Ui> *5 *■' s /nfï \jp$ ifc-3 ■» '*" K s^^L+trP^ m m*û4 tot^t'^r, 3. ( ^^W À d^:*******-. *«*■ MEM O I RE SUR LA NATURALISATION DES ARBRES FORESTIERS DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. Extrait des Mémoires de la Société du département de la Seine , tome VII. MEMOIRE SUR LA NATURALISATION DES ARBRES FORESTIERS DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE, Dans lequel on indique ce que l'ancien Gouvernement avoit fait pour arriver à ce but 3 et les moyens qu'il conviendrait d' em- ployer pour y parvenir ; suivi d'un Tableau raisonné des arbres de ce pays , comparés avec ceux que produit la France j Par F. A. MICHAUX. DE L'IMPRIMERIE DE MADAME HUZARD. A PARIS, Chez Levrault, Schoel et compagnie, rue de Seine, faubourg Saint-Germain , Hôtel de la Rochefoucault. AN XIII— i8o5. nr +i •>"• MÉMOIRE. SUR LA NATURALISATION DES ARBRES FORESTIERS DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE, Dans lequel on indique ce que l ancien Gou- vernement avoit fait pour arriver à ce but, et les moyens qu'il conv 'endroit d'employer pour y parvenir ; suivi d'un tableau rai- sonné des Arbres de ce pays , comparés avec ceux que produit la France ; Par F. A. Michaux. Les heureux succès qui furent le résultat des tentatives de Malesherbes et de Duha- mel, pour naturaliser en France différentes espèces d'arbres forestiers de l'Amérique sep- tentrionale , engagea plusieurs personnel à imiter leur exemple ; mais ce ne fut vérita- blement qu'après la guerre de l'Indépen- dance Américaine que ces sortes de culture, (6) qui n'avoient jusqu'alors été considérées que comme objet de pur agrément , commen- cèrent à l'être sous le point de vue d'une utilité réelle. On fut amené à cette considé- ration importante par les informations suc- cessives qu'on reçut des Etats-Unis, qui, à cette époque , se trouvèrent en relation directe avec la France. L'ancien Gouvernement s'étant fait rendre compte de ces tentatives particu- lières , apprécia bientôt l'importance qui pour- roit résulter , pour les constructions civiles et maritimes , de l'introduction dans nos forêts d'un grand nombre d'arbres exotiques très- propres à ces différens usages : il s'occupa donc, dès 1784, de rechercher les moyens les plus convenables de réaliser ce projet, et ce fut M. le comte à? Angivillier qui fut chargé de l'exécution. On choisît le parc de Ram- bouillet pour faire Ies~sêmîs en grand , et ré- partir ensuite les jeunes plants sur les dif- férens points de la France : No lin et M. Le- zermes furent chargés de la direction de ces pépinières. Ce fut avec raison qu'on ju- gea insuffisante la voie du commerce pour se procurer, aussi abondamment que cela de- venoit nécessaire , les graines et les plants dont on avoit besoin, d'autant plus que ce (7) qu'on avoit obtenu jusqu'alors , étoit venu par la voie d'Angleterre , et coûtoit extrême- ment cher. On se décida donc à envoyer en Amérique une personne pour faire passer en France ces dif'férens objets. Mon père, qui arrivoit alors de l'Asie, fut chargé de cette mission : il s'embarqua le 2.5 Août 1785 , pour New-Yorck, où il arriva le premier Octobre suivant , accompagné d'un garçon jardinier qui lui avoit été donné par M. Thouîn. Quoique ce voyage parut seulement avoir pour but d'introduire en France des arbres utiles, cependant on avoit des ordres parti- culiers d'envoyer tous les arbrisseaux et ar- bustes qui pou voient servir à décorer les jar- dins de Sa Majesté. Cet article fut même spé- cialement recommandé comme devant faire jouir promptement du voyage entrepris , attendu que ces arbustes envoyés en nature peuvent donner des fleurs dès la deuxième année de leur transplantation en Europe. On avoit pensé , avec raison , que la forma- tion d'une pépinière près New-Yorck seroit extrêmement utile pour élever de jeunes plants d'une belle venue , qui dévoient ensuite être envoyés en France la seconde ou troi- sième année ; car il est rare de trouver de (8) bons plants dans les forêts , où ils sont dé- truits par l'incendie qui y a lieu presque tous les ans , et par les bestiaux qui y séjournent constamment pendant sept à huit mois de Tannée. Cette pépinière, établie dans le New- Jersey , fut aussi destinée à être le dépôt de toutts les graiins qui seroient récoltées dans l'intérieur du pays , pour être de-là envoyées en France à la première occasion. En 1788 , mon père se rendit à Charlestown , dans la Caroline