é/^ i^ibraru of Un Puscum OF COMPAHATIVE ZOOLOGY, AT nARVARB COlLEdE, t'AMBKlDCE, MASS. JJounlicï bn pvibatc subscrfptfoii, in 1861. DR. L. DE KONINCK'S LIBRARY. No. //S H. 3 2044 072 213 333 MEMOIRE SUR LES TERRAINS DE SÉDIMENT SUPÉRIEURS CALCARÉO-TRAPPÉENS DU VICENTIN. DE L'IMPRIMERIE DE L.-T. CELLOT, RUE DU COLOMBIER, N° 3o. MÉMOIRE SUR LES TERRAINS DE SÉDIMENT; SUPÉRIEURS CALCxVRÉO-TRAPPÉENS DU VIGENTIN, ET SUR QUELQUES TERRAINS D'ITALIE, DE FRANCE. D'ALLEMAGNE, etc., qui peuvent se rapporter a la même époque, Par Alexandre BRONGNIART, ' MEMBRE DE i'aCADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,, INGENIEUR EN CHEF AU CORPS ROYAL DES MINES , PROFESSEUR DE MINÉRALOGIE AU JARDIN DU ROI, CtC. , etc. AVEC SIX PLANCHES. A PARIS, CHEZ F. G. LEVRAULT, LIBRAIRE, RUE DES FOSSÉS-MONSIEUR-LE-PRINCE , N° 35. S Vu M. Dccc. xxm. MCZ LIBRARY HARVARD UNIVERSITV CAMBRIDGE. MA U' '*- INTRODUCTION. J'ai cru devoir rassembler, dans le Mémoire que je soumets aux naturalis- tes , des faits , des observations, des conséquences, et quelques réflexions qui m'ont paru propres , sinon à compléter , au moins à faire mieux con- naître l'histoire d'une classe de terrains presque inconnue il y a vingt ans , et dont je me suis plus particulièrement occupé. Ces terrains, qu'on prenait alors pour des dépôts d'alluvions , qu'on a ensuite nommés tertiaires , et qu'on a regardés pendant long-temps comme des dépôts locaux , ont été depuis quel- ques années reconnus dans presque toutes les contrées de la terre. INous avons cherché à donner une idée de leur étendue , de h ur puissance et de la constance de leurs caractères, dans la nouvelle édition de la Description géologique des environs de Paris ^ que nous avons publiée, M. Cuvier et moi, en avril i 822. Mais diverses contrées remarquables par les grands traits géologiques qu'elles présentent à l'observateur , renferment certains terrains que j'ai cru pouvoir rapporter à la même époque de formation que celle du bassin de Paris , à celle que j'ai désignée sous le nom de terrains de sédiment supérieurs, •et qui s'étend depuis la craie exclusivement jusqu'à la surface actuelle de la terre. Dans ces contrées, les caractères qu'on est habitué à attribuer aux terrains dont il s'agit sont en partie ou même entièrement masqués par des circons- tances ou des particularités tout-à-fait étranges. Plusieurs de ces terrains sont enveloppés et modifiés par des roches volca- niques, quiy ont introduit un désordre tel qu'on doitl'attendre d'unesemblable cause perturbatrice ; d'autres, adossés contre des montagnes calcaires et mêlés •avec leurs débris , présentent les roches et les minéraux des terrains les plus anciens , mêlés aux coches et aux minéraux des terrains d'une époque aussi nouvelle que ceux des environs de Paris. D'autres, élevés jusque dans la région des glaces éternelles, y ont été portés par la même cause qui a soulevé les montagnes Alpines sur lesquelles ils reposent; ou bien , si ce ne sont pas ces terrains eux-mêmes , ils ont alors dans ces hautes régions , et au milieu des joches primordiales, des congénères si semblables, que cette similitude devait a fixer notre attention, et méritait d'être décrite et appréciée con.me un dc.'^ faits les plus curieux de la géologie. 11 a fallu les reconnaître sous ces diffé- rentes marques, il a fallu faire voir quels sont les caractères essentiels qu'ils y conservent , prouver que la valeur des caractères d'analogie est beaucoup plus grande que les différences introduites parles circonstances qui les ont modifiés, et prouver par' conséquent, ou au moins faire puissamment présu- mer au moyen de ces comparaisons, que ces terrains peuvent être considé- rés comme déposés à peu près dans la même période géologique c[ue ceux des environs de Paris. Si ces résultats sont admis, et ils le sont déjà pour un grand nombre des lieux examinés dans ce Mémoire , ils étendront considérablement l'bistoire et l'importance des terrains de sédiment supérieurs, en associant à cette forma- tion un grand nombre de terrains très-éloignés les uns des autres, et très-dif- férens par leur forme , leur aspect , et leur composition minéralogiquc. Ils nous montreront les deux divisions de ces terrains dans des positions qui n'ont aucun rapport avec leur ordre de superposition. Ainsi, nous verrons les terrains marins les plus nouveaux , ceux qui sont supérieurs au gypse ù osseniens, presque au niveau des plaines les plus basses (Banyul-des-Aspres) ; nous verrons les terrains marins antérieurs aux gypses , et par conséquent in- férieurs aux précédens , sur les points les plus élevés des Alpes. Nous les trou- verons tantôt accompagnés dos produits des eaux douces et liés avec les dép(Ms de ces eaux (iMaycnce) , tantôt au milieu des basaltes, des spilites (variolitcs) et des antres roches encore plus évidemment produites par k feu (Monteccliio- Maggiorej. Nous avons cherché à faire voir que la surface du dernier monde, de ce- lui qui a précédé immédiatement la grande révolution géologique d'où nos contincns actuels sont sortis, devait présenter après cette catastrophe les mêmes phénomènes de mélanges marins, volcaniques et lacustres, de i>o- sition très-basse et très-élevée que le monde actuel offrirait probablement, si d'une part la mer s'abaissait de deux à trois mille mètres, et si de l'autre les couches de son fond ou celles de nos plaines s'élevaient à peu près de la même quantité. Ces phénomènes nous paraissent gigantesques quand nous les mesurons à l'échelle de notre grandeur et de nos moyens : ils sont cependant tellement petits , par rapport aux dimensions du globe terrestre , qu'il ne serait pas pos- sible d'eu indiquer nettement les résultats sur un modèle de ce globe qui n'aurait que deux mètres de diamètre ; car l'addition de ces deux résultats ( '" ) opposés n'aurait pas sur ce globe de deux mètres , un uiilliraetre de dimension ; ainsi , le plus léger fioissement fait au vernis d'un pareil globe, une écaille de ce vernis enlevée ou soulevée représenterait des phénomènes encore plus gigantesques, et qui porteraient nos terrains dos environs de Paris à une bien plus grande élévation que ceux qui sont sur les montagnes des Uiablerets ou du Glarnisch. rs'apprécions donc'plus les phénomènes géologiques en mètres de hauteur et en mètres d'étendue , toutes mesures dérivées de notre module , et que nous sommes obligés de multiplier par des nombres qui nous paraissent pro- digieux , et qui le seraient encore bien davantage si nous n'avions que le dixième de notre taille. Mesurons les phénomènes géologiques avec une échelle géologique^ et au lieu de dire que le sommet des Diablerets, inac- cessible et couvert de glaces éternelles, est à trois mille mètres au-dessus du niveau de la mer, disons qu'il forme sur la surface du globe une petite ride dont l'épaisseur n'est pas la deux millième partie du rayon de la terre , et alors la position des terrains tertiaires vers le sommet des Alpes, c'est-à-dire sur la crête de cette ride , ne nous étonnera plus autant. Je ne crains pasdcdiminuerparces rapprochemens l'intérêt et la majesté des phénomènes géologiques ; car la grandeur et l'importance des phénomènes de la nature ne se mesurent pas sur celles des corps où ils se présentent; et comme on l'a dit si souvent, comme on s'en convainc de plus en plus, lastruc- tureet les phénomènes vitaux d'un eiron sont aussi majestueux, aussi compli- qués , aussi féconds en grands résultats que ceux qu'on peut observer dans les plus grands animaux. J'ai eu seulement pour objet de rappeler ce que les géolo- gues savent bien , mais ce qu'ilsoublient presque toujours lorsqu'ils sont obli- gés soitde lever les yeux très-haut pour voirie sommet d'une montagne, soit de gravir avec peine pendant un jour pour l'atteindre; c'est que cette haute mon- tagne ne forme pas à la surface du globe une saillie de plus de la deux-millième partie de son diamètre ; c'est que la moindre soufflure qui s'élève sur le bain de verre des plus grands creusets de verrerie forme une saillie comparative- ment bien plus considérable, et que, si les forces et les moyens sont propor- tionnels au volume, il n'a pas f.dlu proportionnellement autant d'efforts clans le sein de la terre pour soulever les Alpes , qu'il en faut au gaz renfermé dans le verie pour former une soufflure à sa surface. Je ne prétends pas expliquer par cette considération comment les Alpes ont été portées à l'élévation où elles sont par rapport au niveau de la mer. Les causes qui ont produit cet effet sont encore trop obscures, trop incertat- ( IV ) nés pour que nous soyons arrivés à l'époque où il pourra être permis de les présumer, et d'appuyer ces présomptions sur des faits et des raisonnemens qui leur donnent ce degré de vraisemblaiice sans lequel elles ne sont que de vains systèmes ; j'ai désiré seulement mettre en garde contre l'influence de cette élévation, et réduire à sa juste valeur l'objection qu'on pourrait en tirer contre l'existence des terrains tertiaires vers le sommet des Alpes. TABLE DES MATIERES TRAITÉES DANS CE MÉMOIUE. Intbodictius P'io'î j PREMIÈRE PARTIE. Sur les terrains de st'dimcnl supérieurs calcaréo-trappéens du Vicentin i Art. I". Description de quelques terrains calcaréo-trappéens a § I". Le Val-Néra 3 § II. Le Val-Ronca G § III. Montecchio-Maggiore 8 § IV. Monte-Vialc. . ii § V. Monte-Boica la Art. II. Comparaison de ces terrains entre eux, et avec des terrains analogues du même canton. . i5 Enuniéralion des coquilles et zoophytes des terrains de sédiment supérieurs obser- vés dans les lieux qui viennent d'être décrits 17 Art. III. Détermination de l'époque de formation à laquelle on peut rapporter ces ter- rains 21 DEUXIÈME PARTIE. Sur quelques terrains qui offrent cert.tines particularités, comparés avec les terrains 'de sédiment supérieurs des environs de Paris i 27 § I. Sur la colline de Supergue , près Turin ibid. § II. Sur quelques terrains des environs de Mayence 35 § m. Sur un terrain au pied des Pyrénées-Orientales 4" S IV. Des couches à coquilles littorales de la montagne des Diablerets t\i § V. Indice du terrain de sédiment supérieur sur les montagnes de Claris, etc. . . . 