ee de Le DS last : An 11) ; MÉMOIRES À L'ACADÉMIE DES SCIENCES : DE L'INSTITUT DE FRANCE ET IMPRIMÉS PAR SON ORDRE. TOME VIII. PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES, SUCCESSEUR DE MALLET-BACHELIER, QUAI DES AUGUSTINS. 55, PÈRE NS 12 % MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS A ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE L'INSTITUT DE FRANCE LA DAT Po MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS A L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE L'INSTITUT DE FRANCE ET IMPRIMÉS PAR SON ORDRE SCIENCES MATHÉMATIQUES ET PHYSIQUES TOME HUITIÈME PARIS IMPRIMÉ PAR AUTORISATION DU ROI À L'IMPRIMERIE ROYALE M DCGC XLIII TABLE DES MÉMOIRES CONTENUS DANS LE HUITIÈME VOLUME DES SAVANTS ÉTRANGERS. RecHercHEs générales sur l'organographie, la physiologie et l'organogénie des végétaux; par M. Charles GAuDIGHAUD. .::............. ... Page Mémoire sur l’action de l'archet sur les cordes ; par M. J. M. C. DunamEL.. MÉMOIRE sur la composition chimique des végétaux ; par M. PAYEN....... Mémoire sur l’amidon, la dextrine et la diastase, considérés sous les points . de vue anatomique, chimique et physiologique; par M. PayEN......... Mémoire sur le rayonnement chimique qui accompagne la lumière solaire et la lumière électrique; par M. Edmond BEGQUEREL.................. RECHERCHES sur la disposition des nerfs de l'utérus, et application de ces ‘ connaissances à la physiologie et à la pathologie de cet organe ; par M. le D* JoBERT DE LAMBALLE....... D DO A EC ET A ER MEET MÉMoire sur la démonstration d'un nouveau cas du dernier théorème de HermatpanMRGN AMENER PR PR te ce es ieciece ere RECHERCHES expérimentales sur l'inanition ; par M. Charles Gaossar. ..... RecHERCHES sur la cristallisation, considérée sous les rapports physiques et mathématiques; par M. G. DELAroSsE. . ......................... AA aie ar -atae: dit ho PTT k ME “RE We x via Je Le aisotique f #à PTT db, Re que NL" CL CO PEPUEEPTE DT CTAR OUT AL ment 0 MN su KI thai, FAN ya ne PCUURLETTE 21 ais ougieuir ù six fotsuns gl hbidinos- serait af : js San Mt vi cépigdsens in Fistot DEUX dt maine EMA sai i BD DEL Roat le re: HN brsvmli »yf le ogg is CRE CUT 1 m7 | M An nés Ty ab AE A 51e (PIN) MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS À L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE L'INSTITUT DE FRANCE. (RECHERCHES a GÉNÉRALES SUR L'ORGANOGRAPHIE LA PHYSIOLOGIE ET. L'ORGANOGÉNIE res DES VÉGÉTAUX: MÉMOIRE QUI À PARTAGE, EN 1855, LE PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE FONDÉ PAR FEU DE MONEXON : PAR CHARLES GAUDICHAUD, « ' | PHARMACIEN- PROFESSEUR DE La ROYALE, ) NEMÈRE DE L'INSTITUT DE FRANCE (Acanëure DES suexcrs) OGIÉTÉ PHILOMATIQUE DE PARIS, CORRESPONDANT DE L'AGADÉMLE ROYALE DE MÉDECINE DE PARIS, D ADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE BERLIN, DE L'AGADÉMIE DES CURIEUX DE LA NATURE DE DOWN (DE LA SOGIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE RATISBONXE, DE pa SOCIÉTÉ LINNÉENNE pu GALVADOS, DE LA SOCIÉTÉ DE MÉDECINE DE RIO-DE- JANEIRO "DE LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE DE L’ÎLE-DE-FRANCE* ms Ê——— - Visitant, en 1830, les côtes du Brésil, du Chili et du Pérou, j'eus facilement occasion d'examiner la question qui occupe maintenant les botanistes. nel s'agit de savoir si les végétaux ligneux s’accroissent en dia- mètre par la simple interposition du cenbium entre le bois et 1 2 RECHERCHES GÉNÉRALES l'écorce, d'où résulte chaque année une nouvelle couche de l'une et de l’autre de ces parties; ou bien si, comme le préten- dait à peu près seul M. Aubert du Petit-Thouars, ces couches proviennent des bourgeons, et sont bien formées de l’élongation de leurs tissus ligneux et fibreux dans le cambium, c’est-à-dire dans le fluide cellulifère. Ne connaissant bien que les écrits des savants qui soutenaient la première de ces hypothèses, je me serais sans doute rangé de leur avis si, à cette époque, J'eusse été appelé à professer une opinion. - Désirant voir par rioi-même et vérifier les principaux faits litigieux, je me dégageai, autant qu'il est possible de le faire, de tout esprit de syStème, et me livrai, pendant près de trois années, à des recherches assidues. Ce fut avec quelque peine, je l'avoue, que, dès mes premiers pas, je me trouvai porté, par mes observations, loin de la route que j'aurais le plus volontiers suivie, et entraîné, comme malgré moi, vers celle qui a été si laborieusement parcourue par M. Au- bert du Petit-Thouars. Quoique je fusse bien sûr de l'exactitude des expériences que j'ai faites en Amérique, j'ai dû, à mon retour en France, les re- faire sur des végétaux indigènes, et les résultats en ont été iden- tiquement les mêmes. Ce sont particulièrement ces derniers matériaux , choisis parmi les végétaux les plus vulgaires, qui serviront de base à ce travail préparatoire, destiné à mettre les botanistes et tous les amis de la science à même de voir et de juger par eux-mêmes. Jai cherché en même temps à acquérir, sur le sujet que je vais traiter, une connaissance exacte des travaux des anciens phy- siologistes, et de ceux de MM. de Mirbel, Dutrochet, Ad. Bron- gniart, Turpin, Poiteau, etc. J'ai fait aussi une étude scrupuleuse des œuvres d’Aubert du Petit-Thouars, et c’est nourri des écrits de nos savants compatriotes et de ceux des Treviranus, des Link, des Lindley, des Agardh, des Molh, des Schultz, etc. que SUR L'ORGANOGRAPHIE DES VÉGÉTAUX. 3 je viens devant l’Académie des sciences présenter de nouveau un système qui me paraît vrai de tous points, système que La Hire a sans doute indiqué le premier par une simple note, mais que l'infatigable Aubert du Petit-Thouars a cherché à démontrer dans une suite de mémoires qui n'ont peut-être pas été convenablement appréciés de son vivant. Le hasard m'ayant placé sur la route que ce dernier savant a tracée, et qu'il a Si péniblement suivie jusqu’à la fin de sa car- rière, il ne paraîtra pas étonnant qu’elle m'ait conduit au même but, et que les résultats de mes recherches aient la plus grande analogie avec ceux qu'il a obtenus. Plus heureux cependant qu'Aubert du Petit-Thouärs, j'ai dans mes explorations trouvé des matériaux bien différents des siens, et à peu près tout ce qu 1 était possible de désirer pour la démonstration de théories dont la gloire me paraït devoir lui revenir comme une juste restitution et la récompense digne- ment acquise du labeur pénible qu'il s’est imposé. Ou les théories que je vais présenter à l’Académie des sciences sont vraies, ou elles sont fausses. Si elles sont vraies, on doit les admettre, les soutenir et les propager; et j'ai tout lieu de compter sur le concours et même sur l'appui de l’Académie pour m'aider à les faire adopter; si l'on me Le qu’elles sont fausses, je suis tout prêt à les abandonner. Jusque-là, qu'il me soit permis de les exposer telles que je les conçois, de leur donner tous les développements dont elles sont susceptibles et de les défendre au besoin. L'ouvrage que j'ai entrepris à ce sujet, et dont je vais cher- cher à donner une idée, repose sur des études anatomiques ac- tivement poursuivies depuis-plusieurs années. Il a pour but une connaissance plus parfaite des végétaux, de leurs différentes par- tes, et conséquemment de leurs fonctions et de leurs produits. IL nous conduira donc, je l'espère du moins, à l'adoption de lois générales qui serviront de base à la botanique proprement dite, à la physiologie, à l'anatomie des végétaux, et, en dernier ne in RECHERCHES GÉNÉRALES lieu ,. à leur anatomie comparée ; ce qui est le complement phi- losophique de cette science. J'ai naturellement divisé cet ouvrage: 1° En organographie, cu développement et accroissement des tiges, des feuilles, des fruits, etc. 2° En physiologie, ou phénomènes de la vie des végétaux ; 3° En organogénie, ou étude anatomique du développement et de Det des tissus végétaux. Chacune de ces trois parties sera subdivisée en trois chapitres : ° Les dicotylédones; 2° Les monocotylédones; 3° Les acotylédones. Afin de procéder méthodiquement, il eût peut-être fallu com- mencer ce travail par l'étude des végétaux les plus simples, et passer successivement aux plus composés; mais comme avant tout il m'a paru nécessaire de faire connaître les principes à l'aide desquels je compte établir ces nouvelles théories, et que ces principes s'appliquent surtout aux végétaux les plus com- plexes, j'ai dû nécessairement commencer par ces derniers, et spécialement par les dicotylédones!. Cet ordre sera celui de tout mon ouvrage. ? Je ne parlerai ici des acotylédones que lorsqu'il sera indispensable de le faire. CA SUR L'ORGANOGRAPHIE DES: VÉGÉTAUX. PREMIÈRE PARTIE’. ORGANOGRAPHIE. CHAPITRE PREMIER. VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS. Les nouveaux principes qu'il me paraît utile d'établir provi- soirement peuvent se résumer dans les propositions phytolo- giques suivantes : 1° Le végétal phanérogame Fe plus simple et le plus réduit (l'individu vasculaire) est représenté par une feuille cotylédo- naire (1,::, 3, 13; I, 82). 2° Une feuille cotylédonaire, indépendamment de ses autres tissus, dont il sera traité plus tard, se compose primitivement d’un système vasculaire nervo-ligneux et cortical, qui peut être divisé en supérieur * (I, 1, a, b, c; 3, de fài; 13, decàf)et inférieur (I, 1, e; 3, e; 13, decàaa; II, 8,r La à Le système supérieur se divise à son tour en trois parties ou mérithalles : M. tigellaire, M. pétiolaire, M. limbaire. Les lignes de démarcation de ces mérithalles sont désignées par les noms de mésophyte (4, 3, 9) et de méga (1, 3, À); l'inférieur (I, !: Je ne donneici que le résumé des denx premiers ti de no mn parce que ces deux premiers chapitres, qui forment la première partie de ce travail, sont les seuls qui aient été soumis au jugement de l'Académie. 2 Nous indiquerons les planches avec des chiffres romains, 4e figures avec des chiffres arabes, et les détails avec des lettres italiques. 3 Ces figures idéales conviennent parfaitement pour les démonstrations. Elles résument de nombreux faits organographiques. 6 RECHERCHES GÉNÉRALES 3, e), qui généralement ne se développe que dans Facte de Ja germination, est séparé du supérieur par un mésocauléorhize (I, 3, f), qui est le premier nœud vital de la tige, et en constitue la base réelle ou le sommet réel de la racine. Le mésophylle (1, 3, h) sépare le limbe (I, 3, c) du pétiole (1, 3, b); le mésophyte (1, 3, g), le pétiole (F, 3, b) de la tigelle (1, 3, a); le mésocauléorhize (1, 3, f), la tigelle (T, 3, a) de la radicule (1, 3, e) ou racine embryonnaire !. 3° Je nomme nerveux mérithalliens les vaisseaux primitifs qui forment le canal médullaire; tubuleux ou ligneux mérithalliens ceux du bois; fibreux mérithalliens ceux de l'écorce. Ces vaisseaux primitifs du canal médullaire, du bois et de l’é- corce, seront divisés en système ascendant et en système descen- dant. 4° Les vaisseaux de ces deux systèmes partent du même point (EL, 3, f) et se développent en sens contraire. Ils sont alternes entre eux (1, 3, f), ainsi. que ceux des mésophytes (1, 3, g) et des mésophylles (1, 3, h), et diversement nombreux et réticulés (1, 3, a, b, c, À), selon les groupes végétaux. 5° Dans quelques cas, la radicule et la ügelle avortent plus ou moins complétement (IV, 2, 2’); dans d’autres, ce sont le pétiole et le limbe, ou l’une ou l’autre de ces parties (cactées, etc.?). 6° Dans un embryon monocotylédoné, il n'y a originairement qu'un système vasculaire mérithallien enveloppant. (Système as- cendant.) ° 7° I y en a deux ou plusieurs dans les embryons dicotylé- donés ou polycotylédonés. 5 8° J'appelle système vasculaire l’ensemble des vaisseaux pri- mitifs d’une feuille considérée comme plante distincte (phyton). © Je désignerai les trois premières parties qui appartiennent au système supérieur, la tigelle, le pétiole et le limbe, par les noms suivants : 1° Mérithalle inférieur; 2° Mérithalle moyen; 3° Mérithalle supérieur. f ? L'ordre dans lequel se développent ces différentes parties, lorsqu'elles existent toutes, eSt aussi sujet à de nombreuses modifications, Nous en citerons, dans le cours de ce travail, des exemples remarquables. SUR L'ORGANOGRAPHIE DES VÉGÉTAUX. 7 Ces vaisseaux, dont le nombre est déterminé pour chaque or- gane d'un végétal, sont composés de plusieurs sortes de tissus qui, par leur réunion, forment des appareils organisateurs qui seront décrits, ainsi que leurs fonctions, dans la troisième partie de ce travail, Dans les monocotylédones,. ces tissus restent ordinairement unis et s’accroissent ensemble; ils se séparent généralement dans les dycotylédones pour former, les uns, le canal médullaire, qui se compose en grande partie de trachées ; les autres, les fibres de l'écorce. Cest entre < sortes de vaisseaux, destinés à res- ter, les uns à esià la circonférence des végétaux, ou du cambium, yoie dans la- Sdiamètre du bois et de l’é- ent dans les embryons dicotylé- do For DIX ou polycotylédonés (XI, 3), comme les sépales ans les calices monophylles,.comme les pétales dans les corolles monopétales , comme les étamines dans les plantes monadelphes, diadelphes et polyadelphes; comme les carpelles dans les “ovaires composés, comme ces différentes parties entre elles, enfin, comme les feuilles elles-mêmes, les stipules et les, bractées dans quelques groupes végétaux. Ces soudures ont lieu par des bords comme par les deux surfaces. ES 10° Du nombre des cotylédons, puis des feuilles; de la dis- position de ces parties et de l'ordonnance de leurs tissus vascu- laires, résultent les deux ordres principaux de l'organisation des tiges phanérogames et leurs modifications diverses. 11° Indépendamment du bourgeon axifère (I, 1d,2 d, 3 d; XI, 14,3 a, 4 a), chaque nœud vital [mésocauléorhize, méso- phyte (XX, 4 9, g; V, 12e), mésophylle (V, 10 a)] peut, dans les plantes vivaces, donner naissance a des bourgeons axillaires (V, 10 a; Il, 5, 6). : ss 12° Ïly en a normalement un dans les embryons monocoty- lédonés. ) 8 RECHERCHES GÉNÉRALES 13° Il y en a deux ou plusieurs dans les embryons dicotylé- donés, un pour chaque feuille (1, 5, 6)1. Ces bourgeons axillaires avortent souvent dans les embryons des deux grands ordres de végétaux, les monocotylédonés et les dicoty- lédonés; mais rarement à l’aisselle de leurs feuilles. Leur nombre peut s'accroître par des causes accidentelles que nous expliquerons. 14° Les bourgeons axifères (T, 1, 2, 5, 6 d, 3 d) et axillaires (IE, 5,6; XI, 4 g, g') représentent des scions où rameaux à l’état rudimentaire. Ils sont composés d’un nombre déterminé de feuilles, deux ou plusieurs, réguliè: e posées deux à deux, ou en verticilles, en spires, ete TUE s Ces feuilles’, selon qu’ell ou dans l'air, où elles épré _ lon leur nombre, leur position © loppement , peuvent être dites : feuil reau (allium porrum), le Iys blanc (lilium candidum) 1 2:25 304 4 A NS tubéreuses (XIE, 11 e,é,19e,5a) [les ‘em- bryons 7, (cereus quadrangularis), 8. (piper), 9. (nymphæa), 10. (Exocarpus), sont aussi tubéreux : leurs cotylédons a sont à peine visibles]; squammeuses (XII, 6 a, a’), cotylédonaires owséminales (XT,:1 0; 0: Ma as primordiales (IF, 4 b, c, d; IV, 6;7 g: VII, 1,2 f; VI, 18 f, h,i, 35 z, 2°); propres ou normales; terminales - 7 F * Partout où il y a une cellule vivante il peut se développer un bourgeon. Nous verrons plus tard que les bourgeons qui se développent dans les sinus des feuilles des bryophyllum. des ceratopleris (voÿez Voyage de l'Uranie autour du monde, capitaine L. de Freycinet, bo- tanique, par Charles Gaudichaud; le ceratopteris Gaudichaudi, Ad. Brongniatt, p. 395, tab. 20; pteris comuta, Pal. de Beauv. F1. d'Ow. et Ben. 63, tab. 37, fig. 2), au centre des feuilles des nymphæa (V, 10) cærulea, rufescens, micranta, etc. recueillies en Sénégambie, par MM. le Prieur et Perrottet, sur les pélioles des villarsiu, etc. ausommet des rhachis de beaucoup de fougères, etc. pourront être classés parmi les bourgeons axillaires. 2 ? Quelques personnes , trompées par la manière dont nous présentons ce travail, ont pensé que notre intention est de supprimer les noms si simples, et par conséquent si favorables à la science, d'écaille, de stipule, bractée, sépale, pétale, étamine, etc. pour les remplacer par ceux qui suivent : c’est une erreur que nous nous empressons de détruire. Notre unique but a été de faire sentir les rapports réels qui existent entre ces parties, afin de ramener les phénomènes de la végétation à des lois beaucoup/plus simples, plus philosophiques. Ces sortes de feuilles sont généralement très-remarquables, et distinctes des cotylédons et des feuilles propres. SUR L'ORGANOGRAPHIE DES! VÉGÉTAUX. 9 (VI, 54 à); écailleuses! (VI, 54 a), stipulaires, bractéales, ca- licinales, nectarifères et discoïdes, corollaires, staminales, toru- siennes, carpellairesiet ovulaires; et ces dernières peuvent être dites funiculaires ou arillaires (VI, 31 b, 32 a, 32° b), primi- naires ( VI, 26 a), secondinaires (VI, 26b), tercinaires ou nucléines (VI, 26 c), quartimaires (VI, 26 d), quintinaires (VI, 26 e) etem- bryofères (VI, 32c, 4o d, he, 42e, 43, 44 et 45 d, 46 b, ce sont des cotylédons modifiés). Les changements qu'éprouvent, dans cer- tains cas, ces différentes parties, justifient convenablement ces dé- nominations qui, d’ailleurs, sont déjà pour la plupart adoptées. 1° Une tige vivace de dicotylédone est formée pumitivement (indépendamment des autres tissus dont nous nous occuperons plus tard) par les vaiséeaux du mérithalle inférieur de chaque feuille, lesquels vaisseaux sont successivement recouverts, dans l'ordre de leur accroissement respectif, pousse annuelle par pousse annuelle, verticille par verticille, et quelquefois méri- thalle par mérithalle; par les prolongements radiculaires du sys- tème descendant des mêmes feuilles, eux-mêmes enveloppés et symétriquement séparés par du tissu cellulaire dit épidermoïde, pulpeux et médullaire, selon la place qu'il occupe ou le mode particulier de son développement : ou, en d’autres termes, une tige vivace est composée de feuilles superposées et greffées les unes dans les autres, entre les vaisseaux nervo-tubuleux du bois et les vaisseaux fibreux de l’écorce, par les prolongements radi- culaires de ces mêmes vaisseaux. Plus tard je ferai connaître l'organisation d’une feuille consi- dérée comme végétal distinct, et les modifications qui s’opèrent dans ses nombreux états de réduction, comme dans l'union de sés tissus divers avec ceux des autres feuilles. Pour bien faire comprendre la manière de croître des végé- + Ces feuilles sont de plus.en plus réduites vers le sommet jusqu'aux écailles inclusivement. Je décrirai les modifications organiques qu’elles éprouvent depuis d'état de feuilles normales jusqu'à celui; d’écaïlles les moins développées. Elles sont aux bourgeons ce: que les cotylé- dons sont aux embryons. 10 RECHERCHES GÉNÉRALES taux vasculaires, des dicotylédonés par exemple, je dois encore poser les principes suivants : Tout s'organise dans le bourgeon, soit que ce bourgeon naisse dans l’aisselle des feuilles, sur les feuilles elles-mêmes, ou sur n'importe quelle partie extérieure des tiges; soit encore qu'il s'organise au sein des fleurs; dans les ovaires, sous la forme d’o- vule, d'embryon; etc. Dans ces cas divers, le bourgeon est situé au sommet d’un mérithalle plus ou moins développé. Les bourgeons adventifs seuls peuvent faire exception à cette règle (XIE, 6-7-8 ; XVII, 7 k, des m,n, 0, P; 8, a, b, C; d, e) *E Les mérithalles inférieurs appartiennent au système ascen- dant des cotylédons et des feuilles; 1ls sont simples ou composés: simples, s'ils sont formés par des plantes monocotylédones ou di- cotylédones à feuilles alternes, engainantes (bégoniacées, polygo- nées, arroches, pipéracées?); composés, dans les plantes de Ja même classe à feuilles opposées, verticillées ou éparses, non en: gainantes. Ce qu'on nomme généralement la radicule dans les embryons en repos (1, 1-5, a; VI, 144, 60 b, 0; 61 b, b', 62, 63 b; VIT, 3,46, 91 b,22 d, 26 k, 39 c; 4o b, b'; NET, 1, 2 b) est réel- lement la tigelle ou premier mérithalle caulinaire { mérithalle cotylédonaire), et appartient au système ascendant. La tigelle, dans les embryons développés (VIE, 3, 4 b; VIT, 1, 2 0; XE, 1, 3, À c), est donc formée du mérithalle inférieur des feuilles coty- lédonaires, ou, lorsque celui-ci avorte en tout ou en partie, ! Les bourgeons, comme je tenterai plus tard de le démontrer, sont formés par des cellules excitées. Ou les bourgeons se développent activement pour former des feuilles, des rameaux, des fleurs et des fruits, parties qui ont leurs productions radiculaires spéciales, ou ils restent à 'état rudimentaire de cellules organisées. Dans ce cas encore ils fournissent des prolonge- ments radiculaires qui servent à l'accroissement des parties ligneuses, tout en activant la vé- gétation cellulaire. C’est ordinairement dans le voisinage des plaies artificielles eu à la suite d'accidents qu'ils se forment, souvent en grand nombre. C’est à ces derniers bourgeons rudi- mentaires, auxquels j'ai donné, avec du Petit-Thouars, le nom de bourgeons latents, que, de prime abord, j'ai attribué l'accroissement des bases tronquées de certaines conifères. Ce fait très-important, signalé par M. Dutrochet (Mém. I, p. 231, tab. 7, fig. 1, 2), cessera de faire exception, comme beaucoup de personnes le pensent, dès qu'il sera examiné sousice rapport. * Bien entendu que, dans ce cas, ces mérithalles ne sont pas tout à fait simples: *r4 SUR L'ORGANOGRAPHIE DES VÉGÉTAUX. il par le mérithalle des feuilles primordiales (IV, 6, TS ANIE; 18 e) : de là, les plantes dites épigées et hypogées, qui se dis- tinguent,; les unes et les autres, par des feuilles primordiales al- ternes (plusieurs tribus de légumineuses, etc.) ou opposées (la capucine | tropæolum majus |). La radicule ou racine cotylédo- naire (1,1, 2,5, 6e, 3e; IT, 7) ne se développe généralement que dans l'acte de la germination. L'embryon, à l'état de repos ou de vie latente, appartient donc tout entier au système supérieur (VI, 60, 61 b). Le mérithalle cotylédonaire inférieur ou ügellaire (radicule des auteurs) (VI, 60, 61 b) manque dans quelques plantes (VIT, 19, 20) [nelumbium]; il en est ainsi du mérithalle primor- dial qui avorte par épuisement, en totalité où en partie, dans d’autres végétaux (IV, 6, 7: 8, 9 f;NV, 1/d)ÿ9% e) 3/u: VII, 18e). Le mérithalle cotylédonaire inférieur (la radicule ou la ügelle) Manque totalement dans le nelumbium (VII, 19; 20 a.); en très- grande partie dans les plantes dites coléorhizes (IV, 6, 7, 8b; V, 2 a). Celui des feuilles primordiales fait aussi très-souvent défaut (XI, », 9 h), spécialement quand celui des cotylédons (XI, 2,9 h) prend beaucoup de développement. Plusieurs au- tres causes tendent à produire ce phénomène!, Ce mérithalle se développe, s'épuise et meurt promptement dans un grand nombre de végétaux phanérogames des deux grandes divisions des monocotylédonés et des dicotylédonés. Je citerai comme exemples remarquables de ce dernier fait, dans les monocotylé- donés, de nombreuses graminées ‘des genres panicum, festuca, bromus, triticum , phalaris, briza [toutes les espèces] (IV, 6, 7, 8, 9f: V,1d,2e,3 a), lolium, lagurus, etc. et, dans les dicotylé- donés, probablement toutes les espèces de nymphéacées (eu- ryale, victoria, nuphar, nymphæa, n: alba, cærulea, trisepala, nob.) (VII, i8 e.) Dans ces derniers embryons, à cotylédons charnus, blancs * Elles Seront énumérées dans le travail général, 12 RECHERCHES GÉNÉRALES et saccharifères, la vie se concentre dans le bourgeon séminal ou cotylédonaire (IV, 6, 7, 8 g; V,1e, 3 d; NII, 18f). Ce bour- geon est rapidement porté loin de la graine par un long méri- thalle primordial, grêle, capillaire, blanc, qui se flétrit, meurt et se détruit en peu de jours (IV, 6, 7, 8,9 j; VII, 18 e). Pen- dant la courte existence de la feuille primordiale (IV, 9 g; VII, 18/) de ces germinations, le bourgeon primordial (IV, 6, 7, 8,94; V, 31; VII, 18 h, 1, k) grossit et donne rapidement une première feuille normale (IV, 6, 7, 8, 9 h; V, 3 i; VIT, 18 k), puis une seconde (IV, 8 k; V 3 k; VII 18 i), une troisième (IV, 8 l; VII, 18 k), et, successivement, autant de racines que de feuilles (IV, 6, 7, 8, 91,1; VII, 18 g), et constitue ainsi une plante nouvelle, indépendante du germe qui lui a donné naiïs- sance (IV, 6, 7 d; V, 3 h; VIT, 18 a). Ce curieux phénomène est général dans quelques groupes végétaux. Il nous portera à considérer aussi comme des mérithalles fugaces le funicule des ovules (VI, 23, 24, 25 d, 26 f) (funicule dont le raphé [ VI, 23, 24,25c,26gq,27elest le prolongement, dont la chalaze [ VI, 26h, 27 f|est le mésophyte, et dont l'arille est le limbe) | VI, 32 a, 32° b|, et le cordon ombilical lui-même (VI, 47, 5o, 51, 52, 53 a, ho, 41,42 c, 38 b, A3, 44, Ad, 46 a; XIX, 7, 8, 9, 10b) (cordon suspenseur des auteurs). Le mérithalle pétiolaire ou moyen des feuilles avorte aussi très-souvent, même dans les embryons (cereus) [ VIT, 1, 2 a; XII, 7 a], opuntia [VIT, 3 a], nymphæa [VI, 50, 51, 52 c|, piper [XIE 8, 9 a.]. Il en est ainsi des mérithalles supérieurs ou limbaires de certaines plantes dites aphylles, dans lesquelles le limbe fait entièrement défaut (cereus), et n’est représenté que par un mamelon ou par une houppe de poils soyeux. Dans d’autres cas, ce mérithalle n’est que réduit et promptement ca- duc, comme dans les opuntia (VII, 3), dans les vrilles (VI, 13 a, a), les épines (VI, 55, 56 a, 57 c), et dans les écailles des bourgeons (VI, 54 a). La figure 5 et la figure 6 de la planche XII représentent aussi en a des limbes ou des pétioles réduits. SUR L'ORGANOGRAPHIE DES VÉGÉTAUX. 13 Ce limbe est également très-court dans les embryons mürs des cereus (XII, 7 a), des piper (XIE, 8 a), des nymphæa (XIT, 9 a) et des gnetum (NI,.41 f, 43° d°}, où les cotylédons ne for- ment que de légères protubérances. In'y a, en apparence, qu'un: seul, cotylédon dans certains genres. de la famille des urticées,. notamment dans quelques sections naturelles, telles que les müriers, les chlorophorées et antiaridées (VE, 8,9, 10, 12, 12), les socorea du Brésil. Dans ces embryons, le cotylédon développé (VI, 8, 9, 10,11,12 a) acquiert de très-grandes dimensions et se contourne de manière à envelopper plus ou moins complétement le cotylédon avorté; ce qui a fait croire à beaucoup de personnes que ces plantes sont monocotylédones dans leurs embryons, quoiqu’elles soient essen- tellement dicotylédones par tous les caractères de leur organi- sation générale. Le trapa natans est aussi dans ce cas (V, 11,12). On sait que, s’il se forme un bourgeon dans l’aisselle d’une écaille de vrille (VI, 13 a) ou d’épne (VI, 55, 56, 57.a), ces parties, ordinairement grêles, deviennent en peu de temps des rameaux complets. La vigne en offre fréquemment des exemples. Maintenant, pour démontrer que les tiges des dicotylédones s’accroissent en hauteur par le développement des mérithalles inférieurs, et, en largeur, par la superposition des vaisseaux fi- breux et tubuleux des feuilles, prenons un exemple bien connu de germination à mérithalle cotylédonaire inférieur très-déve- loppé, la petite rave (raphanus sativus) (XI, 1, 6,15,16), dont la germination a déjà servi de sujet à deux mémoires impor- tants, l’un de M. Henri de Cassini?, l’autre de M. Turpin. Le dernier de ces mémoires est accompagné d'excellentes figures à la manière de l’auteur. 2. Dans presque tous ces exemples, et dans beaucoup d’autres que je pourrais citer, les cotylédons achèvent ou modifient leur développement dans l'acte de la germination. ? Opuscules phytologiques, Il, p. 380. 5 Annales des sciences naturelles, ancienne série, t, XXI, p. 298, tab. 5. 14 . RÉCHERCHES GÉNÉRALES La coupe horizontale des cotylédons en À (XI, 6) montre huit faisceaux vasculaires disposés en cinq points, dont un, situé au centre, et deux, sur les côtés, sont doubles, «; b,c, d,e,f, q, h. En B, ces faisceaux se sont rapprochés; les doubles se sont tout à fait confondus. En C, on n’en distingue plus que quatre. Les points du centre formés de ©, d, e, f, comriencent à se réu- nir. La figure D représente une tranche horizontale de tout l'éshbr) ons au point où les pétiolés cotylédonaires viennent se Jomdre. La les vaisseaux mérithalliens, réduits à quatre dans chaque cotylédon, se confondent en une seule ligne. f; F, de la même figure, sont les feuilles primordiales qui sont aussi opposées, et dans lesquelles on voit distinctèment trois des’ vaisseaux méri- thalliens principaux. En E, les vaisseaux des cotylédons ne forment, pour ainsi dire, plus qu'un seul point, e et e'; les bases des feuilles primordiales f et f” offrent chacune cinq faisceaux, dont trois plus grands. En F, ils sont plus prononcés, et ceux des cotylédons e et e' commencent à se séparer en quatre groupes. En G, les faisceaux secondaires des feuilles primor- diales g, k, et g', h', tendent à se réunir et à s'approcher en- semble de la nervure centrale i, tandis que ceux des cotylédons s’'éloignent de plus en plus, en quatre faisceaux distincts, e, e, e, e. En H, 9, k, et g', h', ne forment plus que deux corps, et réduisent ainsi à trois les nervures primordiales. En I, g', k° se sont réunis à la nervure moyenne, tandis que g et k sont encore libres : l'inverse à lieu de l’autre côté. En K, les six faisceaux pro- duits par les cotylédons et par les feuilles primordiales sont à peu près également espacés et disposés en cercle, e, e', g, h, En L, les faisceaux des feuilles primordiales, e et e’, s'unissent, e avec 1, et e’ avec 1. En M, ils achèvent de s'unir. En N, ils ne forment plus que quatre corps distincts qui se confondent de plus en plus jusqu’en O, où ils se réunissent en un seul corps quadrilobé, puisen deux corpsbilobés en P , et simplement émar- ginés en Q. Q serait le point de départ du système ascendant SUR L'ORGANOGRAPHIE DES: VÉGÉTAUX. 15 des cotylédons, E celui illes primordiales, En, R, les deux doubles faisceaux Q se sont"divisés chacun en trois faisceaux ra- diculaires. En S, les mêmes sont plus rapprochés. En, T,. deux de cesfaisceauxise divisent en racines. U, chevelu épidérmoïde. Ces observations démontrent que les nœudsvitaux ; ou points de départ dés différents systèmes de ces -quatre premières feuilles, sont bien:E, H,K, O, Q:et T:ce que Les études ‘anatomiques viendront aussi prouver. Pour avoir l'image d’un squelette D then de ces em- bryons, il suffirait de disposer régulièrement ces figures les unes au-dessus des, autres}, et de:faire: passer des lignes par chacun des points vasculaires, dans l’ordre: de convergences jet de di- vergences successives , offert, par ces: tranches! diaphañes, ainsi que j'ai essayé de le faire pour des cotylédons (XI, 8). Cette ex- périence, tentée vingt fois sur'les radis, la été un égal nombre de fois sur beaucoup d’autres végétaux *.. Dès que les feuilles primordiales (XI, 14 b)se.développent, po és par süite de l’élongation des vaisseaux tubuleux de leur système! inférieur 116 RECHERCHES GÉNÉRALES toire, rang de droite (ouest), partie exposée à l'ouest, sont attaqués de cette maladie. a. Bois mis a nu et mort. a. Le même se revivifiant. b, b'. Le même; partie désorganisée, pourrie. c. Bourrelet formé par des couches nouvelles, ligneuses et cor- ticales. d. Épiderme ancien exfolié. e. Bois vivant. Dans quelques cas, rares dans cet endroit, les deux bourrelets finissent par se réunir ; alors des phénomènes très-remarquables ont lieu. Ou le bois mort, ou en partie désorganisé , pénétré de nouveau par des sucs séveux, se revivifie, ou il achève de se désorganiser. Dans ce dernier cas, les produits de la désorganisation sont résorbés; d’où il résulte un vide (crevasse) ou une rénovation ligneuse : ce qui a également lieu pour les gélivures. 10. Coupe horizontale d'un arbre dans sa partie malade. a. Bois mis à nu et mort. e. Bois vivant. 11. Tige de phellandrium aquaticum disséquée par la macération, et destinée à montrer de quelle manière les cloisons se forment par la déviation vers le centre des vaisseaux radiculaires des- cendants ou sous-mérithalliens. Elle est vue par sa partie ex- térieure. a, a, a". Vaisseaux mérithalliens ou du système ascendant. Le changement de direction des mailles indique le méso- phyte. La partie supérieure appartient au pétiole (mé- rithalle. pétiolaire ou moyen); la partie inférieure, à la tigelle ou mérithalle tigellaire inférieur. b, b', D’. Vaisseaux descendants ou radiculaires (sous-mérithalliens) provenant des feuilles supérieures. c, c', ce’. Cloisons formées par des tissus radiculaires ou descen- dants (sous-mérithalliens) dans du tissu cellulaire hu- mide. 12. Fragment de la même tige, vue par la partie intérieure a a’, b b' SUR L'ORGANOGRAPHIE DES VÉGÉTAUX. 117 ce, comme dans la figure précédente. (Voyez VIIE, 4; X 1 à 9.) PLANCHE XV. 1. Expérience qui sert à démontrer que, dans la décortication par- tielle et spirale, les nouvelles couches ligneuses et corticales se croisent ayec les anciennes. Elle a été faite sur un jeune saule, du 1° mai 1834 au 10 juillet de la même année. a. Sommet. Les tissus divers qui arrivent là se dévient à droîte et à gauche pour entrer dans la partie ce, puis dans la partie €’. c” montre les tissus ligneux violets mis à nu, plus épais à la base qu’au sommet du tour de spire. On voit clairement que ces tissus radiculaires ou ligneux se croisent obliquement avec les tissus analogues jaunâtres de l’année précédente b, b', b”, b"', qui sont droits. Il en est de même des nouveaux tissus vio- lets du liber qui se sont formés e; ils croisent de la même manière les tissus jaunâtres du liber de l'année précédente d, d', mis à nu par la macération, et conséquemment les fibres ou vaisseaux mérithalliens ou du système ascendant de l'écorce, qui se trouvent à la circonférence de cette écorce épaissie. Ce fait est de la plus haute importance. 2,3, 4, 5, 6. Disposition des vaisseaux ligneux ou radiculaires du broussin 7. On a passé un cheveu dans le 6, pour prouver qu'à un certain âge ils sont perforés dans toute leur longueur. 7. Broussin de chêne dans lequel on voit, en a a’, les circonvolu- tions formées par les vaisseaux du système descendant, et la base de quelques rameaux tronqués b, b', b", b", qui s'étaient développés en ce point. C'est dans les broussins que les bour- geons adventifs se forment le plus facilement. 8. a. Expensions ligneuses qui, dans les pays chauds et humides, se développent à la base des grands arbres. C'est particulièrement dans les marais maritimes des régions tropi- cales, où le sol est périodiquement inondé par les eaux de la mer ou 118 RECHERCHES GÉNÉRALES desséché, mais encore imprégné de salure, que ces curieuses racines se produisent. ( Voir page 36.) Ne pouvant pénétrer dans un sol qui ne leur convient pas, elles se laminent, pour ainsi dire, afin de prendre à J'air humide ce que le sol ne peut leur donner. En outre des cloisons verticales, il se forme aussi des expensions horizontales qui les réunissent b. Elles sont dues aux mêmes causes. 9. Fragment de racine aérienne, écorcée d'un côté pour prouver que ce n'est bien qu'une racine ordinaire déprimée qui s’ac- croît plus particulièrement par le bord supérieur. Les causes de ce phénomène sont indiquées page 36; elles seront expli- quées dans la seconde partie de ce travail, qui traitera des faits de la physiologie des plantes. 10. Coupe horizontale d'un jeune rameau de peuplier. (Figure for- cée à dessein.) : Un mérithalle quelconque de dicotylédone est composé d’un nombre déterminé de faisceaux vasculaires mérithalliens ou du système ascen- dant. Chacun de ces faisceaux est formé de deux parties très-distinctes, l'une extérieure ou corticale, l'autre intérieure ou ligneuse. On nomme généralement fibres corticales les vaisseaux de la première, canal mé- dullaire ceux de la seconde. Ce canal médullaire contient les trachées. C'est ordinairement entre ces deux parties que s'opère l'accroissement vasculaire subséquent. Cet accroissement est, en apparence du moins, très-irrégulier dans quelques végétaux, très-régulier dans d’autres. Quoique un peu forcé pour la démonstration, l'exemple que je choisis ici peut être vérifié par tout le monde. H se forme tous les ans, entre la partie corticale et la partie ligneuse de chaque faisceau vasculaire primitif, une couche intérieure de vais- seaux ligneux, une couche extérieure de vaisseaux corticaux, les pre- miers situés à l'extérieur du canal médullaire et s'y appliquant, les seconds situés à l'intérieur des fibres corticales, auxquelles ils se fixent également; d'où il résulte, au bout d'un certain nombre d'années, sept par exemple, sept couches concentriques de bois et un égal nombre de couches concentriques de liber. Ces couches de bois et de liber se forment au contact. Dans l'exemple que j'ai choisi, elles ont les mêmes dimensions diamétrales, c’est-A-dire que la dérnière couche intérieure corticalé a exactement le diamètre de la dernière couche extérieure 4: SUR L'ORGANOGRAPHIE! DES VÉGÉTAUX. 119 ligneuse; d’où il résulte deux cônes, un de bois, un d'écorce, réunis par leur base. Chacune de ces couches de bois et de liber est com. posée d’un nombre déterminé d’autres petites couches dont j'expli- querai la formation en traitant de la théorie des mérithalles et des verticilles. Épiderme. Liber disposé par couches. Rayon médullaire où moelle extérieure. Couches ligneuses. Voie du cambium. {C’est le point qui sépare l'écorce du bois.) Canal médullaire. S9 Ro se Le sommet extérieur du cône formé par le liber est ordinairement pointu , entier ou bifurqué dans la coupe transyersale d'une tige. Les _ Vaisseaux qui le composent restent vert foncé tant que l'épiderme n'est pas altéré; ils forment des lignes ondulées de haut en bas, en se rap- prochant et en s'éloignant alternativement; d'où résulte sous l'épiderme une sorte de réseau à mailles larges à l'extérieur, et de plus en plus étroites vers l'intérieur, remplies d'un cône de tissu cellulaire dont le sommet est au centre et se prolonge dans les couches ligneuses en lames ou rayons médullaires très-déliés. 11. Section, grossie et coloriée, de la figure précédente, dans laquelle on distingue plus nettement l'épiderme; la pulpe ou moelle extérieure rose; le liber brun, divisé par des rayons médullaires et par des zones concentriques; le bois blanc flavescent, offrant les mêmes divisions ; le canal médullaire, vert; et la moelle, rose. Comme la précédente, cette figure est exagérée. s “PLANCHE XVI 1. Exemple de bourrelet formé par une ligature. Dans les diverses expériences que j'ai faites, les vaisseaux radiculaires ont fini par briser les liens ou sont passés dessus. a. Bourrelet couvert d’exfoliations corticales. b: Partie supérieure du tronc sensiblement accrue. 120 RECHERCHES GÉNÉRALES e.. Point où la ligature a été faite. ‘ d. Base du tronc plus étroite que le sommet b. 2. La même tige écorcée. a, b, c, d. Comme dans la figure ne. © . Vaisseau entier, allant du sommet à la base, dans lequel on a pu faire passer un cheveu. h. Coupe verticale d'une partie de la tige écorcée. a, b, c, d. Comme dans les figures précédentes. Bois nouveau, couche large. Bois nouveau, couche étroite. . Bois ancien. Couche d'égale épaisseur dans toute sa longueur. . Premiers vaisseaux radiculaires arrêtés par la ligature. Seconds vaisseaux; développement irrégulier. . Derniers vaisseaux arrêtés par la ligature. Ceux qui sont en a, -b, c, d, l'ont franchie. = Era Nouveau moyen de tailler les arbres afin d'éviter toutes les maladies qui résultent ordinairement de cette opération d'agriculture. 5. a. Rameau à couper. Manière de fendre et d’enlever l'écorce. Les lignes noires indiquent les différentes manières d'enlever l'é- corce. ; 6. PR ER coupé, écorce relevée. - Vaisseaux perpendiculaires du rameau coupé au ras du tronc. c. Lambeaux de l'écorce. d. Vaisseaux radiculaires ou ligneux qui contournaient le rameau. e. Canal médullaire. 7. La même figure. Écorce appliquée et maintenue par des liens. 8. La même figure six mois après, écorce et tissu cellulaire enlevés par la macération. f. Les vaisseaux radiculaires de l’année sont passés à la surface des vaisseaux perpendiculaires du rameau comme sur toutes les autres parties. Dans ces expériences, qui ont été tentées de beaucoup de manières, et qui toutes ont complétement réussi, on peut dégager l'écorce d'une partie de son enve SUR L'ORGANOGRAPHIE DES VÉGÉTAUX. 121 loppe extérieure morte. On peut aussi l'enlever entièrement et la remplacer par une égale portion prise à un arbre con- génère. Ces faits sont décrits dans un travail spécial. Je n’en parle ici que pour montrer la marche que suivent les tissus radiculaires. 9 à 14. Direction des, vaiss aux tubuleux sur les arbres écorcés. Ces expériences ontpour but de montrer de quelle manière “les plaies des ar res se cicatrisent. 9. On a enlevé une bande longitudinale d'écorce. Les vaisseaux ra- diculaires imprégnés de ca 1bium, arrivés au sommet de la plaie qu’ils ont un peu débordée, se sont dirigés à droite et à gauche ,-et sont descendus le long des bords latéraux en les pressant aussi dans cette direction b. Ils ont également pressé en bas c’. a tissus ligneux anciens à nu. 10: Expérience analogue. Tige dépouillée par la macération. a. Tissus ligneux anciens mis à nu par la soustraction de l'écorce. b. Vaisseaux radiculaires ou ligneux nouveaux. e. Arrivés ence point ces vaisseaux se dévient à droite et à gauche, et descendent verticalement en formant dessinuosités. Arrivés à la base c' ils vont reprendre leur position perpendiculaire primitive. 11. Expérience analogue. a. Vaisseaux ligneux anciens dépouillés d’écorce. b. Couches ligneuses nouvelles disposées par zones et presque réunies. c, c'. Comme dans les figures précédentes. 12-13. Les mêmes expériences. Les lettres indiquent les mêmes phénomènes modifiés. 14. Autre expérience. Les lettres indiquent les mêmes phénomèns modifiés. d. Indique l'apparition d'une matière ligneuse au centre de la plaie. Elle était formée" par un amas de bourgeons rudimentaires latents. Un d'eux s’est développé, mais les chaleurs de l'été 8. 16 122 RECHERCHES GÉNÉRALES l'ont fait mourir. J'ai disséqué, en 1834, la partie ligneuse des deux systèmes. 15. Disposition des vaisseaux radiculaires à la base de la plaie de la figure 13 disséquée. 16. Jeune tige de châtaignier à laps on a enlevé une couche pt Mers Six mois dl elle offrait les caractères suivants ; éd 1 a. Écorce. b Couches ligneuses nouvelles. . Base de l'écorce ancienne de la partie supérieure. d Écorce nouvelle formée sur le bourrelet. d'. Bois nouveau du bourrelet. e. Base du bois nouvellement formé, bord inférieur rentrant. f. Sommet de l'écorce ancienne de la partie inférieure. H s'y est formé un léger bourrelet celluleux, dans lequel on distin- guait facilement des bourgeons rudimentaires, qui avaient déjà formé un épaississement notable de cette partie infé- rieure du tronc h. Légère couche ligneuse annuelle, formée ou avant la décorti- un | par les bourgeons rudimentaires. , k. Lambeau d'écoree. LA 17. Liane du Brési (Bahia). Elle offre un exemple très-remar- quable d’excentricité. Chaque couche ligneuse est séparée, non par du tissu cellulaire, comme dans les autres dicotylé- dones, mais par des COnChEE très-épaisses d'une sorte de liber. 18. Développement des tissus radiculaires ou ligneux. On a coupé au mois de mai une jeune tige de tilleul a au-dessus d’un bourgeon b. Quinze jours après, ce bourgeon avait formé un rameau dont les prolongements radiculaires c, c', tous distincts, enveloppaient, conjointement avec du tissu cellu- laire naissant, toute la base de la tige. Ces vaisseaux radicu- laires remontent quelquefois très-haut au-dessus du bourgeon pour redescendre ensuite d, 19. Jeune ormeau dont on a enlevé, à Ja fin d'avril, une couronne d'écorce, et dont ensuite on a couvert ayec soin la plaie. SUR L'ORGANOGRAPHIE DES: VÉGÉTAUX. 193 Au 1" juillet, la tige, étant écorcée supérieurement et inférieu- rement, offrait les caractères suivants : a. Bourrelet ligneux de l’année. b. Le bois de d'année précédente, desséché. c. Un nombre considérable de jeunes rameaux dont les tissus ra- diculaires ont aussi notablement augmenté le diamètre de cette partie de la tige. Le bourgeonnement à lieu à ce bord inférieur de la cicatrice exactement comme dans des figures 6, 7, 8 de da planche XII. d. Cette branche ancienne s'étant développée avec vigueur a en- voyé quelques-uns de ses tissus descendants à la sur fé de ceux des rameaux grêles et faibles qui se sont formés au bord infé- rieur de la plaie c. La partie inférieure f, comme la partie supérieure e de cette tige, a produit en même-temps qu'une nouvelle couche de bois, extérieure au bois ancien, une couche de liber g intérieure au liber des années précédentes. 20. Jeune châtaignier auquel on a enlevé une bande circulaire d'é- corce des cinq sixièmes de sa circonférence, et de six lignes de ‘hauteur. Il est représenté ici entièrement dépouillé d'é- corce. Tous les vaisseaux radiculaires a, arrivés vers le bord supérieur de la plaie e, ne trouvant plus les voies qui leur sont naturellement pré- parées, se dirigent de droite et de gauche vers la bande d'écorce vivante conservée sur la sixième partie de la circonférence de la tige b, se pressent dans cet étroit passage, et gagnent ainsi la partie inférieure De Arrivés là, ils s'éparpillent de nouveau, et chaque vaisseau va en quel- que sorte reprendre dans cette partie inférieure de la tige, la position qu'il occupait dans la supérieure. Dans ce cas, le diamètre des deux parties n’a pas sensiblement changé. a. Partie supérieure. b. Partie étroite proéminente où sont passés tous les vaisseaux radiculaires ou ligneux. 16° 124 RECHERCHES GÉNÉRALES c. Partie inférieure. d. Vaisseaux ligneux anciens, dénudés. 21. Jeune frêne auquel on a enlevé, le 1% mai 1834, un anneau circulaire d'écorce de huit lignes de hauteur. a. Partie supérieure. . Partie inférieure. . Bourrelet supérieur. . Bourrelet inférieur formé par une multitude de bourgeons rudimentaires. Ils ont produit un léger accroissement en dia- mètre b. e. Bois ancien, desséché.. f. Deux jeunes rameaux opposés, de l'année précédente , ont envoyé, sur la base de la tige, leurs vaisseaux radiculaires. Ces vaisseaux se joignent au centre. GO 22, 23. Grefle d'érable, disséquée par la macération, vue de face et de profil. On voit distinctement les vaisseaux radiculaires de la greffe a des- cendre sur le sujet b. La force de végétation étant moins grande dans la greffe que dans le sujet, les deux rameaux de celui-ci ont fait passer leurs vaisseaux radiculaires à la surface de ceux de la greffe d. d de la figure 19 est un cas tout à lait semblable. On peut .rès-facilement, par ce moyen, faire passer alternativement les tissus radiculaires de la greffe sur ceux du sujet et vice versa, et avoir ainsi à volonté des tissus distincts de l’un et de l'autre. En activant ou en retardant la végétation des bourgeons ou des r'a- meaux superposés d'une même tige, on obtient les mêmes résultats. (18, 19; 21, 22, 23; XII, 5, 6, 7, 8; V, 6, 8, 14.). PLANCHE XVII 1. Arbre du parc de Saint-Cloud (æsculus ). Exemple remarquable de décortication circulaire, phénomène décrit page 21. ? ILest actuellement dans la collection du Muséum, qui le doit à l'obligeance de M. Ma- thieu, chef du Trocadéro. * SUR L'ORGANOGRAPHIE DES VÉGÉTAUX. 125 a. Partie supérieure du tronc. b. Base du tronc. : c. Tissus ligneux anciens mis à nu et blanchis par le temps. d, d'. Bourrelets ligneux. e. Accroissement de la partie inférieure du tronc par les bour- geons i, à qui s'y sont formés. g', g'- Couche ligneuse ancienne, morte et en partie séparée du tronc. i, t. Rameaux qui ont produit l'accroissement en diamètre de la partie b. 2. Coupe du même arbre. a. Partie supérieure dans laquelle on distingue les couches li- gneuses ÿ, g' et celles qui ont produit le bourrelet d, d'. c. Le bois ancien. b. La base accrue par les bourgeons i 1, de 3, 4. Autres marronniers de Saint-Cloud, écorcés cireulairement. 3, côté nord; 4, côté sud. 3. Côté nord. b, c, d, e. Comme dans les figures précédentes. g. Formation d'une nouvelle couche étroite. f, f- Crevasses profondes produites par la désorganisation du bois ancien. h. Autre crevasse profonde. - hi, L'autre côté (sud). a, b,c,d,e, f, f, ff; h, h'. Comme dans la figure précédente. 5, 6. Autre arbre de la même espèce sur les côtés nord 5 et sud 6. Les lettres comme dans les figures précédentes. 7. Peuplier écorcé circulairement. a àe. Comme dans les figures précédentes. i. Exfoliation de l'écorce ancienne. k. Bourgeon adventif développé dans le tissu cellulaire du bord inférieur de la plaie, comme 6, 7, 8, XIII. 1, m, n. Bourgeons adventifs. Ceux-ci percent l'écorce. 126 RECHERCHES GÉNÉRALES . », 0. Bourgeons adventifs rudimentaires du bord inférieur de la plaie. Ils se sont développés plus tard. p, q. Bordinférieur de larplaie, épaissi sous l'influence des bour- geons adventifs. : k, L, m,n, 0, 0’. Bourgeons qui sont encore à l'état rudimen- taire. 8. Figure idéale d'arbre tronqué, chargé de bourgeons sur le tronc et sur les racines. a, b. Bourgeons formés dans le tissu cellulaire de la circonférence entre le bois et l'écorce. c, c'. Végétation cellulaire qui précède la formation des bourgeons. d,.e. Bourgeons de la circonférence. Ils percent l'écorce. f, 9, h. Bourgeons formés sur les racines près de la surface du sol. k. Représente le sol. 9. Tilleul de l'allée Maintenon, à Fontainebleau, écorcé circulaire- nent. Îl est situé près de la grille du château. M. Bouchet l'observe toujours dans le même état, depuis quatorze ans (1834). Les lettres a à f comme dans les figures 3, 4, 5, 6. 10. Marronnier du Luxembourg dans le même état. Je l’observe depuis une dizaine d'années !. f Les lettres a à e comme dans les figures précédentes. 11. Bignonia catalpa du Jardin des plantes. Une allée toute formée de ces arbres présente les phénomènes physiologiques les plus remarquables. Dans celui-ci, les trois quarts de l'arbre sont morts; il ne reste plus qu'une bande vivante encore fixée sur . douze ou quinze pieds de longueur du vieux tronc mort. a. Partie vivante. b. Partie morte. c, c'. Bases de rameaux anciens. d. Sommet du tronc mort. e 12. Coupe idéale de cet arbre disséqué. * I fait aujourd'hui partie de la collection du Muséum, qui le doit à M. Lévèque, treilla- geur des châteaux de la couronne. SUR L'ORGANOGRAPHIE DES: VÉGÉTAUX. 197 a. Partie vivante. b. Partie morte. c. Centre encore vivant. 13. Exemple de la déviation des vaisseaux tubuleux ou radiculaires, par l'action d'une forte ligature en spirale. Dissection. Si au lieu de faire une ligature on enlève une bande spirale d'é- corce, un phénomène tout à fait semblable a lieu. Les vaisseaux des- cendants suivent les contours de l'écorce restante, comme ici ils suivent les intervalles du lien. $ ; Dans l'un et dans l'autre cas, il y a formation de nouvelles couches de bois et de liber qui se croisent presque à angle droit avec les couches anciennes, droites, de l'une et de l'autre de ces parties, XV, 1. a. Partie du tronc immédiatement située au-dessus de la ligature, avec son écorce. b, b', b'. Nouvelles couches ligneuses, formant une bande spirale autour des tissus ligneux de l'année précédente. c, c', c”. Tissus ligneux anciens, droits. 14. Sureau noir {sambucus nigra), ayant une bande vivante autour ©” d’un tronc mort. Dissection. S a, à a”. Bois mort. b. Rameaux d’où partent les tissus radiculaires. c, c’. Bois vivant, formant une fois et demie le tour du tronc mort!. 15. Sorte de broussin disséqué. Les vaisseaux radiculaires du ra- meau vivant envahissent progressivement le vieux bois mort qui ne peut rien produire. a. Tige vivante provenant d'un bourgeon adventif. b. Rameau provenant d'un bourgeon adyentif. c. Vaisseaux spiraux d’une feuille qui existait là. d, d', d'. Vaisseaux radiculaires enveloppant. tout le trone, en for- mant de nombreuses sinuosités. e, f. Bords prêts à se réunir. 9; g', g'. Bois mort en décomposition. sé * Cet arbre a été arraché. Un tronçon en a été déposé,aux galeries de botanique. 128 RECHERCHES GÉNÉRALES 16. Greffe en fente, dans laquelle les vaisseaux radiculaires sont très-distincts de ceux du sujet. a. Bois du sujet. b, b, Bois de la greffe. c. Écorce. Elle s’est accrue d'une nouvelle couche de liber, con- tinue avec le liber de la greffe. Les tissus radiculaires de la greffe, amoncelés en b, b', ne se dis- tinguent presque plus en e. f. Vide entre le bois ancien et le nouveau. Il se prolonge sur les parties latérales jusqu’en c. Voir la planche XVI, 22, 23. Les figures 5, 6, 7, 8, pl. XIII, doivent aussi être considérées comme exemples de greffes. Dans un travail spécial sur la grefle, je démontrerai que tous les bourgeons, quelle que soit leur nature, ne produisent que des greffes. 17. Bouture de sureau (sambucus). a. Moelle. b. Couche ligneuse ancienne. c. Couche ligneuse extérieure nouvelle, produite par les prolon- gements radiculaires des bourgeons. d. Écorce épaissie par une nouvelle couche intérieure de Hber. e. Fissure produite dans l'épiderme et l'écorce par l'augmenta- tion du diamètre de la partie intérieure de l'écorce et de la partie extérieure du bois. f, f. Jeunes rameaux. Ils ont été coupés. Goo) incipales racines produites par les bourgeons. h. Bois ancien mis à nu par la décomposition de l'écorce de cette partie. 1. Couche épaisse de bois nouveau. k. Moelle de la partie inférieure de la bouture encore en partie vivante. PLANCHE XVIII. de Lianes. Coupes horizontales. SUR L'ORGANOGRAPHIE DES VÉGÉTAUX. 129 Elles représentent les principales anomalies observées dans mes voyages. 1. Bauhinia du Brésil. Fragment de grandeur naturelle. Les zones ligneuses sont séparées par des tissus analogues à du liber. 2. Le même. Forme quadrilatère du canal médullaire. Moelle rouge. 3. La coupe entière très-réduite, pour montrer l'excentricité des couches ou zones, et en a, le point qui indique les dimensions ee de la partie figurée 1. &, 5, 6,7, 8,9 et 10. vaut de diverses ESpÉEES de bignoniacées, DT surtout par la disposition cruciée de leurs couch ligneuses. Le bignonia capreolata, XIV, 4, généralement cultivé en Europe, montre au plus haut degré ces caractères que chacun peut étudier. Ê L'Amérique équinoxiale est très-riche en espèces qui produisent ces formes bizarres. Toutes celles-ci proviennent du Brésil. Le dernier voyage que je viens de faire sur la Bonite m'en a fait connaître plusieurs autres espèces très-remarquables. Les bords du Guayaquil surtout en sont fort riches. Là s'opère un phénomène que je n'ai jamais rencontré sur les terres du Brésil. Les bignoniacées de l'é- quateur ont, dans leur première jeunesse, quatre divisions, huit un peu plus tard, puis seize, et probablement trente-deux, les divisions suivant régulièrement cette progression mathématique. Les tiges an- ciennes du bignonia capreolata offrent, jusqu'à un certain point, des divisions analogues, mais moins régulières. J'ai dû naturellement chercher si ces formes pouvaient servir à ca- ractériser la famille, les groupes, les genres et les espèces, ainsi que tout me portait à le penser. Les résultats ont été négatifs ou douteux pour beaucoup d'espèces, mais positifs dans presque toutes les espèces à feuilles conjuguées, et surtout dans les bignonia capreolata, unguis, lactflora, etc. Les tiges 12 et 21 proviennent de mon dernier voyage. Dans la partie organogénique de ce travail, je donnerai HELE anatomies de jeunes rameaux de ces plantes, anatomies qui, j'ose l'es- pérer, expliqueront d’elles-mêmes toutes ces formes anomales et les causes qui les produisent., 11. Malpighiacte (stigmatophyllon acuminatam) du Brésil. Cette 8. 27 130 RECHERCHES GÉNÉRALES, ETC. liane offre cela de particulier, qu'avec un canal médullaire rayonné, comme dans les autres dicotylédones, elle a ses tissus ligneux épars comme dans les monocotylédones. Ce mode d'organisation n’est pas propre seulement à cette es- pèce; il se retrouve dans plusieurs autres plantes du Brési, des Philippines et de Malacca. Le fragment grossi donne une assez bonne idée de cette organisation. 12. Tige (liane) de menispermée ou de gnétacée. Dans cette tige, comme dans la suivante, chaque rayon ligneux est terminé extérieurement par une couche de tissus analogues à ceux 4 du liber. Cette liane est des Philippines et des terres de Malacca. 13 Menispermée du Brésil. Organisation analogue à celle du n° 12. 14 à 21, et 1, 2, 3, A, XIII. Lianes de la famille des sapmdacées. Toutes ces plantes, originaires du Brésil, offrent constam- ment les mêmes caractères spécifiques. Elles ont un canal médullaire dans le faisceau central, et, dans les autres, des centres médullaires situés, selon les espèces, tantôt au mi- lieu , tantôt sur les bords, mais sans trachtes. Les figures au trait ajoutées aux 16, 17, 18 et 19, Sont destinées à mon- trer les dimensions de ces tiges et les modifications qui s’o- pèrent dans la disposition de leurs faisceaux vasculaires ou ligneux. Charden æne et Are Cmeresswn des Gravures par + k , Ù Ë APR à 28 | Ne, "+ * LS L 'd * ES" Ne Fe td et. # Pre i —— os Pr Les A “+4 PUR? #4 Che Lg > # 2 pi A" , F4 n : + 21] Pis - | ] mil Ed sf En ! € " LS 1 . - $ « +] i ( , : ; * . _ et der. F ue RATS Borromee del et dir ie ; PR la MEME TT LILI TS A | * à V4 1 il ù JUCPUSISLE DUPJSAS S duvpuoose atuaexS | Doro del ct ir. a = V jl l WW, 1, = A D) hi 0000000000000009 n000000000000000 000000 00000000 OOTRAC PAL LE LE PR EL PRET (le ni VE #: p" 2 “4 $, Que ÿ” ‘ 9 ps TT ri nr qui” UM / lu = nr É lu, | PTT T fi | MT ju (| in 1 7 DT 1 - = = \ la Cu Le ne ES on LA jan A F2 { É J doi L Se LE =, ue in k, = LA Te] ne / . DES U qu > # #0 D à = dut ne #) ' jh \ OO =: Re € ZE ji A a qu Al quil LL 111 nv. W? LA 0 er qur a | /: \ UE \ S\ Q re E—— KNULETENAT 10 « )ù : = "= œ Œn * DA DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. 133 distance a de l'origine; de sorte que a x, y, z, seront les coor- données du point de la corde qui, dans l’état naturel, avait pour coordonnées &, 0, 0. Soient X, Y, Z, les composantes des forces appliquées aux différents points de la corde, et rapportées à l'unité de masse; et et / la longueur AB. Les équations générales des mouvements infiniment petits de tous ses points seront, comme on peut le voir dans la ne de M. Poisson. dx Ed dy = TN y DR ne ame ue, ut dz TA dEz , dB € de ? les équations d'équilibre seront 1 dx ; T Ey (b) X + de d& bé Lis da? EC T) "d?z L + CAMES 9 et l'on aura, dans l’un et l'’autf@ cas, tous les théorèmes que j'ai démontrés dans mon Mémoire sur les vibrations d’un système de points matériels. (Voir le Journal de VÉcole polytechnique, XXITI: cahier. ) La question que nous nous proposons en ce moment étant celle de léquilibre de la corde, consistera dans lintégration des trois équations (b), qui n’offrira aucune difficulté, puisque X, Y,2Z, sont des fonctions connues de a, et que les variables x, y, z, - sont séparées. [2] Cette dernière rene montre qu'il n’y aura déplace- ment, dans le sens d’un des axes, que si les forces extérieures ont une composante dans ce même sens, et que ce déplacement ne dépend que de la composante correspondante. Supposons, par exemple, que toutes les forces soient parallèles à l'axe des y, on aura OA, Ÿ =—="@ {a}, P—N0; 154 DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. d'où l'on tire # Lo— "GA FD, RE ei comme on doit avoir 2—0,zZ—0, pour a=0 et pour a |, “on en conclura d'où, enfin, Ce qui fait voir que les points ne se déplaceront que dans Île sens des 7. : Pour obtenir ces déplacements, on intégrera l'équation T dy Q(a) + — — 0}: e da et l'on trouvera, en désignant par C, C,, deux constantes arbi- traires, = f'da | J'e(a)da + Ci+C; L; y devant être nul, pour a = 0, on en conclut d'abord C, = 0, et D ÉA y = — —f'da {f'e(a)da + C |; y devant encore être nul; lorsque a — [/, on aura l a da ji @(a)da + C} —= 0, [da ['e(a)da CN — 0: 1 L a eo —= nn daf @(a)da; et par suite, en posant f'ela)da = F{a), fF{ajda = v{a), (c) 7 = 7 lav()— (a) |. DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. 135 C'est là l'équation de la courbe que formera la corde en équilibre. n ; Faisons l’application de la formule (c) au cas d’une force finie P appliquée en un point unique C de la corde, correspondant à a= m. Pour cela, il faut supposer d’abord que £(a) soit nul pour toute valeur de a, excepté pour les valeurs qui correspondent aux points situés dans un intervalle infiniment petit #, dans le voisinage de GC. La somme des forces dans l'intervalle # devant être égale à P, on aura quelque petit que soit y. On voit donc que l'on devra ul JE E(a) (a)da comme étant nulle pour a m + uen passant à la limite de x, cette intégrale jus être considérée comme 1 4 L P CG LA égale à zéro, pour am; il en résultera € d'abord P(I-m) Sade = [= da = À Or, depuis À jusqu’à C la première pére de y est nulle, et la Pal (man seconde se réduit à 7 136 DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. Donc, lorsque l'équilibre sera établi, la partie de la corde qui se projettera en AC sera une droite AD, ayant pour équation P (l=m) . Tl Depuis C jusqu'à B on aura : (om) SF{a)da = [= da — 2 Énri et le second membre de l'équation (c) deviendra _— . La partie de la corde qui se projettera en CB sera doncune ue DB, ayant pour équation Il est facile de vériñier directement ces résultats. ad En effet, si la force P fait prendre à la corde la figure ADB, supposée toujours très-voisine de ACB, la tension sera encore égale à +, à une très-petite quantité près; les angles ADC, BDC, pourront être considérés comme droits ; et il sufhira d'exprimer que la somme des composantes des tensions des deux cordons DA, DB, suivant DC, est égale à la force P; ce qui donne l'équation CD CD Cour DA nes ie T. ou, en remplaçant DA 7 CA, et DB par CB, Ld .CD = P, — d'où Pm(l—m) Tl CE Or la droite qui passe par les points À et D a pour équation CD = —— 4, CA ou DE L'ACTION DE: L'ARGHET SURPLES CORDES, 137 et la droite DB a pour équation cp, ti mir (a CAS l), ou Pm ke Yon he) et l’on retombe ainsi sur la même figure d'équilibre. : Si lon suppose, au contraire, que la force P soit distribuée uniformément dans toute l'étendue de la corde, on trouvera pour équation de la courbe d'équilibre 4 Pall=a) \Tou 2rt ? x ce qui montre que cette courbe est une parabole. : à l PL ë RE Si on fait a — 3» On trouve y —=—— ; ce qui est précisément la moitié de CD, lorsqu'on suppose m =. D'où il suit que le point milieu de la ‘corde se déplace moitié moins, lorsque la force est distribuée uniformément dans toute son étendue, que lorsque cette même force est appliquée enentier au milieu méme. [3] Considérons maintenant le cas où toutes les forces seraient parallèles entre elles, mais obliques sur la corde. Prenons leur plan pour un des plans coordonnés, et désignons par 4, 6, les anglès de la direction de-la force @(a) avec les axes des x et des y. ji l Les équations d'équilibre seront dx F dy E nr +de cosp.E(a) — ” AN —cosq.Q(a) = 0; d’où l’on tirera, en posant, comme dans le cas précédent, JS '(a)da = F (a), JS F(a)da — Y(a); edcosp B = —— fa Ma) }, € cosq Rte ape LU) — H{a)}, 18 188 DE (L'ACTION DE! L'ARGHET SUR LES CORDES: on eh déduit @csops 104 8 AC otiorb EE Lu 1cos ie : ni dTcosp è comme on pourrait le tirer des équations différentielles mêmes. Cela montre que tous les points de la corde se sont déplacés suivant une même direction, indépendante de la loi suivant la- qélle varie Ja force, et “faisant avec l'axe AB un “angle dont la i 991 | ) OISE ET langente trig gonométrique est É) 17t26ÿ j : Cette direction, m'est, donc pas en général parallèle ditlepél la force. Cela n'arrivera que dans le cas particulier où l'on aura dr — 1, et par suite K'=K, à moins que l’on n'ait cosq 0 OuCosp — — 0; ce que nous ne SUPpOsOns pas, puisque. la force n'est ni dans la direction de AB, ni perpendiculaire À AB! Ainsi, ‘le déplacement de chaque point se Jera:t cu IE sen$ même de la force: quelle qüe soit sa directioms-silonain = æ c'est-à-dire si. la,carde est tendue primilivement. parvune. force équivalente à autant de-kilogrammes, que, la: longueur:dè. lacorde contient dé fois la quantité dont elle, «allongerait ju une At de: tension d'un kilogrammes!| :: ) 269 taigra ecrotdbie Ce: résultat, :qu'on. peut-remañquersen ob facile: à vérifier dansde cas d’une force: appliquée encun seul-poiniG:de:la corde, En effet , les, composantes P cosp}, P€0sg; ‘de cette force produisent des déplacements CI, DI, indépendants l'un de l’autre; et il s’agit de trouver la NE pou qu'als in rentre eux # DEIUACTION!DE L'ARCHEM SURLESI CORDES. 139 or, d'après-un cacul fait dans desn?[2}} omoays 105164 nov DI — Rennten) LS : = CIRQUE Re Pour calculer CI, on observera que la tension de AC est augmentée par l’action de la force Pcosp, et que la tension de CB a diminué; mais ces dèux variations ne Sont pas exprimées par la force P cosp, et ne sont même pas égales entre elles, comme; nous allons le voir. En effet, la longueur-m ayant été AE de CF, la force qui s'est ajoutée à, sa tension est D; la longueur jh m ayant diminué de CI, la force qui à été £ CI bis ô À retranchée de la tension est (ce qui fait voir d abord que — mi ce n’est qu'au point milieu de la corde que, ces variations sont égalés).-Or, la tension de BT augmentée ‘de Re est fus: à celle de AI, ce qui donne WE 3 pa CI CL, np TE = P cosp, d'où l'on tire CI LE Poosprèm(Em) * - ii à w } L] 4939D 111p GS VIUe 2901 8 les valeurs de CI et DI donnent, 1:42 CI : DI :: dcosp : pu Donc, pour que la condition demandée ait lieu, il faut que : 1 . ROSE l'on ait T—-—-; ce que nous voulions vérifier. [112 De { ! { MOUVEMENT D'UNE CORDE DONT TOUS-LES- POINTS SONT SOLLICITÉS PAR DES FORCES QUELCONQUES. [4] Soit @{a) l'expression de la force rapportée à l'unité de masse; p, q, r, les angles que sa-direction: fait avec les axes, et 18° 140 DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. qui peuvent varier avec a; les équations générales du mouvement seront / dx 1. dx de PE E(a) SR he DE da ? dy T dy (a) = (a) cosq # a dz TÈ, d?z —= = (a) cosr + an À dy.) dyx dr 2 jp “7 Sont connues pour la [! valeur particulière {= 0; ces fonctions de a déterminent l'état initial du système. b Posons et les valeurs de æ, y, z (é) Du y = eo, 2 = PNUD æ, Y, z, étant des fonctions de a déterminées par les équations / 1) dx | @(a) cosp + De Higea | Us TUE. (>) | @(a) cosq + me el” Bz | @(a) cosr + —— —10: et assujetties aux conditions particulières suivantes, qui déter- mineront les constantes arbitraires; T0 (6) PA =r 0 pour a = o.et pour a — L 20 Les équations (+) se réduiront alors aux suivantes : du 1 du WT PU day dv + TAROT U À NOT PEN d'w Be do PT ———— ; \ dè e dé ? ET" 2 w DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. 141 et, en vertu des équations (6), les valeurs initiales de u, v,w, sont celles de >, y, z, diminuées respectivement de x", y, 2; mais les du dv dw valéurs initiales de ——, ——, ——, sont précisément les mêmes dt dt dt dei ee ds [ETARIÉ., que celles de } Vo ME Or il est facile de voir que les valeur m0 22: déter- minées par les équations (y) et (), sont déplacements pa- rallèles aux axes, que subiraient les différents points de la corde, en passant de leur position naturelle à la position d'équi- libre, sous l'influence des forces données. «On voit de même que u, v, w, qui sont les déplacent. à partir de la position d'équilibre, sont, d’après les équations (6) et (s), les déplacements que prendraient à chaque instant les points de la corde, en supposant qu'aucune force extérieure n'y fût appliquée ; que les vitesses initiales eussent les mêmes compo- santes que dans l’état initial proposé , etique les valeurs initiales des déplacements fussent égales à celles de l’état initial proposé, diminuées de celles qui correspondent à l'équilibre. On arrive ainsi à cette conséquence remarquable, que l’on aurait pu déduire des principes généraux établis dans le mémoire cité dans le n° [1]: Lorsque les différents, points d’une corde sont sollicités par des forces quelconques, qui ne dépendent pas du temps, les déplacements de ces points, estimés. par rapport aux positions d'équilibre qu'ils prendraient sous l influence de ces forces, sont à chaque instant les mêmes que s'il n'existait aucune force extérieure, et que l'état initial fat, par rapport à l’état naturel, ce qu'il est réellement par rapport à l'état d'équilibre. [5] Nous allons effectuer tous les calculs indiqués, en suppo- sant toutes les forces dans un même plan, dans lequel nous pren- drons l'axe des y. »- Soient f(a), f(a), les valeurs initiales de:x, : ee =: F(a); Fa), 142 DE ait DE L'ARCHET SUR LES CORDES. celles de y, ——; et faisons, pour abréger, LE re Eh Re Cie LE K, eh K?. irons, en supposant «pour plus de simplicité, les forces PP P Li cosp (8) P (atl) — W(a)}, = tabl) = Na) |, parallèles, 2: LT irKt tro Fr. = — $ sin sin of file }sin —— de + r Kr 2 irKt cosp ] tra + CT = sin — cos 1 É {f{c) KA (ba) —æy(1)] Sin 3ÿ 2 da. (») 4 : de | | v ———È—sin sé ST a bn (a)sin pp; Part Kz û ' l 2 . ira irKt ;l. coëq md + ET > sin dpo cos mor fs IE (a) + ET [la ) — æ{(l)] 7 (A et les valeurs de x et y en résultent d'après les équations o rer eu paye Si les forces n'étaient pas parallèles, les deux composantes seraient des fonctions données de a, qui remplaceraient @(a)cosp, @(a)cosg; c'est là le seul changement qu'il faudrait faire dans les formules précédentes. MOUVEMENT D’UNE CORDE DONT TOUS LES POINTS SONT SOLLICITÉS PAR DES FORCES DONT L'INTENSITÉ VARIE AVEC LE TEMPS. [6] Le calcul n'offrant pas plus de difficulté lorsque l'on a à considérer les trois variables u, v, w, que lorsque l’on peut se DE! L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. 143 borner à deux; nous considérerons ce dernier cas, qui est celui où tous les points se meuvent dans un même plan; et nous sup- poserons même toutes.les forces parallèles. - Pour résoudre cette question, nous emploierons la méthode exposée dans le mémoïré déjà cité, V5 à : En conséquence nous chercherons d’abord les valeurs de x, ys\que lon obtiendrait après le temps t, en partant de l'état initial donné, et supposant que les forces fussent, pendant tout ce temps, les mêmes qu'au commencement: rPoufobtenices valeurs, il faudra, dans les formules (9) rem placer @(a) par la valeur que prend’dla fonétion @{a;t), qui repré- sente la force, quand on fait { =:0; c’est-à-dire par @(a,0). I faudra supposer ensuite que la corde parte de l’état naturel, ét sé ltrouve sollicité ‘par des forces ayant pour expression g'(p\du, (1), étant la dérivée de @{a,t) par rapport à t; et l’on calculera les valeurs de +, y, après un temps égal à {—p. On intégrera ensuite ces dernières expressions, par rapport à #, entre les limites o et {; puis on ajoutera les résultats aux valeurs calculées d’abord! d'après l'état inilial donné ‘et les forces (ao) : et l'on aura ainsi les valeurs de x, y, qui résolvent la question. En remplaçant @(a) par @(ao) dans les formules (#), et posant J'daff@(at)da = Nat), 00 : + j on trouve, en désignant) par 4, yooces premières parties des - valeurs de x et y, cosp # ro x [MI(a,0)) + se sé sû EE ni sin da +\ Lo = ' ; : . ira irKt cosp + an ee {f{e) + =. [UT (e, o)-—au o)] ina sin da. 144 DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. cosgq d tr | aïl{l,6) — IT(a,o) | + irKt 2 ir A + ——E—sin in in da = s A F, (a) si ue dE 2 Ssin cos ES {F(o) + CUT (&,0 — aïl(1, 0) | | HD da: . ina sin 1 Si maintenant, dans les mêmes formules (6), nous remplaçons (a) par @'(u)du et t part —», les fonctions relatives à l'étatänitial étant nulles, nous obtiendrons,, en posant J, daf @(#)da = ya), et désignant par Ë, », ces parties infiniment petites des valeurs cherchées de +, y, | Lax(br) — lx{a,p) } du + Lu KE eos À duf (au) — ax(bu)} | sin = da. er Lax(be) — far) } de + = À 2 in cos EL Phone sin = da. \ Il faut maintenant intégrer Ë et », par PP à p, entre les linutes o et ft. Or, on a Lxaude=f "def ‘daf*e{u)da = fs daf‘daf'e"(uydu = —= af “daf. ‘da @(a,t) — @(a,0) |; DE (L'ACTION DE L'ARCHET FR LES CORDES. 145 et, par conséquent, f'lasie — Had, Hd) La première partie de la SU de Ë étant En par rapport à u donnera donc TI = La(, à — a(l,o) — Mat) + U(a,0)4 ; _et,en l'ajoutant à la première partie de Lo, il restera el.) — Ua: de sorte que la valeur cherchée de x sera fast 2 1 ira œ da + + J, ie fo+< ft — al(bo)]| da + : ira sin 7 ss _ A | 2cosp. de = da J, du co | ï 0,800 di Do, irK î —4) À irœæ ll. Zsin——/ sin sin ef, Or His par Rosé donne À De du . cos ———— ah B(a (au) — = axl Lait = ITI(a, ) — all(l,t) — | cos a ; M(a,0) a (l,0) | — = f'dusin CT {U(a,t) — aNl(L,0 |. En faisant cette substitution dans > et réduisant, il vient 8. 1 9 146 DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES ini [ 2 dé LD nes TR AT | 2—-sin—— sin ; JF {e) sin 27° da + ‘ira. imkt 1 i + — sin 7 cos mi) in à œ = {+ | al(,t) — UM(a,t) | + 2cosp L 2 Si in sn (et) — eo — ma Ki ; RE ps ENT Jde sin = |IN(a,0) — a0(L,6)}]. Or, on a pour toute valeur de a, comprise entre o et [, 2 É iTa Les ira —Esin EL sin —— da (T(2,t) — al(1, 6) } — (a, t) — aï(l,t). Il résultera de là dans > une nouvelle réduction, qui donnera Sin sin 2) sin = da Kx irKt : -l ad Minas. 08 — cr 2rcosp Y rt) imK(t—p) à Shen RATS mL pis sin = f sin = daf. dyusin 5 T(c, #2) —al(/, p) |. Les deux premières parties expriment les déplacements qui au- raient lieu après le temps {, si aucune force extérieure n’était appliquée à la corde; et la troisième, ceux qui auraient lieu par l'action de la force @(a,l), en supposant que la corde partit de l'état naturel sans vitesse. Cette dernière partie étant la seule qui ne fût pas connue, c’est à elle que nous nous bornerons pour simplifier les formules; et nous supposerons que l’état initial de la corde soit son état naturel. En effectuant pour y les mêmes calculs que pour x, on aura les formules suivantes pour da solution de la question. DE L'ACTION.DE L'ARCHET SUR LES: CORDES. 147 2xcosp desde Ale. ire t . iK(t—p) De Bisin——f sin —— daf. du .sm —— La {M(e,p) — al(Le) |. - pur 2mcosq … dima, Li " ma I M Lan inK'(t—u) (&) y = — y Zism——/ sin def D. SI ——— K'E ÿ | (ap) — a(Lp) |. - Si l'état initial n’était pas l’état naturel de la corde tendue en ligne droite, sans aucune action extérieure, il faudrait ajouter aux seconds membres de ces formules les termes qui provien- draient de l’état initial donné, sans avoir égard à aucune force extérieure. : DIRECTION DE LA TENSION MOYENNE DE LA CORDE À SES EXTRÉMITÉS. r pris [7] A rar qui sollicite à chaque! “instant le point auquel est fixée l’une des extrémités de la corde vibrante est dirigée suivant la tangente à la courbe qu'elle forme, et change à chaque instant de direction, sans changer sensiblement de grandeur. Considérons l'extrémité prise pour origine, et désignons par (a), @i(a), Qi{a), les trois composantes de la force appliquée à chaque point; les équations du mouvement de la corde seront eo +KkT, + = Al) K° TE, 2 = qua) + K° ; posons, comme clan nent =? +4, ÿ = #14; Z2= Z' + w; et. déterminons x',.y',2', par les équations 148 DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. dx : A 4 ®(a) + K = = 0; $ — ul æ k Qi(a) + K'°? - == O, dz' rs il en résultera du lu 13 d'u de da ? dv » Pv de da& ? dw La Es d'w dB da Si l’on fait a + x —= Xe les trois coordonnées d’un point quelconque de la corde seront X, y, z; elles seront facilement déterminées en fonctions de a et t, et à un instant quelconque on aurait les équations de la courbe formée par la corde, en éliminant a entre les trois équa- tons qui donnent X, y, z. Les cosinus des angles formés avec les axes par la tangente à cette courbe ont pour valeurs ax dy ds ds ? ds ds ? Mais il sera plus commode de considérer les rapports diffé- rentiels, j s qui leur sont proportionnels, et qu'on obtiendra facilement, puisque X, y, z, seront exprimés au moyen de a. Le cas le plus simple est celui où il n’y a aucun déplacement suivant l'axe des X; et il suffit pour cela que les composantes de la force, ainsi que du déplacement et de la vitesse primitives, dans cette direction, soient nulles. Il n’y a pas alors de vibra- tions longitudinales, et les valeurs de y et z ayant leur période _— ÿ+ SEA LE DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. 149 de même grandeur, il suffit de considérer Îles valeurs moyennes .des composantes dans l'étendue de cette période. S'il y. avait des vibrations longitudimales, leur durée serait différente de celle des premières, à moins que l’on n'eût K' —K; et la corde ne reviendrait à son état primitif qu'après un intervalle qui serait un multiple des deux périodes. Les quantités proportionnelles aux valeurs moyennes des compôsantes parallèles aux axes des y et des z, dans l'étendue d’une période T de ces variables, auront respectivement pour expressions. ob je #/2D dz on di — dt, ou ro dt; en considérant 7 comme la tension à chaque instant; ce qui n'altère ces quantités que de grandeurs très-petites par rapport à elles-mêmes, puisque la tension variable serait égale à LEdz . 1 de SRE da = (14 ôT A): Où ob | - M | LE y = y +F(a+K#+F;(a—K'é),. 2 = 2 = f{a+Kt) +fi(a—Kt). les quatre fonctions F, F,; f, Fe étant déterminées par les données, et ayant pour période T. On en tire les valeurs Sui- D vantes s de =, Tr» Pour a — 0. a d MN Serres PM Tu = À + F(KE) — F(—Kt), dz ds’ = + JS (KD —f-K Intégrons par rapport à t entre o et T, et observons que fon a a hs F'K'hdt — = [FKT) — F{o)} = 0: : 150 DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. et qu'il en est de même des autres; il viendra ë de. 74 Tr d 7% dy J da dir Æ da ? dz dz Hu —# . Jo da dt =T da ? et, par conséquent, les valeurs des composantes moyennes sont { 5 ly dz’ Ur, S “ns proportionnelles à 7 ——, r-—; quantités que l'on aurait obte- da da à nues si l’on avait considéré l'équilibre au lieu du mouvement, Les composantes elles-mêmes sont donc égales à celles qui se rapportent à l'équilibre. DOUANES ) , est La tension suivant l'axe des x étant (= + —— |) à da -da restée égale à +, si æ est nulle, c'est-à-dire s'il n'ya pas de vibrations longitudinales ; et elle est encore la même que cette composante dans l'état d’ équilibre. De là se déduit le théorème suivant : Lorsqu'une corde vibre sous l'action de forces quelconques, en nt d'un état initial arbitraire, et qu'aucune composante n'est dirigée suivant la droite qui joint ses extrémités, là tension moyenne en chacun de ses deux points est dirigée suivant la tangente à la courbe qui serait déterminée par l'équilibre des forces données, et égale à la tension five qui s'y produirait. Si l'on n’a pas x —0, la composante suivant l'axe des X est proportionnelle à % #4 1) de a dx (= Barr —) ia et comme dx dx da MAR À ed cette expression peut se réduire à dr 1 dr . (4 ) DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. 151 : Or, on a k 2 7 x = € + (a Ki) + V(a—Kit), dx’ ; ’ — TES Æ Ÿ (Ki) + LA (—Kt), ‘ jé —” +. pour a — O. Intégrant dans l'étendue T' de la période de x, ou des fonctions Ÿ, Ÿ1, on obtient, pour la valeur moyenne, Ltd ÿ dz’ Re eu à da la composante moyenne suivant l'axe des X est donc repré- sentée par ë dé : 1 dx’ ) : 5e da RD) da Ê expression qui représente aussi la composante de la tension dans l'état d'équilibre. ii Cette composante moyenne reste la même, si l’on considère un intervalle égal à un nombre quelconque de fois T'. Les deux premières restent lès mêmes pour tout intervalle multiple de T. Donc, si l'on considère un intervalle multiple de T et T', et qui soit encore très-petit, les composantes moyennes de la tension suivant les trois axes sont précisément celles de la tension dans l’état d'équilibre, et la direction de la tension moyenne est la tangente à la courbe d'équilibre. ds ; DES POINTS QUI ns EN REPOS PENDANT LE MOUVEMENT DE LA CORDE. [8] S'il arrivait, d’après la nature particulière du mouvement d'une corde, qu’un de ses points libres fût toujours sollicité par des forces égales et contraires, il resterait en repos, quoique aucun obstacle ne s’opposât à son mouvement. Voyons dans quel cas cela peut arriver. 152 DE L'ACTION DE L'ARCHEM SUR LES CORDES. RS Si le point M est en repos, la tension moyenne qu'il supporte du côté MA est dirigée suivant la tangente à la courbe d'équilibre de la partie MA soumise à l’action des forces données. De même la tension moyenne égale et contraire qui le sollicite de l'autre côté est dirigée suivant la tangente à la courbe d'équilibre de MB; donc la corde totale AMB serait en équilibre sous l'influence des forces données. D'où l’on tire cette conGusion : Un point libre d'une corde ne peut rester en repos pendant qu’elle vibre, s'il n'ap- partient pas à la ligne suivant laquelle la corde serait en équilibre, sous l'action des forces qui lui sont appliquées. On voit donc que si aucune force extérieure n’est appliquée à la corde, les points immobiles ne pourront être que sur la droite qui joint ses extrémités. | + DES POINTS OÙ LA CORDE PEUT CONSTAMMENT PRÉSENTER UNE INFLEXION. k s . [9] Nous supposons que la corde ait tous ses points compris constamment dans un même plan, et nous admettrons pour plus de simplicité qu’elle n'ait pas de vibrations longitudinales. On aura alors l'équation unique dy + &dy (A) TU EE ® (a) SE Me FFE 2 (a) étant la force parallèle à l'axe ds y, appliquée en chaque point de la corde. Pour qu'à un certain instant il y ait inflexion en un point de la corde, il faut que l'on ait à cet instant en ce d ë : poieuee ae AE OU = c ; et l'une ou l’autre de ces équa- tions done avoir lieu, quel que soit #, si l'inflexion doit subsister Hetae d RE constamment. Mais si l’on a = = , l'équation (A) donnera a DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. 153 dy ee s en résulterait une vitesse constamment infinie en ce même point; ce qui est absurde. On ne peut donc avoir que — oc; la force serait donc infinie à chaque instant, et il . C4 s da? Ep et l'équation (A) donne par suite dy +34 de Æ (a), d'où Ü DE (a) — + C't + C:; " C' et C étant deux constantes arbitraires. Mais comme y ne peut croître mdéfiniment, il faut que l'on aïten ce point G(a) —0, c'est-à-dire que la force extérieure y'-est égale à zéro; et de plus C' = 0, d’où résulte Li FES Ce Donc le point où il y a constamment inflexion est immobile, et doit par conséquent se trouver sur la courbe que formerait la corde en équilibre sous l'action des forces données. PE a 4 DEUXIÈME PARTIE. Ne # à DE L'ACTION DE L’ARCHET: SUR LES CORDES. s » Ca L 2 LA [10] Cette question n’est traitée dans aucun ouvrage de phy- sique, ni, je pense, dans aucun mémoire particulier, antérieur à la note que j'ai lue à l'Académie des sciences, le 28 dé- 20 154 DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. cembre 1838. Daniel Bernoulli, dans son important mémoire sur les sons produits par les tuyaux d’orgues, a fait quelques réflexions sur la cause qui peut produire et entretenir les vi- brations; il les termine par quelques mots relatifs à l'archet; et, pour mieux faire comprendre où en était la question sur ce point, je transcrirai ce passage du mémoire de l'illustre physi- cien. « ne sera pas hors de propos de faire ici quelques réflexions sur les vibrations des corps sonores, et sur la cause propre à pro- duire et à entretenir ces vibrations. Voici là-dessus une expé- rience qu'on pourrait faire : qu'on tende horizontalement une corde longue, par exemple, de vingt-quatre pieds; que le poids de la corde, relativement à la force qui la tend, soit tel qu'une vibration naturelle dure, par exemple, un quart de se- conde;.qu'on place, près d’un bout de la corde une roue den- telée dans un plan vertical, perpendiculairement contre la corde qui la frise, de manière, qu'en tournant la roue chaque dent donne un petit coup à la corde et puisse s'échapper; si la roue est toujours tournée uniformément,si la corde reçoit un coup de dent toutes les fois qu'elle part de.droite à gauche, ou.si du moins elle en reçoit un à chaque second ; ou à chaque troisième, ou à chaque quatrième départ, c'est-à-dire si le passage d’une dent à l'autre dure précisément, ou une demi-seconde, ou une seconde, ou + de seconde, ou deux secondes , les vibrations de la corde deviendront régulières et seront bien entretenues ; mais, sans cette harmome entre la vibration naturelle de la corde et la répétition du coup de dent, la corde ne formera pas de vibra- tions régulières. « Qu'on accélère le mouvement de la roue, la corde aura d'abord, dans toutes ses parties, des mouvements irréguliers ; mais quand on sera parvenu à faire durer le passage d’une dent à l’autre précisément un quart de seconde, il arrivera aussitôt que la corde se partagera en deux, et qu’elle formera un nœud au milieu et deux ventres, le nœud sera sensiblement en repos DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. 195 et la vibration, de chaque moitiéine durera plus que da ‘hui- tième partie d'une seconde. Si l'on accélère encore le, mouve- ment de la roue, et que l’on réussisse à faire donner précisément six coups de corde dans une seconde, alors la dent se partagera en trois parties égales, elle formeràa deux nœuds et trois ven- tres, ét chaque partie achèvera douze vibrations en une seconde e temps. Tous ces phénomènes pourront, être remarqués aux yeux , et cependant ne feront encore aucun effet sur l'organe de l'ouié; mais si on redouble la vitesse de la roue, la dordé re- doublera le nombre de ses ventres, de même que celui des vi- brationis de chaque partie, et on commencera à l'entendre faire un bourdonnement , et on pourra hausser le ton à mesure que la roue tourne avec plus de rapidité et qu’elle fait former plus de ventres; mais toujours faudra-til.cette harmonie que Je viens d'établir entre les coups de dents et le nombre de vibrations, sans quoi le son de la corde sera désagréable et ne sera point soutenu, où même ne se formera point. «ILest naturel de dire que les petits brins de colophane atta- chés aux crins de l’archet font la fonction de ces dents, et que lhabileté d’un bon joueur de violon à en tirer un son net et agréable, consiste à manier si bien son archet que cette har- monie soit observée. » Or il est facile de reconnaître que cette assimilation de Hat chet à une roue dentée; agissant comme on vient.de l'indiquer, est tout à fait inadmissible; et 1l suffit pour cela d'observer que lorsqu'on tire un son pur d’une corde, au moyen d'un archet animé d’une certaine vitesse, on peut augmenter cette vitesse sans que le son change; tandis qu’il faudrait, au contraire, que le son devint immédiatement confus, jusqu’à ce que, la vitesse de l'archet étant devenue double, triple, etc. le son se trouvât à l'octave, à la douzième, au-dessus du premier. L'expérience étant tout à fait opposée à ces résultats, on en doit conclure que l’archet agit autrement que ne le supposait Bernoulli. Et il est juste de dire, au reste, que ce grand physicien ne parait pas + 20 156 DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. avoir étudié spécialement cette action, et qu ni n’en a parlé qu’in- cidemment. [11] Pour se rendre compte de Wictiôn A Micuée il faut d'abord observer que, quelle que soit la forme de cet instrument ainsi que la matière dont il est composé, son effet immédiat est de produire un frottement sur une petite partie de la corde qu'il doit mettre en mouvement. Reste à voir maintenant quels sont les effets de ce frottement. Or les expériences de Coulomb, et plus récemment celles de M. Morin, ont démontré que la force produite sur un corps en repos, par un corps en mouvement et en contact avec lui, est proportionnelle à la pression qui s'exerce sur la partie en contact, et indépendante de la vitesse du corps en mouvement, tant que la nature.des surfaces en contact reste la même. Quant à la di- rection de. cette force, elle est celle de la vitesse du corps en mouvement; la réaction exercée sur ce dernier est égale et con- traire. Si les deux corps frottants sont en mouvement, on peut, sans rien changer aux actions mutuelles, imprimer au système un mouvement commun qui réduise un des deux corps au repos; la force qui le sollicitera sera proportionnelle à la pression et dirigée suivant le mouvement de l’autre. D'où l’on voit que la force produite par le frottement sur l’un- quelconque des deux corps en mouvement est proportionnellé à la pression, et dirigée dans le sens de la vitesse relative de l'autre corps. Cela posé, il est convenable de distinguer plusieurs cas dans la question qui nous occupe. [12] 1° Cas où la vitesse absolue de l’archet est toujours plus grande que celle de la partie de la corde avec laquelle il est en contact. La pression que larchet exerce sur la corde varie le plus ordinairement avec le temps; mais elle peut, sans erreur appré- DE L'ACTION BE L'ARCHET SUR LES CORDES. 157 ciable, être regardée comme constante pendant la durée très- courte d’une vibration entièreÿ d’où il suit que le frottement qu’elle produit peut être considéré comme une force d’une inten- sité constante. De plus la direction de cette force est toujours la même, soit que la corde se meuve dans le sens de larchet, ou en sens opposé; comme cela arrive alternativement : cela résulte de lassupposition que nous avons faite, que l'archet avait une vitesse absolue plus grande que celle de la corde : d’où il suit que. vitesse relative, qui détermine le sens de la force, est toujou s dans la même direction. D'après cela, si l’on applique à ce cas le théorème démontré dans le n° [A], on obtient la proposition suivante : = Si l'on conçoit la figure d'équilibre de la corde sous l’action d'une force égale à celle du frottement auquel elle est soumise, et que cette corde, partant d'un état initial arbitraire, soit sou- mise à l’action de. l’archet, son mouvement par rapport à la figure d'équilibre sera le même qu'il serait par rapport à la droite qui joint ses extrémités, si l’action de l’archet n'existait pas, et que l'état mitial fût, par rapport à cette droite, ce qu'il est par rapport à la figure d'équilibre. La durée des vibrations étant la même dans les deux cas, le son rendu sera aussi le même. On voit avec quelle facilité notre théorie rend compte de l'iden- titéqui a lieu, en général, entre le son que rend une corde par le moyen de l’archet, et celui que l’on obtient en la pinçant. Si la pression de larchet vient à changer, la force changera, ainsi que la figure d'équilibre; mais ces altérations étant insen- sibles pendant la durée très-courte d'une vibration, cette durée ne variera pas, puisqu'elle sera toujours la même que si la corde était pincée et abandonnée librement à elle-même : donc le ton restera toujours le méme malgré la variation de la pression; résultat d'accord avec l'expérience. Soumettons notre théorie à une nouvelle épreuve. S'il est vrai que la corde, sollicitée par l'archet, exerçant une pression 158 DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. constante, ait, par rapport à la figure d'équilibre invariable, le même ARR qu’elle aurait par rapport à la droite qui joint ses extrémités, si aucune force étrangère ne lui était appli- quée, il faut donc aussi, comme on l’observe dans ce dernier cas, que le mouvement produit par l'archet s’éteigne graduelle- ment par les pertes opérées par la résistance de l'air, et par les supports : de telle sorte que, malgré la continuation du mouve- ment de l’archet, le son finisse par disparaître, et la corde reste immobile, affectant la figure d'équilibre autour de laquelle elle oscillait. Cette conséquence nécessaire, qui s'est présentée à moi dès l'origine, est si peu indiquée par tous les faits connus, qu'il me semblait d'abord que je n’eusse autre chose à faire que de re- connaître pourquoi, dans la réalité, il en était autrement que dans la théorie que je m'étais faite, et dont je croyais toujours les bases inattaquables. Néanmoins je ne renonçai pas à l'espoir de réaliser cette conséquence; et pensant que la cause qui avait empêché de la reconnaître était l'inégalité inévitable de la pression de l'archet, et la longueur limitée de cet instrument, qui ne permettait pas de prolonger suffisamment l'expérience, je pro- duisis le frottement sur la corde au moyen d’une roue polie et frotiée de colophane : j'étais assuré par là de la constance de la pression, et je pouvais prolonger l'expérience indéfiniment. Aussi le résultat a été conforme à mes prévisions. La corde a com- mencé par fare entendre fortement le son fondamental; le mou- vement et le son ont peu à peu diminué d'intensité : et au bout de quelques instants la corde s’est trouvée sensiblement immo- bile et sans résonnance pendant que la roue continuait à tourner avec vitesse. Seulement on entendait une sorte de grincement produit vraisemblablement par le frottement exercé sur la roue, et par diverses autres causes accessoires, mais qui n'avait aucun rapport avec les sons qui pouvaient résulter des vibrations trans- versales de la corde. [El DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. 159 (13) »°. Cas où l'archet n'a pas toujours une vitesse supérieure à celle de la corde. Dans ce cas il est nécessaire de considérer séparément les deux portions de l'oscillation, où le mouvement de la partie de la corde qui est en contact avec l’archet s'effectue dans des sens opposés. Quand le mouvement de la corde est en sens contraire de celui de l'archet, la force de frottement est dans la direction constante du mouvement de l’archet, et l’on se trouve encore dans le cas qui vient d’être examiné. Mais il n’en est plus ainsi dans la partie de la vibration où le mouvement de la corde est dans le même sens que celui de larchet. Apartir de linstant où s'opère ce changement de direction, jusqu'à celui où la vitesse de la corde devient égale à celle de l'archet, tout se passe en- core comme dans le cas précédent. À ce moment la vitesse rela- tive de la corde et de l’archet change de sens, et la force de frottement change de direction ; la vitesse de la come est dim nuée par cette force qui lui est opposée, et se trouve bientôt réduite à celle de l’archet même, dans la partie où elle est en contact avec lui. H peut maintenant arriver différents cas : Ou la force provenant de la tension qui sollicite cette partie de la corde est contraire à son mouvement et plus grande que le frottement, et alors la corde restera en arrière de l’archet jusqu’à ce que sa vitesse soit devenue nulle; Ou cette force de tension , étant encore contraire au mouve- ment de la corde, est pages que le frottement, et dans ce cas la corde suivra le mouvement de l’archet jusqu'à ce que la force de tension se trouve égale au frottement, qui est devenu le frottement devrepos, et a , par ni me un peu augmenté : à ce moment la corde restera en arrière de l'archet jusqu'à ce que sa vitesse soit devenue nulle ; _E a 160 DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. Ou bien la force de tension agira dans le sens même du mou- vement , et sera plus grande que le frottement , et alors la vitesse de la corde augmentant, elle devancera l’archet ; Ou enfin la force de tension, agissant encore dans le sens du mouvement, Sera moindre que le frottement, et la corde, ne pouvant se porter en avant de l’archet, sera forcée de l’accom- pagner jusqu’à cesque la force de tension ait changé de sens et ‘ soit devenue plus grande que le frottement de repos; et alors la corde restera en arrière de l’archet jusqu'à ce que sa vitesse se soit annulée. I y aurait peu d'intérêt à calculer rigoureusement toutes les variétés auxquelles la différence d'état initial peut donner lieu. Nous nous bornerons à examiner avec quelque détail le cas qui se présente le plusordinairement. Mouvement de lu corde partant de l'état de repos. [14] Considérons une corde AB dans son état naturel d’équi- libre, et opérons le contact entre elle et un archet animé d’une vitesse constante, et exerçant sur cette corde une pression. cons- tante. Il en résultera une force constante due au frottement de mouvement. - C . Pole a une Soit ADB, la position d'équilibre de la corde sous l’action de cette force appliquée en C; prenons DE= CD, et joignons AE, BE, les oscillations auront lieu de part et d'autre de ADB, entre les po- sitions extrêmes ACB, AEB, si la force est toujours dirigée dans le même sens : ce qui aura lieu si l’archet a une vitesse plus grande que la plus grande vitesse du point c dans l'oscillation supposée entre ACB et AEB. DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. 161 Ainsi, dans ce premier cas, on entendra le son fondamental de la corde comme si elle était pincée ; et il devra s’anéantir sensible- ment dans un temps très-court. Supposons , en second lieu , que l’archet ait une vitesse moins grande que la vitesse maximum dans l'oscillation régulière de ACB à AEB, et pour plus de simplicité prenons le point C au milieu de AB. Le mouvement commencera, comme dans le premier cas, jusqu'à ce que la vitesse de la partie en contact avec l’archet soit devenue égale à celle de l’archet. À partir de cet instant la corde suivra le mouvement de l’archet jusqu’à ce que la tension détermine une force supérieure et con- traire au frottement de repos (on pourrait même calculer exacte- ment le mouvement de chaque point dans cette partie de l'oscilla- tion, au moyen d’une méthode que j'ai exposée dans un autre mémoire, et qui se rapporte au cas où certains points d’un système ont un mouvement donné ; mais une aussi grande exactitude n’est pas nécessaire pour reconnaître les effets généraux). Lorsque la force de tension a acquis cette valeur, la corde a un peu dépassé la position d'équilibre ADB qui correspond au frottement de mouvement; elle commence à rester en arrière de l’archet et se meut sous l'action d’une force extérieure, égale au frottement de “mouvement, jusqu'à ce que sa vitesse soit devenue nulle; alors la demi-vibration dans le sens de l’archet est termince. Et il est bon de remarquer que la corde est allée au delà de la limite qu'aurait eue son mouvement, si elle avait quitté l'archet dans la position ABD, car alors sa vitesse serait devenue moindre que celle de l’archet, à partir de cette position, tandis que cela n’est arrivé qu’au delà. La position où elle vient de s'arrêter détermine celle où elle S'arrêtera de l’autre côté de ADB, après avoir accompli la demi- Mbration en sens contraire du mouvement de l’archet. Parvenue à cette position, elle reviendra dans le sens du mouvement de l'archet, et si elle avait toujours moins de vitesse que lui, le mouvement serait le même par rapport à ADB que si la corde 8. 21 162 DE L'ACTION DE L'ARCHET SUR LES CORDES. était pincée; et par conséquent, comme on peut négliger la perte de mouvement produite dans une seule vibration, elle viendrait s'arrêter dans la position d’où elle est partie au commencement de l’avant-dernière demi-vibration. Mais, s'il en était ainsi, elle aurait, en passant par ADB, une vitesse plus grande que l’archet, d’après ce que nous avons dit sur l'avant-dernière position d'arrêt. Donc, avant d'arriver en ADB, elle aura acquis la même vitesse que l’archet; elle le suivra alors, et le quittera lorsque la force de tension sera égale au frottement de repos. On se retrouvera donc dans les mêmes circonstances qu'à l’oscillation précédente; par conséquent, le mouvement se reproduira indéfiniment, et le son ne s’éteindra pas. Ainsi la demi-vibration de sens contraire au mouvement de l'archet se fait par rapport à la position d'équilibre ADB, dans le même temps que si la corde était pincée et abandonnée à elle- même. Dans l’autre partie de la vibration, la corde parcourt en sens inverse le même trajet; mais dans une portion de son cours, sa vitesse est celle de l'archet, et moindre qu’elle n'aurait été si cette demi-vibration eût été semblable à celle de la corde pincée et libre : donc la seconde demi-vibration a plus de durée que la première, et la vibration entière est plus longue que celle de la corde pincée et abandonnée à elle-même. Cette différence peut devenir très-grande. Pour chaque valeur de la pression, elle dépend de la vitesse que l’on donne à l’ar- chet. J'ai vérifié par l'expérience ce nouveau fait que ma théorie m'avait indiqué, et je suis parvenu à tirer d’une corde des sons fort au-dessous du son fondamental. Lorsque la vitesse de l’ar- chet diffère peu de la vitesse maximum qui correspondrait au mouvement libre de la corde, le son est très-peu au-dessous du son fondamental; mais il l’est toujours un peu, et l’on reconnait, en augmentant cette vitesse, une légère élévation dans le son que la corde fait entendre. L x Z AAC SE Eire audeur . Cellulose, bois, Secrétions huileuses. a] | | CA 3 | PT TU ASP RE La ELa 4e À ; Se Concretions du licus elasücea. nd 1 à (alé Dante Férangers) DÉVELOPPEMENS DES VÉGÉTAUX. He PS JE" 4 9 SEA È Borromée se ‘ 1108 ; . Concrétions: Juglans regia, Pavietaria off., Urtica nivæœa Morus nigra, Ficus reclinata, Citras limonia. PR s 4 L = ÿ LL ONE DÉVELOPPEMENS DES VÉGÉTAUX. 2 4 DOCS CROCECESS Va So! Ce 3) Borromee. sc L Concrétions des feuilles: Conocephalus naucleiflorus, Broussonetia papy, Humulus lup.,Arum Col. + : Ficus montana, F ferruginea, L° eariea, F laarifolia. i LE /Javants Etrangers DEVELOPPEMENS DES VEGETAUX . 7 Borromee sc Cristaux et Concrétions dans les tiges et feuilles. DÉVELOPPEMENS DES VÉGÉTAUX e g &- o 9 : NE LUTTE [ T4 me = = Ÿ a CODODGOCOCE cad éder S'E Srvantr Ltrangers./ © = Incrustations, Cristaux, Sécretions huileuses et Concrétions dans les feuilles. y” 4 sens Cristaux, Concrétions, Incrustations dans les feuilles et les tiges. DÉVELOPPEMENS DES VÉGÉTAUX. 21.8. a der LP Jantes Etrangers.) Formation et développement des Stomates, tissu des radicelles, cristaux du Pandanus. MÉMOIRE SUR LA COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. PAR M. PAYEN. LU À L'ACADÉMIE DES SCIENCES, LE 19 MAI 1934. PREMIÈRE PARTIE. COMPOSITION DES RADICELLES. En 1833 M. Silvestre fils avait constaté le dépérissement de plusieurs arbres transplantés dans un sol contenant les débris désagrégés de chênes abattus. Cette observation me conduisit à étudier l'action directe du tanin sur les racines des plantes. J'ai reconnu que le tanin contracte la substance amylacée, empêche ou détruit sa coloration bleue par l'iode, s'oppose à l'action de la diastase. On sait d’ailleurs qu'il précipite plusieurs substances organiques azotées, et s’unit au tissu cutané des ani- maux; que son altération spontanée, en présence de l’eau, donne lieu à une abondante production d’acide gallique. Le tanin, doué d’une action énergique sur divers produits des animaux et des végétaux, pouvait probablement exercer une influence spéciale très-marquée sur les premiers phénomènes de la germination et sur le développement ultérieur des plantes. “ 21 164 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. Afin d'observer cette influence isolée, je plaçai des graines de blé, de seigle, d'orge, d'avoine et de maïs, comparativement en contact avec de l'eau pure aérée et avec une solution conte- nant 0,001 de son poids de tanin pur, préparé par la méthode de M. Pelouze. Dans l’eau aérée, la germination de toutes les semences eut lieu; de nombreuses radicelles blanches et des tiges blanchâtres, puis vertes, se développèrent graduellement. Dans la solution à 0,001 de tanin, toutes les radicelles pri- rent peu à peu, vers l'extrémité d’abord, une teinte brune, et se développèrent à peine; les gemmules blanchâtres ne se trans- formèrent pas en tiges et feuilles vertes; il y avait donc un obs- tacle fortement marqué à tout développement ultérieur. Lorsque la faible proportion de tanin libre disparut par suite de sa réaction sur le gluten, l'albumine, lanudon, etc. des fruits, de nouvelles radicelles se développèrent et restèrent blanches, tandis que les premières radicelles, très-courtes et brunies, n’a- vaient pris aucun accroissement, ce qui démontrait l’altération des tissus, notamment dans leurs parties terminales; cependant la vie ne s'était pas éteinte dans toutes les parties de l'embryon, car le développement de la gemmule en une tige verte eut alors lieu et suivit les progrès des nouvelles radicelles. ILen fut de même pour plusieurs des plantules transportées dans l’eau pure après la réaction du tanin : la plupart poussèrent des radicelles laté- rales qui fournirent au développement de la gemmule, mais, dans aucun cas, les bouts altérés ne s’allongèrent. Voulant observer l'influence d’une aussi faible solution de tanin sur une végétation plus active et plus avancée, j'y trans- portai plusieurs plantules de blé développées dans l’eau distillée, et dont les racines et les tiges avaient de trois à cinq centimètres de longueur, laissant végéter comparativement les autres jeunes plantes dans l’eau. Pendant deux jours les effets différèrent peu sensiblement; mais ensuite, dans la solution de tanin, les ra- cines prirent une teinte brunâtre, toujours plus foncée sur les COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 165 extrémités spongieuses où l’altération s'était d’abord manifestée; peu à peu la nuance brune se communiqua au liquide, par suite de la dispersion d’une partie du produit brun de la réaction du tanin. Le développement des racines s'arrêta, et celui des tiges se ralentit tellement, qu’au bout de dix jours leur longueur était à peu près de moitié moindre que celle acquise dans l’eau simple par des plantules semblables. Dans une solution incolore contenant 0,002 de tanin pur, les bouts des radicelles de blé furent sensiblement brunis au bout de vingt-quatre heures, à la température de 15 à 17°. En examinant sous le microscope les racines dont le déve- loppement avait éfé arrêté par le tanin, j'ai reconnu que leurs extrémités surtout étaient opaques et engorgées; que, dans les parties plus anciennement développées, l’opacité moindre se concentrant dans le tissu vasculaire, laissait apercevoir l'or- ganisation normale dans le tissu cellulaire, et surtout près de l'axe. Les racines des graminées à l’état normal, fraîches et dia- phanes, montraient sur le porte-objet toutes les lignes de leur organisation, graduellement plus forte, en remontant des extré- mités les plus jeunes jusque vers la tige. Je crus devoir étendre les essais qui précèdent à d’autres plantes, et varier les observations de la manière suivante : Des graines germées d’ébénier, de sycomore et de sureau furent implantées dans une solution contenant 0,001 de tanin pur, et comparativement dans de l’eau distillée. La solution de tanin incolore prit une teinte fauve gra- duellement plus foncée; les radicelles offrirent peu à peu des nuances irrégulièrement brunes, qui devinrent enfin continues et très-foncées; elles n’avaient d’ailleurs rien gagné en longueur au bout d’un mois; aucune radicelle latérale ne s'était montrée : des flocons bruns amorphes remplaçaient autour d’elles leurs légères fibriles. Dans l’eau pure , au contraire, des radicelles blanches s'étaient 166 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. régulièrement développées, et les feuilles avaient une étendue de cinq à six fois plus grandes que celles venues sous l'influence du tanin. De petites plantes de maïs venues dans l’eau, et dont les racines et les feuilles avaient de 3 à à centimètres de longueur, mises dans la solution de tanin à 0,001, ne poussèrent pendant un mois aucune radicelle; les anciennes racines, de plus en plus rembrunies, ne prirent plus d’accroissement, les feuilles ne pous- sèrent que très-lentement; et leurs extrémités se desséchèrent peu à peu; l'humidité ayant permis la formation de quelques radicelles latérales au-dessus du liquide, dès que leurs bouts vin- rent en contact avec celui-ci ils furent brunis, rendus opaques, leur croissance s'arrêta, la partie au-dessus de la solution resta seule blanche; les plantes de maïs laissées comparativement dans l'eau avaient alors de 22 à 27 centimètres de longueur, leurs racines et radicelles blanches étaient au moins quadruplées de volume. Ces différentes radicelles furent placées sur le porte-objet du microscope après avoir été coupées, soit en disques par un plan perpendiculaire à l'axe, soit en lames minces par un plan passant dans l'axe. ; Les disques des racines blanches non altérées par le tanin laissaient apercevoir en lignes légères toutes les cellules dia- phanes jusqu'à leur circonférence ultime, tandis que dans les disques des racines altérées les lignes de l'organisation étaient rembrunies et les cellules oblitérées, près de la circonférence comme autour du tissu vasculaire, offrant dans ces parties l'aspect d'un magma brun opaque. Une coupe dans l'axe rendait compte du phénomène sous un autre point de vue: les racines attaquées par la solution de tanin offraient, vers leurs bords oblitérés et dans le tissu vascu- laire, une couche brune, opaque, occupant presque toute la section dans les bouts qui, avant l'action du tanin, offraient, au contraire, leur organisation en lignes faiblement tracés. COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 167 jh paraissait donc évident que la réaction énergique du tanin, en attaquant ainsi les bouts formés récemment, en entravant d’ail- leurs, par l'oblitération d’une couche continue, près de la super- ficie et dans le tissu vasculaire interne, la communication, entre les diverses parties des racines et les tiges, avait dû arrêter le développement des unes, ralentir considérablement celui des autres, enfin rendre tout le système incapable de résister alors aux influences extérieures ordinaires. En effet, les plantules dont les racines avaient été attaquées par le tanin, et qu’on essaya de transplanter dans une bonne terre humide, se fanèrent et périrent bientôt, tandis que celles dont la végétation s'était soutenue par l'eau seule reprirent dans les mêmes circonstances, et purent continuer leur végétation. On pouvait supposer que les plantes qui contiennent abon- damment, dans plusieurs parties, des principes immédiats doués d’une certaine énergie sur divers agents, présenteraient des radi- celles d’une composition différente et capable de résister à l’action du tanin. Au nombre des plantes sur lesquelles J'ai opéré dans la vue de lever ce doute, Je citerai celles qui suivent, et dont les graines offrirent aussi, dans leur germination sous la même influence, les phénomènes précédemment décrits: leurs appli- cations dans les arts industriels ou pharmaceutiques démontrent chez elles d’abondantes sécrétions de substances grasses où mur cilagineuses. L’œillette (papaver somniferum), cultivé pour PAPAVÉRACÉES. . . : l'huile qu'on extrait de ses graines. Le pavot (id.); plusieurs variétés des jardins. Le colza (brassica oleracea arvensis), dont la graine oléagineuse donne lieu à de grandes exploitations rurales. CrucirèREs. . ...| Les choux et choux-fleurs; variétés des jar- dins potagers. La cameline (myagrum sativum ) ; cultivée | pour son huile. 168 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. Le lin (linum usitatissimum), dont on utilise PINÉES NEC TE les fibres textiles de la üge, l'huile, le mucilage et la matière azotée de la graine. Le chanvre (cannabis sativa); cultivé en grand pour les fibres textiles de sa tige et pour ses graines oléagineuses. La pariétaire (parietaria officinalis). URTIGEES PE L'heliantus annuus, dont les graines contien- SYNANTHÉRÉES . . À He - | nent de l'huile en fortes proportions. La mauve (malva sylvestris) et ses variétés, dont toutes les parties renferment un MALVAGÉES.. . .., | mucilage abondant. GÉRANIÉES. . . . .. | Geranium; plusieurs variétés des jardins. POLYGONÉES. . .. | Persicaire (polygonum persicaria ). CONVOLVULAGÉES. il Liseron des haies {convolvulus sepium). CUCURBITACÉES . . | Melon (cucumis melo). Les mêmes résultats ont encore été obtenus en opérant sur plusieurs espèces de sola- nées et d’asparaginées. SOLANÉES- ee 0 ASPARAGINÉES. . . . L'influence de l’oblitération produite par le tanin sur les racines de toutes ces plantes se fait sentir aux feuilles et aux tiges, qui se fanent et se dessèchent d'autant plus promptement qu'elles sont plus jeunes, que leur tissu plus lâche est moins résistant, et que la température atmosphérique est plus élevée : ainsi l'effet fut si rapide sur plusieurs liliacées dont les racines seules étaient plongées dans la solution de tanin, que toutes leurs parties vertes furent flétries au bout de quatre jours (la température étant de 20 à 22°)!, tandis que les feuilles de plu- ! Relativement à plusieurs liiacées, l'altération a lieu sans que le liquide se colore très- sensiblement; le tissu aggloméré est obstrué dans les bouts spongieux, sa nuance devient grisâtre plus foncée et plus opaque que dans tout le reste de la longueur des radicelles. COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 169 sieurs arbres étaient à peine sensiblement fanées au bout de dix jours, toutes circonstances égales d’ailleurs et quoique leurs ra- cines fussent déjà fortement colorées en brun. Les altérations ont toujours commencé par le tissu des extrémi- tés des radicelles et des fibrilles latérales. Les parties s’oblitèrent peu à peu et se désagrègent en flocons amorphes de plus en plus opaques; tout le liquide prend ainsi une teinte fauve gra- duellement plus foncée. Au milieu et à la superficie de toutes ces solutions à 0,001 de tanin, sur les graines ou les racines en contact avec elles ou même à la partie inférieure de tiges, se développent d’abondantes moisissures. En rapprochant mes observations antérieures relatives au dé- veloppement des racines sous l'influence des engrais azotés, de Vanalogie entre l’action du tanin sur le tissu des animaux et sur les spongioles des radicelles, je fus conduit à penser que ces parties, le plus récement organisées, dont la production marche en avant de toutes les radicelles, pourraient contenir les plus fortes pro- portions d’azote. Afin de vérifier cette conjecture, je séparai avec soin des radi- cules, des radicelles et même des fibrilles radicellaires, les bouts spongieux, dans une étendue égale à celle qui avait été marquée dans les premiérs essais par la première et la plus forte action du tanin, c’est-à-dire de deux à trois fois leur diamètre. Les spongioles, isolées dans ces trois circonstances et séparément décomposées par la chaleur, dégagèrent les produits gazeux de la décomposition des matières animales; un papier de tournesol rougi était ramené au bleu dès les premiers moments de la réaction; d’autres réactifs constatèrent la présence des vapeurs ammoniacales dans les produits gazeux. Les radicelles privées de leurs jeunes extrémités, et mème leur couche corticale et leur partie cylindrique intérieure sé- parément essayées, dégagèrent des vapeurs dont la réaction fut, au contraire, constamment acide à partir d'une distance lus ou moins rapprochée du bout excisé, et de plus en plus P PP P 8. 22 170 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. acide en s’éloignant davantage et se rapprochant ainsi de la tige. Les mêmes résultats ont été obtenu avec les plantes dicotylé- dones et monocotylédones des diverses familles sur lesquelles j'avais précédemment observé l’action du tanin, et qui compre- naient des arbres et arbustes de différents âges, ainsi que des végétaux herbacés. H me parut probable que les extrémités radicellaires d’une texture si délicate, contenant une substance azotée abondante et si alterable, devaient, dans les circonstances naturelles, être mises à l'abri des divers principes immédiats, actifs, sécrétés dans certains vaisseaux des tiges et des racines de plusieurs plantes, et qu'ainsi seulement luniformité de texture et de composition pouvait être expliquée dans les spongioles de toutes les radi- celles. Une double expérience pouvait donner à ces présomptions le caractère d’une certitude complète. Plusieurs plantes de la famille des rosacées offrent, dans leurs feuilles, leurs üges et leurs racines, une abondante production de tanin; il importait donc de constater : 1° Si ce principe avait sur les spongioles de ces plantes, comme sur celles de tant d’autres, une action délétere ; 2° Si les extrémités des radicelles des mêmes plantes étaient, aussi, azotées au point de donner directement des vapeurs am- moniacales. À cet eflet de jeunes plantes de fraisiers furent implantées dans la solution de tanin ; bientôt les bouts spongieux de leurs radicelles furent brunis et oblitérés 1. Les spongioles enlevées sur d’autres individus, et immédiate- ment décompostes par la chaleur, ont fait virer au bleu le pa- pier de tournesol, tandis que la décomposition des radicelles, privées de leurs bouts spongieux, ramenait au rouge le tourne- sol bleu. !? Sous le microscope l'altération paraissait en tout semblable à celle précédemment ob- servée, COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 171 C'est donc une propriété générale appartenant à toutes les plantes précitées, que la présence et les fortes proportions de la matière azotée dans les spongioles de leurs radicelles. Ces plantes ont encore présenté les mêmes phénomènes, après que leurs racines eurent été en quelque sorte purifiées par une immersion de plusieurs jours dans l’eau, et sous l'influence de la végétation qui, exhalant dans l'air, par les parties vertes de la plante, une quantité d’eau égale à un grand nombre de fois le volume des radicelles, avait dû renouveler dans celle-ci une quantité correspondante de liquide et débarrasser leurs extré- mités, surtout, des principes solubles. Les observations qui précèdent ont été étendues aux radi- celles développées au-dessus du sol, non en contact avec lui, et même aux radicelles aériennes de plusieurs familles; je citerai, parmi ces deux dernières sortes, celles des plantes suivantes, que MM les professeurs du Jardin du roi ont bien voulu mettre à ma disposition : Areca rubra. Dattier (phenix dactylifera). Prpéracées.. .| Piper betel. Vrrirères.…...| Cissus. Epidendrum elongatum. Vanilla aromatica. Dracontium pertusum. Caladium pinnatifidum. AROÏDÉES . ...( Pothos crassinervia. Pothos digitata. | Pothos lanceolata. PALMIERS . .…. : ORCHIDÉES . . La dimension assez forte de deux radicelles de l’areca rubra me permit d'essayer séparément, en opérant des excisions suc- cessives : 1° L'extrémité de chaque radicelle, sous une épaisseur égale au quart du diamètre du corps cylindrique de la radicelle; “ 22 172 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 2° Le corps cylindrique (que recouvrait la portion terminale ci-dessus) coupé sur une longueur d’une fois et demie le dia- mètre ; 3° La partie cylindrique immédiatement au-dessus, coupée sur une longueur égale à la précédente. Les deux premières portions contenaient assez d'azote pour donner immédiatement des vapeurs ammoniacales, tandis que la troisième donna directement des vapeurs à réaction très-acide. Dans plusieurs des radicelles, plus charnues, moins ligneuses et à formes plus allongées que les précédentes, notamment celles de plusieurs pothos, la partie fortement azotée avait beaucoup plus d’étendue. Ces radicelles offrent, au milieu, un tissu vasculaire tenace, très-mince, enveloppé d’un tissu cellulaire très-épais. Toutes les parties de ce dernier, avec leurs enveloppes extérieures, jusques au delà d’une longueur de cinquante fois le diamètre de la ra- dicelle, donnent, dans leur décomposition, des vapeurs am- moniacales. Afin de rechercher si le tissu vasculaire central n'offrirait pas quelque différence dans sa composition, en raison de la matière ligneuse interposée, je l'essayai séparément, et je trouvai que, depuis huit fois environ le diamètre de la radicelle, à partir du bout arrondi jusques à une longueur de vingt fois le même dia- mètre et au delà, ce tissu résistant donnait directement des vapeurs acides par sa décomposition. Le même examen comparé fut fait sur des portions de la ra- dicelle d’un dattier, coupée par un plan perpendiculaire à l'axe: 1° Le bout arrondi; 2° Le tissu cellulaire et les tissus enveloppant dans une éten- due égale au diamètre; 3° Le même dans une égale étendue; 4° Le même sur une longueur égale; 5° Le même encore sur une même étendue. Le bout arrondi et les trois parties suivantes donnèrent di- COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 173 rectement des vapeurs ammoniacales, tandis que la quatrième donna des vapeurs fortement acides. Le tissu vasculaire du centre, essayé comparativement, donna pour les portions correspondantes, dans les deux premières par- tes, des vapeurs alcalines, dans la troisième et au-dessus, des vapeurs acides. Il paraît donc bien évident que toutes les radicelles des plantes phanérogames admettent dans leurs extrémités spon- gieuses une assez forte proportion de substance azotée, pour donner directement des vapeurs ammoniacales par leur décom- position. Cette propriété paraît d'autant pie générale, qu'elle appar- tient non-seulement aux radicelles nées souterraines, mais en- core aux radicelles nées hors de terre ou destinées à vivre dans l'air, et qu'enfin elle résiste à l'effet d’un lavage puissant opéré sous l'influence même de l'action végétative, et se rencontre encore dans les radicelles des plantes aquatiques. Qu'ainsi les extrémités des radicelles, qui, à la fois, se déve- loppent ou se prolongent le plus, et servent à infilirer la plus grande partie des aliments puisés dans le sol par des plantes, admettent dans leur composition de très-fortes proportions de matière azotée. Cette matière est comprise dans un tissu spongieux, per- méable, formant un faisceau de cellules qui, divergeant dans les radicelles, vont se réunir sur deux couches concentriques, l'une autour de la partie médullaire, l’autre autour du tissu cellulaire et près de l’épiderme. Le faisceau communique donc directement avec le tissu vas- culaire par lequel s'introduisent et se répartissent le plus abon- damment les liquides dans l'étendue des radicelles, puis suc- cessivement dans toute l'étendue de la plante. Afin de rechercher si la substance azotée!, déjà indiquée ! Le caractère résultant de la production directe des vapeurs ammoniacales par la décom- position ne souffre aucune exception dans les nombreuses espèces des différentes familles des 174 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. dans cette direction par la réaction spéciale du tanin, serait décelée par un autre agent, j'essayai le proto-nitrate de mer- cure. Des tranches de radicelles de maïs excessivement minces, coupées, soit dans l'axe, soit perpendiculairement à l'axe, et plongées dans la solution de ce sel, se teignirent, au bout de quelques minutes, en rose, puis en rouge, dans toutes leurs parties occupées par la substance azotée; les spongioles mon- traient un faisceau serré de faibles cellules allongées, rouges, convergentes au bout, qui, en se prolongeant, divergeaient dans le tissu vasculaire, laissant de moins en moins colorés, puis presque incolores, le conduit médullaire et le tissu cellulaire. On voit que ce réactif donnait les mêmes indications que le tanin, mais d’une manière plus nette, les tissus restant dia- phanes et non désagrégés. D'ailleurs, dans diverses autres radicelles, le système vas- culaire fut toujours coloré en rouge par le même réactif, et, à l'extrémité, le tissu des spongioles fut toujours entièrement rougi |. Une question importante restait encore à décider : la subs- tance azotée constituait-elle seule une partie des tissus, surtout dans les extrémités spongieuses où sa proportion est constam- ment plus forte? était-elle seulement annexée et très-adhérente aux parties, où J'avais observé sa présence et sa continuité dans toute l’étendue des racines? Il me sembla que, pour résoudre cette question, il fallait em- plantes monocotylédones et dicotylédones; mais l'étendue des parties douées de cette pro- priété varie suivant que, dans les différentes plantes, la matière de consistance ligneuse pré- domine plus ou moins : elle varie aussi dans une même plante suivant que le HÉVEOpRERCRE des radicelles a été plus ou moins rapide. La présence de la matière azotée est démontrée d'ail- leurs par le dégagement de l'ammoniaque, lorsqu'on chauffe toutes les parties des radicelles avec de la potasse hydratée. ! La réaction du nitrate de mercure sur la substance azotée est quelquefois modifiée par des corps étrangers, notamment dans le tissu cellulaire verdâtre des radicelles de plusieurs pothos : le tissu devient brun par le même réactif qui colore en rouge le tissu vasculaire natu- rellement incolore. COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 175 ployer un réactif capable de dissoudre la substance azotée, sans attaquer sensiblement les faibles membranes des tissus. La macération dans l'eau, à la température de 20 à 25°, donna lieu à la fermentation de la substance azotée; mais elle rendit le reste du tissu trop facile à désagréger pour être bien observé. L'action de l’eau bouillante rendit blanche et opaque la ma- tière azotée, dans les parties où le tanin et le proto-nitrate avaient décelé sa présence; vue au microscope, cette réaction offre un des moyens les plus simples de reconnaître la subs- tance azotée adhérente aux parois des tissus. Je supposai alors que, sous l'influence de la végétation, je pourrais faire absorber aux racines une solution capable de dis- soudre la substance azotée, sans attaquer sensiblement la por- üon non azotée; à cet effet, plusieurs plantes, et notamment des asperges et des maïs, ayant deux mois de croissance dans un bon terrain, furent arrachées, puis implantées dans de l’eau pure, afin d'opérer un lavage par infiltration, au travers de toutes les parties des racines. Au bout de cinq jours, l'eau distillée fut remplacée par une solution saturée de potasse, étendue de cinq cents fois son poids d’eau. Peu à peu l'extrémité des radicelles devint sensiblement plus transparente. Cet effet se propagea de proche en proche. Au bout de six jours, pendant lesquels on avait renouvelé deux fois le liquide dissolvant, celui-ci fut remplacé par de l’eau, deux fois aussi renouvelée pendant deux jours; alors toutes les radicelles, sur une longueur qui, dans l’état normal, donnait directement des vapeurs ammomiacales, furent égouttées entre des feuilles de papier à filtre, puis soumises à la décomposition par la chaleur : les produits présentèrent constamment une réaction acide. I était donc évident que la substance azotée enlevée par la potasse avait laissé un tissu léger d’une autre nature, ayant en 176 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. apparence la même forme, mais incapable de se développer, car aucune des radicelles ne s'était allongée depuis la dissolution de la substance azotée qui la rendait opaque. Un doute important restait à éclaircir : la matière azotée for- mait-elle, avant l’action de la potasse, un tissu isolé, notam- ment dans les portions teintes en brun et oblitérées par le ta- nin, portions correspondantes à celles que le proto-nitrate de mercure colorait en rouge, ou étaient-elles seulement renfer- mées dans le tissu végétal ? J'essayai d'abord de couper en tranches minces Îles parties rendues transparentes; mais il me fut impossible d'éviter des déchirures notables. l Afin de parer à cet mconvénient, je coupai des tranches ex- cessivement minces, soit perpendiculaires, soit parallèles à l'axe des radicelles, avant toute altération, puis je les laissai pendant plusieurs jours immergées dans une solution contenant cinq fois plus de potasse que pour les radicelles entières. Toutes ces tranches, vues au microscope, ne présentèrent aucune solution de continuité dans leur tissu; seulement on remarquait un amin- cissement prononcé des parois des cellules des spongioles, et des vaisseaux que marquent le tanin, l’eau bouillante et le proto- nitrate de mercure. Craignant que la solution de potasse n'eût été trop faible pour dissoudre complétement la matière azotée, je répétai la même expérience en décuplant la dose de cet agent, c'est-à-dire en employant un liquide qui contenait o,1 de solution saturée de potasse pure, et J'arrivai aux mêmes résultats, mais plus promptement. Les tranches minces bien lavées à l’eau pure après l'action de la potasse, puis égouttées et immergées dans la solution de pro- tonitrate de mercure, ne donnaient plus de coloration qui indi- quât la présence de la matière azotée; celle-ci était donc enlevée, quoique son absence n’eût pas laissé de lacunes dans le tissu !. ? L'augmentation de la transparence fut surtout remarquable dans le tissu vasculaire des COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 177 Toutes les réactions qui précèdent indiquent la présence de la matière azotte dans les racines, et démontrent aussi son prolon- gement sans solution de continuité dans la tige et aux points de jonction; on voit qu’elle suit les déviations des vaisseaux. Cette observation s'accorde d’ailleurs avec le fait de la prolongation, dans certaines circonstances, d’une portion du tissu des tiges en racines et réciproquement. Cherchant enfin à constater si la matière azotée avait pu être empruntée pendant la végétation aux liquides introduits dans le système vasculaire, je recueillis ces derniers en plongeant dans l'eau les radicelles coupées en disques fort épais, puis filtrant; le liquide rapproché se troubla un peu; évaporé à siccité, le ré- sidu donna directement, en effet, des vapeurs ammoniacales par sa torréfaction. CONCLUSIONS. Les conséquences suivantes découlent des faits exposés dans cette première partie : 1° Le tanin, même en très-faibles proportions, attaque éner- giquement les spongioles des racines, les oblitère, les colore en brun et les rend opaques; cet effet les frappe de mort: il se pro- page lentement, dans le tissu vasculaire surtout, et peut tuer toute la plante. 2° Les mêmes parties que le tanin attaque le plus dans les radicelles sont, en général, colorées en rouge par une solution de proto-nitrate de mercure, savoir principalement : les spon- gioles dans toute l’épaisseur de leur üssu, et plus haut tout le système vasculaire. 3° Les spongioles, des radicelles, des plantes phanérogames, terrestres, aquatiques et aériennes, renferment assez de subs- radicelles de plusieurs orchidées, dont les tranches présentaient sous le microscope, après la * réaction de la potasse, toutes les lignes de leur organisation bien plus nettement dessinées et sans lacunes. 8. 23 178 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. tance azotée pour donner directement des vapeurs ammoniacales lorsqu'on les décompose à l'aide de la chaleur. 4° La substance azotée s'étend dans toute la longueur des ra- dicelles, en accompagnant le système vasculaire; sa proportion est diminué par l'accroissement graduel du ligneux ; elle pénètre en proportions variables, dans le tissu cellulaire !. 5° La substance azotée, insoluble dans l'eau pure, ou très- peu soluble, même sous l'influence végétative, ne forme pas dans les radicelles un tissu à part, mais une partie semble adhérer aux parois des tissus précités. 6° Les spongioles la contiennent abondamment dans toutes leurs cellules, tandis qu’à une certaine distance de ces extrémités, la plus grande partie du tissu cellulaire, et surtout celui du con- duit médullaire n’en renferment que des traces. 7° Ceite substance paraît essentielle à la vie des plantes; sa forte proportion dans les extrémités des radicelles et dans les sucs de leurs vaisseaux, peut concourir à expliquer l’action si remar- quable des engrais azotés, et, sous ce rapport, sa découverte répond au désir exprimé dans le rapport de MM. Becquerel, Dutrochet et Dumas, relativement à mon précédent mémoirce?. 8° La nature même de cette substance et sa grande aliéra- bilité expliquent l’action ainsi bien déterminée du tanin sur les spongioles; elle peut faire prévoir les effets de divers autres agents nuisibles, toutes les fois qu'ils dépassent certaines pro- portions. 9° Les sucs qui passent dans les vaisseaux des radicelles des plantes en bon état de végétation tiennent en solution une subs- tance azotee, et fournissent, sans doute, à l'entretien de la sécre- tion azotée insoluble, observée dans les tissus. 