méridionale , éloignée de cent cinquante myriamètres ( trois cent lieues ) de New-Yorck , et y forma également , à l'instar de celle de New-Jersey, une pépinière , qui , depuis , est devenue remarquable par la vaste collection d'arbres, d'arbustes, et de plantes qu'il y àvoit rassemblés. Ce fut le fruit de plus de soixante voyages dans l'intérieur duContinent, dont il a reconnu la majeure partie des produc- tions végétales , notamment les arbres et les ar- bustes qui croissent dans une étendue de plus de cinq cent myriamètres (mille lieues) de pays. Depuis 1786 jusqu'en 1791 , c'est-à-dire pendant cinq années consécutives , les envois qui furent faits en France , soit de New-Yorck, soit de Charlestown , furent très-considérables; et il n'est pas douteux que le plus brillant suc- (9) ces auroit couronné cette entreprise , si on eût apporté en France la centième partie des soins que nous nous donnâmes en Amérique, et si Ton n'eût pas distrait de leur destination la majeure partie des objets envoyés. Mais il en étoit bien autrement ; à leur arrivée à Ver- sailles , on les distribuoit en abondance à des seigneurs, ou à des particuliers, qui en garnis- soient leurs maisons de campagne 5 quelque- fois même la moitié de ce que l'on recevoit, passoit en Allemagne pour les jardins de l'Empereur d'Autriche; enfin la plus petite partie étoit envoyée à Rambouillet. Il paroît au premier coup-d'œil , et il n'est que trop vrai, que les dépenses qu'ont occasion- nées ce voyage , et le fruit de tant de peines et de fatigues , ont été en pure perte , puisque le but d'utilité générale qui devoit en résulter , est bien loin d'avoir été rempli. Cependant, s'il est bien reconnu que la naturalisation des arbres forestiers de l'Amérique septentrionale, peut devenir très-avantageuse à laFrance; il importe d'en démontrer la possibilité. La difficulté con- siste principalement dans les points suivans, que nous allons examiner successivement. i°. La réussite en France des arbres fores- tiers de l'Amérique septentrionale. ( 10) 2Q. Le choix des espèces qui, convenant le mieux à notre climat , fournissent la meilleure qualité de bois. 3°. La marche à suivre pour se procurer les plants et les graines , et pour les faire par- venir en France en bon état. 4°. Les dépenses qu'entraîneroit cette en- treprise. Réussite des Arbres forestiers de V Amérique septentrionale. Cette réussite ne peut plus être contestée ; il suffit , pour en être convaincu, de parcourir les anciens domaines de M. le maréchal de Nouailles, à Saint- Germain ; ceux de Males- herbes.et de Duhamel ; les jardins de Trianon et de Rambouillet. On y trouvera des arbres, dont l'acquisition est la plus désirée, qui ont huit à dix mètres ( vingt-cinq et trente pieds ) de haut. D'un autre côté, les pépinières de Trianon, de la Malmaison, et de M. Cels, renferment en abondance de jeunes plants de différentes espèces de chênes, de noyers et d'érables, fruit de mon dernier voyage, qui poussent avec la même vigueur que dans leur pays natal. Au reste, cela ne paroîtra pas ex- traordinaire, si Ton considère que le climat est ( M) si rigoureux en hiver dans la partie de l'Amé- rique septentrionale, d'où je les ai tirés, que la Delaware et la rivière du Nord, qui baignent Philadelphie et New-Yorck , où elles sont deux fois plus larges que la Seine, gèlent tous les ans, pendant un ou deux mois , quoique ces deux villes soient situées à huit et neuf degrés plus au sud que Paris. Cependant , comme la masse des forêts qui couvrent les États-Unis dans une étendue de plus de deux cent my- riamètres (quatre cent lieues) du nord -est au sud - ouest , offre un bien plus grand nombre d'espèces d'arbres que la France , on pourroit attribuer cette supériorité à ce que la moitié de ce pays se trouve situé plus au sud (les États-Unis sont situés entre les qua- rante-cinquième et trente-unième degrés de latitude, tandis que la France est comprise entre les cinquantième et quarante-deuxième degrés ) ; mais cette différence , ainsi qu'on l'a vu plus haut , est réduite à peu de chose par l'intensité du froid, bien plus fort dans l'A- mérique septentrionale qu'en Europe , sous les mêmes latitudes ; et véritablement cette dif- férence ne se fait remarquer que dans la partie basse et maritime des trois États méridionaux ; cardans ces .mêmes États on retrouve à trente ( 12 ) myriamétres ( plus de soixante lieues ) de la mer, la presque