HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE dr CEA HISTOIRE \SS DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE PAR F.-A. FLÜCKIGER ET DANIEL HANBURY Professeur à l'Université de Stras ourg, Membre de la Société Royale, Membre correspondant étranger de la Société de la Société Linnéenne et de la Société chimique de Pharmacie de Paris. de Londres. , . TRADUCTION DE L'OUVRAGE ANGLAIS « PHARMACOGRAPHIA » AUGMENTÉE DE TRÈS-NOMBREUSES NOTES PAR LE D' J.-L. DE LANESSAN Professeur agrégé d'histoire naturelle à la Faculté de médecine de Paris. Avec une préface par H. BAILLON ET 320 FIGURES DESSINÉES POUR CETTE TRADUCTION PAR L. HUGON ; TOME SECOND PARIS OCTAVE DOIN, ÉDITEUR. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGEÉTALE PLANTES PHANÉROGAMES DICOTYLÉDONES GOMPOSÉES. RHIZOME D'AUNÉE. Radic Inulæ ; Radix Enulæ ; Radix Helenü; angl., x do + su (1) ; allem., Alantiwourzel, Origine botanique, — L'/nula Helenium L. est une grande ginite vivace, très-répandue. On la trouve dans toute l'Europe centrale et orientale, d'où elle s'étend vers l’est jusqu’au Caucase, dans la Sibérie et l'Himalaya. On la trouve cà et là, en apparence à l’état sauvage, dans le sud de l'Angleterre et de l'Irlande, dans le sud de la Norwége (Schü- beler) et en Finlande. On la cultivait, autrefois, dans les jardins, comme plante médicinale et culinaire, et elle a été transportée, à ce titre, dans l'Amérique du Nord. En Hollande et dans quelques parties de l’'Angle- terre et de la Suisse, on la cultive sur une plus grande échelle (a). Historique, — Cette plante était connue des anciens, notamment de Celse, de Columella, de Dioscoride et de Pline, On l'employait alors comme médicament et comme condiment. Marcellus Empiricus, au cin- quième siècle, et saint Isidore, au commencement du septième, la dési-! gnent sous le nom d’/nula ; le dernier ajoute : «quam Alam rustiéi vo= cant. » Elle est fréquemment mentionnée dans les ouvrages anglo-saxons sur la médecine, écrits avant la conquête des Normands et était géné- _ r'alement connue au moyen âge. On n'employait pas seulement saracine co Ce terme dérive d'Enula canpene, < ce dernier mot se rapportant à-la présence ne L ne Ja plan le dans la Campanie (Italie). : | MIST, DES spa > + L . thymie, Paris, 1660, 1, 375-377. » - COMPOSÉES. comine médicament, mais encore on la faisait cuire et confire comme aliment sucré. Description, — Pour l'usage pharmaceutique, on prend les racines (4) de plantes âgées de deux ou trois ans; lorsqu'elles sont plus vieilles, elles sont trop ligneuses. La masse principale de la racine est formée d’une couronne courte et épaisse Celle-ci se divise, inférieurement, en plusieurs branches charnues de 3 à 5 centimètres de diamètre, cou- vertes d’une écorce jaune-pâle, blanchâtres et juteuses à l’intérieur. On fait sécher les racines les plus petites en entier; on coupe les plus grosses en tranches irrégulières qui se contournent de différentes fa- cons. Sèches, elles sont d’un gris clair, cassantes, cornées, à cassure lisse, Coupées transversalement, les jeunes racines offrent une struc- ture rayonnée peu marquée et une zone cambiale plus foncée qui sé- pare une écorce épaisse de la portion centrale ligneuse. La moelle n'est pas nettement définie; elle est souvent poreuse et creuse. Dans les vieilles racines, l'écorce est relativement plus mince et la substance in- térieure est presque uniforme. La racine d’Aunée possède une faible odeur aromatique qui rappelle celle de l’fris et du Camphre, et un goût un peu amer, aromatique, qui n’est pas déplaisant. Structure microscopique, — Les rayons médullaires du bois et de la portion interne de l'écorce (endophlæum) offrent de larges canaux balsa- miques. Dans la racine fraîche, ils contiennent un liquide aromatique qui, en se desséchant, laisse déposer des cristaux de Stéaroptène proba- blement dérivés de l'huile essentielle. Les cellules parenchymateuses de la drogue sont remplies d’inuline en masses fendillées dépourvues de structure particulière (c). Composition chimique, — Dès 1660, Le Febvre (1) observa que lors- qu’on soumet la racine d'Aunée à la distillation avec de l'eau, il s'ac- cumule dans le sommet du chapiteau une substance cristallisable incolore, qui se dissipe bientôt lorsque l'opération continue. On peut observer la même substance après avoir chauffé une tranche mince de la racine, et on la trouve même, souvent, sous forme d’efflorescences, à la surface des racines qui ont été longtemps conservées. Son odeur est faible ; son goût est aromatique; elle fond à 72 degrés centigrades ; elle est facilement soluble dans l'alcool, mais non dans l’eau. Jusqu'à ces derniers temps, elle a été considérée comme un corps distinct SOUS. (D Apothicaire ordinaire du Roy, distillateur chymique de Sa Majesté, Traité de la HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 3 le nom d’ÆHélénine (1); mais, d’après les recherches de Kallen (2), elle pa- raît être composée de deux substances cristallisables, à l’une desquelles il donne le nom d’Hélénine, tandis qu'il nomme l'autre Camphre d'Au- née: Kallen assigne à son hélénine la formule CSHSO ; il la décrit comme fusible à 110 degrés centigrades et dépourvue d’odeur et de saveur. Le Camphre d’Aunée a probablement pour formule C'H!0 ; il fond à 64 de- grés centigrades ; sa saveur et son odeur rappellent celles de la menthe Fig; 130, Inuline du rhizome de l'Aunée. À, cristaux déposés en dehors des cellules d’une préparation provenant d'un fragment de rhizome » qui avait séjourné pendant plusieurs jours dans l'alcool concentré ; B, masse d’inuline à aspect :. amorphe, après séjour dans l'alcool; C, sphéro-cristal d'inuline volumineux, formé de trois portions séparées par des parois cellulaires, préparation dans la glycérine après séjour dans l'alcool; D, sphéro-cristaux ‘de formes diverses; E, sphéro-cristal de la même on rer - déchiqueté sur le bord, après séjour dans l'alcool et traitement par l'acide acétique. Fa à poivrée. Il est très-difficile de séparer complétement l' Déléniae du € cam- phre d’Aunée, ces deux substances étant presque également solubles = dans l'alcool et l'éther. En distillant la seconde avec du pentasulfure … + phorhore. on à pre du Cymol, CH, Il paraît y avoir dans l'Au- a) ne, us, 1866, XVII, 32% | (2) Ber. der à deutschen chémischen és 4974; ru: te, Le À = COMPOSÉES. née, à après hs récerites recherches de _… une huile volatile, l'A /an- thal CH'60. , La substance qui existe en quantité dominante dans la racine d'Aunée est l'Inuline, découverte, dans cette plante, par Valentin Rose, en 1804. Elle possède la même composition que l’amidon, C?H#*0%, mais se montre, jusqu'à un certain point, en opposition avec ce corps qu’elle remplace dans les racines des Composées. L’inuline n’a encore été découverte, avec certitude, dans aucune autre famille de plantes, excepté les Campanulacées, Lobéliacées, Goodénoviées et Stylidées (1). Dans les plantes vivantes, elle est tenue en dissolution dans le suc aqueux ; sous l'influence de la dessiccation, elle se dépose dans les cellules sous forme de massés amorphes qui n'agissent pas sur la lumière polarisée et ne sont pas colorées par l’iode. Il existe d’autres caractères variés par lesquels l’inuline diffère de l'amidon. Ainsi, l’inuline se dissout faci- lement dans environ 3 parties d’eau bouillante ; la solution est parfaite- ment claire et fluide et non gommeuse, mais en refroidissant elle laisse déposer presque toute l'inuline. Cette solution est lévogyre et se trans- forme facilement en sucre incristallisable. L'inuline ne donne pas avec l'acide azotique de composé explosible, comme le fait l’amidon. Sachs _a montré, en 4864, qu'en immergeant les racines de l’'Aunée, du Dahlia variabilis, ou celles de plusieurs autres Composées vivaces, dans l'alcool ou la glycérine, on peut précipiter l'inuline sous la forme cristalline. Ces agrégations de cristaux en forme d’aiguilles (sphéro-cristaux) offrent - alors, sous le microscope polarisant, une croix semblable à celle des grains d’amidon. La proportion d'inuline varie avec la saison, mais elle est plus abondante en automne. Parmi ses diverses sources, la plus riche - paraît être l’'Aunée. Dragendorff, qui a publié sur ce sujet un traité (2) très-étendu, a retiré, en octobre, de la racine d’Aunée, jusqu'à 44 pour 400, et, en hiver, seulement 19 pour 100 d’inuline (c). Dans les racines des Composées, l'inuline est accompagnée, d'a- près Popp (4), par deux substances très- voisines, la Synanthrose, C#H#O" HO, et l'/nuloïde, CSHVOS + H20, La Synanthrose est so- luble dans l'alcool dilué ; elle est dépourvue de tout pouvoir rotatoire _ (4) L’inuline existe aussi, paraît-il, en dissolution, dans le suc cellulaire de certaines Algues, nôtamment dans celui de l’Acefabularia, Algué monocellulaire de la nous des Dasycladées (J. Sacus, Traité de botan. trad. fr., 86). [TraD.] (2) Materialien zu einer Monographie des Inulins, ‘Saint: -Pétersbourg, 1870, ii p. Voyez aussi le mémoire de Prantl sur l’Inuline résumé dans le en nn sept, 1871, 262. dé WiGcers et HuSEMaNx, Jahresberieht, 1870, 68 x HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. ÿ et est déliqueseente. L'Inuloïde est beaucoup plus soluble dans l’eau que l’inuline, Ces deux substances existent probablement ensemble dans l’Aunée. nie Usages, — L'Aunée est tonique et aromatique, mais on ne l’emploie | plus comme médicament. On la vend surtout pour la pratique vétéri- , naire. En France et en Suisse (Neuchâtel), on l'emploie dans la distilla- tion de l'Absinthe. (a) L'Inula Helenium L. (Species, 1236), vulg. Aunée (Enula Campana des herboristes) est une plante à rhizome souterrain, de vivace, duquel s'élèvent, chaqte année, des tiges aériennes dressées, atteignant de 80 centimètres RES au DURS PSS Ç à 1m,25 de haut, rameuses, anguleuses, striées RSS DES RS , : PR ÈS SRI et pubescentes. Les feuilles radicales émises par SRE 4 ; HUE te RES RE: le rhizome sont très-grandes, pétiolées, ellipti- 7# LENS ques-oblongues, Les feuilles portées par les axes MÉSSRER AANE Se aériens sont amplexicaules, cordiformes, ovales, acuminées, munies sur les bords de dents iné- gales, rudes en dessus et couvertes en dessous d'un duvet fin. Les capitules sont grands et ter- minaux. Leur involuere est formé d’écailles im- briquées ; les extérieures sont ovales, lâches ; les intérieures sont spatulées. Le réceptacle est nu, Les fleurs sont jaunes. Celles du centre sont des fleurons tubuleux, hermaphrodites ; elles sont entourées d’un rayon de demi-fleurons femelles. RUE Les anthères des fleurs hermaphrodites sont mu- RANCE DROAR nies, à la base, dé deux soies. Le fruit est glabre PSE SUN et couronné par une aigrette simple et roussâtre. L’Aunée fleurit, dans le centre de la France, en juillet et août. Elle recherche les lieux frais et couverts, les prairies humides et un peu.ombra- gées des terrains argileux (Voy. BeNrxan et Hoo- KER, Genera plant., Il, 330. — Boreau, Flore du centre de la France, IX, 326). [Tran.] (b) La portion de la plante que les auteurs dé- . signent ici, sans doute pour se conformer aux usages pharmaceutiques, sous le nom de racine est, en réalité, la tige souterraine, le rhizome vivace Jde l’Aunée. Les racines qui en partent sont grêles et peu propres à être utilisées. La structure histologique du rhizome est très-sim- _ple. Au centre, existe une moelle formée de grandes cellules irrégulièrement polygonales ; au dehors, est une écorce lirge dont les couches su- LAEE d-nne En Hd CALE Fig. 6 = COMPOSÉES. et séparés par de larges rayons médullaires. Leur portion ligneuse est constituée presque uniquement par des vaisseaux assez larges à parois brunes, entourés d’une = bande de cellules un peu plus étroites que celles des rayons médullaires. Le liber _ de chaque faisceau forme une bande étroite et allongée, peu distincte, sur une coupe transversale, car ses éléments ne diffèrent de ceux des larges rayons mé- dullaires que par un diamètre un peu moindre. Dans l'écorce, les rayons médul- laires et la moelle, sont disséminés, en grand nombre, des canaux sécréteurs, rem- plis d'huile ainsi que les cellules sécrétantes qui les bordent. Ces canaux sont constitués, comme dans toutes les Composées, par des méats intercellulaires très- dilatés servant de réservoirs et des cellules sécrétantes disposées en cercles concen- triques autour de chaque méat, formées par sectionnement des cellules qui bordaient primitivement ce dernier. [Tran] (e) Pour étudier linuline qui existe en grande quantité dans le parenchyme du rhizome de l’Aunée, il faut, ou bien laisser dessécher à l'air, pendant quelques jours, _ des morceaux du rhizome, ou mieux les faire macérer dans de l'alcool concentré ou même absolu. Des coupes minces placées dans la glycérine offrent alors l’inuline sous les aspects divers que montre la figure 130, En laissant séjourner la prépa- ration pendant quelques minutes dans l'acide acétique, et la plaçant ensuite dans de la glycérine acidulée avee un peu de cet acide, l'observation est plus facile et certaines masses offrent bien, comme dans la figure 130, la structure rayonnée, les aiguilles se montrant isolées les unes des autres vers la périphérie. RACINE DE PYRÈTHRE, Radiz Pyrethrl; Pyrèthre salivaire; ang]., Pellitory Root, Pellitary ay Spain ; allem,, Bertramwursel, Origine botanique, — Anacyclus Pyrethrum DC. (Anthemis Pyrethrum L.). C’est une herbe vivace, de petite taille, à feuilles très-divisées et à fleurs radiales semblables à celles de la pâquerette. Elle est originaire d'Algérie où elle croît sur les hauts plateaux qui s'étendent entre {les régions fertiles de la côte et le désert (a). Historique. — Le 7052050 de Dioscoride était une plante ombellifère dont la détermination n’est encore que conjecturale, Le Pyrèthre des . temps modernes était connu des médecins arabes ; l'un d'eux, Ibn Baytar (1248), la décrit très-correctement, d’après les échantillons recueillis par lui-même près de la ville de Constantine, en Algérie, La plante est nom- _ mée, dit-il, par les Berbères, Sandasab; on ne la trouve que dans l'Afrique occidentale, d’où on la transporte dans les autres pays (1). La racine de Pyrèthre constitue en Orient un remède favori et a été longtemps un article d'exportation pour l'Inde, à travers l'Egypte. L'un de ses noms arabes est Aügarquarhà ou Akulkara, mot qu'on retrouve de . (1) Traduct, de Soxrnetmen, 1849, If, 479. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 7 avec de faibles variantes dans les idiomes principaux de l'Inde, En Alle- magne, le Pyrèthre était connu dès le douzième siècle ; il y est cité dans les plus anciens ouvrages imprimés de matière médicale. Description, — Telle qu'elle se trouve dans les boutiques, la racine de Pyrèthre est simple ; elle a de 7 à 10 centimètres de long sur 1 centi- mètre à 4 centimètre et quart d'épaisseur ; elle est cylindrique ou fusi- forme, quelquefois surmontée, à la base, de restes de feuilles brisées et munie d'un petit nombre de radicules capilliformes. Sa surface est brune, rugueuse, ridée. Elle est compacte et cassante, avec une surface de cassure radiée et dépourvue de moelle. L'écorce, qui a, au plus, 4 milli- 4 mètre d'épaisseur, adhère fortement au bois, dont elle est séparée par une couche étroite de cambium. La colonne ligneuse est traversée par de larges rayons médullaires, dans lesquels, comme dans l'écorce, sont dispersés de nombreux canaux résineux de couleur foncée. Gette racine possède une faible odeur aromatique et un goût persistant, bru- lant, qui excite une sensation singulière de picotement et un écoulement abondant de salive. La drogue est très-susceptible d'être attaquée par les insectes. Structure microseopique, — L'écorce de la racine est remarquable par sa couche subéreuse qui est en partie formée de cellules seléren- _chymateuses (cellules à parois épaisses). Les conduits résineux (cel- lules à huile) se présentent aussi bien dans la partie moyenne de l'écorce que dans les rayons médullaires, La plupart des cellules parenchyma- : teuses sont remplies de masses d’inuline. Le Pyrèthre est, en réalité, l'une des racines les plus riches en cette substance (4). Composition chimique, — Le Pyrèthre a été analysé par plusieurs chimistes. Leurs travaux ont montré que sa saveur brûlante est due à une résine qui n'a pas encore été complétement étudiée. La racine con- tient aussi un peu d'huile volatile, du sucre, de la gomme et des traces | d'acide tannique. La substance désignée sous le nom de Ari est un corps complexe. £ _ Commerce, — La racine de Pyrèthre est recueillie surtout en Algérie, elle est exportée d'Oran, et en plus petite quantité, d'Alger. D’après les informations que nous avons reçues du colonel Playfair, consul général d'Angleterre en Algérie, et de M. Wood, consul d'Angleterre à Tunis, il paraît que la plus grande quantité de cette racine est expédiée de Tunis à Leghorn et en Egypte. M. Wood nous a informé que la drogue dans la Penn GS cantars (50000 livres) par an. est importée de la ville frontière de Tebessa en Algérie, dans la régence ae. Aa : insecticides. Elle agit fort bien pour détruire les 8 HR COMPOSÉES. Bombay a importé, pendant l'année 1871-1872, 740 quintaux de cette drogue, dont plus de la moitié à destination des autres ports de l'Inde (1). _ Usages.— Le Pyrèthre est surtout employé comme sialagogue, contre les maux de dents, et parfois, sous forme de teinture, comme stimulant et rubéfiant (2). Substitutions. — En Allemagne, en Russie et en Danemark, le Py- rèthre d'Afrique est remplacé par la racine de l'Anacyclus of ficinarum Haye, herbe annuelle qu'on cultive, depuis longtemps, en Prusse et en Saxe (3). Sa racine, colorée en gris clair, est moitié moins épaisse que celle de FAnacyclus Pyrethrum et porte toujours un grand nombre de restes de pédoncules de feuilles. Elle est aussi brûlante que celle des espèces vivaces (c). (a) Les Anacyclus L. (Genera, n° 969) sont des Composées de la tribu des Anthé- midées, à capitules pédonculés, hétérogames, radiés ; à involuere hémisphérique ou largement campanulé ; à achaines comprimés dans le dos, les plus extérieurs étant munis de deux ailes. L'Anacyclus l'yrethrum DC. (FE. fr., Suppl., 480), vulg. OEil de bour, Camo- mille Pyrèthre, Racine salivaire, est une herbe vivace, à rameaux procombants et _pubescents ; à feuilles d’an vert bleuâtre; les caulinaires sessiles ; les radicales pétio- lées, étalées en rosette sur le collet de la racine, à peu près glabres, pinnatiséquées, à segments divisés en lobes profonds, linéaires, subulés. Chaque rameau se termine par un seul capitule dont l'involucre, hémisphérique ou largement campanulé, est formé d’écailles lancéolées, jaunâtres sur le bord. Le réceptacle est convexe, cou- vert d’écailles oblongues-ovales, obtuses. Les fleurs du rayon sont ligulées, uni- sériées, femelles, fertiles ou stériles, blanches en dessus et pourprées en dessous, Les fleurs: du disque sont des fleurons hermaphrodites, jaunes, à corolle étroite, peu dilatée au niveau du limbe qui est divisé en cinq dents égales, Les anthères sont obtuses à la base, entières, Le fruit est formé d’achaines glabres, comprimés, mu- nis de deux ailes membraneuses, dépourvus d’aigrette. Le Pyrèthre croit très-bien dans les environs de Montpellier. Il vient de préférence dans les terrains secs et _ bien exposés à la chaleur. On le multiplie par semis et par boutures. Dans la récolte pour les drogueries, il faut choisir les racines de la première année (Cazin). [Tran.] = (b) Ainsi qu'on le voit dans la figure 132, faite d’après une racine fraiche de Pyrèthre cultivé à Paris, l'écorce est formée d’un assez grand nombre de couches de cellules allongées tangentiellement, à parois minces : celles des couches exté- » (1) a of the Trade and Navigation of the Presidence of Bombay, in 1871-72, _P: IE, 49, 98. HP (2) La poudre de fleurs de Pyrèthre entre dans la composition de plusieurs poudres _ insect punaises. IL paraît qu’on y ajoute parfois fraudaleusement des fieurs de Matricaire. Quelques marchands se Ds de la racine pour donner de la force aux eaux-de-vie de mauvaise qualité. Cette fraude west pas sans dangers. [TRan.] RS Us (3) Pour plus de détails sur les espèces médicinales d’Anacyclus, voir un mémoi - _ du docteur P. Ascherson, in Bonplandia, 45 avril 1858. . nur” ne HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE, ] rieures se vident, leurs parois brunissent et s’aplatissent et il se forme ainsi une zone de faux suber, Dans notre figure on voit, dans l'épaisseur de l'écorce, deux canaux à huile entourés d’un cerele de petites cellules sé- erétantes. L'écorce est séparée de la portion centrale par une simple couche de cellules un peu aplatiees, représentant la gaîne des fais- ceaux. Ces derniers partent en rayonnant du centre même de la racine, où se voient d’ordi- naire, comme dans notre figure, deux groupes de vaisseaux séparés l’un de l’autre par une bande de tissu parenchymateux ininterrompue. Le nombre des faisceaux est très-variable. Cha- cun se compose de vaisseaux réticulés et dé- hiscents, courts, fusiformes, à parois minces, sans fibres ligneuses proprement dites. Dans les racines de Pyrèthre cultivé à Paris que nous avons étudiées, les canaux à huile n’exis- taient que dans l'écorce et étaient en petit nombre, Dans les racines plus volumineuses du commerce, la structure est la même, mais on voit un certain nombre de canaux à huile dis- séminés dans les rayons médullaires. Les ra- eines du commerce sont fréquemment mélan- gées de fragments de tiges souterraines, Ces dernières se distinguent sous le microscope par la présence d’une moelle centrale, l'absence de gaine des faisceaux et un nombre plus con- sidérable de faisceaux. Mais la structure de ces derniers est la même. [TRAD.] : (e) En France, on mélange parfois à la racine de Pyrèthre celle de l’Achillea Pltarmica L. Sa saveur est également âcre et brûlante et elle excite vivement la salivation, Sa 3 poudre est sternutatoire comme celle du Pyrèthre. En un mot, ni jouit de pro-. pesée semblables, mais moins are [Tran.] Ée ROZ 1 OLOMNE SE AUOT LS "ap, RES SORT er anne À Fig. 132. Racine de Re Coupe transversale, | * | FLEURS DE CAMOMILLE. Fes Anthemidis ; Fleurs de Camomille romaine ; angl. Chormomile Flowers; fi ; allem., Rémische Kamillen. Origine botanique. — L'Anthemis nobitis " Cominb commune ou _romaine,'est une petite plante vivace, couchée, qui donne, vers hoc fin de l'été; des capitules floraux solitaires. Elle existe en abondance dans les . terrains nr des environs de Londres; she es commune dans le sud sn 40 COMPOSÉES. ice en Espagne, en Portugal, en Italie et en Dalmatie ; on la trouve dans le centre et le sud de la Russie, où il est douteux qu'elle soit indigène. Historique. — Il paraît impossible de reconnaître la Camomille dans les auteurs classiques et-autres anciens, à cause du grand nombre de plantes voisines qui ont des inflorescences semblables, Elle est cultivée, depuis des siècles, dans les jardins anglais et les fleurs constituent un médicament populaire. La variété double était bien connue, en Angle- terre, au seizième sièele. Gette plante fut introduite, d'après Gessner, en Allemagne, vers la fin du moyen âge; elle venait d'Espagne. Tragus la désigna le premier sous le nom de Chamomilla nobilis (4). Joachim Camerarius, qui avait constaté sa présence en grande quantité dans les environs de Rome, lui donna le nom de Camomille romaine, * Production, — La Camomille est cultivée à Nicham, près de Londres, En 1864, la surface de terre consacrée à cette culture était de 53 acres (près de 3 000 hectares), et le rapportétait d'environ 4 quintaux par acre, Les fleurs sont soigneusement recueillies et séchées à l'aide de la chaleur artificielle. Elles atteignent sur le marché un prix élevé (2). Cette - plante est cultivée sur une large échelle à Kieritzsch, entre Leipzig et Altenburg, et près de Zeïz et de Borna, en Saxe, et, dans une certaine proportion, en Belgique et en France. ; Description, — Les fleurs de Camomille qu'on trouve dans le commerce ne proviennent jamais de plantes sauvages. Elles appartiennent à une variété dans laquelle les fleurs tubuleuses sont toutes ou presque toutes transformées en fleurs ligulées. Dans les fleurs provenant de quelques localités cette métamorphose est moins complète. Ces fleurs, dont le centre est un peu jaune, sont désignées par les droguistes sous le nom _ de C'amomilles simples, tandis que celles dont toutes les fleurs sont ligu- lées et blanches sont connues sous celui de Camomilles doubles. Les fleurs de Gamomille ont l'organisation générale des Composées. Elles ont de 4 à 2 centimètres de large et sont entourées de nombreuses “bractées presque égales, scarieuses sur les bords. Le réceptacle est plein, conique; il a environ un demi-centimètre de haut et il est muni d'écailles minces, concaves, mousses, étroites, de la base desquelles s'élèvent de nombreuses fleurs. Dans la plante sauvage, les fleurs extérieures (1) De stirpium... 4552, 149. — En Allemagne, ré épithète edel (nobilis) est fré- quemment employée, dans la botanique populaire, pour désigner des plantes utiles on remarquables. Tragus peut avoir été amené à donner cette épithète à l'espèce dont nous parlons, à cause de la supériorité qu'élle a sue le Matricaria à Chémomila ou dar gi vulgaire des Allemands. 49) Environ 9 livres st. le’ quintal. La Camomille étrangère vaut de3àh# livres. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE, 1 ligulées, au nombre de douze ou davantage, sont blanches, étroites, en forme de lames et légèrement dentées au sommet. Les fleurs du centre sont jaunes et tubuleuses ; leur limbe est campaniforme et laisse échap- per deux stigmates réfléchis. Dans la plante cultivée, les fleurs ligu- lées prédominent ou remplacent entièrement les fleurs tubuleuses, Les fleurs sontentièrement dépourvues d’aigrette et sont réfléchies, de sorte que le capitule, lorsqu'il est sec, offre l'aspect d’une petite boule blanche, De petites glandes à huile sont dispersées sur la portion tubuleuse des deux sortes de fleurs. Les fleurs de Camomille possèdent, comme les parties | vertes de la plante, une odeur aromatique forte et un goût très-amer, Dans le commerce, on recherche, de préférence, les fleurs de grande taille, doubles et d’un blanc pur; cette dernière qualité est due, en grande partie, à une dessiccation parfaite, effectuée au moment de l'épa- nouissement des fleurs. Celles qui sont colorées en chamois ou en brun, ou qui ne sont qu'en partie doubles, sont cotées à un prix inférieur, Composition chimique. — Les fleurs de Camomille donnent environ 4/5 pour 400 d'une huile essentielle qui est d’abord colorée en bleu pâle, mais devient d'un brun jaunâtre au bout de quelques mois. Les recherches récentes de Demarçay (1873) montrent que cette huile doit ètre regardée comme un mélange d'angélate et de valérate butylique et amylique, corps qui se décomposent facilement sous l’action des alcalis caustiques, En chauffant doucement, pendant quelques instants, 6 parties de cette. huile avec 5 parties de potasse, Jaffé, en 1865, obtint de l'angélate de potassium, qui, traité par l'acide sulfurique dilué, donna de l'Acide An- gélique fusible à 48 degrés centigrades. Toute la proportion d'acide an- gélique n’est pas de la sorte isolée sous forme de cristaux, mais on peut . l'obtenir en faisant passer à travers le liquide un courant d'acide nitreux; l'acide angélique flotte alors à la surface, où il forme une couche hui- leuse, Par ce procédé, on peut retirer de 400 parties d’huile 50 parties d'acide angélique brut ou 30 parties d'acide pur. Tous ces résultats pa- raissent douteux d’après les recherches récentes de Fittig et Kopp (1876). A Mitcham, on distille ordinairement l'huile de Camomille de la plante entière, après avoir cueilli les plus belles fleurs. Cette huile pos- sède une teinte verte qu’on fait disparaître en l'exposant à la lumière du soleil, Elle acquiert ainsi une coloration jaune-bruntre,. en même temps qu'elle abandonne un dépôt abondant. : “À . Camboulises, en 1871, a extrait de la Dan es double. un acide amer qui forme des prismes en forme Re mais en trop pe a. ous are 7 re é ide ff: HIS MINNONPONES" ; l'acide Anthémique retiré par Pattone, en 1859, de l'Anthemis arvensis. Il n'a pu découvrir dans la Camomille ni l'Anthemine de ce dernier chi- miste, ni aucun autre alcaloïde. Nous avons fait un certain nombre d'expériences dans le but d'isoler le principe amer, mais nous n'avons pas pu l'obtenir dans un état satisfaisant de pureté, Il forme un ex- trait brun qui est probablement un glucoside. Nous n'avons pas pu confirmer non plus l'absence d’alcaloïdes. Usage, — On emploie l'infusion ou l'extrait de Camomille comme tonique amer. ‘ Falsifications et substitations, — Les capitules du Mie ia C'amo- milla V., désignés, en allemand, sous le nom de Camomille commune (gemeine Kamillen), sont souvent employés, dans ce pays, à la place de la Camomille. Ils diffèrent beaucoup, par l’aspect et l'odeur, de la Ca- momille des pharmacies anglaises. Ils sont très-simples, dépourvus d'amertume, et leur réceptacle n’a ni écailles ni cavité. Une variété cultivée de Chrysanthemum Parthenium Pens., ou Matri- caire, avec des fleurs blanches, toutes ligulées, et quelques écailles sur le réceptacle (mais dont le réceptacle n'est pas nu comme à l'état sau- _vage), commune dans les jardins (4), a des capitules deux fois plus grands que ceux de la CGamomille. On peut les distinguer de ces derniers à leur réceptacle convexe ou presque aplati, muni d'écailles lanctolses et aiguës, mais moins membraneuses. _ Les Camomilles des bazars indiens qui sont apportées de Perse et connues sous le nom de Bébünah sont (ainsi que nous pouvons en juger d'après ce que dit Royle) les fleurs du Matricaria suaveolens L., formo _ réduite du Matricaria Chamomilla. Elle croît dans le sud de la Russie, la Perse, le sud de la Sibérie et le nord de l'Amérique. La plante sauvage d’Anthemis nobilis L. fraîchement arrachée du sol _est vendue à Londres pour fabriquer un extrait; ce procédé est haute- ment répréhensible, en supposant qu'on vende l'extrait pour l'emploi PA médical. _, (a) Les Anthemis L. (Gen., n° 970) sont des Composées de la tribu des Anthé- midées très-voisines des Anacyclus qui faisaient autrefois partie du même genre. Ils se distinguent des Anacyclus principalement par _— achaines, qui sont _— _ ou légèrement tétragones, striés ou lisses, (4) N'ést-ce pas cette plante qui estl'Anthemis (?) paris Prnsa, doit De Can- dolle (Pradr., VL, T}dit : « Simillima M. Parthenio, sed: paleis inter flores instrucla. Fere semper plena in hortis oceurrit, et fortè ideo nu receplaeut ex urne spne _ ortæ _ in Chrysanthemi indico et sinensi..»? EN HISTOIRE DES PLANTES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 13 L'Anthemis nobilis L. (Species, 1260. —- Ormenis nobilis J, Gay (FI. Par. éd. 1, 398) est une plante à rhizome vivace, un peu traçant, à rameaux aériens ordi- nairement assez nombreux, atteignant de 20 à 30 centimètres, étalés, ascendants, ou parfois dressés, couverts, comme les feuilles, de poils plus ou moins denses. Les feuilles sont alternes, pinnatiséquées, à segments découpés en lobes étroits et courts, Les achaines, dépourvus d’aigrette, sont munis de trois côtes filiformes. L’Anthemts nobilis est assez abondante à l’état sauvage dans les environs de Paris, sur le bord des routes et des allées des bois, dans les pâturages et les pelouses. (Voy. Coss, et GEnx. be St-Pierre, FI, des envir. de Paris, 491.) [Tran.] SEMEN CONTRA. Santonica ; Flores Cinæ; Semen Cinæ (1); Semen Santonicæ; Semen Zedoariæ ; Semen Contra ; Semen Sanctum ; Semencine, Barbotine ; angl., Wormseed ; allem.. Wurmsamen, Zitwersamen. Origine botanique, — Ærlemisia maritima, Var, 2%. Stechmanniana Besser (2) (Artemisia Lercheana Karez. et Kiriz., in Herb. Kew et Mus. Brit.; Artemisia maritima, var. a, pauciflora WEBER, quoad LEDEBOUR, Flor. Ross, IE, 570). Les Artémises de la section Seriphidium offrent une grande diversité de formes (3). Elles ont été l’objet d’une étude attentive de la part des botanistes russes Besser (1834-1835) et Ledebour (1844-1846), dont les recherches ont eu pour résultat la réunion d’un certain nombre d’es- pèces supposées sous le nom Linnéen d’Arfemisia maritima. Cette plante est très-répandue, à l’état sauvage, dans l'hémisphère nord de l’ancien monde, surtout dans les terres salines. On la trouve dans les marais salins des Iles-Britanniques, sur les côtes de la Baltique, de la France, de la Méditerranée et dans les terres salines de la Hongrie et de la Po- logne. De là elle s'étend vers l'est et couvre d'immenses espaces dans le sud de la Russie, les régions voisines de la mer Caspienne, la Sibérie centrale, jusque dans la Mongolie chinoise. La variété particulière qui fournit au moins la majeure partie de la drogue est une petite plante _ frutescente, aromatique ; elle se distingue par ses capitules trés petits (4) De l’italien Semenzina, diminutif de Semenza, Gréle. (2) W.S. Besser, in Bull, de la Soc. Imp. des Natural. de Moscou, 1834, vite Ta _ Îl existe dans l'Herbier du Jardin royal de Kew un échantillon de la plante en ques- tion, étiqueté de la main de Besser, avec une note indiquant qu'ou l’a recueilli pout l'usage médical. Cet échantillon ressemble tout à fait au Semen Contra du commerce russe et allemand. Cette remarque s'applique aussi à un RENE es Ler- gr et Krrur., qui existe dans le même herbier. s ms ue 414 2 : COMPOSÉES. dressés, ovoïdes, enveloppés d’un involucre dont les bractées sont ob- tuses, oblongues, les plus intérieures étant scarieuses. La tige se ter- . mine par un panicule thyrsoïde couvert de capitules. Les localités dans lesquelles croît cette plante sont : le voisinage du Don, les régions que traverse le Volga inférieur, près de Zarepta et de Zaritzyn, et les déserts _ de Kirghiz. La drogue consiste en petits capitules non épanouis. On la recueille en grande quantité, ainsi que nous en a informé Bjôrklund, en 1867, dans les vastes plaines ou steppes de Kirghiz, dans la partie nord du Turkestan; on en recueillait autrefois près de Zarepta, riche colonie allemande établie dans le gouvernement de Saratov, mais, d’après des informations directes reçues récemment (1872), il paraît qu'on ne > tar dera pas à ne plus en trouver dans cette région. Le marché du Semen Contra est la grande foire de Nishnei-Novgorod, d’où la drogue est expédiée à us à Saint-Pétershbourg et dans É Europe occidentale. On trouve le Semen Contra dans les bazars indiens. Nous en avons = reçu de Bombay un échantillon qui ne diffère nullement, par la forme, de la drogue russe, mais est un peu velu et mêlé de pédoncules tomen- teux. Il est probablement apporté dans l'Inde de l'Afghanistan et de Gabul (1), | Wilkomm (2) a décrit récemment, comme plante mère du Semen Contra, une Artémise qu'il nomme Artemisia Cina. Elle avait été obtenue dans le Turkestan par le professeur Petzholdt; il la tenait des per- sonnes qui recueillent la drogue. L'échantillon que nous a gracieuse- nent communiqué le professeur Wilkomm possède des capitules qui ne différent de ceux du commerce que par des écailles moins nombreuses. Historique. — Plusieurs espèces d'Absinthium sont mentionnées par : Dioscoride. L'une d'elles, qu’il nomme ’Aÿybtev 6x 4s512v ou Zépigev, à de - lrès-petits capitules et croît en Cappadoce. I l'indique comme un re- mède utile contre les ascaris et les lombries. On peut à peine douter que ce soit le Semen Gontra des modernes. Il désigne l'autre espèce sous le nom de Zayréviev, parce qu'elle croît dans le pays des Santones, en Gaule, - (la moderne Saintonge), et affirme qu’elle ressemble au Xégiesv par ses propriétés. >. Dans une épître sur les vers intestinaux, attribuée à Alexander Tral- a) mia ne 3204, Herb, Griffith, Atchanisisn, fn Lshiez de Ke, a Am Ca- pitules qui ressemblent précisément à ceux de la drogue de Bombay. (2) Bot. Zeit., 1er mars 1872; Pharm. Journ,, 23 mars 1972, 762 extrait). " ne HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 15 lianus (4), qui pratiqua la médecine à Rome, avec grand succès, au sixième siècle, l'emploi de l'Absinthium marinum (Oaauosis abivôr), est recommandé contre les ascaris et les vers ronds. Le Semen Sanctum vel Alexandrinum est mentionné comme terinifngté pour les enfants par Saladinus, vers 4450, et par Ruellius, Dodonæus, les Bauhin et d’autres naturalistes du seizième siècle. “res ancienne réputation s’est pleinement conservée chez les modernes et l’on-em- ploie encore beaucoup cette drogue, particulièrement sous la sr de Santonine. Description, — Les bons échantillons de la drogue consistent, presque - exclusivement, en capitules entiers, non épanouis, si petits qu'il en faut environ 90 pour faire le poids de 6 centigrammes. Dans les échantillons moins purs, on trouve un mélange de capitules, de pédoncules et de fragments de petites feuilles pennées. Les capitules sont elliptiques ou oblongs; ils ont à peu près un quart de centimètre de long, sont co- lorés en jaune verdâtre lorsqu'ils sont frais, et deviennent bruns à la longue. Ils se développent isolément, moins souvent par paires, sur de courts pédoncules, et sont entourés d'environ 18 écailles oblongues, obtuses, concaves, étroitement imbriquées. Cet involucre est très-rétréci à la base, à cause de la brièveté plus grande des écailles inférieures. Les capitules sont quelquefois mélangés d'un petit nombre des feuilles | supérieures de la tige, qui sont courtes, étroites et simples. Par suite de la compression, les capitules sont un peu anguleux (2) et munis d'arêtes produites par les nervures médianes saillantes des écailles de l'invoz lucre. La partie moyenne de chaque écaille est couverte de petites glandes jaunes, sessiles, qui manquent sur les bords transparents et scarieux. Ces derniers sont marqués de fines stries et tout à fait glabres ; à l'état jeune, la nervure médiane porte un petit nombre de poils lai- neux, incolores, mais à la maturité, le capitule tout entier est lisse et presque glabre (3). Les fleurs sont au nombre de 3 à 3 ; elles offrent, dans le bouton, une corolle ovoïde, glanduleuse dans le bas, un fins: : plus longue que l'ovaire, qui est dépourvu d’aigrette. 4 Le Semen Contra, écrasé-entre les deg, exhale une odeur forte et (4) Contenu doi un ouvrage ds Iieronymus Mercurialis, intitulé : _K ériatiné. ue. tionum libri quatuor., Venet., 1570. {2) La macération dans l’eau qui rétablit la forme naturelle des capitules. indique que ces angles n'existent pas sur la plante fraiche. ss (3) Cependant il ne faut pas attacher une trop grande importance à ce ctsofère ; é ainsi le fait remarquer Besser, spaioliitoquems in __.—. esetté brevi plus. ges ee co nudæ, Who” nitèn. MES ee 46 ; kits COMPOSÉES. | # agréable, semblable à celle du Pure: et _ *Camphre ; son goût est amer et aromatique. Composition chimique, —Le Semen Contra donne environ Î pour 100 d'une huile essentielle qui a une odeur et un goût caractéristiques. Elle bout à 175 degrés C. Elle est constituée, en grande partie, d’après les récherches de Kraut (1862-1863) par le Camphre de Cinæ- bene de Hirzel,C!'H#O, qui, distillé, abandonne facilement H°0. Cette par- tie de l'huile se résout ainsi en CH et en eau. Gette dernière trouble l'huile préalablement déshydratée. L'hydrocarbone n’a pas d'action sur la lumière polarisée, mais l'huile brute est faiblement lévogyre. Gette dernière contient peut-être, dans le principe, un hydrocarbone diffé- rent, isomérique, la C'ynœbene d'Hirzel, C'inene ou C'ynene de Vôlekel. L'eau qui distille entraîne avec elle des acides volatils de la série grasse et aussi (comme dans le cas de l'Anthemis nobilis) ) de ane An- gélique. La substance à laquelle le Semen Contra doit son action remar- quable sur le corps humain (1) est la Santonine CSH#0ÿ, Elle fut décou- verte, en 4830, par Kahler, pharmacien à Düsseldorf, qui publia sur elle . une courte notice dans l’Archiv der Pharmacie de Brandes (XXXIV, 318). Es Aussitôt après, Auguste Alms, commis pharmacien à Penzlin, dans le grand duché de Mecklemburg-Schwerin, sans avoir connaissance de la découverte de Kahler, obtint la même substance et lui donna le nom de Santonine. Alms la recommanda pour la pratique médicale, en mon- trant qu'elle constituait Le principe anthelmintique du Semen Contra (2). La Santonine représente de 1 1/2 à 2 pour 100 de la drogue, mais paraît diminuer beaucoup de quantité après l'épanouissement des fleurs. On _ l'extrait facilement à l’aide du lait de chaux ; quoiqu'’elle ne soit pas acide et qu’elle soit peu soluble dans V eau, même bouillante, elle est suscep- tible de se combiner avec les bases. Elle est inodore ; son goût est amer. _ Il est surtout sensible lorsqu'elle est sites dans le chloroforme ou l'alcool (3). La Santonine forme des cristaux rectangulaires, aplais, incolores ; LR. (1) La santonine affecte la vision de telle sorte, que les objets sialisent vus à travers un voile jaune, Les autres effets sont rappelés par Stillé nc and Met Med., 48641.) (2) Le mémoire d'Alms étaut contenu dans le même journal 5e 319) que celui . de : Kabler (et aussi dans le vol. Re. 100 l'indépendance des deux découverles est _ bien évidente. (3) Sa solubilité facile dans 3 où à parties de. ‘éhloroforine. rend son ‘estimation Mr _ aisée lorsqu'elle est mélangée avec dü sucre, comme dans les pastilles de Santonine,. 4 HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 17 æ lorsqu'on les expose à la lumière du jour ou bien aux rayons bleus où violets, mais non aux autres couleurs du spectre, ils prennent une teinte jaune et se divisent en fragments irréguliers. Il n’est pas démontré que ce changement d'état, qui se produit même sous l'eau, l’aleool ou l'éther, soit accompagné d’aucuné altération chimique. Cependant Sestini, en 4865, a affirmé que la Santonine jaune, Photo-Santonine (1), possède une composition différente, C#H*05, et un point de fusion infé- rieur. La Santonine se comporte, lorqu'on l'expose à la lumière, comme l'Erythrocentaurine, CFH*08. Cette dernière a été retirée, à l'aide pe l'éther, de l'extrait alcoolique delZ r'ythræa Centaurium et de quelques autres Gentianacées. Méhu, en 4866, a montré que les cristaux incolores de cette substance prennent, lorsqu'on les expose à la lumière du soleil, üne belle couleur rouge, sans subir aucune altération chimique. Les solutions colorées de ce corps dans l’alcool ou le chloroforme fournissent la substance primitive. Avec des précautions convenables on peut subli- mer la Santonine sans l’altérer. . D'après les recherches d'Hesse (1873), la Santonine paraît être l' éuk - dride d’un corps cristallisable qu'il nomme acide Santoninique, CSH*"0". : Lorsqu'on chauffe cet acide à 120° G., il se décompose en Santonine “et en éau. Cannizzaro et Sestini (1873) ont montré que lorsqu'on chauffe la Santonine avec un alcali, on peut la convertir en acède Santonique, substance isomérique de l’acide santoninique, mais qui ne se décompose pas, comme ce dernier, sous l'influence de la chaleur,en santoniné et en eau. JE Le Semen Contra contient, indépendamment des deux corps due doté de venons de décrire, de la résine, du sucré, une graisse cireuse, dessels : de calcium et de potassium et de l'acide maliqué ; choisi avec soin et se desséché, il nous a donné 6,5 pour 100 de cendres riches en silice. ; Commerce. — Ludwig, de Saint-Pétersbourg, a établi, pour l'impor tation du Semen Contra dans cette ville, les chiffres suivants : en 1862; + # 7400 quintaux ; en 1863, 10500 quintaux ; en 1864, 41 400 quintaux. La drogue avait été nn EL des steppes de Kirghiz par opte et < par Orenburg. . Usages. — Cette drogue est employée caciulitestènt pour ses pro priétés anthelminthiques, en partie sous forme de santonine. Elle De vod une need ns ue re oi d'Ascarscumbré- | “e D ( : : GOMPOSÉES. Les Armoises (Artemisia L., Genera, 945) sont dé Composées de la tribu des . Anthémidées, à involucre formé d’un petit nombre de rangées de bractées ; à récep- tacle convexe, dépourvu de paillettes ; à fleurs toutes tubuleuses, cellés de la cir- 1 conférence très-grèles et ordinairement femelles, celles du centre hermaphrodites ou quelquefois stériles. Les fruits sont des achaines cylindriques, obovales, dépourvus n de côtes et d’angles et terminés par un disque étroit. | Dans l Artemisia maritima L. (Species, 1186) les capitules sont disposés en glomé- rules, en épis ou en panicules d’épis ou de grappes. Les feuilles sont à peu près : nues, blanches éu couvertes de poils laineux blancs, bipinnatiséquées, à segments ‘4 linéaires ou filiformes. La variété 4, Stechmanniana (Besse, in Bull. Soc. imp. des natur. de Moscou, VII, 31. — 4. pauciflora Srecax.; À. pulchella GMEL.) se distingue par : ses capitules cylindriques disposés en panicules fastigiés, thyrsoïdes ; ses feuilles radicales pen- nées, à sept-neuf folioles subdivisées en segments rapprochés comme dans les feuilles caulinaires inférieures. « Hujus semina colligant circa Sareptam pro Pharmacopæis sub nomine seminum Cinæ s. Cynæ teste CI. Czerniagevio. Saltem sat sunt gra- veolentia ». [TrAD.|} RHIZOME D'ARNICA. Radix Arnicæ ; angl, Arnica Root: allem,, Arnicawurxzel. Origine botanique, — L'Arnica montana L. est une plante vivace qui ._ vroit dans les prairies des régions septentrionales et centrales de l’hé- à misphère nord, mais ne s'étend pas jusque dans les Iles-Britanniques. Dans l’Europe occidentale et centrale, elle habite les montagnes, mais, dans les pays plus froids, elle descend dans les plaines. Dans les régions élevées, comme V'Asie et l'Amérique arctiques, on trouve une variété _ particulière de cette plante qui se distingue par des feuilles étroites, presque linéaires; elle a reçu le nom d’Arnica angustifolia Vans; mais l'existence de formes transitoires nombreuses prouve son identité avec FA rnica montana ordinaire d'Europe (a). * Historique, — Les anciens botanistes, notamment Matthiolus, Gessnet, _ Camerarius, Tabernæmontanus et Clusius connaissaient l’Arnica et : avaient quelques notions sur ses propriétés médicinales. Il paraît avoir constitué, en Allemagne, un remède populaire, à une période reculée, mais il ne fut introduit dans la médecine officielle que vers 4742, sur la recommandation de Johann Michael Fehr, de Schweinfurt, et de quel- ques autres médecins. Mais, au point du vue de l'éloge du remède … nouveau, fous ces écrivains restent bien en arrière. de. Collin, de “Vienne. Ce dernier (4) pensa avoir trouvé dans l'Arnica un remède eu- L & Arnicæ,. in febribus et aliis morbis puis vires in Anni mediei de Stà et _ coins ed. nov., Amstel., 1779, IL, 433). $ LES « HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 19 ropéen possédant toutes les propriétés du quinquina. Entre ses mains, les fièvres disparaissaient par son emploi, et de 1774 à 1774 plus de mille malades de l'hôpital de Pazman furent guéris de fièvres in- termittentes à l’aide d’un électuaire fabriqué avec les fleurs d’Arnica ! Des résultats aussi heureux ne purent être obtenus par les autres médecins. L’Arnica (herbe, fleurs, racine) avait sa place dans la Pharmacopée de Londres de 1788, mais il tomba bientôt dans un tel oubli que Woodville, en 1790, dit qu’il n’a pu se le procurer chez aucun droguiste de Londres. Dans ces dernières années, il a acquis de nouveau une eer- taine notoriété populaire et s'emploie, en applications externes, sous forme de teinture, pour prévenir la formation des taches noires qui suc- cèdent aux contusions, En Angleterre, on le prescrit rarement à lin- térieur. Description, — La racine d'Arnica des pharmacies consiste en mor: ceaux de souches minces, contournés et colorés en brun foncé ; ils ont de 2 à 5 centimètres de long et émettent, parleur face inférieure, un grand nombre de racines simples, filiformes qui ont de 7 à 10 centimètres de long ou davantage. Ces fragments portent, d'ordinaire, des restes de la rosette de feuilles caractéristiques, ovales, coriaces, munies de 3 à 3 nervutes, ciliées sur les bords et un peu pubescentes sur la facé supérieure. Leur odeur est agréable, aromatique, herbacée, et leur goût est un peu âcre. das Structure microscopique, — Sur une Métion transversale, la souche offre une large moelle entourée d’un cercle ligneux épais. Dans la partie interne de la couche corticale sont de larges canaux à huile qui correspondent aux faisceaux fibro-vasculaires. On ne voit dans le. parenchyme ni grains d’amidon, ni inuline, ni oxalate de calcium. Les racines offrent une structure CHARS, mais contiennent aussi des 4 à canaux à huile, Composition chimique. Plusieurs chimistes se sont efforcés d'isoler le principe actif de l’Arnica. Bastick a décrit, en 1851, une substance < 5, Pdf qu'il avait retirée, en petite quantité, des fleurs, et qu’il nomma Arnie on . eine. Il dit qu’elle possède des propriétés alcalines, qu ’elle n'est pas ‘volatile, qu'elle est faiblement soluble dans l'eau, davantage dans l'alcool et l'éther ; lorsqu’ elle est neutralisée pée. l'acide Le elle forme ! un sel conan. 30 ©: COMPOSÉES. _ Jaune, d’un goût âcre; elle est faiblement soluble dans l’eau ; très-soluble dans l'alcool et l’éther et se dissout aussi dans les solutions alcalines. L’acide tannique et l’eau la précipitent de sa solution alcoolique. Walz assigne à son arnicine la formule C?H*0* et d’autres chimistes, G#H°07. Onn'a pas démontré encore que l’arnicine soit un glucoside, quoiqu'elle soit décomposée par les acides dilués. :Sigel (1) a retiré de la racine sèche d’Arnica environ 1/2 pour 100 d'huile essentielle et 4 pour 100 de la racine fraîche. L'huile de cette dernière a pour poids spécifique 0,999 à 180° C. La composition ‘dé cette huile est représentée par la formule CH°0. On a trouvé qu'elle était constituée par un mélange de différents corps, dont le principal _ést l'éther diméthylique de Thymohydroquinone. L'eau de laquelle l'huile se Sépare contient de l'acide Isobutyrique et probablement aussi un peu -. d'acide Angélique et d'acide Formique ; mais on n’y trouve ni l'acide | capronique ni l'acide caprylique qui ont été signalés par Walz. La racine d'Arnica contient de l’Anuline que Dragendorff a retirée - dans la proportion de 40 pour 400. Usages. — L'’Arnica est surtout employé, sous forme de teinture, dans la médecine populaire, contre les meurtrissures et les engelures. On l'administre, parfois, à l’intérieur, comme stimulant et diaphorétique. _ Falsification. — On a récemment constaté (2) la falsification de l'Ar- nica à l’aide de la racine du Geum urbanum L., plante herbacée, com- e. mune, de la famille des Rosacées. La racine de cette dernière est plus Lo épaisse que le rhizome dé l'Arnica ; elle a de 30 à 73 millimètres un __ diamètre; c’est une raciné véritable, couverte de radicules sur toutes ses faces, et d’une saveur astringente. Les feuilles du Gewm sont pen- nées et tout à fait différentes de celles de l'Arnica. FLEURS D'ARNICA. L’Arnea montana produit de grandes et belles fleurs, d'un jaune _. brange, solitaires au sommet de la tige ou des branches. Les écailles .. de l'involucre sont au nombre de 20 à 24, égales en longueur, imbri- ue quées et disposées sur deux rangées : elles sont très-velues et les poils les plus courts sont terminés par des glandes visqueuses. Le réceptacle ki ést muni de paillettes ; il a près de 1 centimètre de diamètre et porte : (1) Anna de Liebig, 1878, CLXX, AB-hghe . (@) Horus, in Pharm, Journ., M avril 1874, 810, -_ HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 21 environ 20 fleurs ligulées et un nombre beaucoup plus grand de flèurs , tubuleuses. Les fleurs ligulées ont 2 centimètres et demi de long; elles sont oblongues, dentées au sommet et parcourues par environ dix ner- ; vnres parallèles. Les achaines sont bruns et velus, et couronnés par une aigrette formée d'un seul cercle de poils barbelés, blanchâtres, ; Les fleurs de l’Arnica ontune odeur faible qui n’est pas désagréable. On les emploie surtout pour fabriquer une teinture; mais, comme la Pharmacopée de Londres prescrit, aujourd'hui, de faire cette dernière avec les racines, les fleurs sont presque hors d'usage, du moins dans la Grande-Bretagne. Elles paraissent être plus riches que la racine en 4 arnicine et passent pour avoir des propriétés médicinales égales, sinon supérieures; cependant l'huile essentielle qu’elles contiennent n’est pas la même. \ (a) Les Arnica L. (Genera, n° 958) sont des Composées de la tribu des Sénécioni - dées, à capitules radiés, à involucre formé d’une ou deux rangées de bractées her- Re bacées, acuminées, à styles des fleurs hermaphrodites divisés en deux branches | stigmatiques allongées, ‘renflées et pubescentes. 1e L’Arnica montana L.. (Species, 1245) est. une petite plante à rhizome vivace, oblique, émettant des rameaux aériens dressés, hauts de 40 à 60 centimètres, à peu près cylindriques, striés, simples ou divisés en trois ou quatre branches dres- sées presque opposées, qui se terminent chacune par une grande fleur jaune un peu penchée. A la base de chaque pédoncule floral se trouve une grande bractée. Les feuilles sont toutes sessiles, entières, oblongues, munies de trois à cinq nervures | longitudinales, très-prononcées. Les feuilles radicales sont étalées en rosette ; les caulinaires, peu nombreuses, sont géminées. Toute la plante est aromatique et cou- verte de poils courts. L’Arnica montana recherche les terrains SE RE et tertiaires, [TRAD.] RACINE DE PISSENLIT. Radix Taraxaei; angl, Dandelion Root, Tarazacum Root ; mené: Lôwenrahmeursel, sn _ Origine botanique. er Fisoboacun officinale Waesen (Trans. ee. Pens-leonis DesronTaines, Leontodon Taraxacum L.) est une plante de l'hémisphère nord. On la trouve dans toute l'Europe, l'Asie centrale et septentrionale, et l'Amérique du Nord. Elle s'étend jusqu'aux régions arctiques. Elle offre un nombre considérable de formes, dont plusieurs | ont été regardées comme des espèces distinctes. Dans quelques de 4 elle constitue une mauvaise herbe incommode (a). : : ue. — Quoique le Pissenlit commun doive avoir été bien ‘ connu des anciens, nous. ne trouvons aucun rensei 7 1 # Le & \ Fes = | COMPOSÉES. - dans les auteurs classiques grecs ou latins. Le mot Tararacum est cepen- dant regardé, communément, comme d’origine grecque (1) ; nous le trou- vons d’abord écrit Tarakhshagän dans les ouvrages des médecins ara- _bes, qui en parlent comme d'une sorte d'Endive sauvage. Il est aussi mentionné par Rhazes au dixième siècle et par Avicenne au onzième siècle. Le nom Dens Leonis, son équivalent, qu'on trouve dans presque toutes les langues de l'Europe, a été, d’après l’herbier de Johann von Cnbe (2), donné à cette plante par un certain Wilhelm, médecin, qui la tenait en grande estime ; mais nous avons cherché en vain quelques détails sur ce personnage et sur l'époque à laquelle il vivait. Le Pissenlit était très- estimé dans la médecine, à l'époque de Gerarde et Parkinson, et est encore employé sur une assez large échelle. Récolte. — En Angleterre, la racine de Pissenlit passe pour être très- bonne à arracher pendant le mois de novembre, son suc étant à cette époque plus abondant et de meilleure qualité qu'à tout autre mo- ment. Bentley prétend qu'elle est plus amère en mars, qu'elle l’est _ plus que jamais en juillet, et qu’on doit préférer pour la récolte à tout le moins la première date. Deseription,—Laracine du Pissenlitest vivace, pivotante, simple ou peu …! ramifiée; dans un bon terrain elle atteint 30 centimètres et plus de long et def à 3centimètres de diamètre. Les vieilles racines se divisent, au niveau du collet, en plusieurs têtes.Cette racine est charnue et cassante; extérieu- _rement elle est d’un brun pâle ; elle est blanche en dedans et riche en . un suc inodore, laiteux et amer. Elle se contracte beaucoup en se dessé- chant et perd environ 76 pour 100 de son poids (3). La racine de Pissen- = lit sèche a un centimètre environ de diamètre; elle est colorée en brun foncé, et parcourue de rides transversales qui ont souvent une direc- tion spiralée. Lorsqu'elle est tout à fait sèche, elle se casse facilement; sa cassure est courte, subéreuse, et met en évidence une écorce très- épaisse, blanche, qui entoure une colonne ligneuse, Cette dernière .est jaunâtre, très-poreuse, sans moelle ni rayons. Une zone cambiale assez large, mais peu distincte, sépare le bois de |’ née qui offre de nom- + (1) 11 vient peut-être de +54Euvey où TeGEvay, laitue. sauvage ; $ d'après quelques au- à svimd de +éozk;, maladie des yeux qu'on traitait avec cette Paune ou nr verbe », je trouble, @ Herbarius zu teutsch und von aller handt hradéien: Augspurg, 1488, cap. cui, (3) Ainsi, 5496 livres de racines lavées donnèrent, après dessiccation, seulement . 4977 livres où Se Lan nas Re rai Lis MM. Allen et __ de Londres... arr re eber HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 93 breuses couches concentriques bien définies. Cette racine est inodore; _elle possède un goût un peu amer. Structure microscopique. — Sur une section longitudinale, surtout tangentielle, on voit des zones brunâtrés qui contiennent des vaisseaux laticifères qui ont 2 millièmes de millimètre environ de diamètre. Ïls traversent les zones verticalement, en émettant de nombreuses branches transversales qui restent toujours confinées dans la même zone. Dans l'épaisseur de chacune de ces zones les vaisseaux latici- fères forment un réseau anastomotique très-manifeste. La racine est . ainsi verticalement traversée par environ dix à vingt couches concen= triques de vaisseaux laticifères (1). On peut les rendre très-apparents au moyen du bleu d’aniline, en humectant avec sa solution une mince tranche longitudinale de la racine fraîche. Il faut d’abord laisser des- sécher en partie la racine jusqu'à ce que le suc laiteux se coagule; les tranches minces absorbent alors énergiquement la ms colo- rante (2). Fit eo Le parenchyme de la racine desséchée est rempli d'inuline, quinese présente pas à l’état solide dans la plante vivante. La partie ligneuse de - É la racine de Pissenlit est formée de larges vaisseaux scalariformes, à . accompagnés de tissu parenchymateux, mais les premiers dominent | beaucoup (+). Composition ehimique, — Le suc laiteux frais de Pissenhit est amer + neutre, mais il acquiert bientôt une réaction acide et une coloration , e. ; brun-rougeâtre, en même temps qu'il se coagule, avec séparation d'une Par substance que Kromayer, en 1864, a désignée sous le nom de Zeon- todonitum. Ce chimiste, en traitant cette substance par l'eau chaude, obtint une solution amère ; celle-ci abandonne sur le charbon animal un principe actif (?) qu'on en sépare à l'aide de l’esprit-de-vin bouillant. | Après évaporation de l'alcool, Kromayer purifia le liquide par addition A es d’acétate de plomb basique, saturation de la solution filtrée avec. de. l'hydrogène sulfuré et évaporation jusqu’à siccité. Le résidu abandomna alors à l’éther une résine âcre, et laissa une masse mb incolore très-amère, nommée par Kromayer Tarazacme. ra Polex 0 obtint a: le même prie: en cristaux LE ni) Pour plus de détails à ce sujet, voyez : : Vocz, se. der er Wide Alademie, 1863, VI, 668, avec planche ; HANSTEIN, a ei und + vervant pre en Rinde, Berlin, 1864, TRUE : Se me ns à e lecteur peu familier.avec ce procédé-peut ‘ri p orler ke mr in Pharm. __— 13 avril 1879, 822. : ruqueux. I faisais sitéplement bouillir le suc Jaiteux avec de l'eau et abandonnait à l'évaporation la décoction concentrée. La portion du Leontodonium non dissoute dans l’ean eède à l'alcool une substance cristalline, la Taraxacérine de Kromayer, CSH"O. Cette dernière res- semble à la lactucérine et sa solution alcoolique possède une saveur âcre. Nous ne savons pas encore jusqu'à quel point les propriétés médi- cinales du Pissenlit sont dues aux substances ainsi obtenues. - Dragendorff, en 1870, a retiré de racines recueillies près de Dorpat en octobre, et séchées à 100° G., 24 pour 100 d'inuline et du sucre. _ Des racines recueillies en mars, dans le même endroit, donnèrent seulement 4,74 pour 100 d'inuline, 47 de sucre incristallisable’et 18,7 de ZLévuline. Ce dernier corps, découvert par Dragendorff, a la même _ composition que l’inuline, mais se dissout dans l’eau froide. Sa solu- tion possède un goût douceätre ; elle est dépourvue de tout. pouvoir rotatoire. Lorsqu'on fait dissoudre dans l’eau l'extrait de Pissenlit, l'inuline se présente souvent sous la forme d’une poudre brillante. T. et H. Smith, d'Edimbourg, ont montré, en 1849, que le suc de la racine, après une courte exposition à l'air, subit une sorte de fermen- tation dont le résultat est une production abondante de mannite, dont on ne peut retirer la moindre trace de la racine tout à fait fraiche. Les mêmes chimistes y trouvèrent une grande quantité de sucre qui subissait . promptement la fermentation vineuse. Les feuilles et les tiges du Pissenlit (mais non les racines) offr. Nrirent à _ Marmé, en 1864 (1), un suere particulier nommé /nosite, C'2H*0"?. Des racines recueillies dans les prairies des environs de Berne, immédiate- ment avant la floraison, lavées soigneusement et desséchées à 100 C nous donnèrent 5,24 pour 100 de cendres, consistant en carbonates, __ phosphates, sulfates, et en une petite quantité de chlorures. | Usages. — Le Pissenlit est très-employé dans la Grande-Bretagne comme laxatif doux et tonique, surtout dans les maladies du foie. En Franée il est inusité. Falsification. — Les racines du Zeontodon hispidus L, sont parfois _ vendues en fraude par les récolteurs d'herbes à la place de celles du = Pissenlit, Les deux plantes ont les feuilles roncinées, mais celles du .… Leontodon hispidus sont velues, tandis que celles du Pissenlit sont lisses. e La: raciné fraîche du premier est coriace, difficile à casser et laisse rare-. : ment sen un suc laiteux (2). @ “Gs Pharm. pme 1852, XL, 107. pere HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE, 2 La racine desséchée. du Pissenlit est frès-susceptible d'être attaquée parles vers et ne doit pas être conservée pendant plus d'une saison. (a) Les Taraxacum (HaLLen, Stirp. Helo., 1,23) sont des Composées de la tribu des” Cichoriacées, à bractées extérieures de l’involucre toutes réfléchies à la maturité et: , formant une sorte de calicule ; à réceptacle nu ; à achaines munis de côtes ordinai- rement muriquées et terminées par un bec fili- forme ; à aigrette formée de soies disposées sur plusieurs rangs. Le Taraxacum officinale WiGcers (Prim. Holsat., 56),vulg. Pissenlit, estune herbe à souche vivace, courte et épaisse, fréquemment ramifiée, terminée par une longue racine pivotante char- nue, Les feuilles sont toutes radicales, disposées en rosefte et persistantes pendant l'hiver. Elles sont alternes, oblongues. Quelques-unes sont par- fois entières ou seulement ondulées, mais la plupart sont profondément découpées en lobes _inégaux, triangulaires, terminés par une pointe assez aiguë, et tantôt entiers, tantôt découpés sur les bords en dents inégales, fines et aiguës. Le limbe de la feuille est supporté par un pétiole court, embrassant, souvent rougeûtre. De la sou- che partent des hampes florales plus longues que les feuilles, dressées, fistuleuses, souvent couver- tes de poils floconneux, dépourvues de bractées et terminées par une seule fleur volumineuse. L'in- volucre est obconique, formé d’écailles disposées sur plusieurs rangées, un peu carénées au som- met; les supérieures, linéaires, obtuses ; les in- férieures, plus petites, moins serrées, lancéolées- linéaires, réfléchies et formant une sorte de collerette autour de Ja base du capitule, Le ré- re ceptacle est nu, aplati. Les fleurs sont très-nombreuses ; elles ont toutes le périanthe ligulé, jaune, livide en dessous, beaucoup plus à its FE :) long que l’involucre, tronqué au sommet et dé- coupé en cinq dents. Les authères sont sagittées . à la base. Les styles sont divisés en branches grèles, longues et recourhées. Les achaines sont oblongs, rétrécis à la base, marqués de côtes longitudinales striées et terminées en haut par des pointes tuberculeuses plus courtes que le support de l'aigrette, Ce dernier est plus long que l'aigrette elle-même. La plante fleurit dans _ les environs de Paris d’une façon presque conti- . mue d'avril à octobre, Certaines variétés sont gla- _bres, tandis que d’autres sont un peu pubes- nn u] L fl (CHE TANT (| tn au e \ A \ ane ki qe @ je Hù A1) 7 L+ Fig. 133. Racine de Pissenlif, Coupe transversale. 7 + E Û Vigier é ES. : 26 »ÉLRRSE | COMPOSÉES. dans : 1° une sboké % sb in formée de cellules aplaties, brunes, dpsbcitées - appartenant à la périphérie du tissu cortical ; 2° un parenchyme cortical épais, formé de grandes cellules allongées tangentiellement, à parois minces ; 3° un liber formé : d'éléments allongés, à parois minces et blinchiéé et à cloisons transversales hori- … zontales. Ces éléments sont assez régulièrement empilés les uns au-dessus des autres, comme on le voit sur la coupe longitudinale de la figure 134 ; 4° le centre de Ja racine ést occupé par un cylindre ligneux formé uniquement de gros vais- seaux réticulés irrégulièrement dispersés et de cellules parenchymateuses, à parois minces, interposées aux vaisseaux. Le bois est séparé du liber par une zone continue de cambium. Les vaisseaux laticifères n'existent pas dans le bois, On les trouve _ dans le parenchyme cortical et dans le liber, disposés en cercles concentriques. Dans :.. ; le liberils sont formés par des éléments un peu plus étroits que les autres, mais dé même forme, parallèles les uns aux autres et reliés par des branches transversales _ plus ou moins obliques. Chaque groupe de laticifères est séparé des voisins par des éléments libériens et aucune communication n'existe d’un cerele à un autre entre les différents groupes, ainsi qu’on peut s’en assurer à l’aide de coupes longitudinales _radiales, comme celle de la figure 134. Dans le parenchyme cortical, le laticifères sont formés par des cellules paréflehy nie communiquant les unes avee les autres et ils sont disposés d’une facon beaucoup moins régulière. [TraD.] Mi us LAITUE VIREUSE. ‘ Herba Lactucæ virosæ; angl., Prickly Lettuce : es Giftlattich. os Origine botanique, — Lactuca virosa L. (1). — La Laitue vireuse est = une grande herbe qui pousse dans les champs pierreux et sur les bords 2 dès chemins, dans toute l'Europe occidentale, centrale et méridionale. _ Elle abonde dans la péninsule espagnole et en France, En Angleterre elle n’est que peu répandue et ne s'étend pas vers le nord au delà des montagnes du sud-est de l’Ecosse (a). _ Historique. — L'introduction de cette Laitue dansla médecine moderne est due à Collin, célèbre médecin de Vienne, qui, vers 4771 ,recommanda son suc épaissi dans le traitement de F hydropisie, Dans les cas de lon- gue durée, on administrait cet extrait à la dose d'une demi-once par _ jour. Le Collége des médecins d'Edimbourg introduisit la Laitue vireuse dans sa Pharmacopée en 1792, tandis qu'en Angleterre sa place était occupée par la Laitue de jardin (Lactuea sativa L .). Les auteurs de la British Pharmacopæia de 1867 ont écarté cette dernière et ordonné de ‘2 préparer l'Extrait de Laitue (£ztractum Hacite) par épaississement du Fa suc du ZLactuca vrrosa L. $ | Description. — — La Laitue Yireuse est une plante bisannuelle. Elle } pro- : an Msn réunit} cette plante au FR Scariolé mais | apart : . livres de botanique ce deux enpbos sou maintenues inincion… ans ho \ PME ä et RP MER MR eq ee _ HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 27 duit la première année des feuilles obovales, indivises, déprimiées, et pendant la seconde une tige unique, dressée, de 4 mètre à 1,50 de haut, : terminée par un panicule de petites fleurs colorées en jaune pâle, sem- blables à celles de la Laitue de jardin. La tige est cylindrique, un peu épineuse dans le bas. Elle porte des feuilles horizontales, d’un vert glauque, ovales-oblongues, souvent un peu lobées, auriculées, embras- santes, munies sur les bords de dents irrégulières, épineuses. Leur ner- vure médiane est blanche et couverte d'épines. La plante entière est riche en suc amer, laiteux, à odeur opiacée, forteet désagréable. Composition chimique, — Nous ne connaissons pas de recherches chimiques modernes sur la Laitue vireuse. Les principes les plus impor- tants de cette plante sont, sans doute, ceux qu’on trouve dans le Zactu- carium et nous renvoyons le lecteur à cet article, Usages, — Le suc exprimé et épaissi de la plante fraîche est consi- déré comme narcotique et diurétique, mais il est probablement à pen 2 près inerte. ’ RE PTE (a) Les Lactuca L. (Genera, n° 909) sont des Composées de la tribu des Cichoria- eées, à capitules homogames, liguliflores ; à involuere oblong, formé d'écailles imbriquées ; à réceptacle plan et uni ; à fruit comprimé, prolongé, à la partie supé- - Re rieure, en un bec capillaire qui supporte une aigrette à poils lisses ou légèrement : seabres disposés sur un seul rang. tu Le Lactuca virosa L. (Species, 1119) a les flèurs disposées en grappes réunies en RC un long panicule terminal, pyramidal, lâche. L’involucre est étroit et formé de Rd ee bractées disposées sur plasegisé rangs, d'autant plus courtes qu'elles sont plus i Me. férieures. Les fleurs, toutes ligulées, ont le périanthe jaune pâle, tronqué au sommet et découpé en cinq dents. Les anthères sont sagittées à la base. Les achaines sont comprimés, marqués, de chaque côté, de cinq stries, entourés d’un bord sailant,- glabres au sommet, aussi longs que le bec capillaire qui les.surmonte ‘et qui porte l'aigrette, colorés en brun noir. Les bractées florales sont sessiles, amplexicaules. Dans le centre de la France la plante fleurit de juin à septembre, Elle recherche ke. lieux incultes, les haïés, les bois pierreux. Le Lactuca sativa L. (Species, 1118) a la tige un peu moins élevée et presque À sue Il se distingue nettement de l'espèce précédente par ses feuilles dépourvues d’aiguillons sur la nervure médiane et de cils sur les bords, oblongues-obovales ou presque orbiculaires, entières, plus ou moins ondulées, sinueuses ou découp dents irrégulières, les supérieures cordées et amplexicaules ; ses capitules dis en panicules ordinairement denses. La patrie de cette plante est inconnue pourrait bien ne constituer, comme le Lactuca virosa, qu'une variété du Scariola. Elle fleurit dans les jardins des environs de Paris de juin à se On distingue généralement trois variétés principales de Lactuca sativa : Be: 2. romana (Lailue romaine, Romaine), à feuilles er avant la Horason, " Re à ue: * crispa (Laïtue frisée), se distingue des deux autres par ses feuilles étalées en rosette avant la floraison, profondément pinnatipartites, sinuées, très-ondulées et .£rispées. [Tran] É LAGTUCARIUM. Lactucarium ; angl., Leftuce Opium, Thridare (1); allem., Lactucaritum. : Origine botanique, — Les espèces de ZLactuea dont on retire le Lac- tucarium sont au nombre de trois ou quatre : 1° Lactuca virosa Li, décrite dans l’article précédent : 2 Lactuca Scariola L., plante très-voisine de l'espèce précédente dont elle ne constitue peut-être qu’une variété: son feuillage est cependant moins abondant et plus glauque, ses feuilles divisées en lobes plus ai- gus, beaucoup plus dressées et presque parallèles à Ja tige. Sa distribu- tion géographique est la même que celle du Lactuca virosa (2); ge Lactuca altissima BiEB., originaire du Caucase, maintenant cultivée _en France, en Auvergne, pour la production du lactucarium. C'est une herbe gigantesque, dont la tige atteint, sous l'influence de la culture, une hauteur de 3 mètres et un diamètre de 4 centimètres, Le professeur G. Planchon la considère comme une simple variété du Lactuca Scariola L.: 4° Lactuca sativa L., laitue commune des jardins (3) (voir page 27, note a). « Historique. — Le docteur Coxe, de Philadelphie, suggéra le premier l'idée que le sue de la Laitué recueilli de la même façon que l'opium sur les têtes de Pavot pourrait être employé utilement en médecine. Les résultats de ses expériences sur le suc de la Laitne de jardin, qu'il nomma opium de Laitue, furent publiés en 1799 (4). Les essais de Coxe furent continnés, quelques années plus tard, par Duncan, Young, An- - (1) Le nom de Thridace est aussi appliqué à l’'Ertrait de Laitue. » (2) La fleur et le fruit du Lactuca Scariola sont semblables à ceux du Lactuca virosa. Le fruit offre cependant un petit caractère qui permet de le reconnaître. Ses stries sont glabres dans le Lactuca virosa, tandis qu'elles sont hérissées vers le haut dans le Lac- tuca sativa. Mais ce sont là, incontestablement. des caractères de tro) peu de valeur Pour qu'on puisse conserver les deux espèces, [Tran] ; _ 8) Les anteurs du Codex francais de 1866 indiquent comme source du lactucarium une forme de Laitue de jardin qui a reçu de De Candolle le nom de Lactuca capitata. En ne: du lactucarium du Lactuea elongata Mün, (in Amer, Journ. of Pharm., _ 1869; 148). de mis (6) Inquiry on the comp. effects of the Opium officinarum, extract : from Di Féphrer / somuiferum or White Poppy of Linnæus and that procured from the L: sativa or _ Common-cultivated Lettuce ve euhor (in Trans. of de Arerion Phi Commo | Of the same author (in Trans. of the American Philoso- _ phical Society, 1799, LV, 3817 hat + * à ce Fer 2 HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 29 derson, Scudamore et d’autres en Ecosse, et par Bidault de Villiers et de nombreux observateurs en France. La production du lactucarium en Auvergne fut commencée (1), vers 4844, par Aubergier, pharmacien de Clermont-Ferrand. , Sécrétion, — Toutes les parties vertes de la plante sont traversées par un système de vaisseaux qui, lorsqu'on les coupe, surtout pendant Ja floraison, laissent immédiatement exsuder un suc blanc laiteux, La tige, d’abord pleine et charnue, devient ensuite creuse ; elle doit sa rigi- dité à un cercle d'environ trente faisceaux fibrovasculaires, dont chacun contient un cylindre de cambium. Entre ce tissu et le parenchyme cor- tical primaire est situé le système des vaisseaux laticifères qui présente, sur une coupe transversale, un cercle simple ou double de tubes à pa: . rois minces, dont la cavité contient une masse de sue coagulé, coloré en brun foncé. Sur une coupe longitudinale, ces tubes paraissent rami- fiés et reliés transversalement les uns aux autres comme les laticifères nt du Pissenlit. Les plus larges de ces tubes ont 35 millièmes de millimètre de diamètre et correspondent à peu près régulièrement aux faisceaux vasculaires, Chacun de ces derniers est aussi séparé de la moelle par une bande de tissu cambiforme dans la circonférence duquel sont ,. situés des laticifères isolés et plus petits. Il existe donc deux systèmes de “ laticifères, contigus, l'un à la moelle, l'autre à l'écorce, et séparés l’un de l’autre par le bois privé de sucs (2). Les laticifères de l’écorce sont pro- tégés seulement par deux à six rangées de cellules du parenchyme de | l'écorce moyenne. Ces cellules diminuent rapidement de taille de dedans en dehors et sont enveloppées par un épiderme à parois peu épaisses, Il est donc facilé de comprendre que la plus légère piqûre ou incision soif suffisante pour atteindre le système très-riche des laticifères. Les gouttes du suc laiteux abandonnées à l'air durcissent rapidement et forment de petites masses d'un brun ne en dehors, blanchâtres en dedans. ; | Récolte et description, — Le iactucarium est miel particulières: ment depuis 4843, dans le voisinage de la petite ville de Zell, _ Moselle, entre Coblentz et Trèves, dans la Prusse rhénane. Lin troduction de cette industrie est due à M. Goeris, pharmacien de en ss ville, auquel nous devons les Été. 56 qui suivent. Nous 0 ET Comptes rendus de l'Ac. de sc. AA 1842, XV, 023. te HR _ (2) Très-bien figurés par Hanstein dans l'ouvrage signalé à . | Aussi: TRÉCUL, in dt ar 69, — Dirpet, Eng er Miche : Rotterdam, CAES \ 30 LR men OMBOSBUS vu cet . 11 devons aussi quelques détails plus particuliers à M, Meurer, de Zell. La. plante est cultivée dans les jardins, où elle produit sa tige seule- ment pendant la seconde année. En mai, au moment où la plante va fleurir, on coupe la tige à 30 centimètres environ au-dessous de son sommet. On en sépare ensuite, tous les jours, un morceau, à l’aide d'une section transversale, jusqu'au mois de septembre. On recueille avec le doigt le suc d'abord blanc, mais bientôt brun à la surface, qui s'écoule par l’extrémité sectionnée et on le dépose dans des vases hémisphé- : riques en terre, où il dureit assez complétement pour qu'on puisse le. - _ renverser en une seule masse. On le fait alors sécher au soleil jusqu'à ce qu'on puisse le couper.en morceaux. On achève la dessiecation en l'ex- posant à l'air, sur des châssis, pendant quelques semaines. ZLell produit annuellement de 300 à 400 kilogrammes de lactucarium; le distriet entier en fournit 20 quintaux par an. Le prix de la drogue atteint sur place de 12à 30 mares le kilogramme. Fe Le district d'Eifel, dans lequel autrefois on recueillait du lactucarium, n'en produit plus aujourd'hui, sd Tel qu’on le trouve dans le commerce, le lactucarium se présente en morceaux anguleux, obtenus comme nous l'avons dit plus haut, mais plus ou moins contractés et irréguliers par suite de la perte d'eau et des cassures. Au dehors il est d'un brun rougeâtre foncé, opaque et comme cireux en dedans et d'un blane crémeux lorsqu'il est récent. = Par l'exposition à l'air ce blanc devient d’abord jaune, puis brun. L'o- _ deur du lactucarium est forte, désagréable, etrappelle celle de l'opiun. : : Son goût est très-amer. - Pa. _ Le lactucarium produit par Aubergier, de Clermont-Ferrand, est d'excellente qualité, mais ne paraît pas différer de celui qu’on obtient sur la Moselle. Il est en pains circulaires de 4 centimètres de diamètre, ue au lieu d'être en morceaux anguleux. Le lactucarium d'Écosse, qui seul se trouvait autrefois sur le marché, s’y rencontre encore aujourd'hui .” (41872). M. Fairgrieve, quille produit dans les environs d'Edimbourg, re- cueille le suc dans de petits vases d’étain où il se dessèche ; on le retire du vase et on le fait sécher à une chaleur douce: La drogue se brisé, _- sous l'influence de ce procédé de dessiccation, et se présente en masses _terreuses, irrégulières, d'un brun foncé, dont la plus grande atteint à . a à peu près 2 centimètres et demi de long; son odeur ressemble exacte- + ment à celle de la drogue recueillie sur le continent (1). + HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 3 Nous ne connaissons pas le lactucarium de Russie, qui a été coté sur quelques catalogues du continent à un prix très-élevé. Composition chimique, — Le lactucarium est un mélange de sub- Stances organiques très-différentes avee 8 à 10 pour 100 de matière inorganique. Aucun dissolvant ne le dissout complétement et lorsqu'on le chauffe il se ramollit, mais ne fond pas. En l'épuisant avec de l'alcool bouillant, nous en avons retiré 58,7 pour 100 de Lactucérine où Lactucone, CH#0 (1), qui se dépose en cristaux. Ceux-ci, convenablement purifiés, se présentent en fines aiguilles inco- lores qui fondent vers 185° G. et se transforment en une masse amorphe. La lactucérine est une substance neutre, inodore, insipide, insoluble dans l’eau, mais soluble dans l’éther et dans les huiles fixes et volatiles œié: PU moins dans la benzine et Je bisulfure de carbone. Elle paraît étroitement alliée à l’£Euphorbone avec laquelle il serait nécessaire de la comparer soigneusement. L'alcool froid et l’eau bouillante enlèvent au lactuca- Le rium environ 0,3 pour 100 d’une substance amère cristallisable, la Lactucine, C"H°05, H?0, qui n’est pas un glucoside, quoiqu'elle ré- duise le tartrate alcalin de cuivre. La lactucine forme des écailles d'un blanc de perle, facilement solubles dans l’acide acétique, insolubles dans l'éther. Elle perd son amertune lorsqu'on la traite par un aleali. Re Ludwig a retiré de la liqueur mère ayant fourni la lactucine, de l'a: cède Lactucique sous forme d’une substance amorphe, d’un jaune bril- se lant qui cristallise après un repos prolongé. Récemment on a retiré du À lactucarium une petite proportion d’une substance amorphe, la Lactu- copicrine, CH%0*, probablement produite par oxydation de la lactus cine, D’après Kromayer (1869) elle est soléble dans l’eau et l'alcool, et est très-amère. Parmi les principes NES les plus répandus dans les die. le lactucariuna contient de la résine, de l'albumine, de la gomme, Fe La distillation avec dé l'eau entraine une très-petite té "une huile prb qui a l'odeur du Rytsariui Fe recueilli vers s 1866, et à MM. T. et pe “Smith d'un échantition par M. Fairgrieve, PE “ [2 "+ De Usages. — On suppose que les propriétés narcotiques universelle- ÿ Se SN " à S 4 ment attribuées autrefois à la Laitue existent avec plus d'énergie dans le lactucarium. Cependant, de nombreuses expériences n'ont pu nous démontrer dans ce produit que des propriétés sédatives très-faibles, sinon une inertie absolue (1). | LOBÉLIÉES LOBÉLIE ENFLÉE. Herba Lobeliæ; angl., Indian Tobacco ; allem., Lobeliakraut. Origine botanique, — Le Zobelia inflata L. est une herbe an- nuelle qui atteint de 23 à 80 centimètres de haut; sa tige est dres- sée, anguleuse, simple ou plus fréquemment. ramifiée près de son … extrémité. Elle est très-répandue dans le nord de l'Amérique, depuis le . Canada jusqu’au Mississipi. Elle se plaît dans les champs abandonnés, sur le bord des routes et sur la lisière des bois. Elle réussit bien dans les jardins européens (a). Historique, — Le Zobelia inflata fut décrit et figuré par Linné (9) d'a- près des échantillons cultivés par lui-même à Upsala, vers 1741, mais il n’attribua à cette plante aucune propriété médicinale. Les indigènes de l'Amérique du Nord font usage de l'herbe, qui pour ce motif et à | cause de son goût âcre a reçu le nom d'/ndian Tobacco (Tabac indien). En Europe, elle fut signalée par Schoepf (3), mais avec une faible appré: : ciation de ses propriétés. En Amérique elle était depuis longtemps entre les mains des charlatans, lorsque son action contre l'asthme fut signalée, en 1813, par Cutler. Elle né fut pas employée en Angleterre jusqu'en 1829. Reece (4) l'introduisit alors dans la pratique médicalé “en même temps que plusieurs autres médicaments. … Description, — Les feuilles ont de 2 centimètres et demi à 1 centis mètres de long ; elles sont épaisses, sessiles, ovales-lancéolées, aiguës, légèrement dentées, un peu pubescentes. Les bords de la feuille portent . (1) Sriice, Therap. and Mat. Med, 1868, 1, 156. — Garrod (in Med. Times and Ga | (à) Treatise on the Bladder-podderl _ sette, 26 mars 1864) a prescrit le lactucarium à la dose de 1 drachme (14,771) répétée Nr quatre ‘ois par jour, sans pouvoir constater aucun effet anodin ou narco- (2) Acta Soc. reg. scient. Upsal., 1746, 23. ae s (3) Mat. med. Americana, Enlangæ, 1787, 498. k 4 0 pli, 4e dé où à : 1 o HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 33 de petites glandes blanchâtres, et, entre elles, des poils isolés qui sont plus fréquents sur la face inférieure que sur la supérieure, Elles sont. d'ordinaire plus nombreuses dans le bas et vers la portion: moyenne de la tige. La tige de la plante verte laisse exsuder, lorsqu'on la coupe, F une petite quantité de sue laiteux, âcre, contenu dans des vaisseaux lac- tifères qui se prolongent dans les feuilles. Les fleurs, peu remarquables, sont disposées en grappes terminales feuillues. La corolle, à cinq divi- sions, bilabiée, est bleuâtre,avec une tache jaune sur la lèvre inférieure : son tube est aussi long que le limbe divergent du calice. Le fruit est une capsule ovoïde, renflée, munie de dix nervures, et couronnée par les cinq sépales qui sont moitié aussi longs que le fruit mûr. Ce dernier est divisé en deux loges qui contiennent un grand nombre de graines de 5 millimètres de long, ovales-oblongues, réticulées et creusées de fossettes. Dans le commerce, cette herbe se présente en paquets rectangulaires qui ont de 2 centimètres et demi à 3 centimètres d'épais- seur, et sont constitués par les. parties herbacées, coupées et com- primées lorsqu'elles étaient encore humides, et ensuite soigneusement arrangées. Les paquets arrivent enveloppés de papier, scellés et por: tant la marque de quelque droguiste ou herboriste américain. La Lobélie possède une odeur herbacée, et lorsqu'on la mâche, un _. âcre, brûlant, qui ressemble à celui du tabac. 3 Composition chimique. — La Lobélie a été étudiée au point de vuë + ins chimique par Procter (1838-1841), Pereira (1842), Reinsch (1843), Bas- é tick (1851) ét F. F. Mayer (1). Le premier de ces chimistes (2 ) attribua l'activité de la plante à un alcaloïde liquide, volatil, qu'il nomma. à Lôbéline. Ses observations furent confirmées, quelques années plus Fe Es tard, par les recherches indépendantes de Bastick (3). D'après les tra: vaux de ces chimistes, la lobéline paraît être un liquide huileux, vis queux, transparent, à réaction alcaline énergique, surtout lorsqu'il # est en solution. À l’état pur elle exhale une odeur faible, semblable à _ celle de la plante, qui devient plus forte quand on la mêle à ammonia: que. Son goût est piquant et semblable à celui du tabac. Prise à faibli dose, cette substance produit d'une manière énergique, l’action toxi de la drogue. La lobeline est volatile, mais ne s'évapore pas sans subir quelque gr à EE Elle se sn dans l'eau ; plus facilemen dans FE J at FER Journ. of Pharm., 1866, AXKVI, 219 D 1866, 252. Et A fc Potier ‘5h Amer. Journ. en 1898, III, A (3) Pham RE 0 SON ne l'alcool et l’éther. Ce dernier la sépare de sa solution aqueuse. Les al- Le “calis caustiques la décomposent facilement. Elle neutralise les acides, Len formant avec eux des sels cristallisables, solubles dans l'eau et dans . _ l'alcool. Son hydroechlorate est décrit comme formant des cristaux aci- culaires bien définis, incolores et transparents. On a obtenu aussi un sulfate, un nitrate et un oxalate de lobéline. és A L'herbe contient encore des traces d’une huile essentielle (la Lobélia- : nine de Pereira ?), une résine et une gomme, Les graines ont donné à = Procter environ 30 pour 100 d'une huile fixe pesant 0,940, qui se dessèche très-rapidement. La Lobéliine de Reinsch paraît être un com- posé non défini. En 1871, Enders fit, à notre demande, quelques recherches sur la | . Lobélie, dans le but d'isoler la substance âcre à laquelle l'herbe doit ns ; son goût. I épuisa la drogue avec de l'esprit-de-vin, et distilla le li- at quide en présence du charbon qui retint le principe âcre. Le charbon fut lavé avec de l'eau, et traité par l'alcool bouillant. Ce dernier, laissa, en s’évaporant, un extrait vert, qui fut purifié à l'aide du chloro- forme. On obtint ainsi finalement des houppes verruqueuses, de couleur à - brunâtre, facilement solubles dans l’éther et ie chloroforme, mais peu PAS solubles dans l’eau, ayant la saveur âcre de la Lobélie. Gette substance, be que nous pouvons nommer Lobélacrine, se décompose quand on la fait _ bouillir dans l'eau. Sous Pinfluence des alcalis ou des acides, elle se dédouble en sucre et en acide Lobélique. Ge dernier est soluble dans .… Peau et l'alcool; il n’est pas volatil ; il donne avec l'oxyde ‘de baryum an sel soluble, tandis que son sel plombique est insoluble dans l’eau. = Usages. — La Lobélie est puissamment nauséeuse et émétique : :.% haute dose, elle constitue un poison narcotico-âcre, On la prescrit con- tre l’asthme spasmodique. a. AM T = (a) Les Lobéliées sont des Campanulacées à fleurs irrégulières et à ovaire infère. Le Lobelia inflata L. (in Act. Ups., 1741, 23, t: 1) est une planté annuelle, dressée, rameuse, très-velue, à feuilles alternes, sessiles, décurrentes, Au-dessous = du point d'insertion de chacune d'elles la tige offre deux ailes membraneuses qui . prolongent les bords de la feuille, Elles sontovales-lancéolées, pointues ; leurs bords sont repliés en dedans, ondulés, serrétés, avec des dents munies de petites glandes blanches. Elles sont plus ou moins velues sur les deux faces, et parcourues, sur la face inférieure, par des nervures très-saillantes. Les fleurs sont disposées en grappes terminales, feuillées. Les pédoncules floraux, beaucoup plus courts que les feuilles, te sont dépour us de bractéoles. La fleur est irrégulière, de taille moyenne. Le calice est : formé de cinq sépales linéaires, aigus, étalés, lisses ou légèrement pubescents. TER _ torolle ést très-irrégulière, gamopétale, bilabiée, colorée en bleu päle. Son tube st , fendu en arrière et muni, sur la face interne, de poils qui deviennent plus longs au HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 33 niveau de la gorge. Son limbe est divisé en cinq lobes profonds, les deux supérieurs dressés, ou légèrement réfléchis, linéaires, aigus, les trois inférieurs ovales, émoussés | au sommet, étalés. L’androcée est formé de cinq étamines à filets indépen dattes ve- lus à la base, et à anthères conniventes, biloculaires, introrses, déhiscentes par deux fentes longitudinales. L'ovaire est infère, muni de côtes, biloculaire, chaque loge contenant plusieurs ovules anatropes, insérés dans l'angle interne ; il est surmonté d’un style lisse, terminé par un stigmate bilobé. Le fruit est une capsule renflée, presque globuleuse, surmontée par le calice persistant et parcourue par une dizaine de nervures longitudinales saillantes. Chacune des deux loges contient, sur un gros placenta axile, un grand nombre de petites graines albuminées, à embryon droit. Fe [Tran | Ex ” ÉRICACÉES FEUILLES DE BUSSEROLE. Polia Uvæ Ursi ; angl., Hearberry Leaves ; allem., Bérentraubenblatter. Origine botanique. — Actostaphylos Uva-Ursi SPRENGEL (Arbutus Uvaz es Ursi L.). C’est un petit arbuste procombant, toujours vert, répandu dans la plus grande partie de l'hémisphère boréal (1). On le trouve dans 'Amé rique du Nord, en Islande, dansle nord de la Russie d'Europe et d’ Asié, et sur les principales chaînes de montagnes de l'Europe centrale et méridionale, Dans la Grande-Bretagne, ilest limité à l’Ecosse et au nord de l'Angleterre et de l'Irlande (a). du Historique, — La Busserole, décrite pour la première fois par Clustis : : en 4601, fut recommandée pour l'usage médical en 1763, par Gerhard, . de Berlin, et d’autres (2). Elle fut introduite, pour la pre er AR dans la Pharmacopée de Londres en 1788. sr, Description. — Les feuilles sont d’an vert sombre ; elles ont environ 2 centimètres de long sur À centimètre de large. Elles sont oboÿales, à arrondies à l'extrémité, et graduellement amincies en un court pétiole. Elles sont entières, avec le bord un peu réfléchi et, à l'état jeune un peu pubescent. La feuille entière est lisse, glabre et coriace ; sa face supérieure est luisante et profondément sillonnée par un ee a | nervures ; sa face inférieure est réticulée de nervures foncées. Les < feuilles ont une saveur très-astringente, et lorsqu« ‘elles sont. une odeur semblable à celle du thé. ET Schübeler nain ot RERO 1875, cr a PE que les e la pe : Le atteignent. en Dern) ms pr pe dr milan : AP] Pre 4 L'hydrokinone forme des cristaux incolores 36 LL SAR MÉNICACRESU _ Composition chimique. — Kawalier à montré, en 18533, qu'une décoction de Busserole traitée par l’acétate basique de plomb donne . un gallate de ce métal, prouvant ainsi que l'acide gallique préexiste dans les feuilles. Lorsque le liquide filtré, préa- —lablement privé de plomb par le sul- fure d'hydrogène, est convenablement concentré, il laisse déposer des cris- taux d’Arbutine, C#H*O'*. C'est une substance neutre, amère, facilement soluble dans l’eau chaude, moins so- luble dans l’eau froide, soluble dans l'alcool, mais peu dans l'éther (1). Sous linfluence d’un contact de quelques jours avec Témulsine, ou sous l’action de l'acide sulfurique dilué ÿ bouillant, l'arbutine se décompose en Hydrokinone, CSHSO? (Arctuvine de Ka- walier), en Méthylhydrokinone, C'HSO®, et en glucose. Le peroxyde de manga- nèse et l'acide sulfurique dilué, d'autre part, convertissént l’arbutine en Ki none, CH#0, et en acide formique. Lorsqu'on abandonne au répos pen- _ dant quelques mois une décoction con- centrée des feuilles, il se produit une décomposition de l'arbutine, et on peut isoler uné certaine quantité d'hydrokinone en agitant le liquide avec de l’éther. sé L'hydrokinone a été aussi trouvée par Uloth, en 1859, parmi les prô- _ duits de distillation de l'extrait aqueux des. feuilles de Busserole en ne même temps qu'une substance isomérique, la Pyrocatéchine. L tine elle-même donne aussi de l’hyÿdrokinone par la distillation Fig. {35. Busserote. . Extrémité d'un. rameau. arbu- sèche. qui fondent à 477,5 C. La : kinone cristallise en écailles brillantes, jaunes, qui fondent à 197114, en émettant une odeur particulière, Sés vapeurs irritent fortement les si yeux, et sa solution aqueuse colore la peau en jaune, js Hreste dans la liqueur mère où a cristallisé l’arbutine une petite (1) HtasWers et HadenMANN; 1875, Ne di + ‘; : ss HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 37. quantité d'une substance très-amère nommée £ricoline, qui se présente en plus grande abondance dans d'autres Ericacées (1). ré dr) C“H®O*, est une substanee jaunâtre, amorphe, qui se ramollit à 1. 100° C., et se décompose, lorsqu'on la chauffe avec de l'acide sul Fe farique dilué en sucre et en ÆZricinol, huile incolore, qui se résinifie nes rapidement, et est isomère du camphre des Laurinées, Il a une _., particulière qui n’est pas désagréable, H. Trommsdorff, en 1854, a retiré des feuilles de Busserole, en les (ri épuisant avec de l’éther, une substance peu soluble cependant dans ce liquide, neutre, cristallisable, incolore et sans goût, l'Ursone, CH#0?, Elle fond à 200° C., et sublime sans changement apparent, Tonner, en 1866, a trouvé pie substance dans les feuilles d'un £pacris australien, RC plante appartenant à la même famille que la Busserole. 4 are + es Enfin on trouve dans les feuilles de la Busserole de l’acide tannique. Leur infusion aqueuse est presque incolore, mais devient violette lorsqu'on ajoute une solution de sulfate ferreux. Il se produit, au bout de peu dé temps, un précipité rougeâtre qui tourne rapidement au bleu. Lorsqu'on emploie du chlorure ferrique, il se forme immédiate “HR ment un précipité noir bleuâtre. RE : Falsification, — Les feuilles du Vaccinium Vitis-Jdæa L., nommé Red é Wäortleberry où Cowberry, ont été confondues avec celles de la Busse- role, auxquelles elles ressemblent beaucoup par la forme. Elles s’en dis- tinguent facilement parce qu’elles sont un peu crénelées vers le som- met, pointillées et réticulées sur la face supérieure, et plus révolutées sur les bords. L’infusion des feuilles de Vitis-Zdæa se comporte diffé- remment avec les réactifs. Le sulfate ferreux additionné d’un peu d’acé- late sodique y produit un précipité brun noirâtre, tandis que dans les mêmes circonstances l’infusion de la Busserole fournit un précipité ci d'un beau violet, Gette dernière, en outre, est Gone, en vert par l'eau de chaux. … Usages, _ Les fouilles de Serols constituent un Li No gent, particulièrement employé contre les maladies de la vessie, e (a) Les Arbutus T. (Instit., 598, t. 368) sont des Ericacées de le tribe de LS tées, à fruit indéhiscent, divisé en cinq loges monospermes. Sous le nom d’Arcto- _ staphylos, Adanson (Fam. nal.; H, 165) a séparé des Arbutus un certain “se d'espèces à fruit drupacé, contenant cinq noyaux monospermés. Ce L pas assez d'importance pour sm d'établir autre chose qu ‘une er aie. hs 38 ETATS SET MICATÉES N à ‘hrbuius Uva-Ursi L. (Species, 566) est un sous-arbrisseau, à rameaux longs de 30 centimètres à 1 mètre et davantage, étalés à la surface du sol, relevant à peine léurs extrémités, pubescents dans le jeune âge, glabres à l'état adulte, tou- jours verts, à feuilles alternes, obovales, arrondies à l'extrémité, portées par un . vourt pétiole, tournant presque toutes leur face supérieure en haut, colorées en vert * foncé, un peu plus pâle sur la face inférieure, luisantes, très-glabres à l’état adulte et tout à fait entières sur les bords. Les fleurs sont disposées en grappes courtes, _ denses, terminales. Elles sont portées par des pédicelles plus courts que la corolle et accompagnées de bractées lancéolées, pubescentes sur les bords, persistantes, pres- que aussi longues, à la maturité du fruit, que le pédoncule. La fleur est régulière et __ hermaphrodite, avec un réceptacle convexe. Le calice est gamosépale, à cinq lobes larges et courts. La corolle est ovoïde, campanulée, divisée en cinq lobes alternes avec les sépales, courts, réfléchis, couverts de poils sur la face interne. Elle est co- ” lorée en rose. L'’androcée est formé de dix étamines insérées comme la corolle sur un disque hypogyne, cinq sont opposées aux sépales et cinq aux pétales. Les filets .sont indépendants de la corolle et libres entre eux ; ils sont pubescents et terminés chacun par une anthère à deux loges déhiscentes par un pore terminal introrse. Chaque anthère est munie vers le sommet, sur la face dorsale, de deux appendices . filiformes à peu près aussi longs que le filet. L’ovaire est libre, formé de cinq car- pelles, divisé en einq loges dont chacune renferme un seul ovule anatrope, inséré dans l'angle interne, pendant, à micropyle dirigé en haut. L’ovaire est surmonté #. d’un style filiforme, terminé par une surface stigmatique capitée. Le fruit est une petite drupe globuleuse, rouge, à chair âpre, contenant cinq noyaux monospermes, Les graines sont pendantes et contiennent, sous un tégument arilliforme, un albu- men charnu et un embryon droit à del supère. En France, cette Le plante fleurit « en avril et mai. [TRan.] ÉBÉNACÉES FRUIT DE DIOSPYROS. Fructus Diospyri. _ Origine botanique, — Le Zospyros Embryopters Pers. (Embryopteris … glutinifera RoxBURGH) est un arbre toujours vert, de taille moyenne ou élevée, originaire de la côte ouest de l'Inde, de .. du _ de = Burma, de Siam et de Java (1). (a) | Historique, — Cet arbre, qui possède un nom sanscrit, était connu de _ Rheede, et fut figuré dans son Hortus malabarieus (2). Sie William _ Jones Appaù à present en PA 7ass que les ne encore serres contien- LA Li CURE On trouvera une ie complète de cet Me et a se ste à la- _ quelle à il appartient dans : Hier, Monograph of Ebenaceæ a : _ bridge Philo sé +678, KB RÉ è Aus I, wi LES 5 bore HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE Vote, ET l'Inde pou enduire les carènes de leurs barques. L'introdfétién: de ce fruit dans la pratique médicale est due à 0” Shauglinessy (1). Elle à été suivie de son admission dans la Pharmacopée de l'Inde en 1868. Description, — Le fruit est ordinairement solitaire, subsessile ou pé- donculé, globulaire ou ovoïde. Il a de 4 à 5 centimètres de long. Il est entouré à la base par un large calice divisé en quatre lobes profonds. ILest jaunâtre et couvert d’un duvet couleur de rouille. En dedans, il est pulpeux, et divisé en 6-10 loges, qui contiennent chacune une graine solitaire, aplatie. Avant la maturité, la pulpe est très-astringente, mais elle perd peu à peu cette qualité, au point de devenir comestible, Son lorsqu elle est fout à fait mûre. On n'emploie le fruit qu'avant la matu- k : rité et à l’état frais. Composition chimique. — On n’a pas encore fait d'analyse conve-. Re nable de ce fruit, mais on ne peut pas douter-qu'il ne soit, comme celui des autres espèces de Déospyros, riche en tannin avant la maturité. Charropin (2), qui a étudié, en 1873, le fruit du Déospyros Vérginiana Li d'Amérique, y a trouvé un acide tannique qu'il regarde comme identique Fe 0 avec celui de la noix de galle, une grande quantité de pectine, du glu- HR cose, et une matière colorante jaune, gas on dans l’eau, mais faci- Me * lement soluble dans l'éther. sé MS CT à Usages. — Le suc épaissi du fruit de Déospyros à été sécondnindd EME Comme astringent, contre la diarrhée et la dysenterie chronique. CE (a) Les Diospyros Dauécnawps (Hist., lib. IL, cap. xx1, 349) sont des Ébénacé 5" à fleurs dioiques. ou polygames, ordinairement tétramères et à ovaire divisé Rs. 4 ou 8-16 loges. A Le Diospyros Embryopteris Persoon (Synops. 5 4E 62%, ne 6) a des fleurs régus lières, diviques ou polygames. Les fleurs mâles sont didjosées en grappes de cymes Fe pauciflores, axillaires, Elles sont ordinairement tétramères, parfois pentamères, pu- bescentes, jaunâtres, accompagnées de bractées caduques. Le calice est panoseps à -_ étalé, à quatre divisions profondes et pubescentes en dedans. La corolle est cam nülée; à lobes obtus, pubescents en dehors, glabres en dedans, imbriqués da préflcraison. L'androcée est formé d’étamines en nombre indéfini, à peu près. mème taille, insérées directement. sur le réceptacle ou connées avec. la anthères linéaires, dressées, plus on moins velues, à filaments très-ct bifides au sommet, Au centre dé la fleur il existe parfois un rüdiment Les fleurs femelles sont disposées en petites eymes à pédoncules très-court , taires à Faissellé des feuilles, Elles sont pere De sue qe 40 PS org ne HSERMACÉERS. corolle est divisée en lobes courts presque dressés. L’androcée est représenté par un à douze staminodes velus, connés à la base de la corolle ou en par'ie hypogynes, à anthères parfois fertiles, L'ovaire est globuleux, glabre, rougeûtre, glanduleux ou entouré à la base d’un cercle de poils. Il est divisé en huit à dix loges contenant ‘chacune un seul ovule anatrope suspendu, inséré dans le haut de l’ängle interne de la loge. L’ovaire est surmonté de quatre styles étalés, velus à la base, dilatés et lobés au sommet. Le fruit est globulaire ou ovoide, glanduleux ou glabre, à 6-8-10 ; loges, entouré à la base par le calice persistant. Les graines contiénnent un albu- men cartilagineux et un embryon axile à radicule supère et à cotylédons foliacés. Le Diospyros Embryopteris est un arbre de taille moyenne, dressé, à rameaux épars, étalés, glabres dans le jeune âge, à écorce à peu près glabre, colorée en brun fer rugineux. Les feuilles sont alternes, oblongues ou ovales, ordinairement acumi- nées, obtuses à la base, coriaces, glabres, pétiolées, r6tenlées, molles et rouges dans le jeune âge, dépétrtüéd de tipéles, (Voy. in Botanical Register, VI, t, 499.) re ] STYRACÉES RÉSINE DE BENJOIN. | & 3 Resina Benzoë ; bénciteuts: Benjoin ; angl., Bensoin, Gum Benjamin: ; allèm., Bensoëharz (1), Origine botanique, — Séyrax Benzoin DayanEr. C'est un arbre de _. moyenne taille, dont la tige atteint la grosseur du corps de l’homme et er se termine par une belle couronne de feuillage. 11 est indigène de Su- matra et de Java. C'est la première de ces îles qui produit le Benjoin (a). L'arbre qui produit le Benjoin supérieur de Siam, quoique commu- nément rapporté à cette espèce, n'a jamais été étudié botaniquement, et est actuellement inconnu. D'après l'expédition française d’explora- tion du Mékong et de la Cochinchine (1866-68), cette drogue serait pro- duite dans les forêts qui fournissent la Casse, sur la côte orientale du : Mékong, vers 19 degrés de latitude nord. Nous i ignorons si une cer- laine quantité de Benjoin, est produite, comme le supposait Royle, par le gene Finlaysonianum W aix (a). | _ Historique, — Îl ne paraït pas que les Grecs et les Romains (2) ni les Ro Te anciens médecins arabes aient eu connaissance du Benjoin. On ne < is À : reconhait pas non plus cette drogue parmi les marchandises que les % _ commerçants afabes et persans transportaient en Chine, entre Je : ).Le Benjoin se nomme en malais et en javanais : Kamänan, Koniieh et Ka- nn: nayan, en abrégé Mâñan et Miñan (Grawturd) ; en siamois : Fit etKan-Yan: en _ chinois : Ngdn-si-hidng. e " (9 Crawfurd suppose que e Malabathrum des anciens st le Ie Benjon, dict, Islands, 50). MPLNE AS Le: AL ner , rte Ni # L “HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. st dixième et le treizième siècle, quoique le Camphre de Sumatra, soit expressément nommé. La première mention du Benjoin dont nous ayons connaissance se trouve dans les Voyages d’Ibn Batuta (1), qui visita Sumatra pendant son expédition en Orient, de 1323 à 1349. 1] note que cette île produit de l'Encens de Java et du Camphre. Le nom de Java désignait à cette époque l’île de Sumatra ; il était même employé par les Arabes pour indiquer, d’une façon générale, les îles et les produits de l'Archipel (2). De là dériva le nom arabe de Lubän Jäwi, c'est-à-dire Encens de Java, qui s’est transformé par corruption en Panjawi, Benjui, Benzui, Benzoë et Benzoïn, et en un nom anglais plus vulgaire encore, celui de Zen- Janin. Nous ne possédons pas d’autres renseignements sur cette drogue, jusque dans la dernière moitié du siècle suivant, où nous trouvons qu'en 1461, le sultan d'Egypte, Melech Elmaydi, envoya à Pasquale Malipiero, dore de Venise, un présent'de 30 rotoli de Benzoi, 20 rotoli | de Bois d'Aloès, deux paires de tapis, un petit flacon de Baume dela Mecque, 13 petites boîtes de Thériaque, 42 pains de sucre, 3 boîtes de Sucre Candi, une corne de Givette, et 20 pièces de porcelaine (3). Agos- tino Barberigo, un autre doge de Venise, reçut de même, en 1490, du sultan d'Egypte, 35 rotoli de Bois d'Aloës, la même quantité de Benzut et 100 pains de sucre (4). Parmi les épices précieuses envoyées d'Egypte, en 1476, à Catarina Cornaro, reine de Chypre, se trouvaient 40 livres de Bois d’Aloès et 15 livres de Benzui (3). Ces faits indiquent le haut prix qu'on attachait à cette ee à l'époque “2 sa e_.. introduction en Europe. : ; Aie. à Le Benjoin de Siam est noté dans le journal dis voyage de Vasco de Gama (6). Dans l’énumération des royaumes de l'Inde, il est établi que. Xarnauz (Siam) (7) fournit beaucoup de Benjoin, coté 3 cruzados, et d'a- _ loës, coté 25 cruzados par farazola. D'après le même récit, le ne eu DA Var (1) Voyages d'Ibn Batoutah, trad. Dérrémeny et Sanaunerm Pass, Ass. 223, 240. (2) Your, Book of Ser Marco Polo, A8, IL, 228, (3) Muraront, Rerum Italicarum Scriptores, 1783, XXII, ro. — 100 er répons _ dent à environ 80 kilogrammes. ct - .(s) L. De Mas pre pt de l'ile de se if ele, pre 1 4 183. + sb NN HOT NDS CERRE Benjoin (Beijoim) était, à eee jo de 1 cruzado par arratel, la de du prix du Bois d'Aloës. Le voyageur portugais Barbosë, qui, en 41511, visita Calicut, sur la À côte de Malabar, constata que le Benzur était un article d'exportation des plus estimés, un /arazola (22 livres 6 onces) coûtant de 65 à 70 fa- » noes,le camphre valant à peu près autant, et le macis de 25 à 30 fanoes = seulement. Nous savons d'autre part que le Benjoin constituait, au com- _ mencement du seizième siècle, un des articles du commerce de Venise. © Garcia d'Orta, qui écrivait à Goa dé 4534 à 1563, fut le premier à donner sur le Benjoin des renseignements précis et scientifiques, Il exposa avec détail les procédés de récolte, et distingua la drogue de Siam et de Martaban de celle qui était produite par Java et Sumatra. : Dans la première partie du dix-septième siècle, il existait des rela- | fe tions commerciales directes éntre l'Angleterre et Siam et Sumatra. Il ie __ exista à Ayuthia (Siam), une factorerie anglaise jusqu'en 1693, et le : Benjoin fut, sans aucun doute, une des marchandises importées, L'im- | ï. a _pôt levé en Angleterre sur ce: produit, en 1635, s'élevait à 10 s. par livre (1). L'acide Benzoïque fut décrit, dès 1617, par Blaise de Vige- nère (2), et même avant lui par le célèbre astrologue Michel de Nostre- Dame, dans son « E£rcellent et moult utile opuscule à touts nécessaire qui ’ î = désrrent avoir cognoïssance de plusieurs exquises receptes », 1556. Production. — Le Benjoin est recueilli dans le nord et dans l’est de . Sumatra; surtout dans le district de Batta, situé vers le sud de l'état ‘ d'Achin (3). L'arbre croit aussi en abondance dans les terres élevées de Palembang, dans le sud de li le, où l’on recueille la résine. C’est principalement dans le voisinage des côtes qu’on en trouve des planta- tions considérables. Teysmann a observé sa culture sur le cours de la rivière Batang Leko, où les arbres atteignaient environ 45 pieds de haut. Le Benjoin qui provient de SIOTIOUE, est récolté, en majeure (1) The Rates of Marchandizes, Lond., 1635. (2) Traicté du Feu et du Sel, Paris, 1622, 91: — On dit qu'il en existe une édition de 1608, que nous n’avons pas vue, de: (3) Miquez, Prodromus Floræ Sumatranæ 1860, 72, — Marsn 7 mt 1783, 193, Ce dernier résida à Bencoolen RER RÉ PTre ; du gouvernement anglais. Ses échantillons de Benjoin sont maintenant dans le musée de la l’harmaceutical Society. L'assertion de. Crawfurd (Dict. of the Indian Islands, È Fe 1856, 50). d’après laquelle le Benjoin serait recuailli à Bornéo (On the Northern Coast in the Territory of Brunai) est pour nous inexplicable, M, Saint-John, consul anglaisà . Bornéo, dans un rapport officiel sur le commerce de Brunai, daté de cette ville, du 59 janvier 1858, énumère les divers probe #æ; district, mais. ne ; ke + - Benjoi és huit ans en qualité d’employé ‘ ÿ _ HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 43 partie, sur des arbres sauvages qui vivent au pied des montagnes, à une altitude de 90 à 300 mètres, U … Ges arbres croissent rapidement ; on les sème sur les bords des riziè- res et ils n'exigent aucun autre soin que d’être débarrassés du voisinage de toute autre plante, jusqu'à ce qu'ils aient six à huit ans.‘ Leur tronc a alors de 45 à 20 centimètres de diamètre, et ils sont susceptibles de four- nir de la résine. À cet âge, on incise la tige ; il s'en écoule un sue résineux,épais, blanchâtre, qui ne tarde pas à durcir par l'exposition à : l’air, et qu'on recueille avec soin à l’aide d’un couteau. RON = Chaque arbre continue, pendant dix à douze ans, à donner environ 3 livres par an de résine. Ensuite on les abat, La résine qui s'écoule pendant les trois premières années passe pour être plus riche en lar- mes blanches, et par suite de qualité supérieure à celle qui s'écoule ul- térieurement ; elle est désignée par les Malais sous le nom de //ead Ben- zoin. Celle qui suinte pendant les sept ou huit années suivantes est plus brune et moins estimée ; elle est connue sous le nom de Zelly Ben- zoin, La troisième sorte, nommée Foot Benzoin, est obtenue en fen- dant l'arbre et raclant le bois. Elle est Rs de beaucoup d’écorce, et de débris (1). Rià Le Benjoin est apporté pour la vente ni les ports is cumatiié en larges pains nommés Tampangs, enveloppés dans des paillassons. On les brise et on les fait ramollir, soit par la chaleur du soleil, soit par l’eau bouillante, puis on les emballe dans des caisses carrées, se ls TR résine est destinée à remplir complétement. i Les seuls renseignements que nous possédions sur la école du es +. join de Siam.ont été donnés, il y a quelques années, par Sir R:H.Schom- “burgk, consul anglais à Bangkok (2). Il dit qu'on-incise toute la sur- face de l'écorce, et que la résine qui s'écoule, s’aceumule et durcit.entre le bois et l'écorce qu’on enlève ensuite. Ce renseignement est confirmé | par l'aspect de certains benjoins de Siam, du commerce, et par celui des morceaux d'écoree qui sont en notre possession ; mais il est 6 que tout le Benjoin de Siam n’est pas obtenu par ce procédé. Scho burgk ajoute que la résine est très-détériorée et brisée pendant son ue (1) La expressions anglaises, Head (tête), Belly (ventre) et Pol ba Lg 4 a à nos mots supérieur, moyen et inférieur, Elles sont employées, en pour Le guer les qualités de plusieurs autres marchandises, notamment le Camphré de Bornéo, les nids comestibles d’o , le Uardamome, lé Galbanum, ete. 2 UT Sd sés à quelque source . : LES : 2 STYRACÉES, ; transport, dans des petits paniers, sur le dos des bœufs, jusqu'aux par- ties navigables du ‘Menam, d’où elle descend à Bangkok (4). Ilreste encore à rechercher si le Benjoin doit sa fluidité primitive à pe huile volatile, tenant la résine en dissolution, et déterminant par | son évaporation la solidification du produit, ou si la résine elle-même = dureit par oxydation, phénomènes qui produisent la diversité remar- … quable d'aspect qui existe entre le liquide opaque et laiteux primitif _ et la résine complétement transparente du commerce, Description. — Le Benjoin (toujours désigné, dans le commerce an- _ glais, sous le nom de Gum Benjamin) est distingué en deux sortes: . celui de Siam et celui de Sumatra ; toutes les deux présentent des de- _grés variables de pureté et de grandes différences d'aspect. 