10° La même substance azotée que sécrètent les radicelles se ! Les racines aériennes qui transpirent le plus, et notamment celles de plusieurs pothos, en recèlent le plus dans ce tissu. ? Voyez pages 2 et 3 de ce rapport fait par M. Dumas à l'Institut , et inséré dans le t. XXX des Annales des sciences naturelles (1"° série). co COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 179 prolonge sans interruption dans les racines et les tiges des plantes, bien qu’en proportions graduellement moindres; elle doit donc jouer un rôle important dans les phénomènes de la végétation. DEUXIÈME PARTIE. COMPOSITION CHIMIQUE DES ORGANES DES VÉGÉTAUX, NUTRITION DES PLANTES , CAUSE GÉNÉRALE DE L'ALTÉRATION DES BOIS, MOYENS DE LES CONSERVER. LUE À L'ACADÉMIE DES SCIENCES, LE 18 DÉCEMBRE 1937. À l'occasion d’un concours ouvert en 1820 par la société cen- trale d'agriculture, j'avais rassemblé un grand nombre de faits d’où l’on pouvait déduire des données générales sur les applica- tions des débris des animaux à la nutrition des plantes. La société sue décerna le premier prix à ce travail, et afin d'étendre les mêmes applications: parmi les agriculteurs , elle offrit ER année, depuis cette époque, des prix spéciaux qui continuent à figurer sur les programmes. Je fis connaître, dans un second mémoire, qui obtint l'appro- bation de l'académie des sciences, plusieurs circonstances qui permettent de réaliser les maxima d'effets utiles, en employant ces substances azotées. I restait à démontrer le rôle des matières organiques riches en azote : agissaient-elles en excitant les forces végétatives, ou fournissaient-elles une partie des principes atiles à la nutrition des plantes? Après avoir étudié la composition des parties des plantes qui sont le plus directement en contact avec les agents de la fertilité du sol, et cherchant surtout quel pouvait être le rapport com- 25300 180 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX, mun, à cet égard, entre les extrémités radicellaires des divers végétaux. Je fus assez heureux pour trouver une loi générale de cette composition. Déjà M. Gay-Lussac, en observant la présence de l'azote dans les graines, avait appelé l'attention des physiologistes sur ce fait important, et annoncé qu'il lui paraissait pouvoir conduire à expliquer la fécondité, comme engrais, des résidus que laissent les graines après l'extraction de leur huile; l'épuisement du sol par la culture de certaines plantes; l'utilité des substances azo- tées dans la végétation; peut-être même leur nécessité dans toutes les formations organiques. (Juillet 1833, Annales de chimie.) Ainsi soutenu dans la route que j'avais suivie, J'essayai de gé- néraliser mes observations en déterminant la composition de toutes les parties des végétaux presqu'à l'état naissant, et le plus possible isolées de ces principes immédiats, produits ou résidus, abondants et variables, sécrétés ou déposés parmi les tissus du- rant la vie des plantes. Il fallait, pour les surprendre à peine formés, étudier tous les organes suivant l'ordre de leur développement, et la sève suivant sa marche progressive; à cet égard, les descriptions si claires de nos savants physiologistes, ainsi que les procédés d’expérimen- tation de M. Biot, m'ont offert des guides certains. J'aurais cru devoir joindre à l'appui de mes observations la description de diverses expériences analogues à celles qui, dans mes précédents mémoires, démontraient la part active et féconde que prennent dans la production agricole les débris des animaux, si leurs résultats n’eussent été admis maintenant, non-seulement par les sociétés savantes qui s'occupent d'économie rurale et se multiplient si utilement en France, mais encore par toutes les personnes familiarisées avec les bonnes pratiques de l'agriculture; on sait bien en effet aujourd'hui que les engrais riches en subs- lances azotées sont les plus efficaces, et partout on s'occupe des moyens d'utiliser sous ce rapport une foule de débris naguère perdus. ! \ COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 18i Mais on ignorait encore si les produits de ces agents indis- pensables à la fertilité du sol étaient assimilables dans les végé- taux, dans toutes leurs parties, comme dans les radicelles. Il fallait donc constater si la substance azotée résidait dans tous les organes essentiels de la vie végétale, ou seulement dans plusieurs d’entre eux; si cette matière pouvait former seule cer- tains tissus; si elle accompagnait, quelquefois seulement, ou tou- jours, leur reproduction; en quel état elle existait dans les plantes ; si elle y prenait une ou plusieurs formes constantes. En supposant ces résultats obtenus, il convenait encore de rechercher s'ils se représenteraient les mêmes relativement à des plantes qui sécrètent abondamment des produits acides, du ta- nin, des huiles, où des résines; s'ils ne différaient pas dans certaines saisons, ou pour des terrains peu fertiles, et enfin re- lativement à des plantes venues spontanément dans des terres in- cultes.” Teis sont les problèmes que je crois avoir résolus par des expé- ‘riences poursuivies depuis quinze ans dans ces vues. Dans la première série de mes recherches, un grand nombre de bourgeons offrirent une composition chimique analogue à celle des feuilles, et donnèrent, dans leur décomposition rapide ou spontanée, des réactions concordantes avec cette composition, tandis qu’au contraire plusieurs organes de la floraison et de la fructification, malgré la présence d’un léger üssu végétal, conte- naient des proportions telles de matières azotées, qu'ils se rap- prochaient de plusieurs produits des animaux. En réfléchissant sur ces caractères, en apparence distincüfs, qu'offraient les organes foliacés comparés aux organes sémini- fères et aux extrémités des radicelles des plantes, il me parut convenable d'examiner plus attentivement, avant de les admettre, si des développements plus ou moins avancés, une nutrition aérienne plus ou moins abondante; n'occasionnaient pas la plus notable différence entre eux. Les organes sexuels, en effet, soit par leur végétation très- 182 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. circonscrite ou leur courte existence, soit en raison de ce que leurs premiers progrès sont opérés à l'abri de la Inmière vive, pouvaient être facilement saisis et observés avant que leur com- position chimique se fût compliquée par une formation abon- dante de tissus ligneux ou d’autres principes immédiats. En un mot, du point de vue où je m'étais placé, je ne devais, me semblait-il, apercevoir la similitude de composition qu'en observant toutes les parties des plantes à l’état où les présentent naturellement les extrémités radicellaires, dont la formation est toujours très-récente. Jai successivement étudié pendant les saisons favorables, et à plusieurs degrés de développements, tous les organes de la floraison suivant l’ordre de leur formation, en les recherchant d'abord dans l'intérieur des jeunes bourgeons, puis au fur et à mesure qu'ils devenaient, par leur accroissement, plus facilement perceptibles. PRINCIPALES EXPÉRIENCES RELATIVES À LA COMPOSITION CHIMIQUE DES ORGANES DES VÉGÉTAUX PHANÉROGAMES. Le 12 juin 1825, plusieurs des jeunes épis non encore fleuris du blé de Pologne (triticum Polonicum) semé le 12 mars furent examinés : les organes intérieurs de la floraison ayant été extraits, on traita isolément les étamines et les stigmates; chacun d’eux donna, par la carbonisation dans un tube, des vapeurs contenant un excès d’ammoniaque sensible au papier rouge de tournesol et à l'acide chlorhydrique. L'ovule et ses enveloppes donnèrent à la calcination des gaz à réaction légèrement acide”. Quelques jours plus tard, les épis étant en fleurs, les étamines calcinées don- 1 L'addition préalable de quelques parcelles de potasse suffisait pour faire dégager d'abon- dantes vapeurs ammoniacales; le même phénomène eut lieu par l'addition préalable d'une base alcaline à toutes les parties des végétaux trop avancés dans leurs développements pour dégager directement des vapeurs ammoniacales. COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 183 nèrent directement des vapeurs acides: mais, à l’aide de la po- tasse, elles dégagèrent beaucoup d’ammoniaque. Les fruits avaient alors deux millimètres dans leur plus grand diamètre; on remarquait à l'intérieur de très-petits sphéroïdes transparents, qui, sous l'influence de l'iode, des faibles solu- tions alcalines, des acides plus où moins étendus, comme de la diastase, présentaient les caractères des granules d'amidon. Toute la masse du périsperme, ainsi que les téguments, don- naient des vapeurs acides à la calcination directe et alcalines par l'addition préalable de la soude ou de la potasse. Les mêmes résultats furent obtenus en agissant sur le seigle à des degrés égaux de développement. A l’époque de leur maturité, les diffé- rentes espèces et variétés de blé cultivées en grand offrent dans leurs téguments et les périspermes la propriété de donner di- rectement par leur décomposition rapide des gaz à réaction acide, tandis que les radicules et les gemmules dégagent directement dans les mêmes circonstances des vapeurs très-alcalines. Les parties correspondantes de ioutes les variétés d'orge, de mais } et de riz, ont offert les mêmes résultats; tous les péri- spermes des ces graines, traités à froid par l’eau distillée, ont donné une solution qui, filtrée, chauffée à 100°, a laissé coa- guler une substance floconneuse, albun.iniforme, riche en azote, donnant des vapeurs très-ammoniacales à la calcination. La so- lution limpide étant rapprochée à siccité, le résidu, traïté succes- sivement par l’eau et par l'alcool, donna deux autres solutions, qui, toutes deux évaporées à sec et calcinées en présence d’une base alcaline, dégagèrent de l’'ammoniaque; la substance azotée affecte donc au moins quatre formes dans ces périspermes : l’une insoluble; la deuxième soluble, mais coagulable ; la troisième incoagulable, soluble dans l’eau; la quatrième soluble dans l’eau 1 A l'époque de la floraison du maïs, où les ovules, dépourvus encore d'embryons visibles, contiennent une masse cellulaire translucide gélatiniforme, celle-ci peut donner directement des vapeurs ammoniacales, tandis que toutes lez enveloppes et les autres parties antérieure- ment formées produisent , à la calcination, des gaz acides. is4 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. et l'alcool. Le cotylédon de toutes ces graines müûres, est abon- damment pourvu d’une matière grasse, fixe, que l’éther isole et abandonne après son évaporation. Toutes les espèces et variétés de blés, de seigle, d'orge d’a- voine, de maïs et de riz germées dans l'eau distillée ou la vapeur aqueuse, à l'abri de la lumière, développérent des radicelles et des gemmules qui, jusques à une longueur de plusieurs millimètres, produisaient à la calcination, directement, des va- peurs très-alcalines: pour toutes aussi, dès que la gemmule, exposée à la lumière, avait acquis une coloration verdâtre, elle donnait par sa distillation rapide des produits volatils acides, tandis que les radicelles blanchâtres laissaient encore dégager des vapeurs alcalines. Chacune des graines, après que la germination eut développé de quatre centimètres la longueur totale de la plantule, séparée alors de celle-ci, contenait, pour un égal poids, moins d’azote qu'avant la germination !. Ces faits, et un grand nombre d’autres, démontrent que les premiers développements des embryons puisent dans la substance nutritive que leur fournissent les périspermes ou les cotylédons une plus grande proportion de la matière azotée que dans lali- mentation ultérieure; nous verrons que c’est aussi ce qui a lieu pour les premiers développements de tous les organes, au-dessus comme au-dessous de la superficie du sol, qui puisent dans la sève ascendante ou dans la terre leur première nourriture. LÉGUMINEUSES. — Pois (pisum sativum). Les feuilles très-jeunes, n'ayant encore qu'un à quatre millimètres de longueur, séchées puis calcinées, dégagèrent des vapeurs à réaction alcaline directe- ment, tandis que des feuilles complétement développées, prises sur le même individu, donnérent à la calcination des gaz acides. De très-jeunes boutons à fleurs, n'ayant encore qu’un à deux : Cette diminution dans la proportion de la substance azotée fut appréciée par l'analyse élémentaire, et aussi en comparant les résultats de l'analyse des fruits avec la composition de la plantule développée. COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 185 millimètres, séchés et calcinés, exhalèrent directement des pro- duits abondants en ammoniaque. Les enveloppes, les pétales, les étamines et les ovaires, extraits des boutons, longs de huit à dix millimètres, donnèrent encore des produits gazeux à réaction alcaline; mais, dans une fleur développée, les pétales offrirent, par leur décomposition au feu, des vapeurs acides; les fleurs, épanouies au même point, contenaient des étamines, du pollen, de jeunes gousses et des ovules qui, essayés isolément, donnèrent des vapeurs ammoniacales. Après la chute des pétales, lorsque les ovules eurent atteint une longueur de trois millimètres, ils dé- gageaint encore des vapeurs à forte réaction alcaline, tandis que toutes les parties des gousses donnaient à la calcination des gaz acides. Plus tard, lorsque chaque ovule contenait un embryon baigné dans un liquide, il donnait encore, après dessiccation, des vapeurs ammoniacales par la calcination. Les radicelles et les tigellules, extraites des pois verts ou légè- rement jaunâtres, ou parvenus à la maturité, dégagèrent, par la décomposition ignée, des vapeurs ammoniacales. Les cotylédons des jeunes pois donnèrent aussi des gaz alcalins, tandis que leurs téguments produisaient des vapeurs acides. Haricots (phascolus vulgaris). Un jeune bouton à fleur, ayantune longueur de quatre millimètres, desséché tout entier et soumis à la calcination, dégagea des produits à forte réaction ammoniacale , chacune des parties, depuis les enveloppes jusques à l'ovaire, extraite de boutons ayant quatre à huit millimètres, de cette variété et de celle dite phaseolus caracolla, offrit des résultats semblables. Les ovules, extraits après la chute des pétales, donnèrent aussi des vapeurs alcalines. Dans un haricot mür le tégument donne des gaz à réaction acide. Il en est de même des cotylédons lavés, tandis que le liquide évaporé à siccité donne, même après sépa- ration de l'albumine coagulée, des gaz alcalins, la radicule et la gemmule dégagent directement des vapeurs ammoniacales. 24 186 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. Fèves ( faba vulgaris). Les graines à l'état de maturité offrent, dans la gemmule et la radicule, une composition assez riche en azote pour donner directement des gaz très-alcalins. Baguenaudier { colutea arborescens). Des ovules presque com- plétement développés dégagèrent, par la calcination, des vapeurs fortement alcalines, tandis que les porte-graines et les pédon- cules donnaient des gaz à réaction acide. Les gousses très-Jeunes, extraites d’une fleur entièrement épanouie et privées de leurs ovules, donnèrent des vapeurs ammoniacales. Cascaloté. — Sous ce nom on connaît, au Brésil, les gousses et les graines d’une sorte de mimosa ; les premières donnent à la calcination des vapeurs très-acides ; 1l en est de même des tégu- ments de la graine mûre, tandis que l’amande ainsi que les radicules et les gemmules développent des produits volatils à réaction très-alcaline. Faux ébénier (cytisus saburnum). Les ovules extraits d’une gousse immédiatement après la floraison, les pétales étant fanés, donnèrent des vapeurs ammoniacales, tandis que toutes les par- es de la plante plus anciennement formées dégageaient des va- peurs acides. SOLANÉES. — Pommes de terre (solanum tuberosum). On a extrait des boutons à fleurs clos, les étamines, les stigmates et les ovaires : chacun de ces organes, essayé séparément par des- siccation et calcination, dégagea des vapeurs très-alcalines. Un jeune bouton à fleur, calciné tout entier, donna également des vapeurs ammoniacales. Plusieurs gros tubercules, qu'on laissa végéter à l'air depuis le mois de février jusques au mois de mai, montraient, vers la parte inférieure des pousses verdâtres, de nombreuses radicelles blanchätres, courtes : extraites à plusieurs époques et calcinées, toutes ces radicelles dégagèrent d’abondantes vapeurs ammo- niacales. Un petit tubercule ayant deux millimètres et demi de diamètre, formé dans la terre au bout d’une radicelle, fut desséché et cal- COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 187 ciné: il produisit des vapeurs douces d’une forte réaction alcaline, tandis que de gros tubercules coupés, séchés, pulvérisés et cal- cinés, donnaient des gaz sensiblement neutres, c’est-à-dire dans lesquels les produits acides saturaient les produits ammoniacaux : en effet l'addition de la soude faisait dominer des vapeurs très- alcalines. Tabac (nicotiana tabacum). Un jeune bouton à fleur, ayant quatre millimètres de diamètre, donna des vapeurs très-riches en ammoniaque. Il en fut de même des ovaires, des folioles blanchätres et d’une petite feuille à peine verdâtre. Une feuille verte à moitié de son développement présenta des produits à réaction alcaline, tandis que les nervures isolées, ainsi que les pétioles et toutes les parties de la plante plus anciennement formées et plus ou moins dures ou ligneuses, développaient des produits acides. Mazvacées. — Mauve (malva sylvestris). Dans les jeunes boutons à fleurs clos, tous les organes discernables isolés don- nèrent des vapeurs ammoniacales, tandis que les enveloppes florales externes, colorées en vert et consistantes, dégageaient des produits gazéiformes, rougissant la teinture bleue du tour- nesol. Rose tremière (althæa rosa). Tous les organes de ia floraison extraits d’un jeune bouton clos dégagèrent des vapeurs à réaction alcaline prononcée, tandis que les enveloppes florales vertes et les pédoncules exhalaient des produits où dominait la réaction acide. CucurBiTAGÉES. — Potiron (cucurbita pepo). Dans toutes les parties terminales les plus jeunes, les feuilles, les tigelles gar- mes de poils, les boutons à fleurs mâles et à fleurs femelles, donnèrent, par leur décomposition ignée, des vapeurs fortement ammoniacales. Une petite feuille d’un vert prononcé, ayant quinze millimètres sur sa plus grande dimension, dégagea aussi des vapeurs ammo- miacales; les étamines d’un bouton clos donnaient une forte 24 : 188 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. réaction alcaline, tandis que l'enveloppe dégageait des produits moins alcalins. Après l'épanouissement des fleurs mâles, leur pollen était aussi riche en azote. Les stygmates des boutons clos dégageaient des vapeurs abondantes en ammoniaque ainsi que les ovaires correspondants. (Les poils dont ces derniers sont garnis dégagèrent des vapeurs sans réaction sensible.) Les ovules, après la floraison, dégageaient d'abondantes vapeurs ammoniacales. Le tissu cellulaire des feuilles larges et vertes et de leurs pétioles donnait encore des gaz à réaction sensiblement alcaline, tandis que leurs nervures, plus consistantes, dégageaient des vapeurs acides. Les pédoncules des fruits mürs donnaient aussi des vapeurs acides; 11 en fut encore de même du tissu enlevé sous l'écorce lisse des potirons mürs. Nyoragnées. — Belle de nuit {mirabilis jalapa, nyctago hor- lensis). Aussitôt après la floraison, les ovules extraits, séchés et calcinés, donnèrent des vapeurs ammoniacales. Dans les graines mûres, les radicules, les gemmules ainsi que les cotylédons, pris ensemble ou séparément , dégagent à la calcination d’abondantes vapeurs ammoniacales ; l’'endosperme blanc farineux est rempli d’amidon très-fin, et dégage des gaz acides; l'enveloppe externe, dure, ligneuse, donne des vapeurs à réaction acide. CrucirèRes. — Colza (brassica oleracea arvensis). Les quatre folioles au bout d'une jeune pousse dégagèrent à la calcination des gaz à réaction alcaline; une petite feuille plus développée, mais encore d'un vert jaunâtre pâle, dégageait aussi des va- peurs ammoniacales, tandis que les grandes feuilles, leurs ner- vures et les tiges consistantes donnaient à la calcination des pro- duits acides. De jeunes graines blanches, longues d'un millimètre, don- naient des gaz ammoniacaux ; mais, un peu plus développées, ayant atteint une longueur d'un millimètre et demi, les graines COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 189 encore blanchâtres, extraites sur le même pied, donnaient des va- peurs à réaction acide. Choux | brassica oleracea). Les jeunes boutons contenant tous les organes de la floraison non développés et des folioles vertes, ainsi que chacun des organes pris isolément, dégagèrent d’abon- dantes vapeurs ammoniacales; il en fut de même des jeunes feuilles; les tissus peu consistants des feuilles entièrement déve- loppées, offrirent encore le même résultat, tandis que leurs ner- vures, et les péuoles, donntrent des vapeurs acides. Les bourgeons blancs, séparés des pédoncules d’un choux- fleur, donnèrent à la calcination des vapeurs fortement alca- lines. SYNANTHÉRÉES. — Soleil (helianthus annus). Dans un très jeune bouton à fleurs, ayant deux centimètres de diamètre, tous les organes internes perceptibles, isolés ou réunis, donne- rent à la calcination des vapeurs très-alcalines, tandis que les parties vertes externes, Îles nervures des feuilles, les pétales et toutes les parties plus anciennement formées produisaient des gaz à réaction acide. Topinambour (helianthus tuberosus ). Toutes les folioles blan- châtres où d’un blanc verdâtre, le plus récemment formées, donnaient, par leur décomposition, un excès d’ammoniaque, tandis que les feuilles développées, leurs nervures, les pétioles et les tiges consistantes donnaient des gaz acides. Dahlia. Un jeune bouton à fleur, ayant quatre millimètres de diamètre, dégarni de ses parties enveloppantes, donna des va- peurs alcalines, tandis que les enveloppes externes, les feuilles, les tiges et les fleurs épanouies offraient à la calcination des pro- duits volatils acides. Artichaut (cynara scolymus). Les cinq premières rangées de folioles blanchâtres, larges de un à trois millimètres, prises à l'intérieur d’un artichaut très-jeune, dégagèrent des vapeurs alca- lines. Laitue (lactuca sativa). Les six plus petites feuilles, le plus ré- 190 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. cemment formées, développèrent des vapeurs ammoniacales, tandis que les grandes feuilles donnaient des gaz acides. Citronnelle, aurone mâle (artemisia abrotanum). Tous les organes internes de la floraison, extraits de boutons clos, don- nèrent des vapeurs abondantes en ammoniaque, tandis que les enveloppes, les feuilles et les jeunes branches dégageaient des gaz acides. Cuénoropées. — Poirée (beta cicla). Toute la partie termi- nale d’une tige, offrant, dans des boutons très - récemment formés, les organes de la floraison, leurs enveloppes, les petites feuilles et une portion de l'extrémité de la tige, développèrent des vapeurs ammoniacales à la calcination. Lirracées. — Oignons (allium cepa). Tous les organes inté- rieurs des boutons à fleur, blanchâtres, ayant deux à trois milli- mètres et extraits d’une jeune tête close, donnèrent des vapeurs alcalines. Les fleurs épanouies, et même les ovules qu’elles renfermaient, dégagèrent des vapeurs acides ; ainsi que toutes les parties de la plante plus anciennement formées. Lis blanc (lilium candidum). Dans une fleur récemment ou- verte, le pollen, ainsi que les ovules extraits et traités à part, dé- gagèrent des vapeurs ammoniacales tandis que l'ovaire développait des produits acides. Tulipe (tulipa). Les ovules tirés d’une fleur entr'ouverte don- nérent des vapeurs alcalines, tandis que l'ovaire et toutes les par- tes plus anciennes dégageaient des gaz acides, ainsi que les jeunes graines, extraites huit jours après la floraison. AmaryLLinées. — Narcisse des jardins (narcissus odorus.). Après la floraison les amandes encore molles, opalines, de consistance gelatineuse, donnèrent des vapeurs alcalines, tandis que leurs téguments et plus encore l'ovaire, et toutes les parties plusancien- nement formées, dégagèrent des produits acides. RENONGULAGÉES. — Pieds d’alouettes (delphinium ajacis). Les ovules, examinés immédiatement après la floraison, donnèrent des vapeurs ammoniacales, et les ovaires des gaz acides. COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 191 Pivoine (pæonia officinalis). Dans un turion souterrain, sortant d’un tubercule, les trois premières enveloppes rougeâtres don- nèrent des vapeurs acides, et les très-petites folioles blanchâtres internes, des gaz sensiblement alcalins; les ovaires ainsi que les ovules d’une fleur épanouie dégagèrent des vapeurs acides. TuyméLées. — Daphne (daphne laureola). Les organes de la floraison extraits de boutons à fleurs clos, calcinés après dessic- cation, donnèrent d’abondantes vapeurs ammoniacales ; après la floraison il en fut de même des stigmates, tandis que déjà les étamines, les ovaires et les pétales donnaient des produits sensi- blement acides. ASPARAGINÉES. — Asperges (asparagus officinalis). 1° Un jeune turion enlevé sur une souche et qu'on dessécha, après l'avoir débarrassé des enveloppes foliacées. 2° Tous les organes floraux découverts et pris au bout d’une uge encore souterraine. 3° Les folioles blanchâtres qui enveloppaient ces organes. 4° La partie terminale d’une tige sortie de terre, après avoir éliminé les écailles qui la recouvraient. 5° Enfin la partie de la tige la plus voisine du bout et jusques à cinq centimètres de longueur. Chacune de ces parties désséchée isolément, puis calcinée, dégagea des vapeurs ammoniacales, tandis que les écailles dures et la portion blanche, mais la plus consistante, des tiges, prise dans la terre, sur les pieds qui ont fourni les numéros 4 et 5 ci- dessus, développèrent des gaz à réaction acide. PoLyGonÉEs. — Oseille (rumex acetosa). Bien que toutes les parües vertes et développées de cette plante contiennent une grande proportion de sucs propres très-acides, si l’on extrait de l'extrémité de ses panicules terminales les plus jeunes boutons à fleurs, renfermant les organes récemment formés, ils dégagent à la calcination des vapeurs ammoniacales. PAPAVERACÉES.— Pavot double (papaver somniferum). Les jeunes boutons à fleurs dépouillés de leurs enveloppes et contenant des 192 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. pétales imcolores, les ovaires, les étamines et les stigmates, dé- gageaient d'abondantes vapeurs ammoniacales; les ovules d'un pavot simple nouvellement fleuri donnèrent aussi des vapeurs alcalines, IRIDÉES. — Safran (croçus sativus, officinalis). Les stigmates et le pollen donnèrent des vapeurs sensiblement neutres. Sur des fleurs moins avancées venues en terre, le pollen dégagea des produits trés-alcalins, tandis que les étamines, débarrassées du pollen, et les pétales, dégageaient des vapeurs acides; les stig- mates donnèrent des produits sensiblement neutres. BoraGixées. — Héliotrope (heliotropium peruvianum). Les éta- mines et le pollen, essayés séparément, donnèrent des vapeurs alcalines. GÉRANIACÉES. — Géranium (pelargonium). Les ovules extraits après la floraison donnèrent des vapeurs alcalines, tandis que les pétales fanés, les ovaires et toutes les parties plus à développaient des gaz acides. gées AURANTIAGÉES. — Camélia (japonica). Les ovaires de très-jeunes boutons à fleurs simples dégageaient des produits fort alcalins ; il en fut de même du pollen de fleurs récemment épanouies, tandis que les étamines, privées de la plus grande partie du pollen, dégagérent des gaz acides. Les stigmates, ovules et ovaires de Jeunes fleurs prises sur un camelia odorata donnaient des vapeurs trés-alcalines; dans un jeune bouton à fleur double, les folioles blanches peu consislantes, extraites près du centre, donnèrent aussi des vapeurs alcalines. Oranger (çitrus aurantium). Les jeunes boutons à fleurs clos, contenant tous les organes de la floraison, donnent à la calcina- tion des vapeurs ammoniacales. Les pistils, stigmates, étamines et ovaires renfermant les ovules de fleurs récemment entrouvertes, traités séparément, dégageaient des vapeurs ammoniacales, tandis que les parties plus âgées, les pédoncules et les pétales, donnèrent des vapeurs acides. . COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 193 Macozracées. — Magnolier glauque (magnolia glauca). En pleine terre, dans les jeunes boutons fructifères, les ovules dé- gageaient des vapeurs très-alcalines, et les ovaires des produits sensiblement alcalins. Dans les fleurs entr'ouvertes les ovules donnaient des vapeurs très-ammoniacales, le pollen dégageait des gaz alcalins; les étamines privées du pollen, les stigmates, les ovaires, les pédoncules, les pétales et les feuilles donnèrent des gaz acides, ainsi que les bourgeons foliüfères. Cornouiller (cornus mas). Le parenchyme charnu du fruit est acide et sucré; la substance dure ligneuse qui enveloppe la- mande est astringente; les cotylédons renferment 0,60 d’une huile grasse; toutes ces parties dégagent à la calcination des gaz acides. La radicule et la gemmule développent des vapeurs ammo- niacales. Unricées. — Müûrier (morus nigra). Tous les organes mâles de la floraison réunis et récemment formés donnèrent des vapeurs acides, tandis que les étamines extraites de l'intérieur de leurs enveloppes dégagèrent des produits alcalins. Trrracées. — Tilleul (tlia europæa). Le 29 mars 1836, dans un Jeune bourgeon clos, les quatre folioles centrales le plus récemment formées dégagèrent à la calcination des vapeurs très-alcalines, tandis que toutes les parties enveloppantes plus âgées donnaient des ‘produits acides. ACÉRINÉES. — Erable (acer pseudo platanus) faux sycomore. Les organes de la fructification, extraits de l'intérieur d’un bour- geon non développé, donnèrent des vapeurs ammoniacales, tandis que les enveloppes dégageaient des vapeurs acides. À l’époque de la floraison, les ovules récemment formés dégageaient des produits alcalins, tandis que les ovaires et toutes les parties plus anciennes donnaient des gaz acides. Marronier d'Inde (æsculus hippocostanum). Les ovules, ayant de trois à cinq millimètres, extraits des fruits le 1° juin, séchés et calcinés, donnèrent d’abondantes vapeurs ammoniacales. Sur 8. 25 194 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. un fruit cueilli peu avant sa maturité, le bout de la radicule de la graine, coupé sur une longueur égale à deux fois son diamètre, donna, par la calcination, des vapeurs alcalines, tandis que des fragments de cotylédon, de tégument et d’ovaire, essayés sépa- rément, dégageaient des gaz acides. Sur un marron mûr, toutes les parties, même la radicule et la gemmule, donnaient des gaz acides; au même état de matu- rité, mis dans les circonstances propres à la germination, la ra- dicule, après s'être allongée de dix millimètres, et avoir formé par conséquent un nouveau tissu, donna des vapeurs alcalines, lorsque lon en soumit à la calcination le bout sur une lon- gueur de quatre millimètres. Jasminées. — Lilas (syringa vulgaris). Le 16 février 1835, les fleurs rudimentaires extraites d’un bourgeon donnèrent des va- peurs ammoniacales, tandis que les folioles et écailles envelop- pantes dégagèrent des produits acides. Les boutons très-jeunes, extraits de l'intérieur d’un bourgeon fructifère, le 13 mars, et contenant tous les organes de chaque fleur, furent desséchés et calcinés; ils dégagèrent des vapeurs alcalines, tandis que les pédoncules et enveloppes du bourgeon donnaient des vapeurs acides. ; : BYTTNÉRIACÉES. — Cacaoyer ({heobroma cacao). Les corps em- bryonnaires de la graine privée de cotylédons dégageaient, par leur décomposition au feu, d’abondants produits ammoniacaux et huile goudronneuse fétide des matières animales, tandis que le reste de l’amande, ainsi que les téguments, donnaient des gaz acides, et en excès les produits goudronneux des substances organiques non azotées, plus une substance aromatique. TéréBiNTuAGÉEs. — Noyer ( juglans reqia ). Les stigmates excisés sur les jeunes ovaires, ayant sept milli- mètres de grosseur, séchés et calcinés, donnèrent des vapeurs ammomiacales. Les ovules extraits de cet ovaire offrirent aussi dans leur décomposition des gaz très-alcalins. Dans des noix fraichement cueillies, à peine parvenues à l'état COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 195 de maturité, les radicules, ainsi que les gemmules, donnèrent des vapeurs ammoniacales; les cotylédons concassés, lavés, don- nèrent une solution qui, chauffée à 100°, laissa séparer un coa- gulum fortement azoté. Le liquide clair, rapproché à siccité, donnait à la calcination des gaz acides. Si l’on y ajoutait préala- blement de la soude, les vapeurs devenaient ammoniacales. Les deux téguments minces enveloppant l’'amande, séparément trai- tés, dégagearent des gaz à réaction acide. Rigesiées. — Groseiller (ribes rubrum). Le 5 mai 1835, les ovules extraits de groseilles récemment nouées, et ayant 09 de grosseur, donnèrent des gaz alcalins à la calcination; toutes les autres parties de la grappe dégageaient des produits acides. Rosacées. — Amandier (amygdalus communs). Le 15 février 1835, dans un bourgeon fructifère clos, on excisa les stigmates, styles, ovaires et les étamines; essayé séparément, chacun de ces organes donna des vapeurs ammoniacales. Une amande gélatiniforme, translucide, desséchée et calcinée, donna des vapeurs ammoniacales. Le 31 mai, la moitié seule- ment des cotylédons étaient encore demi-transparents. Cette portion, desséchée et calcinée, donna des vapeurs alcalines, tandis que le tégument dégageait des vapeurs acides. Dans les amandes devenues presque entièrement opaques, les radicules et les gemmules dégageaient des vapeurs très-alcalines. De jeunes bourgeons d’un blanc jaunâtre, pris à l'extrémité des branches dépouillées de feuilles par les chenilles, produi- sirent à la calcination des vapeurs alcalines. Pêcher (amygdalus persica). Le 16 février, les stigmates, styles, ovaires et étamines des bourgeons fructifères, donnaient des vapeurs alcalines, et leurs enveloppes des gaz acides. Le 5 mai, les pétales des fleurs dégageaint des produits acides. Dans amande d’un fruit mûr, le 10 septembre 1836, le tégument et les cotylédons dégageaient des vapeurs acides, tandis que la ra- dicule et la gemmule, isolément calcinées, donnaient des vapeurs ammoniacales. 25° 196 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. Prunier (prunus domestica). De jeunes bourgeons d’un blanc jaunâtre, pris à l'extrémité de branches dépouillées de feuilles par les chenilles, produisirent à la calcination des vapeurs alca- lines. - j s1ÿ Cerisier (cerasus vulgaris). Le 16 février 1835, tous les organes de la floraison, extraits d’un bourgeon fructifère, dégagèrent des produits alcalins. Le à mai, les pétales des fleurs donnaient des vapeurs à réaction acide; les ovaires, quoique sans consis- tance, et les fruits, donnaient aussi des vapeurs acides. Abricotier (armeniaca sativa vulgaris). Le 16 février 1835, les sügmates, styles, ovaires et étamines, tirés des bourgeons clos, donnèrent à la calcination des vapeurs très-alcalines. Le 28 avril suivant, les ovules gélatiniformes dégageaient des gaz ammoniacaux, mais leurs téguments donnaient des vapeurs acides. Poirier (pyrus communis). Le 16 février 1835, les organes des fleurs, pris dans l'intérieur des bourgeons fructifères, séchés et calcinés, donnèrent des vapeurs ammoniacales. Les fleurs étant épanouies, les pétales donnaient à la calei- nation des gaz acides; il en fut de même relativement aux pétales des fleurs épanouies des pommiers et des cognassiers. Le 5 mai, les pepins peu consistants, blanchâtres, longs de deux millimètres, de poires nouées depuis peu, dégageaient des vapeurs très-ammoniacales ; au mois de septembre, les radicules et les gemmules des amandes développaient des vapeurs fort alcalines. Cormier (sorbus domestica). Les radicules et gemmules des graines, à peine mûres, donnèrent à la calcination des vapeurs trés-alcalines. Ronces (rubus fruticosus). Sur des ronces venues dans un sol aride, inculte, les organes de la floraison, extraits de très-jeunes boutons clos, dégagèrent des vapeurs alcalines, tandis que leurs enveloppes donnaient des gaz acides. Dans les boutons à fleurs près de s'épanouir, les pétales roses, tous les organes intérieurs COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 197 ainsi que leurs enveloppes, dégageaient des gaz à réaction très- acide. Roses (rosa damascena). Dans des boutons à fleurs clos, tous les pétales donnaient des gaz acides, mais les stigmates et éta- mines dégageaient, par leur décomposition au feu, des vapeurs ammoniacales. AmPÉLIDÉES. — Vigne (vitis vinifera). Le 13 mars on excisa de l'intérieur d’un bourgeon tous les organes de la floraison réunis sur une grappe rudimentaire : ainsi débarassés de tout ce qui les enveloppait, desséchés et calcinés, ils dégagèrent des vapeurs ammoniacales; leurs enveloppes donnaient des gaz acides. Le 20 mars suivant, les mêmes organes, enlevés de l'intérieur d’un bourgeon, dont le volume était augmenté par un commence- ment de végétation , offrirent les mêmes rész.tats; quelques fo- lioles rudimentaires blanchâtres, d'un millimètre et demi à deux millimètres, prises au-dessous et autour des organes fructifères, donnèrent également des vapeurs très-alcalines. Dans le mois de mai, des folioles verdâtres, d’un à deux mil- limètres, prises à l'extrémité des jeunes pousses, donnèrent des produits volatils, tantôt légèrement acides, tantôt neutres ou alcalins, suivant qu’elles étaient plus ou moins avancées. Le 8 juin, les ovaires et organes floraux de fleurs entr'ouvertes donnaient des vapeurs neutres ou légèrement alcalines; closes et calcinées avecleurs enveloppes, elles exhalaient desproduitsacides. Le 10 juin, tous les organes intérieurs d’un bouton à fleur clos, extraits sur une variété de gros raisin rouge tardive, déga- gèrent des vapeurs alcalines ; les enveloppes donnaient des produits volatils acides. Le 20 juin, des ovules ayant un millimètre de longueur, ex- traits de jeunes fruits et desséchés, développèrent à la calcina- tion des vapeurs ammoniacales. CüruLirèRes. — La radicule et la plumule d’une châtaigne, dont le tégument était encore blanchätre, donnèrent des vapeurs alcalines. 198 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGETAUX. Toutes les autres parties enveloppantes, plus anciennement formées, donnaient des produits acides. Je suis parvenu à constater ainsi, sur un très-grand nombre d'espèces des différentes familles, que, « dès qu’on les peut isoler, «et plus où moins longtemps avant qu'ils soient propres à la «reproduction, les stigmates, les anthères et leurs supports con- «tiennent une telle proportion d'azote, que les produits de leur « décomposition en vase clos, par l'élévation de la température, «contiennent une dose d’ammoniaque suffisante pour saturer les « produits acides, qui se forment simultanément aussi, et même «pour se manifester en excès aux réactifs qu'on leur présente. «Ces phénomènes varient graduellement avec l’âge et les dé- * veloppements des organes précités: ainsi, à l’époque où l'on peut «isoler le pollen, celui-ci offre les réactions ci-dessus indiquées, «tandis que l’anthère, et plus encore le filet, offrent des propor- «tions tellement décroissantes de substances azotées, que souvent «une réaction acide domine dans les produits volatils de leur « décomposition. «I en est de même des stigmates relativement au style. Ces « différences sont plus marquées encore dans les enveloppes flo- «rales plus développées, et à plus forte raison dans les bractées, «les feuilles et les pédoncules. « En suivant toujours les progrès des organes de la reproduc- «tion, on observe que, dans l'ovaire, les principes immédiats non «azotés, font déjà dominer la réaction acide, tandis que les ovules « dégagent encore, par leur décomposition, des vapeurs alcalines. «Les ovules subissent à leur tour la même loi en achevant «leur transformation en graines : ainsi leurs téguments perdent «les premiers la faculté de donner à la distillation des vapeurs “ammoniacales en excès, tandis que lembryon l’a conservée; «celui-ci varie bientôt à son tour dans ses différentes parties, «mais d’une manière moins sensible, et qui arrive promptement «à son terme dès que l’organisation y reste stationnaire. « Le plus généralement, dans les graines, les cotyledons, en rai- COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 199 «son des principes immédiats qu'ils renferment, développent des « gaz acides par leur décomposition rapide, tandis que les corps «radicellaires et les gemmules dégagent des vapeurs ammonia- « cales. « Lorsque ces dernières parties de l'embryon sont très-consis- «tantes, l'enveloppe et la tigelle peuvent donner des produits à «réaction acide, et l'extrémité découverte de la radicule dégager «au contraire des vapeurs alcalines. » L'examen attentif des bourgeons qui ne contiennent que des feuilles présentait, comme nous l'avons dit, plus de difficultés, mais enfin il conduisit aux mêmes résultats : c'est-à-dire que «les feuilles et l'extrémité des tiges le plus récemment for- «mées, n'ayant que très-peu reçu l'influence de l'air et de «la lumière, sont d’une très-faible consistance, incolores, ou «à peine colorées; ces parties naïssantes contiennent alors une «assez forte proportion de substances azotées, pour développer «directement, à la calcination, des produits gazeux à réaction «alcaline. « Tous ces faits ont.été reproduits, en soumettant à des épreuves «semblables les diverses parties récemment formées des plantes «grêles, venues dans des sols arides et des terres incultes, en « France et sur les montagnes de la Toscane. » Puisque, sous tant de formes différentes, tous les organes des végétaux $ont formés en présence d’une grande proportion de substances azotées, il me parut probable qu'il en devrait être de même d’un üssu d’un assemblage quelconque d’utricules, et que, pour le démontrer, il sufhrait d isoler, très-peu de temps après sa formation, ce produit de l'organisme, des tissus plus anciens et des principes immédiats étrangers, ou encore le fluide alimen- taire arrêté dans son mouvement. Voici à cet égard une des expériences qu'il est le plus facile de répéter, et à laquelle je fus conduit en cherchant à surprendre les éléments de l’organi- sation d’un tissu dans une masse, le moins possible chargée de ligneux et d’autres principes immédiats, bien que doute d’une 200 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. puissance d'accroissement rapide, semblable à ces jeunes tissus nés du cambium, étudiés sous le rapport physiologique par M. de Mirbel. Un concombre blanchâtre {cucumis sativus), volumineux déjà, mais se développant encore, fut coupé en deux par un plan perpendiculaire à son axe : on vit aussitôt un fluide mucilagi- neux sortir par ses vaisseaux, puis acquérir une consistance gé- latineuse : ces protubérances arrondies furent enlevées avec soin sans entamer le tissu sous-jacent ; desséchées puis chauffées dans un tube, elles dégagèrent d’abondantes vapeurs ammoniacales ; elles offrent donc la même composition chimique que les divers organes à l'état naissant de tous les végétaux. La pellicule dure du concombre, ainsi que le tissu celluleux pris au milieu de la masse du sarcocarpe, donnaient des vapeurs acides. 1 En réfléchissant sur les causes d’une composition aussi cons- tante, je fus porté à croire que les liquides puisés dans le sol, et conduits au travers des couches ligneuses vers les bourgeons des arbres, pour commencer leurs développements, devaient dans l’état normal offrir généralement encore une composition semblable. Un exemple fera bien comprendre ici par quel ordre de moyens j'ai vérifié cette vue. Le 5 juin 1836, une forte branche de sureau (sambucuas nigra) ayant soixante et quinze millimètres de diamètre moyen, coupée sur une longueur de quatre-vingts centimètres, fut ainsi disposée dans la vue d’en extraire les matières contenues dans les con- duits de la sève montante : le bout le moins gros, qui sur la plante était le plus élevé, fut taillé en pointe; le bout opposé, taillé net par un plan perpendiculaire à l'axe, fut entouré d’une lamelle en plomb lutée avec du caout-chouc, puis dirigé en haut; on versa dans le petit vase formé de cette manière un décilitre d'eau distillée : en moins d’une minute, le liquide séveux dé- placé commenca à s’écouler guttatim vers le bout conique infé- COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 201 rieur et fut recueilli; il était sensiblement incolore, diaphane, doué d’une légère réaction acide; rapidement évaporé dans le vide il laissa un résidu sec, peu hygroscopique; celui-ci calciné dégageait des vapeurs abondantes en carbonate d’ammoniaque et laissait un charbon non boursouflé. Afin de rechercher si les sucs alimentaires dont le tissu mé- dullaire très-volumineux est gorgé dans les très-jeunes tiges en- core peu consistantes du sureau, ce tissu isolé de son enveloppe ligneuse fut soumis à une forte pression : desséché et calciné, il développa effectivement des gaz à réaction alcaline. Le tissu, exprimé, épuisé de toute matière azotée et des sels par des solu- tions faibles de soude, d'acide chlorhydrique et de l’eau, à chaud et à froid, puis séché à cent degrés dans le vide sec, offrit à l’a- nalyse la composition du tissu végétal. En répétant l'essai relatif aux matériaux de la séve sur une tige rameuse d’un chêne (quercus robur) venu dans un terrain sableux, toutes circonstances que J'avais à dessein choisies, j'obtins d’a- bord, par une filtration d’eau dans la tige et dans les branches, un produit dont la décomposition, après l'évaporation à siccité, donnait une réaction acide; Je supposai que les sections faites à l'écorce et au bois avaient mis à nu du tanin 5 qui , arrêtant une partie des substances azotées, s'était mêlé lui-même au liquide; en effet, après avoir lavé toutes les sections par lesquelles le li- quide sortait des branches, afin d'enlever le tanin que les cou- pures des vaisseaux propres avaient mis à nu, le liquide séveux déplacé donna, par le rapprochement et la calcination, des va- peurs alcalines. Le 20 avril 1835, avant le développement des feuilles, la séve montante du mürier noir, légèrement acide au tournesol, fut desséchée dans le vide. Ce résidu calciné dégagea des vapeurs ammoniacales. La séve montante d’un figuier {ficus carica), traitée le 30 mars comme celle du mürier, donna lieu aux mêmes phénomènes. Le 2 avril suivant, la séve montante d’un tilleul, traitée comme 8. 26 202 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. nous l'avons dit plus haut, donna un résidu développant des va- peurs ammoniacales. Une branche d'un érable suc (acer saccharinum) ayant un centimètre de diamètre moyen fut disposée, le 10 mai 1836, de façon à en extraire la séve ascendante; celle-ci, sensiblement acide, fut abandonnée quatre jours aux réactions spontanées. La vapeur au-dessus du liquide, ainsi que le liquide lui-même, étaient devenus alcalins. Evaporé, desséché, son résidu donnait à la calcination des gaz à forte réaction alcaline. Une branche de peuplier ( populus nigra) ayant douze milli- mètres de diamètre moyen sur une longueur d’un mètre trente centimètres, traitée de façon à en extraire la séve ascendante, que lon fractionna en deux parties, donna d’abord trente-cinq grammes de liquide légèrement acide qui, évaporé, séché, cal- ciné, développa des vapeurs alcalines. Le deuxième liquide, pe- sant vingt-cinq grammes, obtenu d’une deuxième filtration dans les conduits séveux, traité de même, donna un résidu dégageant aussi, par sa décomposition rapide, des gaz alcalins. À la fin du mois d'avril, la séve ascendante d’une branche de noyer évaporée, desséchée, laissa un résidu donnant à la calci- nation des vapeurs ammoniacales. La séve montante extraite d’une tige d’aylanthus glandulosa. était légèrement acide; abandonnée pendant quatre jours, elle prit une réaction alcaline ; rapprochée à siccité, son résidu donna, par la calcination, des vapeurs alcalines. Le 14 septembre suivant, la séve montante d’une branche de pêcher avait une légère réaction acide; elle se putréfia et devint alcaline en la rapprochant, puis donna des vapeurs ammonia- cales à la calcination. La sève ascendante, extraite d’une branche de prunier, laissa, par évaporation, un résidu qui, desséché, était fort hygrosco- pique; calciné, 1l donna des vapeurs ammoniacales. Le 21 du mois de mars, quarante centimètres cubes de séve montante, recueillis directement par l'écoulement spontané à COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 203 l'extrémité des branches de vigne coupées et recourbées, présen- tèrent une légère réaction acide; rapprochés par l’ébuliition, il se produisit un coagulum albuminiforme irès-azoté; le résidu de lévaporation complète était sensiblement salé, acide et sucré; il avait acquis une odeur de bouillon; desséché alors et calciné, il développa d'abondantes vapeurs ammoniacales et laissa un charbon boursouflé. Ainsi toute la séve poussée des racines vers les tiges, malgré la présence d'un acide libre, du sucre et d’une substance gom- meuse, constatés par les réactifs et la fermentation, contenait assez de matières riches en azote pour que les vapeurs ammo- niacales, saturant tous les produits acides, se manifestassent encore en excès. Dans tous ces fluides séveux il y a deux matières azotées, ou du moins cette substance y affecte deux états; 11 importait de savoir si une troisième modification de la matière la retenait en partie adhérente aux conduits et dans les tissus; cette conjecture fut vérifiée en faisant succéder à l'eau pure des solutions de plu- sieurs réactifs, et notamment du tanin et du protonitrate de mercure; les mêmes moyens ont démontré la présence de la substance azotée adhérente, quoique douée d’une très -faible cohésion, dans les tissus vasculaires des racines. Ainsi donc, non-seulement es liquides nourriciers qui s’é- lèvent des extrémités radicellaires jusques aux dernières limites des parties aériennes des plantes, charrient en fortes proportions une matière très-azotée et l’accumulent dans tous les organes naissants, mais encore ils la déposent sur toute l'étendue des conduits qu'ils parcourent. La substance azotée constitue-t-elle seule, ou associée à d’au- tres, des membranes, des utricules, des tissus. Dans les divers organes des nombreuses espèces examinées sous ce rapport, ainsi que dans les parties ligneuses des plantes, je suis parvenu à dissoudre par les alcalis et éliminer cette matière, en laissant intacts les parois des tissus, sans même y opérer la moindre * 26 204 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX déchirure perceptible au microscope; ainsi donc les matières azo- tées accompagnent partout et en proportions notables les très- jeunes tissus végétaux, mais n’en font point partie intégrante. Nous avons vu que, par suite de la germination, les dévelop- pements qui ont lieu aux dépens des substances nutritives ac- cumulées dans les cotylédons, les périspermes et endospermes, assimilent et enlèvent aux graines ainsi graduellement épuisées, des proportions plus fortes des matières azotées que de la subs- tance non azotée. Cette première nutrition directe n’a lieu toutefois que jus- ques au moment où les graines réduites à leurs téguments pro- pres et aux débris des tissus non assimilables, cèdent peu à peu aux influences désorganisatrices extérieures, se désagrégent et se décomposent en E solutions et résidus, non assimilés, exclu- sivement du moins, par la plante issue de la graine. I en est de même de toutes les parties superficielles des plantes jeunes et vieilles, que les altérations diverses de la part d'agents extérieurs privent de vitalité. Lorsque ces phénomènes se passent à l'abri de la lumière et hors des influences des émanations aériennes azotées, les déve- loppements plus ou moins considérables dus à la substance nu- tive de la graine n'offrent jamais que des transformations avec une perte de substance qui s'élève depuis 11 jusques à 23 pour 100 du poids primitif. Si après la germination, la végétation a lieu dans les mêmes circonstances, mais avec le concours de la lumitre, les parties aériennes verdissent, décomposent l'acide carbonique de l'air, réparent tout ou partie de leurs pertes en poids, peuvent même dépasser le poids primitif; mais cette compensation est loin d’avoir toute l'importance que sa quantité indiquerait, car elle s'arrête lorsque la matière azotée manque, et celle-ci se répare bien plus difficilement que l'autre, si tant est qu'elle se puisse réparer dans de l'air pe exempt de toute combi- naison de l'azote, gazeuse ou tenue en suspension. Ces faits ont COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. 205 été observés en pesant les graines, constatant la proportion d’eau qu’elles contenaient, les soumettant, soit à la germination, soit à une végétation prolongée, dans une cloche où l'air ne pouvait se renouveler qu’en traversant d’abord un long tube contenant de l’asbeste mouillée par de l'acide sulfurique étendu, et consta- tant le poids des graines et de leurs extensions radicellaires et foliacées à plusieurs époques de ces développements. Les substances azotées qui, fournies par le sol, président à tous les développements végétaux, sont loin de suflire aux maxima des produits à récolter : pour ceux-ci les quantités varient et dépendent surtout des quantités d'azote contenues dans cha- cune des plantes cultivées; elles varient aussi, suivant que la plante doit être récoltée à certaines époques de son développe- ment, avant ou après la formation de ses graines; elle dépend encore de la nature et de la proportion des débris de la végéta- ton abandonnés sur le sol. C'est ainsi que les pins et autres conifères, les vignes, plu- sieurs polygonées, etc. exigent le moins sous ce rapport, tandis que plusieurs espèce de choux, de solanées, de cucurbitacées, consomment le plus. « Outre les développements théoriques sur la nutrition des vé- « gétaux et l'appréciation rationnelle des substances azotées, utiles «aux différentes cultures, » conséquences naturelles des phéno- mènes dont je viens d'exposer une description succinte, il est facile de voir que l’on sera conduit par ces résultats à des «appli- «cations théoriques et pratiques relatives aux bois; à démontrer, «par exemple, que la plupart des agents de la conservation des «matières animales préservent le mieux ceux-ci de diverses alté- «rations graves; à reconnaître la principale origine de lazote «trouvé dans les produits volatils de leur distillation, ainsi que « dans les tourbes, les lignites et les houilles; à concevoir les «procédés de blanchiment et d'épuration de la substance l- « gneuse textile, par les alcalis qui dissolvent la matière azotée; « à démontrer les influences défavorables sur la végétation de cer- 206 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. «tains débris des plantes, après qu'une première réaction a dégagé «la plus grande partie des produits azotés de la putréfaction, et ‘les moyens efficaces d'améliorer, par l'addition des débris ani- « maux, ou des bases alcalines, les terrains tourbeux, les terreaux “et terres de bruyères épuisés : tel est l’un des rôles importants « de la soude, de la chaux et de la potasse dans l’agriculture. » J'ai cru devoir réunir en un tableau synoptique le résumé des analyses élémentaires qui confirment, en les montrant sous une nouvelle forme, les résultats des expériences consignées dans ce mémoire : DÉNOMINATION CORPS AZOTÉS dans la matière des VOLUME de l'azote, TEMPÉRATURE. EAU dans la substance normale, 2 5 a 3 2 m2 75 o à = <4 a cl El m a a employée, PRESSION: GENDRES de normale, AZOTE dans la substance sèche brute. SUBSTANCES ANALYSÉES de la substance organique pure, la substance sèche. — | la matière organique | a ( (a) 0,991 10,66 71,82 0,449 | 8,989] 9 58,722 Ovules du pisum sativum! .... 1,260 7,519 47,70 Séve de bouleau 2 FA A 0,00001|! 5,5 47,46 Séve du pin laricio.. . DA 9 L 4,37 8 35,34 Radicelles d'orge germé. 550 0 4,904 31,98 (Limbe) feuilles d'acacia...... 4,397 29,76 Conte abalis abenle ja | 4,051 29,51 Graines de lupin | 80 9 4,351 27 (Limbe) feuilles de mürier %. 9 5 3,606 25,62 Ovules de marronnier, ,,.,.. 764, 4 |£ 3,100 22,82 Fleurs de vigne 5, | 8927 ‘| 3,071 20,03 Fucus saccharinus. ,..,.. 2,290 19,26 Asperges 0.3... . 9 9 2,812 4 [18,74 (Pétioles) feuilles du mürier,. ; 4, ° 2,560| 2, 16,8 Feuilles de bruyère... ..,.,... 1,082 1,897 91 |11,94 Bois de chéne?., DO 8 0,725 4,362 Bois d'acacia. 0,311] 0,312 | 1,872 Bois de sapin ô 0,215] 0,216 | 1,296 ue = & Choux-fleur (bourgeons blancs). Champignons de couches = > ri (a) Tous les nombres des six dernières colonnes s'appliquent à 100 parties en poids de chaque substance. ! Très-jeunes, ayant la grosseur des plus petits pois comestibles, et avant l’époque où la matière amylacée est sécrétée dans les cotylédons, ? Toutes les séves dont il est ici question ont été extraites par déplacement, en faisant filtrer de l'eau distillée au travers des tiges ou des rameaux. % Ces feuilles du mürier noir, dont les pétioles et limbes ont été analysés séparément, étaient bien développées et avaient été cueillies le 10 juin. Æsculus hippocastanum. Extraits des fruits le 1° juin, ces ovules avaient de quatre à cinq millimètres do diamètre, © Boutons clos extraits d'une grappe le 4 juin. % On prit pour l'analyse le bont des turions blanchâtres coupés sous terre à cinq centimètres de longueur. 7 Ces bois étaient débités depuis longtemps. COMPOSITION CHIMIQUE DES VEGÉTAUX. 207 Afin de mieux faire ressortir les différences de composition entre les substances analysées, j'ai établi dans la neuvième colonne la comparaison sur la matière organique pure, éliminant les varia- tions dues aux substances minérales et à l'eau interposée. Les faits deviennent plus faciles encore à apprécier en exami- nant la dixième colonne, où la comparaison porte sur le poids des corps azotés contenus dans cent parties de la substance or- ganique. Ces dernières relations supposent 0,1666 d'azote dans les corps azotés que renferment les tissus végétaux, ce qui se rap- proche des données relatives à la composition du gluten, de l'albumine végétale et encore de la substance qui constitue di- vers animaux, poissons et Insectes. On remarquera les fortes proportions de la matière azotée renfermées dans les organes de la floraison et de la fructification dans les radicelles et dans l'un des champignons comestibles dont la croissance est le plus rapide; on voit que, dans son en- semble, le fucus saccharinus est abondant en corps azotés, tandis que les parties distinctes des végétaux phanérogames offrent entre elles de grandes différences sous ce rapport. En effet, les masses ligneuses contiennent de faibles proportions de subs- tances azotées, tandis que les feuilles en renferment des quan- tités de cinq à dix fois plus considérables ; et celles-ci, plus dans leurs limbes que dans leurs pétioles et nervures. Enfin si l’on compare entre eux tous les résultats indiqués dans la dixième colonne de ce tableau, on restera frappé de l'importance des proportions des corps azotés dans les organes très-jeunes des plantes, et en général dans leurs parties douées d'une vitalité énergique. On sera disposé, peut-être alors, à se faire une idée plus grande et plus exacte du rôle dévolu à ces corps, qui forment de 12 jusqu'à 70 pour 100 du poids des or- ganes végétaux, qui, d’ailleurs, ont une composition analogue à celle de l'immense variété des êtres doués de la vie animale. 208 COMPOSITION CHIMIQUE DES VÉGÉTAUX. CONCLUSIONS. Le mémoire qui précède démontre : 1° Le genre d'action que le tanin peut exercer sur les radi- celles, en se combinant avec leur matière azotée; 2° La présence, les états physiques et les proportions des corps azotés dans les organes et la séve des plantes; 3° L'importance du rôle que doivent jouer, dans le dévelop- pement des végétaux, ces corps, d'autant plus abondants, que les organes sont plus jeunes et doués d’une vitalité plus grande ; 4° La nécessité de déposer dans le sol les matières azotées qui doivent accomplir cette partie de la nutrition végétale; 5° La possibilité d'apprécier la valeur des engrais riches par le dosage de la matière azotée ?; 6° Dans l’altérabilité de la même substance, la cause princi- pale des altérations des bois, et l'ordre des moyens à employer pour prévenir ces altérations; 7° La distinction qu'il paraît convenable d'établir entre les substances azotées renfermées dans les cellules ou des vaisseaux des plantes et les membranes végétales qui constituent ces cel- lules et vaisseaux. Il reste à déterminer les propriétés et la composition chi- mique de ces membranes : tel sera l'objet de mes nouvelles recherches ; plusieurs analogies entrevues durant ce travail me porteront à diriger d’abord mes investigations vers l'étude approfondie de la substance amylacée. 1 En 1830, j'avais indiqué ce mode d'évaluation dans le grand Dictionnaire technologique, tom. XVII, p. 414 et 415. fes Se Javantr Etrangers. © MEMOIRE SUR L'AMIDON, LA DEXTRINE ET LA DIASTASE, 1 Aa des SE Srvantr Etrangers. MEMOIRE SUR L'AMIDON, LA DEXTRINE ET LA DIASTASE, PL. —- And der S'“Savantr Etrangers. SUR L'AMIDON, LA DEXTRINE FT LA DIASTASE, MÉMOIRE LH. y LUE © A sp CARNET s he Et . Ï + = } st 0 ï s “ { : : à # < i : : x " C "1 re ; ÿ "A Ve : 1 j @) ar FOR p 43 Q D Vs ' MEMOIRE SUR L'AMIDON, LA DEXTRINE ET LA DIASTASE. À Head “des S' Javants Etrangers TL, FT Fécule de Canna discolor cayie à + 150% 200 et 210° dans le vie |. SÉTORPS réaction de l'oau, froite . 6 = 200° + akwo! ie © = 200" + eau TA F ÿ E ù 4 0° + akoot ÿ À Ÿ ; hi DO 7 pc F è à Fi } ME 72 au + dde Ë F F. ÿ Les Fe [4 ” f Fécule du Canna discolor A: 7 1+eau = 15. t-+80° A id +iode B id+diarmre=1 B-6: B:30,B260! (+rode) = Dorromes der MEMOIRE SUR L'AMIDON, LA DEXTRINE ET LA DIASTASE , LI 0 Porroméë dir. PL. FI. ] MEMOIRE SUR L'AMIDON, LA DEXTRINE ET LA DIASTASE. Acad des S'S Javantr Ltrangens. MÉMOIRE SUR L'AMIDON, LA DEXTRINE ET LA DIASTASE,. PL MI. A mi do n contenu dans le Pollen. 1. Grains de Pollen du Ruppia maritima . 2. Pollen du Naïas major. 7. Pollen du Globba nutans. (Al , 00 40256 AE Z S Centièmes de mm. 012946 20 79 00870 5 { tf 4 a We lyjen del. wi MÉMOIRE L'AMIDON, LA DEXTRINE ET LA DIASTASE, CONSIDÉRÉS SOUS LES POINTS DE VUE ANATOMIQUE, CHIMIQUE ET PHYSIOLOGIQUE, 4 “ j AGCOMPAGNÉ DE FIGURES; PAR M. PAYEN. Depuis l’observation fondamentale de Leeuwenhoeck, l'étude de lamidon a souvent touché aux points les plus élevés, aux questions les plus délicates de l'organographie, de la physiologie végétale et de la chimie organique; elle ouvre une carrière nou- velle aux efforts combinés de ces trois sciences, et prouve dejà, par.d’immenses applications, que leurs Proteus les plus exacts, les discussions les plus approfondies, n’ont rien de superflu à son égard. Si l’on admet avec moi que la substance organique composant toutes les fécules amylacées possède de nombreuses propriétés physiques et chimiques, qui ne sauraient être les attributs ni des corps cristallisables, ni des substances enchaïnées dans une or- ganisation définitive; que, placée près des limites, entre les corps organisables et les véritables organes, des êtres vivants, elle par- ticipe des deux natures, laisse apercevoir plusieurs degrés de ses transformations, tantôt vers l'un, tantôt vers l’autre de ces 8. 277 210 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE deux états de la matière organique; que, partout où elle sura- bonde, placée en réserve pour fourniräñde nouveaux dévelop- pements, elle peut accomplir cette destinée sans exiger, comme le ligneux, pour devenir assimilable, de si profondes altérations qu’elles détruisent tout le tissu végétal en contiguité; si on se la représente, au contraire, spontanément dissoluble à l'aide de transformations mécaniques et chimiques graduées, dont je crois être parvenu à comprendre, à expliquer les curieux phénomènes, alors, dis-je, on comprendra tout l'intérêt scientifique qui m'a paru s'attacher à ce travail. Je rappellerai d’abord les principaux faits antérieurement publiés par différents auteurs. RÉSUMÉ HISTORIQUE DES FAITS OBSERVÉS ET DES OPINIONS ÉMISES RELATIVEMENT À LA NATURE ET AUX CHANGEMENTS DE L’AMIDON. ° Les anciens chinustes de l’école de Stahl avaient extrait de l’amidon, par la chaleur, du gaz inflammable, de l'huile et du charbon; ils n’eurent d’ailleurs aucune idée nette sur sa €om- position mi sur ses formes. 2° Les premières observations microscopiques faites par Leeu- wenhoeck, il y a 120 ans, signalérent la forme globuleuse des grains de la fécule et l'inégale résistance à l’eau bouillante de ‘ne parties internes et externes !. “a 3 En 1785, le docteur Irvine indiqua la saccharification de la farine par le malt (Accum ). 4 Vauquelin fit connaitre, en 1811, la propriété que l’ami- don possède d’être rendu soluble par une légère torréfaction ; mais il ne détermina pas les résultats chimiques de cette réac- tion, ni les termes de la température auxquels on peut lopérer. Bouillon Lagrange conseilla plusieurs applications de l'amidon torréfié pour remplacer la gomme dans l'encre et la teinture en ! uAntonii Leeuwenhoeck, regiæ quæ Londini est societatis collegæ, epistolæ physiolo- “gicæ, super compluribus naturæ arcanis... Delphis, apud Adrianum Beman, 1719, p. 232. TS AR EU ET DE LA DIASTASE,. 211 noir, (Bulletin de pharm. à. MI, p.54, 216 et 395, et Ann. de chi- mie, t. XXXVIIE, p. 248.) 5° En 1812, .Kirchoff découvrit la conversion de l’amidon en sucre par l'acide sulfurique étendu. (MM. Vogel, Delarive, Biot, Persoz et Guérin-Vary déterminérent ultérieurement les Ro de cette réaction. ) (Journal de pharm. t. H, p. 250.) 6° Kirchoff décrivit en 1816 des réactions spontanées qui, sous l'influence du gluten, altèrent Famidon et le transforment par- tellement en matière gommeuse eten sucre. (Journal de piarue t.Il, p. 250.) M. de Dombasle publia les résultats de ses expériences en grand à cet égard. (Ann. de chim. et de phys. t. XIII, p. 284.) 7° M. de Saussure, en 1818, conclut de ses expériences sur l'empois abandonné à l'air, que l'amidon se convertit spontané- ment en sucre et en quatre autres matières. (Ann. de chim. et de phys.t. Il, p..387, et til, p. 3709.) + 8° Vogel annonça que.le sucre d’amidon subit la fermenta- “tion alcoolique et ne retient pas d'acide sulfurique; que celui-ci n'est pas décomposé dans la réaction : mais il crut que, dans sa transformaticn en sucre, l'amidon perd de l’eau. (Ann. de chim. t. LXXXIT, p. 148.) 9° MM. Thénard et Gay-Lussac dosiéus une analyse exacte de l’amidon hydraté ( Recherches physico-chimiques); M. Ber- zelius le combinait ensuite dans le même état à loxyde de plomb. (Ann. de chim. 4. XCV, p. 82.) 10° M. Couverchel observa, en 1819, l'effet des acides oxa- lique, tartrique, malique, qui opèrent les mêmes changements; MM. Henry et Plisson annoncèrent que l'acide quinique les pro- duit aussi. (Bibl. brit. sciences et arts, t.VI, p- 333; Journal de pharm. t. VIT, p. 269; Savants étrangers, &. IE, p. 234; et . de chim. et phys.t. LXI.) 3 119 M. Lassaigne, en 1819, vit que l'amidon torréfié est peuire.et ne donne pas d'acide mucique; que sa solution est-co- * lorée en rouge par l'iode et dépose de l'iodure bleu. (Journ. de pharm. t. V, p. 300.) 270 212 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE 12° En 1821, M. Couverchel a dit que l’amidon, exposé deux heures au bain d'huile, ne perd que de l’eau et laisse une matière peu colorée, ne différant de la gomme que par une plus forte proportion d’eau. M. Robiquet, en 1822 (Dict. techn. t. If, P- 435), afin de montrer toute l'importance d’une température constante dans certaines réactions, cita la conversion au bain- marie- de l’amidon en matière soluble. 13° MM. Gauthier de Claubry et Collin firent connaître, en 1824, un caractère important de l’amidon : la belle couleur bleue ou violette qu'il acquiert en s’unissant à l'iode. (Ann. de chim.t. XC, p- 92.) 14° M. Pelletier ajouta des observations intéressantes au fait qui précède. (Bull. de pharm. t. VI, p. 289.) de 15° De 1823 à 1830, M. Dubrunfaut fit de nombreuses obser- vations sur la saccharification de la fécule par les grains germés, et ses applications aux arts des distillateurs et des brasseurs, à la préparation des sirops économiques; il chercha le principe actif de ces réactions, et crut l'avoir trouvé d’abord dans l’hordéine, puis ensuite dans le gluten soluble. Ses expériences sont consi- gnées dans les Mémoires de la Société royale et centrale d’agricul- ture, pour 1823, p. 146, et numéros de mai et de septembre 1830 de l’Agriculteur manufacturier. , 16° Des essais analogues à ceux de Leeuwenhoeck, mais pour- suivis à l’aide de liquides, ou de températures dont l'action énergique trompa l'observateur, firent considérer la substance interne de l’amidon comme de la gomme, et la partie extérieure comme un tégument ligneux : ce fut un pas rétrograde qui eut une longue portée. Les recherches et les conclusions de Leeuwenhoeck étaient presque oubliées, lorsque M. Raspail parvint à exciter vivement l'attention des chimistes et des physiologistes en publiant, de 1825 à 1830, une serie de recherches sur les fécules : il mesura les dimensions, décrivit les formes de plusieurs d’entre elles, et chercha à démontrer leur structure et leur composition chi- ET DE LA DIASTASE. 213 mique. Si la plupart de ses ingénieuses hypothèses ont dû céder àl'inflexible rigueur des faits plus profondément scrutés, la science ne lui sera pas moins reconnaissante de l'impulsion utile qu’elle lui dut en cette circonstance. (Voy. Ann. des sciences naturelles t. Il, et Journal des sciences d'observation, 1. II, p. 216.) 17° Un point marqué sur les grains de plusieurs fécules fut aperçu par M. Raspail et plusieurs micrographes; on le nomma Aile, le supposant l'indice d’une attache à la paroi de la cellule; autour de lui on vit distinctement parfois des lignes excentriques consi- dérées comme des plis ondulés : jusque-là on regardait d’ailleurs les grains de l’amidon comme des vésicules pleines d’une subs- tance homogène, que l'on compara même à la gomme arabique. 18 Les réactions chimiques observées par plusieurs savants (MM. de Saussure, Chevreul, Guérin, Lassaigne, Guibourt, Caventou, Planche, etc.), ainsi qu'un phénomène optique, dé- couvert par M. Biot, prouvèrent que cette dernière substance n'était point de la gomme proprement dite. 19° M. Th. de Saussure communiqua, le-21 mars 1833, à la Société de physiologie et d'histoire naturelle de Genève, des recherches sur la formation du sucre dans la germination du blé : il attribuait cette réaction à une matière azotée formant les quatre centièmes du gluten, et qui saccharifierait seulement quatre fois son poids d'amidon : il l'a nommée mucine. 20° La découverte de la diastase, que nous fimes en avril 1 833, M. Persoz et moi, jeta un nouveau jour sur ces transformations naturelles, par un principe actif qui change en dextrine et en sucre deux mille fois son poids d’amidon. ( Ann. de chim..t. LITT, p+73, et t.LVI, p: 337.) 21° En mars 1833, M. Biot venait de lire à l'Institut un mé- moire sur une propriété moléculaire optique, appliquée à carac- tériser les produits de la dissolution et de la conversion en sucre de l'amidon par l'acide sulfurique, lorsque j'offris à ce savant de fui montrer des réactions analogues optrées sur la fécule par une solution végétale exempte de toute acidité comme d’alca- 214 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE linité au tournesol et'au goût. M: Biot voulut bién, dès le len- demain, répéter avec moi l'expérience : il reconnut que les pro- duits de la réaction instantaänée-n'étaient certamement pas du sucre, pour la plus grande partie du moins: L'accueil empressé que ma proposition avait reçue devint l’origine d'un travail que M. Persoz et moi nous entreprimes, et de la découverte:que nous fimes bientôt après de la diastase. 22° M. Beudant, ayant remarqué le très-petit volume du résidu de la réaction en grand de la diastase, devina que la fécule n'avait pas de tégument d’une nature particulière. 23° M. Lassaigne observa, en 1833, le johi phénomène de la décoloration et de la coloration alternatives de d'iodure bleu d'amidon, par l'élévation et l’abaissement de la température Journ. de chim. médicale , +. IX, p. 510); j'y ajoutai plusieurs faits prouvant la contractibilité du composé bleu et sa précipitation par le froid, les acides et les sels neutres. (Mème volume, p. 573, 635, 638; et Ann. de chim. t. EVE, p. 360.) 24° M. Caventou, puis M. Guibourt, chacun de leur (côté, furent portés par plusieurs observations à considérer toute la substance de l’'amidon comme un seul principe immédiat. 25° M. Turpin a fait observer que les plus petits grains de la fécule de pomme de terre sont sphériquès, comme plus nouvel- lement nés; que sur les plus gros, irréguliers, on distingue elaire- ment le hile; il a décrit et figuré les zones d’accroissement, plu- grams greffés deux à deux par approche, et M. 'Biot a trouvé jusqu’à trois grains entre-greffés ainsi. (Ann. de chim.t. LX, p. A6.) 26° M. Guérin détermina plusieurs circonstances de la réac- ton de la diastase, et fit connaître lacomposition du sucre qu'elle produit. (Ann. de chim. t. LX, p. 32.) ' 27° L'analyse et des apparences très-difliciles à discerner nettement firent croire à l’existence de trois corps différents dans chaque grain de fécule. (Ann. de chim.. t. LVI, p. 225!) 28° La composition, le poids atomique, les propriétés exten- sieurs ET DE LA DIASTASE. 215 sibles.et contractiles remarquables, furent alors reconnus iden- tiques dans toute la masse féculente d’un grand nombre de fécules; je démontrai, en outre, les inégalités de cohésion dans les grains de différents âges, ainsi que dans la masse de chacun de ces grains en particulier ; ces phénomènes indiquaient des couches superposées étlune organisation spéciale ; j'avais constaté l'identité chimique entre l'amidon et la dextrine, lorsque M. Du- mas détermina la composition decette dernière substance combi- née anhydre; je reconnus ensuite le même poids atomique à la fécule. (Ann. de chim. et de pharm. 1. LXT, p. 355, ett. LXV, p. 22 5. 29° L'observation faite par M. Biot, dans le passage d'un rayon de lumière polarisée au travers d’un gros grain de fécule, lui-permit d'annoncer dans ce grain une construction régulière et des couches d’inégales densités autour d’un axe, sans indiquer toutefois le mode d’arrangement ni la cause de la variation des densités. 30° M. Dutrochet, en constatant que l’amidon à l’état normal ne jouit pas d'un pouvoir d’endosmose sensible, a prouvé que ses grains ne contiennent aucune matière soluble directement à froid ; 11 ft; ainsi que M. Dumas, des expériences microscopiques, que nous avons rapportées plus loin, sur l’action de la diastase. 31° De belles recherches microscopiques portèrent M. Fritzsche, à admettre dans les grains de l’amidon, des couches concentriques, dont 1l avait pu montrer, les apparences exté- rieures; on n’avait pas encore prouvé l'existence du hile lorsque lon ne pouvait le discerner notamment sur les fécules des 1é6- gumimeuses et des graminées. (Ann. ‘de Poggendorff, t. XXXII, p.129.) 32° Parvenu à rompre un grand nee de ses grains, je fis voir clairement que la masse intérieure de l’amidon est solide ét insoluble dans l’eau froide. : À l’aide de plusieurs réactions nouvelles, je réussis à creuser et à évaser le hile même sur des fécules où 11 n'avait pas paru jusqu'alors, et à montrer les lignes des couches internes. 216 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE D'autres réactions déterminèrent enfin l’exfoliation des couches successivement enveloppantes,: et je pus expliquer les inégales densités par les différentes proportions d’eau interposée dans les couches inégalement denses. Ces expériences répétées sur di- verses fécules firent mieux apprécier leurs formes et les parti- cularités de leur constitution; elles permifent de bien caractériser ainsi jusqu'aux granules amylacés que renferment les grains du pollen de plusieurs plantes aquatiques. Alors aussi une foule d'anomalies apparentes disparurent ; de nombreuses etimportantes industries agricoles, et des applications économiques, furent créées, quideurent pour base la connais- sance exacte des propriétés physiques et chimiques de lamidon; par suite enfin, je crois pouvoir l’espérer du moins, la physio- logie végétale s'enrichira de notions nouvelles sur les phéno- mènes curieux de la formation, de la croissance et de la disso- lution de la substance amylacée dans les tissus des végétaux; ces vues sont exposées, ainsi que les faits à l'appui, dans la troi- sième section de ce mémoire. tdi Ù 33° M. Pelouze a démontré que l'acide azotique se combine, équivalent à équivalent, avec l’amidôn et forme ainsi la xyloïdine. EXPOSÉ SOMMAIRE DES PRINCIPALES PROPRIÉTÉS DÉ L'AMIDON. Une difficulté grave m'a longtemps arrêté dans la rédaction de ce mémoire : la voici, et voici comment je l'ai tournée ne pouvant la vaincre. La description des formes et de la contexture des fécules devait précéder les autres données; mais, pour être entreprises avec succès, les nouvelles préparations microscopiques avaient dû être préalablement éclairées de toutes les lumières acquises à l'observateur par la détermination des propriétés de cette curieuse substance, de telle sorte que les phénomènes de rup- ture, d'expansibilité, de coloration, d'exfoliation et de disso- lubilité, graduelles ou subites, sur le porte-objet ou dans les ET DE LA DIASTASE. 217 actes de la végétation, fussent possibles à prévoir et permissent de diriger les observations, puis de discerner les véritables ef- fets produits. pa On admettra donc la née où je me trouve conduit main tenant, pour me faire comprendre, d'exposer très-sommairement Dre des expériences successivement pour- suivies, dans ces derniers temps, sur les propriétés et les réac- tions de la matière amylacée, avant de procéder à l'exposé méthodique qu’annonee le titre de ce mémoire. Toute la substance de l’amidon est homogène dans sa com- position et ses propriétés, sauf de légères différences de cohé- sion appréciables, et qui ont été mises à profit pour déterminer la structure intime ainsi re le mode de développement de Tamidon. #ù Ces différences peuvent être constatées, soit dans chaque grain d’une fécule quelconque, soit entre des fécules développées sous des influences diverses’ dans une même plante, soit enfin entre les fécules de végétaux différents. L'amidon hydraté à chaud est dissous par la ddyass qui n° opère aucun effet de ce genre sur aucun corps, connu. Cette propriété sl caractéristique permet de reconnaitre. l'identité d’une substance qui affecte des formes si variables dans. les diverses fécules amylacées. æ, L'amidon, dissous par la diastase comme par les lee puis épuré du sucre que sa propre décomposition partielle a fait naître, est soluble dans l’eau froide et dans l'alcool étendu; à masse égale, sa solution dévie plus énergiquement à droite la lumière polarisée qu'aucune autre matière organique essayée : de là le nom de dextrine proposé par M. Biot et généralement * ‘adopté, qui désigna l’amidon devenu soluble dans l’eau froide ER sans que sa composition chimique fût changée. _Le sucre obtenu par une réaction complète de la diastase sur Ron est identique avec celui ou l’un de-ceux qui peuvent résulter de la conversion du même corps par les acides. 8. 28 LS sd “ 218 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE L'amidon est désagrégé, puis rendu soluble, non-seulement par les acides et pars la diastase, mais encore par une tempéra- ture convenable, qui: appliquée seule, opère même plus gra- duellement cet effet, suivant l’état d’agrégation des particules organiques" et sans production de sucre; nous verrons comment ces propriétés facilitent l’exfohiation des couches d’accroissement. La solubilité dans l’eau, obtenue par différentes voies, laisse à l'amidon son insolubilité dans l'alcool anhydre, et n'altère en rien sa composition élémentaire ni son poïds atomique que nous ferons connaitre plus loin. Voici les propriétés qui (outre les réactions indiquées ci- dessus) caractérisent toute la substance amylacée à l'état normal : une insolubilité complète, directement et à froid, dans l’eau et dans l'alcool; une grande extensibilité et une contractibilité remarquables sous l’influence.de plusieurs agents; la coloration bleue légèrement violette que lui fait acquérir la solution d’iode; l'augmentation et la prédominance de la couleur rouge dans cette combinaison, et sa plus grande instabilité suivant les progrès de la désagrégation des fécules; enfin la cessation de: toute colora- bilité par liode, dès que la désagrégation est portée au point d'offrir le maximum de solubilité à froid, c’est-à-dire le passage complet à l’état de dextrine. L’amidon plus ou moins désagrégé se combine ainsi que la dextrine, et dans les mêmes proportions avec les bases; toutes les propriétés de la substance organique se retrouvent ensuite même avec les nuances dues à chacun des degrés d'atténuation de ses parties, lorsqu'on la dégage de son union aux bases ; en cela elle se conduit de même que certains-tissus de composition très-différente , la peau des animaux, par exemple, qui admettent 1 certains corps en combinaison , comme Île tanin, sans pérdre G leur structure. e”? de Pa L'eau peut être considérée comme remplissant-Les fonctions de base à à l'égard de l’amidon et de la dextrine; elle est effecti- vement déplacée par une base plus énergique à laide d'une forte re ET DE LA DIASTASE. 219 dessiccation , où peut rester combinée avec chacun des composants présentant alors l'union de deux hydrates. Que l'on veuille bien admettre et se rappeler jés faits ci- déssus, qui, d’ailleurs, seront démontrés plus loin, et l'on comprendra sans peine les moyens que j'ai mis en usage pour arriver à la connaissance positive de la structure intime des fécules. DIMENSIONS, FORMES EXTÉRIEURES ET CONSTITUTION ORGANIQUE DES FÉCULES. _Les dimensions de plusieurs fécules ont été déterminées avec soin et exactitude, en 1825, par M. Raspail et par M. Dumas; cependant, comme j'en ai examiné un plus grand nombre, et que je me suis proposé de trouver les maxima en recherchant pour chaque plante les conditions de développement qui les pro- duisent, j'ai cru devoir présenter ici, dans un tableau ‘synoptique, les fécules rangées suivant l'ordre de leur plus grände longueur indiquée en millièmes de millimètre; quant aux dimensions les plus petites, on ne saurait les déterminer à des époques de dé- veloppement assez précises pour que cela offrit beaucoup d’inté- rêt; pour d’autres, on arrivérait, comme nous Île dirons, à les observer en quelque sorte punctformes ou sans grandeur appréciable dans les cellules où leur substance commence à s'organiser. 1 AS M. Raspail vient dé donner, dans la dernière édition (1838) de son Système de chimie organique, Fe figures et dimensions des fécules de vingt plantes ?. Neuf de celle-ci ont aussi fait l'objet de mes observations, -parmi les quarante-neuf que j'ai décrites et figurées, planches I, WT, I, IV, V, VI, VII et VII. » Elles y sont ainsi désignées : fécule de pomme de terre du/charas du sagou, du lis des Incas, de fève, d'igname, de tulipe, de pois vert anonyme des Antilles: de froment, d'iris, de tapioka, du petit millet, de massette, d'avoine, de seigle, de lentille, d'arrow-root, d'orge antique et de trappa. 28° 220 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE Sur ces neuf fécules, telles que les a dessinées l'auteur, sept ne me semblent pas offrir des formes caractéristiques : déux seulement sont bien reconnaissables, celle de la pomme de terre, dont j'ai retrouvé et reproduit les formes, et une fécule dite arrow-root; quant à cette dernière, elle est squyent remplacée dans le commerce par d’autres fécules aussi agréables au goût.: de là vient, sans doute, que M. Raspail n'aura pu se procurer, au lieu du véritable arrowæoot, qu'un échantillon de la fécule de batates, dont il a représenté assez fidèlement les formes. Cela m'était d’abord arrivé, je m'en suis aperçu en examinant cette dernière; mon observation fut ensuite confirmée lorsque, ayant étudié directement la fécule dans les rhizômes du ma- ranta arundinacea, j'ai pu déterminer et dessiner la configuration toute différente de ses grains. On reconnaîtra facilement combien l’anatomie des fécules, dans l'ouvrage précité, diflère de celle que j'ai déduite de mes recherches; J'aurai soin, d’ailleurs, de faire remarquer plusieurs faits physolopiques du même ouvrage qui coincident avec ceux que ] ’ai constatés. TABLEAU DES DIMENSIONS MAXIMES EN LONGUEUR DES GRAINS DE DIFFÉRENTES FÉCULES, MESURÉES EN MILLIÈMES DE MILLIMÈTRE |. 1 Tubercules des grosses pommes de terre de Rohan............ 189 2 Racine de Colombo (menispermum palmatum). ...........,.... 180 3 Rhizômes les plus volumineux du canna gigantea. ............ 175 A du canna discolor......... SÉRIE 150 b- Rhiïzômes du maranta arundinacea (arrow-root du commerce ).... 140 6 Plusieurs variétés de pommestdeltenre ner 140 7 Graine du chara hispida. ......... (5 AL 2 EC IP 138 8 Bulbes de lis......... géfiuire | 1 PIN PTE ES D, AE NU) 9 Tubercules d'oxalis crenata......... 20 CURE 100 100 10 Grainesdu CGT UUIAU TRES ee el ah de eee ! Quelques-unes des plantes désignées ci-dessus, surtout parmi celles qui sont cultivées” dans nos serres, pourraient sans doute, par un plus grand développement encore, produire des fécules plus vélumineuses ; mais il est probable que la plupart des relations, à cet égard, continueraient de subsister entre elles. ET DE LA DIASTASE. 221 11 Tige d’un très-gros echinocactus erinaceus importé. ............ 79 12 Graines de grosses fèves. ............:................. 75 13 Sagou importé............... sg ét ee nt ARE ee 70 14 Craines de lentilles.......... D RE DO RIT RE SEE M 67 15 de haricots. ..... gr Et COS LÉNERR PI EE PRIE UE EL 63 16 Articulations du chara haspida.…...... ..................... 60 DAIGrainemde pros pois. MAC. rt 0. A 5o D'OMEMILE-ŒL DIC DIARC: sea e ne ble darts Sie helene ie stade à eme } 5o 19 Sagou non altéré (fécule de la moelle fraîche du sagouier ). .. . . .. 45 20 Grandes écailles des bulbes de jacinthe................... PRET) 21 Base des pétioles d’un cycas circinalis. ...................... 45 212 Lubercules de Dataies 1.2. ee 1 et cites cslcl ang e 20 «à ce eee 45 23 - d'orchis latifolia et bifolia ...................... 45 24 Fruit du gros maïs blanc, jaunelenvolet RGO NL ENS, 30 D SNHEUITAU SOTSHOUMOUSE EE EE Ace 30 26 Tiges volumineuses du cactus peruvianus.................... 30 27 Graine de naïas major... .. es das Éi AL pf aEet eà 30 28 Tige de cactus pereskia grandiflora SLA ATEN PJEUINE DRE PACE PTE 22,5 29 Graine d’aponogetum distachyum. .......................... 22,9 30 Tige du ginkgowiloba. (salisburia adianthifolia). ...... ......... 22 1 Tiges de cactus brasiliensis. .. 2............................ 20 32 Suc des tiges du chara hispida.......................... re 33 Fruit du panicum italicum. . .:......... ME NE 2 16 34 Graines de naïas major, à demi développéess. . nn nr. 16 35 Pollen du globbanutans...... SRB: rte QAR LIANARSE 15 36 Tige du cactus flagelliformis................:......... ait en) 37 Tige d'echinocactus erinaceus de serre... ......... F OCTO 12 38 Pollen de rapp 4 MATULIMA. ., « « « Dee Ce Te BOUT 39 Tige d'opuntia tuna et ficus indica. ...:.,.......,,,,,...... 10 Lo d'opuntia curassavica. ….......... Bb, RE And nico dr 10 L1 Fruit du gros millet (panicum miliaceum)...........,.... To 2, Tige de cactus mamillaria discolor. .............. ET lea de 8 48 Écorce d'aylanthus glandulosa. ............................ 8 Mise de cactus serpentinms: . ......:.%..l................. 79 45 Racine de panais. ......... RARE RATER AAA Pan PA REAQ RE MAD MA lade nains major 2:25 dl pie su nde dec 7 . hi Tige de cactus monstruosus .…. ..:.......................... 6 DR ane de bétetkée "|... Mol NE nt a ‘49 Graine du chenopodium quinoa. . ............... NME NET 2 + On remarquera dans ce tableau que la plus grosse fécule des uges souterraines de la plus grosse yariété de pommes de terre, du menispermum palmatum et du canna gigantea, ont en longueur 222 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE une dimension une fois et demie plus forte que celle de l’ami- don le plus gros d’une graine (la fève, faba vulgaris), et quatre- vingt-dix fois la même dimension de l'amidon de la graine du chenopodium quinoa ; les volumes comparés des mêmes fécules présenteraient de bien plus énormes différences, car lesrapports, considérés il est vrai comme entre deux sphéroïdes, seraient comme 724,625 et 421,87à sont à 1; ainsi le volume de la fécule de fève serait 421,875 fois plus grand que le volume de l'amidon du quinoa, et celui de la fécule de pomme de terre de Rohan et du Columbo deviendraient approximativement- alors au delà de 724,000 fois le même volume. Il est digne de re- marque, peut-être aussi, que plusieurs fécules de graines et de tiges sont moins volumineuses que, les granules d’amidon con- tenus dans des grains de pollen. ï FORMES DES FÉCULES. * La configuration des grains de plusieurs fécules a été donnée par de très-habiles micrographes; mais, en ayant observé moi- même un plus grand nombre, et favorisé surtout par la certitude d'une structure #interne particulière très-résistante, j'ai dû at- tacher plus de prix à des déterminations exactes, et constater plus facilement les formes et les dimensions des mêmes grains, vus dans plusieurs positions; j'ai cherché à voir leur plus ou 2 9ins grandes dépressions et les figures polyédriques qu'ils devaient fortement retenir après les avoir reçues d’une sorte de moulage par leurs adhérences mutuelles ou la pression exercée des uns sur les autres dans les cellulles des végétaux : il'ne sera donc pas inutile de reproduire les figures que J'ai dessinées des fécules à l’état normal; elles serviront d’ailleurs de termes de comparaison pour mieux juger les effets de moyens appliqués à faire ressortir leur structure interne. Malgré une grande analo- gie apparente entre elles, malgré surtout de grandes variations dans les différents grains de chacune, la plupart ont une sorte \ ET DE LA DIASTASE. 3 293 de physionomie spéciale qui ne permet pas de les confondre. Le caractère VE ta :: -non mbre de fécules dans leurs formes externes de présenter | des contours arrondis toutes les fois que leurs grains baïgnent dans un suc très-aqueux, ou ne sont pas assez nombreux et volumineux à la fois pour rem- plir plusieurs cellules contiguës et aü point d’être fortement comprimées les unes par les autres : dans ce cas, ‘dont nous citerons plusieurs exemples ; elles”af ectent des formes polyé- driques. “ep? : M . au. 2 ee ; "Re ; FORMES DE LA FÉCULE DES TUBERCGULES’ DE POMMES DE TERRE. Cette fécule est figurée (pl E fig. a, ); elle se distingue, sur- tout dans la variété dite de Rohan, par le fort volume de-ses grains, par les formes de portions de sphéroïde: et. d’ellipsoïde qui les composent; enfin par la marque du hile et les traces ou ‘ lignes d’accroissement plus faciles à discerner que-sur la plupart des autres fécules. Des déchirures s’observent sur des grains vieux ou très-volun eux, qui se rencontrent surtout dans les tuber- A exinum de leur développement; ces déchirures mp Vo As cc du huile. “N'+ FÉCULE DE LA RACINE DE COLOMBO ( menipernang palmatum). x > Sr re le volume sat * 3. st gros e 1 le montrent les Mr a de la dr _ tion du Hire ou des Ent ctoilées. qui din sa place sur la ie la plus volumineuse: de chaque, grain. Cette fécule est pres- toujours composée de grains globuleux ovoides ou pyrifor- mes, qui constituent le corps principal on les gibbosités portant PA des hiles spéciaux. L2 224 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE Cette fécule est F4 par grandes dimensions que ses grains atteignent dans les rhizômes très-développés, et, plus tard, par leur désagrégation graduée, pour servir à la végétation des parties: plus récentes de la plante. Quant à ses formes spé- - ciales, elles présentent, comme le montrent les figures NS, 14 et 5 de la planche IV, engénéral une disposition du hile inverse de celle observée dan la fécule du Colombo; car, à partir de ce point d’accroissement, les grains, augmentant de volume par degrés, présentent souvent en projection des figures analogues à des poires, des fioles, des cornues, ou des bouteilles arrondies. Tous ces grains, à l’exception des plus jeunes, sont sensiblement aplatis ; en sorte que, retournés. avec précaution, ils pré- sentent une.épaisseur moindre des deux tiers ou des trois quarts que leur largeur. px ; afis ri La même particularité d'aplatissement des grains ue que nous venons de signaler, se retrouve dans cette EM che et brillante (voyez planche V le même grain dans deux positionsia@ de mais elle se distingue de la Dee par des formes: rapprochent de celle d'un écusson arrondi, plus ou moins" FÉCULE DU CANNA DISCOLOR. où allongé, et au sommet duquel se trouve presque toujours si= ## tué le hile; souvent celui-ci est au milieu du bout déprimé ; entre deux protubérances légères ou déveleppées les lignes d’ ac= croissement se voient généralement fines et nombreuses. On peut reconnaître ces configurations spéciales dans les figures 4 de la planche VT: plusieurs des grains très-allongés offrent des lignes d'accroissement qui ne reviennent plus envelopper le hile, maïs en sont, au contraire , plus ou moins éloignées. Li : ë ET DE LA DIASTASE. 225 AMIDON CONTENU DANS LES DIFFÉRENTES PARTIES DU CHARA. En examinant, sous le microscope, le chara hispida dont je me proposais d'analyser les membranes, Je reconnus dans le sue de la tige des granules de cinq à quinze millièmes de millimètre, qui offrirent les caractères de famidon. Les graines du chara, considérées d'après M. Adolphe Bron- gniart comme monospermes, et remplies d’un endosperme mblanchâtre, contiennent en effet de la fécule, dont la présence ” fut indiquée par M. Raspail. J'ai cru devoir déterminer la nature - de cette substance , sur laquelle un seul caractère observé, la coloration bleue par liode, pouvait laisser des doutes. Les granules en question offrent, par leurs dimensions, leurs formes et leur consistance quelques caractères particuliers; ce qui les distingue surtout, c'est que les plus petits, au-dessus d’un demi et jusqu'à deux centièmes de millimètre, sont très-irrégu- liers, contournés ou gibbeux, tandis que les plus gros depuis trois - Jusqu'à quinze centièmes de millimètre, et plus particulièrement encore ceux qui ont des dimensions moyennes, approchent des formes régulières de sphéroïdes et d'ellipsoïdes , ainsi que le montrent les figures 4 de la planche VIT, qui représentent l’a- midon du chara hispida. Le suc des tiges contient des granules plus petits (voyez fig. 2), enfin dans les articulations la plupart des grains de fécule, figure 3, ont une conformation toute spéciale, fort allongée , offrant des soudures peu consistantes dans leurs corps cylindroïdes. Les grains d’amidon des articulations du chara vulgaris sont plus petits et la plupart globuliformes. Plusieurs propriétés physiques et toutes les réactions chimiques _ prouvent l'identité parfaite de ces différents granules avec l’'amidon. FÉCULE DES BULBES DE LIS. La plupart des grains bien développés de cette fécule très- 29 226 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE blanche sont pyriformes, plus ou moins allongés; leur hile est marqué généralement vers le petit bout ;les lignes d'accroissement, : fines et distinctes, s'écartent parfois du hile, en laissant une trace bien visible à la limite de leur séparation, planche VI, figure 1e quelques grains ont des sortes de côtes arrondies où protubé- rances allongées, comme l'indiquent les deux figures a a d’un même grain vu dans deux positions (planche VI, figure 2). La fécule la plus développée dans les anciennes écailles est plus irrégulière, souvent gibbeuse, offrant des fractures en étoiles ou irradiées du trou d’accroissement (hile); celui-ci estet quelquefois double sur un même grain, comme cela se remarque 7 en général sur quelques-uns des grains de presque toutes les : fécules. Comme presque toutes les autres encore, celle-ci est gé- néralement globuleuse lorsqu'elle est très-jeune. E FECULE DES TUBERCULES D'OXALIS CRENATA. Celle-ci se présente généralement en petits corps cylindroïdes ou légèrement coniques plus ou moins allongés, laissant voir les lignes d’aceroissement, et leur bile rarement double, souvent étoilé sur les vieux grams. On reconnaîtra ces caractères assez tranchés dans les figures 4 de la planche IV. FÉCULE DE L'ECHINOCACTUS ERINAGEUS. Dans un très-gros echinocactus erinaceus!, importé en France et envoyé à M. Magendie, qui voulut bien me permettre d’en dis- poser, Je trouvai, près du cylindre des faisceaux ligneux qui en- veloppé la partie médullaire, des grains de fécule plus volumi- neux que dans aucun autre cactus, mais il ne s'en trouvait que de très-rares vestiges dans toutes les autres parties de cette enorme Uuge. Cette fécule offrait quelques lignes circulaires concentriques * Sa tige sphéroïdale avait quarante-cinq centimètres de diamètre moyen. ET DE LA DIASTASE. 22 d'accroissement; elle était d’ailleurs remarquable par les formes irrégulières, généralement arrondies, mais dépendantes des rap- ports de position de ses grains; leur croissance avait été si longue que des fentes sinueuses étoilées annonçaient leur prochaine dislocation, et permettaient de les casser en segments par une légère pression. Nous démontrerons plus loin que tous ces carac- tères résultent naturellement de l'âge de la plante et de l'abon- dance des sucs aqueux qui remplissent ses cellules. FÉCULE DU SAGOUIER. Le sagou du commerce nous arrive en globules légèrement fauves ou blancs. Ce sont des agolomérations roulées, composées d'un grand nombre de grains de fécule, la plupart offrant des modifications de formes et l’évasement du hile, dus à l'élévation de la température lors de leur préparation. On peut reconnaître sur plusieurs aussi (pl. IV, fig. 10 et 11), les effets de la pré- sence de l’eau au moment du traitement à chaud; cette dernière réaction est surtout indiquée par les formes de la fécule du sa- gou blanc (fig. 1 1). Nous y reviendrons plus loin en décrivant les divers phénomènes produits par certains degrés de température, soit à sec, soit en présence de l’eau. La fécule extraite à l’état normal de la moelle du sagouier cultivé au Jardin du roi présente une configuration remarquable : ‘beaucoup de grains affectent sensiblement, dans la moitié de leur volume, la forme d’un hémisphère, tandis que l’autre moitié du même grain est polyédrique, souvent à six faces latérales aboutissant à une face courbe hexagonale. (Voyez les figures 5 et 6 de la planche IV.) On se fera encore une idée de cette forme en la comparant à une demi-sphère, posée sur la base d'une py- ! Ces caractères semblent mettre hors de doute la préparatien à chaud, jusqu'ici contestée, du sagou. Voyez l'article Sagou du Dictionnaire de MM. Mérat et Delens, les Observations de MM. Raspail et Caventou , un Mémoire de M. Poiteau ( Journal de Clümie médicale), 1835, et dés Recherches sur l'histoire du sagon, par M. Planche, 1837 * 29 228 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE ramide à six faces, tronquée par une surface courbe hexagonale; ces deux parties ayant un axe commun qui traverse le hile, et l'ouverture de celui-ci étant marquée à la superficie de la por- tion sphérique ; cette configuration tient évidemment à la pression qu'ont exercée les uns sur les autres les grains se développant en contact. La fécule extraite de la base des pétioles du cycas circinalis, sur un stipe ayant de quatre à cinq ans, offre une conformité remarquable dans les parties polyédriques et les portions sphé- riques de ses grains avec la fécule provenant de la moelle de ce sagouier : on y trouve, correspondant aux mêmes points, le hile ainsi que les lignes circulaires d’accroissement; les agglomé- rations de ces grains sont aussi semblablement disposées dans les cellules. AMIDON DES COTYLÉDONS DE FÈVES. Ses grains se distingent de tous les précédents par les bords généralement sinueux de leurs projections, les ondulations marquées de leur surface, la difficulté d’apercevoir, directe- ment du moins, leurs lignes d’accroissement, bien que l’on parvienne à discerner, près de leurs bords, deux ou trois épais- seurs apparentes, et encore par l'absence ou plutôt l'invisibilité directe du hile, comme par la dépression inégale de tous les grains volumineux, dépression qui réduit d’un tiers ou de moitié la surface de leur projection, lorsqu'on les fait tourner sur leur grand axe d’un quart de circonférence. Les figures 3, de la planche IV montrent ces formes et plusieurs grains tournés sous deux ou trois positions : a a’, b b', cc’. En les comparant aux figures de la fécule des pois, on verra que celle-ci diffère par une plus faible épaisseur et par des dépressions plus fortes, suivant des lignes qui se réunissent dans l'axe. Dans les fèves volumineuses presque müres, on trouve des grains d’amidon, parmi les plus gros, qui sont sinueux et con- ET DE LA DIASTASE. 229 tournés en demi-arc de cercle, ou terminés par un crochet, ou même encore bifurqués irrégulièrement. AMIDON DES COTYLÉDONS DE POIS (pisum sutivum ). Les figures 4 de la planche VIT montrent les différences que nous venons d'indiquer entre cette fécule et la précédente, ainsi que les divers aspects d’un même grain a, a’, b, b', b'. On remar- quera surtout dans les fortes dépressions canaliculées qui sillonnent ses grains, la cause de l'erreur qui a fait dessiner, par un habile observateur étranger, une sorte de hile allongé et dans l'axe. En effet presque tous les grains vus de trois quarts offrent cette ap- parence, 11 a fallu tourner un grand nombre de grains entre deux lames de verre et les dessiner chacun dans plusieurs posi- tions, pour dissiper toute illusion optique à cet égard. Je suis parvenu, d’ailleurs, à démontrer, par un procédé général indi- qué plus loin, la forme et la position du véritable hile, figure 5, presque invisible à l'état normal. AMIDON DES BLÉS DURS ET TENDRES. L'examen attentif de l'un des beaux types des blés blancs, la tuzelle de Provence, et des espèces de blés durs bien caractéri- sés, notamment le blé de, Pologne et le blé de Taganrock (tri- ticum polonicum et triticum durum), montre, dans leurs grains d’amidon une physionomie toute particulière. Bien développés, ils sont irrégulièrement aplatis ou plutôt lenticulaires et à re- bords arrondis ; l’une de leurs faces est ordinairement plus proé- «" minente, et le sens des fractures étoilées, qui s'y aperçoivent - quelque fois, indique vers leur sommet le siége du hile. Pour bien discerner cette structure , il est indispensable de faire rouler lentemenñt les grains dans l’eau, entre deux lames de verre, sans les quitter de l’œil sous le microscope; on parvient alors à les voir sous plusieurs faces, comme Jindiquent en a, à’, 230 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE , la figure 7 de la planche IV. On ne saurait cependant démon- trer directement ainsi l'emplacement du hile:’nous verrons plus bas comment on y peut parvenir. Les grains de cette fécule sont d'autant moins déprimés et approchent d'autant plus des formes de sphéroïdes ou d'ellipsoïdes, qu'ils sont plus jeunes et de plus petites dimensions. FÉCULE DES TUBERGULES DE BATATES (convolvulus batulus)! Cette fécule, si complétement exempte de toute saveur étran- gere qu'elle peut, à cet égard, soutenir la comparaison avec les fécules de canna discolor, de maranta arandinacea, du sagouier et des orchis, se distingue de toutes celles que nous avons dé- crites dans ce mémoire, par la configuration d'un grand nombre de ses grains, ainsi que le montrent les figures 14, 15 et 16, de la planche IV. Ils paraissent tronqués vers le bout opposé au hile : Les bords arrondis prouvent cependant que ce n’est pas véritablement üne coupure; on aperçoit parfois une ligne courbe rentrante qui annonce dans cette surface déprimée une partie creusée comme le fond des bouteilles ordinaires à vin. Il y a réellement en cet endroit une cavité, qui, peu profonde, devient sensible lorsqu'elle reçoit par hasard le bout arrondi d’un autre gran: nous verrons bientôt comment on la fait prononcer davantage. Beaucoup de ses grains semblent sphériques parce qu'ils reposent sur leurs faces déprimées; on s’en aperçoit en les forçant de changer de position et de se coucher sur les parties arrondies. La plupart des autres grains ont pour cachet particulier d'offrir 1 1° ? . des formes polyédriques, ou des surfaces courbes légèrement rentrantes d’un côté ou vers l’un des bouts, tandis que là por: tion opposée est en général arrondie et convexe. Le hile et les lignes d’accrorssement se voient aisément sur ces grains, ce qui les distingue de plusieurs autres fécules à formes polyédriques. (Voyez les figures 1 4 de la planche EV. } È LE ! + ET DE LA DIASTASE. 231 FÉCULES DES TUPBERQULES D'ORCHIS (salep). Cette fécule est en grains généralement ovoides, plus ou moins irréguliers; le hile est situé sur la partie la plus volumineuse ou le gros bout du grain. Dans un grand nombre de ces petits tubercules, tous les grains de-fécule sont soudés .et offrent des masses amorphes qui remplissent les cellules; ce caractère dépend," sans doute, de la température élevée à laquelle la dessiccation a commence ; les tubercules étant alors très-humides, la fécule a dü former empois en shydratant dans chaque cellule; de là encore la :demi-transparence de la plupart des petits tubercules secs. Les configurations naturelles de cette fécule sont bien mieux observées sur les tubercules à l’état sain; on a extraitde ces der- niers les grains dessinés, planche IV, figures 17 et 18. La fécule figure 1 7 vient des tubercules d’orchis bifolia : on voit que plusieurs dé ses grains globuliformes offrent deux portions coniques sur le même axe; on voit, en outre, sur quelques-uns deux hiles marqués sur la partie sphérique. Les grains de la fécule d’orchis lati ifolia sont la plupart sous forme de sphéroïde, munis d’un ou de deux hiles, mais presque tous se terminent par un seul cône à pointe mousse ou arrondie. (Voyez les fig. 18.) } FÉCULE DES BULBES DE JACINTHE. Bien que cette fécule ait une analogie évidente, et à laquelle: on devait s'attendre, avec celle des lis; on peut l'en distinguer à | ses contours généralement plus irréguliers, à la position du hile sur le bout souvent le plus volumineux, et surtout, enfin, à la - courbure qu'affecte la partie moyenne, et qui fait paraître en saillie et plus éclairés ses deux bouts arrondis. (Voyez les fig. 1 2 pl. IV.) 232 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE Dans les écailles extérieures où les développements ont été le plus longtemps prolongés, on trouve un grand nombre de grains étoilés, fendus, et d’autres commençant à s’exfolier. Cela tient à un phénomène physiologique général sur lequel nous reviendrons. AMIDON DES GRAINS DE GROS MAÏS BLANC, JAUNE ET VIOLET. Outre les différences physiologiques dont nous parlerons à la fin de ce mémoire, et qui résultent des époques de développe- ment et de dissolution des fécules, on remarquera entre les grains d’amidon du même âge, dans un même grain de mais, de grandes variations de formes. Toute la partie cornée ou demi- translucide adhérente au tissu en contact avec l’épiderme d’un de ces fruits présente ses grains de fécule tellement serrés et enchâssés dans une masse commune, fortement pressée de toutes parts entre les cellules voisines, que tous ces grains ont une forme polyédrique, et qu'on parvient à en rompre plusieurs sans les désagréger les uns des autre; c’est que fait voir la figure 20, planche IV. Ce grand rapprochement des parties, observé par M. Raspail, explique la demi-transparence de la substance cornée et la rudess? de la farine de’ maïs; quant à la portion farmeuse des autres parties, qui se rapproche du cotylédon et qui est d’au- tant plus abondante que le maïs offre plus de blancheur et d’'o- pacité, celle-ci contient un grand nombre de grains libres, les uns globuleux, pyriformes, ovoides; les autres offrent, d’un côté, des formes arrondies, et, de l'autre, des faces polyédriques, comme lindiquent les figures a, b. Sur quelques-uns on par- vient à distinguer le hile. AMIDON DES GRAÎNES DE SORGHO ROUGE (sorghum vulgare ). Cette graine, dont la plante coupée jeune produit un fourrage abondant, doit l'infériorité de sa farine grossière à la difficulté Oo. day ETDÉ A DIASMSE. 233 d'en élimi : r Je On ; car, bien we plupart des grains de la oule aflectent des formes polyédriques (voyez la pl. IV, fig. »), résultant de la pres on-qu'ils ont éprouvée les uns contre ; ës autres, ils sont pres qu ë tous libres. .On apétçoit, sur l’une de” el ss) faces arrondies, quelques fentes irradiées d’un centre qui marqué la position duhile." * - ARS ST 1” à 5 Ed + Ki ‘en serre ne contiennent ces d'afidon. H m'a fallu lus développés, sans qu'ils ( trop vieux, pour afriver déterminer les formes de ji leu sigran s de fécule et. leurs. forte dimensions ; celles-ci À Fe fois pourront, comme je l si +, \ores echi- jcactus erinaceus ( voir page 22! er re dans d'autres tac le Végétation!. Je, . Les grains defécule de ce cac s sont en général sous formes de S aéroïdes où d’ellipsoïdes ; on y peut parfois apercevoir le point in$er ion dubhile, plusieurs deslignes d'accroissement, etquelques ondulations à leur superficie ; un grand nombre de ces -offrent évidemment la réunion de deux ou de trois d’entre 5 eux, ou a défont voir les figures 2 2 de la planche ai es ou renferment seulement des + CN LUE | mn |: Fe + D: Les grains d'amidon de cette graine sont, en général, globu- leux ou ovoïdes, quelquefois légèrement déprimés dans le milieu D es deux faces opposées. (V oyerles figues 4 de la‘planche VIIL.) : RAC US ; ” + AMIDON DE LA GRAINE DU NAIAS MAJOR. FPE a TAN EC A PR RTE ERR cars ET .! Je dois à l'extrême obligeance de MM. les professeurs du Jardin du roi, ainsi qu'à Neumann, chef des sérres, à MM. Cels ét Duvillers, membres de la Société royale d'hor- D. d'avoir pu faire varier mes, observations sur-un grand nombre de cactus, sur des rhizômes de plusieurs cânna, les racines du menispermum palmatam les tubereules d'orchis, : les’ fécules. de la moelle et des pétioles du sagouier (cycas circinalis), du gin oba, le pollen du globba nutans, etc. etc. Ÿ vi *, ; 30 + Le ñ RE 234 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE Lorsque la graine n’est qu'à da a | les grains d'amidon ont une dimension moitié moindre, fig. DAT Mr à À us 2 LR sr” F +: 4 n 3 FÉCULE DE EA TIGE DU CACTUS PERESKIA nt + 4 Sur une branche de trois millimètres provenant d'un HR | ayant trente-quatre centimètres de haut, cr ai trouvé les cellules de la partie médullaire. complétement remplies de ‘fécule plus grosse là que parions ailleurs; les grams de celle-ci portaient des hiles bien marqués ainsi que plusieurs de leurs ignesid’ ac- croissement. j #9 Leurs formes. assez irrégulières montraient des résultats. 6 évi- dents d’adhérence entre les : Due, ainsi, qu on en peut j par des: configurations polyédr sieurs de ces grains, dessi x riques ou portions due de plu nche VI, figure cp À a L : AMIDON DES CRAINES D'APONOCETUM PRIT à ad *: e Quoique de petites Auensons: les grains de cette fécule laissent voir le point. de leur hile; leurs formes sont quelquefois 4 tout arrondies. Sur beaucoup d'entre eux on remarque une sorte d'enfoncement où des dépressions plus ou moins étendues ; on remarque encore, ainsi que l'indiquent les Jigures 28 dela planche ] IV, un assez grand nombre de ces grains terminés par des faces polyédriques ou tronquées, analogues à celles qui carac- térisent la fécule de batates, fécule que ses dimensions ne per- # mettraient pas de confondre, sous le microscope, avec celle-ci, . “24 FÉCULE DU GINKGO BILOBA. (salisburia udianthifolia). FE © er. .f Le 3 ‘ (- ï + € Lo Une, branche ayant 27,: millimètres de diamètre contenait dans le tissu médullaire, dansles couches ligneuses et dans l'écorce, une fécule très-remarquable par ses formes très-sinueuses, échan: a faces polyédriques souvent aplaties, allongées, offrant des ubérances latérales. ÿ “ET DE LA DIASTASE, 235 F à | FÉCULE DU CACTUS BRASILIENSES. " T8 d } Les grains de cette fécule sont remarquables, comme on le voit dans la figure 26 de la planche VI, par Jeurs irrégularités. Non-seu- lement les bords de la projection sont en général sinueux et leur erficié est gibbeuse, mais encore des portions plus effilées et courbes offrent l’apparencetd'une sorte des crochet: nide hile, ni les lignes d’accroissement ne sont nettement perceptibles. à ; : e 1 AM1DON DE FRUIT® DU PANICUM .ITALIGUM. ae 0 : * TR br a MPresq 1e tous ses grains d'amidon sont terminés par des formes olyédr ques. fort añalôgues à celles des grains amylacés du maïs, Le ils se distinguent par leurs petites dimensions. On y trouve aussi, dans la partie cornée, agglomérats de grains solide- ment énchâssés dans les cellules; ils sont soudés par une forte pression. ( Voyez les figures 27 de la planche IV.) | War it d : » ‘ie ® ir AMIDON nv POLLEN DE uns - Ts 1 W >: d 6 4 : A , … Les grains de ce pollen, les plus développéssurtout, contiennent plus Ou moins abondamment dans leur fovilla,des granules offrant les principaux caractères de l'amidon, et sur l'analyse desquels nous reviendrons plus tard. La figure 7 en a b, planche VII, montré ces granules, la plupart de .formes elliptiques , sou- vent courbes, “offrant alors une configuration analogue à celle concombre. Ja indiqué, sur une partie, des gränules sortis _par l'explosion naturelle d'un grain de. pollen, la coloration bleue que leur communique l'iode, tandis, que ce corps teint en jaune les membranes, et laisse presque sans couleur la partie fluidi- forme du fovilla. 236 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE. & à FÉCULE DU CACTUS FLAGELLIFORMIS. È * Les grains les plus développés de cette fécule, dans une forte tige, offraient, comme le montrent les figures 28 de la planche IV, une projection à bord sinueux et une dépression sensible -au mi- lieu; ils étaient aplatis, en sorte que leur épaisseur se trouvart moindre d’un tiers environ que leur, durs maxime + plusieurs grains paraissent, doubles. à FÉCULE DE L'ECHINOCACTUS ERINACEUS EU NE EN SERRE. Ses plus’ gros: grains, pris près de l'axe de La üge, sont _globu- ; liformes : un petit nombre sont doubles; au centre même se trouvaient des grams à bords irrég u iers, qui semblaient avoir été altérés dans leur structure. Fig. > FÉCULE DU POLLEN DE RUPPIA MARITIMA. Li à + Les grains de cette fécule sont plus ou moins ifréguliérement arrondis ou oblongs;les plus gros sont, la plupart, déprimés au centre; plusieurs sont cylindriques, terminés par d des bouts ar- rondis; leur corps est plus c ou moins courbé, en sorte que, par- fois, ils simulent ainsi un Fe contourné. en couronne. (PL VII 6 c, fig. à.) v # 2 | F : FÉCULE DE LA TIGE DU CACTUS UNTTA LE à 4 à CLS # Grains plésutifornies, plusieurs doubles. Une féinleseibblablé. à grains un peu plus petits et surtout plus rares, S'est ouvée . dans le cactus opuntia ficus indica. (PI. IV, fig. 30.) ME + " à ? FÉCULE DU CACTUS OPUNTIA CURASSAVICA. " Très-peu abondante; elle offre plusieurs grains doubles ou eo de ae M he £ . ie “dut Conte cé éd we A à Rue + e 237 PR 84 4 #47 DRE ? à ". L “ gens TE ms K : Elo die vie "a À Li + ve. ULE pu cacrbs MA MILLARTA ÉrscoLor. LR KA, À j g 1 Ju kh Le Ai LÉ 18 “ jar: bords TA à semblables à ceux de la fécule des cactus gpantig, tuna et curassavicus, quoique E mpe Coget fig. 34, pl. M}. JV a re È 7% et DS Cette fuite. se ob ire A ie state Re EE (Fig. Fe pl. I IV.) > | U » Sr É 4 , . “ \ + FÉCULE DE LA “TIGE, CACTUS enr % Cake 2 LE Le. , "e ne, a dlceux des Rae de uses : Must sont. FE orbiee montrent vu nes d'accroissement et 0 ondulations äleur surface : on y rencontre des grains oubles. (fig: 37, pl. up dE FÉCULE DE LA RACINE DE PANAIS. Tous les grains de cette fécule offènt une projection arron- die et une portion de cercle concentrique, marquant, comme uv figures 36, planche IV, une ondulation circulaire à leur superficie. d . 238 DÉ ET EL A LA DEXERNE S + + is RU + . roux DU es Presque ah à gs sen) de an une 1 urvatior su ou moi rononcée : des p La (Voir en je à Bk. MI) à 2 ns ES PE DU ses sors Ÿ # _*# EU de PEU, À Cette pl en grains ‘assez. rares 4 Ti lobuli- forme; Avis pin He-srmnidonhler: s (PL o o y0. }' # sb sa AMIDON EN LA GRAINE nent | AD qe # the 7% x. » - Il se présente en grains sensiblement “Er Fa qui se rap- prochent Mu à tous égards de ceux de- Dre de cheno- dodium dires. (Xoyez lig- dont us mnt: # FPE 1 y " À FN, 2 bte, 4 #3 AMIDON DE LA GRAINE DU Er (ec dre Fes Les grains de cet à rh s cs plus petits i jaie dans dans les graines venues à 10 urité ils sont globuliforr Fee GeAre, Mas les feures’4o,-planthe M) es sf “a dy, +, ds ui “ga ET DE LA DIASTASE * 239 a \ 70 LE “+ . à es 2.08 "PSP QUES A0 30 Et à he Je l e A . 46 « ji 3e PREMIÈRE * SECTION. à got 7 D ù OL %° Or. ft plie F4 es 2e PRE IR UE ETS “ F +’ we de à 2° - pd ° ete TL TEEN. ie | 4 y DL à RE ANATOMIE DE L ON. * - A : Er ä Rüpture dés Récuéé? examen de 1ëurs sas nié _— Ouüvertire maumegel u'au centre des grains, ete. vue des couches d’ accroissement. — Dissolution # la couche superficielle des féculess — * Exfolation des couchés solides qui composent chacun ge grains” in damien. da G :: 4 RS æ: é ul 1 | ER DES FÉÇULES #2 Fi DIRECT DE LEUR SUBSTANCE FINTERNE. + + dé *, L X ù : Au début de: ce travail, je « crus devôir imeéupér dés nïoyens & rom re Le im. d'amidoh £4n$ altérer leur substancé, d éviter ‘re e où, fr frottement, 6 énergique ; je rénôncat aux Et lés lamés tran Fhates _ parce qu'éll s F4 y un scellement préalablé avectünie matière. étrangère. L'écrasément f unê Pression Sradnée me parut de beañcoup préférable; mais, afin é diminuer encore la force ä employer et les altérations que je a tant, J reclerchai à quél état ét dans quelle plante lamidon offrirait moins de résistance. Après de. nombreuses, tentatives qu'il serait trop long ‘de rapporter . iä, je réconfius que les tubercüles des pommes de térre volumi- ñeuses, et obtenues sous l’mfluence d’une longue végétation, con- tenaient dans tetiines parties de leur‘tissu, [à nt fécule, et que les grains de celle-ci résistaient lé moins à 4 laipression. #A tous cés égards , dx variété dite"dé’ Rohan me pare mériter lupréférence ; je trétta effectivement, daïs uñfde sés tubercules venus à maturité, une fécule dont la plupart des grains étaient brémeït félés en étoiles à parür du hile; quelques traces des es se ne as l'axe et se ramifiaient des deux côtes celui-ci. - ne. #. 240 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE En comprimant entre deux lames de verre la lécule- des pOMIMER de terre wenues à maturité , on rencontre ensuite sous le microscope un grand nombre de grains plus ou moins profon- dément fendus, ‘étoïlés, ou séparés en deux ou Le à 3 ments. ” La planche Ikmontre : 1° les grains tels qu'ils se trouvaient dans les cellules .de-la pomme de terre; 2° les ruptures opérées par une légère pression, et 3° les fragments gonflés dans toutes leurs parties internes et. externes pare une faible solution de soude. URL k De a en a’ et a”, les figures réprésentent les grains de kéchle* extraits d’une pomme de terre de Rohan parvenue à sa matu- rité complète. On voit l'un des grains les plus développés, ayant une longueur de 180 et 185 millièmes de millimètre. a grains plus largement fendus que les précédents: b, gros grains plus.l fendillés encore. L'an Toutes les figures suivantes, jusques et comprise 1 la. figure js montrent des grains de la même fécule rompus : l'aide d'une légère pression. œ k à < e, e, 6 grains rompus jusqu'au centre. k + f. f, face interne de deux grains cassés en deux fragments, laissant voir une cavité autour de l'axe. « f, moitié d'un grain vue latéralement. # 9 tronçon d’un grain séparé en trois parties. di 2 g' et g', morceaux laissant voir à nu la < substance interne sur deux côtés. ‘ g', fragment montrant sur quatre. ‘des ses faces la substance intérieure à cassure rayonnée. : h, grain ‘allongé, rompusen deux | parties ge ul qui indiquent encoreun axe correspondant au hile. % PA tie grains sphéroïdes cassés. Jj, grain Rae rompu en trois, suivant des sections partaü du centre. # 1 Tous ces ER à librement ee, ds lue parti an ET DE LA DIASTASE. 241 internes, ne cédent à l’eau froide rien qui puisse être coloré par liode. k, moitié d'un grain commençant à se gonfler par une solution alcaline. ÿ L l, m; menus fragments ou quartiers de grain gonflés par la même solution (contenant 0,01 de soude). n, 0, gräins moins brisés, dont le gonflement a effacé les angles des fractures. P; grain très-irrégulièrement brisé : toutes les arêtes des fractures se sont arrondies en se tuméfiant par le même réactif. Ces figures, dessinées sous le microscope , prouvent que la substance intérieure de la fécule est consistante et extensible à froid sous l'influence des alcalis caustiques : nous verrons plus loin qu’elle offre avec l’eau, l'iode, la” diastase, les acides, etc. des réactions semblables à celles que donnent les grains entiers. … Ainsi donc lanature consistante, l'insolubilité dans l'eau froide, de toute la masse interne de lamidon, ne peuvent plus être l'objet d’un doute; cette épreuve décisive a été répétée sur di- verses fécules : nous nous bornerons à en citer ici deux exemples encore. L’amidon des pois (pisum sativum), dont on voit deux grains FOMpUS. figure A,ene, f, planche VIT, offre aux réactifs une résistance due à sa plus forte cohésion, mais qui, une fois vaincue, laisse manifester tous les phénomènes caractéristiques de la subs- tance amylacée; résistance remarquable, d’ailleurs, que nous ap- prégierons plus loin. Il se rompt ordinairement en deux parties à - peu près égales, suivant la ligne médiane de dépression qui ré- duit son épaisseur et sa force; les fragments ne laissent rien dissoudre, ils offrent à l'intérieur les propriétés que manifestent _ toutes les réactions chimiques sur lamidon intact. ” La fécule du canna discolor fortement comprimée montre par la forme de ses ruptures (figure 5, planche VI) et par l'extension de ses grains, qu elle est assez flexible pour s'étendre très-sen- } siblement avant de rompre, toutefois ses parties internes pré- 8. 31 242 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE sentent les mêmes propriétés physiques et chimiques que les couches externes, sauf encore de légères modifications dues aux différences de cohésion. 3 Les graines bien développées du chara vulgaris et du chara hispida, qui ont un diamètre de 0,50 à 0,75 de millimètre, con- tiennent des grains de fécule dont les plus volumineux s’écrasent entre deux lames de verre par la pression des doigts; ils sont alors fendillés en étoiles, à partir d’un hile que l'on n’aperçoit pas toujours (pl. VII, fig. 4 et 5 en a, b, c, d,e,) , et se propagent parfois suivant un axe. (Voyez en f, q.) On distingue les zones d’ac- croissement sur plusieurs d’entre eux ( h, 1, j, k). Les grains d’amidon les plus volumineux dans les vieilles graines se désagrègent queqnerots en donnant lieu aux petites sphérules amylacées dont | Ja signalé la présence dans les vieux tubercules des pommes de terre. (Voyez pl. II, fig. 9 en «, b, c.) Tous ces grains, ainsi que ceux des tiges et des articulations, peuvent être gonflés au point de presque centupler de volume, par les solutions contenant un centième de soude ou de potasse. fs se colorent de nouveau en bleu par 'iode, si on sature préala- blement l’alcali ; ni l'ammoniaque, ni Pacide acétique n'attaquent leur substance, qui est dissoute par l'acide chlorhydrique, et se peut transformer en dextrine et en sucre par l'acide sulfurique et la diastase. Is sont donc entièrement formés d'amidon: chi- miquement ils diffèrent beaucoup des jeunes organes, surtout des organes reproducteurs des végétaux, par les très-faibles proportions de substances azotées qu'ils recélent à Composition chimique du pollen du chara. Les vésicules de couleur orangée qu'on voit sur les rameaux du chara contiennent, comme on le sait, des cellules très-longues et souples. J'ai reconnu que leurs minces membranes ont la composition chimique du tissu végétal, tandis que les subtances renfermées par elles oflrent la composition azotée propre aux corps enveloppés dans les plus jeunes organes des plantes. Ces résultats analytiques me semblent être des conséquences naturelles de la nature phy- siologique des organes reproducteurs du chara, telle que M. Brongniart l'a indiquée, non- seulement quant à la graine monosperme, mais encore relativement aux substances azotées contenues dans les membranes végétales qui se rapporteraient au pollen de l'organe mâle. Ces faits chimiques seraient encore en harmonie avec les observations de M. Meyen et celles ET DE LA DIASTASE. 243 AGCROISSEMENT DU HILE DANS L'AMIDON DE DIFFÉRENTES ORIGINES, ET VUE DES COUCHES CONCENTRIQUES INTERNES. Le hile, très-facile à observer sur certaines fécules, n’est pas discérnable aux plus forts grossissements sur beaucoup d’autres; Jai pensé qu'il serait possible de démontrer sa présence en le faisant paraître à l'aide d’une contraction opérée par une dessic- cation assez forte, et de faire ressortir la différence de cohésion dans cette partie des grains amylacés. En effet, la substance le moins fortement aggrégée, plus die tendue par l'eau dans l'état normal, doit plus diminuer de volume que lés autres; offrant, d’ailleurs moins de résistance, elle cède à elle seule aux différences du retrait opéré sur toutes les autres. Le hile doit être le siége de ces résultats d’une double contraction : les parties intérieures dans chaque grain étant moins agrégées, parce qu elles ont été sécrétées le plus récemment, et la matière de chaque couche De dû remplir la cavité pour s’introduire par le hile, il était à présumer que ses dernières portions enduisaient les parois de celui-ci ; qu'enfin la solubilité acquise à la substance amylacée, par suite d'une température élevée, devait être plus grande aussi en ce point; amsi donc l'effet de la dissolution pouvait faire apparaître orifice du hile même dans les fécules trop souples et minces pour que les effets du retrait fussent visibles. L'expérience répondit parfaitement à ces prévisions et je par- vins ainsi à marquer nettement le hile, en le forçant à s'ouvrir sur plusieurs fécules jusqu’au centre de leurs grains sphériques, où jusqu'à l'axe des grains allongés. On jugera bien tous les détails de ce curieux phénomène à l'inspection des figures 8, de M. Brongniart sur des mouvements spontanés des petits corps renfermés dans ce pollen (Ann. des sc. nat. no. et déc. 1838), car tous les corps doués d'un mouvement spontané, autre que celui des particules de Brown, se sont trouvés, dans mes essais, avoir une composition quaternaire azotée. Era 244 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE planche IV, qui comprennent les effets de ce genre obtenus sur Pa- midon de ble, et planche VIT, figure 7, sur l'amidon de pois, chez lequel l'existence du hile n'avait pas encore été démontrée. Par ce procédé, on trouve facilement, comme le montrent aussi les figures de la fécule de la pomme de terre soumise à ce traitement, ceux des grains dont la nutrition s’est faite par deux et même par trois hiles (pl. I, lg. 24184 4). On parvient encore très-facilement,- en observant aimsi préparées les fécules d’un gros volume et globuliformes, à discerner, dans l'intérieur de la cavité du hile qui se présente évasée en entonnoir, les lignes circulaires marquant les bords des couches emboîtées. Parmi toutes les fécules desséchées entre les températures de 200 à 220 degrés, celle du canna discolor, dont les grains sont le plus aplatis, montrait moins son hile qu'avant la AM oES cela tenait sans doute à ce que ses grains étaient plus minces’'et plus diaphanes. Supposant toutefois que le point d'insertion du hile devait être plus attaquable que les autres sur chaque grain, J'essayai de le faire paraître en desséchant cette fécule seulement à 200 degrés, afin de la rendre très-avide d’eau sans qu'elle fût bien solubles puis la plongeant dans l'eau froide, le gonflement subit qu'elle éprouva fit augmenter et paraître l’ouvertüre Jjus- que-là inaperçue du hile, au point qu'il eût été même discer- nable sous un fable grossissement. (Voyez la fig. c de la pl. V). J'avais, comme on levoitsurlamême planche, figurelen a, a', a”, obtenu un'effet analogue mais beaucoup moins prononcé, en por- tant la température de cette fécule seulement a+ 1 50°. La même expérience, répétée sur la fécule de pomme de terre, eut pour ré- sultat de prouver que l'agrandissement du hile était un effet méca- nique exempt d’altération chimique : en effet, cette fécule ayant été chauffée à 1 55°, on vit son hile fort agrandi, comme l indiquent les figures a, b, c, d, de la planche figure 4, bien que toute la subs- tance fût restée insoluble dans osas ; tenue dans ce liquide, lou- verture du hile fut à peu près remplie par le gonflement de la substance intérieure, qui fitdisparaïtreles cérclesdes couches con- ET DE LA DIASTASE: | i 245 « centriques. La figure f montre comment le hile encore ouvert laisse pénétrer plus rapidement une solution alcaline faible qui produit quelques déchirures, jusqu’à ce que le gonflement plus considérable efface ces déchirures. Les figures f', g', fontparaître le gonflement comparativement opéré par la même solution sur un grain de fécule non desséché ; dans ce cas 1l ne se manifeste aucune déchirure, mais le gonfle- ment maxime se présente sous le même aspect dans les deux essais, comme on lé peut voir figures h, h'. DISSOLUTION PARTIELLE DE LA COUCHE EXTERNE DE L’AMIDON, EXFOLIATION DES | COUCHES SOUS-JACENTES. à + ? Les différentes fécules desséchées et rendues en partie solubles par une élévation de température entre 200 et 2 30°, ont éprouvé des modifications physiques légères, qui cependant n'ont paru suffisantes pour faire ressortir par des caractères spéciaux et démontrer l'existence des couches superposées, par conséquent la structure interne des grains. Nous avons vu que le retrait inégal FRE dans les couches par la dessiccation fait creuser le hile et apparaître les lignes con- centriques intérieures d’accroissement.. eMdeuxième- effet produit par l'élévation de la température dans la dissolubilité que la substance amylacée acquiert; odification physique, qui n’altère en rien la composition ..chimique , est variable suivant la cohésion dans les différentes fécules et dans l'intérieur de chaque-grain. On peut profiier de ces propriétés acquises pour montrer que, la couche externe est de mémé"nature que les parties internes, et exfolier ces différentes ‘couches pour atteindre ce but il faut : 1° opérer une dissolut locäle de la couche’ enveloppante, à laide d’un dissolvant déposé sur une > portion de la superficie de chaque g grain ; 2° faire agir ce liquide successivement sur toutes les parties internes, afin que les couches les plis. résistantes et 246 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE extensibles, sans être entièrement dissolubles, puissent s’exfolier _» et s'étendre ; 3° enfin, diminuer l'énergie dissolvante du liquide employé pour observer ces effets, mème sur les fécules que l'eau seule dissoudrait trop vide ou trop complétement. On va voir comment toutes ces prévisions se sont réalisées. On parvient à déposer une guttule d’eau sur chacun des grains isolément, en immergeant l’'amidon dans une goutte d’alcool un peu hydraté ; l'alcool s’évapore plus vite que l'eau, en sorte qu'une guttule de celle-ci reste sur chacun des grains, et l’on peut obser- ver son action, soit directement, soit en immergeant l’amidon dans l'alcool; enfin on peut augmenter les effets produits, soit en réiterant à plusieurs reprises l'immersion et l'évaporation, soit en ajoutant une plus forte quantité d’eau à l'alcool. Les figures a, b, c, case 1 de la planche VIF, montrent l'effet de eette réaction locale sur la fécule des pommes de terre chauffée préalablement à + 200°. On voit que la portion de l# superficie sur laquelle la guttule d'eau s'est concentrée est attaquée et par- tiellement dissoute : ainsi la partie la plus extérieure, désagrégée par la chaleur, est alors attaquable par l’eau. Les autres fécules subissent, de la part de l'eau posée locale- ment, des influences semblables; il en est de même des grains | de fécule déjà privés par les progrès de la végétation des couches extérieures; on peut le reconnaître en examinant, figure 7 de las planche TT, les résultats de semblables réactions sur ces grains . # préalablement chauffés à-+-2 00°, Ainsi des couches sous-jacentes montrent encore 1ci des caractères semblables à ceux des couches À superficielles. Des phénomènes semblables ont lieu relativement à la fécule du canna discolor. (Voyez en e, fig. 1 de la pl. V.) Une légère mo- dification , tenant à la plus grande flexibilité des couches de cette fécule déjà signalée plus haut, explique la forme simueuse des bords de la surface attaquée par l'eau; les figures 9 de la planche IV montrent les effets de la même expérience sur l'amidon du blé; les figures 3, planche II, sur celle de Colombo; ET DE LA DIASTASE. 247 sles figures 3 a, b, de la planche VI, sur la fécule des bulbes de hs enfin les figures 10,4, b, c, planche VII, montrent des effets analogues sur l’amidon des pois. : EXFOLIATION ARTIFICIELLE DES COUCHES CONCENTRIQUES COMPOSANT TOUTES LES FÉCULES. Nous avons mdiqué les causes de cette exfoliation dont nous présenterons ici des exemples. La fécule des pommes de terre; sur laquelle nous venons de faire connaître l'action locale de l’eau, fut i immergée (sous le mi- croscope) dans l’eau alcoolisée : alors les M grains suivant leur cohésion, leur âge ou la température jours un peu va- riable à laquelle ils ont été soumis, présentèrent en s’hydratant des ruptures en divers sens, puis l'extension successive et la sé- paration sous différentes formes de plusieurs de leurs couches concentriques ; les figures 3, p, g, r, de la planche T, donnent une idée assez exacte de ces phénomènes. Des exfoliationS bien plus prononcées eurent lieu en opérant de la même manière sur la fécule chauffée préalablement à 2 10°: les figures s, t, de la même planche montrent deux grains de cette fécule se dissolvant en partie et s’exfoliant en plusieurs tu- “Daserloppes concentriques, plus développées encore sur les oisgrains figures f, 1’, 1, sont rendues très-visibles par l'addition e liode. On comprend que, dans ce cas, les portions qui pré- sentent le violet le plus foncé sont celles qui ont le plus d’épais- seur ou de cohésion : de là vient encore l'aspect de la portion centrale, sorte de noyau non encore exfolié. ÿ . Planche IT, figure 8: les mêmes effets, produits sur la fécule en partie dissoute par la végétation, prouvent encore que les couches sous-Jacentes se peuvent développer et exfolier comme les plus ‘externes. . Les figur es 4 de la même planche montrent des phénomènes semblables opérés sur la fécule de Colombo. 