau de l'obstacle. Les personnes à peau délicate, comme les femmes et les enfants, sont plus exposées à leurs atteintes. Du reste, comme il arrive pour les Puces et les Punaises, certains individus semblent plus particulièrement recherchés par les Rougets, tandis que d'autres sont épargnés (White). — Oken avait reconnu, (I) D'ailleurs, le Troiubidion figuré par Mégnin ditfèi'c du Tr. holosericeum par ses yeux sessiles (placés à côté du céphalothorax), par ses pattes à soies nonplumeuses et par la présence d'un cirre entre les crochets tarsiens. 702 ARTHROPODES. dès 1835, que le parasite s'implante dans la peau à la racine des poils ; Jahn a montré qu'il insinue en effet son rostre dans le canal excré- teur des glandes cutanées : aussi est-il fixé fortement sur place, le corps restant à la surface sous l'aspect d'un point rouge orangé à peine per- ceptible. Souvent plusieurs Rougets sont réunis sur un même point. Les phénomènes que provoque la présence de ces Acariens sont très variables suivant les sujets. Tous éprouvent d'abord un prurit in- tense, avec une sensation de cuisson qui souvent enlève tout sommeil; il en résulte des grattages incessants, qui sont le point de départ de la plus grande partie des altérations secondaires : papules excoriées, plaques eczématoïdes, etc. Lorsque les Rougets sont très nombreux, ou que les sujets sont prédisposés, on peut voir apparaître des érythèmes plus ou moins étendus [érythème automnal Gruby) : la peau se gonfle, devient rouge, parfois même violacée autour du point piqué, et il se forme ainsi des taches irrégulières, isolées ou con- fluentes, qui peuvent atteindre un centimètre de diamètre : un examen attentif permet de découvrir le parasite à leur centre. D'autres fois, il survient des éruptions généralisées d'urticaire papuleuse, ou même des éruptions vésiculeuses, le tout s'accompagnant dans certains cas d'une fièvre passagère, mais intense. Parmi nos animaux domestiques, ce sont les Chiens, et en particu- lier les Chiens de chasse, qui sont le plus exposés aux attaques des Leptes, ainsi que l'ont vu Defrance, Delafond et bien d'autres obser- vateurs. Les parasites se fixent le plus souvent à la tête, aux pattes et au ventre, donnant lieu parfois aune éruption miliaire disséminée, vésico-purulente. Souvent on les trouve isolés, mais il nous est arrivé aussi d'en rencontrer une douzaine agglomérés sur un même point. La même acariase automnale peut s'observer sur les Chats, comme l'ont vu Bosc, Defrance, Delafond, etc. Elle a ordinairement pour siège, sur ces animaux, les intervalles phalangiens et l'extrémité de la queue, où apparaissent alors de petites plaies. Chez les bêtes bovines, Johnston a observé, il y a longtemps, des Rougets dans le Berwickshire. En 1886, Moreau a vu, dans la Nièvre, deux vaches qui présentaient autour des lèvres, sur le chanfrein, les joues, les faces de l'encolure et l'extrémité des quatre membres, une éruption offrant tous les caractères de la maladie anciennement dé- crite sous les noms de rafle et de feu d'herbe : or, il existait entre les poils des colonies de parasites que nous avons reconnus pour des Rougets. Johnston cite encore ces Acariens comme tourmentant les Moutons et les Chevaux, en provoquant des démangeaisons insupportables. Sur un Cheval, en particulier, l'irritation était telle que la peau sem- blait avoir subi l'action d'un liquide vésicant. Cavalin a également observé des Rougets sur le Cheval, en Algérie. D'après "White, les Lapins qui vivent dans les dunes du Hampshire ARACHNIDES. — ACARIENS. 703 en sont infestés à un tel degré que les bourses destinées à les prendre se montrent souvent toutes rouges, et que les garenniers chargés de relever ces filets sont attaqués de manière à présenter généralement des troubles fébriles. Les parasites peuvent même passer directement de l'animal à THomme : c'est ainsi que Cobbold a contracté une érup- tion sur le bras, en caressant un Lapin de garenne qui en était cou- vert. Enfin, Csokor et Éloire ont signalé également l'existence de l'aca- riase du Rouget chez les Poules. Railliet et Lucet ont reconnu que cette afTection est assez commune chez les Poussins éclos à la fin de Tété ou en automne, et détermine parfois une mortalité considérable. Les parasites se fixent à la base des plumules, où ils enfoncent leur rostre. L'irritation qu'ils déterminent est tellement vive qu'elle se tra- duit par une sorte d'affection épileptiforme aboutissant bientôt à la mort. Les Rougets ne paraissent vivre que quelques jours sur la peau de l'Homme ou des animaux; aussi les troubles qu'ils provoquent n'acquièrent-ils pas une gravité réelle. Les indications prophylactiques sont des plus simples à établir, d'après la connaissance des mœurs de ces Acariens. Quant au traite- ment, il comporte l'emploi d'acaricides variés ; on recommande de préférence l'huile d'olive additionnée de baume du Pérou, la teinture de pyrèthre et l'eau phéniquée (à 1 p. 100). Des bains ou des lotions d'eau vinaigrée, suivis d'application de poudre d'amidon, complètent la cure. Leptes divers. — En Amérique, on a signalé souvent des larves hexapodes de Trombididés, d'espèces indéterminées, qui attaquent l'Homme ou les ani- maux : tels la Bête rouge de la Martinique, le Pou d'Agouti de la Guyane, le Tlalsahuate du Mexique, le Cir on rutilant des Savanes, le Niaibi de la Nouvelle- Grenade, le Colorado de Cuba, le Mouqui du Para, etc. On connaît de même, au Japon, sous le nom d'Akamushi, un parasite ana- logue, qu'on a considéré à tort comme provoquant une maladie spéciale, appelée shima-mushi. En Angleterre, Tilbury Fox a observé chez un enfant une grave irritation cutanée occasionnée par une larve d'Acarien, que Cobbold suppose appar- tenir au Rhyncholophus cinereus Dugès. Toutes ces formes mériteraient d'être étudiées d'une façon plus précise. Famille des IXODIDÉS. — Les Ixodidés sont des Acariens assez volumineux, aplatis à jeun, plus ou moins bombés lorsqu'ils sont re- pus, et à téguments coriaces, sur lesquels s'insèrent directement les pattes. Le rostre présente un hypostome en forme de dard muni à sa face inférieure de dents dirigées en arrière. Les mandibules sont for- mées dune tige aplatie, à l'extrémité de laquelle s'articule une se- conde pièce didactyle, dirigée obliquement en dehors, dont les deux 704 ARTHROPODES. branches, armées de crochets, ne forment pas une pince, mais un dou- ble harpon (pseudo-pince); ces mandibules sont revêtues à leur base d'une longue gaine membraneuse. Yeux sessiles ou nuls. Stigmates s'ouvrant chacun dans un péritrème (aire stigmatique) en forme d'écu- moire, et situés près des pattes de la quatrième paire ou entre celle-ci Fig. 478. — Rostre de l'Ixode hexagone fe- melle, vu en dessous, grossi environ 50 fois. — m, chélicères. p, palpes maxillaires, d, dard maxillo-labial (Delafond). Fig. 479. — Coupe transversale du rostre de VHyalomma segyptium, grossie 50 fois. — c, ché- licères enveloppées de leur gaine, p, palpes maxillaires, d, dard maxillo-labial (G. Neumann). et la troisième. Larves hexapodes. Nymphes octopodes. temporaires des Vertébrés allantoïdiens. 2 sous-familles : Ixodinae et Argasinx. Parasites Sous-famille des ixodinzs. — Rostre terminal. Palpes libres, engai- nants, à quatre articles, dont les deux moyens sont creusés en gout- tière àleur face interne, tandis que le quatrième, très court, est enchâssé en forme d'appendice tactile dans une fossette inféro-terminale du troisième. Pattes à six (sept) articles, hanches comprises, terminées par un ambulacre formé d'une tige biarticulée portant deux ongles et une caroncule plissée en éventail. Téguments coriaces, mais assez exten- sibles, renforcés toujours au moins par un écusson dorsal, lequel est échancré pour recevoir la base du rostre. Stigmates derrière les han- ches de la quatrième paire de pattes. Dimorphisme sexuel très accusé : le mâle est plus petit que la fe- melle, plus déprimé et souvent à contour moins régulièrement ovalaire. L'écusson dorsal est limité chez la femelle, et surtout chez la femelle adulte, à la partie antérieure du céphalothorax ; chez le mâle, il couvre la plus grande partie ou la totalité du corps. En outre, le mâle pré- sente parfois des plaques ou écussons ventraux dont le nombre et la forme sont assez variables. La base du rostre (écusson céphalique de Canestrini) offre généralement, en dessus et en arrière, chez la femelle, deux fossettes [arex porosœ Berlese), qui manquent toujours chez le mâle. L'orifice sexuel mâle est situé sur la ligne médiane ventrale, souvent à une faible distance de la base du rostre; l'orifice femelle a une situation correspondante. ARACHNIDES. — ACARIENS. 705 Les Ixodinés sont vulgairement appelés Tiques, Tiquets, Poux des bois ou Ricins ; mais ce dernier nom doit être rejeté, car il a l'incon- vénient d'établir une confusion avec les Mallophages. Les espèces qui s'attaquent au Chien étaient déjà connues d'Aristote, qui leur avait donné le nom de KuvopatffTTjç pour exprimer qu'ils tourmentent ces animaux. Ces Acariens sont des parasites stationnaires périodiques. Encore les femelles fécondées seules paraissent-elles soumises à un parasi- tisme réel et nécessaire. Les lieux boisés, les broussailles, les terrains couverts de hautes herbes sont le séjour habituel des Tiques, et c'est ce qui explique pourquoi les Chiens de chasse en sont souvent por- teurs. Tous les Vertébrés allantoïdiens peuvent leur servir d'hôtes, et ils les choisissent assez indifféremment, surtout en ce qui concerne les larves, les nymphes et les mâles. On les trouve souvent sur des Reptiles, tels que Lézards et Tortues, sur des Oiseaux et sur des Mam- mifères d'ordres variés. Ces larves, nymphes et mâles paraissent d'ail- leurs se servir le plus souvent des animaux en question comme de simples véhicules ; cependant, on peut trouver les nymphes et les mâles implantés à demeure dans les téguments. — Quant aux femelles, dont le parasitisme est, comme nous l'avons dit, beaucoup plus accusé, elles paraissent d'ordinaire se fixer de préférence sur une espèce dé- terminée, en particulier sur les Mammifères et même sur l'Homme. Elles enfoncent alors leur rostre dans la peau, les mandibules péné- trant d'abord, puis le dard : les dents de celui-ci s'opposent au retrait de l'appareil, et, dès qu'il a pénétré assez profondément, les crochets des pseudo-pinces s'ancrent de chaque côté, pendant que les palpes s'appliquent à la surface de la peau. L'Acarien est dans d'excellentes conditions pour sucer le sang de son hôte, et bientôt son abdomen se dilate jusqu'à acquérir des dimensions énormes : à cet état, on a pu souvent comparer la Tique femelle aune graine de ricin. Le rostre est tellement bien fixé dans le derme, qu'il s'arrache d'ordinaire et reste dans la plaie si l'on cherche à détacher le parasite par une trac-' tion violente. Avec plus de précautions, on évite cet accident; mais, presque toujours, le rostre enlève un petit lambeau du tégument. L'absorption d'une grande quantité de sang est nécessaire à la femelle fécondée pour le développement de la somme extraordinaire d'œufs qui s'accumulent bient(jt dans son utérus. Une fois r.epue, cette femelle se laisse tomber sur le sol et pond ses œufs en tas; après quoi elle meurt. De ces œufs sortent, au bout de quelques jours, de petites larves hexapodes qui peuvent vivre plusieurs mois sans man- ger, mais ne tardent pas en général à se jeter sur les animaux. Elles y restent le plus souvent sans s'accroître d'une manière sensible et on conservant leur teinte, puis se transforment en nymphes oclo- podes : celles-ci sont un peu plus grandes que les larves; elles en Railliet. — Zooloeie. 45 706 ARTHROPODES. Fig. 480. — Oviscaple de YJxodes rcduvius, d'après Gêné. — A, vu de dessous. B, vu de profil. A l'extrémitô de l'oviscapte complètement étendu, on voit sortir un œuf. La vésicule située immédiate- ment sous la lettre B est ce que Gêné appelle vessie bilobi'e ou bourse séminale. diffèrent en outre par la présence de trachées et de deux stigmates; mais elles sont dépourvues d'organes sexuels. Ces nymphes s'accrois- sent peu à peu, puis se transforment en mâles ou en femelles. Les premiers, relativement petits, se mettent à la recherche de celles-ci ; ils se fixent sur leur face ventrale, et en sens opposé, comme l'avait vu De Geer, de manière à introduire leur rostre dans l'orifice génital femelle- Gêné (1848), qui a étudié avec soin l'accouplement et la ponte de ces animaux, a vu sortir alors de ce rostre deux petits corps blanchâtres, fusiformes, qui ne tardaient pas à disparaître : il s'agissait vraisemblablement de spermatophores. La ponte s'ef- fectue par le même orifice qui a servi à l'accouplement : chaque fois qu'un œuf pénètre dans l'oviducte, celui-ci s'évagLne et forme ainsi un oviscapte qui va déposer l'œuf entre les deux lobes d'une vésicule particulière (vessie bilobée) développée à ce moment au-dessus du rostre. La classification des Ixodinés a été esquissée d'abord par C.-L. Koch, puis perfectionnée par G. Canestrini, Berlese, etc. On admet aujourd'hui dans ce groupe les genres Ixodes, Hyaloinma, Rhipicephalus, Dcrmacentor, Hsema- physalis, Herpetobia, Hœmalastor... Genre Ixodes {Ixodes Latr., 1795. — Syn. : Cynorfisestes Hermann, 1804, ex parte). — Pas d'yeux. Base du rostre subtriangulaire (vue en dessus). Palpes allongés, simples, non dentelés. Hanches de la première paire prolongées par une forte dent. Mâle àface ventrale entièrement couverte d'écussons : 1° et 2° deux écussons épiméraux, occupant les côtés du corps et contenant les points d'insertion des pattes, ainsi que les stigmates; 3° un écusson ventral impair, entre l'ouverture génitale et l'anus ; 4° et 5°, deux écussons péria- naux quadrangulaires, sur les côtés de l'anus, se rejoignant en avant de celui-ci par leur angle antérieur interne; 6» un écusson anal, trigone, entre les précédents et le bord postérieur du corps, portant l'anus vers son angle antérieur. Écusson dorsal couvrant à peu près toute la face supérieure. Pattes à tarses non dentés, à ambulacres terminaux. Péritrème ovalaire, à ouverture stigmatique également ovalaire. Femelle offrant sur la face dorsale de l'abdomen trois sillons longitudinaux, dont un médian assez court et deux latéraux s'étendant jusqu'au bord postérieur ; sur la face ventrale, deux longs sillons campanuliformes, l'un entourant en avant l'anus, l'autre la vulve et gagnant le bord postérieur de l'abdomen. Péritrème et stigmate circulaires. Aires poreuses distinctes à la base du rostre. Ixode Réduve {1. reduvius [L.]. — Syn. : Acarus reduvius et .1. ricinus ARACHNIDES. ACARIENS. 707 L., 1758 ; 7. ricimis Latr., 1806 ; I. reduvius. Hahn, 1831). — La femelle à jeun a le corps ovale, aplati de dessus en dessous, arrondi au bord postérieur et -de teinte roux jaunâtre; elle est longue de 4 millimètres, large de 3; son -écusson est subpentagonal. Fécondée et repue, elle a l'aspect d'une graine de ricin un peu déprimée, et -atteint 10 à 11 millimètres •de long sur 6 à 7 millimètres -de large ; elle est de teinte •cendrée, passant c[uelque- fois au brun ou au jaunâtre ; ï'écusson, le rostre et les pattes sont d'un noir lui- sant. La face dorsale offre -en avant deux sillons, et trois en arrière ; à la face ventrale, on constate une •disposition un peu analogue. Les pattes sont assez grêles ; Jes hanches de la l''^ paire ■se terminent chacune en tine dent qui va buter con- tre la hanche dela2« paire ; le 2^ article qui suit la han- che est divisé en deux ; les tarses sont longs et grêles, formant à peu près le tiers •de la longueur totale de la patte ; ils s'atténuent graduellement, sans gibbo- silé; les ongles dépassent de très peu la caroncule. Le rostre offre des palpes à 1'='' article court et cylindrique, à 2^ et 3"= articles longs et creusés en ^'outtière; le 4% court et conique, se termine par une quinzaine de courtes Fig. 481. — Ixodes reduvius, mâle, vu par la face ventrale, grossi 30 fois. A gauche, tarse de la i" paire, grossi 60 fois. (G. Ncumann, in(5d.). Fig. 482. — Ambulacre de VIxodes redu- vius, grossi 300 fois (G. Neumann, inéd.). Fig. 483. — Rostre de VIxodes reduvius mile, vu par la face ventrale, grossi 100 fois (G. Neumann, inôd.). soies. Le dard est beaucoup plus long que large, lancéolé, et porte de chaque côté, outre les trois petites dents du sommet, trois séries longitudinales, plus ou moins régulières, de dents bien développées, savoir une latérale à dents fortes et aiguës, atteignant leur maximum vers le milieu, une inter- 7@8 ARTHROPODES. médiaire à, dents plus faibles, et une interne ne dépassant guère la moitié antérieure. Les mandibules ont le doigt interne bidenté au sommet, et l'externe armé de cinq dents qui augmentent de puissance d'avant en arrière. Le mâle a le corps ovalaire ; à bord postérieur arrondi et entier, il est long de 2™™, 5, large de 1™™,5 ; son écusson dorsal couvre toute la surface du corps, sauf une bordure très étroite, légèrement relevée ; les pattes sont relativement longues et fortes, de teinte brune, ainsi que le reste du corps. Le dard rostral offre de chaque côté une série latérale de six à huit dents augmentant rapidement en puissance d'avant en arrière ; à la face infé- rieure, les dents sont remplacées par de simples crénelures. Les nymphes et larves ont un rostre rappelant celui de la femelle. Les œufs sont ovoïdes, de teinte rousse. L'Ixode réduve ou Ixode ricin est une espèce assez commune ea France et même dans toute l'Europe. Charleton paraît l'avoir distin- guée le premier : il n'avait vu que le mâle, auquel il donnait le nom de Beduvius. Ray décrivit ensuite le mâle sous le nom de Pediculus ovinus, et la femelle sous celui de Ricinus caninus. Le premier devint Acarus 7'eduvius pour Linné et de Geer, Cynorhxstes ricinus pour Hermann; la seconde Acarus ricinus pour Linné; Acarus ricinoides pour De Geer, Cyn. reduvius pour Hermann, Ixodes ricinus pour La- treille, etc. L'Ixode réduve attaque de préférence les Moutons, les Chèvres et les Bœufs, plus rarement les Chevaux, les Chiens ou l'Homme, etc. Chez les Moutons, il se fixe sur les parties où la peau est fine et dé- pourvue de laine, comme l'aine ou l'aisselle ; on en voit souvent aussi, d'après Mauvezin, à la partie supérieure du cou, et parfois chacune des petites plaies qu'ils provoquent devient le point de départ d'une inflammation gangreneuse qui n'est pas sans gravité. Mais d'ordinaire, les animaux ne paraissent guère s'apercevoir de la présence duparasite. Cette espèce, ainsi que diverses autres dont la détermination n'a pas toujours été faite d'une façon bien rigoureuse, se fixe en outre fréquemment sur la peau de l'Homme, au point qu'il devient sans intérêt d'en rapporter des exemples. Ce sont surtout les chasseurs et les personnes habituées à vivre dans les bois au milieu des animaux, qui se trouvent envahis. Au moment de la piqûre, on éprouve une démangeaison, suivie d'une sensation de cuisson d'intensité variable ; puis une petite aréole rouge se produit à la périphérie de la piqûre. Souvent la Tique tombe.de bonne heure et tout trouble cesse. D'autres fois, il survient des accidents plus ou moins graves: eschare, phlyc- tènes, ulcères, engorgement ganglionnaire, etc., qui peuvent retentir sur la santé générale (Raymondaud) et même entraîner la mort (Chillida). Ces complications tiennent peut-être à l'inoculation d'agents infectieux. D'autres fois, les Ixodes s'introduisent sous la peau du ventre (Hus- sen, Desprès, Blanchard) ou de divers points du corps (Beauregard, ARACHNIDES. — ACARIENS. 709 Chouppe, Desnos et Laboulbène), en donnant lieu à de petites tumeurs. Dans le cas de ces deux derniers auteurs, l'espèce a été nettement déterminée comme /. rcduviiis. Les larves et les nymphes de l'Ixode réduve se rencontrent souvent en abondance sur le corps des Lézards, des Oiseaux et des petits Mammifères, tels que Lièvres, Lapins, Putois, Furets, Hérissons, €hauves-Souris, etc. Mégnin dit avoir vu sur un Cheval l'extrémité des quatre membres comme farcie de pustules, sous la croûte de cha- cune desquelles on découvrait une nymphe ; il a plus tard retrouvé de semblables pustules aux oreilles des Chiens et des Lièvres. Trillibert avait déjà fait une observation semblable sur un Chien, qui présen- tait un Ixode à l'extrémité de l'oreille, dans un kyste séreux datant de six mois. On a conseillé depuis longtemps de provoquer la chute des Ixodes en les touchant avec une goutte de benzine, de pétrole ou d'essence de térébenthine. Mais ce procédé ne réussit pas toujours ; on enlève alors les parasites à la main ou on les coupe à l'aide de ciseaux : si le rostre est resté dans la peau, il s'élimine en quelques jours par un travail de suppuration. Il importe de détruire immédiatement les Tiques afin d'empêcher la ponte et, par suite, l'envahissement des locaux. Si cet envahisse- ment a eu lieu, on doit procéder à une désinfection générale, par exemple à l'aide d'eau bouillante, qu'on projette dans tous les coins, en particulier vers le plafond. Ixodc hexagone. {lonus hegxa Leach, 18 Ki. — Syn. : 1. sevpunctatm Fig. 48i. Ixode h(j\;i'^iiiii' lu Cliien, femelle fécondL'e et repue. — A, grandeur naturelle. B, grossie, vue par la face ventrale. G, par la face dorsale (Orig.). Koch, 1847 ; L vulpis I^agenstecher, 1861 : /. ricinm Mégn., 1880, nec Latr., 1806). — Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente, tant par les 710 ARTHROPODES. dimensions que par la coloration ; elle s'en distingue cependant par divers caractères. La femelle a des tarses plus courts et gibbeux vers l'extrémité, oiî il se rétrécissent brusquement ; la caroncule n'atteint que la moitié de la longueur des ongles. Le dard rostral a les dents latérales moins saillantes, et la rangée interne plus courte; il est lui-même un peu plus court. Les- mandibules ne possèdent pas de dent supplémen- taire à la partie inférieure du doigt externe. Le- Fig. 485. — Tarse de la 4" mdle a le corps rétréci en avant, large et anguleux paire de VJxodeshexagonus, gj^ arrière, à face supérieure recouverte en entier par fiiéTI *"* ""'" ' "^ écusson brun mat ; le dard rostral ne présente de chaque côté qu'une seule rangée de cinq dents. Les nymphes et les larves ont un rostre assez différent de celui des adultes. Les œufs sont ovoïdes, de teinte fauve. L'Ixode hexagone peut se rencontrer sur des animaux très divers : Moutons, Bœufs, Hérissons, Putois, etc. ; mais il est particulièrement commun sur les Chiens de chasse. Il se fixe même quelquefois sur la peau de l'Homme. Comme le précédent, avec lequel on l'a maintes fois confondu, il se montre surtout de mai à octobre ; cependant, nous en avons observé, même à l'état de larve, jusqu'en novembre. On trouve souvent les larves et les nymphes en grande abondance sur le corps des petits Mammifères. Genre Hyalomme(H(/rt/ommaKoch, 1847. — Syn. : Amblyomma Koch, 1847). — Des yeux distincts. Base du rostre rectangulaire (vue en dessus). Palpes allongés, à premier et troisième articles dentés inférieurement. Hanches de la première paire fortement bidentées. Mdle à face ventrale pourvue seule- ment de deux paires d'écussons : écussons périanaux, triangulaires, assez grands, et écussons externes, plus petits; parfois en outre deux écussons accessoires au bord postérieur du corps. Ecusson dorsal couvrant à peu près toute la face supérieure. Bord postérieur crénelé ou festonné. Péritrème eU' forme de virgule à longue queue ; stigmate longuemeut ovalaire, trigone. Pattes à tarses dentés au sommet, à ambulacre sublatéral; les postérieures plus épaisses que les autres. Femelle offrant sur la face dorsale, en arrière,, trois sillons longitudinaux, et sur la face ventrale deux sillons qui conver- gent vers la fente génitale, plus un troisième allant de l'anus au bord pos- térieur. Péritrème en virgule à courte queue ; stigmate simulant une fente. Aires poreuses distinctes à la base du rostre. Hyalonime égyptien [H. xgyptium [L.]. — Syn. : Acarus œgyptius L., 1758; Ixodes œgyptius Audouin, 1827; H. marginatum Koch, 1847; H. œgyptium Canestr., 1890). — Le rostre est semblable dans les deux sexes : les palpes sont à peu près de la longueur du dard et portent de longues soies à leur bord inférieur, surtout au premier article; le dard est spatule et montre à son extrémité antérieure un grand nombre de très petites dents;, puis viennent de chaque côté trois séries subégales de dents plus grandes, à pointe obtuse, qui bientôt diminuent graduellement et se réduisent en arrière à de petites écailles arrondies ; les mandibules ont le doigt interne ARACHNIDES. — ACARIENS. 711 bidenté au sommet, et le doigt externe pourvu de trois dents, Tantérieure très petite, la seconde plus forte, la troisième très puissante. Pattes assez longues, surtout celles de la 4° paire, à hanches ovalaires, celles de la 1" paire hidentées. Tarse à crochets dépassant de moitié la caroncule. La Jeune femelle est longue de 8°"", 5 à 9 millimètres, large de 5 à 7 milli- mètres ; elle a le corps rougeàtre, aplati, subcarré, à bord postérieur par- couru par de petits sillons ; son écusson est brun luisant, chagriné, sub- rhomboïdal, et porte deux yeux latéraux. La femelle adulte, fécondée et repue, atteint 11 millimètres de long sur 7 de large (exceptionnellement 24 sur 13) ; elle est de teinte jaunâtre, et offre un écusson relativement faible; son corps est parcouru par deux sillons en avant, trois en arrière. Le mâle est long de 6 à 8 millimètres, large de 3™™,E) à 4°>™,5 ; il a le corps ovale, arrondi et festonné en arrière ; son écusson dorsal, brun roussàtre ou noir, couvre toute la surface à l'exception de deux étroites bordures laté- rales un peu relevées et jaunàties ; la face ventrale est blanchâtre, avec les écussons châtains, et porte en arrière deux saillies coniques. Les pattes de la l""® paire ont les tarses terminés par une dent ; celles des autres paires sont bidentées. L'Ixode égyptien s'attaque surtout aux Bœufs ; il a été recueilli éga- lement sur le Chien, le Chat, le Sanglier, etc. Il se trouve non seule- ment en Egypte, mais aussi en Algérie et dans diverses autres parties de l'Afrique, en Italie et peut-être dans le midi de la France. G. Neu- mann le signale en outre à la Guadeloupe, où il est connu sous le nom de Tique sénégalaise, qui indique son origine. Les animaux qui sont porteurs de ces parasites ne paraissent géné- ralement pas en souffrir ; cependant, Lucas dit avoir vu en 1815, dans le cercle de la Calle, des Bœufs mourir d'épuisement alors qu'ils étaient envahis par des myriades de Tiques, qui se renouvelaient incessamment à la surface de leur corps. Couzin assure de même que la Tique importée à la Guadeloupe par les Bœufs sénégalais épuise avec une rapidité surprenante les Bœufs, Chevaux et Mulets. Il ajoute que, dans cette colonie, on lui fait jouer un rôle important dans l'étiologie d'une maladie spéciale, connue sous le nom de farcin: elle agit sans doute comme agent d'inoculation du micro-organisme qui détermine cette affection. En Italie, l'Hyalomme égyptien a été plusieurs fois rencontré sur l'Homme. Ronsisvalle lui attribue la production de troubles locaux graves, accompagnés de fièvre intense et parfois de délire ; il tend même à rapporter ces accidents à l'inoculation d'un produit veni- meux ; mais il est plus probable que le parasite n'est là encore qu'un agent de transport d'éléments infectieux. Hyaloiiime africain {H. africanum [Mégn.]. — Syn. : Ixodes africanus Mégn., 1876 ; I. algeriensis Mégn., 1880). — Cette espèce est très voisine de la précédente, dont elle ne se distingue guère que par les caractères suivants : palpes à 2'^ et 3*= articles gibbeux et anguleux en dehors ; dard rostral large et tronqué ; crochets de l'ambulacre tarsien dépassant la caroncule d'un tiers 712 ARTHROPODES. de leur longueur. Femelle fécondée et repue longue de 18 millimètres, large de 12 millimètres. Mâle long de 5"'"', 8, large de 4 millimètres ; écusson dorsal couvrant toute la surface du corps sans laisser de bordure blanche ; pas d'écussons extérieurs à la face ventrale, pas de saillies coniques pos- térieures. Attaque les Bœufs en Algérie, de concert avec l'Hyalomme égyptien. Genre Rhipicéphale {Rhipicephalus Koch, 1847). — Des yeux distincts. Base du rostre (vue en dessus) hexagonale, formant de chaque côté un angle saillant. Palpes courts et larges à premier et troisième articles dentés infé- rieurement. Hanches de la première paire fortement bidentées. Mâle et femelle semblables d'ailleurs à ceux du Hyalomma ; stigmate du mâle ovalaire. Rhipicéphale sang^uin [Rh. sanguineus [Latr.]. — Syn. : Ixodes san- guineus Latr., 1806; Ixode plombé Dugès, 1834; I. Dugesi Gerv., 1844; Rh. sanguineus et Rh. siculns Koch, 1847). — Le rostre est semblabledanslesdeux sexes; les palpes sont courts et forts, et leurs trois premiers articles portent à leur bord inférieur interne des soies rigides un peu dentelées ; le dard est spatule et montre de chaque côté trois rangées de dents à peu près également fortes, chaque file longitudinale comprenant environ douze dents, qui diminuent lente- ment d'avant en arrière ; les mandibules ont le doigt in- terne pourvu de trois dents subégales, et le doigt externe de deux dents, l'antérieure plus faible. La femelle a le corps elliptique, pouvant at- teindre 11 millimètres de long sur 7 millimètres de large ;ré- cusson dorsal est très petit, garni de pores rares, mais profonds; le tégument est glabre ; le contour postérieur de la face ventrale porte quelques stries qui tendent à le faire paraître festonné. La caroncule tarsienne s'étend jusqu'aux deux tiers de la longueur des ongles. Le mâle a le corps régulièrement élargi d'avant en arrière, et quelquefois pourvu à l'extrémité postérieure d'un appendice conique; il est long de 3™"", 34, large de 1™™,55 ; l'écusson dorsal couvre tout le corps, sauf une légère bordure sur les côtés et en arrière ; cet écusson, qui porte trois fossettes en arrière, est divisé à son bord postérieur en neuf (onze) festons ; la face ventrale porte, de chaque côté de l'anus, un écusson triangulaire allongé, à base postérieure, et en dehors de celui-ci une faible épine droite. Les tarses des trois dernières paires sont bidentés ; Fig. 486. — Rhipicephalus sanguineus, mâle, vu par la face ventrale, grossi 15 fois (G. Neumann, inéd.). ARACHNIDES. — ACARIENS. 713 les hanches de la première paire se terminent par deux dents, et les autres offrent à leur bord postérieur un tubercule obtus ; la caroncule atteint en- viron la moitié de la longueur des ongles. Les nymphes {PhaulLvodes rufiis Berlcse ex Koch) ont seulement deux rangées de dents de chaque côté du dard rostral. Cette espèce vit dans toute ritalie et dans le midi de la France sur les Bœufs, les Moutons, les Chiens, les Chats, etc., et à l'occasion sur l'Homme lui-même. Nous en possédons des exemplaires recueillis au marché de la Villelte sur des Moutons algériens (Godbille), en Egypte sur le Bœuf et le Chien (Plot), au Sénégal sur le Bœuf (Monod). L'exiguïté de son rostre la rend peu dangereuse. Neumann en signale une petite variété provenant de la Guadeloupe. D'autre part, les auteurs américains ont décrit, sous le nom (ïlrodcs bovis Riley, 1869, ou de Boophilus bovis Curtice, 1890, une forme qui nous semble être au moins très voisine de celle-ci, et qui joue un rôle important dans la transmission de la fièvre du Texas (voir p. 127). Enfin, on trouve en Italie une espèce voisine, Rh. burm Cati. et Fanz., i887, assez commune sur le Mouton et le Sanglier. Genre Dermacentor {Dermaccnfor Koch, 1847). — Des yeux. Palpes coni- ques, courts et épais. Base du rostre subquadrangulaire. Péritrème en vir- gule. Face ventrale du mâle dépourvue d'écussons. Hanches de la première paire bidentées. Corps revêtu de dessins variés. Dermacentor réticulé (D. rcticidatus [Fabr.]. — Syn. : Acarus reticu- latiis Fabr., 1794; Ixodes retindatus Latr., 1806 ; I. marmoratiis Risso, 1826; D. reticidatus de Garlini, 1889). — Le rostre est semblable dans les deux sexes : les palpes ont le premier article court, le 2"= et le 3" assez développés et muni de quelques soies h leur double bord interne; le dard, un peu élargi en avant, où il offre de très petites dents, porte de chaque côté quatre, puis trois séries longitudinales de dents assez fortes, qui peu à peu diminuent de grandeur et deviennent plus obtuses en arrière ; les mandi- bules, courtes et épaisses, ont le doigt externe terminé par deux dents recourbées en dehors, et le doigt externe pourvu de trois dents qui augmen- tent de volume d'avant en arrière. La feiiudle jeune, longue de 6 millimètres, large de 3°i™,8, a le corps brun rougeàtre, avec l'écusson bordé d'une patine blanc argenté qui forme un dessin élégant ; cet écusson est très étendu, ponctué ; le reste de la face dorsale est également ponctué, mais plus gros- sièrement, et parcouru par plusieurs sillons; le bord postérieur est divisé en six festons; les pattes ont des tubercules aux tarses. La. femelle adulte est très déprimée à jeun, épaisse quand elle est repue, à contour ovalaire, atteignant alors 13°"°, b de long sur 9 millimètres de large; son écusson est médiocre, blanc argenté, avec deux taches brunes latérales, et profondément incisé en avant pour recevoir la base du rostre; l'abdomen est gris olivâtre, passant au rouge dans l'alcool ; les pattes sont d'un brun rougeàtre sombre. Le mâle est long de 5 à 6 millimètres, large de 3 millimètres à 3™™, 5; il a le corps ovalaire, élargi en arrière, l'écusson dorsal couvrant tout le corps 714 ARTHROPODES. et divisé en arrière en onze festons ; les hanches sont contiguës et s'élargis- sent de la 1" à la 4« paire, où elles sont très développées; celles de la 1" paire se terminent par deux fortes dents; les autres ont à chacun de leurs bords antérieur et postérieur une courte épine dirigée en arrière ; les tarses de la 1" paire sont dentés, les autres bidentés ; les trois derniers arti- cles de la 4« paire possèdent en dessous chacun trois saillies dentiformes. Cette espèce existe en France et en Italie ; nous en possédons des exemplaires recueillis en février, par G. Colin, sur le Bœuf; G. Canes- trini en a trouvé sur le Mouton, la Chèvre et le Bœuf; le comte Ninni en a enlevé sur le cou et sur les cuisses de ses enfants. Nous pouvons citer encore D. americanus. (L. nec Koch) {Acarus Nigua De Geer), du nord-est des États-Unis, observé sur les bêtes bovines et plus par- ticulièrement sur le Chien; et D. occidentalis Marx, du bétail delà Californie. Genre Hémaphysalis (Hsemaphy salis Koch, 1847). — Pas d'yeux. Palpes coniques, à second article offrant une forte saillie latérale. Base du rostre quadrangulaire, avec deux fossettes. Péritrème en virgule. Face ventrale du mâle dépourvue d'écussons. Hanches de la première paire à dent unique et courte; celles de la 4« paire, chez le mcàle, armées d'un robuste éperon. Hémaphysalis ponctuée [H. punctata Canestrini et Fanzago, 1877. — Syn. -.Ixodcs chelifer Mégn., 1880; ? Pseudoixodes holsatus Haller, 1882). — Le rostre est semblable dans les deux sexes ; il est très court : les palpes ont l'an- gle saillant du second article plus ou moins marqué ; leur bord inférieur interne est garni de soies épaisses, dentelées ; le dard a de chaque côté cinq files longitudinales de dents, sans compter les nombreuses petites dents de l'extrémité antérieure ; les files internes disparaissent en arrière, en même temps que les dents externes deviennent plus petites ; les mandibules ont au doigt interne deux forts crochets, au doigt externe en avant un crochet médiocre, flanqué de quatre autres très petits, et en arrière un crochet assez fort. La. femelle aie corps ovalaire, long de 12 millimètres et large de 7°*'", 5 à l'état de réplétion, de teinte plombée, parfois avec des lignes et taches jaunâtres; les pattes brun rougeàtre. L'écusson dorsal est assez petit, ovale allongé, à ponctuations serrées ; la face supérieure du corps porte en avant quatre sillons parallèles. Chacune des hanches porte une très petite épine dirigée en arrière. Le mâle a le corps allongé, brun rougeàtre ou jaunâtre, long de 4 millimètres, large de 2 millimètres; l'écusson dorsal couvre tout le corps, sauf sur une légère bordure latérale et postérieure ; en arrière il existe dix (onze) festons. Les pattes sont garnies de soies; toutes possèdent, à la base de la caroncule, une petite épine crochue, qui est peu marquée à la première paire ; la caroncule atteint les deux tiers de la lon- gueur des ongles. Cette espèce, assez commune en Italie, vit sur les Moutons (de pré- férence derrière les oreilles), les Chèvres et les Daims. Nous en possé- dons quelques exemplaires recueillis à Alfort, en mars 1869, sur la queue d'un Taureau, par G. Colin. ARACHNIDES. — ACARIENS. 7lî> Sous-famille des argasinés. — Rostre infère (du moins à Télat adulte), c'est-à-dire situé à la face inférieure du céphalothorax, qui forme ainsi une sorte de chaperon {capuchon Dujardin). Palpes libres, courts, filiformes, à quatre articles peu difïercnts les uns des autres. Pattes à six (huit) articles, hanches comprises, terminées par un ambu- lacre à deux ongles, mais sans caroncule. Téguments coriaces, sans plaques dorsales ni ventrales. Stigmates entre les deux dernièreî> paires de pattes, cachés sous les hanches de la 3" paire. Pas de di- morphisme sexuel. — Parasites des Vertébrés à sang chaud. 2 genres : Argas, 0)'nithodo7'os , ce dernier à peine connu et basé seulement, d'après Koch, sur la présence d'yeux. LesArgas {Argas Latr.,1795. — Syn. : /?%nc/io/}non Hermann, 1804) sont dépourvus d'yeux. Ce sont des animaux fort plats lorsqu'ils ont été longtemps privés de nourriture, mais leurs tégumentssont assez exten- sibles, quoique coriaces, irréguliers et souvent granuleux. Par leur aspect général, ils ont une certaine ressem- blance avec les Punaises. La caron- cule des tarses est avortée, surtout chez les adultes. Ces Acariens paraissent être en gé- néral noctambules; ils se nourrissent de sang. Fig. 4ST. — Roslre d'une larve A' Argas refle.xus, vu en dessus, grossi 50 fois. — c, cWlicères. p, palpes maxillaires. d, dard maxillo-labial. On distingue, par transparence, une partie des dents de la face inférieure du dard (Orig.). Argas réfléchi (A. veflexus [Fabr.]. — Syn. ? Acarus veflexus ou marginatus Fabr., 1794; Argas reflexus Latr., l79o; Rhyncho' prion columbx Hermann, 1804; Argas mar- ginatus Contarini, 1843). — Corps ovalaire, atteignant sa plus grande largeur en arri ère du milieu. Tégument rugueux, marqué de fossettes et de sillons, et présentant des séries de granulations. Rostre sem- blable dans les deux sexes ; dard arrondi à rextrémité et muni à la face infé- rieure de dents nombreuses: de chaque côté de la ligne médiane, on en voit d'abord, en avant, quelques petites; plus en arrière, deux séries de très fortes; puis trois, quatre et jusqu'à six séries de plus en plus faibles. Man- dibules à doigt interne bidenté au sommet, à doigt externe pourvu de trois dents. Palpes terminés par de petits cirres mousses. Femelle fécondée longue de 5 millimètres, large de 3 à jeun ; longue de 6 à 8 millimètres, et large de 4 lorsqu'elle est repue ; la partie centrale du corps est d'une teinte noirâtre : cette région correspond en effet à l'appareil digestif, qui envoie ses digita- tions vers la péi'iphérie, tandis que le bord reste transparent, jaunâtre (un peu relevé à jeun, d'où le nom de l'espèce) ; vulve située à la base du rostre, entre les deux premières pattes. Mâle long de 4 millimètres, large de 3, de teinte brune; orifice sexuel au niveau de la troisième paire de pattes. Nymphe 716 ARTHROPODES. octopode de la taille du mâle, dont elle se distingue par l'absence de pore génital. Larve hexapode orbiculaire, à rostre terminal muni seulement de deux rangées de dents de chaque côté du dard; pas de trachées ou de stig- mates; quelques soies périphériques; pattes relativement longues. CEiif ovoïde, de teinte roussàtre. L'Argas réfléchi est assez commun en France eten Italie ; par contre, il paraît rare en Allemagne et en Angleterre. Il vit dans les colom- biers et se répand en plus ou moins grand nombre sur les Pigeons, dont il suce le sang. Les larves sont souvent fixées à demeure sur le corps des Pigeons ; les adultes ne paraissent les attaquer qu'à de cer- tains moments, la nuit en particulier, et on les découvre d'ordinaire, pendant le jour, cachés dans les fissures des boiseries, les crevasses des murs, etc. Les éleveurs donnent généralement aux adultes le nom de Punaises et aux larves celui de Poux de Pigeons, Ces Acariens s'atta- Fig. 488. — Aryas reflexiis, femelle fécondée et repue. — 1, grandeur naturelle. 2, grossie, vue par la face dorsale. 3, par la face ventrale (Orig.). quent surtout aux Pigeonneaux, mais les Pigeons adultes ne sont pas à l'abri de leurs atteintes. On les trouve fixés dans la peau du cou, de la poitrine, des ailes et en somme de presque toutes les régions du corps. S'ils n'existent qu'en petit nombre, la santé n'est pas troublée ; mais, lorsqu'ils sont très abondants, ils tourmentent les Pigeons, les empêchent de dormir ou de couver, les épuisent en suçant leur sang et arrivent à les faire périr. 11 ne faut cependant pas exagérer leur influence nocive, car nous avons vu des Pigeonneaux résister parfai- tement aux attaques de nombreuses larves de cette espèce. Les Argas se propagent facilement d'un local à l'autre, à la faveur des moindres solutions de continuité. C'est ainsi qu'ils pénètrent sou- vent dans les poulaillers et même dans les maisons situées à proxi- mité des pigeonniers. Cependant, ils ne paraissent pas tourmenter les Poules. Sur l'Homme, ils sont susceptibles de provoquer quelques accidents. ARACHNIDES. — ACARIENS. 717 — Raspail a vu, en 1838, un enfant dont le cou et le visage étaient couverts de vésicules ; cet enfant sortant d'un colombier, on a cru pouvoir attribuer l'éruption à des Argas, mais il s'agissait à coup sûr de tout autre chose. — En 1858-59, Boschultc a observé un vieillard qui avait été piqué à la jambe par un Acarien dans lequel Gerstiicker re- connut l'Argas réfléchi ; cette piqûre avait donné lieu à une petite plaie suppurante entourée d'une aréole inflammatoire et accompagnée d'un œdème du pied; la guérison fut obtenue en quelques jours. La maison où vivait ce malade était envahie par des Argas, notamment une chambre à coucher habitée par des enfants et communiquant avec un pigeonnier; dès le soir, les murs étaient couverts de ces Acariens, qui, à chaque instant, piquaient les enfants pendant leur sommeil. La piqûre offrait l'aspect d'un point rouge à peine marqué, et dépourvu d'aréole, mais elle causait, spécialement sur le trajet des nerfs et à une assez grande distance, une démangeaison intense qui persistait quel- quefois huit jours. Chez une jeune fille de quinze ans, il survint une éruption vésiculeuse sur les mains, les poignets et les avant-bras. Bos- chultese fit piquer lui-même et vit se produire dixjours plus tard une papule très prurigineuse, qui demeura perceptible pendant des an- nées. — En 1882, le D"" Chatelin, de Charleville, a observé sur un en- fant des piqûres douloureuses et un œdème assez persistant dus à des Argas qui provenaient d'un colombier évacué depuis plusieurs années. Les Acariens avaient envahi le premier étage et le rez-de- chaussée de l'habitation dans laquelle était situé le colombier. Diverses personnes avaient été atteintes en même temps que cet enfant. Aucune ne présenta de symptômes généraux. — Enfin, K. Alt a vu se produire récemment, dans des conditions analogues, une sorte d'urticaire accompagnée, dans un cas, d'un érythème général qui disparut au bout de quelques heures (i). Une fois repu, l'Argas réfléchi peut vivre fort longtemps sans pren- dre de nourriture. Hermann en a vu survivre à huit mois, nous- même à quatorze mois, et Ghiliani à vingt-deux mois de jeûne. D'après Boschulte, il se reproduirait même en l'absence des hôtes propres à le nourrir. Lorsqu'on trouve des Argas fixés sur les Pigeons, on peut les enlever à la façon des Ixodes. Mais il importe surtout d'en débar- rasser le colombier, ce qui requiert une désinfection profonde et générale : blanchissage à la chaux, aspersions d'eau bouillante, etc. L'Argas à chaperon pointu (A. coniceps Canestr., 1890) est une autre es- pèce européenne qui s'attaque également aux Pigeons. Elle a été trouvée à Venise, dans les interstices des mosaïques de Saint-Marc, en compagnie de la précédente. D'autres espèces ont été observées en Asie, en Afrique et en Amérique. (1) K. Ai.T, Die Taubenzecke als Parasit des Menschen. IMùnch. med. Wochen- schrift, n» 30, 1892, 718 ARTHROPODES. Parmi les Argas d'Asie^ on distingue : TArgas de Perse (A. perstcws Fischer), Garib-Guez des Persans, Punaise de Miana ou Miané des voyageurs, qui s'atta- que à l'Homme el dont les morsures sont souvent suivies d'accidents locaux et généraux fort graves ; et l'Argas de Tholozan (A. Tholozani Lab. et Mégn.), Ké7ié des Persans, ou encore Punaise de Mouton, qui parait se comporter à peu près comme le précédent. Les Argas d'Afrique comprennent : l'Argas de Savigny (A. [Ornilhodoros] Savignyi Audouin), qui habite l'Egypte et l'Asie-Mineure ; l'Argas de Fischer {A. Fischeri Aud.) et l'Argas d'Hermann (A. Hermanni Aud.), également égyptiens; l'Argas Moubata (A. Moubata Murray), d'Angola; l'Argas de Mau- rice (A. mauritianus (iuér.), qui se rencontre en abondance dans certaines parties de l'Ile Maurice, où il inquiète les Poules et même les fait quelque- fois périr, etc. Enfin, nous citerons, comme Argas d'Amérique : l'Argas Talaje (A. Talaje Guér.), l'Argas Turicata (A. Turicata Alf. Dugès) ; l'Argas de Mégnin (A. Me- gnini Alf. Dugès) et l'Argas coriace (A. [Ûrnithodoros] coriaceus Koch), du Mexique; l'Argas Chinche (A. Chinche J. Goudot), de la Colombie tempérée; l'Argas radié (A. radiatus = A. americaniis Riley, nec Hope), du Texas, etc. — Les Turieatas s'attaquent à l'Homme et au Porc, et leur infligent des piqûres très sérieuses. Les Argas Talaje et Chinche sucent également le sang de l'Homme; les autres infestent surtout les animaux. Une espèce indéter- minée se rencontre, d'après Curtice, dans les oreilles des Chevaux, en Cali- fornie. Enfin, J. Goudot a trouvé, dans la région chaude de la Colombie, une autre espèce innomée qui attaque les Poules et force parfois les proprié- taires à changer celles-ci d'habitation. Famille des GAMASIDÉS. — Les Gamasidés ont des téguments plus ou moins coriaces, renforcés, sur la face ventrale, par des pla- ques chitineuses épaisses ; la face dorsale elle-même est souvent cui- rassée. Rostre à palpes libres, tactiles, filiformes, formés de cinq articles semblables ; mandibules presque toujours en pinces ou didactyles. Pattes directement insérées sur le tégument, le plus sou- vent à six articles, terminées par deux crochets plus ou moins cachés dans une caroncule. Pas d'yeux. Trachées aboutissant à des stig- mates situés sur les côtés du corps, entre les pattes de la 2*^ et de la 4^ paire, et ordinairement protégés par un péritrème tubulaire sous- cutané dirigé en avant. Larves généralement hexapodes, semblables aux adultes ; deux stades de nymphe octopode. Ovipares ou vivipares. Acariens libres ou vivant sur les animaux, se nourrissant de proies ou d'humeurs animales. 8 sous-familles : Gamasinic , Lselaptime, Dermanyssinx, Pteroptinas, CeUenopsinx, Zerconinse, Antennophorinse, Uropodinx. Sous-famille des dermanyssinés. — Corps faiblement cuirassé. Écusson dorsal entier ou double. Mandibules en pinces dont l'un des deux mors avorte parfois. Ouverture sexuelle mâle située au bord antérieur du sternum. Pattes toutes semblables dans les deux sexes, presque toujours inermes, terminées par une caroncule et des cro- ARACHNIDES. ACARIENS. 719 cliels. Stigmates situés s-ur la face dorsale, presque toujours munis de péritrème. Espèces vivipares ou ovipares. Larves hexapodes ou octo- podes ; nymphes ibontomorphes. Acariens parasites des Vertébrés. 4 genres: Dcnnmiijssus, Leiognalhus, Lophopies, Ophionyssus. Genre Dermanysse [Dcvmanyssiis Dugès, 183i). — Téguments mous, (inement striés, sauf au niveau des faibles écussons de la face supé- rieure et de la face inférieure. Mandibules didactyles chez le niàle, l'un des doigts ou mors peu développé, l'autre allongé en une lame aiguë et ondulée; celles de la femelle transformées en un long stylet. Vulve transversale. Larves hexapodes. Les Dermanysses (Se'pjxa, peau ; vûacetv, piquer) sont parasites des Oiseaux (parasites temporaires). Dermanysse des volailles (D. gallinœ [De Geer.]. — Syn, : Fulex gallinse Redi, 1674 ; Acavus gallinœ De Geer, 1778 ;D. avium Dugès, 1834, pro parte ; D. yalUnx et D. columbmus Koch ; D. (jallopuvonis P. Gerv., 1844). — Corps ovale pyriforme, à grosse extrémité postérieure, un peu aplati de dessus en dessous ; abdomen entouré de soies courtes et écartées. Pattes robustes, assez courtes, les antérieures égalant à peine la largeur du corps. Péritrème se prolongeant jusqu'aux hanches de la seconde paire. Couleur variant du blanc au rouge de sang et au rouge noirâtre selon que l'animal est à jeun ou plus ou moins repu : dans ce dernier cas, on distingue par transparence le tube digestif avec ses caecums. Mâle long de 000 ^, large de 320{x. Femelle longue de 700 à 750 p., large de 400 a. Ces Acariens, dont les allures sont très rapides, sont noctambules : ils se tiennent pendant le jour dans les fissures des poulaillers et des colombiers, dans le creux des perchoirs, dans la paille des nids, ou même au milieu du guano, et, la nuit venue, se jettent sur les Oiseaux, dont ils sucent le sang. Ce sont donc des parasites temporaires. Dans des cas exceptionnels, cependant, leur parasitisme devient stationnaire ; on peut alors les voir, en quantité extraordinaire, sur les Pigeons, Poules, Dindons, Faisans, etc., et surtout sur les poussins. Fig. 489. — Dermanysse. — A, rostre de la femelle vu de dessous. B, vu de profil. C, œuf. D, tarse (Delafond). 720 ARTHROPODES. Leurs piqûres tourmentent beaucoup les Oiseaux, les font maigrir et empêchent les femelles de couver avec assiduité. Les jeunes sujets sont quelquefois tellement envahis qu'ils succombent épuisés ; on trouve alors leur cadavre criblé de Dermanysses. On les a vus pénétrer parfois, soit dans le conduit auditif externe (Lax), soit dans les cavités nasales des Pigeonneaux et des Poulets, où ils déterminent une in- flammation catarrhale (Weber, Ziirn). Pour débarrasser les volailles de ces Acariens, il est nécessaire de pratiquer une désinfection profonde de leurs habitations (sulfure de carbone, eau bouillante, poussière de chaux, etc.). Transmission à VHomme et aux Mammifères domestiques. — Lors- que les Dermanysses sont très abondants, ils ne bornent pas leurs attaques aux Oiseaux, mais se jettent volontiers sur les Mammifères- qui se trouvent à leur portée. A. L'Homme lui-même est exposé à leurs atteintes, Alt (1824) en a trouvé sur le cou et les bras d'une vieille femme cachectique, où ils s'étaient logés dans de petites excavations. Bory de Saint-Vin- cent (1828) a rencontré de nombreux Dermanysses sur le corps d'une femme qui éprouvait un violent prurit [D. Boryi P. Gervais, 1844). Erdl a trouvé quatre fois, de 1840 à 1842, des Dermanysses dans des tumeurs cutanées. Raspail dit avoir vu au Petit-Montrouge, en juin 1839, beaucoup d'enfants et d'adultes couverts de boutons aux jambes et aux bras, pour avoir fréquenté des jardins fumés avec de la colombine dans laquelle pullulaient les Dermanysses. Simon a rap- porté, en 1831, le cas d'une femme de Berlin qui, en dépit de tous les soins, était continuellement envahie par des Dermanysses; on reconnut que cette femme passait chaque jour sous un poulailler pour se rendre à sa cave. Enfin, Henderson, Itzigsohn, Judée, Kramer, Goldsmith, Geber, etc., ont encore signalé des faits analogues. Besnier et Doyon affirment d'ailleurs qu'on observe assez souvent, chez les garçons ou les filles de basse-cour, ainsi que chez les per- sonnes employées à manier ou à plumer les volailles, une éruption prurigineuse ressemblant à certaines formes de l'eczéma papuleux de la gale ordinaire, et qui acquiert parfois assez d'intensité pour engager les malades à se rendre à l'hôpital. On l'observe surtout sur le dos des mains et les avant-bras dans la partie découverte pendant le travail ; mais elle peut exister aussi sur toutes les parties exposées, et même sur la généralité du tronc. Cette affection est nécessairement passagère, car les Dermanysses ne s'acclimatent pas sur la peau de l'Homme. On calme le prurit au moyen de lotions ou de bains d'eau pure, vinaigrée ou amidonnée. Lorsque, en maniant des volailles, on se trouve envahi par des Dermanysses, le meilleur moyen de s'en débarrasser, d'après Fuchs, est de s'enfoncer pendant quelque temps dans une meule de foin. ARACHNIDES. — ACARIENS. 721 B. Parmi les Mammifères domestiques, c'est sans doute le Cheval que les Dermanysses attaquent le plus fréquemment. La première mention de ce fait est due également à Gurlt, et remonte à 1843 ; mais raffection cutanée du Cheval déterminée par ces Acapiens n'a été nettement signalée qu'en 18i7 par Deinilly aîné, de Reims ; depuis lors, elle a été l'objet de très nombreux travaux. En France, en Bel- gique, en Angleterre, où l'on ignorait les observations de Gurlt, on avait simplement noté l'apparition de la maladie chez, les Chevaux logés à proximité des pigeonniers et des poulaillers, et on l'attribuait aux Poux ou Ricins dont se montrent souvent couverts les Oiseaux de basse-cour, d'où le nom de phtiriase aviaire sous lequel on la désigna longtemps. Dehvart et Moon avaient bien vu de petits animaux cou- rant la nuit sur le corps des Chevaux envahis, mais ils les avaient pris également pour des Ricins. La nature du parasite ne fut décidé- ment reconnue qu'en 1875 : le 15 juin de cette année, un Cheval offrant tous les symptômes de la phtiriase aviaire fut conduit à la con- sultation de l'École d'Alfort sans avoir été pansé, et encore revèlu de la couverture qu'il portail la nuit. En soulevant cette couverture, on apercevait, grâce à la couleur gris clair de la robe, une foule de Der- manysses qui s'enfonçaient rapidement entre les poils, et dont nous avons pu faire une abondante récolte. L'acariase dermanyssique du Cheval débute brusquement par un prurit violent, qui s'exagère la nuit. En même temps survient une éruption vésiculeuse ; puis, par suite des frottements, l'épiderme se détache au niveau des vésicules, emportant les poils et laissant à nu de petites surfaces vives, de 5 à 10 millimètres de diamètre. Cha- cune de ces surfaces se recouvre d'une croûte légère qui ne tarde pas à s'exfolier, puis elle reproduit une nouvelle couche d'épiderme gla- bre. Dans l'espace de deux ou trois jours, la robe d'un Cheval peut être ainsi entièrement mouchetée, et en huit jours il est possible de voir la dépilation s'étendre à de larges surfaces continues. Parfois il survient alors une éruption secondaire de papulo-vésicules, et d'autres lésions dues aux frottements. — La maladie persiste tant qu'on n'en sup- prime pas la cause ; elle récidive dès que celle-ci reparait, et dure par- fois des années, conduisant peu à peu l'animal au marasme. Pour la voir, disparaître, il suffit donc d'éloigner les volailles de l'écurie, et de désinfecter au besoin le poulailler ou le pigeonnier. On peut d'ailleurs hâter la guérison au moyen de quelques lotions sulfureuses, émoUientes ou camphrées. C. Chez le Bœuf^ on ne paraît avoir vu jusqu'à présent le Derma- nysse des volailles que dans l'oreille. Gassner, Stadler, Schuema- cher, Ostertag, Krautheim ont rapporté des cas dans lesquels les Aca- riens avaient pénétré dans le conduit externe, traversant parfois la membrane du tympan, et gagnant ainsi l'oreille moyenne, voire l'oreille interne. Les symptômes consistaient en une violente agitation de la tête. Railliet. — Zoologie. 46 722 ARTHROPODES. D. On a vu encore les Dermanysses passer sur d'autres animaux. Farez en a trouvé sur la Chèvre, Gurlt sur le Lapin, et Ziirn affirme que le Chien et le Chat peuvent contracter de leur fait une affection vésiculeuse, Dei'inanysse des Hirondelles (D. hiriindinis [Herra.]. — Syn. : Acarus hirundinis Hermann, 1804; D. hirundinis Dugès, 1834). — Celle espèce diffère de la précédenle par ses dimensions, qui sont notablement plus grandes Fig. 490. — Dermanysse, femelle ovigère, vue par la face dorsale, grossie environ 80 fois (Delafond). (1 millimètre), el par son périlrème, qui s'étend à peine jusqu'aux hanches de la 3*= paire de pâlies. L'écusson dorsal forme un angle aigu en arrière. Ce Dermanysse vit dans les nids d'Hirondelles; il est également noctambule. Il s'attaque parfois à l'Homme : on l'a vu passer d'un nid d'Hiron- delles jusque dans une chambre habitée, à la faveur d'un simple trou de cordon de sonnette, et causer d'insupportables démangeaisons à une personne couchée dans cette chambre. Môbius a vu, sur huit vaches, une affection caractérisée par des dépilations arrondies, et traitée en vain depuis deux ans, qui disparut après la destruction de plusieurs nids d'Hirondelles existant dans l'étable et cachant de nombreux Dermanysses. Les Moineaux domestiques hébergent aussi deux espèces de Dermanysses ARACHNIDES. — ACARIENS. 723 (0. longipes [D. avùim'i] et D. passerinus Bevlese et Trouessart) qui sans doute pourraient occasionner dans certains cas de semblables accidents. Gamasidé de l'oreille. — Sous le nom de Gamasus auris, Leidy a donné, en 1872, la description d'un Acarien trouvé par le D"" Ch. TurnbuU dans l'oreille d'un Bœuf. — Corps ovoïde, blanc, diaphane, lisse et glabre ; pattes et rostre bruns, garnis de soies; tarses terminés par une paire de griffes et une caroncule à cinq lobes; palpes à 0 articles; mandibules en pinces didac- tyles ; le doigt mobile muni de deux dents à son extrémité, l'autre petit et crochu. Dimensions : environ 1 millimètre de long surO'^^jS de large. Turnbull en avait trouvé de nombreux exemplaires se pressant dans le conduit auditif externe et en particulier sur la membrane du tympan. En poursuivant ses recherches, il le revit fréquemment dans les mêmes con- ditions, et fut amené à le regarder comme un véritable parasite. D'après les caractères ci-dessus, il est facile de reconnaître qu'il s'agit bien d'un Gamasidé ; mais la détermination du genre auquel il appartient est à peu près impossible. Tout au plus peut-on soupçonner qu'il se rattache aux Uermanyssinés ou aux Ptéroplinés. Murray en faisait, sans raison plausible, un Scjus. En tout cas, ce n'est pas un Gamasus, car tous les Gamases vivent dans la mousse ou dans les substances en putréfaction. Genre Léiognathe {Leiognathus Canestrini, 188ii. — Syn. : ? Cnjptostoma Robineau Desvoidy, 1830; Ha-momyson Mégn., 1892). — Corps faiblement cuirassé; à la face ventrale, une plaque sternale et une plaque anale. Mandi- Jjules didactyles et inermes dans les deux sexes. Vulve transversale. Larves octopodes (?). Les Léiognathes (Xjîoç, lisse; pâôo;, mâchoire) vivent en parasites sur les Mammifères et les Oiseaux. Le Léioguathe brunâtre (L. suffuscus. — Syn. : Gamasus pteroptoides Mégn., 1880, pro parte, nec 1876) vit en colonies au fond du pelage du Lapin, et se nourrit probablement du sang qu'il obtient en piquant la peau à l'aide de ses mandibules. Le Léiognathe bourse (L. biirsa Berlese, 1888) a le corps blanchâtre, ovalaire, environ trois fois aussi long que large, arrondi en arrière et bordé de poils assez longs. Les pattes antérieures sont plus longues et plus grêles que les autres; les deux doigls des mandibules sont grêles, très aigus et transparents. Le pérltrème se prolonge jusqu'à la première paire de pattes. Longueur, jusqu'à 600 [i.; largeur, jusqu'à 330 [j.. Cette espèce a été trouvée à Buenos-Ayres, sur des Poules (1), par Alois Balzan. Le Léiognathe des Fauvettes (L. sijlviavum Canestr. et Fanzago, 1877) vit dans le nid de plusieurs espèces de Fauvettes. Meniez (2) l'a rencontré aux environs d'Arras et a constaté que les personnes qui maniaient les nids (1) A. Berlese, Acari austro-americani.'RoWeii.àeWix'èoc. Entom.ltaL, XX, 1888, (2) R. MoxiEZ, Leiognathus sijluiarum. Revue biol. du ^'ord de la France, V, p. 408, 1893. 724 . ARTHROPODES. infestés étaient aussitôt incommodées par cette vermine, qui se jetait par tout le corps, causant pendant un certain temps un vif prurit, sans d'ailleurs attaquer aucunement la peau. Genre Lophopte {Lophoptes Mégn., 1891. — Se distingue du précédent en ce que les mandibules ont le mors fixe pourvu de deux petites dents au sommet el le mors mobile élargi, non crochu. Le Lophopte padouan (L. patavimis Mégn., 1891) est un peu plus petit que le Dermanysse des Poules; le mâle est beaucoup plus petit que la femelle et a l'extrémité postérieure rétrécie. Vit à demeure dans la huppe des Poules de Padoue (1). Diverses espèces de damasidés se rencontrent dans les fourrages ou dans les habitations, et il importe de ne pas les prendre pour des parasites lors- qu'ils passent accidentellement sur le corps de l'Homme ou des animaux, En voici une liste, dressée par Berlese : Fourrages: Lselaps stabularis, fœnalis, cuticularis, marginatus, domesticus, casalis, miles. Litière : Lœlaps stabularis, fœnalis, cuticularis, miles. Uropoda Krameri, patavina. Maisons : Lselaps marginatus, domesticus, casalis, fœnalis, cubicularis. Par- fois en outre Holostaspis badius, transporté par la Mouche domestique. Ajoutons que, d'après Mégnin, deux espèces qu'il nomme Uropoda nummu- laria et Trachynotus cadaverinus contribueraient à la momification des cada- vres exposés à l'air, en s'introduisant sous la peau pour sucer les tissus mous. G. ?seumann (2) a observé des troubles psychiques, avec retentissement sur la nutrition, chez une femme dont la maison était envahie par une quantité excessive de Laelaps stabularis (Koch). Les Acariens ne causaient cependant que de simples chatouillements au visage, sans aucune lésion cutanée. ^^ ordre : Phalangides. — Chélicéres en forme de pinces didactyles; maxilli- pédes développés en jMlpes filiformes ; jjatles longues et grêles; abdomen articulé,, largement uni au céphalothorax ; respiration trachéenne. Les Phalangides ou Opilions sont ces Arachnides à longues pattes que tout le monde connaît sous le nom de Faucheurs. — Genres Phalangium,. Trogidus, etc. 6" ordre : Chernétes. — Chélicéres en pinces didactyles; palpes maxillaires, très grands, également didactyles; abdomen articulé, non pédicule, sans aiguil- lon venimeux; respiration trachéenne. On a longtemps rattaché aux Scorpions ces petits animaux, qui ont en effet la même conformation des chélicéres et des palpes (Pseudoscorpions). Ils s'en distinguent cependant à première vue par leurs dimensions et par (1) Mégnin, Une acariase spéciale aux Poules Padoue. Comptes rendus Soc. de biologie (9), III, p. 759, 1891. (2) G. Neumann, Pseudo-parasitisme du Lœlaps stabulai'is sur une femme. Comptes rendus Soc. de biologie, (9), V, p. 161, 18'J3. ARACHNIDES. — SCORPIONIDES. 72b l'absence d'un postabdomen à aiguillon. Quant à leur organisation interne, elle est beaucoup plus simple et les rapproche des Acariens et des Phalan- ■gides. Ils possèdent des filières comme les Araignées. — Genres Ckelifev, Obhium. La Pince ou Faux-Scorpion des livres (Ch. cancroidcs) abonde dans les vieux livres, les herbiers, les pigeonniers, les niches des poulaillers, où elle fait la chasse aux Acariens et aux Insectes nuisibles. *" ordre : Pédipalpes. — Chclicùres en griffes; palpefi en griffes ou en pinces didactylcs; pattes untdrieures antcnniformes ; abdomen articulé, uni au céphalo- thorax par un pédicule ; deux paires de poumons. Ce groupe est représenté par les Phrynes {Phrynus ou Tarentula) et par les Thélyphones {Thchjphonus). Ces derniers ressemblent beaucoup aux Scor- pions, car ils possèdent un court postabdomen suivi d'une queue ; on a sup- posé qu'ils avaient les chélicères munies de glandes à venin, et leur mor- sure est très redoutée; pourtant il ne semble pas que cette crainte soit sérieusement justifiée : leur appareil glandulaire est postérieur, et fournit .un liquide riche en acide formique, que l'animal projette vivement au dehors lorsqu'il est inquiété, d'où le nom de « Vinaigrier » qu'on lui donne au Mexique. Les Pédipalpes habitent les régions tropicales des deux mondes. HUITIÈME ORDRE SCORPIONIDES Arachnides à chélicères en petites pinces- didacty les ; palpes maxillaires très grands, également en pinces; abdomen long, articulé, non pédicule, terminé par un aiguillon venimeux ; quatre paires de poumons. Les Scorpions sont remarquables par leurs téguments coriaces, leurs longs palpes maxillaires terminés par de puissantes pinces didactyles, et leur abdomen allongé, divisé en deux parties : un préabdomen cylindrique, de sept anneaux, et un postabdomen en forme de queue noueuse, composé de six anneaux dont le dernier est prolongé par un aiguillon recourbé. Le céphalothorax porte, à sa face supérieure, trois à six paires d'yeux. La paire principale, facile à distinguer, est voisine de la ligne médiane et repré- sente ce qu'on appelle les yeux du vertex. D'autres yeux, plus petits, situés à droite et à gauche sur le bord frontal, sont appelés yeux latéraux princi- paux, par opposition aux yeux accessoires, qui occupent une position variable. Les hanches des deux dernières paires de pattes laissent entre ■elles un espace occupé par une pièce chitineuse de forme variable, le stei'- num. A la face ventrale du premier segment de l'abdomen se trouvent, en -avant et au milieu, les orifices génitaux, recouverts d'un opercule; en -arrière et latéralement, deux organes particuliers, connus sous le nom de peignes. Ce sont deux plaques étroites, articulées, portant sur leur bord postérieur une série de dents uniformes, dont chacune reçoit un (ilet ner- veux spécial. Ils permettent aux Scorpions de se maintenir pendant l'accou- plement, mais paraissent en outre servir d'organes excitateurs, et peut-être même d'organes tactiles (Ch. Brongniart et Gauberl). En arrière des peignes, on voit sur chacun des quatre anneaux suivants deux ouvertures latérales ou stigmates, qui donnent entrée dans autant de poches pulmonaires. 726 ARTHROPODES. Les Scorpions sont vivipares. Ils se tiennent volontiers sous les pierres, dans les crevasses des murs, dans les celliers et jusque dans les maisons, ils sont noctambules. On ne les trouve que dans les pays chauds. Plusieurs vivent dans les régions circumméditerranéennes. Ils se nourrissent d'In- sectes, de Cloportes, d'Araignées. Lorsqu'ils aperçoivent une proie ou un ennemi, ils s'avancent hardiment, la queue recourbée en arc sur le dos, saisissent la victime à l'aide de leurs palpes-pinces, la frappent de leur aiguillon, puis la sucent ou la dévorent. Vappa7'eil venimeux est contenu dans le sixième et dernier seg- ment du postabdomen. Il se compose de deux glandes ovalaires, symétriques, appliquées Tune contre l'au- tre, atténuées en col vei's l'extrémité pos- térieure et terminées chacune par un canal excréteur. Les deux canaux marchent pa- rallèlement et aboutissent à deux orifices ovalaires situés sur les côtés et un peu au- dessous de la pointe de l'aiguillon. Chaque glande offre une cavité centrale servant de réservoir au venin, et une paroi formée de trois couches, savoir, de dehors en dedans : 1° une couche musculaire limi- tée à la face inférieure et dont les fibres sont insérées sur le tégument, de manière à comprimer la glande en se contractant, et à faire ainsi jaillir le venin ; 2° une couche conjonctive qui envoie des lames rayonnantes dans la cavité de la glande ; 3° un revêtement épithélial formé de lon- gues cellules cylindriques remplies de fines Fig. 401. — CéplialoUiorax el prc^- abdomen de Scorpion, vus en des- sous. — c, cliL'licôres. ]ia, palpes maxillaires, o, orifice de l'oviducte. pe, peignes, s, s, stigmates. granulations. Le venin que sécrètent ces glandes est un liquide acide, visqueux, transparent, dans lequel on retrouve, à un fort grossissement, les gra- nulations de l'épithélium ; facile à dessécher, il est soluble dans l'eau, insoluble dans Téther et l'alcool absolu. Son action physiologique a été bien étudiée surtout par Paul Bert et par Joyeux-Laffuie. C'est un poison du système nerveux. Entraîné dans tout l'organisme par la circulation, il va d'une part irriter les centres nerveux et provoquer des convulsions, et d'autre part, à la façon du curare, il paralyse l'action des nerfs moteurs sur les muscles striés; et cette double action se traduit toujours par une période d'excitation suivie d'une période de paralysie. La fgravité des accidents varie d'ailleurs suivant la quantité de venin introduite et suivant la résistance des individus piqués. « Une goutte de venin, dit Joyeux-Laffuie, soit pure, soit mélangée à une petite quantité d'eau distillée et injectée dans le tissu cellulaire d'un ARACHNIDES. — SCORPIONIDES. 727 Lapin, amène rapidement la mort. Les Oiseaux sont aussi facilement tués que les Mammifères. Avec une seule goutte de venin, on peut faire périr sept ou huit Grenouilles. Les Poissons et les Mollusques sont beaucoup plus réfractaires ; mais, en revanche, les Articulés sont d'une susceptibilité surprenante : la centième partie d'une goutte de venin suffit pour tuer immédiatement un Crabe de forte taille. Les Mouches, les Araignées et les Insectes dont le Scorpion fait sa nour- riture sont, pour ainsi dire, foudroyés par la piqûre de cet animal. » La piqûre des Scorpions est très douloureuse. Elle est suivie d'une inflammation locale souvent accompagnée de fièvre et de vomisse- ments. Les grandes espèces seules produisent des accidents plus graves et sont capables de donner la mort à l'Homme. Encore le fait est-il moins commun qu'on ne le pense généralement. Aucune espèce européenne ne paraît causer de piqûres mortelles. En Algérie, les cas de mort sont très rares et se rapportent toujours à des enfants. Et même dans les régions tropicales, où la mortalité résultant de ce chef est parfois très élevée chez les enfants, il est tout à fait exceptionnel de voir succomber des adultes sains. Comme on ne connaît aucun antidote rationnel, on se borne à com battre les accidents locaux à l'aide de lotions d'eau ammoniacale ou phéniquée, de cataplasmes ou d'embrocations huileuses opiacées. S'il survient des nausées, on peut administrer une dose faible d'ipéca- cuanha. Du reste, comme dans la plupart des blessures venimeuses, il est possible d'enrayer l'absorption du venin par la succion du point piqué ou l'application d'une ventouse. On peut répartir les Scorpions dans quatre famil- les : Buthidde, Telegonidœ, Vejovidœ, Scorpionidx. Les BUTHiDÉs ont le sternum atténué en avant, presque triangulaire. Les Buthus {Buthus Leach) ont les deux branches des cliélicères garnies chacune de deux couples de ^i dents. Le Scorpion européen [Buthus europœus L., Se. occitanus Amoreux, Se. lunetanus Herbst) est fauve rougeàtre, avec les pattes jaune pâle ; la lon- gueur totale est de 85 millimètres, dont 4;) pour la queue ; les peignes ont 23 à 30 dents, ordinaire- ment 27. Cette espèce est commune dans le Midi de la France, sur le littoral médi- terranéen, de Cannes à Banyuls ; elle est aussi répandue en Espagne, en Grèce, en Egypte et en Algérie. La piqûre est caractérisée par une petite tache rouge qui s'agrandit, devient plus foncée au centre et persiste pend ant sept à huit jours, rarement jusqu'à quinze (Laboulbène). Fig. 492. — Scorpion européen . 728 ARTHROPODES Le Scorpion Énée {Buthus jEncas Ch. Koch) de teinte noirâtre, se trouve en Algérie, dans les chotts, près de la région saharienne. Les Androctones [Androctonus Elir.) diffèrent surtout des Butluis par le 5* segment caudal, qui est caréné. A ce genre appartient le Scorpion funeste (A. australis L., A. funestus Auct.), jaune avec l'extrémité de la queue bru- nâtre, du sud de l'Algérie. Guyon dit avoir vu mourir des enfants qui avaient été piqués à la tête par ce Scorpion, Les SCORPIONIDÉS sont caractérisés par un sternum létragonal ou penta- gonal. Le genre Scorpion {Scorpio L.), renferme les plus grandes espèces con- nues : Se. africamts L., de l'Afrique centrale; Se. imperator Ch. Koch, du Gabon, etc. Les Euscorpions [Euscorpius) ont seulement deux yeux latéraux, le front droit, la queue faible. Ce genre comprend quatre espèces françaises très voisines. Le Scorpion coniniun {Eiisc. flavicaitcUs [De Geer]) est long de 30 à 36 millimètres; il est brun foncé en dessus, avec un reflet rougeàtre; les pattes, ainsi que la vésicule située sous l'aiguillon, sont fauve rougeàtre ; le dessous de la pince ou main présente une rangée oblique de quatre points pilifères. La queue est pourvue de fortes carènes, les latérales irrégulière- ment granulées. Les peignes ont 8 à 10 dents. Le Scorpion flavicaude se trouve dans tout le Midi de la France, jusqu'à Valence et Bordeaux; il est aussi répandu en Corse et en Algérie. Sa piqûre n'est guère plus dangereuse que celle d'une Abeille. Le Scorpion italien (£. italieua [Herbst]) mesure 42 millimètres de long; il est brun noirâtre en dessus, avec des pattes brun rouge clair et une vésicule caudale brune plus foncée que les pattes ; il diffère surtout du précédent par sa queue dépourvue de carènes latérales granulifères et par le dessous de la main garni d'une série de huit points pilifères. On le rencontre à Nice, à Monaco, dans le Nord de l'Italie et jusqu'en Turquie. Le Scorpion des Cari>at-hes (E. earpathicus [L.]') est long de 27 milli- mètres, brunâtre ou fauve en dessous, avec les pattes jaune rougeàtre et la vésicule plus claire ; il se distingue d'ailleurs des deux formes précédentes par le quatrième segment caudal, qui est lisse en dessous, sans carène mé- diane, et par le dessous de la main à trois points pilifères. Ce Scorpion ne se trouve, en France, qu'à l'ouest du Rhône; au lieu de rechercher les plaines comme le Scorpion flavicaude, il remonte assez haut dans les montagnes. Quant au Scorpion de Fanzago (£. Fanzagoi E. Sim.), c'est une espèce dont on ne connaît jusqu'à présent que la femelle. Celle-ci, qui mesure 27™™, 5, est d'un brun rougeàtre foncé en dessus, avec les pattes et surtout les tarses plus clairs. Elle se rapproche beaucoup de l'espèce précédente, ARACHNIDES. — ARANÉIDES. 729 dont on la dislingue cependant par le fémur du maxillipède dépourvu de granulations en dessous dans la seconde moitié, et par le quatrième segment caudal muni inférieurement d'une côte faible et lisse. Cette espèce se trouve en Espagne ; elle a été rencontrée dans les Pyré- nées-Orientales. Les Hétéromètres {Iletcrometrus Hemp. et Elir.) ont trois yeux latéraux éloignés du bord. C'est à ce genre qu'appartient le Scorpion palmé {H. mau- rus L., Scorpio palmatus Ehr.) brun chocolat, si commun en Algérie, où il s'avance jusqu'à la côte. Le genre Bélisaire [RcUsarius E. Sim.) a été établi par Simon pour une espèce nouvelle, le Bélisaire de Xainbeu (B. Xainheui E. S.), qui est aveugle et possède un peigne à 4 dents seulement. Cette forme, qui ressemble à première vue au Scorpion des Carpathes et mesure 26™™, 5, a été trouvée par Xambeu sous les pierres, dans les Pyré- nées-Orientales. Le mâle seul est connu. Quant aux sous-familles des Télégoninés et des Véjovinés, elles ne com- prennent que des espèces américaines et australiennes. NEUVIEME ORDRE ARANÉIDES Arachnides à chélicéres en (jriffes, munies de çjlandes venimeuses ; abdomen inarticulé, uni an céphalothorax par un pédicule, et terminé par des filières ; respiration pulmonaire ou trachéo-pulmonaire. Les Aranéides, plus connues sous le nom vulgaire d'Araignées, sont sur- tout reconnaissables à leur abdomen mou et globuleux, uni au céphalotho- rax par un simple pédicule. — Les yeux sont d'ordinaire au nombre de 8 ou de 6, et sont répartis diversement à la face supérieure du céphalothorax, — Les chélicéres (fig. 419) sont terminées chacune par un onglet mobile, percé d'un orifice par lequel s'écoule le venin dont se sert l'animal pour tuer ou engourdir sa proie. Le venin est sécrété par deux glandes situées d'ordinaire dans le céphalothorax. Les palpes maxillaires, composés de six articles, sont en général terminés, chez les mâles, par un renflement creusé en cupule, destiné à porter le sperme au contact des organes femelles. Au-dessous des mâchoires se trouve une lamelle impaire formant une sorte de lèvre infé- rieure. — L'appareil respiratoire se compose de deux ou quatre sacs pulmo- naires, et quelquefois en même temps de poumons et de trachées. — A la partie postérieure de l'abdomen, au-dessous de l'anus, se trouvent quatre ou six mamelons articulés et percés de petits orifices : ce sont les filières, par lesquelles soit le produit de sécrétion des glandes séricigènes. Ce produit, d'abord visqueux, se concrète rapidement à l'air et constitue les fils à l'aide desquels les Araignées tissent leurs toiles. — Les mâles sont souvent plus petits que les femelles ; dans beaucoup de cas, ils vivent à l'écart, et doivent même prendre les plus grandes précautions, avant et après l'accouplement, pour ne pas se laisser dévorer par elles. 730 ARTHROPODES. On a beaucoup 'exagéré l'action du venin des Araignées sur l'Homme. Walckenaer et Dugès se sont fait mordre par les plus grosses Araignées du Nord et du Midi de la France : le résultat a toujours été moindre que s'il se fût agi d'une piqûre d'Abeille, De même H. Lucas n'a ressenti aucun trouble sérieux à la suite des morsures de Malmignattes, réputées si venimeuses. Cependant, il est certain que le venin de certaines espèces peut occasionner de graves accidents. 2 sous-ordres : 1" sous-ordre : Tétrapneumones. — Les Araignées quadripulmonées sont représentées par les Mygales, qui habitent les contrées chaudes de l'ancien et du nouveau monde. — La morsure de quelques grandes espèces occasion- nerait des accidents locaux assez sérieux et même de la fièvre chez l'Homme et les grands animaux. Ceux-ci succomberaient parfois. 2^^ sous-ordre : Dipneumones. — Ces Araignées, outre leurs deux sacs pul- monaires, possèdent quelquefois deux trachées. Les unes sont vagabondes, c'est-à-dire qu'elles ne tendent pas de fils et poursuivent leur proie, soit en bondissant, comme les Saltiques {Salticus), soit en couranl, comme les Lycoses (Lycosa). C'est à ce dernier genre qu'ap- partient la fameuse Tarentule {L^jcosa tarentula), au sujet de laquelle on a discuté beaucoup plus peut-être qu'il ne convenait. Cette espèce se rencontre dans toute l'Italie centrale et méridionale, mais surtout dans la Fouille ou ancienne Apulie,- aux environs de Tarente. On raconte que les individus tarentules (tarentulati), c'est-à-dire mordus par la Tarentule, éprouvent des phénomènes nerveux singuliers, constituant ce qu'on appelle le tarentisme. Ces individus, qui sont presque toujours des gens du peuple, font mille extravagances qui témoignent d'une grande excitation mentale : les uns chantent, rient, soupirent, gémissent; d'autres ont des insomnies, des trem- blements, des palpitations; d'autres encore ne peuvent supporter les cou- leurs noire ou bleue, tandis que le rouge et le vert leur causent des sensa- tions agréables. Pour guérir ces malheureux, on leur joue, sur un instrument quelconque, certains airs, dont les plus actifs sont la Pastorale et la Taren- telle. Le malade se met alors à danser, et, quand il tombe de fatigue, on le porte sur un lit, où il s'endort. A son réveil, il est guéri. Des rechutes peuvent se produire, se répéter pendant des années et même pendant toute la vie du sujet. Il est à peine besoin de faire remarquer aujourd'hui le rôle essentiel que jouent l'imagination et les préjugés dans le développement de cette névi'ose, dont les relations avec l'hystérie ne paraissent guère dou- teuses. Léon Dufour a d'ailleurs constaté sur lui-même l'innocuité de la mor- sure des Tarentules. En Bolivie, on connaît, sous le nom indien de inico, de petites Araignées sauteuses {Bendryphantes noxiosus et D. Sacci) dont la morsure entraînerait souvent la mort de l'Homme. D'autres Dipneumones sont sédentaires. Telles sont les Thomises (Thomisiis), qui marchent de côté et à reculons ; l'Araignée domestique {Tegeneria domes- (ica); l'Argyronète aquatique [Argyroneta aquatka), qui vit sous l'eau dans une cloche pleine d'air ; la Ségestrie des caves [Segestria cellaria) ; l'Araignée porte-croix {Epeira diadema), etc. A ce groupe appartient aussi la Malmi- gnatte {Latrodectus malmignatus seu tredecimguttatus), espèce qui vit sur tout MYRIAPODES. 731 le littoral méditerranéen et remonte même, en France, jusque dans le Mor- bihan. Les assertions les plus coniradictoires ont été émises au sujet de cette Araignée, que les uns accusent d'occasionner les accidents les plus graves, alors que d'autres la considèrent comme absolument inoffensive. Les Araignées et leurs toiles ont joui d'une certaine réputation en méde- cine ; on les recommandait notamment contre les fièvres intermittentes. De nos jours, on emploie quelquefois encore les toiles d'Araignées à titre d'hé- mostatique, dans le cas d'hémorragies capillaires; c'est un usage qu'il importe de combattre, car il est bien établi que ce produit peut servir de réceptacle à des éléments infectieux, notamment au Bacille du tétanos. DIXIÈME ORDRE GALÉODES Arachnides à tête, thorax et abdomen distincts ; chélicères en pinces didactyles; respiration trachéenne. Les Galéodes (faXeûS-/;?, semblable à une Belette) ou Solifuges sont des animaux de forte taille, qui tiennent le milieu entre les Arachnides et les Insectes. Le céphalothorax est divisé en deux segments, dont l'antérieur, comparé à une tête, porte des chélicères didactyles, des palpes maxillaires transformés en pattes ambulatoires, et la première paire de pattes propre- ment dites. Le second tronçon ou thorax est formé de trois anneaux munis chacun d'une paire de pattes armées de griffes. L'abdomen est globuleux, articulé. — Les Galéodes habitent les régions chaudes du globe. Tous sont nocturnes ou crépusculaires. Bien qu'on ne leur ait pas encore reconnu avec certitude de glandes à venin, on les regarde communément comme veni- meux, et leur morsure est redoutée. Ils forment la seule famille des solpugidés, dont le type est fourni par le genre Galéode {Galéodes Oliv., Solpuga Herbst). — Le Galéode araignée (G. araneoides Pallas) est très répandu dans la Russie méridionale, en Perse, en Egypte ; Pallas a rapporté des faits tendant à prouver que sou venin peut être mortel pour l'Homme et les grands animaux. Les Chameaux et les Mou- tons qui se couchent en plein air seraient souvent mordus par cet Arachnide, que les Kalmouks appellent « Ver ensorcelé ». Le Galéode intrépide {Gluvia dorsalis Latr.) habite l'Espagne. Le Galéodes barbants Lucas est commun en Algérie : le D"" Dours a observé un cas assez grave de blessure venimeuse produite par cette espèce. CLASSE V MYRIAPODES Arthropodes à respiration aérienne, s'effectuant par des trachées ; tête distincte du tronc, qui ne montre pas de démarcation entre le thorax et Vabdomen; une paire d'antennes; nombreuses paires de pattes. Les Myriapodes ou mieux Myriopodes (u.u?tot, dix mille; itoù;, pied) sont les 732 ARTHROPODES. animaux connus sous le nom vulgaire de Mille-pieds. Leur corps, souvent allongé et vermiforme, offre une tète distincte, mais ne comporte pas de division en thorax et abdomen. La tête porte deux antennes filiformes, des yeux simples ou plus rarement composés, et des pièces buccales plus ou moins complexes. Celles-ci comprennent un labre ou lèvre supérieure, une paire de mandibules crochues, et deux paires de mâchoires parfois soudées ( Chilognathes) en une seule valve quadrilobée connue sous le nom de lèvre inférieure. En outre, chez les Chilopodes, les deux premières paires de pattes font l'office de pattes-mâchoires. Quelquefois l'appareil buccal se transforme en suçoir. Sous le rapport des organes internes, les Myriapodes se rapprochent beau- coup des Insectes. Le système nerveux offre la disposition typique que nous avons signalée chez les Annélides. Le tube digestif, presque toujours rectiligne, présente un intestin buccal ou œsophage muni de glandes salivaires et parfois dilaté en jabot; un esto- mac cylindrique pourvu de nombreux cœcums glandulaires; enfin, un court intestin dans lequel débouchent deux à six canaux urinaires ou tubes de Malpighi, et qui s'élargit dans sa portion terminale ou rectum, pour aboutir à l'anus, situé sur le dernier anneau de l'abdomen. Vappareil circulatoire est tout à fait analogue à celui des Insectes, et com- prend un long vaisseau dorsal divisé en autant de chambres qu'il y a d'an- neaux. Les organes respiratoires sont représentés par des trachées formant deux longs tubes latéraux et recevant l'air par des stigmates dont la situation est variable. Quelques Myriapodes offrent des phénomènes de phosphorescence. Les Chilognathes possèdent des glandes cutanées sécrétant une substance corro- sive, et les Chilopodes ont des glandes à venin annexées aux forcipules ou pattes-mâchoires. Chez tous, les sexes sont séparés. Les organes reproducteurs se composent généralement d'un long tube impair, suivi d'un conduit excréteur simple ou plus souvent double, accompagné de glandes accessoires et parfois, chez les femelles, d'un réservoir séminal. Les petits naissent le plus souvent pourvus de six à huit paires de pattes. Ils subissent des mues successives dans lesquelles se développent progres- sivement les anneaux, les pattes et même les yeux. On peut, en somme, comparer cette évolution aux demi-métamorphoses des Insectes. Les Myriapodes sont tous des animaux terrestres ; ils vivent sous les pierres, sous la mousse et dans tous les endroits sombres et humides. 2 ordres principaux : Deux paires de pattes sur la plupart des anneaux Chilognathes. Une paire de pattes à chaque anneau .... Chilopodes. l^"" ordre : Chilognathes. — Myriapodes à corps plus ou moins cylindrique, pouniis de deux paires de pattes sur chacun des anneaux moyens et postérieurs. La présence de deux paires de pattes sur chaque segment, à partir du li" ou du 6^, est attribuée à une soudure, encore hypothétique, des somites pri- mitifs deux à deux : aussi P. Gervais avait-il proposé pour ce groupe le nom •de Diplopodes. — Les antennes sont courtes, à 7 ou 8 articles. — L'appareil MYRIAPODES. 735 buccal comprend un labre, des mandibules fortes et dentées, et une valve quadrilobée autrefois décrite comme une lèvre inférieure (/.el^o;, lèvre; -yvâeo;, mâchoire). Les Polyzonidés possèdent un suçoir. — Les stigmates s'ouvrent à la face ventrale, au-dessous de la base des hanches. De chaque côté de la région dorsale, se trouvent des pores par lesquels suinte une sécrétion acide, d'odeur infecte, servant probablement de moyen de défense. — Il existe deux orifices génitaux, situés sur la hanche ou derrière la hanche de la deuxième paire de pattes. — Beaucoup de Chilognathes peuvent se rouler en spirale. Genres lulus, Blaniulus, Polydesmus, Glomerls, etc. Ces animaux se nour- rissent surtout de substances végétales; il en est qui nuisent beaucoup à l'agriculture, en rongeant les semences au moment de la germination. Tels Fig. 49:^. — Iule. sont : Vliilus terreslris, le Blcmiulus guttulatm, le Poltjdesmus coniplanatus, etc. La première de ces espèces ravage parfois les champs de betteraves. La seconde attaque les racines de divers légumes et même celles de la vigne ; elle s'introduit dans les fruits tombés à terre (voir p. 394). 2" ordre : Chilopodes. — Myriapodes à corps déprimé, pourvus d'une seule paire de pattes à chaque anneau. Les antennes sont longues, à 12 articles au moins. — L'appareil buccal se compose d'un labre, de deux mandibules médiocres et d'une valve quadri- lobée représentant deux paires de mâchoires. En outre, la première paire de pattes a les hanches soudées de manière à simuler une lèvre inférieure à palpes pédiformes (/.sîXoç, lèvre; ivoû;, pied), et la seconde paire, à hanches très larges et également soudées, constilue une pince puissante dont les mois en forme de crochels {forcipules) offrent à leur extrémité un étroit orifice : c'est là que débouche le canal, excréteur d'une glande à venin qui occupe leur base. — Les stigmates s'ouvrent sur les deux côtés des anneaux. — Il n'exisle qu'un seul orifice génital situé à l'extrémité postérieure du corps, au-dessous de l'anus. — Les jeunes naissent avec 0 ou 8 paires de pattes et même, chez les Scolopendres, avec toutes les pattes. Genres Scolopendra, Lithobius, Geopldlus, Scutigera, etc. Ces animaux se nourrissent surtout d'Araignées et de petits Insectes. La morsure des Scolopendres est douloureuse. Les forcipules pressent horizontalement la peau et produisent deux piqûres laté- rales dans chacune desquelles est déversée une goutte de venin. La Scolopendre cingulée [Scolopendra cingulala Latr.), qui est l'espèce commune du Midi de la France, peut provoquer, par sa morsure, un gonflement local, parfois accompagné d'un mouvement fébrile passa- 734 ARTHROPODES. ger. Aux Antilles, à la Guyane, au Sénégal, d'autres espèces font des blessures beaucoup plus sérieuses encore. On peut adopter le même traitement que nous avons indiqué à propos des piqûres de Scor- pions. Divers auteurs ont signalé, d'autre part, l'introduction, dans les fosses nasales et dans les sinus frontaux de l'Homme, de petites espèces du même groupe, notamment de Géophiles. La présence de ces hôtes incommodes se traduit par de violentes douleurs, persistant quekiuefois pendant des années. CLASSE VI INSECTES Arthropodes à respiration aérienne^ s' effectuant par des trachées; tête, thorax et abdomen distincts; une paire cVantennes; thorax portant trois paires de pattes et souvent des ailes. Pour les anciens auteurs, y compris Linné et Fabricius, le nom d'Insectes s'appliquait à la généralité des Arthropodes. Au point de vue étymologique, en effet, il exprime l'état articulé du corps, puis- qu'il est la traduction littérale du mot latin insectum (dérivé par syncope d'intersectiim, entrecoupé). Mais les progrès de la science en ont restreint l'application aux seuls Articulés hexapodes. Le corps est toujours divisé en trois régions : la tête, le thorax et l'abdomen, et le nombre d'anneaux appartenant à chacune de ces régions est à peu près constant, aussi bien que celui de leurs appen- dices. La tête est en apparence formée d'un seul tronçon, mais on la regarde comme composée de quatre somites, en raison des quatre paires d'appendices mobiles dont elle est pourvue : une paire d'an- tennes et trois paires de gnathites(l). Les antennes sont situées sur le sommet ou sur les côtés de la tète; elles sont formées d'articles peu mobiles et offrent une remarquable variation de forme. Quant aux pièces buccales, qui sont insérées à la partie inférieure de la tête, nous en donnerons la description en traitant des organes digestifs. Le thorax, réuni à la tête par une partie étroite, comprend trois somites : le proihorax, le mésothorax et le méiathorax. Le premier est tantôt libre, mobile et bien développé, tantôt plus ou moins réduit et soudé au mésothorax. Le nom de corselet désigne le seul prothorax lorsque celui-ci est libre, et le thorax entier lorsque les anneaux sont soudés. Sur la face ventrale de chacun des trois somites s'articule (1) Les yeux des Insectes ne paraissent i^as avoir de rapports morphologiques avec les appendices. INSECTES. 735 une paire de pattes. Chaque patte est composée de cinq parties : la hanche^ article basilaire enclavé dans une cavité de répimère corres- pondant ; le froclianier, tronçon très court qui parfois se divise en deux pièces et d'autres fois se soude à Tarlicle suivant; la cuisse, allongée et souvent fort épaisse; la ^'aw^e, également longue, mais grêle; enfin, le iarse, offrant de un à cinq articles, dont le dernier porte d'ordinaire un ou deux crochets ou d'autres appendices. Fig. 49 t. — Parlies constitutives du corps d'un Insecte. — c, la lûte portant les yeux et les antennes. t', prothorax, portant la 1'" paire de pattes p'. <", mésothorax, portant la 2" paire de pattes p" et la I" paire d'ailes a', f, niétatliorax, perlant la 3' paire de pattes p" et la seconde paire d'ailes a" . j, jambe, la, tarse. «6, abdomen. Les ailes, qui n'existent que chez les Insectes à l'état parfait, représentent un type spécial d'organes appendiculaires, et ne peuvent être comparées aux membres proprement dits. Elles s'insèrent sur la partie dorsale du mésothorax et du métathorax, entre le tergum et l'épimère, au moyen de pièces courtes, de forme variable, auxquelles on donne le nom d'apodèmes articulaires ou d'osselets. Chacune des ailes consiste en une lame mince, formée de deux membranes étroite- ment appHquées l'une contre l'autre et soutenues par une charpente de tubes chitineux appelés nervures. Ces tubes sont destinés à livrer passage aux nerfs, aux trachées et au sang; ce sont eux qui détermi- nent la forme et le contour de l'aile. On distingue des nervures propre- ment dites : ce sont les principales, surtout celles qui partent de la base ou point d'insertion de l'aile; et des nervules, lignes intermé- diaires, de moindres dimensions, longitudinales ou transversales. Toutes ces lignes laissent entre elles des espaces appelés cellules, qui fournissent de bons caractères de classification. — La consistance des ailes est variable. Le plus souvent elles sont membraneuses et nues, 736 ARTHROPODES. ainsi qu'on le voit chez les Hyménoptères, par exemple. Celles des Lépidoptères sont membraneuses et couvertes d'écaillés. Les ailes antérieures des Coléoptères sont, au contraire, cornées et forment des boucliers solides, servant peu au vol et remplissant surtout un rôle protecteur : on les nomme élytres (êlutpov, enveloppe). Chez beaucoup d'Orthoptères, ces ailes antérieures sont simplement parcheminées [tegmina). Enfin, chez les Hémiptères hétéroptères, elles sont cornées à la base et membraneuses vers l'extrémité libre : ce sont des hémé- lijtres. — Le nombre des ailes n'est pas constant. La plupart des Insectes en possèdent deux paires, l'antérieure appartenant au méso- thorax, la postérieure au métathorax : on les dit alors tétraptères (Terpâ;, quatre; irTspo'v, aile). Mais la paire postérieure manque quelquefois. Ainsi, chez les Diptères (SU, deux), qui constituent un ordre naturel, elle est représentée par deux organes appelés balanciers, formés d'une petite tige ou style terminée par un bouton ou capitule. Enfin, il existe des groupes importants d'Insectes tout à fait dépourvus d'ailes ou aptères., comme les Poux et les Ricins, et tous les ordres comprennent des espèces dont les deux sexes, ou les femelles seules, sont dans le même cas. L'a6c?o?nen s'articule largement avec le thorax. On n'est pas toujours fixé sur le nombre de segments qui le composent, en raison de l'atro- phie fréquente, de la fusion ou de l'invagination des deux derniers. Cette région est dépourvue de pattes chez l'adulte, mais elle porte quelquefois, chez les larves, des appendices transitoires connus sous le nom de fausses pattes. Sur les derniers anneaux, il existe souvent des appendices qui jouent un certain rôle dans les fonctions de repro- duction et constituent ce qu'on appelle V armure génitale. Le système nerveux des Insectes offre un degré de coalescence assez variable, mais s'accusant toujours à mesure que l'individu évolue vers l'état parfait. Le cerveau, souvent bilobé, envoie des nerfs aux yeux,, aux antennes et à la lèvre supérieure. Le ganglion sous-œsophagien distribue ses filets aux trois paires d'appendices buccaux. Viennent ensuite trois ganglions thoraciques peu distincts, innervant les organes de la région, ainsi que les appendices. Quant aux ganglions abdomi- naux, ils sont d'ordinaire étroitement groupés, parfois même réunis en une seule masse, et la coalescence peut aller jusqu'à la fusion totale des groupes ganglionnaires de l'abdomen et du thorax. Les sens sont fort délicats. Le tact s'exerce surtout au moyen des antennes et des pièces buccales. L'ocfora^ a son siège dans les antennes. Les organes auditifs peuvent s'observer sur divers points. Les sensa- tions gustatives paraissent être perçues par certaines régions de la bouche. Enfin, les organes de la vision sont, soit des ocelles, qui se rencontrent chez les larves, ainsi que sur le vertex ou sommet de la tête de beaucoup d'adultes; soit des yeux à facettes, propres aux Insectes parfaits et situés sur les côtés de la tête. INSECTES. 737 g. 495. — Yeux à facettes du Hanneton. — a, cerveau. 4, ncrfso|)liqucs. c, œil entier. '/, œil coupû lougitudinale- nicnt. La conformation des organes digestifs varie avec le régime des Insectes. En première ligne, l'armature buccale offre un aspect tout différent chez les Insectes broyeurs, lécheurs et sitcews. Dans tous les cas, cependant, on observe les mêmes parties fondamentales, mais diversement modifiées suivant le genre de vie, ainsi que Savigny Ta depuis longtcmips établi. Nous exposerons ici la disposition typique que présentent les broyeurs, et nous renverrons à l'étude des différents ordres d'In- sectes pour la connaissance des modifications que subissent les pièces buccales, ainsi que pour la démonstration de leurs homologies. Les Insectes broyeurs. Coléoptères, Ortho- ptères, Pseudo-Névroptères et Névroptères, ont les pièces buccales insérées à peu près séparé- ment sur le cadre qui limite la bouche. Elles comprennent deux organes impairs, la lèvre supérieure ou labre et la lèvre inférieure; deux organes pairs, les mandibules elles mâchoires. Le labrr, qui n'est pas de nature appen- diculaire, est inséré au bord supérieur du cadre buccal, sur l'épis- tome ou chaperon [clypeus). Au-dessous, se trouve la première paire d'appendices masticateurs, les mandibules, articulées à droite et à gau- che de la bouche, et souvent pourvues de dents à leur bord interne : ces pièces, toujours solides, se meuvent avec force d'un côté à l'autre, et sont bien propres à diviser les aliments ; elles ne portent jamais d'ap- pendice latéral. — Les mâchoires ou maxilles, situées au-dessous des mandibules et insérées un peu en arrière, représentent la seconde paire de gnathites et offrent une organisation complexe. Chacune d'elles présente un article basilaire ou gond^ suivi d'une tige qui porte d'une part, à son côté externe, par l'intermédiaire d'un petit article, écailleux, un appendice pluriarticulé ou palpe maxillaire ; d'autre part, à sa partie interne pig. 496. — Appareil masti et terminale, deux branches ou lobes, l'un ex- cateur du Carabe doré. - . . h, lùvre supL^rieure. — terne, 1 autre mterne. Celui-ci, souvent garni en md, mandibules, mx, mà- dedans d'épines, de denticules, de cils, etc., re- ^boires, u, lùvro mfé- r 1 17 7 neure. présente surtout la partie préhensile de la mâchoire. Quant au lobe externe, il est parfois composé de plu- sieurs articles et palpiforme : on l'appelle alors palpe maxillaire interne; d'autres fois, il surmonte le lobe interne et le recouvre à la façon d'un casque, ce qui lui vaut le nom de galea (Orthoptères). Les mâchoires, et en particulier leur lobe interne, forment en se rappro- chant une sorte de pince qui maintient les aliments entre les mandi- Railliët. — Zoologie. 47 C^ 738 ARTHROPODES. bules, puis achève la trituration grossièrement commencée par ces appendices. Une troisième et dernière paire de gnathites sert à former la lèvre inférieure. Celle-ci est en effet constituée par deux appendices analogues aux mâchoires, mais rapprochés et soudés sur la ligne mé- diane. Elle présente d'abord une pièce basilaire toujours bilobée, le menton. Sur les parties latérales du menton se trouvent deux palpes maxillaires., et sur sa face supérieure, une pièce ter- minale, la languette, simple ou bifur- quée, qui offre en général deux ap- pendices appelés paraglosses. Il est facile de voir que le menton répond aux gonds et aux tiges des mâchoi- ces, les palpes labiaux aux palpes maxillaires, la languette aux lobes internes et les paraglosses aux lobes externes. Le rôle de la lèvre inférieure est de retenir contre la cavité buccale les aliments que divisent les mâchoi- res ; elle concourt en outre, surtout par ses palpes, à la préhension de ces aliments. La bouche est suivie d'un pharynx chitineux ; d'un œsophage., souvent di- laté en jabot ; d'un gésier ou proven- tricule, appareil triturant, parfois fort réduit ; d'un ventricule chylifique ou estomac proprement dit, dilaté en avant et atténué en arrière ; d'un intes- tin., séparé de l'estomac par un étran- glement valvulaire et terminé par un rectum assez large qui aboutit à l'anus, situé dans le dernier anneau. — Des glandes en nombre variable peuvent être annexées au tube digestif : telles sont les glandes salivaires, qui débou- chent dans le pharynx ; les glandes gastriques, qui affectent d'ordinaire la forme de villosités garnissant la surface extérieure du ventricule chylifique; les canaux de Malpi- ghi^ qui s'insèrent au point de jonction de l'estomac et de l'intes- tin ; enfin, les glandes rectales et les glandes anales. Vappareil circulatoire se réduit à un simple vaisseau dorsal contrac- tile ou cœur, fixé à la paroi supérieure de l'abdomen par des muscles aliformes et divisé en un certain nombre de chambres ou ventricu- Fig. 497. — Appareil digestif d'un Insecte (Carabus auratus) d'après E. Blauciiard. — a, tète portant les antennes, les man- dibules, etc. i, jabot et gésier, suivis du ventricule chylifique. c, tubes de Malpi- glii. d, intestin, e, glandes anales avec leur réservoir. INSECTES. 739 lites. Ces chambres sont séparées par des replis membraneux offrant chacun doux orifices latéraux, par lesquels le sang pénètre du sinus péricardique dans le cœur. La systole s'effectue progressivement du ventriculite postérieur vers l'antérieur, et les replis a fonctionnent comme valvules pour empêcher la sortie du sang et son retour en arrière. La chambre Fig. 498. — SecUon longitudinale d'une chrysalide de Pai)illon, inoulrant Fig. 400. — Portion du les organes inti'rieurs. — c, u, vaisseau dorsal, ao, aorte, c, cerveau. vaisseau dorsal du co, collier œsophagien, h, n. n. chaîne ganglionnaire ventrale, ph, plia- Hanneton, ouvert pour rjux. a?, œsophage, se continuant avec un estomac très large. /, i, intes- montrer les valvules et lin. rt, anus. les orifices latéraux. antérieure se prolonge en un vaisseau aortique qui conduit le sang dans les lacunes interorganiques, et des courants réguliers le distri- buent dans les différentes régions du corps. Lappareil respiratoire est toujours trachéen. Les stigmates s'ou- vrent sur les parties latérales du corps; mais on n'en trouve jamais plus d'une paire sur le même anneau, et les Insectes adultes n'en possèdent pas à la tête ni sur le dernier anneau de l'abdomen. Chez les larves de la plupart des Diptères, ils ne se rencontrent que sur le deuxième et le dernier segment. Certains Insectes aquatiques (Nèpes, larves de Cousins) ont même l'abdomen prolongé par une sorte de tube respiratoire, qu'ils amènent par moments à la surface de l'eau. On observe chez les Insectes des organes sécréteurs assez variés : nous signalerons, en particulier, \es glandes srricigènes, qui paraissent être des glandes salivaires modifiées et qui fournissent la soie avec laquelle beaucoup de larves se tissent un cocon; les glandes cirières, diversement réparties suivant les espèces; les glandes odorifères ; les glandes venimeuses des Hyménoptères porte-aiguillon; etc. Les sexes sont toujours séparés; souvent les mâles diffèrent des femelles par une taille plus petite, des couleurs plus vives, etc. Divers Insectes offrent des cas de parthénogenèse et même de pédogenèse. Lappareil génital mâle se compose de deux testicules, simples ou mullilobés, auxquels font suite deux canaux déférents sinueux géné- ralement dilatés en vésicules séminales à leur partie inférieure; des glandes accessoires peuvent être annexées à ces conduits pour fournir l'enveloppe des spcrmatophores. Les deux canaux déférents se réu- nissent en un canal éjaculateur commun, dont l'extrémité terminale ?40 ARTHROPODES. est susceptible de se projeter au dehors sous forme de pénis tubuleux. Des pièces cornées entourent ce pénis et constituent ce qu'on appelle V armure copulatrice. L'appareil femelle comprend deux ovah^es symétriques, formés dïin nombre variable de tubes ou vésicules ovigènes, qui débouchent de chaque côté dans un canal vecteur ou trompe. Les deux trompes se réunissent pour former un oviducte im- pair, dont la portion terminale représente le vagin. Des glandes sébi figues sont an- nexées à Toviducte ou au vagin; en outre ces parties sont presque toujours pour- vues d'une poche copulatrice., qui reçoit le sperme lors de l'accouplement, et d'un réservoir secondaire ou réceptacle séminal^ qui emmagasine ultérieurement la se- mence. On observe aussi une armure géni- tale, qui sert à la ponte (oviscapte, tarière) ou se transforme en organe de défense aiguillon). La plupart des Insectes sont ovipares. Les œufs sont fécondés, au moment de leur passage devant le réceptacle séminal, par la pénétration des spermatozoïdes à travers une petite ouverture ou micropyle située à un de leurs pôles. Le développe- ment de l'embryon est assez rapide ; le jeune brise bientôt la coque de l'œuf et se présente sous la forme d'une larve en gé- néral bien différente de ses parents, larve qui doit, par suite, subir certaines transfor- mations ou métamorphoses pour acquérir , . , , , , les caractères de l'état adulte. On peut, à g. II, i, vésicules trachéennes. k, trachée destinée aux membres CC point dc VUC, distinguer trois grOUpCS parmi les Insectes : 1° Quelques-uns nais- sent avec la forme des adultes ; ils ne su- bissent pas de métamorphoses proprement dites et sont, pour cette raison, appelés amétaboliens (Poux, Podures) ; 2° d'autres présentent des demi- métamorphoses ou métamorphoses incomplètes ; il ne leur manque, pour arriver à l'état parfait, que des ailes et parfois quel- ques articles aux antennes ou aux membres : ce sont les hémimétabo- liens (Sauterelles, Pentatomes); 3° enfin, un grand nombre sont appelés à subir une métamorphose complète ; ils apparaissent sous l'état de larves vermiformes et doivent passer par une période de repos [nymphe) avant de revêtir la forme dUnsecte parfait ou imago : Fig. 500. — Appareil respiratoire de la îVèpe cendrée, amplifié, d'après L. Dufour. — a, a, a, les faux stigmates, vus par leur face interne, ô, stigmates du siphon respiratoire, auxquels aboutissent les deux troncs trachéens principaux, c, insertion borgne de certains troncs trachéens. antérieurs. /, faisceau de trachées destinées à la tète, m, portion de la tète, o, portion d'hémélx tre. p, por- tion des pattes moyennes et posté- rieures. INSECTES. 741 on les qualifie alors de nirtaboliens (Coléoptères, Hyménoptères, Lépi- doptères, Diptères, etc.)f Nous verrons même que, chez certains Insectes (Méloïdés), la métamorphose se complique et mérite le nom d'hyper- métamorphose, qui lui a été appliqué par Fabre, d'Avignon, dès 1857. La classe des Insectes renferme un nombre immense d'espèces, présentant une infinie variété de formes, de mœurs, et souvent remarquables par le développement de leurs facultés. Ces animaux sont répandus dans toutes les régions du globe. A l'état fossile, on les rencontre pour la première fois dans le terrain dévonien. Fig. 501. — Organes gfnitaux màlcs du llan- Fig. o02. — Organes génitaux femelles du Melopha- neton, d'après Gegenbaur. — T, testicules. gus ovinus, d'aprùs Leuckart. — Oo, tube ovarien Vd, portion renflée des canaux défcrcnls. renfermant un œuf. Ut, utérus. Z>r, glandes annexes. D)\ glandes annexes. Va, vagin. On a proposé, pour ce groupe, des classifications assez variées. Swammerdam se basait sur les métamorphoses, Linné sur la consti- tution des ailes et Fabricius sur celle des organes buccaux. On fait aujourd'hui entrer en ligne de compte ces trois éléments. Toutefois il a fallu reconnaître que l'absence des ailes n'offrait aucune impor- tance au point de vue taxinomique, et les Insectes aptères, dont les anciens auteurs formaient des ordres spéciaux, ont été rattachés comme groupes secondaires aux autres ordres. D'après ces principes, nous adopterons la classification suivante : Appareil buccal. Ailes. Métamorphoses. Ordres. /Deux (les postérieures étant trans-),>, ,.. i^ - r ■ u 1 ■ \ {Complètes... Diptères. l f oi-inees en balanciers) ) ^ „ 'Quatre : antérieures variables,), ,,, „. ^"'^^^^ j postérieures membraneuses .'jlncompk-tes. Hémiptères. [Quatre : toutes membraneuses ,)„ ,.. t - \ recouvertes d'écaillés ;jComplètes. . . Lépidoptères. ,. , (Quatre: toutes membraneuses, vei-)„ ,,, Lecteur n'es Complètes... Hyj JIENOPTERES. [Quatre : toutes membraneuses, fine-^ Complètes . . . Névroptères. ment réticulées (Incomplètes Pseudo-Né vruptères. Broyeur. 'Quatre : antérieures chitinisées ,/ * postérieures membraneuses latre : antérieures en él; térieures membraneuses Incomplètes. Orthoptères. Quatre : antérieures en élytres, pos-)„ ,,, tpriPnrPS infimhrnnPnsP« ^Complètes. . . COLÉOPTÈRES. 742 ARTHROPODES. PREMIER ORDRE DIPTÈRES Insectes suceurs, pourvus de deux ailes seulement; ynétamorphoses complètes. Comme leur nom l'indique (Stç, deux; irTspov, aile), les Diptères (1) ne possèdent que deux ailes, les antérieures, nues et membraneuses; mais, en arrière de chacune d'elles, on observe souvent une petite écaille [cuilleron) recouvrant elle-même une sorte de bouton pédicule connu sous le nom de balancier. On est d'accord aujourd'hui pour voir, dans les balanciers, les ailes de la seconde paire transformées : ce sont, en tout cas, des organes très importants, car leur disparition entraîne la perte de l'équilibre et aboutit, par suite, à l'abolition du vol. L'appareil buccal est propre à sucer et souvent à piquer : c'est une trompe ou un suçoir assez complexé et variable. La partie essen- tielle est représentée par la lèvre inférieure, qui replie ses bords en dessus, de manière à constituer un canal. Dans l'intérieur de cette gaine, existent des stylets sétiformes, qui jouent le rôle d'appareil perforant; le nombre maximum de ces soies est de six, savoir : une pièce impaire, dite épipharynx, correspondant au labre, mais prolon- geant la face dorsale du pharynx; une autre pièce opposée à celle-ci, Vhypopharynx, qui continue la face ventrale du même organe ; enfin, les deux mandibules et les deux mâchoires, celles-ci pourvues de palpes qui semblent annexés à la base de la trompe. Mais souvent une partie de ces soies s'atrophient, et dans certains cas (Muscidés), il ne reste que l'épipharynx et l'hypopharynx, propres ou non à perforer. Les pieds se terminent par un tarse à cinq articles, dont le dernier est muni de deux griffes, accompagnées en général de deux ou trois coussinets en forme de semelles, dits pelotes ou pulvilles ; la face inférieure de ces pelotes est garnie de poils à extrémité cupuliforme produisant une adhérence à la façon de petites ventouses. Les Diptères ont des métamorphoses complètes. Leurs larves se pré- sentent sous deux formes distinctes : les unes sont munies d'une tête où les pièces buccales sont assez nettes, ainsi que les antennes et les yeux; les autres, beaucoup plus communes, sont acéphales, et leur extrémité antérieure est tout à fait charnue ou présente seu- lement deux crochets cornés. — Les larves céphalées donnent, en subissant leur dernière mue, des nymphes mobiles (Cousins) ou immo- (I) Macqu art, i/?s<. nat. des Insectes Diptères. Paris, 1834-1835. — R. Schiner, Fau7ia austriaca [Diptera). V/ien, 1862-18G4. — Kunckel, Les Insectes (Bvehm). Paris, 1884. INSECTES. — DIPTÈRES. 743 biles (Taons) ; mais les larves acéphales ne changent pas de peau au moment de la nymphose : cette peau se durcit et donne lieu à une pupe en tonnelet, dans laquelle se trouve cachée la véritable nymphe (Muscidés, OEstridés). Le genre de vie des Diptères, tant à l'état de larves que sous la forme d'Insectes parfaits, ofl're à notre point de vue un grand intérêt. Il ne sera pas inutile, sans doute, de fournir à cet égard quelques indications générales. Les Mouches — c'est le nom qu'on applique vulgairement, sensu latiori, aux Insectes parfaits — se nourrissent de substances très diverses. Il en est beaucoup qui fréquentent l'Homme et les animaux, pour se nourrir de leur sang ou de leurs humeurs. Celles qui possèdent une trompe molle {Musca, Hf/droliea, etc.), incapables de perforer la peau, se bornent ù sucer les produits liquides exhalés naturelle- ment (sueur, larmes, mucus nasal, etc.) ou développés à la surface des plaies. Elles peuvent cependant à l'occasion jouer le rôle de porte- virus, c'est-à-dire servir au transport des éléments infectieux. En fré- quentant les animaux malades ou les cadavres, on conçoit qu'elles puissent, en effet, souiller leurs pattes et leur trompe de produits virulents ou septiques, et aller déposer ensuite ces produits sur le corps des sujets sains. Mais, en dehors des maladies dites à « virus volatil », comme la fièvre aphteuse, la péripneumonie, la peste bovine, une telle transmission n'est possible qu'à la faveur de plaies récentes, ce qui est évidemment exceptionnel. D'autres Diptères sont pourvus d'une trompe plus puissante, qui leur permet de percer aisément la peau des Mammifères ou des OiseaiU\{Ornithomym,Stomoxijs, Tabanus). Ils doivent donc tourmenter davantage les animaux ; de plus, ils paraissent aptes à jouer un rôle beaucoup plus actif dans la propagation des maladies virulentes, car leur trompe pénétrante, une fois souillée de produits infectieux puisés sur des cadavres ou des sujets malades, doit pouvoir facile- ment inoculer ces produits à des individus sains. Mais les Mouches peuvent concourir encore dune façon plus indi- recte à la transmission des maladies parasitaires et infectieuses. En se repaissant de matières fécales, par exemple, elles sont exposées à y recueillir une foule de microbes pathogènes ou d'œufs de parasites, qu'elles iront ensuite déposer sur les aliments de l'Homme ou des animaux, soit par simple contact, soit avec leurs excréments. Les re- cherches de Grassi ont établi, en effet, que les œufs de Trichocéphales, de Ténias, d'Oxyures, traversent le tube intestinal de la Mouche com- mune sans être aucunement altérés parles sucs digestifs; Savtshenko et Simmonds ont fait la même démonstration pour le Bacille du choléra, etc. Un autre point intéressant à étudier dans l'histoire des Diptères est relatif au parasitisme et au pseudo-parasitisme de leurs larves. — Kirby 744 ARTHROPODES. et Spence ont donné le nom de scoleciasis à la présence de larves d'Insectes dans le corps de l'Homme ou des animaux, ainsi qu'aux accidents qui en résultent; dans un sens plus restreint, ce fait patho- logique est qualifié de myiasis ou de myiase, lorsqu'il s'agit de larves de Diptères. Que celles-ci vivent normalement en parasites ou qu'elles se déve- loppent d'une façon accidentelle, leur siège est très varié. On peut les rencontrer dans le tissu conjonctif sous-cutané, les fosses nasales, les sinus, le pharynx, l'estomac, l'intestin, etc. Elles appartiennent pour la plupart à la famille des OEstridés et à celle des Muscidés. La myiase cutanée est surtout produite par des OEstridés dont les larves, soumises à un parasitisme nécessaire, vivent isolément dans des tumeurs dont elles provoquent la formation. Les larves des Mus- cidés se présentent plus rarement avec ce même caractère [Ochromyia anthropophaga); dans la plupart des cas, au contraire, elles ne subis- sent qu'un parasitisme occasionnel, les Mouches ayant effectué leur ponte dans des plaies mal tenues ou à l'entrée des cavités naturelles telles que les oreilles, le vagin, le fourreau de certains animaux, plus rarement sur la peau et dans les oreilles de l'Homme; elles sont alors réunies en plus ou moins grand nombre sur un même point et occa- sionnent souvent des désordres considérables, dévorant la peau et les tissus sous-jacents comme elles feraient d'une proie morte. En ce qui concerne l'espèce humaine, les observations de ce genre, publiées jus- qu'à présent, ont été presque toutes recueillies sur des gens malpro- pres, et en particulier sur des ivrognes endormis ; elles ont été rappor- tées, avec plus ou moins de certitude, aux espèces suivantes : Lucilia macellaria, Lucilia Cxsar, Calliphora vomitoria, Sat'cophaga carnaria^ Sarcophila magni/îca, Anthomyia pluvialis ; et l'on remarquera que la plupart de ces espèces se développent normalement dans les chairs en voie de corruption. Nous étudierons la myiase des cavités nasales chez les animaux à l'occasion des Œstrinés cavicoles ; chez l'Homme, en traitant de Lucilia macellaria et de Sarcophila magnifica. Quant à la myiase du tube digestif, très connue chez les animaux (Gastrophilus), elle a été fort discutée en ce qui concerne l'Homme, et Davaine allait même jusqu'à déclarer que tous les faits signalés comme s'y rapportant tenaient à des erreurs d'observation ou à la supercherie des malades. Cependant, il est bien établi aujourd'hui que diverses larves de Diptères, introduites accidentellement dans le tube digestif de l'Homme, peuvent y vivre un certain temps et même y poursuivre une partie de leur évolution sans être digérées. G.Joseph en a dressé la liste suivante : Piophilacasei, Drosophilamelanogaster ^ Boyna- lomyia incisurata, canicularis et scalaris^ Hydrotœa nieleorica, Cyrio- neura stabulans^ Pollcnia rudis^ Calliphora erythrocephala et vomito- ria^ Lucilia desar et regina^ Sarcophaga hamorrhoidalis et hœmatodes, INSECTES. — DIPTÈRES. 745 Erisialù arbust&i'um. Nous verrons d'ailleurs que cette liste doit être dès à présent étendue. Aux nombreux inconvénients que nous venons d'indiquer, les Diptères ajoutent celui d'importuner, de tourmenter l'Homme et les animaux par leurs chatouillements désagréables ou leurs piqûres. Pour éviter leurs attaques, on a recours à divers moyens, dont la connais- sance est devenue vulgaire. On peut tuer les Mouches qui fréquentent les habitations, par exemple, au moyen de substances toxiques, ou les prendre à l'aide de pièges divers. D'autre part, on les empêche d'y pénétrer en suspen- dant un filet à la fenêtre, les mailles fussent-elles même fort larges. Pour garantir les animaux, et en particulier les Chevaux, on emploie des filets spéciaux, des oreillères, des émouchoirs de crins, etc. Knfin, certaines substances éloignent d'emblée les Mouches ; telles sont : le suc de feuilles de noyer, obtenu par décoction ou parle simple froissement des feuilles sur le corps des animaux ; l'huile de laurier; l'huile de cade ou l'huile em- pyreumatique, dont le principal inconvénient est de salir la robe du Cheval et les liarnais; enfin, l'huile dite de Poisson (huile de Baleine). 3 sous-ordres : Drachycères, Némocèrcs et Aphaniptères. PREMIER SOUS-ORDRE BRACIIYCÈRES Les Brachocères ou Brachycères (êpayuç, court ; xÉfaç, corne ou an- tenne) sont caractérisés par leurs antennes courtes, à trois articles, dont le dernier, plus fort et d'aspect parfois annelé, est d'ordinaire muni d'un style simple ou articulé. Le corps est ramassé; le port est celui des Mouches, sauf quand les ailes manquent. Famille des HIPPOBOSCIDÉS. — Encore nommés Coriaces, ces Insectes sont reconnaissables à leur corps aplati, large, élastique, à leur tète petite, et à leurs tarses munis de deux griffes puissantes, à deux ou trois dents chacune. Contrairement à la généralité des Dip- tères, ils ne possèdent pas de trompe labiale, mais un appareil per- forateur formé par l'épipharynx et l'hypopharynx, et engainé par la moitié des mâchoires. La lèvre inférieure est très courte, et les palpes font défaut. Les Hippoboscidés, avec le groupe voisin des Nyctéribiidés, sont connus depuis longtemps sous le nom dePiqnpares ou Nymphipares. On croyait autre- fois, en etîet, que la femelle donnait naissance à ses petits sous la forme de pupes ; mais Leuckart a montré que la larve, bien qu'effectuant son entière évolution dans l'utérus de la mère, se transforme en nymphe seulement après la ponte : ces Insectes sont donc en réalité larvipares. Ils sont parasites des Mammifères et des Oiseaux. Genre Hippobosque {Hippobosca L.). — Ailes larges et obtuses; des yeux 746 ARTHROPODES. à facettes ; point d'ocelles ; antennes à style apical nu ; ongles des tarses bi- dentés. L'Hlppobosque du Cheval (ff. equina L.) est long d'environ 8 milli- mètres, non compris les ailes ; il présente une teinte brune, avec des taches jaunes et blanchàLres ; les ailes sont légèrement roussàtres. Cet Insecte est vulgairement connu sous le nom de Mouche araignée, que lui a donné Réaumur, et qu'il doit en particulier à ses pattes lon- gues et écartées. Il attaque surtout les Chevaux, courant avec rapidité à la surface du corps, et enfonçant son suçoir dans les points où la peau est fine et peu velue : autour de l'anus, au périnée, à la face interne des cuisses. On le trouve aussi sur les autres Équidés, plus rarement sur le Bœuf, le Chien et le Porc; l'Homme lui-même n'est pas toujours à l'abri de ses attein- tes. Sous l'influence de ses piqûres, certains Che- Fig. 303. — Hippobosque vaux très irritables entrent en fureur. du^Chcvai, grossi deux ^^^ Hippobosques reviennent avec opiniâtreté sur les animaux quand on cherche à les en éloi- gner; si on parvient à les prendre à la main, il est prudent de leur arracher la tète, car l'élasticité du tégument et la forme aplatie du corps leur permettent de résister à un certain degré de compression. Rondani reconnaît dans l'ancien type H. equina L. les trois espèces suivan- tes: H. equina, qui tourmente les Chevaux, les Bœufs, les Chiens, etc. ; H. tau- rina, trouvé sur le Bœuf ; H. canina, qui s'attaque de préférence au Chien. On signale en outre : H. nigra Perty, du Brésil, sur les Chevaux ; H. camelina Savigny, d'Egypte, sur les Chameaux, etc. Genre Oriiithomyie {Ornithornyia Latr.). — Ailes larges et obtuses ; des yeux et des ocelles ; antennes en forme de valves velues, sans style; ongles tridentés. L'Ornithomyie aviculaire (0. avicularia [L.]) est longue de 4™", 5 à S^n^jO ; elle est d'un jaune verdàtre ; le thorax est noiràlre en-dessus; les ailes sont enfumées. Cette espèce est parasite de divers Oiseaux vivant en liberté : Perdrix, Merles, Alouettes, etc. Nous en possédons quelques exemplaires recueillis sur le Pigeon domestique : en 1886, dans la Marne (Thary), et en 1893, dans le Nord (Éloire). C'est elle sans doute (et non pas Ornithobia pallida ou Lipoptena cervi, dont les ongles sont bidentés) que veut désigner P. J. Van Beneden quand il parle d'une Mouche rencontrée en abondance sur la peau d'un malade de l'hôpital de Louvain. Genre Mélophage {Melophagus Latr.). — Les ailes ont disparu. Des yeux très petits; point d'ocelles ; antennes nues, en forme de tubercules, sans style; ongles bidentés. INSECTES. DIPTÈRES. Le Mélophagc du Mouton (M. ovim(s [L.]) mesure 3 à d millimètres de long ; il est de teinte ferrugineuse, avec l'abdomen brun grisâtre, irréguliè- rement tacheté. Cet Insecte aptère, connu des bergers sous le nom inexact de «Pou», vit sur la peau du Mouton. Nous ravons cependant recueilli aussi sur la Chèvre et sur le Chaliin. La ^^6 femelle, plus grosse que le mule, pond chaque année quatre ou cinq larves ovoïdes, blanchâtres, lisses et un peu aplaties, qui se fixent aux brins de laine par une de leurs extrémités, et ne tardent pas à se transformer en pupes, en passant au rouge cui- vré, puis au noir. Lorsque la toison est longue. Fig. 504. — iMélopliugL' du .Mouton, grossi. Le trait placé à gauche indique la grandeur na- turelle. P'ig. 50.T. — Trompe du Mélophage, fortement gros- sie, d'après L. Dufour. — a, trompe, é, son extré- mité libre, c, renflement basilaire, avec les muscles^ qui s'y insèrent, d, tiges cornées également garnies de muscles. les Mélophages se répandent sur toutes les parties du corps ; si elle est courte, ils se réfugient dans les régions antérieures, de façon à éviter la dent des animaux. Leurs piqûres se traduisent par des points foncés, entourés d'une petite aréole plus claire ; elles paraissent peu douloureuses ; cependant, quand elles sont très multipliées, elles font mai- grir les agneaux. De simples .lotions parasiti- cides suffisent à détruire ces parasites. D'ailleurs, la tonte en débarrasse les Moutons : en exposant quelques instants ces animaux au soleil, on voit tomber tous les Mélophages qui n'ont pas été enlevés avec la toison ou n'ont Fig, 506. —Pupe du Mé- lophage du Mouton , fixée à l'extrémité d'une mèche de laine. Fig. 507. — Hupe, grossie, du Mélophage du Mouton, vue par la face dorsale et montrant deux séries de sept points orabiliqués. 748 ARTHROPODES. pas été coupés par les ciseaux. On sait enfin comment les Étourneaux font la chasse à ces Insectes. Famille des ŒSTRIDÉS. — Les Œstridés ont une tête hémisphérique assez volumineuse, pourvue d'une paire d'yeux à facettes séparés par un front plus ou moins large qui porte trois ocelles. Les antennes sont courtes, à 3« article muni d'un style nu ou plumeux. Il existe parfois une trompe bien développée, quoique souvent cachée dans une fente ou fossette buccale (Cutérébrinés) ; mais en général cette trompe demeure très petite ou même tout à fait rudimentaire (CEstrinés). Les ailes ont des nervures disposées à peu près comme celles des Muscidés ; il existe presque toujours des cuille- rons plus ou moins développés. L'abdomen est mousse en arrière chez les mâles; chez les femelles, il se prolonge souvent par un oviscapte (1). A l'étal d'Insectes parfaits, lesOEstres paraissent vivre peu de temps, de quelquesjours à quelques semaines seulement, et ce, sans prendre de nourriture; du reste, ils ne sont guère actifs que par les temps chauds et secs. Les femelles, qui sont tantôt ovipares, tantôt vivipares, vont effec- tuer leur ponte sur le corps des Mammifères. Les larves, en effet, vivent toujours en parasites chez ces animaux, soit dans le tube digestif {gasiricoles), soit dans les cavités de la face {cavicoles), soit encore sous la peau (cuticoles). Leur développement est assez lent, du moins dans le début; il exige en moyenne une dizaine de mois et paraît comporter en général trois mues, qui le partagent en quatre stades. Leur corps se compose de douze anneaux, mais les deux premiers ne sont pas toujours très distincts, de sorte qu'on les compte habituellement pour un seul (anneau céphalique), ce qui ramène le total à onze. Dans quelques cas (Cutérébrinés), le dernier anneau de l'abdomen peut même s'engager dans le précédent, ce qui fait paraître encore un segment de moins. A l'extrémité antérieure existent de petites antennes. Au moment de la nais- sance, toutes les larves sont munies de crochets buccaux; lorsqu'elles ont acquis leur complet développement, on constate à cet égard des varia- tions considérables: les unes, en effet, possèdent deux paires de pièces buc- cales, les autres une seule; d'autres, entin, sont tout à fait dépourvues de ces appendices. L'appareil respiratoire comprend deux ordres d'ouvertures, qu'on désigne sous les noms de stigmates antérieurs et de stigmates posté- rieurs. Les antérieurs sont situés entre l'anneau céphalique elle deuxième segment du corps; ils se présentent sous la forme de boutons ou de fentes (1) Bracy Clark, An Essoy on the Bots of Horses and other Animais. London, (1797), 181.'). — Id., Supplément, 1841. — A. Numan, WaarnetJiingen omstrent de Horzel maskers tvelke in de maag van het paard hiiisresten. Tab. G. N. Verhandling. d. l.kl. Nederl. Institut. D.4, p. 1-39, 1833. Traduction allemande Ae C H. Hektwig, avec additions. Magazin fùrdie gesammte Thierheilkunde, IV, p. 1, 1838. Traduction fran- çaise du .Mémoire et des additions, par Verheyen. Bibliothèque vétérinaire, I, p. 327, 1849. — K. Schwab, Die Œstraciden. Mïmchen, 1840; 2<= éd., 1858. — N. Joly, Rechcrclies... sur les Œslrides en gériéral, etc. Lyon, 1846. — Fr. Brauer, Mono- graphie der OEstriden. Wien, 1863. — A. Railliet, Article OEstres du Nouveau Dictionnaire prat. de méd., cliir. et hyg. vétér., t. XIV, p. 548, 1887. INSECTES. — DIPTÈRES. 749 étroites, et parfois même demeurent cachés dans une dépression du tégu- ment. Quant aux stigmates postérieurs, ils ont souvent, dans le jeune âge, l'aspect de petits tubes rétractiles; chez les larves bien développées, ils con- sistent en des sortes de plaques chitineuses de forme variable, libres ou recouvertes par des lèvres membraneuses, et situées à l'extrémité postérieure du corps. C'est sous ces plaques stigmatiques que s'ouvre l'anus. Au dernier stade, les larves s'accroissent rapidement : quand elles ont atteint le terme de leur développement, elles abandonnent leur hôte et gagnent un abri où elles se transforment en nymphes. La période nympliale ne se prolonge guère au delà de quelques semaines. A l'exemple de Brauer, nous diviserons les CEstridés en deux groupes principaux, que nous regarderons comme des sous-familles, sous les noms d'ûfc's/ri/icT et de Cutercbrimv (i). A. Sous-famille des œstrinés. — Pièces buccales rudimentaires ou très petites ; trompe reliée à la fossette buccale par le tégument, de sorte que la face inférieure de la tète montre au plus trois nodules : le rudiment.de trompe et les deux palpes. Style des antennes nu. Larves à dernier anneau libre, ne pouvant jamais s'engager entièrement dans le précodent, et formant seul la cavité stigmatique. Les Œstrinés sont répandus dans les deux mondes. — Ils comprennent trois sections : Gaslricolse, Cavicolx et Ciiticolœ. Section I : Gastricoles. — Face avec un sillon médian. Ailes sans nervure transversale terminale. Cuillerons petits, couvrant à peine les balanciers. Femelle ovipare, avec un oviscapte replié en dessous et en avant. Larves avec une ou deux paires de pièces buccales ; corps conique, tronqué en arrière, atténué en avant ; stigmates postérieurs cachés dans une cavité du dernier anneau fermée par deux lèvres, chacun d'eux à trois arcades courbées, sinueuses ou presque droites. Pas de bourrelets à la face dorsale, entre les anneaux. — Dans l'estomac et l'intestin des Jumentés et des Proboscidiens. Genres Gastrophilits Leach, Gyrostigma Brauer et Cobboklia Brauer. Genre Gastrophile {Gastrophilus Leach, 1817. — Syn. : Gastnis Meigen 1824; Œstrus Latr., 1829). — Ce genre est le seul, parmi lesGastricoles, qui soit connu à l'état parfait. Les espèces qui le composent sont d'as- sez petites dimensions et revêtues de poils soyeux. Les diverses phases de l'é- Fig. SOS. — Ailo de Gastrophilus equi, grossie 5 fois (Orig.). volution ne sont pas encore très bien connues. D'après Boas, il y a en réalité quatre stades, les deux premiers peu distincts. Les larves au dernier stade possèdent deux paires d'ap- (1) Fr. Brauer, Nachtriige zur Monographie der Œstriden. II. Zur Chavakteristik und Va'watidtschaft der Oestriden-Gruppen im Larvsn-und voU/commenen Zustande. Wiener Entomologische Zeitung, VI, p. 4, 1887. 750 ARTHROPODES. pendices buccaux: des mandibules courbées, dites crochets buccaux et des mâchoires droites situées entre les deux crochets (flg. 511, B). Le corps ne montre pas de bourrelets latéraux ; les lèvres de la cavité stigmatique pos- térieure ne sont pas tuberculeuses ; les arcades stigmatiques sont simple- ment courbées et concentriques. — Parasites des Équidés. Gastrophile du Cheval (G. equi [Clark]. — Syn. : Œstriis bovis L., 1761 [imago]; (Estrus intestinalis De Geer, 1776; Œstrus equi Clark, 1797; Gr. equi Leach, 1817). —L'Insecte parfait se présente sous Taspect d'une Mouche velue, couleur de rouille et tachetée de brun. La face supérieure du thorax est d'un brun jaunâtre en avant de la suture et offre en arrière des bandes interrompues de poils noirs. L'abdomen est brun jaunâtre, Fig. oC — Gastrophilus equi, grandeur naturelle. — A, femelle vue en dessus. B, la même vue de profil. C, mâle vu eu dessus. marqué de taches plus foncées, et terminé, chez la femelle, par un oviscapte noir, brillant, cylindrique. Les ailes sont transparentes, marquées dans leur milieu d'une bande transversale brune et de deux points de même teinte vers leur extrémité libre. Les trochanters des pattes postérieures sont munis d'un crochet chez le mâle, d'un tubercule chez la femelle. La longueur du corps (non compris l'oviscapte chez la femelle) est de 12 à 14 millimètres. Observé dans toute l'Europe, en Afrique, en Asie et dans TAméri- que du Nord. Cette espèce est une de celles dont la vie se prolonge le plus longtemps. Dans le courant de l'été et notamment vers le mois d'août, la fe- melle voltige en bourdonnant autour des Chevaux, Anes ou Mulets : elle se lient dans une position presque verticale, l'oviscapte dirigé par suite en avant et en haut, versle corps de l'animal. Dès qu'elle a choisi l'endroit convenable et amené un œuf à l'extrémité de l'oviscapte, elle se jette rapidement sur l'animal et, sans se poser, colle cet œuf à la surface d'un poil, puis se retire pour recommencer aussitôt après. Elle peut répéter le même acte quatre à cinq cents fois de suite, en déposant chaque fois un œuf. Le contact de l'oviscapte avec les poils provoque une légère titillation d'où résulte souvent un trémous- sement de la peau. Les œufs du G. equi sont blanchâtres, et par conséquent faciles à distinguer sur des Chevaux à robe foncée. Ils sont de forme conique, et adhèrent aux poils par la moitié de leur longueur, du côté du som- met, au moyen d'un enduit visqueux qui ne tarde pas à se dessécher. INSECTES. — DIPTERES. 751 Fig. .ïlO. — Œufs do Gastrophilus equi, ll\i''s aux poils. — On voit en B l"6clo- sion d'une larvule. Leur base (ou ptMe antérieur), qui est dirigée en bas, reste libre : elle est coupée obliquement et munie d'un opercule ovalaire. Leur surface est finement striée en travers. Ils sont longs de 1 ""'.25. Clark prétendait que, guidée par son instinct, la l'emelle de TOEstre xu bord anté- rieur de la deuxième partie de l'anneau céphalique, une double rangée de tubercules épineux. Au bord antérieur des anneaux 2 et 3, une triple rangée. Sur les anneaux 4 et 5, cette triple rangée est plus ou moins interrompue vers la ligne médiane. 6 et 7 n'ont plus que quelques épines unisériées sur les parties latérales. 8, 9, 10 et 11 sont tout à fait nus en dessus. Les bour- relets dorsaux intermédiaires sont tous nus. Au contraire, les bourrelets latéraux supérieurs et inférieurs sont armés, à l'exception du bourrelet supérieur de l'avant-dernier anneau. A la face ïn/'ér/ewre, l'anneau céphalique porte quelques rangées de petites épines et de tubercules épineux. L'an- neau 2 montre au bord antérieur trois rangées de semblables tubercules et le commencement d'une quatrième vers laligne médiane. Môme garniture pour les anneaux 3 et 4. Entre 4 et 5, un bourrelet intermédiaire non distinct, mais portant une rangée d'épines; en outre, sur toute la longueur du o^ anneau, quatre autres rangées d'épines augmentant en grosseur de la pre- mière à la dernière. Les anneaux 6 à 10 armés comme le 5% mais avec des épines plus petites à partir du 8"^. Dans les anneaux 9, 10 et M, ces épines sont de même grosseur dans toutes les rangées. — Longueur du corps^ 17 ™™,a ; largeur au milieu, 7 millimètres. Patuologie. — Avec Brauer, il convient sans doute de rattacher à rOEstre pourpré la plupart des larves dOEstridés qui se développent dans les cavités nasales, les sinus frontaux, le pharynx et même le larynx du Cheval, et qui ont été signalées par un certain nombre d'observateurs, depuis Bourgelat (1760) et De Geer (1770). La présence de ces larves dans de telles régions peut entraîner des troubles sérieux et parfois même constituer un véritable danger. Quand elles sont fixées, par exemple, sur le voile du palais, au fond du pharynx et surtout à l'entrée du larynx, elles provoquent de la toux, du cornage,, de la dyspnée et dans les cas graves occasionnent la mort par asphyxie. De nombreux faits de ce genre ont été recueillis dans diverses régions de l'Europe, et même en France (Vitry, Crépin, Pigeaire). Dans certaines localités, les empiriques enlèveraient une partie de ces larves en introduisant dans le pharynx une sorte de brosse fixée à un manche. Il ne nous est pas permis de nous étendre plus longuement ici sur les Œstrinés cavicoles. Bornons-nous par conséquent à signaler le Cephalomyia maculata Wied., dont la larve habite les sinus frontaux, les cavités nasales INSECTES. — DIPTÈRES. 767 et le pharynx du Dromadaire et du Buffle, et Je Cephenomyia Trompe L., dont la larve se développe dans le pharynx du Renne. Section III : Cuticoles. — Face avec un champ médian à convexité large- ment surbaissée, dit écusson facial. Ailes ordinairement troubles, pourvues d'une nervure transversale ter- minale. Cuillerons grands. Fe- melle ovipare, avec un long ovi- scapte en lunette d'approche, se portant directement en arrière. Larves sans crochets buccaux ou avec une seule paire; corps ovale, à face dorsale concave, à Fig. 523. - Aile de IHypodermc du Bœuf, grossie s fois face ventrale convexe et à trois paires de bourrelets latéraux ; plaques sligmatiques postérieures semi-lunaires ou arrondies. Larves vivant sous la peau des Ruminants, Équidés et Rongeurs. Genres Hypoderma Latr., Œdemagena Latr., GEslromyia Brauer. Genre Hypoderme {Hypoderma Latr., 1825, nec Geoffroy, 1829). — Espèces de taille très variable, revêtues de poils ordinairement fins et serrés; à pattes longues et fines. Cloison de séparation des fossettes anten- nales étroite, anguleuse. Antennes très courtes ; {■'^ et 2»^ anneaux patelli- lormes. Trompe tout à fait rudimentaire. Corps ovoïde. Palpes nuls. Les larves au dernier stade sont entièrement privées de pièces buccales. Leurs antennes sont rudimentaires, non saillantes. Leur armature cutanée, constituée par de petits tubercules épineux très courts, est plus faible sur la face dorsale que sur la face inférieure. — Parasites des Ongulés. Hypoderme du Bœuf {IL bovis [Ue Geer]. — Syn. : Œslriis bovis De Geer, 1776; ÛE. subcutaneiis Grève, 1818; H. bovis Latr., 1823). — Espèce noire,, très velue. Face supérieure du thorax parcourue par trois ou quatre bandes longitudinales noires, nues, et revêtue de poils blanchâtres ou jaunâtres en avant de la suture, noirs en arrière. Abdomen velu, d'un blanc grisâtre à la base, noir au milieu, jaune orangé en arrière. Tarière courte, cylindrique et noire. Ailes brunes, comme enfumées, sans taches. Longueur du corps (sans la tarière), 13 à 13 millimètres. Fis. 524. — Hypoderma- bovi.i, femelle, grandeur naturelle. L'Hypoderme du Bœuf est répandu dans toute l'Europe, y compris la péninsule Scandinave; on l'a observé également en Asie et en Afrique, mais il ne semble pas qu'on l'ait vu dans l'Amérique du Nord. C'est un Insecte agile, courant très vite, mais moins aérien cepen- dant que les Gastrophiles. Il voltige pendant une grande partie de l'été, ordinairement de la mi-juin au commencement de septembre. Il habite de préférence les pâturages fréquentés par les bêtes bovines, mais on le rencontre aussi dans les bois. On ne connaît encore que fort peu le mode de vie de cette espèce en 768 ARTHROPODES. liberté, et cependant, dès l'antiquité, l'attention a été attirée sur la femelle au moment où elle va efîectuer sa ponte. On sait que Virgile a chanté dans ses Géorgiques la terreur dont sont alors frappés les Bœufs. Tous les auteurs répètent d'ailleurs qu'à l'approche de la Mou- che, les animaux relèvent la tète, étendent la queue et s'enfuient à la débandade en poussant de violents beuglements. Ces accès de frayeur ont reçu des paysans allemands le nom de furie des Bœufs (Biesen des Rindes). Plus d'un naturaliste, cependant, a mis en doute la relation existant entre cette frayeur et la provenance de l'Hypoderme, jusqu'au jour ouSchleicher en a démontré la réalité. « Il m'est arrivé dans une occasion, dit cet auteur en parlant du Biesen, de prendre l'OEstre sur un Bœuf furieux ; mais je dus le lâcher aussitôt pour ne pas être vic- B A AAA Aa A. AaVaA^'^A.^^'^/^ A A AA aaaaaa '^a Aaa a a/\Aa\ Aa aaaaa /^AAAAA^'V AAAAaa'^.A/XAAAAA' AAAAAA A /^ A AAAAAAAaAAAAAA Fig. 525. — Hjpodernic du Bœuf. — A, tariùre développée, grossie (Réaumur). B, extrémilé de celto tarière, fortement grossie : e, épines qui revêtent la surface evterne de l'avant-deruier tube de la tarière, v, tentacules valvaires. c, pièce médiane ou cuiller (Joly). time de la colère du Ruminant; heureusement, je pus le reprendre sur le sol un instant après. Il était d'ailleurs impossible de douter du but de ses attaques, car l'oviscapte effectuait encore de vifs mouvements de sortie et de rentrée. » On s'explique difficilement la cause de cette frayeur, qui sans doute est loin d'être constante. L'Hypoderme du Bœuf, comme ses congénères, est ovipare, et le simple examen de ses œufs montre qu'ils doivent être fixés sur les poils. D'après Grève, la femelle plane un certain temps au-dessus de l'animal, puis s'abat avec rapidité, plane de nouveau, se pose encore et répète ainsi ce manège une douzaine de fois dans l'espace d'une demi-heure. Au dire de cet observateur, la Vache se calme dès que l'Hypoderme s'est posé une première fois. L'œuf est blanc, elliptique, comprimé et prolongé en arrière par un INSECTES. — DIPTERES. 769 appendice fixateur de teinte brunâtre; sa longueur est de l'"'",^^. Il renferme, comme Ta vu Ilandlirsch, une larve revêtue de petites épines. Si Ton est encore mal fixé sur le siège précis de la ponte, on ne l'est pas mieux en ce qui concerne le sort des jeunes larves. Jusqu'à ces der- niers temps, on admettait sans conteste qu'elles devaient percer la peau du Bœuf aussitôt après leur éclosion et pénétrer directement dans le tissu conjonctif sous-cutané; mais des observations récentes ont ébranlé cette opinion. Sur l'Homme, comme l'a vu Schôyen, les larves efl"ectuent des trajets plus ou moins longs sous la peau avant de former une tumeur et de se faire jour au dehors. Chez le Bœuf, Hin- richsen a trouvé, du mois de décembre au mois de juin (et surtout de décembre à mars), des larves jeunes dans la graisse interposée entre le périoste et la dure-mère spi- nale. D'autre part, la ponte ayant lieu en été, l'apparition des tumeurs qui décèlent la présence des larves sous la peau n'a lieu que dans le cou- rant de l'hiver. Et si l'on rap- proche de ces données les observations faites sur une espèce voisine [H. lineala) parC. Curtice, il ne semble pas irrationnel d'admettre que les larves écloses sur la peau sont ingérées à la façon des larves de Gastrophiles, et qu'elles accomplissent une phase para- sitaire interne avant de revenir à la peau. En tout cas, on voit appa- raître, en automne ou en hiver, des tumeurs cutanées dont les prin- cipaux points d'élection sont le dos, les reins, la croupe, les épaules et les côtes, plus rarement la poitrine, le ventre et les cuisses. Chacune de ces tumeurs s'accroît en même temps que la larve qu'elle renferme, et finalement atteint la grosseur d'une noix. Il est à supposer que, comme dans les autres espèces du même genre, le développement de cette larve comprend quatre stades ; mais, comme on vient de le voir, les premières phases sont encore inconnues; on n'a observé dans les tumeurs que deux formes, corres- pondant aux deux derniers stades. Fig. 326. — Hypoderrae du Bœuf. — A, appareil gt'nital femelle: ou, ovaires, pc, poche copulalriee. do, ovi- ducte. g, glandes annexes, t, portion de l'avant-demier tube de l'oviscapte. u, tentacules valvaires. c, pièce m(5- diano ou cuiller. — B, œufs pris dans l'ovaire. C, œufs recueillis hors de l'ovaire (\. Jolj). 3° stade. — Brauer a eu l'occasion d'étudier des larves extraites de tumeurs Railliet. — Zoolosie. 49 770 ARTHROPODES. relativement petites, au mois de mai. Ces iarves sont allongées, claviformes et pourvues de bourrelets latéraux bien marqués. La face dorsale est pres- que nue, sauf sur les deuxième et troisième anneaux, qui portent de petits groupes d'épines. Sur la face ventrale, on observe des rangées transversales de semblables épines sur les bords antérieur et postérieur du deuxième et du neuvième anneau, et de petits groupes sur les parties latérales des deux premiers. Le dernier segment est garni de spinules microscopiques très serrées. Les plaques stigmatiques postérieures sont en forme de croissant et percées de petits orifices arrondis. — A cet état, la larve mesure 15 mil- limètres de longueur sur une largeur de 4 millimètres au niveau du qua- trième anneau. 