4° Benjoin de Siam. — La sorte la plus estimée consiste entièrement en larmés aplaties ou en gouttes de résine, qui ont de 2 4/2 à 5 centi- mètres de long, sont opaques, d’un blanc laiteux, et étroitement aggluti- nées. Plus fréquemment, la masse est tout à fait compacte, et consiste . en une certainé quantité de larmés blanches, de la taille d’une amande, englobées dans uné résine translucide d’une belle coloration brun . d’ambre foncé. Parfois Ja résine translucide prédomine et les larmes” blanches manquent presque complétement. Dans quelques envois, les Jarmes de la résine blanche sont très-petites et la masse entière a l'as- _pect d’un granit brun-rougeâtre. Il existe toujours un certain mélange de fragments de bois, d'écorce èt d’autres impuretés accidentelles. Lorsqu'on brise leslarmes blanches, elles montrent une certaine stratifi: cation, avec des couches plus ou moins translucides. A la longue, la résine d’abord d'un blanc laiteux, devient brune et transparente à la surface. D'après lés recherches de l’un de nous (F.), cette opacité ne paraît pas due à de l’eau, mais plutôt à un état a particulier _(semi-cristallin ?) que prend la résine. Le Benjoin de Siam est très-cassant; dans les larmes opaques, la _cassure est un peu cireuse; elle est vitreuse dans là partie trans- parente. Il se ramollit facilement dans la bouche, et se laisse facile- … ment mâcher comme le mastic. Son odeur est très-délicate, balsamique, semblable à celle de la vanille, mais sa saveur est très-faible. Lorsqu'on + le chauffe, il exhale une odeur très-forté, et dégage des vapeurs irri- tantes d'acide benzoïque. Il fond à 15° C. La présence de l'acide ben- à 0ïque peut être révélée par l'examen microscopique de rate minces à À “de résine placées dans l'huile de térébenthine. - (0 Plan. Journ., 1868, LL, 498. 0 - PRE a HISTOIRE DES DROÔGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 45 Le Benjoin de Siam est importé en blocs cubiques, dont la forme est moulée sur celle des caisses en bois dans lesquelles il a été emballé pendant qu'il était encore mou. ia Re 2 Benjoin de Sumatra. — Avant le renouvellement de nos rela- tions commerciales directes avec Siam, en 1853, cette sorte de Ben-. 5 Join était la plus commune dans le commerce. Elle est importée en oo blocs cubiques semblables à ceux de la sorte précédente, dont ils dif- fèrent par une teinte généralement plus grise. Lorsque la drogue est de bonne qualité, la masse contient de nombreuses larmes opaques, englobées dans une résine translucide d’un brun grisätre, mélangée de fragments de bois et d’écorce. Lorsque la qualité ést moins bonne, les larmes blanches manquent et la proportion des impuretés est plus considérable, Nous avons même des échantillons formés presque entiè- rement de fragments d'écorce. L'odeur du Benjoin de Sumatra est plus faible et moins agréable que celle dé la drogue de Siam. L’appa- rence de cette sorte de Benjoin est généralement moins belle, et sa . pureté moins grande, d'où son prix de beaucoup inférieur ({). La por- tion colorée en brun grisâtre fond à 95° C., les larmes à 85° C. Nous n'avons pas encore examiné le Benjoin de Zanzibar mentionné dans le Pharmaceutical Journal du 4 novembre 1876, p. 383. " d'a Les droguistes de Londres distinguént une variété de Benjoin dé _ Sumatra sous lés noms de Penang Benjamin où Storax-Smelling Ben- . Jamin. Nous en avons vu d'une très-bellé qualité, avec des larmes blan- ches, dont quelques-unes avaient jusqu'à 5 centimètres de long, englo- bées dans une résine grisâtre (2). Son odeur est très-agréable; elle diffère nettement de celle du Benjoin de Siam et de celle du Benjoin ordi- à aire de Sumatra. Nous ignorons si cette sorte est produite à Sumatra, | et si elle découle du Styrar Benzoin ; mais il est digne de remarque Me que le S. subdenticulatum Miquez, qui habite l’ouest de Sumatra, porte e. : le même nom indigène (Kajoe Kimënjan) que le S. Benzoin ; Miquel dit de lui : «an etiam benzoiferum ? » (3). Composition ane — Le aie est composé | en É | Ce on Dans le Public DE on mai 18%, les es noR. établis de ps fa Fe de Siam, 1°e et 2° qualité, de 10 à 28 L. st. le gui Benjoin Are et 2e qualité, de 71,140 8. à LES rose 63 à (2) ii de cette dr ue (3) Prod. Re "4e retro SÉRAGRES, re + 1 _ fait désigner sous les noms d’apha-résine, beta-résine, etc. Cependant elles paraissent avoir les mêmes propriétés essentielles. Lorsqu'on fait fondre du Benjoin avec de la potasse, il se décompose en partie et four- nit, d'après Hlasiwetz et Barth, parmi d'autres produits, de l'acide Pro- 4 tocatéchuique (plus de 5 pour 100), de l'acide Para-oxybenzoïque C'H°0*, ,{ etdela Pyrécatéchine. , _} Soumis à la distillation sèche, le Benjoin donne, comme produit prin- cipal, de l'acide Benzoïque, C'H°O?, et des principes empyreumatiques, parmi lesquels Berthelot a démontré la présence (dans le Benjoin de Siam) du Styrol. L'acide benzoïque existe tout formé dans la propor- tion de 14 à 18 ou davantage pour 100. Quoique cet acide se dissolve facilement dans 12 parties d’eau bouillante, la résine à laquelle il est mélangé empêche de l'extraire complétement par ce procédé. Cette extraction est cependant accomplie facilement à l’aide d’un alcali, et _… avec plus d'avantages à l’aide d’un lait de chaux qui ne se combine pas avec la résine amorphe, Le Benjoin n’est pas attaqué d’une façon manifeste par le bisulfure dé carbone ; mais, si on le laisse en contact avec lui pendant un mois ou - deux, il se montre de très-gros cristaux incolores d'acide benzoïque, Transportés dans une chambre chaude, ces cristaux se dissolvent rapi- dement, mais se reproduisent avec facilité sous l'influence du froid. "Le plupart des pharmacopées prescrivent, non point l'acide inodore + SRE obtenu par la voie humide, mais celui qui se dégage dans la sublima- =. tion sèche, et qui contient une petite proportion de principes empyreu- : matiques odorants. | La résine, soumise à des sublimations répétées , donne jusqu'à 44 pour 100 d’aeide benzoïque. On sait depuis longtemps que les larmes blanches, opaques, du Benjoin, sont moins riches en acide benzoïque que la résine brune transparente dans laquelle elles sont. englobées, S. W. Brown a retiré de cette dernière, en 1833, 43 pour, 100 d'acide _ impur, et des larmes à peine 8 et demi pour 100, Nous ne somines pas * certains que cette différence soit constante. L'huile d'amandes amères qui, par oxydation, fournit de l’acide ben: . 4oïque n'existe pas dans le Benjoin. On n° : y trouve.en réalité que très-peu =. d'huile volatile. Une demi-livre de Benjoin de Penang, de la meilleure _ qualité, ne nous a donné par distillation avec l'eau que quelques gouttes . dune huile extrêmement odorante M 2 43 she ST Le chlore ferrique colore la solntion alcoolique de Benjoin en vert … brunâtre sombre, coloration que ne prend pas, sous la même influence, - HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. dr. la décoction aqueuse de la résine réduite en poudre. Gette réaction ne peut donc pas être attribuée au tannin. Le Benjoin se dissout dans l'huile froide de vitriol en formant une solution d'une splendide couleur carmin, de laquelle l’eau sépare des cristaux d'acide benzoïque. mo _Kolbe et Lautemann, en 1860, découvrirent dans le Benjoin de Pe- ._nang et de Siam, indépendamment de l'acide benzoïque, un acide d’une constitution différente, qu'ils reconnurent, en 1861, pour de l'acide Cinnamique, C'H°0?, Aschoff, en 1861, trouva dans un échantillon de Benjoin de Sumatra, seulement de l'acide einnamique dans la pro- portion de 41 pour 100, et dans un Benjoin amygdaloïde de Siam et de, Penang l'acide Bénzoïque seul. Dans quelques échantillons de ce m7. dernier, l’un de nous (F.) a trouvé aussi de l'acide cinnamique. En À + triturant cette sorte avec du peroxyde de plomb, et faisant bouillir le mélange dans l’eau, on détermine la production de l'odeur d'amandes amères due à l'oxydation de l'acide cinnamique. ae La présence simultanée, dans le Benjoin, des deux acides benzoïque Ro et Cinnamique ou l'absence de l’un ou de l’autre sont dues à des circon- k slances encore inconnues. ne E Commerce. — Les statistiques de Singapore (1), qui est le grand entrepôt du commerce de l'archipel Indien, établissent qu'en 1871 les importations de Benjoin s’élevèrent à 7 442 quintaux. Sur cette quantité, 6185 quintaux avaient été expédiés de Sumatra et 405 quintaux de Siam. Penang, qui sert aussi de marché pour cette drogue, paraît, d’après le même document, avoir reçu de Sumatra pour être réexpédiés, 4959 quin- taux de Benjoin. Padang, à Sumatra, exporta, en 1870, 4 303 peculs 122 q.) et, en 1874, 4 064 pecüls (4838 q.) de Benjoin (2). Les impor- tations de Benjoin, de Bombay, pendant l'année 1871-72, ne furent pas moindres de 5975 quintaux, et les exportations, de 1043 quintaux (3). Usages. — Le Benjoin parait être à peu près dépourvu de proprié= tés médicinales et n’est que peu employé. Il est importé surtout pour être utilisé comme encens dans les temples de Te grecque. sé ns pbuiites à calice télé et à rois RARES à androcée “ _ &ovaire à demi infère, nca et à fruit EEE vs nat à ® Cole Reports, août 1873, 053. pr Siatement US the Trade and Novipation: of t à Ur UE | oLÉAGÉES. Fe: Le Sityrax Benzoin Diffiiben (in Philos. Trans. LXXVII, 308, t. 49) est un petit arbre à feuilles alternes, simples, dépourvues de shit, oblongues-acuminées, cour- tement pétiolées, colorées en vert foncé et glabres en dessus, couvertes sur la face infé- « rieure de poils blanchâtres. Les fleurs sont disposées en cymes axillaires plus longues que les feuilles. Le calice est urcéolé, divisé en cinq dents aiguës, persistant. La corolle est formée de cinq pétales unis en tube à la base, beaucoup plus grands que les sépales, alternes avec ces derniers, valvaires dans le bouton, jaunes-verdàtres en dehors, : rouges en dedans, un peu charnus. L’androcée est formé de dix étamines, cinq oppo- sées aux sépales et cinq opposées aux pétales, toutes fertiles, à filets adhérents avec le tube de la corolle, à anthères biloculaires, introrses, déhiiicatés par deux fentes longitudinales. L'ovaire est à demi infère, ovoïde, triloculaire, surmonté d’un style _ trilobé. Chaque loge contient un nombre variable d’ovules insérés dans l'angle in- terne, anatropes, à micropyle dirigé en bas et en dehors, Le fruit est une drupe à noyau monosperme par avortement, Les graines sont albuminées, [Tran.] OLÉACÉES MANNE. Manna ; angl. et allem., Mañna. " ‘| @rigine botanique, — /raxinus Ornus L. (Frazinus europæa PERs.). ne Le Frêne à Manné.est un petit arbre qu'on trouve en Italie, d’où il s'étend vers le nord jusque dans le canton du Tessin en Suisse et le sud. du Tyrol. On le trouve aussi en Hongrie (Buda) et sur la côte orientale de l’Adriatique, en Grèce, en Turquie (Constantinople), en Asie Mineuré près de Smyrne, et à Adalia sur la côte sud, 1 croît en Sicile, en Sar- daigne et en Corse. On le trouve en Espagne, à Moxente, dans la pro- “vince de Valencia (1). Il a été introduit, en qualité d'arbre ornemental dans l'Europe centrale, où il atteint souvent de grandes dimensions. Il _ s'élève parfois, en effet, jusqu'à 9 mètres de haut. Il fleurit au commer- _ cement de l'été. Il se couvre alors de nombreux panicules de fleurs d'un + blanc sombre qui lui donnent un aspect très-agréable. Ses feuilles | -_ offrent beaucoup de variations dans la forme de leurs folioles, même | sur les arbres incultes. _ fruits présentent aussi des formes très- variables (a). - Dans quelques points de la Sicile, on retire une petite quantité de on Manne du Frêne commun, Fraxinus excelsior L. (b): É ki sr Historique, — Le nom de Manne, donné d'abord à l'aliment miraculeux ue qui passe pour avoir nourri les Israélites pendant la traversée du désert, 1 Lei Le Fraxinus ana DC. ' nt La, + so + axbre du nord de la Chi, pari ètre qu peu d dis continentale, il ajoute qu’on l’obtient aussi en Sicile (4). HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE, 4 a été ensuite employé pour désigner d'autres substances d’origine et de ‘nature diverses. Parmi elles, la plus importante est l’exsudation sucrée du Fraxinus Ornus L. qui constitue la Manne de la médecine européenne. D'après des recherches récentes (1), il paraît évident qu'avant le quinzième siècle, la Manne employée en Europe était importée d'Orient et ne provenait pas d’un Frêne. Raffaele Maffei, nommé aussi Volater- ranus, écrivain de la seconde moitié du quinzième siècle, dit qu'on commença, de son temps, à recueillir de la Manne en Calabre, mais qu'elle était inférieure à celle de l'Orient (2). A cette époque, la Manne : qu'on recueillait s'écoulait spontanément dés feuilles de l'arbre et por- fait le nom de Manna di foglia où Manna di fronda. Celle qui s’écoulait de la tige se nommait Manna di corpo et était moins estimée. Toute cette Manne coûtait fort cher. ; Vers le milieu du seizième siècle, on commença à faire des incisions au tronc et aux branches. Cette coutume fut vigoureusement combat- tue, même à l’aide d'ordonnances législatives ; mais, comme elle four: nissait aux collecteurs une quantité plus considérable de marchandise, _elle finit par être généralement adoptée. La Wanna di foglia finit par être inconnue au point que Cirillo de Naples, en 4770, mettait en re qu'elle eût jamais existé (3). En ce qui concerne l'histoire de la production de la Manne en Siéties il existe un fait curieux. Près de Cefalù, dans la chaîne de Madonia, se trouve une éminence nommée Gibelman ou Gibelmanna.Ce nom, qui, en arabe, signifie montagne de la manne, n’est pas d’origine moderne, on le trouve dans un diplôme de l’année 1082, relatif à la création de l'évêché de Messine, et ilest considéré comme preuve que la Manne était recueillie dans cet endroit à l’époque de l'occupation de la Sicile par les Sarrasins, de 827 à 4070. Nous n’avons pu obtenir aucune démonstration de ce fait. D'autre part, il est remarquable qu'aucun écrivain, aussi loin quere- montent nos connaissances, ne mentionne la Manne, comme production ati de la Sicile, antérieurement à Paolo Boccone, de Palerme. Après avoir nommé plusieurs localités où l’on récoltait cette drogue dans pce Jusqu'à une époque récente, la Maremme de Toscane produisait aussi de la Manne ; mais il n’en arrive plus aujourd'hui dans e Re, ; (1) Haxeunry, Historical Notes où Wanna, à in Pharm. Journ ; 1870, Papers, 355. pe (2) Commentarii Urbani, Pad, 4818, ns (8) Phil, Trans., 4771, LX, 238. (4) Museo di Fisica, Venet., 1697, Obs. “HIST, DES. mere Te Te 50 ox OLÉACÉES. 1 ni de cette localité, ni des Etats de l'Eglise, où l'on en recueillait à l'époque de Boccone. Cependant, on applique encore le nom de Tolfa, ville voisine de Civita Vecchia, à une sorte inférieure de Manne. La récolte de la Manne, très-importante en Calabre avant la fin du siècle dernier, n'y existe maintenant presque plus (1). Production. — La Manne du commerce est recueillie, aujourd'hui, uniquement en Sicile. Les principales localités qui la produisent sont les districts voisins de Capaci, de Carini, de Cinisi et de Favarota, petites villes situées à 25 milles à l’est de Palerme, près des bords de Castella- mare. On en recueille aussi à Geraci, Castelbuono et autres points du district de Cefalù, situés à 50 ou 70 milles à l’est de Palerme. Le Frène à Manne ne forme plus, dans les districts qui fournissent la meilleure Manne, des bois naturels, mais ils sont cultivés dans des plantations régulières désignées sous le nom de frassinetti. Les arbres atteignent de 3 à 6 mètres de hauteur. Ils sont disposés en rangées, à 2 mètres de distance les uns des autres. De temps à autre, on laboure le sol entre eux et on le fume. Lorsque l'arbre est àgé d'environ huit ans et que sa tige a atteint au moins 8 centimètres d'épaisseur, la récolte peut commencer, et continuer pendant dix ou douze ans. On abat alors, généralement, la tige de l'arbre et un jeune rejeton s'élève, à sa place, sur la même souche. Du même pied s'élèvent ainsi quelquefois deux ou trois tiges. Fire Pour obtenir la -Manne, on pratique dans l'écorce des incisions trans: versales qui pénètrent jusqu'au niveau du bois et sont situées à 4 ou 3 centimètres l’une de l'autre. On fait chaque Jour une incision nou- _velle; la première au moment de la floraison de l'arbre, la seconde directement au-dessus de la première, et ainsi de suite jusqu'à la fin de la saison sèche. L'année suivante, on pratique les incisions sur une partie intacte de la tige et on agit de la même façon pendant chaque saisot sèche. Au bout de quelques années, lorsque l'arbre a été incisé sur toute sa surface et qu'il est épuisé, on l’abat. On enfonce dans les inci- sions des petits morceaux de bois ou de paille qui se recouvrent d'une Manne de qualité supérieure, nommée Manna a cannolo, inconnue dans _ le commerce comme sorte particulière. La belle Manne que nous voyons d'habitude paraît s'être durcie sur la tige de l'arbre, La Manne qui s'écoule des incisions inférieures, et qu'on recueille souvent sur des tuiles ou des fragments de tiges d'Opuntia en forme de coupes, est moins 6% Hañpunx, in Giomnale Botanico Italiano, oct, 1852, 87 ; Pharm. Journ., 30 nov. ui | Ld : Met ye slf : ik PA à mu F + HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 5 ' cristalline, plus gommeuse et plus gélatineuse, et considérée comme de qualité inférieure. Le moment le plus favorable pour inciser les tiges répond aux mois de juillet et août, les arbres ayant, à cette époque, cessé de produire des feuilles. Pour obtenir une bonne récolte, il est nécessaire que la température soit sèche et chaude. Après avoir recueilli la Manne, on Pabandonné sur des planches pour la faire sécher et dur- cir avant de l'émballer, La Manne qui reste sur la tige après qu'on a recueilli les plus beaux morceaux, est enlevée séparément et constitue la petite Manne du commerce (1). Séerétion, — Nous avons étudié au microscope l'écorce des tigès du Frazinus Ornus qu'on incise à Capaci pour obtenir la Manne ; nous n'y avops trouvé aucune organisation particulière pouvant expliquer la for- mation de la Manne, ni aucune apparence que l'exsudation saccharine soit due à une altération des parois cellulaires, comme cela existe pour la gomme adragante. Cette écorce est pauvre en matière tannique ; elle contient de l'amidon et donne à l’eau une magnifique CR due à la présence de la Fraxine. l Description, — Les pharmacologistes ont employé diverses dénomi- nations pour désigner les qualités de la Manne, mais dans le cotimetcé anglais ces noms ne sont pas actuellement employés. Les meilleures qualités de Manne y sont désignées sous Je nom de lake Manna (Manne en larmes ou mieux en stalactiques des pharmacologistes français), tandis que les morceaux plus petits, imparfaitement agglutinés, sont nommés petite Manne ou Tolfa Manna (Manne commune ou Manne en sorte des pharmacologistes français). . : La Manne se présente sous un aspect ialaëtiforme dû à l'exsudation graduelle du suc et au dépôt successif des couches les unes au-dessus des autres. Les plus beaux morceaux ont le plus souvent la forme de ba- _ guettes triangulaires ayant parfois jusqu'à 45 à 20 centimètres de long et 2 centimètres et demi ou davantage de large, évidés sur la face in- terne qui a été souillée par son contact avec l'écorce. Ils sont poreux, cristallins, friables, colorés en jaune brunâtre pâle, et en blanc presque > pur dans les parties qui ont été le plus éloignées de l'écorce. Les mor-. eaux dont la couleur est pe foncée et dont l'apparence est onctueuse (1) Les senotipnacaenté que nous donnons sur re production dela Manne à écoulent des observations de Stettner, qui visita la Sicile Cons l'été de 1847 (in Archiv | Pharm., TU, 195 ; in Jahresbericht de WiGcens, 1848, 35; in “gr of Bot., de Hooker, 1849, 134), declls de Cleghorn (in Trans. “af the Bot, Soc. et des recherches personnelles faites par l'un de no en mai 1873. Ein, 1888-69, 132) a de Palerme 32 HNIONOEMAGEES 7 ©: : | ou gommeuse sont moins estimés. La bonne Manne est cassante et cro- | quante, et fond dans la bouche; son goût est agréable, sucré, et sem- È blable à celui du miel, mais cependant n'est pas dépourvu d'un peu d'amertume et d’âcreté. Son odeur peut être comparée à celle du miel ou du sucre mouillé. La Manne de la meilleure qualité se dissout, à la température ordi- naire, dans 6 parties environ d’eau, en formant un liquide clair, neutre. Elle contient, indépendamment de la mannite, une petite proportion de _ sucre et de gomme. La Manne qui exsude des vieilles tiges ou des parties inférieures des jeunes arbres eux-mêmes contient une quantité plus ou moins considérable de gomme, de sucre fermentescible et d'impuretés. La température moins favorable de la fin de l'automne et de l'été pro- voque une certaine altération dans la composition du suc et lui enlève, en partie, la propriété de se concréter en masses cristallines. . Composition chimique.—Le principe dominant de la Manne, du moins _ dans les meilleures sortes, est le sucre de Manne ou Mannite, CSH®#0", qui existe aussi, mais en moins grande quantité, dans un certain nombre d'autres plantes que le Frêne. On la produit artificiellement en traitant le glucose, C'H°05, par un amalgame de sodium, et indirectement en faisant fermenter du glucose ou du sucre de canne. Elle est isomérique de la dulcite ou mélampyrine ; elle cristallise en prismes ou en plaques brillants, appartenant au système rhombique ; elle fond à 165° C., et peut, en très-petite quantité, être sublimée par la chaleur sans subir de décomposition. Elle se dissout dans 6 parties d’eau à la température _ ordinaire, moins facilement dans l'alcool étendu d'eau, très-difficilement dans l'acool absolu et pas du tout dans l’éther. La solution ne possède qu'un pouvoir rotatoire très-faible et elle n’est pas altérée par l’ébulli- tion avec les acides ou les alcalis ou avec le tartrate cuprique alealin. … Berthelot a montré que la mannite est susceptible de fermenter, | mais moins facilement que les sucres appartenant au groupe des hy- drates de carbone. Lorsqu'on la mélange avec du noir de platine hu- mide, elle s'échauffe beaucoup et donne de l'acide Mannitiqueincristalli- sable, CH”, et de la Mannitose, CSH°05, sorte de sucre semblable au sucre de raisin, et probablement i isomérique ayec lui, mais optiquement inactif et ne paraissant pas être cristallisable. Traitée par l'acide ni- _trique, la mannite ne fournit ni acide tartrique, ni acide mucique, mais du sucre et une certaine quantité d'acide racémique. Par la distillation | sèche, elle donne de l’acroléine, de l'acide formique et d’autres produits. | Toutes les réactions chimiques de la mannite démontrent qu’ ‘elle UE nc l HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 53. partient au groupe des alcools, et parmi eux elle se rapproche surtout de la glycérine. La quantité de mannite qui existe dans la meilleure Manne varie de 70 à 80 pour 100. Lorsqu'on mélange une solution de Manne avee du tartrate de cuivre alcalin, ce dernier est réduit très-rapidement, même à froid, à l'état d'hydrate cupreux. Cette action est due à la présence d'un sucre qui, d'après Backhaus, est du dextro-glucose ordinaire. Il peut en exister jus- qu'à 16 pour 100, et on le trouve même dans la meilleure Manne, mais il est plus abondant dans les Mannes onctueuses. D'après Buignet (1), ce sucre ne possédant qu’un pouvoir rotatoire peu considérable, il consiste probablement en un mélange de sucre de canne et de lévulose. Il a trouvé cependant qu'une solution aqueuse de Manne dévie fortement la lumière à droite, fait qu’il attribue à la présence d’une forte proportion de dex- trine. Les meilleures sortes de Manne contiennent, d’après Buignet, 20 pour 100 environ de dextrine ; les inférieures, beaucoup plus. Sous l'influence de l'acide nitrique, la dextrine ne donne pas d'acide mucique ; sa solution n’est pas précipitable par l’acétate er de plomb, mais elle est précipitée par l'alcool. Dans nos expériences, nous n'avons réussi à isoler ni de la sat ni du sucre de canne. Il existe, même dans la plus belle Manne, une pe- - tite proportion d’un mucilage dextrogyre qui est précipité par l'acétate neutre de-‘plomb et donne de l'acide mucique par ébullition avec l'acide nitrique concentré. V» On peut retirer, à l’aide de l’éther, des solutions ntnrétrice de Manne, une très-petite proportion de résine d’un brun rougeàtre, qui possède une odeur forte et une saveur un peu âcre, et des traces d'un acide qui _ réduit les sels d'argent et paraît être aisément résinifié. La proportion d’eau qui existe dans les qualités inférieures de Manne s'élève souvent à 40 ou 15 pour 100. La meilleure Manne abandonne environ 3,6 _ 100 de cendres. | La coloration verdâtre de certains morceaux de Manne était it attribués autrefois à la présence du cuivre. Gmelin, se fondant sur la fluorescence + de la solution, l'attribua à l'Æseuline. Elle est due-en réalité à un corps très-ressemblant à l'æsculine, la Fraxine, CH"0*, qui existe dans l'écorce du Frêne à Manne et du Frêne commun, et aussi, en cc ni de l’æsculine, dans celle du Marronnier d'Inde. La D. am : 4 : 40 ude e dans +0 A8. 54 HTENATS : OLÉACÉES. l'alcool, et pourvus d'une saveur astringente et amère, Les acides di- lués la décomposent en Fraxétine, C'HSOÿ, et en glucose, C°H®?05. La présence de la fraxine dans la Manne, surtout dans les sortes infé- rieures, est révélée par la belle fluorescence de la solution alcoolique de la Manne. Commerce. — Les exportations de Manne faites par la Sicile (4), sur- tout par Palerme, ont été : en 1869, de 2546 quintaux, valant 15972 liv. st.; en 4870, de 1 564 quint. valant 40220 Liv. st.; en 4871, de 3038 quint. valant 49528 div. st. La moitié environ de ces quantités a été expédiée en France, Les statistiques commerciales italiennes (2) expri- ment de la façon suivante l'exportation de la Manne en 4870 : an canelli, 58691 kilogrammes ; én sorte, 486 664 kilogr. Le Royaume-Uni a importé, en 4870, 230 quintaux de Manne, évalués à 4 447 liv. st. (3). Falsification, — On ne peut guère dire que la Manne soit soumise à des falsifications, quoiqu'il soit possible de rappeler des.essais d'in troduction d'une Manne fausse fabriquée avec du glucose ; mais des ef- forts considérables ont été faits dans le but de transformer la Manne de qualité inférieure én une sorte ayant l'aspect de la Manne.en larmes naturelle, les fabricants reconnaissant toutefois la nature de leur pro- duit. La Manne en larmes artificielle offre la plus grande ressemblance extérieure avec les très-beaux morceaux de Ja drogue naturelle, mais elle en diffère par l'uniformité plus grande de coloration et parce . qu’elle est débarrassée des quelqués impuretés dont la Manne naturelle n'est jamais exempte. Elle en diffère encore en ce que, lorsqu'on la casse, on ne voit pas de cristaux de mannite dans les interstices des fragments _eten ce qu’elle est dépourvue de l'odeur particulière et de la saveur légèrement amère de la Manne naturelle. Lorsqu'on la fait bouillir avee quatre parties d'alcool à 0,838, on obtient un résidu visqueux, sem- blable à du miel, tandis que la Manne naturelle abandonne une sub- stance dure, non dissoute. Histed (4) a trouvé qu'elle contient seulement 40 pour 100 de mannite, tandis que la belle Manne, traitée de la même façon, en donne 70 pour 1400. Le Usages. — La Manne constitue un laxatif léger, nu. moins emM- pe aujourd'hui en Angleterre qu Ré mais encore très-usité u) Report by Consul Dennis on the commerce and navigation of Sicily in 1869, 1870, RO Direzione generale delle Gabelle : Movimento nr ste del regno d'Italia nel , Milano, 1871. -@) Annual Statement of the trade à navigation 0 the U. K. 0 5870. La AE U On artificial Flake Mannasin Pharm Journ., ss 0. à me she ae e. Leg orge HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 53 dans l'Amérique du Sud, On prescrit souvent, en Italie, la mannite, qui possède des propriétés semblables. AUTRES SORTES DE MANNE. _ Diverses plantes peuvent, comme le Frêne, produire, dans certaines conditions, des exsudations saccharines, dont certaines ont constitué la Manne orientale, employée autrefois en Europe. D’après ce que nous savons, ces produits diffèrent de la Manne officinale en ce qu'ils ne con- tiennent pas de mannite. Manne d'Alhagi: Turanjabin des Arabes, — Elle est fournie par l'Alhagi Camelorum Fiscer, petite plante épineuse de la famille des Légumineuses, de la Perse, de l'Afghanistan et du Beluchistan. D'après les excellents échantillons de cette Manne, qui ont été recueillis pour nous dans le nord-ouest de l'Inde par le docteur E. Burton Brown et par M, T.-W,-H. Tolbort, cette substance se présente en petites larmes ar- rondies, dures, sèches, dont la taille varie depuis celle d'une Museade jusqu’à celle d’un grain de Chènevis ; sa coloration est d'un brun clair, | son goût est sucré, agréable, son odeur ressemble à celle du Séné. D'après Ludwig (1), elle contient des larmes ou des grains eristallins de sucre de canne, un peu de dextrine, une substance mucilagineuse dou- ceâtre et une très-petite quantité d'amidon. M. A. Villiers vient de dé- montrer (janvier 1877) que cette Manne contenait de la mélézitose. Les folioles, les épines et les gousses de la plante, mélangées aux grains de cette Manne, sont caractéristiques et facilement reconnaissables. . La Manne d’Alhagi est recueillie près de Kandahar et de Hérat, On la trouve sur les plantes à l’époque de la floraison. Elle est importée dans l'Inde, de Kabül et de Kandahar, dans la proportion d'environ 23 maunds (2000 livres) par an; son prix est ue à 30 ares ke see ne (30 sh. la livre) (2). 2, Gaz Anjabin des Arabes ; Manne de Tamarix (en partie). PRE - nu les mois de juin et juillet, les arbustes du Tamaris (Tamarix Gallica, var. mannifera EuReNBErG), qui croissent dans les vallées de la pénin- pie _sule du Sinaï, et surtout dans le Wadyÿ es Sheikh, laissent leurs branches grêles, à la suite de la piqûre d'un insecte (Coccus man- a niparus Semen des chymateuses du liber contiennent des cristaux d'oxalate de calcium. Sur une coupe. longitudinale, le liber montre des vaisseaux laticifères 7) … larges, mais peu nombreux, formés par des cellules ordinaires, dont ie les parois transversales sont détruites. Ces vaisseaux sont remplis 2 d'un latex brunâtre concrété, qui abonde dans toutes les DENON de x. l'arbre (6). F4 ee CE chimique, — Gruppe (1), pharmacien à Manille, a re- | tiré de cette écorce une substance amère, incristallisable, qu'il nomme _ Dilaine (2), }, et à laquelle il attribue les propriétés fébrifuges de la drogue. “ré les recherches chimiques faites sur l'écorce d’une plante voisine . d'Australie, V'Alstonia constrieta F. MüLLer, on peut supposer que le | principe amer de l'Astonia scholaris n’est pas un alcaloïde, L'écorce australienne analysée par Palm, dans Je laboratoire de Wittstein (3), _ donna un corps résineux, amorphe, amer, soluble dans l'alcool, mais très-peu soluble dans l’éther et l’eau, une huile essentielle à odeur _camphrée, et une substance tannique, colorée en vert par les sels de fer. Palm s’assura que le principe amer n'était pas une base. L'écorce aus- __tralienne, dont un échantillon a été présenté à l’un de nous par le. doc- # teur Wittstein, est tout à fait différente par les caractères anatomiques 4 : de celle de l’A/stonia scholaris (4). x … (1) Zeitschrift des Œsterreien. Apoth.-Vereins, 1873, 249. @} De Dita, nom de l'arbre dans l'ile de Luzon. } Vierteljahresschrift für prakt., 1863, XII, 161. la présence, dans l'écorce de lA/stonia scholaris, de deux : alcaloïdes, la Ditamine, contient de plus un acide huileux, deux substances amorphes, l'Échicao ine, CH#0Y, et l'Échirétine C#H503, dont la docs mn ue dextrogyre ; MM. Hesse et Jobst (in Annalen der Chemie, 178, 1876, 49) viennent de con- : “ , stable dans l’éther, et la Difaïne, qui se dissout dans le eau, mais pas dans l’éther. s Usages. — L’écorce d’Alstonia a été recommandée comme tonique et HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE, + UT F à : NT" à “> &% À # antispériodique, mais elle n’a pas encore été employée en Europe . 4 - (a)Les Alstonia R. Browx (in Mem. Wern. Soc., I, 75) sont des Apocynacées, de D: tribu des Plumériées, à feuilles verticillées ou opposées, à calice dépourvu d'écailles et de glandes, à corolle dépourvue de couronne, à étamines incluses ; à gynécée formé de deux carpelles distincts dans la portion ovarienne, multiovulés, à fruit formé de deux follicules linéaires. L’Alstonia scholaris R. Browx (in Mein, Wern. Soc., I, 75) est un 3 grand arbre glabre, dont les inflores- _ ,° cences seules sont velues. Les feuilles sont verticillées en nombre variable entre cinq et sept. Elles sont sim- ples, entières, coriaces, luisantes en - dessus, opaques et pâles en dessous, oblongues ou obovales-oblongues, obtuses, rarement aiguës, atténuées = À la base en un pétiole court, munies . de nervures secondaires pennées, nombreuses, transverses et parallè- les. Les fleurs, colorées en blanc grisâtre, sont relativement petites et disposées en panicules de cymes = Ombelliformes disposés dans l'ais- selle des verticilles terminaux des feuilles. Le calice est gamosépale, _pubescent, à tube obconique, court, découpé en cinq petites dents. La Corolle est gamosépale et pubescente comme le calice, à tube eylindri- que nbe formé de cinq plus cou le ‘tube; étalés. L'an que et à limbe formé de cinq lobes plus courts que , SN 4 St formé de cinq étamines à filets courts insérés sur la gorge de la corolle en nance avec les lobes, à anthères biloculaires introrses, déhiscentes par Le - longitudinales, Le gynéeée se compose de deux carpelles lee cn ; ë “Hesse et Jobst ont enfin isolé de i’écorce en question, les met sb CHIC cristallisables : l'Échicérine CH#0?, l'Échitine C#HS#OY et l sont dextrogyres toutes les trois. Ces trois substances paraissent être très-voisines de plusieurs prine ur à méritent une étude d'ensemble (1) On l'a récemment préc ie à à : : d’ plantes, par ex < :t'iäiisables que l'on + découverts dans 1e Dies d'autres PARIS LEE US celui du Cyranchum acutum L., du Galactodendron | utile Kuwra, du su 0 DRE Ed ieretia (in Dion CARTES RES _* stances, produites toutes, autant que l’on peut en juger, dans Jun = ë > ’ + Lol ka ER EE OTE ®. : CAE no PRESS ITS TESTS SES CRT ETS ARR URSS ; LASER = \ NE S prA “e a NY SE A JS VA * No SN h jy AU) /] QE \ RIT IYECS AC EPS SR NN { LAS SA LEE € Rd CET ae te RL Sn ne ge on TS. SE à en cer î RS LS TE ESS Pr D 16, CLR RE LES ARTS RE EE ee ve a : Œ cz NT T : ÉAE Bas 2 Dr PR WU Fig. 141. Ecorce d'Alstonia scholaris, k : Coupe transversale, ef L Pa * r. : x 4 LE A= es 1: adm. | ASCLÉPIADAGÉES. A ovarienne, 1e, surmontés Fe style cylindrique que termine un stigmate renflé | en boule : Chaque loge contient un nombre indéfini d’ ovules anatropes, insérés dans - l’angle interne. Le fruit consiste en deux follicules gr éles, allongés, distincts, con- - tenant un grand nombre de petites graines oblongues, comprimées, peltées, cou- vertes sur le bord de longs poils, et contenant un albumen peu abondant et un . embryon à radicule supère et à cotylédons oblongs, aplatis. [Tran.| a) Ainsi que le montre la figure 1#1, l'écorce d° Alstoñëa offre de dehors en dedans : 1° une couche de suber a, formée de petites cellules tabulaires, aplaties, à parois minces sèches et brunes ; 2° une couche de cellules sclérenchymateuses b, de même .. forme que les précédentes, mais se distinguant par des parois épaisses, dures, jau- “: nâtres, fortement ponctuées. Le bord inférieur de cette zone est ordinairement ir- régulier ; 3° un parenchyme cortical épais, c, c, formé en majeure partie de cellules à parois minces allongées tangentiellement, Dans l'épaisseur de cette zone sont dis- tribués des groupes, d, d, de grandes cellules selérenchymateuses à contours irré-: | _guliers, à parois épaisses, jaunâtres, ponctuées, à cavité parfois très-réduite, Vers la partie interne du parenchyme cortical sont dispersés des éléments prosenchymateux, e, e, fusiformes, à contours elliptiques sur la coupe transversale, à cavité capillaire ‘et à parois Wrbs-épañsces offrant de nombreux cercles concentriques qui répondent à des couches de densité différente ; 4° un liber formé en majeure partie de paren- chyme à parois épaisses entrenélées de fibres à parois peu épaisses et contenant de nombreux vaisseaux laticiféres qui, sur des coupes longitudinales, se mon- : trent fréquemment anastomosés et contiennent un latex blanchâtre granuleux, [Tran] À SPA Le ASCLÉPIADACÉES A e RACINE D'HEMIDESMUS. Radiz Hemidesmi; angl., Hemidesmus Root, Nunnari Root, Indian Sarsaparilla. Origine botanique, — /Jemidesmus indicus R. Brown (Periploce in © dica Wirvo., Asclepias pseudo-sarsa Roxs.). C'est un arbuste sarmenteux, répandu dans towte la péninsule Indienne et à Ceylan. Les feuilles sont | très-dissemblables, les inférieures étant étroites et lancéolées, tandis de qu ‘elles sont larges et ovales sur les branches supérieures. (a). Historique. — La racine de cette plante est depuis longtemps em- _ployée & en médecine, dans les parties méridionales de l'Inde (4), sous le- nom de Nannéri où Ananto-mül. Ashburner, en 1834, attira le premier hs attention des médecins européens sur ses propriétés médicinales (2). (4). La racine indienne figurée par Acosta (Tractado de las Drogas …. de las Indias Orientales, 1578, e. LV), sous le nom de Palo de Culebra, ressemble beaucoup à la drogue question. Il la décrit aussi comme ayant une odeur douce de mélilot, Il dit que la plante est nommée, en canarese, Duda Sali, Cette figure est mardis. s dans la tra duction d'Antoine Colin, mais non dans celle de Clusius. : E 7 and Phys. en LXV, 189. fs » _pas plus de 2 millimètres d'épaisseur, et un cylindre ligneux jaunâtre, _ ment de l'écorce, qui est fréquemment marquée de larges crevasses rate l'Inde pre: c HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. NU ee En 1864, elle fut admise dans la Pharmacopée angine mais son effi- cacité n’a guère été mise en relief, EE RS Description (1). — La racine d'Hémidesmus se présente en fragrisnts FLN de 13 centimètres ou davantage de long. Elle est cylindrique, tortueuse, sillonnée dans le sens de la longueur, épaisse de 5 à 45 millimètres, le plus souvent simple ou munie de quelques minces radicules, Elle émet Ë des tiges aériennes ligneuses, grêles, ramifiées, épaisses de 6 millimè- tres ou même moins. Elle est colorée entièrement en brun foncé, par-: Pau fois avec des reflets gris violacés clairs, visibles surtout au soleil. Cette racine est dure. Sur une section transversale, elle offre une couche ex- Rut, _ térieure corticale blanchâtre, brunâtre ou légèrement violette, n ‘ayant 4 s séparé de l'écorce par une ligne foncée, ondulée, de tissu cambial, Dans les gros fragments, ni le bois, ni l'écorce n ‘offrent de structure radiée ; dans ceux qui sont plus minces, la partie ligneuse montre des rayons médullaires. La partie intérieure, qui est très-mince, se sépare facile- À Fer eRS PR * transversales. La racine exhale à l'état frais et sec une odeur faible, a mais agréable, analogue à celle de la fève tonka et du mélilot. La ra- cine sèche a une saveur sucrée mélangée d'un peu d’âcreté. Les tiges sont presque insipides et inodores. La racine qu'on trouve sur le marché ag anglais est souvent de très-mauvaise qualité. | Structure microscopique, — Le tissu cortical tout entier est formé T d’un parenchyme uniforme, dans lequel on ne peut distinguer ni liber,ni rayons médullaires, ni mésophlœum. Cependant, à l'aide d'une section longitudinale, on peut voir quelques vaisseaux laticifères allongés, rem. _ plis d’un suc laiteux concrété, incolore. Sur une coupe transversale, ils se montrent répandus irrégulièrement dans l'écorce, surtout dans ses couches internes, mais leur nombre n’est même en ce point que pe considérable. Ils ont fréquemment 30 millièmes de millimètre d dia- mètre et ne sont pas ramifiés. Le bois est traversé par de petits ra, ns médullaires, visibles seulement sur les coupes longitudinales. tissu À ee mm de la racine est rempli de gros grains ovoïdes d'ami | don. On n'y trouve guère de matière tannique, si ce n et dans »s cou- _ches subéreuses extérieures. , or . res Composition chimique, — Cette racine n a êté soumise men chimique : RE Foi EE ë son on odeur r ne de on Elle soie, d'après Rs, ER LOU TDE LES VE de Si + + re LA j ti + , APTE : D: x} 4 : t + : fs ÿ % ; NM. SR | ASCLÉPIADAGÉES. une huile essentielle, autant du moins qu'on peut en étages par l'examen microscopique. Îl est plus probable qu’on doit les attribuer à un | corps appartenant au même groupe que la cumarine, D'après Scott (4), cette racine donne, par simple distillation avec l’eau, un stéréaptène, qui est probablement la substance obtenue par Garden, en 1837, et con- sidérée comme un acide volatil. =. Usages. — Cette drogue est considérée comme altérante, tonique, diurétique et diaphorétique; mais elle est rarement employée, du moins en Angleterre. 50 à en \ Cr PRE , w/ 4 (a) Les Hemidesmus R. Browx (in Mem. Wern. Soc., 1, 56) sont des Asclépia- . dacées, de la tribu des Périplocées, à corolle rotacée et valvaire, à couronne formée _ de cinq écailles fixées à la corolle, L'Hemidesmus indicus R. Bn. (in Hort. Kew., 11, 75) est une plante tomenteuse, | diffuse, ligneuse, dont la tige à peu près lisse, ne dépasse pas d'ordinaire le diamètre d’une plume d’oie. Les feuilles sont opposées, courtement pédonculées, dimorphes, Celles des jeunes pousses qui naissent des vieilles souches et rampent sur le sol sont Jinéaires, aiguës et striées de blane sur le milieu dé la face inférieure ; celles des parties supérieures et des vieilles branches sont d'ordinaire larges, lancéolées, par- fois ovales ou ovoïdes ; toutes sont entières, lisses, luisantes, coriaces, très-variables en taille, Elles sont accompagnées de stipules latérales, caduques, petites, Les fleurs 0 sont disposées en grappes axillaires et sessiles. Elles sont petites, vertes en dehors, ! De pourpre foncé en dedans. Le calice est gamosépale, à einq lobes aigus, pourvu de _ glandes. La corolle est gamosépale, rotacée, à cinq lobes oblongs, pointus, rugueux; elle est munie, au niveau de la gorge, de cinq écailles obtuses insérées au-dessous des sinus. L’androcée est formé de ciuq étamines à filets connés au tube de la corolle Fe de et connés entre eux à la base, distincts dans le haut ; à anthères cohérentes entre A elles, dépourvues de barbes, non bifurquées à l'éttrémité supérieure, à deux loges ee _introrses, déhiscentes par doux fentes longitudinales, Le pollen est granuleux, disposé en masses, attachées dans chaque logeen deux à des appendices dilatés, euculliformes des corpuscules. Le gynécée est formé d’un ovaire à deux loges surmonté d’un style à stigmate aplati, dépourvu de pointe. Chaque loge ovarienne contient un . nombre indéfint d'ovules anatropes insérés dans l'angle interne. Le fruit consiste en deux follicules cylindriques, très-divariqués, lisses, allongés et grèles, contenant . de nombreuses graines chevelues, Celles-ci renferment, dans un albumen charnu, un _ embryon axile, à radicule Re [Tran] ÉCORCE DE MUDAR. Cortex Mudar ; Cortex Calotropidis ; Ecorce de racine de Muder ; angl., Mudar.. Lei js nétaniqie: LE ärégis dont nous allons parler est Hits : eux RE très-voisines de Éprntes e}4 ee sr une situe ie ss : sur ses propriétés médicinales (4). 5 | pendiees de la corolle arrondis. “x HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. : 73 tion géographique un peu différente, mais qui ne sont pas distinguées ; _ l'une de l’autre dans les idiomes de l’Inde. Ces plantes sont : 1 1° Calotropis procera R. Brown (C. Hamiltoni Wieur). C’est un rad Re arbuste, haut de 4",80 ou davantage, à feuilles d’un vert foncé, oppo- sées, ovales, laineuses en dessous, riches en suc laiteux âcre. Il est ; - originaire des parties sèches de l'Inde, notamment du Deccan, des pro- vinces supérieures du Bengale, du Punjab et du Sind, mais il est tout à fait inconnu dans les provinces méridionales. Il s'étend en Perse, en Palestine, dans la péninsule Sinaïtique, en Arabie, en Egypte, en de es Abyssinie, dans les oasis du Sahara et du Soudan et dans la région du de à grand lac Tsad (Nachtigal, 1877). Il a été récemment naturalisé rer D: les Indes Occidentales. ne 20 Calotropis gigantea R. Brown (Asclepias giyantea Wizoen.). C'est à un grand arbuste dressé, haut de 2 à 3 mètres ; sa tige atteint la gros- . es seur de la cuisse d'un homme (1). Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente. Elle est indigène des parties basses du Bengale, du sud | de l'Inde, de Ceylan, de la péninsule malaise et des Moluques. se A _ Les deux espèces sont très-communes dans les terres incultes de leurs er aires respectives (2). Fr _ Historique. — Le Mudar est fréquemment mentionné dans les écrits de Susruta et doit, par conséquent, avoir été employé dans l Inde avant ie l'ère chrétienne. Il était bien connu aussi des médecins arabes (3). de Le Calotropis procera fut observé en Egypte par Prosper Alpinus. _ (1880-1584), qui le figura à son retour en Italie et donna quelques ap k Le Calotropis gigantea fut figuré par Rheede (5), en 1679, et de nos Jours par Wight (6). . Legs propriétés médicinales du Mudar, quoique in diisSt dep longtemps par les indigènes 6 de l'Inde, ne furent ur étudiées “expéri «) D'où Je nom spécifique gigantea. FR à nue. (2) Les différences botaniques qui existent entre les deux espèces peuvent être _ mées de la façon suivante: on ” C, procera : corolle cupuliforme, à pétales un peu 3 bourgeons oraux riques ; appendices de la corolle terminés par une pointe dressée, dirigée vers C: gigantea : corolle étalée, à bourgeons floraux nine ces (8) Isx-Bayraan, trad. de SONTHEIMER, 1842, TA 193. (4) De Plantis Be meurt Venet., 1592, c. 25. s, IL, de. ©: y rpredee cerfSPADÉGÉRS 5 +270 mentalement par les Européens avant notre siècle. Playfair recommanda : alors cette drogue contre l’éléphantiasis. Ses bons effets furent ensuite signalés par Vos (1826), Cumin (1827) et Duncan (1829). Ce dernier mé- s decin fit aussi des recherches chimiques sur l'écorce de la racine, dont # il attribua l'action à une matière extractive qu’il nomma Mudarine (1). Ir . Description. — L'écorce de la racine du Calotropis procera, telle que : nous l’avonsreçue( 2), consiste en fragments courts, arqués, pliés en gout- _ tière, ou presque plats, épais de 3 à 5 millimètres. Elle est revêtue © d’une couche de suber spongieux, épais, d'un gris jaunâtre, plus où moins fendillé dans la longueur, et fréquemment détaché de l'écorce moyenne. Celle-ci est formée d’un tissu blanc, farineux, traversé par d'étroits rayons de liber brunâtres. L’écorce est cassante et facilement k pulvérisable ; son goût est mucilagineux, amer, âcre; elle n’a pas d'odeur particulière. Certains fragments portent des débris d’un bois fi- breux, coloré en jaune clair. à = Les racines du Calotropis gigantea sont recouvertes d’une écorce qu'il ue 6 paraît pas possible de distinguer de celle du Calotropis procera, dont ; 2 nous venons de parler. Le bois de la racine est formé d'un tissu poreux, jaune pâlé, offrant de larges faisceaux vasculaires et de nombreux vers _ rayons médullaires très-petits, formés d’une à trois rangées de cellules AE qui n'offrent rien de particulier (3). x Structure microscopique, — Dans l'écorce de la racine du Calotropis : procera, la couche subéreuse est formée de grandes cellules à parois à “ minces, polyédriques, ou presque cubiques. La couche corticale moyenne est formée d’un parenchyme uniforme, rempli de gros grains . d’amidon, et offrant çà et là quelques cellules à parois épaisses (sclé- _renchymateuses) et des touffes d’oxalate de calcium. Les larges rayons _ médullaires sont formés des cellules ordinaires à parois ponctuées, rem- plies d’oxalate de calcium et d'amidon. Sur une coupe longitudinale, le tissu dela portion médiane de l'écorce se montre parcouru de nom- à _ breux vaisseaux laticifères, remplis d’un sue brunâtre, granuleux, inso- Juble dans la potasse (4). Les caractères microscopiques de l'écorce de ia a) Edinb. Med. and Surg. Jour., 1829, XXXII, 60. - (2) Nous en devons un échantillon authentique au docteur E. Burton Brown, de Lahore. 5 (3) Les racines du C. gigantea qui ont été envoyées à l’un de nous par le docteur Bi- Ce de de Madras, consistent en tronçons ligneux, ayant de 4 à 5 centimètres de diamètre. lInde prescrit de n’enlever l'écorce des racines que lorsqu'elles sont à demi sèches. n’est pas vendu dans les bazars, sans doute parce sn ls ARE ananas “état sauvage et peut être recueillie à volonté. os . 4) C’est évidemment dans le but de faire conserver le latex que la Pharmacôpée | Moodeen Sheriff fait remarquer que le C. gigantea, quoique fréquemment. employé en : k plomb, séché, et ensuite bouilli avec de l’esprit- Ja racine du Calotropis gigantea sont les mêmes. La tige des Calotropis _se distingue par de fortes fibres libériennes qu'on ne trouve pas dans la racine. une solution alcoolique d’acétate de plomb. En purifiant le principe D HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. Hs Composition chimique. — En suivant le pro- cédé indiqué par Duncan, 200 grammes d’écorce pulvérisée de Calotropis gigantea ne nous ont fourni aucun corps semblable à sa #udarine, mais seulement 2,40 d’une résine âcre, soluble dans l’éther et dans l'alcool. Sa solution dans l'alcool rougit le tournesol. Sa solution éthérée aban- donne par l’évaporation la résine sous forme d’une masse presque incolore. En séparant le liquide aqueux de la résine brute, et ajoutant une grande quantité d'alcool absolu, on déter- mine la production d’un abondant précipité de mucilage. Le liquide contient alors un principe amer qui, après une concentration convenable, peut être séparé au moyen de l'acide tannique, 2 . Nous avons obtenu des résultats semblables \0£1 a. 2 NS en épuisant l'écorce du Calotropis procera avec i A ts de l’alcool dilué. Le composé tannique du prin- cipe amer fut mélangé avec du carbonate de % 1 Se KASAAL ss se d CL de-vin. Ce dernier, en s'évaporant, abandonna Fig. 14. Ecorc de “Mudar. une substance amorphe, très-amère, insoluble “te F at re dans l’eau, mais facilement soluble dans l'alcool és asbl rer de ce ch absolu. Cette solution n’est pas précipitée par ne amet par le chloroforme ou l'éther, nous l'obtinmes enfin incolor Cette substance amère constitue probablement le principe actif des lotropis ; nous nous sommes assurés à l'aide des procédés ordinaires qu'il n’existe dans la drogue aucun alealoïde. La tige des Calstropis evrait être mieux étudiée (1). Usages. — Le Mi est un uñiité altérant et déphônbs haute dose il êst émétique. Les nn de l'Inde me | VS À LA DES AU e ds dl \ ge PRES Été | ASCLÉPIADACÉES. enr ne _ Jaiteux desséché sont les parties les plus efficaces (1): L'action de ce __ dernier est cependant un peu irrégulière et dangereuse. Le même écri- vain fait remarquer que l’action de l'écorce est d'autant plus éner- Fa 40 à 50 grains de la poudre ainsi préparée, suffisent pour provoquer 7 les vomissements. _ Latige du C alotropis gigantea fournit d'excellentes fibres qui peuvent servir à faire un fil très-bon pour la couture ou le tissage (2) - subéreuse qui est inerte et sans goût, avant de pulvériser l'écorce. ÈS (a) Les Calotropis R. Browx (in Mém. Wern. Soc. » 1,39) sont des Asclépiadacées “à _nale formée de cinq appendices écailleux, charnus, adnés au tube des étamines, munis d’un court éperon recourbé en haut ; à anthères terminées par une mem- SF | ie Le Calotropis gigantea R. Browx (in Hort. Kew., éd. 2, IT, 79) est un petit arbre $ RÈ de 10 à 15 centimètres, munies de poils sur la portion de la face supérieure qui - inférieure de poils blancs et laineux. Les jeunes pousses sont également couvertes de poils laineux, mous et blanes. Les fleurs sont disposées en cymes ombelliformes, _ simples ou composées, insérées alternativement entre les paires de feuilles opposées et atteignant la moitié de la longueur de ces dernières. Elles sont grandes, belles, __ panachées de rose et de pourpre. Le réceptacle est convexe, en forme de cône = surbaissé, Le calice est gamosépale, divisé en cinq lobes profonds. La corolle a plus de 5 centimètres de diamètre ; elle est gamopétale, à tube légèrement cam-" . panulé, anguleux, et à limbe formé de cinq lobes étalés, oblongs, obtus, réfléchis _ rolle est munie au niveau de la gorge d'appendices arrondis, L'androcée est formé -_ de cinq étamines dont les anthères sont appliquées contre le stigmate et terminées chacune par un appendice membraneux, La couronne est formée de cinq appendices plus longs que la colonne staminale, étroits, couverts de poils. Les masses polli- _ niques sont comprimées, pendantes, fixées par une caudicule grêle. Le gynécée est formé de deux ovaires à deux loges pluriovulées, _ minale. Le fruit sé compose de deux follicules ventrus, lisses, polyspermes, = Le Calotropis procera R. Browx (in Hort. Kew., ed. 2, 11, 78) se distingue par sa fleur plus petite ; sa corolle pourpre, _argentée en dessous ; campanulée, pas plus longs que la colonne stam _ ment glabres ; ses feuilles cordées bordée de blanc sur la face supérieure et à lobes dressés ; les appendices de la couronne inale, presque aussi larges que longs, ordinaire- obovales où cbovales-oblongues, sessiles ou sub- RP TRS PEN Let E _… gique, que la plante est plus âgée. Il recommande d'enlever la couche 1. de la tribu des Cynanchées, à corolle légèrement campanulée ; à couronne stami- = à feuilles opposées, décussées, subsessiles, embrassantes, larges, obovales, longues . à stigmate dépourvu de pointe ter- _! touche au pétiole, à peu près lisses dans le reste de cette face, couvertes sur la face à la pointe ; les angles du tube corollaire sont creusés en sac intérieurement ; la co- les dimensions beaucoup moins considérables de sa tige qui est couverte de poils ; (1) Supplement to the Pharmacopæia of India, Madras, 1869, 364 var ies de : sur l'emploi thérapeutique du Mudar, voyez aussi Pharm. of India, 458. Drurx, Useful Plants of India, 2e édit. 1873, 401. | ha PT LAPS ? LE FA 4 2 n ! pa LL. + f ; LP ; »- > U PUS | * É TER 1 = ; ; $ “ , \ - 2 ; À sx - : Pa ul) CURE à À 2 | HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 7m FEUILLES DE TYLOPHORA, 0. 0.) Folia Tylophoræ ; Country or Indian Ipecacuanha. v, ; NL co L' Origine botanique, — Tylophora asthmatica WiGur et ARNOTT (Ascle- Rs pias asthmatica Roxs.). C’est une plante vivace, sarmenteuse, commune dans les terrains sablonneux de la péninsule indienne et naturalisée à Maurice. Elle se distingue de ses congénères par ses fleurs rou- ” geâtres ou d’un rose foncé, et les écailles de sa couronne staminale ee Re contractées brusquement en une longue dent aiguë (a). 7 ‘Historique. — L'emploi de cette plante en médecine est bien connn des Hindous, qui lui donnent le nom d’Anfamul et s'en servent avec succès contre la dyssenterie. A la fin du siècle dernier, elle attira l'at- F Ft tention de Roxburgh (1), qui recueillit plusieurs observations sur l'ad- ie ministration de sa racine, pendant qu’il était médecin de l'Hôpital gé- “ Me _néral de Madras, de 1776 à 1778. Elle fut aussi employée, avec beaucoup _ de succès, à la place de l’ipécacuanha, par Anderson, médécin général de l’armée de Madras (2). Plus récemment, cette plante a été prescrite par O’Shaughnessy, qui proclama la racine un substitulif excellent de re ‘ l'ipécacuanha, lorsqu'elle est employée à plus forte dose que ce der- = nier (3). Kirkpatrick (4) l’administra dans une centaine de cas au moins, je __- etla trouva très-utile, I! prescrivait la feuille desséchée, non-seulement parce qu’il considérait son action comme plus sûre que celle de la ra= cine, mais encore parce que sa récolte n'entraîne pas la perte de la plante. Cette drogue a été administrée dans l'Inde par beaucoup d'autres praticiens. Le Tylophora est également employé à Maurice, où -_ il est connu sous le nom d’/péca sauvage ou Jpéca du pays. Il a sa place dans la Pharmacopée du Bengale de 1844, et il se trouve dans la ls. . Pharmacopée de l'Inde de 1868. Description (5). — Les feuilles sont opposées, entières, Ron di _ à 12 centimètres, larges de 2 à 6 centimètres, un peu variables di forme, ovales ou subarrondies, ordinairement un peu cordées à à la _courtement acuminées ou proue mucronées, coriaces, Elabres Fe, (1) Flora indica, ed. Carey, 1832, HE; 55 e Fe (2) Fcewme, Catologue of Indian Plants an Drugs, Caloute 1810, purs n __ (3) Bengal Dispensatory, 1842, 455, on (4) Catalogue ee. Exhibition of 1855, Er of Mysore D dia 558. PE 45) Tract d'apès u un riche échantiton qui m M Mooüeé “agi - : ::: "ASCLÉPIADAGÉES. sus, plus c où moins Jlaineuses en dessous, à Séin simples et mous. Le ”_ pétiole est cannelé, et long de 1 à 2 centimètres. A l’état sec, les feuilles sont épaisses et rudes, colorées en vert jaunâtre pâle. Elles ont une . odeur herbacée qui n’est pas désagréable et une saveur très-faible (1). Composition chimique, — L'infusion concen- trée des feuilles à une saveur un peu âcre: L'acide tannique, l’acétate neutre de plomb et la potasse caustique y produisent un précipité abondant, et le perchlorure de fer la colore en noir verdâtre. Broughton d'Ootacamund (Inde) nous a informé, en 1879, qu'il avait retiré d’une : grande masse de feuilles une faible quantité de _. Fig. 43, Feuille : 5 + dé Zylophora, face intér. Cristaux insuffisante pour l’analyse. Une disso- ë chien, détermina des vomissements et de la purgation. ss émétique est de 35 à 30 grains, comme Rene et expectorant Fe de 3 à 5 grains. i RACINE DE TYLOPHORA. Radix Tylophoræ. davantage qu'elles. Elle est courte, noueuse, descendante, grosse de 2 millimètres environ. Elle émet deux ou trois tiges aériennes et un 48 centimètres ou davantage de long, et un diamètre d'une demi-ligne ; peu plus longue et plus vigoureuse, D en n Pharm. Journ., 6 août 1870, 105), et une figure de la Lana entière “Wicur, ral Plantarum Indiæ Orientalis, 1850, Ve t. 1277. he Grandeur naturelle. lution de ces cristaux injectée chez un petit __ Usages. — Les feuilles de Tylophora sont, comme nous l'avons déjà AR dit, em employées dans l’Inde à la place de l’ipécacuanha, particulièrement dans la dysenterie. La dose de la poudre des feuilles employée comme F Cette racine se trouve dans les bazars indiens, et à été employée, __ comme nous l'avons dit, de la même façon que les feuilles et même __ nombre considérable de radicules filiformes. Les racines ont souvent : elles sont très-cassantes. La drogue entière est d’un brun jaunâtre pâle ; elle n'a guère d’odeur, mais son goût est d’abord un peu sucré, puis … âcre. Son äspect général rappelle celui de la epence mais elle est a 6 a) Ou trouvera une figure des feuilles dis un Mist à sur l'Unto-mool, par M , €. +. + RATE La e ae #. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. Se :totiinge au microscope, l'enveloppe parenchymateuse des Fadiutes: $ se montre composée de deux couches, dont l'interne forme un petit: ; noyau noueux. La portion externe est formée de grandes cellules rem- ._ plies de grains d’amidon et de cristaux d’oxalate de calcium. Les sels + de fer n'exercent aucune action sur ses tissus. “ / (a) Les Tylophora R. Browx (in Mem. Wern. Soc., [, 18) sont des Ad cées de la tribu des Marsdéniées, à corolle rotacéee ; à couronne staninale forméé 1e 22 : de cinq appendices charnus, simples ; à anthères terminées par un appendice mèm- braneux ; à stigmate non surmonté d’une pointe ; à follicules lisses et fusiformes, 3 terminés en pointe, comprimés, un peu anguleux sur chaque face. EG Le Tylophora asthmatica Wicur et Arxorr (4scl., 51) est une plante à souche PRDE vivace, émettant plusieurs tiges aériennes sarmenteuses, grèles, longues de 1,80 à 4 mètres, laineuses dans les parties jeunes. Les fleurs sont disposées en -cymes ombelliformes composées, axillaires, solitaires et alternes, à pédoncules laineux, ; Elles sont petites, jaunes. Leur calice est gamosépale, muni en dedans de cinq glandes, et divisé en cinq lobes profonds, lancéolés, très-aigus. La corolle est rotacée, à cinq lobes profonds, étalés, ovales, jaunes, tachés d'orange, tordus à droite dans la = Préfloraison, ou valvaires. La couronne staminale est formée de cinq écailles char- nues, adossées au tube staminal, comprimées latéralement, et plus ou moins ETS beuses dans le dos, L’androcée est formé de cinq étamines fixées sur la gorge de la corolle, à filets connés en un tube très-court; à anthères dressées, courtes, sur- montées d’un appendice membraneux infléchi, biloculaires, introrses, déhiscentes”… par deux fentes longitudinales, chaque loge contenant une seule pollinie de petite taille, globuleuse ou ovoïde, qui se rattache au corpuscule par une caudicule presque horizontale, les loges étant situées à peu près à la hauteur du corpuseule. Le gyné- Fi: cée se compose de deux ovaires distincts, surmontés chacun d’un style également i in dépendant et d'un stigmate pentagonal, surmonté d’un mamelon muni à chacun de ses angles d’un corpuscule glanduleux, auquel se rattachent les caudicules des pol: = Jinies. Les loges de l'ovaire contiennent chacune un nombre indéfini d’ovules ana- __ tropes, insérés dans l'angle interne, et imbriqués. Le fruit se compose de deux folli: a cules écartés l’un de l’autre et étalés, lancéolés, lisses, longs de 8 à 10 centimètre , … etaÿantà peu près 5 centimètres de circonférence. Ils renferment chacun de nom- , breuses graines chevelues, albuminées, à embryon droit, idFné de nd cotylédon ses, et d'une radicnlé ne ns x “! | LOGANIAGÉES FR “Noix vomIQuE. mie SR" TE À FREE Fr 4 Ka à 1e Ne ps reset) Fe Tr eee Le . des distriets voisins des côtes. On le trouve dans le Burmah, dans le | royaume de Siam, en Cochinchine, et dans le nord de l'Australie. F. Müller (1) rapporte le Sérychnos lucida R. Browx et le Strychnos — digustrina BLUME au Strychnos Nux vomica. Bentham (2), malgré quelques différences, admet cette manière de voir. He L'ovaire du Strychnos Nux vomica est biloculaire : mais, à mesure Fe CU avance vers la maturité, les cloisons deviennent charnues et ne = sont plus distinctes. Le fruit est une baie indéhiscente, du volume et de cn la forme d’une petite orange. Il est rempli d’une pulpe blanche, géla- |: -tineuse, amère, dans laquelle les graines, au nombre de 1 à 5, sont dis- f posées verticalement et sans ordre. L'épicarpe forme une enveloppe _ mince, lisse et dure, verdâtre au début, mais colorée en jaune orange _ à la maturité. La pulpe du fruit contient de la strychnine (3); on dit cependant que dans l'Inde les oiseaux la mangent (4). Le bois est dur, se conserve longtemps et est très-amer (a). te ‘Historique, — La Noix vomique était inconnue des anciens. On pensé _ qu’elle a été introduite dans la médecine par les Arabes. Cependant les _ passages de leurs écrits qui paraissent s’y rapporter, sont loin d’être . suffisamment clairs (5). Nous n’avons aucune preuve qu'elle ait été em- (1) Fragmenta Phytogr. austral., EV, 44. . : (2) Flora austral., IV, 369. = (3) L’assertion de Roxburgh que « la pulpe paraît tout à fait inoffensive, » nous a __ ‘ engagés à l’étudier au point de vue chimique. Nous avons pu le faire grâce à la géné- _ rosité du Dr Thwaites, directeur du Jardin botanique royal de Ceylan. La pulpe épaissie - =" reçue du Dr Thwaites, diluée avec de l’eau, forma une gelée très-consistante, à réaction acide légère et à saveur très-amère. Une partie de cette gelée fut mélangée avec de la chaux éteinte, desséchée, puis épuisée par le chloroforme bouillant, Le liquide, en s’évaporant, abandonna une masse résinoïde jaunâtre, qui fut chauffée avec de l’acide _acétique. La solution incolore abandonna un résidu cristallin parfaitement blanc, qui fut dissout dans l’eau et précipité par le bichromate de potassium. Le précipité des- séché, puis humecté avec de l'acide sulfurique concentré, offrit la coloration violette _ Caractéristique de la strychnine, Dans le but de confirmer cette expérience, nous nous sommes procurés, par l’obligeant intermédiaire du Dr Bidie, de Madras, une certaine quantité de pulpe blanche, prise dans le fruit à l’aide d’une cuillère, et conservée dans #_ l'alcool. Le liquide alcoolique nous manifesta la présence d’une grande quantité de + strychnine. on (4) Elle est mangée par le Buceros malabaricus, d’après Cleghorn, et d’après Roxburgh para plusieurs sortes d'oiseaux. » Beddome (Flora sylvatica, Madras, 1879, 243) dit que la pulpe est tout à fait inoffensive et recherchée par beaucoup d’oiseaux, 2 (5) ni pourtant rapporter, ce nous semble, à la graine du Sfrychnos les passages suivants : | . 19 Dans le fameux livre de l’Ecole de Salerne connu sous le nom de Circa instans, écrit par Platearius au douzième siècle, édition de Lyon, 1595, fol,, 244 : Nux vomica… . interioribus et non corticibus utimur.…. provocandi vomitum et purgandi. » La tra- duction, en vieux français du quinzième siècle, de ces phrases, se trouye dans l’Ar6o= arte avons cité à l’occasion de l’article ELÉMT. PE A vomica, Nux indica idem se trouve inscrite dans l'intéressante Hite donc HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTAL PU Re R ployée dans l'Inde à une époque reculée. Garcia d'Orta, qui, au nilod du seizième siècle, connaissait bien les drogues de la côte occiderttale Fe de l'Inde, garde un silence absolu à l'égard de la Noix vomique. Fle- , ming (1), au commencement de notre siècle, fait remarquer que la Noix | _ vomique est rarement employée en médecine par les Hindous, si même À elle l’est, mais ce renseignement est aujourd’hui sans valeur. Cette drogue était cependant sûrement connue en Allemagne dès le seizième siècle. Valerius Cordus (2) en écrivit, vers 1540, une .descrip- tion remarquable par son exactitude. Fuchs, Baubhin et d’autres, l'ont signalée sous le nom de Mur Metella, nom dérivé du Methel d'Avi- cenne et d’autres auteurs (3). à Elle se trouvait en Angleterre dans les boutiques à l'époque de Par- É kinson (1640). Il dit qu'on l’employait principalement pour empoisonner les chiens, les chats, les cogs, les corneilles, et qu’on l'administrait ra- 8, 2 rement comme médicament. no Description. — On donne le nom de Noix vomique à la graine débar- 4 e rassée de la pulpe et de l’épicarpe. Elle est discoïde ou plutôt ir réguliè=. rement orbiculaire. Elle a un peu moins de 2 centimètres et demi. de. ; diamètre, et un demi-centimètre d'épaisseur. Sa face dorsale est légère- _ ment concave, et sa face ventrale est convexe, ou bien les deux faces sont à peu près planes. Son pourtour est souvent assez épais pour que fée la partie médiane paraisse déprimée. Le bord extérieur est arrondi ou tes DE dicaments de l'Ecole de Salerne, publiée par Salvatore de Renzi, dans sa Collectio Sa- _ lernitana, Napoli (1854), III, 270, sous le nom d’Alphita. J'ai fait voir, dans mes Docu- . ments pour servir à l'Histoire de la Pharmacie, Halle, 1876, 18, que le nom de Nux indica s’appliquait également, au moyen âge, à la noix de Coco, à la noix mms et ne plus tard même fut attribué à la noix d’Arec. Hs 80 Nux vomica, Nux indica furent énumérées (comme synonymes ?) des F4 livre. 2 d'Othon Brunfels, Reformation der Apotecken, Strasbourg, 1536. ee Dans Fontanon (Edicts et ordonnances des roys de France, IL, 347), nous trouvons , qu’en 1542 les autorités françaises évaluaient à 2 sols 10 deniers la pièce les Noix d'Inde : (Noix muscades ?) et 3 deniers la pièce les Noix vomiques. = Les anciens auteurs, comme Platearius, cités plus haut parlent de Pécorce de 1 noix __ vomique, ce qui s'explique peut-être par la supposition qu’on aurait importé ak fruit entier, ou au moins avec une partie de la pulpe et de l’épicarpe. Pereira tendait plutôt à identifier la Noix vomique des anciens auteurs à la fèv . Saint-Ignace ; nous ne trouvons ni l’une ni l’autre dans le récit du voyage de Piga aux Philippines, en 1521,où Le Han pourtant plusieurs drogues qui ont pete le ; FA ces Îles. [F. A. F4 (1) Cafalogue of Han Med. Plants and Drug, Calcutta, 1810, A : Hist. Stirpium, éd. G. GESNER, Argentorat., 4561, Hb. LA c+ { (3) Clusius et d’autres prix de his Methel. des. Are ee LUE LOT LOGANTAGÉES. développé en une crête saillante. Chaque graine ôffré, # sur son bord, une A 5 _ protubérance de laquelle part une ligne saillante, étroite (raphé), FA aboutissant à une dépression sion est située au niveau de ce point, sur la face opposée de la graine. Les graines * Pig. LM. Face Fig. 145. Face à « 5 " . äntérieure montrant postérieure. .. Coupe sont un gris clair, elles Rte ae ne et le raphé. verticale. sont luisantes et satinées, à Noix vomique. Grandeur naturelle, | à cause des poils serrés, dé- ® primés et rayonnants dont elles sont couvertes. La Noix vomique est compacte et cornée, son goût est très-amer. Après avoir été ramollies par digestion dans l’eau, les graines se laissent facilement diviser, au niveau de leur périphérie, et offrent alors un albumen translucide, cartilagineux, divisé en deux parties par une fente dans laquelle est logé l'embryon. Ce dernier a environ 5 6 millimètres de long. Il est formé d’une paire de cotylédons minces, D. . cordiformes, à 5-7 nervures, et d’une radicule claviforme, dont la position est indiquée, à l'extérieur, par la petite protubérance que nous avons se sur le pourtour de la graine. Structure microscopique, — Les poils de la Noix vomique ont une structure remarquable. Ts sont formés, comme d'habitude, par des cel- _lules épidermiques allongées, Leurs parois sont épaissies par des dépôts _ secondaires, qui sont interrompus par des pores étendus longitudinale- ment. Ils constituent un magnifique objet d'observation dans la lumière | polarisée. L'albumen est formé de grandes cellules remplies de matière _-albuminoïde et-de gouttes d'huile, mais privées d’amidon. Dans l’eau, _les parois épaisses des cellules de ce parenchyme se gonflent, et produi- sent du mucilage. Les cotylédons sont formés d’un tissu beaucoup plus délicat, traversé par de petits faisceaux fibro-vasculaires. Les alcaloïdes ne peuvent pas être reconnus directement par le microscope ; mais, si % “+ on conserve pendant un temps assez long des coupes minces de Noix vomique dans la glycérine, il s'y développe des cristaux plumeux, in-. _contestablement formés par ces bases. que de la Noix vomique sont dus principalement àla présence de la r' chine et de le Aie _ sd rasé APE, ms trouvée À A centrale, qui est le hile où ombilic. Une légère dépres- 21 d': . Composition chimique. — Le goût âcre et l'action puissamment toxi- . , $ PE PA d'en Re CE ke / M. | HISTOIRE DES DROGUES D’ ORIGINE AS Ue vi 8 Ignace, et immédiatement après, dans la Noix vomique. Elle cristallise de sa solution alcoolique en larges prismes anhydres du système ortho- rhombique. Elle exige, pour se dissoudre, environ 6700 parties d’eau ERA . froïde, et 2500 parties d’eau bouillante. Sa solution est nettement alca- - line, et son amertume tellement forte, qu’elle peut être perçue dans : ;; une solution ne contenant pas plus de 1/600000 d’alcaloïde. Les meil- leurs dissolvants de la strychnine sont l'alcool et le chloroforme. Elle n'est que peu soluble dans l'alcool absolu, la benzine, l'alcool amy- lique, et l’éther. Sa solution alcoolique dévie la lumière polarisée à gauche. La présence de la strychnine n'est pas limitée au fruit, cette substance se trouve aussi dans le bois de l'arbre (1), On l’a trouvée en-° | core dans le bois de la racine du Sérychnos colubrina L., et dans l'écorce de la racine du S. Tieute LEscu., espèces indigènes de l’archipel Indien. ee La découverte de la Brucine fut faite, en 1819, par les mêmes chi- . , mistes, dans l'écorce de la Noix vomique, qu’on supposait alors provenir du Zrucea ferruginea. Sa présence dans la noix vomique, et dans la fève de Saint-Ignace, fut indiquée par eux, en 1824. La brucine, desséchée au-dessus de l'acide sulfurique, a pour formule C#H#%Az?0*, mais elle _cristallise de ses solutions alcooliques avec 4H°0. Elle neutralise rapide- "rs ment les acides en formant des sels cristallins. Par l'amertume et les: _ propriétés toxiques, ainsi que par le pouvoir rotatoire, elle ressemble 3 beaucoup à la strychnine, dont elle diffère cependant par les caractères suivants : elle est soluble dans environ 150 parties d'eau bouillante, Re fond, sans s’altérer, un peu au-dessus de 400° C. ; elle prend, ainsi que ee ses sels, une coloration rouge sombre, lorsqu'on l'humecte avec de 2 l'acide nitrique concentré. En chauffant la brucine avec de l'acide chlor ne hydrique ou de l'acide sulfurique dans des tubes scellés, on la décom= es pose entièrement, et l’on obtient, d’après en (1869), parus d' au- tres produits, du sucre, nn proportion de. strychnine qui existe dans la Noix vomique paraît varier de 0,25 à 0,50 pour 100. Gelle de la brucine a été estimée de fa- çons différentes : 0,12 pour 100 d'après Merck, 0, 5 d ee Wittstei et 1,01 d’après Mayer. = Une troisième base cristallisable, nommée Hi fut découve ‘te en 1833, par Desnoix, dans les liqueurs dont la strychn ù brucine avaient été es à l'aide de lc chaux. Sehü zenberger LAS a nue es ‘remarquable que les plantes » ms d famill "D. | RER | LoGannGérs. LS dE À ; EE établi, en 1858, que la substance ainsi pbience est formée de bases distinctes nombreuses, jusqu'à neuf, qui. n’appartiennent même pas ._ à la même série homologue, et qu'il a distinguées par des lettres (a-iga- surine, b-i -igasurine, etc.). Ges bases diffèrent l’une de l’autre par es = leur composition, leur solubilité, et la proportion d’eau qu'elles per- RACE dent lorsqu'on les chauffe à 130° C. L'igasurine a la saveur amère et “11e propriétés toxiques des autres alcaloïdes des Sérychnos (1). D'après Schützenberger, la strychnine elle-même n’est pas une substance définie, _ mais un mélange de trois bases différentes. Toutes ces opinions sur l'igasurine et la strychnine ont besoin, à notre avis, d'être confirmées = par de nouvelles recherches. ’ Dans la Noix vomique, comme dans la fève de Saint-Ignace, les alca- loïdes sont, d’après ceux qui les ont découverts, combinés avec l'acide Strychnique ou Jgasurique. Ludwig, qui, en 4873, retira ce corps de la fève de Saint-Ignace, le décrit comme une masse amorphe, d'un brun jaunâtre, à réaction acide très-prononcée et à saveur acide, se colorant en vert foncé sous l'influence des sels ferriques (2). La Noix vomique desséchée à 400 G. et brûlée avec de la chaux s0- dique, nous a donné 1,822 pour 100 d'azote, ce qui indique #1,3 pour 100 . environ de matières albuminoïdes. À l’aide de l’éther bouillant, nous avons retiré des graines 4,14 pour 100 de graisse. Elles contiennent aussi du mucilage et du sucre, Ce dernier qui, d’après Rebling (1855), existe dans la proportion de 6 pour 100, réduit l'oxyde cuprique sans _… J'aide de la chaleur. Les graines subissent facilement, par la macéra- tion dans l'eau, la fermentation lactique sans qu’il y ait décomposition Sen des alcaloïdes. La stabilité de la strychnine est remarquable, même après AU dix ans de contact avec des substances animales putréfiées. | Commerce, — On importe des Indes anglaises, sur le marché de _ Londres, de grandes quantités de Noix vomique /3). L'exportation de ._ Bombay, pendant l'année 1871-72, a été de 3341 quintaux, expédiés vers le Royaume-Uni (4). Madras en a exporté, en 1869-70, 4803 quintaux, et Calcutta, 2801, en 1865-66. La quantité importée dans le Royaume- A Hoi, en 1870 (5), fut de 5 534 quintaux. x EVE se ü) Pour plus de détails sur l’Igasurine, voyez : GMELIN, Chemistry, 1866, XVII, 589. — Warrs, Diction. of Chemistry, 1865, III, 243. marc iese Journ., se KV, 132. — = Dict. de chimie de Wurrz, 1, 87. F 2) Je suis en mesure de confirmer ces pe PT [F. A. FF] 4 Dites of the Trade tonet Nitlondis of Bombay for 1871 -79, P. IL, 62. Ù (Q) Nous Lu avons pas pu connaître les entrées plus récentes, se 3) Mous en avons vu 1136 caisses __—— dans une seule vente de drogues, le 30 mars e ARMES » TRE ee . d * LEA é % > : FOTTX mt. ñ HISTOIRE DES DhogbEs D'ORIGINE VÉGÉTALR, ire Usages. = On administre souvent, dans certaines maladies, Ja tein- # 3 ture et l'extrait de Noix vomique, ainsi que la strychnine, en qualité de: toniques (b). CRE (a) Les Strychnos L. (Genera, n. 253) sont des Loganiacées de la tribu dès Eulo- i ganjées, à fleurs tétraméres ou pentamères ; à corolle tubuleuse, régulière ; à éta- é LA mines connées avec la corolle ; à gynécée formé de deux carpelles ; à ovaire biloculaieté 548 contenant un nombre indéfini d’ovules, et surmonté d’un stigmate simple; à baie. cortiquée; à graines discoïdes contenant un grand albumen divisé en deux lames, à entre lesquelles est un embryon à à cotylédons foliacés. > Le Sirychnos Nux vomica (L., Species, 271) est un arbre à branches i ir égulières, couvertes d’une écorce grisàtre, cendrée, et à bourgeons lisses, colorés en vert foncé. _Ses feuilles sont obpésébs., simples, tout à fait entières, longues de 5 à 10 centimètres, et larges de 3 à 7 centimètres, courtement pétiolées, à limbe ovale, atténué aux deux extrémités, lisse sur les deux faces, d’un vert foncé; de la base de la nervure mé- diane partent deux: nervures longitudi- nales, qui s'étendent parallèlement aux bords de la feuille jusque vers son extré- mité, en s'anastomosant avec d’autres ner- vares secondaires qui partent obliquement, en petit nombre, de la nervure médiane, dans toute sa longueur; parfois, il existe deux autres nervures latérales longitudi- nales, Les fleurs sont petites, régulières, à réceptacle convexe, colorées en blanc verdâtre, et disposées en petites cymes terminales. Le calice est gamosépale, à tube court, divisé au sommet en cinq dents aiguës ; il persiste à la base du fruit, et s’ac- croît en même temps que lui, mais sans atteindre jamais une grande taille, La corolle _est gamopétale, à tube droit, beaucoup plus long que le calice, à limbe formé de. cinq petites lobes triangulaires, valvaires dans la préfloraison. L'androcée est formé de cinq étamines alternes avec les pétales, connées au tube de la corolle, à filets presque nuls ou très-courts, à anthères oblongues, à demi exsertes, biloculaires, _introrses, déhiscentes par deux fentes longitudinales. Le gynécée se compose de deux carpelles, l’un antérieur, l'autre postérieur, réunis en un ovaire biloculaire, surmonté d’un style simple que termine un stigmate capité, à peine bilobé. Chaque loge ova- rienne offre, dans son angle interne, un gros placenta sur lequel sont insérés de nombreux ovules semi-anatropes, à micropyle dirigé en bas. [Tran] Ê AA (b) La Noix vomique et surtout la strychnine qui est le principe actif le plus . portant de cette graine et de la fève de Saint-Ignace, comptent parmi s médica- ments les plus puissants, mais leur mode d'action n’est encore connu ( _ manière insuffisante. A faible dose, elle constitue un tonique efficace. Elle réveille l'appétit, et déterminé chez les personn stipées des selles he sans provoquer de coliques. On fer, avec de succès, dans les Fig. 147. Strychnos Nux vomica, SRE on __ FÈVE DE SAINT-IGNACE. a . Semen Jynatiï Faba Sancti Tgnatii ; Fève de Saint-Ignace ; Noix Igasur, angl., St Tgnatius Re Beans ; allem., Zynatiusbohnen (1). “Origine sie. — Strychnos Tgnatii BenGivs (2) [CA philippensis Fe BLANCO, Ignatiana philippinica Louremo). C’est un grand arbuste grim- 77 pant qui eroît à Bohol, Samar, et Gebu, îles du groupe Bisayä des Phi- lippines, et, d'après Loureiro, en Gochinchine où il a été introduit. Son _ inflorescence et son feuillage ne sont connus des botanistes que d’après es descriptions de Loureiro (3) et de Blanco (4). Le fruit est sphérique, où parfois ovoïde. Il a 10 centimètres ou davantage de diamètre, et est : formé d'une enveloppelisse, cassante, renfermant environ 24 graines (a). :G, Bénnett (5) qui vit les fruits à Manille, où on les vendait dans les _bazars, dit qu’ils contiennent de { à 12 graines immergées dans une pulpe glutineuse noirâtre (6). - transportée des Philippines en Europe par les jésuites qui, à cause de ses propriétés, lui donnèrent le nom d’Ignace, fondateur de leur ordre. Quoi qu’ il en soit, les plus anciens renseignements relatifs à cette drogue 54 . paraissent avoir été fournis par le jésuite Gamelli, missionnaire de Ma- _nille, à Ray, et Petiver, qui les communiquèrent à la Société royale de Londres, en 4699 (8). Camelli prétendait que cette graine était la Nux à _@ Le plante et les graines sont connues dans la langue bisaya sous les noms de ES Énipéithdn Aguason, Canlara, Mananaog, Dancagay, Catalonga et Igasur. Dans : les iles Bohol et Gebu, où les graines sont produites, on les nomme Coyacoy. Les Espa- .. gnols des Philippines les nomment Pepita de Bisaya ou Pepita de Catbalogan (CLAIN, Remedios faciles, Manila, 1857, 610). Le nom de Fêves de Saint-lynace qu'on leur ap- … plique en Europe, est employé, dans l'Amérique du Sud, pour désigner les graines de plusieurs Cucurbitacées médicinales, notamment celles du Feuillea trilobata L., des Hy- _ panthera Guapeva Maso et celles de l'Anisosperma Passiflora MANso. er Materia Medica, Stockholm, 1778, 1, 446. — Nous ne citons pas lIgnatia amara, Bentham ayant montré que la plante ainsi nommée par Linné fils ést le ns md : longifiora Ausrer, de la famille des Rubiacées, originaire de la ca _ (3) Flora cochinchinensis, ed. Wizzp., 1793, 1, 155. (4) Flora-de Filipinas, 64.2, 1845, 61. (5) Lond Med. and Phys: Journ:, janvier 4832. | ._{6) Le seul échantillon du fruit que j'aie vu était en la posessioh + mon défunt ami Morson. Il mesurait exactement 10 centimètres de diamètre, et lorsqu'on l'ouvrit (15 janvier 1872), on trouva dans son intérieur 47 graines mûres, bien formées, avec des )rès Camelli, le fruit est ovoïde, et mensre 47 centimètres rs ri a sur _ guet es à large. (D. Han.) us Medicaminum, 1792, Vi, 26. RAT de )-Phil. Trans. 1699, XXL, 44 87. — Diet ist. pts 1, lib, XXI, cxvnt Historique. — D'après Murray (1) et d’autres écrivains, la graine fut ra restes de pulpe desséchée. Il existe également un de ces fruits au Muséum de Paris. ft LR ou ; F: ñ e + : sQ F TRS 1° s “ . HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. à vomica legitima du médecin arabe Serapion, qui vivait au néuvième siècle, mais nous pensons qu’il n'existe aucun motif de supposer qu'elle ait été connue à une époque aussi reculée (1). Camelli dit que la graine nommée par lui Vux pepita seu Faba Sancti Ignatii est très-estimée comme remède contre diverses maladies ; mais il connaissait bien ses propriétés toxiques lorsqu'elle est administrée en trop grande quantité. 2 | En Allemagne, la Fève de Saint-Ignace fut signalée, vers mé même épo- -!- 15 que, par Bohn, de Leipzig (2). l ee : Cette drogue se trouve dans les bazars indiens sous un nom qui vient L : ee évidemment, par corruption, de l'espagnol pepita. On la trouve aussi es dans les drogueries chinoises sous le nom de ne ne dc c'est-à-dire fruit de Luzon. RES | Description, — La Fève dé Saint-Ignace a environ 2 centimètres et rie demi de long. Sa forme est ovoïde, mais rendue très- irrégulière par pression réciproque ; elle offre trois, | quatre, ou cinq faces anguleuses ou aplaties, et un = dhile bien visible sur l’une des extrémités. À l’état frais, __ elle est recouverte de poils déprimés, argentés. Sur _celles qu’on trouve dans le commerce on voit encore, cà et là, quelques restes de l'épiderme, mais la plupart Lee ont une surface d’un gris foncé, granuleuse, répon- entière. Grand, nat... dant à la face externe de l’albumen. A part la différence d'aspect exté- 1 rieur, la Fève de Saint-Ignace offre une organisation A semblable à celle de la noix vomique. Cependant, sa radicule es plus longue, plus épaisse, quelquefois un peu recourbée, et les cotylédons sont plus poin- tus. Son albumen est brunâtre, corné, translucide, très-dur, et se fend difficilement. La graine entière se ramollit beaucoup, se gonfle par digestion pro- longée dans l'eau chaude, et exhale alors une odeur désagréable, terreuse; son goût est très-amer. La me Fée de Saint-Ignace est éminemment toxique. a Le Strneture microscopique. — Les poils de l'épiderme ont 4 e analogue à celle des poils de la noix vomique, mais plus simple. (a + PR e no La Philippines étaient it à fait inconnues des Européens ( de l'a ui _ moyen âge. Elles furent découvertes par Magellan en 1521, mais | leu conquête —. rs ne commença effectivement. _ en ns Avant r Decu à “+ RE W "0 | LOGANIAGÉES. ne ba * LES. EN n ARS re L Far r _men et les cotÿlédons ont aussi la même strücture que ts parties cor- respondantes ‘de la noix vomique. Fi À _ Composition chimique, — La Sérychnine existe dans ces graines dans la proportion d'environ 4,5 pour 100. Elles contiennent aussi 0,5 pour _400 de Brucine. Desséchées au-dessus de l'acide sulfurique, et brûlées avec de la chaux sodique, elles nous ont donné une moyenne de 1,78 pour 100 d'azote, répondant à environ 10 pour 100 de matières albumi- _ noïdes. Commerce,— Nous ne possédons aucun renseignement sur la récolte - de cette drogue. Les graines arrivent dans le commerce anglais d’une façon très-irrégulière ; elles sont parfois très-abondantes, tandis que | ; . d’autres fois il est difficile de se les procurer. ® Usages. — [ls sont les mêmes que ceux de la noix vomique.Lorsqu’on peut se les procurer à prix modéré, les fèves de Saint-Ignace sont re- _ cherchées pour l'extraction de la strychnine. (a) Le Strychnos Ignatii Bercius (Materia medica, 1778, I, 146) se distingue par ses feuilles ovales, aiguës, presque sessiles, portées par des rameaux très-longs, _ comme sarmenteux; ses fleurs, à corolle très-allongée, blanche, exhalent une odeur de jasmin et sont disposées en petites panicules de cymes qui portent de 3 à 5 fleurs. [TRAD.] RHIZOME DE SPIGÉLIE. ss 5 Radiz Spigeliæ ; Radix Spigeliæ marilandicæ ; angl., Jndian Pink Root, Carolina Pink Root ; Spigelia (4). ne ie botanique, — Syigelia marilandica L. C'est une plante her- _bacée, , de 30 centimètres de haut environ, indigène des forêts de l'Amé- rique du Nord, depuis la Pennsylvanie jusqu’au Wisconsin, et encore plus au sud. D'après Wood et Bache, on la recueille particulièrement dans les Etats de l'Ouest et du Sud-Ouest (a). Historique, — Les propriétés authôfiuins thiques du rhizome, découvertes par les In- diens, furent signalées en Europe, vers l’année 1754, par Linning, Garden et Chal- | mers, médecins de Charleston, dans la Fig 150, Rhizome de Spigélie, se. Caroline du sud. Cette drogue fut admise D dans la Pharmacopée de Londres en 1788. Description. RES PT racine de Spigélie » offre une très-grande r« res- men à nom de Radiz Caryophylli. 1) Dans quelques catalogues, la racine de Spigélie « est partis Miss à par | erreur, se _ HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE, 91 ” semblance aveclaSerpentaire. Elle consiste enun rhizome court, noueux, d’un brun foncé, émettant des racines grèles et souples. La Spigélie est. © fout à fait dépourvue de l'odeur particu- r Se lière de la Serpentaire, et de tout autre Mr ue arome. Son goût est légèrement amer et PARA àcre. On importe parfois la plante entière, avec ses tiges quadrangulaires, hautes de 30 centimètres environ. Les feuilles sont opposées, longues de 7 centimètres en- viron, sessiles, ovales-lancéolées, acumi- nées, lisses ou pubescentes. Stencture microscopique, — Le rhi- zome a 4 millimètres environ de dia- mètre. ILoffre, sur une coupe transversale, une petite zone ligneuse enveloppant une moelle large, à contour elleptique, for- mée de cellules à parois minces, Le tissu central est ordinairement détruit. Dans sh les racines, la couche corticale moyenne Fig: 151. Rhizome de Spigélie, Rte après macération dans l'eau. AE prédomine, Elle se gonfle dans l’eau, Le et ses larges cellules offrent des épalstisséante spiralés remarquables. er Le noyau, qu'on observe dans la Serpentaire, manque dans le racine de Spigélie. ù ne sé Composition chimique, — Elle n’est pas suffisamment connue. Les LÉAE0S ! vaisseaux du bois contiennent de la résine, etle parenchyme de l’'amidon. On trouve du tannin dans la partie corticale du rhizome, mais non dans les racines, Feneulle assura, en 1823, que la drogue contenait, un peu d'huile essentielle. Les expériences de Bureau (1) ont montré que la Spigélie agit sur les lapins et d’autres animaux comme un semer: nar- cotico-âcre. Fi te Usages. — La Spigélie a longtemps été regardée comme un dic _ ment efficace pour déterminer l'expulsion de V'Asearis lumbs "icoide Mais, d’après Stillé (2), son action à été probablement exagérée. et auteur parle de ses propriétés altérantes et toniques. En terre, elle est rarement prescrite par les médecins, mais elle est employée das. quelques endroits, comme médicament ose Aux ste NE est Dre à ere Le Rae 0 à ONE + FOR LRU L LOGANIA GERS. DER nu (a) Les Spigelia LiNDLEY DR Syst., ed. 2, “got sont. dan Lpinitéése:. à. corolle infundibuliforme dont le limbe est divisé en cinq lobes égaux; à anthères convergentes; à fruit capsulaire, contenant un nombre indéfini de graines, didy- name, biloculaire, déhiscent en quatre valves. Le Spigelia marilandica L. (Syst. véyét., 197) est une plante à rhizome vi- ï vace émettant de nombreux rameaux aériens, dont les souches portent les cicatrices . circulaires, ét qui sont dressés, simples, quadrangulaires, presque lisses, renflés au niveau des nœuds. Les feuilles sont opposées, sessiles, ovales, acuminées, entières, _ parfois pubescentes au niveau des nervures et sur les bords, lisses dans le reste de leur étendue. Les fleurs sont petites, hermaphrodites et rélrérés; disposées en une petite cyme scorpioide terminale, ordinairement solitaire, et portées par de | très-courts pédoncules. Le réceptacle est convexe. Le calice est gamosépale, à cinq _ divisions profondes, Tinéaires, subulées, finement serrulées sur les bords, imbri- -. quées en quinconce dans la préfloraison ; il est persistant, et réfléchi au-dessous du 2. AM au moment de la maturité. La corolle est beaucoup plus longue que le calice, re gamopétale, infundibuliforme, à tube renflé et anguleux au sommet, à limbe di- + visé en cinq lobes aigus et étalés, valvaires dans le bouton. Elle est colorée, extérieu- : rement, en écarlate, ou en cramoisi, eten orange, à l’intérieur, L'androcée est formé de cinq étamines alternes avec les pétales, insérées sur la gorge de la corolle, à filéts très-courts, et à anthères oblongues, cordées, biloculaires, déhiscentes, sur la face ‘interne, par deux fentes longitudinales. Le gynécée est supère, formé de deux car- pelles, lun antérieur, l’autre postérieur, unis en un ovaire biloculaire, petit, ovale, surmonté d’un style plus long que la corolle, articulé près de sa base, et barbu à . l'extrémité, qui estterminée par un stigmate renflé. Les loges ovariennes contiennent de nombreux ovules semi-anatropes, insérés dans l'angle interne, sur un gros pla- centa. Le fruit est une capsule biloculaire, globuleuse, contenant de nombreuses | graines, et se séparant, à la maturité, du réceptacle qui s’est aplati peu à peu, puis . déprimé jusqu’à devenir eupuliforme. À la maturité, les déux carpelles se séparent l'un de l’autre, puis s'ouvrent à la fois par la face ventrals et par la face dorsale, F ‘chacunen deux valves. Les graines sont nombreuses, et renferment un embryon logé : dans l'axe dè l’albumen. [TRAD] (b) Le rhizome de Spigélie offre de dehors en dedans : : 4° une zone de faux suber, formée par certain nombre des couches corticales superficielles devenues re brunés et sèches; 2° un parenchyme cortical, à grandes cellules polygonales, mu- _ nies de parois claires ; 3° un liber peu épais, mou, formé de fibres rectangulaires à | parois minces et cils: 4° en dedans, une mince couche de cambium. Le bois forme une zone circulaire peu épaisse, des laquelle il est impossible de distinguer des rayons médullaires. La plus grande partie des éléments qui lé composent offrent, sur une coupe transversale, un contour presque quadrangulaire:-un certain nombre, épars au milieu des autres, sont plus grands et plus arrondis ; ou ellipti- qués. Les parois de tous ces éléments sont relativement minces, Sur “les coupes longitudinales, soit radiales, soit tangentielles, il est également impossible de recon- naître des rayons médullaires. Presque tous les éléments se ressemblent ; ils sont ordinairement courts, ou séparés les uns des autres par des cloisons obliques, ét munis de grandes ponctuations elliptiques. Quelques-uns cependant, ceux qui sur upe transversale se montrent arrondis ou elliptiques, sont plus larges que les 4 iquer les cavités de deux éléments superposés et les transforme en vais- : moelle qui mess le centre du rhizome offre à ün diamètre relativemen À utres et offrent, sur leurs cloisons transversales, un très-large orifice arrondi qui fait ; | De =" i FD #2 RE ET LU ARE CE de NY re 3 vs nr à E vo f es ART TE M | HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINÉ at NN considérable : elle est formée de grandes cellules: parenchymateuses, poyéariques: sa à parois télles et claires. re La racine de Spigélie offre la même structure fondamentale que le rhizoine, t mais la moelle manque complétement. Au-dessous de l'épiderme, existe une couche très- épaisse de parenchyme cortical à grandes cellules polygonales, munies de parois minces et laissant entre elles de petits méats intercellulaires. Le liber est très-étroit, formé seulement de trois ou quatre couches de fibres rectangulaires, à parois mollei s et blanches. Le bois occupe tout le centre de la racine. Il offre la même structure que le rhizome, mais les vaisseaux sont plus larges et les éléments du centre sont de: polygonaux et plus larges que les autres: Le bois du rhizome et de la racine du Spi- gelia marilandica ressemble beaucoup à celui que nous avons figuré dans la racine ro du Cephælis Ipecacuanha. Sur la coupe transversale, les éléments larges, à contour arrondi ou elliptique de la Spigélie et, sur la coupe longitudi calé; la largeur un peu plus grande de tous les éléments et les larges orifices de communication des élé- ments pseudovasculaires, sont les seuls caractères qui permettent de pa ES his- tologiquement le bois de ces deux LS [Tran.] | va ; * RHIZOME ET RACINE DE GELSEMIUM. oi Ang», Fellow false Jessamine Arte Yellow Jasmine Root. deg 1 7 te ORIGINE BOTANIQUE. — jee nilidum Micnaux. ; re Les Gelsemiurm JUssIEU (Genera, n. 150; — Medicia GARDN, ; Leplopteris. BL.) eee ont été placés par les différents auteurs dans des familles très-distinctes. M, Asa Gray les considérait comme des Rubiacées à ovaire libre (1) ; d’autres les ont réunis aux Scrofulariacées, aux Apocynacées, aux Gentianacées, ou en ont fait, comme Endli- 1e cher (Genera), une famille distincte. Enfin, M. A. De Candolle (2) et MM. Ben- tham et Hooker (3) ont placé ce genre dans la famille des Loganiacées dont il à d tous les caractères principaux, et en ont fait le type d’une tribu des Gelsemiées : à lobes de la corolle imbriqués dans la préfloraison, à style divisé'en deux branches linéaires bifides et à capsule bivalve, septicide. Trois espèces seulement constituent actuellement le genre Gelsemium. Elles ont pour caractères communs, génériques : des carpelles contenant de nombreux ovules, des graines suborbiculaires, entourées d'une aile large, et une tige volubile. Le Gelsemium nitidum Micuaux (Flor. Bor. Amer., 1, 120 ; — Eégonta virens L.; Lisianthus sempervirens MiLer ; Anonymos sempervirens War, ; Gei semium lucidum Poir.; Gelsemium sempervirens Arr.) habite les terrains plats des côtes et des bords des fleuves, dans la Virginie, la Caroline, la ee la Floride, et même le Mexique, : C'est un arbuste grimpant, glabre et lisse, à feuilles dpposies: entil tantes d’après les auteurs anciens, caduques pendant l'hiver, d’après _ ples, entières, ovales où lancéolées, luisantes, munies d’un pétiole. fleurs sont belles, jaunes, très-odorantes, disposées en cymes axillai duites à une seule fleur, ordinairement formées de trois à cinq des Sie munis de LA bractées. Les fleurs sont 8 pro D Le) "À #i rs EM = sie ds w # 4 n E de k TTL. ? FLE ; < , es et 270 a > #1 RER 4 à 4 Sr: pee Lee F Es . x St ee k, PENSE es NS. Re ETÉLOBANIAGÉERE 5 Puce dites, à réceptacle convexe. Le calice est gamosépale, à cinq divisions profondes, imbriquées dans la préfloraison, sèches sur les bords. La corolle est infundibuli- forme, dilatée au niveau de la gorge, à cinq lobes imbriqués dans le bouton. L'an- AE drocée se compose de cinq étamines connées au tube de la corolle, incluses, à an- : thères oblongues, sagittées, biloculaires, introrses, déhiscentes par deux fentes longitudinales. Le gynécée est formé de deux carpelles unis en un ovaire oblong, biloculaire, surmonté d’un style filiforme, long, bifide, chaque branche étant elle- _ même bilobée et couverte, sur la face interne, de papilles stigmatiques. Chaque loge ‘ovarienne contient de nombreux ovules insérés dans l’angle interne de la loge, sur trois ou quatre rangées verticales. Le fruit est une capsule elliptique, aplatie, bilo- LS culaire, déhiscente en deux valves septicides, creusées en carène. Chaque loge con- tient cinq ôu six graines aplaties, larges, orbiculaires, rugueuses et tuberculeuses, _, entourées d’une aile à bord déchiqueté, contenant un albumen charnu et un em- bryon droit, à cotylédons ovales, aplatis, courts, et à radicule cylindrique, , * ". Historique. — Le rhizome et la racine de Gelsemium sont depuis longtemps : employés, dans l'Amérique du Nord, contre les fièvres intermittentes, concurremment avec la quinine, et dans les affections inflammatoires des enfants, mais son étude chimique et physiologique n’a été faite que dans ces dernières années et son emploi k 2 thérapeutique, assez répandu en Angleterre et en Allemagne, est encore très-res- » ._ treint en France. Il a surtout été tenté à Paris par M. Dujardin-Beaumetz, + DEscriIPTiION. — On trouve dans le commerce la racine véritable et le rhizome du Gelsemium mélangés et aucune expérience n’a encore été faite sur 1 a valeur relative de ces deux parties de la plante. Elles sont aussi, parfois, mélangées de fragments de la tige aérienne, Les trois portions axiles de la plante sont souvent expédiées en Angleterre à l'état de fragments très-petits et mélangés, comprimés à l’aide d’un presse hydrau- = Jique. On les trouve aussi en fragments longs de 5 à 10 et même 20 centimètres ou davantage. ” Les fragments de rameaux aériens sont faciles à distin ! cavité centrale produite par la destruction de ln moelle, et à lasstructure très-fibreuse de leur écorce, dont le liber ‘souples et longues, semblables à celles du chanvre, Les fragments de rhizome ont un diamètre de 4 à 3 centimètres environ, Ils sont énéralement droits, colorés extérieurement en brun jaunâtre clair, avec des rayures ._ longitudinales plus foncées. Ils offrent parfois, de distance en distance, des ramifica- tions assez volumineuses. et des racines adventives grèles, longues et souples. Leur cassure est fibreuse, Sur la coupe transversale, on voit à l’œil nu : une écorce mince - fibreuse ; un bois de coloration brunâtre, traversé par des rayons médullaires blancs, de longueur inégale, plus larges vers la périphérie que vers la portion interne du _boïs ; une moelle centrale peu épaisse, mais nettement visible à l'œil nu et plus . foncée en couleur que le bois. : - . — Les fragments de racine se distinguent sans peine à l’absence de moelle. Leur . diamètre ordinaire est de 1 à 2 centimètres environ, Les gros fragments sont rare- - ment ramifiés, mais on trouve à leur surface un assez grand nombre de petites ra- “eines filiformes jaunâtres, assez résistantes et rigides. Les fragments sont souvent tordussur eux-mêmes. Leur surface extérieure est très-rugueuse, marquée de crevasses le sillons irréguliers, longitudinaux, avec de nombreuses cicatrices des petites ra- Sa coloration est d’un jaune grisâtre plus ou moins foncé, Sur une section sale de la racine, on distingne, à l'œil nu, comme le montre la figure 432, guer à la présence d’une à leur coloration pourpre est constitué par des fibres “ xd ñ F ÿ HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 95 une couche corticale mince, jaune brunâtre, très-adhérente au bois, et une partie » - par de très-larges rayons médullaires, à cellules quadrangulaires, allongées dans . externe concave en dehors. Ils sont séparés les uns des autres par de larg médullaires qui continuent directement en dehors ceux du liber et offrent Ja même de la racine, les autres sont de longueur très-inégale, Chaque de fibres ligneuses fusiformes, à parois très-épaisses, à cavité liné quadrangulaire ou polygonal sur la coupe transv À | : médullaires se détachent plus nettement en blanc sur le fond l'œil nu les rayons médullaires jusque dans la couche interne ayant 2 centimètres et demi de diamètre m’a offert la structure suivante : sur une du liber et le bois de chaque faisceau, existe une couche de cambium à élé-. ceau libérien est nettement indiqué par la direction des éléments ; il est convexe centrale ligneuse, colorée en jaune clair, traversée par des rayons médullaires blancs, très-inégaux en longueur, s’amin- cissant à mesure qu'ils s’enfoncent davantage dans le centre du bois. Lorsqu'on mouille la surface de section, les rayons du bois, dont le jaune devient plus vif avec une teinte brun clair au centre. On peut alors suivre à la loupe et même à Fig. 152. Racine de Gel- Ar semium. Section trans- versale. Grand. natur, 9 de l'écorce. Le rhizome et la racine de Gelsemium n'ont aucuné odeur particulière marquée, Leur saveur est un peu amère, surtout celle’ de l’écorce. STRUCTURE MICROSCOPIQUE. — Un fragment de racine de Gelsemium sempervirens coupe transversale examinée à un faible grossissement, on voit en dedans de l'écorce un cercle de faisceaux fibrovasculaires pressés les uns contre les autres et se pro- longeant jusqu’au centre de la racine où existent de nombreux vaisseaux ; les fais- ERA ceaux sont nettement cunéiformes et séparés par des rayons médullaires très-larges dont les uns se prolongent jusque vers le centre de la racine, tandis que d’autres n’ont qu’une longueur beaucoup moindre. Pr ds L’écorce offre, de dehors en dedans, ainsi que le montre la figure 153 : {°unme couche de suber a, assez épaisse, formée PE Mr de cellules quadrangulaires, aplaties, vi- 4 ESS des, à parois brunes et sèches ; 2° une couche b, de parenchyme cortical, relati- 4 vement peu épaisse, formée de cellules allongées tangentiellement, à parois #7 minces etblanches ; 3°un liber €, dont les à l faisceaux sont séparés les uns des autres tr gli PTE SN le sens du rayon. Les faisceaux libériens sont formés de fibres irrégulières, à pa- rois minces, ét de parenchyme dont les éléments paraissent, sur la coupe trans- versale, disposés en couches irrégulière- ment concentriques. Entre les éléments ments petits et pressés les uns contre Fig. 153. Racine de Gclsemiant. les autres, Le contour extérieur du fais- Coupe transversale. dehors. Les faisceaux ligneux sont cunéiformes, à bords latéraux droits e organisation. Un petit nombre de faisceaux seulement se prolongent jusqu'au cen Do. “Mes | LOGANIAGÉES. sacre: +. dstribées de téchombrée vaisseaux, larges, cine: à parois épaisses et sé 2 tuées. Le centre de la racine offre des fibres ligneuses très-pressées les unes contre 7: les autres et des vaisseaux de plus en plus étroits à mesure qu’ils sont plus r'ap- LR prochés da centre. Les cellules de l’écorte contiennent de nombreux grains d’ami- don arrondis, et un petit nombre de cristaux d’oxalate de chaux. Les fibres hgnRses Redon renferment une matière résineuse colorée en jaune clair. STE Couposrrion cuiique. — En 1870, M. Wormley a rotin délires de | Gelsemium un acide cristallisable, l'acide Gelséminique, qui a été ensuite bien = étudié par M. Fredigke. Pour l'obtenir, M. Wormley épuise par l'alcool un extrait fluide de la racine, il traite le produit alcoolique par l’eau pour précipiter la résine, _ puis il ajoute au liquide aqueux de l'acide chlorhydrique. Agité avec de l’éther, ce . nouveau mélange lui cède l’acide gelséminique qu’on obtient à l’état impur par éva- _ poration de l’éther. M. Fredigke, pour obtenir l'acide gelséminique, réduit la racine en poudre qu'il soumet à des décoctions répétées dans l’eau, il filtre les décoctés . bouillants et les réduit en un extrait qu’il traite, à diverses reprises, par l’éther. Ce __. dernier en s’évaporant abandonne l'acide gelséminique. Pour obtenir cet acide à _ l'état de pureté complète, on le transforme en un sel de plomb qu’on traite par l'hydrogène sulfuré ; l'acide gelséminique est ainsi mis en liberté à l’état d’aiguilles cristallisées, diversement groupées, incolores, inodores, et à peu près dépourvues de saveur. Cet acide sature facilement les bases. Il est très-solüble dans le chloroforme © et l'éther; l’eau froide n’en dissout qu'un millième de son poids ; l’eau bouil- Sp lante le dissout mieux, mais le laisse déposer par refroidissement à l’état cristallin, DE. se dissont bien dans les alcalis, en donnant des solutions qui possèdent une fluo- rescence bleue très-prononcée. Il se sublime sans décomposition. 11 donne avec le “bichlorure de mercure un précipité jaune, et avec le nitrate d'argent un précipité jaune brun. M. Fredigke a retiré, par le procédé que nous, EnONs se 00 28,47 d'acide gelséminique de 373 grammes de racine. M. Fredigke a retiré de la racine de Gelsémium un alcaloïde auquel ila donné. le : nom de Gelsemina ou Gelsémine qui représente la partie active de la plante, mais - n'a pas encore été obtenu à l'état cristallin, Ce chimiste concentre l'extrait aqueux . auquelil a enlevé, préalablement, par l'éther, l'acide gelséminique ; puis il l’agite avec _le double de son poids d’alcool concentré qui précipite une matière gommeuse ; “il filtre le liquide, le concentre, puis ajoute de la potasse, et agite la liqueur avec du Lu chloroforme ou de l’éther qui enlèvent la gelsémine. C’est une substance solide, CE amorphe, incolore, inodore, à saveur amère très-prononcée, sensible même dans une solution qui n’en renferme qu'un millième, Elle est à peine soluble dans l'eau pure, - soluble dans 25 parties d’éther, dans le chloroforme, le bisulfure de carbone, l'ean __… acidulée d’acide chlorhydrique. Les alcalis la précipitent de ses solutions acides, Ses :_ sels, notamment le sulfate, le nitrate et l’acétate, sont très-solubles dans l’eau ; ils fon- = dent à 100° C. et forment en serefroidissant une masse vitreuse ; au-dessus de 1000 CG; . la gelsémine se volatilise et va se condenser en petites gouttelettés sur les parois du vase. Le bichlorure-de mercure précipite la gelsémine en blanc; le tannin, l'acide earboazotique, le biiodure de potassium, le bichlorure de platine, le chlorure d’or, donnent des précipités dans des solutions qui ne renferment qu'un millième de “grain, Un excès d'alcalis ajouté à l’un de ses sels le précipite en blanc qui passe au rouge ou rouge-brique ; l'acide sulfurique concentré colore la gelsémine ou ses sels rouge brun qui passe au pourpre quand on élève la tenpéraiurs (0e vez Houuss, i in Pharm. Journ., déceibre 1878. — Journal de Pharn ét ; ro 216: — Bullet. génér. de Thérapeut., 1876, XC, 955, # HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 97 Usaces (1). — Le Gelsémium et la gelsémine constituent des agents toxiques et thérapeutiques puissants, Une injection de 3. milligrammes de gelsémine sous la peau d’un chat le tue en une demi-heure. En thérapeutique, on s'est servi surtout de la teinture de Gelsémium (1 partie de Gelsémium par 5 parties d'alcool), mais cette teinture détermine facilement des accidents toxiques lorsqu'on dépasse la dose de 2 centimètres cubes, Les accidents mortels signalés sont déjà trop nombreux pour que les praticiens n’apportent pas une prudence extrême dans son ‘emploi. La poudre de la racine a été recommandée par le docteur Sawyer (2) à la dose de 6 à 12 cen- tigrammes. Sous cette forme, le médicament a également occasionné des accidents mortels. Le docteur Grover Coe donne la gelsémine à la dose de 32 à 65 milli- grammes. Le Gelsémium et la gelsémine produisent la paralysie des mouvements volon- taires et réflexes. Cette paralysie serait due, d’après Ringer et Murell, à une action directe sur la moelle épinière. A la suite de la paralysie, il peut survenir des phéno- mènes convulsifs qui ont été décrits sous le nom de tétanos gelsémique. On a pensé que cette double action paralysante et tétanisante était due à des substances diffé- rentes, Ainsi la solution aqueuse de Gelsémium serait exclusivement PHARE tandis que la gelsémine serait tétanisante. On a attribué au Gelsémium la propriété de diminuer la fréquence dé la respira- tion. Il agirait peu sur le pouls, et déterminerait dans le cœur des phénomènes va- riables. Son action sur la pupille serait variable suivant lé mode d'administration de la drogue. Pris à l'intérieur, le Gelsémium produirait le resserrement de la pu- pille, tandis qu’administré localement, à l'extérieur, il amènerait la dilatation de la pupille. Il détermine chez les animaux, et particulièrement chez le lapin, de l’exoph- thalmie, On a particulièrement recommandé le Gelsémium contre les névralgies de la cinquième paire, et surtout contre les névralgies dentaires. On l’administre ps comme calmant, dans les affections fébriles. [TRA».] GENTIANACÉES RACINE DE GENTIANE, _ Radix Gentianæ ; angl., Gentian Root; allem., Enziampurzel, Origine botanique. — Gentiana lutea L. C’est une belle herbe vivace, haute de 90 centimètres environ, indigène des prairies découvertes des montagnes du centre ét du sud de l'Europe. On la trouve en Portugal, : en Espagne, dans les Pyrénées, ‘dans les îles de Sardaigne et de Corse, ; dans les Apennins, les montagnes de l'Auvergne, le Jura, les Vosges, | la forêt Noire, et la chaîne des Alpes jusque dans les Principat tés Da- nubiennes. En nes on la trouve sur les hi as de la Souabe près Li TER do . Las BEST dot détails qui: suivent sont empruntés ussnote manette ui m'a _ été remise par M. Dujardin-Beaumetz. [Tan] se (2) Voyez Bullet. génér. de Thérap., 1876, XC, 9 CS HIST, DES DROGUES, T. . 