48 TROISIÈME PARTIE. Description de plusieurs des corps organisés fossiles renfermés dans les terrains de sédiment supérieurs décrits ou mentionnés dans les deux premières parties 5i Explication des planches 85 riN DE lA TABLE. v\\v\^^vvv^\v\\v\vv\^vvv^v^FVv\\\^lV\^vvvvvvvvvvv\v\A^:\\'v\'vvv\*'VV^vfcVVvvvv«vvvvvv\\)^v^■^v\.vvv^ PREMIÈRE PARTIE. SUR LES TERRAINS DE SÉDIMENT SUPÉRIEURS CALCARÉO-TRAPPÉEN^ DU VICENTIN (i). La géognosie , cette science assez nouvelle , qui a pour objet la connaissance de la structure de la terre , aura atleint l'un de ses buts, si, après avoir établi l'ordre de suc- cession des principaux groupes de roches qui composent la partie superficielle du globe , elle parvient à donner des règles sûres pour rapporter à chacun de ces groupes , et même à chacune de leurs principales divisions, tous les gites remarquables de minéraux ou de pétrifications , lorsqu'il n'y en aura plus d'isolés et qu'on ne puisse lier plus ou moins médialemcnt h l'une de ces époques distinctes de formation. On sent que la première condition à remplir est de bien déterminer ces formations, d'en assigner exactement les caractères et les limites , et qu'on ne pourra procéder à y rapporter avec certitude les roches, minéraux et pétrifications qui composent l'é- corce de la terre, que quand cette détermination sera clairement fixée et généralement admise. Tout ce que l'on fera jusque-là ne sera que des essnis, mais ces essais sont indispen- sables pour atteindre ce but ; car il est encore trop éloigné , la route qui y conduit est trop embarrassée, trop obscure, elle présente des embranchemens trop nombreux, pour qu'on puisse espérer y arriver en ligne directe et d'une seule course. Le voyage que j'ai fait en Italie en 1820 m'a fourni quelques observations dont les résultats m'ont paru propres à être employés pour déterininer la liaison de certaines formations ou roches avec des groupes de terrains déjà assez bien déterminés ; elles m'ont conduit à reconnaître entre des terrains très-éloignés les uns des au'res, des rapports ou liaisons que je n'avais encore qu'entrevus , ou même que je ne soupçon- nais pas. J'annoncerai ces résultats avec toute la réserve qu'y doit mettre un voyageur qui n'a vu qu'une seule fois les lieux dont il parle. Je n'aurais peut-être pas osé les publier, si , en géologie , des exemples d'un même terrain vus une seule fois dans plusieurs lieux diflerens ne pouvaient souvent conduire à des résultats généraux aussi et môme plus certains que le même terrain examiné un grand nombre de fois dans le même lieu. J'examinerai dans cette première partie h laquelle des formations ou terrains re- (i) Lue à l'Académie royale des Sciences, le 3 juillet 1821. Plusieuri passagi's de ce Mémoire ont été insérés, par extrait, dans la Description gèohgique des environs de P,iris , édition de 182! , page iKS el suivantes; et quelques coquilles de la planche VX du présent travail ont été citées à l'article des Terrains do ilaycnce, page 196. 1 ( 2 ) connus, dont j'ai présenté le tableau dans mon Mémoire sur le gisement des ser- pentines , peuvent être rapportés les terrains calcaréo-trappéens du pied des Alpes lombardes , terrains remarquables par le grand nombre de corps marins fossiles qu'ils renferment , et par l'association intime et fréquente de roches d'origine marine et de roches d'origine ignée. ARTICLE PREMIER. Description de quelques terrains calcaréo-trappe'ens. Il existe dans plusieurs lieux , mais principalement en Italie , sur le penchant méri- dional et vers la base des Alpes du côté de la Lombardie , et même vers le milieu de celte grande vallée (dans les monts Berici) , des terrains formant des collines assez élevées , composées de roches noirâtres ou verdâtres , tantôt homogènes et d'apparence basaltique , tantôt hétérogènes et formées à la manière des agrégats grossiers qu'on nomme brèches, présentant dans leur aspect, dans la disposition et dans la nature de leurs parties , un grand nombre de caractères qu'on attribue aux terrains volcaniques anciens, ou terrains trappccns. Ces roches sont accompagnées délits de pierres cal- caires de textures diverses , renfermant souvent de nombreux débris de corps organisés marins (coquilles et poissons) , et quelquefois de végétaux comme charbonnés; elles alternent plusieurs fois avec ces lits calcaires, ou leur sont mêlées sans ordre et sous toutes sortes de formes. Je désignerai ces terrains sous le nom de calcaréo-trappéens. Le mont Boica , célèbre par ses poissons fossiles ; le val de Ronca , par ses innom- brables coquilles ; Montecchio Maggiore, par ses coquilles, sa strontiane et ses minéraux nombreux et variés, etc. , etc. , appartiennent à ces terrains. La plupart des voyageurs en ont parié; tous les géologues les ont remarqués , plu- sieurs les ont décrits; mais tous les ont envisagés d'une manière isolée. Aucun , à ma connaissance du moins , n'est encore arrivé à les rapporter d'une manière précise à l'une des formations ou terrains dont j'ai présenté le tableau : c'est donc ce que je vais essayer de faire (i). Je décrirai d'abord ceux de ces gîtes que j'ai visités; ils serviront d'exemple et comme de module pour y rapporter d'autres lieux que je n'ai pas vus, (i) J'en excepte M. Bucliland , qui, ayant visité ces mêmes lieux dans la même année que moi, en a pris la même idée. A son retour à Paris, en octobre 1820, nous arons parlé de ce sujet, en examinant dans mon cabinet , avec MM. de Humboldt et lieudant , les échantillons que j'avais rapportés ; j'ai été llatté de trouver ma manière de voir conforme à celle que M. Buckland avait prise sur les lieux. INous avons pensé qu'en communiquant nos observations chacun de notre cùté , lui à la société fçéologique de Londres et moi à l'académie royale des sciences, nous leur donnerions plus d'intérêt et de certitude. M. Buckland vient d'insérer le résultat général de ses observations sur ces terrains dans les Aimais of philoxopliy de juin iSai. 11 y a joint un tableau très-curieux des analogies des divers terrains du continent avec ceux de l'Angleterre , et a établi des rapprochemens sur lesquels j'ai depuis long-temps la même manière de voir que lui; mais comme ils étaient contestés par des géologues d'une grande célébrité , j'avois toujours hésite à les publier ; à présent que je vois mon opinion partagée par un observateur aussi exact et aussi judicieux que M. Buc- IJand, je n'hésite plus à admettre définitivement ces rapprochemens, et je les publierai dans la suite de ces Mémoires, appuyés des faits qui m'avoient semblé propres à les établir. (M mais qui , d'après les descriptions que j'en connais, et les échantillons qu'on m'a donnés , me semblent être de même formation qu'eux. § I. Le Val-Nera. -s. Le Val-Nera , observe et décrit par Forlis , qui a donné une figure assez exacte , quoique trop pittoresque, des particularités géologiques qu'il présente, est situé dans la vallée de Chiampo , à deux lieues environ au nord d'Arzignano , gros bourg long- temps habité par ce spirituel et savant naturaliste. C'est un petit vallon latéral qui s'enfonce dans les collines du bord oriental de celte vallée , et qui se change , à peu de distance de son embouchure , en une espèce de ra- vin étroit qui aboutit à une colline basaltique assez élevée et h pente roide. Forlis indique dans ce lieu une alternance distincte , et que la figure qu'il en donnait rend évidente , de treize lits ou couches de calcaire cl de matériaux vol- caniques. Il ne s'agissait donc pas de vérifier ou de constater l'alternance, on ne pouvait en douter, mais de déterminer, s'il était possible, h quelle formation appartient le cal- caire , et de quelle nature est la roche noire qiti lui est interposée. La formation dans la partie inférieure du vallon , où est située la cascade , est com- posée uniquement de deux sortes de roches qui alternent quatre fois entre elles. L'une est un calcaire compacte gris ou jaunâtre , à grains assez fins, mais sans trans- lucidilé et sans aucune apparence cristalline , marqué de quelques taches vcrdâtros. L'autre est un agrégat d'un brun vcrdàtre , auquel on donne si improprement le nom de tuf, nom qui s'applique à des roches d'une nature et d'une origine qui n'ont avec celle-ci aucun rapport. Cet agrégat, qui présente quelques modifications, est composé de débris anguleux de la grosseur d'un pois au plus , réunis à la manière des roches qu'on appelle brèches. Mais ici les fragmens sont généralement trop petits , souvent trop peu distincts pour qu'où puisse désigner celle roche par le même nom que celui qui est appliqué à ces beaux marbres brèches , à fragmens calcaires gros et distincts, et à d'autres roches analogues par le volume et la netteté des fragmens. Je crois devoir en faire une espèce particulière de roche, espèce dont je pourrais citer un grand nombre d'exemples pris sur presque toute la terre, et que je dési- gnerai par le nom de Brecclole; j'en exposerai ailleurs les caractères généraux. Ces deux roches, de nature, de texture et très-probablement aussi d'origine très- différente , renferment des coquilles marines fossiles peu abondantes ici , et que je ferai connaître plus loin. Le profil , ou plutôt la coupe de cette colline examinée à la cascade , au môme lieu où Forlis l'a vue et l'a fait figurer, m'a offert la série de couches suivantes , en parlant du lit du torrent pour aller jusqu'au plus haut de l'escarpement. A. Brecciole de cornéenne ,à grains plus ou moins fins , verdàlres, luisans, et dont PI. I, fig. 2. le toucher est presque onctueux. 