totalité des arbres forestiers qui croissent aux environs de Philadelphie ; mais ce qui doit sur-tout fixer notre attention , c'est que les arbres, même de la partie basse et mari- time des États méridionaux , viendroient très- bien , non-seulement dans nos Départemens du midi, mais même dans ceux de l'ouest; c'est ce que prouve , d'une manière évidente , l'existence d'un magnolia grandiflora de plus de dix mètres (trente pieds) de haut, qui se trouve près de Nantes, et qui supporte, depuis plus de vingt- cinq ans, les froids rigoureux de cette partie de la France. J'ajouterai que des quatorze espèces d'arbres au-dessus de treize mètres (quarante pieds) , qu'on ne trouve que dans cette partie des États du sud , il est déjà prouvé qu'il y en a sept qui viennent très-bien à Paris et dans les environs ; je ferai remarquer, à l'appui de cette assertion, qu'on voit à Trianon un chêne-saule planté depuis plus de quarante ans , et qui a parfaitement résisté à nos hivers. Il en est de même du quercus prinus palus- tris , dont les jeunes plants que j'ai rapporté , n'ont pas été attaqués de la gelée depuis trois ans , ainsi que ceux du quercus lyrata > du quercus phellos, du quercus aquatica ^du po- ( i3) pulus Caroliniana , etc. 5 et je ne vois vérita- blement, parmi tous les arbres de ce pays, que deux espèces qui ne pourroient être natura- lisées que dans nos Uépartemens méridionaux, savoir : le chêne vert et le pinus palustris. J'ajouterai ici une remarque qui n'est pas sans intérêt, c'est que dans les Jbtats du nord, la richesse végétale consiste principalement dans les arbres de haute-futaie de première et deuxième grandeur , tandis que les États mé- ridionaux nous offrent une plus grande va- riété d'arbrisseaux et d'arbustes. Choix des espèces. Je crois qu'il conviendroit d'abord de por- ter son attention sur celles reconnues comme fournissant des bois de bonne qualité ; et sur- tout celles qui, possédant cet avantage, sont susceptibles, par leur nature, de venir dans des terreins arides ou aquatiques. Elles pour- roient, à la longue , remplacer les arbres de la France, qui donnent des bois peu estimés qui viennent dans ces sortes de sol , qui sou- vent même restent incultes faute de végé- taux indigènes qui puissent y croître. Par exemple , dans la colonne du tableau ci-joint , où sont indiquées les espèces à bois dur, on ( H) trouvera parmi les vingt espèces de chênes et les treize de noyers qui y sont comprises, plu- sieurs d'entr'elles qui peuvent prospérer dans toutes sortes de sol, avantage qu'on ne sauroit trop apprécier. Cette considération ne doit pas cependant faire exclure les arbres à bois lé- ger , qui , par cela même qu'ils sont doués de cette propriété , conviennent aux ouvrages qui les requièrent. Dans la colonne où ces der- nières espèces sont rangées , il s'en trouve plu- sieurs qui méritent particulièrement de fixer notre attention. Je citerai , à l'appui de cette assertion , M. Feuille ( Mémoires sur l'Admi- nistration forestière , tome II , page 202 ) , qui rapporte avoir observé à Malesherbes un pla- tane (platanus Occidentales), de l'âge de vingt- cinq ans, qui avoit à un mètre (trois pieds) de terre, un mètre soixante -douze centimètres ("cinq pieds trois pouces) de tour , et dont la tige bien filée, pou voit avoir quinze mètres (qua- rante-cinq pieds) de hauteur ; un peuplier de Caroline, de l'âge de vingt-quatre ans, égale- ment observé à Malesherbes, qui avoit plus de deux mètres (six pieds trois pouces) de circon- férence. M. Fenille ajoute avoir vu à Moret un peuplier de Virginie , qui , en onze ans, avoit acquis un mètre cinquante- sept centimètres (i5 , (cinq pieds moins deux pouces) de tour, et dont les branches s'étendoient à- peu-près de cinq mètres (quinze pieds) en tout sens. C'est, dit-il , la croissance la plus extraordinaire que j'aie jamais observée. Je ne crois pasquenous possédions en France des arbres de ce genre , susceptibles d'un ac- croissement aussi rapide. Il y auroit , d'ail- leurs , un moyen simple de guider , jusqu'à un certain point, la préférence à accorder à cer- tains arbres : ce moyen consisteroit à rassem- bler des échantillons de bois d'Amérique assez gros pour que la Société d'Agriculture de Paris, ou l'Administration forestière, fissent faire des expériences tendantes à constater leurs qualités particulières. Mon père, pendant son séjour dans les Etats-Unis , s'étoit occupé