98 GENTIANACÉES. de Wärabin et çà et là en Thuringe, mais pas davantage vers le nord. On ne la trouve pas non plus dans les Iles-Britanniques (a). Historique, — Le nom de Gentiana passe pour dériver de Gentius, roi des Illyriens, qui vivait de 1480 à 167 avant J.-C. et par lequel, d'après Pline et Dioscoride, la plante fut signalée. Il est douteux que la plante ainsi nommée fût le Gentiana lutea. Au moyen âge, la Gentiane était communément employée comme médicament et comme antidote des poisons. Tragus, en 1532, la mentionne comme un moyen de guérir les plaies, application qui a été préconisée de nouveau dans la pratique médicale moderne depuis 1834. Description, — La plante a une racine cylindrique, charnue, simple, de couleur pâle, atteignant parfois jusqu'à 4",20 de long et 4 centimètres de diamètre, et produisant d'une à quatre tiges aériennes, La racine desséchée du commerce est en morceaux irréguliers, contournés, de plu- . sieurs centimètres de long, de 1 à 3 centimètres d'épaisseur, Les mor- ceaux sont très-ridés longitudinalement, etmarqués, surtout dans la par- . tie supérieure, de nombreux sillons transversaux. Très-souvent, on les fend pour faciliter la dessiccation. Ils sont colorés en brun jaunâtre à l'extérieur et en brun orangé à l’intérieur. Ils sont spongieux. Leur odeur est particulière, désagréable, nauséeuse, et leur saveur est très- amère. C’est pas ironie populaire, d’après Schübler, qu’en Norwége, la racine du Gentiana purpurea s'appelle Sôtrot, racine douce! La cou- ronne de la racine, qui est un peu plus épaisse, est recouverte par la base écailleuse des feuilles. La racine est forte et flexible, cassante, mais seulement aussitôt après la dessiecation. Nous avons trouvé qu'elle perd, par la dessiccation dans l’étuve, 18 pour 100 de son poids, et qu'elle en regagne 16 pour 400 par l'exposition à l’air. Structure microscopique, — Sur une coupe transversale, l'écorce se “montre séparée de la colonne centrale par une zone cambiale foncée. La disposition radiale des tissus se voit seulement dans le centre. Dans l'écorce, les fibres libériennes manquent, et au centre il n° y a pas de moelle distincte. Les faisceaux fibro-vasculaires sont dépourvus de pro- senchyme ligneux à à parois épaisses. Ce caractère explique la consistance particulière, et la cassure courte de la racine. Elle est remarquable par l'absence d'amidon et d'oxalate de calcium. Les cellules paraissent con- tenir surtout du sucre et une petite quantité d'huile grasse. | Composition chimique. — La saveur amère de la Gentiane est due à : une substance nommée Gentiopicrine où amer de Gentiane (4). Des (1) Gueun, Chemistry, 1864, XVI, 193, HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 99 chimistes, notamment Henry et Gaventou, Trommsdorff, Leconte et Dulk, ont décrit le principe amer de la Gentiane, à l'état impur, sous le nom de Gentianine, mais Kromayer le premier, en 4862, l’a obtenu à l'état de pureté. La Gentiopicrine, C*H*0°, est un corps neutre, cristallisant en aiguilles incolores qui se dissolvent. facilement dans l’eau. Elle est soluble dans l'esprit-de-vin, etdans l’alcool absolu, mais pour ce dernier il faut l'aide de la chaleur. Elle ne se dissout pas dans l’éther. Une solution de potasse caustique ou de soude forme avec elle une solution jaune. Sous l'in- fluence des acides minéraux dilués, la gentiopicrine se résout en glu- cose, et en une substance amorphe, d’un brun jaunâtre, neutre, nommée Gentiogénine. Les racines de Gentiane fraîches fournissent un peu plus de 0,4 pour 100 de gentiopicrine; on peut la retirer de la racine fraiche à l’état cristallin. La teinture médicinale de Gentiane, mélangée avec une solution de potasse caustique, perd son amertume au bout de quel- ques jours, par suite probablement de la destruction de la gentiopicrine, La racine de Gentiane contient un autre principe constituant, la Gentisine (1), acide Gentisique ou acide Gentianique, GH°O*, substance insipide, formant des cristaux soyeux d'un jaune pâle, qu'on peut subli- mer en chauffant avec soin. Elle est peu soluble dans l’eau, soit à chaud, soit à froid, et dans l’éther, mais se dissout dans l'alcool concentré chaud, à l'aide duquel on peut la faire cristalliser. Elle se dissout aussi dans les alcalis aqueux, en formant des composés cristallisables, Elle paraît être sans action sur l'organisme. La racine de Gentianeest riche en pectine, Elle contient aussi envi- ron 42 à 45 pour 100 d’un sucre incristallisable, ce qui la fait employer dans le sud de la Bavière, eten Suisse, pour fabriquer, par fermentation et distillation, une eau-de-vie potable (2). Cet emploï spécial, et celui qui en est fait en médecine, sont cause que la plante est aujourd'hui presque entièrement extirpée de certaines parties de la Suisse où elle us autrefois abondante. D'autre part, la Gentiane est pa ta de Commerce. — La racine de Gentiane parvient dans le commerce an- a) Hiauwerz et HaBermanN ont fait voir, en 1875, va. la. Gentisine. réponi à ra constitution suivante : ; ; ï é Fes mnt 25 cms} (9 OH) onig. , Done made monte. à ton \ctplmaenie nanas der id ee we 04, de la Phlo d BSHGOS, et edo acide Aeétique, [ Lai. 100 IA EE : : GENTIANACÉES. glais par l'intermédiaire de maisons allemandes. Une certaine quantité est aussi expédiée de Marseille. La quantité importée dans le Royaume- Uni, en 4870, fut de 1100 quintaux. Usages. — La Gentiane est beauconp employée en médecine comme tonique amer. Réduite en poudre, cette racine entre dans certaines compositions vendues pour l'alimentation du bétail. Substitations, — On ne peut guère dire que la Gentiane soit falsifiée ; cependant on recueille parfois les racines de quelques autres espèces qui possèdent des propriétés analogues. Ces espèces sont les suivantes : 4° Gentiana purpurea L. — Cette espèce habite les régions moyennes, alpines, des Apennins, de la Savoie, de la Suisse, de la Transylvanie et du sud-ouest de la Norwége. Il en existe une variété dans le Kamtchatka (1). On recueille fréquemment sa racine, qui atteint au plus 50 centimètres de long et 2 centimètres et demi de diamètre à la base, de laquelle s’é- lèvent huit à dix tiges aériennes revêtues, dans le bas, par de nombreux restes écailleux dé feuilles. La souche de la racine offre aussi un aspect branchu particulier qu'on ne voit jamais dans le Gentiana lutea, auquel le Gentiana purpurea ressemble sous tous les autres rapports. Cette der- nière espèce est péut-être même douée d’une amertume plus intense, 2° Gentiana punctata L. — La même description s'applique presque à cette espèce, qui est originaire des Alpes méridionales, Das vers l'est, en Autriche, én Hongrie - en Roumélie. Es 3° Gentiana pannonica Scop. — Cette planté, indigène: tes montagnes de l'Autriche, inconnue dans les Alpes suisses, possède une racine qui n’atteint ni la longueur, ni l'épaisseur de celle du Gentiana purpurea, à laquelle elle ressemble sous les autres rapports. Elle est inscrite comme officinale dans la autrichienne. (a) Les Gentianes (Gentiaha T, Instit., 80, t. 40) sont des Gentianacées: & la tribu des Gentianées, à capsule atténuée on un style court que termine un stigmate bifide, persistant, : Le Gentiana lulea L. (Spec,, , 329), vulg. dau Genlanse est une nil à souche vivace, cylindrique, marquée de cicatrices foliaires, et portant de petits bourgeons disposés sur plusieurs lignes spiralées: très-régulières: La racine continue directe- ment la tige ; elle est cylindrique, longue, rameuse. Les rameaux aériens annuels sont hauts de 1 mètre ou davantage, dressés, fistuleux, non ramifiés, terminés par les fleurs. Les feuilles sont opposées, entières, toutes munies de cinq à sept nervures As qui convergent vers l'extrémité de la-feuille, Les feuilles radicales 4) Qéssmenen (Die’ petatémeilit Erde, 18172, 1, 223), donne des détails très-inté: réssants relativement à l’airé de éroiséance- des Gent purpure; a et 0 nonica. 1 admet que ce sont bieri des éspèces distinctes: HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 101 sont grandes, elliptiques, pétiolées, celles du bas de la tige ont un pétiole plus court, les moyennes et les supérieures sont sessiles etem- brassantes à la base. Les fleurs sont disposées en cymes fasciculées à l’aisselle des paires de feuilles supérieures, et sont munies chacune d’un pédoncule court. Le calice est _gamosépale, tubuleux, ovale, membraneux, irrégulièrement découpé, au sommet, en quatre à dix dents, et fendu d’un côté jusu’à la base, de façon à simuler une sorte de spathe. La corolle est gamopétale, grande, d’un beau jaune, ré- gulière, divisée très-profondément en cinq, sept, ou neuf lobes étroits, lancéolés, contournés dans la préfloraison, étalés en étoile pendant l’anthèse. L'androcée est formé d’étamines en nombre égal à celui des pétales, alternes, à filets connés au tube | BUGO de la corolle, à anthères libres, linéaires, biloculai- Fig. 154. Gentiana lutea. res, introrses, déhiscentes par des fentes longitu- RE dinales. Le gynécée est formé de deux carpelles unis en un ovaire supère, libre, uniloculaire, atténué en un style court que terminent deux stigmates roulés en de- hors, persistants, La cavité unique de l'ovaire contient de nombreux ovules ana- tropes, horizontaux, insérés sur deux placentas pariétaux très-saillants. Le fruit est une capsule sèche, uniloculaire, ovoïde, acuminée, à déhiscence septicide en deux valves, Il contient de nombreuses graines ovales, comprimées, ailées, contenant, dans des enveloppes membraneuses, un albumen abondant et un embryon très- petit, situé près du hile. [Tran.] _ CHIRAYTA. . Herba Chiratz;. Herba Chirettæ vel Chiraytæ.; angl., Chiretta or Chirayta. Sigii botanique. — Opheha (4) Chirata Grisesacn (Gentiana Chy- rayita Roxs. ). C’est une herbe annuelle des régions montagneuses du nord de l'Inde, $ ’étendant depuis le Simla jusqu’au district de Murung, spé le sud-est du Népaul, en passant par le Kumaon (a). Historique. — Le Chirayta a été longtemps tenu en grande estime par les Hindous, et est fréquemment mentionné dans les écrits de Sus- ruta. Il sé nomme, en sanskrit, Kérdta-likta, é’est-à-dire plante amère des Ai râtas, les Kirâtas étant une casté errante de montagnards du nord de l'Inde. En Angleterre, il commença à aftirer l'attention vers l'an- née 1829, En 1839, il fut introduit dans la Pharmacopée d'Edin- , en en La plante fat décrite pour la Fees fois Lan Roxburgh 102 GENTIANACÉES. des anciens, mais l'erreur de cette manière de voir a été bien démon- trée par Fée (1), et par Royle, et elle est aujourd'hui généralement abandonnée. Description, — On recueille les plantes entières lorsqu'elles sont en fleur, ou plus communément lorsque les capsules sont complétement for- mées. On les lie, avec une corde de bambou, en paquets un peu aplatis, longs de 90 centimètres environ (2), et pesant chacun, après dessicca- tion, de 1 livre et demie à 2 livres. La tige a de 4 ou 6 millimètres à 2 centimètres et demi d'épaisseur ; elle est coloréé en brun orangé, et parfois en pourpre foncé. La racine est simple, fusiforme, souvent plus épaisse que la tige, longue de 5 à 10 centimètres, et épaisse d’un centi- mètre environ. Elle est rarement ramifiée, mais toujours munie de quelques radicules. Dans les plus forts échantillons, la souche est un peu oblique ou géniculée. Dans ce cas, la tige est peut-être un produit de végétation de seconde année, et la plante n’est pas nécessairement annuelle. Chaque plante est formée ordinairement d'une tige simple, mais parfois il s’élève d'une même souche deux ou un plus grand nom- bre de tiges. La tige s’élève à une hauteur de 60 à 70 centimètres. Elle est cylindrique dans ses portions inférieure et moyenne, et quadrangu- laire dans le haut, les quatre angles étant pourvus chacun d’une ligne saillante, comme dans l'£rythræa C'entaurium, et plusieurs autres plantes de la même famille. Sa ramification est décussée comme celle des autres Gentianes. Les nœuds sont situés à une distance de 3 à 5, et même 10 centimètres l’un de l’autre, et présentent des feuilles opposées, semi- amplexicaules, ou leurs cicatrices. La tige est représentée, dans sa partie inférieure, par une grosse colonne ligneuse, revêtue d’une écorce mince, et enveloppant une moelle relativement volumineuse, Les parties supé- rieures de la tige et des branches contiennent un large cercle de paren- chyme ligneux à parois épaisses. Les rameaux nombreux, axillaires et opposés, sont grêles, allongés, et forment une panicule ombelliforme, dense. Ils sont lisses et glabres, colorés en gris verdâtre ou brunâtre. Les feuilles sont ovales, acuminées, cordées à la base, entières, ses- siles, Les plus grandes ont 2 centimètres et demi ou plus de long. Elles ont de 3 à 5, 7 nervures dont la médiane est très-forte. Au niveau de chaque division de la panicule sont deux petites bractées. La corolle est jaune, rotacée, à 4 lobes, munie de petites fossettes glanduleuses au- dessus de la base. Le calice a le tiers de la longueur des Réf qui ont (4) Cours d'Hist. nat. pharmaceut,, 1828, 1], 395. (2) Les autres espèces de Chirayta sont ordinairement plus courtes, HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 103 environ { centimètre de long. Le fruit est une capsule uniloculaire, bi- valve, contenant de nombreuses graines. Les fleurs partagent l'amer- tume intense de la plante entière. Le bois des tiges les plus sul est dépourvu de principes amers. Composition chimique. — L'étude chimique du Chirayta a été faite, sur notre demande, dans le laboratoire du professeur Ludwig, d’Iéna, par son aide, M. Hôhn. Les résultats principaux de ces soigneuses et difficiles recherches peuvent être exposés de la façon suivante (1) : Parmi les principes amers de la drogue, c'est l'acide Ophélique, CH#0", qui se présente en plus grande quantité. C'est une substance jaune, amorphe, visqueuse, d’une saveur acidule et amère, très-persis- tante, et d’une odeur agréable, semblable à celle de Ja Gentiane. Ce prin- cipe produit avec l’acétate basique de plomb un abondant précipité jaune. Il ne forme pas avec le tannin de composé insoluble. Il se dissout dans l’eau, l'alcool et l’éther. La première de ces solutions produit, dans le tartrate alcalin de cuivre, un précipité de protoxyde de cuivre. Un second composé amer, la Chératine, C#H“O015, peut être obtenu à l’aide de l'acide tannique, avec lequel il forme un composé insoluble. La chiratine est une poudre neutre, non cristalline, colorée en jaune clair, hygroscopique, soluble dans l'alcool, l’éther et l’eau chaude. Elle se décompose, sous l'influence de l’acide chlorhydrique bouillant, en Chiratogénine, CH*0*, et.en acide ophélique. La chiratogénine est une substance amorphe, brunâtre, soluble dans l'alcool, insoluble dans l'eau, et ne donnant pas de composé tannique. Il ne se forme pas de sucre dans sa décomposition. Ces résultats n’offrent aucune analogie avec ceux qu’on obtient dans l'analyse des Gentianes européennes. Enfin, Hôhn a trouvé dans le Chi- rayta une substance jaune, cristallisable, insipide, dont la quantité était si faible, qu'il ne put pas en faire l'étude. Les feuilles de Chirayta, chauffées à 100° C., donnèrent 7,3 pour 100, et les tiges 3,7 pour 100 de cendres, parmi lei dominaient les sels de potassium et de calcium. Usages, — Le Chirayta cat: un tonne amer, étonite d'arbbset et d’astringence. Son amertume intense surpasse celle de la Gentiane, de l’'Erythræa, et des autres plantes européennes de la même famille. Il est très-estimé dans l'Inde, mais son emploi ne s’est répandu que peu en Angleterre et pas du tout sur le Bone ré por sur sa () Dour: paid dial; orale de Ph deu” 2e. 104 GENTIANACÉES. employé, lorsqu'il'est à bas prix, à la place de la Gentiane, dans la pré- paration de la composition désignée sous le nom de Cattle Foods. Substitution et Falsification, — (Quatre autres espèces d’ Ophela : les O. pulchella Dox, 0. angustifolia Dox, densifolia Guises., elegans Wiçur, multiflora Dazz., deux ou trois espèces d'£xacum, et l’'Andrographis paniculata Wazr. (voy. p.161), sont plus ou moins connus dans les bazars indiens sous le nom de Chiretta (4), et possèdent, à un degré plus ou moins élevé, les propriétés amères et toniques de cette drogue. Une autre Gentianacée, le Slevogtia orientalis Grises., porte le nom de Chota Chiretta ou petit Chiretta. Nous dépasserions les limites qui nous sont assignées, en décrivant chacune de ces plantes. Nous avons donné une description un peu détaillée du véritable Chirayta qui suffira pour le faire reconnaître. Nous avons fréquemment examiné le Chirayta qui se trouve sur le marché anglais, et nous n'y avons jamais trouvé aucune autre sorte de Chirayta que le véritable (2), (a) Les Ophelia Don (in Phil. Mag., 1836, 77) sont des Gentianacées de la tribu des Lisianthées, très-voisins des Swertia avec lesquels MM. Bentham et Hooker les confondent. Ils ont un calice 4 ou 3 partite, à segments connés à la base, valvaires ; une corolle rotacée, marcescente, munie de glandules au-dessus de la base; des anthères incombantes ; un ovaire uniloculaire, pluriovulé, surmonté de deux stigmates souvent sessiles ; une capsule bivalve, septicide, plurisperme, [Trap.] PETITE CENTAURÉE. ORIGINE BOTANIQUE ET DESCRIPTION, — Erythræa Centaurium PEensoow. Les Erythræa ReNEAL\. (Species, 77, t. 76) sont des Gentianacées de la tribu des Gentianées, à fleurs pentamères ; à anthères-se contournant en spirale après la dé- hiscence ; à style filiforme et cadue, trifide ; à capsule linéaire, presque biloculaire ; à graines subglobuleuses, comprimées, réticulées où ridées, L’Erythræa CentauriumPsrsoox (Syn. pl, I, 283), vulg. Petite Centaurée, Herbe à mille florins, est une petite plante herbacée, bisannuelle, dont la souche émet de deux à cinq ou dix rameaux aériens dressés, hauts de 20 à 30 centimètres, à rami- fications opposées. La racine est fusiforme, courte et ramifiée, Tous les axes sont grèles, quadrangulaires, etmunis, au niveau dés angles, d’arêtes saillantes, Les feuilles sont toutes opposées et entières. Les feuilles radicales sont obovées, obtuses, atté- nuées à la base, disposées en rosettes. Les feuilles caulinaires sont ovales-oblongues ou oblongues, aiguës ou obtuses, sessiles ; vers le sommet de la tige, elles sont étroites et très-aiguës, et dans le voisinage des fleurs elles deviennent linéaires. Elles sont toutes d’un vert gai, glabres, tout à fait entières. Elles sont mtinies de (4) Moopeex SHERIFF, Suppl. to the Pharm: of India, 1867, 138, 189; — Pharmaco- pœia of India, 1878, 148-149. té (2) M. E. À. WEss a signalé un cas de falsification dans lequel des racines de Ru- _ bia cordifolia L. (Munjit}) avaient été enfermées dans des paquets de Chirayta, HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 105 trois nervures longitudinales, qui convergent vers l'extrémité de la feuille, en di- minuant graduellement de force, et s’y réunissent, La nervure médiane est plus marquée que les deux autres, et se prolonge, dans le bas, en une petite arête longi- tudinale qui s’éteint sur la face correspondante du rameau ; lés deux bords de chaque feuille continuent les deux arêtes qui leur correspon- dent ; comme les deux feuilles sont très-rappro- chées au niveau de leur insertion, les quatre arêtes de l'axe qui répondent à leurs bords sont rapprochées deux à deux. Les quatre faces de l'axe sont ainsi fort inégales ; au niveau de chaque nœud, deux plus larges répondent aux deux faces inférieures des feuilles, et deux plus étroites correspondent aux intervalles des feuil- les. Chaque rameau se termine par une sorte de corymbe dense, formé de cymes très-rappro- chées, situées à l’aisselle de feuilles linéaires, et formées de fleurs très-courtement pédicellées. Les fleurs sont régulières, hermaphrodites, à réceptacle convexe. Le calice est gamosépale, vert, tubuleux, muni de cinq angles saillants qui répondent à cinq dents allongées et poin- tues. La corolle est rouge, gamopétale, tubu- leuse, à tube presque moitié plus long que le calice au moment de l’anthèse, cylindrique ou un peu rétréci au niveau de la gorge. Le limbe de la corolle est divisé en cinq lobes lancéolés, obtus, tordus dans la préfloraison. La corolle est marcescente, et enveloppe le fruit au-dessous fie i8é Pte Chaifhèn duquel elle se contourne. L’androcée est formé prt. Coupe verticale de la fleur. Anthères. de cinq étamines alternes avec les pétales, à pe filets connés au tube de la corolle jusqu’au niveau de sa gorge, à anthères ovoïdes, étroites et allongées, basifixes, biloculaires, introrses, déhiscentes par des fentes longitudinales. Après l'émission du pollen, l’anthère se contourne en spirale à deux tours. Le gynécée est formé de deux carpelles connés en un ovaire supère, unilocu- * laire, linéaire, surmonté par un style filiforme, renflé et bifide au niveau de son ex- trémité stigmatique ; chaque branche de la bifurcation est repliée en dehors et couverte de papilles sur sa face interne, convexe. La cavité ovarienne offre deux pla- centas pariétaux très-saillants, bilabiés, épais, divisant presque l'ovaireen deux loges, et chargés, sur chacune de-leurs lèvres, d’un:très-grand nombrè d’ovules anatropes, horizontaux. Le fruit ést une capsule étroite, plus longue que le calice, presque bi- loculaire, terminée par la base du style qui, seule, persiste sous forme d’une petite pointe. La déhiscence est septicide ; chaque valve entraîne deux demi-placentas répondant à ses deux bords renflés en dedans, chargés de petites graines cunéifor- mes, aplaties, paraissant, sur une coupe transversale, triangulaires, avec une face convexe et deux faces plus petites, concaves, séparées par une arête longitudinale. Les téguments sont noirs et réticulés, et renferment un ‘albumen abondant qui entouré un petit embryon eylindrique, à radicule dirigée vers la petite extrémité. Toutes les parties de la plante possèdent une saveur amère très-prononcée. Les 106 CONVOLVULACÉES. fleurs ont une odeur assezagréable qui disparaît, en partie, sous l'influence de la des- siccation. On emploie particulièrement les sommités fleuries de la petite Centaurée, recueillies au moment où elles sont en pleine floraison. En France, la récolte se fait en juillet et en août. La plante paraît être d'autant plus active que la floraison est plus avancée. Pour conserver la coloration des fleurs, on les fait sécher dans des cor- nets de papier. Composrrion cHmiQuE. — M. Méhu (1) a trouvé dans la petite Centaurée une ma- tière analogue à la santonine, qu’il a nommée Érythrocentaurine (CH?*0$), I le prépare en agitant l'extrait alcoolique de la plante avec de l’éther qui, en s’évaporant, abandonne un résidu semi-fluide, brun. De celui-ci, se séparent des cristaux d’éry- throcentaurine impure. On la purifie par recristallisation dans l’eau et décoloration par le charbon animal. L’érythrocentaurine est neutre ; elle fond à 136° C., et cris- tallise par refroidissement de sa solution aqueuse. Elle est très-peu soluble dans l’eau froide, et se dissout dans 35 parties d’eau bouillante. Elle est soluble dans l'alcool, davantage dans le chloroforme, et moins dans l’éther. L’acide sulfurique fumant la dissout sans l’altérer. Elle se colore, sous l’influence de la lumière, en rouge vif, mais donne alors des solutions incolores qui la fournissent incolore sans qu’elle ait subi d'altération, M. Méhu a indiqué, en outre, dans la petite Centaurée, une matière résineuse beau- coup moins connue qu'il a nommée Centauri-résine, et un principe amer que les dissolvants divisent en deux parties : une matière sèche, et une matière molle. Cette dernière donnerait, d’après M. Méhu, à l'eau distillée, son odeur particulière. De nou- velles recherches sont nécessaires pour la détermination de tous ces corps. Usaces, — La petite Centaurée constitue un tonique amer et stomachique im- portant. On l’emploie beaucoup dans la médecine populaire, comme vermifuge. Elle jouit aussi d’une réputation de fébrifuge presque égale à celle de la grande Centau- rée, mais aussi peu méritée, On l’administre en décoctions de sommités fleuries, ou en extrait, Elle entre dans la composition d’un certain nombre de vieilles prépu- rations pharmaceutiques, telles que la Thériaque, le Baume vulnéraire, l'Esprit carminatif de Sylvius, ete, [Tran.] CONVOLVULAGÉES SCAMMONÉE. Scammontum ; angl, Scammony ; allem., Scammonium. Origine botanique. — Convoluilus Scammonia L. C’est une plante vo- lubile, ressemblant beaucoup au Convolvulus arvensis d'Europe, dontelle diffère par sa taille plus considérable, et par sa racine renflée en fuseau. On la trouve dans de vastes régions buissonneuses, en Syrie, en Asie Mi- neure, en Grèce, dans les îles grecques, s'étendant vers le nord jusqu'en Crimée, et dans le sud de la Russie. Elle paraît manquer dans le nord de l'Afrique, en Italie et dans toutes les parties occidentales du bassin dela Méditerranée (a). sa dnalénene Reg ai 41 seau T HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 107 Historique. — Le suc épaissi de la Scammonée est connu en médecine depuis une époque très-reculée. Théophraste, au troisième siècle avant Jésus-Christ, en avait connaissance. Il était également connu de Dios- coride, de Pline, de Celse, de Rufus d'Ephèse, qui ont tous donné des détails sur la façon dont on le récoltait. Les médecins arabes con- naissaient également le suc de la Scammonée, et la plante qui le fournit. La drogue était employée en Angleterre aux dixième et onzième siècles. Elle paraît avoir été recommandée au roi Alfred le Grand par Hélias, patriarche de Jérusalem (t). Elle est fréquemment nommée dans les écrits médicaux antérieurs à la conquête des Normands (1066). Dans l'un d’eux, on donne le moyen de reconnaître la bonté de la drogue à l’émulsion blanche qu’elle produit lorsqu'on la mouille. Les botanistes du seizième et du dix-septième siècle, notamment Brun- fels, Gesner, Matthiolus, Dodonæus, et les Bauhin, décrivent et figurent la plante sous le nom de Scammonia syriaca. La récolte de la drogue fut bien décrite, en 1782, par Russel, médecin anglais d'Alep, dont le . récit (2) est accompagné d'une excellente figure représentant la plante et le moyen de recueillir son suc. Les qualités de la Scammonée furent d'abord distinguées par les noms d'Alep et de Smyrné, la première sorte coûtant deux ou trois fois plus que la seconde. Aujourd’hui la Scammortée d'Alep a tout à fait perdu sa priorité. 1 Localités qui produisent la drogue, — La Scammonée est recueillie dans l'Asie Mineure, de Brussa et Boli dans le Nord, à Macri et Adaliàa dans le Sud, et vers l'Est jusqu’à Angora. Dans cette aire, les localités les plus productives sont : la vallée du Mendereh, au sud de Smyrne, et les districts de Kirkagach et Demirjik au nord de cette ville. Les environs d'Alep en produisent aussi. On en recueille une petite quantité plus au sud, en Syrie, sur les montagnes boisées, et dans les vallées voisines du lac de Tibériade et du mont Carmel. Ar Produetion, — La plante qui fournit la Scammonée possède une longue racine ligneusequi produit, dans le bas, un petit nombre de branches laté- (1) C’est l'opinion exprimée par le R. O. Coëkayné. La lettre d’Helias à Alfred est in- complète, et mentionne seulement le baume, le pétrole, la thériaque, et une pierre blanche employée comme charme. Mais un renvoi, fait dans une autre partie du ma- nuscrit, à ces quatre articles, eten mème temps à lascammonée, la gomme ammon:aque, la gomme adragante et le galbanum, nous conduit à penser que ces dernières dro : gues de Syrie et de Perse étaient signalées dans la partie perdue de la lettre du pa- triarche. =— Voyez : Leechdoms, Worteunning and Starcraft of Early England, édit. par Cockayne (Master of the Rolls Series), IL, xxrv, 289, 175 et 273, 281. ve (3) Medical Observations and Inquiries, 4787, 1, 42.000 0 0 108 CONVOLVULACÉES. rales, et émet, au niveau de sa base noueuse, de nombreuses tiges vo- lubiles, persistantes, et ligneuses à la base. Dans une plante de trois à quatre ans, la racine peut avoir 2 centimètres et demi ou plus de dia- mètre. Dans les vieux échantillons, elle acquiert parfois un diamètre de 8 à 10 centimètres, Sa longueur varie de 60 à 90 centimètres, suivant les profondeurs du sol dans lequel elle croît. Lorsqu'on coupe. cette ra- cine, elle laisse exsuder un suc laiteux qui se dessèche en une sub- stance d’un brun doré, transparente, gommeuse. C’est la Scammonée pure (4). La méthode employée pour la récolte de la Scammonée destinée à l'usage médical paraît étre la même dans toutes les localités. Elle a été décrite, de la façon suivante, à l’un de nous, par deux témoins ocu- laires, qui avaient longtemps résidé en Orient (2). On commence par éclaircir les buissons au milieu desquels croît la plante. On creuse alors la terre autour de cette dernière, de façon à mettre à nu 10 ou 12 centi- mètres de la racine. On incise ensuite obliquement la racine à 3 ou 5 centimètres au-dessous dela couronne, et l’on enfonce, au-dessous de l'extrémité inférieure de l’incision, une coquille de moule destinée à recevoir le suc laiteux, qui s'écoule immédiatement. On laisse d’ordi- À naire les coquilles jusqu’au soir ; on les recueille alors, et on racle la plaie de la racine avec un couteau, pour enlever les gouttes de suc qui s'y sont desséchées. Ces dernières sont nommées par les paysans de Smyrne Æaimak , crème, tandis qu'ils désignent le contenu plus mou des coquilles sous le nom de Gala, lait, On laisse parfois la Scammonée se dessécher dans les coquilles, et l'on a une qualité de la drogue qui peut être considérée comme la dernière limite de perfection qu’elle puisse atteindre. Cette Scammonée en coquilles n'entre pas dans le commerce, mais les paysans en gardent une certaine quantité pour leur usage personnel, È Le contenu des coquilles, et les gouttes raclées sur la racine, sont réunis dans un vase én cuivre couvert, ou dans un sac en cuir, pour être rapportés à la maison. On rend la masse homogène en la mélan- geant à l'aide d'un couteau, et on l’abandonne à la dessiccation. On obtient.ainsi une sorte de Scammonée qui se rapproche beaucoup de (4) Son nom dérive probablement de cxiuua, fossé ou trou, par allusion à l’excava- tion qu’on pratique autour de la ragine, (2) L'un est S. IH. Maltass, de Smyrne, dont on trouvera un mémoire intéressant dans le Pharm. Journ , 1854, XII1, 964, et l'autre M. Edward T. Rogers, consul d’Angle- terre, d'abord à Caiffa et maintenant (1874) au Caire. remit) UN HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 109 celle qui s’est desséchée dans les coquilles, et qui est d’une qualité exceptionnelle. Ordinairement, les paysans ne font pas sécher le suc aussi promptement. Ils laissent accumuler leurs récoltes journalières, et lorsqu'ils en ont recueilli une ou deux livres, ils exposent la drogue au soleil pour la faire ramollir, puis ils la pétrissent, parfois en y . ajoutant un peu d’eau, en une masse plastique qu'on abandonne enfin à la dessiccation. Par cette longue exposition à la chaleur, et le maintien à l’état humide, la Scammonée subit une fermentation, acquiert une odeur forte de fromage, et une coloration foncée, et lorsqu'enfin elle est sèche, elle offre une structure plus ou moins poreuse ou bulleuse que ne présente pas la Scammonée en coquilles. La Scammonée est falsifiée sur une grande échelle. La falsification est fréquemment faite par les paysans, qui mélangent à la drogue encore molle des substances étrangères. Elle est effectuée aussi par les mar- chands, dont quelques-uns l’achètent aux paysans à demi desséchée. Les substances employées pour cette sophistication sont nombreuses ; les plus communes et les plus faciles à reconnaître, d'après notre expé- rience, sont lé carbonate de chaux et la farine. On emploie aussi les _cendres de bois, la terre (fréquemment calcaire), ta gomme arabique et la gomme adragante ; plus rarement, la cire, le jaune d'œuf, la pue de racine de Scammonée et la mine de plomb. Description, — Le suc pur de la racine, simplement desséché par ex- position au soleil et à l'air, est une substance amorphe, transparente, cassante, à aspect résineux, à coloration d'un brun jaunâtre et à cassure luisante. On trouve accidentellement de la Scammonée offrant ces carac- tères, en masses aplaties, irrégulières, épaisses de 1 à 2 centimètres, très- cassantes, en raison de leurs fissures intérieures, mais contenant peu de cavités à air. En masse, elle est d’un brun marron, mais, en petits fragments, elle est d’un brun jaunâtre très-pâle, transparente, avec üne surface de cassure vitreuse et luisante ; réduite en poudre, elle est colo- rée en chamois très-clair. Lorsqu'on la frotte avec le doigt mouillé, elle forme une émulsion blanche. Traitée par l’éther, elle donne de 88 à 90 pour 400 de matière soluble, et un résidu presque incolore. La Scammo- née, comme le suc pur des coquilles, moisit très-facilement, et lorsqu'on la conserve longtemps, elle se recouvre d’un efflorescence blanche, ma- melonnée, cristalline, dont nous n'avons pas pu déterminer la nature. Cependant, lorsqu'elle est conservée à l'état de dessiccation parfaite, on ne voit se produire ni moisissures ni efflorescence, La belle -Seammonée. du commerce, connue. bn nom de se 110 _ GONVOLVULACÉES. | monée vierge, se présente aussi en larges plaques, ou bien en gâteaux et en fragments irrégulièrement aplatis, qui, vus en. masse, sont noi- râtres ou colorés en gris foncé. Elle se brise très-facilement, sa cassure est luisante, sa poudre est d’un gris cendré, elle a une odeur parti- culière de fromage. Certains morceaux ont une structure, poreuse ou bulleuse, indiquant la fermentation qu’elle a subie. Les plus volumi- neux offrent parfois l’efflorescence dont nous avons parlé. La Scammo- née n’a pas beaucoup de goût, mais elle Jaisse dans la gorge une sensa- tion d’äcreté. Composition chimique. — La Scammonée doit ses propriétés médica- _menteuses à une résine, que Spirgatis, en 1860, a montré être identique à celle que l'on trouve dans la racine de l'/pomæa oriza- bensis du Mexique, connue, dans le commerce, sous le nom de Jalap mâle. Gette résine, nommée Jalapine, sera décrite dans l’article suivant. Les autres principes constituants de la Scammonée pure ne sont pas bien connus, L'un d'eux est la substance dont nous avons parlé plus haut, qui se sépare en cristaux mamelonnés à la surface de la Scam- monée conservée dans un état de dessiccation imparfaite, Il y a à rechercher si l'odeur de la Scammonée du commerce est due à un acide gras volatil développé par la fermentation. Commerce. —L'exportation de la Scammonée faite par Smyrnes’éleva, en 1871, à 278 caisses, valant 8320 livres sterling ; en 1872, à 185 caisses, valant 6400 livres sterling. D'après un rapport du consul Skene, sur le commerce du nord de la Syrie (1), 737 caisses de Scammonée furent ex- portées de la province d’Alep, en 1872, .la sixième partie de cette quan- tité à destination de l'Angleterre, En 1873, l'Angleterre a reçu 900 ki- logrammes de Scammonée, et 46 500 kilogrammes de racine de Scam- monée, exportés d'Alep par voie d’Alexandrette. Usages. — La Scammonée est employée comme cathartique énergi- que, souvent mélangée avec la coloquinte et le calomel, Falsification, — La Scammonée est très-souvent importée à l'état fal- sifié, mais la falsification est si grossière et si facile à découvrir par des procédés simples, ou même à la seule vue, que les droguistes ne peu- vent être excusés lorsqu'ils acceptent un article de mauvaise qualité. Nous avons déjà indiqué les substances employées pour falsifier la Seammonée ; parmi elles, le carbonate de chaux et les farines sont celles qu'on trouve le plus fréquemment. On peut ordinairement découvrir le _ (1) Présenté au Parlement en juillet 1873. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 111 premier en examinant la surface de cassure de la drogue avec une bonne loupe qui rend visibles les particules blanches de carbonate. Si l'on touche alors la surface, sous la loupe, avec de l'acide chlorhy- drique, il se produit une effervescence qui indique la présence du car- bonate. On peut découvrir lesautres matières terreuses par l'incinération, ou en examinant le résidu de la drogue préalablement traitée par l’éther. On peut soupçonner la présence des matières féculentes par la diffi- culté qu’on éprouve à casser la drogue, et les reconnaître à l'aide du microscope ou de la solution d’iode, la décoction froide de Scammonée n'étant pas affectée par ce réactif. On doit rejeter toute Scammonée qui est lourde, terne et terreuse, et qui ne se brise pas facilement entre les doigts, ou dont la cassure n’est pas nette, luisante, et celle qui ne con- tient pas au moins 80 pour 100 de matières solubles dans l’éther. Celle qui se présente en pains durs, foncés, circulaires, est très-différente de la Scammonée pure. On peut distinguer la Scammonée de la Résine de Scammonée à sa pro- priété de former une émulsion lorsqu'on l’humecte. La résine est aussi . plus luisante, et presque entièrement soluble dans l’éther. RAGINE DE SCAMMONÉE. Les fraudes auxquelles Ja Scammonée ducommerce est communément soumise, ont donné naïssance à des procédés divers pour l'obtenir sous une forme plus pure, et en même temps moins coûteuse (1). Dès 1839, le Collége d'Edinburgh prescrivit une Æesina Scammonti, préparée en épuisant la Seammonée avec de l'alcool, distillant l'es- prit, et lavant le résidu avec de l’eau. Get extrait était fabriqué par Maltass, de Smyrne, et accidentellement expédié à Londres. Sous l’in- spiration de M. Clark, fabricant de réglisse à à Sochia, près de Scala Nuova, une patente fut prise, en 4856, par | le professeur À. W. Williamson, de Londres, pour l'extraction dela résine, directement des racines sèches, à l’aide de l’alcool.Le même chimiste imagina plus tard un procédé perfec- : tionné qui consiste à faire d'abord bouillir les racines dans l’eau, puis dans un acide dilué, de façon à les priver de toutes les matières solubles 7. ces : A pe età à extraire ensuite la résine à l’aide de l’alcool. irée soit camn jonéeipoit des re racine DS 7 2 > Née LT, (Y | Va rf D, dn"" CA "A 1 Fig. 156, Convolvulus Scammonia. Port. Coupe verticale de la fleur. Pistil isolé, _ HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 113 sèche, est prescrite par la Pharmacopée anglaise de 1867, et est fabri- quée par un petit nombre de maisons. C’est une substance cassante, brune, translucide; à cassure résineuse ; entièrement soluble dans l'éther, et ne formant pas d’émulsion lorsqu'on l’humecte avec de l’eau. * La racine de Scammonée est accidentellement apportée sur le marché de Londres, et parfois en grande quantité (1); mais elle n’est générale ment pas vendue par les droguistes, et ne se trouve pas dans leurs prix. courants. Sa récolte est interdite, dans quelques parties de la Turquie, par les autorités locales (2). : La racine se présente en fragments cylindriques, épais, ligneux, sou- vent tordus en spirale, larges de 3 à 7 centimètres, et couverts d’une écorce rugueuse, ridée, d’un brun grisâtre. Elle est colorée intérieure- ment en brun pâle ; elle est dure et résineuse; son odeur est faible, et | sa saveur ressemble à celle du jalap. Un bon échantillon nous a donné Er es 5,50 pour 100 de résine. (a) Les Convolvuulus L. (Gen., n. 215) forment le tvpe d’une série de Convolsu- lacées à fleurs régulières et hermaphrodites, pentamères ; à ovaire entouré d’un disque hypogyne, et surmonté d’un long style, bifide au niveau de son extrémitéstig- matique ; à deux loges biovulées ; à fruit capsulaire, septicide ; à graines album: nées ; à embryon recourbé, muni de cotylédons très-larges et plusieurs fois se sur sés-mèmes. 5 Le Convolvulus Scammonia L. (Species, 218) est une plante à souche vivace, émettant chaque année de nombreuses tiges aériennes grêles, volubiles, lisses, ar- rondies, un peu anguleuses vers les extrémités, ramifiées, Les feuilles sont alternes, simples, entières sur les bords, assez longuement pétiolées, à limbe oblong, étroit, ee sagitté, aigu au sommet, prolongé à la base en deux auricules, terminées chacune par deux pointes inégales et aiguës; il est entièrement lisse sur les deux faces, dont l’inférieure est un peu plus pâle; i] est muni d’une nervure médiane étendue depuis le pétiole jusqu’à l'extrémité de la feuille, et de deux autres nervures qui s’en foncent dans les deux auricules aiguës de la base. De ces trois nervures de premier ordre, partent des nervures secondaires qui s’anastomosent sur les bords de la feuille; les premières sont peu saillantes, les autres sont plutôt déprimées. Le limbe est long de 3 à 8 centimètres. Le pétiole est long de 2 à 4 centimètres. Les fleurs sont disposées en cymes axillaires de deux ou trois fleurs, portées par de longs pédoneules grèles, et distribuées sur toute la longueur des rameaux. Le calice est gamosépale, : cinq lobes imbriqués en quinconce dans la préfloraison, La corolle est monopét campaniforme, colorée en blanc jaunâtre pâle, à bord entier à l’état de complet loppement, formant dans le bouton cinq plis qui se recouvrent en préfloraison tordue. L'androcée est formé de cinq étamines nées en alternance avec les pétales: Les filets | Staminaux sont connés, dans le bas, avec le tube de la A au niveau de ds: * on 100 bälles furent hs dans une vente de le 3 juillet 1 1878. (2) Hen 6 ainsi à Alep, ai ainsi que nous en sons. ss. Jam, ne yarés lettre ral M. Sk e. [D. Hans] “HIST. DES __—_— Te le 7 RE. 0 RD 4 \ PAFRSRE | CONVOLVULAGÉES. base du style ; ei sont pétoés vers le haut, et terminés chacun par une anthère ba- - sifixe, allongée-ovoïde, i à deux loges étroites, fixées sur les bords du connectif, et dé- hiscentes chacune par une fente longitudinale. M. Baillon (4) a montré que les loges : sont primitivement introrses, mais qu'au moment de la déhiscence le connectif © qui s’étend entre les deux loges en forme de lame, et qui était d’abord plan, de- . vient concave en dehors en rapprochant ses bords qui portent les loges, de sorte que celles-ci deviennent extrorses. Le gynécée est formé de deux carpelles connés ‘en un ovaire biloculaire, supère, un peu rétréci à la base, et atténué au sommet en _ un Style cylindrique aussi long que les étamines, et se terminant au niveau des _ anthères par deux branches stigmatiques allongées, aplaties en dedans, convexes et _ couvertes de papilles stigmatiques en dehors. Entre la base de l'ovaire ét l’androcée, © le réceptacle se soulève pour former un disque hypogvne, annulaire, charnu, à bord arrondi et entier. Chaque loge ovarienne contient deux ovules insérés à la base de l'angle interne, anatropes, dressés, à micropyle dirigé en bas et en dehors. _ Le fruit est une capsule septicide, contenant, dans chaque loge, deux graines à al- bumen mucilagineux, et à embryon recour bé, avec deux cotylédons très-larges, re- _ pliés plusieurs fois sur eux-mêmes. [Trad.] RACINE DE JALAP, Radix Jalapæ ; Tuber Jalapæ ; angl., Jalap, Vera-Cruz Jalap, allem., Jalape. Ceisiné botanique, — /pomæa Purga HAYNE (Convolvulus Purga WE- DEROTH, Ærogonium Purga BeNTuAu). C’est une plante herbacée, à ra- cines tubéreuses et à tiges volubiles, à feuilles cordées, acuminées, mu- _ nies d’auricules aiguës, et à fleurs élégantes, campanulées, colorées en . rose foncé. Elle croît spontanément dans les parties orientales déclives - des Andes mexicaines, à une hauteur d’environ 1500 à 2400 mètres au- dessus du niveau de la mer, On la trouve surtout autour de Chicon- quiaco et des villages adjacents, et aussi dans le voisinage de San Sal- _vador, sur les pentes orientales du Cofre de Perote. Dans ces localités, * la pluie tombe presque tous les jours, et la température diurne varie de 48° à 24° C.; la plante y vit dans les bois ombragés, et réussit order dans ce sol végétal riche et profond (a). Le Jalap croît facilement dans le sud de Pagietee: og on it L sleité le long d’un mur qui le protége, mais il fleurit trop tard, en au- . tomne, et ses fleurs ne s’épanouissent que rarement. Les tubercules, qui se produisent en assez grande abondance, périssent pr ap péndent | ri à moins d'être protégés contre la gelée. | le plante a été introduite dans les Sp ans _ a dans le wi Pulletin ed l'Association Préibiiot à pour avancement des sciences, LE ss. * HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 115 sud de l'Inde. Elle y réussit(1) d’une façon remarquable, et pourrait être facilement répandue, si l'on y trouvait quelque avantage. Cependant des nouvelles plus récentes ne confirment guère cette manière de voir. ve Historique, — L'emploi, en qualité de purgatif, d’une plante convol- vulacée du Mexique, fut indiqué par les premiers voyageurs espagnols. L’estime accordée à la nouvelle drogue fut si grande, que, pendant le seizième siècle, on en importa en Europe des quantités considérables. Monardes, en 1565, dit que la nouvelle drogue était nommée Æuybarba de las Indias où Ruybarbo de Mechoacan, ce dernier nom lui étant donné par allusion à la province de Michoacan, d’où la marchandise provenait. Quelques écrivains ont émis l'opinion que la racine de Mechoacan était le Jalap moderne, mais rien ne confirme cette manière de voir. La | description donnée du Mechoacan, et le lieu de sa production, ne s'appliquent pas bien au Jalap. Les deux drogues étaient en outre connues vers 4610. Elles sont parfaitement distinguées par Colin, apo- thicaire de Lyon (1619), qui mentionne le Jalap (racine de Talap) comme récemment apporté en France (2). Elles étaient cependant souvent con- fondues, ou du moins distinguées, seulement, par la différence de leur coloration. Le Jalap, qui était, à cette époque, importé en tranches tranversales (3), portait, à cause de sa couleur noire, le nom de Mechoa- can notr ; tandis que le mechoacan le plus pâle était, dans les derniers F temps, connu sous le nom de Jalap blanc. On sait aujourd’hui que la e racine de Mechoacan était constituée, du moins en partie, par le tuber- cule épais de l'/pomæa Jalapa Pursa (Batatas Jalapa Caoïsy), plante du sud - des Etats-Unis et du Mexique. Elle est depuis longtemps abandonnée, vo comme drogue, en Europe, et a cédé sa place au Jalap, qui est plus actif. La source botanique du Jalap ne fut définitivement déterminée que ; u vers l’année 1829, par le docteur Coxe, de (Philadelphie. I publia une description et une figure coloriée, prises sur une plante vivante, qui lui avait été envoyée de Mexico deux années auparavant (4). ER Mode de croissance. — Quoique nous ayons cultivé le Jalap pendant “ __ plusieurs années, nous n'avons pas eu les moyens d'étudier la plante : venue de semences. En jugeant par analogie, nous supposons qu qu'elle cu Il en est ainsi, par exemple, à Ootacamund. M. Broughton, dans une detre adresabo * Cor à l’un de nous, dit qu'il a reçu «une grappe de tubercules » pesant plus de Olivres. : 11 fait remarquer que la plante croît aussi facilement que ligname. , (2) Moxannes, Hist. des médicam., traduite par Couix, éds#, 4619, sus Lane é mière édition de ce livre paraît être inconnue. | (3) Hii, Hist. of the Mat. Med. Lond. 1751, 549. (5) Amer, Journ. of Med. Sc., 1829, V, 300, t. 1 2. { ” de renseignements plus éoentée #6: Lun | CONVOLVULAGÉES. | poésède d' abard une > petite racine fusiforme qui s ‘épaissit ensuite peu à peu à la façon d'un radis. La racine renflée du Jalap, nommée par un grand nombre de botanistes fubercule de Jalap, produit, indépendamment des tiges aériennes, des pousses grêles, souterraines, desquelles naissent des racines à divers intervalles. Ges dernières, lorsqu'elles ont de 3 à 5 centimètres de long, s’épaississent, prennent la forme d’une carotte, _et s’élargissent graduellement en corps napiformes, semblables à des tubercules, qui émettent par leur surface un petit nombre de radicules, _ et'se prolongent inférieurement en longues ramifications grêles. Les ra- cines épaissies n’offrent aucune trace d'organes foliacés. La tige aérienne … puise sa nourriture dans la souche qui lui a donné naissance.-Les ra- _cines fraîches de Jalap sont extérieurement rugueuses, et colorées en brun foncé ; à l'intérieur elles sont blanches et charnues. | Récolte, — Le Jalap passe pour être récolté au Mexique pendant : toute la durée de l’année (1). Les petites racines sont séchées entières ; les plus grosses sont coupées transversalement, ou incisées de façon à ce - qu’elles sèchent avec plus de rapidité. Comme la dessiccation au soleil _ serait presque impossible, à cause de la douceur du climat, on place les racines dans un filet qu’on suspend au-dessus du foyet, presque toujours allumé, des huttes indiennes. Les racines s’y dessèchent lentement, et __ contractent en même temps une odeur de fumée. Une grande partie du Jalap, importé dans ces derniers temps, était davantage coupé en tranches, et avait dû être, par suite, desséché avec moins de difficulté. … D'après Schiede, dont le mémoire fut écrit en 1829 (2), les Indiens de Ghiconquiaco commençaient, à cette époque, à cultiver le UE à dans leurs jardins. Description. — Le Jalap du commerce consiste en racines irrégu- lières, ovoïdes, dont la taille varie depuis celle d’un œuf jusqu’à celle d'une noisette ; parfois elles atteignent la grosseur du poing de l’homme. Elles sont, d'ordinaire, pointues à l' extrémité inférieure, profondément ridées et contournées, colorées en brun foncé, et marquées de petites _cicatrices très-nombreuses, allongées, plus claires, disposées en cercles transversaux. Les grosses racines sont incisées dans le sens de la lon- gueur, ou coupées en tranches ou en quartiers, tandis que les plus petites sont ordinairement entières. Quelques-unes de ces dernières sont fusi- (4) Il est évident qu’un pareil procédé est ireatiounel. Les racines ne devraient être arrachées que lorsque les tiges aériennes sont mortes, (2) Linnæa, 1830, IL, 473; Pharm. Journ., 1867, VIII, 652, Nous ne possédons . L2 HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 117 formes ou cylindriques. On peut en trouver de presque globuleuses, lisses et comme poisseuses, mais ces dernières sont rarement pleines. Le bon Jalap est pesant, solide, dur et souvent corné. Il devient cassant lorsqu'on le conserve longtemps. Sa cassure est résineuse, et non fi- breuse. Il est coloré, intérieurement, en brun noirâtre pâle, ou en blanc sale. Il:a une odeur faible de fumée, ou plutôt de café, et une saveur fade, accompagnée d’âcreté. Structure microscopique. — Sur une coupe transversale, le Jalap n'offre pas de structure radiée, mais de nombreux petits cercles concen- _triques qui, sur un grand nombre d'échantillons, sont très-régulière- ment disposés. Ils sont dus aux cellules laticifères, qui ne diffèrent du parenchyme environnant que par leur contenu et leurs dimensions plus considérables. Ces laticifères traversent le tissu en direction verticale, en constituant des bandes verticales, ainsi qu’on peut l'observer sur une | coupe longitudinale, Les cellules qui les forment sont simples et dis- posées les unes au-dessus des autres, sans former de vaisseaux véri- tables comme ceux qu’on trouve dans la Laitue et le Pissenlit. Les faisceaux fibro-vasculaires du Jalap ne sont ni nombreux nilarges ; ils sont accompagnés par des cellules à parois minces, de sorte qu : :.: n'existe pas de faisceaux ligneux durs. Les cellules parenchymateuses Es sont abondantes, et paraissent former, sur une coupe longitudinale, des couches concentriques. Les cellules laticifères se trouvent toujours dans +5 la partie extérieure de chaque couche. La zone de suber qui recouvre la racine est formée, selon l'habitude, de cellules tabulaires. : parenchyme du Jalap est rempli de grains d'amidon. Dans les morceaux qui ont été desséchés à la chaleur, l’amidon se présente en. masses F amorphes. La drogue, au lieu d’être farineuse, offre alors une consis- tance cornée et une cassure grisâtre, Les cellules laticifères contiennent | le jalap à l'état de résine demi-fluide, même dans la drogue sèche. kr Lorsqu'on humecte les coupes. minces avec un liquide AUeUXe) des: : gouttes d'huile sortent des cellules. \ st Composition chimique, — Le Jalap doit ses ppriséén médiciadies: ‘ re ‘une résine qu'on peut extraire en épuisant la drogue avec de l'alcool, se concentrant la solution alcoolique jusqu'à réduction à un faible vo- lume, et la versant ensuite dans l’eau. La résine se précipite ; on la sr lave et on la dessèche. La racine en contient dans la DORA de ne 18 pour 100 (4). nr RES 0 Guibourt en retira 47 pour 100 ; Umney, 21,5; Suuibb, de 11 à 16; T- et H. Smith, cuis de 15» Hanbury, de 11 à dus pour 100. nés ponmea Bus en donna 4118 PRE | CONVOLVULAGÉES. Éne De cette résine brute, qui constitue la Resina Jalapæ des pharmaco- _pées, on extrait, à l’aide de l’éther, de 5 à 7 (12 d'après Umney) pour 100 d’une résine qui, d'après Kayser (1), se solidifie en partie en aiguilles cristallines, lorsqu'on la met en contact avec de l’eau. Nous ne pouvons ‘pas confirmer l’assertion de Kayser. La résine insoluble dans l’éther _éonstitue l’une des substances auxquelles on a appliqué le nom de à ne Jalapine (2). W. Mayer, en 1852-1855, la désigna sous le nom de , Convolvuline (3) ; il trouva sa composition représentée par la formule C“H#0#. Lorsque cette substance est purifiée, elle est incolore, se dis- sout facilement dans les alcalis fixes, et n’est pas reprécipitée par les acides parce qu’elle s’est transformée, par absorption d’eau, en acide C'on- volvulique qui est amorphe, et facilement soluble dans l’eau. La convol- vuline et l'acide convolvulique se décomposent, lorsqu'on les chauffe doucement avec les acides dilués ou avec de l'émulsine, en Convolvulinol qui est cristallisable, C**H#07, et en sucre. Le convolvulinol, mis en con- ._ tact avec des alcalis aqueux, se convertit en acide Convolvulinolique, … C“H#0', qui est peu soluble dans l’eau et cristallisable, Lorsqu'on traite la convolvuline ou ses dérivés par l'acide nitrique, il se produit de l'acide oxalique, et un corps qui a été désigné sous le __ nom d'acide /pomæique, CH"0*, isomérique de l'acide sébacique. La convolvuline sèche fond à 1450° C., mais l'addition d’une faible bé proportion d’eau la rend fusible au-dessous de 100° C. Elle est insoluble dans l'huile de térébenthine et dans l'ammoniaque. Elle se dissout dans l'acide nitrique dilué, ‘sans se colorer ou dégager de gaz. La convolvuline ___ possède à un haut degré les propriétés purgatives du Jalap. Il n’en est = est pas ainsi du convolvulinol. Les autres principes constituants du Jalap sont : de l’amidon, un sucre incristallisable, de la gomme et de la matière colorante, Le sucre y dame pu = d’après Guibourt, dans la proportion de 49 pour 100. _ Commeree. — Nous ignorons dans quelle proportion le Jalap est pro- “duit par le Mexique. Les importations de la drogue dans le Royaume- Hi. : ‘Uni s’élevèrent, en 1870, à 169 951 livres. Il en parut récemment (1873) à Marquart 12 pour 100. Une racine cultivée à Munich en donna à Widnmann 22 pour 100. W. G. Smith en retira de 9 à 40 pour 100 de plantes venues à Dublin. De beaux échantillons provenant d'Ootacamund, dans l'Inde, donnèrent à l’un de nous = 48 pour 100 de résine. Broughton pense que l'exposition à l'air, pendant la dessiccation, des tubercules coupés en tranches, favorise la formation de la résine par Re ae ‘ d'un hydrure de carbone. , LOL GMELIN, Chemistry, 1864, XVI, 159. en nn Notamment par bp Elem. of Mat. Med., 1850, IT, 1463. _ macie anglaise (4). A l'état pur, cette résine est incolore, nt placer, ainsi que ceux de ses nombreux dérivés, L: HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 419 de très-grandes quantités dans les ventes de drogues de Londres, Usages. — Le Jalap est employé comme cathartique énergique, AUTRES SORTES DE JALAP. Indépendamment du Jalap véritable, les racines d’un certain nombre d’autres Convolvulacées du Mexique ont été employées en Europe, soit sous la forme de jalapine, soit comme éléments de falsification de la dro- ee gue véritable, qui est plus coûteuse. Les deux sortes suivantes ont été importées sur une grande échelle, et l’on a pu remonter à leur source : és botanique, mais il en est d’autres qui ne se montrent que plus rarement, . et dont l'origine n'a pu être découverte (1). 1° Jalap blanc, fusiforme ou /alap ligneux, Jalap mâle, Racine d'O- : #zaba ; Jalap Tops, Jalap Stalks des Anglais ; Purgo macho des Mexicains, ei _… Cette drogue est produite par l’/pomæa orizabensis Lepaxois (2), plante d'Orizaba encore imparfaitement connue. Elle est décrite comme une liane pubescente, à racine fusiforme, longue d’environ 60 centimètres, n ligneuse et fibreuse (6). La drogue se présente en morceaux irréguliers, rectangulaires, ou en petites bûches provenant évidemment d'une racine | DS. _ très-grosse, divisée en travers et en long. Parfois elle ressemble avan ge " age au véritable Jalap ; les racines sont entières, de petite taille, non sphériques, fusiformes, Sa coloration est plus claire que celle du Jalap, “ : et elle est plus ridée longitudinalement, Les gros morceaux offrent squ- . : vent des entailles profondes faites avec le couteau ou la hache, On nela rencontre que rarement en tranches transversales, Quoique moins lourde 5 d'ordinaire que le Jalap, la drogue d’Orizaba offre parfois une structure ne | compacte et cornée, Elle se distingue facilement du Jalap, sur une seg- tion transversale, par son aspect radié, et par les faisceaux ligneux nom- : breux et épais qui font saillie à la surface de sa cassure. : Par sa constitution chimique, la racine d'Orizaba ressemble bosqaisig au Jalap. Sa résine a été nommée par Mayer Jalapine (3), C'est Ja jala- pine de Gmelin (Cemistry, XVI, 403) et peut-être la jalapine de la phar (1) Pour plus de détails sur quelques-uns d’entre eux, voyez Gurounr, Hist. des. _ Drogues, 1869, IL, 523. pe. “ee ; (2) Journ. de Li. médic., 1834, X, 1-29, t. 1, 2. sa _ (3) Ce nom est mal choisi et expose à des confasions; ; mais, comme il a été adopté LS les ouvrages classiques, ce serait augmenter la confusion que " tenter de le rem- M = (4) Du moins, les nombreux échantillons de jalapine que n nous avons Fe mi de se sont tous montrés entièrement solubles srscdeaal ie C8 120 ie CONVOLVULAGÉES. : + | transparente. Elle se dissout complétement dans l'éther, différant ainsi de la convolvuline du Jalap. Nous l'avons trouvée facilement soluble dans l’acétone, l'alcool amylique, la benzine et le phénol, et insoluble ns dans le sulfure de carbone. Sa composition est représentée par la for- # mule C“H#O. Elle est donc homologue de la convolvuline. Les produits “dé décomposition de la jalapine obtenus par les mêmes traitements, . c'est-à-dire l'acide Jalapique, le Jalapinol et l'acide Jalapinolique, sont é éga- lement homologues des substances correspondantes retirées de la con- .- volvüline. Tous ces corps, traités par l'acide nitrique, donnent de l'acide he ‘Ipomæique. La jalapine fond à la même température que la convolvuline, | etse comporte de la même façon avec les alcalis. & La racine nous a donné 11,8 pour 100 de résine sèche à 100°C. Celle-ci, parfaitement lavée, décolorée, dissoute dans deux parties d'alcool, et en colonne de 50 millimètres de long, dévia le plan de polarisation de 299,8 à gauche. La convolvuline, dans les mêmes conditions, produisit :_ seulement une déviation de 5°,8. : La résine de la racine d'Orizaba est considérée par les chimistes comme identique à celle de la Scammonée, dont elle possède les pro- pauses drastiques. & 2° dalap de Tampico (Purga de Sierra Gorda des Mexicains), — La 3 eoRuiER Fig. 157. Ipomæa simulans, Fig. 158. Zpomæa simulans. Fragment de rameau, < Tubereule. ; as plante qui fournit cette drogue a été décrite par l’un dé nous, en 1869, Sous le nom d’/pomæa simulans (1). Elle est très-voisine de l'Z. Purga : a (1) HanBury, One species of Ipomæa affording Tampico Jalap, in Journ. of Linn. Soc., Bot., 1870, XI, 279, t. 2 ; in Pharm. Journ., > 1870, XI, 848; in Amer. er LÉ pare. 1870, XVIII, 330; Science Papers, 349. Ms v s ‘ HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. A ; ea HAYNE, dont elle ne peut pas être distinguée par le feuillage, mais elle possède une corolle campaniforme, et des bourgeons pendants très-diffé- rents. L’/pomæa simulans HanBury croît au Mexique lelong dela chaîne de montagnes de la Sierra Gorda, dans les environs de San Luis de la Paz. Sa racine est expédiée, de ces villes et des villages voisins, à Tampico. On l'a trouvée aussi dans les Cordillères supérieures, près d'Oaxaca, Mais nous ignorons si on y récolte la racine. La drogue à laquelle on donne, dans le commerce, le nom de Jalap de Tampico a été importée, pendant ces dernières années, en grande quan- tité. Elle ressemble beaucoup au Jalap véritable, mais les racines sont . généralement plus petites, plus allongées ou digitiformes, plus ridées et d'aspect subéreux, dépourvues des petites cicatrices transversales qui sont très-répandues sur les racines du Jalap véritable. Certains mor- ceaux cependant ne peuvent pas être distingués à l'œil du Jalap véri- table, dont ils ont aussi l'odeur et la saveur. Le Jalap de Tampico a donné à l'un de nous 10 pour 100 de résine purifiée, entièrement soluble dans | l'éther. Umney (1) en retira 42 à 45 pour 400 de résine presque entiè- + nn. rement soluble dans l'éther. Evans en obtint 43 pour 400, mais la moitié ie _ Seulement de cette quantité se montra soluble dans l'éther (2). He ral … Andouard (3), la résine du Jalap de Tampico n'est pas a dam de : a gr purgatives. (a) Les Ipomæa L. (Genera n. 216) ne diffèrent des Convolvulus ee page 18, Le note a) que par leurs stigmates très-courts et globuleux. So L'Ipomæa Purga Wexperore (in Lit. ad Zuccar. ex SCHLECHTEND., i in Lund: VI, 515) est une plante à souche vivace, émettant des rameaux aériens et des ra- Le à É meaux souterrains munis de racines tuberculeuses, charnues et globuleuses. La tige est volubile, brunâtre, lisse. Les feuilles sont longuëment pétiolées, oblongues, cor- dées à la base, sd ssinSès et mucronées au sommet, lisses, entières, Les fleurs sont disposées dans l’aisselle des feuilles en eymes biflores ou triflores, portées par de. longs pédoncules grèles. Le calice est gamosépale, tübuleux, à cinq sépales obtus, lisses, inégaux, imbriqués en quinconce dans la préfloraison. Le corolle est très-dé- veloppée, colorée en rose plus ou moins foncé ou en rouge pourpre, ou violacé ; son tube est deux fois long comme le calice, à peu près cylindrique ; | son libé est étalé, muni, sur la face inférieure, de cinq bandes rayonnantes plus foncées, trifn- gulaires, à sommet correspondant au sommet de chacun des cinq pétales ; le tour du limbe est pentagonal, à angles arrondis et à bords un peu échancrés entre les angles. Dans le bouton, le limbe forme cinq plis qui se recouvrent en pr … contournée. L'androcée est formé de cinq étamines exsertes, à filets connés au tube _ dela éoralle, gréles, terminés chacun par une anthère étroite, cure ri à 4) Pharm. Journ., 1868, IX, 282. Le LE . (2) l6id., 1X (1868), NC ce 6 Etude sur les Comotvulacées mogaties (te, Pass LUE 41: MN oo | CONVOLVOLAGÉES. … déhiscente par FR bis longitudinales. Le gynécée est formé de deux carpelles unis en un ovaire supère, bilocu- laire, surmonté d’un style grêle, cylindrique, aussi long que les étamines, terminé par deux bran- ches stigmatiques courtes et glo- buleuses. Chaque loge ovarienne contient deux ovules anatropes, dressés, insérés dans le bas de l'angle interne, à micropyle di- rigé en bas et en dehors. Le fruit est une capsule biloculaire, sep- ticide. Chaque loge contient deux graines à albumen mucilagineux et à embryon courbé, avec deux cotylédons plusieurs fois repliés sur eux-mêmes. [TRAD.] (b) L'Ipomæa orizabensis PEr- LETAN (in Journ. Chim. médic., X, 1)est une plante à souche vivace, à racine tubéreuse, char- nue, accompagnée de nombreux ; tubercules, La tige est volubile, Fig. 150. Jpomwa Purga. verte, velue. Les feuilles sont cor- dées, acuminées, mucronées, ve- lues ; les premières développées sont réduites à l’état de bractées. Les fleurs sont ._ disposées par deux ou trois, portées par des pédoncules trois fois aussi longs que _ la corolle. Les sépales sont ‘cbloñgs, mucronés, velus. La corolle est pourpre, cam- panulée, avec un tube renflé au niveau de la partie médiane, et un limbe ondulé, à cinq plis tordus dans la préfloraison. Les étamines sont plus courtes que le tube de la corolle, velues à la base. La capsule est biloculaire, chaque loge contenant deux gra (voy- Luxpzey, Flora medica, 397). [Tran.] SEMENCES DE KALADANA. Semen Kaladanæ ; Semen Pharbitidis ; Kaladana. __ ! Origine botanique, — Pharbitis Nil (4) Cnoisx (Convolvulus Nil L.), * * _ C’est une plante annuelle, volubile, à grande corolle “bleue, très-sem- blable au Grand Convolvulus (Pharbitis hispida Cnoïsx) des jardins an- _glais, mais ayant des feuillestrilobées. On la trouve dans les régions tro- _picales des deux hémisphères. Elle est commune dans l'Inde, où elle s'élève sur les montagnes jusqu'à une altitude de 1300 mètres (a). : mn Pharbitis dérive de Das6r, couleur, par allusion à la je sé £ M4 pre bleu, et Kala-dana, graine noire. bu sai ‘ | HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. à ‘is "188 Historique: — Les graines de cette plante étaient employées par les médecins arabes sous le nom de Æabbun-nil, et sont probablement em- -_ ployées depuis une époque très-reculée par les indigènes de l'Hindous- . tan. Récemment, elles ont été recommandées par O’Shaughnessy, Kirkpatrick, Bidie, Waring (1), et plusieurs autres praticiens européens : de l'Inde, en qualité de cathartique sûr et efficace. Description, — La forme des graines est celle qui résulterait de la division perpendiculaire d’un corps à peu près sphérique en six ou huit segments à peu près égaux, Leur dos est seulement un peu moins ré- - gulièrement convexe. Ges graines ont 1/2 centimètre de haut et à peu près autant de large; une centaine pèsent environ 6 grammes. Il en existe une variété plus petite, importée de Calcutta, dont cent graines ne pèsent pas plus de 3 grammes. Les deux variétés sont identiques sous . Fa tous les autres rapports. Elles sont Fe | d'un noir foncé, sauf au niveau de l'ombilie, qui est brun et un peu velu. - Les parties adjacentes des téguments, qui sont minces, se fendent dans di- verses directions lorsqu'on laisse les graines dans l’eau froide pendant un i _ peu de temps. Lorsqu'on enlève la rig. 160. Graine entière Fig. 161. Louis rs partie supérieure des téguments dela 5,7" TE el région dorsale, la radicule devient » visible, entourée par les feuilles ondulées des cotylédons, qui site, "7 LA joignent perpendiculairement, mais ne peuvent pas être facilement dépliés, parce qu'ils sont enveloppés dans tous leurs replis par D tégument séminal interne (2). Sur une coupe transversale, les cotylé- ‘ dons offrent la même disposition plissée. Dans leur tissu se voient, DS même sans loupe, de petites glandes brillantes très-nombreuses. : L'amande est dépourvue d’albumen, elle a d’abord une saveur de noi- _sette, accompagnée d’une âcreté désagréable, très-persistante. B Bro é les graines développent une odeur, terreuse forte. : Structure microscopique. — La graine est couverte d’une Ps noirâtre foncée, formée de cellules pressées, à contours en. ai L'épiderme est d’un brun foncé ; il est formé de cellules eylind lriques très-serrées, longues d'environ 70 millièmes de millimètre AS Aarert de : Graine de Satin, ro) Pharm. Journ., 1866, VIT, 496. dont ils nient plus bas l’e existence. Vos. p . 195, £, DS % F. Re < 424 Re CONVOLVULAGÉES. - ( sà7 millièmée de millimètre. Pour bien voir leur organisation, il faut les traiter par l’acide chromique. Le tissu de l' amande est formé de cel- - lules à parois épaisses. Entre ce tissu et les enveloppes, il existe une couche incolore, épaisse d'environ 70 millièmes de millimètre, formée d’un parenchyme à parois minces. Les cotylédons sont peu épais, et > renferment dans leur tissu de nombreux granules de matière albumi- _noïde, du mucilage, un peu d'acide tannique, des cristaux d’oxalate de calcium et un peu d’amidon. Les glandes ou cavités, que nous avons déjà signalées dans le tissu des cotylédons, ont environ 70 millièmes de _ millimètre de diamètre, et contiennent un liquide huileux (4). Composition chimique, — En épuisant les graines desséchées à 400° C. avec de l’éther bouillant, nous avons obtenu une huile colorée en brun clair, épaisse, à saveur âcre, et se concrétant au-dessous de 18° C. Les graines pulvérisées donnèrent 14,4 pour 100 de cette huile. L'eau enleva aux graines une quantité considérable de mucilage, des matières : albuminoïdes, et un peu d'acide tannique. Le mucilage est soluble en certaine proportion dans l'alcool dilué, d’où il peut être précipité par une solution alcoolique d’acétate de plomb. Le principe actif des semences de Kaladana est une résine soluble dans l'alcool, mais insoluble dans la benzine et dans l’éther. Le résidu des graines, épuisé par l’éther, puis traité par l'alcool absolu, abandonna une résine jaunâtre pâle, dans la proportion de 8,2 pour 100 de graines. _ La résine de Kaladana a été introduite, dans l'Inde, dans la pratique médicale, sous le nom de Pharbitisine (1). Elle possède un goût âcre, _nauséeux, et une odeur désagréable, surtout lorsqu'elle est chauffée, _ Elle fond vers 160° C. Elle se dissout plus ou moins facilement dans l’al- cool ordinaire, l'alcool absolu, l’acide acétique froid, l’acétone, l’éther acétique, l'alcool méthylique, l'alcool amylique, etles solutions alcalines. D'autre part, elle est insoluble dans l’éther, la benzine, le chloroforme, et le sulfure de carbone. Elle forme avec l'acide sulfurique concentré As une solution jaune brunâtre, qui tourne rapidement au violet. Cette, _ réaction, cependant, ne se produit qu'avec une très-petite quantité de _ résine pulvérisée. Si l’on acidule une solution de la résine dans l'am- __ moniaque, après l'avoir conservée pendant un peu de temps, il ne se . forme pas de précipité, mais la solution est devenu susceptible de pré- : _ cipiter du protoxyde de cuivre d’une solution de tartrate, tandis qu’au début elle en était incapable. Chauffée avec de l'acide nitrique, la résine _ donne l'acide Ipomæique de Meyer. œ Pre of India, 1868, be - HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 1 195. D'après ces réactions, nous sommes conduits à admettre que la résine . de Kaladana ressemble à la résine de jalap ou Convolvuline. Pour là préparer en quantité, le meilleur procédé serait, sans doute, de traiter Ps les graines par l’acide acétique commun, et de la précipiter en neutrali- sant la solution. Nous nous sommes assurés que la résine ne se dé- compose pas lorsqu'on la fait digérer avec de l'acide acétique à 100° CG., même pendant une semaine. Nous avons eu l’occasion d’exa- .- miner un échantillon d’une résine de Kaladana préparée par MM. Rogers et Ci°, chimistes de Bombay et Poona, et nous l'avons trouvée semblable "à celle préparée par nous-mêmes. C’est une sustance friable, d’un jaune clair, semblable à la résine de jalap purifiée, et susceptible, comme Su | d’être complétement décolorée par le charbon animal. Usages. — Les graines de Kaladana jouissent des per — : tiques du jalap. On a introduit dans la Phar- Er macopée de l'Inde, non-seulement la résine, mais encore une teinture et une poudre com- posée. Dans plusieurs parties de l'Inde, les indigènes mangent, pour se purger, les graines de Kaladana rôties. (a) Les Pharbitis Caoisy (Convolv. or., 56) ne constituent réellement qu'une section du genre Ipomæa à stigmate capité et trilobé, et à ovaire tri- loculaire. : . Le Pharbitis Nil (Cnoisy, Convolv. or., 57 ; Con- voluulus Nil L.; Ipomæa cærulea Roxs.) est une plante volubile, annuelle, à tige et rameaux arrondis, velus, atteignant une hauteur de 2 à 4 mètres et la grosseur d’une plume d’oie. Les feuilles sont pé- donculées, larges, cordées à la base, aiguës au som- met, trilobées, laineuses, longues de 5 à 10 centi- mètres. Les fleurs sont disposées en cymes axillaires de deux ou trois fleurs, portées par des pédoncules aussi longs que les pétioles, arrondis et velus, et __ accompagnées de bractées linéaires. Les sépales sont ‘ linéaires. La corolle est large, campanulée, infundi- buliforme, colorée en bleu clair très-brillant. L'ovaire est triloculaire, surmonté d’un style cylindrique, ter- miné par un stigmate, subglobuleux, volumineux, trilobé, Chaque loge ovarienne contient deux ovules Les anatropes, dressés, à micropyle dirigé en bas et en dsbité: ca] : {coup plus courte que le calice, lisse, triloculaire, chaque loge con deu #6 SNS Sr a man, à by fem | SO RO sonate. etre 5 grosse radicule Pat vers je micropyle et de deux re folincés et épais, … -charnus; très-larges, appliqués l’un contre l’autre par leur face interne, munis près de la base de deux auricules qui descendent de chaque côté de la radicule. Les “bords externes des deux cotylédons se rapprochent Jun de l’autre, et deviennent contigus au niveau du bord mince de la graine, tandis que leur limbe forme de , nombreux replis. L'albumen pénètre dans l'intervalle de tous ces plis. [Tran.] __ (b) Ainsi que le montre la figure 162, les téguments de la graine de Kaladana sont constitués de dehors en dedans par: 1° une couche, a, de cellules épithéliales à Le paroi extérieure épaisse, cuticularisée, soulevée en papilles coniques ; 2° une couche, b, _ - depetites cellulesquadrangulaires, à parois assez épaisses ; 3° une couche, c, de cellules prismatiques, très-allongées radialement ; 4° une zone, d, formée de plusieurs couches de cellules irrégulières, très-comprimées dans certains points, à parois minces ‘et vs claires. En dedans des téguments, on trouve l’albumen e, dont la couche extérieure est formée de cellules prismatiques bien distinctes, aplaties sur leur face externe ; les couches plus intérieures sont transformées en mucilage, et n’offrent plus que * des lignes vagues, indécises, les parois cellulaires ayant été gonflées, puis détruites, _ Les cotylédons f sont formés de cellules polygonales. Les glandes qu’ils renferment sont constituées chacune, autant qu’on peut en juger d’après l’état adulte, par un _. méat intercellulaire, très-dilaté, dans lequel s’accumule un liquide jaunâtre: cette sr ee cavité est bordée par une cotils de cellules allongées dans le sens de la circonfé- nue rence, un peu aplaties, destinées à sécréter l'huile, [Tran. ] e : à | SOLANACÉES. NU DOUCE-AMÈRE. Stipes Duleamarz ; Caules Dulcamaræ ; Douce-amère, Morelle grimpante ; angl. Bitter Sweet, "u - = omegee mess assé Nighishade; allem., Bittersüss. Origine botanique, — Solanum Dulcamara L. C’est un petit arbuste a | grimpant, à fleurs petites, pourprées et à baies rouges (a). On le trouve. dans toute l'Europe, sauf dans l'extrême Nord. Ilexiste aussi dans le nord de l’Afrique et de l'Asie, ainsi qu’en Asie Mineure, et il se natura- lise dans l'Amérique du Nord. Il est commun dans les buissons et les - haies humides et ombragées (1). Historique, — Les sarments de la Douce-amère furent introduits dans la pratique médicale par les médecins et les botanistes allemands du _ seizième siècle. L'un deux, Tragus (152), l’a figurée et décrite, sous le _ nom de Dulcis amara ou Dulcamarum. Description. — Les vieilles tiges sont ligneuses ; j les bon élevées et Le Solanum nigrum L., qui ressemble un peu à la Douce-amère, est une plante A le ns de petite taille, à tiges __. et à baies ordinairement | mière fois, en 1820, par Desfosses, pharmacien à Besançon, des baies du k baies. Winckler, en 1841, observa que l’alcaloïde des tiges dela Douce- | HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 197 les plus jeunes sont molles et vertes, longues et traînantes, et atteignent, Lie en s'appuyant sur d'autres plantes, une hauteur dé 1%,80 et plus. Elles se dessèchent pendant l'hiver, On doit recueillir pour l'usage médicinal lès rameaux d’une année ou deux, soit à la fin de l’année, soit au début du printemps, avant la pousse des feuilles. Ces rameaux ont plu- sieurs pieds de long, et environ un demi-centimètre d'épaisseur. Ils sont ' d'un brun verdâtre clair, parfois cylindriques, d’autres fois presque carrés ou pentagonaux, un peu sillonnés dans le sens de la longueur, et. quelque peu verruqueux. La partie subéreuse de l'écorce est mince, luisante, s'exfolie facile ment, en mettant à découvert un mésophlœum riche en chlorophylle. Les rameaux sont le plus souvent creux, et partiellement munis d’une moelle blanchâtre. Lorsque le bois est sec, il représente à peu près la moitié du diamètre du vide central, et l'écorce est beaucoup plus mince que le bois. Ce dernier possède une structure radiée, et offre, dans les É vieilles tiges, deux ou trois cercles annuels bien définis. On coupe ordi- PRE nairement les tiges en petits morceaux pour les faire sécher. “ L'odeur est fétide et désagréable ; elle se dissipe, en grande partie, sous l'influence de la dessiccation. La saveur est d’abord un peu amère, Es et ensuite légèrement douce. L'amertume paraît être plus prononcée Se pendant le printemps qu’à l'automne. fa Structure microscopique. — L’épiderme des jeunes bourgeons est formé de cellules tabulaires à parois épaisses, dont plusieurs se pro- longent au-dessus de la surface en poils courts et recourbés. Les vieilles ; ré tiges sont recouvertes d'une enveloppe subéreuse normale. La sépara- “ tion entre le mésophlæum et l’endophlæum est marquée par un cerele + de fortes fibres libériennes, dont quelques-unes se présentent aussi dans la moelle. La partie ligneuse est riche en larges vaisseaux. Dans letissu parenchymateux, qui est à la fois doux et amie, on trouve de pelits cristaux d’oxalate de calcium, et de petits grains d’amido: Composition chimique, — La saveur de la Douce-amère paraît d après Schoonbroodt (1867), à un principe amer qui fournit, ù composition, du sucre et de la Solanine, cette dernière en très proportion. La solanine est un alcaloïde. Elle fut retirée pour Ja Solanum nigrum L. Plus tard elle fut découverte par le même chimiste z .. dans les feuilles et les tiges du S. Dulcamara, et par Peschier dans les s. > amère ne pe. être obtenu qu'à l'état Rosa É ch il se compo r € < ds RES AIT EF + aipe Fe MLA 1 ; ! : t is +4 r: ACCRU : A CE ne HE ENS à at L dE: ; 4 128 ue y te SOERNAGÉES: vis-à-vis des chlorures de platine et de mercure, autrement que la _ solanine de la pomme de terre. Moitessier, en 18à6, confirma cette observation, et n’obtint que des sels amorphes avec la solanine de la Douce-amère. Zwenger et Kind, d’une part, et O0. Gmelin, d'autre part, en 1858 et 1859, trouvèrent que la solanine C*H®AzO', est un composé de sucre et d’un alcaloïde particulier, cristallisable, la So/anidine, C#H%Az0. Ce dernier, sous l'influence de l'acide chlorhydrique concen- tré, donne de l’eau, et se convertit en un composé amorphe et basique, la Solanicine, CYHTAz°0. 4 Geissler (4873) a retiré de la Douce-amère une matière amère amor- * phe, la Dulcamarine, dont l’arrière-goût est douceâtre, et qui, sous l'ac- = tion des acides convenablement dilués, se dédouble en Dulcamarétine et glucose, conformément à l'équation suivante : EL : RS C#H#0!°-L 92H20 — CSH2205 + GEHMOr et : Dulcamarine. Dulcamarétine. Ho Usages. — On administre parfois la Douce-amère sous forme de dé- _ coction, dans le rhumatisme et les affections cutanées. Son action 7 réelle, d’après Garrod, est inconnue. Ce médecin fait remarquer (1) qu’elle ne dilate pas la pupille, et ne détermine pas la sécheresse de la gorge, + commela belladone, la jusquiame et le datura. Il administra à un ma- he Jade trois pintes de décoction par jour, sans observer d'action marquée, À et fit prendre jusqu’à un demi-litre de baies fraîches, sans produire aucun effet fächeux. _ (a) Les Solanum Tourneronr (Instit., t. 62) sont des Solanacées, de la série des Solanées, à anthères conniventes, déhiscentes par deux pores terminaux. Le Solanum Dulcamara L. (Species, 264) vulg. Douce-amère, est une plante vivace, à tiges ligneuses, tomenteuses, très-ramifiées. Les feuilles sont alternes, les unes simples, cordées à la base, ovales-acuminées, les au- tres composées, à trois folioles, l’une termi- nale, plus grande, ayant la même forme que Fig. ‘103, Doussaiaite. les feuilles simples, les deux autres opposées, Se très-courtement pétiolées, plus petites, et sou- ventinsymétriques à la base, Toutes les feuilles sont pétiolées, entières sur les bords, colorées en vert foncé, glabres ou finement pubescentes, quelquefois presque tomen- à + a) Essentials of Materia medica, 1855, 496. AS HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 129 teuses en à dissous: Les fleurs sont disposées en inflorescences dont l'axe peipél. est souvent entraîné à une hauteur considérable au-dessus de la feuille axillante. L’inflo- rescence est une cyme très-ramifiée, rendue fort irrégulière par les entrainements de ses branches. La fleur est hermaphrodite et régulière, à réceptacle convexe. Son dia- mètre ne dépasse guère 4 centimètre, Le calice est petit, gamosépale, à cinq lobes courts, triangulaires, verts. La corolle est gamopétale, rotacée, violette, à tube court, à cinq lobes ovales-lancéolés, disposés dans le bouton en préfloraison contournée, sou- vent réfléchis en bas dans les fleurs âgées, munis chacun, au niveau de la base, de deux petites glandes vertes, bordées de blanc. L'androcée est formé de cinq étamines à alternes avec les pétales, connées avec le tube de la corolle, forméés chacune d’un ri filet court et d’une anthère allongée, biloculaire, introrse, déhiscente par deux pores terminaux, Les cinq anthères sont rapprochées en un cône violacé autour du style qui c = les dépasse un peu. Le gynécée est formé de deux carpelles connés en un ovairebi- oculaire, surmonté d’un style cylindrique, à extrémité stigmatique divisée en deux lèvres courtes. Chaque loge ovarienne contient un grand nombre d’ovules anatropes, ET insérés sur un gros Siatenth charnu, fixé au centre de la cloison mince qui sépare les deux loges. Le fruit est une baie ovoïde, pendante, rouge à la maturité, conte- Lea nant une Brésdé quantité de graines aplaties, noyées dans une pulpe molle, conte- &: nant, sous leurs téguments, un _—_.—. au milieu duquel est un embryon roulé en Fiat spirale. usa : sue PIMENT. - Fructus Capsici; Piment ou Corail des jardins, Poivre d'Inde ou de Guinée ;'angl., Pod L Penn Red Pepper, Guinea Pepper, Chillies, Capsicum ; allem., Spanischer Pfefrer. : Origine botanique, — Les plantes dont les fruits sont connus sous le nom de Piments, sont cultivées, depuis une époque très-reculée, dans les pays tropicaux, et se présentent maintenant en variétés si nome de breuses, qu'il est très-difficilé de retrouver les espèces primitives (a). ee Parmi les nombreuses espèces à fruits brûlants, les deux suivantes nissent ceux qu’on trouve dans le commerce anglais : té , Le Capsicum fastigiatum BLume (1). C’est un petit arbuste rameux, _ rameaux carrés, fastigiés, divérgents; à pédoncules fructifères subgé: minés, grêles, dressés ; à fruit très-petit, subeylindrique, oblong, droï _ à calice obconique et tronqué, On le trouve à l’état sauvage particuli .. ment dans le sud de l'Inde; il est pages jrs à l'état sobres: . l'Afrique tropicale et l'Amérique. Roxburgh, qui a décrit cette plante sous te noi de Capitetié mi À la nomme ÆZast Indian bird Chilly ou Le vs Pepper Capsier nn Wior, Icones plant. nd. Orients, 1850, IV, t 1617 ; Capsieum minimum Rox= MRor ee BURGH, Fin) js 1832, 1, 574. Farre s’est assuré que ete “espèce est le- C apsicu ea 430 *\5 11 PRISES ébianacéRs.… es ne Wight dit quil est ÉasoniË par les disons à de l'Inde, mais que ce. __. n'est pas la variété préférée. C’est cette espèce que les auteurs de la | Pharmacopée anglaise ont désignée comme la source des Fructus Capsicr (Piments), qui doivent être employés en médecine, et elle fournit cer- tainement la plus grande partie des Piments qu'on trouve maintenant sur le marché de Londres. 2 C. annuum L. C'est une plante herbacée (parfois un petit arbuste?) | dont le fruit varie beaucoup en taille, en forme et en couleur. Dans quelques variétés, il est dressé ; dans d’autres, il est pendant. D'après Naudin, dont nous partageons l'opinion, le C’. longum DC. (1) et le . C: grossum Wir. ne sont pas spécifiquement distincts de cette plante. Elle fournit les plus grosses variétés de Piments, et, à notre avis, une | grande partie du Poivre de Cayenne qui est importé en poudre. Mistorique.— Toutes les espèces de C'apsicum paraissent être d'origine américaine. Nous ne connaissons pas de noms anciens, sanscrits ou chi- nois, du genre Capsicum, et les noms grecs ou latins qu’on a rapportés à ces plantes sont extrêmement douteux (2). Le plus ancien renseigne- ment sur ce fruit, comme condiment, que nous connaissions, se trouve re dans une lettre adressée, en 4494, au chapitre de Séville, par Ghanca, : de _ médecin de la flotte de Colomb, pendant son second voyage aux Indes nu occidentales. L'écrivain, en indiquant les productions d'Hispaniola, dit que ] les indigènes vivent d'une racine nommée Age, qu'ils assaisonnent avec une épice nommée Agr, et qu'ils mangent aussi cette dernière avec : “Je. poisson et la viande (3). Le premier de ces noms se rapporte à l'Igname et le second au Piment. Il constitue encore, en espagnol, la dé- nomination vulgaire du Piment. Le Capsicum et ses usages furent dé- Fa … crits plus particulièrement par Gonzalo Fernandez de Oviedo, qui are partit d’Espagne pour l'Amérique tropicale en 1544 (4). Mr Dans l'Historia Stirpium, de Léonard Fuchs, publiée à Bâle en 1542, = nous trouvons, à la page 733, la première et excellente figure du Cap- “? sicum longum DC., sous le nom de Siliquastrum ou Poivre de Calicut. L'auteur dit que la plante a été introduite de l'Inde en Allemagne quelque temps auparavant. On pourrait en déduire son origine indienne; _ es d'autre part, Clusius affirme que la plante fut apportée de Per- (1) La prinéipale distinction qui existe entre le Capsicum annuum et le Capsicum um, consiste en ce que le fruit est dressé dans le premier et pendant dans le second. (2) Duxaz, in DC., Prodr., XIII, s. I, 492, Re (3} Letters of Christopher Columbus, traduct. de Mason (Hakluyt Society}, 1870, ès. Fe hrs nn Madrid, 1854, 1, 275. PR ve Histo DES DROGUES D' ORIGINE VÉGÉTALE. 7 AR nambuco par les Portugais, dont les relations commerciales avec |’ Inde expliqueraient aisément qu'elle y eût été apportée à une époque anté- rieure. Il dit, en outre, que le Capsicum d'Amérique avait été généra- lement introduit dans les jardins de la Castille, et que, dans ce pays, on s’en servait, pendant toute l’année, à l’état frais ou sec, comme condi- ment, de la même façon que le poivre. Il ajoute qu'on le cultivait en grande quantité, en 1583 (1), à Brüun, en Moravie. Le Capsicum lon- gum DC. était cultivé en Angleterre par Gerarde, en 4597, et anté- ce rieurement. Il dit que les Piments sont bien connus et vendus « dans les boutiques de Billingsgate, sous le nom de Ginnie Pepper. » Description. — Les Piments du commerce epphrte nan à deux . variétés : 1° Fruits du Capsicum fastigiatum. Ns sont longs de 1 à2 centimètres, À et ont 4 millimètres environ de diamètre ; leur forme est allongée, sub- conique; ils sont atténués en une pointe mousse, et un peu contractés vers la base. Le calice, qui n’existe pas toujours, est cupuliforme, divisé à Fe en cinq dents, et porté par un pédoncule grêle et droit, long de2à _ 3 centimètres. Les fruits sont un peu aplatis, très-ridés par la dessie-” | cation, et cassants lorsqu'ils sont vieux. Leur péricarpe est coriace, lisse, luisant, translucide, mince, sec, coloré en rouge orange; ilren- ferme environ dix-huit graines, insérées, dans les deux loges, sur la mince cloison interloculaire. Les graines sont disciformes, arrondies ou. se +. ovales; elles ont environ 3 millimètres de diamètre, et sont un peu épaissies au niveau du bord. L'embryon est recourbé, presque cireu- = laire. La saveur du péricarpe, et aussi celle des graines, est extrême- Ne ment piquante et brûlante. Le fruit sec possède une odeur faible, qe nous ne pouvons comparer à celle d'aucune autre substance. Er 2 Fruits du Capsicum annuum. Is constituent la variété la plus com- mune. Ils ressemblent à ceux du €. fastigiatum, mais leur taille est … beaucoup plus considérable ; ils ont de 5 à 7 centimètres, et davantage, de long, et sont plus atténués à l'extrémité. Les graines sont à: a plus larges que celles du €. fastigiatum. _ Structure microscopique.—Le péricarpe est formé de deux le l’extérieure composée de cellules à parois épaisses et jaunes, l'intérieure _ deux fois aussi épaisse, formée d’un parenchyme mou, contracté, tra- _ vérsé par de mincesfaisceaux fibro-vasculaires. Les cellules de la couche “ne sont PRIRENT le siége d'une belle RES colorante DEN Lo) Esntet Cvsros, Cure posleriores, aber, 16114, 95. PE Cu. | soLaNaGéES. CE 1 granuleuse. Lois on sert cette dernière, à} aidé d’une solution à alcoolique de potasse, on distingue le noyau de la cellule, et des gouttes d'huile grasse. Les détails de structure de ce fruit constituent sol objets © intéressants d'observation microscopique. | {+ Composition chimique. -— Bucholz, en 1816, et Braconnot, vers la même époque, ont attribué l’âcreté du Piment à une substance parti- se culière, la Capsicine. On la retire en traitant l'extrait alcoolique avec a : l’éther. C’est un liquide épais, rouge jaunâtre, peu soluble dans l’eau. + Lorsqu'on chauffe doucement cette substance, elle devient très-fluide, _ Let à une température plus élevée, se dissipe en fumées irritantes. La | capsicine est évidemment une substance complexe, consistant en ma- tières résineuses et grasses. “ Felletär, en 1869, épuisa les fruits de Capsicum avec l'acide sulfu- rique dilué, et distilla la décoction avec la potasse. Le produit de dis- = tillation se montra fortement alcalin, et dégagea une odeur semblable à celle de la conine. On le satura avec de l’acide sulfurique, on évapora à ‘ siccité, et on épuisa par l'alcool absolu; la solution fut, après évapora- _ tion de l'alcool, traitéé par la potasse, et donna, par la distillation, un _alcaloïde volatil, à odeur de conine. + _ D'après les expériences faites par l'un de nous (F ï: nous pouvons SS confirmer pleinement les observations de Felletär. Nous: avons obtenu a base volatile en question, et nous lui avons trouvé l'odeur de la co- ” nine. Nous la trouvâmes dans le péricarpe et dans les graines, mais en M faible proportion, qu’il nous fut impossible de l’isoler en quantité ru suffisante pour la soumettre à un examen complet, D'après Dragendorff (1871), l’éther de pétrole est le meilleur dissoivant de l’alcaloïde du Piment. Il obtint des cristaux de son chlorhydrate, dont la solution aqueuse fut précipitée par la plupart des réactifs ha- _ bituels,mais non par l'acide tannique. La matière colorante des piments : n’est que peu soluble dans l'alcool, mais se dissout bien dans le chlo- * roforme. Après évaporation, on obtient une masse molle, colorée en de ‘ Sn foncé, qui n’est plus beaucoup altérée par la potasse. . © Les fruits du Capsicum fastigiatum ont une odeur un peu forte. En …. distiant successivément deux lots de 50 livres chacun, nous obtinmes une faible proportion d’une matière- grasse floconneuse, qui possédait une odeur analogue à celle du Persil. Gette matière se montra, ainsi que l'eau distillée, neutre au tournesol, et l’eau n’avait aucune saveur. Nous séparâmes cette dernière, et nous exposâmes la matière grasse à : a. une température d'environ 50° C.; elle fondit en majeure partie. 3 pe li- Fe «+ HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGETALE. _ 133 Fr AVES quide clair se solidifia, en se refroidissant, en toulffes de cristaux, qui furent purifiés par la cristallisation dans l’ alcool. Nous obtinmes ainsi é environ 2 centigrammes d’un stéaroptène neutre, blanc, à saveur nette- Ÿ ment aromatique, très-persistante, sans aucune âcreté, et assez sem- blable à celle de l'huile essentielle du persil. Les’ cristaux fondirent à 38° CG. En les maintenant pendant quelques jours à la température de Ja vapeur d’eau, recouverts d’un verre de montre, quelques gouttes - d'huile essentielle se volatilisèrent ; elles avaient lamême saveur, mais ne ee se solidifièrent pas. Les cristaux se montrèrent alors accompagnés par une huile liquide, Gonservés quelques jours de plus dans les mêmes condi- tions, les cristaux commencèrent eux-mêmes à se volatiliser, et la par- tie restante prit une teinte brunâtre qui indiquait, sans aucun doute, l'existence d’une autre impureté, ainsi que nous nous en sommesas- _. surés par l'expérience suivante : En faisant bouillir la solution de po- É 2 tasse, le stéaroptène produit une sorte de savon qui, en se refroidis- EU sant, forme une gelée transparente. Si l'on dissout et dilue celle-ci, elle LATE devient trouble quand on ajoute un acide. Cela dépend probablement | de la présence d’une petite quantité d'acides gras, supposition confirmée TS par l'odeur un peu forte que dégage notre stéaroptène UE SES le > as chauffe dans un tube en verre (1). it MU Commerce, — Le Piment est expédié de Zanzibar, de b côte occi: dentale d'Afrique et de Natal; mais nous n'avons pu nous procurér : aucune statistique générale des quantités importées dans la Grande- … Bretagne. Les exportations de Sierra-Leone s’élèvent, en 1871, à 7258 li- rs vres (2). La colonie de Natal, qui produit le Piment de Cayenne, dans . le comté de Victoria, où l’on cultive aussi du sucre de canne et du à en expédia, dans la même année, 9072 livres (3). : Les rapports officiels (4) montrent qu'en: 1871, Singapore à mpo 1071 quintaux de Piments, provenant surtout de Penang et de P eg Cette épice est beaucoup consommée par les Chinois. Bombay. ‘impor _ pendant l'année 1872-73, 5567 quintaux de Piments 4608, pro (1) En 1876, Thresh a retiré de cette drogue la Capsaïcine, substancè cristalli incolore, non Votétilé, dont l'analyse élémentaire, faite dans mon laboratoire, | conduit à la formule empirique C°H'+0?. Elle n’a pas le caractère d’un acide, bien qu’elle soît so- luble dans les alcalis, pas dans l’eau. Chauffée dans une éprouvette la capsaïcine émet des re vapeurs extrêmementirritantes. Il est nécessaire de prendre des précautions sér e pour manier. cette substance très-remarquable. (Voir aussi Pres ie 9 déc 1814, P-.473.) [F. A. F.] Rs : _ (2) Blue Book de la colonie de Sierra DNS pour 1871 (3) Id. de Natal AE LA RE 0 QE Id. Ce des Détroits pe 4: : … OO | SOLANACÉES. surtout de la Présidence de Madras, et en exporta 3393 LEA (4). _- Usages. — Le Piment est souvent administré, à cause de ses propriétés _ “excitantes, comme stimulant local, sous forme de gargarisme, et parfois ee de liniment. A l’intérieur, on l’emploie pour faciliter la digestion. Dans one tous les * Pays chauds, on en fait un grand usage comme sont. (a) Les Capsicum L. (Genera, n. 252) sont des suites de la tribu des Solanées à corollé rotacée ; à filaments staminaux très-courts ; à anthères convergentes, dé- hiscentes par dés. fentes longitudinales ; à fruit pulpeux; biloculaire, contenant de =. nombreuses graines. 7 Le Capsicum annuum L. (Species, 270), vulg. Corail des jardins, Poivron, Poivre _ de Guinée, est une plante annuelle, herbacée, rameuse, à tige anguleuse, sillonnée, . à ramification dichotome par suite d’entrainements des rameaux lesunssur lesautres. : — Elles’élève à 30 ou 60 centimètres. Les feuilles sont alternes simples, entières ou pres- | que ‘entières, fréquemment entraînées, elliptiques ou ovales, acuminées, longuement pétiolées, glabres, quelquefois velues en dessous au niveau des nervures, penninerves ; elles ont de 5 à 10 centimètres de long, y compris le pétiole qui a de 1 à 2 centimètres. Les fleurs sont axillaires et solitaires, supportées par un long pédoncule tordu. Elles ‘sont pendantes, blanches, avec des anthères de couleur foncée. Le calice est petit, vert, eupuliforme, divisé en cinq dents courtes. La corolle est rotacée, à cinq lobes Pur L gs, aigus, valvaires dans la préfloraison. Les étamines sont alternes, connées © au tube court de la corolle, à filets très-courts, à anthères allongées, conniventes, - dépourvues de prolongements du connectif, biloculaires, introrses, déhiscentes par _… deux fentes longitudinales. Le gynécée est formé d’un ovaire biloculaire, contenant, . dans ee. loge, sur un gros placenta charnu, de nombreux ovules anatropes, ei RHIZOME ET RACINE DE BELLADONE. Radiz Belladonæ; angl., Belladonna Root; allem., Belladonna Wurxel. __ * Origine botañique. — Afropa Belladona L. C’est une grande herbe _ glabre ou légèrement velue, à souche vivace. Elle est originaire du centre et du sud de l'Europe, où elle croît dans les clairières des bois. Elle s'étend vers l’est jusque dans la Crimée, le Caucase et le nord de l'Asie . Mineure. En Angleterre, on la trouve surtout dans les districts du Sud, mais il est douteux qu’elle y soit à l’état indigène. Elle n’est pas indi- gène non plus en Norwége, et ne supporte pas, même à l'état cultivé, le climat de Ghristiania (Schübeler). Dans quelques parties de l’'Angle- terre et de la France, on la cultive pour l’usage médical (a). no — Quoique la Belladone ne puisse guère avoir pes incon- uw Statement of the trade and navigation of ny for 1872-73, P. u, 56, 91. # HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. RAR nue des auteurs classiques de l'antiquité, il est difficile de la reconnaître dans les écrits qu'ils nous ont laissés. | RARES . Saladinus d'Ascoli (1), qui fit, vers 4450, une énumération des plantes Fe | médicinales, nomme les feuilles du So/atrum furiale et du Solatrum minus: la première de ces plantes est probablement la Belladone. Cependant: la première mentionindubitable de cette plante que nous ayons trouvée, est peut-être celle du Grand Herbier, imprimé à Paris, probablement vers 1504 (2). Elle est mentionnée, vers la même époque, sousle nom de So- latruin mortale où Dolwurtz dans les écrits d'Hieronymus Brunschwyg (3). En 1542, la Belladone fut bien figurée, sous le nom de Solanum Somni- ferum où Dollkraut, par le botaniste allemand Leonard Fuchs, qui Connaissait bien ses propriétés toxiques (4). Elle fut méconnue par : d’autres écrivains de cette époque, notamment par Tragus (3) Qué ci reproduisit la figure de Fuchs sous le nom de « Solanum hortense ! » ASE Matthiolus, en 1548, la nomme Solanum majus, et dit qu’elle est dé- Re signée par les Vénitiens sous le nom d’Æerba Bella donna, parce que les F dames italiennes emploient l’eau distillée de la plante comme cosmétique. os L'introduction de la racine de Belladone dans la médecine anglaise est de ee de date récente ; elle est due à M. Peter Squire, de Londres, qui, vers1860, va la recommanda comme base d’un liminent anodin très-employé. 4 Description. — La Belladone possède une grande racine (6) épaisse de Fe 2 à 5 centimètres, et longue de 30 centimètres ou davantage, de la- quelle partent des branches divergentes. Extérieurement, les racines fraîches sont d'un brun terreux, rugueuses, avec des cicatrices et des * ë rides transversales. L’écorce est épaisse et succulente, et colorée inté- rieurement, ainsi que la portion centrale, en blanc crémeux foncé. La. racine principale offre une structure radiée bien marquée. Cette 1 racine possède une odeur terreuse, et une saveur d’abord faible puis brûlante, « Laracinesèche de Belladone» se vend en morceaux irréguliers, rugueux Léon en gris sale au | dehors, blanchâtres à l’intérieur. . se cassent (1) Compendium Aromatariorum, 1488. (2) Le Grand Herbier en francoys, contenat les qualitez, vertus et herbes, ete., Paris {sans date), in-4°, cap. De Solastro rustico. (3) Das destillier Buch (sub. voce Nachtschet Wasser), Strassb., 155; ü 2 une édition de 1300. < * (4) Historia Stirpium, Basil., 1542, 689. (5) De Stirpium Historia, 301. . TRE We (6) La partie que les auteurs nomment ici « racine » et ailleurs « racine’ incipale », ns est, en réalité, une tige souterraine, un véritable rhizome, La « Racine de Belladone »,, des Pharmacopées, est constituée à la fois par ce rhizome et par les racines véritables, Ces nn 220 7 tandis D pr TO FPT. : £ 4 + ë 4 + TRS … 4 | soLANAGÉES, 1 HS E | facilement; eur. cassure su, courte ; ils exhalent une dar térreuse qui n'est pas sans analogie avec celle de la racine de réglisse. On doit pré- + à _férer les raçines qui n’excèdent pas la grosseur du doigt. Gette drogue est importée, en majeure partie, d'Allemagne ; elle est souvent de qualité _ douteuse. Les racines cultivées en Angleterre, et achetées à l'état frais, (on rejettecelles qui sont vieilles et grosses), lavées, puis divisées trans- æ _versalement en morceaux, et séchées à une chaleur douce, penaiient _un article de meilleure qualité. dérable entre «la racine prineipale»et les branches, la première contenant seule une moelle distincte enfermée dans un cercle ligneux que traversent des rayons médullaires étroits. Dans le tissu parenchymateux est plus res. Sur la section transversale des place de la moelle. Les faisceaux vas- culaires extérieurs n’offrent pas d’ar- rangement régulier, et les rayons an : Fig. 464. Tige antoine Belladonc. médullaires ne sont pas nettement vi- Re ne ee sibles dans la coupe transversale. La partie ligneuse de «la racine principale » et desesbranchesoffre des | vaisseaux ponctués très- -larges, accompagnés de tissu parenchymateux. Les cellules de ce dernier ont toujours des parois minces, et l'absence racine. Le prosenchyme, dont les vaisseaux sont entourés, prend parfois % une teinte brunâtre, présente une apparence cireuse, et offre alors une structure très-irrégulière., Dans la portion corticale de la racine de : _Belladone, un grand nombre des cellules de la couche moyenne sont, cellules contiennent des grains d’amidon. _alealoïde cristallisable l'Atropine,. CHAOS, que Geiger .e ____ parties gr Les recherches de Lefort, en la partie extérieure du cercle ligneux, abondant que les faisceaux vasculai- de tissu ligneux proprement dit rend compte de la cassure facile de la : | Structure microseopique.—Il existe une différence anatomique consi- ‘ branches de la racine, on trouve une colonne fibrovasculaire centrale à la . comme les cellules de la moelle, remplies de cristaux octaédriques, ex- trémement petits, d'oxalate de calciim, mais le plus grand mas des | Composition chimique, — En 1833, Mein retira de la racine de Ba ke 1872, 4 ; _ cation de l’atropine, qui sert pour dilater la pupille, On emploie aussi, HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 437 ont prouvé que les racines contiennent cet alcaloïde en proportion _ très-variable et que les jeunes en sont plusriches que les vieilles (1 (1). La proportion maximum obtenue fut 0,6 pour 400. Elle fut retirée d'une : racine de la grosseur du doigt. Les grosses racines, âgées de 7 à 8 ans, eri donnèrent de 0,23 à 0,31 pour 100. Elles possèdent une écorce relati-. vement plus mince que les jeunes racines, et c’est particulièrement dans l'écorce que paraît résider l’alcaloïde. Les fabricants d’atropine em- ploient uniquement la racine. = Ludwig et Pfeiffer (1861), en décomposant l'atropine par le chromate de potassium et l'acide sulfurique, obtinrent de acide benzoïque et de la propylamine. D'autres produits se forment lorsqu'on traite l'atropine par l'acide chlorhydrique concentré, l’eau de baryte ou la soude caus- tique; on obtient l'équation suivante : Atropine, C!"H#Az05-LH?0 = acide. Va Tropique, C'HO$ Tropine, CSHAZO. ÈS L’acide tropique est cristallisable, et se décompose tonton en acide . Atropique, et en acide Isatropique, qui sont l'un et l'autre i isomères avec l'acide cinnamique, C°H*O?. La tropine est fortement alcaline, ut dans l’eau et dans l'alcool, et forme, par évaporation de ses solutions éthérées, des cristaux tabulaires. Ni la tropine, ni l'acide tropique ne préexistent, d'après Kraut (1 _. dans les feuilles et la racine de Betis done. | “ Hübschmann a découvert, en 1858, dans la racine de Béllédone;” un. second alcaloïde, la Zelladonine, qui est incristallable, et possède un. aspect résineux, une réaction alcaline manifeste, et émet comme l'atro- pine, lorsqu'on le chauffe, une odeur particulière. LR #S La racine de Belladone contient en outre, d’après Richter css) et Hübschmann, une substance fluorescente, et une matière colorante rous nommée Atrosine (2). Cette dernière existe en grande quantité dans le fruit, et demande probablement de nouvelles recherches. ; = Usages. — La racine de Belladone est surtout employée dans la fabri & contre les douleurs ni pare un liniment préparé avec la racine Belladone. à … HR s* ” . io AtrépaL. (Genera, n. 249, ex ns sont des Solanncées de la tribu niuss LA re Sabre accrescent, étalé en étoile à la base du fruit pie ‘ corolle os - @ Pour le procédé employé par Lefort dans l'estimation de latiopiss. vor p. 39. (2) Gueun, Chemistry, 1866, XVH, 1. SAR dé rs reed isole en hr Mu ruche Le "a ; 138 A | SOLANAGÉES. FRE mnülée: à suthires dehibbaiétés par des fentes longitudinales, non conniventes ; à baie pulpeuse et suceulente. . L'Atropa belladona L. (Spec., 260) est une plante à souche vivace, épaisse, char- nue, ramifiée, un peu traçante, que les auteurs confondent avec la racine, émettant au printemps des rameaux aériens verts et charnus, à feuilles et à rameaux très-entrai- ‘nés, de facon que la ramification paraisse dichotome. Les rameaux sont verts, fine- ment pubescents ou glanduleux vers le haut. Les feuilles sont d’un vert foncé, glabres ou fine- ment pubescentes, aettét simples, entières ou légèrement sinuées ; elles sont longues de * 10 à 20 centimètres et larges de 6 à 10 céntimè- tres, ovales, atténuées à la base en un pétiole court,acuminées. Les fleurssont solitaires à l’ais- selle des feuilles qui, par suite d'entraînements, sont disposées par deux à la même hauteur, l’une grande, et l’autre beaucoup plus petite, Les fleurs sont grandes, pédicellées, un peu penchées. Le calice est profondément découpé en cinq lobes verts, pubescents, beaucoup plus courts que la corolle, mais s’accroissant en . même temps que le fruit, et formant autour de lui, à la maturité, une grande collerette verte, en étoile. La corolle est campanulée, un peu rétrécie à la base, violette, pubescente en dehors, un peu plissée longitu- . dinalement, divisée en cinq lobes courts, arrondis, réfléchis en dehors. L’androcée est formé de cinq étamines alternes avec les lobes de la corolle, connées à son tube, incluses, à filets assez longs, velus à la base, à anthères courtes, bilocu- _ laires, introrses, déhiscentes par deux fentes longitudinales, non conniventes, réflé- < chies sur le filet après la déhiscence. Le gynécée est formé d’un ovaire biloculairé . surmonté d’un style cylindrique, inclus, capité. Chaque loge ovarienne contient, sur - un gros placenta charnu, un grand nombre d'ovules anatropes, Le fruit est une baie grosse comme une cerise, arrondie, colorée en violet-noir à la maturité, très-pul- peuse, à suc noirâtre, contenant un grand nombre de graines aplaties, albuminées, ‘à embryon recourbé, (Tao. ] Fig. 165. Atropa Belladona. FEUILLES DE BELLADONE. Folia Belladonæ; angl., Belladonna Leaves ; allem., Tollkraut. Origine botanique, — A/ropa Belladona L. Historique. — Les feuilles de Belladone, et l'extrait qu'on prépare avec elles, furent introduits dans la Pharmacopée de Londres, en 1809. Pour plus de détails sur l’histoire de la Belladone, voyez l'article pré- édent pu hace ser lisses, qui atteignent de 1",20 à 42,50 de haut, : “ Oh Belladone, ou Morelle meurtrière, produit des ti- Ex us HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 439 Elles sont simples dans la partie inférieure, puis ordinairement trifur- quées, ensuite bifurquées, et produisent, sur leurs branches supéz rieures, un grand nombre de feuilles d’un vert brillant, disposées en | paires inégales, portant, dans leur aisselle, des fleurs solitaires, pen- dantes, pourpres, en forme de cloches, et de grosses baies noires et luisantes. 5 Hu Les feuilles ont 40 à 20 centimètres de long; elles sont pédonculées, largement ovales, acuminées, atténuées à la base, molles et juteuses ; #0 celles des tiges stériles sont alternes et solitaires. Les jeunes pousses 4 _sont pubescentes, à poils noirs et courts, qui, sur le calice, sont parfois cé très-persistants, et prennent le caractère de glandes visqueuses. Les y x feuilles exhalent, lorsqu'on les froisse, une odeur désagréable, herba- cée, qui disparaît par la dessiccation. Desséchées, elles sont minces et He friables, colorées en vert brunâtre sur la face supérieure, grisâtres en. on dessous. Leur saveur est désagréable, un peu amère. 400 livres de j feuilles fraîches ne donnent que 16 livres de feuilles sèches (Squire). at Composition ehimique, — Le principe important des feuilles de Bél- ladone est l’Atropine. Lefort, en 4872 (1), a déterminé sa proportionen épuisant, par l'alcool dilué, les feuilles préalablement desséchées à 1000. concentrant la teinture, et précipitant l’alcaloïde à l’aide d’une solution _ d’iodohydrargyrate de potassium. Le précipité ainsi obtenu contenait, … d'après le calcul de Lefort, 33,23 pour 400 d’atropine. ee Lefort examina les feuilles de plantes cultivées et de plantes Me : sant à l’état sauvage dans les environs de Paris ; il les recueillait avant Se et après la floraison. Il trouva que la culture ne modifie pas la propor- Le tion de l’alcaloïde ; que les feuilles des jeunes plantes sont moins riches : que celles recueillies pendant la floraison. Ces dernières, desséchées, lui . donnèrent de 0,44 à 0,48 pour 100 d’atropine. y Les feuilles de Belladone contiennent de l'Asparagine qui, d’après : Bil (1839), cristallise dans l'extrait longtemps conservé. Cependant Attfeld, en 4862, ne trouva dans l'extrait que des cristaux de chlorure et nitrate de potassium. Le même chimiste obtint, par la dialyse du de Belladone, du nitrate de potassium, et des prismes carrés d ‘un sel de . | magnésium, contenant un acide organique. Le sue lui donna aussi de & ue (2). Les feuilles desséchées nous ont donné 14 Les . Ra RAS Nues : (1) Journ. de Pharm., 1872, XV, 269, 341. (2) Le suc frais conservé pendant quelques jours dégage des etude k a Re ER ne + HD “om ee 440 HSE | SOLANAGÉES. L'oRrade FT. 0 cendres net ‘en majeure partie, en. carbonates en et se alcalins. $ 1.