1. (4) a. Calcaire compacte comuiiïn , h taches verdâlres, sans corps organisés. B. Brecciole de cornéenne à gros grains anguleux avec veines de calcaire spa- ihique. b. Très-petit banc de calcaire grossier, dur , grisâtre , sans corps organisés visibles. C. Banc mince de Brecciole de cornéenne , semblable à A et à B. c. Calcaire grossier, dur, grisâtre , avec taches verdâtres , semblable au précédent. D. Banc très-puissant de iîrpcciole verdâtre, assez friable, renferinanl un grand nombre de Nunîuiulilcs, et quelques coquilles marines non délerminables. d. Banc puissant, subdivisé en plusieurs assises de calcaire compacte commun , gri- sâtre , mêlé de marne grisâtre et de taches verdâlres , et renfermant beaucoup de Nummulites. E. Banc ou dépôt très-puissant de Brecciole et de brèche de cornéenne, dont les frag- mens, moyens ou petitsetlrès-dislincls, sont réunis pur un ciment de calcaire spalhique. Ces fragniens de Cornéenne ou Vake , d'un brun verdâtre foncé , présentent deux particLilarilés : i° la pâte de ces fragmens enveloppe une mullitude de pelils grains ronds de même nature , analogues par leur forme aux Oolites , et par leur couleur et leur nature aux grains ronds qu'on avait comparés à de la chlorile , et qui sont un silicate de fer et d'alumine, disséminés ^lans les assises inférieures du calcaire gros- sier; 2° chaque fragment est entouré d'une écorce d'un rouge tirant sur l'orangé, à texture cristalline fibreuse et h fibres convergentes vers le centre du fragment; cette substance , indissoluble dans les acides , paraît avoir beaucoup de ressemblance avec l'Analcime rougeâtre nommée 5 et 6 , et qui se trouve 5 la partie fa plus supérieure de cet assemblage de couches, représentât la division supérieure de ce terrain : mais ce n'est qu'une conjecture ; une étude longue et suivie de celte colline et de celles qui l'entourent peut seule la détruire ou la changer en certitude. Corps organisés fossiles de ta montagne ou colline de Turin nommée la Supergue. Nautilus Pompilius. Borson, Orittog. Piem., pag. ii4, n" 4- — Vers le sommet de la colline, il n'est pas sûr que ce soit le Nautilus Pompilius de Linné ; cela est mémo peu probable, et celui que j'ai vu dans la collection de M. Deluc , à Genève, m'a paru plus comprimé; mais la présence de ce genre sur la colline de Turin est assez importante pour appuyer l'opinion que le terrain de cette colline appar tient h la partie inférieure des terrains de sédiment supérieurs. Turbo Amedei. A.Br. Turritella catkedralis , A.Bb. — et d'après M. Borson les espèces suivantes : — fasciata. Bons. tav. II, f. i2. — funiculata. Bobs. tav. II , f. 1 3. — irnbricata ( turbo, LiNN. ) suiv. BoRSON , mais avec doute. — imbricataria. Lam. suiv. Bons. ( ^^^ ) — tricarinata ( turbo, Brocc. ) suiv. Bons. Troclius Bcnettlœ. Sow. — M. Borson le regarde comme le Trochus agglutinans d« Lamarck. — earinatus. BoRS. — A.Br. AmpuUaria patula, Lam. ? suiv. BoRS. — sulcata. Bobs. p. io5,n°5. Melania costata, Bors. lav. II, f. i^. Peul-être la même que l'espèce quaj'ai nommée Melania sljgii. Naiica epiglottina. Lam. — canrena. Linn. ? suiy. BoRsos. Conus deperdltus. Brocc. — Noce. Brocc. — vîrginalis. Brocc. suiv. Borson. — Baldichicri. Bors. tav. I , f . i . — AveUana. Lam. suiv. Bors. — parvus. Bors. — pjramidalis. Lam. suiv. Bors. Cyprœa Annulas. Brocc. — lyncoides. A.Br. — annularia. A.Br. Oliva picholina. A.^R. — cylindracea. Bobs. tav. I , f, 6, Anotax inflata. ( Ancilla , Bors. ) Voluta affinis. Brocc. — CUharella. A.Br. — paplllarls. Bors. lav. I , f. 8. — Lyt'ti. Lam. suiv. Bors. Marginella Pkaseokis. A.Br. Mitra pjramideUa. Brocc. suiv. Borson. Ranella marginata. Lam. ( buccmum. Brocc. ) Harpa Cythara. Bors. [buccinum. Brocc.) Nassa Caronis, A.Br. — semistriata. Bobs. !I1 ne dit pas précisément que ces Murex viennent de la collme de lunn , mais des col- lines du Piémont a 1 état spalhique. Terebra cinerea. ( buccinum. Linn. ) suiv. Borson. — «cuwmn^i. Bors. lav. I , f. i"^. Ccrithium nodosum. var. Bors. tav. I , f. 23. Fustis tornatus. Bors. lav. I , f . 1 3. Pleurotoma.... murici reticidato. BROCcm , affînis suiv. Borîon. Pyrula condita. A.Br. ( 33) — ficoldes. Bnocc. suiv. Bons., si toutefois ce n'est pas la même espèce que la pré- cédente. Strombiis Bonelli. A.Br. Halyotis tubcrculata, suiv. Dei.uc et Borson. L'échantillon que j'ai vu dans la col- lection de 51. Deluc m'a paru entièrement semblable à l'espèce vivante. Patelin sulcata. Bons. A.Br. Pccteii plcbcùis. hAH. Pcctunculiis putvinatus. Lam. var. taurinensls. A.Bb. Lucina scofjulorum. A.Bk. Cytiierea erjcinoides. Lam. — A.Br. Denlalhnn Radula. Linn. suiv. Borson , et d'autres espèces vers la cime de la colline, à une grande proTondeur. Lunulitcs radiata. Lam. Ce rapprochement paraît donc confirmer de nouveau que la plus grande partie de la colline de Turin doit être rapportée, comme je l'ai indique plus haut , à la division inférieure du terrain de sédiment supérieur ; car si elle appartenait h la division supé- rieure, h celle à laquelle M. Prévost et moi présumons qu'appartiennent les collines subapennines, il y a lieu de croire que la plupart de ces coquilles eussent présenté des espèces décrites par M. Brocchi. Il n'y a pas de doute que le nombre des espèces de corps marins qu'on peut trou- ver fossiles dans la colline de Turin ne soit plus considérable que celui qu'indioue la liste précédente; mais comme mon but n'était pas de les donner tous, que mes moyens même ne me l'eussent pas permis , ceux que comprend cette liste suffisent pour caractériser ce terrain, et c'était là mon principal objet. Néanmoins il y a deux choses à considérer dans l'ensemble de ces corps. Premièrement, M. Borson, qui a donné la description des coquilles univalves du Piémont , parmi 827 espèces qu'il a dé- crites ou nommées , n'en cite qu'environ /^o comme appartenant h la colline de Tu- rin. Secondement, très-peu de ces coquilles (8à 10 seulement ) sont comprises dans la liste des coquilles subapennines décrites ou citées par M. Brocchi, quoique ce na- turaliste ait fait entrer dans son énumération les coquilles de l'Astezan, à huit à dix lieues seulement de la colline de Turin. § n. Sur quelques terrains des environs de Mayence, Je n'ai vu du terrain de Mayence dont je vais parler que les collines du Weîsenau, qui sont au Sud-Est de cette ville. Mais telle est maintenant la confiance qu'on peut avoir dans les règles de la géologie déduites de la nature des corps organisés , que lors même que je n'aurais pas été sur les lieux , lors même que je n'aurais pas eu les renseignemens que nous fournissent MM. Deluc, Faujas, de Férussac, etc., qui ont écrit sur ce terrain , il me suffirait des échantillons nombreux qui m'ont été envoyés par M. Léonhard , pour reconnaître avec une très-grande probabilité à quelle formation ce terrain appartient. 5 (34 ) Cependant le rapprochement n'est pas aussi facile qu'on pourrait le présumer d'après ce que je viens de dire : une circonstance complique la question. On trouve ici un de ces mélanges de coquilles marines et de coquilles terrestres ou d'eau douce, qui paraissent embarrassans au premier aspect. C'est donc le cas où l'étude du terrain sur le lieu même devient, sinon indispensable , au moins très-utile. D'après ce que j'ai vu auprès de Maycnce , d'après ce qu'en ont dit les natura- lisles que j'ai cités , et surtout d'après les nombreux échanlillons que j'ai sous les yeux , et que je dois h la bienveillance de M. Léonhard , on peut reconnaître , dans la série des couches qui composent la formation de sédiment supérieur de Mayence, deux roches assez différentes, qui înfliqucnt deux époques , ou au moins deux cir- constances de formation également différentes ; . La premier groupe cons'isle en roches calcaires très -dures, très-denses, en partie compactes, en partie surbamellaires , h très-petites lames brillantes, mêlées de sable quarzeux en assez grande quantité , et d'une couleur gris noirâtre, ou brun rougeâtre. Elles passent à la couleur de brique pâle. En prenant cette dernière couleur , ces ro- ches deviennent moins denses, moins compactes , et perdent toute partie cristalline. Ces deux variétés, qui appartiennent bien à la même roche , puisque le même échan- tillon les présente réunies, renferment deux sortes de débris: les uns sont des frag- mens assez abondans , du moins dans les échantillons que j'ai étudiés, déroches trappéennes et basaltiques noires; les autres, des coquilles ou parties de coquilles en quantités considérables , disséminées dans la masse. De ces coquilles , les unes ont conservé leur éclat nacré et leur couleur irisée, ce sont les trochits et les turbo ; les autres, blanches et friables, se distinguent très -bien par cette couleur sur le fond noirâtre et brun-rougeâtre de la pâte. Toutes sont entièrement remplies de la pâte, y adhèrent très-fortement , en sorte qu'il est difficile de les isoler pour en déter- miner les espèces ; cependant on en voit assez pour reconnaître que toutes ces co- quilles sont marines, et qu'elles sont généralement différentes décolles qui se trouvent dans l'autre division des calcaires. Je vais d'ailleurs donner une énumération des espèces aussi exacte que l'état des échantillons et des coquilles le permet. Mais on n'a pas besoin de recourir i» cette énumération pour reconnaître entre ce calcaire et le terrain calcaréo-trappéen du Vicentin une analogie réelle , malgré des diffé- rences extérieures assez notables : c'est à peu près la même couleur, la même apparence de conglomérat; des fragmens de roche trappéenne dans l'un comme dans 1 autre, et enfin les coquilles de la même époque enveloppées de la même manière. La même association de terrain existe dans les deux pays. Les terrains basaltiques trappéens, avec toutes leurs variétés, louchent à ce terrain calcaréo- trappéen, dont tous les échantillons viennent de VVeiuheim , près d'AIzey, et celui-ci au calcaire presque pur qu'on voit près de Mayence ; et Deluc a reconnu l'alternance des terrains volcaniques et des terrains de calcaire marin , comme dans le Vicentin, à Sandhof , près Francfort. ( 35 ) Corps organisés fossiles du terrain calcaréo-trappcen , et du calcaire grossier qui l'accompagne à JVeinIxeim, au Sud de Majence. Troclius excavatus. Schlot. — A.Br. (pi. vi , fig. lo. ) — pseudozizyphus. Schlot. AmpuUaria crassalina. Lam. Conus. Murex. Cancdlaria? Fusus ? Cerilhium cinclum. Lam. — margariiaceum? Beocchi — ( pi. vi , fig. u ). — plicatum. Lam. — ( pi. vi, fig. 12 ). Patclla Moule intérieur. Il n'est pas possible de déterminer l'espèce , mais on ne peut douter du genre. Oslrea pondéras a. Schlot. Pcctunculas pulvinatus? Lam. — anguslicostalus. Lam. Mytilus Faujasii. • — A.Bb. (pi. vi , fig. i3). • Cardium. Cjtlierea? nitidula? Lau. Le second groupe est composé de roches calcaires, sans apparence de roches étrangères, et constitue les collines qui entourent Mayence, et que j'ai eu l'avantage d'examiner sur les lieux. Le terrain calcaire qui appartient à la formation qui nous occupe , et au seul can- ton que j'aie en vue, commence à l'Ouest de Mayence, à Nieder-Ingelheim ; le plateau sur lequel on monte en sortant de ce village du côté de Mayence m'a paru composé comme les collines qui sont au Sud et à l'Est de cette ville (j). {i) Cet article était rédigé lorsque j'ai eu connaissance de la Dissertation de M. J. de Steininger sur les terrains entre le Rhin cl la Meuse, publiée à Mayence en 1S22. II établit d'une manière claire, dans la carte jointe à son ouvrage, les limites des terrains qui font le sujet de cet article, et indique leur étendue sur la rive gauche du Rhin , depuis Nieder-Ingelheim jusqu'à Landau , où ils forment une bande qui est à peu prés parallèle au Rhin, et sur la rive droite de ce fleuve , dans l'angle que fait le Mein en s'y jetant, depuis Erbach jusqu'aux environs de Francfort. M. Steininger (pag. 69) paraît ne pas admettre une alternance de formation marine et de formation d'eau douce, mais tout au plus une succession delà dernière à la première. II fait remarquer ensuite que les lerrams calcaires des vallées du Rhin et du Mein indiquent une formation locale qui n'a de rapport avec les autres formations d'eau douce que l'époque et le nom , qu'elle ne présente aucun caractère des autres formations lacustres , tandis qu'elle offre tous ceux des calcaires grossiers des environs de Paris , etc. Je suis flatté de me rencontrer, dans la partie fondamentale de mon opinion sur ce terrain, avec un géo- logue aussi distingué que M. Steininger, et je suis disposé à en abandonner les parties accessoires qui ne se- raient pas d'accord avec la manière de voir d'une personne qui habite sur les lieux et qui sait si bien les ob- ( 5G) Le Weisenau fait partie de ces dernières, et c'est celui dont j'ai étudié les couches (0. Je ne les détaillerai pas , je me contenterai d'indiquer les principaux groupes et leurs particularités les plus remarquables. On observe dans celte colline , en allant des couches inférieures visibles aux plus superficielles ; 1° Un banc de calcaire grossier, d'un jaunâtre clair, très-dense et très- solide , renfermant une multitude de petites Paludines ( Bulimes Faujas). 