de ce travail. Il avoit rassemblé plus d'une cen- taine d'échantillons pris sur des arbres et ar- brisseaux adultes. Lors de son retour en Eu- rope , il laissa cette collection précieuse , qu'il espéroit rendre plus complète à son second voyage : j'avois reçu ordre de l'envoyer en France ; mais, l'ayant trouvée en partie dis- persée et les étiquettes détachées, je ne crus pas devoir m'en charger, vu qu'il auroit été presqu'impossible de rattacher leurs qualités (i7, pépiniéristes , qui y sont établis , en relation avec la section du Ministère de l'Intérieur , qui avoit dans son département les pépinières nationales. Sous ce rapport mes recherches n'ont pas eu, à beaucoup près, les succès qu'on en avoit espérés. A Charleston, la chaleur extrême du climat en été, et la pauvreté du sol , s'opposent pres- qu'entièrement à l'existence des arbres i'rui- tiers , de sorte qu'aucun pépiniériste ne s'y est établi pour ce commerce ; et , d'un autre côté , les dépenses de toute nature y sont si élevées , que celui des arbres et arbustes du pays pour être envoyés en Europe, ne pourroit jamais compenser celles qu'il entraî- neroit. A New-Yorck , il n'existe que deux pépi- niéristes , qui s'occupent exclusivement de la vente des arbres fruitiers qu'ils tirent d'An- gleterre. Les graines forestières qui leur sont demandées d'Europe , leur sont fournies par le jardinier françois Saunier , qui réside sur la pépinière du New-Jersey, qu'il regarde ac- tuellement comme sa propriété j il a converti cette pépinière en petite ferme, dont les pro- duits lui servent à élever sa nombreuse fa- mille , et où il ne cultive , outre les grains ( i») d'Europe , que des peupliers d'Italie , très- recherchés des Américains. A Philadelphie , les frères Bartrams ont presqu'entièrement cessé leur commerce, et on ne trouve auprès de cette grande ville qu'une misérable pépinière d'arbres fruitiers. A Baltimore, un pépiniériste, nommé Eller, fait quelques envois en Europe, mais fort peu considérables. En un mot , cette partie du commerce des pépiniéristes Américains ne peut être que très-secondaire ; car ils n'envoient que ce qu'ils récoltent aux environs des villes où ils résident, leurs bénéfices n'étant pas assez con- sidérables pour les couvrir des dépenses que nécessiteroient les voyages dans l'intérieur du pays , et les dédommager du tort que leur ab- sence pourroit occasionner à leurs affaires. Ainsi, on ne peut compter sur ces ressources , qui sont même insuffisantes pour satisfaire aux demandes des pépiniéristes françois , pour peu qu'ils veuillent avoir des espèces variées. C'est d'ailleurs par quintaux, et non par livres, qu'il faut faire venir les graines les plus importantes, pour parvenir le plus promptement possible à de grands résultats. Je suis donc convaincu que , pour remplir ( -9) ce but , il est indispensable d'avoir dans le pays une personne exclusivement chargée de réunir en grand ces collections , et je vais donner un aperçu des détails que comporte une semblable mission. Il faut d'abord plusieurs années de séjour pour acquérir l'expérience indispensable pour la réussite de ce travail : avant ce temps on ne s'en acquitteroit que très-imparfaitement , en faisant les mêmes dépenses ; il est également indispensable de savoir la langue angloise; il faut voyager tous les ans , pendant le prin- temps et l'été , pour reconnoître les endroits des forêts où on peut récolter l'automne sui- vant telles ou telles espèces , et revenir à cette époque , car il ne seroit pas prudent de s'en rapporter aux gens du pays , sur la parole et les soins desquels on ne peut pas compter ; il faudra encore que l'expérience apprenne quelles sont les graines qui exigent des soins particuliers pour en assurer la conservation. Je citerai , par exemple , les glands du quercus obtusiloba et du quercus virens , etc.j par- venus à leur maturité , ils germent souvent sur l'arbre après la pluie , ou bien encore se des- sèchent tellement, deux ou trois jours après être tombés, qu'ils ne valent plus rien 5 tandis que ceux du quercus falcata et du quercus aquatica conservent bien leur faculté germi- native pendant deux ou trois mois , en ayant soin seulement de ne pas les laisser exposés au soleil. L'époque de la maturité , qui varie aussi beaucoup suivant les espèces de chênes, de noyers , d'érables , etc. , multiplie extrê- mement les allées et venues , et les dépenses qui en sont la