218 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE. Quant aux grains de la fécule du pisum sativum, sa confor- mation déprimée explique la particularité remarquable de son | exfoliation en quelques.feuillets se développant comme une carte repliéessur | elle-même; pour exfolier cette fécule , douée -de plus de consistance et de cohésion que les auifés, il a fallu, “Comme pour faire prononcer son hile, porter préalablement la 4 température du bain d'huile à + 2,268. Wayeni en dy e, J, y 10, pl. VI) Aucune fécule ne laisse mieux voir les ai éd suCCeSSives | des couches ou tuniques que celle des rhizômes du canna dis- Le color. d FA Les figures enf, ff”, de la planche V montrent PEN" ces exfoliations, rendues si évidentes par l'iode, qu'il serait inutile de les expliquer autrement : nous ajouterons seulement 1ci que les sortes de capsules exfoliées (lg. J', f") proviennent, en géné- ral, fdes grains le plus allongés ; qu'en comprimant et faisant un peu glisser entre les lames de verre les grains ainsi préparés, on par- vient aisément à séparer sur tous les points adh%rents les- -capsules | les unes des autres. y Nous verrons dans le chapitre suivant comment une foule de réactions chimiques, qui ont fait deviner la structure K - de lamidigu re elles- mêmes ne de cette s ne des fécules; enfin nous y retrouverons une cause de l’exfoliation spontanée de lamidon durant lan végétation des fl plantes et nous montrerons ses effets dans la quatrième section de ce mémoire. ta fi ; % ET: DE LA DIASTASE: 219 DEUXIÈME SECTION. EXAMEN CHIMIQUE DE L’AMIDON. Diflérents termes d'hydratation, effets'de la température, solubilité graduée suivant la cohésion, transformation en dextrine; fusibilité de l’amidon, action spontanée de l'eau et de la température : 1° sur les parties plus ou moins agrégées de l’a- midon à l'état normal ; 2° sur différentes fécules sèches ou hydratées; 3° au-des- sous et! au-dessus de zéro. —; Gonflement par les solutions alcalines. — Théorie de l'empois, action de l'iode, du chlore, des acides, des bases, des sels et de la diastase. — Principaux phénomènes d’extensibilité et de contractibülité de l’ami- don combiné avec l'iode. — Poids spécifique, composition élémentaire, et nombre équivalent de l'amidon et de la dextrine. * HYDRATATION ET DIFFÉRENTS TÉRMES DE DESSICCATION. Les petits grains blancs, diaphanes, formés de couches solides concentriques, qui constituent les fécules amylacées de toutes les plantes , sont doués d’un pouvoir hygroscopique remarquable , surtout en ce qu'il se manifeste à des termes fixes, suivant des relations simples entre l'équivalent d’amidon et le nombre d’é- quivalents d’eau; il cède d'autant plus facilement à l'action hy- grométrique des corps voisins 10, 4 et 2, équivalents d’eau, qu'il en contient davantage; enfin le dernier équivalent constitue une véritable combinaison, et ne peut être enlevé sans qu’on y subs- titue un équivalent d’une base énergique. Ainsi l'amidon avec l’eau nous offre une première série d’hy- dratations faciles à défaire et à reproduire un grand nombre de fois, sans altérer en rien ses qualités organiques, pourvu qu’on élimine avec soin certaines influences, ou que, du moins, on abrége la durée du contact. Nous verrons plus loin qu’on peut engager l’amidon dans des 8. 32 250 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE combinaisons bien plus fortes sans détruire cette agrégation spé- ciale, que nous ferons bientôt ressortir par divers phénomènes curieux. Quelques faits vont éclairer ces assertions. Au moment où l’on vient d'extraire et de purifier par d’abon- dants lavages la fécule de pomme de terre, si on la met égoutter sur une substance capable d’absorber l'eau interposée, par exemple sur une dalle en plâtre, au bout de vingt-quatre à trente-six heures l'eau sera passée dans la dalle ou exhalée dans l'air, et la fécule ne céderait plus rien à une pression mécanique, mais elle peut perdre 0,4545 de son poids par la dessiccation à 100°, ce qui correspond à 15 équivalents d'eau pour 1 équivalent de fécule sèche. Un deuxième terme d’hydratation se produit lors- que la fécule sèche est exposée à + 20° centésimaux, dans un air presque saturé d'humidité. Pendant quatre à dix jours’elle contient alors 0,3571 d’eau ou 10 équivalents; son volume ap- parent a augmenté 100 à 150. L'amidon hydraté à ce point offre un aspect et des caractères physiques tout particuliers: sa blancheur éclatante a quelquechose du reflet de la neige; ses grains ont une propension telle à l'adhé- rence, qu'ils se tiennent en une masse sensiblement plastique, lors même que lon en forme, par une légère pression, une lame posée verticalement, ayant moins d’un millimètre d'épaisseur pour 10 à 15 de hauteur; une plaque semblable ou plus épaisse, mise entre deux feuillets de papier léger, prend et garde les empreintes d’un cachet fortement appuyé, sans communiquer au papier une trace d’eau visible ; enfin, secouée sur un tamis fin, cette fécule refuse d'y passer; jetée par flocons sur une plaque métallique chauffée à + 1259, ses grains se soudent à l'instant. Lorsque, après 96 heures d'exposition sous une cloche entre plusieurs vases remplis d’eau, elle cessait d'augmenter de poids, pesée à diverses reprises 12, 24 et 48 heures plus tard, elle con- tenait toujours la proportion d’eau, équivalante à 10 atomes au delà de l'atome le plus fortement combine. ET DE LA DIASTASE. 251 Pour apprécier l'augmentation de volume opérée par ce terme d'hydratation, on exposa aux mêmes imfluences de l'humidité 1 7 centimètres cubes de fécule préalablement desséchée au maxi- mum, mesurés ensuite après l'absorption des 10 atomes d’eau, et en effectuant dans les deux cas le plus grand tassement possible, onreconnut que le volume était porté à 25°,5 : l'augmentation était donc d'environ 5o pour 100 parties, l'addition d’un excès d'eau n'y changea rien. La fécule conserve à l'air, dans les magasms secs généralement 0,1818 d’eau, proportion qui correspond à 4 atomes au delà de l'atome indispensable à la constitution de la fécule libre. En cet état la fécule , quoique pulvérulente, offre encore un degré sensible d'adhérence entre ses grains; lorsqu'on la presse entre les doists, elle fait éprouver à la peau une légère sensation defraicheur ; jetée sur une plaque chauffée à 1 00° elle se dessèche sans s'aglomérer. On arrive facilement à constater ce terme d'hydratation en abandonnant la fécule pendant 10, 15, 30 jours à l'air ; la tem- pérature moyenne étant de 16 à 20°, et lhygromètre marquant 5o.à 60°; alors, si l’on expose peu à peu la matière pendant 36 heures dans le vide sec à + 20°, ou parvient à lui enlever deux équivalents d'eau: cette proportion est engagée avec une force très- notable; et ne-s’exhale que par saccades : en effet après avoir main- tenu le vide à 1 centimètre près, durant plusieurs heures, si on le pousse à : millimètre et qu'on l'y soutienne, le dégagement de la vapeur d'eau devient tumultueux et projette la substance jus- qu'à 10 centimètres de hauteur. L'opération pourrait même être compromise par cet accident, si l'on n'avait le soin de garnir le tube d’un double tissu de soie très-fin et d'opérer très-lentement cette dessiccaüon. On élimine ensuite, comme nous allons le voir, deux autres atomes d’eau qui complètent 0,1818 d’eau; dans les mêmes circonstances, une demi-feuille d’un papier à filtrer dit de Berzélius, venant de Suède (papier que lon peut considérer comme de la cellulose pure), contenait 276 milligrammes d’eau 320 252 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE sur 4200 milligrammes, ce qui correspond à 6,57 pour 100, c'est-à-dire environ le tiers de la proportion retenue par lami- don !. La fécule gardée dans de vide sec à la température de 16 à 20° centésimaux retient 0,1 d’eau, ce qui correspond à 2 équi- valents d’eau pour 1 d’amidon. La fécule est coulante alors entre les doigts, n’occasionne au- cune sensation appréciable de sécheresse ni d'humidité ; com- primée, elle ne contracte pas d’adhérence sensible; on la tamise facilement sans qu’il s’en émane beaucoup de poussière. IH ne faut pas moins qu'une dessiccation soutenue pendant plusieurs heures dans le vide sec de 100 à 125° pour réduire la proportion d’eau à 1 équivalent qui représentente l’eau de com- binaison intime. Alors refroidie, la fécule se montre sous la forme d’une pou- dre extrêmement mobile, ne pouvant être tamisée sans répandre des nuages de poussière ; elle fait éprouver à la peau un sentiment de sécheresse, de chaleur et constriction ; exposée en couches minces à l'air ordinaire d’un appartement, elle absorbe rapide- ment de l'humidité, et bientôt son poids est augmenté de près d'un cinquième. L’élimination des deux derniers atomes d’eau, séparables ainsi, a présenté encore les signes non équivoques d’une force très-notable; car, au moment où la température du bain étant à + 100°, on réduisit la pression à 1 millimètre ; l'émanation de vapeur, brusquement opérée, projeta la substance jusqu’à plu- sieurs centimètres de hauteur, bien que l'on eût agi, comme dans les essais précédents, sur moins d’un gramme. Dans la panification, l’'amidon hydraté à chaud, par une tem- pérature de 100° que l'intérieur des pains acquiert dans le four, reste solide, souple; la pression n'en peut extraire d’eau: 1l : Ces différences entre deux corps de composition chimique identique tiennent à la struc- ture et à la plus faible cohésion de l'amidon, qui permettent à l’eau de le pénétrer et de l’hy- drater en proportions définies. ’ {{TET DE 3 DIASTASE. 253 contient alors 0,47 d’eau, proportion ‘qui représenterait 16 équi- ” valents. Voici donc, en les récapitulant, les formules des principaux termes, d’hydratation de la fécule, qu'un grand nombre d’expé- riérices nous ont appris avoir une,stabilité notable, bien que leurs mélanges pussent introduire des termes intermédiaires. TABLEAU DES RELATIONS PRINCIPALES ENTRE L'AMIDON ET L'EAU DANS DES CIRCONSTANCES DÉTERMINÉES. ° ÉQUI- EAU AMIDON # ÉTAT DE L’AMIDON. FORMULES. VALENTS. hygr. sec. me 1° Anhydre (combiné)., C2 Hs ON. 2° Séché de 100 à 140, vide sec! (H2 O, GC HIS O°) 3° Séché à 20°, vide sec (H? O, CH HIS 0°) + 2 H° 0. 4° A l'air — 20° hy. 0,6 (40, G#H#O°)+ 4H° 0. 5 saturé d'humidité (H O, C* H!5 O9), + 10 H° O. 6° A l'air, égoutté le plus possible (H2 O, CA HI8 OP) + 15 H° O. Sous tous ces états, excepté le dernier peut-être, lamidon solide ne présente aucune quantité d’eau libre. Le dernier terme le plus élevé de cette hydratation n'est peut- être que le résultat de l'interposition de l’eau entre les parti- cules amylacées ; les autres prouvent la perméabilité notable des grams d’amidon. Il se pourrait qu'ils représentassent des combi- naisons analogues à celles qui constituent les hydrates multiples de l'acide sulfurique ; du moins tous les essais coincident si bien avec les nombres équivalents, qu’on sérait porté à le croire. La fécule de pomme de terre, dite-sèche commercialement, correspond au n° 4; elle renferme un peu plus de 18 centièmes : d’eau. 1 C'est-à-dire, autant que cela est possible, sans altérer ou sans le combiner à une base. Nous verrons plusieurs de ces termes se reproduire à l'égard de la dextrine. Toutes ces expé- riences ont été faites sur la fécule de pomme de terre. 254 DE L'AMIDON, DELA DEXTRINE La fécule vendue humide (dite fécale verte) correspond au n° 6; elle contient 45,45 d’eau pour 100, ou les deux tiers de son poids, de fécule appelée sèche. Sous les quatre premiers états la fécule reste en poudre fa- cile à tamiser. Cependant elle offre des différences appréciables au tact; rien n'est changé dans ses formes sous le microscope, seulement le volume de ses grains augmente avec l'hydratation. Nous reviendrons plus loin sur des applications théoriques et pratiques de ces états particuliers d’hydratation. Cette faculté absorbante, trésremarquable, rapproche encore l’amidon de plusieurs «substances organisées, tandis qu’elle l'éloigne beaucoup d’un grand nombre de matières compactes inorganiques ou désorganisées, telles que les métaux, le soufre, le sulfate de baryte et beaucoup de sels insolubles, le sable, la houille, l’anthracite, etc. qui bien que pulvérulentes, peuvent à peine retenir quelques centièmes d’eau sans que leur super? ficie soit évidemment mouillée, EFFETS DE LA TEMPÉRATURE SUR L’AMIDON ET SUR DIFFÉRENTES FÉCULES. Nous avons examiné, dans la première section, comment on parvient, sous le microscope, à mettre en évidence la structure intime des fécules, en faisant éprouver des retraits variés aux couches plus où moins compactes de chaque grain, Aacihtant ainsi leur hydratation, leur exfoliation et même leur dissolubi- lité: nous allons maintenant examiner sous le rapport chimique en quoi consistent ces phénomènes, et nous ferons connaître leurs applications dans la dernière partie de cemémoire. Toutes les fécules, chauffées uniformément dans un tube plongé pendant une heure dans un bain d'huile à + 1 50°, ne con- tiennent plus qu'un équivalent d’eau ; elles sont devenues beau- coup plus aptes à s’hydrater, même après le refroidissement : cela arrive surtout à celles dont le retrait a ouvert le hile ; mais, dans ce cas, l’eau qui s’introduit dans leur intérieur resté -ac- ET DE LA DIASTASE. 255 cessible ne parvient pas à troubler l'arrangement des parties, à les désagréger, et rien ne se dissout. (V oyez les fig. 1,4, a; a, a", de la pl. I.) SOLUBILITÉ GRADUÉE DES FÉCULES SUIVANT LEUR COHÉSION ; PREMIER MODE DE TRANSFORMATION EN DEXTRINE. Une température soutenue entre 300 et 220°, et bien égale- ment répartie, telle qu'on peut aisément l'obtenir en plaçant la matière :dans un tube plongé dans un bain d'huile, désagrège toutes les fécules depuis celle des très-jeunes tubercules de pommes de terre ei des panais qui résistent peu, jusqu’à l’'amidon des pois presque mürs ; qui résiste beaucoup plus. Ces changements sont tellement favorisés par un certain état d'hydratation de la fécule, à l'instant où la réaction s'opère, qu'on parvient à les déterminer en élevant la température jJusques à 1 60° seulement; c’est qu'alors le contact mieux établi facilite la con- traction et'un commencement de fusion qui défait graduellement l'agrégation spéciale dans toutes les parties des grains d’amidon. Ainsi la fécule ayant été, comme nous venons de le voir, peu à peu déshydratée préalablement par une température soutenue à 50° dans le vide sec, n’aura sensiblement rien perdu de son in- solubilité (après le refroidissement à l'air). Si l'on continue à la chauffer jusqu'à 200°, et qu'on la soutienne à ce terme une demi-heure, on ne verra encore aucun dégagement , la substance . n'aura perdu de son poids qu'ime quantité insignifiante, sa cou- leur sera très-faiblement ambrée ; cependant un commencement d'agglomération aura lieu entre les grains, et la plus grande par- tie de leur substance sera devenue soluble dans l’eau froide. Ces phénomènes pourront être produits par une température de 160°, à la seule condition de porter immédiatement à ce terme la fécule contenant quatre atomes d’eau. Si l'on opère de même sur la fécule hydratée, à 10 équivalents d’eau , elle se colorera un peu plus, et sera agglomérée en une 256 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE masse demi-fondue soluble. Nous allons faire connaître un moyen d'augmenter cet effet, en facilitant plus encore le rapprochement des particules. H LIQUÉFACTION DE LA FÉCGULE À + 200°. Au lieu de porter brusquement la température au terme voulu, on facilitera plus encore les réactions précipitées en empêchant la volatilisation de l’eau d'hydratation. À cet effet, on place dans un tube en verte épais 10 grammes de fécule séchée à l'air; on ferme exactement à bouchon forcé, et l’on introduit le tout dans un double tube-en cuivre dont le couvercle à clavette appuie le bouchon du tube interne. On plonge à demi dans un bain d'huile réglé à + 200°, puis on laisse une demi-heure à une heure, en s’éloignant de crainte d'explosion; au bout de ce temps on trouve dans le tube en verre une masse homogène et diaphane, qui évidemment a subi une fusion complète. Le même effet à lieu en chauffant brusquement dans l'air entre 205 et 215, avant que la fécule se déshydrate, mais la substance fondue est plus colorée et plus altéré que dans le vase clos. L'effet principal des réactions qui précèdent est le même sur toutes les fécules; il est d'autant plus complet et plus prompt aussi que la substance est plus pure et les grains plus jeunes ; les parties le moins agrégées deviennent d’abord solubles, passent par les mêmes phases de désagrégation que les premières attaquées, et donnent successivement avec l'eau diode la température, les acides, les sels neutres, les bases, absolument les mêmes phéno- mènes que nous exposerons ci-après ; enfin les maxima de solu- bilité à froid obtenus ainsi produisent la dextrine, qui diffère d'autant plus par ses propriétés physiques que, plus compléte- ment désagrégée et soluble, on la compare avec une fécule plus fortement agrégee, douée de plus de cohésion. La dextrine ne préexiste donc point telle dans un grain d’ami- I1TET DE LA DIASTASE. | !: 257 don intact; mais tous:les agents si-divers de: désagrégation, tendent à la produire. Ge nom lui convient d'autant mieux qu ‘il m'indique pas cette préexistence, et pes pou au même Appt venu d'une origine différente 4.4, # 0 | ‘x Nous:démontrerons rail ces meptisiés qui distinguent. da dex- triñe de; l'amidon ; si fimportantes à considérer, tiennent au groupement : des ‘particules. Examinons maintenant les effets combinés de l’eau et de la température, puis nous exposérons les réactions de liodeet desautres corps isur Eétislant) è DD: 21020 Bo ao tuto 1: sh bis fs : ACTION SINULTANÉE DEL'EAU he a F BB irotor ik nr” {Nous verrons qu'en augmentant, par une dessiécation. AH près de sa Jimite, d'avidité de lamidon pour l'eau, comme on l'aurait pu: ‘faire relativement à de l'argile, du plâtre, de la craie, et pour divers autres corps msolubles hydratables, on parvient. à gonfler, rompre et désagrèger une partie des gras de la fécule dans eau, par une température de + 4o?. Mais il en est autrement lorsque, mettant daBod à_ froid l'eau en contact avec l’'amidon, on ‘élève Lis à peu la tempéra- ture. du liquides Lx Tes ts MOT de Afin de préciser l'étude de cette L HR oué nous l’appliquerons à laïfécule extraite de toute la masse tuberculeuse. ‘des pommes de terre ,-et”nous ferons voir qu ‘ellesvarie : suivant l'âge de cette fécule. Sr rer ru 9) h ro Em Ne, LH LE sl Si Fon. prend, par éesnples: | 1 gramme defécule, qu on le délaye: ‘dans 15 grammes d’eau, que Jon élève. graduellement. la température ‘en agitant sans cesse aucun: changement ne se ma- nifestera | jusqu'à ce que le mélangesoit parvenu entre le 5° et le 56° degré centésimal : les grains: ‘très-jeunes, doués d’une faible coliésion, auront: alors absorbé Plus d’eau, le gonflement des parties internes ensaura fait entrouvrir quelques-uns, et une très- petite quantité de substance se sera répandue dans. le. liquide ; * Auitissu végétal, par exemple, dés et dissous à l'aide de l'acide sulfurique à froid. 8. 33 258 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE on reconnaîtra ce phénomène, soit au microscope, soit à l'aide de l'iode, soit enfin en observant l'augmentation du volume de la fécule déposée. Si l’on élève la pécatoe peu à peu davantage, les mêmes effets produits sur un plus grand nombre de grains deviendront de plus en plus sensibles; au 60° degrés beaucoup encore n’au- ront point atteint leur gonflement ultime, n1 laissé répandre une partie de leur substance dans l’eau. La consistance d'empois ne se prononcera pas avant que la température se soit élevée à 72°; elle augmentera encore d’une manière notable jusqu'au“ 00° degré (lors même que la quantité d’eau serait maintenue constante, soit en faisant retomber dans la masse le produit de la condensation, soit en compensant par une addition d’eau l'effet de: Févaporation) : alors les grains de fécule seront gonflés au point d'occuper tout le volume du mé- lange ; ils seront d'autant plus pressés les uns contre les autres que leur tendance à un plus fort gonflement maintiendra leur force élastique; celle-ci sera vaincue seulement par le défaut d’es- pace, le volume du liquide étant insuffisant. EXTENSION LIBRE ET GRADUÉE DE L'AMIDON PAR L'EAU ET LA TEMPÉRATURE. Ayant délayé 1 gramme de fécule sèche dans 25 centimètres cubes d’eau bouillie, refroidie à +- 5o°, on porta le mélange en l'agitant à 4°, au bout de cinq minutes l'iode ni le-microscope ne signalaient aucun changement. On porta alors de 56 à 57° la température, qui fut soutenue pendant quinze minutes. On ob- serva, après le refroidissement à + 20°, durant un repos de quatre heures, que le volume du dépôt, primitivement égal à 1°,55, était porté à 2 centimètres cubes, dont 0,45 de dépôt léger. L'iode, en léger excès dans le liquide neue le rendit bleu, translucide encore à 5 centimètres d’é épaisseur. v En opérant de même et soutenant quinze minutes la tempé- rature à 60°, le volume du dépôt devint égal à 3,75 centimètres ET DE LA DIASTASE. 259 cubes, dont 2,25 de dépôt léger. Le liquide limpide prit avec l'iode une couleur bleu-foncé opaque à 1°,4 d'épaisseur. »+1Dans les mêmes circonstances, la température de 65° avait augmenté le volume du dépôt jusqu’à à 1 centimètres eubes, dont 10 de dépôt léger; le liquide clair devenait bleu : intense par l'iode et opaque en une couche de 0°,6 d'épaisseur. Pour 70 à 72° on eut un dépôt entièrement léger, demi-trans- parént, de 21 centimètres cubes; sans dépôt lourd. ©paque ; le li- quide surnageant Pre avec l'iode une forte coloration et une opacité complète: à of,4 d'épaisseur. PA Pa éspépianos fut encore faite à 95°: le. Kids contenu'dans le même tube, refroidi et maintenu dürant dix heures là la tem- pérature de 20°, à 15, sans rien laisser AREAS avait acquis une légère consistance d'empois. ë ‘Dans tous ces essais, le volume du liquide avait été: ramené au-volume total primitif. Sous le microscop PS le “ee de tous! ile grains les mon- trait sous les forme indiquées (fig. 4, k, h', pl. 1; voyez aussi fig:;2, 4,4", pl V): ils occupaient successivement les volumes intermédiaires, entre celui de leur état normal et le gonflement maxime dû à la température de 100°; par le réfroidissement, ondes voyait se contracter et former dés plis; à 60°, la substance interne gonflée faisait ne 4e au dt de relo pans #J Défre RUPTURE ET) DISSOLUBIIATÉ ! À | FROID. Li , 4 5 4 PASELT On peut cependant faire rômpre les grains les moins résistants des fécules desséchées préalablement à +- 140 dans le vide, en laissant leur température s’abaisser seulement à + 4o° centési- maux, puis les jetant dans l’eau non aérée également à + 4o°: ns, suivant : âge ou l'agrégation plus ou’ moins forte des grains, l’eau pénètre “dans quelque es-uns avec assez d'énergie et demapidité pour les gonfler, opérer des déchirures visibles au mi- croscope et désagréger les parties les plus divisées ‘ qui, se ré- 33° 260 DE L'AMIDON', DELA DEXTRINE pandant, alors dans le diquide, y peuvent) être décelées par liode; d’autres réactifs’ démontrent leur contractilité: Nous: verrons qu'enaugnientant Ténergie des mêmes moyens, on pousse plus loin cette, désagrégation, qui atteint pat degrés les couches plus anciennes .et DORE agrégées de ‘tous {les grains d'a- midon. xs eat 1% 55 à: denŸ io SUP#GO 39 0h apr) ,1 L'ifioeksSireo Tor 5 F'$ fio 50 ei DE L'AMIDON HYDRATÉ, PAR) LE REFROIDISSEMENT. tr FOOT FS TOUT } Jéi] HO! : 1j : j L'extensibilité éMiable de Hathidoë hydraté sous! l'in- fluence-de la:chaleur, mé fit penser qu’un effet inverse serait pro- duit par l'abaissement dela température : plusieurs expériences ont justifié cette hypothèsezainsil'amidon , délayé et chauffé dans 5o à 100 fois son poids d’eau, à des températures variées entre 70 etr00°, puis jeté sur un filtre, laissa couler des liquides dia- phanes, incolores, qui, soumis à la température de — 10°, puis dégelés,'offrirent une grande partie de la gt ubstance contractée , apparaissant en flocons volumineux avec ses propriétés caractéris< tiques. Lemagma resté sur le fire ; complétement, Époutté pus soumis à la congélation, fut tellement contracté, qu'après le‘dé- gel ilss’en séparaspontanément une eau limpide ét abondante. Len effet de contraction, opéré: sur l'empois par laconc gélation, permet d'en éliminer l’eau qui exsude facilement après le dégel comme d’une matière spongieuse, sous une faible pres- sion; il peut donner une sorte de cartonnage moulé, blanc, opaque, en le laissant égoutter et sécher à l'air. " | 35 NET O A) SÉPARATION, ENTRE L'AMIDON ET L'EAU, PAR UN SIMPLE ratrhocitE DANS LE - VIDE À FROID. | NLLLGEL RH RER E Des évaporations dans le vide et des contractions alternatives par congelation séparent l'amidon de 50 à 200 fois son volume d'eau dans laquelle:on l'avait distenduourdissous , par unétélé- vation de témpérature à #70 ou go. Ainsi, par exenfple "un ET DE LA DIASTASE. 261 gramme ( de fécule rapidement porté à 70° di 50 grammes d’eau, puis refroidi et congelé, laissa sortir en dégelant un li- quide cl clair, dont 25 centimètres cubes furent rapprochés à o dans le vide ; le résidu, délayé sans frotiement avec 4 grammes d’eau à410°, contenait des flocons que l'on sépara; u liquide clair quirén futextrait, rapproché encore à siccité dans le vide et dé- layé, offrit quelques flocons que la congélation resserra, et qui, séparés du’liquide, avaient toutes les propriétés de lamidon; quañt au diquide, il ne contenait plus que des traces impondé- rables d’amidon:; rapproché à sec et délayé, il laissa voir quelques parcelles floconneuses, à peine perceptibles et bleuissant par liode, mais impondérables. SÉPARATION) DE L'AMIDON DISSOUS DANS L'EAU, EN!FILTRANT CELLE-CI AU TRAVERS . DU TISSU DES RADICELLES. …L'amidon ; même très-étendu dans l'eau, conserve entre ses particules de telles relations, qu'un simple abaissement de tem- pérature fait contracter. celles-ci’et les agréseæntre elles; un tissu considérablement-plus fin que tous les filtres de nos laboratoires peutaussi déterminer leur agglomération et les arrêter au pas- sage. J'ai trouvé.ce tissu filtrant dans les spongioles des radicelles des plantes: l'expérience réussit sans difficulté en opérant ainsi : le liquide diaphane et refroidi d’une partie d’amidon chauffé à 100°, dans 100 parties d’eau, futréparti entre deux éprouvettes, dans l’une on implanta les radicelles d’un bulbe de jacinthe, et l'on vit au bout-de 20 heures de légers flocons d'amidon se séparer ; tandis que, dans l’autre Sr. la pape n'avait pas ‘té troublée. La précipitation augmente graduellement autour Me radicelles. Sid’on plonge ensuite celles-ci dans l’eau pure, puis dans une so- lution aqueuse diode, on voit les flocons se détacher en une belle nuance bleue surile fond jaunâtre des radicelles. Un frottement léger enlève toute la surface bleuie ; alors les sections dans l'axe 262 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE ou perpendiculaires à l'axe des radicelles sont complétement exemptes de substance bleuissable; lamidon n’a donc pu péné- trer dans le tissu ; la superficie au bout des spongioles a seule re- tenu une très-légère couche amylacée adhérente. C'est un effet de la succion plus forte en ce point; toutefois, le tissu sous-jacent n'a été pénétré que par l’eau, éliminée pure des flocons amylacés. Ce mode d’expérimentation, varié de plusieurs manières, et répété en employant les radicelles de quelques autres plantes, donna lieu aux mêmes phénomènes. Lors même qu’on implante des radicelles dans un empois formé de 25 parties d’eau pour une de fécule et refroidi, elles ne puisent encore que de l'eau exempte d’amidon. GONFLEMENT ENORME DE L'AMIDON PAR LA PÉNÉTRATION À -FROID D'UNE EAU ALCALISÉE. Une expérience curieuse laisse distinctement apercevoir d'effet de l'extensibilité remarquable de l'amidon. On alcalise faiblement de l’eau, par exemple, en y dissolvant 0,02 de son volume d’une solution saturée de soude caustique; puis on y projette sous le microscope des grains d’amidon, et l'on voit ceux-ci se gonfler considérablement, se dérider, puis s'étendre beaucoup et assez irrégulièrement pour former plusieurs plis allongés. Les figures 1,n, 0, p, de la planche IF, montrent ce phénomène graduellement opéré. MESURE DU GONFLEMENT DE: L'AMIDON. En comparant les grains d'amidon avant et après leur gonfle- ment par l’eau alcalisée, on vit que la surface de leur projection horizontale était augmentée dans le rapport de 1 à 30; ils avaient d’ailleurs, tout en se gonflant, subi une dépression difhcile à me- surer, mais dont nous avons tenu compte en portant l’augmen- tation totale de 80 à 100 fois le volume primitif. Léon ET DE LA DIASTASE. 263 Deux expériences nous ont paru propres à vérifier approxima- tivement ces mesures: l’une consistait à délayer de l’amidon à froid dans un volume d’eau alcalisée moindre que celui, qu'on lui supposait pouvoir acquérir, et, dans ce cas, ses grains, gonflés les uns sur les autres, devaient occuper le volume total, retenus même dans leur gonflement par le manque de liquide, et main- tenus adhérents par la portion de substance qui, plus faiblement et plus récemment concrétée, s’est désunie puis interposée entre ses grains. L'autre consistait dans l'emploi d'un excès de liquide qui permit à tous les grains de prendre leur maximum de dévelop- pement, puis de se précipiter ensuite en se reposant les uns sur les autres. Les faits suivants confirmèrent ces prévisions. 1° L'on agita pendant deux minutes l’amidon à froid, -avec 50 fois son poids d’eau, contenant 0,02 de solution de soude à 36°, ce qui corres- pond à moins de 0,01 de soude pure, Les grains gonflés occu- pèrent effectivement toute la masse, et le liquide ne surnageait pas même au bout de vingt-quatre heures. 2° La même expérience fut répétée en employant 150 parties d'eau alcalisée pour une d'amidon : les grains gonflés commencèrent, en moins d’une mi- nute, à se déposer; et après vingt-quatre heures, surnagés par un liquide diaphane, ils occupaient un volume de 73 fois; leur vo- lume primitif, observé au bout de vingt-quatre heures, dans . l'eau pure, avant le gonflement !. ÿ s PLUS FORT GONFLEMENT OPÉRÉ PAR UN EFFET D’ENDOSMOSE. Si les grains plissés n’avaient pas éprouvé de déchirures, et si les grains déchirés avaient conservé dans toutes leurs parties la propriété spongieuse, un nouveau gonflement devait déplisser les premiers et augmenter le volume de tous. J'essayai d'obtenir ces + Un gramme de fécule non déformée occupe dans l’eau pure à + 10° le volume de: cent. cub. 55:avec l'eau interposée. 264 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE effets et j'y parvins à l’aide d'un phénomène d’endosmose que produisit une addition d’eau pure. Ainsi en ajoutant de l’eau au mélange de la première expé- rience, 100 fois le poids de l'amidon, agitant et examinant sou$ le microscrope, on obtint le déplissement de la plupart des grains et l'augmentation du volume de tous; celle-ci fut d’ailleurs mani- feste au bout de douze heures, car alors la masse des grains d’ami- don occupait, sous le liquide diaphane surnageant, 96 fois le volume primitif de l’amidon employé. La soude et la potasse, agissant ainsi d’une façon toute dif- férente de l’'ammoniaque, on peut déduire de cette observation une preuve à l'appui d’une théorie chimique, et un moyen d’es- sai des composés et sels ammoniacaux que nous décrirons plus loin. bu: 4 COHÉSION DIFFÉRENTE DANS LES AMIDONS DE DIFFÉRENTS ÂGES. Il me sembla que l’on pourrait vérifier, à l'aide de la réaction des solutions alcalimes faibles, si l’amidon est doué de: degrés dif: férents de cohésion, suivant son âge, À cet effet, de très-petits tubercules de pommes de terre, n'ayant encore que trois à quatre millimètres de: diamètre, furent écrasés entre les doigts dans l'eau ; lamidon très-fin qui en sortit se déposa lentement. Quel- ques grains mis en contact sur le porte-objet du microscope, avec une solution de soude à 36°, étendue de 100 fois son yolume d'eau, se gonflèrent considérablement. Plusieurs d'entre eux, ir- régulièrement allongés, formèrent de longs replis; mais dans la plupart la dilatation, plus uniforme que dans les amidons moins jeunes, laissait voir une figure arrondie peu ou pas plissée, ou sans déchirures. Une addition d’eau acidulée et d’iode rendait plus évidente cette particularité remarquable. Une solution alcaline deux fois plus faible avait donc produit les phénomènes précités; la même observation fut faite en ,em- ployant l’amidon de jeunes tubercules d’oxalis crenata ?. 1 C'est ainsi que les différents grains d'amidon d'un même tébercule se rompent et se dé- ET DE LA DIASTASE. 265 Afin de rechercher si la plus petite dimension des grains n’était pas aussi une circonstance déterminante, je soumis aux mêmes essais de l’amidon extrait de batates bien mûres; il exigea l’em- ploi de la plus forte solution pour produire les mêmes phéno- mènes, toutes choses égales d’ailleurs. Ainsi les dimensions ont peu ou pas d'influence quand elles ne résultent pas de l’âge ou de particularités qui auraient modifié la cohésion. H était probable que l'énergie absorbante, accrue dans l'ami- don par une dessiccation à + 120° dans le vide sec, favoriserait aussi beaucoup la pénétration de l’eau alcalisée. En effet cette dérnière, deux fois plus étendue (c’est-à-dire ne contenant que o,o1 de solution), fit gonfler l'amidon, ainsi desséché, des pommes de terre mûres; quelques grains étaient mêmes déchirés par suite, sans doute, de la rapidité du gonflement. Des phénomènes analogues eurent lieu en employant des so- lutions d'acide sulfurique ; mais il fallut donner à celles-ci une très-forte acidité, car la solution qui fit gonfler et rompre les grains mûrs d’amidon contenait 0,3 de son volume en acide à 66°, et la plus faible, qui suffit pour gonfler et rompre les plus jeunes amidons, contenait 0,2 de son volume d'acide concentré. H faut donc environ 100 fois plus d'acide sulfurique que de:soude pour opérer à froid la désagrégation de la fécule. On constatait facilement des déchirures sur la plupart des grains gonflés; enfin on put observer le développement conti=, nuant après la rupture, et souvent même se prononçant dans la matière interne qui se gonflait en dehors. La solution d’iode ren- dit encore tous ces phénomènes très-distincts sous le microscope. THÉORIE DE LA FORMATION DE L’EMPOIS ET DE SES CHANGEMENTS PHYSIQUES. An’a pas fallu moins que toutes les notions qui précèdent sur les propriétés organiques, physiques et chimiques de Famidon tendent successivement dans l'eau à des températures différentes; alors ces effets suivent évi- demment les degrés d'une cohésion acquise avec l’âge des granules amylacés. 8. 34 266 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE pour comprendre et expliquer nettement la formation et les alté- rations mécaniques de l’empois. Nous avons vu, soit par l'examen microscopique dans la pre- inière et la deuxième section de ce mémoire, soit par les néac- üons ci-dessus indiquées sur de plus grandes masses, l'extension considérable acquise par les fécules lorsqu'elles absorbent l'eau à froid sous l'influence de 0,0 1 de soude ou de potasse : nous avons montré comment, l'élévation de la température facilitant aussi lhydratation et l’extensibilité de la matière amylacée, chaque grain dans ce cas se gonfle considérablement, de manière à pou- voir occuper plus de 30 fois son volume ordinaire. Or, toutes les fois que l'espace dans le liquide manque à ce développement, tous ces grains sont nécessairement en contact, pressés les uns contre les autres; souples d’ailleurs et doués d'une certaine élas- ticité, ils se trouvent maintenus adhérents par leurs partiesmoins résistantes disséminées dans le liquide ambiant; ils occupent donc ainsi tout le volume du mélange , et lui donnent la consistance gélatineuse que chacun d'eux possède en particulier. (Get eflet , en somme, est comparable à celui obtenu à froid par les solutions alcalines.) Après le refroidissement, la contraction propre encore à la fécule hydratée , et dont nous avons exposé divers exemples, nes- serre les grains gonflés, les scelle plus étroitement par la matière amylacée libre qui les environne: de là cette ;contraction qui dur- cit l'empois, le fait fendiller, et laisse exsuder parfois une por- üon du liquide qui entraîne en dissolution les parties très-faible- ment agrégées. EMPOIS CONVERTI EN MUCILAGE À 140°, Dans l'expérience qui précède, le ramollissement de l'amidon hydraté résultait sans doute de Ja désagrégation plus avancée par une température plus longtemps soutenue; on devait donc obte- nir probablement un effet plus sensible encore à l'aide d’une plus haute température. ET DE LA DIASTASE. À 267 Afin de vérifier cette hypothèse, je disposai une éprouvette en cuivre capable de résister à une forte pression. 57 grammes d’em- pois très-consistant (formé de 7 grammes d'amidon et de 50 cen- timètres cubes d’eau) furent introduits dans un tube que l'on assujettit dans l’éprouvette après l'avoir hermétiquement fermée ; on chauffa alors le tout à 140° durant une demi-heure. L'appareil refroidi, on en retira la substance amylacée ; elle avaït perdu sa consistance forte, qui s'était changée en une flui- dité mucilagineuse. Ainsi dans ce dernier cas, pour 100 parties d’eau, 14 parties d’amidon donnèrent moins de consistance que 5 parties dans la première expérience, ou, à poids égal, firent trois fois moins d'effet. Nous montrerons plus loin d’autres résultats, qui seront aussi d’autres preuves de ces différents degrés de désagrégation de la substance amylacée. y ACTION DE L’IODE SUR L’AMIDON. Phénomènes de coloration et de décoloration de l'iodure; effets remarquables de sa contractilité. — Variations de couleur et de stabihté produites par toutes les causes de désagrégation de la substance amylacée ; composition de l'iodure d'amidon. À Un des caractères les plus curieux de l'amidon est sa colora- tion bleue ou violette sous l'influence de l’iode. Cette couleur est d'autant plus intense, plus rapprochée du bleu pur et plus stable, que l'amidon est mieux agrégé. | L'effet de la désagrégation graduelle de la" substance amylacée est de lui faire prendre, lorsqu'ensuite on l’unit à l'iode, des nuances violettes virant de plus en plus au rouge; la même subs- tance, aux premiers degrés de Son agrégation croissante dans les plantes, développe, sous l'influence de l'iode, des nuances rou- geâtres, violettes, puis bleues La contractilité de l'annidon distendu ou dissous dans l'eau, 34 * 268 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE puis bleui est d'autant plus grande, sa précipitation plus facile, la dissolution par la chaleur plus lente et plus difficile, que la substance amylacée a été moins fortement divisée préalablement dans le liquide. Les parties moins désagrégées sont aussi celles qui se com- binent les premières avec l'iode, et qui le retiennent plus forte- ment en présence de l’eau, de l'air, de la lumière et de la chaleur. L'élévation de la température, la lumiere, les bases, l'alcool et _ divers agents enlèvent l'iode à l’amidon. L'abaissement de la température, la présence des acides, des sels neutres, etc. contractent liodure bleu et parfois le font re- paraître au milieu des liquides décolorés; le chlore, en faibles pro- portions, produit le même effet quand la décoloration résulte d'une formation d'acide iodhydrique ou d’un iodure minéral. La coloration bleue par l'iode ne peut être attribuée à l’action de l'air ni à la présence d’un produit volatil dans l'amidon. Nous allons démontrer par des faits toutes ces assertions. Dans les rapports sur nos, précédents mémoires, les com- missaires de l'Académie indiquèrent trois expériences utiles; je les ai faites, voici leurs résultats: liode produit la coloration bleue sur lamidon dans l'eau privée d’air comme dans l’eau aérée; la fecule, chauffée même à +- 1 4o° dans l’eau, bleuit en- core par l'iode après le refroidissement, bien que l’empois très- consistant, traité ainsi, n'ait plus alors qu'une viscosité et une transparence analogues à celles de la gomme adragante délayée _à l'eau froide. x % L'amidon, chauffé et dissous par la diastase, dans un appareil clos, ne donne aucuñ produit distillé auquel on puisse attribuer la propriété de bleuir par l'iode. Ainsi, ce n’est point un corps étranger volatil qui communique à l’amidon cette propriété. PÉNÉTRATION DE L'IODE DANS LES GRAINS D'AMIDON. Si l’on verse sur de la fécule à l’état normal une solution très- affaiblie d'iode, la coloration en violet est assez superficielle pour ‘ ET DE LA DIASTASE. 269 que des grains conservent leur transparence sous le microscope. De plus fortes proportions d'iode augmentent tellement l'in- tensité de la coloration, quelles grains semblent noirs ét opaques, lors même qu'ils ont seulement un centième de millimètre ; lacom- binaison et la coloration ont pénétré Jusques au centre: on s’en assure en lavant puis cassant plusieurs grains sous le microscope : les solutions très-affaiblies { à 0,001 de soude et de potasse) dé- colorent également jusques au centre tous les grains bleuis. Lors- qu'on opère sous le microscope cette décoloration à laide de l'ammoniaque, on voit les couches extérieures perdre les premières leur couleur, puis le phénomène gagner graduellement Jusques au centre. VARIATION DES NUANCES COMMUNIQUÉES À L'AMIDON PAR L'IODE. La fécule, exempte de toute altération, désagrégée dans mille fois son poids d’eau, par une température de 100°, donne une solution qui, filtrée, acquiert une belle temte bleue par liode ; un excès de réactif, par sa propre coloration jaune, fait virer la nuance en vert. 2 Une foule d’altérations et un faible degré d’agrégation, dont les jeunes grains d’amidon entiers offrent souvent des exemples, donnent à la matière amylacée la propriété de se teindre'en rouge fauve par l'iode, en sorte que le mélange dés parties plus ou ré. is ainsi donné diverses nuances de violet. La désagrégation et la dissolubilité obtenues à différents degrés en traitant la fécule, soit par la température entre 200 et 220°, soit par l'acide sulfurique concentré ou étendu, soit par la dias- tase en arrêtant chacune de ces réactions à plusieurs termes, donnent ; à la substance amylacée } a propriété d'offrir en pré- sence d’un léger excès d'iode, des colorations violettes , virant de plus en plus au rouge. Les premières gouttes de'la solution'd'iode produisent une coloration bleue en'$e combinant d'abord äux parties le moins . 270 DE L'AMIDON:,:DE LA DEXTRINE désagrégées ; de. nouvelles additions font virer la nuance au violet de plus en plus rougeâtre. Les solutions alcalines de soude et de potasse désagrégent évi- demment moins la fécule que la haute température, les acides lorts et la diastase; car, dans le premier cas, le liquide conserve très-longtemps une consistance mucilagineuse prononcée; cette moindre désagrégation se manifeste aussi par l'iôde, qui donne encore.des nuances bleues. D'après les observations de M. Lassaigne, la rh qu'on obtient en versant peu à peu une solution alcoolique d'iode dans la partie dissoute de la fécule-extraite à froid par un longbroyage, est caractériséen ce que sa solution aqueuse s’affaiblit en cou- leur au fur et à mesure que sa température s’élève, et jusqu'à ce qu'enfin elle disparaisse à une RE de +- 89 à 90° cen- tésimaux. En laissant refroidir la liqueur décolorée, on la voit reprendre peu à peu une légère teinte bleue qui se fonce de plus en plus à mesuré.que 1x température s'abaisse , et acquiert ensuite la même intensité qu'avant d’avoir été chauffée. AGTION DE LA LUMIÈRE SUR L'ODURE D'AMIDON DISSOUS. La lumière exerce une action décomposante sur la’ solution d'iodure d’amidon dans l'eau : diffuse , elle affaiblit lentement la couleur bleue; mais cet effet se produit en quelques ne lors- que la solution est exposée à l’action directe: des rayons du soleil, la température étant dé'30 à 4o degrés. : 2 Ce phénomène, comme l’a expliqué M. Guibourt (Journal de Chimie médicale, 1. V, 1829), est dû.à la décomposition de l’eau, qui formede l'acide hydriodique, et la volatilisation de Fiode ; nous verrons plus. bas qu’il peut rester de l'iodure d'amidon non visible directement. M. Lassaigne a fait voir que la solution, ainsi-décolorée par une exposition aux rayons ardents du soleil, peut reprendre en partie ET DÉ LA DIASTASE. 271 sa belle couleurbleue par l'addition de quelques gouttes de so- lution aqueuse dé chlore; les résultats suivants sont encore dus . àcet habile chimiste : 1° des solutions'de chlore et de’brômie , mmêlées à da solution d'iodure d'amidon; la décolorent x l'instant; il'se produit des chlorures et des bromures d'iode qui restent dans la solution ; l'acide sulfureux ajouté rétablit peu à peu la coloration, en transformant le chlore et le brôme en acides’hydro- chlorique et hydrobromique , et passant lui-même à l'état d'acide sulfurique par l'oxygène de l’eau. : La potasse, la soude, la chaux, l'eau de baryte etl'ammoniaque, décolorent l'iodure d'amidon, comme l'ont remarqué MM. Colin et Gaultier de Glaubry; lorsqu'on sature ces bases par un acide, la combinaison bleue est reproduite. La série suivante de mes expériences expliqueet complète Les faits précités, elle met:en évidence da structure les caractères or- ganiques et les propriétés physiques et chimiques de l’amidon. On y trouvera notamment d'explication des phénomènes de lio- dure blanc et de la réapparition de la coloration/bleue , par des corps incapables d'isoler l’iode de l'acide iodhydrique; enfin, ‘on y reconnaïtra la cause des variations dans les résultats des essais sur l’équivalent diode combiné avec l’amidon: ACTION DE LA TEMPÉRATURE SUR-L'IODURE D'AMIDON ÉTENDE OÙ DISSOUS DANS L'EAU. Afin de déterminerda limite de la température utile à la déco- loration du composé bleu, j'ai cherché quel serait le deoré au- dessous duquel il n’y aurait plus de diminution sensible d'inten- sité dans la coloration. On reconnaît: ainsi qu'à 64°, en présence d’un excès d'iode, la coloration bleue est permanente; tandis qu'à 66°, l'iodure se dissout complétement dans! une suflisante quantité d'eau, et perdtoute sa couleur bleue, qu'il reprend _ par lé refroidissement, si lon’ a opéré :dansiun tube clos, au- tement Fntensité diminueraits surtout par la volatilisation de l'iode. La décoloration exige des températures plus élévées au fur 272 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE et à mesure que l’on augmente les proportions d'amidon dans le liquide : elle parait donc, ici encore, tenir à l'extension de l'io- dure qui est dissous en plus forte proportion lorsqu'on élève davantage la température. Cette décoloration a lieu sans doute lorsque les groupes moléculaires du composé sont assez écartés pour laisser passer, sans la réfraction spéciale, les rayons de la lunuère, OPACITÉ DE L'IODURE D'AMIDON. L'iodure d'amidon est opaque sous une épaisseur d'un cen- tième de millimètre; on le constate aisément en interposant entre l'œil et la lumière une solution de 1 gramme d'iodure dans 1,000 centimètres cubes d’eau, contenue entre deux lames parallèles en verre, écartées de 1,000 centièmes de millimètre ou d’un cen- ümètre, puis en s’assurant que la lumière n’est pas sensiblement transmise au travers de la couche liquide. Cette observation. avait beaucoup contribué à me faire consi- dérer liodure bleu d'amidon comme distendu plutôt que dis- sous, et cette opinion m'a dirigé vers les expériences suivantes, qui toutes ont réussi. En admettant la dissolubilité de ce composé bleu, on ne peut nier que la disposition particulière de ses particules ne soit telle qu'une foule d'agents les séparent du liquide par une très-légère contraction, et qu'alors l'insolubilité ne soit évidente : c'est ce que prouvent les faits suivants. , SÉPARATION DE L'IODURE D'AMIDON PAR L'ICHTHYOCOLLE, L'ichthyocolle battue, détrempée, lavée à froid et délaÿée dans la solution d'iodure, entraine ce composé bleu dans le réseau qu’elle déploie au milieu dudiquide. On peut reconnaître à l'œil nu la séparation; ons'en assurespar de filtre, qui retient toute la substance bleue. ET DE LA DIASTASE. \ 273 PRÉCIPITATION ET CONTRACTION DE L'IODURE PAR LES ACIDES, LES, SELS, ETC. Tous les acides, les composés binaires neutres et les sels es- sayés, ont produit cet effet avec une énergie et des phénomènes variés. Nous citerons, entre autres, les acides sulfurique, azotique, chlorhydrique ; les chlorures de calcium, de barium, de sodium; les sulfates de chaux, de fer, de cuivre, de potasse et d’alumine : le carbonate de soude, le chromate de potasse, l’oxalate et lhy- drochlorate d'ammoniaque. Ainsi les acides qui dissolvent l'a- midon libre contractent l'amitlon uni à l'iode : c’est une preuve de plus de l'attraction qui existe entre ces deux Corps. La forme des précipités, leur réunion plus ou moins rapide et complète, la proportion des agents employés pour manifester la séparation entre l’iodure et le liquide, ont varié suivant , 1° que l'amidon hydraté et dissous conservait encore plus ou moins de cohésion, qu'il était extrait de grosses fécules en flocons plus vo- lumineux; ou, 2° au contraire, que mieux divisé, ou extrait de fécules plus jeunes, plus ténues, il éprouvait moins de con- traction. De très-minimes proportions de tous les agents solubles que nous venons d'indiquer peuvent déterminer à l'instant cette sé- paration tranchée. Pour fixer les idées par des nombres, nous dirons, 1° qu'on lobtient à l’aide d’une solution neutre de sulfate de chaux sa- turée {à 10° de température), étendue de seize fois son poids d’eau pure, versée dans un volume égal au sien du liquide bleu- foncé, que l'on prépare, en ajoutant à froid un léger excès d'iode à la dissolution filtrée d’une partie de fécule de pomme de terre dans 100 parties d’eau; 2° qu'une solution contenant 0,0001 de son poids de chlorure de calcium, mêlée à volume égal avec le même liquide bleu, provoque aussitôt la séparation d’un coagu- lum bleu: mais celui-ci, dans ces deux cas, occupe longtemps 8. 3 274 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE presque tout le volume, ne laissant voir que par des intervalles minces et près de la superficie le liquide diaphane interposé. L’amidon désagrégé par divers agents, dissous à chaud, re- froidi et uni à liode, exige des proportions d'autant plus fortes des agents précités pour être contracté, que la désagrégation a été poussée plus loin. Dans ces expériences et dans une foule d’autres qu'il serait trop long de rapporter ici, l'iodure d’amidon, lorsqu'il est préci- pité, a d’ailleurs conservé toutes ses propriétés et semble n’avoir éprouvé qu'un rapprochement entre ses parties. En effet, la température nécessaire pour opérer la décoloration est d'autant plus élevée que l'iodure,. sous l'influence des sels, a pris une forte cohésion, toutes choses égales d’ailleurs; cette circonstance aurait de même pour effet de retarder la dissolution de toute autre matière soluble seulement à chaud. PRÉCIPITATION DE L'IODURE D'AMIDON PAR UN ABAISSEMENT DE TEMPÉRATURE. Ce nouvel ordre d'imvestigations me parut propre à démontrer directement les caractères contractiles de l'amidon hydraté uni à l'iode. Non-seulement j'obtins, après avoir congelé le liquide, la contraction et l'élimination complète du composé bleu, même dans un liquide qui en contenait moins que la millième partie de son poids, mais encore cet élégant phénomène se manifesta par un simple abaissement de latempérature à zéro, sans congélation; dans ce dernier cas, les flocons restaient quelquefois tellement volumineux dans trois ou quatre cents fois leur poids d’eau, qu'ils occupaient toute la hauteur du liquide. Or, bien qu'ils se trouvassent pendant plusieurs jours en contact par une énorme surface avec l’eau entre + 12 et 15°, la moindre trace n’en fut pas dissoute : un filtre les retint tous, et le liquide en sortit sans coloration bleue. Ainsi donc une contraction, imperceptible di- rectement, opérée sans l'emploi d'aucun réactif pondérable, avait ET DE LA DIASTASE 275 suffi pour ôter à l'iodure d'amidon la propriété de se maintenir en dissolution dans l’eau. Ces flocons contractés par ce simple refroidissement se com- portent dans l'eau à la température de + 65 à 100°, comme s'ils eussent été coagulés par de minimes proportions de sels ou d'acides; ainsi ils se distendent et se décolorent d'autant plus diflcilement, et exigent pour cela une température d'autant plus élevée qu'ils ont ‘pris une plus forte cohésion; cependant cette nouvelle extension qui les rend incolores et dissolubles à chaud, laisse reprendre une coloration bleue générale au liquide refroidi; on peut encore les contracter et les sé de l'eau par un nouvel abaissement de la température à o°: leurs propriétés les plus fugaces ne sont donc pas sensiblement plus altérées, dans ce cas, que leur composition chimique. Le phénomène de séparation par refroidissement de l'amidon étendu dans l’eau et bleui par un léger excès d'iode, varie lors- qu'une altération a eu lieu dans la solution aqueuse (avant l’ad- dition de l'iode), soit par le temps, soit par une ébullition trop prolongée. Dans ce cas l’'amidon se sépare incomplétement, et sa coloration par l'iode est différente: les parties altérées ou excessivement distendues résistent à la contraction; elles sont colorées en violet qu’un petit exeès diode fait virer au rouge, tandis que, dans l’eau contenant seulement 0,000 de son poids d’amidon dissous à l’aide d’une température de 70 à 100° ou d'une courte ébullition, l'excès d’iode produit une nuance ver- dâtre résultant du bleu d’amidon mêlée à la couleur jaune du ‘réactif. Les mêmes effets ont lieu par suite de broyages très-éner- giques opérés sur l'amidon à froid, soit dans l'eau, soit à sec. Les mêmes différences de la contractilité, sous l'influence des acides, des sels, etc. ont lieu par suite de ces altérations. Après Taction des bases alcalines, les proportions précipitables par contraction sont d'autant plus faibles que la réaction dissolvante 35° 276 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE a été plus énergique, bien qu'une belle coloration bleu:ndigo ait persiste. Après les réactions dissolvantes à froid et à chaud des acides forts et de la diastase, les proportions de la substance bleuie précipitable par contraction diminuent rapidement et d’autant que la nuance rougeâtre, signe certain d'une division plus avan- cée, prédomine davantage. Toute précipitation par un effet de contractilité due au froid, aux acides et aux sels, cesse lorsque la substance amylacée est divisée au point de donner avec l'iode une nuance de violet rougeâtre, à plus fortéMraison lorsque, plus atténuée, elle donne une coloration sensiblement rouge. En d’autre temps nous avons démontré l’extensibilité et la contractilité très-grandes de l'ichthyocolle réduite en gelée à froid, et la destruction de ces propriétés par une simple ébul- lition dans l’eau, qui n'avait pas altéré la composition chimique. FORMATION DE L’IODURE D'AMIDON INVISIBLE DIRECTEMENT,. Dans toutes les circonstances. où les particules du composé bleu ou violet sont le plus distendues, mieux dissoutes ou plus divisées, la coloration disparaît. Nous rapportons à cette cause : 1° Le phénomène de la décoloration et de la coloration al- ternatives de liodure par la chaleur, et nous allons en citer plusieurs autres exemples. 2° Lorsqu'on a transformé en dextrine et en sucre lamidon par la diastase, on reconnaît, en versant quelques gouttes d’iode dans le liquide, que la transformation est plus ou moins com- plète. Cependant, lors même que liode ne produit pas ainsi dans les liquides étendus de coloration directe, souvent il arrive qu'après l'avoir fait rapprocher en sirop, même par une ébul- lition vive, l'iode donne alors une coloration violette ou vineuse que la plus grande distension de l'iodure rendait d’abord im- perceptible. ET DE LA DIASTASE. 277 3° Dans une dissolution filtrée d'amidon ainsi que dans l’a- midon hydraté à 100° par cent fois son poids d'eau, puis incomplétement attaqué par la diastase, si l’on verse à froid une goutte de solution d'iode, une nuance foncée, bleue ou vio- lette, se manifeste dans les points en contact ; mais aussitôt que l'on agite, le composé coloré disparaît en se répartissant dans toute la masse ou en se dissolvant dans l’amidon libre. 4° On obtient le même effet en versant à froid un excès de solution d'amidon sur le liquide qu'on vient de colorer par l'iode ; la même quantité d’eau ne détruit pas la couleur. 5° Lorsque, après avoir fait disparaître plusieurs fois la couleur par une température intermédiaire entre, 66° et roo, la dimi- nution de l'iode a réduit la proportion du composé bleu au point qu'il soit invisible, on le fait reparaître en contractant ses parties par un acide. 6° Il en est de même de la plupart des cas ci-dessus. Ainsi donc le composé existait, mais ses particules, trop écartées, ne décomposaient plus la lumière. COMPOSITION DE L’'IODURE D’AMIDON. - L'analyse du composé bleu, publiée par M. Lassaigne , ayant été faite sur la partie la plus désagrégeable de l’amidon, m'étant d’ailleurs assuré qu'une plus forte désagrégation enlevait gra- duellement à l’amidon son pouvoir de combinaison avec l'iode, J'espérai obtenir un composé mieux défini, en saturant à froid, avec un excès de solution aqueuse d’iode, la fécule pure, hy- dratée (par cinquante fois son poids d’eau bouillante); mais, desséchée alors dans le vide sec à + 100°, l'iodure ne retint que 0,07 diode. Afin de réunir des circonstances plus favorables, je crus de- voir répéter l’essai sur de la fécule pure intacte. Je l'agitai à froid dans une solution aqueuse saturée d'iode, que la fécule décolora en lui enlevant tout l'iode ét se colorant elle-même en 278 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE bleu intense. Je renouvelai la solution jusqu'à ce que sa colo- ration jaune persistât sans diminution sensible, alors liodure en grains opaques d'un bleu très-intense fut desséché dans le vide sec à + 12°; puis, soumis à une nouvelle dessiccation à 110° dans le vide au-dessus de l'acide sulfurique concentré, il fut pesé en cet état; enfin, lavé avec une solution froide d'ammo- niaque qui le décolora en enlevant l’iode, puis à l’eau distillée, et séché à 100°, il devint manifeste qu'il avait acquis d’abord, puis perdu ensuite 0,07 d'iode, ce qui était loin de corres- pondre à un équivalent. I était d’ailleurs possible que la combinaison n’eût pas atteint ses limites dans l'intérieur des grains de fécule : J'essayai de favoriser la réaction par une hydratation préalable à chaud, puis de rendre le composé bleu plus stable par l'addition d’un sel neutre : à cet effet, 5 décigrammes de fécule pure, séchée à 120° dans le vide, furent hydratés au bain-marie, à la tempé- tature de + 80° dans 100 centimètres cubes d’eau, le liquide étant refroidi à + 50°. On y versa de la solution saturée diode, en excès, ce qu'annonçait la nuance bleue virant au vert. On ajouta alors 16,5 de chlorure de sodium dissous dans 10 grammes d’eau, et, ayant abaissé la température du mélange à + 8°, l'iodure bleu, précipité en flocons, se rassembla au fond du vase; le liquide surnageant était jaune et contenait évidem- ment un excès d'iode. | Décanté, filtré, rapproché, ce liquide donna quelques flocons impondérables d’iodure bleu sans autre résidu , tout l’iodure flo- conneux recueilli avec soin et pesé donna un poids net, en te- nant compte du sel interposé, et après dessiccation à 100° dans le vide, de 538, ce qui représentait 38 d'augmentation de poids dû à liode, ou 7,10 pour 100, ou un peu moins d’un dixième d’équivalent. SATURATION DE L’AMIDON EN GRAINS PAR LA VAPEUR D’IODE. Un moyen analogue à celui qui procure un terme constant ET DE LA DIASTASE. 279 d'hydratation me parut devoir être tenté pour saturer l'amidon en grains par l'iode. 968 milligrammes de fécule à 0,18 d’eau furent placés dans tube clos en présence de 4 grammes d’iode précipités par l'eau sur un filtre. La fécule prit peu à peu et successivement, à partir des points rapprochés de l'iode, les nuances orangée jaune, violacée terne, violet rougeâtre, violet, indigo, indigo foncé presque noir. Le filtre acquérait en même temps les colorations analogues suivantes, dues aux quantités accrues par degré, de l'iode dis- tribué sur son tissu : jaune fauve, orangé, fauve violacé, violet rougeâtre, violet foncé. La tension de la vapeur d’iode fut de temps à autre soutenue en maintenant la température dans la partie du tube correspon- dante au filtre de 25 à 50°. Au bout de dix jours toutes les parties de lamidon paraissant pénétrées au maximum par la vapeur d’iode condensée, on retira le filtre; liodure, après dessiccation dans le vide sec à + 15°, pesait 904 milligrammes d’après des expériences antérieures; il devait alors retenir 2 équivalents d’éau : en effet la dessiccation, poussée à ses limites par une température soutenue de 100 à 105° dans le vide, occasionna une perte d’eau égale à 78 milli- grammes : il restait donc un poids d'iodure sec égal à 826, retranchant l'équivalent de la fécule employée ou 794, on avait 3,2 pour le poids de liode en combinaison, ce qui ne repré- sente que À pour 100 d'iodure : ainsi la saturation était plus incomplète que par les autres procédés. SATURATION DE T'AMIDON PAR L'IODE, DÉTERMINÉE SANS DESSICCATION. Craïgnant encore qu'une cause d'erreur, dans les essais précé- dents, ne füt due à la volatilisation d’une partie de l'iode, jima- ginai un autre mode de vérification qui permit d'apprécier le pouvoir saturant de l’amidon, sans obliger à aucune évaporation; voici comment j'expérimentai : 280 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE Cinq décigrammes de fécule à 0,18 d’eau, représentant 41 cen- ügrammes d'amidon à 1 équivalent d’eau, furent délayés dans 100 centimètres cubes d’eau ; le mélange fut chauffé à l’ébul- lition, puis refroidi; on y versa 184,5 milligrammes diode dissous dans 1 4 centimètres cubes d'alcool ; le liquide, d’un bleu très-foncé, fut agité de temps à autre pendant une demi-heure; alors on ajouta 2 grammes de sel marin en poudre, et, lorsqu'il fut dissous par l'agitation, on laissa déposer. Il était d'avance évident que, la quantité d’iode employée étant proportionnée à un équivalent d'iode pour un d’amidon (::1d79,5: 202), si la combinaison avait lieu dans ce rapport, il ne devait plus rester d'iode libre en solution, et après la précipi- tation le liquide surnageant eût été incolore ; mais loin de là, sa nuance annonça qu'il était saturé diode, dont il avait par con- séquent retenu un grand excès. Dans la prévoyance de ce résultat, j'avais disposé un mélange tout semblable, sauf l'amidon qui en avait été complétement exclu. Dans ces deux liquides, une partie de l’iode s'étant précipitée, J'ajoutai peu à peu dans le premier assez d’eau alcoolisée pour tout redissoudre, et même un excès que l’affaiblissement de sa nuance annonça; ilen contenait alors 450. J'ajoutai ensuite assez d’eau dans le premier pour arriver enfin à une égale intensité de nuance; 1l en fallut en totalité 500 centimètres cubes ; ainsi donc liode absorbé par la fécule était représenté par un dixième seule- ment de la quantité qui eût représenté un équivalent, et c'était là un maximum, puisque l’amidon restait en présence d’un excès d'iode dont l'évaporation était rendue impossible. I paraissait donc bien évident que la faculté de combinaison de la fécule pour l'iode dépendait de la cohésion acquise entre ses parties, et que ce pouvoir ne pouvait atteindre à la limite correspondante à un équivalent d'iode (2025 : 1579, d). Cependant une expérience de M. Lassaigne avait approché de ce résultat, que J'avais obtenu ensuite moi-même en la répétant A ET DE LA DIASTASE. . 281 dans des circonstances analogues, c'est-à-direen js un grand excès de solution alcoolique diode sur de l’amidon hydraté ou dissous! et séchant: à froid: J'ai trouvé l'explication de cette ano- male apparente len découvrant — l'iodure ainsitpréparé des cristaux diode. -: nlype On observe facilement ces cristaux sous lemicroscope ‘en mélangeant une goutte de solution aqueuse d’amidon avec une goutte de solution alcoolique d'iode saturée sur le porte-objet: on voit aussitôt une belle cristallisation de longs prismes- qua- drangulaires opaques, souvent opposés bout à bout, étincelant comme des lames d'aciertpoli ; les plus longs ont 2 centièmes de: millimètre, etseulément 1 centième demillimètre de largeur ; ils sont terminés tantôt-en: pointe acérée, tantôt par des pyra- mides à quatre faces ; quelquefois plus coürts; ils Er une. projection rhomboïdale: + Limpossibilité d'unir liode à l'amidon dans les rapports des poids équivalents me détermma à entreprendre une nouvelle série d'expériences, dans la vue d'apprécier, soit la force de com- binaison, soit ses différences dans les réactions entre l'amidon en grains intacts: et oies :voici les principaux résultats de ces investigations. ., ES Æ n'a Fo: ACTION DE LA bentrérarure SUR LES GRAINS D'AMIDON HYDRATÉS ET UNIS "tutÿ | AVEC L'IODE: © bi fécule pure, tenue pendant huit jours dans une solution aqueuse, saturée diode que lon renouvela huit fois , fut des- _ séchée dans l'air à + 16° de température, l'hygromètre mar- quant de 5o à 55°; pesée en cet état, puis séchée 12 heures à 15° dans/le vide, elle perdit 22" sur 295 ou 6,8 pour cent, ce qui équivaudrait à 2 équivalents d’eau, en supposant engagée dans cette combinaison la proportion d'isde observée (7, 1 pour 100). Il résulte de 1à que l’amidon combiné avec l'iode retient sen- siblement dans le vide 15°, autant d’eau que l’amidon libre 8. 36 282% DE L'AMIDON,/ DE LA! DEXTRINE dans:les Mmes circonstances , ce qui est d'accord avec les obser- vations (précédentes etcelles qüi suivent. noitrlos"sh.a$oxa Ens dontinuant delchauffer dans le vidé pendant dix heures! à la température derob?, ik se dégagear23 milligrammes: d'eaur; ce qui correspond encore à 2 atomes; les dernières:traces furent très-dificiles : àenlever. { yynnalot 4 y 2: { | 4 O6 va 45 Jo F ME RÉSISTANCE REMARQUARLE ACQUISE PAR L'AMIDON EN l'érins abs L'INFLUENCE 0° DE LNODE, ! Hesst NO NE Si: lon opère /la dessiccation lentement. dans Jakarta 220°, qu'ontsoutient 4o minutes, ail se dégage d'abord de-liodé!, puis le: dégagement cesse ; ‘après le refroidissement damsile vide da matière estiencore d'une nuance trés-foncée; si l’on ajoutebun peu d’eau, ‘puis qu'on dessèche à 220°, un nouveau dégagement d'iode alieu, mais la nuance est très-foncée encore ; J'iodure épuisé par l’eau ne cède: que 0,02 environ de substance soluble. qui se colore en violet par l'iode. Amsi une: très-forte proportion de amidonest préservée. par liode de la désagrégation| que cette haute température eût com- plétement opérées Au contraire, la combinaison acquiert une cohésion ét une résistance très-remarquables aux agents de dissolution. La plupart des grains restent d'un bleu opaque presque noir; ceux-ci résistent aux alcalis et aux acides concentrés à froid, et ne: s'attaquent que lentement à chaud par l'acide sulfurique con- centré, qui alors dégage de l'acide sulfureux. Les grains qui, plus:faiblement agrégés, avaient, perdu la plus: grande partie de l'iode, se montraient d'une ‘couleur jaune foncé, translucides sous le microscope, ipfolublés dans l'eau, fragiles, à cassures anguleuses, vitriformes. S sie L’acide sulfurique concentré les attaquait lentement à froide et les désagrégeait par. degrés. rl Une: stabilité: aussi, grande; dinse à Vidéo pars so, 1 1ET DE LA!DIASTASE,; ,: 44 283 offre,une preuve de plus d une! RENE rs ire ces deux corps”: : obus mholmouis adress use he du leyrrpèa os > Voici un autre ns né la-résistanée acquise pebidon sous l’inflence de Fiode:1s1 l’on soumet à l'ébullition unmélange d’eau,106, fécule 2; acide: sulfurique: ,pendantune/dlemitheure!, leshiquidé! refr oidisne. donnera: plus aucune; coloratidn par l'iode, il ne contiendra que de Hdextiine: et idu;sucresimaïs:si,, dans un semblable mélange on a préalablement ajouté un excès d iode on pourra, chauffer ensuite, pendant une demi-feure à 1 00° pa faire perdre à Pamidon la : propriété. de bleuir crème d précipiter par l'iode. | JT 0 51 SUP ET OS RES) outre zh 1 AG ral sc LIQUÉF ACTION: JDE L'IODURE D'AMIDON : HXDRATÉ. | de | Î jus sind x : Afbbddtwériser sl, Foie 4 lédssndl de:l'ean, d'hydration sur la désagrégation dela fécule ;contrebalanceraiti, la tendance delliodé à maintenir plus stables les parties de. F'amidon en grains, Je plongeai dans.un bai. d'huile, chauffé à 1629 de l'io- dure saturé d'iode,en grains pulvérul , à 2 équivalents d’eau, placés dansun tube clos. Au bout de 36, minutes, cet iodure! fut intégralement fondu ; refroidi, il se présentait en. masse, vitri- forme, diaphane, jaune fauve, inattaquable par L'eau soluble dans l'acide sulfurique froid, précipitable par l’eau en flocons bruns. fécsats D ' 61 ( DÉSAGRÉGATION Ê ER LA/ CHALEUR, DE L'IODURE: EN: GRAINS DEMI - SATURÉ D'IODE ; MAIS HYDRATÉ. Voulant. accroître l'influence de l'eau en diminuant celle de l'iode ; je soumis brusquement dans un tube ouvert, à 162° de 4? En( Renan cette étude, j'ai observé non-seulement le produit insoluble inattaquable à froïd pardesacides et-les bases énergiques ; mais en variant la durée de l'opération, la tem- 3 pérature et la proportion d’eau, j'ai obtenu une substance soluble à froid, une autre insoluble, mais se pouvant dissoudre après avoir été exposée humide à l'air, précipitant alors par l'acide chlorydrique en flocons bruns. 36° 284 . DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE température, de la févule-unie seulementiä0,04'd'iode et conte- nant À équivalents d’eau : après une demi-heure de-réaction; les grains, ‘primitivement d’un violet foncé’ étaient de'vouleur fauve, diaphanes, cassant comme de petits granules de gomme, très- dissolubles à l'eau ; leur. solution! développait par liode une coloration d'un violet rougeñtre ;) ainsi la présence de l’eau savait surmonté l’action: constrictive de diode, 95 oup'r1bae 5 ‘ A F ER { HS D DE LA SOLUTION ALCOOLIQUE D'IODE SUR L' ADO SEC, le DÉCOMPOSITIÔN @E L'IODURE D'AMIDON PAR ‘L'ALCOOL ANHYDRE. rp1 Î 1j MEYCHI : Les deux expériences suivantes montrent que l’action entre l'alcool et l'iode est plus énergique que la combinaison entre T'iode et l'amidon sec : que l’on agite en vase clos, à froid, une solution -d'iode dans Falcoo! anhydre avec de l'amidon séché au maximum (de 100 à 130° dans le vide = H? 0, C# HS 0°), il ne s’opérera immédiatement aucune combinaison, l’'amidon restera blanc et la solution alcoolique conservera sa couleur sans déperdition aucune; si af6rs on ajouté quelques gouttes d'eau au mélange, la combinaison aura dieu Sur-lechamp' ét les grains d'amidon deviendront aussitôt d’un violet de plus en plus foncé. Réciproquement , si l’on agite de la fécule blenie par un excès d'iode, dans vingt fois son poids d'alcool: anhydre, et qu ’on renouvelle plusieurs fois celui-ci, les grains d’amidon perdront chaque fois une nouvelle quantité d'iode, mais très-lentement; au bout de dix jours, après avoir renouvelé huit fois l'alcool, la coloration, de plus en plus affaiblie, aura viré au violet rougeûtre, et plus des o, 8 de l’iode auront été séparés de la fécule. Si l'on agit à la temperature de l’ébullition de Falcool, äucun des grains n’est déformé, la décoloration ést plus rapide, et, dans tous les cas, on observe sous le microscope une déhon beaucoup plus avancée sur les plus jeunes gräinis, ps sont deve- nus diaphanes et rosâtres. y ; ET DE LA DIASTASE. 285 Q Lei} DIMINUTION DE LA! COULEUR DE L'IODURE D'AMIDON PAR UN PHÉNOMÈNE DE TRANS- AFTER) 119 PARENCE SANS RÉACTION, CHIMIQUE. e : (4 L Où 'RPETREPTE ) . Les nombreuses observations qui précèdent concourent à prouver que la coloration de la substance amylacée par l'iode dépend de l’'arrangement Prpniqee des particules entre lesquelles .. Piode modifie la lumière, puisqu'on peut, en altérant ces dispo- sitions, ‘changer ou détruire les effets de coloration. ‘Il était donc permis de- supposer qu’en rendant ce passage plus libre aux rayons lumineux, à laide d’un corps inerte interposé, on aflaiblirait les phénomènes de coloration. On réalise cette déduction par les expériences suivantes : + Après avoir privé l'iodure d'amidon de 0,03 d'iode- par ‘un lavage à chaud dans alcool anhydre, on l’a séché à l'air et placé sous le microscope, tous: ses grains parurent violets demi-trans- parents ou opaques. En ajoutant entre les lames du porte-objet une goutte d'huile de moelle, récente, incolore et pure, on vit une décoloration marquée s’éffectuer au für et à mesure de la pénétration de l'huile, de la périphérie au centre. » Cet effet est plus prompt sur les plus jeunes grains (qui ne sont pas toujours les plus petits, mais ceux dans lesquels toutes 1éS observations annoncent une agrégation plus faible); au bout dé quéltjues heures, plusieurs d’entré eux montrent en projection -un disque central violet ou rougeâtre, entouré : d'un cercle diäphane sans couleur ; on pourrait prendre ces grains de fécule pour des globules de sang, si leur noyau n'offrait des bords irré- guliers ou nuageux, et s'ils ne laissaient discerner leur hile. __ Ce curieux . phénomène s'opère plus rapidement lorsque l'on accélère la pénétration de l'huile par une dessiccation préalable de l'iodure à+80°; alors, au bout d'une heure, plusieurs des plus ] jeunes grains sont presque entièrement décolorés; d’autres à peine rosâtres, le plus grand nombre demi-translucides auprès du centre, pren où sans couleur sur les bords de leur pro- r} 286 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE jection ; quelquesuns des plus vieux , restés violets opaques; ne sont pas décolorés dans une profondeur appréciable. Ainsi donc, ici entoretune diaphanéite graduellement acquise, produisant les effets d’une division à divers degrés, donnaitlieu à toutes dégradations, de nuances dont {ant de réactions, m'a- vaient permis d’ apprécier da-principale cause; toutelois on pou- - vaïtici supposer, soit-une altération. spéciale qui.eût détruit. Ja combinaison ,:soit une dissolution par l'huile qui eût entrainé l'iode; j'essayan de lever ‘d'avance eés,objections ‘en. faisant repa- raître l'iodure ävec tous:ses caractères : jy parvins en faisant d'a- bord imbiber dans: du papier lhüile interposée : puis extrayant; à l’aide de l’éther, celle qui lavait pénétré à l'intérieur.des grains, alors la couleur de Fiodure reparut avec son intensité prennère dans les grains qu aväient paru décolorés! L EXFOLIATION! À! FROID DE! LYAMIDON*TMEINT PAL L'IODE. Après avoir desséché l'iodure,d’amidon par une température soutenue de 1 o0°-danñs le vide, si on le laisse refroidir, on pourra s gssurer, en l'observant au microscope dans l'alcool: anbydre, que ses grains violets, opaques, sont intacts; mais alors, si lon y ajoute de l’eau froide, soit pendant qu'il est encore mouillé d’al- cool, soit à nu, on verra aussitôt-un; grand nombre de.grainsfse rompre, s'exfolier, une partie même. dé leur substance fée désa- grégera dans le liquide et prendra des nuances violettes, rougeà- tres, tandis que les couches exfoliées, en s’hydratant, acquerront des nuances très-rapprochées du bleu. Ce joli phénomène, si facile à reproduire ; prouve; l'énergie: de l'attraction de l'iodure d'amidon pour l'eau. à Toutes les: expériences qui ‘précèdent ayant mis en évidence l'attraction énergique de l'iode pour l'amidon hydraté, je voulus vérifier, par une saturation directe, les proportions maximes d’iode engagées dans cette sorte d'action. : 796 milligrammes de fécule à 2 équivalents d'eau furent t ET DE LAIDIASTASE, : 287 bydratés dans-300 grammes d'eau à 100°-pendant uneïheure ; le liquide refroidi reçut 58,5 milligrammes diode; dissous-dans 8 centimètres cubes d'alcool: Le contact ayant duré douze heures. on opéra la séparation à Faide- de trois grammes : de: chlorure de sodium, et l’on vitpeu " peu ;au-bout d'une:heure, les flocons bleus se! précipiter enise) vontractaht ;: surnagés par un liquide teinten jauneverdâtre; al fallut: ajouter 84 milligrammes de: fé: cule, hydratée : à 100° dans 20 centimètres cubes:d'eau, pour que la solution-surnageante devint sensiblement incolore. : Ainsi donc, le maximum d'iode fixé par l'amidon est d'un équi- valent du premier pour dix équivalents dusecond; car , sert ù 756 84— 840: 58,52: 2250 : 155,9. "4 L'importance attachée avec-raison pariles chimistes, les phy- siologistes et les organographes, au caractère de la coloration de l'amidon par l'iode, me détermine à résumer ici les déduetiôns définitive s sur la nature de ‘ce foraposét: CONCLUSIONS SUR, LA NATURE DE. L’IODURE D'AMIDON. © L'art de la teinture consiste, suivant M. np à fixer sur les étoffes, au moyen de l'attraction moléculaire, des substances qui agissent sur la lumière autrement que ne le fait la surface des étoffes. L'action de l'iode sur l’amidon peut être nettement définie de. la même manière; c’est la résultante de l'attraction d'un groupe de par- ticules amy lacées sur une PR d'iode et non unecombinaison d'a- tome à atome. Un équivalent d'iode suffit : pour teindre “dix équivalents d'ami- don ; les poids sont entre eux comme 7, 18 : 92, et les volumes comme 1: La, b5!: à On conçoitque.ces rapports observés.sur la grosse fécule de pommes de terre ; hydratée par six cents fois|environ son poids d'eauà 160", doivent varier suivant état d'agrégation des particules qui change avec l'âge des tubercules ayecdannature’, l'état le végétation:et l'âge de tous les tissus qui contiennent l'amidon. 288 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE La réaction intime est prouvée par les propriétés nouvelles du composé et notamment par une résistance telle à l'élévation de la température , que la substance organique peut être soustraite-à la désagrégation , perdre avec l'iode son eau de gomposition et se réduire presque en charbon sans changer de formes. * La stabilité de l'iodure bleu étendu dans l’eau froide, et sa grande contractilité sous diverses influences, prouvent encore une attraction énergique entre ses composants. Les nuances les plus rapprochées du bleu sont fixées sur la substance amylacée, distendue dans l'eau, mais non désagrégée , comme elle le serait par la diastase ou les acides forts. Dans les grains, d’amidon intacts, l’iode en vapeur ne peut pé- nétrer en proportions suffisantes pour produire la coloration bleue, bien que la nuance violette soit intense au point de pa- raître noire. Cette coloration se dégrade par les agents qui bilèvent Viode (l'alcool par exemple ); elle est affaiblie par Les corps qui aident le passage de la lumière (comme l'huile). ; Tous les moyens d’atténuer les groupes des particules amyla- cées diminuent la force d'attraction de ces groupes pour l'iode; alors aussi on ne peut obtenir que des nuances violettes. Il en est de même relativement à l’amidon en grains hydratés, lorsque l'alcool intervenant diminue, par son affinité pour l'iode, les pro- portions de ce réactif fixées !. Lorsque enfin les groupes des particules organiques disparais- sent sous une division telle que toutes les propriétés contractiles sont évanouies, la faculté de fi Jixer l'iode ou de se teindre disparaît aussi; en un mot, l'amidon est changé en dextrine.- ? D'un côté, les modifications de la couleur bleue, lorsqu'elle vire aux nuances violettes par l’atténuation des particules combinées , d'une autre part, la coloration bleue propre à la substance qui, étant. moins désagrégée, est douée d'une plus forte attraction pour l'iode, peuvent se comprendre , en les comparant aux deux ordres de phénomènes qui suivent : 1° Beaucoup de substances qui réfléchissent le bleu, telles que l'indigo et le bleu de Prusse, se nuancent de violet , de rouge et d'orangé, lorsqu'ils sont très-divisés ou polis ; 2° Sur une superficie violette , la fixation d'une matière jaune peut produirele bleu. ET DE LA DIASTASE. | 289 L'iode est un réactif insuffisant pour prouver la présence, lab- sence ou les proportions de la substance amylacée; car, 1° des colorations violettes , analogues à celles de liodure d’amidon, peuvent être communiquées au papier par l'iode; 2° l'amidon, faiblement agrégé ou désagrégé, ne donne ni couleur, ni composé stable avec l'iode; et 3° la présence de l'alcool fait virer au vio- let de plus en plus rougeâtre les nuances de l’iodure d'amidon en grains. ACTION DU CHLORE ET DU CHLORURE DE CHAUX SUR L’AMIDON. Aucune des nombreuses réactions que j'ai étudiées ne démontre d'une manière plus élégante la structure des grains d'amidon et les différences d’agrégation dans chacune des couches concen- triquement emboîtées. Nous avons vu que l'iode exerce sur l’amidon une action tan- tôt constrictive, tantôt divellante; il y a tendance à la combinaison ou à la désagrégation, suivant qu’on opère à froid ou à chaud, suivant qu'on élimine l’eau avant d'élever la température et à mesure que celle-ci s'élève, ou bien qu’au contraire on fait si- multanément agir l’eau, liode et la température ; il doit donc se produire, surtout à chaud, des résultats complexes et des combinaisons nouvelles dignes d’être étudiées. L'action du chlore, bien plus énergique, semble être toute de décomposition; en effet, une solution neutre de chlorure de chaux, même à froid, attaque l’amidon : l’action très-prolongée transforme la substance en acide carbonique et en eau ; il se forme du chlorure du calcium, l'excès de chlorure de chaux, attaqué par l'acide carbonique, donne lieu à du carbonate de chaux qui se dépose, et à du chlore qui se dégage et dont une partie prend part à la réaction sur,la substance organique. La réaction que nous venons de décrire consiste en une yéri- table combustion au milieu du liquide; si l'on opère à 70°, elle devient si vive qu’elle occasionne une forte eflervescence qui 8. 37 290 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE continue sans chauffer, et dégage un grand-excès d'acide carbo- nique facile à recueillir !. ! - Si don agit à froid, la solution de chlorure s’affaiblit et agit plus lentement: au bout de plusieurs mois une grande partie des grains de fécule, vus sous le microscope, paraissent entiers et laissent apercevoir toutes leurs couches concentriques ; ils n'ont perdu-en effet que les parties le plus faiblement agré- gées de chacune des couches, en sorte que, lavés et impré- gnés diode, on voit qu'ils ont été attaqués inégalement?. Parmi les plus gros, quelques-uns prennent encore une teinte vio- lette si foncée qu'ils sont opaques; les plus petits, et sans doute les plus jeunes, n'acquièrent que des teintes fables violettes, rougeâtres ou fauves; unsassez grand nombre restent presque incolores, bien qu'ils laissent encore voir des pellicules concentri- ques, que leur cohésion a préservées comme la pellicule externe. Pour le démontrer, il faut, en diminuant cette cohésion, leur rendre la propriété de bleuir par l'iode. On y parvient à l'aide d’une des plus simples et des plus jolies observations microscopiques : maintenus, saturés d'iode sur le porte-objet, on introduit, entre les deux lames de verre, une goutte d'acide sulfurique étendu de son volume d’eau : chacun des grains d'amidon qu'il touche se gonfle aussitôt un peu dans toutes ses parties, et, lorsque la désagrégation est convenable- ment modérée, on voit chaque couche concentrique devenir d'un beau bleu, et souvent plusieurs d’entre elles s'exfolier en tuniques légères et ondulées. On compte souvent 10 à 15 de ces tuniques emboïtées, dont l'épaisseur varie de 0,5 à 0,1 de millième de millimètre. La première enveloppe externe se conduit encore ici comme ! Ayant découvert l'identité de composition chimique entre les membranes des végétaux et l'amidon, je fus conduit à essayer sur elles la réaction du chlore et du chlorure de chaux, qui tous deux produisirent une combustion rapide , au bain-marie. 2 Jci encore la partie désagrégée se résout en dextrine, et tous les degrés.de dégradation du violet au rouge, sous l'influence de l'iode, montrent dans la solution ces produits de la désa- grégation qui précèdent la dissolution complète et la combustion. ET DE LA DIASTASE. 2941 les tuniques de l'intérieur; c'est donc une démonstration nouvelle et des plus élégantes, de cette structure remarquable. PHÉNOMÈNES DUS!À LA CONDRACTILITÉ | DE I'AMIDON SOUS L'INFLUENCE DE LA?BARYTE, DE L'OXIDE DE PLOMB ET'DE L'HYDRATE DE CHAUX. La-solution de baryte contracte très-fortement la fécule lors- que celle-ci est prodigieusement gonflée par l'eau bouillante et refroidie. Si lon verse une, solution de baryte dans un empois même très-léger, celui-ci offre aussitôt deux parties distinctes : l’une, trés-hiquide; l'autre, ayant acquis par la séparation de l'eau une forte cohésion, présente une masse dure, élastique, très-difficile- ment-perméable. Lors même que l’amidon est beaucoup plus dilaté encore et séparé des parties les plus agrégées à l'aide de la filtration, il éprouve, par la solution de baryte une contraction telle, qu'il est précipité à l'instant, et ses flocons agglutinés s’attachent aux parois du vase. Mais dès que la combinaison, graduellement complétée avec la baryte, a détruit la forme spongieuse contractée de lamidon, la dissolution entière s'effectue dans la même quantité d’eau au milieu de laquelle la précipitation avait eu lieu. Ce phénomène de précipitation est fort remarquable, car il est dû à une réaction dont le produit gst une combinaison so- luble. Aucun autre, en effet, ne manifeste. mieux la disposition organique des particules; on conçoit que celles-ci, n’étant dis- séminées que par groupes, puissent se rapprocher sur plusieurs centres d'action où la combinaison s'opère, sans trouver autour d'elles assez d’eau pour se dissoudre, tandis qu'il s’en trouve dans la masse liquide un excès qui se décèle bientôt par la dis- solution totale. Nous.verrons plus loin comment on peut déterminer le poids 37° 292 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE équivalent de la matière organique engagée dans cette combi- naison. Le sous-acétate de plomb donne avec l'amidon rapidement hydraté, dissous et filtré, un précipité imsoluble, même dans un excès d’eau, tandis qu'il ne précipite pas directement lamidon désagrégé parvenu à l'état de dextrine; toutefois la même com- binaison, opérée à l’aide d’un agent auxiliaire, nous servira pour trouver la capacité de saturation de la substance amylacée dans ces deux états. L'eau de chaux précipite aussi l’amidon en flocons variables, suivant l'état de division de cette substance, signalant encore les mêmes disposition organiques et leurs altérations dans la subs- tance amylacée. Les solutions de sulfate de cuivre, de persulfate de fer, de chlorure de barium et de divers sels, ne précipitent pas l’'amidon plus ou moins désagrégé, dissous à chaud, refroidi et rendu limpide par la filtration. Le sel marm produit cependant un effet évident de contrac- üon sur l’amidon hydraté; voici comment on s’en assure. Ayant préparé dans un tube et au bain-marie un empois léger avec 1 gramme de fécule sèche et 25 centimètres cubes d’eau, chauffés en les agitant jusqu’à 95°, puis refroidis, on pose sur la superficie de la substance amylacée 4 où 5 grammes de sel marin en cristaux menus; au bout de 24 heures on voit distinctement un liquide diaphane, extrait par le sel, s’interposer entre ses cristaux, et chaque jour former une solution plus abondante et limpide qui surnage : un excès d'iode y accuse la présence de lamidon dissous, en produisant une combinaison bleue dont les flocons se contractent bientôt et se précipitent lentement. r ÉPURATION DE LA FÉCULE DES POMMES DE TERRE ET EXTRACTION DIRECTE DE L'HUILE ESSENTIELLE, On débarrasse l’amidon de corps étrangers par une lévigation ET DE LA DIASTASE. 293 qui laisse le sable, puis par des lavavages avec l'eau , l'alcool, l'acide acétique et l'ammoniaque, en ayant le soin d'éliminer par l'eau chacun des réactifs avant d’en employer un autre ?. Pour bien comprendre l'utilité des lavages successifs et jus- qu'à épuisement complet par ces agents, il faut se rappeler que la fécule formée par intus-susception de la substance amylacée, retient, interposées dans ses couches concentriques ou adhérentes à sa superficie, des traces de tous les corps que l’on trouve dans le suc des pommes de terre : ce sont notamment trois matières azotées, dont une soluble dans l’eau et l'alcool, une autre analogue à l'albumine, et une troisième semblable au caseum; deux prin- cipes colorants, dont l'un se développe sous l'influence de l’am- moniaque, lors même que tous les autres réactifs ci-dessus ont cessé d'agir, et font prendre à l'eau de lavage une nuance jaune fauve prononcée, une substance amère, une résine, de l'huile essentielle à odeur spéciale caractéristique de cette fécule, des ma- tières grasses dont une est cristallisable , de la cire, quelquefois de l'asparagine, de la solanine et de la chlorophylle, des phos- phaies et citrates de potasse et de chaux, parfois du sulfate de chaux et de la silice. On peut obtenir directement près de 2 grammes de l'huile essentielle brute en traitant 5 kil. de fécule répartis dans 10 fla- cons par 10 litres d'alcool le plus pur possible; on faïtgpasser successivement le même alcool dans chacun des 10 flacons, on agite fortement à chaque transvasement , on laisse déposer et lon observe une teinte jaunâtre graduellement plus foncée dans le liquide : lorsque celui-ci est arrivé dans le dixième vase et sy est éclairci par le repos on le décante, on le passe sur un double filtre, puis on Le distille au bain-marie. rs L'alcool recueilli sert à de nouveaux lavages dans lequels ils se charge encore graduellement en épurant de plus en plus la fécule. ! On pourrait remplacer l'acide acétique par l'acide chlorhydrique étendu de 500 volumes d'eau, et l'ammoniaque par de la soude ou de la potasse étendues de 2000 parties d'eau, mais d'épuration serait moins facile. 294 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE Après six ou huit séries de ces lavages et distillations, la fe- cule du premier flacon, qui a toujours reçu l'alcool le plus pur, offre plusieurs indices d'épuration; ses grains, plus adhérents entre eux, restent en une masse au fond du vase lorsqu'on dé- cante; elle est plus blanche et ne retient plus sensiblement l'odeur de fécule lorsqu'on la débarassée par l’eau de l'alcool interposé. Les résidus de toutes les distillations évaporés laissent une huile jaune fauve, en partie soluble dans l'eau, à laquelle elle communique l'odeur particulière à la fécule; cette huile dépose une substance cristalline, blanche, soluble dans l'alcool; elle donne, par la distillation sur l'eau, l'huile essentielle de pommes de terre, épurée. C'est surtout la fécule du premier flacon dont il convient d'achever l’'épuration à l'aide de l’eau, de l'acide acétique et de lammoniaque, qui tous enlèvent des corps étrangers. RÉACTION DES ACIDES SUR L'AMIDON. Les résultats connus de la réaction des acides sur l'amidon se trouvent, d’ailleurs, très-bien décrits chez les auteurs men- tionnés dans notre abrégé historique, nous croyons donc devoir nous dispenser de les rappeler ici. Nous ajouterons toutefois que le premier effet des acides sulfurique, chlorhydrique, azotique, tartrique, ne se borne pas, comme on l'avait généralement supposé, à rompre une enveloppe et à mettre en liberté une substance gommeuse interne; mais qu'il consiste à désagréger toute la substance amylacée et à lui faire perdre en la dissolvant les caractères dus à la structure spé- ciale que nous avons fait connaître; Que, l'acide acétique n’opérant pas un effet semblable, on peut tirer de cette différence un parti important pour la science et les applications que nous indiquerons plus loin. Parmi les réactions ultérieures des acides forts, l’une des plus ET DE LA DIASTASE. 295 intéressantes et des mieux connues, est celle de l'acide sulfuri- que, à l’aide duquel l'eau change l’amidon et la dextrine en une substance analogue à celle dite sucre de raisin, de diabète, et au sucre que produit l’action de la diastase. Nous avons vu plus haut querces réactions sont énergiquement entravées par la présence de l'iode. XYLOÏDINE. Au nombre des réactions les plus curieuses entre les acides et la substance amylacée, il faut ranger celle que l'acide azotique exerce en s'y combinant. Nous ne voulons pas ici parler de la transformation importante, mais depuis long-temps connue, de l'amidon en acide oxalique ; nous décrirons seulement descombinaisons nouvellement cons- tatées, dont une se réalise tout en conservant en grande partie une résistance et une insolubilité anologues à celles de la matière organique. Les notions suivantes, qui s’y rapportent, sont extraites d'une communication faite par M. Pelouze à l'Académie des sciences. Î IL ya quelques années M. Braconnot observa que l'acide ni- trique concentré convertit, l'amidon, le ligneux et quelques autres substances en une matière nouvelle qu'il nomma xyloï- dine. La composition de cette substance, les circonstances qui ac- compagnent sa formation, n’ont pas été examinées; ses propriétés principales étaient incomplétement déterminées ou inconnues : ma note, dit M. Pelouze, sans combler cette lacune, fera mieux connaître la xyloïdine. Si l'on fait un mélange d’amidon avec l'acide nitrique, ayant une densité de 1, 5, au bout de quelques minutes la dispari- tion de lamidon est complète, la liqueur conserve la teinte jaune de l'acide nitrique concentré, et aucun gaz ne se dégage; traitée immédiatement par l'eau, elle laisse précipiter la xyloïdine 296 DE L’'AMIDON, DE LA DEXTRINE tout entière, et la liqueur filtrée donne par l’évaporation à peine un résidu sensible. Si au lieu d'opérer la précipitation par l’eau aussitôt après la dissolution de lamidon, on abandonne la liqueur à elle-même dans un vase fermé, elle se colore peu à peu et affecte les teintes diverses d’un mélange d'acide nitrique et de deutoxide d'azote. L'eau y forme un précipité de xyloïdine, dont la quantité di- minue de plus en plus avec le temps; au bout de deux jours et quelquefois même de plusieurs heures elle cesse entièrement de se troubler. La xyloïdine a été détruite et transformée com- plétement en un nouvel acide que l'évaporation présente sous la forme d'une masse blanche solide, incristallisable, déliquescente, dont le poids et beaucoup plus considérable que celui de ami- don soumis à l'expérience. Du reste, il ne se produit ni acide carbonique, ni acide oxalique pendant cette réaction. La xyloïdine, premier produit de l'acide nitrique sur lami- don, résulte de l'union, équivalent à équivalent, de ces deux corps. Lorsqu'au lieu d'abandonner à la température ordinaire un mélange d'amidon et d'acide azotique concentré, on le porte à l'ébullition: l'amidon, décomposé en quelques minutes, produit le nouvel acide déliquescent qu’on obtient alors facilement pur et en très-grande quantité par une évaporation au bain-marie. Cet acide ne contient pas d'azote; il a quelques rapports avec l'acide oxalhydrique (acide-nitro-saccharique), mais il en diffère par sa composition. Une chaleur modérée le convertit en un au- tre acide de couleur noire, soluble dans l'eau, et susceptible de régénérer, sous l'influence de acide azotique, l'acide blanc don il dérive. L’acide azotique concentré, bouillant , l'attaque avec la plus grande difficulté ; à froid, il le change lentement en acide oxa- lique sans qu'il y ait production d’acide carbonique. Aïnsi par une oxydation lente, que détermine la présence d’unt ET.DE LA DIASTASE. 297 quantité convenable d’acide azotique concentré, l'amidon se con- vertit successivement en xyloïdine, en acide déliquescent et en acide oxalique, sans que le carbone participe au déplacement des autres éléments de ces matières. Ces réactions curieuses s’effec- tuent d’elles-mêmes à froid dans des vases fermés. La xyloïdine est combustible dans l'air à la température de 1 80° centésimaux ; elle prend feu, brüle presque sans résidu et avec beaucoup de yivacité. Cette propriété conduisit l’auteur à une expérience susceptible de plusieurs applications, particulière- ment dans l'artillerie 1. ! En plongeant du papier dans de l'acide azotique à 1, à de densité, l’y laissant le temps nécessaire pour qu'il en soit pénétré, ce qui a lieu en général au bout de deux ou trois minutes, puis l'en retirant pour le laver à grande eau, on obtient une espèce de parchemin impénétrable à l'humidité et d’une extrême com- bustibilité. Le même effet a lieu sur les tissus de chanvre, de lin et de coton. $ Le papier ou les tissus qui ont ainsi subi l’action de l'acide azotique doivent leurs propriétés nouvelles à la xyloïdine qui recouvre leurs fibrilles. On voit que, dans le composé remarquable caractérisé par les recherches de M. Pelouze, lamidon perd un équivalent d’eau qui est remplacé par un équivalent d'acide azotique, et joue le rôle de base; tandis que le même principe immédiat, en se combinant avec l’oxyde de plomb et perdant ainsi un équivalent d’eau, remplit le rôle d’un acide. é. RÉACTION DE LA DIASTASE SUR L’AMIDON. Parmi un si grand nombre de réactions susceptibles de bien caractériser l’amidon et de démontrer sa présence et ses propor- !,Hmoüs semble que dans la préparation des feux des mines et des pièces d'artifice, les papiers et cartonnages, rendus ainsi imperméables et très-combustibles, auraient une utilité réelle. 8. , 38 298 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE ions, aucune n'est aussi remarquable, aussi spéciale que celle de la diastase qui me reste à décrire. Cette substance constitue un principe actif, créé pendant la germination, et qui n'avait pas d’analogue dans la science, lors- que M. Persoz et moi nous sommes parvenus à l'isoler. Solide, blanche, amorphe, insoluble dans l'alcool pur, soluble dans l’eau et l'alcool! faible, sa solution aqueuse est neutre et sans saveur marquée; elle n’est point précipitée par le sous-acé- tate de plomb; abandonnée à elle-même, elle s’altère plus ou moins vite, suivant la température atmosphérique, devient acide et perd son énergique action sur la fécule; assez sèche pour être pulvérulente, elle se conserve longtemps; toutefois, au bout de deux ans, elle peut avoir perdu sa propriété principale. La diastase est bien caractérisée, soit par son inertie complète sur les teintures végétales sensibles aux acides et aux alcalis, sur l'albumine, le gluten, l'inuline, le sucre de canne, la gomme arabique , le ligneux !. Ë Caractérisée surtout par sa puissante action sur la fécule hy- dratée, qu’elle peut dissoudre et isoler ainsi de la plupart des prin- cipes immédiats ci-dessus énumérés, ainsi que de tous les corps insolubles auxquels elle serait mêlée, elle peut aussi éliminer de cette manière les corps étrangers adhérents à l'amidon, que lon croyait faire partie d’une enveloppe spéciale, mais qui, nettement chassés ainsi, ne bleuissent même plus par l'iode; elle agit sur l'amidon hydraté à chaud, d’abord en séparant ses groupes mo- léculaires, au point de détruire à l'instant tous les caractères de son agrégation spéciale. ! La diastase détermine la dissolution et la conversion en sucre d’une proportion de fécule soixante fois plus considérable que, celle opérée dans le même temps par l'acide sulfurique, tandis que, d'une autre part, ce dernier corps transforme complétement en sucre analogue à celui du raisin les quatre substances précédentes, sur lesquelles la diastase est sans influence; enfin la présence des carbonates de soude, de potasse ou de chaux, en faibles proportions, mais donnant au liquide les caractères marqués de J'alcalinité. (ce qui paralyserait d'action de l'acide) n'empêche pas la diastase de réagir. ET DE LA DIASTASE. 299 Cétte singulière propriété de ‘séparation justifie bien le nom de diastase donné à la substance qui la possède, et qui explique précisément ce fait. Dans le traitement dela fécule par la diastase, l'opération, con- venablement suivie, donne la dextrine plus blanche et plus pure qu'elle n’avait encore été préparée; aussi y retrouve-on émi- nemment.le grand pouvoir de rotation sur la lumière polarisée qui la caractérise, et qu'on n'obtient, à un degré égal, par aucun autre procédé; toutefois, la solution de la diastase, en présence de la dextrine , convertit cette dernière substance graduellement en-sucre, I faut que da température soit maintenue durant le contact de 65 à 75°; car, si lon chauffe jusqu’à l'ébullition da solution de diastase, elle perd la faculté d'agir sur la fécule et sur la dex- trine. La diastase existe dans les fruits de l'orge, de l'avoine et des blés germés, près des germes, mais non dans les radicelles; ‘elle n'existe ni dans les pousses, ni dans les racines dela pommedeterre, mais seulement dans le tubercule, près et autour du point d'in- sertion des jeunes-pousses, c’est-à-dire précisément à l'endroit où lon conçoit que sa réaction puisse être utile pour dissoudre la fécule; elle y est généralement accompagnée d’une substance azo- tée qui, comme elle, est soluble dans l’eau, msoluble dans l'alcool, mais qui en diffère par la propriété qu’elle a de se coaguler dans l'eau à la température de 65 à 75°; de ne point agir sur la fécule ni sur la dextrine; d’être précipitée dans ses solutions par le sous- acétate de plomb, et éliminée en grande partie par l'alcool avant la précipitation de la diastase. Nous avons encore retrouvé la dias- tase dans l'écorce, sous les bourgeons de l’aylanthus glandulosa , où la présence de l’amidon a été reconnue. Les céréales et les pommes de terre, avant la germination, ne manifestent point la présence de la diastase; on l'extrait de l'orge germée par les procédés suivants; et l’on en obtient d’autant plus que la germination a été plus régulière, et qu’en se développant, 38° 300 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE la gemmule s'est plus approchée d’une longueur égale à celle de chacun des grains”. EXTRACTION DE LA DIASTASE. Après avoir fait macérer l'orge germée en poudre dans l’eau à 25 ou 30° pendant quelques instants, on soumet le mélange pâteux à une forte pression, et l’on filtre la solution trouble : le liquide clair est chauffé dans un bain-marie à 75 degrés; cette tempéra- ture coagule la plus grande partie de la matière azotée, qu’on doit séparer alors par une nouvelle filtration; le liquide filtré, peut servir à différents essais comme diastase brute : il renferme le principe actif, plus un peu de matière azotée, de substance colorante, et une petite quantité de sucre; pour séparer ces corps étrangers, on verse, Jusqu'à cessation de précipité, de l'alcool an- hydre dans la liqueur: la diastase, ÿ étant insoluble, se dépose en flocons qu'on doit recueillir et dessécher à une basse tempé- rature, afin de ne pas laltérer; il faut surtout éviter de la chauffer humide jusqu'à go ou 100°. On l'obtient plus pure encore en la dissolvant dans l’eau et la précipitant de nouveau par l'alcool, surtout si l'on répète ces solutions et précipitations deux fois. Le charbon d'os n’altérant pas les solutions de diastase, on peut l'appliquer à leur décolo- ration. On prépare la diastase, exempte de matière azotée étrangère, sans coaguler celle-ci par l'élévation de la température, mais seulement par plusieurs précipitations à l’aide de l'alcool. Après chaque précipitation, il se dissout moins de cette substance, et la diastase devient de plus en plus blanche et pure. Voici le mode d'opérer : é On écrase dans un mortier l'orge fraîchement germée; on l'humecte avec environ son poids d’eau, on soumet ce mélange ! L'orge germée des brasseurs contient rarement plus de quatre à cinq millièmes de son poids de diastase pure. ET DE LA DIASTASE. 301 à une forte pression; le liquide qui en découle est mêlé avec assez d'alcool, pour détuire sa viscosité et précipiter la plus grande partie de la matière azotée, que l’on sépare à aide d'une filtration; la solution filtrée, précipitée par l'alcool, donne la diastase impure. On la purifie par trois solutions dans l’eau et précipitations par l'alcool; recueillie sur un filtre, elle est enle- vée humide, puis desséchte, en couches minces, sur des lames en verre, dans un courant d'air sec ou dans le vide, à 4o ou 45°. L'opération peut être rendue plus économique en évaporant ces solutions au bain-marie dans le vide, au-dessous de 70°, avant de précipiter la diastase par l'alcool. Lorsque extraction de ce principe immédiat nouveau a été faite avec soin, son énergie est telle qu'une partie en poids suffit pour liquéfier complétement deux mille parties de fécule. x DISSOLUTION ET TRANSFORMATION DE L'AMIDON PAR LA DIASTASE. Les phénomènes que présentent la dissolution graduée et le changement en sucre de la fécule, suivant les proportions de la diastase et de l’eau, la durée du contact et l'élévation de la tem- pérature, sont dignes d'attention; nous Cr de connaître les plus importants d'entre eux. Si Ton traite la fécule délayée à froid dans huit ou dix fois son poids d’eau, par 0,00 de diastase , en chauffant le mélange graduellement au bain-marie, la plus vive réaction s'opère entre les températures soutenues de 70 à 80°; elle est telle souvent, que, l’'amidon se dissolvant au fur et à mesure qu'il shydrate, les grains gonflés disparaissent successivement, et ce mélange n’ac- quiert pas une consistance d’empois. On s'assure, en mêlant une goutte de solution d'iode, que la totalité de lamidon est trans- formée, ce qui a lieu au bout de trois heures de réaction, si la diastase était bien pure. Une légère proportion de substance amylacée reste quelqufois engagée dans le mélange, sans que sa présence soit décelée par 302 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE liode ; mais, séparée du sucre par d'alcool ; elle reste avec lardex- trine et se sépare ensuite lorsqu'on dissout celle-ci dans l'alcool faible à 0,35 ou 0,4. La fécule préalablement hydratée et gonflée par l’eau, ayant une cohésion moindre, est très-rapidemrent transformée par la diastase. Lorsque, par exemple, une proportion suffisinte dediastase est projetée dans de l’'empois à la température de 70 à 75°, qu’une vive agitation multiplie les points de contact où la réac- tion s'opère, une liquéfaction subite a lieu. Les figures de la case 2, piaché V, font bien voir les effets de cette réaction : au moment où l'amidon est gonflé par vingt fois son poids d’eau à 80° figure À, une goutte de l’empois, mise sous le microscope, présente des grains que lon peut colorer en bleu par l'iode, sous les formes des figures A’, À'. Une minute après l'addition dela diastase, lesmélange liquide n'offre plus de grains, et l'iode ne le colore plus qu’en violet de moins en moins foncé, comme l'indiquent les teintes B, B', B', B”. Une autre ‘expérience ‘très-curieuse, que MM. Dutrochet et Dumas 6nt faite pour observer la réaction de la diastase, consiste à placer dans une petite cavité, entre deux lames de verre; quel- ques gouttes de solution étendue de diastase et plusieurs grams de fécule, puis à chauffer graduellement sous le microscope. En observant avec attention, on voit les grains se gonfler, puis s’é- panouir aussitôt; ils disparaissent tous successivement aïnsi dès que la réaction vive commence, entre 65 tet 70 degrés centési- maux, Après la réaction complète de la diastase , il ne reste plusd'in- soluble que des traces de corps étrangers qui adhéraient à l'ami- don. Ces matières varient suivant les différentes fécules ‘et les soins apportés à leur épuration. Leur proportion excède rarement 0,008 à 0,004, du poids total. Les moyens d'épuration que nous avons donnés les réduisent à moins de 0,0005. Nous croyons devoir reproduire ‘ici la plupart des résultats ET DE LA DIASTASE. 303, intéressants, obtenus par M. Guérin, relativement aux, circons- tances diverses dans lesquelles il a fait réagir la diastase ?. À une température de 70 à 75 degrés, 100 parties d’amidon avec 1000 parties d’eau, et 1,7 partie, de diastase, ajoutée en deux fois, n’ont donné que, 17,58 parties de sucre, Tout le reste de lamidon pur était, sans aucun doute, alors transformé en dextrine, et il dut en être, de même pour les essais suivants. Il est résulté d’une deuxième expérience que 1 00 parties d’ami- don, converties en empois avec environ 3900 parties d’eau, puis mêlées , à la température de 60; à 65°, avec 6,13 parties de dias- tase dissoute dans 4o parties d’eau, fournissent 91 parties de sucre. M. Dubrunfaut est arrivé aussi à augmenter les proportions de sucre en augmentant la. quantité, d’eau: pendant la réaction de l'orge germée. j La réaction de la diastase a lieu dans le vide à 20°: et après vingt-quatre heures, 12,25 de diastase produisent, avec 100 parties d’amidon converti en empois, 77,64 parties de sucre; à froid la diastase fluidifie, encore lempois; en, effet, un résultat semblable eut lieu à 0°: 100 parties d’'amidon fournirent 12,82 de sucre, que l’on détermina par les produits de la fermentation. C'est sans contredit, comme le dit l'auteur, un résultat surpre- nant que de voir la diastase, qui n’est ni acide, ni alcaline, li- quéfier et saccharifier aussi rapidement l’empois à la température de la glace fondante.. Enfin, en prévenant la congélation à l’aide du sel marin, M, Guérin est parvenu à constater que la diastase fluidifie l'empois d'amidon entre — 12° et — 5°, et qu'il ne se produit pasalors la moindre quantité de sucre, mais bien exclusivement de la dextrine. GLUCOSE ET DEXTRINE, PRODUITES PAR, LA RÉAGTION: DE-LA PIASTASE, SUR L’AMIDON. | Fa la réaction, de la diastase sur l'amidon ne laisse plus 1 D ? L'auteur ait préparé cet agent d'après le premier procédé décrit par MM. Payen et Persoz. 4 304 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE aucune particule colorable en violet rougeâtre par l'iode, le pro- duit contient de la dextrine et de la glucose. Voici d’abord les carctères communs à ces deux substances et qui les distinguent de l'amidon : Elles sont très-solubles dans l’eau et dans l'alcool faible. Dissoutes dans l'eau , elles ne sont point précipitées par le ta- nin, le sous-acétate de plomb, la chaux ni la barÿyte; l'iodé ne les colore pas en bleu. Tous ces réactifs exercent, au contraire, par les phénomènes que nous avons décrits, leur influence remarquable sur les so- lutions d'amidon. Ni le charbon d'os, ni l’alumine en gelée, aucun des composés binaires, des acides, des oxydes, des sels métalliques, soit neu- tres, soit à réaction acide ou alcaline, essayés isolément, ne pré- cipitent la glucose ni la dextrine ainsi obtenues. L'alcool à" 95 centièmes où anhydre ne dissout ni lune ni l'autre. Toutefois, les propriétés caractéristiques suivantes séparent nettement l'un de l'autre ces deux produits de la réaction de la diastase. La glucose est dissoute par l'alcool à 84 centièmes , tandis que la dextrine est précipitée par cet agent et se rassemble hydratée au fond du vase. Elle offre une saveur sucrée, tandis que la dextrine, légère- ment mucilagineuse, est sans saveur marquée, soluble dans l'alcool à 0,30, moins soluble dans l'alcool, à 0,40, et insoluble dans l'alcool à 0,80. Sous l'influence de l’eau et d’une température convenable, la glucose se transforme en alcool et en acide carbonique. Placée dans les mêmes circonstances, la dextrine ne donne pas d'alcool ; elle communique à la bière une propriété mucilagineuse, re- tient l'acide carbonique, rend la mousse persistante Ar recon- naître cette boisson obtenue des grains ou de la fécule, et la distingue de celle qu'on a essayé de préparer avec d'autres ma- ET DE LA DIASTASE. 305 tières sucrées contenant peu ou point de substances gommeuses. C'estencore à cette matière que lon doit attribuer les effets:de la bière dans la peinture, effets reproduits et variés dans les ap- plications de la dextrine. La dextrine, sous l'influence de quatre ou cinq volumes d’eau , aiguisée d’un centième d'acide sulfurique chauffé à 100°, se transforme en glucose, identique avec celle que produit la dias- tase. Le sucre que donne la diastase est beaucoup plus difhcile à dessécher et plus hygroscopique que la dextrine; la composition chimique de ce sucre, d’après les analyses de M. Guérin et de M. Péligot, est la même que celle du sucre de raisin; tous deux ne donnent que des cristaux mous. 100 d'amidon desséché dans le vide sec à froid, et retenant un équivalent d’eau, représentent 100 de sucre provenant de la réaction de l'acide ou de la diastase, et desséché le plus pos- sible. - à» 100 d’amidon desséché dans Île vide à + 1/40°, représentés par 2 (C* HS O0? H O), donnent 111,13 du même sucre séché au maximum, que représente la formule C:5 H2 (9 RU 3 H2 O d’après M. Péligot, formule qui s'accorde d’ailleurs avec la com- position en centièmes des analyses antérieures, par MM. Prout, de Saussure et Guéxin. d' Enfin les ‘expériences de M. Biot ont prouvé que la din obtenue par la diastase exerce une déviation à droite sur le plan de polarisation de la lumière, au même degré pour des masses égales, que l’'amidon à l’état normal. Les sucres obtenus de l’'amidon par la diastase ou par l'acide sulfurique , et celui de diabète, désignés sous le nom de glucose par M. Dumas, sont doués tous trois d’un même pouvoir de rO- tation à droite, mais ils l’exercent avec une intensité considéra- blement moindre que la dextrine. 8. . 306 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE En comparant la composition de la substance amylacée ou de la dextrine avec les formules de la glucose et du sucre, on peut concevoir l'espérance de faire naître un corps intermédiaire du plus haut intérêt. En effet, l'amidon ainsi que la dextrine, dans un de leurs états les plus stables, capables de s'engager tels dans d’autres combi- naisons , se peuvent représenter par la formule C2, His O°, HO = C4 H® Ov. $ La glucose produite par une hydratation de lamidon sous plusieurs influences, desséchée à + 130°, est représentée par C2, H°: O, tandis que le sucre de canne, soit cristallisé, soit uni à la chaux ou à la baryte, équivaut à (CPE IRÈFE OZ + c’est-à-dire à la combimaison exactement intermédiaire entre le point de départ : l'amidon ou la dextrine, et le produit, ou la glucose au maximum de dessiccation. Il semble donc que pour changer la fécule en sucre de canne, il suffirait d'arrêter à point l’hydratation ou de ménager les pro- portions des agents ou les circonstances, de manière à tomber directement sur cet important terme intermédiaire. C’est dans cette direction que je poursuis actuellement une de mes séries de recherches. PROPRIÉTÉS DE L'AMIDON À DEMI DÉSAGRÉGE PAR LA DIASTASE. Nous avons vu que la diastase peut mettre en dissolution deux mulle fois son poids de fécule. Si l'on arrête la réaction en portant à 100° la température aussitôt que la fluidité s'opère, puis que l'on fasse rapprocher le ET DE LA DIASTASE. 307 liquide en consistance sirupeuse, on observera que la matière est devenue opaque après le refroidissement ; delayée dans l’eau, une forte proportion refusera de s'y dissoudre; lavée jusqu'à l'épuisement de tout ce qui était soluble, elle est redissoute, pour la plus grande partie, dans l'eau chauffée à 65 degrés; entretenue en solution aqueuse entre 70 et 80°, elle laisse peu à peu déposer les corps étrangers et les parties peu désagrégées. La, solution filtrée, rapidement évaporée, puis desséchée en ôuches minces, présente alors l'amidon à demi désagrégé, inco- lore et diaphane. Il est insipide et neutre; exposé à l'air saturé d'humidité, il s'y gonfle, reste en plaques souples mais cassantes; plongé dans l’eau froide, il se gonfle d'avantage, absorbe plus d'eau mais reste un peu élastique, conserve encore ses formes et présente les mêmes cassures anguleuses. Chauffé à 65° dans l’eau, il se dissout ; le liquide évaporé devient de plus en plus sirupeux; redesséché il reprend ses carac- tères primitifs; mis en contact avec l’eau froide sans aucune agi- tation , il ne s'en dissout que très-peu, et l'iode accuse à peine sa présence dans le liquide. Mais si on le broie à sec ou mouillé, puis qu’on l’étende d’eau, le liquide, même filtré, en contient une très-notable proportion, et se colore fortement en un violet se rapprochant d'autant moins du bleu qu’ on à versé plus d’iode. s Tous les liquides froids, diaphanes, obtenus par les précédentes réactions de l'eau, et qui contiennent de l’amidon pur, sont trou- blés par l'alcool en quantité suffisante et d'autant moindre que lamidon a été moins divisé, ou moins longtemps ffé en con- tact avec l’eau. ° Si l'on étend d’eau à l'instant même, le précipité. se redissout ; si l'onattendait quelques heures la même a pourrait plus éclaircir la liqueur, bien que le précipité fût d’une assez grande tenuité encore pour rester en suspension, et que, chauffé dans cet excès d’eau, il fût dissous et ne reparût plus 39° 308 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE dans lédiquide refroidi, à moins qu'on n'y ajoutât de nouveau un assez grand excès d'alcool. On démontre donc ainsi que la plus légère cohésion sufhit pour rendre lamidon insoluble et que ce- pendant, très-sensiblement désagrégé, le‘principe immédiat con- serve une propension forte à une réagrégation notable. Lorsqu'on a employé seulement la proportion d'alcool néces- saire pour faire apparaitre l'amidon en suspension, ‘et que lon soumet le liquide troublé à l'élévation graduée de la température, il s’élaireit entre le 65 et 66° degré, puis il se trouble de nouveau en refroidissant. Ces phénomènes peuvent être reproduits un grand nombre de fois. Ils offrent encore une analogie frappante avec ceux que produit liodure d’amidon par la chaleur, et s'ex- pliquent de la même-manière. Sous l'influence d’un grand excès d'alcool, la solution aqueuse froide de lamidon laisse ‘cette substance précipitée insoluble à chaud comme à froid. Si l'on traite des diverses fécules par 100 fois leur poids d’eau chauffée avec elles. jusqu'à 100°, et que lon filtre, le liquide diaphane sera d'autant plus promptement précipité, avec de. moindres proportions d'alcool et en flocons d'autant plus volumi- neux, qu'il proviendra de fécules plus grosses, douées d’une plus forte cohésion ; qu'enfin il aura été chauffé moins longtemps. L'amidon précipité par l'alcool n’est pas altéré, car; recueilli, lavé, puis desséché à basse température, à l'air ou dans le vide, il jouit de toutes les propriétés qui le caractérisent si bien; les réactions suivantes résultent encore des dispositions organiques précitées: elles offrent de nouveaux exemples de contraction! de la substance lacée. PHÉNOMÈNES OBSERVÉS PAR LE CONTAGT DU TANIN. Les iquides aqueux, diaphanes, froids, qui contiennent l'ami- donoffrent,; à de légères modifications près, les phénomènes suivants: Leg ET DE LA DIASTASE. 309 La solution du tanin les trouble et produit ensuite un pré- cipité qui se réunit en flocons allongés gris, opaques, puis en magma au fond du vase. Les mêmes liquides, préalablement bleuis par liode, sont subi- tement décolorés par la solution astringente; un précipité gri- sâtre se dépose ensuite; la solution du tanin empêche complète- ment les réactions de la diastase sur lamidon. Si dans une solution aqueuse, filtrée, refroidie, d'amidon, obte- nue d’un partie de fécule dissoute à chaud dans 100 d’eau, l'on verse peu à peu la solution du tanin pur de M. Pelouze non observe d’abordun précipité laiteux que l'excès de la première solution peut redissoudre. 4 Puis un précipité plus abondant, qui rend le liquide blanc opaque, ne se dépose pas, même au bout de six heures, ne se dissout pas, même dans beaucoup d'eau qe il rend opaque ou opaline pendant plusieurs jours. Plus abondant encore par une nouvelle addition du tanin, le précipité rénd le liquide plus opaque (au bout d'un ou de plusieurs jours, une partie du précipité se dépose en magma adhésif, la chaleur le fait redissoudre et le refroidissement le fait reparaître en suspengjon). Si l'on fractionne les solütions d’amidon troublées par le tanin et qu’on observe une partie de chacune d’elles sous l'influence de la chaleur, on verra qu’elles deviennent toutes limpides, par des élévations de température qui varient avec la proportion du com- posé et reprennent leur opacité par le refroidissement. Ainsi le liquide contenant déjà assez de précipité pour être opaque à 20° dans un tube de six millimètres, devient diaphane chauffé à 36°; refroidi à 30° il commence à se troubler et à re- prendre graduellement son opacité première. Ces derniers phénomènes, reproduits plusieurs fois avec le même liquide, sont encore analogues à ceux que présente le: composé bleu sous l'influence des variations de température. 310 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE PROPRIÉTÉS CARACTÉRISTIQUES COMMUNES ,AUX FÉCULES AMYLACÉES EXTRAITES DE DIVERSES PLANTES À DIFFÉRENTES ÉPOQUES DE LA VÉGÉTATION, En employant l'iode, les acides, les sels, la congélation et les autres agents qui produisent avec l’amidon de pomme de terre les phénomènes décrits ci-dessus et plus loin, on obtient les mêmes résultats avec plusieurs autres amidons, sauf de légères modi- fications dues aux variétés de cohésion entre les particules amy- lacées ; ainsi la fécule des panais, si fine et si facilement attaquable à l'eau, traitée de la même mamière, laisse apparaître des flocons d’une belle nuance bleue, mais d’une finesse très-grande, qui semble être en rapport avec la ténuité de la fécule employée, et * la plus faible agrégation de ses parties. Les mêmes causes expliquent la plus grande promptitude de son hydratation et des diverses actions chimiques, exercées sur elle. On obtient des résultats analogues avec Famidon, plus fin encore, de l'endosperme des graines du nyctago hortensis (mira- bilis jalapa, belle-de-nuit). Les fécules suivantes ont encore les mêmes propriétés carac- téristiques, bien qu'elles offrent dans la PHataues tif) de leurs grains plusieurs particularités. On trouve dans la racine tuberculeuse de Figname (dioscorea alata) une fécule ayant des figures assez variées; un grand nombre de ses grains sont plus où moins irrégulièrement arrondis; d'autres ont une forme ellipsoïde ou celle d’un cylindre terminé par deux portions de sphéroïde. U Parmi ces derniers, le corps cylindrique est dans quelques- uns plus ou moins infléchi; enfin dans plusieurs on remarque un contour triangulaire dont les côtés sont curvilignes et les angles arrondis. Les grains de lamidon des FAT de Lonalel crenata , venus à maturité, ont aussi la plupart une conformation remar- ET DE LA DIASTASE. 311 quable décrite figure 4, planche IV; tous laissent distinctement voir, à partir du hile, les lignes excentriques qui indiquent l’ac- croissement progressif de la sécrétion amylacée. OBSERVATIONS SUR LES CARACTÈRES DE, L'AMIDON À L'ÉTAT NAISSANT, ET PARTICU- LARITÉS RELATIVES À CE PRINCIPE IMMÉDIAT DANS QUELQUES LÉGUMINEUSES. Afin de rechercher si les mêmes propriétés existaient dans l'amidon à l’état naissant ou très-jeune , j'examinai cette sécré tion au moment où elle se montre dans les cotylédons encore baïgnés par le liquide sucré de l'ovule du pisum sativum. Ses grains, très-petits alors, offrirent aussi les caractères phy- siques et chimiques qui précèdent et ceux que nous exposerons plus loin ; une particularité remarquable dans leurs formes a été décrite et figurée planche VIT, figure 4 bis. Dans les cotylédons de la fève commune on trouve des grains d’amidon plus sinueux encore. L’amidon extrait des haricots et des lentilles présente des grains qui se dessinent par des contours moins sinueux que les précédents. Enfin, l’amidon , en très-petite quantité dans les graines de colutea arborescens (baguenaudier), est en grains excessivement “petits, qui sont arrondis quoique plus ou moins irréguliers. La configuration smueuse, contournée ou vermiforme, obser- vée dans plusieurs graines des légumineuses, ne se retrouve donc pas dans toutes au même degré; elle offre un exemple de plus des variétés de formes que peut affecter l'amidon dans les cir- constances légèrement variables où se produit cette sécrétion, sans que les caractères physiques essentiels ni la composition chi- mique soient différents. AMIDON COMPLÉTEMENT ÉPURÉ, DISSOLUTION, SANS RESTE APPRÉCIABLE PAR LA DIASTASE ET L'EAU AIGUISÉE, D'ACIDE SULFURIQUE. Voici un résultat dont je dois les premiers indicesà M. Beudant: lorsque ce savant s’occupait d'appliquer avec tant de succès, en ee» 312 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE grand, la réaction de la diastase, la très-faible proportion du résidu de cette réaction lui fit-penser qu'il pouvait être dû à des corps étrangers, et nôn à un tégument d’une autre nature que l'amidon. Je suis parvenu à démontrer cette hypothèse en débar- rassant l’'amidon dé pommes de terre des corps étrangers à l’aide du procédé décrit pages 292 à 294. L’amidon est alors d’une blan- cheur éclatante, soluble sans reste appréciable dans l'eau, par la diastase comme par l’eau aiguisée d'acide sulfurique. Il a servi en cel.état aux expériences optiques de M. Biot, et m'a permis d'ob- server, sous l'influence d’une hydratation plus rapide, une-trans- formation plus complète de lamidon par la diastase, et d'obtenir ainsi un sirop plus sucré, immédiatement limpide. ANALYSE COMPARÉE DE L'AMIDON ET DE SES PARTIES LE PLUS FORTEMENT AGREÉGÉES. Afin de reconnaître s'il existait des différences dans la compo- sition élémentaire de l’amidon doué de plus ou moins de cohé- sion, J'ai cru devoir comparer la composition des parties agrégées le plus fortement, le moins altérables par conséquent, pendant leur séparation, avec celle de l'amidon:intact. A cet effet l'amidon, épuré par les procédés ci-dessus décrits, fut chauffé à la température de go degrés dans 100 fois son poids d’eau; tous ses grains étant ainsi dilatés ou rompus, on laissa refroidir à 0°; puis on élimina les portions les plus désa- grégées ou dissoutes, au moyen de lavages successifs par 100 fois le volume de toute la masse d’eau à o°, puis enfin, par une pression très-lentement graduée de la substance mise entre vingt doubles de papier à filtre lavé. L'amidon le plus résistant, ayant été obtenu ainsi très-pur, fut ensuite desséché dans le vide sec à froid; on le réduisit en poudre, puis la dessiccation fut alors achevée dans le vide sec et au bain d'huile chauffé à 1002. 0%, 445, brülés avec tous les soins utiles, ont donné en eau 260 millig. et en acide carbo- nique 707 millig. d’où l'on a déduit la composition suivante : en ET DE LA DIASTASE. 313 Carbone’. LT L4,0 Hydrogène . ...... 6,4 — 100,0 Oxygène .....!... 49,6 Et la formule : C2, H!, O*. C’est la même que celle de lamidon pur. Or, les parties qui ont le plus de cohésion ayant la même composition élémentaire que lamidon tout entier; les portions de celui-ci qui ont une cohésion moindre ne sauraient avoir une composition différente ; toute la substance constitue donc un seul principe immédiat or- ganique. EXTRACTION DE LA DEXTRINE PURE. Les moyens dont je me suis servi pour éliminer complétement le sucre de la dextrine, dans le produit non colorable par l’iode de la réaction de la diastase sur l’amidon, exigent du temps et de la patience; car, après la dissolution par l'alcool faible et la précipitation par l'alcool, on n'obtient qu’une solution alcoolique contenant plus de sucre que de dextrine, et un précipité renfer- mant plus de dextrine que de sucre. En redissolvant dans l'eau et précipitant encore sans employer un excès d'alcool, le même phénomène se passe , et la dextrine précipitée est seulement moins impure. Ce n’est qu’en réitérant jusqu’à 10 fois cette manipulation, et sacrifiant une grande partie de la dextrine, qu'on obtient l’autre portion de celle-ci entièrement exempte de sucre. En cet état, elle se dessèche facilement en couches minces, dans un courant d’air sec et sans conserver d’adhérence avec les corps polis, la porcelaine ou le verre, par exemple, tandis que mélangée avec le sucre elle adhère au point qu'après sa dessicca- tion, on ne peut l'enlever sans arracher une partie de la subs- tance même des vases; la dextrine diaphane incolore offre d’ail- leurs l'ensemble des caractères précédemment décrits. 8. Ld 314 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE POUVOIR DE ROTATION DE LA DEXTRINE. M. Biot voulut bien me demander un échantillon de la dex- trine ainsi obtenue, afin d'observer son pouvoir de rotation à droite sur la lumière polarisée, et il le trouva égal à celui de lamidon récemment mis en dissolution par l'eau bouillante ou par d’autres agents. La composition chimique s'accorde bien, comme on va le voir, avec cette observation directe d’un pouvoir moléculaire eons- tant. ANALYSE DE LA DEXTRINE. L'analyse de la dextrine desséchée à 100° dans le vide sec a donné les-résultats suivants ‘pour cent parties : EXPÉRIENCE. FORMULE. RU pan nn 44,0 | C= 0,44,444 Ho. .... 6,59 | H°— 0,06,172 Pc (6 ea, fre ne h9,;41 | O — 0,49,384 } Elle représente donc la composition de la dextrine qui se se trouve ainsi être égale à celle de lamidon pur. COMPOSITION ÉLÉMENTAIRE DE L'AMIDON DE DIVERSES PLANTES ET DES PRODUITS DE SA DISSOLUTION; POIDS ATOMIQUE DE L'AMIDON ET DE LA DEXTRINE, ET DÉFINITION DE LA NATÜRE CHIMIQUE DE CES DEUX CORPS. F Les faits précédemment exposés démontrent qu'au milieu de ces nombreuses modifications l’amidon conserve toutes ses pro- priétés chimiques; qu'on y peut reconnaître ses caractères phy- siques ne en tenant compte des différences plus ou moins prononcées d'agrégation entre ses particules intégrantes ; qu’ une simple action mécanique peut produire plusieurs degrés de cette L LA L désagrégation ; ET DE LA DIASTASE. 315 Que, mieux encore, l’eau avec l’aide de la chaleur et de l'ac- tion mécanique, permet de pousser plus loin la désagrégation sans atteindre à ses limites: Qu'enfin plusieurs agents chimiques : la diastase, les acides sulfurique, chlorhydrique, tartrique, etc. opèrent rapidement la dissolution entière de d'amidon, ne lui laissant aucun des caractères dus à cette agrégation particulière, parfois impercep- tible directement, mais pourtant d’une tenacité remarquable : cest donc une dernière transformation par suite de laquelle l'extensibilité, la contractilité sont détruites, de même que la faculté de se teindre, par la combinaison de l'iode, en bleu ou dans les diverses nuances de violet, et jusqu'au rouge, Suivant les degrés de sa division; maïs: toutes ses propriétés mcontes- tablement chimiques lui restent. ÿ Minsi donc, l'amidon intact et ses parties les plus contractiles ou les plus contractées ont la même composition chimique que le produit de sa plus complète dissolution; mais en était-il de même des états intermédiaires?cela paraissait rationnel; cependant plusieurs caractères remarquables pouvaient porter à penser, soit que deux ou plusieurs substances différentes préexistassent dans l’amidon, soit qu’elles fussent produites par le concours de l'hy- dratation, des broyages et de la chaleur; qu’ainsi elles présente- rent, malgré leurs propriétés communes, des différences dans leur composition chimique; il restait encore à vérifier si les fe- cules, offrant des formes et des cohésions variées, extraites des fruits, des graines, des tubercules et des racines de plantes diffé- rentes, contenaient bien le même principe immédiat, comme l'in- diquaient leurs propriétés et de nombreuses réactions chimiques; enfin, si le produit de la dissolution de ce principe, à l’aide de l'acide sulfurique ou des alcalis, avait réellement la même composition que la dextrine produite par la diastase. Toutesices questions ne pouvaient être définitivement résolues que par les analyses immédiates et élémentaires de diverses fe- cules. 4o° 316 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE ANALYSES COMPARÉES DES PARTIES PLUS RÉSISTANTES ET DE CELLES QUI SONT PLUS DISSOLUBLES DANS LES GRAINS D’AMIDON. J'ai extrait avec soin, à l’aide de broyages et lavages réitérés à froid et à 100°, 1° les parties le moins agrégées dans la fé- cule; 2° les portions qui, douées de plus de cohésion naturelle, en acquièrent davantage en se resserrant par l’évaporation. Les substances furent d’ailleurs réduites en poudre fine et amenées chacune à la limite ultime de siccité, sans altération avant d’être analysées ?. Voici les résultats obtenus en opérant ainsi : 1°. Analyse de la portion le plus fortement agrégée ?. A. Desséchée entre 75 et 80° centésimaux à l'air. .B. Nouvelle quantité obtenue par les mêmes moyens; dessé- chée dans le vide sec à la température soutenue de 100°. A 40,073 “cl 6,442 Oxygène... sms ve songe sIntelocs Hs nee SEA . | 53,585 | 49,380 100 2° Analyse de Ia partie le plus aisément désagrégeable *. A. Desséchée de 100 à 105° dans le vide sec. B. Partie semblable tirée de la fécule de maranta arundinacea., desséchée à 100° dans le vide. ! Tous les détails de ces analyses se trouvant consignés dans les Annales de chimie, t. CCXXV, je n'ai pas cru devoir les reproduire ici. 1 Elle avait été extraite par les procédés décrits pour la préparation des deux parties, qu'on supposait être des principes de nature spéciale dans l’amidon. 3 Elle fut extraite suivant les procédés indiqués de la troisième partie, que l'on supposait constituer dans l'amidon un principe immédiat. ET DE LA DIASTASE.. 317 3°. Analyse de l'amidon intact épuré par l'alcool et l’eat. A. Fécule de pommes de terre desséchée directement dans le vide sec, à la température de 100°, B. Fécule de panais séchée dans le yide sec à 100°. C. Amidon des fèves, remarquable par ses gibbosités et sa configuration sinueuse, desséché à 100° dans le vide. D. Fécule de maranta arundinacea, desséchée à 200° dans le vide sec: A B C Carbone... ......, valu mis | 43,81 | 44,45 | 444 Ilydrogène 6,10 6,39 6 Oxygène 50,09 | 49,16 49,6 4° Analyses comparées de l’'amidon dissous par divers agents. (Dextrine.) Cette série de recherches était utile pour reconnaître si le produit de la dissolution intégrale de l'amidon, par des agents chimiques très-différents , avait une composition chimique iden- tique avec celle de lamidon intact et ses parties plus ou moins agrégées. [ À. Jexaminai d’abord une substance obtenue en grand, à l'aide d’une température soutenue entre 200 et.210°, qui rend la fécule en grande partie soluble. . A laide de lavages à chaud et à froid par l'alcool à 36°, puis à 30°, on lui enleva la plus grande partie de lamatière colorante; 318 - DE L'AMIDON, DE. LA DEXTRINE son épuration fut achevée par solution dans l’eau à 90°, filtra- tion et fapprochement, précipitation par l'alcool et dessiccation. Dissoute alors dans l’eau chaude, filtrée, puis évaporée à sec, on Pobtint diaphane et cassante; réduite en poudre fine et séchée dans l'air à 80° de température, son analyse a offert les résul- tats_ qui. suivent, indiqués colonne À du tableau ci-après. Une portion de la même substance, desséchée à 100° dans le vidé, ’a perdu 0,025; ce qui donnerait pour sa composition dans cet état de siccité les nombres de la colonne B:. Un produit commercial analogue, la dextrine de MM. Heuré, conserve aussi les formes des grains de fécules; il est plus so- luble et presque incolore ; purihié de même, il'a donné'la dex- trine blanche et diaphane comme du cristal: Son ee présente les nombres de la colonne C: La dessiccation avait eu lieu à + 100° dans le vide sec. On rendit l’'amidon soluble à froid par un procédé analogue à celui que M. Biot emploie pour obtenir la dextrine : en le tri- turant avec son poids d’acide sulfurique concentré, délayant et broyant le magma avec moitié de son volume d'eau, laissant en contact pendant une heure, précipitant par l'alcool et délayant dans l'eau (dix fois-alternativement, afin-d’éliminer les: dernières traces de sucre), faisant dissoudre, filtrer, puis rapprocher à sic- cités; on broie alors; on dessèche: dans levide sec, à la tempéra- ture de 100°; analysé en cet état, cet amidon soluble-a donné les résultats de la colonne D: On obtint.encore la: dissolubilité de lamidon, quoique à un bien moindre degré, en le traitant par 0,5 de son poids de:soude où de ‘potasse pures, dissoutes dans 20 fois leur poids d'eau, te- nant pendant dix à douze heures le mélange à la température de 50 à Go°, et l'agitant de temps à autre, séparant ensuite les corps étrangers par l'acide acétique, puis; comme ci-dessus, par l'alcool et l’eau alternativement; enfin: à l’aide d'une: fdtration et de l'évaporationäisiccité; lasubstance desséchée alors à 80° donna les nombres contenus dans la colonne E. ET DE LA DIASTASE. 