2° Un banc de calcaire semblable au précédent, renfermant très-peu de Paludines, quelques petites AmpuUaires, mais une ^vande(\uant'dé da M jtilus Brardii. (PI. VI, fig. i4.) 3° Un banc de calcaire d'un jaune grisâtre, très-dense , très-solide , renfermant presque uniquement des Gérithes. {Cerititium cinciuni?) 4° Un banc de calcaire assez semblable au précédent , mais mêlé de calcaire spathique , qui se reconnaît aux points éclatans qu'il fait voir à la lumière, renfermant le mélange des trois genres précédons ; les Paludines y dominent. Viennent ensuite , 5° Un sable calcaire renfermant des Lucines et des Moules, 6° Un banc de calcaire qui ne montre aucune coquille. 7° Un banc de calcaire grossier solide , qui contient des Gérithes et des Iltlices. 8° Plusieurs couches de marnes calcaires et sablonneuses. Puis , 9° Un lit de peu d'épaisseur d'un calcaire à texture très-grossière, mais cependant très-solide, et presque entièrement et uniquement composé de Paludines, les mêmes que celles du banc n° i. 10° Après quelques bancs qui ne présentent rien de remarquable , vient 11° Un banc de calcaire gris, dense, renfermant l'association des Paludines et des Hélices. Ensuite , 12° Un banc puissant d'un calcaire gris-pâle, tirant sur le jaunâtre, très-dense, très-solide , infiltré de calcaire spathique, comme le n" 4 . et présentant de nouveau l'association des Paludines et du Mjlilus Brardii. On y voit aussi quelques Hélices, siu'tout dans la partie supérieure. iS" Calcaire grossier à texture lâche, d'un jaunâtre sale, mêlé de sable, et comme pétri de débris de coquilles bivalves, qui sont principalement des Cythérées, des Vénus ou des Cyrènes , car je n'ai pu en voir la charnière , et des Paludines. server. J'avais déjà mis cette conséquence en avant, pag. 196 de la nouvelle édition de la Description géolo- gique des environs de Paris , qui a paru en avril j82a, en plaçant l'indication des terrains de Mayence à la suite du calcaire grossier de sédiment supérieur, et en promettant dans un mémoire spécial le développe- ment de mes molifs. (1) J'étais avec M. Constant Prévost , qui s'est fait connaître depuis par des travaui de géologie zoolo- gique fort remarquables, sur les environs de Vienne en Autriche, sur les environs de Paris, sur les cotes de Normandie, etc. Cette circonstance donnera plus de confiance dans les observations que je vais rapporter. (37 ) i4° Banc de calcaire grossier, d'un blanc jaunâtre, extrêmement friabJe , entière- ment composé de débris de coquilles , presque uniquement de petites Paludines. Enfin la colline est surmontée de lits de sable marneux , zones de blanchâtre et de jaunâtre , renfermant de nombreux débris de Paludines , ou quelquefois de lits en- tièrement et uniquement composés de ces petites Paludines agrégées. Telle est la composition de la colline du Weisenau près Mayence. On y remarque peu d'espèces de coquilles; les Hélices, et les coquilles marines y sont rares; mais la séparation des trois genres de coquilles doniinans, lesMjtilus Brardii, les Cerithlum et surtout les Paludines dans des assises distinctes , ensuite leur mélani'e , puis la répétition de bancs uniquement et presque entièrement composés de Paludines sont des circonstances remarquables , quoiqu'on n'en saisisse pas encore la théorie; c'est en rassemblant ces faits qu'on peut espérer de parvenir à la découvrir. Les terrains calcaires des environs de iMayence offrent d'autres particularités dans la réunion des coquilles qu'ils renferment. Ainsi, entre Mayence et le Weisenau on trouve, presque à la surface du sol , encore les Paludines mêlées de Nériles, qui ont conservé leur couleur; Puis , et au-dessus de ce dépôt , un lit assez mince d'un calcaire grossier très-dense très-solide, qui, au premier aspect, paraît être un calcaire oolithique grisâtre, dont les grains seraient intimement liés par un ciment de calcaire spathique; mais quand on examine de près ces grains, on voit qu'ils sont tous ovales (quelques-uns sont un peu réniformes, creux), et qu'ils s'ouvrent facilement en deux parties; on y recon naît alors le lest d'une multitude de Cjpris f'aba fortement liés ensemble par une infiltration calcaire. La couleur, la texture et l'aspect luisant du ciment calcaire qui lie entre eux les tests de Cyprisj établissent entre cette roche et celle de Vichy une ressemblance frap- pante (i). La présence des Cypris dans les terrains où se rencontrent d'autres habitans des eaux douces devient un fait dont les exemples sont nombreux. M. Desmarest l'a reconnu le premier dans un calcaire lacustre de Gergovia en Auvergne. Je l'ai trouvé depuis dans le terrain gypseux lacustre des environs du Puy-en-Velay (2), dans le terrain la- custre d'Aix en Provence (3), dans le terrain lacustre du Locle, canton de Neufchâtel (4); et je l'ai vu dans un calcaire lacustre solide, à grains grossiers , du lieu dit leVernet, près Vichy (5) , département de l'Allier ; les Cypris y ont l'aspect de petits grains réniformes , bruns et luisans. Enfin , dans d'autres points, ce même calcaire blanchâtre ou grisâtre, à texture très- grossière , composé de débris de coquilles et renfermant une assez grande quantité (i) Description géologique des invirons de Paris j^îiUU.Cv\i&& et Beowgkurt, édition de 1822 , i vol. in-4°> page 3<"- (2) Ibid., page 260. (3) Ibid., page 261. (4) Ibid. , page 3o6. (5) Ibid., page 3oi. Je tiens cet exemple, et les échantillons qui me l'ont fait connaître, de M. Ber- thier. ( '^^ ) d'Hélices Ires-semblables à l'H. Moroguesi, mêlé principalement de Paludines , mais de peu d'autres coquilles. D'aulres collines , ou d'autres parties de cetle même colline , présentent des associa- tions de coquilles un peu différentes de celles qui se montrent dans les couches du Weisenau , que l'on vient de décrire. Ainsi h Laubenheini on voit, dans un calcaire semblable aux précédens, et tantôt réunies dans les mêmes couches, tantôt divisées dans des couches distinctes, des Palu- dines, quelques Hélices, avec des Cérithes (le Ccrithium pUcatum el le Cer. niar- garitaceiiin ) et le Mjtilus Brardii. Dans d'aulres parties le Mytilus Faujasli, ayant conservé son éclat nacré, mêlé de Paludines , est tantôt dominant et tantôt en quantité inférieure aux Paludines. En général , les coquilles d'eau douce ou terrestres el les coquilles marines m'ont paru rarement mêlées en proporlions égales dans les mêmes couches, où les unes do- minent, les autres sont rares , et môme tout-à-l'ait nulles. Voici donc un terrain qui présente dans ses couches, et dans un véritable état de mélano-e, des productions évidemment marines et des product-ons évidemmeut fluvia- tileset terrestres. Ce mélange a été remarqué depuis long-temps; et Deluc , dont les ouvrages renferment un grand nombre de véritables découvertes en géologie, l'avait très -bien reconnu et décrit (i) ; mais on doit observer que ce mélange des coquilles marines et des coquilles d'eau douce, quoique réel , n'est pas aussi général , aussi irré- gulier qu'on pourrait le croire à une première vue. Les roches calcaréo-trappéennes de Weinheim , etc. , qui renferment un assez grand nombre d'espèces de coquilles marines , qui ont un caractère particulier de fond de haute mer, n'offrent aucune coquille , ni terrestre, ni fluvialile. L'énuméralion que nous avons donnée des genres et des espèces l'établit d'une manière assez sûre. Les calcaires grossiers à tissu lâche des environs de Mayence, qui n'indiquent aucun mélange trappéen, offrent au contraire peu d'espèces de coquilles marines ; nous n'en avons compté que cinq, deux Cérithes et deux Moules, coquilles de rivage, et une bivalve de genre incertain , mais une quantité considérable de coquilles de marais salés et quelques coquilles terrestres. Ces roches calcaires, celles mêmes des assises supérieures, ont une texture lâche et grossière, une stratification à couches minces nombreuses, Irès-paralIèles, variant beaucoup dans leur texture d'une couche à l'autre, séparées mémepsr des petits lits de roche calcaréo-sableuse presque désagrégée ; tous ces caractères de terrains sont ceux que présente la formation du calcaire marin des terrains de sédiment supérieur. On n'y voit nulle part, et dansles lieux que j'ai visités, et dans les échantillons nom- (i) 11 aïail remarqué dans la pierre à chaux d'Oppenlieim le mélange des Cérithes et des Moules, avec de» petits Buccins fluvialilis {Leilres géolo,^. 82 , p. 535) ; il l'avait vu aussi dans les autres collines des cnvi- rons de Mayence, et néanmoins il a rapporté comme nous ces collines à la formation niarint-. 