4'' stade. — La larve est ovoïde, un peu plus épaisse en arrière qu'en avant; quand elle se contracte, elle devient presque spbérique, et lorsqu'elle s'étend, au contraire, elle ofTre l'aspect d'une petite nacelle, for- tement bombée en dessous, plane en dessus. L'anneau céphalique monlre une fossette buccale infundibuliforme, à marge membraneuse, qui ne pos- sède aucun appendice et se trouve surmontée de deux antennes rudimen- laires. Les anneaux suivants, du deuxième au neuvième, présentent de chaque côté trois bourrelets latéraux; ils portent en outre, sur leur face dorsale, deux petites verrues brillantes. Les 2", 3", 4*^ et 5^ anneaux offrent, au bord antérieur de la face dorsale et des bourrelets supérieurs et moyens, de très courtes épines. Il en existe également plusieurs rangées au bord postérieur des anneaux deuxième à septième ou huitième. A la face ventrale ou concave, du deuxième jusqu'au neuvième segment, on trouve de même plusieurs rangi'^es d'épines aux bords antérieur et postérieur. Les bourrelets inférieurs, du deuxième au huitième anneau, en sont munis à leur bord antérieur. Les deux derniers anneaux sont nus. Les plaques stigma- tiques postérieures sont en forme de croissant, ponctuées et creusées vers leur bord externe, qui est épais et mamelonné, de sillons rayonnants. — Le tégu- ment est chagriné; sa teinte est d'abord blanche, avec les plaques stigma- tiques et les spinules brun noirâtre. A l'approche de la maturité, la couleur devient d'un jaune gris sale; puis des lâches brunes apparaissent sur les bourrelets latéraux et au niveau des spinules, et ces taches s'étendent de plus en plus, tout en laissant des lignes longitudinales plus claires, jusqu'à ce que la larve devienne enfin d'une teinte brun noirâtre. — La plupart des larves arrivent à maturité aux mois de mai et de juin ; on en trouve cependant quelques-unes encore vers le mois d'août. Elles mesurent alors 22 à 28 milli- mètres de long sur 11 à 15 de large au niveau du huitième anneau. Nous avons dit plus haut qu'elles sont logées dans le tissu conjonc- tif sous-cutané. Or, dès leur deuxième stade, elles provoquent, à la façon d'un corps étranger, une irritation qui se traduit par une in- flammation circonscrite aboutissant à la suppuration. C'est ainsi que se développent les tumeurs d'Œstres, auxquelles Joly donnait, avec quelque raison, le nom de galles animales, et qui s'accroissent pro- gressivement, de manière à acquérir leurs plus grandes dimensions vers le commencement de l'été. Chaque larve est logée dans une ca- vité à parois assez résistantes, qui se moule en quelque sorte sur elle. INSECTES. — DIPTÈRES. 771 On ne tarde pas à constater que cette cavité est en communication avec re.\térieur par une ouverture un peu excentrique, rapprochée tantôt du sommet, tantôt de la base. En appuyant sur la tumeur, qui est légèrement fluctuante, on aper- çoit les stigmates de la larve qui viennent faire saillie au niveau de celte ouverlure : la larve se tient, en effet, dans une position oblique, mais la tète toujours située vers le fond, tandis que l'extrémité pos- térieure est dirigée vers l'extérieur de manière à permettre la respira- tion et l'expulsion des excréments. La perforation de la peau paraît être le résultat de la compression exercée d'une façon continue par cette extrémité postérieure ; l'orifice s'accroît peu à peu et finit par acquérir le diamètre d'une lentille. Les bords sont le plus souvent revêtus, de pus concrète. Lorsque la larve est sur le point de quitter son hôte, elle engage de temps en temps les der- niers anneaux de son corps dans cet orifice, jusqu'à ce que celui-ci soit suffisamment di- laté. D'après les obser- vations de Réaumur, c'est en général le ma- tin, entre six et huit heures, qu'elle sort de la tumeur ; mais on en a vu sortir plus tard et même dans l'après-midi. Si elle tombe dans un endroit convenable, comme une terre meuble, du fumier, des feuilles, elle ne tarde pas à s'enfoncer à plusieurs cen- timètres de profondeur et à se métamorphoser en nymphe. Celle-ci offre un aspect assez variable, les bourrelets latéraux étant parfois très saillants, et d'autres fois effacés ; elle est allongée, py- riforme, élargie en arrière, aplatie en dessus à son extrémité anté- rieure. Sa teinte, d'abord d'un bleu d'ardoise, passe ensuite au brun foncé et au noir. Sa longueur est de 20 millimètres. L'état de nymphe dure en moyenne de vingt-six à trente jours, plus ou moins, suivant lélévalion de la température. •v^ Fiç. 5J — Lane d'Hypoderina boois sorlaul d'une tumeur (Ri^'aumur). Patuologie. — Les tumeurs d'Œstres existent généralement en plus grand nombre sur les bêtes adultes et de bonne constitution que sur les Veaux et les animaux avancés en âge. Le nombre des tumeurs dont peut être porteur un même animal est des plus variables. Souvent il n'en existe que quelques-unes, cinq à dix par exemple, et en pareil cas, elles ne lui causent aucun préju- dice sérieux. Mais on en observe, dans certains cas, jusqu'à cinquante, 772 ARTHROPODES. cent et même davantage, et l'on conçoit que l'économie ne soit pas alors sans en ressentir quelque dommage. L'irritation constante qu'entretiennent les larves, la douleur qui en résulte, et d'autre part l'action spoliatrice qu'elles exercent, se traduisent en effet par un amaigrissement plus ou moins sensible ou tout au moins par un retard dans l'engraissement, et par une diminution de la sécrétion lactée. 11 faut tenir compte aussi de la perforation de la peau, qui fait perdre à celle-ci une grande partie de sa valeur. On assure que les peaux tirées du sud de la Russie et de l'Orient sont souvent obtenues à des conditions exceptionnelles de bon marché, parce qu'elles sont cri- blées, dans certaines régions, de trous ayant cette origine. La stabulation permanente seule est propre à soustraire, d'une façon absolue, les bêtes bovines aux attaques de ces Insectes. Lorsque les tumeurs sont développées, le traitement le plus simple consiste à extraire les larves par une compression méthodique, pré- cédée au besoin d'un léger débridement. Cette simple extraction est toutefois assez douloureuse. Il convient de laver ensuite la plaie avec soin. Hypodermes chez les Équidés. — Vallisneri, Chevalier, Clark.., Loiset, Joly, et après eux beaucoup de vétérinaires, ont constaté, chez le Cheval, la pré- sence de tumeurs cutanées semblables à celles que nous venons d'étudier, et contenant de même des larves d'Hypoderme. Joly rapportait ces larves à une espèce particulière, qu'il proposait de dénommer H. Lolseti; mais celte opinion n'a pas été f^énéraiement acceptée : on les a au contraire identifiées à celles de YH. bovis. Nous en avons examiné divers échantillons provenant de France et d'Algérie, et il nous a paru, comme à Mégiiin, qu'il s'agissait constamment de larves d'H. bovis au pénultième stade. Le fait qu'elles n'ar- rivent jamais à leur complet développement montre que ce sont des larves égarées dans un milieu non favorable à leur évolution. Zùrn signale la présence des mêmes larves sous la peau de l'Ane, nonobs- tant l'opinion de Brauer, qui parait vouloir les rattacher à son H. Sileîius. On a rapporté aussi plusieurs observations démontrant que des larves d'QEstridés peuvent pénétrer jusque dans l'encéphale des Équidés. Quelques auteurs ont pensé qu'il s'agissait de Gastrophilus ; mais Boas est d'avis que ce sont presque toujours, au contraire, des larves d'if, bovis, et les obser- vations d'Hinrichsen et de Curtice semblent appuyer cette manière de voir. On conçoit que les animaux ainsi atteints succombent très rapidement. Le -prélendu Monostoma Setteni, trouvé dans l'œil d'un Cheval (voy. p. 339), était vraisemblablement aussi une larve d'H. bovis. Hypodermes chez le Mouton. — Ziirn rapporte encore à VH. bovis les larves rencontrées quelquefois dans le tissu cellulaire sous-cutané du dos des Mou- lons. Brauer suppose qu'il s'agil plutôt de VH. lineata. Hypodermes cliez VHomme. — A diverses reprises, on a signalé aussi la pré- sence de larves d'Œstridés dans la peau de l'Homme, en les rapportant la plupart du temps à l'espèce nominale Œstrus hominis. 11 est certain aujour- INSECTES. — DIPTÈRES. 773 d'hui que la plupart des cas signalés se rapportent à l'if, bovis. Schoyen, notamment, a relevé diverses observations recueillies en Suède, en faisant remarquer que le plus souvent ces larves ont accompli des trajets assez longs sous la peau, en se dirigeant vers les épaules, le cou et la tète, avant de développer des tumeurs et de s'ouvrir un passage à travers le tégument pour s'échapper. Tous ces cas ont été observés dans les mois d'hiver; mais les larves, comme celles du Cheval, n'arrivent jamais à maturité. Les sujets envahis sont généralement dos indiviilus chargés de soigner le bétail, et Schoyen pense que c'est l'odeur de bouverie qui attire les Insectes. On peut admettre aussi que les larves écloses sur la peau du Bœuf sont ingérées avec les aliments, et en particulier avec le lait. Ilypoderiiie rayé {H. lincata [de Villers]. — Syn. : Œstni^ lincatus de Villeis, 1789; Œstnts intpplens Walker, 1853; H. bonmsi Brauer, 1875; //. lineata Br., 1858). — Espèce noire, très velue. Face supérieure du tho- rax parcourue par des bandes longitudinales noires, nues, et revêtue, en avant comme en arrière de la suture , de poils gris jaunâtre mélangés de poils noirs. Abdomen velu, blanc ou jaunâtre à la base, noir au mi- lieu, rouge orangé en arrière. Ailes hyalines, à peine bruncitres, non enfu- mées comme dans H. bovis. Longueur du corps (sans la tarière), 12 à 13 millimètres. Cette espèce, quoique non signalée en France jusqu'à présent, y existe fort probablement, car on l'a observée dans presque toutes les autres con- trées de l'Europe. Mais elle est surtout répandue — h l'exclusion de la pré- cédente — dans l'Amérique du Nord. Elle a donné lieu à de très intéres- santes recherches de C. Curtice (1). La femelle effectue sa ponte sur le corps du Bœuf; mais elle paraît crain- dre de poursuivre cet animal dès qu'il a pénétré dans l'eau. Les œufs sont fixés par groupes sur les poils des lianes, du ventre, de la queue et surtout des membres. Ces œufs sont blanc jaunâtre et longs de i millimètre, y com- pris l'appendice fixateur. Au moment de la ponte, ils contiennent déjà une larve, qui ne tarde pas sans doute à s'échapper de la coque. Curtice admet que cette larve est léchée par le Bœuf et qu'elle passe ainsi dans l'arrière- bouche et l'œsophage, où elle subit une première mue. Plus tard, vers la Noël, et jusque vers le commencement de février, elle émigré à travers les tissus, gagne le tissu conjonctif sous-cutané du dos et perce la peau grâce aux minuscules épines de son extrémité postérieure, de manière à amener les plaques stigmatiques au contact de l'air. Après deux autres mues, elle atteint son développement définitif. Cette larve présente donc quatre stades, dont nous ne pouvons que signaler rapidement les caractères : — i"'^ stade. Au sortir de l'œuf, elle est blanchâtre, longue de 0"™,8, large de 0™™,2 ; du 2'' au 12*= anneau, elle est à peu près entièrement revêtue de très petites épines; sur le 12^ anneau, ces épines sont plus fortes. Les pièces buccales consistent en deux mandibules en croissant, supportées chacune par une tige bifurquée. — 2'= stadfi. Les larves trouvées dans l'œsophage et sous la peau sont longues de H à 14 mil- (1) C. Curtice, T/ie Oxwarble of the United States. The Journal of cotupar. Med. and vet. Archives, XII, p. 265, 1891. — C. V. Riley, The Ox Dot in tlie United States. Insect Life, IV, p. 302, 1892. 774 ARTHROPODES. limètres ; leur surface est lisse, à part quelques petiles épines autour de la bouche et des stigmates postérieurs ; les mandibules sont plus saillantes. — 3'= stade. La larve, longue d'environ 16 millimèlres, est plus atténuée en arrière qu'en avant ; ses caractères sont assez semblables à ceux de la larve mûre ; son revêtement épineux, assez variable, offre notamment la même disposition à la face ventrale, quoique moins abondant et moins sail- lant ; mais l'armature dorsale est beaucoup plus pauvre, se limitant aux deux premiers anneaux ou même faisant tout à fait défaut. — 4'^ stade. A cet état, la larve diffère principalement de celle de 1'//. bovis en ce que son armature cutanée est plus complexe. Disons seulement qu'au lieu d'a- voir, comme celle-ci, les deux derniers anneaux privés d'épines, elle n'a que le dernier, c'est-à-dire l'anneau stigmatifère, entièrement nu. Au moment de quitter les tumeurs cutanées, elle est de teinte blanc griscàtre et me- sure 22 à 25 millimètres de long. Les troubles que peuvent occasionner ces larves sont identiques à ceux produits par les larves de VH. buvis. Hypoderme Diane (//. Diana Brauer, 18o8). — Hypoderme gris noirâtre, avec quelques poils jaunes. Face supérieure du thorax parcourue par des bandes longitudinales noires , nues. Abdomen noir, marqueté de cendré ou d'argenté chez le mâle, presque tout noir et un peu brillant chez la femelle, revêtu de poils noirs et jaunes. Ailes hyalines noirâtres, assez petites. Longueur du corps (sans la tarière), 11 à 12 millimètres. Cette espèce n'a été rencontrée jusqu'à présent qu'en Autriche et en Alle- magne. Ses larves vivent sur le Cerf et le Chevreuil. A l'avant-dernier stade, ces larves sont longues de 10 à 17 millimètres, et larges au 6° anneau de 4™™, 3 à 5™™, 5 ; elles sont fortement atténuées en arrière ; à la face dorsale, sur la ligne médiane des 2° et '.i" anneaux, elle porte un très petit groupe d'épines souvent caduques ; à la face ventrale, il existe une large bande d'épines aux bords antérieur et postérieur des an- neaux 2à 6 inclusivement. — Au dernier stade, la longueur peut atteindre 15 à 25 millimètres, pour une largeur de 6 à 10 millimèlres au niveau du septième anneau. La forme est plus allongée et plus grêle que chez la larve d'/f. bovis. La face dorsale porte, du 2" au 4^ et même au 8*^ anneau, un petit groupe de petites épines fines et allongées, dirigées en arrière ; le 10"= et le 11^ anneau sont nus. La face ventrale porte, du 2'^ au 8° anneau, au bord an- térieur, trois ou quatre groupes d'épines semblables, et au bord postérieur plusieurs rangées de très fines épines dirigées en avant; sur les deux bords du 9^ anneau et sur le bord antérieur du 10'', une rangée interrompue d'é- pines; le 11^ est nu. Parmi les observations d'OEslres cutanés recueillies sur rilomme, il en est certainement plusieurs qui se rapportent à VH. Diana ; G. Joseph a même pu obtenir dans un cas le développement de l'In- secte parfait, ce qui prouve que les larves étaient arrivées à maturité. Outre les espèces qui viennent de nous occuper, on signale encore, parmi les Hypodermes, trois types bien établis : Hypoderma Silenus Br., de l'Europe méridionale et de l'Asie mineure ; trouvé aussi en Afrique. La larve est inconnue; il y a cependant quelque raison de INSECTES. — DIPTEllES. . 175 supposer que c'est celle qui se développe parfois sous la peau de l'Ane. H. Actœon Br., de l'Europe centrale. Larve sous la peau du Cerf d'Europe. H. Clarki (Shuckard), du Cap de Bonne-Espérance. Insecte parfait trouvé au milieu du gros bétail. Plus deux espèces douteuses : H. hctcroptcva Macq., d'Algérie, et //. Betlicn Bigot, de la Corse. Vaiiétés probables de VII. bovis. Genre Œdémagéne [Œdemagena I.atr., 1818). — Se dislingue surtout du genre llypoderme par la présence de deux petits palpes globuleux. Les larves sont à jieu [irès également épineuses sur les deux faces. OEcléina^^èuc du renne (0/v/. larandi [L.]. — Syn. : Œslrus tarandi L., 17GI ; Œd. tarandi Latr., 1818 ; Ilypoderma tarandi Brauer, 1858). — Grande es- pèce très velue. Face supérieure du thorax à poils jaunes en avant de la su- ture, noirs en arrière. Abdomen noir, couvert de poils jaune pâle à sa base, fauves dans le reste de son étendue. Ailes délicales, hyalines. Cuisses noires ; jambes et tarses jaune grisâtre. Longueur du corps, 13 à 16 millimètres. De la Laponie et de l'Amérique du Nord. La femelle voltige en juillet et aoCit ; elle dépose ses œufs sur la peau des Rennes, qui éprouvent à son ap- proche une frayeur extraordinaire. Les larves se comportent comme celles de rilypoderme du Bœuf; elles acquièrent 22 à 30 millimètres de long sur 13 millimètres de large au niveau du 7° anneau. Les tumeurs qu'elles pro- duisent, aussi bien que l'Insecte lui-même, reçoivent des Lapons le nom de Kurbma. Les animaux qui en sont affectés maigrissent d'une façon très ac- cusée, et on assure que beaucoup d'entre eux finissent par succomber. B. Sous-famille des cutérébrinés. — Trompe coudée, rétractile dans une fossette longitudinale profonde; palpes nuls. La face inférieure de la lète montre donc une simple fente longitudinale. Style des antennes sou- vent plumeux en dessus. Ailes à nervure transversale terminale. Femelle sans oviscapte apparent; orifice génital dirigé en dessous et en avant. Larves à dernier anneau pouvant s'engager dans le précédent, beaucoup plus petit et constituant parfois comme un appendice cupuliforme de celui- ci, qui forme la cavité stigmatique. Une seule paire de crochets buccaux bien développés, ou très petits, pouvant même manquer. Toutes les espèces connues jusqu'à présent sont américaines. Les larves vivent sous la peau, quelquefois dans le scrotum. — Genres Rogenhofcra Brauer, Culerebra Clark, Derinalobia Brauer. Genre Cutérèbre [Cuterebra Clark, 1815). — Espèces très grandes, lourde?, à abdomen ovoïde offrant en général des reflets métallic^ues, et revêtues de poils souvent serrés, mais relativement courts. Pattes courtes et épaisses; tarses larges, plats. Cuillerons très grands. Troisième article des antennes ovoïde ou elliptique, court, à style plumeux en dessus. Les larves ressemblent de prime abord à celles des Hypodermes ; elles sont ovoïdes, très épaisses, revêtues d'épines et de bâtonnets pointus diverse- ment conformés. Les stigmates postérieurs sont disposés sous forme de pla- ques chitineuses. — Chez les Rongeurs et les Marsupiaux, exceplionnelle- ment chez les Carnivores. Cutérèbre cluitreur (C. emasculator Fitch, 1850). — Assez grande espèce, 776 ARTHROPODES. à thorax noir entièrement revêtu de poils jaunes ; écusson noir et à poils noirs. Abdomen noir, marljré et ponctué de teintes argentées sur les côtés. Ailes hyalines, enfumées. Pattes noires. Longueur, 17 millimètres. De l'Amérique du Nord. La larve est ovoïde, déprimée, surtout à la face ventrale, arrondie à une extrémité et un peu acuminée à l'autre, de teinte noire brillante, revêtue sur toute la surface de petites granulations saillantes, dures, anguleuses, qui lui donnent un aspect chagriné, mais dépourvue d'épines et de bâtonnets; elle montre de chaque côté trois séries de bourrelets latéraux. Pas de crochets buccaux. La longueur peut atteindre un pouce (25 millimètres) sur une lar- geur moitié moindre. Cette larve se développe dans le scrotum de l'Écureuil strié d'Amérique [Tamias Lysteri), et entraîne, soit par irritation directe, soit par les morsures que se font les animaux atteints, la destruction des testicules, de sorte que, selon les chasseurs des États-Unis, la moitié des Écureuils auraient à subir les effets de cette castration parasitaire. Cecil French (1) a récemment rapporté à la même espèce une larve trouvée, au Collège vétérinaire de Montréal, dans le scrotum d'un Chien. Genre Dermatobie {Dermatobia Brauer, 1860). — Créé aux dépens du genre précédent, ce groupe peut être caraolérisé de la façon suivante : Es- pèces de taille moyenne, revêtues de poils courts et peu apparents, avec l'abdomen aplati offrant d'ordinaire des reflets d'un beau bleu métallique. Pattes grêles, de longueur médiocre. Troisième article des antennes ruba- naire, beaucoup plus long que les deux premiers réunis, à style plumeux en dessus. Les larves sont claviformcs, fortement rétrécies en arrière, revêtues de grands tubercules et de rares ceintures d'épines. Les stigmates postérieurs se présentent sous l'aspect de trois fentes longitudinales convergentes situées de chaque côté du dernier anneau, qui est petit, cupuliforme et souvent entièrement caché dans le dixième, il existe une seule paire de pièces buc- cales. — Chez les Ruminants, les Carnivores, etc., voire chez l'Homme. Dermatobie nuisible (D. noxialis [J. Goudot]. — Syn. : Cuterebra iioxialis i. Goudot, 1845; D. noxialis Brauer, 1860). — Espèce grise et bleu d'acier, presque nue. Face jaune; joues offrant une large callosité brun jau- nâtre et brillante. Face supérieure du thorax cendrée, avec des reflets bleus et blancs. Abdomen brillant, d'un beau bleu d'acier, à base blanc sale. Ailes d'un brun pâle. Longueur du corps, 14 à 17 millimètres. Cette espèce appartient à l'Amérique du Sud et à l'Amérique centrale. J. Goudot l'a observée dans la Nouvelle-Grenade (Colombie), et Brauer la signale de Bahia (Brésil). D'après le premier de ces auteurs, elle abonde, dans les régions chaudes et tempérées, sur la lisière des grands bois et dans les rastrajos, c'est-à-dire dans les parties qui offrent à la fois des taillis et des prairies. Elle constitue un véritable fléau pour le Bœuf, mais s'attaque en outre au Chien et à l'Homme. On ignore comment l'Insecte parfait dépose ses œufs ; mais la larve pro- (I) Cecil French, Cuterebra emasculator i7i Dog. Journ. of compar. Medicine and veter. Archives, XIV, p. 379, 1893. INSECTES. DIPTERES. 777 voque la formation de tumeurs cutanées semblables à celles de r//j/podc?'ma bovis. Cette larve a été recueillie au Venezuela, en Colombie, dans le Hon- duras et au Brésil. Dans la première de ces contrées, on l'appelle Ouche ; en Colombie, elle est connue sous les noms de I^iicJm et de Gusano, qui d'ail- leurs paraissent s'appliquer indistinctement à toutes les larves sous-cu- tanées. D'après Goudot, elle est d'un blanc sale, couleur de pus, et peut atteindre 3 centimètres de long sur 8'n°',5 de large au niveau du 4* anneau. Elle est pyriforme, beaucoup plus épaisse en avant qu'en arrière. La bouche est mu- nie de deux crochets. Fig. 528. — Larve de Dermatobia noxialis, du Hicsil. — a, grandeur naturelle. 6, grossie, face dorsale. c, face ventrale, d, do profil et par le côté gauche, e, extrémité caudale très grossie (R. Blanchard). Selon R. Blanchard (1), les anneaux 2, 3 et 4 sont parsemés de petites épines noires, qui disparaissent peu à peu dans les deux suivants ; les an- neaux 5, 6 et 7 portent à leur bord antérieur une ceinture complète de forts crochets noirs à pointe recourbée en arrière ; les anneaux 4, 5 et 6 ont à leur bord postérieur une demi-ceinture dorsale et latérale de crochets semblables. Les quatre derniers segments, qui forment la partie rétrécie du corps, sont lisses, sauf dans la moitié postérieure du lO*^ et sur le 11'^ tout entier, dont la surface est revêtue de très petites épines. Cette description est basée sur un exemplaire recueilli par Gounelle au Bi'ésil (fig. 528), sur l'épaule d'un Européen (1889). Malgré quelques diffé- rences apparentes, elle semble bien conforme à celle de Goudot (1843), établie d'après des larves provenant de Bœufs colombiens. On peut encore rapporter à la même forme des larves extraites de la peau de l'Homme au Venezuela (Brick, 1822), dans le Honduras (Matas, 1887), etc., et de la peau du Mulet à Cayenne (Chapuis, 1862). Blanchard donne spécialement le nom (1) R. Blanchard, Sur les Œstrides américains dont la larve vit dans la peau de l'Homme. Annales de la Soc. entouiol. de Fr;iiice, LXI, p. lO'J, 1892. — Voir aussi sur le même sujet d'autres notes et méuioires du même auteur, dans le Bulletin et les Annales de cette Société, 1892-1894. 778 ARTHROPODES. ^X X y ^ i' b Fig. 529. — Toi-ccl, de la Colombie. — a, face dorsale. 6, face ventrale, c, de profil el du côté gauche, d, extrémité antérieure vue par la face ventrale, e, extrémité antérieure vue de profil (R. Blanchard). gnar. On Fa observée en outre au Mexique de Ver macaque h la larve du Dermatobia noxialis ; mais ce nom s'applique, dans la Guyane française, à toutes les larves sous-cu- tanées. A côté de cette espèce, dont on connaît à la fois rinsecte et la forme lar- vaire, la faune américaine en comprend un grand nombre d'autres dont les relations sont loin d'être déterminées. Nous dirons seulement quelques mots des larves les plus connues qui ont été recueillies sur le corps de l'Homme ou des animaux domestiques, et nous renverrons pour le surplus au Mémoire de Blanchard. A Costa-Rica, on donne le nom de Torcel à une larve très commune sur le Bœuf et sur l'Homme. En Colom- bie, la même larve, sous d'autres noms, se rencontre sur les mêmes hôtes, ainsi que sur le Chien et le Ja- , au Brésil et à Cayenne. / a /'""'".'^'''''''f^Ê, Fig 530. — Bicho Lcrne, du Brésil, — a, face dorsale, b, face ventrale, c, de profil et du côté gauche (R. Blanchard). R. Blanchard considérait d'abord comme différente du Torcel la larve qui INSECTES. — DIPTÈRES. 779 se rencontre fréquemment chez l'Homme au Brésil, et que Ton y désigne sous le nom de Berne ou Bicho beiTie. Mais il a reconnu par la suite, grâce à l'examen d'un plus grand rtombre d'exemplaires, que ces deux formes, bien que réellement assez dissemblables, appartiennent à une seule et même espèce. Il énonce une série de faits tendant à démontrer que celte larve est l'état jeune de Dennatobia cyanivcntris Macquart, ainsi que Brauer l'avait déjà supposé. Blanchard résume dans le tableau suivant les principaux caractères diffé- rentiels de ces deux sortes de larves : /hérissés de très fines spinules; bord postérieur des anneaux 'i-T sans rnngéc dorsale de rrorhets diriges „ . o 1 t'iî avant , D. noxialis. a"" cf. <}•' anneaux i,. ij t--j , •, e ■ lisses ; bord postérieur des anneaux 4-7, parfois aussi de l'anneau 8, avec rangée dorsale de crochets diri- gés en avant '.■ D. cyaniventris. Quant au Ver moyocuil, observé au Mexique, chez l'Homme et chez le Chien^ par Boucard (18o9 et 18G2), il est identique tantôt à l'une et tantôt à l'autre des deux formes précédentes ; ses caractères sont trop indécis pour qu'on puisse les considérer comme distinctifs d'une espèce particulière. En Afrique, l'Homme et les animaux sont sans doute fréquemment envahis par des larves d'Œstridés, mais celles-ci n'ont pas encore été bien sérieu- sement étudiées. — Coquerel et Mondière (1) ont observé à Portudal, près Gorée, des larves cuticoles de l'Homme et du Chien que les indigènes rappor- tent à une Mouche [Idia Bigoti); il est bien plus probable qu'il s'agit d'un CEs- tridé. — Dutrieux dit que dans l'Ouniamouési, les indigènes appellent founza ia /2(yûm6é, c'est-à-dire «Ver du Bœuf», une larve d'Insecte qui produit sous la peau du Bœuf et de l'Homme nue sorte d'éruption furonculeuse ; il est permis de faire à l'endroit de cotte larve la même supposition que pour la forme précédente. L'extraction de ces parasites s'etfectue selon le procédé que nous avons indiqué à propos de VHijpodcrma bovin. En Afrique, les pâtres sont aidés dans ces soins par un Oiseau, le Pique-Bœuf [Buphaga ufiicana), qui se nourrit des larves en question. Les PHORIDÉS se distinguent de tous les autres Brachycères en ce que les nervures longitudinales des ailes sont indivises et non réunies par des nervures transversales {Hypocères). Leurs larves vivent dans les matières organiques en décomposition. — Trineura aterrima (Latr.) : larves et nymphes sur les cadavres d'enfants à demi desséchés. Kahl a vu à Varsovie des milliers de larves de Phom riifipes Meig. dans les matières vomies par un jeune Homme qui avait éprouvé de sérieux troubles digestifs. Famiiïe des MUSCIDÉS. — Cette famille comprend toutes les Mouches (1) CoQL'EREL et Mo.NDiÈiuc, Notc SU)' cles larves de Diptères iléveloppées dans des tumeurs d'apparence /uroitcu/et/se au Sàiér/al. Annales de la Soc. entomol. de France (4), 11, p. 95, 186-2. — Voir aussi Gaz. hebdoui. de uicd. et de chir., IV, p. 100, 1862. 780 ARTHROPODES. proprement dites, dont Linné avait fait son genre Musca. Les ailes ont une nervation assez caractéristique, sur laquelle nous ne pouvons insister ici. Les antennes ont le troisième article lenticulaire et muni à sa base d'une soie dorsale, articulée ou non, velue ou nue. La trompe, infléchie, est cons- tituée essentiellement par la lèvre inférieure : le plus souvent, elle est courte et terminée par des paraglosses qui forment un renflement mou {Musca) ; d'autres fois, elle est assez longue, cornée et piquante {Stomoxya) ; mais elle ne contient ni mandibules ni mâchoires, bien que celles-ci soient représen- tées par deux palpes ; il reste seulement deux pièces, parfois acérées, qui répondent à l'hypopharynx et à l'épipharynx. Beaucoup de Muscidés — du moins les femelles — fréquentent les ani- maux et s'abreuvent, soit de leur sang, soit des humeurs excrétées. On divise, dune façon un peu arbitraire, cette famille en deux groupes : Calyptérés et Acalyptérés. l""^ section : Acalyptérés. — Cuillerons nuls. Un certain nombre d'Insectes de ce groupe sont nuisibles aux végétaux. Tels sont les Chlorops [Chlorops] et les Oscines {Oscinis), qui attaquent les tiges et les épis des céréales ; la Mouche des olives ou Keiroun [Dams oleœ), la Mouche des oranges {Ceratitis hispanica) et la Mouche des cerises [Ortalis eerasï), qui pondent dans les fruits ; la Mouche des luzernes [Agromyza ni- gripes), dont la larve mine les feuilles de lu- zerne et les couvre de taches blanches, etc. — Récolter de bonne heure et brûler. D'autres pondent dans les substances orga- niques, dont elles hâtent la décomposition. C'est le cas de la Mouche du fromage [Piojohila 'tsZs^^:^:Z^Z:'::t '^«^^^)' ^^^^^ tout le monde connaît la larve, roUc et grossi. qui saute en se détendant comme un ressort. Cette larve peut vivre dans le tube digestif pendant plus de vingt-quatre heures sans être digérée, et y poursuivre son évolution presque jusqu'à la nymphose. Quand il s'en trouve un grand nombre à la fois, le patient éprouve des coliques assez sérieuses. La mouche des urinoirs {Teichomyza fusca Macquart,Scrtfe//rt urinaria Robi- neau-Desvoidy) est très commune dans les urinoirs des grandes villes, dans les cabinets d'aisance mal tenus, etc. La larve vit dans l'urine, dans les ma- tières des fosses d'aisance, dans les eaux corrompues ; or, il arrive souvent que des malades en trouvent des exemplaires dans les cuvettes des latrines et croient les avoir rendues, soit par le vomissement [Mydsea vomiturationis Rob.-Desv.), soit avec les selles. Cependant, il n'est pas impossible qu'elles passent accidentellement dans le tube digestif: d'après les recherches de Pruvot, elles peuvent vivre jusqu'à trois jours dans l'estomac du Rat, oià elles se fixent à l'aide des épines dont leur corps est revêtu. La Mouche à ventre noir [Drosophila melanogasfra) vit, comme ses congénè- res, aux dépens des matières fermentées ; elle recherche surtout les produits d'origine végétale, et cependant, d'après G. Joseph, c'est par l'intermédiaire de la crème aigrie que ses larves pénètrent dans le tube digestif de l'Homme, 011 elles se comportent à peu près comme celles de la Mouche du fromage. INSECTES. — DIPTÈRES. 781 Les larves de Thijreophora anthropophaga Rob.-Desv. réduisent les tissus des cadavres et des pièces analomiques en poussière impalpable. Les larves et les nymphes de Lonchxa nigrimana Meig. se rencontrent sur les cadavres desséchés. Les Indiens mangent les larves de YEphydra califoniica Packard, qui vi- vent en quantité extraordinaire dans les lacs salés de l'État de Nevada. 2« section : CALYrrÉuiis. — Caillerons plus ou moins développés, cachant le plus souvent les balanciers. La plupart des Mouches qui composent cette section vivent du suc des fleurs ; quelques-unes se nourrissent des humeurs ou du sang des animaux. Beaucoup sont créophiles, c'est-à-dire pondent sur les cadavres ou les sub- slances animales en décomposition, de manière que les larves, qui sont blanchâtres, coniques, obtuses en arrière, se nourrissent aux dépens de ces corps, dont elles semblent hâter la putréfaction. Ces larvés donnent des pupes en barillets. A. Sous-famille des anthomyinés. — Cuillerons médiocres ou petits, laissant en général les balanciers à découvert. Les représentants de cette sous-famille se rapprochent beaucoup des Mouches proprement dites : ils ont, comme elles, une trompe molle et inca- pable de perforer la peau. Les femelles de beaucoup d'espèces, appartenant aux genres Arieia Macq., Hydrophoria Macq., Hydrotxa R.-D., etc., se jettent souvent sur les bestiaux pour sucer leurs humeurs. On signale surtout l'Hy- drotée ou Anthomyie météorique {H. meteorica), qui importune particulière- ment les Chevaux par les temps orageux. Les larves sont recouvertes de soies parfois longues et barbelées. Il en est qni vivent dans les substances végétales en décomposition. D'autres détrui- sent les plantes cultivées, par exemple, celles de la Mouche du chou {Anthoinyia brassicee), qui perforent les racines du chou ; celles de la Mouche des betteraves {A. con- foi'mis), qui criblent les feuilles des jeunes betteraves, etc. Introduites accidentellement dans le tube digestif de l'Homme, ces larves peuvent y séjourner jusqu'à la nymphose. Ce sont celles des Homalomyia qui ont été le plus souvent rencontrées dans les cas de myiase intestinale, tant en France qu'en Angle- terre, en Bohème , en Amérique, etc. Joseph cite à cet égard H. scalaris, canicularis et incimrata. On les découvre en général dans les vomissements et dans les selles. Leur présence dans l'organisme se traduit par du malaise et des nausées lors- qu'elles siègent dans l'estomac, par une sorte de dysenterie lorsqu'elles ont passé dans l'intestin. Nous avons eu l'occasion d'en examiner de nombreux exemplaires qu'une jeune tille prétendait expulser par la miction. Fis;. 53-2. Anthomyia bi'assicx, firrossie. 782 ARTHROPODES. Les larves de VHijdrotœa j?iewxyda-. Les Stomoxes, au premier abord, ont tout à fait l'aspect des Mouches domes- tiques, mais la trompe suffit pour les différencier. Cette trompe, qui dépasse la tète en avant, est constituée par la lèvre inférieure formant gaine et reii- (1) Bkrenger-Fkiiaci>. Trailc clinique des muladies det Européens au Sénégal, I, ]>. 2"25. 187.'). — A. Railluct, La Mouclie du Cayor. Bull, de la Soc. centr. de méd; vélL'r., p. 77, 1884. — V. Lenou!, Mouche el Ver du Cayor. Archives vctér., p. 207, 1884. (2) R. BLANCHARn, Contribulion à l'étude des Dipl'ei-es parasiles. Bullct. de la SoC; entomol. de France, p. CX.X, 189 ;. Raili.iet. — ^oolosie. 30 786 ARTHROPODES. fermant deux stylets acérés : hypopharynx et épipharynx. Comme celles de ces Mouches, les larves des Stomoxes vivent dans les excréments frais du Cheval, dans les fumiers; mais leur développement est plus lent. Le Stomoxe piquant (St. cakUrans Geoiï.) ou Stomoxe miUin esliiés com- mun dans nos contrées vers la fin de l'été : il se rencontre même dans nos habitations, surtout s'il existe des écuries dans le voisinage. Au repos, on le distingue de la Mouche domestique en ce qu'il s'installe la tète en haut, tandis que celle-ci prend la position opposée. ■•36 _ roic du Slonioxc mutin, fortement grossie et vue de iirolil. maxillaire. <, trom()e (Delafond). a, antennes, p, palpe On donne souvent à ces Insectes le nom de Mouches piquantes d'au- tomne. Us se posent volontiers sur les animaux et sur l'Homme. Leur piqûre, quoique peu douloureuse, incommode beaucoup les Chevaux : sur les sujets à peau fine et sensible, elle détermine même une légère inflammation locale, avec soulève- ment des poils. En outre, les Stomoxes peuvent être considérés comme de dangereux agents de la pro- Fig. 537. - stomove pagatiou dcs maladies virulentes. On conçoit, en effet, mutin, grandeur na- ^^^ ^^^^ trompe pénétrante puisse être souillée par des substances sepliques ou virulentes (puisées sur des cadavres ou sur des animaux malades), de façon à inoculer en- suite ces produits à des sujets sains. Toutefois, aucune preuve directe n'a été donnée, jusqu'à présent, en faveur de cette manière de voir : l'inoculation artificielle de trompes souillées à dessein ne peut évi- demment donner des indications de sérieuse valeur. Genre YiémdXoViQ {Hxmatohia R.-D.). -Diffère du précédent parles palpes, qui sont aussi longs que la trompe ; le troisième article des antennes est double du deuxième; le style est pluraeuxen dessus et très peu en dessous. Les Hématobies sont de très petites Mouches qui vivent dans les prairies et ne pénètrent guère dans les étables. Comme leur nom l'in- dique, elles sont au moins aussi avides de sang que les Stomoxes. INSECTES. — UIFTERES. 7S7 Elles attaquent les animaux au pâturage, surtout les bêtes bovi- nes, et on les voit souvent en grand nombre sur un même sujet, les ailes écartées, s'inlroduisant entre les poils pour aller percer la peau. Leurs larves se développent dans les bouses. L'IIématobie stimu- lante (//. stimulans [Meig.]), l'Hématobie féroce [H. ferox R.-D.) et l'Hé- matobie à scie {H. serrata R.-D.) sont les principales espèces françai- ses. — Aux États-Unis, cette dernière est regardée comme un véritable tléau pour le bétail. «ienre Glossine {(Hoss'ma Wiedemaim, !n:!0, — Syn. : Ncinorliiini linbinoati - Dcsvoidy, 1830). — Trompe très longue ; palpes de raème longueur, lui servant de gaine; antennes ù troisième arliclo quadruple du deuxième; style pectine en dessus. l'iK.5:)8.— isi-ls Les espèces de ce genre habitent l'Afrique tropicali*, et peut-être l'Australie (Bigot). Elles sont un objet de terreur pour les habitants de la /.one torride afri- graïKiem- uaui- oaine, qui les désignent (ainsi d'ailleurs que d'autres Diptères) sous le nom vulgaire de Tsétst'. La plus célèbre de ces es- pèces est la suivante ; GIo8»»iuemurdaiitc(G/. laoviilansW esiwooà, I80O). — Un peu plus grande que la Mouche domestique (9""»,o); teinte générale jaunâtre. Trompe grêle, plus longue que la tèle. Thorax d'un gris roussàtre, avec quatres bandes brun noirâtre longitudinales ; écusson avec deux taches noirâtres. Ailes légère- ment enfumées. Pattes jaunâtres; cuisses quelque peu teintées de brunâtre en dehors; derniers articles des tarses bruns. Abdomen jaune châtain clair en dessus, jaune pâle uniforme en dessous ; premier segment avec une ma- cule brune diffuse, assez petite, de chaque côté ; tous les segments suivants montrant à leur bord antérieur deux demi-bandes brun noirâtre, interrom- pues sur la ligne médiane, élargies en dehors. La Tsélsé se rencontre à peu près dans toute l'Afrique centrale. Elle paraît se tenir de préférence au bord des marais, sur les buissons et les roseaux. Elle fait entendre un bourdonnement particulier, très élevé. De nombreux voyageurs, entre autres Livingstone et Oswald, nous ont fait connaître cette Mouche comme un des fléaux les plus redoutés de la zone torride africaine. Toutefois, les récits publiés à son endroit ont un caractère qui nous semble tenir beaucoup de la légende. Comme les Stomoxes, la Tsétsé attaque l'Homme et les ani- maux. Elle s'élance sur ceux-ci, disent les voyageurs, avec la rapidité d'une flèche, et les mord de préférence sur le plat des cuisses et sous le ventre. Les animaux sauvages : Zèbres, Buftles, Antilopes, non plus que la Chèvre domestique (1) ne souffriraient de ces piqûres; l'Homme lui-même en serait rarement affecté d'une façon sérieuse, Mais le Cheval, l'Ane, le Bœuf, le Mouton, le Chameau et le Chien, (l) A Mandera ^Zangucbar), la Chèvre ne résiste pas plus que les autres animaux. Il en est de même des Anes de l'Ouniamouézi, cités également comme réfractaires •H. P. Leroy, Note communiquée). 788 ARTHROPODES. au contraire, seraient condamnés à une mort fatale, parfois soudaine, mais survenant plutôt au bout de quelques semaines ou de quelques mois. Des Européens ont ainsi, en peu de temps, perdu soixante, qua- tre-vingts et cent Bœufs, et Ton conçoit que cet Insecte soit regardé comme un des obstacles les plus sérieux à la civilisation de l'Afrique centrale. En ce qui concerne les lésions trouvées à Tautopsie des ani- maux piqués, nous aurions à relever les plus grandes contradictions. -Nous passons sur ces points, et nous laissons également de côté nom- bre de particularités bizarres ou invraisemblables signalées par les voyageurs. De plus amples informations sont sans doute nécessaires pour formuler une opinion décisive sur le rôle de la Tsétsé ; toutefois, il paraît certain que cette Mouche, pas plus que les Stomoxes, n'a aucune action venimeuse, et que les effets de sa piqûre, s'ils sont réels, se rapportent à l'inoculation de produits virulents dont peut être souil- lée sa trompe. La nature de la maladie inoculée reste à déterminer : contrairement à ce qui a été dit, le charbon ne peut pas être incriminé, du moins dans la généralité des cas. Avec Nocard, nous avons ino- culé à un Mouton la tète tout entière, avec la trompe, d'une Tsétsé rapportée du Zanguebar ; le résultat a été négatif. Les autres espèces de Glossines actuellement connues (1) sont : Gl. longi- palpis Wied., 1830 {Nemorhina joalpaUs Rob.-Desv., 1830), de l'Afrique cen- trale ; Gl. fusca Walker, 1849, dont nous possédons des exemplaires prove- nant du Zanguebar; Gl. tabaniforinis Westw., 1850, de l'Afrique centrale ;(tL tachinoides Westw., 1850, de l'Afrique occidentale; Gl. ventricosa Bigot, 1885, dans un lot d'Insecles provenant d'Australie. Au siècle dernier, le voyageur anglais James Bruce signalait la présence, en Nubie et en Abyssinie, d'une Mouche redoutable nom- mée Zimb parles Arabes et 7sa//sa///a parles Éthiopiens :cetteMouche, disait-il, attaque toutes les bêtes de somme et leur inflige de cruelles piqûres, qui entraînent la production de tumeurs assez volumineuses; elle apparaît au commencement de la saison des pluies, et cause une telle terreur aux animaux que ceux-ci désertent les pâturages et que les habitants sont obligés, durant cette saison, de se retirer dans les sables pour éviter la destruction de leur bétail. Kirby et Spence ont regardé cet Insecte comme une Pangonie ; mais Westwood a montré que Bruce avait dû associer des faits d'origine diverse : les tumeurs cutanées étaient probablement occasionnées par des OEstridés cuti- coles; d'autre part, la Mouche qui détruit le bétail et dont il donne la figure paraît être réellement une Glossine. C. Sous-famille des sarcophaginés. — Style des antennes velu à la base, nu à l'extrémité ; abdomen pourvu de grosses soies ou macrochètes au moins sur les derniers segments. (1) J. M. F. Bigot, Diptères nouveaux ou peu connus: 26* partie. Annales de la Soc. entomol. de France, (G), Y, p. 121, 1885. INSECTES. — DIPTÈRES. 189 Genre Sarcophage {Sarcophaga Meigen). — Espèces modérément velues, ù thorax allongé, parcouru d'ordinaire par Irois bandes noires longitudinales, à abdomen tacheté. Le troisième article des antennes est en gén(''ral triple du deuxième; le style est à poils également longs en dessus et en dessous. La Sarcophagrc Carnivore (S. carnaria [L.|) se reconnaît à sa tète jau- nâtre, à ses palpes noirs, peu ou point saillants, à son thora.x rayé de gris jaunâtre, à son abdomen marqueté régulièrement de cendré et à son anus noir. Longueur de la femelle : 13 à lo millimètres ; màle beaucoup plus petit. Cette grosse Mouche vit en plein air et recherche les substances organiques en décomposition. Comme toutes les espèces du genre, elle est vivipare; on a calculé que son oviducte enroulé contient envi- ron vingt mille larves. Celles-ci se comportent à peu près comme les larves d(!S Calliphores et des Lucilies. Elles peuvent aussi évoluer dans les plaies et dans les cavités naturelles (vagin, oreilles, fosses nasales) de l'Homme eu des animaux : J. Cloquet, notamment, a cité le cas d'un ivrogne qui avait pour ainsi dire été dévoré vivant par des milliers de ces larves. On a rapporté à cette espèce quelques cas de myiase du tube diges- tif recueillis par Jordens et par Hope; le premier de ces auteurs avait décrit les larves sous le nom à\Asccn'is stephanosoma. Cependant, G. Joseph a reconnu que les jeunes larves de S. carnaria et de S. siriatn Meig., introduites dans l'estomac du Chien, ne pouvaient y vivre et se trouvaient digérées au bout de quelques heures. Par contre, Joseph a observé deux cas de myiase gastrique dus aux larves de 5. hcmorrhoidalis et de S\ hxmatodcs Meig., qui avaient péné- tré dans l'estomac avec de la viande crue, et avaient déterminé des accidents assez sérieux. L'auteur conseille de recourir au lavage de lestomac, après administration de naphtaline. Sur les cadavres, on peut trouver, outre les larves de 6\ carnaria, celles de 6\ arvensis (Rob.-D.) et de .S\ laticrus (R.-D.). Aux Indes orientales, les médecins anglais ont signalé une myiase cutanée très grave due aux larves de .S. ruficornis. La Sarcophage magnifique (S. magnifica Schiner, 1802. — Syn. : S. Wohlfahrtt Porlshinsky, 1875) a été quelquefois rangée dans un genre à part [Sarcophila Rondani, 1856). Les Sarcophiles ne diffèrent toutefois des Sar- cophages vraies que par des caractères de médiocre valeur, notamment par la longueur du troisième article des antennes, qui esl double au plus de celle du deuxième. Le style est très courtement velu, le front large, aussi concave chez le màle que chez la femelle, l'abdomen souvent ponctué, avec de longues soies au bord postérieur ou en dehors du dernier anneau. La Sarcophile magnifique est d'un cendré grisàlre. La tête est un peu plus large que le thorax, avec le front et l'épistome peu proéminents ; le vertex et le front sont noirâtres, la face et les côtés d'un blanc d'argent satiné, les antennes et les palpes noirs. Le thorax est gris cendré avec trois lignes longitudinales noirâtres; l'abdomen est gris blanchâtre, à trois taches noires 790 AHTHHOPOUES. sur chaque segment. Les pattes sont noires. Longueur, 10 à i;{ millimètres (Laboulbène). Celle Muscide est bien connue depuis les travaux de Por- tshinsky. D'après cel auteur, elle esl très commune en Russie; elle ne pénètre point dans les maisons, mais vil en plein air. Elle dépose ses larves dans les ploies de l'Homme ou des animaux, ou même dans des cavités naturelles, et ces larves peuvent produire en peu de temps de très graves désordres. On voit éclore cette Mou- che, à l'exclusion de toute autre, des larves recueillies sur les bêtes bovines, les Chevaux, les Porcs, les Moulons, les Chiens el même les Oiseaux domestiques, les Oies en particu- lier. Chez, les Vaches, ces larves se rencontrent surtout dans les organes génitaux; chez les fca, ,nùie (i.abouibène). Chicns, OU Ics trouve souvcut daus les oreilles; chez l'Homme, enfin, elles vivenl dans les oreilles, le nez, le palais, les yeux, en produisant des douleurs intolérables et de sérieuses hémorragies. Dans le gouvernement de Mohilev, celle myiasis est très commune. Mais on l'a observée dans d'autres régions de l'Europe, par exem- ple en Allemagne (Thomas) el en Roumanie (R. Blanchard). En France, Mégnin n'a trouvé également que les larves de celle espèce dans les plaies des animaux domestiques, et Laboulbène a ob- tenu la même Sarcophile par l'éclosion de larves provenant des cavi- tés nasales d'un cultivateur de l'IIéraull affecté d'ozène. En Algérie, les Dromadaires sont attaqués par une espèce tout au moins très voisine. En résumé, la Sarcophile magnifique est la Mouche des plaies par excellence, et il esl probable que, dans les nombreux cas de larves des plaies signalés jusqu'à présent, bien des erreurs de détermination ont été commises à son détriment. Genre Cynomyie [Cynomyia R.-D.). — Fx troisième article des antennes est quadruple du deuxième; le style est à poils plus longs en dessus qu'en dessous. Couleurs métalliques. La Cynomyie des morts (C. mortuorum [Meig.]) a la tête d'un jaune doré, le thorax d'un noir bleuâtre et l'abdomen d'un beau bleu violet. On la rencontre dès le premier printemps sur les cadavres des Chiens, plus rarement des autres animaux et de l'Homme. D. La sous-famille des tachininés est caractérisée par le style des an- tennesnu ou seulement pubescent, el un abdomen ovale et conique, pourvu de soies. Les larves de ces Diptères vivent en parasites, comme celles des Ichneu- raons, aux dépens d'autres larves d'Insectes, en particulier des Chenilles. — INSECTES. — DIPTÈKES. 791 Genres Degeeria Meig., Metopia Meig., Masicera Macq., Erhinomyia Dumér., Tachina Meig., etc. La famille des SYRPHIDÈS, qui n'offre, à notre point de vue, qu'un intérêt médiocre, rom|Mend des Hiptères de grande taille, aux couleurs vives, métalliques, rehaussées par des taches ou dos bandes jaunes ou blan- ches. Les larves sont carnassières, ou se nourrissent de matières organiques en décomposition. — Genres Syrphus, Volucella, Eiiatalis, Helophilus, etc. Les Kristales [Eristalis Latr.) ont les antennes courtes, insérées sur une saillie du front; le troisième article est orbiculaire, muni d'une soie nue ou velue. L'espèce la plus commune est l'Éristale gluante (E. tena.c Fabr.). Au premier abord, on prendrait volontiers pour une Abeille l'Insecte parfait, qui vit sur les fleurs. La femelle dépose ses œufs, tout en voltigeant, dans les eaux croupissantes. Les larves qui sortent de ces œufs portent, à leur extrémité postérieure, un tube respiratoire rétractile, qu'elles amènent à la surface pour respirer. Ces larves, bien connues sous le nom de Vcra ou Asticots à queue de rat, se rencontrent dans tous les endroits malpropres : latrines mal lavées, écuries et étables où séjourne le purin, etc. Elle sortent des eaux pour subir la nymphose. Joseph cite un cas de myiase intestinale dû à VEristalis arbustorum (Fabr.). Les Hélophiles {Helophilus Meig.), peu différents des Éristales, ont à peu près le même mode de vie et fournissent également des Vers à queue de rat. L"li(''lopIiile suspendu (//. pctidulus Meig.) est de beaucoup l'espèce la plus répandue. Divers auteurs ont attribué à ses larves des cas de myiase du tube digestif. — Le prétendu Helminthe décrit par Brera sous le nom de Cercosoma n'était autre qu'une larve d'ff. pendulus trouvée dans le vase de nuit d'une femme. Les ASILIDËS méiitent à peine une simple mention : ce sont des Insectes à corps allongé, à pattes puissantes, à trompe courte et pointue, qui font la chasse aux autres Insectes: on les qualifie queli^uefois de « Mouches de proie ». On peut reconnaître les Asiles {Asilm L.) à leurs antennes, dont le troi- sième article, effilé, est surmonté d'un style nu à deux articles. L'Asile frelon (A. crabroniformis L.) est réputé, à tort ou à raison, s'attaquer parfois à l'Homme et aux grands animaux, pour se repaître de leur sang. Famille des TABANIDÉS. — Ce sont de gros Diptères à corps assez large et un peu déprimé. La tète est elle-même déprimée d'avant en arrière ; les yeux sont conligus chez les mâles ; les antennes ont le troisième article annelé, mais dépourvu de style. La nervure marginale fait le tour de l'aile; les cuillerons sont très développés. La trompe, ordinairement sail- lante, constitue chez les femelles un appareil puissant et complexe : la lèvre inférieure, membraneuse, forme une gaine qui cache dans son intérieur six pièces acérées (soies des anciens auteurs), représentant les mandibules, les mâchoires, l'épipharynx et l'hypopharynx. Chez les mâles, on ne trouve plus que quatre pièces, par suite de l'atrophie des mandibules. Les tarses sont munis de trois pelotes. Les Tabanidés Iréquenlent surtout les bois et les pâturages; les mâ- les vivent du suc des tleurs; quelques femelles sont dans le même cas. "92 ARTHROPODES. mais, en général, celles-ci manifestent une extrême avidité pour le sang des animaux : leur puissant suçoir leur permet, en effet, de per- cer le cuir le plus épais. C'est Tété, pendant les heures les plus chaudes de la journée, qu'elles sont le plus redoutables. Peut-être deviennent- elles, à l'occasion, des agents propagateurs des maladies virulentes. 2 sous-familles : Tabaninx et Pangoninœ. A. Sous-famille des tabaninés. — Jambes postérieures sans éperon ter- minal. Point d'ocelles Genre Taon [Tabanm L.). — La trompe est courte, épaisse, inclinée chez le mâle, verticale chez la femelle; les antennes ont leur troisième article échancré en croissant et divisé en cinq anneaux. Taon automnal [T. autumnaiis L.). — Cette espèce mesure 18 à 20 mil- limètres de long. Sa teinte générale est noirâtre. Le thorax est revêtu de Fig. 340. — Taon automnal, femelle. — A, tête grossie, vue de proMl : a, antennes, p, palpe maxillaire, t, trompe. B, détail do la trompe : p, palpe. Z.ç, épipliarynx. «, mandibules et maxilles. ia, liypopliarun. H, lèvre inférieure, formant la gaine de la (rompe (DelafondK poils gris et parcouru par quatre bandes longitudinales. L'abdomen offre trois rangées de taches blanches. Le bord extérieur des ailes est brunâtre. Le Taon automnal est commun dans nos régions, et abonde en par- ticulier, comme la généralité des Taons, au voisi- nage des lieux boisés. Il se jette de préférence sur nos grands animaux, Chevaux et Bœufs. Sa morsure, assez douloureuse, est suivie d'un écoulement de sang et donne lieu d'ordinaire à la formation d'une petite tumeur qui persiste plus ou moins longtemps. La plupart des larves de Taons se développent dans la terre : par exception, celle du Taon autom- nal vit dans l'eau. Beaucoup d'autres espèces du même genre se rencontrent en France INSECTES. niPTÈRES. i03 Telles sont : le Taon noir (T. inorio Latr.), d'un noir luisant, et dont la dent située à la base du troisième article des antennes est prolonf,'ée en avant; le Taon des Bœufs {T. bovinuS L.), de très grande taille, avec une seule bande médiane de taches le long de l'abdomen ; le Taon bruyant (T. broimua L.) et le Taon rustique [T. rusticus Fabr.), ces deux derniers marqués, comme le Taon automnal, de deux ou trois rangs de taches blanches le long de l'abdomen, etc., etc. Dans le nord de l'xVlrique, notamment en Egypte et en Algérie, certaines espèces de Taons, désignées par les Arabes sous le nom d'E/ Dehah ou Debane (la Mouche), sont accusées de produire une maladie redoutable [El Debeh), qui fait périr un grand nombre de Chameaux, Chevaux et Anes. L'espèce incriminée en Egypte parait être le T. albifudoi Lôw; en Algérie, c'est le T. bromius L. En réalité, cette maladie, comme l'a montré .l.-B. Piol, est tout à fait indépendante des piqûres de Taons. Génie Hématopote [Ib.Ktiailoputa Meigen). — La trompe est disposée à peu près comme celle des Taons; mais le troisième article des antennes n'est pas échancré et présente quatre anneaux peu marqués. Les ailes sont couchées en toit et montrent presque toujours, sur un fond grisâtre^ ou jaunâtre, de nombreuses macules ou des lignes veimiculées. Pas d'o^lles. Petit Taon dos pluies {H. pluvialh [L.]). — Plus petit el surtout plus élancé que les Taons proprement dits, il est bien reconnaissable à ses ailes d'un gris brunâtre, tachetées de blanchàire, et à ses yeux verdàtres ofl'rant des reflets pourpres. Le thorax porte quatre bandes pâles. L'abdomen a une bande dorsale pâle et des macules grisâtres latérales. Les fémurs sont d'un gris foncé; les tibias postérieurs ont dans leur milieu un anneau plus foncé. Le troisième anneau des antennes est largement teinté de roussàtre à sa base. Très commun à la fin de l'été ; est extrêmement '■'s- ^^-- — P°i''' t»"" , , des pluies, grossi doux importun par les temps orageux; n épargne pas lois (OHg.). l'Homme à l'occasion. Il se rencontre, assure- t-on, jusqu'en Laponie, où il fait beaucoup souffrir les Rennes. On connaît trois autres espèces européennes offrant, comme celle-ci, de nombreuses variétés : H. nigriconiis Gobert, H. eqtiorum (Fabr.), H. lu- nala (Fabr.). B. Sous-famille des pangoninés. — Jambes postérieures pourvues d'épe- rons terminaux. Le plus souvent des ocelles. Genre Chrysops [Chrysops Meig.). — Les Chrysops ont trois yeux acces- soires ou ocelles bien visibles ; les antennes sont allongées, avec le deuxième article aussi long ou presque aussi long que le premier, et le troisième ar- ticle à cinq anneaux; les yeux sont d'un vert doré, à taches et lignes pour- pres; les ailes sont fort écartées, avec des bandes ou des taches noires. Petit Taon aveuglant [Ch. cascutiem [L. i. — C'est un Insecte de 8 milli- (94 ARTHROPODES. mètres de long seulement, un peu aplati, avec l'abdomen arrondi. On re- connaîtlafemelleà ses ailes noires, offrant une tache hyaline vers le milieu et une autre près de Textrémité ; à son thorax, marqué de deux bandes grises en avant; à son abdomen, dont les premiers segments sont de teintejaune. Commun en été. Son nom spécifique vient de ce qu'il attaque de préférence les grands animaux autour des yeux. Il les harcèle surtout pendant les temps orageux, et, comme les précé- dents, s'adresse parfois à l'Homme. On la vu provoquer chez des Chevaux de troupe une conjonctivite intense. Son vol est silencieux, au lieu d'être accompagné d'un hourdonnement comme celui des Taons. — On trouve encore, en France : Ch. relictus Meig., Ch. quadratus Meig., 67/. marmoraius Meig. Fig. 343. — Pclil Taon aveuglant, grossi doux fois (Orig.l. (ienre Pangonie {Pawjonia Lalr.l. — La trompe est souvent longue, grêle, horizontale; le deuxième article des antennes est plus court que le premier; le troisième article est divisé en huit anneaux. Il existe des ocelles chez la plupart des espèces. Les Pangonies sont de grands Diptères du midi de l'Europe et sur- tout des régions équatoriales. Leurs femelles sont réputées se nourrir, comme les mâles, du suc des fleurs ; cependant, Macquart pensait déjà que celles dont la trompe est courte vivent à la façon des autres Tabanidés. Nous avons dit plus haut (voy. p. 788) que le ZimM ou Tsaltsalya d'Abyssinie est plutôt une Glossine qu'une Pangonie; cependant, nous avons cru pouvoir rattacher à ce dernier genre un Tabanidé du Zan- guebar qui pique violemment les animaux et que les « Wazigna » désignent sous le nom de « Tsctsé de la grande espèce ». D'autre part, Germain aurait vu, en Nouvelle-Calédonie, les Bœufs attaqués par les femelles d'une Pangonie (P.7ieo-caledonicaUé^n.) qu'il supposait même avoir concouru à la propagation d'une épizootie char- bonneuse. DKUXIEME SOl'S-ORnHE I\ÉMOCÈRl!:s On reconnaît les Némocères (vvjaa, til ; xÉsa?, antenne) à leurs anten- nes filiformes ou sétacées, formées de six articles au moins, de sorte que leur longueur est d'ordinaire égale ou supérieure à celle de la tête et du thorax réunis. Le corps est généralement allongé ; les pattes sont longues et grêles, les ailes grandes et étroites. Ces Insectes sont connus sous le nom de Moucheronis : on les voit souvent, en troupes immenses, surtout au voisinage des lieux mare- INSECTES. — DIPTÈRES. 79H cageux, se livrer dans les airs à d'interminables évolutions amoureu- ses. Les premières phases du développement ont presque toujours lieu dans Teau. Kamille des SIMULIDÉS. — Tliora.^c sans suture, c'est-à-dire sans ligne (le séparation entre les deux premiers segments. Pas d'ocelles. Antennes plus courtes que le thorax. Ailes très larges, couchées, à nervure marginale ne dépassant pas le sommet. Pattes souvent tachetées; jambes et tarses larges, comprimés. La trompe est courte, épaisse, et ne contient que deux pièces, i'épipharynx et riiypopharvnx. i>os màlos sont en général tout autre- ment colorés que les femelles. (ienre Simulie (Simidium Latr., 1804. — Syn. : lihaijio Fabr.}. — Les Simu- lies sont de tout petits Diptères recounaissables à leur thorax bossu, à leurs antennes cylindriques composées de onze articles, à leurs palpes de quatre articles, dont le dernier est allongé, à leurs ailes larges et courtes, parfois irisées. Les deux pièces contenues dans la trompe sont styliformes; par suite, cette trompe est propre à piquer (1). Les Simulies se tiennent d'ordinaire parmi les buissons ombreux et se nourrissent de sucs végétaux; mais parfois aussi les femelles se jettent sur rHonime et sur les animaux, dont elles sucent le sang avec avidité. Bon nombre des Insectes connus et redoutés dans les pays chauds sous le nom de Moustiques appartiennent à ce genre, qui a d'ailleurs des représentants jusqu'en Laponie. 11 est plus que probable que les Simulies versent, dans la blessure produite par leur trompe, une salive irritante. Elles sont aptes, au surplus, à jouer le rôle de porte-virus. Les espèces en sont diflîciles à distinguer, de sorte qu'il convient d'être réservé sur les déterminations faites en dehors du concours des diptéro- logistes. Siniulic «le Columbatz {S. coiunibatczensc Schiner, nec Fabr.) — Le corps de la femelle est noirâtre, entièrement recouvert d'une poussière blanchâtre et de nombreux poils d'un jaune de laiton, de sorte que le dessus du thorax, surlout en avant, paraît ardoisé; l'abdomen est blanc jaunâtre, mais brunâtre à la surface; les antennes sont jaunes, les pattes en grande partie blanchâtres, les ailes hyalines, à nervures très pâles. Longueur 3"^™, 2 à 3""",8. Cette espèce se montre en grand nombre pendant toute l'année, dit Schiner, dans le sud de la Hongrie (Banat et districts limitrophes) ; elle abonde également en Serbie et en Bulgarie, et on la rencontre çà et là en Autriche, voire en Allemagne. Elle tire son nom du vieux château en ruines de Goloubatz, situé dans le nord-est de la Serbie, sur la rive droite du Danube. Dès les premiers jours du printemps, les Simulies apparaissent en nombre tellement considérable, que leurs essaims simulent des nuages, qu'on peut à peine respirer sans en avaler une grande quantité, et (1) A. Labol'i.bèxe, Article Simulies du Diclionn. eiicyclDp. des se. luéd., ^3i, IX. Paris, 1881. ^96 ARTHROPODES. qu'elles revêtent immédiatement comme d'un manteau noir les ani- maux sur lesquels elles se posent. Elles attaquent surtout les bestiaux dans les points où la peau est fine, au voisinage des yeux, des na- seaux, de la bouche, de l'anus et des organes génitaux. Chaque piqûre donne lieu à une petite tumeur, dure et douloureuse, qui ne disparaît qu'au bout de huit à dix jours. La mort survient dans certains cas aussitôt après l'invasion des Moucherons, d'autres fois après quel- ques heures; enfin certains sujets guérissent : ces différences tiennent au nombre variable des morsures, à l'épaisseur du tégument et sur- tout à la sensibilité propre des sujets atteints. Les femmes, les en- fants, les jeunes animaux sont à cet égard des plus susceptibles, et c'est ainsi qu'on a vu succomber des nourrissons déposés sur l'herbe des champs. Les animaux périraient souvent par suite de l'inflamma- tion et de l'oblitération des bronches. Toutefois, d'après Tômôs- vary, la mort serait due seulement à la multiplicité des piqûres, à la douleur, aux hémorragies et à l'empoisonnement du sang. En 1783, d'après Schonbauer, il n'y eut pas moins de 20 Chevaux, 32 Poulains, 60 Vaches, 71 Veaux, 310 Moutons et 130 Porcs, qui succombèrent aux piqûres des Simulies dans le seul district serbe de Pojarevatz, auquel appartient Goloubatz. En 1892, d'après Boyad- jiev, le déparlement de Vidin (Bulgarie) perdit de ce chef 534 bêtes bovines (1,45 % delà population totale), 220 Buffles (13 %), 52 Che- vaux (0,55 7„), 243 Moutons (0,11 \U), 446 Chèvres (0,95 °/o) et 217 Porcs (0,86 %). Les espèces françaises de Simulies sont : ,S\ veptans (L.) [Rhagio coliimbaschensis Fabr.) ; S. tnaculaium Meigen; .S. cinereuin Macquart; 'S', iïbiale Macq. ; .S. ornatum Meig. ; 6'. vernum Macq. — Elles se multiplient parfois aussi d'une façon extraordinaire. Les vallées humides des Cé- vennes et des Basses-Alpes, dit Maurice Girard, Kig. 544. — simuUum offrent parfois de véritables nuées de Moustiques rejo/ans, d'après West- ... . , . .i-.,- i in- i x j wood. noirâtres qui obscurcissent littéralement 1 éclat du jour. Des ouvriers occupés au reboisement d'une partie de la montagne de l'Espérou en ont observé un jour une colonne immense, dont la longueur était de plus de 1,500 mètres, sur une lar- geur de 30 et une hauteur de 50. En mars et avril 1863, il y eut dans le canton de Condrieu (Rhône), sur le plateau qui sépare la vallée du Rhône de celle du Gier, une multiplication extraordinaire de Moucherons que Perret rapporta au 5. uiaculaium. Tisserant constata qu'ils s'attaquaient à l'Homme aussi bien qu'aux Bœufs, Chevaux, Anes et Mulets. Les Chè- vres et les Moutons étaient moins tourmentés. Huit ou dix animaux de l'espèce bovine étaient morts après quatre à douze heures de souf- frances. On a voulu, à un certain moment, ne voir dans ces faits qu'une INSECTES. — UIPTERES. 797 épizoolie charbonneuse, dans laquelle les Insectes auraient joué le simple rôle de porte-virus. C'est là une supposition toute gratuite. D'autre part, il n'est pas rare de voir les Simulies pénétrer dans les oreilles dos Chevaux, lorsque ceux-ci sont au pâturage et surtout dans les bois; en pareil cas, les piqûres qu'elles eflectuent à l'inté- rieur de la conque donnent souvent lieu à la production de taches blanches ou mouchetures lenticulaires d'un assez curieux aspect, que Spinola signalait déjà en 1H.j6. Mégnin rapporte ces lésions à .S\ cinr- reum, mais il est probable qu'elles peuvent être provoquées par difl'é- rentes espèces. Il ne faut pas confondre avec les Simulies d'autres Moucherons un peu plus gros, les Cliiionomcs, qui appartiennent à une pelile famille se distinguant de la précédenle par les antennes, d'une longueur au moins égale à celle du thorax. Ces Moucherons inoffensifs voltigent le soir en troupes immenses au bord des eaux. Leurs larves sont connues des pécheurs sous le nom de Vers de vosc. L'espèce la plus commune est le Chironomus plimiosiis (L.). J'ai re- cueilli deux exemplaires de ses larves, rejetés dans une épistaxis par un phtisique, qui avail, routume d'aspirer chaque malin de l'eau de rivière. Famille des CÉCIDOMYIDÉS. — Petits Némocères différant des Simulidés par leurs ailes ciliées, dont la nervure marginale fait tout le tour, et par leurs antennes monilii'ormes, à poils verticillés, au moins aussi longues que le thorax. Ces Insectes déposent leurs œufs sur les plantes, et les larves qui en sor- tent déterminent, pour la plupart, la formalion de (jhIIck, dans lesquelles elles se développent. L'espèce indigène la plus nuisible pour l'agriculture est la Cécîdoiuyic du froment (Z><>/osis tritici), petit Moucheron jaune ayant un peu Tappa- Fi". o4cJ. — Cécidomyio du froment, grandour Fi.sr. b4G. — l.arvos do la Cécidomyie du froment, naturelle et grossie. — a, au milieu de la fleur. 6, larve isolc^-c. c, a même, grossie. rence svelte des Cousins, (jui apparaît au moment de i'épiage des blés. La femelle à l'aide de son long oviscapte, dépose ses œufs entre les glumes des épillets. Les larves éclosent au bout de quelques jours et sucent l'ovaire, de sorte que le grain avorte ; arrivées à leur complet développement, elles sau- tent à terre et vont hiverner dans le sol, pour subir une courte nymphose au commencement de l'été suivant. Bazin a conseillé, pour les détruire, d'arra- cher et de brûler les chaumes. l'J8 ARTHROPODES. Une autre espèce, plus fuuesle encore, est la Cécidomyie destructrice 'Cecidomyia destructor), très répandue en Allemagne, et redoutée surtout aux Klats-Unis, où on la connaît sons le nom de Mouche de Hesse. Dès le mois de mai, la femelle, rouge et poilue avec des taches et des lignes noires, pond sur les feuilles du blé; les larves glissent entre la gaine et la tige, et s'instal- lent au niveau des nœuds : le chaume, rongé peu à peu, devient incapable de porter l'épi qui se forme, et s'affaisse au premier coup de vent. — Un cer- tain nombre de ces larves achèvent leur évolution vers le mois de sep- tembre, et les Insectes parfaits qui en proviennent pondent sur les jeunes céréales des semailles d'automne, que les larves de cette seconde ponte dévo- i-ent. — Lichtenstein a observé dans le Languedoc les ravages de cette espèce. On peut encore citer la Cécidomyie noire (C. nigra), dont les larves déforment et font tomber les poires. Famille des CULICIDÈS. — Les Gulicidès ont une trompe longue et grêle, renfermant six soies ou pièces buccales disposées en lancettes et propres à piquer, du moins chez les femelles. Les palpes maxillaires sont à cinq ar- ticles. Les antennes, à quatorze articles, sont garnies chez les mâles de poils en panache. Les ailes sont posées à plat pendant le repos, et leurs nervures sont revêtues d'écaillés serrées. Genre Cousin {Culex L.). — Les palpes sont plus longs que la trompe chez les mâles ; ils sont très courts chez les femelles. Le Cousin commun (C. pipiens L.) peut être pris pour type du genre. 11 mesure 5 à G millimètres et se reconnaît à son thorax brun jaunâtre, mar- qué de deux lignes brunes, à son abdomen gris pâle annelé de brun et à ses pieds allongés et brunâtres. Il est très commun ;iu voisinage des eaux stagnantes, où il subit les pre- mières phases de son développement. La femelle, en effet, dépose ses œufs, au nombre de 250 à 3o0, à la surface de l'eau. Les larves qui en sortent au bout de deux jours ont l'abdomen allongé et terminé par un tube respira- toire ; elles se suspendent à la surface, la tête en bas, en laissant affleurer ce tube. Après quatre mues, elles se transforment en nymphes mobiles: celles- ci sont pourvues de deux tubes trachéens qui émergent de derrière la tète; elles se tiennent, par suite, dans une position opposée à celle des larves. En trois ou quatre semaines, toutes les métamorphoses sont accomplies, et les Insectes parfaits prennent leur vol. Les femelles s'attaquent à rHomme, surtout le soir. Elles s'annon- cent par une sorte de piaulement aigu et continu. On connaît en prin- cipe leur appareil buccal ; remarquons toutefois que la lèvre infé- rieure forme un tube cylindrique ouvert en dessus, sauf à rextrémité libre; que les mâchoires sont denticulées en dehors, et que l'épi- pharynx et l'hypopharynx sont sétacés. Le mécanisme de la piqûre est assez curieux : pendant que les aiguillons s'enfoncent dans la peau, en glissant dans le tube terminal de la trompe labiale, la partie moyenne de ce tube, fendue en dessus, se courbe et forme un pli laté- ral. La piqûre détermine une inflammation locale, accompagnée d'une INSKCTKS. i)ii'Ti;ni:s. i'y.\ douleur prurigineuse assez, vive. Il y a sans doule ilépôl, dans la plaie. d'une salive irritante. Les Cousins ne paraissent pas, en général, attatjuer nos animaux domestiques. Une autre espèce conimunc dans nos i)ays, en automne, est le Cou- sin annelé {C. annulatus). Au genre Calcv paraissent se rattacher, en outre, les Insectes des pays chauds désignés par les voyageurs sous le nom de M(tr'n)gouins, et une partie peut-être de ceux auxquels on applique la dénomination vague de Moustiques.. Au surplus, nous possédons, en Europe, des espèces de quelques genres voisins, par exemple Anophèles mnculipennis, dont les attaques sont aussi insupportables que celles des Cousins proprement dits. TUOlSIliME SULS-OUhHlî APHAMPTÙnES La plupart des auteurs modernes s'accordent à rapprocher des Dip- tères les Puces et genres voisins (1), dont on avait longtemps fait un ordre à part sous le nom d'Aphaniptêres Kirby et Spence, S'iphonapic- res Latreille ou Suceurs De Geer. Ce sont, comme le dit Vîiinckel, des Diptères sauteurs et parasites. Le corps est comprimé latéralement. La lèle, petite, arrondie ou anguleuse, est largement unie au thorax ; elle porte deux ocelles, toujours placés eu avant des antennes, parfois rudinientaires ou absents. Les antennes, triarti- culées, sont couchées au repos dans une petite fossette qui parfois se montre limitée en dehors par une lamelle chitineuse. Les pièces buccales, cliez l'a- dulte, sont disposées pour la succion ; elles comprennent : 1" une paire de mandihulcf! spadiformes, à bords tranchants et denticulés, à face interne concave; 2" un slijlet rigide (langue, épipharynx) compris entre ces man- dibules, creusé en gouttière inférieurement el présentant en dessus une arête dentée : c'est le principal agent perforateur ; 3° une paire de mâchoires libres, en forme de larges plaques foliacées, portant chacune un palpe maxil- laire à quatre articles ; 4° une lèvre infrricurc courte, terminée par deux palpes labiaux et formant une gaine qui loge la base des man- dibules et du piquant impair. La lèvre supé- rieure fait défaut. Les trois segments thoraciques sont toujours dis tincts, contrairement à ce qui s'observe chez les autres Diptères; ils se composent chacun d'une partie dorsale {notum) et de deux parties latérales Fig. o47. — TùUmIc hi l'iiccik' rHoiiiinc. grossie 30 fois. — md, nuiinlibules. m.T, niiichoiros. pm, palpes maxil- laires. /, sl\lel impair, pi, palpes lal.iaux (Oril;-.). (1) 0. Tasctienberg, Die FlOlie. Halle, 1880. 800 ARTHROPODES. {plcurx) : sur le métathorax, celles-ci sont munies d'une grande écaille ali- forme; mais les ailes proprement diles n'existent pas, même à l'état de ru- diments. Les pattes, disposées pour le saut, augmentent de longueur de la première à la dernière paire ; le tarse, à 5 articles, est terminé par deux "rill'es. L'abdomen comprend 9 segments, qui se chevauchent, de sorte que chez quelques espèces, au moment de la gestation, il est susceptible de subir une énorme distension. Le 9'^ ou dernier segment présente en dessus un es- pace ovalaire, limité par un anneau chitineux et garni de soies et de poils ; ce serment doit porter le nom de pijgidium, car il couvre le cloaque. Celui- ci chez le mâle, est flanqué de deux plaques ali'"ormes, constituant un appa- reil de fixation. A la partie iuférieui'e de la tète, ainsi qu'au bord postérieur du prothorax, du métathorax et de plusieurs segments abdominaux, on peut rencontrer des épines rapprochées en peignes. Les métamorphoses sont complètes. De l'œuf sort une larve vermi- forme, apode, possédant une tête distincte suivie de douze anneaux. La tête est dépourvue d'yeux, mais porte deux antennes et une corne frontale caduque, qui a servi à percer la coque de l'œuf : les pièces buccales sont conformées pour la mastication. Les anneaux du corps sont revêtus de poils, principalement vers leur bord postérieur; le dernier, très grand et double en apparence, est ter- miné par deux appendices incurvés servant à la marche. Arrivée au terme de sa croissance, cette larve se file généralement un petit cocon soyeux, puis mue et se transforme en une nymphe qui mon- tre déjà ses trois paires de pattes et laisse reconnaître son sexe; chez le mâle, en effet, le dos est concave et l'abdomen se termine par deux pointes ; chez la fe- melle, dont la taille est plus grande, le dos est con- vexe, et l'abdomen n'offre qu'une seule pointe ter- minale. D'abord blanche, cette nymphe se fonce de plus en plus ; enfin, au bout d'un temps variable, l'Insecte parfait sort du cocon et se met en quête d'un hôte aux dépens duquel il puisse se nourrir. Les Aphaniptères vivent en parasites temporaires sur les Vertébrés à sang chaud, dont ils sucent le sang; seules, les femelles de quelques espèces sont des parasites stationnaires. Ces Insectes constituent une seule famille, celle des PULICIDÉS, qui se laisse partager assez nettement en deux sous-familles. A. LesPULiCiNÉs ont une tôle petite et des palpes labiaux à quatre arti- cles. La femelle n'est parasite stationnaire à aucune époque de son existence ; son abdomen ne se dilate jamais jusqu'à devenir informe. Ce groupe comprend trois genres. Les Puces proprement dites [Pulex L.) se distinguent des genres voisins par leurs yeux (ocelles) bien développés^ Fig. o4S. — Lai'\e de la Puco des Poules, grossie 20 fois (Orig.). INSECTES. — DIPTÈRES. 801 Les femelles ne fixent pas leurs œufs aux poils ou à la peau, mais les pondent au hasard et, le plus souvent, les laissent tomber à terre. On a dit et répété qu'elles avaient un instinct maternel très déve- loppé, et qu'après avoir sucé le sang d'un animal, elles allaient re- trouver leurs larves pour leur dégorger une partie de ce sang dans la bouche ou le déposer à leur portée. Celte légende doit disparaî- tre. Les grains noirs desséchés qui tombent çà et là avec les œufs sont les excréments des Puces, et les larves les dévorent comme elles se repaissent des autres matières animales, notamment des cadavres d'Insectes. ''m^- Fig. 54'J. — Puces de la l'oule : mâle et femelle accouplés, un peu séparés par la compression de la préparation (Orig.). Dans l'accouplement, la femelle se trouve placée sur le dos du mâle. On connaît actuellement une quinzaine d'espèces de Puces, s'attaquant, soit à l'Homme, soit aux Carnivores, aux Rongeurs, à quelques Ruminants, Édentés et Monolrènies, soit enfin aux Oiseaux. Taschenberg a donné une classification assez complète des formes jusqu'à présent étudiées ; nous en extrayons le tableau synoptique suivant, qui ne comprend que les espèces observées sur nos animaux indigènes : 3« article des antennes profondément u j • 1 i-f 1 découpé au bord antérieur P.in-itans. ni au prothorax. , 3, ^^.^^jg ^^^ antennes en pomnie de pin /'. fjlobiceps. Raii.liet. — Zoologie. ;i 802 ARTHROPODES. Langue de longueur normale ... P. fmcialus. (/Corps rouge . Langue s'éten- 1 brun; lon- ' Ib épines / dant jusqu'au 1 gueuro™"" P. melis. 1 fémur des '^ f pattes anté- j Corps brun som- au proiQorax , \ 1 rieures f bre; longueur comprenant i 2'^'", 5 à S""", 5. P. sciurorum. \ 2i à 20 épines P. avium. 1^ Peignes de la tête et du pro- thorax chacun à 7-9 épines de chaque côté P. serraticeiis. Un peigne à la\ 12 épines à la tête et 3 au pro- tête; un pei- / \ thorax, de chaque côté P.erinacei. gne au pro- j thorax. /Tête anguleuse, à 5-6 épines de chaque côté; I prothorax à 6 épines de chaque côté P. gonlocephalus. La Puce irritante (P. irritans L.) a le corps ovale, de couleur assez va- riable, ordinairement d'un brun marron luisant; la tête est arrondie en des- sus et dépourvue d'épines à son bord inférieur : le prothorax est également dépourvu de peigne; le 3« article des anten- nes est profondément incisé à son bord an- térieur. Le mâle est long en moyenne de 2 millimètres à 2°"", 5, la femelle de 3 à 4 millimètres ; mais ces dimensions sont quelquefois de beaucoup dépassées. V La Puce irritante est un parasite de l'Homme. La femelle pond, dans les Fig. 5oO. - Puce de l'Homme, mile, f^ntes des parquets, dans le linge sale, dans les coins poussiéreux, etc., huit à douze œufs blanchâtres et ovoïdes, longs de 0'"",7, larges de 0""™,4. En été, les larves éclosent au bout de 4 à 6 jours; 11 jours après, elles se transforment en nymphes, auxquelles il faut encore 12 jours environ pour devenir Insectes parfaits. L'évolution totale dure donc 4 semaines; en hiver et dans une chambre chauffée, elle exige près de 6 semaines. La Puce est cosmopolite. Elle est surtout importune dans les pays chauds et dans les saisons chaudes. Sa piqûre, fort désagréable, s'accompagne du dépôt d'une salive irritante, et donne lieu à une hémorragie punctiforme autour de laquelle se développe un cercle d'injection rouge de 2 à 5 millimètres de diamètre, qui persiste sous la pression du doigt. Ce cercle pâlit rapidement, tandis que le point hémorragique ne disparaît complètement qu'au bout de quelques jours. Chez les femmes, les enfants, et en général chez les sujets à peau INSECTES. — DIPTKRES. 803 délicate, il constitue une aréole tuméfiée. On peut constate!' en outre, chex les enfants, l'apparition de plaques d'urticaire, provoquées par le contact direct de la Puce, ou développées par voie réflexe. Enfin, quand la peau est trop couverte de piqûres, son aspect simule parfois un véri- table purpura [purpura pulicosa). Chez des individus très malpropres, on a vu les Puces pondre sur la peau, et Bergh cite môme les cas d'une femme atteinte de psoria- sis et vivant dans la plus grande saleté, chez laquelle les larves abon- daient dans les squames et à la surface des érosions produites par le grattage. Contrairement à ce qui a lieu pour les Poux, les personnes les plus propres peuvent être attaquées par les Puces adultes, qui d'ailleurs, recherchent de préférence certains tempéraments. 11 est assez diffi- cile d'atteindre ces Insectes, à moins qu'ils ne soient très abondants; mais certaines substances jouissent de la propriété de les éloigner. Il est de connaissance vulgaire, par exemple, qu'elles ne s'accommodent pas de l'odeur du Cheval, et que les palefreniers, les hommes qui cou- chent dans les écuries, etc., sont à l'abri de leurs atteintes. La Puce à tête pectinée (P. serraticeps P. Gervais, 1844. — Syn. : P. canis Curtis, 1826; P. fclis Bouché, 183.o) est d'un rouge brun clair; elle possède une tète arrondie en dessus et munie à ' : :" ." son bord inférieur, de chaque côté, d'un peigne à 7-9 épines; le bord postérieur du proUiorax, dans son arceau dorsal (prono- tuni) est armé de la même manière. Le mâle est long de 2 millimètres, la femelle de 3 millimètres. Cette Puce vit sur de nombreux Car- nivores domestiques ou sauvages, en particulier sur les Canidés et les Fé- v- .., t,., , , r, , ,i- r hig. :jol. — U'ie do la Puce au Lliicn, lidés. La variété qu'on rencontre sur • grossie 3o fois (Oiig.i. le Chat domestique est généralement un peu plus petite que celle qui attaque le Chien : elle a la tète sur- baissée en avant et les épines plus effilées ; aussi l'a-t-on regardée quelquefois comme une espèce distincte. La Puce à tète dentée est surtout abondante sur les animaux sé- dentaires, sur les jeunes, sur les mères pendant la période de l'allai- tement, parce que ces conditions favorisent la ponte sur place et le développement des Insectes. L'évolution coijiplète du parasite peut même s'accomplir sur le corps de l'hôte. Sur un Chien qui soufï'rait depuis six mois d'une irritation cutanée avec prurit intense, mais sans éruption, Austin a recueilli, en effet, au milieu de la crasse et des pellicules épidermiques, des œufs, des coques vides, des larves à différents stades de croissance, des dépouilles de larves, des nym- 804 ARTHROPODES. phes et des Insectes parfaits. De même, Leuckart a trouvé, dans les croûtes de la peau eczémateuse d'un Chien, de nombreuses larves de Puces, auxquelles vraisemblablement l'éruption ne devait pas être attribuée, mais qui avaient profité sans doute de cette source abon- dante de nourriture. Neumann a fait une observation analogue sur un Chat. La Puce à tête anguleuse (P. goniocephalusO. Taschb., 1880. — Syn. : Pulex leporis T.each, 1829) a le corps brun jaunâtre; sa tête forme, dans la partie antéro-supérieure, un angle obtus faisant une légère saillie ; elle porte en dessous et de chaque côté un peigne à 5-6 épines ; le bord postérieur du pronolum porte aussi de chaque côté 6 épines longues et étroites. Lon- gueur du mâle 1™'",6, de la femelle 2 milli- mètres. Elle vit sur les Lièvres, les Lapins de ga- renne et les Lapins domestiques. Il est curieux de voir avec quelle rapidité elle abandonne le corps du Lapin qu'on vient de tuer à la chasse. Fig. 051. — Tête de la Puce du Lapin, grossie 30 fois (Orig.). La Puce des Oiseaxix {P. avium O.Taschb.,1880)alecorps allongé, d'un brun varié ; sa tète, arrondie, ne porte pas d'épines, mais on en trouve 12 ou 13 de chaque côté au bord postérieur du prothorax. Longueur du mâle 2 à 3 millimètres, de la femelle 3 millimètres â 3™", 5. Fig. 553. — Tcle de la Puce des Poules, grossie 30 fois (Orig.). Cette espèce attaque un grand nombre d'Oiseaux ; elle est commune dans les colombiers, un peu moins dans les pou- laillers. D'après Ercolani, elle fait parfois dépérir et mourir de consomption les Pigeons. C'est à tort qu'on a voulu en distinguer plusieurs espèces sous les noms de P. gallinx Bouché, columbse Stephens, hirundinis Kohler, etc. Quant aux Puces de nos Mammifères sauvages, disons seulement que Pulex globiccps 0. Taschb. vit sur le Renard et le Blaireau; P. fasciatiis Bosc, sur le Lérot, le Surmulot, la Taupe, etc. ; P. melis (Leach), sur le Renard et le Blai- reau ; P. sciurorum (Olfers), sur l'Écureuil; P. erinacei (Leach), sur le Héris- son. On a signalé en outre un Pulex penicilliger Grube, de la Fouine et du Putois, un P. microctenus*(Koleno.[i), de la Fouine, un P. muslelœ Schilling, de la Belette, etc. Un certain nombre de ces espèces ont été rencontrées aussi sur d'autres animaux appartenant à des groupes assez variés ; mais il ne faut pas oublier que les Puces ne sont que des parasites temporaires, INSECTES. — DIPTÈRES. 803 et qu'elles peuvent vivre assez longtemps loin de leur hôte, dans des lieux inhabités : il n'est donc pas étonnant de les voir passer accidentellement sur une autre espèce animale. Nous avons long- temps professé cette opinion ([ue les Puces ainsi égarées ne piquaient pas rh("tte étranger pour en sucer le sang, mais nous avons dû recon- naître plus tard que c'est au contraire un fait bien établi. Ainsi, la Puce irritante de l'Homme passe assez souvent sur les animaux domestiques : il n'est pas rare de la trouver sur le Chien et sur le Chat ; on l'a rencontrée aussi sur le Lapin, et nous en avons même vu recueillir dans le pli du paturon, sur un Cheval. La Puce du Chien ou du Chat peut également attaquer l'Homme; je l'ai trouvée sur le Lapin, et pourtant il m'a été impossible de l'acclimater dans un cla- pier où je l'avais introduite en abondance. Enfin, Lucet a montré que la Puce des Oiseaux peut infliger à l'Homme de cruelles morsures. Les Hystrichopsylles {Hystrichopsylla 0. Taschb.) sont dépourvues d'yeux ; leur tête est tronquée en avant; il existe des peignes au bord inférieur de la tête, au prothorax et sur plusieurs segments de l'abdomen ; le corps est garni de soies et de poils nombreux. Une seule espèce (H. obtusiceps Ritsema), de la Taupe et du Campagnol des champs. Les Typhlopsylles {Typhlopsylla 0. Taschb.) ont le corps grêle et allongé, la tète souvent très longue, arrondie en avant, les yeux très rudimentaires ou absents. 11 existe des peignes à la tète (4 épines au plus de chaque côté), au prothorax et parfois au métathorax et sur plusieurs segments de l'ab- domen. Voici le tableau synoptique des espèces qui s'attaquent aux animaux de notre région : ,' 8 peignes en tout T. octactenus. Des peignes sur labdo-i - . i^ < ^ ^ ". , ., . 1 6 peignes T. nexactenus. men et le thorax; al *^ ° la tète, 2 épines de^^ • ,j i ... . . il ^ t j , , At- i^ peignes (dont un a épines très petites). T. pentaclenus. V 2 peignes T. dictenus, ... , au bord antér. de la fossette antennale, T. qracilis. Un peigne sur le pro- , ^ thorax seulement ; à l uj-r-- iift-.N t. ,. la tête.de chaque côté, ^^" ^^'^^^ ^^^^"^"^ ^^ ^^ ^'^^ ^'^ ^- ''^"^'^"^'- - epi s SI ue ... ^^ \jQx:A inférieur de la tête (3) T. assimilis. Les Typhlopsylla octatenus (Kolenati), hexactenus (KoL), pentaclenus (Kol.), dictenus (Kol.) vivent exclusivement sur les Chiroptères ; T. gracilis 0. Taschb., sur la Taupe et la Musaraigne ; T. musculi Dugès, sur les Souris, les Rats et les Campagnols; T. assimilis 0. Taschb., sur la Taupe, la Musaraigne, le Mulot et le Campagnol. A part les cas particuliers que nous avons signalés, les Puces ne constituent pour les animaux, comme pour l'Homme, qu'une simple incommodité, et ne leur nuisent guère qu'en troublant leur repos. 806 ARTHROPODES Il faut ajouter cependant qu'en raison de eur mode d'attaque, on a pu les considérer comme susceptibles de jouer le rôle de porte-virus, c'est-à-dire d'inoculer à des individus sains le virus puisé sur un indi- vidu malade. Toutefois, cette accusation ne repose jusqu'à présent que sur de simples suppositions. Ce qui est bien établi, par contre, c'est que les Puces sont les hôtes intermédiaires de certains parasites à transmigrations (Voy. p. 286 et 514). Il y a donc lieu d'éloigner ou de détruire les Puces des animaux, surtout lorsqu'elles se multiplient à l'excès. Un moyen simple de les éloigner consiste à placer dans les niches une couverture de Cheval. La litière de copeaux de sapin, vantée par quelques auteurs, ne nous a pas réussi. Les feuilles de noyer fraîches sont de beaucoup préfé- rables. Enfin, on détruit assez facilement les Puces sur le corps même des animaux, au moyen de lotions d'eau crésylée à 5 ou 10 p. 100. B. La sous-famille des sarcopsyllinés se compose de petites Puces à tête assez grosse suivie d'un thorax très grêle et d'un abdomen variable. La lèvre inférieure porte deux palpes labiaux non distinctement articulés. Le troisième article des antennes n'est pas annelé. Toutes les espèces sont extra-européennes. On les répartit entre trois genres. Les Sarcopsylles (Sarcopsj///a Westwood,1840. — Syn. : BermatophilusGviéT.- Mén., 1843; Rhynchoprion Oken, 1815, nec Hermann, 1804) ont un front an- guleux et crénelé, des yeux (ocelles) petits, des mâchoires 1res petites, à peine saillantes, une langue (épipharynx) allongée, des mandibules fortement den- tées en scie sur les côtés. L'abdomen des femelles fécondées se dilate en une masse arrondie, sans trace d'articles dans sa partie moyenne. La Sarcopsylle pénétrante {Sarco2KyUa penetrans [L.J), vulgairement Puce pénétrante, Puce des sables ou Chique, est un fort petit Insecte, car le mâle, ainsi que la femelle à jeun et non fécon- dée, mesure à peine 1 millimètre de longueur. Le corps est ovale, comprimé d'un côté à l'au- tre, de teinte brun roussàtre, avec la tète un peu plus foncée. L'accouplement a lieu anus contre anus, les deux individus restant accolés environ huit à dix minutes. Fiç. 534. — Cliiiiue gort;ôc, grossie t ^i • . > > •■ (Kaistoni. La Chiquc sc reucontre a peu près dans toute l'Amérique intertropicale, depuis le nord du Mexique jusqu'au sud du Brésil. Elle a été introduite en Afrique vers 1872, et s'y est propagée avec une étonnante rapidité. Elle se tient sur les herbes sèches, dans les bois, dans les planta- tions; elle est surtout très abondante dans le sable; enfin, on la ren- contre aussi dans les habitations mal tenues, dans les cases des nè- gres, dans les écuries, les basses-cours, etc. De là, elle se jette sur INSECTES. — DIPTERES. 807 l'Homme, ainsi que sur la généralité des animaux à sang chaud, do- mestiques ou sauvages : les Porcs soufTrent beaucoup de ses attaques, de même que les Chiens, Chats, Moutons, Chèvres, Bœufs, Chevaux, Anes et Mulets; les Oiseaux mêmes n'en sont pas exempts. Le mâle et la femelle non fécondée sont des parasites temporaires, comme les Puces vraies; ils sont à peine plus importuns que celles- ci ; mais la femelle fécondée, qui a besoin d'absorber une grande quantité de sang pour le développement de sa progéniture, se fixe à demeure sur l'hôte qu'elle ciioisit. Chez l'Homme, elle s'implante d'ordinaire sous les ongles des orteils ou dans d'autres régions du pied; chez les Mammifères domestiques, c'est également à la partie inférieure des membres qu'elle s'adresse de préférence. La douleur de la piqûre est insignifiante et toute passagère, de sorte qu3 les voyageurs atteints pour la première fois n'y prennent pas garde. La Chique s'introduit entre le derme et Tépiderme, suce le sang des pa- pilles dermiques et ne tarde pas à augmenter de volume : la tète et le thorax ne subissent pas d'accroissement sensible, mais l'abdomen, par suite du développement des œufs, se gonfle jusqu'à acquérir le volume d'un pois. La dilatation ne porte que sur les deuxième et troisième anneaux de l'abdomen, les autres conservant leurs dimen- sions primitives. Elle amène un décollement progressif de l'épiderme et provoque ainsi la formation d'une petite cavité dont les parois se moulent sur le corps de l'animal. La tête occupe le fond; l'anus est tourné vers l'extérieur. La présence du parasite est indiquée par une tumeur arrondie, de la grosseur d'un pois, circonscrite par l'épiderme et percée à son sommet d'un petit orifice laissant à peine apercevoir les derniers anneaux de l'abdomen. Le corps de la Chique, lorsqu'elle est parve- nue au terme de sa gestation, a été comparé, par suite de sa taille et de sa couleur blanchâtre, à un fruit de gui : il peut contenir une cen- taine d'œufs. Sa présence est le point de départ d'une irritation assez vive : la peau s'enflamme, et la pression qui résulte de ce travail in- flammatoire tend à expulser la Chique à la façon d'un corps étran- ger. Souvent alors l'abdomen se rompt, et les œufs sont rejetés à l'extérieur, tandis que le corps demeure encore quelque temps dans la plaie et ne se détache qu'avec l'épiderme environnant. Mais il arrive que les choses ne se passent pas d'une façon aussi régulière. La plaie se convertit souvent en ulcère; elle a de la ten- dance à s'étendre et à se gangrener. D'ailleurs, la présence do Tln- secte détermine une démangeaison de plus en plus vive, qui porte souvent le patient à se gratter sans mesure, et une inflammation violente peut en résulter. Si plusieurs femelles s'implantent sur un même point, les troubles sont encore plus à craindre. Chez l'Homme, il survient parfois des nécroses des os ou des tendons, donnant lieu à des fistules plus ou moins profondes, s'accompagnant d'arthrites 808 ARTHROPODES. et entraînant même dans certains cas la chute des phalanges. Des lésions du même genre s'observent chez les animaux : on en voit qui ont le corps couvert de cicatrices, les oreilles déformées, qui ont perdu des doigts ou une extrémité entière. R. Blanchard a examiné un pied de Porc rapporté de Monrovia (République de Libéria) par J. Jullien, et qui présentait des Chiques tellement serrées les unes con- tre les autres que la peau offrait, après leur extirpation, l'aspect alvéo- laire d'un gâteau de miel. L'œuf de la Chique est ellipsoïde, à surface finement granuleuse; il en sort une larve vermiforme, dont l'évolution est tout à fait analogue à celle des Puces proprement dites. La Sarcopsylle galline (S. gallinacea Westw.) se distingue de l'espèce précédente par son corps court et trapu, presque aussi large que long, d'une teinte rouge brun; par sa tête formant plusieurs angles peu saillants, par ses soies plus longues, plus nombreuses et plus foncées, etc. Longueur l mm. 5. Cette espèce se fixe autour des yeux et sur la nuque de la Poule domes- tique ; elle n'a encore été recueillie qu'à Ceylan, d'abord par Moseley lors de l'expédition du Challenger, puis par Green à Colombo. Pour se garantir contre l'invasion des Chiques, on recommande de laver souvent et à grande eau les habitations, car on a reconnu que l'humidité est funeste à ces Insectes. 11 est indiqué aussi de se laver les pieds ou mieux de prendre un bain chaque jour, et de faire usage de bonnes chaussures. Les onctions de teinture de rocou, d'infusion de tabac, d'huile de carapa, usitées parmi les nègres, pourraient être d'une certaine utilité en ce qui concerne les animaux domestiques. Dès que la présence des Chiques est constatée sur un point du corps, on peut les tuer sur place au moyen de diverses substances, telles que teinture d'opium, pommade mercurielle, essence de téré- benthine, acide phénique, benzine^ etc. S'il en existe un grand nom- bre sur un espace restreint, on a recours à des applications générales de ces mêmes substances. Aux Antilles, on plonge la partie atteinte dans une décoction d'herbe à Chique [Tourne fortia hirsutissima) ; à la Martinique, on se sert pareillement d'une décoction de tabac ; en Colombie, on se contente d'applications de beurre salé. Mais le meilleur traitement consiste sans aucun doute à extraire directement le parasite. Cette opération, qui s'appelle échiquage, est en général effectuée avec dextérité par les nègres, qui introduisent simplement, dans l'orifice de la tumeur, une épingle à l'aide de la- quelle ils détachent et enlèvent l'Insecte. On doit éviter de lacérer l'abdomen de celui-ci, car les œufs répandus dans la plaie pourraient être une source de graves complications. Les Rynchopsylles [Rhynchopsylla Haller, 1880; Hectopsylla? v. Frauen- feld, 1860) ont le front arrondi et les mâchoires recourbées en crochet, fai- INSECTES. — HÉMIPTÈRES. 809 sant saillie en arrière. L'abdomen des femelles fécondées est vermiforme, distinctement articulé. Une seule espèce [Rh. pulcx Haller ; ? Hcctopsylla psiltaci v.Fr.) trouvée sur un Perroquet et sur un Chiroplère. Les Vermipsylles {Vermipsylla Shimkiévitsh, 1885; Helminthopsylla Rail)., 1885) ont le front arrondi, les yeux assez grands et les mâchoires trian- gulaires, en forme de lancettes pointues, mais à pointe non recourbée en ar- rière. Les femelles fécondées ont l'abdomen vermiforme et articulé, comme dans le genre précédent. La Voriiiipsyllc Alakurt ( \'. Alakitrt Shimk.), dont la femelle seule est connue, a le thorax brun foncé, ainsi que les anneaux de l'abdomen; mais, lors de la gestation, ceux-ci sont très écartés les uns des autres et reliés par une membrane d'un blanc laiteux. A l'état de complet développement, elle mesure 6 millimètres. Cette espèce, qui parait être, jusqu'à présent, limitée au Turkestan, est connue des Kirghiz sous le nom d'Alakurt, qui signifie Ver ou Insecte versi- colore: en effet, de noire qu'elle était au début, elle devient plus tard, par suite des modifications ci-dessus indiquées, d'un blanc de lait avec des raies de diverses couleurs. Elle vit en parasite sur les Bœufs, les Chevaux, les Moutons et les ^Chameaux. D'après Maïev, elle provoquerait un affaiblisse- ment considérable de l'organisme, et pourrait même faire périr les Poulains. Elle apparaît en automne, alors que la neige se mon- tre déjà sur les montagnes, et abonde surtout au mo- ment des grands froids. ~"" 'm deuxième ordre HÉMIPTÈRES Insectes suceurs; ailes antérieures de consistance variable; ailes postérieures toujours membraneuses; métamorphoses incomplètes. Les Hémiptères (vitAtau;, demi ; itrepov, aile) ou Rynchotes (^uYy.°?' ^^6c) ont la bouche disposée en un rostre propre à piquer et à sucer. Ce rostre a pour base une gaine constituée par la lèvre infé- rieure articulée, et fermée à la base et en dessus par la lèvre supérieure triangulaire ; dans cette gaine sont renfermés quatre longs stylets qui représentent les mandibules et les mâchoires. Au repos, le rostre est presque toujours replié sous le thorax, entre les pattes. 11 existe d'ordinaire quatre ailes, tantôt toutes membraneuses, tantôt les antérieures coriaces à la base et membraneuses vers l'extré- mité (hémélytres). Les métamorphoses sont incomplètes : les larves ne diffèrent guère Fig. 533. — Tête grossie d'un Hémiptère, le Pen- tatome gris [Rhaphigas- tergriseits). — 1, vue par la face supérieure. 2, vue par la face inférieure. a, jeux, b, antennes. c. rostre à 4 articles, re- plié en dessous. 810 ARTHROPODES. de l'Insecte parfait que par l'absence d'ailes; dans certains cas même, les femelles ou les deux sexes sont aptères, et par suite les métamor- phoses sont nulles. Deux sous-ordres : Homoptères et Bétéroptères, auxquels on adjoint les Aptères ou Anoploures. PREMIER SOUS-ORDRE HOMOPTÈRES Les ailes antérieures ont la même consistance dans toute leur étendue et sont presque toujours membraneuses comme les posté- rieures (ô[jLoç, semblable) ; le rostre est inséré à la partie inférieure de la tête. Ces Insectes se nourrissent du suc des plantes; les femelles sont munies d'une tarière ou oviscapte. Deux sections : Phijtophtires et Cicadaires. f^ section: Phytophtires. — Ces petits Insectes, que leur nom assimile à des Poux, sont parasites des végétaux. Ils comprennent trois familles prin- cipales : Coccidœ, Aphidœ, Psyllidœ. « Les COCCIDÉS ou Cochenilles ofï'rent un dimorphisme sexuel très ac- cusé. Les femelles demeurent toujours aptères; elles se fixent sur les végé- taux en y implantant leur rostre, deviennent informes, s'entourent en général d'une matière cireuse et déposent leurs œufs sous elles. Les mâles, au contraire, sont privés de rostre, mais possèdent presque toujours une paire d'ailes, et, par une exception remarquable, ils subissent une métamor- phose complète. Un certain nombre de Coccidés fournissent des produits usités dans l'in- dustrie et même en médecine (I). — La Cochenille du Nopal (Cocciis cacti) est originaire du Mexique, où elle vit sur les raquettes du Cactus nopal [Opuntia coccinellifera). Elle a été importée aux Antilles, en Espagne, en Algérie, etc. La Co- chenille du commerce est constituée par les corps des fe- melles, desséchés et débarrassés de leur feutrage cireux. C'est d'elle qu'on extrait, par des procédés spéciaux, la belle couleur rouge vif connue sous le nom de carmin, qui joue aujourd'hui un si grand rôle dans la technique histologique (Gerlach, 1838). On a longtemps employé la Cochenille en ig. o.i6. — Coche- niédecine : aujourd'hui encore, Laboulbène et 0. Larcher mile du nopal, fc- ' j ' meiie. la recommandent dans le traitement de l'asthme et de la coqueluche. Le Kermès des teinturiers [Kermès vermilio) vit sur le chêne garrouille [Quercus coccifera), de la région méditerranéenne. Les corps desséchés des femelles constituent ce qu'on nomme le kermès animal ou la graine d'écarlate, produit usité, dès les temps les plus reculés, pour teindre la laine et la soie (1) R. Blanchard, Les Coccidés utiles. Bull, de la Soc. zool. de France, VIII, p. 217, 1883. INSECTES. — HÉMIPTÈRES. 8H en pourpre et en écarlate, mais supplanté en grande partie, depuis la dé- couverte de l'Amérique, par la Cochenille du nopal. Au moyen âge et jusque vers la fin du xvin« siècle, ce kermès jouit en médecine d'une réputation ex- traordinaire, surtout lorsque Mesué l'eut fait entrer dans la composition de son fameux électuairc, la confectio alhermes, sorte de panacée aujourd'hui tombée dans l'oubli. Le sirop de kermès, vanté i)lus tard comme stoma- chique et astringent, n'est mémo plus usité. Le Pe-la {Ericerus. cerifer) est un Insecte chinois qui vit sur différents arbres et dont les femelles restent libres, tandis que les mâles se fixent et sécrètent une cire blanche. Cette cire de Chine est employée à la fabrication des bougies de luxe; en outre, elle joue en pharmacie à peu près le même rôle que notre cire d'Abeille. La Cochenille de la laque {Tachardui hicca) est une espèce des Indes orien- tales, qui vit sur des arbres variés. Ficus, Mimosa, etc. Elle produit par an deux générations, remarquables par le dimorphisme des mâles. Les larves se fixent et s'entourent d'une couche épaisse de substance résineuse. La matière livrée au commerce sous le nom de laque comprend deux subs- tances très distinctes: la laque ou gomme-laque, produit de sécrétion exsudé par toute la surface du corps, et la teinture de laque, matière colorante rouge plus spécialement localisée dans l'ovaire. La gomme-laque était autrefois employée comme tonique et astringente. A côté de ces quelques Coccidés utiles, il en est un grand nombre qui nui- sent aux végétaux; nous citerons seulement les plus importants. Lecaniiim persicx, oleœ, hesperidum, fatiguent et épuisent les pêchers, les oliviers, les orangers. Ceroplastes caricœ nuit aux figuiers. Pulvinaria vitis attaque les vignes, surtout en treilles. Dactylopius adonidum, des plantes de serre; D. vitis, des vignes de pleine terre, dans le midi. Mytilaspis pomorum, sur les écorces des pommiers et des poiriers. Les APHIDÉS ou Pucerons sont de tout petits Insectes pourvus d'an- tennes à 3-7 articles et d'un rostre triarticulé souvent très long; la plupart des individus sexués ont quatre ailes transparentes fort minces. Pattes lon- gues, tarses presque toujours biarticulés, armés de deux griffes. Les Pucerons proprement dits ou Aphis {Aphis L.) ont de très longues antennes à sept articles ; le sixième segment de l'abdomen porte, sur sa face dorsale, deux appendices ou cornicules cylindriques, qui émettent une liqueur spéciale. Cette sécrétion ne doit pas être confondue avec l'éjacula- tion par l'anus d'un miellat sucré et incolore, dont les Fourmis sont très friandes. Ce qu'il y a de plus remarquable dans l'histoire de ces Insectes, c'est leur polymorphisme et leur reproduction parthénogenésique. Durant tout l'été et l'automne, on observe une succession de générations composées exclusivement de femelles qui se reproduisent sans le secours de mâles; puis, à l'approche de la mauvaise saison, ces femelles parthénogenésiques et vivipares donnent naissance à des mâles et à des femelles qui s'accouplent; ces dernières, une fois fécondées, pondent des œufs, qui se conservent tout l'hiver et reproduisent l'espèce au printemps suivant. Beaucoup de Pucerons nuisent aux végétaux dont ils sucent les bourgeons ou les feuilles. Citons, par exemple : Aptns malt, sur le poirier, le pommier, l'épine noire; A. sorbi, Puceron rouge du pommier et du sorbier; A. per- 812 ARTHROPODES. sicœ, sur le pêcher; A. fabse, sur la fève; A. granaria, sur le blé ; A. brassi- cœ, sur le chou ; etc. Les piqûres des Pucerons provoquent parfois sur les végétaux la formation de galles. Ainsi, la galle de Chine, qu'on emploie dans l'extrême Orient comme astringent et comme substance tinctoriale, est produite par la pi- qûre de VAfhis chinensis sur les feuilles de divers arbres. La galle du pista- chier ou caroube de Judée est déterminée par la piqûre de VAphis pistacise sur plusieurs espèces de pistachiers. Parmi les genres voisins, nous nous bornerons à signaler: le Puceron la- nigère {Schizoneiira lanigera Hartig), qu'on regarde comme l'ennemi le plus dangereux des pommiers, et qui passe pour avoir été importé d'Amérique au commencement de ce siècle; le Puceron des galles du peuplier [Pemphi- gus bursarius) ; etc. Un des groupes les plus intéressants des Aphidés est représenté par la sous-famille des phylloxérinés. Les Pucerons qui la composent se dis- tinguent au premier coup d'oeil par leurs ailes qui, au lieu d'être en toit comme chez les autres Aphidés, sont à plat sur le dos comme chez les mâles des Coccidés. Les Phylloxéras [Phylloxéra Boyer de Fonscolombe, 1834), types du groupe, sont caractérisés par leurs antennes à trois articles. Chez les jeunes et les nymphes, le troisième article offre, près de son extrémité, un organe spécial formé d'un cadre chitineux supportant une membrane bombée : cet organe, connu sous le nom de chaton, paraît servir à l'odoraL Chez les individus ailés, on observe en outre un second chaton à la base du même article. Le Phylloxéra de la vigne [Ph. vastatrix [Planchon, 1868]. — Syn. : Pemphigus vitifolii Asa Fitch, 1854) apparaît sous quatre formes qui peuvent offrir un cerlain nombre de générations, mais se succèdent toujours dans le même ordre: 1° le gallicole (forme multiplicatrice),agame, aptère et rostre ; 2° le radicicole (forme dévastatrice), agame, aptère et rostre; 3° l'a «/é (forme colonisatrice), agame, ailé et rostre ; 4" les sexués (forme régénératrice), ap- tères, sans rostre (1). Biologie. — Nous allons suivre ce cycle évolutif, en partant de ïœuf d'hi- ver, c'est-à-dire de l'œuf pondu par la femelle sexuée. Cet œuf, découvert par Balbiani, est situé sous les écorces de la tige; son éclosion a lieu, sui- vant les régions, de la fin de mars à la fin d'avril. A. Gallicole. — D'après les remarquables observations de P. Boiteau, vé- térinaire à Villegouge (Gironde), l'œuf d'hiver donne toujours naissance à un Phylloxéra gallicole. A peine sorti de l'œuf, en effet, l'Insecte monte vers les jeunes feuilles, et enfonce son roslre à la face supérieure du limbe. Bientôt une dépression apparaît au-dessous de lui, et il se forme une galle qui fait saillie à la face inférieure, en lui fournissant un abri plus ou moins vaste. Ce Phylloxéra, toujours agame, demeure aptère ; il a le corps arrondi, (1) Maxime Cornu, Étude sur le Phylloxéra vastatrix. Paris, 1878. — Balbiani, Le Phylloxéra du chêne et le Phylloxéra de la vigne. Paris, 1884. — V. Mayet, Les Insectes de la vigne. Montpellier, 1890. g. 557. — Phylloxéra de l;i vigne : gallicole, face dorsale, grossi oO fois (M. Cornu el Delamotte). INSECTES. — HÉMIPTÈRES. 813 un peu atténué en arrière, et ne montre jamais de tubercules sur le dos; sa teinte est d'un jaune tirant sur le verdàtre. Pour arriver à son complet déve- loppement, il subit trois mues, et arrive alors h mesurer 1'"'",2.j de long sur d millimètre de large. Aussitôt après la 'i" mue, et sans accouplement préala- ble, il commence sa ponte, laquelle dure environ trois semaines et donne cinq à six cents œufs ellipsoïdes, longs de 300 [i., d'un jaune vif d'abord et pas- sant ensuite au brun. Au bout de buit jours, l'éclosion de ces œufs com- mence, et les larves qui en sortent ga- gnent les feuilles les plus jeunes de l'extrémité des pampres, où elles vont développer de nouvelles galles et pon- dre à leur tour. Jusqu'en octobre, on peut voir se succéder ainsi jusqu'à 7 générations, le nombre d'œufs dimi- nuant toutefois peu à peu et arrivant à tomber à 200 ou môme à 100. Dès les ^' premiers froids, les gallicoles adultes ou ovigères succombent, et les jeunes descendent aux racines, où ils hivernent sans manger; c'est seulement au printemps suivant qu"ils enfoncent leur rostre dans les radicelles et de- viennetit de véritables radicicoles. Cependant, il n'est pas rare de voir, dès la 3® génération, un assez grand nombre de jeunes gagner les racines et devenir ainsi radicicoles dès la première année. Il est à remarquer que les galles, très communes sur les plants américains, sont relativement rares sur nos cépages : cette observation a amené quelques auteurs à supposer que la forme galli- cole pouvait être sautée, et que l'Insecte issu de l'œuf d'hiver descendait alors di- rectement aux racines. Nous devons dire que cette hypothèse ne parait pas fondée. B. Radicicole. — La forme qui vit sur les racines dérive toujours de la précé- dente, et se trouve représentée comme elle par des aptères parthénogenésiques. Les radicicoles, en effet, proviennent, soit des jeunes gallicoles descendus des feuilles, soit de générations radicicoles antérieures ayant la même origine. Ils ont d'ailleurs de très grandes ressem- blances avec les gallicoles des dernières générations. A l'état adulte, ils atteignent seulement i millimètre de long; ils possèdent sur le dos des tu- Fig. r.58. radici- F'Iiylloxéra de la vi cole, face dorsale, grossi 50 fois. Au-dessous, ses œufs (M. Cornu et DelamoUc). 814 ARTHROPODES. hercules bruns saillants, et leurs antennes sont extérieurement entaillées en bec de sifflet. Ils fixent leur rostre dans les radicelles, et développent ainsi des nodosités ou renflements caractéristiques, attribuables sans doute à l'action mécanique de l'organe. Les radicicoles sucent donc la sève et épui- sent la vigne, que seuls ils font périr. Chacun d'eux pond trois à dix œufs par jour, en tout une centaine d'œufs d'un jaune de soufre au début, et prenant peu à peu une teinte brune. De ces œufs sortent, au bout d'une huitaine de jours en moyenne, des jeunes d'abord jaunes, puis verdàtres et enfin bruns, agiles et errants. Trois ou quatre jours après l'éclosion, ces larves ont choisi sur les radicelles une place convenable ; elles y enfoncent leur rostre et, dès lors, demeurent stationnaires. Elles s'accroissent rapide- ment, subissent trois mues, et, douze à dix-huit jours après leur naissance, Fisr. 559. Pliylloxéra de la vigne : radicicole suçant la sève d'une radicelle de vigne européenne. Grossissement : 50 diamètres (M. Cornu et Dclamotte). sont capables de pondre comme leurs mères. Quatre à six générations sem- blables se succèdent ainsi jusqu'au retour de la saison rigoureuse. Un certain nombre de ces radicicoles résistent même à l'action du froid: ils passent l'hiver sur les grosses racines, cachés dans les fentes de l'écorce ou sous les plaques subéreuses, en compagnie des jeunes gallicoles descen- dus des feuilles à la lin de l'automne. Ces parasites, que n'ont pu détruire les froids excessifs de l'hiver 1879-80, sont connus sous le nom d'hibernants: ils reprennent leur évolution au printemps. Ajoutons que Riley et d'autres ont réussi à transformer des radicicoles eu gallicoles dans des éducations sous cloche ou en tube; mais, en dépit de ces expériences de laboratoire, il ne semble pas que, dans les conditions natu- relles, les radicicoles montent aux feuilles: même lorsqu'ils sortent de terre pour émigrer, ils vont toujours aux racines. INSECTES. — HÉMIPTÈRES. 815 C. Ailé. — A compter de juin ou de juillet, on voit apparaître, parmi les radicicoles, des individus qui prennent, en grossissant, une forme plus allongée, et subissent une quatrième mue, laquelle les amène à l'état de »//mp/ies. Ces nymphes sont surtout reconnaissables à leur Ihora.x; muni de rudiments d'ailes. Elles ne tardent pas à quitter les radicelles, pour se rapprocher peu à peu de la surface du sol, et, après une cinquième et dernière mue, elles donnent une forme pourvue de quatre ailes. Le Phylloxéra aile a été comparé à une minuscule Cigale; il est dépourvu de tubercules et présente une teinte jaune Fig. 560. — Phylloxéra de la viguc : ailé, face dorsale, grossi 30 fois. A gauche, un œuf mâle. A droile, un œuf femelle (M. Cornu et Delamotte). rougeàtre, sauf sur le mésothorax, qui est noir. Sa taille, ailes non comprises, est tantôt de 1 millimètre, tantôt de l'»™,25. C'est d'ordinaire en juillet que se montrent les premiers ailés, et leur production se continue jusque vers le commencement d'octobre. Quoique volant assez mal, ils sont facilement emportés par le vent, et vont ainsi former au loin de nouvelles colonies. (On a cependant reconnu que les progrès de la maladie ne dépassent pas 20 à 20 kilomètres par an.) Parvenus sur une vigne jeune et vigoureuse, ils plantent leur rostre à la face inférieure des feuilles tendres de l'extrémité des sarments, et en sucent les sucs nourriciers pendant vingt-quatre heures, après quoi ils sont aptes à pondre, car ce sont encore des femelles parthéno- genésiques. Les œufs sont pondus, comme l'a montré Boiteau, à la face in- férieure des feuilles ou sous l'écorce e.vfoliée des ceps; ils sont au nombre de 3 à 6 et de deux tailles différentes : les plus petits mesurent 260 u. de long 816 ARTHROPODES. sur 130 |i. de large; les plus gros atteignent 400 p. sur 200. Les premiers, qui sont plutôt pondus par les ailés de petite laille, sont relativement rares : 2 ou 3 sur 10. Tous sont de teinte blanc jaunâtre; ils éclosent au bout de huit à dix jours. D. Sexués. — De ces œufs sortent des individus sexués : les petits donnent naissance à des mâles, les gros à des femelles. Les Phylloxéras sexués s'ob- servent en général du ISjuilletau 15 novembre; ils sont très petits, dé- pourvus d'ailes, de rostre et d'appareil digestif: les organes de la génération seuls sont bien développés. Ilsjie subissent pas de mues. Les mâles, peu nombreux, sont longs de 260 à 280 fx; les femelles mesurent 430 à 500 [x. Aussitôt après Téclosion, ces Insectes s'accouplent. L'abdomen de la femelle contient un seul œuf, qui le remplit en entier: c'est Vœuf cVhiver, qu'elle va déposer péniblement sous les écorces les plus adhérentes, fi% ^i principalement sous celles du y^ '\^r^l jl Fig. 361. — Phylloxéra de la vigne, mâle, face ventrale, grossi KO fois (M. Girard). Kig. SG2. — Phylloxéra de la \igne, femelle, face ventrale, et son œuf (œuf d'hiver), grossis 50 fois (M. Girard). bois de deu.\' ans, et de préférence, comme l'a montré Boiteau, à l'endroit où cette écorce est un peu déhiscente par suite de la section de la der- nière taille. Elle meurt aussitôt après. L'œuf d'hiver tient le milieu, par son volume, entre les deux sortes d'œufs de l'ailé: il est long de 270 à 300 [j. et large de 100 à 120 (a; il est allongé, à côtés parallèles; on peut le recon- naître parfoîs à la présence d'un pédicelle peu distinct, qui sert à le fixer à l'écorce; mais il est surtout caractérisé par la présence d'un petit point rouge brun qui occupe le pôle opposé au pédicelle, et qui n'est autre que le micropyle. La teinte qu'il garde tout l'hiver est d'un vert olive foncé, avec des taches brunes. Balbiani pense que l'intervention de la forme sexuée, ou, plus exactement, de la fécondation, est nécessaire pour régénérer l'espèce: à défaut de cette intervention, les colonies agames seraient destinées à s'éteindre. Disons cependant que Boileau a vu la reproduction parthénogenésique se pour- suivre pendant six ans, soit jusqu'à la vingt-cinquième génération, sans paraître encore menacée. L'œuf d'hiver résiste très bien à un froid de — 10" C. Le développement embryonnaire est suspendu jusqu'au printemps. Au retour de la belle sai- son, l'éclosion a lieu et chaque œuf donne naissance, comme on l'a vu, à un gallicole. Ainsi se trouve fermé le cycle évolutif du Phylloxéra vastatrix. DÉGÂTS. — Les dégâts causés par le Phylloxéra se reconnaissent tout d'a- bord à ce qu'on appelle la tache phylloxérique. C'est un ensemble de ceps ra- INSECTES. — HÉMIPTÈRES. 817 bougris dont la végétation forme tache, en eiïel, sur le reste; et comme les ceps les plus malades occupent le centre, tandis que les zones périphériques sont de plus en plus vigoureuses, il se dessine une sorte de concavité, qu'on distingue à distance et qui fait donner parfois à la tache le nom de cuvette phylloxérique. Au centre, on trouve des souches mortes dès la 3" ou la 4« année, parfois même dès la deuxième. A la périphérie, bien des ceps sains en apparence sont d'ordinaire attaqués à une assez grande distance des bords delà cuvette. La propagation du mal s'effectue d'ailleurs, non seulement par continuité, à la façon d'une tache d'huile, mais aussi à distance, par suite de l'émigration de l'Insecte ailé ou même par l'in- t(Minédiaire de l'Homme. Comme les troubles de la végétation sont le fait du radicicole, on s'as- sure de la présence de l'Insecte en arrachant les racines : si l'invasion date de loin, le chevelu a disparu ; mais si elle est au contraire de date récente, on remarque, à l'extrémité ou sur la longueur des radicelles, les nodosités caractéristiques dont nous avons parlé plus haut. A leur surface, les Phyl- loxéras se montrent sous l'aspect de nombreuses petites taches jaunes ou brunes. Marche du fléau. — Originaire de la partie des États-Unis située à l'est des Montagnes Rocheuses, le Phylloxéra a été introduit en France, dans le Gard, vers 1863, par l'importation de plants de vignes américaines. Dès 1866, des taches phylloxériques se montraient dans Vaucluse et dans les Bouches- du-Rhône, mais c'est en 1868 seulement que mention fut faite de la « nou- velle maladie de la vigne » dans une publication française, par Delorme, vétérinaire à Arles. Peu à peu, les départements du Midi furent envahis, et le mal s'avança vers le nord, les régions couvertes dessinant un triangle dont la base était formée par la Médilerranée. En 1894, on compte 67 dépar- tements atteints ! Et le fléau continue de progresser. Les diverses contrées de l'Europe n'ont pas élé davantage épargnées. En Algérie, plusieurs foyers ont été découverts depuis 188o ; mais, grâce à des mesures énergiques, l'invasion a pu être localisée. Enfin, les vignes sont com- promises ou détruites à Madère, au Cap, en Australie, en Californie. Destruction. — On voit que le Phylloxéra est un ennemi terrible : et le danger de ses attaques est d'autant plus redoutable que sa petitesse même le rend difficilement accessible à nos moyens d'action. Les principaux procédés de défense actuellement adoptés sont les suivants : 1° Emploi de substances insecticides, injectées dans le sol à l'aide d'appareils particu- liers. On a essayé le sulfure de carbone et le sulfo-carbonate de potassium ; mais la pratique a consacré la supériorité du premier de ces produits. Si les points d'atlaque sont peu nombreux dans la région envahie, il est indiqué d'employer sur ces points les traitements dits « d'extinction », qui consistent à tuer, non seulement l'Insecte, mais la vigne elle-même, au moyen de fortes doses de sulfure de carbone, de manière à éteindre d'emblée tous les foyers d'invasion. Une fois, au contraire, que la région est notoirement atteinte, et si les vignes sont encore productives, on a recours à un traitement plus modéré, propre à détruire seulement le parasite. 2° Aux injections de sulfure de carbone, on peut alors ajouter le badigeonnage des ceps au moyen de mé- langes insecticides (huile lourde de houille 20 kil., naphtaline brute 60; Kaii.uet. — Zoologie. 52 818 ARTHROPODES. chaux vive 120; eau 400), préconisé par Balbiani pour la destruction de Tœuf d'iiiver. 3° Enfin, si les vignes envahies ne donnent plus une récolte suffi- sante pour couvrir les frais des traitements, il y a lieu de les arracher et de les remplacer aussitôt par des plants américains appropriés au terrain : ces vignes possèdent, en eiTet, une résistance toute particulière, et s'il en est un grand nombre qui ne fournissent pas un vin susceptible d'être utilisé, on peut tout au moins s'en servir comme porte-greffes. En suivant ces indica- tions, certains viticulteurs ont déjà pu ramener leur production au quantum qu'elle atteignait avant l'invasion. Du reste, les chiffres officiels sont très significatifs : en 1881, le total des vignes américaines plantées en France était de 8,904 hectares pour 17 départements ; en 1889, il atteignait 299,801 hec- tares pour 44 déjîartements. Nous aurions pu signaler encore la submersion et la plantation dans les sables; mais ces moyens, pour excellents qu'ils soient, ne sont applicables que dans des conditions toutes particulières. Une dernière famille de Phytophlires est celle des PSYLLÎDÉS, repré- sentée par des Insectes ailés, sauteurs, pourvus d'antennes à 8-10 articles terminées par deux soies. — La Psylle rouge {Psylla piri ou rubra) vit sur le poirier, dont elle déforme les feuilles. 2"^ section : Cicadaires. — Au groupe des Cicadaires ou Homoptères proprement dits appartiennent les Cigales {Cicada L.), célèbres par leur chant, qui n'a cependant rien de remarquable. On trouve, dans le Midi de la France, la Cigale du Frêne (C. plebeju), la Cigale de l'Orne [C. orni). Cette dernière vil sur le Fraxinus ornus et le Fr. excelsior: en piquant l'écorce pour y puiser sa nourriture, elle provoque l'écoulement d'une substance sucrée et laxative qui se concrète pour constituer la manne. On sait, toutefois, que ce produit se récolte surtout à l'aide d'incisions transversales pratiquées sur l'écorce. C'est de Sicile qu'il nous vient aujourd'hui. Les anciens Grecs mangeaient des Cigales. Cette coutume est encore répan- due chez les Australiens et les Indiens du Texas. DEUXIÈ.ME SOUS-ORl)RE HÉTÉROPTÈRES Les Hétéroptères (sTspo;, différent) ou Hémiptères proprement dits ont les ailes antérieures en hémélytres et les postérieures membra- neuses; le rostre est inséré sur le front. Beaucoup d'entre eux répan- dent une odeur forte, due à la sécrétion d'une glande qui s'ouvre, du moins chez les adultes, à la face inférieure du métathorax, au niveau de la dernière paire de pattes. Chez les jeunes individus, d'après Kunckel, l'appareil occupe la région dorsale de l'abdomen. Deux sections : Hydrocorises et Géucorises. 1'"'' section : Hydrocorises. — Les Punaises d'eau ont des antennes courtes, à trois ou quatre articles, dissimulées au-dessous des yeux; elles vivent d'ordinaire dans la vase et se nourrissent de proies vivantes. — A ce groupe appartiennent des Insectes dont la piqûre est assez douloureuse. Tels sont les Nèpes {Nepa), à corps aplati, à abdomen prolongé par un siphon respira- INSECTES. — HEMIPTERES. 819 toire, et dont l'espèce la plus répandue est le Scorpion aquatique {N. cine- rea)\ les Notonectes [Notonecta), à grosse tête, à pattes postérieures longues, aplaties en rame et ciliées: le type de ces Insectes, qui ont le corps très convexe et nagent sur le dos, est la Punaise à avirons (JV. glauca), commune dans les eaux dormantes. — Les Gorises(Co/'ts«) sont dos formes voisines dont le rostre est caché et qui nagent sur le ventre. Au Mexique, on recherche les œufs de deux espèces de Corises, C. merccnaria et C. fcmoruta, qui abondent dans les lacs de Chalco et de Texcoco. Pour les obtenir, on place dans l'eau des faisceaux de joncs sur lesquels les Insectes en question vont déposer leurs œufs : ceux-ci sont recueillis et utilisés, sous le nom d'/taî{èumann) "^ "'* déprimée, plus large que le prothorax, ce qui permet souvent de les distinguer à première vue des Poux. La forme de la tête est déterminée par un système de bandes cornées, auxquelles on applique des noms particuliers, que nous indiquerons plus loin. La bouche est pourvue de mandibules en forme de crochets courts et pres- que toujours dentés à la pointe: à l'aide de ces organes, l'Insecte peut saisir énergiquement un poil ou une plumule, qu'il maintient au-devant de l'ouver- ture buccale ; en arrière des mandibules sont les mâchoires, avec des palpes distincts, puis la lèvre iuférieure avec ses palpes labiaux biarticulés ; la lèvre supérieure est souvent peu apparente. Les antennes sont à 5, 4 ou 3 articles. Les deux yeux ou ocelles ne sont pas toujours bien visibles. Le prothorax est généralement assez distinct; les deux autres segments thoraciques sont d'ordinaire réunis en un seul, qu'on décrit sous le nom de métathorax. Les pattes ont à peu près la même disposition que chez les Pédi- culidés. L'abdomen est à 9 segments ; cependant, les deux derniers sont parfois réunis sans suture, et il semble alors n'en exister que huit. Les sept premiers ont leurs bords renfoncés par une bande latérale, et portent le plus souvent des taches transverses. L'abdomen est tantôt nu, tantôt pourvu d'une à trois séries transversales de soies sur chaque segment. Dans la plupart des cas, la face ventrale offre la même disposition des taches et des soies que la face dorsale. Il n'existe des stigmates que sur les bords des segments 2'^ à 7«. Chez la femelle, on remarque souvent, en avant de la vulve, des taches géni- tales de forme variable. Accouplement, ponte et évolution comme chez les Poux. Railliet. — Zoologie. 53 834 ARTHROPODES. Les Ricinidés vivent dans le pelage des Mammifères ou le plumage des Oiseaux. Ils se déplacent beaucoup plus vite que les Poux, et cette remarque s'applique surtout aux Liothéinés. On a prétendu qu'ils peuvent sucer le sang à la façon des Pédiculidés, mais il est certain que ce n'est pas là leur nourriture habituelle. Ce ne sont pas des para- sites véritables, mais des mutualistes, qui se nourrissent de produits épidermiques et enlèvent, soit aux poils (pilivores), soit aux plumes (pennivores), les débris de cette nature qui les encombrent. Troues- sart a même montré qu'ils sont capables de perforer les plumes pour s'introduire dans le tuyau. 2 sous-familles : Philopterinœ et Liotheinae. Antennes à 3 ou 5 articles ; palpes maxillaires invisibles Philoptérinés. Antennes à 4 articles ; palpes maxillaires visibles Liothéinés. A. Sous-famille des philoptérinés. — Chez les représentants de ce groupe, la partie antérieure de la tête [clypeus) est quelquefois nettement séparée de la partie postérieure par une suture. Sur les parties latérales et vers le milieu de la longueur de la tête, on remarque une échancrure plus ou moins profonde, le sinus antennal, au fond de laquelle l'antenne s'insère sur une protubérance (qu'il faut éviter de prendre pour son article basilaire). Souvent l'angle antérieur du sinus forme une saillie qui manifeste parfois des mouvements propres, de manière à constituer un organe spécial, la trabécule (Docophores). Les antennes sont à 3 ou 5 articles. L'œil est situé immédiatement en arrière du sinus. Les bandes cornées de la tête, qui ne sont pas toujours distinctes dans toul-e leur étendue, doivent être mentionnées ici, en raison de leur impor- tance pour la diagnose des espèces. On nomme occipitales celles qui s'étendent de l'occiput (ou région postérieure de la tête) à la racine postérieure des mandibules ; temporales, celles qui vont de l'œil à l'occiput en longeant le bord de la tempe (région latérale postérieure) ; oculaires, celles qui vont de l'œil à l'extrémité des occipitales ; antennales, celles qui partent de l'angle antérieur du sinus antennal et longent, en totalité ou en partie, le bord anté- rieur de l'avant-téte (région située en avant des antennes). Les organes buccaux, situés à la face inférieure de la tête, comprennent, outre les mandibules, des mâchoires sans palpes distincts, dentelées et très mobiles, et une lèvre inférieure portant deux palpes biarticulés. La sous-famille des Philoptérinés correspond aux deux anciens genres Trichodectes et Philopterus ; mais ce dernier a été subdivisé, de telle sorte que le groupe comprend aujourd'hui onze genres. Le tableau ci-après expose les caractères différentiels de ceux de ces genres qui renferment des espèces parasites des animaux domestiques. INSECTES. — HÉMIPTÈRES. 835 Aateaaes à 3 ai-ticles ; tarses à une seule gi'iQe: Piliuores Tricliodectes . I Antennes du mâle à 3» article i sans appendice Ornithobius. I Corps étroit. < I j7-^^6""^s ; I Antennes du mâle a Z" article Antennes à i;jj'jj"'° M ' appendiculé Lipeurus. tarses ' ] deux / QQi.pg large. Antennes du mâle à 3° article à deux \ ^^^^^- \ appendiculé Goniodes. griffes: 1 Penniuores. i Antennes semblables : Pas de trabécules Goniocotes. I dans les deux sexes ; | \ corps large. (Trabécules mobiles Docophorus. Genre Trichodecte ( Tric/iodecies Nitzsch, 1813). — Corps large et plat; angle antérieur du sinus auLennal formant une sorte de trabécule; ante,nnes à 3 articles, tantôt semblables dans les deux sexes, tantôt avec le l^"" article fort grossi chez le mâle; tarses à une seule griffe; huitième ou avant-der- nier anneau de l'abdomen portant, chez les femelles, deux appendices latéraux arqués. Les Trichodectes sont parasites des Mammifères. ^. «l!l!i''i Trichodecte vêtu [Tr. vestitus. — Tr. pilosus Piaget, nec Giebel). — Tète plus large que longue, atteignant son maximum de largeur à la tempe, arrondie en avant MmÎÊI*^'^< et couverte de poils en dessus comme en dessous; bande l&iSffS antennale faisant le tour de l'avant-tète; antennes à peu -^felS''' près semblables dans les deux sexes. Prothorax aussi large ou plus large que le mélathorax, au moins chez le mâle ; tous deux couverts de poils sur les deux faces. Abdomen conique en arrière chez le mâle, plus large chez pj„ ^.^ —Trichodectes la femelle; des taches médianes quadrangulaires sur pilosus, femelle, du les sept premiers segments; tous les segments recou- Cheval. Grossissement: ri o ' o ^ 20 a;amôtres (Orig.). verts de poils, outre une série de courtes soies implan- tées entre la tache et la suture; le dernier segment, chez le mâle, très saillant et arrondi, avec cinq poils de chaque côté. Jaunâtre ; taches et tête ferrugineuses ; bandes brun marron. — Longueur du mâle : 1 mm. 6; delà femelle : 1 mm. 8 à 2 millimètres. Sur le Cheval et sur l'Ane. Trichodecte pubesceiit {Tr. paniinpilosus Piaget. — Syn. : Tr. equi Stephens ; Tr. pilo>;us Giebel, nec Piaget). — Tète à peine plus large que longue, un peu aplatie en avant, plus large à la tempe et n'offrant guère 'de poils que le long des bords; antennes semblables dans les deux sexes; bandes antennales ne se rejoignant pas en avant. Thorax poilu au bord seulement ; prothorax plus étroit que le métathorax. Abdomen à bandes latérales noirâtres, visibles sur les sept premiers segments ; taches Irans- verses trapéziformes; une série de courts poils très serrés entre la tache et la suture; quelques poils sur les côtés. Tète ferrugineuse, à bandes brun marron; abdomen blanchâtre, à bandes noirâtres et taches brun marron. — Longueur du mâle: 1 mm. 4 ; de la femelle : 1 mm. 6. 836 ARTHROPODES. Sur le Cheval ; me paraît beaucoup plus rare que le précédent, mal- gré l'assertion contraire de Taschenberg. Piaget en décrit une variété [ocellata) rencontrée sur le Daw et caracté- risée surtout par sa tête tronquée et par les taches transverses de l'abdo- men, qui présentent à l'extrémité un œil ou espace incolore. Taschenberg a recueilli cette même variété sur l'Ane. Une seconde variété (tarsata) a été observée sur les petits Chevaux de Java. Les Trichodectes des Équidés sont moins importuns et moins com- muns que les Hématopinus ; ils siègent surtout sur le garrot, les faces de l'encolure, les côtes, plus rarement sur les mem- bres. Trichodecte scalaire {Tr. scalaris Nitzsch). — Tête à peine plus large que longue, presque parabolique et très poi- lue, surtout sur la face dorsale ; bande antennale faisant le tour de Tavant-tète et élargie en avant; antennes relative- ment courtes. Prothorax plus étroit que le métathorax. Ab- domen à bandes latérales bien marquées ; des taches mé- dianes ; outre la série de courtes soies insérées entre la tache et la suture, quelques poils seulement sur les côtés. Fond blanchâtre ; bandes plus foncées; taches ferrugineu- ses. — Longueur du mâle : l°i™,2; de la femelle: 1™™,5. Fig. 577. — rri'cAo- dectes scalaris, femelle, du Bœuf. Grossissement : 20diamèt.(Orig.). Sur le Bœuf. Se répand volontiers sur les diverses régions du corps. Gurlt et Denny disent en avoir aussi rencontré sur des Anes, mais c'étaient probablement des déserteurs. Trichodecte sphérocéphale {Tr. sphserocephalus Nitzsch. — Priorité : Tr. ovis [L.]). — Tête plus large que longue, attei- gnant son maximum de largeur à la tempe, un peu apla- tie en avant; bande antennale faisant le tour de l'avant- tète, qui porte de longs poils à son bord ; antennes poilues, plus longues chez le mâle que chez la femelle. Abdomen légèrement conique en arrière chez le mâle, ovale chez la femelle ; bandes latérales un peu recour- bées à la suture; sur chaque segment, une tache mé- diane subquadrangulaire et une simple rangée de poils courts entre cette tache et la suture. Blanchâtre; taches et tête ferrugineuses. — Longueur du mâle : i™'",4; de la femelle : l'^",6. Fig. 578, ^- Trichodectes sphserocephalus,{eme\\e, du Mouton, grossi 20 fois (G. Neumann). Sur le Mouton. Il est surtout commun sur les animaux en mauvais état de nutrition ; dans cer- tains cas, il détériore la toison (E. Thierry). Je l'ai rencontré aussi sur un Chabin. Trichodecte échelle {Tr. climax Nitzsch). Tête plus large que INSECTES. — HÉMIPTÈRES. 837 sa^ longue, présentant en avant une échancrure large, mais peu profonde, au niveau de laquelle s'arrêtent les bandes antennales, qui se recourbent en arrière; antennes un peu plus longues chez le niàle que chez la femelle : le !«■• article sans épine, le 2"= plus long que le 3°. Abdomen conique, sur- tout chez le màlc, où il offre en arrière deux pelotes poilues et saillantes ; bandes latérales noirâtres, re- courbées à la suture; sur chaque segment, une tache médiane, et une rangée de poils courts entre la tache et la suture. Tète et thorax rouge brun ; abdomen jaune pâle ; taches brun marron ; bandes noirâtres. — Lon- gueur du mâle : 1"™,3; de la femelle : l'"'",6. Sur la Chèvre; se fixe de préférence au milieu des poils de la région dorsale. D'après Taschenberg, le Tv. caprœ Gurlt est identique au Tr. cUmax ; il en est de même du Tr. solidus Rudow, Fig. 579. — Trichodectes de la Chèvre de Guinée, et probablement du Tr. mam- ^Jj^"_.'^' grol^kô^^fois bricus Rudow, de la Chèvre du Levant. ^G. NcuinaDn). Piaget décrit un Tr. climax var. major, de la Chèvre d'Angora, dont la femelle seule dilîère du type. Il pense que la forme re- cueillie par Gervais sur le même animal, et décrite par lui sous le nom de Tr. liinbatus, est la même que celle-ci. Quant au Tr. crassipes Rudow, de la Chèvre d'Angora, il est identique, comme l'a reconnu Taschenberg, au Tr. penicillatus Piaget, recueilli par Piaget sur un Kangourou {Macropus penicillatus). S'ugiTdiii-'û de déserteurs? ou bien n'y aurait-il pas eu erreur dans l'indication de l'hôte? Trichodecte large (Tr. latus Nitzsch. — Priorité : Tr. canis [Retzius]). — Tête beaucoup plus large que longue, atteignant son maximum de largeur à la tempe, et tronquée en avant ; antennes poilues, différentes dans les deux sexes, celles du mâle ayant le l"'^ ar- ticle égal aux deux autres réunis; bande antennale s'arrêtant à la partie tronquée de l'avant-tête pour revenir vers les bandes occipitales, qui sont bifur- quées. Abdomen très large, arrondi surtout chez la femelle, à bandes latérales peu distinctes ; pas de taches médianes, mais des taches latérales mal limi- tées. Jaune clair ; taches plus foncées : bandes de la tête brun noir. — Longueur du mâle : 1™™,4; de la femelle : i""',o. Sur le Chien ; fréquente particulièrement les ^'s- sso- - Trichodectes la. . /!(*, mâle, du Cl>ien, grossi sujets jeunes ou très vieux ; les tourmente peu. 20 fois (Orig.). Trichodecte subrostré (Tr. siibrostratus Nitzsch). — Tète plus longue que large, acuminée en avant, avec une petite échancrure au niveau de la- quelle s'arrêtent les bandes antennales, qui se recourbent en arrière ; an- tennes semblables dans les deux sexes. Abdomen un peu conique en arrière chez le mâle, plus large chez la femelle ; des taches transversales médianes, 838 ARTHROPODES. étroites, sur les huit premiers segments ; le dernier segment du mâle très saillant, conique et velu. Abdomen blanchâtre; têle et thorax jaune clair; bandes et taches plus foncées. — Longueur du mâle et de la femelle : l'^'^.S. Sur le Chat. Genre Ornithobie {Ornithobiiis Denny, 1842). — Corps al- longé et étroit, à côtés presque parallèles ; antennes à cinq articles, différentes dans les deux sexes, celles du mâle ayant les deux premiers articles notablement plus longs que les autres, et le 3<= un peu renflé à l'extrémité, mais sans appendice. Bande temporale formant un pli en arrière de l'œil. Abdomen pourvu d'une seconde bande latérale parallèle à la bande marginale; dernier segment acuminé chez le mâle. Fig. 581. — Tricliodectes subrostratus, femelle, du Chat, grossi 25 fois (G. Neuniauiij. Ornithobie bucéphale (0. biicephalus Giebel.— Syn. : Pediculus cygniL. , pro parte). — Tête trapézoïdale, presque aussi large que longue, un peu échan- crée en avant ; sinus antennal à peine indiqué ; antennes reportées en avant. Bandes de la tête, du thorax et de l'ab- domen nacrées et transparentes. Méta- thorax convexe en arrière, avec une pointe médiane obtuse. Abdomen ovale, nu, sauf aux angles. Teinte générale blanche. — Longueur du mâle : 3"™, 5; de la femelle : 3°"", 5 à S^-^.e. Sur le Cygnus olor. Genre Lipeure (Lipeurus Nitzsch, 1818). — Corps allongé et étroit, à côtés presque parallèles ; antennes à cinq articles, différentes dans les deux sexes, celles du mâle ayant le 1'''' article très fort, et le 3^ muni d'un appendice; dernier seg- ment de l'abdomen du mâle plus ou moins échancré. Lipeure baguette (L. baculus [NitzschJ. — Syn. : Pediculus columbœ L.; Nirmus filiformis Olfers; N. daviformis Denny. — Priorité : L. columbx). — Tête très allongée et très étroite ; clypeus (partie antérieure) arrondi en avant, séparé du reste par un léger étrangle- ment et par une suture réduite à un sillon incolore, non bordé par la bande antennale qui s'arrête au niveau de cette suture. Six poils fins de chaque côté de l'avant-tête; en outre, deux appendices claviformes qui dépassent le clypeus en avant et à la base desquels s'en trouvent deux autres divergents (que n'a pas vus Piaget). Angle antérieur du sinus antennal aigu, en forme de trabécule. Métathorax d'un tiers plus long que le prothorax. Abdomen Fig. 582. — Ornithobiu sbucephalus. niàle, du Cygne, grossi 15 fois (G. Neumann). INSECTES. — HEMIPTERES. 839 étroit et allongé, plus large chez la femelle ; taches latérales peu colorées, quadrangulaires. Blanc sale, taches jaune clair; bandes presque noirâtres. — Longueur du niàlc : I'"",8 à 2""°, 3 ; de la femelle : 2'°°',t à 2"", 7. Sur les Pigeons. Lîpciire sale (L. Sf/tm/idus [Nitzsch]. — Syn. : Pcdkuliis analis Fabr. — Priorité : L. anath). — Tête étroite, allongée en avant des antennes; clypeus séparé par une suture , au niveau de laquelle se manifeste un rétrécissement subit, marquant le point d'arrôt de la bande antennale; six poils de chaque côté à l'avant-tète, dontdeux au clypeus, le second largement aplati. En avant des mandibules, une fossette arrondie et très limitée ; sur le clypeus, une tache inférieure ou st(7«rt<«re parallèle au bord en avant et convexe en arrière. Angle antérieur du sinus antennal allongé en forme de trabécule. Tempe arrondie, avec une soie et une épine. Mélathorax un peu rentrant. Abdomen étroit et allongé, à bandes étroites, noirâtres ; taches transverses fauves. Teinte générale jaune fauve. — Longueur du mâle : 2™"", 5 ; de la femelle : 2""», 83. Très commun sur le Canard domestique. Taschenberg l'a ti'ouvé aussi sur le Canard de Barbarie. Lipeiire affamé (L. jejimus [Nitzsch]. — Syn. : Nirmus crassicornis 01- fers. — Priorité : L. crassicornis). — Se distingue surtout du précédent en ce qu'il ne montre pas de fossette en avant des mandibules, et que la signature du clypeus n'est guère apparente. Clypeus incolore, non bordé par la bande antennale. Angle antérieur du sinus antennal allongé en forme de trabécule. Métathorax du double plus long que le prothorax, et offrant à chaque angle postérieur un large tubercule sur lequel sont implantées quatre courtes soies. Abdomen avec des taches latérales échancrées à leur bord antérieur. Blanc sale ; taches fauve foncé ; bandes noirâtres. — Lon- gueur du mâle : 2™°^, 3 à 3 millimètres ; de la femelle : S^^^^i à 3""™, 57. Sur les Oies. Lipeure de l'Oie (L. anseris [Gurlt]). — Tète allongée, conique, arrondie en avant ; angle antérieur du sinus antennal formant une sorte de petite trabécule. Métathorax double du prothorax, étranglé sur les côtés. Abdomen très allongé, un peu ovale, poilu, les premiers segments avec une bande la- térale noirâtre, qui forme un crochet en avant. — Longueur du mâle : 3 mil- limètres; de la femelle : 3"™, 7. Trouvé sur une Oie domestique par Gurlt, qui le désignait sous le nom d'Ornithobius anseris. Il nous semble difficile de ne pas identifier cette forme avec la précédente. Lipeure hétérographe (L. heterographiis [Nitzsch]). — Tête parabolique en avant, où elle est limitée par la bande antennale, et très élargie en arrière de l'œil ; angle antérieur du sinus antennal formant une saillie qui simule quelque peu une trabécule. Deux soies à la tempe. Métathorax aussi long que le prothorax. Abdomen ovale, allongé, un peu plus large chez la femelle, à taches médianes entières. Jaune pâle; taches fauves ; bandes noirâtres. — Longueur du mâle : l'"'»,7 à 2'"'", 4; de la femelle : l™™,8o. Sur la Poule. 840 ARTHROPODES. Lipeure variable (I. variabilis [Nitzsch]. — Syn.: Pediculus caponis L. — Priorité : L. caponis). — Tête arrondie en avant, où elle est bordée par la bande antennale; angle antérieur du sinus antennal saillant chez la femelle, prolongé en une longue trabécule ef- filée chez le mâle ; tempe nue. Métathorax plus long et plus large que le prothorax. Une tache médiane sur la face sternale. Abdomen ovale très allongé, plus large chez la femelle, nu, sauf aux angles des segments, avec des taches médianes comme évidées de chaque côté ; chez la femelle, une tache génitale en forme de fer de lance, et le dernier segment bilobé. Blanc sale ; ta- ches fauve foncé, plus foncées chez la femelle ; bandes noirâtres. — Longueur du mâle; l^'^jO à 2°'™,2 ; de la femelle : 2""™, 15 à 2'°'",43. Sur la Poule. Taschenberg et moi l'avons trouvé sur le Faisan commun. Je l'ai recueilli en outre sur la Pin- tade. Fig. 583. — Lipeurus va- riabilis, mâle, de la Poule, grossi 20 fois (G. Neumann). Lipeure polytrapèze (L. polytrapezius [NitzschJ. — Syn. : Pediculus meleagridis L. — Priorité : L. melea- gridis). — Grande espèce à tête relativement courte, plus forte chez la femelle, à peine plus large à la tempe qu'en avant, où elle est très arrondie et bordée par la bande antennale; 1" article de l'antenne du mâle avec une forte excroissance à la base. Une soie à la tempe. Métathorax beaucoup plus long que le prothorax. A la face sternale, une longue tache médiane avec deux soies et deux virgules chitineuses de chaque côté ; en arrière, une seconde en forme de cloche, s'étendant jusque sur l'abdomen, avec quatre soies. Abdomen ovale très allongé, plus large chez la femelle, avec deux soies médianes; deux séries de taches trapézoïdales séparées sur la ligne médiane par un large sillon ; dernier segment échancré ; chez la femelle, une tache génitale acuminée en arrière. Jaunâtre; taches fauves; bandes noirâtres. — Longueur du mâle : 2"™, 8 à 3™"", 6 ; de la femelle : 3 millimètres à 3"™, 7. Sur le Dindon. Lipeure de la Pintade (L. numidœ [Denny]). — Tète grande, subpandu- riforme, arrondie en avant, où elle est bordée par la bande antennale, et élargie en arrière de l'œil ; antennes de la femelle à second article très long. Métathorax à peu près de la même largeur que le prothorax. Abdomen ovale, les sept premiers segments offrant une double série de taches qui forment deux bandes dorsales interrompues. Jaune livide ; bandes et taches noirâtres. — Longueur : 2™™,i. Trouvé sur la Pintade par Denny, qui le considérait comme un Nirme Nirmus numidae) et qui n'avait probablement vu que la femelle. Genre Goniode (Goniodes Nitzsch, 1818). — Corps plat et large ; angle anté- rieur du sinus antennal formant parfois une saillie qui simule une trabécule: antennes à cinq articles, différentes dans les deux sexes, celles du mâle ayant le premier article très fort et parfois appendiculé, et le troisième toujours muni d'un appendice ; tempes formant d'ordinaire un angle latéral aigu ou obtus (angle temporal). INSECTES. — HÉMIPTÈRES. 