319 La même ‘substance, desséchée à 100° dans le vide sec, per- dit 0,0095, ce qui ramène sa composition aux nombres’F. B 442 | 44,27 | 43,59 6 |. 6,27 6,11 | 6,17 6,1 | 498 4946 | 50,32 | 50,83 | 49,5 Ainsi donc toutes les substances analysées furent représentées, après leur dessiccation complète, par la formule : C22 Hi O5 ou C2 ‘2° O0. I restait encore à comparer de poids atomique dela dextrine avec celui qu'on admet pour l’amidon, et à vérifier celui-ci afin de résoudre complétement la question ‘si longtemps débaïttue, et de contrôler tous les résultats précédents. Ces nouvelles re- cherches offraient des difficultés d’un autre genre, que je suis enfin parvenu à surmonter. ÉQUIVALENT DE LA DEXTRINE DÉDUIT DE SES COMBINAISONS AVEC LE PROTOXYDE DE PLOMB ET AVEC LA BAMTE. La dextrine obtenue ‘pure et soluble offre de dernier degré de désagrégation de la fécule amylacée ; ‘aussi ne peut-on préci- piter ses solutions par aucun des nombreux agents, l'alcool ex- cepté, qui contractent lamidon gonflé où dissous dans l’eau, et décèlent en lui des propriétés dépendantes de l'organisme ou du groupement particulier de ses molécules intégrantes. Supposant que, si la dextrine n'avait pu être précipitée par l'un des oxydes métalliques qui se combinent avec le plus grand nombre des substances organiques, cela pouvait tenir, soit à ce que la combinaison était soluble, soit à ce qu'elle n’avait pas été possible en présence d’un acide, même faible, j'essayai 320 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE d'abord de faire intervenir des dissolvants peu énergiques, sa- turés de dextrine, puis une base inerte sur la substance orga- nique, mais capable de rompre l'équilibre , en sollicitant l'acide faible, uni à loxyde métallique, puis enfin les deux moyens réunis. Voici les résultats des recherches entreprises d’après ces vues : La dextrine dissoute jusqu'à saturation dans l'alcool à 0,56°, la température étant + 24°, se déposait hydratée, sirupeuse, et en proportions d'autant plus fortes que la température s’abais- sait d'avantage; on la redissolvait en chauffant de nouveau à 24° et en agitant. Ces solutions, en proportions diverses, étaient abondamment précipitées par l'alcool anhydre ou à 0,95. Aucune d'elles ne fut troublée par les solutions aqueuses d’acétate neutre ou tri- basique de plomb, ni même par une solution saturée d'acétate neutre, dans l'alcool à 0,56. Les mêmes faits furent observés en mêlant ensemble des solutions saturées de dextrine et d’acétate de plomb dans l'al- cool à 0,4. j Ce premier ordre de moyens ne procurant pas encore la précipitation de la dextrine combinée, on tenta le deuxième procédé. : A cet effet, un excès d’'ammoniaque fut ajouté dans une solu- üon aqueuse étendue d’acétate neutre de plomb; le liquide filtré commença, au bout de quelques heures, à déposer des cristaux blancs, très-fins, aiguillés, brillants. Avant comme après la cristallisation, les solutions aqueuses d'a- cétate de plomb, contenant encore un excès d'ammoniaque , don- nèrent, avec les solutions de dextrine, un précipité blanc, opaque, très-volumineux, soluble par une addition d’acide acétique ”. ! La présence de l'excès d'ammoniaque est la cause déterminante de la réaction, sans doute parce que cette base ‘s'unit à l'acide acétique, tandis que l'oxyde de plomb se porte sur la dextrine; en effet, les cristaux aïgnillés, bien lavés et séchés dans le vide, ne retiennent plus d'ammoniaque, et leur dissolution ne précipite plus la dextrine. La précipitation a lieu si on ajoute alors de l'ammoniaque au mélange. ET DE LA DIASTASE,. 321 Voici des résultats obtenus en employant, pour précipiter la dextrine, l’acétate ammoniacal !, qui pourra s'appliquer à la dé- termination du poids atomique de quelques autres matières or- -ganiques difficiles à combiner. 5 décigrammes de dextrinate de plomb (obtenu en versant la dextrine dans un excès du réactif, bien lavé, égoutté, séché à 50° dans! le vide sec), brülés, ont laissé un résidu de protoxyde de plomb:pesant 2,89, quantité qui était, par conséquent, unie avec 2,11 de dextrine, D'où l’on tire: 2,19 : 2,11 :: 1394,9 : 1018,1. Or, la composition élémentaire de la dextrine, telle que je J'ai indiquée, donnerait RER ASE N EE A5o [5 URL ge LC ol62.50—= 1019, LOPN OA EL Pi à ME te Donc le poids de dextrine, équivalant à loxyde de plomb, peut être égal à 1012,5. Afin de vérifier s'il n'existait pas un autre composé, je chan- geai ainsi des circonstances dela réaction : l'acétate ammoniacal en solution aqueuse froide fut versé peu à peu et en agitant beaucoup. dans une solution chaude de dextrine; on voyait à chaque addition un précipité se former et disparaître par le mou- vement. | + On continua ainsi jusqu'à ce qu'il se produisit un précipité permanent , égal à peu près, en volume, à la moitié de ce que pouvait donner une partie de la même solution par un excès du réactif. 11Je désigne ainsi, par abréviation, la solution d'acétate de plomb tribasique, contenant de l'acétate d'ammoniaque, plus un excès d'ammoniaque. (Voir Annales de chimie, t. XXXVII, p- 66, mon Mémoire sur les acétates et l'hydrate de protoxyde de plomb) 8 x 1 322 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE Le précipité, recueilli et lavé à l'abri de l'acide carbonique, fut dissous à chaud, et la solution évaporée dans une cornue jusqu'à ce que la température de l’ébullition fût égale 01159; refroidie alors fan excès d’ammoniaque reproduisit le précipité qui fut recueilli, lavé, égoutté, séché L. La combinaison ainsi épurée fut desséchée' à 100°, jusqu'à cessation de perte; mise alors en poudre impalpable, elle: laissa dégager une nouvelle quantité d’eau à la même température; complétement brülée, elle donna les résultats suivants : sur 3 décigrammes, qui se sont réduits dans trois expériences à 1 1,10:—2°, 1,2:— 3°, 1,225; moyennc, 1202, ’ d'où l’on tire 120,2 : 179,8 :: 1294,5 : 2086. En admettant que ce fût la combinaison définie, le poids atomique de la dextrine devait être représenté par C* H?° Or, résultat que notre premier essai rendait probable, car il était relatif à la combinaison riche en oxyde métallique qui devait être bibasique. Un autre réactif, la solution de baryte dans l'esprit-de-bois, découvert par MM. Dumas et Péligot, pouvant contrôler ces premiers résultats, J'étudiai quelques-unes de ses propriétés rela- tives à la dextrine. L'esprit-de-bois, marquant 97° à lalcoomètre Gay-Lussac, étendu de son volume d’eau, peut être mêlé en toutes propor- tions avec la solution saturée de dextrine, dans l’alcool à 0,56, sans quil y ait précipitation; mais ce mélange est précipité en flocons volumineux par lacétate de plomb ammoniacal. I en est de même de la solution de dextrme dans l’esprit-de-bois à ! La combinaison de dextrine qui surnageait le précipité, séparée par l'alcool et calcinée à l'air, laissa incinérer la matière organique en révivifiant ; à très-peu près, la totalité du plomb en sphéroïdes; celui-ci, complétement brûlé par trois additions d'acide azotique, représente- rail un équivalent pour six de dextrine. ET, DE LA DIASTASE. 323 0,. Un excès, ie cette solution fait redissoudre le précipité, surtout à chaud ; par le refroidissement, il se dépose une partie de da dextrine en flocons hydratés. J'essayai donc de trouver encore le poids atomique de la dextrine dissoute dans l'alcool à o°,56 ou dans l’esprit-de-bois à 0,5 en la combinant avec la baryte dissoute dans l’esprit-de-bois étendu de son volume d’eau, lavant avec le même dissolvant à l'abri du contact de l'air ou, du moins, de l'acide carbonique, desséchant dans le vide, etc. !. Le composé de bäryte et de dextrme, préparé sec à l’aide de toutes les précautions minutieuses ? indiquées, au point où son incinération entre plusieurs/temps d’une température soutenue donnait des produits sensiblement égaux, a présenté les nombres ci-après dans trois expériences : ° 3 décigrames ont laissé en résidu: 17, 0,96; —2°, 0,9; —3°, 0,99,;—moyenne, 0,95, ou 95,5 de baryte pour 204,5 de dexirine; d'où l’on tire 95,5 : 204,5 :: 9b6,09 : 2040. Et enfin cette conclusion que la composition atomique de la dextrine peut être représentée par la formule C* H° 0°. 0 Afin de: contrôler définitivement tous les résultats qui pré- cèdent, je me décidai à déterminer par l’oxyde de plomb la composition du composé dé dextrine et d'oxyde de ee 6 afin ! Voyez les détails de cette difficile opération, Annales de chimie, t. LXV, p. 225. 4 IL retient l’eau avec une telle tenacité que, devenu solide et pnivéralent sous l'influence d'un courant d'air sec, sans acide carbonique, à une température de 100° soutenue durant dix beures, sa perte, par Tiacinératon, après un boursouflement considérable, a été de 231 mil- ligrammes sur 361 : il ne restait que 69 de baryte. Or, 69 : 231 :: 956,9 : 3203; déduisant de ce nombre l'équivalent de la dextrine y engagée, ou 2042, il reste 1161 ou sensiblement dix atomes d’eau. Séché de même à + 140’, il conserve sept équivalents d’eau et se boursoufle encore avant de brûler. hi1° 324 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE d'en comparer les nombres avec'ceux que donnerait ‘la compo” sion définie du même ordre avec lamidon. 19,8 4) L'analyse élémentaire du dextrinate DRRRIQRE de’ plomb a donné les résultats suivants : Carbone M umrur ae 1,58 : Hydrogène .......... 0,22 } 3,57 A à OXYPETE ARS PR 1,77) (842 Protoxyde Fa un CALE AT 4,85 PES Et la relation entre l’oxyde et la dextrine: 485 :3,57 :: 2789: 2052 ou la formule 2 Pb O,'C#H2:07 que l’on déduit, soit de la somme des éléments de la substance organique, soit encore de leur poids proportionnel entre eux. Le dextrinate neutre donnait lieu aux mêmes conclusions et sa formule paraissait être Pb 0; Gp H°; O!t!: La dextrine ainsi combinée offrait donc un cas d’isomérie avec le sucre de canne. Toutefois, comme ce dernier contient à l’état libre un atome d’eau qu'on peut lui enlever en le combinant, M. Dumas pensa qu'il en devait être de même de la dextrine, et, après avoir vérifié ce doute par des analyses sur les deux dextrinates desse- chés à + 180° dans le vide, 1l m'engagea à m'en assurer de mon côté ; en conséquence, je soumis le dextrinate bibasique en poudre impalpable, et qui m'avait fourni la dose précédemment ;ana- lysée, à une nouvelle dessiccation dans le vide sec, deux fois à une température de. 175 à 180°. Ce composé, de blanc qu'il était, avait pris, par cette éléva- ton de température, une teinte jaune fauve, mais il était resté soluble dans l'acide acétique faible, sans dégagement de gaz et sans coloration. Il n'avait donc pas subi d’altération sensible. 353,6 milligrammes furent réduits dans cette opération à ET DE LA DIASTASE: 325 344,7, d'ou l'on voit que les 8/2 milligrammes analysés se se- raient réduits à 820, équivalant à : CRAQUER 158,0 | 0 EN His 19,7} — 935,0 WAR, SES 157,3 = 820,0 PDO RE RARE AE 485,0 Ces nombres correspondent à la formule C2 HS O° 2 PbO, dans laquelle le carbone est à l'hydrogène :: 917,28 : 112,32, ou encore :: 158 : 19,45 et le dextrinate est à la matière orga- nique :: 4718 : 1929 ou encore :: 820 : 335,2. En comparant tous les nombres de la formule avec ceux de l'analyse, on trouve : Calcul. Expérience. GA Li re HE 900 19,25 19,2 [A NE MEN ASE Li 112,0 2,38 2,4 O2 Hoat tas al 900,0 19,37 19,3 APDO ue » rite 2789,0 59,0 59,1 4701,5 100,00 100,00 Le dextrinate neutre de plomb, par sa dessiccation à + 175° centésimaux, perdit, relativement à la substance organique, une égale proportion d'eau. Ainsi donc la dextrine, aussi sèche qu’on puisse l'obtenir, est représentée par C?: H? 0; mais elle contient alors 1 équivalent d'eau en combinaison; on peut le lui enlever après qu'on l'a combinée avec l'oxyde de plomb, et alors son poids atomique devient C2 H 0° = 191255. Il restait encore à rechercher si le poids atomique de l’ami- don pur était le même que celui de la dextrine. Je préparai donc un amylate bibasique de plomb en traitant 2 grammes d’amidon pur par 250 grammes d'eau; portant à 326 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE l'ébullition, qui fut soutenue 20 minutes sans évaporation, tout le liquide, mis sur deux filtres, donna une solution limpide, qui fut versée dans un excès de la solution d’acétate de plomb ammo- niacal; le précipité, recueilli sur un filtre, lavé, séché, égoutté dans le vide sec jusqu'à la température de 1 80° centésimaux, prit alors une nuance fauve semblable à celle du dextrinate soumis à la même température. L'analyse élémentaire de cet amylate a donné les résultats suivants : M=8:245 1010653210 2:97; d'où 112.0 nas RONA re —1100 1,97 — 0,2188 — (OR MEN = 17,912 276,5 TO: ALES ON ERP —= 117,024 Pb O: : :: —%5;126 82,450 Dans ces nombres, la proportion de l’oxyde est trop faible pour correspondre exactement au composé bibasique ; mais la forma- tion d’une petite quantité d'amylate neutre suffisait pour expliquer ce résultat. Je crus cépendant devoir assayer de me rapprocher plus éxpé- rimentalement des formules rationnelles, et, à cet effet, je pré- parai une dose d’amylate, en prenant plus de précautions pour éviter la formation de l'amylate neutre; voici les résultats de son analyse : M2854/ 2, CO=6/ 071095) d'où l’on tire 276,0" :470,0 00:52 fr pt GO HE 7720 ESS Me 0 A RE rene Le 5 a 21:66) —"972 10 190% Hur00 0 MORT Te 173,34 | RO eee AU 482,09 84,19 11 ET DE LA DIASTASE. . 327 On voit que la base diffère encore ici de la proportion théo- rique; quant à la formule de la substance organique, elle pidre aussi exactement que possible avec ces nombres. M. Berzélius était arrivé à la même conclusion en employant le sous-nitrate de plomb pour précipiter une solution d’amidon bouillante, mêlée d'ammoniaque ; seulement n'ayant poussé la dessiccation qu’à 100°, Famylate était resté blanc et avait conservé un équivalent d’eau !. Enfin ce célèbre chimiste avait autrefois annoncé ? qu'il n'était pas possible, par cette méthode, de saisir exactement le moment où il ne se forme pas d’amylate neutre de plomb ni de sous-nitrate insoluble. J'espérais toutefois y parvenir à l'aide d’un nouveau réactif, qui me permettait l'emploi d’un excès d'ammoniaque dans les deux liquides : cette opération eut un entier succès. ñ PRÉPARATION DE L'AMYLATE BIBASIQUE DE PLOMB. On chaufle à 100°, en agitant 10 grammes de fécule pure dans 1,200 grammes d’eau ; le liquide filtré est porté à l’'ébulli- tion et l’on y ajoute 20 centimètres cubes d’ammoniaque préa- lablement étendue dans 4o centimètres cubes d’eau. On verse alors en agitant le tout. dans l’acétate de plomb ammoniacal en excès dissous et limpide. On prépare cette solution en ajoutant 5 grammes d'ammo- niaque à la solution bouillie de 30 grammes d’acétate de plomb neutre dans 200 grammes d’eau, ce qui “donne lieu dans le li- quide à la réaction suivante : { 3 at. acétate neutre cristallisé., 7125,0. 1 al. acétate tribasique... 4959 3 at. ammoniaque absolue... ... 643,5 | __ 2 at. acétate ammoniaq. . + 1719 — }1 at. ammoniaque....... 214,5 77685 8 at. eau... :.. os 900 768,5 } En sorte que la formule-adoptée en dernier lieu par M. Berzélius et M. Liebig est 1 ou 1 PbO, C# H?0 O1 exactement équivalente à 1 ou 2.PbO, C* H'8 O9 + H:0. ? Anciennes Annales de chimie, t: XCV. 328 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE L'acétate d’ammoniaque rend stable lacétate tribasique, maloré l'excès d’ammoniaque; et la présence de cette base dans les deux solutions empêche la formation de l'acétate neutre ou de l'acétate sesqui-basique, que lamidon ne décomposerait pas. Le précipité d’amylate de plomb se dépose; on décante, et on remplace par une égale quantité d’eau bouillante. On répète quatre fois ces lavages, toujours en vases clos; on recueille le dépôt sur un filtre lavé à l’eau bouillante ; on remplit quatre fois successivement le filtre d’eau bouillante, aussitôt que la plus grande partie du liquide est égouttée, mais sans attendre que l'amylate ait pris un retrait qui le ferait fendiller; on doit laisser les filtrations s’opérer sous une cloche où l'air soit privé d'acide carbonique, par la potasse ou la soude. Après la dernière addition d’eau, on laisse égoutter pendant deux à trois heures; on enveloppe le filtre dans six doubles de papier non collé; on commence la dessiccation dans le vide, au- dessus de la potasse sèche; on lachève à + 180°, avec les pré- cautions ordinaires, mais surtout après avoir réduit la matière en poudre impalpable. L’amylate de plomb donne alors constam- ment, soit par la combustion, soit par l'analyse élémentaire, la composition représentée par C?, H!$, 0°, 2P60. Voici les résultats de lanalyse de lamylate bibasique de plomb : ] 5 SUP VAL URL AEISAR 22,5 OMS Le s 5 17245) 07810 (CARPE CEREErRE 178,8 | = 90,90 2 PDO: ARR UT EE TR os 536,2 Ces nombres comparés à ceux de la formule donnent : Calcul. Expérience. AM En diBbhee 19/45 1 Uhg66 Mn cu EUR 112,0 2,38 2,47 0 ENS ra es 13.100000 19,17 19,07 2PbO as N 19 78960 59,0 58,90 h719,74 100,00 100,00 ET DE LA DIASTASE: 329 On prépareide la même manière-le dextrinate bibasique ‘de plomb, sauf une moindre’ proportion d’eau, pour dissoudre la dextrine; le produit est plus constant et plus aisément obtenu que par les autre moyens. M. Berzélius, dans une lettre du 7 mai dernier, fit savoir à l'Académie des sciences de Paris que, tous mes résultats ayant été vérifiés par un chimiste allemand très-exercé ) et trouvés exacts, il ne conservait de doute que relativement au dernier atome d’eau enlevé à d’amidon comme à la dextrine. M. Dumas vérifia-bientôt après sés analyses du dextrinate de plomb; de mon côté, les expériences annoncées par M.Berzélius me conduisirent à exécuter de nouvelles analyses, dont voici les résultats (le poids du carbone étant 37,2) : EXPÉPIENCES mm | MOYENNE. | Amylate de plomb employé. ..... EE Se ” Oxyde. ..... L 0,528 | 0,536 Amylatede plomb obtenu. . {: Carbone... .|: | 0,180 | 0,167 » : . :| 0,199:! 0,191 LA Ë Carbone. .…...| 47,34 | 47,40 | 46,64 | 47,48 Hydrogène. .… $ 5 5,83 Oxygène... 46,68 | 47,47 | 46,69 Équiyalents en centièmes de la matière organique. . .. 160,00 100,06 [100,00 La matière employée dans la première analyse avait été ob- tenue de la fécule pure, traitée par cent fois .son poids d’eau bouillante, n puis. combinée intégralement avec l'oxyde de plomb, sans rien séparer préalablement par le filtre. 42 330 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE Les trois analyses suivantes furent faites sur deux autres amylates préparés avec une solution d'amidon filtré. La température de la dessiccation pour la première expérience fut égale à 135° pendant trois heures dans le vide sec ; pour les essais suivants, on porta la température à 170°; enfin les pre- mière et troisième analyses ont été faites par M.!Schmershall et moi, la deuxième par M. Schmersahll! seul, et la quatrième par moi seul. Les nombres suivants prouvent que la formule C?: HE O° s ac- corde bien avec lamoyenne et chacune des analyses; ilsconfirment les résultats précédents !. Calêulé. épnr doge CHRIS NE 704 HPSFOU 8/2 47525 -hk,23 Se: See 548,8 \ ou 4583 5,85 | = 100 OR TETE 900,0. 46,65 46,91 POIDS SPÉCIFIQUE DE L'AMIDON. La détermination exacte du poids de l’amidon, comparé à celui de l’eau sous le même volume, présentait d’assez grandes difficultés, en raison surtout de l'hydratabilité de la substance et de l’adhérence de l'air interposé. Voici comment je suis parvenu dernièrement à Kobterrir en Opérant sur de la fécule de pomme de terre épurée et préalablement desséchée dans 1e vide sec, à Ja température de 120°, soutenue pendant six heures. Dans un petit ballon à col étroit, taré, j'introduisis, jusqu'à la moitié environ de sa capacité, de l'huile de moelle filtrée, dé: barrassée d’eau et de gaz, dan le vide à 100°; la fécule fut alors ajouté peu à peu, en agitant sans cesse, afin de bien imprégner tous ses grains. On soumit alors ce mélange dans le vide à 1 Nous avons fait observer, plus haut, quien émployant le éhlorate de potasse et lé nouvel appareil (voyez Annales de chimie, t. 1, 3° série, p.54), la plus forte proportion de carbone obtenue laisse la méme formule, en admettant, pour Aa du carbone, le EE 75, actuellement adopté d'après M. Dumas: ET DE LA DIASTASE, Le 331 l'action d’une température soutenue à 100°, pendant dix heures; entagitant encore de temps à autre, et jusqu'à cessation de dé- gagement aériforme, le ballon fut refroidi à + 19°,75, rempli d'huile jusqu'à une ligne de niveau tracée au point le plus étroit du col, pesé en cet état, puis vidé, rempli d’eau distillée exactement au même point, pesé de nouveau, On peut ainsi comparer le poids du volume de fécule avec des volumes égaux d'huile déplacée, puis celle-ci avec le même volume d’eau, enfin rapporter à ce dernier le poids de la fécule. Voici les nombres de l’une de ces expériences, qui, répétée trois fois, donna les mêmes résultats : ; LE Substance employée. ........................ 127109", Huile plus fécule:..:.421.4.1:..244400.. 100 34107 Huile occupant le volume du vase............... 29, 32 - Huile dépéacée par la fécule...,............... 29, 32 — 2 1,96 — 7,36 Poids de l’eau remplissant le ballon............. — 32,045 Rapport de l'huile à l'eau. .... 20,32 : 32045 :: 7,36 : 8,044 :: g15 : 1000 Rapport de la densité de l’eau au poids spécifique de l'amidon. 8044 : 12109 : : 1000 : 1505,5 Ainsi, à volume égal, l’'amidon pèse moitié plus que l'eau, ou le poids de celle-ci étant 1,000, celui de l’amidon est 105,5, pour la température de + 19,65. 11 diffère donc du poids spé- cifique du sucre, qui a été trouvé être de 1606,06. Pour une témpérature soutenue durant deux heures à 200°, Pamidon dans l'huile éprouva un commencement d’altération : des bulles de gaz se dégagèrent; sa couleur devint fauve et son poids spécifique fut porté à 1555. Cette augmentation de poids résultait surtout du dégagement des produits hydrogénés for- més aux dépens d’une portion de la substance. POIDS SPÉGIFIQUE DE LA DEXTRINE. La dextrine pulvérisée, desséchée à + 1 20°, puis à + 1 25° dans 42 Fe 332 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE le vide sec, pesée alternativement dans l'air et dans l'huile, avec les précautions ci-dessus indiquées, donna les nombres suivants: Poids de la dextrine employée.......4...,.:.... 7:900 Huile (plusidextne- cn" "#46" CR PR re 32,480 Poids de l'huile contenue dans le ballon plein. . ... 29,320 Huïle déplacée par la dextrine.........:....... h,74o Rapport de la densité de l'huile à celle de l'eau. ... 474: 5189 Rapport entre le poids de l'eau et celui de la dextrine. 5189 : 79 :: 1000 : 1520 Ainsi le poids spécifique de l'amidon est à celui de la dextrine comme 1,505 est à 1,20. Ce résultat est d'accord avec l'observation de la diminution de volunie observée pendant la conversion de la fécule en dextrine, mais il se pourrait bien que l'un et l’autre effet dépendissent d'un simple resserrement mécanique qui aurait complété l'expul- sion des dernières traces d'air interposées. TERMES D'HYDRATATION DE LA DEXTRINE. , EL Afin d'obtenir sur la dextrine des influences égales à celles exercées sur l’'amidon, j'employai dans cette série d'essais de la fécule convertie en dextrine sans déformation. Restée ainsi en grains, on ne: put constater de terme précis d'hydratation dans l'air saturé d'humidité, parce qu’elle fut liquéfiée par l'eau absor- bée; mais exposée à l'air en couches minces pendant huit à douze jours, l'hygromètre ayant marqué 0,60 à 0,68 et le thermomètre + 20 à +- 14°, elle retint 4 équivalents d'eau; exposée 24 à 48 heures dans lé vide sec, soutenu à + 100 comme à + 140°, elle ne retenait plus Ru que l'atome constituant ; ainsi tous les nombres des quatre premières lignes du tableau relatif aux degrés d’hydratation de l'amidon, s'appliquent exactement à la dextrine. Ainsi donc, la dextrine, par sa a composition élémentaire, son poids atomique et ses termes d'hydratation, comme aussi par ET DE LA DIASTASE. 333 son action moléculaire sur la lumière polarisée, est identique avec l'amidon. Là dextrine et l’'amidon offrent les mêmes relations entre leurs principes constituants et manifestent des phénomènes très-divers sous l'influence d'agents nombreux; mais ces phénomènes ne démontrent pas des ‘propriétés inhérentes à une combinaison moléculaire; ils dépendent surtout de lagrégation des parti- cules. ? 8 On peut, en effet, les faire tous varier par un grand nombre de modifications qui ne changent absolument rien à la composi- üon ni au poids atomique dela matière. : . Ainsi l'amidon, toujours identique chimiquement, mais sécrété par différents végétaux ou sous des influences variables de sol et de saison, ou encore à différents âges, présente des volumes et des degrés de cohésion très-divers ; soumis à de simples actions mécaniques, il produit avec l'eau, l'alcool, la potasse, la soude, la baryte, l'iode, le tanin, l’acétate de plomb, les sels neutres, etc. une foule de réactions spéciales. : Divisé plus encore par la diastase, les acides puissants ou les alcalis caustiques, agents qui différent extrêmement par leur composition et leurs réactions chimiques, l'amidon produit alors -graduellement plusieurs phénomènes nouveaux en rapport avec le degré de la désagrégation opérée; puis, tout à coup, sa dis- solution complète semble avoir anéanti toutes ses facultés ca- ractéristiques, on n’en obtient plus ni colorations, ni précipités, par aucun des agents employés jusque-là avec succès pour les produire. . I semble qu'il n'y ait plus pour son nouvel état de combi- naisons énergiques possibles. Cependant, sous tant de formes, la composition intime n'a point varié, et je viens de démontrer qu'à l'aide de nouveaux efforts on obtient avec les bases des combinaisons définies semblables, d’où l'on déduit un même poids atomique. Tel que le donne la végétation, ce principe immédiat possède 334 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE donc des formes organiques spéciales qui paraissent modifier:sa densité et persistent même dans leur dissolution aqueuse! ; leur contractilité et leur extensibilité apparaissent au contact d'une foule de réactifs. i C'est un exemple remarquable d'application des moyens qu'of- frent la chimie et la physique, pour étudier un corps déjà sur la limite de l'organisation appréciable par d’autres procédés, suivre toutes les phases d'une désorganisation graduellement opérée jusqu’à sa complète dissolution, et pour en saisir même certains termes qui offrent d'utiles applications. Je crois pouvoir encore conclure de ce genre de recherches que, tout en arrivant par des voies diverses à transformer l'ami- don en dextrme et dans tous les degrés intermédiaires , jamais on ne remontera de la dextrine ou de ses congénères à lamidon, pas plus qu'on ne parviendrait à former artificiellement une seule utricule, un tissu organisé, un organe ASUS de la repro- duction végétale. k DÉFINITION DE LA NATURE CHIMIQUE DE L'AMIDON ET DE LA DEXTRINF. Considéré sous les rapports chimiques, l'âmitlôn pur à l'état normal, tel qu'on peut l'extraire des plantes, est un principe” im- médiat. . C'est un principe immédiat aux mêmes titres que le liyneux, que la substance des cellules végétales ?. : Pour être appelés à jouer le plus directement possible ce rôle important dans la constitution des plantes et des animaux, les 1 Cette dissolution filtrée se trouble au bout de quelque temps, et laisse peu à peu préci- piter la substance encore membraniforme; mais alors, sans doute, ses particules sont dispo- sées dans un autre ordre, car ni le liquide, ni le précipité ne reproduisent la belle coloration bleue avec l'iode. ? Des recherches chimiques, que je dois multiplier avant de présenter leurs résultats, me portent à penser que la substance des premières formations cellulaires diffère du ligneux, et que le gluten ne constitue pas un tissu dans le périsperme du blé, mais biengun dépôt de matière azotée qui, dissous ultérieurement par un agent spécial , favorisera les premiers déve- loppements de la plantule. ET: DE LA DIASTASE. 335 principes immédiats ne doivent-ils pas remplir les conditions sui- vantes:: être, à l'abri des changements spontanés, par conséquent incristalhisables et garantis contre la tendance de s'engager dans des combinaisons cristallines, propension si commune aux corps inorganisés ? Leurs particules ne sont-elles pas douées d’une prédisposition à s'agréger entre elles sous des formes en quelque sorte membra- neuses ? Après les nombreuses expériences que nous venons de décrire, on ne saurait nier que la substance amylacée membraniforme, à l'état libre ou combinée, ne réunit ces conditions; que de plus, roulée.en globules par couches concentriques, elle ne fût assez stable pour se conserver longtemps et assez peu attaquable pour se tenir en réserve, prête à céder, ses particules aux agents des développements ultérieurs des organes végétaux. Si la-substance propre de divers tissus a paru jusqu'ici d'une nature plus complexe, ne serait-ce pas qu'il resterait à éliminer du principe immédiat formant chaque enveloppe les corps étran- gers à sa constitution, sécrétés, excrétés ou enveloppés pans elle? DEXTRINE. L’amidon, qui offre une constitution moléculaire identique avec celle de la dextrine, diffère cependant par l’arrangement de ses. particules , c’est-à-dire de ses groupes moléculaires. Cette agrégation est remarquable par les phénomènes physiques cu- rieux, qu'on, doit lui attribuer, et non-seulement en raison. de la variété que sa désagrégation introduit graduellement dans ces phénomènes, mais,encore et surtout, elle est digne du plus ‘aut. intérêt par la singulière propriété que cet arrangement spécial lui ‘donne, d'entrer. en combinaison avec l'iode, combinaison qui partout signale sa présence et ses moindres altérations, mais qui estinsuffisante pour la prouver. - Un: tel pouvoir, inhérent aux rapports de présence entre les 3306 DE L’AMIDON, DE LA DEXTRINE groupes de particules, qui la modifie lorsqu'on trouble ces rap- ports, qui disparaît lorsqu'on les ‘détruit; ce pouvoir remar- quable établit entre la dextrine si complétement soluble, lamidon insoluble directement, une isomérie spéciale Lies ca- ractérisée, qui existe avec une identité de composition.et de di- verses réactions moléculaires évidemment incontestables. INULINE COMPARÉE AVEC L'AMIDON. Propriétés nouvelles, composilion et transformation isomérique. Ce principe immédiat, trouvé d’abord dans la racine de l'inula helenium, par M. Rose; puis par MM. Pelletier, Caventou et Gau- thier, dans les racines de colchique et de pyrèthre, constitue, comme je l'ai démontré, la plus grande partie de la substance solide des topinambours et des dahlias, tubereules qui, d'ailleurs, ne renferment pas d'amidon. Certaines analogies remarquables entre ce dernier corps et l’inuline ayant porté quelques observa- teurs à douter que ces deux substances fussent réellement diffé- rentes, 1l m'a semblé ‘utile de chercher à établir entre elles une véritable identité, ou des différences caractéristiques qui ne per- missent plus de la confondre. Voici les principaux résultats des expériences entreprises dans cette vue. L’inuline dissoute dans l’eau, à la température de 100°, se dé- pose, après le refroidissement, en un précipité qui, vu au -mi- croscope, se compose de sphérules incolores diaphanes, parfois adhérentes entre elles et réunies en chapelets. Si l’on a opéré la dissolution en vases clos à une température plus élevée que l’eau bouillante, la précipitation a lieu plus lentement, et forme de plus gros globules: c'est ainsi qu'un tube contenant le mélange d’eau et'd’inuline, porté dans un bain d'huile à + 1 70°, pendant dix minutes, conserva longtemps la dissolution d'inuline diaphane; au bout de trois mois, le dépôt, graduellement augmenté, formait des plaques translucides sur les parois , et cette couche continue montra, sous le microscope, de petits sphéroïdes adhérant les ET DE LA! DIASTASE, 1 ” 337 uns aux autres; ils avaient la plupart environ 3 centièmes de millimètre de diamètre, se détachaient en séries linéaires sur les bords du dépôt; presque tous étaient recouverts de très-petits globules semblables. Tous ces corps isolés ou réunis étaient peu consistants, fragiles, se brisant en éclats anguleux sous une lé- gère pression. L'inuline, exposée à sec dans un tube plongé dans un bain d'huile à + 168°, éprouva une fusion complète sans coloration sensible, pourvu que la réaction ne fût pas prolongée et n’eût lieu que sur une quantité peu considérable. L'inuline était alors devenue soluble dans l’eau froide et même dans l'alcool; il me parut curieux de comparer la composition de linuline sous ces deux états. Voici les résultats des analyses : INULINE INULINE normale séchée fondue à + 168°. Substance employée. ............ CHER LEO DEEE ARENA DURITUOE See te ee ce Rien = Mailble se rietee Cet eleitieine Carbone Hydrogène. . . f ° Oxygène... .…. On voit que, sous les deux états, l’inuline a la même composi- tion élémentaire, et c'est encore la ‘composition de l'amidon et de la dextrine; on peut conclure de là que l’amidon, la dexirine, Tinuline normale et l'inuline fondue présentent quatre subs- tances isomériques. Plusieurs propriétés remarquables caractérisent encore l'inu- line, la distinguent de l'amidon, et offrent des moyens de sépa- 8. 43 338 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE ration entre ces deux principes immédiats. L'inuline, non-seule- ment est rendue soluble et transformée en glucose parles acides sulfurique, phosphorique, etc. mais elle éprouve même cette al- tération à l'aide de la chaleur, sous l'influence de l'acide acétique, qui n'attaque pas sensiblement l’amidon dans des circonstances semblables; d’un autre côté, la diastase, qui agit si énergique- ment sur l'amidon, n’altère pas l'inuline, et lui laisse la propriété d’être précipitée spontanément d'une solution aqueuse peu éten- due, faite à chaud, puis refroidie. Ainsi, d’un mélange d’amidon et d'inulie, on peut, à volonté, éliminer linuline, que lon fait dissoudre par l'acide acétique ou l'amidon rendu soluble par l'eau et la diastase!. , POINT DE VUE PHYSIOLOGIQUE. ÉTUDE DE L’AMIDON DANS SES DÉVELOPPEMENTS VARIÉS ET SES RAPPORTS AVEG LA GERMINATION ET LA NUTRITION DES PLANTES. ORGANES QUI CONTIENNENT DE L'AMIDON, TISSUS QUI EN SONT DÉPOURVUS:; INFLUENCE DE LA LUMIÈRE SUR LA SÉCRÉTION DE CE PRINCIPE IMMÉDIAT, Tous les organes d’un grand nombre de plantes peuvent, dans des circonstances favorables, sécréter la substance amyla- cée, et plus tard la dissoudre pour la laisser concourir alors à la nutrition végétale. Cependant on ne rencontre jamais l’amidon dans les tissus qui sont à l’état rudimentaire; ceux-ci ne recelent encore que les prin- cipes immédiats indispensables à leurs premiers développements, principes que J'ai depuis longtemps démontrés être alors constam- ? En s'unissant aux bases, l'inuline présente des phénomènes caractéristiques à étudier; c'est ainsi que, dissoute et versée dans une dissolution de baryte, elle donne un précipité blanc, opaque, volumineux, susceptible d'être redissous par une addition d'inuline. ET DE LA DIASTASE. 339 ment réunis : les uns très-riches en azote, les autres non azotés. Ainsi , les spongioles des radicelles, les plus jeunes rudiments des bourgeons foliacéset fructifères , l'intérieur des ovules non fécondés et sans aucune exception, toute EN naissante est dépourvu de fécule amylacée. Cela se conçoit, car celle-ci seprésente un excès de principe aässimilable, sécrété et mis en réserve seulement après que les organes ont atteint un certain développement. Je n’ai pas rencontré non plus d’amidon dans les vaisseaux ni dans les méats intercellulaires; c’est qu'il n'y peut passer sans doute qu'après une transformation qui, le rendant soluble, lui Ôte ses caractères distinctifs. L'amidon ne se trouve pas dans l’épiderme, et manque pres- que toujours dans les premières cellules des tissus sous-jacents. Cela dérive, je crois, d’une loi générale de sa formation : eneffet, soit qu'une vitalité plus grande ou qu’une assimilation plus efh- cace, par. les agents aériens, ait lieu dans les points rapprochés de air et de là lumière, lamidon est exclu de ces parties jusqu’à une certaine profondeur, passé laquelle les grains com- mencent à se montrer; puis augmentent en nombre comme en volume dans les cellules de. is en plus éloignées de la super- ficie jusqu'à certaines limites; il en est de même des organes foliacés qui, sous la terre, sont parfois abondants en fécule, les écailles de divers bulbes, par exemple, tandis qu’ils en contiennent peu ou point s'ils sont exposés à l'air ou à la lumière. --Nous:allons citer quelques faits à l'appui de ces assertions. Si. l'on coupe une tranche très-mince d’un rhizome de canna discolor par un plan perpendiculaire à l'axe, et que l’on examine successivement, sous le microscope, toutes les parties du tissu, depuis la couche extérieure jusqu’au centre, on ne trouve aucun grain de fécule ni dans l’'épiderme, ni dans les cellules TA g ni dans celles qui suivent, jusqu'à une profondeur de 8 à 10. Dans les cellules suivantes, les grains d'amidon, d’abord rares et très-petits, se montrent graduellement plus gros et atteignent au 43° 340 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE plus 5 centièmes de millimètre; maiscen 'estqu' au delà du premier cercle de vaisseaux que les grains, augmentant plus rapidement de volume dans les grandes sels atteignent leur développement, c’est-à-dire 1 à centièmes de millimètre:ce sont du moins les résul- tats micrométriques de mes observations sur les rhizomes les plus développés que J'ai pu me procurer au Jardin du roi, ainsi que sur ceux du canna gigantea et du maranta arundinacea; ils s'ac- cordent avec les essais que j'avais faits précédemment pour la Société centrale d'agriculture, sur la fécule du canna discolor envoyée de Montpellier par M. Farel. Dans les tubercules de l'orchis latifolia, les plus fortes dimen- sions des grains de fécule se remarquent dans le.centre, tandis qu'ils sont d'autant plus petits dans les cellules qui se rapprochent de l’épiderme. Toutes les variétés de pommes de terre: sont dépourvues de fécule dans leur épiderme et dans leur üssu herbacé sous-jacent {médule externe); la grosseur et lenombre de grains augmentent à partir de là jusqu'au cercle des fibres vasculaires qui entou- rent la moelle; dans celle-ci, les proportions d'amidon sont moin- dres en général vers le centre. Les mêmes résultats dans les parties semblables s’observent relativement aux tubercules du tropæolum tuberosum. En général, toutes ces plantes ne présentent que très-peu ou pas de fécule dans les portions de leurs tiges qui s'élèvent au-dessus du sol; toutes les tiges du cactus, sous leurs diverses formes, présentent les grains de fécule plus volumineux et en plus grand nombre dans le tissu médullaire ou les parties voisines. On n’en trouve pas de traces près de l’épiderme ni jusqu’à une certaine profondeur de la partie corticale. PREMIERS DÉVELOPPEMENTS DES FÉCULES, CAUSES DE LEURS RUPTURES SPONTANÉES, DE LEURS CONFORMATIONS VARIÉES ET D'UNE APPARENCE DE TÉGUMENT. H résulte de l’ensemble des propriétés physiques et chimiques des grains d'amidon à différents âges et des parties imégalement ET DE LA DIASTASE. 341 agrégées de chacun d'eux, que le principe immédiat dont ils se composent est d'abord sphéroïdal , comme tout corps fluide laissé à la propre attraction de ses parties intégrantes; il absorbe gé- néralement par un seul point, quelquefois par deux, rarement par trois, la substance amylacée. Celle-ci s'accumule dans l'intérieur, presse contre les pre- mières parties agrégées, les gonfle, puis est pressée à son tour par une nouvelle quantité de matière qui, bientôt encore, recoit et transmet la pression d’un autre flot de la sécrétion. Ce gonflement successif produit les couches concentriques ob- servées; 1l continue tant que les circonstances extérieures laissenit une souplesse suffisante aux premières couches qui enveloppent les autres. LA C’est ainsi que, dans les parties aqueuses d’une même plante, se trouvent des grains d'amidon, d'autant plus volumineux d'ail leurs, que leur développement s’est prolongé davantage au milieu d’un suc plus aqueux. Les rhizomes des cannées, les tubercules des pommes de terre, etc. dans les terrains humides, offrent les maxima de di- mensions des fécules; tandis que les tiges du ginkgo biloba, et de l'aylanthus glardulosa, les fruits de plusieurs graminées, les graines de diverses légumineuses, des chenopodées, et une foule d'autres, laissent plus promptement l’amidon privé d’eau et arrêtent sa croissance. Lorsquele développement des grains amylacés est considérable, les premières couches formées, ayant perdu leur souplesse, ne cèdent à la pression interne des dernières parties sécrélées, qu’en éprouvant des ruptures, et celles-ci partent généralement du hile où les parois amincies opposent le moins de résistance. Quant aux formes extérieures accidentelles, elles dépendent évidemment d’une sorte de moulage sur les obstacles que ren- contrent les grains amylacés dans le milieu où ils se gonflent. - C'est ainsi que dans le fluide rempli de flocons de matière azo- tée, où se forme et s'accroît l'amidon des fèves, haricots et pois, 342 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE l'inégale résistance et la viscosité du milieu déterminent ces sur- faces ondulées et creusées en sillons, et ces contours sinueux des projections qui caractérisent les grains amylacés de ces légumi- neuses; d’autres particularités remarquables dans les formes des fécules nécessitent le concours d’une autre cause que nous al- lons exposer. APPARENCE TÉGUMENTAIRE ET DIFFÉRENCES DE COHÉSION DANS LES GRAINS DE FÉCULE. Sur toutes les fécules, la couche superhcielle, ayant plus de cohésion , résiste le plus aux divers agents de dissolution ; cette couche est souvent rendue plus difficilement attaquable encore par l'adhérence de plusieurs corps étrangers insolubles, tels que l’albumine végétale, les sels calcaires, une matière oléiforme fixe et une huile essentielle. De là cette apparence trompeuse d'un tégument propre qui, disait-on, offrait une composition dis- tincte. La moindre consistance des couches internes dans les fé- cules explique les diverses réactions qui parfois déterminent une partie de la substance, à sortir et former hernie au dehors: c'est ce qui arrive si l’on met en contact avec de jeunes grains une solution de soude trop faible pour attaquer la couche ex- terne, mais qui, s'introduisant dans le hile, gonfle et force la matière intérieure à sortir (pl. IV, fig. 19). CONFORMATION POLYÉDRIQUE ET AGGLOMÉRATION DES GRAINS DE FÉCULE. Les formes polyédriques de la fécule du cycas circinalis me parurent plus remarquables que celles des autres fécules, sort parce qu’elles appartenarent à la plupart des grains, et qu'une moitié seulement du volume de chacun d’eux était ainsi po- lyédrique, l'autre moitié ayant conservé sensiblement la forme d'un sphéroïde. Quelle pouvait être la cause de ce moulage partiel? J'essayai de la découvrir en observant, non plus la fécule extraite à part, ni même ï ET DE LA DIASTASE. 343 les cellules aplaties entre les lames du porte-objet, mais bien des tranches très-minces de la moelle du sagouier placées, sans pres- sion et sans frottement, dans l’eau, entre deux lames de verre. Il me fut possible alors de voir la fécule généralement réumie en petites agolomérations de deux, trois, quatre, six ou sept grains (cases 5 et 6, planche IV); la portion engagée dans l’ag- glomération avait seule les formes polyédriques qui remplis- saient les vides qu’eussent laissés des sphéroïdes entre eux, tandis que la portion libre, restée en dehors de l'agglomération, avait continué ses développements sous formes arrondies : on voyait dis- ünctement aussi, comme le montrent les figures des cases 5 et 6, le hile marqué sur cette partie externe, et les lignes circulaires d'accroissement disposées concentriquement autour de lui; une faible pression et un léger frottement suffisaient pour séparer tous ces grains les uns des autres, et les montrer alors isolés comme dans les figures de la case.5, planche IV. IF explication des formes polyédriques que prennent les fécules lorsqu' elles sont pressées de toute part comme dans les parties cornées du maïs, cette explication, dis-je, ne présente aucune dif- fieulté, maintenant que la constitution intime et le mode de dé- veloppement sont démontrés ; on voit bien que les couches ex- ternes, assez souples et extensibles pour se gonfler, en cédant à la force intérieure que produit un accroissement graduel de vo- lume, doivent céder aussi à la pression extérieure des autres grains qu'elle rencontre; qu’alors, pour remplir l’espace libre, les grains arrondis doivent présenter bientôt des surfaces planes, et acquérir peu à peu des formes polyédriques ; qu’alors enfin la transparence de la masse résulte de l’expulsion des substances in- terposées de densités si différentes (les gaz surtout); la forte adhérence tient à la nature cohésive même de la substance | amylacée. Mais comment se fait-1l que, sans être fortement pressés entre eux ; les grains de fécule acquièrent habituellement, dans certaines plantes, une ou plusieurs faces planes, tandis que d’autres fécules, 344 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE même plus abondantes dans chaque cellule, conservent des con- tours arrondis ? Les circonstances de la végétation des plantes d’où provenaient ces fécules me portérent à croire que l'abondance de l’eau inter- posée avait, pour les unes, prévenu presque toute attraction éner- gique, tandis que, pour les autres, une proportion moindre de ce liquide avait permis à la substance amylacée de contracter de nombreuses adhérences. : Cette hypothèse s’appuyait d’abord sur l'observation directe de l'adhérence remarquable entre les grains de la fécule contenant 10 atomes d’eau sans qu'il yen eütaucun excès interposé. (V.les différents termes d'hydratation p. 253.) Les mêmes vues furént d’abord justifiées par l'examen compa- ratif des fécules durant leur croissance. | Les plus jeunes, en effet, se rapprochaïent des formes globu- leuses, tandis que, devenues plus âgées et plus volumineuses en même temps que l’eau et l'espace ambiant diminuaient, elles avaient contracté entre elles quelques adhérences qui rendaient plane une portion de leur superficie. Les jeunes périspermes de maïs, par exemple, ne contiennent en général que des grains de fécule globuleux ; bien que, près de l'état de maturité, presque tous ces fruits offrent une grande partie de la masse du périsperme à l'état corné demi-translucide, résultant de la configuration polyédrique et de la juxtaposition des grains de fécule. Une preuve plus démonstrative encore m'a paru devoir être le résultat d’une modification déterminée dans les‘formes de la fécule, en changeant à dessein les circonstances de la yégé- ; D tation. / AGGLOMÉRATION DES GRAINS DE FÉCULE PRODUITE À VOLONTÉ PENDANT LA VÉGÉTATION. Voici comment je réunis les circonstances favorables à la mo- dification projetée des formes de la fécule dans les pommes de terre: d ET DE LA DIASTASE: : 345 “Je laissai germer et pousser ces tubercules à d'air depuis les premiers jours d'avril jusqu'au 20août, dans un laboratoire où le-:thermomètre varia de +112 à 20° centésimaux:; Thygromètre marquant, de o, 45 ä-0o, oi Les tiges ainsi toutes aériennes portaient des renflements, là la partie inférieure desquels naissaient dés mamelons radicel- laires blanchâtres tandis que les parties supérieures se garnirent de petites feuilles vertes. Dans les renflements, se rencontrèrent parmi de nombreux grains globuliformes de fécule plusieurs groupes de 2,3, 4et même 5 grains, qui par leur adhérence’étaient devenus-polyé- driques sur les points en contact. Ces réunions étaient plus nombreuses parmi les grains formés en dernier lieu, par osquens sous l'influence des moindres proportions d’eau. Un assez grand nombre des grains plus volumineux étaient doubles (pl. IV, fig. 19); séparés par pression. et frottement, ils se présentaient sous les formes de sphéroïdes ou d’ellipsoïdes tronqués. RAPPORT ENTRE LES PAROIS DES CELLULES ET LE HILE DES GRAINS D'AMIDON. Nous avons vu qu à l'aide de nouveaux moyens di IvésHgaton on démontre la présence d’un hile dans des fécules qui jusqu'ici avaient paru n’en pas avoir; on peut donc admettre qu’il existe pour toutes, et qu'il joue un rôle dans la formation ou dans l’ac- croissement des grains amylacés. Mais résultetil d'un point d'attache permanent aux parois intérieures de la cellule,-ou bien montre-t-il seulement l’orifice du conduit par lequel l'accroissement s'est opéré par intus-sus- ception ? En démontrant la diffieulté dans certains cas, l'impossibilité même de justifier la première hypothèse, nous serons portés à faire prévaloir la seconde. | 8. mn 346 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE Dans un grand nombre de cellules des variétés de pomme de terre riches en fécule, dans celles des rhizomes également abon- danis en substance amylacée du canna discolor, les globules d’ami- don qui se développent sont en quantité telle, qu'il paraît impos- sible que tous restent en rapport avec la paroi interne de la cellule. Le maintien à distance d’une partie des grains semble plus évident encore dans les cellules où ils sont tellement pressés les uns contre les autres, que toute leur périphérie est déprimée en facettes fortement adhérentes aux facettes des autres grains en contact; lorsqu’enfin, tous sont polyédriques comme le montre la figure 20, planche IV, relativement aux parties cornées du périsperme du mais, ils sont là tellement enchässés, qu'évidem- menteurs derniers développements ont été acquis en place, par conséquent à distance des parois, pour beaucoup d’entre-eux. Les mêmes phénomènes s’observent dans la masse féculente du périsperme des fruits de plusieurs graminées. (Voyez fig. 27, pl.IV, représentant l'amidon du panicum italicum. Nous avons vu un autre exemple curieux de ces développe- ments hors du contact des parois cellulaires, manifesté durant la croissance des groupes de grains amylacés dans les cellules de la moelle du sagouier. Ces groupes nombreux, beaucoup plus petits que la cellule, ne peuvent toucher celle-ci que par deux ou trois des points correspondants à leurs hiles , sur six ou sept que:parfois ils présentent. Enfin une altération spéciale (pl. INT, case 9) qui, durant la ger- mination des céréales et les arrêts de la végétation des pommes de terre, laisse désagrèger les grains d’amidon, puis réagréger en globules leur substance, me semble venir à l'appui des conclu- sionsiqui précèdent. DÉTERMINATION DE LA NATURE DE L'AMIDON DES POLLENS. Nous avons vu que l'iode est'un réactif insuffisant de la subs- tance amylacée : il fallait donc y combiner ‘les autres’ moyens [ET DE LA DIASTASE. 347 d'investigation pour démontrer) la nature-des granules bleuis- sables dans les grains de plusieurs pollens. C’est ce que je me suis empressé de faire, à la demande de M. de Jussieu. » Pollen: de globba nutans. — Les figures: .case 7,0, c', ec”, d, planche VIE; montrent:les grains de ce pollen: une moitié: est colorée par diode , savoir : la membrane végétale externe en jauné | orangé, la membrane interne en fauve ou violet , suivant qu’elle contient la fovilla seule ou mêlée d'amidon ; les plus petits grains de ce pollen sont dans le premier.cas (fig. c), tandis que les plus gros sont en partie (fig. c') pleins de granules amylacés et de fovilla ou complétement remplis de ce mélange (voyez fig. c°). Ces derniers, mis dans l’eau, laissent échapper les deux matières quand ils font explosion : on voit en effet (fig. d, a, b) un grain de pollen qui a lancé au dehors la fovilla mucilagineuse formant des globes tourbillonnants, et disséminant ses grains d'amidon dont on:voit une moitié bleuie par l'iode. Unautre grain de pollen est vu, en e, case 8, teint par l'iode; en le mouillant par une solution de soude à 0,01, l'enveloppe in- terne, vivement gonflée, brise l'enveloppe externe, l'abandonne sous l’une des formes f', et puis, continuant à être gonflée par augmentation de volume des granules d’amidon, passe de la forme:a, b à la forme b', L'; celle-ei laisse bientôt apercevoir les granules amylacés beaucoup plus volumineux, affaissés suivant une digne médiane; une partie de ces grains gonflés et affaissés peuvent encore être bleuis par l'iode. (Voyez fig. b'.) Les grains du pollen, moins volumineux, se dépouillent aussi de leur première enveloppe par la soude, mais ordinairement restent sphéroïdes sans se désagréger, sans doute parie: qu'ils contiennent peu ou point de granules d'amidon. JL fallait, pour. démontrer complétement la nature amyla- cée de ces granules, réunir d’autres observations ; les.voici : ils offrent avec l'eau, sous diverses températures, les phénomènes d'extension et de contraction; chauffés graduellement avec l'acide sulfurique étendu, leur substance, peu à peu dissoute, a présenté, 44° 348 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE par l'iode et les-autres réactifs, tous les caractères de la désagré- gation successive de l’amidon. Traitée au bain-marie avec la diastase, elle donne de la dextrine de plus en plus dissoluble, puis se convertit en glucose. Des observations semblables caractérisent lamidon des pol- lens de naïas major et ruppia maritima; celui-ci contient aussi des proportions variables de fécule (voyez case 1, pl. VIT). a, a, pollen normal vu dans l’eau sans pression; d, d', e, pollen pressé, montrant les granules d’amidon ; b, ce, ceux-ci vus en dehors; f, f', grains de pollen dans une solution de soude à 0,01, faisant ex- plosion et lançant au dehors les granules d’amidon gonflés; case 2, pollen de naïas major contenant plus ou moins d’amidon réuni en paquets dans la fovilla; on voit en c des granules isolés sortis de ce pollen. La case 3 montre les mêmes granules gonflés par la solution alcaline; la case 5 contient les grains d’amidon des graines de naïas à demi développées; la case 4, lé même amidon des graines müres, et la case 6, ce dernier gonflé par la soude. DISSOLUTION SPONTANÉE ET PASSAGE DE LA SUBSTANCE AMYLACÉE D'UN TISSU DANS UN AUTRE. Planche TE, figures 5, on voit les grains de fécule d’une pomme de terre poussée. Les premières enveloppes de ces grains, ayant été dissoutes, laissent voir les formes irrégulières et gs Le Er des parties sous- -jacentes intérieurement moulées. Les figures 6 montrent ces grains chauffés à une température de 180° dans le vide. ! * Les figures 7 indiquent Vaction de guttules d'eau sur la su- perficié dé ces grains préalablement chauflés à + 2002. Enfin ; figures 8, l'action d'un excès d’eau, puis de l'iode, prouve que l'exfoliation de ces grains se fait comme dans les diverses fécules normales. ‘: | Des effets semblables de dissolution des couches ‘externes sont indiqués, planches IV, pardes figures! 1, c, f,:q, pour da =. 6 ET DE LA DIASTASE. 349 fécule du canna discolor, et par les figures e, f, g, case 2, relati- vement à la fécule du maranta arundinacea. Une simple pression sépare plusieurs tuniques de ces fécules en voie de désagrégation (Voyez les figures g). Ce sont des effets curieux de leur dissolution graduelle : sans cette altération spéciale, effectuée par l’eau et la diastase, les fécules ne pourraient traverser les’parois cellulaires qui retien- draient même leurs plus petits granules. On voit que les couches externes s’exfolient successivement, se désagrègent et se dissolvent (en dextrine et glucose); les parties restantes diminuent de volume, et présentent la matière interne avec les différentes formes que leur avait imprimées leur mou- lage contre les parois des parties plus anciennement formées. Ces phénomènes se passent dans les vielles écailles des bulbes de lis, de jacmthe; dans les plus anciens rhizomes des cannées, dans les da. À de terre € rs de leur végétation -repro- ductive, jusques à l'époque ottoutes ces parties sont entière- ment épuisées de fécule. u = L’amidon, très-abondant dans les jeunes gousses des pois, des haricots et des fèves, alors qu'il n’en existe pas encore dans les ovules, passe graduellement dans ceux-c1, où la presque totalité se rassemble en définitive dans les cotylédons de la graine. : Le passage entre les tissus se fait parfois plus rapidement en- core, durant la croissance d’une seule plante annuelle : on peut la suivre, à l’aide des réactions précitées, dans toutes les parties qui supportent et enveloppent les é épis et les fruits du maïs. Ainsi les pédoncules de ces épis, tous les feuillets de leur spathe, les supports des fruits, les téguments de ceux-ci, contien- nent et se transmettent de proche en proche l'amidon réagrégé successivement en granules, gros de 1 à 2 millièmes de milli- mètre au plus, avant que l’'amidon n'arrive dans le périsperme, où il doit s’'accumuler, à l'abri, seulement alors, des transformations en dextrine et en sucre, changements qui ne commenceront qu'à l'époque où la germination, renouvelant les mêmes circonstances, 350 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE puisera dans le périsperme les matériaux d’une. alimentation nouvelle. APPLICATIONS DES DONNÉES PRÉCÉDENTES; PRINCIPAUX USAGES DES FÉCULES ET DES PRODUITS DE LEURS TRANSFORMATIONS. Formes et dimensions. Les caractères spéciaux de certaines fécules usuelles peuvent les faire distinguer : ainsi on voit que, bien établis, ils ne per- inettraient plus, par exemple, de confondre la fécule commerciale du maranta arundinacea (arrow-root), case 2, planche IV, avec celle des batates, figures 14, 13, 16, même planche, ni avec celle des pommes de terre, planches I et IF, case 1. La forme discoïde ou en bouclier de l'amidon-des blés, et ses dimensions (pl. IV, cases 7 et 8), }, expliquent comment, à épaisseur égales cetamidon, offrant plusf ains GeN. 4 d'air inter- posé, offre aussi plus de blanc retd pee a plupart des autres fécules. Différents termes d'hydratation. Les proportions d'eau si considérables et bien définies, que l'amidon retient (voyez p. 253) dans des circonstances détermi- nées, peuvent expliquer, me semble-il, l'utilité de ce principe immédiat dans les pollens de plusieurs plantes aquatiques. On doit avoir égard à cette remarquable faculté dans toutes les transactions si nombreuses entre les producteurs et les con- sommateurs de fécule : ce produit commercial devrait toujours être titré à l'état sec. L'hydratation à 10 équivalents d’eau donnant à l’amidon la propriété de s'agglutiner entre + 60 et 100°, il importe d'éviter de l'exposer à ces températures dans les séchoirs, avant qu'il ait perdu plusieurs équivalents d’eau. Cette observation s'applique aux diverses fécules, aux grains germés, aux farines humides, ete. Les conditions d'hydratation durant la maturation des fécules ET: DE LA DIASTASE. 351 influent beaucoup sur leur cohésion et leur résistance à tous les agents : c’est ainsi que l’amidon de pois mürs reste intact et insoluble chauffé à sec jusqu'à 205 degrés, tandis que la fécule des tubercules aqueux devient soluble ou désagrégeable à la tem- pérature de 170 à 200°. 1 PRODUITS DES POMMES DE TERRE EN FÉCULE. Les pommes de terre, qui donnent actuellement les quantités chaque année plus considérables de la fécule que l'agriculture . fournit au commerce et à l'industrie, diffèrent beaucoup suivant les terrains ou les variétés, et doivent engager les cultivateurs et les manufacturiers à s'assurer des faits relatifs à cette production. Parmi le grand nombre d'essais que j'ai faits à cet égard, je citerai seulement les_derniers, dont m'avait chargé la Société centrale d'agriculture, à l'occasion de l'examen des cultures com- parées de M. Battereau-Danet. TABLEAU DES PRODUITS COMPARÉS DE PLUSIEURS VARIÉTÉS DE POMMES DE TERRE, À SUPERKICIE CULTIVÉE ÉGALE. PRODUIT | PROPORTION de QUANTITÉ | DATE la fécule p.100 kil. de fécule. |larécoite. ‘| tubercules. VARIÉTÉS. surface de égale - 16,60 Octobre. Grosse jaune à .| 23,26 ; Idem. _Schaw d'Écosse ÿ Hour - Septembre. Tardive d'Islande. ... 17,2 À Octobre. Ségonzac.. ........ : 20:80 k Idem. 14 , Novembre. Octobre. 352 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE Ce tableau montre que, dans les circonstances toutes favo- rables à la culture de la pomme de terre de Rohan, cette variété serait la plus productive relativement à la quantité totale récoltée et à la substance alimentaire contenue; viendraient ensuite, sous ces mêmes rapports, la grosse jaune, puis la variété dite schaw d'Écosse ; que, pour le consommateur fabricant de fécule, par exemple, la grosse jaune occuperait le premier rang; la schaw d'Écosse aurait le second : ce sont aussi les variétés re plus fa- rineuses et celles qui, considérées comme aliment, méritent et obtiennent la préférence parmi les produits des grandes cultures. Sous les mêmes rapports, la pomme de terre de Rohan ne tiendrait que le quatrième rang, et ne serait plus avantageuse pour le cultivateur s'il s'agissait, soit d'en extraire de la fécule sur lieu, soit de la transporter pour la vendre; car, pour en ob- tenir un égal produit, il faudrait soumettre au râpage 150 par- ties au lieu de 100. ÉTAT ET PROPORTIONS DE LA FÉCULE DANS LES POMMES DE TERRE GELÉES. Un fait remarquable relatif à lune de nos plus importantes industries agricoles a depuis longtemps, fixé l'attention des fa- bricants de fécule. On sait, en effet, que les pommes de terre ge- lées donnent un produit moindre de quelques centièmes seu- lement qu'avant leur congélation, tandis qu'après le dégel on n'en obtient plus que le quart, à peine, de la proportion ordinaire, c'est- à-dire 3 ou 4 au lieu de 15 à 17 pour 100. | Après avoir examiné attentivement cette grave question par l'analyse comparée, jai constaté que la congélation et le dégel n'avaient rien rendu soluble, de même que ces phénomènes n'avaient occasionné aucune déperdition; 1l fallait chercher ail- leurs la cause de la diminution de rendement en fécule. Il me parut probable que l'extraction devait être entravée par quelque difficulté mécanique. ET DE LA DIASTASE. 353 Afin de reconnaître quel arrangement particulier dans la fé- cule pouvait causer cette perte, je réunis les dépôts féculents des tubercules soumis à la râpe dégelés; ils furent délayés dans l'eau, puis passés sans agitation au travers d'un tamis de soie : la portion restée sur le tamis devant contenir les agglomérations, s'il s’en trouvait, que le frottement eût fait passer au travers du premier tamis : cette fécule, a, case 2, planche IT, plus grenue, semblait comme feutrée. Examinée sous un faible grossissement du microscope, ses grains, b, parurent réunis en paquets arrondis, dont le diamètre moyen était quatre à cinq fois plus grand que celui des gros grains de fécule, et dont quelques-uns étaient adhérents deux à deux, trois à trois ou en plus grand nombre; placés sous un plus fort grossissement, les grains parurent réunis, dans chaque ag- glomération, par une membrane plissée entre les saillies que leur protubérance marquait. Une goutte d’eau intrôduite entre les lames du porte-objet fit peu à peu gonfler ces sacs membraneux, en s'y introduisant par endosmose ; augmentant ainsi la transparence, elle laissa voir distinctement tous les grains de fécule enfermés dans les cellules - isolées, ou réunies deux, trois ou quatre ensemble, et qui, soustraites aux pressions latérales supportées dans le tissu, avaient changé leur configuration irrégulière Fee en une forme. de dtétordel : Les figures c, d, e, f, g, montrent l'aspect de ces cellules dé- gagées du tissu : on remarque sous la lettre c une cellule isolée ou déchirée, ayant laissé sortir la plus grande partie des grains de fécule qu’elle renfermait. On voit en /, deux cellules également imbibées d’eau adhé- rentes entre elles, et dont Pat est vidée de la fécule ci ’elle contenait, . L’agglomération g de trois cellules encore adhérentes par quelques portions de leurs*parois, montre les déchirures sues deux premières, dont une a perdu plusieurs grains de fécule. 8. 45 354 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE La pulpe restée sur le tamis après les lavages, examinée au microscope, se composait de cellules, soit groupées en plus ou moins grand nombre, soit isolées, la plupart remplies de fécule et arrondies par la pression intérieure que ne contrebalançait plus la pression extérieure des cellules voisines; enfin la fécule, même tamisée deux fois, contenait encore quelques cellules isolées, globuliformés et remplies de fécule. Ces observations, concordantes entre elles et avec les expé- riences comparatives sur la composition des pommes de terre avant et après la congélation, ne pouvaient laisser de doute sur la cause du phénomène, ni sur les déductions à en tirer. dans l'intérêt de l'industrie agricole. | On conçoit en eflet que, par suite des changements de vo- lume et d'état dans les liquides successivement congelés et dé- gelés, l'adhérence entre les cellules du tissu interne avait été détruite en même temps et de la même manière que cela avait eu lieu entre les parties corticales et M’épiderme, si facile à sé- parer des tubercules après le dégel. La plupart des cellules isolées et des groupes de cellules ayant perdu-leur adhérence dans la masse tuberculeuse , elles devaient se séparer sans offrir assez de résistence aux dentures des râpes pour être déchirées. Le râpage ne devait donc mettre en liberté. qu'une peute pro- portion de la fécule, et celle-ci seule devenait facile à extraire; tout le reste, enfermé, dans les utricules isolées ou groupées, demeurait sur les tamis, fins avec. le résidu pulpeux. On explique facilement aussi comment les tubercules, traités avant le dégel, donnent, à quelques centièmes près, les mêmes produits qu'avant leur congélation : c’est qu’alors le plus grand nombre de leurs utricules, scellées dans la masse par le liquide solidifié, peuvent résister assez aux dents de la râpe pour être en- tamées et déchirées par elle. Enfin, si parfois les pommes de terre gelées sont, moins fari- neuses et plus sucrées, c'est qu'à l'époque avancée dela saison où ET DE LA DIASTASE. 355 ces caractères ont.été observés, la végétation des tubercules avait pu; avant la congélation, développer une quantité sensible de diastase capable, commeion le sait, de liquéfier et de saccharifier, pendant la coction , la substance amylacée. , CAUSE DE LA. COLORATION BRUNE, DE LA /SAVEUR .ÂCRE! ET DE: L'ODEUR (WIREUSE DES POMMES DE TERRE. DÉGELÉES. Chacun a pu observer ces caractères que présentent générale- ment les tubercules après le dégel, et que la cuisson modifie plus ou moins. Je me suis occupé de les constater d’abord dans les tubercules, au moment du dégel et après un temps plus où moins long, puis de rechercher leurs relations avec les différentes parties des tissus; enfin, d'en déduire les procédés facilement pra- ticables de conserver et d'utiliser les pommes de terre en élimi- nant ces influences défavorables. Si l'on coupe un tubércule par un plan perpendiculaire à l'axe de cette tige souterraine, on observera dans la partie centrale plus translucide qu'entoure une rangée de vaisseaux une proportion de fécule moindre de deux à huit pour cent que dans toute la partie corticale plus opaque enveloppant cette rangée de conduits. La différence dans la proportion dé fécule, facilé à reconnaître sous le microscope par le nombre de grains de chaque cellule, ést d'autant plus grande que les tubercules sont plus aqueux '; entre la couche corticale épaisse et l’épiderme , se trouve la mé- dulle externe, colorée en nuances fauves, rougeâtres ou violettes et Souvent verdâtres, loïsque les tubercules se sont développés près de la superficie du sol. Ce tissu se montre, sous le micros- cope, complétement privé de fécule; &’est lui qui renferme, en poporions variables, la plus. cemit partie des principes Pi rants, âcres el à odeur vireuse. 1: /Afin d'éviter touteichance d'erreur; on devrai donc:diviser entotalité pl durs tuhe eut lorsqu'on se proposera d'apprécier exactement ; par dessiccation ou suivant une méthode'ana- lytique quelconque; des influences des variétés dés:sols, des engrais , des procédés de 1a’cul- ture et des phénomènes météorologiques sur les'produits dela pomme de terre: ” 45° 356 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE En effet, si, après avoir séparé l’épiderme, on enlève à la râpe toute la partie sous-jacente colorée jusqu’à la masse blanchâtre de l'écorce, cette pulpe acquiert promptement à Pair une colora- tion brune; le liquide qui s'en écoule spontanément offre une odeur vireuse et un goût âcre. Ces caractères varient dans diffé- rentes pommes de terre, au point d’être à peine sensibles chez les unes, tandis que chez les autres ils sont très-fortement pro- noncés !. Dans les différents procédés de cuisson, les tubercules sains sont débarrassés de la plus grande partie de ces principes; car, exposés, par leur situation sous l'épiderme, à la première et à la plus forte impression de la chaleur, ils sont modifiés ou en- traînés en vapeur ou même dissous dans le liquide environnant, s'ils n’ont pas été éliminés mécaniquement par un épluchage préalable. . H est facile de se rendre compte des effets qu "ils produisent lorsque les, tubercules dégelés laissent en contact les liquides de leurs tissus: ces principes, en se répandant alors sans obstacle dans l'intérieur de la masse féculante, lui communiquent les caractères observés. . Quant au caractère acide et au goût putride développés quelques Jours après le dégel, ils tiennent aux altérations ordinaires dans les sucs végétaux abandonnés à eux-mêmes: alors les tuber- cules, en partie colorés en brun, laissent encore apercevoir net- tement leurs cellules disloquées et remplies de fécule. | L'application des données positives qui précèdent nous permet- tra d'indiquer les moyens à employer pour tirer parti des pommes de terre gelées. Lorsque, dans une féculerie, une partie de l'approvisionnement ! Le différence entre les proportions de fécule dans la partie centrale et dans écorce! ainsi que l'absence de toute substance amylacée dans la médule externe, sont encoré décelées par la solution aqueuse diode, si l'on y tient quelques instants immergées des tranches minces de Ja pomme de terre lavées préaläblement: L'absence de coloration marque ausside/trajet des vaisseaux; .eufn, elle met,en évidence; des lacunes irrégulières dépourvues de fécule; Les mêmes parties, relativement à.certaines variétés violettes, recèlent la matière. solorante spé- ciale qui se retrouve aussi infiltrée, dens la médulle externe. ET DE LA DIASTASE. 357 aurait été atteinte par les gelées, on ne saurait trop se hâter de terminer le traitement des tubercules attaqués avant que le dé- gel arrivât.. Les pommes de terre que l’on n'aurait pu soustraire à la congé- lation , étendues sur le sol, lavées par les pluies et desséchées spon- tanément, conserveront la plus grande partie de leur substance alimentaire. , On voit encore que les naturels du pays au Pérou ne perdent rien de la substance solide des mêmes tubercules, lorsque, pour les rendre faciles à conserver et à porter dans leurs excursions, ils les soumettent à la gelée sur les hauteurs, puis à la dessicca- tion, aux expositions chaudes de leurs vallées et des plaines. Je dois à M. d'Orbigny la connaissance de cette pratique. Plusieurs autres faits, cités par MM. de Lasteyrie, Vilmorin, Séguier, Bottin, Dailly, Berthier, de Roville, le général Demar- çay, etc. viennent à l'appui de ces déductions. Un procédé, qui nous semblerait facilement applicable dans le plus grand nombre des cas pour conserver les tubercules atteints par la gelée, consisterait à les broyer sans attendre le dégel, dans un moulin à cidre, dans un mortier, ou à l’aide de battes ou de maillets sur un sol dallé. On les délayerait ensuite dans l'eau; puis, tamisant cette sorte de pulpe dégelée, on en obtiendrait par les moyens usuels la fécule passée et déposée au fond des vases. Quant à la pulpe restée sur le tamis, pressée, séchée à l'air et ultérieurement broyée à sec, elle donnerait une bonne farine ali- mentaire, si l'on ne préférait la faire manger aux bestiaux à l’état humide: cuite ou panifiée. En essayant en petit ce procédé , 100 parties de pommes de terre contenant 19 de fécule ont donné : 1° En fécule passée au tamis desoie..... 9,0 2° En pulpe séchée........ epson a 11,5 Les données relatives à la distribution de la fécule dans la masse 358 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE tuberculeuse, et aux qualités des différentes couches des tissus, montrent enfin comment une friction énergique, opérée dans les laveurs mécaniques ou manuels avant le râpage, peut enlever une partie de l'épiderme ainsi que la médulle externe, sans rien faire perdre du produit utile, et donner ainsi de la fécule plus blanche et plus pure. MOYENS D'ESSAYER LES SELS AMMONIACAUX, LES EAUX POTABLES, LES VINAIGRES ET L'AGIDE ACÉTIQUE BLANC PAR L'AMIDON. L'eau chargée d’ammoniaque n’agit pas sensiblement sur la fé- cule, tandis que moins d’un centième du poids du liquide en soude ou potasse suflit pour faire gonfler énormément toute la matière organique, au point qu'elle peut occuper alors 70 à 100 fois son volume primitif. Si donc on met en.contact une solution de soude ou de potasse et une solution de sulfate d’ammoniaque, ou de tout autre sel ammoniacal, dans des proportions telles que les: deux bases soient exactement équivalentes, à l'instant même la réaction est: com- plète ; il n'y a plus de sulfate d'ammoniaque ni de soude ou po- tasse libre, car le liquide ne conserve aucune action sensible sur la fécule : tandis que 0,02 de l'une des bases fixes employées eussent sufli pour rendre la fécule gélatiforme en faisant gonfler considérablement sa substance dusdhiques Je suis parvenu à rendre le mêmeréactif e1 eng foisplus sensible en opérant ainsi : Après avoir porté au bain-marie la température d’un mélange de 9 parties d’eau et d’une partie de fécule à +:57° centésimaux soutenue, pendant dix minutes, on laissa déposer et l'on mit dans deux verres à expériences un égal volume du dépôt. Alors on prépara une solution de soude pure dans l’eau exempte d'acide carbonique. 1 1 demi-centimètres cubes de cette solution, à la température de +- 15°, donnaient, en les versant à l'aide de l’alcalimètre Gay-Lussac, 64 gouttes, et saturaïent très-exactement FU] ET DE LA DIASTASE. 359 5o demi-centimètres cubes d'acide sulfurique normal (contenant 5 d'acide sulfurique pur à 1 équivalent d'eau). + | Ainsi donc, en saturant un égal volume d’acide fer avec l'ammoniaque, on se procura une solution de sulfate neutre d’am- moniaque exactement équivalente à 11 demi-centimètres cubes de la solution de soude pure. Ces deux solutions, mélangées ensemble, donnèrent immédia- tement lieu à une réaction complète. à froid, car le liquide, versé sur la fécule entr'ouverte, ne détermina pas son gonflement. En ajoutant à un mélange semblable une ou deux gouttes de la solu- tion de soude {c’est-à-dire 65 ou,66 gouttes au lieu de 64), le mélange opéré de même donna un liquide agissant sur la fécule, et lui faisant éprouver le gonflement précité, évidemment dû à l'excès de soude caustique. Le même phénomène eut lieu en substituant, à un cinquan- üème de la quantité de sulfate d’ammoniaque une quantité équivalente de sulfate de potasse ou de sulfate de soude, avant de mêler les 11 demi-centimètres cubes de la solution de soude: toutautre sel inerte aurait produit le même.effet : donc ce moyen peut s'appliquer à déceler les mélanges de sels neutres avec le - sulfate d’ammoniaque ; à plus forte raison indiquerait-il l’addi- tion qui s’est faite souvent des sels à réaction acide, du bi-sulfate de potasse (sulfate de potasse et d'eau}, par exemple. La fécule portée à 100° dans 100 fois son poids d’eau, refroi- die et filtrée, puis bleuie par un léger excès d'iode, devient telle- ment contractile sous l'influence des sels neutres, qu’elle peut faire distinguer les unes des autres certaines eaux naturelles, notamment les eaux de rivière des eaux de source moins pures, à plus forte raison de la plupart des eaux de puits, et,.en général, à reconnaître la présence de faibles proportions de sels neutres ou acides, ou légèrement alcalins. Ainsi, par exemple, si l'on porte à 100° un gramme de fécule dans 100 grammes d’eau que l'on filtre, puis, si l'on ajoute à la 360 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE solution filtrée un très-léger excès d’iode, on aura terminé la préparation du réactif. à Si l'on veut s'en servir pour comparer le degré de pureté re- lative de plusieurs eaux applicables à certains arts agricoles, aux teintures, à l’économie domestique, on versera dans plusieurs verres à expériences 10 centimètres cubes de ce liquide bleu, puis on ajoutera dans chacun des vases une quantité suffisante des eaux à essayer, pour -opérer la séparation de la substance or- ganique bleuie. L'eau dont il faudra le moindre volume pour produire cette sorte de coagulation sera généralement la plus chargée de sels, quels qu'ils soient, car tous concourent à cet effet. Il sera bien d’ajouter-préalablement à chacune des eaux quel- ques gouttes d'iode, de manière à leur donner une égale et 1é- gère nuance jaunâtre. On reconnaîtra nettement ainsi les puretés relatives des eaux distillées, de Seine, de l'Ourcq, des puits, etc. L'eau de Seine, clarifiée par un demi-millième d’alun, se dis- tinguera immédiatement de l’eau simplement filtrée, et ce mode d'essai pourrait être tout à fait usuel dans les marchés relatifs aux distributions d’eau. 2 Un troisième mode d'action sur la même substance organique permet de démontrer directement certaines falsifications du vi- naigre, et notamment celles qui ont lieu par l'addition de l'acide sulfurique, ou des acides azotique ou chlorhydrique!. Voici comment on peut très-facilement faire cette”épreuve : Que l'on mette dans une fiole 1 gramme de fécule et 100 centimètres cubes d’un vinaigre de vin, de grains ou de cidre; Que dans un mélange semblable on ajoute un demi-centième d'acide sulfurique, puis que l’on porte à 100° les deux liquides en Îles agitant ; ! Je me suis assuré que Tè même phénomène de dissolution complète est produit par l'acide tartrique, privé, au moyen de la baryte, de l'acide sulfurique, qui l'accompagne toujours dans les acides commerciaux. ET DE LA DIASTASE. 361 Le premier conservera, après une ébullition soutenue pen- dant vingt minutes, une opacité lactescente, tandis que le second aura acquis, dès Jes : prêmiers moments de l'éhullition ; une trans- " parence qu'il conservera indéfiniment. Ce dernier, même après 30 à 45 minutes d’ébullition, prendra une nuance bleue ou violette foncée, lorsqu’après l'avoirélaissé refroidir on y versera de la solution d'iode. Chauffé pendant 30 minutes à la même température, le premier liquide ne donnera aucune coloration pes liode: APPLICATIONS PRINCIPALES DES FÉCULES, DE LA DEXTRINE ET DU SUCRE D'AMIDON k ; {er ucose). + Amidon à àdétat normal : fécule des pommés de use: amidon des céréales, ÿ fécules exotiques. Fa fécule s'emploie directement dans la panification : 10 à 15 centièmes ajoutés aux farines, surtout à celles de deuxième qualité, rendent les produits plus. blancs; cette application est d’un grand intérêt, car elle offre une garantie contre eles disettes de pain. so1l@ Dans le collage des Dre à la cuve, elle répit mieux le - savon d'abord et ensuite la résine précipitée ; elle blanchit la pâte. La fécule sert à donner de lapprêt aux tissus de chanvre, de lin et de coton blanchis; on en fait usage pour l'essai des sels ammoniacaux et de l'acide acétique. (Voyez p. 360.) On l'emploie dans la préparation de divers produits alimen- taires; l'amidon des céréales est fréquemment appliqué à l’état cru pour former les apprèts blancs ou azurés des tissus, sparte- riés, etc. Il sert à la confection des empois fins, à os ment des mordants. Les fécules exofiques, ainsi que celles des batates, qui n'ont pas de saveur particulière, sont fort en usage, pour obtenir des potages légers, faciles à rendre agréables au goût. ; ° 46 362 DE L'AMIDON, DE LA DÉXTRINE Une grande partie des quantités de: fécule extraites chaque année des pommes de terre .sontlivrées, à l'état humide ou sec, aux fabricants de dextrine #de:sirops-et le glucose solide: 2° Fécule transformée en 1dextrine: * a chers à La fécule des, pommes de!terre est rendue soluble, en conser- yant sa forme granuleuse et presque:toute sa:blancheur, à l'aide d'un procédé dont j'ai pu indiquer les effets dans le laboratoire, et que M. Jacob d’abord, mais surtout MM. Heuzé, propriétaires du brevet d'invention, sont parvénus à rendre manufacturier. Il consiste à imprégner la fécule de 0,002 d'acide azotique, que l'on étend préalablement de 200 volumes d’eau; on fait dessé- cher ce mélange, et l'onfporte la température à 110 ou 12° pendant une heure environ : la minime portion, +, d'acide alors concentré et disséminé entre les couches de la fécule, opère une désagrégation telle, que la substance ‘amylacée se peut.ensuite gonfler et dissoudre dans-leau froide. Elle reçoit actuellement une foule.d'applications économiques. C'est ainsi qu'on l’emploie avec les mordants et pour l'épaissis- sement des diverses couleurs d'application, sur les toiles peintes; dans le gommage ét les appuêts des indiennes de belle qualité, comme pour les impressions sur: les tissus de laine, ‘elle ne charge point les fonds ei n'altère pas les nuances; ‘elle sert à composer les bains gommeux d'impression sur soie. Le fonçage et la fixation des couleurs des papiers peints etdes estampes coloriées, le vernissage provisoire des peintures à l'huile, sont autant d’ applications. é économiques dans lesquelles la dextrine peut remplacer encore les gommes exotiques. | Employée pour confectionner des appareils qui maintiennent les fractures réduites, elle offre une des applications les plus importantes dans l'intérêt de humanité. : # ET: DE, LAIDIASTASE. 368 ko 17 {9 TEMPLOI DE, LA }DEXTRINE:/DÂNS LA CHIRURGIE: Depuis longtemps les chirurgiens s'étaient préoccupés des moyens de réaliser »les effets anäntageux. des- appareils inamo- vibles :inventés par notre -célèbre:chirurgien militaire M: Earrey. M. Velpeau:;! plus particulièrement,-icherchaït à remédier aux inconvénients reprochés même à la modification, heureuse d'ail- leurs, due à M. Seutin, de Bruxelles; il demandait aux :chi- mistes-une substance. adhésive, facile à conserver, peu dispén- dieuse.i prompte à préparer, ‘susceptible -de s'étendre sur: des bandes de toile, soluble-dans l'eau mêlée avec 0,5. d'alcool; afin que la dessiccation et. la consolidation du bandage fussent ra- pides ;/redissoluble: dans l’eau froide. ou tiède, -de‘façon à faci- liter la levée partielle de l'appareil... Il me fut facile de répondre au, Savant praticien qu'il venait précisément. d'énumiérer les pro- priétés de da dextrine, .et'que cette.substance blanche et pulvé- mulentes.depuis peu, de :tempsmise,sous. cette. forme dans le commerce, remplirait probablement toutes.les conditions exigées, sans qué-son prix dépassät celui de l'amidon des céréales em- ployé par M. Seutin. 44 É -Lescexpériences de,M. Velpeau: offrirent. les plus favorables résultats ;-et-la: finent adméttre, dans le, service des hôpitaux, -no- tamment à la Charité, puis à l'Hôtel-Dieu : l'usage ne tarda point à s'en répandre dans la pratique civile, parmi les classes aisées. On le comprendra sans peine, si Jon songe que les bandages à la dextrine, légers et solides, maintiennent si bien les membres fracturés Sur lesquels 1ls se moulent, en les enveloppant, que les blessés ne sont plus contraints de garder une position fixe, toujours extrémement pénible ; que, loin de là, un peu de mou- vement au, bout de-quelques. Jours est utile: pour conserver la Torelhâter la consolidation , éviter des excoriations et divers accidents. ob due cetiiste RE. 65 S'il y a convenance, pendant le traitement, de débrider une 46* 364 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE partie ou la totalité du bandage, il suffit de mouiller avec de l'eau tüède : on enlève les: NET ER qu’ on peut remplacer par d’autres enduites de dextrine, et que l’on serre “moins; X-vo- lonté. 9 M: Félix Darcet, interne dans le service de M. Velpeau, a disposé un petit appaneil fort commode pour dextrinerdes bandes: 1l permet de préparer ainsi et d'enrouler une longueur de 12 mètres en 3 minutes, au lieu de 20 qu 'éxigeart le dexirinage à la main. 3 an AK L On emplit une petite mesure en fer:blanc qui contient 100 grammes de dextrine; on la verse dans un bol ou une terrine, et l'on y ajoute 60 grammes .d’eau-de-vie camphrée ordinaire, qui se trouve immédiatement dosée, en remplissant de ce liquide la portion dé la double mesure sur laquelle est écrit le mot ALCOOL. On délaye la dextrine très-vite et facilement, car elle ne s’hy- drate que peu à peu, en enlevant de l’eau à l'alcool : au bout de quelques minutes le mélange acquiert la consistance du miel ; on y ajoute 4o grammes d’eau, que l’on obtient en remplissant la portion de la doublé mesure étiquettée Eau : on malaxe bien, et la substance est prête. Verséc dans l'auge du petit appareil; on y plonge la hd : celle-ci est aussitôt TrOGEE sur un petit cylindre à manivelle, et le rouleau dextriné, prêt à servir, s’enlève. Voici les doses de dex- trine sèche relatives aux différentes fractures ::: Pour une fracture de la clavicule 4oo grammes. de la cuisse... 300. de la jambe.. 200 - de l'avant-bras 150 Ces bandes adhésives, si faciles à préparer et à fixer aïnsi, ._ sont fréquemment employées pour rapprocher les bords despe- ütes plaies, et les mettre à l'abri de l'air ou des frottements accidentels! * ù : role os bio ET DE LA DIASTASE. > 365 Elle sert à une foule d’usages pour lesquels elle offre une ma- tière mucilagineuse ou collante, que lon prépare à linstant en la délayant à froid dans l'eau, et qui reste imputrescible. SUCRE D'AMIDONW 4 Obtenu aujourd'hui sous formes de sirops ou de pains solides et blancs, il s emploie en quantités considérables, non-seulement comme matière première des distilleries, mais ne et surtout pour compléter, dans les vins faibles ou légers, la proportion d'alcool utile à leur conservation. La fabrication des bières blan- ches est rendue très-facile par Pusage de ce sucre, qui com- mence à s'étendre à l'amélioration des cidres. Depuis deux ans, il s’en exporte des quantités considérables de France Hour lAn- gleterre. Les nombreuses applications de la déxtrine, de la glucose et des sirops de fécule ont plus que doublé, depuis un an, la fabri- cation de ces produits; elles ont donné à Tindustrie agricole qui s’y rattache une impulsion qui doit nee a généraliser en France: DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE, ETC. 366 EXPLICATION DES PLANCHES. ” PLANCHE I. FÉCULE DES POMMES DE TERRE. Case 1, fig. a, b. Grains fendillés spontanément pendant la maturation des tubercules; fig. a’, c, d, grains offrant un ou deux hiles; d', grains soudés formant un grain double. Case 2. Grains desséchés à + 150 degrés vus dans l'alcool, montrant dans l'intérieur des hiles évasés, les lignes des couches con- " centriques d’accroissement. Case 3, p, q, r, s, t. Même fécule éprouvant par degrés une dilatation, des fractures et une dissolution partielle dans l'eau. Case 4, b,c, d;,.e, Grains de la même fécule mise dans l'eau, s’hydra- tant sans se dissoudre. Fig. f. Un de ces grains attaqué dans le hile, par fe solution alca- line à 0,01 de soude, qui sonié ensuite rapidement toutes les parties sous les formes f, g', h et h'. Un gonflement graduel, plus uniforme a lieu en faisant réagir la même solution sur la fécule normale : c'est ce que montrent les transformations successives des grains et de leurs fragments, planche I. Autour de la lettre a, quatre grains, dont un double, dessé- chés à 200° centésimaux, vus dans l'alcool. PLANCHE IL. ed FÉCULE DES POMMES DE TERRE. Fig. a, a', a". Fécule à l'état normal, a", b. Grains étoilés ou fendillés dans les tubercules venus lentement à maturité complète. e,f,g,h,i,j. Grains du même tubercule rompus en deux EXPLICATION. DES: PLANCHES. 367 ou plusieurs fragments par la pression et dans l'eau : la matière interne reste solide. . » Fig. k, l, m. Fragments gonflés dans toutes leurs parties par une solution contenant 0,01 de soude. n, 0,.p. Grains entiers sous l'influence de la même réaction. Case:2. Gellules dissociées d'un :tubercule de pommes de terre dé- Case. Case Case Case Case Case Case Case . Case æ œ 1 mn gelé; 4, subétancerinterne du-tubercule vue à l'œil nu; b, la même observée sous: une forte, loupe : au microscope elle offre les autres figures. suivantes : e, cellule intacte; ce, cellule déchirée.et plissée, ayant perdu la plus grande partie de,ses.grains de fécule vue à sec; d, cellule remplie de fécule, également vue, sans eau; .f, deux cellules adhé- rentes dont une ést vide; g, agglomération de trois cellules ayant encore quelques points. d'adhérence : deux sont en- ir'ouvertes. sé | EN 2 à PLANCHE II. Li : AMIDON DE, LA RACINE RÉqaMn CANRRERMEN PALMATUMi) . Amidon à état normal. : . Le même dont le hile a été ouvert par un, retrait opéré à 200° centésimaux,, 1 Amidon: chauflé à 200° : les; grains, sont atiaqués, extérieu- _frement par la; guttule d'eau déposée après l'évaporation . de l'alcool; l'un d'eux, s', est graduellement plus hydraté. Les mêmes exfoliés par l'eau légèrement alcoolisée, et teints en violet par liode. . Grains d'amidon en partie dépouillés des Cou Rés externes par la Yégétation d'un tubercule de pommes de terre. Mèêmes grains chauffés à 200°, vus dans l'alcool. . Les mêmes attaqués à l'extérieur par la guttule d' ‘eau déposée après l’évaporation spontanée, de l'alcool. . . Mmes grains exfoliés par l'eau alcoolisée, puis teints par r iode: Deuxième exemple de fécule de pomme de terre désagrégée, et se réagrégeant en granules par suite d'un arrêt de végé- :. . tation du tubercule.. 368 Fig. DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE, ETC. PLANCHE IV. FORMES ET DIMENSIONS DE L'AMIDON DE DIVERSES PLANTES. . Fécule du canna gigantea; a, b, c, d, e, grains à l'état normal ; f, g, grains graduellement exfoliés par la végétation qui épuise fée vieux rhizomes. . Fécule du maranta arundinacea : a; b, c, grains à l'état nor- - mal; f, g, grains exfoliés comme ci-dessus; g, couche ex- terne séparée d'un grain par pression. & . Amidon des cotylédons des fèves; en a, &, b, b’,cetc', on voit un grain sous deux positions montrant la dépression médiane canaliculée. . . Fécule des tubercules d'oxalis crenata. . Grains détachés, et, figure 6, grains agglomérés de la moelle du cycas circinalis. . Amidon de blé: de a, en a! et a” un grain sous trois positions. . Même amidon, où le hile est rendu apparent par la tempéra- ture de 220° (vu dans l'alcool). . Le même, attaqué par l'eau Fe après Févaporation de l'alcool. . Le même gonflé, puis exfolié par l’eau. . Fécule de sagou rosé.du commerce. . Fécule de sagou blane, dont les altérations ammoñcent qu'une température plus élevée en présence de us d'eau a été employée dans sa préparation. . Fécule d'une bulbe de jacinthe. . La même s'exfoliant dans une vieille écaille. . Fécule des batates. 7 . La même chauffée à 200°. . La même commençant à s'hydrater. + Fécule d'orchis bifolia. . Fécule d'orchis latifolia. | : Grains dé fécule d'un tubercule de: pommes de terre dont on a arrêté la végétation, et granules se formant aux dé- pens des gros grains qui se désagrégent; granules plus dé- + 20. EXPLICATION DES PLANCHES. 369 veloppés dont plusieurs sont adhérents deux à deux, et d’autres attaqués dans le hile par une solution à 0,005 de soude, qui, gonflant seulement la substance amylacée in- térieure, lui fait faire hernie au dehors. Amidon de maïs. Grains enchâssés et soudés dans les parties cornées du périsperme; a, b, grains isolés de la partie farineuse. Fécule du cactus peruvianus. . Amidon du sorgho rouge. Amidon des graines d'aponogetum distachyum. . Le même, gonflé par la solution de soude. . Amidon du cactus pereskia grandiflora. . Fécule du cactus brasiliensis. . Amidon du fruit du panicum italicum. . Fécule du cactus flagelliformus. . Amidon de l’echinocactus erinaceus. . Fécule du cactus opuntia tuna. . Fécule du cactus curassavicus. . Fécule du cactus opuntia ficus-indica. . Amidon du millet (panicum miliaceum ). On voit au-dessous quatre grains gonflés par la solution de soude. . Fécule du cactus manullaria discolor. . Amidon de l'écorce de l'aylanthus glundulosa. . Fécule du panais. . Fécule du cactus serpentinus. . Fécule du cactus .monstruosus. . Amidon de la graine de betterave. . Amidon de la graine du chenopodium quinoa. Les dimensions de toutes les fécules de cette planche sont comparables, depuis celles du canna gigantea, ayant au maximum 185 millièmes de millimètre (comme les fé- cules les plus grosses des pommes de terre et de la racine du Colombo), jusqu'à l'amidon de la graine du chenopodium quinoa, ayant au plus deux millièmes de millimètre. 370 DE L'AMIDON, DE LA DEXTRINE, ETC. PLANCHE V. FÉGULE DU CANNA DISCOLOR ET RÉACTION DE LA DIASTASE. Case 1, fig. a, a’, a”, b, d. Grains chauflés à 160, 200 et 210° centé- simaux, vus dans l'alcool. (Voyez cette fécule à l'état nor- male et ses grains écrasés, pl. VI, cases 4 et 5.) Fig. e, c, ce. Même fécule se gonflant dans l’eau après avoir été chauffée à 160°, et montrant sur chaque grain le hile entr'ouvert. Fig. e. Même fécule d'abord chauflée à 200°, puis plongée dans l'al- cool : 'évaporation, en déposant un peu d'eau sur chaque grain , a fait dissoudre une partie de la couche externe. Fig. f, f', f'. Grains de la fécule du canna discolor, d'abord chauf- fés à + 205°, s’exfoliant dans l'eau (on les a colorés par liode, afin de mieux montrer les couches minces déve- loppées ). : Case >, À. Deux grains hydratés et gonflés dans l'eau à + 90°; À’, A, grains traités de même, puis bleuis par l'iode. Dès que les grains hydratés et chauflés de + 70° à + 80° sont touchés par la diastase, ils se désagrégent, toutes leurs formes disparaissent, et, alors mis en contact avec l'iode, le liquide donne une nuance violette B, puis vineuse B, puis très-faible B”, puis enfin presque nulle B"', après trois heures de réaction. PLANCHE VI. FÉCULE DES LIS. Case 1. Fécule de lis à l’état normal. Case 2. La même, chauflée à 200°, vue dans l'alcool, hile rendu apparent; a, a même grain dans deux positions. Case 3. Grains d'abord hydratés par évaporation de l'alcool aqueux, puis exfoliés en tuniques ou enveloppes concentriques. Case 4. Fécule du canna discolor normale. Case 5. Même fécule rompue ou écrasée entre deux lames de verre: EXPLICATION DES PLANCHES. 371 les grains a, b, seulement fendus; en c et c', même grain sous deux positions; e, grain rompu en {rois parties et en- tr'ouvert; d et d', grains plus aplatis montrant l'espèce de ductilité de cette fécule. PLANCHE VIT. FÉCULE DES POMMES DE TERRE, AMIDONS DU CHARA ET DES POIS. Case 1, a, b, c. Fécule de pommes de terre (chauffée à + 200°) dont la première couche externe a été attaquée, puis dissoute par la guttule d’eau que l'évaporation de l'alcool a laissée sur chaque grain; d, e, f, mêmes grains exfoliés par l’eau plus ou moins alcoolisée, et dont deux, e, f, sont colorés par l'iode. Case 2. Amidon dans le suc du chara hispida. Case 3. Amidon dans les articulations. Case 4. Amidon des graines du même chara. Case 5. Le même fendillé ou écrasé par pression. Case 6. Amidon des pois : 1° a, a; 2°b, b', b'; 3e, c', c"; 4° d, d',d'; même grain, vu sous deux , trois ou quatre positions, mon- trant la dépression qui fit supposer un hile longitudinal ; e, f, deux grains cassés suivant la ligne de cette dépression. Case 7. Même amidon chauffé à 220° centésimaux, vu dans l'alcool, le hile devenu apparent. Case 8. Amidon des pois gonflé par la solution de soude : les deux premières figures montrent le même grain dans deux po- sitions. Case 9. Grains hydratés dans l'eau bouillante. Case10. Grains de la case 7 s'exfoliant et se gonflant par degrés après l'évaporation de l'alcool. PLANCHE VIII. AMIDON DES POLLENS. Case 1, figures a, a’. Grain de pollen du ruppia maritima, vu à l'état 47° 372 Case Case Case Case Case Case DE L'AMIDON, ETC. EXPLICATION DES PLANCHES. D D QE nl normal sous deux positions; figures d, d', e, même pollen comprimé laissant voir les quantités variables d'amidon qu'il renferme avec sa fovilla. Figures b, c, granules d'amidon sortis d'un grain de pollen déchiré. Figures f, f', pollen lançant au dehors ses granules d’amidon gonflés par une solution contenant 0,01 de soude. Pollen du naïas major, contenant des dépôts plus ou moins abondants d'amidon. On voit, au-dessous, des granules amylacés sortis de ce pollen. Mèêmes granules gonflés par la solution de soude. Amidon d'une graine de naïas major à demi développée. Amidon de la même graine venue à maturité. Même amidon gonflé par la soude. Pollen du globba nutans; c, jeune grain ne contenant pas en- core d'amidon; c', grain plus gros, à demi rempli d'ami- don, mêlé de fovilla; c”, gros grain rempli d'amidon; d, grain de pollen faisant une explosion spontanée dans l'eau : les granules d’amidon a, b, qui sortent en tourbillon- nant avec la fovilla, sont indiqués bleuis par l'iode sur la moitié inférieure de cette figure; e, grain de pollen rempli d'amidon et teint par l'iode; f, le même, gonflé par la so- lution de soude à 0,01, ayant chassé son enveloppe f'; 9, même grain, plus gonflé, ayant brisé sa première enve- loppe; b”, granules d'amidon du même pollen gonflés au maximum par la soude à 0,01; b', mêmes grains bleuis par l'iode. MÉMOIRE SUR LE RAYONNEMENT CHIMIQUE QUI ACCOMPAGNE LA LUMIÈRE SOLAIRE ET LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE. PAR M. EDMOND BECQUEREL, DOCTEUR ÉS SCIENCES. TROISIÈME MEMOIRE PRÉSENTÉ À L'ACADÉMIE DES SCIENCES DANS SA SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1840. S I“. ACTION CHIMIQUE DU SPECTRE SOLAIRE. DE DEUX ORDRES DE RAYONS CHIMIQUES. Les réactions opérées entre les éléments des corps placés sous l'influence de l'agent chimique qui accompagne la lumière so- laire ont été déjà l’objet des investigations de plusieurs physi- ciens; leurs recherches ont porté principalement sur divers sels d'argent, d’or et de métaux facilement réductibles, sur le phos- phore, la résine de gaïac et le mélange à volumes égaux de chlore et d'hydrogène. Schéele, le premier, étudia l'action de différentes parties du spectre sur un papier enduit de chlorure d'argent; il vit que ce_ Papier était plus fortement noirci dans les rayons violets que dans 374 RAYONNEMENT CHIMIQUE. les autres. Plus tard, Wollaston et Ritter montrèrent que la co- loration s’étendait, non-seulement à travers l’espace occupé par le violet, mais encore à un degré égal et environ à pareiïlle dis- tance au delà du spectre visible. D'après ces expériences confir- mées par Beckmann et M. Bérard, Wollaston montra que ces ef- fets, ainsi que d’autres attribués ordinairement à la lumière, n'étaient réellement dus à aucun des rayons perceptibles par l'organe de la vision, mais bien à l’action d’autres rayons invi- sibles qui les accompagnent. Le phosphore, soumis par Vogel au même mode d'action, s’est coloré plus où moins, suivant la partie du spectre dans laquelle il se trouvait. Ce physicien a reconnu que les rayons les plus re- frangibles étaient ceux qui le coloraient davantage, tandis que les rayons rouges, ou du moins ayant la même réfrangibilité que le rouge, étaient sans action sur lui. C’est aussi dans les rayons les plus réfrangibles que la combinaison du chlore et de l'hy- drogène s'effectue le plus rapidement; le même phénomène se passe lors de l'action de la lumière sur un papier enduit d'acide chromique et sur un papier enduit de résine de gaïac ; dans ce dernier cas, les rayons les plus réfrangibles sont les plus aptes à colorer cette résine, tandis que les moins réfrangibles sont les plus aptes à opérer une réaction inverse. Wollaston montra, le pre- mier, que ce second effet était également produit par la chaleur. Mais, dans ce cas, ce n'est pas la chaleur qui agit, puisque le maximum d'action ne correspond pas au maximum de chaleur dans le spectre. Seebeck avait remarqué que le papier préparé avec le chlo- rure d'argent prenait une teinte rougeâtre dans les rayons rouges; M. Herschel, en constatant ce fait, a montré de plus que les rayons rouges extrêmes (rayons qui échappent à la vue directe, mais qui se distinguent en regardant le spectre avec un verre bleu foncé) ne coloraient pas le papier sensitif de chlorure d’ar- gent, mais qu'ils avaient la propriété d'empêcher la lumière dif- fuse de le faire noircir;-et que, dans toutes les autres couleurs RAYONNEMENT CHIMIQUE. 375 prismatiques, la coloration avait également lieu : mais, comme il faut laisser le papier quelque temps dans le spectre solaire, et que celui-ci est accompagné d’une grande quantité de lumière diffuse, l'empreinte se forme sur un papier déjà impressionné, et alors, comme nous le verrons craprès, il y a un plus grand nombre de rayons actifs que lorsque le papier n'a pas été im- pressionné. M. Herschel a reconnu de plus que les rayons rouges extrêmes, obtenus en faisant passer un faisceau de rayons solaires à travers des verres rouges, faisaient prendre une teinte rougeätre au pa- pier sensitif de Pas déjà impressionné. Il attribua cet effet à ce que les rayons rouges extrêmes déterminaient une destruc- tion lente et graduelle des couches de couleur produites par les autres rayons. Cet effet ne serait-il pas plutôt le résultat de l’ac- üon des rayons calorifiques qui, lorsqu'ils sont seuls, produisent le même phénomène ? Tel était l’état des connaissances touchant l'influence des dif- férentes parties du rayonnement solaire sur divers composés chi- miques , lorsque j'ai étudié de nouveau l’action du spectre solaire sur des sels d'argent. Je suis parvenu à des résultats nouveaux, qui montrent que l'agent chimique qui accompagne la lumière est au moins com- posé de deux ordres de rayons différents. Voici les faits qui ten- dent à établir cette distinction. J'ai opéré principalement sur du papier de bromure d'argent, préparé, comme on sait, en étendant sur une feuille de papier successivement une couche d’une solution aqueuse de bromure de potassium, puis de nitrate d'argent, et faisant sécher le pa- pier après l'application de chaque couche. Ce papier a l'avantage d'être plus sensible que celui que l’on prépare avec le chlorure d'argent. Si, après avoir préparé un de ces papiers dans une obscurité complète, on projette immédiatement sur sa surface le spectre solaire provenant du passage d’un faisceau lumineux à travers un 376 RAYONNEMENT CHIMIQUE. prisme de verre ordinaire , et qu’on examine ce papier au bout de quelques minutes, on le voit coloré dans les rayons bleus, indigo , violets, comme dans la figure 1. Mais si, avant de l’expo- ser dans le spectre, on le laisse impressionner légèrement à la lumière diffuse, il n’en est plus de même, et la coloration a lieu, non-seulement dans les rayons les plus réfrangibles, mais encore dans la partie supérieure du spectre jusqu’au rouge; la figure 2 représente l’action produite sur un papier impressionné. Cette co- loration du papier dans les rayons orangés, jaunes et verts, pro- vient, comme on le verra ci-après, de l'action de rayons qui n’agissent pas de la même manière que les rayons chimiques déjà étudiés. Au lieu d’un papier sensible non impressionné, j'ai expéri- menté avec un papier enduit de bromure d'argent, ayant sa sur- face couverte de bandes parallèles, très-étroites, successivement non impressionnées et impresionnées. On obtient facilement ces bandes en exposant, pendant quelques secondes, à la lumière diffuse, sous un carton découpé, une feuille de papier sensitif nouvellement préparée ; mais on s'arrange pour que la coloration des dernières bandes soit à peine sensible. Si l'on projette alors le spectre solaire sur ce papier, on remarque quelque temps après les résultats suivants : toute la partie exposée dans les rayons bleus, indigo, violets et au delà du violet, est noircie comme précédemment, tandis que, dans les rayo nsorangés, jaunes, verts, se trouvent des bandes noires qui, dans le vert, ont une couleur à peu près semblable à celle du papier dans le violet. Ces bandes sont celles qui ont été déjà impressionnées, tandis que celles qui ne l'ont pas été sont restées complétement blanches. On voit en- core de ces bandes dans le commencement du bleu; mais elles finissent bientôt; car, dans ces rayons, les bandes non impres- sionnées primitivement ont déjà sensiblement la même couleur que les premières. Voyez fig. 3. On peut, au lieu d’expérimenter avec un papier sur lequel on a formé des bandes alternativement impressionnées ou non im- “2 RAYONNEMENT CHIMIQUE. 377 pressionnées , employer un papier de bromure d'argent que l’on a exposé préalablement à la lumière diffuse, sous un carton percé d'un grand nombre de petites ouvertures, mais seulement pen- dant quelques secondes : en plaçant ce papier dans le spectre, on voit dans les rayons verts, jaunes, orangés, des poinis noirs qui sont justement les points déjà impressionnés et qui ont con- - tinué à noircir dans la partie supérieure du spectre. Ces résultats, confirmés par une série d'expériences et par l'action des écrans dont nous allons nous occuper, montrent bien que la-lumière est accompagnée, en outre des rayons chimiques ordinaires qui influencent les sels d'argent , et qui s'étendent de- puis la limite du vert et du bleu jusqu'au delà du violet, d’autres rayons qui produisent la même transformation , qui ne commen- cent pas une action, mais continuent l’action commencée. Pour distinguer ces deux ordres de rayons, jai nommé les pre- miers rayons excilateurs , c'est-à-dire rayons qui, par leur réfrac- tion, sont compris depuis les rayons bleus jusqu’au delà, et les autres rayons continualeurs, c’est-à-dire rayons continuant une action commencée sous l'influence d’autres rayons. On peut aussi rendre sensibles les rayons continuateurs en opérant de la manière suivante : Après avoir préparé un papier de bromure d'argent, comme il a été dit ci-dessus, on le couvre d’une feuille de papier ordi- naire, assez mince, et sur laquelle sont tracés des caractères; puis on l’expose peu de temps à la lumière. Si le papier restait ainsi longtemps exposé à la lumière, on trouverait l'écriture repro- duite en blanc sur un fond noir; mais on ne le laisse que le temps nécessaire pour qu'il y ait un commencement d'action tel que le papier, vu avec une lumière dans la chambre obscure, paraisse presque blanc. Il suffit de quelques secondes d’exposi- tion au soleil pour obtenir ce résultat. Cela fait, le papier restant dans l'obscurité ne se colore pas; mais, en projetant sur lui le spectre solaire, on voit au bout de quelque temps, dans les rayons verts, jaunes, orangés, apparaître l'écriture en blanc sur un fond 8. 18 378 RAYONNEMENT CHIMIQUE. noir, tandis que le papier s’est coloré complétement dans les rayons bleus, indigo, violets et au delà, et que partout ailleurs le papier est resté blanc. Cette manière d’expérimenter montre bien la présence des rayons continuateurs dans la partie supérieure du spectre solaire. $ II. DE L'ACTION DES ÉCRANS. Je vais maintenant examiner, dans le cas que je considère, ce quise passe lors del’interposition d'écrans de diverse nature entre la lumière et le papier de bromure d'argent. Lorsque l’on place à la lumiere, sous des écrans de verre coloré ou de différentes substances, du papier sensitif de bromure ou de chlorure d’ar- gent, de manière qu'il ne puisse être impressionné que par les rayons qui ont traversé ces écrans, le sel d'argent se colore alors diversement suivant la nature de l'écran; et des papiers sem- blables placés sous divers écrans mettent des temps très-différents pour parvenir à une même phase de coloration. Ces faits ont été reconnus par plusieurs physiciens. C’est en cherchant à mesurer les différents temps que mettait le bromure d'argent pour parve- nir à une même phase de coloration, dans des circonstances di- verses, que Jai été conduit à admettre Îles rayons chimiques con- anualeurs mentionnés plus haut. Voici le procédé que j'ai employé: J'avais remarqué qu'en prenant une même feuille de papier pré- paré avec le bromure d'argent et impressionnant une moitié de cette feuille à la lumière, si l’on taillait des bandes perpendicu- laires à la ligne de démarcation des deux parties, impressionnée et non impressionnée, j'avais remarqué, dis-je , que, sur ces bandes exposées à la lumière diffuse ou solaire, la ligne de démarcation disparaissait quelque temps après leur exposition, ce qui indi- quait que la partie non impressionnée s'était colorée plus vite que l'autre; il y avait donc un moment où, des deux côtés d’une même bande, la coloration était la même; j'avais de plus observé que, lorsqu'elles étaient placées à la lumière diffuse ou solaire, quelle RAYONNEMENT CHIMIQUE. 379 que füt l'intensité de cette dernière, entre certaines limites bien entendu, dès que la ligne de démarcation disparaissait, la teinte était la même dans toutes les bandes. Ce fait avait permis de re- connaître facilement le moment où, sous différents écrans, le papier parvenait à une même phase de coloration ; car alors la ligne de démarcation disparaissait. Mais en opérant ainsi sous divers écrans, J'en ai trouvé qui agissaient de telle manière sur les rayons solaires, que la partie déjà impressionnée de la bande du papier sensitif continuait seule à se colorer, tandis que celle qui ne l'avait pas été primitivement restait blanche; ce sont ces résultats qui m'ont fait voir que la lumière possédait des rayons qui n’agissaient sur les sels d'argent qu'après une action com- mencée. J'ai essayé ainsi un très-grand nombre d'écrans de verre co- loré, et, autant que possible, plusieurs à la fois simultanément sur divers papiers, afin de pouvoir comparer les effets produits. En employant un verre rouge, qui ne laisse passer à peu près que les rayons lumineux rouges, après une demi-heure d'exposition au soleil, j'ai vu que la partie de la bande de papier qui avait été primitivement impressionnée par la lumière s’est colorée davan- tage (ce qui peut facilement se reconnaître au moyen d’un papier semblable resté dans l'obscurité), tandis que l’autre partie, qui n'avait pas été impressionnée, est restée complétement blanche : d’autres verres rouges plus clairs produisaient le même phéno- mène, mais seulement avec plus de rapidité. Un verre vert foncé donne aussi les mêmes résultats, mais avec plus de lenteur que le premier verre rouge, tandis qu'un verre vert clair laisse passer en même temps des rayons chimiques ex- citateurs, de sorte qu'il est difficile de reconnaître en lui la même propriété. Voilà donc des verres de couleur rouge et verte, qui ne laissent passer complétement que les rayons continuateurs et qui sont imperméables aux rayons excitateurs. Un verre jaune d’or foncé a d’abord laissé passer en très-grande abondance les rayons qui continuent l’action, ce que l'on recon- 48° 380 RAYONNEMENT CHIMIQUE. nait par la coloration du côté de la feuille de papier primitive- ment impressionnée; mais l’action continuant ensuite, l’autre côté commence à se colorer aussi, ce qui montre que les autres rayons chimiques traversent aussi cet écran, mais en moins grande abondance. Un verre jaune moins foncé a produit le même phé- nomène et la coloration de la partie non impressionnée de la bande de papier s’est opérée plus rapidement que dans le cas précédent. On ne peut distinguer ces deux ordres de rayons lors de l'in- terposition des verres blancs, violets, bleus, entre la lumière et le papier de bromure d'argent; car les deux portions de ce papier préparé comme précédemment, se colorant comme par l'effet de la lumière diffuse, ont bientôt pris la même teinte. Par l'expérience suivante, analogue à celle que j'ai faite dans le spectre solaire, on peut rendre bien sensible l'action des rayons continuateurs. Si l'on prend un papier sensitif de bromure d’ar- gent nouvellement préparé, dans une chambre parfaitement obs- cure, et que, plaçant dessus un papier écrit ou un dessin, on l'expose ainsi quelques instants à l’action de la lumière, de ma- nière à ce que le papier soit impressionné, mais cependant que l'écriture ou le dessin ne paraisse pas encore, alors, en plaçant le papier sous un verre Jaune d'or foncé ou sous un verre rouge assez clair pour que Faction marche plus vite, et Fexposant ainsi à la lumière, on voit peu à peu l'écriture ou le dessin paraître sur le papier, ce qui montre que les portions du papier déjà impression- nées se colorent, tandis que les autres restent blanches. L'action des écrans, comme celle du spectre solaire, montre donc que l’on peut distinguer dans la lumière solaire au moins deux ordres de rayons chimiques qui influent sur les sels d’ar- gent. En interposant divers écrans liquides entre la lumiere et un écran de verre Jaune foncé ou rouge qui recouvrait une bande de papier sensible, j'ai cherché si ces liquides pourraient arrêter les rayons continuateurs. Parmi ceux que J'ai essayés, Je n’en ai RAYONNEMENT CHIMIQUE. 381 trouvé aucun qui jouit de cette propriété; seulement j'ai reconnu qu'en interposant entre une bande de papier sensitif (moitié im- pressionnée et moitié non impressionnée) et la lumière un écran d'un liquide coloré en jaune foncé ou en rouge , telle qu’une so- lution de bichromate de potasse, une solution légère d'iode dans l'alcool, on reproduisait les mêmes phénomènes qu'avec les verres colorés jaunes ou rouges. Dans toutes mes recherches, j'ai employé du papier préparé avec le bromure d'argent. Ce papier a l'avantage d’être plus sen- sible que celui de chlorure, quoique ce dernier présente les mêmes phénomènes; seulement, quand on expose le chlorure d'argent déjà impressionné à l'action des verres rouges, il prend une teinte rougeâtre que l’on avait déjà remarquée; mais, comme en faisant chauffer un papier de chlorure, on lui donne la même teinte , il est probable que cet effet est dû à l’action des rayons colorifiques. Les plaques d'argent iodurées se comportent comme le chlo- rure et le bromure d'argent’. ? On peut se servir des rayons continuateurs, et on s'en est servi dans ces derniers temps, pour continuer un dessin commencé sur des plaques iodurées dans la chambre obscure; il suffit de laisser la plaque au foyer pendant plusieurs secondes, si l'objectif est à court foyer, et de mettre ensuite la plaque au soleil sous un verre rouge pour que le dessin se continue. Il faut pour cela que la plaque ait été iodée comme à l'ordinaire, suivant le procédé de M. Da- guerre, et à l'obscurité profonde. Les rayons continuateurs ne réussissent bien avec le mode de préparation des plaques où l'on emploie du chlorure diode, qu’en prenant des verres qui ne laissent passer que les rayons rouges extrêmes. Lors de l’action du verre rouge sur les pla- ques, l’action est telle qu'à la longue le dessin se marque sans qu'il soit besoin de la passer au mercure. Les faits renfermés dans ce mémoire indiquent les précautions à prendre pour avoir de bonnes épreuves à la chambre obscure. Comme la plaque iodurée n’est sensible qu'aux rayons chimiques, compris depuis le vert jusqu’au violet et même au delà, il s'ensuit que si, avant de mettre la plaque iodée dans la chambre obscure, on l'impressionne un peu, mais excessivement peu, alors elle deviendra sensible à l'action des rayons continuateurs, et des ob. jets de couleur rouge, orangée, jaune, pourront être dessinés sur la plaque, puisque les rayons chimiques, qui ont la même réfrangibilité que ces rayons lumineux, agissent alors sur l'iodure d'argent. De plus, si l'on veut dessiner un paysage, après avoir pris les précautions indiquées plus haut, en mettant devant l'objectif un verre légèrement coloré en vert ou en jaune, il est facile de concevoir'que les feuilles vertes des arbres seront bien plus marquées sur la plaque, pourvu qu'elle reste exposée au foyer plus longtemps. 382 RAYONNEMENT CHIMIQUE. Le chlorure d'or ne produit pas ce phénomène; il ne peut pas avoir lieu, car Seebeck a vu qu'en enduisant un papier de chlo- rure d'or etle plaçant dans une chambre obscure, 1l ne changeait pas de couleur, et l'or n’était pas réduit; mais si, après une courte exposition à la lumière solaire, on vient à le rapporter dans lobs- curité avant qu'ilait été coloré par l’action des rayons chimiques, la réduction de l'or a lieu dans la chambre obscure et le papier passe par toutes les phases de coloration qu'il aurait traversées en restant exposé au soleil. On voit donc ici que l'action se con- tinue à l'obscurité, tandis qu'avec les seis d'argent il ne se passe rien à l'obscurité et l’action se continue sous l'influence des rayons dont Jai parlé plus haut, phénomène très-différent du pre- mier. Ni la résine de gaïac, ni l'acide chromique ne présentent les mêmes effets que les sels d'argent; et, quant à présent, je n'ai trouvé que ces sels qui eussent la propriété de continuer à être impressionnés par certains rayons dont les effets ont seulement pour but de continuer une action commencée par d’autres rayons. Ainsi ne pourrait-on pas expliquer par une propriété analogue les résultats différents obtenus par les trois expérimentateurs qui ont étudié l'action chimique du spectre solaire sur un mélange à volumes égaux de chlore et d'hydrogène. M. Bérard a dit, d’une part, que les rayons violets, ou du moins les rayons chimiques qui accompagnent les rayons violets étaient les plus efficaces pour opérer la combinaison; Davy, au contraire, a dit que c’étaient les rayons rouges, et M. Suckou d'Iéna a reconnu de l'efficacité à ces deux sortes de rayons. Ces différences ne proviennent-elles pas de ce que, les deux derniers physiciens n'ayant pas opéré dans une chambre parfaitement obs- cure, un commencement de combinaison avait eu lieu avant l’ex- périence, et avait continué par suite de l’action des rayons con- tinuateurs ? RAYONNEMENT CHIMIQUE. 383 $ III. pu RAYONNEMENT CHIMIQUE DE LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE. Le phénomène de continuation d'action sous l'influence de certains rayons m'a servi à pouvoir reconnaître ct étudier le rayon- nement chimique de l’étincelle électrique. Brandt a observé, le premier, que le chlorure d'argent noir- cissait sous l'influence de la lumière électrique, comme lors de son exposition au jour. J'ai repris ses expériences et J'ai vu que la lumière électrique pouvait influencer le chlorure et plus rapi- dement le bromure d'argent. L'appareil que J'ai employé consiste en une boîte en carton percée de deux ouvertures latérales, par lesquelles passent deux tubes de verre; ces tubes servent à isoler deux tiges de cuivre pouvant transmettre l'électricité au milieu de la boîte ; les deux extrémités intérieures des tiges sont écartées de 5 millimètres; et, en dessous des extrémités, l'on peut placer un papier sensible recouvert d’un transparent, de sorte que, si la lumière électrique influence le papier, l'image sort imprimée sur ce papier. Lestiges sont tout au plus à 4 ou 5 millimètres du papier de bromure d'argent; en excitant entre les tiges trois à quatre décharges d'une batterie de quatre jarres, et en regardant ensuite le papier, on voit une empreinte du trans- parent. Deux Dee de la batterie employée colorent un peu le papier, tandis qu'une seule n’est pas assez forte pour l'impres- sionner sensiblement; mais ensuite en exposant ce papier à la lu- mière solaire sous un verre rouge ou jaune d’or, on voit peu à peu l'empreinte du transparent paraître, ce qui montre que les rayons chimiques continuateurs accompagnant la lumière so- laire continuent aussi une impression commencée par l'action de la lumière électrique; avec le chlorure d'argent, il faut trois à quatre décharges pour avoir un commencement de coloration. La simple étincelle peut aussi impressionner le papier, mais il faut en exciter un grand nombre entre les tiges de cuivre. J'ai examiné l'influence des écrans interposés entre le papier 384 RAYONNEMENT CHIMIQUE. sensible et la lumière électrique. À cet effet, jai employé les verres colorés qui avaient déjà servi pour la lumière solaire, c’est- à-dire des verres blancs, violets, bleus, jaunes, rouges. Plusieurs portions de papier ont été taillées dans une feuille de papier de bromure d'argent, puis mises successivement au fond de la boîte, sous un transparent couvert d’un des verres colorés. On a ensuite fermé la boîte avant chaque expérience et excité successivement deux décharges de la batterie de quatre bocaux chargés à 20° de l'électromètre à balles. En examinant ensuite, à l’aide d’une lu- mière, dans une chambre obscure, ces divers papiers, il n'y avait d'empreinte visible que sur celui qui avait été frappé di- rectement par la lumière électrique; les autres étaient restés par- faitement blancs; mais il y avait toujours eu commencement d'ac- tion, car, en les plaçant sous un verre rouge et les exposant à la lumière solaire, on a vu peu à peu la plupart des papiers pré- senter une image colorée du transparent. Après un temps suffi- sant pour colorer les parties qui avaient reçu un commencement d'impression, on a examiné de nouveau les différents papiers; ceux qui avaient été placés sous les verres blancs, violets, bleus, étaient tous colorés, du moins de l'empreinte du transparent, tandis que ceux qui avaient été exposé à l’action de l’étincelle sous les verres jaunes, rouges, ne présentaient aucune coloration. On voit donc que les premiers écrans avaient laissé passer une partie de la radiation chimique de la lumière électrique, mais qu'il fal- lait une action postérieure de certains rayons pour faire paraître une coloration sur le papier sensible. J'ai cherché, à l'aide de verres colorés, si la lumière électrique, de même que la lumière solaire, contenait deux ordres de rayons chimiques, les uns continuant seulement une action commencée par les autres, mais je n'ai obtenu aucun résultat satisfaisant. Des recherches consignées dans le mémoire que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie, on peut tirer les consé- quences suivantes : 1° Les rayons chimiques de la lumière solaire qui agissent sur RECHERCHES SUR LA DISPOSITION DES NERFS DE L'UTÉRUS, ET APPLICATION DE CES CONNAISSANCES À LA PHYSIOLOGIE ET À LA PATHOLOGIE DE CET ORGANE; PAR M. LE D' JOBERT DE LAMBALLE. PRÉSENTÉES À L'ACADÉMIE LE 17 MAI 1841. L'utérus est, sans contredit, celui de tous les organes qui a le plus occupé les anatomistes, et cependant on est loin d’être fixé sur sa composition intime et sur la nature des tissus qui entrent dans sa structure. Notre intention, dans ce travail, est de rechercher spécialement la distribution des nerfs de l'utérus, ainsi que les modifications qu'ils peuvent subir suivant les âges. Un coup d'œil jeté sur la manière dont les auteurs ont envi- sagé la question que nous cherchons à approfondir suffit pour démontrer combien les opinions sont divergentes. Galien admettait l'existence des nerfs de l'utérus, car il re- connaissait dans la matrice de la sensibilité et de la contractilité; RAYONNEMENT CHIMIQUE. 385 les sels d'argent comprennent au moins deux ordres de rayons: d’abord les rayons chimiques ordinaires, que j'ai nommés rayons excitateurs, puis d’autres rayons que J'ai nommés rayons continua- teurs, ou qui ne font que continuer une action déjà commencée sous l'influence des premiers. 2° Ces rayons continuateurs sont placés dans la partie supé- rieure du spectre solaire, c’est-à-dire qu’ils accompagnent Îles rayons orangés, Jaunes, verts, peut-être aussi les rayons bleus, les moins réfrangibles; mais, dans ce dernier cas, ils se confon- dent avec les premiers (les rayons excitateurs); on sait, en effet, que ceux-ci accompagnent généralement les rayons les plus ré- frangibles de la lumière, etily en a qui, dans le spectre solaire, sont même au delà du violet. 3° Lors de l'action des écrans, 1l s’en trouve qui laissent pas- ser, les uns seulement les rayons continuateurs, les autres, les deux ordres de rayons. 4° Les rayons continuateurs achévent aussi une action chimique commencée sous l'influence de la lumière électrique, et peuvent servir à reconnaître et à analyser l’action chimique de la lumière électrique ou, du moins, de l'agent chimique qui l'accompagne. 49 ee llead # A Zerus. B C D lagin . esse. lretere leetum . Vrompe 2 paire . Ligament de l'Ovaire {Javanékr Etrange Utérus ANTAIT ANAT d'une OMIE COMPA femme accouchee depuis quelques jours. DES NERFS UTERUS, Zom. & 7. TJ. T 7éne K rrur lypogastrique M Zéetr nerveur que cotoyent Le bord de l'utérus pour ve rentre a la trompe et & son parillon at valrsreute Spermatiquer ater digamneresr larges, à l'ovaire et à von ligament orromée dir md lead “es SE Savanks L'irangers.) ANATEÆ COMPARÉE DES NERFS UTERINS ÿ Tom. 8. PLU M Zone du nerf grand sympathique N Canglons nerveua: els nerveux ovariques. O Zexus renal leple du perdoine leotum . Grnes utérénes PB Zetr venus du plexus renal et du gr. Leympatique pour former Le plexur aortique Q Zuur aortique Verts. R Zranches parties de plerur aortique loin. qu viennent concour à da, formation du lente. plexus hypogastrique eplé du péritoine S Vepfi sacres Aorte. TT /lerus hypogastrique ou vaginal É 2 € Lorromee dir Plexus Hypogastrique de la Chienne. # a ns GnCde lcd der S'(Javarntr Ltrangers, ANATY COMPARE DES NERFS UTERINS Zom. 8. PLU Lei. Tronc du nerf grand sympathique Doare . Trompe. O ZÆectum R Zäyn. Crner uterines. S Æetr de l'ovare et de la trompe TT Zbtr des Corner utérines lesvee. U Lame antérieure du repli perdoneal Pets nerveux. qui five es cornes utertnes à lx colonne Canglionr nerveux. vertbrale., Verfe rénaux U' Zame postricure du méme repli Artère rénale . V_ l'lexur hypogattrique où vaginal Derfs intercostaux X Pets emanes du plerur renal Verf ombarres Verft sacrés. et du grand sympathique, pour verur se Jeter dar Le plerur | Corps des vertébres laypogartrique. Porromée dir Plexus Hypoga trique de la Jument. Le Zorm. 8. PL. IV. H zur aortique. L Branches descendanter du Plexiur aortique venues pour Jrmer le plerur hypogastique K Perur hypogartrique. O Zotremute œudal de x Colonne Vertebrate. Borromée. dir. 1 js ie ï ! + " ‘ * RECHERCHES SUR LA DISPOSITION DES NERFS DE L'UTÉRUS. 387 mais il ajoutait qu'ils étaient très-petits, relativement au volume de l'organe, Jusqu'au milieu du xvi° siècle, aucun écrit n’est publié sur la disposition des nerfs de l'utérus; c'est à peine si vers la fin du xvi siècle se répandent quelques notions sur ce point curieux et intéressant d'anatomie humaine : dans Le xvn° on ne s'occupe pas beaucoup plus de cette question. Willis connaissait les nerfs hypogastriques et sacrés, et avait indiqué et décrit les nerfs ovariques. Reusse, Daventer, Winslow, Saltzmann , admettent, mais sans autres détails, l'existence des nerfs de l'utérus. Walter fit dessiner une planche dans laquelle sont représentés les nerfs de la matrice lorsqu'elle est dans l'état de vacuité : ce sont de petits filaments grèles et peu nombreux qui émanent du plexus hypogastrique. Graaf décrit la disposition et indique l'origine des nerfs qui se rendent à la face postérieure du col, et se ramifient ensuite sur le corps et le fond; mais dans la planche qu'il a laissée sur ce sujet, il paraît s'être bien plus attaché à représenter la dis- tribution des artères que celle des nerfs. Haller n’a étudié les nerfs de l'utérus que dans l’état de vacuité. W. Hunter les étudia lors de la gestation, et il leur attribua un développement pareil à celui des artères et des veines. Il supposait que, comme ces vaisseaux, les nerfs s’élargissaient pendant la grossesse. J. Hunter n’admet pas cette particularité, et malheureuse- ment, de même que W. Hunter, il ne laisse aucune planche des dissections qu'il entreprit. Les auteurs qui croyaient à la possibilité de ce développe- ment lors de la grossesse expliquaient la violence des contrac- tions utérines par ce surcroit d'influence nerveuse, tandis que les adversaires de cette opinion avaient imaginé, pour se rendre compte de cette contractilité, une force particulière, vis insita. Nous croyons devoir transcrire l'opinion de J. Hunter. I di- 49° 388 RECHERCHES sait que pendant la grossesse l’utérus augmente cinquante fois au moins de son volume, et que cet accroissement se fait sur la matière animale vivante, laquelle est capable d'action en elle-même ; en un mot, il admet que l'influence nerveuse n’est pour rien dans le développement qui s'opère dans cette circonstance, et que les vaisseaux y jouent seuls un rôle important. Tiedemann a fait connaître mieux qu'aucun autre anatomiste la disposition des nerfs de l'utérus, qu'il a fait représenter dans deux planches : dans l'une sont dessinés les nerfs ovariques, et dans l’autre les nerfs qui accompagnent les artères utérines. Il démontre parfaitement les anastomoses qui lient ces nerfs d'ori- gine différente. Les nerfs utérms qui naissent du plexus hypo- gastrique accompagnent l'artère utérine, et on les voit se distri- buer sur la face postérieure de la matrice : c'est, du reste, à peu près la même distribution que celle indiquée dans la planche de Graaf; en outre, Tiedemann admet que les nerfs de l'utérus prennent du développement lors de la puberté, et surtout pen- dant la grossesse, et qu'ils diminuent ensuite lorsque la vieil- lesse survient. Lobstein, dans un ouvrage publié, en 1822, sur le nerf grand sympathique, nie encore l'existence des nerfs de l'utérus. Langenbeck a figuré dans une planche Îes nerfs ovariques et utérins sur une matrice vide. Osiandre dit que la présence et la disposition des nerfs dans l'utérus n'ont pas été suffisamment démontrées, et que sil les admet, c’est plutôt sur la foi des anatomistes qui prétendent les avoir disséqués que pour les avoir vus lui-même; du reste, ajoute- t-il, beaucoup d’autres personnes n’ont pas été plus heureuses. Cependant, considérant Firritabilité dont jouit la matrice, il est d'avis qu'on doit admettre ces nerfs, que lon ne saurait que dificilement retrouver et suivre le scalpel à la main. 1 Sœmmerinmg indique, comme se rendant à l'utérus, des filets qui proviennent du plexus mésentérique inférieur, ainsi qu'un nerf spécial allant à l'utérus et à la vessie. SUR LA DISPOSITION DES NERFS DE L'UTÉRUS. 389 M. Cruveilhier dit : «Les nerfs utérins viennent de plusieurs sources. J'ai déjà dit que le plexus qui entoure l'artère ova- rique, et qui est une émanation du plexus rénal, se partage comme l'artère qui lui sert de support entre l'utérus et l'ovaire. I m'a paru qu'il en est de ces nerfs comme des vaisseaux, C’est- à-dire que les nerfs utérins qui viennent du plexus ovarique sont plus considérables que les nerfs ovariques proprement dits. Les nerfs tubaires en sont une émanation. « Les nerfs utérins qui proviennent du plexus hypogastrique se divisent : 1° en ascendants, lesquels se dirigent de bas en haut, le long du bord de l'utérus, et se portent les uns en avant, les autres en arrière, et s'épuisent dans l'épaisseur de l'organe ; 2° en descendants qui longent les côtés du vagin et se terminent dans son épaisseur. » M. Blandin dit : «Les nerfs de l'utérus émanent du plexus hypogastrique et du plexus ovarique du grand sympathique. » Cuvier admet qu'ils naissent du grand sympathique et des nerfs sacrés. Madame Boivin et M. Dugès citent les recherches de Tiede- mann, et s'en rapportent aux descriptions qu'il a données des nerfs utérins; ils indiquent, en outre, ceux qui proviennent du plexus rénal, et ceux qui sont fournis en plus grande partie par les ganglions lombaires; en un mot, ils décrivent les filets ovariques qui viennent gagner le fond de l'utérus, et les rameaux qui, émanant du plexus hypogastrique et sacré, suivent les ar- tères utérines, et sont destinés seulement au col, au vagin et à la vessie. M. Velpeau dit « que les nerfs de l'utérus viennent du piexus sacré et du système ganglionnaire par les plexus rénaux et hy- pogastriques. Les premiers se distribuent presque entièrement au col, et il est naturel de leur attribuer l'excès de sensibilité dont jouit cette partie, tandis que les seconds, n'étant destinés là, comme partout ailleurs, qu’à la sensibilité végétative, devaient être répartis régulièrement dans toute l'étendue de l'utérus. » 390 RECHERCHES Tel était sur cette question l'état de la science, lorsque cette année M. Robert Lee fit paraître à Londres un travail sur les nerfs de l'utérus, avec deux planches destinées à représenter le trajet et le volume des nerfs de cet organe. Cet auteur a eu principale- ment pour but de démontrer que les plexus hypogastriques et les nerfs de l'utérus augmentent pendant la grossesse, et dimi- nuent graduellement après l'accouchement. Il pense que le déve- loppement de ces nerfs est en rapport avec celui des artères et l'accomplissement des fonctions de l'utérus. Ce médecin a examiné les nerfs utérins dans les circonstances suivantes : 1° Sur une femme enceinte de 3 mois; D CEE OISE de 0EMOSE 49 de 7 mois; Do de 8 mois; 6° Sur deux femmes à terme; 7° Sur une femme accouchée depuis dix jours; 8° Sur une femme d’un âge moyen, dont la matrice était vide ; 9° Enfin sur une jeune fille qui n’avait jamais conçu. Chez la femme d’un âge moyen, les plexus aortiques et hypo- gastriques étaient beaucoup plus petits que chez les femmes dont l'utérus était rempli du produit de la conception. Il a, en outre, noté que, chez la jeune fille qui n'avait pas conçu, les nerfs étaient plus volumineux que chez la femme d’un âge plus avancé. Sur la femme qui fut disséquée dix jours après l'accouche- ment, les plexus hypogastriques, et les nerfs qui se rendent sur la surface antérieure et postérieure de l'utérus, paraissaient avoir sensiblement perdu de leur volume, si on les comparait aux nerfs de l'utérus des femmes parvenues aux sixième et septième mois de la gestation; ce qui prouve, suivant l’auteur, que ces nerfs , SUR LA DISPOSITION DES NERFS DE L'UTÉRUS. 