11 fait éga- lement observer la position de ce terrain sur le terrain volcanique à Francfort, à Bergen, à Bekenheim , à Breunelsheim, à Hanau , à Saxenhausen , et enfin, à Sandhof, l'altcruance des terrains volcaniques avec le calcaire. ( Deux , Lettres sioUig. io3 , pag. 56; ; letl. io4 , pag. ôSo , et lett. 106.) ( -"9 ) breuxque j'ai examinés, ni la texture compacte et à grains fins, i-ésultal d'une précipita- tion cin'mique plutôt que d'un dépôt mécanique , ni ces lululurcs sinueuses plus ou moins grosses qui sout les caractères si conslans des lerr&ius lacustres ou d'eau douce. Je regarde donc les terrains des environs de Mayencc que je viens de décrire ou que j'ai cités et ceux des environs de Francfort qu'on leur compare, comme appartenant, par leur mode de formation et par leur position au moment de cette formation , aux terrains de sédiment supérieurs marins. Mais à mesure que ces terrains seformaient, et que le fond de la mer s'exhaussait par suite de ces dépôts, les espèces de coquilles qui l'habitaient changeaient aussi; le nombre des espèces était moins considérable, tandis que les Cérilhes et les Moules , coquilles généralement littorales, devenaient plus nombreuses; enfin ces dépôts recevaient dans certains momens les productions lacustres et terrestres des rivages , marécages , ou embouchures de rivières qui bordaient celle mer; et ces productions, composées prin- cipalement de Paludines semblables | à celles qu'on voit dans les étangs salés de Magueloneen Provence, comme M. Faujas l'a fait remarquer le premier, d'Hélices, etCf, venaient de temps à autre se déposer en lits sur le fond des mers el s'y étendre , tantôt en quantité assez dominante pour ne faire voir aucun mélange de coquilles marines dans leur épaisseur, tantôt en moindre quantité, el mêlées des coquilles marines qui vivaient alorssurle fond de la mur. Cette alternance paraît avoir eu lieu jusqu'au moment où la mer, loul-à-fait retirée, ou le sol assez exhaussé, ait permis aux productions la- custres de s'y établir seules ; c'est ce que paraît indiquer le lit de Cjprls faba men- tionné plus haut. Le terrain de Mayence serait donc, d'après les faits et les remarques précédentes, un terrain calcaire de sédiment grossier analogue à celui des environs de Paris , mêlé, dans le moment où il se déposait, avec des productions fluviatiles , lacustres ou terrestres , et non pas un terrain lacustre envahi par les eaux de la mer et enve- loppant quelques coquilles marines. Il resterait à savoir si ce terrain appartient à l'époque antérieure au gypse à Paleo- theriums , ou à la formation marine poslérieure à cette époque. Il est difficile de ré- pondre à cette question avec les renseignemens que nous avons actuellement sur ce terrain. Les caractères que nous lui connaissons ne sont ni assez nombreux ni assez tranchés pour cela. En lui appliquant les caractères comparatifs que nous avons donnés ailleurs (i) des terrains marins de ces deux époques , on voit qu'étant principalement calcaire et non sableux , que renfermant une assez grande variété de coquilles , mais point de mica , point de gypse, non plus que les marnes et les huîlres qui l'accompagnent, que montrant dans ses assises inférieures des débris de terrains trappéens, comme ceux du Vicenlin , on peut présumer , mais encore vaguement , qu'il appartient aux terrains marins déposés avant la formation du gypse à ossemens. (i) Descript. gcol. des env. de Paris, iSaa, pag. 193. (4o ) § III. Sur un terrain du pied des Pyrénées Orientales. M. Coquebert-Moutbret m'a rapporté, d'un voyage qu'il a fait à Perpignan en 1817, des échantillons d'un terrain el des coquilles fossiles qui m'ont frappé par leur res- semblance parfaite avec le terrain des collines subapennines. Je ne connaissais alors le terrain de ces collines que par des échantillons. La connaissance directe que j'en ai prise depuis, loin de détruire l'analogie que je présumais, l'a pleinement confirmée. J'ai regardé celte ressemblance complète de deux terrains situés h une grande dis- tance l'un de l'autre , l'un presque au pied des Pyrénées, et l'autre dans l'Italie la plus méridionale , comme une particularité des plus remarquables dans l'histoire des ter- rains de sédiment supérieurs ; c'est donc autant pour apporter un exemple de cette cu- rieuse identité que pour donner les descriptions el les figures de quelques coquilles, dont j'ai eu besoin pour éclairer les observations précédentes, que j'ai cru devoir faire mention du terrain de Banyul-des-Aspres , d'après les renseigncmens que M. Co- quebert-Montbret m'a fournis ^ et les échantillons qu'il m'a remis. Le canton qui présente les roches et les coquilles sur lesquelles je fonde ce rappro- chement est composé de petites collines qui sont au sud de Perpignan , et au pied septentrional de la petite chaîne des Albères, principalement à Banyul-des-Aspres, dans le département des Pyrénées Orientales , sur la rive gauche du Tech (1). La roche dont ces collines sont formées est une marne tendre, sableuse, d'un gris bleuâtre , renfermant beaucoup de mica , alternant ou mêlée seulement avec du sable siliceux assez grossier el contenant une quantité prodigieuse de coquilles, quelques-unes entières et même assez bien conservées , les coquilles bivalves ayant quelquefois leurs deux valves , mais plus souvent brisées en fragmens assez petits. Les espèces que j'ai eu occasion de délerminer dans le petit nombre d'échantillons qui m'ont été remis sont les suivantes : Turrttclla vermicularis. {Turbo. Brocchi. tav. VI , f. i3. ) Nntica cplglottina. Lam. RancUa margtnata. { buccinum Brocc. ) — (PI. VI, flg. 7.) Trltonium doliare. {Murex Bbocc. ) — (PI. VI , fig. 5. ) Ostrca virginica. Lam. Cette huître n'est pas précisément du même lieu ; elle vient de Nissan, entre Narbonne et Béziers, mais elle paraît appartenir au même terrain. Pecten flabelliformis. Bkocc. ? Si ce n'est pas précisément cette espèce, c'en est une très-voisine. Pectunculus pulvlnatus. Lam. Var. Pyrenaïcus. A.Br. ( pi. VI , fig. i5. a, b. ) Pectiinculas Inflatus. [Arca. Brocc. tav. XI, f. 7.) Cardium ciliarc. Bnocc. Turbinolta sinuosa. A.Br. (Pi. VI , fig. 17.) (1) J'ai déjà indiqué ce terrain dans la Description géologique des environs de Paris, édit, de 1822, pag. iS; et j'ai renvoyé , pour les détails, aux figures et à la description que je donne ici. ( 4i ) On trouvera dans la troisième partie de ce mémoire les descriptions particulières et les notes zoologiques relatives aux espèces qui en sont susceptibles. Nous ne de vons nous attacher ici qu'aux considérations géologiques ; et nous ferons remarquer à ce sujet , i° que malgré le petit nombre d'espèces que nous avons pu citer, presque toutes ont été décrites par M. Brocchi , ce qui établit déjà leur ressemblance avec celles des collines subapennines; 2" qae le Banclla marginata , qui est le liuccinum marginalum de Linné , est une espèce célèbre depuis long-lemps parmi les fossiles , indiquée par Linné lui-même comme se trouvaflt eu Italie ; elle offre donc presqu'à elle seule un caractère d'identité entre ce terrain et celui des collines subapennines. 3° D'après les débris renfermés dans le sable argilo-micacé qui remplit les grosses co- quilles, le nombre des espèces que ce gîle renferme doit être considérable; je n'en ai donc peut-être pas indiqué la vingtième partie : mais celles qui viennent d'être dési- gnées me semblent suffisantes pour établir avec la plus grande vraisemblance l'iden- tité de ce terrain cl de celui des collines subapennines. 4° Enfin la nature du terrain , la présence de la marne argileuse et du sable siliceux, et l'abondance du mica qu'il ren- ferme, sont des caractères frappans des collines subapennines depuis Asti jusque dans l'intérieur même de Rome. § IV. Des couches à coquilles littorales [1) de la montagne des Diablerets. C'est ainsi qu'on nomme une suite de hautes sommités qui fait partie de la crête des Alpes calcaires au Nord-Ouest de'Sion et presque à l'Est de Bex , et d'où partent les eaux qui, coulant dans le val d'Ormont et dans le vallon des salines de Bex, vont de l'Est à l'Ouest se jeter dans le Rhône de Saint-Maurice à l'Aigle. La plus haute de ces sommités a environ 6200 mètres au-dessus de la mer. Cette crête de montagne est célèbre par les éboulemens qui ont précipité du côté de la vallée du Rhône deux de ses sommets en 1 7 1 4 et 1 749- Les couches qui composent ces montagnes sont peu puissantes , par conséquent très-multipliées. Leur stratification est très-distincte et assez régulière ; en sorte que les diverses roches qui se succèdent et qui peuvent appartenir à des époques de for- mation très-différente ne présentent point ce caractère de séparation tranchée qui ré- sulte d'une stratification contrastante. Ces couches sont inclinées au Nord-Est , et leur escarpement fait face au Sud. La montagne des Diablerets présente vers son sommet une particularité des plus remarquables dans l'association des coquilles que renferment les couches de cette partie : c'est un problème jusqu'à présent insoluble. Mais c'est précisément par ce motif qu'il faut, par une description aussi précise qu'il m'est possible de la donner, constater ce qui est à ma connaissance , et appeler par la discussion de ces faits, quel- (1) Il est assez commode de pouvoir désigner par un seul nom les réunions de coquilles dans lesquelles il y a des Ammonites , des Bélemnites , etc., et celles dans lesquelles il y a des Cardium , des Cérites , etc., sans Ammonites. On était convenu de désigner les premières par le nom de coquilles pélagiennes, et les se- condes par celui de coquilles lltloralcs ; sans examiner si ces expressions sont bien exactes , nous les conser- vons en leur donnant l'application que nous venons d'indiquer. (40 que incomplets qu'ils soient, l'attention des géologues sur ce point obscur de la géo- gnosie. Je ne décrirai pas avec détail les couches inférieures de la montagne , ce serait sortir démon sujet; et d'ailleurs je n'en aurais pas les moyens. Je ne puis cependant omettre entièrement d'en parler ; on en verra plus bas les motifs. En prenant cette montagne depuis sa base du côté de Bex on y remarque les princi- pales couches suivantes (i). 1° Vers la base de cette montagne on voit un calcaire compacte, sublamellaire , noir, qui alterne avec des Schistes argileux et des Psammites. Il renferme des ammonites , des Bélemnites, des Entroques et, dans quelques points de la même chaîne, du calcaire oolithique noir. Ces roches et leurs pétrifications appartiennent , suivant M. de Char- pentier , à l'époque de transition. Mais les terrains de transition les premiers reconnus pour tels , qui sont principale- ment composés de roches mélangées granitoïdes et formées par voie de cristallisa- lion confuse, qui alternent avec des schistes luisans, etc., ne montrent pas ordinaire- ment de Bélemnites parmi les corps organisés qu'ils renferment. On y voit très-rare- ment des Ammonites , et encore ces dernières coquilles appartiennent-elles à une es- pèce particulière à cette époque. Il paraîtrait donc que les roches qui font la base de la montagne des Diablerets ont été déposées à une époque ou au moins dans des circonstances différentes de celles dans lesquelles se sont formés les terrains de transition à Syénite , Diabase, et autres roches granitoïdes , et qu'elles ont cela de commun avec toutes les roches calcaréo- schisteuses noirâtres de cette partie des Alpes , que l'on veut ramener au terrain de transition. 