841 Les Goniodes ne se rencontrent guère que chez les Gallinacés et les Go- lombins. Goniodo iiaiii(G(/. ninjor Piaget. — Syn. : Coloceras minun 0. Taschb,;. — Petite espèce ayant, comme les suivantes, du reste, Tabdomen ovale, élargi, et caractérisée surtout par ce fait que les deux derniers articles de l'antenne du mâle sont très réduits et difficilement visibles ; métathorax arrondi sur l'abdomen. Blanc sale ou jaune pâle. — Longueur du mâle : l'"'",45 ; de la femelle : i™",7. Sur les Pigeons. Goniode «laiiiicoriie [G. damiconm Nitzsch. — Syn. : Coloceras dami- corne 0. Taschb.). — Très voisin du précédent, dont il se distingue par sa taille plus grande et par le bord postérieur du métathorax, qui forme un angle dans son milieu. — Longueur du mâle : '2'^^,{ ; de la femelle : 2"™, 3. Sur les Pigeons. Gouiodc stylifère {Gd. stylifer [Nitzsch]. — Syn. : Pcdiculus meleagridis Schrank, nec L. ; Rhopaloceras styliferum 0. Taschenb. — Priorité : Gd. melea- gridis). — Grande espèce, très facile à reconnaître par ses angles tempo- raux, qui forment chacun une longue corne acuminée en arrière et terminée par une soie simple. Le métathorax porte cinq soies au bord postérieur. Les sept premiers segments de l'abdomen ofîrent sur les côtés des taches transversales recourbées autour des stigmates. Blanc sale; taches fauves; bandes fauve foncé. — Longueur du mâle : 3™™, 2 à 3°"", 9 ; de la femelle : 3 millimètres à 3""", 58. Sur les Dindons. Neumann Ta recueilli en outre sur la Pintade. Goniode dissemblable [Gd. dissimilis [Nitzschjj. — Tête plus large que longue, plus pe- tite chez le mâle ; angles temporaux saillants, mais ne formant pas de cornes ; bande anten- nale très élargie en avant : antennes du mâle avec un premier article très développé offrant un fort poil au côté interne. Cinq soies au bord pos- térieur du métathorax. Sur chaque segment de ^''•-f^~; fT'^'' disshniiis, ^ ~ mille, de la 1 oulc, grossi 20 lois l'abdomen, des soies médianes et d'autres laté- iPiaget). raies, sans compter celles des angles; bandes latérales recourbées, avec un appendice à la courbure . Blanc sale ; taches peu marquées; bandes fauves. — Longueur du mâle: l™™,9o ; de la femelle: 2'"'°, 6. Très commun sur les Poules. Goniode du Faisan {Gd. cokhici Denny). — Diffère du précédent sur- tout par la présence d'une petite dent au côté interne du premier article de l'antenne du mâle. — Longueur du mâle : 2 millimètres ; de la fe- melle : 2'"",i, Sur les Faisans. Goniode tronqué {Gd. truncatus Giebel). — Tête large, arrondie en avant; antennes du mâle sans appendice au premier article. Abdomen offrant des bandes latérales arquées qui poussent un court appendice dans 842 ARTHROPODES. le segment précédent et s'arrêtent, du moins chez la femelle, au milieu d'une tache entourant un espace incolore ; entre ces taches, des soies médianes ; abdomen du mâle tronqué en arrière. Blanchâtre ; bandes très foncées. — Longueur du mâle : 2™™, 3 ; de la femelle : 3 millimètres. Taschenberg l'a trouvé sur le Faisan commun. Goniode de la Pintade (Gd. numidianus Denny). — Tête plus longue que large ; antennes du mâle assez longues, à troisième article recourbé et aigu, portant les deux suivants en dehors de l'axe. Métathorax plus large que la tête, acuniiné sur l'abdomen, avec une bande noirâtre au bord postérieur. Abdomen ovale, avec des taches interrompues deux fois. Jaune paille pâle ; taches brun goudronné. — Longueur: 1"™,7. Trouvé sur la Pintade par Denny. Peut-être s'agissait-il, dit Piaget, d'indi- vidus incomplètement développés. Goniode falcicorne {Gd. falcicornis [Nitzsch]. — Syn. : Pedicuhis pavonis L. — Priorité: Gd. pat'oms). — Grande espèce. Tète presque carrée, très apla- tie en avant, surtout chez le mâle ; bande an! ennaie étroite en avant, à bords parallèles ; premier article de l'antenne mâle énorme, avec un fort appen- dice au côté interne. Métathorax beaucoup plus large que le prothorax, mais à peine aussi large que la tète. Abdomen très large, offrant sur les côtés des taches linguiformes très foncées, entre lesquelles se voient plu- sieurs soies. Teinte générale blanc sale ou jaunâtre; taches fauve foncé. — Longueur du mâle : S^^^jOS ; de la femelle : S^^'^jS. Commun sur le Paon. Goniode à petite tète {Gd. parviceps Piaget). — Espèce voisine de la précédente, mais plus petite, à tète moins aplatie en avant, à mélalhorax beaucoup plus large que la tête chez le mâle, à deux soies seulement entre les taches latérales de l'abdomen. — Longueur du mâle : l'"'°,9o ; de la femelle : l°"n,90. Sur le Paon, avec le précédent. Genre Goniocote {Goniocotes Burmeister, 1839). — Corps plat et large ; sinus antennal peu pro- fond, de sorte que l'angle antérieur ne présente pas la forme d'une trabécule ; antennes à cinq articles, semblables dans les deux sexes ; tempe formant deux angles : un antérieur ou temporal, portant deux soies, et un postérieur ou occipital, avec une courte épine ; dernier segment de l'abdo- men arrondi ou un peu tronqué chez le mâle,bilobé ou échancré chez la femelle. Presque tous les Goniocotes sont remarquables ... ^o, ^ . parleurs petites dimensions. Gomme les Goniodes, fig. 585. — ùonwcotes qigas, , i /-. n- - ' i femelle, de la Poule, Wossi l's ne Vivent guère que sur les Gallinacés et les iO fois (G. Neumann). ColombinS. Goniocote géant {Gc. gigas Taschenberg, 1869. — Syn. : Gc. abdo- minalis Piaget, 1880). — Espèce de taille exceptionnelle, à tête presque aussi longue que large, formant un demi-hexagone ; angle temporal reporté près de l'œil. Abdomen très large, ovale arrondi, muni sur chaque segment et INSECTES. — HÉMIPTKRES. 843 par côté de longues taches transversales en forme de langue, colorées seu- lement sur leur pourtour. Teinte générale jaunâtre; partie postérieure du thorax et abdomen blancv,sale; bandes et bord des taches noirâtres. — Longueur du mâle : G""™, 3 ; de la femelle : 4 millimètres. Sur les Poules. Goniocotc coinpagnoii {Gc. compar [Nitzsch]). — Cette espèce est de petite taille, aussi bien que les suivantes. Tête assez longue, arrondie en avant, un peu élargie en arrière. Abdomen ovale arrondi chez la femelle, arrondi et tronqué en arrière chez le mâle, offrant de chaque côté deux bandes latérales étroites et recourbées, et des taches transversales qui ne sont guère colorées qu'à la pointe et sur les bords. Couleur blanc sale ou jaunâtre. — Longueur du mâle : 1 millimètre; de la femelle : 1°»'",4. Sur les Pigeons. Goniocote rectaiijçulé (Gc. rectangulatus [Niizsch]). — Tète plus déve- loppée et plus aplatie en avant chez la femelle que chez le mâle. Abdomen ovale arrondi chez la femelle, arrondi et tronqué en arrière chez le mâle, sans soies médianes ; les sutures des segments ne sont distinctes qu'entre les trois premiers ; bandes latérales simples, linéaires et élargies à la suture sur la face dorsale, très larges à la face ventrale ; taches transversales laté- rales, paies, nnicolores. Teinte générale jaune pâle; bandes un peu plus foncées. — Longueur du mâle : 0'°™,8 ; de la femelle : i™™,5. Sur le Paon. Taschenberg l'a aussi trouvé sur une Pintade à l'École vété- rinaire de Berlin, et j'ai fait la même observation àAlfort. Goniocote chrysocéphale {Gc. chrysocephahts Giebel). — Se rapproche beaucoup du Gc. rectangulé, dont il diffère principalement en ce que les sutures sont visibles entre les huit premiers seg- ments. Couleur jaunâtre. — Longueur du mâle : 0'"'°,8 ; de la femelle : 1"'°,25. Sur les Faisans. Goniocote hologastre {Gc. hologaster [Nitzsch]. — Priorité : Gc. gaUinse [Retzius]. — Également 1res voisin du Gc. rectangulé, dont il se distingue surtout en ce que les bandes latérales ne sont pas plus larges à la face ventrale qu'à la face dorsale. Teinte générale jaune sale, plus foncée au thorax ; bandes brunâtres. — Longueur du mâle : 0°"",8 à 0"°»,9; de la femelle : 1™™,3. Sur les Poules. Taschenberg en signale une va- ^V 386. - Go;»oeoto Ao/or/«^- " ~ ter, maie, de la Poule, grossi riété qu'il qualifie de mandata. 40 fois (G. Neumann). Goniocote deBui*nctt(Gc. Burnetti Packard, 1870). — Diffère surtout du Gc. hologastre par les antennes plus fortes, et par la tête beaucoup plus acu- minée, mais moins évidée à l'insertion des antennes. Teinte générale jau- nâtre, avec des stries et bandes noirâtres. Sur la Poule, aux États-Unis. — Giebel et Piaget l'ont signalé par erreur sous le nom de Goniodes Burnetti. Genre Docopliore(Docop/to»'ws Nitzsch, 1818). — Corps large et plat;clypeus 844 ARTHROPODES. (partie antérieure de la tête) séparé du reste de la tête par un sillon incolore, la suture; angle antérieur du sinus antennal offrant un prolongement mobile " ou trabécule ; antennes à cinq articles, semblables dans les deux sexes. Les Docophores ne paraissent pas infester les Gallinacés ni les Colombins. Docophore bilieux (D. icterodes [Nitzsch]). — Tête plus longue que large, triangulaire ; clypeus semi-circulaire, élargi dès la suture, avec un triangle de chaque côté, formé par la bande antennale, et une tache inférieure (signature) étranglée et allongée. Pro- thorax moins large que le métathorax. Abdomen large, à bandes latérales d'épaisseur uniforme ; sur le premier segment, une bande chitineuse interrompue sur la ligne médiane par un sillon incolore ; taches latérales trans- verses, laissant libre le tiers médian. Couleur générale rouge brunâtre. — Longueur du mâle : l™™,0o ; de la fe- .^ melle: 1"™,3. \ ^T^^Cr^ ^^'^ ^^^ Canards. On en trouve sur les Oies une variété dont Burmeistec faisait une espèce à part, sous le nom de Docophore brûlé {D. adiistus). Fig. S87. — Docnphorus ic"',4 ; de la femelle : 2°"", 2. Sur le Pigeon domestique. — Cette espèce est probablement identique au M. (jigantcum Deniiy, du Colombin {Columba œnas L.). Ménopon pâle {M. pallidum [Nitzsch]. — Syn. : Nirinus trvjonocephalus Olfers. — Priorité : M. trigonocephalum). — Tète légèrement angulaire en avant, et un peu en croissant, les tempes étant déjetées ; sinus orbital en partie occupé par l'œil ; tempe courte et arrondie avec quatre soies et quelques poils ; antennes à 2"= article sans appen- dice. Thorax égal à la tête chez le mâle, plus long chez la femelle ; métathorax arrondi sur l'ab- domen ; les taches médianes manquant au ster- num. Abdomen ovale allongé, plus long et plus étroit chez le mâle, avec une seule série de soies sur chaque segment ; le huitième segment de même longueur que les précédents. Jaune sale ; taches de l'abdomen fauve clair. — Longueur du mâle: 1™ ,8 à l'a™,9 ; de la femelle : l""",?^. r- ^.^ rig. 590. — Menopon pallidum. Sur la Poule. femelle, de la Poule, grossi 20 fois (Orig.). Ménopon bisérié [M. biseriatum Piaget). — Diffère de l'espèce précédente par ses dimensions plus considérables, sa tête parabolique en avant, sa tempe à cinq soies, le thorax plus long que la tète dan? les deux sexes, la présence de deux séries de soies sur chaque segment de l'abdomen, et le huitième segment abdominal plus long que les autres, à côtés presque parallèles. — Longueur du mâle : 2™", 95 à 3™", 3; de la femelle: 2°"", 75 à 3™", 22. Sur la Poule, le Faisan et le Dindon. Neumann l'a trouvé aussi sur le Pigeon. — C'est probablement le même que M. strainineiim Nitzsch et sur- tout Pediculus meleagridis Panzer, du Dindon. Ménopon allongé (M. productum Piaget). — Très voisin aussi du M. pal- lidum, mais offrant des tempes moins excavées, avec deux soies longues et deux plus courtes. Sternum avec deux lâches médianes linéaires. L'abdomen, un peu plus développé chez la femelle que chez le mâle, est à côtés presque parallèles; le neuvième segment, chez la femelle, est très allongé et rétréci; chez le mâle, il est court, en ogive renversée. — Longueur du mâle : 1™°>,5; de la femelle: l'"™,8. Sur le Faisan. — Il n'est pas absolument certain que celte espèce soit la même que M.fulvomaculalum Denny, rencontré aussi surle Phasianus colchicus. 848 ARTHROPODES. Ménopon à bouche noirâtre {M. ph3eostomumMtzsch).— 'îète allongée, rétrécie et arrondie en avant, à sinus orbital distinct ; tempe étroite et déjetée, avec quatre soies et quelques poils : pas d'appendice au deuxième article des antennes. Thorax plus long que la tète. Abdomen elliptique chez le mâle, ovale allongé et plus développé chez la femelle, à angles saillants, mais arrondis, avec une seule série de soies sur chaque anneau; neuvième sef'ment allongé et arrondi chez le mâle, parabolique chez la femelle. Teinte générale jaunâtre, plus claire chez le mâle ; lâches fauves. — Longueur du mâle : 1"°',6 ; de la femelle : i"^"",^ à l^^,lo. Sur le Paon. Ménopon de la pintade (M. numidœ Giebel). — Espèce encore peu connue, voisine de M. phxostomum. Sinus distincts. Prothorax avec trois pi- quants à l'angle ; métathorax large, trapéziforme. Abdomen large, avec des taches latérales. — Longueur : 1™™,08. Sur la Pintade. Ménopon obscur [M. o5scurMJ?i Piaget). — Tête en croissant, sans sinus orbital; tempe large, déjetée, avec deux soies longues et deux courtes. Thorax à peine plus long que la tête chez le mâle, beaucoup plus long chez la femelle ; au sternum, la première tache seule est distincte. Abdomen à angles saillants, avec une série de soies sur chaque segment; bandes latérales foncées, sans appendice. Fauve foncé. — Longueur du mâle : 1"™,5; de la femelle : d™™,55. Sur le Canard domestique (Neumann). Ménopon étranger {M. extrancum Piaget). — Tête en croissant, plus longue et plus étroite chez le mâle, sans sinus orbital ; tempe arrondie, avec trois longues et trois courtes soies. Thorax plus long que la tête, surtout chez le mâle ; les trois taches existent à la face sternale. Abdomen ovale, à angles peu saillants ; sur chaque segment, une série de soies espacées et ca- duques ; bandes latérales noirâtres, sans appendice. Tète et taches de l'abdo- men fauves ; thorax plus pâle ; bandes noirâtres. — Longueur du mâle : 1™™,7; de la femelle : 2 millimèlres. Piaget a trouvé deux fois ce Ricin sur le Cobaye, et chaque fois en grand nombre. Pathologie. — Les troubles provoqués par la présence des Pédicu- lines à la surface de la peau reçoivent \er\om. àe, pédiculo se on phtiriase (yôeipt'afftc, de cpOeip, Pou). Nous avons étudié en détail les diverses formes de pédiculose sévissant sur l'Homme ; il nous reste à jeter un coup d'œil d'ensemble sur la phtiriase des animaux domestiques. Le premier symptôme par lequel se manifeste généralement cette affection est un prurit d'intensité variable, en rapport avec l'espèce et le nombre des parasites. On conçoit que les Hématopinus, dont le rostre est conformé pour piquer, tiennent à cet égard le premier rang : on les trouve d'ailleurs au contact de la peau, dans laquelle ils enfon- cent leur suçoir, en se tenant fixés à la base des poils au moyen des griffes qui terminent leurs pattes. Les Ricins, au contraire, ne se INSECTES, — HÉMIPTÈRES. 849 servent ordinairement de leurs pièces buccales que pour diviser l'épiderme et sucer le produit des sécrétions cutanées; on les trouve attachés aux poils, soit par les griffes de leurs tarses, soit par leurs mandibules en forme de tenailles dentées. Sous l'influence des grattages, le poil ou le plumage devient terne, piqué, hérissé, puis souvent tombe par places. Si l'on examine atten- tivement les points où se manifeste le prurit, on arrive sans difficulté à reconnaître la présence des parasites, de leurs dépouilles ou de leurs lentes. Ils se tiennent de préférence dans les régions supérieures du corps et dans les points où la peau est mince, souple ou protégée par de longs poils. — Souvent aussi on peut constater, au bout d'un temps variable, l'existence de petites plaies ou excoriations, de croûtes et en somme de lésions secondaires diverses. Quant aux lésions primi- tives, elles consistent tout au plus en des traces de piqûres, mais elles ne paraissent jamais comporter lés papules qu'ont indiquées certains auteurs. Si la cause persiste, les animaux, sans cesse tourmentés, finissent par maigrir et par tomber dans le marasme ; mais il est rare aujour- d'hui qu'on laisse le mal empirer à ce point. La cause déterminante unique de la phtiriase, il est à peine besoin de le dire, est la contagion, qui peut s'opérer suivant divers modes : soit par un contact direct, soit par l'intermédiaire des harnais ou des instruments de pansage, soit même par la simple cohabitation des animaux affectés avec des animaux sains. Dans la plupart des cas, il est nécessaire que ces animaux appar- tiennent à la même espèce : cependant, on sait que cette règle souffre quelques exceptions, puisque certains Poux sont communs à plusieurs hôtes. Kemmerer(l) aurait même constaté sur l'Homme la présence de Trichodectes (?) s'accompagnant de douleurs violentes. En dehors de ces cas exceptionnels, il peut arriver que, par suite de la promiscuité qui règne souvent parmi les animaux domestiques, et en particulier parmi les Oiseauxde basse-cour, une espèce parasite passe sur un hôte étranger; mais on reconnaît aisément ces déserteurs à leur petit nombre (ils sont ordinairement du même sexe, des femelles), à l'absence de leurs lentes, qui sont le témoignage de la reproduction, et surtout à l'absence d'individus a différents degrés de développement. Il est un certain nombre de conditions qui favorisent, soit la conta- gion, soit le développement des parasites. Telles sont la malpropreté et l'état d'affaiblissement de l'organisme, cet état tenant, soit à la mauvaise alimentation, soit au jeune âge ou à l'âge trop avancé des animaux, soit encore à l'excès de travail, à l'allaitement, aux maladies chronic|ues, etc. Enfin, sous l'influence de la stabulation perma- nente, la phtiriase tend à prendre une plus grande extension. Chez (1) Journal des connaissances mcdico-chirurgicales, 18j3. R.viLi,iET. — Zoologie. S4 850 ARTHROPODES. les bêtes bovines, aussi bien que chez les Moulons, elle s'aggrave toujours en hiver, tandis qu'elle diminue et semble même disparaître lorsque les animaux sont mis au pâturage. La prophylaxie de la phtiriase est des plus simples. Elle comporte ces indications essentielles : soustraire les animaux à la contagion et combattre les conditions favorables à l'extension du mal. Quant au traitement proprement dit, il doit consister à tuer les Poux, et tous les Poux, puisqu'on sait avec quelle rapidité ces Insectes se reproduisent. — On isolera d"abord les sujets affectés; on les pan- sera soigneusement hors de leur habitation ; on renouvellera leur litière à de courts intervalles ; on les tondra s'ils ont le poil trop long; enfin, pour les petits animaux tels que les Chiens, on aura recours aux bains, aux lavages, à la brosse et au peigne. — Ces soins pré- liminaires seront suivis de l'application locale de substances insec- ticides. Il ne faudra pas oublier d'ailleurs de renouveler celte appli- cation au bout d'une huitaine de jours, de manière à détruire les Poux éclos des lentes, lesquelles résistent souvent au traitement (elles résistent peu, dit-on, à l'action du vinaigre). Enfin, lorsque tout un groupe d'animaux est envahi, il importe de procéder à la désinfection des habitations. On a recours le plus sou- vent à l'eau bouillante et à l'eau de chaux. En ce qui a trait aux pou- laillers et pigeonniers, on recommande les fumigations de sulfure de carbone, ou mieux la projection de poussière de chaux vive ou de plâtre contre les murs et le plafond. Les Oiseaux sont également bien protégés contre la vermine par l'addition, au sable dans lequel ils se poudrent, de fleur de soufre ou d'autres substances insecticides. TROISIEME ORDRE LÉPIDOPTÈRES Insectes suceurs ; quatre ailes membraneuses revêtues de petites écailles ; métamorphoses complètes. La bouche des Lépidoptères ou Papillons est destinée à la succion : aussi les pièces buccales sont-elles profondément modifiées. L'or- gane le plus apparent est une trompe qui, au repos, est presque tou- jours roulée en spirale, ce qui l'a fait appeler spiritrompe. Elle est constituée par deux mâchoires très allongées et accolées, comme le démontrent les deux tubercules ou palpes rudimentaires situés à la base. Une très petite pièce membraneuse qui repose sur l'origine de la trompe représente le labre ; une autre pièce triangulaire, placée au- dessous, figure la lèvre inférieure et porte deux longs palpes latéraux. Les quatre ailes, membraneuses, sont recouvertes d'une poussière farineuse formée de poils raccourcis et élargis en écailles colorées et 1?\ trochanter. c, cuisse, j, jambe avec sa corbeille c. ta, tarse, dont le premier article ou pièce carrée pc mon- tre les rangées de poils constituant la brosse. INSECTES. — HYMÉNOPTÈRES. 867 peu abondant. Les femelles elles ouvrières sont pourvues d'un fort aiguillon, dont la piqûre est très douloureuse. B. 7nuscorum, B. hortoruin, B. tcrrestris. Les MÉLiPONiNÉs sont de petites Abeilles d'Amérique et d'Océanie, dont les femelles ne possèdent qu'un aiguillon tout à fait rudimentaire : elles se défondent à l'aide de leurs puissantes mandibules. Leur miel est souvent agréable, mais il peut être vénéneux. — Genres Mclipona, Tngona. Enfin, les apinés ou Abeilles proprement dites {Apis L.), qui, comme les Mélipones, ont les tibias postérieurs dépourvus des deux épines terminales signalées cbez les Bourdons, sont propres à l'ancien continent et représen- tent des Insectes mellifères par excellence. La femelle et les ouvrières sont munies d'un aiguillon. L'Abeille commune [A. jncllifica L.), que tout le monde Connaît, consti- tue pour nous un Insecte des plus précieux, puisque, en raison de l'état de semi-domesticité dans lequel elle s'entretient, nous pouvons exploiter la cire dont elle fait son nid et le miel qu'elle amasse pour sa progéniture. Aussi devons-nous consacrer quelques pages à l'étude de ses mœurs et de son éducation. A l'état sauvage, les Abeilles s'établissent dans les creux des arbres ou des rocbers ; quand elles sont domestiquées, on les loge dans des ruches dont la disposition est variable. Une bonne colonie peut comprendre 30 000 à bO 000 individus; la plupart sont des ouvrières ; il n'existe guère que 2 000 à 3 000 mâles dits Faux-Bourdons et une seule femelle sexuée, connue sous le nom de reine ou de mère. Les mâles sont plus gros que les ouvrières, moins longs que la reine. Ils se reconnaissent tout d'abord à leur grosse tète circulaire, portant des yeux contigus supérieurement. Leur languette est courte; ils n'ont ni aiguillon, ni corbeilles, ni brosses. Leur seul rôle est de féconder la femelle. La reine, un peu plus grosse et beaucoup plus longue que les ouvrières, est de teinte plus fauve ; elle n'a pas de corbeilles et ses brosses sont peu marquées ; ses ailes sont plus courtes que l'abdomen ; sa languette est fine et peu allongée ; enfin, elle possède un aiguillon très fort et courbé, dont elle ne se sert que contre ses rivales. Elle est uniquement chargée de la ponte. Quant aux ouvrières, qui sont d'un brun noirâtre, avec des poils cendré roussàtre clairsemés, elles ont l'appareil collecteur des pattes complet et des ailes antérieures dépassant l'abdomen. L'aiguillon est droit et moins fort que chez la reine. Ces ouvrières se partagent les travaux de la ruche : les unes remplissent les fonctions de récolteuses ; les autres, celles d'archi- tectes et de nourrices. Lorsqu'on examine une ruche, on y voit des rayons qui descendent verti- calement du sommet et sont d'ordinaire parallèles entre eux, séparés par des espaces libres, d'un centimètre environ. Ce sont des ouvrières qui coDstruisent ces rayons, avec la cire qu'elles sécrètent. Les rayons sont formés de deux couches de cellules hexagonales {alvéoles), adossées par le fond, de manière à économiser le plus possible et l'espace et les matériaux de construction. On distingue trois sortes d'alvéoles. Les plus petits con- tiennent, les uns du miel et du pollen, les autres des œufs ou des larves ARTHROPODES. {couvain) d'ouvrières : ces cellules, de beaucoup les plus nombreuses, occu- pent le centre de la ruche. D'autres alvéoles plus grands sont destinés à l'élevage des mâles. Eu(in, les cellules qui doivent donner des femelles, ou )itSI m^m Fig. 604. — Fiasiiient, de rayon, montrant à droite deux cellules royales, à gauche des points d'attaclie à base de propolis, et un orifice de communication entre les deux faces du rayon. cellules royales, en très petit nombre, très grandes et cupuliformes, sont généralement établies au bord des rayons. La reine et les ouvrières passent seules l'hiver, en se nourrissant du miel emmagasiné dans la ruche. Au retour du printemps, la reiiie se met à pondre. Or, elle peut à volonté déverser ou non du sperme sur les œufs, au moment de leur passage devant le réceptacle séminal. Les œufs nou fécon- dés donnent naissance, par parthénogenèse (arrhénotocie), à des Faux- Bourdons; ceux, au contraire, qui ont subi le contact du sperme, produisent des femelles. De plus, celles-ci restent incomplètes (ouvrières) ou deviennent sexuées (reines) sui- vant la grandeur de la cellule et la nature des aliments. Les larves éclosent au bout de quelques jours : les ouvriè- res leur apportent d'abord une bouillie composée de miel, de pollen et d'eau, et préalablement élaborée dans leur tube digestif; puis les larves d'ouvrières et de mâles ne reçoivent bientôt plus que du miel et du pollen en nature, tandis- que celles contenues dans les cellules royales sont toujours pour- vues d'une bouillie très nutritive et très abondante (pâtée royale). Dès que les larves sont parvenues à maturité, les ouvrières ferment leurs cellules au moyen d'un opercule de cire plus ou moins bombé, ce qui les distingue des cellules à miel, dont le couvercle est plat. Chaque larve se file alors une coque soyeuse et se transforme en nymphe. Enfin, vingt jours après réclu- sion, l'Insecte parfait (ouvrière) sort de la coque, ronge le couvercle avec ses mandibules et s'échappe. Pour les mâles, l'évolution totale est de vingt- quatre jours; pour les mères, de seize seulement. Fig. 603. — Apis mel lifica. — A, larve B, nymphe. INSECTES. — HYMÉNOPTÈRES. 869 Avant que l'une quelcon(iue de ces dernières ait achevé sa niélamorphose, la reine de la ruche quille Thabitation avec une partie des ouvrières et des Faux-Bourdons : c'est ce groupe émigrant qui constitue Vessaiin primaire. Il s'élève en tourbillonnant dans l'air et va d'ordinaire se suspendre en grappe à une brandie d'arbre. On le recueille dans une ruche renversée et enduite de miel, en secouant la branche; dès que la mère est tombée dans celte ruche, les ouvrières s'y amassent. (La loi française autorise le pro- priétaire d'un essaim à le rechercher partout où il s'est posé.) Peu après le départ de l'essaim, la première jeune mère qui a atteint son entier développement sort de sa cellule. Si la populatioti de la ruche est peu nombreuse, ou si le temps est froid et pluvieux, elle met à mort, sans opposition et en les perçant de son aiguillon, les rivales qui sortent des autres cellules royales ou qui sont sur le point d'en sortir. Si, par contre, les circonstances sont favorables à un nouvel essaimage, les ouvrières s'opposent à ces meurtres, mais retiennent captives les jeunes reines arrivées à Télat parfait et les nourrissent par un petit trou qu'elles percent de temps à aulre dans l'opercule. Au premier beau jour, la reine libre pari avec un groupe d'ouvrières : c'est Vessaiin secondaire. Il est rare qu'il se produise un essaim tertiaire. D'ailleurs, on cherche d'ordinaire à prévenir ces essaimages multiples, qui nuisent à la ruche en l'affaiblissant. Il peut arriver, au contraire, qu'une ruche perde accidentellement sa reine; en pareil cas, les ouvrières se hâtent d'agrandir une cellule contenant un œuf ou une larve d'ouvrière, et d'apporter à cette larve la pâtée royale : elles en font ainsi une reine ou mère de sauveté. La jeune mère établie dans une ruche doit être fécondée ; elle s'élève dans les airs suivie d'un certain nombre de mâles, et fait choix de l'un d'eux. L'accouplement dure à peine quelques minutes; il se termine par la mort de l'élu, suite d'un arrachement brusque du pénis, que la femelle garde dans son vagin pour le rapporter à la ruche : c'est le signe auquel les ouvrières constatent que la fécondation est opérée. Le sperme est emmagasiné pour le reste de la vie, soit quatre à cinq ans, dans le réservoir séminal. Lorsqu'il n'y a plus aucune tendance à l'essaimage, et que la reine est fécondée, les ouvrières entrent dans une sorte de fureur contre les mâles, qui ne sont plus désormais que des bouches inutiles; elles les pourchassent, les condamnent à mourir de faim, ou même les massacrent en les transper- çant de leur aiguillon. La vie de ces Faux-Bourdons n'est guère que de deux ou trois mois. Quant aux ouvrières, elles vivent environ six semaines en été, de telle sorte que la population de la ruche se renouvelle deux ou trois fois dans le cours de la Ijelle saison. Quarante-six heures après son retour, la reine commence à pondre, en parcourant une à une les cellules vides des rayons : les cellules des rangées supérieures renferment du miel et sont fermées. Dzierzon admet qu'une reine vigoureuse, dans des conditions favorables, est capable de pondre 3000 œufs par jour, soit près de 300 000 par an. En outre, il peut se trouver accidentellement, dans les ruches, de véritables ouvrières qui pondent des œufs mâles dans les cellules vides qu'elles rencontrent. Apiculture. — Nous ne pouvons qu'esquisser à grands traits les principes généraux sur lesquels repose la culture des Abeilles. L'enseignement des 870 ARTHROPODES. plus simples notions pratiques exigerait des développements dans lesquels il ne nous est pas permis d'entrer. Les ruches qui nous servent à entretenir les Abeilles en semi-domesticité sont d'ordinaire construites en paille, en osier ou en bois. On en distingue deux types : les ruches à rayons fixes et les ruches à rayons mobiles (1). — Les premières sont plus en rapport avec les conditions naturelles dans les- quelles vivent les Abeilles ; elles permettent en effet à celles-ci de construire leurs rayons verticaux comme il leur convient, en les suspendafit à une partie supérieure immobile. Les plus simples consistent en un panier en forme de cloche : elles ont de nombreux inconvénients, entre autres celui de rendre difficile la récolte du miel. On les a perfectionnées en y ajoutant une calotte ou des hausses, qui communiquent avec le corps principal de la ruche par un simple trou : les Abeilles, qui tendent toujours à construire dans les régions supérieures, établissent de nouveaux gâteaux dans la partie surajoutée, et l'on peut mettre à profit cette circonstance avantageuse, que ces gâteaux élevés sont précisément des réservoirs de miel. — Quant aux ruches mobiles, elles se composent de traverses ou cadres distincts, sur les- quels on oblige les Abeilles à construire leurs rayons, de façon à pouvoir enlever séparément chacun d'eux. On peut, de la sorte, récolter le miel en ne supprimant qu'une partie restreinte des gâteaux, ce qui économise aux Insectes tout le travail de la reconstruction. On arrive même à laisser ces gâteaux intacts par l'emploi d'un mello-extractew à iorce centrifuge, d'inven- tion assez récente. En somme, le système mobiliste sacrifie la production de la cire pour obtenir un miel plus abondant et plus choisi; il offre sur le système fixiste d'incontestables avantages, au premier rang desquels se place la faculté d'observer les travaux des Abeilles et de diriger la ruche en con- naissance de cause. L'emplacement qui reçoit les ruches porte le nom de rucher. Souvent il comporte un bâtiment léger, destiné à les garantir des intempéries. On recher- che, autant que possible, un endroit calme, à l'abri des grands vents et de l'humidité; la meilleure exposition est celle du sud-est. Quant aux soins à donner aux Abeilles, ils varient suivant l'époque de l'an- née et suivant une foule de circonstances ; nous n'avons pas à entrer dans ces détails, que la pratique seule peut enseigner d'une façon sérieuse. Nous dirons seulement quelques mots des maladies qui sévissent parfois dans les ruches et des ennemis qui peuvent s'y introduire. Une des affections les plus communes est la dysenterie, qui est toujours le résultat de l'hivernage; tantôt elle tient au renouvellement insuffisant de l'air de la ruche et à la viciation de cet air par l'humidité et l'acide carbonique ; tantôt elle est due à la mauvaise qualité du miel récolté ; elle est, en tout cas, plus fréquente parmi les colonies faibles. On y remédie en évitant de cal- feutrer les ruches en hiver, et en nourrissant les Abeilles, à la fin de cette saison, avec du sirop de sucre. La loque, ou x>ourriture du couvain, est une maladie beaucoup plus grave et très contagieuse ; elle est déterminée par une Bactérie mince, qui s'allonge souvent en filaments. « Les larves et nymphes atteintes de loque, dit M. Gi- rard, deviennent molles et de couleur café au lait, leur peau se déchirant au (1) M. Girard, Les Abeilles, organes et fonctions, éducation et produits, miel et cire. Paris, 1878. INSECTES. — HYMÉNOPTÈRES. 871 moindre effort; bientôt leurs corps sanieux et décomposes ne forment plus avec la cire qu'une masse brunâtre ressemblant à de la pulpe d'abricot pourri. •- C'est l'apiculteur lui-même qui, par des manipulations faites sans souis, transmet la maladie d'une ruche à l'autre. La prophylaxie a donc une base fort simple. Une fois le mal communiqué, on ne pourrait guère s'en rendre maître, d'après Saunier, que par le fer et le feu, appliqués dès le début à tous les points attaqués. Lortet recommande de distribuer aux Abeilles, dès le printemps, du sirop de surre contenant par litre 0 gr. 33 denaphtol p. Parmi les ennemis des Aboilles, les plus redoutables sont deux Microlepi- doptères de la famille dos Pyralidés, vulgairement appelés fausses Teignes de la cire. L'un, le plus nuisible, est dit grande Teigne {Galleria mellonella), à cause de sa taille; l'autre est la petite Teigne (Ac/irœa grisella). Ces papillons vont déposer leurs œufs sur les rayons, en évitant avec soin la piqûre des Abeilles ; leurs chenilles ne touchent pas au miel, mais dévorent la cire. Dans les colonies puissantes, les ouvrières tuent ces chenilles à mesure qu'elles éclo- sent ; aussi les ravages ne sont-ils jamais sérieux que dans les ruches faibles. Pour s'opposer à ces rava- ges, il est donc indiqué, après avoir enlevé les parties atteintes, de fortifier la colonie d'après les procédés qu'en- seigne la pratique (mariage). Le Sphinx Tête-de-mort [Acherontia Atropos) entre aussi dans les ruches, mais c'est pour se gorger de miel; son épaisse fourrure le protège contre les piqûres. Toutefois, il ne parait pas ordinairement bien dangereux. La Cétoine du chardon {Cetonia cardui) recherche également le miel; on a vu quelque- fois ces Insectes, en grand nombre, piller les ruches et en faire mourir de faim les habitants. Le Clairon des Abeilles {Cleriis apiariiis) est un Coléoptère qu'on regarde à tort comme un ennemi sérieux. Sa larve, connue sous le nom de Ver rouge, ne vit, d'après Hamet, que de miel altéré, de débris d'Abeilles et de larves; elle ne touche pas aux produits des ruches saines et n'établit guère son cocon que dans les rayons attaqués par l'humidité. Les Asiles, les Guêpes, les Frelons, le Philanthe apivore (fig 600) attaquent directement les Abeilles ; les Couleuvres, les Lézards, les Crapauds même, assure-t-on, les happent à l'entrée de la ruche, quand celle-ci est trop près de terre ; enfin, divers Oiseaux leur font aussi la chasse, notamment le Guê- pier commun {Merops apiaster) dans l'Europe méridionale, et les Mésanges [Parus) dans nos régions. Fi<^. fi06. — F'etite Teigne de la cire {Achrœa gri- sella). [•'ig. 607. — Grande Teigne de la cire (Galleria mel- lonella). Produits des Abeilles. — En butinant sur les végétaux, les Abeilles re- cueillent trois substances distinctes: le nectar, le pollen etla propolis. Cette dernière est employée directement; les autres subissent une élaboration dont le résultat est la production du miel et delà cire. 1° La propolis est une sorte de résine que les Abeilles vont récolter sur les bourgeons de divers arbres, tels que peupliers, saules, sapins, etc. Elles s'en servent pour obturer les fentes de la ruche, pour fixer les gâteaux aux parois 872 ARTHROPODES. et même pour enduire les cadavres des aninlaux (Limaces, Mulots, etc.) qui se sont introduits dans la ruche et qu'il serait trop difficile d'expulser. C'est une substance brune ou gris jaunâtre, d'odeur un peu aromatique, dure à froid, mais se ramollissant par la chaleur. On l'a quelquefois prescrile comme résolutive. 2" Le miel provient du nectar sécrété dans les fleurs par les organes spéciaux connus sous le nom de nectaires; il peut aussi tirer son ori- gine des exsudations sucrées qui se produisent à la surface de divers végétaux. Ces matières subissent une élaboration dans le jabot des Abeilles, qui les dégorgent ensuite dans leurs alvéoles, sous forme de miel, pour servir à leur nourriture ou à celle des larves. Dans la plupart des localités, on a coutume de récolter le miel vers la fin . de l'été ; quant au mode suivant lequel on procède à cette récolte, il varie suivant la constitution de la ruche. Lorsqu'il s'agit de ruches à rayons fixes, de beaucoup les plus communes en France, on détache les gâteaux et on les place sur des claies, disposées elles-mêmes au-dessus de vases convenables. Suivant les manipulations auxquelles on a recours, on obtient alors du miel de différentes qualités. — 1° Après avoir choisi les gâteaux récents, ne con- tenant que du miel sans pollen, on les expose simplement au soleil ou on les soumet à une chaleur très modérée, et on enlève les opercules à l'aide d'un couteau : le produit très pur qui s'écoule de la sorte est le miel vierge ou de première qualité, encore appelé miel blanc surfin. — 2° On bi'ise ensuite ces gâteaux, ainsi que ceux qui contiennent du miel mélangé de pollen, et on les soumet à une température un peu plus élevée : ainsi est obtenu le miel blanc, fin. — 3° Les marcs qui résultent de cette opération renferment encore du miel qu'on retire au moyen d'une presse : c'est le miel jaune ou ordinaire, qui contient toujours de la cire. — 4° Enfin, une dernière pression fournit le miel brun, plus ou moins chargé d'impuretés. — Lorsqu'on a recours aux extracteurs à force centrifuge, qui ne s'appliquent guère qu'aux rayons mo- biles, on évite tout à fait le mélange de cire, et on a l'avantage de ne recueillir que des miels surfin et fin. Le miel varie aussi de qualité suivant sa provenance. En thèse générale, celui qu'on récolte dans les régions chaudes et sèches ou sur les coteaux est supérieur à celui recueilli dans les conditions opposées. Mais l'élément dont l'influence se fait le plus directement sentir est représenté par les fleurs sur lesquelles vont butiner les Abeilles, et dont l'arôme se transmet au miel sans modifications sensibles. C'est ainsi que le miel du mont Hymette doit sa haute etantique renommée aux Labiées qui abondent sur cette montagne, ceux de Cuba et de Valence à la fleur d'oranger. En France, on distingue, quant à la provenance, quatre sortes principales de miel (M. Girard) : 1° le miel de Narbonne, assez compact, blanc, grenu, odorant, à saveur aromatique très prononcée; il se récolte dans tout le Roussillon ; son arôme est dû prin- cipalement au romarin. On place à peu près sur la même ligne le miel de Provence, dont l'odeur et la saveur, variables suivant la saison, sont encore plus marquées ; 2° le miel du Gdtinais, moins grenu, souvent moins blanc, moins aromatique que celui de Narbonne ; il provient du sud de Seine-et- Marne et d'une partie de l'Orléanais ; c'est sur le sainfoin et le trèfle qu'il est en grande partie recueilli ; 3° le miel de Normandie ou d'Argences, analogue INSECTES. — HYMÉNOPTÈRES. 87.3 aux précédents, presque exclusivement réservé pour la table et vendu on petits pots de grès dits « canettes » ; 4° le 7niel de Bretagne, rouge brunâtre, à odeur de pain d'épice, à saveur un peu acre; il doit sa médiocre qualité aux fleurs du sarrasin. Les miels de la Champagne et de diverses autres régions, recueillis sur la même plante, sont fréquemment vendus sous le même nom. Cette sorte est employée à la fabrication du pain d'épice; on en fait aussi usage dans la médecine des animaux. L'influence des fleurs sur le miel ne porte pas seulement sur Tarome ; les anciens avaient déjà reconnu que certaines plantes communiquent à ce produit des propriétés vénéneuses. Xénophon rapporte que les soldats de l'armée des Dix Mille, cantonnés dans la Colchide, y trouvè- rent de nombreuses ruches, et que tous ceux qui mangèrent du miel vomirent, furent purgés violemment et éprouvèrent une sorte de délire ; aucun d'eux, cependant, ne succomba. Tournefort et d'autres auteurs modernes ont attribué ces accidents aux fleurs VAzalea ponlica et même à celles du Rhododendron ponlicum. De nos jours, Barton a re- connu que le miel récollé en Pensylvanie sur des plantes de la même famille, telles que des A'almia et des Andromeda^ occasionne des maux d'estomac, des vomissements, des convulsions, et que ces accidents peuvent être mortels. Haller et Seringe rapportent aussi des cas graves d'empoisonnement observés dans les Alpes et dus à l'ingestion du miel recueilli sur les Aconitum Napellus et Lycoctonum. Notons d'ailleurs que le miel produit par les Bourdons et les autres Mellifères peut être à l'occasion aussi dangereux que celui des Abeilles. Le miel est un mélange, en proportions variables, de plusieurs composés organiijues définis, étendus d'eau. Ou y trouve d'abord des matières sucrées : du glucose déviant à droite le plan de polarisation et cristallisant en petits grains blancs agglomérés qui forment les granulations du miel ; delà mellosc, lévogyre, liquide et incristallisable ; une petite quantité de saccharose, (\\i\ disparait même à mesure que le miel vieillit ; enfin, une certaine proportion de mannite. Déplus, le miel contient un acide libre, une substance coloiante jaune, des principes aromatiques et des matières azotées, lesquelles pro- viennent sans doute du pollen. Avec quelque soin, on peut conserver le miel pendant plusieurs années ; il suffit pour cela de l'enfermer dans des barils ou de le tenir dans des vases déterre, qu'on place dans un endroit frais, mais à l'abri de l'humidité; sans ces précautions, il serait exposé à fermenler et à aigrir. On doit éviter sur- tout le transvasement, caries altérations sont beaucoup plus rapides lors- qu'on a détruit l'arrangement pris par les molécules. Uu bon miel doit posséder une odeur suave et aromatique, une saveur douce et sucrée, et être solubie en totalité dans l'eau. En France, on recher- che plus particulièrement les miels solides, grenus et blancs. Mais il ne faut pas oublier que diverses fraudes ont pour but d'obtenir une apparence de bonne qualité. C'est ainsi qu'on y ajoute de l'amidon, de la farine, de la craie, etc. L'insolubilité de ces substances décèle leur présence. L'addition de glucose solidifié est plus commune encore ; le glucose est solubie dans 874 ARTHROPODES. l'eau; mais l'alcool Irouble la solution, et liodure ioduré de potassium le colore en violet. Une fraude moins grave consiste à verser du miel commun sur des branches de romarin, pour lui donner l'arôme du miel de Narbonne; on la reconnaît d'ordinaire à la présence de feuilles ou de fragments qui se sont détachés. Le miel est souvent employé en médecine. A dose faible, on s'en sert comme émoUient ou comme édulcorant; à haute dose, il devient laxatif, surtout s'il s'agit de miel commun : on l'administre de préfé- rence en lavements. Il sert de base aux mellites et aux oxymellites ; de plus, il entre à titre d'excipient dans des préparations très diverses. Délayé dans cinq fois son poids d'eau et mis en fermentation, il donne V hydromel vineux, boisson autrefois très recherchée et employée encore de nos jours par quelques peuples du Nord. 3° La cire est la substance grasse complexe qui forme les rayons. Elle s'accumule sur les parties latérales de la moitié antérieure [aire civière) des quatre derniers arceaux ventraux de l'abdomen. Elle est sécrétée, non par des glandes intra-abdominales, comme on l'a pré- tendu, mais par des cellules glandulaires [cellules cii^ières) étalées en une membrane spéciale [membrane cirière) de nature épithéliale, sous- cuticulaire. Elle traverse la cuticule et se dépose à sa surface en lamelles incolores, recouvertes par la moitié postérieure de l'arceau précédent. Prise en ces points, la cire est toujours fragile; l'ouvrière l'enlève à l'aide de la pince tibio-tarsienne des pattes postérieures, puis, avec les crochets des tarses antérieurs, la porte entre ses mandi- bules, la pétrit, l'imprègne de salive et la rend malléable. La cire provient du miel absorbé par les Abeilles et transformé en matière grasse dans leur organisme. Huber, le premier, démontra que des Abeilles nourries exclusivement de miel ou de sucre continuaient à construire leurs rayons, tandis que chez celles qui recevaient seulement du pollen, la sécré- tion ne tardait pas à cesser. Toutefois, on pouvait supposer que la cire était formée aux dépens de la graisse contenue dans le miel alimentaire ou em- magasinée dans le corps; Dumas et Milne Edwards reprirent l'expérience en dosant au préalable les matières grasses contenues en moyenne dans le corps des ouvrières d'un essaim séquestré, qui fut nourri de miel dont la matière grasse était également dosée. Ils reconnurent alors que le poids de la cire produite et des matières grasses restant dans le corps à la fin de l'expérience était notablement supérieur au poids obtenu dans le dosage primitif. La cire était donc produite aux dépens du miel absorbé. Pour préparer la cire, on fait fondre dans l'eau le marc qui résulte de la dernière pression du miel ; la plupart des impuretés tombent au fond, tandis que la cire surnage. Après une seconde fusion, on l'exprime à travers un sac en toile forte et on la verse dans des moules : c'est ainsi qu'on obtient des pains de cire jaune. Pour la décolorer, on l'aplatit en rubans ou on la fait fondre pour la ver- ser sur un cylindre de bois qui se meut horizontalement dans l'eau et la ré- INSECTES. — HYMÉNOPTÈRES. 875 duit en griimeaiix. On dispose les rubans et les grumeaux en couche mince sur des toiles étendues dans les prés ; sous l'influence de l'ozone, la matii-re colorante se détruit peu à peu. Comme ce procédé est trop long, on lui subs- titue souvent le blanchiment au chlore. La cire décolorée est dite cire blan- che ou vierge. On y ajoute d'ordinaire un peu de suif pour lui rendre le liant qu'elle a perdu, et on la coule en petites plaques rondes. Elle est solide, opa- que, cassante, et fond vers 60°. La cire est insoluble dans l'eau, soluble dans les huiles grasses, labenzine, l'essence de térébenthine, le sulfure de carbone. En la traitant par l'alcool bouillant, on y reconnaît la présence de trois principes immédiats. L'un est la mijririne ou palmitatc de myricUc, éther composé qui reste à peu près inso- luble. Un autre cristallise en petites aiguilles par le refroidissement : c'est la cérine ou acide cérutiqite. Le troisième est la Cf^ro/eine, qui reste dissoute. Quant à la matière colorante de la cire jaune, elle est peu connue. La cire subit de nombreuses falsifications. On l'additionne surtout de suif, d'acide sléarique, de paraffine, de résines, et de matières inertes telles que sciure de bois, plâtre, kaolin, farine, fécule. Ces dernières substances se re- connaissent à leur insolubilité dans la benzine, qui dissout la cire. Les subs- tances résineuses, telles que la colophane ou la poix de Bourgogne, se dis- solvent dans l'alcool froid et peuvent se séparer ensuite par évaporation. La paraffine se découvre à l'aide de l'acide sulfurique fumant et chaud : celui- ci carbonise la cire sans attaquer la paraffine, qui surnage. Pour déceler l'a- cide stéarique, on réduit la cire en grumeaux et on traite par l'eau de chaux, qui donne un trouble granuleux de stéarate de chaux. Le suif, lorsqu'il est en proportion un peu considérable, dénonce sa présence par son odeur, sa saveur et la facilité avec laquelle la cire se réduit en grumeaux adhérents aux doigts, quand on la malaxe. Quant aux cires végétales ou minérales, elles se distinguent par leur densité et leur point de fusion différents; toute- fois, on fabrique depuis quelque temps des mélanges de cire d'Abeilles, de cire minérale et de stéarine dans lesquels cette diiïérence est effacée, de telle sorte que la fraude est assez difficile à déceler. La cire forme la base des cérats : elle entre aussi dans la composi- tion d'une foule d'onguents ou d'emplâtres, de la toile de mai ou sparadrap de cire, des bougies employées pour la dilatation de l'urè- tre, etc. Piqûre des Abeilles. — Comme la plupart des Hyménoptères supé- rieurs, les Abeilles sont pourvues d'un appareil venimeux etvulnérant, qui leur sert presque toujours à se défendre, rarement à attaquer. Cet appareil se compose de plusieurs parties : les organes vénénifiques et leur réservoir, l'aiguillon chargé d'inoculer le venin, et les muscles qui mettent cet aiguillon en mouvement. Les organes sécréteurs consistent en deux glandes distinctes : l'une dite glande acide, l'autre appelée glande alcaline. La glande acide, connue depuis longtemps, est représentée par un tube bifurqué situé au voisinage du rectum et aboutissant à un réservoir pyriforme {vési- cule) ; l'extrémité postérieure de ce réservoir s'atténue en un court 876 ARTHROPODES. canal aboutissant à l'aiguillon. Le produit de sécrétion n'est autre que de l'acide formique concentré. La glande alcaline consiste en un simple cul-de-sac qui va également déboucher à la base de l'aiguillon. Carlet a établi que le venin résultant du mélange des liquides sécrétés par ces deux glandes est toujours acide, et que chacun de ces liquides pris isolément est incapable de produire les accidents ordinaires, et en particulier d'amener la mort des Insectes auxquels on l'inocule (1). L'aiguillon est formé par des appendices du neuvième anneau de l'abdomen. De la région sternale de cet anneau émanent deux valves en gouttière, soudées à leur bord inférieur, juxtaposées à leur bord supérieur et constituant un étui aigu et résistant : c'est le gorgei^et. Quant à la partie dorsale, elle fournit deux sty- lets grêles, très aigus, munis vers leur extrémité libre et en dehors de dix fines pointes rabattues en avant, et creusés en canal à leur face interne ; ces stylets forment par leur accolement un dard acéré et canaliculé qui glisse dans le gorgeret et dans lequel coule le venin. Contrairement à ce qui s'observe chez les Vespidés, la vésicule du venin n'est pas contractile; Carlet a fait voir qu'elle se vide grâce à une disposition spéciale de l'aiguillon. Les stylets, en effet, présentent à leur base une pièce appendiculaire qui fonc- tionne à la façon d'un piston, chassant le li- quide à mesure que le stylet descend dans le corps de pompe représenté par le gorgeret. L'appareil vulnérant fonctionne donc à la fois comme un trocart et comme une seringue aspi- rante et foulante. Le gorgeret se montre tou- Fig. 608. —Appareil venimeux jours plus OU moins saiUaut à la poiutc de l'ab- de l'Abeille, d'après Carlet. , • i i i , ,. , , , u- , . • . domen, mais le dard est retracte a 1 intérieur et ne sort qu'au gré de l'Insecte ; le plus souvent, d'ailleurs, les deux stylets se meuvent alterna- tivement. Lorsqu'une Abeille veut piquer, elle fait saillir à la fois les stylets et le gorgeret : les premiers s'enfoncent dans la peau comme le poinçon d'un trocart, et frayent la voie au gorgeret. Si c'est un Insecte qu'a attaqué l'Abeille, la plaie produite dans le tégument chitineux reste béante, et l'aiguillon en sort sans difficulté. S'agit-il, au contraire, d'un animal supérieur ou de l'Homme, la peau élastique se resserre au contact de l'aiguillon, que ses pointes barbelées retiennent souvent dans la plaie, et qui est arraché du corps de l'Abeille quand celle-ci (1) D'après Bordas, ces deux glandes existent chez tous les Porte-aiguillon ; souvent même on en observe une troisième, très réduite. — ac, glande acide. 6,6, ses deux brandies. V, sa vésicule, e, son canal excréteur, al. glande alcaline. G, gorgeret. INSECTES. — HYMÉNOPTÈRES. 877 veut fuir : une pareille mutilation entraîne la mort de rinsecte. Les accidents que détermine la piqûre sont naturellement le résultat du dépôt dans la plaie d'une certaine quantité de venin; néanmoins, l'irritation est plus accusée quand l'aiguillon est resté dans la plaie. Mais, d'une manière générale, la piqûre des Abeilles est moins doulou- reuse et moins dangereuse que celle des Guêpes et surtout des Frelons. Inutile d'ajouter que les troubles sont d'autant plus sérieux que les piqûres sont plus nombreuses. Delpech (1) distingue trois degrés dans les accidents consécutifs aux pi- qûres d'Abeilles. 1° Dans les cas bénins, on constate simplement une dou- leur aiguë, une tuméfaction locale, surtout accusée si la piqûre a eu lieu sur la face, et parfois même, chez les enfants, des nausées, un léger mouvement fébrile, une éruption d'urticaire, quelques ecchymoses cutanées. 2° Dans les cas intenses, les symptômes, d'abord analogues à ceux des accidents légers, ne tardent pas à devenir menaçants et prennent d'ordinaire la forme synco- pale : on observe une faiblesse profonde, des vertiges, des nausées, de l'anxiété épigaslrique ou précordiale, le refroidissement des extrémités, des sueurs visqueuses et froides, une céphalalgie insupportable, souvent de l'urti- caire, des picotements intenses à la surface cutanée, etc. Toutefois, ces symp- tômes peuvent s'amender en peu de temps, parfois même au bout de quel- ques heures seulement. 3° Mais, dans d'autres circonstances, ils s'exagèrent avec plus de rapidité encore, et aboutissent à une terminaison fatale. La mort peut être le résultat d'un œdème des premières voies respiratoires, consécutif à une piqûre de l'arrière-gorge ; ou bien elle paraît due à l'action toxique du venin introduit dans la circulation : presque toujours, dans ce der- nier cas, la mort survient au bout d'une demi-heure. Les grands animaux, tels que le Cheval, ne résistent guère plus longtemps à des piqûres multiples; on trouve à l'autopsie des lésions analogues à celles d'un empoisonnement septique (Clichy). Heureusement, des accidents aussi graves sont très rares, et le trai- tement des piqûres d'Abeilles est en général fort simple ; il est même beaucoup de personnes qui le négligent tout à fait. Lorsque l'aiguillon est resté engagé dans la plaie, il convient tout d'abord de l'extraire avec précaution, et même d'exciser au préalable le réservoir à venin, s'il y est resté adhérent. On a recours ensuite à des lotions d'eau fraîche, d'ammoniaque étendue ou d'eau blanche, avec addition de quelques gouttes de laudanum si la douleur est intense. On a quelquefois utilisé la piqûre des Abeilles ou des Guêpes dans un but thérapeutique (révulsion). Eu dehors de l'Abeille commune du nord [Apismcllifica L.), qui a été trans- portée dans l'Europe méridionale, l'Asie Mineure, l'Algérie et l'Amérique tempérée, on connaît une dizaine d'autres espèces du même genre. Parmi les principales, nous pouvons signaler : l'Abeille italienne ou ligurienne {A. (1) Delpech, Les dépôts de ruches d'Abeilles. Annales d'hygiène publique, (3), III, p. 21)9, 1880. 878 ARTHROPODES. ligustica Spin.), de TEurope méridionale; l'Abeille fasciée (A. f asciat a La.tv.], de l'Egypte ; l'Abeille unicolore (A. unicolor Latr.), de Madagascar, trans- portée à l'ile Maurice, à la Réunion et aux Canaries ; etc. CINQUIÈME ORDRE NÉVROPTÈRES Insectes broyeurs, à pièces buccales parfois rudimenlaires ; quatre ailes membraneuses ; métamorphoses complètes ou incomplètes. Les Névroplères ont les pièces buccales disposées pour broyer, mais ils deviennent parfois suceurs par suite de l'atrophie partielle de ces organes. La lèvre inférieure n'est pas fendue. Le prothorax est distinct. Les ailes antérieures et postérieures sont sem- blables, membraneuses et réticulées, c'est-à-dire parcourues par de nom- breuses nervules transversales (veùscv, nerf ; TîTspoy, aile) ; elles sont le plus souvent velues ou écailleuses. Les tarses sont à 5 articles. Larves vermiformes ; nymphes immo- biles. Latreille a divisé cet ordre en deux sections : A. Planipennes. — Ailes non écailleu- ses, parfois poilues sur les nervures, ne se repliant jamais. — Genres Sialis, He- merobius,Chrysopa,Myrmeleo,Panorpa, etc. Le Fourmilion [Myrineleo formicarius) est bien connu par la façon curieuse dont la larve fait tomber les Fourmis et autres proies dans son entonnoir de sable. Les larves des Hémérobiinés, ou Demoiselles terrestres, dévorent les Pucerons. Celle du Chrysopa vulgaris ou perla, en parti- culier, mérite le nom de Lion des Puce- rons que lui a donné Réaumur. Fig. C09. — Glu-ysopa viilgairo : Insecte par- fait, larve (Lion des Fucerons) et œufs. B. Plicipennes. — Ailes couvertes d'écaillés ou de poils, les postérieures se plissant dans le sens de leur longueur. — Les larves sont aquatiques. Celles des Phryganes s'entourent, à la façon des Teignes, d'un petit fourreau composé de grains de sable, de coquilles, de fragments de bois ou d'herbes, qu'elles traînent partout avec elles. SIXIÈME ORDRE PSEUDO NÉVROPTÈRES Insectes ordinairement broyeurs; quatre ailes membraneuses ; méta- morphoses incomplètes. INSECTES. — PSEUDO-NÉVROPTÈRES. 879 Ces Insectes se rattachent aux Névroptères par leurs ailes, et aux Ortho- ptères par leurs métamorphoses. Leurs organes buccaux sont disposés pour broyer, plus rarement pour sucer; la lèvre inférieure offre deux moitiés distinctes. Le prothorax est libre. Les ailes des deux paires sont membraneuses et nues, réticulées. Les larves et nymphes sont agiles, ne différ mt que très peu de l'Insecle parfait ; des rudiments d'ailes apparaissent avant la pénultième mue, et grandissent aux deux mues suivantes. 4 sections ou sous-ordres. A. Les Thysanoptères (ôjoavo;, frange ; irTepo'v, aile), encore appelés Physo- podes ou C[/slipèdes, ont le corps allongé, les pièces buccales disposées pour la succion, les ailes en forme de lanières ciliées, et les tarses biarticulés ter- minés par des pelotes en forme de ventouses. — Le Thrips des céréales {Thrips cerealium Kirby) suce les feuilles ou les épis du seigle et du froment, et fait souvent avorter un grand nombre de grains. B. Les Corrodants ont de fortes mandibules dentelées et de grandes ailes nues ; leurs larves sont terrestres. — A ce groupe appartiennent les Termites ou Fourmis blanches, qui vivent en colonies nombreuses, formées de plu- sieurs sortes d'individus : sexués, ouvriers et soldats. Le Termite lucifuge {Tennis lucifui/us) abonde dans le sud-ouest de la France, où il cause quel- quefois de grands dégâts, en creusant des galeries dans les bois de charpente; l'extérieur est toujours respecté, de sorte qu'une maison peut s'effondrer sans qu'on en soit prévenu. Les arbres eux-mêmes sont parfois minés jus- qu'aux branches. La famille des Psocidcsse compose d'Insectes dont les ailes sont tantôt nulles, tantôt rudinientaires, tantôt bien développées. Les formes aptères reçoivent l'appellation vulgaire de Poux ; elles vivent souvent dans les maisons, où elles multiplient parfois à l'excès, dans les livres, les vieux papiers, les col- lections d'Insectes. Le Pou des livres ou des poussières [Troctes divinalorius) manque complètement d'ailes. Le Pou frappeur {Atropon pulsatona) a les ailes antérieures représentées par des écailles; malgré son nom, il ne produit aucun choc. Le Locataire [Cloth'dla inquilina) possède deux ailes rudinien- taires coriaces ; Virchow l'a vu envahir une maison au point d'y rendre le séjour intolérable et d'altérer gravement la santé des habitants. — C'est sans doute quelqu'une de ces espèces que Gay décrivait en 1878 comme un para- site du Cheval, sous le nom de Trichodectcs quadricornis. C. Les Amphibiotiques ne possèdent que des pièces buccales faibles ou même presque avortées. Ailes nues. Larves aquatiques, carnassières. — Ils comprennent les Perles [Perla] et les Éphémères [Ephemera). Celles-ci, comme leur nom l'indique, ne vivent qu'un temps très court à l'état adulte. Elles sont toujours aussi abondantes, dans le voisinage d'Alfort, qu'à l'époque de Réaumur. D. Enfin, les Odonates ont des mandibules et des mâchoires très fortes, des ailes nues, et leurs larves sont également aquatiques. — Les Demoiselles, comme on les désigne vulgairement, vivent dans le voisinage des eaux ; elles ARTHROPODES. sont carnassières, et, à ce titre, rendent de grands services à l'agriculture. Leurs larves elles-mêmes donnent la chasse aux Insectes ; à cet effet, elles sont pourvues d'un masque, appareil formé par la lèvre inférieure modifiée, qu'elles lancent avec rapidité sur leur proie, et qui agit à la façon d'une pince. Fig. 610. — Caloplerijx virgo. ~ Citons les Caloptéryx {Calopteryx, les Âgrions (Ag-rto), les iEschiies (.£s- ':hna), les Libellules [Libellula). SEPTIEME ORDRE ORTHOPTÈRES Insectes broyeurs ; ailes antérieures chitinisées, mais souples [iegmina ou pseudélij ires) ; ailes postérieures membraneuses, plissées en éventail; métamorphoses incomplètes. Le nom de l'ordre est tiré de la disposition des ailes postérieures, qui, re- pliées en éventail sous les antérieures, restent droites (ô;9oc, droit; 7:T£p5v,aile) sauf chez les Forficules. Les ailes antérieures sont un peu plus courtes et parcheminées. Certaines formes sont aptères. Le prothorax est libre. Les tarses ont de 3 à 5 articles. L'abdomen est terminé par des appendices de forme diverse. Les pièces buccales sont propres à broyer. Les mandibules sont puissantes ; le lobe externe de chaque mâchoire est très développé et recouvre le lobe interne à la façon d'un casque, ce qui lui a fait donner le nom de galea. La languette est formée de deux lobes internes étroits et de deux lobes externes plus épais, correspondant aux galea des mâchoires. Les larves sont agiles et ne se distinguent extérieurement des adultes que par l'absence d'ailes et un nombre moindre d'articles antennaires; il n'ap- paraît des rudiments d'ailes que dans l'intervalle des deux dernières mues. 2 sections : A. Les Coureurs ont les pattes, tout au moins les postérieures, simplement ambulatoires, c'est-à-dire propres à la marche ou à la course. % INSECTES. — ORTHOPTÈRES. 881 Ils comprennent d'abord les Forficiilcn ou Perce-oreilles, reconnaissables à. leurs forcipules, appendices en forme de pince qui terminent l'abdomen. Ces Insectes possèdent deux élytres courts, simplement ju.xtaposés sur la li"ne médiane, et deux ailes postérieures membraneuses deux fois repliées en travers pour se loger sous ces élytres. Contrairement à la croyance populaire, les Forficulos sont inoflensifs et incapables de perforer la membrane du tym()an. Ils peuvent cependant s'introduire dans les cavilés naturelles du corps de l'Homme. D'après De Geer, la femelle veille sur ses petits avec une sollicitude égale à celle que montrent les Poules pour leurs Poussins. — Une espèce de ce groupe {Anisolabi:> anmdipes Lucas) sert d'hôte intermédiaire à VHymenolepb diminuta (voy. p. 296). Les Blattes ou Cancrelats, Cafards, Mange-pain, etc., sont des Insectes nocturnes fort désagréables, qui abon- F's-«"--Pe-ce-oreiiie ~ ' ^ commun (rorficiUa dent dans les cuisines, dans les boulangeries et sur les auricuiaria). navires. Ils attaquent la plupart de nos denrées alimen- taires, auxquelles ils communiquent, en outre, une odeur repoussante. L'espèce la plus commune chez nous est la Blatte orientale {Periplanetaorientalis), qui sert d'hôte intermédiaire au Spiroptère ensanglanté (voy. p. 538). La Blatte américaine {Per. americana, vulgairement Kakerlac), est plus grande et plus rare ; d'après Vinson, elle produit sur les lèvres, en passant à leur surface pendant le sommeil, une éruption vésiculeuse particulière [herpès hlattse). La Blatte germanique [Phyllodromia germanica) est plus petite que les précé- dentes; nous l'avons vue envahir une maison des environs de Paris à un tel degré que le mouvement des pendules en était arrêté. B. Les Sauteurs ont les pattes postérieures fortes et conformées pour le saut. — 3 familles. Les AGRIDIDËS ou Criquets, que l'on confond à première vue avec les Sauterelles, se distinguent de celles-ci par leurs antennes, qui atteignent au plus la moitié de la longueur du corps; par leurs tarses à 3 articles; parla tarière des femelles, qui ne dépasse jamais l'extrémité de l'abdomen et se montre formée de deux doubles valves. Les mâles produisent un son en frot- tant leurs cuisses contre les nervures des élytres. Ces Insectes sont herbivores. Les femelles déposent, à la fin de l'été, leurs œufs agglutinés en amas par du mu- cus et des grains de sable (oothèque ou coque ovigère), soit sur les chaumes des Graminées, soit plus ordinairement dans la terre; après quoi, elles meu- rent. De nombreux Criquets sont sédentaires, et quelques-uns se multiplient beaucoup dans certaines années. D'autres ont des instincts migrateurs, et comme leur multiplication est souvent extraordinaire, ils changent de séjour à mesure que les régions primitivement occupées sont dévastées. Ceux-ci sont de beaucoup les plus dangereux. On les voit en général se diriger vers le nord. A l'état de larves, c'est-à-dire tant qu'ils sont aptères, ils mar- chent une grande partie du jour en longues colonnes, avec une rapidité remarquable, ravageant tout sur leur route. Quand ils sont adultes, ils s'élancent en vols immenses et serrés, qu'on a pu comparer à des nuages obscurcissant le soleil, et qui descendent à terre chaque soir. Ces nuées s'abattent sur les prairies comme sur les cultures, et souvent, après leur Railliet. — Zoologie. 56 882 ARTHROPODES. passage, toute trace de végétation a disparu. De plus, la ponte peut avoir lieu sur place, et les contrées envahies sont menacées pour la saison sui- vante. Enfin, l'accumulation des cadavres de ces Insectes développe des éma- nations pestilentielles, capables d'altérer la santé des habitants. Les invasions de Criquets constituent donc de véritables fléaux. On en constate de temps à autre dans l'Europe méridionale : la dernière qui ait été signalée en Pro- vence date de 1849. Mais c'est surtout en Algérie que ces Insectes se montrent redoutables. On estime que l'invasion de 1866, dans cette colonie, a occa- sionné une perte de .50 millions, et qu'il faut, en outre, lui imputer la famine de l'année suivante, pendant laquelle 200,000 indigènes sont morts de faim et de misère. Les populations des régions envahies par les Criquets font souvent usage de ces Insectes comme aliment, d'où la qualification d'acri- dophages qui leur est appliquée. Celte coutume est des plus anciennes, car déjà Moïse la recommandait aux Hébreux. Elle est encore répandue chez les Hottentots, les Boschimans,les Indiens de l'Amérique du Sud, et même dans le Sahara algérien. Les Arabes les font cuire dans l'eau salée, puis les laissent sécher au soleil ; ils en rassemblent d'énormes provisions, non seulement pour leur consommation personnelle, mais aussi pour les vendre sur les marchés de Tougourt, de ïemacin et des villages voisins. Kiinckel dit avoir pu se convaincre qu'ils constituent un mets très acceptable; le goût de Crevette que lui attribuent les voyageurs est assez prononcé. D'autre part, Roulin a vu, en Amérique, les Vaches, les Moutons, les Chèvres, les Porcs et les Poules se repaître de ces Insectes, de sorte que le lait, la viande de Porc et les œufs avaient un affreux fumet de musc, ou, selon l'expression des habitants du pays, puaient la Saute- relle [hedian a langosta). L'espèce la plus répandue en Europe est le Criquet rubané [CEdipoda fas- ciatia), qui offre plusieurs variétés caractérisées par la couleur des ailes postérieures. Ainsi, on trouve dans les environs de Paris le Cri- quet à ailes bleues et noires (var. cœrulescens) et le Criquet à ailes rouges (var. miniata). Le Criquet voyageur {Pachytylus migratorius) est une des plus grandes espèces émigrantes ; il a environ 6 centimètres de long et 11 centimètres d'envergure; sa co- loration est variable, mais en général le vert grisâtre domine à la face supé- rieure et le rouge clair à la face inférieure. L'accouplement a lieu vers la fin de l'été; il dure de douze à vingt-quatre heures, et sept jours après, la femelle dépose dans la terre un ou deux oothèques contenant chacun 60 à 100 œufs. L'éclosion a lieu au printemps suivant, et les larves subissent une série de Fig. 012. — Criiiuet voyageur. INSECTES. — ORTHOPTÈRES, 883 mues qui les amènent eu deux mois environ à l'état de nymphes (à moi- gnons d'ailes) et d'Insectes parfaits. Cette espèce habite principalement les îles basses et les rives de l'embouchure du Danube; c'est de là qu'émigrent ces essaims redoutables qui ont si souvent porté la ruine dans les provinces danubiennes, la Hongrie et la Russie méridionale. En Algérie, deux espèces surtout occasionnent des ravages : le Criquet pèlerin et le Criquet marocain. Le Criquet pèlerin {Scldslocerca peregrina) est long de 65 à 70 millimètres; sa teinte varie, à l'état adulte, à mesure qu'il avance en âge : d'abord rose, il passe successivement au rouge, au gris, à la teinte terre de Sienne et enfin au jaune. La pariade et l'accouplement commencent seulement quand la colo- ration est devenue terre de Sienne, et se renouvellent quand elle est arrivée au jaune; la ponte n'a lieu que deux mois après la mue définitive, soit trois mois et demi après l'éclosion des larves (Kûnckel). — Le Criquet pè- lerin n'est autre que la Sauterelle de la Bible. La région qu'il habite à titre permanent est le centre africain, probablement la région des grands lacs, certainement celle du Tchad; il séjourne d'une façon subpermanente dans l'immense contrée qui s'étend en arrière du Sahara jusqu'au Sénégal; enfin on ne le voit s'établir que temporairement dans le nord de l'Afrique, oii il ne peut guère se maintenir plus de deux années. En Algérie, il apparaît en vols immenses au mois d'avril ou de mai, et s'accouple peu après. Les coques ovigères que forment alors les femelles comprennent 80 à 90 œufs. Six semaines plus tard (parfois même trois ou deux semaines seulement), les jeunes éclosent, et continuent les ravages qu'avaient commencés leurs parents; ils acquièrent leurs ailes dans l'espace de 45 jours environ, et prennent alors leur essor pour aller porter au loin la dévastation. Les prin- cipales invasions de Pèlerins observées depuis la conquête de l'Algérie sont celles de 1845, 1866, 1874 et 1891. Le Criquet marocain [Stauronotus maroccanus) est beaucoup plus petit que le précédent : le niàle atteint seulement une longueur de 17 à 23 millimètres, la femelle de 20 à 33; sa teinte générale est roussàtre clair, relevée de taches lauves ; ses élytres sont testacés avec des taches et des marbrures éparses brunes ; ses ailes sont transparentes. La pariade et l'accouplement ont lieu en juin, et peu après les femelles se mettent à forer la terre pour y déposer leurs oothèques, qui contiennent 30 à 35 œufs. Neuf mois plus tard, a lieu l'éclosion. Les jeunes subissent cinq mues dans l'espace de six semaines; ils sont alors à l'état de nymphes. Après cinquante à cinquante-cinq jours, ils suspendent leur émigration et les nymphes se transforment en Insectes ailés, qui prennent leur essor. — Le Criquet marocain, le plus redoutable sans doute pour notre colonie, ne vient pas, comme le précédent, du centre africain; il vit d'une façon permanente sur la bordure du Sahara, jusque sur les Hauts-Plateaux, et apparaît temporairement (lors des périodes de grande sécheresse) dans le Tell, qu'il semble aujourd'hui envahir de plus en plus, ainsi qu'en témoignent les persévérantes observations de Kunckel. Son aire de distribution embrasse d'ailleurs toutes les régions montagneuses arides du bassin de la Méditerranée. Pour détruire les Criquets, il ne faut pas songer à s'attaquer aux individus ailés. On peut détruire les œufs en les enfouissant profondément par un labour effectué en temps convenable. Mais le plus souvent on poursuit et on 884 ARTHROPODES. écrase lesjeunes (larves et nymphes), ou mieux encore on les force à se diriger vers des fosses creusées à l'avance. Dans ce but, le vétérinaire militaire Durand a imaginé, en 1874, des barrages mobiles qu'il a perfectionnés peu à peu, et qui sont actuellement formés de bandes de cretonne de 80 à 85 cen- timètres de hauteur, surmontées d'une bande de toile cirée de 10 centimètres. On .surveille la direction des Criquets, et quelques jours avant leur arrivée, on installe ces barrages en avant des terrains à préserver, en laissant libre seulement un passage qui conduit à des fosses d'enfouissement. Ces barrages sont souvent désignés sous le nom d'appareils cypriotes, parce que, dès 1871, Mehemed Saïd Pacha, gouverneur de l'île de Chypre, avait mis en usage un procédé analogue; mais l'idée du système algérien n'en est pas moins per- sonnelle à Durand. Les LOCUSTIDÉS sont les véritables Sauterelles ou « Sauterelles à sabre ». Ce dernier nom leur vient de ce que, chez la femelle, l'abdomen est prolongé par une tarière ensiforme plus ou moins longue. Leurs antennes sont d'ordinaire plus longues que le corps; leurs tarses sont à quatre arti- cles. Les élytres du mâle et parfois même de la femelle portent à leur base un appareil stridulant distinct : le son est produit par une nervure dentée de l'élytre gauche qui frotte contre une région membraneuse, encadrée de nervures (miroir), de l'élytre droit. — Genres Locusta, Decticus, Ephippi- gera, etc. L'espèce typique est la grande Sauterelle verle [Locusta viridissima), qui se nourrit à la fois de plantes et d'Insectes. La Sauterelle verrucivore (Decticus verrucivorus) laisse couler, quand elle mord, un suc brun qu'on dit acre et corrosif, et qui passe, en Suède, pour avoir la propriété de détruire les verrues. Le Porte-selle de ]iéz\ers [Ephippigerabitteriensis], ou Cousi-cousi, ravage les vignes dans le Bas-Languedoc; mais il est aussi très Carnivore, et on se sert souvent de débris de boucherie pour l'attirer et le détruire. On l'aurait même vu ronger la joue d'un enfant au maillot déposé dans une vigne. Les GRYLLIDÉS ou Grillons ont le corps massif, les élytres courts, disposés à plat sur le dos et dépassés par les ailes postérieures; les femelles possèdent un long oviscapte. — Le Grillon des champs [GrxjUus campestris L.) habite les prairies et se creuse des galeries dans la terre. Le Grillon domes- tique ou Cri-Cri (G. domesticus L.) vit dans les maisons; il s'abrite dans les crevasses des murailles, et de préférence au voisinage des endroits chauds. Fig. 613 — Courtilière des jardins. — La Courtilière ou Taupe-Grillon {GryllofaJpa vulgaris Latr.) (fig. 613) est un des plus dangereux destructeurs de nos jardins. Avec ses pattes anté- rieures fouisseuses, elle creuse dans le sol des galeries peu profondes, ayant INSECTES. — STREPSIPTÈRES. 885 quelque analogie avec celles de la Taupe. C'est une bête vorace, qui attaque les Vers blancs et d'aulres I&rves nuisibles, voire celles de sa propre espèce; elle cause néanmoins beaucoup de dégâts, car non seulement elle ronge les racines, mais elle déchausse aussi les plantes en creusant ses chemins de chasse. On la détruit en enlevant les nids, ou bien en introduisant un peu d'huile grasse dans sa galerie ; on y verse ensuite de Teau en grande quantité : l'Insecte cherche à fuir et vient périr sur le sol, asphyxié par l'huile qui obstrue ses stigmates (Vogt). ANNEXE TIIYSANOURES On peut, avec Burmeister, rapprocher des Orthoptères ces Insectes aptères et broyeurs, sans métamorphoses, qui ont l'abdomen terminé par des appen- dices sétiformes (Oûaavc;, frange ; cùpoé, queue). Ce sont eux sans doute qui représentent le type le plus primitif des Insectes. Leurs représentants les plus connus sont les Lépismes et les Podures. Les Lépismes ont le corps allongé, couvert d'écaillés, et l'abdomen terminé par trois soies. Le Lépisme du sucre {Le- pisma sacchar'una) ou petit Poisson d'argent, habite dans nos armoires et attaque les sub- stances sucrées, les papiers, les tissus. Les Podures ont le corps ramassé, terminé par un appendice bifurqué qui se replie sous l'abdomen et leur permet de sauter avec agilité. Mégnin a signalé, sous le nom de Podurhippuii pityriasicus, une forme insuffisamment caractérisée, qu'il a trouvée en abondance dans des croûtes recueillies sur la peau d'un Cheval, mais qui se trouvait là sans doute d'une façon tout accidentelle. 614. — Podura villosa. ANNEXE II STREPSIPTÈRES Aussi bien que le précédent, ce petit groupe pourrait constituer un ordre spécial, voisin des Coléoptères. Les Strepsiptères (oTp='(J;iç, enroule- ment; Tîxepdv, aile) ou Rhipiptères (piTtî?, éventail), qui possèdent des pièces buc- cales très réduites, offrent un dinior- phisrae sexuel très accusé. Les mâles ont de petits élytres atrophiés, souvent même recroquevillés après la mort, et des ailes postérieures membraneuses, très grandes, se repliant en éventail. Les femelles sont aptères, apodes et aveugles. Les larves ont trois paires de pattes bien conformées. — Les Rhipiptères sont parasites des Hyménoptères porte-aiguillons. Les larves se fixent dans le corps des larves de Guêpes, par exemple, et suivent à peu Fig. 615. — Stylops 5/)ence!, fortement grossi, d'après Wcstwood. 886 ARTHROPODES. près la même évolution que leur hôte. Les femelles restent parasites sur place, passant leur tête au dehors, entre deux segments de l'abdomen. Les mâles sont libres, mais vivent peu de temps. — Genres Xcnos, Stylops. HUITIÈME ORDRE COLÉOPTÈRES ^^ Insectes broyeurs,' ailes antérieures cornées [éli/tres), non croisées; ailes postérieures membraneuses, se repliant transversalement ; méta- morphoses complètes. Les Coléoptères sont caractérisés en premier lieu par leurs ailes, dont les antérieures ou élytres jouent le simple rôle d'un étui protec- teur (xoXeo'ç, étui; TtTEpov, aile), tandis que les postérieures, membra- neuses, servent au vol. Les élytres ne se croisent pas, mais se mettent en contact l'un avec l'autre par leur bord interne ; les ailes postérieures se replient transversalement sous les élytres. Le prothorax est libre, très développé [corselet). Les pièces de la bouche sont broyeuses et très nettes : labre, mandibules, mâchoires avec pal- pes maxillaires, lèvre inférieure avec palpes la- biaux. Ces Insectes ont des métamorphoses complû- tes. Les larves ont une tête distincte et sontelles- Fig. 616. — Appareil huccai mêmes pourvues d'appcndiccs buccaux broyeurs ; d'un coiéoptère le Carabe ^j possèdent le plus souvcnt trois paircs de dore. — Is, lèvre supC- ri i rieure. »irf, mandibules, pattcs thoraciqucs ct même dcs fausses pattes îna;, mâchoires. /î, lèvre in- -, ■• • -, ni c • ii _i„.„T férieure. abdominalcs ; d autres fois, elles sont vermitor- mes et apodes. Les nymphes, qui ont l'apparence de momies, sont immobiles et montrent leurs membres repliés et emmaillottés dans un mince tégument. On a vu précédemment (p. 744) que le nom de scoleciasis est employé pour désigner les accidents qui peuvent résulter de la présence des Insectes dans le corps de l'Homme et des animaux. W. Hope a proposé spécialement celui de canthariasis pour les cas où il s'agit de Coléoptères. Ces accidents sont en général de peu d'importance ; ils se rapportent à des larves où même à des Insectes parfaits de Carabes, Dytiques, Staphylins, Dermesles, Géotrupes, Hannetons, Blaps, Ténébrions, Mordelles, Méloés, Charançons, etc. Ce sont pour la plupart des Insectes qui vivent au voisinage de l'Homme ou sur les substances dont il fait sa nourriture. D'ailleurs, la plupart des cas relevés par Hope sont anciens et douteux. INSECTES. — COLÉOPTÈRES. 887 La classification des Coléoptères a beaucoup varié suivant les auteurs. Au siècle dernier, Geoffroy avait établi un système fort commode, basé sur le nombre des articles des (arses. Malheureusement, ce système, dit tarsal ou tarsien, a dii être abandonné, parce qu'il éloigne souvent des formes voi- sines et qu'il ne tient pas compte, en somme, des affinités naturelles. Tou- tefois, le caractère de cet ouvrage nous permettra de le conserver dans ses traits généraux, et de mettre à profit sa grande simplicité. D'après cela, nous diviserons l'ordre des Coléoptères en quatre grands groupes : Trimères, Té- tramères, Hétéromères et Pentainères. l" GROUPE : TRIMÈRES. — Les tarses ont trois articles distincts et un quatrième rudimentaire {Crijpto té tramer es). — 2 familles : Coccinellidx et Endomychidse. Les COCCINELLIDÉS, vulgairement Bêtes à bon Dieti, comptent au nombre des Insectes les plus utiles, car ils se nourrissent de Pucerons. Leurs larves sont encore plus voraces et en détruisent une quantité énorme. La Coccinelle à sept points {Coccinella septempunctata) est une des espèces les plus communes. 2^ GROUPE : TÉTRAMÉRES. — Les tarscs ont quatre articles distincts et un rudimentaire [Cryptopcntamères). Les CHRYSOMÉLIDÉS sont souvent, comme leur nom l'indique, revê- tus de teintes brillantes. Leurs très nombreuses espèces ont été réparties entre plusieurs tribus. Nous citerons d'abord le Cassida nebulosa, qui détruit les jeunes plants de betteraves en dévorant les feuilles. « Les Altises comprennent un grand nombre d'espèces dont les adultes, comme les larves, attaquent des plan- tes diverses, mais en particulier les Crucifères. Ce sont ces petits Insectes sauteurs connus sous les noms de Puces de terre, Tiquets, etc. On les réunissait autrefois dans le genre Haltica, qui a été subdivisé par les au- teurs. — La destruction des Altises offre beaucoup de ,, difficultés. Dans la culture potagère, on saupoudre les ^ jeunes plants de cendres ou de poussières, ou bien on les arrose avec des infusions de plantes amères ; dans £'S- ^''- ~ Haltica ne- *■ ^morum, graud. nat. et la grande culture, Pelouze a obtenu de bons résultats grossi. par l'emploi de sable fin imprégné de naphtaline ; enfin, on doit à Bella une puceronniére assez simple, à l'aide de laquelle on en- glue à la fois un grand nombre d'Insectes sur une toile enduite de goudron. Le Colaspidèrae noir {Colaspidema citer), vulgairement Négril ou Cuc, ravage les luzernes dans nos départements méridionaux. — Le Leptinotarse du Colorado [Leptinotarsa decemlineata Say) s'est acquis dans ces derniers temps une fâcheuse célébrité dans l'Amérique du Nord et s'est même fait craindre jusqu'en Europe. C'est l'Insecte que les Américains appellent le Scarabée du Colorado {Colorado Beetle), et que les documents officiels ont fait connaître en France sous le nom inexact de Doryphora. Sa patrie est l'Ouest des États-Unis, où une Solanée sauvage lui servait de nourriture; 888 ARTHROPODES. mais la pomme de terre Ta bientôt attiré et multiplié dans les régions de l'Est et du Nord-Est, qui l'ont ensuite expédié en Europe. En 1877, on l'ob- servait en Allemagne, sur plusieurs points. Il se montra ensuite en Hol- lande, en Suède, en Angleterre. Heureusement, on n'hésita pas à recourir d'emblée à des moyens radicaux, et la destruction de l'Insecte fut complète. En même temps, les gouvernements prenaient de sérieuses mesures pré- ventives, qui réussirent à préserver l'Europe. Le Leplinotarse de la pomme de terre est d'une teinte jaunâtre, et tire son nom spécifique de la pré- sence, à la surface de chacun de ses élytres, de cinq lignes noires longi- tudinales bordées chacune de deux rangées irrégulières de ponctuations. L'Insecte parfait hiverne sous terre ; il apparaît dès le printemps sous les feuilles, qu'il dévore; la femelle pond, à la face inférieure de ces feuilles. Fig. 618. — Leplinotarse (vulgairemcnl Dorjpliora) du Coloi'ado • larves entièreniciil dôvcloppôcs cl Insecte parfait. des œufs jaunes réunis par plaques de 35 à 40. Les larves, d'abord rou- geâtres, puis jaunes, avec des taches noires, mangent les feuilles comme leurs parents. Au bout de quinze à vingt jours, elles s'enfoncent dans la terre pour subir la nymphose. Une dizaine de jours après, a lieu l'éclosion des adultes, qui fournissent eux-mêmes une seconde génération, suivie d'une troisième. Ce sont les Insectes appartenant à cette dernière qui sont appelés à hiverner. On voit, en somme, que la Chrysomèle américaine attaque seulement les parties aériennes de la plante; mais celle-ci ne pro- duit plus alors que peu ou point de tubercules. Pour détruire cet Insecte, on a préconisé l'emploi du vert de Paris ou de Scheele (arsénite de cuivre) ou bien du pourpre de Londres (arséniate de chaux coloré), soit en suspension dans l'eau, soit mélangé avec de la farine, ou encore des aspersions d'eau phéniquée au centième. Au surplus, les documents officiels indiquent la voie à suivre dans le cas d'une invasion sur le territoire français. INSECTES. — COLÉOPTÈRES. 889 L'Eumolpe de la viyiie {liromius vitis) est connu sous le nom d'Êancain à cause des sortes de caractères qu'il dessine sur les feuilles en les ronfçeant. Il nuit beaucoup à la vigne, et ses larves sont encore plus dangereuses, car elles perforent les racines. Dans la famille des CÉRAMBYCIDÉS, appelés aussi Lonyicornes en rai- son des dimensions de leurs antennes, nous devons mentionner le Cala- niobie linéaire (Uippopais gracUis), donl la larve ronge la tige du blé au-des- sous de l'épi, de sorte que celui-ci tombe au moindre vent : les tiges ressemblent alors à des aiguillons, d'où le nom d'Air/uiUonnkr que les habitants de l'ouest et du midi de la France donnent à cet Insecte. Les Romains consommaient avec délices, sous le nom de Cossus, une grosse larve d'Insecte n'ayant certainement rien de commun avec le Lépidoptère qui porte aujourd'hui ce nom; il s'agissait prol)al^lf3menl de la larve du (irand Capricorne (Cerainbijx héros), qui vil dans le bois du chêne, ou peut- ^y, V J ,J être de celle du Priomis coria- rius. Fig. 019. — Aisuillonnicr, grandeur natuiolle. Fig. G20. — Ilylaslc du Irèflo, grandeur naturelle et grossi. Les SCOLYTIDÉS sont, pour la plupart, de petite taille; ils rongent le bois (.\ylopliages) et causent par suite beaucoup de dommages aux arbres. — Genres Scolytus, Tomicus [Bostrichus], Hylesinus, Hylastes, etc. La larve de VHylaslcs trifolii ronge les racines du trèfle. Les CURCULIONIDÉS ou Charançons se reconnaissent d'emblée à leur tète prolongée en une sorte de bec portant l'appareil buccal à son exlrémilé. Fig. Gil. — Cliarunooii du Ijlr, fortement grossi. Fig. 022. — Cliaraneon du cliou, grandeur naturelle et grossi. Ils percent les végétaux à l'aide do leurs mandibules, qui leur servent ensuite à porter les œufs dans les tissus où la larve doit se développer. Cette 890 ARTHROPODES. famille est immense et ses espèces causent beaucoup de dégâts. — Les Calandres [Calandra) comprennent deux espèces minuscules partout répan- dues. L'une est le Charançon du Blé (C. granaria) (fig. 621), dont la larve dévore les grains conservés dans les greniers et subit la nymphose à l'inté- rieur même de ces grains. L'autre est le C. oryzse. On combat ces dangereux Insectes par la propreté et la ventilation. Germain a signalé des troubles graves du côté de l'appareil respiratoire chez des Chevaux qui consommaient de l'orge devenue très poussiéreuse par le fait des Charançons. — En Amé- rique et dans les Indes, on mange les larves de certaines Calandres. — Les Uaridius (Baridius) et les Ceutorynques [Ceulorhynchus] nuisent surtout aux Crucifères : tel est le Charançon du chou {Cent. sulcicolUs) (fig. 622). — Les larves de l'Anthonome des pommiers {Anthonoinus pomorum) rongent les fleurs de ces arbres. — Divers Apions [Apion) attaquent le trèfle : A. apri- cans, etc. — Les Larins (Larinus) vivent sur les Composées. Les larves d'une espèce orientale (L. nklificans Guib.) produisent sur les tiges d'un Onopordon des coques dans lesquelles elles se transforment en nymphes. Ces coques sont détachées avant la sortie de l'Insecte ; on les exploite surtout en Syrie. A Constantinople, elles sont connues sous le nom de Tréhcda ou Tricala. Du volume d'une olive, elles sont blanc grisâtre et ru- {"'^'^^ } gueuses. Elles contiennent de la fécule, un peu de gomme, T yjHfci^ des sels et un sucre spécial que Berthelot a appelé tréha- /ose. En Turquie, on emploie le Tréhala en décoction, con- tre les catarrhes bronchiques et même comme aliment, en guise de tapioca. Les BRUCHIDÉS se rapprochent beaucoup des Cha- rançons, mais leur rostre est court et large, et leurs antennes ne sont jamais coudées. Leurs larves se dévc- Fig. 623. — Bruche du loppent dans les graines, surtout dans celles des Légu- pois, grossi, et pois . , . , i i j i - < ♦ , percé par le Bruche, mmeuscs. Les especcs qui causent le plus de degats sont : le Bruche du pois [Bruchus pisi) ; le Bruche commun {R. grcmarius), qui attaque les fèves; le Bruche à antennes pâles {B. palll- dicornis), des vesces et des lentilles; le Bruche rufimane {B. ^nifimanus), des fèves et des lentilles; etc. 3" GROUPE : HÉTÉROMÈRES. — Les tarses des deux paires de pattes anté- rieures sont à cinq articles, ceux de la troisième paire à quatre articles. Les MÉLOIDÉS, Cantharidés ou Vésicants, offrent un intérêt tout particulier, tant à cause de leur évolution complexe, qualifiée à juste titre dliypermétamorphose, que par suite des propriétés vésicantes (dues à la cantharidine) qu'ils possèdent tous, à l'exclusion des autres Insectes. Les Sitaris [Sitaiis] sont devenus célèbres par les belles observations de Fabre, auxquelles il faut joindre celles, plus récentes, de Valéry Mayet. Les recherches de Fabre ont porté sur le Sitaris mural (S. muralis Forsl.; S. hiimeralis Fabr.). Les Insectes adultes ne vivent que peu de temps et sans prendre de nourriture. Vers la fin de l'été, la femelle dépose ses œufs à l'entrée des nids souterrains d'une Abeille solitaire, VAnthophora INSECTES. — COLÉOPTÈRES. 891 pilipes. De ces œufs sortent, au bout d'un mois, de petites larves agiles, munies de pattes robustes, qui passent l'hiver sur place, entassées sans ordre. Au printemps suivant, ces larves a(Tam(^es se mettent en mouvement et se jettent sur les Aiithopliores mâles, qui apparaissent les premiers; cependant, c'est sur les femelles qu'elles doivent finalement s'établir : le passage de l'un à l'autre a lieu lors de l'accouplement. A cet état, les jennes Sitaris avaient été longtemps pris pour des sortes de Poux et décrits sous le nom de Triongulins : Fabre les désigne sous celui de larves primitives. Lorsque la femelle de TAnthophore va effectuer sa ponte dans les cellules qu'elle a préalablement remplies de miel, la larve parasite, toujours à jeun, se laisse tomber sur l'œuf, l'ouvre avec ses mandibules acérées, en avale le contenu, et se sert de la coque comme d'un radeau pour flotter sur le miel. Au bout de huit jours, elle subit une mue et apparaît sous une nouvelle forme : cette seconde larve est molle, blanche, aveugle, ne possède que des pattes atro- phiées et des pièces buccales rudimentaires. Elle emploie quatre à cinq semaines à consommer le miel de la cellule, puis se transforme en un corps inerte et segmenté, nommé pseudo-chrysalide. Le plus souvent, celte phase est de longue durée, et les dernières métamorphoses ne s'achèvent qu'au commencement de l'été de la seconde année. A la pseudo-chrysalide fait alors suite une troisième larve, assez semblable à la seconde, mais demeurant immobile et sans prendre de nourritui'e. Elle vit à peu près aussi longtemps que celle-ci, puis passe à l'état de nymphe véritable. Un mois après, a lieu l'éclosion de Vadulte. Les Sitaris ne sont pas usités en thérapeutique, à cause de leur petite taille et de leur rareté relative. Les autres Méloïdés ont une évolution analogue, leurs larves vivant égale- ment en commensales, ainsi que Font établi les recherches de NewporI, Lichtenstein, Riley et Beauregard. Nous ne nous occuperons que des plus importants d'entre eux. Les Cantharides [Cantharis Geoffroy) sont caractérisées par leurs antennes à onze articles, assez longues et à peine épaissies vers l'extrémité; par leurs tarses allongés, à crochets bifides, mais non pectines; par leur corselet plus large que long; enfin, par leurs élytres à couleurs métalliques, recouvrant tout l'abdomen et un peu déhiscents à l'extrémité. La Cantliarîde officinale (C. vesicatoria L.), vulgairement Mouche d'Es- pagne, est rinsecte vésicant par excellence. Elle mesure en moyenne 18 à 20 millimètres de long sur 4 à 6 de large. Le mâle est plus petit que la femelle. La tète est cordifornie, le corselet presque carré. Les élylres sont vert doré, avec reflets métalliques, granuleux, et parcourus vers leur bord interne par deux fines nervures longitudinales. Les antennes et les tarses sont noirs. Les Cantharides abondent surtout dans l'Europe méridionale, mais on les rencontre jusqu'en Suède. Aux environs de Paris, on ne les observe guère que tous les quatre ou cinq ans, au commencement de juin. Elles se jettent sur les frênes, dont elles dévorent les feuilles, puis sur les lilas, les troènes et autres Oléacées ; rarement elles atta- quent d'autres plantes. Une odeur forte et désagréable décèle leur 892 ARTHROPODES. présence, et on peut les voir voler autour des arbres pendant les heures chaudes de la journée. L'évolution des Canthcirides est analogue à celle des Sitaris : Lichtenstein (de Montpellier) avait déjà réussi à en suivre expérimentalement toutes les phases, mais il restait à en déterminer les conditions naturelles. Après trois ans de recherches, Beauregard est parvenu à ce résultat. Il a reconnu la présence des pseudo-chrysalides de la Cantharide au milieu des cellules de divers Hyménoptères du genre Colletés. Les pseudo-chrysalides n'étaient pas cependant ren- fermées dans les cellules, mais gisaient au voisinage, dans le sable. On s'explique cette particularité en exa- minant l'armature buccale des larves, qui est assez puissante pour leur permettre, après avoir épuisé la provision de miel, de perforer la paroi très mince „. ,., ,, ., ., fp des cellules de Colletés pour s'enfouir dans le sol à Fig. 024. — Canlhande offi- '■ cinale. quelque distance. Actuellement le commerce de la droguerie tire en grande partie les Cantharides de la Russie méridionale. Pour les recueillir, on choisit le matin, parce que la fraîcheur de la nuit les a engourdies. On étend des draps sous les frênes envahis, et on secoue les branches de ces arbres. Puis on tue les Insectes en les plaçant sur des tamis de crin, au-dessous desquels on fait arriver des vapeurs de vinaigre chaud, ou bien en les soumettant à une tempé- rature élevée. On les dessèche ensuite au soleil, ou mieux au four ou à l'étuve. Leur "poids diminue alors à ce point qu'il en faut 13 pour 1 gramme. Lorsqu'on veut les réduire en poudre, il y a quelques précautions à prendre pour éviter une irritation assez vive de la conjonctive et de la pituitaire. La poudre est d'un gris verdâtre et toujours parsemée de points brillants ; elle a une odeur nauséeuse et une saveur acre. Il importe de conserver les Cantharides dans des endroits secs et dans des flacons bien bouchés. L'humidité, en effet, détruit leur principe actif. D'autre part, elles sont susceptibles d'être attaquées par des Insectes : Anthrènes, Ptines, Dermestes, Attagènes, etc., et par des Acariens : Tyroglyphes, Glycyphages, etc. ; mais l'altération qui en résulte n'est pas très importante, car on a reconnu que les Cantharides rongées et vermoulues sont encore vésicantes, la propor- tion de la cantharidine ayant diminué tout au plus des deux cin- quièmes. On trouve quelquefois, mélangés aux Cantharides, des Cétoines dorées et quelques autres Coléoptères, mais il s'agit là d'un accident de récolte plutôt que d'une véritable fraude. Une falsification de premier ordre, qui se pra- tique quelquefois en Allemagne, consiste à enlever tout ou partie du prin- cipe actif par l'immersion dans l'alcool ou l'essence de térébenthine et à INSECTES. — COLÉOPTÈRES. 893 livrer de nouveau les Canthaiides au commerce ; en pareil cas, on ne peut déceler la fraude que par le dosage. Parfois aussi, pour augmenter leur poids, on plonge les Insectes dans Thnile, ce qui se reconnaît au toucher. Enfin, les sophistications les plus répandues portent sur la poudre, à laquelle on mélange de reu[ihorbe ou d'autres substances : un simple examen au microscope ou à la loupe permet souvent de reconnaître la présence des poudres étrangères. Le principe actif de la Cantharide, qui est du reste le même que celui de tous les Mcloïdés, a été isolé en 1810 par Brelonneau et Robiquet père; il est connu sous le nom de canthnridine et a pour formule C'II'-O'*. C'est une substance qui cristallise en prismes inco- lores, rhombiques, fusibles à 218°, insolubles dans l'eau et dans le sulfure de carbone, peu solubles dans l'alcool froid, très solubles dans l'éther, le chloroforme, les huiles grasses et les essences. Son abondance dans le corps de l'Insecte varie suivant une foule de conditions : Fumouze en a trouvé dans certaines récoltes l^^TO seulement par kilogramme, alors que dans d'autres récoltes la pro- portion s'élevait à 4k'',80. Beauregard a reconnu qu'elle est localisée d'une part dans les organes génitaux, et d'autre part dans le sang. Chez le mâle c'est seulement dans la troisième paire de vésicules séminales qu'on la rencontre; chez la femelle, c'est à la fois dans la poche copulatrice et dans les ovaires. Les œufs, même après la ponte, en renferment une proportion importante. Enfin, sa présence dans le sang explique pourquoi, depuis longtemps, on avait reconnu que les parties molles sont incomparablement plus actives que les parties dures. On employait autrefois la Cantharide à l'intérieur, à titre d'aphro- disiaque. C'est un médicament très dangereux, qui produit, à dose un peu élevée, une vive irritation des voies génito-urinaires. A l'exté- rieur, on l'utilise pour ses propriétés vésicantes, sous forme de pommade, d'huile, de teinture, etc. On peut ajouter que, d'une manière générale, elle constitue la base des principaux vésicatoires usités dans la médecine de l'Homme et des animaux. D'autres espèces du même genre, qui se rencontrent en Algérie, en Grèce, en Italie, peuvent être employées comme succédanés. Il en est de même des espèces du genre voisin Lytla Fabr. ou Epicauta Dejean, la plupart américaines. Les Mylabres [Mylahris Fabr.) ont ordinairement le corps velu; leurs élytres, élargis et arrondis en arrière, sont souvent de teinte noire, avec des bandes ou des taches jaunes ou rouges ; les antennes, dans les espèces d'Eu- rope, sont à onze articles et un peu renflées en massue à l'extrémité, avec le dernier article plus grand que les autres. Ces Insectes vivent en petites troupes sur les Graminées et les plantes basses; ils sont très timides, et lorsqu'on veut les saisir, ils se laissent tomber et « font les morts. » Kiinckel a déterminé leur évolution en 1890; 894 ARTHROPODES. ils se développent à la façon des Épicautes : leurs larves vivent dans les coques ovigères des Acridiens et se nourrissent des œufs de ces Orthoptères. L'espèce la plus importante est le Mylabre variable [M. variabilis Pallas), de l'Europe méridionale, trouvé exceptionnelle- ment aux environs de Paris, et dont Robiquet avait déjà retiré de la cantharidine. Le Mylabre bleuâtre [M. cyanescens lUiger), qui habite aussi le Midi de la France, a été recom- mandé par Fariues, de Perpignan, comme plus vésicant encore que le précédent. Le Mylabre de la chicorée {M. ci- chorii L.) et le Mylabre du sida {M. sidx Fabr.) sont origi- naires de la Chine. Le Mylabre indien (M. indica Fûssl.) variable." s'emploie à Pondichéry, etc. Ces différentes espèces et beaucoup d'autres sans doute sont des succédanés des Cantharides. On ne les utilise guère en France; mais les vétérinaires anglais en ont souvent fait usage. Meynier (1) a constaté en 1869 des accidents très graves chez un grand nombre d'Hommes qui avaient été envoyés en colonne dans la province d'Oran, et qui s'étaient nourris de Grenouilles ayant mangé des Mylabres. Ces Hommes présentaient les symptômes suivants : sécheresse delà bouche, soif, douleurs gastriques, mictions fréquentes et douloureuses, urines parfois sanguinolentes; quelques-uns mon- traient du priapisme ou du moins des érections douloureuses et pro- longées; plusieurs éprouvaient des vertiges intenses. Le repos, la diète et l'usage de la tisane de lin suffirent à obtenir une guérison rapide; du reste, l'interdiction de pêcher les Grenouilles empêcha le retour de ces empoisonnements. Déjà Vezien avait fait connaître des accidents analogues, dus éga- lement à la consommation de Grenouilles qui avaient ingéré des Insectes vésicants [Mylabris vicina et Lepioplanus Chevrolati). Une simple mention est due aux Cérocomes {Cerocoma Geoffr.), qui ont des antennes courtes, difformes chez les mâles, et dont les espèces, méditerra- néennes ou asiatiques, vivent principalement sur les fleurs des Composées. Leurs larves se nourrissent d'Orthoptères. On rencontre quelquefois, aux environs de Paris.'le C. Schœfferi, Insecte d'un vert doré et pubescent, et le C. Schreheri. Les Méloés {Meloe L.) sont faciles à reconnaître à leurs élytres imbriqués à la base et plus courts que l'abdomen, surtout chez les femelles, qui ont l'abdomen très gonllé ; les ailes membraneuses font défaut; enfin, les an- tennes sont moniliformes, à onze articles. Ce sont des Insectes de forte taille, de teinte noire ou bleuâtre, qui appa- raissent au printemps dans les gazons ; ils se nourrissent d'herbes et en général de plantes basses. Quand on les saisit, ils deviennent immobiles et (1) Meynier, Empoisonnement par la chair de grenouilles infectées par des insectes du genre Mylabris. Archives de médecine militaire, 1893, p. 53. — Vezien, Cystite cantltaridienne causée par Vingestion de grenouilles. Recueil des mém. de méd. miUt., IV, p. 457, 1861. INSECTES. COLÉOPTÈRES. 89c laissent suinter un liquide jaunâtre ou blanchâtre, répandant une odeur à la fois jade et pénétrante. Newport et Fabre ont fait connaître leur évolu- tion : les larves sont mellivores. — L'espèce la plus commune dans notre région est le Méloé proscarabée (M. proscarabeus L., que les vétérinaires espagnols ont longtemps em- ployé comme vésicant. On trouve encore, aux envi- rons de Paris, le Méloé de mai (M. majalis L.), le Méloé automnal {M. autumnalis Oliv.l, etc. D'après Fleming, on utilise dans l'Hindoustan les propriétés vésicantes du M. trianthemœ, qui vit sur les fleurs de certaines Gucurbilacées. La plupart des anciens auteurs, médecins et vétérinaires, Dioscoride, Galien, Végèce, Hiéro- i,i„ g^g _ jj^,^^. ^^ ^^j clés, etc., oui signalé sous le nom de Buprestes (pouTip/jCTf,;, de [ioùç, Bœuf, et 7rpr,0£iv, enfler), des Insectes qui corres- pondent, non pas aux Buprestes actuels, mais fort probablement aux Méloés. Des auteurs plus récents en ont parlé sous la dénomination populaire di' Enfle-Bœufs. Ces Insectes étaient réputés produire, chez les Bœufs qui les avaient ingérés, des accès de fureur, et un gonfle- ment capable d'entraîner la mort. On les considérait d'ailleurs comme susceptibles de provoquer des accidents aussi graves sur l'Homme, car la loi Cornelia punissait de mort, à Rome, ceux qui mêlaient du Bupreste aux aliments et aux boissons. Dans la famille des TÉNÉBRIONIDÉS ou Mélasomes, ainsi nommés à cause de leur couleur noire, nous avons à citer le Ténébrion de la farine [Tenebrio molitor), qui vit souvent, à l'état adulte, dans les fourrages, et dont la larve, connue sous le nom de Ver de la farine, se ren- contre surtout dans la farine et dans le son. Lorsque ces larves sont très multipliées, elles remplissent ces substances de leurs excréments et de leurs dépouilles, à tel point qu'il n'est plus ipossible de les faire consommer aux animaux. Hope a relevé un certain nombre de cas dans lesquels le Tenebrio molitor aurait été rencontré, soit à l'état adulte, soit à l'état larvaire, dans le tube digestif, les cavités nasales ou même les voies urinaires de l'Homme; mais l'authenticité de ces faits n'est nullement établie. — A la même famille appartiennent Scaunis striatus Fabr. et Akis spinosa L., qui peuvent servir d'hôtes intermédiaires à ÏHymenolepis diminuta (voy. p. 296). Il convient de citer enfin les Blaps [Blaps Fabr.), gros Insectes d'un noir généralement mat, à élytres souvent sillonnés, et à antennes de 11 articles, les derniers globuleux et bien distincts. Le Blaps présage-mort (Tî/. mortisaga L.), Yal(^a,\rcmen\. Scarabée jmaiit, Porte-malheur, Sorcière de la mort, est à peu près do la taille d'un Hanneton ; il est noir, sans ailes membraneuses, mais avec des élytres prolongés en arrière par une saillie formant comme une pointe post-abdominale. y. 627. — Tem-- brio molitor. 896 ARTHROPODES. Il se traîne lourdement dans tous les lieux humides et obscurs, dans les caves, les celliers, les coins sombres des maisons et des écuries, sous les tonneaux, les solives, les planchers ; il se tient caché le jour et ne sort guère que la nuit, pour chercher çà et là les matières organiques décomposées dont il se nourrit. Il laisse aux doigts une odeur fétide, qui lient à l'émission par l'anus d'un liquide spécial sécrété par les glandes anales. Cette humeur jouit de propriétés irritantes, qui se transmettent à la litière, à la paille et aux divers aliments des animaux. Aussi les sujets qui consomment les aliments ainsi souillés, comme ceux dont les mano-eoires sont visitées par des Blaps, présentent-ils souvent des lésions sur les lèvres, le bout du nez, ;le bord des narines, la pitui- taire et même au pourtour des yeux (1). Ces lésions paraissent se rapporter à l'affection décrite par divers auteurs sous le nom dlierpes labialis, Hitzausschlag, herpès phlycté- noïde, rhinite pemphigoïde. Elles consistent d'abord en une injection de la peau et de la muqueuse nasale ; peu après se produit une éruption de petites vésicules assez confluentes , accompagnée souvent d'inflammation de la pi- tuitaire, avec érosions et jelage muqueux ; enfin survient une exfoliation épidermique plus ou moins étendue. Il n'est pas rare de voir le pig- ment disparaître sur certains points, laissant ?\r,,^i%. -'Blaps mortisaga. quclquc tcmps dcs maculcs blanchâtres. La maladie ne dure guère que cinq à sept jours lorsqu'on en a fait disparaître la cause. Les expériences de Bassi ont établi que les Insectes morts n'ont plus d'action irritante. Divers auteurs ont rapporté des cas de canthariasis du tube digestif occasionnés par le Blaps mortisaga ou sa larve. Le Blaps mucronata Latr. est, comme nous l'avons dit, l'hôte inter- médiaire du Gigantorhynchus moniliformis (voy. p. 569). ¥ GROUPE : PENTAMÈRES. — 11 existe d'ordinaire cinq articles à tous les larses. Les PTINIDÉS sont reconnaissables à. leur tête, qui est rétractile à l'in- térieur du protliorax; ce sont des Insectes ennemis de la lumière, et dont les larves dévorent le bois (xylophages) ou d'autres substances organiques. — Citons les Ptines, et en particulier le Ptine voleur {Ptinus fur), qui vit, dans les maisons et dans les fenils, et dont la larve attaque les fourrages, les herbiers, les collections d'Insectes. Les Vrillettes [Anobium) sont bien connues sous le nom d'Horloges de la mort. (1) H. TisPERANT, Accidents provoqués chez le Cheval par le Blaps mortisaga, Blaps porte-malheur. Joui^nal de méd. vétér. et de zooteclinie, p. 25, 1886. — K, Bassi, Eczéma vescicoloso labiale e nasale del cavallo causato m maniera indiretta dal Blapo nero (Blaps mortisaga L.). Il Moderne Zooiatro, IV, p. G3, 1893. INSECTES. — COLÉOPTÈRES. 897 Aux GLÈRIDÉS appartient le Clairon des Abeilles [Clenis [Trichodes] apia- rius), dont la larve vit dans les ruches. Celle du Cl. alvearius (fig. 630) habite le nid des Mellifères sauva^'es. Parmi les MÂ.LACODERMES, nous devons signaler les Lampyres {Lam- pi/ris Geoffr.), remarquables par leurs organes phosphorescents, situés à la face ventrale des derniers segments de l'abdo- men (fig. 631). La femelle, aptère, est bien con- nue sous le nom de Ver luisant. Le mâle est ailé et faiblement lumineux. On trouve en France ^ \ Fig. 629. — Ptine voleur. 630. — Cleriis alvearius. Fig. 631. — Lampyris splen- didtila, mâle, vu par la face ventrale. L. splendidula et L. noctiluca. Chez les Lucioles (Luciola), les deux sexes sont ailés et phosphorescents. Une espèce, Luciola lusitanica, se rencontre on France, dans le Var et les Alpes-Maritimes. Citons en outre quelques genres non phosphorescents : Telephorus, Malachius, etc., qui sont, comme les précédents, chasseurs à l'état adulte aussi bien qu'à l'état de larves. Les ÉLATÉRIDÉS sont remarquables par la façon dont ils reprennent leur position normale lorsqu'ils ont été renversés sur le dos. Le prothorax, fort mobile, offre en dessous un prolongement qui peut se loger dans une fossette du bord antérieur du mésotho- rax. L'Insecte, auquel ses courtes pattes ne permettraient pas de se retourner, se cambre en s'appuyant par la tête et l'ex- trémité de l'abdomen ; la pointe sternale se dégage alors de sa cavité ; puis, par un brusque elîort musculaire, le corps se redresse et la pointe rentre dans sa loge en faisant ressort, de telle sorte que le dos heurte violemment le plan d'appui : l'animal est lancé en l'air, et il recom- mence cette manœuvre jusqu'à ce qu'il retombe sur ses pattes. On donne à ces Insectes les noms vulgaires de Taupins, Maréchaux, etc., à cause du bruit sec que produit, selon les uns, la rentrée du pro- longement sternal dans sa fossette, selon les autres, le choc du corselet sur le sol. Les larves vivent souvent plusieurs années dans la terre, rongent les racines (betteraves, navets, etc.) et sont très préjudiciables à l'agriculture. Le prin- cipal genre est celui des Agriotes {Agriotes) ; il comprend, comme espèces R.MLLiET. — Zoologie. 57 Fig. 032. — Taupin dos moissons. 898 ARTHROPODES. très répandues : le Taupin des moissons (A. Uneaim), le Taupin cracheur [A. sputator), le Taupin obscur (A. obscurus), etc. Sandberg a rapporté une observation relative h la présence de deux larves de Lacon murinus dans l'intestin de son propre fils, âgé de dix ans. Les SCARABÉIDÉS ou Lamellicornes sont nettement caractérisés par leurs antennes, dont les 3 à 7 articles terminaux constituent des sortes de lamelles ou de feuillets mobiles, susceptibles de s'écarter en éventail. Les diverses tribus de cette famille peuvent se répartir, suivant leur régime, entre les deux groupes des Coprophages et des Phytophages. Parmi les Coprophages, nous citerons les Scarabées [Scarabeus L., Ateuchus Web.j qui fabriquent des sortes de boules ou de pilules avec les excréments des animaux, les Copris [Copris], les Aphodies [Aphodius], les Géotrupes {Geotrupes). Dans le groupe des Phytophages, se rangent les Hannetons [Melolontha Fabr.), les Rhizotrogues {Rhizotrogus), les Anisoplies {Anisoplia), les Oryctes [Oryctes), les Cétoines [Cetonia), etc. Nous devons signaler rapidement l'évolution du Hanneton commun [Melo- lontha vulgaris Fabr.). Les Insectes parfaits volent surtout dans le mois de mai. Ils se jettent sur les arbres et même sur les plantes basses, dont ils dévorent les feuilles. La femelle fécondée pond dans le sol, à une profondeur de 5 à 7 centir mètres, une trentaine d'œufs de la grosseur d'un grain de chènevis; un peu plus tard, elle etfectue une seconde ponte moins importante (1), puis elle meurt, ainsi que le mâle. Les larves éclosent au bout d'un mois à six semaines et se mettent bientôt à ronger les plantes voisines : ce sont ces larves qu'on connaît sous le nom de Vers blancs; mais leurs dégâts ne sont guère sensibles dans le courant de la première année. Vers la fin d'octobre, elles s'enfoncent à 40 ou 50 centimètres, et se forment une petite cellule ronde dans laquelle elles hivernent. Au printemps de la deuxième année, elles remontent vers la surface et se dispersent de tous côtés pour aller ronger les racines des végétaux. Une nouvelle hibernation a lieu à la même époque que l'année précédente, puis les ravages recommencent, beaucoup plus sérieux encore, au printemps de la troisième année. Bientôt les larves complètement développées prennent une teinte jaune terne; elles s'enfoncent en terre, à une grande profondeur (1 mètre et plus), se construisent une coque en terre gâchée mélangée de salive et passent à l'état de nymphes au mois d'août ou de septembre. Au bout de quatre à six semaines, c'est-à- dire avant l'hiver, l'Insecte parfait se débarrasse de la pellicule nymphale. Il remonte plus ou moins tôt vers la surface du sol, mais n'en sort qu'en avril 633. - Hanneton com- mun. Fig. 634. — Larve du Han- neton vers la fin de la deuxième année. (I) X. Raspail, in Bullet. Soc. Zool. de France, U p. 202. II, p. 271, et Mémoires, 1893, INSECTES. — COLÉOPTÈRES. 899 ou en mai. La durée de cette évolution explique pourquoi l'apparition des Hannetons en grandes masses se reproduit généralement dans nos pays tous les trois ans. Dans la plupart des provinces de TAllemagne, révolution exige quatre années. D'après Raspail, cette différence lient à l'induence de l'humi- dité. En France, on peut observer des générations de 4 ans dans les périodes sèches, tandis que les générations triennales correspondent à des périodes humides. Les ravages causés par les larves de Hannetons sont quelquefois énormes; aussi a-t-on cherché les moyens pratiques de leur faire la chasse. La Taupe et certains Oiseaux insectivores en détruisent un grand nombre; mais ce concours est insuffisant. On ramasse parfois les Vers blancs derrière la charrue; on a aussi proposé de les faire consommer sur place par les Oiseaux de basse cour; malheureusement, cette alimentation communique aux œufs une saveur repoussante. Le meilleur moyen préventif consiste, jus- qu'à présent, dans le lumuelonmigc, c'esl-à-dire dans la destruction métho- dique et praticiuée en grand des Insectes parfaits. D'autre part, on a récem- ment proposé de détruire les larves par la dissémination d'un champignon parasite [Isaria densa) qui les atlaque spontanément. Le petit Hanneton de la Saint-Jean [Rhizotrogits solstitialis), ainsi que ses congénères, fournit aussi des larves qui causent des dégâts dans les cultures. On peut on dire autant des Anisoplies. Les DERMESTIDÉS ont les antennes renflées en massue à leur extré- mité, et à ce titre appartiennent à l'ancien groupe des Clavicorncs Latr. Les larves sont poilues ; comme les adultes, elles se nourrissent de matières ani- males desséchées. — Les Dermestes [Dermestes) et en particulier le Dermeste du lard [D. lavdarius) se rencontrent dans les maisons, dans les colombiers, dans les musées, sur les cadavres; ils sont redoutés des collectionneurs. Les jeunes Pigeons sont souvent attaqués par leurs larves , qui se sont développées dans le guano. On détruit ces larves, d'après Ziirn, à l'aide d'un mélange d'alcool et d'eau phéniquée. Proust (1) a montré que des peaux de Chèvres, importées de Chine et dont le maniement avait provoqué une pus- tule maligne chez un ouvrier, renfermaient de nombreux exemplaires de Dermestes viilpinus à divers degrés de développement ; or, le corps et les excréments de ces Insectes étaient remplis de Bacilles charbonneux encore très actifs. — Les Attagènes et les Anthrènes ont à peu près le même mode de vie que les Dermestes : les espèces les plus connues sont Attagemis pellio et Anthrenus museorum. Heim a fait à leur endroit des observations analogues à celles de Proust. Les SILPHIDÈS, qui sont aussi des Clavicornes, ont pour la plupart des mœurs analogues. Ils se repaissent, à tous les états, de matières animales corrompues. — Le Necrodes littoralis se rencontre souvent dans les carcasses de Chevaux et de Bœufs. — Le Silphu obscurci envahit les cadavres humains exposés à l'air libre. — Les INécrophores {Necrophorus) ou fossoyeurs ont l'habitude d'enfouir dans la terre les cadavres des petits animaux, pour alimenter leurs larves. Celles-ci, comme d'ailleurs celles de divers Silphes, (1) Proust, Pustule maligne transmise par des peaux de chèvres venant de Chine. Bullet. de l'Acad. de mcd. (3), XXXI, p. 57, 1894. — F. Heim, Du rôle de quelques Coléoptères dans la dissémination de certains cas de charbon. Comptes rendus de la Soc. biol. (9), VI, p. Ô8, 1894. 900 ARTHROPODES. attaquent volontiers les Pigeonneaux au nid. — Quelques formes deviennent phytophages lorsque leur multiplication est exubérante. Tel est le cas du Silphe opaque [Silpha opaca), dont la larve dévore les feuilles des betteraves. Dans ces dernières années, cet Insecte a causé de gra- ves dégâts dans les cultures du nord de la France. P. Hallez a montré qu'un mélange de 20 parties d'eau et d'une partie de sulfure de carbone détruit les larves sans nuire aux betteraves. Le ramassage des Insectes par- faits mérite d'ailleurs d'être recommandé. A quelques familles voisines se rattachent des Coléoptères qui s'observent sur les ca- davres humains, par exemple Hister cadaverinus, Saprmus rotundatus et Rhi- zophagus parallelocollis. Ou rapporte aux CRYPTOPHAGIDÉS l'Atomaria linéaire {Atomaria linearis), qui détruit les feuilles de betteraves à la façon du Silphe opaque. C'est à une petite famille voisine des précédentes, celle des PELTIDÉS, qu'appartient l'Insecte connu dans le midi de la France sous le nom de Cadelle 635. — Silpha opaca. — a, l'In- secte parfait. 6, la larve. Fig. 636. — Atomaria li- nearis. — a. grandeur natu- relle. 6, grossi. Fig. 637. — Trogosita mauritanica, grandeur naturelle et grossi. Fig. 638. — Larve du Trogo- sita mauritanica. [Trogosita mauritanica), et qu'on rencontre parmi les tas de blé; contraire- ment à l'opinion vulgaire, on doit le regarder comme très utile, car il mange les larves des Teignes, des Charançons et des autres Insectes granivores. Les Hydrophiles {Hydrophilus), qui sont phytophages à l'état adulte et carnassiers à l'état larvaire, les Dytiques {Dytiscus) et les Gyrins [Gyriiius), qui vivent de proies vivantes à tous les âges, sont des Insectes aquatiques appartenant à autant de familles spéciales. Enfin, les GARABIDÉS sont aussi des Insectes carnassiers, mais ils sont tous terrestres. Ils nous rendent de grands services en détruisant les Insectes nuisibles. — Les Carabes [Cui'abus] sont dépourvus d'ailes membraneuses. Le plus connu est le Carabe doré (C. auratus), aux élytres d'un vert bronzé, vulgairement appelé Jardinier. Les Calosomes [Calosoma] sont ailés; le C. syco- phanta détruit beaucoup de Chenilles. Par une singulière exception, les Amares [Amara) et les Zabres [Zabrus) ont un régime à la fois animal et vé- MOLLUSQUES. 901 gétal. Ainsi, la larve du Zabre bossu (Z. yibbus) a plus d'une fois dévasté les champs de céréales. — Quant aux Cicindèles {Cicindela), elles sont essentiel- Fig. 630. — Calosome syco|j|i;inlo. Fig. 610. — Zabre bossu. Fig. 641. — Cicindèle cliampôtre. lement carnassières. La Cicindèle chanipêlre (C. campeslris) est l'espèce la plus commune aux environs de Paris. SEPTIÈME EMBRANCHEMENT MOLLUSQUES Animaux à symétrie bilatérale, à corps mou, inarticulé, dépourvu de squelette locomoteur et de membres articulés; système nerveux central composé de trois groupes ganglionnaires. L'embranchement des Mollusques [mollusca, noix à coque tendre) ou Malacozoaires ([xaÀtxxoç, mou ; Cwov, animal) constitue un groupe homogène, comprenant un grand nombre de formes dont le corps mou ne se montre jamais divisé en segments et ne possède ni squelette locomoteur ni appendices articulés. La symétrie est toujours bilatérale à l'origine; mais, dans certains groupes, le corps devient asymétrique par le développement inégal des organes et l'accroissement plus considérable d'un côté du corps. — De même que chez les Arthropodes, on peut distinguer une face dorsale ou hémale, caractérisée par la présence du cœur, et une face ventrale ou neurale, correspondant au système nerveux. La partie du corps qui porte la bouche et les principaux organes des sens, bien que n'étant jamais nettement délimitée, forme parfois une tête assez distincte, ainsi qu'on le voit chez les Céphalopodes et les Gastéropodes [Céphalophores] ; d'autres fois, comme chez les Lamellibranches {Acéphales), elle ne se montre pas différenciée. Quant au tronc, tantôt il présente une forme aplatie ou cylindroïde, tantôt 902 MOLLUSQUES. il prend dans sa partie postérieure, qui renferme les viscères, une disposition spiralée en raison de laquelle la symétrie extérieure disparaît tout à fait. Le tégument est mou, visqueux; au niveau de la face dorsale, il fournit un repli destiné à recouvrir le corps en partie ou en totalité, repli auquel on donne pour ce motif le nom de manteau {pallium). La surface et les bords du manteau sécrètent une enveloppe composée de matière organique [conchyoline) et surtout de calcaire riche en pigment : c'est la coquille, qui sert à protéger le corps de l'animal, et dont la forme et l'aspect sont fort variables. — Entre le corps et la surface interne du manteau, existe un espace libre constituant la chambre palléale : c'est aux dépens des parois de cette chambre que se développent les organes respiratoires. Les muscles sont d'ordinaire étroitement unis à la face profonde du tégument, de manière à constituer une enveloppe musculo-cutanée. Au niveau de la face ventrale, ils forment une expansion plus ou moins saillante, entière ou divisée, qui sert à la locomotion : c'est ce qu'on nomme le pied. Le système nerveux comprend trois groupes principaux de gan- glions à chacun desquels est dévolu un rôle spécial. On distingue : 1° une paire de ganglions sus-œsophagiens ou cérébroïdes (cerveau) situés sur les côtés de la bouche et réunis entre eux par une commis- sure qui surmonte celle-ci : les nerfs qui en émanent se rendent aux organes des sens ; 2° une paire de ganglions pédieux, moteurs, émettant surtout des rameaux destinés aux muscles du pied; ils sont également réunis entre eux par une commissure transversale et se joignent aux précédents par un double connectif qui embrasse l'œsophage [collier œsophagien antérieur) ; 3° enfin, un groupe variable de ganglions pariéto-splanchniques, fournissant des filets destinés à innerver le manteau, les branchies et les organes génitaux; ils offrent, du reste, les mêmes connexions que les ganglions pédieux, et les cordons qui les unissent au cerveau forment un collier œsophagien postérieur ou grand collier. Outre ces trois groupes ganglionnaires, il existe souvent aussi un système nerveux viscéral ou stomato-gastrique, analogue au sympathique des Vertébrés. Quant aux organes des sens, ils peuvent être représentés : 1° par des yeux de structure plus ou moins complexe, qui existent dans tous les groupes jouissant de la locomotion libre ; 2" par des otocystes, ou vésicules auditives closes, ciliées, contenant des concrétions solides ou otolithes ; souvent ces vésicules, au nombre de deux, sont appli- quées sur les ganglions pédieux, mais, ainsi que l'a montré de Lacaze- Duthiers, ils n'en reçoivent pas moins leurs nerfs du cerveau ; 3" par des fossettes olfactives ciliées, comme on en observe chez les Cépha- lopodes; 4° enfin, par des organes tactiles divers. 11 existe toujours un canal digestif à parois propres, qui s'étend de MOLLUSQUES. 903 la bouche, située à la partie antérieure, jusqu'à l'anus, dont la posi- tion est variable. On y distingue un intestin antérieur (œsophage et estomac), un intestin moyen et un intestin terminal ou rectum. La cavité buccale est souvent armée de mâchoires et d'une sorte de langue revêtue de dents {radula). D'autre part, à l'origine de l'intestin moyen se trouve généralement déversé le produit d'une volumineuse. glande digesdve, désignée sous le nom de foie, mais répondant plutôt au pancréas des Vertébrés ihépatopancréas). Le liquide sécrété par cette glande dissout les matières albuminoïdes et contient un ferment qui transforme la fécule en glucose (Frédéricq). V appareil circulatoire comprend toujours un organe central ou cœur, situé sur le trajet du sang artériel, et divisé au moins en deux cavités, une oreillette et un ventricule. Le sang est lancé dans des artères, mais revient rarement par des capillaires et des veines ; dans tous les cas, il traverse un système de lacunes. En général, il existe des ouvertures qui mettent en communication le système circulatoire avec l'extérieur. — Comme chez les Arthropodes, le plasma sanguin est chargé d'hémocyanine et sert de véhicule à la fois pour les matières nutritives et pour l'oxygène. La vie aquatique de la plupart des Mollusques indique que leur appareil respiratoire est constitué le plus souvent par des branchies, expansions du tégument qui sont revêtues de cils vibratiles, sauf chez les Céphalopodes. Dans quelques cas il se modifie cependant pour servir à la respiratien aérienne : le poumon des Mollusques est une cavité remplie d'air et tapissée par une membrane qui soutient un réseau de vaisseaux sanguins ; la communication avec l'extérieur est établie au moyen d'un orifice étroit dit pneumostome. Les organes excréteurs sont représentés, chez les Lamellibranches et même chez les Gastéropodes, par une sorte de poche glandulaire parfois double dite organe de Bojanus. Chez les Céphalopodes, les reins sont remplacés par des glandes spongieuses qui garnissent les troncs veineux. hdi reproduction est toujours sexuelle. La plupart des Gastéropodes sont monoïques, ainsi que les Ptéropodes ; mais les sexes sont séparés chez le plus grand nombre des Lamellibranches, ainsi que chez tous les Céphalopodes et Scaphopodes. Le développement de l'embryon débute par une segmentation totale ou partielle, donnant lieu d'ordinaire à la formation d'une larve assez semblable à la trochosphère des Annélides. Souvent la ceinture ciliée de cette larve s'étale en un disque membraneux ou voile qui sert à la natation, et l'animal doit subir alors une métamorphose plus ou moins complexe pour arriver à l'état adulte. D'une manière générale, les Mollusques sont organisés pour vivre dans l'eau ; le petit nombre de ceux qui sont terrestres recherche même les endroits humides. Beaucoup d'espèces sont comesti- 904 MOLLUSQUES. bles(l). Enfin, on sait le rôle important que jouent les coquilles des Mollusques dans les formations géologiques. 5 classes : Une coquille bivalve ; pas de dents ni de tète distincte [Acéphales). Lamellibranches. , Pas de tête ni de cœur Scaphop(ides. I ^ied formant Pas de coquille bi- 1 , p Hg bras \ ^ '^^g^oires. Ptéropodes. valve; des dents j 1 péribuccaux . i . , [Odontophores) . 1 V !r . y ^pied ventral ' Qistnicte; ) simple Gastéropodes. un cœur i (Céphalés) . ^ ^j^^ couronne de bras péri- buccaux Céph alopodes. CLASSE I LAMELLIBRANCHES Mollusques sans tête distincte et sans dents ; coquille bivalve^ à valves atérales ; branchies lamellaires. Les Lamellibranches {lamella, lamelle ; branchiae, branchies), encore appelés Acéphales (à privatif; y,eçaXïi, tête) ou Bivalves, ont le corps symétrique, comprimé d'un côté à l'autre. Le manteau, qui naît à la face dorsale, se di- vise en deux lobes, l'un droit, l'autre gauche. Ces deux lobes palléaux enve- loppent le corps tout entier et sécrètent chacun une des valves de la coquille. Celles-ci sont réunies entre elles par une charnière, comprenant des dents qui s'enclavent réciproquement et un ligament élastique dont l'action tend à ouvrir la coquille quand les muscles adducteurs ne se contractent pas : au contraire de ce qui s'observe chez les Brachiopodes, l'ouverture de la coquille est donc passive. Les deux valves peuvent être sensiblement égales entre elles, et la coquille est dite alors équivalve (Moule), ou bien elles diffèrent d'une façon bien accusée, et on la dit inéquivalve (Huître) ; ce dernier cas tient en général à ce que l'animal est fixé : comme il se repose d'ordinaire sur le côté, la valve qui se trouve être inférieure devient plus bombée. La coquille est encore qualifiée d'équilatérale quand les bords antérieur ou buc- cal et postérieur ou anal sont égaux, et dHiiéquilatérale dans le cas contraire. La surface externe de cette coquille peut offrir des reliefs variés ; la surface interne, lisse et nacrée, ne montre que des impressions musculaires peu mar- quées servant à l'insertion des muscles adducteurs, et une ligne répondant au bord du manteau [impression palléale); quand il existe un siphon puis- sant, cette ligne décrit souvent un angle rentrant [sinus palléal). Les muscles adducteurs sont au nombre de deux ; mais, chez les inéquivalves, l'adduc- teur antérieur s'atrophie de bonne heure et disparaît, tandis que le posté- rieur s'avance vers le milieu de la coquille. La locomotion s'effectue quelquefois [Pecten, Lima) par le simple jeu des (l) A. LocARD, Les Huîtres et les Mollusques comestibles. Paris, 1890. LAMELLIBRANCHES. 905 valves, qui battent l'eau. Le plus souvent, elle est déterminée par ic pied, qui peut être organisé pour îamper (Anodonta) et qui s'alrophie chez les ani- maux sédentaires [O^trcn]. Assez souvent {Pecten, Mijtilus), le pied contient une glande spéciale, qui sécrète une matière analogue à la soie, se solidifiant au contact de l'eau : il se forme ainsi un paquet de filaments adhésifs, appelé byssus, au moyen duquel l'animal se fixe et même se déplace. Enfin, le jeu des siphons aide quelquefois à l'action du pied {Solen). Les trois groupes de ganglions nerveux sont pairs. On peut rencontrer divers organes sensoriels : 1° des vésicules auditives [otocystes] paires, situées au-dessous de l'œsophage ; 2" des yeux distribués sur les bords du manteau et quelquefois à l'extrémité des tubes du siphon ; 3» des organes olfactifs ciliés situés entre l'anus et l'extrémité postérieure du pied ; 4° des organes du tact, représentés par les palpes labiaux, par des pa- pilles ou tubercules siiués sur les bords du manteau, etc. Fig. 642. — Valve gauche de la coquille du Cytherea chione, d'après Woodward. — A, bord antérieur. B. bord postérieur. C, bord ventral ou base, u, umbo. h, ligament, l, lunule, c, dent cardinale. t,t, dents latérales, a, adducteur antérieur. «', adducteur postérieur, p, ligne palléale. s, sinus palléal, déterminé par les muscles rétracleurs des siphons. La boiicUe s'ouvre en arrière du muscle adducteur antérieur; elle est en- tourée par deux paires de palpes labiaux, membraneux et couverts de cils vibratiles qui servent a attirer les particules alimentaires. Un court œsophage conduit dans un estomac renflé, souvent pourvu d'un long caecum contenant une sorte de baguette transparente, le style cristallin. L'intestin décrit de nombreuses circonvolutions entre les lobes de la glande digestive et traverse ordinairement le cœur avant de se terminer à l'anus, qui est situé en arrière du muscle adducteur postérieur et sur le trajet du courant d'eau expiratoire. En général, le cœur, inclus dans un péricarde, se compose de deux oreil- lettes et d'un ventricule; il occupe la région dorsale et entoure le rectum, comme on vient de le voir. Deux troncs aortiques, l'un antérieur, l'autre postérieur, partent du ventricule et vont distribuer le sang au corps ; ils se divisent en rameaux multiples, qui se résolvent finalement en un réseau de lacunes ou sinus veineux dépourvus de parois propres. Chez la Moule com- mune, ces lacunes sont précédées de vaisseaux capillaires véritables (Saba- tier). Des sinus veineux, le sang se rend — presque toujours après avoir 906 MOLLUSQUES, traversé les parois des organes de Bojanus — dans les branchies, où il s'ar- térialise, et enfin rentre dans les deux oreillettes latérales. Le péricarde communique d'une part avec le système veineux, et d'autre part avec les organes de Bojanus, de telle façon que ces derniers organes permettent l'introduction de l'eau dans le sang et le rejet du sang à l'extérieur. La respiration s'effectue parla face interne du manteau et par des branchies. Celles-ci sont au nombre de quatre : il en existe deux à gauche et deux à droite du plan médian, insérées au fond de l'angle dièdre formé par les parois du corps et les lobes du manteau. Chacune d'elles se compose de deux feuillets, l'un direct, l'autre réfléchi, affeclant entre eux et avec les parties voisines des adhérences variables ; ces deux feuillets sont constitués par des filaments recouverts de cils vibratiles. Le courant respiratoire est déterminé par l'action de ces cils : le plus souvent, l'eau peut entrer largement dans la cavité palléale, mais dans certains cas (Moule) les bords du manteau se soudent en ne laissant que deux fentes, l'une pour l'entrée, l'autre pour la sortie de l'eau et des substances qu'elle contient. Parfois même les lobes du manteau se prolongent au niveau de ces deux orifices en deux tubes dési- gnés sous le nom de siphons. L'appareil excréteur est représenté par les organes de Bojanus, sacs glan- duleux situés de chaque côté du péricarde et parfois réunis sur la ligne médiane; ces glandes spongieuses éliminent l'urée et divers phosphates, et nous avons vu qu'une partie du sang y passe pour subir une dépuration avant de pénétrer dans les branchies. Les sacs de Bojanus communiquent avec le péricarde et s'ouvrent à l'extérieur sur les parties latérales de la base du pied. Un autre organe, la glande de Keher, qui se trouve au-dessus du cœur ou tapisse les oreillettes, excrète de l'acide hippurique. Au point de vue de la reproduction, les Lamellibranches se divisent nette- ment en deux groupes (Lacaze-Duthiers) : — 1° La plupart sont dioïques. Les ovaires et les testicules sont des glandes en grappe occupant les côtés du prétendu foie ; dans certains cas, une grande partie de la glande pénètre dans le manteau (Moule). La structure est semblable dans les deux sexes, mais on peut cependant en distinguer la nature, même à l'oeil nu, car le sperme est d'ordinaire lactescent ou jaunâtre, tandis que les œufs sont rougeàtres. Les produits génitaux sont tantôt déversés dans les sacs de Bojanus (Peigne varié), tantôt évacués par deux orifices communs avec ceux de cet organe (Moule) ou situés à côté de ceux-ci (Anodonte). — 2° Dans les formes monoïques, les glandes des deux sexes sont parfois distinctes, et débouchent à l'extérieur par des conduits séparés (Pandore) ou par un orifice commun (Peigne) ; d'autres fois elles sont entièrement confondues de ma- nière à former une glande dite hermaphrodite (Huître). Les embryons des Lamellibranches sont remarquables par la présence, à leur extrémité céphalique, d'un voile ou disque circulaire, dont les bords sont garnis de cils vibratiles : c'est un organe de natation, d'oii dériveront plus tard les palpes labiaux. Le tégument se soulève sur la face dorsale pour constituer le manteau. Quant au pied, il apparaît sous la forme d'une saillie médiane de la face ventrale, en arrière de la bouche. Les Mollusques de cette classe vivent pour la plupart dans la mer. Leur chair est souvent tendre et délicate. Ils ont laissé une quantité énorme de coquilles dans les couches géologiques. LAMELLIBRANCHES. 907 Sous-classe I : Asiphonidés. — Lamellibranches sans siphons : bords du man- teau libres ou soudés sur un point. I. Les uns possèdent un seul muscle adducteur : Monomyairks. Famille des OSTRÉIDÉS. — Coquille inéquivalve, écailleuse ; un gros muscle adducteur au milieu du corps; cœur ne recouvrant pas le rectum; pied nul ou rudimentaire ; pas de byssus. Genre Huître {Ostrea L.). — Les Huîtres proprement dites se fixent aux fonds marins par leur valve gauche, qui est la plus excavée; l'autre est aplatie et forme une sorte de couvercle. Les Huîtres comestibles constituent sans aucun doute plusieurs espèces distinctes, comprenant elles-mêmes de nombreuses variétés, mais on n'est encore que 1res incomplètement fixé à l'égard de ces déterminations. Il est incontestable d'ailleurs que l'habitat, aussi bien que le mode de culture, peut imprimer à une même forme des caractères et surtout des qualités variables ; et les gourmets arrivent à reconnaître l'origine des Huîtres avec la même précision que le cru des vins. Quoi qu'il en soit, les principales espèces d'Huîtres qu'on mange en France sont, d'après Locard : — l'Huître comestible (0. edulis), dont la coquille, d'un galbe ovalaire un peu allongé dans le sens de la hauteur, montre de nombreuses lamelles calcaires super- posées et striées ; répandue à peu près exclusivement sur nos côles de la Manche et de l'Océan; — l'Huître Pied-de-Cheval (0. hippopus), caractérisée par sa grande taille, qui atteint facilement 110 à Ho millimètres, et par l'épaisseur considérable de son test; vit sur toutes nos côtes; — l'Huître portugaise (0. angulata), à coquille allongée et tourmentée, la valve infé- rieure étant très profonde; acclimatée depuis peu en France, notamment à l'embouchure de la Gironde; chair fade; — l'Huître de Corse (0. Cyrnusi), espèce pouvant atteindre les dimensions du Pied-de-Cheval, mais à galbe plus allongé; vit surtout dans les étangs saumàtres du littoral ouest de la Corse et pourrait probablement s'acclimater dans ceux de la Provence; — enfin, l'Huître stentine (0. stentina), de petite taille, souvent irrégulière, à valve inférieure dentelée ; assez commune sur les côtes de Provence. — En Italie, on consomme particulièrement 0. tarentina et 0. adriatica, que nos éducateurs méditerranéens pourraient essayer de propager. vSur nos marchés, on rencontre surtout des variétés de l'Huître commune ou comestible, provenant des côtes de la Manche et de l'Océan. Les plus importantes sont : les Gravettes ou anciennes Huîtres d'Arcachon, les Huîtres de Marennes, blanches et vertes, les Huîtres de Cancale, les Armoricaines, les Sainte-Anne, etc., enfin, les Huîtres d' Ostende ou anglaises. Organisation. — Nous nous bornerons à donner ici un aperçu élémentaire de l'organisation de l'Huître comestible. Quand on ouvre une Huître, on doit rompre le gros muscle qui relie les deux valves, après avoir forcé la charnière pour détruire le ligament situé à la petite extrémité. Si l'on pose alors devant soi, et de préférence dans l'eau la valve concave (gauche) qui contient l'animal, de façon que cette petite extrémité soit dirigée en avant, on voit d'abord que le corps est enveloppé d'une membrane transparente, correspondant aux valves de la coquille : c'est le manteau, dont les bords garnis de franges sont libres, sauf à l'extré- 908 MOLLUSQUES. mité antérieure, où les deux lobes se réunissent en formant une sorte de capuchon au-dessus de la bouche. Inutile de faire remarquer que l'un de ces lobes adhérait à la valve droite et a dû en être détaché. — Le muscle adducteur, offrant deux moitiés inégalement transparentes, peut servir de point de repère. Le manteau est attaché à sa base. Immédiatement en avant, on remarque une cavité dans laquelle, sur l'animal vivant, on voit battre le cœur; celui-ci se distingue du reste sans difficulté à l'aspect membraneux et noirâtre de sa région auriculaire. Les branchies sont représentées par quatre lamelles striées, superposées, qui partent de la partie postérieure du muscle et le contournent à droite pour se diriger vers l'extrémité antérieure. Au point où elles se terminent, se montrent deux autres paires de lamelles également striées, mais plus petites : ce sont les palpes labiaux, qui partent d'un orifice transversal situé à l'extrémité antérieure. Cet orifice n'est autre que la bouche, qui conduit, par un très court œsophage, dans une poche stomacale ovoïde, entourée d'une masse jaune brunâtre, la glande digestive (foie des auteurs), avec laquelle elle communique direc- tement. L'intestin descend dans l'épaisseur de cette glande, dé- crit une anse et vient passer à gauche du muscle adducteur, pour se terminer vers sa partie postérieure. Autour de la glande digestive se trouvent les glandes sexuelles, qui sont partie mâles et partie femelles, l'un des sexes prédominant souvent sur l'autre. On ne trouve qu'un seul orifice de chaque côté du corps; il est situé entre deux cordons nerveux qui partent du ganglion bran- chial pour se rendre, l'un au cerveau, l'autre à la branchie. (( Jamais on ne manque d'arriver dans le canal si l'on fait glisser d'arrière en avant, entre les deux nerfs, une épingle fine en présentant la tête la première » (Lacaze-Duthiers). Le frai commence vers la mi-juin et se termine dans le courant d'août. Les mil- liers d'embryons qui sortent des œufs restent d'abord logés dans le manteau de la mère; ils nagent à l'aide de leur voile cilié et sortent bientôt au voisi- nage de la coquille, mais pour rentrer au plus vile en cas de danger : ils sont alors blancs et rendent l'eau laiteuse. Puis ces jeunes Huîtres s'entou- rent d'une coquille et vont se fixer; mais un grand nombre deviennent la proie des animaux marins et en particulier des Polypes, ou même périssent naturellement si elles n'ont pu se fixer à temps. On trouve des Huîtres dans toutes les mers, et partout elles sont recher- chées pour la nourriture de l'homme. Elles vivent à une faible profondeur, quoique toujours au-dessous du niveau des plus basses marées, et forment des amas considérables, désignés sous le nom de bancs, soit sur les rochers, soit plus rarement sur les fonds vaseux; souvent même elles s'attachent les Fis. 643. — Huître comeslible, vue dans sa valve gauche. — m, muscle adducteur, pi, palpes labiaux, br, bran- chies, mt, manteau, a, anus, c, cœur, ho, glande diges- tive recouverte par la glande hermaphrodite, o, orifice sexuel. LAMELLIBRANCHES. 909 unes aux autres. Leur nourriture se compose de ces myriades d'organismes microscopiques qui peuplent l'eau de la mer (Algues, Foraniinifères, Infu- soires, Crustacés, etc.). De dangereux ennemis des Huîtres sont les Huilriers {Hœmatopus) , les Étoiles de mer, les Homards, des Poissons, des Vers et même de petites Éponges [Cliona celata) qui perforent les coquilles. Les Moules leur sont éga- lement nuisibles, car le développement rapide de ces petits Mollusques s'oppose bientôt à l'accroissement et même à la nutrition des Huîtres. Enfin, ces animaux hébergent un certain nombre de commensaux et de parasites. Ostréiculture. — De nonlbreuses chances de destruction menacent donc les Huîtres, tant dans leur jeune âge qu'à l'état adulte. Il faut y ajouter encore le danger qui pourrait résulter d'une pèche inconsidérée. Aussi le gouvernement a-t-il dû réglementer cette pèche : la vente des Huîtres est interdite en France du 15 juin au i'"' septembre (1). Mais, pour assurer le repeuplement de nos côtes, il faut surtout compter sur une culture ration- nelle, basée sur des données scientifiques. Les Romains, qui estimaient beaucoup les Huîtres, s'étaient déjà occupés d'établir des paves ou bancs artificiels. Divers essais du même genre parais- sent avoir été tentés dans les deux derniers siècles; mais on peut dire que l'ostréiculture est en réalité d'origine récente. Coste en a été un des plus ardents et des plus sérieux promoteurs. — Les jeunes Huîtres qui frétillent autour des individus mères et rendent l'eau laiteuse constituent le naissain. On les recueille sur des fascines formées de branchages entre-croisés, sur des tuiles creuses ou même sur de simples pavés; puis, lorsqu'elles ont acquis un certain volume, on les transporte dans les parcs, sortes de grands bassins creusés par la mer et dans lesquels pénètrent les eaux des grandes marées, en y apportant une quantité considérable de nourriture. C'est aussi dans ces parcs qu'on dépose les Huîtres recueillies à la pêche, afin de leur faire perdre le goût de vase qu'elles offrent le plus souvent. Ajoutons que les bancs artificiels, comme les bancs naturels, sont divisés en plusieurs zones qu'on exploite à tour de rôle, de manière à permettre le repeuplement pendant les périodes de repos. Tel est le principe des procédés d'ostréicul- ture employés sur nos côtes de l'Océan. — Au bout de trois à cinq ans, les Huîtres ont acquis le développement que nous leur voyons habituellement. Si on les laisse plus longtemps fixées au rocher, elles prennent des dimen- sions plus considérables et deviennent coriaces : ainsi serait constituée, au dire de quelques auteurs, la forme que les zoologistes ont désignée sous le nom d'Huître Pied-de-Cheval. Les principaux établissements ostréicoles des côtes françaises sont ceux de Courseulles, Cancale, Concarneau, Belon, Lorient, Carnac, les Sables- d'Olonne, Marennes et la Tremblade, Arcachon, Saint-Jean-de-Luz, Toulon. Dans quelques-uns de ces établissements, notamment à Marennes, à la Tremblade, à Saint-Jean-de-Luz, à Courseulles, etc., on obtient, outre les Huîtres incolores ou blanches, des Huîtres vertes particulièrement estimées, et parfois même des Huîtres brunâtres. Cette coloration est surtout accusée dans les branchies et dans les palpes labiaux. J. Chatin a montré qu'elle est (1) Voyez Journal Officiel, 17 janvier 1882. — Toutefois, un décret du 9 août 1888 tolère la consommation locale et la vente des Huîtres sur les marchés du littoral. 910 MOLLUSQUES. due à un pigment fixé sur de fins granules protoplasmiques renfermés eux- mêmes dans de grandes cellules spéciales des papilles branchiales (1). D'autre part, les recherches de Berthelot ont établi que la matière colorante n'est nullement due, comme on l'avait longtemps admis, à la chlorophylle, et Chatin père a constaté que l'intensité de la coloration est en rapport avec la richesse en fer des tissus. C'est d'ailleurs un fait bien connu qu'àMarennes, on obtient le verdissement des Huîtres en les transportant de bonne heure dans les réservoirs particuliers, appelés claires, où l'eau n'est renouvelée qu'à l'époque des grandes marées ; or, la vase noire de ces claires doit sa teinte à du sulfure et à du protoxyde de fer, qui se transforment en sesquioxyde grâce à des manœuvres particulières (parage). Il est donc supposable que la production du pigment tient à l'assimilation par les Huîtres d'une certaine proportion de ces produits ferrugineux. Emploi. — On mange les Huîtres vivantes et entières. L'eau salée qu'elles contiennent et l'abondance du suc sécrété par la glande digestive en font un aliment facile à digérer. Elles conviennent par suite aux estomacs délicats, et on les a souvent recommandées dans beaucoup d'affections chroniques, ainsi que dans la convalescence des maladies aiguës. La digestibililé est encore augmentée sous l'influence des acides faibles, ce qui justifie l'addi- tion de jus de citron ou l'usage de vins blancs légèrement acidulés. Les Huîtres cuites sont au contraire réputées indigestes. On en préparait autre- fois un bouillon qui passait pour analeptique et aphrodisiaque. Les coquilles pulvérisées étaient employées comme absorbantes, antiacides, lithontrip- tiques, etc. Enfin, l'eau salée contenue dans les valves était préconisée, à la dose de deux ou trois cuillerées par jour, dans le traitement des affections chroniques de l'estomac. — Depuis quelque temps, on prépare sur nos côtes de la Manche des Huîtres marinées. — Ajoutons que la France consomme annuellement pour 25 à 30 millions de francs d'Huîtres; à Paris seulement, on en vend une centaine de millions d'individus. L'ingestion des Huîtres est rarement suivie d'accidents semblables à ceux que déterminent parfois les Moules. Quelquefois, cependant, elle donne lieu à des coliques et à une purgation plus ou moins sérieuse, voire à des troubles cholériformes. Nous reviendrons plus loin sur ce sujet en parlant des Moules ; disons seulement ici que Imtoxication paraît tenir au développement de produits spéciaux, dans le foie du Mollusque, lorsque celui-ci séjourne dans des eaux corrompues, ainsi que l'avaient déjà soupçonné P. Gervais et Van Beneden, On conçoit d'ailleurs que cette altération de l'eau soit plus rapide en été, et c'est ce qui a donné lieu sans doute à ce pré- jugé d'après lequel on devrait s'abstenir de manger des Huîtres pendant les mois dont le nom ne contient pas la letti-e r, préjugé utile, si l'on remarque qu'il concourt à favoriser la propagation de ces animaux. (1) J. Chatin, Du siège de la coloration chez les Huîtres vertes. Comptes rendus de l'Acad. des se, CXVI, p. 264, 1893. — Chatin père, Nature et cause du verdissement des Huîtres. Bullet. des séances de la Soc. nat. d'agriculture de France, LUI, p. 735, 1893. LAMELLIBRANCHES. 