‘ Usages, — Les feuilles de Belladone sont arr, à l'état frais, 2 pour la préparation de l'Extrait de Belladone, et, à l'état sec, pour pré- | ‘parer une teinture. On doit les recueillir lorsque la plante est en pleine floraison. RTE EEE à" ea STRAMOINE. * Herba Stramonii ; angl., Stramonium, Thornapple; allem., Stechapfelblætter, ar Origine botanique, — Datura (1) Séramonium L. C'est une grande 12 _ herbe dressée, annuelle, à croissance rapide, à fleurs blanches, rappe- ee lant par leur forme celles des Convolvulus, et à fruits ovoïdes, épineux, On la trouve aujourd'hui à l'état de culture dans presque toutes les ré- é trouve fréquemment en grande abondance, surtout auprès des jardins ee dés habitations (a). er. Historique. — Les botanistes ont beaucoup discuté sur la patrie de cétte plante, et sur son airé primitive de distribution. Alphonse de Can- dolle (2), après avoir discuté avec talent les arguments avancés en fa- _veur de l'opinion qui considère la plante comme originaire à la fois de … l'Europe, de l'Amérique et de l'Asie, énonce son opinion de la façon NS monde, probablement des bords de la mer Caspienne et des pays adja- _ cents, mais certainement pas de l’Inde. Il est douteux qu'il existât en # Europe à l'époque des anciens Romains, mais il paraît s'être répandu de _ lui-même, entre cette époque et celle de la découverte de l'Amérique. » … .- La Stramoine fut cultivée à Londres, vers la fin du seizième siècle, 2e par Gerarde. Il en avait reçu les graines de Constantinople, et propagea cinäles. Son emploi, à une Lena “rs récente, est dû aux expériences . de Stürck (3). Description. — La Stramoine possède une Bt herbacée, verte, de sée, vigoureuse, qui, à à pêu de distance au-dessus du sol, émet des ra- 5 Nous ignorons l'origine du mot Stramonium. | _(2} Géographie botanique, 1855, 11,734. Lien (3) Libellus quo demonstratur Sonia, meyamn ei. enr 1e erehs ind AE: 0 gions tempérées et chaudes du globe. Dans le sud de l'Angleterre, onla . suivante : « Le Datura Stramonium paraît être indigène de l’ancien beaucoup la plante, dont il tenait en haute-estime les propriétés’ médi- où. Le nivt Datura vient du ne D'hustire a, nom apliqué au à Dita passa Le: à . ER Ro APT | HT DE LR Tax L ARS EE TRE r LE 7 ce RNA AU NP r V'TLrEx D ANSE POS ; ra \ < « Ds SORTE Ce ES , PRE TL - : % 2 PA ra Ç à “HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. ir. SE | nait étalés, bifurqués, dans l'angle desquels se développe une fléur solitaire, blanche, à laquellé succède une capsule ovoïde et épineuse. Au niveau de châque bifurcation, en dehors, est une large feuille. Gette disposition des parties se répète plusieurs fois, et, lorsque la plante jouit d’une croissance vigoureuse, elle se ramifie _—_—_.—. et a Do F dans le cours de l'été, une taille considérable. Les feuilles de la Stramoine ont un long pétiole. Le limbe est seal à la base ; il est ovale, acuminé, sinueux-denté, avec des dents ou des lobes PER, pointus ; il est velu à l’état jeune, et glabre à la maturité. À l’état frais, les feuilles sont fermes et succulentes, et émettent, lorsqu'on . les froisse entre les doigts, une odeur fétide, désagréable. Les plus grandes feuilles des plantes de moyenne taille ont de 13 à 20 centimètres, et plus, de long. Pour l'usage médicinal, on arrache la plante entière, ja on enlève les feuilles et les jeunespousses, qu’on coupeen bandes courtes : destinées à être introduites dans une pipe ou roulées en cigarettes; c'est surtout sous cette forme qu’on en fait usage en Angleterre. L'odeur forte de la plante fraîche disparait sous l'influence de la dessiccation, et est remplacée par une odeur très-agréable. L'herbe sèche possède “ane saveur salée et un peu amère. MAR _ Composition chimique, — Les feuilles de Stramoine conbentést . #j F ainsi que les graines, un alcaloïde, la Daturine (voy. page 144) en très faible proportion, pas plus de 2/10 à 3/10 pour 1000. Elles sont riches un. en principes salins et terreux. Les feuilles choisies, desséchées à 100° CG, Le. nous ont donné 47,4 pour 100 de cendres. Fo Usages. — Les feuilles de Stramoine ne sont guère pe qu ai: cigarettes ou dans la pipe, et fumées, comme le tabac, contre l'asthme. ee Snbstitution. — Dafura Tatula L. Cette plante est très-voisine du Datura Stramonium L. Elle se propage dans les champs cultivés avec presque autant de facilité que la Stramoine, mais elle n'est pas aussi répandue. De Candolle pense qu'elle est indigène des parties chaudes de l'Amérique, d'où elle a été importée en Europe, vers le seizième siècle, _ et naturalisée en Italie, puis dans le sud-ouest de l’Europe. Plusieui botanistes réunissent cette plante au Datura Stramonium maïs Naudin (4), - Qui a étudié les deux plantes avec la plus grande attention, surtout au _ point de vue de leurs hybrides, les considère comme distincte Le. 2 __ Datura Tatula diffère du Datura Stramontum par sa tige, les pétioles - ne ad les nervures de ses feuilles qui sont DORE au lieu cu” verts’ Fe é wc Compas rendus 4e. s se, 153, iv, EPTE RE | RoLANackes. - par sa curl et sés anthères violettes et non. hippabts: mais ces ca- ractères, si toutefois on peut les admettre, n ‘ont qu’une bien faible importance botanique. On a recommandé de fumer le Datura Tatula contre l'asthme, et l'on a considéré son action comme plus énergique que celle du Datura Stramonium. 11 nous est impossible d'apprécier la valeur relative de ces deux plantes. = (a) Les Datura L. (Genera, n. 246) sont des Solanacées de la tribu des Solanées, à calice tubuleux, se divisant, à la maturité, en deux parties dont la supérieure tombe àvec la corolle, et l’inférieure persiste à la base du fruit ; à corolle infundibuliforme; - _ à anthères déhiscentes par deux fentes longitudinales ; à fruit capsulaire, déhiscent en quatre valves, TRES Le Datura Stramonium L. (Spec., 255) est une plante annuelle, herbacée, ro- : buste, dressée, à rameaux entraînés de façon à former une ramification en appa- y À . rence dichotomique. La plante est entièrement glabre et d’un vert sombre. Les + feuilles sont alternes, longuement pétiolées, ovales-acuminées, lobées, à lobes mu- … mis de dents aiguës et un peu recourbées, On trouve dans la partie supérieure de la tige, au niveau rie chaque feuille, trois axes : deux latéraux, destinés à produire eux- mêmes des feuilles, et un médian court, terminé par une Abus: Chacun des deux axes latéraux offre à son tour, un peu plus haut, une feuille, et à sa hauteur troisaxes qui se comportent comme les précédents. La fleur est ainsi toujours solitaire. L'axe qui la porte est court, cylindrique. Le calice est gamosépale, à tube long, for: mant, dans la préfloraison, un sac allongé et conique, pentagonal, Il est découpé en cinq dents courtes, triangulaires, ai- gues, dont les nervures médianes conti- nuent Les cinq côtes du tube. La préflorai- son est valvaire. La corolle est blanche, très-grande, infundibuliforme, à cinq lo- bes acuminés-subulés, formant chacun, au niveau de leur nervure médiane, un pli saillant, et tordus dans la préfloraison. L’androcée est formé de cinq étamines alternes avec la corolle, incluses, à filets connés au tube de la corolle, à sr Fig. 166. Datura Stramonium, oblongues, allongées, biloculaires, in trorses, déhiscentes par deux fentes LE gitudinales. Le gynécée est formé d’un ovaire à deu loges, contenant chacune de ._ nombreux ovules anatropes insérés sur un placenta central, L'ovaire estsurmonté d’un % style cylindrique, à peu près aussi long que les étamines, terminé par un renflement us stigmatique un peu aplati et imparfaitement bilobé. Le fruit est une capsule à deux loges, subdivisées chacune, dans le bas, en deux loges secondaires, à l’aide d’une fausse cloison formée par le placenta. Pour bien comprendre cette structure, il est er de faire des coupes transversales du fruit à différentes _——— + mieux 4 HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. À © a Ne encore de suivre sa formation. Au début, la cloison mince qui sépare les deux loges porte, sur chacune de ses faces, un placenta vertical chargé d’ovules. Vers la base du _ fruit, lalame placentaire fait bientôt, dans chaque loge, une saillie de plus en plus pro- - noncée, pendant que les deux lèvres de son bord externe, chargées d’ovules, s’épais- sissent, et s’écartent. Une saillie se forme ensuite entre ces deux lèvres, et va rejoindre la face interne de la paroi dorsale de la loge. Cette dernière se trouve alors divisée en deux fausses loges, dont chacune offre un gros placenta saillant chargé d’ovules, La situation de ces*deux lames placentaires sur la fausse cloison est très-variable ; elles sont parfois tellement rapprochées de la paroi externe de la capsule, qu’elles pa- raissent pariétales. Ces phénomènes ne se produisent pas dans la partie supérieure du fruit qui reste biloculaire, La déhiscence est septicide, à quatre valves ; elle s’ef- fectue par deux fentes longitudinales, qui se coupent en croix; l’une se produit au niveau de la vraie cloison, et l’autre au niveau des fausses cloisons. Les graines sont nombreuses, réniformes, à téguments noirs et chagrinés ; à albumen conte- nant un embryon courbé, [TRaD.] GRAINES DE STRAMOINE. ta Semen Stramonii ; Semences de Stramoine ; angl., Stramonium Seeds ; allem , S techapfelsamen. Origine botanique. — Dalura Stramonium L. (voy. l’article précédent). 7 Description. — La capsule ovoïde et épineuse de la Stramoine s'ouvre au sommet en quatre valves régulières. Elle est biloculaire ; chaque loge, incomplétement divisée en deux loges secondaires, contient 55 un grand nombre (400 environ) de graines aplaties, réniformes. Les : graines sont noirâtres ou d’un brun foncé; elles ont environ 4 milli- Le _ mètres de long, et1 millimètre d'épaisseur ; elles sont amincies au ni- | veau du hile, qui est situé sur la face la plus droite. La surface de la _ graine est creusée de petites fossettes, et marquée d’un grand nombre de réticulations ou de rugosités plus prononcées. Sur une section pa. rallèle aux faces de la graine, on voit un embryon contourné suivant la. courbure de la graine, et plongé dans un albumen huileux, blanc. Sur une: coupe transversale, l'embryon paraît cylindrique. Les graines ont une sa- ; veur un peu amère, et exhalent, lorsqu'on les brise, une odeur ;, _ gréable. Lorsqu'on fait digérer les graines entières dans l'alcool, donnent une teinture douée d’une fluorescence verte. Structure microscopique. — Le testa est formé d'une couche de . Ée _ lules allongées radialement, à parois épaisses. Leur forme n’est pas _ simplement cylindrique, mais leurs parois sont sinueuses et pliées dans _ le sens de la longueur. Vues sur une coupe tangentielle par rapport à la + . surface, les cellules paraissent pénétrer les unes dans les autres. À la #3 surface de la . les parois cellulaires s'élèvent en tubercules eten x DU. RUE | SOLANACÉES. Er NES Roc plis qui donnent à à te: graine son apparence sétidoisé, et forment les fos- | _ settes dont elle est creusée. L’albumen et l'embryon offrent les contenus habituels, c'est-à-dire des gouttes d'huile grasse, et des substances albuminoïdes. et _ Composition chimique. — Le principe actif des graines de Sirämoine met est un alcaloïde puissamment toxique, la Daturine. Elles en contiennent Le seulement 4/10 pour 100, tandis que les racines et les feuilles en ren- ferment encore moins (4). La daturine fut découverte, en 1833, par pe Geiger et Hesse. Elle fut considéré par A. von Planta, en 1850, comme … identique avec l’atropine. Il lui trouva la composition chimique de ce dernier alcaloïde. Les deux corps se ressemblent parleur solubilité, etleur _ point de fusion, qui est de 88° à 90°C. Ils cristallisent avec la même ae facilité. Les expériences de Schroff (1852) tendent à montrer que la. da- Me ‘à . turine et l’atropine agissent de la même façon, ce qui confirmerait en- _ core l'identité des deux substances. Cependant, la dernière est deux fois plus toxique que la première. Il paraît résulter des observations faites par Erhard, en 1866, que la forme cristalline de quelques-uns de à “leurs sels est différente. Dans les graines de la Stramoine, la daturine . paraît être combinée à l'acide malique. Les graines donnèrent à Cloëz (1865) 2,9 pour 400 de cendres et 25 pour 100 d'huile fixe. ne Usages. — On prescrit les graines de Stramoine, sous forme d’extrait ou de téinture; on les considère comme sédatives et narcotiques. ‘GRAINES ET FEUILLES DE DATURA ALBA. Angl., Seeds and Leaves of the Indian or White-flowered Datura. » Origine botanique, — Datura alba Nges. C'est une grande plante annuelle, étalée, haute de 60 à 70 centimètres, à belles fleurs tubuleuses, blanches, longues de 12 à 15 centimètres. Les capsules sont pendantes, . globuleuses-déprimées, un peu pluslarges que hautes, couvertes d’épines unie: ou épaisses et courtes. Elles ne s'ouvrent pas à l’aide de … valves régulières, comme dans le Datura Stramonium, mais se fendent : dans diverses directions en fragments irréguliers. Le Datura alba paraît ce. peine distinet du Datura fastuosa L. Les deux plantes sont communes {dans Fsnès: et sont cultivées dans les jardins du sud de HRtpone @. » RSS in Jahresbericht de Wicezns à Hanian 1866, + 2) Des graines de Datura alba qui nous avaient été envoyées par le docteur Bidie, # : - ras vont été tombe par notre ami M. Naudin, de Collioure (Printer que ain Lie HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 145 Historique, — Les médecins arabes du moyen âge connaissaient bien le Datura alba. T1 est bien décrit par Ibn Baytar (1) sous le nom arabe qu’il porte encore aujourd'hui, Jouz-masal. Ces médecins n’ignoraient pas non plus ses propriétés toxiques. Garcia d’Orta (2) observa la plante dans l'Inde, en 1563, et y entendit raconter que ses fleurs et ses graines étaient mélangées, par les malfaiteurs, aux aliments des personnes qu’ils se proposaient de voler. Elle fut aussi décrite par Christoval Acosta. Dans son livre sur les drogues indiennes (3), il en mentionne deux variétés, dont l’une à fleurs jaunes; il ajoute que les graines de toutes les deux sont très-toxiques, et souvent administrées, soit dans un but criminel, soit pour guérir certaines maladies. Graham (4) dit que la plante pos- sède des propriétés narcotiques très-puissantes, et qu’elle est fréquem- ment employée, à Bombay, par les voleurs, qui l’administrent à leurs victimes afin de leur ôter toute force de résistance. Les graines et les feuilles fraîches figurent dans la Pharmacopée de l'Inde de 1868. Description. — Les graines du Datura alba diffèrent beaucoup, par leur aspect extérieur, de celles du Datura Stramonium; elles sont d’un brun jaunâtre clair, plus volumineuses, de forme irrégulière et un peu ridées. Leur forme peut être comparée à celle d’une oreille d'homme; elles sontun peu triangulaires, ou aplaties et pyriformes ; l'extrémité ar- rondie est épaissie en un bord sinueux, convoluté, tandis que le centre de la graine est déprimé. Le hile s’étend depuis l'extrémité pointue jusque vers le milieu de la longueur de-la graine. Les téguments sont marqués de petites rugosités, mais n'offrent pas les fossettes très-pro- noncées qu'on trouve à la surface des graines du Datura Stramontium ; ils sont plus épais, et offrent, sur une coupe mince, de grands espaces intercellulaires auxquels est due leur structure spongieuse. Les graines des deux espèces se ressemblent par leur organisation intérieure et leur saveur, mais celles du Datura alba ne fournissent pas de teinture fluores- cente comme celles du 2. Stramonium. Les feuilles ne sont employées qu'à l’état hais elles ont de 42 à 25 cen- timètres de long, avec un long pétiole, et un limbe ovale, souvent et ont reproduit la plante sous trois formes : 10 le véritable Datura alba, tel qu’il est + guré dans les /cones de Wight ; 2 des plantes à fleurs violettes, avec la surface interne presque blanche (D. fastuosa) ; 3° des plantes avec une corolle double, de grande taille et jaune. (1) Traduction de Sonrnermer, 1, 269. (2) Aromatum Historia, 1574, üb. ni, C. 24. (3) Tractado de las Drogas... de las Indias mé Burgos, LOS 5. (4) Catalogue of Bombay Plants, 1839, 141. “HIST. ni ocescrse D Ii. : . A 10 146 SOLANACÉES. inégal à la base, acuminé, finement dentelé, avec un petit nombre de grandes dents étalées. Elles exhalent, lorsqu'on les froisse, une odeur forte et désagréable. Structure microscopique. — Les téguments offrent les mêmes tissus que ceux de la graine du Datura Stramonium, mais les cellules à parois épaisses, qui constituent la partie spongieuse, sont beaucoup plus larges, et offrent des dépôts secondaires nombreux qui constituent un bel objet d'observation microscopique. Composition chimique, — On n’a étudié, au point de vue chimique, ni les graines, ni les feuilles du Datura alba, mais il n’est guère permis de douter que leurs propriétés ne soient dues à la Daturine, dont les semences constituent, sans aucun doute, la source a plus impor- tante. Usages. — Les graines ont été employées, dans l'Inde, sous forme de teinture ou d'extrait, comme sédatives et narcotiques; les feuilles fraiches, pilées et réduites en pulpe avec de la farine, sont usitées comme médicament anodin. FEUILLES DE JUSQUIAME. Folia Hyoscyami ; angl., Henbane Leaves ; allem., Bilsenkraut. Origine botanique. — //yoscyamus niger L. C’est une herbe trapue, à feuilles molles, visqueuses, velues, douées d’une odeur désagréable; à fleurs pâles, jaunâtres, élégamment veinées de pourpre ; à calice tubu- leux, cinq-denté (a). On la trouve en Europe, depuis le Portugal et la Grèce jusque dans le centre de la Norwége et de la Finlande ; en Égypte, dans l'Asie Mineure, le Caucase, la Perse, la Sibérie, et le nord de l’Inde. On la cultive aujourd’hui dans l'Amérique du Nord (1) et le Brésil. En Angleterre, on la trouve à l’état sauvage, surtout dans le voisinage des habitations, et on la cultive pour l'usage médical. La Jusquiame existe à l'état de deux variétés, connues sous les noms d’annuelle et bisannuelle, mais n’offrant guère aucun caractère botanique différentiel. La Jusquiame bisannuelle (Hyoscyamus niger, var. à biennis) est plus estimée pour les préparations pharmaceutiques. On l’obtient de graines, La plante ne produit la première année qu’une rosette de nombreuses (1} Elle a été naturalisée dans l'Amérique du Nord avant 1672. Elle est, en effet, mentionnée par Josselyn, dans son New England's Rarities discovered (Lond., 1672), parmi les plantes « sprung up since the English planted, and kept catile i in New fes Er » a HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 147 feuilles pédonculées, longues de 25 centimètres ou davantage. La seconde année, elle émet une tige fleurie haute de 30 à 60 centimètres. La plante entière meurt après la maturation des fruits. La Jusquiame annuelle (Hyoscyamus niger, var. 6 annua, vel agrestis) est plus petite, et parcourt toutes les périodes de son développement pendant une seule saison. Elle constitue la formé sauvage commune, mais elle est également cultivée par les herboristes (1). Historique, —L'//yoscyamus, nom sous lequel on distinguait probable- ment autrefois une espèce voisine, du sud de l’Europe, l’Æyoscyamus alba, était considéré comme médicinal par les anciens. Cette plante est par- ticulièrement recommandée par Dioscoride. En Europe, la Jusquiame est employée depuis une époque très-reculée. Benedictus Crispus, ar- chevêque de Milan, dans un ouvrage écrit peu avant 681, la mentionne sous le nom d’Æyoscyamus et de Symphoniaca (2). Au dixième siècle, ses propriétés furent particulièrement rappelées par Macer Floridus (3) qui la nommait Jusquiamus. Il en est fait mention, fréquemment, dans les ouvrages médicinaux anglo-saxons du onzième siècle (4). Elle y est appelée Henbell et parfois Belene ; ce dernier nom dérive peut-être, de Brawveuriz, terme que Dioscoride (5) indique comme le nom gaulois de la plante. Le mot Jennebone se troûve, avec les synonymes Jusquiame et C'henille, dans un vocabulaire du treizième siècle, et le mot Hennebane dans un vocabulaire latin et anglais du quinzième siècle (6). Dans l'Ar- bolayre, herbier français du quinzième siècle (7), la plante est décrite sous le nom d'Hanibane ou Hanebane de la façon suivante : « Elle est aultrement appelée cassilago et aultrement simphoniaca. La semence proprement à nom jusquiame ou hanebane, et herbe a nom cassilago...» Les termes Hyoscyamus et Jusquiamus dérivent du grec Yosxbauos, c’est- à-dire : fève à cochon. Quoique la Jusquiame constitue un remède d’une puissance incontestable, elle tomba en désuétude pendant la première moitié du siècle dernier. Elle ne figura pas dans les Pharmacopées de Londres de 1756 et de 1778, et n’y fut rétablie qu'en 4809. Sa réintro- duction dans la médecine est due surtout aux expériences et aux recom- mandations de Stôrck (8). (1) Pharm. Journ., 1860, I, 414. (2).S. pe Rexzt, Collectio Salernitana, Napoli, 1852, I, 74, 84. (3) De viribus Herbarum, édit. par CouLanr, Lips., 1832, 108. (4 Leechdoms, etc., of Earty England, 1866, IL, 313. (5) Lib. IV, c. 69 (éd. SPRENGEL). (6) Waicur, Volume of Vocabularies, 1857, 144, 265. (7) Voy. t. 1, p. 279, note 1 ; et Bnuxer, Manuel du Libraire, 1, LA (8) br P. 40, note S. po | 148 SOLANACÉES. Description. — Les tiges de la Jusquiame, celles de la forme annuelle comme celles de la forme bisannuelle, sont couvertes de feuilles molles, visqueuses et velues. Les supérieures sont larges, sessiles, grossièrement dentées, et constituent lesbractées d’unecyme unilatérale ; les moyennes sont munies de dents plus prononcées et amplexicaules ; les inférieures sont pétiolées, ovales-oblongues, découpées en larges dents, et attei- gnent une grande taille. La tige, les feuilles et le calice de la Jusquiame sont épais, et couverts de longs poils noirs articulés. Le dernier article d'un grand nombre de ces poils excrète un liquide visqueux, qui rend la plante gluante. Les poils diminuent sous l'influence de la culture. _ Après la dessiccation, la nervure médiane, qui est plus claire, devient très- visible ; le reste de la feuille se ride beaucoup, et prend une coloration d'un vert grisâtre. La drogue, provenant de plantes fleuries, qu'on trouve dans le commerce, est vurdinairement très-brisée. L'odeur fétide et opiacée des feuilles fraîches diminue beaucoup par la dessiccation. La plante fraîche ne possède que peu de saveur. On vend la Jusquiame desséchée sous trois formes qui généralement ne sont pas distinguées par les droguistes : 1° plante annuelle. On vend les feuilles et les pousses vertes; 2% plante bisannuelle : feuilles de la première année; 3° plante bisannuelle : feuilles et pousses vertes. La troisième forme est toujours considérée comme la meilleure, mais il n’a pas ét6.fait d'expériences dans le but de déterminer, d’une façon précise, la valeur relative des trois variétés de la drogue. _ Composition chimique. — Le plus important des principes de la Jus- quiame, l'Æyoscyamine, fut obtenu, à l’état impur, en 18392, par Geiger et Hesse. Hôhn, en 1871, l'isola pour la première fois des graines, qui sont beaucoup plus riches que les feuilles (1). On dépouille les graines de l'huile grasse qu’elles contiennent dans la proportion de 26 pour 100, et on les traite par de l'alcool contenant de l’acide sulfurique, qui enlève l’hoscyamine sous la forme de sulfate. On évapore alors l'alcool et on ajoute de l'acide tannique. On mélange le précipité, ainsi obtenu, avec de la chaux, et on l’épuise par l'alcool. L'hyosciamine est dé nouveau convertie en sulfate, dont on précipite la solution aqueuse avec du carbonate de sodium; on dissout ensuite l'alcaloïde à l'aide de l'éther. Après évaporation de ce dernier, l'hyoscyamine se présente sous la forme d'un liquide huileux qui, au bout de peu de temps, se concrète (1) D'après les expériences faîtes par Schoonbroodt, en 1868, il est permis de penser que le principe actif de la Jusquiame peut être extrait plus aisément de la plante fraîche que de la plante sèche, En "+ ei HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 149 en touffes de cristaux verruqueux, solubles dans la benzine, le chloro- forme, l’éther et l’eau. Hôhn et Reichardt assignent à l’hyoscyamine la formule CH#Az0'. Les graines n’en contiennent que 0,05 pour 100. L'hyoscyamine est facilement décomposée par les alcalis caustiques. Quand on fa fait bouillir avec de la baryte, dans une solution aqueuse, elle se décompose en Hyoscine, C'H®Az, et en acide Hyoscinique, CPH"O#, Le premier est un alcaloïde volatil. L'acide hyoscyamique est une sub- stance cristallisable, ayant une odeur semblable à celle de l'acide benzoïque empyreumatique (1). Attfeld (2) a montré que l'extrait de Jusquiame est riche en nitrate de potassium, et autres sels inorgani- ques. Dans les feuilles, la proportion du nitrate de potassium est, d’après Thorey (3), plus considérable avant la floraison, La même observation s'applique à l’hyoscyamine. Usages, — La Jusquiame est employée, sous forme de teinture, comme médicament anodin, sédatif ou hypnotique. Les expériences de Garrod (4) ont démontré qu'il ne faut pas l’administrer mélangée avec de la potasse ou de la soude libre, qui la rendent tout à fait inerte. L’Hyoscyamine possède, comme l’atropine, la propriété de dilater la pupille. Substitutions, —L'Æ/yoscyamus albus L., plante plus grêle que l'Ayo- scyamus niger, avec des feuilles et des bractées pédonculées, originaire de la région méditerranéenne, est parfois employée, dans le sud de l'Europe, de la même façon que la Jusquiame officinale. L'Æyoscyamus insanus Srocxs, plante du Beluchistan, est mentionnée dans la Pharma- copæia of India comme douée d'une virulence particulière: on la fume parfois. (a) Les Jusquiames (Hyoseyamus Tounneronr, Instit., t. 42) sont des Solana- cées de la tribu des Hyoscyamées, à calice campanulé, accrescent ; à corolle un peu irrégulière ; à anthères déhiscentes par des fentes longitudinales ; à fruit cap- sulaire, enveloppé du calice persistant, et déhiscent vers le haut par une fente cir- culaire, L'Hyoscyamus niger L. (Spec., 257), vulg. Jusquiame, Hanebane, Herbe des chevaux, est une plante annuelle ou bisannuelle, à racine persistante, charnue, peu ramifiée. Lorsque la plante est bisannuelle, la partie inférieure de la tige per- siste au-dessus de la racine sous la forme d’un eylindre court, couvert de cicatrices et de portions de feuilles, La tige aérienne est haute de 30 à 80 centimètres, dres- (1) Nous avons eu l'occasion d'examiner, en 187 LP ces mens une _ les chimistes dont nous parlons. [F. A. F.] ee. (2) Pharm. Journ., 1862, ILL, 447, (8) Jahresbericht, dé Wiccenrs et HuseMANN, 4869, 6. st Pharm. Journ., 1858, _. 462; _. XV TE 150 SOLANACÉES. sée, rameuse, d’un vert pâle, et couverte de poils grisätres, visqueux. Les feuilles sont alternes, simples, molles, pubescentes, les radicales pétiolées, les caulinaires sessiles et presque amplexicaules. Elles sont longues de 5 à 10 centimètres envi- ron, Leur contour général est elliptique ou ovoïde, avec une pointe allongée. Leur bord est sinueux, denté, ou bien elles sont dans le bas presque pinnatifides, avec des segments inégaux, triangulaires-lancéolés, Vers le haut de la tige, elles sont beau- coup moins découpées, et n’offrent qu'une ou deux paires de dents coniques larges; sur les rameaux, elles sont même fréquemment entières. Les fleurs sont solitaires et sessiles dans l’aisselle des feuilles supérieures, qui sont très-rapprochées. L’en- semble de l'inflorescence forme ainsi une sorte d’épi florifère, roulé en crosse au sommet, avec les fleurs dis- posées sur sa face extérieure en par deux rangées ver- ticales. Après la floraison, la portion fructifère de l’axe * s’allonge, mais reste courbé en are, Le calice est tomen- teux, à tube cylindrique, un peu renflé à la base, découpé dans le haut en cinq dents courtes, triangulaires, poin- tues, Il s’accroît autour du fruit, et l'enveloppe à la matu- rité d’un sac desséché, jautltre, très-résistant, La corolle est infundibuliforme, à tube de la même longueur que le calice, à limbe relativement grand, oblique. Son limbe est divisé profondément en cinq lobes imbriqués en quin- conce dans le bouton, inégaux, trois plus larges et deux plus étroits et plus courts; il est jaune et parcouru de nervures violettes très-nombreuses, anastomosées en un réseau élégant ; la face interne du tube est colorée en Fig. 167., violet foncé. Dans la variété pallidus, la corolle est blan- Hyoseyamus niger. châtre, et les nervures ne sont pas colorées. L'androcée est formé de cinq étamines alternes avec la éorolle, un peu saillantes hors du tube, avec lequel elles sont connées ; leurs filets sont un peu réfléchis et arqués ; leurs anthères sont violettes, courtes, ovoïdes, biloculaires, recourbées en dehors après la déhiscence, qui s effectue. au niveau de la face interne, par deux fentes lon- gitudinales. Le gynécée est formé d’un ovaire supère, biloculaire, surmonté d’un style cylindrique, oblique, plus long que les étamines, et terminé par une tête stig- matique simple. Chaque loge ovarienne contient un grand nombre d’ovules ana- tropes, insérés sur un gros placenta porté par la cloison. Le fruit est une pyxide allongée, presque cylindrique, terminée par un dôme qui se détache circulaire- ment. Les graines sont nombreuses, petites, réniformes et renferment, au centre de l'albumen, un embryon arqué. [Tran] FEUILLES DE TABAC. Folia Tabaci: Herba Nicotianæ; angl, lola leur, Tabakbtatter. Origine etaient à ds Nicotiana Tabacum ke Le Tabac commun est _ originaire du Nouveau-Monde, et cependant on ne l'y trouve x au- Fe. à l'état _.. (a). is sirven al uso de medicina. Der un HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 151 Historique, — Von Martius (1) a établi que l'habitude de fumer le Tabac était très-répandue, depuis un temps immémorial, parmi les indigènes de l'Amérique du Sud, de même que parmi les habitants de la vallée du Mis- sissipi, imite la plus nord de l'aire dans laquelle sa culture est possible. Les Espagnols trouvèrent le Tabac à Cuba, en 1492, et l'introduisirent en Europe, à cause de ses propriétés médicinales. Ils apprirent des Indiens la facon de fumer cette herbe, et à la fin du seizième siècle cette habitude devint générale en Espagne et en Portugal, d’où elle se répandit dans le reste de l'Europe, en Turquie, en Egypte et dans l'Inde, quoique combattue sévèrement par les gouvernements chrétiens et musulmans. On pense généralement que l'habitude de fumer le Tabac se propagea en Angleterre, et dans tout le nord de l'Europe, en grande partie grâce à l'exemple donné par sir Walter Raleigh et ses compagnons. Le Tabaë fut introduit en Chine, probablement par la voie du Japon ou de Manille, pendant le seizième ou Le dix-septième siècle; mais son usage fut interdit par les empereurs des deux dynasties de Ming et de Tsing. Il est maintenant cultivé dans la plupart des provinces de la Chine, et y est très-employé (2). La première description suffisamment exacte de la plante au tabac fut donnée par Gonzalo Fernandez de Oviedo y Valdès, gouverneur de Saint-Domingue, dans son Âistoria general de las Indias (3), imprimée à Séville en 4535. Dans cet ouvrage, il est dit que l’on fume la plante dans un tube à deux branches, en forme d’Y, que les indigènes nomment 7a- baco. C'est seulement vers le milieu de ce siècle qu’on vit des pieds de Tabac croissant en Europe. Les premiers pieds poussèrent à Lisbonne, d’où l'ambassadeur français Jean Nicot en envoya des graines en France, en 1560, en les décrivant comme celles d’une plante médicinale de grande valeur, alors répandue dans le Portugal (4). Monardès (3), en 1571, parle du Tabac comme d’une plante apportée en Espagne quel ques années auparavant, et très-estimée à cause de sa beauté et de ses propriétés médicinales. Il s'étend beaucoup sur ces dernières, et décrit les procédés employés par Les Indiens pour fumer et . cette Le f / (1) ce zur Ethnographie und Sprachenkunde Americas, _—. Brasiliens, 867, I, 719. @) Mayens, in Hong Kong Notes and Queries, mai 1867; F. P. - Sa, Mat. med. and Nat. Hist. of China, 1871, 219. A (3) Lib. v, e. 2. (4) Nicor, Thrésor. de la langue Françoÿse, Paris, 6, (5) Sos le: 152 à SOLANACÉES. Il ajoute une petite figure sur bois représentant la plante, qu’il décrit avec des fleurs blanches, rouges au centre. Jacques Gohory (1), qui cul- tiva la plante à Paris, dès 1572, décrit ses fleurs comme tachées de rouge, et énumère les différentes préparations médicinales dans lesquelles elle entre. Dans la Maison rustique de Charles Estienne, édition de 1583, l’au- teur donne un « Discours sur la Nicotiane ou Petum mascle » dans lequel il réclame pour la plante la première place parmi les herbes médici- nales, à cause de ses propriétés singulières et presque divines. La culture du Tabac a été prohibée en Angleterre, sauf en très-petite quantité dans les jardins, par une loi (2) qui est en vigueur depuis 4660. Description, — Parmi les diverses espèces de Micotiana cultivées pour la fabrication du tabac à fumer et à priser, le V. Tabacum est de beaucoup la plus fréquente. Elle est presque la seule citée dans les Pharmacopées comme médicinale. Sa tige est simple; elle porte au sommet une pani- cule de fleurs tubuleuses, roses ; elle atteint la taille de l'homme ; ses feuilles sont simples, oblongues-lancéolées, entières sur les bords. Les feuilles inférieures sont plus largement lancéolées, et atteignent à peu près 60 centimètres de long sur 15 centimètres de large. Les feuilles caulinaires sont à demi amplexicaules et décurrentes à la base. Sous l'influence de la culture, les feuilles deviennent parfois cordées-ovales, et les bords de leur limbe peuvent devenir inégaux ou presque révo- lutés. Toutes les parties herbacées de la plante sont recouvertes de longs poils, formés de cellules larges, rubanées, striées, et secrétant à leur extrémité un liquide glutineux. De petites glandes sessiles sont distribuées çà et là sur la surface de la feuille. Les nervures laté- rales partent de la nervure médiane en ligne droite, en formant un angle de 40 à 75 degrés; elles se recourbent un peu vers le bord. Sous l'influence de la dessiccation, les feuilles deviennent cassantes et minces comme du papier, et prennent une coloration brune. On ne peut pas, même à l'aide des plus grands soins, conserver la teinte verte des feuilles. L’odeur de la plante fraîche est narcotique ; sa saveur est amère et nauséeuse. L'odeur caractéristique que possède le Tabac sec se développe pendant les opérations destinées à le conserver. Composition chimique. — Le principe actif du Tabac, isolé pour la première fois, en 1828, par Posselt et Reimann, est un alcaloïde volatil, (1) Instruction sur l'herbe Petum ditte en France l'herbe de la Royne où Médicée.… _ Paris, 1572. té (2) 12, Car. IL, ce. 34 ; 15, Car. IL, e. 7.— Pour plus de détails sur l’histoire du Tabac . voyez : TIEDEMANN, Geschichte des Tabaks, Frankfurt, 1854. — Farrnozr, Tobacco, its History; with Account of the Plant, London, 1869. Hdi HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 153 la Micotine, C°H'*Az?. On le retire facilement du Tabac au moyen de l'alcool et de l’eau, à l’état de malate, dont on peut séparer l'alcaloïde par agitation avec de la potasse caustique et de l'éther. On expulse l'éther en chauffant le liquide, qui doit être enfin mélangé avec de la chaux éteinte, et distillé dans un courant d'hydrogène. La nicotine commence à se dégager à 200° C. environ. La Nicotine est un liquide huileux, incolore, lévogyre, ayant pour poids spécifique 1,027, à 45° C., bouillant à 250° C., et ne cristallisant pas, mème à — 10° C. Elle possède une réaction alcaline énergique, une odeur désagréable, et une saveur brûlante. Elle acquiert rapidement, par expo- sition à l'air et à la lumière, une coloration brune, et paraît même subir une certaine décomposition sous l'influence de la distillation dans une atmosphère dépourvue d'oxygène. La nicotine se dissout dans l’eau, mais se sépare quand on ajoute de la potasse caustique. La plupart des sels de nicotine ne cristallissent que difficilement: son chlorhydrate forme avec le chlorure de zinc un composé qu’on peut obtenir en cris- taux volumineux. La nicotine constitue le principe puissamment toxique du Tabac. On la trouve, dans les feuilles sèches, dans la proportion d’en- viron 6 pour 100; mais elle est sujette, à cet égard, à beaucoup de va- riations. Elle n’a pas pu être trouvée dans le Tabac à fumer par Vohl et Eulenberg (1871), quoique d’autres chimistes assurent qu'elle y existe. Vohl et Eulenberg trouvèrent que les vapeurs contenaient des substances basiques de la série picolinique, et abandonnaient à la po- tasse caustique de l'acide cyanhydrique, de l'hydrogène sulfuré, plu: _sieurs acides gras volatils, du phénol, et de la créosote. Ils observèrent en outre, pendant la combustion incomplète du Tabae, la formation de lamelles fusibles à 94° G., et ayant la composition C'°H', Les feuilles dé Tabac fraîches ou sèches fournissent, lorsqu'on les distille avec de l'eau, un produit trouble dans lequel, ainsi que l’observa Hermbstädt en 1893, il se forme, après quelques jours, des cristaux de Micotianine où Cam- phre de Tabac. D'après J. À. Barral, la nicotianine contient 7,12 pour 100 d'azote (?). En soumettant 4 kilogrammes de bon Tabac de l’année pré- cédente à la distillation avec une grande quantité d’eau, nous avons obtenu de la nicotianine qui flottait à la surface du liquide distillé sous forme de petits cristaux aciculaires, dépourvus d'action sur la lumière polarisée. Ces cristaux n’ont aueun goût particulier, du moins en faible quantité. Ils possèdent une odeur semblable à celle du Tabac, due peut- être uniquement à l’eau qui les mouille. Nous essayämes de les sépenr “ . par la ni mais ils ares - pr ement « 154 : SOLANACÉES, petite quantité d'huile essentielle qui les accompagnait. L'eau dis- tillée était claire, et offrait une réaction alcaline due en partie à la nico- tine; nous pûmes nous en assurer en ajoutant une solution d'acide tannique, qui détermina un trouble très-prononcé,. ‘ Parmi les principes constituants ordinaires des feuilles, le Tabac con- tient de l'albumine, de la résine et de la gomme. Ces substances, de même que la cellulose de la nervure médiane, produisent pendant leur combustion des principes désagréables au consommateur. Pour éviter cet inconvénient, les fabricants de Tabac à fumer enlèvent la nervure médiane, et s'efforcent de déterminer la destruction des matières désa- gréables, en même temps que la formation de certains produits de fer- mentation, qui contribuent peut-être à donner au Tabac son arome, surtout lorsqu'on y ajoute,pendant la macération, des substances saccha- rines, du suc de réglisse ou de l'alcool. Les feuilles de Tabac sont remar- quablement riches en principes inorganiques. La proportion de ces der- niers varie entre 16 à 27 pour 100. D'après Boussingault, ils contiennent après dessiccation 4 pour 100 environ d'acide phosphorique, et de 3 à 5 pour 100 de potasse, avec 2 et demi à 4 et demi pour 100 d'azote, en partie à l'état de nitrate. Pour que la plante pousse bien, il lui faut un sol riche ou constamment fumé. Les cendres contiennent environ un quart ou une moitié de leur quantité totale de chaux, qui est combinée dans les feuilles avec des acides organiques, surtout l'acide malique, et peut-être aussi l'acide citrique, La proportion de la potasse varie beau- coup, mais peut être évaluée, en général, à 30 pour 100 des cendres. Commerce. — En 1872, il a été importé dans le Royaume-Uni 43 349 700 livres de Tabac non manufacturé ; plus de la moitié provenait des Etats-Unis d'Amérique. La valeur totale de la marchandise importée s'éleva à 1563882 livres sterling, et l'impôt levé sur la quantité retenue pour la consommation sur place, s'éleva à 6 694 037 livres sterling. Usages. — Le Tabac jouit d’une certaine réputation comme moyen de combattre les obstructions alvines, mais ses propriétés sont très-éner- giques, et il n’est que rarement-employé. Substitutions, — Parmi les autres espèces de Mivotiana cultivées, le N. rustica (b) est probablement la plus répandue. Elle est facile à distin- _ guer parses fleurs d’un jaune verdâtre, et par sesfeuilles ovales pétiolées. Par suite de leur texture plus serrée, ses feuilles sèchent plus rapidement que celles du N. Tabacum et Von peut, avec quelques soins, leur conserver leur coloration verte. Le A, rustica produit le Tabac des . Andes _— et les sortes connues sous le nom de Zatakié de a HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE, 155 ture, Le N. persica Tanprey fournit le Tabac de Shiraz. Les N. quadri- valvis Porsa, N. multivalvis Linpzey, et N.repanda Wnxp., sont également cultivés. Le dernier est cultivé à la Havane, et est employé dans la fabri- cation d'une sorte très-estimée de cigares. (a) Les Tabaes (Nicotiana L., Genera, no 248) constituent le type d’une série de Solanacées à fleurs régulières et hermaphrodites ; à anthères non conniventes, déhis- centes par deux fentes longitudinales ; à stigmate bilobé ; à fruit capsulaire, sep- ticide, Le Nicotiana Tabacum L. (Spec., 258) est une plante annuelle, à racine pivo- tante, à tige dressée, rameuse, cylindrique, haute de 80 centimètres à 12,50, cou- verte d’une pubescence visqueuse. Les feuilles sont alternes, simples, ovales-aiguës, atténuées à la base, mais dépourvues de pétioles , entières, pubescentes et visqueuses sur les deux faces. Les fleurs sont disposées à l'extrémité des rameaux en sortes de panicules de eymes, et accompagnées de bractées ovales, étroites, Le calice est tubuleux, ventru, pu-' bescent, persistant, divisé profondément en cinq lobes aigus au sommet, imbriqués en quinconce dans la préfloraison. La corolle est tubuleuse, infun- dibuliforme, grande, renflée au niveau de la gorge, colorée en rose au niveau du limbe qui est profon- dément divisé en cinq lobes plissés et imbriqués dans le bouton, puis étalés, Jarges, aigus. L'androcée est formé de cinq étamines alternes avec les pétales, de la même longueur que le tube de la corolle, et connées avec lui jusque vers le milieu de sa hau- teur, à filets subulés, velus dans le bas, à anthères ovoïdes, obtuses, biloculaires, avec des loges écar- tées dans le bas, introrses, déhiscentes par des fen- | tes longitudinales. Le gynécée est formé de deux carpelles unis en un ovaire biloculaire, entouré à la base d’un disque hypogyne, atténué au sommet en un style cylindrique, à peu près dé la longueur des étamines, glabre, un peu élargi vers le haut en un stigmate aplati, convexe, légèrement bilobé. Chaque loge ovarienne contient un grand nombre d’ovules _auatropes, insérés sur un gros placenta charnu que - porte la cloison de séparation. Le fruit est une cap- sule entourée à la base parle calice, ovoïde, pointue, septicide, à deux valves qui se séparent de la cloison munie de ses deux gros placentas. Les graines sont très-nombreuses et très-petites; elles renferment SU | (Ts de petit, recourbé, entouré d'albumen. ri 150. Nicotiana Hittee. (b) Le Nicoliana tustica L. Rp 258), valés Tabac des paysans, Tabac fe- melle, se ann mme b _—. . nn ii 156 “ts | SCROFULARIACÉES. tuses, par ses fleurs beaucoup plus petites, disposées en grappes de cymes : par sa corolle à tube court, colorée en jaune verdâtre, et par sa capsule arrondie, Sa tige ne dépasse pas 60 à 90 centimètres de haut, et ses feuilles, beaucoup plus courtes que celles de l'espèce précédente, n’ont guère plus de 25 à 30 centimètres de long, Toute la plante est couverte de poils glutineux et fétides. Le Nicotiana persica Lixpey (Bot. Regist., t. 1592) se distingue par ses feuilles radicales oblongues, spatulées, les caulinaires sessiles, semi-amplexicaules, acu- minées ; ses fleurs blanches, à odeur agréable ; le tube de la corolle hypocratéri- morphe, grêle, ventru au niveau de la gorge, le limbe à segments ovales, émargi- nés, un peu inégaux,. : Le Nicotiana quadrivalvis Pursx (Flor. Am. sept., I, 141) se distingue par : ses feuilles oblongues, entières, à peu près nues sur les deux faces, les supérieures plus petites, longues d’un doigt et larges d’un pouce, les médianes et les inférieures pé- tiolées, les supérieures subsessiles ; sa corolle blanche en dedans, livide en dehors, à tube pubescent deux fois plus long que le calice; ses capsules subglobuleuses, glabres, déhiscentes en quatre valves. Le Nicotiana multivalvis Lixouey (Bot. Regist., t, 1057), très-voisin du précédent, s'en distingue par ses feuilles ovales, lancéolées, épaisses, velues, glanduleuses, glutineuses, les supérieures subsessiles, les inférieures longuement pétiolées ; son calice entlé, multifide ; sa corolle blanche; sa capsule multiloculaire. Le Nicotiana repanda Wizzoexow (herb., ex. LEux., Nic.; 40, n, 16., t. III) se distingue par ses feuilles amplexicaules, cordées, spatulées, presque arrondies, à peu près glabres à l’âge adulte, longues de 6 centimètres environ ; sa corolle blan- che; sa capsule ovale, glabre, recouverte par le calice, [Tran.] SCROFULARIACÉES FEUILLES DE DIGITALE. Fôlia Digitalis ; angl., Floxglove Leaves ; allem., Fingerhutblatter. Origine botanique, — Digitalis purpurea Li. — C'est une belle plante répandue dans la plus grande partie de l'Europe, et recherchant les terrains siliceux, Elle manque d'ordinaire dans les terrains calcaires. On la trouve sur les bords des bois et des buissons, dans les terrains vagues, et les endroits déserts. Dans les parties chaudes de l'Europe, elle s'élève sur les montagnes. On la trouve dans le centre et le sud de l'Espagne, dans le nord de l'Italie, en France, en Allemagne, dans les Îles-Britanniques, dans le sud de la Suède, et en Norwége jusqu’au 62° de latitude nord. Elle est très-inégalement distribuée, et manque complé- tement dans les Alpes suisses et le Jura (1). Elle est bien connue comme plante de jardin (a). Fe Historique, — Nous ne possédons aucun renseignement très-ancien Na, (1) Le docteur R. O. Cunningham a trouvé, en 1868, le Digitalis purpurea compléte- Rent aturalisé dans les environs de San Carlos, dans l'ile de Chiloe, au sud du Chili. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 157 sur l'emploi de la Digitale dans la médecine. Fuchs (1) et Tragus (2), vers le milieu du seizième siècle, ont figuré la plante. Le premier lui donna le nom de Digitalis, en faisant remarquer qu’à l’époque où il écrivait elle ne possédait aucun nom grec ou latin. On la considérait à cette époque comme un médicament violent. Elle fut inscrite dans la Pharmacopée de Londres de 1650, et dans plusieurs éditions ultérieures. Les premières recherches sur son action thérapeutique (1776- 1779) et son introduction dans la pratique mo- derne sont dues surtout à Withering, botaniste et médecin anglais bien connu (3). Le mot anglais Foxglove passe pour dériver de l’anglo-saxon Foxesglew, c'est-à-dire musique- de-renard, par allusion à un ancien instrument de musique qui consistait en une clochette suspendue à un support recourbé en arc (4). Description. — La Digitale est bisannuelle ou vivace. On doit recueillir les feuilles lorsque la plante est en pleine floraison. Les feuilles infé- rieures sont ovales; leur limbe s’atténue à la base en un long pétiole. Les feuilles caulinaires sont graduellement de plus en plus étroites, et deviennent ovales-lancéolées, avec un pétiole court, largement ailé de chaque côté; puis tout à fait sessiles, à mesure qu’elles sont plus éle- vées sur la tige. Toutes ont les bords crénélés, crénelés-dentés ou subserrés ; elles sont plus ou moins recouvertes d’une pubescence molle, ou presque glabres sur la face supérieure, beau- coup plus pâles et très-pubescentes sur la face inférieure, qui est parcourue par un réseau de nervures saillantes. Les nervures principales Fig. 170. Feuille de Digitalis purpurea, partent en divergeant à angle aigu de la ner- : vue par la face dorsale. vure moyenne, qui est épaisse et charnue. Les feuilles inférieures ont souvent 30 centimètres ou davantage de long, sur 12 à 15 centimè- (1) De Hist. Stirpium, 1549, 892. bn De ce opté ss nomenclaturis, etc., 1552, — « os perse seu Digi- tahis wine: (3) 1 (Wicutam), Mecount: of the Floæglove, Bieiogheat tra, in-8v, (4) Prior, Da Names LS ——. de at _: 138 SCROFULARIACÉES. tres de large; celles de la tige sont plus petites. À l’aide d’une loupe, on peut constater que la pointe de chaque erénelure ou de chaque dent de la feuille est munie d’une petite glande luisante, en forme de verrue. Les poils de la face inférieure sont simples, et formés de cellules articulées qui s’aplatissent en se desséchant; ceux de la face supérieure sont plus courts. Æ Dans la préparation de la Digitale pour l’usage médical, quelques droguistes ont l'habitude d’enlever le pétiole tout entier et la partie la Lars épaisse de la nervure médiane, en ne conservant que le limbe, qu'on fait dessécher à une chaleur douce (1). La feuille fraîche froissée exhale une odeur herbacée désagréable qui, après la dessiccation, de- vient agréable et semblable à celle du thé. La feuille sèche possède . une saveur très-amère. Composition chimique. — Depuis le commencement de notre siècle, de nombreuses tentatives ont été faites dans le but de préparer le prin- cipe actif de la Digitale, et le nom de Digitaline a été donné successive- ment à des substances très-différentes. Parmi les observateurs qui se sont livrés à ces recherches, nous devons indiquer particulièrement Walz (1846-1838), Kosmann (1845-46, 1860), Homolle qui a fait une par- tie de ses travaux en collaboration avec Quévenne (1845-61), O. À. Nati- velle (1872) et Schmiedeberg (1874). La Digitaline de Walz, d'abord nommée Digitasoline, a pour formule C#H#0'*, Elle est amorphe, faiblement soluble dans l’eau froide, davan- tage dans l’eau chaude, très-soluble dans l'alcool. Sous l’influence des acides dilués, elle se décompose en sucre, en Digitalirétine et en Para- digitalétine. Ces deux derniers corps sont amorphes. La Digitaline de Kosmann est décrite comme formant ‘des écailles cristallines, faiblement solubles dans l’eau, facilement solubles dans l'alcool, et insolubles dans l’éther. La Digitalne de Homolle et Quévenne, qui est adoptée par la Pharma- copée anglaise et par le Codex français, est une substance incolore, « en masses verruqueusés ou en fines écailles », inodore, extrêmement amère, facilement soluble dans l'alcool, très-peu soluble dans l’eau et l’éther, soluble dans les acides, mais ne fournissant pas avec eux de composés neutres. Sa solution dans l'acide chlorhydrique est d’abord (1) Cette méthode de préparation de la feuille | a été prescrite par la Dhermasigle de Londres de 1851, mais elle est depuis Mn ps Le Pharmaco aise pneu “Sénart nee Te Ex HISTOIRE DES DROGUES D’ORIGINE VÉGÉTALE. 159 jaune pâle, mais devient très-rapidement verte. Cette substance n'a pas une composition définie. La Digitaline de Nativelle. Les recherches de ce chimiste sur Ja Digi- tale, récompensées, en 1872, par le prix Orfila de 6 000 francs, ont eu pour résultat l'extraction d'une digitaline cristallisée, possédant ‘des propriétés médicinales actives. On peut l'obtenir par le procédé suivant : on épuise d’abord les feuilles avec de l’eau, puis on en fait un extrait à l’aide d'alcool à 0,930. La teinture est concentrée jusqu’à ce que son poids égale celui des feuilles employées, puis diluée de trois fois son poids d’eau. Il se forme alors un dépôt poisseux; la digitaléine, et d’autres substances restent dans la solution. On dessèche le dépôt sur du papier buvard, puis on le fait bouillir avec le double de son poids d'alcool à 0,907. Par le refroidissement, des cristaux se déposent peu à peu durant quelques jours. On lave ces derniers avec un peu d’alcooldilué à 0,958, puis on les dessèche. Pour les purifier, il faut les faire recris- talliser dans le chloroforme, puis dans l’alcool bouillant à 0,828, en ajou- tant du charbon. La digitaline ainsi obtenue se présente en cristaux incolores, en forme d'’aiguilles. Elle prend une belle coloration vert- émeraude, lorsqu'on l’humecte avec de l’acide chlorhydrique, et possède une saveur extrêmement amère. Elle produit sur l’économie animale tous les effets propres à la digitale; à la dose de 1 milligramme, une ou deux fois par jour, elle détermine, parfois, chez l’adulte, des effets inquiétants, mais à plus faible dose elle jouit des propriétés sédatives de l'herbe (1). Schmiedeberg a isolé les principes suivants : 1° La Digitorine, C#H#%307, substance cristalline, qui possède à un très-haut degré les propriétés physiologiques de la plante, de même que la Toxirésine qui résulte de la décomposition par les acides de la digitoxine sans qu’il y ait en même temps formation de glucose ; 2° La Digitaline, CSHSO?, matière amorphe, qui se dédouble en Le cose et Digitalirésine, principe qui : reste à étudier de plus près; 3° La Digitaléine, étroitement liée avec la me # vus soute dans l'eau aussi bien que dans l'alcool: 4° La Digitonine C"H®0"7, Substance cristallisable de la ne de - nines, susceptible de se dédoubler en glucose et les dérivés suivants : te 65e digitonéine, digitogénine et ri rt (4) Jai un résumé. de recherches s rès-approfondies de Shah dns le Pharm. Journ.s 5 rs LT 160 SCROFULARIACÉES. On trouve encore dans la Digitale un sucre cristallisable nommé /n0- site. Il a été trouvé par Marmé dans les feuilles de cette plante, ainsi que dans celles du Pissenlit. Usages. — La Digitale ést un médicament puissant. Elle jouit de la propriété de diminuer la fréquence et la force des contractions du cœur ; elle est aussi employée comme diurétique. Falsification, — Les feuilles sèches de quelques autres plantes ont été vendues parfois à la place des feuilles de la Digitale, notamment celles du Verbascum, qu’il est facile de reconnaître à la couche épaisse de poils ramifiés en étoiles qui les recouvre; celles de l'/nula conyza DC. et de l’7. Helenium L. qui ontle bord presque entier, et, dans la dernière de ces plantes, des nervures secondaires partant à angle droit de la nervure médiane. Dans ces deux plantes, la face inférieure de la feuille est moins fortement réticulée que dans la Digitale. Cependant, pour éviter toute chance d'erreur, les droguistes doivent acheter la plante en fleur ; elle ne peut alors être confondue avec aucune autre, et ils doivent cueillir et faire dessécher les feuilles eux-mêmes. (a) Les Digitales (Digitalis Tourneronr, Instit., t. 73) sont des Scrofulariacées de la tribu des Digitalées, à calice cing-partite, à corolle campanulée ou tubuleuse-ventrue, à limbe oblique imparfaitement bilabié; à quatre étamines fertiles; à capsule polysperme, septicide. Le Digitalis purpurea L. (Spec.,866) vulg. Digitale, Gants de bergère, Gants de Notre-Dame, Queue de loup, est une belle plante herbacée, bisannuelle ou quelquefois vivace, à racines fibreuses, à tige dressée, haute de 50 centimètres à 1 mètre, ordinairement sim- ple, très-pubescente, d’un vert grisätre, à feuilles alter- nes, les inférieures formant une large rosette d’abord presque dressée, puis plus ou moins étalée, et se détruisant peu à peu à mesure que les fruits appro- chent de la maturité. Les feuilles caulinaires sont de plus en plus petites, et se transforment graduellement en bractées dans l’aisselle desquelles naissent les fleurs. L'inflorescence occupe ainsi tout le haut de la tige et forme une longue grappe simple, lâche. Le calice est PAR formé de cinq sépales unis à la base, oblongs, à peu Fig. 171. Prsllaté hd près égaux, les deux antérieurs recouvrant dans le bouton les deux latéraux qui couvrent le postérieur. La corolle est longuement campanulée ; son tube est d’abord cylindrique sur une faible hauteur, puis se renfle beaucoup et s’évase peu à peu jusqu'au niveau de son ouverture. Le limbe est court, oblique, incomplétement bilabié, divisé en cinq lobes, deux supérieurs formant une lèvre obtuse, tronquée ou légèrement émarginée, . HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÊTALE. 461 qui recouvre dans le bouton la lèvre inférieure formée de trois lobes courts et arrondis. La corolle est glabre en dehors, colorée ordinairement en rose pourpré, parfois blanche, munie en dedans, au niveau de la gorge, de taches pourpres en- tourées d’une aréole blanche, L'androcée est formé de quatre étamines incluses (la postérieure manquant tout à fait), didynames, deux opposées aux deux sépales antérieurs, et deuxplus courtes situées en face des deux sépales latéraux. Leurs filets sont connés au tube de la corolle dans leur tiers inférieur, et portent cha- cun une anthère biloculaire à deux loges unies au connectif par leur sommet seulement et divari- quées, introrses, déhiscentes par des fentes longitu- dinales. L'écartement des deux loges de l’anthère est assez considérable, surtout après la déhiscence, pour qu'elles paraissent alors n’en former qu’une seule, fixée par le milieu de sa longueur au som- met du connectif. Avant la déhiscence, elles sont ea moins écartées. Le gynécée est formé d’un ovaire Fig. 172. Digitalis purpurea. biloculaire, entouré à la base d'un disque hypo- pce som gyne, et atténué au sommet en un long style que terminent deux lamelles stig: matiques. Chaque loge ovarienne contient un grand nombre d’ovules anatropes ‘insérés sur un gros Plétéita porté par la cloison. Le fruit est une capsule biloculaire, à déhiscence septicide, s’ouvrant par deux valves qui abandonnent les placentas char- gés de petites graines ; celles-ci renferment un embryon entouré d’albumen. (Tran. ] ACANTHACÉES ANDROGRAPHIS. Herba Andrographidis ; angl., Kariyat ou Creyat. Origine botanique. — Andrographis (1) paniculata Nees ab sens. (Justicia Burx.). C’est une herbe annuelle, haute de 30 à 60 centimètres, commune dans toute l'Inde, où elle croît à l'ombre des arbres. On la trouve aussi à Ceylan et à Java, et elle a été introduite dans les Indes occidentales. On la cultive dans quelques districts de l'Inde (a). Historique. — Il est probable que dans l’ancienne médecine des Hin: dous cette plante était administrée concurremment avec le Chirayta, et quelques autres espèces d'Ophelia, car elle est désignée, dans l'Inde, à peu près par le même nom vulgaire. Ainslie affirme qu’elle eñtrait dans la composition de la fameuse teinture amère, nommée par les Portugais ee Droga amara; mais en consultant l'autorité qu'il cite @» nous De ävÿ et jempis, par étiasion à ses élamines en forme de pinceaux. = Er DA SAN BARTOLOMEO, Voyage CE | pe, ot traduit de l'allemand, Lond. 1800, 44, 409. Lu sert HIST. DES DROGUES, T. 11. 162 ACANTHACÉES. avons trouvé que la drogue amère employée dans la fabrication de ce médicament était le Colombo, L'Andrographis est connu an Bengale sous le nom de Maha-tita, c'est-à-dire rot des amers ; il mérite si bien ce titre, qu’il a été admis dans la Pharmacopée de l’Inde. Description. — La tige est droite, noueuse, ramifiée, obtusément qua- drangulaire, épaisse d'un demi-centimètre environ au niveau de sa base, colorée en vert foncé, et sillonnée dans le sens de la longueur. Les feuilles sont opposées, pétiolées, lancéolées, entières; les plus grandes ont un demi-centimètre ou davantage de large, et 8 centimètres de long. Leur face supérieure est colorée en vert sombre, l’inférieure est un peu plus pâle, et paraît, à la loupe, finement granuleuse. Les feuilles sont très-minces, cassantes, et entièrement glabres comme la tige. Dans les échantillons bien desséchés que nous avons sous les yeux, et qui nous ont été envoyés par le docteur G. Bidie, de Madras, les fleurs manquent, et il n'existe qu’un petit nombre de racines. Cette dernière est fusiforme et simple; elle émet de nombreuses radicules minces ; elle est grisâtre au dehors, ligneuse et blanchâtre en dedans. La plante est inodore, et possède une saveur franchement amère et persistante. | Composition chimique. — L’infusion aqueuse de cette plante offre unt réaction acide faible, et possède une saveur amère intense, qui paraît due à un principe indifférent, non basique, car les réactifs ordinaires ne décèlent la présence d'aucun alcaloïde. D'autre part, l’acide tannique y produit un précipité abondant, qui est constitué par une combinaison de cet acide avec le principe amer. L'infusion n’est que peu altérée par les sels de fer; elle contient une quantité considérable de chlorure de sodium, Usages. — On emploie l'Andrographis, comme tonique amer, de la même façon que le Quassia, la Gentiane et le Chirayta ; on le confond quelquefois avec ce dernier. (a) Les Andrographis Nees (in WazuiGn, Catal.,n. 245%; Plant. asiat.rar., III,77) sont des Acanthacées de la tribu des Andrographidées, à fleurs hermaphrodites et irrégulières ; à corolle bilabiée : à androcée formé seulement de deux étamines ; à ovaire biloculaire ; à capsule loculicide. L’Andrographis paniculata N£es (in Wa, PL. as. rar., III, 416) est une herbe à tige dressée, ramifiée, grêle, haute de 30 à 60 centimètres, articulée, lisse, qua- drangulaire. Les rameaux sont opposés, décussés, étalés. Les feuilles sont oppo- sées, simples, courtement pédonculées, lancéolées, entières, lisses, longues de 5 à 7 centimètres. Les fleurs sont disposées en grappes terminales, unilatérales, lâches. Elles sont portées par de longs pédoncules, alternes sur l'axe principal, dressés, lai- neux, situés dans l’aisselle de larges bractées opposées, et munis chacun de deux bractéoles plus petites que le calice. Le calice est formé de cinq sépales étroits, HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 163 presque libres, égaux. La corolle est formée d’un tube recourbé, et d’un limbe divisé en deux lèvres linéaires et réfléchies, la supérieure plus ou moins bifide, l’inférieure plus large, divisée en trois dents, La ‘étoile est colorée en rose. L’ fa rocte est formé seulement des deux étamines antérieures. Leurs filets sont connés au tube de la co- rplle, aussi longs que les lèvres de cette dernière, velus, et supportent chacun une anthère à deux loges introrses, obovales, barbues et unies à la base. Le gynécée est formé d’un ovaire biloculaire, atténué en un style terminé par une extrémité stigma- tique aiguë. Chaque loge de l'ovaire contient de deux à quatre ovules anatropes, Le fruit est une capsule loculicide, déhiscente en deux valves. Chaque loge contient trois ou quatre graines scrobiculées, alvéolées, tronquées à la base, et munies d’un prolon- gement placentaire arqué. La graine renferme sous ses téguments un embryon sans albumen, [TrAD.] BIGNONIACÉES HUILE DE SÉSAME. Oleum Sesami ; angl., Sesamé Oil, Gingeli, Gingili ou J'ingili Oil, Til ou Teel Oil, Benné Oil ; allem., Sesamôl. ‘ Origine botanique, — Sesamum indicum DC. C’est une plante dressée, _pubescente, annuelle, haute de 30 à 60 centimètres, indigène de l'Inde, mais répandue par la culture dans toutes les régions chaudes du globe. En Europe, le Sésame n'est cultivé que dans quelques districts de la Turquie et de la Grèce, et, sur une petite échelle, en Sicile, et dans les îles de Malte et de Gozo. Elle ne réussit pas dans le sud de la France (a). Historique. — D'après les plus anciens documents sanskrits, grecs, ou latins, le Sésame a été employé, depuis les temps les plus reculés, pour l'huile de ses graines. A l’époque de Pline, cette huile était exportée du Sind en Europe par la voie de la mer Rouge, de la même façon que les graines en sont aujourd’hui exportées. Pendant le moyen âge, la plante, connue sous les noms de Suseman et Sempsen, était cultivée en Chypre, en Egypte et en Sicile (1). A une époque plus récente, l'huile de Sésame commença à faire concurrence à l'huile d'olive, et aujourd'hui, quoique moins renommée, elle est consommée en plus grande quantité, : Le mot Sésame dérive de Semsim, nom arabe de la plante. Les idiomes de l'Inde possèdent pour cette plante des noms spéciaux ; son nom hin- dustani est 74/; son nom sanskrit, qui est l’un des plus ares est Ti- laha (2). (1) IL paraît qu’on a aussi tenté la culture du Sésame en re car il est brièvement Br nd dans la Maison # a de Charles Estienne æ Jean Liébeult, édit., 1583, 304. [F. A PJ (2) Nous ignorons l’origine du mot Gingeli; Rox oxbur gh tait remarquer qu'il ‘était à C2 164 | BIGNONIACÉES. Production. — La plante acquiert tout son développement en trois ou quatre mois. Sa capsule contient de nombreuses graines aplaties qui ont environ 4 millimètres de long, et 2 millimètres d'épaisseur, et pèsent environ 4 milligrammes. Pour les recueillir, on coupe la plante lors- qu'elle est parvenue à maturité, on l’abandonne pendant quelques jours, puis on l’expose au soleil pendant le jour, en ayant soin de la rentrer pendant la nuit. Sous l'influence de ce traitement, les capsules s'ouvrent peu à peu, éclatent, et les graines tombent (1). La plante se présente sous plusieurs variétés, qui fournissent respec- tivement des graines blanches, jaunâtres, rougeâtres, brunes ou noires. Les graines noires peuvent être privées d’une partie de leur matière colo- rante par le lavage, qu’on emploie quelquefois afin d’obtenir une huile plus pâle (2). Nous avons retiré, de graines jaunâtres, 56 pour 100 d'huile. Le rendement varie avec la variété des graines eme en et les procédés de pression, de 45 et 50 pour 100. Description. — Les meilleures qualités d’huile de Sésame possèdent une saveur douce, agréable, une coloration jaunâtre claire, et n’ont que peu d’odeur, mais, à tous ces points de vue, l’huile est susceptible de varier beaucoup, avec les conditions dont nous venons de parler. Les graines blanches, produites dans le Sind, sont considérées comme four- nissant la plus-belle huile. Nous avons préparé une certaine quantité d'huile de Sésame à l’aide de l’éther, et nous lui avons trouvé un poids spécifique de 0,919 à 23° C. Elle se solidifia à 5° C., et devint trouble quand on abaissa la température de quelques degrés au-dessous de ce point. Cependant, l'huile de Sésame est plus fluide à la température ordinaire que l'huile de noix, et elle se modifie moins promptement sous l'influence de l'air. Lorsqu'elle est de bonne qualité, elle constitue l’une des huiles les moins altérables. Composition chimique, — L'huile de Sésame est un mélange d’oléine, de stéarine, et d’autres composés de glycérine, avec des acides de son époque, et cela est vrai encore aujourd’hui, très-fréquemment employé par les Eu- ropéens. Ce nom ne figure pas dans les longues listes dressées par Moodeen Sheriff, et publiées dans le Supplement to the Pharmacopæia of India. Nous croyons que le mot Benné est originaire de l'Afrique occidentale, et n’a aucune connexion avec le mot Ben, qui est le nom du Moringa. (1) Pour plus de détails voyez : BucHanan, Journey from Haras through My- sore, etc., 1807, I, 95, et II, 224. (2) Ce curieux "procédé est décrit dans le Reports of Juries, Madras Exhibition, 1856, 31. Le fait, que la matière colorante des graines est soluble dans l'eau, se trouve con- firmé dos des notes manuscrites adressées par Lépine, de Pondichéry, au Musée des Produits des Colonies de este à pers Ces graines peuvent même être employées dans la teinture. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 165 la série grasse. Nous avons préparé avec elle l’emplâtre de plomb ordi- naire, et traité ce dernier par l’éther, dans le but d’écarter l'oléate de plomb. La solution fut alors décomposée par l'hydrogène sulfuré, éva- porée, et exposée à l’action de vapeurs nitreuses. Nous obtinmes, par ce procédé, 72,6 pour 400 d'acide E laïque. L'échantillon préparé par nous- mèmes contenait 76,0 pour 100 d’oléine existant, autant que nous pou- vons le supposer, sous la forme de trioléine. Dans les huiles du com- merce, la proportion d'oléine est certainement peu constante. Nous sommes parvenus à retirer des acides gras fondant facilement . à 67 C. après dés cristallisations répétées. Ils consistent en acide stéa- rique, mélangé d’un ou plusieurs acides voisins homologues, notamment d’acide palmitique et d'acide myristique. En précipitant par l’acétate de magnésium, ainsi qué l’a proposé Heintz, nous avons isolé des acides fondant entre 52,5 et 53° C., 62° et 63° C. et 69°,2 C., et correspondant aux acides myristique, palmitique et stéarique. - La faible proportion de substance solide qui se sépare de l'huile sous l'influence de la congélation, ne peut pas être enlevée par la pression, même à plusieurs degrés au-dessous du point de congélation; elle reste à l’état d'un magma mou. Sous ce rapport, l'huile de Sésame diffère de l'huile d'olive. L'huile de Sésame contient une très-petite quantité d’une substance, peut-être résinoïde, qui n’a pas encore été isolée, On peut la retirer, en solution, en agitant, à plusieurs reprises, 5 volumes d'huile avec 1 vo- lume d’acide acétique froid. Si l’on ajoute à un certain volume de la solution acétique un mélange de poids égaux d'acide sulfurique et d’acide nitrique, la solution acétique prend une coloration jaune ver- dâtre. La même expérience étant faite avec de l'alcool, substitué à l’acide acétique, le mélange prend une coloration bleue qui tourne rapidement au jaune verdâtre. L'huile elle-même, étant agitée douce- ment avec les acides nitrique et sulfuriqué, prend une belle teinte verte, ainsi que l’a montré, en 1852, Behrens, qui, à la même époque, indi- qua qu'aucune autre huile ne présente cette réaction. Cette dernière se produit également avec l’huile bien purifiée, et tout à fait incolore. Elle peut permettre de reconnaître un mélange d'huile de Sésame avec d'autres huiles, pourvu qu'il en existe au moins 40 pour 400. II faut re- chercher cette réaction à l'aide d'une petite quantité d'huile, 1 gramme par exemple, et 4 gramme du mélange acide préalablement refroidi. Commerce, — L'importance commerciale du Sésame est suffisam- ment indiquée par ce fait que la France | a rs en 1870, 83 millions 166 æ __ BIGNONIACÉES. de kilogrammes ; en 4871, 57 millions et demi de kilogrammes; en 1872, 50 millions de kilogrammes de graines (4). La quantité expédiée de l'Inde anglaise, pendant l’année 1871-72, a été de 575 854 quintaux, sur lesquels la France a pris au moins 495 414 quintaux (2). L'importation de ces graines dans le Royaume-Uni, pendant l’année 4870, à été éva- Juée à 43 000 livres sterling seulement. Le Sésame est produit en grande quantité dans l'île chinoise de Formose qui, en 1869, en a exporté 46 000 péculs (3). Zanzibar en fournit aussi de grandes quantités, tan- dis que sur la côte occidentale d'Afrique la graine à huile est la pis- tache de terre (4rachis hypogæa L.). La principale ville de fabrication de l'huile de Sésame est Marseille. _ Usages. — La bonne huile de Sésame peut être employée, sans désa- _vantage, à tous les mêmes usages que l'huile d'olive (4). Comme son point de congélation est inférieur de quelques degrés à celui de l'huile d'olive, elle convient mieux que cette dernière aux climats froids. Dans | l’Inde,et dans l’Afrique tropicale, les graines de Sésame sont beaucoup consommées directement dans l’ali- mentation. Les feuilles de la plante sont riches en mucilage, et sont par- fois employées, dans les Etats-Unis, sous forme de cataplasmes. (a) Les Sésames (Sesamum L., Genera, … n, 782) sont des Bignoniacées de la tribu des Sésamées, à fleurs hermaphrodites et irrégulières ; à calice petit, cinq-partite; à tube de la corolle recourbé, oblique à la base ou un peu bossu dans le dos, dilaté dans le haut; à quatre étamines fertiles, didynames ; à ovaire d’abord biloculaire, puis quadriloculaire ; à fruit capsulaire. Le Sesamum indicum DC. (Prodr.,1x, 250) est une herbe à feuilles opposées, simples, entières, pétiolées, ellip- tiques, atténuées aux deux extrémités, à nervation pennée, Les fleurs sont soli- Fig. 173, Sésame, Extrémité florifère, _et coupe longitud, de la graine. (1) Documents statistiques réunis par l'Administration des Douanes sur le commerce de la France, 1872, (2) Statement of the Trade and Navigation of British India with en Countries, Calcutta, 1872, 62. (3) Reports on Trade at the Treaty Ports in China fer 1870, Shanghai, 1871, 81.— Un pécul = 60k,479. (4) Pour les usages pharmaceutiques, il …_ hille de ne pas oublier la grande pro- : portion d’oléine, et par suite la tendance moindre à la solidification, qu'offre Fhuile. de same, HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE, nn taires à l’aisselle des feuilles, courtement pédonculées, irrégulières, à réceptacle convexe. Le calice est très-petit, à cinq sépales étroits, inégaux, à peine réunis par la base. La corolle est gamopétale, infundibuliforme, à tube oblique, dilaté à l'extrémité, à limbe bilabié ; la lèvre supérieure formée de deux lobes courts, arron- dis, à peine distincts ; la lèvre inférieure formée de trois lobes arrondis, le médian plus long et plus étroit que les autres. L’androcée est formé de quatre étamines didynames, superposées, deux aux sépales latéraux, et deux aux sépales anté- rieurs. Elles sont incluses, formées chacune d’un filet conné au tube de la corolle, et d’une anthère à deux loges introrses, parallèles, déhiscentes par des fentes longitudinales. Le gynécée est formé d’un ovaire biloculaire au début, entouré à la base d’un disque hypogyne, atténué au sommet en un style cylindrique, inclus, que terminent deux lobes stigmatiques aplatis et couverts de papilles sur leur face interne. Dans le premier âge, l'ovaire est biloculaire, et offre, dans chaque loge, un seul placenta adossé à la cloison, chargé d’ovules anatropes ; plus tard, il se forme, sur la face interne de la paroi dorsale de chaque loge, une fausse cloison, qui s’a- vance vers le placenta, et divise chaque loge en deux compartiments. Le fruit est une capsule déhiscente de haut en bas, au niveau de la face dorsale de chaque loge, par le dédoublement de la fausse cloison. Il contient de nombreuses graines dépour- vues d’ailes, aplaties, petites, ovoïdes, renfermant, sous un tégument jaunâtre, un embryon sans albumen, à cotylédons épais et huileux, à radicule courte, [Tran.| LABIÉES FLEURS DE LAVANDE. Flores Lavandulæ ; angl., Lavander Flowers ; allem., Lavendelblumen. Origine botanique, — Zavandula vera DC, C’est une plante: suffru- tescente, haute, à l'état sauvage, de 30 à 60 centimètres, mais atteignant 90 centimètres ou davantage de haut, sous l'influence de la culture. Elle est indigène des régions montagneuses des contrées qui bordent la moitié occidentale du bassin méditerranéen. On la trouve dans l’est de l'Espagne, le sud de la France, s'étendant vers le nord jusqu’à Lyon et dans le Dauphiné; on la trouve encore dans Ja haute Italie, la Corse, la Calabre, et le nord de l'Afrique, dans la région de l’Olivier (1). A l'état de culture, elle croît très-bien en plein air dans la majeure partie de * l'Allemagne, et vers le nord, jusque dans la Norwége et la Livonie (a). Historique, — On à fait beaucoup de recherches dans le but de re- connaître la Lavande dans les écrits des auteurs classiques, mais les résultats obtenus ne sont pas satisfaisants, et on n’a trouvé dans les (1) Sur le mont Ventoux, près d'Avignon, la région du Lavandula andula vera est com prise, d'après Martins, entre 450 et 1350 mètres au-dessus du niveau de Ja mer (in Ann. se. nat., 1838, X, 145,149), RE a * « 168 LABIÉES. . auteurs aucun détail qui puisse se rapporter, d'une façon incontestable, soit au ZLavandula vera, soit au L. spica (1). La plus ancienne mention de la Lavande, que nous ayons pu trouver, existe dans les écrits de l’abbesse Hildegard (2), qui vivait près de Bingen, sur le Rhin, au douzième siècle, et qui, dans un chapitre De Lavandula, fait allusion à l'odeur forte et aux nombreuses vertus de cette plante. Dans un poëme de l'Ecole de Salerne, intitulé Fos medicinæ (3), on trouve les lignes suivantes : Salvia, castoreum, lavendula, primula veris, Nasturtium, athanas hæc sanant paralytica membra. La Lavande fut introduite en Angleterre vers 1568 (4). ; .: Description. — Les fleurs de la Lavande com- mune sont disposées en un épi lâche, terminal, supporté par un long pédoncule nu. Elles sont disposées en six ou dix groupes, dont les plus inférieurs sont très-écartés des supérieurs. Chaque groupe consiste en deux cymes, dont chacune, lorsqu'elle est entièrement développée, est for- mée d'environ trois fleurs. Chaque cyme est si- tuée dans l’aisselle d’une bractée rhomboïdale, acuminée ; des bractées plus petites et étroites accompagnent chaque fleur. Le calice est tubu- leux, rétréci au niveau de son ouvérture, par- couru de treize nervures, et divisé en cinq dents, dont la postérieure est beaucoup plus grande que les autres. La corolle est tubuleuse, colorée en violet, bilabiée, la lèvre supérieure formée de deux lobes, et l’inférieure de trois lobes. La co- Fig. (T4! Lavenduts vers no. TOIS ét lé calice süni couverts, ainsi que les Extrémité florifère, et fleur feuilles et les pédoncules, d'un tomentum dense pen à de poils en étoile, parmi lesquels on peut voir, à la loupe, de petites glandes à huilé, luisantes. Les fleurs exhalent, (1) F. ne GINGINs-Lassanaz, Hist. des Lavandes, Genève et Paris, 1826. — Le La. vandula Stæchas L. est manifestement confondu avec ces deux espèces par Dioscoride et par Pline. (2) Opera omnia, aecurante J. P. Miene, Paris, 1855, 1143. (3) S. pe Renzr, Collectio Salernitana, Napoli, 1, 417-516. Le Napolitain Porta, qui s’occupait beaucoup de la distillation, recommande, dans son livre De Distillationibus, Rome, 1608, p. 78, de préférer l'essence d’Aspic à celle de la Lavande de France. (4) D'après Samuel Perks à Hitchin dans le Hertfordshire. Voir Proc. American Pharm, Assoc., 1876, 819. [F. A. F.] D * HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÊTALE, 169 lorsqu'on les froisse, une odeur délicieuse, et possèdent une saveur aro- matique agréable, | Les feuilles sont oblongues-linéaires ou lancéolées, révolutées sur les bords, et très-velues à l’état jeune. : Pour l'usage pharmaceutique et pour la parfumerie, on sépare les fleurs de Lavande des pédoncules, et on les fait sécher à une douce chaleur. On ne les conserve que rarement dans les boutiques, On ne les cultive guère que pour l'huile essentielle. , Production de l'huile essentielle, — On cultive la Lavande à Mit- cham, à Carshalton, à Beddington, et dans un petit nombre de localités voisines, toutes situées dans ie comté de Surrey. L’aire de cette culture est d'environ 300 acres. On la cultive aussi à Market Deeping, dans le Lincolnshire, et à Hitchin, dans l’Hertfordshire. Dans ces dernières loca- lités, 50 acres environ étaient consacrées à cette culture en 1871. Les plantes sont de petite taille, et croissent dans les champs secs; elles fleurissent en juillet et en août, On coupe ordinairement les fleurs avec leurs pédoncules, on les entasse sur des nattes, et on les transporte à la distillerie : la distillation est effectuée dans les vastes appareils qu'on emploie pour la menthe. On distille communément les fleurs avec leurs pédoncules, soit dans l’état où elles ont été récoltées, soit dans un état de dessiccation plus ou moins avancé. Quelques cultivateurs ne distillent, que les bourgeons floraux, dans le but d'obtenir un produit de qualité supérieure. Plus rarement encore, on sépare les fleurs des pédon- cules, et on rejette tout à fait ces derniers. D'après les expériences soigneuses de Bell (1), l'huile essentielle fabriquée par cette dernière méthode est d'une qualité exceptionnelle. En 1846, il retira 26 onces et demie de 100 livres de fleurs entièrement privées de leurs pédoncules ; en 1847, il en retira 25 onces et demie; et en 1848, 20 onces. Les quan- tités de fleurs employées pendant ces diverses années s’élevèrent à 417, 633, et 933 livres. L'huile essentielle, obtenue par distillation des _pédoncules seuls, possède une odeur particulière, rance. Dans la distillation de la Lavande, l'huile essentielle qui distille pendant la première partie de l'opération passe pour posséder un parfum plus agréable que celle de l'essence qui distille ensuite. Nous ne possédons aucune donnée certaine relativement àla Srodac- tion de l'essence obtenue par les procédés ordinaires, mais on admet géné- ralement que le rendement est extrêmement Co suivaht la saison. (1) Pharm. du ie VU à 276. 470 é : LABIÉES. Warren (1) fixe à 40 ou 12 livres, et exceptionnellement à 24 livres, le produit de chaque acre consacré à cette culture. A Hitchin (2), le ren- dement paraît se rapprocher du dernier de ces chiffres. Les expériences faites dans le laboratoire de Bell, citées plus haut, montrent que les fleurs privées de leurs pédoncules donnent, en moyenne, 1 et demi pour 100 d'huile essentielle. On distille de l'essence de Lavandula vera en Piémont, et dans les parties montagneuses du sud de la France, ainsi que dans les villages voisins du mont Ventoux, près d'Avignon, et dans quelques communes des environs de Montpellier (Saint-Guilhen-le-Désert, Montarnaud et Saint-Jean de Fos). C'est toujours la plante sauvage que l’on y emploie. Gette essence se présente dans le commerce sous diverses qualités, dont la meilleure atteint à peine le dixième du prix de l'essence fabriquée à Mitcham (3). Les sortes inférieures sont obtenues par distillation de la plante entière. Composition chimique, — Le seul principe constituant des fleurs de Lavande qui ait attiré l'attention des chimistes est l'huile essentielle (Oleum Lavandulæ). C'est un liquide jaune pâle, mobile, dont le poids spécifique est de 0,87 à 0,94 (Zeller). Son odeur est très-agréable, sem- blable à celle des fleurs de la plante. Son goût est aromatique et très- prononcé. Une huile essentielle, distillée à Mitcham, déviait le plan de polarisation de 4,2 à gauche, en colonne de 50 millimètres. L'huile essentielle de Lavande est un mélange, en proportions variables, d’un hydrocarbure, C10H16, et de stéaroptène. Le premier de ces corps bout entre 200° et 210° GC. Le stéaroptène est identique, d’après Dumas, avec le camphre commun. On prétend qu’il existe dans quelques échan- tillons dans la proportion de moitié. Il se sépare quelquefois de l'huile sous l'influence du froid ; nous n'avons cependant pas pu nous assurer de ce fait. | Commeree. — Les fleurs de Lavande desséchées sont, dans le sud de l'Eufope, l'objet d’un certain commerce. D'après le Tableau général du commerce de la France, 110 958 kilogrammes de fleurs de Lavande et de fleurs d'oranger (qui ne sont pas séparées dans la statistique) furent exportés en 1870. La plus grande partie fut expédiée vers la Baïbarie, (1) Pharm. Journ., 1865, VI, 257. (2) 1bid., 1860, I, 278. —On dit qu’un acre de terre fournit environ « 6 Winchester _ quarts » d'huile essentielle. (3) L'huile essentielle de Mitcham coûte de 30 à 60 shillings la livre, suivant la saison, d LAEErS L1 HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 171 la Turquie et l'Amérique. Nous ne possédons aucune donnée relative au chiffre de l'importation de la Lavande en Angleterre. Usages. — On ne prescrit pas les fleurs de Lavande dans la pratique médicale moderne anglaise. L'huile volatile possède des propriétés qui lui sont communes avec les corps de la même classe ; elle est beaucoup employée dans la parfumerie. AUTRES ESPÈCES EMPLOYÉES. 4° Lavandula spica DG.— Cette plante ressemble beaucoup au Zavan- dula vera, dont Linné la considérait comme une simple variété ; aujour- d’hui, on la regarde comme une espèce distincte. Son aire est beaucoup plus étendue que celle du Zavandula vera, maïs elle remonte moins vers le nord, et on ne la trouve pas dans des régions aussi élevées, ou en dehors de la limite des oliviers. Elle est réellement plus méridionale et craint davantage le froid, de sorte qu’on ne peut pas la cultiver en An- gleterre en plein air, si ce n’est dans des endroits abrités. Dans le Lan- guedoc et la Provence, elle est commune jusqu’à une altitude de 600 mètres ; elle est, à partir de cette hauteur, remplacée par le Lavan- dula vera (4). Le Lavandula spica est distillé dans le sud de la France. On emploie pour cela la plante entière. Son huile essentielle, désignée en France sous le nom d’Æssence d’'Aspice, est connue des droguistes anglais sous les noms de : Oleum Lavandulæ Spicæ, Oleum Spicæ ou Oùl of Spike. Elle ressemble à l'huile essentielle véritable de Lavande, mais elle possède un parfum beaucoup moins délicat que l'essence distillée en Angleterre (2). File ressemble par sa composition chimique à l’huile essentielle de Lavandula vera. L'essence de Lavandula spica est employée dans la 7 sur porcelaine, et dans la médecine vétérinaire. 2° Lavandula Stæchas L. — Gette plante était bien connue des angistls Dioscoride fait remarquer qu ‘ellea donné son nom aux Stæchades, les îles d'Hyères, près de Toulon, où la plante est encore très-abondante, Son aire est encore plus étendue que celle des deux espèces précédentes, car on la trouve dans les Canaries, en Portugal, et vers l’est, dans toute la région méditerranéenne, j jusqu ‘en Grèce, et en Asie Mineure. Elle se distingue (1) Dans les régions montagneuses moyennes situées entre Mise. et Turbisyj'ai abservé les deux espèces croissant ensemble. Le Lavandula vera y est en fleurs deux ou trois semaines plus tôt que le L. spica. [D. H.] (2) Cependant, les fleurs des deux espèces (L. vera ét L. spica), qui eroissent côte à côte dans les jardins anglais, se a * parfam. 472 | | LABIÉES. des autres Lavandes par ses épis floraux portés sur un court pédon- cule, et terminés par deux ou trois bractées pourpres très-remarqua- bles. Ses fleurs, nommées Flores Stwchados ou Stwchas arabica (1), se vendaient autrefois dans les boutiques, et eurent leur place dans la Pharmacopée de Londres jusqu’en 1746. Nous ignorons si elles sont dis- tillées pour l'extraction de l’huile essentielle, quoiqu'elles soient consi- dérées comme la source de la véritable essence d'Aspic (2). (a) Les Lavandes (Lavandula TourNeronr, Instit., t. 93) sont des Labiées, de la tribu des Ocimoidées à fleurs irrégulières ; à calice tubuleux, ovoïde ou oblong, muni de treize à quinze côtes ; à limbe divisé en cinq dents dont une supérieure, large, términée par un prolongement dilaté qui se rabat dans le bouton sur les quatre dents inférieures très-courtes. La corolle est gamopétale, à long tube cylindrique, dépassant beaucoup le tube calicinal, dilaté au niveau de l'ouverture ; à limbe bi- labié : la lèvre supérieure formée de deux lobes, et l’inférieure de trois lobes plus petits que les supérieurs. Dans le bouton, les deux lobes supérieurs recouvrent les trois inférieurs. L'androcée est formé de quatre étamines incluses, opposées deuxaux sépales latéraux, et deux aux sépales antérieurs, ces dernières plus longues, Les filets sont connés au tube de la corolle, et les anthères sont biloculaires, introrses, déhis- centes par des fentes longitudinales. Le gynécée ést formé de deux carpelles unis en un ovaire supère, biloculaire, contenant, dans chaque loge, deux ovules anatropes, ascendants, insérés dans le bas de l'angle interne, à micropyle dirigé en bas et en dehors. Une fausse cloison se forme ensuite dans chaque loge, et la divise en deux compartiments uniovulés. L'ovaire est surmonté d’un style gynobasique, bifide au sommet. Le fruit est constitué par quatre nucules lisses, oblongs, convexes au som- met, contenant chacun une seule graine dressée, qui renferme un embryon droit, sans albumen, Les Lavandes sont des plantes vivaces, où frutescentes, à fleurs dis- posées en longs épis terminaux de cymes pauciflores, [Trap.] MENTHE VERTE. Herba Menthæ viridis ; angl., Spearmint. Origine botanique, — Mentha viridis L, C’est une plante vivace, odo- ranté, cunnue surtout en Europe, en Asie et dans l'Amérique du Nord, comme la Menthe commune des jardins, On ne la trouve guère en ap- parence à l'état sauvage que dans les pays où elle est cultivée depuis longtemps. On la trouve parfois en Angleterre dans ces conditions (3). (1) L’incorrection de l’épithète arabica est notée par Pomet. Nous ignorons pour quel motif il a été donné à cette plante, Marin, Rohwaarenkunde, 1, 655, prétend que les Vénitiens faisaient autrefois venir ces fleurs de l'Arabie par voie d'Egypte. (2) Pereira, Elem. Mat. Med., 1850, Il, 1368. — Nous ignorons si le Lavandula lanata Borssier, espèce très-odorante, voisine du L. Spica, et originaire d’Espagne, est distillé dans ce pays. Per ou à (3) Benruam, Handbook of the British Flora, 1858, 413. — Parkinson (1640) fait re- marquer que la Speare Mint ne se trouve qu’à l’état de culture dans les jardins. | HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE, 173 Le Mentha viridis est considéré par Bentham comme constituant pro- bablement une simple variété du Mentha silvestris L., perpétuée uni- quement à l'aide de bourgeons. J. G. Baker fait remarquer que tandis que ces plantes sont, en Angleterre, suffisamment distinctes, on trouve sur le continent des formes qui les rattachent les unes aux autres (4) (a). Historique. — La Menthe est mentionnée dans toutes les anciennes listes de plantes du moyen âge, et était certainement cultivée dans les Jardins des couvents, au neuvième siècle. Turner, qui a été nommé /e père de la Botanique anglaise, établit, dans son Æerball (2), que la Menthe des jardins était, à son époque, désignée sous le nom de Spere Mynte. Nous la trouvons aussi décrite par Gerarde, qui la nomme WMentha Ro- mana Où Sarracemica, où Common Garden Mint, mais sa description des feuilles, qu’il indique, comme blanches, molles et velues, ne peut pas s'appliquer à la plante que nous cultivons aujourd'hui. L’essence de cette dernière portait, vers la fin du moyen âge, du moins en Alle- magne, le nom de Balsamum Menthæ. Description. — La plante possède une souche vivace, qui émet de longs coulants. Sa tige, haute de 60 à 90 centimètres, est dressée, et se ramifie beaucoup à la partie inférieure. Ses rameaux sont courts, éta- lés, dressés, pleins, quadrangulaires, nus ou légèrement velus au-dessous des nœuds, souvent teintés de pourpre. Les feuilles sont sessiles, ou bien les plus inférieures sont pétiolées ; elles sont lancéolées ou ovales-lan- céolées, arrondies où même cordées à la base, colorées en vert sombre et glabres en dessus, plus pâles et munies en dessous de nervures proé- minentes, vertes où pourpres; elles sont ordinairement glanduleuses, et tantôt tout à fait nues, tantôt velues seulement au niveau de la nervure médiane et des nervures secondaires principales. La pointe du limbe est rétrécie et aiguë ; ses bords sont découpés en dents peu serrées et peu profondes. Les feuilles inférieures ont environ 2 centimètres et demi de large sur 8 à 10 centimètres de long. L'inflorescence est une panicule d'épis, longue de 8 à 10 centimètres sur 2 centimètres de large, les plus inférieurs écartés parfois l’un de l’autre de plus de 1 centimètre, et ac- compagnés de bractées foliacées. Les bractéoles sont linéaires-subulées, de même taille ou plus larges que les fleurs épanouies, lisses ou légère- ment ciliées. Les pédicelles floraux ont environ 4 millimètre de long ; ils sont pre glanduleux, dépourvus de poils, Le calice est souvent w pre of Botan. de SEEMANN, août, 1865, 239, Nous empruntons à M. Baker sa description détaillée du Mentha viridis. (2) Part. ll, 1568, 54. 174 _ LABIÉES. aussi coloré en pourpre; son tube est cylindrique-campanulé, long de 1/2 millimètre, découpé en dents lancéolées, subulées, aussi longues que le tube; les dents, et parfois la face supérieure du tube calicinal, sont munies de poils plus ou moins serrés et dressés. La corolle est pourprée, deux fois aussi longue à peu près que le calice, nue en de- dans et en dehors. Le fruit est lisse. Cette plante offre quelques varia- tions dans la forme de ses feuilles, la longueur de ses épis, et le plus ou moins de richesse en poils de son calice. La plante entière exhale, lorsqu'on la froisse, une odeur très-prononcée et agréable; son goût est fortement aromatique. * Production, — Cette plante est cultivée dans les jardins particuliers, et surtout dans les jardins des industriels. Quelques acres seulement sont consacrées à sa culture à Mitcham, et on vend ordinairement la plante entière à l’état de dessiccation plus ou moins complète. Aux Etats-Unis, on cultive la Menthe verte de la même façon que la Menthe poivrée, mais en moins grande quantité. M. H. G. Hotchkiss, de Lyons, canton de Wayne, Etat de New-York, nous a informés que la quantité d'huile essentielle fabriquée par lui, en 1870, s'élevait à 4169 livres. La plante qu’il emploie nous paraît être, d’aprèsles échantillons qu’il nous a envoyés, la Menthe verte des jardins anglais, et non la Menthe cris- pée (Mentha crispa) de l'Allemagne. Composition chimique, — La Menthe verte fournit une huile essen- tielle (O/eum Menthæ viridis), dans laquelle résident les propriétés médi- cinales de la plante. Elle constitue un mélange d’un hydrocarbure _isomère de l’essence de térébenthine, et de la modification lévogyre du Carvol, ainsi que nous l'avons exposé dans l’article relatif aux Fruits de Carvi (Voy. t. 1, p. 545). Usages. — La Menthe verte est employée, sous forme d'huile essen- tielle et d’eau distillée, de la même façon que la Menthe poivrée, Aux Etats-Unis, l’huile essentielle est aussi employée par les confiseurs, et par les fabricants de savons parfumés. Hebaen Substitutions. — L'huile essentielle de Menthe verte est aujourd'hui rarement distillée en Angleterre, son prix élevé la rendant presque impossible à vendre. L’essence fabriquée à l'étranger est offerte, dans les prix courants, sous deux variétés : l'américaine et l'allemande. Nous avons déjà parlé de la première; la seconde, désignée en allemand sous le nom de Ærausemünzôl, est produite par le Mentha aquatica L. var. y crispa BENTHAM, qu’on cultive dans le nord de l'Allemagne. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 175 (a) Les Menthes (Mentha L., Gen., n. 713) sont des Labiées de la tribu des Sa- turéinées, à calice campanulé ou tubuleux, divisé en cinq dents presque égales ; à corolle tubuleuse, un peu plus longue que le calice, les tubes des deux organes étant à peu près égaux ; à limbe de la corolle découpé en cinq lobes obtus, presque égaux, les deux supérieurs étant à peine distincts l’un de l'autre; à quatre étamines à peu près égales, divergentes, munies chacune d’un filet conné avec le tube de la corolle, et d’une anthère à deux loges parallèles, introrses, déhiscentes par des fentes longitunales ; à nucules lisses ; à fleurs disposées en longs épis coni- ques, terminaux, de cymes axillaires, très-serrées. [TRAD.] MENTHE POIVRÉE. Herba Menthæ piperitæ ; angl., Peppermint ; allem., Pfefferminse. Origine botanique. — Mentha piperita Hupson (non L.). C'est une herbe vivace, dressée, ordinairement glabre, très-semblable à la Menthe verte commune des jardins, dont elle diffère par ses feuilles toutes pé- tiolées, ses fleurs plus grandes, ses groupes floraux supérieurs très-rap- prochés les uns des autres, les inférieurs séparés. D'après Bentham, elle ne constitue peut-être qu'une simple variété du Mentha hirsuta L., auquel elle se rattache par de nombreuses formes intermédiaires. La Menthe poivrée se propage rapidement d'elle-même, à l'aide de coulants, et on la trouve maintenant dans beaucoup de localités d’An- gleterre, et sur le continent. Elle est cultivée sur une grande échelle en Angleterre, en France, en Allemagne et dans l'Amérique du Nord. Historique. — Le Mentha piperita fut observé d’abord dans le Hert- fordshire, par le docteur Eales, et communiqué à Ray, qui, dans la seconde édition de son Synopsis Stirpium Britannicarum, 1696, le men- tionna sous le nom de Mentha spucis brevioribus et habitioribus, folis Menthæ fuscæ, sapore fervido piperis, et dans son Historia Plantarum (1), sous le nom de Mentha palustris… Peper-mint (2). Dale, qui trouva la plante dans le comté d’Essex (3), dit qu’elle est considérée comme spé- cifique contre les calculs des reins et de la vessie. Ray, dans la troi- sième édition de son Synopsis, la déclare supérieure à toutes les autres Menthes, comme remède contre la faiblesse de l’estomac et la diarrhée. La Menthe poivrée fut admise dans la Pharmacopée de Londres, en 1871, sous la désignation de Mentha piperitis sapore. ns (1) T. III, 1704, 286. (2) Nous avons examiné l'échantillon original encore conservé parmi les plantes de Ray, dans le British Museum, et nous trouvons qu'il ressemble parfaitement à la (3) Pharmacologiæ Supplementum, Lond., 1705, 117. 176 -LABIÉES. La culture de la Menthe poivrée à Mitcham, dans le Surrey, date de 1750 environ (1). A cette époque, quelques acres seulement étaient consacrées à la culture de cette planté. À la fin du dernier siècle, 100 acres environ étaient plantés en Menthe poivrée. En 1805, il n'existait pas encore d'appareil à distillation à Mitcham, et l’on appor- tait la plante à Londres, pour l'extraction de son huile essentielle. Dans ces dernières années, l'importance de cette culture a diminué, à cause de la valeur toujours croissante des terrains, et de la concurrence faite à l'essence anglaise par les essences étrangères. En Allemagne, la . Menthe poivrée fut pratiquement connue pendant la seconde partie du dernier siècle, et sa réputation fut faite surtout par Knigge (2). Description (3). — La souche de la Menthe poivrée est vivace, et émet des coulants. La tige est dressée, haute de 90 centimètres à1 m,90, avec une ramification luxuriante. Ses branches sont dressées ét un peu étalées, rigides, quadrangulaires, un peu velues, souvent teintées de pourpre. Les feuilles sont toutes pé- tiolées ; les pétioles des feuilles in- férieures sont longs de 4 à 2 centi- mètres, nus ou à peu près ; le limbe est lancéolé, rétréci, où un peu ar- rondi à la base, étroit et aigu au sommet ; celui des feuilles inférieu- res est long de 5 à 8 centimètres, et large de 2 centimètres environ, nu et d'un vert foncé en dessus, plus pâle et glanduleux en dessous, où il fie. UE Mo ee offre un petit nombre de poils sur ses Extrémité florifère et fleur. … nervures. Les bords sont découpés en dents fines, droites et étalées. L'inflorescence est formée d’épis lâches, lancéolés où coniques, et aigus, longs de 5 à 8 centimètres, et larges d’environ 2 centimètres; les groupes inférieurs de fleurs sont écartés les uns des autres, ét accompagnés de bractées foliacées. certe \ (4) Lysoss, Environs of London, 1800, I, 934. (2) De Mentha piperitide Commentatio, Erlangæ, 1780. (8) Cette description est tirée du mémoire de M. Baker sur les Menthes suis cité à la page 173, note 1. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 177 Les bractéoles sont lancéolées, acuminées, légèrement ciliées, à peu” près de même longueur que les fleurs. Les pédicules ont de 2 à 3 millimètres de long ; ils sont pourpres, glanduleux, mais non velus, Le calice est souvent pourpré, son tube est long de 2 millimètres à peu près, et ses dents de 4 millimètre. Le tube est cylindrique-campa- nulé, pourpré, non velu, mais couvert de glandes proéminentes ; les dents sont lancéolées-subulées, et munies de poils courts et dressés. La corolle est pourprée, à peu près deux fois aussi longue que le calice, nue en dedans et en dehors. Le fruit est lisse (rugueux, d’après nos observations). L'odeur et la saveur de la plante cultivée sont très- aromatiques. Dans la variété vulgaris de Sole, M. piperila 8 Surra, la plante est davantage velue; elle porte des épis plus larges et plus courts, ou même presque capités. | Composition chimique, = Lé principe pour lequel on cultive la Menthe poivrée est l'huile essentielle (O/eum Menthæ piperitæ). C'est un liquide incolore, jaune pâle ou verdâtre, dont le poids spécifique varie entre 0,84 et 0,92. Son odeur est forte et agréable ; sa saveur est aromatique, et accompagnée d'une sensation de froid, lorsque l'air aspiré traverse la bouche. Une essence fabriquée à Mitcham, et examinée en colonne de 50 millimètres de long, déviait la lumière polarisée de 14° à gauche. Lorsqu'on refroidit l'huile essentielle de Menthe poivrée à—4° C., elle laisse parfois déposer des cristaux hexagonaux, incolores, d'un Camphre de Menthe, COHISOH, nommé Menthol. Ce camphre, dont nous n’avons pas pu observer le dépôt dans l'essence, bout à 212 C., et possède l'odeur de l'essence brute. Sa solution alcoolique dévie là lumière po- larisée à gauche. La proportion de menthol contenue dans les essences d'origines différentes est très-variable. Le menthol cristallisé, pur, se trouve parfois dans le commerce, sous le nom d'Æssence meascrs où Japonaise de Menthe poivrée (1). Lis La partie liquide de l’essence de Menthe poivrée n’a pas encore été étudiée chimiquement. Cette essence n'offre pas une constitution uni- forme ; son odeur et ses propriétés chimiques sont également variables, et nous ne possédons aucun moyen satisfaisant de nous assurer de sa valeur et de sa pureté. Lorsqu'on ajoute 1 goutte d'acide nn (1) On la fabrique à Cauton, par distillation d'ane plante qui re être le Mentha arvensis L. var. javanica (M. javanica BL.). En 1872, il fat exporté de Cauton 800 livres de cette essence, estimée à 30 shellings environ . livre, {V met "LÜCKI Er ” Pharm. Journ., 14 oct. 1871, 32.) . at 1e | HIST. DES DROGUES, T. I. 178 LABIÉES. (à 1,2) à/50 à 70 gouttes d'essence, le mélange passe de la coloration jaunâtre au brun, puis, au bout d’une heure ou deux, devient bleuâtre, violet ou verdâtre ; dans la lumière réfléchie, il paraît rougeûtre et non transparent. Cette magnifique coloration dure pendant une quin- zaine de jours (1). Nous avons examiné, à ce point de vue, les di- vers échantillons d'essence de Menthe poivrée que nous avons eus à notre disposition, et nous nous sommes assurés que les essences les meilleures sont celles qui prennent les plus belles colorations ; mais ces dernières sont soumises à des variations très-appréciables. Une essence inférieure, d'origine américaine, ne se colora pas; un vieil échantillon d’une essence anglaise, primitivement excellente, ne se colora pas non. plus sous l'influence du réactif. Le menthol, qui est considéré comme l'essence de Menthe poivrée de la Chine, n'est pas modifié par le même réactif (2). Cette réaction de l'acide ni- irique né peut pas révéler les falsifications de l'essence de. Menthe poivrée, car la coloration caractéristique se produit avec une essence à laquelle on a mélangé une quantité considérable d'essence de térében- thine. Des colorations remarquables se produisent encore dans l'essence de Menthe poivrée, sous l'influence de divers autres agents chimiques. Ainsi, elle se colore en vert ou en brun sous l'influence du chloral anhydre; elle devient bleuâtre, ou verdätre, ou rose, lorsqu'on l'agite avec une solution concentrée de bisulfure de sodium. Il est important de faire remarquer que les essences d'origine différente, qui ne peuvent pas être distinguées au moyen de l'acide nitrique, offrent des colora- tions tout à fait différentes lorsqu'on les mélange ave: l'un des liquides que nous venons de mentionner. Ces réactions peuvent être utilisées dans l'examen des diverses sortes commerciales d’essences de Menthe poivrée. Le bisulfure de sodium forme, avec certaines sortes d’essences de Menthe poivrée, une petite quantité d'un composé solide que nous n'avons pas encore étudié. : Produetion et commerce, —[ans plusieurs parties l'Europe et dans les Etats-Unis, on cultive la Menthe poivrée sur une grande échelle, comme plante médicinale, En Angleterre, cette. culture se fait, dans (1) Elle peut mème persister. Det out plus longtemps. si on Au d une grande quan- tité d'alcool ou d'éther. La solution alcoolique, convenablement diluée, de l’essence de Menthe qui a été colorée par le contact avec l'acide azotique, présente des particularités très-remarquables quand on l’examine au spectroscope. Elle fait voir une très-large bande d'absorption entre la Dar ES me. la sta er voi sn spa et RE" autres vers le bleu. (F. A. F.) ge (2) Pharm. Journ., 95 février, 1871, 68. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 179 les environs de Mitcham dans le Surrey, près de Wisbeach dans le Cambridgeshire, à Market Deeping dans le Lincolnshire, et à Hitchin dans l'Hertfordshire. A Mitcham, en 1850, 500 acres étaient employés à cette culture ; en 4864, il n’y en avait plus que 219 acres (1); à Mar- ket Deeping, il y en avait, en 4874, 430 acres environ. Le produit ordi- naire en essence peut être évalué entre 8 et 12 livres par acre. Les champs de Menthe poivrée de Mitcham sont plats ; le sol est riche, bien fumé, et naturellement humide. On le débarrasse des mauvaises herbes, et on l’entretient avec beaucoup de soin. On fait la récolte en août, eton laisse d'ordinaire sécher l'herbe dans les champs avant de la soumettre à la distillation. Les alambies sont très-grands; ils contiennent de 1 000 à 2000 gallons ; on les chauffe avec le charbon de terre. Chaque alambic est muni d’un appareil condensateur ordinaire, qui se déverse dans une petite cage en fer, fermée avec un cadenas, et contenant le vase dans lequel l’essence se dépose. La distillation est effectuée à une température aussi basse que possible. L'eau qui passe avec l’essence n’est pas redistillée avec un autre lot de plantes; on la laisse en ma- Jeure partie s’écouler, et on n’en conserve qu’une faible portion comme bénéfice de l’ouvrier. Le rendement est très-variable, et il n’est pas fa- cile de l’évaluer avec soin (2). On estime cependant qu'une tonne de Menthe poivrée sèche fournit de 2 livres 1/2 à 3 livres 1/2 d'essence, c'est-à-dire 0,11 à 0,15 pour 400; un cultivateur de Mitcham nous & assuré que le rendement pouvait s'élever ae à 6 livres par Ponn c'est-à-dire à 0,26 pour 100. À Mitcham et dans les environs, on us he deux variétiés de Menthe poivrée: l’une est connue sous le nom de Menthe blanche, et l'autre sous celui de Menthe noire ; il n'existe entre les deux qu’une très- faible différence. La Menthe noire possède une tige pourprée, tandis que celle de la Menthe blanche est verte ; les feuilles. de cette dernière sont aussi, d'après nos observations, plus grossièrement serretées que celles de la Menthe noire. Celle-ci donne plus d'huile essentielle, et est (4) Pharm. Journ., 1851, X, 297, 340 : = Wadnent Pb Journ., 1868, VI 357. C'est à ces mémoires, et à nos recherches personnelles, que nous devais, la plupart des détails que nous donnons sur la culture de la Menthe poivrée à Mitcham. L’acre vaut 0,404 hectare, le gallon vaut 4,54 litres. (2) Les grands cultivateurs seuls possèdent des appareils à dstillalion, Ils jeu louent aux petits propriétaires, qui payent une certaine somme par chaqu Charge de l’appa- reil, c’est-à-dire pour la quantité qu'il peut contenir, sans qu’on s'occupe du poids des blantes ; il en résulte qu'on préfère distiller les plantes à l axe pit que AFRRRNE peut « en “contenir davantage ne si elles étaient fraïchés. En La lit 180 LABIÉES. _ plus généralement cultivée, mais l'essence de la Menthe blanche possède une odeur plus délicate, et atteint un prix plus élevé. La Menthe blan- che passe pour être cultivée principalement dans le but d’être desséchée en faisceaux ou, comme on dit, en « bouquets ». On cultive la Menthe poivrée sur une large échelle en Amérique, et particulièrement dans le sud du Michigan, dans l’ouest du New-York et dans l'Ohio. La plante fut introduite dans le Michigan en 1858 ; elle y occupe aujourd'hui une surface de 2000 acres environ, situés, à l’ex- ception d’une centaine, dans le district de Saint-Joseph. La production moyenne de cette localité était évaluée, en 1858, à 15000 livres, mais elle varie beaucoup. Pendant la saison exceptionnelle de 1855, elle fut de 30000 livres. Nous pouvons supposer qu’elle est aujourd’hui beaucoup plus considérable, car M. H. G. Hotchkiss, de Lyons, l’un des distillateurs les plus connus, nous informe, dans une lettre du 10 oc- tobre 1871, que la quantité expédiée par lui-même, pendant l’année précédente, s’éleva au chiffre énorme de 57 365 livres. D’après les sta- tistiques indiquées par Stearns (1), il paraît que le rendement en es- sence, par acre, est un peu plus élevé qu’en Angleterre, mais ces docu- ments ne présentent guère aucune certitude. On cultive la Menthe poivrée en France, à Sens, dans le départe- ment de l'Yonne (2). On la cultive aussi en Saxe, et tout récemment, elle a été introduite dans le sud de l'Inde, dans les montagnes de Neilgherry. La valeur commerciale de l’huile essentielle de Menthe poivrée est très-variable. Celle de Mitcham se vend deux ou trois fois plus cher que la belle essence d'Amérique, mais sa qualité n’est pas non plus uni- forme, et certains champs donnent un produit beaucoup plus odorant que d’autres. Un sol humide, et imparfaitement drainé, est connu comme défavorable à la qualité et à la quantité de l'essence. La présence des herbes sauvages parmi les pieds de Menthe constitue, à Mitcham, une cause importante de détérioration de l'essence. Certains cultivateurs donnent une gratification particulière aux ouvriers pour les encourager à rejeter avec soin toutes les herbes étrangères, lorsqu'ils coupent la Menthe pour la distillation. Un cultivateur de notre connaissance fut {1} Nous devons à son mémoire On {he Peppermint Plantations of Michigan (in The Proceedings of the Amer. Pharm. Assoc., 1858), les quelques détails que nous don- nons, et que le manque d’espace nous oblige à réduire. (2) Journ. de Pharm., 1868, VIIL, 130. — Extrait de : Roze, la Menthe poivrée, sa culture en France, ses produits; falsifications de l'essence, et moyens de les reconnaitre, Paris, 1868, 43 pages. Fe » HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 181 obligé d'abandonner la culture de la Menthe poivrée, à cause de l’impos- sibilité dans laquelle il se trouvait de détruire le Mentha arvensis, qu'on ne pouvait pas séparer de la Menthe poivrée, et qui détruisait le par- fum de cette dernière. En Amérique, de grandes pertes sont causées par la présence, dans les champs de Menthe poivrée, de l'£Zrigeron ca- nadense L. Les champs nouvellement défrichés, et plantés de Menthe poivrée, sont aussi très-souvent envahis par une autre plante de la fa- mille des Composées, l’Erechtites hieracifolia Rar., qui est égalentent très-nuisible à la qualité de l'essence (1). Usages, — La solution aqueuse ou alcoolique d'essence de Menthe constitue un bon stimulant, qu’on ajoute fréquemment à d’autres médi- caments. On consomme beaucoup l'essence de Menthe poivrée pour parfumer les bonbens et les liqueurs, MENTHE POULIOT. Herba Pulegii ; Pouliot vulgaire, Menthe Pouliot ; angl., Pennyroyal (2); allem., Palei. Origine botanique, — Mentha Pulegium l. C'est une petite plante vi- vace, aromatique, commune dans le sud de l’Europe, et s'étendant vers le nord, en Suède, en Danemark, en Angleterre, et en Irlande; vers l’est, dans l’Asie Mineure et la Perse; et vers le sud, dans l’Abyssinie, l'Algérie, les îles de Madère et de Ténériffe. Elle a été introduite dans l'Amérique du Nord (3), et dans l’Amérique du Sud. On nela cultive que peu pour l'usage médicinal. . Historique, — Le Pouliot jouissait chez les anciens d'une grande ré- putation. Dioscoride et Pline décrivent ses nombreuses vertus. Dans le nord de l’Europe, il était également très-estimé, ainsi qu'on peut en juger par ce qui en est dit dans les ouvrages médicaux Anglo-Saxons. Gerarde le considérait comme « si bien connu de toute la nation an- glaise», qu'il jugeait inutile de le décrire. À son époque (vers 1390), on le recueillait d'ordinaire dans les terrains vagues situés autour de la capitale, d’où il était apporté en grande quantité sur les marchés de Londres. Aujourd'hui le Pouliot est tombé dans l'oubli, et n’est même pas cité dans la Pharmacopée anglaise de 1867. (1) Maiscu, Amer. Journ. of Pharm., mars 1870, 120. . (2) Le nom de Pennyroyal, écrit dans les vieux herbiers Puliol royal, dérive de Puleium regium, vieux nom latin donné à la ponte perte on ’on EE qe elle dé- truisait les puces (Prior). 