391 après avoir rempli leurs fonctions temporaires, tendent à re- prendre leur volume primitif. Sur une femme à terme, il a remarqué que tous les nerfs de l'utérus paraissaient élargis. Sur la femme enceinte de quatre mois, les nerfs étaient moins volumineux qu’à une époque plus avancée de la grossesse; mais cependant leur développement était évident : ils s'étaient aussi élargis. Une injection poussée préalablement dans les artères utérines facilita beaucoup ses dissections; 1l put suivre plus sûrement les nerfs dans leur trajet, et même jusque dans le col utérin et dans le fond de la matrice. Sur une femme grosse de trois mois, il nota aussi l'élargisse- ment des filets utérins de la face antérieure du col, où ils re- présentent une espèce de ganglion. Nous passons actuellement à l'exposition de nos recherches sur ce point. Comme les anatomistes modernes, nous admettons que le plexus hypogastrique plongé dans le bassin, et formé par des filets antérieurs de la partie sacrée du grand sympathique, par les plexus aortiques et mésentériques inférieurs, et par des filets du plexus sacré fournis par la cinquième et la sixième branche, envoie à la matrice les rameaux qu’elle recoit, et qui sont par conséquent de deux ordres. Les uns, en effet, communiquent im- médiatement avec la moelle épinière, et appartiennent au sys- tème nerveux dit de la vie animale, et les autres au système de la vie organique ou au grand sympathique. L'existence des nerfs de l'utérus étant incontestable, il s'agit de rechercher à quel point de l'utérus ils vont se rendre. Gagnent-ils tous les tissus, et se rendent-ils à toutes les régions de la matrice? Doit-on assigner une terminaison différente aux nerfs qui émanent de la moelle épinière et à ceux qui naissent du grand sympathique? Ce sont là autant de questions dont Ja solution nous paraît d’un grand intérêt, et qui ont été souvent 392 RECHERCHES résolues d’une manière différente par des anatomistes également habiles. Avec un peu de soin et de patience, on vient à bout de suivre les filets nerveux utérins, principalement dans le trajet des artères et des veines qu'ils enlacent, pour ainsi dire. Tous ces filets peuvent être distingués en superficiels et profonds. Les uns gagnent les côtés de l'utérus en marchant dans l'épaisseur des ligaments larges. De nombreux rameaux sillonnent la face ante- rieure et postérieure de l'utérus, en abandonnant dans leur trajet des filets au péritone de ces régions. Quant aux filets profonds, ils accompagnent, comme nous l'avons dit, les vais- seaux utérins ; mais des branches de tous côtés naissent dans ce trajet pour traverser obliquement les plans musculaires, en for- mant des espèces de coudes, à la manière des filets nerveux qui forment des anses sur les muscles dans les autres parties du corps. J'ai voulu disséquer les filets nerveux jusqu'à la face interne et sur la membrane muqueuse de la matrice; mais je n’ai pu y réussir, quoique je les aie suivis à une grande profondeur. Il n’en est pas des nerfs du plexus sacré comme des nerfs des autres parties du corps qui s’anastomosent avec des filets du grand sympathique, et qui n’en sont pas moins distincts jusqu’à leur terminaison. Je veux dire que les filets sacrés, après avoir rencontré les nombreuses branches fournies par le grand sympa- thique, échangent tellement leurs filets pour constituer le plexus hypogastrique, qu'il est impossible à l’'anatomiste le plus habitué aux dissections et à l'œil le plus exercé de distinguer entre eux les filets nés des deux sources dont nous venons de parler, au moment où 1ls émergent du plexus hypogastrique pour gagner l'utérus et ses annexes. C'est assez dire que nous pensons qu'on a légèrement admis que les filets du plexus sacré venaient se rendre à la partie qu'on est convenu d'appeler la plus sensible, le col. Bien plus, j'ajouterai qu'il m'est démontré par l'anatomie humaine et com- SUR LA DISPOSITION DES NERFS DE L'UTÉRUS. 393 parée que précisément la partie de lutérus qu'on a regardée comme recevant le plus de nerfs n'en reçoit aucun. J'établirai cependant une distinction au sujet du col de lu- térus, qui me permettra de fixer plus clairement les limites de l'influence nerveuse. Toute la partie du col qui est entourée par le vagin et qui fait saillie dans ce conduit, et qu'on appelle le museau de tanche, ne reçoit aucun filet nerveux, tandis que la portion qui se trouve au-dessus de l'insertion vaginale est sillonnée par un grand nombre de branches nerveuses qui forment comme des espèces de plexus, lesquels fournissent des branches ascendantes ou utérines, et descendantes ou vaginales. Celles-ci sont extrêmement nombreuses et se ramifient à l'infini dans l'épaisseur des parois du vagin. On demandera comment il se fait qu'une partie d’un organe ou sa presque totalité reçoive des filets nerveux, tandis que le reste n’en reçoit aucun. Je répondrai qu'ici l'explication est plus facile que pour d’autres organes qui présentent les mêmes dis- positions anatomiques. Le vagin, en effet, par son mode d’in- sertion, rendrait compte de l’absence de filets nerveux dans le museau de tanche, si l'inspection anatomique, qui donne un extrême degré de certitude, n’était venue la démontrer. Les filets nerveux fournis par le plexus hypogasirique gagnent le vagin, qui embrasse ie col de l'utérus, et se perdent dans son épaisseur On comprend facilement qu'ils ont plus de tendance à suivre la direction du vagin qu’à parvenir au museau de tanche. Les nerfs de l’utérus augmentent-ils temporairement pendant la grossesse comme l'ont pensé Tiedemann, M. Robert Lee, et plusieurs anatomistes, ou bien restent-1ls dans le même état ? J'ai cherché à m'éclairer sur ce point délicat d'anatomie, et à différentes reprises, sur des utérus humains et de divers ani- maux, J'ai suivi les nerfs dans l’état de vacuité et de plénitude de l'organe. J'ai disséqué aussi des utérus de femmes mortes six et dix jours après l'accouchement, et je n'ai pas eu une seule fois l’occasion de constater l'accroissement momentané de ces 8. 50 394 RECHERCHES nerfs. J'ai seulement remarqué que dans ces cas leur dissection était plus facile, et cela sans aucun doute à cause de lhypertro- phie des tissus et de la grande quantité de liquide qui les baigne. Disons cependant qu’au premier abord on pourrait penser que les nerfs ont pris un développement réel, et, si lon se bornait à une simple inspection visuelle, on croirait facilement qu'ils par- ticipent à l'état d’ hypertrophie générale de Ja matrice. Mais en les examinant avec soin, on voit qu'ils sont entourés d’un tissu cellulaire infiltré qui leur donne l'apparence rubanée. Mais au- tour des artères, on ne peut plus invoquer la trame cellulaire pour expliquer ce prétendu élargissement; dans ce cas, J'ai re- connu que le névrilème qui les accompagne dans l'épaisseur du viscère est lui-même dans un état d'infiiration qui leur donne ce volume anomal dont on a tant parlé. Je crains encore que les auteurs qui ont cru trouver un dévelop- pement des nerfs utérins pendant la grossesse ne s’en soient laissé imposer par le développement d'artérioles qui, suivant le trajet des nerfs, peuvent devenir la source d'erreurs, si on ne les exa- mine avec le plus grand soin. Du reste, sur les animaux, j'ai ob- tenu les mêmes résultats : je n’ai rencontré aucune différence dans les nerfs des utérus vides ou pleins. Nous avons fait dessiner les nerfs de l'utérus sur des femmes de différents âges, et dans les diverses conditions de vacuité: et de plénitude, et l’on pourra constater sur ces planches la vérité de nos assertions. DISSECTIONS SUR DIVERSES ESPÈCES D'ANIMAUX. ° Dans la femelle du singe, les nerfs qui vont à l'utérus sont fournis comme dans la femme par le nerf grand sympathique et le plexus sacré; ils gagnent de mème le col utérin et se divisent en rameaux ascendants et en descendants ou vaginaux. Dans cet animal, le plexus hypogastrique offre proportionnellement un volume plus considérable et des filets plus nombreux. C’est ainsi SUR LA DISPOSITION DES NERFS DE L'UTÉRUS. 395 que J'ai pu compter jusqu’à six et sept branches venant du plexus sacré, et concourant avec les filets du grand sympathique à for- mer cet admirable plexus qui envoye des nerfs aux ligaments larges , à l'ovaire, au rectum, au col de la vessie, aux uretères et dans le vagin. Les nerfs fournis par le grand sympathique, dans le singe, viennent les uns fort petits et peu nombreux immédiatement du tronc du nerf, dans la région sacrée, d’où ils se rendent dans le plexus sacré avec lequel ils s'anastomosent; ce n'est quen y mettant une extrême attention que nous avons pu suivre quel- ques-uns de ceux-ci sur les côtés du rectum où ils se perdent dans le plexus hypogastrique : les autres viennent du plexus aortique, sous forme de deux gros cordons, l’un droit et l’autre gauche, marchant le premier derrière le rectum, le second sur ses côtés, contenus qu’ils sont dans le méso-rectum. Bientôt ils s'épanouissent en arrière et sur les côtés de cet organe, en se confondant avec les branches du plexus sacré, lesquelles, au nombre de cinq ou six, croisent la direction des côtés de lin- testin, accompagnées par des lanières d’aponévroses, des veines et des artérioles. Nous avons vu une branche remarquable fournie encore par le plexus sacré, destinée à la partie inférieure du rectum, au col de la vessie, et qui cependant envoie quelques filets au vagin. Des branches du plexus aortique donnent dans leur trajet des filets aux trompes, aux ligaments larges, à l’ovaire et aux uretères. Le plexus hypogastrique, ainsi formé dans la femelle du singe, donne naissance à de nombreux rameaux qui, pour la plupart, appartiennent aux nerfs de la vie animale, et se répandent sur le rectum, la vessie et son col, et en très-grande quantité se plongent dans l'épaisseur du vagin. Le corps de l'utérus en re- çoit un bien moins grand nombre. On peut facilement les suivre dans ces deux organes, et je n’ai cependant pu en voir aucun gagner le col de l'utérus. 50° 396 RECHERCHES 2° Dans la jument, le vagin et l'utérus sont musculaires au plus haut degré à toutes les périodes de la vie; aussi y rencontre-t- on un grand nombre de nerfs. Le vagin en reçoit proportion- nellement plus que dans la race humaine. Toutes les branches spermatiques qui, dans la femme, sont fournies en partie par le plexus rénal, en partie par le plexus aortique, émanent ex- clusivement dans la jument des gros ganglions du plexus rénal, et ce n’est qu'indirectement que des branches venues du tronc même du nerf se confondent avec les rameaux qui naissent du précédent plexus. Au niveau de l'artère spermatique naït une branche nerveuse fournie par le tronc principal, qui croise la direction de lure- tère et suit à peu près le trajet de l'artère ovarique, se distribue à l'ovaire et gagne ensuite le ligament sous-lombaire et la corne utérine correspondante. Cette branche, d’abord indivise, se partage à quelque distance de lovaire en trois ou quatre ra- meaux, qui eux-mêmes se subdivisent, de manière à former un réseau nerveux distinct, et dont les filets se rendent aux organes que nous venons de citer. Le reste du tronc nerveux suit lu- retère en fournissant, dans son trajet, des cordons qui se réu- nissent par arcade, de manière à constituer des espèces d’anses, entre lesquelles existent des espaces plus ou moins considé- rables. Les rameaux qui suivent l'artère utérine et qui se rendent aux cornes el au vagin, lorsqu'ils arrivent à ces organes, S'y terminent en pinceaux, Ce long cordon nerveux suit le ligament sous-lombaire en jetant des filets dans le peritoine qui le forme. Il semble par sa longueur et son trajet imiter Île grand sympathique, avec cette différence toutefois qu'on ne rencontre dans toute son étendue aucune trace de ganglions. Arrivé à l'extrémité utérine du vagin, ce cordon se divise en beaucoup de rameaux, dont les uns gagnent la vessie et les feuillets du péritoine, et dont les autres, plus nombreux, vien- nent se confondre avec cinq ou six rameaux qui émanent des SUR LA DISPOSITION DES NERFS DE L'UTÉRUS. 397 branches antérieures des nerfs sacrés, de manière à constituer le plexus hypogastrique. Les ganglions du grand sympathique n’envoient aucune branche directement à ce plexus, mais quelques rameaux seulement aux branches antérieures des nerfs sacrés. Par l'insufllation de la vessie et du vagin, il a été facile d'apprécier l'importance de ce plexus, de constater la distribution de ses branches et sa véri- table situation. Nous avons pu reconnaitre que le vagin reçoit le plus grand nombre de ses filets, et qu'il est situé sur ses parties latérales. Aussi pensons-nous qu'il serait plus convenable de le désigner sous le nom de plexus vaginal. Disons encore que les filets du grand sympathique se ter- minent principalement dans l'ovaire, les trompes et les cornes de l'utérus, et que les branches fournies par les nerfs sacrés vont spécialement au vagin. Du reste, nous n'avons vu aucun nerf se rendre dans le col de l'utérus. 3° Dans la chienne les nerfs grands sympathiques sont très- volumineux. Ils marchent sur les côtes de la colonne vertébrale, et se joignent au niveau de la première vertèbre sacrée. Ils pre- sentent dans leur trajet une série de renflement d'où naissent des branches ou des filets de communication qui, passant au-devant de l'aorte, vont contribuer à la formation des plexus rénal et aortique, d'où partent des filets destinés au gros intestin, à l’u- térus, au vagin, au repli mésentérique. Les rameaux ovariques viennent de la partie supérieure du plexus aortique, d’un ou de plusieurs ganglions rénaux. Ils marchent entre les replis du péritoine qui s'étendent du rein à l'ovaire, accompagnent les vaisseaux ovariques et se perdent dans l'ovaire et les cornes correspondantes. Tout à fait à la partie inférieure naissent, tantôt du plexus aor- tique, tantôt d’un ganglion libre contenu entre les replis du péritoine, comme je l'ai vu dans une de mes dissections, deux gros troncs principaux, l’un gauche, l'autre droit, qui; après avoir reçu un filet du grand sympathique à sa terminaison, viennent, en 398 RECHERCHES se plongeant dans le bassin et en se réunissant à cinq ou six ra- meaux des branches antérieures des nerfs sacrés, former une anse à concavité supérieure et à convexité inférieure. Peu de branches naissent de la concavité : mais la convexité en fournit un grand nombre, dont les unes accompagnent les uretères et vont se rendre à la vessie et à son col, et le plus grand nombre forment un beau plexus destiné au vagin, à l'utérus et au rectum. Le plexus hypogastrique ou vaginal, d’une largeur remar- quable, envoie un certain nombre de filets à la vessie, un plus grand nombre au rectum et une quantité plus grande encore au vagin. On peut dire hardiment que plus de la moitié des filets sont destinés spécialement à ce dernier organe. Parmi les nerfs destinés au vagin, les uns gagnent sa portion utérine, et, rejoignant l’artère du même nom (utérine), suivent son trajet en formant autour d'elle de petites anses à concavité supérieure ; les autres se perdent dans l'épaisseur du vagin en suivant obliquement sa direction; d’autres enfin très-nombreux vont à l'extrémité vulvaire et représentent là des réseaux. Il est une autre branche qui ne vient pas du plexus hypogas- trique, mais bien de la partie inférieure des branches fournies par les nerfs sacrés et qui se dirige sur le côté du rectum, le contourne pour gagner l'extrémité vulvaire du vagin, et s'anas- tomose là par de nombreux filets avec les branches descendantes du plexus vaginal, en formant une anse à concavité supérieure. Cette dermère branche fournit dans son trajet, par son côté su- périeur, des filets qui vont se rendre aux muscles de la queue, au-releveur de l'anus, et à l'extrémité inférieure du rectum. On voit manifestement les rameaux vaginaux, après avoir quelque temps cheminé sur le vagin, pénétrer obliquement dans son épaisseur, et se terminer en s'épanouissant sur la membrane muqueuse. Dans la chienne comme dans la jument, le col de l'utérus ne m'a paru recevoir aucun nerf. Nous signalerons en passant une particularité assez intéressante : nous avons vu sur plusieurs SUR LA DISPOSITION DES NERFS DE L'UTÉRUS. 399 chiens les grands sympathiques se réunir en formant une espèce d’anse au niveau de la première vertèbre sacrée, et de cette réu- nion naissait un rameau qui, continuant le nerf, se plongeait dans un canal percé sur la partie moyenne des vertèbres sacrées sui- vant ainsi la direction et le trajet de l'artère caudale. 4° Le nerf grand sympathique, qui dans le chien ctait re- marquable par ses ganglions limitrophes, par ses ganglions cen- traux et par ses filets de communication, ne présente plus dans la lapine les mêmes dispositions anatomiques: Ainsi, il est grêle, ses filets sont ténus, et ses ganglions, peu développés. Les nerfs qui le composent sont si peu résistants.et si grèles, qu'on ne peut les disséquer que très-difficilement, et pour les conserver il faut renverser avec une extrême précaution le rein et le péritoine des régions lombaires. et iliaques, et suivre les filets qui partent du cordon principal pour. accompagner les artères. L'ovaire, les trompes et les cornes reçoivent des filets minces et longs venus du plexus rénal, qui est lui-même fort peu développé et dépourvu de ganglions. Du plexus aortique naissent des branches qui, en se réuissant, forment deux cordons qui se plongent dans le bassin, en ga- gnant les côtés du rectum où ils se réunissent à gauche et à droite à trois ou quatre branches remarquables fournies par les branches sacrées antérieures. De leur réunion résulte une grande anse à concavité dorsale ou supérieure et à convexité in- férieure. Cette anse fournit peu de rameaux par sa concavité et en donne au contraire un grand nombre par sa convexité. Ce plexus se trouve, à sa formation, comme chez la chienne, ap- pliqué sur les côtés du vagin dans lequel le plus grand nombre de branches se termine. Les unes, descendantes ou caudales, ga- gnent la vulve et le tour de l'anus; les autres, ascendantes, se dirigent vers l'utérus et accompagnent l'artère utérine. Quelques branches suivent les uretères et vont à la vessie; d’autres se per- dent dans le péritoine. Comme dans les autres animaux, le plexus hypogastrique pa- 400 RECHERCHES rait dans la lapine être spécialement destiné au vagin. Dans cet animal nous avons aussi rencontré une branche qui n'appartient pas au plexus hypogastrique, et qui est formée par deux racines qui naissent des dernières branches antérieures des nerfs sacrés. Elle gagne le pourtour de l'anus, et, se prolongeant d’abord vers la queue, se recourbe ensuite pour remonter dans le vagin, OÙ les nombreux rameaux qu’elle fournit viennent se perdre en se confondant avec les filets du plexus hypogastrique! Sur PRRBLEUS lapines pleines J'ai examiné les nerfs de l'utérus, et jamais je n'ai trouvé d'augmentation dans le volume des nerfs. 5° Sur deux marmottes, j'ai trouvé le même nombre et la même distribution des nerfs qui forment le plexus hypogastrique. Ainsi, les cordons nerveux fournis par les branches antérieures des nerfs sacrés sont semblables en tous points à ceux de la la- pine. La branche pelvienne du grand sympathique, fournie par le plexus aortique, se comporte de la même manière. De même le plexus hypogastrique fournit des branches au vagin, à la vessie et au rectum. Nous appliquons aussi le nom de vaginal au plexus hypogastrique de cet animal. Nous n'avons pas eu l'occasion d'examiner les nerfs utérins de la marmotte pendant la gestation. Dans lécureuil et le cabiais, les nerfs utérins ont beaucoup perdu de leur volume, quoique le plexus hypogastrique ait la même forme et la même situation. En résumé donc de nos dissections, nous déduisons les con- lusions suivantes : 1° Constamment les branches fournies par le plexus hypogas- trique se rendent d’abord au vagin, dans lequel elles se rami- fient avant de parvenir à l'utérus, tandis que chez la femme elles gagnent la partie inférieure de utérus ou la partie du col située au-dessus de l'insertion vaginale, pour se répandre sur l'utérus et sur le vagin. Cette disposition du plexus hyÿpogas- trique étant à peu près constante chez tous les animaux, excepté chez la femelle du singe, je propose de lui donner le nom de plexus vaginal. SUR LA DISPOSITION DES NERFS DE L'UTÉRUS. 101 2° Elles forment sur le vagin un plexus d’où partent les filets qui vont se rendre aux cornes de l'utérus. Les rameaux descendants que l’on rencontre chez la femme n'existent donc pas à proprement parler, puisque, aussitôt après être nés du plexus hypogastrique, ils gagnent le vagin lui-même. 3° Sur aucun animal je n’ai rencontré, ni sur le vagin, ni sur l'utérus, les prétendus ganglions nerveux qu'on assure avoir trouvés chez la femme. 4° Dans les animaux, le plexus hypogastrique m'a paru formé en plus grande partie par les nerfs sacrés, le grand sympathique lui envoyant des filets moins nombreux et moins volumineux. Cette disposition anatomique serait-elle en rapport avec la struc- ture musculaire du vagin et de l'utérus ? 5° Les nerfs vaginaux et utérins m'ont semblé plus volumi- neux proportionnellement que dans l'espèce humaine. 6° L'état passif du vagin, pendant l'accouchement chez la femme, et son action énergique dans les animaux, ne peuvent- ils pas s'expliquer par la distribution nerveuse ? 7° Chez aucun animal je n'ai rencontré de filets nerveux dans la partie du col qui est saillante dans le vagin. Voyons quelles conséquences les anatomistes ont tirées de leurs découvertes pour la physiologie et la pathologie. Galien a bien admis que l'utérus était sensible, et que cette sensibilité ne pouvait s'expliquer que par l'existence des nerfs ; mais 1l ne l'avait démontrée par aucune expérience. Tiedemann a été plus loin que Galien; il attribue à l'utérus une sensibilité exquise. À l'appui de son opinion il cite ce que dit Haller des femmes qui éprouvent une sensation de volupté au simple contact du pénis sur le col pendant le coït. Il ajoute que le contact du doigt ou d’un stylet est facilement perçu par la matrice. Il cite en outre une observation empruntée à Wris- bergius, dans laquelle il est dit qu'après l’excision de l'utérus la femme ne peut plus éprouver les mêmes jouissances. Une femme que cite cet auteur éprouva les douleurs les plus L 8. 51 402 RECHERCHES vives lorsque l’accoucheur excisa l'utérus renversé et pendant au dehors. Rousset dit aussi que ce ne fut pas sans exciter de vives douleurs qu'on incisa un utérus renversé. Tiedemann pense que, les nerfs étant plus volumineux pen- dant la grossesse , la sensibilité doit être aussi augmentée. C’est par suite de ce surcroît de sensibilité que la mère sent si bien les mouvements du fœtus, et que la main de laccoucheur, qui pratique la version, cause de si violentes douleurs. En outre, d’après cet auteur, les douleurs qui précèdent, accompagnent et suivent l'accouchement, dépendent des tiraillements que les fibres musculaires font éprouver aux nerfs en se contractant. Il admet aussi que les nerfs de l'utérus exercent une certaine ac- tion sur les mouvements involontaires ou automatiques de cet organe, et qu'ils rendent les muscles aptes à se contracter sous l'influence d'irritations; c'est, suivant lui, la force nerveuse qui gouverne et domine les mouvements de l'utérus pendant lex- pulsion du fœtus. En outre, ces nerfs président aux fonctions végétatives pro- prement dites de l'organe. Mais il a soin de dire qu'il serait té- méraire de vouloir déterminer quelle peut être la part de ces nerfs dans cette vie végétative; car tant de ténèbres enveloppent cette question, que c'est à peine si l’on peut se flatter d'y décou- vrir Ja moindre lumière (diluculum ). Je ne veux. pas rechercher quel peut être le mécanisme des contractions de lutérus, ni soulever la question de bavoir si ces contractions peuvent exister aussi bien dans l'état de vacuité de l'organe que pendant les diverses périodes de la gestation. Je dirai seulement que, dans les animaux, l'utérus éprouve un mouvement vermiculaire, et que, par conséquent, il est toujours susceptible de se contracter; et, en tenant compte de l’analogie, on peut rationnellement, chez la femme, rapporter à des con- tractions spasmodiques certains mouvements qui quelquefois pré- cèdent les règles ou se montrent dans des états morbides de l'organe. Dans tous les cas, dès qu'on a reconnu et admis que SUR LA DISPOSITION DES NERFS DE L'UTÉRUS. 4103 la matrice présente un tissu musculaire, on peut très-logique- ment admettre la contractilité. Quelle est la puissance qui préside à cette contractilité ? Est- ce une force inhérente au tissu de la matrice, une propriété hallérienne, et par conséquent indépendante de toute influence nerveuse ? ou bien doit-on admettre que cette force appartient aux nerfs ? Lorsqu'autrefois on confondait les nerfs avec tous les tissus blancs, et que, jusqu'à Tiedemann, on n'avait que du doute sur l'existence des nerfs utérins, doute que Lobstein avait encore accru par ses infructueuses recherches, on était bien forcé d'admettre que l'utérus possédait en lui-même cette faculté, qui, il faut le dire, est constamment sous la dépendance du système ner- veux. Maintenant qu’on a reconnu que toute sensibilité et tout mou- vement dépendent de l’influx nerveux, et actuellement surtout que les recherches anatomiques sont venues confirmer l'existence des nerfs dans la structure de la matrice, on a dû abandonner la première hypothèse; mais comme l'utérus reçoit des nerfs d'une double source, il s'agit d'établir si toutes deux président à l’accomplissement des fonctions utérines, et si, en outre des contractions qui pourraient être seulement sous la dépendance des nerfs, des ganglions et des nerfs émanés de la moelle épi- nière , il existerait une sensibilité tactile dans l'utérus, et nous demanderions ensuite si cette sensibilité tactile résiderait dans tout l'utérus. Toutes les parties constituantes de l'utérus doivent être mo- difiées d’une manière quelconque par l’innervation, et avec des différences, suivant le nombre et le volume des nerfs qui se terminent dans chacune d'elles. Le mode d'action des nerfs doit varier suivant la classe ou le genré d'animal sur lequel on l’é- tudie. Examinons l’action des nerfs ganglionnaires et du plexus sacré sur l'utérus. ; 51° O4 RECHERCHES M. Brachet, partant de ce point : que les destructions de la moelle épinière n’empêchent pas la fécondation, pense que le nerf grand sympathique agit sur la trompe utérine, puisque celle-ci peut encore s'appliquer sur l'ovaire, et il croit qu'il agit sur l'utérus pendant l'état de la gestation, puisque l'embryon continue de se développer. Quoi qu'il en soit, il semblerait évident que ce nerf, dépourvu de toute sensibilité, comme le démontrent beaucoup d'expériences, contribue aux mouvements utérins. Comme les vivisections ont démontré que le nerf ganglion- naire est complétement insensible , il est rationnel, je pense, de placer le siège de cette sensibilité dans les rameaux nerveux du plexus hypogastrique qui viennent des nerfs sacrés. Cela posé, il est encore plausible d'admettre que les parties qui reçoivent ces filets jouissent elles-mêmes de cette sensibilité. H ne suffit pas que l'anatomie indique ce qui peut exister, il faut encore que l'expérimentation démontre d'une manière po- sitive ce que l’analogie avait révélé; et, par exemple, quoique des filets utérins fournis par le plexus hypogastrique se rendent dans le péritoine qui recouvre lutérus, il est difficile de dire si, contrairement à ce qui existe dans le reste de son étendue, cette membrane serait sensible dans ce point seulement, ce que pourraient faire penser les douleurs vives qui existent dans la métro-péritonite. S'il reste douteux que cette portion de péri- toine soit le siége d’une sensibilité tactile, il n’en est pas de même du corps de l'utérus et d’une partie de son col qui semblent en être doués à un haut degré. Des preuves nombreuses se présentent en faveur de cette sensibilité : telles sont les douleurs qui se déclarent pendant linflammation, pendant les contractions, et lors des distensions par des gaz et des liquides, des injections utérines, de l'intro- duction de corps étrangers, etc. etc. Mais si elle existe dans cette partie de l'utérus, il ne me semble pas en être ainsi pour le museau de tanche. Pendant SUR LA DISPOSITION DES NERFS DE L'UTÉRUS. 405 longtemps, comme la plupart des auteurs, j'ai cru que le col de lutérus offrait un haut degré de sensibilité; mais, en ayant appelé à l'anatomie, et n'ayant vu aucun nerf se distribuer dans cette partie, et ayant constaté qu'ils s’arrêtaient à la circonférence embrassée par le vagin pour descendre dans les parois de cet or- gane, j'ai dû commencer à douter ; et Je n’ai cependant été con- vaincu complétement que lorsque les faits sont venus me démon- trer cette insensibilité d’une manière péremptoire. C'est ainsi qu'on peut expliquer l'absence de douleur dans les cancers encéphaloïdes bornés au museau de tanche, et qu'on pourrait se rendre compte de son insensibilité pendant les sections et les cautérisations avec le fer rouge et les agents chimiques. Les fonctions des nerfs utérins peuvent-elles devenir plus actives dans certaines circonstances, et faut-il que les nerfs utérins se développent en proportion des fonctions nouvelles que l'organe est appelé à remplir? Des hommes célèbres ont, il est vrai, adopté cette manière de voir; mais malheureuse- ment ils n’ont pas invoqué de preuves à lappui de leur théorie. Quant à nous, qui les avons recherchées vainement, il nous a paru démontré que le système nerveux ne se modifiait pas ainsi au milieu de nouvelles conditions. I ne me paraît pas plus difficile d'expliquer l’activité des fonctions utérines pendant l'accouchement sans le développe- ment temporaire du système nerveux utérin, qu'il ne me parait nécessaire d'avoir recours à un développement exagéré et acci- dentel des nerfs de la langue, du bras, de la jambe, de la face, du larynx, etc. lorsque les organes auxquels ils vont se distribuer ont triplé, quadruplé de force ou de mobilité sous l'influence de la colère, des mouvements violents, de la joie, etc. DÉDUCTIONS PRATIQUES. La sensibilité que les anatomistes et les pathologistes avaient accordée au col de l'utérus m'ayant paru peu en rapport avec 106 RECHERCHES l'observation et l'expérimentation, jai dû tenter de nouvelles expériences pour arriver à une solution définitive. Chaque jour déjà les partisans de la sensibilité du col utérin devaient concevoir des doutes sur la justesse de leur opinion, en voyant cette partie rester insensible sous l'influence des causes qui excitent dans d’autres régions des douleurs vives. L'anatomie humaine et comparée m'ayant démontré qu'il n'existait pas de nerfs dans la partie de la matrice qui se plonge dans le vagin, j'ai dû penser qu’à la manière des cartilages , des ligaments, de certaines membranes séreuses qui ne deviennent sensibles, dans l’état morbide, que par leur voisinage avec les nerfs; j'ai dû penser, dis-je, que le col utérin était dépourvu de cette sensibilité qu'on lui avait attribuée, et dès lors j'ai eu la conviction qu'il pourrait supporter des opérations que Je n'aurais pas osé pratiquer si elles avaient excité une violente douleur qui aurait pu. se propager dans le bassin, dans les nom- breux filets nerveux qui s’y rencontrent, et ébranler ainsi toute l’économie. On conçoit que la fièvre traumatique et les troubles nerveux sont d'autant moins intenses que la douleur a été nulle ou presque nulle. Nous allons rapporter quelques observations dans lesquelles nous démontrons les heureux effets de la cautérisation par le fer rouge dans les affections graves du col de l'utérus. PREMIÈRE OBSERVATION. MÉTRORRAGIE REBELLE DURANT DEPUIS CINQ MOIS. —ÉTAT FONGUEUX DE LA CAVITÉ UTÉRINE. — CAUTÉRISATION AVEC LE FER ROUGE RÉPÉTÉE TROIS FOIS. —— GUÉRISON. Victoire Tripier, âgée de 19 ans, d’une bonne constitution, fut atteinte, au mois d'octobre 1839, d’une syphilis caractérisée par quelques petits chancres, et d’un écoulement vaginal, qui furent traités par la liqueur de Van-Swieten. Dans l'espérance d’être plus SUR LA DISPOSITION DES NERFS DE L'UTÉRUS. 107 promptement guérie, elle en prit une dose plus considérable que celle qu'on lui avait prescrite, et, malgré les violentes coliques qu'elle éprouva, elle continua pendant six jours. Le septième, elle fut prise d'une métrorragie abondante qui la retint au lit pendant un jour ou deux, et qui l’engagea à suspendre ce mé- dicament. Les jours suivants la perte reparut, mais moins abondante. La voyant se renouveler sans cesse, la malade entra à la Pitié au commencement de décembre. Elle fut saignée un grand nombre de fois, et mise pendant près de six semaines à l'usage du seigle ergoté dans une potion. Ce traitement, qui fut con- trarié du reste par une pleurésie intercurrente, n'eut pas une efficacité très-notable. Après un séjour de trois mois, la malade avait des hémorragies presque continuelles, mais un peu moins abondantes, et elle souffrait toujours dans le bas-ventre et dans les lombes. Elle entre à l'hôpital Saint-Louis le 16 mars 1840. A l'inspection de la vulve,,on ne trouve aucune trace de syphilis. Du sang s'écoule en petite quantité par le vagin. La malade se plaint de douleurs dans le bas-ventre et dans la région lombaire, surtout du côté gauche. Elle n’a pas de fièvre, et son état général n’est pas mauvais. Les hémorragies qu'elle éprouve depuis longtemps ne l'ont que très-peu affaiblie. (Sai- gnées de deux palettes; potion avec l'extrait de Ratanhia.) Les jours suivants, l'hémorragie diminue un peu, et se sus- pend même complétement le 21 mars. À l'examen du spéculum, je trouve le col de l'utérus dans l’état normal, sous le rapport de son volume et de sa couleur : sa surface est lisse et sa forme est conique. (La malade n'a point eu d'enfants.) Sa situation et sa direction n’ont rien d’anomal; mais, en regardant avec soin, on reconnaît qu'à l'ouverture du col existe une saillie fongueuse; elle est mollasse et saigne facilement lorsqu'elle est touchée e à même avec un pinceau. Je ne doutai pas que l’altération qui vient d’être mentionnée ne füt la véritable cause de l’hémorragie, et le 23 mars, l'écou- 108 RECHERCHES lement du sang étant suspendu, je portai à deux ou trois lignes de profondeur, à travers la cavité du col utérin, un mandrin rougi à blanc. La malade, qui redoutait beaucoup cette opéra- tion, avoue qu’elle l’a à peine sentie. Le sang coule encore un peu les deux jours suivants, et s'arrête ensuite pendant plusieurs Jours. Du 6 au 1 avril, l’hémorragie reparait pour s'arrêter de temps en temps, et la malade dit que ses douleurs sont plus vives lorsque le sang ne coule plus. 4 Le 15 avril, lhémorragie est suspendue depuis la veille au soir, et je pratique une seconde cautérisaticn exécutée comme la première fois. Le sang coule aussitôt après l'opération, s'arrête au bout de quelques heures, et, pendant cinq à six Jours, l'hémorragie paraît complétement suspendue; elle reparaît ensuite de temps en temps et s'arrête d'elle-même. Bien que la cautérisation n’ait pas réussi d’une manière com- plète, il y a cependant une amélioration notable dans l’état de la malade, puisque les hémorragies sont bien moins abondantes, que les douleurs sont diminuées, et que les forces ont beaucoup augmenté. Pour tenter d'obtenir une cure radicale, je pratique, le 13 mai, une troisième cautérisation. Cette fois le fer rouge est porté jus- qu'à la profondeur d’un pouce dans la cavité utérine. Arrivé à cette profondeur, la malade pousse un cri qui indique une sensibilité qui n'avait pas été éveillée par l'action du cautère sur le col. Du reste, cette douleur n’a été qu'instantanée; la malade ne souffre pas plus qu'à l'ordinaire, et aucun accident local ne se manifeste À partir de ce jour, il ne s’écoula pas une goutte de sang, jusqu'au 22 mai, les douleurs sont presque nulles; mais à cette époque le sang reparaît, et comme la malade ne connaît plus l’époque de ses règles, on laisse aller hémorragie, qui s'arrête spontanément le 1% juin. Le 8 du meme mois, elle reparaît SUR LA DISPOSITION DES NERFS DE L'UTÉRUS. - 409 pendant quelques heures seulement et pour la dernière fois. Quelques jours après on trouve l'orifice utérin légèrement agrandi par la séparation des escarres; sa surface est lisse, rose, nullement fongueuse. La malade, n'éprouvant plus aucune dou- leur, demande avec instance sa sortie de l'hôpital le 16 juin 1840. DEUXIÈME OBSERVATION. HYPERTROPHIE, RAMOLLISSEMENT DU COL DE L’'UTÉRUS. — HÉMORRAGIES. CAUTÉRISATIONS PAR LE FER ROUGE. Pannier (Aimable), âgée de 32 ans, couturière, d’une consti- tution lymphatique, fut réglée à l’âge de 15 ans, et la menstrua- tion s’accomplit toujours avec régularité. Il y a 7 à 8 ans, à la suite d’un assez long voyage qu’elle fit à cheval, elle sentit des douleurs assez vives dans le ventre, qui devint en même temps volumineux. Cet état dura trois mois, et l’intumescence cessa lorsqu'apparut un écoulement très-abondant de liquide albumi- neux, filant et blanchâtre. Il restait seulement quelques dou- leurs passagères et des pesanteurs dans la matrice. Cet état se maintint pendant quatre ans. Avec l'écoulement blanc coïncidaient des douleurs dans les reins, les cuisses, les aines, des tiraillements dans l'estomac. Pendant les quatre premières années, il n’y eut pas d'écou- lement de sang; mais depuis trois ans et demi, des écoulements rouges apparurent dans l'intervalle des règles; ils duraient un jour ou deux, jamais plus, et se renouvelaient trois ou quatre fois dans le courant du mois. En même temps ia malade avait un écoulement blanc épais, et quelquefois mêlé à du sang. À cette époque aussi apparurent, pour la première fois, des élan- cements avec douleur vive dans l'utérus, des pesanteurs sur ies parties antérieures, des douleurs plus fortes dans les reins, les cuisses, les aines, et une constipation habituelle. Cet état dure depuis quatre ans, avec quelques légères inter- 8. 52 110 RECHERCHES mittences de gravité et de rémission, Il est à noter que, depuis cette époque aussi, la malade a perdu du sang d’une manière continuelle, mais jamais en abondance. Le traitement qu’elle a suivi consistait en pilules d’opium, tisane de saponaire, de gomme avec le sulfate d’alumine, en sirop de quinquina, en injections avec l'eau de guimauve et l'extrait de saturne. Elle n'avait Jamais été examinée au spéculum. Le 29 mai 1840, elle entre dans mon service, à peu près avec les mêmes symptômes. L'écoulement blanc alterne avec les écoulements de sang. Elle éprouve des douleurs dans les cuisses et les aines, des pesanteurs sur le fondement. (Tisane de chicorée; sirop de gentiane; injections émollientes.) Le 30 juin 1840, le col est cautérisé avec le fer rouge, ei cette opération n’éveille aucune douleur : l'écoulement du sang disparait et les règles, arrivées le 4 juillet, durent quatre à cinq jours; il leur succède un écoulement blanc assez abondant, quel- quefois rosé, mêlé à une certaine quantité de sang ; quelques douleurs se font sentir dans les aines avec des coliques passagères. Le 17 juillet, la malade voit apparaître pour la deuxième fois depuis la cautérisation un écoulement de sang assez abondant. Le 18, je la cautérise de nouveau avec le fer rouge, et sans dou- leur aucune; le col de l'utérus ne présente pas d’ulcération ; il est rouge, hypertrophié, fongueux et ramolli; il en sort comme d'une éponge une certaine quantité de sang, surtout au voisinage de l’orifice du museau de tanche. Le 20, les douleurs dans les reins sont moins vives, et il ne sort qu'un liquide rouge clair abondant. Le 28, la surface cau- térisée est à nu; l’escarre est détachée, et tout le col présente une plaie inégale laissant suinter un liquide mucoso-purulent ; il reste toujours quelques douleurs dans les reins et les aines. Huit jours après la dernière cautérisation, les règles appa- raissent, et, depuis le 28 Juillet, où l’escarre s’est détachée, jusqu’au 15 août, la malade n’a ressenti que quelques coliques et de légères douleurs dans les reins et laine droite; l'écoule- nt. "ai he œ ’ SUR LA DISPOSITION DES NERFS DE L'UTERUS. L11 ment blanc continue, il est épais, crémeux, abondant pendant les cinq ou six premiers jours qui ont suivi la cautérisation ; 1l n’y a pas eu d'écoulement de sang pur, ni même de sang mêlé à l'écoulement blanc, et la malade quitte l'hôpital. Je l'ai revue et examinée le 28 octobre 1840. Le col n’a plus l'aspect fongueux et ramolli qu'il présentait : il est dur, ferme, sans ulcération, et la malade n’a plus eu d'écoulement rouge; mais l'écoulement blanc persiste toujours, et parfois elle ressent encore quelques douleurs passagères dans les reins et les aines; parfois aussi elle éprouve quelques tiraillements d'estomac. TROISIÈME OBSERVATION. ULCÉRATION DU COL DE L’UTÉRUS, AVEG DOULEURS TRÈS -VIVES, SIMULANT UNE NÉVRALGIE. Julie Pfister, âgée de 32 ans, blanchisseuse, entre à l'hôpital le 24 avril 18/40 : tempérament nerveux, menstruation régulière. Depuis un an environ elle a éprouvé, de temps à autres, des douleurs dans le ventre, et aux dernières époques les règles ont été moins abondantes et un peu douloureuses. La malade ne peut attribuer sa maladie qu'aux peines physiques et morales qu'elle a éprouvées dans son ménage. Ce n’est guère que depuis quinze jours que les accidents dont elle souffrait déjà ont pris une telle intensité, qu'il lui a fallu suspendre tout travail et garder le repos. Depuis cette époque, elle n’a cessé d’avoir des douleurs extrêmement vives dans le bas ventre et dans la région inguinale gauche, s'irradiant parfois jusque dans les lombes. La fièvre s’est allumée, l'appétit a disparu, et il a fallu recourir à une saignée, à des bains, à des émollients en cataplasmes et en injections. À son entrée à l'hôpital elle est en proie à de vives douleurs dans le bas-ventre, augmentant à la pression la plus légère, et s'accompagnant d'un peu de météorisme ; il ya en même temps Dai 412 RECHERCHES un écoulement vaginal d’un blanc verdâtre, souvent mêlé d’une petite quantité de sang. Par le toucher, je soupçonne une ulcé- ration. L'intensité des douleurs m'empèche d'appliquer le spé- culum. J'employai d'abord des antiphlogistiques, des vésicatoires vo- lants sur le bas-ventre, des bains de siège, des préparations opiacées : tous ces moyens n’amenèrent aucun changement no- table dans l’état de la malade, et aussitôt que Je pus l’examiner au spéculum je remarquai sur le col une ulcération étendue, dont l'aspect n'avait rien de remarquable, si ce n’est sa couleur bla- farde et la facilité avec laquelle elle saignaït : je la cautérisai avec le deuto-nitrate de mercure. | Le lendemain, je trouve la malade dans un état de calme et de bien-être inattendu : elle n’éprouve presque plus de douleurs, et l'on ne peut douter que cette grande amélioration ne soit réellement le résultat de la cautérisation. La malade est cauté- risée une seconde, une troisième fois, à huit jours d'intervalle ; elle continue à n’éprouver que des douleurs très-faibles. L'é- coulement persiste, mais les forces et l'appétit renaissent, le teint devient meilleur, l'embonpoint revient peu à peu, et l’ulce- ration marche franchement vers la guérison. Le 7 juin, époque de ses règles, celles-ci se manifestent avec plus d’abondance qu'aux trois dernières époques; leur durée se prolonge même beaucoup, car elles ne cessent que le‘19. Le 23 juin, à l'examen au spéculum, je trouve la guérison de l’ulcération très-avancée , et son bel aspect m'engage à ne point la cautériser, et à laisser à la nature le soin de l’achever. Cette malade sortit donc incom- plétement guérie, et après trois mois de séjour dans l'hôpital : elle avait encore alors un peu d'écoulement, et les règles étaient cependant très-régulières. Cette femme s'étant livrée à ses occu- pations habituelles, et ayant été soumise aux mêmes causes qu’au- paravant, a bientôt vu sa santé s’altérer de nouveau : l'écoulement est devenu très-abondant; des douleurs vives ont reparu dans le bas-ventre, les reins et les cuisses, et à l’époque des règles elles SUR LA DISPOSITION DES NERFS DE L'UTÉRUS. 113 éprouvaient un surcroit d'intensité. Cette malade est rentrée le 13 janvier 18/41: examinée au spéculum, nous avons constaté que l’ulcère occupait le museau de tanche, lequel offrait un vo- lume considérable; il pouvait à peme pénétrer dans l'extrémité utérine de l'instrument. Dès lors il fut évident que l’ulcère, qui d'abord s'était rétréci sous l'influence du premier traitement, s'était, lors de la sortie de la malade, agrandi : de là la réci- dive de presque tous les symptômes qu'elle avait manifestés à l'époque de sa première entrée. De plus, le col utérin avait pris un volume plus considérable par l'irritation prolongée dont il était le siége. \ Je dus la soumettre au repos, aux injections narcotiques, aux bains, aux boissons amères, et à de nouvelles cautérisations que je pratiquai avec un pinceau de charpie trempé dans du ni- trate acide de mercure. L'action de ce dernier médicament n'ayant produit que peu de changement dans l’altération, je me décidai à avoir recours au fer rouge, qui produisit des changements instantanés chez la malade. Le vagin étant protégé par un spéculum en ivoire rond, je portai sur le col de l'utérus un fer rougi à blanc, et dont la tige était terminée par une plaque ronde et large à peu près comme une pièce de 20 sous : à l'instant une escarre noirâtre se forma, une odeur de corne se fit sentir, et cependant la malade attesta n'avoir pas éprouvé la plus petite douleur; aussi s’en retourna- t-elle d'elle-même à son lit. Dans la journée elle ne ressentit aucune douleur; mais l'écoulement augmenta et devint légère- ment sanguinolent. Vingt et un jours après cette cautérisation, les douleurs que cette malade éprouvait aux aines, le long du conduit inguinal et de la fosse iliaque gauche, avaient beaucoup diminué. Au bout de trente-sept jours une nouvelle cautérisation avec le fer rouge fut pratiquée : la malade ne s’aperçut pas qu’elle venait d'être cautérisée, l'instrument lui ayant été soigneusement caché. 414 RECHERCHES Déjà il était évident, lorsque je touchaï le col pour la se- conde fois avec le fer rouge, que la surface malade était devenue vermeille, et que le col avait perdu un peu de sa dureté : il était encore cependant très-gros et saignait facilement au moindre at- touchement. Dans la journée, la malade ressentit quelques cuissons en urinant, et la matière de l'écoulement était teinte de sang, mais le lendemain déjà elle était blanchâtre, et c'était à peine si l'on pouvait y rencontrer quelques stries de ce fluide. Vingt jours s'étant écoulés depuis cette dernière cautérisation , l’ulcération me parut beaucoup diminuée; une cicatrice blanchâtre, plissée, l'entourait. Trente-quatre jours après la seconde cautérisation, jen pratiquai une troisième : cette fois la malade éprouva un peu de chaleur, ce qui était probablement dû à l'influence rayon- nante du calorique sur le vagin. Aujourd'hui 8 avril, le col utérin a beaucoup perdu de son volume : il n'existe plus à la place de l’ulcération qu'une cica- trice étoilée, blanchâtre, argentine à la circonférence, rosée à son centre; les règles paraissent régulièrement, l'embonpoint a reparu et la gaieté de cette malade est revenue. QUATRIÈME OBSERVATION. GARCINUS DU COL DE L’UTÉRUS.—— DEUX AMPUTATIONS PARTIELLES. — CAUTÉRISATION AVEC LE FER ROUGE. Michel (Pauline), âgée de 27 ans, couturière, d’un tempéra- ment lymphatique, entre à l'hôpital Saint-Louis le 3 décembre 1840, pour y être traitée d'une affection dont elle souffre depuis longtemps. Elle n’a jamais eu de symptômes syphilitiques, quoiqu’elle avoue avoir contracté des rapports avec un individu qui avait eu plusieurs fois des maladies vénériennes. Elle a été bien réglée jusqu’à l’âge de 24 ans; elle fit une fausse couche à 25 ans, après } SUR LA DISPOSITION DES NERFS DE L'UTÉRUS. L15 trois mois de grossesse. Quatre mois plus tard, elle: entra à la Pitié, dans le service de M. Sanson , qui, après avoir interrogé la malade, ordonna par précaution un traitement antü-syphilitique. Elle avait des douleurs dans les reins et le bas-ventre, des co- liques, des tiraillements d'estomac; les règles étaient dérangées, elles venaient et plus fréquemment et en plus grande quantité ; il y avait en même temps un écoulement jaunâtre assez abon- dant. À l'époque où M. Sanson pratiqua l'extirpation du col utérin , il existait une altération profonde de cet organe. Malgré cette opération, tous les symptômes persistèrent avec la même intensité, et, la santé générale s’altérant, on conseilla à la ma- lade de quitter l'hôpital pour quelques temps. Elle resta environ six mois chez elle, prenant des tisanes amères, des pilules ferru- gmeuses, des injections, etc. etc. Elle n’éprouva aucune amé- loration, et, au mois de mai 1839, elle entra à Saint-Louis, dans le service de M. Boyer, avec les mêmes symptômes qu’elle éprouvait depuis longtemps. On enleva sur le col de l'utérus, avec des ciseaux, deux petits tubercules saillants de la grosseur d'une noisette. Son séjour à l'hôpital n'amena cette fois de la- mélioration que dans la santé générale; elle sortit encore pour retourner chez elle où elle fut mise par son médecin à l'emploi du vin chalybé. L’écoulement diminua un peu, les douleurs s'amoidrirent, et ses ressources pécuniaires s’épuisant, dans la crainte de voir cette amélioration disparaître par la cessation du traitement, elle entra dans mes salles le 23 décembre 1840. La face est jaune, quoique la malade ait toute les apparences d’une bonne santé : céphalaloie intermittente; conservation de l'appétit, mais tiraillements d'estomac avant et après les repas ; miction douloureuse des urines; constipation habituelle; toutes les trois semaines apparition des règles avec douleur et malaise ; écoulement jaunâtre, filant comme du blanc d'œuf, bien moins abondant que par le passé (tisane amère, pilules ferrugineuses, injections narcotiques ). Examiné au spéculum, le col, aplati et déformé, semble au premier abord ne plus exister, et le vagin, 416 RECHERCHES qui forme un bourrelet assez saillant, surtout en arrière, semble se continuer avec lui. Sur les parties antérieures existent des bou- tons tuberculeux, rosés, durs au toucher, qui donnent au col un aspect bossué et mégal. Le 7 décembre, je cautérise avec le fer rouge, sans aucune douleur. L’escarre qui en résulte est de la largeur d’une pièce de 15 sous. La malade accuse seulement la sensation d’une chäleur très-forte dans le vagin, et pendant la journée elle res- sent quelques douleurs dans le bas-ventre et dans les reins. Le 8, après un bain, ces douleurs s'amendent, et le 9 elles ont complétement disparu. Mais l'écoulement est plus abondant et les tiraillements d'estomac plus forts, et une amélioration no- table se manifeste à l'apparition des règles qui surviennent le 19 décembre. Le 24, nouvelle cautérisation avec le fer rouge, bien que la surface du col soit moins inégale. On touche sim- plement la partie gauche, sur laquelle il reste une escarre de la largeur d'une pièce de 10 sous. Il ne se manifeste aucune dou- leur au moment de l'opération. Dans la journée, quelques co- liques légères, quelques douleurs dans les reins, un peu de céphalalgie. Augmentation de l'écoulement, qui diminue le 25 et le 26, ainsi que les douleurs dans les cuisses et les aies. Le 27 et le 28 il y a un amendement notable dans tous les symptômes, mais l'écoulement reste toujours à peu près aussi abondant. Le 29 il a un peu diminué, et le 30, lorsque Jj'exa- mine la malade au spéculum, je vois, après la chute de les- carre, une surface rosée recouverte par une couche mince de pus crêmeux. Comme on a pu le voir chez cette malade, on avait affaire à une affection grave déjà fréquemment attaquée par des médica- tions assez énergiques, sans doute, mais suivies de peu de succès. Les deux premières cautérisations avaient diminué la gravité des symptômes; 1l était urgent de ne pas s'arrêter en si bonne voie. Huit nouvelles cautérisations ont été pratiquées jusqu'à ce Jour, et, nous ne saurions trop le répéter, sans qu'aucune de ces opé- SUR LA DISPOSITION DES NERFS DE L'UTÉRUS. 117 rations ait déterminé de douleur. Actuellement cette malade est dans un état très-satisfaisant : il ne reste plus d'écoulement; les douleurs des aines et des lombes n'existent plus; l’embonpoint est revenu, et la guérison est définitive ; la cicatrice est complète et les tubercules ont disparu. CINQUIÈME OBSERVATION. ULCÈRE DU COL DE L'UTÉRUS. — CAUTÉRISATION AVEC LE FER ROUGE. Ferbal (Françoise), agée de 29 ans, couturière, d’un tem- pérament lymphatique, entre à l'hôpital Saint-Louis, le 24 dé- cembre 1840. Elle a été réglée à 12 ans, et les menstrues sont toujours venues régulièrement. À 19 ans elle eut un enfant, et depuis cette époque elle eut des douleurs dans le bas-ventre, et des flueurs blanches abondantes. Il y a six ans les douleurs augmentaient, et, depuis quatre années, elles se font sentir plus souvent, toujours accompagnées d’un écoulement blanc plus où moins abondant, de troubles digestifs, mais jamais d’écoule- ments rouges. Les règles viennent à époque fixe, mais en très- petite quantité. Lorsque j'examinai le col au spéculum, je trouvai sur la par- tie gauche une ulcération qui occupait toute sa longueur. La sur- face ulcérée est d’un rouge brun foncé, uniforme, et repose sur un tissu engorgé. La lèvre antérieure surtout est hyper- trophiée. La malade a des douleurs dans le bas-ventre, les reins et les aines ; elle éprouve de la céphalalgie, des pesanteurs sur le fondement, des tiraillements d'estomac, et, en outre, il existe un écoulement blanc filant, peu abondant, variant de jour en jour par sa quantité. Le 28, cautérisation avec le nitrate acide de mercure. Dans , la journée l'écoulement est plus fort que d'habitude, il diminue ensuite (tisane amère, bains, injections émollientes). Deux cautérisations successives avec le nitrate acide ne mo- 8. 9 29 L1S RECHERCHES difient en rien la surface ulcérée, et déterminent un écoulement rouge qui ne dure que les jours où elles sont pratiquées. Le 24 décembre, le col présentant le même état, l’ulcéra- tion restant stationnaire, je touchai la partie malade avec un fer rouge. Aucune douleur ne se manifesta; la malade croyait même n'avoir pas été cautérisée. Dans la journée, elle éprouva quel- ques élancements dans la partie et des douleurs dans le bas- ventre et les reins. Elles diminuérent vers la fin du jour, et l'écoulement blanc fut mêlé à une certaine quantité de sang pendant les premières heures qui suivirent l'opération. Le 25 tout est rentré dans l’ordre; l'écoulement continue; et les jours suivants la sensibilité du ventre est disparue au point qu'une forte pression n’y détermine aucune douleur. L’écoule- ment a aussi diminué. Dans les mois de janvier et février il a été pratiqué quatre cautérisations avec le fer rouge. Sous l'influence de cette médi- cation, l'aspect de l’ulcération a complétement changé et en même temps l’état général s’est amélioré. La malade, interrogée sur la sensation que lui a fait éprouver celte cautérisation, assure qu'elle ne ressent absolument qu'un léger sentiment de pression lorsqu'elle est touchée par le fer rouge. Les jours qui suivent l'opération, quelques élancements se font ressentir dans la matrice, sans aucun symptôme de réaction générale. Les douleurs qui existaient dans les reins et les cuisses ont disparu, et actuellement la malade est guérie complétement de l'affection utérine grave qu’elle portait. Il ne reste qu’un peu de rougeur sur la lèvre postérieure du museau de tanche. Les règles ne se sont pas montrées depuis trois mois. Du reste, cette femme est retenue à l'hôpital pour une affection catarrhale de la vessie, SUR LA DISPOSITION DES NERFS DE L'UTÉRUS. 419 SIXIÈME OBSERVATION. ULCÈRE FONGUEUX DE L'UTÉRUS. La nommée Jeanne Sauvage, agée de Ao ans, est entrée à l'hôpital Saint-Louis, le 7 décembre 1840, pour y être traitée d'une ophtalmie, d’ulcérations nasales scrofuleuses, et d’une altération de l'utérus dont nous allons faire mention. Réglée à 16 ans et demi, cette femme l'a toujours été régu- liérement jusqu'en août 1839. Depuis cette époque elle n’a pas été réglée, elle n’a pas eu de fausse couche, elle a eu deux en- fants, et c’est depuis le dernier accouchement qu'elle n’a pas eu ses règles, Elle a commencé à avoir des flueurs blanches abon- dantes à dater de sa dernière couche, mais elle n’a éprouvé de douleurs dans les cuisses, dans les aines, et des pesanteurs au fondement que depuis dix-sept mois. Elle fut traitée pour cette affection à Nantes, où on toucha le col de l'utérus, sans doute avec un acide, et, de plus, on lui pratiqua dix-sept saignées contre une céphalalgie qui résista à cette médication. Le col de l'utérus, examiné au spéculum, présenta un ulcère blafard et fongueux, saignant avec facilité. Plusieurs cautérisa- tions avec le nitrate acide furent faites, ainsi qu'une injection dans l'utérus avec le gaz acide carbonique, mais le tout sans résultat. Le 17 février 1841, je cautérisai l’altération avec le fer rouge, qui pénétra assez profondément, comme si on l'avait in- troduit dans du beurre. Ce cautère olivaire et à tige droite pro- duisit une escarre profonde et de la largeur d’une pièce de 20 sous. Cette femme ne s'aperçut pas qu’elle venait d’être touchée avec le fer rouge. Un écoulement abondant et sangui- nolent suivit la cautérisation, qui ne détermina aucun accident. Le 15 mars, il existait une pellicule blanchâtre, véritable cica- trice qui recouvrait la partie malade. Elle avait été précédée de granulations vermeilles. Quelques jours avant sa sortie de l'hô- 53* 4:20 RECHERCHES SUR LA DISPOSITION DES NERFS, ETC. pital les règles apparurent, et la malade sortit parfaitement guérie. Il me parait évidemment prouvé que le museau de tanche est insensible à l'action des instruments tranchants et déchirants, des agents chimiques, comme le nitrate acide liquide de mercure, le nitrate d'argent, le caustique de Vienne, et le cautère actuel. Ce fait étant bien établi, et par l'anatomie et par l'expérience, on peut avec grand avantage, comme le démontrent nos obser- vations porter sur le col de l'utérus des agents énergiques dont les médecins avaient fait usage pour les organes superficiellement situés. J'ai cru devoir fixer l'attention sur l'action du feu! qui mo- difie, qui change avec tant de rapidité les surfaces malades re- belles à tous les autres moyens thérapeutiques. On pourra donc sans hésiter se servir du cautère actuel qui nous a tant de fois réussi, surtout contre les hémorragies rebelles entretenues par une altération du col utérin sur lequel les caustiques ordinaires ne produisent aucune modification, et contre des récidives de cancer, que l'on ne peut attaquer avec sécurité par l'instrument tranchant, Toutefois il est prudent, rationnel, indispensable même de ne faire usage du fer rouge qu'après avoir protégé le vagin avec un spéculum mauvais conducteur du calorique. Le spéculum en ivoire remplit cette indication. Nous recommandons, autant que possible, de dérober aux malades la vue du fer rouge, qui leur fait éprouver généralement une grande frayeur. Le fer rouge appliqué sur le col de l'utérus une première fois, non-seulement ne produit aucune douleur, mais encore on peut à différentes reprises renouveler cette application, et toujours on obtient le même résultat, pourvu toutefois, nous ne saurions trop le redire, que le vagin soit protégé. ! Les barons Percy et Larrey ayaient émis l'opinion que le col de l'utérus pouvait être attaqué par le fer rouge. Percy, dans sa Pyrotechnie, en a donné le conseil, et Larrey avait conseillé de protéger le vagin avec un spéculum mauvais conducteur du calorique, avant de toucher le col de l'utérus avec ua fer rouge. se. MÉMOIRE SUR LA DÉMONSTRATION D'UN NOUVEAU CAS DU DERNIER THÉORÈME DE FERMAT, PAR G. LAMÉ. PRÉSENTÉ À L'ACADÉMIE LE 1° JUILLET 1839. De tous les théorèmes sur les nombres énoncés par Fermat, un seul reste encore incomplétement démontré. Ce théorème dit que l'équation &"+y"=2" est impossible en nombres entiers lorsque l’exposant n est plus grand que 2. Euler a démontré cette impossibilité pour n=—3, et, par suite, pour tout multiple de 3 ou pour n—31; Fermat lui-même pour n=4 {et n—/i); M. Dirichlet pour n—14 (et n—141); enfin Legendre, complé- tant un travail de M. Dirichlet, pour n—5 (et n=—5bi). Je me propose, dans ce mémoire, d'établir la même impossibilité pour n=—7, et conséquemment aussi pour tous les multiples de 7, im- pairs et non divisibles par 3 ou 5, les seuls qui ne rentrent pas dans les cas précédemment traités. Je présente ici cette démons- tration sans recourir à aucune théorie étrangère, et sans m'ap- puyer sur les propriétés secondaires que Legendre a réunies dans la seconde édition de sa Théorie des nombres. Tous les lemmes nécessaires à cette démonstration particulière sont démontrés directement, et uniquement en vue de l’exposant 7. 122 DÉMONSTRATION D'UN NOUVEAU CAS 1. Si l'équation x7+y=27 est possible en nombres entiers, on peut supposer l'existence d’une solution pour laquelle x, VA n'auraient aucun facteur commun; car si A représente le plus grand commun diviseur entre trois nombres Ar, Ay, Az, qui vérifient l'équation proposée, on pourra diviser l'identité (Ax)? + (Ay)=(Az) par A’, et l’on aura l'équation (1) &'+y 21 dans laquelle x, y, z, ne peuvent plus être divisibles tous les trois par un même nombre. Alors +, y, z, sont nécessairement premiers deux à deux; car un facteur premier à ne pourrait diviser deux de ces nombres sans diviser le troisième. 2. Des trois nombres x, y, z, l'un est nécessairement pair et les deux autres impairs. Il serait possible qu'aucun d’eux ne fût divisible par 7; car, les nombres que 7 ne divise pas étant com- pris dans les formes 7i+1,+2,#3, leurs septièmes puissances le sont dans celles-ci : Agi+1,#+19,#+18, et la somme de trois des six restes £1,+19,+18 peut être nulle. Ainsi il y a lieu de considérer deux cas différents : 1° celui où 7 ne divise ni x, ni y, ni z; 2° celui où 7 divise l’un de ces nombres. PREMIER CAS. 3. L'équation proposée étant mise successivement sous les trois formes suivantes : CC Dr 2 C2 nr 8 Cr 2 D 0 Cm DU Ce nt 28 mr À De nc V=(e—2) |(2 a) + 7a(e—2) +3. 722 — x) +5. 72 (7 — x) + D.72{2— 2) +3. 7a(2—x) + qua) —=(2—x)Y, = o+y) ere +87 (+57 (+7) +7 ep): y) + 77 = (0 +7)2; DU DERNIER THÉORÈME DE FERMAT. 123 X et (z—y), ou Y et (2--x), ou Z et (x+y) ne pourraient avoir d'autre facteur premier commun que 7: car 9, nombre premier divisant X et (—y), ou Yet (:—x), ou Z et (x+y), diviserait 7y° et(z—y), ou 7x° et (:—x), ou 7yf et (x+y); et si d était autre que 7, 1l diviserait y et (z—y), d’où y et z, ou x et(z—x), d'où x et z, ou y et (x+y), d'où y etæ. Mais dans le cas actuel x, y, Z sont tous les trois premiers entre eux et avec 7, done X, (27), Y, (2x), Z, (x—y) sont tous premiers entre eux, ce qui conduit aux trois décompositions NS NU 0, (2) Y=R», Y=n7, 0g—2x—1—b, 2=Dp UT PT CNP tr les six nombres m, u, n, », P; p, étant premiers entre eux. h. Les équations (2) donnent aisément 2+y—2=u(m—p$)— o(n—1°)=p(p$—p). La valeur commune des trois derniers produits, étant divisible séparément par g, par », par p, facteurs premiers entre eux, le sera nécessairement par le produit de ces facteurs, et l'on pourra poser (8) mnt") =p (pp) Anre = AP=5+y 7, À étant un nombre entier. On déduit de là : (4) m=p+Avp, n=1+Apy, p=p"—Avr. D'où il suit que À est premier avec p, », p: car si À et w, par exemple, avaient un facteur premier commun d, m serait divisible par à d'après la première (4); m et # ne seraient donc pas pre- miers entre eux. Par la même raison, À est premier avec m, n, p, et par suite avec x, Y3 Ze 5. On déduit des groupes (3) et (4): Auvp=x+y—2=mu#nr h24 DÉMONSTRATION D'UN NOUVEAU CAS —pp=n +0 —p+3 Aprp=a+b—c+3Auvp; ce qui donne la relation fondamentale : (5) pp 2 Auvp, où c—b—a—32AP. La troisième colonne du groupe (2) conduit aux valeurs suivantes 22—=c—b+a, 2y=0c+b—a, 22—c+b+a, qui transforment ainsi l’équation (1) : (6) (c+b+a) =(c—b+a) +(c+b—a). Mais on a généralement, comme il est aisé de s'en assurer : (7) (c+b+a) —(c—b+a) —(c+b—a) +(c—b—a) = 7—8Babc |3{a*-+bi+ct)+1 0 [bc cab}, et l'équation (6) réduit celle (7) à la suivante : (8) (c—b—a)=7.8abc |3(a+b#+c")+ 1 o(bc°+ cab?) | puis, comme l'équation (5) donne (c—b—a) =2?Ayr7p—2"Aabc, cette valeur substituée, l'équation (8) devient, en divisant par 23abc : (9) 227 (faire offre) D'où l’on voit que À est nécessairement divisible par 7. 6. L’équation (9) combinée avec celle (5) démontre que A est essentiellement un carré; voici comment s'établit cette propo- sition importante. L’équation (9), résolue par rapport à 4”, donne ë 3 ou En 2 le Ab'+-5bc°+hct+—2?AT. La quantité sou- mise au radical devant être le carré d’un nombre entier @, si l'on pose pour simplifier b+c?=%Ÿ, on aura : DU DERNIER THÉORÈME DE FERMAT. 425 12 (10) 3d—2@— 5%, TA = +3; mais léquation (5) donne a—c—4—»AP, d—Ÿ—2cb— AP (c—b—AP), ou plus simplement, si l'on remarque que c—b—AP =a+AP=myx:a—ÿ— 0 cb LAPr. Cette valeur de &°, substituée dans la première (10) donne : @—Aÿ—3cb—6APx. Enfin cette valeur de @ étant substituée dans la deuxième (10), il vient A2 (V—0b)— 12 APa(4t—3cb— 3APa), divisant par 12, mettant À en facteur. Gi) AfSAî+-Pr(At—308) —3APa)) =(ÿ—ch} (60h44. Or, dans le premier membre, À est premier avec la parenthèse ; car un facteur premier à qui diviserait À et cette parenthèse, diviserait le produit Px(4ÿ—3cb); mais À est premier avec P et avec x; à diviserait donc (4Ÿ—3cb); divisant le second membre de l'équation (11), ou (Ÿ—cb), 8 diviserait (4Ÿ—3cb)—A(Y— cb) =ch=1"p, c'est-à-dire » ou p, qui ne doivent avoir aucun fac- teur commun avec À. D'après cela l'équation (11) ne pourra se décomposer que de la manière suivante : (12) P—cb+=BG, AZB?, A+ Pa(ÿ—3ch—3APa)—G?, B et G étant des nombres premiers. Ainsi À est un carré. Soit pris D—G—2BPa, d'où G=D+2BPa; la première des équa- tions (12) devient alors b?+c2—bc—BD-+2B°Pa =BD+a(c—a—b), ou bien (13) a+b+c2—bc—ca+ab—BD. 7. Réunissant les équations (5), (13) et (11), on formera le groupe suivant : (14) c—b—a—2B°P, d+b+c—bc—ca+ab=BD, abc=P7, 3(a+b?+c?) +1 o(bet+cra+ a) = Bu. 54 426 DÉMONSTRATION D'UN NOUVEAU CAS Ï s’agit d'éliminer a, b, c, entre ces quatre équations, afin d’ob- tenir une équation finale entre les trois nombres B, D, P. La seconde (14), combinée avec le carré de la première, donne : a +b?+c—92BD—/AB'P?, —bc—ca+ab—=AB{P—BD; d’où il est facile de conclure {aï+-b"+ct+2(b?02+c?a?+a?b?)]=(2BD—AB'P??, et b’c?+c?a?+ab—(4B'P2—BD)—/AB?P5. Enfin ces valeurs, substi- tuées dans la quatrième (14), donnent pour l'équation finale : —B—3(2 BD — BP) + A(4BP2—BD}— 1 GBEP°. Si l’on développe les carrés indiqués, cette équation devient divisible par 16 B?, et peut s’écrire ainsi : (5) 7()-+P°= D? 5BPD + 7B'P+ Mac he. lets B est divisible par 7, comme on la vu : ainsi 7 est un nombre entier. On établit facilement que P=wp est un nombre pair; en effet, l'équation x+y—2=AP exige que AP soit divisible par 2, puisque des trois nombres x, y, z, un seul étant pair et les deux autres impairs, le nombre (æ+y—z) est nécessairement pair; or À ne saurait être divisible par 2, qui divise x, ou y, ou z, avec lesquels À doit être premier; donc 2 divisera P, c’est-à-dire l’un des trois nombres y, », p; et À ou B?, par suite B sera un nombre impair. D'ailleurs un seul des trois nombres y, », p, ou des trois autres a=p?, b=»", c=p", étant pair, le premier membre de l'e- quation (13) est essentiellement impair, d'où il suit que non- seulement B, mais aussi D, sont impairs. 8. Il résulte de là que l'équation (15) est impossible en nombres entiers, avec ces conditions; car elle peut se mettre sous la forme : (16) P2{7B°P2—5B:D—P°) — 7(5) D". et le premier membre est de la forme Ai, tandis que les carrés DU DERNIER THÉORÈME DE FERMAT. 127 d'impairs e ) et D? étant de la forme 8n+1, le second membre sera de la forme 8n+6 ou {n+2. Il résulte de l’incompatibilité de ces deux formes que l'équation (16) est impossible avec les conditions imposées aux membres B, D, P, et par conséquent que l'équation (1) ne saurait être satisfaite par des nombres en- tiers æ, y, z, sans que 7 soit facteur de l’un de ces nombres. SECOND CAS. 9. L'un des nombres x, y, z, est divisible par 7. L'équa- tion (1) peut toujours être mise sous les trois formes suivantes : = (2—y) (29) + 79e + 3.7 2) + 5.772 — 7) +9.77 {+3,79 (en) +7 EX, (17) Y=(c—0) {(e—a) + que) +3 .72(2— x) + 5.72 (zx) +0.72 (2x) +3. 722 — +72} =(2—2)Y, D=(2+y) {op +8. 7 + — 5.77 x +7) +9.77 04) 3.7 +) 7 (x). Si 7 divise x, il divisera sept fois 4’, ne pourra diviser X qu’une seule fois, puisqu'il ne divise pas y, 11 divisera donc au moins six fois (z—y). Les nombres (z—x), Y, (x+y), Z, seront premiers entre eux. On aura ainsi les trois décompositions : t—="7mM4, MZ YU; (18) Y=A», Y=—n!, 2—a—1—}, 2=p?; T=pE LY—p —C, et l’on déduira de ce groupe comme de celui (2) les conséquences suivantes : ay 27m 7) =rn 5) =p(f—p)=7Amp=TAPl, RTE Anne pur tn aus 7AP=x+y—2=7mu+nr—pp=7p+1—p1+3.7 AP —a+b—c+3.7AP. 54° 4128 DÉMONSTRATION D'UN NOUVEAU CAS À est entier, et nécessairement premier avec 7P; car 7 ne pour- rait diviser À sans diviser m, d’où il suivrait que X—7m? con- tiendrait plus d’une fois le facteur 7; et un facteur premier $ ne pourrait diviser à la fois À et p, ou », ou p, sans diviser aussi m, Où n, Ou p, d'où 1l suivrait que les nombres m, 4, n, », p, p, ne seraient pas pr entre eux. Par la même raison, À est premier avec m. n, p, par suite avec æ, y, z; d'où il suit que À est impair, car 2 AE l'un des nombres x, y, z; or 7AP est pair comme æ+y—z, donc P=yp est pair, c’est-à-dire que l’un des trois nombres p, », p, est divisible par 2, tandis que m, n, P; restent tous les trois impairs. 10. On déduit encore du groupe (18), troisième colonne, 22—c—b+a, 2y=c+b—a, 22=c+b+a, ce qui transforme l’équa- tion (1) en (c+b+a) —(c—b+a)+(c+b—a) ; et la formule géné- rale (7) se réduit encore à (c—b—a)—7.8abc {3(at+bt+ ct) + 1 0(b?c°+c?a?+-a°b?) | - Oron a 7abc—(7uvp)" et c—b—a—2 .7 Auve (1 9), la substitution de ces valeurs dans l'équation précédente donne, en supprimant le facteur commun (up) : (20) 2 1A7=3{aï+bi+ct) +1 0(b?c?+ca?+ab?). 11. Si 7 divisait z et non x, le groupe (18) serait remplacé par celui-ci : ame, X=m, 2—y—y—a, (18) bis. {y=nr, Y=—n!, 2—a—1—b, 2=7pe, L=7p, 2+y=7 pe, et les formules (19) par celles-ci : | æ+y—2= pm) =r(n—5)=70(7—p)=7Auvp=7 AP, m=u$+7 Ave, n +7 Abu, p=7"p—Aur, 7AP=x+y—2=mp+nr—7pe =u+r— 7e +3.7AP =a+b—c+3.7AP (19) bis. DU DERNIER THÉORÈME DE FERMAT. 129 On démontrerait de la même manitre que À est premier avec B, v, Ps M, nn, p; &, y, 2, et conséquemment impair, tandis que P est pair. Enfin la relation de même forme c—b—a—2.7AP, et les valeurs de 2x, 2y, 2z, déduites de la troisième colonne du groupe (18) bis, conduiraient de la même manière à l'équa- üon (20). Ainsi, quel que soit celui des trois nombres que 7 divise, l'équation (20) subsistera, À étant toujours le nombre qui vérifie l'équation (21) c—b—a=2.7AP—2.7Aur, les valeurs de c, b, a, étant D LUN 102 c=p",.s1 7 divise x, Ga)ta=x, Dre pst 7 divise y, a=y}, b—7, c—="7tp, si 7 divise z, et l'on a, dans tous les cas: (23) 7abc={(7urp) = 7" P7, x—=a+7AP, y—b+7AP, z—c—7AP. 12. Si l'on résout l'équation (20) par rapport à d?, 1l vient 3 ——5(P+c)+2)/ A+5cb+/4ct+i12A7, et le radical de- vant être un nombre entier @, on aura, en posant b+c?—Y : (24) 3a—2@—5%, 12A7—@+3bc2—/?; mais l'équation (21) donne a—c—b—2.7AP, a —Ÿ—2bc—/4.7AP (c—b—7AP)=Y—2bc—/1.7APzx; cette valeur de a? substituée dans la première (24) donne : P—ht—3bc—6.7APx; enfin cette valeur de @,-substituée dans la dernière (24), la rend divisible par 12, et le résultat, mettant À en facteur, est : (25) A(A+-7Pa(ft—30b—3.7APa)) (pb) = (cb +0). 430 DÉMONSTRATION D'UN NOUVEAU CAS Si À, premier avec 7P et x, et divisant (Ÿ—bc), avait un facteur premier à commun avec la parenthèse qu'il multiplie dans le premier membre de l'équation (25), à diviserait (4ÿ—3bc) et (Ÿ—bc), par suite be=(4Ÿ—3bc)—/A(t—bc), conséquemment b ou c, » Où p; À ne serait donc pas premier avec 7P. Donc le seul moyen de décomposer l'équation (25) est celui-ci : (26) b—bc+c?=BG, A=B?, A+ 7Pr(4t—3bc—3.7APx) —G?. B et G étant deux nombres premiers entre eux, et tous les deux impairs, car (b?—bc+c?) est toujours impair, que l’un des deux nombres b et c soit pair, ou qu'ils soient tous les deux impairs, seuls cas possibles. Il est donc démontré que À est un carré. Soit pris D=G—2BPa, d'où G=—D+2BPa; la première des équa- tions (26) devient alors b+c?—bc—BD+2B’Pa—BD+a(c—a—b), ou bien (27) &+4+b?+c—bc—ca+ab=BD, D étant impair comme G. 13. Les équations (20), (21), (23) et (27) fournissent le groupe (28) c—b—a—2.7BP, a+b+c—be—ca+ab=BD, abc=7P", 3(aï+bt+ct)+ 1 0(b°c7+c?a2+a?b?) = 1 6B". I s’agit d'éliminer a, b, c entre ces quatre équations; les deux premières donnant d+b+c—(2BD—/4.7B'P°), —bc—ca+ab= 4.72B'P°—BD ; et ces deux équations a+b'+c-+0 (bc7+c°a+ 00?) = (2BD—4.7 BP}, b?e2+ca+ al? = (4. 7°B‘P>—BD)—4.7"B'P$. Ces valeurs, substitutes dans la quatrième (28), donnent une équation finale où 16B? peut être supprimé, comme facteur commun, et qui donne définitivement : (9) Br Pie = DT P BY T PE DU DERNIER THÉORÈME DE FERMAT. 431 5 : ou en posant : D=D;+-7 PB, plus simplement. 9 Ie, 3 (30) B2+7(7°P4) — D?+3(-7 PB). PE 14 | 14. P étant divisible par 2, et P? par 4, + sera entier et pair, D, impair comme D et B. La différence des carrés d’impairs (B°} et D;? étant divisible par 8, ainsi que le terme 7(7*P‘)?, il faut que 8 divise 3(-7°PB:}, ce qui exige que P soit au moins divisible par 4. B et P devant être premiers entre eux, l'équa- tion (30) démontre que D, est premier avec B et 7P. L’équation (30) ne présente plus la même circonstance d'incom- patibilité de forme que celle (16); aussi la démonstration de son impossibilité exige-t-elle une recherche plus laborieuse. Puisque P est pair, et même de la forme Ai, soit posé P—2P,; P, sera pair, et l'équation (30) devient D?=B"°—:1 2.7" P,"B°+2°.7P— (B°—6.7"P + 77.22(20—32.7)P 5; mais 2—3?.7—6/4—63—1, on 0 ? a donc simplement : (31) D2=(B°—-6.7P,)+7.(2.7 Pl). 15. Pour satisfaire à cette équation, on pourrait s'appuyer sur des théorèmes concernant les formes quadratiques et leurs diviseurs; mais, sans rien emprunter à des théories étrangères, il suffit ici de résoudre directement l'équation indéterminée #—u+7v, dans laquelle les nombres {, u impairs, et v pair, doivent être premiers entre eux. Cette équation peut se mettre sous la forme ({—u)(tHu) = 70 ; les facteurs ({—u) et (t+u), qui sont pairs, ne pourront avoir un facteur premier commun Ô autre que 2; car alors à divisant leur somme 2#, et leur diffé- _ rence 2u, diviserait £ et u qui doivent être premiers entre eux. Si donc on pose V— 2'MN, M et N étant deux nombres impairs premiers entre eux, la seule manière de décomposer l'équation 132 DÉMONSTRATION D'UN NOUVEAU CAS précédente, compatible avec les conditions imposées aux nombres t, u, v, sera donnée par le groupe suivant : V= MN, ua=7.2"M, tEu—02"N?, min—oi, d'où l’on déduit : t—7 .9 m1Nf2 2 n-1N?2 à EU .2 m1N2 9 niN?2 3 {et u devant être impairs, il faut nécessairement que l’un des exposants (m—1) où (n—1) soit nul, et leur somme (m+n—2) étant 2 (i—1), celui qui restera sera nécessairement pair. Il suit de là qu’en posant 21M=—9, N=f, ou Mg, 2N—f, ce qui donne dans les deux cas 27MN=—/g, et V—2'MN—2/q, on aura définitivement V=afg, i=f+179, .Æu=f—1g, pour satisfaire généralement à l'équation indéterminée = L le) u+7v?. 16. D'après cette solution, l'équation (31) conduit au groupe suivant : (2) Di=f+7g, EB6.7 Po = 79", f0= 7 Po. f ne peut être divisible par 7, sans quoi 7 diviserait D, et B, ce qui ne peut être; f et 4 sont nécessairement premiers entre eux, car un facteur premier à qui les diviserait tous deux, ainsi que leur produit 7P,t, diviserait aussi P,, et par suite B5 et B; B et P, ne seraient donc pas premiers entre eux. Ainsi la troisième équation (32) ne peut être décomposée que de cette manière : (83) POP = Qi g=TEP,t; Q, est premier avec 7P,; comme P, est divisible par 2, Q, ou P; est pair. La seconde (32) devient +B°—(Q;+3.7P;t)?— DU DERNIER THÉORÈME DE FERMAT. 433 7(2.%7P,. Le signe inférieur est inadmissible, car il en résul- teratie7(2575P.1) — (Qu —3.7"P;")+B;, et le second membre, somme de deux carrés impairs, serait de la forme 8n+2, tandis que le premier est divisible par 2°—64. On a donc nécessai- rement , (34) (Q.4+3.7P,) = (B5)+7(25.75P,)2. 17. Ici, comme pour l'équation (31), on devra poser (5) QT Pr) = +7g, EB = —7g, fn 2.7 Pit. fi et j sont nécessairement lun pair et l'autre impair, pour que B reste impair. Ainsi /, et g, n’ont pas le facteur commun » ; ils ne sauraient non plus avoir un autre facteur premier à, qui, les divisant tous deux ainsi que leur produit 2°.7.P;*, diviserait 7P:, par suite B et Q,, en sorte que B et 7Ê—2: 7P:Q, ne se- raient pas premiers entre eux. Par la même raison, fi n’est pas divisible par 7 18. Lemme. Avant d'aller plus loin, il importe de remarquer que l'équation P+3u?—v+7u?, dans laquelle t et u sont pre- miers entre eux, ainsi que v et w, et les deux membres des nombres impairs, exige que t et v soient pairs ensemble, ou impairs ensemble. En effet, de t et u, l'un doit être pair et l'autre impair; il en est de même de v et w: or si t et w étaient pairs, u et v seraient impairs, le premier membre serait de la forme An+3, et le second de celle 4n+1, incompatible avec la première; si u et v étaient pairs, { et w impairs, le premier membre serait de là forme 4n+1, et le second aurait celle 4An+3, d’où résulterait la même incompatibilité. Donc t et v sont pairs ou impairs ensemble, u et w impairs ou pairs tous les deux. 19. Il résulte de ce lemme, de ce que fi et g, sont premiers entre eux, et de la première équation du groupe (35), que la troisième équation du même groupe pourra se décomposer de l'une ou de l’autre des deux manières suivantes : 8. 55 134 DÉMONSTRATION D'UN NOUVEAU CAS fi=2 Qt, n=7P#, siQ,;pair, P:, P,, Q, impairs. Pi=P:0; RQ) 'h=—22:7%P;;, siP; pair, Q,, Q'impaits La première équation (35) devient ainsi : Qt 210,3. 7 Q'PH TPS, si Q, pair, P, et Q, impairs, = Q$—3.7 QPi+ot.77. PS, si Q, impair, Q, étant impair. Or la première de ces équations est impossible en nombres entiers avec les conditions posées : en effet, cette équation peut se mettre sous la forme 16((5)—0:) = 7(7°P.1)—3(7 021 7)?, et les deux membres sont incompatibles, car l’un est de la forme 4.An, tandis que l'autre est de la forme 7(8n+1)—3(8n +1 = A(2n'+1), On a donc nécessairement : (36) QE == Q:5—3.7 Q. PH 08.7 7PS, et cest cette dernière équation qu'il s'agit de résoudre en nombres entiers. 20. L'équation (36) peut se mettre sous la forme Q,?+ 3(7 QPP,) = Qi+7(22.7%P.); Q, et Q, sont impairs; le lemme établi précédemment exige donc que P, soit divisible par 2. On peut donc poser P;—1IL,; léquation (36) devient alors Q,‘— Q.5—3.08 TEL Qt + 2127706 as (Q.4—3.25.7411,6)+ 26, 77(26—7.32) ILÿ, et parce que (2°— 7.3?) — 1, plus simplement : (37) Qu (Qi—3.25.7 IL) +7 (25.75.11). 21. Pour résoudre cette équation, il faut poser : (38). Q°=f+79, HQ.'2°.3.7IL—f—79", 292 = 2°.79.IL* Jà ne peut être divisible par 7, puisque Q, ne peut l'être; f4 et ga sont premiers entre eux, sans quoi Q, et Q, auraient des facteurs communs. Q, étant impair, il faut que l'un des deux nombres fa et gs soit pair; or ce ne peut être f,, car g, étant alors pair, DU DERNIER THÉORÈME DE FERMAT. 435 le second membre de l'équation Q?=/f}+179ÿ serait de la forme An+3, tandis que le premier membre est de celle 4An+1; donc g2 est pair, et f) impair. D'après ces conditions, la troisième des équations (38) ne peut se décomposer que de la manière sui- vante : = OP — Qi —327 (Os premier avec 2.7.0). La seconde des équations (38) devient ainsi +Q.2=Q;+3.25. DO PT aiD (QE 22.376.007 (82.7 1)P5 et comme 7.321 = 64 = 256, plus simplement +Q.*—(Q;+2?.3.7.P;)— 7(2.57%P;). On voit ici que le signe inférieur n'est pas admis- sible, car on en déduirait que la somme de deux carrés d’impairs serait divisible par 21. On a donc nécessairement : 69) (0 273 RE Qi+7(25.75.P.t). 29. Pour résoudre cette équation, on posera : (40) Q:+22.3.7"P4, —f}+-79s, +Q.° = f#—795, f:9s = DRAP re On verra, comme ci-dessus, que /; est premier avec 793; et la première (Ao), d’après le lemme établi, exige que /, soit impair et g; pair. Il n’y a donc d'autre moyen que le suivant de décom- poser la troisième (40) : P;—Q'P!, f—Qit, gs —24.7Pit, (Q, premier avec 2.7.0Q;). La première équation (4o) devient Q;'—Q,—2?.3.7"P,Qi5+ 77.25P,5, ou bien (41) Qs=(Qi—2.3.7 4-7 (2.7 PP. 23. Pour résoudre cette équation, il faut encore poser : (42) Q—=f2+79; +Q,! F2 37 Pat =f—79; EL Et, 55° 136 DÉMONSTRATION D'UN NOUVEAU CAS f, est encore nécessairement premier avec 7%, et de même que la première (38), la première (42) démontre que f, est impair et g* pair. On est ainsi conduit à décomposer ainsi la troisième (42): P,—=QP;, fi = Q:', ga—=73Ps", (Q; premier avec 2.7.Q,), (P; pair). La seconde (42) devient +Q,t=(Q.+3.7:P;t)— 7(25.75.P.6), et l'on voit, comme plus haut, que le signe inférieur ne peut être admis, puisque P, est pair. On a donc nécessairement : (43) (Qu-+3.7 PA) = (Qu4-7(a9.7e Pa 2h. Pour résoudre cette équation, il faut de nouveau poser (44) Q3.7 Pi +7g, QE 79, figs = 22.7 Ps. P; étant pair, le lemme établi démontre que g; est pair, f, im- pair. On voit encore que /, est premier avec 7.9,; ce qui conduit à la décomposition suivante de la troisième (44) : Ps=QPs, fo Qi g5—2?.7%.P5t,(Q, premier avec 2.7.Q,), (P, pair). La première (44) devient alors (45) Q,=Q—-3.7 PQi+2t.77.PS5. 25. Or cette équation (45) est de la même forme que celle (36) d’où nous sommes partis; elle est seulement composée de nombres beaucoup plus petits. Ainsi s’il existe des nombres entiers U, V, W premiers entre eux qui vérifient l’équation (46) U=Vi—3.7 VI Wii, 77. WS. il existera, par cela même, une autre solution, composée de nombres beaucoup plus petits. D'où il résulte, comme l'on sait, que l'équation (46) est impossible en nombres entiers finis. Donc DU DERNIER THÉORÈME DE FERMAT. 437 l'équation (30) est impossible aux mêmes conditions, et par suite l'équation (1) est dans le même cas. Nota. Pour s'assurer que les nombres de la solution (45) sont réellement beaucoup moindres que ceux de l'équation (36), il suflira de remarquer que P,— 2Q.Q,Q.Q.P,, que Q°=/}+7q =Q;+7(22.Q,Q.P.)Q; les nombres P, et Q, sont, dans l’équa- tion (45) les homologues de P, et Q, dans celle (36); P, est né- cessairement pair et ne peut être moindre que 2, ainsi que POP; 9 —7"P;lesti donc plus grand que 7.21; Q.,— Ve 79e surpasse donc Viry 2°.7— 10976; ainsi P, est au moins 22,000 fois plus petit que P.. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'INANITION, PAR CHARLES CHOSSAT, M. D. PRÉLIMINAIRES. DE L’ALIMENTATION NORMALE. Le travail que j'ai l'honneur de présenter à l’Académie ! a pour objet l'étude de linanition, c’est-à-dire la recherche des faits qui se rattachent à la privation complète ou incomplète des ali- ments. Mais, avant de passer à ce sujet, je dirai quelques mots de l'alimentation normale, afin de faire connaitre l’état naturel des animaux que nous soumettrons à nos expériences, et de rendre plus facilement appréciables les résultats qu'ils nous fourniront plus tard. Nous savons bien que, relativement au poids du corps, il existe une grande diversité dans la quantité d'aliments néces- saire aux différentes espèces d'animaux, depuis certains insectes qui en dévorent chaque jour le double de leur poids, jusqu'à ceux des animaux à sang froid, qui vivent pendant des années ! Ce Mémoire a été envoyé à l'Académie des sciences le 25 décembre 1838, et le prix de physiologie expérimentale pour 1841 lui a été décerné. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'INANITION. 439 sans nourriture. Mais nous manquons de données précises à cet égard, ne connaissant guère que la quantité d'aliments que. consomment quelques-uns de nos animaux domestiques, et cela encore sans que cette quantité ait été mise en regard du poids individuel de leur corps. Des données de cette nature seraient cependant bien faciles à obtenir au moyen des ménageries qui existent dans les grandes capitales, et lon devrait pouvoir en retirer cet avantage-là. A cet égard l’histoire de l'alimentation normale est donc en- core à faire : mais, comme je n'avais à m'en occuper que d’une manière tout à fait accessoire, je ne l'ai un peu étudiée que sur les animaux que J'avais principalement choisis pour mes expé- riences, savoir : les pigeons et les tourterelles. Les expériences ci-après ont pour but de rechercher chez ces animaux le rapport en question entre le poids de l'aliment et celui du corps. Nous allons immédiatement en présenter l'ex- ; posé. EXPÉRIENCE PREMIÈRE. Quatorze animaux (huit tourterelles et six pigeons) ont été sou- mis à un mode d’alimentation qui chez tous a présenté les con- ditions suivantes : 1° L'expérience n’a commencé qu'après que les animaux ont été habitués pendant quelques jours à leur nouveau domicile et au genre de vie auquel ils devaient être soumis; 2° L’aliment fourni a été le blé et l’eau; il a été donné en quantité surabondante, et le poids de ce qui a été consommé a été déterminé avec soin; 3° Au début du premier et à la fin du dernier jour de l’expé- rience , le corps a été pesé pour s'assurer de la variation qu'il pouvait avoir subie pendant l'alimentation. Cette expérience nous a donné les résultats consignés dans le tableau ci-après. 440 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES POIDS DU CORPS ALIMENT FÈCES avec JOURNALIER JOURNALIÈRES LES PLUMES. moyen, moyennes. PLUMES pesées —— > —— |" — | — Poids Poids Ble Eau Fèces Fèces initial, final. mangé. bue. Jhumides| sèches, L'ALIMENTATION. postérieurement. TABEAU N° 1. ours. ram, ram, ram, ram, ram, ram. 6 Tourterelle n° 5 112,411114,28110 ,81| 8,551. — 3 ,03 119 ,791117,07110,68[15,86) — — 127 ,431137 ,79117,03123 ,50! — 3 ,92 134,36/142 ,51115.,22122 ,08Ù — | 3,50 138 ,821150,15/16,57118,97) — | 4,09 139 ,341158 ,77 09119 ,75120 ,14! 3,76 140 ,701151 ,19 19,23113 ,98 141 ,22/156 ,11 16,19 MOYENNE. ... 131 ,76|140 ,98 Pigeon n° 32, 1" série... 207 ,981352 ,76 392 ,761356 ,64118 ,48 214 ,001336 ,31126 ,81 396 ,331415 ,63135 ,16 404 ,361430 ,46131 ,08[53 416 ,341498 ,3913]1 ,40 462 ,18[513 ,1412 MoyennE....|18,431350 ,561404 ,76129 ,83 Je ferai sur ces résultats les observations suivantes : 1. Les animaux ayant mangé à volonté, le poids du corps a très-sensiblement varié, et s’est élevé, valeur moyenne, pour les 1 1 . . . tourterelles, de -= sur 7 ni de jours d'alimentation; et, pour les pigeons, de : sur 18 : jours. Ces animaux ont engraissé ou ont eu un mouvement de croissance. 2. Si je présentais le tableau du poids quotidien de chacun d'eux pendant ces expériences (ce que je ne ferai point pour SUR L'INANITION. AGl abréger), l'on verrait que, déterminé chaque jour à la même heure, ce poids a varié plus ou moins. Cest en effet un résultat que nous trouverons vérifié dans presque chacune des expériences de ce mémoire, que la grande variabilité de poids du corps. Cette variabilité, qui se lie à celle de la quantité des aliments journaliers, m’empèêche d'admettre dans toute sa généralité l’aphorisme suivant de MM. Lavoisier et Se- guin : « Quelque quantité d'aliments que l'on prenne... le même individu revient tous les jours, après la révolution de vingt- quatre heures, au même poids à peu près qu'il avait la veille, pourvu qu'il soit d’une forte santé, que sa digestion se fasse bien, qu'il n'engraisse pas, qu'il ne soit pas dans un état de croissance, et qu'il évite les excès. » (Ann. de chim. t. XC, p.14). Cette assertion, vraie sans doute pour l'alimentation normale, n'est point également exacte pour toutes les grandes modifica- tions de régime, et nous en aurons par la suite les preuves les plus multipliées!. 3. La quantité de l'aliment consommé est énorme quand on la compare au poids du corps. C’est ainsi qu'en moyenne le blé mangé chaque jour est égal, pour les tourterelles, à _ et, pour les pigeons, à + du poids moyen du corps, proportion considérable, et qui le paraîtra davantage encore si l’on réflé- chit que, par sa dessiccation spontanée à l'air, l'aliment en ques- tion se trouve toujours à un. rand état de concentration. Si une pareille proportion d'aliments était nécessaire à tous les oiseaux, nous n’aurions presque pas besoin d’autres preuves pour reconnaître que les animaux qui produisent le plus de chaleur sont aussi ceux qui consomment le plus d'aliments; mais j'ignore jusqu'à quel point ces résultats peuvent se géné- raliser. ! Je fais ici cette remarque, parce que l'aphorisme ci-dessus m'a induit en erreur dans une partie de ce que j'ai dit (dès l'année 1824 ) sur la balance diurne ( des ingesta et des excreta) dans mon Mémoire sur l'analyse des fonctions urinaires. { Voir à cet égard la fin du $ 1 de l'alimentation insuffisante dans le présent Mémoire.) 8. 56 42 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES h. En comparant la consommation d’eau à celle de blé, l’on trouve : CONSOMMATION JOURNALIÈRE moyenne. TABLEAU N° 2. es gram, 14,26 34 ,08 48 ,34 7 tourterelles 3 pigeons... D'où l'on voit que la quantité d'eau et celle de blé sont entre elles — 1,16 : 1,00, c'est-à-dire à très-peu près comme 7 : 6. 5. Quant aux fèces, elles ont été pesées: a, à l'état hunude, telles qu'on les recueillait à Ja fin de chaque journée, c'est-à-dire après avoir déjà éprouvé un commencement de dessiccation à l'air : b, à l’état sec, après une exposition à l'air continuée de plusieurs semaines à plusieurs mois, ce qui les ramenait à un degré de dessiccation correspondant à celui de l'aliment. Jai obtenu ainsi les résultats suivants : MOYENNE DIURNE. | TABLEAU N° 3. L Fèces sèches. gram. 7 tourterelles. ..... 3,63 S 8 ,43 3) PISEONS 4... melnile le dlelvinlojole ss (à à | SOMME A 12 ,06 Nous conclurons de là qu’à égal degré de dessiccation, le poids des fèces représente à peu près le quart de celui du blé consommé. DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Vingt-deux pigeons ont été nourris en leur ingérant des quan- ütés de blé pesées d'avance, et en leur donnant de l’eau à vo- lonté. Ils nous ont fournr vingt-sept séries alimentaires diffé- rentes, dont les résultats sont exposés dans Îe tableau ci-après : — SUR L’INANITION. 15, l'série, ” 2° série. 17, "série. n 2° série. 18, 1" série. n 2° série. 19, 1" série. n 2° série. 20, 1'° série. 2° série. MOYENNE. ... POIDS DU CORPS. 376 ,65 406 ,18 304 ,97 311 ,90 493 ,21 466 ,65 383 ,51 410 ,55 333 ,92 343 ,43 322 ,00 311 ,96 305 ,43 276 ,87 309 ,37 359 ,17 321 ,87 359 ,22 410 ,38 376 ,20 399 ,51 331 ,19 344 ,34 454 ,61 339 ,94 350 ,10 375 ,81 ———————— 359 ,59 392 ,13 384 ,03 381 ,38 463 ,16 463 ,67 390 ,89 401 ,60 302,12 299 ,79 322 ,00 318 ,38 276 ,87 327 ,38 322 ,84 321 ,87 402 ,16 * 410,38 308 ,21 399 ,51 302 ,19 344 ,34 371 ,60 449 ,37 374 ,90 360 ,53 418 ,35 373 ,64 ALIMENTATION DIURNE moyenne. 35 ,03 30 ,67 35 ,29 34 ,40 43 ,53 38,85 33,01 31 ,30 22 ,08 24 ,28 23 ,02 23,38 25 ,90 20 ,14 28 ,33 28 ,74 35 ,01 43,04 24 ,97 39 ,66 25 ,90 32 ,38 28 ,33 37 ,08 42 ,38 36 ,79 36 ,79 32 ,23 Eau bue. A43 DURÉE de la série. h44 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Nous ferons sur ces résultats les observations suivantes : 1. La comparaison du poids moyen du corps au début et à la fin de l’ensemble de ces vingt-sept séries prouve qu'en général le régime a été en quantité surabondante, puisque, sur une du- rée moyenne de 21 jours, le corps a augmenté de = de son poids initial. 2. En rapprochant la moyenne de l'aliment quotidien de celle | blé + du poids initial, l'on obtient "environ du poids initial eau = — 8,4 du corps. En calculant les moyennes sur les journées d’alimen- tation, et non plus sur la moyenne des séries, on arrive sensi- blement au même résultat. 3. Pour ceux des animaux qui ont fourni deux séries ( pig. 15, 17, 18, 19 et 20), l'on voit, en comparant l’une de ces séries à l’autre, qu'une augmentation de poids de l'aliment est toujours suivie d’une augmentation de poids du corps. Il n’y a que le 20° pigeon qui ait fait exception à cela, peut-être parce que l'aliment de la deuxième série, quoique diminué relativement à la première, était encore en proportion surabondante pour les besoins du corps. 4. Chez les dix-huit animaux chez lesquels les quantités de blé et d’eau ont été déterminées, la consommation d’eau a été à LA 42, 6 Li J e fs y L LA celle de blé ; c'est-à-dire que la quantité d’eau a dépassé M7 , celle de blé de — Le résultat général des vingt et une séries alimentaires des ta- bleaux 1 et 4 donne, pour la consommation relative d’eau et de 42,05 £ ,00 blé, le rapport 1320: 35 Essayons maintenant de combiner quelques-uns de ces ré- sultats. a. Le blé arrivé dans l'estomac absorbe une partie des liquides qu'il y rencontre, et augmente par là de volume et de poids. SUR L'INANITION. 445 C’est là le premier temps de la digestion chez les oiseaux. C’est ainsi que, dans quelques expériences dont il sera parlé plus tard, ayant retrouvé dans l’estomac et le jabot une certaine quan- tité de blé qui y avait séjourné quelque temps, je l'ai pesé im- médiatement au sortir du corps; après quoi, l'ayant laissé se dessécher complétement, je l'ai repesé de nouveau, et j'ai trouvé : POIDS HUMIDE. POIDS SEC. TABLEAU N° 5. gram. gram. Blé entier, non digéré, retrouvé dans le jabot. ...... 71,61 A3 ,77 Ainsi pour devenir digestible ce blé avait absorbé les 0,6 de son poids d’eau. Et comme le poids des boissons — 1,20 de celui du 3 0,6 o d 9 9 blé, il en résulte que les —, soit la moitié de l’eau que l'animal 1,2 consomme, est employée à gonfler le blé, à le liquéfier, en quelque sorte, et à le rendre susceptible d’être digéré. b. En recourant maintenant à notre tableau n° 1, l’on trou- vera que le poids des boissons et celui des fèces sèches et hu- mides n’ont été déterminés simultanément que sur quatre ami- maux, savoir deux tourierelles et deux pigeons. Prenant la moyenne des quatre expériences, l’on obtient : FÈCES HUMIDES. a — Eau des fèces. | Fèces sèches, EAU BUE,. TABLEAU N° 6. gram. gram. 18 ,27 6 ,26 Moyenne diurne des quatre animaux. . «| D'où l’on voit que l’eau des fèces est assez sensiblement égale aux 0,66 de celle prise par l'animal. Les 0,33 restant doivent passer par l’exhalation. 466 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Ces résultats préliminaires établis, passons maintenant à l’é- tude de l’inanitiation, c'est-à-dire à l'examen des faits qui se rap- portent à la production graduelle et successive de l’état d’inani- tion !. PREMIÈRE PARTIE. DES EFFETS DE L'INANITIATION SUR LE POIDS DU CORPS. Quelque nécessaire qu'il eût été de connaître d'une manière approfondie les effets de la privation complète ou incomplète des aliments, puisque pour le médecin c'est la question de tous les jours, cependant cette importante étude n'a point encore été en- treprise par la méthode expérimentale, la seule qui fût capable de l’éclairer complétement. Ce n’est pas que nous manquions d’ob- servalions d'individus soumis à une abstinence prolongée, tantôt volontairement, comme chez quelques aliénés, tantôt d’une ma- nière forcée, à la suite de naufrages, d’éboulements, etc. non plus que d'histoires merveilleuses de personnes qui ont paru supporter un jeûne continué pendant des mois et des années : mais des observations de cette nature, presque toutes isolées, incomplètes ou absurdes, ne peuvent donner que des notions su- perficielles ou erronées, et ne contribuent à peu près en rien à l'étude expérimentale de la question. À ma connaissance, les seules expériences que nous ayons sur ce sujet sont celles que fit le célèbre Rédi, et qui se trouvent dans son Traité des animaux vivants (Florence, 1684). Ces expé- riences sont surtout remarquables par la variété d'animaux qui 1 Je me vois À regret obligé de créer un nouveau terme, en suivant du reste les analogies grammaticales, pour exprimer le passage graduel du corps à un état qui n’est réellement de l'inanition que lors de sa terminaison. L'icanition, à proprement parler, n’est que la fin de l'inanitiation. SUR L'INANITION. 447 y ont été soumis; car d’ailleurs elles se bornent essentiellement à indiquer la durée de la vie des animaux privés de toute nour- riture, et ne donnent qu'un résultat brut, qui aurait eu besoin d'être analysé !. Laissant de côté les recherches d'érudition, dont j'ai cru pou- voir me dispenser entièrement, puisque je n'avais qu'un mé- moire, et un mémoire expérimental à présenter, mais que je me serais certainement imposées , si J'avais eu un traité ex professo à rédiger sur le sujet, je me hâte de passer à l'exposé de mes re- cherches particulières, et c’est par létude de l’abstinence com- plète des aliments que nous allons commencer. [. DE L’ABSTINENCE COMPLÈTE DES ALIMENTS. Les expériences dont nous allons rendre compte ont été faites sur plusieurs espèces d'animaux : sur des pigeons, des tourte- relles, des poules, des corneilles, des cochons d'Inde et des la- pins. Quelques recherches ont été tentées aussi sur des animaux à sang froid. Ces expériences sont nombreuses , et elles portent sur des animaux assez différents pour permettre d'en générali- ser les conclusions, et d’en appliquer les résultats à beaucoup plus d'espèces que celles qui les ont fournies. Cela est de toute évidence. Ges expériences ont été faites de la manière suivante : 1° Des animaux, pour la plupart ceux-mêmes dont nous avions étudié l'alimentation normale dans les expériences 1 et 4, ont été privés de toute nourriture quelconque, jusqu'à terminai- son de l'expérience par la mort réelle ou par la mort immi- nente, ce dernier état ne précédant la mort réelle que de quel- ques instants seulement. 2° Dans les deux tiers environ des expériences, les animaux ont été privés de boissons aussi bien que d'aliments; dans l’autre tiers, on leur a fourni de l’eau à ! Lors de la rédaction de ce Mémoire je ne connaissais pas le travail intéressant de M. Col- art de Martigny sur le même sujet. (Journ. physiol, de Magendie, 1828.) 448 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES volonté, et l’on s’est presque toujours assuré de la quantité qu’ils en avaient consommée. 3° Depuis le commencement de l'expé- rience Jusqu'à la fin, c’est-à-dire pendant toute la durée de lina- mitiation, les animaux, à quelques exceptions près, ont été pesés tous les jours, et cela autant que possible pour chaque animal à l'heure du début de son expérience. Dans tous les cas, le poids initial et le poids final ont été déterminés, c’est-à-dire le poids du corps au début de labstinence, et celui au moment de la mort réelle ou imminente. Présentons maintenant le détail de toutes ces expériences : TROISIÈME EXPÉRIENCE. Quinze tourterelles ont été soumises à la privation complète des aliments : quatre d’entre elles avec privation des boissons, les onze autres avec de l’eau à volonté. QUATRIÈME EXPÉRIENCE. Vingt pigeons ont été soumis à la privation complète des ali- ments : dix-sept d’entre eux avec privation des boissons, trois autres avec de l’eau à volonté. CINQUIÈME EXPÉRIENCE. Deux poules et une corneille ont été soumises à la privation complète desaliments et des boissons. SIXIÈME EXPÉRIENCE. Cinq cochons d'Inde ont été soumis à la privation complète des aliments et des boissons. SEPTIÈME EXPÉRIENCE. Cinq lapins ont été soumis à la privation complète des ali- ments : trois d'entre eux avec privation des boissons, les deux autres avec de l’eau à volonté. Ces quarante-huit animaux nous ont fourni les résultats que SUR L'INANITION. L49 nous présentons dans le tableau ci-joint (n° 7), et que nous al- lons maintenant discuter. ALIMENTATION POIDS DU CORPS.Ï PERTE DE POIDS DU CORPS. QUOTIDIENNE. — — ——— PERTE INTÉGRALE] PERTE DIURNE POIDS PODS | mn — Boisson. propor- propor- tion- |absolue.| tion- nelle, initial, a | es gram. gram. gram. 1,23 105 ,61 28 ,62 2 ,20 108 ,46 58] 27 ,78 Non pesée. 117 ,20 26 ,36 6 ,41 124 ,64 40 ,21 3 ,88 130 ,41| & 50 ,25 0 ,91 132 ,54 ) 6] 43 ,38 Quelque peu.f 146 ,40 46 ,75 9 ,15 149 ,44 S] 59 ,76 8 ,49 3,30 151 ,19 ,28) 54 ,91 11,16 Quelque peu] 156 ,11 260 13 ,47 3,75 158 ,25 ,39 7,32 167 ,44 g 5 ,47 5 ,37 190 ,82 192 7 ,84 192 ,76 3 8 ,26 206 ,42 5,71 276 ,74 L 21 ,38 291 ,76 13,57 299 ,79 12 ,70 311 ,77| 18 2 14 ,31 318 ,38 7 8,58 322 ,84 5 19 ,15 336 ,31 8 ,36 356 ,64 6 8 ,66 371 ,60 ; 11 ,28 374 .90 É 15 ,74 381 ,38 11,84 392 ,13 19 ,3€ 398 ,21 16 ,35 401 ,58 16 ,80 498 ,39 17 ,68 430 ,46 15,66 442 ,50 17 ,81 463 ,48 j 37 ,45 463 ,67 [ 21 ,30 513 ,14 15 ,63 394 ,26 33 ,58 951 ,76 28 ,24 1,019 ,75 28 ,10 459 ,40 29 ,58 460 ,76 20 ,58 516 ,77 29 ,13 604 ,38 34 ,19 687 ,64 2 26 ,20 8 ,50 environ. 1,092 ,59 2 46 ,30 9 ,33 environ. 1,354 ,05 77,88 6 ,00 1,433 ,43 38 ,40 1,511 ,13 35 ,15 1,811 ,6411,022 ,66| 57 ,17 06 © Mrs OmFzsnx er. © = csoe e “o F 1e 150 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES DE LA DIMINUTION DE POIDS DU CORPS. Le résultat le plus constant, et en même temps le plus impor- tant de la privation des aliments, c’est la diminution graduelle de poids du corps. Nous allons entrer, à cet égard, dans d'assez grands détails; et, pour mettre plus d'ordre dans ce que nous avons à dire, nous diviserons la perte de poids en perte diurne et en perte intégrale, c'est-à-dire en perte relative à un seul jour, et en perte quise rapporte à la durée entière de l'inanitiation. A. DE LA PERTE DIURNE. Pour déterminer la perte de poids que le corps éprouve d’un jour à l’autre, il faudrait peser les animaux précisément à la même heure chacun des jours de linanitiation. Dans le détail journa- lier des expériences dont notre 7° tableau ne présente que le ré- sumé, quoique les pesées aient été faites presque toujours à la même heure, cependant je m'en suis quelquefois un peu écarté. Alors, les différences de poids ne correspondant pas toujours à des intervalles de temps parfaitement égaux, ces différences ne représentent pas les variations diurnes exactes. Mais, comme j'ai toujours eu soin de noter l'heure précise des pesées, en divi- sant la différence de poids par le temps écoulé, j'en ai déduit la perte horaire moyenne, perte que j'ai ensuite multiphée par 24, pour la transformer en perte diurne vraie. En répétant cette opération pour chaque jour des expériences, J'ai obtenu la série des pertes diurnes vraies pour chacun des jours de lina- mitiation!. : I est à observer que, de cette manière, le dernier jour des expériences est représenté comme un jour plein, quoiqu'il n'ait été le plus souvent qu'une fraction de jour; mais cela est sans importance pour ce que j'aurai à en dire ici. SUR L’'INANITION. A51 Voici le tableau de ces pertes diurnes pour ceux de nos pi- _ geons et de nos tourterelles dont le corps a été pesé journelle- ment (tableau 8). UE : 4 \ 452 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES TABLEAU N° 8. a —_—_ 1° jour de l'inanitiation, ............... PAT POS AE PPT PRE LEE Lu gs LUE EL NE RUES PERTE DE POIDS DIURNE TOURTERELLES. Co de IT amm.| gramm. gr: 11,66! 9,62 8,23| 5,14 Lul12528 1 ol ll 4 1 ! [2 [/] H # 1 0 ll ll ! # 0] 7 (4 [2 LA [2 [2 Il — jours jours 19. 18. gramm, | gramm. 18 ,34| 24,38 9,62] 11,35 8,86] 8,54 9,48] 9,79 8 ,86| 12,89 7] ul # 0] [1 1 1 11 [2 [2 / 1 " 7 1 “ ll nl 1 1 (1 (1 1 ll # # 1 ! jours jours 5,12] 7,04] 4,02] 4,50 environ, | | : 20. 28. 15.1 a | me | ee - gramm. | gramm, | gremm. 17,88] 9,31] 13 ,68}MMR 7,78| 5,76] 7,78 6,05! 6,84] 6,67 5,28] 4,66! 6,05 6,05! 4,34 5,28 5,45] 4,34] 4,82 5,59, 4,34] 5,45 5,45] 3,72] 7,30 4,66| 4,341 7,15 1 3,89] 7,92 1 4,66] 10,87 u 4,82] 13,82 # 5 ,90 " nl 8 ,40 ” " 2,281 [ ” ’ u " u ” … u u ü jours || jours | 50 8,25] 14,25] 11,54 environ. SUR L'INANITION. OUR DE L'INANITIATION. 453 RE — 32. n.| gramm, 32] 14 ,45 56! 9 ,62 sa] 9,70 32) 8,86 6! 7,46 lo! 7,15 19! 6,84 A 7 ,78 ï6| 6,84 7,78 9,00 10,10 12,12 14,14 gramm. 97 ,65 13 ,82 11,18 12 ,74 9 48 10 ,42 8,54 7,61 8,23 7,61 8 ,86 10 ,42 8,71 # | 22.1, 6. gramm, | gramm. 23 ,03| 33 ,26 15,84] 16 ,46 13 ,20| 14 ,76 12,89] 12 ,74 ës | jours jours 11,98] 10 ,73 13,51] 9,31 20 ,21| 9,02 28 ,44| 8,54 0 8 ,86 1 7,92 " 8,23 " 8,40 u 9,17 u O7 u |11,98 n 7 “ ñ jours! | jours PIGEONS. 2. jours 15/18 ,71|12,62| 9,50) 16,79] 14,87 10. gram ,. 25 ,63 17 ,09 jours 25. gramm, 39 ,16 17,09 17 ,40 13 ,20 10 ,10 11,35 11,98 13 ,82 20 ,04 29 ,83 ï ll jours 26. 10 ,56 10 ,25 11,50 14,14 18,65 25 ,80 18 ,79 ” " l 21. 4. 8. 27, ns | | gramm. | gramm. 46 ,46| 32 ,02 26 ,26 | 13 ,68 21,29! 11,66 15,70 | 11,81 jours 9,25 10,00! 11,75 15,53] 17,40] » 16,01| » 41,05 » [1 1/2 ï 1 1/1 1/2 ñ ’ 1 ï [A # ! f 1/4 Jl [2 # jours | jours 9,63| 5,77 u 6 ,29 " 12 ,89 ” 25 ,94 ” 29 ,06 ” 27,82 " “ " ’ " " " " 1 " nu |Rlunrs 8,54] 13 ,66 454 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Je ferai sur ces résultats les observations suivantes : 1. Toutes choses égales d’ailleurs, et en particulier à égale durée de l'inanitiation, la perte diurne est d'autant plus forte que l'animal est plus volumineux. 2. Tout en diminuant de poids chaque jour, le corps ne perd cependant point d’une manière uniforme. Pour en donner quel- ques exemples, nous trouvons : PERTE DIURNE. SE TABLEAU N° 9. Maximum. Minimum. gram. 17 ,88 16,15 30 ,60 32 ,02 L'on voit par là que, chez le même animal et en temps égaux, ; P AE ; P il y a des pertes maximum et des pertes minimum, et que ces pertes extrêmes peuvent être entre elles dans le rapport de 6 : 1. 3. La perte maximum a été en général au début, quelque- LAID 8 quelq fois vers la fin, jamais au milieu de l'expérience. Ainsi, dans les 24 expériences du tableau n° 8, l’on a eu : Perte maximum le 1° jour de l'expérience. ....... 17 fois. Perte maximum l’un des derniers jours de l'expérience 7 fois. La présence du maximum au début tient surtout à ce que, le premier jour de l'abstinence, le corps expulse le résidu de la- liment ingéré la veille. Aussi, quand on fait abstraction de ce premier jour, trouve-t-on qu'en général les pertes diurnes ne différent plus beaucoup d’un jour à l’autre. h. La perte minimum a été en général vers le milieu, quel- quefois à la fin, jamais au commencement des expériences : ainsi, dans les mêmes 2/4 expériences, l’on a eu : SUR L'INANITION. 455 Perte minimum vers le milieu de l'expérience. ... 922 fois. Perte minimum le dernier jour'....... due), Retéoifors: 5. Les expériences ci-dessus ayant une durée corrélative très- différente, l’on ne saurait en comparer entre eux les jours de même nom. Pour établir cette comparaison, J'ai divisé chaque expérience en trois parties de durée autant que possible égale. J'ai pris la moyenne diurne de chacun de ces tiers de série, et, additionnant entre eiles les moyennes des tiers de même nom, j'en ai formé le tableau suivant : PERTE DIURNE. SOMME DES MOYENNES DIURNES des tiers de série de même nom. TABLEAU N° 10. a 1% tiers. 2° tiers. . 3° tiers. PE, PS PR gram. gram. gram. 91,37 59 ,59 76 ,68 301 ,01 198 ,72 269,95 392 ,38 258 ,31 346 ,63 — Ce tableau nous montre que les pertes des deux tiers extrêmes sont des maximum, et celle du tiers moyen un minimum. En prenant la somme de tous les résultats de même nom, l’on voit que la perte du tiers moyen est à celle de l’un ou de l'autre des deux extrêmes, supposés égaux, — 2 : 3 environ. Les deux tiers extrêmes, sans être de même valeur, diffèrent cependant peu l'un de autre; et même ils se rapprocheraient beaucoup de légalité, si l'on faisait abstraction du premier jour ! Je dois avertir que pour ces conclusions j'ai négligé le dernier jour de la vie, lorsque la perte diurne qui y correspond n'a pas été déduite de plus de cinq heures de temps, parce qu'aux approches de la mort l'on ne saurait conclure avec exactitude d’un cinquième de jour à la journée entière, comme nous le verrons bientôt. C’est ainsi que j'exclus le dernier jour des quatre expériences suivantes : Pigeon 34 : — tourterelles 7, 20 et 28. 456 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES de l'abstinence, où l'excès de perte est dû en grande partie à l'évacuation du résidu de l'alimentation antécedente. Ainsi, dans les deux moitiés de l'expérience, l'on peut regar- der la perte comme étant assez sensiblement égale. 6. L'augmentation relative de la perte vers la fin de la vie est d'autant plus digne d'être remarquée, qu’elle est contraire à ce qui semblerait devoir arriver, puisque plus le corps a perdu, et moins il devrait avoir à perdre. Elle a en général coïncidé avec une augmentation plus ou moins grande des fèces, aug- mentation Ment quelquefois jusqu’à la diarrhée, comme dans les affections colliquatives. Il est à observer toutefois que, s'il y a augmentation de la perte dans le dernier tiers des séries, cette augmentation, en général, a tout à fait cessé quelques heures avant la mort; de telle façon, par exemple, qu'un animal qui venait de perdre oë® 5 par heure, ne perdait quelquefois plus rien du tout pendant les deux ou trois dernières heures de la vie, comme si l’exhalation d'acide carbonique et de vapeur d’eau eût été sus- pendue en même temps que les autres excrétions du corps. L'on en a des exemples dans les tourterelles 7 et 28, sans parler de quelques autres dont nous aurons occasion de nous occuper plus tard. (Tableau n° 101.) B. DE LA PERTE INTÉGRALE C’est ici que va se présenter l’une des plus belles questions que nous ayons à résoudre, celle de déterminer la valeur de la perte de poids à laquelle la vie cesse d’être possible. L'on con- çoit sans peine, en effet, que le poids du corps ne puisse pas di- minuer d’une manière indéfinie, et qu'il existe certaines limites 1 C'est aussi une des raisons pour lesquelles, dans les déductions ci-dessus, j'ai rejeté le dernier jour quand il n'était pas représenté par plus de cinq heures de temps, parce que, dans ces dernières heures, la perte de poids n’est point proportionnée à la perte moyenne des der nières vingt-quatre heures de la vie. SUR L'INANITION. 457 de déperdition qui ne se franchissent jamais. Ce sont ces limites, dont les applications pratiques doivent être d’un si haut intérêt, que nous allons chercher à reconnaitre. Perte intégrale absolue. D’après l'inspection de notre 7*tableau, lon voit que rien n’a plus varié que la valeur absolue de la perte de poids chez les animaux inanitiés de même espèce : ainsi, par exemple, chez la tourterelle n° 4, la perte de poids au mo- ment de la mort était — 268% 4, tandis qu’elle était — 1028 1, c'est-à-dire à peu près quatre fois plus forte chez la tourterelle n° 29. Cette différence, qui se rencontre à un degré plus ou moins prononcé dans toutes les autres expériences du même tableau, et qui se rattache à des différences corrélatives dans le poids normal des animaux qui la présentent, nous montre que, chez les animaux de même espèce, les plus gros sont en général ceux qui, jusqu'au moment de la mort, ont éprouvé la perte de poids la plus considérable. Perte intégrale proportionnelle. La valeur absolue de la perte de poids ne nous donnant pas, comme on voit, des résultats indépendants du poids individuel des animaux, ce n’est pas elle qui peut nous fournir la clef de la loi générale qui régit cette classe de faits. Mais il n’en est pas de même de la valeur relative de cette perte, c’est-à-dire du rapport de sa valeur ab- solue à celle du poids normal, soit initial du corps. Ce rapport extrêmement important est ce que nous désignerons par la suite sous le nom de perte proportionnelle ; et nous lui adjoindrons les épithètes d’intégrale ou de diurne, selon que nous aurons à désigner la perte relative à la totalité ou celle relative à un seul des jours de la série d’inanitiation. Pour mettre bien en évidence le résultat général auquel je suis parvenu, quant à la valeur de la perte intégrale à laquelle la vie cesse d’être possible, prenons, pour chaque espèce d’ani- maux séparément, la somme des résultats individuels sur le poids initial et sur le poids final que présente notre 7° tableau, 8. 58 158 RECHERCHES EXPERIMENTALES et rapprochons les unes des autres les sommes partielles que l’on obtient ainsi; nous aurons : PERTE INTÉGRALE PROPORTIONNELLE. POIDS DU CORPS COLLECTIF. ———— ——— — TABLEAU N° 11. Poïdssinitial (4 Poidsfigal. }j, Moyennes particulières. grammes grammes 15 Tourterelles 2,237 ,69 1,387 ,71 20 Pigeons 7,975 ,67 4,421 ,36 DUREE Lara oovabE ho 1,971 ,51 933 ,18 1 Corneille 394 ,26 271 ,69 5 Cochons d'Inde. 2,728 ,95 1,828 ,66 5 Lapins 7,202 ,84 1,492 ,80 48 Expériences. 22,110 ,92 13,335 ,40 Je ferai sur ces résultats les observations suivantes : 1. La moyenne générale de la perte intégrale proportionnelle 22110 ,92 — 13335 RE 397 3 , L pour ces quarante-huit expériences = : 22110 ,92 ou en nombre rond = o ,40o; c'est-à-dire qu'en moyenne nos animaux inanitiés ont péri lorsque leur perte s’est élevée aux o ,4 de leur poids initial. 2. En comparant cette moyenne générale avec les moyennes partielles relatives à chaque espèce d'animaux, l'on voit que celles-ci se sont en général peu écartées de la première, lécart maximum étant —0 ,130. 3. En comparant entre elles les moyennes d'espèce à espèce, l'on voit : a. Qu'entre quelques espèces d’une même classe lesmoyennes SUR L'INANITION. 159 diffèrent plus qu'entre des espèces appartenant à deux classes différentes : ainsi, par exemple, les oiseaux diffèrent plus les uns des autres que quelques-uns d’entre eux ne différent des mammifères ; b. Que les moyennes relatives aux deux espèces les plus éloi- gnées par leur poids {les tourterelles et les lapins) sont à peu près identiques entre elles, quoique les poids initiaux moyens de ces deux espèces soient respectivement dans le rapport de 149 ,2 1440 ,6 Il résulte de là la conséquence intéressante que, chez les animaux à sang chaud, la perte intégrale proportionnelle paraît être tout à fait mdépendante de la classe à laquelle un animal appartient, ainsi que du poids normal de son espèce. 4. En examinant cependant les détails du tableau n° 7, l’on observe des différences assez notables dans quelques-uns des résultats individuels d’une même espèce. Nous nous bornerons pour le moment à les signaler ici, devant nous en occuper spé- cialement un peu plus tard. Ainsi voilà la loi générale de linanitiation : c'est qu'un animal périt lorsqu'il a perdu environ les o ,4 de son poids normal. L'on conçoit de quelle haute importance est ce résultat, et de combien d'applications pratiques il est susceptible. Avant de quitter ce sujet, je dirai quelques mots de la perte diurne proportionnelle, dont à dessein j'ai renvoyé de m'occuper jusqu'à ce que j'eusse expliqué ce que Jj'entendais par une perte proportionnelle. En prenant la somme des poids initiaux et celle des pertes diurnes absolues, séparément pour chacune des espèces que renferme notre 7° tableau, nous aurons : c’est-à-dire à peu près —\1 :,10. 58° 160 RECHERCHES EXPERIMENTALES POIDS INITIAL PERTE DIURNE COLLECTIF. ABSOLUE, COLLECTIVE, TABLEAU N° 12. | grammes grammes 127 ,63 | 316 ,61 12,179 ,13 534,16 | Oiseaux. 15 Tourterelles. . .| 2,237 ,69 | 7,9755067 1,971 ,51 56 ,34 394 ,26 | 33,58 Mammifères. 2,728 ,95 }) 139,68 ) 7,209 ,84 9,931 ,79 954 ,90 394 ,58 22,110 ,92 | 928 ,74 L'on déduit de là, pour la perte proportionnelle diurne, les valeurs suivantes : Pourkles oiseaux MeV un — 0 ,044. Pour les mammifères. ........ — 0 ,040. Collectivement, pour les oiseaux et les mammifères... ....... — 0!,0/2. c'est-à-dire que la perte moyenne pendant chaque jour de l'ina- mn nitiation a été pour les oiseaux ———; pour les mammifères 1000 ho 3 É FE e — —-; et pour tous ces animaux collectivement, sans distinction 1000 A2 o Reste de classe, — ——, du poids normal, soit initial du corps. 1000 Fèces. Voyons maintenant comment s'opère la perte de poids. Le corps ne perdant que par ses excrétions cutanée, pulmo- naire et abdominale, si l’on s’appliquait à recueillir exactement tous les produits éliminés ainsi, lon devrait retrouver la totalité du poids perdu par l'animal. C’est là ce que j'ai cherché à faire, non pas sans doute pour la totalité, mais pour une partie seu- lement de ces excrétions, savoir pour la défécation. Le tableau suivant présente rapprochées l’une de l’autre la perte de poids éprouvée pendant la totalité ou pendant une partie seulement de SUR L'INANITION. AGI l'inanitiation, et les fèces évacuées pendant le temps correspon- dant à cette perte !. Le poids des fèces est exprimé, soit à l’état humide, soit à l’état sec ; dans le premier cas, c’est celui qu'elles avaient lorsqu'on les recueillait, c’est-à-dire à la fin de chaque Jour expérimental, soit de 24 en 24 heures : dans l’autre, c’est le poids qu'elles présentaient après une dessiccation à l'air prolongée de plusieurs jours à plusieurs mois. PERTE FÈCES de ÉT pois | humides. | sèches. TABLEAU N° totale. POIDS. POIDS. grammes grammes grammes Pigeons. 13293 29 (Portion d'expérience. )... 58 ,3 5 ,44 23 ,93 MOYENNE GÉNÉRALE des neuf expériences. | 104 ,87 | ! Ces expériences, qui constituent la totalité de celles que j'ai faites sur ce sujet, sont rela- 162 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Ces expériences ont été faites sur deux espèces d'animaux, et les moyennes partielles qu'elles fournissent, sans étre iden- tiques (le mode de dessiccation employé ne le comportait pas), s'éloignent cependant peu l'une de l'autre, et nous permettent de conclure, comme résultat général, que, pendant l'abstinence complète des aliments, à une perte de poids de 1000 grammes a correspondu une excrétion de 119,1 de fèces ramenées à un état de dessiccation aussi complet que l'air seul puisse le communiquer. Dans cet état les fèces ne représentent que les Rs c'est-à-dire le tiers de leur poids à l'état humide; et sans doute moins encore, puisque ce poids humide n'a jamais été déterminé qu'après quelques heures d'exposition à Pair. DES INFLUENCES QUI MODIFIENT LA PERTE INTÉGRALE PROPORTIONNELLE. Nous avons fait observer un peu plus haut que, bien que la moyenne générale des expériences de notre tableau n° 7 donnät 0,400 pour la perte intégrale proportionnelle qui amène la ces- sation de la vie, cependant l’examen détaillé de ces expériences montrait qu'il existait des différences assez notables entre les ré- sultats individuels de quelques-unes d’entre elles et la moyenne générale en question. En parcourant ces expériences, l’on trouve que les limites extrêmes entre lesquelles tous les résultats indi- viduels ont oscillé ont été : Tourterelle quatrième. ...... 00220 Poule premgre 0e +200 020 ce qui donne une latitude de 0,304, c’est-à-dire de 0,3 de poids initial du corps, et c'est sur cette différence que doivent tives, les unes à quelques-uns des animaux du tableau n° 7, les autres à une série d'expé- riences dont il sera question plus tard, et dans laquelle les animaux ont été soumis à l’absti- nence complète des aliments et à l'ingéstion journalière d'une quantité d'eau déterminée. SUR L'INANITION. 163 se prendre toutes les influences perturbatrices qui peuvent ve- nir modifier la loi de la perte proportionnelle. Ces influences, qu'il nous reste maintenant à analyser, se réduisent essentielle- ment à deux, savoir : l'obésité et l'âge des animaux; nous allons nous occuper successivement de chacune d'elles. À. DE L'OBÉSITÉ . Il est bien reconnu que, chez les sujets morts d’inanition, la graisse a presque complétement disparu. Cette substance éprouve donc une perte relative beaucoup plus forte que celle qui est subie par le reste du corps. Aussi, en comparant les animaux très-gras à ceux qui ne le sont point, observet-on que la perte additionnelle due à la disparition plus ou moins complète de la graisse finit par devenir une quantité appréciable, et par in- fluer sur la valeur de la perie intégrale proportionnelle, C’est là ce que nous chercherons à rendre sensible de la manière sui-- vante :. Nous verrons par le tableau n° 41, savoir : 1. Que les pigeons troisième et cinquième, pesant ensemble 8405,39, et morts par asphyxie dans un état normal de nutri- tion, contenaient collectivement 775,28 de graisse, c’est-à-dire les 0,092 du poids de leur corps; 2. Que par linanition la graisse du corps se réduit environ aux 2 = 0,067 de son poids primitif. IL résulte de ces données-là : a. Que, par l'inanitiation, la graisse de ces deux animaux serait devenue les 0,092 x 067 du poids normal du corps ; et par con- sèquent que la différence additionnelle qui en serait résultée dans la perte intégrale proportionnelle aurait été — 0,092 (1,000 — 0,400} — 0,067)— 0,049. Ajoutant donc ce nombre à celui : Je suis obligé, pour traiter ce sujet en cet endroit ,. d'empiéter sur ce que j'aurai à dire plus tard, et de me référer à des résultats qui ne seront présentés qu'à l'occasion des au- topsies. A6 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES de la moyenne générale de la perte intégrale proportionnelle, nous aurions, pour la valeur moyenne .et particulière de cette perte chez ces deux animaux, 0,449. b. Or, en prenant la moyenne des résultats fournis par les pigeons inanitiés quatrième et sixième {tableau n° 7), pigeons aussi semblables que possible aux deux premiers (3° et 5°), et choisis, avant toute expérience, dans le but spécial de leur être comparés de point en point, nous trouvons que la moyenne de la perte intégrale proportionnelle de ces deux animaux — 0,493. Ce résultat est assez rapproché de celui que fournit le calcul pré- cédent pour pouvoir en être considéré comme la vérification. L'on voit donc que l'obésité modifie jusqu'à un certain point la valeur de la perte intégrale proportionnelle ; et, puisque la présence d’une quantité pas très-considérable de graisse (-—— en- viron du poids du corps) pourrait faire varier la valeur de la perte proportionnelle de 0,05, l’on peut admettre comme limite que cette influence s'étende jusqu'à 0,1. Ainsi la perte pro- portionnelle, qui en moyenne — 0,400, peut, chez les animaux très-gras, s'élever Jusqu'à 0,500. C’est à cette circonstance que J'attribue la valeur élevée de la perte proportionnelle chez les quatre animaux de notre sep- tième tableau, chez qui seuls cette perte a attemt 0,500, sa- voir : les deux poules, qui étaient au début de l'expérience dans un grand état d'embonpoint; et les pigeons 6° et 31°, qui, pen- dant une alimentation surabondante , continuée pour l'un pen- dant 16, et pour l’autre pendant 30 jours, avaient augmenté de poids, le premier dans le rapport de À, 5; le second dans celui de 4 : 6. B. DE L'ÂGE DES ANIMAUX. C’est un fait connu de toute antiquité ! que l'âge apporte d’as- sez grandes modifications dans la faculté de supporter l'absti- ! Hippocrate, Aphor. I, 13. SUR L'INANITION. 465 nence. Voyons donc si les expériences précédentes nous four- nissent quelques résultats à cet égard. Il eût été à désirer que j'eusse pu connaître avec exactitude l'âge des animaux dont je me suis servi; mais il m’a été impos- sible d'y parvenir. Cependant les tourterelles ayant offert cela de particulier, qu’elles provenaient toutes de la même source et qu’elles avaient été nourries de la même manitre, j'ai pu, à dé- . faut de leur âge vrai, arriver à une expression de leur âge rela- üf, en les classant d’après leur poids initial !. Cette mesure est imparfaite, sans doute, mais elle suffit pour nous permettre d’ar- river aux effets généraux qui résultent de l'influence de l'âge ; et ce sont les effets de cette espèce que nous avons presque üni- quement en vue ici. Quant aux autres animaux, comme ils ne présentaient pas l’uniformité d’origine des tourterelles, je ne m'en suis point occupé. Dans notre tableau général d’inanitiation (n° 7), les tourterelles se trouvent rangées d’après leur poids initial. Quoiqu’on y voie la perte intégrale proportionnelle aller toujours en augmentant à mesure que les animaux se trouvent plus gros, cependant, afin de mettre l'influence de l’âge mieux en, évidence, distri- buons ces animaux dans les trois groupes suivants : grammes. a. Tourterelles jeunes. ....... celles au-dessous de 120 b. Tourterelles d'âge moyen. ..idem de 120 à 160 c. Tourterelles adultes. .,.....1idem au-dessus de 160 Prenons alors la somme, puis la moyenne des résultats expé- rimentaux de chaque groupe, et nous en formerons le tableau suivant : ! Si je voulais me servir d'une expression tirée d’une autre science, je dirais que le poids est une fonction de âge, mais une fonction qui ne peut se déterminer qu'expérimentalement. 166 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES POIDS DU CORPS. PERTE DE POIDS. 7 fé : à Perte Poids Poids dé Je 4 intégrale! diurne intégrale propor- | propor-| la vie. absolue. {onnelle|tionnelle TABLEAU N° 14. initial. final. ram. jours. g J a. Tourterelles jeunes \ 82,841 27,58 | 0,250 | 0,081 3 ,07 b. Tourterelles d'âge moyen. .| 143 ,62 | 91,60! 52,02 | 0,362 | 0 ,059 6,12 c. Tourterelles adultes 189 ,36 | 191 611 87,75 | 0,463 | 0,035 | 13,36 Nous ferons sur ces résultats les observations suivantes : 4. Poids du corps : a. Initial. L'examen de ce tableau nous montre que, dans chacune de ses colonnes, les quantités de même nom se trouvent représenter assez exactement les pre- miers termes d'une progression géométrique, mais d'une pro- gression dont le quotient varie d’une des colonnes à Pautre. Or, comme la colonne de poids imitial est celle qui contient les don- nées de la question relativement à l’âge de nos animaux, c’est au quotient de cette progression que nous devons comparer ceux des autres pour reconnaitre les effets d'âge que nous nous occupons de rechercher. Le quotient moyen de la progression de poids initial 1 (EE mn) — —=—(1,30+1,32)—1,31. Voyons mainte- — + 110, 42 143, 62 2 nant Jusqu'à quel point les quotients des autres progressions sont semblables à celui-là. b. Le poids final a pour sa progression un quotient moyen 2 = (nai, ni)= 10. Ce quotient, comme on voit, est sensiblement plus petit que celui de la progression de poids ini- tal, ce qui rend les deux progressions nécessairement divergentes entre elles. Il en résulte que les termes correspondants de ces progressions sont d'autant plus différents lun de l’autre que l’on s'éloigne davantage du premier de ces termes; et comme la progression de poids initial est l'expression de l'accroissement SUR L'INANITION. 467 d'âge des animaux, il suit de là que, plus les animaux sont âgés, et plus le poids final auquel ils succombent se trouve relative- ment diminué, et vice versa. 2. Perte de poids. a. La perte absolue a pour sa progression un quotient moyen —— (1,88 + 1,68) — 1,78. Ce quotient, à l'opposé du précédent, est plus grand que celui de la progression de poids initial, et les deux progressions deviennent encore di- vergentes entre elles. Il résulte de là, d’après le raisonnement ci-dessus, que, plus les animaux sont âgés, et plus la perte de poids au moment de la mort se trouve relativement élevée. b. La perte intégrale proportionnelle à pour sa progression c 1 Ô , un quotient moyen — -{1,45+1,28)=1,86. Ce quotient, étant un peu plus grand que celui de la progression de poids initial, montre, comme dans le cas précédent, que, plus les animaux A u ® ! 2 sont âgés, et plus la perte intégrale proportionnelle se trouve relativement élevée. 3 c. La perte diurne proportionnelle a pour sa progression un b 1 4 : ! quotient moyen —— {0,73 + 0,9) —0,66. Ce quotient fraction- 2 naire fait voir avec quelle rapidité la perte diurne diminue à mesure que les animaux deviennent plus âgés. 3. Pour apprécier la valeur de ces résultats, comparons ces dif- férents quotients à celui de la progression de poids initial, soit de l’âge relatif des animaux. Nous obtiendrons les rapports suivants : : RAPPORT. TABLEAU N° 15. Poids final Perte intégrale absolue Perte intégrale proportionnelle Perte diurne proportionnelle 168 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES c'est-à-dire que, lorsqu'on a déterminé pour l'un de ces âges, pour l’âge (a), par exemple, le poids initial, le poids final, 1a perte intégrale absolue et les pertes proportionnelles intégrale et diurne, l’on passera aux valeurs correspondantes à ces quan- tités-là pour l’âge (b), c’est-à-dire pour le poids initial suivant, au moyen d’une simple proportion, dont on multipliera le résultat, soit le dernier terme, par le nombre qui lui correspond dans le tableau ci-dessus, savoir : par 0,85 pour le poids final, par 1,36 pour la perte intégrale absolue, et ainsi de suite pour les deux autres quantités. De même aussi l’on passera de l’âge (a) à l’âge (c), en multipliant le résultat de la proportion par le nombre correspondant du tableau ci-dessus, élevé à la deuxième puissance, c'est-à-dire par (0,85), par (1,36), etc. 4. Quant à la valeur absolue de la modification que l’âge ap- porte à la perte intégrale proportionnelle, l’on voit, en partant de la valeur moyenne fournie pour cette perte par notre ta- bleau n° 7, savoir : 0,397, que la perte intégrale proportion- nelle la plus faible que nous ayons obtenue, celle de 0,225, nous a été fournie par l'une de nos trois tourterelles les plus jeunes, et s’écarte de la moyenne générale de 0,172. Or, comme les animaux que j'ai examinés n'étaient pas des plus jeunes que j'eusse pu me procurer, l'on ne s’écartera pas beau- coup de la vérité en étendant jusqu’à 0,200 l'influence de lâge pour diminuer la perte intégrale proportionnelle; de telle façon que la limite inférieure de cette perte serait, en nombre rond, et pour de jeunes animaux, de 0,400 —0,200 —0,200. 9. La moyenne fournie par le tableau n° 7, pour la perte in- tégrale proportionnelle, étant déduite d'animaux de tout âge, et en particulier de quelques animaux très-jeunes, cette valeur au- rait sans doute besoin d’une légère correction pour s'appliquer exclusivement à des animaux adultes. D’après examen du tableau précité, je pense que cette correction d'âge pourrait porter la moyenne en question à environ 0,450. L'on voit donc, en résumant les influences qui peuvent modi- SUR L'INANITION. 169 fier la valeur de la perte intégrale proportionnelle, que l'obésité peut augmenter cette perte de o,1, et la porter de 0,400 à 0,500, tandis que le jeune âge peut la diminuer de 0,200, et la porter de 0,400 à 0,200; en sorte que, en réunissant ces deux effets, l'on obtient, pour les oscillations de la perte intégrale propor- tionnelle, l'amplitude de 0,300 que nous avons signalée plus haut, c’est-à-dire une étendue équivalente aux trois dixièmes du poids normal du corps. DE LA DURÉE DE LA VIE. Chez les animaux privés de toute nourriture, l'inanitiation est loin d’avoir une durée uniforme. Les différences qui s’obser- vent à cet égard tiennent à diverses circonstances que nous allons chercher à examiner, mais après avoir établi cependant quelle est la durée moyenne de la vie. Prenons donc dans notre tableau n° 7 les résultats relatifs à ce dernier objet, et classons-les selon les espèces d'animaux auxquelles ils appartiennent ; nous aurons : DURÉE DE LA VIE. TABLEAU 16. SOMMES SOMMES partielles. collectives. MOYENNE. Oiseaux. 15 tourelles ayant vécu collectivement. . 20 pigeons 2 poules 1 corneille Mammifères. 5 lapins......:..... 170 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Nous ferons sur ce tableau les observations suivantes. a. Lerésultat général de ces 48 expériences donne pour la durée 374,33 + 89.89 : — Jours pe DUR 68. b. En moyenne, les oiseaux et les mammifères ont vécu à fort peu près le même espace de temps. ce. Enfin en recourant au tableau n° 7 lui-même, l’on voit moyenne de la vie dans l’inanitiation que la durée maximum de la vie a été 20 jours 42 (31° pigeon) : la durée minimum de 2 i%,01 (4° tourterelle). La durée de la vie des animaux soumis à linamitiation est essentiellement modifiée par les influences suivantes : 1. L'âge des animaux. Pour apprécier cette influence reprenons l'examen du tableau n° 14, où nous avons groupé nos tourte- relles selon leur âge relatif, et nous verrons: a. Que le quotient moyen de la progression de la durée de la vie=—(1,99 +2,18)— 2,08. Ge quotient, le plus grand de ceux gmen- tation de la durée relative de la vie, plus que sur aucune des autres circonstances que nous ayons étudiées dans ce tableau: et en particulier plus que sur laugmentation relative de la perte de poids à laquelle la mort survient. b. Ce quotient, divisé par celui de la progression de poids 2,08 que nous ayons obtenus, montre que l’âge influe sur l’au initial, donne — 1, 59; c'est-à-dire que, lorsqu'on a déter- 1,91 miné pour l’âge (a)le poids initial et la durée de l’inanitiation, l’on passera à la durée de l'inanitiation pour l’âge (b), soit pour le poids initial suivant, à l'aide d’une simple proportion dont on multipliera le résultat par 1, d9 ; l'on passera de l’âge (a) à l’âge (c), en multipliant le résultat de la proportion par (1, b9)*; et de même de l'âge (a) à l'âge (n), en multipliant le résultat de la proportion par (1, bg} I serait facile d'exprimer ces rapports par une formule qui les embrasserait dans leur généralité; mais je préfère ne point le faire, afin de ne pas paraitre attacher aux expressions mathéma- SUR L'INANITION. A71 tiques plus d'importance que Je ne suis disposé à leur en accorder ici. Et je désire même qu'il soit bien entendu que Je ne consi- dère les courtes formules que jai employées jusqu’à présent, que comme des phrases commodes, pour indiquer avec netteté les rapports que nous avons vus exister entre les différents faits que nous ayons étudiés. c. La moyenne générale de la durée de la vie obtenue ci-dessus, savoir 9i%5%,68, ayant été déduite de la totalité de nos expé- riences, elle se rapporte à de jeunes animaux aussi bien qu’à des animaux adultes. Mais, d’après ce que nous venons d'établir maintenant, l’on voit qu'en se bornant à ces derniers, l’on aurait un résultat différent. Or, sans pouvoir fixer de nombre bien précis, cependant, d’après les résultats individuels du tableau n° 7, Je crois que chez les animaux adultes, la durée de la vie doit être en moyenne de 15 à 18 Jours. 2. La perte intégrale proportionnelle. En déterminant, pour les expériences de notre tableau n° 7; la durée moyenne de la vie qui correspond à des valeurs successivement croissantes de la perte proportionnelle ; ainsi à toutes les valeurs de la perte entre o, 2 et o, 3; entre o, 3 et o, 4; entre o, Aeto, 5: et enfin entre o, 5 et o, 6: nous obtenons les résultats suivants : DURÉE MOYENNE TABLEAU N° 17. 