9H L'estime dans laquelle les amateurs tiennent les Huîtres vertes a engagé certains industriels à leur communiquer une viridité artificielle par l'addi- tion d'un sel de cuivre : cette fraude, susceptible de déterminer certains troubles dans la santé, était déjà pratiquée au commencement du xvui« siè- cle ; elle peut se déceler facilement au moyen de divers réactifs. Par exemple quelques gouttes d'ammoniaque versées sur le corps de l'Huître ou dans le liquide qui le baigne donneraient une belle coloration bleue; avec une solu- tion de cyanure jaune ou ferrocyanure de potassium, on aurait une colora- tion brun marron plus caractéristi([ue encore. On reconnaît que les Huîtres sont vivantes, soit aux mouvements du cœur, soit à la contraction des franges du manteau. Les Anomies {Anomiu), pourvues d'un byssus, sont mangées à Cette, où elles sont connues sous le nom d'Estufeltes, et à La Hochelle, où on les ap- pelle Éclairs, à cause de leur phosphorescence ; leur saveur est très amère. Famille des PECTINIDÉS. — Formes à coquille ornée de côtes rayon- nantes. Genres principaux : Pectcn, Spondylus, Lima. Les Peignes {Peclen), vulgairement i*è/t'?'«Hes, Ma)Ueaux oa Coquilles-de-Saint- Jacques, sont tous comestibles; leur chair, qu'on mange crue ou cuite, est de bonne qualité. Leurs valves creuses (ricardeaux) sont utilisées pour servir des préparations culinaires variées, qualifiées de « coquilles ». — Citons en particulier la Grande Palourde ou Vanne (P. maximiis), de la Manche et de l'Océan; la Pèlerine {P.Jacobxus), surtout méditerranéenne; la petite Palourde ou Olivette {P. opercuku'is), de la Manche et de l'Océan; la Palourde nor- mande (P. variiis), de toutes nos côtes. Les Spondyles [Spondylus) sont plus rarement consommés en France sous le nom d'Huitres épineuses ou Huîtres rouges. Spondyle Pied-d'Ane [Sp. gœde- ropus), de la Méditerranée. Quant aux Limes [Lima), on n'en mange qu'une espèce méditerranéenne (L. inflata), de taille passable. IL DiMYAiREs : coquille munie de deux muscles adducteurs. Famille des AVICULIDÉS. — Comprend notamment les Avicules (Avicula) et les Pintadines ou Huîtres perlières [Meleagrina margaritifera). — Nos côtes ne présentent qu'une seule espèce d'Avicule [A. tarentina), qu'on rencontre assez souvent sur les marchés de Celte. Famille des MYTILIDÉS. — Coquille équivalve; bords du manteau ordinairement soudés en arrière; muscle adducteur postérieur plus fort que l'antérieur; pied mobile enferme de languette, produisant un byssus. Genres principaux : Pinna, Mytilus, Modiola, Lithodomus. Les Moules [Mytilus) ont une coquille cunéiforme; elles vivent en colonies nombreuses sur les rochers, où elles se fixent à l'aide de leur byssus. Contrai'- rement aux Huîtres, elles se déplacent à volonté : pour cela, elles lancent de nouveaux filaments en avant des anciens et coupent progressivement ceux-ci, se hissant alors comme à l'aide d'un câble. La Moule comestible [M. ednlis) est l'espèce type du genre; mais il existe en outre, sur nos côtes, un grand nombre de formes diverses : M. her- culeus, galloprovincialis, abbreviatus, retusus, etc. 912 MOLLUSQUES. Mytiliccltdre. — En Normandie et en Bretagne, on se contente ordinaire- ment d'aller recueillir les Moules qui sont émergées à marée basse ; mais, aux environs de La Rochelle, oîi le fond est vaseux, on les soumet à un système suivi d'élevage. On enfonce dans la vase de longs pieux disposés en allées régulières ou bouchots. Les plus éloignas du rivage sont formés de pieux sépa- rés, sur lesquels se lixent les jeunes Moules; dans les autres, les pieux sont réunis par des branchages, de manière à former une sorte de claie. C'est sur ces derniers qu'on amène définitivement les Moules, qui ont acquis au bout de deux ans la taille voulue pour être livrées à la consommation. Les pêcheurs vont les cueillir à marée basse sur ces bouchots clayonnés, en glissant sur la surface unie de la vase au moyen d'une sorte de petite pirogue à fond plat connue sous le nom d\icon. Quand le vent est favorable, on hisse une voile; dans le cas contraire, le pêcheur se tient sur un genou au bord de la nacelle et rame avec sa jambe libre . Les Moules sont susceptibles de provoquer des accidents parfois fort graves chez les personnes qui les consomment, cuites ou crues. Ces accidents se présentent sous trois formes principales, qui peuvent d'ailleurs s'associer ou se combiner à des degrés divers. Dans la forme la plus simple, on observe une éruption cutanée, érythème ou urticaire, accusée surtout au niveau de la face. Le second type, beau- coup plus sérieux, présente les caractères d'une gastro-entérite accompagnée de phénomènes généraux et prenant parfois une appa- rence cholériforme ; dans ce cas, la convalescence est souvent longue, et l'issue peut même être fatale. Enfin, la troisième forme, qu'on peut qualifier de nerveuse, et qui est beaucoup plus grave encore que la précédente, consiste surtout en une paralysie à marche rapide, aboutissant presque toujours à la mort. Bien des hypothèses ont été émises au sujet de ces empoisonne- ments alimentaires. On a incriminé successivement, et sans raison, le séjour des Moules contre la coque doublée de cuivre de certains navires, la présence entre leurs valves de petits Crabes (Pinnothères) qui s'y logent en commensaux, le frai des Étoiles de mer qu'elles auraient mangé, etc. La cause réelle des intoxications n'a été déter- minée qu'en 1886, à la suite des recherches de Max Wolfï et de Brieger. En 1885, des ouvriers de l'arsenal de Wilhelmshaven, après avoir mangé des Moules pèchées dans le port de cette ville, furent pris des symptômes les plus violents d'un empoisonnement à forme paralytique : quatre succombèrent après une demi-heure à cinq heures de souffrances. Des Poules et des Chats, ayant ingéré les mêmes Moules jetées sur un fumier, périrent également. Or, ces Mollusques provenaient d'un bassin dans lequel l'eau est stagnante et qui reçoit les égouts de la ville. Schmidtmann montra que leur toxicité était liée à la corruption de l'eau : des Moules saines prises dans l'avant-port, introduites dans ce bassin, y devenaient très toxiques en quinze jours, et recouvraient leur innocuité après un LAMELLIBRANCnES. 913 séjour dans l'eau courante. D'ailleurs, les Astéries recueillies dans le même bassin présentaient aussi une grande toxicité (voir p. 205), tandis que les Poissons et les Crevettes, animaux nomades, en étaient dépourvus. — Enfin Brieger a pu isoler le principe toxique, qui n'est autre qu'une leucomaïne, la mytilotoxine^ dont la formule est C'H'^AzO^' elle a une odeur très désagréable et possède des propriétés toxiques tout à fait analogues à celles des Moules étudiées : son action est pa- ralysante. Ces propriétés disparaissent d'ailleurs en présence d'une petite quantité de carbonate de soude, ce qui est une indication assez précieuse au point de vue de l'hygiène alimentaire. — Max Wolff a démontré que le foie seul renferme ce principe ; et comme celui-ci ne se rencontre pas dans les eaux où vivent les Moules, on peut admettre qu'il est produit directement par les cellules hépatiques dans l'état de sous-activité physiologique où elles se trouvent placées par suite des mauvaises conditions de milieu (voir p. 79). Ajoutons cependant que Lusting dit avoir découvert, dans les Moules prove- nant des eaux stagnantes des ports et des canaux, un microbe émi- nemment pathogène. Ces résultats, quoique très instructifs, n'ont pas toutefois donné la solution complète du problème de l'empoisonnement par les Moules. L'action de la mytilotoxine ne rfind pas compte, en effet, des acci- dents d'urticaire et de gasto-entérite signalés plus haut. Il y a donc lieu de supposer qu'il peut exister chez les Moules plusieurs principes vénéneux, dont un seul est actuellement connu. Au surplus, on ne doit pas oublier de faire intervenir, dans la ques- tion de ces empoisonnements alimentaires, la notion de l'état de santé préalable du sujet. Certaines personnes, en effet, sont beaucoup plus exposées que d'autres à de telles intoxications. Cazin et Delthil ont même observé des nourrices qui mangeaient des Moules sans en être nullement incommodées, alors que leurs nourrissons étaient chaque fois atteints d'urticaire. C'est que, dans l'organisme sain, bien des principes toxiques sont transformés ou très rapidement éli- minés par diverses voies; tandis que, si le fonctionnement des organes d'arrêt ou d'excrétion (foie, reins, glandes sudoripares, etc.) est gêné ou enrayé par des conditions morbides, ces mêmes principes s'accu- mulent sur place et sont susceptibles alors de déterminer des acci- dents plus ou moins graves. Les Modioles (Modiola), Muscles moussus ou Mouflons des Provençaux, se mangent crues ou parfois cuites et préparées comme les Moules. Trois espèces {M. harbata, mytiloides et Lamarckiana) sont plus particulièrement comestibles; on les trouve sur les divers points de notre littoral, mais elles ne sont guère vendues que sur les marchés du Midi. Les Lithodomes (Lithodomus) ou Dattes de mer se creusent des galeries dans les rochers; on les mange à la façon des Huîtres. Une seule espèce co- mestible (L. lithophagics), des côtes de Provence. Railliet, — Zoologie. 58 914 MOLLUSQUES. . Quant aux Jambonneaux (Pinna), ce sont de grands Mollusques peu esti- més; on les mange pourtant quelquefois aux environs de Cette, et surtout en Algérie. Parmi les ARCADES, nous signalerons seulement les Pétoncles [Pectun- culus) ou Amandes de mer, dont deux espèces sont comestibles : P. glycime- ris, Manche et Océan; P. violacescens, Méditerranée. Enfin, les UNIONIDÉS comprennent les Anodontes [Anodonta), les Mu- Jettes (Unio) et les Huîtres perlières d'eau douce {Margaritana), dont diverses espèces, répandues dans nos rivières et nos étangs, sont parfois consommées dans les campagnes. A Paris même, Anodonta cyrjnea est mangée sous le nom de Moule des étangs. Sous-classe II : Siphonidés. — Lamellibranches à siphons plus ou moins dé- veloppés : bords du manteau soudés en grande partie. Nous signalerons rapidement les espèces comestibles. Les Bucardes (Cardium), encore appelées Coques, Sourdons, Mourgues, ont une chair généralement médiocre ; néanmoins, on en mange plusieurs espèces sur toutes nos côtes, notamment C. edule. Il en est de même des Cardites [Cardita] ou Praires rouges : C. sulcata est consommée entre Marseille et Nice. Mais la famille des VÉNÉRIDÉS est particulièrement riche à ce point de vue; elle comprend les genres Vernis, Tapes, Dosinia, Cytherea, etc. Les Vénus {Venus) renferment deux espèces qui se montrent sur toutes les côtes de France, et jouent un rôle important dans l'alimentation : la Praire {V. verrucosa) et la fausse Praire {V. gallina), celle-ci moins estimée. Les Artémis [Dosinia] sont peu recherchées, sauf à Cette et en Italie. Les Clovisses [Tapes] comprennent un grand nombre d'espèces qui se ven- dent non seulement sur les marchés du littoral, mais souvent aussi sur ceux de l'intérieur. Telles sont : T. decussatus, pidlaster, texturatus, Bourguignàti, edulis, geographicus, etc. Dans le Nord et l'Est, on les mange crues à la façon des Huîtres; dans le Midi, on les fait souvent cuire pour les manger en ragoût avec des épinards. Parmi les Cythérées [Cytherea], notre seule espèce comestible est le grand C. chione (fig. 642). A des familles voisines se rattachent encore quelques formes alimentaires. Les Mactres [Mactra] se vendent fréquemment à Bordeaux [M. helvacea] et sur le littoral méditerranéen [M. lactea, M. stultorum}. Les Lutraires [Lutraria] sont plutôt consommées en Bretagne et dans le Boulonnais, mais elles viennent jusque sur les marchés de Paris et de Lyon. Une seule espèce de Psammobie [Ps. vespertina] se mange sur les côtes de Provence. Chair médiocre. Les Donaces [Donax], petites Clovisses ou Haricots de mer, reconnaissables à leur coquille triangulaire et lisse, se vendent sur tous les marchés. Les Myes [Mya] ou Clanques ne vivent que dans la Manche et l'Océan. Chair blanche et médiocre (fig. 644). Les Couteaux [Solen] offrent aussi plusieurs espèces comestibles, par exemple S. vagina, surtout commun dans l'Océan, et S. ensis, plus répandu dans la Méditerranée. Chair assez bonne. GASTÉROPODES. 915 Enfin les Pholades [Pholas), Gites ou Dails, qui se creusent des abris dans les rochers, comprennent deux espèces comestibles qui vivent dans toutes nos mers IPh. ductylus et Ph. candidui^). Fig. 641. — Mye dessables (Mya arenaria L.). Avant de clore l'étude de ce groupe, il convient d'ailleurs de citer le Taret commun (Teredo navalis) ou Ver de vaisseau. Ce curieux Mollusque se creuse, dans le bois immergé, des galeries qu'il revêt d'une couche calcaire ; il dé- truit ainsi les pilotis, la coque des navires, etc. CLASSE II SCAPHOPODES Mollusques dépourvus de tête, d'ijeuv, de cœur et de branchies; pied trilobé ; coquille tubuleuse ouverte aux deux extrémités ; dioïques. Cette classe est représentée par l'ordre unique des Solénoconques (itoXiiv,. tuyau ; y-ij/r., coquille), établi par de Lacaze-Duthiers pour le seul genre Den- tale [Dentaliwn L.). C'est un intéressant groupe de passage entre les Acé- phales et les Gastéropodes. Les Dentales vivent dans le sable des mers, la tète tournée vers le fond. CLASSE m PTÉROPODES Fig. 6io. — PtiTopodes {Hyalea cornca L.). Mollusques à tête peu distincte ; pied formant deux naijeoires aliformes latérales : corps nu ou re- vêtu d'une coquille univalve ; monoïques. Les Ptéropodes (tTesov, aile;7vcj;, pied) sont pour la plupart des animaux de haute mer, se déplaçant très vite à l'aide de leurs nageoires, qu'ils agitent comme des ailes. C'est surtout la nuit ou au crépuscule qu'ils apparaissent à la surface. CLASSE IV GASTÉROPODES Mollusques à tête bien développée ; pied ventral simple; presque toujours une coquille univalve, en spirale ou en bouclier. 916 MOLLUSQUES. Le nom de Gastéropodes {'^oKsHp, ventre ; ucùç, pied), donné à cette classe, se rapporte à la présence d'un pied large, en forme de disque, placé sous l'abdomen et servant en général à la reptation ; chez les Hétéropodes, cepen- dant, ce pied est étroit, vertical, et constitue une sorte de nageoire, La tète de ces Mollusques porte deux ou quatre tentacules ; le corps est revêtu d'un manteau qui sécrète une coquille parfois interne ou rudimen- taire (Limace), le plus souvent bien développée, univalve, enroulée en hélice, mais non cloisonnée. Dans ces coquilles spirales, on distingue : le sommet ou la pointe; Youverture, par laquelle sort l'animal ; le pourtour de cette ouver- ture ou péristome, correspondant au bord du manteau. L'axe autour duquel se font les tours de spire constitue là columelle : il est quelquefois creux et son orifice extérieur est alors appelé ombilic. Enfin, on nomme suture le sil- lon formé entre les tours de spire successifs quand ils sont réunis les uns aux autres. Au lieu d'être spiralée, la coquille est parfois simplement exca- vée, conique (Patelle); rarement elle est multivalve (Oscabrion). Le système nerveux n'offre plus la disposition symétrique qu'il affecle chez les Acéphales. Il existe bien deux ganglions cérébroïdes, situés au-dessus du tube digestif, et deux ganglions pédieux, qui se ramifient dans le pied; mais les ganglions pariéto-splanchniques sont au nombre de cinq et forment une chaîne plus ou moins étendue (groupe asymétrique Lac.-Duth.). En outre, on observe quelquefois, vers l'origine de l'œsophage, deux petites masses gan- glionnaires communiquant avec le cerveau; on les a regardées comme un système nerveux viscéral ou stomato-gastrique. Comme organes des sens, il faut signaler : des yeux, situés habituellement au sommet ou à la base des tentacules ; des otocystes, presque toujours placés sur des ganglions pédieux, mais innervés par le cerveau ; des organes olfac- tifs ciliés situés à la base des branchies ou à côté de l'orifice pulmonaire; enfin, des tentacules servant d'organes de tact. La bouche, souvent pourvue d'une trompe protractile, s'ouvre à l'exlrémité antérieure de la face ventrale, et donne accès dans une cavité à parois musculeuses, le bulbe buccal ou pharyngien. Sur le plafond de cette cavité, en arrière delà lèvre supérieure, se trouve une mâchoire cornée ; par contre, la paroi inférieure porte une saillie cartilagineuse, la langue, revêtue d'une lame cornée et transparente, appelée radula (racloir). Cette dernière est recouverte de rangées transversales de petites dents, dont le nombre et la forme sont très variables et fournissent des caractères importants pour la classification. Cet appareil masticateur jouit souvent d'une grande puissance. — Dans la cavité buccale débouchent les canaux excréteurs de deux glandes dites salivaires, mais dont le produit n'offre nullement les caractères de la salive des Vertébrés (L. Frédéricq). L'intestin antérieur comprend, outre la masse buccale, un long œsophage, qui se dilate en un estomac simple ou multiple. L'intestin moyen est très long et décrit de nombreuses circonvo- lutions ; il est entouré par une énorme glande digestive, dont le contenu est déversé à son origine et parfois même dans l'estomac. L'intestin terminal ou rectum est étroit et aboutit à un anus situé d'ordinaire sur le dos ou sur le côté droit de la région cervicale. L'appareil circulatoire est assez variable. En général, le cœur, entouré d'un péricarde, se compose d'un ventricule et d'une oreillette, celle-ci tournée vers l'organe de la respiration. Dans certains cas cependant, les branchies GASTÉROPODES. 917 étant doubles, il existe deux oreillettes, et le ventricule est, comme chez les Lamellibranches, traversé par le rectum (Haliotides). Du ventricule part une aorte, qui se divise d'habitude en deux troncs artériels, l'un se dirigeant vers la tête et le pied, l'autre se rendant en arrière pour se ramifier dans la masse viscérale. Les veines sont peu nombreuses; le sang revient plutôt par des sinus ou lacunes interorganiques. Chez un petit nombre de Gastéropodes, la respiration est cutanée et s'effec- tue alors par des appendices dorsaux qui renferment des prolongements cœcaux du tube digestif (.£o/ts). Le plus souvent elle a lieu par des bran- chies, qui peuvent être parfois aussi nues et dorsales, mais qui, dans la règle, se trouvent contenues dans une cavité palléale, entre le manteau et le pied. Cette cavité respiratoire communique alors avec l'extérieur au moyen d'une simple fente située vers la partie antérieure du corps; ou bien les bords de Fig. 646. — Coupe schématique d'un Buccin. — a, bouche, montrant la radula. 6, glandes salivaires c, estomac, d. d, intestin entouré par la glande digestive, et se terminant en e, à l'anus, g, branchie. h, cœur, f, ganglion nerveux (Huxley). cet orifice se prolongent en un siphon protractile (Turbo). Leur forme et leur disposition sont des plus variables; elles sont rarement symétriques, et peu- vent se trouver réduites à une seule. Le renouvellement de l'eau autour des branchies est déterminé par l'action des cils vibratiles qui les garnissent. — Enfin, divers Gastéropodes terrestres et même aquatiques ont une respiration aérienne : Je poumon résulte en pareil cas d'une simple transformation de la cavité branchiale dont il vient d'être question : le plafond de cette cavité est formé par une membrane mince ou par des cloisons entre-croisées, parcou- rues par de nombreux vaisseaux sanguins qui dessinent un réseau à mailles serrées. La communication est établie avec le dehors par l'intermédiaire d'un conduit sinueux, qui débouche au voisinage de l'anus, presque toujours sur le côté droit de la partie antérieure du corps. Le renouvellement de l'air paraît être déterminé par les mouvements alternatifs d'abaissement et d'élé- vation du plancher de la cavilé. — Il est rare que la respiration soit à la fois branchiale et pulmonaire [Ampullaria, Oncidium). 918 MOLLUSQUES. Le rein des Gastéropodes correspond bien aux organes de Bojanus des Lamellibranches, mais c'est ici un sac souvent impair, de teinte fauve ou brun jaunâtre, à paroi spongieuse, situé dans le voisinage du cœur et commu- niquant avec le péricarde. Le canal excréteur débouche à côté de l'anus. — A l'occasion des organes d'excrétion, nous devons signaler aussi la présence de diverses glandes dont le rôle n'est pas bien connu : telle est la glande muqueuse qui occupe la voûte de la cavité respiratoire; la glande pédieuse des Limacidés et des Hélicidés ; la glande de la pourpre des Murex, Pur- pura, etc. Celle-ci se trouve aussi dans la chambre branchiale : son produit, d'abord incolore, passe par diverses teintes et donne enfin une belle couleur violette quand on l'expose aux rayons solaires. Les Gastéropodes sont les uns dioïques, les autres monoïques. — i° Aux Gastéropodes dioïques appartiennent presque tous les Prosobranches et les Hétéropodes. Les mâles possèdent un testicule ordinairement caché entre les lobes de la glande digestive, un canal déférent, une vésicule séminale et un conduit éjaculateur. Souvent à ce canal fait suite un pénis tubuleux ou sim- plement creusé d'un sillon; d'autres fois (Haliotides), il n'existe pas d'organe copulateur. Chez les femelles, l'ovaire occupe la situation que nous avons indi- quée pour le testicule ; viennent ensuite un oviducte accompagné d'une glande albuminipare et dilaté dans certains cas en une sorte d'utérus, puis un vagin et une poche copulatrice. — 2° Les Gastéropodes monoïques comprennent les Opis- thobranches et presque tous les Pulmonés. Le testicule et l'ovaire sont étroi- tement unis, et parfois confondus à ce point que deux acini de sexe différent peuvent être situés côte à côte et déboucher dans le même conduit vecteur, ou même qu'un seul cul-de-sac est en partie mâle, en partie femelle (glande hermaphrodite, ovotestis), ainsi qu'on le voit chez les Limacidés et les Héli- cidés. Cependant, malgré cette fusion, les produits sexuels peuvent se sépa- rer. Chez le Colimaçon {Hélix pomatia), qu'on étudie d'habitude comme type des Gastéropodes, on observe la disposition suivante : les produits de la glande hermaphrodite passent d'abord dans un canal commun, le canal effé- rent, qui aboutit à un conduit plus large, à l'origine duquel se trouve une glande albuminipare. Cette partie élargie se compose en quelque sorte de deux canaux accolés et communiquant entre eux, l'un assez ample, Vovi- ducte, l'autre plus petit, la gouttière efférente. Celte gouttière continue direc- tement le canal efférent ; elle transporte les spermatozoïdes, puis se trans- forme en un tube complet et distinct ou canal déférent, dont la portion terminale est susceptible de s'évaginer de manière à jouer le rôle de pénis : celte portion est munie en outre d'un long flagellum et d'un muscle rétracteur du pénis. Les œufs, au sortir du canal efférent, écartent les lèvres de la gouttière et passent dans l'oviducte; celui-ci ne tarde pas aussi à former un canal distinct ou vagin, auquel sont annexées : 1° une poche copulatrice, des- tinée à emmagasiner le sperme ; 2° une paire de glandes divisées en nom- breux culs-de-sac tubuleux, les vésicules midtifides, dont le rôle n'est pas connu; 3° une poche du dard, à parois musculeuses, contenant un stylet calcaire ou dard qui paraît être un organe excitateur. Les conduits mâle et femelle se confondent enfin en un vestibule génital qui débouche à l'extérieur par un orifice situé sur le côté droit du cou. — Les Gastéropodes monoïques ne se comportent jamais comme de véritables hermaphrodites ; le plus sou- vent, l'accouplement est réciproque, chaque individu fonctionnant à la fois GASTEROPODES. 919 comme mâle et comme femelle (Escargots) ; d'autres fois, l'un des deux indi- vidus accouplés joue le rôle de mâle et l'autre celui de femelle (Aplysies); ou mieux encore, il arrive que les animaux se réunissent en chaînes et que chacun d'eux fasse l'office de niàle relativement à l'individu qui précède et de femelle à l'égard du suivant (Limnées). La plupart des Gastéropodes sont ovipares; chez quelques-uns seulement, le développement embryonnaire a lieu dans l'utérus {Paludina vivipara). Les Pulmonés naissent avec leur forme délinitive; cependant les Limnées ont un voile cilié incomplet. Quant aux Gastéropodes branchies, ils subissent des métamorphoses; leur larve est munie, à la partie anlérieure, d'un voile divisé en deux grands lobes membraneux couverts de cils vibratiles, à l'aide des- quels elle se déplace dans l'eau. La plupart des Gastéropodes sont marins; on en trouve aussi dans l'eau saumàtre ou dans l'eau douce; enfin, quelques-uns sont terrestres. Leur régime est variable : il en est qui se nourrissent de matières animales; d'au- tres sont herbivores. Ces animaux nous intéressent en particulier par suite de l'habitat qu'ils fournissent aux larves de Trématodes. On trouve surtout celles-ci chez les Gastéropodes d'eau douce, mais Ercolani a montré que les Pulmonés terrestres sont eux-mêmes susceptibles d'en héberger un cer- tain nombre. 4 ordres : Hétéropodes, Opisthobrcmches, Prosobranches, Pulmonés. 1" ordre : Hétéropodes. — Gastéropodes nus ou testacés, à respiration Fio-. 647. — Hétéropodes : Carinaria cymbium, d'après Woodward. b, branchies, s, coquille. /", pied, d, disque. p, trompe, t, tentacules. dioïques. — Les Hétéropodes branchiale, à pied vertical disposé en nageoires nagent en haute mer, la face ventrale tournée en haut. Ce sont des animaux à corps très transparent. 2« ordre : Opisthobranches. — Gastéropodes à coquille nulle ou rwlimcntaire, à respiration branchiale ; branchies et oreillettes situées en ar- rière du ventricule ; pied horizontal; monoïques. — Genre principal : Aplysie {Aplysia). L'Aplysie dépilante {A. depilans L.), vulgairement appelée Lièvre de mer ou Bœuf de mer, est une fort grande es- pèce qui vit sur les bords de la Méditerranée; elle répand une odeur nau- Fig. 648. — Opislliobrauclies : Boris Johnstoni, d'après Huxley. 920 MOLLUSQUES. séabonde qui l'a de tout temps fait regarder comme vénéneuse ; cependant, on assure que certaines personnes mangent des Aplysies cuites sans s'en trouver incommodées. 3^ ordre : Prosobranches. — Gastéropodes à coquille bien développée , à respiration branchiale; branchies et oreillettes situées en avant du ventricule; pied horizontal; dioïqiies. Bon nombre de Prosobranches sont comestibles, bien qu'en général leur chair soit moins délicate que celle des Acéphales. Ainsi, les Patelles {Patella), dont la coquille en cône surbaissé est large- ment ouverte à sa base, sont consommées sous le nom de Flies en Norman- die, de Bernicles sur les côtes de l'Océan, et d'Arapèdes en Provence. P. vul- gata, Manche et Océan. P. caerulea, Méditerranée. On mange plusieurs espèces de Fissurelles {Fissurella) à Toulon. Les Haliotides {Haliotis), Oreilles de mer, Ormiers, Sixyeux, sont assez com- Fig. 649. — Haliotide {Haliotis tuberculata L.), munes dans nos mers; leur chair, quoique un peu coriace, se mange ordinai- rement crue. Dans quelques villes du littoral méditerranéen, on vend le Sabot {Turbo rugosus), dont la chair est également coriace. Les Toupies {Trochus), Éplisses, Brelins, Bious rouds, comprennent aussi quelques grosses espèces comestibles. Les Rochers (Murex), Chicorés, Bious arpns, se vendent couramment à Mar- seille. — Les pêcheurs mangent aussi parfois les Pourpres [Purpura). Sur les côtes de l'Océan et de la Manche, on recueille, tant comme aliment que comme amorce, le Buccin onde [Buccinum undatumj, Calicoquot ou Escargot de mer. Les Littorines [Littorina) sont toutes comestibles et se vendent jusque sur les marchés de l'intérieur, du moins les grosses espèces qui appartiennent au groupe de L. littorea, sous les noms de Vigneaux et de Bigorneaux. Enfin, on mange sur les côtes de la Méditerranée plusieurs espèces de Cérithes (Cerithium), notamment le Cérithe Goumier [C. vulgatum), ainsi que des Cassidaires ou Piades [Cassidaria), dont la chair laisse beaucoup à désirer. Dans cette région, du reste, les habitants consomment sans répugnance à peu près presque tous les Mollusques de la côte. Ces animaux peuvent pourtant occasionner des empoisonnements ana- logues à ceux que produisent les Moules. Polin et Labit, par exemple, citent le cas d'un homme de 28 ans qui mourut en 30 heures, à la suite de. l'inges- tion d'une poignée de Bigorneaux. GASTÉROPODES. 921 Aux Prosobranches appartiennent encore les Paludines [Paliidina), Mol- lusques d'eau douce qui hébergent très fréquemment des larves de Tréma- todes. 4« ordre : Pulmonés. — Gastéropodes iiusoii testacés, àrespiratlon pulmonaire; cœur situé en arrière du poumon; pied horizontal; monoïques. Nous devons une mention particulière à quelques familles de ce groupe. Famille des LIMN^IDÈS. — Les Limnccidés ne possèdent que deux tentacules, qui portent les yeux au côté interne de leur base. Leur coquille est toujours mince, à péristome tranchant. — Ces animaux vivent dans les eaux douces; ils servent à la nourriture des Oiseaux aquatiques et des Pois- sons. Ce sont eux surtout qui hébergent les larves des Distoiniens. Les Limnées{Limn3ea)se distinguent à leur coquille diaphane à spire poin- tue, le dernier tour étant plus grand que tous les autres ; les deux tentacules sont triangulaires et aplatis, très contractiles. — Elles se nourrissent de substances végétales, et principalement de feuilles. La reproduction a lieu vers la fin du printemps; les individus s'accouplent en chaînes. Les œufs sont agglomérés en petites masses glaireuses et transparentes. Pendant la période de l'hiver, les Limnées s'enfoncent dans la vase. L'espèce la plus commune est la Limnée stagnale (L. stagnalis), qu'on ren- contre dans la plupart des étangs; mais celle qui nous intéresse le plus est la suivante. La Limnée tronquée (L. truncatula Mill- ier. — Syn. : L. mm?<^aDraparnaud)est carac- térisée par une coquille ovoïde-oblongue, un peu ventrue, mince, d'une teinte cendrée gri- sâtre ou un peu violacée ; la spire est compo- sée de cinq à six tours, le dernier grand, un peu renflé, formant à lui seul les deux tiers de la coquille; celle-ci atteint une hauteur de 6 à 10 millimètres, sur un diamètre de 3 à o. Cette espèce, qui offre plusieurs variétés, échappe facilement aux recherches en raison de son exiguïté et de l'habitude qu'elle a d'é- migrer hors de l'eau. On la trouve souvent, en effet, à une assez grande distance des fossés, ruisseaux, étangs ou flaques d'eau, soit après les inondations, soit simplement lorsque l'herbe est humide. Elle est rapidement en- gourdie par la dessiccation, mais reprend son activité aux premières pluies si la période de sécheresse n'a pas été trop longue. Elle passe pour frayer dans la vase, sur le bord des fossés. — Ces mœurs expliquent comment elle est apte à jouer le rôle d'hôte intermédiaire à l'égard du Dis- toma hepaticum (voy. p. 344). La Limnée tronquée est répandue dans toute l'Europe, la Barbarie, la Sibérie, l'Afghanistan, le Thibet, l'Asie Mineure, le territoire de l'Amour. Fig. 6o0. — Limnsea truncatula grandeur natuioUe et grossie. 922 MOLLUSQUES. La Limnée étrangère {L. peregra), qui passe également pour héberger dans certains cas les larves du Distonie hépatique, habite toute l'Europe, la Sibé- rie, le Thibet, l'Asie Mineure, le territoire de l'Amour et certaines îles de rOcéanie. Les Planorbes [Planorbis] ont leur coquille enroulée presque sur un seul plan, de manière à prendre un aspect discoïde; leurs deux tentacules sont très longs. Les principales espèces sont : Planorbe corné [PL corneus), Pla- norbe caréné [PL carinatus), Planorbe bordé [PL marginatus), etc. On peut citer encore, dans la même famille, les Physes {Physa) et les Ancyles {Ancylus). Famille des LIMACIDÉS. — Ce sont des Mollusques nus : le manteau forme sur le dos un bouclier assez épais, coriace, contenant un rudiment de coquille. Les Arions {Arion) ont rorifice respiratoire situé en avant du milieu du bouclier dorsal. "La coquille n'est représentée que par quelques granula- tions calcaires. Tout le monde connaît la Limace rouge [Arion empiricorum), qui est répandue dans toute l'Europe et qui servait autrefois à préparer un « sirop de limace » employé contre la phtisie. Cette espèce et quelques autres du même genre attaquent les plantes de nos jardins, mais ne se multiplient pas assez pour produire des dommages sensibles. Les Limaces [Limax], dont Torifice respiratoire est en arrière du milieu du bouclier, comprennent diverses espèces nuisibles, dont la plus dange- Fig. 651. — Limax af/restis L. reuse est la petite Limace grise ou Lochette (L. agrestis) , qui dévore avec avidité les céréales, les prairies artificielles et les plantes potagères, surtout dans les années humides (fig. 651). Cette forme, ainsi que L. cinereus et L. variegalus, sert d'hôte intermé- diaire au Davainea proglottina (voy. p. 305). Dans la petite famille des TESTACELLIDÉS, nous n'avons à signaler que les Testacelles (Testacella), qui possèdent une petite coquille à spire aplatie, située sur l'extrémité postérieure du corps. Il y a quelque intérêt à ne pas les confondre avec les Limaces, car elles sont carnassières et se repaissent surtout de Vers de terre. Famille des HËLIGIDËS. — Comme les Limacidés, ce sont des Mollus- ques terrestres, mais ils possèdent une coquille bien développée, spiralée, contenant la masse viscérale, qui forme un tortillon. CÉPHALOPODES. 923 Les Hélices [Hélix), connues sous le nom d'Esraygols ou de Colimaçons, ont une coquille capable de renfermer complètement l'animal; ils ne pos- sèdent pas d'opercule, mais, à l'approche de l'hiver ou pendant les grandes sécheresses, ils se retirent à l'intérieur de la coquille et sécrètent une pelli- cule calcaire, Vépiphragme, qui on ferme l'ouverture et les préserve des excès de température. On mange, en France, diverses espèces d'Escargots. D'après Moquin-Tandon, on recherche surtout dans le Nord : l'Hélice vigneronne (H. pomatia L.), l'H. némorale [H. nemoyalis L.) et TH. sylvatique (H. s)/lvatica Drap.); dans le Midi, où la consommation en est beaucoup plus considérable : l'H. chagrinée {H. aspersa MuU.), l'H. vermiculée (i/. uenjucu/ato Miill.), TH. rhodostome (H. Pisaim MuU.), l'H. naticoïde [H. aperta Born.), etc. Cette dernière passe pour la plus délicate; vient ensuite, au dire des gourmets, l'H. vermiculée; quanta VU. vigneronne, si renommée sous le nom d'Escargot de Bourgogne, ce sérail la plus dure. La saveur de ces animaux varie du reste avec la nour- riture qu'ils ont prise, et on a même observé des empoisonnements produits par des Escargots recueillis sur la Belladone, le Redoul, le Laurier-rose, etc. (1). Mais, en général, on ne mange ces animaux qu'après les avoir soumis à un jeiine prolongé, ou mieux encore on les recueille au sortir de l'hiver, alors qu'ils n'ont pas encore pris de nourriture. En somme, les Escargots ont une chair coriace, difficile à digérer et peu sapide : c'est pourquoi on les prépare avec des assaisonnemenis très relevés. II y a lieu de se méfier des Escargots qu'on achète tout préparés : Bougon a signalé une fraude qui consiste à remplir les coquilles ayant déjà servi, d'un mélange de poumon ou mou de bœuf ou de mouton, de sel, de farine de moutarde et de graisse de rebut. On a cherché quelquefois à multiplier ces Mollusques. Les Romains pra- tiquaient V héliciculture, et Pline nous a transmis le nom de l'inventeur des escargotières : il s'appelait Fulvius Hirpinus. Ces cochlearia ou cochleanim vivarxa étaient des parcs humides, ombragés et entourés par un fossé ou par un mur. — Actuellement, le marché de Paris est surtout approvisionné par les escargotières du département de l'Aube. Les Escargots ont été autrefois employés en médecine. Le bouillon fait avec leur chair jouit encore d'une certaine réputation, bien que sa valeur nutritive soit insignifiante. De même, on continue à recommander, sans motif sérieux, le sirop, la pâte, les pastilles d'Escargots dans le traitement des bronchites chroniques. Quelques Hélix hébergent des larves d'helminthes (voy. p. 306 et 358). CLASSE V CÉPHALOPODES Mollusques à tête distincte ; pied découpé en lanières qui forment une couronne de bras autour de la bouche ; corps nu ou revêtu d\me coquille univalve. (1) A. Dumas, Empoisonnements par les Escargots. Montpellier médical, mai 1873. Ann. d'hyg. publ., 1874. — On peut d'ailleurs observer des accidents divers, en dehors de ces conditions, consécutivement à l'ingestion d'Escargots (urticaire ab ingesiis, etc.). 924 MOLLUSQUES. La tête des Céphalopodes {■/.i'^a.Xri, tête; rcù;, pied) est séparée du tronc par un étranglement, et porte huit ou dix tentacules ou bras de forme variable, qui servent à la locomotion et à la préhension des aliments. Ces bras offrent d'ordinaire, à leur face interne, de nombreuses ventouses disposées en séries longitudinales. Le manteau est soudé en dessus au tégument, mais laisse à la face infé- rieure une cavité palléale, généralement comparable à une poche de tablier, ouverte en avant. Au niveau de cette fente palléale existe un appareil par- ticulier, l'entonnoir .-c'est un tube rétréci en avant et fort évasé à sa base, par laquelle il communique largement avec la cavité palléale. C'est par cet entonnoir que se trouve expulsée l'eau qui a été introduite par la fente palléale pour les besoins de la respira- tion ; et le jet ainsi produit peut servir en même temps à la loco- motion, en projetant l'animal en arrière. — Souvent il existe, sur les parois latérales du corps, des expansions du manteau en forme de nageoires (Seiche, Calmar). — Il faut ajouter, enfln, que le derme Fig. 652. - Corps d'un Poulpe, vu par la face, inférieure ««"fe U" grand nombre de CellU- (le manteau est fendu sur la ligne médiane, et, d'un leS chargées de pigment OU chvo- côté, rejeté en dehors pour montrer l'intérieur de la cavité respiratoire). — a, base de la lète. o, l'une des deux ouvertures latérales par lesquelles l'eau pénètre dans la cavité respiratoire, t, le tube (entonnoir) par lequel l'eau sort de cette cavité, b, l'une des bran- chies (Milne-Edwards). matophores, placées sous la dépen- dance du système nerveux et perr mettant à l'animal d'harmoniser sa teinte avec celle du milieu. Quelques Céphalopodes sont pourvus d'une coquille externe bien développée (Nautile, Argonaute); d'au- tres ont une coquille interne rudimentaire (Seiche); enQn, beaucoup en sont complètement privés (Poulpe). — Outre cette coquille palléale, il faut noter l'existence d'un squelette cartilagineux interne, formé de difTérentes pièces qui servent à la protection des centres nerveux et des organes des sens, à l'insertion des muscles, etc. Le système nerveux est disposé sur le même type que dans les groupes précédents; mais il offre un haut degré de concentration. Les trois groupes ganglionnaires sont groupés en une sorte d'anneau œsophagien qui est con- tenu dans un cartilage céphalique; on y distingue pourtant une portion dorsale représentant le cerveau et deux masses ventrales, dont l'antérieure correspond aux ganglions pédieux, la postérieure aux ganglions pariéto- splanchniques. On rencontre aussi un système nerveux viscéral (sympathique ou stomato-gastrique), et divers ganglions placés sur le trajet des nerfs qui se rendent à des organes importants. Les bras et les tentacules servent comme organes du tact. — De chaque côté de la tête existe un œil très complexe, dont la constitution rappelle de fort près celle de l'œil des Vertébrés. — Les organes auditifs consistent en CÉPHALOPODES. 92o une paire d'otocystes placés dans le cartilage céphalique. Delage a montré qu'ils sont le siège de la coordination des mouvements. — Enfin, Volfaction paraît s'effectuer par deux fossettes ciliées situées derrière les yeux. Le tiihe digestif décrit une anse profonde. La bouche possède deux mâ- choires cornées, l'une supérieure, l'autre inférieure, celle-ci étant plus déve- loppée, de telle façon que l'ensemble représente assez bien un bec de Perro- quet renversé. La cavité buccale contient une radnla semblable à celle des Gastéropodes. L'œsophage est grêle, parfois dilaté en jabot (Poulpe) avant d'aboutir à l'estomac. Celui-ci possède une paroi épaisse, musculaire, et un revêtement cuticulaire interne ; près de la naissance de l'intestin, il présente un diverticule en cul-de-sac, dit appendice pylorique, qui reçoit les canaux excréteurs d'une volumineuse glande digestive. L'inlestin est court et forme peu de circonvolutions; l'anus s'ouvre dans la cavité palléale, à la base de l'entonnoir. Vappareil circulatoire arrive dans cette classe à un haut degré de dévelop- pement. Le cœur est situé entre les branchies, vers la partie postérieure du corps ; il est constitué par un ventricule arrondi auquel aboutissent autant de veines branchiales qu'il y a de branchies : chacune de ces veines offre avant son insertion une dilatation bien accusée qu'on regarde comme une oreillette. De ce cœur partent deux troncs artériels : une aorte céphalique et une aorte abdominale. Le sang passe ensuite dans un riche réseau capillaire, et de là se rend en partie dans les sinus veineux, en partie dans les veines, pour gagner finalement un gros tronc médian, la veine cave. Celle-ci se divise en deux ou quatre rameaux qui portent le sang aux branchies, et qui consti- tuent des artères branchiales. Chez les Dibranches, chacun de ces vaisseaux offre, avant son entrée dans les branchies, une dilatation contractile, désignée sous le nom de cœur branchial. — Le sang est tantôt incolore, tantôt coloré en bleu, en violet ou en vert. Les branchies, logées dans la cavité palléale, sont au nombre de deux ou de quatre ; elles ont la forme de pyramides dont le sommet est dirigé en de- hors et en haut, et se montrent composées de lamelles ou de plis serrés, disposés de part et d'autre d'un axe médian. L'eau pénètre dans la cavité palléale par la fente antérieure; après avoir baigné les branchies, elle est expulsée par la contraction du manteau ; mais la fente palléale se ferme à ce moment, et la sortie ne peut s'effectuer que par l'entonnoir. On regarde comme appareil d'excrétion des « corps spongieux » qui occu- pent les rameaux de la veine cave ou des artères branchiales et paraissent être des appendices glanduliformes de ces vaisseaux. — Un autre organe d'excrétion, très répandu chez les Dibranches, est la. poche à encre, sac al- longé dont le canal excréteur suit l'intestin terminal pour s'ouvrir, soit dans le rectum un peu avant sa terminaison, soit au dehors, en arrière de l'anus. Le produit de sa sécrétion est un liquide noir, qui se trouve expulsé par l'entonnoir et dérobe l'animal à la poursuite de ses ennemis; ce liquide, appelé encre, est employé par les aquarellistes sous le nom de sépia. Tous les Céphalopodes sont dioïques. Les organes des deux sexes sont constitués sur le même type et sont remarquables en ce que les glandes géni- tales ne se continuent pas directement avec les canaux vecteurs. — Vovaire est impair, lobé et renfermé dans un sac spécial qui reçoit les œufs. Ce sac communique avec un oviducle simple, plus rarement double (Octopodes', 926 MOLLUSQUES. dont l'orifice se trouve d'ordinaire à la base de l'entonnoir. Sur le trajet de l'oviducte s'observe un revêtement glandulaire ; de plus, les Décapodes et les Nautiles possèdent une paire de glandes spéciales qui s'ouvrent, par un court conduit, près de l'orifice génital, et qui sont nommées glandes nidamen- taires : leur sécrétion sert à agglutiner les œufs. — Les organes mâles consis- tent en un testicule impair, formé de caecums ramifiés et logé, comme l'ovaire» dans un sac oîi tombent les spermatozoïdes. Le canal déférent est un tube- sinueux, souvent dilaté dans sa partie terminale, qui joue le rôle de vésicule- séminale, et muni de glandes dont le produit se mélange aux spermatozoïdes, et les agglutine sous forme de petits tubes appelés speivnatophores. Ce canal déférent présente en oulre une expansion latéraleou poche de Ncedham, dans, laquelle s'accumulent les spermatophores, puis il se continue régulièrement par un canal éjaculateur qui débouche au sommet ou à la base d'une papille située à gauche dans la cavilé du manteau . La fécondation s'effectue selon un mode caractéristique et fort curieux : c'estl'un des bras du màlequi se transforme en organe copulateur [hectocotyle). Les modifications qu'il subit à cel effet sont du reste très variables quant à leur forme et à leur degré. Dans quelques cas (Argonaute, Tremoctopus), il se détache même complètement pour porter les spermatophores dans la cavité palléale des femelles : il y conserve longtemps encore sa vitalité, et Cuvier l'avait pris pour un parasite voisin des Trématodes. C'est Steenstrup qui le premier a reconnu que l'hectocotylisation est un phénomène général chez les Céphalopodes. Les Céphalopodes sont ovipares; les œufs sont télolécithes. Le développe- ment de l'embryon débute par une segmentation partielle. Les jeunes nais- sent avec leur forme définitive. Tous les animaux de cetle classe sont marins ; les uns vivent sur le litto- ral, les autres en haule mer. Ils sont très voraces, et se nourrissent en par- ticulier de Poissons et de Crustacés. Les grandes espèces peuvent même être dangereuses pour l'Homme, en s'atlachant par leurs ventouses aux membres des nageurs. Dans ces derniers temps, on a acquis la certitude que quelques- uns de ces Mollusques arrivent à une taille colossale. Les anciens Grecs et Romains étaient très friands de Céphalopodes; aujourd'hui, ces animaux sont un peu délaissés; cependant, plusieurs espèces sont encore mangées par les habitants du littoral. — Les Céphalopodes sont apparus sur le globe dès la période paléozoïque ; mais c'est surtout dans les terrains secondaires qu'ils se sont montrés abondants, sous la forme d'Ammonites et de Bélem- nites. 2 ordres : Dihranches et Tétrabranches. l^*" ordre : Tétrabranches. — Céphalopodes à quatre branchies, à tenta- cules multiples rélractiles et dépourvus de ventouses, à entonnoir fendu en dessous et à coquille spiralée multiloculaire. Les Tétrabranches ou Inacétabulés ne sont plus représentés actuellement que par le genre Nautile [Nautilus, fig. 6o3). Il s'agit d'animaux pourvus d'une coquille contournée en spirale et divisée par des cloisons transversales en un certain nombre de chambres dont la dernière, plus vaste, est seule occupée par l'animal. Les autres chambres, successivement abandonnées à mesure delà croissance, sont remplies d'air, mais communiquent avec la dernière au moyen d'un tube central ou siphon qui contient un prolongement du corps CÉPHALOPODES. 927 du Mollusque. L'espèce la plus connue est le Nautile flambé {N. pompilius), qui habite larchipe! Indien. — Les Orthocerafi, Lituites, etc., sont des genres fossiles de la même famille. Fig. 653. Naulile flambi'; (Xautilus Pompilius L.). Fig. Ci 4. A mmnn ilcs Humphriesianus, '■ l'oolitlie iiil'éiieure. Les Ammonites se distinguent par la position du siphon, qui, au lieu d'être central, est situé du côté externe ou dorsal de la coquille, et par les cloi- sons, qui sont très irrégulières. — Genres Goniatltes, Ceratites, Baculites, Ammonites (fig. 654), tous fossiles. 2*^ ordre : Dibranches. — Céphalopodes pourvus de deux branchies, de huit ou dix bras garnis de ventouses, d'un entonnoir entier et d'une poche à encre. La présence de ventouses sur les bras a fait aussi donner quelquefois aux Mollusques de ce groupe le nom d'Acétabulifères. — 2 sous-ordres : Octopodes et Décapodes. l*^"" sous-ordre : Décapodes — Les Décapodes sont caractérisés par la pré- sence de dix bras, dont huit d'égale longueur et deux autres plus longs, sou- vent préhensiles, en forme de tentacules, ne portant de ventouses qu'à leur extrémité. Les ventouses sont pédiculées ; le corps est muni de nageoires latérales et d'une coquille interne. Nous devons mentionner ici : 1° Les Seiches (Sepia), petites formes à corps ovale, muni de deux nageoires latérales qui le bordent sur toute sa longueur, et d'une épaisse coquille interne, ovale et bombée, friable, principalement formée de matière calcaire. On mange ces animaux dans beau- coup de ports de m'er. — La Seiche commune (S. officinalis) est très répandue sur nos côtes. La coquille, connue sous le nom d'os de Seiche ou sépiostaire, a été longtemps employée en médecine, à titre d'absorbant ; elle entre encore aujourd'hui dans la composition de quelques poudres dentifri- ces. C'est aussi cette coquille qu'on donne aux Oiseaux captifs pour aiguiser leur bec. Les Seiches fixent d'ordinaire leurs œufs aux plantes marines; ces œufs sont connus des pêcheurs sous le nom de raisins de mer; Soiclie officinale. 928 MOLLUSQUES. 2" Les Calmars [Loligo), qui ont le corps plus allongé et pourvu en arrière de deux nageoires triangulaires. Leur coquille est cornée, très longue, et affecte la forme d'une plume à écrire. — Le Calmar commun (L. viilgaris), des mers d'Eu- rope, est comestible : sa chair « est estimée à régal du Poisson le plus délicat » ; 3° Les Sépioles {Sepiola), « Céphalopodes en miniature », qui vivent en bandes et qu'on mange sur nos côtes; 4° Les Bélemnites, animaux fossiles qui res- semblaient aux Calmars, mais dont la coquille interne, disposée en cornet, se prolongeait pos- térieurement en un cylindre calcaire terminé en pointe et connu sous le nom de rostre; d'oi- dinaire, celte pièce est la seule partie qui soit conservée (fig. 65(5). — Genre Bélemnites, Belem- nitella, etc. 2*= sous-ordre : Octopodes. — Les bras sont au nombre de huit seulement, par suite de l'absence des bras tentaculaires ; ils portent des ventouses sessiles. Le corps est court, dépourvu de nageoires et de coquille interne. Les Poulpes [Octopus), aujourd'hui connus de tout le monde sous le nom de Pieuvres, Cha- irouilles, Minards, etc., se distinguent à leurs bras longs, portant deux rangées de ventouses et unis à leur base par un repli de la peau ; ils ont le corps arrondi, en forme de bourse. — Le Poulpe commun (0. vulgaris) abonde surtout dans la Méditerranée, et détruit beaucoup de Poissons et de Crustacés. On le consomme sur toutes nos côtes. Les Élédones [Eledone] n'ont qu'une seule rangée de ventouses sur les bras. Une espèce qui habite la Méditerranée, l'Élédone mus- quée (£. moschata), possède une forte odeur de musc ; comme elle sert de nourriture aux Cachalots, on lui a attribué la produc- tion de l'ambre gris. Les marins et les pê- cheurs la mangent sur les côtes de Pro- vence. Les Argonautes sont remarquables en ce que les mâles sont petits, dépourvus de coquille, tandis que les femelles, de plus grandes dimensions, possèdent une coquille en forme de nacelle enveloppée et comme maintenue par les deux bras supérieurs fort élargis. Ces animaux sont péla- giques. L'Argonaute papyracé (A. argo) habite la Méditerranée (fig. 657). Fig. 656. — Bélemnites lemnites acutus, du Bélemnites hastatus, moyenne. 657. — Argonaute papyracé, femelle. CHORDÉS. ~ ENTÉROPiNEUSTES. 929 HUITIÈME EMBRANCHEMENT CHORDÉS Animaux à symétrie bilatérale, powvus, tout au moins à l'état larvaire, d'une tige dorsale destinée à soutenir les centres nerveux (notochorde ou corde dorsale). Les animaux qui composent ce groupe sont loin de présenter le même degré de complication organique; néanmoins, les études embryologiques ont montré qu'il convenait de les rapprocher, en raison surtout de la possession commune d'un organe de haute importance, qui les distingue de tous les autres Cœlomates. Il s'agit de la corde dorsale ou notochorde (vwto;, dos; x°1>û>i, boyau, corde), tige solide qui se forme aux dépens de l'entoderme sur la ligne médiane dorsale, au-dessus du tube digestif, et qui a pour fonction de sup- porter le système nerveux central. Celui-ci, en effet, occupe la région dorsale du corps, contrairement à ce qui s'est montré dans les groupes précédents. La notochorde apparaît constamment chez l'em- bryon, bien qu'avec un développement très variable; elle disparaît souvent à l'état adulte. Ajoutons qu'un second caractère commun à tous les Chordés est fourni par les organes de la respiration, qui proviennent toujours de la région antérieure du tube digestif. ■4 sous-embranchements : Persistante, n'occupant que la région branchiale (Hémic/iordés) Entéropneustes . Covde J , N'occupant que la région caudale dorsale i • * . l (Urochordés) Tuniciers. i Persistante \ ^ ' f , . \ Occupant toute la i Pas de crâne.. Acraniens. \ temporaire i , . l — - ^ "^ 1 longueur du corps < l [HoLochordés] ( Un crâne Vertébrés. SOUS-EMBRANCQEMENT I ENTÉROPNEUSTES Chordés à corde dorsale persistante, toujours limitée à la région branchiale. Les Entéropneustes sont des animaux marins dont on ne connaît jusqu'à présent que quelques espèces, composant un seul genre {Balanoglossus). A l'état adulte, ils ont un aspect vermiforme et pour ce motif ont été long- temps classés parmi les Vers ; mais la larve, du moins dans l'espèce de la Méditerranée {B. clavigerus), ressemble d'une façon frappante à une larve Railliet. ~ Zoologie. 59 930 CHORDÉS. — TUNICIERS. d'Échinoderme,et J.Muller,qui la décrivit en 1868,1a considéra comme telle. Le corps des Balanoglosses est allongé, déprimé et divisible en trois régions : une partie antérieure très contractile, la trompe; une partie moyenne ou collier entourant la base de celle-ci ; enfm le tronc, qui est de beaucoup la partie la plus longue. — L'appareil digestif est cilié ; la bouche s'ouvre à la base de la trompe ; l'anus est situé à l'extrémité postérieure du corps. — La région antérieure de l'œsophage (région branchiale) est modifiée en vue de la fonction respiratoire : sa paroi dorsale est percée, de chaque côté, d'une série d'orifices communiquant avec de courts canaux (chambres branchiales) qui vont déboucher d'autre part à sa face dorsale; ces canaux sont soutenus par des pièces cartilagineuses. L'eau pénètre par la bouche et sort par les pores dorsaux. — Le système circulatoire est développé aux dépens des lacunes de la cavité générale ; il existe cependant deux vaisseaux, l'un dorsal, l'autre ventral, le premier avec un renflement (cœur). — Les sexes sont séparés. Les organes génitaux se forment aux dépens de la cavité générale. Le squelette est représenté par une corde dorsale cellulaire, développée seulement au-dessus de la région branchiale, mais persistant pendant toute la vie. A sa périphérie, elle donne naissance à un tissu semi-cartilagineux, lequel émet des prolongements latéraux destinés à soutenir les chambres branchiales, et un prolongement médian qui s'avance dans la base de la trompe. — Le système nerveux central est représenté par un amas de fibres et de cellules nerveuses situé au-dessus de l'axe cartilagineux; de là part un nerf dorsal, qui parcourt le corps entier; il existe en outre un nerf ventral, réuni au précédent par des commissures. D'après ces données, on voit que si les Entéropneusles sont voisins des Échinodermes, ils sont beaucoup plus étroitement liés encore aux Tuniciers et aux Acraniens. — Ces animaux vivent dans le sable de presque toutes les mers. SOUS-EMBRANCHEMENT II TUNICIERS Chordés à corde dorsale persistante ou temporaire, toujours limitée à la région caudale. Le corps des Tuniciers a tantôt la forme d'un sac, comme chez les Ascidies, tantôt celle d'un tonneau, comme chez les Salpes; il est constamment muni de deux orifices ou siphons. L'oriflce afférent ou buccal sert à l'introduction des substances alimentaires et de l'eau destinée à sa respiration; l'autre fait fonction d'ouverture cloacale et porte, à ce titre, le nom d'orifice atrial (fig. 608). L'enveloppe extérieure du corps, à laquelle on donne souvent le nom de manteau externe ou de tunique — d'oii est dérivée l'expression de Tuniciers — est une cuticule sécrétée par les cellules de l'ectoderme; elle est formée d'une substance isomère de la cellulose, la tunicine. En dessous de ce tégu- ment se trouve une couche de tissu conjonctivo-musculaire correspondant au mésoderme pariétal. L'ensemble des tissus représentés par cette couche, par l'ectoderme et par la tunique, a souvent été désigné sous le nom de manteau. CIIORDÉS. — TUNICIERS. 931 Fig. 658. — Schéma de l'organisation d'une Ascidie, en partie d'après Allmanu. — te, tunique externe, ti, tunique in- terne. 06, orifice buccal, br, chambre branchiale, œ, œsophage, e, estomac. i, intestin, at, atrium, oa, orifice a- trial. gn, ganglion nerveux, c, cœur. og, organes g<''nitaux. L'orifice buccal conduit dans la chanibre respiratoire, au fond de laquelle s'ouvre un œsophage cilié; mais, entre ces deux ouvertures, se trouve, du côté de la face ventralo, un sillon également cilié, destiné à faciliter la marche des matières alimentaires. L'œsophage, en forme d'entonnoir, dé- bouche dans Testomac, auquel fait suite un intestin qui aboutit, soit à l'extérieur (Ap- pendiculariés), soit dans un cloaque ou atrium ouvert en général non loin de l'ori- fice afférent. Chez beaucoup d'Ascidies com- posées, cette cavité cloacale est commune à plusieurs individus. La circulation est lacunaire, mais il existe presque toujours, du côté opposé au système nerveux — face ventrale ou hématique — un organe central ou cœur simple, qui pré- sente un phénomène remarquable : à de courts intervalles, ses contractions, qui sont rapides et régulières, changent de sens, et le sang se trouve ainsi chassé dans deux directions opposées. L'appareil respiratoire, chez les Ascidies, est représenté par un sac branchial treillissé et cilié, suspendu dans une cavité dite péri- branchiale et parcouru par des courants sanguins. L'eau pénètre par la bouche, passe dans les mailles du treillis bran- chial et sort par l'orifice atrial. — Chez les Salpes, la branchie a le plus souvent la forme d'un ruban creux sans fentes. — Enfin, chez les Appendi- culaires, c'est un sac rudimentaire, n'offrant que deux fentes bran- chiales. Les Tuniciers sont hermaphrodites, et souvent les éléments femelles arri- vent à maturité avant les éléments mâles {dichogamic protogynique). Les organes sexuels occupent la partie postérieure du corps: les ovaires sont deS' sortes de glandes en grappe qui, chez les Ascidies, sont enveloppées par les tubes testiculaires. Les conduits vecteurs débouchent dans le cloaque, où s'effectuent même d'ordinaire la fécondation et le développement embryon- naire. — On peut en outre observer, dans certains cas, une reproduction asexuelle par gemmiparité. Les individus résultant de ce bourgeonnement forment des colonies variées. — Chez les Salpes et même chez quelques Ascidies, on constate une alternance régulière entre ces deux modes de reproduction [génération alternante). Ainsi, la reproduction sexuelle donne naissance à des Salpes solitaires, individus isolés d'assez grande taille, mais ne possédant pas d'organes sexuels : ces individus produisent à leur inté- rieur, par gemmiparité, des Salpes qui demeurent unies en chaîne, ou Salpes agrégées ; mais celles-ci, au lieu de se reproduire par bourgeonnement, déve- loppent chacune un œuf, qui sera fécondé par des spermatozoïdes pour donner des Salpes solitaires agames. Le squelette est représenté par un cordon cellulaire axial qui occupe le milieu de la queue, chez les larves, et qui représente la corde dorsale. Ce cordon persiste pendant toute la vie chez les Appendiculariés(Pére?i?uc/tordés); 932 GHORDÉS. — TUNICIERS. il disparaît avec la queue, lors du passage à l'étal adulte, chez les autres Tuniciers {Caducichordés). Le système nerveux central se montre constitué par un fort ganglion situé au-dessus du tube digestif, sur la ligne médiane dorsale. Chez les Ascidiacés, il y est toujours annexé une glande dont le conduit excréteur débouche dans la cavité branchiale, et que Julin regarde comme analogue à Vhypophyse des Vertébrés. — Il n'existe, en fait d'organes sensoriels, que de petits ocelles, des otocystes et des fossettes olfactives, qui disparaissent le plus souvent à l'état adulte. Le développement offre de grandes analogies avec celui des Leptocardes. Les larves, au moment de leur naissance, sont généralement pourvues d'une queue et offrent assez l'aspect de têtards. Cette queue renferme une corde dorsale et un cordon nerveux ; elle persiste, avec ces organes, chez les Appen- diculariés, mais elle disparaît, ainsi que la corde dorsale, chez tous les autres Tuniciers ; quant au cordon nerveux, il persiste seulement dans sa région antérieure, où il s'épaissit en un ganglion. Tous les Tuniciers sont des animaux marins ; les uns sont fixés à l'état adulte, les aulres nagent librement; ils peuvent d'ailleurs être isolés ou réunis en colonies. 3 classes : Une queue, une notochorde à l'état adulte [Pérennichordés] Appendiculariés. r. j j t u j ( Corps en forme de sac Ascidiacés. Pas de queue, pas de notochorde \ ^ à l'état adulte [Caducichordés] . j ^ „ , . , . m ^ ' \ Corps en forme de tonnelet. Thaliaces. L Appendiculariés. — Ce sont des Tuniciers libres, nageurs, munis d'un appendice caudal pendant toute la vie ; ils représentent en quelque sorte des Ascidies demeurées à l'étal larvaire. — Genres Fritillaria, Kovalevskya, etc. II. Ascidiacés. — Les Ascidiacés sont ordinairement fixés; ils ont un corps sacciforme, muni de deux orifices plus ou moins rapprochés l'un de l'autre. On peut en distinguer trois groupes: i° Les Ascidies simples ou agrégées, représentées les unes par des individus solitaires, les aulres par des colonies ra- mifiées, mais dans lesquelles chaque in- dividu possède un manteau particulier. — Ascidia L. {Phallusia Sav.), Cynthia, Ascidies solitaires. — Clavellina, Pero- phora, Ascidies sociales. 2° Les Ascidies composées ou Synascidies, formant des colonies le plus souvent étoi- lées, enveloppées d'une tunique com- Fig. eso. — Ascidies sociales. raune. — Botryllus. 3° Les Ascidies salpiformes, constituant des colonies flottantes, envelop- pées d'un manteau commun; les orifices buccal et atrial sont ouverts aux deux extrémités du corps. Animaux phosphorescents. — Pyrosoma. III. Thaliaces. — Les Thaliaces ou Salpes sont des animaux nageurs, isolés ou agrégés, en forme de petits cylindres ou de tonnelets transparents, CHORDÉS. — ACRANIENS. . 933 dont les deux orifices d'entrée et de sortie sont opposés et terminaux. — Salpa (Salpes ou Biphores), Doliolum (Barillets). SOUS-EMBRANCHEMENT III ACRANIENS Chordés à corde dorsale persistante, s'étendant sur toute la longueur du corps ; pas de crâne ni de vertèbres. Les Acraniens ou Leptocardes (Xetttoç, grêle ; JcapJla, cœur) ne comprennent jusqu'à présent que deux espèces: l'une, le Lancelet [Amphioxiis lanccolatus) , qu'on trouve dans le sable de nos côtes, Vautre {Epigionichtliys pulchellus) qui n'a encore été vue qu'en Australie. Le corps del'Ampliioxus, long de 3 à 5 centimètres, est comprimé d'un côté à l'autre et atténué à ses deux extrémités; il est muni seulement d'une nageoire caudale, qui se prolonge sur les faces dorsale et ventrale par un léger repli du tégument. Fig. 660. — Amphioxiis lanceolatus. — 6, houcho. 6r, chambre brancliiale. e, portion renflc^e du tube digestif. !, portion grêle. /", caecum hépatique, n, anus, pa, pore abdominal, cd, corde dorsale, tli, tronc longitudinal inférieur (contractile), ac, arc aortique contractile, ao, aorte, vc, veine cave 'de Quatrefages) . Le squelette axial est représenté par une corde dorsale persistante, s'éten- dant d'une extrémité à l'autre du corps sous l'aspect d'un cordon plein et uni- forme, composé de disques gélatineux empilés et réunis par des ponts. Cette notochorde est entourée d'une gaine conjonctive très résistante, émettant des replis dorsaux qui forment un tube {canal neural), et en arrière des replis ventraux servant à abriter les vaisseaux de la queue. Le canal neural ne se dilate pas en avant pour former une cavité crânienne. — Les masses musculaires sont divisées, par des lignes obliques, en une série de segments ou myomères. Une moelle épinière représente le système nerveux central; elle est logée dans le canal neural; mais, comme celui-ci ne présente pas de dilatation crâ- nienne à sa partie antérieure, elle-même ne se différencie pas en cerveau. Elle émet de chaque côté des paires nerveuses presque symétriques. — Les organes des sens sont représentés par une fossette olfactive et une tache oculaire situées à l'extrémité céphalique. La bouche a la forme d'une fente longitudinale maintenue béante par un cadre semi-cartilagineux qui porte des cirres mobiles. Elle donne accès dans une cavité pharyngienne tout à fait analogue au sac branchial des Ascidies. Ses parois en effet, soutenues par des arcs cartilagineux obliques, perforées de nombreuses fentes latérales parallèles et couvertes de cils vibratiles, constituent de véritables branchies. Les fentes débouchent dans une cavité 934 . CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. péribranchiale distincte de la cavité générale. L'eau venant de la bouche, après avoir baigné les branchies, passe donc dans cette cavité et s'échappe par un pore abdominal. Au fond du sac branchio-pharj'ngien s'ouvre le tube gastro-intestinal, qui présente à sa partie antéro-inférieure un cœcwn hépatique et aboutit à un anus situé vers le tiers postérieur de la face ventrale. L'appareil circulatoire ne présente pas de cœur proprement dit; le sang circule cependant dans des vaisseaux clos, pulsatiles sur certains points. Ce sang est incolore, quoiqu'il charrie des globules renfermant un peu d'hémo- globine. — Les organes excréteurs ne sont pas connus. Les sexes sont séparés, les testicules ou les ovaires sont situés sur le pla- fond de la cavité péribranchiale; leurs produits sont expulsés par la bouche ou par le pore abdominal. En ce qui concerne le développement, nous dirons seulement que les œufs, qui sont alécithes, subissent une segmentation totale et presque égale. L'em- bryon est mis en liberté sous forme de larve ciliée. SOUS-EMBliANCUliMENT IV VERTÉBRÉS Chordés à coî'de dorsale persistante ou temporaire, s'étendant sur toute la longueur du corps; squelette axial composé de vertèbres et formant un crâne à son extrémité antérieure. Pendant la période embryonnaire, tous les animaux de ce groupe présentent une symétrie bilatérale bien nette ; à l'âge adulte, cette symétrie tend à disparaître à mesure que l'organisation se complique, mais il faut simplement attribuer ce fait à un accroissement inégal des parties. Les Vertébrés sont pourvus d'un squelette interne cartilagineux ou osseux, divisible en deux parties : l'une axiale, à laquelle se ratta- chent la tête et le tronc ; l'autre appendiculaire, constituant la base des membres. La partie centrale du squelette axial établit beaucoup plus nette- ment encore que dans les autres Chordés une séparation entre les deux principales cavités du corps: la. cavité neurale, qui loge le sys- tème nerveux central, et la cavité viscérale, qui renferme les organes de nutrition et de reproduction. A l'état embryonnaire, cette région centrale de l'axe est représentée par la corde dorsale; celle-ci est entourée d'une « couche squelettogène » de nature conjonctive, émet- tant deux replis dorsaux qui forment un canal à la moelle épinière, et deux replis ventraux qui protègent la cavité viscérale. Chez quelques Vertébrés inférieurs (Myxines), cette organisation est permanente, et l'on ne voit aucune trace de segmentation; mais, dans les formes plus élevées, on voit se former, dans la couche squelettogène, des séries de pièces cartilagineuses (Lamproies) qui finissent par constituer de CIIOROÉS. — VERTÉBRÉS. 935 véritables articles (Sélaciens) passant même le plus souvent à l'état osseux. Chacun de ces articles, avec ses dépendances, constitue ce qu'on appelle, en anatomie comparée, une vertèbre. Ils forment, dans leur ensemble, une ligne segmentée à laquelle on donne le nom de colonne vertébrale ou de rachis. Une vertèbre-type comprend (fig. 661) : 1° une pièce centrale, le coi'ps de la vertèbre, encore nommé cycléal ou centrnm; 2° un arc dorsal, dont l'existence est constante, et qui reçoit le nom de neural (veûpov, nerf) , parce qu'il entoure la moelle épinière ; 3° un arc ventral, moins constant, destiné à abriter les viscères, et appelé hémal [aliia., sang), en raison de la protection qu'il fournit au sys- tème vasculaire. — Le centrum est parfois concave à ses deux extrémités: les vertèbres sont alors appelées biconcaves ou amphicœ- liques (àfx-^î, des deux côtés; xoTXoç, creux) ; lorsqu'il existe une cavité en avant et une convexité en arrière, elles sont procœliques (rpo, en avant) ; enfin, on les dit opisthocœli- ques (oirtaôev, en arrière) dans le cas con- traire. Les corps sont souvent unis entre eux par des pièces élastiques appelées fibro-car- lilages intervertébraux. — Varc neural a pour bases deux lames auxquelles, d'après la nomenclature d'Owen, on donne le nom de neurapophyses ; l'espace qu'elles laissent entre elles pour loger la moelle s'appelle le canal neural, et le long con- duit formé par ces canaux élémentaires porte le nom de canal rachidien. L'arc neural est d'ailleurs complété en dessus par une pièce impaire dite apophyse épineuse ou neurépine. Souvent même il se complique par le développement d'autresprolongementsou apophyses, telles que les apo - physes articulaires ou zygapophyses, qui servent à l'articulation des ver- tèbres entre elles, et les apophyses transverses antérieures et posté- rieures [parapophysesel diapophyses). — L'arc hémal, moins constant que le neural, est comme lui constitué par deux lames, les hémapophyses, destinées en général à abriter les viscères et, dans tous les cas, proté- geant les parties essentielles du système vasculaire. On distingue trois formes parmi ces hémapophyses : i° les côtes de la région caudale des Poissons Ganoïdes et Sélaciens, qui se fixent au centrum et se réunissent à leur partie inférieure pour former un canal caudal pro- longeant la cavité du corps ; 2" les os en V qui, chez les animaux à queue bien développée , donnent lieu aussi à une sorte de canal caudal ; 3" les côtes de la plupart des Poissons et des autres Vertébrés, qui sont tantôt fixées au corps de la vertèbre, tantôt articulées avec Fig. 661. — Schi-ma de la compo- sition d'une verlèbre, d'après R. Owen. — c, centrum. na, neura pophyses. ne, neurépine. n, coupe de la moelle épinière. ha, hémapophyses. he, hémépine. h, coupe du vaisseau sanguin, pla, pleurapophyses. da, diapophyses. pa, parapophyses. za, zygapo physes . 936 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. des apophyses transverses. Le nombre et la situation de ces côtes sont très variables. Ajoutons que divers auteurs regardent la partie verté- brale des côtes thoraciques comme une pleurapophyse, Thémapophyse étant représentée par leur pièce sternale. La pièce impaire qui com- plète parfois l'arc hémal reçoit le nom d' héynépine ; le sternum, qui se montre déjà chez les Amphibiens, a pour base un ensemble d'hémé- pines. La colonne vertébrale comprend un nombre variable de vertèbres; on y distingue cinq régions chez les Vertébrés supérieurs qui sont pourvus de membres postérieurs bien développés : régions cervicale, dorsale, lombaire, sacrée ou pelvienne et coccygienne ou caudale, A son extrémité antérieure, le canal rachidien offre une dilatation destinée à loger le cerveau, et le squelette axial forme, par suite, un renflement qui n'est autre que la tête. Depuis Gœthe, on regarde la tête comme composée d'un certain nombre de vertèbres; mais, si les naturalistes sont d'accord en principe sur la constitution vertébrale du squelette céphalique, ils sont loin de s'entendre sur le nombre des seg- ments vertébraux qu'il comporte (1). Les arcs neuraux de ces vertèbres servent à la protection du cerveau et forment le crâne, qui s'articule en arrière avec la première vertèbre cervicale, tantôt par un seul, tantôt par deux condyles occipitaux ; quant aux arcs inférieurs, les uns entourent l'entrée du tube digestif et protègent les organ°,s de la vision, de l'odorat et du goût : ils constituent la face, et en particu- lier \ appareil maxillo-palatin ; les autres, situés en arrière, servent de support à l'appareil respiratoire : Gegenbaur leur donne le nom de squelette viscéral. Ces derniers sont en nombre variable : l'anté- rieur [hyoïde] est seul constant ; les autres [arcs branchiaux) ne se montrent que chez les animaux aquatiques, dont ils supportent les branchies; on en compte le plus souvent cinq paires; chez les Vertébrés à respiration aérienne, ils n'apparaissent que transitoire- ment, dans les premières périodes du développement, et ont disparu à l'état adulte. Les membres des Vertébrés peuvent se distinguer en pairs et impairs. Ces derniers, qui n'existent que chez les Vertébrés inférieurs ou anallantoïdiens, sont représentés par des nageoires médianes ; les autres, ou membres proprement dits, composent au maximum deux paires, qui offrent entre elles un parallélisme de structure très net. Chacune de ces paires est reliée au squelette axial par un certain nombre de pièces constituant ce qu'on appelle une ceinture : ceinture scapulaire pour les membres antérieurs, ceinture pelvienne pour les membres postérieurs. La ceinture scapulaire comprend, de chaque côté, Vomoplate, le coracoïde et le procoracoïde ; celui-ci, toutefois, manque chez les Cro- (1) Voy. Lavocat, Nouvelles éludes sur le système cérébral, 1860. — Gegenbaur, Manuel d'anat. comparée, 1874 ; etc. CHORDÉS. — VERTÈBRES. 937 codiles, les Oiseaux et les Mammifères, et le coracoïde lui-même se réduit chez ces derniers à une simple apophyse de l'omoplate. Quant à la clavicule, qui complète souvent la ceinture scapulaire, ce n'est qu'une pièce surajoutée, d'origine dermique. Fig. 602. — Squelette de Salamandre. La partie mobile des membres subit diverses modifications de forme suivant le rôle qu'elle est appelée à remplir (marche, vol, nata- tion, etc.). Dans le membre antérieur, elle offre toujours trois seg- ments principaux : le bras, Vavant-bras et la main. Le bras a pour base un seul os, Yhumérus. L'avant-bras en comprend deux : le radius et le cubitus. La main complète se divise en trois régions secondaires : le carpe, composé de deux rangées principales de petits os courts, peu mobiles ; le métacarpe, formé d'os longs ; enfin les doigts, divisés chacun en plusieurs segments ou phalanges. Dans les membres postérieurs, la portion basilaire (ceinture pel- vienne ou bassin) est plus étroitement unie à l'axe que dans les membres thoraciques. Elle est constituée aussi, de chaque côté, par trois pièces : Vilium, Vischion et le pubis. La portion mobile comprend trois segments qui correspondent à ceux des membres antérieurs : la cuisse, la jambe et le pied, ayant pour base, respectivement, le fémur, puis le tibia et le péroné, enfin le tarse, le métatarse et les orteils. . En outre, chez quelques Vertébrés, l'articulation du coude est pro- tégée par un osselet développé dans les tendons des muscles exten- seurs, et d'ordinaire l'articulation de la cuisse et de la jambe est complétée et protégée également par une pièce de même nature, la rotule. Il est à remarquer que, chez les Poissons, les membres se terminent par un grand nombre de rayons {membres radiés) , tandis que, chez les autres Vertébrés vivants, il n'existe pas plus de cinq doigts {membres digités). « Les Poissons sont polydactyles, les Amphibiens, Reptiles, Oiseaux et Mammifères sont pentadactyles. Le nombre des doigts peut être réduit par régression ultérieure, mais primitivement un membre des classes ci-dessus nommées aura toujours cinq doigts. C'est là un fait de première importance; il en résulte la conclusion que les Vertébrés ayant un nombre moindre de doigts, doivent descendre d'ancêtres pentadactyles, et que ceux qui présentent cinq 938 CHORDÉS. VERTÉBRÉS. doigts à chaque membre n'ont subi, quant à ces organes, aucune métamor- phose importante, et ont conservé le type primitif » (Vogt). Les différentes parties du squelette sont mises en mouvement par des muscles nombreux; mais, en outre, il existe souvent d'autres muscles unis à l'enveloppe tégumentaire, et particulièrement déve- loppés chez les Vertébrés supérieurs. La peau des Vertébrés se compose de deux couches principales : une profonde, le derme ^ et une superficielle, Vépiderme. Le derme est formé de fibres conjonctives auxquelles se joignent des éléments mus- culaires épars, des nerfs, des vaisseaux et des glandes; il contient parfois des cellules pigmentaires contractiles ou chromoblastes ; enfin, on trouve à sa surface des éminences ou papilles qui renferment des corpuscules du tact. L'épiderme, de nature cellulaire, se subdivise en deux zones : les strates inférieures, formées de cellules jeunes, sphé- roïdales ou polyédriques, souvent pigmentées , constituent la couche muqueuse ou de Malpighi ; les assises supérieures, comprenant les cellules anciennes, devenues lamelleuses, qui tombent par desqua- mation, méritent le nom de couche cornée. — Les divers appendices cutanés ou phanères tirent leur origine tantôt de l'épiderme (plumes, poils, ongles, etc.), tantôt du derme, notamment par ossification des papilles (écailles des Poissons, carapace des Tortues ou des Tatous). La partie centrale du système nerveux est représentée chez tous les Vertébrés par l'axe cérébro-spinal [encéphale et moelle épinière). Les parois de l'étui cranio-rachidien qui loge cet axe nerveux sont tapis- sées par une membrane fibreuse (dure- 7'/Tê mère) ; l'encéphale et la moelle épinière sont eux-mêmes revêtus d'une mem- brane très vasculaire qui pénètre jus- que dans leurs cavités {pie-mère); en- fin, chez les Vertébrés supérieurs, il existe une membrane séreuse {arach- noïde) dont un feuillet tapisse la dure-mère, tandis que l'autre recou- vre la pie-mère, mais sans la suivre dans les anfractuosités de la masse centrale : un liquide plus ou moins abondant s'amasse dans ces espaces sous-arachnoïdiens et porte le nom de liquide céphalo-rachidien. Quant aux faces libres de l'arachnoïde, elles sont humectées, comme celles de toutes les séreuses, par une sécré- tion propre {liquide arachnoïdien). Le tissu de l'axe cérébro-spinal se montre composé de deux sub- Fig. 663. ;— Coupe de la moelle cervicale de l'Homme. — a. sillon médian antérieur, p, sillon médian postérieur, ca, corne anté- rieure de la substance grise, cp, corne pos- térieure, î-a, racine antérieure d'un nerf rachidicn. rp, racine postérieure. 1, fais- ceau ou cordon antérieur de la moelle. 2, cordon latéral. 3, cordon postérieur (portion externe). 4, cordon postérieur (portion in- terne ou cordon de GoU). CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. 939 stances d'aspect différent : une substance blanche, formée surtout de fibres nerveuses, et une substance grise, constituée essentiellement par les cellules dont émanent les fibres. Ajoutons que la moelle épinière possède un canal central qui la parcourt dans toute sa longueur et se transforme dans l'encéphale en larges cavités connues sous le nom de ventricules et communiquant les unes avec les autres. L'encéphale, malgré ses variations extérieures, offre chez tous les Vertébrés les mêmes parties fondamentales. Chez l'embryon, ces par- ties se montrent sous forme de renflements vésiculaires, au nombre de trois : ce sont les vésicules cérébrales primitives, qu'on distingue en antérieure, moyenne et postérieure. Mais cet état ne persiste pas : Fig. 664. — Coupe schématique des trois Fig. 665. — Coupe schématique des cinq vésicules céré- brales secondaires. — Cerveau antérieur : 1, vésicule d'hémisphère cérébral. 2, vésicule des couches opti- ques. — Cerveau moyen : 3, vésicule des tubercules quadrijumeaux. — Cerveau postérieur : 4, vésicule du cervelet. 3, vésicule du bulbe. 6, moelle épinière. vésicules cérébrales primitives. — 1, 2, vésicule cérébrale antérieure. 3, vésicule cérébrale moyenne. 4, vésicule cérébrale postérieure. 5, moelle épinière. les vésicules antérieure et postérieure se subdivisent chacune par un étranglement, et il apparaît ainsi cinq vésicules cérébrales secondaires. 1" La vésicule antérieure produit deux sailHes ou lobes qui donneront naissance aux hémisphères cérébraux et aux corps striés; chaque hémisphère est creusé d'un large ventricule latéral et émet en avant un lobe olfactif volumineux. 2° La vésicule intermédiaire constitue le troisième ventricule, qui communique, par le trou de Monro, avec les deux premiers ; ses parois latérales forment les couches optiques; son plancher donne naissance à deux invaginations latérales, les vési- cules oculaires primitives, et à une invagination médiane qui pro- duit l'hypophyse ou glande pituitaire ; enfin, son plafond fournit un diverticule constituant l'épiphyse ou glande pinéale, point de départ 940 CHORDES. VERTÉBRÉS. de l'œil pinéal ou pariétal. 3° La vésicule moyenne produira, sur ses parois ventrale et latérales, les pédoncules cérébraux, et sur sa paroi dorsale, les lobes optiques (tubercules bijumeaux, quadrijumeaux) ; sa cavité n'est représentée que par l'aqueduc de Sylvius, qui met en communication le troisième et le quatrième ventricule. 4° La vésicule cérébrale postérieure formera sur sa paroi supérieure le cervelet ; sa paroi inférieure donnera, chez les Mam- mifères, la protubérance annulaire. 3" Enfin, la vésicule du bulbe correspond au bulbe rachidien ou moelle allongée ; sa cavité constitue le quatrième ventri- cule, qui se continue avec le canal cen- tral de la moelle. — Il est à remarquer que, chez les Vertébrés inférieurs, les hémisphères sont relativement petits et laissent à découvert les autres divisions du cerveau ; mais ils se développent progressivement, et, chez les Mammi- fères les plus élevés, ils arrivent à cou- vrir les lobes olfactifs en avant, les lobes optiques et le cervelet en arrière. Le système nerveux périphérique comprend de nombreux cordons qui naissent par paires de l'axe cérébro- spinal et se distinguent, d'après leur origine, en nerfs crâniens et nerfs rachi- diens. La plupart de ces nerfs sont mix- tes, c'est-à-dire composés de fibres motrices et de fibres sensitives ; tous les nerfs rachidiens, en particulier, sont dans ce cas ; ils naissent distinctement par deux racines, une ventrale inotrice et une dorsale sensitive. Quant au système nerveux de la vie 3, ligament dentelé. 4, gaine que la végétative (grand Sympathique), il ne fait dure-mère fournit aux nerfs racliidiens. i-p . i ' i n • r- 5, section de celte gaine. defaut que daus quclques formes infé- rieures. Il a pour base de nombreux ganglions réunis entre eux et communiquant avec le système cérébro- spinal ; les filets qui en partent pour se rendre aux viscères consti- tuent en général des plexus pourvus de ganglions secondaires. Les organes des sens présentent tous des parties différenciées du tégument, qui sont en rapport avec des nerfs. — L'appareil olfactif se compose d'ordinaire de deux cavités formées par les os de la face et tapissées par une muqueuse dans laquelle vient se distribuer le nerf olfactif. A cet appareil se rattache Vorgane de Jacobson, formé UV.Da.. 3/.« Fig. 666. — Fragmentde la moelle épinière de l'Homme, avec les racines spinales, d'après L. Hirschfeld. — 1, t, racines postérieures. 2, 2, racines antérieures. CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. 941 l'ig. G67. — Encéphale de Lézard vu de profil dans la boîte crânienne. — 6, bulbe, o, lobes optiques, e, liémisphôros cérébraux, v, œil pinéal. », filament nerveux, g, sa base renflée. de deux sacs émanés des fosses nasales, débouchant dans la cavité buccale et innervés par des rameaux des nerfs trijumeau et olfactif (Gymnophiones, Saurophidiens, beaucoup de Mammifères). Le rôle de cet organe paraît être de soumettre les aliments au contrôle des nerfs olfactifs. — Les yeux sont au nom- bre de deux et montrent une com- plication variable. Le nerf optique leur fournit uno expansion membra- neuse, la rétine, au-devant de la- quelle se placent divers milieux ré- fringents (cornée, humeur aqueuse, cristallin, humeur vitrée), le tout accompagné de certains appareils protecteurs ou moteurs, etc. — 11 existait en outre, chez les Labyrinthodontes, un troisième œil ou œil pinéal, qui se montre encore bien développé chez les Lézards, notam- ment chez quelques espèces des pays chauds. Cet œil impair, qui occupe le sommet de la tête, aTaspectd'une vésicule dont la pa- roi superficielle est renflée en une sorte de cristallin, tandis que la paroi pro- fonde constitue une rétine impression- nable à la lumière et se continuant avec un filament nerveux renflé à sa base, laquelle est située entre les lo- bes optiques et les hémisphères céré- braux. L'organe dont il s'agit s'est atrophié chez les autres Vertébrés, ne laissant guère subsister que son point d'origine, qui est devenula glande pinéale. — Vorgane de Vouïe se compose essentiellement d'une vési- cule développée de chaque côté de la tête et recevant les divisions du nerf acoustique. Cette vésicule (vestibule) se complique en général par la formation, dans sa partie postérieure (utricule), de trois canaux semi-circulaires, et dans sa partie antérieure (saccule), d'un diver- pig. 068. — Oreille de l'Homme. — aa, pavillon, b, conduit auditif externe, c, la chaîne des osselets, rf, vestibule, e, muscle antérieur du marteau, g, canaux semi-circulaires, h, muscle interne du marteau, s, limaçon. »!, muscle externe du marteau, n, nerf acoustique, t, trompe d'Eustache. 942 CHORDES. VERTÉBRÉS. Fig. 669. — Papille cutam'e pourvue de nerfs, avec corpuscule du tact ou de Meissner, d'après Ranvier. ticule spiroïde ou limaçon : l'ensemble de ces éléments constitue le labyrinthe ou oreille interne. On peut en outre observer des organes secondaires formant ce qu'on appelle l'oreille externe. — Le goiit a son siège principal dans la muqueuse de la langue, qui offre à cet effet des papilles spéciales, dans lesquelles vien- nent aboutir des filets nerveux émanés du glosso- pharyngien et du lingual. — Le tact s'effectue par la surface cutanée, au moyen de certaines pa- pilles dans lesquelles les fibres nerveuses abou- tissent à des corpuscules particuliers (corpuscules du tact, corpuscules de Pacini). — Enfin, certains naturalistes ont admis l'existence d'un sixième sens, auquel seraient affectés, chez les Poissons et les Batraciens, des organes spéciaux (ligne latérale); mais il ne paraît y avoir là qu'une simple modification du tact. La bouche est située sur la face ventrale et presque toujours armée de dents ; il y est annexé le plus souvent des glandes salivaires. — On distingue dans le tube digestif trois régions principales : intestin anté- rieur^ moyen et terminal. — Vintestin antérieur comprend : le pha- rynx ou arrière-bouche, l'œsophage, parfois dilaté en jabot, et l'es- tomac. — Vinteslin moyen, encore appelé, en raison de son diamètre, intestin grêle, est parfois divisible en plusieurs portions (duodénum, jéjunum et iléon) ; il reçoit en général le produit de deux glandes importantes, le foieei le pano-éas, sans par- ler de celles qui sont logées dans l'épais- seur de sa paroi. — Quant à Vintestin ter" minai ou gros intestin, dans lequel on peut souvent encore distinguer plusieurs parties (caecum, côlon, rectum), il se termine par un orifice ventral ou anus tantôt isolé, tan- tôt commun avec la terminaison des or^ ganes génito-urinaires (cloaque). Chez tous les Vertébrés, Vappareil circu' latoire forme un système clos, avec un cœur médian occupant la région antérieure de la cavité viscérale et entouré d'une dou- ble enveloppe ou péricarde. On peut reconr naître à ce cœur trois dispositions princir pales, entre lesquelles il existe d'ailleurs des degrés intermédiaires : 1° Chez la plupart des Poissons, le cœur, situé sur le trajet du sang veineux, présente seulement une oreillette et un ventricule ; il n'est traversé qu'une seule fois par le sang, et la circulation est dite alors simple. 2° Chez les Batraciens et les Reptiles, il y a deux oreillettes. Fig. 670. — Schéma de la circulalion des Poissons. — 0, oreillette. V, ventricule. B, branchies. C, capillai- res du corps. A, aorte descendante ou dorsale. CHORDES. — VERTÉBRÉS. 943 et généralement un seul ventricule : la circulation est double (générale et pulmonaire), mais incQmplète, car le sang veineux se mélange plus ou moins au sang artériel. 3" Enfin, les Oiseaux et les Mammifères ont Fig. 671. — Scliénia (ic la circulation dos Batra- ciens et des Reptiles. — G, orcillotte gauche. 0', oreillette droite. V, ventricule unique, f, pou- mon. C, capillaires du corps. FisT- 672. — Schéma de la circulation des Oiseaux et dos Mammifères. — G, oroillolte gauche. V, ventricule gauche. 0', oreillette droite. V, ventri- cule droit. P, poumon. C, capillaires du corps. un cœur à quatre cavités (deux oreillettes et deux ventricules), celles de droite ne recevant que du sang veineux, celles de gauche que du sang artériel : leur circulation est double et complète. Toutefois, les dispositions variées que présente l'appareil circula- toire ne sont que les dérivés d'un type primitif unique. Dans les pre- mières phases du développement embryonnaire, le cœur est toujours simple, et de sa région ventriculaire naît un tronc vasculaire [aorte ascendante), qui se divise bientôt en deux séries d'arcs aortiques laté- raux; puis ceux-ci se réunissent dans un vaisseau descendant [aorte dorsale) qui fournit sur son trajet de nombreuses divisions latérales. Mais il survient ultérieurement diverses modifications en rapport avec la nature des organes respiratoires. Chez les Vertébrés à respiration aquatique, les arcs aortiques forment les vaisseaux branchiaux affé- rents et efférents. Lorsque les poumons se développent, ce qui en- traîne une division du cœur, les artères pulmonaires tirent leur origine de la paire postérieure d'arcs aortiques ; les autres arcs dispa- raissent pour la plupart, et souvent il n'en reste plus qu'un seul (aorte) se continuant avec l'aorte dorsale. Le sang charrié par les artères se distribue dans les tissus à la faveur d'un important réseau capillaire : il est ramené au cœur par des troncs veineux qui sont primitivement au nombre de quatre : deux antérieurs ou veines jugulaires, et deux postérieurs ou veines cardi- nales. De chaque côté, la veine jugulaire s'unit à la cardinale pour former un canal commun [canal de Cuvier), lequel débouche, avec son congénère, dans un sinus qui précède l'oreillette. Mais cette disposi- 944 GHORDÉS. — VERTÉBRÉS. tion ne persiste pas, à l'état adulte, chez les Vertébrés supérieurs. Les veines jugulaires s'unissent aux troncs veineux des membres Iho- raciques, et ainsi sont constituées les veines caves antérieures ; les veines cardinales se réduisent (veines azygos), et le sang de la région postérieure du corps est en majeure partie ramené au cœur par un tronc particulier, la veine cave postérieure. — Ajoutons que les veines du tube intestinal, avant d'aborder au cœur, se réunissent en un tronc commun (veine porte) qui se ramifie dans le foie. Parfois même il existe un système porte rénal (Vertébrés ovipares). Presque tous les Vertébrés ont le sang rouge, coloration qu'ils doi- vent à des globules rouges ou hématies, tenus en suspension dans le plasma, en même temps qu'un petit nombre de globules blancs ou leucocytes. Les globules rouges sont elliptiques et nucléés, sauf chez les Mammifères, où ils sont privés de noyau et presque toujours discoïdes. Le plasma est chargé du transport des substances nutri- tives; les hématies sont les véhicules de l'oxygène. En dehors du système sanguin, les Vertébrés sont munis de ca- vités et de vaisseaux spéciaux débouchant en définitive dans les gros troncs veineux : c'est ce qui constitue le système lymphatique. Les vaisseaux lymphatiques ramènent dans le torrent circulatoire le plasma exsudé à travers les capillaires et chargé de produits de dé- sassimilation ; le liquide qu'ils renferment {lymphe) charrie des leu- cocytes. En outre, une partie des matériaux élaborés dans l'intestin sont emportés par des lymphatiques particuliers ou chylifères. Les ganglions lymphatiques., placés sur le trajet de ces divers ordres de vaisseaux, paraissent avoir pour rôle la formation des globules blancs; on en rapproche d'ordinaire la rate et les autres glandes vasculaires sanguines, dont le rôle est encore peu connu. La respiration peut, dans une certaine mesure, s'effectuer par la peau, lorsque celle-ci demeure molle et nue; mais il existe toujours des organes respiratoires, branchies ou poumons. Les branchies con- sistent en des lamelles membraneuses portées par le bord externe des arcs branchiaux : parfois, comme chez les jeunes têtards, elles sont extérieures. Quant aux poumons, ce sont, en principe, deux sacs membraneux, renfermant dans leurs parois de nombreux vaisseaux capillaires. Souvent ils n'occupent que la région thoracique de la cavité viscérale, et se trouvent séparés de la région abdominale par un diaphragme plus ou moins développé. Le tube qui conduit l'air dans les poumons est la trachée, dont les ramifications constituent les bronches. La trachée aboutit dans l'arrière -bouche ; à cette extrémité, elle se modifie d'ordinaire pour former l'organe de la voix ou larynx. Chez les Mammifères et les Oiseaux, les échanges respiratoires sont toujours très actifs, et le sang possède une température propre, rela- tivement élevée (36 à 43°), qui se maintient à peu près constante, malgré de sérieuses modifications du milieu ambiant. Aussi leur corps CIIORDÉS. — VERTÉBRÉS. 945 donnc-t-il, au toucher, une sensation de chaleur qui leur a valu le nom vulgaire d'animaux d sang chaud, auquel il serait préférable de substituer celui à'anhnaux à température constante. Tous les autres Vertébrés, ainsi que les Invertébrés, développent une chaleur animale beaucoup plus faible, et leur température propre oscille dans des limites assez étendues, suivant celle du milieu ambiant : de là, la sensation de froid que nous éprouvons à leur contact, et le nom d'a- nimaux à sang froid ou à température variable qui leur a été appliqué. Les organes d'excrrtion urinaire passent par deux états successifs chez les Vertébrés inférieurs, par trois états chez les AUantoïdiens. — 1° Le rein précurseur, rein céphalique ou pronéphros esl un appareil très simple, qui rappelle celui des Vers ; il persiste toute la vie chez quelques Poissons [Fierasfer], mais n'apparaît d'ordinaire que comme organe transitoire. Il est représenté par deux canaux dits segmen- taires, qui communiquent à leur extrémité et sur les côtés, par l'inter- médiaire de tubes à pavillons ciliés, avec la cavité générale, et qui s'ouvrent en arrière dans le cloaque ; chacun de ces tubes reçoit une artériole qui s'y pelotonne en un glomérule de Malpighi. — 2" Ce pro- néphros est remplacé de bonne heure par le rein primitif, corps de Wolff ou mésonéphros, qui persiste toute la vie chez les Poissons et kg Batraciens, mais doit être lui-même remplacé par un rein définitif chez les Vertébrés supérieurs. Les canaux segmentaires du rein précurseur ont seuls été conservés ; ils reçoivent de nouveaux tubes segmentaires à pavillons vibratiles encore ouverts dans le cœlome, tubes pourvus chacun d'un cul-de-sac qui recouvre (capsule de Bow- man) un glomérule de Malpighi. Ces canaux segmentaires font ainsi toujours communiquer la cavité générale avec l'extérieur ; mais, chez les Sélaciens et les Batraciens, ils se divisent en deux canaux parallè- les : le cfl??a/ c?e Wolff, uretère primitif, qui conduit aussi le sperme, et le canal de Millier, rudimentaire chez le mâle, mais servant d'ovi- ducte chez la femelle. — 3° Chez les Vertébrés allantoïdiens, le méso- néphros a perdu sa fonction urinaire et ne sert plus qu'à l'évacuation des produits sexuels. Les canaux de Wolff deviennent les conduits sexuels du mâle, tandis que les canaux de Millier conservent leur qua- lité de conduits vecteurs femelles ou oviductes, en s'ouvrant dans la cavité générale par un pavillon. Mais il se développe un appareil uri. naire nouveau, le rein dé fmitif ou métanéphros, sans rapports avec l'ap- pareil génital. On le voit apparaître comme un diverticule latéral (ure- tère) du canal de Wolff, se divisant en tubes {canalicules urinifères) pour- vus de glomérules de Malpighi. Les uretères peuvent déboucher séparé- ment à l'extérieur; mais, le plus souvent, ils se réunissent au préa- lable ou même s'ouvrent dans un réservoir spécial [vessie urinaire). La reproduction est toujours sexuelle, et, sauf chez quelques Pois- sons et Batraciens, â hermaphrodisme constant ou inconstant, les sexes sont séparés. Les testicules et les ovaires sont presque tou- Railliet. — Zoologie. gO 946 CHORDES. VERTÉBRÉS. jours pairs et logés dans la cavité viscérale. Chez beaucoup de Pois- sons, les produits sexuels tombent dans la cavité viscérale pour être évacués par un pore abdominal. Mais, en général, ces produits sont expulsés par des conduits particuliers (canal déférent, oviducte). Ces conduits peuvent d'ailleurs s'ouvrir isolément ou en commun dans un cloaque, ou se réunir entre eux pour déboucher, avec les organes urinaires, au voisinage de l'anus. La plupart des Vertébrés sont ovipares. Parfois, cependant, l'éclo- sion de l'œuf a lieu dans l'oviducte même, et il y a ovoviviparité (Vipères). Enfin, chez presque tous les Mammifères et chez quelques Poissons, l'œuf fécondé séjourne dans une partie différenciée de l'o- viducte [malrice ou utérus), à laquelle il adhère au moyen d'une zone vasculaire ou placenta, permettant des échanges actifs entre le sang de la mère et celui du jeune : ces animaux sont donc franchement vivipares. Les œufs sont toujours télolécithes. Le développement commence par une segmentation totale ou partielle. Aussitôt après sa forma- tion, le blastoderme (voy. p. 51) montre sur un point de sa sur- face un épaississement cellulaire [tache embryonnaire ou aire ger- minative). Au milieu de cette zone, apparaît une ligne sombre [ligne primitive) qui marque le fond d'un sillon [gouttière primitive) formé aux dépens de l'ectoderme et limité par deux bourrelets ou laines dorsales. Celles-ci se réunissent bien- tôt et convertissent la gouttière en un tube : c'est le point de départ des centres nerveux. D'autre part, il se développe de bonne heure, entre les deux feuillets primitifs et aux dépens de l'entoderme, une nouvelle couche cellulaire qui con- stitue le mésoderme. Puis, au-des- sous de la gouttière, on voit se for- mer un cylindre cellulaire : c'est la corde dorsale, qui s'atrophiera ulté- rieurement chez la plupart des for- mes, et sera remplacée par les corps vertébraux. (Il faut remarquer que cette notochorde ne s'étend jamais jusqu'à l'extrémité antérieure du crâne : elle s'arrête au-dessous de la vésicule cérébrale moyenne). En même temps, les parties laté- rales et les extrémités de l'aire germinative se recourbent en des- sous, c'est-à-dire vers le centre de l'œuf, de manière que le corps de l'embryon ressemble à une petite nacelle. L'intérieur de cette nacelle est tapissé par l'entoderme, et ses flancs, auxquels on Fig. 673. — Œuf de Mammifère, au début de son développement. — a, membrane vitelline avec ses villosités naissantes. 6, feuil et ex- terne du blastoderme. 6', b\ premier soulè- vement céphalique et caudal de ce feuillet, c, feuillet interne, rf, corps de l'embryon. CIIORDÉS. — VERTÉBRÉS. 9 17 donne le nom de lames ventrales, se rapprochent peu à peu de façon à circonscrire finalement une étroite ouverture, qui n'est autre que l'ombilic. On observe, dans le cours du développement, certains organes transitoires que nous devons signaler en raison de leur importance physiologique : nous voulons parler de la vésicule ombilicale, de Vam- nios et de Vallantoide. La première se montre, d'une façon plus ou moins distincte, chez la généralité des Vertébrés ; mais l'amnios et Tallantoïde sont propres aux Vertébrés supérieurs : les Batraciens et les Poissons en sont dépourvus. La vésicule ombilicale est formée par l'entoderme. Par suite de la convergence des lames ventrales, ce feuillet subit un étranglement, et la cavité se trouve par suite divisée en deux parties. Tune intra- embryonnaire, l'autre extra-embryonnaire : la première représente la cavité intestinale de l'embryon; la seconde constitue la vésicule ombi- licale ou sac vitellin, dont le contenu fournit à l'embryon les premiers éléments de sa nutrition. Quant à la partie étranglée, elle reçoit le nom de conduit omphalo-méseniérique ou vitello-intestinal. La vésicule dont il s'agit disparaît en général de bonne heure ; cependant, on la voit souvent encore suspendue à la face ventrale des jeunes Poissons. A mesure que l'embryon s'incurve en nacelle, l'ectoderme se soulève autour de lui, surtout du côté de la t(^e et de la queue. De là résulte la formation de replis qui se portent sur la partie convexe de l'embryon et marchent à la rencontre l'un de l'au- tre. Bientôt ces replis se rejoignent et se confondent, la cloison qui les sé- pare ne tardant pas à disparaître. Leur feuillet externe s'accole dès lors à la membrane vitelline ; quant au feuillet interne, il forme Vam7iios. Appliqué d'abord sur le dos de l'embryon, il s'en sépare peu à peu : un liquide spécial [eaux de Vam- nios) s'amasse dans cet intervalle, et la cavité de l'amnios se trouve constituée. Cette poche s'étend à mesure que les lames ventrales se rapprochent : en définitive, l'amnios arrive à entourer complètement l'embryon, sauf au niveau de l'ombilic. Vallantoide se développe aux dépens de l'entoderme. Elle naît sur la portion de ce feuillet emprisonné par le fœtus, sous l'apparence d'un petit mamelon qui ne tarde pas à se creuser d'une cavité. Cette vésicule se développe rapidement ; mais l'étranglement ombilical la "ig. 674. — Œuf de Mammifère. — 1, villo- silt's de la membrano vitelline. 2, feuillet externe du blastoderme, constituant le se- cond chorion. avec ses villosit(''s. 3, vésicule ombilicale. 4, vaisseaux de cette vésicule. 5, capuchons côphalique et caudal formés par les replis du feuillet externe du blaslo- derme. 6, embryon. 7, vésicule allautoïde. 948 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. divise bientôt en deux parties : Tune, comprise dans l'abdomen du fœtus, doit former plus tard la vessie urinaire des Mammifères, tandis qu'elle se détruit chez les Oiseaux et les Reptiles ; la seconde, exté- rieure au fœtus, très riche en vaisseaux, constitue l'allan- toïde proprement dite. Celle- ci représente une sorte de séreuse tapissant l'ectoderme qui double la membrane vi- telline, et se repliant au ni- veau de l'ombilic pour s'é- tendre sur toute la face exté- rieure de l'amnios. Les vaisseaux de l'allan- toide, chez les Reptiles et les Oiseaux, demeurent étalés dans cette membrane, où ils forment un réseau capillaire. Il en est de même chez les Monotrèmes et les Marsu- piaux; mais, dans le reste des Mammifères, la mem- brane vitelline et son revête- ment ectodermique concourent à la formation d un chorion garni de villosités dans lesquelles s'introduisent des houppes vasculaires d'ori- gine allantoïdienne : tel est le point de départ du placenta, qui permet au jeune de puiser dans l'organisme maternel les éléments de sa nutft- tion. Nous étudierons cet organe d'une façon plus complète en trai- tant des Mammifères. Quant au placenta des Sélaciens, il est formé par la vésicule ombilicale. D'après les faits qui viennent d'être exposés, on voit que les Vertébrés se laissent aisément classer en deux grandes sections : 1° les Vertébrés supé- rieurs, dont les embryons sont entourés d'un amnios et d'une allantoïde, et qu'on appelle encore, pour cette raison, Amniens ou Allantoïdiens ; 2° les Vertébrés inférieurs, Poissons et Batraciens, dont le développement ne com- porte pas ces formations, ce qui les fait dénommer Anamniens ou Anallantoï- diens. Les Poissons et les Batraciens sont encore rapprochés par d'autres caractères, notamment par la possession de branchies permanentes ou tran- sitoires, et par la persistance des reins primitifs : on les réunit parfois sous le nom d'Ichtyopsidés. De même, les Reptiles et les Oiseaux, qui sont privés de mamelles et n'ont qu'un condyle occipital, peuvent être rassemblés dans un même {:;roupe, celui des Sauropsidés. Enfin, les Poissons seuls sont radiés, c'est-à-dire pourvus de nageoires à rayons ; tous les autres Vertébrés sont digilés. Le tableau suivant résume ces caractères : Fig. 675. — Œuf de Mammifère. — 1, membrane vitelline ou premier chorion presque disparu. 2, feuillet externe du blastoderme, second chorion. 3, allantoïde, qui a pénétré dans les villosités. 4, vésicule ombilicale. 5, les capuchons céphalique et caudal se sont fusionnés : la cavité de l'amnios est formée. 6, embryon. 7, allan- toïde. POISSONS. 949 Pas d'allantoïde : \ ^^^ nageoires à rayons Poissons. Anallantoïdieiif. > ,^ * , ,. . Des nienibres digités Batraciens. Des écailles Reptiles. Une allantoïde : \ ^""^ ^^ mamelles. Allantoidiens. i ' Des plumes Oiseaux. ^ Des mamelles ; des poils Mammifères. CLASSE I POISSONS Vertébrés à sang froid, à peau généralement écailleuse, à nageoires pourvues de rayons; cœur presque toujours simple et veineux; respira- tion branchiale persistante, rarement branchiale et pulmonaire. Ovipares ou ovovivipares ; embryons dépourvus d'amnios et d'allantoïde. Les animaux de cette classe sont remarquablement adaptés à la j'ie aqua- tique. Le corps, de forme variable, est le plus souvent comprimé d'un côté à l'autre de manière à fendre l'eau avec facilité; la tète se continue directe- ment avec le tronc, et la queue elle-même n'est pas bien limitée. La peau, toujours revêtue d'un épidémie visqueux, renferme en général de nombreuses écailles, produites par les papilles dermiques. Parfois, ces écail- les sont très petites et cachées sous la peau (Anguilles) ; dans certains cas elles font tout à fait défaut (Lamproies). Lorsqu'elles sont bien développées, on leur applique des noms variables suivant leur constitution. Ainsi, on ap- pelle cténoides {y.nU, xtcvo;, peigne ; tlSoç, apparence), celles qui sont cornées, minces et flexibles, à bord libre garni de petites pointes (Perche) ; cycloïdes (xûxXo;, cercle), celles qui, également souples, ont le bord lisse (Carpe) : ces deux sortes sont imbriquées ; ganoïdes (yâvo;, éclat), celles qui représentent des plaques osseuses recouvertes d'émail (Esturgeon) ; enfin placoïdes (-xâ?, plaque), celles qui forment des nodules osseux rendant la peau chagrinée (Squales) ou des plaques surmontées d'épines (Raies). Le squelette est cartilagineux ou osseux. Chez les Cyclostoraes, la corde dor- sale persiste en entier et sa couche squelettogène forme à peine quelques pièces cartilagineuses dorsales ; mais en général le rachis est divisé en vertè- bres biconcaves, dont le centre et les interstices sont remplis par les restes de la corde. Le nombre de ces vertèbres est des plus variables. Les côtes manquent ou restent rudimentaires chez les Cyclostomes et les Sélaciens ; elles sont souvent bien développées, au contraire, chez les Poissons osseux, mais demeurent écartées à leur partie inférieure : dans le cas où elles sont réunies, c'est par l'intermédiaire des pièces osseuses dermiques, car le ster- num fait toujours défaut. Quant aux organes costiformes, souvent bifurques, qu'on rencontre entre les muscles {arêtes), ils résultent de l'ossification par- tielle des aponévroses. A son extrémité antérieure, le canal rachidien se dilate en une boite crâ- nienne. Chez les Cyclostomes et les Sélaciens, celle-ci est constituée par une simple capsule le plus souvent cartilagineuse, non divisible en pièces distinc- tes. Elle se complique, chez les Ganoides, par l'apparition de pièces osseuses 9b0 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. et finalement se montre composée, chez lesTéléostéens, d'un trèsgraud nom- bre d'os dans le détail desquels nous ne pouvons entrer ici. Le crâne s'unit au rachis tantôt par une sorte de condyle (Raies), tantôt par une soudure directe avec les premières vertèbres (Thons, Périophtalmes). — La mâchoire inférieure est réunie au crâne par un appareil suspenseur, lequel est assez compliqué chez les Poissons osseux : c'est une sorte de cloison verticale for- mée d'une série de pièces dont l'inférieure, portant la cavité articulaire, est appelée 05 carré. En arrière de ce suspenseur, des plaques osseuses, au nom- bre de quatre, constituent une sorte de couvercle mobile qui protège les bran- chies et reçoit le nom d'appareil operculaire. Le squelette viscéral a pour base une série d'arcs parallèles. Le premier est l'hyoïde, composé de deux cornes ou branches latérales très développées, qui s'articulent d'ordinaire avec l'os carré et sont réunies inférieurement par Fig. 676. — Squelette de Perche fluviatile. un corps ou copule ; ces branches portent à leur bord inférieur une série de tiges grêles et recourbées [râyofis branchiostèges] supportant une membrane qui sert à compléter le rôle des opercules. La copule se continue en avant avec l'os de la langue, et en arrière avec les copules des arcs suivants. Ceux- ci, désignés sous le nom d'«rcs branchiaux, sont en général au nombre de cinq paires, dont les quatre (ou trois) premières seulement portent des bran- chies ; ils se fixent au crâne par l'inlermédiaire de petits os appelés pharyn- giens supérieurs. La dernière paire demeure incomplète et représente les os pharyngiens inférieurs. Les Poissons sont pourvus de nageoires paires et impaires. Celles-ci ont pour base des stylets osseux ou rayons qui s'articulent avec de petits os plats, dits interépineux, reliés d'autre part à l'extrémité des apophyses épineuses supérieures ou inférieures des vertèbres. Les rayons sont constitués, tantôt par de simples stylets durs et pointus: on leur donne alors le nom de rayons épineux (fig. 677); tantôt par une série d'osselets articulés entre eux et rami- fiés à l'extrémité : ce sont les rayons mous (fig. 678). On distingue les nageoires impaires en dorsale, aiiale et caudale. Les deux premières se divisent quelque- fois de manière à former chacune plusieurs nageoires : en outre, il peut exister une petite nageoire dorsale postérieure dépourvue de rayons : on l'ap- pelle nageoire adipeuse. La nageoire caudale est dite homocerque lorsque ses POISSONS. 951 deux lobes sunt égaux el symétriques, et hétéroccrquc dans le cas contraire. Les nageoires paires, peotoniles et ventrales, correspondent aux membres des autres Vertébrés. Les premières sont suspendues à la tèle et au tronc par Fig. 077. — Nageoire dorsale il'un AcantliopU'rygion Fig. 678. — Nageoire dorsale d'un Malaco- (rayons épineux, arliculOs infOrieuroraciit avec les os ptérygien (rayons mous, articulés infû- inter(5pineux). rieurement avec les os intcrépiueux. une ceinture scapulaire incomplète ; elles-mêmes ont pour base un squelette d'une grande complication , terminé par des rayons. Quant aux nageoires ventrales, qui sont supportées par une sorte de bassin rudimentaire, leur situation est très variable. Tantôt elles sont reportées eu arrière sous l'abdomen, ce qui fait qualifier les Poissons d'abdomi- naux (fig. G9i), tantôt elles s'avancent au-dessous des Tpeclovdiles, [thoraciques], ou même en avant, sous la gorge (jugulaires ou subbrachiens, fig. 692) ; enfin, elles peuvent disparaître {apodes, fig. 689), ainsi que les pectorales elles- mêmes (fig. 683). Le système nerveux est fort simple. L"encéphale ne rem- plit pas la cavité crânienne ; il représente en général une double série de tubercules placés à la suite les uns des autres : lobes olfactifs, hémisphères cérébraux, lobes optiques, cervelet et moelle allongée. Les organes des sens sont également peu développés. Le tact s'exerce au moyen des lèvres, des barbillons ou même des nageoires. La plupart des Poissons sont d'ail- leurs pourvus, de chaque côté du corps, d'un canal qui s'ouvre à l'extérieur par une série de poresconstituant.ee qu'on appelle la ligne latérale. Les parois de ces canaux reçoivent des terminaisons nerveuses libres ou épanouies en boutons tactiles et provenant d'un nerf latéral assez important. D'après les recherches de P. de Sède, la ligne latérale n'est autre qu'un organe du tact, permettant au Poisson d'apprécier les courants, les remous, les mouve- ments faibles de l'eau, et de se diriger par suite en con- naissance de cause. Elle ne mérite donc pas, à propre- g*^'"- ment parler, la qualification que lui ont donnée quelques auteurs, d'o*'^a?ie du sixième sens. — V appareil olfactif comprend une ou plus souvent deux fossettes céphaliques terminées d'ordinaire en cul-de-sac. — Les yeux sont grands, peu mobiles, presque toujours dépourvus de paupières. La cornée est aplatie, la pupille large, le cristallin volumineux et sphéri- que. Il existe en outre un repli particulier de la choroïde, analogue au peigne des Oiseaux et des Reptiles, et connu sous le nom de ligament falci- Fi? 67'J. Cerveau du Brochet. — a, lo- bes olfactifs. 6, héniis- plières cérébraux, c, lobes optiques, rf, cer- velet. (?, moelle allou- 952 CHORDÉS. — VERTEBRES. forme. — Le sens du goût paraît peu développé. — \Jorrjane auditif ne pré- sente nî oreille externe, ni oreille moyenne, ni limaçon ; il est formé simple- ment par le vestibule et les trois canaux semi-circulaires, parfois réduits à deux (Lamproie) ou même à un seul (Myxine). Nous devons signaler ici les organes électriques dont sont munis certains Poissons (Torpilles, Gymnotes, Malaplérures, etc.), qui s'en servent pour paralyser leur proie ou se défendre contre leurs ennemis. Ces organes, dont le siège etTaspect sont assez variables, se composent, en thèse générale, de nombreux prismes verticaux limités par une membrane conjonctive et ser- rés les uns contre les autres. Ces prismes sont divisés, par des cloisons hori- zontales, en alvéoles superposés. Chaque alvéole renferme une couche de substance gélatineuse, et la cloison horizontale supporte un riche réseau nerveux ou plaque électrique. On a comparé, en effet, cet appareil à une pile de Volta, dans laquelle la rondelle de drap serait remplacée par la substance gélatineuse, et les rondelles de zinc et de cuivre par la lame électrique. Les décharges de cet appareil ont les plus grandes analogies avec l'acte muscu- laire. Contrairement àFopinion vulgaire, diversPoissons (Harengs, Grondins, etc.) jouissent de la faculté d'émettre des sons : Vappareil phonateur paraît être représenté par la vessie aérienne. L'appareil digestif est assez complexe. Chez les Cyclostomes, qui sont suceurs, la bouche est circulaire, dépourvue de mâchoires et munie de papilles cor- nées. Chez les Sélaciens, qui, comme tous les autres Poissons, possèdent des mâchoires, elle a l'aspect d'une fente transversale située à la face inférieure delà tète. Partout ailleurs, elle est terminale. Elle est souvent garnie de dénis nombreuses, portées par des pièces osseuses très diverses ou par la mu- queuse (Sélaciens). Ces dents, coniques ou en crochets, ne servent guère qu'à retenir ou à briser la proie"; elles sont presque toujours formées exclu- sivement de dentine, privées de racines et soudées à l'os qui les porte. Elles se renouvellent pendant toute la vie. La langue est rudimentaire. L'œsophage est court et se continue avec un estomac peu distinct, séparé de l'intestin par une valvule pylorique. A l'origine de l'intestin se trouvent, chez beau- coup de Poissons, des organes tubuleux(appc)fti/ccs ptjloriques) sécrétant un suc alcalin. L'intestin grêle décrit souvent des circonvolutions; sa muqueuse forme, sauf chez les Téléostéens, un repli contourné en hélice et appelé val- vule spirale. Le rectum est court ; il s'ouvre dans un cloaque chez les Séla- ciens et les Dipnoïques, mais débouche isolément chez tous les autres Pois- sons. — Les glandes salivaires font à peu près constamment défaut. Le foie est volumineux, indivis ou lobé, et presque toujours pourvu d'une vésicule biliaire. Le pancréas n'est jamais bien développé; il est souvent diffus et peut même pénétrer dans le foie (Laguesse). Chez la très grande majorité des Poissons, la circulation est simple. Le cœur, situé au-dessous des branchies, se compose d'une oreillette et d'un ventricule placés sur le trajet du sang veineux. Les veines qui ramènent ce sang débouchent dans un sinus communiquant avec l'oreillette. Chez les seuls Dipnoïques, celle-ci est divisée en deux loges par une cloison incomplète, et la circulation s'elfectue alors comme chez les Batraciens. Le ventricule est suivi d'un renflement élastique [bulbe artériel), muni de valvules propres à empêcher le retour du sang. De ce bulbe part un tronc médian, nommé POISSONS. 933 aorte ascendante, qui fournit des rameaux latéraux destinés aux branchies w "S — <:;■=£ Cj . O D cj o ^'1 -0= " - -gs ^_ -Ci ■3 O &-= 5 Sî 3 tj O u C-'m S2 t. • *S u b rt g _ c; c te „ ^ s 5 o « <. 1 ^ S '"'^ rt te £ ç ^ O ^^ n. 60 1 -^' ■-3 p 5 3 {artères branchiales). Le sang hématose dans les branchies est repris par des veines dites artères (^plbranchiahs, qui se réunissent pour former V aorte dcscen- 95Î CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. dante ou dorsale, laquelle distribue le sang à la plupart des organes. Les veines offrent la disposition que nous avons signalée pour les embryons des Aorle ascendante\ Bulbe artériel. ._ Venlriculc.._ Oreillette--.. Sinus de Cuvier... Veine porto, foie, etc..-- Intestin Veine cave Vaisseaux branchiaux. Aorte descendante. Reins. --- Aorte descendante. Fig. G81. — Appareil circulatoire d'un Poisson, d'après H. Milne Edwards. Vertébrés supérieurs (Voy. p. 943). Outre la veine porte hépatique, il existe un système porte rénal. La plupart des Poissons respirent exclusivement à Taide de branchies,^ dont la disposition est assez variable. Chez les Téléostéens et les Ganoïdes, les lamelles branchiales sont insérées sur les lèvres d'une gouttière dont est creusé le bord convexe des arcs branchiaux; elles sont presque toujours libres jusqu'à la base. L'eau nécessaire à la respiration pénètre dans la bou- che, puis est poussée entre les arcs branchiaux, baigne les branchies et s'échappe par l'orifice sous-operculaire ou des ouïes. Dans certains cas, les branchies sont très réduites; d'autres fois, elles sont complétées par une branchie accessoire placée à la face interne de l'opercule. — Chez les Sélaciens et les Cyclostomes, le bord extérieur des branchies n'est plus libre, mais adhère à la paroi latérale de la chambre respiratoire (branchies fixes) : en pareil cas, l'ouverture des ouïes, au lieu d'être simple, devient néces- POISSONS. ■9:)3 — Appareil respiratoire de l'Aiiabas, d'après H. Milne Edwards. sairement multiple; c'est ainsi qu'on en compte cinq paires chez les Séla- ciens et jusqu'à sept paires chez les Lamproies. Dans ces derniers animaux, d'ailleurs, l'eau est amenée de la bouche dans la cavité respiratoire par une sorte de canal trachéen situé au-dessous de l'œsophage. Quelques Poissons sont pourvus d'organes accessoires de la respiration. Les uns, nommés Pharyixgicns labyrinthif ormes ^par Guvier, montrent des ré- servoirs formés aux dépens des os pharyngiens supérieurs, et offrant des saillies spongieuses qui retien- nent une certaine quantité d'eau destinée à humecter les branchies. Les Anabas, qui sont munis d'un semblable appareil, peuvent de- meurer assez longtemps hors de l'eau. — D'aulres Poissons, tels que le Saccobranche et rAmphipnoiis, possèdent des sacs remplis d'air, qui reçoivent du sang des artères bran- chiales ; ces sacs servent évidem- ment à la respiration. Il existe souvent, dans la cavité viscérale et au-dessous de la colonne verté- brale, une poche remplie d'air, à laquelle on donne le nom de vessie aérienne ou de vessie natatoire. Elle est tantôt close [Physoclistes), tantôt pourvue d'un canal aérien qui s"ouvre dans la partie antérieure du tube digestif {Fhyso- stomes). On a longtemps regardé cette poche comme un appareil hydrostati- que dont les Poissons se serviraient pour faire varier le poids spécifique de leur corps et déplacer leur centre de gravité, de manière à favoriser les mouvements d'ascension ou de descente. En réalité, les changements de volume que subit la vessie aérienne sont passifs et tiennent à la pression que supporte l'animal. Cet organe semble plutôt défavorable à la natation. Beau- coup de Poissons bons nageurs en sont d'ailleurs dépourvus. — La vessie aérienne est, dans une certaine mesure, un organe de respiration, et on doit la regarder comme l'homologue du poumon, malgré ses connexions ner- veuses et vasculaires. Chez les Dipnoïques, on trouve, à la place de cet organe, un ou deux sacs pulmonaires véritables. Les reins sont formés par les corps de Wolff [mésonéphros] ; ils sont sim- ples ou lobés et occupent d'ordinaire toute la longueur de la cavité viscérale, au-dessus de la vessie aérienne. Les uretères se réunissent en un tronc commun souvent dilaté à son origine en une sorte de vessie urinaire et débouchant en arrière de l'anus, par un orifice très rapproché du pore sexuel. Chez les Sélaciens et les Dipnoïques, les organes génilo-urinaires, souvent confondus à leur terminaison, s'ouvrent dans un cloaque. Presque toujours les sexes sont séparés. Quelques formes seulement sont monoïques, soit normalement (Serrans), soit d'une façon accidentelle (Carpe, Brochet, Hareng, etc.). Les glandes génitales sont habituellement paires. Elles sont quelquefois (Cycloslomes, Anguilles, femelles de Salmoni- dés) dépourvues de conduits vecteurs, et les produits sexuels, tombant dans la cavité abdominale, sont évacués par un pore génital situé derrière l'anus. 956 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. Mais d'ordinaire ces conduits existent, et s'ouvrent un peu en avant du canal urinaire ou se confondent avec lui. Les Poissons sont surtout ovipares; il en est cependant un certain nombre chez lesquels Téclosion a lieu dans le corps de la mère. Le développement embryonnaire s'accomplit alors dans une dilatation de l'oviducte {utérus), et parfois même il se forme un placenta rappelant quelque peu celui des Mammi- fères. La fécondation est presque toujours extérieure : le mâle verse son sperme (laitance) sur les œufs qui viennent d'être pondus. La reproduction n'a lieu en f^énéral qu'une fois par an, principalement au printemps. Dans cer- tains cas, à l'époque du frai, les mâles prennent une « parure de noce », et des changements surviennent dans le genre de vie : réunion en bandes nombreuses, migrations, etc. Les jeunes sont presque toujours abandonnés à eux-mêmes. Les œufs subissent en général une segmentation partielle. L'embryon ne possède ni amnios, ni vésicule allantoïde. Au moment de la naissance, le jeune porte encore une partie de la vésicule vitelline suspendue à sa face ven- trale. Ce n'est que par exception qu'on observe des métamorphoses. Le plus grand nombre des Poissons sont carnassiers, et certains d'entre eux possèdent de redoutables armes de chasse. Il en est cependant qui sont omnivores ou même phytophages. Les uns vivent dans les eaux douces; d'autres habitent la mer; on en connaît enfin, qui passent périodiquement d'un milieu dans l'autre. On trouve des Poissons fossiles depuis le dévonien jusque dans les couches récentes. Poissons comestibles et Poissons vénéneux. — La chair des Poissons joue an rôle important dans l'alimentation : en France, la consom- mation individuelle s'élève à 10'^,'200 par au, dont un quatorzième seulement pour le Poisson d'eau douce. Cependant, cette chair est beaucoup moins nutritive que celle des Mammifères et des Oiseaux, quoique celle du Hareng, par exemple, contienne près de 19 p. 100 de matières azotées; elle ne saurait constituer, sans préjudice pour la santé, un aliment exclusif. Les pêcheurs de nos côtes, qui n'ont guère d'autre nourriture, ne possèdent pas, du moins à l'âge adulte, les attributs d'une santé solide : ils sont envahis de bonne heure par l'athérome artériel et ne fournissent pas une longue carrière (Kiener). Si leurs femmes sont très fécondes, cela ne tient nullement, comme on l'a prétendu, à cette alimentation et en particulier au phosphore que contient le Poisson, car la proportion de cette substance est au moins d'un quart inférieure à celle que renferme la chair des Mam- mifères. Contrairement à ce qui a lieu pour les animaux à sang chaud, ce sont les Poissons carnassiers qui sont les plus délicats, sans doute parce qu'ils se tiennent de préférence dans les eaux vives. D'ailleurs, on estime beaucoup plus les Poissons à écailles apparentes que ceux dont le tégument est lisse. Le Poisson se putréfie fort vite, et il n'est réellement salubre que POISSONS. 957 lorsqu'il est très frais, ce qu'on reconnaît à Téclat des yeux et à Tétat humide et rouge vif des ouïes; un simple lavage décèle d'ailleurs la fraude vulgaire qui consiste à teindre de sang frais les ouïes des Poissons avancés. Les empoisonnements provoqués par la chair de Poisson plus ou moins altérée sont attribuables sans doute à cer- taines ptomaïnes développées sous rinfluencc do la putréfaction; ils rentrent donc dans le cadre des accidents connus sous le nom de botulisme (voy. p. 79). Ainsi, Briegcr a trouvé dans la chair de Morue corrompue la neuridine, l'éthyléne djamine, la muscarine, la triéthy- lamine et la gadinine. Mais il est aussi beaucoup de Poissons dont l'usage alimentaire occasionne, quel que soit leur état de fraîcheur, des accidents parfois fort graves, notamment des troubles intestinaux qui prennent sou- vent une apparence cholériforme et peuvent même entraîner l'algi- dité, Tataxic nerveuse et la mort. Il y a évidemment alors interven- tion de produits toxiques développés par l'activité physiologique des tissus, et l'on peut, avec Fonssagrives, réserver à ces intoxications par leucomaïnes le nom espagnol de siguatcra. Elles sont le plus souvent consécutives à l'ingestion de certaines parties du Poisson, et l'on a incriminé surtout le foie, les œufs ou la laitance, les intes- tins, etc. Sur les Tétrodons du Japon, Ch. Rémy a démontré expéri- mentalement que le poison est localisé dans les organes génitaux. Du reste, on sait qu'en Europe même, les œufs du Barbeau et du Brochet déterminent souvent une purgation violente, d'où l'indication de ne pas consommer ces Poissons pendant la période du frai. Mais on assure, d'autre part, que certaines espèces, d'ordinaire inoffensives, peuvent devenir dangereuses sous des influences encore mal déter- minées : ainsi le Thon, très estimé dans nos régions, a causé des accidents aux Antilles ; le Crapaud de mer {Scorpcvna grandicornis) est fort apprécié à Cuba et redouté au contraire à Haïti. D'une manière générale, les Poissons toxicophores habitent surtout les mers chaudes du globe, et de grandes précautions sont à recommander lorsque, dans les régions tropicales, on se trouve en présence de Poissons mal connus des équipages. Il y a lieu en particulier d'en expérimenter les effets sur de petits animaux, et surtout de se renseigner auprès des indigènes. — On peut craindre d'ailleurs de voir la siguatère se manifester jusque dans nos pays, par suite de l'importation de Pois- sons exotiques facilitée aujourd'hui par les procédés frigorifiques : en pareil cas, la meilleure sauvegarde de la santé publique consiste- rait sans doute dans l'institution de commissions scientifiques atta- chées aux ports d'arrivée. — • Contre la siguatère, on recommande surtout l'infusion de café, employée après les vomitifs. Poissons vulnéraxts et Poissons venimeux. — Beaucoup de Poissons armés d'épines ou d'aiguillons sont susceptibles de produire des blés- 958 CHORDDS. — VERTÉBRÉS. sures d'une certaine gravité ; il en est même qui sont redoutables à cet égard, comme les Pastenagues, dont la queue est munie d'aiguillons barbelés. On pourrait également en citer un grand nombre qui se font craindre par leurs morsures. Mais les plus intéressants à étudier sont ceux qui joignent à cette action vulnérante l'inoculation d"un venin (1). Chez quelques-uns, l'appareil venimeux est en rapport avec les dents (Murènes") ; le plus souvent il a pour annexes des aiguillons ou des épines et siège alors dans la région dorsale, ou parfois dans la région operculaire, rare- ment dans la région scapulaire. Dans certains cas il est clos (Synancée, Plotose) ; d'autres fois il est en communication avec l'extérieur (Vives, Scorpènes), et ces deux types extrêmes sont réunis par diverses formes intermédiaires. Les glandes venimeuses peuvent être assi- milées, d'une manière générale, à des follicules cutanés; aussi les rencontre-t-on plus souvent chez les espèces à peau nue (Synancée, Plotose, Murène) que chez celles dont la peau est nettement écailleuse (Vive, Perche). Les Poissons venimeux ne se montrent que dans les régions tempérées et surtout dans les mers chaudes; ils appartiennent toujours à des formes de petite taille, à chair fine et délicate : l'appa- reil à venin paraît servir spécialement à leur défense. L'introduction du venin dans les tissus détermine une douleur locale très vive, qui s'étend rapidement aux régions voisines. Souvent même cette douleur est atroce; on a vu des sujets atteints pris d'un véritable délire et s'amputer la partie lésée. Cet état s'accompagne d'une anxiété considérable, de lipothymies, parfois de syncopes qui peuvent entraîner la mort. Le point d'inoculation est bientôt le siège d'un sphacèle d'étendue variable; on peut voir survenir aussi des phlegmons graves, avec lymphangite et engorgement ganglionnaire, le tout se compliquant parfois d'une septicémie généralement mor- telle. Au point de vue de son action physiologique, ce venin agit donc d'abord localement, en frappant de mort les tissus qu'il atteint ; après son absorption, il provoque la paralysie motrice, puis sensitive; enfin, il semble ralentir les mouvements du cœur, qui s'arrête en diastole. Chez les Murènes, qui possèdent un appareil venimeux palatin, le sang jouit de propriétés toxiques très accusées; il serait intéressant de savoir s'il en est de même pour les autres Poissons venimeux. Pisciculture. — Le peu de soin que les Poissons prennent de leur progéni- ture, la pèche, la multiplication des établissements industriels qui déversent dans les rivières leurs produits insalubres, une foule de circonstances fâ- cheuses enfin ont amené le dépeuplement de nos cours d'eau. La pisciculture a précisément pour but de parer à ces inconvénients, et pour objet principal d'assurer le repeuplement des eaux au moyen de l'a/ei'in provenant d'éclosions (1) A. BoTTARo, Les Poissons venimeux. Contribution à Vhygiène navale. Thèse de Paris, 1889. POISSONS. — CYCLOSTOMES. 959 artificielles. A cet effet, on conserve, dans des bassins convenables, quelques femelles et quelques mâles de l'espèce qu'il s'agit de multiplier. Au moment du frai, on s'empare des femelles et, au moyen d'une pression exercée sur le ventre, on fait tomber les œufs dans des vases remplis d'eau. On arrose en- suite ces œufs avec la laitance des mâles, en procédant de la même manière ; puis, une fois la fécondation opérée, on les place dans des appareils incuba- teurs, dont le plus connu est celui de Coste. Il consiste en une série d'auges superposées en gradins; un robinet laisse couler constamment sur Tauge la plus élevée de l'eau qui se déverse dans les autres et s'échappe en- suite. Après l'éclosion, les jeunes Poissons, qui constituent ce qu'on appelle l'alevin, sont placés dans des bassins particuliers ; ils ne prennent à ce mo- ment aucune nourriture et se bornent à consommer le reste des éléments nutritifs contenus dans le sac vitellin (vésicule ombilicale), qui fait saillie sous l'abdomen. Quand cette vésicule a disparu, on les nourrit de Vers, d'In- sectes, de pain, etc., et dès qu'ils sont assez forts, on les dissémine dans les eaux qui leur conviennent. Classification. — La classification des Poissons a beaucoup varié depuis Artedi, Linné et Cuvier. Celle qui est généralement adoptée aujourd'hui est due à Jean Millier (1844) : tout au moins les ichtyologistes modernes ne lui ont-ils fait subir que des modifications secondaires. 5 ordres : Bouche circulaire ; un seul orifice nasal Gyclostomes. 1 branchies j Des mâchoires ; \ seule- . deux orifices ment. ^ nasaux. Dgg /Bouche transversale sous le museau.. Sélaciens. branchies | / Bulbe artériel à plusieurs Bouche ) séries de valvules Ganoïdes. terminale, j ' Bulbe à deux valvules Téléostéens. , Des branchies et des poumons Dipnoïques. PREMIER ORDRE CYCLOSTOMES Poissons vernd formes, à squelette cartilagineux et à corde persistante ; dépourvus de nageoi?'es pectorales et ventrales; à sac nasal simple et à bouche circulaire sans mâchoires. Les Cyclostomes (jc'Jy-Xo;, cercle; azôiia, bouche) ont la bouche infundibuli- forme et armée, à l'état adulte, de dents cornées. Ils sont donc suceurs. Les Fig. 683. — Grande Lamproie {Petromyzon marinus L.). branchies sont fixées sur les côtés de l'œsophage, dans 6 ou 7 paires de sacs qui débouchent en général au dehors par autant d'orifices. Il n'existe pas de vessie aérienne. Le bulbe artériel ne présente que deux valvules. 960 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. Les principaux représentants de ce groupe sont les Myxines {My.vine), qui vivent en parasites sur d'autres Poissons, et les Lamproies {Petromyzon), ani- maux à métamorphoses, les larves ayant une bouche inerme et des yeux sous-culanés. La Lamproie marine (P. marinus ) remonte dans les fleuves au moment du frai; sa chair est assez estimée. La Lamproie fluviatile (P. fluvia- tilis) et la Lamproie Sucet (P. Planeri) sont d'eau douce; la larve de cette dernière a été longtemps décrite comme une espèce particulière (A?nmocœ(cs hranchialis) . DEUXIÈME ORDRE SÉLACIEIVS Poissons cartilagineux, à bouche ordinnïrement transversale, située à la face inférieure du museau; branchies fixées dans des sacs distincts. Les Sélaciens (c£Xax.û;, Poisson cartilagineux) ou Chondroptérygiens ont la peau généralement pourvue d'écaillés placoïdes. La queue est hétérocerque. Le crâne n'offre pas de divisions. Les nerfs optiques forment un chiasraa. L'intestin, garni d'une valvule spirale, débouche dans un cloaque. Deux ou- vertures ou évents mettent d'ordinaire l'ariière-bouche en communication avec l'extérieur. Le bulbe arlériel est muni de plusieurs rangs de valvules. Les mâles possèdent des organes copulateurs ; par suite, il y a toujours accou- plement et fécondation interne. Un fait remarquable, déjà connu d'Aristote, c'est qu'il existe parfois une sorte de placenta fourni par la vésicule ombili- . cale. Ce sont surtout des Poissons marins. 2 sous-ordres : i" sous-ordre : Chimériens. — Encore appelés Holocéphales {oy.ot, en- tier ; JieaaXx, tête), ils sont caractérisés parieurs sacs branchiaux, qui s'ouvrent de chaque côté par une fente _commune, recouverte par un repli cutané opercu- laire. Peau nue. Pas d'évents. L'espèce la plus intéressante est la Chimère arctique {Chimœra monstrosa), vulgairement Chat de mer. Les Norvégiens retirent de son foie une huile qui est utilisée pour le pansement des plaies ; sa chair est peu estimée. 2^ sous-ordre : Plagiostomes. — Ce sont les Sélaciens proprement dits. Leurs sacs branchiaux adhèrent extérieurement à la peau et s'ouvrent aie dehors, chacun par un orifice distinct. La peau est quelquefois nue. Les évents existent presque toujours. — Deux sections principales. I. Squales. — Ils ont le corps fusiforme et les orifices branchiaux situés sur les côtés. Parmi les nombreux représentants de ce groupe, nous citerons : les Per- lons [Heptanchus], les Grisets [Hexanchus), les Requins vrais [Carcharias) les Marteaux [Zygaena], les Émissoles [Mustelus), les Milandres [Galeus], les Pèle- rins [Selache], les Roussettes [Scyllium), toutes formes pourvues d'une nageoire anale; les Anges [Squatina], les Aiguillats {Acanthias), les Sagres [Spinax) qui en sont dépourvus. La chair de ces Poissons est en général coriace, parfois musquée ; cepen- dant on la consomme souvent, fraîche ou conservée. Celle des Perlons et des POISSONS. — SÉLACIENS. 961 Grisets a des propriétés purgatives. On a signalé des accidents : coliques, torpeur, desquamation de l'épiderme, après ingestion de foie de Roussette et de Milandre. En Chine, on apprécie beaucoup un potage aux ailerons de Requins, c'est-à-dire préparé avec les nageoires desséchées de diver- ses espèces de Squales. Enfin, on retire du foie de plusieurs de ces Sé- laciens : Roussettes, Aiguillât, Émissole, Ange de mer, etc., une huile employée quelquefois en médecine. Cette huile de foie de Squale s'obtient par l'ébullition dans l'eau ; elle a une teinte am- brée et laisse précipiter, par le repos, d'abon- dants grumeaux de stéarine. C'est un succédané de l'huile de foie de Morue ; elle est même plus riche en iode et en phosphore, mais contient un peu moins de brome et de soufre. Fig. 684. — ExlrOmilû anlôrieure d'un Requin {Carcliarius lamia Risso). II. Rajides. — Corps déprimé, discoïde, terminé en général par une queue longue et mince; fentes branchiales situées sur la face ventrale. Pas d'évents. Ovipares (Raies) ou vivipares. Aux Rajides se rattachent : lesPastenagues [Trij- fjon), à queue longue, sans nageoires, armée de chaque côté d'un long dard barbelé; les Aigles de mer {Mijliobates) et les Diables de mer ou Raies cornues {Cephaloptcra), à queue longue et flexible» portant à sa base une nageoire dorsale et derrière celle-ci un aiguillon triangulaire barbelé ; les Raies [Raja], qui possèdent dans la queue un appa- reil électrique rudimentaire ; les Torpilles [Torpe^ do), pourvues d'un appareil analogue, mais très développé, de chaque côté de la tète, etc. La chair des Raies est assez estimée; elle est cependant peu digeste. — La peau fournit une sorte de gélatine employée pour la clarification de la bière. — En outre, on retire du foie de ces Pois- sons une huile qui peut, jusqu'à un certain point, remplacer l'huile de foie de Morue. Les principales espèces qui la fournissent sont la Raie bouclée, la Raie cendrée, la Paste- nague commune et l'Aigle de mer. On l'extrait sur les côtes de Normandie, surtout par le procédé de l'ébullition. Vhuile de foie de Raie est d'une teinte jaune clair, parfois orangée ou un peu rougeàtre, à odeur de Poisson, à sa- veur assez douce. Elle contient moins d'iode et de soufre que l'huile de foie de Morue, mais plus de phosphore. Fijf. GSo. — Torpille vulgaire ( Torpédo narke seu oculata). Les Pastenagues [Tnjgon pastinaca, Tr. vlolacea) se rencontrent sur nos côtes, et la piqûre de leurs dards dentés est réputée des plus dangereuses. Aristote signalait déjà ces Poissons comme redoutables, et Pline considérait que rien n'est terrible comme leur aiguillon, car « à la force du fer, il joint l'action du poison. » Bien que ces vues se soient perpétuées chez les pécheurs, on n'a pas encore établi, jusqu'à Umlliet. — Zoologie. 61 962 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. présent, la présence d'un appareil à venin chez les Pastenagues. — Ces observations s'appliquent d'ailleurs à l'Aigle de mer {Myliobates aquila) et au Diable de mer [Cephaloptera giorna). TROISIÈME ORDRE GANOÏDKS Poissons cartilagineux ou osseux, à branchies libres recouvertes par un opercule; bulbe artériel à plusieurs rangs de valvules. La peau de ces Poissons, rarement nue, présente quelquefois des écussons osseux; mais, le plus souvent, elle est recouverte d'écaillés osseuses émail- lées ou ganoïdes (70(70;, éclat). Le squelette est cartilagineux (Esturgeons) ou osseux (Lépidostées). La queue est d'ordinaire hétérocerque. Le crâne mon- tre des divisions distinctes. Les nerfs optiques forment un chiasma. L'in- testin est pourvu d'une valvule spirale. Il existe en général des évents. On observe toujours une vessie natatoire munie d'un canal aérien. — Beaucoup de formes fossiles. Principal genre : Esturgeon [Acipcnser). Les Esturgeons vivent dans la mer, mais au printemps remontent les fleuves et leurs affluents. On les pêche Fig. 686. — Eslurgcon commun (Acipenser sturio L.). surtout dans le Danube, le Dniester, le Volga et l'Oural. L'Esturgeon commun [A. sturio) se rencontre aussi dans le Rhône, la Garonne, la Loire et le Rhin, rarement dans la Seine. La chair des Esturgeons est très délicate, mais peu digeste. On mange leur corde dorsale en Russie et en Vénétie. Leurs œufs constituent la base du caviar, aliment très usité en Russie, où il est con- sommé par toutes les classes. — Leur vessie aérienne préparée fournit une substance gélatineuse appelée ichtyocolle ou colle de poisson. La préparation consiste à la nettoyer, à la façonner et à la faire sécher à l'ombre. On trouve dans le commerce quatre sortes principales d'ichtyocolle brute : 1° en lyre, c'est-à-dire en cylindres courbés, l'extrémité étant infléchie en dehors ; 2° en cœur, extrémité infléchie en dedans; 3° en livre, lames minces pliées en carré et réunies par un bâton qui les traverse; 4° en feuilles, lames séparées. L'ichtyocolle offre la consistance du parchemin; elle est blanchâtre, demi- transparente, inodore et insipide. L'eau bouillante la dissout : pour l'em- ployer, on la découpe en petits fragments, souvent après l'avoir martelée, et on la fait bouillir quelques instants. Elle sert ainsi à claritler le vin, la bière et beaucoup d'autres liquides. C'est également avec cette substance qu'on prépare le taffetas d'Angleterre, etc. POISSONS. TÉLÉOSTÉENS. 903 QUATRIÈME ORDRE TÉLÉOSTÉENS Poissons osseux, à branchies libres recouvertes par un opercule; bulbe artériel muni d'une seule paire de valvules. La peau est d'ordinaire recouverte d'ccailles cycloïdes ou cténoïdes im- briquées. La queue est en général homocerque. Le squelette est toujours osseux (Tî'Xïtc;, parfait; ôar='ov, os). Les nerfs optiques se croisent sans former de chiasma. L'intestin est dépourvu de valvule spirale. Il n'existe pas d'é- vents. Presque toujours on observe une vessie aérienne. C'est le groupe qui renferme le plus grand nombre de Poissons. 4 sous-ordres : „ . . Branchies en houppes Loimiobranciies. Corps cuu'asso : ' ^' Ostéodermes. I r> u- *■ - r> (Branchies pectmees Plectognatiies. Peau êcaillcuse, i Rayons mous Malacoptérvgien?. branchies pectinées : Squamodermes. < Rayons épineux Acantiioptérygiens. PREMIER SOLS-ORDRE LOPnOBRANCHES Les petits Poissons qui torment ce groupe sont caractérisés parleurs bran- chies disposées en houppes (>'Oso;, houppe; ppây/^ia, branchies), au lieu d'être pectinées comme chez les autres Téléostéens. La peau est ossifiée et forme une sorte de carapace. La vessie natatoire, quand elle existe, est dépourvue de canal aérien. Eniin, les mâles portent les œufs depuis la ponte jusqu'à l'éclosion. Espèces principales : Pégase volant {Pegasus vo- lans), Aiguille de mer {Sy)ignathus acus), Hippo- campe des anciens ou Cheval marin {Hippocampus antiquorwn Leach, H. brevirostris Cuv.). DEUXIÈME SOl'S-ORDRE PLECTOGNATHES Les Plectognathes {r,Xi/.T6i, soudé ; pà9cç, mâ- choire) tirent leur caractère principal de la dis- position de la mâchoire supérieure, qui est soudée au crâne et par conséquent immobile. Ils ont le corps globuleux ou fortement comprimé d'un côté à l'autre, et revêtu d'une cuirasse dermique Fig- 6S7. — iiiiipocampe (fiîp/jo- . - • campus brevirostris Cuv.) épaisse, souvent épineuse. „../ ,„„„ „ „„ . „ ... ' r ' 1 maie avec sa poche ovifère. Nous devons citer en particulier les Colfres {Oslracion), les Vieilles {Balistes, Monacanthus), les Môles ou Poissons-Lunes 964 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. [Orthagoriscus] et les Poissons globuleux {Dioclon, Triodon et Tetrodon), dont la plupart des espèces, sinon toutes, sont vénéneuses et habitent les mers chaudes. De nombreux cas de siguatère dus à la consommation de ces Pois- sons ont été relevés au Japon (Kaempfer, Godet, Rémy), au Brésil (Pison), en Nouvelle-Calédonie (V. de Rochas), aux Antilles, au cap de Bonne-Espérance, etc. Sur les côtes japonaises, en particulier, les Poissons toxiques sont bien connus, et on leur donne le nom de fou- goiis; leur vente est interdite par les lois. Les intoxications se produisent surtout au printemps, c'est-à-dire au moment du frai. Heckel a même constaté que le contact prolongé de la chair des Tétrodons peut entraîner l'apparition d'accidents généraux. Fig. 688. — Coffre triangulaire (Ostracion triqiieter). TROISIÈME SOUS-ORDRE MALACOPTÉRYGIENS Les nageoires de ces Poissons sont soutenues par des rayons mous {\>.a.lv.x.6;, mou; TTTspûytov, nageoire); parfois cependant les premiers rayons de la dorsale et de l'anale sont épineux. La peau est nue ou plus souvent revêtue d'écaillés cycloïdes ou cténoïdes. Les branchies sont pectinées. 