3 (3) Le Pouliot des Américains (Penn Dee l'Hedeoma pulegioides Ps st: ar ane: anis diférant, : 182 SEX _ LABIÉES. Bescription, — La tige du Pouliot est basse, décombante, ramifiée ; au moment de la floraison, elle atteint 45 centimètres de haut. Ses feuilles ont à peine 2 centimètres et demi de long, et sont souvent beaucoup plus courtes ; elles sont pétiolées, ovales, obtuses au sommet, crénelées sur les bords, munies de glandes à huile sur les deux faces. Les fleurs sont disposées au sommet de la tige en une série de groupes en apparence verticillés, denses, globuleux. La planteentière est plus ou moïns velue. Elle possède une odeur forte, moins agréable, au goût du plus grand nombre des personnes, que celle de la Menthe verte et de la Menthe poivrée. Sa saveur, très-masquée dans l’eau distillée, est forte- ment aromatique. | composition chimique. — Le principe constituant le plué important du Pouliot est l'huile essentielle, connue en pharmacie sous le nom d’Oleum Pulegü, à laquelle la plante doit son odeur. Elle a été étu- diée par Kane (1) en 1838. D’après cet auteur, son poids spécifique est 0,927 ; son point d’ébullition varie entre 183° et 188 G., et sa formule est C10H160, Nous nous sommes assurés/qu’elle ne contient pas de carvol. Production. — Le Pouliot est cultivé à Mitcham. On le vend surtout à l’état sec. L'essence de Pouliot du commerce est en effet, en majeure partie, d’origine allemande ou française, et se vend beaucoup moins cher que celle qui est quelquefois fabriquée en Angleterre. Usages. — L'eau distillée de Pouliot est carminative et antispasmo- dique, on l’emploie aux mêmes usages que l’eau de Menthe poivrée. THYM VULGAIRE. Herba Thymi vulgaris ; angl., Garden Thyme ; allem., Thymiankraut. Origine botanique, — Thymus vulgaris 1. C’est une petite plante suf- frutescente, ligneuse, dressée, ne dépassant pas 20 à 95 centimètres de haut. Elle vit en abondance dans les terrains incultes du Portugal, de l'Espagne, de la France et de l'Italie, et dans se parties montagneuses de la Grèce (a). Sur le mont Ventoux, près d'Avignon, elle s'élève jusqu’à 1 100 mè- tres au-dessus du niveau de la mer eng _ = cultive communément dans les jardins anglais Es | #9 Phil. Mag, 1838, XII, 649. sep nb 2 (2) Un grand nombre ds détails chimiques que nous us sur le Thym s sap- > pliquent au _—. sauvage oee Serpyllum) et non au _—_—. —. se HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE, 183 Historique, — Le Thym vulgaire était beaucoup cultivé en Angle- terre au seizième siècle, et a été bien figuré et décrit à cette époque par Gerarde. Il passe même pour avoir été cultivé sur une grande échelle, pour l'usage médical, dans les environs de Deal et de Sandwich, dans le Kent. (1). Le Thymol-ou Camphre du Thym fut décrit par Neumann, apo- thicaire de la cour, à Berlin, en 1725 (2). Description, — La plante produit des tiges ramifiées, ligneuses, grêles, à feuilles sessiles, linéaires-lancéolées, ou ovales-lancéolées ; longues de 4 centimètre environ, révolutées sur les bords, plus ou moins blanchâtres, surtout sur la face supérieure, et couvertes de glandes à huile. Les fleurs sont petites, pourpres ; elles sont disposées en in- florescences capitées, terminales, et en groupes situés plus bas sur la tige, dans l’aisselle des feuilles. La plante entière possède une colora- tion grisâtre due à des poils blanes et très-courts. Elle exhale, lorsqu'on la froisse, une odeur très-vive, et possède une saveur aromatique très- prononcée (3). Production de l’huile essentielle, — Le Thym n'est cultivé dans les Jardins anglais que pour les usages culinaires. Son huile essentielle (Oleum Thymi), qui seule intéresse les droguistes, est distillée dans le sud de la France. Dans les environs de Nîmes, où nous avons observé les procédés d'extraction, on emploie la plante entière, et on fait deux distillations par an : l'une pendant les mois de mai et de juin, tandis que la plante est en fleur, et l’autre en automne. L'essence est colorée en brun rougeâtre, foncé ; elle devient incolore, et en même temps moins odorante, lorsqu’ on la redistille. Les deux sortes d’essences se trouvent dans le commerce, sous les noms d'Auile rouge de Thym, et d'Auile blanche de Thym. Dans le commerce anglais, on désigne fré- quemment l'essence de Thym sous le nom de Où! of Origanum, mais elle ne ressemble nullement à à l'essence d’ Origan qui, à notre connais- sance, ne se trouve jamais dans le commerce (4). Composition chimique. — L’essence de Thym, sous sr influënce de _distillations fractionnées, se divise en deux parties : la première, bouil- lant entre 178° et 180e, est un mélange de Cymèêne, CH, et de Thy- mène, CH, La seconde constitue le Thymol, C'H"O, dont les relations (1) Boo, in Treasury of Botany, 1866, IL, 1149. ue (2) Phil. trans., n° 389. (3) Cette description est faite d’après des échantillons sauvages. is és cultivée ph té er rm up F tomenteuse. . ue ann dr creer igan, in Phar Kdours 1854, X, 324. 18 LABIÉES. avec le Phénol sont indiquées par la formule CSH3.0H.CH?.C3H3, qui re- présente la structure du thymol. Il forme de gros cristaux du système hexagonal, fondant à 44, et entrant en ébullition à 230°. Le thymol peut facilement être extrait de l'essence brute de Thym à l’aide des al- calis caustiques, dans lesquels il se dissout aussi facilement que le phénol. Le thymol présente le plus grand intérêt théorique. Usages, — L'essence de Thym est un stimulant exterñe efficace, et est parfois employée en liniment. Elle trouve son emploi le plus important dans la médecine vétérinaire. Le thymol a été proposé, sous le nom d'acide thymique, comme désinfectant, à la place de l'acide carbolique, pour les cas où l'odeur et les propriétés toxiques de ce dernier font rejeter son emploi. L’herbe elle-même n'est pas usitée dans la mé- decine anglaise moderne, mais on l’emploie souvent sur le continent. (a) Les Thyms (Thymus L., Genera, n° 727, ex parte) sont des Labiées de la tribu des Saturéinées. Le calice est tubuleux, campanulé, parcouru par 10 à 13 ner- -vures, bilabié, la lèvre supérieure étant formée de trois lobes aigus, et linfé- rieure de deux lobes plus étroits et plus profondément Ki divisés, La gorge du calice est munie de poils blancs. La 2 A corolle est formée d’un tube à peine plus long que le Fo) Wu calice, et d’un limbe bilabié, à lèvre supérieure droite, Je STARS plane, simplement échancrée au sommet, à lèvre infé- LES #, rieure étalée, divisée profondément en trois lobes égaux, WW & | } 4/ ou le médian un peu plus développé. L'androcée est formé PE TN de quatre étamines exsertes, situées deux de chaque côté À {) = du pétale moyen de la lèvre inférieure, et deux entre les 4 { pétales latéraux de cette lèvre et les lobes de la lèvre Ÿ” supérieure. Les deux dernières sont plus tourtes que les autres. Les anthères sont biloculaires, à loges parallèles ou divergentes. L’ovaire est celui de toutes les Labiées; _il est surmonté d’un long style exsert, recourbé en haut NF et bifide au sommet. Le fruit est constitué par quatre nu- cules ovoïdes ou subglobuleux. Les fleurs sont petites, blanches ou roses, ou purpurines: elles sont disposées en cymes rapprochées en épis au sommet des rameaux. Le Thymus Serpyllum L. (Spec., 825, ex parte) vulg. Serpolet, Thym bâtard, Pouliot bâtard, auquel s’appli- que en grande partie ce qui a été dit des propriétés Fig. 170. chimiques du Thym dans l'article ci-dessus, se distingue Thymus Serpyllim. du Thymus vulgaris par sa souche traçante, très-ra- meuse, et par ses rameaux nombreux, couchés sur le sol, radicants, redressés au sommet, et portant des branches ascendantes simples ou ra- meuses, munies de cymes multifiores dans l’aisselle de leurs feuilles supérieures. Les rameaux sont plus ou moins pubescents. Les feuilles sont très-petites, sessiles, glabres ou pubescentes, ovales ou oblongues, étroites ou linéaires-oblongues, ai- ŒUÿA I du gui me ent entières ee Re HISTOIRE DES DROGUES D’ORIGINE VÉGÉTALE. 185 dessous ; elles sont ponctuées, glanduleuses sur la face inférieure. Les fleurs sont disposées en cymes multiflores réunies au sommet des rameaux en têtes subglobu- leuses ou oblongues, ou en épis interrompus. Les dents du calice sont ciliées, les supérieures lancéolées, les inférieures linéaires, subulées. La gorge du calice est munie d’un anneau de poils blancs, serrés. Le Serpolet habite les endroits secs, Fig. 177. Fleur entière. Fig. 178, Fleur coupée verticalement. Thymus Serpyllum. sablonneux, où il couvre souvent de grandes surfaces, Dans les environs de Paris, il fleurit de juin à octobre, MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre { Flor. Par., 39%) en distinguent deux variétés : a. Serpyllum (Thymus Serpyllum Fauss), à tiges appliquées sur le sol, très- radicantes, couvertes sur toute leur surface de petits poils réfléchis ; à fouilles atté- nuées à la Hs et munies de nervures saillantes, à cymes rapprochéés en têtes glo- buleuses ou ovoïdes très-compactes. b. Chamædris (Thymus Chamædris Frirs), à tiges couchées ascendantes, offrant seulement de deux à quatre rangées de poils ; à feuilles ordinairement pétiolées, munies de nervures peu saillantes ; à cymes disposées en épis interrompus, [Tran.] ROMARIN. Herba Rosmarini ; Herba'Anthos; angl. Rosemary ; allem., Rosmarin. Origine botanique, — Aosmarinus officinalis L. — C'est un arbuste toujours vert, atteignant de 90 centimètres à 1",20 de hauteur, abon- dant sur les collines sèches et rocheuses de la région méditerranéenne, depuis la péninsule espagnole jusqu’à la Grèce et à l’Asie Mineure. Il recherche d'ordinaire le voisinage de la mer, mais on le trouve jusque dans le Sahara, où il est recueilli et transporté par des caravanes : Jusque dans le centre de l'Afrique (1). Historique, — Le Romarin (2) est mentionné par Pine, qui lui assigne (1) Duviiues, Les Touaregs du Nord, 187. (2) De ros et marinus, littéralement rosée marine: au sujet de l'allusion contenue dans ce nom, , : Diverses opinions ont été émises 186 7 LABIÉES. de nombreuses vertus, Il était bien connu des médecins arabes d'Es- pagne. L'un d'eux, Ibn Baytar, au treizième siècle, dit qu'il fait partie du commerce des vendeurs d’aromates (1). Au moyen âge, le Romarin était incontestablement très-estimé, ainsi que nous pouvons en juger par ce fait qu'il figure parmi les plantes dont Charlemagne ordonna la culture dans les fermes impériales. John Philip de Lignamine (2), écri- vain du quinzième siècle, le décrit comme un condiment ordinaire des viandes salées. On le cultivait probablement en Angleterre avant la conquête des Normands, car son emploi estrecommandé dans un herbier anglo- saxon du onzième siècle (3). L'huile essentielle de Romarin fut distillée pour la première fois, vers 1330, par Raymundus Lullus (4). Description, — Le Romarin possède des feuilles > opposées, entières, sessiles, linéaires, longues de <=. 2 centimètres et demi environ, révolutées sur les bords, coriaces, vertes et glabres en dessus, cou- vertes en dessous sb tomentum dense et blanc. Quand on examine à la loupe le tomentum des ae 179. feuilles et des jeunes bourgeons, il se montre formé Rosmarinus oficinalis. * de poils blancs, pressés les uns contre les autres, étoilés. Parmi les poils étoilés qui forment le tomentum des pousses et Fig. 180. Fleur entière. Fig. 181. Fleur coupée verticalement, fi Rosmarinus prete : qui sont plus ou moins serrés, on peut distinguer de petites glandes à essence. Ces glandes sont de deux sortes : les unes grandes, les autres (1) Traduction de ns 1h : (2) Conservatorium Sanitatis, capi &4i 2: ,: 6 : * (3) Herbarium Apuleii (Leechdoms, ete., »f Early Biplbid, 1866, I, M) (4) Manezr, Bibliotheca chemica curiosa, Genevæ, 4702, 1, 899. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE, 187 petites; elles ne fournissent probablement pas la même essence, Les fleurs offrent un calice bilabié, campanulé, et une corolle blanche ou colorée. en bleu pâle. La lèvre supérieure du limbe de la corolle est émarginée et dressée; la lèvre inférieure est trilobée, avec le lobe médian concave et pendant. La plante entière exhale une odeur très- agréable, et possède une saveur aromatique, forte. Elle fleurit au com- mencement du printemps. Production de l'huile essentielle, — Le Romarin est cultivé sur une très-grande échelle dans les jardins anglais de production, mais quoi- qu'on l'ait parfois distillée, l'huile essentielle anglaise ne constitue pas un objet de commerce. Celle qui figure sur les marchés est fabriquée dans le sud de la France et sur les côtes voisines de l'Italie. La plante y pousse abondamment à l’état sauvage ; on la récolte à l’automne, et non pendant la floraison. Les distillateurs sont parfois des herboristes ambulants qui transportent leur appareil de place en place, et le mon- tent dans les endroits où l'herbe est abondante, et où un courant d’eau permet d'employer un condensateur de construction très-primitive. L’essence de Romarin est aussi fabriquée, en assez grande quantité, dans l'île de Lésine, au sud de Spalato, dans la Dalmatie, d'où elle est expor- tée, par la voie de Trieste, en, France, et en Italie, en quantéé consi- dérable, de 300 à 350 quintaux par an ( 1). Quelques fabricants français offrent une essence de Romarin d’un prix élevé, comme 7élirée des fleurs. Nous pensons qu'il faut en- tendre par cette expression les sommités fleuries, car on ne pourrait retirer des fleurs seules qu’une très-faible quantité d'essence. La plus grande quantité de celle qu’on trouve dans le commerce est obtenue par distillation de la plante entière. Composition chimique, — L'odeur du Romarin est due à l'essence, que nous avons trouvée lévogyre. En soumettant cette essence à la dis- tillation fractionnée, on remarque qu’elle fournit à peu près les : [5 de son poids d’une essence bouillant entre 163° et 172, qui € aux essences de térébenthine lévogyres. Mais les portions de l'essence qui passent à partir de 200° présentent un pouvoir rotatoiré à droite, et prennent une odeur décidément camphrée, Fos on les chauffe légè- rement avec de l'acide azotique. Traitée pee l'acide me l'essence de Romarin a donné à à Vohl En re #9 UnGer, Blondes init veine Ve der din g Akademie, 1867, . mn satien 1 Sitamptrite 188 LABIÉES. (1853) de l'acide Limettique; nous estimons que c'est simplement de l'acide Téréphtahque, CSH#{COOH*. L'essence de Romarin laisse déposer, à une basse température, un stéa- roptène qui, d’après les recherches de Montgolfier (1876), paraît être constitué par deux camphres doués de pouvoirs rotatoires opposés, Usages. — Les sommités fleuries et les feuilles sèches sont conservées par les herboristes, mais ne sont pas employées dans la médecine offi- cielle. L'huile essentielle est employée comme stimulant externe, en liniments, et comme parfum. On admet généralement dans le public que le Romarin provoque la pousse des cheveux, MÉLISSE. Herba Melissa officinalis ; angl, Common Baln ; allem., Melissenkraut, Citronenkraut. ORIGINE BOTANIQUE. — Melissa officinalis L. Les Mélisses (Melissa Tourneronr, /nstit., t. 91) sont des Labiées de la tribu des Saturéinées, à calice tubuleux, campanulé, bilabié ; à corolle bilabiée ; à quatre étamines plus ou moins conniventes sous la lèvre supérieure de la corolle, didy- names, les deux inférieures plus grandes, La Mélisse officinale (Melissa officinalis L., Species, 827) est une plante à ra- meaux aériens buissonnants sur une souche vivace, dressés, très-ramifiés, à branches étalées, hautes de 30 à 80 centimètres, plus ou moins velues, quadran- gulaires. Les feuilles sont opposées, pétiolées, sim- ples, colorées en vert gai, ovales, crénelées sur les bords, obtuses au sommet, arrondies et quelquefois mème cordées à la base, très-velues, longues de 6 à 8 centimètres et larges de3 à 5 centimètres. Le limbe forme, entre les nervures anastomosées en réseau, des saillies qui donnent à la feuille un aspect gaufré. Les fleurs sont disposées, au sommet des rameaux, en cymes axillaires de six à douze fleurs chacune, ) Ces quatre cellules se divisent ensuite à leur tour dans le sens du rayon 4 HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 299 et parallèlement à la circonférence (fig. 222, ÿ, k) de façon à former une sorte de plateau constitué par une seule couche de cellules irrégulièrement polygonales et de dimensions très-inégales, leur taille étant d'autant plus petite que les segmenta- are tre e es Tr free es \ $ V4) ES VAR Lx mc PSN ay | LAS } = tr EL I at< \) TRES au, | \ À i Fig. 223. Fragment de bractée Fig, 222. Développement du Lupulin (d'après M. Trécul). de Houblon avec des glandes à peu Glande vue par sa face supérieure. près formées. Une glande isolée, tions ont été plus nombreuses. Les bords de ce plateau se relèvent ensuite, et chaque glande forme bientôt une sorte de cupule semisphérique fixée à l’épiderme par un court pédicule, et marquée à l’extérieur et à l’intérieur de stries longitudinales qui répondent aux cloisons radiales de segmentation des cellules (fig. 223). Quand la glande est complétement formée, les cellules qui la composent commencent à à sé- créter avec activité un liquide jrunêtre qui traverse la paroï des cellules par exosmose et soulève peu à peu devant lui la cuticule qui revêt la face externe et concave de la glande, et s’accumulant entre elle et les cellules qui forment la cupule glandu- laire lui fait former une sorte de coupole hémisphérique, saillante au-dessus de la 5 marié glande, La figure 224 représente en b la Fig. 224.. Glande entièrement formée, coupe verticale de la glande complétement nonrdantren shdhéiinnnint formée. On voit que sa cavité est limitée par deux demi-sphères: l’une inférieure con- stituée par les cellules sécrétantes, disposées en une seule couche ; l’autre supé- rieure, représentée par la cuticule soulevée. La cavité est remplie qar le produit de sécrétion des cellules qui constituent la cupule inférieure de la glande. Dans l’eau, “les solutions alcalines et l'alcool, la euticule se déchire, et met en liberté le liquide huileux jaunâtre qui remplit le réservoir glandulaire. Avant que la cuticule soit nor- malement soulevée par ce dernier, on peut déterminer son soulèvement, et même sa déchirure, en plaçant la glande dans de l’eau légèrement alcaline. Lil, Cr fi à ÉCORCE D'ORME CHAMPÊTRE. | Cortez Uilmi ; angl., Elm Bark ; allem., Ulmenrinde, Füsterrinde. origine Dhnbigiet — Ulmus campestris pra orne: commun est un bel arbre très-répandu dans de. ons méridionale et orien- 300 ULMACÉES. tale, Il s'étend jusqu’en Norwége, par 66° de latitude nord, et vers le sud jusque dans le nord de l'Afrique, et l’Asie Mineure. Dans l’est, il va jusqu’à l’Amurland, le nord de la Chine et le Japon. Il n’est probable- ment pas indigène de la Grande-Bretagne; mais l'Ulmus montana Wiru, (Wych Elm des Anglais) est certainement sauvage dans les comtés du nord et de l’ouest (1). Historique. — Les écrivains classiques, et particulièrement Dioscoride, connaissaient bien les propriétés astringentes de l'écorce du Hrskéa, nom sous lequel ils désignaient | Ulmus campestris. Des vertus imaginaires sont accordées par Pline à l'écorce et aux feuilles de l’Ulmus. Gette écorce est prescrite, en Angleterre, dans les livres médicaux du onzième siècle. À cette époque, un grand nombre de plantes du sud de l'Europe avaient été introduites dans la Grande-Bretagne (2). L'emploi de l’écorce de l'Orme est également mentionné dans l’Æerbal de Tur- ner (1568) et dans le Theater of plants de Parkinson (1640). L'auteur de ce dernier ouvrage fait remarquer que « toutes les parties de l’Orme sont d’un grand usage en médecine ». Description. — L’écorce d'Orme destinée à l'usage médicinal doit être enlevée de l'arbre au commencement du printemps, privée de sa couche subéreuse, puis desséchée, Ainsi préparée, elle se présente sous la forme de larges fragments aplatis, colorés en jaune de rouille, et striés à la surface, surtout en dedans. Cette écorce est souple, fibreuse, pee que inodore, et possède une saveur un peu astringente. Structure mieroscopique. — Le liber, qui est la seule partie officinale de l'écorce, est formé de cellules parenchymateuses à parois épaisses, allongées tangentiellement, au milieu desquelles sont disposées quelques grandes cellules à mucilage, tandis que les autres contiennent une matière colorante d’un rouge brun. Le mucilage forme, en dedans des cellules, des dépôts stratifiés. De larges faisceaux à fibres sont disposés en cercles réguliers avec lesquels alternent des zones de parenchyme, et sont coupés par des rayons médullaires étroits et rougeâtres, formés cha- cun de deux à trois rangées radiales de cellules. Les faisceaux libériens sont formés de nombreuses fibres allongées, épaisses de 30 millièmes de (1) Le docteur Prior fait remarquer que le nom de l'Orme, en nhsinis El, est à peu près identique dans tous les dialectes germaniques et scandinaves, mais que sa racine ne se trouve dans aucun d’entre eux, et que ses différents noms ne sont qu’une adapta- tion du mot latin Ulmus (Popular Names of British Plants, ed.9, 1870, 71). - a Leechdoms, Wortcunning and Starcraft of Early England, + 0... CockAYNE, 4 Ein. mn 99, 127 et x, Dans les recettes ngieines, on trouve à la fois, Em HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 301 millimètre, à cavité étroite, et parfois d’un certain nombre de fibres plus larges à parois transversales poreuses (vaisseaux cribriformes). Chaque cellule cubique du parenchyme libérien voisin renferme un gros cristal, rarement bien défini, d’oxalate de calcium, Composition chimique, — Le principe constituant soluble le plus important de l'écorce d'Orme est le mucilage, et une petite quantité d'acide tannique. La décoction de cette écorce fournit un précipité bran sous l'influence du perchlorure de fer; la décoction diluée prend sous l'influence de ce réactif une coloration verte. L'amidon y manque d’or- dinaire, ou n’existe que dans l'écorce moyenne, qui est habituellement rejetée. L'Orme laisse exsuder pendant l'été une gomme qui, au contact de l'air, se convertit en une masse insoluble brune, nommée Ulmine. Cette dénomination a été étendue à divers produits de décomposition de corps organiques, dont la nature et les affinités ne sont que peu connues (1). Usages. — On prescrivait autrefois l'écorce d'Orme en décoction, comme astringent mucilagineux léger; son emploi est à peu près aban- donné aujourd’hui. > Les Ormes (Ulmus Tourneronr, Inst., 601, t. 372} sont des Ulmacées de la tribu des Ulmées, à fleurs hermaphrodites ou polygames ; apétales ; à réceptacle cupuli- forme ; à ovaire supère primitivement biloculaire, puis uniloculaire et uniovulé, surmonté de deux styles: à fruit sec et ailé. * L’Ulmus campestris L. (Species, 327) est un arbre à tronc ordinairement plus où moins contourné, recouvert d’une écorce rugueuse et crevassée, et à branches éta- lées, arrondies, irrégulières, courbées en zigzag, couvertes d’un feuillage abondant, Les feuilles sont alternes, pétiolées, longues de 5 à 6 centimètres et larges de 2 à 3 centimètres, atténuées aux deux extrémités, inégales à la base, doublement serre- tées sur les bords, colorées en vert foncé, et très-rudes au niveau de la face supé- rieure, plus pâles et moins rudes en dessous, avec une nervure médiane très-sail- lante sur la face inférieure, émettant de nombreuses nervures secondaires, transver- sales, parallèles, munies chacune, au niveau de leur origine, d’une petite touffe de poils. Chaque feuille est accompagnée de deux petites stipules latérales qui tombent de bonne heure. Les fleurs se développent beaucoup plus tôt que les feuilles, par l'épanouissement des bourgeons inférieurs des rameaux. Elles sont disposées en fas- cicules serrés, arrondis, colorés en pourpre foncé. Elles sont à peu près sessiles, et ac- compagnées chacune d’une bractée oblongue, à bords frangés. Dans la fleur mâle, le périanthe est formé de quatre divisions égales entre elles, connéés à la base, imbri- quées en quinconce dans le bouton, et insérées sur les bords d’un réceptacle eupuli- forme. Les étumines sont en même nombre que les sépales, et insérées en face d'eux sur la face interne de la coupe réceptaculaire, Elles sont formées chacune d’un filet libre et d’une anthère colorée en pourpre foncé, biloculaire, extrorse, déhiscente par deux fentes longitudinales. Le pistil est inséré dans le fond du réceptacle. Il est formé (1) Gmeui, Chemistry, 4866, XVII, 458. 302 ULMACÉES. d’un ovaire supère, primitivement biloculaire, mais rendu uniloculaire par avorte ment de l’une des loges, surmonté de deux styles élargis, couverts sur leur face in- terne de papilles stigmatiques. La loge ovarienne contient un seul ovule anatrope, inséré sur la cloison de la loge avortée, suspendu, à micropyle dirigé en haut et en dehors. Le fruit est une samare oblongue ou presque obovale, aplatie, colorée en brun pâle, un peu brillante, offrant au niveau de son extrémité supérieure une échan- crure profonde bordée par les styles, dont les faces externes se continuent avec les bords de la samare. La graine renferme un embryon dépourvu d’albumen, [Tra.] ÉCORCE D'ORME ROUGE. Slippery Elm Bark. _ Origine botanique. — [nus fulva Micuaux. L'Orme rouge est un arbre de petite ou de moyenne taille, ayant rarement plus de 9 à 12 mètres de haut. Il croît sur le bord des cours d’eau, dans le centre et le nord des Etats-Unis, depuis le New-England occidental jusqu’au Vis- consin et au Kentucky. On le trouve aussi dans le Canada (a). . Historique. — Les Indiens de l'Amérique du Nord attribuent à l'écorce de l’Orme rouge des propriétés médicinales : ils lemploient en applica- tions externes contre les plaies, et en décoction, contre les maladies des reins. En Europe cette écorce était connue sous le nom de Cortex un- guentarius (Schüpf, Materie medica Americana, Erlanger, 1787). Bigelow, en 1824, fait remarquer que les propriétés mucilagineuses de la por- tion interne de l'écorce sont bien connues. Description. — L’écorce de l'Orme rouge employée en médecine est constituée uniquement par le liber. Elle se présente en grands morceaux aplatis, souvent longs de 60 à 90 centimètres, et larges de plusieurs pouces, ordinairement épais de 4 à 2 millimètres, souples et fibreux. Leur coloration est d’un brun rougeâtre clair: leur odeur ressemble à celle du fenugrec, et est également présentée par les feuilles de l'arbre; leur saveur est simplement mucilagineuse. Pour recueillir l’écorce on détruit l'arbre, et on ne prend aucun soin pour sa reproduction, parce que son bois est à peu près sans valeur. La drogue diminue ainsi d'année en année, Les collecteurs, qui autre- fois en retiraient de grandes quantités de New-York et des Etats de l'Est, sont aujourd'hui obligés d’aller la chercher dans les Etats de _ l'Ouest (1). me ee . | _ Structure microscopique. — Sur une section transversale, on observ _ roceedi 95 of the American Pharmaceutical Association, 1873, XXI, 4358. : É HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 303 une série de couches ondulées de larges faisceaux jaunâtres de fibres libériennes jaunes, alternant avec de petites bandes de parenchyme brun. Le tissu entier est traversé par de nombreux rayons médullaires étroits, et entremêlé de larges conduits intercellulaires à mucilage. Pour observer ces derniers, il faut humecter les coupes longitudinales avec de la benzine, parce que les liquides aqueux déterminent une grande altération. Sur les coupes longitudinales, les canaux à mucilage paraissent longs de 70 à 100 millimètres, et contiennent des masses incolores de mucilage, qui offrent de nombreuses couches très-visibles. Le parenchyme voisin contient des cristaux d’oxalate de calcium, et de petits grains d'amidon qu'on ne trouve pas dans les conduits ? à muci- lage. Composition chimique, — Le principe constituant le plus intéressant de cetteécorce est le mucilage. Il est enlevé par l’eau chaude ou froide, mais sans former de solution véritable. L'écorce, humectée avec 20 par- ties_ d'eau, se gonfle beaucoup, et est bientôt enveloppée par une couche épaisse de mucilage neutre, qui n’est altéré ni par l’iode, ni par le perchlorure de fer. Ce mucilage dilué, même avec trois fois son - volume d’eau, ne laisse filtrer que quelques gouttes. Le liquide qui filtre est précipitable par l’acétate neutre de plomb. Quand on ajoute de l'alcool absolu, le mucilage ne se trouble pas, mais forme un dépôt fluide, transparent et incolore. Usages, — L'écorce d'Orme rouge est émolliente comme l’Althæa et le Lin. On utilise beaucoup sa poudre (1), en Amérique, pour faire des cataplasmes. Elle passe pour jouir de la propriété de préserver le lard contre la raucidité; pour cela il suffit de la mélanger avec le lard, et de la laisser en contact avec lui pendant un FBeR de temps. | (a) L'Ulmus fulva Micuaux (Flor. Bor.-Amer., 1, 172) se distingue de l'Umus campestris L. par ses feuilles grandes, ‘chlohgues, acuminées et aiguës au som- met, inégales, obtuses où subcordées à la base, doublement serretées, à dents larges, pubescentes en dessous, couvertes en dessus de poils rudes ; ses bourgeons à écailles internes et à bractées munies de poils rouges et serrés ; pe fleurs réunies en capitules subglobuleux et denses; ses samares oblongues, courtement hp. ” à ailes plus ou moins glabres et à due pubérulent. (Tran. mn Celle qu’on vend en Amérique est souvent mélangée de substances féculentes. 304 EUPHORBIACÉES. EUPHORBIACÉES GOMME-RÉSINE D'EUPHORBE. Euphorbium ; angl., Gum Euphorbium ; allem., Euphorbium. Origine botanique, — Z'uphorbia resinifera BerG. C'est une plante vi- vace, aphylle, glauque, semblable à un Cactus, atteignant 1",80 ou davantage de haut. Sa tige est dressée, charnue, quadrangulaire, chaque face ayant à peu près 3 centimètres de large. Les angles de la tige sont munis, de distance en distance, de paires d'épines droites, divergentes, horizontales, longues de 15 millimètres environ, con- fluentes à la base en un disque ovale, subtriangulaire. Ges épines re- présentent des Stipules. Au-dessus de chaque paire existe une dépres- sion qui indique la place d’un bourgeon à feuille. Les inflorescences sont disposées au sommet des rameaux. Chacune est formée de trois fleurs, dont les deux extérieures sont portées par des pédicelles. Le fruit est formé de trois coques; il est large de 6 millimètres, et formé de carpelles comprimés et carénés (a). Cette plante est originaire du Maroc. Elle croît sur les pentes infé- rieures de l'Atlas, dans la province méridionale de Suse. Le docteur Hooker ét ses compagnons de voyage la trouvèrent, en 1870, à Imsfuia, _ au sud-est de la ville de _ Ce point paraît être sa limite occiden- tale. Historique. — La gomme-résine d'Euphorbe était connue des anciens. Dioscoride (1) et Pline (2) décrivent sa récolte sur le mont Atlas, en Afrique, et signalent son extrême âcreté. D’ après le dernier de ces écrivains, le nom de cette drogue lui a été donné en l'honneur d'Eu- phorbus, médecin de Juba If, roi de Mauritanie, Ce monarque, qui mou- rut après un long règne, en l'an 18, est remarquable par ses œuvres littéraires ; il est l’auteur de plusieurs ouvrages (3), parmi lesquels se trouvent des traités sur l’opium et sur la gomme-résine d'Euphorbe. Ce dernier ouvrage était apparemment répandu à l'époque de Pline. La gomme-résine d'Euphorbe est également mentionnée par de nom- breux écrivains anciens sur la médecine, notamment par Rufus Ephe- = Li. In, o. 86. ML X à 4; lib, XXV, c. 38. Las nn au] # __— Biograph 1846, ü, 626. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 305 sius, qui vivait probablement à l’époque de Trajan; par Galien, au pre- mier siècle; par Vindicianus et par Oribase au quatrième siècle. Aëtius et Paul d’Æginète, qui vivaient, le premier au sixième, et le second au septième siècle, connaissaient aussi cette gomme-résine. Elle était éga- lement connue de l'Ecole médicale arabe. Gette drogue est inscrite dans toutes les anciennes pharmacopées imprimées. La plante qui fournit la gomme-résine d'Euphorbe fut décrite pour la première fois, au commencement de notre siècle, par un marchand anglais nommé Jackson, qui résida pendant plusieurs années au Maroc. D'après les figures qu'il publia (1). l'espèce fut: identifiée, avec doute, avec l’£uphorbia canariensis, grand arbuste semblable à un cactus, qui croît sur les rochers nus et arides des îles Canaries. En 1849, il fut si- gnalé dans le (Admwralty) Manual of Scientific Enquiry, que les tiges, dont les fragments sont mélangés à la gomme-résine d'Euphorbe du commerce, ne ressemblent pas à l’£. canariensis. Berg poussa cette étude plus loin, et dressa enfin, d’après ces fragments, une description botanique à laquelle il ajouta une excellente figure (2), et créa une es- pèce nouvelle sous le nom d’Æuphorbia resinifera. La justesse de ses observations a pu être vérifiée sur des individus (3) qui ont élé envoyés au jardin de Kew, et qui maintenant sont en pleine prospérité. Récolte, — On obtient la gomme-résine d'Euphorbe à l’aide d’incisions pratiquées sur les branches vertes et charnues de la plante. Ces inci- sions fournissent une exsudation abondante d’un suc laiteux qui durcit à l’air, et se dessèche sur la tige le long de laquelle il coule. On le re- cueille vers la fin de l'été. L’âcreté de ce suc est telle que les collec- teurs sont obligés de se couvrir la bouche et les narines pour les mettre à l’abri de sa poussière irritante. La drogué passe pour être recueillie dans les districts situés à l’est et au sud-est de la ville de Maroc, Description, — La drogue se présente en morceaux irréguliers, ayant rarement plus de 2 centimètres et demi de diamètre, colo- rés en jaune foncé; offrant un aspect cireux, et mélangés de frag- ments anguleux et épineux de la tige. Un grand nombre de morceaux contiennent des louffes d'épines et de pédoncules Ms sont (1) Account ofthe Empire of Morocco and the district of Suse, Lond., 1809, 81, t. 7, — Cette planche représente une plante entière, et aussi une portion de branche de gran- deur naturelle. Cette dernière est réellement la figure d’une espèce différente, proba- blement celle qui a été récemment nommée par Cosson Euphorbia Beaumierana. (2) BerG et Scumivr, Offisinelle Gewächse, 1863, IV,t.2%4,d. (3) Ils ont été récoltés par M. William Grace, te nu par M. c. F, Cur- stensen, vice consul d'Angleterre à Mogador. HIST. DES DROGUES, T. li … . . 20 306 EUPHORBIACÉES. creusés en gouttière, La gomme-résine est cassante et translucide ; des lames minces, examinées sous le microscope, n’offrent aucune struc- ture, même dans la lumière polarisée; on n’y trouve pas de grains d’amidon. L'odeur de la drogue est un peu aromatique, surtout quand on la chauffe; cependant 10 livres soumises à la distilla- tion ne fournirent pas du tout d'essence. Son goût est très-âcre et persistant ; sa poussière provoque l’éternument, et, lorsqu'on inhale la drogue pulvérisée, il se produit des phénomènes alarmants. Composition chimique, — D’après les analyses faites par l’un de nous (1), la gomme-résine d'Euphorbe offre la composition suivante : Résine amorphe, C?H320#,,,,,.,...... 38 Euphorbone, C2#H#02.,........... .., 22 Mucilage..…....... ie ou SPSRELÈR, US 18. Malates, surtout de calciumet de sodium. 12 Gomposés Minérauf , . 5.4... 10 100 La résine amorphe se dissout facilement dans l'alcool contenant 30 pour 100 d’eau. Cette solution ne possède pas de réaction acide, mais sa saveur est très-âcre et brûlante. C’est à cette résine amor- phe et neutre que la gomme-résine d'Euphorbe doit son extrême àâcreté. Après que ce principe constituant a été enlevé, l’éther s'empare de l'Euphorbone, qu'on peut obtenir en cristaux incolores, mais mal définis, et doués au début d’une certaine âcreté. Par cristallisations répétées, et ébullition dans une solution faible de permanganate de potassium, on peul les purifier au point de les rendre tout à fait insipides. L’euphorbone est insoluble dans l’eau ; elle exige, pour se dissoudre, à la température ordinaire, 60 parties environ d'alcool à 0,830. Elle se dissout abondam- ment dans l'alcool bouillant, dans l'éther, la benzine, l'alcool amylique, | le chloroforme, l'acétone et l'acide acétique froid. Elle fond à 116 de- grés G. sans émettre. aucune odeur. Par distillation sèche, on en retire une substance qui exige de nouvelles recherches. Lorsqu'on abandonne une dissolution alcoolique d'euphorbone en couche mince dans une capsule en porcelaine, et qu'on y ajoute ensuite un peu d'acide sulfurique, il se produit au contact d’une goutte d’acide nitrique une belle coloration violette. La même réaction est offerte par (0) Futomicen, in Vieréeljahresschrift für prakt. Pharmacie dé Wimrsrein, 1868, {VII 82-102. — La drogue analysée consistait en fragments choisis, débarrassés de = HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 307 la lactucérine (voy. IL, 31), à laquelle l re mg ressemble par la plupart de ses caractères. On peut retirer le mucilage de la partie de la drogue qui a été épui- sée par l'alcool froid et par l’éther. L'acétate neutre de plomb, le sili- | cate et le borate de sodium, le précipitent, ce qui n’a pas lieu avec la gomme arabique. Lorsqu'on mélange un extrait de gomme-résine d'Euphorbe avec de l'alcool, et qu'on évapore le liquide, le résidu prend une apparence cris- talline, et offre la réaction de l'acide malique. Si on le soumet à la distil- lation sèche, il se produit, par décomposition de l’acide malique, des écailles blanches et des cristaux aciculaires d'acide Maléique et d'acide Fumarique, qui se subliment dans le sommet de l'appareil. On peut parfois obtenir une sublimation analogue en chauffant des fragments de gomme-résine d'Euphorbe. Parmi les principes minéraux de cette drogue il faut noter les chloru- res. de sodium et de calcium ; on y trouve à peine des traces de sels de potassium. Commerce, — La gomme-résine d’Euphorbe est expédiée de Moga- dor. La quantité importée dans le Royaume-Uni, en 1870, a été, d'a- près l’Annual Statement of trade, de 12 quintaux. Usages. — La gomme-résine d’Euphorbe était autrefois employée comme émétique et purgative, mais elle est, aujourd’hui, tout à fait abandonnée comme médicament interne. Nous avons entendu dire qu’elle était recherchée comme ingrédient de peintures pourles carènes des bâtiments. ; (a) Les Euphorbes (Euphorbia L., Gen., 243) constituent le type d’une série d'Eu- phorbiacées à fleurs ordinairement hermaphro- dites, régulières ou irrégulières, munies d’un calice en forme d’involucre, accon.pagné de glan- des qui alternent avec ses divisions, d’étamines à filets articulés, d’un ovaire stipité, et de glandes ou de bractéoles disposées en faisceaux alternes avec les groupes d’étamines. Parmi les espèces très-nombreuses qui consti- tuent le genre Euphorbia, l Euphorbia resinifera BERG ne constitue une exception que par son port de Cactée, mais ses fleurs offrent l’organisation générale du genre. Elles sont polygames et régu- lières. Le réceptacle est creusé en forme de coupe profonde, et porte cinq sépales arrondis, imbri- qués en quinconce dans la préfloraison, étalés après l’anthèse, En dedans du ge sont des Ann peu développés, re Fig. 225, Euphorbia resinifera. Sommet de rameau florifère. 308 | EUPHORBIACÉES. à ses divisions. L’androcée est constitué par un nombre indéfini ordinairement peu considérable d’étamines formées chacune d’un filet articulé, et d’une anthère bilocu- laire, déhiscente par deux fentes longitudinales, latérales. Dans l'intervalle des étamines se trouvent un très-grand nombre de languettes charnues. Le gynécée est . supporté par un long pédicule formé par le prolongement de la partie centrale du ré- ceptacle. [lest constitué par un ovaire arrondi, triloculaire, surmonté d'un style tri- fide. Chaque loge contient un ovule anatrope, inséré dans l’angle interne, descendant, à raphé tourné vers le placenta, à micropyle dirigé en haut et en dehors, et coiffé d’un obturateur formé par un épaississement 1ééalisé du placenta. Le fruit est une capsule triloculaire, contenant dans chaque loge une seule graine à albumen abon- dant, et à embryon droit, [TRrAD.] GRAINES DE GROTON TIGLIUM. Semen Tigli; Semen Crotonis ; Graines de Tilly où des Moluques, Petits Pignons d'Inde ; angl., Croton Seeds ; allem., Purgirkôrner, Granatill. Origine botanique. — Coton Tiglium L. (Tiglium officinale Korzscu). C'est un petit arbre de 5 à 6 mètres de haut, indigène de la côte de Ma- labar et de Tavoy, cultivé dans les jardins de plusieurs contrées de l'Orient, depuis Maurice jusque dans l'archipel indien. Ses fleurs sont petites, peu visibles ; ses fruits sont des capsules brunes, à trois loges, contenant une seule graine chacune. Les feuilles ont une odeur désa- gréable et une saveur nauséeuse (a). Historique, — En Europe, les graines et le bois de l'arbre furent dé- crits, pour la première fois, en 1578, par Christoval Acosta. Les pre- mières étaient accompagnées d’une figure de la plante, et désignées sous le nom de Péñones de Maluco (4). La plante fut aussi décrite et figurée par Rheede (2), en 4679, et par Rumphius (3), en 4743. Les graines, introduites dans la médecine au dix-septième siècle, puis tout à fait abandonnées, furent recommandées, vers 1812, par les médecins anglais de l'Inde (4), et l'huile qu’on en retire par expression fut pré- conisée par Perry, Frost, Conwell et d’autres, vers 4821-1824. L'huile alors en usage était importée de l'Inde, et sa pureté était souvent douteuse, de sorte que les droguistes se virent dans la nécessité de presser eux-mêmes. les graines. (1) Traciadé ” a y medicinas de ias Indias Orientales, Burgos, 1578, c. 48. = ms Sp © des AA des graines il ajoute : « Fambièri las buenas mugeres aquellas partes, amigas de sus ma les dà hasta atro d mms a los pobretos al otro mundo.» e sé; Rs ei 4 ns Re Re (3) Herbarium Amboinense, IV, t. IR ue. Re INSLIE, Mat. Med. o, Hindustan, 1813, 202. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 309 Description. — Les graines de Croton ont à peu près 45 millimètres de long et 1 centimètre de large. Elles sont ovoïdes ou oblongues, obtuses, divisées, dans la longueur, en deux parties inégales, l’une convexe, répondant à la face dorsale, l’autre aplatie, correspondant à la face ventrale. Du hile, part une ligne saillante, droite, le raphé, qui va jusqu'à l’autre extrémité de la graine, où elle se termine par un point plus foncé, qui indique la chalaze. La surface de la graine est plus ou moins couverte d’une couche colorée en brun-cannelle clair, qui met à nu, lorsqu'on l’enlève, un testa noir, doublé d'une couche interne mince et délicate. Les téguments recouvrent une amande blanchâtre, huileuse, facilement séparable en deux parties, qui représentent un albumen huileux, et entre lesquelles se trouvent deux cotylédons foliacés, larges, munis de nervures saillantes, et la radicule de l'embryon. La saveur de la graine est d'abord simplement oléagineuse, mais elle devient bientôt désagréable et âcre ; elle est très-persistante. Stracture microscopique. — Les téguments sont formés par une cou- che extérieure de cellules disposées radialement, très-aflongées, et à pa- rois épaisses. La couche parenchymateuse intérieure contient de petits faisceaux fibro-vasculaires. Le tissu mou de l’albumen est rempli de gouttes d'huile grasse. Après qu'on a enlevé cette dernière au moyen de l’éther et d'une lessive faible de potasse, il reste des petits granules de matière albuminoïde, de l’aleurone, et des cristaux d’oxalate de cal- cium. Composition chimique, — Le principal corps constituant des graines de Croton est l'huile grasse, Oleum Crotons ou Oleum Tigli des phar- macies. L'amande en fournit 50 à 60 pour 400. Celle qu’on empioie en Angleterre est, en majeure partie, fabriquée à Londres, et regardée, avec raison, comme préférable à celle qu’on importe de l'Inde et qui, autre- fois, figurait seule sur le marché. L'huile de Croton est transparente, visqueuse; elle a la couleur du sherry; elle est un peu fluorescente, et possède une odeur un peu rance, et une saveur huileuse, âcre. Sa solu- bilité dans l'alcool paraît dépendre beaucoup de son âge et de la frai- cheur plus ou moins grande des graines dont elle a été retirée. L'huile oxydée ou résinifiée est celle qui se dissout le plus facilement (1). Une huile extraite par l’un de nous, au moyen du bisulfure de ass) s’est montrée lévogyre. Quoique Phuile de Croton ne se mie ne au 1 contact de l'acide © (1) WaRRINGTON, H Pharm. Journ., 1865, VI, sat x M 2e ven 310 EUPHORBIACÉES. nitrique, et qu'elle s'épaississe un peu par exposition à l’air, elle ne paraît pas contenir l'acide grâs des véritables huiles siccatives. Elle contient, cependant, sous la forme de glycérides, plusieurs des membres de la série des acides gras (CrH?0?), tels que les acides stéarique, palmitique, myristique et laurique; elle contient aussi des acides plus volatils, tels que les acides acétique, butyrique et valéria- nique. La partie volatile des acides fournis par l'huile de Croton ést for- mée, pour un tiers environ de son poids, d’un acide qui a été regardé par Schlippe, en 1858, comme l'acide angélique, mais que Geuther et Frülich ont montré, en 1869, être un,corps particulier, métamé- rique de l'acide angélique, fondant à 65° C. et bouillant à 198,5 C. IL a été nommé, par ces chimistes, acide Tiglinique, et a pour for- mule CHSO?. Schlippe a trouvé aussi, dans l'huile de Croton, un acide liquide par- ticulier nommé acide Crotonique, C*H°0?, Cependant, d'après Geuther et Frülich, aucun acide de cette formule ne se trouve dans l'huile de Croton, mais on peut déterminer artificiellement sa production au moyen du perchlorure de phosphore et de l'acide éthyldiacétique. Ils lui donnent le nom d'acide Quarténylique au lieu de celui d’acide Croto- be Ce dernier nom a été donné à un acide cristallisable, fondant 72° G. et bouillant à 472° C., artificiellement préparé par Will et Hérit (1863), Wislicenus (869) et d’autres chimistes. Le principe drastique de l'huile de Croton n’a pas encore été isolé. IL paraît exister non-seulement dans les graines, mais encore dans le bois et dans les feuilles de la plante. On le retire plus facilement de ces der- nières. Schlippe prétend avoir séparé la matière vésicante de l'huile de Croton, D'après ses observations, lorsqu'on agite l'huile de Croton avec de la soude alcoolique, puis avec de l’eau, la liqueur qui surnage est dépourvue d’âcreté, tandis que la solution alcoolique abandonne, par addition d'acide chlorhydrique, une petite quantité d’une huile brune, foncée, nommée Crotonol, CSH#0*, qui Phys des propriétés vésicantes énergiques. Nous n’avons pas réussi à obtenir ce corps. Les téguments des graines donnent, par l’incinération, 2,6 pour 100 de cendres. L'amande desséchée à 190° G. en donne 3,0 pour 400. Commerce. — Les embarquements de graines de Croton se font par- ticulièrement à Bombay et à Cochin. Elles sont expédiées en caisses, en balles ou en sacs. Il n ’existe pas. de srainiqne indiquant le chiffre . de ce commerce. ner On n n'aminisre pas. directement les “graines, de pe: HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE, 311 On donne l'huile à l’intérieur comme cathartique puissant, et on l’ap- plique à l'extérieur pour déterminer de la rubéfaction (4). Substitution. — On dit que les graines du Croton Pavanæ HaAMiIzroN, qui sont originaires d'Ava et de Gamrup, dans lAssam, et celles du Croton oblongifolius Roxs., petit arbre commun dans les environs de Cal- cutta, ressemblent à celles du €. Tiglium, mais nous n’avons pas pu les comparer. Celles du Zahospermum montanum Muzr. AG, (Croton polyandrum Roxs.) partagent les propriétés des graines du €, Tiglium et sont, d'après Roxburgh, employées comme purgatives par les indi- gènes de l'Inde. (a) Les Croton L. (Genera, 1083, ex parte) constituent le type d’une série d'Euphorbiacées. [ls ont des fleurs dioïques ou monoïques, pentamères, pétalées ; à disque glanduleux ; à éta- mines en nombre limité ou à peu près limité ; à filets staminaux recour- bés dans le bouton ; à loges ovarien- nes uniovulées ; à fruit tricoque (voy. H. Bacon, Histoire des plan- tes, V, 129, 215). Le Croton Tigliun L. (Species, 1004) est une plante à ramuscules et à pétioles glabres ; à feuilles alter- nes, pétiolées, simples, accompa- gnées de deux stipules latérales su- bulées. Le pétiole est ordinairement deux ou trois fois plus court que le . Jimbe, qui est long de 8 à 16 centi- mètres et large de # à 7 centimètres, jaune, ovale, aigu au sommet, obtus ou subobtus à la base, plus ou moins crénelé-serreté sur les bords, parfois presque entier, muni à la base de deux glandes sessiles, parcouru de nervures latérales très-obliques par rapport à la nervure médiane ou à peu près longitudinales. Les stipules sont longues de 3 millimètres, étalées et ; un peu recourbées. Les fleurs sont es dalle srapots suutifiôréss tér- Fig. 226. Crolon diglium.… minales, les mâles occupant le sommet de l'inflorescence, tandis que les faibles, ordinairement peu nombreuses, sont situées dans la partie inférieure. Chaque fleur est située dans l’aisselle d’une bractée lancéolée, subulée, et portée par un pédicelle plus long que le calice, très-grêle dans les fleurs mâles, et muni de deux petites bractées secondaires. Le réceptacle floral est convexe. Dans la fleur mâle, le calice 312 EUPHORBIACÉES. est formé de cinq sépales unis à la base, ovales, membraneux et blanchâtres sur les bords, munis de bouquets de poils rigides, et imbriqués en quinconce dans la pré- floruison. La corolle est formée de cinq pétales alternes avec les sépales, imbriqués dans le bouton, munis sur les bords de longs poils soyeux, à peu près de même lon- ice. En dedans de la corolle, existe un verticille de petites glandes alternes avec les pétales, L'androcée se compose de quinze à dix- huit étamines disposées sur plusieurs verticilles normalement com- posés chacun de cinq pièces; celles du premier verticille, plus grandes, alternant avec les cinq pétales, celles du deuxième verti- cille étant plus petites et alternes avec les premières. Les filets sta- minaux sont glabres, indépendants les uns des autres, incurvés dans le bouton, terminés chacun par une anthère basifixe, bilocu- laire, introrse, déhiscente par deux fentes longitudinales, Il n'existe Fig. 297. au centre de la fleur mâle aucun rudiment d’ovaire. Dans la fleur Croton Tiglium. femelle, le calice est formé de cinq sépales ovales-lancéolés, un peu Fruit, réfléchis en dehors après l’anthèse, persistants, valvaires dans la préfloraison. La corolle est représentée par cinq pétales alternes avec les sépales, beaucoup moins développés que dans la fleur mâle, réduits à l’état de languettes subulées, épaissies au sommet. En dedans, se trouvent cinq glandes plus dévelop- pées que dans la fleur mäle et alternes avec les pétales. Le gynécée est formé d’un ovaire supère, à trois loges, couvert de poils étoilés, et surmonté d'un style simple et cylindrique dans le bas, mais bientôt divisé en trois branches qui elles-mêmes se subdivisent chacune en deux lames grèles, recourbées en dehors, enroulées sur elles-mêmes, et terminées en pointe. Chaque loge ovarienne contient un seul ovule © anatrope, inséré vers le haut de l'angle interne de la loge, descen- chti Poe dant, à micropyle dirigé en haut et en dehors, et recouvert d’un ET EEE opercule produit par un épaississement localisé du placenta. Le fruit est une capsule elliptique, longue de 2 centimètres et large de 15 à 18 millimètres, parcourue par six sillons, dont trois profonds qui répondent aux points de contact des trois carpelles, et trois superficiels situés au niveau de la ligne médiane dorsale de chaque carpelle. A la base du fruit, se trouve le calice persistant, non accru, desséché, A la maturité, la capsule est entièrement glabre ; les trois carpelles ou coques se séparent alors l’un de l’autre, en abandonnant une colu- melle centrale qui répond au prolongement de l'axe floral. Chacun d’eux s'ouvre ensuite en deux valves, à la fois par sa face ventrale et par sa face dorsale, et met à nu une seule graine descendante, à micropyle recouvert d’un arille charnu. La graine renferme un embryon droit, à cotylédons foliacés, situé au centre d’un albumen abondant et huileux. [Tran.] | … (b) L'huile de Croton Tigliam est un médicament assez énergique pour devoir être manié avec de grand | à es précautions, Prise à l'intérieur, elle purge énergique- ment à la dose de quelques gouttes, et peut, par cons’quent, être prescrite avec avantage aux personnes qui Supportent difficilement huile de Ricin. Appliquée sur la peau, elle détermine, au bout de douze à vingt-quatre heures, de la rubé- faction et une éruption souvent très-intense. A tous ces égards, l'huile de Croton _ St médicament important, trop peu employé peut-être à cause de l'énergie de “ HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 313 ÉCORCE DE CASCARILLE. Cortez Cascarillæ ; Cortex Eleutheriæ ; angl., Cascarilla Bark, Sweet Wood Bark, , Eleuthera Bark (1) ; allem., Cascarill-Rinde, Origine botanique, — Croton Eluteria BENNETT (2). C'est un arbuste ou un petit arbre, originaire des îles Bahama (a). Historique, — Il n’est pas improbable que l'écorce de Cascarille ait été importée en Europe pendant la première moitié du dix-septième siècle, car il existait, à partir de l’année 1630, des communications fré- . quentes entre l'Angleterre et les îles Bahama (3). Quoi qu'il en soit, les plus anciens renseignements que nous possédions sur cette écorce sont dus à Stisser, médecin et professeur à Helmstedt, dans le Brunswick. Il raconte qu’il reeut cétte drogue, sous le nom de Cortex Eleuterii, d'une personne qui revenait d'Angleterre, et qui avait appris dans ce pays qu’on avait l’habitude de la mélanger au tabac à fumer pour améliorer son odeur. Il ajoute que cette écorce a été confondue avec l'Ecorce du Pérou, dont elle diffère beaucoup cependant par son odeur, ete. (4). Stisser, Apinus, professeur à Altorf, et d’autres, prescrivirent cette. écorce comme fébrifuge. Elle ne tarda même pas à être confondue avec l'écorce de Quinquina, et substituée à cette dernière, qui était alors fort rare (5). De là, le nom de Cascarilla, en espagnol petile écorce, qui fut donné à l'écorce de Bahama, et qui était même attribué alors habituellement à l’Ecorce du Pérou. Plus tard même, ce nom remplaça la première dénomination, qui était plus correcte (6). Gette écorce fut introduite, pour la première fois, dans la Pharma- (1) De Eleuthera, une des îles Bahama, ainsi nommée du grec ëhe60:ges, libre ou in- dépendant. (2) Journal of Préceedinge of Linn. Soc., 1860, IV, 29. (3) Cette année-là une patente fut délivrée par Charles Ier pour l'orinilntient d' une Compagnie destinée à coloniser les îles Bahama. Nous possédons les comptes rendus détaillés des travaux de cette compagnie pendant les sept premières années de son existence. Dans quelques-uns de ces documents, il est fait mention de l'introduction ac- complie ou projetée de diverses plantes utiles, te!les que le coton, le tabac, le figuier, le poivre, le grenadier, le ricin, le mürier, le lin, lindigo, la garance et le jalap. Il y est aussi fréquemment question des importations des Îles, mais il n'est pas fait mention de l'écorce de Cascarille (voy. Calendar of State Papers, Colonial Series, 1574- 1660, édit, Sanseury, Lond., 1860, 146, 148, 149, 164, 168, 185, etc) (5 Snisser, Actorum | Laboratorit Chemici specinen secte) Helmestad, 1693, c.1x (5) Georrkoy, Tract. de Mat. med., 1741, II, 202. de. (6) J'ai fait voir dans mes Documente zur Ceschéchié der Pharr vie, Halle, 1876, 75, que cette écorce était connue sous le nom de China No ou Cascarilla, dès 1691, ne e-LR à. En " ds 314 EUPHORBIACÉES. copée de Londres, en 1746, sous le nom d’£leutheriæ Cortex, qui lui fut donné habituellement par les droguistes jusqu’à la fin du dernier siècle. Dans les îles Bahama, le nom de Cascarilla est encore à peine connu, et l'écorce est nommée Sweet Wood Bark (Ecorce de Bois doux) ou Æleu- thera Bark (Ecorce d'Eleuthera) (1). La plante qui fournit l'écorce de Gascarille a été le sujet de beaucoup de discussions, résultant de ce que plusieurs espèces du genre voisin Croton, originaires des Indes occidentales, possèdent des écorces aroma- tiques plus ou moins semblables à la drogue dont nous parlons. Ga- tesby, en 1731, figura une plante de Bahama, Le Croton Cascarilla Bex- NETT, qui produisait probablement l'écorce d’Eleuthera primitive, mais qui, sans aucun doute, ne fournit pas du tout l'écorce de Cascarille du commerce moderne. Woodville, en 1794, et Lindley, en 1838, étudiè- rent la partie botanique de cette question, Le dernier possédait des échantillons authentiques qui lui avaient été fournis par J. C. Lees, de : New-Providence, auquel l'un de nous doit la même faveur. La question ne fut cependant résolue complétement qu'en 1859. A cette époque, J. J. Bennett traça, à l’aide d'échantillons recueillis dans les îles Baha- ma par Daniell, 4857-58, une diagnose très-claire des diverses plantes qui avaient été jusque-là confondues, et débrouilla leur synonymie (2). Description. — L'écorce de Cascarille se présente en morceaux tubu- leux ou pliés en gouttière, un peu grossiers et irréguliers, ayant rarement plus de 40 centimètres de longueur, et A centimètre et demi de diamètre. La plus grande partie de celle qu’on importe aujourd'hui est en tubes ou en fragments minces, très-petits, ayant à peine 3 centi- mètres de long, et provenant sans aucun doute de rameaux très-jeunes. Les écorces les plus jeunes sont revêtues d’une couche mince de suber, qui se détache facilement, et qui est couverte de plaques blanches argen- : tées, d’un petit lichen, le Verrucaria albissima Acn., dont le périthèce forme de petites taches noires. Les vieilles écorces sont plus rugueuses, fendillées dans le sens de la longueur, et munies. de fissures transver- sales moins nombreuses, Au-dessous de l'enveloppe subéreuse, l'écorce offre une coloration d’un brun grisâtre. L'écorce de Cascarille se casse facilement. Sa cassure est courte et offre un aspect résineux. Son odeur est très-prononcée; elle est particulièrement agréable lorsqu'elle sta de plusieurs livres d'écorce rédnise en Raids grossière et a) Mun, RS medicaminum, 1787, 1 128. _ “Mann, Encyklopädie HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 315 enfermée dans un vase. Sa saveur est amère el nauséeuse. Elle exhale en brülant une odeur aromatique, et entre dans la composition des pas- tilles employées pour les famigations. Caractères microscopiques. — La couche subéreuse est formée de nombreuses rangées de cellules tabulaires, dont les plus extérieures ont des parois très-épaisses. Le mésophlœum offre sa structure habituelle. Il contient de l’amidon, de la chlorophylle, de l'huile essentielle, des cristaux d’oxalate de calcium, et une matière colorante brune. Gette dernière prend une coloration d’un bleu foncé sous l'influence du per- sel de fer. Le liber est formé de parenchyme et de fibres entrecoupés par des rayons médullaires étroits. Sur une section transversale, les faisceaux fibreux offrent un contour cunéiforme; ils sont formés, en majeure partie, non de cellules libériennes ordinaires, mais de cellules cylindriques, dont les parois transversales sont perforées comme un crible (vasa cribriformia). On y trouve aussi des vaisseaux laticifères. Le contenu de la partie parenchymateuse du liber est le même que celui du mésophlœum. Les cristaux d’oxalate de calcium offrent une apparence particulière (4). Composition chimique. — L'écorce de Cascarille contient une huile volatile qu’elle fournit dans la proportion de 4 à 3 pour 100. D’après Vülekel, la première partie qui distille est incolore, mobile, et réfracte fortement la lumière ; la suivante est jaunâtre et un peu visqueuse, et la dernière est très-épaisse. Ce chimiste considère l'huile volatile brute comme un mélange d'au moins deux essences, dont la plus volatile ne contient probablement pas d'oxygène (1). Gladstone, en 1872, attribua à l’hydrocarbone de l'huile de Cascarille la composition de l'essence de térébenthine. L’essence de Cascarille rectifiée, distillée il y a quelques années par l’un de nous, dévie la lumière polarisée de 2°,9 à Pr en colonne de 50 millimètres de long. L'écorce de Cascarille a donné à Trommsdorff 43 pour 100 de durs consistant en deux parties, l’une acide, soluble dans les alcalis, l'autre indifférente. Elle paraît contenir de lagomme dans la même Rr Le principe amer de l'écorce de Cascarille a été isolé, en 4845, par Duval, et nommé Cascarilline. G. et E. Mylius, en 1873, l'ont retirée d’an dépôt formé dans un extrait officinal, sous la forme de prismes microsco- piques, facilement solubles dans l’éther et dans l'alcool chaud, très-peu dans l’eau, le chloroforme et l’alcool étendu. Ja foutent à 205° C., et ne (1) Ceux, end, sébr: XIV, 568. 316 EUPHORBIACÉES. sont pas volatils. Ge corps n’est pas un glucoside, Sa composition répond à la formule C?H#0*, | Commerce, — L'écorce de Cascarille est expédiée de Nassau, prinei- pale ville de New-Providence (Bahama). Elle est ordinairement emballée dans des sacs. La quantité importée dans le Royaume-Uni, en 1870, fut de 12261 quintaux, évalués à 16482 livres sterling. Usages. — On prescrit l'écorce de Cascarille comme tonique, ordi- nairement sous la forme de teinture ou d’infusion. Falsification, — On a récemment signalé sur le marché de Londres une écorce fausse de Cascarille, Elle provenait de Bahama, et était mé- langée avec l'écorce véritable, à laquelle elle ressemble beaucoup. Ses tubes ressemblent aux tubes les plus gros de l'écorce de Cascarille ; ils sont couverts d’un lichen, mais ce dernier n'offre pas la blancheur ar- gentée du Verrucarsa de la Cascarille, Cette écorce fausse offre une écorce subéreuse qui ne se détache pas ; sa surface interne est colorée en brun rosé, et nettement striée dans le sens de la longueur ; par sa structure microscopique, elle ressemble à l'écorce de Cascarille véri- table, et encore davantage à l'écorce de Copalchi, Cependant, elle est facile à reconnaître à ses nombreux groupes arrondis de cellules sclérenchy- mateuses, très-visibles quand on humecte l'écorce avec de l’'ammoniaque, et ensuite avec une solution d’iode dans l'iodure de potassium. Gette écorce possède une saveur astringente, sans amertume ni arome. Sa teinture ne devient pas laiteuse quand on y ajoute de l’eau, mais elle noircit sous l'influence du perchlorure de fer. Elle diffère sous ces rap- ports de la teinture de Cascarille. M. Holmes (4) pense que cette écorce fausse de Gascarille est fournie probablement par le Croton lucidus L. (a) Le Croton Eluteria Bexnerr (in Proc. of the Linn. Societ., IV, 29) est un arbre à feuilles alternes, simples, penninerviées, à pétiole trois ou quatre fois plus court que le limbe, qui est lancéolé, ovale, longuement 1euminé, arrondi ou légère- ment cordé à la base, denticulé sur lés bords, muni de poils déprimés argentés, rares sur la face supérieure, denses sur la face inférieure, dépourvu de glandes au niveau de son point d'insertion sur le pétiole. Ce dernier est accompagné de sti- pules latérales peu développées. Les fleurs sont monoïques et offrent, ainsi que le fruit, la mème organisation générale que dans le Croton Tiglium (voy. p. 311, note a), mais ici la corolle est également développée dans .les deux sexes, et formée . dans la fleur femelle de cinq pétales lancéolés-obovales, arrondis, obtus, barbus sur les bords, plus où inoïins imbriqués dans le bouton. Dans la fleur mäle, l’an- _ drocée est représenté par douze étamines, à filets velus sur toutes les faces. Dans __ da fleur femelle, l'ovaire est recouvert de poils, et surmonté d’un style divisé en (1) Pharm. Journ., 11 avril 1874, 80. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 317 trois branches elles-mêmes bifurquées en lames bifides et recourbées. [Tran] (b) L’écorce de Cascarille offre sur une coupe transversale, ainsi que le montre la figure 228 : 1° une couche a de suber, formée de cellules qua- we drangulaires, aplaties, sèches et brunes ; 2° une couche de parenchyme cortical b, formée de cellules b « . . . + 8: polygonales, à parois minces et claires. Un grand AE Là 1] As nombre de ces cellules contiennent une matière co- RES lorante brune qui persiste après qu’on a fait bouillir "a la coupe dans la solution acétique d’aniline, et ont RSS Se buie ee même acquis une teinte noire foncée. Ces cellules, EN répandues non-seulement dans le parenchyme cor- tical, mais encore dans le liber, donnent aux coupes ile l'écorce de Cascarille un aspect tout particulier ” qui permet de distinguer cette drogue de toutes les autres écorces médicinales dont nous avons déjà parlé. Le liber c représente la partie de beaucoup la plus considérable de l'écorce. Ses faisceaux sont séparés les uns des autres par des rayons médul- laires ordinairement réduits à une seule rangée ra- diale de grandes cellules polygonales, qui contien- nent chacune un gros cristal d’oxalate de calcium. Chaque faisceau est formé en partie de cellules parenchymateuses, dont un certain nombre contien- nent la matière colorante noire dontnous avons parlé plus haut, et d'éléments allongés. Les parois d’une partie de ces derniers se colorent en bleu dans la solution d’aniline, tandis que les autres restent incolores. Les premiers sont indi- qués dans la figure par des contours plus foncés. [TraD.] . Fig. 229. Ecorce de Cascarille. Coupe transversale. ._ ÉCORCE DE COPALCHI. Cette drogue est fournie par le Croton niveus JacquiN (Croton Pseudo: China Scurecur). C’est un arbuste de 3 mètres de haut environ, origi- naire des Indes occidentales, du Mexique, de la Nouvelle Grenade et du Vénézuela (a). Elle est parfois importée en Europe en tubes ayant de 30 à 60 centimètres de long, ordinairement plus larges et plus épais que ceux de l'écorce de Cascarille, dont cette écorce se rapproche par son odeur et sa saveur. ones ef Dior L'écorce de Copalehi possède une couche subéreuse mince, grisâtre, papyracée, qui, en tombant, met à nu une surface marquée de petites fossettes transversales, semblables à des lignes faites avec une lime. Sa cassure est courte. ul _ L'écorce de Gopalchi a été étudiée par J. Eliot Howard (1). 1l y a (1) Pharm. Journ., 1855, XIV, 319. 2 LL 318 EUPHORBIACÉES. trouvé une petite proportion d'un alcaloïde amer, soluble dans l'éther, semblable à la quinine en ce qu'il prend une coloration vert foncé lorsqu'on le traite par le chlore et l’ammoniaque, mais ne formant avec l'iode aucun composé caractéristique. Mauch (1), qui a également ana- lysé cette écorce, n’a pu en retirer aucune base organique. Il obtint par distillation une huile essentielle qu'il trouva constituée par un hydro- carbone et un acide organique. Ce dernier n’a pas été étudié. Il en re- tira également un principe amer incristallisable, qu’il a démontré ne pas être un glucoside. (a) Le Croton niveus (Jaco., Stirp. Amer. Hist., 255, t, 162, fig. 2) appartient, comme l'espèce précédente, à la section Eluteria 4 genre Leolon, et possède égale- ment la corolle de la fleur femelle bien développée. C’est un “inst à à rameaux su périeurs, à feuilles et à fleurs recouverts de poils ramifiés, argentés ou ferrugi- neux ; à feuilles pétiolées, longues de 3 à 12 centimètres, ovales, cordées à la base, plus ou moins acuminées, rigides, membraneuses ; à limbe quintuplinervié, dépourvu de glandes à la base, couvert en dessous de poils runifiés, argentés ; à pétiole de deux à quatre fois plus court que le limbe, accompagné de stipules rudimentaires. Les fleurs sont disposées en grappes axillaires, deux fois plus courtes que les feuilles. Les fleurs mâles ont de dix à seize étamines, à filets velus. Les fleurs femelles ont des _pétales oblongs-ovales. L’ovaire est surmonté de trois styles. à quatre divisions entières ou bifides. La capsule est recouverte de poils. [TRaD.] GRAINES DE RICIN. Semen Ricini ; Semen Cataputiæ majoris ; Semences de Ricin, Semences de Pabna Christi : angl. Castor oil Seeds, Palma Christi Seeds; allem., Ricinussamen. Origine botanique. — Acnus commums L. Le Ricin est originaire de l'Inde où il porte plusieurs € anciens noms sanskrits (2). Il a été répandu par la culture dans toutes les régions tropicales, et dans un grand nombre de pays tempérés. Dans les climats les plus favorables à sa croissance, il atteint une hauteur de 12 mètres, Dans les Açores, et dans les parties les plus chaudes de la région méditerranéenne, telles que l’AI- gérie, l'Egypte, la Ligurie et la Grèce, il forme un petit arbre de 3 à 5 mètres de haut, tandis qu’en France, en Allemagne, et dans le sud de l'Angleterre, il reste à l’état de plante annuelle, à feuillage magnifique, ne dépassant pas 1,20 à 1,50 de hauteur. Dans les étés favorables, il mürit ses graines en Angleterre, et mème plus haut dans le nord, jusqu: à Christiania, en Norwége. Feng: Hatiçese (4) Vierteljahresschrift für prakt. Pharm, de Wirrsrent, 1869, XVI, 161. re Le 2 usité est Eranda ou Mises qui est —— dans plusieurs _— HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 319 Le Ricnus communis offre un grand nombre de variétés dont plusieurs ont été décrites et figurées comme des espèces distinctes. Müller, après un examen sérieux de toute la série, n’en fait qu'une seule espèce dans laquelle il distingue dix formes plus ou moins bien marquées (1). M. Baillon (2) admet la même opinion. Historique. — Le Ricin était connu d’Hérodote, qui le nomme K!{u, et dit qu’il fournit une huile très-employée par les Egyptiens. À l'époque où il écrivait, le Ricin avait probablement été déjà introduit en Grèce, où il est encore cultivé sous son ancien nom (3). Le Xékajon du Livre de Jonas, que les traducteurs anglais rendent par le mot Gourd, est consi- déré comme étant la même plante. Le Ki est également mentionné par Strabon comme une production de l'Egypte; son huile était employée pour brûler dans les lampes, et pour faire des onguents. Théophraste et Nicander donnent au Ricin le nom de Kgérwv. Dioscoride le nomme Ki et Kpéruv, et le décrit comme étant de la taille d’un petit figuier, avec des feuilles semblables à celles du platane, et des fruits à péri- carpe épineux. Il fait remarquer que le nom de Ksérwy est appliqué à sa graine à cause de sa ressemblance avec un insecte (/rodes Ricinus LarTr.) connu sous ce nom. Il expose aussi le procédé employé pour ex- traire l’huile de Ricin (Kéxtvoy "Ehacvy). Il dit qu’on ne mange pas cette dernière, mais qu’on l’'emploie comme médicament externe, et repré- sente les graines comme très-purgatives. On trouve une figure assez exacte du Ricin dans le fameux manuscrit de Dioscoride qui fut exécuté pour l’impératrice Juliana Anicia, en 505, et qui est aujourd'hui con- servé dans la bibliothèque impériale de Vienne. Le Ricin était cultivé par Albert le Grand, évêque de Ratisbonne, au milieu du treizième siècle (4). I1 était bien connu, comme plante de jardin, à l’époque de Turner (1568), qui mentionne l’huile sous le nom d’Oleum cicinum vel ricinmum (5). Gerarde, vers la fin du même siècle, le connaissait sous le nom de Æicinus où Xtk. 11 dit que l'huile porte le nom d’Oleum cicinum où Oleum de Cherua, et est employée, à l'extérieur, contre les maladies de la peau. Après cette époque, l'huile paraît être tombée dans un oubli complet ; elle n’est même pas notée dans l'excel- lente Pharmacologia de Dale (1693). A l’époque de Hill (1751) et de Lewis (1761), on ne trouvait que rarement l'huile de Palma-Christi (1) De CanvoLze, Prodr., XV, S., IL, 1017. ur (2) Histoire des Plantes, 1874, V, Euphorbiacées, 110, (3) HeLnreicn, Nutzpflanzen Griechenlands, Len br 68. (4) De Vegetabilibus, ed. Jesse, 1867, 347, ” (5) Herbal de Turner, P. IL, 116. ae 320 EUPHORBIACÉES. dans les boutiques, où elle était à peine connue (1). En 1764, Peter Canvane, qui pratiqua pendant de longues années la médecine dans les Indes Occidentales,; publia une Dissertation on the Oleum Palmæ Christi, sive Oleum Ricini, or (as it is commonly call’ d) Castor ou (2). Il recom- mandait beaucoup son emploi comme purgatif doux. Get essai eut deux éditions et fut traduit en français. Il fut suivi de plusieurs autres (3) qui attirèrent beaucoup l'attention sur la valeur de cette huile. Les graines de Ricin furent admises dans la Pharmacopée de Londres de 1788, avec des indications pour l'extraction de leur huile. Woodville, dans sa He- dical Botany, en 1790, parle de cette huile comme étant devenue de- puis quelque temps d'un usage fréquent. . À cette époque, et pendant les années suivantes, la petite quantité de graines et d'huile employées par la médecine européenne provenait dela Jamaïque (4). Gette huile fut peu à peu remplacée sur le marché par celle des Indes Orientales. La rapidité avec laquelle:sa consommation augmenta peut être appréciée par les chiffres suivants, indiquant la va- leur de l'huile de Ricin expédiée du Bengale en Angleterre pendant trois années du commencement de notre siècle. En 1813-14 cette valeur était de 610 livres sterling; en 1815-16, de 4 269 livres sterling ; en 1819-20, de 7102 livres sterling (5). Description. — Le fruit du Ricin est une capsule tricoque, ordinaire- ment couverte d’épines molles, et contenant une graine dans chacune de sestrois loges. Les graines ont de 6 à 12 millimètres de long, et8 mil- limètres environ d'épaisseur ; elles sont ellipsoïdes et comprimées. Le sommet de la graine est prolongé en un bec court, sur la face inférieure duquel. se trouve une caroncule renflée. De cette dernière, part un raphé qui s'étend jusqu’à l'extrémité inférieure de la face ventrale, qu'il (1) Hice, Hist. of the Mat. Med., Lond., 4751, 537.— Lewis, Hist. of the Mat. Med. Lond., 1761, 468. D (2) Le nom anglais Castor donné aux graines du Ricin vient de la Jamaïque, où, par une erreur étrange, la plante a reçu le nom d’Agnus Castus, tandis que le Vitex Agnus Castus est originaire de la région méditerranéenne, et non des Indes Occidentales. (3) Pour la liste de ces auteurs consultez : Merar et De Lens, Dict. de Mat. med., 1836, VI, 95. és . ne (5) Le peu d'importance de ce commerce à ceîte époque est bien indiqué par ce fait qu’en 1777 la provision d’un droguiste de Londres (Joseph Gurney Bevan, prédécesseur de MM. Allen et Hanbury), était seulement de deux bouteilles, évaluées à 8 shillings l’une. Les comptes de la même maison montrent qu’en 1732 la quantité d'huile existant en magasin était de vingt-cinq bouteilles, qui avaient coûté 10 shillings Chacune. En 1799, la Jamaïque exporta 236 barils d'huile de Ricin, et 10 barils de | (Renny, Hisé. of Jamaica, 4807, 935), ps = Witsox, Review of the External Commerce of Bengal fiom 1813 to 4828 HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 321 parcourt, où il se termine en un point du tégument indiqué par une petite protubérance. Lorsqu'on enlève la caroncule, il reste, au-dessous d'elle, une cicatrice noire, formée par deux petites dépressions. L'épi- derme est luisant, grisâtre, marqué de bandes et de taches brunâtres, et diversement bariolé, On ne peut pas faire disparaître ces taches, mais, après macération, la couche superficielle du tégument s'enlève facile- ment en petites bandes. Le tégument sous-jacent est noir en dehors, gris en dedans, pas plus épais que celui de la graine de croton, mais beaucoup plus eassant. L’amande remplit entièrement les téguments et s’en sépare avec facilité, mais en entraînant avec elle la membrane in- terne, qui est blanche et molle. L’amande ressemble tout à fait, par sa structure et par la situation de l'embryon, à célle du Croton Tiglium {voy. p.309); mais les cotylédons du Ricin sont proportionnellement plus larges, leur nervure médiane ést épaisse, et émet deux ou trois paires de nervures latérales. Lorsqu'elle n’est pas rance, l'amande du Ricin possède une saveur douce, accompagnée seulement d’un peu d’äcreté. Structure microseopique. — L'épiderme mince de la graine est formé de cellules tabulaires pentagonales ou hexagonales, ponctuées. Leurs parois sont imprégnées, en certains points, d’une matière colo- rante brunâtre qui donne à la grainé son aspect tacheté particulier: Ce sont ces cellulès seulês qui noircissent lorsqu'ôn traite de minces couches tangentielles des téguments par une solution alcoolique de chlorure ferrique. Au-dessous de ces cellules tabulaires, on trouve dans la graine non mûre ({) une couche de cellules à parois épaisses, inco- lores, allongées radialernent par rapport à la surface du tégument. Dans les graines mûres, cette couche de cellules n’est pas visible, elle paraît se détruire pendant la maturation. Le tégument lui-même est formé de cellules cylindriques, très-pressées, longues de 300 à 320 millièmes de millimètre, et larges de 6 à 10 millièmes de millimètre. L’'amande offre la même structure que celle du Croton Tiglium, mais on n’y trouve pas de cristaux d’oxalate de calcium. Lorsqu'on humecte l’endoplèvre du Ricin avec de l'acide sulfurique dilué, il s'en sépare, au bout de quel- ques heures, des cristaux aciculaires de sulfate de calcium. Lorsqu'on examine de minces tranches de l'amande dans là glycérine concentrée, on ne voit pas les Lgontles d'huile, malgré leur abondance ; mais elles de- viennent visibles si l’on ajoute beaucoup d'eau à la préparation. J est done tpeohaile qe: Ehuile « existe dans l'amende sous pren ananas" HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE, 1008 permission de couper les diverses sortes de bois de charpente, Les fer- miers employaient leurs attelages, pendant la mauvaise saison, à trans- porter à Perth ou à Guildford les bûches de Santal qu’ils avaient coupées dans les forêts. Il se fit ainsi un commerce actif de bois de Santal, tant qu'on put trouver des arbres de belle taille dans un rayon de 100 à 150 milles des villes, où elles se vendaient de 6 livres sterling à 6 livres 10 shillings la tonne. Mais la destruction mal réglée et imprévoyante des arbres, qui eut lieu dans les districts les plus accessibles, réduisit tellement leur nombre, que ce commerce ne tarda pas à disparaître de cette partie de l'Australie (4). Le bois de Santal d'Australie paraît ce- pendant constituer encore un objet de commerce, autant qu'on peut en juger par ce fait que, pendant l’année 1872, 47 904 quintaux de ce bois furent transportés d'Australie à Singapore. La plus grande partie fut expédiée pour la Chine (2). Description. — Le bois de Santal n’est que peu connu dans le com- merce anglais, et il n’est pas toujours facile d'en trouver, même à Lon- dres. Celui que nous avons examiné, et que nous eroyons être d’origine indienne, était en bâches cylindriques ayant en général 45 centimètres de diamètre ; les plus grosses avaient 20 centimètres et les plus petites 8 centimètres ; elles avaient de 90 centimètres à 4,40 de long ; elles étaient très-lourdes ; l'écorce avait été enlevée. Sur une section trans- versale, le bois de Santal offre une coloration d’un brun pâle, avec des zones concentriques plus foncées, et, si on le regarde à la loupe, de nom- breux pores, Le tissu est traversé par des rayons médullaires qui sont également visibles à la loupe. Le bois se fend facilement, et émet, quand on le frotte, une odeur agréable, très-persistante ; il possède une sa- veur aromatique assez forte. Les diverses variétés de bois de Santal ne sont pas classées par les quelques personnes qui en font le commerce à Londres, et il nous est impossible d'indiquer les caractères à l’aide des- quels on peut les distinguer. Dans les prix courants des maisons de commerce de la Chine, trois sortes de bois de Santal sont énumérées : le bois des les de la mer du Sud, celui de Timor et celui de Malabar. La dernière sorte est cotée trois ou quatre fois plus cher que les deux au- tres. Le bois de Santal de l'Inde est lui-même susceptible de présenter de grandes variations. Beddome (3), conservateur des forêts de Ma- (1) Mrzerr, An Australian Parsonage, Lond., 1879, 43, 95, 382. ie (2) Séraits Settlements Blue Book for 1872, Binéapors 1873, 298, 347, — Il est pos- sible que le bois de Santal en D ait été À tr ns _ ner de la mer du Sud, et expédié d’un vors mere (3) Op. cit. 157.58 * 316 : LORANTHACÉES. dras et excellent observateur, fait remarquer que le plus beau bois de Santal est celui qui a poussé dans les terrains rocheux secs et pauvres, et que les arbres qui croissent dans les riches terrains d’alluvion ne produisent pas de duramen, et sont par suite sans valeur. Une variété de l'arbre, à feuilles plus lancéolées (var. 8. myrtifolium DC.), originaire des montagnes orientales de la Présidence de Madras, produit un bois de Santal presque inodore, Structure microseopique.— Les faisceaux ligneux offrent une largeur de 35 à 420 millièmes de millimètre ; les faisceaux primaires sont fré- quemment divisés par des rayons médullaires secondaires. Ces derniers sont formés d'une ou souvent de deux rangées de cellules ayant la forme habituelle. Le tissu ligneux qu'ils limitent est formé en majeure partie de petites fibres ligneuses à extrémités pointues, de quelques cellules parenchymateuses plus larges, et de vaisseaux à parois épaisses, La résine et l'huile essentielle résident surtout dans les rayons médul- laires auxquels elles donnent une coloration plus foncée. Composition chimique. — Le principe le plus important du bois de Santal est l'huile essentielle, qu’il renferme dans une proportion de 4 à 4 pour 100 environ. C’est un liquide jaune-clair, épais, possédant l’odeur caractéristique du Santal, Celui que nous avons examiné avait pour poids spécifique 0,963. Nous n’avons pu lui trouver un point fixe d’ébullition : il commence à bouillir à 214° C., mais la température s’é- lève de suite, et l'essence acquiert une coloration plus foncée. L'intensité et le caractère de l'arome de cette huile varient beaucoup avec la va- riété de bois qui l'a produite, En traitant du bois de Santal par l'alcool bouillant, nous en avons retiré 7 pour 100 d’un extrait noirâtre, qui laissa précipiter un tannate quand on letraita par une solution alcoolique d'acétate de plomb. Décomposé par l'hydrogène sulfuré, ce tannate donna un acide tannique peu coloré, et prenant une teinte verdâtre sous l'influence d'un sel ferrique. L'extrait contenait aussi une résine noirâtre, 2, | nt rate _ Commerce. — Le marché le plus important pour le commerce du bois de Santal est la Chine. Pendant l'année 1860, il a été im- porté, dans les quatre ports ouverts de cet empire, 87321 péculs de bois de Santal. Sur cette quantité, la ville de Hankow, située sur la ri- _ vière Yangtsze, en a reçu 61414] péculs, plus de sept fois autant que . les trois autres ports réunis (1). Les importations plus récentes d'Han- © (1) Reports on Trade at the ports in China open to foreign Trade for 1866, publiés . Par ordre de l'Inspecteur général des douanes, Shanghaï, 1867, 120,121. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 377 kow sont moindres; en 1871, elles ont été de 14989 péculs, et en 1872, de 12798 péculs (1). Shanghaï, situé à l'embouchure de la même ri: vière, a importé, en 1872, 54 485 péculs de bois de Santal, dont la va- leur a été estimée à 100000 livres sterling. Il se fait aussi, à Bombay, . un commerce important de bois de Santal. La quantité importée an- nuellement dans cette ville est de 650 tonnes, ét la quantité exportée d'environ 400 tonnes (2). L’essence de bois de Santal est fabriquée sur une grande échelle dans les pays situés entre Mangalore et Mysore, où le combustible est abondant. D'après les rapports officiels (3), la quan- tité de cette essence, importée à Bombay pendant l'année 1872-73, a été de 10348 livres, estimées à 8374 livres sterling; 4500 livres furent réexportées par mer. Usages, — L'huile essentielle de Santal a été récemment prônée comme substitutif du Copahu. Le bois de Santal n’est lui-même d’au- cun usage dans la médecine européenne. Il est employé comme parfum, et sert à la fabrication de petits objets d’ornementation. Les indigènes de l'Inde l'emploient beaucoup dans les rites mortuaires. Les riches Hindous témoignent de leur respect pour les morts par la quantité de bûches de bois de Santal qu'ils ajoutent au bûcher funéraire. On em: ploie la poudre du bois mise en pâte avec de l’eau pour les marques distinctives des castes, dans l'Inde, et aussi commé médicament, En Chine; le bois de Santal paraît être surtout ss à la as: de l’encens ee on brûle dans les temples: (a) tes FR L. (Genera, éd. 2, n. 383) sont des Loranthacées de la tribu des Santalées, à fleurs ordinairement tétramères, plus rarement pentamères, à placenta fusiforme, portant les ovules près de sa base. Le Santalum album L. (Speëies, 497) est un arbre à feuilles opposées, sans sti- pules, ovales-elliptiques, ordinairement aiguës à la base et au sommet, longues de 4 à 6 centimètres, membraneuses, pâles en dessous, entières. Les fleurs sont dispo- sées en panicules de cymes terminales et axillaires, à ramifications opposées, triflores, avec des bractées très-petites et des pédicelles à peu près aussi longs que l'ovaire. Les fleurs sont hermaphrodites et régulières. Le périanthe est simple, à quatre folioles rougeâtres en dedans, munies de poils depuis la base jusqu’au niveau des anthères, valvaires dans la préfloraison. L'androcée est formé de quatre étamines opposées aux _Sépales, à filets grêles, à anthères plus courtes-que le filet, biloculaires, introrses, déhiscentes par deux fentes longitudinales. Entre les étamines, se trouve un disque formé de quatre glandes aussi longues que les filets, alternes avec les divisions du HN Le gynécée est formé d’un ovaire à trois carpelles ; d ‘abord si mais, au (1) Coniiariiel Reports of H. M. Consuls in China for 1871, 50, et rés. 62, 159. (2) D’après le document officiel cité à la page 542, note né th SEE (3) Voyez page 373, note 4, 378 CONIFÈRES. moment de l'épanouissement de la fleur, totalement infère. Il est uniloculaire et surmonté d’un style conique, allongé, divisé en trois lobes stigmatiques qui. s'élèvent à la hauteur des anthères. La loge unique de l'ovaire contient un pla- centa central libre, fusiforme, dont la base est chargée d'ovules orthotropes, sus- pendus, en même nombre que les carpelles et situés en face de ces derniers. Leë ovules sont dépourvus de membrane d’enveloppe, le sac embryonnaire étant con- stitué par une simple cellule du placenta qui fait saillie à la surface de ce dernier, et va pour ainsi dire à la rencontre du tube pollinique (4). Le fruit est une drupe globuleuse, de la grosseur d’une petite cerise, noire à la maturité, couronnée par la cicatrice des lobes du périanthe, et contenant un noyau ligneux, plus ou moins ru- miné. Elle contient une seule graine à endosperme épais, à embryon fusiforme, formé d’une radicule supère Ranconp plus longue que les cotylédons. [Tran] CONIFÈRES TÉRÉBENTHINE COMMUNE. Terebenthina vulgaris; angl., Crude or Common Turpentine ; allem., Gemeiner Terpenthin. Origine botanique, — Les arbres qui fournissent la térébenthine commune peuvent être divisés en deux groupes : l’un européen, l'autre américain (a) : 4° Groupe européen. Dans la Finlande et la Russie, le bin d'Ecosse, Pinus silvestris L.; en Autriche et en Corse, le Pinus Laricio PoIRET ; dans le sud-ouest de la France, le Pinus Pinaster SOoLANDER (P. mari- tima Porrer), connu sous le nom de Pin maritime, fournissent de la Té- rébenthine chacun dans le pays qu’ils habitent; 2° Groupe américain. Dans les Etats-Unis, les Conifères les plus i impor- tantes, au point de vue de la production de la Térébenthine, sont le Pin des marais, Pinus australis Micaux (P. palustris Mis), et le Pinus Tæda L. (Loblolly Pine des Américains) (2). Historique, — La résine des Pins et des Sapins était biais connue dés anciens, qui la recueillaient par des procédés à peu près semblables à ceux qu'on emploie aujourd’hui. La Térébenthine employée en Angle- terre a été, pendant de longues années, produite par l'Amérique. Pen- dant le dernier siècle, on importait de France cette Térébenthine, et une autre désignée sous le nom anglais de Common Frankincense. La der- (1) Pour le développement de la fleur femelle des Lors voyez: H.BAILLON, in Fenonne 1862; Bullet, de l'Associat. pour Pavancem. des sciences, Clermont-Fer- 1876 (2) Quant à la synonymie et à la distribution des Conifères mentionnés dans cet .. rer sonsalsr. Je Mémoire très-détaillé de Morel, Pharm, Journal, 14 juillet 1877, . HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 379 nière guerre civile d'Amérique et le blocus des ports du Sud détermi- nèrent une très-grande rareté de la Térébenthine américaine, et on apporta sur le marché de Londres des substances térébenthineuses pro- venant d’autres pays. Actuellement, cette marchandise nous est fournie en majeure partie par la France. Kopp (1) cite un passage qui montre que l'huile essentielle de téré- benthine était connue de Marcus Græcus, qui la nommait Aqua ardens. Ce personnage, presque inconnu, passe pour être l'inventeur du feu grégeois, agent terrible de destruction employé dans les guerres du moyen âge. - Séecrétion, — La formation des canaux résineux dans l'écorce des Co- nifères a été bien étudiée par Dippel (2), par Müller (3) et par Frank(4). La diffusion ultérieure de la résine dans le cœur du bois, l’aubier et l'écorce, a élé soigneusement observée par Hugo von Mohl (5). Les mé- thodes employées pour recueillir les sucs térébenthineux sont fondées ‘sur les diverses façons dont se fait cette diffusion dans les différentes espèces, Ainsi, dans le bois du Sapin (Pinus Picea L:), les con- duits résineux manquent complétement, et, guidés par l’expérience, les montagnards des Alpes recueillent la Térébenthine de cet arbre à l’aide de ponctions pratiquées dans les petites cavités qui se forment sous son écorce. Dans le Pin d’Ecosse (Pinus sulvestris L.), les canaux sont plus abon- dants dans le bois que dans l'écorce; on aurait pu soupçonner cette or- ganisation en constatant que cet arbre n’émet que rarement sa résine d’une façon spontanée, L'huile essentielle de térébenthine et, en général, toutes les huiles volatiles se résinifient par l'exposition à l'air. L’acide formique, qui se produit en petite quantité pendant cette altération, indique qu’elle est due à une oxydation. Les produits principaux, cependant, n’en sont pas exactement connus, et aueun d’entre eux n’a été démontré iden- tique à une résine naturelle. L'opinion générale, d’après laquelle les ré- sines sont produites par simple oxydation des huiles volatiles, n’est donc pas encore parfaitement justifiée, Cependant, Hlasiwetz et Barth ont ob- tenu des substances très-voisines des résines des Conifères en chauffant, (1) Geschichte der Chemie, 1847, IV, 392. (2) Bot. Zeit., 1863. (3) Priesnerm, Jahrb. für Wissenschaftl. Botan., 1866. (4) Beiträge zur pr Leipzig, ms 149: syst (5) Botan. Zeit., 1859, 329. si 380 LE CONIFÈRES. dans des tubes scellés, des huiles essentielles de Térébenthine, de Ge- névrier et d'autres semblables, avec une solution alcoolique de po- tasse (1). : Extraction. — Dans les Etats-Unis (2), on retire une grande quantité de Térébenthine du Pinus australis, qui forme de vastes forêts dans le nord et le sud de la Caroline, dans la Géorgie et dans l’Alabama; mais c’est dans le nord de la Caroline qu'on se livre plus particulièrement à la ré- colte de la Térébenthine. Pendant l'hiver, c’est-à-dire de novembre à mars, les ouvriers noirs sont occupés dans les Z'urpentine Orchards, c'est ainsi quon nomme les parties de la forêt qui doivent être exploitées, à pratiquer dans le tronc des arbres des cavités nom- mées vulgairement boxes. Ils emploient, pour cela, une hache lon- gue et étroite, et ils doivent posséder une certaine habitude pour que leur travail soit convenablement fait. Les boxes sont pratiqués à une hauteur de 15 à 30 centimètres au-dessus du sol; ils ont la forme d'une poche, dont le fond est situé à 10 centimètres environ au-dessous de la lèvre inférieure, et à 20 ou 25 centimètres. au-des- sous de la lèvre supérieure. Le boxe d’un arbre de moyenne taille doit pouvoir contenir un peu plus d’un litre. Il est bon que la hache pénètre le moins possible dans le centre de l'arbre, afin que sa vitalité ne soit pas compromise, Un ouvrier habile peut faire un boxe en moins de dix minutes. On en pratique d’un à quatre sur chaque arbre, en lais- sant entre eux quelques pouces d’écorce. La plupart des arbres qui pro- duisent actuellement la Térébenthine ont de 30 à 43 centimètres de diamètre et présentent chacun trois boxes. Après avoir creusé le boxe, l'ouvrier entaille au-dessus de lui l'écorce et le bois qu'il recouvre. Le liquide qui commence à s'écouler de cette plaie vers le milieu de mars descend dans le boxe. La plaie doit être drainée tous les huit ou dix jours et prolongée un peu vers sa partie supérieure. On renouvelle et on pra- tique les mêmes entailles chaque année, jusqu’à ce qu'elles atteignent une hauteur de 42 à 15 pieds, en employant des échelles lorsque cela est devenu nécessaire. On enlève la Térébenthine, nommée Dip, des boxes à l’aide d’une cuillér d'une forme particulière, et on la verse dans des barils qu’on construit sur place et qui sont très-grossiers. Le premier liquide qui s'écoule d'un nouvel arbre, n'ayant qu’une petite surface à traverser pour tomber dans le boxe, est d'une qualité excellente on WiEsner, Die Gummiarten, Lans und Balsame, Erlangen, 1869, 78. ; ii es Les détails que nous donnons ici sont empruntés à : F. L. OLMSTED, tomes in thesealoard Slave States, New-York, 1856, 38. à # HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. . 381: et porte le nom de Virgin dip. On récolte parfois, ét on met. dans des barils distincts, la Térébenthine qui se concrète sur lé tronc de l'arbre; elle est connue, sur le marché, sous le nom de scrape, et par lés droguistes anglais, sous le nom de Common Frankincense ou Gum Thus. Quoiqu’on expédie vers les ports du Nord une grande quantité de té: rébenthine pour y être distillée, on en distille une quantité encore plus considérable dans le voisinage des Zurpentine orchards. On emploie, pour cela, des alambics en cuivre, qui contiennent de 5 à 20 barils de térébenthine. La distillation se fait sans eau ; on reçoit l’huile volatile qui s'écoule de l'appareil dans le même baril qui doit servir à la trans- porter sur le marché, Lorsqu'on a obtenu toute l'essence qu’on peut dis- tiller avec avantage, on ôte le bouchon qui ferme un orifice pratiqué dans le fond de l’alambic, ét on laisse écouler le résidu visqueux, qui est connu sous le nom de ÆRosin. La première qualité du Æosin, celle qui provient du Virgin dip;, est seule considérée généralement comme ayant quelque valeur ; on laisse perdre les qualités moins bonnes. . Lorsqu'on veut conserver le Aosin, on le reçoit dans une cuve pleine d'eau, où les copeaux et les autres impuretés se séparent, et on le verse ensuite dans des barils pour le porter au marché. Dans le nord de la Caroline, une forêt à Térébenthine peut être exploitée, avec le traitement ordinaire, pendant une cinquantaine d’années. La récolte de la Térébenthine se fait dans les départements des héndét et de la Gironde, dans le sud de la France, d'une façon plus rationnelle qu’en Amérique. On pratique sur le tronc de l'arbre une plaie longitu- dinale qui entame l'écorce et les couches superficielles du bois. La résine qui en découle s’amasse dans un vase en terre qui est fixé au niveau de la partie inférieure de l’incision et qu'on vide de temps à autre (1). La Térébenthine qui se concrète sur les arbres est ss ie en France, Galipot ou Barras. . Description, — Il existe deux variétés principales de Térébenthine commune : celle d'Amérique et celle de Bordeaux. La Mteses * est seule connue sur le marché anglais. rer Térébenthine d'Amérique. — C’est un liquide visqueux comme ds is de couleur jaunâtre, un peu opaque, devenant transparent par exposi- tion à l'air. Son odeur est agréable, sa saveur est chaude et un peu amère. Conservé pendant longtemps dans un récipient, il se sépare en (1) Pour plus de détails, voyez: Dictionnaire de Chimie de Wuriz. 382 = CONIFÈRES. deux couches, l’une supérieure, claire et douée d’une belle fluorescence, l’autre inférieure, trouble ou granuleuse. Cette dernière partie, exami- née au microscope, se montre formée d’un grand nombre de petits cristaux d’une forme courbe particulière, ou elliptiques. Ces cristaux sont constitués par de l'acide abiétique ; lorsqu'on chauffe la Térében- thine, ils se dissolvent rapidement. Térébenthine de Bordeaux. — Elle ressemble, par tous ses caractères essentiels, à celle d'Amérique, mais elle paraît se diviser plus facilement que cette dernière en deux couches : l’une transparente, etl’autre opaque ou cristalline. Composition ehimique, — Les Térébenthines sont des mélanges de résine et d'huile essentielle. Cette dernière s'élève à la proportion de . 15 à 30 pour 100 ; elle est formée, en majeure partie, de divers hydro- carbones, qui tous correspondent à la formule CH#%, Un grand nombre des essences de Térébenthine brutes, et quelques-unes d’entre elles, après rectification, sont attaquées par le sodium métallique. Cette réaction y démontre la présence d'une certaine quantité d’essences oxygénées, dont aucune n'a pu encore être isolée. Les es- sences de Térébenthine offrent, malgré l'identité de leur composition, une série de différences physiques qui correspondent à leur origine. Les différents organes d'un même arbre produisent même des essences . jouissant de propriétés différentes. Leur point d'ébullition varie entre 452° et 172° C. Leur Es spécifique varie également, à 47° C., de 0,856 à 0,870. Les différences les plus considérables sont offertes par les etes optiques, certaines essences déviant le plan de polarisation à droite, et _ d’autres à gauche. Le pouvoir rotatoire de l'essence diffère de celui de la Térébenthine dont elle dérive (1). L'odeur de l'essence varie avec l'espèce végétale qui l’a produite. Lorsqu'on distille la Térébenthine brute avec de l’eau, Haanes passe presque entièrement, tandis que la résine reste. Cette dernière est nom- mée Colophane (Rosin des Américains). Lorsqu'elle contient encore une petite quantité d’eau, elle est distinguée, dans le commerce anglais, “sous le nom de Résine jaune (Yellow Rosin), tandis que lorsqu'elle est entièrement privée d’eau, elle prend le nom de Résine transparente en Rosin) ; celle qui a une dors ons plus foncée par une & Pour plus de détails, voyez mon mémoire dus: Jahresberiché de Wicczrs et ee : |Rusesaxn, 1869, 36, [F. À: F.] HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 383 exposition plus prolongée à la chaleur, porte le nom de Résine noûre (Black Rosin). k La colophane se ramollit à 80° C. et fond complétement à 100° GC. en un liquide clair. Vers 150° C., elle forme un liquide un peu plus foncé, mais sans perdre de son poids. À une température plus élevée, elle se décompose graduellement. Le poids spécifique de la colophane pure est 1,07 ; elle est homogène, transparente, amorphe et très-cassante. Entre 15° et 20° C., elle exige, pour se dissoudre, 8 parties d'alcool dilué à 0,883 ; quand on ajoute à l’alcool un alcali caustique, elle s’y dissout beaucoup plus facilement. Elle est complétement soluble dans l’acétone et la benzine. La composition chimique de la colophane répond à la formule C**H620* Quand on agite de la colophane grossièrement pulvérisée avec de l'alcool dilué tiède, elle se convertit en un corps cristallin, l'acide Abiétique, G#H6:05, Cette transformation est due à une simple hydrata- tion. Sous l'influence de ce traitement, la colophane donne de 80 à 90 pour 100 (1) d'acide abiétique, ce qui montre qu'elle consiste, en majeure partie, en un anhydride de cet acide. Il en est probablement ainsi des résines des autres Conifères. Les arbres vivants ne contiennent que l’anhydride, car le suc résineux frais est clair et amorphe après qu’on en a séparé l'essence ; lorsqu'on l’expose à l’air, il perd son es- sence, prend de l’eau, et se solidifie comme l’acide cristallin. On peut fa- cilement, à l’aide du microscope, suivre ces changements dans une goutte de suc prise sur l’arbre. La colophane amorphe conserve sa transparence, même dans une atmosphère humide, et ne paraît suscep- tible de passer à l’état d'acide abiétique que lorsque l'absorption de la molécule d’eau, nécessaire pour cette transformation, est aidée par la présence de l'huile essentielle ou par celle de l'alcool. Lorsqu'on fait bouillir la colophane avec des solutions alcalines, elle forme des sels d’acide abiétique, nommés savons résineux (resin-soaps), qui sont em- ployés à l’état de mélange avec d’autres savons. L'acide Sylvique de Siewert est considéré par Maly (1864) comme un produit de décomposition de l'acide abiétique. Les acides Pimarique, Pinique et Sylvique des observateurs antérieurs sont considérés, aujour- d’hui, comme de l'acide abiétique à l’état impur. L'acide pimarique, cependant, qui est le principe constituant le plus important du Galipot, parait être différent, autant que nous pouvons en juger par les expé- (1) FLückicen, loc. cit., 1867, 36. 384 | CONIFÈRES. riences de Duvernoy (1865), et par celles de l’un de nous (Flückiger). L’acide abiétique, de même que les résines inaltérées des Conifères, dévie la lumière polarisée à droite, tandis que la colophane améri- caine, dissoute dans l’acétone, est dépourvue de tout pouvoir optique. Commerce, — La Térébenthine nous vient, en majeure partie, des Etats-Unis, mais son importance commerciale a subi de grandes varia- tions, ainsi que le montrent les chiffres suivants, qui représentent les quantités importées pendant quatre années: en. 1869, il en fut importé 60408 quintaux ; en 1870, 51257 quintaux; en 1874, 2231 quintaux; en 4872, 4 000 quintaux. Cette diminution croissante de l'importation de la Térébenthine brute s’explique, en partie, par une plus grande im- portation de l’essence de Térébenthine et de la résine; mais l’accrois- sement de ces dernières importations n'est pas suffisant pour rendre compte de la diminution considérable indiquée par les chiffres que nous venons de citer. Les quantités de ces deux articles importées dans le Royaume-Uni, pendant l’année 1872, ont été les suivantes : essence de Térébenthine, 220292 quintaux, valant 470085 livres sterling, les six- septièmes fournis par les Etats-Unis d'Amérique, et le reste surtout par la France; résine, 919494 quintaux, valant 492246 livres sterling ; les neuf dixièmes fournis par les Etats-Unis, et le reste en grande partie par la France (1). Usages, — La Térébenthine, les résines ares et la colophane én- trent dans la composition de certains onguents et emplâtres. On admi- nistre parfois l'essence de Térébenthine à l'intérieur comme vermi- fuge ou diurétique, et extérieurement comme topique stimulant ; mais ces substances sont incomparablement moins usitées dans la RSR SE que dans les arts. ENCENS AMÉRICAIN oÙ COMMUN. Cette nibstai conhue des droguistes anglais sous le nom de Com- mon Frankincense où Gum Thus, est constituée par la résine qui se con- _ érète spontanément sur la tige des Pins, dans les forêts américaines, où elle est nommée Serape. Elle correspond au Galipot ou Barras des Fran- se, qui autrefois était utilisé à sa place. … C'est une résine semi-opaqué, un peu molle, jaune pâle, à odeur de Térébenthine. Elle est, en général, mélangée de feuilles de Pin, de . wa anal Statement of the Trade of the UK. pô 818. «%. 56, 60, #0. * * ! HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 385 fragments de. bois et d'autres impuretés, de sorte qu'il est nécessaire de la purifier avant d’en faire usage. Conservée pendant quelque temps, elle devient sèche et cassante; sa coloration se fonce et son odeur de- vient plus douce. Sous le microscope, elle offre une structure cristalline due à l'acide Abiétique, qui la constitue en majeure partie. Elle est im- portée d'Amérique dans des barils, mais en quantité insignifiante et seu- lement pour l'usage des droguistes. Parfois, cependant, on la distille comme la Térébenthine commune. La résine de Pin sèche, dont le Common Frankincense (Encens commun) est le type, émet, lorsqu'on la chauffe, une odeur agréable qui, autrefois, la faisait employer dans les églises anglaises à la place de l’oliban, dont le prix est beaucoup plus élevé. Aujourd’hui, on ne l’emploie guère qu'à la fabrication de quel- ques emplâtres. (a) Les Pins (Pinus L., Genera, 879)sont des Conifères, de la tribu des Abiétinées, sous-tribu des Pinées, à fleurs monoïques ; à chatons màles formés de bractées qui portent chacune deux anthères ; à cônes femelles formés d’écailles épaissies au sommet; chacune de ces écailles porte près de sa base deux fleurs réduites à un ovaire renversé, dicarpellé, uniovulé (41); ces fleurs produisant deux fruits secs, indéhiscents, ailés, Le Pinus sylvestris L. (Species, 1418) est un arbre élevé, à tronc cendré ou rou- geâtre, terminé par une tête de feuillage arrondie ; à rameaux presque verticillés, ascendants. Les feuilles sont réunies deux par deux sur de petits rameaux très-grêles et très-courts, disposés en spirale sur les branches, pouvant au premier abord facilement passer inaperçus, et recouverts d’écailles scarieuses qui s'élèvent comme une gaine autour de la base des feuilles. Les écailles qui recouvrent les bourgeons sont très-pressées les unes contre les autres, fimbriées-ciliées, lan- céolées atténuées, jaunâtres et sèches. Les feuilles sont géminées, c’est-à-dire réunies deux par deux et très-rapprochées par la base, où elles sont re- tenues en contact par la gaîne, écartées l’une de V’autre vers le haut et plus ou moins étalées. Elles sont rigides, longues de 2 à 6 centimètres ou plus, ‘#7: rarement de 7 à 8 centimètres, larges de moins de 2 millimètres, à demi cylindriques, creusées en gouttière sur la face interne, qui est limitée par deux bords scabres, et terminées par une pointe rigide, piquante ; elles sont colorées en vert glauque et persistent pendant l’hiver, Les fleurs mâles sont disposées en chatons nombreux et petits, longs de 6 à 8 millimètres et larges de 3 à 4 millimètres, colorés en jaune-orange. Ils sont Fig. 244. Pinus sylvestris. (1) Pour lo: organisation et le développement des fleurs femelles des Conifères, voyez : H. BaiLLox, in Adansonia, 1860, I, 1 ; iu Comptes rendus Ac. sc., 30 avril 1860, — STRASBURGER, Die Coniferen und ‘Genetaceen. HIST, DES DROGUES, T. 11, se Là 386 :. CONIFÈRES. réunis en épis denses, serrés, ovales-coniques, disposés latéralement à la partie inférieure des rameaux de nouvelle formation, qui s’allongent pendant leur épa- nouissement et produisent de jeunes feuilles. Chaque chaton mâle est formé d’un axe central sur lequel sont disposées en spirale de nombreuses écailles rétrécies et presque stipitées à la base, orbicu- laires au sommet, lisses et concayes en dessus, convexes sur la face inférieure, et renflées de chaque côté de la ligne médiane pour constituer deux loges anthéri- ques collatérales, subglobuleuses, uniloculaires et déhiscentes chacune par une fente longitudinale. Les grains de pollen présentent au moment de la fécondation des phénomènes très-remarquables qui les ont fait comparer au prothalle mâle des erypto- games vasculaires, mais qui n’ont encore été étudiés que d’une façon imparfaite (1). Les fleurs femelles sont également disposées en chatons portés par le même pied que les mâles, mais terminaux, solitaires ou réunis par deux ou trois ; à l’état jeune, ils sont ovales-globuleux, portés par un petit rameau de la même longueur que le cône et recourbé vers le sol; à l’état adulte, ils sont subsessiles, pendants, coniques- oblongs, un peu obtus au sommet, longs de 3 à 6 centimètres et larges de 2 à 4 centimètres ; verts à l’état jeune, il deviennent bruns à la maturité. L'axe princi- pal du chaton femelle porte d’abord de petites bractées foliacées, disposées en spi- rale, et destinées à rester toujours très-courtes et rudimentaires ; puis, dans l’aisselle de chacun de ces appendices foliaires se développe un axe secondaire qui s’aplatit bientôt et produit deux fleurs ; cet axe se développe beaucoup plus par la partie située au-dessus des fleurs que par la partie située à leur niveau et au-dessous d'elles, de sorte que les fleurs se renversent de façon à avoir leur sommet dirigé en bas, et se trouvent finalement situées de chaque côté de la ligne médiane de la face dorsale du rameau qui les porte et vers la base de ce rameau. Ce dernier, en s’allongeant, s’est fortement aplati et étalé de façon à constituer une écaille ligneuse, dure, plus large et plus épaisse au sommet qu’à la base, et terminée dans le haut par une apophyse aplatie ou élevée et pyramidale, et un peu recourbée. Toutes les écailles florifères sont étroitement appliquées les unes contre les autres et imbriquées. Au moment de la maturité des fruits, elles s’écartent et permettent la chute de ces derniers, Chacune des deux fleurs femelles portées par les diverses écailles du cône est dépourvue de périanthe, et constituée par un ovaire dont l'existence, autrefois niée, a été bien démontr ée par M. Baillon en 1860. L’ovaire est formé de deux feuilles carpellaires connées dans une grande partie de leur étendue, mais indépendantes au sommet, de façon que l'ovaire reste ouvert dans sa partie supérieure ; son ouverture est bor- dée de deux petites saillies stigmatiques qui répondent aux extrémités des feuilles carpellaires, et en partie bouchée par une goutte d’un liquide visqueux, destiné à retenir les grains de pollen, et sans doute à les nourrir pendant leur germination. Par suite du renversement subi par la fleur pendant l'accroissement de l'axe écailleux qui la porte, l’orifice de l'ovaire se trouve dirigé en bas. Dans sa cavité, existe un seul ovule orthotrope, dépourvu de membrane d’enveloppe. Autrefois on considé- rait l'ovaire comme l'enveloppe de l’ovule. Le fruit qui succède à chacune des fleurs est un achaine ovale-oblong, aplati, à péricarpe dur, sec, luisant, noirâtre; entouré d'une aile membraneuse trois ou quatre fois plus grande que lui-même, Le fruit contient une seule graine renfermant un albumen huileux et un embryon droit, si- tué dans l'axe de l’albumen, à peu près aussi long que ce dernier, et formé d’une ra- dicule courte et de deux cotylédons multipartites. [Tran] oyez J. Sxous, Bofan., rad. fr, 502, HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 387 Le Pinus Laricio Poirer (Dict. encyclop., V, 339) est un arbre à cyme à peu près pyramidale, s’élevant parfois jusqu’à une hauteur de 30 mètres et au delà, à tronc droit, recouvert d'une écorce fauve, crevassée ; à branches verticillées, étalées hori- zontalement ou 5e relevant vers l’extrémité, Les feuilles sont géminées, plus ou moins étalées, semi-cylindriques, parfois contournées, vertes, rigides, longues de 9 à 10 ou de 12 à 15 centimètres, larges de 1 à 2 millimètres. Les écailles des bourgeons sont lancéolées-atténuées, fimbriées-ciliées sur les bords. Les chatons mâles sont épais, longs de 15 millimètres, larges de 5 à 6 millimètres, peu nombreux sur chaque épi, étalés, droits ou recourbés. Les écailles anthérifères sont suborbiculaires, denticu- lées. Les chatons femelles sont solitaires ou en verticilles de deux à quatre, les plus jeunes, ovales-globuleux, portés par un pédoncule plus court qu'eux, droit et étalé ; les adultes, horizontaux, subsessiles ou sessiles, ovales ou ovales-coniques, terminés en pointe, longs de 5 à 7 centimètres et larges de 3 centimètres près de la base. Les écailles fructifères sont noirâtres en dessous, munies dans le haut d’une apophyse subrhomboïde, ombiliquée et d’une carène transversale élevée, avec la face supérieure convexe et l’inférieure obscurément carénée en long. Les fruits sont petits, ovales, convexes sur les deux faces, munis d’une aile deux à quatre fois plus grande qu'eux- mêmes. Le Pinus Pinaster Sosanper (in Air., Mort. Kew, 6d. 4, III, 367), vulg. Pin maritime, est un arbre de 18 à 24 mètres de haut, à écorce rougeûtre, cendrée ou jaunâtre, à cyme à peu près pyramidale, à rameaux verticillés, étalés ; à écailles des bourgeons larges, avales-lancéolées, atténuées-acuminées, réfléchies dans le haut, longuement fimbriées-ciliées sur les bords. Les feuilles sont géminées, entourées à la base d’une gaine courte, lâche, jaunâtre; elles sont épaisses, rigides, plus ou moins étalées, demi-eylindriques, à peine scabres sur les bords, mucronées, vertes, longues de 12 à 20 centimètres et larges de 2 millimètres. Les chatons mâles sont oblongs, obtus, un peu allongés, réunis en grand nombre en un épi épais, oblong. Les écailles anthérifères sont suborbiculaires, denticulées. Les cônes femelles sont solitaires ou verticillés par deux, quatre ou plus rarement cinq à sept. A l’état jeune, ils sont ovales ou oblongs, étalés ou dressés, portés par un rameau plus court qu’eux- mêmes ; à l’état adulte, ils sont portés par un rameau court et épais, pendants, oblongs-coniques, obtus au sommet, longs de 15 à 19 centimètres, larges de 7 à 8 centimètres. Les écailles fructifères sont munies d’une carène transversale saillante, d’une apophyse élevée, pyramidale, blanche, aiguë, d’un ombilic large, comprimé, aigu, piquant, droit ou un peu recourbé. Les fruits sont ovales ou oblongs, convexes sur les deux faces, et munis d’une ailé obtuse et tronquée dans le haut, trois ou quatre fois plus grande qu'eux. Ho Le Pinus australis Micaaux (Arbr., 1, 62, t. 6) est un arbre haut de 18 à 21 mètres, à cyme étalée, à rameaux étalés, horizontaux ou relevés à l'extrémité ; à feuilles ter- nées, très-longues, gréles, rapprochées à l'extrémité des rameaux, étalées ou pen- dantes, comprimées-triquètres, seabres sur les bords, mucronées, longues de 25 à 35 centimètres, larges de 4 millimètre et demi, entourées à la base de gaines assez longues, cireinées au sommet. Les cônes femelles sont pendants, coniques-cylindri- ques, obtus, courbés ou presque droits. Leurs écailles sont munies d’une apophyse un peu élevée, pyramidale, à ombilic large, proéminent, surmonté d’une pointe courte et recourbée. Les achaines sont ovales, convexes sur les deux faces, entourés d’une aile oblongue près de trois fois plus grande qu'eux. Le Pinus Tæda L. (Species, 1419, ex parte) a, comme l'espèce précédente, des feuilles ternées, longues de 16 à 20 centimètres, à peine larges de 4 millimètre et SE 388 CONIFÈRES. demi, rigides, dressées ou subétalées, comprimées, triquètres, un peu scabres sur — les bords, courtement mucronées, Les chatons mâles sont longs, cylindriques-obtus, droits ou un peu courbés, réunis en fascicules subcapités. Les écailles anthérifères sont suborbiculaires, a crénelées-ciliées. Les chatons femelles sont ver- Se ticillés par deux ou cinq, sessiles, étalés, ou ss subhorizontaux, ovales-oblongs, un peu obtus. Les écailles sont munies d’une apophyse un peu comprimée, pyramidale, et d’une carène transversale aiguë, d’un ombilie mucroné, à pointe droite, aiguë, piquante. Les fruits sont ovales, convexes sur les deux faces, entourés d’une aile large. [Tran.] (b) Dans un jeune rameau de Pinus sylves- tris on trouve, de dehors en dedans, comme l'indique la figure 245, représentant la coupe transversale d’un rameau de deux ans : 4° une couche épidermique a, qui peut avoir disparu et être remplacée par un petit nombre de couches de liége ; 2o un parenchyme cortical épais, b, formé de grandes cellules irrégulièrement poly- gonales, à parois claires et minces. Dans cette zone, sont contenus de nombreux canaux sécré- teurs ayant la structure que nous avons déjà Fig. 245. Pinus sylvestris. trouvée dans le Garcinia Morella (voyez tome I, P. 166, fig. 57), les Balsamodendron, etc., c'est-à-dire formés par des méats intercellulaires très-dilatés, constituant un canal parallèle à l'axe du rameau, et bordé de plusieurs couches de cellules sécrétantes. En dedans du parenchyme cortical, se trouve le liber, c, dont les faisceaux sont séparés les uns des autres par des rayons médullaires qui se prolongent dans le bois, et sont formés d’ordi- naire chacun d’une seule rangée de cellules allongées radialément, Cha- que faisceau libérien est formé dans toute son épaisseur d'éléments uni- formes, allongés parallèlement à l'axe du rameau, à contour presque quadrangulaire , à parois minces, ü molles et claires. Une couche de Fig 246. Pinus sylvestris.