0,3 0,4 0,5 D'où l'on voit : a. Que, la perte proportionnelle se trouvant disposée en pro- 1 Cette catégorie de 0 ,4 à 0 ,5 se compose de quinze animaux; or, abstraction faite des pigeons 4 et 30, dont le premier au moins était encore fort jeune, la moyenne de la vie des treize animaux restants — 12 jours 66 : nombre qui rend la série des jours de vie une équi- différence à peu près parfaitement exacte. 172 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES gression par équidifférence , la durée de la vie représente assez sensiblement aussi une progression de même espèce; b. Que ces progressions sont toutes deux croissantes ; c. Enfin que la raison de la progression de la durée de la ie est beaucoup plus grande que celle de la progression de la perte intégrale proportionnelle ; de façon qu'à o, 1 de différence dans la valeur de celle-ci, correspond dans la première une différence moyenne de Ai, 82. 3. La perte diurne proportionnelle. L'influence de la perte diurne proportionnelle sur la durée de la vie est précisément l'inverse de la précédente; c’est-à-dire que, plus cette perte s’est trouvée forte, plus la vie a été courte, et plus la perte a été faible, plus la vie s’est prolongée. Pour n’en citer qu'un seul exemple, lon trouve que dansles 48 expériences de notre tableau n° 7, PERTE DIURNE PROPORTIONNELLE, La durée maximum de la vie a correspondu de M OI MD2 D Patduree mmimumidetdiat vie AN RENE 0, 112 : , à ru 1 c’est-à-dire que, dans le dernier cas, la perte diurne a été 4 — 2 fois plus forte que dans le premier. Il faut se rappeler toutefois qu'ici il ne s’agit plus seulement d'animaux de même âge, et que cette perte maximum a été observée chez l'une de nos plus jeunes tourterelles, tandis que la perte minimum l'a été sur un pigeon adulte. É La durée de la vie dans linamitiation est très-exactement représentée par la formule suivante : perte intégrale proportionnelle. Durce de la vie — - = perte diurne proportionnelle moyenne. Pour l’âge adulte cette formule deviendra, en y substituant la valeur de la perte intégrale proportionnelle qui résulte du tableau n° 7, modifiée par nos remarques subséquentes (pag. 468) : 0. 450 Dar ————— perte diurne proportionnelle moyenne. SUR L'INANITION. 473 I découle de là qu'il est jusqu’à un certain point possible, d'après la valeur de la perte proportionnelle diurne, de conclure la durée probable de la vie dans l’inanitiation. Ainsi, par exemple, que l'on donne pour un animal adulteson poids normal et sa perte de poids pendant l’un des jours de l’inanitiation , l'on en conclura sa perte proportionnelle diurne pour ce jour-là. Substituant ce résultat au dénominateur du second membre de la formule ci- dessus, l’on arrivera à la valeur cherchée de la durée probable de la vie; et cette approximation pourra être rendue plus exacte encore, d’après ce qui a été dit à l’occasion de la perte diurne en connaissant si le jour indiqué appartient au commencement ou à une période plus avancée de l'inanitation , c'est-à-dire à l'époque du maximum ou à celle du minimum de la perte. Quant aux animaux plus jeunes et à ceux surchargés d'em- bonpoint, ce que nous avons dit dans les articles précédents suffira pour faire à la valeur de la perte intégrale proportionnelle les corrections nécessaires pour arriver à un degré semblable d'approximation. L'on conçoit, d'après ce que nous venons de dire, de quelle importance 1lest, dans toute espèce d'inanitiation, de diminuer autant qu'on peut la perte diurne, pour que la durée de la vie puisse se rapprocher le plus possible du maximum. DE LA-DIMINUTION DE POIDS CHEZ LES ANIMAUX À SANG FROID. Les résultats remarquables que nous avons obtenus sur les animaux à sang chaud, quant à la perte de poids qui occasionne la mort, m'ont engagé à rechercher comment se comportaient à cet égard les animaux vertébrés à sang froid, animaux qui, pour la nutrition, sont placés à une extrémité de l'échelle opposée à celle où se trouvent les animaux à sang chaud. Je me hâte de dire cependant que je n’ai fait qu’effleurer ce sujet vaste et curieux, qui à lui seul eût exigé des expériences très-multipliées, et pro- longées pendant plusieurs années consécutives. (os Go A7 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES HUITIÈME EXPÉRIENCE. Douze grenouilles ont été placées dans des baquets d’eau claire, renouvelée de temps en temps. Elles ont été soumises à la privation complète des aliments, et on les a pesées régu- lièrement tous les quinze jours. Elles ont présenté les résultats suivants l: TABLEAU N° 18. 1 grenouille 16 mois. 2° grenouille 1 idem.. 14 mois. 3°, 4° et 5° grenouilles idem idem.. 10 mois. 6° et 7° grenouilles. . idem... . +. 9 mois. 8° grenouille idem. idem.. 6 mois. 9°, 10°, 11° et 12° grenouilles mortes d'inanition, mais après avoir mis D ’ À bas leur frai a .. Ô mois. Avant de passer aux résultats de ces expériences, Je ferai ob- server, qu'on ne doit faire les pesées qu'après avoir cherché à faire sortir de l'anus, par la compression du ventre, l’eau, souvent en assez grande quantité, que ces animaux avalent, qui séjourne dans leur intestin, et qui peut modifier leur poids réel d’une manière assez notable pour que, malgré la prolongation de l’'abstinence, on les trouve quelquefois tout à coup plus pesants qu'ils ne l'étaient deux ou trois mois auparavant. Une autre observation à faire, c’est que, vers les derniers jours de la vie, lorsque les forces sont épuisées , l'animal s’infiltre en absorbant l’eau dans laquelle il est plongé, et arrive à peser, au moment de la mort, quelquefois davantage que plusieurs semaines auparavant. Dans ce cas, je prends pour poids final celui de l'a- ! Quinze autres grenouilles soumises à la même expérience sont mortes, parce que l'eau n'avait pas été renouvelée assez souvent. SUR L'INANITION. 475 vant-dernier mois, parce qu'il présente le poids minimum auquel le corps soit descendu. Passons maintenant aux résultats présentés par ces animaux ! : POIDS DU CORPS. © — PERTE es INTÉGRALE TABLEAU N° 19. initial. proportionnelle. grammes grammes Grenouille n° 72655 A3 ,74 TPTS A1 ,02 67 ,81 61 ,65 37,68 44 ,71 38 ,76 37 ,48 37,10 590 ,44 49 ,20 Je ferai sur ce tableau les observations suivantes : 1. I offre ceci de très-remarquable, c'est que, sauf la pre- 1 Pour éviter la trop grande multiplication des tableaux, je ne donnerai point celui des pesées de quinze en quinze jours. Dans le tableau ci-après, les nombres de la colonne de la durée de la vie me sont que le temps écoulé entre les pesées initiale et finale, ces nombres ayant été modifiés en conformité de la seconde des remarques précédentes. La durée exacte de la vie est indiquée plus haut. Go * 176 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES mière colonne, l'on croirait qu'il appartient à des animaux à sang chaud; au point que, dans la moyenne, en déplacant la virgule, l'on obtient, à très-peu près, les nombres relatifs au 27° pigeon (tabl. n° 7). Si nous nous rappelons que, chez les animaux à sang chaud, la moyenne générale de la perte proportionnelle 0,397, uous verrons que, chez les grenouilles inaniliées, celte perte se trouve très-sensiblement la même; les moyennes de classe à classe différant moins entre elles que les individus d'une même espèce. 2. La différence entre ces deux classes d'animaux consiste essentiellement dans le temps nécessaire pour arriver à la limite. Chez nos animaux à sang chaud, nous avons vu que la durée moyenne de linanitiation était de 9 jours 68 et que la moyenne de la perte diurne proportionnelle était — 0,042. En calculant les mêmes éléments pour nos grenouilles , nous trouverons que la durée moyenne de la vie a été de g mois, et la moyenne de la perte diurne proportionnelle a été = 0 ,0015; c’est-à-dire que chez elles la durée de la vie a été trente fois plus longue, en même temps que la perte diurne s'est réduite à — environ; au moyen de quoi l'égalité s'est trouvée maintenue. 3. H est à remarquer que les grenouilles qui sont mortes peu après avoir déposé leur frai ont, en général, présenté une perte proportionnelle un peu moins forte que les autres. Le rapport a été à peu près celui de 0,33 à o ,44. h. Enfin, pendant les trois mois d'hiver, les unes et les autres ont fort peu perdu. La perte principale est tombée sur les mois d'été. NEUVIÈME EXPÉRIENCE. Trois grenouilles reinettes ont été placées dans un vase que l'on tenait toujours suflisaimment humecté d’eau et dont on re- nouvelait l'air chaque jour. Depuis le début de l'expérience elles ont été soigneusement privées de toute espèce d’aliment. Elles ont offert les résultats suivants : SUR L'INANITION. 177 POIDS DU CORPS. POIDS POIDS jEiS au au TABLEAU N° 20. initial. 15*jour. | 60° jour. POIDS grammes grammes grammes Non détermine... 7,19 = A ,53 Non déterminé. . 7,32 Non déterminé... 3 24 ! Le poids final a été détermine, pour la première reinette le 195° jour; pour la deuxième le 256° jour ; pour la troisième le 105° jour, E La mort réelle a eu lieu , pour la première le 209° jour; pour la seconde le 256°; pour la troisième le 115° jour. : Quoique le poids initial de ces animaux n'ait pas pu être de- terminé (je voyageais alors dans le canton du Tessin et dans le nord de l'Italie), lon peut cependant y arriver d'une manière approximative en supposant que, pour la partie de l'expérience an- térieure à la première pesée, le corps a perdu dans la même pro- portion que depuis la première jusqu'à la dernière pesée. L'on obtient ainsi : POIDS DU CORPS. PERTE PROPORTIONNELLE. ———— ——— POIDS PERTE PERTE TABLEAU N° 20 (bis). initial. diurne. intégrale. grammes grammes Grenouille reinette n° 1 : 7,39 A ,53 8 ,34 3 ,97 MOYENNE 178 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Ces deux pertes proportionnelles, comme on voit, sont tout à fait semblables à celles des grenouilles de l'expérience 8; en sorte que les résultats fournis par les reinettes rentrent aussi dans ceux que nous ont donnés les animaux à sang chaud; à la durée de l'inanitiation près cependant, qui, en moyenne, a été ici de 6— de mois pour chaque animal. DIXIÈME EXPÉRIENCE. Une tortue terrestre a été soumise à la privation complète des aliments proprement dits. On lui fournissait de l’eau après chaque prise de poids du corps, savoir une f6is tous les quinze jours, sauf cependant après la pesée du 32° jour, où il ne lui en a point été donné. J'ai obtenu ainsi les résultats suivants : TABLEAU N° grammes grammes Tortue, 365 ,45 20,53 352 ,17 20 ,20 344 ,15 19 ,55 350 ,56 == 315 ,98 ! Ces quantités d’eau n'étaient bues qu'après les prises de poids correspondantes. Pour établir la perte proportionnelle chez cet animal, il faut faire abstraction de ses énormes écailles, qui, ne participant plus au mouvement nutritif, doivent être considérées comme étran- gères en quelque sorte à l'animal. Ces deux écailles, séparées avec soin des chairs subjacentes, ont pesé collectivement 1 588,18. L'on obtient alors pour la perte intégrale proportionnelle o ,239, et pour la perte proportionnelle diurne 0 ,0060. SUR L'INANITION. 179 Ces nombres, comme on voit, rentrent aussi dans ceux que nous ont fournis les animaux à sang chaud, au moins quant à ce qui regarde la perte totale; cependant la brièveté de l'inani- tation pour un animal à sang froid (40 jours) me fait présumer que cette tortue Jeünait déjà depuis plus ou moins longtemps, quand on me l’a procurée. Je n’aflirme pourtant rien à cet égard. La perte proportionnelle diurne est deux ou trois fois plus forte que chez nos autres animaux à sang froid, mais dix fois plus faible que chez les animaux à sang chaud. J'ajouterai, avant de finir, que l’animal buvait très-lentement:; il est resté, la première fois, 7 minutes, la seconde fois, 21 mi- nutes, et la troisième fois, une heure, pour boire les quantités d'eau indiquées ci-dessus. ONZIÈME EXPÉRIENCE. Trois anguilles ont été placées dans un baquet avec de l’eau qu'on renouvelait de temps en temps. On les a soumises à la pri- vation complète des aliments, et, au bout de cinq mois, deux d’entre elles (la 1" et la 2°) ont été trouvées mortes, et la 3° mourante; ce qui a probablement dépendu de ce que, sur la fin de l’expérience, l’eau n'avait pas été renouvelée assez souvent, car la dernière anguille se ranima très-bien dans de la nouvelle eau !. Elles ont fourni les résultats suivants : = Partant de Naples ce jour-là, je n'ai pas pu achever l'expérience de la troisième anguille, que j'y laissai vivante. 480 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES TABLEAU N° grammes grammes grammes Anguilles. 69 ,93 51,35 64 ,49 63 ,32 40 ,92 52 ,64 59 ,96 37 ,30 48 ,43 92 jours 56 ,07 33,35 44 ,61 120 jours 22 ,88 30 ,30 41 ,96 92 ,67 30 ,01 40 ,40 Perte intégrale absolue 21,39 24 ,09 Perte intégrale proportionnelle . . . 0 ,247 0 ,415 0 ,374 Peut-être y a-t1l eu pour les anguilles 1" et 2° quelque ab- sorption d’eau entre le moment de la mort et celui de la pesée; mais ce ne peut être qu'une quantité fort peu considérable. Quoi- qu'il faille ne considérer ces expériences-ci que comme des aperçus et des essais inachevés, elles nous donnent cependant sur la perte intégrale proportionnelle des résultats qui rentrent dans ceux des animaux à sang chaud, et qui sont en quelque sorte identiques avec ceux des grenouilles. Mais le résultat exact qu’elles nous donnent, c’est la perte diurne proportionnelle qui se trouve être pour chacun de ces trois ani- maux, Savoir : PERTE DIURNE TABLEAU N° 29. proportionnelle. 1° anguille 0 ,0016 2° anguille 0 ,0027 3° anguille 0 ,0025 0 ,0023 SUR L'INANITION. A8] Ces valeurs nous montrent avec quelle lenteur s’abaisse chez elles le poids du corps. DOUZIÈME EXPÉRIENCE. Un viperajo de Naples m'a procuré trois couleuvres qui avaient probablement passé déjà plusieurs mois à ne prendre que de l’eau (c’est ainsi que ces gens les conservent ); car, à l'époque où il me les a remises (6 janvier 1827) il ne pouvait guère les avoir cap- turées récemment. Je les plaçai dans un vase, je les privai de tout aliment, et je ne leur donnai que de l’eau de temps en temps. J'ai obtenu les résultats suivants : POIDS DU CORPS. RE — POIDS INITIAL. POIDS FINAL. TABLEAU N° 24. grammes grammes 127 ,49 124 ,00 103 ,15 91,85 88,77 79 ,84 La première couleuvre a bu 31 gram. 53 d’eau, et est morte le 78° jour ; la seconde couleuvre a bu 9 gram. 78 d’eau, et est morte le 62° jour; la troisième couleuvre n’a pas bu du tout, et est morte le 28° jour. I ny a pas eu de boisson pendant les six ou sept derniers jours de la vie. Du reste, comme la tortue, ces animaux boivent avec une extrème lenteur. Ils ont fourni les résultats suivants : 182 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES RE ——— PERTE DIURNE m o 5 lABLEAU N° 20. proportionnelle. Ces résultats sont fort en rapport avec ceux que nous ont four- nis les autres animaux à sang froid, les anguilles en particulier ; Seulement il paraît que la perte diurne a été en raison inverse des boissons. Quant à la perte intégrale proportionnelle, je ne l’établis point, à cause de l'incertitude du poids initial ou plutôt normal du corps. TREIZIÈME EXPÉRIENCE. Six lézards ordinaires ont été soumis à la privation complète des aliments, mais on leur a fourni de l’eau. Ils ont présenté les résultats suivants : POIDS DU CORPS. PERTE PROPORTIONNELLE. A — EE — Perte Perte DURÉE DE L'EXPÉRIENCE. HE EUIDE s intégrale diurne TABLEAU N° 20. initiale. [POIDS ,PINAL: |) bropor- propor- tionnelle, tionnelle, grammes grammes 7,38 4,47 , Mort le 150° jour 3 ,04 2,17 Mortle..,,.,.... 90 1 ,94 1,47 Gessé l'expérience le 90° 10 ,88 9 ,97 Cessé l'expérience le 48° 12 ,43 6 ,93 Cessé l'expérience le 130° 13 ,21 9 ,26 0 ,0022 À Cessé l'expérience la 139° SUR L'INANITION. 4183 Les deux premiers lézards, les seuls chez lesquels l'expérience ait été poussée jusqu'à l'inanition, ont fourni une perte inté- grale proportionnelle conforme à tout ce que nous ont donné Jusqu'à présent les animaux à sang froid et à sang chaud; et tous les six nous ont donné une perte diurne’proportionnelle analogue à celle des autres animaux à sang froid. Récapitulons maintenant les résultats que nous avons obtenus sur les animaux à sang froid : nous en formerons le tableau sui- vant. PERTE PROPORTIONKELLE, ee MOYENNES INDIVIDUELLES. Pa Perte TABLEAU N° 27. propor- propor- tionnelle tionnelle diurne. intégrale, Durée de la vie. Perte diurne proportionnelle... . Perte intégrale proportionnelle... 0 ,414 Durée de la vie Perte diurne proportionnelle... . 291 À 0 ,0087 Perte intégrale proportionnelle. . ns messsiessslete) elles DOUÉ OD EU 0 ,0060 Durée de la vie Perte diurne proportionnelle... , ,002 [ 0 ,0058 Perte intégrale proportionnelle. . Durée de l'expérience 102 jours. 0 ,0100 Perte diurne proportionnelle... 0 ,0025 Durée de la vie 56 jours. 0 ,0057 Perte diurne proportionnelle... . 0 ,0019 F Durée de l'expérience 0 ,006. Perte diurne proportionnelle... 0 ,0023 2069 0 ,0611 0 ,0022 Nous conclurons de là : 1. Que, sur une durée moyenne d'expérience de 182 jours, soit six mois, le corps par linanitiation a baissé chaque jour de 5% environ de son poids. 2. Pour voir la différence qui existe à cet egard entre un ani- ne 184 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES mal à sang chaud et un animal à sang froid, rapprochons de la moyenne de ce tableau (en ne la dde ant cependant que des 18 premiers animaux, les seuls pour lesquels la perte intégrale pro- portionnelle ait été déterminée) celle que nous a fournie la totalité de nos animaux à sang chaud et nous aurons : PERTE DUREE PROPORTIONNELLE. nn de Perte diurne | Perte intégrale TABLEAU N° 28. DAMES propor- propor- tionnelle. tionnelle. jours cent. Animaux à sang chaud 9 68 0 ,0420 Animaux à sang froid 226 00 0 ,0021 L'on voit par là que, dans ces deux classes d'animaux, la du- rée de la vie est dans le rapport de 1 : 23; tandis que la perte diurne est dans celui de 20 : 1 : d’où résulte l'égalité de la perte intégrale proportionnelle, comme on l'observe dans le présent tableau. En sorte qu’un animal à sang froid meurt au même de- gré d'inanition qu'un animal à sang chaud ; mais comme son mou- vement nutritif est beaucoup Sn lent que celui de ce dernier, il emploie pour perdre ce que celui-ci perd un temps 23 fois plus long. 3. La moyenne générale de la perte intégrale proportionnelle de nos 66 animaux, tant à sang chaud qu’à sang froid, __ 19,056 + 7,278 RERO 0:899° h. Les résultats précédents, quoique trop peu nombreux pour établir d’une manière complète le mode d’inanitiation des animaux à sang froid, confirment cependant d’une manière si re- marquable ceux que nous avons obtenus sur les animaux à sang chaud, qu'on peut regarder ces derniers comme suflisamment SUR L'INANITION. 485 approchés, et comme ne devant recevoir que peu de modifications par les recherches qui pourront être faites à l'avenir. II. DE L'ALIMENTATION INSUFFISANTE. Après avoir étudié les phénomènes les plus immédiats de la cessation de l'alimentation, quitte à revenir plus tard sur ceux que notre plan nous oblige à passer maintenant sous silence ( au- topsies et caloricité), examinons actuellement les effets d’une simple variation, soit dans la quantité, soit dans la nature de l’a- liment. Ces effets, que je réunirai sous le titre d'alimentation in- suffisante, sont de la plus haute importance à étudier, non-seule- ment à cause des conséquences physiologiques qu'on en peut déduire, mais encore par leur application toute particulière à la pathologie ; car, tout bien analysé, je ne crains point de dire que, dans une foule de cas, peut-être le tiers, peut-être le quart, peu importe ici la proportion exacte, la terminaison d’une maladie n’est autre chose que la solution d’un problème d'alimentation. $ [*. DE L'ALIMENTATION INSUFFISANTE QUANT À LA QUANTITÉ DE L'ALIMENT. a. Alimentation uniforme chaque jour. QUATORZIÈME EXPÉRIENCE. Les expériences dont nous allons rendre compte ont été faites sur des tourterelles, et lon y a procédé de la manière suivante : Les animaux étaient nourris de blé choisi et pesé dans son état ordinaire de dessiccation. Ils avaient de l’eau à volonté. 2. Chez les uns (tourt. 1, 2), un même poids de blé était fourni chaque jour à la même heure, et on le laissait manger à l'animal à loisir; chez d’autres (tourt. 11, 25, 26, 27), un même poids de blé était chaque jour fourni à la même heure, et on le leur in- gérait immédiatement dans le jabot; chez les derniers enfin 186 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES (tourt. 9, 12), que nous rangeOns 1C1 également pour ne pas mul- tiplier les subdivisions, l'animal a mangé des quantités d’aliment plus ou moins inégales d’un jour à l'autre, mais dont on a dé- duit une alimentation journalière moyenne. 3. Toutes ces expé- riences ont été continuées Jusqu'à la mort réelle (tourt. 25, 26, 27), ou jusqu à l'état que nous avons appelé du nom de mort immi- nente (tourt. 1, 2, Q, 11, 12). 4. Les animaux étaient pesés au début de l'expérience, et repesés à la fin, au moment de la mort réelle ou à celui de la mort imminente. La petite quantité d'aliments fournie à ces animaux n'a pas toujours été gardée et digérée. Dans six de ces expériences, c’est- à-dire dans les trois quarts des cas (tourt. 25, 26, 27, 9, 11,12) les choses se sont passées comme suit : l'animal s’affaiblissant par le trop peu de l'aliment, la puissance digestive diminuait en proportion; l'aliment n'était plus digéré en totalité; 1l s’entassait petit à petit dans le jabot, et il en résultait : ou bien des vomis- sements, au moyen desquels l'animal se débarrassait du trop plein de son jabot (tourt. 25, 27, 9 et 12); ou bien de la diar- rhée (tourt. 8, 9); ou bien enfin, lors de lautopsie, la présence dans le jabot et l'estomac de quantités plus ou moins grandes de blé non digéré!. Ces quantités pesées, soit à l’état humide, soit après une dessiecation prolongée à l'air, se sont trouvées : BLÉ DU JABOT ET DE L'ESTOMAC. TABLEAU N° 29. Blé Blé humide. desséché. grammes grammes 12 ,82 soit | —8,55 10 ,04 5 ,83 12 ,76 8 ,49 14 ,43 8,74 12 ,56 6 ,22 1 Dans la détermination du poids final du corps, on a toujours fait la déduction préalable SUR L'INANITION. 187 Par quel mécanisme dans ces expériences la digestion at-elle été tellement diminuée? Est-ce d’une manière seulement acciden- telle? ou n'est-ce pas plutôt par quelque cause déterminée, comme une production surabondante d'acide, résultant de laf- faiblissement progressif des forces digestives? C'est ce que je ne chercherai point à décider, ne n'étant pas spécialement occupé de cette question. Quoi qu'il en soit, voici le résumé des résul- tats numériques que ces expériences nous ont fournis : ALIMENTATION POIDS PERTE QUOTIDIENNE. DU CORPS. INTÉ- DURÉE GRALE | — de PRE Ë } € pro- TABLEAU N° 30. se La Poids Poids | portion. É initial. final. nelle. grammes grammes grammes grammes Tourterelle n° 1.. 3,82 | Non pesée. | 114,28 83 ,46 11e 8,42 15,41 | 136,75 | 108,00 6 ,93 9 141,35 89 ,61 142 ,52 92 ,66 148 ,86 90 ,59 149 ,12 82 ,49 151,00 96 ,15 152,68 | 102,50 Somme.,,.. 74,66 11,136 ,56 Moyenne. ... 10,66 | 142,07 Je ferai sur ce tableau les observations suivantes : 1. En rapprochant ces résultats de ceux du tableau n° 1, rela- tif à l'alimentation normale des tourterelles, l’on voit : de tout le blé non digéré retrouvé, à l'autopsie, dans le jabot et l'estomac. Le blé revomi était déduit de celui de l'alimentation quotidienne. i 188 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES a. Que le poids moyen des animaux de ces deux tableaux se trouve à très-peu près le même; ainsi, quant à l'alimentation, ces animaux sont très-exactement comparables les uns aux autres; b. Que le blé consommé journellement dans les deux cas a été, dans l'alimentation normale, — 145,24; dans l'alimentation insuffisante, — 56,93, c'est-à-dire un peu plus du tiers de la quantité précédente; * c. Que l'eau consommée, et dans l’un et l’autre cas elle était fournie à volonté, a été chaque jour, dans l'alimentation nor- male, — 188,28: et dans l'alimentation insuffisante, — 108,66, c'est-à-dire que sa consommation a diminué à peu près comme celle de laliment solide, mais dans une proportion un peu moindre cependant. Ainsi, en résumé, l'on peut dire que l'alimentation moyenne de l'expérience actuelle ( n° 14) n'était guère que le tiers de l'a- limentation normale. 2. La moyenne de la perte intégrale proportionnelle de ces 5 1136,96 — 745,46 S'anitiaux 0 Qi. Me Per ee AL 1136,96 93. Pour juger des résultats qui nous occupent, il faut les rap- procher de ceux que nous ont fournis les expériences d’absti- nence; mais en ne comparant que des animaux de poids initiaux semblables, puisque ce poids initial a de l'influence, tant sur la perte intégrale proportionnelle que sur la durée de la vie, comme nous l'avons vu précédemment. À cet eflet, rapprochons donc les résultats moyens du tableau ci-dessus (n° 30) de ceux que fournissent les huit tourterelles de notre tableau n° 7, comprises entre la 2° et la 11°; tourterelles dont les poids initiaux sont ren- fermés dans les mêmes limites que celles du tableau ci-dessus; nous aurons : SUR L'INANITION. 189 PERTE DU CORPS. INTÉGRALE A pro- Poids Poids portion- TABLEAU N° 31. initial. final. nelle. 3 jours grammes grammes Abstinence. Tourterelles 4, 6, 24, 5, 7 17, 19, 5,33 | 138 ,49 90 ,71 Alimentation insuffisante, Tourterelles 1, 1109/2926 25% 12h97. 10,08 | 142,07 94 ,75 Je ferai remarquer, à l'égard de ce dernier tableau : a. Que le résultat le plus saillant qu’il présente, c’est l'identité presque absolue de la perte intégrale proportionnelle dans les deux séries, identité telle, qu'il est impossible de distinguer le cas d’abstinence complète de celui d'alimentation insuffisante. C’est un résultat d’une haute importance, et qui mérite de fixer toute notre attention. b. Malgré cette identité de perte proportionnelle, la durée moyenne de la vie, dans le cas d'alimentation insuffisante, a été le double de ce qu'elle était dans l’abstinence complète. Ainsi donc, en nourrissant un animal d’une manière insuffi- sante, au lieu de le priver totalement d'aliments, vous retardez bien plus ou moins l'époque de la mort, mais vous n’altérez en rien la loi d’après laquelle la mort arrive. Dans l’un et l'autre cas, l'animal meurt dès que son poids a atteint la limite de diminu- tion compatible avec la vie. Ce résultat se modifie probablement un peu, lorsque le défi- cit dans l'alimentation journalière n’est que très-peu considé- rable. L'abaissement étant plus ménagé, le corps, vraisemblable- ment alors, peut supporter une perte de poids plus grande que celle à laquelle un déficit plus fort lui aurait permis d'arriver. Dans l’une des expériences ci-dessus (du reste, la seule de ce Mémoire où il ait été fait quelque chose d’étranger au but spécial 8. 62 490 ’ RECHERCHES EXPÉRIMENTALES que jé me proposais d’attemdre), l'animal (tourt. 12), pendant la durée de l'alimentation insuffisante, avait été soumis à l'in- gestion de 16,3 d'opium brut, dont la plus grande partie, 1l est vrai, avait été rejetée par le vomissement ou par les selles, pen- dant les vingt-quatre premières heures de cette ingestion. Et, quoi- que l'animal eût été mis assez profondément sous l'influence de l’'opium pour qu’on püt la reconnaître encore deux ou trois jours après, cependant il est très-remarquable que la perte intégrale proportionnelle n’ait pas été sensiblement modifiée chez lui. Peut-être la digestion la-telle ete davantage, car une partie du blé dont on le nourrissait a été, soit revomi, soit retrouvé dans l'estomac et le jabot après la mort. b. Alimentation décroissante. Je range sous ce titre quelques expériences dans lesquelles l'aliment a été fourni en quantité successivement de moins en moins considérable. Ainsi, par exemple, après avoir déterminé la quantité d'aliments nécessaire à un animal, pendant quelques jours on ne lui en fournissait plus que la moitié; puis pendant un même nombre de jours le quart, puis le huitième : établissant ainsi des espèces de périodes alimentaires dans chacune des- quelles l'aliment décroissait régulièrement. Au bout de chacune de ces périodes, l’on déterminait le poids du corps, et quelque- fois aussi celui des fèces. Commençons par l'expérience suivante, qui s’écarte un peu de celle dont je viens de tracer le tableau, et qui participe éga- lement de l'alimentation insuflisante et de l’abstinence des ali- ments. QUINZIÈME EXPÉRIENCE. Le pigeon n° 28, du poids de 4158,63, et dont l'alimentation normale et quotidienne était, en moyenne, de 358,16 de ble, et de 378,23 d’eau (tableau n° 1), a été soumis pendant dix jours à une alimentation, dont la valeur quotidienne et moyenne était SUR L'INANITION. Ag1 de blé 136,86 et d'eau 195,35. Après ces dix jours, il a été privé de tout aliment proprement dit jusqu’à la mort, qui est arrivée le 19° jour, à dater du début de l'alimentation insuffi- sante. Pendant toute l'expérience, il a eu de l'eau à volonté. H a fourni les résultats suivants : ALIMENTATION POIDS QUOTIDIENNE. A TABLEAU N° 32. Blé Eau. grammes grammes grammes Alimentation normale 35 ,16 37 ,23 415 ,63 Alimentation insuffisante, 1°; Fin du 5° jour 3 ,8 ; 385 ,85 Fin du 10° jour 378 ,20 Abstinence complète. 11° jour Fin du 15° jour 325 ,89 Mort le 19° jour 233 ,95 LT Je ferai sur cette expérience les observations suivantes : 1. L'on remarque, au bout des cinq premiers jours de lali- imentation insuffisante, une forte diminution du poids du corps (295,78) en rapport avec la réduction opérée dans la quantité de l'aliment. Dans les cinq Jours suivants du même régime, la diminution du poids continue (—7£,65), mais moins rapidement, parce que le corps s'était déjà mis en rapport avec le poids de l'aliment journalier. Pendant la période d’abstinence, nouvel abaissement très-ra- pide (— 528,31) les cinq premiers Jours du nouveau régime ; mais abaissement beaucoup plus rapide les quatre Jours suivants (925,35) où le corps s'approchait de sa dissolution. Ainsi l’on voit combien le poids de laliment gouverne celui du corps. 2. Les boissons, dont l'animal avait à volonté, offrent une 62° 192 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES diminution correspondante , mais moins rapide cependant que celle des aliments. 3. Enfin la perte intégrale proportionnelle — 0,438, cest-à- dire qu’elle est tout à fait en rapport avec celle que présentent les animaux soumis à l’abstinence complète des aliments. SEIZIÈME EXPÉRIENCE. Deux tourterelles (n° 2 1 et 22) ont été soumises à une alimen- tation décroissante, dont la période alimentaire était de cinq jours; en même temps que l'aliment diminuait d’une période à la sui- à É Ds 1 1 1 vante, dans la progression réguhère de 1:—: 6 mie De l’eau 2 A a été fournie à volonté. Les fèces de chaque période ont été re- cueillies avec beaucoup de soin, ont été complétement séchées à l'air libre pendant plusieurs mois, et ont été pesées par une Jour- née chaude du mois d'août. Les résultats fournis par ces deux animaux sont présentés dans le tableau suivant. FIN PENDANT CHAQUE PÉRIODE de chaque ALIMENTAIRE. PÉRIODE. ALIMENTATION JOURNALIÈRE FÈCES TABLEAU N° 3 3 i MOYENNE. DESSÉCHÉES. A — — Eau à volonté. [Moyenne diurne] grammes grammes grammes grammes Tourterelle n° 21. Etat normal 150 ,15 16 ,57 18 ,97 4 ,092 1'* période alimentaire : 1°*, 2°, 4° et 5° jours 127 ,88 ; 9,19 2° période alimentaire : 6°, 7°, 8°, 9° et 10° jours 111 ,69 3° période alimentaire : 15°, 14° et 15° jours.. . 86 ,70 Mort à la fin du 15° jour Tourterelle n° 22. État normal 136 ,88 1'° période alimentaire : 1°*, 2°, 4° et 5° jours 110 ,46 2° période alimentaire :6°, 7°, 8°, 9° et 10° jours... .. sente 91 ,30 3° période alimentaire : 11° et 12° jours ....... meetesile DOCOON . Mort à la fin du 12° jour SUR L'INANITION. 193 Je ferai sur ces résultats les observations suivantes : 1. Comme dans les expériences antérieures, nous voyons le poids du corps diminuer avec le poids de l'aliment : nous ne re- viendrons pas sur ce sujet. 9. La consommation d’eau a diminué dans une progression pour le moins aussi rapide que le poids de l'aliment. 3. Pour comparer les effets de l'alimentation décroissante avec ceux de l’abstinence complète des aliments, rapprochons les résultats moyens fournis par ces deux animaux, de ceux que donnent les cinq tourterelles de notre tableau n° 7, les plus voi- sines en poids de celles dont nous nous occupons ici, savoir celles qui sont comprises entre 130 et 122 grammes de poids initial, nous aurons : a DURÉE POIDS DU CORPS. PERTE INTÉGRALE A — ; ropor- TABLEAU N° 34. LA VIE. RO POIDS FINAL. EE initial. tionnelle. jours. grammes grammes Alimentation décroissante : Tourterelles 21 et 22... 13 ,50 143 ,52 83,82 - 0,416 Abstinence complète : Tourterelles 24, 5,7, 17et 19. 6 ,26 142 ,00 90 ,99 0 ,359 L'on voit par là que, dans l'alimentation décroissante , comme dans les autres modes d'alimentation insuffisante, la durée de la vie a été doublée et même plus que doublée , tandis que la perte intégrale proportionnelle a peu varié. Ainsi, en retardant l'époque de la mort, l'alimentation insuffisante, comme nous l'avons déjà dit, ne change point la loi en vertu de laquelle la mort arrive. Je ferai cependant remarquer que, dans nos trois cas d’alimenta- tion décroissante, la perte intégrale proportionnelle est, en gé- néral, un peu plus forte que dans les cas correspondants d’absti- nence complète, en sorte qu'il paraîtrait, comme nous l'avons “ 194 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES déjà fait observer aussi, que la lenteur de l’abaissement du poids permet à l'animal de perdre un peu plus que lorsque cet abais- sement est plus rapide. A. Examinons maintenant avec quelque détail ce qui se passe dans la diminution de poids du corps. La moyenne de l'alimen- . È 16,57 + 17,03. tation normale de nos deux animaux (tourt. 21,22) = ——— — 2. 166,80 de blé par jour; et la moyenne des fèces pendant 4, 092+3,924 cette alimentation normale — — 46,008 par jour. Ainsi 165,8 de blé ont donné 4 grammes de fèces sèches. D'autre part, pendant l'alimentation décroissante de ces deux 4,83 +5,69 mêmes animaux, l'alimentation moyenne ayant été = — 2 SNS 5 h NE 1,064 + 2,012 28,26 par Jour, les fèces correspondantes ont ete = ———— — 18,838. Ainsi 25,26 de blé ont fourni 1 gram. 84 de fèces sèches. Mais ces deux rapports des fèces au blé ne sont point égaux; 1,84 = 0,35; c’est-à-dire qu'une même quantité 16,8 2 : SI è 5 d’aliment produit — plus de fèces dans le cas d'insuffisance que dans celui d'alimentation naturelle, ce qui est précisément le con- traire de ce qu'on doit attendre, puisqu'un corps périssant par insuffisance d'aliments doit extraire du peu qu'on lui en donne plus, s’il est possible, que lorsqu'il en a en surabondance. Recher- chons donc quelle peut être la cause de ce singulier résultat. 168,8 de blé ayant produit 4 grammes de fèces, les 58,26 de lalimentation décroissante auraient dû n’en produire que 18,25. Il y a donc eu chaque jour 18,84— 16,25 —0,b9 de fèces de plus que ne comportait l'aliment consommé. Or, 08,59, sur une durée moyenne de 13 jours 5o d'expérience, produisent un excédant total de 76,96 de fèces. Rapprochant maintenant ce résultat de celui des fèces dans les expériences d’abstinence (tableau n° 13), nous voyons que c’est là SUR L'INANITION. 495 à peu près le poids de fèces, supposées sèches, qu'évacue pendant toute la durée de la privation des aliments un animal qui, comme ceux-ci, perd environ 60 grammes de son poids avant que de suc- comber. Ceci nous montre que, dans l'alimentation insuffisante, le poids des fèces représente, non-seulement les fèces correspon- dant à l'aliment ingéré, mais encore celles qui se rapportent à la quantité de matière animale détruite chaque jour pour fournir aux sécrétions, en complément de ce qui n’était pas donné par l'aliment. Nous avons une nouvelle confirmation de ceci dans les tourte- relles n° 1 et 2 (alimentation insuffisante). En exécutant pour elles les calculs précédents, on trouve que l’excédant total des fèces desséchées a été, pour ces deux animaux, de 38,75 + 45,82 = 8,57; et que leur perte absolue collective pendant linani- tation a été de 305,82 + 495,88—80f,70. Or, une perte de poids de 805,70 supposeune quantité de fèces desséchées = 85, 96. Le résultat ci-dessus de 85,57 s’en éloigne aussi peu qu'il est possible, et confirme, par conséquent, pleinement le fait que nous avons établi ci-dessus. Ainsi donc, dans l'alimentation insufhisante, le corps se détruit d’une quantité de matière animale proportionnée au déficit de l'aliment, fournissant de sa propre substance pour la dépense jour- nalière du corps tout ce que l'aliment lui-même ne donne pas. C'est là la loi des régimes. $ II. DE L'ALIMENTATION INSUFFISANTE QUANT À LA NATURE DE L’ALIMENT |. De l'eau. Si l’on considère que le mouvement nutritif fait éprouver des pertes continuelles à chacun des principes qui entrent dans la com- position du corps, et que ces pertes doivent être réparées pour 1 Le sucre n'étant pour le corps qu'un aliment insuffisant, je m'étais proposé d'en traiter ici, et les expériences que j'aurais eu à rapporter sur ce sujet, comme, au reste, toutes eelles 196 RECHERCHES EXPERIMENTALES que les proportions du mélange restent les mêmes, l’on sera dis- posé à accorder la qualité alimentaire, en donnant à ce terme son acception la plus étendue, non-seulement à l’eau, mais aux différents corps qui réparent les pertes que nous faisons par les excrétions. Or, si l'on se rappelle que l’eau constitue les o, 6 ou 0,7 du poids du corps, et peut-être même encore davantage (Chaussier), l'on concevra de quelle importance est ce principe, et combien il est nécessaire d’en réparer la déperdition. Si l’on essayait de rechercher approximativement en quoi se résout la matière animale détruite pendant linanitiation, l'on verrait chez nos touterelles, par exemple, que, sur une perte moyenne d'environ 85,5 par jour, il y en a à peu près 2 pour la perte solide et gazeuse (fèces et acide carbonique), et 6 ou 65,5 pour la perte d’eau. Reste à savoir si, en obviant à une perte aussi forte que cette dernière, soit à l’aide de boissons, soit par une in- gestion d’eau dans l'estomac, l'on pourra retarder plus ou moins l'époque de la mort. Boissons. L'on admet d'une manière assez unanime qu'en four- nissant de l’eau à un animal privé de nourriture, sa vie se trouve plus ou moins prolongée. Cette opinion, qui a probablement pris naissance dans les expériences de Redi, et que fortifient encore les remarques de Haller !, doit être examinée expérimentalement. A cet effet, voyons si, chez nos animaux soumis à la privation com- plète des aliments, la vie s’est prolongée davantage lorsqu'on leur a fourni de l’eau à volonté que lorsqu'on les en a privés. Et pour cela rangeons en deux colonnes, selon qu'il y a eu ou non pri- vation d’eau, toutes les expériences de notre tableau n° 7 sur les pigeons, les tourterelles et les lapins (les seules qui pré- sentent la double condition précédente), et prenons la moyenne de ce Mémoire, sont déjà complétement terminés depuis six à sept ans. Mais la longueur déjà bien grande du travail actuel ne me permettant pas d'y ajouter encore, je me vois, pour le moment, obligé de laisser de côté les expériences en question : seulement j'en ferai l'objet d'un travail particulier que je publierai plus tard. ! «In exemplis quæ recensuimus diuturnæ inediæ, longe plerumque aqua causa fuit sus- “tentatæ vitæ,» (Physiol, t. VI, p. 183.) SUR L'INANITION. 197 des résultats de même nom. Nous en formerons le tableau sui- vant : PRIVATION D'EAU. EAU A VOLONTÉ. — ——— moe DURÉE POIDS DURÉE POIDS TABLEAU N° 35. | zu BUE. de du EAU BUE. de du la vie. corps. la vie. corps. grammes jours grammes grammes jours grammes Oiseaux : PIFEDNS eee 0 ,00 10 ,99 | 364,92 6,56 11,80 | 457,35 Tourterelles.. .... 0 ,00 12,64 | 178,53 3,59 5,55 | 138,51 MAMMIFÈRES : Lapins ss ON ‘| 0,00! 10,43 N1,533,04/ 12,08 | 12,02 [1,301 ,86 LP 7 Je ferai sur ce tableau les observations suivantes : 1. Ce qui frappe le plus dans ces expériences, c’est la peti- tesse du paids Journalier des boissons : pour les oiseaux, à peine un cinquième ou un sixième de la quantité normale (voy. tabl. 1 et 4); et pourtant ils avaient de l'eau à volonté !. Il résulte de là que la privation des aliments ôte à ces animaux la sensation de la soif presque en totalité. La cessation du besoin des boissons se conçoit assez facile- ment chez les oiseaux, qui urinent peu, et chez qui les boissons, comme nous l'avons vu, ne servent guère qu'à délayer l'aliment pour le rendre digestible. Mais il n’en est pas de même des la- pins et des cochons d'Inde, qui, bien que privés de boissons, ou lorsqu'ils en avaient, n’en prenant presque pas, rendaient ce- pendant, pendant la durée de linanitiation, des quantités quelque- fois surprenantes d'urine. Dira-t-on, comme pour les diabétiques, que cet excès d'urine dépendait d’une absorption d’eau par le poumon? Sans regarder cela comme absolument impossible , je le considère cependant comme bien peu probable; car la vapeur d’eau paraît ne devoir être absorbée qu'autant que le corps n’est © Pour les lapins, la quantité normale des boissons n'a pas été déterminée. 8. 63 198 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES pas saturé d'humidité, et que les parties qui le composent ont besoin de s'en approprier une quantité plus grande pour la par- faite execution de leurs fonctions. Mais alors, cet état d'incom- plète saturation est indiqué par un phénomène particulier, une sensation interne sui generis, la soif : or, chez nos animaux ina- mitiés, la soif manquait. L'on en peut donc conclure que le corps était saturé, et qu'il n’attirait rien ou presque rien du dehors, malgré la perte qu'il faisait par les urines’. Il parait résulter de là, que, dans linanitiation, la partie aqueuse de l'urine, aussi bien que la partie solide tenue en dissolution, peut se former par le mouvement de décomposition du corps, et ne résulte pas de liquides introduits du dehors, comme cela sans doute a lieu dans l’état normal. 2. Quant à la question principale, celle de la prolongation ou de la non-prolongation de la vie par les boissons : a. Oiseaux. Pour les pigeons, la durée de la vie à été assez sensiblement la même, qu'ils aient eu des boissons ou qu'ils en aient été privés. Pour les tourterelles, celles qui ont été privées d’eau ont vécu plus du double de celles qui en ont eu à volonté. Mais cette diffé- rence parait se rattacher essentiellement à l'influence du poids, qui, chez les tourterelles privées d’eau , s’est trouvé d'un quart plus grand que chez les autres. Ainsi il ne parait résulter d'aucunes de ces expériences que, chez les oiseaux qu’on inanitie, la vie soit prolongée par l'usage des boissons. (Voyez aussi ci-après le tableau n° 38, où les deux animaux comparés l'un à l’autre étaient à peu près de même poids.) b. Mammufères. Chez les lapins, la durée moyenne de la vie s'est trouvée très-sensiblement plus longue pour ceux qui ont eu de l’eau que pour les autres. Ce résultat est d'autant plus digne d'être remarqué , que ce sont ceux d’entre eux qui étaient les plus légers, qui ont vécu le plus longtemps. L'influence conservatrice ! Il y a tellement saturation dans ce cas-là, que, chez les animaux inanitiés avec privation de boissons, l'on rencontre très-souvent, vers la fin de la vie, de l'ædème aux extrémités. SUR L'INANITION. 199 des boissons chez ces animaux me paraît donc tout à fait évi- dente; seulement je regrette de ne pouvoir l'établir que sur les résultats fournis par cinq animaux. e. Animaux à sang froid. C’est pour eux surtout que cette influence conservatrice des boissons paraît être la plus pronon- cée, ainsi qu'on peut le voir en recourant aux expériences que J'ai faites sur ces animaux, et dont je crois inutile de reproduire ici les résultats. Et en effet, cela se conçoit bien; car la petite quantité de matière que ces animaux déperdent chaque jour (5 de leur poids initial pour ceux que nous avons étudiés) ne pouvant amener la mise en liberté que d’une quantité d’eau que sa pe- titesse met hors de toute proportion avec la perte journalière qui s'en fait par les exhalations cutanée et pulmonaire , il en résulte que la soif se développe, et quelquefois une soif assez vive. C'est là du moins ce que J'ai observé chez la tortue, les couleuvres et les lézards. Si cette soif n’est pas satisfaite, alors la perte de poids augmente avec plus de rapidité, et la vie en est plus ou moins abrégée (couleuvres). Ainsi, en résumé, l’eau paraît d'autant plus nécessaire, qu'on s'abaisse davantage dans l'échelle de la caloricité. Il est bien en- tendu cependant que je ne parle que d'animaux soustraits aux causes spéciales de déperdition d’eau; car, s'il en était différem- ment, et s'ils étaient exposés au réchauffement, à la sueur, à la fièvre, etc. alors, je le conçois, la soif pourrait se développer, et, les boissons devenant plus nécessaires, si ce besoin n’était pas satisfait, la durée de la vie pourrait en être très-notablement modifiée. Mais ces circonstances sont tout à fait étrangères à linanitiation , elles ne font que se combiner avec elle !. Ingestion d'eau. Les animaux privés d'aliments buvant trop peu pour compenser leur perte journalière , voyons si, par l'ingestion d’une quantité d’eau équivalente à cette perte, la vie en sera pro- longée sensiblement. Cest là le but des expériences suivantes : 1 Dans le choléra, l'énorme déperdition d'eau que le corps éprouve en quelques heures me paraît jouer un rôle très-important comme cause de mort. 63° 500. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES DIX-SEPTIÈME EXPÉRIENCE. Cinq animaux (4 tourterelles et 1 pigeon) ont été soumis à l'expérience suivante , qui chez tous a présenté en commun les particularités ci-après : 1. Pour chaque animal, l’on commençait par déterminer l'é- tat initial, c’est-à-dire le poids, la chaleur animale, et quelque- fois aussi la respiration au moment du début de l'expérience. . 2. L'on procédait ensuite à l’ingestion de l’eau : à cet effet l’on introduisait jusque dans le jabot le bec très-allongé d’une pe- tte seringue, et l’on y injectait de l’eau de 4o° à 50° cent. L'on s’assurait de la quantité qu'on en injectait, en pesant la se- ringue avant et après l'opération , et en tenant compte, au besoin, de la régurgitation. 3. L'on répétait chaque jour, autant que possible à la même heure, les opérations précédentes (prises de poids, de chaleur, et de respiration et injection d’eau), et l’on continuait ainsi jus- qu’à ce que l'animal fût parvenu au point de mort imminente, qui marquait la fin de l'expérience. J'ai obtenu de cette manière les résultats suivants : EAU INGÉRÉE. POIDS DU CORPS. PERTE intégrale Moyenne Poids propor- initial. tionnelle. TABLEAU N° 36. diurne. ES, ————, gram, gram. Tourterelle n° 8.. 11,5 117 ,07 0 ,168 16.. 9,78 141 ,09 0 ,434 . NES 7,06 178 ,00 0 ,380 se 11,59 179 ,42 0 ,467 Pigeon n° 29..,.... 12 ,24 279 ,53 0 ,252 MOYENNE. . 10 ,44 179 ,02 0 ,340 Je ferai sur ces résultats les observations suivantes : SUR L'INANITION. pOI 1. Les fèces ont été en général plus liquides qu’à l'ordinaire ; dans les deux premières heures de lingestion, Fanimal déposait beaucoup d’urines claires et transparentes. 2. Pour bien juger de ces résultats, il faut les comparer à ceux fournis par des animaux semblables aux précédents, quant au nombre, à l'espèce et au poids, mais d’ailleurs soumis à la privation complète des aliments et des boissons. À cet effet, prenons la moyenne des résultats fournis par ceux des animaux du tableau n° 7 qui satisfont aux conditions ci-dessus, savoir par les touterelles 17, 28, 15, 29; et par le pigeon 30; rap- prochons cette moyenne de celle du tableau précédent , et nous aurons : POIDS DU CORPS. PERTE | DURÉE EAU bec. AI PVER. Cù intégrale ÉD TABLEAU N° 35. consommée. Poids Poids | Propor- | / initial. final. |tionnelle. la vie. gram. gram. gram. : jours Animaux soumis à l'ingestion d’eau. 10 ,44 179 ,02 | 118,49 0,340 1313 Animaux privés d'eau 198 ,17 | 109,441 O0 ,448 | 11,18 Je ferai sur ce tableau comparatif les remarques suivantes: a. La perte diurne des cinq animaux soumis à l'ingestion, en moyenne, a dû se rapprocher beaucoup de celle des cinq ani- maux privés d’eau, c’est-à-dire de 75, 94 par jour; ainsi l'ingestion journalière de 108, 44 d’eau a dü être plus que Pisante pour la couvrir. Et cependant la perte moyenne de ces cinq animaux n’en a pas moins été de 85, 50 par jour, ainsi un peu plus forte même que celle des cinq animaux privés d'eau. Du reste, comme dans le cas d’abstinence, la perte diurne minimum a été en général vers le milieu de l’expérience, et la perte maximum au commencement ou à la fn. b. La perte intégrale proportionnelle a été plus grande chez lés animaux privés d’eau que chez les autres dans le rapport de 502 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES 4 :3 à peu près. Ainsi les animaux soumis à l'ingestion n'ont sup- porté qu'un abaissement trés-notablement moindre que les autres. Iestvraiqu'ilsétaienten moyenne un peu moins pesants que ceux-ci. Un fait digne de remarque, c’est que la perte intégrale pro- portionnelle la plus faible à laquelle j'aie jamais vu la mort sur- venir, est celle de la tourterelle n° 8, qui avait reçu l’ingestion d'eau, et chez qui l’état de mort imminente s'est établi à o, 168. Mais c'est qu'ici nous entrions déjà dans ie domaine de l’état pa- thologique ; car chez cet animal l’eau ingérée avait déterminé dans tout le poumon, et surtout dans celui du côté gauche , une infil- tration aqueuse tout à fait évidente. c. Enfin la durée moyenne de la vie a été de 4 jours plus courte chez les animaux soumis à l'ingestion que chez les autres. Ainsi la vie a été abrégée dans le rapport de 3 : 2. De tout ceci je crois pouvoir conclure : 1. Que, chez un animal privé d'aliments, une ingestion d’eau hors de proportion avec la soif, au lieu de soutenir la vie, tend au contraire à la raccourcir; car l'animal périt plus tôt et ne sup- porte qu'une perte de poids moindre que s'il avait été privé d’eau. La cause de cela me paraït être : a, la trop grande dilution du sang qui en résulte; au moins m'a-1l semblé que chez la plupart de ces animaux le sang, à l’autopsie, était plus aqueux et moins coagulé que chez les autres. b, des dépôts aqueux qui se forment quelques fois sur certains organes tels que le poumon et le péricarde, et qui rendent l’action de l’eau, dans ces cas-là, en quelque sorte délétère sur l'économie”. 2. Le poids du corps s’abaissant d'une manière tout aussi rapide avec l’ingestion d’eau que ‘pendant la privation complète de ce liquide?, l’eau ingérée ressort donc bientôt du corps, et 5 ne contribue en rien à réparer celle que l'animal perd régulière- 1 Ces espèces de départs sur certains organes s'observaient souvent, dans la cure des maladies fébriles, par l'ingestion de très-grandes quantités d'eau, cure qui a été si célèbre à Naples vers le commencement du siècle dernier, et qui dans ces dernières années a été renouvelée en Allemagne avec quelques modifications. x ? Pour montrer combien peu l'ingestion d’eau modifie la diminution de poids du corps, je SUR L'INANITION. 503 ment, et que nous avons estimée d’une manière approximative à 6 grammes par jour. Cela nous conduit à considérer cette dernière portion d’eau, non point comme le produit d’une source extérieure au corps, mais comme provenant du corps lui-même, comme l'effet du pas- sage de la matière animale à de nouvelles combinaisons, comme le résultat de la transformation de composés albumineux, fibri- neux, etc. en produits excrémentitiels, tels que la matière uri- naire, la bile, l'eau et l'acide carbonique. L'eau, dans ce cas-là, est-elle véritablement produite, ou ne provient-elle pas plutôt de la simple mise en liberté de celle qui imprimait la liquidité aux composés animaux primitifs ? Cette dernière opinion, qui me paraît certaine pour une grande partie de cette portion d’eau, ne vais rapprocher, jour par jour, deux des expériences précédentes, exécutées parallèlement sur deux tourterelles de poids semblable, dont l’une était soumise à la privation des aliments et des boissons, tandis que l’autre, privée seulement des aliments, recevait une ingestion d'eau égale en moyenne à 111 grammes 59 par jour. (Tourterelles 14 et 15.) TABLEAU N° Pndaniinle ide crie Les de ceu/Maucue | à la fin du Perte de poids | —— collective = = | = 1 \ au moment de la mort imminente. . Pen 11 1 jours. [= 90 ,52 2 38. 1°° jour. 9e 3° 4e 5° 0° 1e TOURTERELLE N° 15. ABSTINENCE DE BOISSONS. Poids Perte diurne du corps. collective, gr 13 ,66 21 ,56 28 ,93 34 ,35 39 ,50 44 ,35 49 ,73 57 ,24 64 ,04 72 ,07 83 ,01 TOURTERELLE N° 14. INGESTION D'EAU. Perte diurne! du corps. collective. gram. 11,33 18 ,84 26 ,94 33 ,15 39 ,30 46 ,04 51 ,54 58,34 64 ,04 70 ,77 80 ,81 En 11 ? jours. [= 83 ,72 On voit avec quelle uniformité les pertes de poids de ces deux animaux se sont suivies. L'expérience, commencée pour tous deux le même jour, s'est terminée pour tous deux le même jour aussi. [1 n'y a guère eu de différence que dans les excrétions, plus abondantes et plus liquides chez l'animal soumis À l'ingestion d'eau que chez l’autre. 504 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES me semble cependant pas facile à démontrer pour sa totalité. Quoi qu'il en soit, des remarques que nous venons de faire découle la véritable théorie de l'état colliquatif. IIL. DES AUTOPSIES. Nous avons vu la mort survenir lorsque le corps avait perdu environ les 0,4 de son poids primitif; étudions maintenant dans ses détails, c’est-à-dire dans chaque organe en particulier, ce que jusqu'à présent nous n'avons considéré qu'en masse. J'ai fait l'autopsie de presque tous les animaux qui ont servi aux expériences de ce Mémoire; mais je ne rapporterai pas cha- cun des résultats individuels que j'ai obtenus ainsi, parce que ces autopsies n’ont jamais présenté de lésions d'organisation, et, en particulier, parce qu'aucun organe n'a offert les caractères d’un état inflammatoire, ou présent, ou passé, depuis une époque ré- cente!, Et, en effet, ce n’était pas dans des lésions de cette nature que pouvait se trouver la cause de la mort. La question que l'autopsie avait à résoudre c'était de savoir dans quelle proportion chaque organe contribuait à former la perte des 0,4 du poids initial du corps à laquelle nous avons vu que la mort arrivait. Pour faire cette estimation avec autant d’exactitude que possible ;le seul moyen qui s'est présenté à moi a été de com- parer les autopsies d'animaux morts dans un état normal de nu- trition avec celles d'animaux semblables morts d’inanition au bout d'un plus ou moins long terme. Cest le résultat de cette comparaison, faite avec un très-grand soin, dont je vais rendre compte présentement. ? «On n'imaginerait pas, dit Redi, combien les parties intérieures se trouvent belles et «saines dans les animaux qui sont morts de faim, etc.» (Collect. acad. Part. étr.t.IV, p. 499.) H vaurait donc beaucoup à dire sur l'humorum acrimonia spontanea de Haller, comme résultat de l'inanitiation et comme cause de la mort. ( Physiol. lib. XIX, sect. 11, S 4.) Je n'ai observé quelque trace d'altération morbide que dans le pigeon n° 34, encore n'était- ce probablement qu'une lésion accidentelle, étrangère aux expériences. (Voir vers la fin de ce Mémoire.) SUR L’INANITION. 505 DIX-HUITIÈME EXPÉRIENCE. (Pigeons na 2536 1ASRb NOT 519 loanaS est 15,16; 17, 18; 19, 20; 21, 22.) Je me suis successivement procuré dix paires de pigeons, choisis de façon que les deux ani- maux de chaque paire fussent autant que possible de même âge et de même poids. Dans chaque paire, l’un des animaux a été asphyxié par strangulation!; l'autre a été inanitié par privation des aliments et des boissons. De cette manière, nous avons eu à comparer dix autopsies d'animaux morts dans l’état normal de la nutrition (asphyxie), avec dix autopsies, ou même, ayant inanitié deux animaux de plus qu’on n’en avait asphyxié, avec douze au- topsies d'animaux semblables morts par inanitiation. Ces autopsies ont été faites avec un soin extrême, en combi- nant autant que possible la lenteur pour le détail avec la célérité contre la déperdition de poids. Elles se commençaient immédia- tement après la mort, et tous les organes étaient pesés dès qu’on les détachait du corps. 1 Chez ces animaux l'asphyxie est tellement rapide qu'elle ne laisse presque aucune trace de son existence, et que l'état du poumon, le plus souvent, ne permettrait pas même de la présumer. Quant à la durée de l’asphyxie, les pigeons que nous avons asphyxiés nous ont fourni les résultats suivants : FIN DERNIÈRES | RIGIDITÉ [OREILLETTES] EXTENSIONS DES MEMBRES encore des grands et fin IRRITABLES o 1 TABLEAU N 3 9. des mouvements observée après la mort, MOUVERENTSe fibrillaires. au bout de: au bout de : 0 30" 38 âgé de 14 jours .. 39 âgé de 28 jours UTITTIRTIITNTI 35 37! 25" 48" 36" MOYENNE D'où l'on voit qu'en moyenne, la mort générale survient au bout de 37” : les derniers mou- 8. 64 506 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Malgré ces précautions, quelques parties éprouvaient une assez grande déperdition avant la pesée : ce sont plus particulièrement le système musculaire, le système osseux et le système fibreux, qu'on ne pouvait obtenir isolés qu'après une exposition plus ou moins prolongée à l'air. En récapitulant mes résultats, comme on le verra plus tard {tableau n° 50), j'ai trouvé que cette déper- dition produisait sur la totalité de l’autopsie une perte d'environ 8 P- 0/0 = = } 79,34 Pour remédier à cette cause d’inexactitude, J'ai desséché à l'é- tuve chauffée par la vapeur de l’eau bouillante les mêmes organes que J'avais pesés à l’état humide. La dessiccation étant poussée jusqu'à ce que les parties ne perdissent plus par une exposition ultérieure de quelques heures à la chaleur de l'étuve, les résultats se trouvaient ainsi parfaitement comparables entre eux. J'ai réuni dans le tableau ci-joint n° 40 le résultat des pesées à l’état humide de nos vingt-deux autopsies ; et dans le tableau n° 41 celui des pesées des même parties, après les avoir dessé- chées à l’étuve!. Passons maintenant à l'examen détaillé de ces résultats. Poids du corps entier. La similitude de conditions dans les ex- périences que nous comparons se prouve par la similitude du poids normal moyen des animaux qui en sont l'objet. L’on trouve en effet 5 ASPHYXIE. INANITION. TABLEAU N° 42. grammes grammes Poids normal moyen 379 ,34 389 ,87 D'où l’on voit que le poids moyen des animaux asphyxiés s’est vements fibrillaires cessent au bout de 84", c'est-à-dire au bout du double du premier temps; et enfin la rigidité des membres a été observée au bout de 36’, c'est-à-dire quand le corps était encore très-chaud. ! La longueur de ces dessiccations m'a empêché de passer à F'étuve les produits des autop- sies de chacun de nos vingt-deux animaux; l'on verra par le tableau n° 41 ce qui ne l'a pas été. CANAL INTESTIN AL. 2 K ON æ 19 KR © NO FOIE. État normal, Inanition, État normal. res Inanition. État normal. Pig. - — — — + — 1,22 — 81) 2,78] 1,63) 0,05 1,47 2,05] 1,03) 0,03 1,56! — 1,06) — 1,70, — 1,481 — 1,85, 2,59] 1,24, 0,02 Moy(,68 | 2,47] 1,28) 0,03 Moyé de,71] 2,47| 1,30) 0,03 0 ,04 0 ,04 0 ,01 0 ,06 0 ,05 0 ,06 0 ,03 0 ,02 0 ,04 LES PANCRÉAS. Inanition. 0 ,24 0 21 0 ,28 0 ,69 0 ,56] 0 ,37 0 ,30 0 ,58 0 ,52 1,08) 0 ,51 GLANDES SURRÉNALES, GLANDES DAUSIREMS: GIRGUMANALES OVIDUCT. Etat normal, 1,28 1,26 1,51 0,06] 0,01 ,10 0,02! 0,01) 1 ,81 3,11 52, — 0,01} 2,02 © NN ND = 0,04! 0,018 1,58 3,17] 2,16) 0,04! O0 ,01È 1 ,65 f, GLANDES GLANDES LES PANCREAS, DEUX REINS. BSURRÉNALES. CIRCUMANALES. OVIDUCT. DR RE) ET E N) ER nr p) irraeen) RATER F à F ä E 5 F 3 E à EURE) EN EE DEISES) SENS CC ORE # # À É É É É à Ê El El NE ae RER RES A 5 # & É 3 Ë & & É EN MEN REe) RENES RC NIGER EURE pee PER VEN SRE PUCES" VUE OP RSR, ER = = 0,54] — = = ue aë Le Eu 1,06! 0,73] — Æ es as se = OT) Me = _ 0,02] — 2 0 ,48 0,84! 0,50 _ == — — = = 0 ,35 0,44! 0,38 —_ — 0 ,26 0,18 _ — LE Ou es Non ee 0,13] — = _ _— 0 ,56 — 0 ,01 _ 0 ,26 _ 0 ,04 0 ,54 0,65| 0,50 — _ 0 ,38 0 ,22 0 ,11 —_ 0 ,46 0,75] 0,51 —_ 0 ,01 0,32 0,16) 0,11 0 ,04 0 ,46 0,751" 0;,53 _ —_ 0 ,32 0 ,20 — — 64° POIDS DES DIVERSES PARTIES DU CORPS A L'ÉTAT HUMIDE. TABLEAU N° 4o. Oû bis PEAU srsrèue À rissusrinno ; Rare pete | 7e me = ee meroxs. roins DU cons. rues, À sr cnassr. | ossuux. sÉnEux. GER EN E Senveat, À iémène, [Peux veux. | sac. cœvn vatsseives | || | routioxs. Par vannes || ouieou I Par lune Esronc, RE Les dre S f © © | À — —— Ex] —— | — —— | à = ‘= LEE 5 PANCRÉAS, Deox nes, | sunnénazns. - 41] E re E Ca LE SN LRO : 3 : : Musculeux. = £ E £ £ ÊË 5 |: HE E |: RE] RAIN LEE DE = D |: PEN ENT ASIE 5 E 3 5 Æ s ë-|: # ë ——| — — — E E : ge | gr ge k ‘ à 1e 2 Àao2,ss | 392,18 | 208 ,36 31,31]98 ,81 11,65) — |31,50) 26,11] — |53,17 9 à : Mens , a asso | 463,48 | 947 at aa ,68 [28 ,23/56 4017 ,95/45 ,13 | 40 ,09) 66 ,02/ 26 ,51| 103,43 | 64 ,76) 0,81 5 _ x “ È 5. 6 |asss,so | 381,58 | 162,50 [27 ,10|24 ,60 5131 ,51 50 ,01/18 ,50/88 ,82 [47 ,54 0 ,79 2 ,52 5 2 ,63| 1 .s4l 0. ce : nel tes U È : De 6 463,16 | 463,67 | 281,73 | 34,83 18 ,68/39 ,21 143 ,91 83 ,25 410 ,80 0,94 15,07 4 83 9.65 Ë . L 9 . do | 350,03 | 401,58 | 96,18 Jos ,76/2 12 ,84/20 ,47 | 34 ,37 1 ,11]68 13/36 ,42/03 ,02 | 71 ,02 0 ,80 : : à rh F : a gen È qi . 12 À 207 46 | 209,70 | 159 ,10 ar 68 9 ,85/20 ,95 123 ,94 0 ,96{55 ,19/ 24 ,90/70 ,71 | 40 ,40 96 è à 2 k f Qu ,50] 2 ,80 31 2,30) 7, 415 3 js , aa À 322,00 | 518,38 | 200 ,27 lis 11 ,17/24 ,87 C 1,33/60 ,35/ 32,50) — | — PA AY À sl ls" He PE 2,10 15 , 16 | 326,66 | 322,84 | 223,06 12,00] — 2,15/60 ,79/34 ,74] — |61,01 9 E è 5 ; k ju ,30) : 17 - 18 350,54 | 298,21 | 265 ,80 18 ,65/32 ,45 3 ,01071 ,55 ,26/92 ,34 [65 ,79] x ñ do. ° F Fa 0,06] 0,01 : 51 19 - 20 À 392,10 | 371,60 | 229,21 [24 ,67 13 ,90/82 ,46 2,75/55 ,51| 32 ,28/85 ,00 | 55 ,27 5 ; ; 5 F ; PE 0,02! 0,01] 1,81 D. — |42,50 | 270,98 | — = ET) EeNl 1e x OL — | oo 2,02 > » 2 _ 374,90 | 225,33] — _ 35,45 5 al | ne générale. } 379 ,34 | 385,87 | 230,00 [27 ,04 la ,02/32 ,01 1,88]64 ,03/ 31 ,37/95 ,20 | 59 ,63 2 43| 2,50f12 à ,88] l q lala me partielle : 1 À sign cr | 370,3 | 381,31 | 226 ,7 [27 ,94/27 ,26/58 ,14 | 14 ,46/32 ,01 1 ,83/64 ,03| 30 ,37/03 ,20 |60 ,36 2,48 à ,72) 2570110 46 aloals respondants : POIDS DES DIVERSES TABLEAU N° 41. TRACHÉE ET LANYNX. CANAL INTESTINAL. GLANDES pu cou. ŒSOPHAGE ET JAOT. » Gros VAISSEAUX. ENCÉPHALE ET MOELLE ÉPINIÈRE TISSUS TIBNO-SÉREUX. SYSTÈME OSsEUx. PEAU. GRAISSE. SYSTÈME MUSCULAIRE. DEUX YEUX, Cœur. DEUX POUMONS, ESTOMAC. À | | | | Grands Reste . £ & : : La = À = en = < Musculeux, Epithéliam. “à TZ : = : r] J " : pectoraux, des muscles. = El : a = = = El & : = : Pi = : EAN DAME VS OS PORN PEN DEN EU ER Re Ê | S | É | à ÉUIIMES (NE REIN DSEONI EN TN | E || E | à 8 | & SOIME RAIN 3 | $ = | £ £ SAME SOUTONE AIN) È ë Ho IDNE = EL DÉC NC EN LEE RE El 3 £ 3 £ 3 8 |°3s DETENTE 5 3 ë 3 El cd El 5 Ê 3 ë È ANT SEINE SENS 3 ë È @ ol É “à 2 Æ a) ETS 5 |45 E à -2 ft à Si à ‘à Æ fr] à ‘à 5 ga [A5 E D] a E ë £ Ë :] F 5 — | | — — | —— | — — | — — — | —— | — —| — alt= | re llim = NE = VE 5,10/2,05/25,60! — | — Ài5,a6| 8,77|20,82|2,60) — | = = = lil CE] EN ETES — |‘522|! — |1,68)) — | 0,50! — | 0,3) — | 0,37 = | dr NI htrtn 1 ,22 — | | — — | — Ja,w| ouls,23l1812) 0,70] 0,68! 0,23] 0,2! 1,27| 0,52 0,93| 0,5 0,2 | 0,10 2,20| 1,83] 0,73] 0,68 1 ,08 12,17 0,32 lac] 5,83/10,05/10,26 À 0,57| 0,52] 0,17! 0,5) 0,721 0 0 0 ,53 0,15| 0,10 1,63| 1,06 | 0,44! 0,03 1,03 13 ,09 NT 058 14,95) — |o,55] — |o:15! — |o, _ 0410) — | 0,012! — | 0,621 —"|"1,32 |") 0;56 1,00 16,28 18,58] 9,39 15,45) — | 0,59! — |o.25! — | 0,63 o| — CO) MEN NX EN NC LE TT 1,8 2,17|/1u,8) 1,48 13,35 12,98] 0,61| 0,54] 0,19! 018! 0,70 0,15 0,66 0,127 0,03! 0,01! 1,4] 0,58 1,80 0,50 1,2 0,58 1,00 0,08) 0,71 0,21] 0,14) 0,03] 0,01} 1,02 2,11! 1,36] 0,60! 0,55 1,28 0,18 110,05! 5,229 38,64] 2,60 À 19,85 | 15,74 16,88] 7,28 |25,30 | 15,86) 0,64 0,20] 0,20 Gel] + af 0.0 6,68 | 38,64 | 2,60 À 19,85 0,20! 0,18 0,22] 0,10) 0,71 0,03] 0,01} 1,02 2,11! 1,35] 0,60! 0,54 16,54] 1,00 0,64 | 0,58 0,65 D 16,88! 7,59 | 25 ,30 | 16,28 Etat normal. Inanition. État normal. LES PANCNÉAS. Inanition. Etat normal. 0,75 DEUX NEINS. Inanition. 0,51 sunnénaues. À crncumaxares. ovipucr, Pen re RCE É El 5 Slt 3 3 ë F sul — 0,04 0,11] — 0,32] 0,16) 0,11] 0,04 0,32) 0,20] — — SUR L'INANITION. 507 trouvé aussi voisin que possible du poids initial moyen des ani- maux imanitiés. Ainsi les deux séries correspondantes d’expé- riences sont très-exactement comparables. La perte intégrale proportionnelle de nos douze animaux ina- 385,87 — 230,00 385,87 la perte qui a amené la mort a été chez eux en moyenne — 0,4 du poids initial où normal du corps. C'est à ce rapport de totalité que nous aurons à comparer celui de chacune des parties du corps, considérées isolément. Plumes. Le poids moyen des plumes étant sensiblement le même chez nos animaux asphyxiés et chez ceux qui ont été ina- mitiés, savoir : 275,94 et 276,26, ces parties ne contribuent en rien à la perte de poids qui résulte de l'inanitiation. Sang. L'on a cherché autant que possible à le recueillir en totalité, et pour y parvenir l'on a employé la méthode sui- vante : a. De suite après la mort l’on enlevait les plumes; l’on déta- chaït l'un des grands pectoraux de ses insertions; l'on diait le pa- quet des vaisseaux axillaires, et l’on enlevait le muscle, après en avoir exprimé et recueilli le sang. b. L’on ouvrait les vaisseaux axillaires, et le sang qui s’en écoulait était recueilliavec de petites éponges, pesées immédiatement avant et après les avoir chargées de sang. En pressant le thorax et le ventre, l’on finissait par vider le tronc de presque tout son sang. c. Quand on n’obtenait plus rien ainsi, l’on détachait l’autre grand pectoral, et, ouvrant suc- cessivement le thorax, le ventre et le reste du corps, l'on recueil- lait le sang des organes qui en contenaient, à mesure qu'on les détachait pour les peser. L'on mettait à ces opérations toute la célérité possible pour éviter la déperdition par l'effet de l'air; et elles étaient facilitées par un certain degré de fluidité que conservait encore le sang, soit après l’asphyxie, soit après l’inanitiation. Nous avons obtenu de cette manière les résultats suivants : nitiés a été en moyenne — — 0,404, c'est-à-dire que 64 * 508 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES 1. Dans l’état normal {asphyxie), et dans l'inanition, le poids moyen du sang s’est trouvé comme suit : PERTE ÉTAT INTÉGRALE TABLEAU N° 43. NORMAL. INANITION. pro- portionnelle, a — =" grammes grammes Poids moyen du sang... A ,88 0 ,617 Ainsi le sang se consume par linanitiation; et, lorsque la mort arrive, la perte qu'il a éprouvée s’élève à plus de 0,6 de la quan- tité normale, c’est-à-dire à plus de moitié en sus de ce que com- portait la perte moyenne du corps chez les mêmes animaux. La perte porte donc en excès sur lu. à 12,74 385,87 2. Dans l’état normal, le sang — — 0,033 de poids du 1,88 385,87 corps. Après l'inanitiation, il n’est plus que — —0,013 1,88 = i: du poids final du corps. 5e = 0,02 poids orp de poids initial; et — Chez les lapins n° 2 et 3 j'ai trouvé : ÉTAT INANITION. TABLEAU N° A4. NORMAL, grammes grammes Poids moyen du corps 1,622 ,53 1,007 ,22 Poids moyen du sang après l'inanitiation 5630 — 15 ,70 Ce qui donne, pour le rapport du poids du sang au poids initial du corps, 0,0097, et au poids final du corps, 0,016. Ces deux rapports, sans être égaux à ceux fournis par les pigeons, sont ce- pendant entre eux absolument comme ces derniers, c’est-à-dire ue er à très- è que = à très-peu près. SUR L'INANITION. 509 3. Un autre résultat de l’inanitiation, d’ailleurs tout à fait in- dépendant de l'usage ou de la privation des boissons, c’est l'aug- mentation relative de la portion aqueuse du sang; de sorte que, après la mort, ce dernier liquide se trouve plus clair et plus sé- reux que dans l'état normal. C’est là du moins ce que J'ai observé dans tous les cas où j'ai particulièrement noté l’état du sang quant à son degré d'atténuation. k Or, en supposant que chez les animaux inanitiés le sang soit amené au même degré d'atténuation qu’un mélange de deux par- ties de sang naturel et d’une partie d’eau (hypothèse qui me pa- raît bien plutôt en dessous qu’en dessus de la vérité, autant qu'on peut estimer ces choses-là à vue d'œil), lon en conclura que, par linanitiation, le sang se réduit aux 0,387 x 0,66, soit en nombre rond aux 0,25 de sa quantité primitive, et que par con- séquent sa perte intégrale proportionnelle se trouve réellement égale à 0,750. C’est aussi là Le résultat que nous adopterons par la suite. Du reste, on peut reconnaître déjà pendant la vie cette atté- nuation du sang par la pâleur de l'intérieur de la bouche des ani- maux qu'on inanitie. Mais un moyen préférable à celui-là, en ce qu'il nous permet de suivre à l'œil les progrès de l'altération dont nous parlons, c'est d’observerles dégradations successives de teinte qu'éprouve la crête des gallinacés, quand on soumet ces ani- maux à la privation complète des aliments. C’est dans cette in- tention-là qu'ont été faites les deux expériences suivantes : DIX-NEUVIÈME EXPÉRIENCE. Une poule forte et vigoureuse (n° 1, tableau 7) a été soumise à la privation complète des aliments et des boissons : sa crête a présenté les changements suivants : 510 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES DURÉE de L’INANITIATION. POIDS DU CORPS. grammes Crêtes supérieure et inférieure d’un beau ronge écarlate, sans nuance de bleuûtre. Crètes moins vermeïlles, un peu rabougries : la diffé- rence Jusqu'à"présent n’est encore que légère. Crête supérieure rapetissée, d'un rouge sale, un peu bleuâtre. Crête inférieure amincie, d'un blanc Jjau- nâtre à la circonférence, d'un rouge päle dans le reste de son étendue. 12° idem, : ... 622 ,4A4 Crète à peu près comme ci-dessus : la supérieure d'un rouge veineux; l'inférieure très-pàle dans sa portion centrale, entièrement décolorée à sa circonférence. 19° idem... A48 ,72 Mort. Pendant ces derniers jours la crête supérieure s'est flétrie et beaucoup rapetissée. Elle est d'un rouge päle vers sa racine, d'une teinte bleuâtre salé vérs sa circonférence. La crète inférieure est très-mince, flétrie, roulée sur elle-même, presque incolore, d’un rouge jaunâtre très-sale. Le tissu érectile du voisinage des yeux et des oreilles a suivi les mêmes phases que les crêtes. Autopsie. Maigreur excessive, telle que le grand pectoral ne pèse que 9 gra 39. Totalité du sang = 6 gr.28. Beaucoup de sérosité dans le péricarde. VINGTIÈME EXPÉRIENCE. Poule forte et vigoureuse (n° 2, tableau 7) soumise comme la précédente à la privation complète des aliments et des boissons. Sa crête a offert les changements suivants : SUR L'INANITION. 511 DURÉE POIDS de L'INANITIATION, DU CORPS. ———————_—_—— grammes. 1,019 ,75 Crêtes bien rouges. Crêtes d'un rouge un peu bleuâtre et moins grosses que dans l'état naturel. Crêtes ridées et rapetissées, d’un rouge bleuâtre quand J'animal est en repos, d'un rouge plus vif quand il s'agite. 15° idem... 644 ,24 Crêtes de la machoire inférieure amincies, blanchâtres à la circonférence, d’un rouge jaunâtre dans le reste de leur étendue. À la machoire supérieure elles sont moins amincies, mais flétries, rabougries et d'un rouge bleuitre. 19° idem Mort. Pendant ces cinq derniers jours, les crêtes sont devenues de plus en plus pâles et ont fini par se re- couvrir comme d'une écorce décolorée. Autopsie. Amaigrissemcut extrême; muscles tout à fait pâles; cœur petit et contracté; fort peu de sang; épan- chement séreux dans le péricarde. Je ferai sur ces deux expériences les remarques suivantes : a. À mesure que le poids de l’animal s’abaissait, les crêtes se flétrissaient, se rapetissaient, et le sang paraissait de plus en plus s’en retirer. b. À mesure que les forces diminuaient, les crêtes perdaient leur couleur écarlate, et prenaient une teinte d’un rouge sucsec- sivement bleuâtre, jaunâtre, blanchâtre. Cette teinte reprenait de nouveau quelque chose d’un peu rutilant, lorsque l'agitation de l'animal amenait pour un moment un plus grand déploiement de forces. c. Après la mort, on a trouvé chez ces deux animaux un épan- chement séreux dans le péricarde, quoiqu'il y eût eu privation de boissons comme d’aliments; preuve évidente de l'augmenta- tion d’aquosité du sang. 512 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Et, à cette occasion, je dirai que chez la plupart de nos pigeons inanitiés, si ce n’est dans tous, j'ai trouvé une infiltration séreuse dans le bout des ailerons, sorte de leucophlegmasie partielle, digne de remarque assurément chez des animaux d’ailleurs entiè- rement privés de boissons. Du reste, je n'ai point fait de recherche à cet égard chez les autres espèces d'animaux dont je me suis oc- cupé, sauf chez les grenouilles où, à la leucophlegmasie, se trou- vait jointe l’hydropisie des grandes cavités du tronc. Revenons maintenant à nos autopsies comparées : Je ne quitterai pas ce sujet sans faire connaître une alté- ration trés-singulière du sang que j'ai observée chez six de nos grenouilles, dont la mort a été précédée d’une très-longue ina- nitiation, savoir de 9 à 14 mois {grenouilles 2°, 3°, 4°, 5°, 6°, 7°; tableau 19)! Chez elles, le sang rouge avait complétement disparu, excepté chez la 4° et la 5°, où l'on en retrouvait encore quelques restes; et il avait été remplacé pa un liquide noir, semblable à une solution étendue d'encre de sébia, qui remplissait tous les vaisseaux du corps, ceux des membres, ceux du mésentère, ceux des pou- mons et du cerveau; même les épanchements des grandes cavités paraissaient avoir un peu de la tente mélanosée. Mais l'organe qui était le siége principal, et, peut- -être même à cause de cela, l'origine de cette mélanose générale, c'est le foie. I avait changé sa couleur hépatique contre une teinte noire assez intense pour tacher le papier comme l'aurait fait l'encre de Chine, et d’une tache qui se conserve encore sans altération depuis six ans. Dans ces foies mélanosés, la bile de la vésicule, tout en deve- nant très-liquide, était tantôt verte et tantôt roussâtre, Dans la 4° grenouille, où la mélanose n'était pas encore com- plétement établie au moment de la mort, le foie a été trouvé d’un brun un peu rougeâtre, et non pas couleur sépia. Il ne teignait le papier qu'en brun chocolat. ! La grenouille n° 1, qui a vécu seize mois, et par conséquent plus longtemps que celles- ci, n'a point été autopsiée. SUR L'INANITION. 513 Système musculaire. I nous a fourni pour moyennes les résul- tats suivants : ÉTAT PERTE INANITION. |. MTÉGRALE TABLEAU N° A5. NORMAL. pro- portionnelle. nee grammes grammes Poids total à l'état humide 157 ,32 90 ,73 0 ,423 Poids total après dessiccation à l'étuve. 42 ,27 23 ,87 0 ,435 Je ferai observer à cet égard : 1° Que ces deux pertes intégrales proportionnelles diffèrent fort peu l'une de l’autre, et montrent que les pesées à l'état hu- mide donnent sensiblement le même résultat que celles après complète dessiccation à l’étuve; 2° Que la perte intégrale proportionnelle du système muscu- laire est un peu supérieure à la perte intégrale proportionnelle de la totalité du corps, et que par conséquent la déperdition porte en excès sur ce système. 3° Un fait curieux, c’est que la perte intégrale proportionnelle des muscles grands pectoraux est très-notablement plus grande que celle du reste du système musculaire. Pour mettre ce fait en évidence, etpour mieux écarter toute cause d'incertitude résultant de l'effet desséchant de l'air, ne prenons, pour déterminer nos moyennes, que celles de nos paires de pi- geons chez lesquelles le système musculaire a été pesé tout à la fois à l'état humide et après une complète dessiccation à l’étuve (pig. 3etA,7et8,11et12,17et 18,19 et 20), nous aurons: PERTE INTÉGRALE PROPORTIONNELLE. TABLEAU N° 46. Reste des muscles. | Moyenne à l’état humide. ...... Hocoët ao 0,531 0 ,356 à l'état de dessiccation 0 ,359 Grands pectoraux. 514 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES D'où l'on voit que les résultats de l’étuve sont sensiblement d'accord avec ceux de l’état humide, et que la perte respective des deux ordres de muscles que nous comparons est à peu près dans le rapport de 3 : 2. Cette différence remarquable ne pouvant tenir qu'au repos forcé où sont restés les grands pectoraux, par suite du séjour des ges, il découle de là que le mouvement de décomposition qui résulte de la privation de nourriture s'exerce plus facilement sur ceux des muscles qui restent dans un repos obligé, que sur ceux chez lesquels les mouvements or- dinaires de l'animal entretiennent l’action nutritive et la force de animaux dans leurs ca résistance aux causes de déperdition. Le cœur. J'arrive maintenant à l'un des points les plus impor- tants de ces autopsies, en sorte que je le traiterai avec un peu plus de détail. a. La prise de poids du cœur a été faite de la manière suivante : de suite après l'ouverture du thorax et le sang des gros vaisseaux recueilli, le péricarde a été incisé, le cœur détaché, les gros vais- seaux coupés rez leur origine, les quatre cavités ouvertes et es- suyées sur une éponge ; enfin le cœur a été pesé. Par une opéra- tion subséquente, l’on a séparé la graisse quand il s’en trouvait, et l'on en a déduit le poids de celui du cœur lui-même. De cette manière, les poids du cœur que nous indiquons ne se rapportent qu'à la portion musculo-tendineuse et aux valvules, c’est-à-dire au muscle circulatoire proprement dit, abstraction faite de toute partie étrangère. Du reste, on a cherché à éviter, autant que pos- sible, la dessiccation à l'air préalablement à la pesée. b. La quantité moyenne de graisse enlevée au cœur a été dans l’état normal — 08,119. Dans l'inanitiation, une seule fois sur douze, on a trouvé de la graisse au cœur, et encore n’était-ce que 06,016 !. c. Le poids normal du cœur varie en raison du poids normal du corps; chez nos pigeons, il en représente en moyenne la ! Nous présentons, dans le tableau suivant, les quantités de graisse trouvées au cœur dans SUR L'INANITION. 515 = partie. Si notre tableau général d’autopsies (n° Ao) nous offre 1 des poids normaux du cœur très-différents les uns des autres, c'est qu'ils se rapportent à des poids normaux du corps qui pré- sentent des différences analogues. d. Le poids moyen du cœur, dans l'état normal et dans l’ina- nitiation, a été le suivant : PERTE ÉTAT intégrale TABLEAU N° 48. normal. INANITION. propor- tionnelle. | 0 ,448 0 ,469 Je ferai observer sur ces résultats : 1. Que la différence entre les pertes intégrales proportion- chacune de nos autopsies comparées, afin qu'on puisse recomposer le poids de cet organe tel que les autopsies nous l'ont primitivement fourni. TABLEAU N° A7. GRAISSE DU COEUR. mm EL ÉTAT NORMAL. INANITION. D grammes. 516 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES nelles, à l'état humide et à l'état sec, n’est que fort légère, et qu'elle tient à ce que, dans ce dernier cas, le rapport ne porte pas sur le même nombre d'expériences que dans le premier, comme on peut s’en assurer. 2. Une remarque de la plus haute importance, c’est que la perte intégrale proportionnelle du cœur est presque identique avec celle de l’ensemble du système musculaire. Ainsi, dans Pi- nanitiation, le cœur varie comme les muscles, et les muscles comme le cœur; et par conséquent le volume actuel des muscles pourra servir de critère pour juger du volume actuel du cœur. La diminution rapide du poids du cœur par l'effet de Pabsti- nence est tout à la fois l’un des faits les plus intéressants de l'histoire de linanition, et l'un des plus importants par les con- séquences pratiques qui en résultent '. Et cette diminution est un fait constant, car il n’est aucun de nos dix couples de pigeons qui ne l'ait offerte de la manière la plus frappante, en sorte que la moyenne que nous obtenons n’est pas, comme on le voit quel- quefois, un milieu entre des variations opposées qui se corrigent mutuellement, mais un milieu entre des résultats d’une unifor- mité remarquable. 3. J'ai fait quelques autres recherches curieuses sur ce sujet, et je vais en rendre compte. a. J'ai pris avec beaucoup de soin la longueur du tronc depuis le bout du bec jusqu'à celui du coccyx chez six pigeons asphyxiés et huit pigeons imanitiés : j'ai rapproché de ces longueurs le poids du cœur des mêmes animaux, et Jai obtenu les résultats sui- vants : ! C'est là en eflet, avec les résultats sur la perte en excès éprouvée par le sang (tableau n° 43), la véritable base de la théorie du traitement de Valsalva. Il en résulte aussi la nécessité, tant d'une longue persévérance dans ce traitement, afin que le cœur et le sang ne reviennent pas trop tôt à leur poids antérieur, que d'une extrême prudence dans son administration , qui devrait être essentiellement dirigée par des pesées du corps régulières et rapprochées. SUR L'INANITION. 517 LONGUEUR DU TRONC. POIDS DU COEUR. | —— TABLEAU N° 9. État normal.| Inanition. [État normal] Inanition. millim. millim, gram. gram. Pigeons 280 280 5,92 2 ,54 270 4,16 2 ,49 3,23 1,86 3,39 1,89 3 ,48 2,20 99 3 ,00 2,39 2,28 2,34 Il résulte de ce tableau que, en moyenne, la longueur du tronc restant la même, l'inanitiation a fait baisser le poids du cœur dans la proportion de 4,25 : 2,34, c’est-à-dire = 11 : 6. 6. J'ai recherché alors à quelle longueur du tronc correspon- dait, dans l’état normal, un cœur du poids de 28,34. À cet effet, j'ai examiné des pigeons de différents âges, et J'ai trouvé qu'il fallait descendre à des pigeons d’environ quatorze jours pour trouver dans l'état normal un cœur du poids d'à peu près 26,34, ainsi qu'on va le voir. VINGT ET UNIÈME EXPÉRIENCE. Quatre pigeons de différents âges ont été soumis aux genres de mort suivants : 1 Un pigeon naissant, à la mort par refroidissement spontané , en le privant de la chaleur maternelle pendant quelques heures seulement. Deux pigeons de 1 4 jours et un pigeon de 28 jours, à l’asphyxie par strangulation. Ces quatre animaux, qui nous représentent tous l’état normal à différents âges, ont fourni à l’autopsie les ré- 518 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES sultats consignés dans le tableau suivant, dans la dernière colonne duquel nous avons ajouté les nombres relatifs aux pigeons adultes à l'état normal déduits en moyenne du tableau général des au- topsies (tableau n° 40 ik TABLEAU N° Do. Poids du corps Plumes Peau et graisse. . Tissus fibreux.et séreux. ... sus sseusersssmunme Grands pectoraux Muscles.…. Me > | Reste des muscles Cerveau... ......... nn enen tons soso esse sen Moelle épinière, ...ssssssss.ssessseesssssenesssess Deux yeux.,.......... pos eoss ss connenrnnesereree Deux poumons........... . Trachée-artère et larynx. Glandes du cou... Pharyox, œsophage et jabot, vidés. PRO musculeux......,.,....... sos sors. Estomac.. ER ES Ü épithélium........ 5 00:25 Anoc 65 008 23e Intestins vidés Les pancréas, Deux reins. .,... Capsules surrénales... Glandes circumanales. Oviduct Jaune et membrane de jaune. Contenus du canal digestif.................,. Dar 3400 Perte à l'air pendant l’autopsie. ...... . Longueur du tronc, depuis le bout du bec jusqu'à celui du coccyx PIGEON naissant, n° 35, 0 ,27 0 ,01 1 ,94 &k ,30 millim. PIGEONS de 14 jours. gram, 185 17,2 14 ,35 13 1 2 CC 1 1 [ 1 0 1 9 2 0 1 0 0 3 6 0 & 9 0 1 3 © w H © © o = E 0 ,28 47 ,97 | DOS EEE millim. 188 millim. 202 PIGEON millim. 256 PIGEON ADULTE. gram, 379 ,34 27 ,94 58 ,14 32 ,01 2,10 64 ,03 93 ,29 2,25 0,83 2 ,43 12 ,74 &,17 0 ,45 3,17 0 ,70 0 ,12 3 ,68 8 ,07 1,09 & ,69 10 ,46 0 ,14 1,42 3,17 0 ,04 1,58 0 ,36 10,22 30 ,05 ere millim. 262 Ce tableau nous fait voir que le pigeon de 28 jours est adulte pour la longueur du tronc, pour le poids du corps, pour le sang, le poumon, le cœur et l'appareil urinaire. Il est à peu près adulte « [ SUR L'INANITION. 519 pour le cerveau, le système musculaire et l'appareil digestif; mais il ne l'est pas encore pour la moelle épinière. Le pigeon de 14 jours est adulte pour le tube digestif, pour les glandes qui en dépendent et pour les reins. Le cerveau n’a que les deux tiers de son développement; la moelle épinitre, le tiers; l'appareil respiratoire et circulatoire, la moitié; les os, la moitié aussi, et les muscles, le cinquième seulement. Sans m'arrêter davantage sur les détails de ce tableau intéres- sant, mais auquel des circonstances étrangères m'ont empêché de donner tout le développement que j'aurais désiré, je passe aux résultats qu'il nous fournit sur les valeurs corrélatives de la longueur du tronc et du poids du corps, et je les présenterai sous la forme suivante : ÉTAT NORMAL, ——— — Longueur Poids moyen TABLEAU N° 1. k moyenne du : tronc. du cœur. millim, gram. Piseons deflANjours MONS EMI ANS ET EERE 195 2 ,27 Pigeons adultes 4,17 L'on voit par là que, dans l’état normal, un cœur de 49,17 cor- respond à un tronc de 262"" et à un pigeon adulte; tandis qu'un cœur de 23,27 correspond à un tronc de 195"" et à un pigeon de 14 jours. 7. Rapprochant maintenant ce résultat du précédent (+), l’on voit que l'effet de l'inanition consiste à soutenir la circulation dans un corps de 262%", avec un cœur qui, dans l’état normal, n’au- rait été destiné qu'à fournir à un corps de 195". Cela ne s'effectue qu’en égalisant les résistances, c’est-à-dire le produit de la masse à transporter par l'espace à parcourir. Et (EE en effet, \ 195)nes’écarte pas beaucoup de 4,88x262 520 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES (voyez tableaux 4o et 50). L'on voit ainsi que le sanga diminué à peu près en raison inverse de l’espace à parcourir. 3. Appliquons maintenant ces résultats au corps humain pour mieux en apprécier la valeur. Et, à cet effet, remplaçons la lon- gueur du tronc par celle du corps, et admettons que cinq pieds cinq pouces soient la grandeur normale de l'adulte; nous verrons alors : Que l'effet de l’inanition consiste à soutenir la circulation avec un cœur fait pour un corps de 4 pieds dans un corps de 5 pieds 5 pouces. Or, d’après la table de Buffon, un corps de 4 pieds est celui d’un enfant de 8 ans; d’après Quetelet, c’est celui d’un en- fant de 10 ans. Ainsi, pour que la vie pût se continuer, il fau- drait que le cœur d’un enfant de 8 à 10 ans püt entretenir la cir- culation dans le corps d’un adulte. L'on sent que cela est impos- sible, et lon conçoit que la mort survienne par simple débilité, sans qu'il soil nécessaire pour l’occasionner d’une lésion dans l'organisation. L'œdème, que nous avons signalé parmi les symptômes de la fin de l'inanitiation, est en partie l'effet de cette langueur de la circulation. Aussi se montre-t-l en premier lieu dans les en- droits les plus éloignés du cœur, c'est-à-dire aux extrémités. Revenons maintenant à nos autopsies comparées. Gros vaisseaux. Leur poids baisse dans le rapport de 7 : 5. Je ne puis cependant pas affirmer que ce rapport soit rigoureuse- ment exact, parce que je n'ai pas jugé devoir mettre à la dissec- tion de ces parties la même minutie que J'ai apportée aux organes du corps plus importants par leur volume, afin de prévenir au- tant que possible l'effet dessiccatif de l'air sur ces derniers. Ce que je dis ici s'applique également aux articles suivants : tissus fibreux, séreux, glandes du cou, glandes surrénales, glandes circumanales et oviduct. Aussi n’en parlerai-je pas da- vantage. Larynx et trachée-artère. Hs ont toujours été pesés après l’en- lèvement des muscles du larynx, ce qui les réduisait à peu près SUR L'INANITION. 521 à leur tissu cartilagineux. Dans cet état, ils ont offert une perte de poids très-faible, leur perte intégrale proportionnelle n'étant que de 0,214. Les deux poumons. Ils ont été pesés, soit avec la totalité du sang qu'ils contenaient au moment de la mort', soit après les avoir privés de leur excès de sang, soit enfin après les avoir desséchés à l'étuve, étant déjà privés de cet excès de sang. C’est de cestrois manières que nous les indiquons ici. Pour les obtenir dans le se- cond de ces états, on les incisait en tous sens, on les pressait dans un linge fin, mais assez doucement pour n’en exprimer que l'excès de sang ; après quoi on les pesait. Ils ont fourni les résul- tats suivants : : PERTE ÉTAT or intégrale INANITION. TABLEAU N° 3. normal. propor- tionnelle. Î a. Poumons à l'état humide et avec tout leur sang... b. Poumons à l'état humide et privés de leur excès de sang c. Poumons desséchés à l’étuve après avoir été privés de leur excès de sang Je ferai sur ce tableau les observations suivantes : 1. La perte intégrale proportionnelle du poumon est singu- F DEUX POUMONS avec tout leur sang. TABLEAU N° D2. s 7 à Etat normal. Inanition. Etat normal. Inanition. 1 D Cl 8 ê Ë o E è KO O5 U RD RO O9 Go NI Go Uo 529 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES liérement faible, quand on la compare à la perte moyenne cor- respondante de tout le corps. Il est assurément remarquable qu'un organe d’une nature aussi rapprochée du tissu cellulaire que ce- lui-là éprouve une perte intégrale proportionnelle si peu consi- dérable. 2. La comparaison des résultats (a) et (b) nous permet de de- duire la quantité de sang à l'état de liberté que contiennent les poumons, soit dans l’état normal, soit dans l'inanition. En calcu- lant la perte intégrale proportionnelle pour cette portion de sang 1,08 — 0,71 seulement (— — 0,342), l'on voit, en la rapprochant 1,08 de celle relative à la totalité du sang du corps (—0,617), qu’elle s'en éloigne considérablement, et qu'ainsi la destruction de sang qu'entraîne l'inanitiation n’améne pas dans les poumons une dimi- nution de ce liquide proportionnée à celle qui a lieu dans le reste du corps. Il résulte aussi de là, a fortiori, que l'asphyxie, qui est pour nous le type de l’état normal, n'occasionne pas chez nos pigeons d'accumulation morbide de sang dans les poumons. Tube digestif. Passons séparément en revue ses trois subdivi- sions. a. La partie supérieure du canal digestif, c’est-à-dire le pharynx, l'æsophage et le jabot, ont pour perte intégrale proportionnelle 3,68— 2,42 OLD 3,68 0,34 b. L'estomac pris dans sa totalité perd comme la portion ci- dessus, sa perte intégrale proportionnelle étant — 0,334. Mais il est nécessaire de distinguer dans cet organe les deux parties suivantes : æ. La portion charnue, ou le muscle digastrique, séparée de son épiderme intérieur, perd les deux cinquièmes de son poids, sa perte intégrale proportionnelle étant 0,397. C'est là à peu près la perte intégrale proportionnelle du système musculaire dans sa totalité, perte que nous avons trouvée — 0,423. Ainsi le muscle digastrique de l'estomac perd comme le reste du système mus- culaire. SUR L'INANITION. 523 6. L'épiderme épais et corné qui tapisse la cavité de l'estomac, et qui constitue la surface digestive de cet organe, l’épithélium, non-seulement n'a pas perdu du tout, mais au contraire s’est trouvé augmenté de poids dans la proportion de 1,09 : 1,23. Ce résultat semble répondre d’une manière péremptoire à l'o- pinion qui admet que l'estomac peut tourner ses forces contre lui-même, et se digérer plus ou moins, puisque, au lieu d’une augmentation, c'est une diminution de poids qu'on aurait ob- servée. Cependant cette augmentation même, constante chez tous les animaux que nous avons comparés, est un fait pour le moins extraordinaire, et qui mérite d'être soigneusement exa- ur miné. J'ai fait à cet égard les observations suivantes : 1. Sur dix-sept de nos autopsies comparées, où j'ai noté mi- nutieusement l’état de l’épithélium, j'ai trouvé que : Dans huit autopsies normales! sur neuf, l’épithélium s’est en- levé entier, et sans se déchirer, de dessus le muscle digastrique ; dans la neuvième?, il s’est déchiré à peine. Dans les neuf cas, il était ferme, épais et consistant, dans la grande cavité de l'estomac; mince, souple, élastique et extensible vers les orifices cardiaque et pylorique. Sur huit cas d’inamitiation, au contraire, il s’est déchiré en s’enlevant cinq fois’; dans les trois autres cas“, rien n’a été in- diqué à cet égard, soit pour, soit contre, dans le détail des au- topsies. Dans tous, il a offert la consistance normale dans la grande cavité de l'estomac; dans tous également, vers les orifices cardiaque et pylorique, il était plus ou moins ramolli, gluant, pulpeux et comme gélatineux, tout en conservant cependant la texture membraneuse. Ainsi l'inanitiation s'accompagne d’un certain degré de ramol- 1 Pigcons 3°, 5°, 7°, 9°, 11°, 15°, 17° et 19°. 2 Pigeon 13°. 3 Pigeons 6°, 12°, 16°, 18°, 20°. ! Pigeons 4°, 8°, 10°. 66* 524 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES lissement dans la portion mince de l’épithélium, c’est-à-dire vers le cul-de-sac des orifices cardiaque et pylorique. Et, comme ce ramollissement ne saurait être un effet cadavérique, puisqu'on ne l’observe point dans les autopsies d'état normal, 1l en résulte qu'on doit le considérer comme l'effet naturel de l'inanitiation. 2. Ce ramollissement est dû à l’action des sucs digestifs sur la portion de lépithélium que sa disposition anatomique etson peu d'épaisseur exposent le plus à l'action de ces sucs. En effet, d'après ce que nous avons vu jusqu'à présent, l'inanitia- tion a pour résultat de diminuer le poids des différents organes, en opérant leur résorption partielle; mais pour l'épithéhum, comme nous l'avons déjà fait remarquer, c'est le contraire qui s’observe, linanitiation y amenant une augmentation au lieu d’une diminution de poids. Cependant en recourant au tableau n° 41, relatif au poids des organes desséchés à l’étuve, l’on découvre que cette augmenta- tion de poids de l’épithélium n’est réellement qu'une augmen- tation apparente. C’est là, en effet, ce que montre le tableau suivant, qui comprend toutes celles de nos autopsies où, chez le même animal, l’'épithélium a été pesé à l'état humide et à l'é- tat sec. ÉPITHÉLIUM ÉPITHÉLIUM à l'état humide. à l'état sec. EE RE TABLEAU N° 04. État LÀ État a Inanition. Inanition. normal. normal. État : SP S, normal. ion. gram. gram. gr'am. Pigeons n° 7 1,70 0 ,73 0 ,86 0 ,44 1,31 0,63 1,29 0,60 11 résulte de ce tableau : 1. Que chez les animaux où, d’après l’état humide, il paraissait SUR L'INANITION. 525 y avoir une augmentation de poids de l’épithélium, dans le rap- port de 1,00 :1,23, il y avait réellement une diminution de poids de cet organe dans la proportion de 1,00 : 0,90. 2. Que l'augmentation en question tenait aux sucs digestifs qui avaient pénétré l’épithélium pendant l’inanitiation, et qu’elle disparaissait pour faire place à la diminution de poids réellement existante, lorsqu'on soumettait cet organe à la dessiccation de l'étuve. Il découle des résultats numériques ci-dessus, qu'au moment de la mort l’épithélium des animaux inanitiés se trouvait pé- nétré par les sucs digestifs dans la proportion de 33 p. 0/0 de son poids réel. 3. D’après les pestes à l’état sec, la perte intégrale propor- tionnelle de l'épithélium n'étant que de 0,100, par conséquent très-fable et inférieure à celles de presque toutes les autres par- ües du corps, il est impossible d'admettre que la perte de poids absolue qu’elle représente soit l'effet d’une digestion héautopep- tique de l'estomac; car la destruction de tissu qui en serait ré- sultée aurait été beaucoup plus considérable, et, proportion gardée, aurait dû égaler au moins la perte moyenne du corps entier. L. Ceci nous améne à ne considérer le ramollissement de l’é- pithélium dans l'inanitiation que comme une pénétration de ce corps par les sucs digestifs, pénétration qui en altère les pro- priétés de tissu, mais qui n’en opère point la dissolution. c. Le canal intestinal perd dans une proportion un peu plus forte que l'æsophage et l'estomac, sa perte intégrale proportion- nelle étant — 0,424. Pour des tuniques aussi minces que celles des intestins, une perte de près de moitié de leur poids eût été de nature à en- traîner de fréquentes ruptures ou perforations, s'il n'eût ete pourvu d'avance à un pareil danger. Le moyen de compensa- tion dans le cas actuel c’est un raccourcissement dans la longueur du tube intestinal. 526 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES En effet, sur sept des dix couples de pigeons que nous com- parons, ayant mesuré avec beaucoup d'exactitude la longueur du canal intestinal depuis le pylore jusqu’à l'anus, en enlevant préa- lablement le mésentère, et en évitant tout tiraillement, j'ai trouvé : LONGUEUR DE L'INTESTIN du pylore à l'anus. ——— ——— TABLEAU N° DD Etat normal. Inanition. Pigeons n° SOMME Sisters sislen ele laile MOYENNE. ..,....... Ainsi par l'inanitiation l'intestin se raccourcit dans le rapport 82 5 ie co Édobe) de — — 0,709, c’est-à-dire qu'il diminue des 0,291 de sa lon- 1,170 gueur première, ce qui explique comment il peut perdre de son poids sans danger de perforation. Mais, et cela est bien probable, si l'on admet qu'il diminue aussi de 0,291 dans sa circonférence, l'on aura pour sa perte en superficie 1,000—(0,709 x 0,709) —0,497; valeur remarquablement rapprochée de celle que four- nit le tableau n° 4o, pour sa perte intégrale proportionnelle en poids, savoir : 0,422. Cette coïncidence presque parfaite des résultats de poids et de superficie, en nous prouvant la probabi- lité de l'hypothèse ci-dessus, nous fait encore mieux comprendre | SUR L’'INANITION. 527 comment les intestins peuvent perdre de leur poids sans perdre de leur épaisseur et sans amener le danger de perforation. Glandes du système digestif. Ces glandes sont parmi les parties du corps qui perdent le plus; ainsi : Le foie ; sa perte intégrale proportionnelle = 0,520, c’est-à-dire plus de moitié. La rate; sa perte intégrale proportionnelle — 0,714, perte presque aussi grande que celle du sang. Les pancréas; leur perte intégrale proportionnelle — 0,641, c'est-à-dire plus des cinq huitièmes. Système urinaire. Les reins perdent dans une proportion beau- coup moindre que les organes précédents, leur perte intégrale proportionnelle étant — 0,319. Il est assurément remarquable que le poumon et les reins perdent si peu, tandis que les glandes du système digestif éprouvent une diminution si considérable. Cela dépend probablement de ce que, par la cessation de l'ali- mentation, ces glandes suspendent en grande partie leurs fonc- tions, ce qui les rend susceptibles de devenir le siége d’une ré- sorption inanitiale active : tandis que les poumons et les reins continuant comme auparavant l'élaboration et l’élimination, non plus sans doute des produits de la digestion, mais des matériaux assimilés qui rentrent dans la circulation pour subvenir à l’entre- ten de la vie, ces organes conservent avec bien plus d’intensiié leur activité fonctionnelle, et avec elle plus de force pour résister aux déperditions de poids. B Peau et graisse. La peau a été réunie à la totalité de la graisse du corps, et c'est sous ces conditions que la perte intégrale pro- portionnelle a été trouvée —0,759. Cette perte considérable dépendant essentiellement de la graisse, j'ai cherché à séparer celle-ci de la peau par la compres- sion dans une presse entre plusieurs doubles de papier non collé. Cette compression, continuée jusqu’à ce que de nouveaux papiers ne se chargeassent plus de graisse, ayant dû être prolongée pen- dant un temps considérable, l'espèce d'analyse dont nous par- 528 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES lons n’a pu être répétée que deux fois, et a fourni les résultats suivants : La peau seule a perdu 106,03 — 68,68, c'est-à-dire les 0,333 de son poids. La graisse seule a perdu 386,64 — 28,60, c'est-à-dire les . 14 : : À ! 0,933, soit les — de son poids. Je crois même que, en général, Le 1 la disparition de la graisse était encore plus considérable que cela, car le plus souvent on n’en découvrait plus du tout. Système osseux. Le temps nécessaire pour dépouiller les os de toutes les parties molles qui les entourent amenant toujours plus ou moins de dessiccation à l'air, nous n’établirons les rapports du système osseux que d’après les résultats de l'étuve. Or, la perte in- 19,85— 106,54 SU TRSRENTE I résulte de là que le système osseux n’éprouve qu'une perte irès-faible comparativement à celle de la plupart des autres ap- pareils du corps. Et en effet, la nutrition y est tellement lente que les variations de poids ne peuvent s'y opérer qu'après un temps prolongé. Or, chez les animaux que nous comparons, li- nanitiation a entrainé la mort dans un temps trop court pour que la perte du poids pût y devenir considérable. Les animaux à sang froid donneraient peut-être des résultats différents. Du reste, je rappellerai que les cartilages du larynx et de la irachée nous ont donné une perte intégrale proportionnelle (—0,214) un peu plus forte que celle des os, mais plus faible que celle de la plupart des autres parties du corps. Système nerveux. Je réunis sous un chef unique le cerveau et la moelle épinière, parce que, dans les autopsies, on n’a pas cher- tégrale proportionnelle qu’on obtient ainsi — 0 10% ché à les séparer l'un de l'autre avec une parfaite précision. Un des résultats irès-curieux de nos autopsies, c’est de voir, au milieu des pertes de tous les organes le système nerveux con- server intégralement son poids, ainsi que le montre le tableau suivant : SUR L'INANITION. 529 ÉTAT HUMIDE. ÉTAT SEC. A — 0 L A TABLEAU N° b6. 70e RON RAS normal. normal. INANITION. grammes grammes grammes grammes Cervenu Eee. eue helene hier 2,25 27,25 g Moelle épinière. recense GE PE Nr dote Sono el Somme ..,.. cé 0 0 70 3,02 0 ,58 Ainsi la perte de poids est nulle pour le cerveau et l'est à peu près aussi pour la moelle épinière : en sorte qu'au milieu de la ruine générale, le système nerveux conserve la totalité de sa subs- tance ; fait qui doit avoir pour résultat de maintenir autant que possible la force vitale dans son état d’intégrité au travers des diffé- rentes influences de régime auxquelles le corps peut être soumis. Les yeux. Ils nous fournissent un autre exemple d'organes qui ne diminuent pas sensiblement de poids par l'inanitiation, ainsi qu’on le voit par le tableau suivant, où, avec le poids des yeux, nous indiquons le nombre d'heures écoulées depuis le moment de la mort jusqu’à celui où le poids de ces organes a été déterminé. ÉTAT NORMAL. INANITION. A om — TABLEAU N° D 7: TEMPS POIDS TEMPS POIDS depuis des depuis des . la mort. deux yeux. | la mort. deux yeux. Etat Inani- | mm normal. tion. grammes 2 ,39 2,33 2,72 2,34 2,13 © © Or &r 2,64 = Ge = Oo L'on voit qu'au lieu d’être plus fort, le poids des yeux dans 8. à. 530 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES l’état normal s’est trouvé plus faible que dans l’état d'inanition. Mais cela provient de ce que, dans le premier cas, les pesées ont été faites en moyenne près de sept heures plus tard que dans le le second. Or, on sait que les yeux deviennent flasques, c'est-à- dire qu'ils perdent une portion de leur poids déjà fort peu d'instants après la mort. C'est là certainement un fait de nutrition très-remarquable que celui d'organes perdant aussi facilement après la mort, et qui, pendant l'inanitiation, conservent cependant tous les liquides dont ils sont pénétrés; tandis que les organes les plus solides du corps perdent souvent une portion très-considérable de leur poids. Les résultats de l’étuve n’indiquent pour les parties solides de l'œil qu'une différence à peu près insignifiante. Récapitulation. En récapitulant les différents résultats que nous avons obtenus sur la valeur tant absolue que proportionnelle de la perte intégrale, nous en formerons les tableaux ci-après. a. Perte intégrale proportionnelle. Elle se récapitule comme suit : TABLEAU N° 58. PARTIES QUI PERDENT PLUS QUE PARTIES QUI PERDENT MOINS QUE LA MOYENNE 0 ,400. LA MOYENNE 0 ,400. Perte Perte intégrale intégrale pro- pro- portionnelle. portionnelle, 0 ,933 0 ,397 0 ,750 0 ,342 0 ,714 0,333 0,641 || Peins 0.319 0 ,520 Appareil respiratoire 0 ,222 0 ,448 Système osseux, ,....... 0,167 0 ,424 VEUX: EN EE Ces 0 ,100 0 ,423 Système nerveux. ....... 0 ,019 1 La place qu'occupe le sang a été fixée, d’après la remarque que nous avons faite précé- demment, quant à son atténuation, (Voy. page 309.) SUR L'INANITION. 531 b. La perte intégrale absolue peut se récapituler comme suit : PERTE INTÉGRALE TABLEAU N° 59. absolue. 1. Éléments du sang, savoir : grammes grammes 11,801) Système musculaire, savoir : grammes Muscles locomoteurs 66 ,32 1 ,87 Appareil musculaire dela digestion 6 44 Organes divers, savoir : Système glandulaire abdominal. . Autres parties 2. Système osseux. ......... Fete 3. Graisse ! Au moyen de cette perte de 1426,17, on formera la bile, la © Nombres calculés d’après la valeur de la perte intégrale proportionnelle obtenue dans les pages précédentes. ? A la perte intégrale absolue ci-dessus, en ajoutant 4,98 pour la différence du contenu des intestins entre l’état normal et l'inanition, l'on retrouve, à très-peu près, la totalité de la différence qui existe entre le poids moyen du pigeon asphyxié et le poids final moyen du pigeon inanitié (tableau n° 4o), savoir : 1 47grm.15 au lieu de 1498ram.34. Le reste de la différence correspond en grande partie à quelque inégalité dans la perte à l'air pendant l'au- topsie. 67 * 532 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES matière urinaire, l'acide carbonique et l’eau, dans lesquels, en définitive, se résout la perte de poids du corps. Ce tableau nous fait voir qu'abstraction faite de la graisse, c’est le système musculaire qui supporte la presque totalité de la perte de poids du corps; en sorte que, si la faculté locomotrice a été donnée à l'animal principalement en vue de son alimentation, dans le cas d'alimentation empêchée, ce sont les organes loco- moteurs eux-mêmes qui servent surtout à le sustenter. DEUXIÈME PARTIE. DES EFFETS DE L'INANITIATION SUR LA CHALEUR ANIMALE. Dans la première partie de ce mémoire, nous nous sommes occupés des rapports qui existent entre l'inanitiation et le poids du corps, et nous avons cherché à établir les lois qui les régissent. Dans cette seconde partie, c’est l'influence de linanitiation sur la chaleur animale que nous allons étudier, mais en nous occu- pant d'abord de la chaleur dans l'alimentation normale. A. DE LA CHALEUR ANIMALE PENDANT L'ALIMENTATION NORMALE. Chez les animaux à sang chaud, la chaleur animale a été con- sidérée comme toujours uniforme et comme se maintenant à un point du thermomètre dont elle ne s’écartait en quelque sorte pas. De longues recherches ont même été faites pour s'assurer si la chaleur de telle espèce était d’une fraction de degré plus haute ou plus basse que tel ou tel point. Mais le fait est, d’après mes observations, que chez un même animal la chaleur normale varie sensiblement selon les différentes circonstances dans Îles- SUR L'INANITION. 533 quelles il se trouve placé, et qu'un degré parfaitement fixe et pré- cis pour chaque espèce n'existe pas. Ces variations toutefois sont pour la plupart passagères, et pa- raissent tenir à des influences accidentelles, telles que la chaleur ambiante, les grands mouvements, etc. Mais il existe dans l’état normal une variation régulière fort importante dont nous allons nous occuper; c’est celle que j'appellerai l'oscillation diurne de la chaleur animale. DE L'OSCILLATION DIURNE DE LA CHALEUR ANIMALE. Cette oscillation diurne consiste dans un mouvement pério- dique et quotidien de la chaleur animale , au moyen duquel celle- ci s'abaisse pendant la nuit et se relève ensuite pendant le jour. Je l'ai reconnue en étudiant la chaleur animale à différentes époques de la journée; et, une fois constatée, je n'ai épargné ni persévérance ni soins pour la mesurer avec exactitude au moyen d'observations précises et multipliées !. Mes résultats ont été déduits de six cents observations de chaleur animale, dont moitié à midi et moitié à minuit, repré- sentant par conséquent trois cents jours d'observations. Elles ont été fournies par vingt animaux différents, et ont été faites de la manière suivante : VINGT-DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Vingt pigeons adultes et dans l’état normal de l'alimentation ont été soumis, chacun pendant un certain nombre de jours con- ! Quand j'eus fait à peu près la moitié de mes observations, je lus, en 1831 je crois, une note à ce sujet à la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève; mais je ne l'ai point fait imprimer dans la collection de ses Mémoires, ayant voulu, avant de rien publier, multi- plier encore davantage les observations et ne point les séparer du reste de mon travail. Je ne voulais que prendre date. 534 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES sécutifs de cette alimentation, à l'observation de la chaleur ani- male aux heures de midi et de minuit. Ces observations se fai- saient comme suit : 1. L'on cherchait, en général, que les animaux fussent en pleine digestion pour l'heure des observations, et l'on s'en as- surait par la présence d’une certaine quantité de blé dans leur ja- bot lors des prises de chaleur. 2. La chaleur se prenait avec un thermomètre centigrade à petite boule. J'ai eu le rare bonheur de pouvoir faire toutes mes observations (comme du reste toutes celles de ce Mémoire) avec un seul et même instrument, que jai prié M. Gourdon, cons- tructeur des thermomètres de l'observatoire de Genève, de com- parer à son propre étalon. 3. La chaleur animale se prenait dans le cloaque, en enfonçant la boule du thermomètre de un à deux centimètres de profon- deur. Chaque prise de chaleur durait exactement cinq minutes; c'était plus qu'il n’en fallait pour que le thermomètre arrivât au maximum, et y restât stationnaire. 4. Dans la plupart de ces séries d'observations, J'ai déterminé par des séries correspondantes les variations de température de la chambre qu'habitaient les animaux, afin de savoir si l’oscilla- üon diurne de la chaleur animale était ou non en rapport avec les variations de l'air ambiant. Ces variations de température de la chambre étant très-minimes, pour abréger, je n’en indique- rai que la moyenne relative à chaque cas particulier. 5. Pour obtenir la chaleur animale correspondante aux deux périodes du jour et de la nuit, j'ai choisi pour époque des obser- vations les heures de midi et de minuit, comme celles dans les- quelles les influences diurne et nocturne devaient se trouver aussi développées que possible. C’est donc autour de ces heures- là qu'oscillaient , autant que le permettait leur multiplicité, toutes les observations journalières; et la moyenne de l'heure de ces observations pour chaque série individuelle indiquera jusqu’à quel point lon s’en est approché. LU SUR L'INANITION. 535 Le résultat de chacune de ces observations est consigné dans le tableau n° 60 ci-après: 536 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES TABLEAU N° 60. OSCILLATION DIURNE DE LA CH} PIGEON 5°. | PIGEON 6°, | PIGEON 7°. | PIGEON 8°. | PIGEON 9°. F PIGEON 10°. MINUIT} MIDI. \ MIDI, [MINUIT MIDI, [MINUIT 1er jour. 42°,0 419,4 429,2 a ,8l 0 41,3 42 al al al 42 ° idem. ° idem idem idem . idem. idem 2° idem. ° idem. ° idem. idem. © idem... idem, idem. . © idem. idem. . idem idem . Somme des observations, Î296°,3 °,3/4159,7/409°,8 D9699,9 496°,0/595°,1/582°,1 Moyenne diurne 42,3 41,7] 41,6] 41,0) 42 ,2 d l 41,3) 42,5) 41 ,6 Heures moyennes des ob- servations. 12},18 12*,19/12",16) 12»,5 112,34 12",19/12,17 Température moyenne de ÉPeDe 9,5) 10°,2] 109,2) 9,2 , 16°7| 165,9 SUR L'INANITION. 537 ILE DANS L'ÉTAT NORMAL DU CORPS. IGEON 15°.) PIGEON 16°. JPIGEON 17°.JPIGEON 18°.JPIGEON 19°.)PIGEON 20°.JPIGEON 21°.JPIGEON 22°.JPIGEON 23°.FPIGEON 24°. 2 2 "| — MDI. [MINUIT À MIDI. [MINUIT R MIDI. MINUIT MINUIT MiD1. [MINUITÉ MIDI, MINUITR MIDI. |MINUITÉ mipr. [MINUIT MIDI. MINUIT MIDI. [MINUIT 40°,9 al, a1o,0f 49°,7| 490,0 499,2 410,9 al ,0 ! 41 ,6 42 ,0] 42 ,3 41,0] 42,0 u1,9| 97 2 A al 41 41 al al A1 al Al 41 10221577°,9 1 5900,41582°,3 [590°,8[580°,9k597°,9/590°,98504°,41582°,0/595°,5/585°,71841°,418199,2/843°,1 22! 41,30 42,2] 41,6) 42,2] 41,5 42,9) 49 ,5| 41 ,6f 42 ,5| 41,8) 42 ,1| 41 ,0) 42 ,2 $ 157] 19,61 12,10] 122,6 112,58] 12,2 12%,6011",58| 125,6/11,58| 12%,6/12",12/19",53 12r,8 L0%,6| 10°,7 10°,6| 10°,7] 10 ,6| 10°,7 10,7] 10°,6| 10,7] 10°,6| 10°,7) 3°,4| 3,1) 3°,4 538 vant (n° 61): RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Nous allons en présenter ici le résumé, auquel nous aJoute- rons le poids de chacun de nos animaux, au début et à la fin de la série qui le concerne. Nous en formerons le tableau sui- TABLEAU N° G1. 9° pigeon... 6° idem 7° idem 8° idem 11° idem 12° idem 13° idem 14° idem 15° idem 16° idem 17° idem. 18° idem 19° idem 20° idem 21° idem 22° idem 1123° idem. 24° idem SOMME, . . NOMBRE de jours d'observa- chaleur animale. TEMPÉRATURE de la chambre. —_—— _—— Midi. | Minuit 300 J ,24 9,1 16 ,7 16 ,7 16,7 16 ,7 10 ,6 10 ,6 10 ,6 10 5 10 ,6 10 ,6 3 ,4 302 3,4 3 4 181 ,7|182,7 HEURE des observations. ——— —— Midi. 1218 12 45 12 22 12 16 12 34 5/12 44 12 19 244 ,36 Minuit. 1129” 11 33 12 19 12 5 12 38 12 37 12177 12 10 12 22 245 ,37 POIDS du corps. — — — Poids initial. a gram, 347 ,19 318 ,50 423 ,21 466 ,65 360 ,01 411 ,55 343 ,43 322 ,00 305 ,43 309 ,37 399 ,17 359 ,23 3706 ,20 331 ,20 454 ,61 337 ,09 Poids final, gram. 385 ,39 381 ,38 475 ,39 463 ,67 359 ,43 101 ,38 209 ,79 204 ,68 276 ,87 322 ,84 32] ,87 410 ,38|/ 399 ,51 344 ,34 442 ,50 374 ,00 390 ,10 567 375 ,81 516,739 ,87 CHALEUR ANIMALE, ND NN NN ND N LS] Di fTé- Minuit| rence Nous ferons sur ces deux tableaux les observations suivantes : 1. Les conditions générales de ces vingt séries d'expériences ont été : SUR L'INANITION. 539 a. La moyenne des jours d'observation fournis par chaque : 300 animal=— — 15. 20 b. L'heure moyenne des observations a été : Four-le-jourt:..:.::.:. 12b 14 Pour laenuit. …, - ... 0. 12 17 c. La température moyenne de la chambre où étaient renfer- més les animaux a été : Cette température n’a donc en quelque sorte pas varié, et les résultats se trouvent ainsi dégagés de toute espèce d'influence de la température de l'air ambiant. d. En jugeant du degré de l'alimentation par le poids du corps, Je trouve qu’au début et à la fin des séries d'observations le poids moyen de nos animaux a été : ALIMENTATION NORMALE. — ————— TABLEAU N° 62. POIDS INITIAL. POIDS FINAL. gramines grammes Poids moyen du corps 374, 44 c'est-à-dire que le poids moyen est resté assez sensiblement le même pendant le cours des observations, et que par conséquent l'alimentation a éte suflisante. Il résulte de cet exposé des conditions générales de l'expé- rience que les séries de midi et de minuit étaient très-exactement comparables entre elles. 2. En prenant la somme des trois cents observations de midi, celle des trois cents observations de minuit (tableau n° 60), et déduisant les moyennes, l’on obtient : 68" 5410 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES CHALEUR ANIMALE. TABLEAU N° 63. MINUIT. Somme des 300 observations... ..............,.., 12,666°, 4 12,443°, 2 Moyenne générale 49,929 41, 48 ce qui donne, entre la chaleur animale de midi et celle de mi- nuit, une différence moyenne — 0°,74, c'est-à-dire que, par l'effet de la nuit, la chaleur animale s’abaisse de trois quarts de degré. Ce résultat repose sur un nombre d'observations suflisant pour le considérer comme complétement établi, au moins pour cette espèce d'animaux. 3. La tendance à l'abaissement de température pendant la nuit est tellement prononcée que, sur mes trois cents jours d’observa- tions, il n'y en a que cinq où la chaleur de midi ait été inférieure à celle de minuit du même jour, et cela seulement de 0°,4 pour le maximum !; et six où la chaleur de midi et celle de minuit aient été égales?. Dans les deux cent quatre-vingt-neuf autres jours la chaleur de midi a surpassé celle de minuit. Peu de résul- tats physiologiques offrent plus de constance que celui-là. h. La différence de température de Fair ambiant pendant le jour et pendant la nuit ne saurait être la cause de l’oscillation diurne de la chaleur animale; car, comme on peut le voir dans le tableau général n° 60, non-seulement la température moyenne de la chambre n’a varié que de o°,4 à o°1 entre midi et minuit, mais encore la différence en plus est en faveur de minuit. ! Pigcons jours ? Pigeons jours Move dau ouAd ro 0e 11° Date else ie JS 6° e € e e 9 oser ss 19 3 s 010.0 0 see nue pie a =» ais 17 item see uen dr A° TRS CCE CE SALE TE 18° See: SON E Le ef DOM he ef rise ce h° 20 sense eee 20 bsbndbboe soc dort 20° SUR L'INANITION. 541 5. L’oscillation diurne est également indépendante de la sai- son; car, en rangeant dans deux colonnes les séries relatives, d’une part, à l'été et, de l’autre, à l'automne et l'hiver, et prenant la moyenne, on obtient : Oscillation diurne pendant étés. Se 0000 Oscillation diurne pendant l'automne et l'hiver? — 0°,70 Ainsi l’oscillation diurne a été plutôt un peu plus forte pendant l'été que pendant l'hiver, et par conséquent le refroidissement permanent de l'atmosphère n’exerce aucune influence dans sa production. Ainsi, dans l’état normal, la chaleur animale éprouve toutes les vingt-quatre heures une oscillation régulière, au moyen de laquelle elle s'élève pendant le jour, et s'abaisse pendant la nuit. La différence entre ces deux états est en moyenne — 0°,74; et cette différence ne se rattache ni à une variation dans la tempé- rature de l'air ambiant entre le jour et la nuit, ni au refroidisse- ment général de l'atmosphère, qui résulte du changement des saisons. J'ai trouvé intéressant de rechercher jusqu’à quel point l'os- cillation diurne de la chaleur était liée à l’état de la respiration. Pour cela, sans doute, il aurait fallu pouvoir examiner si, indé- pendamment de la question chimique, la respiration présentait aussi, soit dans la fréquence, soit! dans le volume des inspira- tions, une oscillation analogue à celle de la chaleur; mais, ne pou- vant m'occuper du volume des inspirations, je me suis borné à la question de fréquence, et J'ai mis tous mes soins à la résoudre. À cet effet, j'ai compté avec la montre à secondes le nombre des respirations par minute chez neuf de nos vingt pigeons ci-dessus, et cela pendant les séries mêmes où je déterminais l’oscillation diurne de la chaleur. Ces prises de respiration ont été faites de la manière suivante : ! Pigeons 5°, 6°, 11°, 12°, 13°, 14°. ? Pigéons 7°, 8°, 9’, 10°, 15°, 16°, 17°, 18°, 19°, 20°, 21°, 22°, 23°, 24°. D 7 9; 7 542 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES 1° La respiration, autant que possible, a été comptée pendant deux minutes consécutives, pour mieux éviter les erreurs; 2° elle n'a été comptée que pendant que l'animal était calme et tran- quille, et lorsque aucune cause d'agitation ne l'avait encore dé- rangé de l’état de repos; 3° ces prises de respiration ont été faites aux heures de midi et de minuit, immédiatement avant la prise de chaleur animale. RESPIRATION NORMALE A MIDI ET A MINUIT. 11° 12° 13° 14° 5 6 18° 209 22° PIGEON.] PIGEON. | PIGEON. | PIGEON. GFON, PIGEON. PIGEON. PIGEON. TABLEAU N° 64. À Miouit. 1°" jour : respira- tion en 2 m. 9 5515414848] 9: 58[68/100| 81 ® idem 3166! 72 815416063166 |54 Q 51571 98! 88 78| 78| 92 6411111106 idem 316 O [A8 2180 | 6 A6 Q 621 91! 91 idem 58|431 83148 63181 |! 6 |! Q 66 ‘idem E 5183 [73189 | 5: idem 5 A6[78 [70189 idem £ 54182 [69184 [7 10° idem.. ....152]: 54{/ 5159185 11° idem 5 7864183 12° idem.......1691431 64152197166l99 13° idem 76 |76178 l4idente. x 152 5 5269175 |7 ResPInATION moyenne en 1 minute... S 32/41 |32f° ù 39138134 Le résultat de ces observations se trouve consigné dans le ta- bleau ci-dessus n° 64; nous en présenterons ici le résumé suivant : SUR L'INANITION. 543 Ù RESPIRATION MOYENNE JOURS PAR MINUTE. TABLEAU N° 65. D'OBSENVATIONS. ENT Tee (eee EAlN Midi. Minuit. Ces deux tableaux nous présentent le résultat des observations de 116 jours, faites à midi et à minuit. pendant que les ani- maux qui les fournissaient servaient à la détermination de l'os- cillation diurne de la chaleur animale. Nous ferons sur ces résul- tats les observations suivantes : 4 1. En prenant la somme et la moyenne de toutes les obser- vations de midi et de minuit, nous aurons : RESPIRATION PAR MINUTE. TABLEAU N° 66. Minuit. Somme des observations Moyenne générale Ce qui nous montre que les mouvements respiratoires subissent une variation analogue à celle de la chaleur animale, et que cette 544 RECHERCHES EXPERIMENTALES variation se fait simultanément et dans le même sens, puisque la respiration se ralentit en même temps que la chaleur s’abaisse, et vice versa. En examinant séparément les résultats fournis par chacun des animaux qui concourent à ce tableau, lon voit que chez aucun d’eux la moyenne de la respiration de minuit n'a sur- passé celle de midi. Elles ont été égales une fois. 2, L'oscillation diurne de la respiration a été beaucoup plus prononcée que celle de la chaleur animale; car, en rapprochant l'une de l’autre la valeur de ces deux oscillations chez les neuf mêmes individus, l’on trouve : l MOYENNES DES NEUFS ANIMAUX. TABLEAU N° 67. Respiration par minute Chaleur animale ! D'où l'on voit que la respiration s’est ralentie dans le rapport de 9 : 8; tandis que la chaleur animale ne s’est abaissée que dans celui de 9 : 8 ,8 seulement. 3. Quant à la question chimique, je lai trouvée résolue de- puis longtemps, et d’une manière très-remarquable, par les ex- périences du docteur Prout sur la variation de la proportion d’a- cide carbonique dans l'air expiré à différentes époques du jour. Ce chimiste a prouvé que cette proportion est à son maximum MIDI. MINUIT. Somme des 116 jours d'observations de chaleur animale 3% 4,919°,2 4,821°,9 A1 ,56 SUR L’'INANITION. 545 vers midi et à son minimum vers minuit'; et que c’est vers le matin que la proportion d'acide carbonique dans l'air expiré commence à augmenter (Thompson, Chimie, t. IV). Il est impos- sible de voir une confirmation plus complète que celle-là de nos résultats sur l’oscillation diurne de la chaleur animale. Maintenant, cette moindre production d'acide carbonique et cet abaissement de la chaleur animale pendant la nuit résultent- ils du ralentissement de la respiration, ou ne dépendent-ils pas plutôt de la diminution de l'influence nerveuse sous l'empire de laquelle se font les mouvements respiratoires et le dégagement de la chaleur? C’est cette dernière opinion qui me paraît la plus probable; car, même en respirant 32 fois par minute au lieu de 36, il y a encore bien plus d'oxygène fourni que le corps ne peut en consommer, et, par conséquent, il y aurait possibilité d'amener pendant la nuit la formation de l'acide carbonique et la produc- tion de la chaleur animale à l’état normal du jour. Les matériaux sont suflisants, et si la consommation est moindre, c’est que la force qui doit produire ces effets est, en quelque sorte, dans l’é- tat de sommeil. Du reste, les résultats que nous venons d'exposer sur l’oscilla- üon diurne de la chaleur animale confirment ce que lon peut apercevoir plus ou moins bien sur soi, et expliquent pourquoi, pendant le sommeil de la nuit, nous avons besoin d’enveloppes plus chaudes et plus nombreuses que celles qui nous suffisent dans l’état de veille. B. DE LA CHALEUR ANIMALE PENDANT L’INANITIATION. I. De l’abstinence complète. Nous venons d'étudier l’oscillation diurne de la chaleur dans l’état normal de l'alimentation : voyons maintenant ce qui se passe * pendant l'inanitiation du corps. 1 Acide carbonique pour cent. 8. 6 546 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Pour juger des effets de l'inanitiation sur la chaleur animale, nous avons recherché ce que devenait l’oscillation diurne quand on soumettait les animaux qui devaient la présenter à la priva- tion absolue des aliments et des boissons. Et mieux encore, afin d’avoir des résultats aussi concluants que possible, nous avons choisi pour cette recherche les individus qui venaient de nous ser- vir pour déterminer la valeur de loscillation diurne dans l'état normal de l'alimentation. C'est de cette manière qu'a été faite l'expérience suivante : VINGT-TROISIÈME EXPÉRIENCE. Douze pigeons (a46u6; 87 vor a 6 8602, 22°) ont été soumis à la privation complète des aliments et des boissons, et sont ainsi restés jusqu’à la mort, laquelle est sur- venue à une époque qui à varié pour chacun d’eux entre le 6° et le 18° jour de l’abstinence. Cette expérience a été accompagnée des circonstances suivantes : 1. De ces douze pigeons, dix avaient déjà servi à la détermi- nation de l’oscillation diurne de la chaleur dans l'alimentation normale, ce qui nous fournissait des résultats exactement com- parables entre cette alimentation et l'abstinence complète des aliments. Les deux autres pigeons étaient nouveaux. 2. L'expérience, quant aux circonstances accessoires, a été rendue aussi semblable que possible à la précédente : c’est ainsi que la chaleur a été prise dans le cloaque, à un ou deux centi- mètres de profondeur, et qu'avec les déterminations de chaleur animale, des observations étaient faites concurremment sur la température de la chambre habitée par les animaux. 3. Enfin les heures choisies pour les observations ont été celles de midi et de minuit, comme pour lexpérience précé- dente. Le tableau ci-après, n° 68, présente les observations journa- SUR L'INANITION. 547 lières de chaleur de ces douze animaux, sauf cependant celles qui se rapportent au dernier jour de la vie de chacun d'eux, que nous nous réservons d'examiner isolément plus tard. 69° 548 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES | TABLEAU N° 68. OSCILLATION DIURNE DE LA CH PIGEON 2°. | PIGEON 4°. | PIGEON:6°. | PIGEON 8°. | 2 | © —— MIDI. | MINUIT.) MIDI. | MINUIT.) MIDI. | MINUIT.) MIDI. | MINUIT: PRES — A2°0 41°2) 41°7| 390 — (Ty) 1 3° idem. .., — 2 A 4° idem N Cr © œ 5° idem 6° idem 7° idem 8° idem 9° idem 10° idem 11° idem 12° idem 13° idem 14° idem 15° idem 16° idem (ECS SON NS CN Somme des observations Q 330 4|301 6/37 Moyenne diurne 41 3| 37 7| 4 Température moyenne de la chambre Heure moyenne des observa- tions 12"50'|10"47T12" 3’ SUR L'INANITION. 549 ME PENDANT L'INANITIATION DU CORPS. éindividuelle, pour l'examiner à part. PIGEON 14°. | PIGEON 16°. | PIGEON 18°. | PIGEON 20°. | PIGEON 21°. | PIGEON 22°. ——— —__— — — ——, a — MIDI. | MINUIT.) MIDI. | MINUIT.) MIDI. | MINUIT.) MIDI. | MINUIT.) MIDI. | MINUIT.) MIDI. | MINUIT. 40° 7] 42°1 LMATUT 40 A2 0 40 Al 8 39 A1 0 40 A1 nl 39 A1 8 38 Al 7 7 5 @ Go œ © © © N° uo N ww © œ OMC ONNMOT OM EU ti ON 377 0|354 9 39 7] 41 7| 37 8] 415 41 9| 39 4 2» 2 2 5 7/| 1213] 12*19| 1231 12° 16/| 12" 40" 550 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Nous ferons sur ce tableau les remarques suivantes : 1. Ces séries d'expériences ont présenté les conditions géné- rales suivantes : a. Le nombre total des observations a éte : Observations à midi..... — 117 Observations à minuit... — 119 | —??9 b. L'heure moyenne des observations a été : Observations de midi.... — 12 10. Observations de minuit... — 12 2. c. La température moyenne de la chambre habitée par ces animaux a été : A nndi. tt 40 NME TES: Avimnuit be EAN: = 7 Ainsi, sous le point de vue des circonstances concomitantes, les observations de midi et de minuit ont été aussi ressemblantes que possible, ce qui rend leurs résultats parfaitement comparables. Poursuivons donc nos observations. 2. Chaleur animale à midi. En prenant la somme et la moyenne de nos 1 17 observations de chaleur animale à midi, nous trouvons: CHALEUR ANIMALE TABLEAU N° 69. à midi. Somme des 117 observations Moyenne Je ferai sur ce résultat les observations suivantes : a. Refroidissement inanitial diurne. En comparant cette moyenne avec celle que nous a donnée la somme de nos observations de chaleur animale à midi dans l'alimentation normale (= 42°,22 }, l'on voit qu'à l'exception du dernier jour de la vie, qui, nous le rappelons, est exclu de toutes ces observations-ci, l’abstinence n’a réellement abaissé la chaleur animale à midi que de 0°,53 ; ainsi, d’une quantité moindre que l’oscillation diurne dans l’état normal. SUR L'INANITION. 551 Nous arrivons au même résultat en rapprochant, non plus les moyennes générales, mais les moyennes individuelles fournies par chacun des dix animaux qui ont servi à la fois dans les deux expériences, et que nous avons exprès choisis pour arriver à des résultats parfaitement comparables. L'on obtient de cette ma- mière les résultats suivants : CHALEUR ANIMALE A MIDI. TABLEAU N° 70. SOMME. D Z Z 2 8 ce] e] S à A =] es] S a] e] S S à à à & 2 & Ex e e e ° ai © Go © nl a nl | 20° PIGEON. | 21° PIGEON. Alimentation normale.[42° 3/41° 6/42° 1 [42° 5/42° 4|49° 2/49° 7/49° 5|42° 1149° 2) 422° 6 Abstinence complète. [41 4|41 3|41 8/42 0/41 2/42 1142 3|41 7]41 5|41 9 417 2 La somme des dix résultats de part et d'autre donne pour dif- férence moyenne à midi, entre l'alimentation normale et l'ina- nitiation, 0°,54, c’est-à-dire presque identiquement le même nombre que nous ont donné les sommes de toutes les observa- tions dans les deux séries d’expériences. : b. Quoique la différence moyenne soit peu considérable, ce- pendant l’abaissement progressif de la chaleur par V'abstibenée n’en est pas moins positif. Pour s’en assurer, il suffit de diviser chacune des douze séries en trois tiers, autant que possible d’é- gale durée, et de prendre la moyenne partielle des résultats com- pris dans les tiers de même nom. L'on obtient ainsi : CHALEUR ANIMALE À Mipi. — Ra Somme. Moyenne. TABLEAU N° 71. 1° tiers des douze séries . 42°,11 2° tiers des douze séries ; A1 ,87 3° tiers des douze séries. .,...... PEL A1 ,37 MOYENNE... ..s..seense SVoroc ess 41 ,78 552 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES La chaleur normale pendant le jour étant en moyenne — 42°,29, l'on voit que l’abaissement total résultant de l'inanitiation a été : Pour le 1% tiers des séries... o°,11. BOUT MIELS EU EL O9: POurELE RS ETS EE EU 000: D'où l'on voit qu'à mesure que la vie se prolonge, le refroidisse- ment inanitial diurne tend progressivement à augmenter, mais en restant pourtant toujours peu considérable. 3. Chaleur animale à minuit. En prenant la somme et la moyenne des 112 observations de chaleur animale à minuit nous avons : CHALEUR ANIMALE TABLEAU N° 72. à minuit. Sommeidesdl2observations 1. ce: ane ea oleu eee 4,302°,8 Moyenne = Nous ferons sur ce résultat les observations suivantes : a. Refroidissement inanitial nocturne. En comparant cette moyenne à celle qui lui correspond dans l'alimentation normale (= 41°,48), nous voyons que la chaleur animale de minuit est de 3°,06 plus basse dans linanitiation que dans l'alimentation normale. C'est là ce que nous appellerons le refroidissement inanitial nocturne. Pour l'heure de midi, l’on se rappelle que le refroidissement inanitial était — 0°,b2. Il résulte de là que le rapport de ces deux refroidissements — c’est-à-dire que le refroidissement » inanitial est en moyenne six fois plus fort pendant la nuit que pendant le jour. b. Oscillation diurne inanitiale. En comparant la chaleur moyenne de minuit à celle de midi, nous aurons la valeur de l’oscllation diurne pendant l'inanitiation. La différence de ces deux valeurs SUR L'INANITION. 553 = 1°,70 — 38°,42 —3°,28. Or, si l'on se rappelle que, dans l’a- limentation normale, l'osallation diurne — 0°,74, l'on verra que l'effet de l’imanitiation consiste à augmenter de 4,5 de fois l'é- tendue de l’oscillation diurne normale. ce. L'oscillation diurne inanitiale, dont nous venons d'indiquer la moyenne, n’est point uniforme pendant tout le cours de l’ex- périence. En divisant, comme nous l'avons fait ci-dessus, chacune de nos douze séries par tiers d’égale durée, et en prenant la moyenne des tiers de même nom, nous aVORS : CHALEUR ANIMALE À MINUIT. a — —— TABLEAU N° 73. Somme. Moyenne. A38°,4 39°,85 38 ,72 31139 38 ,63 Rapprochant maintenant ces nombres de ceux de la chaleur à midi des mêmes animaux, nous aurons pour la valeur successive de l'oscillation diurne inanitiale, savoir : CHALEUR ANIMALE. D — "EEE — TABLEAU N° 74. OSCILLATION MIDI. MINUIT. DIURNE, inanitiale. 1° tiers de séries 2° tiers de séries 3° tiers de séries Par où l’on voit que l’oscillation inanitiale augmente progressi- 8. . 54 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES vement à mesure que l’abstinence se prolonge, et qu’elle arrive a être successivement trois, quatre, cinq et même près de six fois aussi grande que l'oscillation diurne dans l’état normal. d. Ce dernier tableau met en évidence l'un des faits les plus intéressants de tous ceux qui se rapportent à l'histoire de la cha- leur animale. C’est celui qui résulte de la comparaison de la cha- leur pendant le jour et pendant la nuit, c’est-à-dire pendant lé- tat de veille et pendant celui de sommeil. L'on voit, en effet, sans aucune modification survenue à l'animal, puisqu'il continue à rester privé de nourriture et de boissons , la chaleur animale osciller régulièrement chaque jour, s'abaissant le soir de quel- ques degrés, et remontant le matin à l’état où elle était la veille, et osciller avec une amplitude graduellement croissante à me- sure que l’abstinence se prolonge et que la faiblesse fait des pro- grès. Ge fait, d'autant plus curieux qu'il n’est que le développe- ment d’un ombre presque inaperçu dans l'état normal, prouve avec évidence que les combinaisons d’où résulte le dée- gagement de la chaleur animale se font essentiellement sous l'in- fluence nerveuse. L'on serait même tenté de présumer que ces combinaisons se forment plus particulièrement sous l'influence du cerveau, puisque cet organe est le siége spécial de la rémit- tence d'action d’où résulte l'état de veille et cehu de sommeil. Mais, comme le reste du système cérébro-spinal éprouve cette ré- mittence avec un égal degré d'intensité, quoique sans doute d'une manière secondaire seulement, les résultats actuels ne sauraient modifier en rien ceux des expériences d’un autre genre qui transfèrent à la portion dorsale de la moelle épinière la tota- lité de l'influence excitatrice que possède le cerveau dans la production de la chaleur animale. Et que cette oscillation tienne à la cause que nous indiquons, c'est ce qui résulte évidemment aussi de ce qu'en continuant le réveil et l’excitation qui résultent de la prise de chaleur, par la prolongation même de cette prise de chaleur, l'on voit insensible- ment la température remonter à un point plus ou moins rapproché SUR L'INANITION. 