2 sections. L Physostomes. — Vessie natatoire pour- vue d'un canal aérien. Ce groupe correspond à peu près aux Malacoptérygiens apodes et abdominaux de Cuvier. A. Physostomes apodes. — Pas de nageoires ventrales. Comprennent les Anguilles [Anguilla), Poissons huileux, à chair indigeste, dont, l'histoire est encore peu connue (fraient dans la mer); les Congres ou Anguilles de mer {Conger) ; les Murènes {Murœna) ; les Gymnotes {Gymnotus), des rivières de l'Amérique équatoriale, qui possèdent un puissant appareil électrique situé le long du dos et de la queue, et à l'aide duquel ils peuvent oudroyer même de gros animaux. Divers auteurs ont signalé des cas d'empoisonnement par la chair de l'Anguille, du Congre et de la Murène. D'un autre côté, les recherches de Bottard ont démontré que les Murènes sont pourvues d'un appareil venimeux en rapport avec les Fig. G89. — Gymnote (^'lectrique [Gymnotus electiùcus h.). POISSONS. — TÉLÉOSTÉENS. 965 dents. Chez la Murène Hélène {M. helena), de la Méditerranée, le réservoir à venin siège au palais et renferme environ 1 demi-centi- mètre cube de liquide chez les sujets d'un mètre de long. A cette poche sont annexées trois ou quatre i'orles dents coniques, légè- rement incurvées, à convexité antérieure, susceptibles de basculer en arrière, mais ne pouvant être ramenées en avant au delà de la verti- cale. Ces dents ne sont pas creusées d'un canal central : le venin s'écoule entre elles et la muqueuse qui leur forme une sorte de gaine. Nicandre etActius affirmaient déjà que la morsure des Murènes est venimeuse; les auteurs de la Renaissance ont appuyé cette manière de voir, et les pécheurs sont unanimes à reconnaître que la capture de ces Poissons réclame les plus grandes précautions. A Marseille même, on a vu de graves accidents résulter d'une morsure de Murène. Un fait important, à rapprocher des données précédentes, a été mis en lumière par Mosso : c'est que le sérum sanguin des Anguilles, des Congres et des Murènes jouit lui-même de propriétés irritantes et toxiques. Ces propriétés sont dues à une substance particulière à laquelle on a donné le nom d'ichtyoioxhie, substance qui, injectée dans les vaisseaux ou dans les tissus des Vertébrés à sang chaud, amène la mort à très faible dose. Introduite dans l'estomac, elle est inoffensive; mais ses efTets se produisent si on l'injecte directement dans l'intestin grêle. Ce poison agit sur la moelle. Au total, il offre de nombreuses analogies avec le venin des Serpents. B. Physostomes abdominaux. — Nageoires ventrales situées sous l'abdomen, en arrière des pectorales. La famille des CLUPÉIDÉS a pour type les Harengs [Clupea). Le Hareng commun {Cl. haren;. 3" sous-ordre : Salamandrides. — Pas de branchies ni d'orifices branchiaux à l'état adulte; vertèbres le plus souvent opisthocœliques ; en général des paupières horizontales. Une mention est due à l'Axolotl, animal du Mexique et des États-Unis, qu'on a longtemps décrit comme une espèce particulière de Pérennibranche, sous le nom de Siredon pisciformis. Or, bien qu'il jouisse de la faculté de se reproduire, ce n'est qu'une larve de Salamandride {Ambbjstoma mexica- num); mais il ne prend que rarement la forme adulte et dans des condi- tions encore mal connues. La chair de l'Axolotl a quelque analogie avec celle de l'Anguille. Les Salamandres [Salamandra] ont le corps épais et la queue cylindro- conique; elles sont terrestres et ne vont guère à l'eau que pour y déposer leurs œufs. — On trouve en France S. maculosa et S. atra, celle-ci localisée dans les Alpes. La Salamandre terrestre {S. nmculosa) a le corps noir, avec des taches jaune d'or irrégulièrement disposées. De chaque C(Ué de la ligne médiane dorsale, à partir de la nuque, elle porte une série de cryptes glandulaires; sur les parties latérales du cou, on remarque également une forte plaque ou « parotide » percée de larges pores. UATRACIEiNS. — URODÈLES. 98:î Cette espèce est répandue dans toute l'Europe à partir du sud de la Suède, dans le nord de l'Afrique et en Asie Mineure; Parâtre a montré qu'elle n'est pas rare aux environs de Paris. Dès 1851, Gratiolet et Cloëz ont appelé rattention sur les sécré- tions venimeuses de cet animal. Vulpian, Albini, Roth, Phisalix, etc., ont depuis lors étudié avec soin la production et l'action physiologi- que du venin (1). Selon Phisalix, les glandes cutanées comprennent, ainsi qu'on Ta vu plus haut : 1° des « glandes spécifiques », à répartition fixe, à sécrétion blanche, crémeuse et très acide ; 2" des « glandes à mu- cus », extrêmement nombreuses, répandues sur toute la surface de la peau et donnant un liquide filant, savonneux, très abondant, à réaction alcaline. La sécrétion des glandes spécifiques n'est pas activée par les exci- tations extérieures les plus variées, mais on peut la provoquer par l'excitation de divers points du système nerveux. Le centre général qui préside à cette sécrétion a pour siège les lobes optiques. Le principe actif du produit obtenu dans ces conditions avait déjà été entrevu par Gratiolet et Cloëz, qui l'avaient reconnu pour un alca- loïde. Zalesky l'a étudié plus complètement et l'a nommé samandarine ou salamandrine ; il lui attribue la formule complexe C^'*H*^°A7;^0^. Soluble dans l'eau et dans l'alcool, il cristallise en longues aiguilles et donne des sels neutres avec les acides. C'est un poison du système nerveux; injecté dans les veines à l'état de chlorhydrate, il amène en peu de temps la mort, en provoquant un état convulsif très remar- quable; mais il paraît sans action sur le cœur. Les glandes muqueuses sécrètent abondamment sous l'influence des excitations mécaniques, chimiques ou thermiques. Le liquide qu'elles fournissent renferme aussi un principe actif, mais celui-ci, soluble dans l'eau, est insoluble dans l'alcool ; il cristallise en aiguilles qui se groupent en cônes réunis deux à deux par le sommet. L'injec- tion de cette substance à de petits Oiseaux ou Mammifères amène un étatdestupeuravec prostration et affaiblissement musculaire; l'animal meurt avec le cœur en diastole. Le venin représente en somme le produit des deux ordres de glan- des. Son activité est considérable; il pe ut la conserver, même à sec, pendant plus d'un an. Les Grenouilles et les petits Poissons succombent dans l'eau où l'on place une Salamandre. Les Oiseaux auxquels on injecte le liquide en nature sous la peau meurent plus (1) C. Phisalix, Nouvelles expériences sur le venin de la Salamandre terrestre. Comptes rendus de l'Acad. des se, CXIX, p. 405, 1889. — Phisalix et Langlois, Action physiologique du venin de la Salamandre terrestre. Ibid., p. 482. — G. Phi- salix, Sur quelques points de la physiologie des glandes cutanées de la Salamandre terrestre. Comptes rendus de la Soc. de biol., (9), II, p. 225, 1890. — Phisalix et CoNTEjEAX, Nouvelles recherches physiologiques sur les glandes à venin de la Sala - moudre terrestre. Mémoires de la Soc. de biol., (9), III, p. 33, 1S91. 984 CHORDÉS. — VERTEBRES. OU moins rapidement, après avoir éprouvé des convulsions épilepti- formes. Certains Mammifères, comme le Cobaye et la Souris, résis- tent mieux et reviennent à la santé après quelques convulsions. Si l'on introduit le venin par le tube digestif, il ne produit que peu ou point d'effets; cependant, Phisalix a tué un tout jeune Chien par un simple dépôt de ce produit à la surface de la langue. Les Gre- nouilles, Tritons et Crapauds succombent rapidement à l'injection dune seule goutte. Quant à la Salamandre elle-même, elle jouit d'une immunité relative à l'égard de son propre venin : les effets ne se mani- festent qu'avec de fortes doses et toujours tardivement. Cette résistance semble devoir être interprétée comme le résultat d'une accoutumance due à l'absorption continuelle de produits four- nis par les glandes cutanées [sécrétion interne). II résulte en effet des recherches de Phisalix (1) que le sang de la Salamandre contient, comme le venin lui-même, des principes actifs entièrement solubles dans l'alcool et appartenant, au moins en partie, au groupe des leuco- maïnes;' ces principes ont les mêmes propriétés physiologiques que le venin, mais se montrent seulement en faible proportion. Phisalix a obtenu chez le Chien l'accoutumance graduelle à des doses croissantes par des injections quotidiennes de chlorhydrate de salamandrine. Les Tritons {Triton) ont le corps allongé, la queue comprimée latéralement tant que l'animal est à l'eau, la langue charnue et papilleuse. Ils sont ovipares et vivent habituellement dans les eaux dormantes; quelques espèces devien- nent terrestres après avoir pondu. — On connaît en France les espèces suivantes : Tr. cristatus, Tr.palmatus, Tr. vubjaris, Tr. alpestris, des environs de Paris, et Tr. marmoratus, de la France méridionale, de la Bretagne et de Fontainebleau. Le Triton crête (7'. cristatus) ou Salamandre aquatique parait repré- senter la pins venimeuse de ces espèces ; il porte sur toute la surface dorsale des glandes à venin surtout développées à la queue et à la nuque. Ces glandes émettent un liquide épais, crémeux, acre, d'odeur Fi?. 704. - Triton à col,-. vireusc, à réactiou acide. Le venin du Triton est plus actif que celui de la Salamandre : il a d'ailleurs une action très diffé- rente : son effet le plus saillant, d'après Vulpian, est l'arrêt des mou- vements du cœur. On a observé aussi une conjonctivite douloureuse sur des personnes qui avaient manié des Tritons ou avaient fait jaillir sur leurs yeux l'eau dans laquelle se trouvaient ces Batraciens. (1) Association française pour l'avancement des sciences. Session de Besançon, août 1883. BATRACIENS. — ANOURES. OSH D'après Calmels, ce liquide est très concentré ; il ne renferme (|ue i> p. 100 d'eau, de sorte qu'il se solidifie immédiatement à l'air libre. En raison de cette faible bydratalion, les globules venimeux sont bien conservés, et le venin ne contient pas de carbylamine libre. Le principe actif se montrerait sous la forme d'acide éthylcarbylamine- carbonique ou acide a-isocyanopropioni([ue, on combinaison dans une pseudo-lécitbine. Kn cbaufï'ant celle-ci, on obtiendrait un vif déga- gement d"éthylcarl)ylaniine. TROISIÈME ORDRE ANOURES Batraciens à corps ramassé^ pourvus de deux paires de membres; pas de queue ; peau nue. Les Anoures (àv privatif; cOpx, queue) sont des animaux à membres bien développés, les antérieurs à quatre doigts, les postérieurs, plus puissants, à cinq doigts. A l'état adulte, ils sont surtout terrestres et se nourrissent de Vers, Insectes, Mollusques, etc. — 3 sous-ordres : !"=■■ sous-ordre : Aglosses. — Anoures privés de lancine. Tous les Aglosses sont desAmphigyrinidés,à vertèbres opisthocœliques. — A ce groupe appartient le Pipa ou Crapaud de Surinam {Pipa americma). Aussitôt après la ponte, le mâle de cette espèce place les œufs sur le dos de la femelle, où il se forme de petites cellules dans lesquelles les larves éclo- sent et subissent toutes leurs métamorphoses. 2"-' sous-ordre : Oxydactyles. — Anourc>i pourvus d^une langue cl de doinla pointus. A. MédioQyrinidés. — Têtards à spiraculum impair et médian; vertèbres opisthocœliques. — On peut citer dans cette section le Discoglosse {Disco- ijlossus pktvs), du sud de l'Europe et du nord de l'Afrique, dont la chair passe, probablement à tort, pour être vénéneuse; puis les Sonneurs (Bombi- nator) et les Alytes fAlytes), connus vulgairement sous le nom de Crapauds, mais se distinguant des Crapauds vrais par la présence de dents à la mâchoire supérieure. Les Sonneurs produiraient un venin volatil, répandant une odeur alliacée et provoquant l'éternuement. Le mâle du Crapaud accoucheur {Alytes obstetricans) enroule autour de ses pattes postérieures les œufs que pond la femelle, puis se retire dans un trou, dont il sort cependant chaque soir pour manger et humecter ses œufs; au moment de l'éclosion, il gagne une flaque d'eau, et les têtards se dégagent immédiatement de leur enveloppe. D'après E. Sauvage, le venin de l'Alyte a la même action que celui du Cra- paud commun. B. Lévogyrinidi'S. — Têtards à spiraculum unique, situé du côté gauche; vertèbres procœliques. Les Grenouilles {Rana) ont des dents à la mâchoire supérieure et au vomer ; leurs pattes postérieures sont très longues. Elles sont représentées en France par Irois espèces : la Grenouille verte {li. esculenta L., R. virviis Rœsel), la 986 CHORDÉS. — VERTÈBRES. Grenouille rousse {R. fusca Rœsel, H. temporaria Duméril et Bibron) et la Grenouille agile {R. agilis Thomas). — On ne mange guère que les cuisses, dont la chair est blanche, savoureuse, mais pou nutritive. Il n'est pas très rare d'y voir substituer des cuisses de Crapauds; celles- ci sont plus courtes, de sorte qu'il n'est guère possible de les réunir en nœud ; elles sont en outre d'une teinte grisâtre, et laissent voir sou- vent le tissu conjonctif in- termusculaire chargé de pig- ment noir. Fig. 705. — Grenouille verlc- Les glandes cutanées des Grenouilles sécrètent un venin peu actif, mais capable cependant de produire une irritation lorsqu'il est porté sur la conjonctive et la pituitaire, comme l'ont montré Brown-Séquard et Vulpian. Celui de la Grenouille verte, d'après P. Bert, paraît être à la fois un poison du cœur comme celui du Crapaud et un poison de la moelle comme celui de la Salamandre. Les Pélobates [Pelobates] et les Pélodytes {Pelodytes) ont encore des dents à la mâchoire supérieure; leur peau verniqueuse les rapproche des Cra- pauds, mais leurs pattes, de longueur moyenne, rappellent un peu celles des Grenouilles. On trouve en France les Pélobates brun (P, fuscus) et cultri- pède (P. cultripes), et le petit Pélodyte ponctué (P. punctatus). Le venin de ces animaux est un liquide blanchâtre, visqueux, d'une odeur forte et péné- trante. E. Sauvage a constaté, pour lePélobate brun, que son action participe à la fois de celle du venin de Crapaud et de celle du venin de Salamandre. [.es Crapauds [Bufo) sont dépourvus de dents aux deux mâchoires ; leur peau est très verruqueuse, notamment au niveau des parotides; leurs pupilles sont horizontales, ils ont des pattes postérieures courtes. Les espèces fran- çaises sont : le Crapaud commun (B. vulgaris) et le Crapaud des joncs [B. calamita), ce dernier reconnaissable à la raie jaune qu'il porte sur la ligne médiane dorsale. Le Crapaud vert (B. viriclis), du nord de l'Afrique et de diverses régions asiatiques, a été trouvé aussi dans le sud-est de la France. Le venin du Crapaud commun est un produit lactescent, un peu jaunâtre, amer, nauséeux, caustique, d'une odeur vireuse. Il a une réaction acide et se concrète par l'exposition à l'air ; son activité n'est pas atteinte par la dessiccation. — En injection sous-cutanée, il tue rapidement les Insectes, les Mollusques et les Vertébrés : les petits Oiseaux succombent en quelques minutes, les Chiens et les Cobayes en une heure et demie au plus, les Grenouilles en une heure. Le Crapaud commun résiste davantage ; Claude Bernard a d'ailleurs établi ce fait intéressant que le venin du Crapaud cala- mite a une action plus énergique sur le Crapaud commun que n'en BATRACIENS. — ANOURES. 987 a sur ce dernier son propre venin, et réciproquement. Phisalix et Bertrand (1) ont rattaché cette résistance relative à la toxicité du sang, due à la « sécrétion interne » des glandes cutanées. Par les voies digestives, il ne produit pas d'accidents sensibles chez le Chien, non plus que chez divers animaux à sang froid, tels que les Couleu- vres ; par contre, il amène rapidement la mort des Grenouilles. Les symptômes de l'intoxication se succèdent dans Tordre suivant : exci- tation, affaissement, efforts de vomissement, ivresse ou convulsions, mort. L'effet le plus saillant est, comme pour le venin du Triton, l'ar- rêt des battements du cœur. Casali a extrait du venin de Crapaud [D. viridis] un alcaloïde extrê- mement actif, auquel il a donné le nom de bufidine. Selon Calmels, le principe toxique du venin de Crapaud commun serait tout à fait analogue à celui du venin de Triton. Cet auteur y aurait trouvé de l'acide méthylcarbylamine-carbonique ou isocyanacétique, en com- binaison dans une pseudo-lécithine. Mais, comme ce venin est plus dilué que celui du Triton, le corps gras en question serait presque entièrement dédoublé ; les globules venimeux ne se trouveraient plus représentés que par leurs enveloppes vides et fragmentées, en voie de destruction : aussi le liquide contiendrait-il de Tacide isocyanacéti- que, lequel se serait lui-même dédoublé en partie en fournissant de la méthylcarbylamine. Sous le nom de phrynine, Kornara recommande un extrait de venin de Crapaud qui servirait à raviver les tissus atoniques et pourrait même être utilisé à l'intérieur comme un excitant de la nutrition et du muscle cardiaque. 3^ sous-ordre : Discodactyles. — Anoures pourvus d'une langue et de doigts terminés par des pelotes discoïdes adhésives. — Tous sont des lévogyrinidés, à vertèbres procœliques. Nous citerons parmi eux les Rainettes [Hyla), qui grimpent dans les buissons ou sur les arbres, et, grâce au jeu de leurs chro- moblastes, prennent rapidement la teinte du feuillage qui les entoure ; les ■ Nototrèmes [Nototrema), de l'Amérique tropicale, dont la femelle offre sur le • dos une poche incubatrice ; les Phyllobates {Phy llobates) , et en particulier la Grenouille du Ghoco {Ph. chocoensis), dont les Indiens de la Nouvelle-Grenade recueillent le venin pour empoisonner leurs flèches. Les auteurs anciens ont rapporté une foule d'observations relatives à des Batraciens qui auraient vécu plus ou moins longtemps dans l'estomac de l'Homme, en provoquant des troubles de durée et de gravité variables. La plupart de ces cas se rapportent à des femmes, et il est évident qu'il s'agit surtout de supercheries hystériques. Berthold a d'ailleurs montré que les Batraciens périssent dans l'eau portée à la température du corps humain. (1) Phisalix et Behtrand, Recherches sur la toxicité' du saiiy du Crapaud commun. Archives de physiologie normale et pathologique, (5), V, p. 511, 1893. 988 CHORDES. VERTÉBRÉS. CLASSE III REPTILES Veriébrés à sang froid, à peau écailleuse ou couverte deplaques osseu- ses ; un seul condyle occipital; circulation double incomplète; respira- tion exclusivement pulmonaire. Ovipares ou ovovivipares; embryons pourvus d'un amnios et d'une allantoide. La classe des Reptiles [reptare, ramper) commence la série des Vertébrés supérieurs ou allantoïdiens ; d'après ce que nous avons dit à propos des Batraciens, on sait qu'elle ne comprend que les Reptiles écailleux des an- ciens auteurs. Le corps de ces animaux est allongé, sauf chez les Tortues; les membres sont peu développés, parfois même rudimentaires ou ab- sents (Serpents) : ils ne servent pas d'ordinaire à supporter le corps, mais seulement à le pousser (reptation). La peau, toujours résistante, est souvent revêtue d'écaillés ou de scu- telles, formées par des prolongements du derme rarement ossifiés, mais recouverts par un épidémie corné ; chez les Tortues et les Crocodiles, il existe de grandes plaques osseuses dermiques, constituant une cuirasse plus ou moins continue. — Outre une riche pigmentation des couches épi- dermiques profondes, il faut noter la présence, dans l'épaisseur du derme, de nombreux chromoblastes dont le jeu produit ces curieux changements de couleur qui sont si marqués, par exemple, chez le Caméléon. — Les glandes cutanées sont rares chez les Reptiles. Le squelette présente de nombreuses variations. La colonne vertébrale ne conserve presque jamais de traces de la corde dorsale. Les vertèbres, dont le nombre est parfois considérable, sont le plus souvent procœliques. — Les côtes peuvent se rencontrer sur toute la longueur du tronc. Chez les Ophidiens, elles sont très mobiles et non réunies inférieurement par un sternum ; celui-ci s'observe, au contraire, chez la plupart des Sauriens et des Crocodiliens. Les Tortues ne possèdent pas de côtes cervicales, ni de sternum, mais les côtes qui existent dans les régions dorsale et lombaire se soudent aux plaques osseuses dermiques pour former la carapace. Le crâne, toujours petit, s'articule avec le rachis par un seul condyle occipital. La face est allongée : les os qui constituent l'appareil maxillo- palatin sont très mobiles les uns sur les autres chez les Ophidiens, ce qui permet une grande dilatation de la bouche. La mâchoire inférieure s'unit i'ig. 706. — C&mC-\ioa{Chamxleon vulgaris Cuv.) REPTILES. 089 au crâne par rintermédiaired'un os carre. — Le squelette viscéral est réduit à l'hyoïde, qui porte la langue et offre une ou plusieurs paires de cornes. Les ceintureii ^capillaire eX pelvienne iont défaut chez la plupart des Ophi- diens; elles sont rudimentaires chez quelques Sauriens. La partie libre des membres, an- térieurs ou postérieurs, peut être également très réduite ou nulle; quand elle est bien dé- veloppée, elle est adaptée soit à la marche (Lézards), soit à la natation (Tortues marines), etc. Le système nerveux est encore assez restreint. Cependant, les hémisphères cérébraux com- mencent à recouvrir les corps optiques. Le cervelet atteint son maximum de développe- ment chez les Crocodiliens et tend alors à prendre l'aspect .de celui des Oiseaux. L'appareil de Volfaction n'est bien développé que chez les Crocodiles et les Tortues; mais, chez les Ophidiens et les Sau- riens, chaque fosse nasale communique avec une cavité dite organe de Jacobson, qui s'ouvre dans la bouche et reçoit des rameaux des nerfs trijumeau et acoustique. — Les yeux sont dépourvus de paupières chez les Serpents et quelques Sauriens, mais recouverts par la peau qui devient transparente, ce qui donne au regard une étonnante fixité. Les autres Reptiles ont deux paupières; de plus, chez les Chéloniens et les Crocodiliens, il existe à l'angle interne de l'œil une mem- brane nictitante ou troisième paupière, accompagnée d'une glande dite de Harder. La sclérotique est souvent munie d'un anneau osseux. Enfin il y a parfois un peigne analogue à celui des Oiseaux. — L'œil pinéal ou pariétal (voir p. 941) atteint son plus grand développement chez les Sauriens : il s'engage dans un trou creusé dans le pariétal (os impair), et se trouve re- couvert par une écaille plus ou moins transparente. D'après Mathias Duval et Kalt, il est parfois accompagné de deux ou trois yeux supplémentaires. Voreille externe manque toujours ; chez les Serpents, il en est de même de l'oreille moyenne. Dans les autres groupes, la membrane du tympan est à fleur de tète, et une columelle s'applique à sa l'ace interne; la caisse du tympan communique largement avec l'arrière-bouche. Quant à l'oreille interne, on y voit apparaître un limaçon non spirale, souvent rudiraentaire. — Le sens du goût est très imparfait. — Enfin, la sensibilité tactile est peu développée, à cause de la nature des téguments. Uappareil digestif ofTre d'assez importantes variations à ses deux extré- mités. La bouche est toujours très fendue. Chez les Tortues, il n'existe pas de dents, mais une sorte de bec corné. Dans les autres groupes, ou ne trouve 17. — Squelette de Tortue. 990 CHORDÉS. VERTÉBRÉS. d'ailleurs que des dents préhensiles, coniques ou crochues, servant à retenir la proie et non à la diviser. Elles sont insérées sur les maxillaires, parfois sur les intermaxillaires. D'ordinaire, elles sont simplement soudées aux os; chez les Crocodiles, elles sont implantées dans des alvéoles. Nous verrons plus loin que certaines dents de la mâchoire supérieure peuvent être en communication avec des glandes à venin. La langue est parfois épaisse et charnue, plus souvent mince, bifide et prolractile (Serpents et Lézards); celle Fig. 708. — Analomie de la Couleuvre, d'après H. Milne-Edwards. — l, langue el gloUe. ce, œso- phage, coupé en œ' pour mettre à dc^couverl le cœur, etc. i, estomac, i', intestin, cl, cloaque, an, son orifice. /. l'oie, o, ovaire, o' o', œufs. /, trachée.^, poumon principal, p', le petit poumon, vt, ventri- cule du cœur, c, oreillette gauche, c' , oreillette droite, a, aorte gauche, ad, aorte droite, a', aorte ventrale, ac, artères carotides, u, veine cave supérieure, vc, veine cave inférieure, vp, veine pulmonaire. du Caméléon est un organe de préhension et peut être dardée sur les Insectes à une distance qui dépasse la longueur du corps de l'animal. Les glandes salivaires se réduisent d'ordinaire à des glandules sous-muqueuses; toute- fois, les glandes à venin doivent être regardées comme des glandes salivaires modifiées. Le voile du palais n'existe presque jamais, et par suite, le pha- rynx n'est pas séparé de la bouche. L'œsophage est en général peu distinct de l'estomac. L'intestin est séparé de celui-ci par une valvule pylorique : un REPTILES. 091 Fig. 709. • — C(cur et gios troncs vasculaires d'une Tortue. — J, oreillette droite. 2, ven- tricule unique. 3, oreillette gauche. 4, aorte gauche. 5, aorte droite. 6, artôre pulmonaire, divisée en deux branches se rendant chacune à un des poumons . 7, veines caves. foie ot un pancréas y sont annexés. Le gros intestin, souvent dépourvu de cœcum, aboutit à un cloaque. L'appareil circulatoire se perfectionne {graduellement, mais il y a toujours un mélange du sang veineux et du sang artériel. — Chez les Ophidiens, les Sauriens et les Chéloniens, le cœur se compose de deux oreillettes et d'un seul ventricule, mais celui-ci est divisé en deux loges par une cloi- son incomplète. Ces loges sont sépa- rées chacune de l'oreillette correspon- dante par une valvule. La loge gauche n'offre d'ordinaire aucun orifice arté- riel, mais la loge droite, qui reçoit le sang veineux, en présente trois, dont un pulmonaire et deux aortiques. Le sang artériel versé dans la loge gauche doit donc passer dans l'autre compar- timent pour être lancé dans les vais- seaux aortiques ; mais, grâce à une séparation bien accusée des deux or- dres d'orifices, le sang artériel ne se trouve que fort peu mélangé de sang veineux. — Chez les Crocodiles, les deux ventricules sont séparés par une cloison complète, mais le ventricule droit émet, comme l'autre, une crosse aortique : ces deux crosses se croisent à leur origine, et communiquent entre elles, à ce niveau, par un pertuis appelé fora- men de Panizza; elles vont ensuite se réu- nir pour former l'aorte dorsale, mais la crosse émanée du ventricule gauche a fourni auparavant les troncs artériels de la tête et des membres antérieurs. Le sang qui est distribué à ces régions n'est donc mélangé que d'une faible proportion de sang veineux, introduit par le pertuis de Panizza, tandis que celui qui se rend dans les autres parties du corps a reçu tout le sang veineux lancé par la crosse du ven- tricule droit. — Le nombre complet des arcs aortiques provenant des troncs pri- mitifs ne peut s'observer que pendant la vie embryonnaire; il subit une réduction considérable au cours du développement. — Les veines caves débouchent dans un sinus, qui communique avec l'oreillette. Le système porte rénal tend à se réduire de plus en plus. Quant au système Fig. 710. — Cœur et gros troncs vasculaires du Crocodile. — v, ventricule gauche, et y', ventricule droit, confondus en une seule masse, o, oreillette gauche, o', oreil- lette droite recevant le sang veineux par les veines caves dilatées en un sinus terminal, ap, artère pulmonaire, ca, ca- nal artériel, ou crosse aortique naissant du ventricule droit et passant à gauche. ((, crosse aortique naissant du ventricule gauche et croisant la précédente, qu'elle va rejoindre pour former l'aorte descen- dante. 992 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. lymphatique, il est assez analogue à celui des Batraciens. Les Crocodiles possèdent des ganglions lymphatiques. La respiration est toujours pulmonaire. Les î)o unions consistent en deux sacs à parois alvéolaires, tantôt simples et tantôt partagés, par des cloisons transversales, en plusieurs compartiments. Chez les Ophidiens et les Sauriens serpentiformes, l'un des poumons est plus ou moins atrophié; l'autre est allongé (fig. 708, p,p'). Le larynx s'ouvre par uneglotteen forme de fente; la trachée est longue et généralement divisée en deux branches qui jamais ne se ramifient par dichotomie comme chez les Mammifères. Le mécanisme de la respiration est le même que chez les autres Vertébrés : les mouvements d'in- spiration et d'expiration se produisent même chez les Tortues, malgré l'immo- bilité du thorax (P. Bert). — Le sifflement des Serpents est produit par l'expul- sion brusque de l'air contenu dans le poumon parla fente glottique resserrée. Les rei7is se sont développés sur les canaux excréteurs des corps de Wolff [métanéphros). Ils sont souvent lobés. Les uretères débouchent directement dans le cloaque, sur la paroi antérieure duquel on remarque, chez les Lézards et les Tortues, un enfoncement isolé qui sert de vessie urinaire. L'urine n'est pas toujours fluide : chez les Serpents, elle est solide et blan- châtre. Les organes génitaux se rapprochent de ceux des Oiseaux. L'appareil mâle se compose de deux testicules. Les canaux déférents s'unissent souvent à l'uretère, dans leur portion terminale, de manière à constituer un court sinus urogénital. 11 existe des organes copulateurs, représentés, chez les Serpents et les Sauriens, par deux tubes cœcaux, invaginés au repos et situés dans les angles de la fente cloacale transversale; chez les Crocodiles et les Tortues, l'organe copulaleur est simple, médian, plein, hyspopadié, fixé sur la paroi antérieure du cloaque. — Les organes femelles consistent en deux ovaires, suivis chacun d'un oviducte contenant dans sa paroi des glandes propres à sécréter les enveloppes de l'œuf, et débouchant isolément dans le cloaque. On observe des organes copulateurs rudimentaires ou clitoris, dis- posés d'après le même type que les organes màles correspondants. Les Reptiles sont ovipares; pourtant, chez quelques-uns, les œufs séjour- nent jusqu'à éclosion dans la portion terminale de l'oviducle, qui fonctionne comme utérus (Vipères, Orvet, etc.). Ces œufs sont presque toujours aban- donnés après la ponte; cependant, les Boas les couvent en s'enroulant autour d'eux. — Ils subissent une segmentation partielle. L'embryon est pourvu d'un amnios et d'une allantoïde. La plupart des Reptiles sont terrestres; il en est aussi qui fréquentent les eaux. Un petit nombre se nourrissent de substances végétales ; presque tous sont carnassiers et certains d'entre eux sont dangereux pour l'Homme, en raison de leur force ou de la possession d'un appareil venimeux. Les ani- maux de cette classe apparaissent dans les terrains primaires; mais ils sont surtout répandus dans les couches secondaires. D'après ce qui vient d'être exposé, les Reptiles se rapprochent beaucoup des Oiseaux : ce sont des Vertébrés ornithoïdes, selon l'expression de de Blain- ville, et nous avons vu qu'on réunit souvent ces deux classes sous le nom de Saur apsides. 4 ordres : REPTILES. — OPilIDIEiNS. 993 I Pas de paupières, ni de tyiupan, ni 1- ente cloacalc transversale : ) '^^ ^'^^^'"^ urinaire ( (.'hii.iens. Saurop/iidiens. j ij^,^ paupières, un tyu.pan, une ' vessie urinaire Sachiens. Fente cloacale longitudinale: \ ■'^'^iL'i'oircs garnies de dents Cuocoiuue.ns. Chélonoc/uunpsiens. ) Mâchoires dépourvues de dents... Céloniens. IMŒMIEII OllDUE OPHIDIENS Reptiles apodes^ à onjkc ciuacal transversal et à bouche extensible. Les Ophidiens (6'cpiç, serpent) ont le corps cylindrique et ne possèdent que par e.xception des rudiments de pattes postérieures (Boas, Pythons). Le tégument est pourvu d'écaillés dont la forme et la disposition varient suivant les espèces. Les parties supérieures et latérales du corps portent des séries obliques de petites écailles lancéolées, lisses (Corone/Za, Zamenis) ou carénées {Tropidonotus, Vipera). Les côtés et souvent le dessus de la tête portent aussi des plaques de diverses formes. La face ventrale offre de larges squames transversales, formant une rangée simple sous le tronc (gastrostèges), double sous la queue [urostèges). Les mues sont assez fréquentes : l'animal sort de sa vieille enveloppe comme d'un fourreau. — Il n'existe pas de paupières, d'oreille moyenne ni de vessie urinaire. Le pénis est double. La langue est bilide, protractile, absolument inoffensive. Les vertèbres sont procœliques. Les côtes sont très nombreuses, mais il n'existe pas de sternum. On sait déjà que l'appareil maxillo-palatin est com- posé d'os très mobiles les uns sur les autres. La mâchoire inférieure s'arti- cule avec un os carré mobile et long, en forme de baguette; ses deux bran- ches ne sont pas soudées, mais unies par des faisceaux ligamenteux très lâches. De là, la possibilité d'une dilatation extraordinaire de la bouche, ce qui permet aux Serpents d'engloutir des proies énormes. Le maxillaire supérieur, le ptérygoïde et le palatin sont le plus souvent armés de dents; le premier de ces os est allongé et en porte uu grand nombre, sauf chez les Protéroglyphes et les Solénoglyphes, où il reste court et ne porte que les crochets venimeux. Les dents, qui sont le principal élément de la classiiication, sont limitées parfois à l'une seulement des deux mâchoires. Tous les Ophidiens possèdent des dents lisses et pleines, en forme de crochets insérés dans des alvéoles et incurvés en arrière. Mais il en est un certain nombre qui présentent en outre des dents spéciales, creusées d'un sillon ou parcourues par un canal central, et en rapport avec une glande à venin dont elles doivent inoculer le produit de sécrétion. Ces crochets venimeux ne se développent que sur le maxillaire supérieur; ils ne sont jamais fixés dans des alvéo- les, mais sont reliés simplement à cet os par un ligament. On en observe toujours plusieurs de chaque côté, diminuant de longueur Raii.liet. — Zoologie. 63 994 CHORDÉS. — VERTÈBRES. d'avant en arrière; le premier seul reçoit le conduit excréteur de la glande à venin et se trouve solidement fixé au maxillaire ; les autres sont des dents de réserve, destinées à le remplacer quand il vient à être arraché ou brisé : ce renouvellement parait même s'effectuer d'une façon normale à de certaines périodes ; quelques jours suffisent pour que la substitution soit complète. On trouve dans la bouche plusieurs paires de glandes dites salivaires, parmi lesquelles nous avons à signaler spécialement la glande labiale supé- rieure ou glande salivaire sus~maxlllaire. Elle est disposée en fer à cheval au- tour de la lèvre supérieure, ses deux moitiés se réunissant sur la ligne médiane. Sa partie antérieure est même détachée des parties latérales, de manière à former une zone impaire, dite glande du rûuseau. Elle est constituée par de nombreuses glandules en grappe dont les canaux excréteurs débouchent le long du bord interne de la lèvre. Chez les Aglyphodontes, la région post-oculaire de cette glande a subi des modifications assez considérables qui permettent de la regarder comme une glande spéciale. Celle-ci, assez volumineuse, revêt une teinte blanc jau- nâtre; les cellules qui tapissent ses acini sont remplies de granulations; enfin, elle possède un canal excréteur unique, qui va déboucher au niveau des grandes dents postérieures. En somme, elle a déjà les caractères d'une glande venimeuse, bien qu'elle soit privée d'un véritable appareil d'inocu- lation. Chez les Opisthoglyphes, où elle présente à peu près les mêmes caractères, cet appareil est différencié. La glande à venin des Protéroglyphes et des Solénoglyphes a la même origine, mais ses rapports sont quelque peu changés en rai- son de ce que les dents venimeuses sont reportées en avant. Elle occupe la zone temporale et se trouve enfermée dans une capsule fibreuse sur laquelle s'insère le muscle temporal antérieur; de plus, les muscles temporaux moyen et postérieur passent au-dessus d'elle et la compriment au moment même où ils déterminent la fermeture des mâchoires, de sorte que le venin est alors expulsé mécanique- ment : il s'écoule par le canal excréteur, qui va s'ouvrir à la base du crochet venimeux. Le volume de la glande, et par suite la quantité de venin qu'elle fournit, sont en rapport plus ou moins direct avec la taille du Serpent; du reste, il convient de remarquer que la provision n'est jamais épuisée en une seule fois. Le venin est un liquide visqueux, limpide, incolore, ambré ou ver- dâtre, inodore, insipide ou plus rarement amer et caustique (Cobra) ; il a une densité de 1,030 à 1,045. Au moment de l'émission, il a tou- jours une réaction acide. L'examen microscopique ne montre, dans le produit frais, que de rares cellules épithéliales provenant des culs-de-sac sécréteurs et des conduits excréteurs, en même temps qu'un petit nombre de granulations albumineuses. Exposé à l'air, il se dessèche en prenant l'aspect d'un vernis écailleux; il peut alors conserver très longtemps son activité, et l'on conçoit ainsi combien REPTILES. — OPHIDIENS. 093 il est dangereux de manier les crochets des animaux de collections; d'ailleurs, beaucoup de peuplades sauvages empoisonnent leurs flè- ches avec du venin de Serpents. Il importe pourtant de remarquer que cette activité diminue dans une certaine mesure : ainsi, d'après Calmette, le venin frais de Cobra tue le lapin à la dose de O^^r^^a par kilogramme ; conservé à l'état sec depuis un an, il n'était plus toxique qu'à la dose de O^sr^sO; après plusieurs années, cette dose devait être portée à l^s^SO. Au contraire, en diluant le venin dans cinq fois son poids de glycérine pure à 30°, le pouvoir toxique s'était conservé entier pendant un an. Sous l'influence de l'humidité, le produit subirait la décomposition putride et perdrait peu à peu ses propriétés. La composition chimique du venin des Serpents est encore bien peu connue. En 1843, Lucien Bonaparte, analysant le venin de la Vipère, y trouva les substances suivantes, à l'état de dissolution dans Teau : de l'albu- mine, du mucus, une substance soluble dans l'alcool, une matière colorante jaune, une matière grasse, des sels (phosphates et chlorures), enfin une substance albuminoïde spéciale, non coagulable à 100" C, qu'il considéra comme le principe actif, et à laquelle il donna le nom de vipérine ou échi- dnine. Weir-Mitchell trouva au venin de Crotale une composition analogue, et put en extraire aussi une substance albuminoïde qu'il appela crotaline. De même, on a trouvé dans le venin de Cobra de la najine, etc. Tous ces albu- minoïdes paraissent être très voisins les uns des autres, et Viaud-Grand- Marais proposait de les réunir sous le nom générique d'échidnincs ou cchi- dnases. En 1886, Weir-Mitchell et Reichert, étudiant les venins du Crotale et du Cobra, purent en extraire trois substances différentes, qu'ils dénommèrent peptone-venin, globuline-venin, albumine-venin. La glohuline-venin semble agir comme le venin complet; la peptone-veni7i est moins active; Valhu- mine-venin est inofTensive. A peu près en même temps, Wolfenden attribuait la toxicité du venin également à des substances protéiques : il signalait une globuline, une serine, une acidalbumine et une peptone. D'autre part, Winter Blyth avait trouvé en 1877, dans ie venin du Cobra, une substance acidulée et cristallisable (acide cobrique). Enfin, en 1881-1882, A. Gautier y découvrait deux alcaloïdes n'existant qu'en très minime pro- portion, et du reste peu actifs : l'un provoque la défécation et produit de l'es- soufflement et de la stupeur ; l'autre plonge l'animal inoculé dans un long sommeil dont il s'éveille bien portant. — Ajoutons que \Volfenden n'a pu retrouver ces substances dans le venin très frais ; les alcaloïdes d'A. Gautier seraient donc des ptomaïnes, développées par un commencement de putré- faction. En résumé, les principes actifs du venin de Serpent seraient essen- tiellement représentés par des matières albuminoïdes (toxalbumines) de la nature des globulines et des peptones. Mais l'étude physiologique du venin de Vipère a permis de recon- naître que ce produit développe deux ordres distincts de phéno- mènes : troubles locaux et troubles généraux, qui peuvent être disso- 900 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. ciés, soit au moyen de substances chimiques (Kaufmann), soit par l'intervention de la chaleur (Phisalix et Bertrand). Le permanganate de potasse et l'acide chromique, par exemple, suppriment complète- ment les effets locaux ; une ébuUition de 20 à 25 secondes donne exactement le même résultat. Le venin semble donc renfermer deux principes actifs différents : 1° une substance à action phlogogène, com- parable à certaines diastases, et à laquelle Phisalix et Bertrand pro- posent de réserver le nom d' échidnase ; 2° une substance à action géné- rale, qu'ils appellent cchidnoto.iine. Les troubles qui caractérisent l'action du venin sur l'organisme reçoivent le nom d^envenimation ophidienne ou d'échidnisme. Ils varient suivant une foule de conditions dépendant à la fois de l'animal inocu- lateur et du sujet inoculé. En premier lieu, les différentes espèces de Serpents venimeux fournissent, ainsi qu'il a été dit plus haut, une quantité très variable de venin. Ainsi, les glandes d'une Vipère commune peuvent contenir, lorsque celle-ci n'a pas mordu depuis un certain temps, Os'',07 de venin chacune, soit 0s'',14 en tout; mais la totalité n'est pas versée dans une blessure. Un Péliade bérus en donne O^^iO seulement, tandis qu'un Cobra en offre 1^%20 et un Crotale plus de l^^oO. Or, le venin agit à la façon dun poison chimique, et par conséquent le danger des morsures est en raison de la quantité inoculée. Il faut noter en outre que le liquide ne se reproduit pas instantanément, de sorte qu'un Serpent est d'autant moins dangereux qu'il a effectué des mor- sures plus récentes et plus nombreuses. Le venin des Ophidiens paraît n'avoir aucune action sur les orga- nismes unicellulaires. La plupart des Invertébrés y sont à peine sen- sibles, et d'une façon générale les Vertébrés y résistent d'autant mieux que leur température propre est moins élevée. Les Vertébrés à sang froid n'en subissent d'ordinaire les effets que d'une façon assez lente (à moins qu'on n'élève artificiellement leur température) et parfois même ne succombent pas; les Mammifères sont au con- traire très sensibles à son endroit, et les Oiseaux le sont encore davantage. Chez les animaux d'une même classe, d'ailleurs, le degré de résistance varie suivant l'espèce, la race, le sexe, l'âge et la cons- titution. Le venin ne produit pas d'accidents lorsqu'il est introduit dans le tube digestif : Redi a pu avaler une dose sérieuse de venin de Vipère sans en être incommodé; Viaud-Grand-Marais en a goûté de même sans inconvénient, alors qu'il était atteint de gingivite scorbutique. Sans doute le poison est absorbé par la muqueuse intestinale, mais d'une façon très lente, de sorte qu'il est éliminé sans produire d'effets sensibles. Sur la conjonctive, l'action est également nulle, comme aussi sur la peau intacte. Si la peau est excoriée, il peut se dévelop- REPTILES. — OPHIDIENS. 997 per quelques effets locaux, mais on n'a jamais vu survenir d'accidents mortels (Kontana). Injecté dans la profondeur des tissus vivants, le venin agit avec une rapidité et une énergie variables suivant la nature de ces tissus. S'ils sont peu vasculaires, l'absorption est lente, et les accidents sont souvent peu marqués ; par contre, si la région est riche en vaisseau.x, les troubles apparaissent rapidement et prennent un caractère grave; à plus forte raison si le venin est injecté directement dans les veines. D'après Kaufmann, le venin déposé sur une plaie largement ouverte ne produit qu'une escharilication locale des tissus, et la mort ne sur- vient que dans des cas exceptionnels. Un fait remarquable, c'est que le venin d'un Serpent reste sans action sur les animaux de son espèce et même, d'une façon générale, sur les autres Serpents venimeux, que ceux-ci possèdent ou non un appareil d'inoculation différencié (1). C'est un fait du même ordre que celui que nous avons signalé pour les Batraciens venimeux (Voy. p. 981 et p. 987). Phisalix et Bertrand ont déminitré, pour la Vipère commune et deux Couleuvres [Tropidonolus), que l'explication peut en être fournie par la présence dans le sang de principes toxiques semblables à ceux du venin. Nous ne pouvons nous arrêter à décrire en détail les symptômes de l'échidnisme. Rappelons toutefois que ces symptômes doivent être distingués en locaux et généraux. Les premiers sont essentiellement d'ordre inflammatoire ; ils peuvent être assez intenses pour entraî- ner la gangrène des tissus et le développement de lymphangites avec engorgements ganglionnaires. Quant aux troubles généraux, ils témoignent surtout d'une action profonde sur le système nerveux, action qui retentit à des degrés divers sur les fonctions digestives, sur la circulation, la respiration, etc. Il n'est pas très rare même de voir se manifester des accidents lointains : cachexie, affaiblissement persistant de l'ouïe, de la vue et de l'odorat, douleurs périodiques au niveau de la région blessée. La mort, dans le cas d'intoxica- tion ophidienne, résulte, d'après Kaufmann, de l'action paralysante qu'exerce le venin sur les petits vaisseaux et les capillaires, d'une modification des globules sanguins qui les rend aptes à sortir des vaisseaux, enfin d'une action stupéfiante et paralysante portant sur les centres nerveux, et en particulier sur le centre respiratoire. Dans quelques cas aussi, elle peut être l'aboutissant d'une infection (1) C. Phisalix et G. Berthand, Toxicité du sang de la Vipère (Vipcra aspis L.). Comptes rendus de l'Acad. des se, CXVII, p. 1099, 1893. — A. Cai.jif.tte, Sur la toxicité du sang de Cobra capel. Comptes rendus de la Soc. de biol., (9), VI, p. II, 1894. — Jd., Sur la présence de glandes venimeuses chez les Couleuvres et la toxicité du sang de ces animaux. Ibid., GXVIII, p. "G, 1894. Voir aussi Arcliives de physiol.j (ô), VI, p. 423, 189 i. — S. J(m:rdain, Quelques observations à propos du venin des Serpents. Comptes rendus de l'Acad. des se, CXVIIl, p. 207, 1894. — C. Phisalix et G. Bertrand, Sur les effets de l'ablation des f/landes à venin chez la Vipère. Ibid., CXIX, p. 919, 1894. 998 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. microbienne secondaire ayant pour foyer les altérations locales. Le venin inoculé se retrouve toujours en assez forte proportion dans les tissus altérés qui avoisinent le siège de la blessure : il s'ac- cumule d'ailleurs dans le sang et s'élimine par les reins, par les glandes salivaires, par la muqueuse gastrique et probablement aussi par la muqueuse intestinale, enfm par la mamelle. D'après ces don- nées, il convient de proscrire la manipulation et la consommation des viandes provenant d'animaux empoisonnés par le venin des Serpents. En raison de la haute gravité des accidents d'échidnisme, il serait bien désirable de pouvoir communiquer à l'Homme et aux animaux utiles une immumié à leur endroit. Or, depuis quelque temps, des résultats intéressants ont déjà été obtenus dans ce sens (i). 11 est de croyance vulgaire, dans certains pays, que les jongleurs et les char- meurs de Serpents se mettent à l'abri des effets du venin, soit en avalant, soit en s'inoculant celui-ci à petites doses. Kaufmann a montré que de telles inoculations, fréquemment répétées, donnent lieu à une accoutumance lente et progressive, à une résistance plus grande, non à une immunité réelle. Calmette dit être parvenu, en échelonnant les inoculations à des intervalles de huit à dix jours, à donner une immunité contre des doses au moins huit fois mor- telles. En 189:2, le même auteur avait obtenu un léger degré d'accou- tumance au moyen de venins chauffés à 98°; en 1894, Phisalix et Bertrand ont établi que le venin de Vipère, chauffé au bain-marie pendant cinq minutes à 75°, 80° et 90°, acquiert des propriétés vac- cinales suffisantes pour que le sujet inoculé puisse résister à l'inocu- lation d'une dose égale (et mortelle) de venin actif. Enfm, Calmette a encore obtenu l'immunisation, chez les petits animaux : 1° par l'injection, plusieurs fois répétée, de mélanges de venin à dose mor- telle avec des quantités décroissantes de chlorure d'or ou mieux d'hypochlorite de chaux ou de soude; 2° par l'injection d'une dose mortelle de venin pur, suivie de guérison consécutive à des injec- tions de chlorure de chaux; 3° par l'injection sous-cutanée, pendant plusieurs jours, de certaines substances chimiques, telles que les hypochlorites de soude ou de chaux, sans mélange de venin. L'immu- nité conférée par ces divers moyens paraît assez durable, bien que la limite de cette durée n'ait pas encore été fixée d'une façon précise. Un fait important, qu'ont mis en évidence les recherches de Phi- salix et Bertrand, puis celles de Calmette, c'est que le sérum des animaux immunisés de la sorte contre les venins possède lui-même des propriétés vaccinantes, et ce, non seulement contre le venin du (1) M. Kaufmann, Le traitement des morsures de Serpent. Revue scientif., XLV, p. 180, IS90. — C. PmsALix et G. Bertrand, Atténuation du venin de Vipère par la chaleur et vaccination du Cobaye contre ce venin. Comptes rendus Acad. se, CXVIU, p. 288, 1894. — A. Calmette, Étude expérimentale du venin de Naja tripudians ou Cobra capel, etc. Annales de l'Inst. Pasteur, VI, p. 160, 1892. — Id., Contribution à l'étude du venin des Serpents. Ibid., VIII, p. 27f), 1891. HKPTILES. — OPHIDIENS. 999 même Serpent, mais aussi contre celui des autres Ophidiens (1). D'après les premiers de ces auteurs, ces propriétés immunisantes dont jouit le sérum ne résultent pas de la circulation dans le sang de la matière vaccinante (échidno-vaccin) introduite dans l'organisme : elles n'apparaissent en effet qu'au bout d'un certain temps (48 heures), et résultent par conséquent d'une réaction de l'organisme, qui donne naissance à une substance antitoxique neutralisant physiologique- ment les effets du venin. Ces résultats sont tout à fait comparables à ceux qui ont été obtenus à l'endroit de certaines maladies infectieuses, telles que le tétanos et la diphtérie. Roux a même signalé tout récem- ment ce fait remarquable, que le sérum des Lapins vaccinés contre la rage est anti venimeux à un haut degré. Le traitement de l'envenimation ophidienne comporte des indica- tions assez précises. Lorsqu'un sujet vient d'être mordu par un Ser- pent venimeux, il faut répondre immédiatement aux trois conditions suivantes : 1'' opposer un obstacle à la pénétration du venin dans le torrent circulatoire ; 2° enrayer le développement des accidents locaux; 3" chercher, s'il y a lieu, à restreindre la manifestation des phénomènes généraux. 1° Pour empêcher la pénétration dans le sang d'une dose toxique de venin, on recommande tout d'abord de placer, si la chose est possi- ble, un lien modérément serré entre le cœur et la piqûre. La circu- lation du sang et de la lymphe se trouvant de la sorte arrêtée ou du moins fort ralentie, l'absorption du venin n'a lieu que dans de faibles proportions, et son élimination survient sans qu'il se déve- loppe d'accidents graves. On a même conseillé d'enlever le lien de temps en temps et de le replacer un peu plus loin, de manière à évi- ter l'étranglement des tissus et la gangrène, tout en permettant au venin d'envahir la circulation par petites doses. Mais, d'une façon générale, la ligature ne peut être employée que comme moyen provi- soire, en attendant la mise en œuvre de moyens actifs. L'un de ces moyens, qu'il est presque toujours possible d'employer, consiste à débrider, à inciser (à l'aise d'un canif, par exemple) les tis- sus au niveau des piqûres d'inoculation, et à faire saigner abondam- ment la plaie ainsi produite par des pressions exercées sur les par- ties voisines. La succion de cette plaie est sans danger, comme on le sait, surtout si l'on a soin de cracher immédiatement le produit aspiré ; mais elle n'est peut-être pas aussi utile qu'on l'a supposé. 2° Il est de beaucoup préférable, si les circonstances le permettent, (1) C. Phisalix et G. Bertuand, Sur la propriété antitoxique du sang des animaux vaccinés contre le venin de Vipère. Comptes rendus Soc. de biol., (9), VI, p. 111, 1894. — A. Galmette, L'immunisation artificielle des nniniaux contre le venin des Serpents, etc. Ibid., p. 120. Voir aussi p. 124 et 204. — Phisalix et Bertrand, Reclier- cfies expérimentales sur le venin de Vipère. Archives de physiol. norm. et pathol., (5), VI, p. 507, 1894. — Id., Propriétés antitoxiques du sang des animaux vaccinés contre le venin de Vipère. Ibid., p. 611. 1000 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. de chercher à détruire le venin sur place par l'injection de substances antitoxiques, pratiquée aussitôt que possible après l'application de la ligature. Depuis longtemps on a préconisé dans ce but une foule de subs- tances dont la plupart n'ont en réalité aucune action. Tel est le cas, notamment, de l'ammoniaque, de l'alcool, de l'acide phéni- que, etc., etc. L'emploi des caustiques chimiques, et même de la cautérisation au fer rouge, qui agissent en détruisant les tissus et retar- dant l'absorption, est trop violent, trop douloureux pour être recom- mandé. Mais on connaît aujourd'hui plusieurs substances capables d'atténuer ou de faire disparaître l'action toxique du venin ; telles sont : le permanganate de potasse (de Lacerda), l'acide chromique (Kaufmann), le chlorure d'or, les hypochlorites de soude et surtout de chaux (Calmette), l'iodure et surtout le chlorure de fer (Mitchell). Le mode d'emploi de ces substances est assez simple : on en injecte la solution aqueuse, à l'aide d'une seringue de Pravaz, dans les plaies d'inoculation et dans les tissus voisins jusqu'à une assez grande distance ; puis on enlève le lien et on lave largement la région avec une solution plus concentrée. A défaut de seringue, on verse quelques gouttes du produit dans les plaies préalablement débridées, puis on exprime bien le sang des tissus, et l'on applique enfin un pan- sement imbibé de la solution. Le permanganate de potasse et lacide chromique s'emploient en solution aqueuse à i p. 100; pour les injections d'hypochlorite de soude ou de chaux, il convient d'avoir en réserve une solution cor- respondant à 4 litres ou 4 litres 5 de chlore par litre; au moment de l'usage, on dilue 5 centimètres cubes de cette solution dans 45 cen- timètres cubes d'eau bouillie, car les dilutions étendues préparées d'avance n'ont plus d'action efficace; on doit injecter dans les tissus 20 à 30 centimètres cubes de la dilution récente. Calmette rapporte que, dans les expériences faites sur le lapin^ l'intervention simple à l'aide du chlorure de chaux, sans ligature, était toujours efficace vingt minutes après l'inoculation d'une dose de venin devant amener la mort en deux heures ; de 20 à 23 mi- nutes, elle était encore très souvent utile. Or, chez l'Homme, il est extrêmement rare que les morsures de Serpents soient mortelles à si bref délai. 3° Si, en dépit du traitement local, une certaine quantité de venin a pénétré dans le torrent circulatoire, on voit bientôt apparaître des accidents généraux. Bien des substances ont été préconisées encore pour combattre ces troubles, et presque toutes, il faut bien le dire, sans aucun fondement. Le but qu'il faut se proposer en pareil cas, c'est de soutenir l'énergie cardiaque du blessé, et de favoriser l'élimi- nation du venin. La première indication peut être remplie à l'aide d'une faible dose de morphine ou de caféine administrée par la voie REPTILES. — OPHIDIENS. 1001 sous-cutanée. Quant à la seconde, elle comporte habituellement l'usage de l'ammoniaque et des boissons alcooliques, celles-ci don- nées à petites doses, fréquemment renouvelées, de manière à main- tenir le malade dans un état de légère excitation, tout en évitant de l'enivrer, à cause des eflets dépressifs de l'alcool à haute dose. Mais les récentes expériences de Cal mette laissent entrevoir un traitement général beaucoup plus simple et plus eflicace : il s'agit des injections de sérum immunisant. Nous avons vu plus haut que le sérum des animaux immunisés contre les venins possède lui-même des propriétés vaccinantes, permettant de l'utiliser sous forme d'in- jections préventives. Calmette affirme en outre qu'il possède un pou- voir thérapeutique manifeste, en ce sens qu'il est capable d'arrêter et de guérir les accidents de l'envenimation lorsqu'on l'injecte un certain temps après l'inoculation venimeuse. Ainsi, des Lapins ino- culés avec 1 milligramme de venin de Cobra meurent en 3 à 4 heures; ceux auxquels on injecte sous la peau ou daus le péritoine 5 centi- mètres cubes de sérum immunisant, après une demi-heure ou une heure, résistent tous; ceux qui en reçoivent la même quantité après une heure ou une tieure et demie résistent encore dans la proportion de deux sur trois ; passé ce délai, la guérison n'est plus obtenue, mais le traitement amène toujours une survie de 30 à 48 heures. Les premiers résultats de la sérothérapie appliquée au traite- ment de l'envenimation sont donc assez encourageants pour permet- tre d'espérer que la méthode sera bientôt applicable à l'Homme et rendra les plus grands services, surtout dans les colonies, où chaque année des milliers de personnes doivent la mort aux morsures des Serpents venimeux. Mais il est évident que le mieux est encore de poursuivre, autant qu'il est possible, la destruction de ces dangereux animaux. En France, nous en possédons encore un trop grand nombre (Vipères), et à diverses reprises l'attention des pouvoirs publics a dû être appelée sur les mesures à prendre à leur endroit. On a proposé, notam- ment, de favoriser la multiplication des animaux destructeurs de Ser- pents, le défrichement et l'incendie des terrains infestés, enfin, la dis- tribution de primes aux chasseurs de Vipères. Les animaux aptes à détruire nos Serpents indigènes sont : parmi les Oiseaux, les grands Rapaces, tels que Buses, Milans, Grands- Ducs ; les Corbeaux et les Pies; enfin, la plupart des Oiseaux de basse-cour, notamment les Paons, Dindons, Pintades, très habiles à tuer les Vipères à coups de bec, tout en évitant leurs atteintes; parmi les Mammifères, la Fouine, le Putois, le Sanglier, le Porc et le Hérisson. Les Porcs peuvent, en particulier, rendre de grands ser- vices à ce point de vue, protégés qu'ils sont par l'épaisseur de leur peau et de leur couche adipeuse sous-cutanée ; mais l'animal le plus utile est encore le Hérisson. Celui-ci s'avance sur la Vipère en 1002 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. retirant son museau sous le corps, et en rabattant son casque épi- neux, sur lequel le Reptile frappe vainement et perd son venin. Il est cependant établi, par une expérience de Kaufmann, que le Héris- son n'est pas réfractaire au venin de la Vipère; il n'échappe au danger que par la faculté qu'il possède d'éviter les morsures. Les défrichements et le feu contribuent aussi à faire disparaître les Serpents; mais la mesure la plus efficace pour assurer la des- truction des Vipères consiste dans l'attribution de primes aux indi- vidus qui se chargent de faire la chasse à ces animaux, à la condi- tion toutefois que cette attribution soit faite d'une façon rationnelle : la prime à accorder par tête de Serpent présentée à l'autorité doit être assez élevée, et d'ailleurs plus considérable pendant la période vernale, de mars à juin ; en outre, la mesure doit être générale. Les Ophidiens se laissent diviser en quatre sous-ordres : Opotérodontes, Colubriformes, Protérogltiphes et Solénoglyphes. l'HEMIER SOUS-ORDRE OPOTÉRODONTES Ce sont de petits Serpents vermiformes, à bouche étroite, non extensible, pourvue de dents lisses, et seulement à l'une ou à l'autre des deux mâchoires [or.oTifOi, l'un ou l'autre; ôJoû;, dent). Ils vivent sous les pierres ou dans des trous, et se nourrissent de Vers et dlnsectes. Le Typhlops vermicularis, de Grèce, est la seule espèce européenne du groupe. DEUXIÈME SOUS-ORDRE COLUBRIFORMES Ces Ophidiens possèdent des dents aux deux mâchoires; souvent ces dents sont toutes lisses; parfois la mâchoire supérieure porte en arrière des dents cannelées ou non, en rapport avec une glande à venin; en tout cas, il n'y a jamais de dents venimeuses en avant, et, par suite, la morsure des Colubri- formes est peu dangereuse. On peut établir dans ce groupe trois sections principales : Tortricines, Aglyphodontes et Opisthoglyphes. A. Les Tortricines sont de petits Serpents non venimeux, à dents lisses, à bouche non extensible ; ils vivent dans les régions chaudes de l'Asie, de l'Amérique et de l'Océanie. B. Les AGLYPH0D0^'TES ne possèdent également que des dents lisses (à pri- vatif; •{X-j(ffi, sillon; ôScltz, dents), mais celles qui occupent le fond de la mâchoire supérieure sont souvent en rapport avec une glande à venin, et partant représentent un appareil d'inoculation incomplet, ou non différencié. La gueule est extensible. Les Péropodes (tvipo:, estropié ; «où;, pied) ont des rudiments de membres REPTILES. — OPHIDIENS. 1003 ig. 711. — Tclo de la Cou- leuvre à collier [Tropido- notiis natrix). postérieurs, sous forme d'éperons cornés. Quelques-uns, comme les Pythons el les Boas, acquièrent une taille et une force qui les rendent redoutables. Les Cohibridêa comprennent la plupart de nos Couleuvres indigènes. Ce sont des Serpents tout à fait apodes, à corps sveltc, à queue assez allongée, à tète peu large, revêtue de plaques plus grandes que celles du dos, enfin à pupilles arrondies. — Dans cette importante famille se placent d'abord les Tropido- notes {Tropidonotus), qu'on peut qualifier de Couleuvres aquatiques, car elles recherchent les lieux humides et chassent volontiers dans l'eau, se nourrissant de Vers, de Batraciens et de Poissons. La Couleuvre à collier {Tr. natrix), dont le nom est tiré du collier blanc jaunâtre qu'elle montre sur la nuque, et la Couleuvre vipérine (T/-. vipcrinus), qui offre à première vue de grandes res- semblances avec la Vipère commune, sont deux espèces assez répandues en France. Comme il a été dit plus haut, elles possèdent des glandes venimeuses (R. Blanchard, Phisalix et Bertrand), mais l'appareil d'inoculation, très incomplet, n'est représenté que par les dents postérieures, non cannelées, qu'en- toure un manchon muqueux. Néanmoins, il n'est pas inutile de rappeler que, dans nos campagnes, les morsures des Couleuvres ont la réputation d'être parfois suivies d'accidents. — Aux Couleuvres vraies (Coluber) se rattache la Couleuvre d'Es- culape (C. .Esculapii), qui se rencontre dans la France méridionale et jusqu'à Fontainebleau; c'est elle que les Romains conservaient dans des temples élevés au voisinage des thermes, où le dieu de la médecine était représenté la tenant enroulée autour de son bâton, comme un symbole de prudence. — Les Rhinéchis {Rhinechis) ont le museau pointu, retroussé en boutoir. Couleuvre à échelons [Rh. scalaris), France méridionale; très agressive; détruit beaucoup de Rongeurs et d'Oiseaux. — Couleuvre à quatre raies [Elaphis quaterradiatus), France méridionale. — Couleuvre verte et jaune {Zamenis viridiflavus), agressive; France méridionale. — Les Coro- nelles [Coronella] ont les dents postérieures plus longues que les autres, sans toutefois en être séparées. Couleuvre lisse (C. austviaca) et C. bor- delaise (C. girundica), France méridionale. — En général, les Couleuvres se nourrissent de Vers, d'Insectes, de petits Oiseaux, etc. Quelques per- sonnes les mangent (Anguilles de haies). D'après Jourdain, la Couleuvre d'Esculape, la C. lisse et la C. à échelons présentent, à l'endroit du venin de Vipère, une immunité semblable à celle que Phisalix et Bertrand ont constatée pour les Tropidonoles; il est donc probable que ces Ophidiens possèdent aussi des glandes venimeuses et un sang venimeux. C. Les Opisthoglyphes sont caractérisés par la présence, à la partie posté- rieure de la mâchoire supérieure, de deux ou trois dents plus longues que les précédentes et creusées d'un sillon sur leur face antérieure (0^15857, en arrière; ■jXuepvi, sillon). A ces crochets sont presque toujours annexées des glandes venimeuses; mais, en raison de leur position, il est nécessaire que l'animal ouvre largement la bouche pour que sa morsure soit venimeuse. Les Célopeltis [Cœlopeltis] seuls comprennent une espèce française : la 1^04 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. Couleuvre maillée ou Couleuvre de Montpellier (C. insignitm), qui, jusqu'à présent, n'a jamais occasionné daccidenls. Cependant, S. Jourdain et d'autres expérimentateurs ont fait périr rapidement de petits animaux (Mammifères, Oiseaux, Lézards, Grenouilles) en leur implantant les crochets de ce Ser- pent dans les tissus. Mais il faut, pour que la blessure soit mortelle, que la morsure dure au moins trois à quatre minutes (Peracca et Deregibus), Du reste, le Célopeltis a les habitudes des Couleuvres : il lutte corps à corps avec sa victime, qu'il étreint dans ses anneaux. TUOISIKME SOUS-ORDRi; PROTÉROGLYPHES Ces Serpents sont toujours venimeux. Leurs maxillaires supérieurs por- tent en avant (Trpo'-spov, en avant; ^Auçy^, sillon) un fort crochet creusé d'un sillon antérieur et communiquant avec une glande à venin. En arrière de ce crochet, les maxillaires montrent souvent des dents pleines; celles-ci existent de même sur les palatins, les ptérygoïdiens et les maxillaires inférieurs. Toutes les espèces sont étrangères à l'Europe; elles sont répandues dans les régions chaudes des deux hémisphères. On peut en distinguer deux groupes : A. Les Platycerques (^rXarjç, large; y-i^z-'-i, queue) sont des animaux marins, dont la queue est comprimée en rame. Ils sont répandus dans l'océan Indien et l'océan Pacifique; parfois ils remontent les grands fleuves, mais à une faible distance de l'embouchure. Les pêcheurs les ramènent fréquemment dans leurs lilets; ils les redoutent au plus haut point, car leur morsure est souvent mortelle pour l'Homme. — Tels sont les Platures et les Hydrophis. B. Les CoNOCERQUEs (icùvcç, cône) sont au contraire des Serpents terrestres, à queue arrondie. — C'est à ce groupe qu'appartiennent notamment les Najas {Naja) ou Serpents à coiffe, remarquables par la faculté qu'ils ont de dilater la région cervicale en écartant les côtes correspondantes, lorsqu'ils sont irrités. Le Serpent à lunettes (N. tripudians) ou Cobra capel, « Cobra de capello » des Portugais, qui porte habituellement sur le cou une tache en forme de binocle, habite l'Inde, et c'est même le Serpent venimeux le plus redoutable et le plus répandu dans cette région si riche sous ce rapport (en 1886 le total des décès par morsures de Serpents s'est élevé, dans tout l'Hindoustan, à 22,134, sur une population de 240 millions). L'Haje {N. haje), Aspic ou Serpent de Cléopàtre, habite l'Egypte, la Tunisie et même l'Algérie (au sud-est de Biskra) ; il s'étend en Asie jusque dans l'Afghanistan ; sa piqûre est très rapidement mortelle. QUATRIÈME SOUS-ORDRE SOLÉNOGLYPHES La mâchoire supérieure est armée, à la partie antérieure et de chaque coté, d'un fort crochet en communication avec une glande veni- meuse, crochet parcouru par un canal central ouvert à la base et près de la pointe (aoAviv, tuyau; yÀusii, sillon). D'autres crochets, situés en REPTILES. — OPHIDIENS. 1005 arrière de celui-ci, sont prêts à le remplacer lorsqu'il vient à tom- ber. Le palais et la mâchoire inférieure portent en outre de petites dents pleines. A l'état de repos, le crochet venimeux est couché en arrière, le lony du palais, et protéji^é par un repli de la muqueuse gingivale. D'après les auteurs Fig. 712. — CroolK'ls ù voniii du Bothrops lanceolatus. — 1. a, maxillaire supi^rieur. b, os pWrygoïdion externe, c, crochet, d. son orifice supérieur, e, l'inférieur. — 2, l'un lies crochets, fendu dans toute sa longueur pour montrer le c^uial central. Fig. 713. — Squelette de la tOle d'un Crotale (Crolalus horridus). — a, ptérygoïde, s'unissant en arriére à l'os carré et se continuant en avant avec le palatin. /;, crochets à venin naissant sur le maxillaire supérieur mobile, c, maxillaire in- férieur, rf, os Irausverse. e, os c:uié, articulé su- périeurement avec le squamosal. classiques, il se redresserait d'une façon mécanique par le fait même de l'ou- verture des mâchoires, de manière à prendre une position favorable à l'atta- que. Quand la bouche est fermée (fig. T13), disent-ils, l'os carré esl incliné en s l m d g a m p Fig. 714. — .\ppareil venimeux de la Vipère aspic, double de grandeur naturelle. — g, bord inférieur de la glande à veniu recouverte de sa capsule fibreuse ; les limites supérieure et postérieure de cette glande sont indiquées par une ligne |)oinlillée. c, canal excréteur de la glande à venin, au niveau de son renflement, a, muscle temporal antérieur, m, m, temporal moyen, p, lemporai postérieur. /. glande lacrymale, s, ligament de Soubeiran. d, ligament supérieur de la glande à venin. bas et en arrière, le ptérygoïde et le palatin sont à peu près en ligne, et le transverse, articulé en arrière avec le ptérygoïde et en avant avec le maxillaire, maintient celui-ci de telle manière que les crochets se trouvent 1006 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. dirigés en arrière. Dès que l'animal ouvre la bouche, l'os carré se redresse, pousse en avant le ptérygoïde qui lui est uni, et par suite Fos transverse : celui-ci fait basculerle maxillaire, et les crochets prennent une position ver- ticale. — Mais il résulte d'études encore inédites, faites par Phisalix et Bertrand sur des Vipères vivantes, que ces indications ne sont pas fondées ; le crochet ne change même pas de position quand on ouvre la bouche en évitant de tirer en avant la mâchoire inférieure. En réalité, les crochets se redressent sous l'action de muscles spéciaux, et chacun d'eux peut se mouvoir indépendamment de l'autre. Nous savons déjà que chaque glande à venin est enveloppée d'une capsule fibreuse sur laquelle s'insère le muscle temporal antérieur, et qu'en outre, le temporal moyen et le temporal postérieur passent au- dessus d'elle, de manière à la comprimer fortement quand ils se con- tractent pour rapprocher les mâchoires. Chez la Vipère commune, cette glande se compose de quelques lobes tubuleux eux-mêmes divi- Fig. 715. — Glande venimeuse gauche de la Vipère Fig. 71G. — Glande venimeuse droite de la as|iic, avec sa capsule fibreuse, vue par la face Vipère aspic, débarrassée de son enveloppe, externe (Phisalix, inéd.). et vue par la face interne (Phisalix, inéd.). ses en nombreux cœcums secondaires (fig. 715 à 717), dont chacun est revêtu d'une couche épithéliale à grosses cellules granuleuses (fig. 718). Le canal excréteur, assez court, aboutit à la base de la dent venimeuse ; il ofTre à peine un léger renflement avant sa terminaison, Fig. 717. — Coupe transversale d'une glande venimeuse de Vipère aspic, grossie environ 16 fois. — Les lisérés noirs figurent les culs-de-sac épithéliaux (Phisalix, inéd.). mais il ne s'agit en aucune façon d'un réservoir à venin ; comme on peut le voir à la simple inspection de la figure 717, c'est la glande elle-même qui fait office de réservoir. Les Solénoglyphes ont le corps trapu, la tête triangulaire élargie REPTILES. OPHIDIENS. 1007 en arrière, la queue courte, les pupilles verticales. Ce sont en général des animaux nocturnes ; ils ne s'attaquent qu'à des animaux vivants, mais se bornent à les frapper de leurs crochets, attendant ensuite Fig. 718. — l'iic lies tralx'cuk's do lu coupe pi'c'cOdeiitc, fortement grossie (fixaliou à l'acide osmiquc liicro-carminé) (Phisaiix, inéd.). que le venin ait accompli sou rôle. Tous paraissent être ovovivi- pares : dès que les œufs sont déposés à terre, les petits en déchirent la coque molle et se dégagent en rampant. Les deux familles les plus importantes de ce sous-ordre sont celles des Vipéridés et des Crotalidés. Les "VIPÉRIDÉS ont une tète large, bien distincte du cou, et dépourvue de fossette entre l'œil et la narine. Ils comprennent sept genres [Vipera, Daboia, Cérastes, Echis, etc.), tous terrestres, propres à l'ancien continent, et répandus surtout en Afrique. Les Vipères {Vipera Laurenti) sont caractérisées par leur tète couverte de petites écailles ou de plaques plus ou moins développées. Le museau est garni de petites plaques dans deux desquelles sont percées les narines, situées latéralement. Les plaques sous-caudales (urostèges) sont disposées sur deux rangs. On a quelquefois classé dans un genre spécial, celui des Péliades [Pelias Merrem) certaines formes qui possèdent, sur le milieu de la tête, trois plaques contiguës assez fortes, rappelant un peu celles des Couleuvres (une frontale et deux pariétales) ; mais ce caractère n'est ni assez important, ni assez constant pour justifier cette séparation. On ne trouve en France (I) que trois espèces de Vipères, dont les carac- tères différentiels sont indiqués dans le tableau ci-dessous, dressé par Bou- lenger. La première est une Vipère proprement dite ; les deux autres sont des Péliades. A. Plaque sus-oculaire ne s'étendant pas en arrière au delà de la ver- ticale du bord postéi"ieur de l'œil; écailles en 21 ou 23 rangées V. aspis. B. Plaque sus-oculaire dépassant Fœil en arrière : (i. Écailles en 21 rangées (rarement 19 ou 23) ; plaque frontale àpeine plus longue que large V. berus. b. Écailles en 19 rangées (rarement 21); plaque frontale beaucoup plus longue que large V. Orsinii. Vipère aspic (\'. aspis L.). — Elle peut atteindre 0'",7;> de longueur, (1) M. Kalfman.v, Les Vipères de France. Paris, 1893. 1008 CHORDES. VERTÉBRÉS. 710. — Tôle de la Vipère commune (F. aspis). formant une raie en zi^zai mais ne dépasse pas ordinairement 0",bO à C^jCC. La tète est aplatie, forte- ment élargie en arrière, recouverte d'écaillés lisses en avant des orbites, où elles sont un peu plus grandes que celles du dos, puis entuilées et carénées en arrière, où elles sont plus petites. On remarque en outre, de chaque côté, une forte plaque sus-oculaire, qui ne dépasse pas le bord postérieur de l'œil, et le plus souvent, entre ces deux plaques et sur la ligne médiane, une ou plusieurs écailles irrégulières, un peu plus grandes que les autres. Le museau est tronqué et un peu retroussé. Le tronc est recouvert d'écaillés imbriquées et caré- nées, formant 21 ou 23 rangées longitudinales. La queue est courte, conique, renflée à la base chez les mâles, s'effîlant graduellement chez les femelles. La couleur générale est extrêmement variable, tantôt grise, tantôt ferrugineuse, tantôt brune ou même noire. A la face supérieure de la tète il existe des taches plus ou moins constantes : souvent, en particulier, on observe en arrière deux bandes brunes formant un ^ ouvert ou fermé à sa pointe; enfin, le dos est marqué de deux séries longitudinales de taches noires réu- nies par des bandes transversales ou obliques. Mais il y a tant de diversité dans la coloration et dans la disposition des taches qu'on ne peut guère les faire intervenir comme éléments de diagnose. D'ailleurs, en dépit des caractères que nous venons de donner, on ren- contre des individus à peine déterminables. Peut-être sont-ce des hybrides de V. aapis et de V. berus. La Vipère aspic ou Vipère commune ne se rencontre qu'en Europe et dans le nord de l'Algérie. En France, elle est très inégalement répandue : on la trouve en abondance dans certains départements, tels que la Vendée, la Loire-Inférieure, les Deux-Sèvres, Indre-et- Loire, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise, la Haute-Marne, la Haute-Sanne, la Côte-d'Or, le Doubs, TAveyron, la Haute-Garonne et les Basses-Py- rénées ; elle est très rare et manque même dans d'autres, comme le Nord, l'Aisne, les Ardennes, la Marne, Meurthe-et-Moselle, l'Indre, le Cher, la Nièvre, Vaucluse, la Gironde, la Corse, etc. En ce qui a trait aux environs de Paris, on sait qu'elle abonde dans la forêt de Fontainebleau; elle se trouverait aussi dans les forêts de Sénart et de Montmorency. L'Aspic habite surtout les lieux secs et élevés : les coteaux arides et rocailleux, les pentes sablonneuses couvertes de bruyères et de genêts; il se tient de préférence sur la lisière des bois ou des fourrés de ronces, mais on le rencontre quelquefois jusqu'au milieu des champs. Il se retire l'hiver dans des excavations souterraines, sous les souches, dans la mousse, et il n'est pas rare d'en trouver alors de nombreux individus enroulés en paquets ; à ce moment, il est engourdi KEPTILES. -- OPHIDIENS. 1009 et peu dangereux. Dès le printemps, il quitte sa retraite et se mon- tre dans les endroits découverts, exposés au soleil. L'accouplement a lieu vers le mois d'avril , puis les Vipères se disséminent. La femelle, qui n'est apte à la reproduction que vers l'âge de cinq ans, donne d'abord deux à cinq Vipereaux; à un âge plus avancé, elle peut en produire jusqu'à quinze. C'est au mois de septembre qu'a lieu la ponte; les petits se débarrassent aussitôt de la coque de l'œuf; ils mesurent alors 15 à 20 centimètres; ils sont aptes à vivre seuls, et se mettent à la chasse des Insectes ; leurs morsures sont déjà dangereuses. Pendant la belle saison, la Vipère sort chaque jour de sa retraite dès le matin et se montre à découvert tant que la chaleur du soleil n'est pas trop intense ; mais elle reste généralement immobile, de sorte qu'on peut supposer qu'elle ne chasse que le soir ou la nuit. Elle se nourrit de Souris, Mulots, Taupes, Musaraignes, petits Oiseaux, peut-être aussi de Lézards et de Batraciens. Elle fuit en général devant l'Homme, et sa démarche est lourde, irrégulière. Mais lors- qu'elle est surprise, ou lorsqu'on l'attaque, elle se roule aussitôt en spirale, puis se détend brusquement, comme un ressort, ouvre lar- gement la gueule, enfonce ses crochets dans la chair par un choc violent et les retire aussitôt. La blessure est facile à distinguer de celle des Couleuvres, car elle ne présente que deux piqûres pro- fondes correspondant aux deux crochets venimeux, tandis que les Couleuvres font une véritable morsure, caractérisée par l'impression de toutes les dents. Nous avons dit plus haut que la quantité de venin contenue dans chacun des appareils venimeux de l'Aspic est évaluée à 06'",07; mais Moquin-Tandon estime que dans chaque piqûre l'animal en dépose seulement O^^OS, soit 0s%04 en tout. Cette faible dose est suffisante pour provoquer des troubles fort graves (intoxication vipérique), capables même d'entraîner la mort chez l'Homme et les animaux. En ce qui concerne l'Homme, la mortalité par piqûres de Vipère présente un taux assez élevé : d'après Viaud-Grand-Marais, sur 370 morsures relevées en vingt ans dans la Vendée et la Loire-Inférieure, il y a eu 53 cas de mort, soit 1 p. 7 ou 14,50 p. 100; sur ce nom- bre, 51 décès sont imputables à V. as/As, et 2 seulement à V. berus. Mais il est certain que le chifîre de 370 reste bien en dessous de la réalité, car un grand nombre de cas sans gravité n'ont pas été con- nus; et c'est probablement pour cette raison que le même auteur, dans ses dernières publications, évaluait la mortalité des blessures d'Aspic en Vendée à 1 p. 25, enfants compris. Parmi les animaux domestiques, les Chiens sont ceux qui sont le plus exposés aux morsures de Vipères, notamment les Chiens de chasse; d'ordinaire les sujels atteints succombent en peu de temps, et ceux qui guérissent montrent souvent un affaiblissement marqué de Railliet. — Zoologie. 6* 1010 OHORDÉS. — VERTÉBRÉS. l'odorat Les herbivores sont d'ordinaire mordus aux lèvres ou au nez, en pâturant dans les bois ou le long des buissons ; assez sou- vent on a signalé des cas de mort à la suite de telles blessures, non seulement chez les Moutons et les Chèvres, mais aussi chez le Cheval. Roche-Lubin évaluait à une centaine le nombre des Moutons qui avaient péri de la sorte, dans le Larzac et les Causses, en 1850. On assure, mais le fait n'est peut-être pas bien établi, que les Chats résis- tent aux morsures de Vipères. Pour le traitement de ces blessures venimeuses, nous renverrons a ce qui a été dit plus haut relativement à lintoxication ophidienne en général. II ne faut pas confondre l'Aspic avec la Vipère amniodyte (F. ammodytes), __________ - qui se reconnaît à son museau relevé en une pointe molle couverte (récailles. Cette espèce habite surtout le sud-est de l'Euro- pe; on la connaît aussi du sud de l'Au- triche, de l'Italie et de l'Algérie, mais c'est à tort qu'on l'a signalée en France. Fig. 7^0. — Tète de la Vipère amniodyte (Vipera ammodytes). Vipère bérus [Vipera berus [Lj ; Pelias berus Duméril et Bibron). — Cette espèce est à peu prés aussi longue que la précé- dente, mais son corps est plus grêle. Le mâle atteint au maximum 0°',6a, la femelle O^jTo. La tête est relativement plus allongée, moins élargie en arrière, et partant moins nettement séparée du tronc ; elle porte de chaque côté une plaque sus-oculaire qui dépasse l'œil en arrière; sur le milieu existent en outre trois plaques assez déve- loppées, rappelant un peu celles des Couleuvres : une frontale à peine plus longue que large, et deux pariétales, situées immédiatement en arrière. Le museau est régulièrement arrondi. Les écailles du corps forment 21 rangées, exceptionnellement 19 ou 23. La coloration est encore variable, pas- sant du gris au rougeàtre ou au noir; le dos porte presque toujours une ligne brune ou noire, si- nueuse, souvent interrompue. Fis. 'H. — Tèle de la petite t t-»-i' i i ^ ■ ' i i vipèio (Vipera berus). ^^ Peliade berus est répandu dans une grande partie de l'Europe et de l'Asie, depuis le Portugal et l'Angleterre jusqu'en Mongolie et en Sibérie. Sa répar- tition en France n'est pas en rapport avec celle de l'Aspic : dans certains départements, les deux espèces sont réunies, dans d'autres on ne trouve que l'une ou l'autre, On le signale surtout dans l'ouest (Vienne, Vendée), dans l'est (Haute-Saône, Doubs, Vosges), mais il s'étend jusque dans la Somme et le Pas-de-Calais. Aux environs de Paris, il manque à Fontainebleau, mais a été vu dans la forêt de Sénart. REPTILES. OPHIDIENS. ion H a sensiblement le même habitat et les mêmes mœurs que l'Aspic; on assure cependant qu'il fréquente plus volontiers les endroits humides. D'ailleurs, il est moins irascible, et ne mord que quand il est menacé directement; entin, si l'on se rappelle qu'il est un peu moins riche en venin, on comprendra que les accidents qu'il cause soient en général moins dangereux. Vipère d'Or8iiii {V. Orsinii (^Bonapartej ; Pclias Orsinii (1) Bonap.). — Cette Vipère, voisine de la Bérus, reste toujours déplus petites dimensions ; le mâle ne dépasse pas 0"»,43, la femelle O^joO. Le corps est assez lourd, plus atténué en avant qu'en arrière. La tète est relativement plus petite i[ue chez V. berus; elle porte de chaque côté une plaque sus-oculaire qui dépasse l'œil en arrière, et au milieu . . ^j les trois plaques des Péliades : la fron- tale beaucoup plus longue que large. Le museau est plus élroit et un peu {■-■ I i l l'ig. Iti. - Tèle de la Vipère d'Orsini [Vipera Orsinii), vue en dessus, d'après Boulenger. — a, plaque apicalc ; c, canllialc ; /', frontale : »i, nasale; o. sus-oculaire ; p. pariétale; r, rostrale. Fig. l'io. — Tèle de la Vipère d'Orsini, vue de prolil, d'après Boulenger. — /, plaque labiale supérieure. /', labiale inférieure, nr, naso-rostrale. Les autres lettres comme à la figure 722. plus pointu. Les écailles du tronc sont presque toujours réparties en 19 rangées; il est exceptionnel d'en trouver 21. La coloration est gris ver- dàfre ou brune, toujours plus claire sur le dos que sur les lianes; le dos porte une ligne en zigzag à angles mousses, interrompue çà et là, et d'un vert brunâtre ou d'un brun clair. Distinguée en 1835, par C.-L. Bonaparte, cette espèce avait été con- fondue depuis avec V. berus, dont Boulenger l'a décidément séparée. Elle a été trouvée dans les Abruzzes (Orsini), puis en Hongrie, en Autriche, en Bosnie et enfin en France, dans les Basses-Alpes (E. Honnorat); sa véritable patrie parait être la plaine de Hongrie, car en Bosnie, en Halie et en France, elle ne s'est montrée que d'une façon isolée. On ne sait encore que peu de choses des mœurs de ce Péliade. Bou- lenger dit qu'il se nourrit surtout de Souris et de Lézards. 11 est moins irascible encore que le Bérus, et on n'a relevé jusqu'à présent aucun cas de morsure qui lui fût attribuable. (1) Bonaparte a écrit Ursinii, évidemment par erreur, puisqu'il dédiait cette espèce à Orsini. 1012 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. Les Cérastes [Cérastes) ou Vipères cornues sont ainsi appelées à cause de leurs plaques sourcilières relevées en petites cornes. — Le Céraste d'Egypte (C. cornutus) habite les régions sablonneuses du nord de l'Afrique; il est commun dans le Sahara algérien et s'étend jusqu'au Niger. Sa piqûre est des plus dangereuses. A des genres voisins appartiennent encore : la Vipère élégante {Daboia elegans), redoutée dans l'Inde, et la Vipère heurtante {Bitis arietans), encore appelée Serpent cracheur ou Serpent minute, répandue dans toute l'Afrique, Les CROTALIDÉS difTèrent des Vipéridés par la présence d'une fossette entre l'œil et la narine. On en connaît une douzaine de genres, limités au sud de l'Asie et à l'Amérique, sauf un qui est représenté dans l'Europe orien- tale. Nous en cilerons seulement quelques-uns. Les Lachésis [Lachesis) ont la queue terminée par dix ou douze rangées d'écaillés épineuses. — Le Surucucu (L. miitus), du Brésil et des Guyanes, dépasse souvent 2 mètres de long; son venin tue rapidement l'Homme et les gros animaux. Aux Bothrops (Bothrops) se rapporte une espèce qui s'est acquis une triste réputation : il s'agit du B. lanceolatus, de la Martinique, de Sainte-Lucie et de la petite île de Bequia. Ce Serpent, souvent nommé Fer-de-lance, Vipère jaune de la Martinique, Trigonocéphale des Antilles, tue en moyenne chaque année, d'après Rufz, 1 habitant sur 3000. La mortalité de ses blessures serait de 1/4 à 1/10. Il fait périr aussi les grands animaux : Rufz et Paulet ont vu des Chevaux, mordus à la tête, succorAber en vingt-deux heures. D'autres espèces de Bothrops sont répandues au Brésil, dans les Guyanes, dans l'Inde et en Malaisie. Aux Trigonocéphales {Trigonocephalus) appartient l'unique Crotalidé euro- péen, Tr. halys, qui habite les steppes du bassin inférieur de la Volga et de l'Oural. Les Crotales [Crotalus) sont souvent appelés Serpents à sonnette, parce qu'ils ont la queue terminée par une série d'étuis cornés emboîtés les uns dans les autres; ces étuis ou grelots sont mis en mouvement au gré de l'ani- mal et font entendre un bruit strident. — Il faut signaler principalement, dans ce groupe, le Durisse (Cr. durissus), de l'Amérique du Nord, et le Casca- vella {Cr. horridus), de l'Amérique intertropicale. Les Crotales peuvent atteindre une longueur de 2 mètres. Ils tuent en quelques minutes ou en quelques heures l'Homme, les Bœufs et les Chevaux; les Chiens résistent quelquefois. On se sert de Cochons pour les détruire. DEUXIÈME ORDRE SAURIENS Reptiles à fente cloacale transversale et à pénis double, généralement pourvus de deux paires de membres, de paupières, d'une caisse du tym- pan et d'une vessie urinaire; gueule non extensible. Les Sauriens ou Lézards (aaûpa, lézard) ont le corps allongé, parfois sem- blable à celui des Serpents; les membres peuvent même manquer en totalité REPTILES. — SAURIENS. 1013 ou en partie, mais les ceintures scapulaire et pelvienne ne font jamais entiè- rement défaut. La mâchoire inférieure est unie au crâne par un os carré mobile. Les dents sont tantôt insérées sur le bord tranchant des mâ- choires (Acrodontes), tantôt soudées sur le côté interne (Pleurodontes). La langue peut être épaisse ou mince, fourchue, i)rotractile, et ces ca- ractères, comme ceux tirés du mode (riiiiphmlatinn des dents, servent à la SoiiKjue ol'liciiial. classification. L"oviparité est la rè^le; quelques espèces seulement sont ovovivipares (Orvet). Les Sauriens ne sont généralement pas venimeux. 5 sous-ordres : l^"" sous-ordre : Amphisbéniens. — Ce sont des animaux serpentiformes à peau dure, non écailleuse, divisée en anneaux par dessillons. Par exception, ils manquent de paupières et de tympan. Leur langue est courte et épaisse. Les membres sont absents, sauf chez les Chirofes. — (îenres Ainphisbxna, Chirotes, etc. 2^ sous-ordre : Vermilingues. — La langue est vermiforme et très protrac- tile. — Les Caméléons [Chamxleon), qui constituent ce groupe, sont des Reptiles grimpeurs, bien connus pour la faculté qu'il possèdent de changer de couleur. 3^ sous-ordre : Crassilingues. — Langue épaisse, courte, cliarnue, à peine échancrée à la pointe, non protractile. — Ce sont les Geckos et les Iguanes, qu'on a répartis entre de nombreux genres. Les Geckos sont des animaux à peau verruqueuse, qu'on accuse, à tort, parait-il, d'être venimeux. 4-^ sous-ordre : Brévilingues. — Langue courte, épaisse, plus ou moins échancrée, peu protractile. Aspect souvent serpentiforme. — Genres Anguis, Scincus, Seps, Chalcis, etc. — La Scinque des boutiques (Scincus oflicinalis], du nord de l'Afrique, entrait autrefois, après avoir été réduit en poudre, dans la composition de la thériaque de Venise, préparation usitée comme alexiphar- Or\ct (Àni/uis frngilis L.i. maque. L'Orvet, que le vulgaire regarde souvent comme venimeux, est tout à fait inoffensif et nous rend même service en détruisant un grand nombre d'Insectes. 5* sous-ordre : Fissilingues. — Langue mince et fourchue, protractile. — Lézards (Lacerta), Varans {Vuranus seu Monitor), etc. i0i4 r.HORDÉS. ~ VERTÉBRÉS. On connaît deux Fissilingues ou Lézards américains qui représen- tent les seuls Sauriens venimeux actuellement connus. Ce sont des Hélodermes {Heloderma), grands animaux dont le corps est couvert de gros tubercules en forme de clous ("H^oi;, clou), et dont la tète apla- tie est revêtue de plaques pentagonales. B. horridum mesure plus d'un mètre de long; il habite le Mexique, où il est très redouté. Il possède à la mâchoire inférieure une glande en grappe dont les con- duits excréteurs se divisent et vont déboucher à la base des dents, qui sont cannelées en avant. Pour que le venin sécrété par cette glande pénètre plus sûrement dans la plaie, l'animal se renverserait sur le dos au moment de l'attaque. La morsure amène rapidement la mort des petits animaux ; elle peut aboutir au même résultat chez l'Homme. B. suspectuni n'est pas moins redouté dans la même région. Les Lézards vrais, dont certaines espèces passent aussi, dans nos cam- pagnes, pour être venimeuses, ont joué autrefois un grand rôle en mé- decine ; on leur attribuait une foule de vertus préventives ou curatives. On a publié enfin des observations relatives à des Lézards qui auraient vécu dans le tube digestif de l'Homme; nous avons dit, à propos des Batraciens, ce qu'il faut penser de ces assertions. On peut rattacher directement aux Sauriens de nombreuses formes fossiles, parmi lesquelles nous citerons principalement les gigantesques Iguanodons et les Ptérodactyles de l'époque secondaire. TROISIÈME ORDRE CROCODILIENS Reptiles à fente cloacale longitudinale et à pénis simple, à scutelles dermiques osseuses, à mâchoires garnies de dents implanti'es dans des alvéoles; à cloison interventriculaire complète. Les Crocodiliens sont pourvus de quatre membres, dont les doigts sont réunis par une membrane. La mâchoire inférieure est unie au crâne par Fis. 726. — Tclc osseuse de Crocodile. l'intermédiaire d'un os carré immobile. Il existe des paupières, une oreille moyenne et même un rudiment d'oreille externe. Ce sont des animaux aquatiques, carnassiers, souvent de grande taille et parfois dangereux pour l'Homme. — Crocodiles {Crocodilus), Afrique et sud REPTILRS. — CHÉLONIENS. 101:"> tie l'Asio. (iavials [Rainiihostomiim], Indp et Australie. Caïmans Alligator, Arnériquo. On réunit quelquefois aux Crocodiliens, sous le nom d' Hydrosauriens, les Fifr- "i". — fchthyosauriis cominunis, du lia». groupes fossiles des Nothosauriens, des Plésiosauriens et des Ichthyosauriens, qui ont vécu pendant la période secondaire. QUATRIEME ORDRE CHÉLONIENS Reptiles à fente cloacale longitudinale et à pénis simple, pourvus d'un plastron osseux sur le dos et sur le ventre; bec corné, dépourvu de dents; cloison interventriculaîre incomplète. Les Chéloniens (xsXwvïi, tortue) sont remarquables par leur épaisse cuirasse formée par des ossifications du derme unies à certaines parties du squelette interne. La partie dorsale de cette cuirasse reçoit le nom de carapace; l'autre est le plastron. La première a pour base les côtes et les apophyses épineuses des vertèbres dorsales, auxquelles s'adjoignent des plaques dermiques nom- breuses; la seconde paraît être d'origine exclusivement dermique. Le tout est recouvert d'épaisses plaques épidermiques constituant la substance connue sous le nom d'écaillé. L'os carré est soudé au crâne. La bouche n'est pas armée de dents, mais les mâchoires sont d'ordinaire recouvertes par des gaines cornées formant un bec analogue à celui des Oiseaux. Les membres sont au nombre de quatre, parfois disposés en nageoires. Les ceintures thoracique et pelvienne offrent cette curieuse particularité d'être situées à l'intérieur de la carapace. Certaines Tortues sont phytophages, d'autres carnivores. On les distingue surtout d'après leur habitat. Les unes sont marines {Chelonia, Sphargis), les autres lluviales {Trionyx) ou palustres [Emys, Cii^tudo, Chelys], ou encore terrestres (Tcstudo). Les Chélonées imbriquées ou Carets [Chelonia imbricata), de l'océan Indien et de l'océan Atlantique, fournissent récaille la plus recherchée. On mange la chair de beaucoup d'espèces, principalement des Tortues franches ou vertes {Chelonia cscvlcnta) ; cette chair est, dit-on, analogue à celle du veau. Les œufs des Tortues sont aussi très estimés des marins. Ajoutons que ces animaux, en général inoffensifs, sont capables de faire de sérieuses morsures quand on les tourmente. 1016 CHORDÉS. VERTÉBRÉ?. CLASSE IV OISEAUX Vertébrés à sang chaud, à peau revêtue de plumes et à membres anté- rieurs transformés en ailes; un seul condyle occipital; circulation dou- ble, complète; respiration exclusivement pulmonaire. Ovipares; em- bryons pourvus d'un amnios et d'une allantoïde. La classe des Oiseaux forme actuellement un ensemble très naturel et bien défini : son alliance intime avec la classe des Reptiles ne se trouve établie que par quelques types fossiles. Adaptés à la vie aérienne, et parlant organisés pour le vol, les Oiseaux varient peu, en effet, dans leur configuration ex- térieure, mais ils ne com- prennent pas moins un assez grand nombre de formes aptes à grimper, à nager, à marcher ou à sauter. Le tronc est ramassé; la tête, toujours légère, est portée par un cou souvent long et mobile ; les membres postérieurs sont propres à la locomotion ter- restre ; les ailes sont diver- sement conformées suivant les facultés locomotrices de TOiseau, et la queue joue le rôle de gou- vernail. Le squelette est rendu aussi léger que possible : les os sont consti- tués par un tissu compact, mais creusé de vastes cavités communi- quant avec des réservoirs spéciaux que nous étudierons plus loin. Cette pnoumaticité, d'ailleurs, est d'autant plus accusée que les ani- maux sont meilleurs voiliers et plus âgés ; elle n'existe point dès la naissance. Les os du crâne, très spongieux, se soudent de bonne heure ; cette région, qui s'articule avec l'atlas par un condyle unique, est surtout remarquable par le grand développement des frontaux. La cloison interorbitaire est toujours très étendue (1). — Les os de la face sont (1) Nous devons signaler ici une cavité spéciale, nommée cellule sous-oculaire {cella infra-ocutaris Nitzsch) ou sinus sous-orbitaire, qui est très vaste chez cer- tains Oiseaux, notamment chez les Palmipèdes; elle est située entre l'œil, le front et le bord latéral de la mandibule supérieure, et limitée en dehors par des parties molles seulement; elle communique avec les cavités nasales, tout au moins chez Fis-. l-i% (jcai commun. OISEAUX. lor en général assez mobiles. La mandibule supérieure csl constituée presque en entier par les intermaxillaires; rinférieure est articulée au temporal par l'intermédiaire d'un os carré ou tympanique. — Le squelette viscéral n'est représenté que par un hyoïde dont le corps s'unit en avant à un enloglosse ordinairement pair, rarement simple {Anas) ; les cornes hyoïdiennes sont souvent longues et ne se réunis- sent pas au crâne ; chez les Pics, elles sont très allongées, ce qui expli- que la grande protractilité de la langue de ces Oiseaux. La colonne vrrtébralc montre une région cervicale toujours longue, comprenant de 8 à !2i vertèbres mo- biles les unes sur les autres et mu- nies de côtes rudimentaires. — La région dorsale présente, au contraire, des vertèbres immobiles, au nombre de 7 à il ; ces vertèbres portent des côtes, dont les deux premières res- tent souvent libres, tandis que les autres s'articulent avec des côtes sternales ossifiées ou os sterno-cos- laux. Chaque côte vertébrale est en outre pourvue, dans sa portion moyenne, d'une apophyse aplatie, dite apophyse uncinée, qui s'appuie sur la l'ace externe de la côte sui- vante, de sorte que la cage thora- cique offre une grande solidité. Le slerniim est un os plat, très développé, qui couvre même une grande partie de l'abdomen, et qui présente une sorte de carène saillante et longi- tudinale {bréchet)^ destinée à l'insertion des puissants muscles abais- seurs de l'aile. Ce bréchet est peu accusé chez les faibles voiliers ; il disparaît même chez les Coureurs. — Les régions lombaire et sacrée sont confondues en un seul os très allongé, le soo'iim, composé de 9 à 20 vertèbres. — Enfin, la région caudale, toujours courte, est for- mée de 7 ou 8 vertèbres petites et mobiles dont la dernière [pi/gostyle), plus développée que les autres et pourvue d'une crête saillante, repré- sente -4 à 6 vertèbres soudées et sert à l'insertion des muscles moteurs des rectrices. Les membres antérieurs sont solidement fixés au tronc. La ceinture scapulaire comprend de chaque côté une omoplate, un coracoïde et une clavicule, celle-ci restant rudimentaire chez les Ratites. L'omo- plate est un os allongé et très étroit, fixé au sternum par l'intermé- diaire du coracoïdien et souvent même de la clavicule. D'ordinaire, les Oiseaux aquatiques, où elle donne assez souvent asile à des helminthes Voy. Monostomum mula/nle, p. 338). Ti'.K — Squolotlo de Vauloiir (Vultiii' fulvus). "i?. "30. — Arc scapiilaii'o el stei'iuim (l'un Oiseau. — s, sternum avec son bré- diet b. c, os coracoïdien. o, omoplate. /', les deux clavicules formant la four- chette, m, membrane sterno-cléido-cora- coïdienno. co, côtes sternalcs. e, ôclian- cruros du sternum. 1018 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. en effet, celle-ci se soude à celle du côté opposé pour former une pièce en V connue sous le nom de fourchette, qui s'unit directement ou indirectement à l'extrémité antérieure du bréchet. L'humérus a de la sorte un point d'appui très ferme. Le radius et le cubitus ne sont pas mobiles l'un sur l'autre. Le carpe est réduit à deux petits os (un seul chez les Ratites) placés sur le même rang et articulés avec le métacarpe. Celui-ci, dans le principe, est composé de trois os, mais deux d'entre eux seu- lement se développent et se soudent par leurs extrémités, en laissant au milieu un espace vide. Enfin, les doigts sont presque toujours au nombre de trois : l'un, articulé à la base et sur le côté radial ou interne du métacarpe, représente un pouce formé d'une seule phalange; le second ou doigt médian, articulé à l'extrémité distale de la région métacarpienne, comprend deux phalanges; le troisième ou doigt externe, inséré à cette même extrémité, consiste en un sim- ple stylet osseux. Les membres postérieiws ont pour base une ceinture pelvienne con- stituée par trois pièces paires : ilion, ischion et pubis. Les deux os iliaques, fort prolongés en avant et en arrière, sont unis dans toute leur longueur aux bords du sacrum. Les pubis demeurent écartés et ne forment pas de symphyse, sauf chez l'Autruche d'Afrique. Le fémur est court, dirigé en avant et d'ordinaire caché sous les plumes; souvent il existe une rotule, tantôt simple, tantôt double. La jambe est constituée presque exclusivement par le tibia ; le péroné est réduit à un faible stylet situé sur la face externe de cet os et soudé avec lui; mais le tibia paraît être un os complexe (tibio-torsien), dont la partie inférieure correspond à la division supérieure du tarse. De même, une épiphyse supérieure du métatarse {tarso-méta- iarsien) représente la division inférieure du tarse. Ce métatarse, sou- vent désigné sous le nom d'os canon (1), est formé par la soudure de trois métatarsiens : ceux des deuxième, troisième et quatrième doigts; le cinquième ne se développe pas; quant au pouce, son métatarsien est d'ordinaire incomplet et s'unit par un ligament à la partie interne ou postérieure du tarso-métatarsien. Parfois un ergot [calcar] ou éminence osseuse recouverte de corne se développe au côté interne du cannon et se soude au métatarsien du deuxième doigt (Coq). ^ D'après ce qui vient d'être dit, la région digitée com- (1) Ce qu'on appelle le tarse en zoologie descriptive répond à la région méta- tarsienne. OISEAUX. 1010 prend presque toujours trois doigts principaux, plus un pouce arti- culé en arrière sur son petit métatarsien stylifornie. Le doigt externe lui-même peut être porté plus ou moins en dehors, voire tout à fait en arriére (Grimpeurs, Préhenseurs). Règle géné- rale, le nombre des phalanges va en augmentani du pouce au doigt externe : 2, 3, 4, 5: cette formule ne souffre qu'un petit nombre d'exceptions. Relativement aux muscles, nous avons à signaler tout d'abord le développement considérable dos pectoraux, qui sont les moteurs de l'aile, et qui li?:. T.ti. i-aiu' .lo ua!- , , , , , , „ ,,. linarc' . monlraiil -. Ces Oiseaux sont toujours très répandus dans nos basses-cours; on les entretient souvent en grandes troupes, qui peuvent se conduire au pâturage comme des Moutons. Ils se nourrissent d'herbes fines, de graines, d'Insectes, et ingèrent en même temps une grande quantité de sable fin. Un mâle ou jars suffit à cinq ou six Oies. Chacune de celles-ci ne fait guère qu'une ponte par an, vers le mois de février. Elle pond de deux jours l'un, quelquefois tous les jours, et donne en moyenne 13 à 18 œufs, rarement jusqu'à 30 et 35; on lui en laisse généralement 15 à couver. L'Oie est très bonne couveuse. Vincubation dure environ 30 jours. Pendant ce temps, elle ne quitte guère son nid qu'une fois par jour, pour manger, en ayant soin de couvrir ses œufs avec de la paille. Les Oisons exigent quelques soins particuliers dans les premiers jours. A l'âge de six à huit mois, ils peuvent être déjà livrés à la con- sommation. Dans quelques pays, principalement en Alsace et dans le bassin de la Garonne, on les soumet à l'engraissement par ingur- gitation forcée. L'opération porte en général sur des animaux de six mois (Oies de Toulouse); elle dure de 18 à 24 jours. La substance à l'aide de laquelle on les gave de préférence est le maïs. La chair, qui a acquis ainsi beaucoup de délicatesse et de fumet, est alors livrée à la consommation ou disposée en conserves, et le foie est mis à part pour la fabrication des terrines et des pâtés si chers aux gourmets. Les Romains tenaient déjà le foie gras en haute estime, et nous savons qu'ils recherchaient de préférence celui de l'Oie blanche. C'est à Stras- bourg qu'a été inventé le fameux pâté de foie gras, vers 1788, par un nommé Close, cuisinier normand au service du maréchal de Con- tades. Outre la chair et le foie, les Oies fournissent encore, deux ou trois fois par an, leurs plumes et leur duvet, qui se vendent fort cher, et leurs grandes pennes, qui sont usitées comme plumes à écrire après avoir été hollandées, c'est-à-dire dégraissées, nettoyées, arrondies et polies. Enfin, dans quelques pays, et en particulier dans la Vienne, on soumet au mégissage la peau emplumée, qui est employée ensuite par les fourreurs sous le nom de peau de Cygne : l'Oie écorchée dans ce but est vendue en morceaux à un prix relativement peu élevé. Quant aux œufs, ils sont d'un rapport insignifiant. Une race de VAnser albifrons, l'Oie à pieds pâles {A. pallipcs de Sélys), vit OISEAUX. PALMIPÈDES. 1031 en domesticité dans certaines fermes de la Belgique et de la Hollande. Son cri ressemble à un long éclat de rire. Au Canada, les Oies domestiques dérivent deVAnser canadensis ; en Chine, elles proviennent de l'Anse»* cyunoides. Ces deux espèces, et quelques autres encore, se voient assez souvent sur nos bassins. — Les anciens Égyptiens vénéraient l'Oie Renard {Choialope.c .vfiiyptiaca), qu'ils entretenaient comme animal sacré et qui est souvent figurée sur les monuments. Les ANATiNÉs ont la tête très grosse, le bec aussi large ou plu&- large vers l'extrémité que vers la base, la mandibule supérieure large, emboîtant l'inférieure, le cou court ou de longueur moyenne, les jambes et les tarses courts, reportés plus en arrière que chez les Cygnes. Essentiellement aquicolcs, ils ont un régime à la fois animal et végétal, se nourrissant aussi bien de. Vers, de Mollusques, d'Insectes et de Poissons que de graines, de racines, d'herbes, de plantes aqua- tiques. Cette tribu ne comprend en réalité que le seul genre Canard {Anas L.), qu'on a subdivisé sans nécessité, et dont les nombreuses espèces se répar- tissent entre deux sections principales : 1° Les Analinés proprement dits ont un cou moyen, le doigt externe plus- court que le médian, le pouce dépourvu d'expansion membraneuse. — Les principales espèces sont: le Canard sauvage (A. boschas), le Souchet com- mun ou Rouget de rivière (A. clypeata), le Chipeau bruyant ou Rousseau (-1. strepera), la Marèque Pénélope ou Canard siffleur (A. Pénélope), le Pilet ou Canard-Faisan (A. acuto), la Sarcelle d'hiver ou Sarcelline (A. crecca), la Sarcelle d'été (A. qucrqaedula), le Tadorne de De- lon (A. tadorna), le Tadorne Ca- sarca (A. camrca), le Canard ca- rolin {A.sponsa), le Canard man- darin (A. galericulata),l6 Canard musqué (A. moschata). 2° Les FuHijulutés ont le cou gros et court, les pattes très courtes, le doigt externe aussi long que le médian, le pouce ou doigt postérieur largement bor- dé.— Espèces principales : Mo- rillon (A, fidigula), Milouinan (A. marila), Milouin (A. ferina). Garrot (A. clangulu), Eider (A. mollissuna), Macreuse ordinaire (A. niyra),. Macreuse brune (A. fusca), etc. Ces différentes espèces émigrent chaque année; on leur fait une chasàe active dans les marais ou sur les côtes, à cause de leur chair délicate et nutritive. Les Fuligulinés sont surtout des animaux marins et plongeurs. L'Eider, qui habite les régions boréales, fournit un abondant duvet [eider diin, d'où édredon) dont l'Homme tire utilement parti. Fig. 743. — Eider {A/ias mollissima). 1038 CllORDES. VERTÈBRES. Le Canard sauvage (A. boschas L.) varie beaucoup dans son plumage suivant le sexe et l'âge. Le mdle a la tète et le haut du cou verts, puis un collier blanc, le dos d'un brun cendré rayé de grisâtre, la poitrine d'un beau marron foncé, le ventre et les flancs gris blanc moiré de noirâtre ; l'aile pliée offre une belle plaque bleue (miroir) bordée en avant et en arrière par une double bande noire et blanche; les quatre rectrices médianes sont noires, à reflets pourpres, recourbées supérieurement en demi-cercle; le bec est d'un jaune verdàtre, noir à la pointe; les pattes sont d'un rouge orangé. La femelle est d'un cendré roussàtre semé de taches plus ou moins foncées ; elle n'a pas les teintes brillantes ni les rectrices frisées du mâle. Les jeunes, avant la première mue, ressemblent assez à la mère et sont connus sous le nom de halbrans. Le Canard sauvage est une espèce sociable, très répandue dans tout l'hé- misphère boréal. Les individus qui habitent le Nord émigrent régulièrement ; ceux qui vivent dans nos régions les quittent à peine (|uand les eaux sont glacées. La femelle pond huit à seize œufs d'un blanc verdàtre. Ces animaux s'apprivoisent assez facilement ; ils s'accouplent volontiers avec les Canards domestiques et donnent avec eux des produits indéflniment féconds. Le Canard domestique (A. boschas domestica Auct.) comprend comme races principales le Canard commun, le Canard de Rouen, le Canard, d'Aylesbury, le Canard de Roueu, mille. Canard de Pékin, habituellement élevés dans les basses-cours pour être mangés, puis le Canard du Labrador (ou de Buenos-Ayres), le Canard pin- gouin, le Canard à bec crochu, etc., entretenus plutôt comme Oiseaux d'orne- ment. Ces diverses races dérivent-elles d'une souche unique ? Darwin a rassem- blé un grand nombre de documents qui tendent à donner à cette question une réponse affirmative. Pour lui, l'ensemble de nos races a pour espèce souche le Canard sauvage. Parmi les arguments qu'il invoque, nous relève- rons simplement cette, remarque que, dans la grande famille des Canards, OISEAUX. — l'ALMIPKDES. 1039 cette seule espèce a, chez le inàle, les quatre rectrices médianes frisées et relevées eu boucles ; or, on retrouve celte particularitt^ chez toutes nos races domesti(iues. La date de la domestication du Canard a pu ùtre déterminée d'une façon approximative. D'après Darwin, le Canard domestique était inconnu aux an- ciens Égyptiens, aux Juifs de l'Ancien Testament et aux Crées de la période homérique. Is. Ceoffroy Saint-Hilaire ajoute que « chez les Romains, à l'épo- que de Varron, il fallait encore couvrir de filets les enclos destinés aux Oiseaux d'eau, ne possU Anas evolare. La domestication était donc encore très incomplète, et par conséquent récente à la fin de la république romaine ». Un inùle suffit à six femelles ; mais le mâle ne s'occupe jamais des couvées. La Cane pond, au printemps, cinquante à soixante œufs. Lorsqu'elle ne couve pas ou qu'elle perd ses petits, illui arrive parfois de donner encore quelques œufs en août. On lui laisse d'habitude douze ou quinze œufs à couver; mais elle est médiocre couveuse, et il faut la surveiller au moment de Téclosion, car elle s'impatiente aisément et quitte le nid avec les premiers nés. Vmcubation dure 28 jours. On fait souvent couver les o'ufs de Cane par des Poules et même par des Dindes. Les petits sont voraces, faciles à élever. Au bout de trois ou quatre mois, ils ont acquis tout leur développement. On reconnaît qu'un Canard peut être mangé quand il aies « ailes croisées ». La chair est de bonne qualité, quoique plus grasse, moins fine et moins parfumée que celle du Canard sauvage. Dans certaines régions, on engraisse les Canards à la façon des Oies, dans le but surtout d'obtenir des foies gras, qui servent à la confection de terrines et de pâtés très estimés. Ces foies se vendent plus cher que ceux des Oies. Les œufs sont inférieurs à ceux des Poules, mais valent mieux que ceux des Oies; on les emploie souvent dans la pâtisserie, quoique les blancs ne puissent être battus en neige. Les Chinois sont friands d'œufs de Canard fermentes. Les plumes et le duvet sont un peu moins recherchés que ceux de l'Oie. Le Canard musqué (A. moschata L.), dont on a fait le type d'un genre Cairina, est un Oiseau de forte taille, et l'on peut dire que c'est le plus gros de tous les Canards. Il est remarquable par la présence, à la base du bec et sur les joues, de caroncules d'un rouge foncé, tachées de noir. Son plumage est d'un brun noirâtre ; les ailes sont en partie blanches. Le bec est rouge, avec une bande transversale noirâtre; les pattes sont également rouges, avec des ongles longs et recourbés. La femelle est d'une taille beaucoup plus faible que le mâle, dont elle a d'ailleurs la livrée ; toutefois, le peu de rouge qu'elle présente au sommet du bec et autour des yeux ne forme pas de proémi- nences. Cet Oiseau vit à l'état sauvage dans l'Amérique centrale et méridionale, depuis le Mexique jusqu'au Paraguay et au Pérou. C'est donc bien à lort qu'on l'appelle vulgairement Canard de Barbarie ou Canard d'Inde. Eu 1040 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. raison de sa voix grave et basse, qu'on entend à peine, sauf dans les mo- ments de colère, on lui donne quelquefois le nom de Canard muet. A l'étal domestique (A. moschata domestica), on en élève trois variétés : une entièrement noire, une blanche, et une noire et blanche, dite bronzée. On admettait généralement que ce Canard avait été domestiqué au Brésil ; mais les recherches de Nehring (1) tendent à montrer que s'il a été soumis primitivement dans une seule contrée, c'est en réalité au Pérou, pays habité par une race très experte dans l'élevage des animaux. Il est possible, au surplus, que la domestication ait été effectuée sur divers points à la fois. Elle remonte en tout cas à une époque assez éloignée, car Colomb avait déjà trouvé le Canard musqué à l'état domestique chez les indigènes d'Haïti. Son introduction en Europe date du xvi« siècle. Vers 1550, il commençait à se répandreen France, puisque, d'après Pierre Belon, on le vendait « parles marchez pour s'en servir es festins et noces ». Le Canard musqué, du moins à l'âge adulte, ne recherche pas autant l'eau que les autres Canards; de plus, il vole avec facilité et se perche volontiers. Sa ponte est assez abondante ; ses petits s'élèvent facilement, quoique sensibles au froid. Malheureusement, c'est un Oiseau gourmand et méchant, et on ne peut guère en recommander l'élevage. Sa chair a d'ailleurs une odeur musquée fort désagréable, ce qui lui a valu son nom. On assure, il est vrai, que cette odeur pro- vient des plumes de la nuque et des caroncules céphaliques, et qu'il suffit d'enlever la tête aussitôt après avoir tué l'animal, pour éviter cet inconvénient. Dans le midi de la France, on emploie le Canard de Barbarie, en raison de son volume, pour faire des croisements avec la Cane com- mune ou la Cane de Rouen. Plus rarement on utilise le Canard commun et la Cane musquée. Les produits obtenus sont connus sous le nom de mu lard s ; ils sont le plus souvent inféconds, mais ils ne possèdent pas d'odeur musquée. Sur cent œufs de Cane ainsi fécondés, il est rare, dit-on, qu'on obtienne plus de vingt Canetons. Ceux-ci sont excellents et deviennent très gros; ils ne possèdent pas d'odeur musquée. Ce sont eux qui fournissent les foies gras employés à la confection des fameuses terrines de Nérac. Un entretient en outre, sur les pièces d'eau de nos parcs, diverses autres espèces d'Anatinés, qui ne représentent en réalité que des Oiseaux de luxe. Les MERaiNÉs sont aisément reconnaissables à leur bec étroit, crochu,, onguiculé à son extrémité, et pourvu de lamelles saillantes, formant sur les bords des mandibules de petites dents de scie dirigées en arrière. Ce groupe n'est représenté que par les Harles {Mergus). Le Harle bièvre [M. merganser) se nourrit surtout de Poissons, de sorte qu'il est redouté des pisciculteurs. (1) A. Nehring, Ueber die Heiinat der gezû/imlen Moschus-Ente (Anas moschata/,.)- Sitzungsberichte der Gesellschaft naturforschender Freunde zu BerUn, 1889, n° 2, p. 33. — Revue des se. nat. appliquées, (4), VI, p. 745, 1889. OISEAUX. — ÉCHASSIERS. 1041 3'" sous-ordre: Totipalmes. — Les Totipalmes ou Stéganopodes ont, comme leur nom Tindiquo, les (jualre doigts, y compris le pouce, réunis par une membrane. Leurs ailes sont très gran- des. Ex. : les Pélicans {Pelecanus), qui portent au-dessous de la mâchoire inférieure une grande poche membraneuse dans laquelle ils accumulent les Poissons qu'ils viennent de prendre (fig. 745); les Cormorans {Phala- crocorax), les Frégates [Taclujpetes], les Fous {Sula), les Phaétons ou ; [PaiUe-en-queue Fi„. 745. _ t.hc du Pélican commun (Phaelon), etc. [Pelecanus onocrotalusL.). 4° sous-ordre : Longipennes. — Ce sont des Oiseaux à ailes très longues, à vol rapide et soutenu. La palmature ne s'élend pas au pouce, qui est sou- vent rudimentaire. Goélands ou Mouettes pêcheuses {Larus), Hirondelles de mer {Sterna), Labbes ou Mouettes pillardes {Lcstris}, Becs-en-ciseaux {Rkynchops), Pétrels {Procel- laria), Albatros {Dioinedea), Oiseaux de Saint-Pierre {Thalassidroma), etc. TROISIÈME ORDRE ÉCHASSIERS Oiseaux à pattes, bec et cou allongés. Les Échassiers [Grallatores) doivent leur nom à la longueur de leurs pattes et surtout de leurs tarses, qui les fait paraître comme montés sur des échas- ses. Le bas de la jambe est nu, comme le tarse. Les doigts, souvent grêles et allongés, sont quelquefois libres (fig. 746), mais plus fréquemment réunis Patle de Poule d'eau [Gallinula chloroptis L.). Fis. — Palte de Vanneau { Vaiiellus cayeimeiisis L.). à leur base par une membrane (fig. 747). Le cou et le bec sont longs, de manière à permettre à l'animal de chercher sa nourriture dans l'eau. Les ailes ont un développement variable. Ces Oiseaux, la plupart migrateurs, sont monogames ; ils vivent par cou- ples, surtout au bord des eaux, ce qui leur vaut le nom (TOiseaux de rivage. Tous sont prédateurs, bien que quelques-uns puissent rechercher en même temps les substances végétales. Les affinités multiples des Échassiers ne permettent guère de les diviser autrement qu'en une série de familles. Les Charadridés ou Coureurs ont une tète assez forte, un cou court, un bec Railliet. — Zoologie. 66 1042 CHORDÉS. — VERTEBRES. médiocre, à bords très durs, un pouce rudimen taire ou nul. Courviles [Cin- sorius), Pluviers {Charadrius), Vanneaux {Va7iellus), Huîtriers [Hxmatopvf,). Les Scolopacidcs ou Limicoles onl une tète moyenne, très bombée, un bec long et mince revêtu d'une peau molle, des jambes grêles, un pouce rudimentaire ou nul. — Chevaliers {Totanus), Barges [Limosa), Récur- virostres [Rp.cuvviroslra), Combattants {Mache- les), Bécasses {Scolopax), Béca.%s'mes {G aUinago), Bécasseaux (Limco/a), Courlis [Numenius). ■ Les Hé7'udiens ou CuUrirustres sont de grands Oiseaux à petite tête en partie nue, à cou long, à bec fort, épais, allongé, très dur, tranchant sur les bords ; leurs pattes sont très longues, nues, pourvues d'un pouce qui touche le sol. — Ibis {Ibis), Spatules {Plata- Ica), Hérons [Ardea], Cigognes {Cicunia), Grues {Grus). Les Rallidés ou Macrodactyles se rapprochent des Gallinacés; ils ont un bec fort, de longueur moyenne, comprimé d'un côté à l'autre, des pattes assez courtes, emplumées, à doigts longs et grêles, le pouce touchant le sol, des ailes courtes et arrondies. — Râles d'eau {Rallus), Râles des prés [Crex), Poules d'eau {Galllnula), Poules sultanes (Forphyrio), Foulques [Fidica). Enfin, les Alecturidés ou Pressirostres établissent le passage entre les Échassiers et les Palmipèdes. Ils ont un bec fort, court et bombé, souvent comprimé latéralement, des pattes longues à pouce rudimentaire, des ailes courtes, mais fortes, souvent armées d'éperons. — Outardes {Otis)y Fig. 748. — Tète de Grue caronculûe Kjrus carunctilala L.). Fig. 740. — Outarde CaiicpetiC'ro. A^ami. Agamis [Psophia), Kamichis [Palamcdea), Chaunas [Chaima). Les Agamis, Kamichis et Chaunas sont de grands Oiseau.^ doux et sociables de l'Amérique du Sud, qui s'apprivoisent facilement et peuvent être laissés dans les basses- cours avec la volaille. Dans les Guyanes, on trouve aussi l'Agami bruyant {Psophia crepikms) autour des fermes et jusque dans les rues des villes; sou- OISEAUX. — GALLINACÉS. 1043 vent même on met à profit son naturel courai,'eux et ses instincts autori- taires pour en faire un gardien de la basse-cour ou même des troupeaux de Moutons. QUATRIÈME ORDUE GALLINACÉS Oiseaux terrestres, à ailes courtes etarrondies; bec assez fort, convexe, membraneux à la base (cire) ; les trois doigts antérieurs, ou les deux externes seulement, réunis à la base par une courte membrane. Les Gallinacés ont le corps trapu, revêtu d'un plumage abondant, mais sans souplesse, la tète relativement petite, le bec convexe, plus ou moins recourbé vers la pointe, et offrant une base molle, membraneuse et garnie de plumes, entre lesquelles se trouvent les narines, recouvertes chacune par une écaille. Les pattes sont fortes, parfois emplumées jusque sur le pied; le pouce, presque toujours inséré au-dessus du niveau des autres doigts, peut se montrer tout à fait réduit. Les mâles dilTèrent souvent des femelles par un plumage brillant, par la présence d'appendices cutanés érectiles, d'ergots aux tarses, etc. Les Gallinacés sont des Oiseaux terrestres, à vol lourd et bruyant. Ils se nourrissent de baies, de graines, d'Insectes, de Vers, qu'ils dé- couvrent d'ordinaire en grattant le sol, d'où le nom de Gratteurs ou de Pulvérateurs qu'on leur donne quelquefois. Ils sont pour la plupart polygames, et la mère s'occupe seule de sa progéniture. Les petits sont précoces : ils vont immédiatement à la recherche de leur nourriture. Cet ordre, qui renferme les plus importantes espèces domestiques et que Claus compare très heureusement aux Mammifères ongulés, est représenté dans nos climats par deux familles principales, celles des Phasianidœ et des Telraonidx. Les PHASIANIDÉS réalisent le type le plus parfait des Galli- nacés. Ils ont la tète souvent garnie d'appendices charnus, ou sur- montée d'une aigrette. La queue est longue. Les pattes sont fortes, avec les trois doigts antérieurs réunis à la base et le doigt postérieur faible, situé au-dessus du niveau des autres; en outre, les mâles portent presque toujours un ergot. Les deux sexes sont assez différents: le mâle est plus fort et plus richement orné. Ils appartiennent pour la plupart à l'ancien continent. Cette famille se divise en plusieurs sous-familles, dont les principales seules nous occuperont : Melearjrinx, Numidinœ, Pavoninx, Phasianinx, Gallinx. Les MÉLÉAGRiNÉs ont la tète et la partie supérieure du cou dénu- dées et couvertes de saillies verruqueuses colorées en bleu et en rouge ; 1044 CHORDÉS. — VERTEBRES. à la base de la mandibule supérieure existe une caroncule érectile ; des sortes de fanons également érectiles pendent au-dessous de la mandibule inférieure. Les mâles ont de faibles éperons, qui dispa- raissent souvent sous l'influence de la domesticité. Dans les moments de passion, \\?> font la roue, c'est-à-dire qu'ils se pavanent en traînant les ailes, redressant en éventail les plumes de la queue, enflant leurs appendices céphaliques et faisant entendre un bruit particulier. Ce groupe, dont on fait quelquefois une petite famille à part, ne renferme qu'un seul genre. Les Dindons [Meleagris L.) comprennent deux espèces distinctes : le Din- don ocellé [M. ocellala), du Honduras et du Yucatan, et le Dindon vulgaire. Le Dindon vulgaire [M. gallopavo L.) porte à Tétat sauvage une livrée brunâtre plus ou moins métallique, et se distingue à première vue de l'autre espèce par la présence d'une touffe de crins sur le devant de la poitrine. Cette touffe est moins apparente chez la femelle, qui a en outre un plumage plus terne. On trouve cette espèce dans une grande partie du Canada, des États-Unis et du Mexique. Les Dindons sauvages se nourrissent d'herbes, de graines, de baies, de Vers ou d'autres petits animaux. La femelle pond dix à quinze et jusqu'à vingt œufs d'un jaune crémeux pointillé de roux. Le Dindon domestique {M. gallopavo domestica) revêt une livrée très variable Fig. 751 . — Dindon domestique. en raison de laquelle on distingue en France plusieurs variétés : le Dindon noir robuste, de forte taille, à plumage et pattes noirs; le Dindon blanc, à OISEAUX. — GALLINACÉS. 1045 pattes roses ; le Dindon (/es Ardennes, roux, avec les ailes blanches à l'extré- mité; le Dindon gris; le Dindon panache, etc. I.es Dindons de nos basses-cours descendent sans aucun doute du Dindon vulgaire, dont ils ont la touffe pectorale de crins, et dont quelques-uns ont conservé, quoique avec moins d'éclat, la livrée métallique. Mais on distingue dans cette espèce deux variétés, l'une (.1/. gallopavo var, americaiia) des États-Unis, l'autre {M. gallopavo var. me.ticana) du Texas et du Mexique. Or, certaines particularités du plumage montrent que les Dindons domestiques dérivent très probablement de la dernière, et celte manière de voir concorde fort bien, d'ailleurs, avec les documents historiques. Les noms de Dindon et de Coq d'Inde viennent évidemment de ce que le Mexique et les Antilles étaient autrefois appelés les Indes occidentales. 11 y a lieu de penser que cet Oiseau avait été domestiqué par les anciens Mexi- cains, et que ce sont les Espagnols qui l'ont introduit en Europe. C'est en effet Oviedo qui en parla le premier et le décrivit, en 152o, dans son His- toire des Indes occidentales. D'après I. Geoffroy Saint-Hilaire, il est bien établi que le « Coq d'Inde » a été importé en Angleterre sous Henri VIII, et en France sous Louis XII, et qu'il était déjà « commun es mestairies «vers 1550, comme le dit expressément Belon. C'est donc à tort qu'Anderson déclare que le premier Dindon qui fut mangé dans notre pays parut au festin des noces de Charles IX, en 1570. Remarquons enfin que le nom de Meleagris est le résultat d'une confusion, et provient de ce que divers naturalistes ont appliqué aux Dindons des indications fournies par les auteurs anciens rela- tivement aux Pintades. De même, le nom de Gallo-Pavo tient à ce qu'on avait d'abord regardé le Dindon comme résultant d'un croisement entre le Coq et le Paon. Le mâle est querelleur et méchant; il attaque les autres Oiseaux de la basse-cour, y compris même les Dindes et les Dindonneaux; il se jette aussi sur les Chiens et sur les enfants. S'il est jeune et vigoureux, il suffît à sept ou huit Dindes. Celles-ci sont en général plus douces. Elles pondent au printemps, vers l'âge de dix à douze mois; elles donnent un œuf chaque jour ou tous les deux jours suivant la tempé- rature, soit quinze à vingt en tout. Lorsqu'elles ont couvé de bonne heure, elles font une seconde ponte en juillet ou en août. Malheureu- sement, elles ont presque toujours la manie de cacher leurs œufs au dehors. Ces œufs sont d'un jaune crémeux, pointillés de roux. Les Dindes sont excellentes couveuses, et on estime surtout à ce point de vue la Dinde d'Italie. Elles couvent du reste les œufs de Poule ou de Cane avec les mêmes soins que les leurs propres. On peut leur donner à couver jusqu'à vingt-deux de ces derniers. Vincubaiion dure 28 à 30 jours. L'éclosion s'effectue en général plus facilement que celle des œufs de Poules. La Dinde est bonne mère, et surveille ses petits avec la plus grande sollicitude. Ceux-ci sont délicats et très impressionnables au froid et à l'humidité; il faut donc les entourer des plus grands soins. A l'âge de deux mois ils « prennent le rouge », c'est ainsi que leurs caroncules et leurs pendeloques s'injectent et acquièrent leur teinte rouge défi- 1046 CHORDES. — VERTEBRES. nitive. C'est pour eux une époque de crise souvent funeste {crise du rouge), surtout lorsqu'ils sont faibles à l'avance. Lorsqu'ils l'ont sur- montée, ils deviennent très robustes. Vers l'âge de six à sept mois, on les considère comme adultes. On peut alors les engraisser avec avan- tage, mais en les laissant en liberté. On ne châtre jamais les mâles. Les œufs de Dinde sont bons à manger, quoique moins délicats que ceux de Poule. La chair de ces animaux est très fine et tenue partout en haute estime : « un beau Dinde », comme on dit par abus dans le langage culinaire, est le morceau de choix des gourmets, surtout lors- qu'il est abondamment garni de truffes. Les Dindons blancs, qu'on élève de préférence en Brie, sont en outre recherchés par les plu- massiers, qui passent deux ou trois fois par an dans les fermes pour enlever, sur les côtés des cuisses, quelques poignées de plumes qui sont utilisées pour la parure ; ils paient pour cela jusqu'à cinq francs par tête et par an. On a pu faire féconder la Dinde par le Coq, mais le produit est demeuré infécond. Les NUMiDiNÉs ont le corps bombé, la queue courte et abaissée, la tète plus ou moins nue et ornée de huppes ou caroncules variables, les pattes généralement dépourvues d'ergot. Ce sont des Oiseaux africains. Le genre Pintade {Numida L.) est caractérisé par la présence d'un tuber- cule calleux sur le sommet de la tète et de deux barbillons sous la mandi- bule inférieure; le cou est nu en haut; le plumage est identique dans les deux sexes. On distingue dans ce genre : la Pintade commune, la Pintade mitrée [N. mitrata Pall.), la Pintade ptilorynque (iV. ptilorhyncha Licht.), etc. La Pintade conmiune {N. melcagris L.) a le fond du plumage noir, mais finement strié de cendré et parsemé de petites taches blanches arron- dies, entourées d'un cercle foncé; la poitrine et la partie emplumée du cou d'une teinte lilas; la partie dénudée d'un rouge nuancé de bleuâtre; les barbillons larges, d'un rouge vif; le tubercule calleux d'un bleu rougeàtre ; le bec jaune rougeàtre; les pattes gris ardoisé. La femelle se distingue du mâle par ses barbillons moins développés et moins arrondis, et son tuber- cule céphalique un peu moins fort. Cette espèce se rencontre à l'état sauvage dans l'ouest de l'Afrique, et en particulier dans les îles du Cap-Vert, se tenant dans les vallées buisson- neuses et les forêts; sa nourriture consiste en fruits, herbes, bourgeons, etc. Elle paraît vivre en monogamie. La femelle pond une douzaine d'œufs au milieu d'une touffe d'herbes. La Pintade domestique {N. meleagris domestica), aujourd'hui répandue dans nos basses-cours, n'est autre que la Pintade commune ou à barbillons rouges : elle a du reste conservé le type de l'espèce, à part les modifica- tions du plumage, en raison desquelles on distingue des variétés grise, blan- che, lilas, panachée, etc. OISEAUX. — GALLI.XACKS. 1047 La domestication des Pintades doit s'être effectuée d'abord en AlViii-ie. Les Grecs ont ensuite posséda la Pintade commune, qu'ils avaient vraisembla- blement reçue de Cyrène ou de Cnrlhage ; mais ce sont les Romains surtout qui se sont occupés de la multiplication de ces Oiseaux. Columelle indique même d'une façon très claire qu'on avait à Rome, outre la Pintade commune ( iV. 7nelea(jris), la Pintade à barbillons bleus {N. plilovhij)icha), que l'Europe n'a pas conservée. Pierre iîelon croit que nos sujets actuels ne dérivent pas directement de ces Pintades romaines, mais qu'ils proviennent d'individus réintroduits il y a quel(|ues siècles. Ajoutons que la Pintade commune est redevenue tout à fait sauvage à la Jamaïque, à Saint-Domingue, et peut-être aussi dans les îles de la Sonde. 11 faut un mâle pour dix à douze femelles. Chacune de cc\\esc'\ pond trente à quarante œufs et quelque (ois beaucoup plus, quand on les b'ig. 752. — Pintade domcsliiiuc. enlève un à un; mais elle n'aime pas pondre dans le poulailler. Du reste, elle délaisse le plus souvent ses œufs, et on est obligé de les donner à couver à des Poules ou à des Dindes, lis sont de teinte rou- geâtre ou orangée et parfois d'apparence tiquetée. La durée de Vincu- hation est de 27 jours. Les Pintadeaux s'élèvent à peu près comme les poussins, quoique un peu plus délicats dans le jeune âge. Dès qu'ils sont bien emplumés et que leurs barbillons sont devenus tout à fait rouges, ils se montrent très rustiques et n'exigent plus de soins particuliers. Ils se développent du reste rapidement. Les Pintades adultes vont pâturer aux champs, mais y causent des dégâts. Il est inutile de les engraisser par des procédés artificiels et de les chaponner. Les principales causes qui s'opposent à l'extension de l'élevage de ces animaux sont leur caractère querelleur, leur manie de pondre en dehors des habitations et leur cri désagréable. Les œufs des Pintades sont fort bons, quoique beaucoup moins gros 1048 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. que ceux de la Poule commune. Quant à la chair, elle est excellente et remplace avantageusement celle du Faisan après la fermeture de la chasse. La Pintade est un véritable gibier domestique. Par l'accouplement du Coq et de la Pintade, on a obtenu un produit paraissant stérile. Les PAvoNiNÉs, qui sont les plus grands des Gallinacés, ont un corps épais, un cou assez long et une tête petite, surmontée d'une aigrette dressée, et dépourvue de lobes cutanés. Les yeux sont entourés d'un espace dénudé ; les pattes sont armées d'un ergot chez le mâle. Celui-ci jouit, comme le Dindon, de la faculté d'étaler sa queue en éventail ; or, cette queue, qui se compose de dix-huit rectrices, se trouve cachée sous des tectrices très développées, à barbes lâches et soyeuses sur la longueur de la tige, serrées au contraire à l'extrémité, où elles forment une palette ou un croissant : cette extrémité élargie est décorée de taches en formes d'yeux. Ces Oiseaux vivent à l'état sauvage dans le sud de l'Asie. Le genre Paon {Pavo L.), qui à lui seul représente celte tribu, comprend deux espèces bien distinctes : le Paon vulfjaire (P. cristatiis L.) et le Paon spicifère (P. muticus L.), celui-ci habitant les îles de la Sonde. Le Paon vulgaire ou à crête a la tète, le cou et la poitrine d'un beau bleu à reflets pourpres, verts et dorés, le dos vert, le ventre noir, les ailes blan- ches rayées transversalement de noir. Sa tète est ornée d'une huppe com- posée de 20 à 24 plumes à tige grêle, terminées par une petite palette verte ; son bec et ses pattes sont brunâtres. Le plumage de la femelle, beaucoup moins riche, est d'une teinte générale brun clair, avec la gorge, la poitrine et le ventre blanchâtres, les ailes et la queue brunes. Le Paon se rencontre dans l'Inde et à Ceylan, où il vil. par paires. Il habite les forêts et les jungles, surtout dans les montagnes. Sa nourriture se compose de graines, de fruits, d'herbes, d'Insectes ; il tue même parfois des Serpents d'assez grande taille. Le Paox domestique (P. cristatus domesticiis) , quoique le plus beau de nos Oiseaux domestiques, n'a pas le plumage aussi brillant ni aussi touffu que les individus qui vivent à l'état sauvage. On en trouve, du reste, qui sont pies ou même blancs. On a même vu apparaître dans certains troupeaux, en Angle- terre, des sujets « à épaules 7ioires », et Sclater les a regardés, sans raisons suffisantes, comme des représentants d'une espèce distincte (P. nigripennis) qu'il supposait exister dans quelque pays encore inconnu. Les Paons domestiques, aujourd'hui répandus sur la plus grande partie du globe, ressemblent tellement au Paon vulgaire, qu'il est impossible de ne pas considérer celui-ci comme la souche de ceux-là. C'est l'expédition d'Alexandre qui a rapporté ce Gallinacé en Gi èce, et c'est à partir de cette époque seulement qu'il a été domestiqué. Au six" et au xv^ siècle, il était encore rare en Angleterre et en Allemagne. Dans nos basses-cours, il faut un Paon mâle pour quatre ou cinq femelles. La Paonne fait souvent dans l'année deux pontes de cinq ou OISEAUX. GALLINACES. 1041» six œufs chacune : ces œufs sont à coquille lisse, d'un blanc jaunâtre. Elle les cache avec soin dans les broussailles pour les soustraire aux regards du niAle, car celui-ci, plus encore que le Dindon ou le mâle de la Pintade, chercherait à les détruire. La Paonne couve quand elle a fait librement choix de son nid et qu'elle n'est pas dérangée par le 'if ^ et l"ig. 753. — Paon doniesliquc. mâle ; autrement, elle abandonne ses œufs, qu'il vaut mieux donner à une grosse Poule ou à une Dinde. Uincubation dure 30 jours. Les Paonneaux se montrent surtout délicats vers l'âge de six se- maines à deux mois, au moment où pousse leur aigrette : c'est l'équi- valent de la crise du rouge chez les Dindonneaux. Ils portent d'abord une livrée fauve, avec des raies brunes sur la tête, le cou et les ailes. lOoO CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. Le mâle ne forme sa queue que la troisième année; la femelle est adulte à deux ans. La chair des jeunes Paons est de bonne qualité, mais il est rare aujourd'hui qu'on mange ces animaux. Les Romains, au contraire, suivant l'exemple de l'orateur Hortensius, les recherchaient beaucoup à ce point de vue ; et même, ce luxe ne suftisant plus aux empereurs, on vit figurer sur les tables de Vitellius et d'Héliogabale des plats énormes de têtes ou de cervelles de Paons, mets insipides, dit Buffon, « qui n'avaient d'autre mérite que de supposer une dépense prodigieuse et un luxe excessivement destructeur ». Chez nous, les Paons sont en général des Oiseaux d'ornement; toutefois, on les élève encore dans les fermes pour leur plumage, qui est d'un bon rapport. Mais ils sont batailleurs; les mâles tuent même leurs petits, et ils ne vivent en bonne intelligence qu'avec les Dindons. De plus, ce sont des pillards de récoltes, aussi redoutables que les Lapins de garenne. Enfin, on sait combien sont discordants les cris qu'ils poussent surtout lorsque le temps est à la pluie. Les PHAsiANiNÉs ont la tête garnie de plumes comme le reste du «orps, sauf sur les joues, qui sont nues et verruqueuses ; la queue est longue, composée de seize à dix-huit rectrices disposées en toit, les médianes étant souvent très allongées. Le genre Faisan [Phasianus L.) a été divisé par les ornittiologistes ; mais on est loin de s'entendre sur la valeur et la délimitation des groupes ainsi formés, et nous ne nous y arrêterons pas. Le Faisan commun [Ph. colchicusL.) possède un fort beau plumage. Le mâle a la tète et le cou vert foncé à reflets bleus, avec deux petites touffes de plumes d'un vert doré sur les côtés de l'occiput; le dessous du corps est d'un brun châtain à reflets pourpres. La femelle est d'un gris roussàtre tacheté et rayé de noir. Le t'aisan commun est, comme son nom l'indique, originaire de la Col- chide (région située entre le Caucase et la mer Noire). C'est à l'expédition des Argonautes que l'Europe est redevable de l'introduction de ce bel Oiseau, rencontré sur les bords du Phase. Aujourd'hui encore, le Faisan habite l'Asie Mineure et les côtes de la mer Caspienne. Les Romains l'ont répandu dans toute l'Europe méridionale : en plusieurs points, il y vit à l'état com- plètement sauvage ; mais, dans nos régions tempérées, il a besoin de la pro- tection de l'Homme, qui surveille la reproduction et élève les jeunes dans des faisanderies, avant de les mettre en liberté dans les bois. Dans ces con- ditions, le Faisan est presque un animal domestique. Un mâle suffit à plusieurs femelles. Chacune de celles-ci peut pondre jusqu'à vingt-cinq et trente œufs, d'un vert jaunâtre. Toutefois, la Faisane ne se soucie guère de couver en captivité : on emploie comme couveuses de petites Poules. L'éclosion a lieu au bout de 25 ou 26 jours. Les Faisandeaux sont fort difficiles à élever. L'époque critique corres- OISEAUX. GALLINACÉS. HYoi pond pour eux au développement de la queue, (jui s'effectue vers rage de deux mois. — Le Faisan est chez nous le gibier le plus «stimé. Faisan coniiiuin. L'Asie centrale et la Chine nous ont aussi fourni quelques belles espèces du même groupe : le Faisan doré [Ph. pictm) et le Faisan de lady Amherst [Ph. Amherstiœ), qui sont des Thaumalea, le Faisan argenté [Ph. nycthemenis) qui est un Gallophasis, etc. Plusieurs s'hybrident entre elles. Les Crossoptiles {Crossoptilon), les Argus {Argua), les Poiyplectrons [Poli/- plectron) sont quelquefois aussi rangés dans la même tribu. Les GALLiNÉs ont pour caractères des joues nues et lisses, une crête dentelée sur la tête et un ou deux lobes charnus (barbillons) pendant au-dessous de la mandibule inférieure; la queue à 14 pennes est en forme de toit et recouverte, chez le mâle, de longues tectrices recour- bées en faucille, qui retombent en arrière du corps. Ce mâle possède, en outre, un éperon ou ergot puissant, arqué et aigu. Les Coqs {Gallus Brisson) sont originaires des Indes et de la Malaisie; cependant, les recherches paléontologiques et archéologiques ont démontré que des animaux de ce genre existaient déjà, sur divers points de l'Europe centrale et occidentale, à l'époque quaternaire. Les seules espèces bien connues qui vivent actuellement à l'état sauvage sont : le Coq Bankiva [G. Bankiva ou ferrugineus), répandu non seulement dans rinde et dans l'Indo-Chine, mais dans toute la Malaisie et jusqu'en 1052 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. Nouvelle-Calédonie (où il a probablement été introduit par les Malais) ; le Coq de Lafayette (G. Lafayettei ou Sianleyi), de Ceylan ; le Coq de Sonnerat ((t. Sonneratï), des montagnes de Chattes et de l'Inde orientale; le Coq Ayara- alas (G. varius ou furcatus), de Java. Ces animaux, qui sont monogames, vivent en général dans les forêts et les fourrés de bambous des montagnes, mais ils s'étendent aussi parfois jusque dans les plaines. Ils se nourrissent de graines, de bourgeons et d'Insectes. On assure que des hybrides de ces différentes espèces se rencontrent assez fréquemment. Le Coq domestique (G. gallinaceuft Pallas, G. domesticus Auct.) est représenté par une foule de races et sous-races dont les caractères sont en quelque sorte variés à l'infini. Nous noterons seulement quelques-uns de ces carac- tères, utilisés pour la classification des races. Les trois couleurs fondamentales du plumage sont, comme chez la plupart des animaux domestiques, le noir, le blanc et le roux. Les pattes peuvent être emplumécs jusqu'à la naissance des doigts. Il existe parfois une huppe sur la tète ; sur les côtés ou en arrière de cette région, les plumes peuvent former des favoris ou une cravate. La crête est divisée ou frisée, etc., dans certaines races ; ou bien elle s'atrophie jusqu'à disparaître entièrement. Les barbillons eux-mêmes sont plus ou moins développés. Enfin, la classification tire encore de bons caractères des oreillons, petits disques nus et colorés qui pendent au-dessous de la joue, en arrière du conduit auditif; du camail, formé par les plumes de la partie inférieure et postérieure du cou ; des lancettes, plumes qui descendent des reins pour couvrir les cuisses, etc. (1). Nous ne pouvons songera signaler ici toutes les races que décrivent les auteurs spéciaux, d'autant qu'on ne possède encore aucune classification passable ; quelques-unes seulement peuvent être citées comme types. En première ligne, il faut placer le Coq de ferme ou Coq gaulois, représentant notre race commune, primitive, qui tend à disparaître sous l'intluence des croisements ; à côté de lui nous avons, en France, la race des Ardennes, puis les races de la Bresse, de Barbezieux, de la Flèche, de Hoiidan (à cinq doigts), de Crèvecœur, etc. Parmi les races étrangères, nous signalerons les races de Padoue, dont l'origine est mal connue, de Hambourg, de Bréda, italienne ou Leghorn, espagnole, de Borking (à cinq doigts), cochinchinoise ou de Shanghaï, de Yokohama, de Bantam, de combat, négresse, etc., etc. La plupart des naturalistes admettaient naguère encore que les différentes races et sous-races de Poules domestiques dérivent d'une espèce unique, le Gallus Bankiva. Ils se basaient à la fois sur la ressemblance étroite que pré- sente cette espèce avec certaines de nos races, et sur ce fait que les trois autres formes sauvages ne donnent, par le croisement avec les races domes- tiques, que des hybrides stériles. Mais cette manière de voir s'est trouvée sérieusement ébranlée par la découverte d'ossements de Coq dans les dépôts quaternaires de diverses régions de l'Europe, notamment dans ceux d'Olmùtz (Moravie) et dans les grottes de Gourdan, de Lherm et de Bruniquel (France méridionale). Il est possible que ce Coq européen (représentant lui-même, peut-être, une variété de Bankiva) ait donné naissance à quel- (1) Voir Ch. Jacque, Le Poulailler, b^ édit. Paris, 188-2. OISEAUX. — GALLINACÉS. 