suite. Enfin , l'emballage des graines demande la plus grande attention , et doit être différent suivant leur nature ; ainsi , par exemple , si on emballoit les glands du quercus alba et du quercus prinus palustris comme ceux du quercus tinctoria et du quercus rubra , les premiers se trouveroient avoir, à l'ouverture des caisses , des radicules de dix- sept centimètres (six pouces) de longueur , et tellement entrelacées , qu'il seroit à-peu-près impossible de les séparer ; tandis que les germes des autres n'auroient que six à huit millimètres (trois à quatre lignes) , condition la plus favorable pour être plantés, sans risque d'en perdre un sur cent. L'arrivée en bon état des envois dépend en- core en grande partie de l'endroit où les caisses sont placées dans le navire; l'entrepont est le lieu le plus convenable pour que les graines i( » ) fraîches ne s'échauffent pas , ce qui auroitlieu infailliblement si elles étoient a fond de cale ; lorsqu'il n'y a pas d'entrepont, elles doivent être placées sur la cargaison. Ces précautions sont indispensables : aussi est-il important de se trouver autant que possible à l'embarque- ment, et de ne pas s'en rapporter pour cela aux capitaines. Aperçu de la dépense à laquelle pourroit s'élever un nouveau voyage en Amérique , en supposant que V Administration fores- tière voulut mettre à exécution ce projet de naturalisation. D'après la connoissance particulière que j'ai du pays , je crois qu'avec une somme de huit mille francs , appointemens compris , une personne qui réuniroit les conditions dont nous venons de parler , pourroit faire face à toutes les dépenses qu'exigeroit ce voyage. C'est à l'Administration forestière à juger si ce léger sacrifice , continué pendant quatre à cinq ans , ne seroit pas bien compensé par les avantages qui devroient résulter pour l'Empire françois d'une entreprise si digne de figurer parmi les établissemens d'utilité publique qui honorent le règne de NapoliIon Ier. Tableau raisonné des Arbres de treize à qua- rante mètres {quarante à cent vingt pieds") de hauteur , de l' Amérique Septentrionale , et notamment des Etats- Unis, qu'on pour- roit naturaliser en France avec avantage. ( Voyez ce tableau ci-contre. ) Tableau de ces mêmes Arbres considérés sous le rapport des différentes parties des Etats- Unis , oh ils croissent plus spécialement. Arbres particuliers aux Etats du nord , qui comprennent New - Hampshire , Massachus- set, Connecticut, Rhod-Island , New-Yorck, Vermont, New -Jersey, Pensylvanie , Mary- land, le Delaware , la Haute -Virginie et les États de l'ouest , Kentucky , Tenessée et Ohio , savoir : Acer glaucum. Acer saccharinum. Betula nigra. Betula paphifera. Betula populifolia. Cupressus tliioides. Fagus vesca. I i-axinus quadrangulata. Gleditsia triacanthos. Gymnocladus Canadensis ( bonduc ). Morus rubra. Pinus abies balsamea. Pinus abies hemlock. Pinus larix. Pinus strobus. Populus balsamifera. Populus deltoïdes. Populus heterophilla. Quercus coccinea. Quercus imbricaria. Quercus palustris. (a3) Quercus Pensylvanica. Quercus prinus acuminata. Quercus prinus monticola. Quercus prinus velutina. Quercus rubra. Robinia pseudo-acacia. Thuya Occidentalis. Tillia Americana. Ulmus Americana. Plus , quatre espèces de noyers. Total. . . . 34 Arbres qui se trouvent tant dans les États du nord que dans ceux du sud, savoir les deux Carolines et la Géorgie. Acer negundo. Acer rubrum. Aesculus lutaea. Carpinus Americana. Celtis crassifolia. Celtis Occidentalis. Cornus Florida. Cupressus disticha. Diospiros Virginiana. Fagus sylvestris. Fraxinus epiptera. Fraxinus platicarpa. Juniperus Virginiana. Laurus sassafras. Liquidambar styraciflua. Liriodendron tulipifera. Magnolia acuminata. Magnolia auriculata. Nyssa villosa s. montaua. Pinus Canadensis. Pinus taeda. Platanus Occidentalis. Populus nigra. Prunus cerasus. Quercus alba. Quercus falcata. Quercus Holstonia. Quercus macrocarpa. Quercus obtusiloba. Quercus tinctoria. Quercus triloba. Ulmus fulva. Plus, dix espèces de noyers. Total. ... 42 Arbres qui se trouvent seulement dans la partie méridionale et maritime des Etats du sud , les deux Carolines et la Géorgie. Corypha palma. Deux espèces de noyers. (*4) Gleditsia monosperma. Quercus aquatica. Quercus lyrata. Quercus phellos. Quercus prinus palustris. Quercus virens. Total. . . . 