2° Au-dessus , à partir du col d'Anzeindaz (2) , se montre un calcaire compacte, gris de fumée foncé, à grain lin , avec veines de calcaire spathique; il renferme en- core quelques Bélemnites , puis : 5° Un psammite calcaire ou un calcaire sableux régulièrement stratifié sur plusieurs centaines de pieds d'épaisseur, et renfermant \e§ roches suivantes : A. Interposés dans ses couches , des lits d'un calcaire compacte, rude, noir, contenant beaucoup de Numniulites, et coloré par du charbon^ qu'on en sépare facilement en dissolvant ce calcaire dans de l'acide nitrique. (1) Cette énumération est faite sur des échantillons qui m'ont été envoyés, avec des notes, par M. de Char- pentier, directeur des salines de Bex. J'ai revu depuis cette montagne sur sa face septentrionale, mais elle est tellement inaccessible, que je n'ai pu y faire aucune observation de détails. Je dois dire seulement que sa structure a la plus grande ressemblance avec celle des montagnes que j'ai suivies depuis la Gemmi , en ongeant pour ainsi dire, sur sa pente occidentale, cette ligne de montagnes qui forme le bord droit de la vallée du Rhùne. (2) Voyez page 4 7 «ne esquisse de la disposition des couches dans celui des sommets des Diablerets qui est le sujet de cette notice. Je dois cette esquisse à M. Elle de Beaumont , élève-ingénieur au corps royal des mines , qui a bien voulu , au retour de son voyage géologique, et au moment où on allait tirer cette feuille , me communiquer les obse:^ vations qu'il a faites sur cette montagne, et me permettre d'enrichir cette notice d'une coupe qui non-seulemcnl la rend plus claire et plus intéressante , mais qui ajoute à mon hypothèse quelques degrés de plus de probabilité. ( 43 ) B. Vers la partie occidentale des Diablerets, une roche sableuse verdâtre , un peu "calcaire , ayant l'apparence de celle que j'ai caractérisée ailleurs et désignée sous le nom de Glaucome. On y voit des grains de Feldspath ; mais le calcaire y est trop peu abondant pour qu'on puisse le rapporter à celle sorte de roche , malgré sa ressemblance avec celle que les géologues anglais appellent grès ou sable vert {green-sand). 4" Au - dessus du psammile calcaire n" 3 sont des couches de calcaire argileux , peu dissoluble dans l'acide nitrique et très-ferrugineux. II contient même , suivant M. Ebel , des bancs de fer limoneux. 5° Ces couches sont surmontées d'un lit de charbon fossile non bitumineux, c'est-à-dire d'Anthracite , de deux à trois mètres de puissance. 6" On arrive alors à la partie de la montagne qui est le sujet principal de nos recher- ches. C'est un dépôt de sis h dix mètres d'épaisseur placé sur l'Anthracite n° 5, d'une roche calcaire noire , compacte , mais âpre et rude au toucher , déposant une grande quantité de charbon lors de sa dissolution dans l'acide nitrique , et divisé en un grand nombre d'assises de trois h quatre décimètres d'épaisseur. C'est cette roche qui renferme les corps organisés fossiles dont je vais donner l'énu- mération. Nummulites. Indéterminables. Ampullarta. Entre l'A. conica et l'A. canaliculata, mais ne pouvant se rapporter exacte- ment ni à l'une ni à l'autre. Ampullarta. Fragment d'une très-grosse espèce. Melania costellata. Lam. Ann. du Mus. tom. 8, pi. 6o XII. fig. i. — ( pi. H. fig- j8.) Autant qu'on puisse en juger sur des échantillons Irès-altérés, elle ne paraît pas différer de l'espèce à laquelle je la rapporte. Ceritilium Diaboli. A.Br. (pi. vi. fig. i^ a. b.) Extrêmement abondante et fort remarquable. Turbinella....'^ Cette coquille, presque entière, mais trop écrasée pour qu on puisse détermi- ner son genre avec certitude , a près d'un décimètre de longueur. Hemicardium. Il est vo\ândeVHcm{cardiumretusum,el peut-être encore plus àumedtum; mais il difi'ère de l'un et de l'autre surtout par sa taille. On sait que ces Hemicardium sont vivans. Le rapprochement que je fais a pour objet de donner une idée de la coquille fossile , en trop mauvais état pour être figurée et 6. (44) suffit pour faire voir qu'elle ne peut être ni un Plagiostome, ni un des H(^,mi- cardes du calcaire du Jura. Cardium cUiarc? Beocc. Je n'en ai vu qu'un fragment , mais ce cardium est si caractérisé , qu'une petite partie d'une de ses valves suffit pour faire établir sur l'espèce une déter- mination très-présumable. Cariophjllia. Madrcpora. La liste précédente n'offre qu'un petit nombre d'espèces , et cependant il eslprésuma- ble qu'elle indique les plus communes et le plus grandnombre de celles que l'on connaît; car j'ai reçu, tant de M, de Charpentier que d'autres naturalistes, des coquilles des Diablerets à plusieurs reprises , j'en ai vu dans les collections de Genève et de Paris , et je n'ai vu aucune autre coquille que celles que je viens d'indiquer. Quoique je n'aie pu déterminer complètement quelques-unes de ces espèces , j'en ai vu assez pour être sûr qu'elles se rapprochen t bien plus des coquilles littorales , c'est-à-dire de celles de nos terrains de sédiment supérieurs, que des coquilles des terrains de sédi- ment inférieurs ou moyens. Il y en a même quelques-unes qu'on peut y rapporter avec une probabilité très-voisine de la certitude. Enfin, et c'est ici lepoint le plus important dans la série des observations que présente le sommet de cette montagne; je n'ai vu dans aucune des collections que j'ai citées, ni Ammonite , ni Bélemnite , ni Plagiostome , ni Productus , etc. On n'a jamais cité, que je sache, aucune de ces coquilles comme s'étant trouvée avec les précé- dentes ou au-dessus d'elles (i). Cette circonstance, quoique négative, me paraît distinguer très-nettement le cal- caire noir rude des Diablerets du calcaire noir compacte et à grains verts de la mon- tagne des Fis et des sommets analogues. Ou rencontre bien dans ces derniers quelques coquilles du terrain nouveau, des Cérithes, des Ampullaires, etc.; mais elles sont pour ainsi dire circonscrites en comparaison de l'immense quantité de Turrilites , d'Am- monites ; d'Hamiles , qu'on y trouve. Enfin , il a fallu que ces différences fussent déjà sensibles, puisque des géologues (2) qui ne pouvaient pas avoir encore reconnu l'impor- tance de ces considérations, ni apporté à ces pétrifications l'attention de détail que j'y ai mise , avaient cependant remarqué que la roche d'Argentine qui est en face des Diablerets annonçait par ses pétrifications que l'époque de sa formation différait de celle des autres. J'hésiterais donc très-peu , malgré la position élevée de la roche calcaire qui renferme ces coquilles, malgré sa compacité, sa couleur noire, sa stratification concordant avec le calcaire ancien qui est au-dessous ; j'hésiterais peu , dis-je , à la regarder comme de même formation que le calcaire grossier de sédiment supérieur , si elle (1) M. Élie de Boaumont m'a assuré que parmi les débris du sommet des Diablerets au milieu desquels il a ramassé aycc M. do Cbarpnntirr un grand nombre de coquilles littorales, il n'avait tu ni Ammonite , ni Bé- lnunite. (a) ^BEL , Manuel du voyageur en Suisse , 1810, art. Bbx. ( 45 ) n'était recouverte par des roches qui offrent de nouveau le caractère d'homogénéité et de compacité , qu'on attribue au calcaire alpin, etc. Les roches calcaires n° 6 renfermant les coquilles dont on a donné l'énumération sont recouvertes : 7° D'un calcaire sublamellaire, noirâtre, siliceux et micacé, qui malgré son appa- rence spalhique est un véritable agrégat de grains de quarz par un ciment de calcaire ; 8° D'un calcaire compacte fin , renfermant des lits de silex corné , et quelques débris de corps organisés qu'on ne fait pas connaître : il est traversé de veines de calcaire spathique, et ne diffère en rien du calcaire alpin {Zcchstein) dont la texture est fine et la cassure écailleuse. Tels sont les faits que nous présente cette suite de montagnes à sommets coupés ver- ticalement et dans un état de destruction perpétuelle. L'étude de ces montagnes est extrêmement difficile par les motifs que j'ai donnés plus haut; il n'est donc pas sans utilité de hasarder quelques conjectures sur les époques de formation auxquelles on peut les rapporter, afin de fixer davantage l'at- tention des observateurs qui suivront cette étude sur les lieux. J'essaierai de comparer la suite des roches qui les composent, i° avec celle des Fis que j'ai décrite ailleurs (i) ; y.° avec la formation de sédiment supérieur. La montagne des Fis et l;s montagnes de celte partie de la chaîne des Alpes qui lui ressemblent sont composées à leur base k peu près comme celle des Diablerets; seulement on y voit moins de corps organisés , et il semblerait que la base des Dia- blerets, dont nous avons décrit quelques roches d'après M. de Charpentier, correspond aux parties moyennes ou même presque supérieures de la montagne des Fis. Vers le [sommet les roches paraissent se ressembler; les unes et les autres sont noires ou noirâtres, et renferment de nombreux débris de corps organisés; mais aux Fis on trouve les grains vcris et les coquilles de la craie, et on n'en a encore indiqué aucune parmi celles des Diablerets. 