1053 ques-unes de nos races, et que le Bankiva de l'Inde en ait produit d'autres, importées plus tard dans nos régions et croisées, à des degrés divers, avec les premières. Nous ne possédons aucun document capable de nous renseigner d'une façon précise sur l'épocfue à laquelle remonte la domestication du Coq. Toutefois, les plus anciens manuscrits démontrent qu'elle était effectuée dans l'Asie centrale dès les temps les plus reculés. Nous apprenons, en effet, par le Zend-Avesta, que le Coq était un des Oiseaux dont Ormuzd avait fait pré- sent à l'humanité, et que la religion mazdéenne prescrivait aux fidèles d'élever dans leurs demeures trois animaux : un Chien, un Bœuf et un Coq, « représentant du salut matinal •>. Ce liallinacé fut importé de l'Asie méridionale en Grèce un peu après rig. Tdo. — Coq el foules, race commune. l'époque d'Homère; de là, il passa en Italie. Il existait en Grande-Bretagne lorsque Jules-César aborda dans cette ile ; il était également élevé depuis longtemps en Gaule. Pour que la fécondation s'opère bien, il faut en moyenne un Coq pour douze à quinze Poules : en augmentant le nombre de celles-ci, on s'exposerait à recueillir beaucoup d'œufs non fécondés (œufs clairs). La somme totale des œufs pondus chaque année par une Poule est très variable, mais peut atteindre un chiffre considérable : cent cinquante à cent quatre-vingts, quelquefois plus. La couvée habi- tuelle se compose d'une douzaine d'œufs; la durée de l'incubation est le plus souvent de vingt et un jours. Les Poussins s'élèvent assez faci- 10o4 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. lement. Vers l'âge de six semaines, ils quittent leur mère et pren- nent le nom de Poulets. Au bout de quelques mois, ceux-ci peuvent être livrés à la consommation. Souvent, d'ailleurs, on les engraisse par divers procédés. L'engraissement est facilité par la castration^ qu'on fait subir aux Coqs vers l'âge de quatre mois : on obtient ainsi des Chapons. Quant aux Poulardes, ce sont de jeunes Poules vierges, n'ayant pas encore pondu, qu'on engraisse sans aucune opération préalable. — Il est inutile d'insister sur l'importance alimentaire et la qualité de la chair de ces animaux, qui tiennent le premier rang parmi nos Oiseaux domestiques. Mais, à côté de ce produit, nous- devons encore citer les o'ufs et les plumes, celles-ci diversement uti- lisées par l'industrie. Les œufs de Poule sont consommés dans une proportion infiniment plus considérable que ceux des autres Oiseaux, tout au moins en Europe. A Paris, il en est introduit chaque année plusieurs centaines de millions. Or, l'œuf a tous les caractères d'un aliment complet et, à ce titre, il remplit un rôle de premier ordre dans la bromatologie et la thérapeutique. Le jaune renferme une substance albuminoïde appelée vitelline, des corps gras, des matières extractives, des sels, etc. Le blanc ou albumen contient de l'albumine, des graisses, du glucose, des matières extractives, des sels, etc. Enfin, l'enveloppe elle-même est formée de matières organiques, de carbonate et de phosphate de chaux. Ces trois parties ont leur emploi médical : la coquille peut servir comme anti-acide ; on l'utilise contre la diarrhée des jeunes animaux; le blanc d'œuf peut être administré avec avan- tage dans les empoisonnements causés par de nombreux sels métalli- ques; le jaune enfin sert à émulsionner les corps gras, les rési- nes, etc. En croisant le Faisan commun et la Poule, ou le Coq et la Faisane, on obtient le Coquart, dont le mâle est stérile et la femelle féconde. A côté des Coqs, dans le même groupe ou dans des groupes voisins, on peut placer les Tragopans {Ceriornis), les Lophophores {Lophophorus), etc. Les TÉTRAONIDÉS ont la tète toujours garnie de plumes, n'offrant au plus qu'une bande nue au-dessus de l'œil. Les mâles sont en général dépour- vus d'ergots. A signaler dans cette famille : Les Lagopèdes {Layopus), à tarses et doigts emplumés. Lagopède muet (L. mutus) ou Perdrix blanche, des Alpes et des Pyrénées ; plumage devenant blanc en hiver; Lagopède d'Ecosse (L. scoticus) ou Grouse, de la Grande- Bretagne. Les Tétras [Tetrao), qui comprennent : le Coq de bruyère (T. uroyallus), le Lyrure des bouleaux ou petit Coq de bruyère (T. lelrlx) ; la Gelinotte (T. bo- nasia), monogame. Ces Oiseaux habitent les montagnes boisées de l'Europe et de l'Asie. OISEAUX. GOLOMBINS. io;i;> Les Perdrix [Vcrdix], dont on rencontre plusieurs espèces en France; la Perdrix grise (P. cincrea), partout répandue; la Perdrix rouge (P. riibra), du midi et du centre; la Hartavolle (P. grœca), de passage dans les monta- Fier. TaC. — F'erdiix Kiisc. gnes; la Perdrix de roche (P. petrosa), de Provence et de Corse. Francolins {Francolinus) s'en rapprochent beaucoup. — Les. [•'i";. 7o7. — Caille cor Les Cailles {Coiwnix), représentées chez nous par la Caille commune (C. vulgaris), petit gibier de passage. — Les Colins iOrtyx), Amérique du Nord. CINQUIÈME ORDRE COLOMBINS Ailes pointues; bec faible, renjlé et membraneux autour des narines (cire); le doigt postérieur articulé au même niveau que les trois anté- rieurs, tous ordinairement libres. Les Colombins ou Pigeons, encore appelés Gyraleurs, ont été long- 1056 GHORDÉS. — VERTÉBRÉS. lemps réunis aux Gallinacés, dont ils se distinguent pourtant par d'importants caractères. Ils ont le bec plus faible et sont meilleurs voiliers ; leur bréchet offre des échancrures moins profondes. Les pattes sont courtes, les doigts libres ou les deux externes seulement réunis à la base. Le plumage est lisse et diffère à peine dans les deux sexes. Tous les Pigeons sont monogames et le mâle, comme la femelle, prend part à l'incubation. Tous sont nourriciers : leurs petits, au lieu d'être précoces comme ceux des Gallinacés, naissent presque nus, les pau- pières closes, et doivent attendre la nourriture que leur apportent leurs parents. Or, à l'époque de la reproduction, le jabot de ceux-ci est le siège d'une sécrétion particulière : il se produit, dans les deux culs-de-sac latéraux, un liquide crémeux que l'animal dégorge pour alimenter ses petits. Ce liquide est fourni, non par des glandes, mais par des formations transitoires au niveau desquelles se produit une multiplication active de cellules épithéliales modifiées, remplies de graisse. Cette sécrétion se continue jusque vers le vingtième jour après l'éclosion (Charbonnel-Salle et Phisalix), A l'état adulte, les Colombins vivent presque exclusivement de sub- stances végétales, et en particulier de grains. Aussi sont-ils nuisibles à l'agriculture. Les GOLUMBIDÉS sont caractérisés par leurs mandibules à bord lisse et non dentelé. Cette vaste famille a été divisée en plusieurs tri- bus, dans le détail desquelles nous n'entrerons pas. Genre Pigeon {Columha L.). — Les Pigeons proprement dits ou Colombes se distinguent surtout à leur queue courte, presque tronquée à angle droit, à leur bec court et faible et à leurs doigts externes réunis à la base. Ces Oiseaux sont répandus dans les deux mondes, mais ils sont surtout abondants sur l'ancien continent. Il en est qui perchent sur les arbres, comme le Colombin (C. œnas), d'autres qui perchent et nichent sur les ro- chers, comme le Pigeon de montagne (C. leuconota), de l'Himalaya, le C. rupes- tris de l'Asie centrale, et le C. livia. Le Pigeon biset (C. livia L.), auquel on donne encore le nom de Piyeoit de roche, a presque la même coloration dans les deux sexes. Les parties supérieures du corps sont d'un gris ardoisé plus ou moins clair; les côtés et le bas du cou sont d'un vert chatoyant, à reflets bleus et violets ; les ailes sont traversées par une bande d'un gris blanc encadrée de deux bandes noires; le croupion est d'un blanc pur; la queue est d'un gris noirâtre, avec une large bande noire terminale : le dessous du corps est ardoisé. Bec noi- râtre à la pointe, iris et pieds rouges. A côté de ce type, on a voulu distinguer, à titre d'espèces, des formes qui offrent avec lui certaines différences de plumage. Tel est le cas du Columba affinis des falaises de l'Angleterre, plus petit que le Biset, et dont les tectri- ces alaires sont tachetées de noir ; tel est celui du C. intermedia ou Biset sau- vage de l'Inde, dont le croupion est souvent bleu au lieu d'être blanc, etc. OISEAUX. — COLOMBINS. I0o7 Lucien Bonaparte tendait môme à regarder comme espèces distinctes le C. turricola de l'Italie, le C. rupcstris de la Daourie et le C. Schimperi de l'Abyssinie, qui ne diffèrent du Biset que par des caractères insignifiants. Il s'agit, en réalité, de simples variétés se rattachant toutes au C. livia. Ainsi compris, le Biset, dit Darwin, « oc- cupe une aire géographique immense s'é- tendant depuis la côte méridionale de la Norvège et des îles Fa?roer jusqu'aux bords de la Méditerranée, Madère et les îles Ca- naries, l'Abyssinie, l'Inde et le Japon. Le plumage du Biset varie beaucoup ; il est souvent tacheté; il a le croupion blanc ou bleu ; les dimensions du corps et du bec présentent aussi quelques légères varia- tions. » Le Biset niche dans les crevasses des ro- chers ou des vieux murs; deux fois par an, dit-on, la femelle pond deux œufs blancs, que le mâle lui aide à couver dans une faible mesure. ■ Pijïcon fuyard ou Biset domestique. Le Pigeon domestique (C. domcstka L.) (, f"'?- ^«3.- Paltc d Alouette d Insectes, de Iruits, de grains, mais on peut afflr- calandre. mer, en thèse générale, que ce sont des animaux utiles, et qu'ils rendent à l'agriculture les plus grands services. Les espèces sont d'ailleurs d'autant plus insectivores que leur bec est plus grêle, d'autant plus granivores qu'il est plus gros. / jusqu'au milieu : ) g^^ ^ ^^ j jj^, Lévirostres. i ^yndactyles. \ ° Doigts externes \ g^^ g^..,g^ allongé Ténuikostres. ' à la base : ] Bec conique, fort Conirostres. Dcoclaclyles, j Bec denté vers la pointe Dentirostres. Bec fendu profondément Fissuiostres. reunis !<='■ sous-ordre : Lévirostres. — Les Lévirostres {kvis, taible ; rostrum, bec) ou Syndactyles (cûv, ensemble ; 5à)CTuXo;, doigt) ont un bec long, mais faible ; leur doigt externe, presque aussi long que le médian, lui est soudé jusqu'à l'avanl-dernière phalange. Ex. : les Martins-Pècheurs (Alcedo), les Guêpiers [Merops), dont une espèce {M. apiaster) se rencontre dans le midi de l'Europe, où elle nuil aux ruches; les Rolliers [Coracias), les Calaos (Buceros). 2* sous-ordre : Ténuirostres. — Le bec est grêle, allongé, droit ou arqué. 1062 CHORDES. VERTÈBRES. sans échancrure. Ces Oiseaux, qui se rapprochent des Grimpeurs, commen- cent la série des Déodactyles {Séa, lier), c'esl-à-dire des Passereaux dont les deux doigts externes ne sont soudés qu'à la base. Ils sont insectivores. Huppes {Upiipa), Colibris {Trochilus), Grimpereaux [Certhia], etc. Fig. T61. — Tète H'Oi- -, « . ^ ^• seau-Mouche. ^'^ sous-ordre : Conirostres. — Ces Oiseaux représen- tent le type le plus parfait des Passereaux. Ils ont le bec fort et conique, sans échancrures. Ils vivent en société et se nourrissent de grains et de fruits, mais en général ne dédaignent pas non plus les Insectes, de telle sorte que souvent, au point de vue de l'agricul- ture, les services qu'ils rendent font plus que compenser les dégâts qu'ils causent. Les Fringillidés sont très nombreux en espèces. Citons les Pinsons ou Fringilles (Fringilla), comprenant : le Pinson ordinaire (F. cœlebs), le Pinson d'Ardennes (F. montifrin- (jilla), la Linotte commune (F. linota), le Chardonneret (F. carduelis), etc. — Les Moineaux {Passer) : Moineau franc (P. domesticus) ; Moineau friquet (P. montanus) ; Verdier (P. cJdoris). — Fig. 7();i. — Tète de .Moineau franc. Bouvreuil commun. Les Gros-Becs (Coccothraustes) : Gros-Bec commun [C. vulgaris). — Les Bou- vreuils {Pyrrhula) : Bouvreuil commun (P. vulgaris); Canari ou Serin des OISEAUX. — PASSEREAUX. \(W\ Canaries {P. canaria). — Les Recs-Croisés (Loxia) : Rec-Croisé commun (L. curvirostra). Non loin des Fringiilidés se rangent les Rruants [Eiaherizo.) : limant •des roseaux (£. schœnicluA) ; Rruant jaune (E. citrinella) ; Ortolan (£. hor- tulana) ; Proyer (E. miliaris); etc. ; puis les Alouettes {Alauda) : Alouette des champs (.1. (irverifiis) ; i.ulu des bois [A. arbarea); Alouette huppée ou Cochevis (.1. crlstata); Calandre vulgaire {A. calandra) ; etc. A quelques familles voisines appartiennent en outre un grand nombre de Passereaux répandus aujourd'hui dans nos volières, tels que les Cardinaux {CanlinaUs), les Sénégalis {Lagonoxlicta), les Rengalis {Maripom), les Veuves (Vidua), etc. Les Républicains {Ploceus socins), de l'Afrique méridionale, bâtissent en général leurs nids sous un toit commun. On peut ranger encore dans les Conirostres les Oiseaux suivants, princi- palement insectivores ou même carnassiers, que divers auteurs tendent au contraire à faire passer dans les Dentirostres : Mésanges {Parus) : Mésange Charbonnière (P. major); petite Charbonnière {P. ater) ; Mésange à tête bleue (P. cœrulcua). — Étourneaux [Sturnits) : Etourneau commun ou Sansonnet {St. vulyaris, débarrasse nos Moutons de leur vermine ; .Martins {Paator); Pique-Rœufs [Baphaga) : Pique-Rœuf d'Afrique {B. africana), enlève les larves d'Hypodermes qui se développent sous la peau des Rœufs ; etc. — Corbeaux {Corvus) : Corbeau commun {Corviiscorax), de la grosseur d'un Coq ; Corneille ou petit Corbeau (C. corone) ; Corneille mantelée (C. cornix) ; Freux (C. frugilegus) : Choucas des tours (C. monedula). — Pies {Pica) ; Pie vulgaire (P. caudatu). — Geais {Garridus) : Geai commun [G. glandarius). — Loriots (Oriolus) : Loriot vulgaire (0. galbula) ; etc. !i° sous-ordre : Dentirostres. — Les Dentirostres ont le bec tantôt subulé, tantôt faiblement recourbé ; la mandibule supérieure offre une échancrure vers son extrémité. La plupart de ces Oiseaux sont insectivores. Les Pies-grièches [Lanius) s'attaquent souvent aux petits Oiseaux. Pie-grièche grise (L. cxcubi- J,or), Pie-grièche d'Italie (L. minor), etc. Les MotacilUdés sont encore appelés Becs-Fins -car ils ont tous le bec droit, long, mince et pointu ; Fig. tôt. — ïcie do Pie-grièche. leur queue est longue et échancrée. — Hochequeues {aiotacilla) : Hochequeue lavandière ou Rergeronnette (M. alba); Bergeron- nette jaune {M. flava). — Pipis [Ardhus) : Pipi des prés {A. pratensis): Pipi aquatique (A. aquaticus); Pipi des arbres {A. arboreus). Les Sylviadés se rapprochent beaucoup des précédents: Fauvettes {Sylvla) : Fauvette des jardins (S. hortensis) ; Fauvette babillarde (S. ciirruca) ; Fau- vette à tète noire (S. atricapilla), etc. — Pouillots {Phyllopneuste) : Pouillol fitis (P/t. irochilits) ; Rossignol bâtard ou Chanteur des jardins {Ph. hypolais). — Troglodytes [Troglodytes) : Troglodyte mignon [T. parvulus), souvent appelé, mais à tort, Roitelet. — Roitelets [Regidus): Roitelet huppé [R. cris tatus). Les Turdidés ont le bec comprimé et garni à la base de soies courtes. — Grives [Turdus), comprenant les Grives proprement dites, à plumage mou- cheté de taches noires ou grivelures : Grive chanteuse ou des vignes (T. mu- sicKS), Mauvis (T. iliaciis), Litorne {T. pilaris), Draine (T. viscivorus) ; et les ■106^ CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. Merles, à plumage presque unicolore : Merle noir (T. merula), Merle à plas- tron ou de montagne (T. torquatus), etc. — Tariers {Pratincola) : Tarier Fig. 768. — Fauvette à tête noire. commun (P. ruhetra) ; Tarier rubicole (P. rubicola). — Traque ts {Saxicola) : Traquet motteux (S. œnanthe). — Rossignols {Luscinia) : Rossignol philomèle (L. philomela); Rouge-Gorge (L. rubicula) ; etc. 5*= sous-ordre : Fissirostres. — Le bec est court, plat, non échancré à la pointe et fendu très profondément. Le pouce est quelquefois dirigé en avant, comme les autres doigts. Ces Oiseaux, qui se rap- prochent des Rapaces, sont insectivores. Principaux représentants : Engoulevent {Caprimul- gus). — Hirondelles {Hirundo) : Hirondelle de che- minée (H. ruslica), à gorge rousse ; Hirondelle de fenêtre ou à cul blanc {II. urbica) ; Hirondelle de l'ivage {H. riparla) à dos gris brun ; etc. — Martinets Tète d'Hiiondeiie. [Cypselus) : Martinet noir {C. apiis). — Salanganes [Cullocalia) : Salangane comestible (C. .csculenta). Salangane Kusappi (C. fuciphaga), etc. Fis;. 769. Les Salanganes vivent sur les côtes de l'Asie méridionale et des îles de la Sonde. Elles sont devenues célèbres par leurs nids, qui constituent un aliment très recherché des Chinois et qu'on importe même en Europe. Ces nids sont établis dans des cavernes obscures, dont le fond est généralement couvert par les eaux de la mer. Celui de la Salangane comestible est formé d'une matière translucide blan- châtre ou brunâtre, et marqué de stries transversales ondulées ; dans celui du Kusappi, il entre en même temps des tiges d'herbes ou d'autres corps étrangers. On a beaucoup discuté sur l'origine de la substance qui compose essentiellement ces nids : beaucoup ont pré- OISEAUX. — RAPACKS. 1065 tendu qu'il s'agissait de fucus, de frai de poissons, de chair d'ani- maux marins, etc. ; Everard Home a annoncé qu'elle était due à une sécrétion du jabot; mais les observations de Bernstein paraissent démontrer qu'elle est produite par les glandes salivaires, lesquelles deviennent turgescentes pendant la saison des amours. Il s'agirait d'une matière albuminoïde, analogue à la mucine, et à laquelle Payen a donné le nom de cubilose. On récolte la plus grande partie de ces nids à .lava, et on les importe en Chine, où ils sont payés parfois un prix fabuleux. NEUVIÈME ORDRE RAPACES Oiseaux à bec très fort et crochu^ offrant une cire à la base ; doigts armés de griffes puissantes et recourbées (serres), les trois antérieurs réunis à la base par une courte membrane. Les Oiseaux de proie ou Rapaces, comme les prédateurs en général, sont remarquables par leur conformation robuste, la puissance de leurs armes (bec et serres), la délicatesse de leurs sens. Leurs ailes sont longues, leur vol rapide et soutenu. Ce sont des Oiseaux carnassiers : ils se nourrissent fréquemment de la chair des Mammifères et des Oiseaux moins puis- sants qu'eux; quelques-uns se contentent de cadavres. Dans tous les cas, ils maintiennent la proie à l'aide de leurs serres et la déchirent avec leur bec. Les aliments séjournent un certain temps dans le jabot, où s'effectue une sorte de triage, et les parties résistantes que l'animal ne pig 770 _ ^^^^3 de' Gypaète. pourrait digérer, comme les os, les poils et les plumes, sont rejetées à l'extérieur. Le gésier est mince et membraneux. Les Rapaces sont monogames. Les petits qui viennent de naître sont faibles et nus. 2 sous-ordres : Nocturnes et Diurnes. 1*' sous-ordre : Nocturnes. — Ils ont le bec presque toujours recourbé dès la racine et la cire cachée par des plumes sétiformes. Leurs yeux sont grands, dirigés en avant et entourés d'un cercle de plumes. Leurs ailes sont arrondies, dentées, et leurs plumes souples, ce qui permet un vol silencieux. Ces Oiseaux restent d'ordinaire cachés pendant le jour dans les trous des murailles ou des arbres. Ils se nourrissent d'Insectes et surtout de petits Mammifères; ils s'attaquent peu aux Oiseaux. Aussi se placent-ils au pre- mier rang parmi les animaux utiles à l'Homme. Il importe donc de s'élever avec force contre les préjugés ridicules qui les font poursuivre dans les cam- pagnes, et en particulier contre la coutume barbare et stupide qui consiste à les fixer en croix aux portes des granges ou des habitations. Dans l'esto- mac d'une Hulotte, Martin a trouvé 75 grandes Chenilles qu'elle avait mangées en un seul repas, et Lenz a calculé qu'une Chevêche commune consomme par an plus de 1500. Souris ou autres petits Rongeurs. ■1066 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. Tous ces Oiseaux se ressemblent beaucoup. Les genres les plus impor- tants sont : les Effraies {Slrix), à bec droit à la base, à disques périophtalmiques complets, cordiformes : Effraie commune {St. flammea). — Les Hulottes {Syrniiim), à disques larges, à orifice auditif petit : Hulotte Chat- Huanl (S. aluco). — Les Hiboux [Otus), caractérisés par la présence de deux faisceaux de plumes formant comme deux oreilles saillantes : Hibou vulgaire (0. vul- garis). — Les Ducs [Bubo], à disques incomplets, irré- „. _,. ,„., . ,..,. guliers : Grand-Duc (B. maximus). — Les Surnies [Sur- Fig. 771. — lele de 1 hl- " ^ ' ^ fraie commune. nia), à bec presque entièrement couvert de plumes : Chouette ou grande Chevêche (S. uhda) ; Chevêche com- mune (S. noclua) ; Chevèchette {S. passerina) ; etc. 2" sous-ordre : Diurnes. — Ces Oiseaux, les plus forts de toute la classe, ont la base du bec enveloppée par une cire ordinairement bien visible, les yeux latéraux, les ailes allongées et pointues. Ils planent souvent dans l'atmosphère à une très grande hauteur, en cherchant une proie. Un certain nombre de ces Rapaces peuvent être classés, sans hésitation, parmi les animaux nuisibles : par exemple les Faucons, les Éperviers, les Hobereaux, les Milans, qui détruisent une grande quantité de Passereaux. Mais les espèces lourdes, comme les Buses, Busards, Harpayes, Bondrées, auxquelles leurs ailes relativement courtes ne permettent pas de poursuivre les petits Oiseaux, et qui s'attaquent par suite aux petits Mammifères ou aux Insectes, ces espèces rendent en général plus de services qu'elles ne causent de pré- judice à l'agriculteur. Tels sont les Vautours {Vultur), les Condors {Sai'coraniphiis), etc., qui ont la lêle et le cou plus ou moins nus. — Les formes suivantes ont au con- traire ces parties emplumées : Gypaètes {Gypaetus) : Gypaètes des agneaux {G. barhaliis). — Aigles [Aquila] : Aigle fauve [A. fulva); Aigle impérial {A. imperUdis), etc. — Milans {Milvus) : Milan royal [M. regalis). — Buses {Buteo) : Buse commune [B. vulgaris). — Bondrées [Pernis) : Bondrée apivore (P. apivorus), déterre les nids de Guêpes. — Autours {Astur) : Autour •commun (A. paliimbarius), chasse surtout les Pigeons. — Éperviers {Nisus) : Épervier commun [N. communh). — Faucons [Falco), étaient autrefois dressés à la chasse : Crécerelle vulgaire ou Émouchet (F. tinnuncidus) ; Crécerine {F. cenchris) ; Hobereau (F. subbuteo) ; Émérillon (F. œsalon) ; Faucon commun (F. percgrinus) ; Gerfaut blanc (F. candicans). — Busards {Circiis): Busard ■commun (C. cyaneus) ; Harpaye (C. rufus) ; etc. — Serpentaires (Gypo.gemnus) : Serpentaire reptilivore ou Secrétaire (G. serpentarius), d'Afrique ; se nourrit principalement de Serpents. CLASSE V MAMMIFÈRES Vertébrés à sang chaud., revêtus de poils et pourvus de glandes lac- taires ; deux condyles occipitaux ; circulation double, complète; respi- ration exclusivement pulmonaire. Vivipares; embryons pourvus d'un umnios et d'une allantoïde. MAMMIFERES. lOOl Les Mammifères marquent le degré le plus élevé de lorganisalion animale (1). Chez la plupart d'entre eux, la tète, le cou, le tronc et la queue ■constituent des régions bien séparées et, dans le cas même où leurs limites tendent à s'eflacer sur Faninial vivant, on les reconnaît faci- lement sur le squelette. La peau comprend, comme chez tous les Vertébrés, deux couches distinctes : le derme et lépiderme. Celui-ci, composé de cellules juxtaposées qui forment d'ordinaire un revêtement mince et souple. f ^i^ii;?ii^ml^l^œ ig. ~~i. — Soction de la peau de l'Honime, prati(|U(^e au niveau de la pulpe d'un dois;!, parallèleinonl aux crêtes. — 1, couche cornée de l'épiderme. *, portion profonde de la même couche, formée de cellules moins aplaties. 1, couche muqueuse. 3, papilles. 4, derme. 5, tissu adipeux sous-culanê. 6, canaux excréteurs des glandes sudoripares dans l'épiderme. 6', les mêmes dans le derme. 7, glomé- rules des glandes sudoripares. 8, section d'un vaisseau sanguin (Cruvcilliier). se modifie sur certains points et donne alors naissance à des pro- ductions variées : callosités, ongles, sabots, cornes, écailles, poils, glandes. Il est à remarquer que les caractères exclusifs les plus importants de la classe sont fournis précisément par certaines de •ces productions : nous voulons parler du système pileux et des glan- des mammaires. Les poils existent, en effet, chez tous les Mammifères. Ceux mêmes qui paraissent en manquer tout à fait en possèdent des vestiges, soit pendant le jeune âge, soit dans des régions où ils sont cachés par des plis. Un poil n'est autre chose qu'un appendice tégumentaire dérivé de la couche épidermique et implanté dans une étroite cavité qui pénètre jusque dans la profondeur du derme et porte le nom de follicule pileux. Celui-ci offre à son fond une saillie (1) C. VooT, Les Mammifères. Paris, 1884. — 0. Schmidt, Les Mammifères dans leurs rapports avec leurs ancêtres géologiques. Paris, 1887. — K. A, Zittel, Traité de paléontologie : Mammalia. Paris, Munich et Leipzig, 1894. 1068 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. conique, vasculaire et nerveuse^ la papille, qui est l'organe produc- teur et nourricier du poil. Au follicule sont annexés, en outre, des glandes sébacées et un faisceau musculaire lisse qui est situé du côté de l'inclinaison du poil et s'étend de la face super- ficielle du derme au fond du follicule. Quand ces faisceaux, qu'on a qualifiés ajuste titre de muscles horripilât eur s, entrent en contraction sur une sur- face étendue, on voit les poils se redresser en sou- levant la peau : c'est à ce phénomène qu'on donne le nom de « chair de poule ». Dans le poil lui- même, on distingue une partie libre, la tige, et une partie cachée dans le follicule, la racine ; celle-ci offre à sa base un renflement, le bulbe du poil, qui coiffe la papille. Sur une coupe, le poil se montre formé de trois couches superposées : une cuticule, mince lamelle constituée par des cel- lules cornées, une couche corticale munie de granu- lations pigmentaires qui font défaut dans les poils blancs, et une substance médullaire, qui peut man- quer entièrement (Porc). Le pelage des Mammifères comprend le plus souvent deux sortes de poils : les uns, plus ou moins longs et raides, sont appelés jarres; les autres, courts, fins et doux, constituent le duvet ou la bourre. Le développement relatif de ces deux éléments pileux est très variable suivant la tempé- rature : le duvet se montre surtout abondant en hiver et dans les pays froids. — On donne spécia- lement le nom de crins aux jarres épaisses, longues et flottantes (Cheval) ; on appelle soies celles qui sont droites, fortes et raides (Porc); piquants, celles qui sont épaisses, rigides et pointues (Porc-épic). Quant à la laine, c'est un duvet à poils longs, fins et onduleux. — Les follicules pileux sont toujours pourvus de nombreuses terminaisons nerveuses, qui transmettent les impressions tactiles; mais cette disposition est surtout bien accusée dans les vibrisses, véritables organes du tact, qui sont implantés dans la lèvre supérieure de beaucoup de Mammifères. La disposition et la coloration du système pileux fournissent des élé- ments importants à la zoologie descriptive, mais il faut tenir compte de certaines variations qui peuvent se produire sous des influences diverses. Ainsi, dans les régions tempérées, la teinte du pelage devient souvent blanche en hiver (Hermine). On sait aussi quelle a été, à cet Mg. 773. — Follicule pi- leux du cuir chevelu de l'Homme, avec son poil, isolé par la coclion et la macération. — 1, fol- licule pileux. £, couche muqueuse. 3, couche cornée de son épidermc. 4, poil. 5, papille du poil. 6, glande sébacée annexée au follicule. *, col du follicule (Cru- vcilhicr). MAMMIFÈRES. 1069 égard, l'inlluence de la domesticalion : nous noterons seulement la prédominance, chez nos animaux domestiques, des trois couleurs blan- che, noire et rousse. — D'autre part, il ne faut pas oublier que les poils tombent, chez beaucoup de Mammifères, d'une façon périodique, et qu'ils sont remplacés par d'autres se formant dans les mêmes folli- cules. A cette mue correspond souvent un changement de couleur. Les ongles sont encore des formations épidermiques; ils sont tantôt plats, commechezlesSinges, tantôt crochus, comme chezlesCarnivores; et, dans ce dernier cas, on leur donne le nom de griffes ; mais ils ne recouvrent jamais que la surface dorsale des derniè- res phalanges. Ils se distinguent ainsi des sabots^ qui enveloppent complètement l'extrémité du doigt. On s'est autrefois basé sur ces différences pour établir deux grands groupes parmi les Mammifères : les Onguiculés, à doigts mobiles garnis d'ongles ou de griffes, et les Ongulés, à doigts enveloppés par des sabots. Les petites écailles cornées de la queue des Rongeurs, les grosses écailles imbri- quées qui forment la cuirasse des Pango- lins, l'étui des cornes des Bovidés, les cornes des Rhinocéros, etc., sont encore des formations épidermiques. Mais la cui- rasse des Tatous et les bois des Cerfs, au contraire, sont produits par ossification du derme. Les glandes cutanées sont très répan- dues. Les unes, appelées glandes nudori- pares, sont, comme leur nom l'indique, p chargées de sécréter la sueur. Les autres, glandes sébacées, s'ouvrent généralement dans les follicules pileux et sécrètent une substance grasse destinée à lubrifier la g. 774. — Glaudcs sébacées du ne/., vues à un grossissement d'environ 50 diamètres. — A, glande utriculaire simple, sans poil. B, glande composée, s"ouvrant à l'extérieur par un orilice commun avec un l'oUicule pileuji (Gruveilliicr). surface tégumentaire. Ces glandes séba- cées peuvent prendre un grand développement sur certains points : ainsi sont formées les glandes interdigitales de beaucoup de Rumi- nants, les larmiers des Cerfs, les glandes temporales des Éléphants, les glandes anales de divers Carnivores, etc. Le plus souvent, ces glandes sont en rapport avec les fonctions de reproduction. — Quant aux glandes lactaires ou. mamelles, nous nous en occuperons plus loin. Le squelette n'est point creusé de cavités aériennes comme celui des Oiseaux; il est, par suite, beaucoup plus lourd. Le crâne est notablement plus développé que chez les autres 1070 GHORDÉS. VERTÉBRÉS. Vertébrés. Les os qui le constituent, et dont quelques-uns sont d'ori- gine dermique, demeurent en général, durant la vie entière, réunis par des sutures. En arrière, le crâne est formé parToccipital, lequel offre une ouverture (trou occipital) pour le passage de la moelle épi- nière, et, sur les côtés de cette ouverture, deux éminences [coiidyles occipitaux), au moyen desquelles le crâne s'articule avec la colonne vertébrale. En avant de l'occipital se trouvent les pariétaux : au-dessous l'ig. 775. — Tèle osseuse de l'Honimo, ^ ue de iJiolil. — 0, occipilal. Pr, paiiiHal. S, s[ihônou\v F, fj'onUl. Z, os malaire. iV, os du uez. E, elhmoïde. L, os lacrymal. JIx, max.illaire supérieui Md, maxillaire inférieur. T, temporal. Tsp, tubercule épineux. Tz, tubercule malaire (Cruveilhier). de ceux-ci, les temporaux, et, à la partie inférieure, le sphénoïde. Les frontaux sont situés au-devant des pariétaux. Enfin, entre les fron- taux et le sphénoïde existe une dernière pièce, l'ethmoïde, qui complète la boîte crânienne. — La face se compose d'un nombre d'os assez variable, plusieurs d'entre eux pouvant se réunir ou quelques-uns fai- sant défaut dans certains cas. En général on y distingue : les maxillai- res supérieurs, les intermaxillaires, les palatins, les ptérygoïdiens, les zygomatiques ou jugaux, les lacrymaux, les sus-nasaux, les cornets, le vomer et le maxillaire inférieur. Les deux mâchoires sont les seules parties qui servent à l'implantation des dents: la mâchoire supérieure est MAMMIFKRES. lOTt formée par l'union des intermaxillaires et dos maxillaires supérieurs; la mâchoire inlerieure ne comprend que le seul os maxillaire inférieur. Contrairement à ce (jui s'observe chez tous les autres Vertébrés, cet os s'articule avec le crâne sans l'intermédiaire d'un os carré. La face pré- sente, dans sa région supérieure, deux fosses orbitaires, dont le cadre n'est complot que chez les Primates. Au-dessous, sont les fosses na- sales, séparées par une cloison médiane ayant pour base le vomer et la lame perpendiculaire de l'ethmoïde. Entin, à la partie inférieure se trouve la cavité buccale, séparée des fosses nasales par la voûte pala- tine, laquelle est formée surtout par les maxillaires supérieurs. On a remarqué depuis longtemps que le développement du crâne, relati- vement à celui de la face, est d'autant plus considérable que l'animal est mieux doué sous le rapport des facultés intellectuelles. Les Mammifères inférieurs, tels que les Marsupiaux, ont un crâne très petit, tandis que leurs mâchoires sont énormes; les Primates ont, au contraire, un crâne très vaste. 11 serait donc utile de posséder une mesure simple qui permit d'apprécier le rap- port du crâne et de la face. Camper a proposé de prendie Fig. 7T6. — Angle facial d'un EuioiPi'eii (d'api-ôs Camper). Fig. 777. — Angle facial d'i Singe (d'après Camper). pour base ce qu'il a appelé Vangle facial. Cet angle est déterminé par une ligne horizontale qui passe au niveau de l'ouverture du conduit audi- tif et de la base des narines ou épine nasale inférieure, et par une hgne oblique, dite faciale, qui s'étend depuis la partie la plus saillante du front jusqu'aux incisives antérieures. Geoffroy Saint-Hilaire et Cuvier, Jacquart, Jules Cloquet, ont proposé diverses modifications à l'établissement de l'an- gle faciaL Aujourd'hui on emploie souvent le procédé de Cloquet un peu modifié : l'angle facial a pour sommet constant le bord alvéolaire supé- rieur; la ligne horizontale passe par le trou auditif, la ligne faciale par le point sus-orbitaire de Broca ou ophryon, qui répond à la limite antérieure de la base crânienne vers le bas du front. Voici, pour quelques cas, la valeur de cet angle : Homme blanc, 12° ; Chimpanzé mâle, ^>G ; Magot, 36, o; Maki, 26,5; Éléphant, 30,2; Chien, 24,3; Cheval, 24 (Topinard). Le squelette viscéral, représenté par l'hyoïde, comprend une partie médiane, le corps, et deux paires do branches ou cornes, les anté- 1072 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. Heures fixées au temporal et les postérieures au cartilage thyroïde du larynx. Ces dernières font quelquefois défaut (Rongeurs). La colonne vertébrale se divise en cinq régions : cervicale, dorsale, lombaire, sacrée et caudale ou coccygienne. Chez les Cétacés et les Sirénidés, qui n'ont pas de membres postérieurs, on n'en compte que quatre : la région sacrée est absente. — La région cervicale, d'une longueur assez variable, compte presque toujours 7 vertèbres. Cependant^ le Lamantin des Amazones [Manatus australis) n'en possède que 6; il en est de même d'un ^ \ Paresseux voisin de l'Unau [Cholœpus ^L ^ Hofmanni) ; par contre, le Bradype à / \^ û~ ' I ^ y W\^ / ^ %^ m \ // ^^ ^^ collier {Bradypus torquatus)^ en a 8, et ^^ ^^ le Bradype Aï [Br. tridaclylus), 9. La v^ W première vertèbre cervicale ou allas ^^k » offre toujours deux surfaces articulaires ^^L\ pour recevoir les condyles occipitaux. ^L\ La deuxième on axis est presque tou- m1 ^ jours munie en avant d'un long pivot %^ ♦ ^ (apophyse odontoïde) sur lequel tourne •* l'atlas pour effectuer le mouvement de Fig 778.-Seclion md^diane des os du ^^^^^^^^^ ^^ j^ tête. — La régiou dor- tronc de 1 Homme (Cruvcilhier). " sale est assez variable quant au nombre des vertèbres qui la composent; on en compte le plus souvent 12 à 15. Ces vertèbres ont des apophyses épineuses assez longues et s'articu- lent avec les côtes. Celles de la région lombaire, remarquables par leurs longues apophyses transverses, sont généralement au nombre de 5 à 7. — La région sacrée comprend d'ordinaire 3 à 5 vertèbres Fig. 779. — Oualrièmc vertèbre dorsale de l'Homme, vue par la face inf(5rieure. • — 1, corps vertébral. 2, trou vertébral. 3, apophyse épineuse. 4, apophyse trans- verse. 5, apophyse articulaire inférieure. 6, lame ver- tébrale. 7, surface articulaire destinée à recevoir la tôle de la côte. MAMMIFÈKES. 1073 soudées entre elles de manière à former un os impair, le sacrum, compris entre les deux os iliaques. — Enlin, la région caudale offre des variations très étendues : fort réduite chez l'Homme et les Singes anthropoïdes, elle est très allongée, au contraire, chez une foule de Mammifères, et se compose alors d'un grand nombre de vertèbres. Les côtes sont en nombre égal à celui des vertèbres dorsales. Toutes s'articulent avec ces os par leur extrémité supérieure; mais les premières seules (vraies côtes) se fixent inférieurement au sternum; les suivantes (fausses côtes) restent libres ou s'unissent à l'extrémité sternale des vraies côtes. Le siernum se compose d'une série de pièces ou sternèbres dont le Fig. 780. — Squelette de Dromadaire. — uc, veilèbres cervicales, vd, vertèbres dorsales, vl, vertèbres lombaires, vs, sacrum, vq, vertèbres coccygiennes. c, côtes, o, omoplate. /(, liumérus. eu, cubitus. ca, carpe, me, métacarpe, p/t, phalanges, fe, fémur, ro, rotule, ii, tibia, ta, tarse, mt, métatarse (.Milne-Edwardsj. nombre est variable. Lorsqu'il existe des clavicules, sa partie anté- rieure, qui s'articule avec celles-ci, se montre toujours large (manu- brium) ; elle reste étroite, au contraire, quand les clavicules font défaut. La partie postérieure se prolonge par une pièce cartilagineuse, l'appendice xiphoïde. Tous les Mammifères possèdent les membres de la paire antérieure, mais la paire postérieure manque chez les Cétacés et les Sirénidés. — La ceinture scapiilaire se compose, chez les Monotrèmes, de trois os : l'omoplate, la clavicule et le coracoïde ; mais, chez tous les autres Mammifères, le coracoïde se soude de fort bonne heure à l'omoplate, dont il ne représente plus qu'une simple apophyse. La clavicule existe chez les formes dont le membre a des fonctions compliquées ; R.xii.LiET. — Zoologie. 68 1074 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. elle devient rudimentaire ou nulle lorsque ce membre sert uniquement à la locomotion et au soutien du corps. La ceinture pelvienne, rudimentaire chez les Cétacés et les Sirénidés, où elle est représentée par quelques osselets perdus dans les muscles, comprend partout ailleurs trois os: l'ilion, Tischion et le pubis, qui se soudent entre eux et s'unissent aux parties latérales du sacrum, de manière à former une ceinture complétée par la symphyse pubienne. Ainsi se trouve constitué le bassin. Chez les Monotrèmes et les Mar- supiaux, l<î pubis porte deux os dirigés en avant, les os marsupiaux. La portion mobile des membres offre une conformation très va- riable suivant le rôle qu elle est appelée à remplir. Il suffit, pour s'en rendre compte, de jeter un coup d'œil sur la nageoire de la Baleine, l'aile de la Chauve-Souris, la main du Singe, la patte du Chien et le pied du Cheval. — Au membre antérieur, nous trouvons d'abord un humérus de longueur variable et souvent recourbé. Le radius et le cubitus sont d'ordinaire plus longs que l'humérus; le cubitus présente, en arrière de l'articulation du coude, une puissante apophyse appelée olécrâne. Le radius est souvent mobile autour du cubitus, ce qui permet à la main de se placer en pronation, c'est-à-dire la face pal- maire tournée en arrière, et en supination, la face palmaire en avant : ces mouvements atteignent leur maximum chez l'Homme. D'autres fois, le cubitus est rudimentaire et soudé au radius (Êquinés). La constitution de la main est très variable. Le nombre primitif des doigts est de cinq, mais ce nombre peut subir une réduction plus ou moins grande. C'est alors le premier doigt (doigt interne ou pouce) qui disparaît d'abord; après quoi, la marche de la régression se poursuit de deux façons différentes. Chez les Kangourous sauteurs, elle porte sur le deuxième et le troisième doigt. Chez les Ongulés, Tordre de disparition est le suivant: 1", 5% 2% 4^ Ainsi, chez le Porc, le pouce seul (l""") a disparu ; l'Hipparion a perdu en plus le doigt externe (o') ; le Chameau, le second interne (2"^), et le Cheval, le se- cond externe (4'') (1). Les métacarpiens subissent une réduction cor- respondante, et arrivent à n'être plus représentés que par une seule pièce, l'os du canon. Chez la plupart des Mammifères pentadactyles, (1) Dans quelques chxonstances, il peut être utile de faire usage de foi-mules digitales pour exprimer la constitution de la main et du pied (R. Blanchard). Les doigts de la main sont indiqués au-dessus, et ceux du pied au-dessous d'un trait horizontal, par des chiffres qui représentent leurs numéros d'ordre, la numération se faisant toujours de dedans en dehors. Si certains doigts ont subi une réduction et ne servent plus, par exemple, à l'appui, on les signale par des chiffres de plus faibles dimensions. Ainsi, la formule digitale de l'Homme est .'"..','.', car les 1 .z. 0.4 .5. ■cinq doigts ont conservé, aux mains et aux pieds, toute leur importance fonc- 2 -3.4 5 tionnelle. Celle du Porc est ^ ■ , le doigt interne ayant disparu, et les doigts 2 3.45 ■2 et 5 ne servant plus à l'appui. Les Tapirs répondent à la formule , le membre antérieur ayant perdu le doigt i, et le postérieur les doigts 1 et 5. MAMMIFÈRES. 1075 Fig. 781. — Palle pos- térieure du Jaguar, auinial digitigrade. Fig. 782. — Paltc pos- li'TÏeuro de l'Ours lirun, animal ))laa- tigrade. le pouce, qui uc possède jamais que deux phalanges, au lieu de cor- respondre à l'axe du membre, comme les autres doigts, prend une direction divergente. On passe facilement de cette disposition à la faculté d'opposer le pouce aux autres doigts, et l'on sait que le pouce opposable est la caractéristique de la main parfaite ou préhensile. — Au membre postérieur, l'articulation du genou est, contrairement à ■celle du coude, saillante en avant ; elle présente d'ordinaire une rotule. Il est rare que le tibia soit mobile autour du péroné (Marsupiaux) : en général, ces deux os sont soudés, et le dernier est rudimentaire. Le tarse est remarquable par le développement de l'astragale et du calcanéum. Le 1"^ orteil se montre quelquefois opposable (Singes) ; mais la disposition fondamentale du pied ne change pas pour cela, et ce pied préhensile ne mérite nullement le nom de main. Les membres ne portent pas le poids du corps de la même manière. Tant('it les doigts posent seuls à terre (Chat) : les animaux sont alors digitigrades ; tantôt toute la plante du pied, carpe ou tarse compris, porte sur le sol (Homme) et ils sont plantigrades : il y a, du reste, des ■dispositionsinlermédiaires,quifont appliquer aux animaux la dénomi- nation de semi-plantigrades ou de semi-digitigrades. Les Ongulés, ne marchant que sur l'extrémité de la dernière phalange, sont dits ongu- logrades. Le système nerveux se fait remarquer par le développement du cer- veau. Les hémisphères cérébraux recouvrent le cervelet en arrière; ils sont unis entre eux par une commissure désignée sous le nom de co7'ps calleux ou mésolobe, commissure qui demeure rudimentaire chez les Monotrèmes et les Marsupiaux. Ces animaux, en outre, ne possè- dent pas de circonvolutions ; mais celles-ci apparaissent chez les Édentés, les Rongeurs et les Insectivores, et sont en rapport, quoique d'une façon non absolue, avec le développement des facultés intellec- tuelles. Les lobes optiques ou tubercules quadrijumeaux sont beau- coup moins développés que chez les Oiseaux, et souvent même sont cachés sous la partie postérieure des hémisphères ; ils ne présentent aucune cavité intérieure. Le lobe médian du cervelet, ou vermis, di- minue d'importance à mesure qu'on s'élève dans la série des Mammi- fères, et les deux lobes latéraux, par contre, deviennent de plus en plus volumineux. Ces deux lobes sont réunis par une protubérance annulaire ou pont de Varole, qui suit leur propre développement. La moelle épinière se termine par un faisceau de nerfs appelé queue de •cheval; elle ne présente jamais de sinus rhomboïdal 1076 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. Les Mammifères ont, en général, les sens très développés. Vappared olfaclifesi remarquable par retendue de la pituitaire. Les fosses na- sales communiquent avec des cavités creusées dans les os voisins- Fig. 783. — Face supérieure du cerveau et du Fijr. 784. — Base de l'eHCc'iiliale du Cheval avec cervelet du Cheval. — a, hémisphère gauche du cerveau. a\ hémisphère droit, a" , lobe inférieur, ô, corps calleux, c, point où la grande veine cérébrale sort de l'organe, d, lobe médian {vermis) du cervelet, d', lobe gauche, d" , lobe droit. ["origine des douze paires de nerfs qui en éma- nent. — a, 1" paire : nerf olfactif, b, 2" paire : nerf optique, c, 3' paire : nerf oculo-moteur commuuv d, 4" paire : nerf pathétique, e, 5° paire : nerf trijumeau, f, G' paire : nerf oculo-moteur externe. g, 1' paire : nerf facial, h, %" paire : nerf acous- tique. !, 9° puire : nerf glosso-pharyngien. h\ 10= paire : nerf pneumogastrique. /, 11° paire • nerf spinal, m, 12' paire : nerf hypoglosse. (sinus frontaux, maxillaires, sphénoïdaux). Le nez, formé par la por- tion antérieure des fosses nasales et par des pièces cartilagineuses surajoutées, s'allonge quelquefois en trompe, comme chez l'Éléphant;. Fig. 783 et 786. — Organe de Jacobson. Fig. 785. — Développement chez un embryon du Chat. — • Fig. 786. — Coupe chez le Mouton. — 1, canal de Sténon. 2, cavité de l'organe. 3., enveloppe car- 1, nerf olfactif. 2, coque de cartilage, tilagineuse. 4, culs-de-sac glandulaires. 3, cavité de l'organe. 4, glandes (schéma, d'après CIi. Kémy). il peut aussi se transformer en un organe fouisseur, tel que le groin du Porc. — On rattache d'ordinaire à l'appareil olfactif un organe- spécial découvert par Jacobson et qui, développé surtout chez les herbivores, arrive à son maximum chez les Rongeurs. Vorgane de Ja~ MAMMIKÉHES. 1077 cobson consiste en un canal étroit, couché sur le plancher de cha- que fosse nasale, terminé en cul-de-sac dans sa partie postérieure •et aboutissant en avant dans le conduit de Sténon, qui traverse l'ou- verture incisive et fait communiquer la fosse nasale avec la bouciie. La muqueuse qui tapisse le canal est enveloppée d'une gaine cartila- gineuse; elle contient de nombreuses glandes en grappe et reçoit une branche des nerfs olfactifs. Cette dernière particularité a fait re- garder l'organe de Jacobson comme propre à recueillir les impressions odorantes des substances contenues dans la bouche, opinion qui paraît peu fondée si l'on remarque que, chez les Équidés, le conduit de Sté- non n'existe pas, l'ouverture incisive étant obturée par la substance cartilagineuse. Les yeux sont rudimentaires chez les espèces qui vivent sous terre, •comme la Taupe ; parfois même la peau recouvre le globe de l'œil sans présenter d'ouverture (Spalax Jemni). Outre les deux paupières prin- cipales, supérieure et inférieure, il en ■existe une troisième, paupière interne ou membrane nictitante, qui toutefois ne peut jamais recouvrir en entier le devant de l'œil, comme elle le fait •chez les Oiseaux ; souvent même elle se réduit à un repli de la conjonctive (pli semi-lunaire). L'angle interne de l'œil ■présente en outre un petit corps glan- duleux, la caroncule lacrymale. Vappareil auditif comprend d'ordi- naire une oreille externe, qui manque •cependant chez la plupart des animaux aquatiques et fouisseurs. L'oreille moyenne communique avec le pharynx, ■exceptionnellement avec le canal nasal (Cétacés), par la trompe -d'Eustache; elle est traversée par une chaîne d'osselets appelés, ^i'après leur forme, marteau, enclume, os lenticulaire, étrier. Nous n'avons rien de particulier à dire du sens du (joût, qui est, en général, très développé chez les Mammifères. Le lad peut s'exercer par toute la surface du corps, mais certaines parties sont spécialement disposées à cet effet : par exemple, la face palmaire de l'extrémité des doigts chez les Primates ; la lèvre supé- rieure chez les Equidés ; l'appendice digitiforme de la trompe chez les Éléphants, etc. Parfois on observe des poils tactiles, en rapport avec des terminaisons nerveuses; telles sont les vibrisscs ou mousta- ches des Carnassiers. Vappareil digestif olïre d'abord à considérer l'armature buccale, représentée en général par des dents. L'étude du système dentaire, û'. 787. — Osselets de l'ouïe dans leurs rapports ri'ciprofiucs (côté droit). — 1, tête du marteau. 2, son col. 3, apophyse g;r<»le. 4, extrémité inférieure du manche. 5, corps de Venclume. 6, sa courte branche. 7, sa louguo branche. S, son crochet (os lenticulaire). 9, sommet de Vétrier. 1078 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. dit Vogt, constitue la base de toute connaissance des Mammifères r il n'est aucun élément du Squelette — Ui seule partie accessible au pa- léontologiste — « qui retienne avec autant de ténacité les caractères- essentiels d'un type, et qui fasse mieux voir les relations d'affinité et de parenté qui peuvent exister entre les différentes formes » . Quelques genres seulement sont tout à fait dépourvus de dents : citons à cet égard les Fourmiliers, les Pangolins, les Échidnés, les Baleines adultes. Chez les Baleines, ces organes sont remplacés par des fanons. L'Ornithorynque adulte a des sortes de dents cornées for- mées par le durcissement des papilles de la muqueuse buccale. Les dents prennent naissance dans des cavités closes des mâchoires^ et ne percent les gencives que lorsque leur évolution est assez avancée. On y distingue alors trois parties: une extérieure, la couronne, une intra-alvéolaire, la racine, enfin une intermédiaire, quelquefois mar- quéeparunrétrécissement, et appelée co//e/. La substance fondamentale de la dent est constituée par de Vivoirc ou dentine ; c'est une substance Kig. 788. — Incisive moyeune siipé- Fig. 789. rieure do l'Homme. — {, face antérieure. 2, face latérale. 3, coupe médiane autéro-postérieurc. l'Homme. — 1, face ant Heure. 2. face latérale. Canine de Fig. 790. — Grosse molaire de l'Homme. — 1, face antérieure. 2, face latérale. très dure, traversée par une foule de canalicules parallèles qui se diri- gent de la cavité interne vers la surface. L'ivoire est ordinairement revêtu, au niveau de la couronne, d'une autre substance encore plus dure, Vémail, qui se compose de petits prismes juxtaposés. Une sorte de tissu osseux, le cément, recouvre souvent la racine et peut même s'étendre sur la couronne, surtout dans les dents composées, dont elle comble les plis et les enfoncements. L'intérieur de la dent offre tou- jours une cavité, qui se montre simple ou multiple suivant qu'il existe une ou plusieurs racines. Dans certains cas, cette cavité s'ouvre lar- gement à Textrémité de la partie enchâssée, et la pulpe nourricière de la dent la remplit en entier; la dent continue alors à croître pendant toute la vie, à mesure que la couronne subit son usure. Comme exem- ples de ces dents à croissance continue (dents sans racines), nous pouvons citer les incisives des Rongeurs, les défenses des Éléphants et des Sangliers, etc. Le plus souvent, au contraire, la cavité interne se rétrécit de bonne heure vers l'extrémité, où elle ne s'ouvre plus que par un petit orifice : la pulpe vasculaire se trouve al'ors étranglée, et la croissance de la dent s'arrête d'une façon définitive. ' MAMMIFERES. 1079 Lorsque les dents présentent une surface unie, on les appelle dénis simp/ra; mais parfois colle surface oiïVo des plissemenls et conlourne- ments qui les font nommer dcnls compliquées. On reconnaît même des dents composées, résultant de la coalescence de plusieurs dents simples primitivement isolées. La distinction dos dents compliciuéos et com- posées est, à la vérité, souvent impossible dans la prali(iiio; mais on est convenu d'appeler denticules (ou collines) les parties d'une dent qui paraissent correspondre à dos dents primitives soudées ensemble. Les dents sont parfois toutes semblables entre elles, comme chez la plupart des Édentés; mais en général elles sont de plusieurs sortes, et on les distingue, suivant leur siège, en incisives, canines et molaires. Les incisives sont implantées sur les os incisifs ou inlermaxillaires, à la mâchoire supérieure; les canines naissent de l'extrémité antérieure du maxillaire supérieur, et les molaires sont situées en arrière de celles-ci, sur le même os. Les dents correspondantes de la mâchoire inférieure portent les mêmes noms. Lorsque ces trois sortes de dents existent, la dentition est dite complète. Assez souvent les canines font défaut (Rongeurs) : on donne alors le nom de diastème ou de barres à l'espace qui reste libre entre les incisives et les molaires ; le même nom est du reste employé aussi pour désigner l'intervalle qui sépare quelquefois les canines des molaires (Ëquidés) ou des incisives (Singes), — Les dents une fois formées peuvent persister pendant toute la vie : c'est ce qui a lieu presque constamment chez les Édentés, les Cétacés et les Sirénidés, qualifiés pour cette raison de Monophyodontes. Les autres Mammifères sont en général Dip/njodontes, c'est-à-dire que leurs mâchoires sont le siège d'une double poussée dentaire. Les premières dents formées {dents de lait) tombent, en effet, à un moment donné, et sont rempla- cées par des dents nouvelles {dents perma- nentes). Le nombre de celles-ci est en géné- ral plus considérable que celui des pièces de la première dentition, car des molaires nouvelles apparaissent en arrière des au- tres : ce sont les molaires vraies; celles qui remplacent les dents de lait sont dis- tinguées sous le nom de prémolaires. — Selon la remarque de Riltimeyer, les dents de lait de beaucoup de Mammifères actuels ont une ressemblance intime avec les dents d'adulte de leurs ancêtres géologiques. Pour exprimer les variations que présente la dentition des Mammi- fères, on a recours à des formules dans lesquelles se trouve indiqué, pour chaque mâchoire, le nombre des différentes sortes de dents Fig. "'Jl. — Arcade dentaire supf- i-ioure de l'HoniiiK', vue (lar la surface triluraiito. 1080 CHORDÉS. — VERTEBRES. dont il vient d'être question. Les dents étant toujours symétriques, on se borne à inscrire celles d'un côté. Par contre, le nombre des dents implantées dans chaque mâchoire n'étant pas toujours le même, on signale les supérieures au-dessus et les supérieures au-dessous d'un trait horizontal. On désigne même parfois les dents par leur initiale. Ainsi, la formule dentaire de l'Homme adulte est : 2 12 3 2.1.2,3 „^ Celle du Chien domestique adulte : ,^clpÎM?ouiH:? = «. 3 14 3 3.1.4,5 Lorsque les prémolaires et les molaires ne peuvent être distinguées par leur forme, on les comprend sous un seul chiffre. La dentition de lait se distingue par le signe (') ajouté aux initiales. Dentition de lait de l'Homme : 2 1 9 <^ 1 2 l'-C- P' -ou— -^ = 20. 2 12 2.1.2 Beaucoup d'autres manières de formuler ont été proposées : nous adoptons la plus simple. La bouche est limitée en avant, sauf chez les Monotrèmes, par des lèvres mobiles qui servent à la préhension des aliments, et sur les côtés par des joues qui se dilatent quelquefois en véritables poches appelées abajoues (Hamster). La langue, fixée par sa base à l'appareil hyoïdien, est en général protractile et peut constituer un organe de tact ou de préhension ; plus rarement, elle est immobile (Baleine). Les glandes salivaires (parotide, sous-maxillaire, sublinguale), très développées chez les herbivores, sont rudimentaires chez les Pinnipèdes, nulles chez les Cétacés. La voûte palatine se prolonge en arrière par une cloison mobile musculo-membraneuse, le voile du palais^ qui se soulève pour per- mettre le passage des aliments dans le pharynx. Celui-ci donne entrée dans un œsophage assez long, qui ne présente presque jamais de dila- tation en jabot, et débouche dans l'estomac par un orifice appelé cardia. L'estomac est le plus souvent simple; cependant il est divisé en deux compartiments chez quelques Rongeurs, en trois chez certains Pri- mates, et en quatre chez la plupart des Ruminants. Il est séparé de l'intestin par un bourrelet circulaire, la valvule jjylorique. T/intestin grêle est également limité en arrière par un repli valvu- laire [valvule iléo-csecale). Le gros intestin débute à ce niveau par un caecum, qui toutefois fait défaut chez l'Ours, les Chauves-Souris et la plupart des insectivores. Au delà du cœcum, l'intestin prend le nom de MAMMIFKRES. lOSI côlon, et se continue par un rectum à peu près droit, qui aboutit à l'anus. Celui-ci n'est distinct de l'orifice génito-urinaire que chez les Monodelphes, bien que les Monotrèmes seuls aient un véritable cloaque. Le régime exerce une influence considérable sur le déve- loppement de l'intestin : les herbivores sont remarquables par la lon- gueur de l'intestin grêle et la capacité des réservoirs caïcal et colique. Le contraire s'observe chez les Carnivores. Foie. PnIoi'i». Œsopliajro. Pancréas. Eslomar. V<5siculc biliaire Gros intcslin '•"" Rate. ., IntesUn grêle. Recluni. Fig. 792. — Appareil digesLif de l'Homme. L'intestin reçoit le produit de nombreuses glandes, dont les unes sont contenues dans son épaisseur, tandis que les autres, foie et pan- créas, occupent son voisinage et débouchent dans la partie antérieure de l'intestin grêle, ou duodénum. Le foie présente un réservoir {vési- cule biliaire) qui manque chez quelques Ongulés (Équidés, Cerfs) et chez les Cétacés. La circulation est double et complète. Le cœur est divisé, comme chez les Oiseaux, en deux parties ne communiquant pas entre elles et composées chacune d'un ventricule et d'une oreillette. Ces deux moitiés sont presque distinctes chez les Sirénidés, surtout chez le Dugong. Les orifices qui mettent en relation les oreillettes et les ven- tricules sont munis de valvules : celle du cœur gauche, divisée en deux lèvres, est appelée valvule bicuspide ou miirale; celle du cœur 1082 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. droit, divisée en trois lèvres, reçoit le nom de valvule irkuspide ou tri- glochine. Chaque ventricule offre un orifice artériel pourvu de trois valvules sigmoïdes, à concavité tournée vers le vaisseau. Du ventricule gauche part un tronc aortique simple qui se recourbe à gauche, pour se continuer en une aoj'te descendante : celle-ci se dirige vers la queue l'ig-. 7!i:;. — Section longitudinale du cœur de l'Honinu'. — a,orcillctlo dioile. b, oiilicedo lu veine cave inférieure, c, orifice de la veine cave supérieure, d, cloison intor-auriculaire. f. oreillette gauche. !/, k, lambeaux des veines pulmonaires (groupe antérieur), j, l, orifices des veines pulmonaires (groupe |)oslérieur). ?«, ventricule droit, n, valvule tricuspide avec ses trois piliers, o. origine de l'artère pulmonaire. //, ventricule gauche, q, valvule mitrale avec ses deux piliers. ?% origine de l'aorte (.1. Béclard). en distribuant des branches aux différents organes. De la crosse de laorte partent en général deux troncs artériels, — quelquefois trois ou un seul, — destinés à la tète et aux membres antérieurs. — Les héma- ties ont la forme de disques biconcaves, sauf chez les Camélidés, où elles sont elliptiques et plates. — Le système lymphatique est bien développé, mais il n'existe pas de cœurs lymphatiques. h" appareil respiratoire comprend deux poumons un peu inégaux,, suspendus dans la cavité thoracique et recevant Tair par une trachée à peu près droite^ presque toujours constituée par des anneaux carti- lagineux incomplets. A sa partie antérieure, elle offre une dilatation, le larynx, dont les parois sont formées par des cartilages complexes et donnent attache à des replis musculeux ou cordes vocales, ce qui en fait un appareil phonateur remarquable. L'orifice laryngien ou glotte est surmonté d'une épiglotte mobile. A son extrémité inférieure, la MAMMIFÈRES. 1 083 trachée est dépourvue do l'organe que nous avons signalé sous le nom de syrinx chez les Oiseaux. Elle se divise le plus souvent en deux l)ronches, qui se subdivisent elles-mêmes par dichotomie en bron- ches de plus on plus fines, de manière ù devenir enlin uniquement musculo-membraneuses. Les dernières divisions se terminent dans des ampoules, les lobules pulmonaires^ dont les parois forment un certain nombre de petits culs-do-sac, les vrsicules ou alvéoles pulmonaires. — Los poumons sont entourés d'une membrane séreuse, la plrvre, et Scliciiia du iiouiiioii lie riloiiiine cl des divisions tiacliéo-Lroucliiques. — 1, bronclie droite. 2, bronclie gauche. 3, lobe supi5rieur du iioumon droit (Morel et Diival). séparés des viscères abdominaux par une cloison musculo-aponévro- tique, le diaphragme . La respiration a lieu par les mouvements de ce diaphragme, et par l'élévation ou l'abaissement des côtes, résultant de l'action de divers muscles. Les reins (métanéphros), disposés de chaque côté de la colonne vertébrale, dans la région lombaire, constituent d'ordinaire des glandes compactes ; quelquefois, cependant (Phoques, Dauphins), ils sont formés de lobules séparés. Il existe toujours une vessie urinaire, dont le conduit excréteur, canal de Vw^èfre, s'unit aux voies génitales. 1084 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. L'orifice des organes génito-urinaires est, dans tous les cas, situé en avant de l'anus. Tous les Mammifères mâles possèdent deux testicules, développés Fig. 793. — 4, lète de déférent. Schéma des voies séminales de l'Homme. — 1, testicule. 2, rete tcstis. 3, cône séminifôre* l'épididyme. 5, queue de l'épididyme. 6, origine du canal déférent. 7, vas aberrans. 8, canal au voisinage des reins. Chez les Monotrèmes, les Cétacés et les Siré- nidés, ils demeurent en ce point ; dans tous les autres groupes, ils se déplacent au moment de la naissance: ils poussent devant eux le pé- ritoine et descendent dans le canal ingui- nal, où ils restent quelquefois (Chameau, divers Rongeurs) ; mais, le plus souvent, ils traversent ce canal et vont se loger dans un repli cutané appelé scrotum. Dans ce dernier cas, ils rentrent assez fréquem- ment dans la cavité abdominable (Insecti- vores, Chauves-Souris) après l'époque du rut. Les canaux déférents, après avoir formé chacun un diverticule glandulaire [vésicule séminale) qui fait souvent défaut (Rongeurs, Cétacés, etc.), prennent le nom de conduits éjaculateurs et débouchent dans le canal de l'urètre. Celui-ci conduit le sperme et l'urine à travers l'organe co- pulateur ou pénis; il reçoit le produit de diverses glandes (prostate, glandes de Cowper). hQ pénis se compose de corps érectiles ou corps caverneux, qui sont ■Fig. 790. — Section transversale du pénis (injecté, c'est-à-dire en érec- tion). — 1. canal de l'urètre. 2, son corps spongieux. 3, enveloppe de celui-ci. 4, peau du pénis. 5, enve- loppe fibreuse des corps caverneux. 0, tissu érectile du corps caver- neux. 7, 8, veine et artères dorsales. MAMMIFÈRES. 1085- d'ordinairc au nombre de trois: l'un d'eux entoure le canal urétral (portion spongieuse de l'urètre); les deux autres surmontent ce canal et se réunissent sur la ligne médiane. Il existe quelquefois un axe cartilagineux ou osseux (os pénien). Le corps caverneux de l'urètre offre, à sa partie antérieure, un renflement appelé gland, parfois bifide (Monotrèmes, Marsupiaux), et entouré d'un repli cutané, le prépuce . Il existe toujours deux ovaires, sauf chez les Monotrèmes, dont celui du côté droit est atrophié. L'appareil vecteur se divise en trois régions distinctes : 1° la trompe de Fallope, toujours paire, s'ouvrant près de l'ovaire par un pavillon frangé qui reçoit l'ovule; 'i" Videras, quelquefois double, à deux museaux de tanche (Lapine), d'autres, fois bipartit, à museau de tanche simple (Cobaye) ; ou bicorne, c'est-à-dire divisé seulement à sa partie supérieure (Ongulés, Carni- vores), ou même simple (Primates); 3° le vagin, pair chez les Marsu- piaux, impair chez tous les autres. Le vagin débouche en arrière de l'orifice urétral, dans un court vestibule génito-urinaire dont l'entrée / / Fig. "97. — Vulve de la Femme (les grandes lôvrcs sont écartées). — 1, fosse uaviculaire. 2, sa limite latérale. 3, hymen. 4, orifice de la glande vulvo-vaginale. 5, orifice du vagin. 0, orifices glandulaires- (glandes muqueuses). 7, niéal uriuaire. 8, petite lèvre droite. 9, frein du clitoris. 10, clitoris. 11, pré- puce du clitoris. forme la vulve. Chez les Monotrèmes, il n'y a pas de vagin à propre- ment parler, mais un court canal génito-urinaire aboutissant au cloaque. La vulve est limitée sur les côtés par deux replis cutanés, les grandes lèvres, en dedans desquelles s'en voient souvent deux autres, les nymphes ou petites lèvres. 11 existe aussi un organe érectile, \e cli- 1086 CHORDÉS. — VERTÈBRES. toris^ qui est l'homologue du pénis du mâle, et peut renfermer comme lui une pièce osseuse, dite os clitoridien (Loutre). Ce clitoris est quelquefois traversé par l'urètre (Rongeurs, Taupes, Lémuriens): •dans ce cas, il n'existe pas de vestibule génito-urinaire. La présence de glandes lactaires ou mamelles est constante chez les Mammifèi'es et particulière à ces animaux, puisqu'elle fournit le prin- cipal élément de leur caractéristique. En général, ces glandes — qui appartiennent au groupe des glandes cutanées — n'acquièrent leur complet développement que chez les femelles et ne sécrètent du lait qu'après la naissance du petit. Le lait contient toutes les substances nécessaires à la nutrition, et sert en effet de nourriture exclusive au nouveau-né jusqu'à ce qu'il ait acquis l'aptitude à prendre d'autres Fig. "OS. — Mamello do hi Femme. — 1, peau de la mamolle. i., mamelon. 3, canaux galaclopliores. 1, caualicules procédant des lobules et se terminant dans les canaux galactophoi'es. 5, lobules de la glande. aliments. Chaque mamelle se termine par un mamelon ou tetin, excepté chez les Monotrèmes. La situation des mamelles est variable : elles sont toujours paires et symétriques, et tantôt pectorales (Primates), tantôt abdominales (Carnivores), tantôt inguinales (Jumentés, Rumi- nants) ; parfois même elles occupent à la fois ces diverses positions. Le nombre des tetins est d'ordinaire en rapport avec celui des petits de chaque portée. L'activité reproductrice (rut) se manifeste d'une façon périodique assez régulière chez les animaux sauvages. Le plus souvent, le rut a lieu au printemps; dans quelques cas, c'est à la fin de l'été (Rumi- nants), ou même en hiver (Carnivores. Sanglier). Il se renouvelle deux fois par an chez le Chat sauvage et la Belette, et tous les mois chez la Girafe, les Singes catarhiniens et la Femme. La domesticité le rend plus fréquent. La chute des ovules s'accompagne d'une congestion de MAMMIFÈRES. 10S1 l'appareil génital, dont les syinpt(>ines les plus saillants sont: la tur- gescence des organes extérieurs, une abondante sécrétion de muco- sités, parfois même un écoulement plus ou moins abondant de sérosité sanguinolente ou de sang pur. L'excitation vénérienne se montre vers latin de la tluxion, ou même lorsqu'elle a cessé. A ces phénomènes extérieurs correspond une congestion plus ou moins intense de la muqueuse utérine,quis'hypertropliieet montre une dilatation considérable de ses vaisseaux : souvent même les parois vasculaires cèdent et laissent le sang s'épancher, soit dans le derme de la muqueuse, soit dans la cavité utérine. — Mais la marche ulté- rieure de ce processus, qui est corrélatif à l'ovulation, varie suivant le sort réservé à l'ovule détaché. Si celui-ci n'est pas fécondé, l'évo- lution de la muqueuse s'arrête et on constate bientôt le retour à l'état de repos primitif. Si, au contraire, la fécondation a eu lieu, ce qui entraine larrèt de Tovule dans l'utérus, la dilatation des vaisseaux et l'hypertrophie de la muqueuse se continuent et s'accusent, et il se forme bientôt des sinus sanguins destinés à porter à l'embryon ses principes nutritifs. L'ovule des Mammifères, toujours très petit, a sa membrane vitelline souvent doublée à l'extérieur d'une enveloppe plus épaisse, la zone pclluclde, véritable chorion produit par les cellules du follicule Fig. 801. Fig. 799 à 801. — Segnientatioii de l'œuf d'un Mamniifèi'e (un peu trop ri^gulioix-). muf|ni'use ou zone pellucide. V, membrane vilelline. A, on\elopiie de de Graal. 11 subit, sauf chez les Monotrèmes, une segmentation to- tale et inégale, après quoi son enveloppe extérieure ou chorion se revél d'une foule de villosités qui servent à le fixer en même temps qu'à lui fournir les éléments de sa nutrition. Le chorion est formé d'abord par la membrane vitelline et sa zone pellucide [choi'ion primaire)', mais sur celte membrane, appelée à disparaître, s'applique bientôt la portion extra-embryonnaire du feuillet blastodermique externe (feuillet épi- blastique) non intéressée dans la formation de Tamnios. Plus tard, ce chorion secondaire est renforcé encore par la portion périphérique de l'allantoïde, qui pénètre avec ses vaisseaux dans les villosités. Celles-ci plongent, soit dans des culs-de-sac glandulaires, soit dans 1088 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. des cryptes de la muqueuse hypertrophiée; et ainsi se constitue le placenta, appareil d'échange entre la mère et le fœtus, mais d'origine essentiellement fœtale. En même temps, les vaisseaux de l'allantoïde s'entourent d'une gaine formée par l'am- nios, et constituent ainsi ce qu'on appelle le cordon ombi- lic al. Le placenta fait défaut chez les Monotrèmes et les Marsu- piaux, qu'on qualifie pour cela d' implacentaire s , par opposition aux autres Mam- mifères, qui sont tous placen- taires. Chez ceux-ci, d'ail- leurs, le placenta offre, dans sa forme et dans sa dispo- sition, des variations impor- tantes. Et d'abord, on peut remarquer que, dans certains, cas, les villosités ou touffes vasculaires sont disséminées sur toute l'étendue du chorion : le pla- centa est dit alors multiple; d'autres fois, au contraire, elles sont localisées sur un espace plus ou moins restreint, et constituent en somme un pla- centa unique. Or, dans les pla- centas multiples, ces villosités peuvent être disposées de deux manières différentes : ou bien elles sont réparties à peu près uniformément à la surface du chorion, et le placenta est diffus (Jumentés, Porcins, Ca- mélidés, Tragulidés, Cétacés, etc.) ; ou bien elles se groupent pour former des corps vascu- laires qui se mettent en rap- port avec des productions ana- logues de la face interne de la matrice [cotylédons]., et le pla- centa est cotylédonaire (la plupart des Ruminants). De même, le placenta unique offre deux formes : tantôt il représente une zone l'igr. 81)2. — CEuf de Mammif('re. — 1, membrane vitelline ou premier choi'ion presque disparu. 2, feuillet externe du blastoderme, second chorion. 3, allantoïde, i|ui a pénétré dans les villosités. 4, vésicule ombilicale. ri, les capuchons céphalique et caudal se sont fusionnés : la cavité de l'amnios est formée. 6, embryon. 7, allan- toïde. 9' r ig. 803. — Formation du placenta, d'après Cadiat. — «, embryon, ô,amnios. f, vaisseaux du placenta. (/, allantoïde. e, membrane caduque, /", villosités placentaires, jr, caduque sérotine, se continuant avec la caduque vraie ou directe. MÂMMinillES. 1080 annulaire occupant la partie moyenne du chorion, et on le dit zonaire Fig. 804. — Foetus de Vache dans ses enveloppes. — a, a, placenta colylédonaire. b, b, clioriju, auquel adhère intérieurement lallantoïde. c, c, amnios vu par transparence, d, fœtus vu par transparence. (Carnivores, Pinnipèdes); tantit i . , r,nii=oPA- irieurs absents, les) ë'^^^'^'t-^ iMamelles pec- ( torales Doigts pairs (.-l;'- { liodaclyles) iDoigts impairs ' ( Périssodacly - \ les] poussée: I [Monophyodonles] antérieurs en nageoires. Un placenta {Pla- centaires).! Vagin simple Mono- delphes Double poussée dentaire : Dipfiyo- dontes. Des \ sabots : ' Onf/ulés.f Sabots complets. Des [ongles: Ongui- culés. Sabots y Pas détrompe., incomplets. / Une trompe Dentition incomplète: pas de canines /.Molaires /Pattes nata- 2 j„-[ à cou- \ toires ronne < tran- i Pattes ambu- chante. [ latoires. .. .Molaires i Pas d'ailes, garnies de', pointes. (Des ailes.. Des .Orbites incomplè- mains j tes; lace velue. préhensi-j Orbites complètes; \ siles. ^ face glabre ■S 1^^ s 1^ moxoïhèmes. Marsupiaux. Édenxés. Cétacés. SiRÉMDÉS. BlSULQUES. ju.mentés. Hykacie.ns. Proboscidiens. Rongeurs. Pinnipèdes. Carnivores. Insectivores. Chiroptères. Lémuriens. Pri.>iates. 1092 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. PREMIER ORDRE MONOTRÈMES Mammifères ovipares, pourvus d'un bec corné et d'un cloaque ; deux- os sus-pubiens; deux os coracoïdes distincts. Les Monotrèmes (ixdvoî, seul ; -rpvifxa, orifice) ou Ornithodelphes rattachent les Mammifères aux Oiseaux. Comme eux, ils possèdent un bec corné et un cloaque dans lequel s'ouvrent l'intestin et l'appareil génito-urinaire. La ceinture scapulaire est pourvue d'os cora- coïdes. Le bassin porte deux os sus-pubiens ou os marsupiaux. Le cerveau est lisse, à corps calleux rudimentaire. Les mâles ont les testicules renfermés dans l'ab- domen; ils portent, au niveau de chaque larse, un puissant ergot creusé d'un canal qui débouche près de la pointe, et qui reçoit à sa base le canal excréteur d'une glande. — L'ovaire droit est pres- que toujours atrophié ; celui du côté gauche est racémeux. Les mamelles sont abdominales ; elles sont formées par des culs-de-sac glandulaires qui débouchent côte à côte, au lieu de se réunir pour constituer des tetins saillants. Elles déversent leur lait sur un repli cutané (Ornithorynque) ou dans le fond d'une poche abdominale transitoire (Échidné d'Australie). Les œufs sont pourvus, comme ceux des Oiseaux et des Reptiles, d'une masse vitelline considérable, entourée d'une coque blanche et llexible. L'Ornithorynque pond deux œufs dans le sable, où il paraît les couver ;rÉchidné australien en pond un seul, qu'il introduit aussitôt dans sa poche abdominale, où s'effectue l'éclosion. La segmentation est mé- roblastique. Au moment de la naissance, le jeune Monotrème n'a encore atteint qu'un développement très imparfait. 2 genres, représentant deux familles distinctes. On ne connaît qu'une seule espèce d'Ornithorynque (Ornithorhynchus), Fig. SOT. — Bassin d'Ëchidné. — 1, 2, les os sus-pubieus ou marsupiaux. Fig. 808. — Urnilliorjuque paradoxal. c'est l'Ornithorynque paradoxal (0. paradoxus), singulier animal à corps velu, à queue aplatie, à pieds palmés et armés de griffes, à tète prolongée MAMMIFÈRES. — MARSUPIAUX. 1093 par un bec de Canard dont les mandibules portent do chaque côté, dans le jeune âge, deux ou trois molaires déprimées qui sont bientôt remplacées par des mamelons cornés aplatis. — Ce Monotrème vit dans l'Australie orientale et la Tasmanie ; il se creuse un terrier au bord des ruisseaux. Le mâle possède une forte glande située à la face externe du fémur, sous le peaucier; de celte glande part un long canal excréteur qui se renfle en ampoule à la base de l'ergot tarsien, et s'atténue ensuite pour pénétrer dans la cavité centrale de celui-ci. De Blainville regar- dait cette glande et ses annexes comme un appareil venimeux; il appuyait cette manière de voir sur l'observation d'un individu qui avait reçu dans le bras un coup d'éperon : le membre avait enflé ra- pidement, et le blessé avait présenté un ensemble de symptômes ana- logues à ceux qu'offrent les personnes mordues par des Serpents ve- nimeux; il n'avait recouvré l'usage de son bras qu'après plus d'un mois. Les auteurs modernes ont contesté la nature venimeuse de cet appareil, et Verreaux a supposé qu'il était destiné à jouer un rôle excitateur dans la copulation. Cependant, Martin et Fidswell ont constaté que la glande, qui est en période active de sécrétion au mois d'avril, fournit un produit légèrement venimeux : comparé au venin de certains Serpents australiens, il s'est montré oOOO fois plus faible. Les Échidnés {Tachijglossus Illiger, 1811; Echidna Cavier, 1797, nec Forst., 1778), ont un bec mince, dépourvu de dents, mais renfermant une langue vermiforme qui leur sert à prendre des Fourmis. L'éperon des mâles Fig. 809. — licliidiic; soyciiv (2'. setosiis). est relativement faible. — L'ÉchidnéPorc-épic (T. aculeatus Shaw, E. hystrix Cuv.) a le corps couvert de piquants et peut se rouler en boule comme le Hérisson ; il habite les montagnes du sud de l'Australie. L'Échidné à soies {T.setosus), qui vit dans la Tasmanie, n'est qu'une variété locale du précédent. La Nouvelle-Guinée renferme trois autres espèces. DEUXIEME ORDRE MARSUPIAUX Mammifères pourvus d'une poche marsiipiale, de deux utérus et de deux vagins ; pas d'os coracoïdes distincts; système dentaire très variable. 1094 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. Le caractère le plus saillant des Marsupiaux est fourni par la présence d'une poche ventrale cutanée {marsiipium, poche) qui enveloppe les mamelles. Cette poche, soutenue par deux os sus-pubiens ou os marsupiaux, est propre aux femelles, bien que les os existent dans les deux sexes: elle est destinée à recevoir les petits après leur naissance. Ces petits naissent prématurément, comme ceux des Monotrèmes: ils sont aveugles, nus, et, chez un animal de la taille de l'Homme, comme Je Kangourou géant, ils mesurent à peine 2 centimètres. La mère les reçoit avec sa bouche et les place dans la poche en les fixant sur les longs tetins que renferme celle-ci. Ils y achèvent leur développement; et, lors même qu'ils sont devenus assez forts pour vivre en liberté, ils conservent encore un certain temps l'habitude de s'y réfugier. Le cerveau est très petit, à hémisphères réduits, presque sans circonvo- lutions, à corps calleux rudimentaire. L'angle postérieur et inférieur de la Fig. 810. — Kaneuroo laineux {Macropics tanatus). mâchoire inférieure est toujours recourbé en dedans. La dentition, dont les caractères varient beaucoup, est souvent complète; mais elle se montre per- manente, exception faite d'une seule molaire. Les femelles possèdent deux utérus et deux vagins séparés ; toutefois, ces derniers se confondent dans leur partie antérieure pour former une cavité médiane dans laquelle débouchent les deux utérus. En arrière, les vagins aboutissent à un canal unique, canal urétro-sexuel. Pour répondre à cette disposition, la verge du mâle est, en général, terminée par un gland bifide. Il existe, au moins dans quelques cas, un placenta vitellin, mais celui-ci reste toujours rudimentaire. Les Marsupiaux sont, pour la plupart, des animaux terrestres, nocturnes, dont le régime est très variable. Ils habitent l'Australie, les îles océaniennes, et quelques-uns même se trouvent en Amérique. Les animaux réunis dans cet ordre présentent, dans leur régime, leur système dentaire, leur appareil digestif, des différences considérables qui en font tantôt des Carnassiers, tantôt des Rongeurs, etc. Aussi pourraient- MAMMIFÈRES. — ÉDENTÉS. 1095 ils former, selon la remarque de Cuvier, un groupe parallèle à celui repré- senté par tous les autres Mammifères réunis. 2 sous-ordres. l*"" sous-ordre : Polyprotodontes. — Animaux carnivores ou insectivores, de taille petite ou médiocre; grimpeurs, sauteurs ou coureurs. — Myrméco- bies {MynnerobiHs), Péramèles {Perameles), Dasyures {Dasijurus). — Ici se placent les genres américains ou Sarigues, qui ont le pouce des pieds posté- rieurs opposable, ce qui leur a valu le nom de Pà/imancs. L'Opossum {Didel- phys virginiana) est redouté dans TAmérique du Nord, où il dévaste souvent les poulaillers. — A. Dugès, mordu au pouce par un mâle de Sarigue (D. cali- fornlca), eut un phlegmon douloureux, avec lymphangite légère et engor- gement d'un ganglion axillaire; il se demanda si les accidents n'étaient pas dus à une propriété toxique de la salive. Mais il est plus vraisemblable d'admettre que les dents du petit Carnivore étaient imprégnées de produits septiques. 2^ sous-ordre : Diprotodontes. — Animaux herbivores, à canines faibles ou nulles. — Kangourous-Rats {Hypsipvymnm), sauteurs de petite taille. Phalangers [Phalanrjista) et Pélauristes {Petaunis), grimpeurs, les derniers à parachute. Kangourous {M acropus), sauteurs, rappelant les Ruminants. Phas- colomes {Phascolomys), fouisseurs, semblables à des Rongeurs. TROISIEME ORDRE ÉDEIVTÉS Mammifères à dentition incomplète {parfois nulle), composée de dents sans racines ni émail. Doigts libres, munis de sabots qui prennent la forme de griffes; placenta diffus ou discoïde. Le nom d'Édentés, créé par Cuvier, est littéralement applicable à certains animaux de cet ordre, tels que les Fourmiliers ; mais la plupart possèdent des dents. Les incisives manquent toujours, sauf chez le Tatou à six bandes ; Fi?. 811. — Tôle de Fourmilier. les canines elles-mêmes n'existent que rarement (Unau). Les molaires sont quelquefois en nombre considérable. Toutes ces dents sont dépourvues de 1096 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. racines; elles sont constituées par de la dentine revêtue d'une couche de cément, et ne montrent aucune trace d'émail. Les griffes, souvent très développées, falciformes, propres à fouir, sont en réalité des sabots, entourant la dernière phalange, ce qui éloigne les Édentés des Onguiculés. Le cerveau est petit, lisse; les facultés intellecluelles sont très bornées. Les mouvements sont toujours lents. Le placenta est diffus chez les uns, discoïde ou zonaire chez les autres. Les Édentés sont surtout répandus dans l'Amérique du Sud. Cependant, les Oryctéropes sont africains, et les Pangolins vivent en Afrique et en Asie. On en a retrouvé des formes gigan- tesques dans le diluvium sud-américain [Dlegatherium, Mylodon, etc.). 3 sections ou familles : Les Vermilingues sont des animaux à langue vermiforme, enduite de salive gluante et servant d'organe de préhension. Cette langue, introduite dans les nids des Fourmis et des Termites, se charge d'Insectes, qui sont aussitôt ingérés. — Fourmiliers proprement dits, comprenant les Tamanoirs U)l. — Tète du Tatou géant [Dasypus (pgas Cuv.). Fig. 813. — Pangolin. {Myrmecophaga] et les Pangolins {Manis). Ces derniers ont le corps recouvert de larges écailles cornées. Oryctéropes (Orycteropiis). Les Dasypodes ou Tatous ont le corps revêtu de lames osseuses recou- vertes d'un épiderme corné et formant une cuirasse sur le dos et la queue. Insectivores. — Genres Dasyims, Prionodon, etc. Les Tardigrades sont plus connus sous le nom de Paresseux. Aspect général des Singes. Arboricoles: se nourrissent de feuilles. Estomac composé de trois parties, comme celui des Pécaris. — Aï [Bradypiis tndactylus). Unau {Cholœpus didacfyliis). * QUATRIÈME ORDRE CÉTACÉS Mammifères pisciformes, à ynembres antérieurs transformés en na- geoires; pas de membres postérieurs ; nageoire caudale horizontale ; tète se confondant avec le tronc; mamelles post-abdominales ; placenta diffus. MAMMIFKRES. CÉTACliS. 10;)7 Par leur conformation extérieure et leur genre de vie, les Cétacés {kt-o;, baleine) rappellent 1rs Poissons. La tête, souvent énorme, n'est pas séparée du corps, lequel se termine en arrière par une nageoire horizontale formée de fibres cornées. On sait que, chez les Poissons, la nageoire caudale est toujours verticale. Les membres antérieurs, dont les doigts comprennent parfois jusqu'à 14 phalanges, sont disposés en na- geoires; les postérieurs manquent, bien qu'on puisse découvrir chez quelques Baleines, perdus dans les muscles, des rudiments du bassin, du fémur et du tibia. La peau est nue ; cependant, on trouve quel- quefois des vestiges de poils à la lèvre supérieure, surtout chez le fœtus. Le cerveau, quoique petit, ofîre des circonvolu- tions nombreuses. Les yeux sont petits, latéraux et situés fort en arrière. L'oreille externe fait défaut. Les fosses nasales ne servent pas à l'odorat, mais seulement à la respiration ; les narines, connues sous le nom d'croits, s'ouvrent sur le front et se léu- nissent parfois en une seule ouverture. Le larynx Fig. 814. — JMomljrt' anti'rieur de la Baleine franclie. l-"iir. Slo. Tote de la Baleine franche (Balxna mysticetm Cuv.). fait saillie dans l'orifice inférieur des fosses nasales, qu'il obture en entier, de telle sorte que la respiration peut s'effectuer pendant que l'animal déglu- tit. Pour respirer, celui-ci amène le sommet de la tète à Heur d'eau, et pen- dant quelques instants l'inspiration et l'expiration se font à grand bruit, d'où le nom de Souffleurs donné aux représentants du groupe qui nous occupe. Chez les grandes espèces, l'expiration produit un jet de vapeur d'eau qui se condense par l'effet du refroidissement, ce qui a donné lieu à cette opinion, encore très répandue, que les Baleines rejettent par les narines l'eau qu'elles ont avalée. — Les dents sont souvent absentes à l'âge adulte; quand elles existent, elles sont toujours simples, à une seule racine. Les mamelles sont situées sur les côtés de la vulve, dans des plis profonds de la peau. Le placenta est diffus. Les Cétacés sont carnivores : ils se nourrissent de Poissons, de Mollusques, de Crustacés ou de Méduses, qu'ils avalent en quantité extraordinaire. La plupart sont marins, quelques-uns fluviatiles. 2 sous-ordres. 1'^"' sous-ordre : Denticétes. — Animaux pourvus de dents à Tàge adulte. Pas de fanons. Genres Dauphin (Delphinus), Marsouin {Plwcxna), Narval {Munodon^, Ca- chalot [Phyaeter), etc. Le Narval [Monodon monoceros) ne possède pour toutes dents que deux canines supérieures, qui restent enfermées dans les alvéoles 1098 CHORDES. — VERTEBRES. pendant toute la vie chez les femelles, mais dont une se développe chez les mâles en une puissante défense. Cette dent était prise autrefois pour la corne d'un animal fantastique, la Licorne; elle était vantée comme alexiphar- maque. Le Cachalot macrocéphale {Physeter macrocephalus) mesure en moyenne 20 à 23 mètres de longueur : c'est le plus grand de tous les ani- maux actuels; on évalue son poids à 2000 quintaux. Le museau est tronqué Fig. 81 G. — Caclialot niacrocépliale. verticalement, et l'évent simple, en forme d'S, se trouve sur le bord de cette troncature, un peu sur le côté. La mâchoire supérieure est inerme chez l'a- dulte ; l'inférieure est armée de grosses dents. Cette espèce vit dans le nord de l'océan Atlantique; d'autres sans doute existent dans les mers du Sud. Bien que la tète soit énorme, puisqu'elle occupe le tiers environ de la longueur totale, le crâne est fort petit; mais les maxillaires sont très déve- loppés, surtout en arrière, et l'occipital offre une crête verticale fort saillante qui se contourne pour aller s'unir de chaque côté à ces os. Il résulte de cette disposition un vaste bassin ovalaire, fermé en haut par une expansion fibro- cartilagineuse sous-cutanée et divisée, par une cloison horizontale, en deux chambres remplies d'une huile grasse très abondante : c'est ce réservoir complexe que les pêcheurs désignent sous le nom anglais de case. D'après les observations de Pouchet et Beauregard, l'appareil dont il s'agit, appareil du blanc (boîte à spermaceti), n'est autre que la narine droite transformée. Cette narine reste cependant ouverte à ses deux extrémités: en arrière, elle se prolonge par un conduit né du point de jonction des deux chambres, « conduit qui s'enfonce dans la fosse nasale osseuse plus étroite de ce côté, et va s'ouvrir avec l'autre narine au-dessus du voile du palais ». En avant, « elle communique avec un sac nasal, qui s'ouvre lui-même dans l'évent, par un orifice où l'on peut, chez l'adulte, passer la main ». Le liquide gras contenu dans ces réservoirs ne provient pas de glandes spéciales; il semble se former dans le tissu conjonctif, à la façon des graisses. On le puise, non dans la lumière même de la fosse nasale, mais « au milieu d'un tissu adipeux presque transparent, prodigieusement friable ». Il tient en dissolution une substance connue sous les noms impro- pres de blanc de Baleine et de spermaceti. Abandonné à l'air pendant quel- ques jours, il laisse déposer celte substance à l'état de masse cristalline qu'on isole d'abord par la filtralion à travers de grands sacs de laine, puis par une forte pression. Le produit est traité alors par une solution faible de potasse caustique qui décompose les principes colorants et les matières animales étrangères. On lave ensuite le liquide à l'eau bouillante et on le coule dans MAMMIFÈRES. — CÉTACÉS. 1090 des cristallisoiis : c'est ainsi qu'on obtient, par le refroidissement, le blanc de Baleine en pains carrés du poids de la à 20 kilogrammes. D'ordinaire, le produit est livré au commerce dans cet état. Il se présente sous l'aspect d'une substance grasse, solide, onctueuse au toucher, d'une structure lamelleuse, d'une odeur à peine saisissable. 11 fond à 44". Ce n'est pas un produit pur :à la Cf'iùie de Ghevreul, qui le constitue essentiellement, sont encore unies des substances huileuses. Pour obtenir la cétine à l'état de pureté, on la sépare de ces matières hui- leuses pnr l'alcool, et ou la recueille alors sous forme de paillettes nacrées, onctueuses, solubles dans l'alcool et l'éther, insolubles dans l'eau, fusibles à 49°. En ce qui concerne sa composition, il est généralement admis que la cétine n'est autre que de l'éther palmitique ou palmitale de cétyle. Cepen- dant, d'après Ileintz, il y aurait, à côté de ce produit principal, d'autres principes moins importants, et la cétine serait formée, en somme, par plu- sieurs alcools (léthal, métlial, éthal ou alcool cétylique, stélhal) et plusieurs acides (stéarique, palmitique, cétique, myristique et coccinique) s'éthérifîant entre eux. Le blanc de Baleine est employé pour la confection des bougies dia- phanes. En médecine, on l'a recommandé, à l'intérieur, à la dose de 2 à 8 grammes, comme adoucissant, contre la diarrhée, et même comme béchique. On ne l'utilise plus aujourd'hui qu'à l'extérieur, sous forme de cérats, pommades (pommade à la sultane) et cosmétiques (cold- cream). Les Cachalots fournissent encore une substance odorante très appréciée dans l'Orient, Vambre gris (1). C'est un corps solide, qui se présente dans le commerce en masses ovoïdes ou sphériques, parfois irrégulières, dont le poids peut atteindre et dépasser 1 kilogramme, et dont la couleur, la con- sistance et l'odeur varient suivant la fraîcheur des échantillons. L'ambre frais est ordinairement noir à la surface, chamois à l'intérieur ; sa consistance est telle que le couteau y pénètre difficilement à froid; son odeur est désagréable, dominée par un relent stercoral prononcé. Les échantillons anciens sont secs et peuvent se casser; ils ont d'ordinaire une teinte grise ou jaunâtre; enfin, le relent stercoral a disparu pour faire place à une odeur d'ambre, laquelle ne prend pourtant sa finesse que par la dissociation du produit. Il existe aussi de l'ambre complètement blanc. A la cassure, les masses d'am- bre gris offrent l'aspect de calculs à couches concentriques. L'analyse chi- mique y décèle la présence d'une matière balsamique spéciale (2 p. 100) et d'une substance cristallisable dite ambréine, analogue à la cholestérine (jus- qu'à 85 p. 100). Au microscope, on reconnaît en effet que ces calculs sont constitués presque exclusivement par de longues aiguilles cristallines d'am- bréine, disposées de diverses manières et associées à un pigment mélanique qui donne à l'ensemble sa couleur grise ou noire plus ou moins foncée. De plus, il n'est pas rare de trouver dans la masse des becs de Céphalopodes, des écailles et des arêtes de Poissons, animaux dont se nourrissent les Ca- chalots. (I) PoccHET et Beauregard, Noie sur l'ambre gris. Comptes rendus de la Soc. de biologie, ^9), IV, p. 588, 18!)2. 1100 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. On peut déduire de cette constitution que les nodules d'ambre gris sont de simples calculs intestinaux (Servat, Marel). Jusqu'à présent, personne ne les a vus et décrits en place, mais on peut affirmer qu'ils occupent la pre- mière portion du rectum, dont la muqueuse est fortement pigmentée. Ces calculs ambréiques se forment vraisemblablement par précipitation de contenu toujours liquide de l'intestin. L'odeur d'ambre ne paraît pas appartenir en propre à Fambréine ; elle est en effet répandue dans tous les organes des Cachalots et tient peut-être à leur nourriture; mais la substance odorante se trouve sans doute, au contact des cristaux d'ambréine, dans des condi- tions favorables d'isolement et d'expansion. On trouve l'ambre gris flottant en pleine mer ou déposé sur les côtes de diverses régions: à Madagascar, au Japon, au Brésil, aux Antilles, etc. L'ambre gris est surtout employé dans la parfumerie ; mais on y a quelquefois recours en médecine, à titre de stimulant du système nerveux. On la autrefois regardé comme un aphrodisiaque puissant : il entre du reste dans la préparation des pastilles indiennes nommées cachundé^ des pastilles du sérail, etc. 2" sous-ordre : Mysticètes. — Cétacés dépourvus de dents à l'âge adulte. Pendant la période embryonnaire, on trouve bien, cachées dans une rainure des gencives, des ébauches de dents ; mais elles ne percent jamais et ne tardent pas à être résorbées, pour faire place aux fanons. On nomme ainsi des lamelles cornées triangulaires, d'origine épithéliale, qui naissent de la voûte palatine et descendent verticalement, de manière à former une sorte de crible propre à retenir les petits animaux contenus dans l'eau. Genres Rorqual {Balœnoptera), Baleine [Balsena). On pêche ces animaux, notamment la Baleine franche ( Baîœna mysticchoi), pour leurs fanons et pour l'huile abondante qui existe dans leui' pannicule graisseux (huile de Baleine, dite huile de Poisson). CINQUIEME ORDRE SIRÈNES Mammifères plsci formes, à membres antérieurs transformés en nageoi- res; pas de membres postérieurs; nageoire caudale horizontale; tête distincte du tronc; mamelles pectorales ; placenta diffus. Ces animaux ont un certain nombre de caractères communs avec les Cé- tacés, auxquels on les réunit quelquefois; ils en diffèrent pourtant d'une façon notable. Ainsi, les Sirènes ont la tête petite, séparée du tronc par un cou assez court, les narines situées au bout du museau, le larynx disposé comme chez les autres Mammifères. Des poils courts et raides sont épars sur le corps. Les dents sont différenciées. Il n'existe pas de canines, mais on trouve des incisives qui subissent un renouvellement. Les molaires sont conformées d'après le type qu'offrent les Ongulés. Ce sont des animaux herbivores et paisibles, côliers ou fluviatiles. MAMMIFÈRES. — BISULQUES. IIOI- (iemes Dugong [llalicore), Lamantin {Manatus). Un troisième genre, celui P'ig. 817. — Squelello de Dugong [llalicore diujong). des Stellères {Ilhytinu), qui vivaient au Kamtshatka, a été anéanti par l'Homme vers la fin du siècle dernier. SIXIEME ORDRE BISULQUES Mammifères ongulés^ à doigts presque toujours pairs ^ les deux médians plus développés ; dentition primitivement complète, mais tendant à se raréfier; placenta diffus ou cotylédon aire. Souvent désignés aussi sous le nom à." Artiodactyles (âptioç, pair; SotJiTuXoç, doigt), les Bisulques {bisulca, animaux à pied fourchu) com- posent un ordre très riche en espèces et si étroitement uni à celui des Jumentés, que beaucoup d'auteurs les réunissent sous le nom d'Ongulés {[), en considération surtout des formes fossiles intermé- diaires. On trouve, dans ce groupe, des animaux lourds et trapus et d'autres aux formes sveltes et élancées. Mais, chez tous, les doigts sont ter- minés par des sabots, gaines cornées obtuses dans lesquelles est en- fermée la troisième phalange. Chez tous également, le pied est fendu, c'est-à-dire que, au lieu d'un seul doigt prédominant, comme chez les Jumentés, il y en a deux, le troisième et le quatrième. La carac- téristique des Bisulques repose effectivement sur ce fait que l'axe des membres passe entre les doigts 3 et 4 ; ces doigts ont donc à sup- porter la charge principale du corps, laquelle est à peu près égale- ment repartie entre eux; par suite, ils prennent un développe- ment considérable, tandis que les autres, ayant une fonction moins active, se réduisent peu à peu, jusqu'à disparaître. Chez l'Hippopo- tame, qui paraît représenter une forme primitive, les deux doigts latéraux, le "i" et le 5% sont presque aussi développés que les mé- dians, et concourent à l'appui. Mais le plus souvent ces doigts latéraux demeurent très courts, sont reportés en arrière et ne tou- (1) Les Ongulés des auteurs modernes comprennent huit groupes : Condylarthrés (éteints), Périssodactyles, Artiodactyles, Amblypodes (éteints) , Proboscidiens, Toxoudontes (éteints), Typothériens (éteints), Hyraciens. 1102 GHORDÉS. — VERTÈBRES. chent pas le sol. — Chez les Porcins, les métacarpiens et métatarsiens des deux doigts médians sont encore séparables, et les os de Tavant- bras et de la jambe demeurent bien développés et distincts. Les Pécaris et les ïragulidés établissent, à cet égard, la liaison entre les Porcins et les Rumi- nants. Ceux-ci ont leurs métacarpiens et méta- tarsiens principaux soudés de manière à former un seul canon ; en outre, leurs doigts latéraux se réduisent de plus en plus. Les Pécaris n'ont d'ordinaire que trois doigts aux membres pos- D D ig. 818. — Pied antérieur du Porc. — aô, avant-bras, c, carpe, m, mé- tacarpe. d,d, doigts latéraux, b, D, doigts médians, touchant seuls le sol. Fig. 819. — Pied postérieur de Cerf. — t, tibia, ta, tarse. m, métatarse ou canon, p, p', // ', 1',*, 2= et 3° phalanges. Fig. 820. — Fémur du Bœuf. térieurs; les chameaux et la Girafe n'en ont plus que deux aux quatre membres. Le fémur ne montre Jamais la saillie que nous aurons à signaler, chez les Jumentés, sous le nom de troisième trochan- ter. L'astragale est en osselet, c'est-à-dire pourvu d'une trochlée proximale et d'une double trochlée dis- taie. Les clavicules manquent. La dentition, primitivement complète, tend à se raré- fier dans certains groupes. Ainsi, chez la plupart des Ruminants, les incisives et les canines supérieures font défaut, bien qu'on en retrouve les germes chez les embryons. Par contre, les incisives inférieures sont augmentées d'une paire, ce qui en porte le nombre total à huit : on considère, en général, ces incisives additionnelles comme des canines dépla- cées et adaptées à un rôle nouveau. Les canines sont très déve- loppées chez les Porcins et les Chevrotains, en particulier dans le sexe mâle ; elles diminuent chez les Chameaux et chez beaucoup de Cerfs. Les molaires sont toujours compliquées, mais leurs principales mo- Fig. 821. — Astra- gale en osselet du Eœuf. MAMMIFÈRES. — BISULQUES. 1 1U3 difications peuvent se ramener à deux types : 1° leurs éléments cons- titutifs ou denticules offrent Taspect de cônes ou mamelons plus ou moins plissés, comme chez les Cochons : c'est le type bunodonie (fiouvoç, mamelon; 65ouç, dent) ; "1° les denticules s'allongent et s'incurvent de manière à former des croissants longitudinaux, bien délimités par les rubans d'émail, ainsi (ju'on le voit chez les Ruminants : c'est le type sélénodonie (oe^T^vY), lune). Entre ces deux formes extrêmes, on dislingue parfois un type lopkodonte ().oso<;, houppe), dans lequel les tubercules de la dent primitivement bunodonte se sont étendus et reliés par des crêtes. Les culs-de-sac de la surface de frottement sont comblés par du cément, substance qui se dépose aussi sur la surface extérieure : après usure, la couche d'émail dessine des ru- bans qui séparent l'ivoire des dépôts cémenteux et marquent très nettement les denticules. Les mamelles sont ventrales (Porc) ou inguinales. L'utérus est bicorne. Le placenta est diffus, comme chez les Porcins, les Camélidés et les Tragulidés, ou cotylédonaire, comme chez la plupart des Rumi- Kig. 822. — UKtus d'une Vaclic pcndanl l;i i^r^Uiliin]. — u, ovaire scclionm' [lar In niiliou. a'a , corps jaune. 6, X('sicul('s de de Graaf. c, surfaco interne de l'uU'rus. rf, cotjlOdon-;. nants. Les cotylédons utérins sont tantôt convexes (Vache), tantôt discoïdes (Chèvre), tantôt en cupule (Brebis). — L'estomac tend àsesub- diviser en plusieurs compartiments, et cette division, déjà indiquée chez l'Hippopotame et le Pécari, un peu plus complexe chez les Tragulidés, est portée à son maximum chez les autres Ruminants. — Le cerveau est relativement petit; les hémisphères, qui ne couvrent jamais le [cervelet, offrent un système particulier de circonvolutions assez compliqué dans les grandes espèces. Néanmoins, l'intelligence est toujours obtuse. — La plupart des Bisulques vivent en troupes, mais celles-ci ne possèdent pas, en général, l'organisation intelligente 1104 GHORDÉS. — VERTÉBRÉS. que nous observerons chez les Chevaux. Lorsqu'ils sont attaqués, ces animaux cherchent leur salut dans la fuite ; rarement ils comptent sur leur propre force. De tous les ordres de Mammifères, l'ordre des Bisulques est le plus utile à l'Homme; c'est aussi le plus nombreux en espèces après celui des Rongeurs. On le divise en deux sous-ordres : Porcins et Rumi- nants, paraissant avoirpour souche commune, d'après Gope, la famille éteinte des Pantolestidx, de l'éocène inlerieur et moyen de l'Amérique du Nord. PREMIER SOUS-ORDRE PORCli\S Bisulques à dentition complète^ à estomac souvent simple, et dans tous les cas impropre à la rumination ; métacarpiens et métatarsiens des doigts médians généralement non soudés entre eux. Les auteurs ont donné à ce groupe des noms assez variés : Artio- dactyles pachydermes, Polydactyles non ruminants, etc. Nous préfé- rons celui de Porcins, et parce qu'il est simple, et parce qu'il convient bien aux espèces actuellement vivantes. Toutes celles-c en effet, y compris l'Hippopotame, ressemblent plus ou moins à nos Porcs par l'ensemble de leur organisation. La plupart des espèces fossiles elles- mêmes ne sont pas sans offrir avec eux de nombreux rapports. Fig. 823. — Maxillaire inférieur de l'Hipiiopolame. — a, a', condyles. Les Porcins ont, en général, plusieurs paires d'incisives, des canines plus ou moins saillantes et des molaires mamelonnées. L'estomac est simple, sauf chez l'Hippopotame et les Pécaris, où la partie cardiaque est divisée en deux compartiments. Les métacarpiens et métatarsiens des deux doigts principaux demeurent toujours distincts, sauf chez les Pécaris, où ils commencent à se souder dans leur partie supérieure. MAMMIFÈRES. — BISULQUES. 1I0S Stupides et briilaux, les Porcins ont cependant certains sens, l'ouïe et Todorat, d'une finesse remarquable. A l'état sauvage, ils vivent dans les forêts marécageuses. On en distingue deux familles : IJippopoiamidœ et Suidie. Les HIPPOPOTAMIDÉS ou Obèses sont des animaux lourds, massifs, •^ 1.4 :{ 2.3.4 i). hideux, l'ormule dentaire : "' / ' Formule digitale: 2.1.4,3. ° ■ 2.3.4.0. Ils vivent par troupes dans les grands lleuves et les lacs de l'intérieur de l'Afrique. Ils se nourrissent de plantes aquatiques. — L'Hippopotame commun {Hippopoldinus ainpfdbius) peut acquérir une longueur de 4™, 50 et un poids de 2ol)0 UiIoji;i'ammes. Une autre espèce, de pelile taille [IL libericnsia), a été trouvée dans la République de Libéria. La graisse des Hippopotames sert à fabriquer le delka, sorte de pommade dont les Nègres s'enduisent les che- veux et le corps. La chair est délicate. Les SUIDÉS ou Séligères ont le corps revêtu de poils raides ou soies, et supporté par des pieds dont les deux doigts médians tou- chent seuls le sol, les deux autres étant peu développés et reportés / 2.:l4.5 \ en arrièref ^ ^ — 1. La tête est allongée et terminée par un groin ou boutoir, élargi à son extrémité en un disque dans lequel sont percées les narines. Ce groin, soutenu à l'intérieur par une pièce osseuse, est tout à fait propre à fouir le sol. On trouve, dans chaque branche des mâchoires, une à trois incisives, une forte canine ou défense et un nombre variable de molaires. Sauf de très rares exceptions (Pécaris), les canines supérieures sont recourbées en haut et suivent à peu près la même direction que les inférieures, de sorte que, pour se défendre, les animaux frappent toujours de bas en haut et par côté. Les femelles possèdent six ou sept paires de mamelles abdominales et mettent bas un nombre correspondant de petits. Ceux-ci ont sou- vent une robe tachetée ou rayée. Tous les Suidés sont des animaux nocturnes, qui vivent en troupes dans les forêts, recherchent les régions marécageuses et aiment à se vautrer [faim souille) dans la boue. Ils passent la journée dans une retraite sombre et humide [bauge). Ils sont omnivores : bien qu'ils se nourrissent le plus souvent de racines et de tubercules, ils ne dédai- gnent pas les proies vivantes ou mortes qui tombent à leur portée. Les Cochons proprement dits [Sus L.) ont pour formule dentaire -'. ', ' =^ 44. Leurs incisives inférieures sont dirigées très obliquement en 0.1. t,0 avant. On découvre des restes fossiles du genre Sus dans le diluvium et dans le tertiaire jusqu'au miocène: ces formes éteintes se continuent d'ailleurs avec les genres Hyotherium et Palxoclmrus du miocène, et Chœropotamus de Railliet. — Zoologie. 70 1106 CHORDÉS. — VERTEBRES. l'éocène, mais ne paraissent pas dériver des Anoplothéridés, contrairement à ce qu'avait supposé A. Gaudry, Citons, d'après cet auteur, la série qui aboutit à notre Sanglier d'Europe : Sus chœroides et Lockarli du miocène moyen, S, antiquus,palœochœurus, erijmanthius ei, major du miocène supérieur, G-ATicofe-t Fig. 824. — Sus erymanthius, du miocène. — 1, lèle vue en dessus. 2, lèle vue de profil. 3, mâchoire infc^rieure. S. provincialis du pliocène inférieur, S. arvcrnensis du pliocène supérieur; enfin, cette série se poursuit dans le diluvium par un .Sus scrofa fossilis qui ne paraît pas se distinguer du Sanglier actuel. — Ajoutons que les cités lacustres ont montré une forme toute différente, dont il sera question plus loin. liGs Cochons sauvages ont reçu le nom de Sangliers. Les mâles sont appelés Verrais; quand ils sont vieux, ils vivent à l'écart du trou- MAMMIFÈRES. — HISULQUES. 1107 peau (SolHai)'es), sauf à l'époque du rul; les femelles se nomment Laies, et les petits, Marcassins. Les zoologistes ont décrit un très grand nombre de formes de Sangliers, auxquelles ils ont attribué la valeur d'espèces. Forsyth Major, après avoir étudié une très riche collection de crânes, est arrivé à réduire ces espèces à quatre principales iSusvittutus, S. verrucosiis, S. barbatus et S. scrofa. Le Sanglier à bandes (S. vittatus Millier et Schlegel) comprend, en particulier, IG ou 17 formes, par exemple S. vittatus type, de Java, Sumatra, Bornéo, Amboine et Célèbes ; S. andamanensis, S. capensis, S. Indiens, iS. Icu- comystax (du Japon), S. timoriensis, S. moupinensis, S. seimnariensis, etc. On y rattache même : S. papiiensis Lesson (le Sanglier des Papous, bien connu parce que les indigènes de la Nouvelle-Guinée en élèvent souvent les marcassins dans leurs cases), qu'on a quelquefois rangé dans un genre dis- tinct {Porcula); S. cristalus Wagner (Sanglier à crinière), de l'Inde et de Malacca ; S. scrofa meridionalis (Sanglier de Sardaigne), qu'on aurait à tort rattaché au Sanglier commun d'Europe. Dans ces conditions. Faire de disper- sion de S. vittatus s'étendrait du Japon au sud-ouest de l'Afrique, et de la Sardaigne à la Nouvelle-Guinée. Le Sanglier à verrues (S. verrucosus Millier et Schlegel), de Java, Bor- néo, Céram, constitue aujourd'hui une espèce bien distincte, mais se relie étroitement au S. vittatus par une forme pliocène du val d'Arno et des monts Sivalik (S. gigantPMS Falc). Le Sanglier barbu (S. barbatus Millier et Schlegel), de Bornéo, se rap- proche du S. verrucosus par ses crochets inférieurs ; mais il en diffère sur tous les autres points. Le Sanglier d'Europe (S. scrofa L.) a le corps ramassé, la tête allongée, à front plat, les oreilles droites, les membres forts, la queue tordue. Le corps est revêtu de soies raides, qui se hérissent en crinière sur la nuque et sur le dos. La teinte générale du pelage est gris foncé; les marcassins conser- vent jusqu'à l'âge de six mois une livrée à bandes longitudinales alternati- vement fauves et noires ; à six mois, l'animal devient bête rousse pour les chas- seurs ; à 1 an, bête noire ou de compagnie ; à 2 ans, ragot; à 3 ans, tiers-an; à 4 ans, quart-an ou quartenier ; c'est à partir de 6 ans environ que les mâles deviennent solitaires. Le Sanglier commun habite les régions tempérées de l'ancien continent; mais il disparait peu à peu devant l'Homme, et on ne le rencontre plus guère aujourd'hui que dans les grandes forêts. Le rut n'a lieu généralement qu'une fois par an, vers décembre : à ce moment, les solitaires rejoignent les trou- peaux et en chassent les mâles les plus faibles; dix-huit semaines environ après l'accouplement, la laie met bas 4 à 6 marcassins quand elle est jeune, et jusqu'à 12 quand elle est vieille. La chair des Sangliers, et sur- tout des individus jeunes, est très estimée. D'après David Low, les individus entretenus en captivité tendraient à prendre les caractères des Porcs domestiques: les membres, dit cet auteur, deviennent plus longs, le groin s'allonge, le duvet disparait. Ces observations, d'ailleurs assez superficielles, sont loin d'avoir la portée qu'on a voulu leur attribuer. 1108 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. A l'état sauvage même, les Sangliers présentent des variations morpholo- giques très étendues. Ceux des marais, dit Brehm, sont beaucoup plus grands que ceux des forêts sèches, et les formes qui peuplent les îles de la Méditer- ranée sont à peine comparables à notre type continental. De même, le San- glier de Barbarie constitue comme une race géographique distincte, etc. Cochons cloniestîqiies [Sus scrofa domeslicus Aiict.). — La plu- part des zoologistes rapportent les Cochons domestiques à une seule et même espèce^ dont les divisions naturelles constituent des races. Mais, pour quelques-uns, au contraire, les différences qui existent entre les races dont il s'agit sont, en partie du moins, originelles, c'est-à-dire que les Cochons domestiques se rattachent à un certain nombre de types spécifiques primitifs. Cette question de l'unité ou de la pluralité de souche n'est pas d'ailleurs limitée au groupe des Cochons; elle se pose également pour la plupart des animaux domestiques. Nous devons donc exprimer ici, une fois pour toutes, notre sentiment à cet égard. D'après Cuvier, les Cochons domestiques proviendraient du Sanglier d'Europe {Sus scrofa L.). Pritchard el Roulin ont appuyé cette manière de voir en affirmant que, dans certaines régions de 'l'Amérique oii les Cochons sont redevenus sauvages, leur poil et leurs allures sont à peu près sem- blables à ceux de nos Sangliers. I. Geoffroy Saint-Hilaire pensait, au con- traire, que les Cochons d'Europe descendent des Sangliers d'Asie. Les uns et les autres, d'ailleurs, paraissent bien d'accord sur ce point, que tous les Cochons entretenus en domesticité appartiennent à une seule et même espèce. Pourtant, cette manière de voir est sujette à discussion. D'après les indi- cations données plus haut, les Sangliers répandus dans les diverses régions du globe représentent un très grand nombre de formes, que certains auteurs regardent comme autant d'espèces, et dont les autres font de simples races géographiques pouvant être rapportées à quelques espèces types ou « bonnes espèces». Or, si l'on examine de même les Cochons domestiques, on est amené à reconnaître qu'ils offrent des modifications correspondantes. Il suffit de comparer, par exemple, les Cochons du Tonkin avec nos Porcs nor- mands ou gascons, pour reconnaître que ces formes diffèrent entre elles au moins autant que les races géographiques ou sous-espèces sauvages. Peut- être même les premiers paraîtront-ils assez différents des seconds pour que les uns et les autres soient considérés comme représentant de « bonnes espèces », d'une valeur égale à Sus vittatus et à Sus scrofa. Mais les différences observées entre les formes domestiques ne seraient- elles pas précisément le résultat de la domestication, de la culture, de la sélection effectuée par l'Homme ? Il est certain que le problème de la déter- mination des types spécifiques, déjà fort difficile à résoudre, comme on l'a vu, pour les formes sauvages, offre des difficultés beaucoup plus grandes encore par fintroduction de ces éléments. Ce n'est pas tout : les représen- tants d'une même forme primitive ne se sont pas exclusivement reproduits entre eux; bien au contraire, on constate presque partout des traces de mélange, se traduisant par un défaut d'harmonie dans les caractères et par MAMMIFÈRES. — BISULQUES. H09 des phénomènes de réversion. Dans ces conditions, il devient évidemment fort difficile de reconnaître, dans les populations porcines actuelles, les types primitifs auxquels ont doit les rapporter. A. Sanson a pensé cependant que la chose n'était pas impossible, et, se basant sur les caractères ostéologi({ues, notamment sur ceux tirés du crâne, il a cru pouvoir aflirmer que les diverses races de Poics reconnues par les auteurs se rattachent à trois groupes principaux, qu'il qualifie de races, mais auxquels il donne la valeur d'espèces. Chacune de ces espèces ayant son origine et, partant, sa patrie distinctes, se compose d"un ceitain nombre de variétés produites sous l'influence du milieu, mais transmettant leurs caractères par hérédité, et correspondant par suite aux races des naturalistes. A titre d'exemple, nous reproduisons ici la classification des races de Porcs, telle quelle est donnée par Sanson. On remarquera que la nomenclature de l'auteur comporte toujours un qualificatif visant la patrie d'origine de l'espèce à laquelle il s'applique. ESPÈCES BRACIIYCEPHALES. — Race asiatique {Sus asiallcus). Variétés : Chinoise. — Siamoise. — Japonaise. Fig. 82.3. — Fore normanil. Race celtique (S. celticus). Variétés : Angevine ou Craonnaise. — Mancelle. - Bretonne. — Normande ou Augeronne. — Roma^nole. ESPÈCE DOLICHOCEPHALE. — Race ibérique (S. ibericus). Variétés : Napo- litaine. — De la Campagne romaine. — Toscane. — Grecque. — Hongroise (dite Mangalikza). — Suisse. — Bressane. — Dauphinoise. — Quercinoise. — Périgourdine. — Limousine. — Gasconne. — Languedocienne. — Provençale. — Roussillonnaise. — Béarnaise. — Espagnoles et Portugaises. mO CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. En résumé, d'après Sanson, nous nous trouvons en présence de trois espè- ces naturelles, ayant chacune Jeur origine distincte. — Cette manière de voir procède d'une doctrine laxinomique trop radicalement difTérente de celle que nous avons adoptée pour que nous puissions l'accepter sans ré- serves ; et d'ailleurs, l'auteur fait intervenir, d'une façon un peu trop exclusive, les caractères tirés de l'examen du crâne. Cependant, on ne peut le méconnaître, l'étude de ces caractères marque un pas en avant dans la voie du progrès scientifique; et quelle que soit la valeur absolue qu'on veuille accorder aux catégories établies sur une telle base, il est certain qu'elles constituent des points de repère extrêmement utiles au point de vue des recherches ultérieures. Aussi bien, les recherches paléontologiques viennent- elles chaque jour en démontrer l'importance. — Nous ne pouvons nous empêcher toutefois de regretter que Fauteur ait établi volontairement une quasi-confusion entre les notions d'espèce et de race, et qu'il ait cru devoir adopter une nomenclature à part, en dehors des règles acceptées par la gé- néralité des naturalistes. Au surplus, l'adoption des vues de Sanson ne viderait pas la question sou- levée, et l'origine des espèces — ou races primitives — de Porcs domestiques n'en resterait pas moins à déterminer. Aussi les auteurs se livrent-ils tou- jours, à cet égard, aux suppositions les plus variées. Les uns tendent à con- sidérer que les formes primitives n'existent plus à l'état sauvage, leur con- fiance native les ayant fait disparaître au contact de l'Homme. Les autres, au contraire, font intervenir des formes sauvages multiples, notamment les Sangliers de l'Asie et de l'Afrique, voire les Potamochères de cette dernière région (1). Sans doute, il n'est pas irrationnel d'admettre qu'il existe encore, de nos jours, des représentants sauvages et des représentants domestiques d'une même espèce, et le fait est notoire dans quelques cas ; cependant, il faut reconnaître que le plus souvent les documents positifs fournis à l'appui de cette thèse résistent mal à une critique sérieuse. Reste donc à admettre, pour les races de Porcs comme pour celles de nos principaux Mammifères domestiques, une origine propre, antérieure aux temps actuels. La question tombe alors dans le domaine de la préhistoire et de la paléontologie, et c'est à ces sciences que nous devons demander des lumières. Malheureusement, l'une et l'autre sont encore trop peu docu- mentées, par suite des difficultés que présente l'exploration de la croûte terrestre. Il est certain pourtant qu'elles nous ont fourni déjà, sur le point qui nous occupe, des renseignements précieux, nous permettant d'affirmer dès maintenant que les Porcs domestiques actuels descendent de formes déjà distinctes dans les époques préhistoriques, et nous portant même à admettre, d'une manière très générale, que les aïeux de nos animaux domestiques sont géologiquement plus anciens que l'Homme qui les a do- mestiqués. Donc, s'il nous est permis de conclure par une note personnelle, nous dirons que pour les Porcs, comme pour la plupart des animaux domestiques, la pluralité de souche nous paraît difficilement contestable. Et .nous enten- (1) L'opinion la plus répandue est que les Cochons européens dérivent du Sus scrofa, et les Cochons asiatiques du Sus vitlatus (notamment de la forme leuco- mystax). MAMMIFI>RES. — BISULQUES. H 11 dons par là que les principaux types auxquels se rattachent nos races ac- tuelles étaient déjà différenciés au moment où a été effectuée leur domes- tication, sans nous attarder à la question de savoir s'il convient d'accorder à ces types la valeur de races ou d'espèces. Domesticalion. — La domcsticalion du Porc dans l'Europe occidentale date certainement, comme celle de nos principaux Mammifères, de l'époque robenhausienne. Elle a été la conséquence de l'arrivée on Occident des populations qui ont introduit dans cette région l'usage des armes en pierre polie, populations qu'on suppose être d'antiques migrateurs aryens, précur- seurs des Aryas aux armes de bronze. Dans les habitations lacustres les plus anciennes, on rencontre : 1° le Sanglier d'Europe (S. scrofa) ; un type de grande taille, souvent appelé Porc de Concise, et qui parait très voisin des Cochons actuels de nos pays; 2° une forme plus petite, le Cochon des tourbières {Sus palustris), au sujet duquel on a émis des opinions variées : Riitimeyer et H. von Nalhusius le rapportent au type du Cochon hongrois à soies frisées, ainsi que du Sanglier de l'Inde (Sus vitta(us) ; R. Hartmann et J.-W. Schi'itz le regardent comme dérivant du Sus sennaciricnsifi {simple variété africaine du précédeiil, d'après Forsylii Major); enfin, Neliring le considère comme un rejeton du Sanglier d'Europe, atrophié par une domestication pré- coce. Ce dernier auteur a rattaché d'ailleurs au Porc des tourbières une forme porcine très réduite trouvée dans une tourbière d'Allemagne, et qu'il avait d'abord dénommée S. scrofa nanus. En Chine, d'après le Chou-king , la domesticité du Cochon dalerait au moins de quarante-neuf siècles. « Réputé immonde par les Égyptiens, le Cochon ne figure point dans leurs peintures sépulcrales. Personne n'ignore que les Juifs l'avaient exclu aussi de leur alimentation. Les Grecs et nos ancêtres, les Gaulois, le faisaient entrer, au contraire, dans la leur pour une très large part. Enfin, les Aryas primitifs connaissaient le Porc domestique et en mangeaient la chair (1). » Caractères physiologiques. — Les mâles et les femelles de nos Cochons domestiques sont aptes à s'accoupler vers l'âge de huit mois. Le Verrat peut saillir d'abord trois Truies par jour, et plus tard quatre ou cinq. L'éjaculation est toujours lente; le sperme est très épais. La durée de la gestation est d'environ cent dix-neuf jours; on dit, comme procédé mnémonique, trois mois, trois semaines et trois jours. Le nombre des petits varie selon les races; il est souvent de dix à douze. Chaque Cochon de lait ou Goret fait choix d'un mame- lon auquel il revient toujours. On sèvre d'habitude ces animaux au bout de six semaines. — Pour faciliter l'engraissement, on châtre les individus des deux sexes, avant ou après le sevrage : la femelle châtrée prend le nom de Coche; le mâle garde celui de Cochon. Services. — Les Cochons sont essentiellement des animaux alimentaires. On peut même dire qu'à ce titre, aucun animal (1) N. JoLY, L'Homme avant les inéluiix. Paris, 1879, p. 248. 1112 CHORDES. — VERTEBRES. domestique n'est d'un usage aussi général : sur toute la surface du globe, ils fournissent aux populations la plus grande partie et sou- vent même la totalité de la nourriture animale. On consomme à la fois leur chair, leur lard, leur graisse interne (saindoux, axonge), leurs intestins, leur sang, etc., sous mille formes différentes. Ils ne laissent pour ainsi dire aucun déchet. La chair est grasse, peu digeste; elle s'altère rapidement et par suite occasionne souvent des accidents de botulisme ; on sait en outre qu'elle peut transmettre à l'Homme le Ténia armé et la Trichine. Ajoutons qu'on racle la face interne de l'es- tomac des Porcs (bien plutôt que de la caillette des Moutons), en vue de préparer la pepsine médicinale, agent souvent employé dans le traitement de certaines dyspepsies (t). Quant aux services qu'ils peuvent rendre de leur vivant, ils sont assez restreints. Grognier en cite cependant quelques-uns. Dans le Périgord, on les emploie à la recherche des truffes. En Normandie, on les attachait autrefois au pied des pommiers, qu'ils cultivaient en fouillant la terre tout autour. On raconte même que, dans les Apen- nins, on les utilise à la façon des Chiens de berger. « Dans cer- taines parties de l'Ecosse, dit P. Gervais, principalement dans le Murrayshire, le Porc travaille comme bête de trait, et il n'est pas rare d'y voir un petit Cheval, un Ane et un Cochon attelés à la même char- rue. M. Grognier a vu en France de pareils attelages, et il rappelle qu'une loi les avait défendus au peuple juif. En Amérique, on lâche les Cochons contre les Serpents venimeux, dont ils font leur proie. On arrache aux Cochons vivants des soies pour faire des brosses, des vergettes et des pinceaux. Enfin, le fumier de Cochon, quoique peu estimé, a aussi son utilité; dans le nord, on l'emploie principalement dans les champs de houblon (2). » Hybrides. — Il n'esl pas rare d'observer la fécondation de la Truie par le Sanglier. En i'872, Sanson a fait accoupler à Grignon une Truie de race celtique avec un Sanglier d'Algérie. Les petits ont montré tous les caractères extérieurs de l'espèce maternelle, sauf quelques taches noires; ils avaient également six vertèbres lombaires. Ces produits ne se sont point montrés fé- conds entre eux, bien que le mâle possédât des spermatozoïdes ; mais les femelles ont pu être fécondées par un mâle de l'espèce maternelle (3). E. Thierry a vu le produit mâle d'un Sanglier et d'une Truie féconder une autre Truie. Les Potamochéres {Potamochœrus), autrefois appelés Chéropotames, méri- tent à peine d'être séparés du genre Sus. Ils s'en distinguent par des formes plus fines, par la présence d'une saillie osseuse qui supporte un renflement (1) Pour l'utilisation des produits accessoires de la charcuterie et de la bouche- rie, consulter L. Villain. La viande malade. Paris, 1894, p. 153. (2) P. Geuvais, llist. nat. des Mammifères, t. Il, p. 240. Paris, 1855. (3) A. Sanson, Traité de Zootechnie, 3^ éd., t. 11, p. 24 et 229. Paris, 1888. MAMMIFÈRES. — BISULQUES. 1113 verruqueux et se trouve située entre l'œil et le groin, enfin par la denlilion, ;i laquelle manque une ]U'émolaire. On distingue dans ce groupe le Sanglier de Cuinée (P. 2^orcus), à oreilles en pinceaux, et le Sanglier à masque [P. ofricaniis seu larvalus), du sud et de l'ouest do l'Afrique. Les Babiroussas {Ikibiriissa F. Cuv.) ont le corps élancé, haut sur pattes, et sont remarquables par leurs canines très développées, simulant presque des cornes. Les supérieures re- montent le long des gencives, [tercent la peau et se recourbent en croissant vers le front. La mâ- choire supérieure ne porte de chaque ciUé que deux incisives, et les deux nicàchoires offrent deux prémolaires et trois molaires. On n'en connaît qu'une espèce, B. alfuvtts, des îles de la Sonde et des Moluques. Les Phacochères ( Phncochœrus ) sont faciles à reconnaître à leur Fisr. 82g. tête hideuse, à large groin, por- tant de chaque côté, au-dessous et en avant de l'œil, une forte éminence verruqueuse aussi grande que l'oreille et simulant une courte corne. La mâchoire supérieure ne présente de chaque côté qu'une seule incisive, qui même se perd souvent chez les adultes; l'inférieure en montre 2 ou 3. Les canines sont ti'ès développées. Deux espèces : le Phacochère d'Ethiopie [Ph. œthiopicus), ou Emgalo du Cap, et le Phacochère d'Élien {Ph. africanm), du centre de l'Afrique. Ce sont des animaux farouches et très dangereux. EURCUM TOk' de Caliiroussa. Enfin, les Pécaris {Bicotyles], représentants américains de la famille des Suidés, marquent le passage des Porcins vers les Ruminants par leur esto- mac à trois compartiments, ainsi que par le commencement de soudure de leurs métacarpiens et de leurs métatarsiens. Leurs pieds postérieurs sont généralement tridactyles, par suite de l'atrophie du doigt externe. 2.1.3,3 Formula dentaire : . Les canines sont peu saillantes ; les supé- rieures sont dirigées en bas. Tous ces animaux possèdent une glande cutanée dorsale qui fournit une sécrétion laiteuse d'une odeur forte et désagréable. Le Pécari à collier (D. torquatus) habite le nord de l'Amérique. Le Pécari à lèvres blanches (D. labiatus), de plus grande taille, est de l'Améri- que du Sud. SECOND SOUS-ORDRE RUMINANTS Bisiilques souvent dépourvus d'incisives et de canines supérieures; estomac divisé en quatre [ou trois) compartiments et propre à la rumina- 1114 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. liou; métacarpiens et métatarsiens des doigts médians presque toujours soudés en un seul os. Tous les Ruminants foulent le sol par leurs deux doigts médians, €6 qui les a fait appeler quelquefois Didactyles. Les deux autres doigts, assez courts et terminés par des ergots, sont rejetés en arrière : dans certaines espèces, ils deviennent même rudimentaires, et arri- vent enfin à disparaître (Girafe, Chameaux). Les métacarpiens et mé- tatarsiens des deux doigts principaux sont soudés entre eux, sauf dans un genre de Tragulidés {Hyœmoschus), où la soudure fait défaut aux membres antérieurs et n'est que partielle aux membres posté- rieurs. Chez un grand nombre d'espèces, on trouve, au-dessus de la fente interdigitale, une poche cutanée, velue, au fond de laquelle débou- chent de nombreux follicules, qui sécrètent un liquide onctueux et souvent odorant : on donne quelquefois à cet organe glandulaire le nom de sinus biflexe. D'autre part, on appelle larmier un sac membra- neux à parois également glanduleuses, situé dans une fosse sous- orbitaire du maxillaire supérieur, et dont la sécrétion onctueuse et noirâtre prend, à l'époque des amours, une odeur particulière (Cerfs). A l'exception des Tragulidés, des Moschidés et des Camélidés, tous les Ruminants possèdent des cornes, armes diversement constituées qui souvent sont propres aux mâles, et, dans tous les cas, sont plus développées chez eux que chez les femelles. On en distingue trois sortes : 1° chez la Girafe, ce sont des saillies osseuses re- couvertes par la peau non modi- fiée; 2° chez les Bovidés ou Cavi- Fisr. 827. — Tête de Girafe. Fis- 8i8. — Tète do Bœuf. cornes, il existe une cheville osseuse, pleine ou creuse, fixée solidement ■au crâne et revêtue d'un étui corné : ces cornes sont permanentes, comme celle du premier type; 3" chez les Cervidés, on voit apparaître •d'abord des apophyses analogues à celles de la Girafe, mais terminées MAMMIFERES. BISULQUES. lH;i par un plateau à perles osseuses, appelé meule ou cercle de pierrures: à des époques déterminées, ce plateau est le siège d'une sorte de poussée inflammatoire, et donne ainsi naissance, avec une rapidité étonnante, à une production osseuse ou bois qui se recouvre d'une peau fine et Fig. 829. — Tùtc cl Ijois du Cci-f il'Europo. velue bientôt desséchée et exfoliée; puis, raccroissement terminé, la circulation s'arrête et le bois finit par tomber. Il est à remarquer que le développement des bois est lié à la fonction des organes repro- ducteurs : un Cerf châtré n'en pousse plus de nouveaux, mais il con- serve ceux qu'il possède au moment de l'opération. La dentition marque une tendance à l'élimination des incisives supérieures; les Camélidés seuls en possèdent encore une sur chacun des os intermaxillaires. Les canines supérieures se rencontrent plus souvent : elles n'ont tout à fait disparu que chez les Cavicornes et les Girafes. Toutes ces dents sont remplacées par un coussinet calleux du bord de la mâchoire, contre lequel viennent s'appliquer les dents inférieures. Sauf chez les Camélidés, celles-ci sont au nombre de quatre de chaque côté, réunies en demi-cercle et très obliques. L'externe, quoique représentant sans doute une canine, présente comme les autres l'aspect d'une incisive. Les molaires appartiennent au type séléno- donte; il y en a cinq à sept de chaque côté. L'estomac (1) offre une conformation remarquable, liée ù l'acte de la rumination. Il se compose en général de quatre compartiments. Le premier, le plus vaste chez l'adulte, est la panse {rumen); sa cavité, d'ordinaire divisée en plusieurs sacs, est tapissée par une muqueuse (1) J.-A. CoKDiER, Recherches sur Vanatomie comparée de P estomac des Ruminants. Annales des se. nat. (Zoologie), (8), XVI, p. 1, 1894. 1116 CHORDÉS. — VERTÈBRES. dépourvue de glandes, mais hérissée de papilles, lesquelles ont pro- bablement pour fonction de régulariser la température dans les fer- mentations stomacales. Le deuxième, appelé bonnet ou réseau {reficuhnn), offre à sa surface interne un ensemble d'alvéoles de di- mensions variables, limités par des cloisons de même nature que les papilles du rumen. Le troisième ou feuillet [omasus] se montre garni de lames intérieures qu'on a comparées aux feuillets d'un livre, et qui forment parfois des systèmes ou cycles complexes, mais sont tou- jours constituées exclusivement par la muqueuse. Enfin, le quatrième, la caillette [abomasus) offre aussi des plis longitudinaux de sa mu- queuse, et au point de vue morphologique offre des rapports très étroits avec le feuillet, qui en est comme le vestibule; au point de Fig. 830. — Estomac du Moulou. — a, œsophage, b, h, panse ou rumen, c, bonnet ou réseau, d, feuillel ou psautier, f, caillette. vue physiologique, la caillette est l'estomac véritable, sécrétant le suc gastrique. Entre la panse et le feuillet, se trouve un demi-canal qu'on regardait autrefois comme la continuation de l'œsophage, et qu'on désigne pour cette raison sous le nom de gouttière œsophagienne : en réalité, c'est un simple retroussement de la couche musculaire interne de l'estoinac le long d'une bande médiane (fond de la gout- tière) qui se trouve réduite à la couche musculaire externe. — Chez les jeunes animaux qui tètent encore, exception faite des Camélidés, la caillette représente le compartiment le plus vaste. D'ailleurs, l'es- tomac de tous les Ruminants n'offre pas la constitution typique que nous venons d'indiquer. Ainsi, chez les Tragulidés, le feuillet manque complètement et la gouttière œsophagienne, toujours rudimentaire, fait parfois totalement défaut dans la partie antérieure, près du cardia. MAMMIFÈRES. — BISULQUES. 1117 Chez les Camélidés, le rumen, dépourvu de papilles, présente à chacune de ses extrémités une poche à eau formée d'alvéoles profonds qui gaufrent la surface du vis- cère et dont le fond et les parois sont tapissés de glan- des ; le réseau montre des cellules tout à fait analogues ; la gouttière œsophagienne a sa lèvre postérieure à peine marquée; enfin, au réseau fait suite un dernier compartiment intestiniforme, à plis longitu- dinaux faibles et espacés : d'aucuns l'ont regardé comme la caillette ; les autres voient dans ses régions antérieures un feuillet rudimentaire. Cor- dicrse refuse à toute assimila- tion avec les réservoirs gastri- ques des autres Ruminants, et considère que l'estomac des Camélidés ne peut être com- paré qu'à celui des Pécaris. La rumination est l'acte par lequel les matières alimentai- res, parvenues dans l'estomac après avoir subi une mastica- tion incomplète, sont rame- nées à la bouche, où elles sont broyées à nouveau, pour être ensuite définitivement déglu- ties et digérées. La plupart des Ruminants sont des animaux faibles et timides qui vivent dans la crainte continuelle de leurs ennemis. Aussi se hâtent- ils d'ingérer les herbes et les feuilles qui constituent leur nourriture, en leur faisant su- bir à peine une trituration grossière. Ces matières vont s'accumuler dans la panse et quelque peu dans le réseau, où elles subissent déjà certaines fermentations. Puis, les animaux cher- chent un lieu tranquille et abrité, et font alors revenir les aliments g. 831. — Estomac de Ruminant, dont les quatre compartiments sont ouverts pour montrer la surface intérieure. — A, pause, a, lùliers. b, papilles, c, ori^ fice œsophagien. B, bonnet, a, alvéoles, h. gouttii'TC resophagienne. C, feuillet, n, pointes cornées de l'ori- fice du bonnet. 4, valvule à l'orifice de la caillette. c, une grande lame, d, une lame moyenne, p, une pe- tite lame, f, une lame linéaire. D, caillette, a, plis longitudinaux. 6, orifice pylorique. C, duodénum. 1H8 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. dans la bouche, pour les soumettre à une seconde mastication (mas- tication mérycique). G. Colin altribuait la réjection à la contraction du rumen, aidée par celle du diaphragme et des muscles abdominaux ; mais cette contraction brusque du rumen ne peut avoir lieu, car la paroi stomacale des Ruminants ne ren- ferme que des fibres lisses (Noack, Cordier). D'après Chauveau et Toussaint, la réjection est le résultat d'une aspiration thoracique: la glotte se ferme d'abord; puis survient une énergique contraction du diaphragme ayant pour résultat une raréfaction considérable de l'air contenu dans le thorax; cette diminution de pression se traduit par un appel des matières diffluentes si- tuées au voisinage de la gouttière œsophagienne, matières qui se préci- pitent dans l'œsophage; enfin, une contraction antipéristaltique de ce canal les amène dans la bouche. Réduits en fine bouillie par la mastication mérycique, ces aliments passent dans la gouttière œsophagienne transformée en canal par le rapprochement de ses bords, et gagnent alors en grande partie le feuillet et la caillette. Le feuillet retient entre ses lames les substances qui n'ont pas été suffisamment atténuées pour passer dans la caillette : c'est donc un organe de trituration, mais il ne peut remplir ce rôle qu'après avoir provoqué l'exsiccation de son contenu. C'est dans la caillette, enfin, que s'opère la véritable digestion gastrique. L'intestin est toujours très développé. Les mamelles, au nombre de deux ou de quatre, sont situées dans la région inguinale. Le plus souvent, chaque femelle ne donne naissance qu'à un seul petit, qui est déjà dans un état fort avancé, capable de suivre sa mère au bout de quelques heures. Les Ruminants sont presque tous polygames ; ils vivent en troupes, les mâles les plus forts marchant en tête. Nous en distinguerons six familles : Camelidie, Tragulidx, Moschidx, Cervidx, Camelopardalidx Bovidie. Les CAMÉLIDÉS ou Tylopodes^ par la constitution de leur sque- lette et de leur estomac, par leur dentition et leur placenta diffus, mériteraient presque d'être classés dans un groupe spécial, entre les Porcins et les Ruminants typiques. Ils sont caractérisés d'abord par la disposition de leurs pieds, qui sont peu fendus et n'ont, chez les formes vivantes, que les deux doigts médians (-^ \ terminés par de petits sabots et offrant une surface plantaire large, bombée, calleuse (tuXoç, callosité ; ttoûç, pied). La dentition de lait comporte trois incisives à chaque mâchoire ; mais, à l'âge adulte, il n'en reste généralement qu'une seule paire à la mâchoire supérieure. Il existe, en haut comme en bas, une canine forte et pointue, et souvent, en arrière de celle-ci, une prémolaire caniniforme, séparée des autres molaires par une barre. Les Camélidés n'ont point de cornes. Ils ont un grand cou et une MAMMIFERES. — BISULQUES. H19 lèvre supérieure fendue. La vésicule biliaire fait défaut. Les mamelles sont au nombre de (jualre. Les hématies sont elliptiques. rig. 832. — Tèlc lie Cliaiuoaii. Ces animaux sont sociables à l'état sauvage ; ils vivent en troupes plus ou moins nombreuses. Tous vont l'amble. Ils composent actuellement deux genres : CameAus et Auchenia, le premier de l'ancien, le second du nouveau continent. Aux époques éocèneet miocène, la Camille était limitée à rAmérique du Nord. Les Lamas {Auchenia IlJiger) sont de taille moyenne, à cou long et pres- que vertical, à ligne dorsale droite, sans aucune apparence de bosse, à queue courte ou rudimentaire, à toison longue et épaisse. Il y a souvent des callosités, c'est-à-dire des surfaces nues et indurées, à la poitrine et aux genoux. Les deux doigts sont séparés, offrant chacun une plante 112 3 calleuse. Formule dentaire : ^' '"'■ . 3. 1 . 1 ,3 Ces animaux vivent dans l'Amérique du Sud. Ils sont très doux, et ne se défendent guère qu'en lançant au visage de leur agresseur leur salive mé- langée d'aliments. — On en connaît quatre espèces, dont deux, le Lama et l'Alpaca, étaient déjà entièrement domestiquées lors de la découverte de l'Amérique. <( Le premier animal de ce genre qu'on ait montré en France, dit P. Gervais, y arriva par la voie d'Angleterre; on le voyait à l'École d'Alfort en 1773. » Le Guanaco {A. hiianaca), de la taille d'un Cerf, et la Vigogne (A. vicugna), grande comme un Mouton, vivant en troupes dans les Cordillères, où on les chasse pour leur chair et pour leur toison. Ces animaux, surtout le der- nier, s'apprivoisent sans trop de dilficultés lorsqu'ils sont pris jeunes. Le Lama proprement dit (A. glnma) est un peu plus grand que le Gua- naco, dont il se distingue en outre par la présence de callosités à la poitrine et aux genoux. Le pelage est très variable quant à la couleur : il peut être blanc, roux, brun, noir ou même tacheté. Le Lama est entretenu à l'état domestique sur le haut plateau du Pérou. On l'a quelquefois regardé comme dérivant du Guanaco. il20 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. Il est employé comme bête de somme pour le trafic qui s'effectue à travers les hauts cols, entre les mines et la cùte. Il ne porte guère que 80 à 100 kilogrammes, et va à très petites journées, de 20 kilomètres au plus : quand il est fatigué, il se couche et refuse d'avancer. Aussi commence-t-on à le remplacer avantageusement par des Équidés, et en particulier par le Mulet. On ne se sert d'ailleurs que des mâles ; les femelles sont réservées pour la reproduction. La chair du Lama est bonne ; sa laine n'est guère utilisée. • L'AIpaca (A. paco) est plus petit que le Guanaco ; sa toison est longue et douce, blanche, noire ou mouchetée, ce qui dénote encore un état très an- cien de domesticité ; elle tombe en longues mèches de chaque côté du corps. On entretient le Paco en troupeaux immenses, qui ne sont amenés près des habitations qu'au moment de la tonte. Sa laine est en effet très estimée, et sert à fabriquer des étoffes spéciales. Sa chair est excellente. Quelques auteurs le regardent aussi comme une simple race du Guanaco. A diverses reprises, on a tenté d'acclimater cet animal en France, ainsi que le précédent; mais ces essais n'ont pas abouti. Les Chameaux {Camelus h.) sont des animaux de grande taille, à cou long et recourbé, h dos surmonté d'une ou de deux masses graisseuses en forme dv\ards). —De la taille du Zèbre vrai. Uobe blanche à peine lavée de gris; nombreuses zébrures brun pourpré s'étondant sur la queue et sur les membres jusqu'aux sabots ; les bandes du corps, au nombre de 16 à 18 entre les épaules et les hanches, ne s'étendent que sur les côtés et laissent le ventre libre ; sur les hanches, de nombreuses bandes étroites. Sur le bout du nez une tache noire. Ce Zèbre a été connu d'abord en France par un don de Ménélik, roi du Choa, au président de la République Grévy. Il habite le pays des Somalis et le Choa, entre faO' et 8 à 10° de latitude nord. Hybrides. — Les Équidés constituent l'un des groupes qui ont fourni les plus nombreux exemples d'hybridation. Ainsi, comme on le sait, le Cheval féconde l'Anesse, el le produit de cette union est connu sous le nom de Bardot. — On a obtenu aussi des produits en accouplant le Cheval avec les femelles suivantes : — Mule, produit du Che- val et de la Mule, Hémione, Zèbre, Zèbre de Burchell, produit de l'Ane et du Zèbre 9, produit du Zèbre et de l'Anesse (?), produit du Couagga et de la Jument. L'Ane, fécondant la Jument, procrée le Mulet. D'autre part, divers auteurs ont cité des accouplements féconds entre l'Ane et les femelles ci-après : — Mule, Bardote, Hémione, Zèbre, Zèbre de Burchell. On signale également des produits obtenus par les unions suivantes : — Hémione a" et Jument, Anesse, Zèbre, Couagga, Zèbre de Burchell ; — Zèbre cT et Anesse ; — Couagga cT et Jument, Hémione ; — Zèbre de Bur- chell d* et Anesse. Enfin les anciens auteurs ont décrit sous le nom de Jumart un produit qui résulterait de l'union du Cheval et de la Vache, ou du Taureau et de la Jument, ou encore du Taureau et de l'Anesse. Adanson, Bourgelat, Grognier, croyaient à l'existence du Jumart»; mais il est bien évident qu'il s'agit là d'un animal fabuleux, et que les descriptions qu'on en a données n'ont eu pour base que des animaux difformes ou monstrueux. Mulet (E. Asino-Caballus). — Comme on vient de le voir, le nom de Mulet s'applique au produit de la fécondation de la Jument par l'Ane. C'est le Mulus des Latins, Twiovc? des Grecs. Les caractères participent, dans une mesure très variable, de ceux des deux espèces ascendantes. La tète ressemble assez à celle de l'Ane ; les oreilles, très mobiles, sont plus longues que celles H72 CHORDÉS. — VERTEBRES. da Cheval, plus petites que celles de l'Ane. Le cou est court, faible, le garrot peu élevé. La ligne dorso-lombaire est le plus souvent un peu voussée. La crinière et la queue sont moins garnies que chez le Cheval, mais plus que chez l'Ane. Les membres sont fins, terminés par des sabots relativement volumineux, mais se rapprochant néanmoins de ceux de l'Ane. Les châ- taignes existent quelquefois aux quatre membres ; mais en général les pos- térieures sont rudimentaires ou font défaut. Le nombre des vertèbres lombaires est tantôt de six, tantôt de cinq. La robe est variable, le plus souvent grise. La production des Mulets remonte à une époque assez reculée. Toutefois, les anciens monuments de l'Egypte, qui montrent si souvent des représenta- tions de l'Âne, n'en offrent aucune du Mulet. Par contre, chez les Assy- riens, qui ne nous ont laissé aucune figure de l'Ane, on trouve sur les bas- reliefs des représentations non douteuses du Mulet. 11 existe même une légende qui fait remonter l'existence de cet animal en Assyrie jusqu'aux temps fabuleux. Aussi Piètrement admet-il que c'est « dans les régions asia- tiques situées entre le Gange et le littoral méditerranéen de Syrie que doivent être nés les premiers Mulets orientaux ». Homère signale l'existence des Mulets dans l'Asie Mineure et en Grèce. D'autre part, les auteurs latins nous montrent quelle était l'importance de l'industrie mulassière chez les Romains. Est-ce par ceux-ci que cette industrie fut introduite en Espagne"? Il serait difficile de répondre d'une façon formelle à cette question. Actuellement, la production industrielle des Mulets, en France, est à peu près limitée à la Gascogne et au Poitou. Caractèi'es physiologiques. — L'accouplement de l'Ane étalon et de la Jument ne s'effectue jamais que sous la direction de l'Homme. Ces animaux ne se recherchent en aucune façon, et souvent même on ne parvient à les unir que par des excitations ou des artifices divers. La durée de la gestation est la même que lorsque la Jument est pleine du Cheval. Les Muletons s'élèvent et se comportent à peu près comme les Anons. En thèse générale, les Mulets sont inféconds. Pour les mâles, on ne connaît même pas, jusqu'à présent, une seule exception — sérieuse — à celle règle. Leur liquide séminal est d'ailleurs presque toujours dépourvu de spermatozoïdes normaux. Par contre, en ce qui concerne les Mules, on a recueilli des observations multiples témoi- gnant d'un certain degré de fécondité. Saillie par un Cheval ou par un Ane, la Mule peut en effet concevoir: le plus souvent, elle avorte, ou, en cas d'accouchement normal, le jeune survit à peine quelques mois. Mais, dans quelques circonstances, on a vu les produits des Mules arriver à l'âge adulte; de Nanzio a proposé le nom de il/îon/îippe (Mionippo) pour celui du Cheval et de la Mule, et Panceri a appelé Onomione celui de l'Ane et de la Mule. Une Mule arabe du Jardin d'acclimatation (Catherine) a donné lieu, sur ce point, à de remarquables expériences : de 1873 à 1881, elle a fourni six produits : 1° avec l'Ane d'Egypte, deux mâles qui ont été incapables de féconder MAMMIFERES. — JUMENTÉS. 1173 des juments; 2" avec un Cheval barbe, un avorton, deux femelles et un mâle ; ces deux femelles, accouplées avec un Cheval japonais, ont donné des produits ressemblant au Cheval, mais chétifs et incapables (le vivre; quant au ni;\le, il a donné en 1888, avec une jument, un produit femelle (1). Sanson pense que les Mules fécondes sont des Mlles de Juments appartenant à son espèce africaine. Ser^vices. — Les aptitudes du Mulet tiennent en partie de celles du Cheval, en partie de celles de l'Ane. Au point de vue pliysiologique, nous dirons seulement que le Mulet possède à peu près le tempéra- ment de son père; il en a aussi la patience, la résistance et la sobriété. Comme moteur, il peut être utilisé à la façon du Cheval, pour le ser- vice du trait et même de la selle. En Espagne, les Mules fournissent souvent des attelages de luxe. Au moyen âge, les gens de robe n'em- ployaient que des Mules pour monture; cependant, les allures de ces animaux sont très fatigantes, et on ne s'en sert guère que pour aller au pas. De plus, dans des localités montueuses, le Mulet est, comme l'Ane, une bêle de somme, avec cet avantage qu'il est plus fort : la conformation du dos et des reins est très favorable au service du bât. Sur les champs de bataille, il porte les blessés en litière et en cacolet. — Presque partout on donne aux Mules la préférence sur les Mulets. Comme animal alimentaire, le Mulet tient à peu près le môme rang que l'Ane. Bardot [E. Caballo-Asinns.) — Le Bardot résulte de l'accouplement de l'Anesse avec le Cheval étalon. Les anciens rappelaient Hinnus. U est de petite taille, à peu près comme l'Ane, et de formes peu élégantes. Sa tête est un peu plus légère, ses oreilles sont un peu plus courtes que celles du Mulet. Son encolure est mince, son dos fort tranchant, sa croupe avalée. Ses membres sont assez forts, ses sabots petits, serrés en talons. Il hennit comme le Cheval, tandis que le Mulet a une sorte de braiement faible, analogue à celui de l'Ane. Le Bardot est assez rare en France et dans la plupart des contrées de l'Europe. Il n'est guère utilisé que dans quelques localités de la Sicile, où il transporte les produits des mines de soufre à travers les montagnes. Cornevin le signale en outre dans l'arrondissement de Galvi (Corse). Sa production offre d'ailleurs peu d'intérêt : il rend à peine les services de l'Ane et se montre très inférieur au Cheval. Il y a donc lieu de lui préférer le Mulet. En 1859, Mucci a décrit un pro- duit de l'Ane et de la Bardote. Famille des TAPIRIDÉS. — Animaux de taille moyenne, dont le nez se (1) Saint-Yves Ménard, Note -lur les produits obtenus d'une Mule nu Jardin d'ac- climatation. Revue des sciences nat. appliquées, 30'= anuée, p. GIT, 1889. 