… Fig. 247. Pinus sylvestris. Cambium d sépare le liber du bois ; Canal sécréteur à une Canal sécréteur à deux ses cellules sont quadrangulaires, seule couche de cellules couches de cellules sé- ir à parois minces. Le bois e est formé D ee de faisceaux séparés par des rayons médullaires à une seule rangée de cellules allongées radialement, 11 est composé ent de fibres ligneuses à ponctuations aréolées, à contour polygonal et à parois épaisses, à cavité plus large dans la zone extérieure qui est de la seconde Année que dans la zone interne qui répond à la première année. Cette dernière UT 19 #1 (e CT (il (| % fe s nn Hi IUT HET EE) ARAjALLS tent NT = sd de BL TT 2] ù AP AE FNOIOS JS TE S HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 389 est limitée à la partie interne de chaque faisceau, au voisinage de la moelle, par un petit groupe de vaisseaux trachéens. Dans les faisceaux ligneux, sont dispersés un assez grand nombre de canaux sécréteurs organisés comme ceux de l'écorce, Il existe ordinairement un vaisseau dans chaque faisceau en dehors du groupe de trachées qui le limite au voisinage de la moelle. Il n’existe pas de canaux dans la moelle, qui est formée de grandes cellules arrondies ou polygonales, à parois minces. Les figures 246, 247, 248, 249, ci-jointes, empruntées à M. Sachs (Bolanique), in- Fig. 248. Pinus sylvestris. Fig. 249. Pinus sylvestris. Glande sans méat, Canal sécréteur dans le bois, diquent bien le mode de formation de ces canaux dans le Pinus sylvestris. Dans la figure 246, représentant un canal sécréteur en voie de formation dans le voisinage de la moelle d’un rameau d’un an, le méat intercellulaire dilaté n’est limité que par un seul cercle de cellules sécrétantes, remplies d’une oléorésine à gouttes très-réfrin- gentes. Dans la figure 247, on voit que les cellules de bordure du canal se sont segmen- tées parallèlement à la circonférence du méat intercellulaire pour produire deux cer- cles concentriques de cellules qui sont déjà remplies d’oléorésine, Dans la figure 248, les cellules sécrétantes, empéchées sans doute de se séparer les unes des autres pour former un méat intercellulaire destiné à servir de réservoir, sont restées en conti- guité, mais sécrètent néanmoins de l’oléorésine qui se frayera plus tard un chemin vers l'extérieur à travers le rayon médullaire à cellules allongées radialement qui se trouve en avant de la masse cellulaire glanduleuse, Dans la figure 249, les cellules glandulaires appartenant au parenchyme ligneux et entourées de fibres li- gneuses ont pu s'écarter pour produire un méat, et se sont déjà en partie segmen- tées parallèlement à la circonférence de ce dernier. [Tran.] TÉRÉBENTHINE DE VENISE, Terebenthina Veneta, Terebenthina Laricina ; Térébenthine de Venise ou de Briançon, Térébenthine du Mélèse; angl, Venice Turpentine, Larch Turpentine; allem., Venetianischer Terpenthin, Lärchen-Terpenthin, . Origine botanique, — Pinus Larix L. (Larix Europæa DC.) C'est un bel arbre des forêts qui couvrent les montagnes du sud-ouest du 390 CONIFÈRES. centre de l’Europe, depuis le Dauphiné jusqu’à la Styrie et les Car- pathes, en passant par les Alpes. Il s'élève jusqu’à 900 et 4600 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il est cultivé sur une très-grande échelle en Angleterre et en Ecosse (a). Historique. — La térébenthine du Mélèze était connue de Dioscoride comme importée des régions alpines de la Gaule (1). Pline la connais- sait également, car il fait remarquer qu’elle ne durcit pas. Galien, au deuxième siècle, la mentionne aussi ; il admet qu’on peut la substituer à la térébenthine de Chio, qui était alors considérée comme la véri- table Terebinthina. À une époque plus récente, vers 1350, Mattioli expose la façon dont on la recueille dans les environs de Trente, dans le Tyrol, en perforant les arbres jusqu’au centre de leur tronc, ce qui se fait encore aujourd'hui. On l’exportait autrefois, habituellement, de Venise. Le nom anglais Larch paraît appartenir à la térébenthine plu- tôt qu’à l'arbre. Dioscoride dit que la résine est nommée par les indi- gènes Adptxa. Galien indique le même nom. Dans un guide commercial nommé Tarifja de pesi e misure, qui parut àVenise en 1503, nous trou- vons la « Zermentina sive Larga », et Larga est encore le nom italien de la térébenthine du Mélèze. Les paysans du sud du Tyrol la nom- ment Lerget, et en Suisse son nom allemand est Lôrtsch. Extraction.— La térébenthine du Mélèze est recueillie dans le Tyrol, et surtout dans les environs de Meran, Bautzen et Trente. On en re- cueille parfois une petite quantité en Suisse, dans le Valais, et dans quelques localités du Piémont et de la France. On retire la résine du cœur de l’arbre, en pratiquant, au printemps, à 30 centimè- tres au-dessus du sol, une cavité étroite qui pénètre jusqu'au. centre de la tige, et qu'on bouche jusqu’à l'automne de la même.année ou de l’année suivante; on l’ouvre alors et on en retire la résine à l’aide d'une cuiller en fer. Si l'on n’a pratiqué qu’un seul trou, l'arbre donne envi- ron une demi-livre de térébenthine par an, sans dommage appréciable ; mais si on pratique plusieurs larges trous dans le même arbre, et sur- tout si on les laisse ouverts, comme cela se pratiquait autrefois en Pié- mont et dans les Alpes françaises, on peut obtenir jusqu’à 8 livres dé térébenthine par an, mais au bout de quelques années l'arbre cesse de produire, et son bois perd beaucoup de sa valeur. ._ Mohl, qui assistaà la récolte de la térébenthine dans le sud du Tyrol(2)}, observa que lorsqu'on sciait en travers une tige de Mélèze en pleine (2 Bot. Zeit., 1859, XVII, 329, ; #4 HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 391 croissance, la résine s’écoulait en plus grande quantité du cœur du bois que de son aubier, d’où, cependant, son écoulement était plus rapide, et que l'écorce ne contenait qu'un petit nombre de canaux à résine. La pratique de boucher les trous qui ont été faits dans l'arbre est adoptée non-seulement dans le but de préserver le bois et de recueillir plus facilement la térébenthine, mais aussi parce qu'elle contribue à conserver à cette dernière plus de transparence et de pureté. Description, — La térébenthine de Venise est un liquide épais, sem- blable à du miel un peu trouble, mais ni granuleux, ni cristallin (1), coloré en jaune pâle et doué d’une légère fluorescence. Son odeur res- semble à celle de la térébenthine commune, mais elle est plus faible. Sa saveur est amère et aromatique. Lorsqu'on l’expose à l'air, elle s’épaissit lentement et prend l'aspect d’un vernis clair; elle ne durcit pas quand on la mélange avec de la magnésie, La térébenthine du Mélèze n’est pas rare sur le continent, mais on ne l'importe que fort peu en Angleterre (2), et celle qu’on y vend est presque toujours fal- sifiée. à Composition chimique, — La térébenthine du Mélèze se dissout dans l'alcool en formant un liquide clair qui rougit le tournesol; l'eau chaude qu’on agite à son contact acquiert également une réaction acide manifeste, due à l’acide formique, et probablement aussi à l'acide suc- cinique. L’acide acétique cristallisable, l'alcool amylique et l’acétone se mélangent complétement avec elle. Par la distillation, elle donne en moyenne 15 pour 100 d’une huile essentielle, C!H#5, qui bout à 457° C. Elle produit facilement des cristaux d’un composé CR HCI. Le ré- sidu résineux est soluble dans 2 parties d’alcool à 75 pour 100, et plus abondamment dans l’alcool concentré. Deux parties de. térében- thine, diluées d'une partie de benzine ou d’acétone, dévient la lu- mière polarisée de 9°,5 à droite. L'huile essentielle la dévie de 6°,4 à. gauche; la résine, entièrement privée d'huile essentielle, et dissoute dans la moitié de son poids d’acétone, la dévie de 12°,6 à droite, en colonne de 30 millimètres de long. - Nous n'avons pu réussir à préparer, avec la résine de la térében- mess de avr aucun acide cristallisé, quoique sa RME VER soit, (1) J'ai observé une fois cette résine en gouttes cristallisées sur le tronc d’un Mélèze, auprès de Berne. [F. A. F.] (2) J'ai vu, dans une circonstance, la térébenthine de Venise; dub aie vente pu- blique de drogues; vingt et un. ets op arr de on” sr mis en vente le 44 juillet 14864. [D. H} 392 CONIFÈRES. d’après Maly, la même que celle de la colophane d'Amérique, qui se transforme facilement en acide abiétique cristallisé. Usages. — La térébenthine de Venise possède les propriétés médici- nales qui appartiennent, à des degrés très-divers, aux autres sub- stances du même groupe, et son emploi est abandonné ; on la prescrit tout au plus dans la médecine vétérinaire. | | Falsification. — Alston (1740-1760) dit de la térébenthine de Ve- nise (1) qu’elle se trouve rarement dans les boutiques. Cette remarque est également vraie de nos jours, car peu de droguistes se donnent la f peine de se la procurer à l’état naturel. Celle qu'on vend d'ordinaire est un mélange de résine commune et d'essence de térébenthine. On peut facilement distinguer ce mélange de la térébenthine du Mèlèze par la facilité avec laquelle il se dessèche lorsqu'on l’étend sur une feuille de papier (2), et par son odeur plus forte de térébenthine. .… (a) Le Pinus Larix L. (Species, 1420 ; Larix decidua Mizer ; Abies Lariæ La- MARCK ; Lariæ pyramidalis SausB.; Lariæ europæa DC.; Larix excelsa Lan ; Larix communis LAws.) est ün arbre de 27 à 30 mètres de haut, à tronc droit, recouvert d’une écorce cendrée ou rougeâtre et lisse en dessous : à cyme pyramidale, à branches verticillées, à peu près hori- zontales ou pendantes et relevées au sommet, émettant des rameaux allongés, grêles et pendants. Les feuilles Sont caduques, réunies sur de petits ramuscules courts, écailleux, au nombre de trente à quarante, ou même, mais rarement, de cinquante à soixante ; elles sont inégales, plus ou moins étalées, molles, d’un vert gai, linéaires, obtuses, atténuées vers la base, un peu renflées au mi- lieu, et parcourues par un sillon longitudinal peu profond, blanchâtre, Elles sont longues de 22 à 38 millimètres ét larges de 1 millimètre au plus. Les chatons mâles sont ovoïdes, subglobuleux, longs de 5 à 8 millimètres, larges de 5 millimètres, souvent ascendants, solitaires au som- met des bourgeons folifères. Les écailles anthérifères sont pyramidales, munies d’une crête. Les cônes femelles sont solitaires sur un rameau court ; ils sont ascendants, ovoïdes ou ovoïdes-oblongs, obtus. Les écailles fructifères Fig. 250. Pinus Lariz L. sont nombreuses, imbriquées, coriaces, cartilagineuses, orbiculaires ovales, tronquées, planes et un peu convexes dans lé dos. Les bractées mères des écailles fructifères sont très-développées, et font souvent saillie à là surface des cônes ; elles sont terminées par une pointe saillante et dentées sur les : (1) Lectures on the Mat. Medic., Lond., 1770, 11, 398. (2) Lorsqu'on étend sur une feuille de papier une couche mince de lérébenthine de = Venise, et sur une autre une couche égale de térébenthine commune, au bout de quel- | Sues semaines on ne pourra pas toucher la première avec le doigt sans qu’elle y adhère, : _ tandis que la seconde formera un vernis sec et dur. ; np Joli HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 393 bords, Les fruits sont petits, obovales, munis d’une aile semiovale, obtuse, à peine deux fois plus longue qu'eux. [Tran.] ÉCORGE DE MÉLÈZE. Cortex laricis; angl., Lareh Bark. Origine botanique, — Penus Larër L. (voir p. 392, note a). Historique. — L'écorce du Mélèze a passé longtemps pour posséder des propriétés astringentes, et était employée dans le tannage. Ge- rarde (1), qui écrivait vers la fin du seizième siècle, la compare à celle du Pin, qu'il décrit comme possédant la propriété de déterminer la constipation, mais il n’y a là aucune indication réelle qu “elle fût alors employée en médecine, Vers l'année 1858, l'écorce du Mélèze fut recommandée par le doc- teur Frizell, de Dublin, et plus tard par d’autres médecins, comme as- tringent stimulant et expectorant. Les résultats favorables qui suivi- rent son emploi, la firent admettre dans les Additions to the British Pharmacopæia de 1867, publiées pendant la même année. Description, — L'écorce du Mélèze est en morceaux aplatis ou re- pliés en larges tubes, colorés extérieurement en brun-rougeâtre, Les fragments recueillis sur de vieux arbres offrent une couche subéreuse épaisse, en voie d’exfoliation, qui met à nu, lorsqu'on l’enlève, une surface colorée en rose clair, tandis que le liber, offrant une texture différente, est un peu fibreux et blanchâtre. La surface interne est lisse et colorée en brun rosé ou en jaune pâle. La cassure de cette écorce est courte, son odeur est balsamique, térébenthineuse, agréable. Sa saveur est d'une astringence très-prononcée. Pour l'usage médicinal, on doit préférer la partie interne dé l'écorce. Strueture mieroseopique, — Sur une section transversale, on ob- serve des canaux résineux, mais en nombre moindre que dans l'écorce de plusieurs autres arbres voisins. Les rayons médullaires ne sont pas très-distincts. Dans la couche moyenne de l'écorce, sont éparses de larges cellules à parois épaisses, de forme très-irrégulière. Composition ehimique, — L'écorce du Mélèze a été étudiée par Stenhouse (2). I y a trouvé une quantité considérable d’un tannin par- ticulier qui donne, avec les sels de fer, un précipité vert-olive. Le même chimiste a trouvé aussi, dans cette écorce (3), une je td cristalli- (1) Her ball, enlarged by Johnson, Lond., 1636, 1366. . _ (2) Proceedings of the Royal Society, 1862, rad RE (3) Philos. Trans., 1862, vol. 152, 53. A : 394 CONIFÈRES. sable nommée Zarisine ou acide Larixinique, dont la composition ré- pond à la formule C*H!°05. On peut l’obtenir en faisant digérer l'écorce dans l’eau à 80° G., et évaporant le liquide jusqu'à consistance siru- peuse ; en le faisant chauffer dans une cornue, avec précaution, on dé- termine la distillation de la larixine, dont une partie est entraînée par le liquide qui distille, tandis que l’autre partie se dépose en cristaux sur les parois intérnes de la cornue. On peut obtenir à l’état cristallin la la- rixine entraînée par le liquide distillé, en faisant évaporer ce dernier. Cette substance forme des cristaux incolores qui ont parfois plus de 25 millimètres de long, se volatilisent à 93° C., et fondent à 153° C. Ils exigent pour se dissoudre 88 parties d'eau environ à 45° C.; mais leur dissolution est plus facile dans l’eau bouillante et dans l'alcool. La larixine est peu soluble dans l’éther et s'en sépare en cristaux brillants. Ses solutions possèdent une saveur astringente, un peu amère, et une réaction légèrement acide. Elles sont colorées en pourpre par le chlorure ferrique. Quand on ajoute une solution de baryte à une solution concentrée de larixine, il se forme, si cette dernière est en excès, un précipité gélatineux abondant qui se dissout facile- ment dans l’eau bouillante, mais se dépose de nouveau quand la liqueur se refroidit. La larixine est voisine du pyrogallol et de la pyro- catéchine, mais elle en diffère en ce qu’elle préexiste dans l'écorce, et n'est pas un produit secondaire comme les deux autres corps. Stenhouse n’est parvenu à la retirer ni de l'écorce du Pinus abies L., ni de celle du Pinus sylvestris L. Usages, — L'écorce du Mélèze a été prescrite particulièrement sous forme de teinture pour faciliter l’expectoration dans la bronchite chro- nique. On l’emploie aussi pour arrêter les hémorrhagies internes. TÉRÉBENTHINE DU CANADA. Terebenthina Canadensis, Balsamum Canadense ; Térébenthine ou Baume de Canada ; angl, Canada Balsam, Canadian Turpentine ; allem., Canada Balsam. Origine botanique. — Pinus balsamea L. (Abies balsamea Marsuar). Le Pin qui produit le Baume du Canada (Zalsam Fir ou Gilead Fir des Anglais) est un bel arbre, haut de 6 à 42 mètres, dont le tronc a de 45 à 30 centimètres de diamètre, et parfois davantage. Il croît en abon- dance dans le nord et l’ouest des Etats-Unis d'Amérique, de la Nou- _ velle-Ecosse et du Canada ; mais on ne l’observe pas au-delà du 62e de- _— latitude ee Il sénoi au Ps Picea L. d'Europe, mais HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 395 ses bractées sont munies d’une pointe courte, et ses cônes sont plus aigus aux deux extrémités ( (a). Une certaine quantité de Baume du Canada est également produite par le Pinus Fraseri Pursu (Small fruited ou Double Balsam Fr), arbre des montagnes de la Pensylvanie, de la Virginie, et, vers le sud, des parties les plus élevées des Alleghanies (1). Le Pinus canadensis L. (Abies canadensis Micuaux) (Hemlock Spruce ou Pérusse), grand arbre abondant dans les pays où croît le Pinus balsa- mea, et s'étendant dans toute l’Amérique anglaise jusqu'à Alaska, passe pour fournir une térébenthine semblable, qui n’a pas encore été suffisamment étudiée. Get arbre est d'une grande utilité par la ré- sine recueillie sur son tronc et l'huile essentielle qu’on distille de ses feuilles. Cette dernière opération s'effectue sur une grande échelle dans le comté de Madison, dans le New-York. L’écorce interne du même arbre est très-bonne pour le tannage. Historique, — Nous avons trouvé la première mention du Baume de Canada dans le Tarif des pharmacies de Strasbourg, publié en 1759 par le magistrat de cette ville (2). Le Baume du Canada fut introduit pour la première fois dans la Pharmacopée de Londres en 1788. D’après les livres d'un droguiste de Londres, J. Gurney Bevan, son prix, dans les ventes en gros, était, en 1776, de 4 shillings, et en 1788, de 5 shil- lings, la livre. Description,—[Le Baume du Canada est une résine transparente, ayant la consistance du miel, et une coloration jaune-paille un peu verdâtre, Quand on le conserve, il devient peu à peu plus épais, et sa teinte se fonce, mais il garde toujours sa transparence. Examiné avec soin à la lumière directe du soleil, il offre une teinte légèrement verdâtre, comme les autres térébenthines, et comme le baume de Copahu. Gette fluorescence paraît croître quand on l’expose à une température d’en- viron 200° C. Il possède une odeur aromatique, agréable, et une saveur un peu amère et légèrement âere, qui, cependant, n’est pas désagréa- ble. On le nomme parfois, à cause de son odeur, Baume de Gilead, déno- _ mination erronée, car ce dernier provient d'un arbre appartenant au genre Palnodendron; qui croît en Arabie. Un baume du Canada com- mercial, de bonne qualité, nous a offert. comme poids spécifique 0,998 à sé js celui de l’eau à la même Jemnpéee tie un 000: RER (1) Asa Grar, Botany ofthe Northern United States, New-York, 1866, 492, (2) ———. Documente zur Geschichte der Ph Me dt 1, 396 CONIFÈRES. de ce baume, mélangées avec 1 partie de benzine, et observées en co- lonne de 50 millimètres de long, dévient la lumière polarisée de 2 de- grés à droite. Le Baume du Canada est parfaitement soluble en toutes proportions dans le chloroforme, la benzine, l’éther et l'alcool amylique chauds. Ces solutions rougissent le tournesol. Il se mélange facilement avec le sulfure de carbone, mais le mélange est un peu trouble. L’acide acétique cristallisable, l’acétone et l'alcool absolu le dissolvent en par- tie, en abandonnant, après ébullition et refroidissement, un abondant résidu amorphe. La colophane et la térébenthine de Venise sont, au contraire, complétement dissoutes par ces liquides, ainsi que par l’al- cool contenant 70 à 73 pour 400 d’alcool absolu. Composition chimique. — Comme toutes les exsudations analo- gues des Conifères, le Baume du Canada est un mélange de résines avec une huile essentielle. Lorsqu'on fait évaporer cette dernière, les résines restent sous forme d’une masse transparente, un peu molle et élastique. La proportion des deux sortes de substances varie, dans de certaines limites, avec les échantillons. L'échantillon dont nous avons parlé plus haut, abandonna, après exposition pendant plusieurs jours dans une étuve, jusqu'à-20 pour 100 d'huile volatile, et même 24 pour 100 lors- que l'expérience était faite avec une petite quantité, 20 grammes ou moins, de baume étalé en couche mince. Par distillation avec l’eau, il n’est pas facile d'obtenir plus de 17 pour 100 d'huile essentielle. Dans ce cas la résine est molle, élastique, non transparente ; elle re- tient une grande quantité d’eau qu’on ne peut lui enlever qu'en la maintenant pendant quelque temps à une température de 100° à 476° C. L'huile essentielle, obtenue par distillation avec l’eau, est incolore et possède l'odeur de l'essence commune de térébenthine plutôt que le par- fum agréable du baume. Elle est formée d’une essence CH, mélangée avec une proportion insignifiante d’une huile essentielle oxygénée, dont la présence peut être démontrée par le léger dégagement d'hydro- gène qui se produit lorsqu'on ajoute du sodium métallique, après avoir débarrassé l'essence de son eau à l’aide du chlorure de calcium fondu. Après ce traitement, une petite quantité commence à distiller vers 160° C., mais la plus grande partie passe à 167° C., et une petite pro- portion tpvéintat distille à 170° C. et au-dessus. L'ssietée obtenue à = 167, examinée dans les conditions déjà mentionnées, nous offrit un poids spécifique de 0,863 et dévia la lumière polarisée de 5°,6 à gauche. La —. _ ur à 160° présente le même caractère; mais celle qui HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 397 distille au-dessus de 170° dévie la lumière de 7°,2 à gauche. L'essence dissout facilement une grande quantité d’acide acétique ; un poids égal des deux corps se mélange facilement à 54° C., mais un peu d'acide acétique se sépare pendant le refroidissement. L'huile essentielle du Baume du Canada, saturée d'acide chlorhy- drique sec,. ne donne pas de composé solide cristallisable ; mais on l'obtient facilement en ajoutant de l’acide nitrique fumant et chauf- fant doucement; les parois internes de la cornue se couvrent bientôt de cristaux sublimés, ayant la composition C°H!°-E HCI. Cette essence offre ainsi, dans ses caractères généraux, une étroite ressemblance avec l'huile essentielle des cônes du Pinus Picea L. et des feuilles du Pinus Pumilio HANRE, ainsi qu'avec celle de la plupart des variétés françaises de térébenthine, plutôt qu'avec les essences de térébenthine américaines, qui dévient la lumière polarisée à droite, etse combinent immédiatement avec l'acide chlorhydrique pour former un composé cristallin. Mais, par contre, la résine du Baume du Canada est dextrogyre. Deux parties de résine privée de son huile essentielle, dissoutes dans une partie de benzine, dévient le rayon de lumière pola- risée de 8°,5 vers la droite. Les propriétés optiques des deux prin- cipes constituants du Baume, résine et essence, sont donc complétement opposées. La résine du Baume du Canada est formée de deux corps différents. 78,7 pour 100 de cette résine sont solubles dans l’alcool absolu bouil- lant, tandis que 21,3 pour 100 (dans notre échantillon) restaient sous forme d'une masse amorphe, facilement soluble dans l’éther. Ni la solution alcoolique, ni la solution éthérée, ne donnent de résidu cristal- lin quand on les fait évaporer. Elles rougissent le tournesol, mais nous n'avons pu réussir à obtenir aucun acide résineux cristallisé, tel que l'acide abiétique, dont les cristaux se forment si facilement quand on fait digérer la térébenthine ordinaire ou la colophane dans l’al- cool étendu. L'acide acétique cristallisable agit sur la résine comme l'alcool absolu. Les alcalis caustiques ne dissolvent ni le Baume ni la résine ; le premier s’épaissit considérablement quand on lui ajoute un cinquième de son poids de magnésie récemment calcinée. Lorsqu'on conserve ce mélange humecté d’alcool absolu à 93° C. pendant quelques jours, en l'agitant fréquemment, il se forme une masse dure, finale- ment translucide, L'ammoniaque caustique, chauffée dans un tube fermé avec du Baume du Canada, forme avec lui une gelée laiteuse, épaisse, et ne s'en sépare pas ultérieurement. 398 CONIFÈRES. D’après nos recherchés, 100 parties de Baume du Canada contiennent: Huile essentielle, C10H16, avec une très-petite proportion d'huile oxygénée. 24 Résine some aie FalcOO! DO DITARRS EE LT rle es à à à 60 Résine soluble seulement dans l’éther. . ....., 4... .......: 16 100 Les résultats obtenus par Wirzen (1) dans l’analyse du Baume du Canada ne concordent pas tout à fait avec les nôtres. Il a trouvé 16 pour 100 d'huile essentielle, et trois résines amorphes différentes, dont l’une a la composition de l’acide A biétique. Production et Commerce, — On obtient le Baume du Canada soit en ponctionnant les vésicules qui se forment sous l'écorce du tronc et des branches, et recueillant dans une bouteille le liquide qui s’en écoule, soit en pratiquant des incisions sur l'arbre. On le récolte surtout dans le bas Canada, et on l’expédie de Montréal et de Québec dans des caques ou larges barils. Dans les environs de Québec, on en récolte annuellement 2 000 gallons environ ; mais, en 1868, par suite des besoins des fermiers, la récolte fut inusitée, et on estime que près de 7000 gallons furent exportés en Angleterre et aux Etats-Unis (2). Dans ces derniers temps, (1872-1873), le Baume du Canada étant devenu rare, on lui a substitué, sur le marché américain, une sorte de baume provenant de l'Orégon (3). Usages. — Les propriétés médicinales du Baume du Canada ressem- blent à celles du copahu et des autres oléo-résines térébenthineuses ; mais il est aujourd’hui rarement employé comme médicament. Il est très-estimé pour la conservation des objets microscopiques, parce qu'il conserve indéfiniment sa transparence, et ne cristallise pas. On l’em- : ploie aussi dans la fabrication des vernis. (a) Le Pinus balsamea L. (Species, 1421; Abies balsameaMiicer; Abies balsami- fera Micuaux ; Picea balsamea Lonb.) est un arbre de 40 à 45 mètres de haut, à cyme pyramidale, à rameaux subverticillés, horizontaux ou étalés, à ramuseules sub- distiques. Les feuilles sont longues de 15 à 22 millimètres, solitaires, rigides, cour- tes, ne dépassant pas 25 millimètres de long, droites ou un peu courbées, à base large, orbiculaire, parcourues sur leur face supérieure par un sillon longitudinal, tordues au-dessus de la base, linéaires, planes, obtuses, carénées dans le dos et muniés de cha- que côté de la carène d’une bandelette blanche, Les chatons mâles sont axillaires, ovales-oblongs, obtus, peudänts, plus courts que la feuille axillante. Les chatons (1) De Balsamis et præsertim de Balsamo Canadense, Helsingforsiæ, 1849, analysé dans le Jahresbericht de Wiccens et Husemanx, 1849,38.. (2) D’après des renseignements qui nous ont été obligeamment communiqués par - N. Mercer, de Montréal, et M. H. Sugden Evans, de Londres. 3} Proceed, of the Amer. Pharm. Assoc., Philadelphia, 1873, 119 ; 1874, 433. HISTOIRE DES DROGUES D’ORIGINE VÉGÉTALE. 399 femelles arrivent à maturité pendant la première année, Ils sont solitaires, dressés, subsessiles. Les écailles florifères sont suborbiculaires, fimbriées-dentieulées, munies au sommet d’une longue pointe droite. Les bractées sont plus courtes que les écailles, un peu épaisses, suborbiculaires, denticulées et ciliées sur les bords, Le cône mûr est oblong-cylindrique, obtus ; ses écailles sont onguiculées, dilatées, à bord pes rieur arrondi. [TRAD.] TÉRÉBENTHINE D’ALSACE. Terebenthina Argentoratensis ; Térébenthine d'Alsace ou de Strasbourg, Térébenthine du Sapin ; angl., Strassburg Turpentine; allem., Strassburger Terpenthin. Origine botanique, — Pinus Picea L. (Abies pectinata DC.). Le Sapin (Silver Fir des Anglais, Weiësstanne ou Ædeltanne des Allemands) est un bel arbre des parties montagneuses du centre et du sud de l’Europe, depuis les Pyrénées jusqu'au Caucase, et sous une forme un peu diffé- rente (var. cephalonica) dans la Grèce continentale et les îles d'Eubée et de Céphalonie (a). Historique, — Belon, dans son traité De arboribus coniferis (1553), a décrit cette térébenthine. Elle a été soigneasement indiquée par Samuel Dale (1), savant apothicaire de Londres, et ‘aussi par Sloane et Ray. Elle eut sa place dans la Pharmacopée de Londres jusqu’en 1788. Extraction, — La résine du Pinus Picea, comme celle du Pinus bal- samea, est contenue dans de petits réservoirs de l'écorce des jeunes tiges. On l'extrait en ponctionnant ces cavités, et recueillant dans un vase approprié les deux ou trois gouttes qui s’en écoulent. On la recueille encore (1873) près de Barr, dans les Vosges, en très-petite quantité (2). Description.— Un échantillon authentique, recueilli pour l’un de nous par un surveillant des forêts dans le Jura bernois, ressemble beau- coup au Baume du Canada, mais il ne manifesie aucune fluores- eence. Il est jaune clair; son odeur est plus agréable (3) que celle du Baume du Canada, et il n’en a pas la saveur âcre et un peu amère. Notre échantillon possède le poids spécifique de l’eau distillée. 11 dévie la lumière polarisée de 3° à gauche, soit à l’état de pureté, soit mélangé avec quatre fois son poids de benzine. Il est soluble dans les mêmes (1) Pharmacologia, Lond., 1693, 395. (2) J'ai vu récemment Rent. 1877), dans les environs de Schwarzburg, en Thuringe, des troncs de Pinus Picea desquels on extrait de la térébenthine à l'aide de plaies lon- gues de 40 à 50 centimètres et larges de 4 à 5 centimètres, traversant l’écorce et les couches jeunes’ de bois. Les lèvres de ces plaies étaient couvertes de résine. Les pieds de Pinus Abies étaient traités de la même façon. [Tran] (3) A cause de son odeur, on la nomme parfois, en France, Térébenthine au citron. 400 CONIFÈRES. liquides que le Baume du Canada, mais il se mélange avec l'acide acé- tique cristallisable, l’alcool absolu et l’acétone, sans laisser de résidu floconneux notable. Il est même soluble dans l'alcool sans trouble manifeste. Ses solutions possèdent une réaction acide. Composition chimique, — Une petite quantité de cette substance, complétement desséchée, laissa 72,4 pour 100 d'une résine cassante, transparente, soluble dans l'acide acétique cristallisable, mais incomplé- tement soluble dans l'alcool absolu et dans l’acétone. En soumettant 1 demi-livre de cette térébenthine à la distillation avec de l’eau, nous obtinmes 24 pour 100 d'huile essentielle ; la résine qui resta était, à froid, parfaitement friable. L’essence récente, purifiée par le sodium, dévie la lumière polarisée à gauche, tandis que la résine, dissoute dans la moitié de son poids de benzine, manifeste un faible pouvoir rotatoire à droite. L'essence bout à 163° CG. Après l'avoir conservée pendant deux ans et demi dans un flacon bien bouché, nous la trouvâmes consi- dérablement épaissie, et déviant la lumière à droite. Saturée d'acide chlorhydrique sec, l'essence ne donne pas de composé solide. Elle pos- sède à peu près la même odeur que l’oléo-résine naturelle, mais l'huile essentielle fournie par les cônes du même arbre est encore beaucoup plus odorante. Cette dernière constitue l’une des essences possédant le pouvoir rotatoire le plus considérable; elle dévie en effet la lumière polarisée de 51 degrés à gauche, et diffère par suite beaucoup de l’es- sence retirée de la térébenthine produite par la tige, quoique sa com- position soit représentée par la même formule, CH, Rochleder (1868) a découvert dans les feuilles du Sapin un sucre particulier nommé abiétite, très-voisin de la mannite, mais ayant la composition C'H#%05 (4). Usages. — La térébenthine de Strasbourg possède les propriétés de la térébenthine commune, mais offre sur elle l'avantage de son parfunmi très-agréable, On la tenait autrefois en grande estime, mais aujour- d'hui elle est à peu près complétement tombée dans l'oubli. POIX DE BOURGOGNE. Piz Burgundica, Pix Abietina ; Poix de Bourgogne ou des Vosges, Poir jaune ; angl., Burgundy Pitch ; allem., Fichtenharz, Tannenharz, _ Origine botanique, — Le Pinus abies L. (Abies ercelsa DC.), vulg. . Pesse Ou £'picea (Norway Spruce Fir des Anglais, Fichte ou Rothtanne des . (4) Wiccens et HUSEmANN, Jahresbericht, 1868, 53. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 401 Allemands) est un bel arbre qui atteint une hauteur de 30 à 50 mètres. Il est abondamment répandu dans le nord et dans les parties monta- gneuses du centre de l'Europe, mais il n’est pas indigène de la Grande- Bretagne, quoiqu'il y existe en grande quantité. Dans la Laponie russe, il s'élève jusqu’au 68° degré de latitude nord, presque jusqu'à la li- mite de la végétation des arbres, tandis que vers le sud de l'Europe il s'étend jusqu’aux Pyrénées espagnoles. Dans les Alpes, il s'élève jus- qu’à 4800 mètres au-dessus du niveau de la mer (a). Historique, — Suivant la définition donnée par la Pharmacopée de Londres, et d'après l'exemple des droguistes de Londres, nous restrei- gnons le nom de Poix de Bourgogne au produit de l’espèce botanique mentionnée plus haut. Les pharmacologistes français accordent à ce terme un sens analogue, mais, sur d’autres points du continent, le nom : de Pix Burgundica possède une signification plus étendue et s'applique aux térébenthines d’autres Conifères. Il est ici employé dans le — sens qu’en Angleterre et en France. Parkinson, apothicaire de Londres et herboriste du roi Charles [°*, parle du Burgondy Pitch comme d’une drogue bien connue de son temps(f). Dale, dans sa Pharmacologia, mentionne la Pir Burgundica comme im- : portée d'Allemagne en Angleterre. Elle est aussi signalée par Salmon, en 1693, qui dit: « elle nous est apportée de Bourgogne, d'Allemagne, et d’autres lieux voisins de Strasbourg (2). » Pomet, qui écrivait à Paris vers la même époque, regarde le nom de Poëx de Bourgogne comme er- roné, et dit que la meilleure Poëix grasse vient de Hollande et de Stras- bourg (3). Il nous est impossible de savoir si cette résine a jamais été recueillie en Bourgogne. Ge nom peut lui avoir été donné parce qu’elle était apportée dans le commerce, de Suisse ou d'Alsace, par la voie de la Franche-Comté, appelée aussi Comté de Bourgogne ou Haute-Bour- gogne (4). La Poix de Bourgogne est énuméréé dans la matière médicale de la Pharmacopée de Londres de 1677, et dans les éditions suivantes, Dans celle de 4809, elle est inscrite sous le nom de Pix sir comme résine extraite du Pinus Abies. Production, — La Poix de Bourgogné est produite par la Finlande, (4) Theater of Plants, 1640, 1542. (2) Compleat English Physician, 1693, 1031. (3) Hist. des Drogues, Paris, 1694, P. I, 287, (4) Cnasræus, dans sa Stirpium Sciagraphia (1666), dit qu'il à a vu le Pesse es Abies L.) en grande abondance « in Burgundicis montibus », mais il ne fait aucune allusion à la production d'une résine par cet arbre. HIST. DES DROGLES, T. 1. D 26 402 CONIFÈRES. la Forêt-Noire, le grand-duché de Bade, l'Autriche et la Suisse. Dans les domaines du baron Linder, à Svarta, près d'Helsingford, on l’obtient en fondant la résine brute au contact de la vapeur d’eau, et pressant. La quantité qui y est annuellement produite était estimée, en 1867, à 35 000 kilogrammes (1) ; celle fournie par un établissement situé à Ilm, dans le même pays, s’élève à 80000 kilogrammes (2). Dans les environs d'Oppenau, et sur la montagne de Kniebis, dans le grand-duché de Bade, on fait sur les tiges des Picea des plaies également distantes les unes des autres, en forme de gouttières larges de 2 à 4 centimètres, et égale- ment profondes. La résine qui en exsude est recueillie à l’aide d’un instrument en fer disposé pour cet usage ;.on la purifie en la faisant fondre dans l’eau chaude, et on la presse. Cela se fait dans trois ou “ quatre petits établissements, à Oppenau, et dans un village voisin, celui de Lôcherberg. Dans cet état, la résine est opaque et contient beaucoup d'humidité ; on lui donne le nom de Wasserharz. En la pressant davan- tage, et évaporant une partie de son eau, on améliore sa qualité. Dans cette partie de l'Allemagne, la fabrication de la Poix de Bourgogne diminue, en partie parce que les arbres sont fatigués par les plaies . qu’on pratique sur leurs troncs, et en partie parce que la récolte de la résine n’est pas permise dans les grandes forêts qui appartiennent aux gouvernements de Bade et. de Wurtemberg. Nous avons eu l'occa- sion (3) d’observer que, dans les établissements dont nous venons de parler, la térébenthine importée de Bordeaux ou galipot, et la résine d'Amérique ou colophane, sont employées en quantités certainement plus considérables que la résine recueillie dans la localité même. Au milieu du dernier siècle, on produisait dans le canton suisse de Neuchâtel, d’après Duhamel (4), une certaine quantité de Poix de Bour- gogne; mais, actuellement, on n’y exerce plus cette industrie, du moins sur une grande échelle. Dans les districts-de Moutier et de Delé- mont, dans le Jura bernois, on recueille encore cette résine, mais elle n’y est pas connue sous le nom de Poix de Bourgogne; on la nomme Poix blanche. L'inspecteur des forèts de ce district, l’un des plus riches en Pinus Abies, a informé l’un de nous qu'on y recueille chaque année de 790 à 850 quintaux de résine, qu’on exporte à Bâle, à Zurich, à Aa- rau et dans le pays de Vaud. La poix se vend sur place (1868) de 100 à (1) Pharm. Journ., 1867, IX, 164. | fe (3) Dutéfreichiicher Ausstellungs-Bericht, bn: 1868, x, “. ) Je suis resté plusieurs jours dans ces localités en 1873. (F. TE à (4 Durs etc. 1755, 1,42 HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 403 410 francs la bosse de 6 quintaux. Les quantités recueillies dans d’autres parties de la Suisse sont encore moins considérables. Description. — La Poix de Bourgogne pure, dont nous possédons de nombreux échantillons authentiques, est une substance un peu opaque, d’un brun jaunâtre, dure et cassante lorsqu'elle est froide, mais pre- nant peu à peu la forme du vase dans lequel on la conserve. Elle est très-adhésive, se casse avec une cassure nette, conchoïdale, et possède une odeur aromatique agréable, surtout. lorsqu'on la chauffe. Elle n'offre pas de structure cristalline, quoique la résine qui se concrète sur la tige de l'arbre soit, ainsi que nous l'avons souvent constaté, nette- ment cristalline. La Poix de Bourgogne est facilement soluble dans l’acide acétique cristallisable, l’acétone, l'alcool absolu, et même l’al- cool à 75 pour 100 (p. spéc. 0,860); mais sa solubilité dans ces liquides est considérablement diminuée par la présence de l’eau ou de l'huile essentielle, et davantage encore par la formation d'acide abiétique dans la résine elle-même. Les mêmes influences s’exercent aussi sur son point d’ébullition. Une résine brute de Pinus Abies (4), privée d'huile essentielle et dis- soute dans 4 partie d'alcool absolu, dévia la lumière polarisée de 3° à gauche, en colonne de 50 millimètres. L'huile essentielle la dévia de 8°,3, dans la même direction. L’essence contient une faible propor- tion d’une huile essentielle oxygénée. Après traitement par le sodium; l'essence qui reste ne forme pas de composé solide, quand on la sature d’acide chlorhydrique. Composition chimique, — Les recherches de Maly mentionnées plus haut, à la page 383, ont élucidé d'une façon satisfaisante les propriétés chimiques des exsudations résineuses des Pins. Elles sont toutes, d'après ce chimiste, des mélanges d’une même résine amorphe, C'“H#0*, avec des-huiles essentielles de la formule CH, Ces sucs térébenthineux sont recueillis et vendus, soit dans leur état naturel, comme férébenthines, soit _ après avoir été privés plus ou moins complétement de leur huile volatile; dans cet état, ils sont représentés par la Poix de Bourgogne, et finalement par la résine ou colophane. Les térébenthines qui s'écoulent des tiges des arbres perdent graduellement leur transparence si on les laisse sécher lentement à l'air, et deviennent en même temps plus dures etun peu gra- nuleuses. Cette altération est due à une absorption d'eau, qui ne se mé- lange pas seulement aux principes constituants du sue résineux, mais (1) Recueillie par moi-même. [F. A. F.] 404 CONIFÈRES. se combine chimiquement, en certaine quantité, avec la résine qu’elle transforme en un corps cristallin ayant les propriétés d'un acide. On observe facilement ce fait, quand on recueille des gouttes pures de la térébenthine du Pinus silvestris ou du Pinus Picea, dans les canaux de l'arbre, et qu’on les conserve dans un milieu parfaitement sec. Dans ces conditions, ces térébenthines restent transparentes, maïs si l’on ajoute de l’eau, il se forme, au bout de peu de temps, des cristaux d'acide abiétique qui les rendent plus ou moins opaques. ù Lorsqu'on recueille les térébenthines avant qu'elles aient perdu leur huile essentielle par évaporation ou oxydation, et avant qu'elles soient devenues cristallines, on peut les conserver dans un état de transpa- rence complète en distillant l'huile volatile sans l'intermédiaire de l'eau. Mais d'ordinaire, on effectue la distillation avec de l’eau, et la résine est alors opaque. Maly pense que la même résine amorphe existe dans toutes les Coni- fères, et qu’elle donne par hydration le même acide, qui est l'acide Abiétique, décrit par les anciens chimistes sous les noms d’acide Pini- que, acide Sylvique et acide Pimarique ; on admet, du reste, que tous ces acides ont la même composition chimique. Nous devons cependant rappeler que plusieurs sortes de térébenthines, notamment le baume du Canada, paraissent incapables, d’après nos expériences, de fournir aucun composé résinoïde cristallin, et que leur résine amorphe n'étant qu’en partie soluble, n'est certainement pas une substance homogène. Les cristaux qui se forment naturellement dans les térébenthines communes n'offrent pas exactément les mêmes formes que ceux qu’on obtient artificiellement, lorsqu'on agite la résine avec de l'alcool absolu chaud, comme dans la préparation de l'acide abiétique. Quant à l'acide Pimarique, nous l'avons préparé en grande quantité avec le galipot, . résine du Pinus Pinaster, et nous avons toujours trouvé sa forme cris: talline différente de celle de l'acide abiétique (4). Nous inclinons en conséquence à penser que la composition des résines des Conifères n'est pas aussi uniforme que le pense Maly. La remarquable diversité qui existe dans leurs huiles essentielles nous paraît venir à l'appui de notre opinion. : Fes _ Usages. — On prescrit la Poix de Bourgogne comme ingrédient des emplâtres, et on l'emploie sous cette forme comme stimulant. En Alle- magne, elle trouve certaines applications économiques ; elle sert notam- \ Jahresbericht de Wiccers et HUSEMANN, 1867, 37. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. | 405 ment à enduire les barils à bière. On emploie pour cela une composition nommée Brauerpech (poix de brasseur), constituée par un mélange de Poix de Bourgogne et de colophane ou galipot. Falsification, — Il n’est guère de drogue qui soit plus sujette à être falsifiée que la Poix de Bourgogne. C'est au point que certains pharma- | cologistes appliquent ce nom à un composé artificiellement préparé. La substance qu’on vend communément en Angleterre comme Poix de Bourgogne, est un mélange de colophane et d'huile de palme, ou de quelque autre corps gras qu’on agite avec de l’eau pour le rendre opa- que. Son aspect est très-variable, chaque échantillon présentant une coloration différente, jaune clair, jaune foncé, ou brun jaunâtre. Un grand nombre offrent, lorsqu'on les casse, des cavités remplies d’air ou d'eau; tous sont plus ou moins opaques, et deviennent, à la longue, transparents par suite de la perte de leur eau. La Poix de Bourgogne artificielle est mise en vente dans des vessies. Elle possède une odeur térébenthineuse faible, et n’a pas le parfum particulier de la substance naturelle. On y découvre facilement la présence d’une huile grasse en la traitant par le double de son poids d’acide acétique cristallisable ; il se forme un mélange trouble qui se sépare par le repos en deux couches, dont la supérieure est huileuse. (a) Le Pinus Abies Du Ror (Obserw. bot., 39; Abies excelsa DC.) est un arbre magnifique, haut de 30 à 45 mètres, à écorce cendrée, à cyme pyramidale ; à rameaux horizontaux, les supérieurs plus ou moins étalés : à ramuscules subop- posés et presque distiques, pubérulents à l’état jeune. Les feuilles sont solitaires, serrées, tordues à la base, étalées, rigides, courtes, droites ou un peu recourbées en faux, linéaires, planes, obtuses ou terminées par un mucron obtus, parcou- rues sur la face supérieure par un sillon lisse longitudinal, carénées dans le dos, et munies de chaque côté de la carène d’une bandelette d’un blane argenté, Les chatons mâles sont réunis en grand nombre, cylindriques-oblongs, obtus, à peu près sessiles et un peu pendants, plus courts que les feuilles. Les chatons fe- melles sont disposés au sommet des rameaux supérieurs de l’arbre ; ils sont solitaires, dressés, cylindriques-oblongs, obtus. Leurs bractées sont suborbiculaires, fim- briées-ciliées, prolongées au sommet en une longue pointe étalée, un peu réfléchie ; leurs écailles sont un peu épaisses, orbiculaires-subcordées, à peu près entières et plus courtes que les bractées. Les cônes sont dressés, cylindriques, obtus et presque tronqués, longs de 1% à 20 centimètres, et larges de 4 à 5 centimètres. Leurs écailles sont cunéiformes, dilatées et arrondies au sommet, pubéruléntes-tomen- teuses dans lé dos près du bord supérieur, caduques ; les bractées sont plus longues que les écailles, spatulées-linéaires, denticulées, terminées par une longue pointe subulée réfléchie. Les fruits sont jaunâtres, beaucoup plus courts que l'aile qui les entour®, qui est large et à peu près cunéiforme. L'embryon offre ordinairement cinq, parfois de quatre à sept cotylédons verticillés, étalés, linéaires, bidentés au _ sommet, [Tran] sy “he Le M CRETE ns + ay a LA 2 3 ; ; | 106 CONIFÈRES. (b) La structure anatomique du Pinus Abies est très-analogue à celle du Pinus silvestris que nous avons décrite p. 338, note 6, et la résine est contenue dans des ca- naux sécréteurs organisés d’une façon analogue, mais n’ayant pas la même situation, Sur une coupe transversale d’un rameau de Pinus Abies âgé de deux ans on trouve de dehors en dedans : 4° une couche subéreuse à cellules quadrangulaires sèches et brunes ; 2° un parenchyme cortical à cellules très-irrégulières, laissant entre elles de vastes méats ; 30 un Jiber assez semblable à celui du Pinus silvestris : il en est de même du bois et de la moelle qui viennent ensuite, Les canaux sécréteurs sont très-nombreux dans le parenchyme cortical, mais il n’en existe ni dans le liber, ni dans le bois, ni dans la moelle. Dans les tiges volumineuses que l’on incise pour recueillir la résine, cette dernière n’existe que dans les couches internes du paren- chyme cortical et dans les couches ligneuses les plus extérieures. La portion pro- fonde du bois n’en laisse pas exsuder ; ce fait est fort bien connu des collecteurs de résine, car les grandes plaies longitudinales qu'ils pratiquent sur le tronc des arbres n’entament que l'écorce et l’aubier, du moins c’est ce que j'ai observé ré- cemment dans les environs de Swartzhurg, dans la Thuringe, où l’on récolte dans certains bois la résine de l’Abies excelsa et celle de l' Abies pectinala. [Trap.] GOUDRON VÉGÉTAL, Pix liquida ; Goudron végétal, Poix liquide ; angl., Wood Tar ; allem,, Æolstheer, Fichtentheer, À L Origine botanique, — On obtient ce Goudron en soumettant le bois des tiges et des racines des Conifères à la distillation sèche ou destruc- tive. Celui qu’on trouve dans le commerce est fabriqué dans le nord de l'Europe. On le retire surtout de deux espèces, le Pinus silvestris L. et le Pinus Ledebouri Exouicuer (Larër sibirica Lenes.). Ces arbres con- stituent les vastes forêts de l'Europe et de l’Asie arctiques. Fe Historique, — Théophraste donne une description détaillée de la préparation du Goudron. Elle s'applique parfaitement au procédé encore employé dans les endroits où les méthodes perfectionnées de fabrication n’ont pas encore été introduites. . Produetion, — Le Goudron végétal, employé en Europe en très- grande quantité el connu sous le nom de Goudron d'Archangel ou de Stockholm, est fabriqué dans la Finlande, dans le nord et le centre de la Russie et en Suède. Me On emploie le procédé suivant: de grandes quantités de bois de Pin, consistant surtout en racines et en portions inférieures des troncs (les | s les meilleures de l'arbre étant employées comme bois de con- n) et s'élevant jusqu'à 30000 et 70 000 pieds cubes, sont amonce- | soin, et recouvertes d’une couche épaisse de tourbe, de mousses . HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 407 et de terre, qu'on bat avec de lourds pilons. Ce tas de bois est élevé au-dessus d’une cavité conique, ou en forme d’entonnoir, creusée dans le sol, autant que possible sur le flanc d’une montagne, destinée à recueillir le produit de distillation qui s’écoulera. On met le feu au bois, qui brûle lentement et sans flamme, de façon à donner une quantité considérable de Goudron et un charbon de bonne qualité. Les produits de la combustion, et particulièrement le Goudron, s'accumulent dans la cavité en entonnoir du sol, d’où on les fait écouler, par un tube, dans un bassin en fonte, ou simplement dans des troncs d'arbre creux. Le temps nécessaire pour la combustion est d’une à quatre semaines, suivant les dimensions des büches. Dans ces dernières années, on a perfectionné ce procédé grossier, et on a rendu l'opération plus rapide par l'adoption d’alambies en fer forgé, munis de condensateurs à réfrigé- rants,comme cela avait été proposé en Russie, par Hessel, en 1861. Par ce procédé, la quantité de Goudron fournie par le bois de Pin est d’envi- ron 14 pour 100, pour les tiges préalablement desséchées par exposition en plein air, et de 16 à 26 pour 100 pour les racines. On recueille en mème temps de grandes quantités d'acide pyroligneux et d'essence de térébenthine. Le bois du hêtre et d’autres arbres, autres que les Coni- fères, paraissent ne pas fournir plus de 10 pour 400 de Goudron, et la tourbe n’en donne que de 3 à 9 pour 100. Description. — Les nombreux produits empyreumatiques qui résultent de la distillation destructive du bois de Pin, et qui portent le nom de Gou- dron, constituent une substance semi-liquide, colorée en brun foncé ou noirâtre, à odeur particulière et à saveur âcre. Privé d’eau et examiné en couche mince, le Goudron est tout à fait transparent. Le microscope révèle, dans certaines variétés, la présence de cristaux incolores de Pyrocatéchine, répandus dans une substance visqueuse, noire, et don- nant à ces Goudrons une apparence granuleuse, analogue à celle du miel (1). Sous l'influence d’une chaleur douce, ces cristaux fondent et se mélangent avec les autres principes constituants. Le véritable Gou- dron végétal possède toujours une réaction nettement acide. Il se mé- lange facilement avec l'alcool, l’acide acétique cristallisable, l'éther, les huiles fixes et volatiles, le chloroforme, la benzine, l'alcool amylique et l’acétone. Il est soluble dans les solutions alcalines caustiques, mais non dans l’eau pure ou dans les liquides aqueux. Le poids spécifique du Goudron retiré des racines des Conifères est, apres Hessel, d’envi- (1) Ces cristaux constituent un fort bon _ d'observation ironique dans la lumière polarisée, AE 408 CONIFÈRES. ron 1,06; mais, à une température un peu élevée, il devient un peu plus léger que l’eau. L'eau qu'on agite avec du Goudron acquiert une teinte jaunâtre claire, la saveur et l’odeur du Goudron, et une réaction acide. Sous l'influence de l'évaporation, cette solution devient brune, on obtient enfin des cristaux microscopiques et un résidu brun sem- blable au Goudron lui-même, et désormais insoluble dans l’eau. L'exa- men microscopique du Goudron qui a été épuisé par l’eau montre que tous les cristaux ont disparu. Composition chimique, — Le bois sec peut être chauffé à 150° C. environ sans se décomposer, mais à une température plus élevée il commence à subir des modifications; il donne un grand nombre de produits dont la nature et les quantités relatives dépendent de plusieurs conditions. Si l'opération est faite dans un vase clos, on obtient un résidu qui a plus ou moins de ressemblance avec la houille, C’est ainsi qu’en chauffant du bois de Sapin à 400° C. dans un vase clos, Daubrée, en 1857, a obtenu une substance semblable à la houille, qui ne donna à une température plus élevée qu'une très-petite quantité d'huile volatile. Les résultats sont tout à fait différents lorsqu'on suit un procédé qui permet la formation des corps volatils, et ces substances se produi- sent surtout en grande quantité lorsque la chaleur agit rapidement et avec énergie. À une température moins élevée, il se produit davantage de charbon et d’eau. Parmi les produits volatils de la distillation destructive du bois, ceux qui se condensent à la température ordinaire de l'atmosphère offrent seuls un intérêt pharmaceutique, et parmi eux le plus utile est la partie insoluble dans l’eau, ou celle qui a été nommée Goudron où Poix liquide. La portion aqueuse des produits est constituée, en majeure partie, par de l'acide acétique empyreumatique (acide pyroligneux), auquel le Gou- dron doit sa réaction acide. Les tissus du bois sont formés surtout de cellulose intimement com- binée avec une substance saccharine, qu’on peut séparer du bois en le faisant bouillir dans les acides dilués. La cellulose qui reste n’est ce- pendant pas pure ; elle est encore unie à une substance qui, comme l’a montré Erdmann (1), est susceptible de donner de la pyrocatéchine. Il est bien connu que le sucre, soumis à une température élevée, onne une série de produits pyrogénés. Le même fait se produit lors- Qu'on chauffe la cellulose de la même façon. Cependant, pour préparer Annalen der Chemie und Pharmacie, 1867, Suppl., Vu o HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 409 le Goudron, on doit préférer les bois imprégnés de résines et d'huiles essentielles. Ces dernières fournissent une autre série de produits em- pyreumatiques. Dans ces conditions, les principes constituants du Gou- dron de bois ont des caractères très-divers, surtout lorsque des bois autres que ceux des Conifères font partie des matières soumises à la distillation. Lorsqu'on emploie du bois de hêtre, il se forme de la Créo- sote ; celui des Conifères n’en donne qu’une très-petite quantité. Les al- caloïdes volatils et l'acide carbolique qui se produisent en grande quantité pendant la distillation destructive, paraissent ne pas exister dans le Goudron végétal, Les principes constituants de ce dernier peuvent être divisés en deux groupes : 1° une portion aqueuse plus légère, qui se sépare des autres produits de la distillation et constitue l'acide pyroligneux impur. Elle est formée surtout d’Acide Acétique et d’Alcool Méthylique, CH'O; d’Acétone, CH$O; de Mésite, CfH"?0?; de: Furfurol (1), CH‘0', et ” d'autres principes liquides très-solubles dans l'eau et dans l'acide acétique. On y trouve aussi une petite quantité de pyrocatéchine ; 2° le second groupe de produits pyrogénés du bois est formé d’une série homologue d'hydrocarbones liquides, à peine solubles dans l'eau et contenus dans la couche plus lourde que surnage l'acide pyro- ligneux; ces corps constituent le Goudron de bois proprement dit. Ce groupe contient les composés suivants : Toluol ou Toluène, COS (bouil- lant à 414 C.); Xylène, CSH10; Cumol ou Cumène, C°H'? (bouillant à 148° C.); Méthol, CH" (bouillant à 160° C.). Le bois de hêtre, qui est employé dans quelques pays à la fabrication du Goudron végétal, donne de la Créosote, constituée surtout par du Créosol, CH#0*, bouillant à 219 C., tandis que le bois de Pin donne une certaine quantité d'essence de térébenthine ou d'huiles pyrogénées ayant la même formule, Indépendamment de tous ces corps bien définis, le Goudron végétal contient plusieurs autres corps moins connus, et qui n’ont pas encore été parfaitement isolés, tels que le C'apnomor, l'Eupione, l'assamar, etc. En redistillant le Goudron végétal, et employant, vers la fin de l’o ration, une température élevée, on obtient une certaine quantité de corps solides cristallisables, dont le plus important, nommé Paraffine, a pour formule C°H*, x variant de 20 à 24. La Vaphthalène CH”, et (4) Ce liquide aromatique se svinloti. dans la distillation destructive éd sucre, il est très-probable qu’il se trouve aussi parmi les Lan à du bois, car le Pin contient _ de la cellulose combinée avec du sucre, + 410 CONIFÈRES. l’Anthracène C*H*®, se produisent aussi dans les mêmes circonstances. Les cristaux, que nous avons déjà mentionnés dans le Goudron végé- tal, sont constitués par de la Pyrocatéchine. Is se subliment facilement à quelques degrés au-dessus de leur point de fusion (144° C.), ou bien on peut les séparer à l’aide de l'acide acétique, dans lequel ils sont faci- lement solubles, ainsi que dans l’eau. Les variétés de Goudron végétal qui n’offrent pas cette substance en ont été probablement débarrassées à l’aide de l’eau. La pyrocatéchine peut être obtenue par distillation d’un grand nombre d’autres substances, telles que le cachou, le kino, les extraits de ratanhia et de feuilles de busserolle, et d’autres extraits riches en cette sorte de tannin qui forme avec les sels de fer des pré- cipités verdâtres (etfnon bleu-noirs). On l'extrait des variétés granuleuses de Goudron végétal en les exposant à un courant d'air sec chauffé, ou en les épuisant avec de l’eau. L’éther, agité avec la solution aqueuse con- centrée, puis abandonné à l'évaporation, abandonne la pyrocatéchine en cristaux incolores qui, après purification, sont dépourvus de réaction acide. ls possèdent une saveur brûlante spéciale et persistante, et sont très-irritants lorsqu'on les abandonne à l’évaporation. La solution de pyrocatéchine prend, sous l'influence du perchlorure de fer, une coloration vert foncé qui passe au noir au bout de quelques instants, et devient rouge quand on ajoute de la potasse; ce mélange acquiert finalement une magnifique couleur violette, rappelant celle d'une solution de permanganaté alcalin. Aucune coloration n’est produite dans la solution de pyrocatéchine par les protosels de fer. Parmi le petit nombre de préparations médicinales dont fait partie le Goudron végétal, l’une des plus importantes est l'eau de goudron (Aqua vel Liquor Picis). On la prépare en agitant le Goudron avec de l'eau. Il est facile de démontrer la présence, dans ce liquide, de la pyrocaté- chine, à l’aide des réactions indiquées plus haut, où en ajoutant quel- ques gouttes de chromate rouge de potassium, qui produit une colora- tion brunâtre. On. peut en déduire que la pyrocatéchine est peut-être le principe actif de l’eau de Goudron, et que, pour préparer cette eau, on doit préférer les sortes granuleuses de Goudron végétal (4). Commerce. — Le Goudron végétal se fabriqué particulièrement en Finlande. On lexpédie des différents ports du golfe de Bothnie, notam- ment more de Men de de Jacobstad, de Ny Carleby et Mod ose supposer que les auteurs du Codes français ne partagent pas ett m, car ils recommandent, dans la pr on de Feu de gd 14 de re- ete _. Le de macération du Goudron. che HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 411 de Ghristinestad. On l'exporte également d'Archangel et d’Onega sur la mer Blanche. La Volhynie produit aussi une certaine quantité de Goudron, qui est dirigé par le Dnieper vers la mer Noire. Le nord de la Suède produit également du Goudron, particulièrement dans les environs d’Umea et de Lulea ; la distillation y est effectuée dans des appareils en fer perfectionnés. Les forêts de Pin de l'Amérique du Nord produisent du Goudron et de la poix. Wilmington, dans le nord de la Caroline, a exporté, en 1871, 25 260 barils de Goudron et 3788 barils de poix (1). Les importations de Goudron du Royaume-Uni ont été, en 1872, de 189291 barils, estimés à 218 339 livres sterling. Sur cette quantité, 145 483 barils provenaient des ports du nord de la Russie. Les barils dans lesquels le Goudron nous arrive en contiennent envi- ron 30 gallons. On emploie aussi, mais moins fréquemment, des barils plus petits qui portent Le nom de demi-barils. Usages. — Le Goudron n’a pas une grande importance médicinale. On emploie parfois un onguent au Goudron contre les maladies de la peau, et l'eau de Goudron à l'intérieur. Les grandes quantités de cette substance qu’on importe chez nous sont employées dans la construction des navires, et pour la conservation des clôtures en bois. AUTRES VARIÉTÉS DE GOUDRON. Goudron de Genévrier. —- (Hule de Cade; Pyroleum oxycedri ; Oleum Juniperi empyreumaticum ; Oleum cadinum). Ge Goudron est préparé par la distillation du bois de Cade, Juniperus Oxycedrus L., arbuste ou petit arbre originaire des contrées qui bordent la Méditerranée. On l'employait autrefois, dans le sud de la France, comme médicament externe, sur- tout pour les animaux domestiques ; puis il était tombé dans l'oubli. Dans ces dernières années, on a commencé de nouveau à le prescrire dans les maladies de la peau. L’Huile de Cade actuellement employée est transparente et dépour- vue de cristaux. Elle est un peu plus claire que le Goudron de Suède, mais lui ressemble sous tous les autres rapports. On l'importe du con- tinent, mais nous ignorons avec quel bois on la prépare. Elle est men- tionnée par! le Français Olivier de Serres (2), qui s 'est rendu célèbre, au (1) Consul Wazxer, Report on the trade SL Han and South Carolina, in Consular | Reports, présentés au parlement, mai 1872. (2) Traité d'Agriculture, Paris, 1600, 941. dl 4132 CONIFÈRES. seizième siècle, par ses écrits sur l'agriculture. Elle est nommée par Parkinson (1), en 1640 ; et par Pomet (2). A l'époque de ce dernier, on la vendait rarement pure ; on lui substituait d'habitude le Goudron ordinaire. Goudron de Hêtre. — On le prépare avec le bois du Hêtre (Fagus silvatica L.) Il a sa place dans quelques pharmacopées comme la meil- leure source de la créosote. Goudron de Bouleau. — On le prépare en grande quantité en Russie, où on le nomme Dagget, avec le bois du Betula alba L. 1 contient une grande quantité de pyrocatéchine, et est très-estimé à cause de son odeur bien connue qui se retrouve dans le cuir de Russie. Les distillateurs de Leipzig vendent une essence purifiée de Goudron de Bouleau. POIX NOIRE. Pix nigra Pix sicea, vet solida, vel navalis ; angl, Pitch, Black Pitch ; allem,, Schiffspech, Sehusterpech, Schwarzes Pech. Origine botanique. — Voyez l’article Porx LIQUIDE. Production. — Lorsqu'on soumet les produits bruts de la distillation sèche du bois de Pin, décrits dans l’article précédent, à une redistillation, on obtient les résultats suivants. Les premières portions, 10 à 43 pour 100 de matières volatiles, sont constituées en majeure partie par de l'alcool méthylique et de l’acétone. A une température plus élevée, l'acide acé- tique se vaporise, tandis que l’alambic conserve le goudron. Ge dernier, soumis à une nouvelle distillation, peut être dédoublé en une portion liquide, nommée Æuile de goudron (Oleum Picis liquidæ), et un résidu qui en se refroidissant durcit et constitue la substance connue sous le nom de Poix noire. Chauffée de nouveau à une température très-élevée, cette substance est susceptible de donner de la paraffine, de l’anthra- cène et de la naphthaline. Description. — La Poix noire est une substance opaque, noire, Cas- sante, à cassure conchoïdale, luisante. Les fragments minces sont trans- lucides et brunâtres au niveau des bords. On ne peut distinguer au mi- croscope, même à l'aide de la lumière polarisée, dans les fragments minces, aucune trace de cristallisation distincte. L'odeur est particulière ss et désagréable, différente de celle du goudron. La solution alcoolique 1) Theatrum Botanicum, LS RS des Drogues, Paris, 1694, P. I, ch. xu, xiv. *< h HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. H3 possède une saveur faible, assez semblable à celle du goudron, mais la Poix elle-même se montre presque insipide quand on la mâche. Elle se ramollit sous l'influence de la chaleur de la main, et se laisse entamer par l’ongle. Elle se dissout facilement dans les liquides qui dissolvent le goudron. L'alcool à 75 pour 100 agit facilement sur elle, et ne laisse intacte qu'une petite quantité d'un résidu visqueux, foncé. La solution est brune et rougit le tournesol. Elle donne avec le perchlo- rure de fer un précipité brun-rosé, et un précipité blanchâtre avec la solution alcoolique d’acétate neutre de plomb étendue d'eau distillée. La Poix se dissout dans la solution de potasse caustique en émettant une odeur forte et désagréable. Composition chimique, — Nous pouvons déduire de la méthode par laquelle on prépare la Poix noire qu’elle doit contenir un certain nom- bre des composés les moins volatils et les moins cristallisables du goudron. D’après Vôlckel, la Poix obtenue avec le bois de hêtre, bouillie avec de l’alcali caustique, donne une huile volatile fétide ; lors- qu’on acidule cette solution, il se dégage des acides gras volatils. Ces principes n'ont cependant pas encore été isolés de la Poix du hêtre ou de celle du pin, et aucun autre constituant de la drogue n’a encore été séparé. Le précipité blanchâtre, formé par l’acétate de plomb dans la solution alcoolique de la Poix, demande à être étudié, et pourrait peut- être servir de point de départ pour arriver à une connaissance chimique plus complète de cette substance. Commeree. — La Poix noire est produite par les mêmes pays que le goudron. Il en a été importé dans le Royaume-Uni, pendant l’an- née 1872, 35 482 quintaux, fournis, pour les quatres cinquièmes, par la Russie, On fabrique aussi, en Angleterre, de la Poix noire avec le — dron ordinaire. Usages. — On administre parfois la Poix noire sous forme de pilules, ou à l'extérieur à l’état d’onguent, mais ses propriétés médicinales sont tout au moins douteuses. FRUITS DU GENÉVRIER. orne EDEN pastis Juniperi, Baccæ vel Galbuli Juniperi; Baies de Genièvre; angl., Sniper déni: allem., bubanenseemn int ha Kaddigbeeren. Origine botanique. — pr communis L. C'est un arbuste ou un petit arbre Poique, toujours vert, répandu en Europe depuis la M4 CONIFÈRES. Méditerranée jusqu'aux régions arctiques, et dans la Russie d'Asie. On le trouve aussi bien dans les hautes régions de l'Himalaya que dans . l'Amérique du Nord. Dispersé sur une aire aussi considérable, le Gené- vrier commun présente plusieurs variétés. Dans la plus grande partie de l’Europe, il forme un arbuste buissonneux de 60 centimètres à 1",80 de haut, mais dans l’intérieur de la Norwége il devient un petit arbre de forêt, haut de 9 à 12 mètres, et vivant une centaine d'années (1). Dans les hautes régions montagneuses de l’Europe tempérée, et dans les contrées arctiques, il est décombant (Juniperus nana Wiz.), et ne s'élève que de quelques pouces au-dessus du sol (a). Historique. — Les fruits du Genévrier, mais peut-être pas exclusive- ment ceux du Genévrier commun, élaient employés en médecine par les Grecs et les Romains, ainsi que par les Arabes. Ils sont mentionnés dans les plus anciens traités de botanique imprimés. Leur essence était distillée par Schnellenberg (2) dès 1546. On se servait autre- fois de ces fruits dans diverses parties de l’Europe pour la médecine populaire. Ils étaient employés comme épices (3), et l’on en retirait, par fermentation et distillation, une boisson alcoolique dans la composition de laquelle entrait l’absinthe. Cette boisson, nommée en France Ge- nièvre, était connue en Angleterre sous le nom de Geneva, qui plus tard par contraction est devenu le mot Gin (4). Description. — Les fleurs du Genévrier forment de petits chatons axillaires. Celles de la plante femelle sont formées de trois à cinq ver- ticilles de bractées imbriquées. Les trois plus élevées de ces bractées deviennent bientôt charnues et écailleuses, et alternent avec trois ovaires ayant au sommet un petit pore (5). Après que les feuilles se sont fanées, les trois bractées charnues s’aceroissent en même temps de façon à former un fruit semblable à une baie, nommé galbulus, enfermant trois achaines. Le jeune fruit offre dans le haut les trois pointes et les sutures des écailles, mais à la maturité les sutures seules restent visibles, et forment au sommet du fruit une petite dépression. La base du fruit est (1) Scuüsecer, Culturpflanzen Norwegens, Christiania, 1875, 143. (2) Artzneybuch, Künigsberg, 1556, 35. (3) Vazmonr DE Bomare, Dict. d'Hist. nat A6 IE ES (4) Le Gin distillé en Hollande est parfumé avec les baies de Genièvre, mais seu- lement en très-petite quantité ; d’après ce que nous avons entendu dire, on n’en emploie . que 2 livres pour 100 gallons. À Fe (5) Güppert a signalé en Allemagne une variété-du Juniperus communis dont le fruit se compose de six bractées et de six ovaires au lieu de trois. Le même nombre se re très-souvent dans les baies du Juniperus Orycedrus qui habite les régions ennes. [F. AP] inent Rntrrc 24 HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE, M5 indiquée par une petite cicatrice qu’entourent deux ou trois groupes de’ trois bractées chacun. Ce fruit, ou pseudo-baie, reste ovale et vert pendant la première année, et n'arrive à maturité que pendant le second automne. Il est alors sphérique ; il a de 6 à 8 millimètres de diamètre ; il est coloré en pourpre foncé, et recouvert d’une pruine d’un gris bleuâtre. Au-dessous d'un épiderme minee, existe un tissu coloré en brun jaunâtre, formé d’un parenchyme lâche qui renferme de grandes cavités à huile. Les trois carpelles durs, et très-étroitement pressés l’un contre l’autre, sont triangulaires et anguleux au sommet, attachés au sarcocarpe par leur face externe, et seulement au niveau de leur moitié inférieure. La moitié supérieure est libre et recouverte d’une mince mémbrane. Dans le sillon longitudinal qui parcourt leur tégument, vers la moitié inférieure du carpelle, sont de petits sacs proéminents. Chaque carpelle porte sur sa face interne un ou deux, et sur la face externe, quatre ou huit de ces sacs, qui dans les vieux fruits sont remplis d'une huile résinifiée, amorphe, incolore. Les fruits du Genévrier exhalent, lorsqu'on les écrase, une odeur aro- matique ; leur saveur est térébenthineuse, épicée et un peu sucrée. Structure microscopique, — La couche extérieure du fruit est for- mée d’une cuticule transparente et incolore, qui recouvre un petit nom- bre de couches de grandes cellules cubiques, ou des cellules tabulaires à parois épaisses et ponctuées. Ces cellules contiennent une substance granuleuse de coloration foncée, etune grande quantité de résine. La portion molle est formée à la maturité de grandes cellules elliptiques, à parois minces, peu cohérentes, contenant de la chlorophylle, des gouttes d'huile, et une substance cristalline soluble dans Palcool, qui est sans doute un stéaroptène. Avant la maturité, cette partie contient aussi des granules d’amidon et de larges réservoirs à huile. Elle est tra- versée par de très-petits faisceaux fibrovasculaires, contenant des vais- seaux annelés et ponctués. Composition chimique. — Le principe le plus por des fruits du Genévrier est l'huile essentielle, qu’on peut obtenir dans la proportion de 4 à 2 pour 100 (1). Elle est constituée par un mélange de deux essences lévogyres, dont l'une a la composition CH et bout à 155° &, tandis que l’autre, qui prédomine dans le fruit mûr,a pour formule CH et bout à 205° G. L'essence brute, distillée par l’un de nous, dévie la lumière (2) Le produit est quelquefois très-faible ; 245 livres, distillées par MM. Allen et Hanbury, de Londres, Plough Court, Lombard Street, en 1868, ne donnèrent que 17 onces et demie d'hüile essentielle, c'est-à-dire 0,44 pour 400. 416 CONIFERES. = 2 polarisée de 3°,5 à gauche, en colonne de 50 millimètres de long. Ges fruits sont riches en sucre : 33 pour 100 d'après Trommsdorff (1822), 23 pour 100 d'après Donath (1873). Ils contiennent aussi, d’après Do- path, de petites quantités d'acides prussique, acétique et malique, une résine et une substance nommée /unipérine. Cette dernière n'existe qu'en très-faible proportion ; elle est soluble dans l’eau chaude, mais n’est pas cristallisable. Récolte et Commerce, — On recueille une grande quantité de fruits de Genévrier en Savoie, et dans les départements français du Doubs et du Jura. On les expédie aux droguistes de Genève, On en recueille aussi en Autriche, dans le sud de la France et en Italie. Dans les prix courants de Hamburg ils sont désignés sous les épithètes d’allemands et ita- liens. Usages. Les fruils du Genévrier, et l'huile essentielle qu'on en retire, passent pour être diurétiques. On ne les prescrit guère en Angleterre. (a) Les Genévriers (Juniperus L., Genera, n. 1134) sont des Conifères, de la tribu des Cupressées, à fleurs unisexuées, portées par des pieds différents ou réunies sur le même pied, mais portées par des rameaux distincts ; à chatons femelles munis d’é- cailles opposées et décussées ou ternées, cohérentes en un fruit composé, charnu. Le Genévrier commun (Juniperus communs L., Species, 1 470) est un arbuste ou Fig. 251. Juniperus commums. Fig. 252, Juniperus communis. Mâle. ; Femelle. un arbre dioïque, pouvant atteindre jusqu’à 12 ou 15 mètres de hauteur, mais ordinai- rement beaucoup moins élevé et parfois même nain et presque couché sur le sol. Les rameaux sont étalés ou pendants ; les ramuscules sont courts, dressés et éta- lés, triquètres, à angles saillants, obtus. Son port est extrêmement variable, Il forme | parfois un cône très-régulier couvert de rameaux et de feuilles depuis la base ; ds d autres fois, le tronc est nu dans sa partie inférieure, et porte plus haut des branches HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 417 très-irrégulières, inclinées vers le sol; plus souvent, il affecte la forme d’un buisson irrégulier. Les feuilles sont ternées, assez rapprochées, plus ou moins étalées, ri- gides, colorées en vert cendré ; elles sont linéaires, acuminées et très-aiguës au som- met, légèrement canaliculées au niveau de la face supérieure, et marquées d’une bandelette blanche à peu près continue ; elles sont munies en dessous d'une carène légèrement sillonnée ; leurs bords sont entiers, obtus, dépourvus de glandes. Les chatons sont petits, axillares, deux à quatre fois plus courts que la feuille, ovales, globuleux ou ovales-oblongs, subsessiles, munis de larges bractées ovales, acuminées, entières, opposées, décussées où ternées, lichement imbriquées ; chaque bractée porte sur sa face inférieure de trois à six anthères sessiles, à peu près globuleuses ou plus ou moins anguleuses, uniloculaires, déhiscentes par une fente longitudinale. Le pollen est sphérique et lisse. Les chatons femelles sont solitaires dans l’aisselle des feuilles. Ils offrent à la base un petit nombre de bractées striées, étroitement pressées contre l'axe, et se terminant par trois ou plus rarement six écailles ter- nées épaisses et charnues. Les fleurs se composent de pistils géminés, et collatéraux à la base des écailles, dressés. L'ovaire est à peu près orbiculaire-et comprimé ; il est surmonté d'un style très-court, cyhnürique, épais, terminé par un stigmate à peu près orbiculaire et perforé. Le fruit n'arrive à maturité que la seconde année. Il est constitué par les écailles connées, épaissies, charnues, terminées au sommet par une pètite pointe saillante et recourbée en dehors ; elles enveloppent trois, ou seu- lement deux, et même parfois un seul fruit sec, indéhiscent, véritable achaine, dressé, ovale-oblong, triangulaire. La graine est formée d’un embryon à deux coty- lédons et d’un albumen charnu. [Tran.] SABINE,. Herba Sabinz ; Cacumina vel Summitates Sabinæ ; angl. Savin or Savine ; allem., Sevenkraut. . Origine botanique, — Juniperus Sabina L. C'est un arbuste ligneux toujours vert, de petite taille, et ayant une grande tendance à s’étaler sur le sol, maïs, dans quelques localités, dressé et arborescent. On le trouve dans les Alpes du sud de l'Autriche et de la Suisse, et sur les montagnes adjacentes de la France et du Piémont, jusqu'à une altitude de 1 200 à 1 300 mètres. On le rencontre aussi dans les Pyrénées, dans le centre de l'Espagne, en Italie et en Crimée, ainsi que dans le Caucase, où il s'élève jusqu’à 3600 mètres au-dessus du niveau de la mer. Vers P'Est, il s'étend jusque sur la chaîne d'Elburs, au sud de la mer Cas- pienne, et dans le sud de la Sibérie. Dans l'Amérique du Nord, on l'a trouvé sur les bords de la rivière Saskatchewan, du lac Huron, et dans le Newfoundland (a). Historique. — La Sabine est mentionnée parmi les drogues em- ployées dans. la 230 vétérinaire se Marcus Porcius Cato (1), (1) Cap. Lxx (Bubus ein) HISTOIRE DES DROGUES, T. IL, 27 418 CONIFÈRES. écrivain romain qui vivait au second siècle avant Jésus-Christ, et a publié des ouvrages sur l’agriculture. Elle était bien connue de Dioscoride et de Pline. Elle est fréquemment nommée dans les anciens traités de médecine vétérinaire anglais écrits avant la conquête des Normands (1), et avait probablement été introduite dans la Grande- Bretagne par les Romains. Charlemagne ordonna sa culture dans les fermes impériales du centre de l’Europe. Son action excitante sur les plaies et les ulcères est notée dans les vers de Macer Floridus (2) composés au dixième siècle, Description, — La partie médicinale de la Sabine est représentée par les bourgeons verts, jeunes et tendres, séparés des branches plus ligneuses. Ces bourgeons sont recouverts de petites feuilles rhomboïdes en forme d’écailles, disposées par paires alternantes. Sur les jeunes pousses, elles sont étroitement appliquées les unes contre les autres, épaisses, concaves, arrondies dans le dos, au milieu duquel se voit une glande à huile, déprimée, Lorsque les rameaux vieillissent, les feuilles deviennent plus pointues et s'écartent de l'axe qui les porte. La Sabine émet, quand on la froisse entre les doigts, ou quand on l’écrase, une odeur forte, qui n’est pas désagréable. Le cône ou galbulus res- semble à une petite baie; il est de la taille d’un pois, porté par un court pédoncule recourbé, et recouvert d’une pruine bleue. Il est glo- buleux, sec, mais riche en huile essentielle, et contient de un à quatre petits achaines. ‘© - Composition chimique, — L’odeur de la Sabine est due à une huile essentielle que les bourgeons frais fournissent dans la proportion de 2 à 2 3/4 pour 100, et les baies environ 10 pour 100. Examinée en co- lonne de 50 millimètres de long, elle dévie la lumière polarisée de 27° à droite. L’essence observée avait été distillée par l’un de nous à Londres, d'une plante fraîche cultivée à Mitcham. Le même résultat nous a été offert par une huile essentielle préparée dix ans auparavant à l’aide d'une Sabine recueillie à l’état sauvage dans les Alpes du canton de Vaud, en Suisse. Nous avons observé que, sous l'influence de l’action prolongée de l'air, l'essence, conservée dans un vase mal fermé, perd au bout de quelques années une grande partie de son pouvoir rotatoire. L’essence de Sabine a la même composition que celle de térébenthine. Nous n’avons pas pu en retirer de composé chlorhydrique cristallisé. Les bourgeons de Sabine contiennent destraces de matière tannique. ee & CockaYNE, Leechdoms, etc, of Early England, 1865, II, xn. _ (2) Cnouraxr, Macer Floridus, De viribus herbarum, Lipsiæ, 1832, 48, HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. M9 Usages,— La Sabine est un stimulant énergique de l'utérus; à haute dose, elle produit des effets très-graves. On l’administre rarement à l'intérieur. On emploie pour faire suppurer les vésicatoires un onguent- préparé avec la Sabine, auquel la chlorophylle donne une belle colora- tion verte. Substitutions. — Plusieurs espèces de Genévriers ont une grande ressemblance avec la Sabine. L'un d'eux, qui croît communément dans les jardins et bosquets, est souvent pris pour elle. C’est le Juniperus vérginiana L. (Red Cedar ou Savin de l'Amérique du Nord). Dans son pays d’origine, c’est un arbre qui atteint 43 mètres et davantage de haut, mais dans la Grande-Bretagne il reste à l’état de grand arbuste, étalé, très-différent par son port de la Sabine, qui reste basse et com- pacte (1). Son feuillage se présente sous deux formes. Dans l’une, il consiste en petites feuilles rhomboïdes, spiniformes, semblables à celles de la- Sabine ; dans l’autre, qui est plus rare, les feuilles sont allongées, aiguës, divergentes, longues de 6 millimètres, semblables à celles du Genévrier commun. Cette plante est beaucoup moins riche en huile essentielle que la Sabine véritable (2), à laquelle on la substitue parfois aux Etats-Unis. Les pousses feuillées du Juniperus phænicea L., espèce méditerra- néenne, offrent une certaine ressemblance avec celles de la Sabine, aux- quelles on les substitue parfois (3), mais elles sont tout à fait dépourvues de l’odeur particulière de cette dernière. (a) Le Juniperus Sabina L. (Species, 1472) est un arbuste où un petit arbre mo- noïque, souvent bas et presque couché sur le sol, particulièrement dans les régions alpines ou subalpines. Les rameaux sont cylindriques, tantôt dressés, tantôt au contraire étalés sur le sol, et couvrant parfois une très-large surface. Les feuilles sont très-pressées les unes contre les autres ; celles des rameaux sont opposées ou ternées, en grande partie adnées, libres et étalées au niveau de l'extrémité, lan- céolées, linéaires, aiguës, mucronées, piquantes ; celles des ramuscules sont op- (1) Nous avons examiné dans les ‘herbiers de nombreux échantillons de J. vir- giniana et de J. Sabina ; sauf la différence de stature et de port, on ne peut guère trouver aucun caractère permettant de distinguer les deux espèces. Le pédoncule du fruit est, dans le J. virginiana, souvent pendant comme dans le J. Sabina. Chacune des deux plantes a deux formes, l’une arborescente, l’autre frutescente. (2) Nous nous en sommes assurés en distillant, dans des conditions identiques, 6 livres, 6 onces de bourgeons frais de chacune des deux plantes. Le J. Sabina nous donna 9 drachmes d’huile essentielle, et le J, vèrginiana un demi-drachme seulement. L'huile essentielle de ce dernier possédait une odeur moins prononcée et un pouvoir dextrogyre différent. (3) Bonplandia, 1862, X, 55. 420 CONIFÈRES. posées, imbriquées, rhomboïdales, plus où moins aiguës, mucronulées, convexes au niveau de la face dorsale et munies dans la partie médiane d'une glande ovale. Elles sont tantôt étroitement appliquées contre le rameau, courtes et imbriquées, comme dans la figure 253; tantôt apprimées seulement à la base, libres et étalées dans le reste de leur étendue, plus longues, linéaires, aiguës et mucronées, à peu près planes et glauques en dessus, convexes en dessous et munies d'une glande linéaire-oblongne. Les cha- tons mâles sont situés à l'extrémité des rameaux la: téraux ; ils sont dressés, formés de bractées suborbicu- laires, planes dans le dos, entières et munies dans le milieu d'une petite glande arrondie, Lés chatons femelles sont également situés à l'extrémité de petits rameaux latéraux ; ils sont incurvés. Les cônes sont solitaires, pendants, portés par un ramuseule plus court que le cône et recourbé ; ils sont ovales ou à peu près globuleux, colorés en pourpre bleuâtre, et revètus d’une pruine bleue ; ils sont constitués par quatre à six écailles op- posées, étroitement connées, courtement apiculées au-dessous du sommet, et en- veloppant à la maturité un ou deux, plus rarement trois ou quatre achaines blan- châtres, convexes sur les deux faces, à bords et à sommet obtus, [Tran.] Fig. 253, Juniperus Sabina. MONOCOTYLEDONES AMOMACÉES ARROWROOT. Amylum Marantæ. Origine botanique. — Maranta arundinacea L. C'est une plante her- bacée, ramifiée, haute de 1",20 à 1",80, Ses feuilles sont ovales-lan- céolées, pubérulentes ou presque glabres. Ses fleurs sont petites, soli- taires, ou disposées en grappes lâches. Elle est originaire des parties tropicales de l'Amérique, depuis le Mexique jusqu’au Brésil, et des îles des Indes occidentales (a). Sous une forme un peu différente, Maranta indica Tussac, on la trouve aussi dans le Bengale, à Java, et dans les îles Philippines. Cette variété asiatique existe maintenant dans les Indes occidentales et dans l'Amérique tropicale, mais elle y a probablement été introduite par la culture (1). Historique, — L'histoire de l’'Arrowroot est relativement récente. En laissant de côté les anciens renseignements, donnés par les écrivains français qui se sont occupés des Indes occidentales, se rapportant à une Herbe aux flèches qu'il est impossible d'identifier avec Le Waranta, nous trouvons dans le catalogue des plantes de la Jamaïque dressé par Sloane, en 1696, un C'anna indica, radice alba alexipharmacu. Cette plante, dé- couverte dans l’île Dominica, fut importée à cette époque dans l'ile de Barbados, et plus tard à la Jamaïque. Elle était, dit Sloane, « très- estimée pour ses propriétés alexipharmaques ». On a observé, ajoute- (1) Nous acceptons l'opinion de Kürnicke (Monographiæ Kétenserust Prodromus, in Bull. de la Soc. imp. des naturalistes de Moscou, 1862, XXXV,1), d’après laquelle le Maranta arundinacea L..et le Maranta indica Tuss.ne constituent qu'une seule et même espèce. Grisebach conserve ces deux espèces (Flora of the British West Indian Is- lands, 1864, 605) et les considère toutes les deux comme originaires de l'Amérique tropicale, mais il ne signale aucun caractère important qui permette de les distinguer l’ane de l'autre. D'après Miquel (in Linnæa, 1844, XVII, 74), la plante éliquetée Maranta arundinacea dans l'herbier de Linné, est le Maranta indica. Nous avans nous-mêmes préparé de l’arrowroot avec le rhizome frais du Maranta arundinacea, dans _ le but de le comparer avec un échantillon authentique provenant de Java, et préparé avec le Maranta indica, Lt nous n'avons ” trouver entre eux aucune différence. 422 AMOMACÉES. t-il, que les Indiens emploient avec succès la racine de cette plante contre le poison des flèches : « ils la mâchent et l’appliquent sur les plaies empoisonnées. » Elle annihile aussi le poison du Mancenillier (Hippomane Mancinella L.), guérit les piqûres des guêpes de la Guada- loupe, et même arrête « la gangrène à ses débuts (41) ». Patrick Browne, en 1756, signale les propriétés alexipharmaques attri- buées au Maranta, qui était alors cultivé dans les jardins de la Jamaïque, et dit que la racine « lavée, broyée et blanchie, donne une belle farine et de l’amidon » qu’on emploie parfois dans l’alimentation lorsque les vivres sont rares (2). Hughes, dans ses écrits sur l’île de Barbados, en 1750, décrit l'Arrowroot comme une plante très-utile, et dit qu'on considère son suc mélangé avec de l’eau, et pris en boisson, comme « pré- servatif contre tout poison de nature brûlante », tandis qu’on prépare avec la racine un très-bel amidon, de beaucoup préférable à celui du froment (3). Lunan (4) insiste beaucoup sur les propriétés du Maranta arundinacea comme contre-poison, et termine son histoire de la plante par un exposé détaillé des procédés employés pour extraire l’amidon contenu dans son rhizome. L'Arrowroot commença à être employé en Angleterre vers le commen- cement de notre siècle. On le faisait venir, à ce qu’il paraît, de la Ja- maïque (5). Les indications de Sloane, confirmées par Browne et par Lunan, donnent l’origine et le sens du mot Arrowroot, et montrent l'erreur commise par le savant C.F. Ph. von Martius (1867), d’après lequel ce nom dériverait de ce que les Indiens Aruac ou Aruaquis, de l'Amérique du Sud, nomment la plus belle sorte de féeule qu'ils retirent du Manioc, aru-aru. Il est vrai que le Maranta arundinacea est connu aujourd'hui au Brésil sous le nom d’Araruta, mais ce nom dérive sans contredit du mot anglais Arrowroot; la plante, 2 te l'opinion générale, a été introduite au Brésil (6). | Fabrication, — Pour préparer l’arrowroot, on arrache Ja plante lors- a) SLOANE, Catal. plant. quæ in ins. Jamaica sponte proveniunt, vel vulgo colun- tur, Lond., 1696, 122 ; Hist. of Jamaica, 1707, I, 253. (2) Civil and Natural History of Jamaica, 1756, 112, 113. (3) Natural History of Barbados, 1756, 221. (4) Hortus Jamaicensis, 1814, I, 30. (5) Ainsi, en 1799, il fut exporté de la Jamaïque rs nee fûts et caisses d’arrow- root (RENNY, Hist. of Jamaica, 235). - (6) Nous avons reçu de M. Spruce les lignes Fr relatives à cette question : __ «.….. J’ignore l’étymologie donnée par M. Martius au mot wrrowroot. Sur les bords de pre VAmazone, on le nomme « ararüta», corruption du nom anglais, qui s'explique par le fait que la plante a été cultivée d'abord, ns _ j'ai entendu __ à .…. a pe pes ren Indes orientales, » HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 423 qu'elle est parvenue à sa maturité complète, qui, en Géorgie, se pro- duit au commencement de l'hiver. On enlève les écailles qui recouvrent les rhizomes, on lave ces derniers, puis on les broie à l’aide d'un moulin, et on lave la pulpe sur des tamis ou dans des machines à laver spéciales, afin d'enlever l’amidon. On laisse celui-ei se déposer dans l'eau, on le fait égoutter puis sécher à une douce chaleur. Au lieu de les broyer dans un moulin, on réduit parfois les rhizomes en pulpe à l’aide d’une machine à râper spéciale. Pendant toutes les phases de l'opération, on prend les plus grands soins pour éviter que l’amidon ne soit souillé par la poussière, la rouille du fer, les insectes, ou toute autre impureté qui pourrait altérer la coloration ou la saveur du produit. Le rhizome contient environ 68 pour 100 d'eau, et KoRraÀ à peu près le sixième de son poids d’amidon (1). Description. — L'Arrowroot est une poudre brillante, blanche, insi- pide, inodore, parfois agrégée en petites masses qui peuvent dépasser le volume d'un pois. Lorsqu'on le presse entre les doigts il craque avec un son clair. Il offre les propriétés générales de l’amidon, et est formé en entier de granules à peu près sphériques, ou anguleux Fig. 254. Amidon dan doter, Fig. 255. Amidon de Maranta pose Etat naturel (d'après Berg et Schmidt). Après torréfaction (d'après Berg et Sehmidt). - et irréguliers. Examinés dans l’eau, ces granules offrent une stratifica- ‘tion très-manifeste, sous forme de lignes fines concentriques disposées autour d'un petit hile. Leur diamètre varie entre 5 et 7 millièmes de millimètre, lorsqu'on les observe à sec ou dans la benzine. Si l'on chauffe avec soin, sur le porte-objet du microscope, l'eau dans laquelle ils se trouvent, on voit qu’ils commencent àse gonfler vers 70° C. Chauffé à 400" C. avec 20 parties d’eau distillée, l'Arrowroot forme une gelée demi-transparente dont l'odeur et le goût sont un peu terréux. L'acide chlorhydrique, ayant pour poids spécifique 1,06, dissout imparfaitement l'ArroWr OO! à à 40° CG. La densité de toutes les variétés g'amidon varie (1) Résultats obtenus dans la colonie allemande de dans le sud du ue (EBERHARD, Arch. der Pharm., 1868, 134, 251). dus. Li) 424 | AMOMACÉES. suivant la quantité d'eau que les granules contiennent à la tempéra- ture ordinaire. Après une exposition prolongée dans une atmosphère d'humidité moyenne, l’Arrowroot, maintenu à 400° C. jusqu’à ce que son poids reste constant, perd 13,3 pour 100 d’eau. Par une exposi- tion ultérieure à l'air, il reprend la quantité d’eau qu’il contenait primitivement. Pesé dans un liquide entièrement dépourvu d'action sur l’amidon, tel que le pétrole ou la benzine, l’'Arrowroot a offert à l’un de nous, comme poids spécifique, 1,504, et 1,565 après que sa poudre eut été desséchée à 100° C. Structure microscopique de l'Arrowroot et de l'Amidon en général, — Les granules d'amidon sont formés de couches concentriques qui sont rendues bien évidentes par l’action lente du chlorure de calcium, de l'acide chromique, ou d’une solution ammoniacale d'oxyde cuprique. Lorsqu'on fait agir sur l'amidon une de ces dissolutions dans un état de concentration convenable, ou quand on opère avec un liquide dont l’ac- tion n’est pas trop énergique, comme la diastase, la bile, la pepsine, ou la salive, on obtient un résidu qui, d’après Nägeli, n’est plus susceptible de se gonfler dans l’eau bouillante, ni d’être coloré en bleu par l'iode, à moins qu'on ajoute de l'acide sulfurique, mais qui est dissous par l’oxyde cuprique ammoniacal. Ce sont là les propriétés essentielles de la cel- lulose, et le résidu a été considéré par Nägeli comme de la cellulose vé- * ritable, tandis que la portion dissoute a été désignée sous le nom de Granulose (Maschke, 1852). Dans son importante monographie de l'a- midon (1), Nägeli a décrit l’action exercée par la salive sur ce Corps, pires on le fait digérer pendant un jour à une température de 40° à 47° C. Il décrit le résidu comme un squelette correspondant à la forme primitive du grain d'amidon, mais un peu plus petit, clair, et très- mobile dans l’eau. Il en conclut que les interstices de ce squelette étaient primitivement remplis par la granulose, Cette expérience, qui a été répétée par l’un de nous (F.), ne nous paraît pas comporter toutes les déductions que M. Nüägeli en a tirées. Il est vrai que plusieurs parties du grain d'amidon sont dis- soutes par la salive, tandis que d'autres sont attaquées d'une ma- nière très-irrégulière; mais nous ne pouvons admettre qu'il reste quelque chose d’analogue à un squelette du grain d’amidon. Après une action plus prolongée, et à une température plus élevée, qui ont ne doit pas mas Ge C., il se produit une dissolution co 2 Di Sukekümer Zurich, 1858, in-éo. fé HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 125 plus considérable du grain d'amidon, soit sous l’action de la salive, soit sous celle de la bile, mais elle n’est jamais complète (1). Composition chimique de l'amidon, — On assigne communément la formule CH°05 à l’amidon, quelle que soit la plante qui le produise, Musculus a montré cependant, en 1861, que sous l'influence des acides dilués ou de la diastase, l'’amidon se dédouble en Dextrine, C'HYO', et en Dextrose, CH?05, et que la formule C'#H*0:5 répondrait mieux à cette décomposition. L'eau froide n'est pas sans action sur l’amidon. Lorsqu'on le triture avec l’eau pendant longtemps, le liquide filtré, quoique ne con- tenant aucune particule d'amidon, se colore en bleu sous l'influence de l’iode, sans qu'il se forme aucun précipité. La quantité d'amidon tenue ainsi en dissolution est extrêmement faible, mais les grains sont légèrement entamés. Il est probable que la dissolution qui se produit dans ces circonstances est due à la légère élévation de température qui est produite par la trituration. Certains réactifs susceptibles d'attaquer l’'amidon agissent sur lui par des procédés très-différents. L'action, à froid, des solutions aqueuses concentrées des sels neutres solubles ou de l'hydrate de chloral est re- marquable. Le bromure, l’iodure de potassium, ou le chlorure de cal- cium, par exemple, font gonfler les grains et les rendent solubles dans l'eau froide, À un certain degré de dilution, il se forme un liquide par- faitement limpide, qui ne contient au début ni dextrine ni sucre ; il est coloré en bleu, sans précipité, par l’eau iodée , et l'alcool en précipite l'amidon. Ge précipité, quoique entièrement dépourvu de la structure propre à l'amidon, offre encore un certain nombre des principales pro- priétés de cette substance ; il est coloré en bleu par l’iode, ne se dis- sout pas, même à l’état Hutuile, dans l'oxyde cuprique ammoniacal, et, après dessiccation, est insoluble dans l'eau froide ou bouillante. La marche de la dissolution est plus facile à suivre lorsqu'on emploie le chlorure de calcium, parce que ce sel agit plus lentement que ceux que nous avons déjà mentionnés. Il ne laisse qu’un résidu impereeptible. _ Ge fait est contraire, à notre avis, à l'opinion d’après laquelle l’amidon serait formé d’une substance amylacée particulière, déposée dans les mailles d'un squelette de cellulose. L'action remarquable de liode sur l’amidon fut découverte, en 1814, par Colin et Gaultier de Claubry. Son énergie varie. beaucoup avec (1) Pour plus de détails sur cette question, voyez mon mémoire : Ueber Stärke und Cellulose, in Archiv der __——. 1871, 196, 7. [F.A.F.] | 426 AMOMACÉES. chaque sorte d’amidon, avec la proportion d'iode, et avec la nature de la substance dont les grains se trouvent imprégnés soit avant, soit après l'action de l’iode. Cette action est même entièrement arrêtée, et la co- loration bleue ne se produit pas, en présence d’une certaine quantité de quinine, de tannin, d’eau de goudron, et d’autres corps. La combinaison de l'iode avec l’amidon ne s'effectue pas dans des proportions définies, et elle est facilement détruite par la chaleur. La proportion d'iode combinée s'élève au plus à 7,5 pour 400. Ce com- posé se forme plus facilement en présence de l'eau, et il se produit alors une coloration bleu-indigo foncé. La plupart des autres sub- stances susceptibles de pénétrer les grains d’amidon, font passer la couleur du composé iodé au violet, au jaune rougeâtre, au jaune ou au bleu verdâtre. Ces différentes colorations, dont la production a été décrite par Nägeli avec beaucoup de détails, répondent aux couleurs pro- pres de l'iode lui-même à l'état solide, liquide ou gazeux. Elles indi- quent peut-être que les particules de l’iode pénètrent dans un état par- ticulier, et d’une façon inexpliquée, dans l'amidon ramolli ou dissous. Commerce de l'Arrowroot, —Les principales sortes d’Arrowroot qu'on trouve dans le commerce sont connues sous les noms d’Arrowroot des Bermudes, de Saint-Vincent et de Natal: mais on trouve encore coté dans les prix courants, du moins accidentellement, l'Arrowroot de la Jamaïque, des Indes occidentales, du Brésil, de Sierra-Leone et des Indes orientales. Parmi ces variétés, celle qui jouit de la‘plus grande | réputation, et qui atteint de beaucoup le prix le plus élevé, est celle des Bermudes ; mais elle est fréquemment mélangée d'Arrowroot des autres localités, qui, à l’état d’égale pureté, ne peuvent pas être distingués. Les importations d’Arrowroot dans le Royaume-Uni, pendant l’année 1870, se sont élevées à 21770 quintaux, valaht 33063 livres sterling. Sur cette quantité, l'ile Saint-Vincent, dans les Antilles, avait fourni près de 17 000 quintaux, et la colonie de Natal environ 3000 quintaux. La fabrication de l'Arrowroot paraît décliner dans les îles des Indes occidentales. Les Bermudes, particulièrement, n’en exportent plus qu’une quantité insuffisante pour les besoins du commerce (1). Usages. — L'Arrowroot bouilli dans l’eau ou le lait constitue un ex- cellent aliment pour les convalescents. C'est aussi un aliment agréable sous forme de pudding et de blanc-manger. Falsifieation, — On vend paies sous le nom d’Arrowroot d’autres eo Pendant es 1868, il n’en a été nn | 60 quintaux, et en 1869, 91 _ HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 497 amidons que celui du Maranta. On ne peut les distinguer qu'à l’aide du microscope. AUTRES AMIDONS. Amidon de Pomme de terre. — Cette substance, connue dans le commerce sous le nom de Fécuie ou Farine de Pommes de terre, est pré- parée avec les tubercules du So/anum tuberosum L. par un procédé analogue à celui qui est employé pour . la préparation de l’arrowroot. L'amidon de pommes de terre offre les caractères suivants : Examinés au microscope, les granules paraissent être surtout de deux sortes : les uns petits et sphériques, les autres beaucoup plus gros, ayant par- fois jusqu'à 100 millièmes de millimètre de long, avec un contour irrégulier, ovale ou anguleux ; ils sont marqués de fines lignes concentriques disposées M8: ?%5: Amidon de Solanum tuberasum. autour d’un hile peu visible. Lorsqu'on les chauffe dans l’eau ils se gonflent beaucoup, même à 60° C. L’acide chlorhydrique, ayant pour poids spécifique 1,06, les dissout même à 40° C., rapidement et pres- que entièrement, et il ne se dépose plus ensuite de granulations comme dans le cas de l'arrowroot. Le mélange d’arrowroot et d’acide chlorhydrique est inodore, tandis que celui d’amidon de pommes de terre et d'acide chlorhydrique possède une odeur particulière, mais faible. Amidon de Canna (Amidon de Tous les mois (4), de Toulema, de Tolo- mane). — On cultive dans les îles des Indes occidentales, et particu- lièrement dans l’île de Saint-Kitts, une espèce de Canna dont le rhizome sert depuis 14836 à l'extraction d’une sorte particulière d’amidon. On emploie le même procédé que pour l’arrowroot. Le nom spécifique de la plante est encore indéterminé. Nous avons recu de Saint-Kitts des rhizomes vivants, et nous avons cultivé la plante pendant plusieurs an- (1) On admet généralement que le nom de Tous les mois a été donné à la plante parce qu’elle fleurit pendant toute l’année, mais cette explication ne nous paraît pas pa à A8 Ce nom n’est mentionné ni par Rochefort, ni par Aublet, ni par Des- courtilz, qui nomment la plante Balisier ou Canna. Il paraît plus probable qu’il vient, par corruption, d’une dénomination ancienne, peut-être Touloula, qui est l’un des noms caraïbes du Canna et du Calathea. 428 = AMOMACÉES. nées, mais nous n’avons pas pu obtenir de fleurs, et les feuilles n’of- fraient pas de caractères suffisants pour permettre de reconnaître l'espèce. L’amidon porte le même nom que la plante ; c’est une poudre blane foncé, douée d'un aspect satiné ou lustré particulier, dû à la grosseur extraordinaire des granules dont elle est composée. Les grains de cet amidon, examinés au microscope, paraissent aplatis et irréguliers, circulaires, ovales, oblongs ou ovales-tronqués. "Le centre des nombreuses lignes concentriques qui marquent chaque granule est situé à une des extrémités du grain. Le hile n’est pas visible. Les granules, quoique beaucoup plus grands que ceux de la pomme de terre, ont la même densité que ceux de la petite variété de l’amidon de pommes de terre, et flottent comme eux à la surface du chloroforme. Lorsqu'on les chauffe, ils commencent à éclater vers 7% C. L'acide chlorhydrique dilué agit sur eux comme sur ceux de l’arrowroot. L'amidon de Canna, bouilli dans vingt fois son poids d’eau, donne une gelée moins claire et plus tenace que celle de l’arrowroot, mais cepen- dant susceptible des mêmes applications. Cet amidon n’est fabriqué qu’en très- -petite quantité; il est peu connu et peu estimé en Eu- rope (1). Amidon de Cureuma (Tikor, Tikhar). — Les tubercules pendants et incolores de quelques espèces de Cur- cuma , et particulièrement du C. angus- tifolia Roxs. et du C. leucorrhiza Roxs., 5 sont depuis longtemps utilisés, dans le Le. sud de l'Inde, pour la préparation d’une EE sorte d’arrowroot connu sous le nom \ jh \l hindoustani de Tikhar, et nommé parfois ] 1) par les Européens Arrowroot des Indes Orientales (2). Les granules de cet ami- HR pr EE don ressemblent beaucoup à ceux du Maranta, mais ils ne sont ni sphériques ni anguleux. On peut les décrire plutôt comme des disques aplatis, ayant de 5 à 7 millièmes de millimètre d'épaisseur, à contour elliptique ôu ovoïde, parfois tronqué. Un grand nombre ont de 60 à 70 millièmes de millimètre de long. Le hile est généralement situé au niveau de la __ (4) Ien a été mis en vente, à Londres, le 10 mai 1871, vingt barils provenant de Saint- Kitts. Ils furent vendus à raison de 2 deniers et demi la livre. NI = \ f)\ di) ee ve (2) Los racines vivantes de la plante, employées pour la préparation de cet arrow- nous ont été obligeamment none par À. F. Sealy, en. de cette HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 429 petite extrémité. D’après nos observations, quand on chauffe ces gra- nules dans l’eau, ils commencent à se gonfler à 72° C. | L'amidon du Curcuma possède les propriétés générales de l'arrow- root commun, On le fabrique sur une grande échellé, mais d’une façon très-primitive, à Travancore, à Cochin et à Canara, sur la côte sud-ouest de l'Inde. Drury (4) dit qu'il constitue un des aliments favoris des in- digènes, et qu'on l’exporte de Travancore et de Madras. Nous pouvons ajouter qu’il n’est pas connu sur le marché anglais comme marchandise spéciale, et que l'’amidon que nous avons vu én vente dans les boutiques de Londres, sous le nom d’Arrowroot des Indes orientales, était de l’ami- don de Maranta. (a) Les Maranta Piuuter (Genera, 36) Sont des Amomacées de la tribu des Ma- rantées à corolle irrégulière ; à étamines pétaloïdes, l’une d’elles seulement fertile et ne portant qu’une demi-anthère sur son bord ; à ovaire infère, triloculaire,'avec des loges uniovulées. ! Le Maranta arundinacea L. (Species, 2) est une plante à souche vivace, fibreuse, produisant au niveau de sa couronne de nombreux tubercules fusiformes, charnus, écailleux, et une tige aérienne haute de 30 à 60 centimètres, très-ramifiéé, grêle, fi- nement velue, renflée au niveau des nœuds. Les feuilles sont alternes et munies de longues gaines foliacées, velues ; elles sont ovales-oblongues, acuminées, légèrement velues en dessous, colorées sur les deux faces en vert pâle. Les fleurs sont disposées en panicules terminales, lâches, étalées, munies, au niveau de leurs ramifications, de longues bractées linéaires, engaînantes. La fleur est irrégulière et hermaphrodite, Le calice est formé de trois sépales verts, lisses imbriqués dans la préfloraison. La _ corolle, ou calice intérieur, est petite, blanche, composée de trois pétales connés en tube dans Je bas. L’androcée est formé de trois étamines pétaloïdes ; l’une d’elles seulement est fertile et porte une seule loge anthérique fixée sur l’un de ses bords: les deux autres sont des staminodes pétaloïdes, dont l'une reste simple et l'autre se dédouble en deux lames. Le gynécée est formé d’un ovaire infère, triloculaire, surmonté d’un style tubuleux, recourbé, terminé par trois lobes stigmatiques. Cha- que loge de l'ovaire ne contient qu’un seul ovule anatrope inséré dans l'angle in- terne. Le fruit est d’abord bacciforme, mais il se dessèche après la maturité, et ne renferme, par avortement, qu’une seule graine dépourvue d’arille, dont l'albu- men est corné et l'embryon recourbé (2). [TrA».] mt RHIZOME DE GINGEMBRE. Rhisoma Zingiberis ; Radix Zingiberis ; angl., Ginger ; allem., Ingwer. _ Origine botanique.