11 y a donc une différence notable dans la texture de la roche, dans sa nature et dans la présence des corps organisés qu'elle renferme. Les différences extérieures entre les roches des sommets des Diablerets et celles des terrains de sédiment 'supérieurs paraissent encore plus considérables; mais voyons si dans l'examen nous n'y trouverons pas quelque ressemblance plus importante que ne le sont les différences. Du n° 1 à « inclusivement , on peut reconnaître le terrain alpin inférieur, ou le ter- rain de transition des Alpes , suivant plusieurs géologues. Le n° 3 semble offrir l'analogue ou de la craie avec la glauconie, ou des assises inférieures du calcaire de sédiment supérieur avec ses Nummulites. Les n°' ^ el 6 pourraient représenter la formation de l'argile plastique avec son sable, son association de roche ou de minerais ferrugineux; et dans l'anthracite n° 5 , l'analogue du lignite souvent très-puissant qui l'accompagne , et qui est quelque- fois à l'état d'anthracile, comme au Meisner en Hesse , etc. (i) Annales des Mines, 1821, page SSj. (46 ) Le n° 6 qui vient au-dessus est , dans cette hypothèse , parfaitement à sa place , et représente le calcaire grossier avec ses coquilles littorales ; et remarquons que les grains verts si abondans dans les roches de l'époque de la craie de la montagne des Fis, et qui paraissent ressembler à celles des Diablerels , manquent entièrement dans ces dernières. Cette circonstance , réunie avec les différences que présentent les coquilles observées , fait présume)' que cette différence est réelle , et ne vient pas uniquement des échantillons tombés par hasard entre nos mains. Restent les n"" 7 et 8 , qui ont un aspect et une texture dont il semble qu'on ne peut trouver aucun exemple dans les parties supérieures du terrain de sédiment supérieur. Mais n'oublions pas que , dans la géognosie , la contemporanéité des formations est ce qui établit leur identité, et que la texture est subordonnée non-seulement à cette con- sidération , mais encore à celle de la nature des roches. Or nous voyons que dans les terrains de sédiment supérieurs, des dépôts siliceux et micacés ont souvent suivi et recouvert les couches calcaires coquillières. Ces dépôts ont souvent pris la texture du grès, quelquefois celle du sable mêlé de mica et de minerai de fer, quelquefois enfin celle de silex corné en lits ou rognons. Or les roches n" 7 et 8, qui recouvrent les assises coquillières, sont calcaires , mais encore plus siliceuses; elles renferment du silex corné et du mica ; et le n° 7 est un véritable agrégat bien différent du n" 8. Je ne prétends pas néanmoins qu'au sommet des Alpes , h 3, 000 mètres d'élévation , on doive trouver toutes les roches analogues au terrain de sédiment supérieur , depuis les argiles plastiques jusqu'au grès supérieur; mais je crois qu'il ne faut pas non plus rejeter , sans l'avoir approfondie , l'idée qu'une partie du sommet des Diablerets pourrait bien avoir été déposée h une époque géologique à peu près la même que celle où les ter- rains de sédiment supérieurs des pays de plaine l'ont été; que ce dépôt a été accompagné d'une émission de matières minérales h peu près la même , se succédant dans le même ordre ; à peu près comme dans l'époque actuelle tous les volcans de la terre vomissent des laves généralement semblables entre elles, et généralement différentes des trachytes, porphyres, basaltes, etc. , qu'ont vomis les volcans de l'ancien monde. Des circonstances physiques et minéralogiques de pression , de soulèvement , de forte chaleur, peuvent avoir apporté dans ces roches les différences que nous remarquons entre elles et celles, par exemple, du bassin de Paris ; différences qui consistent principalement' dans leur compacité, leur puissance , lenir élévation , et surtout leur couleur noire. Cette couleur, duc au charbon disséminé dans ces roches, et l'anthracite qui les accompagne, semblent indiquer des circonstances qui n'ont pas permis aux bitumes et autres combustibles volatils de rester unis au charbon. Je pense donc qu'aucune superposition évidente ne s'y opposant, les caractères zoologiques peuvent avoir ici toute leur valeur pour faire rapporter les couches presque supérieures de la montagne des Diablerets au terrain de sédiment supérieur, jusqu'à ce que des observations directes aient prouvé le contraire; et qu'il serait plus hypo- thétique de les rapporter aux terrains de calcaire alpin ou de transition, puisqu'il n'y ( 47 ) a pour établir ce rapport que des analogies de couleur et de texture, moins importantes seules que celles qu'on peut tirer de la nature des corps organisés fossiles renfermés dans ces couches (i). Enfin, quel que soit le résultat géologique auquel on arrive, il sera toujours fort remarquable de trouver sur cette montagne, et h une si grande élévation, une asso- ciation de coquilles très - différentes de celles que l'on connaît dans une position Jt peu près semblable sur d'autres sommets de la chaîne des Alpes. (i) Je laisse ces conséquences telles que je les avais écrites au moment où M. Élie de Beaumont m'a remis l'esquisse ci-jointe : la disposition remarquable des couches qu'elle présente sera ble devoir lever la plus grande objection qu'on pouvait apporter au rapprochement que j'ai proposé et qui résulte de l'aspect tout-à- fait alpin et ancien des roches calcaires et schisteuses , n° 8 , qui sunnontent les couches à coquilles littorales n» 6. Cette coupe fait voir qu'elles les surmonUnt évidemment, mais qu'il n'y a au contraire aucune certitude qu'elles aient été déposées dessus , et par conséquent postérieurement au dépôt n° 6. Le replis remarquable des assises n» 7 , qui, par ce singulier dérangement, sont venues envelopper les couches à coquilles littorales n° 6, et qui a reporté au-dessus d'elles les couches inférieures 7 et r, enfin le glissement possible des couches n°8, expliquent sans hypothèse comment dans ce heu un terrain nouveaua été recouvert par un terrain ancien. C'est une application delà circonstance de superposition dont j'ai annoncé la possibilité dans mon mémoire sur les caractères zoologiques des formations (/i,t.8,pI.6o.XII,fig.a. Var. Roncana. A.Ba.... (pi.ii,Cg. iS.) Elle diffère si peu de la Mdania costellata de Grignon , qui elle-même présente tant de variétés suivant les lieux, l'âge, l'état de conservation, etc., que je n'ai pas cru devoir la regarder comme une espèce particulière. Ses différences principales consistent dans les côtes verticales qui sont plus nombreuses , plus petites et plus serrées, et dans, des élévations ou côtes va- riqueuses qui se suivent sur deux rangs. Cette disposition se voit dans les in- dividus de la Melania costdlala de Valogne et de Chaumont. L. Ronca, Sangonini. ( Collection Maraschini , etc. ) M. elongata. A.Ba....(pi.iii,cg. i3.) Turrito-subulala. Anfractibus convexis, costatis , striis elevatis, tenuissimis, longitudinalibus , apertura ovali, intégra. Scalaria fimbriata. Bokson, Oryctog. piem,^. 3a. n» 3, tav. II, fig. 9. Cette coquille , qui est très- voisine du Mdania canicularis, etc. , de Lam. , 8. ( 6o ) présente quelques côtes élevées , qui ressemblent à des varices, et qui la rap- procheraient des Cyclostomes , si la forme de l'ouverture pouvait convenir à ce genre . Dans la figure l'ouverture n'est pas assez ovale. L. de Caslel-Gomberto , dans le Vicenlin. ( Collection Maraschini. ) Nerita. il. COnOldea. Lam. An», du mus. tom. V, p. 32, B» 1. — Hacqcet, pi. II , fig. 12. — (pi. II , fig. 22, a.b. c. ) Narilapcrversa. Linn.-Gmel.— Pabk. Org. rem. \o\. 3. pi. VI, fig. 4. 6. mala. J'ai fait figurer un individu du Soissonnais, parce qu'il était en meilleur _ état qu'aucun de ceux de Ronca. Mais je puis assurer qu'il n'y a pas de diffé- t-ence appréciable entre les Nérites conoïdes de France et celles de Ronca. L. Ronca. N. Aclierontis. a.Be....(pi.ii, ng. i3.) Semiglobosa, striata , striis spirœ vicinis tuberculatis , labris tnuticis. Elle est d'une assez grande taille, et paraît avoir été d'un brun noirâtre , qui est une couleur assez commune dans les Nérites. L. Ronca. ( Collection Maraschini. ) N. Carouis. a.bb.... (pi. ii, Sg. .4.) Semiglobosa , inullisulcata , sulcis lœvibus , labris.. •. Elle diffère essentiellement de l'espèce précédente. L'individu que je décris ne laisse pas voir les bords de l'ouverture. L. Gastel-Gomberto. { Collection Maraschini. ) Natica. N. Cepacea. Lam. ^nn.rf«m.«. t. V, p. 94. n°3. ett. VIII, pl. 62. XIV, fig. 5. Si on compare eelle du Vicentin à la figure de Lamarck, ou trouvera des dif- férences assez notables dans la forme et surtout dans celle de la spire , beau- coup plus saillante dans la figure cpje dans l'individu que nous décrivons. Mais en la comparant avec le Natica cepacea de Grignon, que nous possédons dans nos collections , ces différences s'évanouissent. L. Val de Chiampo, S,-Jovanne-Hilarione. ( Collection M.traschini. ) ( 6i ) N. epiglottina . i*». '*'/««. t.VI.n-'S.— Enc.pl.384.fig. s. L. val Sangonini. Cette coquille se trouve aussi à Courtagnon , à Parnes, à Hordwell dans le Hampshire. Elle présente dans chacun de ces endroits de très-légères différences , c'est à celle d'Hordwell que la Volute d'Italie res- semble le plus. ( Collection Marascbini. ) ( 64 ) V, subspinosa. A.Bn. (pi.iii,fig.5.) Ovata, brcvis, valda costata, basi emarginalâ, plicatâ; spirâ brevi, spinosâ ; spi- narum unâ série. Cette Volute ressemble tellement au premier aspect au Voluta spinosa, que je l'avais d'abord prise pour elle, mais ua examen plus attentif y fait remarquer les différences que la définition précédente et la figure indiquent. J'en ai vu une autre qui tient le milieu entre la spinosa et la crenulata ; mais je n'ai pas cru devoir établir encore une espèce sur un seul individu. L. Ronca. ( Collection Maraschini. ) V. Githarella. A.BB....(pi.vi,fîg.9.«. *.) Fusiformis , multi-costata , costis rotundalis, nonnullis varicosis , illis et intersti- tiis transversim slriatis , columellœ basi pliais duabus vcl tribus. Cette Volute ressemble tellement au Voluta harpula, qu'on est disposé à la regarder comme identique ; mais les notes distinctives indiquées par la des- cription précédente établissent suffisamment sa différence. L. Montagne de Turin. Marginella. M. eburnea. LAM.,jHn. â , brevi. Les côtes sont beaucoup moins nombreuses que dans le Cassis harpœ- formis , dont cette espèce se rapproche. Elles sont très-saillantes , et larges par en haut , et comme divisées en deux tubercules , mais d'une manière très-peu nette. Les anciens rebords de la lèvre intérieure forment sur les tours de spire plusieurs varices. L. De Ronca , etc. ( Collection Maraschini. ) G. iEneae . a.Bb.... ( pi. m, sg. s, a. b.) Ovato-inflata , longitudinaliter multi-costata , costis rotundatis , obtusis , su- pernè uni-tuberculosis , striis transversalibus nullis} caudâ recurvâ, brevi. L. Ronca. ( Collection Maraschini. ) ( 67 ) Murex. M. doliaris. Bbocc. t. I,p. SgS,:!» i3.— (pi. VI,Cg.5.) Un Murex de celte espèce , parfaitement identique avec celui des collines subapennines , se trouve dans un terrain analogue à Banyul-des-Aspres. M. tricarinatus. Um. ,■/««. rf«M«s. t. ii,p.2ai, n<>2. ' II diffère si peu du M. tricarinatus des environs de Paris, qu'il ne m'a pas paru convenable de l'en séparer. Les varices ailées sont plus grosses, les sillons transversaux paraissent moins nombreux; mais ces différences peuvent résulter de la structure spathique qu'il a acquise. L. Des collines calcaréo-trappéennes du Vicentin. (Collection Maraschini. ) M. anguloSUS ? Bbocc. 1. 