1174 GHORDÉS. — VERTÉBRÉS. prolonge en une sorte de petite trompe mobile ; peau à poils clairsemés; 2.3.4.5 formule digitale ^ „• . — . Les Tapirs {Tapirus L.) ont pour formule dentaire ' ' ' ■. Ils sont noc- turnes, assez doux, bons nageurs, vivent dans les forêts et se nourrissent de substances végétales. Le Tapir américain (T. americutnis) est le plus gros quadrupède de l'Amé- rique du Sud; dans quelques districts du Brésil, on l'entretient en domes- ticité à la façon des Porcs, et même comme bête de somme ; néanmoins, son acclimatation ne peut avoir pour nous aucun intérêt. Le Tapir Pinchaque (T. villosiis) babite le versant oriental des Cordillères, surtout dans le Pérou. Le Tapir à dos blanc (T. indiens) est de Malacca, Bornéo, Sumatra. — Formes fossiles dans le pliocène. A cette famille se rattachent aussi les Protapinis et même les Lophiodontes éocènes. Famille des RHINOCÉROTIDÉS. — Grands animaux à peau épaisse et plissée, nue dans les espèces vivantes ; tête allongée, tronc lourd et massif, membres courts terminés généralement par trois doigts à larges sabots \2.SA) Les Rhinocéros {Rhinocéros L.) ont sur le nez une ou deux cornes, de Fis. 8b3. — Tèle de Rhinocéros. nature épidermique, ne laissant sur les os nasaux qui les supportent que des traces rugueuses. Leur formule dentaire est ^ ' ' ' . Cesont des herbivores 1.1.0,0 généralement brutaux, plutôt nocturnes, qui vivent dans les régions chaudes de l'ancien continent et de l'Océanie, où ils fréquentent les endroits maré- cageux. Nous citerons, parmi les espèces vivantes : Rh. indiens et Rh.javaniciis, tous deux unicornes; Rh. sumatrcnsis et Rh. africanus, etc., bicornes. Parmi les MAMMIFÈRES. — PROIiOSCIDIENS. ilTô formes fossiles, une mention particulière est due au lUiinocéros ù narines cloisonnées {Rh. tichorinus), espèce unicorne du diluvinm, dont on a retrouvé des débris parfaitement conservés dans la glace, en Sibérie ; cet animal avait la cloison nasale ossifiée et la peau recouverte de poils laineux. Les Accrathcriwn étaient dépourvus de cornes. A. incisivum, du miocène, avait un cinquième doigt, peu développé il est vrai, aux pieds antérieurs. — Aux Rhinocérotidés se rattachent aussi de nombreuses autres formes fossiles, telles que les Elasmothcrhim, Amynodon,H!iracodon, etc. HUITIKME ORDRE IIYRACIENS Mammif('res à doir/ts subongulés, dépourvus de trompe; des incisives et des molaires ; pas de canines; placenta zonairc. Cet ordre des Hyraciens (ûpaE, Souris) ou Lamnonges, rattaché par Cope aux Taxéopodes, n'est plus guère représenté aujourd'hui que par le genre Daman {Hyvdx) que certains auteurs classent parmi les Proboscidiens et d'autres parmi les Jumenlés. Les Damans sont de petits Ongulés planti- grades de la taille d'un Lapin. Leur corps est couvert de poils épais. Leur dentition se rapproche un peu de celle des Rongeurs. Us ont quatre doigts en avant, trois en arrière, réunis par la peau et couverts de petits sabots, à l'exception du doigt interne de derrière, qui porte une griffe. La plante des pieds offre des coussinets qui fonctionnent comme ventouses. Les Damans vivent en général dans les rocailles. Ils ont l'habitude de déposer dans les fentes des rochers leurs excréments et leur urine. Au Gap, Jes indigènes recueillent ce mélange, qui entre dans le commerce sous le nom à'Iujracénm, et qui a été recommandé comme antispasmodique et comme astringent. On assure que certains médecins préconisent encore l'emploi de cette substance. Outre le Daman du Cap (H. capensis), on signale le Daman d'Abyssinie (H. abessinicus), le Daman de Syrie [H. syriacus), etc. NEUVIÈME ORDRE PROBOSCIDIENS Mammifères à doigts subongulés; nez développé en trompe préhen- sile ; deux incisives supérieures, à croissance indéfinie, en forme de dé- fenses; pas de canines ; molaii'es composées ; placenta zonaire. Cet ordre n'est plus représenté aujourd'hui que par les Éléphants, qui sont les plus grands des Mammifères terrestres. Ces animaux sont surtout remar- quables par leur (rompe (Trpcgoaxî;;, trompe), qui constitue un véritable organe de préhension. Cette trompe est percée de deux canaux parallèles qui font suite aux fosses nasales et sont séparés par une cloison médiane ; de nom- breux faisceaux musculaires entre-croisés lui donnent une motilité remar- quable. Elle est terminée par un appendice digitiforme doué d'une grande inO CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. sensibilité. C'est avec cette trompe que Tanimal prend ses aliments et ses boissons pour les introduire dans sa bouche ; il s'en sert aussi pour se défendre. La dentition comprend deux incisives, qui se rencontrent à la mâchoire supérieure seulement, sont dépourvues de racines et d'émail, et ont une croissance indéfinie (dent de remplacement) : ce sont ces défenses qui nous fournissent l'ivoire. Les molaires sont composées de petites dénis aplaties d'avant en arrière et réunies par du cément; il n'en existe souvent qu'une seule en activité à chaque branche des mâchoires; mais une autre se déve- loppe en arrière et la fait tomber lorsqu'elle est usée ; parfois il s'en trouve trois en même temps : une usée, une active et une jeune. Le corps est revêtu d'une peau épaisse, à poils clairsemés. La tête est énorme, portée par un cou très court. Les yeux sont petits ; le pavillon de l'oreille est très grand et pendant. Les membres sont épais, disgracieux, en forme de piliers; ils se terminent par cinq doigts soudés jusqu'au niveau des sabots, lesquels n'entourent que les extrémités des phalanges. Le cerveau présente des circonvolutions très développées, maisles hémisphères ne couvrent pas le cervelet. L'utérus est bicorne; les ma- melles sont pectorales, au nombre de deux. Deux espèces : l'Éléphant d'Afrique [Elephas africanus), à front bombé, à oreilles très grandes, et l'Éléphant des Indes {E. indiens), plus petit, à front un peu concave au milieu, à oreilles plus petites, à défenses moins for- tes. — Plusieurs espèces ont vécu à des épo- ques géologiques antérieures : tel est le Mam- mouth (E. primigenim), du diluvium, VE. meri- 854. — Tôle de DinotliPrium ,. ,. > , i- . (terrain miocène). dionabsj, du pliocene, etc. A cet ordre se rapportent aussi d'autres genres éteints, notamment les Mastodontes (Mastodon), qui offraient souvent deux défenses à chaque mâchoire, et les Dinothériums {Dinotherium), dont la seule mâchoire inférieure portait des défenses recourbées en bas. Les mo- laires de ces animaux n'ont plus la structure lamellaire de celles des Élé- phants. Ces deux genres sont apparus dès l'époque miocène. DIXIÈME ORDRE RONGEURS Mammifères à doigts ordinah'ement onguiculés ; incisives sans racines, à croissance indéfinie ; pas de canines; molaires à replis d'émail trans- versaux ; placenta discoïde. Les Rongeurs [Glircs) constituent l'ordre des Mammifères, le plus homogène et pourtant le plus nombreux en genres et en espèces. La plupart sont de petite taille, d'allures vives, et offrent un pelage souple et épais. Tous sont plantigrades, à doigts libres et mobiles, en MAMMIFERES. RONGEURS. ir Fis. 85c Ti-tc de Marmotte. t^f'néral munis de grifTes véritables. Leurs membres antérieurs pré- sentent une clavicule complète ou incomplète, caractère utilisé pour la classification. Un autre caractère de grande valeur taxinomique est lourni par le canal infraorbilairc ou trou sous-orbitaire. Ce canal, qui [Kiraît correspondre en principe au conduit dentaire supérieur de la généralité des Mammifères, prend chez certaines formes (Hystrico- morphes) un tel développement qu'il reste seulement limité en dehors par l'apophyse zygomatique du maxillaire supérieur, laquelle va re- joindre l'os zygomalique. Tous se nourrissent de substances végétales; quelques-uns seule- ment sont omnivores. Leur système dentaire est organisé pour ronger les aliments. Chaque mâchoire porte deux grandes incisives courbées en arc de cercle, dont la face antérieure seule est revêtue d'une couche d'é- mail souvent colorée en jaune ou en rouge. Ces incisives, enchâssées dans de profonds alvéoles, sont à pulpe persistante, et par conséquent con- tinuent à croître pendant toute la vie. A la vérité, cette croissance est contre -balancée par l'usure due au frottement, et il est à remarquer que cette usure, portant de préférence sur la face postérieure, donne aux dents un tranchant très accusé. Chez les Léporidés, il existe une seconde paire de très petites incisives à la mâchoire supérieure. — Les canines font défaut, même dans la dentition de lait. — Par suite, les molaires sont séparées des incisives par une grande barre. Leur nom- bre varie de deux à six dans chaque branche des mâchoires. Elles diffèrent peu les unes des autres, et présentent une couronne large et aplatie. Les masséters sont très développés, ce qui restreint beaucoup l'ouverture buccale : aussi la lèvre supérieure est-elle fendue dans son milieu pour l'agrandir. Plusieurs espèces possèdent des aba- joues. L'intelligence des Rongeurs est assez faible. Leur cerveau, toujours petit, n'offre que des circonvolutions peu accusées. Leur fécondité est souvent considérable, et il en résulte, pour certaines espèces, une pullulation extraordinaire lorsque les circonstances sont favorables. Les femelles possèdent ordinairement de nombreuses mamelles pec- torales et abdominales. L'utérus est presque toujours double. Les testicules deviennent très volumineux à l'époque du rut. Mais un fait très intéressant de la physiologie de ces animaux con- siste dans la formation du bouchon vaginal, production solide qui obstrue le vagin de la femelle après la copulation. Ce bouchon, décou- vert par Leuckart chez le Cobaye, a été surtout étudié par Lataste, 1178 CHORDÉS. — VERTEBRES. qui en a montré la haute fréquence (1). Il se compose de deuS parties : une masse éjaculée par le mâle et une enveloppe surajoutée par la femelle ; la masse principale n'est autre que le produit de sécrétion des « vésicules séminales », si développées chez nombre de Rongeurs (Cobaye) : c'est une substance particulière, coagulable, que Lataste propose d'appeler éridine (Ipstico, appuyer, attacher); quant à 1' « en- veloppe vaginale » qui revêt cette masse, elle est composée de cellules épidermiques stratifiées, détachées du vagin. Le bouchon vaginal est nécessaire à la fécondation ; quand la masse est répandue hors du vagin, le coït reste stérile. Les Rongeurs sont répartis dans le monde entier, mais on n'en trouve qu'un petit nombre d'espèces en Australie et à Madagascar. Les pre- miers débris fossiles remontent à l'époque tertiaire. Un certain nombre de ces animaux sont chassés pour leur chair ou pour leur fourrure; d'autres ravagent nos récoltes ou s'attaquent à nos provisions, et méritent d'être poursuivis à outrance. Brandt, se basant principalement sur la slructure du crâne, a divisé cet ordre en quatre grands groupes : Sciuromorpha, Myomovpha, Hystricomorpha et Lagomorpha, auxquels Zittel a ajouté celui des Protvogomorpha. 4-"i !<='■ sous-ordre : Protrogomorphes. — Molaires -7-. Canal infraorbitaire assez large. Maxillaire inférieur avec une grande apophyse coronoïde. Tibia et péroné distincts ou soudés. Ce groupe comprend la plupart des Rongeurs de réocène, un certain nom- bre de ceux du miocène, et quelques formes actuelles (4 molaires à chaque mâchoire; tibia et péroné soudés), telles que les Myoxidés ou Loirs et les Dipodidés ou Gerboises. Les Loirs sont des animaux à crâne allongé et à queue touffue, grimpeurs, nocturnes et hibernants. Leur nourriture se compose surtout de fruits, mais ils mangent aussi des œufs et des Insectes. Le Loir vulgaire [Myoxus glis Schreber) habite de préférence les forêts de chênes et de hêtres, et fait son nid dans le creux des arbres ou des rochers. Le Lérot(3/2/o.r?/s nitela Schreb.) vit au voisinage des habitations, dans les parcs, les vergers, les jardins, dont il est un des principaux ravageurs. Le Muscardin [Muscardinus avella- narius [L.]), de la taille d'une Souris, à pelage fauve clair, vit dans les taillis et dévore les bourgeons. Les Gerboises {Dijnis) se distinguent de tous les autres Rongeurs par la longueur de leurs membres postérieurs. 4-5 2" sous-ordre : Sciuromorphes. — Molaires — r— . Canal infraorbitaire étroit. Maxillaire inférieur avec une haute apophyse coronoïde. Une clavicule. Tibia et péroné distincts. Les Sciuridés ont une queue longue et touffue, des pattes antérieures à (1) Bergmann und Leuckart, Vergl. Anatomie und Physiologie, 1852, p. 567. — F. Lataste, Recherches de zooéthique sur les Mammifères de l'ordre des Rongeurs. JBordeaux, 1887-1889. MAMMIFÈRES. RONGEURS. 1179 4 doigts, les postérieures à 5. — L'Écureuil commun [Sciurus ntlgaris) peut être pris pour typé de cette famiire.à laquelle appartiennent aussi les Polatouclies {Ptcramys), remarquables par leur parachute cutané étendu entre les mem- bres ; lçsTamias(r(/mùi,s) ou Écureuils terrestres du nord; les Spermophiles {Spcnnophilus), plus terrestres encore; les Marmottes {Aretoriujs), qui vivent en société dans des terriers, et tombent dans un long et profond sommeil liibernal, etc. Les CASTORIDÉS ne comprennent plus actuellement que le seul genre Castor {Castor L.). Ce sont des Rongeurs aquatiques d'assez grande taille, à corps trapu, à tète épaisse, tronquée en avant, à oreilles courtes. Les iiieds sont à einq doigts munis d'ongles courts; les membres antérieurs sont clavicules, propres à creuser et à saisir; les postérieurs sont palmés. La queue est aplatie et couverte d'écaillos. 4 paires de mo- laires à chaque mâchoire. 8o6. TOtc Je Castor Le Castor fiber (C. fibcr L.) est long d'en- viron un mètre, y compris la queue, qui at- teint 30 centimètres. Son pelage est composé d'un duvet très fin, de couleur marron assez foncée en dessus, plus claire en dessous. On rencontre le Castor en Europe, en Asie et dans l'Amérique septen- trionale. Toutefois, il est devenu très rare dans la première de ces régions, en raison de la chasse active qui lui est faite; on n'en trouve plus que quel- Fiff. 857. — Castor. ques-uns sur les îlots du Rhône, en Bohême et en Silésie. Autrefois, ces animaux étaient assez nombreux en France, où on les connaissait sous le nom de Bièvres. Dans les contrées où ils vivent en liberté complète et sans être tourmentés, ils se construisent, dans les étangs ou les cours d'eau, des huttes très complexes, qui sont une merveille d'industrie. Au contraire, 1180 CHORDES. VERTÉBRÉS. dans les pays où ils sont traqués, ils habitent de simples galeries, qu'ils se creusent sur le bord des rivières. On chasse le Castor pour sa chair, pour sa fourrure et pour le castoréura, substance sécrétée par des glandes spéciales qui existent chez les individus des deux sexes. Caslovéïim. — Les orifices génito-urinaires et l'anus s'ouvrent dans une cavité commune ou cloaque, dont l'orifice est situé sous la queue. De chaque côté de ce cloaque se trouvent deux paires de poches glanduleuses : les inférieures, simples ou plurilobées, débouchent dans le cloaque même, en avant de l'anus : ce sont des glandes anales, qui sécrètent une huile d'une odeur infecte, sans aucun rap- port avec le casloréuni; celles de la paire supérieure sont plus volumineuses, pyri- formes, longues de 8 à 13 centimètres chez le mâle adulte, un peu moins déve- loppées chez la femelle ; elles s'ouvrent dans le canal préputial ou dans le vagin; ce sont elles qui sécrètent l'humeur sébacée, onctueuse et odorante qui cons- titue le castoréum. Ce produit est siru- peux chez l'animal vivant; on le conserve dans les poches mêmes, qu'on enlève aus- sitôt après la mort, et il se concrète alors en prenant une teinte jaunâtre. On trouve dans le commerce deux sortes de castoréum : le castoréum d'A- mérique et le castoréum de Sibérie. Le pre- mier seul est employé en France. 11 se présente sous l'aspect de masses pyri- formes un peu comprimées latéralement, ridées, unies deux à deux par leur som- met. Leur couleur extérieure est brun sale. Leur contenu est compact, jaune ou bru- nâtre, d'une odeur forte rappelant à la fois celle du Bouc et celle du musc, d'une saveur amère. L'analyse chimique a dé- montré que le castoréum contient un principe crislallisable, la castorine, de l'acide benzoïque, une huile volatile, des matières grasses et résineuses, et divers sels alcalins. Le castoréum de Sibérie est en poches courtes, arrondies, plus volumineuses ; son odeur rappelle celle du cuir de Russie, ce qui tient sans doute à l'écorce de bouleau dont se nourrissent les Castors sibériens. Le castoréum passe pour stimulant et antispasmodique. Dans les pays du nord, il joue un grand rôle dans la pratique des sages-femmes et des matrones. d'après vessie. Fig. 858. — Appareil du cistoréuni, Bocquillon. — a,a, uretères, b, c,c, testicules. d,d, canaux déférents. e,e, vé- sicules séminales. f,f, glande de Cowper. g, niveau de la prostate, h, extrémité de la verge, i, prépuce. ./, ouverture faite au fourreau qui entoure la verge, pour montrer l'orifice des glandes k,k, qui fournissent le castoréum et dont une est ouverte. /, ouver- ture du canal préputial. m,m, glandes anales. «,», leurs orifices, o, anus, p, queue. MAMMIFÈRES. — RONGEURS. IIHI 3-2 3« soiis-ordre : Myomorphes. — Molaires—^. Trou sous-orbitaire assez large et placé haut. Maxillaire inférieur avec une apophyse coronoïde grêle et haute. Clavicule ordinairement complète. Tibia et péroné soudés. 3 familles : Cricetidx, Arvicolidx, Muridœ. Les CRICÉTIDÉS ont des molaires à plusieurs racines, dont la couronne porte deux séries de tubercules groupés par paire, et montre après usure des plis d'émail sinueux. Us possèdent des abajoues énormes, s'étendant parfois sous la peau jusqu'en arrière de l'épaule. Leur queue est courte et velue. Le Cricet Hamster [Cricetus frumentavius Pall.) habite l'Europe tempérée, depuis la Belgique et les Vosges jusqu'à l'Oural. En Belgique, il se rencontre surtout dans la province de Liège. C'est un animal un peu plus gros que le Rat noir; son pelage est gris roussàtre en dessus, noir en dessous, avec X \" l\\\'^ Fig. 839. — Hamster. des taches jaunâtres latérales. Il fréquente de préférence les champs de céréales, oii il creuse des terriers qu'il remplit de grains. On assure qu'un seul individu peut amasser jusqu'à un quintal de blé dans une année. Pendant l'hiver, le Hamster s'enferme dans sa demeure souterraine et vit aux dépens des provisions qu'il y a accumulées. Lorsque le froid est rigoureux, il s'endort à la façon des Loirs. On voit que c'est là un animal des plus nuisibles. Aussi lui fait-on une chasse très active, autant pour le détruire que pour s'emparer de ses provisions, qui sont conservées comme dans de véritables silos. On reconnaît les terriers à la terre amassée devant le cou- loir de sortie. Les ARVICOLIDÉS ou Campagnols ont des molaires sans racines sépa- rées ou à racines imparfaites, composées de deux séries longitudinales de prismes triangulaires alternes, ce qui leur donne un aspect découpé très curieux; l'émail dessine ainsi à la surface des lignes formant une série d'angles aigus saillants et rentrants. Ces petits animaux ont d'autre part une tète forte, à museau large et tronqué, des oreilles courtes, une queue courte ou médiocre revêtue de poils courts. Les Campagnols vivent dans les champs, non dans les habitations; ils se creusent des galeries souterraines. H82 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. Les Campagnols vrais [Arvicola Lacépède) sont souvent désignés sous le nom de « Uals à courte queue ». Ils ont en effet une queue de longueur médiocre, mais toutefois égale au moins au quart de la longueur du corps; ils ne possèdent que quatre doigts aux pattes de devant, le pouce étant rudimentaire. Parmi les espèces indigènes, nous devons signaler en particulier le Rat d'eau (Arvicola amphibius [L.j), excellent nageur qui creuse ses^ galeries au voisinage des rivières, parfois dans les (ligues, et se nourrit de racines, de Crustacés, de Grenouilles, voire de Poissons ; le Campagnol agreste [A. agrestis [L.]), brun foncé en des- sus, à oreilles cachées par les poils ; le Campagnol des champs (A. arvalis Pallas). Ce dernier est de la taille d'une Sou- ris; ses oreilles sont plus longues que Fig. 8G0. -Campagnol vuigaire(A.'i;!co/a«-m?/.s). le poil ; sa queue est un peu plus lon- gue que le quart du corps ; le dos est d'un gris fauve foncé, le ventre d'un blanc roux sale, les pattes blanchâtres. Le Campagnol des champs est répandu dans presque toute l'Europe. Il se creuse, dans les champs cultivés, un terrier peu profond, qui consiste en une cavité de 8 à dO centimètres de diamètre, de laquelle partent plusieurs conduits de sortie, irrégulièrement coudés. Il amasse dans cette habitation des aliments divers, et en particulier des grains. Quand les céréales com- mencent à mûrir, il en coupe les tiges à la base et en détache ensuite les épis. Sa fécondité est extraordinaire : les femelles font jusqu'à six portées par an, de six à douze petits chacune, et ces petits sont déjà aptes à se repro- duire dès rage de deux mois. On conçoit donc que, sous l'influence de cer- taines circonstances, ces animaux arrivent à pulluler dans une région donnée, de manière à constituer un véritable fléau pour l'agriculture. Dans le courant de l'été 1801 jusqu'à la fin de l'automne 1802, un grand nombre de départements français furent envahis par cette vermine et eurent leurs récoltes perdues. Une commission de l'Institut, envoyée à ce sujet dans la Vendée, dénonça pour ce séful département une perte de 2,723,730 francs. En 1822, ce fut l'Alsace qui se trouva ravagée : on tua 1,570,000 Campagnols en quinze jours dans le canton de Saverne. En 1856, le même fléau sévit sur l'Allemagne : pendant l'automne, dit Lenz, il y eut tant de Campagnols entre Erfurlh et Gotha, que 12,000 arpents de terre durent être labourés de nouveau (Brehm). Dans ces dernières années, enfin, des invasions analogues se sont produites dans le nord-est de la France, et en particulier dans le département de l'Aisne, où, sur beaucoup de points, les récoltes ont été entièrement ravagées. En thèse générale, les Campa- gnols ne demeurent pas dans le même canton deux années successives; mais on estime que leurs visites se renouvellent, en moyenne, deux fois tous les huit ou dix ans. Ce qu'il y a de remarquable, c'est la rapidité avec laquelle ils apparaissent et disparaissent. Il est certain qu'ils effectuent des migrations, à la façon des Lemmings, et on en a vu quelquefois des bandes MAMMIFÈRES. — RONGEURS. 118:j immenses traverser à la na;^'e des rivières ou môme des bras de mer; mais, dans certains cas, leur disparition tient sans doute à ce qu'ils s'enlre-dévo- rent ou à ce qu'ils périssent par maladie. On s'explique aisément l'importance des ravages exercés par ces petits Rongeurs, lorsqu'on sait que la consommation journalière d'un Campagnol est en moyenne de 20 grammes, soit 7 kilog. 300 pour l'année entière, sans compter ce (jui est gaspillé et ce qui se pourrit dans les galeries. Il est donc indiqué de détruire, par tous les moyens possibles, des ani- maux aussi nuisibles. Certaines circonstances viennent d'ailleurs en aide à l'Homme dans cette lutte. Les pluies abondantes, par exemple, inondent les terriers et en font périr un grand nombre. Quant à l'action des froids intenses, elle est fort contestable. Mais les Campagnols ont de redoutables ennemis dans les animaux carnassiers : Chiens, Chats, Renards, Belettes, Putois, Fouines, Buses, Crécerelles, Hiboux, etc., etc. Les Buses surtout, dit Brehm, en détruisent une quantité incroyable : Blasius en a disséqué qui avaient trente de ces Rongeurs dans l'estomac. Au surplus, on a préconisé une foule de procédés et d'agents propres à détruire les Campagnols, Mulots et autres Rongeurs des champs. Ainsi, dans certaines régions, on dispose dans le sol des vases à demi remplis d'eau, où les Campagnols tombent et se noient. Ailleurs, on laboure le champ infesté, et on fait suivre la charrue d'enfants armés de bâtons ou de Chiens ratiers. Ou bien ou empoisonne des grains ou d'autres substances végétales, qu'on répand à l'entrée des galeries. Les agents toxiques les plus usités sont l'acide arséuieux et le phosphore. On recommande beaucoup aujourd'hui l'emploi direct du sulfure de carbone, dont les propriétés toxi- ques avaient déjà été utilisées dans le même sens en 1866, par Cloëz. L'opération se fait à la fin de l'hiver : la veille ou l'avant-veille, on passe sur le sol la herse et le rouleau, de manière à boucher tous les trous. Au momeut de sulfurer, les trous habités se montrent donc seuls débouchés ; un homme muni d'un récipient spécial (muletière) fait tomber dans tout ou partie de ces trous une quantité déterminée (16 à 18 centimètres cubes) de sulfure, et un enfant muni d'un bâton tamponne tous les orifices. Le lendemain, on sulfure à nouveau les quelques trous qui ont été débouchés, et tous les Rongeurs se trouvent détruits (1). Ce procédé, qui n'est pas très coûteux, a l'avantage de ne présenter aucun danger ni pour l'Homme, ni pour le gibier. Dans ces dernières années, Lôffler en Thessalie et Danysz en France ont étudié diverses maladies infectieuses sévissant sur les Campagnols, et sont parvenus à répandre ces maladies en déposant dans les champs infestés des aliments imprégnés des produits de culture des microbes spécifiques. Aux Arvicolidés appartiennent encore les Lemmings [Myodes Pallas, et Cuniculus Wagler) et les Rats musqués {Fiber Cuvier). — Le Lemming de Norvège {Myodes lemmus [L.]) est connu par les migrations qu'il entreprend en troupes immenses, et dont le but n'a pas encore été bien déterminé. L'Ondatra {Fiber zibethicus Cuv.), qui aies mœurs du Castor, vit au Canada, où on le chasse pour sa fourrure; il possède, au voisinage des organes géni- taux externes, une glande qui sécrète un liquide blanc, oléagineux, à forte (1) Gassend, Destruction des Mulots. Compte rendu des travaux des conseils d'hygiène de Seine-et-Marne en 1883, p. 27. J184 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. odeur de civette : et sa queue, qui conserve longtemps cette odeur, est employée en parfumerie. Les MURIDÉS ont des molaires tuberculeuses et pourvues de racines séparées, comme les Cricétinés; mais les supérieures montrent trois séries de tubercules. En outre, ces animaux sont privés d'abajoues ; ils ont la queue longue, annelée et écailleuse. Ce sont des animaux très féconds. Ils vivent dans les champs et dans les habitations, et sont presque toujours nuisibles. Le genre Rat {Mus L.) est le principal représentant de ce groupe. Il est surtout caractérisé par ses molaiies, au nombre de trois, décroissantes de la première à la dernière. — Vogt le subdivise en deux groupes : les Rais proprement dits, d'assez forte taille, chez lesquels les plis de la voûte du palais courent d'une série dentaire à l'autre, et les Souris, plus petites, où ces plis sont interrompus au milieu. Parmi les premiers, nous devons signaler le Rat noir {Mus rattus), qu'on croit être d'origine asiatique, et qui paraît avoir pénétré en Europe à la suite des croisades. Il s'est répandu dans toutes les régions du monde. Cependant, il a dû abandonner un grand nombre de localités à l'arrivée d'un autre Rat plus fort et plus féroce, le Surmulot {Mus decumanus Pall.), dont des troupes immenses auraient envahi l'Europe en 1727, en traversant le Volga à la nage. C'est ce gros Rat gris qui peuple aujourd'hui nos habitations et surtout leségouts des grandes villes. En décembre 1849, on en a pris 230,000 en quelques jours dans les égouts de Paris. Les Rats sont pour l'Homme des ennemis très désagréables, qui « mangent tout, détruisent tout, creusent partout ». Les Souris sont en général moins dévastatrices. La Souris commune {Mus musculus) ne vit guère que dans les maisons, les greniers, les granges; elle est remplacée dans les bois par le Mulot ordinaire (Mus sylvaticus L.), fauve en dessus, blanc en dessous; dans les champs cultivés et les prés, par la Souris naine ou Mulot nain (J/«s minutus Pall., M. pundlus Et. Geofî. et F, Cuv.), brun roux en dessus, blanc en dessous, qui se construit un nid sphérique suspendu aux tiges de blé ou aux roseaux. 4 4<= sous-ordre : Hystricomorphes. — Molaires j. Trou sous-orbitaire très large, parfois plus large que la cavité de l'orbite, livrant passage à la branche antérieure du masséter. Maxillaire inférieur avec une courte apophyse coronoïde. Clavicule complète ou incomplète. Tibia et péroné distincts. Ce groupe comprend un assez grand nombre de familles, dont plusieurs complètement éteintes. Nous citerons, à titre d'exemples : Les Hystricidés, à dos recouvert de piquants. — Les uns sont grimpeurs : Coendou {Cercolabes prehensilis) ; Urson coquau {Erethizon dorsatus), etc. Les autres sont terrestres : Porc-épic d'Europe {Hystrix cristata), etc. Les Dasyproctidés, animaux subongulés, à molaires offrant un ruban d'émail plissé. — L'Agouti {Dasyprocta aguti), de la Guyane et du Brésil, a un peu les mœurs de notre Lièvre; chair peu estimée. Le Paca {Cœlogenys paca) vit par couples dans les forêts marécageuses du Brésil et des Antilles méridionales : c'est un gibier très recherché. MAMMIFÈRES. — KONGEURS. Hgt) Les Lagostomidés, sortes de Lièvres sud-américains à fourrure fine, à queue toulFue. — Gliinchillas {Erîomys Chinchilla, etc.). Viscache ou Lièvre des pampas [Lagostoinus (richodactylus). Famille des GAVIDÉS. — Celte famille se compose d'animaux subongulés, c'est-à-dire pourvus de doigts qui portent, au lieu de griffes, des ongles larges et épais, constituant des sortes de sabots. Les membres antérieurs sont à A doigts, les postérieurs à 3. La plante des pieds est nue. La queue est rudimentaire. Les clavicules sont incomplètes. Tous les représentants actuels de cette famille appartiennent à l'Amérique du Sud : ce sont des animaux terrestres ou nageurs. On a découvert en outre, dans les dépôts tertiaires et quaternaires du Hrésil et de la République Argentine, de nombreux genres qui se rattachent étroitement aux formes actuelles. Les quatre genres vivants sont : Caina, Cerodon, Dolichotis et Hydrochœrm. — Le Cabiai [Hydrochœriis capybara Erxleben) est le plus grand des Rongeurs actuels; il a la taille d'un Cochon d'un an. II vit par familles sur les rives marécageuses des fleuves de l'Amérique méridionale. C'est un bon nageur, qui se nourrit surtout de plantes aquatiques. Sa chair est assez bonne. — Le Mara {Dolichotis patachonica [Shaw]) vit en troupes dans les steppes de la Patagonie et jusque dans le Brésil méridional; on le chasse pour sa four- rure : sa chair est blanche et peu savoureuse. En captivité, il se comporte comme un Lapin. Les Cobayes [Caria Erxleben) sont de petits animaux à grosse tète, à oreilles et pattes courtes, à queue presque nulle, à poils durs et serrés. Les membres antérieurs sont à 4, les postérieurs à 3 doigts. Les molaires sont constituées par deux prismes inégaux séparés, dans les supérieures par un sinus interne, dans les inférieures par un sinus externe. Ce sont de petits animaux crépusculaires ou nocturnes, sans intelligence, qui vivent par petites sociétés à la lisière des bois ou dans les buissons, et se creusent des abris dans le sol. On les trouve dans toute l'Amérique du Sud. En outre, on a rencontré d'assez nombreuses espèces fossiles dans les dépôts pampéens (probablement quaternaire) de la République Argentine et dans les cavernes à ossements (quaternaire) du Brésil. Le Cobaye Apéréa (C. «/^erea Erxleben) est l'espèce la plus anciennement connue. Il est long de 26 à 30 centimètres, et haut de 8; le pelage est brun finement mélangé de jaune sur le dos, gris jaunâtre sur le ventre, blanchâtre sur les pattes; les moustaches sont noires, les ongles bruns. En été, ces teintes deviennent plus claires, passant au gris brun sur le dos. L'Apéréa fréquente, au Brésil, ix la Guyane et dans le Paraguay, les hautes plaines, où il se cache parmi les buissons. Le Cobaye de Cutler (C. Cutleri King) est, selon Tschudi, long de 31 à 33 centimètres; la partie supérieure du corps est d'un brun noir pointillé de jaune terreux, chaque poil étant brun noir de la base au milieu, jaune blan- châtre plus haut, enfin noirâtre à la pointe. Le museau et la région oculaire Railmet. — Zoolosie. 75 1186 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. antérieure sont un peu plus clairs, de même que les côtés du troue. La gorge, la poitrine, le ventre et la face interne des cuisses sont d'un jaune terreux vif, coloration très intense surtout chez les individus jeunes. La face supé- rieure des pieds est un peu plus foncée, leur plante est gris noirâtre; les moustaches sont jaunâtres, les ongles tout noirs. Cette espèce, que le capitaine Kiag avait reiuie d'abord du navigateur amé- ricain Cutler, n'a été vue par Tschudi que sur la côte occidentale du Pérou. Aux environs d'Yca, le naturaliste suisse en rencontrait de nombreux indi- vidus dans toutes les haies, sur tous les murs; ils ne craignaient pas l'Homme, les indigènes ne leur faisant pas la chasse. Les Péruviens, qui donnent à ce petit animal le nom de Cny del monte, sont unanimes à le regarder comme la souche du Cobaye domestique. Le Cobaye domestique (C. porcellus [L.l. — Syn. : Musporcellus L,, 1758 ; C. cobaya Gmelin, 1789) ou Cochon d'Inde, Guinea-pig des Anglais, H(« dans le cul-de-sac gauche de restomac. A mesure qu'il en pénètre de nouvelles, les plus anciennes descendent vers le rétrécissement. Arrivées à ce niveau, elles commencent à se déformer, puis passent peu à peu dans* le sac droit, où elles sont bientôt transformées en pulpe. C'est pourquoi on ne les rencontre guère que dans l'estomac des animaux tués le malin. On peut dire que c'est là un acte normal. Morot a même cherché à le rapprocher de la rumination. Nous avons, par contre, tenté de démontrer que c'est pour les Léporidés un moyen d'éviter l'infection de leurs retraites et d'échapper à la poursuite des carnassiers. On assure aussi que les Léporidés boivent quelquefois leur urine. Le genre L€j)us est représenté par des espèces fossiles dans le miocène de l'Asie et de l'Amérique du Nord. En France, il apparaît dans le pliocène de Perpif^nan et de l'Auvergne (L. Lacoslei Pomel). Ses représentants se mon- trent abondants à l'époque quaternaire, et paraissent à peu près identiques aux formes actuelles. C'est ainsi qu'on signale le Lapin de garenne (L. ciini- ciiliis) dans le diluviuni stratifié et surtout dans les cavernes à ossements de la France méridionale, de la Haute-Italie, de la Belgique, de l'Allemagne et de l'Angleterre. A ses restes sont associés d'ailleurs ceux du Lièvre commun (L. tlmidus). Quant à ceux du Lièvre alpin (L. variabilis), on ne les rencontre que dans les dépôts quaternaires qui correspondent à son habitat actuel. On reconnaîl dans ce genre deux sections principales, celle des Lièvres et celle des Lapins. Les LIÈVRES ont les oreilles très grandes, les pattes postérieures beau- coup plus longues que les antérieures, la queue toujours bien évidente. — Ils ne se creusent pas de galeries, vivent toujours à la surface du sol et se cou- chent dans une dépression superficielle appelée gîte. Les petits naissent les yeux ouverts; ils sont couverts de poils et assez développés. Les Lièvres comprennent de nombreuses espèces, dont les plus connues sont : le Lièvre commun (L. tiinidus L.) de l'Europe moyenne; le Lièvre changeant (L. variabilis Pallas), de l'Europe septentrionale; etc. Aucune de ces espèces n'est domestiquée; elles ne paraissent même guère domestica- bles. Le Lièvre commun est un gibier estimé, qui fait dans nos pays l'objet principal delà petite chasse. La chair est noire, savoureuse et excitante. Les LAPi\s ont les oreilles moins longues que les Lièvres; la dispropor- tion entre le bipède antérieur et le bipède postérieur est moins accusée que chez ces derniers animaux; ils diffèrent aussi beaucoup par leurs caractères squelettiques (Sanson, Lesbre), quoique R. Saint-Loup ait pu relier les types crâniens par une série de formes asiatiques ou américaines. — Ils vivent en société et se creusent des galeries ou terriers. Leurs petits nais- sent nus et les yeux fermés. On décrit plusieurs espèces de Lapins vivant à l'état sauvage. La plus connue est la suivante. Le Lapin de garenne (L. cuniculus L.) est de petite taille ; son pelage est en général d'un gris tiqueté avec un peu de roux en arrière de la tête ; U90 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. le dessous du corps est blanchâtre ; la queue est courte, noire en dessus ; les oreilles sont également petites, noires à la pointe ; les pieds sont très velus. Les Lapins de garenne recherchent les terrains sablonneux, les ravins, les buissons. Ils creusent leurs terriers de préférence dans les endroits exposés au soleil. Chaque couple a le sien propre. Ils y restent cachés tout le jour, à moins que le terrain environnant ne leur fournisse un abri suffisant. Ces animaux sont presque monogames. Le rut commence en février ou en mars. La Lapine, comme la Hase ou femelle du Lièvre, porte de 30 à 31 jours et met bas quatre à six ou huit petits, qu'elle dépose dans un terrier spécial, appelé rabouillére. Comme elle s'accouple aussitôt après, il en ré- sulte qu'elle peut faire six ou sept portées par an. On regarde en général le Lapin de garenne comme originaire, soit du nord de l'Afrique, soit de l'Europe méridionale, et en particulier de l'Espagne. Quelques auteurs lui attribuent même pour patrie l'Afrique du Nord. Quoi qu'il en soit, il s'est répandu dans toute l'Europe centrale et méridionale. Il a même été introduit en Angleterre par les amateurs de chasse. Dans beau- coup de points, il s'est multiplié d'une façon extraordinaire, malgré les efforts faits pour le détruire. C'est en effet, en même temps qu'un gibier estimé, un animal susceptible de causer des pertes sérieuses à l'agriculture. Ses dégâts sont beaucoup plus importants et surtout beaucoup plus appa- rents que ceux du Lièvre. Lapins domestiques (L. domestkus) . — Leur pelage est assez variable. Il est le plus souvent gris, mais on trouve aussi des individus roux, noirs ou blancs, et d'autres qui présentent un mélange de ces diverses couleurs. Les principales races reconnues par les auteurs sont : le Lapin commun, le Lapin bélier ou roueunais, le Lapin riche ou argenté, le Lapin blanc de Chine et le Lapin d'Anyora. La plupart des naturalistes admettent que ces diverses races ou variétés dérivent toutes du Lapin de garenne ; mais P. Gervais regarde cette filiation comme très douteuse, et Sanson la nie d'une façon absolue, en se basant sur les caractères crâniens de ces animaux. Domestication. — On ne possède aucun document précis relatif à la domes- tication du Lapin. Les ossements de Lepns font défaut dans les Kjukkenmo- dinger du Danemark ; ceux, assez rares, qu'on trouve dans les palafittes, sont rapportés au Lièvre par Rtitimeyer. Le Lapin ne devait donc pas être domestiqué à l'époque robenhausienne. Quelques auteurs pensent, d'après un passage de Confucius, que sa domestication a eu lieu en Orient. En tout cas, il n'a dû être introduit dans nos régions que fort tard. Les auteurs grecs et latins n'en parlent pas. Varron rapporte, il est vrai, que les Romains élevaient des Lièvres (commun et variable) et des Lapins (originaires d'Es- pagne) dans des parcs ou leporaria, et qu'ils les enfermaient parfois dans des cages pour les engraisser : les auteurs de la Maison rustique du xvi« siècle signalent aussi l'annexion de clapiers aux garennes et notent les modifica- tions que subissaient les Lapins par suite du séjour dans ces clapiers ; mais il n'y a rien là qui dépasse ce que nous constatons tous les jours, et les documents de cette nature n'éclairent aucunement l'histoire de la domesti- cation. MAMMIFKHES. — RONGEURS. H91 On sait que les Hébreux rejetaient comme impure la chair du Lièvre et tlu Lapin, et que, de nos jours encore, les Lapons et quelques autres peuples de l'Europe continuent de l'avoir en horreur. Caractcres plii/siolorfiques. — Les Lapins domestiques sont en état do se reproduire à cinq ou six mois. La durée de la gestation est de 31 jours. Chaque portée est en général de huit à douze Lapereaux, et une Lapine donne environ huit portées par an. On recommande de ne remettre la mère au mâle que trois semaines après la mise bas. La fécondation est opérée dans l'espace d'une nuit, et la Lapine peut continuer à nourrir encore ses pelils pendant une huitaine de jours. Un mâle suffit pour dix à quinze femelles. Services. — On entretient ces animaux dans des cla/piers . « La pro- duction des Léporidés domestiques, dit Sanson, est pratiquée partout par les cultivateurs, qui trouvent par là le moyen d'utiliser et de mettre en valeur les débris des légumes et les herbes de leur jardin, ainsi que les plantes non cultivées qu'ils vont recueillir dans les champs voisins de leur habitation. Ils les nourrissent ainsi avec des aliments qui, sans eux, resteraient sans emploi. Ce sont les Lapins ainsi reproduits à peu près sans frais, qui forment la grande masse de l'approvisionnement des marchés et déterminent conséquemmentle cours de la marchandise, qui ne dépasse guère 0 fr. 751e kilogramme de poids vif. » Par contre, l'élevage en grand de ces animaux n'a jamais donné de résultats avantageux, tant à cause des frais d'alimentation que par suite des conditions défavorables qu'entraîne l'agglomération des animaux. — C'est surtout pour leur chair que les Lapins sont élevés ; mais on utilise aussi leur fourrure. Enfin, il ne faut pas oublier que ces animaux sont de précieux auxiliaires de la physiologie moderne. Léporidc (L. timido-domesticiis). — Le Lièvre et le Lapin manifestent l'un pour l'autre une antipathie prononcée, au point qu'on a longtemps regardé comme chose impossible le rapprochement sexuel entre ces deux espèces. Cependant, au siècle dernier, Amoretti avait déjà signalé l'accou- plement fécond d'un Lapin avec une Hase. Mais ce fait était oublié quand, en 1847, Roux (d'Angoulème) parvint à obtenir un certain nombre de pro- duits par l'accouplement du Lièvre mâle avec des Lapines. C'est à ces pro- duits que Broca donna plus tard le nom de Léporidés. Depuis cette époque, Gayot et quelques autres expérimentateurs ont obtenu de semblables résultats. Les Léporidés, accouplés entre eux, se montrent féconds, et se reprodui- sent d'une façon indéfinie. C'est pourquoi on les a considérés comme réali- sant une espèce nouvelle, que Hœckel proposait de dénommer L. Darwini. Mais il résulte des recherches de Sanson qu'il n'y a pas là un type spécifique nouveau, et que les Léporidés ne tardent pas à faire retour à l'un ou à l'autre de leurs types ascendants, à la façon des véritables métis. Ceux qu'on observe actuellement sont même si bien revenus au type Lapin, que bien des auteurs sont portés à mettre en doute l'existence de véritables Léporidés. 1192 CHORDES. — VERTÉBRÉS. Aux Lagomorphes appartient aussi la petite famille des Lagomidés, repré- sentée actuellement par les Lagomys, petits animaux ressemblant à des Cobayes, et répandus dans une grande partie de riiémisphère nord. ONZIEME ORDRE PIAIVIPÈDES Mammifères onguiculés, à pieds transformés en nageoires, les posté- rieurs dirigés en arrière; pas de nageoire caudale; dentition complète: canines fortes, molaires tranchantes; placenta zonaire. Les Pinnipèdes {pinna, nageoire ; pes, pied) sont de véritables Carnivores, que leur adaptation à la vie aquatique rapproche des Cétacés. On leur a donné quelquefois le nom d'Amphibies, qu'ils ne méritent pas en réalité, puisque leur respiration est aérienne comme celle de tous les Mammifères. ()6I. — Patte de Phoque (Phoca vitulina L.). Fig. 862. — TOle de Phoque. Ils ont le corps allongé et fusiforme, revêtu de poils courts ; la tête petite et arrondie; la queue courte, non aplatie en nageoire ; les membres égale- ment courts, mais terminés par une rame que forme leur main palmée, à cinq doigts armés de griffes. La constitution du système dentaire est moins fixe que chez les Carni- vores. Les incisives sont souvent en petit nombre et peuvent même manquer; les canines sont puissantes, surtout chez les Morses, oii les supérieures se transforment en longues défenses ; les molaires sont uniformes. Les femelles ont un utérus bicorne et deux ou quatre mamelles ventrales. Elles donnent naissance à un ou deux petits. Le placenta est zonaire comme chez les carnassiers terrestres. Le cerveau est bien développé et présente de nombreuses circonvolutions. Les Pinnipèdes sont des animaux sociables, qui sont répandus dans toutes les mers, et en particulier dans les régions polaires. Ils sont assez maladroits sur la terre ferme, mais ils nagent avec aisance et peuvent plonger fort longtemps, grâce à des valvules spéciales qui produisent Tocclusion des narines, et à un large sinus de la veine cave inférieure. Ils se nourrissent de Poissons, de Mollusques, de Crustacés et d'autres animaux marins ; les Morses mangent aussi des varechs. On leur fait une chasse active, en vue de leur graisse et de leur fourrure, qui sont la base de l'existence des Esqui- maux. Leur chair a une saveur assez désagréable. MAMMIFÈRES. — CARNIVORES. 1193 Les Morses sont renianiuables par l'extrême allongement de leurs canines supérieures, qui constituent deux énormes défenses dirigées en bas. — On ne connaît qu'une seule espèce de Morses, la Vache marine {Trichcchus rosniarus), de l'océan C.Iacial arctique. Les Phoques ont des canines courtes et sont dé- pourvus de conque auriculaire. — Veau marin (P/ioca vUidina), de nos côtes. Phoque moine {Leptomjx mo- nachus), de la Méditerranée. Éléphant marin {Ci/sto- phora proboscidea) , des mers antarctiques. Les Otaries diffèrent des Phoques en ce qu'ils pos- sèdent une petite conque auriculaire et que leurs membres, plus dégagés du corps, sont plus aptes à la marche. — Lion marin {Otaria leonina), de l'Amérique méridionale. Ours marin (0. w'sina), du Grand Océan. DOUZIÈME ORDRE CARNIVORES Fig. 863. — Ti'lc de Mors (Trichechus rosmarus L.). Mammifères onguiculés, à doigts libres; dentition complète : canines fortes, molaires tranchantes ; placenta zonaire. Les Carnivores terrestres ou à doigls libres sont quelquefois réunis dans un seul et même ordre avec les Phoques et les Morses, dont on les distingue sous le nom de Fissipèdes, et même avec le groupe éteint des Créodontes. Ces animaux, souvent forts et agiles, sont organisés surtout pour courir et pour sauter, parfois même pour grimper ou pour fouir. Les uns sont digitigrades, les autres plantigrades; on peut même reconnaître des semi-plantigrades, qui relèvent le tarse (Martres), et des semi-digitigrades, qui relèvent aussi le métatarse (Paradoxures). Les doigts, au nombre de cinq ou de quatre, presque toujours libres, sont armés de griffes re- courbéesen crochet. Ces griffes, que Tusure maintient assez cour- tes chez les coureurs (Chiens), sont longues et tranchantes chez les fouisseurs et les grimpeurs ; elles se montrent surtout puis- santes chez les Chats, où elles se relèvent pendant la marche sous l'action d'un ligament élas- tique qui s'étend de la deuxième à la troisième phalange. Parmi les particularités que présente le squelette, il faut noter surtout la forme très allongée, dans le sens transversal, des condyles ^^ Fig. 864. — Maxillaire inférieur de l'Ours blanc. — c, coudjic (du côté droit), c', le même vu de face. Fig. 86o, — Tùle de Chien. H94 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. de la mâchoire inférieure, qui s'emboîtent exactement dans les cavités glénoïdes du temporal. Cette disposition s'oppose aux mouvements de latéralité et au glissement horizontal, de sorte que la trituration des aliments reste très incomplète ; mais elle donne une grande précision aux mouvements d'abaissement et d'élévation, et rend par suite très puissante l'action des mâchoires. Les deux branches du maxillaire inférieur ne se soudent jamais entre elles. Les clavicules sont rudimentaires ou nulles. La dentition est fort caractéristi- que. Si l'on fait exception pour la Loutre marine, tous les Carnivores possèdent, de chaque côté de l'une et de l'autre mâchoires, trois inci- sives et une puissante canine. Le nombre des molaires est seul varia- ble. D'après leur forme, on dis- tingue celles-ci en prémolaires, carnassière et tuberculeuses. Les prémolaires, dont on compte de 1 à 4, sont en général pointues, avec une aspérité médiane; elles appartiennent, comme les incisives et les canines, à la dentition de lait. La carnassière, qui leur fait suite, est la plus puissante de toutes les dents : sa couronne tranchante est divisée en deux ou trois lobes soutenus par un talon plus ou moins accusé. C'est à l'aide de ces dents que les os sont broyés. La carnas- sière supérieure représente toujours la dernière prémolaire ; l'infé- rieure correspond à la première molaire. Sauf dans quelques gen- res fossiles, il n'y a qu'une seule carnassière à chaque branche des mâchoires. En arrière de cette dent, se trouvent \es tuberculeuses, dont le nombre varie de 0 à 3, et qui doivent leur nom à leur cou- ronne aplatie, garnie de tuber- cules émoussés : il s'agit évidem- ment de dents broyeuses. — L'estomac des Carnivores est simple, l'intestin court, le csecum peu développé ou nul. Les mâles possèdent souvent un os pénien. La verge est logée dans un fourreau ; les testicules sont contenus dans un scrotum. Les femelles ont un utérus bicorne et des mamelles ventrales. Le placenta est zonaire. Ces animaux sont monogames. Ils sont sou- vent pourvus de glandes anales, qui sécrètent un produit très odorant {odeur de fauve). Les Carnivores sont assez bien doués sous le rapport intellectuel. Leur cerveau est développé et offre quelques circonvolutions ; leurs Fig. 866. — CoRCuni el côlon du Chat. — d, iléon. 6, cœcum. c, côlon. MAMMIFÈRES. — CARMVORES. 119& sens sont fort délicats. I^ur genre de vie est des plus variés ; tous cependant vivent aux dépens d'animaux plus faibles ; quelques-uns seulement sont omnivores. Ils sont répandus partout, sauf aux Antilles. Les premiers fossiles qui apparaissent appartiennent à l'éocène. 7 familles : Canidx, Ursida.', Procyonidx, Mustelidx, Vivcrridw, HyxnidsBf Felidœ. Famille des CANIDÉS. — Les Canidés sont des coureurs digiti- grades et à griffes non rélractiles, ayant le plus souvent 5 doigts aux pieds de devant et 4 aux pieds de derrière. Us ont pour formule ;{. 1.1,3-2 dentaire typique : — . Les incisives sont trilobées ; les canines sont assez longues, incurvées et comprimées ; les prémolaires sont moins pointues que chez les Chats ; la carnassière est bien accusée ; les tuberculeuses diminuent de volume d'avant en arrière. Le crâne et le museau sont allongés, la queue est longue; il existe un os pénien très développé. Les Canidés vivent rarement par couples ; la plupart se rassemblent en meutes considérables. Quelques-uns sont diurnes; beaucoup sont nocturnes ou crépusculaires. Tous chassent des proies vivantes, en mettant surtout à profit la délicatesse de leur odorat ; mais ils aiment beaucoup la venaison faisandée, et certains la préfèrent même à la chair fraîche. Enfin, quelques rares espèces ont un penchant marqué pour le régime végétal. A l'état sauvage, ces animaux n'aboient jamais ; leurs manifestations vocales consistent en des hurlements ou en des glapissements. Tous répandent une odeur de fauve plus ou moins accusée. Aucun d'eux ne sait grimper ; ils atteignent leur proie à la course. Les femelles sont très fécondes ; leurs petits vien- nent au monde les yeux fermés et doivent être allaités assez long- temps. Leur intelligence est assez développée, bien que beaucoup d'auteurs en aient exagéré la portée : il ne faut pas oublier que les facultés de nos Chiens domestiques résultent, en grande partie, de l'influence de l'Homme. Etat fossile. — Les Canidés se présentent comme la branche la plus ancienne el la plus conservatrice des Carnivores; ils apparaissent dans réocène supé- rieur et se montrent en assez grand nombre dans ie miocène, le pliocène et le diluvium de l'Europe, de l'Asie et de l'xVniérique du Nord, dans le pliocène el le quaternaire de l'Amérique du Sud et de TAuslralie. On les considère en général comme dérivant des Créodontes. Mais le genre Canis ne se montre d'une façon indiscutable que dans le pliocène des Sivulik (C. Cautleyi flose), puis dans le pliocène supérieur de la Toscane (C. etrascus, C. Falconeri Forsyth Mujor) et de l'Auvergne (C- meyas- tomoides Pomel, etc.). (Ces divei'ses formes se rapportent aux Thooides.) Pro- bablement existe-t-il aussi dans le pliocène de l'Amérique du iNord. Dans le quaternaire de l'Europe, on rencontre de nombreuses formes se 1196 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. rapportant, soit aux Thooïdes, soit aux Alopécoïdes. Ainsi, pour ne parler que des premières, le Loup (C. lupus L.) se montre aussi bien dans le dilu- vium stratifié que dans les cavernes à ossements. Le tuf volcanique de l'Auvergne renferme les restes d'un C. Neschersensis Croizet qui est intermé- diaire par sa taille entre le Loup et le Chacal. Dans les cavernes à ossements du sud de la France, Bourguignat a signalé deux Cyons [C. européens et Edwarsianus Bourg.), et une autre forme {Lycorus nemesianus) que Lyddeker et Nehring regardent comme un simple Loup. Les dépôts quaternaires des deux Amériques fournissent un grand nombre d'espèces du genre Canis, la plupart identiques à celles qui vivent encore actuellement dans ces régions. En ce qui concerne les Chiens proprement dits (sous-genre Canis), la forme la plus ancienne serait représentée, d'après Boule, par une mandibule recueillie dans le pliocène du plateau central. Il faut citer ensuite le C. Miki Woldrich, découvert dans une couche qui se rapporte à la fin de la faune glaciaire et au commencement de la faune des steppes ; mais ce n'est peut- être pas un Chien vrai, car on le donne comme intermédiaire entre le Chacal et le Renard. Plus tard se montre un type de taille plus élevée, que Bourguignat nomme C. férus. Plus lard encore, apparaissent d'autres formes canines, qui ont été découvertes par Schmerling dans des cavernes belges de l'époque moustérienne, et dont l'une, plus forte que l'autre du double, devait être de la taille de nos Chiens d'arrêt. C'est à cette époque que remonte- raient aussi les ossements trouvés par Bourguignat dans la grotte de Fontatnie, près St-Césaire (Alpes-Maritimes), etquisontdonnés comme se rapportant, les unsau Chien de berger, les autres au grand Dogue ou Molosse. Bourguignat les regarde comme ayant appartenu à des variétés domestiques, en se basant sur ce simple fait qu'ils étaient accompagnés de débris d'industrie humaine. On avouera qu'une telle conclusion n'est lien moins que justifiée. Nous bornerons là nos citations de Canidés fossiles, et nous reviendrons plus loin, à propos du Chien domestique, sur les espèces ou variétés qui appartiennent à la période néolithique. La classification des Canidés est assez difficile. Cependant, les formes actuelles se laissent ranger dans les quatre genres Canis, Lycaon, Icticyon et Otocyon, rattachés à une même sous-famille [Caniiiinse). Les Oreillards [Otocyon Lichlenstein) sont remarquables par le nombre de 3-4 leurs dents, qui s'élève à 46, parfois même à 48, Molaires—^. — Chien •i Oreillard (0. mcyalotis [Cuvier]), un peu plus petit qu'un Renard ; deux oreilles énormes. Afrique australe. Les Icticyons [Icticyon Lund) n'ont en général que 28 dents, et au maxi- 1 2 1 muni 40. M -■, rarement - ou -• — Chien des buissons (I. venaticus Lund), du Brésil et de la Guyane anglaise. Les Cynhyènes [Lycaon Brookes) se distinguent des autres Canidés actuels par la présence de quatre doigts seulement aux membres antérieurs. 42 dents. — Loup peint (L. pictus) des steppes de l'Afrique, depuis le Sahara jusqu'au Cap. 3.1.4 2 Les Chiens {Canis L.) ont presque toujours 42 dents, soit ■'''„; cepen- MAMMIFÈRES. CARNIVORES. 1197 dant, la 3'= molaire inférieur^ est parfois Irùs petite ou même absente. Le crâne est allongé chez toutes les formes sauvages ou fossiles. On peut, avec Huxley, diviser le genre Ca7iis en deux groupes : Thooida et Alopccoida. A. Les Thooides présentent une séparation assez brusque entre le front et le dessus du museau, de sorte que ces deux régions forment entre elles un angle plus ou moins ouvert. Leur queue est de longueur moyenne et relati- vement pou touffue. Leurs pupilles sont circulaires. Ce sont des animaux diurnes. A ce groupe appartiennent les sections ou sous-genres ci-après : Les Cyons (Cj/on Hodgson) ou Dlioles, de l'Asie orienlale, qui n'ont d'ordi- naire que 40 dents. — Dhole méridional ou Buansuah {Canisjuvanicus Desma- rest), répandu dans le sud-est de l'Asie, depuis l'Himalaya jusqu'à Bornéo. Une variété foncée à poil ras, l'Adjack (C. j. var. rutilans), habite la pres- qu'île de Malacca, Sumatra, Java et probablement Bornéo. Une autre, le Colsun du DekUan (C. j. var. dakhunensis), se rencontre dans les vallées du haut Indus, ainsi que dans les forêts de l'Himalaya, du Kashmir à l'Assam. Dhole septentrional {Canis alpinus Pallas), du nord de l'Asie, depuis la Sibérie jusqu'aux monts Altaï et au delà. Les Loups {Lupus Gray), espèces à formes hautes et robustes, répandues dans les deux mondes. Le type en est fourni par le Loup vulgaire {Canis rig. 867. — Loup d'Europo. lu}jus L.). Autrefois très répandu, cet animal devient de plus en plus rare dans notre pays, grâce aux primes accordées en vue de sa destruction. En 1892, ces primes ont été ainsi réparties : 6 Louves pleines à 150 francs l'une, 164 Loups ou Louves non pleines à 100 francs, et 157 Louveteaux à 40 francs, soit un total de 23 580 francs pour 327 animaux. Le Loup a disparu depuis longtemps de l'Angleterre, mais on en trouve encore des bandes immenses en Russie et en Sibérie. Mivart rattache à cette espèce, comme simples variétés, le Loup indien ou Landgak {C. l. var. paUipcs = C. pullipes Sykes) et le Loup de l'Amérique du Nord (C. /. var. occidentalis = C. occiden- talis De Kay). Les autres espèces de Loups sont : le Cabéru ou Loup d'Abys- sinie {C. st/we/zs/s Rijppel); le Loup à crinière (C.jMftafwsDesmarest), du Brésil 1198 CHORDÉS. — VERTÈBRES. et du Paraguay; le Loup antarctique (C. mitarcticKS Shaw), des îles Falkland ; enfin le Loup des prairies on Coyote {C. latrans Say), de FAmérique, depuis Costa-Ricajusqu'au Canada. Les Chiens vrais {Canis s. str.), cosmopolites, comprenant les nombreux types domestiques ou marrons (C. familiaris L.) sur lesquels nous revien- drons plus loin. On y rapporte généralement le Dingo (C familiaris dingo Blumenbach, C. dingo Gould), d'Australie. Le Dingo est quelquefois entretenu par les Australiens dans un élal de semi-domesticité ; mais c'est à peine s'il s'attache à son maître. On l'a souvent regardé comme un Chien marron, d'importation étrangère, car il fait tache dans la faune australienne ; cepen- dant, quelques observateurs assurent en avoir trouvé des débris dans le pliocène (?) de cette région. Les Chacals [Liipidus de Blainville), Ghiens de petite taille répandus dans les régions chaudes de l'ancien monde. — Chacal indien {C. aureus L.), habite l'Inde, Ceylan, la Birmanie jusqu'au sud du Pégou, le sud-ouest de l'Asie jusqu'au Caucase, l'Asie Mineure, la Turquie ; il a même survécu en Moréeet dans une des îles de la Datmatie, Chacal svelte (C. anthiis F. Cuvier), Dhib des Arabes, vit en Afrique au nord du Sahara, en Egypte [C. hipaster Ehrenberg) et en Abyssinie. Chacal à dos noir (C. memmelas Schreber), de l'Afrique méridionale et de l'Abyssinie. Chacal à bandes [C. adustus Sunde- wall), du centre et du sud de l'Afrique. Les ïhous {Thous Gray) ou Chacals sud-américains. — Carasissi ou Chien crabier (C. cancrivorus Desmarest), de la Guyane à la Plata. Chien d'Azara (C, Azarse Prinz Max. zu Wied), du Brésil au Chili et à la Terre de Feu ; etc. B. Les Alopécoides ont un front qui se continue insensiblement avec le dessus du museau. Leur queue est longue et touffue. Leurs pupilles sont sou- vent ovales ou en fente verticale. Ce sont des animaux nocturnes. Ce groupe esl moins riche en espèces que le précédent. On peut y distinguer les principales sections suivantes : Les Nyctéreutes {Xycterentes Temininck) ou Chacals du nord et de l'est de l'Asie, ressemblant à des Civettes. — Chien Raton {C, procyonoides Gray), du Japon, du nord de la Chine et du pays d'Amour. Les Urocyons {Urocyon Baird), à court museau, de l'Amérique du Nord. — Renard tricolore (C. virginianus Schreber) ou Colishé des Apaclies. Les Renards {Vul^jes Brisson), de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique du Nord. — Renard commun (C. uw/pes L.), habite toute l'Europe, l'Asie jusqu'au sud de l'Himalaya, et le nord de l'Amérique (C. v. var. fulva ■= C. fulvus Desmarest) jusqu'au Mexique. Renard blanc. Renard bleu ou Isatis [C. lago- pus L.), de la région arctique. Corsac (C, corsac L.), de la Tartarie et de la Sibérie ; etc. Les Fennecs {Megalotis Illiger, Fenneciis Gray), animaux africains gracieux malgré leurs grandes oreilles. — Asse {€. chama Smith), du sud de l'Afrique. Renard pâle (C. pallidus Rlippel), est et ouest de l'Afrique. Sabora (C fame- liGu$ Riippel), est de l'Afrique et sud-ouest de l'Asie. Fennec vrai [C. zerda Zimmermann), ou Renard du Sahara. MAMMIFliRES. — CARNIVORES. 1199 Chiens domestiques (C faiailiarh L.). — Il y a, parmi nos Chiens domestiques, une diversité telle, qu'il serait presque impossible de leur trouver un caractère spécifique commun. On a lait remarquer cependant que, contrairement aux Chiens sauvages, qui ont toujours la queue pendante, les individus domestiques la portent i-elevée et souvent même recourbée en dessus; dans ce cas, elle est en fj;éuéral dirigée à gauche, mais cette règle est loin d'être absolue, contrairement à l'indication de Linné [cnuda sinislror- sum reciirvata). Les races et sous-races de Chiens, en y comprenant toutes les formes pas- sagères produites par les croisements, sont pour ainsi dire innombrables, et il est extrêmement difficile de les classer. Aussi nous bornerons-nous à citer les principaux types, sans chercher à les grouper d'apiès leurs affini- tés. — Lévriert< : tantôt à long poil (Lévrier russe), lantùt à poil ras (Lévrier arabe ou Sloughi), Lévrier d'Italie ou Levron [Levrette] ). — Mâtins : à poil court (Matin proprement dit. Danois, Chien de Dalmatie ou Petit-Danois) ; à poil long (Chien de Terre-Neuve, de montagne, de bouvier, de berger). — Chiens courants : à poil ras (normands, vendéens, saintongeois, Saint-Hu- bert, Bloodhound, Foxhound, Beagle) ; à poil long (Deerhound, Griffons). — Chiens couchants ou d'arrêt : à poil ras (Braque français. Braque anglais ou Pointer); à poil long (Épagneuls , Griffons). — Dogues : Dogue ou Mastiff anglais. Dogue de Bordeaux, Dogue du Tliibet, Molosse ou Grand-Dogue, Bou- ledogue, Mops ou Carlin. — Chiens divers : Barbet, Caniche, King-Charles, etc. La plupart de ces races ou sous-races sont susceptibles de s'unir entre elles, et nous ne connaissons même d'autre obstacle à ces croisements que l'im- possibilité matérielle apportée à l'accouplement par une différence de taille trop considérable. Or, dans certains cas, l'Homme provoque de tels croise- ments, dans le but de produire des types intermédiaires, doués de qualités spéciales, types qu'il perpélue par une sélection attentive. C'est ainsi que prennent naissance ces innombrables formes connues sous le nom de races métisses, qui souvent ne font qu'apparaître et disparaître, par suite des caprices de la mode, ou qui, plus rarement, sont conservées par une élite d'amateurs, à cause de l'excellence de leurs aptitudes. Telle serait, d'après les auteurs, l'origine des petits Barbets, des Doguins ou Dogues de Bologne, des Bull-Terriers, des Roquets, des Briquets, des Retrievers, etc. D'autre part, il s'effectue tous les jours, sous nos yeux, des croisements fortuits entre des Chiens de toutes races et même entre des Chiens déjà métissés à divers degrés. Depuis Buffon, on donne à la population hétéro- gène, de nuances variées à l'infini, qui résulte d'une telle promiscuité, le nom de Chiens de rue. Domestication, — La confusion qui règne dans la classification des Chiens domestiques montre que nous sommes encore loin de connaître les types primitifs desquels sont dérivées nos diverses races. Aussi bien, l'idée reçue jusqu'à ces derniers temps, de l'unité de souche de ces races, ne pouvait-elle que retarder les recherches nécessaires à la solution d'un tel problème. Bulfon, on le sait, regardait le Chien comme une espèce à part, n'existant plus à l'état sauvage, et dont le Chien de berger représentait la forme la plus rapprochée de l'état de nature. Giilden- stiidt et Pallas, qui avaient étudié le Chacal en Orient, sont les premiers naturalistes qui aient considéré cet animal comme l'ancêtre du Chien. Geof- 1200 CHORDÉS. — VERTEBRES. l'roy Saint-Hilaire professait aussi cette opinion, sauf pour les lévriers, qu'il faisait dériver du C. simensis. Hodgson regardait au contraire le Buansuah comme la forme souche de nos Chiens. D'autres, parmi lesquels il faut citer P. Gervais, ont fait intervenir au même titre le Loup de nos pays et diverses autres espèces. Or, ce sont là des propositions qui ne s'excluent en aucune manière : l'idée de la pluralité de souche est plus admissible encore pour les Chiens que pour tous les autres Mammifères domestiques. Seulement, la détermination des types primitifs offre ici de grandes diffi- cultés. Sans doute, elle sera facilitée par les recherches que poursuivent avec ardeur les savants adonnés aux études préhistoriques ; mais il faut reconnaître qu'à cet égard nous sommes encore bien peu avancés. Quelques auteurs, avec Steenstrup, font remonter la domestication du Chien à l'époque du Mammouth ; mais la plupart sont d'accord pour la reporter au début de la période néolithique. Or, il est constant que, dans le cours de cette période ainsi que des suivantes, les Chiens domestiques ont présenté plusieurs races distinctes. Il faudrait donc pouvoir déterminer quelles sont les races actuelles qui leur correspondent ; et il ne serait pas inutile de savoir, en outre, si elles étaient déjà représentées à l'époque qua- ternaire. La race préhistorique la plus anciennement décrite et peut-être aussi la plus anciennement domestiquée est le Chien des tourbières {Canis faniiltaris paliistris), qui a été découvert dans les stations lacustres de l'époque néoli- thique et décrit par Rûtimeyer (1S62). Cet auteur le comparait d'abord au Chien de chasse actuel, et en particulier au Chien d'arrêt ; mais il recon- naît aujourd'hui, avec Studer, que le crâne de cet animal « concorde jusque dans les plus petits détails » avec celui du Chien des Papous (C. Hihcmiœ- Quoy et Gaimard). Jeitteles et Naumann le regardent, au contraire, comme un rejeton domestiqué du Chacal commun (C. aurcus). Anoutshine déclare qu'il ressemble d'une façon frappante au petit Chien domestique des Lapons, des Samoyèdes et des Toungouz. — 11 faut noter ici que tous les crânes recueillis dans les palaffîtes proviennent d'individus très jeunes ou très âgés, et qu'ils ont le frontal ou le pariétal brisé à l'aide d'un instrument mousse. Les autres races sont de l'âge du bronze. — L'une d'elles a été découverte dans les tourbières d'Olmiitz et de Troppau, et .leitteles, qui l'a déterminée en 1872, lui a appliqué la dénomination un peu complexe de Canis familiaris matris optimse. Elle est beaucoup plus grande que la précédente et atteint à peu près la taille du Chien de berger. Jeitteles la faisait descendre d'un Loup indien, le Canis pallipcs ; Studer croit, au contraire, qu'elle dérive du Canis familiaris palustris, lequel montre une grande variabilité avant la fin de l'âge de la pierre. On donne comme ses parents les plus proches le Chien de ber- ger, les grands Chiens de chasse et le Caniche. En 1877, Woldrich a déterminé une troisième race, dont les débris ont été recueillis dans diverses stations de la Basse-Autriche, et qui est intermé- diaire entre les deux précédentes, d'où son nom de Canis familiaris interme- dius. Woldrich lui trouve beaucoup de ressemblance avec le Loup d'Egypte {Canis lupaster). Elle a dû apparaître, dans l'Europe centrale, entre l'âge de la pierre et l'âge du bronze. Enfin, en 1880, Strobel a fait connaître un quatrième type, le Canis f. Spa- MAMMIFLUES. — CARMYOIIES. i20t lettii, encore plus petit que le C. f. palustris. Il a d'ailleurs précédé celui-ci dans l'Europe centrale. Ce'C. f. Spalettii serait l'ancêtre du Loulou, et le C. f. intcvmedius aurait donné naissance au Chien de berger. Il est à remar- quer que l'ordre d'apparition de ces diverses races n'est pas le même en Italie que dans l'Europe centrale. Ces races sont-elles attribuables à l'influence de la domestication ? La chose est peu probable, d'autant que certains indices tendent à montrer que quel- ques-unes d'entre elles au moins existaient déjà à l'époque paléolithique. Il s'agirait donc de races primitives et autochtones. En résumé, les traces les plus anciennes de la domestication du Chien dans l'Europe occidentale et centrale se rencontrent au début de l'âge de la pierre polie, et, dès cette période, nous constatons l'existence de plusieurs races distinctes. En Orient, le Chien a été domestiqué à une époque plus reculée encore. « Si loin que nous remontions dans le passé, dit Is. Geofîroy- Saint-llilaire, nous le trouvons gardien des troupeaux et des habitations des peuples de l'Asie centrale et de l'Egypte. Pour les premiers, nous avons le témoignage des Nackas, et particulièrement du Zcnd-Avesta : la religion mazdéenne prescrivait aux fidèles d'élever dans leurs demeures trois ani- maux : le Chien, la Vache et le Coq. Pour l'Egypte, nous avons mieux encore que des témoignages écrits : des Chiens, de plusieurs races différentes, sont représentés sur les monuments. » Lenormant en reconnaît sept (1) : 1" un Chien-Renard, identique au Chien actuel des bazars du Caire, et descendant peut-être du Loup d'Egypte (C. hipaster) ; 2° le Chien du Dongolah, qui se montre à partir de la XIl^ dynastie, et qui est tout à fait semblable à celui qu'on rencontre encore le plus souvent dans les villages de Nubie : il dérive sans doute du Chacal du Dongolah (C. sabbar) ; 3° le Lévrier ou Chien de chasse de l'ancien empire, qui paraît être à peu près identique au Sloughi actuel et qui tire peut-être son origine du Cabéru (C. simcnsis) ; 4" un grand Chien courant associé au précédent à partir de la XIP dynastie, et dont la tête est semblable à celle du Foxhound anglais ; o° une sorte de Basset, animal d'agrément qui se montre seulement sous la X1I« dynastie, et qui diffère de toutes les variétés actuelles de Bassets; 6° un autre Chien-Renard ressemblant à ceux des bazars du Caire, mais à robe fauve tachée de brun rouge ; 7° un Matin de grande taille. Dans certains monuments égyptiens, on voit aussi le Chacal apprivoisé et prenant part à la chasse. Mais, ce qui peut paraître tout à fait extraordi- naire, c'est la domestication véritable du Chien hyénoïde ou Loup peint (Lycaon picius), qui s'est prolongée au moins depuis la V^ jusqu'à la XII* dynastie, et qui n'a cessé qu'après l'apparition du grand Chien courant (n° 4). Nous n'insisterons pas plus longtemps sur l'histoire du Chien dans l'anti- quité, et nous nous bornerons à faire remarquer que les Hébreux ne paraissent pas avoir possédé cet animal avant l'époque des rois. Mais il nous reste un mot à dire au sujet des Chiens de l'Amérique. Piè- trement a rassemblé un grand nombre de documents historiques desquels il résulte d'une façon incontestable qu'il existait des Chiens domestiques dans les deux Amériques, ainsi qu'aux Antilles, avant l'arrivée des Européens. (1) Zaborowski, Les Chiens domestiques de l'ancienne Egypte. Mater, pour l'hist. de rHouime, 1884, p. 529. — Voir aussi Max Siber de Sihlwald, Des Cliiens d'Afrique. Revue se. nat. appl., 1893. Railliet. — Zoologie. 76 1202 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. « Ces Chiens étaient du reste de diverses couleurs, et ils se divisaient en plusieurs races de différentes tailles, les unes à longs poils, les autres à poils ras ou même sans poil. Enfin, ces Chiens étaient tantôt de simples objets de luxe, tantôt des animaux alimentaires, tantôt des auxiliaires, employés soit comme bêtes de trait, soit comme bêtes de somme, et finissant généralement aussi par être mangés. » Au Pérou, en particulier, les recherches de Reiss et Stûbel ont mis au jour les momies de quatre races de Chiens : un Chien de berger, un Basset, un Molosse et un Chien à poil d'Épagneul, que Nehring rapporte à une même espèce, le Chien des Incas (C. Ingas Tschudi). D'après lui, ce Chien inca semble avoir eu pour ancêtre le Loup occidental [C. l. var. occidentalis), de l'Amérique du Nord ; il aurait été amené par les émigrations humaines dans l'Amérique centrale d'abord, puis de là au Pérou, Caradères physiologiques. — Les Chiens sont aptes à la reproduc- tion vers Tâge de dix à douze mois. Ce sont des animaux très lascifs. Le mâle peut s'accoupler en tout temps ; mais la femelle n'entre d'ordinaire en rut que deux fois par an, une fois en hiver et une fois en été. Ses chaleurs durent dix à quinze jours. Elle peut s'accoupler plusieurs fois pendant cette période, et, chaque fois, les deux sexes restent unis pendant un temps assez long, la séparation étant retar- dée par le gonflement énorme des deux renflements érectiles du pénis, qui retient celui-ci en avant des lèvres de la vulve. L'éjaculation est d'ailleurs fort lente. La partie du pénis comprise dans le fourreau a pour base, comme chez tous les Canidés, un os pénien, creusé d'une gouttière inférieure. La gestation est de 63 jours dans les grandes races, et de 59 à 63 dans les petites. Chaque portée est de quatre ou cinq petits ; plus rarement, le nombre de ceux-ci s'élève à neuf, dix et douze. Ils naissent les yeux fermés et ne les ouvrent souvent qu'après dix ou douze jours. L'allaitement naturel se prolonge environ pendant trois mois. Dans le jeune âge, les mâles comme les femelles s'accroupis- sent un peu pour uriner; mais, vers l'âge de neuf à dix mois, les premiers tiennent une patte de derrière levée pendant la miction. La durée ordinaire de la vie est de quatorze à quinze ans. Services. — Par suite du développement remarquable de ses facul- tés, le Chien est l'auxiliaire le plus utile que l'Homme ait jamais possédé. Il s'adapte aussi bien que son maître aux diverses circons- tances dans lesquelles il est placé. Son régime se modifie sans aucune difficulté : de Carnivore, il devient ichtyophage chez certaines peu- plades, et le plus souvent omnivore dans les pays civilisés. Sa voix, comme nous l'avons déjà vu, se transforme également : l'aboiement, qui est en quelque sorte son langage parlé, est aussi le résultat de la civilisation, et les Chiens des peuplades sauvages, comme ceux de nos pays qui ont été abandonnés dans des régions désertes, ne savent que hurler. Ses aptitudes se multiplient : certaines races se MAMMIFERES. — CARNIVORES. 1203 prêtent à des exigences très diverses, et tout le monde a vu les exer- cices compliqués que peuvent accomplir les « Chiens savants». Un des instincts favoris des Chiens est la chasse. Or, on sait que certains de ces animaux chassent leur gibier à vue et le tuent : tels sont les Lévriers. C'est à l'aide de l'odorat, au contraire, que la plu- part d'entre eux découvrent leur proie : les uns la poursuivent encore et la tuent, comme les précédents, ou l'amènent à portée du chas- seur : ce sont les Chiens courants; les autres se contentent de l'indi- quer au chasseur : on les nomme Chiens d'arrêt. Il en est même, comme les Hetrievers et certains Épagneuis, qui n'ont d'autre office, à la chasse, que de retrouver le gibier abattu. Ajoutons que, dans certains cas, le Chien est employé à la pêche, et qu'on a pu même le dresser quelquefois à la poursuite de l'Homme. Parmi les services les plus communs du Chien, il faut citer encore la garde des habitations et la conduite des troupeaux. Plus rarement on en fait un animal de trait : en Belgique et en Hollande, il traîne de petites voitures ; en Sibérie et chez les Esquimaux, on laltelle aux traîneaux. Nous ne pouvons enfin que mentionner le Chien de Terre-Neuve, le Chien du mont Saint-Bernard, les Chiens d'aveugles, dont les services sont connus de tous. La chair du Chien est assez dure et difficile à digérer ; elle répugne d'ordinaire aux Européens; mais, en Chine et dans quelques autres pays, elle est très estimée. Chez les Romains, on engraissait déjà les jeunes Chiens pour l'usage alimentaire, après les avoir châtrés. La peau et les intestins sont utilisés par l'industrie. Hybrides. — Il n'y a aucune preuve, dit Huxley, qu'un croisement entre deux Canidés d'espèces différentes soit resté infécond. D'autre part, les expé- riences entreprises par Buffon et par Flourens tendent à démontrer, quoi qu'en dise ce dernier auteur, que les produits des unions entre Chien et Loup, Chien et Chacal, etc., sont indéfiniment féconds. Fig. 868. — Tête d'Ursus spelxus {époque quaternaire). Les URSIDÉS ont pour formule dentaire typique ' ' '^ = 42 ; ils ne pos- sèdentjpas^de véritables carnassières. Ce sont des animaux plantigrades à 1204 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. cinq doigts, à crâne allongé, à queue courte, à os pénien fort. Omnivores, se nourrissant de chair, de fruits, de racines, de miel, etc. — Espèces principales : Ours brun {Ursus arctos), des pays froids et tempérés de l'ancien continent. Ours blanc {U. maritimus), des régions glacées qui entourent le pôle nord. Ours gris [U. ferox), Grizzly des Américains : habite les montagnes Rocheu- ses ; etc. L'Ours des cavernes (U. spelœus) vivait à l'époque quaternaire. 3 14 2 Les PROCYONIDÉS ont ^ . ',' ^ = 40 ou 42 dents, sans carnassières 3.1 .4,2-0 bien marquées. Comme les Ours, ils sont plantigrades et pourvus de cinq doigts en avant et en arrière ; mais ils ont un crâne court et une queue longue. Animaux omnivores, inoffensifs. — Coatis {iSasua). Ratons {Pro- cyon) ; etc. 3 1 4 1-2 Famille des MUSTÉLIDÉS. — Formule dentaire typique ' ,' / — r- Car- -"^ ^ 3.1.4,2-1 nassière très développée, terminée en arrière par un talon aplati ou comprimé. Animaux à corps souvent allongé, « vermiforme », plantigrades, semi-plan- tigrades ou semi-digitigrades, presque toujours à cinq doigts. Détruisent beaucoup de petits Mammifères et d'Oiseaux. — 3 sous-familles : 1° Les MÉLiNÉs sont des animaux plantigrades, trapus, pour la plupart omnivores, à tuberculeuse supérieure énorme, à glandes anales très dévelop- pées. — Blaireau commun [Mêles taxus), des régions tempérées de l'ancien continent. Moufettes {Mephitis). Ratels [Mellivora) ; etc. 2° Les MUSTÉLiNÉs sont des plantigrades ou des digitigrades à griffes lon- gues et non rétractiles ; leur corps est souvent allongé ; leur dentition est adaptée à un régime presque entièrement Carnivore. — Glouton [Gulo borealis), régions glaciales des deux hémisphères. Martre commune [Mustela martes), des forêts de l'Europe septentrionale et centrale. Fouine [M. foina), ennemie de nos basses-cours. Zibeline (M. zibellina), des régions froides et monta- gneuses de la Sibérie. Putois (Putorius fœtidus), à peu près aussi dangereux que la Fouine. Belette (P. vulgaris), détruit beaucoup de petits Mammifères et d'Oiseaux, voire de Poissons et d'Écrevisses. Dans les pays du nord, sa fourrure blanchit quelque peu en hiver. Hermine (P. erminea), mœurs sem- blables. Même dans nos pays, sa fourrure devient blanche en hiver, à l'ex- ception du bout de la queue, qui demeure toujours noir. Vison d'Europe (P. lutreola), du nord-est de l'Europe; chassé pour sa fourrure. Le Furet (Putorius furo [L.])est un animal atteint en partie d'albinisme, ainsi qu'en témoignent ses yeux rouges et son pelage blanchâtre ou jaunâtre. Quelquefois, cependant, on rencontre des individus à pelage foncé et à yeux noirs (Furets putoisés). Les caractères ostéologiques du Furet, dit P. Gervais, paraissent en tout conformes à ceux du Putois. Si cette assertion se trouvait vérifiée, il y aurait lieu de penser que le Furet ne constitue pas une espèce distincte, mais représente une simple variété du Putois. On ne le connaît d'ailleurs qu'à l'état domestique — ou mieux apprivoisé — depuis les temps les plus reculés. D'après Strabon, il nous vien- drait de la Libye, c'est-à-dire du nord de l'Afrique; mais on sait que le Pu- tois ne se rencontre pas dans cette région, et il est probable que Strabon, MAMMIFÈRES. — CARNIVORES. 1205 comme plus lard BufTon, a confondu le Furet avec quelque petit Carnivore africain. Vogt pense, avec plus de raison, que celte race albine a pris nais- sance soit en Grèce, soit en Italie, où le Putois, dans l'antiquité, remplaçait le Chat pour la chasse aux Souris. — Ajoutons qu'on a relevé des exemples d'accouplement fécond entre le Furet et le Putois. Fis;. 869. Furet. Comme tous les albinos, le Furet se montre délicat, sensible et peu résis- tant aux influences extérieures. Abandonné à lui-même, il ne tarde pas à succomber. La femelle donne chaque année deux portées, de cinq à huit petits, qui naissent les yeux fermés et ne les ouvrent qu'au bout de deux ou trois semaines. Elle les allaite pendant environ deux mois. La ges- tation est de six semaines. On vient de voir que l'Homme a dès longtemps mis à profit les ins- tincts sanguinaires de ce petit carnassier. En Angleterre, on s'en sert encore pour combattre les Rats ; mais, en thèse générale, il est réservé pour la chasse aux Lapins. 3° Les LUTRiNÉS sont des Carnivores aquatiques à corps allongé, mu^ nis de pattes très courtes, palmées, à cinq doigts, et d'une queue souvent déprimée. — Loutre commune [Lutra vulgaris), se nourrit surtout de Pois- sons et d'Écrevisses ; fourrure assez recherchée. Loutre de mer [Enhydris marina), des régions polaires de l'océan Pacifique ; forme le passage vers les Phoques; très belle fourrure veloutée, d'un beau brun foncé. Famille des VIVERRIDÉS. — Formule dentaire typique : Lili:?. Animaux de taille moyenne ou petite, à membres courts et grêles portant sur le sol par une partie variable de la surface plantaire, et terminés par cinq, rarementpar quatre doigts, à ongles souvent rétractiles. Crâne allongé et bas; museau étiré et pointu. Os pénien faible. Queue longue. Un grand nombre de ces animaux répandent une forte odeur musquée, due à la sécrétion de glandes spéciales. Tous sont agiles et avides de sang. Ils habitent surtout les régions chaudes de l'ancien continent. Les Civettes {Viverra L.) sont des digitigrades à ongles rétractiles. Elles possèdent un appareil odorifère silué entre l'anus et les organes sexuels. 1206 CHORDÉS. VERTEBRES. La Civette d'Afrique {V. civetta Schreb.) atteint la taille d'un Renard ; son pelage est grossier, et, depuis le cou jusqu'à la queue, forme une sorte de crinière que l'aniaaal peut hérisser à volonté ; sa teinte générale, gris fauve, est relevée de bandes et de taches irrégulières brun foncé ; la queue est marquée de six ou sept anneaux noirs. Fig. 870. — Civelte. Cette espèce se rencontre dans toute l'Afrique centrale, depuis le Zangue- bar jusqu'à la Guinée. Elle dort le jour et, la nuit venue, fait la chasse aux Oiseaux et aux petits Mammifères. On l'élève en captivité, dans beaucoup de contrées, pour recueil- lir le parfum qu'elle fournit : tous les huit jours, on vide ses poches avec une petite cuiller, et on en- ferme le produit dans des vases que l'on bouche avec soin. Viverreuin. — L'appareil odorifère existe dans les deux sexes ; son ouverture est située sur le périnée, entre l'anus et la vulve chez les femelles, entre l'anus et l'orifice préputial chez les mâles : c'est une fente longitudinale à lèvres velues, qui communique de chaque côté avec une poche de la grosseur d'une amande. La paroi de ces deux po- ches est revêtue de poils courts et fins et renferme une multitude de follicules composés, qui déver- sent leur produit dans la cavité : c'est ce produit qui est connu sous le nom de civette parfum, et que P. Gervais a proposé d'appeler viverréum. Il ne faut pas confondre les poches à civette avec les glandes anales, qui sont situées au-dessus, et dont les orifices excréteurs se voient sur les côtés de l'anus ; la sécrétion de ces glandes, peu abondante, répand une odeur infecte. Le viverréum ou la civette est une substance demi-fluide, onctueuse et jaunâtre, qui s'épaissit et brunit avec le temps. Son odeur péné- trante rappelle à la fois celle du musc et celle des matières fécales. Fig. 871. — Appareil de la Ci- vette. — a, anus, de chaque côté duquel se voit l'orifice d'une glande anale, g, glande anale gauche, c, cavité dans laquelle débouchent les deux poches à civette, p, poche gauche, v, partie inférieure de la vulve. MAMMIFÈRES. CARNIVORES. 1207 On l'employait autrefois en médecine, au même titre que le musc; il n'est plus guère usité aujourd'hui qu'en parfumerie. La Civette d'Asie ( V". zibctha L.), plus connue sous le nom de 7Àbeth, est plus petite que la précédente et n'a pas de crinière; son pelage est brun jaunâtre, avec des taches plus ou moins coniluentes. — Le Zibeth habite les Indes orientales, et s'étend jusqu'en Arabie. En outre, les Malais l'ont intro- duit dans un grand nombre d'iles de l'océan Pacifique. On l'élève aussi en captivité, et il produit du viverréum au moyen d'un appareil glandulaire analogue à celui de la Civette d'Afrique. La Genette (V. gcnetta L. ; Genetta vulgaris Cuvier) se trouve dans le nord de l'Afrique, en Espagne et dans le sud-ouest de la France. Les HY^NIDÉSonl pour formule dentaire 3.1.4-3,1 Les canines sont 3.1.4-3,1-2 courtes, peu tranchantes; la carnassière supérieure est extraordinairemen puissante. Animaux digitigrades, remarqua- bles par la disproportion qui existe entre le train antérieur, relativement élevé, etl'arrière- train, bas et peu assuré dans la marche. Mem- bres antérieurs ordinairement (sauf Protelcs), postérieurs toujours à quatre doigts ; ongles non rétractiles. Crâne court et épais; arcades Vis. 872. Tête de l'Hvônc tachelée. Fig. 873. — TcLe de l'Hvùne tachetée vue en dessus, montrant l'extrûme écartenient des os zygomaliques. zygomatiques écartées comme chez les Chats ; mâchoires courtes et puissantes. Os pénien faible. Les Hyènes sont des animaux nocturnes, qui recherchent surtout la cha- rogne. Les formes actuelles, comme les espèces fossiles, ne se rencontrent que dans l'ancien monde. — Hyène rayée {Hyœna slriata), nord de l'Afrique et Inde. Hyène tachetée [H. crociita), est et sud de l'Afrique. Famille des FÉLIDÉS. — Formule dentaire typique : 3.1.3-2,1 3.I.3-!2,l(-2) Les incisives sont petites, serrées, tranchantes. Les canines, souvent énormes, sont incurvées et pointues, souvent tranchantes en avant et en arrière. Les molaires sont tranchantes ; la carnassière supérieure est très allongée ; la petite tuberculeuse de la mâchoire inférieure fait défaut dans presque toutes les formes actuelles. Membres longs 1208 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. et grêles, digitigrades ; cinq doigts en avant, généralement quatre en arrière; griffes presque toujours rétractiles. Corps élancé, propre au saut. Tête arrondie ; arcades zygomatiques écartées ; museau court. Os pénien petit. On divise cette grande famille en trois sous-familles : les Proœlurinse, avec un seul représentant actuel [Cryptoprocta], de Madagascar; les Machairodinx, Félidés éteints; enfin les Feli7iœ, qui seuls nous occuperont. Ces animaux représentent le type le plus parfait des Carnassiers La plupart sont nocturnes, bien que leurs pupilles soient tantôt rondes, tantôt en fente verticale. Ils se nourrissent de proies vivantes, dont ils s'emparent avec une adresse remarquable, grâce à la finesse de leurs sens et à la ruse qu'ils déploient. La capture se fait en général d'un seul bond ; mais souvent les Félins jouent avec leur victime. Ils chassent seuls ou par couples, jamais en meutes. A l'exception de quelques espèces telles que le Lion, les Chats à griffes rétractiles sont d'excellents grimpeurs. Les Chattes sont moins fécondes que les Chiennes, surtout à l'état sauvage, où elles ne donnent guère, en général, que deux ou trois petits, qu'elles défendent avec un courage extraordinaire. On peut distinguer, parmi les Félins, trois genres principaux : les Guépards, les Chats proprement dits et les Lynx, Les Chats {Felis L.) ont la tête arrondie, les membres vigoureux, mais bas, et des ongles tout à fait rétractiles. Leur formule dentaire est généralement 3.1.2,1 — ^"• On trouve déjà des Chats fossiles dans les terrains tertiaires; mais le dilu- vium fournit des formes très voisines des espèces actuelles ou même identi- ques à ces espèces. Le Felis spelxa était supérieur comme taille à tous les Félidés actuels. On doit sans doute assimiler le F. prisca au Lion actuel, le F. antiqua à la Panthère commune. Le F. catus n'est autre que notre Chat sauvage. Bourguignat le distingue sous le nom de F. férus et décrit sous celui de F. catus un prétendu Chat domestique. Le F. minuta est une très petite espèce (1). Les espèces actuelles de ce genre offrent une telle conformité dans toute leur organisation, qu'il est très difficile de les grouper en sections. Brehm a cependant essayé de le faire, en se basant principalement sur les particula- rités du pelage. Les Lions ont un pelage fauve uniforme, une verrue cornée à la pointe de la queue et un train antérieur beaucoup plus puissant que le postérieur. — On n'en reconnaît en général qu'une seule espèce (F. ko), comprenant diffé- rentes races répandues en Afrique, ainsi que dans l'Asie centrale et occi- dentale. Les Couguars n'ont de commun avec les Lions que l'uniformité du pelage, (1) J.-R. Bourguignat, Histoire des Felidse fossiles constatés en France dans les dépôts de la période quaternaire. Paris, 1879 (Mater. 1880). MAMMIFÈRES. — CARNIVORES. 1209 qui tire un peu sur le gris olivâtre; le corps est bien proportionné, et on n'observe jamais la crinière que possèdent en général les Lions mules. — Le Couguar vrai ou Puma (F. concolor) se renconlre depuis la Patagonie jus- qu'au Canada. L'Eyra (F. eyra) et le Jaguar ondi (F. yaguarundi) sont de l'Amérique du Sud. Les Tigres sont de grands Chats îi favoris blanchâtres et à pelage souple marqué de bandes transversales ondulées. — Le Tigre royal (F. lifjris) étend son domaine des îles de la Sonde aux rives de l'Amour et de la Chine au Caucase. Le Tigre longibande (F. macrocelis), de Siam, de Bornéo et de Sumatra, sert de trait d'union entre les Tigres et les Panthères. Les Li'opavds ou Panthères se reconnaissent à leur robe parsemée de taches arrondies, pleines ou annulaires. — Citons : laPanthère d'Afrique (F. leopar- dus), dont la Panthère d'Asie (F. panthera) n'est peut-être qu'une simple variété ; l'Once (F. uncia), de l'Asie centrale; le Chat marbré. (F. marmorata), de Java; le Jaguar (F. onça) et l'Ocelot (F. pardalis) de l'Amérique du Sud; etc. Les Chats proprement dits sont les petites espèces à queue longue qui se rapprochent plus ou moins de nos Chats domestiques. — Tels sont : le Chat sauvage, le Chat manoul et le Chat ganté, auxquels nous devons une mention spéciale. Le Chat sauvajçc (F. catus L.) est un peu plus gros que le Chat domesti- que ordinaire. Son pelage est plus fourni, gris chez le mâle, un peu jau- nâtre chez la femelle, plus clair sous le ventre; le long du dos règne une l-'ig. 874. — Cliat sauvage. ligne foncée, de laquelle partent des bandes transversales. La plante des pieds est noire. La gorge offre une tache blanc jaunâtre; la queue est régu- lièrement annelée de noir. C'est un animai européen, qui vit dans les grandes foréls, oij il détruit une grande quantité de gibier. La femelle porte G8 jours. Le Chat manoul (F. manui Pallas) est plus petit que le Chat sauvage; son poil est très long, doux, bien fourni, blanchâtre ; sa tête est tachetée de noir, et ses joues offrent deux bandes de la même couleur. Sa queue, longue et touffue, est annelée jusqu'à la pointe, qui est noire. 1210 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. Cette espèce, qu'on a quelquefois rapportée au genre Lynx, remplace le Chat sauvage dans les steppes mongols et tartares. Le Chat ganté {F. maîùculata, Riippel et Temminck), d'un tiers plus petit que notre Chat sauvage, est assez élancé; son pelage est fauve, légèrement rougeàtre sur la nuque et le dos, blanchâtre sur le ventre. La plante des pieds est noire. On distingue à peine sur le tronc d'étroites bandes transver- sales un peu plus foncées que le fond ; mais ces bandes sont bien marquées aux joues et aux pattes. Il existe, en outre, sur le haut du corps, huit raies longitudinales peu accusées, et sur les flancs des marbrures irrégulières. La queue offre trois anneaux noirs, et sa pointe est également noire. Ce Chat vit à l'état sauvage dans le Soudan oriental, la Nubie, l'Abyssinie, et s'étend même jusqu'en Palestine. Nous pouvons encore citer, parmi les petites espèces plus ou moins ana- logues au Chat sauvage de noire pays : le Chat sauvage d'Algérie (F. libyca), un peu plus faible, et le Chat cafre (F. cafra), un peu plus fort, mais ayant tous deux la même apparence extérieure; le Chat des steppes (F. caudata), du Bokhara; le Chat sauvage de l'Inde (F. torquata] ; le Chat de Java (F. java- nensis); le petit Chat (F. minuta), de l'archipel Indien ; le Chat chinois (F. chinensis), de Canton et de Formose; le Chat rubigineux (F. rubiginosa), de Madras et de Ceylan, etc. Chats domestiques (F. domeslica L.). — Les différenles races connues jusqu'à présent sont peu nombreuses relativement à celles que nous ont présentées les autres Mammifères domestiques. Les plus répandues dans notre pays sont : 1° le Chat tigré, qui a, comme le Chat sauvage, les lèvres et la plante des pieds noires; 2° le Chat d'Espagne, à pelage bigarré de blanc, de roux et de noir (les sujets à trois couleurs sont toujours des fe- melles), à lèvres et à plante des pieds couleur de chair; 3° le Chat d'Angora,, à poils longs et soyeux, souvent d'un beau blanc, à lèvres et pieds comme le précédent. — Citons en outre : le Chat des Chartreux, à poil lin un peu long, d'un gris ardoisé uniforme, à lèvres et plante des pieds noires; le Chat du Khorassan (Perse), à poil long, doux et fin comme celui du Chat Angora, et d'un gris ardoisé comme celui du précédent; le Chat royal de Siam ; le Chat malais, du Pégou, du Siam et de la Birmanie, à queue courte, souvent contournée en une sorte de nœud et non déroulable; le Chat de Man, répandu dans l'île de ce nom, remarquable par sa queue très courte ou nulle, ainsi que par la longueur de ses pattes postérieures ; le Chat sans queue de Crimée ; le Chat roux de Tobolsk (Sibérie), etc. Pendant longtemps, on a regardé le Chat domestique comme issu du Chat sauvage de nos forêts : c'était, en particulier, l'opinion de Cuvier. Mais, à la suite des travaux de Temminck, on est revenu sur cette manière de voir, et on regarde aujourd'hui le Chat ganté comme la souche principale des Chats que nous élevons dans nos demeures. Le Chat domestique des Danakil (près d'Obock), observé par Maindron, offre en tout cas de grandes analogies avec le Chat ganté sauvage de la même région (Oustalet). Mais il est fort possible que les Chats élevés dans les diverses régions du monde proviennent d'espèces primitivement distinctes. Ainsi, Pallas admettait, sans preuve certaine il est vrai, que l'Angora dérive MAMMIFÈRES. — CARNIVORES. 1211 du Chat manoul. En outre, les caractères des races entretenues dans une région donnée peuvent avoir été afTeclés, à quelque degré, par des croise- ments avec des espèces ou races sauvages locales. Dans l'Inde, dit-on, les ' Chais domestiques s'accouplent fréquemment avec le F. lorquata, et beau- coup d'individus ne peuvent être distingués de cette dernière espèce. De même, la livrée de notre Chat tigré semble indiquer l'intervention du Chat sauvage ; etc. Domestication. — Quelles que soient, au surplus, les formes primitives des races dont il s'agit, il est certain qu'aucune d'elles n'a été réduile de bonne heure en domesticité. Et d'abord, le Chat domestique n'était pas connu des anciens Aryens. En outre, il n'est pas prouvé que cet animal, comme le voulait Dureau de la Malle, ait été domestiqué en Chine dès une haute anti- quité. Mais on a retrouvé de nombreuses momies de Chats enfouis dans les catacombes de l'Egypte. Encore n'avons-nous pas la certitude que ces momies proviennent d'animaux domestiques. La plupart ont les caractères ostéologiques du Chat ganté ; or, on sait que cette espèce vit encore en liberté en Nubie, dans la vallée du Nil; d'ailleurs, quelques-unes d'entre elles se rapportent au Lynx botté, et de Blainville croit avoir reconnu, dans une tête momifiée, un Lynx des marais. Pourtant, en présence de ces observations, 1. Geoffroy Saint-Hilaire est convaincu que le Chat élait domestiqué en Egypte dés la plus haute anti- quité. Et St. George Mivart déclare qu'il l'était certainement 1300 ans av. J.-C. Les Grecs et les Romains ne paraissent avoir connu le Chat domestique que par des observations faites en Egypte. Cependant, au dire de Vogt, cet animal ■< a été répandu vers le Nord par les Romains et par les peuples qui leur ont succédé, tandis que les Arabes et les Sémites en général l'ont trans- porté vers l'Occident ». D'après Lubbock, il ne s'est montré commun en Europe que vers le ix« siècle de notre ère. « Aujourd'hui, cet utile chasseur de petits rongeurs a été introduit par l'Homme dans le monde entier; mais, dans le x^ siècle de notre ère, il était encore si rare, qu'il était considéré, en Angleterre, comme un animal de haut prix, pour lequel les lois fixaient des vices rédhibitoires semblables à ceux qu'on établit aujourd'hui pour les chevaux (i). Caractères physiologiques. — Les Chats, dit Grognier, « peuvent s'ac- coupler dès la première année de leur vie, mais ce n'est qu'à la deuxième qu'ils sont féconds. La femelle entre en chaleur deux ou trois fois par an, pour l'ordinaire à la fin de l'automne et au commencement du printemps. Elle a plus d'ardeurs que le mâle ; elle l'appelle, le poursuit, avec des miaulements plaintifs, qui annon- cent des besoins pressants et un état douloureux. Cependant la copu- lation lui cause des souffrances, tant parce que le mâle se cramponne sur elle avec ses griffes et ses dents, que parce que sa verge est hérissée de papilles cornées. Elle crie avec fureur, elle se défend, et l'accouplement ressemble à un combat. « La gestation est de 50 à 56 jours. Les portées ordinaires sont de (1) Loc. cit., p. 167. 1212 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. cinq à six petits, naissant les yeux fermés, et ne les ouvrant que vers le neuvième jour. La mère cache ses petits^ de peur qu'on ne les lui enlève; elle craint que les mâles ne les dévorent, ce qui arrive quelquefois. Elle les aime beaucoup, les caresse, les lèche, joue avec eux, et ne les abandonne pas après les avoir sevrés ; ce qui a lieu au bout de trois semaines ou un mois. Elle leur apporte des Souris, des Oiseaux, leur apprend à se jouer de ces petits ani- maux, avant de les tuer ; plus tard elle les mène à la chasse. On sait combien les petits Chats sont gais, gentils et mignons. La vie moyenne est, dans cette espèce, de huit à dix ans (1). » Services. — Les Chats sont d'utiles auxiliaires, qui débarrassent nos habitations des Souris et des Rats qui les infestent ; dans le voisinage des fermes, ils contribuent également à purger les champs des Mulots et des Campagnols. Lenz estime que, dans une année où il y a beaucoup de ces petits Rongeurs, tout Chat demi-adulte mange, en moyenne, 20 Souris par jour, soit 7,300 par an, ou l'équivalent en Rats; pour les années ordinaires, il réduit ce chiffre de moitié. Les meilleurs chasseurs sont le Chat tigré et le Chat d'Espagne. Il faut remarquer, toutefois, que les Chats détruisent aussi beaucoup de petits Oiseaux. Il en est même qui, dans les fermes, s'attaquent à la volaille, et surtout aux Pigeons : en pareil cas, on ne doit pas hésiter à les sacrifier. La peau du Chat est employée comme fourrure. On sait, enfin, que certains commerçants peu scrupuleux substituent parfois sa chair à celle du Lapin (2). En Chine, on engraisse les Chats pour les manger. Hybrides. — On connaît des exemples d'accouplement fécond entre diverses espèces du genre Felis, telles que Lion et Tigre, Jaguar et Panthère, Chats domestiques et autres Chats. Les Lynx {Lynx) se distinguent des Chats par leurs jambes hautes, leur queue courte et leurs oreilles presque toujours terminées par des pinceaux de poils; en outre, ils n'ont que 28 dents. Le Lynx ou Chat botté (L. caligatus) est peu distinct des Chats; il habite l'Afrique orientale et les Indes. Le Caracal (L. caracal) est à peu près aussi répandu. Le Lynx des marais ou Bubasies (1. chaus) s'étend depuis la Perse jusqu'en Abyssinie. Le Lynx du nord ou Loup-Cervier [L. lynx) vit dans l'Europe septentrionale et pénètre quelquefois jusque dans nos régions; il est presque de la taille d'une Panthère. Les Guépards (C^>is/i(?'ws) sont des Chats par leur tête arrondie, leur longue queue et leur pelage tacheté ; mais ils se rattachent aux Chiens par leurs pattes hautes et leurs ongles à peine rétractiles, qui s'émoussent par l'usage. Ils chassent en rampant, mais poursuivent souvent leur proie. Deux (1) L.-F. Grognier, Précis d'un cours de Zoologie vétérinaire. Paris et Lyon, 1833, p. 59. (2) Arm. Goubeaux, Le Lapin et le Chat, etc. Archives vét. 1883, p. 646. MAMMIFÈRES. — INSECTIVORES. 1213 espèces :1e Guépard moucheté ou Fahdad des Arabes (C. guttatus), d'Afrique, et le Guépard à crinière, Tshita des Bédouins (C. jubatus), de l'Arabie et de Fig. S7o. — Lynx d'Murope ou Loini-Cc'r\ ici-. l'Asie Mineure. Ces animaux sont faciles à apprivoiser, et on les a souvent dressés à la chasse. TREIZIÈME ORDRE INSECTIVORES Mammifères plantigrades à doigts armés de griffes; dentition com- plète; molaires hérissées de tubercules pointus ; placenta discoïde. Les Insectivores sont des plantigrades de petite taille, dont l'organisation rappelle à la fois celle des Rongeurs et celle des Chiroptères. Ils ont le corps revêtu, tantôt d'une fourrure douce et soyeuse, tantôt de poils rudes ou même de piquants. La tète est terminée par un museau allongé, qui se prolonge parfois en une sorte de petite trompe mobile. Les yeux sont toujours très petits, en particulier chez les espèces souterraines, dont quelques-unes sont tout à fait aveugles, le globe oculaire étant recouvert par la peau. Les naem- bres sont courts et forts, du moins chez les types fouisseurs; ils se terminent généralement par cinq doigts; les clavicules sont bien développ ées. La dentition est assez variable quant au nombre et à la forme des dents : mais les canines sont presque toujours faibles, à peine distinctes des autres dents, elles molaires sont remarquables par les tubercules coniques acérés dont est garnie leur couronne. Les mamelles sont ventrales; le placenta est discoïde. Les Insectivores sont des animaux très féconds. Leur cerveau est peu développé et présente des caractères d'infériorité très marqués. Ces animaux ont, en général, des habitudes nocturnes ou souterraines. Ils sont voraces : leur nourriture se compose surtout d'Insectes et de Vers; mais plusieurs d'entre eux s'attaquent aussi aux animaux vertébrés, et même à leurs semblables. On doit les 1214 CHORDÉS. VERTÉBRÉS. regarder pour la plupart comme très utiles. En général, ils subissent le sommeil hibernal. 3 familles principales : Erinaceidœ, Soricidœ, Talpidœ. Les ÉRINACÉIDÉS sont bien reconnaissables à leur dos revêtu de piquants; ils ont le corps ramassé, les doigts pentadactyles, la queue courte. Les Hérissons {Erinaceus) ont la faculté de se rouler en boule, de manière à présenter de toutes parts à leurs ennemis une surface hérissée d'épines. Notre Hérisson commun (E. europœus) se nourrit surtout d'Insectes, mais il détruit aussi beaucoup de Souris, de petits Oiseaux et de Reptiles, même Fie. 876. Hérisson commun. venimeux, bien qu'il ne soit pas réfractaire au venin (Voy. p. 1002). Somme toute, c'est un animal fort utile. Ses habitudes sont nocturnes. 11 se prépare sous les buissons une sorte de nid dans lequel il subit l'hibernation. On mange sa chair dans quelques localités. — A une famille voisine appartien- nent les Tanrecs [Centetes], de Madagascar, qui ont des piquants plus faibles et ne se roulent pas en boule. Les SORICIDÉS sont de très petits animaux qui ont l'aspect et les allures des Souris, mais s'en distinguent facilement à leur museau pointu, en forme de trompe. La plupart ont des mœurs sanguinaires; ils chassent la nuit, et s'attaquent parfois à des animaux plus forts qu'eux. Hs n'hibernent pas. Fig. 877. — Musaraigne commune. Les Musaraignes {Sorex) répandent une odeur musquée fort désagréable, provenant de deux glandes situées au voisinage des flancs. La Musaraigne MAMMIFERES. — INSECTIVORES. 1215 commune ou Musette (S. [Crocidura] araneus) se rapproche souvent de nos habitations, surtout en hiver; on a longtemps, mais à tort, regardé sa mor- sure comme venimeuse (1). La Musaraigne de Toscane (S. [Crocidura] elrus- cus), qui se rencontre parfois dans le midi de la France, est le plus petit des Mammifères connus. La Musaraigne d'eau (S. [Crossopits] fodiens) nage fort bien à la poursuite de sa proie. A côté des Musaraignes se placent les Desmans {Myorjale), qui ont une trompe assez allongée, une queue aplatie, et des pieds natatoires. Leurs deux glandes musquées sont situées sous la base de la queue. Ils vivent à la façon des Loutres. Le Desman moscovite (M. moschata), Vuychonchol des Russes, habite la Volga et les autres fleuves du sud-est de la Russie ; il a la taille d'un Hamster. Sa queue écailleuse est employée en parfumerie. Une espèce plus petite {M. pyrenaica) se rencontre dans les ruisseaux des Pyré- nées. Les TALiPIDÉS ont le corps cylindrique, la tête conique, prolongée en trompe, les pattes antérieures larges et courtes, tournées en dehors et armées de griffes aplaties. Les oreilles sont dépourvues de pavillon ; les yeux sont très petits, cachés dans le pelage et parfois sous la peau. Tous sont des animaux souterrains, essentiellement carnivores et d'une voracité extraordi- naire. Les Taupes {Talpa), qu'on a subdivisées en une foule de genres, sont carac- térisées par leurs pattes antérieures fouisseuses, à cinq doigts. La taupe commune (T. europœa) se creuse sous terre des galeries compliquées, qu'elle étend et renouvelle sans cesse pour chercher sa nourriture, et dont le trajet est indiqué par de nombreux amas de terre ou taupinirres. Sa demeure proprement dite reçoit le nom de donjon : elle est d'ordinaire assez éloignée du terrain de chasse, et se reconnaît à la présence d'un assez fort monticule. Au cen- tre existe une chambre arrondie, de 8 à 10 centimètres de diamètre, entourée de deux galeries circulaires, l'une si- tuée sur le même plan que la chambre, l'autre, plus petite, occupant un plan plus élevé. De celle-ci partent plusieurs conduits, dont trois aboutissent dans la chambre, et cinq ou six dans la galerie inférieure, d'oîi rayonnent huit à dix couloirs horizontaux, qui débouchent en décrivant une courbe dans le couloir principal, c'est-à-dire dans la voie que suit la Taupe pour gagner son terrain de chasse. Un con- duit de sûreté naît en outre de la partie inférieure de la chambre. La Taupe part en chasse deux ou trois fois par jour. Elle se nourrit surtout de Vers de terre et de larves de Hannetons ou Vers blancs; mais elle se laisse périr plutôt que d'ingérer des substances végétales. C'est donc un animal bienfaisant, que les agriculteurs ont tort de détruire aveuglé- ment : dans la plupart des cas, les quelques dégâts qu'elle cause en déchaus- sant les plantes et en soulevant la terre ne sont rien en comparaison des services qu'elle nous rend, surtout si l'on prend le soin de raser les taupi- (1) R. Saint-Loup, ayant vu mourir une Souris mordue à la patte par une Mu- saraigne, tend à revenir à cette opinion. Il fait observer que les Chats éprouvent une certaine crainte (ou répugnance ?) à l'endroit .de ces petites bêtes. Fig. 878. — PaUe ant(5rieure de la Taupe. 1216 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. nières. Sa destruction n'est justifiée que lorsqu'elle arrive à se multiplier d'une façon excessive, ou lorsque les plantations ont trop à souffrir de ses incursions. — On trouve, dans le midi de la France, une seconde espèce, la Taupe aveugle {Tulpa cseca), ainsi appelée parce que ses yeux sont recou- verts par la peau. QUATORZIÈME ORDRE CHIROPTÈRES Mammifères onguiculés^ munis de deux ailes formées d'une membrane cutanée qui enveloppe les doigts très allongés des membres antérieurs^ les parties latérales du tronc et les membres postérieurs ; dentition complète ; deux mamelles pectorales ; placenta discoïde. Les Chauves-Souris ou Chiroptères (xEÎp, main ; ntepo'v, aile) ont le corps ramassé, le cou assez court, la tète petite. Les oreilles sont presque tou- jours grandes, parfois même énormes, et souvent garnies de saillies variées. Les yeux sont fort petits; le nez est nu ou orné d'appendices bizarres. La gueule est large- ment fendue; la dentition est complète et se rattache au type insectivore. Les poils qui revêtent le corps sont remarquables Fig. 879. — Tète de Vampire ^ , ,-,«.,,,, (Phjitostomum spectrum [L.]). en ce que leur cuticule offre 1 aspect de cornets emboîtés les uns dans les autres La faculté du vol entraîne certaines modifications du squelette. Le sternum est allongé et présente une crête longitudinale sur laquelle s'insèrent les muscles abaisseurs de l'aile. La clavicule est grande et forte. Le pouce, gros et court, est armé d'une griffe. Les autres doigts sont en général dépourvus d'ongles, et se montrent très allongés, ainsi que le bras et l'avant-bras. Aux membres postérieurs, il existe le plus souvent, au ni- veau du tarse, un os surnuméraire en forme d'éperon, dirigé en arrière et destiné à soutenir la peau de l'aile entre le pied et la queue. Les cinq orteils sont munis de griffes puissantes. La membrane alaire est constituée par une duplicature de la peau, qui commence à la nuque et au cou, enveloppe les bras et les doigts, cà l'excep- tion du pouce, gagne les flancs, puis les membres postérieurs, qu'elle garnit souvent jusqu'au tarse, et enfin s'étend jusqu'à la queue. Celle-ci reste rare- ment libre. Avec une telle extension, cette aile constitue un puissant organe de vol, n'ayant toutefois qu'une ressemblance superficielle avec l'aile de l'Oiseau. — On sait, depuis Spallanzani, que les Chauves-Souris auxquelles on a crevé les yeux peuvent néanmoins voler avec la plus grande aisance et sans se heurter aux obstacles; cette faculté tient à la grande sensibilité de l'aile, dont la face inférieure est revêtue de nombreux poils tactiles. Le sens de la vue est d'ailleurs très faible, aussi bien que celui de l'odorat. Par contre, l'ouïe est fort délicate. — Le cerveau ne présente pas de circon- volutions, et les facultés intellectuelles sont assez bornées. — L'utérus est bicorne, et souvent la corne et l'ovaire d'un côté sont plus ou moins réduits, comme chez les Oiseaux. Il existe deux mamelles pectorales. Les mâles ont MAMMIFÈRES. — ClllHOPTERES. 1217 le pénis pendant et possèdent souvent un os pénien. Les Chauves-Souris adultes s'accouplent en auto'mne, avant de tomber dans le sommeil hibernal. L'union se fait ventre à ventre. Le sperme est conservé dans l'utérus pendant tout l'hiver, et c'est seulement au printemps que l'ovule se détache et se trouve fécondé. Cependant, les mâles produisent parfois une telle abondance de sperme pendant l'iiibernatioii, que ce fluide reflue dans la vessie : de nouveaux accouplements ont donc lieu après la période hibernale (Rollinat et Trouessart, Mathias Duval). Les Chauves-Souris sont des animaux nocturnes. Elles passent le jour dans des retraites obscures, suspendues par les griffes des membres postérieurs, la tête en bas, les ailes repliées. Nos espèces indigènes se nourrissent d'in- sectes et d'Araignées; parmi celles des pays chauds, il en est d'aucunes qui sucent le sang des Oiseaux et des Mammifères, tan^lis que d'autres vivent de fruits. De là, deux sous-ordres : les Frugivores ou Mégachiroptères et les Insecti- vores ou Microchiroptères. l^"" sous-ordre : Frugivores. — Ce sont des Chauves-Souris de grande taille, qui ont des molaires à couronne aplatie, un index armé d'une griffe, un museau allongé, de petites oreilles et une queue rudimentaire. — Elles habitent les forêts des régions tropicales de l'Afrique, de l'Inde et de l'Aus- tralie, où elles causent parfois d'importants dommages aux plantations, et en particulier aux vignobles. Une seule famille : celle des Pléropidés ou Roussettes, dont plusieurs espèces sont recherchées pour leur chair, par exemple le Kalong {Pterofus eclulis), des iles de la Sonde. 2« sous-ordre : Insectivores. — Les molaires sont hérissées de tubercules pointus; le pouce seul est armé d'une griffe; le museau est court; les oreilles sont grandes et souvent munies d'un appendice intérieur qui fait l'office d'opercule (tragus). — Les Chauves-Souris de ce groupe, auquel appartien- nent toutes nos espèces indigènes, se répartissent dans deux sections prin- cipales : Gymnorhiniens et Phyllorhinicns. Les Gymnorhinicns ont le nez simple, lisse, c'est-à-dire dépourvu d'appen- Fig. «SO. — OroillarJ {Plecoli'S auritits). dices. Ils se nourrissent exclusivement d'Insectes. — Oreillard commun {Plecotus auritus) ; Barbastelle {Synolus barbastellus) ; Vespertilion murin Railuet. — Zoologie. 77 1218 GHORDÉS. — VERTÉBRÉS. Noctule [Vesperugo noctula); Pipistrelle [Vesperugo ( Vespertilio murinus) pipistrellus) ; etc. Les Phyllorhiniens sont caractérisés par leur nez, garni d'appendices cutanés plus ou moins développés. Ils se nourrissent non seulement d'In- sectes, mais aussi de fruits, de sang et même de chair. — Grand Fer-à- Gheval {Rhinolophus ferrum-equinum) , de l'Europe et de l'Asie. Vampire {Phyllostomum spectrum), du Brésil et de la Guyane, etc. A défaut d'Insectes et de fruits, les Vampires s'attaquent aux Oiseaux et aux Mammifères. C'est ainsi que les Hommes pendant leur sommeil sont souvent mordus aux orteils et les Chevaux au garrot. La plaie qui résulte de cette morsure est semblable à celle que produit une Sangsue ; elle est suivie d'une hémorragie plus ou moins abondante. QUIiNZIÈME ORDRE LÉMURIENS Mammifères onguiculés, pourvus de mains et de pieds à pouce presque toujours opposable ; dentition complète ; face velue ; orbites incomplètes ; placenta en forme de cloche. Les Lémuriens {lémures, spectres) ou Prosimiens, autrefois réunis aux Singes sous la dénomination commune de Quadrumanes, sont des animaux Fig. 881. — Maki à ùoiit blaiie. plantigrades d'assez faible taille, revêtus d'un pelage souple et laineux. Leur face même est velue et forme un museau allongé comme celui des Carnivo- MAMMlFliRES. — PRIMATES. 1219 res ; leurs yeux sont en général très grands. Les orbites sont garanties par un simple anneau osseux et communiquent largement avec les fosses tem- porales. La dentilion offre des caractères intermédiaires entre celle des Insectivores et celle des Carnivores. Les membres antérieurs sont plus courts que les postérieurs. La disposition des doigts et des ongles est assez variable d'ordinaire : cependant, le pouce et le gros orteil sont opposables, et tous les doigts sont munis d'ongles plats, à l'exception du deuxième doigt des membres postérieurs, qui porte une forte griffe. La queue n'est jamais pre- nante. Le cerveau offre à peine quelques circonvolutions ; le cervelet reste à nu. — L'utérus est bicorne ou double. Outre les mamelles pectorales, il en existe souvent sur le ventre ou dans les plis de l'aine. Il n'est pas rare de voir le clitoris traversé par l'urètre. Le rut s'accompagne quelquefois d'un léger écoulement de sang. Le placenta rappelle à la fois celui des Ongulés et celui des Carnivores : il se compose de villosités séparées, qui sont implantées sur toute la surface de l'œuf, sauf au niveau du pôle antérieur. Tous les Lémuriens sont des animaux grimpeurs et nocturnes. Ils se nour- rissent d'Insectes et de petits Vertébrés, plus rarement de fruits. Un grand nombre habitent Madagascar : les Makis {Lemur), les Indris (Lichanotus), l'Aye-aye {Chiromys) ; d'autres le continent africain : les Pottos (Pterodicticus) ; d'autres encore, l'Asie méridionale : les Loris (Stenups), les Tarsiers {Tarsius), les Galéopithèques (Galeopithecus). Ces derniers sont re- marquables par un large repli cutané qui s'étend sur les côtés du corps et leur forme une sorte de parachute ; en outre, leurs pouces ne sont pas oppo- sables, non plus que leurs gros orteils, SEIZIÈME ORDRE PRIMATES Mammifères onguiculés, ayant au moins deux membres préhensiles ,' dentition complète ; face glabre ,' orbites complètes ' placenta discoïde. Linné classait en tête des MÊ!,mmifères, avec THomme et les Singes, les Lémuriens, les Chauves-Souris et jusqu'aux Paresseux ; et il donnait au groupe ainsi formé le nom de Primates, signifiant les premiers ou primats deis animaux. On a dès longtemps éliminé de cet ordre les Paresseux et les Chauves-Souris ; mais la séparation des Lémuriens est de date relativement récente, et d'ailleurs de bons esprits la combattent. 2 sous-ordres : Simiens et Hominiens. PREilIER SOUS-ORDRE SIMIENS Le corps svelte et élancé, la tête arrondie, la face aplatie, le cou bien détaolié, les membres entièrement dégagés du tronc, tous ces caractères donnent aux Singes une physionomie qui rappelle de très près celle de 1220 CHORDÉS. — VERTEBRES. l'Homme ; et cette ressemblance est rendue plus frappante encore par les allures de ces singuliers animaux. La peau est revêtue de poils souvent longs et touiï'us, mais toujours plus abondants sur le dos que sur la poitrine; ces poils manquent toutefois au niveau de la face et de la région palmaire des mains et des pieds; en outre, chez la plupart des Singes de l'ancien continent, il existe sur les fesses des places dénudées auxquelles on donne le nom de callosités. Le squelette céphalique diffère tout d'a- bord de celui de l'Homme par la prépondé- rance des mâchoires, qui s'accuse à mesure que les animaux se rapprochent de l'âge adulte. L'angle facial de Cloquet, qui varie chez l'Homme de 36 à 72°, d'après les mensu- rations de Topinard, mesure en moyenne, chez les Singes, 30 à 35°. Le même auteur a obtenu 50°, 5 chez un Orang jeune, et 28°, 5 seulement chez un mâle adulte de la même espèce. C'est le Saïmiri {Chrysothrix sciurea) qui offre l'angle facial le plus ouvert. Mais, dans tous les cas, la boîte crânienne des Singes a une capacité bien inférieure à celle de l'Homme, ce qui tient au moindre déve- loppement du cerveau. Celui-ci est d'ailleurs construit sur le même plan que le cerveau humain, et on constate que les hémisphères recouvrent entièrement le cervelet. Le trou occipital est toujours placé en arrière; mais, chez les Singes les plus élevés, il tend cepen- dant à se rapprocher de la face inférieure. — Les yeux, placés en avant, sont séparés seule- ment par un pont nasal étroit et entourés par des orbites osseuses tout à fait isolées de la fosse temporale. Le nez est aplati. Le pavillon de l'oreille ressemble souvent à celui de l'Homme. Le menton n'est jamais saillant. Les membres antérieurs sont toujours plus longs que les postérieurs. La présence d'une clavicule est constante, et les os des membres ont entre eux les mêmes relations que chez l'Homme. Les membres postérieui's sont fai- blement musclés : les fesses sont anguleuses, les cuisses aplaties et les mollets absents. — On a l'habitude de dire que les Singes ont quatre mains, et Blumenbach et Cuvier réunissaient même ces animaux avec les Lémuriens sous le nom de Quadrumanes. Il est certain, en effet, que leurs membres postérieurs jouent le rôle d'organes de préhen- sion, et d'une façon beaucoup plus nette même que les membres antérieurs: le gros orteilest toujours opposable, tandis que dans certains cas le pouce ne l'est pas (Ouistitis) ou même fait défaut (Colobes, Atèles). Mais ce n'est pas à dire pour cela que les extrémités postérieures constituent des mains — SqueleUe de Gibbon noir (Hylobates lar). MAMMIFÈRES. PRIMATES. 1221 Tête de Siiige. véritables : au point de vue anatomique, comme Ta montré Huxley, ces extrémités sont des pieds préhensiles, d'une structure en tout comparable à celle du pied humain. Ajoutons que, dans la marche, ces pieds ne portent sur le sol que par leur bord externe. La dentition est appropriée surtout à un régime frugivore, et, quant au plan général, se rapproche tout à fait de celle de l'Homme. Il y a toujours, de chaque côté, deux incisives un peu obliques taillées en biseau, une canine conique, très forte, et cinq ou six molaires à tubercules un peu moins mousses que dans les races humaines. La saillie considé- rable des canines entraîne la pré- sence d'un diastème assez étendu à la mâchoire supérieure , entre la canine et l'incisive externe, et à la mâchoire inférieure, entre la ca- nine et la première prémolaire. Les Semnopithèques et les Colobes ont l'estomac divisé en trois comparti- ments. Les mamelles sont pectorales et au nombre de deux seulement. L'utérus est simple, et le clitoris n'est jamais traversé par l'urètre. La période du rut s'annonce par un flux menstruel qui s'accuse d'une façon très sensible chez les Singes de l'ancien continent, La femelle met au monde un seul petit, rarement deux ou trois, qu'elle soigne avec beaucoup de tendresse. Le pla- centa est discoïde. Les Singes sont des animaux grimpeurs, qui vivent sur les arbres ou dans les rochers. Beaucoup d'entre eux se servent de leur queue comme d'un organe préhensile, pour se suspendre aux branches des arbres; chez d'au- tres, la queue n'est pas prenante ; et même, dans certains cas, elle est rudimentaire ou absente. Ces animaux vivent pour la plupart en troupes sous la conduite d'un vieux niàle. Leur nourriture se compose surtout de fruits et de graines, et ils causent quelquefois de sérieux dégâts dans les planta- tions; plus rarement ils s'attaquent à des Insectes ou à de petits Vertébrés. Leurs facultés intellectuelles sont assez élevées, surtout pendant le jeune âge; ils possèdent à un haut degré la faculté d'imitation. En captivité, ils se montrent presque toujours gloutons, libidineux, indociles, criards et mal- propres. — Ce sont des animaux des pays chauds. 3 sections : Arctopilheci, Platyrhini et Catarhini. !"■* section : Arctopithéques. — Les Arctopithèques (àfXTOî, ours ; itiHw;, singe) ou Ouistitis sont de petits Singes de l'Amérique méridionale qui pos- sèdent 32 dents = 32. Le gros orteil est opposable et porte un 2.1.3,2 ongle plat; tous les autres orteils, ainsi que les doigts, sont armés de griffes. Le pouce n'est pas opposable. Le corps est revêtu de poils laineux et se ter- mine par une queue longue et touffue, mais non prenante. Le cerveau est lisse. — Deux genres seulement : les Ouistitis proprement dits [Hapale] et les Tamarins (Midas). 1222 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. 2« section : Platyrhiniens. — Ce sont les Cébiens ou Singes du nouveau 2.1.3,3 continent. Ils ont 36 dents r= 36. Leur cloison nasale est large, de 2.1.3,3 telle sorte que les narines sont écartées et regardent de côté (irXaTÛî, large ;. ptç, nez). Les doigts et les orteils portent des ongles plats. Le pouce est parfois rudimentaire et n'est jamais opposable au même degré que le gros orteil. Fig. 884. — Sapajou capucin {Ccbus capucinu.i [L.]). La queue, qui ne manque jamais, est souvent prenante. Callosités et abajoues font toujours défaut. — Ces animaux, exclusivement arboricoles, vivent dans les forêts vierges de l'Amérique méridionale. Ils sont inférieurs aux Singes de l'ancien monde sous le rapport des facultés intellectuelles, mais ils sont d'un caractère plus doux. Les uns sont à queue non prenante : tels les Sakis [Pithecia), les Nyctipi- Ihèques ou Singes de nuit [Nyctipithecus), les Saïmiris ou Singes-Écureuils- {Chrysothrix), les Sagouins [Callithrix). Les autres ont, au contraire, la queue prenante, comme les Sajous {Cebus)^ les Atèles ou Singes-Araignées {Ateles), les Hurleurs ou Alouates {Mycetes). Aux Platyrhiniens se rapportent les Singes éocènes trouvés par Ameghino dans la Patagonie australe : Homuncidiis, Anthropops, Homocenirus, etc. 3« section : Catarhiaiens. — Les Catarhiniens ou Pithéciens, c'est-à-dire les Singes de l'ancien continent, possèdent 32 dents, disposées d'après le 2.1 2 3 même type que celles de l'Homme : ' ' ' = 32. Ils ont une cloison nasale étroite, et leurs narines sont dirigées en avant et en bas (xara, dessous; pt;, nez). Les mains et les pieds sont préhensiles, à ongles plats ; le pouce fait rarement défaut. La plupart des espèces présentent des abajoues et des callosités. La queue n'est jamais prenante; elle peut rester rudimentaire ou manquer entièrement. — Ces Singes sont remarquables par l'élévation de leurs facultés intellectuelles. Ils habitent l'Afrique, l'Asie et quelques îles océaniennes. — 4 familles. MAMMIFKRES. — PRIMATES. 1223 Les Ctjnocéphalidés sont de grands Singes terricoles, lourds et trapus, à museau de Chien, presque tous africains. — Genre Cynocéphale ou Papion {Cynoccphalus). Les Cercopithécidés ont, au contraire, des formes légères et gracieuses. Ils habitent l'Afrique et les Indes. — Tels sont : les Macaques {Macacits), dont une espèce, le Magot (ilf. inuus ou Inuus ecaudatiis), à queue rudimentaire, vit encore sur les rochers de Gibraltar, sous la protection de la garnison anglaise; et les Guenons {Cercopilhecus), qui fournissent tant de sujets à nos ménageries. Les Scmnopithécidés ne possèdent que de petites callosités et sont quel- quefois dépourvus d'abajoues. Afrique et Inde. — On distingue les Semnopi- thèques [Semnopitheciis] et les Colobes {Colobus}. Entin, les Anthropomorphes ou Anthropoïdes diffèrent des autres Singes par l'absence complète de queue. Ils ne possèdent pas non plus d'abajoues, Fig. 88'). — Babouin (Cynocephalus babouin Desm.). et on n'observe de callosités que chez les Gibbons, où elles sont d'ailleurs fort peu développées. Les membres antérieurs sont toujours très longs. — Gibbons (Hylobates), asiatiques, à membres antérieurs extrêmement longs. Orang-Outang {Simia Satyrus), des forêts marécageuses de Bornéo. Gorille [Gorilla gina), du Gabon. Chimpanzé [Troglodytes nigcr), de la Guinée. De nombreux Catarhiniens ont été trouvés dans les couches tertiaires et quaternaires de l'ancien continent. Les plus intéressants sont les Anthropo- morphes ; on en connaît quatre espèces, dont deux européennes : Dryopithe- cus Pontani Lartet, miocène du sud de la France ; Pliopithecus antiquus Gervais (probablement un Gibbon), miocène de la France et de la Suisse ; et deux asiatiques : Troglodytes sivalensis Lyddeker, pliocène de l'Inde; Simia sp. Lyd., pliocène de l'Inde. DEUXIEME SOUS-ORDRE HOMINIENS L'histoire naturelle de l'Homme {Homo sapiens L.) constitue aujour- d'hui une science à part, qui porte le nom d'anthropologie («vôpwTioç, 1224 CHORDÉS. — VERTEBRES. homme; Xoyo;, discours), et à laquelle sont consacrés des traités spé- ciaux. C'est dire que nous ne pouvons avoir l'intention d'en faire ici une étude complète, et que nous devons nous borner à donner un simple aperçu des principales questions qui s'y rapportent. Ce qu'il nous faut constater tout d'abord, c'est que les opinions ont singulièrement varié sur le rang qu'il convient d'accorder à l'Homme dans la classification. Linné en faisait un simple genre de sa classe des Primates, sous le nom d'Homo. Cuvier, en 1800, le plaçait dans une famille spéciale, celle des Bimanes; mais, dans son Règne animal, publié en 1829, il fit de cette famille un ordre distinct, revenant ainsi à la manière de voir de Blumenbach (1779). PôUr Zenker et Carus, l'Homme constituait une classe. Enfin, — après Voltaire, — Tréviranus, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, de Quatrefages et un grand nombre d'autres savants naturalistes ou anthropologistes l'ont considéré comme représentant un règne à part, le règne humain. — Pour s'expliquer d'aussi profondes di- vergences, il suffît de tenir compte et des progrès incessants de la science et surtout du point de vue difl:érent auquel se sont placés les auteurs. Il est certain, en effet, que si Ton prend en considération le développement des facultés intellectuelles et mo- rales, ce n'est pas trop de la création d'un règne spécial pour marquer la dislance énorme qui sépare l'Homme des Singes les plus élevés. Mais si, au contraire, on ne fait entrer en ligne de compte que les caractères tirés de l'organisation, c'est-à-dire les caractères purement zoologiques, on doit reconnaître que l'Homme mérite à peine d'être classé dans un ordre distinct. « Au point de vue anatomique, dit de Quatrefages, l'Homme diffère moins des Singes supérieurs que ceux-ci ne différent des Singes inférieurs (1). » 'L''liarmonie des proportions, la pureté des lignes, la délicatesse des contours, sont des caractères qui permettent déjà d'établir à, première vue une différence bien marquée entre l'Homme et les Singes. Il en est de même de la station verticale et des dispor sitions qui s'y rattachent : l'équilibre si parfait de la tête au- dessus du tronc, la double courbure en S de la colonne vertébrale, la largeur du bassin, qui doit supporter les viscères abdominaux, la puissance de la musculature de la jambe, la largeur et la position horizontale de la plante des pieds. '; En outre, le développement remarquable du cerveau entraîne des modifications considérables dans la configuration du squelette céphalique. La capsule crânienne forme une large voûte qui sur- plombe la face, et le trou occipital occupe à peu près le milieu de la base du crâne. La face est réduite, et le menton forme toujours une saillie plus ou moins accusée. , ■(•I).L'£s^èce humaine, ¥ éd., 1878, p. 13. . ' ■ MAMMIFÈRES. — PRIMATES. 1225 Les membres antérieurs sont toujours plus courts que les pos- térieurs ; le bras est relativement plus long, l'avant-bras et la main plus courts que chez les Singes. La main constitue un instru- ment de préhension parfait ; elle est de beaucoup supérieure à celle des Singes. Le pied sert simplement de support : le tarse et le méta- tarse, légèrement voûtés, fournissent une large. base de sustentation ; le gros orteil n'est pas opposable. La dentition est analogue à celle des Singes de l'ancien monde : 2.1.2 3 ^ -~ = 32. Les incisives sont verticales ou parfois un peu obli- ques, comme dans les races prognathes. Le sommet des canines dépasse à peine celui des autres dents, et il n'y a pas de diastème. Les prémolaires n'ont pas plus de deux racines. Les petites molaires permanentes ont deux tubercules et les grosses quatre. L'estomac est toujours simple. Le pénis ne renferme pas d'axe osseux; il pend librement au- devant du pubis. La Femme possède deux mamelles pectorales. La matrice est simple, formant une poche ovoïde. La vulve regarde en bas et en avant; le clitoris est peu développé. La chute des ovules s'accompagne d'un écoulement de sang relativement abon- dant (flux menstruel). La durée de la gestation est de neuf mois (limites extrêmes 2(30 et 294 jours). La Femme est, en général, uni- pare ; cependant, elle donne parfois naissance à deux jumeaux, par exception à trois ou quatre. Le placenta est discoïde. Au moment de la naissance, l'enfant a les testicules encore ren- fermés dans l'abdomen; ses pupilles sont, en général, ouvertes. 2.1.2 A trois ans, il possède ses 20 dents de lait : ,r-r— .. Les dents perma- i 2.1.2 nentes commencent à apparaître entre cinq et six ans, et les dents de remplacement vers la septième année. Les dernières molaires ou dents de sagesse se montrent en moyenne de dix-sept à vingt-cinq ans. Sous nos climats, la puberté se manifeste vers quatorze ans pour les garçons, à la même époque ou un peu plus tôt pour les jeunes tilles. Toutefois, la jeune iîlle ne devient nubile^ c'est-à-dire apte à la re- production d'enfants bien constitués, que vers dix-huit à vingt-deux ans, et le jeune homme vers vingt-deux à vingt-six ans. A trente ans environ, la taille cesse de croître ; le corps s'épaissit, de manière à acquérir le maximum de son poids vers quarante ans. Puis l'activité génitale diminue chez THomme, la menstruation cesse chez la Femme (ménopause) ; et peu à peu se manifeste le ralentissement des fonctions, jusqu'à ce que survienne l'arrêt définitif. D'après Broca, on peut ainsi distribuer les périodes de la vie humaine : « première enfance^ de la naissance à la fin de la sixième année, lorsque la première grosse molaire ou première dent per- manente sort ; seconde enfance, de sept à quatorze ans, à l'éruption 1226 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. des secondes grosses molaires ; jeunesse, de quatorze à vingt-cinq ans, lorsque la suture basilaire est ossifiée ou la dent de sagesse sortie ; âge adulte, de vingt-cinq à quarante ans, lorsque les su- tures cérébrales commencent à s'ossifier ; âge mûr, de quarante à soixante ans ; vieillesse, au delà de soixante ans. » Au commencement de ce siècle, la durée moyenne de la vie était, d'après Duvillard (1806), de vingt-huit ans et demi. D'après les re- cherches de Turquan (1860-1892), elle est aujourd'hui de 37 ans et 3 mois (36 ans 2 mois pour les hommes, 38 ans 4 mois pour les femmes). — La durée ordinaire de la vie est de soixante-dix à quatre- vingts ans. Nous avons déjà dit combien, au point de vue des facultés in- tellectuelles, l'Homme se trouve placé au-dessus des animaux les mieux doués. Cependant, nous savons aussi qu'il n'est aucune de ces facultés dont on ne retrouve au moins le rudiment chez quel- qu'un de ces derniers. Entre les uns et les autres, on ne peut donc établir, à cet égard, une séparation absolue : il n'y a qu'une différence de degré. Différence profonde, à la vérité^ et que les progrès incessants de l'humanité ne font que marquer chaque jour davantage. Le premier élément qui ait assuré la supériorité de l'intelligence humaine, c'est, à n'en pas douter, la faculté du langage articulé ou, si Ton veut, l'usage de la parole. Il y a lieu de penser que l'Homme primitif possédait à peine la faculté d'articuler quelques sons; mais cette faculté d'articulation s'est perfectionnée peu à peu, et il a pu dès lors donner plus de précision à ses idées, les développer et les communiquer à ses semblables. Ainsi s'est établie la tradition, qui est devenue le lien commun des générations successives, et qui, en permettant aux nouveaux venus de profiter de l'expérience acquise dans le passé, a servi de base constante au progrès. D'ailleurs, à mesure que s'accroissait son fonds intellectuel, à mesure que se multipliaient ses idées, l'Homme a senti grandir le besoin de décou- vrir les causes, de rechercher l'origine et le but de toutes choses, et il est arrivé à s'étudier, à se connaître lui-même. L'Homme préhistorique (1). — V archéologie préhistorique, encore appelée paléoethnologie ou préhisloire, SiTpour objet l'étude des groupes humains dont il ne nous reste aucun document écrit ou oral ; elle nous renseigne sur leur industrie, leurs mœurs et leur évolution. L Age de la pierre. — Dès 1836, les savants Scandinaves, à l'exemple de Thomsen, divisaient les temps préhistoriques en trois âges, en se basant sur la matière de fabrication des armes et ustensiles usuels : âge de la pierre, âge du bronze, âge du fer. Cette division, parfaitement justifiée, s'est conser- vée jusqu'à nous ; mais les progrès de la science ont nécessité un sectionne- (1) G. DE MoRTiLLET, Lc prékistoriqite. Paris, 1883. MAMiMlFÈRES. — PRIMATES. 1227 ment plus étendu, de sorte qu'on a subdivisé les âges en périodes et celles-ci en époques. C'est ainsi que Vdije de la pierre a été partagé d'abord; par les savants français, en trois périodes : 1° période de la pierre étonnée par le feu, ou éolithique ; 2° période de la pierre taillée ou paléolithique ; 3° période de la pierre polie ou néolithique, [.a première correspond aux temps tertiaires, la deuxième aux temps quateruaires, la troisième au début des temps actuels. 1° Période éolithique. — Parmi les données les plus sérieuses relatives à l'existence de l'Homme tertiaire, il faut citer les silex taillés découverts à Thenay (Loir-et-Cher), dans le terrain miocène, par l'abbé Bourgeois. Une partie de ces silex ont subi l'action du feu, ce qui se reconnaît à leur cra- quellement. Il y aurait donc eu, dès cette époque (époque thenaisienne) un être connaissant le feu et sachant tailler le silex. Des traces analogues ont été signalées dans des assises plus récentes, miocènes et pliocènes, dans le Cantal et en Portugal. Toutefois, leur signification est encore discutée, et les auteurs mêmes qui admettent la taille intentionnelle des silex en question se refusent à l'attribuer à l'homme, mais la rapportent soit à un Singe, soit à un être plus élevé, précurseur de l'Homme. Dans l'Amérique du Sud, les traces sont plus nettes, mais la date des dépôts est très contestée (1). 2° Période paléolithique. — Pour G. de Mortillet, le quaternaire est carac- térisé par une faune mammalogique terrestre, contenant un mélange d'es- pèces éteintes et d'espèces encore vivantes. Or, c'est au quaternaire, on le sait, que répond la période paléolithique ou de la pierre taillée. Edouard Lartet avait tenté de la diviser en trois époques, en se basant sur la faune : 1° époque du grand Ours; 2° époque du Mammouth; 3° époque du Renne. Mais, ces divers animaux ayant parfois vécu ensemble, la division dont il s'agit n'est guère caractéristique. C'est pourquoi de Mortillet a cru devoir en établir une nouvelle, basée sur le degré de perfectionnement de l'industrie et qui peut être acceptée à cause de son caractère schématique. Elle com- prend quatre époques distinctes, qui portent chacune le nom d'une localité typique : i» époque de Chelles (chelléenne) ; 2° époque du Mouslier (mousté- rienne); 3° époque de Solutré (solutréenne); 4° époque de la Madeleine (magdalénienne). a. Époque chelléenne. — Assez bien représentée à Saint-Acheul, près Amiens, cette époque a été désignée d'abord sous le nom d'aclieuléenne; mais cette station étant assez mélangée, on a dû en choisir une plus pure, celle de Chelles (Seine-et-Marne). Dès le début de la période quaternaire, un impor- tant phénomène géologique se produisit dans le bassin de Paris : le com- blement du fond des vallées par des alluvions. Ce comblement fut sans doute le résultat d'un affaissement du sol et d'une grande abondance de pluies. La température était alors chaude et assez uniforme sur toute l'étendue de la France. La faune européenne de celte époque est caractérisée pa.rVElephasantiquus, auquel s'associe, vers la fin, le Mammouth {E. primigenius); elle comprend aussi l'Éléphant acluel d'Afrique [E. africanus). Signalons en outre le Rhino- (1) Voy. E. Trouessaht, Les Primates tertiaires et l'Homme fossile sud-américain. L'Anthropologie, Hl, p. 267, 1892. 1228 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. ceros Mercki, forme tertiaire, l'Hippopotame {Hippopotamus amphibius), le Chevreuil {Cervus capreolus], des Bovidés, des Équidés, enfln des Carnivores, notamment le grand Ours des cavernes [Ursiis spelœus), etc. L'Homme chelléen qui habitait nos régions ne parait guère avoir fréquenté les cavernes, qui servaient de repaires aux animaux féroces. Il se tenait de préférence au bord des fleuves et des rivières, et c'est ce qui explique pour- quoi on retrouve de nombreux débris de son industrie dans les alluvions fluviales. Cette industrie est tout à fait rudimentaire : elle ne comporte qu'un seul instrument, le coMp de poing. C'est un fragment de silex, ou de quartzite, de calcaire siliceux, etc., taillé sur les deux faces et offrant la forme géné- rale d'une amande. Cet instrument ne devait pas s'emmancher : c'était plutôt un outil. (( Un outil pour tout faire. Il servait, suivant ses modifications de taille et la manière de l'employer, de hache, de couperet, de couteau, de scie, de perçoir, de tianchet, de ciseau, etc. » On a retrouvé même des ossements de l'Homme chelléen. Les auteurs y rapportent généralement le crâne et les ossements de Néanderthal (près Dusseldorf), le crâne de Canstadt (près Stuttgard), la mâchoire de la Naulette (Belgique). Mais le crâne de Néanderthal provient, selon Virchow, d'un microcéphale (probablement comme le prétendu Pithecanthropiis erectus Dubois, récemment découvert à Java), et il n'est pas démontré qu'il date du diluvium; quant au crâne de Canstadt, il est certainement plus récent. p. Epoque moustérienne. — Celte époque lire son nom de la station du Moustier, commune de Peyzac (Dordogne), station qui comprend à la fois un gisement dans l'intérieur d'une grotte et un gisement à l'air libre, sur un plateau. Le moustérien est d'ailleurs largement représenté sur divers points de la France, de l'Europe et même de l'Asie. Au point de vue géologique, il répond à Yépoque glaciaire, caractérisée, comme on le sait, par l'extension considérable des glaciers dans nos régions. Le glacier du Rhône, par exemple, qui n'atteint pas aujourd'hui une longueur de 8 kilomètres, en mesurait alors plus de 400 et descendait jusqu'à Lyon. Cette extension des glaciers doit s'expliquer par l'existence de froids modérés et d'une très grande humidité de l'atmosphère. En même temps, la chute abondante des neiges et des pluies déterminait la production de violents cours d'eau qui ravinaient les vallées, démantelant ainsi les alluvions chelléennes, de con- cert avec des mouvements d'exhaussement du sol, fréquemment interrompus. Parmi les nombreux représentants de la faune mamraalogique, nous cite- rons : le Mammouth {Elephas primigenius), le Rhinocéros à narines cloison- nées [Rhin, tichorinus), le Cheval [Equus Caballus), l'Ane (?), le Sanglier, le Cerf élaphe, le Mégacéros [Cervus megacero»), çà et là le Renne [Tarandus ran- gifer), le Bouquetin [Capra ibex), l'Ovibos musqué [Ovibos moschatus), le Bison d'Euiope [Bison europaeus), le Bœuf prinnCd [Bos primigenius), le grand Ours des cavernes [Vrsus spelœus), très abondant, l'Ours gris ou Grizzly (U/'SUS ferox), le Blaireau, le Loup, le Renard, l'Hyène des cavernes, le Lion, la Marmotte, etc. L'Homme du Moustier, soumis à une température plus froide que celui de l'époque précédente, a commencé à se retirer dans les grottes, qu'il était obligé de disputer aux animaux féroces. Il a aussi éprouvé le besoin de se vêtir, et a modifié dès lors son outillage, en vue de, préparer les peaux d'ani- maux à lui servir de vêtements. Ce qui caractérise l'industrie raoustérienne, MAMMIFÈRES. — PRIMATES. 1229 c'est que les pièces ne sont retouchées que sur une face : l'autre reste tou- jours vive et ne représente que le plan d'éclatement. On y distingue deux instruments typiques : le racloir et la pointe. Ni l'un ni l'autre ne devaient s'emmancher. Le racloir servait sans doute à écorcer le bois et à nettoyer les peaux, les pointes à percer le bois et les peaux. Les ossements humains des gisements moustériens sont extrêmement rares. Citons cependant le crâne de l'Olmo (près Florence), qui est dolicho- céphale, mais dont les arcades sourcilières sont à peine marquées, et dont le front est presque vertical. 