555 de la chaleur de l'état de veille. C’est ainsi, pour n’en citer qu'un seul exemple, que pendant quatre jours consécutifs, dont le der- nier était la veille de la mort, la tourterelle n° 24, pendant son imanitiation, nous a fourni les résultats suivants (en moyenne de 9,33 à 9!,58 du soir) : CHALEUR ANIMALE. 7° Jour. 36°,4 37 ,6 Ainsi, au bout de 25 minutes, la chaleur montait encore, ré- sultat qui, dans ces expériences, ne s’est jamais observé que pen- dant le refroidissement causé par l’oscillation inanitiale; car dans l’état normal, le thermomètre arrivait de suite au point fixe. Cela dépend évidemment d’un rétablissement progressif de la chaleur animale, par la cessation de la cause (le sommeil) qui avait amené le refroidissement !. Après avoir déterminé l’état de la chaleur animale aux points culminants du jour et de la nuit, c’est-à-dire à midi et à minuit : voyons maintenant ce qu'il est dans d’autres parties de la jJour- née , et recherchons si les effets que nous venons de rapporter attendent jusqu’à ces heures-là pour se développer. Chaleur animale dans la matinée (tableau n° 76 ). ? I faut se rappeler que toutes les expériences de ce Mémoire ont été faites avec le même thermomètre, dont la boule était très-petite, et qu'ainsi toute cause de variation relative dé- pendant de l'instrument se trouve nécessairement éliminée. 79 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES | CHALEUR ANIMALE À D'AUTRES ÉPOOÏ N:B. L'on a omis dans ce tableau dt il DANS LA MATINÉE. TABLEAU N° 76. NE SA TE. ESA s (0 8 32 33° 34° # | tourte- | tourte: | tourte- | tou pigeon. | pigeon. | pigeon: | pigeon. | rélle. | relle. | relle. |rell NÉroure ee ETe CEE 49°,5 | 49°10 | 492°,1 | 41°6 | 4297 | 42954) 429,5 IMA288 Etre do00B pa 6 tené A1 ,9 41,5 RTE 41,5 42,6 A1,51| 41,0 [MAR ERA ONOEL Docs 0 node 41,8 | 41,0 | 41,5 | 41,5 | 42,5 | 42,70] 40,0 [M Hndem--threre tCCEC EE 41,4 |. 41,8: | 41,8 | 41,5 | 42,50) 42,30] 38,2 oi ST TLBOE Dodo nue net 20 41,4 | 41,5 | 41,2 | 41,0 l49,5! 41,50 37,7 |A ; GOT EST DES A5 CAMES Con eee 40,3 | 42,0 | 40,8 |: 40,9 | 43,1 À 41,5 ” 421) atidemiee Ale tRre ATeNd 40,7 | 41,7 | 4x,2 | 40,8 | 42,5 | 40,9 » Va SAME AL AE A ARORMEE sR 40,0 | 41,5 | 41.0 | 40,1 | 42,6, | 41,3 " Al! Oideme sante brie 1 41,5 | 40,7 | 39,5 | 41,6 À 41,0 ñ all LOMdem rene ti eee it " 41,5 7 ’ 419,3 | 39,8 1 ll llpidem. ee et ELETE et ] 41,0 u ñ A1 ,7 u 1 40) PTE TND ER DENT 1 A1:,2 " l A1 ,7 1 ll | D ARR es 1NE100 j D n ü ITENT TAN AE CUT FRERE 11] A0 7 ” |'A1,5 ” ’ | JOUET. PS MN Peace ciriete ” 41 ,0 ” # 41,3 " n le TARN ETE PET 1 40 ,5 0 1 41,7 ” " PART TONER ASS CDR APRES nl 40 ,0 u A0 ,5 7 n DTA ere DEA er cn 1 39 ,0 1 1 A0 ,0 1 u Some des observations. ,....., 330,0 [740,5 |372,0 |368 ,4 [754,3 [415,0 1190 ,4 [454 MOYENNE diurne... ...., et 41,25! 41 14] 41,33] 40 ,93| 41,911 41,50! 39 ,88| 4 Heure moyenne des observations. | 80’ | 7*36/| 7*26’ | 7°10’| 731’ | 444’ | 6*57 | MB Date du 1°° jour des observations. |23 nov. [20 août.| 18 août. |18août.| 3 avril. [24 janv. | 12 févr.| 7 il | pour PE DANS L'APRÈS-MIDI. 18° 19° 20° 28° 95° 96° tourte- | tourte- | tourte- | tourte- | 7 relle. | relle. | relle. | relle. | Pigeon. | pigcon. 429,3 | 42°9 | 49°8 | 492°0 | 42°5 | 41,9 40 ,0 | 41,0 | 42,0 | 41,8 | 42,0 | 42,0 40,0 | 41,0 | 41,5 | 42,0 |. 41,1 | 41,4 40,7 | 40,0 | 41,9 | 42,0 | 41,8 | 41,0 ” | 40,8 | 41,8 | 41,8 | 41,3 | 41,2 u u 40,0 | 41,8 | 41,5 | 41,0 0 ” 40,1 | 41,7 | 41,0 | 40,5 a n | 38,2 | 41,2 | 41,3 | 40,7 nl n 7 43 ,0 40 ,3 40 ,5 u 1 7 A1 ,1 39,0 39 ,7 ”“ 7 1 A1 ,9 ul 37 ,9 nl nl 7 40 ,1 ” nl 1 ” n 40 ,0 u ” u 7 7 39,5 1 ” u “ ñ " " ñ [1 [2 1 [2 LA [/1 [1 [1 (4 H LL ll 1 ü Û ” u ” SUR L'INANITION. E CELLES DE MIDI ET DE MINUIT. | » individuelle pour l'examiner à part. 163,0 [205,7 |328,3 [579,9 |411,8 |447,8 41 ,14/° 41,04! 41,42] 41,18| 40,71 )| 40,75 Entre Let 5" 415 | 3594’ | 659 la [31 déc. [18 janv.| 7 févr. [24 mars 8 janv. | 2 févr. 27° 29° 30° pigeon. | pigeon. | pigeon. 492°,5 | 4293 | 420 42,7 | 40,6 | 49,1 HP 3N)|PAOPONIPATES 42,0 | 40,5 | 40,7 42,3 | 41,4 | 41,0 A1 ,9 | 39,5 | 39,0 41,5 | 38,9 u A1 ,7 u " 41,5 ] " 41,7 n 1 A1 ,8 1 ” 41,5 ” 40,8 f u 391,2 U ” ù D 1 " 1 ” u ] ” (1 # # 583 ,41 |283 ,7 |2401,3 41,68] 40 ,53| 41,06 4»926°| 7" 0° | 5:25' 3 mars.|20 févr. | 23 févr. DANS LA SOIRÉE. 7° tourterelle, 196 ,0 39,2 819" 17 décembre. 558 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES VINGT-QUATRIÈME EXPÉRIENCE. Une tourterelle {n° 29) et quatre pigeons (n°8, 32, 33, 34)ont été inanitiés par la privation des aliments et des boissons. Leur vie s’est prolongée, pour la tourterelle, pendant 19 jours; pour les pigeons, pendant 19 jours, 10 Jours, 10 Jours et 9 Jours. La prise de chaleur s’est effectuée en moyenne à 7 heures 33 mi- nutes du matin. Les résultats qu'ils nous ont fournis, à l'excep- tion cependant de ceux du dernier jour de la vie, se trouvent consignés dans le tableau n° 76. En divisant ces résultats par tiers de série, comme nous l’a- vous fait précédemment, et en prenant la somme et la moyenne des tiers de même nom, nous en formerons le tableau suivant : CHALEUR ANIMALE. À 7 neures 1/2 pu MATIN. A" RE — TABLEAU N° 77. Somme. Moyenne. lStiers des cinqiséries....<" 004,0 Er tee 2ftiers des cinq séries... 11... .0-t-+het er re 3tiers des CINGISÉMES. es eee re -ec- à MOYENNE: 10 -len ee eteie etes sil let © ete se Nous ferons sur ce tableau les observations suivantes : 1 La moyenne générale de ces cinq séries nous donne, pour la chaleur animale, de sept heures et demie du matin, 41°,33. En rapprochant cette moyenne de celle des trois tiers de nos series de midi, que nous avons trouvée — h1°,78, nous voyons qu'elle n’en diffère que de o°,45. Ainsi dès sept heures et demie du matin la chaleur est peu à près la même qu'a midi, et la réascension diurne est déjà presque entièrement effectuée !. ! Le pigeon n° 8 ayant fourni simultanément, avec la série actuelle, une série d'observa- tions pour l'heure de midi (voyez tableau n° 68), la comparaison, jour par jour, de ces deux séries prouve combien la chaleur animale diffère peu à ces heures-à. SUR L'INANITION. 559 2. En comparant les uns aux autres les tiers de même nom, dans nos séries actuelles et dans celles de midi, nous voyons que la différence entre les deux premiers tiers — 0°, 1; entre lesseconds tiers — 0°, 4 ; entre les deux derniers tiers o°,8. Ainsi la différence va croissant à mesure que l'expérience avance. D’où il résulte que, plus l'animal s’affaiblit par la prolongation de l'inanition, et plus la réaction qui doit faire remonter la chaleur au taux de midi tarde à s'effectuer. 3. La chaleur de sept heures et demie du matin étant à fort peu de chose près la même que celle de midi, il en résulte qu’elle diffère complétement de celle de minuit. Chaleur animale dans l'après-midi. (Tableau n° 76.) VINGT-CINQUIÈME EXPÉRIENCE. Quinze animaux ( à pigeons, n® 25, 26, 27, 29 et 30; et 10 tourterelles, n% 10, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20 et 28) ont été soumis à la privation complète des aliments et des bois- sons. Ils ont vécu collectivement 1/47 jours, soit en moyenne 9, 8 de jour. La prise de chaleur s’est effectuée, pour chacun d'eux, entre 3°,34 et 7,36 de l'après-midi, et, en moyenne, à 5°,40o, après midi. En divisant les résultats individuels par tiers de série, et prenant les sommes et les moyennes des tiers de même nom, nous aurons: CHALEUR ANIMALE À 5 40° DE L'APRÈS-MIDI. A TABLEAU N° 78. Somme. Moyenne. 632°,0 619,1 MOYENNE. .......,.. 560 RECHERGHES EXPERIMENTALES Je ferai sur ces résultats les observations suivantes : 1. Ces quinze animaux donnent, pour la chaleur moyenne, entre à et 6 heures de l'après-midi, 41°,19. La chaleur moyenne correspondante de nos séries de midi étant — 41°,78, l'on voit que, dès l’heure ci-dessus, l’abaissement nocturne commence à s'effectuer. 2. Encomparantlestiers demême nom, dansnos séries actuelles et dans celles de midi, tableau n° 71, l’on trouve la différence entre les deux premiers tiers 0,0; entre les deuxtiers suivants — 0,6: entre les deux derniers tiers= 1°,2. Ainsi, comme nousl’avons déjà observé pour les séries du matin, plus la faiblesse qui ré- sulte de la prolongation de linanition augmente, et plus labais- sement nocturne commence à une époque rapprochée de midi. Chaleur animale dans la soirée (tableau n° 76). VINGT-SIXIÈME EXPÉRIENCE. Une tourterelle {n° 7), soumise à la privation complète des aliments et des boissons, a été inanitiée au bout de six jours, En moyenne, sa chaleur a été prise à 8",19 du soir. Divisant les résultats journaliers par tiers de série, et prenant les moyennes, nous en formerons le tableau suivant. CHALEUR ANIMALE à 8° 19’ du soir. 0 TABLEAU N° 79. Moyenne, l‘ tiers de série... 2° tiers de série SNHermiensene- me ere cLebeme cesse ets MOYENNE Je ferai à cet égard les observations suivantes : 1. La moyenne de cette série (— 39°17) comparée aux SUR L'INANITION. 561 moyennes correspondantes des séries de midi et de minuit, sa- voir er , montre que la chaleur de 8 à 9 heures du soir s'était déjà abaissée, relativement à celle de midi, de 2°,61; en sorte qu'elle ne différait plus de celle de minuit que de 0°,54, et que l'abaissement nocturne s'était déjà, en très-grande partie, effectué. 2. La comparaison de nos tiers de séries avec les moyennes des tiers de même nom des séries analogues de minuit (39°,8, 38°7, 37°,3) confirme cette conclusion-là, et fait voir que, dans tout le cours de l'expérience, la chaleur de 8 à 9 heures du soir différait à peme de celle de minuit. Je ferai observer aussi, qu'en conformité de ce que nous avons dejà vu précédemment, nos deux derniers tiers de série se rapprochent plus de la chaleur de minuit que le premier. Ainsi, en résumant d’une manière sommaire ce que nous ve- nons d'établir dans les pages précédentes : 1. L'oscillation diurne et moyenne de la chaleur animale, qui, dans l’état normal de l'alimentation, est — 0°,74, devient, dans l’inanitiation, — 3°,28. 2. L’oscillation diurne inanitiale est d'autant plus étendue, que linanition a déjà fait plus de progrès; de telle façon que l'oscillation de la fin de l'expérience est à peu près double de celle du début. 3. Les heures de midi et de minuit sont bien, sans doute, les époques du maximum et du minimum de la chaleur animale, mais loscillation diurne n'attend pas ces heures-là pour se dé- velopper. C’est ainsi que, pendant les différentes parties du jour proprement dit, la chaleur se rapproche plus ou moins de celle de midi; tandis que, pendant la nuit, elle se rapproche de celle de minuit. L. Enfin, dans le cours d’une même expérience, l’'abaissement nocturne se prolonge d'autant plus avant dans la matinée, et commence d’autant plus tôt dans l'après-midi, que l'animal se trouve déjà plus affaibli par la durée préalable de linanitiation, 8. 71 562 : RECHERCHES EXPÉRIMENTALES II. De l'alimentation insuffisante. Nous venons d'étudier la chaleur animale pendant l’abstinence complète des aliments; voyons maintenant ce qu’elle devient dans l'alimentation insuffisante : Je n'ai pas, pour ce genre d'alimentation, de séries d'observa- tions à midi et à minuit; celles que j'ai à rapporter se classent parmi les observations de chaleur animale dans l'après-midi. VINGT-SEPTIÈME EXPÉRIENCE. Trois toufterelles (n% 11, 25 et 26) ont été inanitiées par une alimentation insuffisante, dont on trouvera le détail dans la pre- mière partie de ce Mémoire. (Tabl. 30°.) Elles ont vécu collec- üvement 39: de jours, et l'heure moyenne de la prise de cha- leur a été 613/4' de l'après-midi. Elles nous ont fourni les résul- tats suivants, que nous continuerons à présenter sous forme de tiers de série, en faisant abstraction du dernier jour de la vie, comme nous l'avons fait jusqu’à présent ?. ! Je joins ici le détail journalier des prises de température, abstraction faite du dernier jour, afin qu'on puisse juger de la variabilité de la chaleur animale dans ee mode d'inani- tiation. TOURTERELLE TOURTERELLE TOURTERELLE TABLEAU N° 80. 1°' jour (début)... Heure moyenne de la prise de chaleur. ..,.| 7! 20' p. m. 7" 23" p. m. SUR L'INANITION. 563 CHALEUR ANIMALE à 6! 34’ de l'après-midi. a EE TABLEAU N° 81. Somme. Moyenne. l‘’tiers des trois séries T0 0 126°,2 42°,07 2° tiers des trois séries 124,5 41 ,50 DATES TESNTTOISNSÉTIES Se else ee sie ee =eleleislesiets 40 ,00 MOYENNE A1 ,19 Je ferai sur ces résultats les observations suivantes : 1. La chaleur moyenne de ces trois séries diffère suflisam- ment de la chaleur correspondante de midi, dans nos douze sé- ries d’abstinence (— 41°,78), pour regarder l’abaissement noc- turne comme ayant déjà sensiblement commencé à l'heure moyenne de ces observations, c’est-à-dire à 6? du soir. Du reste, cette moyenne est identiquement la même que celle de 5!4o' du soir de nos expériences précédentes. (Tableau n° 78.) 2. L'abaissement de la chaleur animale ne s’est pas fait d’une. manière progressive et régulière, comme dans l’abstinence com- plète des aliments. Il a été interrompu, dans le courant des ex- périences, par une réaction d’un ou de plusieurs jours de durée consécutive, au moyen de laquelle la chaleur animale remontait même au-dessus de son niveau normal. 3. Quoique l’abaissement nocturne n’existât presque pas en- core à l'heure des prises de chaleur, cependant il se développait plus tard. Ainsi, par exemple : chez la tourterelle n° 26, ayant pris, le 17° jour de l'inanitiation, la chaleur animale tout à la fois dans l'après-midi et aux environs de minuit, j'ai trouvé : AVBlo'.de laprés-midi. 1. #4." 39°,7 : AM 55 IduMSaneet. DER HOT Dans l'après-midi du lendemain (le jour de la mort), la chaleur étant remontée à 4o°,9, ce refroidissement de 11°55' du soir est * 7 1 564 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES un abaissement nocturne aussi complétement caractérisé que pos- sible. Ainsi, sauf la réaction ascensionnelle signalée plus haut, l’ali- mentation insufhisante offre, quant à la chaleur animale, des ré- sultats identiques avec ceux de l’abstinence complète. C'est là ce que nous avions déjà vu, à l'occasion de la perte de poids; et ce résultat est digne d'intérêt. II. Du dernier jour de la vie dans l'inanitiation. Dans les études de chaleur animale que nous venons de faire, nous avons omis, à dessein, de nous occuper du dernier jour de nos séries, afin de le considérer en particulier, et de recher- cher le mécanisme par lequel l'inanition amène la mort. C’est cet examen que nous allons entreprendre maintenant ; et, à cet eflet, nous allons présenter, dans les huit tableaux suivants, les résul- tats que nous avons obtenus sur la chaleur animale pendant ce dernier jour. Nous joindrons à ces tableaux les résultats relatifs au premier, à l'antépénultième et au pénultième jour de chaque série expérimentale, afin de mieux saisir les rapports qui existent entre le dernier jour de la vie et ceux qui le précèdent. L'on trouvera ci-annexés les huit tableaux en question. ( Tabl. 82, 83, 84, 85, 86, 87, 88 et 89.) 564 bis. d LP PIGEON 2° r16E0x À" FIGEON Ô°, PIGEON 8°. r16EoN 10°. FIGEON 12°. MIGEON 14°, MIGEON 16°. rIGEON 18°, PIGEON 20°, FIGEON 21" 99° le, des \ CS sn et lee me ee ere > —— ——_ © — RSS PIGEON 22°, MOYENNE GÉNÉRALE. re TABLEAU N° 82. Midi. Miouit. Midi. Minuit Midi, Minuit. Midi, Minuit. Midi. Minuit. Midi. Minuit Midi. Minuit Midi. Minuit Midi. Miouit Minuit | ——— Ces Le RUES PAGE) Minuit, | Midi Minuit. | Midi. Minuit. oids- Damien io 423 42,0 2°,8 A1°,2 n° 30,0 TA 40°,1 41°,0 39,2 419,0 40°,5 A1°,8 40,2 A3°,0 415 40° 42° 40° 4 = ds; et ce nee | | 417 9 30 "9 38.8 2! 3028 | 41,6 37,0 | 7 3013 1228 [410 se 7 a En 404 l'antépénultià 2" tie 6 s 2 4 5 37, 3 0 40,1 49,1 37,1 41,2 38,0 42 30 5 Û ; Ce 39 6 et l'antépénultième ! 2° tiers des 7 jours 353 42 4 : \ 38,7 » À , , » ) 12,8 ges ; 39 ,4 al 36,5 ane 7"). | 3° 7 $ 42,3 ! 40,8 l 37,3 40,5 42,2 36,5 40 ,9 35,8 42 0 388 Lu D 38,7 {en moyenne 7 j”). | 3° tiers des 7 jours.| 4 38,0 42 E À 37, ’ d ; : 3 12 , $ ; 36 ,0 Al 36,0 Le Antépénultième jour. ce 2} 39,7 3 1 40, À 36 ,0 40 ,7 42,2 36 ,2 40,8 36,4 2, 3 41,9 38,3 5 39 4 Al 35.0 , cu Pénultième jour a 39 ,0 42,0 4 0, 5 40, 35,7 A1, 42,1 34,4 40 0 34,7 2 ,2 ; A1 5 38 4 \ 311 f 3 6 ! + Miouit à 1 heure. . 1° 2... * 1 de faire | s Re TRIEr jour ! e recher- ES L Cest cet à cet effet, He) Res So CP TO eerertt at Fe 0 Diaest|........p soma D'aosio 24,05 ss |19%05 sons That on sean | atos tan aout les résul. endant ce ats relatifs de chaque 4] F al 2 5,45 sm. mort, 99,2 2,48 8. m,. mort, lent. L'on ; ÿ s 29°,2 22°,9 8 5 = 1. 82, 83 | PIGEON 24”. PIGEON 25°, rIGEON 20°, PIGEON 27°. PIGEON 28°, PIGEON 20°. PIGEON 30°, PIGEON 31°. PIGEON 32°. PIGEON 33°, PIGEON 34°. ——_— | —_—— | ————— | ———— | ———_—_—_—_— | ————— | —— | ——_—| ——_—_— | TABLEAU N° 83 MOYENNE GÉNÉRALE. Premier jour. ....... RE esse 419,5 42°,5 A1°,9 42°,7 —= 42°,3 42°,0 42°,3 42,°1 42°,1 416 49,1 Abtépénulitne jour... ee 40 4 37.9 40 8 30,5 41,0 40,0 40,0 41,0 40,1 40,1 Pénultième jour = 39 10 37,4 39,2 = 38,0 39 0 30 8 39 ,0 40 ,7 30 5 39 2 34,3 ro: DAUIES 37,7 D m5...) 505 D ns )........l 305 À 06 ]........| 956 : “ PA ke fs [0 41 | mort im, | 26,5 Feat cer R T7000)| aber | ESA D PET ù RAA road core eee Fe PE) OSEO EEE 29,5 « so “mort im, | 28,7 ï eff 58.6 [11450 | mon. | 26,5 FRET sm! mm, 26,5 26°,5 26°,5 26°,5 265 … ' 1?,33' | mort acc, 9,67 | mortim, | 26,4 |. 564 ter CPIENE) EPSCEE) FEREES CETTE mel. 10 7 OUnTERELLE TOURTERELLE 2 TOUNTENELLE 3' TOUNTENELLE À TOURTENELLE 5 TOURTENELLE 6 tounreneLce 8°. ToonTeneLLe 0° rovnrenezze 10 rovnreneice 11°. TOUnTENELLE 19° Tounreneise 13° rovnreneuce lâ* TOURTENELLE 15 TounteneLse 16 TABLEAU N° 84. EE — CRE RE TS 9 CA EE pen ns ES, ésénatr we 95 49° 42" 5 9 d Premier jour CO L 42° 0 — 42°5 JL 12° 0 4925 497 49°9 a nultitme Ÿ 39° 8 — — a1°0 40° 5 = 38 2 ail 39 1 FFE Antépénultième jour. .-....... .. 15! im 98° 7] PT 0 je 3 65 à m. S 0° à É FE 10 1 32 m. 37 G : Ë & 2 30° 8 30°5 Le : ; ; Pénultième jour. ..... ASC 048 Bm, 9à 9 V10Y2 pem. A6 à 37 7 40 3 37 Q 38 9 nn La 39 0 Miouit à Lheure.. | L 2 5 SOL I RAS TR tes DS250 2.184 9 à Tes 10 ES 5 Es : o Ale RCE] 3 |b5 2 J n ; ni Pr A ARR IRIS EF E AR FE Dernier jour...{ px à EA ES Eee fre Cf à .. : .f..…. . : 5 ï ace] lat . 5 30 |m' imt|19 2 HE a7 Fra Lena el g D RS EE RAS le Û HAE he 1061951/mtimtl29 9 8 9 9 ON En EEE fi OS 1 PE PA EE 0 EE RS ES SN ES) RECEE LEE] QU 01 RESTE) EEE ADCEI ELEC) LEGS LESEEY Lin LETE Le CE LOC) ARLES) EDIZEE FORCE) ECOLE CE 2 SRE) LEGS) EEE CCE CT UE _ A ATPRE ru 1 0|2.m.|31 8 | 4 Omtimt{22 3 Chaleur Gnale au moment de la mort er ° Û 90° 99° 99 5° je o o . . 2 imminente... ...-. RS SCC _— 21°3 191 20°3 22%7 22°3 25°5 22°9 23° 1 258 25%1 223 25°0 25°3 23°9 229 230 ARTE rovereneise 18*, | rocnreneuve 20 | rovnrensste 21°, | rovnreueue 22 | rovnreneusr 29°, | rounreneuse 25, | rounrenesce 26°. | rounrenesse 28. | rounreneuue 29. | rounreneuse 10. | rounreneuue 94°, | rovnrenrire 97° MOYENNE GÉNÉRALE ——— | —————— | — | — | ———— | —————— | ——— | ——— | ———————…—_—_—_—_———_——_———— Premier jour. . = 415 A1°5 120 42°7 41% 9 = 130 = Antépénultième jour. - 39 8 40 0 40 0 40 5 40 0 39° 2 cs no Pénultième jour... ... 39 5 39 7 30 5 10 0 10 8 35 7 = 390 0 1015 p.m. 39 3 5 Minuit à : bd IE ; nor lb elles FT 3 - Été Bee fol ed] .| 328 |......lo2u7 5 |. . meesfesssl.... | 5 26 | mort.[18 8 p 6368 |int ae,|30° 0 7 É ë 9 0 1 Dernier jour... 10*20!|m° * ac. SUR L'INANITION. MOYENNE 1°" Larnx, 29 LAPIN. 3° LAPIN. 4° LAPIN. 5° LAPIN. o générale, u n° 86. g UT snssssese — 399,1 38°,4 38°,2 37°,9 38°,4 ième jour,... 38°,1 38 ,4 87 ,9 — _ 38,1 BJOUr «s ss 37,3 _ _ 370,7 _ 37,5 uit à 1°... qu 2... 2 S---n L'PPER L Dusoe Grrs mms ete ote .... …. [58 50'Îtr, mt. Ô 7.....| 6P45'Îtr. m'. 7 Een 00] at 9 ER .... 8 O'ltr. m', 8 C'EPENE 9 1606 | 12800 SO Han ME oc 0) L0 Al, 3 midi... |.....)...4., .112 0 mort .| 27 ,0 Da 1... d CTEPE [2 shodct 3 (UACEE L Déntemlses celeeissofectses seine |estes|e elscsselecenlee sels d20:ltre mt: 6... Le 4 MY PRERE, UE. DU I... Din Lio... DL 11... IN minuit... (ÿ g au moment 566 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES 1° cocmox 2° cocnox 3° cocnox 4° cocnox 5° cocnox TABLEAU N° 8 7 À d'Inde. d'Inde. d'Inde d'Inde. d'Inde. Premier jour. .,, 39°,2 Antépénultième jour, 36 ,9 Pénultième jour ...... JS 0 ALERT +] 74 O'ltr. mt, 1289, 1 Dernier jour. 6 56 [mort..|28, 7 mort..|20 , 2 , 8] 449'l.....1379, 4).....1....,.1...| 4338'Îm. im.|22°/@ 1 1 | minuit... Chaleur finale au moment de la mort... SUR L'INANITION. 567 MOYENNE 2° POULE. se TABLEAU N° 88. générale. Premier jour 42°,5 Antépénultième jour : 40 ,6 Pénultième jour 39,2 Minuit à l? 10/56 | 11 midi 1141 /l | Midi à Dernier jour. mort. lninut.-2 Chaleur finale au moment de la 568 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES TABLEAU N° 89. Premier jour Antépénultième jour Pénultième jour. ....,............ ss... Minuit à 1° 1 2 3 ni 5 6 7 8 9 = =] 11 Dernier jour Midi Brin 0004000 PARENT Chaleur finale au moment de la mort.......... Mec cers CORNEILLE. SUR L'INANITION, 569 Les animaux qu’on inanitie présentent les symptômes généraux suvants: Restés calmes pendant une partie plus ou moins grande de l'expérience, par exemple, pendant la première moitié !, les deux tiers ?, ou la presque totalité de celle-ci *, ils deviennent ensuite plus ou moins agités!; et cette agitation continue aussi long- temps que la chaleur animale reste encore élevée. Quelquelois l'agitation commence dès le début °. Le dernier jour de la vie, l'agitation cesse et est remplacée par un état de stupeur°; l'animal mis en liberté, tantôt regarde avec étonnement autour de lui, sans chercher à s'envoler’, tantôt ferme les yeux, comme dans un état de sommeils, Cet état de stupeur s'accompagne d’un affaiblissement graduellement crois- sant! la station devient vacillante et la tête branlante !; les orteils froids et livides se mettent en boule, et empêchent l'animal de se fixer solidement sur le sol”!, quoiqu'il puisse encore se tenir debout en s'appuyant sur le ventre et les ailes; mais bientôt il tombe sur le côté, et il y reste couché immobile, comme on l'y place, et sans pouvoir se relever ©. Enfin l'animal s’aflaiblit de plus en plus : la respiration se ralentit; la sensibilité diminue graduellement ; la pupille se di- late et la vie s'éteint, tantôt d’une manière calme et tranquille, tantôt après quelques spasmes, de légères convulsions des ailes, et de la rigidité opisthotonique du corps *. ! Pigeons 2 et 10. = Pigeons 12 et 14. 3 Pigeons 27, 28, 31, 32, 33, 34 ; tourterelles 23, 28; poules 1, 2; corneille 1. # Pigeons 2, 10, 12, 14, 20, 27, 31; tourterelle 29. 5 Pigeons 6, 18, 21. Pigeons 2, 6,8, 25, 31, 33; tourterelles 23, 24, 28; poules 1, 2; corneille 1, 7 Pigeons 28, 32. 5 Pigeons 2, 28, 32; poule 2. ° Pigeons 2, 6,14, 20, 21, 27, 32. 10 Pigeons 2, 32. 11 Pigeons 32, etc. 12 Pigeons 2,12,14, 27, 28; tourterelles 23, 24, etc.; poules 1, 2; corneiïlle 1. 13 Pigeons 10, 14,18, 25, 30; corneille 1. 8. 72 570 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Telle est l'histoire abrégée des symptômes généraux de l'ina- nitiation. Etudions-les avec plus de détail dans les différentes fonctions du corps, et commençons par la chaleur animale, qui fournit la clef de tout ce qui se passe alors. À. CHALEUR ANIMALE. La chaleur animale, dans le dernier jour de la vie, présente des changements très-importants, dont nous allons nous occuper. 1. La division de nos expériences par périodes d'égale durée nous a déjà fait voir la chaleur animale s’abaissant d’une manière lente et graduelle, depuis le premier jusqu’au pénultième jour de l'inanitiation, le dernier jour ayant toujours été réservé, Main- tenant, en laissant de côté, pour le moment, tout ce qui se rapporte à l’oscillation diurne de la chaleur, pour ne nous oceu- per que du refroidissement successif d’un jour à l'autre, les expériences dont se composent nos huit derniers tableaux nous fournissent, quant à la quotité de ce refroidissement jusques et y compris le pénultième jour, le résultat général et moyen sulvant : REFROIDISSEMENT TOTAL ET COLLECTIF TABLEAU N° 90. du 1° au pénultième jour. See 416 47 ,0 2 poules corneille Ce refroidissement, divisé par la durée moyenne de la vie de nos animaux inanitiés, moins un jour, c'est-à-dire 9j,7 — 11,0 .SUR L'INANITION. 571 — 8,7 (tableau 16), donne pour la moyenne du refroidissement successif d’un jour à l’autre, depuis le premier jusqu'au pénul- tième jour, = — 0°, par jour. 2. Ce refroidissement successif et Journalier moyen prend subitement, le dernier jour de la vie, un accroissement consi- dérable. Nous obtenons, en effet, pour la différence moyenne entre le pénultième et le dernier jour, en nous bornant à ceux des animaux des huit tableaux précédents chez lesquels ce der- nier Jour a été observe : REFROIDISSEMENT TOTAL ET COLLECTIF TABLEAU N° 91. du dernier jour. 13 pigeons ont perdu collectivement 178°,1 12 tourterelles i 189 ,9 2 poules L 221 1 Corneille L 7 3 lapins 1 ,1 Ainsi le refroidissement du dernier jour, comparé à celui des jours antécédents, a été — 14°,0 : 0°,3 — Â7 : 1, c'est-à-dire que, dans le dernier jour de la vie, la chaleur animale, en moyenne, a baissé 47 fois plus rapidement que dans chacun des jours précédents. 3. Cet abaissement a été réellement beaucoup plus rapide encore, car 1l s’est effectué dans moins de vingt-quatre heures, puisque le dernier jour de la vie n’a pas toujours été un jour plein. En rapprochant pour le dernier jour de nos séries la quo- üté du refroidissement du temps qu'il a mis à s'effectuer, nous obtenons les résultats suivants (tableaux 82 à 89 ) : + 72 572 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES a. Pigeons. : TEMPS ÉCOULÉ. ee TABLEAU N° O2. PES: 17 n () 140 13 132°,30 140 ,22 Ce qui donne un refroidissement moyen de = 0° ,94 par heure pour le dernier jour de la vie. b. Tourterelles. En répétant pour elles la récapitulation que nous venons de faire pour les pigeons, nous obtenons sur 16 d’entre elles, pour 102" 5, un refroidissement collecüf de 1 76°,5; 3 Je 176°,50 ce qui donne un refroidissement moyen — 102,04 (3 19,78 PES heure. Cette moyenne, comparée à la précédente, montre que, pendant le dernier jour, le refroidissement horaire des tourte- relles a surpassé de o°,79 celui des pigeons, ce qui s'explique en grande partie par la différence de volume du corps, de petits animaux devant se refroidir plus rapidement que de plus gros. SUR L'INANITION. 573 c. Poules. Les observations du dernier jour sur elles em- brassent un temps trop limité (24° pour l’un et 45’ pour l'autre), pour pouvoir en déduire la marche du refroidissement pendant le dernier jour. d. Lapins. D'après une seule observation faite sur l’un de nos cinq animaux, je trouve qu'en 2h39" le corps s’est refroidi de 4,7, ce qui donne un refroidissement moyen de 1°,77 par heure. e. Cochons d'Inde. Les observations sur deux d’entre eux m'ont fourni pour 11*12° un refroidissement de 16°,6, ce qui donne un refroidissement moyen de 1°,48 par heure. Combinant maintenant toutes ces observations, nous en for- merons le tableau suivant : B : | REFROIDISSE- TEMPS ÉCOULÉ, TABLEAU N° 93. MENT. Pigeons 140*13" 132°,3 Tourterelles 176,5 4,7 16,6 Ce qui donne pour résultat général, pendant le dernier jour, un refroidissement moyen de HR 256 ,15 dire un refroidissement 103 fois plus rapide que celui de chacun des jours précédents, lequel, comme on l'a vu, n’était que de o°,3 par jour. Ce résultat nous fournit la conséquence suivante : c'est que, chez nos animaux inanitiés, la caloricité n’est pas complétement éteinte le dernier jour, même à une époque assez rapprochée de la mort, moment où en général ces observations ont été recueil- lies ; car nous verrons plus tard que nos tourterelles, par exemple, lorsqu'elles paraissent ne plus produire de chaleur, se refroi- — 1°,29 par heure, c’est-à- 574 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES dissent au taux de 4° à 6° par heure; et, quant à des animaux plus gros, nous avons établi dans un autre mémoire que les chiens, lorsqu'ils cessent de produire de la chaleur, se refroi- dissent à raison de 2°,4 par heure, au moins dans le commen- cement du refroidissement !. h. Ce refroidissement du dernier jour, au taux moyen de 1°,3 par heure, ne s’est point fait avec uniformité. L'étude attentive de nos tableaux nous montre que, même ce jour-là, la réaction diurne se faisait quelquefois apercevoir (pig. 6°, 8°, 12°, 14°, 21° et 22°), et faisait remonter la chaleur à midi au-dessus de son taux précédent à minuit. D’autres fois l’'abaissement se suspendait pendant plusieurs heures, pendant lesquelles animal restait plus ou moins refroidi, mais cependant stationnaire, parce que la pro- duction se maintenait de niveau avec la déperdition. Aussi, quand on compare le refroidissement pour les portions du dernier jour les plus éloignées de la mort avec celui des portions de ce même jour qui en sont les plus rapprochées, l'on trouve labaissement moyen plus considérable dans ces dernières que dans les pre- mières. C’est ainsi que six de nos tourterelles (tourt. 5°, 6°, 12°, 13°, 14 et 24°), nous ont fourni, pour les premières heures du dernier jour : Din 0eme er erreur VE 1 . 70 44°,40 ce qui donne un refroidissement moyen de 015 par 38 ,57 heure ; tandis que, pour les heures les plus rapprochées de la mort, ces six mêmes tourterelles nous ort donné : Dans toM srl et Le rl MES DATE c'est-à-dire un refroidissement moyen de —1,2%96rypar heure, ainsi près de trois fois plus considérable que dans le premier cas. L'on trouverait pour les pigeons des résultats analogues. Pour abréger, nous n’insisterons pas, et nous nous bornerons à dire ! Mém. sur l'influence du syst. ner. sar la ‘chal, anim. p. 11. SUR L'INANITION. 575 que c’est là la cause des anomalies que présente la marche du refroidissement pendant le dernier jour chez plusieurs de nos animaux. 9. L’abaissement total, depuis le premier jusqu'à la fin du dernier jour, a été en moyenne comme suit : REFROIDISSEMENT TABLEAU N° 94. COLLECTIF, D 14 pigeons ont perdu collectivement 224°,9 12 tourterelles, . , .idem 218 ,7 28 ,6 7,6 1 lapin... idem... 11 ,4 3 cochons d'Inde.idem........., 45 ,1 ——_——_—_— | SomuE 530 ,3 Ainsi l’abaissement total qui a amené la mort a été en moyenne 536°,3 : — 111003; 33 è 6. Le degré de chaleur auquel la mort est survenue a été en moyenne comme suit : RÉSULTAT TABLEAU N° 9. COLLECTIF. ne | 15 pigeons. ; 393°,3 19 tourterelles 436 ,5 2 poules 9 50 56,3 Î corneille 94 ,2 27 ,0 71 6 ———_— 1,018 ,9 576 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Ce qui donne pour la chaleur moyenne au moment de la mort 1018°,9 — 2 49,9. 41 Dans les vingt-quatre autres expériences que nous n'avons pas pu faire entrer dans ce tableau, parce que le degré de chaleur au moment de la mort n'avait point été constaté (sauf dans quatre cas sur lesquels nous reviendrons), lorsque dans le cou- rant du dernier jour il y a eu des prises de chaleur, elles ont toujours indiqué un abaissement plus ou moins grand de la cha- leur animale. Ces observations sont incomplètes, mais, dans les limites qu’elles embrassent, elles concordent avec les autres. 7. La chaleur minimum au moment de la mort a été — 18°,5 (20° pigeon); la chaleur maximum = 3/4°,2 (corneille). 8. Les quarante et une expériences précédentes se sont classées de la manière suivante, quant au degré de chaleur au moment de la mort : DÉTECTE ER REA RS 1 8 cas. DE D TAC PTE ON NAT 21 DE SO LD eee ASE AUIMELERE Pr TOTAL Re RU Ainsi la mort arrive généralement et indifféremment entre 18° et 30°, très-rarement au-dessus de 30°. Maintenant, en rapprochant les uns des autres les différents résultats auxquels nous venons d'arriver, et, en particulier, en voyant nos animaux inanitiés, qui ne baissaient en moyenne que de 0°,3 par jour le dernier jour de la vie, se refroidir dans une proportion 103 fois plus rapide, perdre 14°,0 de chaleur, et mourir à 24°,9, avec tous les symptômes de la mort par le froid, et au degré où succombent en général les animaux dans l’état sain plongés dans des mélanges refrigérants, il paraît évident que le mécanisme qui chez nos animaux inaniliés a amené la cessation de la vie a été le refroidissement du corps, et que ce refroidisse- ment, à peu près comme chez les animaux chez qui l'on a plus ou SUR L'INANITION. 577 moins complétement anéanti l'influence nerveuse, a été le résultat de la diminution graduelle de la faculté de produire de la cha- leur!. Nous aurons bientôt l’occasion de fournir la preuve de la justesse de notre conclusion. Une circonstance qui mérite cependant d’être remarquée, c'est que l’inanition, en se prolongeant, rend les animaux telle- ment faibles (surtout lorsque le refroidissement final a déjà com- mencé), qu'une cause assez légère sufht quelquefois pour ame- ner une syncope mortelle. C’est ainsi que quatre de nos animaux sont morts par l'introduction du thermomètre dans l’æsophage ou le cloaque pour la prise de la chaleur animale. Leur tempé- rature au moment de la mort était la suivante : TOUR- TOUR- PIGEON 2°. | PIGEON 30°. TABLEAU N° 96. TERELLE 28°. | TERELLE 20°. Chaleur initiale. ......,... Chaleur au moment de la mort accidentelle... ,... : L'on voit que chez tous la chaleur animale avait déjà baissé, et elle l'aurait fait bien davantage encore, au moins chez trois !? Dans mon Mémoire sur l'influence du système nerveux sur la chaleur animale, j'ai établi qu'au moment de la mort, la chaleur animale se trouvait abaissée aux degrés ci-après chez des animaux soumis aux genres de mort que nous allons énumérer: Section du cerveau au-devant du pont de varole; respiration spontanée 24°,0 Commotion violente du cerveau ; insufllation pulmonaire 22,3 Section de la moelle épinière dans le 1°° espace intervertébral dorsal; respiration spontanée. ...,....... [25 ,2 Section de Ja moelle épinière dans le 2° espace... ... .. d id ... [23 ,0 Section de la moelle épinière dans le 3° espace... à i 121,7 Section de la moelle épinière dans le 6° espace. . _ ... [19,8 Section de la moelle épinière dans le 9° espace. CU: DOC id. - [26,0 Section de la moelle épinière dans le 10° espace. .ù C 28 ,5 Paraplégie par la ligature de l'aorte descendante avant sa sortie du thorax 28,3 Mort par immersion dans un mélange réfrigérant , environ 26 ,0 MOYENNE ses erlem essences .124,5 578 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES d’entre eux, sans la syncope accidentelle qui a amené la mort, puisqu'ils paraissaient avoir encore plusieurs heures de vie au moment de dla prise de chaleur. La possibilité d’une syncope pa- reille se conçoit aisément, en se rappelant les résultats que l’au- topsie nous a fournis sur la diminution du poids du cœur, et l’on voit quelle faible limite de force nerveuse sépare la syncope par imanition de la cessation de la caloricité. Du reste, ces quatre animaux étant morts d'une manière ac- cidentelle, quoique leur degré de chaleur au moment de la mort eût été déterminé, nous avons dû, pour nos conclusions sur le dernier jour, les séparer de ceux chez qui la mort était survenue naturellement. 9. Continuons nos recherches sur le mécanisme de la mort, et examinons maintenant la marche de la chaleur eu égard à l’oscillation diurne. A cet effet, reprenant les résultats fournis par les douze pigeons du tableau 82, divisons en trois tiers le nombre de jours entre le premier et l’antépénultième de chaque série, et prenons la moyenne des tiers de même nom; nous en formerons le tableau suivant : CHALEUR ANIMALE MOYENNE. TABLEAU O7 © Midi. Minuit. | Différence. Premier jour LE A2°,3 A0°,4 1°,9 1° tiers des sept jours ... 42 ,0 39,6 2 ,4 Jours entre le premier et l'antépénultième (en { 2° 1dem 41,8 38 ,7 1 moyenne sept jours ).. 3° idem A1 ,6 37,9 2 Antépénultième jour Al ,4 3739 3,9 Pénultième jour SR A1 ,0 36 ,7 4,3 Dernier jour : chaleur au moment de la mort 26 ,0 10 ,7 Nous ferons sur ce tableau les observations suivantes : a. La chaleur animale de midi s’abaisse régulièrement, mais SUR L'INANITION: 579 seulement d’une petite quantité, parce que ce n’est pas l'heure à laquelle le corps tend à se refroidir. b. La chaleur de minuit s’abaisse régulièrement aussi, mais d'une manière bien plus rapide, parce que c’est alors que lin- fluence nocturne se fait apercevoir. c. Ji résulte de là que la différence entre midi et minuit, c'est- à-dire l'abaissement nocturne suit une marche progressivement croissante , et que l’oscillation journalière de la chaleur augmente en étendue, à mesure qu’on se rapproche davantage de la mort. d. L'on se rappelle, sans doute (voyez tableau 63), que l’os- cillation normale — 0°,74. En rapprochant sa valeur de celle que renferme la 3° colonne du tableau précédent (tableau 97), lon voit que cette oscillation n’est que le minimum de toutes celles que le corps est susceptible d’éprouver, et que le passage de l’é- tat normal à l’état inanitial n’est “scan que par l'augmentation de la valeur de l’oscillation. e. L'abaissement de l'antépénultième nuit— 3°,9 ; celui de la pénultième — 4°,3; et enfin l’abaissement final, qui a amené la mort, — 10°,7. Il résulte de là que ce dernier abaissement n'est qu'un peu plus du double de celui de la nuit précédente, et moins du triple de celui de l’antépénultième nuit. L'on voit alors que le refroidissement final n’est qu'un abais- sement plus étendu que celui des nuits précédentes, un abaisse- ment maximum à la suite duquel la réascension diurne ne peut plus avoir lieu, parce qu'il atteint la limite à laquelle le refroi- dissement est incompatible avec la vie. I résulte de là que l'inanitiation a pour effet d'accroître pro- gressivement l’oscillation diurne de la chaleur, jusqu’à ce que le refroidissement devienne assez grand pour que la réaction diurne ascensionnelle ne s'opère plus ou presque plus, et que l'animal périsse prochainement de froid. 10. L'heure de la mort mérite à son tour de fixer notre atten- tion, parce qu'elle se rattache aux influences que nous étudions. IL est bien vrai que, comme la mort n’est que la conclusion d’un 70 580 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES phénomène commencé plusieurs heures auparavant, l'époque à laquelle elle survient serait peut-être moins importante à con- naître que celle du début du refroidissement final, lequel, on peut le dire, est le commencement de la mort. Mais, ce début étant très-difficile à constater, surtout à causes des syncopes mor- telles que peuvent amener de fréquentes prises de chaleur dans ce degré de débilité du corps, le terme du refroidissement, c'est-à-dire la mort réelle, a été la seule partie dont je me sois occupé. En divisant les 24 heures en deux périodes de 12 heures, l’une de midi à minuit et l’autre de minuit à midi, et classant nos animaux dans l’une ou l’autre de ces divisions, d’après l'heure à laquelle la mort réelle ou imminente est survenue, nous obtiendrons les résultats suivants : NOMBRE TABLEAU N° 98. des morts. L'on voit par là que la mortalité de midi à minuit a beaucoup dépassé celle de minuit à midi, d’où résulte la conséquence in- téressante que l’époque maximum de la mort est celle de l’abais- sement de la chaleur animale par le développement de l'influence nocturne, et l'époque minimum celle où la réaction diurne ten- drait à faire remonter la chaleur’. C'est ainsi que l'époque de la mort se lie aux phénomènes des jours précédents. Dans ceux-ci nous avons vu le refroidisse- ment nocturne augmenter de plus en plus depuis le premier jus- ! Le refroidissement étant ralenti par l'augmentation du volume du corps, peut-être fau- drait-il, pour de plus grosses espèces d'animaux, établir une coupe des vingt-quatre heures un peu différente pour retrouver le résultat ci-dessus. SUR L'INANITION. 581 qu’au pénultième jour; et le dernier jour, c’est à l'époque où l’a- baissement nocturne devait s'établir, que le refroidissement final a eu lieu et que la mort s’est effectuée. L’on peut donc dire que l'abaissement nocturne des jours précédents n’était qu'un com- mencement de mort, arrêté par une réaction diurne subséquente; et ce n’est que lorsque les pouvoirs de réaction ont été tout à fait épuisés, que l'influence nocturne a pu prendre le dessus, achever le refroidissement et amener la mort. Et ces pouvoirs de réaction conservatrice sont tellement puissants que, même pendant le refroidissement final, la chaleur étant déjà desoen- due aux environ de 34°, on voit quelquefois ce refroidissement final s'arrêter pendant plusieurs heures, pour recommencer en- suite et se terminer par la mort. L'on voit donc que, dans l'inanition, la mort se lie à l’oscilla- tion diurne, et l’on conçoit comment, le refroidissement de la nuit étant l'élément de la mort, il est possible chaque soir de constater les premiers rudiments de celle-ci. Et cela peut s'entendre aussi de l’état normal, puisqu’à l'in- tensité près, l’oscillation diurne s’y manifeste d’une manière sem- blable. Maintenant, quel rôle l'anémie joue-t-elle dans ces phéno- mènes? L'inanitiation amenant la destruction successive du sang, la chair musculaire (pour ne pas parler des autres parties du corps) en opère la réparation, et, ense résorbant, maintient pen- dant un certain temps la crase du sang dans un état à peu près uniforme. Cependant, plus la chair musculaire a donné et moins elle peut continuer à le faire. Des phénomènes curieux, sans doute, doi- vent se passer entre la force qui tend à faire rentrer la molécule musculaire dans le sang, et celle qui tend à la retenir dans le muscle. Quel rôle l’'amoindrissement progressif de la force du cœur par la destruction successive de sa chair musculaire joue- t-il dans tout cela? C’est ce qui ne s'explique point encore. Mais dans tous les cas la masse du sang diminue, et avec elle dimi- 582 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES nuent bien probablement aussi la force nerveuse, l'oxygénation du sang et le dégagement d'acide carbonique. L’oscillation diurne devenant de plus en plus étendue, la chaleur animale s’abaisse chaque soir davantage, et enfin l'animal périt dans un degré plus ou moins grand de refroidissement, en général pendant la pé- riode de labaissement nocturne de la chaleur. Telle est en abrégé l’histoire de ce qui se passe alors. Repre- nons maintenant l'étude des diflérentes fonctions dans l'inani- tation. B. RESPIRATION. Il eût été intéressant de faire pour l’inanitiation une expérience analogue à celle du docteur Prout pour l'alimentation normale. L'on eût, sans doute, trouvé d’assez grandes différences pour le dégagement de l'acide carbonique entre le jour et la nuit. N'ayant fait aucune recherche de cette nature, je me bornerai à présen- ter ici le résultat de mes observations sur les mouvements respi- ratoires, soit avant, soit pendant le dernier jour de la vie, sans distinction entre l’abstinence complète et l'alimentation insuffi- sante, parce que les effets de ces deux manières d’être sur la respiration sont absolument les mêmes. VINGT-HUITIÈME EXPÉRIENCE. Sept de nos pigeons(n® 4, 6, 8, 10, 12, 14 et 16) ayant été soumis à la privation des aliments, la respiration pendant la sé- rie même de l’inanitiation a été comptée avec toutes les précau- tions possibles pour que les animaux ne fussent point dérangés pendant la détermination. Ces prises de respiration se faisaient à midi et à minuit, immédiatement avant la prise de chaleur, et, pour mieux éviter les erreurs, chacune de ces prises durait de deux à cinq minutes consécutives. Des déterminations de respiration analogues, sauf l'heure qui tombait sur quelque autre partie de la journée, ont été faites SUR L'INANITION. 583 sur les six tourterelles n® 7, 10, 11, 25, 26 et 27, inanitiées, les deux premières par l'abstinence complète des aliments, et les quatre dernières par une alimentation insuffisante. Le détail journalier de ces différentes observations est consigné dans le tableau ci-dessous, n° 99. RESPIRATION PENDANT L'INANITIATION. PIGEONS. TOURTERELLES, oO TABLEAU N° 99. . 16°. | 8°.110°.112°.114°.116°.1 7°. [10°.111°.125°.126°.127°. État initial: respiration par minute ù 24 54 | 48 20 51 A1 40 42 Al Al 33 38 34 31 37 34 37 38 A2 NT CLEA ER STD PAU ES De TRES ES NS SNRRON ÉRRERENRE OR Le ” | 40 Nous ferons sur ces résultats les remarques suivantes! : 1. Respiration normale. En prenant comme représentant à peu 1 Nous avons omis à dessein, dans ce tableau, les observations de minuit pour nos sept pigeons. Nous ne nous en occuperons qu'un peu plus tard. 584 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES près l’état normal ce que nous avons appelé l’état initial de la respiration chez nos différents animaux, c'est-à-dire la respiration telle qu’elle était au début de linanitiation {1° ligne du tableau ci-dessus), l'on obtient en moyenne : « 215 Pour les pigeons!........ ns 31; 245 Pour les tourterelles...... = A9. 2. Respiration du premier à l'avant-dernier jour, ces deux jours in- clusivement. Cet intervalle de temps, qui représente la totalité de linanitiation, sauf le dernier jour, nous fournit les résultats sui- vants : a. La moyenne de la respiration par minute a été ’ 3 Pour IDEONS RE ER DE 5e; les pigeo Re 23; 1867 Pour les tourterelles. ...... = lo 7 D'où l'on conclut que, dans les limites de temps précitées, l'ina- nitiation a fait baisser la respiration en moyenne — 31 + 49 : 23 hs ho = 5 : A. . En divisant par tiers d'égale durée celles des séries du ta- dois précédent (tableau 99) qui en sont susceplübles, c’est-à- dire, pour les pigeons, les séries 4, 6, 8, 10, 12, 14, 16, et, pour les tourterelles, les séries 10, 11, 25, 26, et en prenant pour l’une et l’autre espèce d'animaux isolément la moyenne des tiers de même nom, l’on obtient : RESPIRATION PAR MINUTE. TABLEAU N° 100. Pigeons. Tourterelles. 1°” tiers des séries A1 2° idem 38 3° idem Les 34 ! Pour les pigeons, nous avons obtenu précédemment (tableau 66), pour la respiration normale moyenne, 36 par minute, résultat peu éloigné du précédent. SUR L'INANITION. : 585 Par où l'on voit qu’à mesure que l’inanitiation fait des progrès, la respiration tend graduellement à se ralentir. 3. Respiration pendant le dernier jour. Jai obtenu à cet égard les résultats suivants : a. La respiration est plus lente le dernier jour que les jours précédents. Les nombres fournis, d’une part, par nos sept pi- geons (4°, 6°, 8°, 10°, 12°, 14°, 16°), et de l'autre, par cinq de nos tourterelles (7°, 10, 11, 26°, 27°) nous donnent les résultats suivants : : 135 Pour les pigeons. ....... — — 19; 7 3 Pour les tourterelles..... DÉEE 29. La moyenne pour le dernier jour fournie collectivement par ces douze animaux, comparée à celle que nous avons déjà obtenue pour l’état initial, donne, pour la fréquence relative des mouve- ments respiratoires au début et à la fin de l’inanitiation, le rap- port de 31 +49 : 19 + 29=5:3, rapport plus grand, comme on voit, que celui entre l’état initial et la totalité de l’inamitiation, déduction faite du dernier jour. b. Pendant la durée même de ce dernier jour, la respiration continue à se ralentir à mesure que le refroidissement fait des progrès. Ainsi, chez les six tourterelles(6°, 7°, 9°, 10°, 13*et27°), la moyenne des respirations observées pendant les six dernières Ê 426 : o heures de la vie —— = 2 par minute, tandis que la moyenne 17 du dernier jour lui-même — 29, comme nous venons de le voir. c. Quoique la respiration se ralentisse à mesure que le refroi- dissement fait des progrès, cependant, aux approches de la mort, quelquefois elle s'accélère au point de devenir haletante (tourte- rellés 9°,.12°,12°, 1/86). d. Enfin, quoique dans les dernières heures de la vie les mou- vements respiratoires continuent à s’opérer, cependant la fonction respiratoire elle-même paraît ne presque plus s’exécuter. C'est au 8. 74 586 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES moins ce que l'on peut conclure, « du refroidissement du corps, & de la teinte bleuâtre des extrémités, y de ce que chez quelques- uns de nos animaux, chez lesquels, pendant les dernières heures de la vie, les évacuations abdominales se sont trouvées suspen- dues, le poids du corps, pendant ces mêmes heures, n’a presque pas varié, ainsi qu'on le voit par le tableau suivant : TEMPS ÉCOULÉ PERTE entre TABLEAU N° de poids. les pesées. gram. Tourterelle n° 0 ,129 0 ,065 0 ,065 0 ,065 0 ,000 0,194 0,518 C'est-à-dire de 0,0087 par heure pour chaque animal. Or cette quantité devant être répartie entre la vapeur d’eau et l'acide car- bonique, la perte sous ce dernier chef doit être nécessairement réduite à presque rien. Nous avons vu précédemment (tableau n°8) que la perte horaire moyenne de nos tourterelles était — 05,354. Elle était donc plus de quarante fois plus forte que celles de ces dernières heures. 4. Influence diurne. Quant aux effets diurnes, la facilité d'agi- tation des animaux qu'on inanitie, quand on les approche pen- dant la nuit, ne m’a pas permis de constater ces nuances délicates aussi bien que je l’aurais voulu: Quoi qu'il en soit, voici les ré- sultats que j'ai obtenus sur six des pigeons du tableau 99. SUR L’INANITION. 587 NOMBRE SOMME des jours DES RESPIRATIONS. d’observati F =: EE à observation. Midi. Minuit. TABLEAU N° 102. 71 110 Ainsi la respiration augmente la nuit relativement au jour, dans la proportion de 24:22. Je ferai sur ce résultat l’observa- tion suivante : Dans l’état normal, et, en partie, chez les mêmes individus, nous avions obtenu (tableau 66), pour la respiration moyenne de midi et de minuit les nombres de 36 et 32 par minute. En rapprochant de ces valeurs celles que vient de nous fournir le tableau précédent, il en résulte pour la respiration de minuit dans linanitiation : a. un ralentissement relatif, quant à la respiration normale de minuit, ce qui est conforme à ce nous avons observé précédem- ment pour l'heure de midi ; b. Une accélération relative, quant à la respiration de midi dans l'inanitiation. Quant à ce dernier point, comme nous avons trouvé que, dans l'état normal, l'influence de la nuit ralentissait la respiration au lieu de l’accélérer, il me paraît probable que l'accélération rela- tive observée dans l’inanitiation n’a tenu qu'à la facilité de réveil des animaux dans cet état, et à l'excitation momentanée qui en résulte. Du reste, pour les mêmes six animaux du tableau 102, et pen- dant les mêmes 43 jours d'observation, les nombres respiratoires « 74 588 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES TN 22 minuit = 2/4? Le 1790°,0 midi -? 41°,63. —38?,90! ci-dessus , ont correspondu à une chaleur ani- male moyenne — 1650°,4 minuit 43 C. CIRCULATION. J'ai cherché plusieurs fois à m’assurer de l’état de la circula- tion ; mais, sur les animaux dont je me suis servi, il m'a été 1im- possible de le faire avec quelque précision. Cependant je crois pouvoir aflirmer que, dans le dernier jour de la vie, le cœur se ralentit et s’affaiblit progressivement. Il n’est pas rare de rencontrer les oreillettes irritables, ou même se contractant encore spontanément, plusieurs heures après la mort: c'est ainsi que, chez le pigeon n° 16, l'oreillette gauche se contractait spontanément plus de 2"12, après la mort; chez la tourterelle n° 22, mêmes contractions, plus de 3123, après la même époque. D. rFÈcEs !. En résumant toutes celles de nos expériences d’abstinence qui renferment des observations à ce sujet, savoir : douze expé- riences sur des pigeons (n® 2, 4, 6, 8, 14,264 6512754846 32,33, 34); et huit expériences sur des tourterelles (n° 10, 15, 16,18,19,20, 28, 29), c’est-à-dire en tout vingt expériences, je trouve chez les animaux privés d’eau, comme chez les autres : 1. Que, le premier jour de l’abstinence, les fèces ont été assez copieuses, parce qu'elles renfermaient le résidu de l’alimen- tation des jours précédents ; 2. Qu’entre le premier et l'antépénultième jour, les fèces ont toujours été en fort petite quantité, mélangées de peu de liquides, 1 Dans ce qui va suivre, il ne sera point question des fonctions urinaires, parce que les expériences que nous allons examiner n’ont été faites que sur des oiseaux. SUR L’'INANITION 589 et composées principalement de matières bilieuses vert d'herbe; | 3. Que, dansle courant des trois derniers jours de la vie, et quand même l'animal était complétement privé de boissons, les fèces se mélangeaient d’une plus grande proportion d’eau, et of- fraient l'apparence d’une diarrhée colliquative, composée d’un mélange de matières vertes, de matières blanches salines et de beaucoup de liquides. Cet état ne commençait quelquelois que l'avant-dernier ou même le dernier jour seulement. Ces trois états différents sont représentés par la moyenne du poids quotidien des fèces à l’état humide pour les trois pigeons n® 25, 26 et 27, inanitiés par la privation complète des aliments proprement dits, mais avec de l’eau à volonté, savoir !. POIDS MOYEN DES FÈCES HUMIDES. 70 TABLEAU N° 103. 95° 26 97e pigeon. pigeon. pigeon. meme | meme | memes Moyenne. nee gram. gram. Ë Premier jour d’abstinence 4 1 18,13 19,60 Moyenne diurne pour les jours compris entre le 1° et les trois derniers jours . . Moyenne diurne pour les trois derniers L'on voit que rien ne ressemble plus à ce que nous avons ob- tenu pour la perte de poids diurne (tableau n° 8), que les résul- 26° 27° DÉTAIL JOURNALIER DU TABLEAU N° 103. pigeon: Pigeon. 1 joùr 2° 1dem 3 x 4 à 5° à Doe 6° idem... 7° idem... 8° idem. 99 idem. 10° idem. 11° idem. 12° idem. 13° idem. 14° idem. N. B. Pour les pigeons 26 et 27, le dernier jour n’est qu’une portion d’un jour entier. (Voyez tableau n° 1.) 590 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES tats que nous présente le poids des fèces quotidiennes. C’est qu'en effet ces deux choses sont intimement hées l’une à l’autre. A. Sauf l’âge des animaux, rien dans toutes ces expériences ne m'a paru avoir sur la durée de la vie une influence comparable à celle de la quantité des fèces. L’on pourrait presque dire que la durée de la vie est en raison inverse de la quotité relative des excrétions. Aussi, dans toute espèce d’inanitiation, est-ce surtout aux fèces qu'il faut avoir égard, soit qu'on cherche à estimer la durée probable de la vie, soit qu'il s'agisse d'obtenir la durée de vie maximum que comporte un mode quelconque d’inanitia- tion. Et cela se conçoit bien, à cause de l'influence qu’exerce, dans ce cas, la défécation sur le poids du corps, E. FONCTIONS CÉRÉBRALES. Nous avons déjà fait observer que nos animaux étaient assez tranquilles dans le commencement des expériences, et devenaient agités vers la fin. Cette agitation avait lieu le jour plus que la nuit chez les oiseaux, la nuit plus que le jour chez les lapins. Lorsque la chaleur animale s'abaisse et que le refroidisse- ment final commence à s'établir, alors les animaux tombent dans un état de stupeur de plus en plus profond. D’après les observa- tions recueillies sur vingt-quatre animaux (neuf pigeons, treize tourterelles et deux poules), je trouve, en moyenne, les résul- tats suivants, sur l’époque où ces différents degrés de stupeur commencent à se manifester. STUPEUR. A —— — — LÉGÈRE. PROFONDE. TABLEAU N° 104. 36°,9 c'est-à-dire qu’en général, Jusqu'à 39 degrés, l'on n’observe pas encore de stupeur ; qu’elle commence à s'établir, mais à un degré SUR L'INANITION. 591 léger toutefois, à 36 ou 37 degrés; qu'elle devient profonde à 31 ou 32 degrés. ÿ Dans l’état de stupeur légère, les oiseaux laissés en liberté ne cherchent pas à s'envoler; ils regardent avec étonnement autour d'eux et restent tranquilles en place. Dans la stupeur profonde, leur sensibilité est fort émoussée , leurs yeux sont fixes ou fermes, et ils restent immobiles, plongés dans une sorte de demi-assou- pissement, dont pourtant on les réveille avec facilité, tant que la mort n’est pas imminente. Cependant la sensibilité s’émousse de plus en plus; elle s'éteint en commençant par les extrémités et en finissant par la tête, et l'animal est mort. L'œil, qui avait cessé de cligner les 15 ou 30 dernières minutes de la vie, se ferme spontanément peu de mo- ments après la mort générale, et tout est terminé. F. FONCTIONS MUSCULAIRES. À l'exception d’un degré d’affaiblissement qui paraît peu con- sidérable, mais dont on juge mal cependant chez des animaux qu'on tient renfermés, les fonctions musculaires, jusqu’au der- mer et à l’avant-dernier jour, n’offrent rien de particulier. Dans les dernières vingt-quatre heures, à mesure que la chaleur animale s’abaisse, l’on voit les forces musculaires diminuer ; et il existe entre ces deux ordres de faits un parallélisme suffisant pour penser qu'ils sont liés l'un à l’autre, et que la faiblesse tient au refroidissement. La chute des forces musculaires suit, en géné- ral, trois degrés : 1. Dans le premier, les forces sont seulement diminuées, et l'animal conserve la faculté d'exécuter tous les mouvements qui lui sont naturels. 2. Dans le second, la station sur les pattes est encore pos- sible, mais l’animal ne peut se soutenir qu’en appuyant le ventre, les ailes, la queue et le bec. Cette station est très-vacillante, parce que, les orteils formant la boule, le corps ne porte que sur une surface arrondie, ce qui lui Ôte toute fixité, et exige 592 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES l'élargissement de la base de sustentation. Quelquefois l'animal peut encore voler, que la station sur les pAiies est déjà très-diffi- cile, parce que la faiblesse est plus prononcée dans les extrémités abdominales que dans les autres. Chez à peu près tous mes cochons d'Inde, j'ai observé que la faiblesse commençait par le train postérieur : ainsi, les pattes de devant se meuvent encore bien, que le train postérieur traine comme dans la paraplégie. Chez les lapins, l’étroitesse de les- pace où ils étaient renfermés ne m'a pas permis de constater cette particularité, sauf, et d’une manière imparfaite seulement, chez Îe troisième d’entre eux. 3. Dans le troisième degré, la station n’est plus possible. L'animal reste étendu dans # position qu'on lui donne, sans avoir la possibilité de reprendre la station. Vers la fin de cette période, quand la mort devient imminente, alors surviennent des convul- sions de l'iris, des spasmes des paupières et de l'œsophage, des rigidités et des soubresauts de tendons. J'ai recherché à quel point de chaleur animale ces trois degrés d’affaiblissement correspondaient, et j'ai obtenu, d'après les ob- servations faites sur vingt-cinq animaux, les résultats suivants : 1° DEGRÉ. 2° peGné. 3° DEGRÉ. TABLEAU N° 10. Affaiblissement Station Station difficile. impossible. 31°,8 26°,5 C'est-à-dire qu'aux environs de 37 degrés, soit pendant les cinq premiers degrés d’abaissement, la station s'effectue dans toute sa plénitude, mais que la fatigue survient assez promptement ; qu'aux environs de 32 degrés, soit après dix degrés de refroidis- sement, la station ne peut avoir lieu qu’en appuyant ventre, ailes, etc. enfin, que depuis 27 degrés, c'est-à-dire après quinze SUR L'INANITION. 593 degrés d’abaissement, la station est impossible, et la prostration se trouve complète. Nous allons voir bientôt combien nous avons raison de dire que les différents états que nous venons de caractériser se trouvent liés à l’'abaissement de la chaleur animale. IV. Du réchauffement artificiel. Les expériences précédentes nous ayant amené à conclure que, dans linanition, la mort arrivait par refroidissement (con- séquence naturelle de la diminution de la faculté de produire de la chaleur), il résultait de là que, si l'on soumettait les ani- maux déjà refroidis et près d’expirer à un réchauffement artifi- ciel, l’on devait retarder l'époque de la mort et changer le méca- nisme par lequel celle-ci arrivait. Tel est l'objet des expériences dont Je vais maintenant rendre compte. L'appareil dont ] Je me suis servi pour le réchauffement de mes animaux était aussi simple que possible : c'était un petit vase en fer-blanc, ouvert par le haut, garni de coton pour y placer l'ani- nal, et muni d’un double fond et d’une double paroi, entre les- quels on mettait un peu d’eau. Cette eau se réchauffait, et pou- vait ensuite se maintenir indéfiniment à une température très- douce, avec la flamme d’un ou de deux lumignons. L’étuve une fois en activité, l'on y plaçait l'animal, dont le réchauflement commençait immédiatement et se prolongeait à volonté. Passons maintenant aux expériences elles-mêmes. VINGI-NEUVIÈME EXPÉRIENCE. La tourterelle n° 2, dont le poids initial était — 1426,52, ayant été soumise à une alimentation insuffisante (tableau 30), vers la fin du 6° jour de cette alimentation, se trouva arrivée à ‘état de mort imminente, et son poids était réduit à 928,66. Dans l’état en question, la station, depuis deux heures de temps, était devenue impossible : le corps était étendu, la tête pendante ; 8. 75 594 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES les eux étaient ouverts, fixes, sans clignotement, et le froisse- ment des orteils n’accusait plus qu'un faible reste de sensibilité aux extrémités postérieures. La respiration, depuis quelques minutes, n'était plus appréciable; le corps froid; la chaleur animale — 23°,0. La perte de poids intégrale proportionnelle = 0,360. C’est dans cet état, que j'appelle de mort imminente, parce qu'au bout de peu de minutes il devait se terminer par la mort, que J'ai placé l'animal dans l’étuve, et que j'ai commencé le réchauffement. Appelons 6",o' le moment du début du ré- chauffement, et voyons ce qui est arrivé pendant la durée de celui-ci. TEMPS du RÉCHAUFFEMENT . Mort imminente; début du réchauffement La respiration est devenue très-marquée. Ba respiration est bonne; l'animal est plus animé : il remue la tête. Les yeux sont redevenus sensibles, et le clignotement est rétabli. Respiration naturelle; la vie revient de plus en plus. L'animal est bien vivace; il agite ses ailes comme pour se sauver. La station sur les pattes est redevenue possible; mais elle est encore chan- celantée, et l'animal ne se soutient qu'en agitant ses aïles : tête encore vacillante. L'animal parait bien remis. Etant obligé de le quitter, je l'enveloppe d'un tissu qui l'empêche de s'envoler de dessus l’étuve pendant mon absence. A mon retour, je trouve l'animal mort sur l'étuve, la tête renversée en ar- rière, dans un état d'opisthotonos. La chaleur dans le cloaque = 48°,7; le poids du corps —908,58 et la perte pendant le réchauffement — 28,08. L'animak n'ayant pas pu quittér l'étuve, comme il l'aurait fait s'il n’y avait pas été emprisonné , il est évident que sà chaleur s’y était élevée progressivement à Cinq où six degrés au-dessus de l’état normal, ce qui était plus que suffisant, comme on sait, pour amenêr la mort par la chaleur. SUR L'INANITION. 595 J'avoue que ce n’a pas été sans la plus vive satisfaction que j'ai vu un animal arrivé par l’inanition au dernier terme de l’insensibilité , de la prostration et du refroidissement, renaïtre, en quelque sorte, et reprendre rapidement un grand degré de force muscu- laire et de sensibilité, et cela sans nourriture, sans boisson, et sans autre secours que l'application de la chaleur artificielle. C’e- tait là, sans doute, la vérification la plus complète que nous pussions obtenir de la justesse de nos conclusions précédentes, en même temps que cela nous montrait l’action nerveuse sous un jour assez nouveau. Cette expérience, je me hâte de le dire, je lai répétée sur vingt-cinq autres animaux, et à peu près toujours avec un ré- sultat semblable, pourvu que le réchauffement commençäât avant que la sensibilité eût disparu aux orteils des extrémités posté- rieures, c'est-à-dire avant le commencement de la mort. Cette restriction, la seule que je sois tenté d'imposer pour les animaux sur lesquels j'ai opéré, montre que je ne me pressais pas de commencer le réchauffement pour mieux faire réussir mes expé- riences. Loin de là, je reculais autant que possible l'application de la chaleur, et, pour avoir trop attendu, 11 m'est plusieurs fois arrivé de perdre mes animaux pendant les déterminations de poids et de chaleur animale préalables au début du réchauffe- ment, et de manquer ainsi des expériences péniblement pré- parées pendant plusieurs jours. Ne pouvant, à cause de sa longueur, présenter le détail indi- viduel de chacune des vingt-six expériences de réchauffement arüficiel que j'ai effectuées, je vais offrir ici le résumé détaillé des résultats qu’elles m'ont fournis. TRENTIÈME EXPÉRIENCE. Dix-sept iourterelles (n°% 1 à 17), sept pigeons (n® 23, 24, 28, 29, 31, 32, 34; une poule (n° 1), et un cochon d'Inde 75° 596 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES (n° 5) (voyez tabl. 4, 83, 84, 87 et 88); ainsi en tout vingt- six animaux, ayant été graduellement amenés par l’inanitiation jusqu'au terme de mort imminente, ont été immédiatement soumis au réchauffement artificiel. Examinons les phénomènes que ces divers animaux nous ont présentés, soit dans l’état de mort imminente, soit pendant le réchauffement artificiel qui lui a succédé. $ 1*. Du terme de mort imminente. J'ai toujours cherché, comme je viens de le dire, à retarder le plus possible le début du réchauffement, et à ne le commencer qu'au moment où l'animal me paraissait sur le point d’expirer. J'y voyais le double avantage, d’abord de ne pas altérer les ré- sultats de la série d’inanitiation, quant au poids du corps et à la température finale ; ensuite, de rendre ie rétablissement plus difficile et par conséquent plus probant. C’est ce qu'on va voir par les détails suivants, déduits essentiellement des tourte- relles. Sensibilité. Avant le début du réchauffement, tous les animaux étaient dans un état de stupeur complet; mais à peu près tous percevaient encore l'impression de l’attouchement des yeux et celle du froissement des orteils. Ainsi la vie persistait aux deux extrémités du système nerveux. Du reste, les yeux étaient tantôt fermés (tourt. 1,10, 14,15 et 16), tantôt ouverts et ne clignant plus, c’est-à-dire insensibles à l'action lente de l'air (tourt. 2, 4, 5, 6, T0 210 107): la pupille était dilatée (tourt. 3, 7), et l'on observait des con- tractions convulsives de l'iris (tourt. 5, 6, 10) et de la pre- mière ou de la seconde paupière (tourt. 5). Mouvement musculaire. Quant au temps écoulé entre le mo- ment où la station a cessé d’être possible et le début du réchauf- fement, sur neuf tourterelles, les seules sur lesquelles je Paie noté, le réchauffement n’a commencé, en moyenne, que plus SUR L'INANITION. 597 de deux heures après le moment de la cessation de la station !. Du reste, avant le début du réchauffement, elles ont toutes éprouvé une prostration complète. Dans cet état, elles avaient la tête pendante, et restaient étendues dans la position où on les plaçait, sans pouvoir se relever et sans même chercher à le faire. L'on observait dans quelques cas des soubresauts de tendons (tourt. 7, 8, 10), des accès de rigidités tétaniques de tout le corps (tourt. 8), et des spasmes de l'œsophage qui empéchaient l'introduction des corps étrangers, et qui amenaient une syncope mortelle, pour peu que l'on cherchât à forcer le passage (tourt. 1,10, 14,15). Respiration. Les mouvements respiratoires, après s'être gra- duellement ralentis, devenaient au moment de la mort : Tantôt de plus en plus éloignés et insensibles (tourt. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 16); ù Tantôt réaccélérés, et cela quelquefois jusqu’au point de de- venir haletants (tourt. 8, 9, 11, 12, 14, 15,17); changement qui alors ne précède en général la mort que de quelques ins- tants. Poids du corps. Chez tous, le poids du corps s'était abaissé jusqu’à la limite de mort imminente, ainsi qu'on peut le voir par le poids de chacune de nos dix-sept tourterelles, tel qu'il est rapporté dans les tableaux 7, 30 et 36. TABLEAU N° 106. o Tourterelle n plus de 2 heures. eluo>lwelwe le il 2 3 e) 6 7 9 2 ô = | 9 NO NO © NO N9 9 plus de 184 598 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Quant aux pigeons, à la poule et au cochon d'Inde, leur perte de poids se trouvera dans les tableaux 7, 32 et 36, à l'exception pourtant des pigeons 23 et 24 pour lesquels nous renvoyons à l'appendice à ce mémoire. Chaleur animale. Elle se trouvait abaissée à un point qui aurait suffi pour occasionner la mort, alors même qu'aucune autre cause ne serait venue combiner son action avec celle du refroidisse- ment, ainsi qu'on peut le voir par l'inspection des tableaux 83, 84 et 87. Les touterelles, par exemple, avaient si bien atteint le terme de mort imminente, que pour celles, au nombre de dix-sept, que nous avons soumises au réchauffement artificiel, la moyenne de la chaleur animale, au moment de la mort imminente, était sensiblement la même que celle de nos tourterelles mortes de froid , savoir : 23° contre 22°,8 (tabl. 84 et 85). L'on trouve assurément dans la réunion des symptômes pre- cédents tous les signes de J'imminence de la mort; et en effet, lorsqu'on commençait le réchauffement, les animaux paraissaient ne conserver de la vie qu'un reste de respiration et de sensi- bilité. Du reste, il est à remarquer que les dix-sept tourterelles sur lesquelles j'ai pratiqué le réchauflement arüficiel se sont toutes ranimées assez rapidement, tandis que, des sept pigeons sur les- quels ce réchauffement a aussi été employé, il en est trois chez lesquels la réanimation ne s’est point effectuée, et qui sont morts, le premier au bout de six minutes, le second au bout de dix mi- nutes, le dernier enfin au bout de vingt minutes de séjour dans l’étuve, temps qui aurait été suflisant pour obtenir un commen- cement de réanimation chez des tourterelles. Il est donc pro- bable, eton le conçoit bien, que, dans le réchauffement artificiel, le volume du corps est un élément qu'il ne faut point négliger : car l'animal le plus gros est celui qui se réchauffe le plus lente- ment, et, à moins de se servir de moyens de réchauffement plus énergiques que ceux que nous avons employés, l'animal volumi- SUR L'INANITION. 599 neux aura le temps de périr de froid avant que la chaleur l'ait assez pénétré pour soutenir sa vie prête à s'étendre”. $ II. Réanimation Une fois qu'ils étaient arrivés à l'état que nous avons appelé de mort imminente, et dont nous venons de présenter lexposé, nos animaux étaient soumis au réchauffement artificiel dans l’étuve que nous avons décrite précédemment. Cette étuve se trouvant déjà en activité quand on y plaçait les animaux, le réchauffement artificiel commençait immédiatement; ce qui était important, puisque peu d'instants plus tard la mort imminente eût été remplacée par la mort réelle. Du reste, pendant la durée du re- : chauffement, l’on suivait, montre à la main, tous les phénomènes que les animaux présentaient. Le réchauffement étant souvent très-prolongé, et ayant exécuté toutes mes expériences seul et sans aucune assistance, j'étais par- fois obligé d'abandonner mes animaux sur leur étuve pendant un temps plus ou moins long. Cette circonstance m'a fait man- quer la fin de plus d’une expérience, dans lesquelles la mort est survenue pendant mon absence. C’est une imperfection ; mais Je n'ai pas pu m'y soustraire, et je me borne à la mentionner. Sans rapporter les détails de mes vingt-six expériences de réchauffement, je vais continuer à en présenter le résumé col- lectif, en en classant et datant tous les résultats d’après l'heure du réchauffement à laquelle ils ont été recueillis. Ces résultats sont les suivants : 1 Chez des quatre animaux chez lesquels seuls la réanimation ne s’est point effectuée, sa- voir, trois pigeons et une poule, le réchauffement du corps dans l’étuve a été nul ou à peu près. (Voyez plus bas.) RÉCHAUFFEMENT. —— HEURES, MINUTES, 0 de0 à 5 de 5 à 10 de 10 à 15 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Symptômes de mort imminente; début du réchauffement. Pendant ces cinq minutes, les animaux ont commencé à se ranimer un peu (tourt. 1, 6, 7,8, 17)- La respiration est devenue plus marquée et s’est faite sans ouvrir le bec (tourt. 2, 3, 4,5, 6, 9,10). Quelques mouvements ont commencé à reparaître, mais encore faibles et vacillants (tourt. 3, 5, 6). Les yeux, auparavant ouverts , fixes et sans clignotement, se sont fermés plus ou moins complétement, la perception du contact de l'air y étant revenue (tourt. 7,9, 17). Dans d'autres cas, ils restent encore ouverts, non clignotants (tourt. 10, 11 )- Pendant ces cinq minutes, tous les animaux ont continué à se ré- chauffer et à se ranimer peu à peu. C’est ainsi que: 1. Les mouvements ont pris plus de fermeté et d'étendue; par exemple, chez la tourterelle n° 9, déjà, pendant la 10° minute, différents mouvements des aïles-et des pattes se sont effectués. . Les yeux sont redevenus très-sensibles à l'impression de l'air; en sorte que, sauf les tourterelles n° 11,13, 16, toutes celles qui, pendant les cinq premières minutes, avaient encore les yeux ou- verts, les ont fermés pendant ces cinq minutes-ci (tourt, 2, 3, 4, 9510207200: 105 12). 3. La respiration est redevenue naturelle ou à peu près; par exemple, à 50 par minute chez les tourterelles n° 3 et 4. Pendant ces cinq minutes la vie s’est plus solidement établie encore: 1. Les animaux sont restés tranquilles sur l'étuve (tourt. 4, LACE 10, 11). 2. Ils ont continué à avoir les yeux fermés (tourt, 4, 5, 6, 7, 9, 10, 11). 3. Leur respiration a été naturelle; ainsi : RESPIRATION par TABLEAU N° 10 vE MINUTE, Tourteerelle n° 5 ..... MOYENNE. ..... — SUR L'INANITION. 601 RÉCHAUFFEMENT,. © HEURES. MINUTES. de 15 à 30[ Chez tous la vie a continué à s'affermir, et chez quelques-uns un certain degré de réaction a commencé à se manifester. C’est ainsi qu'ayant momentanément tiré de l'étuve la tourterelle n° 6, elle a pu, tant bien que mal, se tenir perchée sur le doigt et agiter ses ailes comme pour voler. Une autre (n° 9) s'est débattue avec force quand on l'a prise; une troisième (n° 14) a pu se tenir sur ses pattes, mais en appuyant un peu le ventre. Rien de nouveau QU 45 + 32 +35 +17 quant aux yeux. Respiration moyenne — ï — 82 par minute. de 30 à 45! Chez tous , c'est la force musculaire qui a surtout augmenté. C’est ainsi que la tourterelle n° 2 a agité ses aïles pour se sauver, et que la station sur les pattes lui est redevenue possible, mais en chancelant. Tourterelle 5° a cherché à sortir de l’étuve ; tourte- relle 6° a quitté l'étuve et s'est perchée sur son rebord; tourte- relle 10° a fait des efforts pour la quitter ; tourterelle 17° est venue se percher sur son rebord, mais était encore trop faible pour s'y maintenir. Chez quelques-unes l'estomac s’est réveillé : tourterelle 5° s’est mise à picoter quelques fèces, et tourterelle 7° a fait quelques essais de déglutition. de 45 à 60] Les forces musculaires ont encore augmenté : tourterelle 5° se tient perchée sur l'étuve; elle a volé jusqu’à la distance de un à deux pieds; mais, bientôt épuisée, elle a semblé se laisser choir. Tour- terelle 6° est déjà restée 23 minutes perchée sur le rebord de l'étuve ; tourterelle 15° peut se tenir sur ses pattes et marcher ; tourterelle 16° s’est perchée sur le rebord de l'étuve et a un peu volé ; tourterelle 17° a réussi à se fixer sur le rebord de l'étuve. Au bout d’une heure de réchauffement , je trouve pour la chaleur acquise et la respiration , savoir : F RESPIRATION TABLEAU N° 108. aequise. | hute, CHALEUR 39°,0 — 39 ,7 65 35,9 33 36 ,9 |Haletante. 34,7 23 34,7 42 34,9 17 RÉCHAUFFEMENT. A HEURES. MINUTES. me | me de 0 à 60 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES On commence quelques essais d'alimentation chez la 14° et chez la 17° tourterelle. Chez la première , le blé a paru s'arrêter dans l'œsophage et ne point parvenir jusqu’au jabot : Quant aux pigeons : Trois d'entre eux sont morts dans le commencement de cette pre- mière heure : n° 31 au bout de six minutes; n° 32 au bout de dix minutes ; n° 28 au bout de vingt minutes d'étuve : ce dernier ne s'était réchauflé que de 1°,1 seulement. Quatre autres, au contraire, ont résisté; après s'être ranimés lente- ment, au moins comparativement aux tourterelles, ils sont restés tranquilles sur leur étuve dans un assez grand degré d’aflaiblisse- ment. Trois d'entre eux (n° 23, 24 et 34) reçoivent des aliments. La poule n° 1 est morte au bout de vingt minutes d'étuve, après s'être réchauffée de 0°,4 seulement. Le cochon d'Inde n° 5 s'est remis pendant cette première heure, mais avec quelque difficulté. Dans le courant de cette deuxième heure, il est mort deux tourte- relles, savoir : la tourterelle n° 2, qui, enveloppée d'un tissu, avait été laissée sur l'étuve, comme nous l'avons dit précédem- ment, et qui y est morte de chaleur à 48°,7 environ. La tourte- relle n°11 est morte au bout de 1",42 minutes d'étuve. Sa mort a été précédée de dix attaques de convulsions, chacune d'elles suivie d'un état de collapsus ou d'un renversement opisthotonique du corps. La chaleur animale au moment de la mort était = 38°,4. Les quinze autres tourterelles, au contraire, ont toutes prospéré. Presque toutes (n° 1,3, 4, 6, 10, 13,14, 16,17) s'envolent spontanément dans la chambre, ou quittent le fond de leur étuve pour venir se percher sur son rebord , n'ayant point été assujetties comme la tourterelle n° 2. Les autres (n° 5, 7, 8, 9, 12, 15) restent sur leur étuve, tranquilles, mais bien animées. Je trouve à la fin de cette deuxième heure: RESPIRATION par minute. CHALEUR acquise. TABLEAU N° 109. Tourterelle n° 36°,9 —_————— 33,9 40 ,0 35 ,6 SUR L’INANITION. 603 RÉCHAUFFEMENT. A HEURES, MINUTES, On a continué les essais d'alimentation : ainsi la tourterelle 3° recoit une ingestion de blé et d’eau, demême que la 1°°, la 14°, la 15°et la 16°. Chez quelques-unes le blé ne descend dans le jabot qu'après l'ingestion de l’eau : plusieurs évacuent beaucoup de fèces vertes et blanches. Les quatre pigeons restants ont continué À résister, mais sans faire de grands progrès ; ainsi, par exemple, le pigeon n° 23 reste faible et ne peut pas encore avaler son blé; le pigeon 29 ne peut pas se tenir sur ses pattes : quand on le tire de l'étuve, il reste couché sur le côté; le pigeon 34 reprend plus de vie qu'auparavant. Le cochon d'Inde n° 5 paraît assez bien; cependant , en l’examinant de près, l'on voit qu'il n’a pas le commandement du train posté- rieur, qui reste flasque et dans un état paraplégique. Les mêmes phénomènes se répètent : les animaux, tantôt restent sur leur étuve, tantôt se tiennent perchés sur son rebord, tantôt enfin la quittent et s'envolent à un ou plusieurs pieds de distance de là. Il en meurt un ou même deux, savoir : la tourterelle n° 6, trouvée morte à la fin de la 4° heure, après qu'on eut cessé de la surveiller pendant deux heures de temps; la tourterelle 1°, morte probable- ment vers la fin de la 4° heure, le réchauffement ayant été cessé depuis le courant de la 3° heure. Quant aux pigeons, le n° g meurt au bout de 2,48! d'étuve, après quelques mouvements convulsifs légers et une extension géné- rale, la chaleur acquise étant = 40°,9; le pigeon 23 est toujours très-faible et n’a pas encore avalé son blé ; le pigeon 24 , à la fin de la 3° heure, est perché sur son étuve et s'envole quand on l'ap- proche; le pigeon 34 reprend plus de force. Le cochon d'Inde n° 5 meurt après 2} 44! de réchauffement. Rien de nouveau. La tourterelle 3° meurt à la fin de la 5° heure pen- dant la prise de chaleur dans le cloaque, chaleur acquise = 38°,1 au moment de la mort. Quant aux pigeons, le n° 23 a avalé son blé et quitté son étuve; le n° 24 n’a plus besoin de son étuve et est complétement rétabli ; le n° 34 a repris ses forces, et, dans les heures subséquentes, il a quitté son étuve pendant un temps prolongé. S II. Vie artificielle. La réanimation s'étant effectuée par le réchauffement artifi- ciel du corps, les animaux, par la continuation de l'application 604 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES de la chaleur, ont recouvré successivement l'usage de leurs fa- cultés. Pendant cette existence artificielle, les diverses fonctions, à l'intensité près, se sont exécutées comme dans l’état normal. Ainsi nous avons vu : A. La sensibilité se rétablir assez vite, et l'animal reprendre les perceptions du tact, de la vue et de l’ouie; B. Le mouvement musculaire se rétablir assez promptement aussi, et l'animal redevenir capable de se tenir sur ses pattes, de marcher et de voler; C. Les mouvements respiratoires, et sans doute aussi la circula- tion, reprendre leur état normal; D. Les sécrétions se rétablir pareillement, puisque les animaux réchauffés excrètent une grande quantité de matières vertes et blanches, c'est-à-dire bilioso-urinaires, et que leur poids, comme nous le verrons, diminue avec une grande rapidité. Reste maintenant à rechercher comment, pendant cette vie artificielle, se sont effectuées la digestion et la caloricité. E. De la digestion. L'appétit revient chez les animaux inanitiés qu’on ranime par le réchauffement artificiel; car on les voit quitter leur étuve pour aller picoter tout ce qu'ils peuvent rencontrer. Reste à savoir si à cet appétit se trouve jointe la faculté de digérer, et c’est là ce que nous allons examiner. 1. La digestion ne s'effectue pas quand on suspend le réchauffe- ment artificiel. TRENTE ET UNIÈME EXPÉRIENCE. Par un réchauffement de deux heures, ayant rétabli la tour- terelle n° 1 d’une manière assez complète pour ramener sa cha- leur acquise à 39° ,0 et lui restituer la faculté de se tenir perchée et de voler à une petite distance, j'introduis dans son jabot vingt- deux graines de blé, et lui ayant présenté de l’eau, je trouve qu'elle en boit un poids de 86,03. SUR L'INANITION. 605 Je replace alors l'animal dans sa cage, et, cessant de le ré- chauffer, je l’abandonne à lui-même pendant quelques heures, au bout desquelles je le retrouve mort et froid. A l’autopsie, je retrouve les vingt-deux graines de blé non digérées, encore entières dans le jabot et l'estomac. Ce point était suffisamment évident pour ne pas avoir besoin d'expériences ultérieures. Continuons notre examen. 2. La digestion s'effectue, au contraire, en continuant le réchauf- fement artificiel pendant un temps suffisant. Ceci est extrêmement important à établir, et je m'en suis assuré de la manière la plus positive par les expériences sui- vantes : TRENTE-DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Par le réchauffement artificiel seulement, ayant rétabli la tourterelle n° 3 assez bien pour qu’elle se soit envolée deux fois et que la chaleur sous l'aile soit remontée à 37° ,9, après 1h 25’ de réchauffement, je lui ingérai quatorze graines de blé, je la laissai boire à volonté à deux reprises différentes, et je continua lapplication de la chaleur. Après cinq heures de réchauffement, ayant introduit le ther- momètre dans le cloaque, je trouvai la chaleur — 38° ,1; mais l'animal périt de syncope pendant cette détermination. A l’autopsie, je retrouvai treize graines de blé entières dans le jabot, et rien dans l'estomac. Ainsi, au bout de 3 1/2 heures, la digestion, malgré le réchauf- fement, n’avait en quelque sorte pas encore commencé, puisqu'il ne manquait qu'une seule graine de blé. TRENTE-TROISIÈME EXPÉRIENCE. Ayant rétabli par le seul réchauffement la tourterelle n° 16, de manière à lui restituer la faculté de voler, on lui fait succes- sivement les ingestions suivantes : 606 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES TABLEAU N° BLÉ INGÉRÉ. EAU BUE. Après 2} 0’ de réchauffement —— 6 idem Ces 38 ,10 de blé se composaient de cinquante graines comptées exactement. Après sept heures de réchauffement, je quitte l'animal, le laissant perché sur son étuve, et d’ailleurs très-bien; mais, pen- dant mon absence, l’étuve s'étant refroidie parce qu’elle se trou- vait placée dans un courant d'air, en rentrant {à 10" 45" de ré- chauffement), je trouve l'animal étendu sur le carreau, refroidi et prêt à expirer. Il meurt en effet une minute après, c’est-à-dire à 10P AG’ de réchauffement, et Je trouve au moment de la mort la chaleur du jabot — 24° ,4. Aiïnsi il était mort de froid. À l’autopsie je trouve : TABLEAU N° Graines entières contenues dans le jabot l'estomac Graines évidées (soit pelures sans partie farineuse) contenues dans l'estomac ainsi quand lanimal est mort, c’est-à-dire environ neuf heures après la première ingestion de blé, il y avait déjà quatre graines évidées. Et en admettant, à cause du refroidissement, que l’action de l'estomac avait cessé depuis au moins une heure avant la mort, l'on en conclura que, dès la huitième heure après l'ingestion de l'aliment, la digestion était en pleine activité. Il est à remarquer que l'animal est mort à une température SUR L'INANITION. 607 sensiblement la même que celle qu'il avait au moment de la mort imminente, lors du début du réchauffement, savoir : 24°,4 contre 23°,9. TRENTE-QUATRIÈME EXPÉRIENCE. La tourterelle n° 13 ayant été rétablie par le réchauffement artificiel seulement, et assez bien pour avoir recouvré la faculté de voler à huit ou dix pieds de distance, après 5h AG' de réchauf- fement, on lui ingère vingt-trois graines de blé, pesant 16,29, sans lui donner à boire, et l'on continue le réchauffement. Après cette ingestion, l'animal a été très-bien, et sa chaleur, pendant les douze heures qui l'ont suivie, a été en moyenne — 37,1; mais plus tard il s’est refroidi, et est mort à 33°,9, après 25! 5" de réchauffement. Le canal digestif, examiné avec soin, offre le résultat suivant : le jabot ne contient plus de blé; l'estomac n’en contient que des pelures. Les intestins, dans leur moitié supérieure, renferment du chyme; dans leur moitié inférieure, des matières bilieuses vertes, comme chez les animaux inanitiés. TRENTE-CINQUIÈME EXPÉRIENCE. La tourterelle n° 14 (tabl. n° 38) ayant été rétablie par le réchauffement artificiel seulement, on lui ingère successivement, Savoir : GRAINES TABLEAU N° 112. de blé. EAU BUE. graines, grammes, Pendant la 2° heure du réchauffement.......... bé 0 — à 10° 27! idem HU — 1,42 14 — idem... 25 3,63 24 — idem 4,40 à ,92 1,16 2,39 1,04 1,04 20 ,00 608 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Ces 175 graines de blé pesaient collectivement 106,04. Onob- serve que, dès la 31° heure, les fèces avaient pris une teinte moins foncée, et paraissaient modifiées par l’arrivée de l'aliment. À 61 1/2 heures de réchauffement ayant quitté l'animal, en rentrant, à 64 1/2 heures, je le trouve mort. À l’autopsie, je retrouve dans l'estomac et le jabot 66 graines de ble entières, pesant humides 58,63 et desséchées 36,56. Ainsi dans ces 62 ou 63 heures il y avait eu de digéré 68,48 de blé. TRENTE-SIXIÈME EXPÉRIENCE. La tourterelle n° 15 (tableau n° 38) ayant été rétablie par le réchauffement artificiel seulement, on lui ingère successive- ment : BLÉ TABLEAU N° ; en poids. EAU BUE, cameras gram, gram. 2 ,46 2 ,59 2,01 3 ,43 1,55 4,53 1,55 3 ,88 2 ,40 1,23 1,23 0,65 19,94 À 68 heures je la quitte en la laissant perchée sur son étuve; mais en rentrant, à 70 heures, je la trouve morte et froide. Dès la 15° heure les fèces sont devenues roussâtres, de vertes qu'elles étaient auparavant. Depuis la 25° heure, elles ont offert, comme dans l’état normal, des pelures de blé non digérées, preuve du rétablissement des fonctions de la totalité du canal ali- mentaire. À la 49° heure, il y avait encore du blé dans le jabot. SUR L'INANITION. 609 À l'autopsie, l’on retrouve un poids de 08,78 de blé humide, qui, désséché, se réduit à 08,58. Ainsi, pendant les 68 dernières >: qe cnsten (bé — 76,57. heures de réchauffement l'aliment digéré a été | 19 94. Nous conclurons de tout ce qui précède que, chez nos animaux inanitiés et rétablis par le réchauffement artificiel, 1° L’aliment ne s’est pas digéré du tout, lorsque le réchauffe- ment n’a pas été continué pendant plusieurs heures après son in- gestion; 2° L’aliment s’est digéré au contraire d'une manière complète quand on a continué le réchauffement pendant un temps suffi- sant ; 3° Que ce n’est guère que la 8° heure après l'ingestion que la digestion s’est trouvée bien établie, ce qui semblerait indiquer un grand retard dans l’époque où celle-ci a commencé. Cependant nous verrons plus tard que quelquefois la digestion s’est rétablie plus promptement (voy. l'appendice) ; 4° Que l'accomplissement de la digestion s’est reconnu aux féces, dont la couleur a été modifiée par l’arrivée du résidu alimen- taire. Cette modification s’est manifestée entre la 15° et la 30° heure à dater de la première ingestion de l'aliment. F. De la caloricite. Ce qu'il y a de plus important dans le traitement de l’inani- tion, c’est de savoir comment on rétablit la caloricité, et c’est là ce dont nous allons nous occuper. 1. La chaleur acquise par le réchauffement est une chaleur variable, qui n'offre point la quasi-fixité que présente la chaleur animale. Nous avons vu ci-devant (paged74) que, pour les tourterelles, le refroidissement final a été de 2°,96 par heure, pour les époques les plus rapprochées de la mort, alors que ces animaux ne pro- duisaient plus que fort peu de chaleur; pendant le réchauffe- ment, elle regagnent cette chaleur perdue, et cela quelquefois avec une très-grande rapidité, comme, par exemple, la tourte- relle n° 9, qui a acquis 9°,30 en trente minutes, et la tourterelle n1,quia gagné 10° en quinze minutes. «41 610 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Mais la différence entre cet état et l’état normal, c'est que cette chaleur n’est pas une chaleur propre, mais une chaleur d'emprunt, qui ne fait que traverser le corps, et qui fait subir à ce dernier toutes les variations de hausse et de baisse de la source qui la lui fournit. C'est ce que fera voir la tableau sui- vant, où nous avons réuni différentes prises de chaleur chez nos animaux réchauffés artificiellement. CHALEUR ACQUISE. EL" mm TABLEAU N° 114 1= 7 8° 9° 10° 19: a RQ tour- tour- tour- tour- tour- tour- terelle. | terelle. | terelle. | terelle. | terelle. | terelle. État initial 20°, 2505 Ë 23112293 De réchauffement . ... Idem Idem Rien de plus variable que le degré de la chaleur acquise de ces animaux, et par conséquent rien de plus opposé par carac- tère à la chaleur animale proprement dite, dont la quasi-fxité est d'une importance telle, qu’on ne peut l'atteindre qu'en s’at- taquant au principe de vie de l'individu. La variabilité de cette chaleur acquise chez nos animaux a dé- SUR L'INANITION. 611 pendu des deux causes suivantes : a. de ce que l’étuve elle-même a probablement varié de chaleur; b. de ce que les animaux étaient tantôt couchés dans le fond de cette étuve, tantôt per- chés sur son rebord, double position dans laquelle la quantité de chaleur qu'ils recevaient était essentiellement différente. 2. La caloricité, perdue par le passage du corps à l’état de mort imminente, ne se recouvre point par le réchauffement artificiel. Voulant m'assurer de la déperdition de chaleur des animaux inanitiés, j'ai fait l'expérience suivante : TRENTE-SEPTIÈME EXPÉRIENCE. Ayant déterminé très-exactement la chaleur acquise des tour- terelles 8° et 10°, je les ôte de l'étuve et je suspends leur ré- chauffement pendant précisément une heure; déterminant alors de nouveau leur chaleur, je trouve : Tourterelle 8°, à 5" o', depuis le début du réchauffement, chaleur acquise. — 34° ,9 à 64 o', idem chaleur restante. — 31° ,o DiFréRENCE, soit perte spontanée en une heure — 5° ,9 Tourterelle 10°, à 18P 5, depuis le début du réchauffement, chaleur acquise. = 35° ,6 à 19°5', idem chaleur restante. — 29° ,4 DiFFÉRENCE, soit perte spontanée en une heure — 6° ,2 Ainsi, en cessant le réchauffement, ces animaux ont perdu en 3° ,9 + 6° ,2 o moyenne LD 50 0 par heure de leur chaleur acquise; 2 par conséquent à peu près le double de ce que nous les avons vus perdre spontanément pendant les heures les plus rappro- chées de la mort. L'inanition met donc l’animal à sang chaud dans un état bien 77 612 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES singulier pour lui. Elle le transforme en un être qui reçoit et qui perd de la chaleur en raison de la température du milieu dans lequel il se trouve; elle résout en quelque sorte le curieux problème de transformer, au moins momentanément, l'animal à sang chaud en un animal à sang froid, car tous deux indiffé- remment perdent et reçoivent de la chaleur, et dans de certaines limites, différentes cependant pour l’un et pour l'autre, vivent et se mettent en équilibre de température avec le milieu qui les environne. 3. La caloricité perdue se recouvre par la digestion. Ce que le réchauffement ne fait pas, la digestion l'opère, comme nous allons le voir. Mais, quand je parle de digestion, je n’entends pas seulement lélaboration de l'aliment dans l'estomac; je prends ce terme dans son acception la plus étendue, dans celle de l’ensemble des transformations qu'é- prouve l'aliment, dans les premières comme dans les secondes vOIes. Pour résoudre la question ci-dessus, J'ai recherché si les ani- maux que je maintenais en pleine digestion à l’aide de la chaleur reconquéraient la faculté de se suffire à eux-mêmes sans éprouver le refroidissement des animaux inanitiés et non alimentés chez lesquels on suspend le réchauflement; J'ai obtenu à cet égard les résultats suivants : TRENTE-HUITIÈME EXPÉRIENCE. La tourterelle n° 14, ayant été alimentée depuis la première heure du réchauffement, a pris jusqu'au début de l'expérience actuelle : blé — 85,61, et eau — 176,94, et depuis treize ou quatorze heures de temps, ses fèces ont été modifiées par la présence du résidu de l'aliment. Cette tourterelle, au bout de A5 A1' de réchauffement consécutif, a été tirée de l’étuve et abandonnée à son refroidissement spontané. Elle a fourni alors les résultats suivants : SUR L’'INANITION. 613 A 45°,41' de réchauffement: chaleur acquise (danse jabot)—3/°,3 AA6",41" idem chaleur restante (dans le jabot)— 3 3°,6 Différence, soit refroidissement spontané en 1 heure 0°,7 TRENTE-NEUVIÈME EXPÉRIENCE. La tourterelle 15°, ayant été alimentée à dater de la 2° heure de réchauffement, avait pris depuis lors 75,58 de blé, 165,83 d’eau, et ses fèces, modifiées depuis environ vingt heures, par l’arrivée du résidu de l'aliment, contenaient depuis dix heures de temps des pelures de blé. Cet animal, au bout de 34°,32' de ré- chauffement , a été abandonné pendant une heure à son refroidis- sement naturel hors de l’étuve, et a fourni les résultats suivants : À 34,32’ deréchauffement : chaleur acquise (dans le jabot)— 3 8°,2 A 35°,32' idem chaleur restante ( dans le jabot) — 37°,9 Différence, soit refroidissement spontané pendant 1 heure— 0°,3 QUARANTIÈME EXPÉRIENCE. La tourterelle 17°, ayant été alimentée à dater de la première heure du réchauffement, a pris jusqu’au début de l'expérience ordinaire... — 245,80 de Turquie = 32 ,37 605,09; et ses fèces, depuis 144 heures de temps, ont pré- senté des pelures de blé. Cet animal, au bout de 161 heures de réchauffement, ayant été abandonné pendant sept heures consc- cutives à son refroidissement naturel, a fourni les résultats sui- vants (la chambre étant à 19°,5 ): Chaleur acquise , maximum pendant le réchauffement — /1°,6 Chaleur après sept heures de cessation de réchauffement— 4 1°,8 actuelle, blé port ertead— Accroissement... — 0°,2 Ainsi, depuis la suspension de l'étuve, il y a eu réchauffement au lieu de refroidissement, et, par conséquent, l'animal pouvait se maintenir complétement par lui-même, sans le secours d’une chaleur étrangère. (Voyez l’appendice.) 614 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES QUARANTE ET UNIÈME EXPÉRIENCE. Le pigeon 2/4° a reçu, dès la première heure du réchauffe- ment , une ingestion de 326,37 de blé, et de l’eau à volonté. Se trouvant à la fin de la 3° heure parfaitement bien remis, et s’en- volant quand on l'approche, à 3 heures, à dater du début de l’étuve, on cesse le réchauffement. L'on trouve alors : Après 2 heures de cessation du réchauffement, chaleur (dans le cloaque) = 40°,7 Après 12 heures de cessation du réchauffement, chaleur (dans le cloaque) = 39°,3 À cette dernière époque, le blé introduit dans le jabot était à peu près tout digéré. Ainsi, pendant les dix dernières heures de la cessation du ré- chauffement, l'animal ne s'était refroidi que de 1°,4, c'est-à-dire d’une quantité assez minime! pour que l’on eût la certitude qu'il pouvait se suflire à lui-même, comme en effet cela a eu lieu. La digestion lui avait rendu sa caloricité ?. Nous voyons dans ces expériences curieuses l'effet de lalimen- tation sur la production de la chaleur réduit à sa plus simple expression. En effet, par linanitiation préalable poussée jusqu’à la mort imminente, c’est-à-dire jusqu'à la cessation de la calo- ricité, nous éliminons toute cette masse de matériaux calorifiques, mise en réserve pour subvenir pendant longtemps aux éven- tualités, afin que la vie de l'individu ne fût pas à la merci d’un repas trop retardé. Cette élimination faite, nous fournissons à l'animal une dose d'aliments que nous lui faisons digérer. Dès lors sa caloricité revient, et il peut se soutenir par lui-même, complétement si l'aliment est abondant, incomplétement, sil 1 D'autant plus une quantité minime, que ce refroidissement paraît l'effet de l'influence nocturne et non celui de la cessation du réchauffement. ( Voyez l'appendice.) ? La tourterelle n° 9, morte au bout de 13 heures ? de réchauffement avec 145,44 de blé humide dans le jabot, s'étant, depuis la fin de la 4° heure jusqu’à celle de la 12°, toujours tenue perchée sur son étuve, et ayant pourtant encore une chaleur d'environ 39°,0, devait avoir récupéré une partie de sa caloricité, puisque, dans une pareille position, elle devait ne recevoir que fort peu de chaleur de son étuve. SUR L'INANITION. 615 est en quantité insuflisante, comme dans nos premières expé- riences. Cette dose d'aliments pourrait donc être considérée comme la petite quantité de matière que nous brülons dans le calorimètre, et dont la combustion, d’une part, produit la cha- leur qui soutient la force nerveuse, la respiration, la circulation, et la digestion; et, d'autre part, fournit, pour résultat de la combustion, les différents produits sécrétoires et excrétoires. Il ne serait peut-être pas impossible de mesurer la quantité de cha- leur produite par cette portion d’aliment ; et J'aurais essayé de le faire, si J'avais pu pousser ces expériences jusqu'au terme que j'avais projeté. $S IV. Terminaison du réchauffement. Le réchauffement, au point où nous l'avons laissé ($ 2 ), c’est- à-dire à la sixième heure, a continué à s’opérer sans phénomènes nouveaux jusqu'aux environs de sa terminaison. L’on remarquait seulement, à mesure que les animaux reprenaient leur force et leur caloricité, qu'ils préféraient de plus en plus rester perchés sur le rebord de leur étuve, position qu'ils conservaient souvent pendant plusieurs heures consécutives, et dans laquelle ils ne re- cevaient que fort peu de chaleur. Il leur arrivait aussi de quitter l'étuve tout à fait, et, quand ils s'étaient plus ou moins refroïdis, on les voyait souvent s’en rapprocher et se réchauffer contre ses parois. Quant à leur mode de terminaison, les vingt-deux expériences de réchauffement que j'ai faites! se divisent en deux catégories distinctes, savoir : celles où le réchauffement s’est terminé par la mort, et celles où 1l a été suivi du rétablissement des animaux. C'est d’après ce point de vue que les vingt-deux expériences en question ont été classées dans le tableau suivant : 1 Si à ces vingt-deux expériences nous ajoutons quatre autres essais de réchauffement (l'un sur une poule et les trois autres sur des pigeons) commencés trop tard pour offrir des chances de réussite, puisque les animaux sont morts peu de minutes après avoir été placés dans l’étuve, ainsi avant un réchauffement réel de corps, nous aurons en tout vingt-six expériences ou essais de réchauffement : c’est la totalité de ce que j'en ai fait. 616 TABLEAU N°11. a Pendant qu'on ne sur- veillait pas le réchauf- fement. b Pendant qu'on surveil- lait le réchauffement. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES CHALEUR ACQUISE au moment de la mort réelle. © DURÉE du MODE ESPÈCES D'ANIMAUX. RÉCHAUFFEMENT. DE TERMINAISON. I. EXPÉRIENCES TERMINÉES PAR LA MORT. Tourterelle n° 1... Mort par refroidissement (cessation de l’étuve. ) Mort par chaleur ( excès] de réchauffement). Mort indéterminée. Idem. Dessosoe Idem. 14... Idem. Idem. Mort par refroidissement de l'étuve. Mort par syncope (pendant Ja prise de chaleur). Mort par convulsions. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Pigeon n° 29... Idem. Mort par faiblesse, Idem. IT. EXPÉRIENCES TERMINÉES PAR LE RÉTABLISSEMENT. Tourterelle n° 17...... 161 0' Rétablissement. Pigeon n° 23.,.,....., Idem. "21". «ee ee Idem. SUR L'INANITION. 617 Je ferai sur les résultats de ce tableau les observations ci-après : EXPÉRIENCES DE LA PREMIÈRE CATÉGORIE. 1. La durée moyenne du réchauffement pour les dix-neuf expériences de cette catégorie, c’est-à-dire pour les animaux qui ’ : : 178", + 152",0 n'ont pas été rétablis, a été — A ALES, er = 17,4, soit près de trois quarts de jour. En comparant entre elles les expériences de cette catégorie, l'on remarque une très-grande différence dans la durée indivi- duelle du réchauffement, différence dont les limites extrêmes sont 1°,42 et 70 heures. Cette grande inégalité dans la durée de la vie artificielle, comme nous le verrons bientôt, a essentiel- lement dépendu de l'alimentation pendant le réchauffement. Quant aux deux groupes en lesquels nous avons subdivisé les expériences de cette première catégorie, savoir : celui (a) des ani- maux qui ont succombé pendant qu'on ne les surveillait pas ; et celui (b) des animaux qui sont morts pendant qu’on suivait leur réchauffement, la durée moyenne de la vie artificielle, pour le groupe (a), a été de 21 à 22 heures, et, pour le groupe (b), de 134,49. Cette différence en faveur du groupe (a) tient surtout aux deux expériences tourterelles 14 et 15, dans lesquelles l’alimen- tation a tellement prolongé la vie, que très-probablement les animaux auraient été sauvés, si l'aliment leur eût été administré comme nous l'indiquerons plus tard. 2. Le retour à l'alimentation du corps est ce qui a le plus in- flué sur la durée de la vie artificielle ou de la vie pendant le ré- chauffement. Les expériences de la première catégorie nous four- nissent à cet égard les résultats moyens suivants ee Chez les neuf animaux qui n'ont point été alimentés pendant le réchauffement (tourterelles 2, 4, db, 6, 7, 8, 11; pigeon 29; 1 Abstraction faite de la tourterelle n° 1, chez laquelle le réchauffement a été suspendu immédiatement après l'ingestion de l'aliment, ce qui n'a pas permis de la faire servir à la dé- termination des moyennes. ô. 78 618 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES cochon d'Inde 5), la durée moyenne de la vie artificielle a été de h 72,2 — 8 heures à très-peu près. 9 Au contraire, chez les neuf animaux {tourterelles 3, 13, 14, 15, 16, 9, 12, 10; pigeon 34) qui ont été alimentés pendant le réchauffement !, ou qui, au moment de la mort imminente, avaient encore dans Îe jabot une certaine quantité de blé qui a servi à les alimenter pendant la vie artificielle, la durée moyenne 252},9 du réchauffement a été de — 28",1. Ainsi, la vie artifi- cielle, chez eux, a été 3 + fois plus longue que chez les animaux qui n’ont point été alimentés. Et pourtant l'alimentation de ces animaux avait été bien faible; car, pour les tourterelles, par exemple, en nous bornant à celles qui ont été nourries de blé (n% 3, 13, 14, 15,16, 9,12), lon trouve que la quantité moyenne de l'aliment, pour chacune 38%,39 d'elles, a été de — 55,5 de blé, pendant un réchaufle- 1 L'alimentation totale de chacun de ces neuf animaux pendant la durée entière du réchauf- fement se récapitule comme suit : ALIMENT, TABLEAU N° 116. grammes. Tourterelle n° 3..| Blé ingéré pendant le réchauffement Idem Blé trouvé dans l'estomac et le jabot après la mort, et pesé après dessiccation (*) Idem (”) 10.. | Gelée de viande ingérée pendant le réchauffement. . . Pigeon n° 34...,.| Blé et farine ingérés pendant le réchauffement... ..... (*) Ingéré pendant la série d'alimentation insuflisante (tableau 30), préalablement au réchauffement artificiel. SUR L'INANITION. 619 196",3 ment de — 28 heures de durée moyenne ; ce qui revient à une RE O de 45,7 de blé pour vingt-quatre heures, c’est- à-dire au tiers environ du poids normal de l'aliment des animaux de cette espèce. (Voyez le tableau n° 1.) Ainsi, avec un aliment très-insuflisant, et même qui n’a été que partiellement digéré, puisqu'on en a retrouvé une portion dans le jabot, après la mort réelle, le retour à l'alimentation a plus que triplé la durée du réchauffement. Aussi la vie artificielle s'est-elle quelquefois prolongée pendant un temps plus long que celui de la totalité de l’inanitiation chez des individus de même espèce. ( Voyez tableau n° 7.) 3. Les animaux inanitiés et réchauffés continuent à évacuer, et à évacuer beaucoup, alors même qu'ils ne prennent pas de nourriture. Il résulte de là une perte de poids qui s'ajoute à celle qui a précédé le réchauffement, et qui a pour particularité d'être beaucoup plus rapide que cette dernière, quoique moins forte cependant dans sa totalité. Nous allons entrer à cet égard dans des détails un peu circonstanciés. a. Et d’abord, quant à la valeur relative de cette perte, pour nous en former une juste idée, déterminons la perte horaire moyenne ! de nos animaux, chez les mêmes individus, avant et pendant le réchauffement ; et rapprochons les uns des autres les résultats que l’on obtient ainsi; nous en formerons le tableau suivant : ! Je substitue ici la perte horaire à la perte diurne, parce que le réchauffement se compte plutôt par heures que par jours. 78° 620 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES 4 PERTE HORAIRE MOYENNE. Avant Pendant TABLEAU N° 2 le le réchauffement. | réchaufflemeut. grammes, grammes. 0,35 0 ,98 0,55 0,61 0,31 0,56 0,35 0,52 0,38 0 ,98 0 ,41 0 ,82 0,13 0 ,82 0 ,34 0 ,64 0 ,20 1 ,29 0 ,46 0,81 0,51 0 ,70 0,17 0 ,26 0 ,60 0 ,70 pusroil 2h1ng L$ ao Sn A6 mL nuit HAIDE. ct9 “6e Ce tableau nous montre que les moyennes horaires de la perte de poids, pendant la période d’abstinence et pendant celle de ré- chauffement, sont entre elles comme 0,35:0,70, soit = 1:2. Ainsi, en temps égal, l'animal réchauflé perd le double de ce qu'il perdait avant le réchauffement, et cela, quoique sa cha- leur acquise reste inférieure à sa chaleur animale naturelle !. Rien de surprenant alors que les vaisseaux achèvent de se vider presque complétement ?, et que, malgré le réchauffement, la mort sur- 1 Cette augmentation de perte pendant la vie arüficielle ne paraît que la continuation de celle qui s'établit en général pendant le dernier tiers de l'inanitiation, c'est-à-dire pendant la période qui précède immédiatement le réchauffement. ( Voyez tableau 8.) 2 A l'autopsie de mes animaux réchauflés, à peine retrouvais-je quelque peu de sang dans le cœur et les gros vaisseaux. Le reste du corps était en général aussi exsangue que si l'animal fût mort d'hémorrhagie. SUR L'INANITION. © 621 vienne avec assez de promptitude, le point de départ étant déjà celui de la mort imminente par inanition. Remarquons d’ailleurs que dans ce tableau nous avons fait entrer les animaux que nous avons nourris pendant le réchauffe- ment (ce qui diminuait la perte), tandis que la plupart d'entre eux ne l’étaient pas dans la partie de l'expérience préalable au réchauffement. Appliquons les résultats de ce tableau à la tourterelle n° 17, qui a été sauvée, et observons que son poids minimum a eu lieu, malgré le retour à l'alimentation, au bout de 60 heures de ré- chauffement, époque où l'animal a le plus périclité. Déterminant alors la perte horaire moyenne, tant pour la période d’absti- nence que pour ces 60 premières heures de réchauffement, nous aurons : Période d’abstinence : Pour 168*,78, perdu 595,76, soit 05,35 par heure; Portion de la période de réchauffement : Pour 60 ,00, pérdu 6 ,93, soit O ,12 par heure. L'on voit que, chez cet animal, la perte pendant la portion la plus critique du réchauffement, loin d’être le double de ce qu'elle était dans la période d’abstinence, n’a été que le tiers de ce qu'elle se trouvait alors; ce qui a bien contribué à faciliter le rétablissement. : Chez deux tourterelles du tableau ci-dessus (tourterelles 1 4 et 15), la perte, pendant le réchauffement, n'a été, en moyenne, que les deux tiers de ce qu’elle était pendant la période d’absti- nence. Ces animaux étaient, par conséquent, dans des conditions très-favorables pour être sauvés; et en effet, leur digestion se faisait bien, leur caloricité était rétablie, et 1ls ne sont morts l’un et l'autre que de la 69° à la 70° heure du réchauffement. Ils avaient donc bien des chances de rétablissement. b. Quant à la valeur absolue de la perte pour l’ensemble de de la vie artificielle, formons le tableau de toutes celles de nos 622 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES expériences sur les tourterelles où la mort est survenue pendant le réchauffement, en n’excluant de là que les tourterelles 1 et 3, où les pesées propres à déterminer la perte de poids n'ont point été faites en temps opportun. Nous obtiendrons ainsi les résultats suivants : TEMPS PERTE POUR EFFECTUER POIDS DU CORPS. INTÉGRALE la perte de poids. proportionnelle. - A — réchauffement, imminente. Durée du TABLEAU 118. 5 || Poids initial, pie heures. heures. | grammes. | grammes. | grammes. Tourterelle n° 2.,! 144 ,00 2,12 1 142,52| 92,66| 90,59 È 0 ,022 48,35| 30,22 | 117,20| 90,84| 72,33 : 0 ,204 138,00 | 10,80 | 132 ,54| 89,16| 83,07 0 ,068 A,00 | 124,64| 84,43 | 82,36 0 ,024 7,87 | 146,40 | 99,65| 91,94 c 0 ,077 10 ,95 | 117,07| 97,45] 88,45 8 | 0 ,092 13,25 | 141,35] 89,61| 78,74 0,121 20 ,95 | 192,76 | 110,85 | 96,48 0,130 1,70 | 136 ,75 | 108 ,00 | 105 ,80 0 ,020 () 4,33 | 151,00! 96,15 | 92,66 ,36 0 ,036 25 ,08 | 178,00 | 110,30 | 92,72 É 0,159 64,50 | 179,42 | 95,70 | 85 ,02 0,112 .1277,13| 70,00 | 190,82 | 100,32 | 81,91 0,183 5..1237 ,72 | 10,75 | 141 ,09| 790 ,84| 73,43 0 ,080 Moyenne.....] 173,30 | 19,75 | 149,40! 96,07 | 86,82 0 ,095 (*) Pour cet animal, je n’ai pu établir les proportions que sur les premières 4" 20' du réchauffement, et mon pas sur sa totalité (= ‘6% 17 )- L'on voit, d’après ce tableau : a. Que, depuis le début du réchauffement jusqu'au moment SUR L'INANITION. 623 de la mort, c’est-à-dire en 19",75, les animaux réchauflés ci-des- sus ont perdu, en moyenne, les 0,09 de leur poids, et qu’ainsi leur perte s’est effectuée à raison de 0,1 pour 21 heures ; 6. Que, pour passer de l’état normal à celui de mort immi- nente, c'est-à-dire en 173",4, les mêmes animaux avaient perdu les 0,34 de leur poids; qu’ainsi cette partie de leur perte s'était effectuée à raison de 0,1 dans 51 heures; 7. Que la perte avant le réchauflement et celle pendant sa durée sont entre elles, quant à la rapidité, dans le rapport de 21:51, c'est-à-dire — 1 : 2,5 environ. Cela montre que, pendant le réchauffement, les fonctions sé- crétoires conservent une grande activité, et que, dans ce corps desséché par l'abstinence, le peu de liquides qui restent, au lieu d’être retenus pour ses propres besoins, sont rapidement éliminés par les organes excréteurs. Et c’est là, en eflet, presque la seule difficulté du traitement des animaux inanitiés que l’on réchauffe : l'on ingère des aliments, et la digestion se fait; mais le corps excrète ; il continue à baisser; la perte de poids nous gagne, et la mort nous devance. Aussi, ceux des animaux chez lesquels, au rétablissement près, le réchauffement a le mieux réussi, et où la vie a été le plus prolongée, sont précisément ceux qui ont le plus lentement perdu, c’est-à-dire ceux chez lesquels la perte horaire a été au minimum ; quoique chez eux la perte absolue ait pu finir par dépasser la moyenne générale, ainsi qu’on le voit par les deux derniers tableaux (tourterelles 14 et 15). Chez la tourierelle 17, qui a été rétablie, non-seulement la perte horaire ou relative a été très-faible, mais la perte absolue elle-même l’a été également, puisque, calculée à la 60° heure, ; ‘ di 1 r c 1 pa li ; DEP cest-a-dire pour tout le temps que l'animal a péric ite, mr 1 La différence qui existe entre ce résultat et la moyenne fournie par Îe tableau précédent tient à ce que, dans ce cas-ci, le 0,1, que nous avons adopté pour terme de comparaison , se rapporte tantôt à l'unité P et tantôt à l'unité P'; or, au lieu d'être égales, ces deux unités sont entre elles — 149,40 : 96,07, c'est-à-dire — 1,555 : 1. (Tableau 118.) 624 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES = 0,077. Ainsi, non-seulement l'animal digérait bien, mais il réunissait encore la double condition qui rendait cette digestion fructueuse, celle de perdre peu, soit d’une manière absolue, soit d'une maniere relative. L. Quant au mécanisme de la mort chez les animaux réchauf- fes, nous ferons les observations suivantes (tableau 1 15 ) : a. Le degré de chaleur acquise auquel sont morts les animaux du second groupe de la première catégorie prouve que, chez tous, le réchauffement arüficiel a été suffisant, sinon pour redon- ner au corps son degré normal de chaleur animale, du moins pour empêcher la mort par refroidissement ( voyez expérience 33 ). Ainsi, pendant la vie artificielle, le mécanisme de la mort a été tout différent de celui qui est la conséquence de la simple ina- nition (le refroidissement ). b. Pour arriver à la détermination du mécanisme de la mort pendant la vie arüficielle, nous laisserons de côté toutes les ex- périences du groupe (a), dans lesquelles la mort est survenue pendant que les animaux n'étaient pas actuellement observés, et nous ne nous occuperons que de celle du groupe (b). Nous ob- tenons, à cet égard, les résultats suivants : æ. La tourterelle n° 3 est morte de syncope, pendant lintro- duction du thermomètre dans le cloaque. Nous avons déjà vu, dans linanitiation et préalablement au réchauffement, plusieurs cas de syncope survenus d’une manière semblable. Le pigeon n° 34 est mort de faiblesse. Le cochon d'Inde n° 5 est mort de faiblesse. 6. Chez les sept autres tourterelles et le pigeon n° 29, il y a eu généralement : 1. Au préalable, diminution progressive de la sensibilité et des forces musculaires : ainsi, par exemple, ils devenaient de plus en plus endormis ; ils perdaient successivement la faculté de se tenir perchés et celle de se tenir sur leurs pattes, et ils finissaient par rester étendus, la tête pendante et l'œsophage serré. 2. Puis des attaques successives et rapprochées de convul- SUR L’'INANITION. 625 sions, quelquefois violentes (tourterelle 8), d’autres fois modé- rées (tourterelles 4, 5, 10, 11, 12, 13), d’autres fois légères (pigeon 29). Elles étaient, en général, accompagnées d’un ren- versement opisthotonique du corps. 3. Collapsus complet dans l'intervalle des attaques. h. Une extension générale du corps, spasmodique et non convulsive, qui marquait communément instant de la mort (tourterelles 8, 10, 11, 13; pigeon 29). 5. Enfin la mort elle-même, qui a eu lieu par une chaleur acquise, en moyenne —36°4, c’est-à-dire assez élevée pour que le refroidissement ne füt point la cause prochaine de la cessation de la vie. Cette mort, comme on voit, a pour caractère essentiel les con- vulsions, caractère qui la rattache à la mort par anémie, suite d'hémorragie, c'est-à-dire à une mort où la vacuité du système sanguin amène la cessation de l’action du cœur, pendant que le système nerveux devient lultimum moriens, et réagit jusqu'à la fin. L'on conçoit bien, en eflet, que linanition, lorsqu'elle est poussée jusqu'au dernier terme du possible, amène une mort du genre de celle par hémorragie, puisqu’en dernier résultat linanitiation n’est qu'une destruction graduelle du sang. En recourant aux résultats présentés antérieurement { p. 569), l'on trouve bien que les animaux inanitiés qui meurent avant le réchauffement artificiel présentent quelquefois une partie des symptômes de la mort par hémorragie, c’est-à-dire des convulsions. Mais, chez eux, ces symptômes sont essentiellement dominés par ceux de la perte de la caloricité, parce que le froid qui s'empare graduellement du corps endort insensiblement le sys- tème nerveux et lui ôte ses pouvoirs de réaction. Aussi ces spasmes et ces convulsions ne s’observent-ils que rarement dans la mort qui n'a point été précédée par le réchauffement, tandis qu'ils sont constants, ou à peu près, dans celle après le réchaufle- ment. 8. Fe 626 RECHERCHES! EXPÉRIMENTALES EXPÉRIENCES DE. LA DEUXIÈME. CATÉGORIE. Avant de présenter les observations que j'ai à faire sur les expériences de la seconde catégorie du tableau 1 15, c'est-à-dire sur les trois animaux rétablis par le réchauffement et l’alimenta- üon, Je renverrai à l'appendice de ce mémoire, pour y Voir, avec quelque détail, le narré de chacune des trois expériences en question (tourterelle 17, pigeons 23 et 2/4). Je ferai sur ces expériences les observations suivantes : 1. La durée du réchauffement artificiel chez ces trois animaux a été on ne peut pas plus différente, puisqu'elle a varié entre 3 et 161 heures, c'est-à-dire dans le rapport de 1 : 54. 2. Quant aux variations de poids: du corps, nous avons fait observer plus haut que ceux de nos animaux qui ne se sont point rétablis avaient éprouvé une perte de poids deux fois plus rapide pendant la période de réchauffement que pendant celle de Pina- nitiation qui l'avait immédiatement précédée ; tandis que chez ceux qui se sont rétablis ou qui avaient eu chance de l'être, la perte pendant le réchauffement avait considérablement dimi- nué. Ainsi, pour la tourterelle n° 17, pendant les 6o premières heures du réchauffement, la perte horaire avait été le tiers; et, pour les tourterelles 1 4 et 15, en moyenne, les deux tiers de sa valeur avant le réchauffement. Mais, pour que le rétablissement ait lieu, ce n’est point assez que la perte horaire soit un minimum ; puisqu’alors même qu'elle deviéndrait — 0, l'animal ne se trouverait que replacé dans l’état où il était lors de la mort imminente. Pour qu'il puisse y avoir rétablissement, il faut que la perte se transforme en une aug- mentation de poids. Ainsi, chez notre 17° tourterelle, jusqu’à la 60° heure, la perte horaire était — 0,12, comme nous l'avons déjà dit. Mais, depuis la 60° heure jusqu'à la 168°, c’est-à-dire jusqu'à la fin du réchauffement et un peu au delà, le poids du corps a augmenté de 235,96, en sorte que, pour ces 108 der- SUR L'INANITION. 627 nières heures, l'augmentation horaire, en moyenne, a été — 08,22, et que, pour les 168 heures du réchauffement tout entier, elle a.été — 06,10. Quant aux pigeons 23 et 24, je n’en dis rien, parce qu'ils n’ont pas-été-pesés avant et après le réchauffement. 8. ‘Le poids de l'aliment ingéré pendant le réchauffement mé- rite un examen tout particulier, à cause de son influence sur la perte ou sur l'augmentation de poids du corps. Pendant la totalité de son réchauffement, la tourterelle n° 17 a pris: BLÉ EE | EAU BUE. TABLEAU N° ee me grammes. grammes. 1% jour du réchauffement c 9 ,71 7,31 2° à 6 ,67 - 6,41" 3° à 5,31 10 ,04° 7,84 1023 6,12} 16,86 8,39, -Ce qui donne, pour la moyenne de l'alimentation journa- à ls 096 : i : sh: ; lière bi 95,39 c’est-à-dire environ les de l'alimentation eau... = 9,33 normale. Il est important de remarquer cependant que cette alimenta- tion n'a point été uniforme pendant-toute la durée du réchauffe- ment: ainsi,jen comparant l'alimentation moyenne .des quatre premiers jours à celle des trois derniers, l'on : 79 628 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES ALIMENTATION QUOTIDIENNE. ————————— ———— o TABLEAU N 120. Blé. pi grammes. grammes. Moyenne des quatre premiers jours 6,38 8,50 Moyenne des trois derniers jours 13,23 10 ,44 Ainsi, pour le commencement du réchauffement, moims de moitié de la quantité normale; et, pour la fin, l'alimentation normale à peu près tout entière, au moins quant à l'aliment proprement dit. I résulte de là que, pendant la première moitié du réchauf- fement, l'animal n'a été soumis qu'à une alimentation insuff- sante, alimentation qui n’eût point été assez forte pour maintenir son poids, et qui devait l'être encore moins pour le réparer. Aussi, pendant cette alimentation, le poids du corps at-il con- tinué à baisser, et a-tl fini par atteindre son minimum le plus absolu (60 heures); et ce n’est que lorsque l'alimentation a été ramenée à sa quantité normale, qu'il a recommencé à dépasser le poids qu'il avait au moment de la, mort imminente, et que l'animal n’a plus périclité. L'on voit maintenant la cause de la difficulté et de la lenteur du rétablissement de celui-ci. Au contraire, chez lés deux pigeons rétablis (n® 23 et 24), dès le début du réchauffement, lon a ingéré un poids d'aliments égal à celui de l'alimentation quotidienne normale. Une fois cet aliment parvenu dans le jabot, ce que le spasme de l’æsophage n'a pas laissé s'effectuer immédiatement, la digestion a de suite recommencé ; et, s'opérant sur une quantité d'aliments suffisante, le rétablissement s’est accompli avec rapidité; de telle façon, qu'au lieu de continuer le réchauffement pendant sept jours, comme pour la tourtereile n° 17, les deux animaux en question ont pu se maintenir par eux-mêmes, le premier au bout de sept SUR L'INANITION. 629 heures, et le dernier au bout de seulement trois heures de ré- chauffement. L’ingestion d’une quantité d'aliments suffisante, c'est-à-dire pas trop éloignée de celle de l'alimentation normale, quelque peu disposé que l’estomac paraisse d’abord à la recevoir, me paraît donc la condition essentielle pour arriver avec prompütude et sûreté au rétablissement des animaux inanitiés et réchauffés. Sans cela, malgré le réchauffement, le poids du corps continuerait à baisser, et l'animal finirait par périr. Si je ne craignais pas d’allonger encore davantage ce mémoire, déjà si étendu, j'appuierais cette assertion par la discussion de chacune de nos neuf autres expériences (tableau 116) d’ani- maux alimentés mais non rétablis, et je ferais voir que c’est à l'insuffisance de l'alimentation qu'est dû le non-rétablissement de ces animaux. Il en est trois cependant sur lesquels je dois donner quelques explications, savoir : Le pigeon n° 34, qui paraît faire exception à ce que je viens de dire, parce que, pendant le réchauffement, son alimentation moyenne, tant en blé qu’en farine, s'est élevée, par vingt-quatre heures, à 235,08; ensorte qu'à une petite quantité près, elle a égalé le poids normal de l'aliment quotidien des mêmes animaux (te blaux 1 et 4). Mais cette exception n'est qu appar ente, parce qu’en opposition avec ce que j'ai toujours vu arriver dans les réchauf- féments prolongés, l'aliment introduit n’a réellement point été digéré, et que, pour ne parler que du blé, lon à retrouvé dans le jabot, lors de l’autopsie, le nombre précis (— 4oo ) de graines de blé qu'on avait ingéré pendant tout le réchauffement, aucune d'elles n’étant parvenue jusque dans l'estomac!. Les tourterelles n° 9 et 12 paraissent également faire excep- ? Cet animal, à l’autopsie, n'a point paru dans un état complétement normal. Son jabot, outre les 4oo graines de blé, contenait une bouillie blanchâtre de mauvaise odeur, reste de 126,95 de farine ingérés pendant les cinq premières heures de réchauffement, et dont une grande partie avait été revomie accidentellement : le blé lui-même n'avait été ingéré qu'à dater du commencement de la 11° heure. J'ai observé aussi des stries de matière blanchâtre, comme puriforme, dans le voisinage du cœur, du foie et de l'estomac. Les intestins se déchiraient en 630 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES tion à la règle ci-dessus, puisqu'elles sont mortes ayant encore une certaine quantité de blé dans le jabot. Mais cela a dépendu de ce que leurs fonctions digestives avaient été fortement altérées préalablement au réchauffement, puisqu'elles étaient arrivées au terme de mort imminente par inanition, avec cette même quan- tité de blé non digéré dans le jabot (tableau 29). Rien d'étonnant alors que le réchauffement artificiel n'ait pas pu rétablir leur di- gestion, puisqu'elles ne digéraient déjà plus ou presque plus avec leur chaleur naturelle. 4. J'ai fait en tout vingt-six expériences de réchauffement ar- tificiel : de 0e nombre j'en retranche quatre (trois pigeons et une poule) dans lesquellesle réchauffement, eu égard au volume de l'animal, a été commencé trop tard, les animaux étant morts pendant les premières minutes de leur séjour dans Létuve et.sans avoir été réchauffés. Restent donc vingt-deux expériences, sur lesquelles trois rétablissements. ‘Ge serait là une proportion de rétablissements qui ne serait pas sans importance, surtout quand on réfléchit que nous avons pris nos animaux que peu de minutes avant le moment où ls allaient expirer. Mais cette proportion n'est point la véritable. Les expériences précédentes ne sont que des expériences de re- cherche , faites dans le but de découvrir ce qui se passe, et non dans celui de quérir des animaux inanitiés; et il enest tellement ainsi, que ce n’est qu’à la a 3° d’entreelles que je me suis assuré que la digestien pouvaitsse rétablir par de réchauffement artificiel. Ce n’est, par conséquent, que depuis dors que j'ai pu songer à rétablir les animaux. Or, dans les neuf expériences subséquentes, il en est deux dans lesquelles il n'y à pas eu d'ahmentation, et une dans laquelle animal ‘est:mort par le refroidissement acci- les enlevant, et étaient énormément gorgés de matières liquides ebxerdâtres ; du reste, (le tissu de tous les grands viscères était.en:bon état. î Les altérationsen question. sont-ellesd'éffet duréchauffement ? je ne:le pense.pas, puisque, dans des réchauffements bien plus-prolongés que, celui-là, jern'ai rien! observé, de semblable : elles tenaient probablement.à quelque lésion, agcidentelle,antérienxe à ces expérienges. SUR L'INANITION. 631 dentel de l’étuve, quand la digestion commençait à se rétabhr!. Restent donc six expériences, sur lesquelles trois rétablisse- ments?; proportion considérable assurément, et qui sans doute l'aurait été davantage encore si, pendant leur réchauffement, nos animaux avaient été suffisamment nourris. Pour appliquer ces expériences à des animaux ps gros, Je crois qu'il faudrait commencer le réchauffement d'autant plus promptement que le volume de l'animal est plus considérable ; car, avec une même source de chaleur, il faut, pour en pénétrer le corps et le mettre sous son influence, un temps d'autant plus long, que le corps lui-même est plus volumineux. Si l'on ne vou- lait pas modifier le temps, il faudrait modifier la source de cha- leur, et substituer, par exemple, le bain chaud à Fétuve. Bichat, et les physiologistes qui se sont occupés du même sujet avant et après lui, ont jeté le plus grand jour sur les causes de la mort, en les classant d’après les fonctions qui servent à l'in- troduire. En divisant la mort en mort par le cerveau, mort par le poumon et mort par le cœur, ils parcouraient la série des trois fonctions vitales, et semblaient ainsi avoir épuisé la question. Et cependant, De on arrive aux faits, il est positif qu'on n’explique par là qu'un petit nombre de cas de mort, et que la grande majorité de ceux soumis à notre observation échappe à cette classification. Même dans des cas qui sembleraient le mieux se prêter à cette division, dans la phthisie pulmonaire, par exemple, qui pourrait dire qu’en général la mort arrive par as- phyxie ; puisque le poumon, le jour de la mort, n’est ordinai- 1 Il avait digéré quatre grains de blé au moment de la mort. Les trois autres cas sont: Les tourterelles 14 et 15, qui n'ont eu qu’une alimentation insuffisante, et qui, malgré cela, ne sont mortes qu'entre la 63° et la 70° heures du réchauffement. Le pigeon n° 34, mort la 36° heure du réchauffement, sans avoir digéré la moindre partie du blé qui lui avait été ingéré. 632 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'INANITION. rement pas plus lésé qu'il ne l'était la veille, et que, la veille, il suffisait à l'oxygénation du sang ? D'un autre côté, qui n’a pas été témoin de ces autopsies, dans nombre de maladies fébriless dans lesquelles on ne retrouve d'autre altération morbide que des Ié- sions souvent des plus insignifiantes du canal intestinal, lésions que, sans faire violence à son Jugement, l’on ne saurait considérer comme des causes suffisantes de mort ? Cest que la classification de Bichat n’explique pas tout, et qu'aux trois modes qu'il indique il faut en joindre au moins un quatrième, la mort par l'appareil digestif, ou linamitiation, dont nous venons de tracer l'histoire. Et en effet, que l’on veuille bien y réfléchir; puisque l'alimentation insuflisante a, sauf pour la durée, identiquement les mêmes effets d’inanitiation que l'abs- ünence absolue, il est clair que, dès que l'alimentation devient, je ne dirai pas suspendue, mais seulement diminuée, la question d'inanitiation se soulève, et que l’inanition complète n’est plus qu'une affaire de temps. L'inanitiation, on peut donc le dire, est la cause de mort qui marche de front et en silence avec toute maladie dans laquelle l'alimentation n’est pas à l’état normal. Elle arrive à son terme naturel, quelquefois plus tôt et quelquefois plus tard que la ma- ladie qu'elle accompagne sourdement, et peut devenir ainsi ma- ladie principale, là où elle n'avait d’abord été qu'épiphénomène. On la reconnaîtra, dès qu'on le voudra, au degré de destruction des chairs mysculaires, et lon pourra, à chaque instant, mesurer son importance actuelle par le poids relatif du corps”. Je soulève ici des questions du plus haut intérêt dans l’état actuel de la médecine, mais la grande étendue de ce mémoire ne me permet pas de les examiner. Je compte cependant y re- venir un jour. 1 Voir la fin de l'appendice. APPENDICE, TOURTERELLE N° 17. (Voy. tabl. 7, 8, 76.) Üne tourterelle adulte, du poids de 1498,44, a été manitiée par la privation absolue de la nourriture et des boissons. Arrivée au terme de mort imminente, elle a été soumise à un réchauffe- ment artificiel qui a été prolongé jusqu'à complet rétablissement. Les résultats qu'elle a fournis ont été obtenus, soit pendant li- nanitiation, soit pendant le réchauffement, soit enfin pendant l'état normal qui a suivi ce réchauffement. TEMPS. | pOIDS ALIMENTATION. OBSERVATIONS, CHALEUR ANIMALE (| Jours À Heures. Î Minutes L INANITIATION. gramm. |degrés.} gramm.| gramm. 149 ,44/143 ,4 139 ,02/42 ,8 132 ,93|41 ,7 127 ,56/41 ,5 État initial. . | 0 1 2 3 4 120 ,89/40 ,5 5 6 7 (Naples, 4 avril 1828, 5" 32'p. m.) 112 ,08/40 ,5 Mort 101 ,85 40 al L'animal est plus abattu. imminente. .. 89 ,68122 ,9 Arrivé à ce terme de mort imminente, l’ani-| (11 avril, 6? 19'à mal reste immobile ; étendu comme on le place, 26’ p dans un état de prostration et de refroïdisse- ment complet ; les yeux non clignotants, mais| encore sensibles à l’attouchement du doigt; la respiration relativement accélérée; en un mot dans un état qui paraît très-voisin de la mort. L'iris, l'intérieur de la bouche et les pattes| ont paru pälir en proportion de la destruction du sang. 634 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES POIDS ALIMENTATION. du OBSERVATIONS. ANIMALE. À Heures. IL. RÉCHAUFFEMENT. gramm.|degrés.] gramm.| gramm. Début 89 ,68/22,9) 0 0 L'animal, dès la fin de la 2° minute, s’est du mis à fermer les yeux, et la réanimation s’est, réchauffement faite successivement et comme à l'ordinaire. { 11 avril, 6° 27! Vers le milieu de cette première heure, il al p. m cherché à se percher sur le rebord de son étuve; mais il n’a pas pu s'y maintenir. Le blé qu'on lui ingère s’arrète dans le pharynz, sans arriver dans le jabot. 0,39) Hi boiten lui plongeant le bec dans l’eau ; après avoir bu, le blé descend dans le jabot. Il se perche sur le rebord de son étuve, et réussit à s'y fixer, après beaucoup de vacilla- tions. 1 ,36] I est resté tranquille sur son étuve pendant la 2°, la 3° et la 4° heure. Il boit un peu d'eau. 0 ,65| 0,13 Ingéré du blé, et bu pour le faire descendre. 1 1 Il reste perché sar le rebord de son étuvel pendant la 6°, la 7°, la 8°, la 9° et la 10° heure, 0,58] 1 quitte son étuve pour se mettre à marcher ot à voler; mais comme cela ne paraît dépendre] que du besoin de nourriture, on lui fait l'in- gestion ci-contre, après laquelle il reste tran- quille sur son étuve. Il est très-bien; il quitte son étuve à diffe- rentes reprises, vole à plusieurs pieds de dis- tance et en s'élevant en l'air. 12/30 0,26] Pris blé et eau. — Tranquille la 13° et la 14° heure. Agité la 15° heure. 15,30 I rend des fèces qui, pour la première fois, présentent des traces de pelures de blé. 16 Pris blé et eau , en buvant pour la première] fois avec avidité. Il reste tranquille sur son étuye après celte ingestion. Fêces chargées de beaucoup de pelures de blé teintes en vert. 1 7] 8} ; 170 Pris blé et eau, en buvant avec avidité, 87 ,93/40 ,3 1 Il est parfaitement bien. 84 ,69| » 2,07] Pris blé et eau en deux fois. — Tranquille perché sur son étuve, SUR L'INANITION. 635 TEMPS. | pOrIps À ALIMENTATION. —_— _— OBSERVATIONS. CHALEUR ANIMALE. gramm.|degrés.} gramm.| gramm. c 87 ,15/40 ,31 4,66! 4 ,3AT pris blé et eau en trois fois. — Tranquille sur l’étuve, sauf quand il a faim. Les fèces perdent la teinte verte et devien- ment d’un jaune naturel, Il rejette 2 grammes 91 de blé humide, qu’on lui réingère huit heures plus tard, sans le coucher de rechef dans la colonne de l'ali- mentation. 82 ,75 Pris blé et eau en deux fois, — Tranquille sur son étuve. 87 ,48|40 ,5 88 ,00| » bouche et iris encore très-pâles. 89 ,87|/41 ,0 Pris blé et eau. — Bouche un peu moius pâle ; du reste très-bien. 90 ,84 et de force; il ne quitte plus l'étuve, depuis qu'on le nourrit régulièrement. 99 ,07|41 ,6 Pris blé et eau. — Le blé de Turquie est substitué au blé ordinaire depuis et compris l'ingestion de ce matin. On lui ingère aussi 05,4 de carbonate de chaux. 96 ,28 Pris blé de Turquie et eau. — Iris moins âle, plus orangé vers la grande circonférence. pale, £ 103 ,73|41 ,0 Pris blé de Turquie et eau. — L’iris devient orangé dans une plus grande étendue; la bouche devient plus rosée aussi. 11 a rejeté quelques graines de blé de Tw- quie, qu’on lui réingère trois ou quatre heures] après, sans les faire reparaître dans la colonne de l'alimentation. 