1, p. 41 1, n» 29, tav. VII, fig. 16. II est aussi des collines calcaréo-trappéennes du Vicentin. Il diffère un peu de celui des collines subapennines, décrit par Brocchi , en ce qu'il est plus petit, plus fusiforme; le canal est plus prolongé; mais je ne vois pas de différences assez notables pour en faire une espèce. ( Collection Marascbioi. ) Terebra. T. Vulcani. a.bh.... ( pi. m, fig. u". ) Conica, longitudinaliter costata; anfrnctibus sub-planis quasi duplicatis , costis distinclis: Je n'ai pas vu l'ouverture de celte coquille. On sent que je ne puis la rap porter au genre ^('«^ par le caractère tiré de cette partie; mais la particularité d'avoir les tours de spire comme doublés, qui appartient à ce genre, suffit pour rendre ce rapprochement Irès-présumable. L. Ronca. ( Collection Maraschini. ) Cerïthium. C. Sulcatltm. Bbog. Enc.meth.Cérithe,n»2o. Var. Roncanum. a.Be.... ( pi. m, fig. a3. ) Celte espèce difRre si peu du C. sulcatum de Bruguière , que je n'ai pas ( 68 ) cm devoir l'en distinguer aulrement que par l'épilhète qui indique le lieu d'où elle vient. La différence consistedans les stries parallèles aux bords de la spire qui sont plus nombreuses et plus fines , et les plis qui sont plus espacés que dans l'es- pèce vivante. — ^ Je n'ai pas vu la bouche en entier, mais les fragmens qui en restaient suffisaient 'pour indiquer qu'elle avait la forme et la disposition qui sont particulières à cette espèce. Elle n'a pas été jusqu'à présent décrite comme fossile; cependant on ne l'a pas seulement trouvée à Ronca. Bruguière dil avoir vu des quantités de Cérithes fossiles dans une marne argileuse , qui renferme des lits minces de houille (c'est sans aucun doute du lignite) , au lieu dit Foncaouda près Montpel- lier, par conséquent comme à Ronca dans un terrain de sédiment supérieur; et comme à Ronca aussi elles avaient toutes l'ouverture brisée, ce qui n'a pas empêché cet habile conchyliologiste de les rapporter à son Cerithium sul- catum , espèce qui ne vit actuellement que dans la mer des Indes. ( Collection Maraschini. ) C. multisulcatum. a.bb.... (pi.iii, Eg. i4,«. t. ) Ovatum turritum , plias longitudinalibus numerosis ( circiter sexdecim ), trans- vers'im obtuse sulcatum , aperturd circinatd } caudd rectd, brevissimd. Si on fait un jour un genre particulier des Cérithes dont l'ouverture est en rond , etc., comme dans le Cerithium plicatum, l'espèce actuelle, dont l'ou- verture quoique écrasée était entière , devra y entrer. Les fi2;ures représentent suffisamment les différences pour qu'il ne soit pas nécessaire d'y insister davantage. L. Ronca. ( Collection Maraschini. j C. undosum. a.be.... (pi. ui,fig. 12.) Turritum, aitfractibus infemè porcis ( i ) longitudinalibus circiter oclo munitis j supernè transversim quadrisulcatis ; nperturd oblongd. Cette coquille a quelques rapports éloignés avec l'une des Cérithes qu'on nomme Cer. gigantetvm. Ainsi que dans cette espèce, chaque tour de spire est comme partagé en deux: une partie porte de gros plis éloignés que je ne puis mieux comparer qu'à l'élévation qui sépare les sillons, et l'autre des stries pro fondes parallèles aux tours de la spire ; mais dans le C. giganteum , les plis sont supérieurs et les stries inférieures, et dans Vundosum c'est le contraire. L. Ronca. ( Collection Maraschini. } (i) La tirre élevée entre deux sillons. ( 6g ) C. combuslum. defe.-(pi. iii,fîg->7) Turritum, anfracUmm sutura ele.atd , subtuberculatd, in meclio, costd tuberculis magnis, acutis, armatd; hasi quadrisulcatd i aperlurd oblongd, cauda recla; labro expanso. C'est l'espèce la plus commune à Ronca ; néanmoins je ne l'ai trouvée dé- crite, ni même figurée de manière à être reconnue, dans aucun des ou- vrage's que j'ai cités plusieurs fois. Le prolongement du bord columellaire de l'ouverture forme quelquefois comme une sorte de lèvre très-saillante; les côtes et tubercules sont ordinairement peu marqués sur les premiers tours de spire , qui paraissent même quelquefois presque lisses. L. Ronca. C. calcaratum. a.Be.... { pi. m, %• -s. ) Turritum^ super anfractibus quadmpUci série tuberculorum ; tuberculis superioris seriei cordcis , distinctis, circiter decem, trium ivferiorum, minmus, idtima série suturali. Cette espèce, très-commune h Ronca, ressemble tellement au C. mutabik de Beauchamp , Grignon , etc. , près Paris , qu'il faut y regarder de très-près pour y trouver des différences , qui consistent dans la forme et le nombre des tubercules delà série supérieure; dans le C. mutabile, il y en a au moins quinze, et il sont comprimés. C. bicalcaratum. A.Bn....(pi. m, ûg. 16.) Turritum, super anfractibus quadruplici série tuberculorum, duabus elevatis , acutis, compressis, duabus aliis alternantibus minimis . quarum utid suturali. Cette Cérithe a beaucoup de ressemblance avec la précédente et par consé- quent avec le C. mutabik; mais les deux premières séries de tubercules éle- vés, qui la font paraître comme hérissée d'épines, et leur forme aplatie l'en distinguent suffisamment. L. Elle est encore plus commune que le C. calcaratum à Ronca, et dans les terrains analogues du Yicentin , et il paraît que c'est cette espèce que Hac- quet a indiquée , pi. II, fig- 8. C. Castellini. a.bb.... ( pi. m, fig- ^o. ) Pyramidamm, heptagonum, lineis elevatis trans^>ersis, majoribus granosis, mino- ribus lœvibus alternantibus; costis longitudinalibus , inferioribus supern'e com- pressis mucronatis. Celte belle Cérithe a de l'analogie avec le C. hexagonum de Bruguière. Outre ( 70 ) les différences que la descriplion indique , elle s'en dislingue par sa grandeur. Certains individus entiers ont près d'un décimètre de long. L. Ronca. G Maraschini. a.be.... (pi. m, cg. 19. ) - foet.s , «o«<; ) C. plicatUm. h».is.,Ann.duMus., t. in, p. 345, n° 18. — (pi. Vl.fig. 12.) Celte Cérithe varie beaucoup et paraît ridée longitudinalement, striée trans- versalement, ou couverte de tubercules nombreux et disposés en séries trans- versales ou longitudinales, suivant que les sillons de séparation de ces tuber- cules sont plus profonds dans un sens que dans un autre ; sa forme alongée la distingue du C. ampullosum. L. Elle se trouve à Castelgomberto dans le Vicenlin, aux environs de Paris dans le terrain marin supérieur au gypse , près de Mayence dans le calcaire grossier. L'individu figuré venait de Mayence. C. ampullosum. A.Ba....(pi.iii,cg. 18.) Turrituin, longitiuliiulliter corntgatum , lineis elevads transversis circiter sex ; rugis tuberculalis circiter sexdecim ; aiifraclibus planis ; basi valdè sulcatâ , porcis tuberculalis. Cette Cérithe ne diffère du C. corrugatutn que par le plus grand nombre de stries et de plis qu'elle présente. L. Elle se trouve à Castelgomberto dans le Vicenlin, et en France près de Dax , département des Landes. C. Stroppus. a.Br... (pi. iii.fig. 2i,<7. 6.) Pyramidatum , in anfractibus seriehus binis tuberculonim , altéra superiori tuber- culis magriis rotimdatis, distantibus, alter-â inferiori tuberculis parvis nurrierosis, striis instersticialibus ter vel quatuor ; basi valdè tuberculatâ, labro incrassato^ caudâ brevi. Cette espèce , très-remarquable , est aussi très-distincte. L. Castelgomberto. ( Collection Marascliini. ) C. lemniscattim. a.Bb.... (pi. iii,eg. 24.)— FoBTis,fionca,tav. i,f. xvi. Turbinatum, quinque cingulis in quoque anfractu, primo seu inferiori lœvisato, secundo funiculato, tribus aliis tuberculalis , tuberculis cingidi superioris majo- ribus subquadratis; basi plana, lineâ elevatâ ad marginem; caudâ recta exsertâ. Cette belle Cérithe ressemble beaucoup au C, margaritaceum; mais en la comparant avec la figure 1 1 , pi. VI , on aperçoit aisément la différence. L. Ronca. (Coll. Bertrand-Geslia.) ( 72 ) C. margaritaceum. — (Murex margaritaceus. BaoccBi, p. 447, n° 75, tav. XX, Cg. 24. ) (Pl.VI.fîg.ii.) L'individu dont je donne la figure vient de Weinheim près Mayence. Il ne paraît différer de celui des environs de Sienne, figuré par M. Brocchi, que parce qu'il est plus court; mais il y en a de Mayence qui sont plus alongés que celui que l'on a représenté pi. VI, fig. 1 1. La forme, le canal recourbé, la base couverte de tubercules, etc. , le distinguent suffisamment du C. Icmniscatum, C. Diaboli. a.Br. ( pi. vi , ag. 19, «. *.) Pyratnidaluin ) aiifractibus planis , costis tribus trans\>ersis , aliis longitudina- libus tubercaloso-clalhratis ; basi plana; labro expanso; canali brevisshno. Cette Cérilhe est très-commune vers le sommet de la montagne des Diable- rets près Bex , vallée du Rhône ; mais son adhérence avec le calcaire noir et dur dans lequel elle se trouve , permet très-rarement d'en avoir des échan- tillons entiers et suffisamment nets pour être décrits avec exactitude. C'est en réunissant les parties bien conservées sur plusieurs échantillons que j'ai pu arriver à faire faire la figure 19. Il y a trois rangées de lignes élevées parallèles aux tours de spire , qui sont croisées presque perpendiculairement par d'autres lignes élevées ; dans le point de croisement il y a des tubercules, en sorte que la coquille a l'air d'être ceinte d'un réseau dont les nœuds des mailles sont représentés par les tubercules. La rangée du milieu est gé- néralement plus élevée que les deux marginales. Cette coquille s'éloigne un peu des Cérithes par l'expansion du bord exté- rieur de l'ouverture, par l'échancrure columellaire de ce bord , et par l'ab- sence totale de canal qui en résulte. Fusus. F. intOrtUS. Lam., Ann. du Mus., tom. II, p. ôiS.n" 8,et tom. VI. ( PL IV, Cg. 4.) Celui de Ronca présente quelques légères différences dans son aspect général. F. Noe. L»M., Ibid., n- 2, tom. VI, pi. IV, fig. af On ne peut découvrir aucune différence entre celui de Ronca et celui des environs de Paris : le caractère du repli du bord supérieur de la spire y est très-distinct. ( 73 ) F. subcarinatns. la».., /*<f'?■^A/l dC. -ITY lE. MA USA r. n IV Boullemier t/'c^rès Leloy. 7^il/Lde C. Constans à Sevrés. 2^^^^ f^^ZiÂ^' icz ! HA/iV,'.F;D b .JTY CAMùîîlDGE. MA USA /:'/// A^^ûf//^--^f^j' d'fyrÀ-^^A/oy J.jJA.c/e /' Ctt/fs/em^ " <^ r/ffra£^i^ Li'a^:xt*€^ - t~y^^^/^''<^^''^^' : Y CrtinuiiiLiGE. IviA U5A A/J/^ A/. Bûti/ù^nie?' f/'ofy^rAf-^tf^y ZîtÂ.ûé û ôws/a^s.à «i(?«yv*r. /ûyi ■^i^j/i ^i€é/ief (j!^/ yrc'é;nA'/i ÛÙ :Ty .SA PV. J\/. /iaif/A'/iJf^'J-.i/U/Jf^^' /^^/e>y f'^fj^r/iJ ^^^<«^A>^-/ /.i/A WrC.Cjj's/Siis à Si-yu/v^- O. (oWD_ ê^W^^r ty^Ju^:y?.f &aÂ^.é,^- tyMi^éi^.^ /Aey^/^ ^a-/i4tf^- c -^ifiuÂ/ a^ cJe^ryc^/^tf a^ tS^a<' ^y'^J /9^à ■:^ %?^^^«^/' fS^/^^i^^^f^'C^^^. - :iTY. eAiViii-RiûGE. MA USA