7. Époque solutréenne. — Solutré est une belle et riche station du Maçon- nais (Saône-et-Loire), qui a donné lieu à des études fort intéressantes. Des stations semblables ont été d'ailleurs découvertes dans diverses localités fran- çaises et jusqu'en Algérie (Thomas); elles abondent surtout dans la Dordo- gne, et en particulier dans la vallée de la Vézère (Laugerie-Haute, etc.). Le climat, très humide pendant l'époque précédente, parait avoir été beaucoup plus sec à l'époque de Solutré. Par suite, les glaciers ont commencé leur mouvement de recul, les cours d'eau sont devenus moins puissants, le soleil s'est montré davantage en été, l'hiver est devenu plus froid. La faune, assez difficile à préciser, à cause des mélanges, comprenait d'abord de nombreux représentants des deux grands Bovidés de l'époque du Moustier, le Bison d'Europe et le Bœuf primitif, auxquels se joint le Ro$ longifrons. Mais l'animal le plus répandu était le Cheval, qui se rencontre en quantité extraordinaire à Solutré même (V. p. 1162). Après le Cheval, le Renne est l'animal le plus abondant. — On s'est demandé si ces animaux n'étaient pas déjà domestiqués. Toussaint a conclu affirmativement. Sanson est d'un avis contraire, et nous n'hésitons pas à nous rattacher à sa manière de voir. Il nous semble démontré que le Cheval vivait alors à l'état sauvage et que l'Homme le chassait pour eu faire sa nourriture. Nous ne possédons aucun document ostéologique sur l'Homme solutréen ; mais il nous reste de nombreux débris de son industrie, dont les deux plus caractéristiques sont la pointe en. feuille de laurier et la pointe à cran. C'est à cette époque que la taille de la pierre atteint son apogée. Ces pointes sont travaillées avec beaucoup de soin, et en général retouchées sur les deux faces. Le racloir moustérien est, en outre, remplacé par un grattoir, dont le sommet décrit un arc de cercle à bord tranchant; enfin, on trouve encore des perçoirs et des scies en silex. Il apparaît même, vers la fin du solu- tréen, quelques pièces en os, et des essais rudimenlaires de sculpture. C'est ainsi que Piette a recueilli, dans la station de Brassempouy, des frag- ments de statuettes humaines (femmes) en ivoire. Elles appartiennent à deux types : l'un à nez gros, à lèvres épaisses, à menton fuyant comme celui de la mâchoire de la Naulette, et remarquable surtout par le développement du. système pileux, ainsi que par les masses graisseuses réparties sur les cuisses, le ventre et les hanches; l'autre, encore peu connu, montrant une tête à coiffure égyptienne. J.. Époque magdalénienne. — La station de la Madeleine, qui donne son nom à cette époque, se trouve dans l'arrondissement de Sarlat (Dordogne) à 25 mètres de la Vézère et à 6 mètres au-dessus de son niveau. La tempéra- ture qui régnait alors en France, en Suisse et en Belgique, devait être de 1230 CHORDÉS. — VERTÉBRÉS. 8 à 10 degrés plus basse que celle de nos jours. Mais l'air était très sec, et par suite les glaciers continuaient leur mouvemement de recul. Dans la faune magdalénienne, nous avons à citer : divers Félidés, parmi lesquels le grand Chat des cavernes [Felis spelœa), le Lion (F. leo), le Chat sauvage (F. catiis); des Canidés, tels que le Loup, le Renard, l'Isatis; des Hyeenidés, notamment l'Hyène rayée et l'Hyène tachetée, une foule d'autres Carnivores, des Insectivores, des Rongeurs, entre autres le Lapin et la Mar- motte; des Ruminants, parmi lesquels le Chamois, le Bouquetin, une Chèvre {Capra primigenia) très voisine de FÉgagre, l'Ovibos musqué, le Bison d'Eu- rope, le Bœuf primitif et le Bos longifrons; des Équidés, le Cheval et peut- être l'Ane; le Sanglier; encore le Mammouth, etc. n y a lieu de penser que l'Homme de la Madeleine avait des mœurs no- mades. Les températures extrêmes étant très accusées, le gibier devait effectuer, d'une saison à l'autre, d'importantes migrations, et l'Homme devait Je suivre pour se procurer sa nourriture. Dans les points qu'il fré- quentait, il s'installait parfois en pleine campagne, d'autres fois dans des grottes ou dans des cavernes, mais le plus souvent dans des abris sous roche. Son industrie est surtout caractérisée par l'utilisation de nouvelles ma- tières premières : os, bois de Cervidés, ivoire. La pierre (silex et jaspe) est pourtant encore employée pour la fabrication de couteaux, grattoirs et pointes vives. Il existe, en outre, des mortiers à godets en roches granitoïdes, qui servaient peut-être à triturer des couleurs minérales pour le tatouage et la peinture du corps. Déjà, en effet, l'amour de la parure était très accusé, comme nous le montre l'usage des pendeloques. Celles-ci consistaient surtout en dents percées à la racine, et en coquilles marines, vivantes ou fossiles. Quant aux objets en os, ils étaient nombreux et variés. Citons les aiguilles à .chas, qui servaient à coudre les peaux; les pointes de sagaie et de harpon, qui s'emmanchaient à l'extrémité d'une hampe de bois; les bâtons de com- mandement, les poignards, les boutons, etc. L'art, qui avait pris naissance vers la fin du solutréen, s'est développé d'une façon remarquable à l'époque magdalénienne. Il se traduit d'abord par des gravures sur pierre, sur ivoire ou sur os, représentant surtout des animaux (Poissons, Reptiles, quelques Oiseaux et beaucoup de Mammifères, y compris 1 Homme). On a retrouvé aussi des demi-bosses et même des rondes-bosses ou sculptures véritables, mais jamais sur pierre : ce sont les bois de Renne qui en ont fourni la matière. Une mâchoire trouvée dans la grotte des Fées, à Arcy-sur-Cure (Yonne), et un squelette écrasé trouvé à Laugerie-Basse (Dordogne), représentent les seuls débris authentiques de l'Homme magdalénien. Mais les représen- tations artistiques dont nous venons de parler nous renseignent sur sa physionomie générale. On a trouvé, à Laugerie-Basse, un chasseur de Bisons gravé sur bois de Renne, et une femme enceinte gravée sur os. La tête du chasseur est étroite et allongée; son corps est extrêmement velu. Celui de la femme enceinte l'est de même, mais les poils sont beaucoup plus fins. 3" Période néolithique [époque robenhausienne). — La période de la pierre polie commence avec les temps actuels. Or, « sous le nom de temps actuels, dit de Mortillet, on comprend tous ceux qui se sont trouvés dans des condi- MAMMIFÈRES. — PRIMATES. 1231 lions de géographie physique, d'hydrographie, de climatologie, de dore et de Jaune à peu près semblables à celles de nos jours. » Mais nous ignorons comment s'est effectuée la transition des temps quaternaires aux temps actuels. Les différences qui existent entre ces deux périodes sont tellement profondes, qu'un temps très long a dû s'écouler entre elles ; mais il y a à cet égard une lacune presque absolue dans nos connaissar.ces. De froid et sec qu'il était à la (in du quaternaire, le climat était devenu tempéré et beaucoup plus uniforme. La première conséquence de l'élévation de la température avait été l'émigration des animaux des régions froides. Le Renne avait quitté nos contrées pour les pays du Nord, suivi sans doute de la plus grande partie de la population humaine. Le Chamois, le Bouquetin et la Marmotte s'étaient retirés sur le sommet des montagnes. Le Mammouth l'Hyène, les grands Félidés avaient disparu. Nous allons voir que l'industrie avait subi des modifications non moins profondes, ou plutôt qu'une industrie nouvelle était apparue, importée de toutes pièces par une race envahissante. La période néolithique ne comprend qu'une seule époque, dite robenhau- sienne, du nom ( Robenhausen) d'un petit hameau suisse du canton de Zurich. Parmi les gisements de cette époque, nous devons citer en premier lieu les palafites ou habitations lacustres. L'Homme avait quitté les cavernes pour des- cendre dans les vallées, el, s'élablissantsurleborddes lacs, il avait édifié sur pilotis des habitations en bois, ne communiquant avec le rivage que par desim- pies passerelles, de manière à se mettre à l'abri des fauves et des populations ennemies. Les débris de ces habitations ont été découverts pour la première fois pendant l'hiver de 1833-1854, au bord du lac de Zurich. Elles sont, en effet, particulièrement abondantes en Suisse ; cependant, on en rencontre dans tous les pays voisins des Alpes. En raison de leur constitution même, les palaflttes ont dû souvent être incendiées ; mais c'est grâce à ces incen- dies qu'on a pu quelquefois retrouver le matériel et les provisions de villages entiers, engloutis au fond de l'eau après avoir été carbonisés. — Toutes les palafittes n'appartiennent pas à l'époque de la pierre polie ; il en est beaucoup aussi de l'âge du bronze et même de l'âge du fer. A côté des cités lacustres, il existait d'ailleurs des habitations terrestres, en nombre même beaucoup plus considérable; mais elles ont été détruites en grande partie par le fait des travaux agricoles, et les objets qu'elles conte- naient n'ont guère été conservés. D'autres gisements sont les ateliers où l'on fabriquait ces objets, les carrières d'où l'on extrayait la matière première les abris et grottes où l'Homme se réfugiait encore, les sépultures, etc. Une men- tion spéciale est due à certains gisements des bordts de la mer, auxquels les Danois ont donné le nom de kjôkkenmôddinyer , qui signifie « débris de cui- sine ». Ce sont des amas de coquilles provenant des Mollusques qui servaient à l'alimentation, amas au milieu desquels on découvre des foyers avec cendres et charbon, des os d'animaux brisés et une foule d'objets travaillés de main d'Homme. On a observé plusieurs de ces stations en France. La population de l'Europe occidentale, à l'époque robenbausienne, possé- dait déjà une industrie fort complexe. — L'usage des silex taillés n'sL\a.it pas disparu ; il était même beaucoup plus répandu qu'à l'époque magdalénienne en raison sans doute de la disparition du Renne. On a, en effet, retrouvé 1232 CHORDÉS. -- VERTÉBRÉS. des objets en pierre simplement éclatée, tels que des couteaux, et d'autres en pierre retouchée : scies, grattoirs, perçoirs, pointes de flèche, pointes de lance, poignards, etc. — Les objets en pierre polie sont moins nombreux, à la vérité ; mais, comme ils n'existaient pas dans les époques antérieures, on a pu les choisir comme élément caractéristique. Ils comprennent des outils : haches, ciseaux, etc., et des armes auxquelles on donne le nom de casse- tête. Les haches consistent en des fragments de pierre dure, silex, grès, granit, porphyre, jade, serpentine, etc., d'abord taillés et retouchés, puis polis avec soin sur une dalle de grès. Leur forme est variable ; cependant, la plupart sont triangulaires, tranchantes à la base et parfois aussi au sommet ; celles de moyennes dimensions s'emmanchaient soit dans des cornes de cerf, soit dans des manches en bois. — Les instruments en os sont devenus d'un emploi de plus en plus général : ce sont des couteaux, des poinçons, des pointes de flèche, des peignes à cheveux, etc. Les cornes de Cervidés, les dents de divers Mammifères, enfln le bois de certains arbres ont été égale- ment employés pour confectionner des instruments : vases, crochets, ba- teaux, etc. La poterie est aussi apparue à cette époque, ce qui prouve qu'elle a été importée : on a découvert dans les sépultures de nombreux vases en terre cuite façonnés à la main et de forme variable. Enfin, nous devons citer encore les parures en coquilles, en dents, les perles et boutons en os, ambre, jais ou autres substances. L'art, dont nous avons constaté le développement à l'époque de la Made- leine, s'était éteint avant le début des temps actuels. Or, le peuple envahis- seur n'en ayant pas le moindre sentiment, l'époque robenhausienne ne nous fournit aucune œuvre d'art qui mérite d'être mentionnée. Par contre, le respect des morts apparaît d'emblée avec un caractère très accentué, qui se traduit par l'érection de ces monuments qu'on a faussement attribués aux Celtes, et qu'on désigne aujourd'hui sous le nom de monuments mégalithiques. Tels sont les menhirs, ou pierres brutes fichées en terre; les alignements, ou rangées de menhirs ; les cromlechs, ou enceintes formées par des menhirs ; les dolmens, constitués par des dalles de champ supportant des dalles horizontales servant de plafond, et primitivement enterrés dans le sol ou sous des tumulus. Les menhirs n'étaient autres, sans doute, que des monuments commémoratifs ; quant aux dolmens, c'étaient des tombeaux, contenant en général un grand nombre de squelettes. Les sépultures ne se faisaient pas exclusivement dans ces dolmens ; elles se faisaient aussi dans des grottes naturelles ou même artificielles. Les populations néolithiques pratiquaient-elles l'anthropophagie ? C'est un point sur lequel les auteurs ne se sont pas encore mis d'accord. Mais la chose paraît assez peu probable si l'on remarque que non seulement elles pouvaient se procurer par la chasse un abondant gibier, dont le Bison, le Bœuf primitif, le Sanglier, formaient la base principale, mais qu'elles possédaient en outre des animaux domestiques. Le plus ancien de ceux-ci paraît être le Chien ; c'est le seul qu'on rencontre dans les Kjôkkenmoddin- ger du Danemark. Viennent ensuite le Cheval, le Bœuf, la Chèvre, le Mouton et le Porc. Mais quelle est la patrie de ces divers animaux? En quel point la domestication a-t-elle pris naissance? Ce sont là deux questions auxquelles il est sans doute difficile de répondre, mais qu'on a eu trop souvent le tort de confondre. A notre avis, l'apparition presque simultanée des animaux dômes- MAMMIFÈRES. — PRIMATES. 1233 tiques dansPEurope occidentale, coïncidant d'ailleurs avecl'introduction d'une civilisation nouvelle, démontre que le principe même de la domestication a été importé par le peuple envahisseur; il a donc dû prendre naissance en Orient. Quant à la patrie de ces animaux, elle nous parait i-tre surtout euro- péenne. Les rapports qui existent entre les Chevaux et les Bœufs des temps quaternaires, par exemple, et ceux des temps actuels, sont tellement étroits, qu'il est difficile de concevoir que les uns ne dérivent pas des autres. Que les races autochtones aient été modifiées, transformées dans une certaine me- sure par des races importées, ce n'est point impossible ; mais il n'en est pas moins vrai que les premières doivent constituer la base de nos populations bovines et chevalines actuelles. Les palafittes et autres habitations robenhausiennes nous ont aussi laissé des débris d'une foule de fruits sauvages ou cultivés : noisette, prunelle, me- rise, fraise, poire, pomme, mûre de ronce (servant peut-être à faire une liqueur fermentée), blé, orge, seigle, etc. Les céréales étaient certainement cultivées, et leurs grains, souvent mélangés, étaient conservés dans des sortes de greniers. On les broyait entre deux pierres plates, et on en formait une pâte qu'on faisait cuire sous forme de galettes : des fragments de ces pains sont parvenus jusqu'à nous. Il y avait aussi une plante textile, le lin {Linum angmtifolium) , qui servait à la fabrication d'étoffes diverses et de filets. Les sépultures robenhausiennes nous montrent tout d'abord, sur divers points, le type autochtone, franchement dolichocéphale, que nous avons signalé dans le quaternaire, mais un peu modifié. Les squelettes de Cro- Magnon (Dordogne), ceux de la grotte sépulcrale de l'Homme mort (Lozère), appartiennent tous à ce type. — Dans la grotte sépulcrale de Furfooz, près Dînant (Belgique), on a rencontré, au contraire, une race toute dilTérente, brachycéphale ou au moins mésaticéphale : c'est évidemment une race nou- velle, la race des envahisseurs, qui venait sans doute de l'Orient. — Enfin, dans les grottes artificielles de la vallée du Pelit-Morin (Marne), on trouve des types intermédiaires, qui démontrent que les deux races se sont mêlées. II. Age du bronze. — L'usage du bronze en Europe a pu être étudié dans les cités lacustres, dans les dolmens et les tumuli, où l'on a découvert des haches en bronze, des épingles, des rasoirs, des lingots, des moules à fondre ce métal, etc. L'industrie du bronze semble être d'origine indienne ; on en attribue l'importation à une race d'Hommes nomades, semblables, parleurs mœurs et leurs habitudes, aux Bohémiens de nos jours, ce qui explique le nom de période bohémienne donné à l'âge du bronze par G. de Mortillet. Les descendants de cette race ne seraient-ils pas les Tsiganes '? Dans tous les cas, l'industrie dont il s'agit s'est perfectionnée sur notre sol : à l'art de mouler le métal, seul mis en pratique dans le principe, est venu se joindre, en effet, dans une deuxième période, celui de le marteler. III. Age du fer. — Les plus anciens monuments de l'âge du fer sont les lombes bien connues des Hallstadl, près Salzbourg, en Autriche. Les Étrus- ques paraissent être le premier peuple qui ait importé l'usage de ce métal en Europe. En France, le fer intervient à une époque postérieure, dans les luniuli du Nord-Est, puis dans les cimetières de la Marne : son introduction parait remonter tout au plus à huit cents ans avant notre ère. Peu après, Railliet. — Zoologie. , 78 1234 GHORDÉS. — VERTEBRES. l'influence romaine commence à se faire sentir, et nous entrons de plain- pied dans les temps historiques. États sociaux de l'humanité. — Si nous jetons un coup d'œil en arrière nous constatons que l'Homme, peut-être frugivore à l'origine, mais bientôt devenu omnivore par suite de l'insuffisance des fruits sauvages sur notre sol, exposé d'ailleurs aux intempéries d'un climat souvent rigoureux, dut chercher dans la faune qui l'environnait les éléments de sa nourriture et de son vêtement. L'Homme quaternaire fut chasseur et •pêcheur. Cependant, à mesure que s'accroissait la population, le gibier devenait sans doute plus rare et plus difficile à atteindre. Pour s'assurer des vivres, l'Homme fut conduit à domestiquer des animaux : il devint pasteur. Ce premier pas dans la voie du bien-être devait être suivi à bref délai d'une nouvelle marche en avant. Autant et plus peut-être que les peuples chas- seurs, les peuples pasteurs vivent en tribus nomades, obligés qu'ils sont de chercher à chaque instant de nouveaux pâturages pour nourrir leurs trou- peaux. Mais les difficultés qu'éprouvaient les premiers dans la recherche du gibier se présentent bientôt pour ceux-ci dans la découverte des pâturages. C'est alors qu'intervient l'agriculture, qui permet à l'Homme de trouver sur un point déterminé tout ce qui est nécessaire à sa subsistance. Avec l'agriculture apparaissent en outre les grandes agglomérations d'in- dividus; et, les abris naturels devenant par suite insuffisants, l'Homme est amené à se construire des demeures artificielles. Ainsi ont pris naissance les cités, point de départ des nations. Or, grâce à ses animaux domestiques, l'Homme agriculteur est capable d'assurer l'avenir; et dès lors, ses facultés, s'élevant d'un degré, peuvent s'appliquer à des objets qui n'ont pas pour but immédiat son entretien per- sonnel. Races humaines. — La notion de race, en anthropologie, est loin d'avoir une signification bien définie ; il est évident, d'ailleurs, qu'elle doit varier suivant l'idée qu'on se fait de l'origine de l'Homme (i). A cet égard, on sait que les anthropologistes se sont partagés de bonne heure en deux camps : 1° Les monogénistes admettent que tous les Hommes appartiennent à une seule et même espèce [Homo sapiens L.), de laquelle sont dérivées des races et sous-races multiples, sous l'influence des condi- tions de milieu. 2° Les polygénistes, au contraire, regardent comme origi- nelles les différences qui séparent les habitants des diverses contrées du globe, et considèrent, par suite, qu'il existe plusieurs espèces humaines indé- pendantes les unes des autres. Ajoutons que l'intervention des évolutionnistes n'a amené aucun rappro- chement entre les deux partis. H est même à remarquer que ce sont souvent les plus chauds partisans de l'évolution qui soutiennent le polygénisme avec le plus d'ardeur. Aussi bien, la discussion des questions de cet ordre est- elle demeurée trop rarement sur le terrain exclusif de la science. Quelle que soit, du reste, la manière de voir à laquelle on se rattache, il est constant qu'on ne trouve plus ou presque plus, aujourd'hui, de races pures. Depuis des milliers de siècles, dit Topinard, les races ont été divisées, (1) P. Topinard, L'anthropologie, V éJ., 1876. — Id., Éléments d'anthropologie générale, 1885. MAMMIFÈRES. — l'UlMATES. 1235 dispersées, mêlées, croisées en toutes poiportions ; « la plupart ont quitté leur langue pour celle des vainqueurs, l'ont abandonnée pour une troisième, sinon une quatrième; les niasses principales ont disparu, et l'on se trouve en présence, non plus de races, mais de peuples dont il s'agit de retracer les origines ou que l'on classe directement... ». « En France, où la nation est cependant si homogène et l'unité si com- plète, il y a des Français, mais pas de race française. On y découvre, au nord, les descendants des Belges, des Wallons et autres Kymris ; à l'est, ceux des Germains et des Burgundes; à l'ouest, des Normands; au centre, des Celtes, qui, à l'époque même où leur nom prit naissance, étaient formés d'étrangers d'origines diverses et d'autochtones; au midi, enfin, des anciens Aquitains et des Basques, sans parler d'une foule de colonies, comme les Sarrasins qu'on retrouve çà. et là, les Tectosages qui ont laissé à Toulouse l'usage des déformations crâniennes, et les trafiquants qui passèrent par la ville pho- céenne (le Marseille, n Étant donné un groupe humain, il s'agit donc de déterminer d'abord s'il représente une race pure ou s'il résulte du mélange de plusieurs éléments primitifs. Reste ensuite à dégager le type de chacune des races composantes supposées pures, c'est-à-dire la moyenne des caractères de ces races. C'est là, sans doute, un problème très complexe et très difficile, et c'est à peine si, jusqu'à présent, l'anthropologie a pu déterminer quelques-uns dés lypes les plus généraux. Il ne faut pas oublier, d'ailleurs, que le type est une con- ception abstraite, et qu'on aurait parfois grand'peine à retrouver, chez un représentant quelconque de la race, l'ensemble des caractères qu'il com- porte. Pour déterminer et classer les races humaines, l'anthropologie doit prendre d'abord pour base les caractères anatomiques et physiologiques : ce sont les seuls sur lesquels elle s'appuie directement pour établir les divisions prin- cipales du groupe humain. D'autre part, elle peut tirer d'utiles renseigne- ments de l'ethnographie ou description des peuples, de la linguistique, de Vhistoire et de Yarchéologie. Cependant, il faut bien reconnaître que, dans la plupart des cas, les prétendues races secondaires établies sur ces bases ne sont autres que des peuples, c'est-à-dire des agglomérations d'éléments anthropologiques divers. Nous nous bornerons donc à jeter un coup d'oeil sur les principaux carac- tères anatomiques utilisés d'ordinaire dans la classification. Parmi les plus importants, se placent ceux qui sont tirés de l'examen du crâne : la craniologie, on le sait, est longtemps même demeurée l'élément primordial de l'anthropologie. On peut d'abord chercher à déterminer la capacité crânienne. Cette mensu- ration s'effectue en remplissant avec soin la cavité du crâne de fin plomb de chasse, dont il est facile ensuite de connaître le volume. En opérant de la sorte, on est arrivé à constater une différence très accusée entre les races inférieures et supérieures. Les Boshimans occupent le degré le plus bas de l'échelle, avec 1317 centimètres cubes; les Australiens ne sont guère mieux partagés. Mais la capacité augmente d'une façon notable dans les races jaunes, pour atteindre son maximum dans les races blanches : les Parisiens contemporains ont 1 559 centimètres cubes, et les Auvergnats 1598. Il faut reconnaître, d'ailleurs, que le crâne tend à devenir plus spacieux 1236 GHORDES. VERTÉBRÉS. à mesure que s'élève l'état intellecluel des races : celui des Parisiens du douzième siècle ne cubait que 1531. De même, il y a toujours une prédo- minance marquée du sexe masculin sur le féminin ; mais, chose remar- quable, la différence est beaucoup plus grande dans les races actuelles que dans celles des temps préhistoriques, et dans les races supérieures que dans les inférieures. La forme générale du crâne est exprimée d'une façon assez nette par le rapport entre sa plus grande largeur et sa plus grande longueur. Or, si l'on suppose le diamètre antéro-postérieur maximum égal à 100, le diamètre transverse maximum varie, en moyenne, de 71 (Groenlandais) à 85 (Lapons). Ce rapport est désigné sous le nom d'indice céphalique. Il se formule de la diamètre transverse X 100 , , .«. . „ manière suivante : -r- rr —' r^—- Le chiffre qui 1 exprime diamètre antero-posteneur ^ '^ sera donc d'autant plus élevé que le crâne sera plus court. Partant de là, on est convenu d'appeler brachycé- phales (ppaxû;, court; xsipaXy), tête) les races qui ont un indice cépha- lique égal ou supérieur à 80, et doli- chocéphales [SoUyJ;, long) celles dont l'indice est inférieur à 75. Les chiffres intermédiaires ont donné lieu, en outre, à l'établissement d'un groupe intermédiaire, celui des mésaticéphales ([xsaocTicç, moyen). L'étude de Vangle facial fournit aussi des renseignements précieux. On sait déjà que le mode de déter- mination de cet angle varie beau- coup suivant les auteurs. Pour nous en tenir à l'angle de Cloquet (voy. p. 1071), voici quelques résultats obtenus par Topinard : sur 5 Auvergnats, 62''6 ; sur 5 Chinois, 59°4 ; sur 5 Nègres du Sénégal, 57°6 (fig. 886). On voit que, chez les races supé- rieures, l'angle facial tend à se rapprocher de l'angle droit, et qu'il s'en éloigne de plus en plus, au contraire, chez les races inférieures. Un angle fa- cial très ouvert est donc un signe évident de supériorité, et c'est là un point qu'avaient dès longtemps saisi les statuaires (fig- 887). Le degré d'ouverture de l'an- gle facial marque, comme nous l'avons dit, le rapport entre le développement du crâne et celui de la face; mais l'influence de celle-ci est surtout caractérisée par la proéminence des mâchoires, qui s'accuse au maximum chez les nations les plus dégradées de l'Afrique et de l'Aus- Angle facial d'uQ nègre, d'après Camper. Fiar. 887. Angle facial de l'Apollon du Belvédère, d'après Camper. MAMMIFERES. — PRIMATES. 1237 tralie. C'est pourquoi on a donné le nom de prognathes {r.ç6, en avant; ivâôt;, mâchoire) aux races dont les mâchoires font une forte saillie en avant, saillie qui entraîne robli([uité des incisives, et celui d'urthofjnotlies (ô?Ob;, droit) à celles dont le profil est à peu près droit. Kn réalité, tous les Hommes sont prognathes, et le terme d'orlhognathisme ne peut être pris que dans un sens tout relatif. Le nez doit êlie étudié sur le squelette et sur le vivant. — La charpente osseuse nous fournit d'abord un premier caractère, Vindire nasal du cnUie. C'est le rapport de la largeur maximum de l'orifice antérieur des narines osseuses à sa longueur maximum prise de l'épine nasale à la suture naso- frontale. Depuis Broca, on nomme leptorhiniens les types chez lesquels ce rapport est inférieur à 48, mésorUiniens ceux qui ont un indice nasal variant de 48 à 53, et plalyrhiniens ceux dont cet indice est égal ou supérieur à o3. Or, tous les Nègres d'Afrique sont platyrhiniens, tous les. Européens sont leptorhiniens, et tous les types jaunes sont mésorhiniens, à l'exception des Esquimaux, qui sont les plus leptorhiniens du monde. — Mais cette excep- tion disparaît lorsqu'on étudie Vindice nasal du vivant, c'est-à-dire le rapport de la largeur maximum de la base du nez, en dehors de ses ailes, à sa hau- teur, de la racine au point d'insertion de la sous-cloison. On constate alors que toutes les races noires forment un groupe platyrhinien (indice 108 à 89), les jaunes et rouges un groupe niésorhinien (81 à G9) et les blanches un groupe leptorhinien (69 à 63). La couleur de la peau varie, dans les races humaines, depuis un brun très pâle et rosé jusqu'à la nuance brun foncé qu'on peut regarder comme noire, en passant par les teintes jaune, rouge et olivâtre. Or, cette coloration a servi longtemps de base principale à la classification des races, et aujour- d'hui encore, la notion qu'elle fournit est assez appréciée pour que, dans le langage courant, les grandes divisions de l'humanité soient qualifiées de races blanches, jaunes (y compris les rouges) et noires. Si d'ailleurs on associe, à la couleur de la peau, celle des yeux et des cheveux, on arrive à distinguer, parmi ces trois types fondamentaux de coloration, un certain nombre de types secondaires plus ou moins accusés. C'est ainsi qu'on dis- tingue, dans les types blancs : i" un type blond, à peau rosée ou fleurie, à yeux bleus ou clairs, à cheveux blonds ; 2° un roux, à peau souvent chargée de taches de rousseur, à cheveux roux ardent ou jaune rougeàtre, à yeux gris ou verts ; 3° un châtain, à peau grisâtre, à yeux verdàtres, gris ou marron, à cheveux châtain clair ou cendrés ; 4° un brun, à peau brune se bronzant à l'air, à yeux et cheveux noirs. De même, parmi les types jaunes, ou mieux, à côté de ces types, qui ont une peau brun jaunâtre, des yeux noirs ou marron et des cheveux noirs, on peut admettre un sous- type rouge (Américains du Nord) et un sous- type olivâtre (Péruviens) ; etc. Enfin, le système pileux, et en particulier les cheveux, fournissent aussi d'excellents caractères de races. Le plus important est celui qui résulte du degré d'enroulement des cheveux, lequel se montre d'ailleurs en rapport avec leur degré d'aplatissement. Bory de Saint- Vincent divisait déjà, d'après cette base, les races humaines en deux grands groupes : les léiolriques, à cheveux lisses (Xeîo;, lisse; Op(ç, cheveu) et les ulotrigucs, à cheveux crépus ou laineux (cjXc;, crépu). Parmi les cheveux lisses, on peut distinguer : 1° les cheveux droits, raides, durs, plaqués ou tombants des races jaunes et des 4238 CHORDÉS. VERTÉBRÉS. Américains ; 2° les cheveux ondes ou boudés, souples et flottants, dont les races blondes offrent un bon exemple ; 3" les cheveux frisés dans toute leur longueur, qu'on rencontre çà et là dans diverses races, et qui se disposent parfois en une masse globuleuse saillante ou vadrouille. Les cheveux crépus se présentent aussi sous divers aspects : 1° ils forment quelquefois une vadrouille, comme chez les Papous, les Cafres, les Fidjiens ; 2° d'autres fois, ils se disposent en une nappe continue analogue à une toison de nioulon {ériocomes Hœckel); 3° enfin, ils peuvent s'accrocher les uns aux autres de manière à constituer des vrilles ou de petites boules, laissant entre elles des intervalles qui semblent plus clairs et qu'on avait pris pour des espaces Fig. 888. — Bosliiniau : clieu'hirc en grains de [loiM'e. glabres : c'est la chevelure en grains de poivre, des Boshimans et Hottentots [lophocomes Haeckel). La classification ci-après, que nous empruntons à Topinard, est éta- blie d'après les principaux caractères que nous venons de passer en revue. Elle renferme, comme on peut le voir, quelques lacunes, mais elle offre cet avantage que chaque race y est casée à sa place naturelle, avec ses relations de parenté. « Il n'y a de possible à l'heure actuelle, avoue l'auteur lui-même, qu'une division modeste, n'ayant d'autres prétentions que de comprendre les races les mieux dessinées, et reposant sur des caractères précis et commodes. On la corrigera, on la changera demain, lorsque nos connaissances auront grandi. L'essentiel, c'est qu'elle marque la phase actuelle de nos connais- sances sur les points principaux. » MAMMIFÈRES. — PRIMATES. 1239 2 ^«i 05 V3 O. ""■ H co -■■ > 4> 09 « •O M ^ S 3 O) ■f 1 t3 s O lii s .Q j;^ o m 0) o Cl, a- a, (0 >i>it^ 0) HE^H V a u m o ^ •a z- • 0,0 Je petite o ^ o -= — J= m e - ^ " s. ^ HO Sa. • ?• a> a en (V) os (.iiiais. MAMMIFÈRES. — PRIMATES. 1243 première vue des races jaunes asiatiques par son extrême dolichocêphalie. Les Esquimaux sont de petite taille, mais forts et trapus; leur face est aplatie, leurs joues sont pleines, leurs pommettes 1res saillantes. Leur barbe est presque nulle. Leur teint est d'un gris clair ou foncé. Le t.vpe polynésien ou canaque s'étend des îles Tonga et de la Nouvelle- Zélande à l'île de Pâques, dans l'océan PaciCique. Il est mésalicépbale. La taille est élevée; le teint, fort variable, se montre le plus souvent basané jaunâtre, avec mélange de bistre. La barbe est rare, les yeux sont bien fen- dus, non obliques. Le type pcaii-rou^-e est connu depuis fort longtemps, mais il ne faut pas oublier que ce nom de Peaux-Rouges vient principalement de Ibabitude qu'avaient les Indiens de se peindre le visage en rouge. Le lype dont il s'agit se rencontre surtout dans le nord de l'Amérique, mais on le retrouve aussi plus ou moins mélangé, dans l'Amérique méridionale. La teinte générale de la peau est cuivrée, brique ou cannelle. Les cheveux sont longs et rigides comme des crins de cheval; les sourcils sont épais, mais la barbe et les moustaches sont rares. La fenle palpéhrale est vatiable. Les narines sont dilatées, les pommettes saillantes, les mâchoires un peu prognathes, les dents verticales. La taille est au-dessus de la moyenne. . Signalons, en outre : le type patagon ou tehiielchc, comprenant des indi- vidus dolichocéphales à peau brun rougeàtre et de grande taille, confinés dans le sud de l'Amérique; le type guarani, également sud-américain, mais bracliycéphale, moins grand, à teinte variant du rouge au jaune; le type péruvien, brachycéphale, à peau olivâtre et de petite taille; etc. RACES NOIRES. — Les races platyrhiniennes ou noires se reconnaissent, en dehors de l'indice nasal, à leur type général de coloration. Les cheveux et les yeux sont noirs; la peau est noir bleuâtre et parfois même noir de jais, mais dans certains cas tend à passer au brun, au rougeàtre et au jaunâtre. D'autre part, les che- veux sont tantôt crépus, laineux, à coupe elliptique, ce qui caractérise les races nègres d'Afiique et d"Océa- nie, tantôt droits ou frisés, k coupe ovalaire, comme chez les Austra- liens. Le nez est toujours large, plat et court, mais offre deux types assez (lisliiicts : le mélanésien etle nègre d'Afrique. « Chez le type mélané- sien, dont la plus haute expression h'observe chez l'Australien et le Tasmanien, la base est lourde, massive, boursouflée, à ailes très développées, épanouies; tandis que le type d'Afrique est relativement petit et fin, et se rapproche un peu de quelques types des races jaunes. » Le type guinécn peut fournir la caracléristique générale du nègre d'Afri- 891. — Nru-io.lArii(iUc. 1244 CHORDÉS. — VERTEBRES. que. « La peau du nègre est veloutée, fraîche au toucher, luisante, et varie du noir rougeàtre, jaunâtre ou bleuâtre au noir de jais. Ses cheveux et ses yeux sont noirs, sa sclérotique terne ou jaunâtre ; des lâches noires se voient sur sa langue, son voile du palais et même sous la conjonctive. Les parties génitales sont plus foncées, le dedans des mains et la plante des pieds sont plus clairs. La barbe est rare et pousse tard. Le corps est dépourvu de poils, sauf au pubis et aux aisselles. Le crâne est dolichocéphale... Les globes oculaires sont à fleur de tête et les fentes palpébrales, néanmoins petites, sur une même ligne horizontale... Le nez est développé en longueur aux dépens de sa saillie; sa base, grosse et écrasée, par suite de la mollesse de ses cartilages, s'épanouit en deux ailes divergentes, à narines elliptiques plus ou moins découvertes. Les oreilles sont petites, arrondies, à contour mal ourlé, à lobule court et peu détaché. « Le prognathisme est très accusé; le menton s'efface et les dents se projettent obliquement en avant: ces dents sont plus écartées les unes des autres que dans les races blanches. Les che- veux sont crépus, à coupe elliptique; ils forment une véritable toison (ério- comes). Les courbures du rachis sont moins prononcées, le mollet moins développé, le gros orteil plus court que dans les races blanches. « Les négresses sont vieilles de bonne heure; leurs seins s'allongent dès la première grossesse et deviennent flasques et flottants. Leurs nymphes, même avant toute gestation, prennent un grand déve- loppement, ce qui a engendré la pratique très répandue de leur circoncision. » Le type bosliiman est représenté au- jourd'hui par des groupes de familles no- mades qui vivent dans le désert de Kalahari, situé immédiatement au nord du fleuve Orange. Traqués comme des fêtes fauves parles peuplades qui les entourent, Cafres, Ilottentots, etc., les Boshinians ne tarde- ront sans doute pas à disparaître. Ils sont tous de petite taille. Leur peau est d'un jaune sale (cuir neuf). Leurs cheveux lai- neux, fortement roulés en spirale, s'accro- chent les uns aux autres et forment de petites boules de la grosseur d'un grain de poivre, laissant des intervalles qui sem- blent plus clairs (lophocomes). Ils sont do- lichocéphales et fort prognathes. Leur nez est affreusement épaté; leur bouche est munie de lèvres épaisses et retroussées ; leurs oreilles sont grandes et sans lobule; leurs pommettes sont très saillantes. Le système pileux est très développé. Mais, ce qui est surtout remarquable dans ce type, c!est la constance (1) de deux particularités de conformation connues sous le nom de stéatopygie et de tablier. — La stéatopygie [aTici.ç>, graisse; 7:0^, fesse) consiste en une Fcmnie bosliiiiiane. (1) BuUel. de la Soc. zoolog. de France, 1883. MAMMIFERES. — PRIMATES. 1245 hypertrophie extraordinaire du pannicule adipeux de la réf,'ion fessière, qui donne lieu à une niasse tremblotante formant une saillie parfois énorme. La stéatopygie est parliculièrc au sexe féminin; elle apparaît dès l'enfance, mais s'exagère probablement lors de la puberté. — Quant au tablier, encore appelé voile de la pudeur, il résulte d'une simple hypertrophie des nymphes et du capuchon du clitoris, formant une sorte d'appendice vulvaire qui tombe entre les cuisses ; par contre, les grandes lèvres sont plus ou moins effacées, et le mont de Vénus est tout à fait déprimé. Ces particularités se rencontrent aussi quelquefois chez les Ilottentotes; mais on sait aujourd'hui que les Hottentots ne constituent pas une race distincte, et qu'ils résultent sans doute du mélange des Boshimans avec diverses variétés de Cafres. Le type papou ou mélanésien est répandu dans toute la Mélanésie, l'Australie exceptée. La peau est noire ou chocolat; les ctieveux sont noirs, secs, crépus, et prennent le caractère ébouriffé, ou en vadrouille. La barbe et les poils du corps sont très développés. Le crâne est dolichocéphale, le nez gros et large à la base, mais saillant et recourbé ; les lèvres sont épaisses; le menton est saillant, le prognathisme bien accusé. Les Néo -Calédoniens se rattachent au type papou, mais ils sont mélangés de polynésien. Le type australien se distingue à première vue des autres races noires par la présence de cheveux lisses, ondulés, bouclés ou frisés, mais non crépus. Leur coupe est ovalaire. Le système pileux est du reste fort déve- loppé sur tout le corps; les cheveux et la barbe sont longs, touffus et noirs. Le teint est noir foncé, tirant parfois un peu sur le rougeàtre. Les yeux sont noirs et profonds; le nez est gros et large à la base, mais moins écrasé que chez les nègres d'Afrique. Les Australiens sont fortement dolichocéphales et prognathes; en outre, nous savons déjà que leur capacité crânienne est très faible. Signalons enfin le type tasmanien, mésaticéphale, à peine plus prognathe que les types européens, et à cheveux crépus, limité à la terre de Van- Diémen; et le type négrito, brachycéphale, de petite taille, à cheveux laineux et à teint noir, représenté actuellement par les Mincopies des iles Andaman, les Semangs de Malacca et les Aëtas des Philippines. FIN. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES les noms latins sont imprinu's en italique. Abajoues, 1080. Abdomen (Arthropodes), 594. Abdominaux (Poissons), 951, 96i. Abeilles, 8G5. Ablette, 9t]7. Abomasus, 1 IIC. Abramis brama, 9G7. Absorbant (Système), 201. Acalèphes, 195. Acalyptérés, 780. Acant/iia, 820; — ciliata, 821 ; — columba- ria, 821; — /lirundinis, 823; — inodora, 823; — leclularia, 820; — rotundala, 822; — pipistrelli, 823. Acanthiadés [Acantliiadse], 819. Acanthianés [Acantldanx) , 820. Acanlhias, 9G0. Acanthobdellidx , bll. Acanthocéphales, 385. Acanthocystis, 120. Acanthometra, 121; — lanceolata, 121. Acanthophorus, 544 : — teuuis, 545. Acanthopsidés {Acanlhopsidx), 967. Acanthoptères, 971; — abdominaux, 971 ; — jugulaires, 974; — thoraciques, 971. Acauthoptérygiens, 903, 971, Acanthurus chirurgus, 974. Acare des regains, 701. Acares, 625. Acariase chorioptique auriculaire, 676; — dermanyssique, 720; — psoroptique auriculaire, 671 ; — du Rouget, 701. Acaricides, 647. Acarides, 625. Acariens, 614, 624. Acarina, 631. Acarocécidies, 632. Acaropsis Mericowti, 696. Acarus, 625; — œgrjptius, 710; — autum- nalis, 700; — Grossi, 691; — domesti- cus, 688;— dysenterie, 691; — erudi- tus, eQù; — farinse, 690; —foUicidorum, 634 ; — gaUinse, 719; — hiru7idinis, 722; — Iiolosericeus, 700; — horridus, 691; — Iiumanus suùcutaneus, 648; — ma>'- ginalus, 715; — nigua, 714; — redu- vius, 700, 708 ; — reflexus, 715; — re- ticulalus, 713; — ricinoides, 708; — ricinus, 700, 708; — scabiei Auct., 640; — scabiei de Gasp., 670; — scabiei eqiii Wiis., 668; — tritici, 694. Accessoires (Animaux), 67, 81. Accidentel (Hôte), 70. Acclimatation, 86. Acéphales, 901, 90 i. Acéphalocyste, 204. Aceratherium, 1175. Acerina cernun, 972. Acétabulifères, 927. Achalinoptcres, 851, 8G0. Aciieilostomi {llelerakis), 409. Achéronties(ylr^/tero?i^/fl), 800; — Atropos, 860, 871. Acheuléenne (Époque), 1227. Achrœa grisella, 853, 871. Achromatiue, 12. Achtère [Achlheres), 606; — percarum, 604. Acipenser, 962 ; — slurio, 962. Acœlomates, 110. Acon, 912. Acoustique (Nerf), 31. Acraniens, 929, 933. Acraspèdes, 193. Acrididés [Acrididse], 881. Acridophages, 882. Acrodontes, 1013. Actinies [Actinia), 192 ; — coriacea,equina, 192. Actinophrys sol, 120. Actinosphœrium Eichorni, 120. Actinozoaires, 110, 189. Adaptation, 59. Adécidués, 1090. Adelea, 132. Adhérents (Palpes), 626. Adipeuse (Nageoire), 950. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 1247 Adipeux (Corps), 600; — (Tissu), 10. Adjack, 1197. Adultes (Organismes), 50. Adveutive (Nymphe), 087. yEgoceros Pnllasi, WiO. .^Ëpyoruis l.Ef>i/oriiis), 1031. Aérienne (Vessie), 'J55. /Eschnes {.Esc/ma), 880. Agauiis, 10 'ri. Agamoitisluinum, 370. Agcvnonemn ci/slicum, 420. Ages (Homme), 12'2G. Aglossa pinguinalis, 853. Aglosses (Batraciens), 985. Aglyphodontcs, U02. Agneau, 1132. A ff nos tus, 011. Agouti, 118i. Agriculteui" (Homme), 123't. Agrions (Agrion), 880. Agriotes (Agriotex), 897 ; — lineatus,obscu- rus, sputator, 898. Agiomgza nigripes, "80. Agrolis infusa, segetum, 853, 863. Ai, 1090. Aigles, lOCG; — de mer, 961. Aiguillât. 900. Aiguille de mer, 963. Aiguillon, 8G3, 876. Aiguillonnier, 889. Ailerons de Requins, 961. Aire géographique, 103; — germinative, 946; — stigmatique, 704. Aires ambulacraires, 200 ; — cirières, 874 ; — interambulacraires, 200. Akamushi, 703. A/cis spinosa, 895. Alakurt, 809. Alatida, 1061, 1063; — arborea, avvensls, calandra, crislala, 1063. Albatros, 1041. Albumen, 1027. Albumine-venin, 995. Albuminipares (Glandes), 225, 322, 351. Albitrnus lucidus, 967. Alca, 1032. Alcedo, 1001. Alces, 1120. Alcyonaires, 191. Alécithes ^OEufs), 47, 51. Alectoridés {Alectoridœ), 1042. Aleurobies [Aleurobius), 688, 689 ; — f'a- rins, 689. Alevin, 958. Alignements, 1232. Alimentaires (Animaux), 67, 80. Allantiasis, 79. Allaotoide, 947. AUantoïdiens, 9i8, 9i9. Allantonema, 556. Alligator, 1015. Allobophora fœtida, 304. Alloples, 082. Alopécoïdes {Alopecoida), NOS. Aloses (Alosa), 906; — finla, sardina, vul- garis, 90(;. Alouates, 1222. Alouettes, 1001, 1063. Alpaca, 1120. AUica (Voy. llaUlca), 887. Altises, 887. Alucite des céréales, 852. Alucitidœ, 852. Alveotina, 119. Abjselminthus peclinalus, 283 ; —pUcatus 279. Aiyte (Ah/tes), 985; — obslelHcans, OSb. Amandes de mer, 914. Amares (Amara), 900. Ambhjomnia, 710. Amblypodes, llOl. Ambhjstomiati mexicanum, 932. Ambre gris, 1099. Ambulacraire (Système), 199. Ambulacraires (Cavités sous-), 201. Ambulacres (Acariens), 026. Ame (Plume), 1019. iVmétabolieus, 740. Amibes [Amibu), IIG. Amibocytes, 21. Aminocœles brancliialis, 900. Ammodyte (Vipère), 1010. Ammonites, 927 ; — Humphriesianus, 927. Ammophila, 86 i. Amniens, 948, 949. Amnios, 947. Amnotragiis tragelaplms, 1129. Amœbes {Amœba), 116 : —blattarum, 117; buccalis, 118; — coli, 116; — crassa, 116; — croupogena, 148; — dentalis, 118; — Jelaginia, 117; ~ parasitica, 118; — princeps, 116, 118; — radiosa, 116; — vaginali's, 118. Amœbiens, il5, 110. Amorphozoaires, 110. Amphacauthes [Ampliacanthus], 974. Amphibieus, 970. Amphibies, 1192. Amphibiotiques, 879. Amphibos, 1139. Aniphicœliques (Vertèbres], 935. Amphigyrinidés, 979. Amphiitna, 332. Amphioxus lanceolatus, 933. Amphipnoiis, 955. Amphipodcs, 605, 006. Amphipbjches, 332. Amphishsena, 1013. Amphisbénieus, 1013. Amphistomes {Amphislomiim), 376; — bolhfiophoron, 377; — CoUinsi, 377; — conicum, 376; — crumeniferum, 378; — explunatum, 377; — hotninis, 378; 1248 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. — lunatum, 378 ; — Stanleyi, 378 ; — tuberculatum, 377. Amphistomidés [Amphistomidx) , 338, 376. Amphiuma, 982. Amynodon, 1175. Ànahas, 955, 971. Anacanthiens, 967. Auales (Glandes, lasectes), 738. Analges, 682. Analgesse, 682. Analgésinés [Analgesinse], 639, 681. Anallantoïdiens, 949. Analogies, 25. Analogues (Théorie des), 25. Anamniens, 948, 949. Anas, 1037; — acuta, 1037; — boschas, 1037, 1038; — à. domestica, 1038; — casarca, clangula, clypeata, crecca, fe- rma, fuligula, fusca, galericulala, ma- rila, mollissima, 1037; — moschata, 1037, 1039; — wi. domestica, 1040; — nigra, Pénélope, querqueduLa, sponsa, strepera, tadorna, 1037. Anasicudion, 682. Anatidés (Anatidx), 1032. Auatifes, 605. Anatinés {Analinse), 1032, 1037. Anchilophes [Ancldlophus), 1150; — Des- marefti, 1150. Anchippus, 1151. Anchithériums {Anchitherium), 1151; — aureUanense, prœstans, ultimum, 1151. Ancliois, 965. Ancreurs (Palpes), 62G. Ancyles {Ancylus), 922. Anlrena, 806. Androctones {Androctonus), 728; — aus- tralis, funestus, 728. Andryas {Andrya), 283; — cuniculi, pec- tinata, wimevosa, 283. Anémie des briquetiers, 470; — des Chats, 473; — des Chevaux, 463; — des Chiens de meute, 473, 474 ; — inter- tropicale, 470; — des mineurs, 470 ; — des Moutons, 441, 464; — pernicieuse progressive, 105, 409, 473. Anémone de mer, 192. Anes [Asinus), 1164, 1160; — domesti- ques, 1167. Anesse, 1168. Aneui'iens, 208. Anévrysmes vermineux, 460. Ange, 900. Augiostomidés [Angiostomidœ), 556. Angiostomum, 556; — nigrovejiosum, 53. Angle facial, 1071, 1236. Anglo-sjandinave (Type), 1240. Anguilles [Anguilla), 96i; — de mer, 964. Anguilles de haies, 1003. Anguillules [Anguillula], 549; — aceli, 5i9; — intestitialis, 558; — scandens, 553 ; — slercoralis, 558 ; — tritici, 553 ; — vivipara, 549. Anguillulidés {AnguilluHdse), 548. Aïigu'ûluVmes (Anguillulina), 553; — de- vastalor, 554 ; — pulrefaciens, 554 ; — tritici, 553. Anguis, 1013; — fragilis, 1013. Animalité, 8. Anisolabis anniilipes, 881. Anisoplies (Ariisoplin), 898. Ankylostomes {Ankylostomum), 46i ; — duodenale, 465. Ankylostomose, 469. Anneau du diable, 854. Aunelés, 110. Annélides, 208, 575. Anoa, 1139. Anobium, 896. Anodontes (Anodonta), 914; — cygnea, 914. Anomies [Anomia], 911. Anon, 1168. Anophèles maculipennis, 799. Anoplocéphales {Anoplocepliala), 279: — cuniculi, 283 ; — magna, 279 : — inamil- lana, 282 ; — pediculata, 280 ; — perfo- liata, 281 ; — plicata, 279 ; — restricta, 281 ; — strangulala, 280; — Vogti, 284; — wimeroia, 283. Anoplocéphalinés [Anoplocephalinie), 268. Anoplotseniae, 268. Anoploures, 823. Anoures, 981, 985. Anser, 1034; — albifrons, 1034, 1036; — canadensis, 1037; — cinereus, 1034; — cin. domesticus, 1035; — cygnoides, 1037; — pallipes, 1036; — sylvestris, 1034. Ansérinés [Anserinœ), 1032, 1034. Antedon, 202. Antennes, 30, 594. Antenuiformes (Palpes), 626. Antennophorime, 718. Antennules, 602. Anthomyies {Anthomyia), 781 ; — brassicse, conformis, 781 ; — pluvialis, 782. Anthomyinés {Anthomyinae), 781. Anthonomes [Anthonomus), 890 ; — po- morum, 890. Anthophores [Anthophora], 861, 866; — pitipes, 891. Anthozoaires, 189. Anthrènes [Anthrenus), 899; — museorum, 809. Anthropoïdes, 1223. Anthropologie, 1223. Anthropomorphes, 1223. Anthropops, 1222. Anthus, 1063 ; —aquaticus, arboreus, pra- tensis, 1003. Antilopes, 1128. Antilopinés {Antilopinse), 1128. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 1249 Antioirres, 37. Autipathos, 192. Antipsoriqucs, 647. Anus, 35, 3(j. Anymphale (.Métamorphose), 030. Aorte, 943. Aoûtat, Aoûli, 701. .•Kpéri-a, 1185. Apliaijipt(''i"cs, 799. Aphidés (.l/>/i/£/a?), 811. Apliis, 811; — hrassicœ, chinensis, fabœ, grmiaria, 812; — inali, persicse, 811 ; — pistaciv, 812: — sorhi, 811. Aphodies [Aphodius), 898. Aphrodites, 593. Apiculture, 869. Apidés (Apidâs), 8()5. Apiués (Apiiiœ), SG7. Apious [Apion), 890; — apricms, 890. Apis, 867 ; — fdsciata, 878 ; — tigustica, 878; — mellifica, 867, 877; — unicolor, 878. Aplysies {Aplysia), 919; — depilans, 919. Apoblema, 341 . Apodèmes, 595 ; — articulaires, 735. Apodes (Poissons), 951, 964. Apophyses des vertèbres, 935 ; — unci- nées, 1017. Appareil, 26. Appendice, 594. Appendiculaire (Squelette), 934. Appendiculariés, 932. Apprivoisement, 82. Aptenodytes, 1032. Aptères (Hémiptères), 823; — (Insectes), 736. Aptérygidés {Apterygidœ), 1031. Aptcry.x. (Aptéryx), 1031 ; — australis, Oweni, 1031. Apus, 605. Aqueduc de Sylvius, 940. Aqueuse (Humeur), 941. Aquifère (Appareil), 199. Aquifères (Vaisseaux), -39. Aqiiila, 1066 ; — fulva, imperialis, lOOU Arabe (Type), 1241. Arachnides, 001, 612. Arachnoïde, 938. Arachnoïdien (Liquide), 938. Arachnologie, 593. Aragna, 974. Araignée de mer, 610. Araignées, 729. Aranéides, 614, 729. Arapédes, 920. Aras, 1061. Arc hémal, 935; — neural, 935. Arcachou (Huîtres), 907. Arcades {Arcadse), 914. Arcella, 118. Archœopteryœ, 1029. Archar, 1129. Railliet. — Zoologie. Archentéron, 51. Archéologie préhistorique, 1226. Archiannélides, 577. Ai'chigetes, 332. .-Vrchigonie, 41. Arcs aortiques, 943 ; — branchiaux, 936. Arcliscon, 614. Arctomys, 1179. Arctopithèques, 1221. Ardea, 1042. Arex porosx, 704. Arénicoles [Arcnicola), 592 ; —piscalorum, 592. Arêtes, 949. Argalis, 1129. Argas [Argas), 715; — americanus, 718; — chinche, 7 1 8 ; — coniceps, 7 1 7 ;— cwm- ceus, 7 18 ; — Fischeri, 7 18 : — Ilermanni, 718; — marginatus, 715; — mauritia- nus, 718; — Megnini, 718; — moubata, 718; — persicits, 73, 718; — radiatus, 718; — reflexus, 73, 715; — Savignyi, 718; — taiuje, 718; — T holo zani, ItS; — luricata, 718. Argasinés (Argasinas), 704, 715. Argonautes (ArgoiiaïUa), 928 ; ~ argo, 928. Argules (Argulus), 600. Argus (Argus), 1051. Argyronète (Argyroneta aquatica), 730. Aricia, 781. Arilus serratus, 819. Arions (Arion), 922; — eynpiricorum, 922. Arkal, 1129. Armadille ol^cindl^Armadillo offtcmalis), 606. Armoricaines (Huîtres), 907. Armure génitale, 736, 740. Arni, 1140. Aroui, 1129. Arpenteases (Chenilles), 853. Arrêt (Chiens d'), 1199. Arrhéuotocie, 868. Arseliu, 974. Arlemia, G Op. .\rtémis, 914. Artères, 37. Arthropodes, 110, 593. Articulés condylopodes, 593; — (Brachio- podes), 575. Artiodactyles, 1091, 1101. Artiozoaires, 110. Arvicola, 1182; — agrestis, amphibius, arvalis, 1182. Arvicolidés (Arvicolidae), 1181. Ascaltis, 186; — Gegenbauri, ISo. Ascarides [Ascaris), 392, 477 ; — alata, 402 ; — apri, 432; — caniculœ, 402; — canis, 419; — cati, 402; — columbae, 406; — compar, 408 ; — conosoma, 782; — crassa, 405; — dispar, 408 ; —equo- rum, 402 ; — felis, 402 ; —filicollis,Wl; 79 12b0 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. — funiculus, 400 ; — gallopavonis, 406; — inflexa, 400; — lagopodis, 408; — lumbricoides L., 393; — lumbricoides Frisch, 585 ; — macidosà, 40C ; — mar- ginata, 402, 403; — inarilima, 405; — martis, il9]—7negalocephala, i02;—mu- cronata, 447 ; — mystax (canis et cati), 402, 403; — ovis, 400; — papil- losa, 407 ; — pellucida, 525; —pvrspi- cillum, 406; — renalis, 419; — ste- phanosoma, 789; —suilla, iOO;—suum, 400; — trichiura, 478; — tricuspidata, 402 ; — vermiciilaris, 409 ; — vesicularis, 407 : — visceralis, 4!9; — dZ/m^', 430.— vitulorum, 401 ; — W^eraej-f, 402. Ascarides (^Iscar/rfa»), 392. Ascetta, 186. Ascidia, 932. Ascidiacés, 932. Aselles [Asellus], C06 ; — aqualkus, 596. Asexuelle (Reproduction), 41. Asiles (^sj/ms), 791 ; — crabronifonnis, 791. Asilidés {Asilidœ), 791. Asiniens, llGO, 1164, 1165. Asmiis, 1166 ; — africanus, 1167 ; — eguioides, equuleus, indiens, polyodon, somalicus, somalietisls, iieniopus, t. var. so)naliensis, 1166. Asiphonidés, 907. Asopia farinalis, 853. Aspic commun, 1007 ; — de Cléopàtre,1004. Aspidobothridae, 334. Aspidocotylés, 334. Aspirotriches, 175. Asse, 1198. Assimilation, 34. Association pour la lutte, 64. Astacidés [Aslacidœ), 608. Aslacus, 608; — fluviatilis, nobilis, tor- rentium, 60S. Astérides, 203. Astéries, 203. Astéroïdes, 202. Asticots, 783; — à queue de Rat, 791. A:'como?ia.s'), 103, 106, 169; — aciiminata, 118; — analis, 166; — biflagellata, 118; — canis, 166; — Ci7- î;«.a?, 166; — gallinse, 166; — globidus, 118 ; — hepalica, 166 ; — hominis, 167 ; — iidestinalis Lambl 1859, 169; — ùi- testinalis Lauibl 1875, 167 ; — ovntis, 166 ; — pisiformis, 166; — sphœrica, 166. Cercomoiiadidés [Cercomonadidœ), 163. Cercopithécidés {Cercopithecidse], 1223. Cercopithèques Cercopithecus), 1223. Cercosomum, 791. Cérébroides (Gauglions), 29. Cérébro-spiual (Axe), 30. Céréopses {Cereopsis), 1034. Cerfs, 1126. Ceriornis, 1054. Cérilhes (,Ce»vï/<ûjp- iiaca, 1037. Chenilles, 851 ; — (Fausses), 8G1 ; — ur- ticantes, 854. Chens {Chen), 1034. Chernètes, 724. Chéropotaraes, 1112. Ghétogaathes, 571. Chétopodes, 577, 590. Chétosomidés, 571. Chevaine, 967. Cheval, IICO; — de mer, 9G3. Chevaliers, 1042. Chevêches, 1066. Chevêchette, 1066. Cheveux, 1237. Chèvre des Montagnes Rocheuses, 1128. Chevreaux, 1136. Chèvres, 1133, 1134. Chevrettes, 607. Chevreuil, 1126. ChevroUe, 606. Chevrotains, 1124. Chei/lnbis, 682. Cheylètes {Cheyletus), G95 ; — eruditus, 696; — heteropalpus, 697 ; — Mericourti, 696; — parasitivorcijc, GQl ; — Robert- soni, 696 ; — uncinatus, 698 ; — veniis- tissimus, 696. Cheylétielles (Cheyletiella), 696; — /lete- ropcdpa, parasilivorax, 697. Cheyléimés [Cheyletinx], 693, 695. Cheylurus, 695. Chicorés, 920. Chien, 1196, 1198. Chilognathes, 732. Chilopodes, 732, 733. Chimères (C/iiw«ra), 960 ; — monstrosu, 960. Chimériens, 960. Chimpanzé, 1223. Chinchillas, 1185. Ghipeau, 1037. Chique, 806. Cliirodiscinae, 639. Chiromys, 1219. Chironemus, 695. Chironomes (CAz*-ono»îMs), 797;] — pht- mosus, 797. Chiroptères, 1091. Chirotes, 1013. Chirurgien, 974. Chlorocruoriue, 21. Chlorops [Chlorops),'iQ; —pumiiionis,! 80. Chlorose égyptienne, 470. Choanoflagellés, 163. Chœropotamus, 1105. Cholœpus didactylus, 1096 ; — Hoffmanni, 1072. Chondroplastes, 16. Chondroptérygiens, 960. Chondrostominn nasus, 967. Chordés, 110, 929. Chorion. 46, 948, 1087. Chorioptes [Chorioptes), 640, 671 ; — auri- cidarum, 675, 676; — aur. canis, 676; — mu: catî, 677 ; — aur. furonis, 678 ; — bovis, 671, 674; — canis, 675, 676; — caprse, 671, 674 ; — cati, 677 ; — cu- nieuli, 675; — cynotis, 675, 676; — ecaudatus, 675; — equi, 672; — felis.. 675, 677 : — furonis, 678 ; — ovis, 675 ;i — setifer, 678; — -tpathifer, 671; — symbiofes, 671; — «s. bovis, 674; — s. caprse, 675; — s. cuniculi, 675; — s. equi, 672; — s. ovis, 675; — tripilis, 678. Chortoglyphes [Chortoylyphus), 688,689; — nudus, 689. Choucas, 1063. Chouettes, 1066. Chro mâtine, 12. Chromatophores, 924. Chromoblastes, 938. Chrysalides, 851. Chrysaora hyocella, 196. Chrysomèle américaine, 888. Chrysomélidés {Chrysomelidce), 887. Chrysopa, 878; — perla, vutyaris, 878. Chrysopfwys, 972 ; — aurata, sabra, dl2. Chrysops [Chrysops], 793 ; — caeculiens,. 793 ; — mnrmoralus, quadratus, relie- tus, 794. Chrysothrix, 1222; —sciuvea, 1220. Ckrysotis, 1001. Chyle, 21. Chylifères (Vaisseaux), 37. Chylifique (Intestin, etc.\ 597, 738. Chylurie, 521. Cicada, 818; — orni, plebeia. 818. Cicadaires, 818. Cicatricule, 1026. Cicindèlcs [Cicindela], 901 ; — campeslris, 901. Ciconia, 1042. Cigale, 818; — de mer, 607. Cigognes, 1042. Ciliés (Insufoires). 162, 171. Cils vibratiles, 20, 27, 113. (yimœnomonas, 166; — hominis, 168. Cimarrones, llGl. Cimex, 820: — ciliatus, 821; — colum- barius, 822 ; — hirundinis, 823 ; — i?io- dorus, 823; — lectularius, 820 ; — pi- pistrelli, 823 ; — rotundatus, 822. Circulation, 34. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 1257 Circulatoire Appareil,, 3G. Ci) eus, 106(); — cyanciis, rufiis, lOGG. Cire (Abeilles;, 874; — (Oiseaux), 1021. Cirières (Aires), 874; — (Glandes), 739. Ciron rutilant, 703. Cirons, 648. Cirre (Cestodes), 211, 2-2 i ; — (TréuiJi- todes), 3.^0. Cirres (Annélides), 592 ; — liilusoires , 171. Cirripèdes, 605. Cistudo, 1015. Civades, 607. Civettes, 1205. Cladocères, 605. ■ Cladocœ/iian, 342 ; — hepaticwn, 342 ; — magnum, 356. Ciairéne, 858. Claires, 910. Clairon des Abeilles, 871, 897. Clanques, 914. Clapiers, 1191. Classe, 90. Classifications, 87. Clathrocjjslis roseo-persicîna, 970. Clavellina, 932. Clavicornes, 898. Clavicule, 937. Cléridés iCleridw), 897. Clerus, 897 ; — alvearius, 897 ; — apiarias, 871, 897. Cliona celala, 909. CUsiocampa neustria, 854. Clitoridien (Os), 1086. Clitoris, 1086. Cloaque, 942. Cloporte, 606. Clothilla itiqiiilina, 879. Clovisses, 914; — petites, 914. Clupea, 965 ; — harenrius, tropica, 965. Clupéidés I Clupeidse), 965. Clypeus. 737, 834. Cnemidocoptes, 640, 663 ; — colutnhie, 665 ; — fossov, 666 ; — gallinap, 605 ; — Isivis, 664; — mutans, 663 ; — pha- si(mi, 666; — viviparus, 663. Cnethocampa, 854 ; — piiiivura, 854 ; — pifyocampa, processionea, 85 i, 855. Cnidaires. 110, 187. Cnidoblastes, cnidocils, 188. Coassement, 979. Coatis, 1204. Cobayes, 1185. Cobboldia, 749. Cobitis, 967 ; — harbalula, fossilis, 9('>7. Cobra capel, Cobra de capello, 1004. Cobrique (Acide), 995. Coccidés (Coccida'), 810. Coccidie {Coccidium), 132, 134; — bifje- mînum, 140, 145; — cuniculi, 134; — hominis, 138 ; — oviforme, 134; — per- forans, 138, 141, 142; — Rivollai Harz, 142; — /î/uo/Zfn' Grassi, 146; — tencl- lum, 142 ; — truncalum, 144; — Zurni, 141, 142. Coccidics, 130. Coccidiose hcpati(iuc, 137 ; — intestinale. 140 à 146 ; — nasale, 141 ; — des œuls, 143 ; — rénale, 144, 145. Coccidioses douteuses, 147. Coccinelles [Coccinella), 887; — seplem- punclalii, 887. Coccinellidés {Coccinellidœ) , 887. Coccothvaiistes, 1062; — vulgaris, 1062. Coccus cacti, 810. Coche, 1111. Cochenilles, 810. Cochevis, 1063. Cuchincliine 'Diarrhée de), 560. Cochknria, Coclileurum vivariu, 923. Cochon d'Inde, 1186. Cochons, 1105; — domestiques, 1108. Cochylis (Coc/iylus ambiffuella), 853. Cocon (Sangsues), 582; — (Ver à soie), 857. Codoskja, 163. rœcilia, 982. Cœlentérés, 110, 184, 187. ('(vlogeni/s paca, 1184. Cœlogimilius morsilans, 691. Cœlomates, 110. Cœlome, 51. Cœlomyaires, 386. Cœlopellis, 1003 ; — insignilus, 1004. Coendou, 118i. Cœnenchyme, 190. Cœuures(Co?«2), 315. Diphyodontes, 1079, 1091. IHplacanthus nanus, 293. 1262 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Diplaslerias rubens, 203. Diplodinions {Diplodinium} , 181, 183; — bursa, 181: — Catlaiieoi, 182; — caïi- datum, 182; — dentatum Fiorentiui, 181; — dentatuîïi Stein, 181 ; — denti- culatum, 181; — ecaiidatiim, 182; - Maggii, 181; — mammosum, 181; — • roslmtum, 181; — uncinalum, 18l; — unifasciculatum, 182; — vorlex, 182. Diplodiscus, 37G; — subclavatt/s, 337. Diplogastres (Viploqader), 439, 5.^2 ; — subulatus, 552. Diplopodes, 732. Diplosis trltici, 797. Diplospora avium, 134. Diplostominae (?), 381. Diplostomum ser/yptinciwi, 379. Dipneuniones (Araignées;, 730; — (Pois- sons), 970. Dipnoïques, 959, 97G. Dipodidcs {Dipodidie:,l\lS. Diprotodontes, 1095. Diptères, 736, 741, 742. Dipus, 1178. Dipylidions [Dipylidium), 284 ; — canimim, 284; — cucumerimnn, 284; — ellipli- citm, 290; — Pasqualei, ^>: — Triti- chesei, 290. Discodactyles, 987. Discoglosse [Discoglossus pictus), 985. Discoméduses, 196. Discophores ^Auuélides), 577. Discorbina, 119, 120. Disparipes, 693. Dispharages {Dispharagus), 542 ; — hamu- losus, 544 ; — laliceps, 5 '(3; — nasutus, 544; — spiralis, 543; — uncinatus, 543. Disporées (Coccidies), 132. Disque proligère, 1026. Dissépiuients, 190. Dissociation, 41. Distomatose (î;oî/. Distomose). Distomes (D/sn«n), 341; — albidum,Z(>i, 364; — americanum, 356;— armatum, 366; — bursicola, 368; — iy«<6A-«, 363; — campanulatum, 364 ; — capense, 372; — carnosum, 356; — çavise, 342; — cœlomaticum, 360; — cohanbœ, 371; — commututum, 371; — compkxum, »; — conjunclum, 365; — co?ioù/e2i?», :j60; — co?(i/.s Creplin, 361, 364; — co?ims Gurlt, 361; — crassum Busk, 363; — crassum Leidy, 356; — cuneatiwi, 369 — dilatatujn, 366; — dimorphum, 371 — echinatum, 366 ; — ecJdniferum, 366 — endemicuiii, 363 ; — excavatum, 366 — felineum, 361 ; — hœmatobium, 371 — hepaticum, 342; — hepatis endemi- cum, 362; — hepatis innocuum, 362; — heterophijes, 370; — Japonicum, 362; — lanceolalum, 355, 357 ; — Z. ca«!S /a- miliaris, 361; — /. /efe c«itomidœ), 341. Distomiens, 3:14, 335. Distominés (Distominœ), 341. Distomose hépatique, 353, 3g0, 361, 362; — uiuscidaii-e, 376 ; — pulmonaire, 355, 370. Distribution géographique des animaux, 103. Dithyridies f/)(7/i?/>'i(/n<»?), 213, 314; — elongatum, 314; — martis, taxi, varia- bile, 315. Diurnes (Lépidoptères), 851, 800; — (Ra- paces), 1065, 1066. Division des plastides, 34. Division du travail, 22. Djemel, 1021. Dochmies [Dochmius), 464 ; — ankylosto- mum, 465 ; — Balsami, 470 ; — cernuus, 474 ; — diiodenalis, 465; — hypostomns, 463 ; — radiatus, 475; — stenocephalus , 473; — trigonocephalus, i'iO. Docophores [Docophorus), 835, 843 ; — adustus, cygni, icterodes, 844. Dogues, 1199. Doigts, 937. Dolichocéphales, 1236. Dolichotis [Dolichoils), 1185; — patacho- nica, 1 185. DoUolum, 933. Dolmens, 1232. Domestication, 81, 1232. Domesticité, 64, 82. Dominateurs (Caractères), 91. Donaces [Donax), 914. Do/Y«, 967. Doris Johnstoni, 919. Dorsch, 967. Doryphora, 887. Dosiiiia, 914. Douve, 341 ; — du foie, 342; — améri- caine ou grande, 356; — lancéolée ou petite, 357. Dracoutiase, 503. Dracunculiis Loa, 529; — ocuU, 529; — Persarum, 500. Dragon d'Alger, 584. Dragonneau (de Médine), 500. Dragonneaux (Gordiacés), 562. Draine, 1063. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 1263 Drepanidium, 128. Drépanidotéuias {DrepanidoLsenia), 298 ; — anatina, 298, 300 ; — collaris, 3i)0 ; — fasciata, 298, 209; — gracilis, 298, 299; — infundibidifovmis, 298, 302; — lun- ceolata, 298, 299 ; — setigera, 298, 301 ; — ainuosa, 298, 300; — teninrostris, 298, 301. Dromadaire, 1073, 1021. Dromseus, 1031. Diomedurius, 1021. Dromies (Dromia), 610. Droutes, lOôtf. Drosophila melanogastra, 780. Di-yopilhecus Fontani, 1223. Dshigtai, Dshigguetai, 1165. Ducs, 10G6. Dugong, 1101. Duodénum, 942. Duplicidentés, 1188. Dure-mère, 938. Durisse, 1012. Duthiersinés [Duthiersinas), 315. Duvet (Mammifères), 10G8; — (Oiseau.x\ 1019. Dysenterie des Abeilles, 870; — cocci- dicnne, 141. Dytiques (Dytiscus), 900. Dzo, 114G. Dzomo, 1146. E Eaux de l'amnios, 947. Écaille, lOl.'i. Écailles (Insectes), 736, 850 ; — (Poissons), 949. Écailleuses (Pattes), 851. Écardines, 575. Écarlate (Graine d'), 810. Échassiers, 1029, 1041. Échaudage, 853. Echeneis, 972. Échenillage, 851. Échidnase, 996. Échidnases, 995. Échidnés {Echidna), 1093; — hystrix, 1093. Échidniue, 995. Échiduiues, 995. Échiduisme, 996. Échidnotoxine, 996. Échidnovaccin, 999. Èchinides, 202, 203. Echino, 1022. Ecfimococcifer echinococcus, 258. Échinococcose, 266. Échinocoque {Echinococcus), 212, 215, 258 : — aUriciparieus, 264 ; — endogena, 263; — exogena, 263; — granulosuii, 263; — hotninis, 266; — liydatidosus, 264; — mullilocularis, 264 ; — polytnorphus, 2(>0, 266 ; — racemosus, 265 ; — simiœ, 266 ; — shnplcx, 263 ; — sco/kipariens, 263 ; — VPlerinorum, 266. Echiiiocolyles [Ec/iinocolyle), 304 ; — Ros- seleri, 304. Échiijodermes, 110, 198. Echinomyia, 791. Echinopi/'duim, 201. EcJiinoplilhirius, 825. Échiuorhy nchidés [Echi?iO)-hynchidœ), 565, 569. Écliinoryuques (^c/(ïno7'Aj/nc/iws), 569; — avalis, b(\'d\ — anatis vioUissimœ, 570; — anguslulus, 571 ; — aslaci fluvialilis, 570 ; — borealis, 570 ; — boschadis, 569 ; — collaris, 569; — ctiniculi, 571; — dif- fluem, 570; — filicollis, 570; — gigas, 565 ; — Grassii, 57 1 ; — hominis, 57 1 ; — hirudiiiaceus, 505 ; — lumbricoides, 566; — miliurius, 570; — monilifonnis, 568 ; — polymorphus, 569 ; — sphœro- cephalus, 5*1 ; — spirula, 571; — tor- quatus, 570; — veisicoloi-, 569; — vesi- culosus, 569. Ecliinoslomum, 341, 365; — echiiiatwm, 366; — oxycep/ialu)n,dG8; — trigonoce- phalum, 365. Echinotliecœ, 487. Echinus, 10?2. Echinus eaculentus, melo, 204. Échiquage, 808. Echis, 1007. Éclairs, 91 1 . Économie do la nature, 58. Écrevisses, 002, 604, 60hl. Écrivain, 889. Ectoderme, 51. Ecloparasites, 69. Ectophytes, 69. Eclopisles migratorius, 1059. Ectoplasme, 13. Ëctosarque, 13. Ectozoaires, 69. Écureuils, 1179. Écusson céphalique, 704. Édentés, 1091, 1095. Édriophtalmes, 605, 606. EtTraies, 1066. Égagre, 11.35. Égaré (Pai'asite), 70. Églefin, 967. Eider, 1037. Eiméries [Eimeria], 132; — dubia, 133; — falciformis, 132, 147, 150. Éjaculateur (Canal), 350. Jans, 1126. Elaphis qualerradiatus, 1003. Élastique (Tissu), 16. Élatéridés {Elateridœ), 897. Électriques (Organes), -39, 952. 1264 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIÈRES. moschata. Elédoues [Eledone), 928; ^ 928. Éléments auatomiques, 12. Éléphant (Ê/e/j/ias), 1176; — africanus, indiens, 1176; — marin, 1193;— meri- dionalis, 1176. Éléphantiasis des Arabes, 520. Élytres, 736. Émail, 1078. Ematozoa filaria cardiaca, 439. Emberiza, 1063 ; — citrinella, hortulana, miliaris, schœniclus, 1063. Embranchement, 90, 109. Embryogène (Vésicule), 46. Embryogénie, 50. Embryologie, 102. Embryophore, 214, 218. Émerillon, 1066. Emgalo, 1113. Émissole, 960. Émouchet, 1066. Émous, 1031. Empires, 3. Empoisonnements alimentaires, 79. Emys, 1015. Encapsulement, 407. Encéphale, 938. Enchélydés {Enchelydœ), 173. Enchtjtrseus, 592 ; — albidus, Buchholzi, 592. Enclume, ^1077. Encre, 925. Eucriues [Encrinus), 202 ; — liliiformis , 202. Endoderme, 51. Endogènes (Vésicules), 264. Eudomychidés {Endomyc/iidaB), 887. Endoparasites, 69. Eudophytes, 69. Endoplasme, 13. Endoplaste, 113, 172. Endoplastule, 172. Endosarque, 13. Endolhéliums, 20. Endrominés [Endromins), 856. Enfle- Bœufs, 895. Engoulevent, 1064. Engraulis bollama, 966 ; — encrasicholus, 965 ; — japonica, 966. Enhydiis marina, 1205. •Entéroïde, 189. Entéropneustes, 929. Entocyte, 12S. Entoderme, 51. Entodinions [Entodinium), 180; — bipal- matum, 181 ; — bursa, 180, 181 ; — cau- datum, 180; — dentatum, 181; — mini- mum, 180; — rostratiim, 180 ; — valva- tum, 181. Entomologie, 593. Entomophages, 862. Entomostracés, 605. Entonnoir (Cœlentérés), 197 ; — (Mollus- ques), 924. Entoparasites, 69. Entophytes, 69. Entozoaires, 69, 209. Entozoon folliculorum, 634. Eutroques, 202. Envenimation, 79; — ophidienne, 996. Éohippes {Eohippus), 1149; — pernix, vulidus, 1 149. Éolithique (Période), 1227. Épaule, 936, Epeiche, 1060. Épeichette, 1060. Epeira diadema, 73'0. Éperlan, 967. Éperon [Calcar), 1018. Épervier, 1006. Éphémères (Ephemera), 56, 879. Ephippigera bitteriensis, 884. Ephydra californica, 781. Éphyres (Méduses), 55, 197. Épibranchiales (Artères), 953. Epicauta, 893. Èpicyte, 128. , Épiderme, 20. Epidermoplese, 682. Epidermoptes, 682, 684 ; — bifurcalus, bilobalus, 684, 685 ; — cysticola, 680. Epigionlchthys pulchellus, 933. Épihippes [Epihippus), 1150; — Uinlensis, 1150. Épilepsie otacarienne, 677, 678; — ver- mineuse, 227, 398. Épimères, 594. Épimérite, 128. Épimérites, 594. Epinglage, 249. Épinoche, 97l. Épipharynx, 742. Épiphragme, 923. Épiphyse, 939. Épispastiques (Insectes), 890. Épisternites, 594. Épistome (Acariens), 625; —(Insectes), 737. Epithelioma coritagiosum, 148. Epitheiiomyces croupogenus, noduloge- niis, 1 i8. Épithéliums, 20. Épizoaires, 606. Épizoïques (Insectes), 823. Éplisses, 920. Éponges, 184, 187. Équidés {Equidœ), 1148. quiués [Equinas), 1151. Équivalve (Coquille), 904. Equus, 1 154 ; — adamiticus, 1 157 ; — afri- canus, 1167; — antiquorum, 1170; — argenlinus, 1157; — asino-caballus, 1171; — asinus, 1167; — a. africanus Fitz., 1167; — a. africanus Sanson, 1167; — a. europseus, 1167 ; — a. fos- TABLE ALPIIABÉTIOUE DES xMATIÈRES. 1265 iUis, 11,')7; — a. somalicus, UGG; — Dôhmi, 1171; — hreviroslris, 1157; — Burc/ielli, 11G9; — ca/Ht/lo-asitius, 1173; — coballus, IIGO; — c. africanus, c. unialiciis, c. belr/iciis, c. britaîinicus, c. f'nsiuf>, c. fjennanicus; c. hibernicus, c. sequanius, llfiO; — c. aryanun, 1162; — c. mongoliens, 1163; — c. fossilis, llô"; — Chdpnumni, 1170; — curri- deiis, (157 ; — egitioides, 1IG6; — equii- teus, 1166; — fossUis Cuv., 1157; — fossilis- RiJt., 1157; — Grevi/i, 1171; — hemionus, llQ'o; — h. fossi/is, 1157; — hemippus, 1166; — hinnus, 1173; — indicus, II 66 ; — Larteli, 1 157 ; — Lundi, 1157; — major, 115G; — miilua, 1171; — namadicus, 1157; — occidentalis, 1156; — onager, UGG; — pacifions, 1156; — parvulits, 1156; — pohjoilon, 1166; — priscus, 1157; — Prjevalskyi, 1164; — quagga, 1169; — quaggoides, 1157 ; — 7'ectidenii, 1157, 1159; — robm- lus, 1158; — sivalensis, 1157; — soma- liensis, UGG; — Stenonis, 1157; — /a"- niopus, UGG; — :e6ra, 1169. Erethizon dorsatus, 1184. Ergot, 1018, 1114. Ericerus cerifer, 811. Éridine, 1178. Ériuacéidés (Erinaceidœ), 1214. Erinaceus, 1214; — européens, 1214. Ériuose, 632. Ériocomes, 1238. Eriomt/s chinchilla, 1185. Éristales {Erislalis), 791 ; — arbustorum, tenax, 791. Erraut:< (Polychètes), 592. Erratique (Parasite), 70. Erucœ, 853, Érythème autumnal, 702. Erythrœiîiœ, 693. Escargots, 923 ; — de mer, 920. Ésocidés {Esocidx), 9G6. £sox' lucius, 9GG. Espadons, 972. Espèce, 90, 92. Esprot, 965. Esquimau (Type), 1242. Essaim, 869. Estomac, 36. Estufettes, 911. Esturgeons, 962. Ethnographie, 1235. Étoiles de mer, 203. Étourneaux, 1063. Étranger (Hôte), 70. Étrier, 1077. Étrilles, 610. Eucera, 866. Eucoleus, 485; — aerophilus, 487 ; — '/'/- nicidala, 1210; — manul, mannorala, 1209; — ntinuta Bourgiiigaat, 1208 ; — minuta Temniinck, 1210; — onca, pan- thera, pnrdalis, 1209; — pvisca, 1208; rubiginosa, 1210; — spelœa, 1208; — tigt-ia, 1209; — torquata, 1210; — uncia, yagiLariindi, 1209. Femelles, 43, 45. Fémur, 937. Feunecs, 1198. Feunecus, 1198. Fer (Age du), 1233. Fera, 967. Fer-à-Cheval, 1218. Fer-de-lance, 1012. Festucaria cat^yophtjlli7ia, 339 ; — cervi, 37G. Feu d'herbe, 702. Feuillet, llIC. Feuillets du blastoderme, 51, 52. Fiber, 1183. Fibre-cellule, 18. Fibreux (Tissu), IG. Fibrilles musculaires, 19. Fibro-cartilage, 17. Fibromes parasitaires, 5'»0. Fierasfer, 945. Fièvre du Texas, 127, 713. Fil de Floreuce, 858. Filaires [Filatna), 499 ; — actdmscula, .508 ; — sel/iiopica, 501; — anatis, 533; — Bancroffi, 515, 52G ; — bovis, 527; — canis corc/is^ 509 ; — caprœ, 531 ; — cardiaca, 439 ; — cervina, 526 ; — cincinnata, 538; — clav.i, 532; — con- junctivœ, 528; — ctjgni, 533; — cystica Rud., 420; — cystica (Salisbury), 515; — dermatheinica, 515 ; — ditit-na, 522, 529; — equi, 524; — equina, 524, 528; — Evansi, 523; — Itœmorrhagica, 505, 525; — hepalica, 532; — hominis bron- chiatifi, 530 ; — liominis oris, 530 ; — immills, 509 ; — inermis, 525, 528, 530 ; — irrilans, 508 ; — labialis, 530 ; — labialo-papillosa, 526 ; — lact-ymalis, 527; — laticeps, 543; — /en/is, 529; — lienatis, 541 ; — /oa, 522, 529; — lym- phalica, 530 ; — Mansoni, 533 ; — Maz- zantii, 532 ; — tnedinetisis, 500 ; — mi- crostoma, 535 ; — megastottia, 533 ; — multipapilla, 505 ; — multipapillosa, 505; — nasuta, 54i; — nocturna, 515, 522; — oce^/? canini, 531; — ocm/i /i«- mawi 529 ; — Osleri, 437, 530 ; — palpe- hratis Pace, 528 ; — pnlpebralis Wilson, 528 ; — palpebrariim, 527 ; — pnpillosa, 524: — papiltosa hœmatica ca?iis domes- iici, 509; — pefitonœi hominis, 528; — pevbtans, 522, 551; — recondita, 513; — re.stifofmis, 530; — retictdata, 538; — Rhodesi, 527; — sanguiniseqid, 525; — sanguinis Itotninis, blb, 525; — — iioclurna, 515; — s. /«. var. majo)\ 522; — s. /i. var. minor, 522 ; — sanguinolent a, 530; — sciUala, 541; — strotigylina, 536; — tet^ebra, 526; — trachealis, 43 i; — trispinulosa, 531 ; — tmcinata, 543; — volmdans, 522; — \yMc/ie?'m, 515; — -e6?'a, 78. Filaridés [Filaiid^), 499. Filariose de l'Homme, 520; — hématique des Canidés, 512, 515; — hémorragique des Équidés, 507 ; — pulmonaire, 531. Filaroides mustelai'iun, 531. Filets (Sangsues), 582. Filières, 729, 851. Filiformes (Palpes), 626. Finnois (Type), 1240. Finte, 966. Fissiliugues, 1013. Fissiparité, 42. Fissipèdes, 1193. Fissirostres, 1061, 1064. Fissurelles [Fisswella), 920. Flacherie, 859. Fiagcllatendiphterie, 1G6. Flagellés, 162. Flagelluui (Cellules), 20 ; — (Gastéropo- des), 918; — (Infusoires), 27, 113; — (Sporozoaires), 123. Flamants, 1032. Flambé (Grand), 860. Flet, 970. Flétan, 970. Flies, 920. Flustra truncala, 573. Foie, 36. Foies gras, 103b-, 1039, 10 iO. Follicule pileux, 1067, 1008. Fouction, 26. Foratnen caudale, 211, 21 9, 350. Forameu de Panizza, 991. Foraminifères, 115, 119. Forcipules, 733. Forftcula aurictdaria, 881. Forflcules, 881. Formica, 864. Formicidés (Formicidse), 863. Formicinés {Formicinœ), 864. Formule dentaire, 1080; — digitale, 1072. Fosse naviculaire, 1085. Fossettes olfactives, 902. Fossiles, 105. Fossoyeurs, 899. Fou, 1041. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 1267 Foupous, 96 i. Fouine, 1204. Fouisseurs (Hyinriioplères), 8G4. Foulques (Fii/ù-a), 1042. Fouuza ia ngùiubo, 779. Fourchette, 1018. Fourmilière (Cheval), 552. Fouruiiliores, 8G3. Fouruiiliors. 1095, 1096. Fourniiliou, 878. Fouruiis, 863. Fourmis blauches, 879. Frai, 981. Fraucolius [Fra)icolinus), 1055. Frégates, 104 I. Frein, 851. Frelon, 865. Frou.x, 10G3. Frc'i/nna, 682; — anntina, Cliancnji, 683. Frèze, 857. Fringale, 857. Fringilles {Fringilla), 1062; — curduelis, cœlebs, linota, tnotilif'rinf/illa, 1062. Fringillidés [FringiUidse), 1062. Frilillaria, 932. Frugivores (Chiroptères), 1217. Fugu, 964. Fullca, 10*2. Fuligulinés, 1037. Fuuicule, 574. Furet, 1204. Furfooz (Squelettes), 1233. Furia infernalis, 78. Furie des Bœufs, 768. Fusaria compar, 408; — dispar, 408; — in/lexa, 405 ; — mystax, 402 ; — reftexa^ 406; — strumosa, 406; — vermicularis, 409. Fusiiormes (Palpes), 626. Fuyard, 1057. Gadidés [Gadidee], 967. Gadiis, 967; — œglefinus, callarias, mi- nutus, morrhua, 967. Galazyme, 1164. Galbala, 1060. Gale, 640; — des épiciers, 689; — du paturon, 672 ; — folliculaire, 636 ; — norvégieaue, 649. Galea, 737, 880. Galéode [Galeodes), 731 ; — araneoides, harbanis, 731. Galéodes, 614, 731. Galéopithèques {Galeopithecus], 1219. Galère, 195. Gaierites hemisphœricus, 199. Galeus, 960. Galleria mellonelta, 853, 871. Galles, 632, 797, 812, 862; — animales, 770. Gallicoles (Hyménoptères), 862 ; — (Phyl- loxéras), 812. Gallinacés, 1029, 1043. GalUnagu, 1042. Galliués [Gallinx), 1043, 1051. (lallimila, 1042; — c/iloiopus, 1041. Galle- Pavo, 1045. Gal/o/j/insis, 1051 ; — ttycthemerus, 1051. Ga/lus, 1051 ; — hankiva, 1051 ; — domes- licus, I0,)2; — ferrufjineus, 1051; — furcatiis, galiinaceus, Lafaijettei, Son- nerati, Stanleyi, varias, 1052. Gamases [Gamasus], 723; — auris, iitero- ptoides, 723. Hamasidés {Gamasidœ), 631, 718. Gamasinés [Gamasinse], 718. Gamètes, 43. Gammarus pulcx, 301, 570, 606. Ganglionnaire (Chaîne), 29, 206, 595. Ganglions lymphatiques, 944. Ganoides ^Écailles), 949; — (Poissons), 9.59. 962, Gapes, 451. Garde, 221. Gardon, 967. Garib-Guez, 718. Garrot (Canard), 1037. Garrulus, 1003 ; — g/andarins, 1063. Garum, 965. Gastéropodes, 004, 915. Gastpvosteus, 971. Gastérostominés {Gasterostomitiœ , 341. Gastricoles (OEstriués), 748, 749. Gastrodisques (Gastrodiscus), 376,379; — segyptiacus, polymaslos, Sonsinoi, 379. Gastroléginés [Gastroleginae), 866. Gastropacha, 854. Gastrophiles [Gastrophilus), 749; — equl, 750; — equi var. asinina, 759; — flavi- pes, 759 ; — haemorrhoidalis, 755 ; — inermis, 759; — lativentris, 759; — nasalis, 757 ; — nigricornis, 759 ; — pe- coriim, 758; — veterinus, 757. Gastrostèges, 993. Gastrothylax [Gastrothylnx), 378; — Cob- boldi, 379; — crumenif'erum, 378; — elongiilum, 379. Gastro-vasculaire (Cavité), 30, 188. Gastrozoides, 194. Gastrula, 51. Gastrus, 749; — pecorum, 758. Gattine, 858. Gaur, 1142. Gavials, 1015. Gayal, 1142. Gazelle {Gazella dorcas), 1128. Geais, 1016, 1063. Gécarcius {Gecarcinus), 610; — ruricola, 610. Geciiius viridis, 1060. 1268 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Geckos, 1013. Gélatineux (Tissu), 16. Gelinotte, 10o4. Gemmiparité, 42. Gemmules, 180. Génération, 41;— alternante, 53,226. Genetia vulgaris, 1207. Geuette, 1207. Génisse, 1146. Genre, 90, 94. Géocorises, 819. Géomètres (Chenilles), 853. Geophi/us, 733. Géotrupes {Geotrupes), 898. Géphyriens, 577. Gerboises, 1178. Gerfaut, 1066. Germe de l'œuf, 1026. Germement, 582. Germiducte, 212. Germigène, 211, 333. Germinale (Membrane), 261. Germiuatif (Sac), 335. Germinative (Vésicule), 46; — (Tache), 46. Germinalives (Cellules), 42. Germon, 971. Gésier (Crustacés), 603; — (Insectes), 738; — (Oiseaux), 1022. Gestation, 1090. Ghor-Khur, 1166. Giai'dia, 164; — ? {Làinblia) intestinatis, 169. Gibbons, 1223. Gibèle, 967. Gigantorhynchidés (Gigantovhy7ichidss), 565. Gigantorynques {Gigantorhynchus), 565; — gigas, 565; — hirudmaceus, 565; — lumhricoides, 566 ; — mo7iiliformis, 568. Gigantostracés, 611. Girafe, 1127. Gîtes, 915. Glaciaire (Époque), 1228. Gland, 1085; — de mer, 605. Glande, 20; — coquillière, 225, 334; — ovoide, 201. Glenocercana flava, 339. GUres, 1176. Gliricoles (Sarcoptidés), 685. Globigerina, 119,120; — bulloides, 119. Globocéphale (Globocep/ialus), 455 ; — lon- gemucvonalus, 455. Globules du sang, 21; — polaires, 48. Globuleux (Poissons), 964. Globuline-venin, 995. Globulins, 21. Gloidium, 115. Glomeris, 733. Glomérules de Malpighi, 945. Glossines [Glossina), 787 ; — fusca, 788 ; — longlpalpis, 788; — morsilans, 787; — tabaniformis, 788; — lachinoides, 788 j — ventricosa, 788. Glossiphonies {Glossiphonia), h^O; — tes- sellata, 590. Glouton, 1204. Gluvia dorsalis, 731. Glycyphages {Glycyij/iar/us), 688; — Buski,. 689; — Canestrinït, 689; — cursov, 688 ; — domesticus, 688 ; — inlermedius, 689 ; — palmifer, 689; — plumiger, 689; — prunorum, 688; — spinipes, 688. Gnathites, 597. Gnathobdellidés {Gnathobde//idœ\ 577. Gnathostomes iGtiathostomum), 546 ; — his~ pidum, 547; — robustum, 547; — sia- mense, 548; — spinigerum, 547. Gnathostomes (Crustacés), 60G. Gnathostomidés {G?iathostomidée)y 546. Gnou, 1128. Gobiidés {Gobiidœ), 974. Gobio fluviatilis, 967. Gobius, 974. Goélands, 1041. Gomme laque, 811. Goniatites, 927. Gond, 737. Gongylonèmes [Gongylonema), 541 ; — pulchrum, 541; — scutatum, 541; — ven-ucosum , 542. Goniocotes {Goniocotes), 835, 842; — • abdû- minalis, 842 ; — Burnetti, chrysocepha- liis, compar, gallinse, gallinœ var. ma- culata, 843; — gigas, 842; — hologaste)\ rectangidatus, 843. Goniodes [Goniodes], 835, 840 ; — Burnetti, 843; — colchici, damicornis, dissimilis, 841 ; — falcicornis, 842 ; — meleagridis, minor, 841 ; — nurnidianus, parviceps, pavonis, 842; — stylifer, 841 ; — trun- catus, 841. Gonophores, 194. Gouozoïdes, 194. Gordiacés, 385, 562. Gordius, 562; — aquaticus, 562, 563; — chilensis, 563; — pulmonalis apri, 432 ; — tolosanus, varias, 563. Goret, 1111. Gorgeret, 876. Gorille {Gorilla gina), 1223. Goujon, 967; — de mer, 974. Goiunier, 920. Gour, 1166. Gouras [Goura], 1059. Gourkour, 1166. Goût, 30. Gouttière œsophagienne, 1116; — primi- tive, 946. Gozzo, 1021. Grainage cellulaire, 859. Graine de Ver à Soie, 857. Grains de ladre, 241, 248. Grains de poivre (Cheveux en), 1238. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 1-260 iirallatores, 1041. •Graud-Duc, 106G. Grand'nouiricc, 54, 22(!. Grand sympathique, 940. Grapholita f'unebrana, 8;>3. • Grasscrie, 858. Gratteurs, 104». Grattoir, 12'29. Gravottes, 907. Grèbes, 1032. Greqarinu avium iniestinalis, 133; — /al- cifbrmis, 132; — Lindemanni, 147; — Miesc/ieriana, 150 ; — iniiris, 132. Gréffarincs, 128. Cremille, 972. <îreuuuillcs, 978, 980, 985 ; — du Clioco, 987. Griffe?, 1069. Grillous, 8S4. Grimpereaux, 1002. (irimpeurp, 1029, 1059. G ri set, 900. Grives, 1003. Grizzly, 1204. Grocor's itch, 689. Groiu, 1105. Gromia, 119. Grondins, 974. Gros-Becs, 1062. Grotte des Fées (Mâchoire), 1230. Grouse, 1054. Grues [Crus), 1042; — cariinculata, 1042. Gryliidés [Gryllidœ), 884. Gryllotalpa vulgni'is, 884. Gri/lhis campestris, domesticus, 884. Guanaco, 1119. Guarani (Type), 1243. Guenons, 1223. Guépards, 1212. Guêpes, 86'», 865. Guêpier [Merops], 1061. Guérib-Guez, 718. Guillemots, 1032. Guillots, 783. Guinea-pig, 1186. Gninea-worm, 503. Guinéen (Type), 1243. Gulo borealis, 1204. Gusano, 777. Gymnamœbiens, 116. Gymnocyte, 13. Gymnocytode, 13. Gymnophiones, 981. Gymnortiiniens, 1217. Gymnostomes, 173. Gymnotes (Gymnotus), 964; — eleclricus, %4. Gymnoihecas, 485. Gynécophore (Canal), 372. Gynécophorose, 373. Gynœcophorus, 341,371 ; — bovis, 375; — crassus, 375; — hipmalobius, 371; — maynus, 373. Gypaètes {Gypaelus), 1060; — burbalus, 1066. Gypogeranus, 1066 ; — serpentariun, 1066. Gyrateurs, 105.i. Gyrins [Gyrinns], 900. Gyrorotyle, 332. Gyropes (Gyropiis), 845; — gracUis,ova(is, porcelli, 845. Gyrostigma, 749. H Hache (pierre polie), 1232. Hœtnadipsa, 589 ; — zeylanica, 589. HfPiitalastor, 706. Ifwmaniœha Danileuskii, 125; — immacit- liita, 124; — inalariœ, 122, 124; — prxcox, 124; — vivax, 124. IJœinap/iysalis, 70G, 714 ; — punclaia, 714. Hseinatobia, 786 ; — ferox, servata, sli- mulans, 787. Hœmatomonas Evansi, 165. Hsemcitomyzus, 825. Hœmatopinoldes , 825. Uœmotopinus, 825, 830; — asini, 831 ; — a. coloratus, 831 ; — bicolor, 833; — cameli, 831 ; — eurysternus, 831 ; — macrocep/ialus, 830 ; — oxyrhynchus, 831 ; — pHife)\ 514, 832; — stenopsis, 832; — suis, 831 ; — tenuirostvis, 831 ; — tuberculatus, 832 ; — t. penicilùttus, 832; — la-iiis, 831; — venlricosus, 833; — vituli, 831. Hœmatopota, 793 ; — equorum, liuiata, nigricornis, phivinlis, 793. Haematopus, 909, 1042. Haematozoon Lewisi, 514; — subulatum, 439, 552. Hiementeria, 589 ; — officinalis, 590. Hœmomyzon, 723. Hsemopis, 578, 584 ; — sanguisuga, vo- rax, 584. Haje, 1004. llalacavidae, 631. Halibut, 970. Halicore, 1101 ; — dugong, 1101. Haliomma, 121; — hexacanthum, 121. Haliotides {H(diolis), 920 ; — tubercu- lata, 920. Halisavca, 186. Halteria, 180. Hallica, 887 ; — nemorum, 887. Halyctus, 866. Hamar-seet, 1167. Hampe (Plume), 1019. Hamster, 1181. Hamularia lymphatica, 530. Hanche (Insectes), 735. Hannetonuage, 899. Hannetons, 898. //rtjoa/e, 1221. 1270 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Haplocerus amevicamis, 1128. Harder (Glaude de), 989, 1021. Hareng, 9C5. Haricots de mer, 915. Harles, 1040. Harpactor cruentus, 819. Harpaye, 10G6. Earpicephaliis, 697. Harpirhynchus, 697 . Harpou, 704. Hase, 1190, Hausmeerschweinchen, 1186. Hautle, 819. Havers (Canaux de), 17. Hectocotyle, 926. Hectopsylla, 808 ; — psittaci, 809. Hedjihn, 1021. Hélices {Hélix), 923; — aperta, aspersa, neînoralis, pisana, pomatia, sylvaticu, vermiculata, 923. Héliciciillure, 923. Hélicidés {Helicidœ), 922. Héliozoaires, 115, 120. Helminthes, 69, 209. Helminthiase, 74. Helminthologie, 209. Helminthopsylla, 809; — Alakiirt, 809. Hélodermes [Helodej'ma], 1014; — horri- dum, suspectum, 1014. Hélohippes [Helohippus), 589. Hélophiles [Heloplnlus), 791 ; — pendu- lus, 791. Hémadipses, 589. Hémal (Arc), 935 ; — (Liquide), 37. Hémale (Face), 593, 901. Hémamibes, 122, 125. Hémamœbiens, 122. Héniaphéine, 21. Hémaphysalis, 714. Hémapophyses, 935. Hématies, 21. Hématique (Appareil), 576; — (Liquide), 37. Hématobies, 786. Hématoblastes, 21. Héinato-chylurie, 521. Hématococus, 127. Héuiatopinus, 830. Hématopotes, 793. Hématozoaires, 69 ; — de Lewis, 514; — du paludisme, 122. Hématurie intertropicale, 521. Hémélytres, 736. Hémentéries, 589. Hémépine, 936. Hémérobiinés {Ilemerobiinse), 878. Hemerobiiis, 878. Ilémérythrine, 21. Hémichordés, 929. Hemicidaris interniedia, 199. Hémimétabolieus, 740. Héraione, 1165. Hémioûiens, 1164. Hémippe, 1166. Hémiptères, 741, 809. Hemisarcoptes, 688. Hémisphèrap cérébraux, 939. Hémistomes [Hemistomum), 381; — ala- tum, 382; — sp., 379. Hémistominés (Hemislominae), 381. Hémitraguea {Hemitragiis), 1134; — jem- laicus, 1134. Hémocyanine, 21, 603. Hémoglobine, 21. Hémoglobinurie bactérienne, 127. Hémolymphe, 21 . Ilémosporidies, 128. Hépatopancréas, 36. Heptanchus, 960. Hérédité, 41. Hericia, 688. Hérissons, 1214. Hermaphrodisme, 44. Hermaphrodite (Glande), 918, Hermine, 1204. Hérodiens,1042. Hérons, 1042. Herpès blattœ, 881 ; — labialis, 896. Herpès phlycténoïde, 896. Herpetobia. 706. Herpetomonns, 164; — Leiuisi, 164. Hespéridés [Hesperidœ), 8G0. Hesperoriiis, 1029. Hétérakis [lîeterakis), 405 ; — brasilie^isis 408 ; — columbœ, 406 ; — compar, 408 — compressa, 406; — differens, 409 — dispcir, 408 ; — inflexa, 406 ; — li- neata, 40(J; — inaculosa,W&; — papil- losa, 406, 407, 408 ; — perspicillum, 406. Hétérocères, 851. Hétérocerque (Nag. raud.), 951. Hétérocotylés, 334. Hétérocyémides, 208. Hétérodères(We [Lnognalhus), 719; — bursa, suffutcus, sylviarum, 723. Léiolriques, 1237. Lemming, 1 183. Lemnisques, 564. Lémodipodes, 606. Lenmr, 1219. Lémuriens, 1091, 1218. Lentes, 825. Lenticulaire (Os), 1077. Léopards, 1209. Lppns, 605. Lépidoptères, 741, 850. Lépidostées, 902. Lepidosiren, 976. Lepidotrias flavopunctala, 295. Lépismes (Lepisma), 885 ; — saccharina, 885. Lépocyte, 13. Lépocytode, 13. Leporaria, 1 190. Léporide, 1191. Léporidés {Leporidsej, 1188. Leptes [Leplus), 701, 703; — aulumnalis^ 700. Leptinotarses {Lep/inotarsa), 887; — de- cemlineata, 887. Leptobos, 1141; — etruscus, FalcQneri, Frazeri, 1141. Leplobovins [Leptobovina], 1139. Leptocardes, 933. Leptodères (Leptodeva), 549; — intestina- li^, 557 ; — Niellyi, 523, 551 ; — sterco- ralis, 557. Leplonyx moîiachus, ll93. Leptoplana, 384. Leptoplanus Chevrolati, 894. Leptorhiniens, 1237. Lepus, 1188; — cuniculus, 1189; — Dar- wini, 1192; — domesliciis, 1190; — La- costei, 1 189 ; — litnido-domesticus, 1 191 ; timidiis, 1189; — vuriabilis, 1189. Lernées {Lernœa), 606. Lérot, 1178. Les Iris, lOil. Léthargie des nègres, 523. Lelhrinus mambo, 972. Lcuciscus cephalus, rutilus, vulgaris, 967. Leucomaïnes, 40. Lévirostres, 1061. Lévogyrinidés, 979. Lévriers, 1199. Lézard (Lacerta), 1013, 1014. Lézards, 1012. Libellules [Libellula], 880. Lichanoius, 1219. Licorne, 1098. Lièvres, 1189; — de mer, 919; - des pampas, 1185. Ligament falciforme, 951. Ligne latérale (Vertébrés), 942, 951, 979; — primitive, 946. Lignes latérales (Nématodes), 38G ; — médianes, 386 ; — submédiaues, 386. Ligules (Ligula), 329; — aller nans, 330; — cingulum, 331 ; — digrainma, 330; Mansoni, 327; — minuta, 319; — TABLE ALPIIABETIQUK DES MATIERES. 1275 mo7iogramma, 330; — nodosa, 319; — simplicissima, iiniserialis, 330. Liguliués {Ligutinœ), 315, 329. Lma, 911; — in/laUt, 911. Limaces {Limax), 922 ; — agreslis, cine- 7'eus, variegatus, 922. Limacklés [Lhnacida^, 922. Limaçon, 942. Limande, 970. Limandelle, 9"0. Limes, 911. Limicola, 1042. Limicoles (Annélides), 592 ; — (Échas- siers), 1042. Limuœidés [Limneeidœ] , 9'î] . Linmatis [Limna/is), 584; — granulosu, mysomelas, 589; — nilotica, 584. Limuées [Limnœa), 921 ; — mlmda, 921 ; — peregi-a, 922 ; — Iruncalida, sLagnu- lis, 921. Limnocharinss, 693. Lhnosa, 1042. Limules (Limulus), 011; — mohtccaniis, Cil. Lineus, 385. Liiiguatules [Linguatula], 616; — co';- • sti^icta, 624; — detitkulata, 617; — ferox, 617 ; — rhinaria, 616 ; — serrata, 617, 618 ; — tsenioides, 610. Liuguatulides, 614, 615. Linguatulidés {Linguatulidœ), 616. Lingue, 907. Lingula anatina, b'b. Linotte, 1062. Lion, 1208; — des Pucerons, 878; — marin, 1193. Liothéiués [Liotheinse), 834, 8i4. Liotheum, 844. Liparinés [Liparinse], 854. Liparis {Liparis), 854; — aunflua, 854, 855; — chrysorrhsea, 854, 855; — rfw- joar, 854, 855 ; — monanlia, 854; — s/- milis, 854. Lipeures {Lipcwns), 835, 838; — anatis, 839 ; — anseris, 839 ; — baculus, 838 : — caponis, 840 ; — columhœ, 838 ; — crassicornis, 839 ; — heterographus, 839; — jejunus, 839; — meleagvidis, 840; — numide, 840; — po/ytrapeziits, 840; — squalidus, 839; — variabilis, 840. Lipoptena cervi, 746. Liquides nourriciers, 20. Listrophores {Liatropliorus), 685; — <7i6- 6(5; — des vêtements, 852. Mitrale (Valvule), 1081. Moas, 1031. Modioles (Modiola), 913; — barbata, La- marckiana, inyliloides, 913. Moelle allongée, 9i0; — épinière, 938; — osseuse, 17. Moineaux, 10G2. Molaires, 1079. Môles, 963. Molluscum contrigiosum, 148. Mollusques, 110,' 901, Molva vulgai'is, 9G7. Monacanthus, 963. Monas, 163; — anatis, 166; — caviœ, 166; — crepusculwn , eloiigaia, gtobulus, lens, 118. Monères, 115. Mongol (Type), 1242. Moniézias {Moniezia), 269; — alba,21i ; — alha dubia, 275; — BenedeJii, 273; — caprœ, 275; — cruclgera, 275 ; — denti- culata, 274; — expansa, 209; — fimhriata, 275; — Neumanni, 274; — nullicollis,21b\ — oblongiceps , 275 ; — planissima, 273 ; — trigonophora, 273. Monilor, 1013. Monocercomonas, 163, 164; — anatis, canis. cavise,gallinœ, hepatica, 1G6; — hoininis, 168 ; — ovalis , pisiformis , sallans, sphsp- rica, 166. Mvnoceicus, 213; — Davainese proglot- tinae, 305; — D. tetragonse, 300; — Taeniae cuneatse, 304 ; — Tœnise infun- dibuliformis, 302. Monocle, 60G. Monocystidées, 128, Monocysf.is, 130. Monocyttariens, 121. Monodactyles, 1153. Moiiodelphes, 1091. Monodon monoceros, 1097. Monodontus cernuus, 474; — radiaius, 475 ; — Wedli, 474. Monogenèse, 55. Monogeuèses i,Trématodes), 334. Monogénistes, 1234. Monoïques (Animaux), 44. Monomère (Reproduction), 41. Monomlta, 164. Monomyaires, 907. Monophyodontes, 1079, 1091. .Mouopueumones, 976. Monosporées (Coccidies), 132. Monostomes [Monostomum), 338; — atte- nuatum Molin, 338 ; — atlenuatum Rud., 340; — caryophyllinum, 339 ; — /îauMWi, 339 ; — Kulini, 339 ; — lentis, 339 ; — leporis, 216, 339; — microitomum, 338; — miitabile, 338; — Seiteni, 339; — verrucosum, 340. Monostomidés (Monostomidœ), 338. Monothalames (Foraminifères), 119. .Monotrèmes, 1091, 1092. .Monoxènes (Parasites), 70. Montée, 857. Monozoïques (Coccidies), 132. Morillon, 1037. Morphologie, 25. Morpion, 829. Morses, 1193. .Mortiers à godets, 1230. Morue, 907; — fraîche, 968; — ladre, 331 ; — rouge, 970; — verte, 96S. Morula, 51, 52. Moschidés {Moschidse}, 1124. Moschiis moic lit férus, 1124. Motacilla, 1063; — alba, flava, 1063. Motacillidés [Motacillidse), 1063. Moteurs (Nerfs), 30. Motrices (Racines), 940. .Mouche, 782; — araignée, 746; — bleue 783; — César, 783; — du Cayor, 785 — d'Espagne, 891 ; — du fromage, 780 — de liesse, 798 ; — des ui'inoirs, 780 — piquante d'automne, 786 ; — verte, 783. Moucherons, 794. Mouches, 743, 779; — de proie, 791. .Mouettes, 1041. Moufettes, 1204. Mouflons (Mammifères), 1129, 1130. Mouflons (Mollusques), 913. Moules, 911; — d'étang, 914. .Mouqui, 703. Mourgues, 914. Moustérienne (Époque), 1228. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 1279 Moustiques, "95, 791). Moutons, 1129. Mucipares (Glandes), 579. Mup, *06, 59:i, 1020, 1069. Muges {Mitgil), 971. Mulards, 1040. Mule, 1172. Mulet, 1171. Muleton, 1172. Mulettcs, 914. Millier (Canal de), 945. Muilidés [MulUdiP), 974. Mulliif barbatus, surinulelus, 974. Muletière, 118J. Mulots, 1184. Multiloculairc (Échinocoque), 264. Multiplication, 13, 41. Multipolaires (Cellules nerveuses), 19. Mu'ms, 1171. Muqueux (Tissu), 16. Muraille, 189. Murènes {Miirœna}, 904; — helena, 965. Murex, 920. Muridés {Muridx), 1184. Mus, 1184; — decumanus, ininutus, mus- culus, piimilus, ratius, si/lvaticus, 1184. Musaraignes, 1215. Musc, 1121. Musca, 780, 782; — bovinu, corvina, dô- mes/ica, oitripennis, 782. Muscardin, 1178. Muscardiue, 858. Muscardinus avellanarius, 1178. Muscidés [Muscidae], 779. Muscinés [Muscifiœ), 782. Muscles moussus, 913. Musculaire (Tissu), 18. Musculo-cutanée (Enveloppe), 28. Musette, 1215. Mustangs, llGl. Muslela, 1204; — foina, martes, zibellina, 1204. Mustélidés {Mustelidse) , 1204. Mustélinés [Mustelinx), 1204. Mustelus, 9G0. Mutualisme, 63. Muzins, 1160. M'jcetes, 1222. Mi/dxa vomilurationis, 780. .Myes [Mua), 914; — arenaria, 915. .Myéline, 19. Myéloplaxcs. Mygales, 730. Myiase [Myiasis), 744. .Mylabres [Mylabris), 893 ; — cichorii, cya- nescens, indica, sidœ, variabilis, vicina, 894. Myliobates, 961 ; — aquila, 962. Mylodon, 1096. Myoblastes, 18. Myocoptes, 685. Myocyte, 128. Myodes, 1183; — lemnus, 1183. Myogale, 1215; — moschata, pyrenaka 1215. Myoleniine, 19. Myoniorphcs [Myomorpliti), 1181. Myoxidés (Myo.vid^), 1 178. Myo.cu<, 1178; — glis, nitela, 1178. Myriapodes, .Myriopodes, 601, 731. .Myriologie, 593. iMyrmécohies {Myrmecobiu.t), 1095. Myrinecop/inya, 1096. Myrmeleo, 878 ; — formicarius, 878. Myrmica, 864. Myrniicinés [Myrmicinœ), 864. Mysis, 007. Mysterious disease, 452. -Mysticétes, 1100. Mytilaspis pomorum, 811. Mytiliculture, 912. .Mytilidés (Mytilidœ), 911. Mytilotoxine, 913. Mytiius, 911 ; — abbreriatm, edulis, gai- loprovincialis, fierculeus, retustis, dl\ . Myx'mes (Myxiîie), 960. Myxobohis, 159. Myxosporidies, 157. Myzomimus, 541; — seulatus, 541. N Naga, ir:2. Nageoires, 950. iNageurs (Pieds), 627. Nàhoôr, 1129. Nais, 592. Naissain, 909. Najas [Naja], 1004; — haje, tripudiang, 1004. Najine, 995. Nandous, 1031. Narval, 1097. Nasu'i, 1204. Natatoire (Vessie), 955. Natos, in5. Naturalisation, 86. Naulette (.Mâchoire), 1229. Xauplius, G04. Na.\iii\es [Nautilus) , 926; — pompilius, 927, Navicelles, 129. Navire du désert, 1122. Nealges, 082. .Néanderthai (Ossements), 1228. Nebalia, 607. Nécessaire (Parasitisme), 69. Xecrodes liltoralis, 899. Nécrophores [S'ecrop/torus), 899. Nectarinia lecheguana, 865. Needham (Poche de), 926. Nègres, 1243. Négril, 887. Négrito (Type), 1245. 1280 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Nérnalhelminthes, 208, 385. Nématocystes, 188. Nématodes, Nétuatoïdes, 385. Nemaioideian hominis (viscei-um), 624 ; — ovis [puhnonale], 427. Nemerles, 385. Némertiens, 209, 384. Némocères, 794. Nemorhina, 787; — palpalis, 788. Néo-Calédoniens, 1245. Néolithique (Période), 1230. Neorhynchidse, 565. Népes (Nepa), 818; — cinerea, 819. Nephelime, 577. Néphridies, 40. ÎSéphridiaux (Pores), 581. Nephrop/iagus sançiuinarius, 668. Néréides, 592. Nereis, 593. Nerveux (Système), 29; — (Tissu^ 19. Nervules (Ailes), 735. Nervures (Ailes), 735. Neutnannia, 682. Neural(Arc), 935; — (Caual), 933. Neurale (Cavité), 934; — (Face), 593, 901. Neurapophyses, 935. Neurépine, 935. Neuronia popularis. 853. Névroptères, 741, 879. Niaibi, 703. Nicobars, 1059. Nictitante (Membrane), 1077. Nidamentaires (Glandes), 926. Nids d'Hirondelle, 1064. Nielle du blé, 553. Nikas [Nika], 608 ; — edulis, 608. Nilgau, 1128. Nirmiis clavifonnis, 838 ; — amssico)'nis, 839; — filironnis, 838 ; — numidx, 840; — trigonocephalus , 847. Niaus, 1066; — commimis, 1066. Noctiluques, 163. Noctuelles, 85:i. Noctuidés {Noctuidcg) , 8â^ . Noctule, 1218. Nocturnes (Lépidoptères), 851 ; — (Rapa- ces), 1065. Nodùsaria, 119, 120; — hispida, 119. Noir-museau, 652. Noires (Races), 12i3. Noix de galle, 802. Nomad'i, 866. Nomadinés {Xomadinœ), 860. Nomenclature, 108. Nonne, 854. Nosema bombycis, 160, 858 ; — helmintko- rum, 160. Nothosauriens, 1015. Notochorde, 929. Notocotyles (Notocoiyle), 339 ; — triseriale, 340; — ven'ucosum, 340. ' Nolocolylus triserialis, 340. Notodelpliys (Crustacé),606. Notoedres, 640, 660. Notogastre, 640. Notonectes [Notonecta), 819; — glauca, 819. Notothorax, 640. Nolotrema, 987. Notum, 594. Nourrice, 54, 226. Nourriciers (Oiseaux), 1028. Noyau, 12, 113. Nuche, 777. Nucléés iRhizopodes), 115. Nucléole, 12. Nucleus, 12; — de reliquat, 129. Nudibranches, 919. Nuisibles (Animaux), 67. Nuineniiis, 1042. Numlda, 1046; — meleugris, mitratUy 1046; — ptilorhyncha, 1046, 1047. Numidiués {Numidinœ), 1043, 1046. Nummuliles, 120. Nutrition (Fonctions de), 34. Nyctéreutes {Nyctereutes), 1198. Nyctéribidés {Nycteribidœ), 745. Nyctipithèques {Nyctipithecus), 1222. Nymphalidés [Nymphalidae), 860. Nymphe (Acariens), 630; — (Insectes), 740. Nymphes, 1085. Njunphipares, 745. Nymphou, 015. Obèses, 1105. Obisium, 725. Obligatoire (Parasitisme), 69. Occasionnel (Parasitisme), 69. Occipitaux (Condyles), 936. Ocelles, 597. Ocelot, 1209. Ochromyies (Ochrojm/ia), 785; — anthiv- pop/iaga, 785. Octatiniaires, 191, Octopodes (Articulés], 601, 612; — (Mol- lusques), 928. Oclopus, 928 ; — vulgaris, 928. Oculaires (Taches), 31. Ocuii Cancri Aslaci, 609. Oculina virginea, 192. Odonates, 879. Odontophores, 904. Odorat, 30. Odorifères (Glandes), 739. Odynerus, 864. OEcologie, 58. OEdémagènes {Œdeynagena), 775; — ia- randi, 775- Œdipoda fasciata, 882 ; — var. cœrulcs- cens, miniata, 882. TAIîLK ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 1281 OEil, 31 ; — pinéal ou pariétal, 940, 941. OEsophagc. 3G. OEsopliagieii (Collier), 29. OEsopliagostoiues [Œsophnqoslomtim) , 449; — acutitm, 450; — columbianuw, 451 ; — denlatum, 451 ; — inflatumykkSi ; — inflatum var. vvis, 450; — siiLula- finn, 451 ; — venulosum, 450. OEstre [Œstrus], 749 ; — bovis De Geer, 7G7; — bovis L., 750; — duodenutis.lhl ; — equi, 750; — hœmorrhoidalis, 755; — hommis, 772; — inlestinalis, 750; — li- neatus, 773 ; — iiasa/is De Geer, 7G5 ; — nasalis L., 757 ; — ovis, 761 ; — pecorum, 758; — purpKrcus, 765; — salutiferus, 757 ; — siibctdaneus, 767 ; — supplens, ?73 ; — tarandi, 775; — variolosus. 765 ; — veferimts, 757 ; — viUdi, 758. OEstres, 748. OEstridés (Œsh-idœ), 748. OEstrinés(Œs/r(/i,T?), 749. Œslromijia, 767. QEuf, 43, 46; — d'été et d'hiver (Rota- teurs), 572; — d'hiver(Phy]loxéra), 810: — de Poule, 1054. OfjmogaHer, 338. Ogygia, 611 ; — Guettardi, 611. Oie-Renard, 1037. Oies, 1034. Oiseaux, 949, 1016; — de proie, 1065; — de rivage, 1041 ; Mouches, 1062; — de Saint-Pierre, 1041. Oison, 10:{G. Olfactifs (Lobes\ 940. Olfactives (Fossettes), 902. Oligochètes, 591. Oligosporées (Coccidies), 132. Oligotriches, 18(i. Oligozoïques (Coccidies), 132. Olivâtre (Sous-type), 1237. Olivette, 911. O\\\i\a.ns{0llulanus), 475 ; — tricuspis, 475. Olmo (Crâne), 1229. Olyntlius primordialis, 185. Omasus, 1116. Ombilic (.Mollusques), 946; — (Plume), 1019. Ombilicale (Vésicule), 947. Omble-Chevalier, 9G6. Ombre des rivières, 967. Ombrelle, 193. Omoplate, 936. Omphalo-mésentérique (Conduit), 947. Onagre (Faux), 1165, 1166. Onagres, 1166. Once, 1209. O'ic/ioceica reticulata, 538. Oncop/iora, 477. Oncosphère, 217. Ondatra, 1183. Ondulantes (.Membranes), i71. Ongles, 1009. Raii.liet. — Zoologie. Onguiculés, 1069, 1091. Ongulés, 1069, 1091, 1101, 1147. Ongulogrados, 1075. Onùcus asellus, 606. Onoraione, 1 172. Ontogénie, 103. Onychophores, 601,011. Opalines, 171. Opercule (Poissons), 950. Ophidiens, 993. Ophion, 1130. Op/iion, 863. ()p/iiongssus, 719. Ophiostomum Ponlieri, 563. Ophiures, 203. Ophryon, 1071. Ophryoscolécidés {Ophnjoscolecidœ), 180. Ophryoscolex(0;jAr7/osco/e^),182; — Cot- taneoi, 482; — inermis, 482. Ophtalmie vermineuse, 526, 527, 529, 532, 533. Opilions, 724. Opistlîobranchcs, 919. Upisthocœliques (Vertèbres), 935. Opisthoglyphes, 1002, 1003. Ofiistliotrema, 338. Opossum, 1095. Opotérodoutes, 1002. Optiques(Bâtonnets),596; — (Lobes), 1077. Oraug-Outang, 1223. Ordre, 50. Oreillards (Canidés), 1196; — (Chirop- tères), 1217. Oreille, 30. Oreilles de mer, 920; — de Saint-Pierre. Oreillettes, 943. Organes, 22, 26; — de Bojanus, 40; — rudimentaires, 23, 25, 102; — seg- mentaires, 40. Organisation, 22. Orgyia, 854. Oribatidœ, 631. Oriolu';, 1063 ; — galhiihi, 1063. Ormiers, 920. Omithobia pallida, 746. Ornithobies [Ornitliobius], 835 ; — anseris, 839 ; — buccpkalus, 838. Ornithodelphes, 1091, 1092. Ornilhodo?'os, 715; — coriaceus,Savignyi, 715. Ornithoîdes (Vertébrés), 992. Ornithomyies [Oruithomyiu), 746; — avi- cularia, 746. Ornithorynques {Ornithorhynchus), 1092; — paradoxits, 1092. Orohipptis, 1149; — agilis, 1149. Orphies, 970. Ortalis crrasi, 780. Orteil, 937. Orlhngoriscus, 964. Ovthocc.ras, 927. Orthognathes, 1237. 81 1282 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Orthonectides, 208. Orthoptères, 741, 880. Orthospores (0/-/Aospom), 1:52; —nova, 132. Ortolan, 1063. Ortyx, 1055. Orvet, 1013. Oryctéropes (Orycteropua), 1096. Oryctes {Ori/cles), 898. Os de Seiche, 927; — lenticulaire, 1077. Oscinis, 780. Oscules, 184. Osmerus eperlanus, 907. O^imia, 866. Osséine, 17. Osselet (Astragale en), 1102. Osselets (Ailes), 735. Osseux (Corpuscules), 17; — (Tissu), 17. Ostende (Huîtres), 907. Ostéodermes, 903. Ostéoplastes, 17. Ostracion, 963 ; — triqueter, 964. Ostracodes, 60j. Ostrea, 907; — adrialica, angulata, Cyr- nusi, edulis, hippopus, sfentina, taren- tina, 907. Ostréiculture, 909. Ostréidés {Oitreidœ), 907. Otacariases, 676. Otaries [Otaria), 1193 ; — leonina, ursinu, 1193. Otis, 1042. Otite parasitaire, 076. Otocyon, 1190; — megalolis, 1190. Otocystes, 31. Otolithes, 31. Ottonia, 699. Olus, 1060; — vulgarls, 10 J6. Ouche, 777. Ouïe, 31 Ouïes, 954. Ouistitis, 1221. Ours, 1075, 1204; — marin, 1193. Oursins, 234. Outardes, 10i2. Ouvrières (Abeilles), 807; — (Fourmis), 86;î. Ovaires, 43. Ovibos [Ovibos) 1138; — moschatus, prls- cus, 1138. Oviducte, 44. Ovifères (Capsules), 289. Oviformes (Psorospermies), 130. Ovines [Ovinœ), 1128. Oviparité, 52 Ovis, 1129 ; — ummon, antiqua, argali, urgaloides, 1129; — aries, 1129, 113o; — a. africana, arvernensis, asia- tica, batavica, bvitannica, germanica, hibernica, iberica, ingevonensis , lige- riensis, 1131; — palustris, 1132; — sodanica, 1131 ; — arkal, burrhel, H 29 ; — capra, 1 1 33 ; — c. africana, asia- tlca, europœa, 1 135 ; — cycloceros, 1 130 ; — cyliadricornis, 1129; — cypna, 1130; — Karelini, 1129; — montana, 1130; — musimon, 1129, 1130; — nâhoôr, 1129; — 7iivicola, opbion, orlentalis, 1130; — Pallasi, Polil, primœva, Sa- vini, tragelaphus, 1129; — Vignei, 1130. Oviscapte, 748. Ovocentre, 49. Ovotesfis, 918. Ovoviviparité, 53. Ovule, 43. Oxydactyles, 985. Oxyhémoglobine, 21. Oxypleurites, 632. Oxytriches, 184. Oxyures (Oj7?/i«-us), 409; — ambigua, 417 ; — compar, 410, 414; — curvula, 415; — equi, 415; — mastigodes, 415 ; — vernticularis, 409 ; — vivipara, 540. Paca, 1184. Pachydermes, 1104, 1147. Pachynolophes {Pachynolophus), 1149; — agilis. Vismœi, 1149. Pachytylus migratorius, 882. Pacini (Corpuscules de), 30, 31. Paco, 1120. Padzo, 1146. Pagels (Pagellus), 972; — erythrinus, 972. Pagre {Pagrus vulgaris), 972. Paille-en-queue, 1041. Palœoc/iserus, 1.105. Palseothérinés [Palœothermœ), 150. Palaffites, 1231. Palamadea, 1042. Paléothériums {Paleeotherium), 1150; — magnum, médium, 1150. Palémons [Palsemon], 007 ; — serralus, 598, 607; — squilla, 607. Paléoethnologie, 1226. Paléolithique (Période), 1227. Paléontologie, 105. Palettes (Abeilles), 860. Palettes ciliées, 197. Palinuridés [Palinuridse), 609. Palinurus, 609; — vulgaris, 609. Palis, 190. Palléal (Sinus), 904, Pailéale (Chambre), 902; — (Impression). 904. Pallium, 902. Palmipèdes, 1029, 1031. Palombes, 1059. Paloplothériums {Paloplotherium), 1150: — anneclens, co iiciease, minus, 1150. Palourdes, 91; . Palpes, 30. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 1283 Palpeurs (Pieds), 627. Paliuliiies [Paluilina], n20. Pulumbus, 1050; — torqualus, i0ô9. J'auaris des pôcheurs, DGC. Paucréas, 3G. Pauder (Noyau de), 1027. l'augolins, lO'JU. Pangonics {l'angonia), 79i ^ — neo-culedo- nica, 794. Pangoiiiués [rangoninii'), 793. l'anoi-fia, 878. Pause, 1115. Panthères, 1209. Pdutolestidés (l'anloleslidae), llOi. Paulopodes, 61 i. Paouue, 1049. Paonneaux, 1049. Paons, 1048 ; — de nuit, 860. Papilio, 860 ; — Muc/iaon, Mcmnon, l'o dalirius, 860. Papilioùidés [Papilionidœ), 860. Papilles seguieutaires, 578 ; — tactiles, 387. Papillons, 850. Papions, 1223. Papou (Type), 1245. Paradoxides, 61 1 . Paragasuiques (Canau.x), 198. Parage, 910. Paraglosses, 738. Para/lippus, 1151. Paraïsotriques (Paraisotricha), l"7: — ainpuUa, colpoidea, incisa, oblo7iga, oualis, 177. Paralges, 682. Paraniuîcidés {Paratnsscidœ), 175. Paraoïsecioides, 104. Paramécies {Panimœciuni), 161, 175; — uurelia, 175 ; — bursaria, 175. Paraplasiua, 10. Paraplégie hydatique, 256. Parapodes, 576. Parapophyses, 935. Parasites, 07 ; — ^Insectes), 823. Parasiticides, 7 7. Parasitiques (Pieds), 627. Parasitisme, 23, 02. Parencliymale (.Membrane), 261. Paresseux, 1096. Pariétal (OEil), 940, 941. Pariéto-splauchniques (Ganglions), 902. Parotides (Batraciens), 977. Parthénogenèse, 45, 50. Parure de noces, 1020. Parus, 1063 ; — ater, cseruleus, major, 1063. Paseng, 1135. Pa^salurus ambiguus, 417. Passer, 1062 ; — chloris, domesticus, montanus, 1062. Passereaux, 1029, 1061. Pastengus, 961. Pasteur (Homme), 1234. Paslor, 1063. Patagon (Type), 1243. Pâtée royale, 868. Patelles "(/'«'e^'"). !^20; — caeru'ea, vul- f/nta, 929. Pattes branchiales, 003. Pattcp-màchoires, 602, 612. Pavillon (Oviducte), 1027, 1085. Pavimenteux (Epithélium), 20. Pavo, lOiS ; — cristatus, cr. domesticus, mulicus, nir/ripennis, 1048. Pavoninés [Pavoninœ), 1043, 1018. Peau de Cygne, 1036. Peau-rouge (Type), 1243. Pobrine, 858. Pécaris, 1114. Pêcheur (Homme), 1234. Peclen, 911 ; — Jacobaeus, maximics, o/)er- cularis, varius, 911. Pectinidés [Pectirtidœ), 911. Pectuncidus, 914 ; — glycimeris, violaces- cens, 91 i. Pectus, 594. Pédicellaire?, 199. l'edicellina, 680. Pedicinus, 825. Pédicules (Poissons), 974. Pédiculidés {PedicuUdw), 824. Pédiculines, 823. Pédiculoïdes [Pedicidoides], 693; — tri- tici, 693 ; — ventricosus, 003. Pédiculose, 826, 828, 848. Pediculus, 825; — anafis, 839; — anse- ris, 815; — bicolor, 833; — capitis, 82'>; — ff//;o?i2s, 840 ; — cervicales, 825; — columbse, 838; — corporis, 827 ; — cyg- ni, 838; — eurysternus, 831 ; — huma- nus, 825, 827 ; — capitis, 825; — corporis, 827; — inguinalis, 81S ; — macrocepha- lus, 830; — meleagridis L., 840; — meleagridis Panzer, 8 47 ; — meleagridis Schrank, 841 ; —ovinus, 708 ; — oxyrhyn- chus, 83 1 ; — pavonis, 842 ; — pilifer, 8-32; — porcelli, 8i4 ; — pubis, 828 ; — stenopsis, 832 ; — suis, 831 , — tabes- centium, 827, 828; — lenuiros'ris, 831 ; — tuberculalus, 832; — urius, 831 ; — ventricosus, 833 ; — vestimenti, 827 ; — vituli, 831. Pédieux (Ganglions), 902, Pédimanes, 1095. Pédipalpes, 614, 725. Pédogenèse, 45. Pégases [Pegasus), 963 ; — volans, 963. Peignes [Peclen), 911. Peignes (Scorpions), 725; — (Yeux), 989, 1021. Pe-la, 811. Pélagies [Pelagia), 197. Pel'tmys sarda, 971. Pelecanus, 1041. 1284 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIÈRES. Pèlerines, 911. Pèlerins, 9G0. Péliades iPelias) 1007 ; — berus, 1010 ; — Orsinii, lOll. Pélicans, 1041. Pélobates (Pelobates), 986; — cullripes, fuscus, 98G. Pelodera, .')49; — Axei, 552; — pellio, 550 ; — setigera, 550 ; — teres, 550. Pèlodyles {Pelodytes), 986; — punctatus, 986. Pélors {Pelor), 973. Pelotes, 742. Peltidés {Pelfidae), 900. Pelvienne (Ceinture), 936. Petnphigus, 812; — bursarius, vilifolii, 812. Pénées {Penseus), 007 ; — caramola, 607. Pendeloques, 1032. Pénélope, 1037. Péniale (Poche), 211. Pénien (Os), 1085. Pennes, 1019. Pennivores, 834, 835, 845. Peutadactylie, 937. Pentamères, 896. Pentastomum, 624; — constrictum, G24; — denticulatum, emarginatiim, 617; — fera^ 617; — moniliforme^ 624; — ridnarium, 616; — serratum, 617; — Setteni, 339; — tœnioides, 616. Pentatoines, 809, 823. Pentatomidés {Pentatomidœ), 823. Pepsine (Glandes à), 36; — médicioale, 1112. Peptone-veuin, 995. Péramèles [Perameles], 1095. Perce-oreille, 881. Perche fluviatile [Perça fluviaiilis), 950, 972; — goujonnière,972. Percidés [PercidBe], 972. Perdrix [Perdix), 1055; — blanche, 1054; — cinerea, grœca, pelrosa, rubra, 1055. Pérennibranches, 982. Pérenuichordés, 932. Perforés (Foraminifères), 119. Péribrauchiale (Cavité), 931, 93i. Péricardique (Cavité), 598. Péridiniens, 163. Périodique (Parasitisme), 69. Périoste, 17. Péripates [Peripatus), 612. Péripatides, 611. Periplaneta americcma, orientalis, 881. Périsarque, 194. Périssodactyles, 1091, 1101, 1147. Péristome (Mollusques), 946. Péritrème, 598. Péritriches, 184. Perles [Perla), 879. Perlons, 960, 974. Permanent (Parasitisme), 69. Pernis, 1066 ; — apivorus, 1066. Péroné, 937. Peropliora, 932. Péropodes, 1002. Perroquets, lOGO, 1061; — de mer, 971. Perruches de mer, 1061. Personne, 26. Péruvien (Type), 1243. Pétauristes [Pe(aurus), 1095. Petit-Morin (Squelettes), 1233. Pétoncles, 914. Pétrels, 1041. Petromyzon, 960; — fluviatilis, 960; — marinus, 959, 960 ; — Planeri, 960. Peuples, 1235. Phacochères [Phacochœrus), 1113; — œthiopicus, africanus, 1113. Phaéton (P/ifle/on), 1041. Phagocytose, 21. Pha/acrocorax, 1041. Phalangers [Phalangista], 1095. Phalanges, 937. Phalangides, 614, 724. Phalangiiim, 724. Phalènes, 853. Phalénidés [Phalenidse), 853. Phallusia, 932. Phanères, 938. Pharyngiens (Os), 950;— (Poissons), 955. Pharyngobolus, 761. Pharyûgognathes, 971. Pharyngomyia, 761. Pharynx (Nématodes), 388; — (Trémato- des), 333; — (Vertébrés), 942. Phascolomes [Phascolomys], 1095. Phasianidés [Phasianidas), 1043- Phasianinés [Phasianinœ), 1043, 1050. P/iasianiis, 1050; — Amherstiae, 1051 ; — colchicus, 1050; — nycthemerus, pictus, 1051. Phaulixodes riifus, 713. Phenacodus, 1158. Philanlhus, 864; — apivorus, 864. Philoptérinés [Philopterinae], 837. PInloplerus, 837. Phoca vituLina, 1192, 1193. Phocasna, 1097. Phœnicoptéridés [P hœnicopteridas), 1032. Pholades [Pholas], 915 ; — candidus, dac- tylus, 915. Phoques, 1193. Phora rufipes, 779. Phoridés [Phoridse), 779. Phoxinus Ixvis, 967. Phryganes, 878. Phrynes [Phrynus], 725. Phrynine, 987. Phthiriasis palpebrarum, 830. Phthirius, 825, 828 ; — inguinalis, pubis, 828. Phtiriase, 826, 828, 849; — aviaire, 721 ; — pubienne, 829. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 128Î Phtisie vermineuse, 429, 433, 439. Phycobius, 088; — anonymus, OSi^. Phylc, 107. Phyllériose, 632. Phyllobates [P/njl lobâtes), 987 ■,—cliocoen- sis, 987. Phjllocoples, 632. Plvjllodromia r/ermanica, 881. Phyltopneusle, 1003; — hypotais, trocln- iiis, 1003. PhyllopoJcs, 005. Pliyllorhinicus, 1218. Phyllosomcs, 000. Pliylloslomiun spectnim, 1210, 1218. Phyllotrachées, 59i). Phylloxéras {Phylloxéra), 812 ; — vasla- trix, vUisfoliœ, 812. Pliylloxériués [Phylloxerin,v), 812. Phylogénic, 103. Physalics {Physalia), 195; — /lelafjica. 195. Phy.saloptôre {Physaloptera), 470, — du Chat, 477 ; — Iruncala, 476. Physaloptérinés (Physulopterinœ) , 418, 476. Physes (Physa\ 922. Physeter, 1097; — ntaci'oceplialus, 1098. Physiolofïie, 25. Physis intestitialis, 78. Physoclistes, 955. Physogaster, 693. Physophores, 195. Physopodes, 879. Physostotnes, 955, 904. Phytoparasites, 68. Phytophages (Hyménoptères), 862 ; — (Lamellicornes,', 898. Phytophtires, 810. Phytoptes {Phytoplus\ 032 ; — vids, 032. Phytoptidés [Phytoplidse), 631, 032. Phytoptose, 633. Phytozoaires, 110. Piades, 920. Picobia, 098. Pics {PicHs), 1060; — major, médius, minor, viridis, 1060. Pied (Mollusques), 902; — (Vertébrés),937. Pied-d'Aue, 911. Pied-de-Cheval (Huîtres), 907. Pieds ambulacraires, 200. Pie- mère, 938. Piérides [Pieris], 860; — brassicœ, napi, ropœ, 800. Pierre (Age de la) 1226. Pierres d'Écrevisse, 609. Pies [Pica), 1003; — caudata, 1003. Pies-Grièches, 1003. Piestocystis, 213, 314; — Baille ti, elonga- tus, 314; — niarlis, laxi, variabilis, 315. Pieuvres, 928. Pigeon, 1056; — ramier, 1059 ; — voya- geur, 10o9. Pigeonneaux, 1058. Pigeons, 1055. Pigmcntaires (Cellules), 938; — (Taches), 200. Pif/uris reticidala, 417. i'ilct, 1037. Pileu.K (Follicuir), 1007, 1068. Pilidium, 38.'). Pilivorcs, 834, 83,% 845. Pimelodiis, 907. P /;«/)/«, 803. Pinces, 725. Pinchaquc, 1174. Pinéal (OEil), 941. Pinéale (Glande), 9.39. Pingouins, 1032. Pinna, 914. Pinnipèdes, 1091, 1192. Pinnothères, 912. Pinsons, 1002. Pintadeaux, 1047. Pintades, lOiO. Piutadines, 911 . Piophila casei, 780. Pipa {Pipa americaiia), 985. Pipis, 1003. Pipistrelle, 1218. Piquants (Échiuodermes), 199; — (Mam- mifères), 1008. Pique-Bœufs, 10G3. Pirimela denticulala, 004. Pisciculture, 958. Pithecantrophus erectus, 1228. Pithéciens, 1222. Pitshé, 1170. Pituitaire (Glande), 939. Pityocampœ propinatores, 855. Placenta, 53, 918, 1088. Placentaires, 1088, 1091. Placentoïde (Sacj, 1028. Placoïdes (Écailles), 949. Plugiomonas, 105; — urinaria, 105. Plagiostomes, 960. Plugioslomum, 384. Plagiotoma, 177. Plaies d'été, 508. Planaria, 384 ; — alata, 382. Plauipennes, 878. Plauorbes {Planorbis), 922 ; — carinatus, corneua, marginatus, 922. Plantes-pièges, 556. Plantigrades, 1075. Planule {Planula), 52. Plauuloïdés, 208. Plasma, 21. Plasmatique (Liquide), 37. Piasmodes, 12. Plastides, 12. Plastidogène (Appareil), 201. Plastron, 1015. Plalalea, 1042. Plathelminthes, 208. 1286 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES. Platodes, 208. Platures, 1004. Platycerques, 1004. Platymyaires, 387. Platyrhiuirns(Hommes), 1237 ; —(Singes), 12T>. Plecolus auriiiis, 1217. Plectognathes, 963. Plectiis, 549. Plerocercoides, IIZ ; — Bothriocephall lali, 317. Plerocercus, 213. Plésiosauriens, 1015. Plfurœ, 594. Pleurapophyses, 936. Pleurohrachia pi/eus, 198. Pleurodontcs, 1013. Pleuronectes flesus, limanda, megastoma, platesHi, 970. Pleurouectidés [Pleur onecHdse), 970. Plèvre, 1083. Plexus, 30. Plicipeunes, 878. Plictolophus, 1061. Plie, 970. Pliohippes (Pliohippus), 1153; — pernix, spcctaîis, 1 153. Pliopit/œciis antiquus, 1223. Plique polonaise, 826. Ploceus sociiis, 1063. Plongeons, 1032. Plongeurs, 1032. Plotoses {Plotosus)y 967. Pluies de sang, 851. Plumes, 1019. Plumicoles (Sarcoptidés), 681. Plumules, 1019. Pluviers, 1042. Pneumaticité du squelette, 1016. Pneumobranclies, 976. Pneumonie vermineuse, 429, 433, 436. Poche à eau, 1117; — à encre, 925; — copulutrice, 600; — de Needham, 920; — du ciri-e, 211, 333, 351 ; — du musc, 1125; — marsupiale, 1091, 109i; — pé- niale, 211. Podapolipus, 693. Podiceps, 1032, Podiléginés [Podileginse), 866. Podocotfjle, 341. Podophtalmes, 605, 606. Podures [Podiira), 885; — villosa, 885. Podurhippus pityriasiciis, 885. Pœcilopodes, 610. Poephagiis, 1142. Poils, 1067. Pointe à cran, 1229; — de harpon, 1230; — de sagaie, 1230 ; — en feuille de lau- rier, 1229, ; — mouslérienne. 1229. Poisson d'argent, 885. Poissons, 949; — comestibles et véné- neux, 950; — plats, 970; — rouges, 967; — venimeux et vuluérauts, 957 — volants, 970. Poissons-Limes, 963. Polaires (Globules), 48. Polatouches, 1179. Poli (Vésicules de), 109. Polie (Période de la pierre), 1230. Polistes (Polisifis), 865; — gallica, 865, PùUénies [PoUenia], 782; — rudis, 782. Polycercns, 213. Polychètes, 592. Polycystidées, 128. Polycyttariens, 121. Polydactyles, 1104. Polydesmus, 733; — complancdiit, 733. Polyergus, 864. Polygastriques (Infusoires), 161. Polygénistes, 1234. Polyniastyx, 1G4. Polymorphisme, 24. Polymyaircs, 386. Polynésien (Type^, 1243. Polyorcliiff, 341. Polypes, 110, 187. Polyphèmcs [Polyphcmus), 635. Polypides, 574. Polypier, 189. Polyplectrons [Polyplectron), 1051. Polypo-méduses, 192. Polyprion, 972. Polyprotodontes, 1095. Polysporées (Coccidies), 132. Polyst( midés (Polystomidœ), 383. Polystomiens, 33'», 383. Polystomum tœnioides, 616. Polythalanies (Foraminifères\ 119. Polyzoaifes, 573. Polyzoïques (Coccidies), 132. Pont de Varole, 1075. Porc, 1108. Porcellions [PorcelUo), 006. Porc épie, 1184. Porcins, 1104. Porcula, 1107; — papuensis, 1107. Pore excréteur, 389. Pores ambulacraires, 200; — génitaux, 223; — inhalants, 184; — seguientaircs, 581. Porifères, 184. Porocéphales [Porocephalus], 624; — con- slriclus, nionlliformis, 624. Porospora, 130. Porphyrio, 1042. Porlar pictus, 1128. Porte (Veine), 994. Porte-aiguillon, 862, 863. Porte-malheur, 895. Porte-musc, 1124. Porte-queue, 860. Porte-scie, 862. Porte-selle, 884. Porte-virus, 67, 78. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 1287 Porthenia ciuriflua, chrysoithœa, similis, 854. Fortunes [l'ortuniis), 610. Postabdomon, 7Î5. Pûtaniochèrcs ij'otamochœriis), 1112; — africanus. larvalus, porcus, 111:]. Pottos, 1219. Pou, 825; — d'Agouti, 703; —de corps, 827; — des livres, 879; — du pubis, 829; —delà tète, 825; — des vêtements, 827 ; — frappeur, 879. Pouce (Insectes), 824; — (Vertébrés), 1074. Pouillots, 1063. Poulain, 1163. Poulardes, lOôi. Poules, 1053; — d'eau, 1042; — sultanes, 1042. Poulets, 1054. Pouliche, 1163. Poulpes, 928. Poumons, 38; — (Arachnides), 599; — (Mollusques), 903 ; — (Vertébrés), 944. Pouiart, 610. Pourpres, 920. Pourriture du couvain, 870; — du Mou- ton, 353. Poussins, 1053. Poux, 823; — de Baleine, 606; — des bois, 705; — des livres ou poussières, 879; — des Pigeons, 716; — des vé- gétaux, 810. Praires, 914. Pralincola, 10(4 ; — ruhetva, rubicola, 1064. Préabdomen, 725. Précoces (Oiseaux), 1028. Prédation, 02. Préfécoudation, 46. Préhenseurs, 1029, 1060. Préhistoire, Préhistorique, 1226. Prémolaires, 1079. Prépuce, 1085. Présage-mort, 895. Pressirostres, 1042. Primates, 1091, 1219. Prionodon, 1096. Prionits coriarius, 889. Priorité (Règle de), 109. Pristomerits calcitrator, 8C3. Proœhainse, 1208. Proboscidiens, 1091, 1101, 1175. frohuhaXes (Pro/jubalus) , 1 139 i—depressi- conii.s, 1139. P^'ocellaria, 1041. Processionnaires, 854. Procœliques (Vertèbres), 935. Procoracoïde, 936. Proctofjfiylleœ, 682. Proctophyllodes, 682. Procynn, 1V04. Procyonidés {Procyonidœ), 1204. Produitus horridus, 575. Progcncsc, 628. Progloltis, 55, 190, 223, 226, 337. Progn.tthes, 1237. Prouéphrus, 945. Pronucléus, 48. Propolis, 871. Propaléothériums ( Propalœotherium ) , 1149; — i.sselanum, vnmitwn, 1149. Prorotrichinés (Prorotrichinœ), 173. Proscolex, 54, 226, 336. Prosiniiens, 1218. Prosobranches (Gastéropodes), 919, 920. Prostate, 1084. Prostatique (Canal), 350. Prostifjmata, 631. Protalges, 682. Protamœba, 115; — primiliva, 115. Pi'olapirus\ 1 174. Protée {Proleus (inQuinus), 982. Proleles, 1207. Protéroglyphes, 1002, 1004. Protérothéridés ( Protcro(heridœ), 1 148 Prothorax, 734. Protistes, 10. Prolohathybius, 116. Protocérébron, 595. Protogenes, 116. Protohippes {Protohippi/s^, llô-"*. ; — per- ditus, sejiiiirtus, 1153. Protomérite, 128. Protoplr.sma, 5, 10. Protoplastes, 116. Protopterns, 976. Proto-scolex, 54, 226, 330. Protozoaires, 109, 112. Protrachéales, 601. Protrogomorphes(Pro'o//fte^, 1148, 1174. Hhinœstres [Rhinœstrus), 765; — purpu- reus, 750, 705. Rhinolophus f'errum-equinum, 1218. Rhipicéphales (/]/i/y>!'ce/j/(fl/M5), 12, 712; — bursa, 713; — bovis, 127, 713; — san- guineus, siculus, 514, 712. Rhipiptères, 883. Rhizocéphalcs, 605. Rhizoglyphes (Rhizoglyphus),(i8S, 691 ; — echi'Wpus, spinilarsus, 691. Rhizoïdes (Pseudopodes), 115. Rhizomouères, 110. Rhizophagus parallelocollis, 900. Rhizopodes, 114. Rliizoslomwn Cuvieri, publia, 197. Rhizotrogues [Rhizotrogus), 898; —solsli- tialis, 899. Rhodeus amarus, 907. Rhodiles rosœ, 803. Hhombozoaires, 208. liliombus Isevis, maximus, 970. Rhopaloceras styliferum, 841. 1290 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES. Rhopalocères, 8G0. Rhopalophonis, 341. RliynchobdeUidœ, 577, 589. Rhyuchobothi'idés [Rhynchobolhridse), 331. Rhynchobothrhnn, Z^\. ; — erinaceiis, 331. Rhyncholopldnœ, G93. Rhyncholophus cinereus, 703. Rhynchoprion (Argas), 715 ; — cohintbse, 715;— (Sarcopsylle), 80G; — penetruns, 800. R/iynchops, 1041. R/tync/iopsylla, SOS; — pulex, 809. RInjnchota, 809. Rhytina, 1101. Ricardeaux, 911. Riciuidés {Richiidœ), 824, 833. Ricins (Acariens), 705; — (Insectes), 833. Rici?iiis caniniif!, 708. Robenhausienne (Époque), 1230. R'och, 441. Rochers, 920. Rogenhofera, 775. Rogue, 968. Roitelets, 10G3. Rolliers, lOGl. Rongeurs, 1091, 1176. Rorqual, 1100. Rossignol, 1064; — bâtr.rd, 1063. Roslellum, 221. Rostre (Acariens), 625; — (Bélemnites"), 928; — (Cestodes), 221. Rotateurs, 208, 572. Rotifères, 572X Rotule, 937. Rouge (Sous-type), 1237. Rouge-gorge, 1064. Rouget (Acarien), 701 ; — (Oiseau), 1037 : — (Poissons), 974. Rousseau, 1037. Roussettes (Mammifères), 1217; — (Pois- sons), 9G0. Roux (Type), 1237. Rucher, 870. Ruches, 870. Rudimentaires (Organes), 23, 25, 102. Rue (Chiens de), 1199. Rumen, 1115. Ruminants, 1104, 1113. Rumination, 1117. Rupicapra ewopœa, 1128. Rut, 108G. Rynchobdellidés, 57 7, 589. Rynchopsylles, 808. Rynchotes, 809. Sable (Canal du), 2C0 Sabora, 1198. Sabot [Turbo), 920. Sabots, 1069. Sac cercarigerc, sac germinatif, 335. Saccobranche, 055. Saccule (Acariens), 629;— (Mammifères), 941. Saccul'ma, 605. Sacs aériens, 1024; — vocaux, 979. Sœmloplws, 166; — Eberihi, 169. Sagouins, 1222. Sagres, 960. Saïga {Saiga tafarica), 1128. Saignement de nez des Chiens de meute, 473. Saïmiris, 1222. Saindoux, 1112. Saint-Acheul (Époque de), 1227. Saiut-Jacques (Coquille de), 911. Sainte-Anne (Huîtres), 907. Sajous, 1222. Sakis, 1222. Salamandres [Salumandra), 937, 982; — atra, maculosa, 982. Salamandres aquatiques, 984. Salamaudrides, 982. Salaniandrine, 983. Salanganes, 1064. Salicoque, 607. Salivaires (Glandes), 36. Sabno, 966; — snlnr, salvelimis, 966. Salmonidés {Salmonidsp), 966. Salpa, 933. Salpes, 932. Saltiques (Salticiis), "30. Samandarine, 983. Sandre d'Europe, 972. Sang, 21. Sanga, 1146. Sang chaud (Animaux à), 39, 9i5. Sang froid (Animaux à), 38, 945. Sangliers, 1 106. Sangsue, 578; — de Cheval, 585; — dra- gon, 584 ; — grise, 578 ; — médicinale, 578 ; — noire, 585 ; — officinale, 578 ; — truite, 584 ; — verte, 578. Sansonnet, 1063. Sapriniis rolundatus, 900. Sarcelle, 1037. Sarcelline, 1037. Sarcocystcs (Sarcocï/sù's), 150; — hirsute/, 154; — homii'is, 155; — Miescheri, 150; — tenelln, 153. Sarcocyte, 128. Sarcode, 10. Sarcolemme, 19. Sarcophages (Sarcophaga), 789 •,—arvcnsis, carnaria, /lœmalodes, liœmorrhoidalis, laticrus, magnifica, ruficornis, striata, Wohlfarfi, 789. Sarcophaginés {Sarcophaginœ), 789. Sarcophiles [Sarcopldla), 789 ; — magni- fica, 789. Sarcopsylles [Sarcopsylla), 806; — galli- nacea, 808; — pénétrons, %0Q. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 1291 Sarcopsyllinés [Sarcops'/l/itiœ), 80G. Sarcoptérins [Sarcopleriniis]', G9T ; — iiidii- lans, G97. Sarcoptej'us, 097. Sarcoptes (Sarcoptes), MO; —alrpis, 002; — auricuUiriim, 075, 070; — buvis, 671 ; — canifi, Oôô; — caprœ Delaf. et Bourg , 675; — caprœ Fiirst., (i40, 0:>:?; — ciili, (îGO; — catonan, 000; — comtmmis, CAO; — citniciili, 000; ~ cynolis, G7.'>, 070; — cysticola, 080; — dromedarn, Cô4; - eqiii Gerl., GJO; — equi Mor., 660, 068; — exidcerans, 640; — /eZ/.s, 600; — fossor, 660; — Gerlachi, 078; — hippopodos, 688; — /lominis, '^, G47 ; — l.Tvis, 004 ; — /. coUimbsP, G05 ; — /. gallinse, 665; — minor, 437, GGO ; — m. ra/2, 6G0; — »>i. cuniculi, 001; — imdans, fi(.3; — nin/iis, G78; — oi'i», 070; — scabiet, 640; — *c. aitcheniip, G54; — se. cameli, 054; — se. canis, 657 ; — se. caprœ, 053 ; — se. crustosœ, G'i0,6i9; — se. cuniculi, QbQ ; — se. egi/?, 650 ; — se. furonis, 656; — se. ho77ii7iis, 647 ; — se. leonis, 059; — se. /«p/, 05s ; — se. owjs, G52; — se. suis, 655; — sr. vul/ns, 658 ; — se. ivombati, 659 ; — sguamiferus, G40, 055, 058 ; — sm2s, 055 ; — vulpis, 640, 658. Sarcoptidcs (Sa»-co/5^?cfa?), 63i, 639. Sarcoptinés iSarcoptinœ), 0:i9. Sa7'coramphus, lOGG. Sarcosome, 190. Sarcosporidies, 150. Sarde à dos rayé, 971; — à deuts de Chien, 972. Sardine, 900; — des tropiques, 905; — rouge, 900. Sargues {Sargus), 972. Sarigue, 1095. Saturnies {Saturnia), 859; — arrindia, 860; — carpini, 800; — cynthin, 800; — mylilta, 859; — pavonia major, 800; — p. minor, 860; — Pernyi, 859; — pyi'i, 860 ; — yama-mai, 859. Saturnines [Saturninœ], 859. Saumons, 966. Sauriens, 993. Saurophidiens, 993. Sauropsidés, 948, 992. Sauterelles, 884. Sauteurs (Orthoptères), 881. Savary, 974. Saxicola, 1004; — œnanthe, lOO't. Scaphopodcs, 904, 915. Scapulaire (Ceinture), 930. Scapulaires (Rémiges), 1019. Scarabées [Scarabeus), 8i)8. Scarabée du Colorado, 887 ; — puant, 895. Scarabéidés [Scarabeidœ), 898. Scares [Scarus), 97 1 ; — o'eleusis, psi/lacus, velu/a, 971. Scalella urinaria, 780. Scaurus slrialus, 895. Schislocéphales, 214. Sc/iistocerca peregrina, 883. Schhtoi.omc^ {Schislosomaiii), 371 ; — ba- vix, 375 ; — crnssio», 375 ; — hœmalo- bium, 371; — magnum, 373. Sciiistosoniùso, 373. Srhizoneuru lunigera, 812. Schizopodes, 007. Schwaun (Gaine de), 19. Schwarmercyste, 149. Sciuques [Sciticus), 1013; — officinalis 1013. SciriTiœ, 093. Scission, 13, 42. Scissiparité, 13, 42. Sciuridés Sciuridip], 1178. Sciuroniorphes [Sriuromorpba), 1178. Sciurus vulgaris. Il 79. Sclérodermés, 189. Sclérostomes {Scleros;(o)nurn\ 455; — ar- jnatum, 450; —caninnm, 470; — denta- lu)n,ih\; — duodenale, iGb;~egui>iU7n, 455, 450 ; — equ. var. major, iTitestinalis, 459; —equ. var. ininor, a7ieuris77iatica, 459; — hexaca7iihu777, 4G1 ; — hyposto- 777U771, 403 ; — ovi/iu77i, 403 ; - pi/iguicola, 452; — quadride7ilatu/7i, 4G1 ; — robiis- Iw», 403 ; — sy7iga77ius, 453 ; — Letraca/i- thu77i, 461 ; — trachéale, 455. Sclérostomincs [Scier osto7ninœ), 418, 448. Sclerolvichum, 477. Scoleciasis, 744, 851. Scolex, ,54, 221, 337. Scolopacidés {Scolopaeidœ^, 1042. Scolopax, 1042. Scolopendres [Scolopendra], 733 ; — ce/î- gulatfi, 733. Scolytidés (Scolytidœ), 889. Scolfj/us, 889. Sco77ïber sco77ibrus, 971. Sconibérésocidés {Seo777be)-esocidœ), 970. Scombéridés {Scombc7'i'/œ'^, 971. Scorpènes {Seorpœna), 972 ; — gruTidicor- nis, 957, 972; — porciis, sci'ofa, 972. Scorpion (Scor/>/o), 728; —africa7ius, }'!%; — i7nperator, 728; — occitayius, 727; — pal77iafus, 729; — tU7ietanus, 727; — de mer, 973. Scorpionides, 014, 725. Scorpionidés [Sco>-pio/iidœ), 728. Scorpions, 725. Screw-Worms, 784. Scrotum, 1084. Scutigera, 733. Seylliu77i, 900. Scyphistonie, 196. Sébacées (Glandes), 1069. Sébiûques (Glandes), 740. Secrétaire, lOGO. Sécréteur (Appareil), 39. 1292 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Sécrétion, 39. sédentaires (Polychètes), 693. Seedy-toe, 553. Ségestries {Serjestria), "30 ; — cellaria, 7 ::0. SegQieutaires (Organes), 40. Segmentation, 50. Seiches, 9"J7. Sejus auris, 723. Selacke, 'JGO. Sélaciens, 9.')9, 960. Sélection artificielle, G5; — naturelle, 6G — sexuelle, 07. Séléuodonte (Type dentaire), 1103. Semi-circulaires (Canaux), 941. Semi-lunaire (Pli), 1077. Séminale (Vésicule), 44. Sémite (Type), 1340. Semnopithécidés {Semnopilhecidse), 1333. Semnopithèques {Semnopilheciis), 1333. Sénégalis, 10G3. Sens (Organes des), 30; — sixième, 943, 951. Sensation ^Organes de), 39. Seusitifs (\erfs), 30. Sensitives (Racines nerveuses), 940. Sépia, 935. Sepia, 937 ; — offlcinalis, 937. Sépioles (Sepiola), 938. Sépiostaire, 937. Seps, 1013. Sépultures robenhausiennes, 1331. Séricaires [Sevicaria), 856 ; — mori, 850. Sériciculture, 856. Séricigènes (Glandes), 739, 739. Serin, 1063. Sérothérapie de l'échidoisme, 998, 1001. Sérotine, 1000. Serpents, 993. Serpent cracheur, 1013; — à coiffe, 1004 ; — de Cléopâtre, 10()4 ; — à lunettes, 1004; — de mer, 1004; — minute, 1013; — à sonnette, 1013. Serpentaire, 1066. Serpules(Se/'/3M/rt),593; — contortuplicala, 37. Serrans (Sej'i-aiius), 973; — arara, f/igas, nigriculus, 973. Serrator, 688. Serres, 1065. Sésies, 103. Seta, 563. Sétigères, 1105. Sexuelle (Reproduction), 43. Sha, Shapou, 1130. Shima-mushi, 703. Sialis, 878. Sifflement (Serpents), 993. Sigmoïdes (Valvules), 1083. Siguatère, Sigaatera, 79, 957. Silicosponges, 186. Silphes [Silpha), 899 ; — obscura, 899 ; — opaca, 900. Silphidés {SUphiclœ), 899. siluridés {Si/uridœ), 967. Sittiia, 1323 ;— salyrus, 1333. Simiens, 1319. Simondsies [Simondsia], 545 ; — paradoxa, 545. Siinonea folUculorum, 634. Simulidés {Simulidœ), 795. Simulies (Simutiiim), 795; — columhnt- czense, 795; — cinereum, maciilatum, omatum, reptans, tibiale, vei^num, 79U. Singes, 1319. Singes- Araignées, 1333. Singes-Écureuils, 1333. Sinus antennal, 834; — biflexe, 1114; — génital, 335 ; — orbital, 844; — palléal, 904; — rhomboïdal, 1030. Siphon (Lamellibranches), 906; — (Nau- tiles), 926 ; — (Tuuiciers), 930. Siphonaptères, 799. Siphonidés, 914. Siphonophores, 195. Sipho7iops, 983. Siphonostomes, GOG. Siredon pisciformis, 983. Sirène {Siren lacerti?ia), 983. Sirènes, Sirénidés, I09i, 1100. Sirex, 863. Sitaris [Sitaris), 890; — humeralis, mu- ralis, 890. Sitotrogues (Siïo^ro^'fl), 853; — cerealelia, 853. Siltace, ÏOGI. Sixième sens, 943, 951. Sixyeux, 930. Sloughi, 1199. Sociétés animales, 65. Soies, 1068. Soldats (Fourmis), 863. Sole [Solea viilgaris), 970. Solen, 914; — ejisis, vagina, 914. Solénoconques, 915. Solénoglyphes, 1003, 1004. Solifuges, 731, Solipèdes, 1153. Solitaires, 1107. Solium, 334. Solpuga, 731. Solpugidés [Solpugidœ), 731. Solutréenne (Époque), 1339. Somatopleure, 51. Somite, 59i. Sommeil (Maladie du), 533. Sonneurs, 985. Sorcière de la mort, 895. Sorex, 1314; — anineus, etruscus, fodiens, 1315. Soricidés {Soricidse), 1214. Souchet, 1037. Souffleurs, 1097. Souille, 1105. Sourdons, 914. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. i293 Souris, 1184; —de mer, 593. Sous-œsophagiens (Ganglions), 2). Sparganum reptans, ;î28. Sparidi-s {Sparidse), 972. Spatules, 1042. Spermaceti, 1098. Spenuatophores, 44. Spermatozoïdes, 43, 47. Sperme, 47. Spenniducte, 211. SpBrmocentrc, 49. Spermophiles {Spermop/ti/u^), 1179. Sphœrogyna, C93: — ventricosa, G93. Splispntlaria, 547. Sphargis, 1015. Sphégidés (Sphegidœ), 8C4. Sphères directrices, 13; — de segmenta- lion, 50. Sphes, 864. Sphingidés {Sp/nngidœ), 860. Sphinx Sphinx), 800. Sphyrèues {Sp/iyrœna), 971; — barra- cuta, becuna, 97 I. Spicules (Éponges), 185; — (NématoJes), 390. Spinax, 960. Spiraculum, 979. Spirale (Valvule), 952. Spirifers, 575. Spiritrompe, 850. Spirodiuious [Spirodinium), 183 : — equi, 183. Spiroptères (Spn'07)ïops, 1210. Slentor polymorp/ius, 161, 1 77 ; — MilUeri, 171. Step/ianunis dentattis, 452 ; — Soltereri, 452. Sterna, 1041. Sternal (Arceau), 594. Sternites. 594. Sternum (Arthropodes), 594; — (Scor- pions), 725; — (Vertébrés). Stigma, 1026. Stigmates, 598. Stilé5ias(S/î7es/a), 277 ; — cenlripunctata, 277; — globipuncl'da, 277. Stockûsh, 9(18. Stomaco, 1022 ; — succenturiato, 1022. Stomatitis piistulosa acarosa, 690. Stomato-gastrique (Système nerveux), 596. Stomatopodes, 605, 600. Stomoxes [Stomoxys), 785 ; — calciirans, 780. Stomoxj^dés [Stomoxydœ], 785. SIrachia oleracea, ornala, 823. Strepsiptères, 885. Striatule, 78. Strigea, 376; — cervi, 376. Strigops (Strigops), 1061. Slrix, 1066; — flammea, 1066. Strobile, 54, 19«, 221. Strongle armé, 456; — géant, 419. Strongles {Slrongylus), 424; — ammonis, 439 ; — anatis, 423 ; — anseiis, 447 ; — armaius, 450; — Arnfieldi, 430, 434 ; — asininus, 456; — Axei, Wo\ — Blasii, 445; — bronchialis canis, 437, 530; — cernuus, 474 ; — circumcinctus , » ; — colubriformis, 442; — colianbiamis, ibi ; — commutatiis, 435 ; — contortus, 424, 439; — convolutus Ost., 443; — Cur- ticei, 442; — dentatus, 451; — dilata- ius, 449; — duodenalis, 465; — elegans, 423 ; — elongatus, 432 ; — equinus, 456 ; — filaria, 424 ; — filicoUis Molin, 439 ; — filicoUis Raill., 442; — filicoUis Rud., 442, 489; — gigas, 419; — hypo- 1294 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES. stomux, 4G5 ; — inflalus, 4i9; — iiista- bilis, 442 ; — leporuin, 447 ; — longeva- ginatus, 432, 433, 530; — lupi, 53U; — mergorum, 423; — micvurus, 430; — minutiasbnus, 427; — mucronatus, 447; — nodularis, 447 ; — nodulosus, 447 ; — orispinus, 4i7 ; — Ostertagi, 443; — ovinus 0. Fabr., 463; — ovis ptilmo- na/is, ill ; — paradoxus, 432, 530; — pulmonaris, 431 ; — pusillus, 43C ; — quadi'identalus, 465; — radiatus, 475; — renalis, 419; — retortaefovmis Brem- ser, 445; — retorteefonnis Zeder, 447; — rubidus, 444 ; — rufescens, 427 ; — serratus, 448; — stenocephalus, 473; — strigosus, 445 ; — subulutus, 439, 552; — sww, 431; — tenuis, 448; — tenulssimus, 4i5; — tetracanthus, 461; — tetragonoceplialus, 470; — trachea- lis, 453; — U'igonoceplialus, 470; — tubifex, 423; — variegatus, 455; — i'«- sorum, 42i, 437; — ventricosus, 441; — venulosus, 450; — vicariiis, 444; • — visceralis, 419; — vitulorum, 430. StroDgylidés [Strongylidse), 417. Strongyliués [Strongylinae), 418, 424. Strongylocentrotus lividus, 204. Strongyloïde (Larve), 558. StroDgyloïdes [Strongyloides], 556 ; — //i- testinalis, 557 ; — lo?igus, 5'jl ; — su^'s, 5G2; — vtvipara, 549. Strongylose bronchique, 427, 431, 433, 435, 436; — gastro-eutérique, 441, 442; — pulmoûaire, 429, 433, 430, 438; — des vaisseaux, 438. Struggle for life, Cl. Stnithiocamelus, 1030; — mnhjbdoplianes, 1031. Struthions, 10-30. Stwnus, 1063 ; — vidgaris, 1063. Style alaire, 736 ; — antennal, 745 ; — cristallin, 905. Stylops, 886 ; — Spencei, 885. Slylovhynchus, 130; — /ongicoUis, 129. Subbrachiens (Malacoptérygiens), 967 ; — (Poissons), 951. Subr, 1141. Subulura, 409. Suc cellulaire, 11. Succeuturiato (Ventriglio), 1022. Succeuturié (Ventricule), 1022. Sucet, 960. Suceurs (Diptères), 799; — ^Insectes), 737, 741. Sudoripares (Glandes), 1059. Suidés [Suidse], 1105. Saint, 1133. Sida, 1041. Surmulet, 974. Surmulot, li84. Surnies (Swr«/a), 1066; — noctua, passe- rina, idula, 1066. Surra, 1G5. Surucucu, 1012. Sus, 11ij5; — andamanensis, 1107; — antiquus, 1106; — asialicus, 1109; -- barbatus, 1107; — capensis, 1107; — celtici/s, 1109; — c/iœroides, 1106; — crisfatus, 1107; — erymanlhuis, 1106; — glganteus, 1107; — ibericus, 1109; — indiens, 1107 ; — larvatus, 1113; — lencomystax, 1107; — Lockarti, 1106; — tnajor, 1100; — palœochœrus, 1106; — paluslris, 1111; — papuensis, 1107; — provincialis, 1106; — scrofa, 1!07; — se/', doinesticus, 1 108 ; — 5c/\ fossi/is, 1100; — scr. rneridionalis, 1107; — scr. nanus, Il 11 ; — sennaariensis, 1107; — timoriensis, 1107; — verrucosus, 1107; — vittalus, 1 107. Suture (.Mollusques), 946. Sylvia, 1063; — atricapilla, curruca, hor- tensis, 10C3. Sylviadés [Sylviadse], 1063. Symbiotes {Symbiotes), 671; — uuricula- rum, 675; — ioi'W, 671, 674; — canis, 675, 676; — cynotis, 675; — ecaudatus, 675; — e^îa', 671, 672; — felis, 675, 677 ; — spalhi férus, 671. Symétrie, 27. Sympathique (Grand), 30. Symplectoptes cysticola, 680. Synancées (Synanceia), 973 ; — brachio, 973. Syuapticules, 190. Synascidies, 932. Synchf/lrium "Miescherianum, 150. Syudactyles, 1001. Syngames [Syngamus), 453 ; — bvouchialis, 455 ; — primitivus, 453 ; — scleroslo- mum, 455; — Iracliealis, 453; — vurie- galus, 455. Syngamose, 454. Syngnat/ius acus, 963. Synhydraires, 194. Synolus barbastellus, 1217. Syringobia, 682. Syringophiles (Syrm7o/j/i27(«), 698; — /;/- pectinatus, 698 ; — uncinatus, 698. Syrinx, 1023, 1025. Syvnium, 1066; — uluco, 1066. Syrpliidés {Syvphidse), 791. Syvphus, 791. Système, 26. Systèmes artificiels, 88. Syzygie, 173. Tabanidés {Tabanidœ), 791. Tabaninés {Tabaninœ), 792. Tabaniis, 792; — cuttumnalis, 792; — albifades, bovinus, bromius, morio, ruslieus, 792. TÂIiLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 129j Tablier des IloUoiitotcs, Vî'tb. Tachnrdia lacca, 811. Tache embryonnaire, UiG; — phylloxéri- que, 8IG. Taches bleues, 829 ; ~ génitales, 825 ; — ombrées, 820. Tacliina, 791. Tachininés (Tachininœ), 79i. Tac/iyglossus, 1093 ; — acidealus, selosus, 109:(. Tac/njpetes, 10 il. Tact, 30. Tactiles (Baguettes). 300. Tadornes, 1037. Twnia, 215 ; — abielina, 237 ; — acunlho- trias, 246; — actluioides, 27.) ; — ncu- leata, 276 ; — œgijpliuca, 293 ; — u'qua- bilU, 302, 303; — («jama, 308 ; — «//;«, 274; — ammonitifortnis, 251; — ana- tinit, 298, 300 ; — anatis niavUa;, 309 ; — anseriim, 293 ; — Benedeni, 273 ; — bolli'ioplUe^, 30G ; — Brandti, » ; — atnina, 2G0, 284; — canis lagopodis, 311; — cantuniunu, 310; — ca/jensis, 236; — caprae, llh; — caprœa, G17; — caleniformis , 311; — centripunctata, 277; — cesticillus, 305; — cœnurus, 252; — collaris, 300; — coiiica, 303; — continua, 246; — coronula, 302; — crassicollis, 2['i, 249, 260; — cc«s- s«/rt, 305, 306; — criccigera, 275; — clenoides, 278; — cucumerina, 284; — cuneala, 302, 304; — cuniculi, 283; — cyslicerci tenuicoUis, 228; — Delafondi, 309; — dentata, 237; — denticulata, 274; — diminuta, 295; — echinobot/trida, 305, 306; — echinococcus, 258 ; — è c//s- ticeico tenuicolli, 228; — elUplica, 284, 285; —equina, 279, 281 ; — e.c/V/s, 309; — expansa, 269, 489; — fasciaUi, 298, 2j9 ; — fasciolaris, 310; — fenestrala, 237, 246, 290; — fimbriala, 275; — fîavopiinctata, 295 ; — Friedbergeri, 305, 308; — /«*•«, 246; — G/«>y/<, 276; — globipiincUda, 277 ; — Gce;?£, 278; — gracilis, 298, 299; — hirudinacea, 565; — imbutiformis, 313; — inermis, 232; — infundibuliformis Gœze, 298, 302 ; — m/". Duj., 305; — i«/'. MégQ.,var. phasiano- rum, 308 ; — in/undibulum, 302 ; — A'rrtô- ôei, 232 ; — lanceolata, 298, 299 ; — /a/«, 315; — laii-!sini(i, 278 : — leptocep!ia(a, 2J5; — Leuckarti, 278 ; — llneata, 31 1 ; — litleratn, 311 ; — lophosoma, 236 ; — mudagascarietxsis, 307 ; — tnagnu, 279 ; — maliens^ 310; — mamillana, 279, 282; — inarginala, 228; — marniotx, 278; — mediocanellala, 232, 231; — megalops, 309; — minima, 295; — mo- nilifonnis, 284; — marin i, 291; — nina, 293 ; — Neiiman/ii, 274 ; — nigra, 236 ; — nuUicolliii, 275 ; — oblongiceps, 275 ; — ovilla, 276 ; — ovinn, 269 ; — wik- punclata, 277; — Pasqualei »; — />^f- liîialn Gœze, 278 ; — peclinala (Zeder), 283 ; — pediculala, 280; — pellucida,'iM, 242 ; —perfoliata Duj., 382 ; — perfolia- la Gœze, 73, 279, 281 ; —planissima, 273 ; — plicala, 279; — prima, 315 ; — pr/.s- malica, 289 ; — proglollinu, 305 ; — pseudo-cucumerina, 311; — p-ieudo- fdliplica, 311; — 7'eslricta, 281; — rhinaria, 016; — rhoin/joidea, 302,303; — rhojja/ioceplirda, 283 ; — rhopaloce- phala, 283; — Ros!>eleri, 304; — •^«.^i- /j«to, 73, 23'.', 2?4 ; — semiteres, 251 ; — serialis, 257 ; — serr«tus. 180. Tique séuêgalaise, 711. Tiques, Tiqnets, 705. Tiquets (Altises , 887. Tisseurs (Pieds', 627. Tissus, 15. Titanothéridés {Tildnolheri'he], lliS. Tlalsahiiate, 703. Tocostoine, 31G, 323, G20. Toile d'Araignée, 731. TomicHs, 889. Toquet, 974. Torcel, 778. Torcols, 1060. Tordeuses. 853. Toi-pndo. 961 ; — nurke scu ijcu/(i/«r- /;?2, 465; — ntdifilii, 475; — slenocephdla, 473; — Irigono- cepluilii, 470; — lutZ/iis, 470. Uucinariose, 469. Uncinôe? Apophyses), 1017. Undittiiui rdutti'iim, 164. Uniuj'inphale (.Métamorphose , 630. Unio, 914. Unionidés IVnionidœ), 914. Unipolaires ^Cellules iierv.', 11). L'nisexués, 44. Uoiti'' de composition, V<. L'nivoltinos Uaces', 85!). Upupa, 1062. Ur, 1141, 1143. Uranoscopes Uranosropiis,, U'il'f. — .my/- her, 975. Uretères, 945. Urètre, 1083. Uria, 1032. Urial, 1130. Urinairc (Vessioi, 945. Uriuaires Organes), 39. Urochordés, 929. Urocyons (Urocyon), 1198. Uvocysth, 213. Urodèles, 981, 982. Urogônital (Sinus , 992. Urogoninnis, 341. Uvopodd Krnme)'i, nuinmulurid, 724. Uropodhiip, 718. Uropj'gieune (Glande), 1020. Urostèges, 993. Ursidi'S {Uy.sldœ , 1203. Urson coquau, 1184. UrsKs, 120 i; — /n-ctos, 1075, 1204; -- ferox, 1204; — marilimus, 1204: — spelœn.s, 1203, 1204. Urticaire hydatiqne, 267. Urticantes Chenilles), 854. Urticants ^Organes , 171, 188. Unes, 1143. Usage, 26. Utérus, 44. Utiles i^Animaux), 67, 80. Utricnle (Oreille), 941. Utricules psorospermiques, de .\Iioscher, de Rainey, 150. Ltriculiformes (Psorospcrniifs , 150. Uvo. .^22. Vache, 1145; — marine, 1193. Vaches (Sangsues), 582. j Vacuoles pulsatilcs, 39, 114. I Vadrouille (Cheveux en), 1238, 1245. Vagabonds .Maladie des), 828. Vagin, 1085. Va>7îer/j//o), 1217; — muri- 7H«, 1218. Vespencgo noclula, pipitrel/ns, l'218. Vespidés {Vespidœj, 864. Vespinés (Vespinœ), 864. Vessie aérienne, 955; — bilobée, 706; — natatoire, 955 ; — urinaire, 945. Vestibule (Oreille), 941 ; — génital, 1085. Veuves, 1068. Verillain (Plume;, 1019. Vibraculaires, 574. Vibratiles Cils;, 20, 113. Vibrio trilici, 553. Vibrisses, 1068, 1077. VidiHi, 1063. Vie active, 57 ; — animale, 27 ; — — ralentie, 57; — végétative, 27. Vieille de mer, 971. Vieux (Organismes), 56. Vigneaux, 920. Vigogne, 1 119. Vinaigrier, 725. N'ipère {Vipeni), 1007; — in/nnodyh's, 1010; — uspis, 1007; — berus, 1007, 1010;— cornue, 1012;— élégante, 1012 ; — fer-de-lance, 1012; — heurtante, 1012; —jaune, 1012; — Ovsinii, 1007; — petite, 1010; — Crsinil, 1011. Vipéridés i]'ipe)id;pj, 1007. Vipérine, 995. Viscache, 1185. Viscéral (Système nerveux), 30;— (Sque- lette;, 936. Viscérale (Cavité,, 934. Vison, 1204. Vitellin (Sac), 959. Vitelliue (Membrane), 46. Vitelloducte, 212,-334. Vitellogènes, 212,3.34. Vitello-intestinal (Conduit), 947. Vitellosac, 351. Vitellus, 46; — blanc, 1027; — jaune, 1027. Vitrée (Humeur), 941. Vilnius (iqudiiciis, 563. Viverra, 1205; — civelta, 120G:,—f/rnel/u, zihet/ia, 1207. Viverréum, 1206. Viverridés {Viverridsp), 1205. Vives, 79, 958, 974. Viviparité, 52. Voile, 903 ; — du palais. 1080 ; — de la pudeur, 1245. Volant-messager, 1051). Vuliuella, 791. Volvocinées, 163. Voran, 585. Vormageu, 1022. Vorticelles, 184. Vrillettes. 896. Vue, 30. Vulnérants (Animaux), (57, 78; — , Pois- sons), 957. Vulpe», 1198. Vul/irr, 10(i6; — fi//pus, 1017. Vulve, :085. Vuychouchol, 1215. W Wedlidii', 338. Wilde paard, wilden csel, 1169. Wisent, 1141. Wolff Canal de;, 945; — (Corps de), 945. Wombat iPhascolorae), 1095. Worm-ziektc, 784. Xenos, 886. Xiphias, 972. Xiphoïde (Appendice), 1073. Xiphosures, 610, Xo talc/es, 682. Xoioples, 08v. Xyluco/xi. 86G. Xylophafîes, 88!), SDC. Yak. 1142. Yc-Mou, ir.>8. Yeux, 31 ; — d'Écrevisses, (309. Yhiir, Yhàral, 1134. Yo-to-tzé, IIGG. Ytinx, lOGO. Zabres {Zahrus), 980 ; — Çjiltlnis, Znmenis viridi/htiu/s, 1003. Zèbres, 11(19. TM'.l.K M.PIlMlKTinUb: DKS MATIKIJRS. Zébriiis, 1169. Zébus, 114Î. Zttcuninii', 718. Zibeline, 1204. Zibeth, 1307. Zimb, 788, 794. Zoanlhaires, 192. Zoauthodèmc, 19U. Zoë, 604. Zoïde, 26. Zone pcUucide, 1087 Zooides, 194. Zoonérythrine, 9C(i. Zoonites, 27. Zooparasitcs, 68. Zoophlires, 823. 901. Zoophytes, 110. Ziinivad, 900. Zygapophyses, 935. 1301 FIN DE LA TABLE ALPHA fiÉTIQUE DES .MATIERES. ERRATA Page 106, ligue 1, lire : i'évoluliou. — 134, ligne 17, au lieu de : deux, lire : quatre spores. — 160: Les Microsporidies doivent être réunies aux Myxosporidies (Thélolian^. — 166, ligne 26, au lieu de : Bacille de Lôffler, lire : Bacille spécifique. — 181 : Les Diplodiniuni Magg'd et ^nammosum ont été trouvés dausla panse du Bœuf. — 202, ligne 7, lire : Crinoîdes. — 276, ligne 2, ajouter : Pores génitaux doubles. — 276, ligne 7, au lieu de : Th. uvilla, lire Th. oviUum. 383, ligne 16 eu remontant, lire : Ajioplocephula pecLinata E. Blanch. — 302, ligne 11 en remontant, après Crustacés, ajouter : et chez les Vers. — 322, ligne 13 en remontant, supprimer ; que nous n'avons pas eu à signaler chez les Ténias. . 331 : La forme adulte du Telrarhjnchus erinaceus est Rliynchobothrhiyn eri- naceiis. — 332, ligne 7, au lieu de AmphipUna, lire : AmpliUina. — 339, ligne 2 eu remontant, au lieu de : 1871, lire : 1891. — 341 et suiv. : Le nom générique Distoma (ou mieux Dislomum), étant préoc- cupé, doit être remplacé par Fasciola L., même en n'admettant pas la subdivision du genre. — 341, ligne 2.5, au lieu de : Meaoguninus, lire : Mesogunimiis. — 341, ligne 28, et p. 372, légende, au lieu de: G;/)iecop/iofns .Vire : Gynsecophùrus, — 363, ligne 4, au lieu de : 1586, lire : 1886. — 364: Les espèces décrites comme appartenant au sous-genre BrachylartiDis doivent prendre place dans le sous-genre Dicrocœiium, à côté de D. felineum. — 365, ligne 5 eu remontant, an lieu de : Duj., lire : de Blainville, 1828. — 366, au lieu de : D. excuvalinn Rud., 1819, lire : 1809. — 375, supprimer les lignes 11 à 22 : Sonsino a reconnu que ses indications étaient le résultat d'une erreur. — 370, fig. 248, lire : des muscles du Porc. — 406, ligne 4, lire : A. inflexa Rud., 1809 et 1819, pro parle. — 430, suppiimer le paragraphe : Évolution. Nous avons reconnu que les obser- vations de Cobbold reposent sur une erreur. — 439, ligne 6 en remontant, supprimer: Str. ov'mus (). Fabr., 1784. — 447, ligne 10 en remontant, après Froiicli, 1791, ajouter : nec Schrank, 1780. — 't52. supprimer le genre SIephanurus : l'espèce St. denlatus doit être reportée dans le genre Sclerostomum, sous le nom de Sel. pinguicoln. — 455 : Le nom générique Globocephalus étant préoccupé, le remplacer par Cijfitocephulun, qui a le même sens ((,'. Inurjeinucroiialiiff). — 472, ligne 5, au lieu de : mouvoir, lire : nourrir. — 475, ligue 4, au lieu de : Une. ra/tiata Rud., lire : iRud.). — 477, ligne 3, au lieu de : l'estomac (?), lire : le gésier. — 487, ligne 11, au lieu de : spicules, lire : spinules. — 489 : Le nom générique Trichodes étant préoccupé, le remplacer par Tricho- somoides [Trichosomoides crassicauda). — 489, ligne 3 en remontant, lire : Bollingham, 13iO. EHKATA. 1303 Paf,'e iiJO : Le nom sénériqno Tric/iina étiiiit prroccupr, lo remplacer par le dimi- nutif Tric/iiitelld [Trictiinelld spiralh). — .SU, ligne 23, après : nombreux, ajouter : hi nuit. — Ô15, lignes eu remontant, après : Salishury, 1868, ajouter : ncc llud., 181!) (donc cijsticd perd la priorité). — ôi2, ligne 6, lire : Spiropleva ccrn/cnsa Giles, 1892, nec .Molin, IS.")'.). — ô42, ligue 8, après : œsophage, ajouter : du Porc. — i)43, ligne ;«, après : Schneider, ISGC, ajouter : nec Zeder, 1803. — 593, ligne 4, au lieu de : cimjuikmk, lire : sixième. 630, ligne 8 en remontant, après : métamorphoses, ajouter : anymphales. — (i.i3, ligne 21, au lieu de : l'Hirst., 1861, lire : .Millier, 1868. — 66i, dernière ligne, ajouter : et des Colombins. — (;6S, ligne 2 en remontant, au lieu de : actuellement, lire : accidentellement. — 682, ligne 10 en remontant, au lieu de -.Xealfjs, lire : Nealges. 68Ô, ligne 16 : lo genre Critiiscansoy- doit être réuni au genre Myocoples. — 694, ligue 7 en remontant, au lieu de : C/irilfiuptes, lire ; Crillioptes. — 709, ligne ô en remontant, au lieu de : lonus /leg.va, lire : /. he.ragonus. 724, ligues 15 et 17, au lieu de : ciiticulnris, lire : cuhirularis. — 729, ligne 16, au lieu de : sous-familics des Télégoninés et des Véjovinés, lire : familles des Tclégonidés et des Véjovidés. — 749,' ligne 14 en remontant, au lieu de : Latr., 1829, lire : Latr., 1818. — 761, ligues l.j et 30, au lieu de : Latr., 182.5, lire : Latr., 1818. 767, ligues 17 et 27, au lieu de : Latr., 1825, lire : Latr., 1818. 878, ligne 7, supprimer : ou incomplètes. — 885, ligue 18, au lieu de : sacchariimi, lire : saccharina. — 933, ligne 10, ajouter : Plusieurs autres formes ont été décrites récemment. — 984, dernière ligne, au lieu de : 1885, lire : 1893. — 1064, ligne o, au lieu de : /,. rubivida, lire : L. vubecula. — 1196, ligue 13 en remontant, au lieu de : ('iniininiP, lire : Caninu'. 4.ï8.')-93. — ConoEiL. Imprimerie Kd, CrtÉTÉ