—Z/ngiber officinale Roscor (Amomum Zingiber L.). C'est une plante à port de roseau, avec des tiges annuelles, feuillées, (1) Useful Plants of India, éd, 2, 1873, 168. en (2) Pour le Développement et l'Organisation de la fleur des Marantées, voyez H. BaïLLON, in Adansonia, 1861. 430 AMOMACÉES. hautes de 90 centimètres à 4,90, et des fleurs disposées en épis coni- ques portés par d'autres rameaux qui s'élèvent directément du rhizome. Le Gingembre est indigène de l’Asie, dans les parties les plus chaudes de laquelle il est très-eultivé (1). Mais ilest inconnu à l’état sauvage. Il a été introduit dans la plupart des contrées tropicales ; on le trouve aujourd'hui dans les Indes occidentales, dans l’Amérique du Sud, dans l'Afrique tropicale occidentale, et dans le Queensland en Australie (a). - Historique.— Le Gingembre est connu dans l'Inde, depuis les temps les plus reculés, sous le vieux nom sanscrit de Sringavéra, d'où dé- rivent son nom grec Z-yy{éet et son nom latin Z ingtber. I] était employé comme épice par les Grecs et par les Romains, qui le recevaient proba: blement par la voie de la mer Rouge, car ils le considéraient comme un produit du sud de l'Arabie. Dans une liste des drogues importées de la mer Rouge à Alexandrie, qui, au deuxième siècle de notre ère, étaient frappées d’un impôt par le fisc romain, nous trouvons le Zingiber parmi d’autres épices de l'Inde (2). Pendant le moyen âge, il est fréquemment mentionné dans des listes semblables, et il constituait évidemment un objet important de commerce entre l'Europe et l'Orient. Nous le trouvons dans le tarif des impôts levés à Saint-Jean d’Acre, en Palestine, vers 41173 (3); dans celui de Barcelone (4), en 1221; dans celui de Marseille (5), en 1928 ; dans celui de Paris (6), en 1296. Le Tarif des Péages, ou tarif des douanes des comtes de Provence, au milieu du treizième siècle, prescrit de lever dans les villes et châteaux d'Aix, Digne, Valensole, Tarascon, Avignon, Orgon, Arles, etc., un impôt sur diverses marchandises im- portées d'Orient, parmi lesquelles se trouvent des épices, notamment le poivre, le Gingembre, les clous de girofle, le zédoaire, le galanga, le cubèbe, le safran, la « canella », le cumin, l’anis: des matières tinc- toriales, notamment : la laque, l’indigo, le bois du Brésil, et surtout l'alun; des denrées diverses, telles que le sucre, le riz et les dattes (7). En Angleterre, le Gingembre paraît avoir été assez bien connu, même avant la conquête des Normands, car il est fréquemment nommé dans (1) Le mode de culture a été décrit par Buchanan, Journey from Madras through Mysore, etc., 1807, II, 469. : (2} VincenrT, Commerce and Navigation of the Ancients, 1807, IL, 695. (3) Recueil des Historiens des Croisades ; Lois 1843, 1I, 176. (4) Capmany, Memorias sobre la Marina, ete., de Barcelona, Madrid, 1779, IL, 3. (5) MËry et Guinpon, Hist. des Actes... de la municipalité de Marseille, 1841, _ 1,372. Guérarn, Cartul. de Saint. Victor de Marseille. _+ (6) Revue Archéologique, 1852, IX, 213. (7) Collection des Cartulaires de France, Paris, 1857, VIII > PP. LXXHII-KCTr. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 431 les traités de médecine vétérinaire anglo-saxons du onzième siècle! Pendant les treizième et quatorzième siècles, il était, après le poivre, la plus commune des épices, et coûtait, en moyenne, à peu près 4 shil- ling 7 deniers la livre, à peu près le prix d’un mouton (1). Vers le milieu du quatorzième siècle, les marchands d'Italie connais- saient trois sortes de Gingembre, nommées Zelledi, Colombino et Mic- chino. Ces dénominations peuvent s'expliquer de la façon suivante : Belledi ou Baladi est un mot arabe qui, appliqué au Gingembre, signi- fierait sauvage ou du pays, c’est-à-dire Gingembre commun. Colombino se rapporte à Columbum, Kolam ou Quilon, port du Travancore fréquem- ment mentionné au moyen âge. Le nom de Micchino paraît indiquer que l'épice était apportée de la Mecque ou par la voie de la Mecque (2). On importait aussi, pendant le moyen âge, du Gingembre conservé dans du sirop, qu’on nommait Gingembre vert ; on le considérait comme une friandise de premier choix. La plante qui produit le Gingembre doit avoir été bien connue de Marco Polo (1280-1290). 11 dit l'avoir vue en Chine et dans l'Inde. Gio- vanni de Monte-Corvino, qui visita l’Inde vers 1292 (voy. Il, 227) décrit le Gingembre comme un glaïeul dont on peut arracher et transporter la racine. Nicolo Conti, au commencement du quinzième sièele, donne aussi une description de la plante, et la façon dont on arrache sa racine, d’après les observations faites par lui-même dans l’Inde (3). Les Vénitiens recevaient le Gingembre par la voie d'Egypte ; cer- taines sortes supérieures cependant étaient transportées de l’Inde par terre, puis suivaient la voie de la mer Noire, ainsi que l’établit Marino Sanudo (4), vers 1306: Le Gingembre fut introduit en Amérique par Francisco de Mengoça qui le récolta dans les Indes orientales poar le transporter dans Nouvelle-Espagne (5). On l'expédiait commerciale- ment de l’île de Saint-Domingue dès 1585, et des Barbades en 1654 (6). D'après Renny, on en exportait de: très-grandes PRES des ss occidentales pour l'Espagne, dès 1547 (7). Description. — Le ins se __— sous deux formes. Dans (1) Rocens, Hist. oj Agriculture cd Prices in England, 1866, , 629 © (2) Yue, Book of Ser Marco Polo, 1871, IL, 316. si fe (3) Voyez p. 828, note 9, t. 2. (4) Marius SANUTUS, Liber secretorum fidelium crucis, Hanau., 1611,22. (5) Monanpes, Hist, de las cosas que se traen de nuestras dodist: occidentales, Se- villa, 1574, 99. (6) Calendar of State Papers, Colonial Series, 1574-1660, Lond., 1860, 4, si 3, 434. (7) 22 053 quintaux, Voyez : Renny, Hist. of Jamaica, Lond., 1807, 154. 432 AMOMACÉES. l’une, le rhizome a été desséché avec son épiderme ; ôn lui donne le nom de Gingembre cortiqué. Dans l’autre, le rhizome est privé de son épi- derme, c’est le Gingembre décortiqué. Les moréeaux sont nommés par les épiciers racines ou mains. Ils ont rarement plus de 10 centimètres de long ; leur forme est palmée; chacun d'eux porte une série de lobes courts, comprimés latéralement, répondant à autant de bases de ra- meaux, et offrant chacun au niveau du sommet une petite dépression, qui représente la cicatrice de l'axe feuillé. Pour préparer le rhizome décortiqué on racle le rhizome, on le lave et on le fait sécher au soleil. {l offre alors une coloration cha- mois pâle ; sa surface est striée et un peu fibreuse; il se casse faci-. lement, et sa cassure est courte et farineuse ; elle met à nu de nom- breuses fibres semblables à des soies. Coupée avec un canif, la portion terminale et jeune du rhizome se montre colorée en jaune pâle; elle est molle et amylacée, tandis que la partie la plus vieille est dure, pierreuse et résineuse, Le Gingembre cortiqué, c’est-à-dire celui qui a été séché avec son épi- derme, est recouvert d’un tégument brun, ridé, strié, qui lui donne un aspect extérieur rude et grossier. Sa coloration interne est, d'ordinaire, moins claire que celle du Gingembre décortiqué. Beaucoup de morceaux de cette sorte de Gingembre sont foncés, cornés et résineux. Le Gingembre possède une odeur aromatique agréable, et une saveur forte, piquante. Variétés. — Les diverses sortes de Gingembre qu’on trouve actuelle- ment sur le marché de Londres sont désignées sous les noms de Gin- gembre de la Jamaïque, de Cochin, du Bengale et d'Afrique. Les trois premières sortes sont décortiquées, la dernière esi cortiquée, c’est cette dernière qui est la plus estimée; après elle, vient celle de Cochin, mais il existe un grand nombre de qualités de chacune de ces nue offrant entre elles de grandes différences. Le Gingembre décortiqué est fréquemment blanchi, soit par l'acide sulfureux, soit par immersion pendant un temps très-court dans une solution d’hypochlorite de chaux. Celui qu'on trouve chez les épiciers paraît souvent avoir été badigeonné à la chaux, car il est recouvert d'une couche mince de substance calcaire, qui est du sulfate ou car- bonate de calcium (1). Structure micrescopique, — Sur une coupe transversale, le es - ei Garside (Phurm. Journ., 18 avril qu ya a trouvé ces deux sels. Nous n'avons pas observé nous-mêmes le carbonate, HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 4133 gembre cortiqué offre une couche externe brune, cornée, épaisse d’un millimètre environ, séparée par une ligne fine de la partie interne qui est blanchâtre et farineuse, et dans laquelle sont dispersés sans ordre de nombreux faisceaux fibro-vasculaires et des cellules à résine. Le tissu externe est formé d’une couche extérieure lâche, et d'une couche interne composée de cellules tabulaires. En dedans de cette dernière, se trouve une zone de cellules parenchymateuses courtes, qui, sur une section transversale, offrent un contour sinueux et des parois partiellement épais- sies ; elles ont une apparence cornée particulière, C’est ce tissu qui forme le revêtement du Gingembre décortiqué, et donne à sa surface un aspect strié. C’est lui aussi qui est le siége principal de la résine et de l'huile volatile qui sont contenues dans de larges cavités. Le tissu à grandes cellules qui ‘vient ensuite est rempli d’amidon, et contient aüssi de grandes quantités de résine et des gouttes d'huile. Les grains d’amidon sont irrégulièrement sphériques ; ils ont au plus 40 millièmes de milli- mètre de diamètre. Certaines variétés de Gingembre, dont l’amidon a été rendu gélatineux par l’ébullition, sont cornées et translucides. Le cercle de faisceaux fibro-vasculaires qui sépare les couches externes de la portion centrale est étroit, et offre la même DÉAAUOR et la même structure que dans le Curcuma. Composition chimique. — Le Gingembre contient une huile volatile, qui seule parmi ses principes constituants a été jusqu’à ce jour étudiée. En distillant 50 kil. de Gingembre de la Jamaïque avec de l’eau, de la façon habituelle, nous avons obtenu 124 grammes de cette essence, c'est-à-dire 4/4 pour 100 environ. C’est un liquide jaune pâle, ayant pour poids spécifique 0,878 ; son odeur est semblable à celle du Gin- gembre, mais il n’a.pas la saveur brûlante de ce dernier. Sa réaction n'est pas acide, il ne se dissout que difficilement dans l'alcool (0,83) et dévie la lumière polarisée vers la gauche, de 24,6, en colonne de 50 millimètres. La saveur brûlante du Gingembre est due à une résine qui produit de l’acide protocatéchique quand on la fond avec de la potasse (Stenhouse, 1877). : Commerce, — La Grande-Bretagne a importé pendant ces dernières années les quantités suivantes de Gingembre : en 1868, 52194 quin- taux ; en 1869, 34535 quintaux ; en 1870, 33 854 quintaux ; en 1871, 32723 quintaux ; en 1872, 32 174 quintaux. En 1872, les quantités importées se décomposent de la façon suivante, par rapport au pays producteur : d'Egypte, 4923 quin- _ taux ; de Sierra-Leone, 6167 quintaux ; de l'Inde Anglaise, 13310 quin- HIST. DES DROGUES, T. 12. 28 433 .. : AMOMACÉES. taux; des Indes occidentales anglaises, 7543 quintaux; des autres pays, 231 quintaux: Les importations de Gingembre provenant des Indes occidentales ont beaucoup diminué pendant ces dernières années. Usages, — Le Gingembre est un aromate agréable et. stomachique, À ce point de vue, il peut être ajouté avec avantage à d’autres médica- ments, mais On l’emploie beaucoup plus comme condiment que comme drogue. Les Gingembres (Zingiber Gerrner, Fruct., I, 33, t. 12) sont des Amomacées- Zingibérées à corolle tripartite; à androcée formé d’un verticille de trois étamines dont une seule est fertile et munie d’une anthère biloculaire, surmontée d’un long appendice subulé et canaliculé, les deux autres étamines étant connées en un sta- minode pétaloïde ou labelle ; à ovaire infère, triloculaire, contenant plusieurs ovules dans chaque loge ; à capsule triloculaire, déhiscente en trois valves. Le Zingiber officinale Roscos (in Trans. Linn. Soc., VII, 348) est une plante à rhizome tubéreux, bisannuel, émettant des rameaux foliaires aériens, dressés, an- nuels, hauts de 30 centimètres à 1®,20. Les feuilles sont munies de longues gaines lisses, qui enveloppent complétement la tige ; elles sont étroites, linéaires-lancéolées, très-lisses en dessus, un peu moins lisses en des- sous ; au niveau du point de jonction de la feuille et de la gaine se voit une ligule bifide. Les fleurs sont portées par d'autres rameaux. ou scapes, émis directement par le rhizome, hauts de 13 à 30 centi- mètres, enveloppés par un petit nombre d'écailles engainantes, obtuses, qui vers le haut se développent parfois en feuilles véritables, imais beaucoup plus courtes que celles des rameaux foliaires. Les fleurs sont disposées au sommet du scape en un épi du vo- lume du pouce, oblong, muni de bractées im- briquées, obovales, lisses, membraneuses sur les bords, parcourues de stries longitudinales, enve- loppant chacune une seule. fleur axillaire, portée par un pédoncule très-court. Ce dernier porte une bractée plus petite que la bractée mère et enveloppant l’ovaire, le calice, et une partie de la corolle. Les fleurs sont petites relativement à celles des plantes de cette famille, Le calice est tubuleux, Fig. 258. Zingiber officinale. fendu sur l'une de ses faces, divisé en trois dents, La corolle est tubuleuse, à tube allongé et cylindrique, à limbe divisé en trois segments à peu près égaux, oblongs, terminés en pointe, naissant en alternanco avec les trois divisions du ca- lice et imbriqués dans lx préfloraison, L'androcée se compose de trois étamines, dont une seule fertile, pétaloïde, portant une anthère allongée, oblonbue, biloculaire, _déhiscente par deux fentes longitudinales, et surmontée par un long prolongement subulé et canaliculé du connectif. Les deux autres étamines sont stériles et connées lame pétaloïde ou labelle, Le gynécée est formé d'un ovaire ovale, trilo- monté d’un style filiforme que termine un stigmate en entonnoir, cilié, HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 435 logé au-dessous du sommet de la corne qui termine l’anthère. Entre la base du Style et l’androcée sont deux lames allongées représentant un disque épigyne. Chaque loge ovarienne contient un Éonbré indéfini d’ovules anatropes, insérés dans l'angle interne. Le fruit est une capsule triloculaire, loculicide, déhiscente en trois valves. Elle contient dans chaque loge un nombre variable de graines munies d’un arille, et renfermant un embryon axile dans un’ albumen charnu. [Tran.| - RHIZOME DE CURCUMA. Rhizoma Curcumæ (1), Radix Curcumæ ; Angl., Turmeric ; allem., Gelbwurzel, Kurkuma. Origine botanique. — Curcuma longa L. Le Cureuma est indigène de l’Asie méridionale, où il est très-cultivé sur le continent et dans les îles (a). Historique, -— Dioscoride mentionne une plante indienne, une sorte de Cyperus (Kôrz1p0c), semblable au Gingembre, mais offrant une colo. ration jaune, et ayant, lorsqu'on la mâche, une saveur amère ; il est pro- bable qu'il faisait allusion au Cureuma. Garcia d’Orta, en 1563, et Fra- goso, en 1572, décrivent le Curcuma sous le nom de Crocus indicus. Dans une liste des drogues qui se vendaient à Francfort vers 1450, on trouve le Cureuma à côté du Zédoaire et du Gingembre (2). Dans son pays d’origine, le Cureuma est, depuis les temps les plus reculés, tenu en grande estime, soit comme condiment, soit comme ma- tière tinctoriale. En Europe, il a toujours été moins apprécié que les autres épices appartenant au même groupe que le Gingembre. Dans un inventaire des biens d'un commerçant du Yorkshire, daté du 20 septembre 1578, on trouve énuméré « æ. owncis of pie æ d. » (3). _ Deseïiption. — La base de la tige du Dérébsié s’épaissit pubddnt la première année en une souche ovale qui émet ultérieurement des bour- geons, et forme des rhizomes latéraux secondaires, de chacun desquels partent des racines. Ces dernières se ramifient et restent fibreuses, ou bien se renflent parfois en tubercules-incolores, fusiformes, riches en ami- don. Les rhizomes latéraux sont sans aucun doute susceptibles de pro- duire autant de plantes indépendantes qui peuvent vivre isolées de la plante mère. Le rhizome central, autrefois connu sous le nom de Cur- cuma Dhs, et les rhizomes latéraux, ms ou Curcuma longa, % ui Le ui Curcuma vient du persan Kurkum, nom qu’on Pi au : Palren: (2) FLückicer, Die Frankfurter Liste, Halle, 4873, 414. (3) D Wills- and: Invent. of the Archdeac. Re Richmond (Surtees Society), | 1853,277. 436 AMOMACÉES. étaient considérés par Linné comme produits par des espèces distinctes. Les tubercules radicaux de quelques espèces de Curcuma, et notam- ment du CG. angustifolia Roxs., sont employés à la préparation d’une sorte d’arrow-root (p. 428).— On les fait parfois dessécher, et ils consti- tuent alors une espèce particulière de Cureuma que les Chinois nomment Yuh-Æin (4). Le Cureuma du commerce est constitué par les deux sortes de rhi- zomes dont nous avons parlé plus haut : les rhizomes du centre ou ronds, et les rhizomes latéraux ou /ongs. Les premiers sont ovales, pyri- formes, ou presque sphériques, parfois pointus au niveau de l’extrémité supérieure, et couronnés par le reste des feuilles, tandis que les faces portent les racines et sont marquées de sillons concentriques. Leur dia- mètre est très-variable, mais ils ont rarement moins de 2 centimètres, et fréquemment beaucoup plus. On a l’habitude de les couper et de les échauder pour détruire leur vitalité et faciliter leur dessiccation. Les rhizomes latéraux sont à peu près cylindriques, atténués aux deux ex- trémités, généralement recourbés, couverts d’une écorce rugueuse, et marqués de sillons transversaux plus ou moins nombreux. On observe parfois sur une de leurs faces une, deux, ou plusieurs saillies qui ré- pondent à autant de bourgeons. Les rhizomes de Curcuma des deux variétés, ronds ou longs, sont très-durs, et offrent une surface de cassure foncée, à aspect résineux, colorée en orange ou en brun orangé plus ou moins brillant. Ils possèdent une odeur et une saveur aromatiques, particulières. On trouve sur le marché anglais plusieurs variétés de Curcuma qu’on distingue par les noms des pays qui les produisent ; mais quoiqu’elles offrent des caractères assez marqués pour qu’un commerçant exercé ne puisse s'y tromper, ces caractères ne sont ni assez prononcés ni assez constants pour qu'on puisse les décrire de façon à ce qu’ilsoit possible de toujours bien les reconnaître. Les sortes principales qui existent actuel- lement dans le commerce sont celles de Chine, de Madras, du Bengale, de Java et de Cochin. La première est la plus estimée, mais on ne la trouve que rarement sur le marché européen (2). Le Curcuma de Madras est une belle sorte se présentant en gros (1) Pharm. Journ., 1862, III, 260, fig, 11. — Elle n’est pas entièrement dépourvue de matière colorante jaune. Eee ne (2) On en exporte une assez grande quantité de Takow, port de l'ile Formose, en jeure partie à destination des ports de la Chine (Returns of Trade at the Treaty Ports China for 1872, 106). : | Pie HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 437 , Morceaux. Certaines caisses ne contiennent parfois que des rhizomes ronds, tandis que d'autres sont remplies uniquement de rhizomes longs ou latéraux. Le Curcuma du Bengale diffère surtout des autres variétés par sa Co- loration plus foncée, ce qui le fait rechercher de préférence pour la teinture. Le Curcuma de Java ne présente guère de caractères particuliers ; il est recouvert d’une pousssière produite par sa propre substance, mais la surface de sa cassure n'offre pas une coloration très-brillante. À en juger par le bas prix auquel il se vend, il n’est guère estimé. Il est pro- duit par le Curcuma longa, var. 8 minor HasskaRz (1). Structure microscopique. — La couche subéreuse est formée de huit à dixrangées de cellules tabulaires. Le parenchyme de la couche corticale moyenne présente de grandes cellules polyédriques à angles arrondis. Vers le centre du rhizome, on voit, sur la coupe transversale, un cercle de faisceaux fibro-vasculaires pressés les uns contre les autres, et for- mant une sorte de gaîne autour de la moelle. Le parenchyme limité extérieurement par ce cercle est traversé par des faisceaux épars ; ses cellules renferment, pour la plupart, des grains d'amidon arrondis ou anguleux, mais tellement désorganisés qu’ils n’offrent plus dans la lu- mière polarisée l'aspect caractéristique de l’amidon ; cependant ils sont colorés en bleu par l'iode. Cette structure particulière de l'amidon est due à l’action de l’eau bouillante. On trouve aussi dans certaines cellules des granules de résine colorés en rouge jaunâtre. Le tissu tout entier est imprégné d’une matière colorante jaune, et offre de nombreuses gouttes d'huile essentielle qui, dans le rhizorüe frais, est sans aucun doute renfermée dans des cellules particulières. Composition chimique. — Le Curcuma contient environ 4 pour 400 d'une huile essentielle qui, d’après Suida et Daube (1868), est con- stituée en majeure partie par un liquide correspondant à la formule C°H"0, identique à celle du Carvol (2). Ge liquide est pe mp dans la drogue d'une faible proportion d’un hydrocarbure, La matière colorante, nommée Curcumine, s'obtient en épuisant la drogue avec la benzine, après qu'on a distillé l'huile essentielle. Les - cristaux impurs retirés de la benzine sont dissous dans Jane et pré- (1) D'après une information qui nous a été communiquée par M. Binnendyk, du Jar- din botanique de Buitenzorg, à Java. (2) J'ai fait.voir, ainsi que l'avaient déjà avancé Suida et Daube, que cette essence de … Curcuma n’est nullement identique avec le Çarvol, (Voir FruiTs DE Canvi). [F, A, F.] 438 AMOMACÉES. cipités par l’acétate basique de plomb. On élimine ce dernier par l'hy- drogène sulfuré, et on fait recristalliser la eureumine dans l'alcool. Elle forme alors des cristaux jaunes, ayant l’odeur de la vanille, et présentant dans la Jumière réfléchie une belle coloration bleue. Daube (1871) leur - assigne la formule CH"O0®%. D'après Ivanow Gajewsky (1873), la meil- leure façon de préparer la curcumine consiste à laver avec de l’ammo- niaque faible un extrait éthéré de Curcuma, à dissoudre le résidu dans _ l’'ammoniaque concentrée bouillante, puis à faire passer dans la solu- tion un courant d'acide carbonique qui précipite la curcumine en flocons. Un fragment de papier humecté d’une solution reliques de cur- cumine prend au contact d’un aleali une belle coloration rouge-brun, qui passe au violet par la dessiccation. L’acide boracique communique à la cureumine une coloration orange, qui tourne au bleu quand on ajoute une solution alcaline (1). Cette réaction de la cureumine impure fut signalée par Vogel dès 1815. On l’a, depuis cette époque, utilisée comme réaction chimique caractéristique. Lorsqu'on ajoute du borax à la curcumine, il se produit une substance rose, la Æosocyanine de Schlumberger (1866), que Daube a obtenue à l'état cristallin. Ivanow Gajewsky, qui l’a isolée en chauffant un extrait alcoolique de Curcuma avec les acides boracique et sulfurique, la décrit comme une poudre cristalline pourpre, à reflet métallique vert, inso- luble dans l’eau et soluble dans l'alcool. Les alcalis colorent sa solution en bleu foncé. D'aprèsle même chimiste (1870), il existe encore dans le Cureume un alcaloïde, en très-petite proportion. Kachler (1871) a trouvé dans la décoction aqueuse de ce rhizome une grinor quantité de bioxalate de potassium . Commerce, — Il a été importé ét le Royaume-Uni, céstfat l'an- née 4860, 64280 quintaux de Cureuma ; en 1870, 44900 quintaux. Une grande partie provenait du Bengale et de Pegu. L’exportation de Cal- cutta (2), pendant l'année 1870-71, fut de 59 352 paie Bombay en a (1) L'expérience suivante montre d'une manière frappante quelques-uns de ces chan- gements de coloration : on place une petite quantité de Curcuma broyé, ou de la poudre de Curcuma sur du papier buvard, et on l’humecte à plusieurs reprises avec du chlo- _ roforme qu’on laisse évaporer. Il se produit sur le papier une tache jaune qui, sous l'influence d’une solution légèrement acidulée de borax offre, après dessiccation, une * pourpre. En humectant alors le papier avec de l’'ammoniaque diluée, on voit la e une coloration bleue passagère. Cette réaction permet de pee la Le NON nt nee is 8 à HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 439 exporté, en 1871-72, 29 780 quintaux, la plus grande partie fut expé- diée vers le Sind et dans le golfe Persique, et 910 STORE seulement arrivèrent en Europe (1). ‘Usages, — Le Curcuma est employé comme condiment dans la fabri- cation de la poudre de Curry ; à ce titre, il est fréquemment vendu par les droguistes, mais il n’est d'aucun usage en médecine. On s’en sert beaucoup dans la teinture. z Substitution. — On a récemment apporté sur le marché de Londres une grande quantité d’une drogue nommée Curcuma de Cochin, pro- duite par des espèces de Curcuma autres que le C’. longa. Elle est formée uniquement d’un rhizome bulbeux, de grandes dimensions, coupé transversalement, ou dans le sens de la longueur, en tranches ou en morceaux. La portion corticale est colorée en brun foncé ; la substance interne est cornée et colorée en brun orange foncé, ou, lorsque les tranches sont minces, en jaune brillant. M. A. Forbes Sealy, de Cochin, a été assez bon pour nous envoyer, en 1873, des rhizomes vivants de ce Curcuma, en nous informant qu’il croît en majeure partie à Alwaye, au nord-ouest de Cochin, et qu’on ne l’emploie jamais dans le pays comme Curcuma, mais qu’on retire de son rhizome une sorte d’arrow- root. Les rhizomes qu’il nous a envoyés sont épais, courts, coniques et d'un volume considérable; quelques-uns ont jusqu'à 6 centimètres de diamètre. Ils sont colorés intérieurement en jaune orange brillant (2). (a) Les Curcuma L.. (Genera, n. 6) sont des Amomacées de la tribu des Zingibé- rées, à calice tubuleux, tridenté ; à corolle tubuleuse, tripartite ; à androcée formé d'un staminode ou labelle bifide, et d’une étamine fertile, à anthère biloculaire munie à la base de deux éperons, et portée par un filament pétaloïde, trilobé ; à style eapillaire ; à ovaire triloculaire, contenant plusieurs ovules dans chaque loge; ; à cap- sule triloculaire, avec des loges polyspermes. Le Curcuma longa L. (Species, 3) est une plante à de tubéreuses,, oblon- gues, palmées, colorées intérieurement en orange foncée, Les feuilles sont alternes, longuement pétiolées, lancéolées, rétrécies aux deux extrémités, glabres, coloréés en . vert uniforme. Les fleurs sont portées par un scape enveloppé par les gaînes des feuilles et terminé au centre de ces dernières par un épi oblong, vert, muni de brac- tées aiguës, aussi longues que les fleurs qui sont insérées solitairement dans leur aisselle. Les fleurs sont jaunes. Le calice est tubuleux, divisé en trois dents ; la co- rolle est tubuleuse, élargie vers le haut, tripartite. L'androcée est formé de trois (1) Statement of the Trade and Navigation of Bombay for 1871-73, p. IL, 95. (2) La Curcumine se trouve encore dans les rhizomes du Zingiber Cassumunar Roxs. (autrefois nommé Radix Cassumunar), et des Curcuma amarissima Roscor, C. alata, et C. petiolata Roscos. Toutes ces plantes sont figurées dans le magni- fique ouvrage de Roscoe, Monandrous Plants of the order a Liver pool, 1828. [F. À. . aber a pme à ren Er Is 44) AMOMACÉES. étamines, dont deux sont connées en un staminode ou labelle très-développé, bifide ; l'autre étamine est fertile, pétaloïde, trilobée, à lobe médian portant une an- thère biloculaire, déhiscente par deux fentes longitudinales, munie à la base de deux appendices en forme d’éperons. Le gynécée est formé d’un ovaire infère, trilo- culaire, surmonté d’un style filiforme. Chaque loge ovarienne contient un nombre indéfini d'ovules anatropes insérés dans l’angle interne. Le fruit est une capsule triloculaire, s’ouvrant par déhiscence loculicide en trois valves, et contenant dans chaque loge un nombre indéfini de graines arillées, qui renferment un albumen abondant et un embryon axile, Le Curcuma leucorhiza Roxsuren (Flora indica, 1, 30) qui fournit l’Arrow- root de l’Inde (voy. page 428) se distingue par son scape latéral, son rhizome tubé- reux droit, et souvent long de près de 30 centimètres, émettant de nombreuses ra- cines tuberculeuses, oblongues, colorées intérieurement en blanc. Le Curcuma angustifolia Roxeureu (4s. Research., XI, 338, t. 5) qui fournit également une partie de l’Arrow-root de l’Inde, se distingue par ses feuilles étroites, lancéolées, très-aiguës, longues de 30 à 90 centimètres, y compris le pétiole et la . gaine ; par ses fleurs plus grandes que les bractées. [Tran.] RHIZOME DE GALANGA. Rhizoma Galangæ (1); Radir Galangæ minoris ; Rhisome de Galanga; Racine de Galanga ; ; angl., Galangal; allem., Galgant, Origine botanique, — Alpinia officinarum Hance (2). — C'est une plante à port de roseau, avec des tiges hautes de 4",20, à feuilles étroites, lancéolées, engaînantes, et à fleurs blanches, élégantes, tachées et veinées de rouge foncé, disposées en grappes terminales, courtes, simples. On la cultive dans l’île de Haïnan, dans le sud de la Chine, et peut-être dans quelques-unes des provinces méridionales de l’em- pire chinois (a). | Historique. — La plus ancienne mention du Galanga que nous con- naissions se trouve dans les écrits du géographe arabe Ibn Khur- dädbah (3), vers 869-885. En énumérant les productions d’un pays qu'il nomme Sila, il cite le Galanga, avec le muse, l’aloès, le camphre, la soie et le cassia. Edrisi (4), trois siècles plus tard, est plus explicite ; il mentionne le Galanga, parmi d'autres produits de l'extrême Orient, (1) Le mot Galanga paraît dériver de l'arabe Khulanjan, qui à son tour vient du chi- nois Kau-liang Kiang, signifiant, d’après F. Porter Smith, Gingembre de Kau-liang ; Kau-liang est le nom ancien d’un district de la province de Kwangtung. (2) Journal of Linnean Society, Botany, 1873, XII, 1.— Journ. of Botan., de Tni- MEN, 1873, IL, 175. — Le docteur Thwaites, de Ceylan, qui cultive la plante, a été assez bon pour nous envoyer un dessin colorié de la fleur. _(3) | rep et des provinces, trad, GC BARBIER agro in ue t Fe 6, 294. : "aphie Let me de divin 1836, I, 51. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 441 comme apporté de l'Inde et de la Chine à Aden, alors le grand entre- pôt du commerce de l'Asie avec l'Egypte et l'Europe. Le médecin Al- kindi (4), qui vécut à Bassora et à Bagdad pendant la seconde moitié du neuvième siècle, et un peu plus lard Rhazes et Avicenne, signalent le Galanga, dont l'emploi se répandit en Europe avecleur système médical, Il existe un certain nombre de faits indiquant que le Galanga était im- porté avec le poivre, le gingembre, les clous de girofle, la muscade, le cardamome et le zédoaire, et que pendant le moyen âge il était com- munément employé avec ces substances dans la cuisine ; il en est encore ainsi dans certaines parties de l’Europe (2). La plante qui fournit la drogue resta inconnue jusqu’en 4870. Une description en fut, à cette époque, communiquée à la Société Linnéenne de Londres par le doc- teur H.F. Hance, d'après des échantillons recueillis par M. E, C. Tain- tor, près de Hoïhow, dans le nord de Hainan. Description, — La drogue consiste en un rhizome cylindrique, dont le diamètre maximum est d’envi- ron 2 centimètres, mais est sou- vent beaucoup moindre. Ge rhi- zome à été coupé, encore frais, | en morceaux de 3 à 7 centimètres, Fig. 259. Rhizome de Galanga mineur, souvent ramifiés, et marqués trans- « (Alpinia officinarum.) versalement, et à de courts intervalles, de siilons étroits et sinueux, indiquant lés points d'attache des feuilles ou des écailles. Les morceaux sont durs, résistants, ridés, colorés extérieurement en brun rougeâtre foncé, et offrant, quand on les coupe en travers, un intérieur un peu plus pâle, mais jamais blanc, avec une partie centrale plus foncée. Lorsqu'on la broie, cette drogue exhale une odeur agréable ; sa saveur est épicée, forte, brûlante. Structure microscopique, — La portion centrale du rhizome est sé- parée de la couche extérieure par une gaîne qui se présente sous l’as- pect d’une ligne foncée, bien limitée. Cependant le tissu central ne diffère pas beaucoup de celui qui l'entoure ; tous les deux sont com- posés de cellules parenchymateuses uniformes, traversées par des fais- ceaux fibro-vasculaires épars. On trouve aussi dans ce parenchyme _ quélques cellules remplies d'huile essentielle ou de résine, mais la plu- part d’entre elles contiennent de gros grains d’amidon qui affectent la (1) De Rerum gradibus, Argentorati, 1531,162. Fes (2) Hansury, Historical Notes on the Radix Galangæ of Pharmacy, in Science Pa- pers, 370. 442 AMOMACÉES. forme exceptionnelle de massues. Quelques cellules renferment une substance brune, qui diffère de la résine en ce qu'elle est insoluble dans l'alcool, La couche subéreuse est remarquable par ses cellules à parois ondulées. | Composition chimique. — L'odeur du Galanga est due à une huile essentielle que le rhizome renferme dans la proportion de 1/3 à 1/2 pour 100 seulement. D’après les recherches de Vogel, elle paraîtrait avoir la composition C!H'#0. Brandes (1) a extrait du Galanga, à l’aide de l’éther, un corps neutre, inodore, insipide, cristallin, nommé Kämpféride, qui demande à être étudié plus complétement. Le principe qui donne à la drogue sa saveur brûlante, et qui est sans doute ana- logue à celui du gingembre, n’a pas encore été étudié. Commerce. — Le Galanga est expédié de Ganton pour les autres ports de la Chine, l'Inde et l’Europe, mais il n'existe aucune statistique qui per- mette de juger de l’impor- tance de la production to- tale. D’après les rapports officiels cités par Hance, les exportations de l’année =) 1869, qui paraissent avoir été exceptionnelles, s’éle- vèrent à 370,800 livres. Pendant l’année 1870-71, Bombay en a importé 335 quintaux (2). Usages, — Le Galanga est un aromatique stimulant de même nature que le Gingembre. Il est aujourd'hui à peu près abandonné dans la pra- tique médicale, mais il est populaire comme remède et comme épice dans la Livonie, l'Esthonie et la Russie centrale. Les Tartares l’em- ploient en guise de thé. Il est également employé en Russie par les brasseurs et par les fabricants de vinaigres et de SAS Enfin on s’en sert dans la médecine vétérinaire. Substitutions. — Le rhizome de l'A/pinia Galanga SWanTz, plante de Java, constitue la drogue connue sous le nom de Æadix Galangæ majo- Fig. 260. Rhizome de Galanga majeur. (Alpinia Galanga.) ris ou Galanga majeur (Greater Galanga), qui est re. ne sur le 2 a) Archiv der Pharim., 1839, XIX, 52. @ Len cités plus haut, à la page 47, note 3. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 443 marché de Londres. Il se distingue par ses dimensions plus considé- rables, et la teinte chamois pâle de la couche interne qui contraste avec la coloration brun orange de sa couche externe. Les Alpinia L. (Genera, n. 4) sont des Amomacées de la tribu des Zingibérées, à fleurs disposées en panicules au sommet des tiges foliacées ; à calice tubuleux ; à tube de la corolle court ; à filet staminal simple, dressé ; à anthère non appendi- culée ; à ovaire infère; à fruit bacciforme, triloculaire, polysperme ; à graines arillées. x L'Alpinia officinarum Haxce (in Journal of the Linn. Soc., 1873, XIII, 6) est une plante, à longs rhizomes rampants recouverts de grandes écailles glabres, blan- châtres, fibreuses, auxquelles succèdent des cicatrices annulaires sinueuses. Les ra- meaux aériens sont hauts de 60 centimètres à 1 mètre, et munis de feuilles engai- nantes, coriaces, très-glabres, lancéolées, rétrécies au niveau de la jonction du limbe et de la gaîne, mais non pétiolées, pourvues d’une ligule très-développée, oblongue, scarieuse, dressée, un peu aiguë au sommet. Les feuilles sont longues de 25 à 35 centimètres. Les fleurs sont disposées, au sommet de la tige foliacée, en une grappe simple, dressée, dense, ne dépassant pas d'ordinaire 10 centimètres de long. Chaque fleur est accompagnée de deux bractées en forme de spathe, l’une ex- térieure verte, l’autre plus intérieure blanche. Les fleurs sont dépourvues de brac- téoles et sessiles. Le calice est blanc, tubuleux, tomenteux, divisé en deux ou trois lobes scarieux. La corolle est également blanche, tubuleuse et tomenteuse, à lobes oblongs, obtus, cucullés, L’androcée est formé d’une étamine fertile, à filet court, dressé, à anthère non appendiculée, biloculaire, déhiscente par deux fentes longi- tudinales, et d’un staminode ou labelle très-développé, entier ou bilobé au som- inet, muni à la base de deux cornicules charnues et rigides ; il est blanc et muni de stries d’un rouge vineux qui se réunissent près du sommet en une tache étalée en éventail. Le gynécée est formé d'un ovaire tomenteux, infère, triloculaire, surmonté d’un style un peu plus long que l’anthère, dilaté au sommet et cilié, Le sommet dé l'ovaire offre deux glandes épigynes jaunes, oblongues, pourprées, entières ou lo- bulées. Le fruit est à peu près globuleux, tomenteux, à péricarpe coriace ; il con- tient plusieurs graines munies d’arilles, anguleuses, très-cohérentes. [Tran. | (ë) L’Alpinia Galanga Swarrz (Obs. bot., 8) est une plante à tiges aériennes plus ou moins vivaces, à peu près dressées, lisses, arrondies, hautes de 1,80 à 2 mètres au moment de la floraison, couvertes, au-dessus dé la partie médiane, de gaines foliaires dépourvues de limbes. Les feuilles sont courtement pétiolées, : lancéolées, lisses, un peu calleuses sur les bords, blanches, longues de 30 à 60 cen- timètres et larges de 10 à 15 centimètres ; elles sont munies au niveau du point de jonction de la gaîne et du limbe d’une ligule courte, arrondie et ciliée. Les fleurs sont disposées en une panicule terminale, dressée, oblongue, étalée, dichotome, dont chaque division porte de deux à six fleurs colorées en vert pâle. Le staminode ou labelle est ovale ou ovale-oblong, concave, profondément bilobé, finement lacinié, blanc avec de petites taches rougeâtres, onguiculé, et muni à la base de deux petites dents colorées. L'ovaire est lisse, ovale, surmonté d’un style filiforme à stigmate en entonnoir, Chaque loge contient deux ovules insérés vers le milieu de la hauteur de la loge. Le fruit est une capsule de la taille d’une petite cerise, obovale, lisse, colorée en rouge-orange foncé, triloculaire, indéhiscente, ne contenant d’or- dinaire dans chaque loge qu’une seule graine enveloppée d’un arille, contenant un embryon axile au centre d’un albumen abondant. [Tran.] 4 AMOMACÉES. FRUITS DE CARDAMOME. Fructus Cardamomi; Semina Cardamomi minoris, Cardamomes ; angl., Cardamoms, Malabar Cardamoms ; allem., Cardamomen. Origine botanique.— Z{lettaria (4) Cardamomum Maton (Alpinia Car- damomum RoxB.) — C’est une plante vivace, à port de roseau, haute de 4®,80 à 3,60, avec de grandes feuilles lancéolées, engaïnantes, et des fleurs portées par des scapes horizontaux, lâches, longs de 15 à 45 cen- timètres, et poussant près du sol au nombre de trois à quatre. Le fruit est ovoïde, à trois faces, lisse et renflé, muni d’un péricarpe vert et charnu (a). Le Cardamome croît en grande quantité, soit à l’état sauvage, soit à l’état de culture dans les forêts montagneuses du nord du Canara, du Coorg et du Wynaad, sur la côte de Malabar, à une altitude de 750 à 4 500 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il vit tout à fait à l’état sauvage dans les forêts d'Anamalai, de Cochin et de Travancore. La ré- gion au Cardamome offre une température moyenne de 22C.; il y tombe par année 302 centimètres de pluie. On trouve à l’état sauvage, dans les forêts des provinces centrales et méridionales de Geylan, une variété de Cardamome qui diffère surtout de la précédente par sa grande taille et la forme allongée de son fruit. On la décrivait autrefois comme une espèce distincte, sous le nom d’Æ£lettaria major, mais l'observation attentive d'échantillons vivants a montré qu’elle ne possède aucun caractère permettant d’en faire autre chose qu’une simple variété de la plante typique, et elle est aujour- d’hui nommée Æ. Cardamomum var. $. On ne la connaît qu’à Ceylan, où le Cardamome ordinaire du Malabar se trouve seulement à l’état de culture (2). Historique, — Le Cardamome du Malabar est mentionné dans les écrits de Susruta; nous pouvons en déduire qu’il est employé dans l'Inde depuis une époque très-reculée. Il n'est pas improbable qu'il soit parvenu en Europe, dès l'époque classique, avec le gingembre et le poivre; mais il n’est pas possible de déterminer, à l'aide des des- criptions que nous avons en main, ce qu'étaient le Kagèdywpsv de = Théophraste et de Dioscoride, et l’’Aywyey du dernier de ces écrivains. . Le même doute existe au sujet de ere Amomis, ou Cardamomum De Elettari, nom malais de la plante. Heu @) *épnioud Fnimerdtio Les Zeylaniæ, 1864, 318. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 445 de Pline. La description qu'il donne de son C'ardamomum est inintel- ligible si on l’applique aux produits connus aujourd’hui sous ce nom. Dans la liste des épices de l'Inde soumises à un impôt par la douane romaine d'Alexandrie, vers 176-180 de notre ère, l'Amomum et le Car- damomum se trouvent mentionnés (1). Saint Jérôme cité l'Amomum en même temps que le musc, comme parfum en usage parmi les ecclésias- tiques sensuels du quatrième siècle (2). Le Cardamome est cité, par Edrisi (3), vers 1154, comme production de Ceylan, et comme article du commerce de la Chine avec Aden. A la même époque, il est mentionné avec la cannelle et les clous de girofle, comme objet importé en Pales- tine par la voie de Saint-Jean d’Acre, qui était alors la ville commer- çante du Levant. Le premier écrivain qui détermina exactement le pays d'origine du Cardamome paraît être le navigateur portugais Bar- _bosa (1514) ; il le nomme fréquemment (4) parmi les produits de la côte du Malabar. Garcia d'Orta (3), médecin du vice-roi de Goa, vers 1363, mentionne l'exportation de la drogue en Europe. Il affirme aussi qu’une variété de taille plus grande est produite par Ceylan. La plante qui fournit le Cardamome du Malabar fut décrite par Rheede sous son nom indigène d’Elettari (6). Culture et production, — Quoique la plante au Cardamome croisse à l'état sauvage dans les forêts du sud de l’Inde, où on la nomme vulgai- rement /lächi, les fruits sont en majeure partie produits par des plantes cultivées. Les méthodes de culture varient avec les localités. L.-— Avant le commencement des pluies, les cultivateurs vont chercher sur les flancs des montagnes, et à l'ombre d’arbres toujours verts, des endroits où la plante pousse à l'état sauvage, en certaine quantité. Ils pratiquent dans ces endroits de petites éclaircies pour qu’elle puisse se développer facilement. Les plantes acquièrent pendant la saison suivante une hauteur de 30 à 60 centimètres. On débarrasse alors de nouveau le sol des mauvaises herbes, on l'entoure d’une clô- ture, et on abandonne les plantes à elles-mêmes pendant une année. Deux années environ après le premier nettoyage du sol, les plantes (1) Mever, Geschichte der Botanik, 1855, II, 167. — VincenT, Commerce of the An- cients, 1807, IL, 698. : (2) S. Hieronymi Opera omnia, éd. Mic, 1845, IT, 297. : . (3) Géographie d'Edrisi, trad. JAUBERT, 1836, 1, 73, 51. — Il est douteux que ce soit . l'Elettaria qui est mentionné à la page 51. , (4) Description of the Coasts of East Africa and Malabar (Hakluyt Society), 1866, 59, 64, 447, 454, etc. abs cr (5) Dans l'ouvrage cité plus haut, II, 284, note 4. (6) Hortus malabaricus, 1692, XI, t. 4-5. 446 AMOMACÉES. commencent à fleurir, et cinq mois plus tard quelques fruits müûrissent ; mais le plus grand nombre n'arrive à maturité qu’au bout d’une année. La plante continue à produire pendant six ou sept ans. Un jardin de 484 yards carrés, dont en peut faire quatre dans une acre de forêt, donne, en moyenne, 12 livres et demie, par an, de Gardamomes triés (1). Ludlow, assistant-conservateur des forêts, admet qu’une acre de forêt ne peut pas produire plus de 28 livres de Cardamomes par an. D'après ce qu'il dit, il paraît aussi que les plantes qui poussent dans les clairières des forêts du Coorg sont en majeure partie des sauvageons qui se développent d’une façon à peu près spontanée, comme les plantes des clairières de nos bois d'Europe. Il dit qu’elles commencent à pro- duire trois ans et demi environ après leur apparition (2). Le mode de culture que nous venons de décrire est celui qu’on emploie dans les forêts de Travancore, de Coorg et de Wynaad, IL. — Sur les parties inférieures des montagnes de Pulney, près de Din- digul, à une altitude .de 1 500 mètres environ au-dessus du niveau de la mer, on cultive la plante au Cardamome à l’ombre. Dans les forêts denses et toujours humides, connues sous le nom de shofas, les indi- gènes brûlent toutes les plantes qui croissent au-dessous des arbres, et coupent les petits arbres. Les Cardamomes se montrent bientôt à la surface du sol dénudé, et lorsqu'ils ont atteint quelques centimètres de haut, on les transplante soit isolément, soit deux par deux à l'ombre des grands arbres. Ils ne produisent pas de fruits avant cinq ans. « En octobre, dit notre correspondant (3), j'ai vu des plantes en pleine flo- raison et en fruits, mais ces derniers n'étaient pas mûrs. » IL. — Dans le nord du Canara et dans l’ouest du Mysore, on cultive le Gardamome dans les plantations d’Aréquiers. Les plantes venues de semence sont disposées entre ces palmiers et les bananiers qui leur four- nissent de l'ombre. On dit qu’elles produisent des fruits dès la troisième année. | Les Cardamomes commencent à mûrir en octobre, et la récolte dure pendant les deux ou trois premiers mois de la saison sèche. Tous les fruits d’une même hampe n'arrivent pas en même temps à maturité. Cependant on coupe la hampe entière et on la fait dessécher, au détri- (1) Report on the Administration of Coorg for the year 1812-13, Bangalore, 1873, 44. (2) ELuoT, Experiences of a Planter in the jungles of Mysore, Lond, 1874, II, 201, 209. ARE Pure NU _ (3) Le colonel Beddome, conservateur des forêts à Madras. Nous avons reçu aussi . _des renseignements sur ce sujet du docteur Brandis, inspecteur général des forêts de , et du docteur King, directeur du jardin botanique de Calcutta. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. | 447 ment manifeste de la récolte. On fait cela en partie pour empêcher les fruits d’être mangés par les serpents, les grenouilles et les écureuils, et en partie pour prévenir la déhiscence des capsules qui se produit au moment de la maturité. Dans quelques plantations cependant, on fait la récolte d’une façon plus rationnelle. Après avoir cueilli les fruits, on les transporte dans les maisons, où on les abandonne pendant quelques jours sur des nattes. On les sépare alors des hampes, et on achève leur dessiccation à l’aide d’un feu doux. Dans le Coorg, on détache les fruits de la hampe avant la dessiccation, qui est effectuée uniquement par exposition au soleil. ’ Dans les Etats de Cochin et de Travancore, le Cardamome consti- tueun monopole du gouvernement du pays. Le rajah de ce dernier Etat exige que toutes les récoltes soient vendues à ses employés, qui les dé- posent à Alapalli ou Aleppy, port du Travancore, où réside son agent commercial. Le rajah tient beaucoup à ses droits, et dans les conces- sions qu'il fait aux planteurs de café européens, désireux de s’établir dans ses Etats, il insère toujours une clause interdisant la culture du Cardamome. A Aleppy, les fruits de Cardamome sont vendus aux en- chères, et achetés surtout par les marchands Moplah qui les trans- portent dans les différentes parties de l’Inde, et en expédient un tiers” environ en Angleterre. Toutes les qualités inférieures sont consommées dans l'Inde ; les plus belles seules sont expédiées en Europe. Dans les forêts qui appartiennent au Gouvernement Britannique, les Cardamomes sont comptés parmi leurs divers produits secondaires ; mais dans le Coorg, les forêts à Cardamome étaient louées moyen- nant 3 000 livres par an, par un bail quiexpira en 1872 (1). Le doc- teur Cleghorn, ancien conservateur des forêts de la Présidence de Madras, fait remarquer, dans une lettre adressée à l’un de nous, que la rapide extension de la culture du café sur les flancs des montagnes du Mäla- bar tend à entraîner une diminution dans celle du Cardamome, et em- piète sur l'aire occupée par cette plante. Un écrivain sérieux (2) a montré -dernièrement par sa propre expérience que la culture du Car- damome constitue une branche d'industrie digne de l'attention des Européens eux-mêmes, et a donné des détails précieux pour assurer son succès. Description. — Le fruit du Cardamome du Malabar, tel qu'il se trouve dans le commerce, est une dr ovoïde ou oblongue, à trois (1): Rapport cité à la page 546, note 1. (2) ELcuoT, Op. cit., ch. XI, \ nn AMOMACÉES. faces, déhiscente par trois valves, contenant de nombreuses graines dis- posées dans ses trois loges. Il est arrondi à la base qui porte souvent un fragment d’un petit pédoncule., Il est plus ou moins contracté vers le sommet, et s'y termine par un bec court. Le péricarpe est strié dans le sens de la longueur, inodore, insipide, coloré en jaune verdâtre pâle, ou en chamois, Où en brun lorsqu'il est tout à fait mûr ; il est mince, parcheminé, et s'ouvre longitudinalement en trois valves. Du milieu de la face interne de chaque valve, part une mince cloison qui s’avance vers le centre. Le fruit est ainsi divisé en trois loges qui contiennent cha- cune de cinq: à sept graines d’un brun foncé, aromatiques, disposées sur deux rangées et fixées dans l'angle interne. Les graines ont à peu près 4 millimètres de long : elles sont irrégu- lières, anguleuses, munies de rugosités transversales ; leur hile est dé- primé, et leur raphé est profondément cannelé. Chaque graine est ‘enveloppée d’un arille mince et incolore. = Les Cardamomes varient en taille, en forme, en coloration et en par- fum. On désigne, dans le Commerce, sous le nom de Cardamomes courts, ceux qui sont courtement ovoïdes ou presque globuleux, et longs de 8 à 12 millimètres. Ceux qui sont plus allongés, pointus à chaque extrémité, et longs de 14 à 18 millimètres, sont nommés courts-longs. On distingue aussi, d'après les localités qui les produisent : les Cardamomes du Ma- labar, de Madras et d'Aleppy. Les Cardamomes du Malabar sont les plus estimés ; leur coloration est foncée ; ils se présentent sous deux formes : courts et courts-longs. On les apporte en Europe par la voie de Bombay. Les Cardamomes de Madras sont d'ordinaire courts-longs, et ont une co- loration plus pâle. On les embarque à Madras et à Pondichéry. Les Cardamomes d'Aleppy sont généralement courts, renflés, terminés par un bec, et d’une teinte verdâtre particulière, On les importe de Calicut et parfois d’Aleppy et de Mangalore. Les Cardamomes sont d'autant plus estimés qu’ils sont plus réguliers et plus lourds, et que les graines qu’ils contiennent sont plus mûres. Les bons échantillons donnent, en moyenne, les trois quarts de leur poids de graines (4). - Les fruits de la seconde forme d'£tettaria Cardamomum (var. 6), canne das, OR Sous le nom de Cardamomes de Ceylan, …. ka ins pe de long, et de 6 à 8 millimètres d'épaisseur ; en 1 rs do ns Vs | . es ne Hanbury, à Londres, Plough Court, Lombard Str.). HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 449 , ils sont nettement triangulaires, souvent arqués, et toujours colorés en brun grisâtre. Les graines sont plus grandes et plus nombreuses que dans la variété du Malabar; leur odeur et leur saveur sont un peu différentes. Structure microscopique. — Le tégument des graines de Cardamome présente trois couches distinctes : une extérieure, formée de cel- Jules à parois épaisses et striées en spirale, un peu allongées parallèle- ment au grand axe de la graine, et offrant, sur une section transver- sale, une cavité carrée peu considérable ; une moyenne, formée d’une seule couche de grandes cellules à parois minces ; une interne, colorée en brun foncé, et formée de cellules disposées radialement, à cavité très-étroite et à parois très-épaisses. L'albumen, en forme de sac, est granuleux, incolore, et renferme un endosperme corné, dans lequel est enfermé un embryon dont la radicule est dirigée vers le hile. Les cel: lules de l’albumen ont la forme de polyèdres allongés ; elles sont rem- plies de très-petits grains d’amidon. On trouve, en outre, dans la plu- part des cellules, de grosses masses de matière albuminoïde, à forme rhomboïdale, faciles à voir quand on observe de minces tranches de la graine dans l'huile d'amandes douces, à la lumière polarisée. Ces re- marquables corps cristalloïdes ressemblent à ceux qu’on trouve dans les graines du cumin (voy. t. I, p. 584). Composition chimique, — Le parenchyme de l’albumen et de Vs bryon est rempli d'huile grasse et d'huile essentielle. La première existe dans les graines dans la proportion de 10 pour 100 environ. L'huile es- sentielle, dont la proportion est, en moyenne, de 4,6 pour 100, possède l'odeur et la saveur des graines. Elle est composée en majeure partie, d’après Dumas et Péligot (1835), d’un liquide correspondant à la for- mule C°H?#0* (1). L'eau qui passe, quand on distille les Cardamomes, contient de l'acide acétique. La cendre des Cardamomes est, comme celle de plusieurs autres plantes de la même famille, particulièrement riche en manganèse (2). Commerce. — Nous ne possédons pas de statistiques relatives à la quantité de fruits de Cardamome produite par le sud de l'Inde, ou à la quantité exportée. Les embarquements faits, pendant l'an- (1) L'essence brute de Cardamome est dextrogyre ; elle laisse déposer à la longue un camphre que je suis porté à croire identique avec le camphre ordinaire, autant que j'ai pu en juger par les propriétés optiques et cristallographiques que j'ai obser- vées dans l'échantillon que j'avais à ma dispositions. et Lu était du reste très- minime. [F. A. F.] (2) FLückicer, in Pharm. Journ., 1872, III, 208. e2 É LR HIST. DES DROGUES, T, Il. ne 29 450 AMOMACÉES. née 1871-1872, à Bombay, port vers lequel on expédie la majeure partie du Cardamome récolté dans la Présidence de Madras, se sont élevés à 14650 quintaux, sur lesquels 4055 quintaux étaient destinés au Royaume-Uni (1). 9273 livres de Cardamomes, produites par Ceylan, et appartenant, par suite, à la grande variété, ont été exportées de cette île, en 4872, à destination du Royaume-Uni (2). Usages. — Les fruits de Cardamome constituent un aromate agréa- ble, souvent administré avec d’autres médicaments. On les emploie aussi commecondiments, et ils entrent dans la préparation de la poudre de Curry. La consommation qui s’en fait en Angleterre est faible en com- paraison de celle qui se fait en Russie, en Suède, en Norwége, et dans certaines parties de l'Allemagne, où l’on en fait un usage constant comme épice et pour parfumer des gâteaux. On emploie aussi dans ces pays le Cardamome de (Ceylan, mais uniquement dans la fabrication des liqueurs. Dans l'Inde, on emploie le Cardamome en médecine, comme condiment, et comme ingrédient des chiques de Bétel. AUTRES SORTES DE CARDAMOMES. Les fruits de plusieurs autres plantes de la tribu des Zingibérées ont été, à diverses époques, employés, en pharmacie, sous la dénomina- tion commune de Cardamome. Nous notons seulement ceux qui offrent quelque importance dans le commerce de l'Europe ou de l’Inde (3). Cardamome rond ou en grappes. —1l est produit par l’Amomum Carda- momum L., plante originaire du Cambodge, de Siam, de Sumatra et de Java (4). Pendant le commencement du dix-septième siècle, les relations commerciales avec Siam étant fréquentes, et cette sorte de Cardamome étant d'un usage commun dans le pays, on l’apporta accidentellement en Europe. Clusius en reçut un échantillon, en 1603, sous le nom d'Amomum véritable des anciens, et le regarda comme une très-grande rareté(4). Il eut sa place, sous le nom d'Amomum verum, dans les tarifs et les pharmacopées de cette époque. Parkinson, en 1640, le décrit sous le nom d'Amomum genuinum, et dit que, « dans ces derniers jours, (1) Statement of the Trade, etc., of Bombay for 1872-73, IL, " 90. (2) Ceylon Blue Book for 1872, Colombo, 1873, 543. (3) Pour plus de détails sur les diverses sortes de D ich voyez : -Gumourr, Hist. des Drogues, 1869, II, 215-217.— Pergira, Elements of Mat. Med., 1850, 1I, 1198. __ — Hangury, in Pharm. Journis 1855, os sg 416; Journ. de Pharmacie mai et juin 1855 ; Science Papers, 93. : (6) Exoticorum Libri, 977. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 451 il a été envoyé à Venise des Indes orientales ». Dale, en 1693, et Pomet, en 1640, le regardent comme une drogue rare ; ce dernier au- teur ajoute que l’Amomum est apporté de Hollande, et que cette espèce seule doit être employée. En 1751, il était si rare que dans la prépara- tion de la Theriaca Andromachi, on lui substituait toujours quelque autre drogue (1). Il avait ainsi complétement disparu, lorsqu’en 1853 des relations commerciales furent renouées avec Siam, et parmi les mar- chandises qui furent apportées sur le marché se trouva le Cardamome rond. Le prix auquel il fut coté n’était pas rémunérateur, et les impor- tations, devenant improductives, ne tardèrent pas à cesser (2). Cepen- dant, il constitue dans l’Asie orientale un article de commerce important. Les Cardamomes ronds sont disposés en petites grappes compactes, Le fruit est globuleux ; il a de 40 à 14 millimètres de diamètre ; il est marqué de sillons longitudinaux et est nettement trilobé. Le péricarpe est mince, fragile, un peu velu, de couleur chamois ; il renferme une masse tri- lobée de graines, qui sont ridées lorsque le fruit a été cueilli avant la maturité. Ces graines ont une grande ressemblance avec celles du Car- damome du Malabar; leur saveur est forte, aromatique, camphrée, Il se fait à Siam une exportation considérable de cette sorte de Cardamome et de la suivante. Les embarquements faits à Bangkok, en 1871, s’éle- vèrent à 4678 péculs, valant 232 464 dollars ; ils étaient tous à desti- nation de Singapore et de la Chine (3). Il en fut importé à Singapore, pendant la même année, 102 quintaux provenant de Java, et 73 quin- taux venant de Sumatra; mais nous ignorons si ces derniers MR naient à la même variété (4). Cardamome épineux; C'ardamome sauvageouCardamome bâtard de Birma ou de Siam.—1 est produit par l'Amomum xanthioides WaLucn, originaire de Tenasserim et de Siam (ec). Pendant ces vingt dernières années, les graines de cette plante, privées de leur capsule, ont souvent été importées sur le marché de Londres, et elles sont également très-communes aujour- d’hui dans les bazars de l’Inde (5). Elles ressemblent beaucoup aux graines du Cardamome du Malabar, dont elles diffèrent surtout par leur odeur et par leurs rugosités plus fines. On les importe encore cohé- (1) Hiz, History of the Mat. Med., Lond., 1751, 472, (2) Ainsi 43 balles, importées directement de Bangkok, furent mises en vente à Londres, le 26 mars 1857, et achetées au prix de 1 shelling 6 deniers la livre. (3) Commercial Report of H. M. Consul General in Siam for 1871. (4) Blue Book of the Straits Settlements for 1871. (5) MooDex | PAT» Supplement to FERMER of India, Madras, 1869, k4, 270. 452 AMOMACÉES. rentes en une masse ovoïde, trilobée, comme elles sont disposées dans le péricarpe. On les désigne parfois sous le nom de Cardamome sauvage ou bâtard, mais plus généralement on les nomme graines de Cardamome (Cardamom seeds). Elles constituent un article important du commerce de Siam, mais dans les rapports commerciaux on ne les distingue pas des précédentes. Les fruits de cette espèce sont réunis en grappes arrondies. Ils sont remarquables par les épines charnues qui recouvrent leur péricarpe, et qui leur donnent une certaine ressemblance avec les fruits du Xan- . thium, d’où le nom spécifique qui a été donné à la plante (1). Cardamome du Bengale. — Cette drogue a été jusqu'ici confondue avec les deux suivantes sous une même dénomination (2). Elle est fournie par l'Amomum aromatieum Roxs., plante originaire des vallées situées sur la frontière orientale du Bengale (4). D'après Roxburgh (3), la plante fleurit pendant la saison chaude, avant la période des pluies, et les fruits arrivent à maturité en septembre. A cette époque, on les cueille et on les vend aux marchands de drogues sous le nom de Morung Elachi. Le Cardamome du Bengale (4) a en moyenne 93 mil- limètres de long; il est ovoïde ou un peu obconique, et imparfai- tement triangulaire ; l'extrémité inférieure est arrondie et ordinaire- ment dépourvue de pédoncule. La partie supérieure du fruit est munie de neuf côtes ou ailes étroites, déchiquetées, qui deviennent surtout apparentes après macération ; le sommet est terminé par un mamelon tronqué, soyeux, et n'est jamais prolongé en un long tube. Le péricarpe est grossièrement strié et coloré en brun foncé. Il s'ouvre facilement en trois valves, et renferme une masse trilobée formée de 60 à 80 graines agglutinées à l’aide d’une pulpe visqueuse, saccharine, formée par l'a- rille dont chaque graine est enveloppée. Les graines sont arrondies, mais rendues anguleuses par pression réciproque; elles ont 2 millimè- tres de long environ ; leur saveur est très-aromatique, et camphrée. Cardamome du Népaul. — La description du Cardamome du Bengale s'applique à plusieurs égards à celui-ci. Les deux drogues offrent en effet une grande ressemblance. Le fruit est de la même taille et pré- (1) Voyez les ipod dans : HANBuRY, Science Papers, 101 et 103. (2) Notamment par PERERA, Elem. of Mat. Medic., 1850, II, 1135. (3) Flora indica, Serampore, 1832, 1, 45, (4) M. Jobn Scott, du Jardin botanique de Calcutta, à “été assez bon pour nous envoyer un échantillon de Cardamome du Bengale qu’il nous dit être le meilleur, connu bazars indiens sous le nom de met _— Les fruits ressemblent à ceux ee __. les _—_—_— HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 453 sente la même forme ; il est également couronné dans sa partie supé- rieure par de minces côtes déchiquetées, et marqué de stries longitudi- nales semblables ; enfin, les graines ont la même forme et la même odeur. Le fruit diffère d’abord en ce qu'il est surmonté par un calice tubuleux aussi long ou plus long que le fruit lui-même; et en second lieu, en ce qu’il est souvent fixé à un court pédoncule. Les fruits sont disposés en une grappe ovoïde, longue de 8 à 10 centimètres, couverte de bractées pressées et imbriquées, très-larges et tronquées, avec une pointe centrale aiguë, très-distinctes par conséquent des bractées ovales et beaucoup plus étroites de l'4. aromaticum, ainsi qu'il est fa- cile de le voir dans un dessin inédit de Roxburgh représentant cette plante. Nous devons au colonel Richard C. Lawrence, résident anglais à Katmandu, des grappes de fruits conservées dans l'alcool, quelques feuilles desséchées, et la drogue elle-même. Cette dernière ressemble parfaitement aux échantillons que nous avons obtenus d’autres sources. Le Cardamome du Népaul, dont Hamilton (1) a parlé le premier, est cultivé sur la frontière du Népaul, près de Darjiling. D'après le colonel Lawrence, la plante atteint de 90 centimètres à 1",80 de haut; elle croît sur les pentes bien arrosées des montagnes, à l'ombre des arbres (2). Les fruits sont exportés dans les autres parties de l'Inde. Cardamome de Java. — C'est un fruit bien caractérisé, produit par l’'Amomum maximum Roxs., plante de Java (f). Les fruits sont disposés au nombre de 30 à 40 sur un pédoncule court, épais, et forment une grappe globuleuse ayant 10 centimètres de diamètre. Ils sont pédon- culés, ovoïdes ou coniques; ils ont à l’état frais trois centimètres envi- ron de long et deux centimètres et demi de large. Chaque fruit est muni de neuf à dix ‘ailes proéminentes, hautes de deux millimètres, étendues de la base au sommet, et grossièrement dentées, sauf dans leur partie inférieure. Le sommet est couronné par un tube calicinal court, desséché. M. Binnendyk, du Jardin botanique de Buitenzorg, à Java, nous a envoyé un bel échantillon d'A. maximum, et un magnifique dessin colorié. Il fait remarquer que la plante est cultivée, et qu'on vend ses fruits à cause de leur pulpe comestible, d’un goût agréable. Nous anges si l’on a jamais exporté soit les fruits secs, soit les grai- (1) cé ofthe Kingdom of Nepal, Edinb., 1819, 7-75. : (2) Nous avons été informé plus tard par le ‘docteur King, de Calcutta, que c'est l'Amomum subulatum Roxs. (e) qui fournit le Cardamome du Népaul. [F. A. F.] 454 : AMOMACÉES. nes. Pereira a confondu ce Gardamome avec ceux du Bengale et du Népaul. Cardamome du Lonerino. — Les médecins arabes avaient connais- sance d’une sorte de Cardamome nommé Æeil, qui fut plus tard connue en Europe, et est mentionnée dans les plus anciennes pharmacopées impri- mées sous le nom de Cardamomum majus (1). Gomme les autres drogues de l'Orient, il disparut ensuite peu à peu du commerce européen (2), et son nom fut donné aux Graines de Paradis, qui, aujourd’hui encore, sont connues dans les boutiques sous le nom de Semina Cardamomi majoris. Le véritable Cardamomum majus est un fruit conique, de la taille et de la forme d’une petite figue renversée ; il contient des graines arrondies, anguleuses, douées d’une saveur aromatique agréable, très-semblable à celle du Cardamome du Malabar, et tout à fait dépourvues de la sa- veur brûlante des graines de Paradis. Chaque fruit est perforé, parce qu’il a été enfilé à l’aide d'une corde pendant la dessiccation. Les Arabes se servent parfois de ces Cardamomes enfilés comme de rosaires. Le fruit en question se nomme dans la langue Galla Æorarima, mais il est également connu sous le nom de Gwrägi, et sous les noms arabes de Heil et Habhal-habashi (3). D’après Beke, on le transporte sur le mar- ché de Baso, dans le sud de l’Abyssinie, de Tumhé, région située vers le 90° degré de latitude N., et le 33° degré de longitude E. On l’ex- porte de Baso à Massowah sur la mer Rouge, et de là dans l’Inde et dans l'Arabie (4). Von Heuglin (3) dit qu'on l’apporte du pays de Galla. Il n'est pas improbable que ce soit le même fruit que Speke (6) vit sur pied, en 1862, à Uganda, par 0° latitude, et qu’il dit être employé pour faire des colliers par les habitants de Wagonda. Pereira a proposé pour la plante qui produit ces fruits le nom d’Amomum Korarima; mais elle n’a jamais été décrite d’une façon scientifique. (1) Notamment dans le Thesaurus Aromatariorum, imprimé à Milan, en 1496, dans lequel il est nommé Heil ou Gardamomun majus. (2) J’ai été surpris de voir ce Cardamome envoyé de l’Abyssinie à l'exposition de Vienne en 1873; j'en dois aussi un bon échantillon à la maison Schimmel et Ce de Leipzig, qui vient d'importer, à Sd de la distillerie, une certaine quantité de ce fruit. [F. A FF] (3) Ainsi nommé par Forskal, : en 4775 (Materia Medion Kahirina, 152, n. 41), qui le dit « frequens in re culinariâ et medicà, loco piperis ». (4) Pereira, in Pharm. Journ., 1847, VI, 466 ; Elem. Es Mat. Med., 1850, II, 1136. — VauGHan, in Pharm. Journ., 1853, XI, 587. (5) Reise nach Abessinien, Jena, 1868, 293. ; (6) Journal of the nt of the Source £ A the ile, 1863, 648 pp HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 455 (a) Les Elettaria Ruxene (Hort. malab., XI, 9, t. #, 5) sont des Amomacées de la tribu des Zingibérées, à calice tubuleux ; à tube de la corolle allongé ; à anthère non appendiculée ; à fruit sec ; à scape radical, paniculé, L’Elettaria Cardamomum Maron (Act. Linn., X, 254) est une plante à rhizome accompagné de nombreuses racines charnues, émettant des rameaux aériens viva- ces, dressés, lisses, articulés, enveloppés par les gaines des feuilles, ét hauts de 4m ,80 à 2,80. Les feuilles sont à peu près sessiles sur leurs gaines, lancéolées, pointues, pubescentes en dessus, soyeuses en dessous, entières, longues de 30 à 60 centimètres, portées par des gaines légèrement villeuses, et accompagnées, au ni- veau de leur point d’union avec le limbe foliaire, d’une ligule arrondie, saillante. Les scapes floraux partent, au nombre de trois à quatre, de la base souterraine des tiges feuillées : ils sont décombants, flexueux, articulés, ramifiés, longs de 30 à 60 centi- mètres. Les branches ou grappes partent du niveau des articulations ; elles sont al- ternes, à peu près dressées, longues de 5 à 8 centimètres, Au niveau de chaque nœud du scape est une bractée engainante, membraneuse, striée, lisse, oblongue. Les grappes sont articulées, et portent au niveau de chaque nœüd une seule fleur alterne avec celles qui sont situées au-dessous et au-dessus, courtement pédonculée. Le ca- lice est infundibuliforme, tridenté, strié de fines nervures, persistant. Le tube de la corolle est grêle, de la même longueur que le calice, divisé en trois lobes à peu près égaux, oblongs, concaves, colorés en blane verdâtre pâle. Le labelle, formé par l'union des deux étamines stériles et pétaloïdes antérieures, est obovale, beaucoup plus long que la corolle, un peu replié sur le bord et légèrement trilobé au sommet, marqué, surtout au centre, de bandes d’un violet pourpré. L’étamine fertile est constituée par un filet court, dressé, et par une anthère biloculaire, émarginée, déhiscente par deux fentes longitudinales. Le gynécée est formé d'un ovaire infère, ovale, lisse, trilocu- laire, surmonté d’un style grêle que termine un stigmate infundibuliforme, Chaque loge contient un nombre indéfini d'ovules anatropes, insérés dans l'angle interne. Le fruit est une capsule ovale, du volume d’une muscade, triloculaire, trivalve, à déhiscence loculicide, contenant de nombreuses graines noirâtres, albuminées. [Tran.| ae (b) Les Amomum Scareger (Genera plant., n. 3) sont des Amomacées de la tribu des Amomées, à calice tubuleux ; à étamine fertile unique, munie d’une anthère bi- loculaire que surmonte un appendice du connectif en forme de crête entière ou lobée ; à capsule triloculaire, trivalve, contenant plusieurs graines arillées. L'Amomum Cardamomum L. (Species, édit. Wizu., I, 8) est une plante à sou- che vivace, blanche, émettant un grand nombre de racines charnues et des tiges aériennes ordinairement bisannuelles, dressées, obliques, hautes de 30 à 60 centi- mètres, couvertes par les gaînes des feuilles qui sont lisses et colorées en vert foncé. Les feuilles sont alternes, courtement pétiolées, lancéolées, larges dans le bas de la tige, étroites vers le haut, entières, lisses sur les deux faces, terminées par une pointe allongée, et longues de 15 à 30 centimètres. Les fleurs sont disposées en épis radicaux, sessiles, oblongs, qui se montrent dans l'intervalle des tiges feuillées, et restent à demi enfoncés dans le sol, Ils offrent des bractées étroitement imbri- quées, lancéolées, aiguës, villeuses, scarieuses, de coloration cendrée. Chaque brac- tée présente une seule fleur dans son aisselle. Le pédoncule de chaque fleur porte lui-même une bractée scarieuse, plus ou moins tubuleuse, bidentée, enveloppant l'ovaire. Le calice est tubuleux, tridenté, velu, de la longueur du tube de la corolle. Ce dernier est grêle et légèrement recourbé ; son limbe est divisé en trois lobes à peu près égaux. Le labelle est plus long que la corolle, trilobé, replié et crénelé 456 AMOMACÉES. sur le bord ; son lobe médian est jaune, et parcouru par deux lignes roses qui partent de la gorge de la corolle. Le filament staminal est à peine aussi long que le limbe de la corolle et incurvé sur l’orifice du tube; de chaque côté de sa base se trouve une corne grêle, subulée, presque aussi longue que lui. L’anthère est biloculaire, déhiscente par deux fentes longitudinales, surmontée d’une crête large, concave, trilobée. Le gynécée est formé d’un ovaire infère, laineux, triloculaire, surmonté en dedans de la base du tube de la corolle de deux écailles nectarifères courtes et tron- quées. Chaque loge ovarienne contient plusieurs ovules anatropes, insérés dans l’an- gle interne. Le fruit est une capsule triloculaire, à déhiscence loculicide, trivalvaire ; chaque loge contient plusieurs graines albuminées munies d’un aille. [Tran.] (e) L’Amomum æanthioides Wazzica (Catal. of the East Ind. Herbar., n. 6557) se distingue par ses feuilles linéaires-lancéolées, non cordées ; par le développe- ment plus grand de tous ses organes végétatifs et surtout par ses fruits plus gros, couverts d’épines charnues, aplaties et réunies en groupes de deux ou trois. [Tran] (d) L'Amomum aromaticum Roxgureu (Flora indica, I, 44) est une jolie plante à souches tubéreuses, émettant une grosse touffe de rameaux aériens dressés ou plus ou moins obliques, enveloppés par les gaines des feuilles et hauts de 30 à 90 centimètres. Les feuilles sont lancéolées, acuminées, lisses, longues de 25 à 50 centimètres, larges de 5 à 10 centimètres. Les épis sont radicaux, d’abord elavi- formes, puis arrondis à la maturité des fruits. Les fleurs sont colorées en jaune pâle, situées chacune à l’aisselle d’une bractée oblongue, concave, lisse. Le calice est tubuleux, cylindrique, entier ou denté, villeux. La corolle est formée d’un long tube grêle et d’un limbe à trois segments sublancéolés, obtus, le supérieur re- courbé au-dessus de l’étamine et du stigmate. Le labelle est presque arrondi et indi- vis, coloré en rouge au-dessous de sa partie médiane, Le filet staminal est linéaire, incurvé. L’anthère est surmontée d’un appendice en forme de crête trilobée, L'o- vaire est villeux. [TRAD.] (e) L’Amomum subulatum BoxBureu (Flor. ind., I, 44) se distingue par ses feuilles lancéolées, lisses, sessiles ; ses épis ovales à bractées longuement subulées et colorées en rouge foncé ; ses fleurs grandes et jaunes son labelle oblong; son anthère surmontée d’une crête entière, [Tran.]| (F) L’Amomum maximum Roxsurcu (Flora indica, T, 1) se distingue par ses feuilles lancéolées, villeuses en dessous ; ses épis floraux ovales, à bractées lancéo- lées ; son labelle entier, étalé, oblong, marqué au-dessous de la partie médiane d’une bande jaune ; son filament staminal court ; Son anthère surmontée d’une crête large, sémilunaire, entière ; ses capsules arrondies. [Tran.] GRAINES DE PARADIS. Grana P. araasi > Semina Cardamomi majoris ; Piper Melegueta ; Graines de Paradis, Maniguette; angl., Grains of Paradise ; Guinea Grains, Melegueta Pepper (1); allem., Paradieskôrner. Origine botanique. — Amomum Melequeta Roscos. C’est une plante herbacée, à port de roseau, haute de 90 centimètres à 1",50, produisant, ne (1) Le mot Meleguetta à été écrit de diverses façons : Melegette, Melligetta, Malla- ï Ar ie c’est le nom africain des Graines de Paradis. Il est nt rapporté par Humboldt au mot indien Molaga, poivre (Examen critique de de la géographie, 1, 1836, 987). (F. A. F] à ; ire HISTOIRE DES DROGUES D’ORIGINE VÉGÉTALE. 457 sur un scape qui s'élève à peine à 3 centimètres au-dessus du sol, une fleur délicate, à aspect cireux, à laquelle succède un fruit ovoïde, lisse, écarlate, long de 8 à 10 centimètres, sortant de bractées imbri- quées. Les dimensions des diverses parties de la plante varient beau- coup suivant les conditions plus ou moins favorables du sol et du climat. Dans le Demerara, où la plante réussit très-bien sous l'influence de la culture, le fruit devient aussi gros qu'une belle poire ; il mesure, avec sa partie tubuleuse, jusqu’à 43 centimètres de long et 5 centimètres de large. Dans quelques parties de l'Afrique occidentale, au contraire, ses dimensions dépassent à peine celles d’une grosse aveline. Son péricarpe est épais et charnu; il renferme une pulpe incolore, acide, d’un goût agréable, dans deuolie sont nichées des graines nombreuses (a). L’A. Melegueta est très-répandu dans l'Afrique occidentale tropicale. On le trouve sur la côte, depuis Sierra Leone Jusqu'au Congo. Nous ne possédons aucune information exacte au sujet de sa distribution dans l'intérieur des terres. La région du littoral qui, à cause de la production des Graines de Paradis, a été nommée Côte des graines, est située entre Liberia etle cap Palmas. La Côte d'Or, d’où les graines sont aujourd’hui particulièrementexpédiées, est située plus à l’est, dans le golfe de Guinée, Historique. — [] ne paraît guère probable que les anciens aient eu connaissance des Graines de Paradis. Nous n'avons pu trouver aucune mention dé ces graines antérieurement à la description d’une fête re- marquable donnée à Treviso, en 1214 (1), dans laquelle leur nom africain se trouve accidentellement cité. C'était une sorte de tournoi dans lequel un simulacre de forteresse, gardé par douze nobles dames et leur suite, était attaqué par des assaillants armés de fleurs, de fruits, de bonbons, de parfums et d'épices, parmi lesquels se trouvaient Melegetæ ! Après cette époque, on trouve plusieurs indications qui montrent que ces graines étaient d’un usage commun. Nicolas Myrepsus (2), médecin de la cour | de l'empereur Jean I, à Nicée, au treizième siècle, prescrivait les Méveyéræ ; et son contemporain, Simon de Gênes (3), à Rome, désigne la même drogue sous le nom de Melegete où Melegette. Les Graines de Paradis sont énumérées parmi les épices qui se vendaient à Lyon (4) en 1245; elles sont citées, sous le nom de Grey Paradijs, dans un tarif (1) Rolandini Patavini Chronica, PErTz, Monumenta Germaniæ historica ; scrip- tores, 1866, XIX, 45-46. (2) De Compositione Mendicamentorum ; de Antidotis, c. xxIT. (3) Clavis Sanationis, Venet., 1510, 49, 42. {4) Bibliothek d. _ Verèins, Stattgart, XVI, xt. ” 458 AMOMACÉES. des impôts levés à Dordrecht, en Hollande (1), en 1358. On les trouve parmi les épices employées par Jean, roi de France, pendant sa capti- vité en Angleterre, 1359-60 ; elles sont citées, à plusieurs reprises, sous le nom de Grainne de Paradis (2). Dans les temps les plus reculés, la drogue était transportée, par terre, de l'Afrique tropicale à la côte de Tripoli (3), comme elle l’est encore au- jourd'hui, mais en petite quantité. Gomme elle était produite par une région inconnue et tenue en grande estime, on lui donna le nom de Graine de Paradis. Vers le milieu du quatorzième sièele, des relations commerciales directes commencèrent à s'établir entre l'Europe et l'Afrique occidentale tropicale. Margry (4) raconte que des bâtiments furent expédiés de Dieppe, en 1364, et rapportèrent des cargaisons d'ivoire et de Walaguette, prises vers l'embouchure de la rivière Gestos. Un siècle plus tard, la côte fut visitée par les Portugais, qui lui don- nèrent le nom de Terra de Malaguet. Golomb, qui fit aussi des voyages commerciaux sur la côte de Guinée, la nomme Costa de Maniguetta. Bientôt après cette époque, les Graines de Paradis devinrent un mono- pole entre les mains des rois de Portugal. Des voyageurs anglais visitèrent aussi la Côte d'Or, au seizième siècle, et rapportèrent, en échange des marchandises européennes, de l'or, de livoire, du poivre et des Graines de Paradis (5). Le poivre était sans doute celui du Piper Clusii (voy. page 352). Les Graines de Paradis, souvent nommées par abréviation Graines, étaient autrefois employées comme condiment, de la même façon que le poivre. On les employait aussi avec la cannelle et le gingembre pour préparer le vin épicé nommé Aëppocras, qui était en vogue pendant le quatorzième et le quinzième siècle. La plante qui produit cette drogue a été l'objet, de la part des bota- - nistes modernes, d’une série d'erreurs qu'il est inutile de rappeler. Il suffit de dire que l’'Amomum Granum Paradisi de Linné ne peut être iden- tifié avec aucune plante; qu’en 1817, Afzelius, botaniste suédois qui résida pendant plusieurs.-añnées à Sierra Leone, publia une description de l'Amomum Granum Paradisi Lixx. (6), et que l'échantillon qu’il a en- (1) Sarrorius et LaAPPENBERG, Geschichte der Deutschen Hansa, II, 448. = (2) Dour n’Arco, Compt. de l’Argent. des rois de France, 219, 266. (3) G. n1 Barnos, Asia, Venet., 1561, 33 (65). A AE PRET (4) Ouvrage cité plus haut, à la page 246, note 2. . “He Principal Navigations, Le ag Voyage of the mes and a and Benin, A. D. 1553. ia Guineensia, Upsalig, 1. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 459 voyé, et qui est actuellement conservé dans l’herbier de sirJ. E. Smith, appartient à une autre espèce. Dans ces conditions, le nom Amomum Melequeta, donné par Roscoe à la plante qui produit les Graines de Pa- radis, a été accepté sans contestation (1). Description, — Les Graines de Paradis ont environ 2 millimètres de diamètre; leur forme est variable ; elles sont tantôt arrondies, avec des angles mousses, tantôt un peu pyramidales. Elles sont dures ; leur sur- face est luisante, colorée en brun rougeâtre et chagrinée. Le hile est en forme de bec et d’une couleur plus pâle. Les graines broyées sont fort peu aromatiques, mais elles possèdent une saveur très-piquante et brûlante. Structure microscopique, — Les Graines de Paradis ressemblent, à beaucoup d’égards, par la structure, à celles du Cardamome; mais dans les premières, les cellules de l’albumen sont très-minces, leurs parois sont délicates, et elles sont beaucoup plus allongées. La couche interne du tégument seule ressemble à la couche correspondante de la graine de Cardamome. Les cellules de la couche moyenne ont deux parois tel- lement épaissies, qu’il reste à peine une cavité. La couche extérieure du tégument est formée de cellules à parois épaisses, dont les cavités parais- sent, sur une section transversale, allongées radialement. L’albumen est rempli de grains d’amidon, qui ont de 2 à 5 millièmes de millimètre de diamètre, et sont, dans chaque cellule, agglutinés lés uns aux autres de facon à former une masse cohérente. Composition chimique, —Les Graines de Paradis contiennentune petite quantité d’huile essentielle; 53 livres nous en ont donné seulement 2 onces et demie, c’est-à-dire 0,30 pour 400 environ (2). Cette essence est jaunâtre, neutre; elle possède une odeur'agréable, qui rappelle celle des graines, et une saveur aromatique, dépourvue d’âcreté. Son poids spéci- fique, à 15°,5 C. est 0,825. Elle est peu soluble dans l'alcool absolu ou étendu, mais elle se mélange avec le bisulfure de carbone en un liquide clair, elle dissout l’iode sans explosion. Lorsqu'on la sature avec du gaz chlorhydrique see, il ne se forme aucun composé solide. Elle com- mence à bouillir vers 236° C., et la plus grande quantité distille entre 237° et 258 C.; le résidu est constitué par un liquide épais et brunâtre. {4) J'ai plusieurs fois fait germer les graines de Paradis du commerce, j'ai cultivé la plante pendant plusieurs années, et j'ai obtenu non-seulement des fleurs, mais des fruits arrivant à complète maturité, et contenant des graines fertiles. [D. H.] (2) Cette essence fut distillée et employée en médecine dès le commencement du dix-septième siècle (Porta, De Distillatione, Romæ, 1608, lib. 1v, €. 4). 460 AMOMACÉES. Examinée en colonne de 50 millimètres, l'huile essentielle brute dévie la lumière polarisée de 4°,9 à gauche. La portion qui distille au- dessus, à 257°-258, la dévie de 12,2 ; le résidu la dévie de 2 degrés à gauche. Les propriétés optiques tendent à faire admettre que cette huile essentielle est homogène. Cette opinion est corroborée par les ré- sultats de trois analyses élémentaires qui nous ont conduit à la for- mule C°H*0 ou CHI CIH:60. Dans le but de nous assurer si les Graines contiennent une huile grasse, dix grammes furent pulvérisés avec du quartz, et épuisés avec de l’éther bouillant. Nous obtinmes, par évaporation de l’éther, 05,583 d’un résidu brun visqueux, à peu près dépourvu d'odeur, mais doué d'une saveur piquante très-forte. Comme il se montra entièrement | soluble dans l'acide acétique cristallisable et dans l'alcool étendu, on peut le considérer comme une résine, et admettre que les Graines de Pa- radis ne contiennent pas d'huile grasse. Desséchées à 100° C., les Graines de Paradis nous ont donné 2,15 pour 100 de cendres, qui, par suite de la présence du manganèse, avaient une coloration verte. Commerce. — Les Graines de Paradis sont expédiées surtout des éta- blissements de la Côte d'Or, dont les plus importants sont Cape Coast Castle et Accra. Les rapports officiels (1) indiquent, pour les exporta- tions de ces localités, en 1871, les chiffres suivants : pour la Grande- Bretagne, 85502 livres; pour les Etats-Unis, 33630 livres ; pour l’Alle- magne, 28501 livres ; pour la France, 27193 livres ; pour la Hollande, 14250 livres. Total : 86000 kilog. Usages. — Les Graines de Paradis sont employées dans la médecine vétérinaire ; on s’en sert aussi comme condiment, mais surtout, paraît- il, pour donner une saveur piquante aux cordiaux. (a) L'Amomum Melegueta Roscor (Mon. PL. of the order Scitam., t. 98) se dis- tingue des espèces d'Amomum décrites plus haut (voyez page 455) par ses feuilles lancéolées, acuminées, étroites, subsessiles ; par son scape radical ne s'élevant que fort peu au-dessus du sol, et muni de bractées distiques au nombre de cinq à sept seulement. Ses fleurs sont grandes et très-belles. Le calice est vert, tubuleux, eylin- drique, fendu d’un côté. La corole est tubuleuse, avec un limbe blanc, très déve- loppé, divisé en trois lobes très-inégaux, les deux latéraux étroits, le médiane très- large, concave et dressé. Le labelle ou staminode pétaloïde est très-grand, orguiculé, arrondi en entier, coloré en rouge cramoisi dans le haut et jaune dans le bas. Les L deux lames du disque qui surmontent l'ovaire ont 23 millimètres de long. Le fruit une capsule de 15 centimètres de long, coriace, jaune, cylindrique. [TraD.] Book for the colony of the Gold Coast in 1871. | | HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 461 ORCHIDACÉES SALEP. Radix Salep; Radix Satyrü ; angl., Salep; allem., Salepknollen. Origine botanique, — La plupart, sinon toutes les espèces d'Orchis qu'on trouve en Europe et dans le nord de l'Asie (a), sont pourvues de tubercules qui, convenablement préparés, sont susceptibles de fournir du Salep. Parmi celles qui sont actuellement employées, les plus impor- tantes sont : l'Orchis mascula, L., l'O. Morio L., l'O. militaris L., VO. ustulata L., l'O. pyramidalis L., l'O. coriophora L. et l’O. longi- cruris Link. Ces espèces, dont les tubercules sont entiers, sont origi- naires de la plus grande partie de l’Europe centrale et méridionale, de la Turquie, du Caucase et de l'Asie Mineure (4). Les espèces suivantes, pourvues de tubercules palmés ou lobés, ont une aire de distribution non moins étendue : O. maculata L., O. saccifera BroxGn., 0. conopsea L. et O. latifolia L. La dernière s'étend jusque dans le nord-est de l’Inde et dans le Thibet, et l'O. conopsea se trouve dans les régions arrosées par l'Amur, dans l'extrême est de l'Asie. Le Salep des Bazars Indiens, connu sous le nom de Sélib misri, est acheté par les Orientaux à des prix extravagants à cause de son excel- lente qualité ; il est produit par certaines espèces d’£ulophia (2), notam- ment par l’Z, campestris Linz, l’£. her uno Lioz., et probablement par d’autres espèces. a _ Historique. — Sous l'influence des superstitions attribuant aux plantes des propriétés en rapport avec la forme de certains de leurs or- ganes, le Salep (3) jouit depuis longtemps en Orient de la réputation de stimulant des fonctions génésiques; beaucoup d'Européens de l'Inde, peu disposés à admettre les vertus extravagantes qui lui sont attribuées par les Hindous et les Mahométans, le regardent cependant comme un éxéellent aliment dans la convalescence. (1) Tchihatcheff énumère treûte: Me espèces d’Orchis en Asie Mineure (Asie Mineure, Bot., IL, 1860). (2) Les espèces indiennes d'Eulophia ont été révisées par Lindley in Journ. of Line: Soc., Bot., 1859, III, 93. (3) Le mot Salep est le nom arabe du renard, et la drogue est nommée dans celte langue Khus yatuw's salab, c'est-à- dire testicule de renard, où Khus yatwl kalb, tes- ticule de chien. Le mot Orchis, etles vieux noms populaires dans les diverses langues de l'Europe ont, de même, été donnés par allusion à la forme des tubercules. 462 ORCHIDACÉES. Cette drogue était connue de Dioscoride et des Arabes, ainsi que des herboristes et des médecins du moyen âge, qui la prescrivaient souvent à l’état frais. Gerarde, en 1636, a donné d'excellentes figures des divers Orchis dont les tubercules étaient employés à son époque. Geoffroy (1), ayant reconnu que le Salep importé de l'Orient était fourni par les tubercules d'un Orchis, indiqua, en 1740, comment on pouvait le préparer à l’aide des espèces indigènes de la France, Récolte, — On arrache les tubercules après la floraison de la plante, on enlève ceux qui sont ridés et flétris, on lave ceux qui sont renflés, on les enfile à l’aide d’une corde, et on les échaude pour détruire leur vitalité, puis on les fait dessécher au soleil ou devant un feu doux. À l’état frais, ils sont blancs et succulents, mais en se desséchant ils deviennent durs et cornés, et perdent leur saveur un peu amère et leur odeur particulière, La drogue qu’on trouve dans le commerce anglais est importée en majeure partie de Smyrne. Celle qui se vend en Allemagne provient en partie de plantes croissant à l’état sauvage dans les monta- gnes de Taunus, dans le Westerwald, le Rhôn, l’Odenwald et la France. On récolte aussi du Salep en Grèce, et on l’emploie dans ce pays, ainsi qu’en Turquie, sous forme de décoction qu'on édulcore avec du miel, et qu'on prend comme boisson matinale (2). Le Salep de l'Inde est récolté sur les montagnes de l'Afghanistan, du Beluchistan, de Kabul et de Bokhara (3). Les montagnes du Neïlgherry dans le sud, et même Cey- lan, passent aussi pour en produire une certaine quantité. Description. — Le Salep du Levant, tel qu’on le trouve sur le marché anglais, consiste en tubercules longs de 4 à 3 centimètres environ, ovoïdes ou oblongs, souvent pointus à l'extrémité inférieure, et arrondis dans le haut, où ils offrent une cicatrice déprimée laissée par la tige ; ils sont assez fréquemment palmés. Ils sont généralement contractés et contournés, couverts d’un tégument granuleux et rugueux, colorés en brun pâle, translucides, très-durs et cornés : ils n’ont que peu d’odeur et une saveur légère qui n’est pas déplaisante. Après macération dans l’eau pendant plusieurs jours, ils reprennent leur forme et leur volume primi- tifs. Le Salep d'Allemagne est plus translucide, et comme gommeux, il semble avoir été préparé avec plus de soin. Fr Strücture microscopique, — Les tubercules frais offrent, sur une (1) Mém. de l'Ac. des SC NU ss en _ @) Herorrion, Nufzpflansen Griechenlands, Athen, 186,9. : M'rTpee Poes of the Punjab, Roorkee, 1868, I, 261. — Srewanr, Le Lanor 869, 236. si nn 4 Be à HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 463 section transversale, un petit nombre de couches de cellules à parois minces, riches en amidon. En dedans se trouve un parenchyme formé de cellules incolores, allongées, contenant aussi de l’amidon et des fais- ceaux isolés de cristaux aciculaires d’oxalate de calcium. Dans ce pa- renchyme se trouvent un grand nombre de grandes cellules remplies d’un mucilage homogène. De petits faisceaux fibrovasculaires sont irré- gulièrement dispersés dans le tubercule. Dans l'O. mascula et l'O. latifo- lia, les grains d'amidon sont presque globuleux, et ont 25 millièmes de millimètre environ de diamètre. Dans le Salep sec, les cellules sont défigurées, et les grains d’amidon sont agglomérés. Composition chimique. — Le principe le plus important du Salep est une sorte de mucilage dont la proportion s'élève, d'après Dragen- dorff (1869), à 48 pour 100, mais est, sans aucun doute, sujette à de grandes variations. Le Salep abandonne ce mucilage à l'eau froide, en formant une solution que l’iode colore en bleu, et qui donne, avec l’a- cétate neutre de plomb, un mélange limpide comme la gomme arabique. Quand on ajoute de l’ammoniaque, il se forme un précipité abondant. Le mucilage de Salep précipité par l'alcool, puis desséché, se colore en violet ou en bleu quand on l’humecte avec une solution d'iode ou d’iodure de potassium. Le mucilage sec se dissout facilement dans une solution ammoniacale d'oxyde de cuivre. Lorsqu'on le fait bouillir avec de l'acide nitrique, il se produit de l'acide oxalique, mais non de l'acide mucique. Sous ces rapports, le mucilage de Salep ressemble à la cellu- lose plutôt qu’à la gomme arabique. Il n'offre, dans les grandes cellules qui le contiennent, aucune träce de stratification, de sorte que sa for- mation ne paraît pas due à une métamorphose de la paroi cellulaire elle-même. Le mucilage de Salep contient de l'azote, et une matière inorganique dont on ne le sépare que difficilement, par précipitations répétées, à l’aide de l'alcool. C’est à ce mucilage que le Salep doit la propriété de former, même avec quarante parties d'eau, une gelée épaisse, qui s'épaissit encore davantage quand on y ajoute de la magné- sie ou du borax. On trouve, dans cette gelée, une certaine quantité d’amidon, mais sa proportion est faible ou même nulle dans les tuber- cules qui portent la tige florifère, tandis qu’elle est considérable dans les jeunes tubereules latéraux. L’amidon est évidemment consommé dans la période suivante de végétation, ce qui explique qu ‘on trouve des tubercules dont la décoction n’est pas colorée en bleu par la tein- ture d'iode, Le Salep contient aussi du sucre et de l’albumine, et, à l'état frais, des traces d'huile volatile. Desséché à 100° C., il donne 464 ORCHIDACÉES. 2 pour 100 de cendres, qui consistent surtout en phosphate et en chlo- rure de potassium et de calcium (Dragendorff). Usages. — Le Salep ne possède pas de propriétés médicinales, mais à cause de la gelée abondante qu'il forme dans l'eau, on le considère comme très-nutritif. Il nous est impossible d'admettre cette opinion po- pulaire. Sa décoction édulcorée et aromatisée avec des épices ou du vin constitue, pour les malades, une boisson agréable, mais qui n’est pas employée en Angleterre (1). (a) Les Orchis L. (Genera, n. 1009) sont des Orchidacées, de la tribu des Ophry- dées, à ovaire tordu, à périgone ouvert en forme de gueule bilabiée ; à labelle trilobé, muni d’un éperon ordinairement plus court que l'ovaire; à anthère unique, à peu près terminale, biloculaire ; à rostellum prolongé entre les loges ; à pollinies for- mant deux masses stipitées, fixées à deux rétinacles, libres et logés dans une seule bursicule biloculaire. L’Orchis militaris L. {Species, 333) parvenu à son développement complet se compose d’une tige aérienne herbacée, annuelle, haute de 20 à 30 centi- mètres, portant un petit nombre de feuilles disposées en rosette, colorées en vert gai, glabres et lisses, oblongues, aiguës, assez larges, longues de 13 à 20 centi- mètres, parcourues de nervures longitudinales parallèles. La tige se termine par ; une grappe simple de fleurs courtement pédonculées, insérées chacune dans l’aisselle d’une bractée très-courte. La portion inférieure et souterraine de la tige offre pen- dant la préfloraison ordinairement deux tubercules ovoi- des de grosseur inégale, le plus volumineux ayant à peu près les dimensions d’une noisette, l’autre plus jeune en voie de formation (ainsi qu'on le voit dans la figure 261). Le plus volumineux de ces tubercules se continue manifestement avec la tige aérienne ; le plus inférieur est constitué par un bourgeon né au-dessous du sol dans l’aisselle d'une feuille inférieure ordinairement réduite à l'état d’écaille membraneuse jaune. Lorsque ce bour- geon a atteint une certaine dimension, il produit au- dessous de son sommet une racine adventive qui grandit rapidement, se renfle, presse sur la feuille dans l’ais- selle de laquelle se trouve le bourgeon, finit par la déchirer et fait saillie au dehors, comme on le voit dans la figure 261. Cette racine augmente alors graduellement Fig. 261. Orchis militaris. de volume et devient tuberculeuse, tandis que son bour- geon reste stationnaire. Au printemps suivant, ce dernier se développe en une nou- velle tige aérienne destinée à remplacer celle de l’année précédente qui s’est détruite après la floraison ainsi que le bulbe qui la terminait. La base de cette nouvelle tige produira à son tour un nouveau bourgeon souterrain qui lui-même donnera nais- .. î (1) Comme le Salep pulvérisé ne se mélange que difficilement avec l'eau, plusieurs _ Persônnes ne parviennent pas à préparer sa décoction. Il est facile de la faire en humec- ta PTE avec un peu d’alcool, ajoutant ensuite l’eau tout à coup, et fai- nge . | 4 HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 465 sance à une racine adventive destinée à former un nouveau bulbe, et il en sera de même chaque année. Il est facile de voir que ce bulbe se détruit à mesure que les organes reproducteurs se développent, les matériaux nutritifs qu’il renferme étant consommés pendant cette formation (1). La base de la tige produit également un nombre ordinairement considérable de racines adventives fibreuses, cylindriques, simples, destinées à la nutrition de la plante. La fleur de l’Orchis militaris est irrégulière et bilabiée, ouverte en forme de gueule. Le périgone est formé de six folioles disposées sur deux verticilles con- centriques et alternes. Dans la fleur adulte, les trois folioles extérieures ou sépales sont à peu près de même faille, ovales, pointus, membraneux ; ils sont disposés l’un en arrière ou en haut et les deux autres sur les côtés. Les trois pièces de la corolle sont très-inégales ; les deux postérieures sont étroites et très-rapprochées des trois pièces du calice pour former la lèvre supérieure, concave, en forme de casque, du périgone ; la troisième foliole, située en avant et en bas est beaucoup plus développée, et constitue seule la lèvre inférieure du périgone ou labelle : elle a la forme d’une lame réfléchie en dehors et en bas, étalée, tripartite, à lobes laté- raux linéaires, le médian rétréci à la base et au niveau de son point d’union avec les latéraux, puis dilaté et arrondi vers son extrémité, qui est échancrée sur la ligne médiane, et munie dans le fond de l’échancrure d’une petite dent. Ce périgone est blanchâtre ou légèrement rosé avec des taches pourpres parsemées sur le labelle, La base du labelle se prolonge en un éperon conique, creux, deux fois plus court que l'ovaire. L’androcée est formé par une seule étamine fertile, connée avec le style en une colonne ou gynostème un peu aplatie, connée dans le bas avec la base du la- belle, et portant à son extrémité une anthère unique, biloculaire, déhiscente par deux fentes longitudinales. Chaque loge de l’anthère contient une masse polli- nique, ou pollinie, ovoïde, rattachée par un pédicule à une petite glande ou rétinacle qui est logée sous la face inférieure du stigmate, dans une des loges d'une petite poche ou bursicule biloculaire (2). L’ovaire est infère, allongé, tordu à l’âge adulte, uniloculaire, à trois placentas pariétaux portant un très-grand nombre d’ovules anatropes, extrêmement petits. Le stigmate qui termine la colonne est prolongé en une petite pointe ou rostellum, qui se prolonge entre les loges de lanthère. Le fruit est une capsule triloculaire, contenant de nombreuses graines très-petites, sans albumen ; il s'ouvre à la maturité en trois valves qui portent les graines au niveau de leur ligne médiane. L'Orchis mascula L. (Species, 1333) se distingue de l'espèce précédente par ses feuilles lancéolées ; ses bractées florales aussi longues que l'ovaire ; les folioles de son périgone aiguës, les trois supérieures conniventes en casque, les deux latérales étalées, puis réfléchies ; son labelle profondément trilobé, à lobes larges, dentés , le médian émarginé ou échancré ; son éperon ascendant, à peu près aussi long que l'ovaire, Les fleurs sont disposées én épi lâche, allongé ; elles sont colorées en ee plus ou moins foncé, ou rarement presque blanches. L'Orchis maculata L. (Species, 1835), se distingue nettement des espèces pré- - cédentes par : ses bulbes aplatis et divisés au sommet en deux ou trois branches, ce qui leur a fait donner l’épithète de palmés ; ses feuilles oblongues, lancéolées, tachées de noir ; ses bractées florales plus courtes que les fleurs qui sont blanches et ge: de pourpre ou de violet, ue: rarement de rose ou de lilas. [TraD.] (1) Ps le développement des bulbes des Orchidées, voyez : $ TaiLo Inmiscu, Biologie und Morphologie des Orchideen, 1853. (2) Pour le mode de fécondation, voyez : DARWIN, les Orchidées. HIST. DES DROGUES, T. 11." 30 466 ORCHIDACÉES. VANILLE. Vanilla (1): angl., Vanilla ; allem., Vanille. Origine botanique, — Vanilla planifolia Anvrews. — C’est une plante succulente, indigène de la région chaude (#ierra caliente) de l’est du Mexi- que, cultivée maintenant dans d’autres pays tropicaux. Elle se plaît dans les forêts humides et ombreuses, où elle grimpe sur les arbres et s’y fixe à l’aide de ses racines aériennes. La Vanille porte de grandes fleurs vertes dépourvues de parfum (a). Historique, — Les Espagnols trouvèrent la Vanille en usage au Mexique comme condiment du chocolat, et l'apportèrent en Europe, mais elle resta longtemps très-rare, car Clusius, qui en reçut, en 1602, un échantillon de Morgan, apothicaire de ia reine Elisabeth, la décrit sous le nom de Lobus oblongus aromaticus, sans avoir connais- sance de son pays d'origine ni de son emploi (2). Dans le Thesaurus d'Hernandez, la plante est figurée et décrite sous le nom d’Araco aro- matico (3). A l'époque de Pomet (1604), la Vanille était importée par la voie d'Espagne, et très-employée en France pour parfumer le chocolat et le tabac. Elle eut sa place dans la Pharmacopée de Londres de 1721, et était bien connue des droguistes de la première moitié du dix- huitième siècle ; elle paraît avoir ensuite disparu graduellement des boutiques. Dans ces derniers temps, elle a été importée en grande abondance, et on en fait aujourd’hui grand usage, non-seulement dans la fabrication du chocolat, mais aussi dans la cuisine et la confection des gâteaux, des bonbons et des liqueurs, _ Culture.— La culture de la Vanille est très-simple. Lorsque les pousses ont 90 centimètres environ de haut, on les attache aux arbres de facon à ce qu'elles touchent à peine le sol, Elles émettent bientôt des racines qui s’appliquent sur l'écorce de l'arbre et y fixent la plante : au bout de trois ans, elles commencent à porter des fruits, et en produisent en- suite pendant trente ou quarante années. La fertilisation des fleurs ‘ est effectuée par les insectes. Morren (4) a montré, en 1837, qu’elle (1) Diminutif de l'espagnol vaina, gousse ou capsule. (2) Exotica, 1605, lib. nt, c. 18, 72. (3) Rerum Medicarum Novz Hispaniæ Thesaurus, Romæ, 1651,38. — Le dessin ori- ; ginal fait partie d’une série de 1 200 dessins exécutés à grands frais, au Mexique, par du roi rage et le pa ns dé HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 467 pouvait être faite artificiellement par l'homme (1). Depuis cette époque, la fécondation et la production des gousses ont été déterminées dans tous les pays tropicaux sans l’aide des insectes. En Europe même, la Vanille vient bien dans les serres, et elle y donne des fruits de grande taille qui ne le cèdent pas pour le parfum à eeux du Mexique. Dans les plantations de Vanille, on ne laisse pas arriver les gousses à complète maturité ; on les cueille lorsque leur coloration verte commence à changer. D'après de Vriese (2), on les fait sécher à l’aide d’un procédé spécial; on les expose à l’air en les laissant alternativement décou- vertes et couvertes de toiles en coton; elles mûrissent ainsi artifi- ciellement, et acquièrent peu à peu leur arome et leur coloration foncée. On les lie alors en petits faisceaux. Deseription, — Lorsque le fruit est mûr, il est de la grosseur du petit doigt, imparfaitement triangulaire, et déhiscent dans le sens de la lon- gueur en deux valves inégales. Il est ferme, charnu, lisse ; lorsqu'on le coupe en travers, il laisse exsuder un suc inodore, visqueux, qui con- tient une grande quantité de spicules d’oxalate de calcium (3). Il est uni- loculaire avec une cavité triangulaire ; chaque face porte un placenta divisé en deux lames, qui se subdivisent elles-mêmes en deux lobes recourbés en dehors. Il existe ainsi en tout douze lames chargées de graines, et parcourant la cavité du fruit dans toute sa longueur. Des poils fins, semblables à des papilles, garnissent les trois angles de la cavité du fruit, et sécrètent une matière inodore qui, après la dessicca- tion, se trouve répandue dans toute la gousse. Ces papilles contiennent aussi des gouttes d'huile qui sont absorbées par le papier dans lequel on enveloppe les gousses. Nous nous sommes assurés que la matière odorante n’est pas contenue dans la partie extérieure et charnue du fruit ; en coupant le fruit frais en tranches minces que nous faisions sécher séparément, nous avons constaté que celles qui provenaient de la partie interne étaient seules odorantes. | La Vanille du commerce se présente sous la forme de gousses s.cher- nues, flexibles, semblables à de petites baguettes, longues de 8 à 20 cen- timètres et épaisses de 6 à 8 millimètres, cylindriques, atténuées et courbées en crochet au niveau de l'extrémité qui porte le pédoncule. (1) Cette rep avait été faite déjà pas. Fémond, créole de l'Île de la ns un peu après 1817. (2) De Vanielje, Leyden, 1856, 22 (3) Ce suc possède comme celui de la scille une — _— sur la peau, fait que les cultivateurs de Maurice connaissent bien. 468 . ORCHIDACÉES. La surface est finement sillonnée dans le sens de la longueur, luisante, onctueuse, et souvent recouverte d’une efflorescence formée de petits cristaux incolores. La gousse s’ouvre dans sa longueur en deux valves inégales, qui portent une multitude de petites graines lenticulaires, lui- santes, dures, ‘noires, imprégnées d’un suc visqueux et aromatique. La plus belle Vanille est celle du Mexique. La Vanille de Bourbon, qui est la plus abondante, est généralement plus courte, et douée d’une odeur moins forte ; elle atteint un prix moins élevé. . Structure microscopique, — La moitié interne du péricarpe renferme une vingtaine de faisceaux fibro-vasculaires disposés en cercle, et assez distants les uns des autres. L'épiderme est formé d’une couche de cellules tabulaires à parois épaisses contenant une substance granuleuse, brune. La couche moyenne du péricarpe est constituée par de grandes cellules à parois minces, les plus extérieures allongées dans le sens de l'axe, tandis que les plus centrales sont cubiques ou à peu près sphériques. Toutes contiennent des gouttes d'huile grasse et des masses granu- leuses, brunes, qui n’offrent pas d’une façon manifeste la réaction du tannin. Ge tissu renferme en outre des cristaux aciculaires d’oxalate de calcium et des prismes de vanilline. Les cellules des couches exté- rieures du péricarpe (1) offrent sur leurs parois des épaississements spiralés, qui sont plus visibles encore dans les racines aériennes et dans le parenchyme des feuilles des autres Orchidées. Les placentas sont revêtus d'une couche de cellules à parois minces. Composition chimique, — La Vanille ne contient pas d'huile essen- tielle. Elle doit le parfum qui la fait rechercher à une substance qui se trouve à l’état cristallin dans l’intérieur ou à la surface du fruit, ou à l'état de dissolution dans le liquide huileux et visqueux qui entoure les graines. Cette substance était autrefois considérée comme de l'acide cinnamique ou benzoïque, mais Gobley a démontré qu’elle était d’une nature spéciale, et lui a donné le nom de Vanilline (2). Pour la préparer, on épuise la drogue par l’éther, puis on soumet le liquide à la distilla- tion, afin d'éliminer la plus grande partie de l'éther. Le liquide qui reste est agité avec une solution saturée de bisulfite sodique qui s'empare de la vanilline. Cette dernière est mise en liberté par l'addition d'une (1) La Vanille qui croit en Europe est dépourvue de ces cellules. Nous pouvons confir- mer ce fait signalé d’abord par Berg, d’après les observations que nous avons faites sur _des gousses très-aromatiques, produites, en 1871, à Hillfield House, Reigate. Nous avons du reste cherché vainement ces eos remarquables dans la Vanille du com- rce actuel (1876). he à ra Are, 1858, XXXIV, Te hoc: HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 469 quantité convenable d'acide sulfurique étendu. On la retire alors à l’aide de l’éther. La vanilline forme des cristaux aciculaires qui fondent à 81°; ils se dissolvent dans l’éther et l'alcool, moins bien dans l’eau chaude, très- peu dans l’eau froide. Leur solution aqueuse prend une teinte violette avec le chlorure ferrique. La meilleure Vanille fournit en moyenne 2 3/4 pour 100 de vanilline. Tiemann et Haarmann ont démontré, par d'admirables recher- ches commencées à Berlin en 1874, que là vanilline peut être pré- parée artificiellement. Dans l’aubier des Pins, on trouve une sub- stance nommée Coniférine, CH#0$-+9H°0, observée d’abord en 1861 par Hartig, et étudiée en 1866 par Kubel. Sous l'influence de l'é- mulsine, la coniférine prend H?0 et se dédouble en sucre, et en une autre substance cristallisable, comme l'indique l'équation suivante : CSH#0$-HH20 = CH°06+ CHPO®. La seconde substance ainsi pro- duite, peut être recueillie au moyen de l'éther qui ne dissout ni la coniférine ni le sucre. En l’oxydant, ou en oxydant la coniférine elle- même à l’aide du bichromate de potassium et de l'acide sulfurique, on obtient de la Vanilline. En la faisant fondre avec de la potasse on détermine la production d’acide protocatéchique, C'H°0O*. En réalité, d’après ces recherches, la vanilline CSH'O* est l’éther méthylique de l’aldéhyde protocatéchique, et doit être représentée par la formule C‘H*O(CHS)OH.COH (1). Cette manière de voir est confirmée par la décomposition que subit la vanilline lorsqu'on la chauffe dans un tube fermé avec de l'acide chlor- hydrique ; il se forme du chlorure méthylique GH*CI. Tiemann a trouvé de plus (1876) dans la Vanille de l'acide Vanillique, CH*OHO (CH*) COOH. Leutner a trouvé aussi dans la Vanille : 11,8 pour 100 de matières grasses et cireuses, 4 pour 100 de résine, et 16,5 pour 100 de sucre et de gomme ; il a obtenu, par incinération de la drogue, 4,6 pour 100 de cendres. | Production et Commerce, — Les principales localités du Mexique qui produisent de la Vanille sont les parties du littoral de l'Etat de Vera-Cruz. Le centre de cette culture est Jicaltepec, dans le voisinage de Nautla (2). On cultive aussi la Vanille sur les pentes occidentales des Cordillères, dans l'Etat d'Oaxaca, et en moindre quantité dans les (2) Voir Dictionnaire de Chimie, Wurrrz, art. Vanilline. (2) Culture du Vanillier au Mexique, in Revue Coloniale, 1849, IT, 383-390. 