74 Gordonia lasyanthus. Magnolia grandiilora. Nyssa angulisans. Pinus palustris. Populus Caroliniana. Ces mêmes quatre-vingt-dix espèces d'Ar- bres considérées sous le rapport du sol où ils croissent. Sol de médiocre qualité, pierreux ou montueux. Acer glaucum. Acer saccharinum. Betula nigra. Betula papyrifera. Belula populifolia. Carpinus Americana. Cornus Florida. Diospiros Virginiana. Fagus vesca. Laurus sassafras. Liquidambar styracyflua Pinus abies balsaniea. Pinus abies hemlock. Pinus Canadensis. Pinus strobus. Pinus tseda. Prunus cerasus. Quercus alba. Quercus coccinea. Quercus falcata. Quercus Holstonia. Quercus imbricaria. Quercus Pensylvanica. Quercus prinus acuminata. Quercus rubra. Quercus tinctoria. Quercus triloba. Piobinia pseudo -acacia. Thuya Occidentalis. Tillia Americana. Ulmus Americana. Ulmus fulva. Huit espèces de noyers. Total. ... 40 Lieux aquatiques ou très -humides. Acer rubrum. Cupressus disticha. tupressus thioides. Fraxinus epiptera. Fraxinus platicarpa. Gleditsia monosperma. Gordonia lasyanthus. Juglans pacane. Juglans shell barked hio kery, et deux nouvelles espèces du Midi. Larix Americana. Nyssa angulisans. Nyssa villosa. Sol frais et fertile. (25) Populus balsamifera. Populus Caroliniana. Populus deltoïdes. Populus heterophilla. Populus nigra. Quercus aquatica. Quercus lyrata. Quercus palustris. Quercus phellos. Quercus velutina. Total. . . . 24 Acer negundo. Aesculus lutea. Celtis crassifolia. Celtis Occidentalis. Fagus sylvestris. Fraxinus quadrangulata. Gleditsia triacanthos. Gymnocladus Canadensis (bonduc). Juglans , deux espèces , dont juglans hickery. Liriodendron tulipifera. Magnolia acuminata. Magnolia auriculata. Magnolia grandiilora. Morus rubra. Platanus Occidentalis. Quercus macrocarpa. Quercus prinus palus tris. Total. ... 18 Sol sablonneux ou rocailleux. Corypha palma. Juglans. deux espèces. Juniperus Virginiana. Pinus palustris. Quercus obtusiloba. Quercus prinus nionticola. Quercus virens. Total. . . . ÏT (26) Ces mêmes quatre-vingt-dix espèces d'Ar- bres considérées sous le rapport des qualités des bois qu'elles présentent. Arbres à bois dur propre à la charpente , aux cons- tructions maritimes et au charronnage. Carpinus Americana. Celtis Occidentalis. Cornus Florida. Diospiros Virginiana. Fagus vesca. Fraxinus , trois espèces. Gleditsia monosperma. Gleditsia triacanthos. Juniperus Virginiana. Laurus sassafras. Morus rubra. Nissa villosa ( montana). Prunus cerasus. Quercus alba. Quercus aquatica. Quercus coccinea. Quercus falcata. Quercus Holstonia. Quercus imbricaria. Quercus lyrata. Quercus macrocarpa. Quercus obtusiloba. Quercus palustris. Quercus Pensylvanica. Quercus phellos. Quercus prinus acuminata. Quercus prinus monticola. Quercus prinus palustm. Quercus prinus velutina. Quercus rubra. Quercus tinctoria Quercus triloba. Quercus virens. Robinia pseudo-acacia. Thuya Occidentalis. ULmus Americana. Ulmus fulva. Plus , treize espèces de noyers. Total. . . . 5i Arbres à bois léger dans différens degrés. Acer gîaucum. Acer rubrum. Acer negundo. Acer saccharinum. ( V ) Aesculus lutea. Betula nigra. Betula papirifera. Betula populifolia. Celtis crassifolia. Corypha palma. Cupressus disticlia. Cupressus thyoides. Fagus svlvestris. Gordonia lasyanthus. Gymnocladus Canadensis ( bonduc ) . Juglans , trois espèces. Larix Américana. Liquïdambar styracyflua. Liriodendron tulipifera. Magnolia atiricul.ita. Magnolia grandiilora. Nyssa angulisans. Pinus abies balsamea. Pinus abies hemluck. Pinus palustris. Pinus rigida. Pinus strobus. Pinus taeda. Platanus Occidentalis. Populus balsamifera. Populus Caroliniana. Populus deltoides. Populus lieterophilla. Populus nigra. Tillia Américana. Total. . 39 Arbres qui , parvenus à l'âge adulte 3 ont le plus ordinairement leurs troncs dégarnis de branches jusqu'à douze et treize mètres ( trente cinq et quarante pieds ) de terre. Acer saccharinum. Aesculus lutea. Corypha palma. Cupressus disticlia. Fagus sylvestris. Fagus vesca. Gleditsia monosperma. Gymnocladus Canadensis (bonduc). Liquïdambar styracyflua. Liriodendron tulipifera. Magnolia acuminata. Magnolia grandiilora. Nyssa angulisans. (*8) Pînus balsameaJ Pinus palustris. Pinus strobus. Pinus taeda. Populus balsamifera. Populus Caroliniana. Populus nigra. Quercus alba. Quercus coccinea. Quercus falcata. Arbres à naturaliser } classés suivant leur degré d'importance. Première Classe. Quercus lyrata. Quercus prinus acuminata. Quercus prinus palustris. Quercus prinus velutina. Quercus rubra. Quercus tinctoria. Ulmus Americana. Ulmus fulva. Total. 