101 ,59 1,36] Pris blé de Turquie et eau. — 11 quitte souvent son étuve, Cessation 106 ,71/41 ,8] 6,091 Pris blé de Turquie et eau. — L'iris est du encore plus coloré qu'hier. De rechef il anis très-souvent son éluve pour se percher dans le réchauffement. voisinage, et ce PAL, pa la ira qui l'y en- (Naples, 18 avril gageait, puisqu'il avait le jabot plein d'ali- 1828, à 11° 40' a, m.) ments et qu’il restait tranquille dès qu'il n'était plus sur l’étuve. C'était un signe qu'il pcuvait se soutenir par lui-même sans chaleur étran- gère. Aussi l’on éteint l’étuve au bout del 161 heures (— 6 jours 17 heures) de réchauf- fement. — Sept heures après la cessation du rechaufement, la chaleur animale était — 41° 8, comme il est indiqué ci-contre. 636 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES TEMPS, | pOrps ALIMENTATION. | CHALEUR ANIMALE du OBSERVATIONS. Jours Heures. { Minutes. IIT. ÉTAT NORMAL. Le lendemain du jour où l'étuve a été éteinte, je me suis remis en route pour le, nord de l'Italie , la Suisse et l'Allemagne. Pen- dant ce trajet, l'on prit chaque jour, jusqu'à la fin du second mois, le poids de l'animal, celui de ses ingesta, et sa chaleur animale. Je joins ci-contre l'extrait des résultats obtenus ainsi : : x gramm.|degrés. gramm. à Molo di Gaeta.} 8 11 97 ,58142 ,2110 ,75| volonté. (19 avril 1828.) Velletri. ..... 99 ,07142 ,01 8 ,35| Idem. Rome. ...... 102 ,24/41 ,0)13 ,53| Idem. | L'iris est beaucoup plus foncé qu'auparavant, 116 ,03/43 ,0[18 ,07| Idem. Florence, ..., 132 ,16/44 ,0/19 ,43| Idem. Bains de Pise... 145 ,04/43 ,8119 ,43| Idem. Bains de Pise, .130 158 ,38/44 ,4119 ,43| Idem. | L'iris est fortement orangé , et le rouge des (11 mai 1828.) pattes très-vif. Bains de Pise, .145 180 F1) 44 2119 43 Idem. L'iris est plutôt marron qu'orangé. — Le 38° jour, l'animal a chanté pour la première fois. Tortone.....,160 187 ,52/44 ,5119 ,43| Idem. (10 juin 1828.) Passé le 60° jour, l'animal étant beaucoup plus fort et plus pesant qu'au début de l'expé- rience, l'on a cessé les observations. Je dirai seulement que, dans cette dernière portion de l'expérience, l'animal ayant parfois cessé d'a- veir de l'appétit, ou même ayant rejeté par vomissement le blé de Turquie qu'on lui ingé- rait, on rétablissait bientôt les fonctions de l'estomac , en lui fournissant des fragments de substances calcaires à avaler. Le 80° jour (30 juin 1828), étant à Friesen- heim, dans le grand duché de Baden, la cage est restée ouverte, et l'animal a pris son essor! et s'est envolé, — Je l'ai bientôt perdu de vue, et ainsi il m'a donné la preuve que son réta- blissement était complet et que l'expérience avait réussi à tous égards. SUR L'INANITION 637 PIGEON N° 23. (Genève, 14 décembre 1831.) Un pigeon du poids de 360 gramm. 53 cent., dont l'alimen- tation normale et journalière (tabl. n° 4) était de {6 36" 77° eau— 34 22; a été soumis à une alimentation insuflisante dont la moyenne blé — 174% 1 À eau — à volonté; c'est-à-dire de moitié de la quan- tité nécessaire pour maintenir le corps à son état naturel. Sous l'influence de cette dernière alimentation, l'animal s’est progressivement affaibli, et s'est trouvé, le 38° jour de ce ré- gime, avoir atteint le terme de mort imminente, caractérisé par l'impossibilité de la station, le refroidissement général du corps (lors de l’'ingestion du blé, dont nous parlerons ci-après, le doigt enfoncé dans l'æsophage le trouve tiède, presque froid) l’occlu- sion des yeux et le spasme de l'œsophage, qui rend la dégluti- tion impossible. Voulant recommencer lalimentation en même temps que le réchauffement artificiel, on débute par imgérer à l'animal 32 gram. 38 cent. de blé, lequel s'arrête dans l'œsophage, sans presque descendre dans le jabot, alors même qu’on le pousse avec le doigt. — Cette opération faite, l'animal paraît tellement près de la mort, qu'on ne peut ni prendre son poids ni déter- miner sa chaleur finale, et qu'on se décide à commencer immé- diatement le réchauffement. L'on obtient alors les résultats suivants : diurne a été de 638 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES TEMPS du OBSERVATIONS. RÉCHAUFFEMENT. 11 février 1832. 0! 0’ (= 10% 15/ a. m.) Début du réchauffement 2 0 L'animal est toujours très-faible, et le corps reste dans un état d'opisthotonos. Le blé ingéré avant le réchauffement est en- core dans l’œsophage et n’a pas passé dans le jabot. Même état de faiblesse et d’opisthotonos: il n'a pas encore ayalé son blé, mais il en a rejeté quelques grains. Ïl est beaucoup mieux : il a avalé son blé et s'est assez réchauflé pour quitter l'étuve. — On l'y replace. I a bu avec avidité et digère son blé, Il a repris de la chaleur et des forces; il paraît bien remis et quitte son étuve. L'animal paraissant pouvoir se muintenir par lui-même, l'on essaye de cesser le réchauffement, tout en étant prêt à le re- commencer!si cela devennit nécessaire, L'animal s’est très-bien maintenu, malgré la cessation du ré- chaulfement. L'animal est toujours très-bien : il a encore du blé dans le jabot. Il est parfaitement bien remis. Poids du corps = 2195,37, y compris il est vrai 5 à 6 grammes de blé qu'on sent encore dans le jabot, — On lui réingère alors autres 325,37 de de blé, Pendant les jours suivants on a continué à nourrir l'animal , et il s’est remis complétement !. PIGEON N° 24. (Genève, 14 décembre 1831.) Un pigeon du poids de 4188,35, et dont l'alimentation nor- blé = 366,79 } eau— Al ,76 | mis à une alimentation insufhisante, dont la moyenne diurne a été de NET W eau à volonté quantité nécessaire pour maintenir le corps dans l’état normal. Sous l'influence de ce mode d'alimentation, l'animal s’est male et journalière (tabl. n° 4) était de , a été sou- , c’est-à-dire d’un peu plus de la moitié de la ! Au bout de quelques jours, cet animal a été de nouveau soumis à une alimentation in- blé — 166,19 eau à volonté sivement diminué, et, à la fin du huitième jour de ce régime, on a trouvé l'animal mort au moment où l'on espérait pouvoir répéter le réchauffement. Poids du corps un peu après la mort — 217556 : ainsi, probablement à peu près le même que celui qu'avait l'animal, lors de la mort imminente, dans l'expérience ci-dessus. suffisante, dont la moyenne diurne a été de . Les forces ont alors progres- SUR L'INANITION. 639 affaibli progressivement, et le 56° jour de ce régime, il s’est trouvé avoir atteint le terme de mort imminente, caractérisé par impossibilité de la station, par la cessation du clignotement des yeux, par le rallentissement du cœur (— 89 par minute), par un refroidissement tel que la chaleur dans le cloaque était abaissée à 22°, 1, et enfin par la réduction du poids du corps à 24/45, 95, ce qui représente une perte intégrale proportionnelle — 6,41 5. Dans un iel état de choses, l’on se hâte de commencer le réchauffement, et l’on obtient les résultats suivants : Er OBSERVATIONS. RÉCHAUFFEMENT. ES 1° mars 1832. 00: (= 9" 25’ a. m.) Début de réchauffement. 0 10 L'animal s'est déjà sensiblement ranimé. — On lui ingère 3,24 de blé; mais, l'œsophage étant serré, le blé s'y arrête et ne D >phag y passe point daus le jabot. 0 50 Plus animé : cœur à 138 par minute. — La station recommence, mais furt imparfaitement, [0] La déglulition se fait, mais avec beaucoup de difficulté. On in- gère alors 295,14 de blé, qu’on ne peut faire parvenir dans le jabot qu’en le poussant avec le doigt introduit dans l’œso- phage. L'animal est bien remis. I] s’est perché sur son étuve, et il s'en- vole quand on l'approche. — L’on lui fournit de l'eau ; il en boit avec avidité. Le trouvant si bien rétabli, l’on essaye de suspendre le ré- chauffement. L'animal est parfaitement bien quoiqu’on ait cesse le réchaulfe- ment depuis deux heures de temps, Il est aussi vif et animé que les jours précédents, allant ét marchant comme d’ordi- naire. Sa chaleur à 5h 11', à dater du début du réchaule- ment, — 40°,7. Ainsi il a repris la faculté de produire de la chaleur; il se soutient par lui-même et son rétablissement est complet. (=12} 55! de la puit.) Chaleur animale — 39°,3 (influence noc- turne). — L'animal continue à être parfaitement bien, mal- gré la cessation absolue du réchauffement. 1] n’a plus qu'un peu de blé dans le jabot : on Jui en réingère 325,37. —| À dater de ce moment, l'animal, pendant plusieurs semaines, a continué à être parfaitement bien et à augmenter de poids. On lui a ingéré régulièrement 326,37 de blé par jour, et son poids s'est trouvé successivement, toujours à compter du début du réchauffement, savoir :, 640 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'INANITIO TEMPS À DATER DU DÉBUT du réchauffement. GMjOUr CEE 15 idem 2e 2Didem eee 29° idem... ° idem idem idem. . idem. 67° jour... ITS A do 40 OBSERVATIONS. .... 2725,14 301 ,22 .…..... 314,62 +... 319 ,48 Cependant la soif s'est développee et est devenue peu à peu assez vive pour que, du 24° jusqu'au 67° jour (c'est-à-dire jusqu'à la fn de la vie), la moyenne de la quantité d’eau consommée journellement ait été de 1775,5, c’est-à-dire de 4 1 de fois la moyenne de la dépense diurne dans l'état normal. En même temps, il s’est peu à peu établi une diarrhée énorme, qui, de même que la consommation d'eau , a duré jusqu'à la fin de la vie; et l'animal s’est mis à picoter partout, pour rechercher les substances calcaires qu'on ne lui donnait pas, tout en continuant cependant à lui fournir jusqu’à la fin ses 325,37 de blé par jour. Sous ces diverses influences le poids du corps, qui jusque-là était allé en augmen- tant, s’est mis progressivement à décroître; et, toujours à dater du début du réchauf- fement , il est successivement devenu : POUSSE Matane an aunnr À ... 3196,74 . 306 ,53 278 ,23 298 ,50 240 ,80 Le corps étant arrivé à ce degré d'exténuation, supérieur même à celui qu'il avait atteint lors de l’état de mort imminente qui avait immédiatement précédé le réchaule- ment , l'animal a vécu encore trois jours, prenant de vingt-quatre en vingt-quatre heures ses 326,37 de blé et ses 177,5 d'eau , et continuant à évacuer énormément. — Enfin le: le corps étant encore chaud et le cœur rapide, la station est devenue impossible , l'ani- mal est tombé dans un état de prostration, la déglutition est devenue difficile et plus tard le corps s’est refroidi. L'on a essayé alors le réchauffement artificiel; mais, l'animal n'ayant point été surveillé pendant sa durée, l'on rentre au bout de 55 minutes d’étuve pour le voir expirer.— La chaleur du eloaque au moment de la mort était à 43°,0, mais les pattes étaient brülantes, A mon grand regret il n'y a pas eu d'autopsie, et le poids final du corps n’a pas été déterminé. Mais, en supposant que pendant les trois derniers jours la perte de poids ait été proportionnelle à celle des sept jours immédiatement antécédents, l’on aurait pour le poids final du corps 2166,17. Cette expérience remarquable, maïs malheureusement incomplète à la fin, offre le passage très-intéressant de l'état physiologique à l'état pathologique. Dans la première artie, l’inanition était la suite d'une alimentation insuffisante ; dans la seconde, elle était l'effet d’une diarrhée qui avait amené de la fièvre, laquelle à son tour, en main- tenant la chaleur animale élevée, avait en quelque sorte remplacé le réchauffement artificiel, et avait permis au poids du corps de s’abaisser de la quantité dont celui-ci diminue sous l'influence du réchauffement artificiel non secondé par l'alimentation. — Et c'est là probablement l'un des offices de la perturbation fébrile, que de per- mettre au corps de résister à une perte de poids qui eût suffi, sans elle, pour amener la cessation de la caloricité et la mort par refroidissement. Mem de LAcad. des Seences, Savants étrangers, tome VII. Fe ! Fo 2 jun + + +. + Pa fa 7 7 / / DA 1 7 [0 19 3. SR EE y are 7 Ë F7 7 x CRE ZAR — F Ti ler 3f + Er [ + 2 2 / À ; va | | 7 77 7 + Î + . re - 72 - Pa Fa nc Î + + + 2 _ té D à JE + 2 - ve Fig # Fig 5 Fe 0 Fig 7 EL Lith. de l'Imprinerie Royale Mende l'Acad des Sciences Savants étrangers, tone FI PLIT ne Fig 15 Fig 16 Fig 17 —] Lith de l'Imprimerie Royale RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION, CONSIDÉRÉE SOUS LES RAPPORTS PHYSIQUES ET MATHÉMATIQUES; PAR G. DELAFOSSE, PROFESSEUR DE MINÉRALOGIE À LA FACULTÉ DES SCIENCES. PREMIER MÉMOIRE. DE LA STRUCTURE CRISTALLINE ET DE QUELQUES PHÉNOMÈNES PHYSIQUES QUI EN DÉPENDENT. I est peu de questions qui offrent en ce moment un intérêt plus vif et plus général que celles qui ont trait à la connaissance exacte de la constitution moléculaire des corps. De tous côtés les physiciens et les chimistes multiplient à l'envi les recherches, et épuisent tous les moyens d'investigation que la science leur fournit, sinon pour atteindre complétement ce but, du moins pour essayer de jeter quelque lumière sur l'un des ‘points les plus importants et les plus mystérieux de la philosophie natu- relle. Les géomètres, depuis le changement qu'ils ont opéré dans la direction de leurs travaux, en renonçant à considérer les corps comme des masses continues, pour ne plus voir en eux que des assemblages de molécules distinctes, cherchent aussi à 8. 81 642 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. contribuer de tous leurs moyens au succès de cette tentative ; et l’on est en droit d'attendre de ce concours universel les ré- sultats les plus heureux et les plus favorables aux progrès de la physique moléculaire. La cristallographie, qui a déjà été si utile à l'avancement de cette partie de la science, ne doit pas cesser de tendre au même but; car, les faits dont elle s’occupe semblent, par leur nature même, devoir y mener par une route plus directe et plus sûre. Mais, pour que ses efforts ne soient pas désormais infructueux, il est nécessaire qu’elle envisage son sujet sous de nouvelles faces, et qu'elle ne borne plus l'étude des cristaux à l’observa- tion de leurs formes extérieures, et à la détermination de ieurs rapports purement géométriques; il faut qu’elle étende le champ de ses recherches, en essayant de poursuivre la connaissance de la structure intérieure des corps cristallisés, au delà du point où s’est arrêté Haüy, et où ce savant illustre, trompé par une hypothèse sans fondement réel, et que nous prouverons bientôt être complétement inadmissible, avait cru voir une limite que sa théorie ne devait pas franchir. La structure, telle que nous la considérons ici, nous paraît être incontestablement le caractère de première valeur dans les cristaux, celui qui domine tous les autres. La forme extérieure, qui, jusqu’à ce jour, aeu le privilège d’absorber toute l'attention des cristallographes, n’est plus à nos yeux qu'un caractère se- condaire, qui n’a d'importance que parce qu'il se montre tou- jours subordonné dans ses modifications aux lois particulières de la structure interne, et de la constitution moléculaire du corps cristallisé. Sous ce rapport, la forme cristalline ne se distingue des autres propriétés physiques, que parce qu'elle se prête à une détermination plus facile et peut-être plus rigou- reuse ; car toutes les propriétés physiques ont été, comme elle, soumises à l'influence de la cristallisation et marquées également de son empreinte. Par suite de cette subordination qui leur est commune, toutes manifestent des variations constantes et appré- RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 643 ciables, selon les directions diverses dans lesquelles on les observe. Tel est le cas, par exemple, des différents phénomènes qui dépendent de la cohésion, comme le clivage, la dureté et l'élasticité, et de ceux plus nombreux et plus variés encore qui se rapportent aux actions de la lumière, de la chaleur et de l'électricité. Toutes les propriétés physiques dans les cristaux sont donc propres à traduire extérieurement les modifications qu'éprouve en divers sens la structure interne, et, par consé- quent, toutes doivent être mises en ligne de compte, lorsqu'il s'agit de déterminer rigoureusement la constitution intime d’un milieu cristallisé. Si la loi de la structure moléculaire d’un cristal était donnée a priori, Ou, Si par un moyen quelconque on arrivait à connaître le véritable type de sa molécule, sinon d’une manière absolue, du moins dans ses caractères essentiels (comme dans le nombre, les dimensions et les positions relatives de ses axes principaux ); et, qu'en outre, on püt assigner dans la masse cristalline, les directions pour lesquelles l’arrangement moléculaire varie, et celles où la distribution des molécules redevient la même, on aurait certainement par là une idée exacte de la symétrie qui caractérise le milieu cristallisé, et l’on serait en état de prévoir celle qu'une observation attentive pourrait faire reconnaître dans les modifications des propriétés physiques, celle-ci devant évi- demment se modeler sur la première. Mais sil existe une telle dépendance entre la nature intime du milieu cristallisé et cette symétrie correspondante qui se manifeste toujours à l'extérieur, dans les variations de chaque propriété physique, ne doit-il pas être possible de conclure de l'une à l’autre, et, par une analyse exacte et une discussion ap- profondie de tous les phénomènes secondaires, de remonter jusqu'au fait primitif dont ils dérivent? Oui, sans doute, pourvu toutefois que, dans cette analyse , on n'omette aucune circonstance importante, aucune des conditions essentielles du problème à résoudre. Or, nous allons voir que, sous ce rapport, les théories 81° 6u4 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. cristallographiques les plus complètes laissent beaucoup à désirer; et, bien que celle de notre vénérable maitre, l'abbé Haüy, pé- nètre plus profondément qu'aucune autre dans la nature des cristaux, elle a besoin elle-même d’être modifiée en quelques points, non-seulement pour pouvoir s’'accorder avec tous les faits connus, mais encore pour se prêter à des développements ultérieurs. I existe deux écoles différentes de cristallographes, qui, toutes deux, ont pris leur origine en France, presque à la même époque, et se sont propagées simultanément Jusqu'à nos jours. Si l'on voulait les caractériser en quelques mots, on pourrait, avec M. AL. Brongniart, appeler l’une, l’école géométrique et l'autre l'école physique. La première date de Romé-del'Isle et de son illustre contem- porain Werner. Un moment éclipsée par les brillantes décou- vertes d'Haüy, qui fut le fondateur et le chef de la seconde école, elle s’est maintenue et continuée en Allemagne par les travaux nombreux et importants de Weiss et de Mohs. Ces deux savants crurent pouvoir, à l'exemple de leurs devanciers, s'en tenir à la considération exclusive de la forme et négliger entièrement celle de la structure, du clivage, et des autres propriétés phy- siques; ils sont parvenus néanmoins à donner à leurs théories géométriques un degré assez éminent de perfection , en mettant à profit les recherches de notre célèbre cristallographe , auquel ils ont fait emprunt des deux lois qui forment la base et comme tout le résumé de sa doctrine : je veux parler de la Loi de symétrie et de celle des décroissements, auxquelles sont soumises toutes les faces de modification des cristaux. Mais en cherchant à s'appro- prier ces deux grands faits, ils les ont présentés comme de simples lois empiriques ?, leur faisant perdre ainsi le caractère de Lois a ! La loi de symétrie, qui détermine le nombre et la disposition générale des plans dont se composent les formes d'un système cristallin, peut bien, elle, être considérée comme un ré- sultat de généralisation inductive; mais il est difficile de reconnaître le même caractère à la se- conde loi, qui règle les inclinaisons mutuelles des faces , soit d’une même forme .soit de deux RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 645 priori, caractère qui les distingue dans la théorie du minéra- logiste français. Malgré ce désavantage qu'ont à nos yeux les théories alle- mandes, nous sommes très-porté à reconnaître la valeur des rai- sons qui, dans la pratique comme dans l’enseignement de la science, paraissent militer en faveur du point de vue que leurs auteurs ont adopté de préférence. Une plus grande simplicité semble être le partage d'une doctrine, qui n’est au fond qu'un exposé dogmatique de principes-et de lois, pour la vérification des- quels on se contente de renvoyer à l'expérience ; mais la science est en droit d'exiger davantage; et à côté de cette cristallogra- phie toute pratique , dont nous ne contestons pas utilité, il est bon, ce nous semble, et nous dirons plus, il est nécessaire de placer une cristallographie théorique qui montre le véritable fon- dement des lois sur lesquelles s'appuie la première. Rejeter en- tièrement de la science des cristaux une théorie aussi simple et aussi fortement empreinte de vérité que l'est celle d'Haüy, pour s'en tenir aux simples connaissances qu'exigent, à la rigueur, les déterminations minéralogiques , ce serait faire faire à la cristal- lographie un pas rétrograde comparable, en quelque sorte, à ce- lui qui aurait lieu en astronomie si l'on venait à s’y restreindre formes différentes combinées entre elles. Cette loi, d'après laquelle les décroissements qui s’o- pèrent sur les bords des lames composantes des cristaux ont toujours lieu uniformément, et par un petit nombre de rangées de molécules, revient à dire que les arêtes d’une forme cristalline doivent étre coupées, dans des rapports simples et rationnels, par les faces d’une autre forme quelconque du même système , qui s'ajoute à la première. De 1à les noms de loi de rationalité, ou de loi des troncatures rationnelles, sous lesquels plusieurs cristallographes de l'Allemagne dé-- signent la loi fondamentale, trouvée et démontrée par Haüy. La loi de rationalité n'est, à vrai dire, qu'un corollaire de la proposition qui sert de base à la théorie des décroissements, et celle-ci, à son tour, est le résultat nécessaire du fait du clivage combiné avec l'hypothèse ato- mistique. Cependant M. Weiss a cru pouvoir présenter la loi de rationalité comme la consé- quence mathématique d'une autre loi purement expérimentale qu'il appelle la loides zones, et qui consiste en ce que les différents plans d'un système cristallin sont tellement liés entre eux, que l'on peut toujours, à partir d'un plan quelconque, parcourir en différents sens des séries ou zones de plans consécutifs, qui tous se coupent mutuellement dans des arêtes parallèles ; d'où il résulte que la direction d’un plan nouveau peut être connue, indépendamment de toute me- sure d'angles, si ce plan appartient à deux zones différentes, et que, dans chacune d'elles, deux premiers plans soient donnés. 646 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. aux lois expérimentales de Képler, en mettant de côté da grande loi de Newton qui les résume toutes et les explique. Nous avons dit que, dans la manière de voir des minéralogistes allemands, la cristallographie est redevenue ce qu'elle était du temps de Romé-de-l'Isle, une science toute géométrique. La plu- part, en effet, considèrent la forme cristalline comme une pro- priété primordiale au lieu de l'envisager comme un effet secon- daire des lois de la structure interne; ils se bornent , en consé- quence, à observer les formes des cristaux, à les analyser et à les comparer soigneusement, pour arriver ensuite à les classer d’une manière naturelle, travail important, dans l'exécution duquel ils ont certainement fait preuve d’une rare sagacité. Toutefois, nous devons le dire, la cristallographie réduite à ces proportions semble n'être rien autre chose qu'un simple chapitre ajouté à la théorie des polyèdres. Le problème cristallographique , tel qu'Haüy lavait conçu et posé dès l’origine, est d’une nature bien différente : 11 est phy- sique autant que mathématique; 1l n'a pas seulement pour but de déterminer les rapports de forme qui existent entre des di- vers cristaux d’un sel ou d’une espèce minérale, mais encore d’ex- pliquer ees rapports et les formes elles-mêmes, en remontant à leur cause première, qui est la constitution intérieure du corps cristallisé. La cristallographie fondée par Haüy n’est donc point une science purement abstraite : elle est, comme il le disait lui- même, la théorie des lois auxquelles est soumise la.structure ma- térielle des cristaux; aussi prend-elle son point de départ dans le clivage, lune des propriétés physiques qui se lient de la manière la plus évidente avec cette structure. On sait comment Haüy, par la considération des clivages qui se répètent en divers sens, démontre jusqu'à l'évidence qu'un cristal est mécaniquement divisible en une multitude de petits parallélipipèdes similaires, juxtaposés entre eux, qui peuvent à leur tour se subdiviser de plus en plus sans changer de forme ; et comment, après avoir opéré en réalité cette subdivision pro- RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 647 gressive et l'avoir poussée jusqu’au point où, par l'imperfection de nos sens, elle cesse d’être praticable, il la continue par la pen- sée et la conduit jusqu’à sa dernière et véritable limite, sa limite naturelle ; car, en raisonnant dans l'hypothèse atomistique, on est forcé de reconnaitre que cette division mécanique doit avoir un terme : elle peut aller jusqu'à la molécule physique du cris- tal, ou bien rester en decà, mais elle ne saurait, en aucun cas, dépasser cette molécule. I résulte donc clairement de cette espèce d'anatomie du cris- tal, que l'on peut concevoir celui-ci comme un assemblage con- ünu de petits éléments polyédriques, tous semblables de forme et juxtaposés par leurs faces. Ces particules cristallines sont pour Haüy les éléments de premier ordre du cristal : en se réunissant entre elles par séries linéaires ou planes, elles composent des files ou lames moléculaires, autres sortes d'éléments de second et de troisième ordre, dont il a su tirer un parti avantageux dans le développement des lois de la structure. C’est à ces particules po- lyédriques qu'Haüy donne , comme on le sait, le nom de molé- cules intégrantes, quand il les considère comme le dernier terme de la division mécanique, et celui de molécules soustractives, quand elles résultent du groupement de plusieurs molécules intégrantes, ou bien lorsque, dans l'absence du clivage, elles ne lui sont con- nues que d’une manière indirecte et par voie de calcul. Si l’on considère la particule intégrante comme représentant l’un des éléments de la structure mécanique et géométrique du cristal, et non pas nécessairement lélément physique de la substance elle-même, on peut dire que son existence est incontestable, du moins pour tous ceux qui se placeront, comme nous le faisons ici sans scrupule, au point de vue de la physique moléculaire ; mais sa réalité n’est pas celle qu'Haüy a cru pouvoir lui attri- buer, en la confondant avec la molécule du corps, et il importe avant tout de ramener cet élément du cristal à sa véritable signi- fication. À la rigueur, Haüy aurait pu se dispenser d'émettre son opi- 648 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. nion touchant la nature de cet élément et ses rapports avec les vraies molécules ; il était libre de s’en tenir à la connaissance de sa forme et à celle de ses propriétés physiques les plus manifestes, sans chercher à aller au delà; mais, cédant involontairement à la tendance de notre esprit, qui nous porte à croire que les choses sont réellement en elles-mêmes telles qu'elles s'offrent à nos sens, 11 a supposé que le dernier terme de la division mécanique du cristal devait être en même temps celui de la division phy- sique de la substance, imitant en cela les chimistes qui placent la simplicité de la matière à l'endroit où s'arrêtent leurs moyens d'analyse. L'hypothèse qu'il s'est permise à cet égard, et par laquelle il tranchait, au lieu de la résoudre, la question relative à la forme moléculaire , n’a eu d’autre effet que de mettre obstacle à toute recherche ultérieure sur la nature des véritables corpuscules entre lesquels la cohésion s'exerce; elle a été cause d’un temps d'arrêt dans le développement de la théorie de la structure, mais, à part vet inconvénient, elle n’a eu aucune influence fâächeuse sur la partie de la théorie générale qui n’a pour but que d'expliquer la variation des formes secondaires. Cette théorie spéciale, telle qu'Haüy l'a développée sous le nom de théorie des décroissements, est tout à fait indépendante de l'idée qu'on peut se faire de la nature des particules intégrantes; elle n’envisage dans celles-ci que leur forme; elle ne voit en elles que de petits espaces polyé- driques, régulièrement juxtaposés, et dans lesquels le cristal en- üer, considéré lui-même comme corps géométrique, est décom- posable. La molécule intégrante n’est donc pour Haüy qu'une sorte d'unité, an moyen de laquelle il évalue le décroissement des lames composantes qui se superposent, en diminuant succes- sivement d'étendue, pour former les parties extérieures du cristal. Aussi ne fait-il point difficulté de changer de mesure, selon les circonstances, dans l'application de sa théorie à une même espèce minérale, donnant alors à la nouvelle unité qu'il choisit, jusqu'à un certain point, arbitrairement le nom de molécule soustrac- RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 649 tive !. Il est évident que ce dernier genre de molécule, variable de sa nature, comprend, comme cas particulier, la molécule inté- grante, et que celle-ci ne diffère des autres que par ce seul et unique caractère, d’avoir toutes ses faces parallèles aux directions de clivage. I est facile d'établir la signification précise de cet élément du cristal, que nous nommerons la particule intégrante ou cristalline, et de montrer en quoi il diffère de la véritable molécule physique, c'est-à-dire du groupe atomique qui constitue la substance ma- térielle, abstraction faite de son état cristallin. I suffit pour cela de reprendre le raisonnement que faisait Haüy sur le clivage, en cherchant à interpréter plus rigoureusement que lui les résultats de cette division mécanique. En effet, de la possibilité d’un cli- vage dans une première direction plane, nous sommes seulement autorisé à conclure que les molécules du cristal, considérées comme des points matériels, sont distribuées sur une série de plans parallèles entre eux et à cette direction; qu'à ce premier clivage s'en joignent deux autres, dans deux directions nouvelles, nous tirerons une conséquence semblable, relativement à cha- cune de ces directions, et, de ces résultats combinés entre eux, il ressortira clairement que les molécules doivent être espacées d'une manière uniforme et symétrique, ayant leurs centres de gravité aux points d'intersection de trois séries de plans parallèles, et présentant ainsi, dans leur ensemble, une sorte de configuration en quinconce, ou l'image d’un réseau continu à mailles paralléli- pipédiques. Les molécules sont fixées aux points dont nous par- lons, non d’une manière inébranlable, mais dans un état d’équi- libre plus ou moins stable, et elles composent, en différents sens, 1 Dans les minéraux à quadruple! clivage, qui se subdivisent en octaèdres, en tétraèdres, et et en rhomboèdres, Haüy choisit pour molécule intégrante l'une des deux premières formes, et pour molécule soustractive la forme rhomboïdale, « Que les parties solides de ces rhomboïdes, dit-il, soient des octaèdres qui laissent entre eux des vacuoles semblables aux tétraèdres, ou que ce soit le contraire qui arrive, cela est indifférent à la théorie, qui ne covsidère ici que des espaces rhomboïdaux, en faisant abstraction de la figure des petits corps qui occupent ces es- paces.» (Tr. de Min. 1° édit. vol. I, p. 473.) 82 650 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. des files rectilignes et parallèles, dans chacune desquelles leurs centres sont équidistants. Celles de ces files qui se trouvent sur le même plan sont pareillement à des distances égales les unes des autres. Il est évident, d'après cela, que la molécule intégrante d'Haüy n’est que le plus petit des parallélipipèdes que forment entre elles les molécules voisines, et dont elles marquent les sommets; ou, si l'on veut, elle n’est que la représentation des petits espaces in- termoléculaires, ou des mailles du réseau cristallin. Ce qu'Haüy considère comme les dimensions de cette molécule hypothétique, n'est rien autre chose que les intervalles qui séparent les molé- cules réelles, dans les directions des arêtes ou des axes de la forme primitive. Mais, parce que les petits parallélipipèdes soustractifs existent dans le cristal, et qu'Haüy ne s’est mépris que sur leur nature, l'erreur qu'il commet en les confondant avec les véritables molé- cules, a, par elle-même, peu d’inconvénient ; car elle n’affecte que le langage dont il se sert, et disparaît des applications de sa théo- rie, qui en est complétement indépendante. Le raisonnement par lequel nous venons d'expliquer le phé- nomène du clivage prouve la nécessité d'établir une distinction entre la molécule physique et la particule intégrante. La première est pour nous l’élément atomique du corps, à part toute cOnsI- dération d'état cristallin. La seconde n’est que l'élément de sa structure géométrique, quand il s'offre sous cet état particulier et accidentel : elle ne précède point l'acte de la cristallisation, mais elle en est le produit, et n’a d’existence que dans le cristal tout forme. Cette distinction est d'autant plus importante, que nous aurons bientôt la preuve que, dans un grand nombre de cas, les vérita- bles molécules ont un type géométrique très-différent de celui qu'Haüy leur assigne. C'est ainsi qu'il nous sera clairement dé- montré que le type moléculaire a tous les caractères d’une forme tétraédrique, dans beaucoup de cas où ce savant admet la forme RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 651 cubique, tandis que c’est précisément le contraire qui a lieu dans la plupart de ceux où il adopte la forme du tétraèdre. Les phénomènes du clivage, considérés en eux-mêmes, ne suf- fisent pas pour nous faire connaître la forme des molécules; ils nous apprennent seulement quelle configuration régulière résulte de la manière dont elles sont arrangées entre elles. On réduirait, par la pensée ces molécules à leurs centres de gravité, pour les transformer en de véritables points matériels, que rien ne serait changé dans l’assortiment général des files et des tranches molé- culaires, et dans la disposition des fissures, qui séparent celles de ces tranches qui ont une même direction. Sans doute cette configuration est en rapport avec la forme de la molécule, dont il n’est pas possible de faire pleinement abstraction, puisque toute la cristallisation en dépend; mais cette influence du type molé- culaire, sur la structure apparente du cristal, n’est pas tellement immédiate, que les mêmes phénomènes de clivage ne puissent ré- sulter de l'agrégation de molécules de diverses formes , comme nous le prouverons par la suite. Le type moléculaire reste donc indéterminé, tant que, pour parvenir à le connaître, on ne prend en considération que les seules données du clivage, ainsi que le fait Haüy. Sa théorie de la structure cristalline est, par conséquent, incomplète, en ce qui concerne la forme des molécules, et elle laisse un libre champ aux recherches que nous nous proposons d’en- treprendre pour la détermination de cet important caractère”. 1 Un cristal étant traversé dans une multitude de sens par des fissures planes, perpendicu- lairement auxquelles les tranches de molécules se tiennent avec une force plus ou moins con- sidérable, celles-ci ont une tendance d'autant plus grande à se séparer, par suite d'un choc ex- térieur, qu'elles répondent à une direction de moindre cohérence. Le joint naturel que produit cette rupture d'équilibre n'est rien autre chose que le plan qui touche à la fois en des points homologues toutes les molécules d’une même tranche, Pour concevoir l'existence de pareïls joints, il n'est donc pas nécessaire de supposer, comme l'a fait généralement Haüy, que les mo- lécules aient des faces planes, plus ou moins larges, disposées de niveau parallèlement à chaque direction de clivage. La séparation suivant des plans lisses et continus est moins la conséquence immédiate de la forme des molécules, que de la manière symétrique dont elles sont arrangées et alignées entre elles. C'est, d'ailleurs, ce qu'Haüy n'a pas fait difficulté d'admettre dans quel- ques cas où il a été forcé de s’écarter de sa manière de voir ordinaire. Dans la 1°° édition de son Traité de minéralogie, lorsqu'il veut développer la structure du dodécaèdre bipyramidal du 82° 652 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. On vient de voir que nous avons été conduit à faire à la théo- rie d'Haüy une première modification, qui consiste à restituer à la particule intégrante sa véritable valeur, en la distinguant de la molécule physique du corps. Mais ce changement en entraine un autre d’une importance non moins grande, non-seulement parce qu'il nous facilitera cette extension de la théorie dont nous venons d’entrevoir la possibilité , mais encore parce qu'il fait éva- nouir tout d’abord une difficulté sérieuse, qui s’est offerte plu- sieurs fois aux cristallographes, dans l'application de la loi de sy- métrie, et qui n'a jamais été résolue d’une manière satisfaisante. On sait qu’une substance minérale est susceptible de cristal- liser sous diverses formes, entre lesquelles :l est facile d’aperce- voir des passages, et que même un seul cristal peut, à différentes époques de son accroissement, changer successivement de figure, si les circonstances, au milieu desquelles la cristallisation a lieu, viennent à varier. Ces passages, d'une forme à une autre, s’opè- rent toujours par de nouvelles facettes, qui remplacent les arêtes ou les angles de la premiere, et qu'on appelle des facettes de mo- dification ou de troncature, parce qu’elles ressemblent à des sec- tions qu'on aurait pratiquées sur les parties terminales de cette forme, supposée d’abord complète. C’est la loi de symétrie, qui détermine le nombre et la disposition de ces facettes addition- nelles, et c’est par elle que le cristallographe parvient à connaitre le système total des formes d'un minéral, quand une seule de ces formes lui est donnée. Cette loi, dans son énoncé le plus géné- ral, est fort simple; car elle consiste à dire que les parties exté- rieures d’un cristal, qui offrent entre elles une parfaite identité, doivent toujours être modifiées simultanément et de la même quartz, il reconnaît que les faces moléculaires ne sont plus situées sur un même plan dans la direction des joints naturels, et il fait voir que cette circonstance n'empêche pas les clivages de paraître continus (tom. I, p. 489.) Dans le Traité de cristallographie (tom. I, p. 247), il applique aux clivages qu'il nomme surnuméraires l'explication que nous donnons ci-dessus d'un clivage quelconque, et que nous croyons pouvoir étendre à ceux-là mêmes qui sont paral- lèles aux faces primitives, bien qu'Haüy ait cherché à combattre cette assimilation par des ar- guments d'une assez faible valeur. RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 653 manière. Cela est évident; car, là où les mêmes causes détermi- nantes existent, les mêmes effets doivent s'ensuivre. La loi de symétrie n'est donc, à vrai dire, qu'un axiome de physique, et, en cette qualité, elle ne saurait faillir. Il faut toutefois faire abs- traction du cas où certaines facettes d’un cristal, qui s’accroit iné- galement dans son pourtour, avortent, pour ainsi dire, parce que les facettes voisines, en s’étendant outre mesure, ne leur laissent point de place : cas bien connu des cristallographes, et qui ne constitue pour eux qu'une exception particulière et accidentelle, en ce qu'elle n’affecte point toute l'espèce à la fois, mais seule- ment l'individu que l'on considère. A part celte circonstance , et en admettant que er accroissement des cristaux se fasse d’une manière uniforme et régulière, il est difficile de s’imaginer comment la loi de symétrie pourrait souf- frir des exceptions dans un cristal dont toutes les parties seraient exactement proportionnées. Et cependant Haüy et d’autres cris- tallographes ont rencontré des cas assez nombreux où elle leur a semblé être en défaut, et où l'exception même leur apparais- sait comme une anomalie constante, en ce qu'elle affectait géné- ralement et au même degré tous les cristaux de l'espèce. Ces cas sont ceux des minéraux qu'on nomme : pyrile, boracite, tourma- line, quartz, apatite, chalkopyrite, etc. De telles anomalies sont tout à fait inadmissibles. N’est-1l pas plus naturel de penser que l'on a fait une fausse application de la loi, en se méprenant sur la nature des parties auxquelles on a accordé la même valeur? Il ne suflit pas de dire, en effet, que les parties identiques doivent être semblablement modifiées; 1l faut surtout examiner l’état réel de ces parties, et les conditions qui déterminent leur similitude; il faut commencer par faire une énu- mération complète de celles qui sont identiques, et de celles qui ne le sont pas, et pour cela il importe beaucoup de ne pas se tromper sur les caractères auxquels l'identité peut se reconnaitre. Or, la définition donnée par Haüy des parties identiques est inexacte, parce qu'elle est incomplète. Cédant lui-même à cet 654 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. entrainement général qui porte tous les cristallographes vers les considérations de nature abstraite, et dès lors, préoccupé de l’idée que les cristaux et leurs particules intégrantes peuvent être en- visagés comme de simples polyèdres, Haüy n’admet pour l’iden- tité qu'une seule condition, une condition purement géomé- trique, savoir la ressemblance de forme. Pour lui, deux angles dièdres ou solides d’un cristal sont identiques, quand ils sont géométriquement égaux; quant aux conditions de nature phy- sique, il les passe sous silence. Mais pourtant, la forme polyé- drique n'est, suivant sa propre expression, que le fantôme du cristal, et celui-ci est, avant tout, un corps matériel, qu’on ne peut pas dépouiller entièrement de ses propriétés physiques, lorsqu'il s’agit surtout d'interpréter un phénomène qui dépend uniquement des lois physiques auxquelles la matière obéit. Et s'il arrive (comme cela est en effet) que deux parties d’un cris- tal, géométriquement semblables, aient d'ailleurs des structures ou constitutions moléculaires différentes, on ne peut plus dire, dans ce cas, qu’elles sont en tout point identiques. Il faut donc compléter la définition donnée par Haüy, en ajou- tant que les parties, dejà semblables de forme, doivent être de plus physiquement identiques, en sorte que l'identité absolue com- porte deux conditions, l'une géométrique, et l'autre physique. Alors, toutes les fois que la loi de symétrie paraîtra en défaut aux yeux de celui qui ne tiendrait compte que de l'identité de forme des parties modifiées, il y aura lieu d'examiner si ces parties ne cacheraient pas, sous cette ressemblance extérieure, des proprié- tés physiques différentes. Il est d'autant plus surprenant qu'Haüy n’ait pas soupçonné la possibilité de pareilles différences de structure entre des formes ou parties de formes primitives, mathématiquement semblables, qu'il n'ignorait pas l'existence de ce fait, à l'égard de beaucoup de formes secondaires!. En effet, sa théorie établit manifeste- ! Dans une seule circonstance, Haüy parie de la distribution et de l'influence des atomes qui entrent dans la composition de la molécule intégrante. (Voyez Tr. de min. 2° vol. pag. 15, RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 655 ment que des lois diverses de décroissement sont susceptibles de reproduire le même solide géométrique avec des structures essentiellement différentes. Il lui était impossible d'admettre la même disposition moléculaire et la même symétrie dans le prisme, hexaèdre du calcaire rhomboïdal, qui passe si facilement à la forme rhomboédrique, et dans celui du béryl, auquel cette es- pèce de modification est absolument interdite, Il avait reconnu que, par des décroissements combinés, qui produisent le même effet en sens contraire, en agissant sur des parties différentes, on obtenait dans les prismes à base oblique (tels que ceux du pyroxène, de l’amphibole et de l’orthose), des solides semblables à ceux qui proviennent de formes primitives beaucoup plus simples. En plus d’un endroit de ses ouvrages, 1l fait la remarque que les sommets et les arêtes des cristaux ne sont pas de véri- tables points ou lignes mathématiques ; que souvent même ces parties terminales du solide naturel différent par leur position de celles qui leur correspondent sur le solide géométrique, et qu’elles constituent alors de petits plans physiques infiniment étroits, dont le tissu moléculaire peut varier, quoique leur apparence reste la même. En suivant avec lui les conséquences de sa théorie, on entrevoit encore que les faces cristallines elles-mêmes ne sont pas non plus des plans géométriques continus, mais qu’elles doivent présenter une texture ou une disposition moléculaire, diverse- ment saillante à leur superficie, et qui peut changer non-seule- ment d’une face à une autre sur le même cristal, mais encore d’une direction ou plutôt d’une file moléculaire à une autre sur la même face. C'est pour avoir omis de prendre en considération ces diffé- rences physiques, qui doivent influer sur la corrélation des par- ties du cristal et par suite sur sa symétrie réelle, que tous les cristallographes ont cru si facilement à ces anomalies constantes, à ces prétendus défauts de symétrie dont nous avons parlé. Ils 1° édit.) Partout ailleurs, il paraît supposer tacitement que l'égalité géométrique entraine avec elle l'identité physique absolue. 656 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. n’ont pas vu que ce qu'ils prenaient pour une exception était la véritable symétrie, commandée par la nature même du corps, mais une symétrie différente de celle à laquelle ils s'attendaient, parce qu'ils avaient jugé identiques des parties qui ne le sont pas. Haüy rapporte ces anomalies à des actions perturbatrices, dont il cherche la cause en dehors des lois de la cristallisation : nous verrons bientôt que son explication, quelque séduisante qu'elle paraisse au premier abord , ne résiste pas à un examen approfondi. Quant aux minéralogistes allemands, ils croient reconnaître dans les mêmes faits des réticences de la cristallisation, et comme une sorte d'habitude prise par certaines formes, de ne produire que la moitié ou le quart du nombre de faces qu’elles devraient avoir. Ils ont donné en conséquence à ces modifications, selon eux incomplètes, les noms d'hémiédriques et de tétartoédriques. Cette considération de l'hémiédrie est ingénieuse sans doute; elle peut être utile, sous le rapport de la classification à établir entre les diverses formes cristallines; mais il ne faut pas s’imagi- ner que, par ce moyen, la difficulté soit levée; elle reste tout entière. De nouvelles modifications sont seulement reconnues et dénommées, mais nullement expliquées. Cette doctrine a même le tort de laisser croire que la nature est libre de produire à vo- lonté, dans une espèce du système cubique, par exemple, soit des formes homoëédriques, comme l’octaèdre, soit des formes hé- miédriques, comme le tétraèdre régulier ou le dodécaèdre pen- tagonal; de la même manière que nous pourrions arbitrairement, à l'aide du clivage, faire passer une masse cristalline de spath fluor à la forme d’un octaèdre ou à celle d’un tétraèdre. Mais nous prouverons qu'il en est tout autrement, par une étude exacte de la symétrie, fondée sur la structure et l'ensemble des propriétés physiques; nous établirons positivement que certaines substances cubiques, telles que le sel marin et la fluorine, qui jusqu'à pré- sent n’ont offert que des dérivés immédiats du cube, sont à tout jamais incapables de donner naissance à des tétraëdres ou à des do- décaèdres pentagonaux; que d’autres substances cubiques, comme RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 657 le cuivre gris et la blende, qui cristallisent en tétraèdre, ne peu- vent pas produire le solide pentagonal; et que réciproquement la pyrite, qui se montre si communément sous cette dernière forme, ne se rencontrera Jamais sous celle du tétraèdre !. L'hémiédrie n’est bonne qu’à constater, entre certains groupes de formes, des rapports de symétrie, des relations purement ma- thématiques, comparables à ces passages que, par une abstrac- tion de l'esprit, nous établissons entre les divisions successives de nos méthodes naturelles. En poussant même les considérations de ce genre beaucoup plus loin que ne Lont fait la plupart des cristallographes allemands, on parvient à reconnaître, entre tous les systèmes cristallins, une sorte de filiation, qui permet de les dériver les uns des autres, par hémiédrie , tritoédrie, tétartoé- drie, hectoédrie, etc. mais ce ne sont là que des passages phi- losophiques, qui peuvent bien faire ressortir les analogies des systèmes: mais qui n’en laissent pas moins subsister les différences caractéristiques. Au lieu d'admettre dans certaines espèces une dérogation en quelque sorte permanente à l'une des lois les plus simples et les plus générales de la cristallisation, que l’on suppose dans ces substances, ce que lobservation nous démontrera bientôt, une modification particulière de la structure imterne, qui entraîne un changement de symétrie dans les parties extérieures du cristal, et aussitôt les anomalies disparaissent. Ce n’est plus seulement une subdivision d’un des systèmes déjà connus qu'on observe alors, mais bien un système d’espèce toute diffèrente, et qui doit prendre place à la suite des autres, sans se confondre avec eux. Le point de vue nouveau que nous exposons ici nous paraît avoir de l’importance, sous le double rapport de la cristallo- 1 M. G. Rose, dans ses Éléments de cristallographie, publiés à Berlin en 1833, après avoir décrit les formes hémiédriques du système régulier, fait remarquer que celles qui sont à faces inelinées et qui dérivent immédiatement du tétraèdre n'ont point encore été observées en combi- naison avec les formes hémiédriques à faces parallèles, dont le type est le dodécaèdre pentago- nal, quoique, dit-il, on n'aperçoive pas bien la raison de ce fait. (Voyez Elemente der Krystallo- graphie, pag. 49. 8 83 658 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. graphie et de la physique générale: I intéresse la première de ces sciences, en ce qu'il nécessite une autre définition du système cristallin, et une classification plus exacte des systèmes existants. On ne peut plus dire, en eflet, qu'un système cristallin est un ensemble de formes, dont chacune diffère de toutes celles des autres systèmes : car deux systèmes réellement différents peuvent avoir certaines formes communes, avec d’autres formes propres et caractéristiques. Nous verrons qu'il existe trois systèmes cu- biques, c'est-à-dire trois systèmes particuliers, dans chacun desquels le cube se rencontre; mais, en passant d’un système à l’autre, ce solide change de structure moléculaire, et revêt chaque fois un nouveau caractère de symétrie. Il ne suffit donc pas de signaler l’une des formes géométriques d’un système, pour déterminer celui-c1!, à moins que l’on ne s'arrête pas à la simple indication de la forme, et qu'on ne fasse en même temps con- naître la corrélation de ses parties, telle qu’elle résulte de la constitution moléculaire du cristal; d’où il suit que la distincion des systèmes cristallins repose véritablement sur les différences de la structure. Notre manière de voir intéresse aussi la physique générale, en ce qu'elle seule peut donner la clef de plusieurs propriétés particulières à certains cristaux (de l'électricité polaire, et de la polarisation circulaire, par exemple), comme aussi de quelques variations dans les propriétés générales, qui, jusqu'à ce jour, sont restées sans explication. On sent bien, en effet, qu'il doit exister une relation intime entre les propriétés physiques des cristaux et leur structure moléculaire. Mais, comme jusqu'ici, dans la re- cherche des lois de ces propriétés, la comparaison a toujours été établie directement avec la forme, et non pas avec la structure, ! Mobs et la plupart des cristallographes prétendent qu'un système cristallin est déterminé par une seule des formes qui le composent. (Voyez Leïchtfassliche Anfangsgrände der Natur- geschichte der Mineralreichs, Wien, 1832, p. 165). Haüy a fait la remarque, fort juste, que lorsqu'on veut s'en tenir à la considération des formes géométriques, c’est leur ensemble seu- lement qui peut décider.de l'identité ou de la distinction des deux systèmes, (Traité de Crist. tom. IT, p. 421.) RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 659 il en résulte que quelques-unes de celles auxquelles on est arrivé par cette voie nécessitent des restrictions, parce qu'elles ne sont que l'exagération d’un fait, qui n’est vrai que dans un certain degré de généralité. Le second changement que nous apportons à la théorie d'Haüy consiste donc à tenir compte des conditions physiques qui peuvent influer sur la symétrie, indépendamment de la forme, et qui sont la conséquence immédiate de la structure moléculaire. Ainsi que nous l'avons dit, Haüy dès le principe est entré dans la voie que nous nous proposons de suivre, en envisageant son sujet comme une question physico-mathématique; mais on le voit presque aussitôt s’en écarter. Une fois que, par le clivage, il est mis en possession de l'élément qu'il nomme molécule intégrante. sa théorie change à l'instant même de caractère : de physique qu'elle était à son début, elle redevient purement géométrique, comme celle des cristallographes allemands. La molécule inté- grante n'est plus pour lui qu’un simple paralléhipipède, et tous les cristaux de la même substance ne sont que des combinaisons diverses de pareils éléments. La seule différence qu'il y ait à partir de ce pot, entre la théorie d'Haüy et les théories allemandes, c’est que celles-ci ne s'occupent uniquement que des formes extérieures des cristaux et cherchent à les lier entre elles directement, sans aucun inter- médiaire, tandis qu'Haüy parvient à établir la dépendance mu- tuelle de ces mêmes formes à l’aide d’une autre forme intérieure que lui donne le clivage, ou bien le calcul, dans les cas où le clivage fait défaut. Il semble que l'observation du caractère phy- sique n’ait été pour lui qu'un moyen de résoudre ce problème : trouver un petit parallélipipède de dimensions telles, que toutes les formes cristallines du système puissent être reproduites par des assemblages de lames, composées de ces parallélipipèdes. Or, c’est là un problème abstrait, une question purement géomé- trique, qui est susceptible d’une infinité de solutions, comme Haüy lui-même le fait voir, par l'emploi de ses noyaux hypothé- 83* 660 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. tiques et de ses molécules soustractives. Le clivage lui fournit l'une de ces solutions, après quoi toute considération physique disparait. Nous n'ignorons pas qu’en dernière analyse un pro- blème de physique doit finir par se transformer en une question de géométrie pure ou de mécanique rationnelle; mais cette transformation ne doit s’accomplir que lorsqu'on a tenu compte de toutes les conditions ou données expérimentales du problème, sans quoi l’on s'expose à obtenir des résultats inexacts, incom- plets ou exagérés. De tout ce qui précède il résulte que la théorie d’Haüy com- porte deux modifications importantes, qui, loin de la dénaturer, la perfectionnent, selon nous, en lui restituant son caractère pri- mitif et la rendant susceptible d’une plus grande extension. Ces modifications consistent à la débarrasser de considérations arbitraires, de suppositions gratuites, qui ont été pour elle une surcharge non-seulement inutile, mais encore nuisible : car elles ont entravé sa marche, et l'ont décréditée dans l'esprit de plu- sieurs savants, en diminuant à leurs yeux sa certitude. A la fa- veur des amendements que nous proposons, cette théorie s’é- tendra désormais à des phénomènes qui lui étaient demeurés étrangers jusqu'ici, tandis que d’autres faits, qu'elle avait tenté vainement d'expliquer, cesseront d’être pour elle des anomalies et rentreront sous les lois ordinaires de la cristallisation. Ainsi modifiée, la théorie d'Haüy peut, sans contredit, être considérée comme l’une des théories physiques dont la vérité est établie de la manière la plus incontestable; car elle n'offre plus rien d’arbitraire ni d'hypothétique, si ce n’est toutefois la donnée première sur laquelle elle repose, savoir, l'existence des atomes. Encore peut-on remarquer à son avantage, qu’elle n’a pas eu besoin de se créer, comme d’autres doctrines, une hypo- thèse particulière, ayant été assez heureuse pour trouver son point de départ dans un principe commun, universellement admis dans la physique moderne, et qu’elle était en droit de regarder a priori comme une vérité démontrée, outre qu’elle pou- RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 661 vait par elle-même en fournir a posteriori la preuve la plus con- vaincante et la plus palpable. Cette théorie, si simple et si lumineuse, ei à laquelle on n'avait réellement à reprocher que le défaut d’être incomplète, a été presque généralement abandonnée parles cristallographes, surtout en Allemagne. L'espèce de répulsion constante qu’elle a éprouvée de la part des minéralogistes allemands a fait naître ensuite contre elle, en d’autres pays, des présomptions défavorables. Peut-être ne sera-t-il pas inutile d'indiquer ici la véritable cause qui a amené un pareil résultat. Si l’on a trouvé la théorie d'Haüy défectueuse, ce n’est pas du tout pour avoir remarqué, dans ses développements, une complication d’hypothèses, semblable à celle que nous avons nous-même relevée précédemment, mais bien à raison de l'hypothèse unique et fondamentale sur laquelle elle s'appuie en réalité, de l'hypothèse des atomes, qui lui est commune avec toutes nos théories physiques. Toute autre expli- cation, qui procéderait du même principe, serait, par cela seul, frappée du même discrédit aux yeux des minéralogistes alle- mands. Le motif de cette répugnance que les savants d’outre-Rhin manifestent généralement pour toute théorie moléculaire, 11 faut le chercher, selon nous, dans cette philosophie idéaliste, cette sorte de métaphysique de la nature, dont se préoccupent presque tous les esprits en Allemagne. De véritables sophismes, basés sur les Antinomies' de Kant, ont conduit les physiciens de ce pays à ! Ce n'est pas de nos jours seulement que les philosophes ont prétendu mettre, sur certains points, la raison en hostilité directe avec les sens; il y a plus de deux mille ans que des dis- putes semblables à celles qui divisent encore les naturistes de l'Allemagne et les physiciens du reste de l'Europe, partagèrent l'école d’Élée en deux sectes, celle des idéalistes, et celle des atomistes. Les premiers, pour soutenir leur doctrine, mettaient en avant certaines propositions contradictoires, que la raison paraissait établir avec une égale force , et que les antinomies mo- dernes des kantistes n'ont fait que reproduire. Sans vouloir entrer ici dans une discussion de- vant laquelle nous ne reculerions pas, si nous la jugions nécessaire, nous nous bornerons à faire remarquer que le dynamisme a été tout à fait stérile pour les progrès de la philosophie natu- relle, tandis que l'hypothèse atomistique a conduit aux plus belles découvertes, et a servi de base aux théories les plus exactes et les plus fécondes, Or, on le sait, les hypothèses, qui sont le fondement et le lien nécessaire des théories, ne se prouvent pas autrement que par leur fé- + 662 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. préférer, dans l'étude et l'interprétation des phénomènes natu- rels, ce genre d'explications vagues et obscures, qu'ils nomment dynamiques, aux vues si claires et si précises, que nous fournit le système atomistique. Ils rejettent toute hypothèse, pour s'en tenir à l'expérience, ou mettent de vaines subtilités à la place de ces représentations nettes des phénomènes, de ces constructions simples des corps matériels, admises par la théorie newtonienne, et qui leur semblent trop mécaniques et trop grossières, parce qu’elles parlent aux sens en même temps qu'à la raison. Nous aurons plus d’une fois occasion, dans le cours de ces recherches, de faire allusion à quelques aperçus, en apparence séduisants, que le dynamisme a produits, et l’on verra que, dans les cas de ce genre, l’auteur allemand a pris le change sur la véritable ex- plication du phénomène, toujours cachée, mais facile à recon- naître sous l'interprétation subtile qu'il en donne. Nous pourrions maintenant commencer l'examen que nous nous proposons de faire des lois fondamentales de la cristallisa- tion, au double point de vue de la physique et de la géométrie ; mais, pour mieux prouver l'importance des changements que nous apportons aux idées généralement reçues, et l'utilité de recherches plus exactes et plus profondes sur la structure des cristaux, nous avons cru devoir nous borner, dans ce premier mémoire, à essayer, en quelque sorte, la valeur des principes précédents, en les appliquant à un petit nombre d'espèces mi- nérales, que nous choisirons de préférence parmi celles qui sont connues depuis longtemps, et dont lhistotre, par les nom- breux travaux auxquels elles ont donné lieu, semblerait devoir être complétement achevée. En voyant ce qu'il est possible d'y ajouter encore, et quelle lumière rejaillit de l'étude de la struc- ture, sur des faits jusqu'à présent mal appréciés, ou même de- condité et la justesse de leurs résultats. Au reste, nous renverrons les personnes qui voudraient avoir une idée du point de vue particulier sous lequel les dynamistes envisagent le sujet qui nous occupe, à l'ouvrage du docteur Uhde, publié à Brême en 1833, sous le titre de : Versuck einer genetischen Entwickelung der mechanischen Krystallisation-Gesetse, 1 vol. in-8? de 371 pages, RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 663 meurés sans explication, on jugera, je l'espère, de tout l'intérêt qu'il peut y avoir à se livrer à de pareïlles recherches, soit pour la minéralogie, soit pour la physique générale. Les espèces, que je me propose de soumettre à un examen ra- pide, sont : la boracite, la tourmaline, la pyrite commune, le quartz, et le béryl. $ 1. BORACITE. La boracite a été remarquée depuis longtemps pour la netteté de sa cristallisation et la singularité de ses propriétés physiques. Ses cristaux, fort petits, mais à contour parfaitement régulier, excluent toute idée d’imperfection sous le rapport de la forme. Cependant on a méconnu leur véritable symétrie, qui est celle des substances dont le type fondamental est le tétraèdre. On à prétendu qu’elle devait être celle des cubes ordimaires, dans les- quels les mêmes modifications se répètent sur tous les angles; et parce que leur forme dominante, qui est généralement celle d’un cube, paraissait toujours se modifier d’une certaine manière sur quatre des huit angles solides, qui répondent aux sommets d’un tétraèdre régulier, et d'une autre manière sur les quatre angles opposés aux précédents, on en a conclu qu'il y avait dans ces cristaux un défaut habituel de symétrie. On a même élevé des doutes sur la réalité de la forme cu- bique, tant à cause de cette anomalie apparente, que pour un autre fait que j'indiquerai bientôt, et qu'il paraissait difhcile de concilier avec cette forme. On a pensé que la forme dominante pouvait être un rhomboëdre extrêmement voisin du cube; mais il n'en est point ainsi. Outre que la symétrie générale des cris- taux n’est nullement celle qui est propre aux espèces rhomboé- driques, mais bien celle des substances tétraédriques comme le cuivre gris et la blende, je me suis assuré par les mesures les plus précises, variées et répétées un grand nombre de fois, puis combinées entre elles par la méthode de calcul que les géo- mètres indiquent comme la plus avantageuse, que la forme or- 664 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. dinaire des cristaux de boracite est bien réellement le cube, ainsi que le prétend Haüy. Cet habile cristallographe regarde encore le cube comme étant la molécule intégrante de la boracite, et l’on sait que sous cette dénomination il comprenait la véritable molécule du corps. Mais s'il eût aperçu le clivage octaédrique, qui se montre aussi dans ce minéral, et peut-être même d’une manière plus sen- sible que le clivage cubique, il eût admis alors pour molecule un tétraèdre régulier. Nous l'avons déjà dit, la considération du clivage peut bien conduire à la connaissance de la particule inté- grante du cristal!, mais elle ne suffit pas pour déterminer la forme de sa molécule physique. Des molécules de forme tétraé- drique peuvent tout aussi bien coexister avec un clivage cubique, que des molécules cubiques avec un clivage octaédrique. Que l'on substitue, par exemple, à chacun des petits cubes, dont Haüy compose son cristal de boracite, le tétraëdre inscrit dont les arêtes se confondent avec six des diagonales du cube, et les sommets avec quatre de ses angles solides (V. figures 3 et 4), et l'on aura un assemblage uniforme de tétraèdres disposés paral- lèlement entre eux, qui se prètera évidemment aux mêmes divisions mécaniques que l'assemblage de cubes dont nous le supposons dérivé. Or, ce nouveau genre de structure, qui s’accor- dera tout aussi bien que le précédent avec le clivage, sera de plus parfaitement en rapport avec la symétrie des modifications, comme avec celle de toutes les propriétés physiques. Haüy, en admettant, dans la boracite, des molécules cubiques, 1 Les figures 1 et 2 représentent, relativement au plan, des structures semblables à celles que nous devons concevoir dans l’espace pour les substances à clivage cubique ou rhomboë drique. Les petits groupes moléculaires , tels que m n p q, sont les particules intégrantes, réu- nies et liées les unes aux autres par un enchaînement continu. Quant aux véritables molécules physiques , représentées dans les figures par des points, leur forme reste indéterminée : tout ce qu'on peut dire à son égard, c'est qu'elle doit s’accorder avec la symétrie propre à un pareil arrangement. Ainsi, dans le cas de la figure 1, ou plutôt de celle qui lui correspondrait dans l'espace, les molécules devront ayoir trois axes égaux et rectangulaires, parallèles aux inter- sections mutuelles des plans de clivage; mais c'est là une condition commune à beaucoup de formes, et que peuvent réaliser bien des groupes différents d’atomes. RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 665 ne voyait aucune différence de structure entre cette substance et celles qui appartiennent au système ordinaire du cube, telles que le sel marin et la galène. I supposait en conséquence que les forces de la cristallisation agissaient comme de coutume pour produire les mêmes modifications aux extrémités d’un même axe, mais que leur tendance se trouvait contre-balancée par l’action de forces étrangères, venant ajouter accidentellement leurs effets à ceux des premières. Et ces forces perturbatrices, dans le cas de la boracite et de la tourmaline, lui paraissaient de- voir être celles qui, sous l'influence de la chaleur, donnaient lieu dans ces cristaux au développement de l'électricité polaire. Des lors, la dérogation à la loi de symétrie n’était plus qu’apparente, et il en était de cette loi, dans les cas dont nous parlons, comme de celle de l'équilibre appliquée à une aiguille de boussole, dont les deux bras seraient parfaitement égaux en poids, et qui, ce- pendant, ne pourrait se maintenir horizontale, après avoir été soumise à l'aimantation. Frappé de la concomitance assez fréquente, mais non géné- rale, de ces deux phénomènes, lélectricité polaire et lhémi- morphisme, il a cru pouvoir expliquer l'un au moyen de l'autre, et il est parvenu ainsi à sauver la difficulté, au moins en appa- rence, en la renvoyant du cristallographe au physicien. Mais si l'on examine le casavec attention, on s'aperçoit bientôt que la diffi- culté subsiste tout entière, en ce que l'électricité polaire à son tour est inexpliquée, je dirai même plus, tout à faitinexplicable. Il ne faut pas perdre de vue, en effet, que dans les idées d'Haüy tout est parfaitement semblable aux deux extrémités d’une même diagonale, dans un cube de boracite. Dés lors com- ment concevoir dans ces parties identiques une opposition d'ef- fets comme celle qu'y détermine le mouvement de la chaleur ? On ne peut réellement supposer qu'il se manifeste des pôles électriques contraires aux extrémités d'un même axe, sans ad- mettre en même temps qu'il y ait vers les deux sommets une différence physique, consistant, sinon dans un changement de 8. 84 " 666 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. nature des molécules, au moins dans une relation différente des molécules extrêmes avec les parties de l’espace qu’elles regardent. Or, une telle différence existe, si l'on substitue au genre de structure adopté par Haüy, celui que nous avons indiqué précé- demment et auquel tous les faits, tant physiques que cristallo- graphiques, conduisent de la manière la plus évidente, parce que tous en sont une conséquence naturelle. Concevons donc que le cube de la boracite soit composé de particules intégrantes cubiques, comme on le voit fie. 3, et que dans ces particules on inscrive semblablement des tétraèdres réguliers, qui seront pour nous les véritables molécules phy- siques, dès lors l'assemblage de cubes (fig. 3) sera remplacé par la combinaison de tétraëdres, représentée fig. 4, et dont la forme générale est encore le cube. Cette combinaison de tétraèdres est soumise à la loi du parallélisme des axes moléculaires, joint à une distribution uniforme des centres, loi qui s'applique à tous les cristaux connus sans exception!. La figure 7 représente un iétraèdre régulier de boracite ou de cuivre gris, avec la même structure intérieure; on suppose toujours que les molécules soient rapprochées jusqu’au contact, auquel cas leurs arêtes sont continues les unes aux autres. Si l’on porte l'attention sur les files moléculaires qui sont si- tuées dans la direction des diagonales du cube, et que repré- sentent les figures 5 et 6, on verra que dans chacune de ces files les molécules tournent leurs pointes vers une des extrémités et ! Haüy paraît avoir méconnu l'importance de cette loi, qui est selon nous la base fondamen- tale de la théorie de la structure. Il lui est arrivé souvent de l'enfreimdre sans nécessité, par exemple, dans le cas de la fluorine et des autres substances à quadruple clivage, comme on peut le voir dans l'article de l'octaèdre, que nous avons rédigé d'après ses propres principes, et qui fait partie du second volume de son Traité de cristallographie. On sait qu'il s'était cru obligé de choisir la molécule de la fluorine entre les deux formes du tétraèdre et de l'octaèdre, afin d'expliquer le phénomène du clivage tel qu'on l'observe dans ces substances ; mais nous avons prouvé que la véritable explication du phénomène n’exige rien de semblable. H est à remar- quer qu'Haüy doune l'exclusion à l'octaèdre précisément dans la circonstance où la symétrie s'accommoderait fort bien de cette forme; d'un autre côté, ïl adopte le tétraèdre dans un grand nombre de cas où la symétrie lui est tout à fait contraire, et ne l'admet pas toujours là où elle semble le demander impérieusement. RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 667 leurs bases vers l’autre, et qu'il résulte par conséquent d'une pa- reille structure une sorte de polarité dans les sommets oppo- sés du cristal, qui évidemment ne se trouvent point dans les mêmes conditions physiques, quoique formés tous deux des mêmes molécules; en effet, dans l’un les molécules se présentent par un de leurs angles à la région de l'espace qu'elles regardent, tandis que dans le sommet opposé elles se présentent par leurs bases, c’est-à-dire par le côté le plus large, et dans une position précisément inverse. Cette différence physique une fois reconnue, les prétendues anomalies de forme disparaissent; l'hémi-morphisme est expli- qué; il n’est qu'une application particulière de la loi générale à certains cristaux, dans lesquels la symétrie réelle, basée sur l'identité absolue, diffère de la symétrie apparente qui se rap- porte purement à la forme. Mais il y a plus : l'électricité polaire, ce phénomène sur la cause duquel les physiciens ne se sont pas prononcés Jusqu'à présent, est facile dès lors à concevoir. On aperçoit clairement la raison physique de cette singulière polarité, lorsqu'on réfléchit aux résistances diverses que doivent offrir aux mouvements des fluides de la chaleur et de l'électricité de pareilles files de molé- cules, selon que ces fluides parcourent le milieu dans un sens ou dans le sens contraire. On n’est plus surpris de rencontrer des propriétés physiques différentes dans des parties, de forme semblable à la vérité, mais où les molécules se présentent dans des états divers et opposés. Ainsi l'électricité polaire et lhémi-morphisme n’ont point entre eux la relation de cause à effet, qu'Haüy leur suppose; mais ces phénomènes sont tous deux des conséquences d'un même fait primitif, qui a échappé à ce cristallographe, savoir d’une forme et d’une disposition particulière des molécules; en un mot, d’un certain mode de structure qui paraît appartenir Jusqu'à présent à un très-petit nombre de substances naturelles. On peut généraliser l'explication précédente, en disant que 84° 668 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. pour qu’une substance cristallisée manifeste la polarité électrique aux deux extrémités d’un même axe, il faut que les files molécu- laires, parallèles à cet axe, ne présentent point une disposition pareille et symétrique de part et d'autre d’un plan qui lui serait perpendiculaire. Tel est très-probablement, comme nous le ver- rons plus bas, le cas des molécules qui composent les aiguilles ou fibres longitudinales des tourmalines. Nous devons cependant faire observer que, si la circonstance précédemment énoncée semble être une condition sine qua non de la production du phénomène, elle ne suffit pas pour le dé- terminer, et qu'il faut ici, comme pour d’autres cas où se ma- nifestent des propriétés électriques , ajouter comme condition nouvelle, que la substance soit un mauvais conducteur de l’é- lectricité. Ainsi, la polarité électrique ne se rencontre point dans les cristaux de cuivre gris, ni de pharmacosidérite, quoique leur structure soit analogue à celle des cristaux de boracite. On pour- rait, tout au plus, la soupçonner dans les minéraux tétraédriques, qui, comme le blende et l'helvine, sont situés, pour ainsi dire, sur la limite commune des substances vitreuses et des substances métalliques. Je me suis assuré, en effet, que cette dernière en offre des traces sensibles. Mais il est encore une distinction qu'il importe de noter ici, cest qu'on ne doit point confondre, comme l'a fait M. Brewster, l'espèce de pyro-électricité dont nous parlons, et qui se montre trés-rarement, avec cette autre pyro-électricité fort commune, qui s’observe dans un grand nombre de substances, cristallisées ou non, organiques ou inorganiques. La pyro-électricité polaire est la seule qui soit dans une dépendance évidente de la struc- ture cristalline; quant à la seconde sorte de propriété pyro- électrique, ce n’est qu'un phénomène ordinaire de tension électrique, dû à un changement d'état ou d'équilibre des parti- cules du corps, et dans la production duquel la chaleur n'in- tervient que comme cause occasionnelle. Bien loin que par ces observations récentes la liste des cristaux véritablement pyro- RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 669 électriques ait reçu depuis Haüy une augmentation notable, peut-être faudra-t1l en abaisser le nombre au-dessous de celui qu'il a fixé dans son ouvrage, car nous avons tout sujet de croire que les minéralogistes eux-mêmes n’ont pas toujours su éviter l'espèce de confusion que nous avons signalée dans une des recherches du physicien d'Edimbourg. De la structure moléculaire que nous assignons à la boracite, on peut cenclure a priori que cette substance et généralement tous les cristaux tétraédriques ne doivent point offrir le même degré de cohésion, ni, par conséquent, de dureté, dans les di- rections parallèles aux deux diagonales d’une même face de cube, malgré l'égalité géométrique de ces deux lignes. On sait que c'est à Huyghens que l’on doit la première observation de ces différences de dureté dans les cristaux, constatées depuis par d'autres physiciens, et qu’il a même été assez heureux pour remarquer une variation de cette espèce, dans la circonstance où elle était le plus inattendue, savoir dans une seule et même ligne, selon que le corps rayant la parcourait dans un sens, ou dans le sens opposé. Dans son important ouvrage sur la cohé- sion’, le docteur Frankenheim cite un grand nombre d’expé- riences qu'il a faites pour établir les rapports de cette propriété avec d’autres manifestations de la cohésion, comme le clivage, par exemple, et surtout avec la symétrie de la forme; mais on ne voit point qu'il ait soupçonné la différence qu'il doit y avoir entre les cubes des substances à modifications hémiédriques et ceux des substances à modifications homoédriques. J'ai cherché, en employant le mode d'expérimentation dont il a fait usage, à reconnaître cette différence dans la boracite, mais elle est, sans doute, extrêmement faible, et je n’ai pu obtenir de résultat bien décisif. J'aurai néanmoins plus d’une fois occasion, dans le cours de ces recherches sur la structure, de signaler l'importance de pareils essais, que je désignerai, à l'avenir, pour abréger, 1! Die Lehre von der Cohæsion, Breslau, 1835. 670 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. sous la dénomination d'essais sclérométriques *. Dans certains cas, ils pourront suppléer cet autre moyen d'investigation, dont la science est redevable à M. Savart, et que cet habile physicien a appliqué d’une manière si heureuse à Fétude de la structure du quartz, mais qui, par les conditions qu'il exige, ne pourra être pratiqué que bien rarement par les minéralogistes. La différence de valeur physique qui existe, selon nous, entre les deux diagonales d’un même carré dans les substances té- traédriques, et que nous retrouverons chez beaucoup d’autres, entre des lignes d’ailleurs égales et semblablement situées, s'annonce quelquefois à la vue par un caractère auquel on n’a pas toujours accordé l'attention qu'il mérite; je veux parler des stries, que l’on a regardées généralement comme une im- perfection de la cristallisation, et dans lesquelles Naumann aperçoit comme l'effet d’une sorte de combinaison oscillatoire. Quelle que soit la manière dont on les envisage, il est certain qu’elles sont toujours en rapport avec la structure moléculaire, et qu’elles peuvent donner lieu à des observations précieuses, en contribuant à nous dévoiler des différences, qui échapperaient complétement à nos yeux, si les faces étaient parfaitement lisses. Dans les cubes appartenant au système homoëdrique, on n’ob- serve point ordinairement de stries parallèles aux diagonales, et l'on conçoit que, s’il y en avait, elles se montreraient à la fois dans les deux directions, à cause de la parfaite identité des lignes moléculaires qui leur correspondent. Mais dans les cubes des substances tétraédriques, il n’en est plus ainsi; et les stries peuvent apparaître dans une des directions, sans se manifester dans l’autre. C’est, en effet, ce qui a lieu, sinon dans la boracite, où je n'ai pu encore les observer, du moins dans les cristaux de * On pourrait donner le nom de scléromètres aux instruments du genre de ceux dont Mus- chenbroek et le docteur Seebeck se sont servis pour estimer la dureté, et dans lesquels on dé- termine par un poids la force qui sollicite le corps avec lequel le cristal est rayé. Il importe, toutefois, de remarquer que, pour le but qu'on se propose ici, les instruments dont on a besoin doivent donner de simples indications des différences, et non de véritables mesures des degrés de la dureté. RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 671 blende, qui montrent quelquefois cesstries diagonales, sur celles de leurs faces qui répondent au cube, disposées commeon levoitfig. 8. H me reste maintenant à parler de la manière dont se com- portent la boracite et les autres espèces de structure analogue, sous le rapport des propriétés optiques. On connaît cette loi, qui se trouve formulée dans tous les ouvrages de physique et de minéralogie, et d’après laquelle toute substance cristallisée en cube ou sous l’une des formes dérivées du cube, serait dépour- vue de pouvoir polarisant et biréfringent, et agirait, à l'égard de la lumière, comme si elle n’était pas cristallisée. Cet énoncé est beaucoup trop général, parce que, sous la même forme extérieure, peuvent se rencontrer des différences essentielles de structure dont on n’a pas tenu compte. La loi précédente ne souffre guère d'exception, quand on se borne à l'appliquer aux espèces du système régulier à modifications homoédriques, qui se clivent et cristallisent en cube ou en octaèdre, telles que la fluorine, l’alun, le sel marin, etc. mais elle paraît être en défaut relative- ment à celles qui affectent plus particulièrement la forme du dodécaèdre ou du trapézoèdre!, et surtout à l'égard des subs- tances cubiques, qui possèdent le genre de structure décrit plus haut, et dont les cubes, en se modifiant sur leurs angles, passent au tétraèdre. : Parmi ces substances, deux seulement sont transparentes; ce sont la boracite et la blende : toutes deux, lorsqu'elles sont ré- duites en lames et placées dans le polariscope à tourmalines, dépolarisent complétement la lumière. M. Brewster a même an- noncé qu'il avait reconnu, dans la boracite, l'existence d’un axe optique dans la direction d’une des quatre diagonales du cube : le peu d'essais que j'ai pu faire sur une substance qu'il est si rare de rencontrer en cristaux transparents ne m'ont permis d’a- percevoir jusqu'ici aucun phénomène de coloration propre à vé- rifier le fait. Mais, comme il est impossible de révoquer en doute un résultat d'expérience mentionné par un observateur aussi ha- ? L'analcime, l'amphigène, certains grenats. 672 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. bile, je ferai remarquer que ce résultat ne saurait être admis tel qu'on l’a présenté et sans modification ; ou bien le fait annoncé dépend d’un de ces accidents de structure ou d'une de ces alté- rations que M. Brewster a lui-même observées dans quelques substances cubiques ( dans le diamant, par exemple ), et alors il n'a pas l'importance qu'on lui attribue, puisqu'il est étranger à la véritable structure de la substance ; ou bien, sil en dépend réellement , l'observation de M. Brewster est incomplète ; car, d’après la structure propre à la boracite, et les exigences de sa SYy- métrie, 1l est impossible qu'il existe un axe optique dans une des quatre diagonales, sans qu'il y en ait un semblable dans les trois autres. Nous ne prétendons pas que la boracite soit réellement une substance à quatre axes optiques, nous soutenons seulement qu'il est impossible d'en admettre un dans une certaine direc- üon, sans en concevoir en même temps trois autres dans des di- rections correspondantes, indiquées d'avance et par la symétrie de la forme et par celle de la structure !. Une substance comme la boracite, qui présente un mode de structure aussi remarquable et si différent de ceux que l’on a ad- mis jusqu'à présent dans les cristaux, mériterait un examen tout ! Les phénomènes optiques des cristaux sont la conséquence immédiate de la loi de distri- bution de l'éther entre leurs particules. Ils paraissent dépendre exclusivement de la nature du milieu éthéré, lequel, à la vérité, est ici subordonné dans sa constitution à celle d'un autre mi- lieu qu'il pénètre, le milieu cristalligé. Quelle que soit l'influence de ce dernier, elle ne ya pas Jusqu'à rendre parfaitement semblable, sous le rapport de l'élasticité, la loi constitutive des deux milieux ; et l'éther se distingue généralement par sa tendance à un état plus simple et plus uniforme. [1 résulte en effet des expériences de M. Savart , que, dans les cristaux simplement réfringents, l’élasticité varie avec la direction, bien que celle de l'éther interposé soit la même en tout sens ; que dans les cristaux biréfringents à un axe optique, toutes les lames parallèles à l'axe n'offrent pas le même état élastique, quoique l'observation et la théorie établissent cette identité pour les plans correspondants du milieu éthéré. La même forme simple et régulière pouvant être le résultat de plusieurs structures essentiellement diverses, on conçoit que l'in- fluence exercée par ces structures sur la distribution de l'éther puisse amener dans ce milieu des changements de constitution qui donnent lieu à des phénomènes optiques d'ordre tout dif- férent. Ainsi, de ce que certaines substances cubiques seraient de nature à pouvoir rendre sphé- rique la surface d'élasticité de l’éther et, par suite, celle des ondes lumineuses, on ne saurait inférer que d'autres substances de la même forme extérieure , mais d'une structure différente, produiront exactement le même effet sur l'éther. RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 673 particulier de la part des physiciens quis’adonnentspécialement aux recherches optiques. Je ne doute pas qu'une pareille étude ne les conduise à des résultats inattendus et importants pour la théorie de la lumière. Que si l'on argumentait, contre la probabilité de tels résultats, de l’état présent de nos connaissances théoriques sur les phé- nomènes de polarisation et de double réfraction, nous ferions observer qu'une théorie, si parfaite qu'on la suppose, ne peut être vraie que dans les limites des hypothèses qui lui servent de base ; or les physiciens et les géomètres qui se sont occupés tusqu'à présent de recherches sur ce sujet nous semblent avoir admis, plus ou moins implicitement, certaines conditions res- trictives qui ont eu pour effet de diminuer la généralité de leurs résultats ; telle est, par exemple, la supposition que dans un milieu cristallisé les molécules d’une même file offrent toujours une disposition parfaitement semblable, de part et d’autre, du centre de l’une quelconque d’entre elles. Cela est vrai du plus grand nombre des cristaux connus, mais ne saurait con- venir à tous, surtout à ceux qui ont une structure tétraédrique. Cette remarque n’a point échappé à M. F. E. Neumann de Kæ- nigsberg, qui est connu à la fois comme physicien distingué et comme habile cristallographe. En consultant le mémoire qu'il a publié en 1832, dans les Annales de Poggendorf!, et où äl re- produit d’une autre manière la théorie de la réfraction multiple donnée par M. Cauchy en 1830, on verra qu'il établit une dis- ünction fort juste entre le cas des cristaux homoédriques, auquel seul peuvent s'appliquer les théories actuelles, et les cristaux hé- miédriques qu'il se réserve de considérer plus tard comme de- vant être l’objet d’une théorie particulière. Nous avons supposé jusqu’à présent que la forme de la molé- cule de la boracite était le tétraèdre régulier (fig. 9); à la rigueur, tous les faits que nous avons pris en considération s’expliqueraient avec la même facilité, si à cette forme simple nous substituions 1 Annalen der Physik, von Poggendorff, tom. XXV, p. 418; 1832. 8. 85 674 RECHERCHES SUR LA GRISTALLISATION. une de celles qui en dérivent symétriquement, telle que le tétra- trièdre (fig. 10)". Ainsi, par l'analyse des propriétés physiques d'un cristal, on arrive à déterminer, non l'espèce, mais le genre de forme de sa molécule, c’est-à-dire la nature de sa symétrie et le système de ses lignes principales. Or c’est là une donnée d’une importance telle, que la connaissance complète de la forme ajou- terait peu à l'utilité dont elle peut être pour l'explication des phénomènes de la physique minérale. Lors donc qu’on n'a égard qu'aux seuls caractères physiques d'une espèce, on est libre de prendre, parmi toutes les formes de son système cristallin, celle que l’on veut pour représenter la molécule, pourvu qu'on lui assigne sa véritable symétrie ; et comme, à raison de la tendance générale que montre la nature pour les résultats simples, on ne peut guère douter que la véritable forme de la molécule ne soit une des formes élémentaires du système, on restera bien près de la vérité, si on ne la rencontre pas, en choisissant la forme la moins compliquée, et c'est ce que nous avons fait ci-dessus pour la boracite; mais nous aurions pu tout aussi bien adopter pour type moléculaire, soit le tétratrièdre (fig. 10), soit même le cube (fig. 11); seulement, dans ce dernier cas, il deviendrait néces- saire d'indiquer par une notation particulière, semblable à celle de la figure 12, la différence qui existerait entre la symétrie réelle de ce cube, considéré physiquement, et la symétrie apparente du même solide, envisagé seulement comme corps géométrique. Si l’on adopte la forme tétraédrique, on pourra se figurer la molécule comme constituée par quatre atomes d’une même sorte, groupés symétriquement autour d’un centre, lequel restera vide de toute matière pondérable ou sera occupé par un atome d’es- pèce différente (fig 13). On pourrait aussi la composer de six atomes oblongs (fig. 14), placés aux extrémités des trois axes 1 Le tétrakis-trièdre ou tétraèdre pyramidé des Allemands. J'adopte ici la nomenclature par les facteurs, maintenant en usage parmi les cristallographes allemands; mais, pour plus de simplicité, je supprime la terminaison grecque akis, à l'exemple d'Haüy, qui a nommé hexa- tetradre e cube pyramidé de la fluorine. Ant me: RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 675 rectangulaires, de manière que les atomes représentant les pôles d’un même axe aient des directions croisées comme les diago- nales de la figure 12. Si l’on choisit pour type le tétra-trièdre, la surface de la molécule pourra être formée par quatre atomes d’une certaine nature qui occuperont les sommets A (fig. 10), et par quatre atomes d’une nature différente, occupant les som- mets B; et comme ces poinis B peuvent se trouver à une dis- tance du centre plus ou moins grande, on conçoit la possibilité d'un cas particulier où les quatre atomes B seront juste à la même distance du centre que les atomes A. À cette limite, le tétra-trièdre (fig. 10) prendra la forme du cube (fig. 11), lequel sera encore constitué dans sa périphérie par quatre atomes À d’une espèce, situés comme les sommets d’un tétraèdre, et par quatre atomes B d’une autre espèce, situés entre eux de la même ma- nière, mais diamétralement opposés aux premiers. On voit par là que le cube des substances tétraédiques n’est qu'une limite de la série des tétra-trièdres, et que, sous le rap- port de la symétrie et de la manière dont ses modifications peuvent avoir lieu, 1l doit être considéré comme un tétra:trièdre. Il est aux tétra-trièdres en général, ce que serait à l'égard d’un rhomboëdre aigu de 60° et 120° celui qui en dériverait par la troncature tangente des arêtes terminales; considéré comme forme géométrique, ce serait un cube, mais, sous le rapport cristallographique, 1l devrait être envisagé comme un véritable rhomboëdre, et partant conserver la notation propre à cette der- nière forme. Nous avons vu que, par les seules considérations physiques et cristallographiques, on ne pouvait réellement déterminer que le genre du type moléculaire, c’est-à-dire qu'un groupe de formes simples, parmi lesquelles ce type est très-probablement compris. Peut-on espérer d'aller plus loin et d’arriver à connaître, pour certaines combinaisons minérales, le véritable type spécifique de leur molécule? Nous croyons qu’on y parviendra quelque jour, mais ce ne sera qu'en combinant les données physiques et cris- 85° 676 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. tallographiques avec les résultats les plus certains de la théorie chimique des atomes. Nous avons réussi à construire géométri- quement certaines formules atomiques, en cherchant à mettre d'accord les indications de la cristallographie et de la chimie, sans faire violence en aucune manière aux idées reçues dans l’une et l'autre science. Mais ce n’est point le cas de parler ïei de ces tentatives, dont l'exposé trouvera plus naturellement sa place dans une autre partie de nos recherches. $ 2. TOURMALINE. Les détails dans lesquels je suis entré sur la structure de la boracite me permettront d’être plus bref, dans ce que j'ai à dire de quelques autres substances, et notamment de {a tourmaline, dont la structure présente une certaine analogie avec celle de l'espèce qui précède; car elle offre, à l'égard des béta bEbe rhom- boédriques ordinaires, un hémi-morphisme de même genre que celui de la boracite relativement aux substances cubiques propre- ment dites. Nous avons vu qu'un cube pouvait être considéré comme ré- sultant de la réunion de deux tétraèdres réguliers, en position inverse l'un par rapport à l’autre, et formés chacun de quatre atomes semblables. Si les deux tétraèdres composants, dont les centres se confondent, et qui sont géométriquement égaux, sont, en outre, physiquement identiques, c’est-à-dire formés l’un et l'autre d’atomes de même nature, le cube appartient au système cubique ordinaire, ou système régulier à modifications homoé- driques. Mais si les atomes de l'un des tétraèdres diffèrent de na- ture avec ceux de l’autre tétraèdre, comme on le voit figures 15 et 17, dans ce cas, le cube résultant a la structure représentée par la figure 16, et cette espèce particulière de cube, qui est ce- lui de la boite appartient alors au système régulier hémié- drique à faces inclinées, autrement dit système tétraédrique. De même, un rhomboëdre (fig. 1 8) peut être considéré comme RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 677 une combinaison de deux pyramides régulières (tétraèdres droits à base équilatérale) (fig 20 et 21), en position inverse l’une à l’é- gard de l’autre; chaque tétraèdre ayant son sommet formé d’un atome À d’une certaine espèce, et sa base constituée par trois atomes B d’une espèce différente. Si les deux tétraèdres qui se réunissent sont égaux physique- ment, le rhomboëdre résultant appartient au système rhomboé- drique ordinaire (tel est celui du calcaire spathique). Remarquons, en passant, qu'on pourrait aussi supposer une molécule rhom- boédrique comme formée de six atomes d’une seule espèce (fig. 19), en supprimant les atomes À des sommets; ce qui re- vient à transformer la molécule en un rhomboëdre basé ou octaèdre droit, à base équilatérale. Si les atomes des deux pyra- mides différent de nature, comme le marque la figure 18, on a, dans ce cas, un rhomboëdre à structure particulière, dans lequel des différences physiques doivent se manifester entre les deux sommets et entre les angles latéraux pris trois par trois; ce qui produit un changement complet de symétrie et donne nais- sance à un nouveau système de formes, qui sont généralement, par rapport à celles du système rhomboédrique ordinaire, des formes hémiédriques à faces inclinées. Les plus simples sont des prismes droits triangulaires et des pyramides droites, à base équi- latérale. Appliquons ces considérations générales au cas de la tourma- line. On sait que les cristaux de cette espèce (ou plus exactement de ce genre minéral) ont été rapportés par tous les cristallo- graphes au système rhomboédrique, avec la condition particu- lière d’une hémiédrie, qu'accompagne encore l'électricité polaire. Cette hémiédrie est tout à fait semblable à celle que nous a offerte la boracite ; seulement elle se borne ici à un seul axe (ou axe principal), au lieu de s'étendre à quatre axes égaux, comme celle de l’autre espèce. Il était naturel qu'Haüy cherchât à l’ex- pliquer de la même manière, en rejetant l’hémimorphisme sur le compte de la pyroélectricité. Mais, d’après les considérations 678 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. précédentes, il devient évident que l’une et l’autre propriété sont encore ici des conséquences d'un seul et même fait primitif, qui est la structure particulière des molécules du cristal. Que l’on adopte en effet pour molécule de la tourmaline, soit le tétraèdre trigonal (fig. 20), soit le rhomboëdre (fig. 18) com- posé d’atomes de deux espèces, et tout s'explique à la fois, tant la symétrie qui caractérise le système des formes, que les pro- priétés physiques de la substance elle-même. Ainsi, la tourma- line a exactement les mêmes rapports physiques et géométriques avec les espèces rhomboédriques ordinaires, que la boracite avec les espèces cubiques proprement dites. On remarquera que les lames perpendiculaires à l'axe de la tourmaline ont une structure telle, que les deux faces de chaque lame différent physiquement l'une de l'autre, et, par consé- quent, doivent offrir des degrés différents de cohésion et de dureté. Il en serait absolument de même des lames perpendi- culaires à lun quelconque des axes électriques de la boracite. $ 3. PYRITE. La pyrite commune ou pyrite cubique se distingue des es- pèces cubiques ordinaires et de celles qui appartiennent au sys- tème tétraédrique par des caractères particuliers de structure et de forme, qui ne se sont encore reproduits que dans une autre substance métallique, la cobaltine (ou cobalt gris). Sous le rap- port de la symétrie, le cube de la pyrite est une forme en quel- que sorte intermédiaire entre le cube proprement dit, et le pa- rallélipipède rectangle; on peut le considérer comme une li- mite qu’aurait atteinte ce dernier genre de forme, en supposant que l'inégalité de ses trois côtés ait diminué successivement Jjus- qu'à s'évanouir tout à fait, et que cependant les diverses parties du solide aient conservé la même structure et la même symétrie. Il résulte de là que le système cristallin de la pyrite se compose d’un certain nombre de formes, qui rappellent celles du système RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 679 cubique ordinaire, et de quelques formes particulières et carac- téristiques , telles que l'hexa-dièdre (ou dodécaëdre pentagonal) et le dodéca-dièdre (ou trapézoèdre à faces non symétriques), formes qu’on ne peut dériver du cube par les modifications or- dinaires. Pour les minéralogistes allemands, c'est une nouvelle sorte d'hémiédrie qui donne naissance à des formes dont les faces sont toujours deux à deux parallèles; pour Haüy et d’autres cristallographes, c’est encore un défaut de symétrie pour lequel ils n’ont pu trouver d'explication plausible: car il n'y à point ici d'électricité polaire, et cette absence n’est pas, comme pour le cuivre gris, l'effet de la propriété conductrice de ‘la substance; elle est la conséquence même de la structure du corps, qui ne permet pas ce mode d'électrisation, parce que toutes les files mo- léculaires ont leurs deux extrémités parfaitement semblables. Haüy a mis en usage toutes les ressources de son esprit pour faire croire qu'il n’y avait point dans la pyrite de dérogation réelle à la loi de symétrie. Il est bien clair cependant que la loi de symétrie, telle qu'il a formulée, celle qui se rapporte à la forme purement géométrique, n’a point été observée dans la pro- duction du dodécaëdre à plans pentagones; mais la cristallisation a obéi à la symétrie véritable, à celle qui se fonde sur l'identité de forme et de nature physique tout ensemble. La structure du cube de la pyrite est telle, que les diverses faces de ce cube sont parfaitement semblables, non-seulement par leur forme, mais encore par leur tissu moléculaire; et ce- pendant tout n’est pas disposé symétriquement ou de la même manière de part et d'autre de chaque arête. Il faudrait, pour ré- tablir pleinement la symétrie bilatérale, faire exécuter à l’un des plans moléculaires extrêmes un quart de révolution sur lui-même, comme 1l résulte de la notation de la figure 22. Par conséquent, les lignes véritablement homologues, sur deux faces adjacentes, sont celles qui se croiseraient à angles droits, si lon venait à rabattre les deux faces sur un même plan. Les deux lignes bb, b'b', qui sont perpendiculaires l’une à l’autre sur la même face, 680 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. ne sont point dans les mêmes conditions physiques, quoiqu'elles aient même longueur. Aussi, lorsque des stries apparaissent sur les faces du cube parallèlement aux arêtes, elles se montrent seulement dans l’une de ces directions #b ou b'b', et présentent, dans leur ensemble, cet entrecroisement remarquable que lon voit figure 23, et qui a fixé l'attention des physiciens et des na- turalistes, depuis Sténon et Mairan, jusqu'aux cristallographes de nos jours. Nous avons vu ci-dessus que l’on pouvait concevoir la molécule cubique ou tétraédrique de la boracite comme dessinée par six atomes oblongs (fig. 14), disposés parallèlement aux stries dia- gonales de la figure 8. Que l’on imagine de même six atomes ob- longs, placés non plus dans le sens des diagonales, mais parallèe- lement aux arêtes (fig. 24), et par cette structure moléculaire, qui a quelque rapport avec celle qu'a supposée Mairan, dans son Traité de la glace, on parviendra à se rendre compte de toutes les particularités de l’histoire physique de la pyrite. I est facile de voir que toutes les arêtes du cube (fig. 22), quoique formées par des faces géométriquement égales, se com- porteront dans les modifications comme le feraient les arêtes d’un parallélipipède rectangle, c’est-à-dire qu’elles donneront naissance à une facette solitaire, inégalement inclinée sur les faces adja- centes ; de là l'hexadièdre, forme hémiédrique à l'égard de lhexa- tétraèdre du système régulier. D'une autre part, chacun des angles plans bAb', se comportera, malgré l'égalité géométrique de ses côtés, comme le ferait un angle plan de parallélipipède rectangle, c'est-à-dire comme si ses côtés étaient inégaux; en sorte que, s'il se produit sur angle À une troncature qui vienne couper obliquement les deux arêtes Ab et Ab’, elle ne devra pas se répéter en sens contraire sur le même angle plan ; seulement, à cause de l'identité des trois angles plans qui forment un même angle solide, il naïtra autour de chaque angle solide trois facettes semblables qui affecteront une disposition rotatoire dans le même sens. L'ensemble des facettes produites sur les huit angles don- RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 681 nera un dodécadièdre, forme hémiédrique à l'égard du dodéca- tétraèdre du système régulier. Cette sorte de rotation qui se manifeste dans la disposition des facettes modifiantes de la pyrite cubique, a lieu ici autour de chacun des quatre axes qui passent par les angles solides opposés du cube, et que Mohs appelle des axes rhomboédriques. Nous allons bientôt retrouver une disposition analogue dans les modi- fications d’un autre minéral {le quartz), dont les formes peuvent être rapportées au rhomboëdre; mais, dans ce cas, elle ne s’ob- servera qu'autour d'une seule ligne, par la raison qu'il y aura, dans le système, un axe principal auquel toute la symétrie sera subordonnée. Les seules espèces connues jusqu à présent, qui aient offert le genre de structure dont il vient d’être question, sont des subs- tances métalliques et par conséquent opaques. Si Fon venait à la découvrir dans quelque substance vitreuse et transparente, 1l serait curieux d'observer l'influence que cette singulière struc- ture pourrait avoir sur les propriétés optiques du minéral. Il nous paraït clairement établi, par ce qui précède, qu'il existe réellement trois systèmes cristallins différents, dans chacun des- quels le cube et l’octaèdre se rencontrent, et dont la distinction repose sur des différences essentielles de structure, entraînant des modifications importantes dans toutes les propriétés phy- siques. Dans chaque système, la constitution atomique de la mo- lécule, ainsi que la structure interne des cristaux qui présentent une même forme extérieure, est différente. Lorsqu'une forme est ainsi commune à plusieurs systèmes, si on la considère sous le rapport de la manière dont elle se modifie pour engendrer les autres, on trouve que la symétrie de cette forme, et par consé- quent la distinction de ses parties identiques, varie d’un système à l’autre, en sorte que la symétrie réelle est loin d’être toujours d'accord avec cette symétrie apparente telle qu'Haüy l’entendait, qui se rapporte exclusivement à la forme géométrique. Mais, comme pour chaque système cristallin il existe toujours certaines 8. 86 682 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. formes, danslesquelles les deux symétries se confondent, il semble convenable de choisir parmi elles celle qui doit servir de type et donner son nom au système. D'après cela nous dirons qu'il y a trois systèmes différents, dans lesquels la particule intégrante peut être le cube ou l'oc- taèdre, mais où la molécule physique varie de forme ou de structure : le premier est le système octaédrique, qui a pour type l'octaèdre régulier, et dont la molécule physique peut être re- présentée par le groupe d’atomes figure 25; le second est le sys- tème tétraédrique, dont la forme fondamentale est le tétraèdre régulier, et dont la molécule est représentée par la figure 13 ou la figure 14; le troisième est le système hexadiédrique, qui a pour forme fondamentale lhexadièdre (ou dodécaèdre pentagonal ), et dont la molécule peut être représentée par la figure 24. $S A. ouanrz. Le système cristallin du quartz se distingue de tous ceux que l'on connait par des caractères particuliers qui sont en rapport avec les singularités de sa structure physique et de ses propriétés optiques. Le clivage peu sensible de ce minéral a laissé Haüy pen- dant quelque temps indécis sur la nature de sa véritable forme primitive : dans le tome I de son Traité de minéralogie (1 édit.) il admet pour type le dihexaëdre (ou dodécaèdre bipyramidal), mais dans le second volume du même ouvrage il s'arrête défini- tivement à la forme rhomboédrique, et on le voit expliquer par des lois de décroissement différentes, mais combinées, la géné- ration des facettes x, æ', de la variété plagièdre, qui se trouvent avoir des positions non symétriques relativement au rhomboëdre primitif, quoiqu’elles soient situées semblablement par rapport au cristal secondaire. Depuis lors, presque tous les cristallo- graphes se sont accordés sur la préférence à donner à la forme rhomboédrique, et ce choix a été confirmé, comme on le sait, par les belles expériences de M. Savart, qui ont démontré une RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 683 différence de nature physique entre les faces prises trois à trois sur le même sommet pyramidal. Mais, quoique le système rhomboédrique soit de tous les Sys- tèmes cristallins connus celui qui est le plus près de représenter les formes du quartz, il est certain, cependant, que le système de cette espèce minérale a quelque chose de particulier qui ne peut manquer de frapper un observateur attentif. Déjà depuis longtemps M. Weiss a fait remarquer la marche singulière que suit ce système dans le développement de ses zones diverses! sa tendance à produire des faces dans la zone verticale, l'absence complète de modifications sur les sommets et les arêtes culmi- nantes, et la manière d’être générale des faces dérivées qui ne se montrent que vers les parties latérales, et toujours dans un état de subordination, à l'égard des pians fondamentaux, si l'on en excepte toutefois les pans du prisme. I a signalé, de plus, la dis- position spirée ou rotatoire que présentent les facettes x ou x’ de la variété plagièdre, appartenant à deux zones différentes qui se croisent dans les facettes s de la variété rhombifére (H), et telle- ment indépendantes l'une de l’autre que les facettes x, qui s’in- clinent dans un sens, ne paraissent d'ordinaire que sur certains individus, et les facettes x’ qui s'inclinent en sens contraire sur d’autres individus. Il a montré, enfin, que les facettes trapé- ziennes n'étaient jamais parallèles entre elles aux extrémités op- posées du cristal, et que, par leur combinaison, elles donneraient naissance à des solides trapézoïdaux, à faces inclinées et non Sy- métriques, analogues à celui que représente la figure 27. D'un autre côté, les physiciens, en étudiant les propriétés Op- tiques du quartz, ont découvert des faits extrêmement curieux qui semblent dériver de la même cause que celle qui détermine cette hémiédrie latérale dont nous venons de parler. Ils ont cons- taté que le quartz possède, indépendamment de l'espèce de double réfraction et de polarisation qui est propre aux substances ! Voyez le mémoire qui a pour titre : Uéber den eigenthämlichen Gang des Krystallsystems beim Quartz, dans le Magazin der Gesellschaft der Naturfreunde, 7° année, 3° cahier. 86° 684 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. rhomboédriques , une autre sorte de polarisation et de double réfraction qu'ils ont appelée circulaire, et qui ne s'observe que dans la direction de l'axe des cristaux. Tout rayon polarisé ordi- naire qui traverse, suivant cette direction, une lame de cristal de roche taillée perpendiculairement à l'axe, éprouve une modifica- tion telle qu'à son émergence son plan de polarisation est dévié, soit vers la droite, soit vers la gauche, d’un angle proportionnel à l'épaisseur de la lame. M. Biot, à qui l'on doit une description complète de ces phénomènes, a reconnu que certains échan- tillons de quartz font tourner le plan de polarisation de droite à gauche, tandis que d’autres le font tourner de gauche à droite, en sorte qu'il y a, dans l'espèce du quartz, deux sortes d’indivi- dus cristallisés, que l’on peut considérer comme ayant été cons- truits semblablement, mais en sens inverse, autour d’un même axe. Enfin M. John Herschell a fait connaître un accord remar- quable qui existe entre le sens du mouvement des plans de pola- risation et celui dans lequel s’inclinent les facettes de la variété plagièdre, ce qui permet de déterminer d'avance, à l'inspection de la forme, dans quel sens aura lieu la rotation de la lumière. Le quartz est, jusqu'à présent, la seule substance inorganique qui ait offert ce singulier phénomène. On sait que M. Biot a dé- couvert le pouvoir rotatoire dans un grand nombre de liquides organiques; mais la cause qui produit la polarisation circulaire, dans ces liquides, est d’une tout autre nature que celle qui la développe dans le cristal de roche. Dans le cas des liquides, toutes les molécules agissent de la même manière, quelles que soient 1 Cet accord s’est constamment maintenu dans un grand néMbre de cristaux que M. Hers- chell a observés, et je l'ai moi-même constaté dans plusieurs cristaux que j'ai fait tailler. Il pa- raît donc résulter de cette généralité que les facettes trapéziennes ont plus de tendance à se produire dans une direction que dans une autre, suivant la nature des individus. Mais il est bon de remarquer cependant, que rien ne s'oppose a priori à ce qu'on puisse trouver dans le même cristal des facettes disposées en sens contraire. Les faits connus établissent seulement l'indépendance de formation des facettes de droite et de celles de gauche; mais ici, comme dans toutes les formes à modifications hémiédriques , les deux sortes de facettes peuvent exister sé- parément ou ensemble. Dans ce dernier cas, où elles reproduisent une forme complète et symétrique , elles restent distinctes les unes des autres par des propriétés physiques différentes. RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 685 leurs positions et leurs distances relatives; dans le quartz, le phé- nomène ne dépend pas seulement des actions moléculaires, 11 dé- pend surtout de leur arrangement cristallin. Si, par la fusion ou la dissolution, on détruit cet arrangement, alors les molécules, tournées dans divers sens, produisent des effets opposés, qui se compensent, et la polarisation circulaire disparait. Il est donc né- cessaire que les axes des molécules soient ramenés au parallé- lisme par la cristallisation, pour que les effets s'ajoutent au lieu de se contrarier. C’est donc dans la constitution moléculaire et dans la structure cristalline du quartz que réside la véritable cause du phénomène curieux observé pour la première fois par M. Arago. Dans sa belle théorie de la double réfraction, Fresnel remarque, avec raison, que ce phénomène doit avoir pour cause une consti- tution particulière, soit du milieu cristallisé, soit de sa propre molécule, d’après laquelle, il y aurait, dans l’une ou dans l’autre, une différence entre le sens de droite à gauche et celui de gauche à droite. I suffit donc qu'il existe une certaine disposition rota- toire, soit dans les atomes, dont se composent les molécules, soit dans les files de molécules, dont se compose le milieu cristallin. Fresnel paraît admettre de préférence ce dernier cas, et il se re- présente le cristal comme formé de séries de molécules, dont les centres s’arrangent en hélice, ou dans lesquelles les lignes homologues éprouvent une déviation successive et régulière. S'il en était ainsi, le quartz ferait seul exception à la loi générale, qui régit toutes les cristallisations connues, et suivant laquelle les mo- lécules d’un cristal sont toujours disposées parallèlement entre elles, et leurs centres distribués de manière à former, dans un plan quelconque, des séries continues de parallélogrammes. Il n'y aura point d'infraction à cette grande loi de la cristallographie, et nous satisferons également bien à l'explication de tous les phé- nomènes, si nous admettons que le groupe atomique, qui cons- titue la molécule du quartz, présente, soit une certaine disposi- tion spiralée des atomes autour de l'axe, soit une sorte de distorsion que la molécule aurait éprouvée, dans un sens ou dans 686 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. l'autre, en supposant qu'elle ait commencé par offrir la structure d'une molécule rhomboédrique ordinaire. En effet, les formes les plus simples du système du quartz sont : le rhomboëdre obtus P (fig. 28), regardé par Haüy comme primi- tif; le prisme hexagonal r, provenant de la troncature des angles latéraux de ce rhomboëdre; et, enfin, le trapézoèdre trigonal, droit ou gauche, produit par les facettes x, ou æ' de la variété plagièdre , solide du genre de celui que représente la figure 27, et dont les faces se montrent sur le prisme, comme de petits tra- pèzes, disposés deux par deux, en haut et en bas, de chaque côté des arêtes longitudinales, mais seulement sur trois des arêtes prises alternativement. Les faces s de la variété rhombifère affectent des dispositions différentes, et apparaissent tantôt comme un cas particulier des trapézoëdres trigonaux, lequel cas simule un rhom- boëdre de position anormale, tantôt comme un ditrièdre (ou double pyramide trigonale). Enfin, la double pyramide hexago- nale, qui forme la terminaison ordinaire des cristaux, doit être considérée, non comme un véritable dihexaëdre (ou dédécataire hexagonal }, mais plutôt comme un dirhomboëdre (c’est-à-dire comme une combinaison de deux rhomboëdres égaux, mais de structure différente, et en position inverse, l'un par rapport à l'autre ). Toutes ces particularités du système cristallin du quartz s’ex- pliquent, si l’on admet une différence de nature physique entre les arêtes latérales C et D du rhomboëdre, qui ne sont pas incli- nées dans le même sens, et, par conséquent, si l’on assigne à ce rhomboëdre le caractère de symétrie, et la notation qu'exprime la figure 28. L'indépendance de ces deux groupes d’arêtes obliques, dans le rhomboëdre, et, par suite, celui des deux groupes d'arêtes verticales alternatives, dans le prisme hexagonal, s'annoncent quel- quefois par des biseaux qui se montrent sur frois seulement de ces dernières arêtes, comme cela se voit sur un très-beau cristal de la collection de M. Allan, et qui a été décrit par M. Haidin- ger. On remarquera, comme une conséquence de ce qui précéde, RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 687 que tout n’est pas symétrique à la droite et à la gauche des arêtes culminantes B; en sorte que, les files moléculaires homologues, vues d'en haut, sur les faces d’un même sommet, doivent offrir une disposition rotatoire, comme celle qu'indique la figure 29. IL est facile de se représenter, d’après cela, quelle peut être la constitution atomique de la molécule du quartz. La structure de cette molécule n'offre, sans doute, qu’une déviation légére de celle qui est propre aux espèces rhomboédriques. Or, nous avons vu précédemment que la molécule d’un rhomboëdre pouvait être for- mée par six atomes de même nature, situés comme les sommets latéraux d’un rhomboëdre, ou comme ceux de l’octaëdre (fig. 1 9). Que l’on imagine donc six atomes semblables, dont les centres soient placés dans les sommets latéraux E dela figure 28, mais qui, au lieu de présenter la même disposition à droite et à gauche, s'inclinent plus d'un côté que de l'autre, soit dans le sens des arêtes GC, soit dans celui des arêtes D, et l’on se fera une idée simple et satisfaisante de la structure des deux molécules inverses du quartz, qui sont, l’une par rapport à l’autre, comme les polyèdres symé- triques de la géométrie. Ainsi la molécule du quartz offrirait un assemblage d’atomes, dans lequel les centres atomiques seraient disposés comme dans les molécules rhomboédriques ordinaires, mais où les atomes, par suite de leur forme particulière, seraient tournés différemment. Au lieu de supposer que la forme générale du groupe molé- culaire, celle qu'on obtiendrait en réduisant les atomes compo- sants à leurs centres de gravité, soit un rhomboëdre, on pour- rait admettre qu'elle fût analogue au trapézoèdre trigonal (fig. 27), qui fait partie des formes simples du système; en sorte que les centres atomiques seraient alors distribués comme les sommets latéraux E de ce solide. Concevons un rhomboëdre ordinaire (Hg. 26), dont les angles À soient égaux à ceux du trapézoëdre (Bg. 27); 1l sera permis dele considérer comme résultant de la com- binaison de deux pyramides trièdres, dont l’une serait en posi- tion inverse, à l'égard de l'autre, mais qui aurait été tournée de 688 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. manière à avoir ses faces parallèles à celle de l'autre pyramide. Si l’on vient maintenant à déranger cette position, en tournant un peu plus l’une des pyramides sur son axe, soit à droite, soit à gauche, on transformera le rhomboëdre en un trapézoëdre à faces inclinées. Une molécule trapézoédrique peut donc être en- visagée comme une molécule de rhomboëdre (fig. 18 ou 19) qui aurait éprouvé une sorte de distorsion, perpendiculairement à son axe. Ainsi, la molécule du quartz est très-probablement une molé- cule semblable à celle des espèces rhomboédriques, mais dont certaines causes perturbatrices ont légèrement altéré la forme, soit en changeant seulement la direction des atomes sans déran- ger la position de leurs centres, soit en modifiant le groupe ato- mique par le mouvement de ses moitiés l’une sur l’autre. Ces deux hypothèses sont également propres à expliquer tout à la lois, et les propriétés optiques dun quartz, et le genre d'hémié- drie qui caractérise les formes de ce minéral. On a remarqué dans quelques autres espèces à un seul axe optique, notamment dans l'apatite et dans la schéelite, une dis- position unilatérale des facettes modifantes, qui semblerait an- noncer dans ces espèces une structure analogue à celle du quartz, et par suite des propriétés optiques du même genre. J'ai fait tailler des plaques de ces minéraux dans le but d'y rechercher la pro- priété de rotation, et je n'ai pu en découvrir la moindre trace. Observons ici que cette expérience négative ne prouve pas que les cristaux étudiés soient dépourvus de l'espèce de structure dont il s'agit, mais seulement que cette structure, à supposer qu'elle existe, n'exerce pas sur l’éther une influence assez marquée pour pouvoir altérer sa constitution, comme le fait le quartz; il serait bon néanmoins de renouveler des essais de ce genre sur ces mi- néraux ou d'autres qui pourraient se trouver dans le même cas, à cause de l'intérêt tout particulier qu'offrirait en eux la décou- verte de la polarisation circulaire. En effet, tandis que dans le quartz lhémiédrie latérale se fait obliquement de haut en bas, RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. 689 dans les deux minéraux cités, elle a lieu horizontalement, de ma- nière à produire le mème résultat sur les moitiés supérieure et inférieure des cristaux; ce qui fait que tout reste symétrique de part et d'autre de la section transverse. Il suit de là que, si une lame d’apatite, taillée perpendiculairement à l'axe, manifestait le pouvoir rotatoire, la méme lame ferait tourner la lumière po- larisée dans un sens, quand elle la recevrait sur une de ses faces, et, dans le sens contraire, quand la lumière entrerait par l'autre. Les deux pouvoirs rotatoires seraient donc ici réunis dans le même individu, tandis que pour le quartz ils se montrent toujours sépa- rés dans des individus différents. $ 5. BEÉRYL. Je ne dirai que quelques mots de cette espèce, et seulement pour faire remarquer en quoi sa structure diffère de celle des minéraux qui ont pour type un rhomboëdre, et combien 1l im- porte de distinguer son système cristallin du système rhomboé- drique, avec lequel on l’a souvent confondu. Le système cristallin du béryl a pour forme fondamentale un dihéxaëdre (ou dod. bipyr.), dont la symétrie est indiquée par la notation de la figure 30 ; on peut lui donner le nom de système di-hexaédrique. Les formes les plus simples de ce système sont, après le dihexaèdre, le didodécaèdre ätriangles scalènes, le prisme hexagonal et le prisme dodécagone symétrique. Les rhomboëdres et les scalénoëdres (dodécaèdres, à triangles scalènes) en sont exclus. La molécule physique peut être supposée formée de six atomes d’une même espèce, situés comme les angles latéraux (fig. 31), et de deux atomes d’une autre espèce, figurant les som- mets du dihexaëdre. Dans tous les cristaux qui appartiennent à ce système, la structure est parfaitement symétrique de part et d'autre de la section transversale. Sur les pans du prisme hexagonal, les lignes homologues se correspondent toujours exactement, tandis que 8. 87 690 RECHERCHES SUR LA CRISTALLISATION. dans les prismes du système rhomboédrique, les lignes identiques ont des positions inverses , sur les faces qui sont adjacentes; ce qui vient de ce que ces prismes ne sont que des rhomboëdres limites, et qu'ils doivent conserver de cette dernière forme et la symétrie et la structure. Cette circonstance s'annonce souvent, dans les prismes et dans les pyramides du carbonate calcaire et de plusieurs autres MINÉTAUX, par des stries alternativement obliques sur les faces consécutives (fig. 32); dans les espèces di- hexaédriques, les faces analogues ne sont jamais striées que ver- ticalement ou horizontalement. Enfin, dans les dodécaèdres bipyramidaux provenant du rhom- boëdre, les faces d’une même pyramide ne sont identiques phy- siquement que trois à trois, tandis que, dans les dihexaëèdres proprement dits, les six faces de la même pyramide sont exacte- ment dans les mêmes conditions physiques. On le constaterait aisément, soit par des essais sclérométriques, semblables à ceux qui ont été pratiqués par le docteur Frankenheim, soit en sou- mettant les gros prismes de béryl à une expérience qui offrirait la contre-partie de celle que M. Savart a faite sur le quartz. Nous nous proposons de tenter ces deux sortes d'épreuves, quelque assûré que nous soyons d'avance du résultat qu’elles doivent avoir. FIN DU TOME HUITIÈME.. 7 BR TRE DE GAUTHIER- VILLARS SUCCESSEUR DE MALLET-BACHELIER QUAI DES AUGUSTINS, BD, À PARIS INSTITUT DE FRANCE. — Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences. Ces Comptes rendus paraissent régulièrement tous les dimanches, en un cahier de 32 à 40 pages, quelquefois de 80 à420. L'abonnement est annuel, et part du 4°: janvier. Prix de l'abonnement franco : Pour Pas Lier. te 20 fr. || Pour les départements . : 30 fr. Pour l'Union postale ... 41. . 42. «4. .:,42.%,%. 34 fr. La collection complète, de 1835 à 1877, rie 85 volumes in-£, . . . .., .., 637 fr. 50 c: Chaque année se vend séparément. - . . . . : . . . RU RE PEER MP 2 ET 45 fr. — Table générale des Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, par ordre de ma- tières et par ordre alphabétique de noms d'auteurs. Tables des tomes I à XXXI (1835-1850). In-4, 1853, , . . .. . . 7... ,,,, 4... 15 fr. Tables des tomes XXXIL à LXI (1851-1865). In-4, EC PAS RE NAGER MP 0. NE 15 fr. — Supplément aux Comptes rendus des Séances de l'Académie des Sciences. Tomes I et. II, 1856 et 1861, séparément. . : .. 4... ....... 41.4, 15 fr. INSTITUT DE FRANCE, — Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Sciences, et imprimés par son ordre. 2° série. In-4; tomes I à XXV, 1827-1877. Jhaque volume se vend séparément... 4... 44444 uvre us dus der 15 fr. — Mémoires de l'Académie des Sciences. In-4; tomes I à XL, 1816-1877: Chaque volume se vend séparément: 11. 4.4. 4 su mea ne 15 fr. La librairie Gauthier- Villars, qui depuis le 1= janvier 1877 a seule le dépôt des Mémoires publiés par l'Académie des Sciences, envoie franco sur demande la Table générale des matières contenues dans ces Mémoires, INSTITUT DE FRANCE. — Recueil de Mémoires, Rapports et Documents relatifs à l'observation du passage de Vénus sur le Soleil. Jo Panrie. Procés-verbaux des séances tenues par la Commission. In-4; 1877. . . . 42 fr, 50 c Ie Panrie, avec SurpLÉMENT. — Mémoires. In-4, avec 7 pl dont 3 en chromolitho- F8 VS EURE D CE HE PHP NT ANA LE AE RES AU er ARR RE RAR TES 42 fr. 50 ec. INSTITUT DE FRANCE. — Mémoires relatifs à la nouvelle Maladie de la Vigne, présentés par divers savants. I — DUCLAUX, Professeur de Physique à la Faculté des Sciences de Lyon, délégué de l'Académie. — ntudes sur la nouvelle Maladie de la Vigne dans le sud-est de la France. In-#, avec 8 planches représentant, teintes en rouge, les portions du territoire où le Se a été reconnu à la fin dé chacune des années 1865 à 1872; 4874... . . .. , , ......... 1... (Épuisé.) If. — CORNU (Maxime), aide-naturaliste au Muséum d'Histoire EE) déléqué de l'Académie. — Études sur la nouvelle Maladie de la Vigne. In-£, ayec 3 planches en couleur, gravées sur acier, représentant les galles produites par le Phylloxera sur les feuilles des vignes américaines, les altérations des racines par le ia be me et des coupes de racines en un point sain et sur un rEnternents AS TARR SR CPRE CR RIT cl UN een late La ee ie mt La eee 2 fr. 50 c, IL — FAUCON (Louis). — Mémoire sur la Maladie de la Vigne et sur son Lane par le prenne de la submersion.: {n-4; 48744, 442.4. 20 4e Nha au 2 fr. 50 c IV. — BALBIANI. — Mémoire sur VA “reproduction du Phylloxera du chêne. In-4; 1874 . . . 1 fr. NV. — DUMAS, Secrétaire perpétuel de Lone des Sciences. — Mémoire sur les impyens de combattre l'invasion du POYUDB AIRE RE TD T EE TR D Je state tea 2 a LD er eue la 1 fr. VI. — BOULEY, Membre de l'Institut. — Fe à sur les mesures administratives à prendre El préserver les territoires menacés par le Phylloxera. In-4; 1874... . . . . . . . . . . .. VII. — DUMAS, Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences. — Communication Re k la destruction du Phylloxera; suivie de : Nouvelles expériences effectuées avec les sulfocarbonates alcalins ; manière de les employer, par M. Mouizcerenr, délégué de l'Académie; et de Recherches sur l'action du coaltar dans le traitement des Vignes phylloxérées, par M. Bazmrant, RQ de pAcudemtes\n=Es STE RP RTE APN SENS: Re ESS ee RUN ANR Un NE RE EE 75 ce. VIII. — DUMAS, Sécrétairé perpétuel de l'Académie des Sciences, — Rapport sur les études relatives au porn présentés à l’Académie des Sciences par MM: Ducraux, Max, Cornu et L. Faucon. ] CS EPA 1 RME A RARE SC HS AE A TRUE JE ERA D RE a RS CEE DORE RUES 15 c. IX. — DUCLAUX, Professeur À la faculté des Sciences de Lyon. — Études sur la nouvelle Maladie de la Vigne dans le sud-est de la France. In-#, avec une Lens représentant, coloriés en rouge, les pays vignobles atteints par le Phylloxera en 1873... . 4... 4 2. 4... 2. 75 cç. X. — COMMISSION DU PHYLLOXERA (Séance du 3 décembre 1874). — Observations faites par MM: Bazpianr, Connu, Giran, Mouirrerent. — Analyses chimiques des diverses parties de la vigne saine et de la vigne phylloxérée, par M. BouriN. — Sur les vignes américaines qui résistent au Phylloxera, par M. Mizrarper,— Vins faits avec les cépages américains, par M. Pasteur. — Traitement par le goudron de houille, par M. Rowwrer. — Sulfocarbonates, par M. Duuas. In-4; 1875. 2fr XI. — COMITÉ DE COGNAC (Station viticole. Pr du A aa 1875). TEA "4 RAT faites à Cognac et des résultats obtenus par M. Max. Convo et M. Mouiccererr. In-4; 4875. 4 fr. XII. — DUMAS, Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences. — Note sur la composition et les propriétés physiologiques des produits du goudron de houïlle. In-4; 1875. . : . . . . ).. 50-c XIII, — DUCLAUX, Professeur à la Faculté des Sciences de Lyon. — Études s sur! QE nouvelle Maladie de la Vigne dans le sud-est de la France. In-4, avec une planche ae coloriés en Touge,, les pays vignobles atteints par le Phylloxera en 1874. . . .. :.., .: 4444, 75 €, o XIV. — BOULEY, Membre de l'Institut. — Rapport sur les daniions dont a été l'objet le décret M relatif à l'importation en Algérie des plants d’arbres fruitiers ou forestiers venant de France. (a * A VERT AR dE MAS EEE De RES AE A RTS Me ME NT AA CE 75 CS XV. — DUMAS, Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, et Max. CORNU. = Instruction | . pratique sur les moyens à employer pour combattre le Phylloxera, et spécialement 2 ps l'hiver, ne 1876 Se AA EE DEN Ce etre Pie PATATE MR à D AIN à OA GATE COR A LS 15 ©, XVI. — MILLARDET, Déléqué de l'Académie. — Études sur les PUR d'origine américaine qui résistent au Phylloxera. An A A TO LS TE AE Er dant le 2° rep XVII: — GIRARD (Maurice), Délégué de l’Académie. — Indications Génexe lbs sur les vignobles des. Charentes; avec pare représentant, teintes en rouge, les portions du territoire des Charentes où le Phylloxera a été reconnu à la fin de chacune des années 4872, 1873 et 1874. In-4,1876. 2fr.50c. XVIII: — CORNU (Maxime) et MOUILLEFERT, Délégués de l'Académie. — Expériences faites à Ia station viticole de Cognac dans le but de trouver ‘un procédé ns pour combattre le Phylloxera. : : 5 ÎLE SEA Le CORRE SRE PE ET 7 TRE AN ET ES D Ed ARE EN LP PER D A Pie En XIX. — AZAM, Docteur en Médecine, — Le Phys dans le déposent de A Gironde. In-£, avec une grande planche représentant, au moyen de teintes noires, rouges et bleues, l'état due D nd fléau en 1873 et son développement en 1874 et-en 1875; 1876. . . . . . . . ....... . 100 1 + XX. — BALBIANI. — Sur per Le Fe ent d'hiver re Phylloxera de la Vigne. In-4; 1876. (Voir n° XXII.) XXI. — Extraits des Comptes. Vondés qui Haas de l'Académie des Sciences de l'Institut de France. (Séances des 2 novembre 1875 et 2 juillet 1876). . : . ... . .. ., APN ALP NE ENEENR AE RE 9 Sowsame : Sur la parthénogénèse du Phylloxera comparée à celle des autres P cerons; par M. BALBIANT. =— Résultats obtenus, au moyen du sulfocarbonate de potassium, sur les vigues phylloxérées de Mérel, par M. AUBERGIER. = Observations sur la lettre de M, Aubergier; par M. Dumas. — Sur le mode d'emploi des sulfocarbonates, par M. J.-B. JauBerr. — Etat actuel des vignes soumises au traitement du sulfocarbonate de potassium depuis l'année , dernière; par M. P. Mouiccerert. — Résultats obtenus à Cognac avec les sulfocarbonates de sodium.et de baryum »» à appliqués aux vignes phylloxérées ; par M. P. MoviLcererr. — Expériences relatives à la destruction du Phylloxera; par M. MARION. XXII. — BOUTIN (ainé), Délégué de l'Académie. — Études d'analyses comparatives sur la vigne saine et sur la vigne phylloxérée. In-4; 1877. . . . ... ... .. .., . ..... . ... RES Ed XXII. — BALBIANI, Délégué de l'Académie des Sciences, Professeur au Collége de France. — Mémoires sur le Phylloxera, présentés à l'Académie des Sciences, en 1876.1In-4; 1876. . , . 2 fr, : SomMamE : Sur l'éclosion prochaine des œufs d'hiver du Phylloxerä (mars 1876). — Sur Y'éclosion de l'œuf d'hiver . du Phylloxera (avril 1876), — Sur la parthénogénèse du Phylloxera comparée à celle des autres Pucerons, — Nouvelles observations sur le Phylloxera du chêne comparé au Phylloxera de la vigne. — Remarques au sujet d'une Note récente de M. Lichtenstein sur la reproduction NE Pliylloxeras. — Recherches sur la structure st sur la vitalité des œufs du Phylloxera. XXIV. — DUCLAUX, Professeur à la Faculté des Ste de did délégué de l'Académie, — Études sur la nouvelle Maladie de la Vigne dans le sud-est de la France. Pays MAUR atteints par le Phylloxera en 1875 et 1876. In-#, avec 2 planches; 4876. . . . . . . : .... .. .. 4° fr./25" cit XXV. — COMMISSION DU PHYLLOXERA. — Avis sur les mesures à prendre pour s'opposer à l'extension des ravages du Phylloxera. In-4; 1877. . . . . ee ER NO ES SR 75 c.: : XXVI. — CORNU (Maxime), Délégué de P Académie. _— Études sur le sn vastatrix. In-4 de 358 pages, avec 24 planches en couleur. 4878 . Pa ee ARR AN PE EU RTE Se OS TER EMA INSTITUT DE FRANCE. — Instruction sur les paratonnerres, adoptée par latSdine des Sciences re Partie, 1823, par Gay-Lussac. — 1° Partie, 1854, par M. Pouillet. — Ile Farso ee par . Poutllet). In-18 jésus, avec 58 figures dans'le texte et une planche; 1874. : . à 212 fr, 50 ce. 0 PRÉFECTURE DE LA SEINE. — Assainissement de la Seine. Épuration et ‘utilisation ‘des. eaux … d'égoût, 4 beaux volumes in:8 jésus: avec A7 pl., dont 40! enchromolithographie ; 1876-1877. 26 fr. PRÉFECTURE DE LA SEINE. — Assainissement de la Seine. Épuration et “utilisation des eaux d'égoût. — Rapport de la Commission d'études chargée d'étudier les procédés de culture hoïti- cole à l’aide des eaux d’égout. In-8 jésus avec pl; 1878. . ..., .........:... 4 fr: 50 RAPPORT DE LA COMMISSION D'ÉTUDES chargée d'étudier l'influence exercée dans la presqu'ile de Gennevilhe;s par l'irrigation en eau dégoût, sur la valeur vénale et locative des’ terres de culture. in-8 ae avec 3 ae en A Er 187844, ++ eee» sole + 9fT) 5138 Fa — Imprimerie de BE MEUR LA des PRET Y 4 AIN AC CAES RTE Y 4 2} } Er mm © « Ces = Re" PRESS RS CRE LE morts Ve 14%7 yen EE ete pi RÉSE LE Us. Re FRS CES Ne ne SE