4» Cornus Florida. Cupressus disticha. Diospiros Virginiana. Gleditsia monosperma. Gleditsia triacanthos. Juniperus Virginiana. Pinus larix. Pinus strobus. Prunus cerasus. Quercus alba. Quercus coccinea. Quercus lyrata. Quercus prinus palustris. Quercus prinus velutina. Quercus rubra. Quercus tinctoria. Quercus virens. Robinia pseudo-acacia. Thuya Occidentalis. Ulmus Americana. Ulmus fulva. Treize espèces de noyers , dont juglans hickery et juglans pignut. Total. Quercus obtusiloba. Quercus prinus monticola. IIe. Classe. Bouleaux, trois espèces. Chênes , dix espèces. Carpinus Americana. Érables , cinq espèces. 36 Fagus sylvestris. Peupliers, cinq espèces. Fraxinus , trois espèce». Platanus Occidentalis. Morus rubra. _, . ~ ' Total. . . . 30 IIIe. Classe. Celtis , deux espèces. Laurus sassafras. Cupressus thyoides. Liriodendron tulipiferâ. Gyninocladus Canadensis. Pinus , cinq espèces. Juglans , trois espèces. Total. . . . i4 I Ve. Classe. Aesculus lutea. Magnolia grandiflora. Gordonia lasyanthus. Nyssa angulisans. Liquidambar styracyflua. Nyssa villosa. Magnolia acuminata. Tillia Americana. Magnolia auricuiata. _ , Comparaison, des Arbres de V Amérique Septentrionale avec ceux que produit la France. Suivant un mémoire de M. Thouin , inséré parmi ceux de la Société royale d'Agriculture, trimestre d'hiver 1786, il n'existe en France que trente-sept espèces d'arbres qui s'élèvent au-dessus de dix mètres (trente pieds) : dans l'Amérique septentrionale il en existe quatre- vingt-dix au-dessus de treize mètres (qua- rante pieds). Des trente-sept espèces que nous possédons, (3o) il n'y en a , suivant l'auteur du même mé- moire , que dix-huit qui servent à former la masse de nos forêts : on vient de voir que ce nombre est de quatre-vingt-dix en Amérique ; ainsi la différence est de soixante-douze. Des dix-huit espèces qui constituent nos forêts, seize croissent dans toutes les parties delà France , et deux dans le raidi seulement: dans les États-Unis on peut en compter soixan- te-seize , qui se trouvent tant dans le nord que dans le sud , et qui peuvent supporter un froid égal à celui qui se lait sentir dans le nord de l'Allemagne j et des quatorze arbres particuliers à la partie méridionale et maritime des États du sud , j'ai fait voir qu'il y en avoit sept qui supportoient très-bien la température du milieu de la France. Des dix-huit espèces naturelles à la France , treize viennent dans des terreins de médiocre qualité, sablonneux, pierreux ou montagneux ; savoir : trois chênes , cinq arbres résineux , un charme , un châtaigner , un bouleau , un hêtre et un tilleul j en Amérique, dans des terreins analogues , le nombre est de quarante, savoir : deux érables , cinq arbres résineux , neuf espèces de chênes, huit noyers, trois bouleaux et autres espèces uniques. (3. ) En France , les cinq autres arbres formant le complément des dix-huit , croissent dans des terreins frais ou humides, savoir: deux peupliers, un érable , un frêne, et un aulne ; en Amérique , dans un sol analogue , le nom- bre est de vingt-quatre , savoir : cinq chênes, quatre noyers , cinq peupliers , deux cyprès, deux frênes, deux nissa, un érable j le reste composé d'espèce^ particulières. En Amérique, dans des terreins fertiles, on trouve principalement dix-huit espèces d'ar- bres. Dans le mémoire cité , aucune espèce n'a été indiquée , parce qu'en France ces terres ont été défrichées. De nos dix-huit espèces d'arbres, on peut à la rigueur porter le nombre de ceux propres à la charpente et aux constructions maritime et civile à sept ; plus , deux ormes. L'Amérique en compte cinquante-un , dont vingt espèces de chênes , treize de noyers , deux ormes , etc. . (3a) RAPPORT » Ifa// *£ Az Société , dans sa Séance du 2.2. Ventôse an XIII , sur le projet de M. Michaux , relatif à la naturalisation des Arbres forestiers de l'Amérique Sep- tentrionale ; Par MM. dePerthuis, J. Corréa-de-Serra et Cels. Pour bien juger du mérite d'un projet , il faut, ce semble, examiner Futilité de l'objet, la justesse des moyens que l'on propose , et la proportion entre les dépenses nécessaires et les profits certains. C'est d'après le degré d'évidence de ces données qu'on peut en porter un jugement fondé. Le mémoire de M. Michaux est si riche en faits , et ces faits sont si liés et si simplement exposés, qu'il est, impossible d'en faire un extrait , car le mémoire lui-même n'est qu'un extrait de ce que son auteur a vu et observé dans un long séjour et bien des voyages dans (33) les Etats-Unis d'Amérique , uniquement oc- cupé de l'objet dont il parle. Nous laisserons donc la partie savante et botanique de son ou- vrage, et nous nous bornerons à l'examen de l'utilité de ce qu'il propose , de la justesse des moyens qu'il prétend employer pour atteindre son but , et de la proportion entre les dépenses nécessaires que l'adoption de son plan en- traîne , et les profits certains qui doivent en revenir. Ce n'est pas à la Société d'Agriculture qu'il faut prouver l'utilité qui résulteroit de l'in- troduction de meilleures espèces d'arbres dans nos forêts, aussi bien que de nouvelles espèces d'arbres, qui permissent de planter des terreins trop mauvais pour que nos arbres forestiers connus puissent y croître avec avantage : le profit en est évident aux yeux de tout le monde. Nous examinerons seulement si l'A- mérique du nord peut en effet nous fournir des espèces d'arbres qui puissent augmenter les forêts existantes , ou qui puissent faire mettre en rapport des terreins à présent inutiles. M. Thouin , qui a porté tant de lumières et de réflexion dans les vues d'agriculture, a fait la classification des arbres qui croissent (34) actuellement en France , et il n'a trouvé que trente-sept espèces qui s'élèvent au-dessus de dix mètres (trente pieds). M. Michaux en présente quatre-vingt-dix de l'Amérique sep- tentrionale , qui s'élèvent au-dessus de treize mètres (quarante pieds). De ces trente-sept espèces , dix-huit seule- ment forment la masse de nos forêts. M. Mi- chaux nous en présente cinq fois autant. De nos dix-huit espèces d'arbres , on peut , à la rigueur , borner le nombre de ceux qui sont propres à la charpente et aux construc- tions civiles et navales à neuf espèces : les bois de l'Amérique du nord, propres à ces usages, sont au nombre de cinquante-un. Quoiqu'il y ait en Amérique des contrées dont la latitude est plus méridionale que celle d'aucune partie de la France , on sait pourtant que leur température ne répond pas à celle des parties de l'ancien Continent qui sont sous les mêmes parallèles. Le froid est beaucoup plus grand dans les États-Unis , et il n'y a presque pas d'arbre de ce pays-là qui ne puisse sans effort s'acclimater en France. Les endroits marécageux de la France ne produisent que des bois de peu de valeur ; les États-Unis possèdent dans de pareils terreins (35) le cupressus disticha , \e thyoidcs , le quercus phcUos , Yacer rubrum , bois fort utiles et estimables. Les sables arides et les craies sté- riles de la France ne produisent tout au plus que quelque espèce inférieure de jpinus j les sables les plus arides, les terreins les plus stériles produisent le quercus virens , bois que l'on tient pour incorruptible et d'un grand usage dans les constructions navales. Nous pourrions beaucoup multiplier les exemples, car le mémoire en fournit un grand nombre. Le moyen que M. Michaux propose est très-simple , c'est de l'envoyer aux États-Unis, pour de-là en envoyer les plants et les graines. Les qualités de M. Michaux pour un tel emploi sont bien connues -, et si l'Adminis- tration forestière en aucun temps embrassoit un projet si utile , ce seroit un rare bonheur que de rencontrer , pour l'exécution , un homme dont toute la vie semble n'avoir été qu'une préparation pour bien remplir une telle mission. Les dépenses nécessaires sont fixées à huit mille francs pendant quelques années. Ce se- roit abuser de votre patience , que de nous arrêter à établir le rapport entre cette somme et les profits certains qui doivent résulter de (36) l'exécution de ce plan, tant pour l'augmen- tation du revenu des forêts existantes , que pour l'établissement de nouvelles forêts dans des endroits à présent incultes. Nous concluons donc que le projet pré- senté par M. Michaux joint à l'utilité de l'objet la justesse des moyens , et une très- grande modicité de dépense , comparée aux profits incalculables qui doivent en être le résultat. JLxtra.it du procès-verbal de la Séance de la Société 7 du 22 Ventôse an XIII. La Société , dans sa séance du 22 Ventôse , a adopté le présent rapport , et a décidé qu'il seroit envoyé, avec le Mémoire de M. Michaux , à S. E. Monseigneur le Ministre des Finances. Pour extrait conforme , Sii-vestre , Secrétaire. INSERT FOLDOUT HERE . a*. N3S Jffl :•».' *"&#