470 ORCHIDACÉES. Etats de Tabasco, de Chiapas et d'Yucatan. Les parties orientales du Mexique ont exporté en 1864, par la voie de la Vera-Cruz et de Tam- pico, environ 20000 kilogrammes de Vanille, expédiée en majeure par- tie à Bordeaux. Depuis cette époque, la production paraît avoir beau- coup diminué; les importations de la France n'ont atteint, en effet, en 1871, que 6869 kilogrammes, et, en 1872, 1938 kilogrammes seulement (1). La culture de la Vanille fut introduite dans la colonie française de la Réunion ou Bourbon par Marchant qui, en 1817, y transporta des rejetons pris à l'île Maurice. Gette culture a si bien réussi, malgré les cyclones périodiques qui ravagent cette colonie, qu’en 1871 elle exporta 39200 livres de gousses (2). L'île Maurice, située près de la Réunion, produit aussi de la Vanille. Elle en a exporté, en 1872, 7139 livres (3). On cultive également la Vanille sur une grande échelle à Java. La Vanille parvient sur le marché européen en majeure partie par la voie de la France. D'après les statistiques officielles signalées plus haut, ce pays en a importé, en 1871, 29914 kilogrammes et, en 4872, 26587 kilogrammes. La moitié à peine de cette quantité a été retenue en France pour la consommation du pays. Tiemann a établi à Minden (Prusse) une fabrique qui fournit déjà des quantités considérables de vanilline artificielle préparée à l’aide de la coniférine. | Usages. — La Vanille n’est plus depuis longtemps employée en mé- decine, du moins en Angleterre, mais elle est souvent vendue par les droguistes pour parfumer le chocolat, les glaces, les crèmes, les pätis- series, les bonbons, etc. (a) Les Vanilles (Vanilla Swarrz, Flor. ind. occid., III, 4518) sont des Or- chidacées de la tribu des Aréthusées, à labelle adossé à la colonne, convoluté, à périgone conné à la base, étalé, dressé ; à colonne nue ; à pollinies au nombre de deux ; à tige grimpante se fixant à l’aide de racines adventives ; à feuilles ar- de . à la base ; à fleurs disposées en grappes axillaires ; à capsule pulpeuse en edans. Le Vanilla planifolia Anbrews (Bot. Reposit., t. 538) est une belle plante à tige cylindrique, charnue, verte, émettant au niveau de ses nœuds des racines adven- tives à l’aide desquelles elle se fixe sur les plantes ou les corps voisins qui lui ser- vent de point d'appui. Les feuilles sont alternes, charnues, oblongues ou ovales- (1) Documents statistiques réunis par l'adminästration des Douanes sur le com- merce de la France, 1872, 64. Are À ca LSeGRave, de la Réunion, in Consular Reports, présentés au Parlement en BISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 471 oblongues, pointues, contractées à la base, parcourues par huit à quinze nervures longitudinales, longues de 12 à 15 centimètres et larges de 5 à 7 centimètres : elles sont portées par un pétiole court, articulé sur la tige, qui est un peu renflée au ni- veau de leur point d'insertion. Les fleurs sont disposées en grappes axillaires, pauciflores, à l'aisselle de bractées foliacées ; elles ont 5 centimètres de large en- viron, et sont colorées à peu près uniformément en vert pâle. Les folioles du péri- gone sont vertes, lancéolées, oblongues, connées à la base, dressées et étalées. Le labelle est conné à la base de la co- lonne ; il a la forme d'une lame épaisse, repliée en gout- tière, étroite à la base, di- latée à l'extrémité dont le bord est serreté et calleux ; il est couvert dans sa partie médiane de petits appendices écailleux et recourbés. La colonne est nue, longuement stipitée, marginée au sommet ; elle porte une anthère unique, terminale, biloeu- - laire, déhiscente par deux fentes longitudinales, et contenant un pollen granuleux. L’ovaire est infère, uniloculaire avec troïs placentas pariétaux portant un très-grand nombre d’ovules anatropes, très-petits. Le fruit est une gousse contenant un très- grand nombre de petites graines immergées dans une pulpe molle. [Tran] Fig. 262. Vanilla planifolia. IRIDACÉES RHIZOME D'IRIS. #: Rhisoma Tridis; Radir Iridis Florentinz ; angl., Orris Root; allem., Veilchemourzel. Origine botanique, — Cette drogue est fournie par trois espèces d'Iris (a) : du 4° ris germanica L. — C'est une plante vivace à grarides et belles fleurs d'un bleu foncé, commune dans les environs de Florence et de Lucea , et remontant jusqu'à la région des Châtaigniers. On la trouve aussi çà et là dans le centre et le sud de l’Europe, dans le nord de l'Inde et dans le Maroc. C'est une des plantes le plus communément cultivées dans les jardins de l'Europe tempérée. 2° Iris pallida Lawx. — Cette plante ressemble à la précédente, mais ses fleurs sont d’un bleu plus pâle ; elle croît à l’état sauvage dans les terrains calcaires de l’Istrie. Elle est abondante dans les environs de Flo- 4 IRIDACÉES. rence et de Lucca, dans la région de l'olivier, mais il est douteux qu’elle y soit indigène. 3° Jris florentina L. — Cette espèce porte de grandes fleurs blanches, Elle est indigène du littoral de la Macédoine, et-des bords sud-ouest de la mer Noire ; elle vit aussi à l’état indigène à Hersek dans le golfe d'TIsmid, et dans les environs d’Adalia en Asie Mineure. On la trouve en- core dans les environs de Florence et de Lucca, mais nous pensons qu'elle y a été simplement acclimatée (1). Ces trois espèces, mais surtout l’/ris germanica et l'Iris pallida, sont cultivées dans les environs de Florence pour la production du rhizome d'Iris, On les plante sur les bords des terrasses et sur les lisières in- cultes et pierreuses des champs cultivés. On ne trouve guère l’/ris Flo- rentina en dehors des enceintes des villas, et il est beaucoup moins cultivé que les deux autres espèces. Historique, — Dans l’ancienne Grèce et l’ancienne Rome, le Rhizome d'Iris était beaucoup employé pour la parfumerie. La Macédoine, Elis et Corinthe étaient célèbres pour leurs onguents parfumés à l'Iris (2). Théophraste et Dioscoride connaissaient bien le rhizome d'Iris. Ce der- nier, de même que Pline, fait remarquer que les meilleurs viennent d'Illyricum, d’autres de la Macédoine, qu’une sorte inférieure est four- nie par la Libye, et que ce rhizome est employé dans la parfumerie et la médecine. Visiani (3) pense que l’/ris germanica est l'Iris Ilyrien des anciens, ce qui est très-probable si l’on considère que cette espèce est très-abondante dans la Dalmatie, l’ancien Illyricum, tandis que les /ris florentina et pallida ne s’y trouvent pas. Nous ignorons à quelle époque ces deux dernières espèces furent introduites dans le nord de l'Italie, mais il est probable que c’est vers le commencement du moyen âge. Les anciennes armes de Florence, un lis ou un Iris blanc sur champ rouge (4), (1) D’après des observalions faites à Florence, pendant le printemps de 1872, je suis porté à considérer ces trois espèces comme tout à fait distinctes. Les caractères com- paratifs suivants permettent de les reconnaître : à Iris germanica : Hampe florale à peine une fois et demie aussi longue que les feuilles ; fleurs plus pressées que dans l’Iris pallida, variant beaucoup comme intensité de colo- ris, mais n'étant jamais colorées en bleu pâle. … Îris pallida : Bractées brunes et scarieuses ; hampe florale deux fois aussi haute que les feuilles. _ Iris florentina : Bractées vertes et charnues ; hampe florale de la même longueur relativement aux feuilles que dans l’?ris germanica ; organes végétatifs plus délicats que _ dans les autres espèces, et floraison plus tardive. (D. 4. = (2) Pour plus de détails, consultez : BLümnen, Die gewerbliche Thätigkeit der Vol- _Ker des klassischen Alterthums, 1869, 57, 76, 83. + t Dalmatica, 1842, I, 146. Divina Commedia, eant. xvi. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 473 semblent indiquer que cette ville était célèbre pour la culture de ces plantes. Petrus de Crescentiis (1), de Bologne, qui vivait au treizième siècle, mentionne la culture de l'fris blanc et celle de l’Iris pourpre, et indique la saison pendant laquelle il faut recueillir le rhizome pour l'usage médicinal. Gependant, la drogue d'Illyrie était considérée comme la meilleure, et Valerius Cordus (2), mort en 1344, se plaint qu’elle ait été remplacée par celle de Florence, quoiqu’on puisse se la procurer par l'intermédiaire des Vénitiens. Le rhizome d'Iris mélangé avec l'anis était employé en Angleterre dès 4480 pour parfumer le linge (voir t. 1, p. 551). I est mentionné à cette date dans les Wardrobe Arcounts d'Edouard IV. Toutes les espèces d’Iris que nous avons nommées étaient cultivées en Angleterre à l'époque de Gerarde, c’est-à-dire vers la fin du seizième siècle. L’amidon du rhizome était autrefois considéré comme médicinal, et l’on trouve des indications pour sa préparation dans le Traicté de la Chymie, de Le Fèbvre, publié en 1€60. Produetion, — Les espèces d'Iris mentionnées plus haut sont con- nues des paysans toscans sous le nom de Giaggiolo. On en recueille les rhizomes indistinctement, mais la majeure partie est évidemment four- nie par les /ris germanica et pallida qui sont les espèces les plus répan- dues. On les arrache au mois d'août; on les décortique, on les nettoie, et on les laisse sécher au soleil, en réservant les plus gros morceaux pour les replanter. Dans l'établissement du comte Strozzi, fondé, en 1806, à Pontasieve, près de Florence, au centre de la culture des Iris, les rhi- zomes, achetés aux paysans par des marchands ambulants, sont divisés en plusieurs qualités, notamment en scelfi (choïsis) et in sorte (en sorte). On les apporte dans le commerce, soit entiers, soit en petits fragments (frantumi), en rognures {raspature), en poudre (polvere di Giaggiolo o d'Ireos), ou préparés en pois d'Iris. La culture de l'Iris est une très-faible branche d'industrie, et la ré- colte ne constitue qu’un produit accessoire, mais néanmoins elle est par- tagée entre le propriétaire et le cultivateur, suivant la coutume adoptée dans l’agriculture toscane (3). (1) De omnibus agriculturæ partibus, Basil., 1548, 219. (2) Dispensatorium, Norimb., 1529, 288, : (3) Groves, in Pharm. Journ., 21 septembre 1872, 229, — Nous lui devons aussi des remercîments pour les renseignements qu’il nous a donnés directement. La ville de Vérone produit aussi un peu de rhizome d'Iris. D’après les renseignements que j'ai pu recueillir le 5 septembre 1876, c’est très-probablement l’Jris germanica qui four- nit l’Iris de Vérone. On l'y apporte de Valdonega et d’autres villages des montagnes situés aux environs de la ville ; la plante ne _—. pas être cultivée, [F, A, F) 474 IRIDACÉES. Description, — Le rhizome est charnu, articulé, ramifié, et rampe horizontalement au-dessous de la surface du sol. Il est formé, dans les plantes âgées, par l'articulation des souches de cinq à six années suc- cessives, dont les plus vieilles sont dans un état manifeste de dépéris- sement. Ges articles sont pour la plupart dichotomes en apparence, à peu près cylindriques, un peu comprimés verticalement, devenant peu à peu obconiques, et atteignant le maximum de leur taille au bout de trois années environ. Ils ont de 8 à 10 centimètres de long, et parfois plus de 5 centimètres d'épaisseur. Ceux de l’année courante seuls émettent des feuilles au niveau de leur extrémité. Le rhizome est coloré à l'exté- rieur en brun jaunâtre ; en dedans il est succulent et blane ; il possède une odeur terreuse et une saveur âcre. Sous l'influence de la dessicca- tion, il acquiert graduellement une odeur agréable de violette, mais il n'atteint son maximum de parfum qu’au bout de deux années. Nous avons soigneusement comparé les uns avec les autres les rhizomes des trois espèces que nous avons citées plus haut, sans pouvoir découvrir un seul caractère qui permît de les distinguer. Le rhizome d'Iris, tel qu’il se trouve dans les boutiques, se présente en morceaux longs de 5 à 10 centimètres et souvent épais de 3 centi- mètres. Les fragments volumineux paraissent formés d’une portion allongée, irrégulièrement subconique, émettant, au niveau de sa grosse extrémité, une ou deux, rarement trois branches qui ont été coupées pendant l'opération de l’'émondage, et ne forment plus que des cônes courts et larges, attachés par leur sommet au rhizome qui leur a donné naissance. La souche est aplatie, un peu arquée, souvent contournée, ridée et sillonnée. La face inférieure est marquée de petites cicatrices _ Circulaires indiquant les points d'insertion des racines. La couche cor- ticale brune a d'ordinaire été enlevée pendant le nettoyage, et le rhi- zome sec est coloré en blanc foncé, opaque. IL est lourd, ferme et com- pacte ; il possède une odeur agréable et douce de violette, et une saveur un peu amère, aromatique, accompagnée d’une certaine âcreté. On trouve dans les bazars indiens une sorte de rhizome d'fris qui a été desséchée sans qu'on ait enlevé l'écorce, et qu’on apporte aujourd’hui sur le marché de Londres. Nous pensons qu'il est produit par l’/ris ger- manica L. (Iris nepalensis WaLz..), qui, d’après Hooker, est cultivé dans le Kashmir, On exporte actuellement un rhizome d'Iris de qualité infé- rieure, récolté au Maroc: nous croyons qu’il est produit exclusivement icroseopique. — L'écorce blanche de l'Iris présente, HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 475 sur une coupe transversale, une épaisseur de 2 millimètres environ; elle est séparée par une fine ligne brune d'un tissu central jaunâtre. Celui-ci est parcouru par de nombreux faisceaux fibrovasculaires, dis- posés en cercle irrégulier et épars, et contient çà et là de petits cris- taux brillants d'oxalate de calcium. Ce tissu est formé uniformément de cellulles sphériques, à parois épaisses et ponctuées, remplies de granules d’amidon ovales, volumineux et très-nombreux. Des prismes d’oxalate de calcium y sont aussi très-visibles. Les vaisseaux spiralés sont petits, et occupent différentes positions. Cette description s'applique in- distinctement aux trois espèces mentionnées plus haut. Composition chimique. — Quand on distille le rhizome d’Iris avec de l'eau, on trouve, flottant à la surface du liquide aqueux distillé, une sub- stance solide, cristalline qui a reçu le nom de C'amphre d’Iris. Gette sub- stance que nous nous sommes procurés dans le laboratoire de MM. Her- rings et C°, de Londres, est produite, d'après les renseignements que nous a donnés M. Umney, dans la proportion de 0,12 pour 100; 173 kilogrammes de rhizome en fournirent 226 grammes (4). Nous avons purifié cette substance à l’aide du charbon, et, par recristalli- sations répétées dans l'alcool absolu, nous l'avons obtenue en très- grosses écailles brillantes qui fondent à ä1°,5 C., mais ne se volatilisent pas en proportion considérable, même à 150° C. D'après une moyenne de trois analyses, ces cristaux contiennent 73,96 pour 100 de carbone et 12,26 pour 400 d'hydrogène ; cette composition conduit à la formule C'*H#0?, qui est celle de l'acide Myristique (voir t. I, p. 219). Ges cristaux ont une réaction acide, ils se dissolvent facilement dans l'am- moniaque, et en sont de nouveau séparés par un acide. Ils sont simple- ment formés d'acide myristique imprégné d'une petite quantité d'huile essentielle qu’ils retiennent avec énergie. Les résultats obtenus me Dumas en 1833, ne s'accordent pas avec les nôtres. En épuisant le rhizome d’Iris avec de l'alcool, on obtient une résine molle et brunâtre, et un peu de matière tannique. La résine possède une saveur un peu âcre. La matière tannique se colore en vert sous l'influence des persels de fer. Commerce. — Les rhizomes d’Iris sont exportés de Livourne, de Trieste et de Mogador. Ce dernier port en a expédié, en 1872, jp PS (2). Nous ne possédens aucune RAMAIqUe relative aux a) … prédit. de none opérations antérieures, dans lesquelles 23 quintaux d’Iris avaient été distillés, ne s'élevait guère à plus de 28 pour 100. (2) Consular Reports, août 1873, 917. 476 IRIDACÉES. importations de la Grande-Bretagne. La France en a importé, en 1870, cinquante tonnes environ. Usages. — Le rhizome d'Iris pulvérisé entre dans la préparation des poudres dentifrices, et sert en France à la confection des pois à cau- tères, ou pois d’Iris. Mais il est plus particulièrement employé dans la parfumerie. (a) Les ris L. (Genera, n. 59) sont des Iridacées, à fleurs hermaphrodites et ré- gulières ; à périanthe tubuleux ; à sépales recourbés en dehors et en bas, tandis que les pétales sont dressés et convergents ; à androcée formé de trois étamines ca- chées sous les trois lobes du style qui sont très-développés, pétaloïdes, réfléchis en dehors ; à capsule triloculaire, déhiscente en trois valves. L. fris germanica L. (Species, 55) est une magnifique plante vivace, à rhi- zome charnu, horizontal, ramifié en sympode, c’est-à-dire terminé par un bour- geon qui se développe en une tige aérienne destinée à mourir au bout d'un certain temps, après avoir produit au niveau de sa base un bourgeon des- tiné à se comporter de la même façon. Le rhizome porte des écailles épaisses et blanchâtres. Les feuilles aériennes portées par les rameaux dont nous venons de parler sont alternes, engaînantes, ensiformes, hautes de 30 à 40 centimètres, pliées et emboîtées les unes dans les autres, équitantes, c’est-à-dire que les deux feuilles les plus extérieures étant pliées dans leur longueur sont disposées de telle sorte, qu’elles sont pour ainsi dire à cheval lune sur l’autre, la moitié gauche de l’une étant recouverte par la moitié droite de celle qui est située vis- . à-vis, et sa moitié droite recouvrant la moitié gauche de cette dernière, entre les deux moitiés ainsi disposées des deux feuilles extérieures sont placées toutes les feuilles plus jeunes, s’embrassant deux par deux de la même façon. La tige est aplatie sur l’une de ses faces et arrondie au niveau de l’autre ; elle est haute de 50 à 80 centimètres environ, et terminée par un petit nombre de fleurs portées chacune par un pédoncule très-court, inséré dans l’aisselle d’une bractée searieuse en forme de spathe. Le périanthe est tubuleux et divisé en six folioles co- lorées en bleu foncé, Les trois folioles extérieures sont réfléchies en dehors et en bas ; elles sont membraneuses, larges, ovales-lancéolées, minces sur les bords, qui sont plus ou moins ondulés. Les trois folioles internes, également membraneuses et larges, allongées, sont dressées et rapprochées par leurs extrémités ; leur coloration est fréquemment un peu plus pâle que celle des folioles extérieures. L’androcée se compose de trois étamines à filets allongés et à anthères biloculaires, extrorses, déhiscentes par deux fentes longitudinales, Les étamines alternent avec les lobes in- ternes du périanthe et sont bvnant recouvertes par les lobes du style. Le gyné- cée se compose d’un ovaire infère, allongé, ovoide, à peu près triangulaire, sur- monté d’un style divisé jusqu’au voisinage de sa base en trois grands lobes membra- neux, pétaloïdes, couverts de longues papilles stigmatiques au niveau de la ligne médiane de leur face supérieure, réfléchis en dehors en passant entre les folioles _ dressées du périgone interne et recouvrant les étamines. Chaque loge de l'ovaire contient un nombre considérable d’ovules anatropes, insérés dans l'angle interne _ sur deux rangées verticales, disposés horizontalement et se touchant par leurs ra- es. Le fruit est une capsule allongée, triloculaire, s’ouvrant par déhiscence lo- trois valves. Chaque loge contient de nombreuses graines aplaties, à bord ées, à embryon axile, à radicule dirigée vers le micropyle. [Trav.] HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 17 SAFRAN, Crocus , Croci Stigmata ; angl., Saffron (1); allem., Safran. Origine botanique. — Crocus sativus L. C'est une petite plante à tige bulbeuse, charnue, et à feuilles de graminée, très-semblable au . Grocus printanier commun des jardins, mais ne fleurissant qu'en au- tomne. Ses fleurs sont élégantes, colorées en pourpre, avec un grand style d’un rouge orangé, dont les trois divisions stigmatiques font saillie en dehors du périanthe (a). Le Safran est considéré comme originaire de : la Grèce, de l'Asie Mineure, et peut-être de la Perse; mais il est cultivé depuis si longtemps en Orient que sa patrie véritable est fort dou- teuse (2). Historique. — Le Safran est, depuis une époque très-reculée, hau- tement prisé comme médicament, condiment, parfum, ou matière tinctoriale, et il occupe une place importante dans l’histoire du commerce. Sous le nom hébreu de C'arcôm, qu’on suppose s'appliquer au bulbe du Crocus, la plante est mentionnée par Salomon (3). Elle se trouve sous celui de Kpéxos dans Homère, Hippocrate, Théophraste et Théocrite. Virgile et Columella citent le Safran du mont Tmolus. Le dernier auteur mentionne aussi le Safran de Corycus en Cilicie, et celui de Sicile, Ges deux localités sont citées par Dioscoride et par Pline comme célèbres par la culture de cette drogue. Le Safran constituait pen- dant le premier siècle de notre ère un article du commerce de la mer Rouge; l’auteur du Periplus fait remarquer que le Kpéxss est exporté d'Egypte dans le sud de l'Arabie, et de Barygaza dans le golfe de Cam- bay (4). Il était cultivé au dixième siècle à Derbend, à Ispahan en Perse, et dans la Transoxania (5), d’où il n’est pas improbable que la plante fut exportée en Chine; car, d’après les Chinois, elle venait du pays des ma- hométans. Les écrivains chinvis rappellent que sous Ja dynastie des Yuen (1280-1368 de notre ère) on avait l'habitude de re 2 aux aliments du Sa-fa-lang [Safran] (6). {1) Le mot Saffron dérive de l’arabe As/far. (2) Chapellier a montré que le Crocus sativus L. est inconnu à l’état sauvage et qu'il _ne produit que difficilement des graines, même quand on le féconde artificiellement. Il arguë de ces faits pour émettre l’opinion qu'il constitue probablement un hybride (in Bullet. Soc. bot. de Fr., 1873, XX, 191). _ (3) Cantiques, ch. w. 14. _ (4) Lassen, Indische Alterthumskunde, 1857, II, 52 (5) Isracnri, Buch der Länder, trad. de MOnDMaNN, 87, 93, 124, 196: — Enrisi, Géographie, trad. de JaugerT, 168, 192. (6) BRETSCHNEIDER, Chinese Botanical Works, Foochow, 1870, 15. 478 IRIDACÉES. Il est probable que le Safran était cultivé en Espagne (1) dès l’année 961 de notre ère; cependant il n’est mentionné au septième siècle par saint Isidore, archevêque de Séville, que comme pro- duit étranger. En ce qui concerne la France, l'Italie et Allemagne, on pense communément que le Safran y fut introduit par les Croisés. Por- chaires, gentilhomme français, passé pour en avoir apporté quelques bulbes à Avignon, vers la fin du quatorzième siècle, et avoir commencé à le cultiver dans le comtat Venaissin, où le Safran existait encore dans ces derniers temps. Vers la même époque, la culture du Safran fut, pense-t-on, introduite par la même personne dans le Gâtinais (2). À cette époque, cette plante était un produit de l'ile de Chypre (3), et la France avait avec cette île, par l'intermédiaire des princes de Lusi- gnan, des relations étroites. Pendant le moyen âge, le Safran, cultivé à San Gemignano, en Tos- cane, constituait un important article d'exportation pour Gênes (4). Gelui d’Aquila, dans les Abruzzes, jouissait aussi d’une grande répu- tation, et était encore coté dans les prix courants du commencement de notre siècle. En Sicile, la culture du Safran est notée par Columella: elle s’y est perpétuée jusqu’à nos jours ; mais la quantité produite est insuffisante même pour la consommation locale (5). En Allemagne et en Suisse, où la rigueur du climat rend les difficultés plus grandes, la culture du Safran a été cependant entreprise dans quelques loca- lités (6). Dans le commerce de Venise, le Safran constituait, pendant le moyen âge, un article de premier ordre (7). Le Safran passe pour avoir été introduit en Angleterre sous le règne d'Edouard II [1327-1377] (8). Deux siècles plus tard, le Safran anglais était exporté sur le continent, car une liste d'épices vendues par les apothicaires du nord de la France, de 1363 à 1570, mentionne trois sortes de Safran, parmi lesquelles le « Safren pr » est le plus estimé (9). (1) Le Calendrier de Cordoue de l'année 961, Leyde, 1873, 33, 109. (2) ConraD Er WaLDMANN, Traité du Safran du Gditn is: Paré; 1846. (3) De Mas Larris, Hist. de l'ile de Chypre, LL, 498. (4) ET Foires de la Champagne, Mém. ‘de l'Acad. des inse. et belles-lettres, 1865, 6 (5) Inzenca, in Annali di Agricoltura Siciliana, 1851, 1, 54. (6) Tracus, De Stirpium, etc. 1552, 763. — Ocus, Geschichte der Stadt und Land- schaft Basel, A819, III, 189. (7) Pour en avoir une idée, il faut consulter Tnomas, 1/ Capitolare dei Vis domini _ del Fontego dei Todeschi in Venezia. Berlin, 1874, 935, 977. [F. A, F. ] 8 Moranr, Hist. and Antiq. of Essex, 11, 1768, 545. : om Safran sont: le asie Calulome », et le « Safran Nouet » HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 479 Au commencement du dernier siècle (1723-1728) la culture du Safran occupait, d’après un écrivain contemporain (1), « toute cette grande surface de sol qui s'étend entre Saffron Walden et Cambridge, dans un cercle d'environ dix milles de diamètre ». Le même écrivain fait remar- quer que le Safran était autrefois cultivé dans plusieurs autres comtés de l'Angleterre, La culture du Safran dans les environs de Saffron Walden, qui était en pleine activité à l’époque où écrivait Norden (2), avait cessé en 1768, et disparut également vers la même époque des environs de Cambridge (3). Cependant, cette culture avait sans doute persisté dans quelques localités, car dans la première partie de notre siècle on apportait encore chaque année, de Cambridge à Londres, une petite quantité de Safran, qui se vendait comme drogue de choix à ceux qui voulaient le payer un prix élevé. Le Safran était beaucoup plus employé autrefois qu'il ne l’est à notre époque. Il faisait partie de tous les médicaments internes ou externes, et servait à colorer et à parfumer une grande quantité de préparations culinaires. Par suite de son prix, inévitablement élevé, il a toujours été l’objet, dès les temps les plus reculés, de nombreuses falsifications. Dioscoride et Pline parlent des fraudes dont il est l’objet, et le dernier ajoute : « adulteratur nihil æque. » Pendant le moyen âge, les plus sévères mesures étaient prises et exé- cutées contre ceux qui falsifiaient le Safran, ou même qui le possé- daient falsifié. Ainsi, à Pise, en 4305, les « Fundacarii », ou gardiens des entrepôts pu- blics, étaient requis par serment, et sous peine de sévères châtiments, de dénoncer les propriétaires de tout Safran falsifié confié à leur garde (4). Les « Pepperers » de Londres étaient aussi, vers la même époque, chargés, sous leur propre responsabilité, de contrôler les mélanges frauduleux dont le Safran pouvait être l’objet (5). En France, un édit (Archiv. génér. du Pas-de-Calais), cité par: Donvaucr, in Revue pharmaceutique de 1858, 58. L’exportation de ce Safran anglais doit avoir été très-considérable. J'ai fait voir, en effet, dans mes Documente zur Geschichte der Pharmacie, Halle 1876, 46 et 69, que le tarif des pharmacies de Copenhague, de 1619, mentionne le Safran an- glais, et le tarif de Celle, dans le Hanovre, 1682, cite même le Crocus communis an- glicus. [F. À. F.] (1) DoucLass, Phil, trans., novembre 1728, 566. (2) Description of Essex, Camden, Society, 1840, 8, (3) Moranr, Op. cit. — Lysons, Magna Britannia, 1808, IE, P. 1, 36. Lysons rap- porte qu’à Fulbourn, village situé près de Cambridge, if n'y a É mb de dime sur le Safran depuis 1774. (4) Bonam, Séatuti inediti della città di Pisa dal x, al xrv secolo, 1857, III, 101. (5) Ricey, Memorials of London and London Life in the 43°, 149 and 159 centuries, ii" Rene 480 IRIDACÉES. de Henri II, daté du 8 mars 4550, énumère les avantages que retire le royaume de la culture du Safran dans diverses localités, et ordonne la confiscation et la destruction par le feu de la drogue falsifiée, en même temps que des châtiments corporels contre les coupables (1). Les au- torités allemandes étaient encore plus sévères. Une Inspection du Safran fut établie, en 1441, à Nuremberg. La même année, treize livres de Safran furent publiquement brûlées, près du Schôünen Brunnen, dans cette ville. En 1344, Jobst Findeker fut brûlé lui-même en même temps que son Safran falsifié ! En 1556, Hans Kôlbele, Lien- hart Frey et une femme, impliqués dans un procès de falsification du Safran, furent brûlés vifs. Cette inspection était encore en vigueur en 1591 ; mais de nouvelles prescriptions furent édictées en 1613 relative- ment à la falsification du Safran (2). Il y eut aussi dans la même ville, de 1441 à 1797, une Inspection des Épices. | Description, — La fleur du Safran possède un style long de 8 à 40 centimètres, dont la partie inférieure est incolore et incluse dans le tube du périanthe, et dont la portion supérieure est colorée en jaune, divisée en trois stigmates tubuleux, filiformes, colorés en rouge orange et longs de 2 à 3 centimètres. Les stigmates s’étalent vers leur extrémité supérieure; leur bord est denté, et leur tube est fendu au niveau de la surface interne. Le stigmate est la seule partie officinale, et la seule riche en matière colorante. Le Safran du commerce est formé d’une masse lâche de sligmates filiformes qui, lorsqu'ils n’ont pas été brisés, sont unis par trois à l'extrémité jaune du tube. Il est onctueux au toucher, élastique et flexible, coloré en rouge orange foncé, et doué d’une odeur aroma- tique particulière, et d’une saveur amère et un peu piquante. Il est hy- groscopique et difficile à pulvériser; il perd par la dessiceation à 100° G., 12 pour 100 d'humidité, qu'il absorbe de nouveau très-rapide- ment (3). Le pouvoir colorant du Safran est très-remarquable ; 4 mil- ligramme suffit pour donner une coloration jaune à 700 grammes d’eau. Structure microscopique. — Les stigmates sont formés d’un tissu à cellules filiformes, minces, sinueuses, feutrées, et de petits vaisseaux (1) De La Mare, Traité de là Police, Paris, 1719, III, 438. _ (2) J. F. Ro, Geschichte des Nürnbergischen Handels, 4800-1809, IV, 921, (3) Huit lots de Safran pesant en tout 61 livres, desséchés à diverses époques pen- _ dant le cours de neuf aunées, perdirent 7 livres 2 onces un quart, c’est-à-dire 41,7 400, (Laboratoire de MM. Allen et Hanbury, Plough Court, Lombard Street, HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 481 spiralés. La matière colorante jaune est répandue dans toutes les cel- lules et s’y trouve en partie déposée sous forme de granulations. Le microscope y révèle aussi des gouttes d'huile et de petits corpuscules probablement constitués par un corps gras solide. On trouve égale- ment de gros grains de pollen épars sur les papilles stigmatiques. Composition chimique, — La magnifique matière colorante du Sa- fran a été longtemps connue sous le nom de Polychroite ; mais, en 1851, Quadrat lui donna le nom de Crocine, qui fut aussi adopté, en 1858, par Rochleder. Les expériences de Weiss, en 4867 (1), ont montré : 1° que cette substance colorante (Polychroite, Crocine de Rochleder) est un glu- coside particulier qui, sous l’action des acides, se décompose en sucre, en huile volatile et en une matière colorante nouvelle ; 2° que le Safran contient une petite quantité d'huile essentielle et de sucre préalable- ment formé ; 3° que la polychroïte qu’on a préparée jusqu'ici contient tou- Jours une certaine proportion de la nouvelle matière colorante qui apparaît pendant sa décomposition. "Weiss conserve pour le glucoside naturel le nom de Polychroîte, et dé- signe sous le nom de Crocine la nouvelle matière colorante qui résulte de sa décomposition sous l'influence des acides. Sa crocine ressemble à la Crocétine de Rochleder. La polychroïte fut préparée par Weiss de la façon suivante : iltraita le Safran par l’éther, qui enleva le corps gras, la cire et l’huile essentielle. Il l’épuisa ensuite avec de l’eau. De cette solution aqueuse, il précipita, à l’aide de l'alcool concentré, des matières gommeuses et quelques sels inorganiques. Après la séparation de ces substances, la polychroïte fut précipitée par addition d’éther. Ainsi ob- tenue, c’est une substance déliquescente, visqueuse, colorée en rouge orangé ; desséchée sur l’acide sulfurique, elle devient cassante et prend une belle coloration rubis. Elle possède une saveur douceâtre, mais elle est dépourvue d’odeur ; ellese dissout facilement dans l'alcool étendu et l’éau, mais difficilement dans l'alcool absolu. Sous l'influence des acides dilués, elle se dédouble en Crocine, en sucre et en huile volatile aro- matique qui possède l'odeur du Safran. Weiss assigne à cette réaction l'équation suivante : CiSH&D18 + Hu) = 2 (CIHI806) + CFO + CSHI06 polychroite eau crocine huile essentielle sucre La crocine est une poudre rouge, insoluble dans l’éther, facilement soluble dans l'alcool, et précipitée de cette solution par l’éther. Elle @ Vins “ Husemawx, Jahresbericht, 1868, 35. HIST. DES DROGUES, T, Il, : 31 482 - IRIDACÉES. n'est que peu soluble dans l’eau, mais se dissout bien dans une solution alcaline, d’où les acides la précipitent en flocons d’un rouge pourpre. L'acide sulfurique concentré et l'acide nitrique y déterminent la même coloration qu'ils produisent avec la polyehroïte. Le premier donne une coloration bleu foncé qui tourne au violet et au brun; et le dernier une coloration verte, jaune et enfin brune. Il est digne de remarque que les hydrocarbones du groupe de la benzine ne dissolvent pas la matière colorante du Safran. L'huile essentielle obtenue en décomposant la polychroïte est plus lourde que l’eau ; elle bout à 209° C.et elle est facilement altérée même par l’eau. Elle est probablement identique à l’huile essentielle qu’on peut retirer, dans la proportion de 1 pour 400, de la drogue elle-même, et à laquelle est due son odéur. Le Safran contient du sucre (glucose ?), indépendamment de celui qu'il fournit par décomposition de la polychroïte. Il abandonne à l’incinération de 5 à 6 pour 100 de cendres. Produetion et Commerce. — En France, on récolte les fleurs à la fin de septembre ou au commencement d'octobre. On enlève les stigmates, et on les fait immédiatement sécher sur des cribles au-dessus d'un feu doux, auquel on les expose seulement pendant une demi-heure. D’après Dumesnil (1), il faut de sept à huit mille fleurs pour produire 500 gram- mes de Safran frais, qui sont réduits par la dessiccation à 400 grammes. Malgré le prix élevé du Safran, sa culture n’est pas toujours avan- tageuse, à cause des nombreuses difficultés dont elle est entourée. Indé- pendamment des dégäts qui peuvent être produits accidentellement par la température, les bulbes sont souvent endommagés par lés cham- pignons parasites, comme l’ont établi Duhamel, en 1728 @) « et plus tard Montagne, en 1848 (3). Les localités qui produisent en ce moment le plus de Safran sont l’Aragon, la Murcie et la Mancha, en Espagne. Ce Safran entre dans le commerce sous le nom de Safran d'Alicante et de Valencia. L'Espagne a exporté, en 1864, pour 190062 livres sterling de Safran; en 1865, pour 135 316 livres sterling ; en 1866, pour 47 083 livres st. La drogue fut importée en majeure partie en France (4). | Le Safran de France jouit, à cause de sa pureté, d’une meilleure (1) Bulletin de la Soc. imp. diisieisé: avril 1869. xd de l'Acad. des se., 1728, 400. micrographique de la maladie du Safran connue sous le nom de Tacon. ie Tables ne to Foreign Sapnèrer — ps ei a 289. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 483 réputation que eelui d'Espagne ; il est cultivé dans l'arrondissement de Pithiviers-en-Gâtinais, dans le département du Loiret. Cette localité en. fournit annuellement pour 1 800 000 francs (1). La culture est faite par des paysans propriétaires. En Autriche, Maissau, au nord-est de Krems sur le Danube, produit encore d’excellent Safran. Une grande quantité de Safran est produite dans le Ghayn, région montagneuse élevée qui sépare l’Afganistan occidental de la Perse (2). On en recueille une petite quantité à Pampur, dans le Kashmir, où il est lourdement imposé par le Maharaja (3). On cultive aussi le Safran dans quelques districts de la Chine. Enfin, sa culture a été introduite dans les Etats-Unis, et une petite quantité est recueillie par les habitants allemands du Lan- caster County, dans la Pensylvanie (4): Maïs, dans tous ces pays, ln culture du Safran diminue chaque jour, et dans quelques-uns même elle a déjà complétement disparu. Les importations de Safran dans le Royaume-Uni se sont élevées, en 1870, à 43950 livres, évaluées à 95690 livres sterling. Il est beau- coup exporté de l'Europe dans l’Inde, mais aucune statistique générale n'indique dans quelles proportions. Bombay en à importé, pendant l’année 1872-73, 21 994 livres, valant 35 145 livres sterling (5). Usages. — Le Safran ne possède aucune propriété médicinale, et il ne conserve sa place dans les Pharmacopées qu'à cause de son utilité comme matière colorante. Dans quelques pays, on l'estime beaucoup comme condiment, particulièrement en Autriche, en Allemagne et dans quelques parties de la Suisse. Ce goût existe même en Angleterre, du moins dans le Cornwall, où l'emploi du Safran pour colorer les gâ- teaux est encore commun. Les indigènes de l’Inde en font un grand usage dans les cérémonies religieuses, et s’en servent aussi pour colorer et parfumer leurs aliments. Comme matière tinctoriale, le Safran n'est plus employé, du moins dans nos pays, où il est rempisess par des produits moins coûteux. Falsification. — Le Safran est fréquemment falsifié, mais ide fraudes dont il est l'objet ne sont pas difficiles à découvrir. On y ajoute parfois des fleurs de C'alendula teintes avec du bois de Campèche, ou des fleurs de Carthame, ou bien des étamines du Crocus sativus lui-même. On peut (1) Dumesxie, loc. cit. pis (2) Bezcew, Fromithe Indus to the Tigris, Lond., 1874, 308... TS (3) PowELL, Punjab Products, 1858, I, 449. (4) Proc. of the Amer. Pharm. Assoc., 1866, 254. (5) Annual Statement ser rond and pe do: rs the predeney of Boémbai à . for 1872-73, P. Là pe. 1 “ 484 __ IRIDACÉES. découvrir toutes ces falsifications en faisant infuser une pincée de la drogue dans l’eau chaude; les stigmates du Safran reprenant leur forme particulière sont alors faciles à distinguer. Une autre falsifi- cation beaucoup pratiquée dans ces derniers temps, et parfois difficile à reconnaître à la simple vue, consiste à revêtir le Safran véritable de carbonate de chaux préalablement teint en rouge orange. Si l’on. place une pincée de cette drogue dans un verre d’eau et qu’on agite, l’eau devient trouble, et le carbonate de chaux, se détachant du Safran, se dépose à l’état de poudre blanche dans le fond du verre. Le Safran ainsi falsifié fait effervescence quand on l’humecte d'acide chlorhy- drique dilué. Nous avons yü du Safran d’Alicante dont le poids avait été augmenté de 20 pour 100 à-l’aide de cette fraude. Il paraît qu’on emploie quelquefois pour falsifier le Safran de Ja poudre d'émeri ren- due adhérente à l’aide du miel. Du Safran falsifié avec le carbonate de chaux nous a donné de 12 à 98 pour 100 de cendres. (a) Les Crocus Tounxeront (Instit., t. 183, 183) sont des lridacées à périanthe ré- gulier, infundibuliforme, formé d’un tube très-long et étroit, et d’un limbe à six divisions égales ; à style divisé en trois lobes stigmatiques en forme de cornets, dila- tés dans le haut, et denticulés sur le bord ; à capsule triloculaire, polysperme. Le Crocus sativus L. (Species, 50) est une plante à bulbe arrondi, plein, aplati en dessous, portant des racines adventives nombreuses au pourtour de sa face inférieure et couvert d’écailles sèches et brunes, puis portant près de son sommet un certain nombre de feuilles rudimentaires blanchâtres, et enfin des feuilles vertes, très-étroites, linéaires, allongées, convexes sur la face externe, creusées en gouttière sur la face in- terne, se laissant tomber sur le sol lorsqu'elles ont atteint toute leur longueur. Les fleurs sont axillaires, tantôt soli- taires, tantôt disposées en petites cymes dont les axes sont très-courts, de sorte que la portion inférieure du tube pé- rianthique et l'ovaire sont cachés dans le sol. Elles sont en- veloppées de deux bractées en forme de spathes membra- neuses et apparaissent avec les feuilles. Les fleurs sont grandes, pourprées, parcourues de stries longitudinales. Le périanthe est formé d’un tube cylindrique, étroit, très- allongé, un peu dilaté dans le haut, barbu au niveau de la gorge, et términé par un limbe campanulé, à six divi- FR cons Las r'sièes égales, imbriquées dans la préfloraison, ovales-cblon- | gues, términées en pointe mousse. L'androcée est formé .de trois étamines insérées sur le tube du périanthe, plus courtes que le limbe, formées d'un filet gréle et d’une anthère allongée, biloculaire, introrse, déhis. _ Cente par deux fentes longitudinales. Le gynécée est formé d'un ovaire infère, triloculaire, contenant dans chaque loge un grand nombre d’ovules és dans l’angle interne, Il est surmonté par un long style filiforme, HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 485 divisé au niveau de la gorge du périanthe en trois lobes stigmatiques colorés en jaune-orange foncé, flasques et tombant en dehors de la fleur, entre les divisions du périanthe. Ils ont la forme de cornets coniques, recouverts sur la face in- terne de papilles stigmatiques, échancrés dans le haut au niveau de la face interne et denticulés sur le bord. Le fruit est une capsule élevée au-dessus du sol par lal- longement du pédoncule floral ; elle est triloculaire, loculicide, trivalvaire, et con- tient dans chaque loge un grand nombre de graines qui renferment sous leurs tégu- ments un albumen abondant et un embryon axile à radicule tourné vers le hile. Le bulbe du Safran se multiplie à l’aide de bourgeons bulbeux qui se développent dans l'aisselle des bractées et se détachent du bulbe qui leur a donné naissance quand ils ont atteint un certain volume, par suite de la formation au niveau de leur point d'attache d’une zone de tissu qui se mortifie et interrompt toute communication entre les deux bulbes. [TrAn.] PALMIERS SEMENCES D’AREC. Semen Arecæ; Nuces Arecæ vel Betel ; Semences d'Arec, Noix d'Arec ; angl., Areca nuts, Betel nuts; allem., Arekanüsse, Betelnüsse. Origine botanique, — A7'eca Catechu L. C’est un Palmier élégant, à tronc lisse et droit, haut de 12à 13 mètres, et ayant 50 centimètres en- viron de circonférence. L'inflorescence est disposée en un spadice ramifié, dont les fleurs mâles occupent le sommet et les fleurs femelles la base. On cultive cet arbre dans l'archipel Malais, dans les parties les plus chaudes de la péninsule indienne et de l’ Indo-Chine, à Ceylan et dans les Philippines. Ilest probablement originaire de la première de ces régions (a). À Historique. — L'Arec est mentionné dans les ouvrages sanskrits sous le nom de Guväca. I sé nomme en chinois Pén-lang, nom apparem- ment dérivé de Pinang, désignation de l'arbre dans les îles Malaises d’où les Chinois tiraient leurs provisions de graines d’Arec. Le plus an- cien ouvrage chinois qui mentionne le Pin-lang est le San-fu-huang-tu, description de Ghang-an, la capitale de l'empereur Hiav-Wou-tii, de 140 à 86 avant notre ère. Il y est dit qu'après la conquête du Yunnan, en 141 avant Jésus-Christ, des arbres remarquables et des plantes du Sud furent apportés dans la capitale, et parmi eux plus de 109 Pin- lang qui furent plantés dans les jardins impériaux. Bretschneider (1), aux recherches duquel nous devons ces détails, cite plusieurs autres (1) On the Study of Chinese Botanical Works, Fooshow, 1870, 97. 486 |: PALMIERS. ouvrages chinois datant du premier siècle et indiquant que les noix d’Arec étaient apportées des provinces, alors indépendantes, du sud de la Chine, de l'archipel Malais et de l'Inde. La coutume de présenter la noix d’Arec aux hôtes est mentionnée dans un ouvrage du quatrième siècle. Les anciens écrivains arabes connaissaient bien la noix d'Arec, qu'ils nommaient #ôfal, et l'habitude qu'avaient les Indiens de la mastiquer avec de la chaux (1). La noix d’Arec est très-estimée des Asiatiques comme masticatoire, et considérée par eux comme fortifiant les gencives, adoucissant l'ha- leine, et favorisant la digestion, mais, jusqu'à ces derniers temps, elle n’était pas considérée comme jouissant de propriétés médicinales par- ticulières, si ce n’est une légère astringence. On l’a souvent administrée aux chiens comme vermifuge, et dans l’Inde et la Chine on la donne également à l’homme au même titre. Quelques essais suivis de succès dans le traitement du tænia ont déterminé son introduction dans les Additions to the British Pharmacopæia de 4867, publiées en 1874. Description. — L'Aréquier produit un fruit ovoïde, lisse, du volume d’un petit œuf de poule, légèrement pointu au niveau de son extrémité supérieure, et couronné par les restes des stigmates. Il est formé exté- rieurement d’un péricarpe épais, d’abord charnu, mais composé, à la maturité, de fines et fortes fibres disposées dans le sens de sa longueur, les plus internes étant plus fortes que les autres. Cette enveloppe fibreuse est consolidée en dedans par une mince enveloppe crustacée ou endo- carpe, qui contient une graine solitaire. Gette dernière a la forme d’un cône très-court et arrondi ; elle est à peine longue de 2 centimètres et demi, déprimée au centre de la base, et fréquemment munie, sur l’un des côtés de cette dépression, d’une touffe de fibres qui indiquent son point d'attache sur le péricarpe. Les téguments semblent adhérer par- tiellement à l’endocarpe ; ils sont mal délimités et inséparables de l'amande. Leur surface est marquée d'un réseau très-visible de ner- vures qui partent en majeure partie du hile. Lorsqu'on fend la graine, on voit que ces nervures s’enfoncent dans l’albumen qui forme la grande masse de la graine, et pénètrent jusqu’au centre en donnant à la graine une ressemblance très-grande avec celle de la muscade. L’embryon est petit et conique; il est situé au niveau de la base de la graine. Les gaines d' Arec sont denses. et pesantes ; elles sont difficiles à à couper ou Dans obvrage de Bed, hé treasury éf drugs unlock’d, en 179%, les Noix mentionnées sous le nom de Nuces foeice et RE Te ar à À er Capendne (Es PR FRE swf si : HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 487 à briser ; lorsqu'elles sont fraichement brisées, elles exhalent une odeur faible de fromage ; leur saveur est légèrement astringente. Structure microscopique. — L'albumen blanc et corné de la graine d'Arec est formé de grandes cellules à parois épaisses, remplies d’une matière albuminoïde qui sous l'influence de l’iode se colore en brun. Les parois des cellules sont munies de larges pores dont la disposition devient très-visible quand on les examine dans la lumière polarisée après les avoir fait bouillir dans la potasse caustique. Le tissu brun qui en- toure l’albumen offre une texture lâche, et ressemble à celui qui occupe le même siége dans la muscade. Les parois minces de ses cellules sont munies de fines stries spiralées, et dans son épaisseur, comme dans la surface brune de la graine, sont dispersés des vaisseaux spiralés. Toutes les cellules brunes de la graine prennent une belle coloration rouge lorsqu'on les humecte avec de la potasse caustique, et sont colorées en vert foncé par le chlorure ferrique. Composition chimique. — En épuisant. avec de l'éther la poudre de ces graines, préalablement desséchées à 100° C., nous avons obtenu une solution incolore, qui, après évaporation, nous a laissé un liquide huileux, se concrétant en se refroidissant. Cette matière grasse représente 44 pour 1400 de la graine; elle est cristalline, et fond à 39 C. En la saponifiant, nous avons obtenu un acide gras cristallin, fondant à 4e C. qui peut être considéré comme un mélange des acides laurique et myristique. Nous fimes bouillir dans l'eau un peu de la matière grasse ; l’eau en s'évaporant nous donna une très-petite quantité de tannin, mais nous n’obtinmes pas les cristaux qui auraient dû se former s’il y avait eu de la catéchine. : Les graines pulvérisées, qui avaient été traitées par l'éther, furent alors épuisées par dé l'alcool (à 0,732) et nous obtinmes 14,77 pour 100 du poids primitif des graines, d’une matière tannique rouge, amorphe, qui, après dessiccation, se montra peu soluble dans l’eau, soit froide, soit bouillante. Soumise à la distillation destructive, elle donna de la Pyrocatéchine. Sa solution aqueuse n'est pas altérée par le sulfate fer- reux, à moins qu'on n’ajoute un alcali; elle prend alors une coloration violette, et il se sépare un précipité abondant, noir pourpré. En ajoutant un sel ferrique à une petite quantité de la solution aqueuse de cette matière tannique, on obtient une belle coloration verte, qui tourne au brun quand on ajoute un excès du réactif, et au violet sous l'influence d’un alcali. Il se forme en même temps un abondant précipité noirâtre. Les graines, bn avoir été épuisées : successivement par l’éther et par 488 PALMIERS, Valeool, furent traitées par l’eau, qui enleva surtout un mucilage pré- cipitable par l'alcool. La liqueur alcoolique filtrée donna des traces d'un acide dont l'examen ne fut pas poursuivi. Après avoir épuisé les’ graines par léther, l'alcool et l'eau, nous obtinmes, en les faisant digérer dans l’ammoniaque, une solution d’un brun foncé. Dans cette solution, il se forma un précipité acide, abondant, inso- luble même dans l'alcool bouillant. Nous n'avons pu retirer de cris- taux ni d'une décoction aqueuse des graines ni en les épuisant direc- tement par l'alcool. Nous devons en conclure que la catéchine n'entre pas dans la constitution des graines d’Arec, et que l'extrait préparé avec ces graines est essentiellement différent de celui du Gachou de l’Acacia Catechu et du Nauclea, et doit plutôt être considéré comme une matière tannique analogue au Rouge de Ratanhia et au Rouge de Cinchona. En incinérant les graines d'Arec pulvérisées, nous avons obtenu 2,26 pour 100 de cendres, qui contiennent du peroxyde de fer et du phosphate de magnésium, Commerce. — Les graines d'Arec se vondent, dans l'Inde, avec ou sans le péricarpe qui les enveloppe. Les deux sortes sont énumérées dans les Rapports des douanes sous des titres différents. La consomma- tion considérable qui s’en fait en Orient donne lieu à un commerce énorme, dont on peut avoir une idée par les quelques statistiques qu’il est possible de consulter. Ceylan en a exporté, en 1871, 66543 quin- taux, valant 62593 livres sterling ; en 1872, 71715 quintaux, cette der- nière quantité entièrement destinée à LInde (1). La Présidence de Madras en fait également un grand commerce. Pendant l’année 1872-73, il en a été embarqué pour Bombay 43958 quintaux, indépendamment de 2 millions environ de fruits entiers (2). Il se fait encore un très-grand commerce de graines d’Arec à Singapore, et surtout à Sumatra. Usages. — On peut administrer la graine d’Arec contre le tænia à la dose de 4 à 6 drachmes dans du lait. Il faut prendre le médicament après une abstinence de douze heures environ ; quelques médecins re- commandent de le faire précéder d'un purgatif. Il passe pour être aussi efficace contre les lombries que contre le tænia. On vend comme poudre dentifrice le charbon des graines d’Arec brûlées dans un vase clos ; mais, à part sa plus grande densité, ce charbon ne sRner aucun avantage . sur x le Panhes de bois are eyl dhraiir for 1871 apr les _…: RHpoa 2vri HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 489 Quand la graine d'Arec est employée comme masticatoire, on lui ajoute un peu de chaux et une feuille de Poivre Bétel (Piper Betle L.), On emploie pour cela la graine jeune et encore tendre, ou préalable- ment bouillie dans l’eau (b). On y ajoute parfois des substances aroma- tiques, notamment du camphre et du cardamome. (a) Les Areca L. (Genera, n. 1225) sont des Palmiers de la tribu des Arécinées, à fleurs unisexuées, réunies sur le même spadice; à périanthe double, trimère ; à an- drocée formé de trois à douze étamines ; à ovaire triloculaire, surmonté de trois stig- mates sessiles; à fruit drupacé, fibreux, monosperme ; à albumen ordinairement ruminé ; à feuilles pennées. ; L’Areca Catechu L. {Species pl., ed. Wico., IV, 594; Pinanga Ruweu. ; Betel- nut KNox) est un Palmier à tronc dressé, terminé par une belle cyme de grandes feuilles, ordinairement peu nombreuses, étalées, engainantes à la base, munies d’un pétiole principal creusé en gouttière au niveau de sa face supérieure, et portant des folioles dressées, étroites, linéaires ou oblongues, les plus inférieures et les mé- dianes acuminées, longues de 90 centimètres à 1,20, et larges de 10 centimètres en- viron, les supérieures beaucoup plus courtes, Les fleurs sont unisexuées, et réunies sur le même spadice ; les femelles occupent la portion inférieure du spadice et y sont accompagnées chacune de deux fleurs mâles, tandis que la partie supérieure n'offre que des fleurs mâles. Les spadices sont très-ramifiés et accompagnés de deux brac- tées oblongues, l’extérieure très-caduque. Chaque fleur mâle est accompagnée d’une bractée peu développée et plus ou moins connée avec l’axe floral. Les fleurs mâles sont petites, lisses, glabres ; leur calice est peu développé, divisé en trois folioles niguës et carénées, blanches. La corolle est formée de trois pétales d’un blanc jau- nâtre, oblongs, rigides, striés, valvaires dans la préfloraison. L'androcée se compose de six à neuf étamines, à filets courts, aplatis, plus ou moins cohérents à la base ; à anthères biloculaires, introrses, déhiscentes par deux fentes longitudinales, Au centre de la fleur mâle, existe un rudiment de pistil plus long que les étamines et divisé en stigmates très-courts et obtus. Les fleurs femelles sont solitaires sur un ra- muscule dilaté, et entourées d’une bractée coriace, large, triangulaire, carénée au niveau de la ligne médiane ; elles sont trois ou quatre f6is plus grandes que les fleurs mâles qui les accompagnent. Leur calice est formé de trois folioles cordées, rigi+ des, un peu charnues à la base. La corolle est formée de trois pétales alternes avec les sépales, mais semblables à eux. L'androcée est représenté par une cupule mem- ‘braneuse entourant la base du pistil, découpée en six dents subulées qui représen- tent autant de staminodes réduits à des filets sans anthères. Le gynécée se compose d’un ovaire triloculaire, surmonté par un style très-court, à peine distinct même, divisé en trois stigmates triangulaires, Chaque loge contient un seul ovule anatrope, dressé, inséré dans l'angle interne. Le fruit est une drupe uniloculaire et mono- sperme par avortement de deux des trois carpelles primitifs. Il est ovale, de la gros- seur d’un œuf de poule ou de pigeon, glabre, d’abord vert, puis rougeâtre ou orangé. Il contient une seule graine à albumen abondant, ruminé, corné, renfermant un petit embryon basilaire. [TRAD.] . (b) Pour conserver les graines destinées à être chiquées avec le bétel, on les dé- ille du péricarpe encore vert et tendre qui les enveloppe, on les coupe en quar- les fait sécher au soleil ; elles prennent ainsi une coloration d’un brun | svt PDU Mer mue 490 fa . PALMIERS. SANG-DRAGON. Sanguis Draconis ; Resina Draconis ; angl., Dragon's Blood ; allem., Drachenblut. Origine botanique. — Calamus Draco Win. (Dæmonorops Draco Manr.). Cette espèce fait partie du groupe des Paimiers Rotangs, remar- quables par leurs tiges très-longues et flexibles, grimpant sur les bran- ches des arbres et s'y maintenant à l’aide d’épines dont sont munis les pétioles de leurs feuilles. L'espèce dont nous nous occupons ici se nomme en malais Rotang Jernang (a); elle croît dans les forêts ma- récageuses de la Résidence de Palembang, sur le territoire de Jambi, dans l’est de Sumatra, et dans le sud de Borneo, régions qui fournissent le Sang-Dragon du commerce. Elle passe pour exister aussi à Penang et dans quelques îles du détroit de la Sonde (4). Historique, — La substance que Dioscoride mentionne, sous le nom de Kiwväfagre, comme une matière colorante et un médicament coûteux apporté d'Afrique, qui fut décrite aussi par Pline, lequel la distingue du minium, était certainement celle que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de Sang-Dragon. Ce n'était pas, cependant, celui du Calamus Draco, ni même d'aucun arbre de l'archipel Indien, mais une produc- tion de l'ile de Socotra (voy. p. 494). Nous croyons que le Sang- Dragon n'est nommé par aucun des premiers voyageurs qui ont visité lesiles de l'Inde. Ibn Batuta, qui visita Java et Sumatra entre 1323 et 1349, et qui signale ces îles comme produisant le benjoin (voy. t. IL, p. 41), es clous de girofle, le camphre et le bois naturel d’aloès, garde le si- lence au sujet du Sang-Dragon. Barbosa (2), dont les récits relatifs aux Indes orientales, écrits en 4514, sont remplis de renseignements sur le commerce et les productions des différentes localités qu'il visita, dit que l’aloës et le Sang-Dragon sont produits par Socotra ; mais il ne dit pas qu’on trouve la dernière de ces drogues soit à Malacca, soit à Java, à Sumatra ou à Borneo. Notre opinion est encore corroborée par les ren- seignements relatifs aux anciennes relations commerciales établies entre les Chinois et les Arabes et publiés récemment par Bretschneider (3). Du treizième au quinzième siècle, il existait entre ces deux nations un com- _ merce sn an non-seulement des produits ge golfe ve + ge et no B ME, in n Rumphia, IL (1876), tab. 131, 139, en dns, d'excellentes figures. er À Rés Coasts of East Afrier ‘and Malabar (Hakluyt Society), 1866, “ _ né the Chinése of the Fe ce 1871. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 49 des régions plus méridionales, mais encore des produits de l'archipel Indien. Une des îles avec lesquelles les Arabes et les Persans entrete- naient un commerce important est Sumatra, d'où ils tiraient le pré- cieux camphre, si estimé des Chinois, mais non, autant qu'on peut en juger, le Sang-Dragon. Les produits apportés d'Arabie étaient les plumes d’autruche, l’oliban, le styrax liquide, la myrrhe, le Sang-dragon et d’autres drogues encore indéterminées. Il est digne de remarque que les Chinois sont encore actuellement les plus grands consommateurs de Sang-Dragon, mais ils se contentent, comme les autres nations, de la drogue qui est produite en abondance par Sumatra et Borneo, et qui a remplacé l’ancienne sorte produite par Socotra. Les premiers détails, relatifs à la production de cette substance TN l'Inde, sont dus à Rumphius, qui, dans son //erbarium Amboinense (1), décrit le procédé employé à Palembang pour sa préparation. Production, — Le fruit du Calamus Draco est disposé en grandes pa- nicules qui en portent un nombre considérable. Il est globuleux, de la taille d’une grosse cerise, revêtu d'écailles lisses, imbriquées, à peu près quadrangulaires, épaisses, marquées de sillons longitudinaux. Les plus larges se trouvent vers le milieu du fruit; elles ont 4 millimètres de long sur 6 millimètres de large. À la maturité, le fruit est recouvert d’une couche de résine rouge qui en exsude en si grande abondance, que l'on ne peut plus voir les écailles qu'avec difficulté. Gette résine est naturellement friable; on la recueille en grattant les fruits, en les secouant ou les battant dans un sac; elle se sépare ainsi très-vite. On la tamise ensuite pour la débarrasser des écailles et des autres portions . du fruit qu’elle entraîne. En l’exposant à la chaleur du soleil ou à celle de l’eau bouillante, dans un vase couvert, on la ramollit assez pour qu'il soit possible de lui donner la forme de bâtons ou de boules qu'on en- veloppe dans un morceau de feuille de palmier. C'est ainsi qu'on pré- pare le meilleur Sang-Dragon ou Jérnang. On prépare une qualité infé- rieure en faisant bouillir dans l’eau les fruits préalablement écrasés, et disposant la résine en une masse, à laquelle on ajoute fréquemment d’autres substances pour la falsifier. Ces indications sur la fabrication du Sang-Dragon sont celles qui ont été données par Blume (2). Description. — Le Sang-Dragon se présente dans le commerce sous deux formes qui ont ee les noms de “enr rouge et Sang-Dra- gon en masses. © (1) Pars V, 1847, 414-415, t. 58. : (2) Rumphia, 4847, III, 9, 5. 131, 132. 492 PALMIERS. 1° Sang-Dragon rouge; Sang-Dragon en bâtons (Reed Dragon's Blood, Dragons blood in sticks, Sanguis Draconis in baculis). — Une certaine quantité de beau Sang-Dragon, acheté à Londres en 1849, se présente en bâtons longs de 32 à 35 centimètres, et épais de 2 à 3 centimètres, enveloppés dans une feuille de palmier maintenue à l’aide de huit ou neuf liens transversaux faits avec une herbe flexible, Le poids moyen de chaque bâton, y compris son enveloppe, est de 3 onces. La résine a évidemment été enveloppée pendant qu’elle était encore molle, car elle porte des sillons longitudinaux dus à la pression de la feuille qui la recouvre. Sa surface est lisse et colorée en brun noirâtre foncé. En tranches minces, la résine paraît transparente et colorée en rouge cramoïsi brillant, La surface de sa cassure est résineuse et rugueuse; elle est un peu poreuse, et contient de nombreuses parcelles d'écailles du fruit. Quand on la frotte sur du papier, elle laisse une trace qui n’est pas d’un beau rouge. Chauffée avec de l'alcool, elle abandonne 20 pour 100 d’un résidu pulvérulent, consistant surtout en matière vé- gétale. Les bâtons de moindre taille sont plus nombreux. : 2 Sang-Dragon en masses (Lump Dragon's Blood; Sanguis draconis in massis). — Il est importé en gros blocs rectangulaires ou en masses irrégulières. Il diffère de la belle sorte que nous venons de décrire, en ce qu'il contiént une quantité plus considérable de débris du fruit ; on y trouve même des écailles entières. Sa surface de cassure est par suite plus grossière et d’une coloration moins foncée. Sa saveur est un peu âcre. Epuisé par l'alcool, il abandonne un résidu dont la propor- tion s’est élevée, dans l'échantillon examiné par nous, à 27 pour 100. Le Sang-Dragon est soluble en majeure partie dans les dissolvants ordinaires des résines, c'est-à-dire les alcools, même l'alcool dilué, la, benzine, le chloroforme, le bisulfure de carbone, et les huiles essen- tielles oxygénées, par exemple, celle de girofle. Le résidu laissé par l’éva- poration de ces liquides est amorphe, et offre une belle couleur rouge. La drogue se dissout aussi dans l'acide acétique cristallisable, et dans la soude caustique. Cette dérnière solution donne, sous l'influence d'un excès d'acide, un précipité brun rosé, semblable à de la gelée qui, en se desséchant, prend la coloration rouge primitive de la drogue. Le Sang-Dragon est peu soluble dans l'éthér, encore moins dans l'es- sence de térébenthine, et entièrement insoluble dans les parties les Le Plus volatiles du pétrole ou éther de pétrole. Sa saveur est un peu >. et accompagnée d'une certaine âcreté. Il fond à 120° C., en déga- S Rues irritantes d'acide benzoïque. _—. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 493 on le fait bouillir avec de l’eau, il se ramollit et se liquéfie en partie. Composition chimique, — Le Sang-Dragon est une résine particulière qui, d’après Johnston (1), répond à la formule C*H*0'. En le chauffant, et en condensant sa vapeur, on obtient un liquide aqueux, acide, une huile lourde, à saveur brûlante, et des cristaux d’acide benzoïque. La composition de ces produits n’est pas encore bien déterminée, mais on a signalé la présence de l’acétone, du Toluol, C'HS (le Dracyl de Glénard et Boudault, 1844), et du Séyrol, CSHS (Draconyl) ; le dernier de ces corps est peut-être dû à l'existence dans la drogue du métastyrol (t. I, p.485), ainsi que l’a supposé Kovalewsky (2). Les deux hydrocarbones sont plus lé- gers que l’eau; cependant nous avons constaté que la partie huileuse, obtenue par distillation sèche, mentionnée plus haut, s'enfonce dans l'eau, ce qui est peut-être dû à la présence d’alcool benzoïque, C'HO. Comme l'acide benzoïque est facilement soluble dans l'éther de pétrole, on pourrait Le séparer de la drogue à l’aide de ce dissolvant. En faisant cette expérience, nous avons obtenu des traces d’une matière rouge, amorphe, et une petite quantité d’un liquide huileux, mais aucun . corps cristallin. Le liquide aqueux prend une coloration bleue sous l'influence du perchlorure de fer, d’où on peut déduire qu’il contient du phénol ou du pyrogallol, plutôt que de la pyrocatéchine. En faisant bouillir le Sang-Dragon avec de l'acide nitrique, on obtient surtout des acides benzoïque, nitro-benzoïque et oxalique, et seulement une petite quantité d’acide picrique. Hlasiwetz et Barth, en faisant fondre la drogue avec de la potasse caustique, ont trouvé, parmi les produits formés, de la Phloroglucine (voy. t. I, p.357), des acides para-oxyben- zoïque, protocatéchique et oxalique, et divers acides de la série _—.. Le benjoin donne des produits semblables. : Commerce. — Le Sang-Dragon est expédié de Singapore et de Ba- tavia. On en exporte chaque année de grandes quantités de Banjar- masin dans l'ile de Bornéo, à destination de ces ports et de la Chine (3). Usages. — Le Sang-Dragon n’est employé, en médecine, que pour les emplâtres et les poudres dentifrices ; dans les arts il sert à préparer des vernis. Falsification. — La qualité du Sang-Dragon est extrêmement va- riable (4). Le principal caractère qui attire l'attention des marchands (1) Philos. Trans., 1839, 134; 1840, 384. (2) Ann. de Chénie, 1861, CXX, 68. (3) Low, Sarawak, its Inhabitlants and Proluctions. 1848, 43. (4) Les prix actuels, ue ner d 3à1t livres ce indiquent cela suffisam- ment, 494 PALMIERS. est la coloration. Quelques qualités inférieures ne laissent sur Le papier que des marques d’un rouge sombre, et ont une cassure terreuse. Les bâtons falsifiés ne portent pas la marque de la feuille qui les enveloppe, comme lorsqu'ils sont constitués par de la résine pure. Un échantillon de qualité inférieure de Sang-Dragon rouge ou en bâtons nous a donné 40 pour 100 de matières insolubles dans l'alcool. AUTRES SORTES DE SANG-DRAGON. Sang-Dragon de Socotra. — Nons avons dit plus haut que le Cinnabar mentionné par Dioscoride était exporté d'Afrique. Il paraît évident que cette dénomination s’appliquait à une sorte de Sang-Dragon, car l’auteur du Periplus de la mer Erythrée (1), qui vivait vers l'an 54-68 de notre ère, cite le Kiyv&£agts comme un produit de l’île Dioscorida, nom ancien de l’île Socotra. Les Arabes, notamment Abu Hanifa et Ibn Baytar (2), décrivent le Sang-Dragon comme apporté de Socotra, et donnent à la drogue le nom même sous lequel elle est encore connue des Arabes, Dam-ul- akhawein. Barbosa, en 1514, et Giovanni di Barros (3), le mentionnent comme un produit de cette île; et il y a été signalé, à notre époque, par Wellstead (4), Vaughan (5), et von Kremer (6). On n’en recueille aujourd'hui qu'une petite quantité (7). Vaughan dit, comme von Wrede, que l'arbre se trouve dans l'Hadramaut et sur la côte orientale de l'Afrique. On rencontre dans ces régions une espèce de Dracæna, mais nous ne savons rien sur la flore de l’île de Socotra elle-même. Le Sang-Dragon en larmes (Drop Dragon’s Blood), dont de petites quan- tités importées de Bombay et de Zanzibar se montrent accidentelle- ment sur le marché de Londres, paraît appartenir à cette variété de la drogue. Il se présente en petites larmes ou en fragments qui dépassent rarement 25 millimètres de long, et possèdent une cassure nette, lui- sante. En lames minces, il est transparent, et présente une magnifique : (1) Voyage of Nearchus and Periplus of the de us ar trad. apré Oxford, 809, 90. (2) Edit. de Sonrueimer, I, 404, 426: H, 117. (3) L’Asia, sec. deca, Venet., 1561, 10, a. (4) Travels in Arabia, Lond., 1838, Il, 449. (5) Pharm. Journ., 1853, XIE 385. re (6) Ægypten, Leipzig, 1863. {7) J'ai sous les yeux un AN a ARR A que. M. le capitaine Hunter à a : bien . Rene moi 2: Pocvise mue e F.] HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 495 coloration rouge. On peut le distinguer du Sang-dragon de Sumatra, en ce qu'il ne contient jamais les écailles qu'on trouve toujours dans ce dernier et en ce qu’il n’émet pas, lorsqu'on le chauffe sur la pointe d’un couteau, de vapeurs irritantes d'acide benzoïque. Sang-Dragon des iles Canaries. — Cette substance est fournie par le Dracæna Draco L., arbre de la famille des Liliacées (1), à port de Yucca. On a souvent décrit, à cause de ses dimensions gigantesques et de son grand âge, le pied qui existait encore, il y a une dizaine d'an- nées, à Orotava, dans l'île de Ténériffe (2). ’ Lors de l'exploration de Madère et de Porto-Santo, au quinzième siècle, le Sang-dragon fut l’un des principaux produits recueillis par les voyageurs (3). Alvise da ca da Mosto, en 1454 (4), lui donna le nom qu'il porte encore. Il est anssi mentionné par le médecin allemand Hie- ronymus Münzer, qui visita Lisbonne vers 1494 (5). L'arbre fournit la résine par des incisions pratiquées sur sa tige ; mais nous ne croyons pas que ce produit ait jamais constitué un objet de commerce régulier et habituel avec l’Europe. On l’a trouvé dans les sépulcres des habitants primitifs de l’île. Le nom de Sang-Dragon a encore été donné encore à un produit d'exsu- dation recueilli, dans les Indes occidentales, sur le Pferocarpus Draco L. et sur le Croton Draco Scarecur., mais ce dernier, d’après Henkel, possède la nature du Kino, et on.ne le trouve pas dans le commerce européen. (a) Les Calamus L. (Genera, n. 436) sont des Palmiers à fleurs dioïques ou her- maphrodites ; à calice et à corolle tripartites ; à six étamines stériles dans les fleurs femelles, connées à la base et munies d’anthères sagittées ; à ovaire triloculaire, surmonté de trois stigmates sessiles ; à fruit monosperme, couvert d’écailles ; à feuilles pennées. Hole 8 8 : Le Calamus Draco Wizzpenow (Species, II, 203) est une plante très-élégante ; à l’état jeune, elle est dressée et forme un petit arbre grêle, armé d'innombrables épines de coloration foncée, aplaties, souvent disposées en rangées obliques ; en avançant en âge, cc.palmier s’allonge beaucoup tout en restant très-grêle, devient grimpant et s'élève sur les arbres voisins à des hauteurs souvent très-considérables. ({) On trouvera des observations histologiques sur la structure de la tige, ‘accom- pagnées d'excellentes figures, dans : Rauwenmorr, Bijdrage tot de Kennis van Dra- cæna Draco, 55, t. 5 (in Verhand d. Kon. Acad. v. Wetensch., afd. Natuurk., 1863, X). (2) Il a été détruit en 1867 par un ouragan. - : a (3) Il paraît qu’il était connu, en 1402, du chevalier français Jean de Bethencourt, qui occupa les Canaries jusqu’en 1414, époque à laquelle les Espagnols s’en empa- rèrent. [F. A. F]. des . (4) Ramusro, Raccolta delle Navigationi et Viaggi, Venet., I, 97. (5) KuxTSMANN, Abhandlungen der Baierischen Akademie d Wissenschaften, 1855, VIE, 342. ee : LA OURS k; 496 ARACÉES. Les feuilles sont pennées, avec les gaines et les pétioles armés d’aiguillons. Les fo- lioles sont simples, alternes, cunéiformes, avec les bords et les nervures couverts d’aiguillons ; elles ont de 30 à 40 centimètres de long et 2 centimètres de large. Les _Spadices sont fixés sur l'ouverture de la gaine foliaire en face de la feuille par de courts pédoncules armés d’aiguillons; ils ressemblent à de grandes panicules oblongues et décomposées. Chaque spadice porte plusieurs spathes, une au niveau de chacune des quatre ou cinq ramifications primaires. Les spathes sont lancéolées et lisses, sauf la plus extérieure, qui est couverte d’aiguillons sur sa face externe. Les fleurs mâles of- frent un périanthe double et un androcée. Le calice est turbiné, divisé en trois dents plus ou moins profondes, La corolle est également formée de trois pétales connés à la base, alternes avec les sépales. L’androcée se compose de six étamines dont les filets sont connés à la base de la corolle et terminés chacun par une anthère sagittée, bi- loculaire, introrse, déhiscente par deux fentes longitudinales. Dans les fleurs fe- melles, le calice et la corolle offrent la même organisation que dans la fleur mâle ; à Ja maturité, la portion tubuleuse et turbinée du calice se fend en trois parties et per- siste ainsi, avec la corolle, autour du fruit. En dedans de la corolle, est un androcée stérile, formé de six étamines rudimentaires, à filets connés à la base et formant une sorte de cupule. L’ovaire est triloculaire, ovale, surmonté de trois stigmates sessi- les, révolutés, glanduleux sur la face interne. Chaque loge ovarienne contient un seul ovule anatrope, inséré dans l'angle interne. Le fruit est une baie arrondie, de la taille d’une cerise, contenant une seule graine, et recouvert d’écailles renver- sées. La graine contient un albumen corné, à surface lisse ou ruminée, et un em- bryou situé près de la base. [Tran] } ARACÉES RHIZOME D’ACORE. Rhisoma Calämi aromatici: Radix Calami aromatici ; Radix Acori; Acore odorant ou vrai, Roseau aromatique ; angl., Sweet Flag Root ; allem., Kalmus. Origine botanique, — Acorus Calamus L. C’est une plante à lport de roseau, aromatique, qui croît sur les bords des cours d’eau, des marais et des lacs, depuis les côtes de la mer Noire jusqu'aux pays parcourus par l’Amur et l'Ussuri, dans le nord de la Chine et le Japon, dans le sud de la Sibérie, l'Asie centrale et l'Inde. Elle est également indigène de l'Amérique du Nord. Elle vit aujourd’hui à l’état sauvage dans la plus grande partie de l'Europe, où elle s’étend versle nord jusqu’en Ecosse, en Scandinavie, et dans le nord de la Russie. Elle est cultivée sur une grande échelle à Burma et à Ceylan. Au sujet de l'introduction _ de l'Acorus Calamus dans l'Europe occidentale, Clusius (4) fait re- _ Marquer qu’il reçut lui-même la première plante vivante, en 1574; elle lui avait été envoyée du lac Apollonia, près Brussa, en Asie Mineure. sum Stirpium Historia, Antv., 1576, 520. “ne | HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 497 Camerarius (1), en 1588, en parle comme ayant été introduite depuis peu d'années et étant alors abondante en Allemagne, ce qui paraît indiquer une propagation très-rapide. Gerarde, à la fin du même siècle, regardait l’Acore comme une plante d'Orient, qui, dit-il, croît maiïn- tenant dans un grand nombre de jardins anglais. Berlu (2), en 1724, fait remarquer que la racine « est apportée en grande quantité d’Alle- magne ». Nous pouvons en conclure qu’elle n'était pas récoltée à cette époque en Angleterre, comme nous savons qu'elle le fut plus tard (3). Historique. — L’Acore constitue, depuis les temps les plus reculés, un des médicaments favoris des indigènes de l'Inde. On le vend dans tous les bazars indiens. Ainslie (4) affirme qu'il est considéré comme si utile contre les coliques des enfants, qu’il existe des pénalités pro- mulguées contre tout droguiste qui refuse d'ouvrir pendant la nuit son magasin pour vendre cette drogue. Les descriptions de l’Acoron, plante de Golchis, de Galatia, du Pont et de la Crète, données par Dioscoride et Pline, se rapportent,sans au- cun doute, à cette drogue. Nous pensons que le Kékapos dpupaxos de Dioscoride, qui, d’après cet auteur, croissait dans l'Inde, est également notre Acore; Royle croit, cependant, que c’est une espèce d’Andropo- gon. Le Käkayoc de Théophraste, et le C'alamus de la Bible anglaise (5), sont considérés, par quelques auteurs, comme désignant l'Acore. else, pendant le premier siècle, mentionne le Calamus Alexandrinus, qui était probablement apporté de l'Inde par la voie de la mer Rouge. Nous savons, par le témoignage d'Amatus Lusitanus (6), qu’au sei- zième siècle, il était communément importé à Venise. Rheede (7) déerivit et figura l’Acorus Calamus comme une plante indienne, sous le nom de Vacha qu'il porte encore sur la côte du Malabar. Murray (8) dit expres- sément qu'à son époque (1790), le Calamus asiatique se trouvait encore dans les pharmacies de l’Europe continentale, mais qu’il avait été en grande partie remplacé par la plante récoltée en Europe mème (9). Au- jourd'hui, le Calamus aromaticus du commerce est exclusivement re- (1) Hortus medicus et philosophicus, Francof., 1588, 5. (2) Treasury of Drugs, 1724, 115, Fr (3) Voyez aussi : TRimEn, in Journal of Botany, 1871, IX, 163. (4) Mat. med. of Hindoostan, Madras, 1813, 54. . (5) Exod., xxx, 93; Cant., 1v,14; Ezéch., xxvit, 19. (6) In Diosc. de Mat. med. Enarrationes, Argent, 1554, 33. (7) Hortus Malabaricus, 1692, XI, t. 48, 99. f : © (8) Apparatus Medicaminum, V, 40. A (9) On voit, dans mes Documente zur Geschichte der Pharmacie, Halle, 1876, 78, n° 96, qu’en 1664 on vendait déjà en Allemagne du Calamus indigène. [F. À. F.] | | HIST. DES DROGUES, T. I 32 498 ARACÉES. cueilli en Europe. Il ressemble, par tous ses caractères essentiels, à celui de l'Inde, que l’on trouve de temps à autre dans les ventes de drogues à Londres. Récolte. — Le marché de Londres est approvisionné de cette drogue par l'Allemagne, où elle est probablement apportée du sud-de la Russie. On ne la récolte plus en Angleterre, du moins en quantité un peu consi- dérable ; mais il y a encore quelques années, on avait l'habitude de la recueillir dans le Norfolk. - Description. — Le rhizome de l'Acore se présente en morceaux un peu tortueux, à peu près cylindriques ou aplatis, longs de quelques cen- timètres et ayant de 1 à 3 centimètres de diamètre. Chaque morceau est marqué extérieurement, au niveau de sa face supérieure, de cicatrices souvent velues, laissées par la base des feuilles, et, sur sa face infé- rieure, d'une série de cicatrices un peu saillantes, provenant des racines, et disposées suivant une ligne courbée en zigzag. Le rhizome est d’ordi- naire rugueux et ridé; sa coloration varie du brun sombre au brun orange; il est spongieux en dedans. Son odeur est aromatique et agréable ; sa saveur est piquante et un peu amère, - Le rhizome frais est coloré en rouge brunâtre ou verdâtre ; ilest blanc ou rougeûtre et spongieux en dedans. Sur une section transversale, il offre une structure à peu près uniforme. Une gaîne médullaire, sépare, sous l’aspect d’une ligne fine, le tissu extérieur de la partie centrale qui est plus claire, et dont le diamètre est deux ou trois fois plus consi- dérable que celui de la partie corticale. Structure microscopique. — La couche extérieure est formée de cel- lules allongées, ou d'un tissu subéreux brun, qui n'apparaît que dans les parties où manquent les cicatrices des feuilles, Le tissu qui do- mine, tant dans la partie extérieure que dans la partie centrale, est un parenchyme formé de cellules-uniformes, presque sphériques, traversé par de nombreux faisceaux fibrovasculaires, surtout au niveau de la gaine médullaire, Le rhizome offre aussi, comme celui de beaucoup de plantes aquatiques, un grand nombre d'espaces intercellulaires remplis d'air, un peu allongés parallèlement au grand axe du rhizome, de fa- çon à former une sorte de réseau (1) qui donne au rhizome frais sa consistance spongieuse. Dans certains points, où les séries de cellules _ (4) Cette disposition moniliforme ou étoilée des cellules fut observée par Albertus . Ma, nus (1193-1280). Il dit : « (Calamus aromaticus) nascitur in India et Ethiopia sub et habet interius ex parte concava pellem subtilem sicut telæ sunt . 1. red. JESSEN, 1867, 376). | AR ne HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 499 se croisent, il existe des cavités remplies d'huile essentielle (4) qu’on peut rendre très-visibles en traitant les Coupes par la potasse diluée ou le perchlorure de fer. Les autres cellules sont remplies de petits grains d'amidon. On trouve aussi, dans la zone externe, un peu de mucilage et de matière tannique. Composition chimique, — Le rhizome d'Acore sec nous a donné 4,3 pour 100 d’une huile essentielle neutre, jaunâtre, douée d’une odeur agréable, et déviant la lumière polarisée de 13°,8 à droite, en colonne de 50 millimètres de long. D'après Kurbatow (1873), cette essence contient deux hydrocarbones, l’un CH, qui bout à 193° C., et fournit un composé cristallin avec l'acide chlorhydrique, l’autre, qui bout entre 255° et 238°, et ne donne pas de composé cristallin avee ce même acide. L'huile essentielle impure prend, sous l'influence du per- chlorure de fer, une coloration brunâtre foncée, mais elle n’est pas soluble dans une solution concentrée de potasse ; elle se mélange avec l'alcool et avec quatre ou cinq volumes de bisulfure de carbone, mais ne forme pas avec ce dernier une solution limpide. Le principe amer, Acorine, de l'Acore, fut isolé par Faust, en 1867, sous la forme d’un glucoside semi-fluide, brunâtre, contenant de l'azote, soluble dans l’éther et dans l’alcool, mais insoluble dans la benzine et dans l’eau. Dans le but d'obtenir cette substance, nous avons préci- pité la décoction de 3 kilogr. de la drogue, à l’aide de l’acide tannique, et nous avons suivi la méthode communément employée pour la pré- Paration des principes amers. A la fin de l'opération, en épuisant le résidu par le chloroforme, nous avons réussi à obtenir une substance amère, parfaitement cristalline, mais en si petite quantité que nous n'avons pu étudier sa nature. ue * . Usages. — L’Acore est un stimulant aromatique et tonique, rarement employé aujourd'hui en médecine. Il est vendu par les herboristes pour parfumer la bière, et on le mâche pour rendre la voix plus nette. Il passe pour être employé dans certaines manufactures de tabac à priser. Falsification, — Le rhizome de l'ris jaune (/res Pseudacorus L.) est parfois mélangé frauduleusement à celui de l’Acore, dont il se dis- tingue par l'absence d’arome, par sa saveur astringente, par sa colora- tion foncée et par la différence de sa structure. Les Acorus L. (Genera, n° 434) sont des Aracées de la tribu des Acorinées, à Ch itebdeiécendthen Shébituii de:paier Secihisomé, jui dit adoptée ‘déns Quelques pays du continent. : 500 sh} LILIACÉES. * fleurs hermaphrodites, disposées sur un spadice cylindrique qu'elles recouvrent com- plétement et qui est dépourvu de spathe : à périanthe hypogyne, glumacé, hexa- mère ; à six étamines hypogynes, opposées aux folioles du périanthe ; à ovaire su- père, triloculaire ; à loges polyspermes ; à ovules orthotropes, suspendus ; à baie gélatineuse. L’Acorus Calamus L. (Species, 462) est une plante à rhizome épais, horizontal, an- nelé, émettant de longues racines et portant des feuilles aériennes dressées, hautes de 60 à 90 centimètres et larges de 3 centimètres environ, colorées en vert clair, parcourues de nervures parallèles. L’axe qui porte l’inflorescence ou scape s'élève du sol entre les feuilles; il est un peu moins haut qu'elles, aplati et renflé au-dessous | du spadice qui le termine. Ce dernier est long de 5 à 8 centimètres, fusiforme, cou- vert d’un très-grand nombre de petites fleurs colorées en vert pâle et n’exhalant au- cune odeur, si ce n’est quand on les écrase. Le spadice est dépourvu de spathe vé- ritable ; on observe seulement au niveau de sa base une membrane étroite, ondulée, qu'on peut considérer comme un rudiment de spathe. Les fleurs sont hermaphro- dites et régulières, dépourvues de bractées. Le périanthe est formé de six folioles égales, écailleuses, L’androcée se compose de six étamines situées en face des divi- sions du périanthe, formées d’un filet indépendant et d’une anthère biloculaire, éxtrorse, déhiscente par des fentes longitudinales. Le gynécée est formé d’un ovaire supère, triloculaire, surmonté d’un stigmate sessile. Chaque loge ovarienne contient plusieurs ovules orthotropes, suspendus, insérés dans l'angle interne de la loge. Le fruit est une baie gélatineuse contenant une seule graine qui renferme dans son albumen un embryon axile. [TRAo.] LILIACÉES ALOËS. Aloë; Aloës (1) où Su d'Aloës ; angl., Aloes ; allem., Aloë. Origine botanique. — Plusieurs espèces d'Aloe fournissent un suc amer qui, après épaississement, constitue la drogue désignée sous le nom d'Afoës. Ces plantes sont pour la plupart originaires des parties (1) Le mot Aloës dérive du syriaque A/wai: Il est important de rappeler que le mot Aloës ou bois d’Aloës, en latin Lignum Aloës, employé dans la Bible et dans un grand nombre d'ouvrages anciens, désigne une substance tout à fait différente de l’Aloës moderne; c’est le bois résineux de l’Aguilaria Agallocha Roxs., drogue autrefois très-employée comme parfum, mais qui n’est plus usitée aujourd’hui qu’en Orient. Diverses espèces d’Agave, notamment l'A. americana L., sont désignées vulgaire- ment sous le nom d’A/oës. Toutes ces plantes sont originaires du Mexique, tandis que le véritable Aloës est originaire de l’ancien monde. Au point de vue botanique, le Aga e du genre Aloe par son ovaire infère, tandis que celui des A/ve est HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 501 arides et chaudes de l'Afrique méridionale et orientale, d’où un petit nombre d'espèces ont été introduites dans le nord de l'Afrique, en Espagne, et dans les Indes orientales et occidentales (a). Les Aloès sont des plantes succulentes, à port de Liliacées, avec des feuilles persistantes, charnues, ordinairement épineuses sur les bords, et des fleurs jaunes ou rouges, disposéesen épis. Un grand nombre d'espèces sont dépourvues de tige aérienne ; d’autres produisent des tiges de quelques pieds de haut, ligneuses et ramifiées. Dans les districts éloignés du pays de Namaqua et de Damara, dans le sud-ouest de l'Afrique, au nord de la rivière Kei et dans le nord du Natal, on a découvert des Aloès hauts de 9 mètres, avec des tiges ayant jusqu'à 9 mètres 1/2 de circonférence (1): Les espèces suivantes peu- vent être indiquées avec plus ou moins de certitude comme produisant Ja drogue : 1° Aloëe socotrina LamarGx (A. vera MiLLer). — Il est originaire des ri- vages méridionaux de la mer Rouge et de l'océan Indien, de Socotra et de Zanzibar (?). Il produit l'Aloès socotrèn et l'Aloès de Moka. L'Aloe officinalis Forsx., et l'A. rubescens DC., sont considérés comme des variétés de cette espèce. L’A. abyssinica Lamarcr contribue probablé- ment à fournir l’Aloès qui est expédié de la mer Rouge. 2 Aloe vulgaris Lamarck (A. perfoliata, var. 7, vera L.; A. barbadensis Mixer), Cette plante appartient à l'Inde et à l'Afrique orientale et sep- tentrionale ; on la trouve aussi sur les côtes du sud de l'Espagne, de la Sicile, de la Grèce et des Canaries ; elle existe dans les Indes occidentales, soit qu'elle y ait été introduite, soit, comme nous le suppo- sons, qu'elle y soit indigène. L’A, vulgaris fournit l'A loës de Barbados et l’Aloës de Curaçao. L’A. indica Royce (2), plante indigène des provinces situées dans le nord-ouest de l'Inde, commune dans les jardins indiens, paraît être une simple variété de l'A. vulgaris Lamanck.-L'4, littoralis KôniG passe pour croître en abondance au cap Comorin; il nous est inconnu. Le docteur Bidie pense qu'il constitue une simple forme de . l'espèce précédente, atténuée par un sol pauvre et salin, et par l’expo- sition aux vents de mer. L’A. #ndica et l'A. littor. alis sont l’un et l'autre cités dans la Pharmacopée de l'Inde. 3° Aloe ferox L. — Cette espèce, et les hybrides bre en la croisant avee l'A. africana Mur. et les À. spica Tuuns., À, a L. (quoad 4 a à ph Me PA the 2 mai 1874, avec pri (2) Le docteur Bidie, de Madras, a eu la bonté de nous envoyer nn échantillon vivant de cette pue 302 LILIACÉES. Roxs.), et À. inguæformis, sont considérés comme fournissant le meilleur Aloës du Cap. 4° À. africana Muën. — Cette espèce et ses variétés, ainsi que l'A. plicatilis Muxer fournissent un extrait qui, d’après Pappe (4), est considéré comme moins énergique. 3° À. arhorescens Mu; À. Commelini WiLcio.; À.purpurescens HAW. — Cés espèces sont considérées comme fournissant une partie de l’Aloës du Cap du commerce (2). Historique. — L'Aloès était connu des Grecs, comme produit de l'île de Socotra, dès le quatrième siècle avant notre ère, si du moins nous pouvons ajouter foi au récit suivant, fait par le géographe arabe Edrisi (3) : Après qu'Alexandre eut conquis le royaume de Perse, que sa flotte se fut emparée des îles de l'Inde, et qu'il eut tué Porus, roi des Indes, son maître Aristote lui recommanda de chercher l’île qui pro- duisait l'Aloès. Lorsqu'il eut achevé les conquêtes de l'Inde, il revint, en conséquence, par la voie de la mer des Indes, dans la mer d'Oman, s’empara des îles de cette mer, et arriva enfin à Socotra, dont il admira la fertilité et le climat. D'après l'avis d'Aristote, il se détermina à en éloigner les habitants primitifs et à la peupler de Grecs, enjoignant à ces derniers de conserver avec soin la plante qui fournit l’Aloès, à cause de son utilité, et parce que sans elle on ne pouvait composer certains médicaments souverains. Il pensait que le commerce et l'usage de cette drogue devaient constituer un avantage pour tous les peuples. Il enleva la population indigène de l'île de Socotra, et mit à sa place une colonie d'Ioniens qui restèrent sous sa protection et celle de ses successeurs, et acquirent de grandes richesses jusqu'à l'époque où la religion du Messie se répandit jusque dans leur île. Ils se firent alors chrétiens, et leurs descendants ont conservé cette religion jusqu'à nos jours (vers 1154). Ce curieux récit, qui, d'après ses (4), doit être pubebdées: sans aucun doute comme une fable, mais qui a été inventé pour rendre compte des faits, est mentionné par les es mahométans du (1) Floræ Capensis des Motoinis, éd. 2, 1857, 41. (2) Pour donner cette liste des espèces médicales du genre A/0e, nous avons fait de nombreux emprunts aux récentes observations de M. Baiïllon sur ce sujet, consignées dans le Dictionnaire des sciences médicales, III, et dans le Journal de pharmacie, 1867, _ V, 406. Nous avons aussi consulté avec profit W. Wilson Saunders, Esq:, F.R.S., _ dont A rep est prépondérante Lei _—. sg conaanoes qu'i il Année sur x culture plant ie d'Edrisi, Aaduite par PA. Sauver, Paris, 1836, kj 7. at (Er : HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE, 503 neuvième siècle (1). Au dixième siècle, Masudi (2) dit que l’Aloës est produit uniquement, à son époque, par l’île Socotra, où sa préparation a été améliorée par les Grecs envoyés dans l’île par Alexandre. L’Aloës n’est pas mentionné par Théophraste ; mais il paraît avoir été bien connu de Celse, de Dioscoride, de Pline, de l’auteur du Periplus de la mer Erythrée, et des médecins grecs et arabes. D'après les indica- tions qu'on trouve dans les traités de médecine vétérinaire anglo- saxons, et ce fait qu'il figure parmi les drogues recommandées à Alfred le Grand par le Patriarche de Jérusalem, nous pouvons admettre que son usage n’était pas inconnu en Angleterre dès le dixième siècle (3). A cette époque, et longtemps plus tard, la drogue était introduite en Europe par la voie de la mer Rouge et d'Alexandrie. Après la décou- verte du cap de Bonne-Espérance, l’ancienne voie suivie par ce com- merce ne fut sans doute plus employée. : Thomé Pyres, apothicaire à Cochin, dans une lettre sur les drogues orientales (4) adressée à Manuel, roi de Portugal, en 1516, rapporte que l’Aloës croît dans l’île de Çacotora, à Aden, à Cambaya, à Valencia d'Aragon, et dans d'autres pays; que la sorte la plus estimée est celle de Gacotora, et après elle celle d’Espagne, tandis que la drogue d’Aden et celle de Cambaya sont de si mauvaise qualité, qu’on ne leur attribue aucune valeur. Pendant la première moitié du dix-septième siècle, l'Aloès était ex- pédié directement de Socotra en Angleterre. Dans les Mémoires _ de la Compagnie des Indes orientales, il est plusieurs fois fait mention de la drogue achetée au « roi de Socotra ». Fréquemment, il est indiqué que le stock entier d'Aloès du roi a été acheté (5). Wellstead, qui vi- sita Socotra en 1833 (6), dit qu'autrefois l’Aloës y était cultivé en beau- coup plus grande quäntité qu'aujourd'hui, et qu'on peut voir encore les vallées dans lesquelles se trouvaient les plantations. Il ajoute que le produit constituait un monopole entre les mains du sultan de l’île. Au- jourd’hui, la petite quantité d'Aloèës qui est exportée de Socotra est _transportée par les bâtiments arabes côtiers qui vont chaque année (1) Anciennes relations des Indes et de la Chine de deux voyageurs mahométans, qui y allérent dans le neuvième siècle, trad. de l'arabe, Paris, 1718, 113. (2) III, 36, voyez t. II, page 256, note 3. (3) Voyez t. II, page 107, note 1. (4) Journ. de Soc. Pharm. Lusit., 1838, 2, 36. (5) Calendar of State Papers, Colonial Series, East Indies, China and Japan, 1513- 1616, Lond: 4862 HUE (6) Journ. of the Roy. Geograph. Soc., 1835, V, 129-229. 504 LILIACÉES. du golfe Persique à Zanzibar. Dans ce dernier port, on transborde l’Aloès à destination de l'Inde et d’autres ports. Le docteur Kirk, qui a résidé à Zanzibar de 1866. à 1873, nous informe que l’Aloës de So- cotra arrive dans un état de très-grande mollesse, emballé dans des peaux de chèvre. On le transvase dans des caisses en bois, dans les- quelles il se concrète, et qui servent à l’expédier en Europe ou en Amé- rique. Pour nettoyer les peaux, on les lave et on fait évaporer l’eau de lavage qui renferme de l’Aloës. Ligon (4), qui visita l’île de Barbados en 1647-50, c’est-à-dire une vingtaine d'années après l’arrivée des premiers colons, parle de l'Aloès comme d'une plante indigène, et mentionne aussi les plantes utiles qui avaient été introduites. A cette époque, les colons savaient préparer lé suc d’Aloès pour les usages médicinaux, mais ils n'avaient pas encore commencé à l'exporter. L’Aloès de Barbados figurait dans les drogue- ries de Londres en 1693 (2). La fabrication de l’Aloès dans la colonie du Gap, dans le sud de l'Afrique, fut observée par Thunberg, en 1773, dans la fabrique d'un colon nommé Peter de Wett, qui le premier prépara la drogue dans ce pays (3). L’Aloès du Cap est énuméré, en 1780, parmi les marchandises d'un droguiste de Londres ; son prix était fixé à 40 livres sterling le quintal. Une sorte nouvelle et distincte d’Aloès, fabriquée tait la colonie de Natal, s'est montrée sur le marché de Londres en 1870. Nous la décri- rons plus loin. Structure de la feuille, — Les feuilles fortes et charnues de l’Aloès possèdent une cuticule résistante et un épiderme à parois épaisses. Le tissu intérieur est formé d’un parenchyme très-lâche, mou, à grandes cellules incolores, représentant äix fois au moins l'épaisseur du paren- chyme coloré par lachlorophylle qui le sépare de l'épiderme. La couche corticale interne contient, au niveau de son point de contact avec le pa- renchyme pulpeux, un grand nombre de faisceaux fibrovasculaires qui, sur une section transversale, paraissent disposés à égale distance les uns des autres autour de la pulpe centrale. La portion interne de chaque faisceau est formée d’un tissu à éléments délicats, allongés, et de plu- sieurs couches de cellules à parois minces, limitées par une couche re- marquable de cellules plus re Ps ss Ces cel- 1) History of Barbadoes, Lou. 1678, 98. mnles né macologia, 1693, 361. rene Asia and Africa IL, 49, 50. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 505 lules sont simplement disposées l’une au-dessus de l’autre et côte à côte, et n'ont, par suite, aucune ressemblance avec le système des vais- seaux qu'on trouve dans les plantes à laticifères. Ges cellules, exami- nées pendant l'été dans la feuille de l’Aloe socotrina, se montrent rem- plies d’une substance visqueuse, transparente, jaune, qui cristallise lorsqu'on abandonne dans la glycérine, pendant quelques jours, une coupe mince de la feuille. Trécul (1) a également trouvé ces cellules particulières, remplies d’un suc amer, dans la feuille d'un A/oe mitræ- formis cultivé à Paris. Il a observé que leurs parois transversales dispa- raissent quelquefois, et qu'il peut se former ainsi des conduits considé- rables, remplis du suc préalablement sécrété par les cellules. Dans les régions chaudes, ce phénomène se produit sans doute fréquemment, . ce qui explique qu’on puisse obtenir sans pression une quantité considé- rable de suc. Le reste du tissu cortical est rempli de granules de chloro- phylle, et offre, entre les cellules, des groupes d'aiguilles d’oxalate de calcium. On trouve aussi des cristaux de même nature, en petite quan- tité, dans le parenchyme pulpeux. Ce dernier est rempli d'un mucilage insipide, visqueux, incolore, qui, après dilution dans l’eau, est préci- pité par l’acétate neutre de plomb, mais n’est pas coagulé par l’ébulli- tion, même après addition d'acide nitrique (2). Il réduit en partie, sous l'influence de la chaleur, la solution alealine de tartrate cuprique. Il ne se colore pas quand on le laisse exposé à l'air. Les groupes de cel- lules qui entourent les vaisseaux contiennent, en grande quantité dans les Aloe socotrina et spicata, en moindre abondance dans les À. vulgaris et arborescens, un suc incolore qui, lorsqu'on Pexpose à l'air, prend, surtout sous l'influence de la chaleur, une coloration violette foncée. On voit bien que ces groupes de cellules sont le siége de cette substance chromogène quand on expose aux vapeurs de ___—— une coupe mince d’une feuille d’Aloe socotrina. La proportion de principes amers contenus dans la féuille x varie sans doute avec l’âge de cette dernière et avec la saison de l'année. Haax- man signale que dans l’Aloès de Curaçao la proportion maximum de ces principes se montre au moment où les feuilles passent de la couleur verte à la coloration brune. Culture et Fabrication, — Barbados (3), où lAloe vulgaris est cul- (1) Ann. sc. nat., Bot., 1872, 85. (2) Ce tissu pulpeux ’eentral est tout à fait insipide ; on l’emploie actuellement comme aliment dans Lea ee parties de es ne” les années de disette (STEwaRT, Punjab Plants, 1869, 232). t 6) Pour u les détails _. nous donnons sur l'Aloès de ae nous devons des 506 LILIACÉES. tivé d'une façon systématique pour la production de la drogue, les plantes sont disposées, à 45 centimètres l'une de l’autre, dans des sillons espacés de 30 à 45 centimètres, le sol ayant été soigneusement préparé et fumé. Pour les préserver des graminées et autres mauvaises herbes, on cultive souvent entre les pieds d’Aloès des légumes ou des pois. Les plantes restent toujours petites et dépourvues de toute tige aérienne ; presque toutes produisent au bout d’un an de belles fleurs d’un jaune brillant. Les feuilles ont de 30 à 40 centimètres de long ; on les coupe chaque année, mais cela n’entraîne pas la perte de la plante qui, avee une bonne culture, vit pendant plusieurs années. La coupe des feuilles se fait en mars ou en avril et pendant la cha- leur de la journée. On coupe les feuilles près du pied de la plante et on Les place #rès-rapidement, avec la surface de section en bas, dans une auge en bois, en forme de V, longue de 1°,20 environ et profonde de 30 à 45 centimètres. Gette auge est disposée sur un plan incliné, de façon que le suc qui s'écoule immédiatement des feuilles glisse le long de ses bords et s'échappe par un orifice pratiqué à son extrémité infé- rieure pour tomber dans un vase placé au-dessous. On n’exerce sur les feuilles aucune espèce de pression. Il faut à peu près un quart d'heure pour couper la quantité de feuilles nécessaires pour remplir une auge; celle-ci est disposée de façon à être facilement accessible aux ouvriers. Le nombre dés auges est ordinairement de cinq; lorsque la cinquième est remplie, les coupeurs reviennent à la première, dont ils enlèvent les feuilles qu’ils considèrent comme épuisées. On ne fait ni infuser ni bouillir les feuilles, et on n’en fait s'urnk aucun usage, si ce n'est comme engrais. . Lorsque les vases qui reçoivent le suc sont pleins, on les verse dans une cuve, où l’on conserve le sue pour le faire évaporer. Cette dernière opération peut se faire en une seule fois, ou être prolongée pendant des semaines ou même des mois, le suc passant pour ne subir aucune fer- mentation ni aucune perte. L’évaporation se fait d'ordinaire dans un vase en cuivre, dans le fond duquel est une large cuillère qui reçoit les impuretés, et sert à les rejeter de temps à autre pendant l’ébullition. Dès que l'épaississement du liquide a atteint le point voulu, déterminé à simple vue par l’ouvrier qui a l'expérience de l'opération, on verse le suc épaissi dans de ee LS RAS dans des caisses, et on le laisse e " Sir R. Bowcher Gus Chiet Haiics de Barbados, et au major géné. mande et (4874) ! les troupes de cette île, HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 307 La drogue n "est pas. toujours facile à vendre dans l’île même, mais elle est achetée par des spéculateurs qui la conservent jusqu'à ce qu'on en fasse la demande en Angleterre. Les cultivateurs sont de petits pro- priétaires, peu capables par leurs connaissances et leur fortune de faire ‘ des expériences pour améliorer la fabrication de la drogue. On dit ce- pendant qu'on prépare pour des besoins particuliers une petite quantité d'Aloès de qualité très-supérieure. On expose pour cela le suc au $0- leil dans des vases plats, et on le laisse évaporer jusqu'à siceité com- plète; mais la préparation de cette drogue est considérée comme de- mandant trop de temps et de soins pour être de quelque profit (4). La préparation de l’Aloès dans l'île hollandaise de Curaçao, des Indes oc- cidentales, est effectuée par le même procédé (2). Dans la colonie du Cap, la préparation de l'Aloës a été décrite de la façon suivante, dans une lettre (3) adressée à l'un de nous par M. Pe- ter Mac Owan, du Gill College, Somerset East : L'ouvrier creuse dans le sol; qui est très-sec, une cavité peu profonde, hémisphérique, dans la- quelle il étend une peau de chèvre; il étale alors sur les bords de cette dernière une rangée de feuilles disposées en rayonnant, avec la surface de section tournée en dedans ; au-dessus de cette première couche de feuilles, il en dispose une seconde, puis une troisième, en ayant soin de faire dépasser suffisamment les extrémités sectionnées de chaque rangée pour que le sue s'écoule dans le centre de la cavité. Lorsque ces préparatifs sont faits, l’ouvrier va recueillir du miel sauvage, ou plutôt se livre au sommeil. Lorsque la peau de chèvre est à peu près pleine, quatre ouvriers la prennent par ses quatre angles, l’enlèvent de la cavité creusée dans le sol, et versent son contenu dans une chaudière en fer où l’on fait bouillir le liquide en conduisant l'opération avec la plus grande incurie; on ajoute du sue frais à celui qui a déjà acquis à peu près la consistance voulue ; on ralentit le feu ou on l’active sans aucun motif, et souvent même on interrompt l’ébullition pendant plusieurs heures, suivant les dispositions des ouvriers. En réalité, l'opération est tout à fait primitive et conduite sans intelligence. Elle est faite surtout par les Bastaards et les Hottentots et non par les Cafres. « Le seul Aloès que j'ai vu employer, dit M. Mac Owan, est celui qui possède une grande inflorescence di- ou tri-chotome, l'A. ferox, je crois. » Back- (1) Un très-bel Aloès de Barbados, qui s’est montré sur le marché de Londres, en 1842, était présenté comme ayant été préparé dans le vide. (2) Ounemaxs, Handleiding tot de Pharmarognosie, 1865, 316. (3) Sous la date du 36 mai 4871, et adressée à moi-même. (D. H.] 508 LILIACÉES. house (1) cite aussi l’ 40e ferox comme une espèce qu’il a vu employer près de Port-Elizabeth, en 1838. Nous apprenons par un autre cofsemotidant que, des la colonie du Cap, la fabrication de l’Aloès ne constitue pas un travail spécial, mois qu’on s'y livre seulement lorsqu'on ne trouve pas à faire de travail plus profitable. La drogue est vendue par les fermiers aux marchands des villes de la côte, dont quelques-uns ont fait des efforts dans ces der- niers temps pour obtenir une marchandise meilleure, et ont fait venir des plantes vivantes de Barbados. . Nous ne possédons aucun renseignement sur le procédé employé dans la fabrication de l’Aloës socotrin et nous ignorons même d'une façon précise dans quelles localités on le prépare. Deseription générale. — Les différences qui existent entre les nom- breuses sortes d’Aloès du commerce sont dues à des causes diverses, notamment à l'espèce d'Aloe employée, et à la méthode d’extraction du suc, L'aspect de la drogue varie beaucoup. Elle est parfois parfaitement transparente et amorphe, avec une cassure conchoïdale et luisante ; d’au- tres fois, opaque et foncée, avec une cassure terné et cireuse, ou opaque “et pâle; parfois très-cristalline et colorée en brun orange clair, Elle peut offrir tous les degrés de consistance, depuis celle d’une pâte jusqu'à celle d’une substance sèche et cassante ; elle peut même être entièrément fluide et sirupeuse. Ges divers états sont facilement expliqués par Lie d'un Aloës très-fluide qui est importé depuis quelques années de Bombay. Si l’on abandonne au repos une certaine quantité de cet Aloës, il se divise peu à peu en deux parties : une supérieure, transparente, noire, liquide ; une inférieure, sédimenteuse, cristalline, colorée en brun orangé. Si l'on as donne la masse entière à l'évaporation spontanée, on retrouve dans le résidu les deux sortes d'Aloès superposées; celui de la partie supérieure est foncé, transparent et amorphe, tandis que l’autre est plus opaque et très-cristallin. Quand on mélange les deux couches de la drogue on obtient une forme intermédiaire. - L'Aloës hépatique des anciens écrivains (2) était sans er la forme opaque de l’Aloës socotrin ; mais cette dénomination a ensuite été appli- © (1) Visit to Mauritius and South Africä, 1844, 187, 121. | (2) Notamment Macer Floridus, qui, au dixième siècle, écrit : _« Sunt Aloes species geminæ, quæ subrubet est que | Intus sicut hepar cum frangitur, hæc epatite ++.,s Dicitur D NE a tente viteé; ok Frame HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. . + 008 quée à toute espèce d’Aloès ayant la coloration du foie, et elle ne paraît pas devoir être conservée. Une grande partie de l’Aloès opaque dit Aloès hépatique, ne doit pas cependant son opacité à des cristaux, mais à une matière féculente dont la nature est encore douteuse. Les mar- chands attachent une grande importance à l'odeur de l’Aloès et s’en servent pour distinguer les diverses variétés, mais ce caractère ne peut être apprécié que par les hommes expérimentés, et on ne peut pas le décrire (4). | K Variétés. — Les principales variétés d’Aloès qu'on trouve dans le commerce anglais sont les suivantes : 4° Aloës socotrin. — On le nomme aussi Aloès de Bombay, des Indes orientales ou de Zanzibar, et, lorsqu'il est opaque et offre la coloration du foie : À loès hépatique. On l’importe dans des barils et des caisses doublées d'étain, de Bombay, où il est apporté ; il nous vient par les bâtiments arabes, des côtes d'Afrique, des ports de la mer Rouge et de Socotra, par la voie de Zanzibar. Lorsqu'il est de bonne qualité, il est coloré en brun rougeâtre foncé, et possède une odeur particulière, agréable, com- parable à celle de la myrrhe et du safran. En fragments minces, il pa- raît d’un brun orange; sa poudre est colorée en brun rougeâtre fauve. Lorsqu'on l’humecte avec de l’alcool,et qu'on l’examine en couches minces sous le microscope, il présente, s’il est de bonne qualité, une grande quantité de cristaux. Il est ordinairement importé à l’état mou, du moins dans l'intérieur de la masse, mais il se dessèche rapidement, et ne tarde pas à dureir (2). Il est parfois importé à l’état tout à fait fluide (Aloès socotrin liquide, suc d'Aloës); assez fréquemment, il est un peu acide et plus vu moins détérioré. Une certaine quantité de bel Aloès provenant de Zanzibar, qui fut mis en vente en 1867, était renfermée dans une peau, et composée de deux couches, l’une amiorphe, l’autre granuleuse, translucide, claire ; cette dernière examinée à l’aide d’une loupe, se montra formée d'une masse de cristaux. ses Me a ipp dr | santa A On a apporté de l'intérieur à Aden une sorte très-mauvaise, noire, (1) Ainsi, l’Aloès pâle, à coloration hépatique, de Natal, est invariablement associé avec l'Aloès transparent du Cap, simplement parce que les deux drogues possèdent la: même odeur. On reconnaît aussi l’Aloès de Curaçao à son odeur, qu'un droguiste expérimenté déclare être tout à fait différente de celle de l'Aloès produit par Bar- (2) La moyenne de la perte subie pendant la dessiccation, par 560 livres, a été, dans diverses circonstances, de 14 environ pour 100. (Statistiques de laboratoire, communi- quées par MM. Allen et Hanbury, de Londres.} Ke 510 LILIACÉES. fétide, d'Aloès, qui paraît être l'Aloës de Moka de quelques écrivains. La quantité d’Aloès importée à Bombay, en 1871-72, a été de 892 quin- taux, sur lesquels 736 quintaux étaient expédiés des ports de la mer Rouge et d’Aden (1). 2 Aloës de Barbados. — D'après des échantillons caractéristiques, cet Aloès est une substance sèche et dure, colorée en brun chocolat foncé, avec une cassure nette, cireuse. En petits fragments, il est translucide et coloré en brun orange. Lorsqu'on le broie, il exhale une odeur analogue à celle de l’Aloès socotrin, mais cependant facile à distinguer. Les gourdes dans lesquelles il a été versé par un trou carré qu’on ferme ensuite avec un morceau de calicot, contiennent de 10 à 40 livres ou davantage. Pendant ces dernières années, on a importé un Aloës de Barbados à cassure lisse et luisante. Il est connu des droguistes de Londres sous le nom de Capey-Barbados. Au bout d'un certain temps, il prend les caractères de la sorte habitaelle, et sa cassure devient mate. Les exportations d’Aloès faites par Barbados, en 1871, se sont élevées, d’après le Livre Bleu de la colonie, à 1046 quin- taux, sur lesquels 954 quintaux furent expédiés vers le Royaume-Uni. . 8° Aloës de Curagao.—1 est fabriqué dans les îles de Curaçao, Bonaire et Aruba, qui font partie des Indes orientales hollandaises. 11 est im- porté en Angleterre par la voie de la Hollande, emballé dans des caisses qui en contiennent chacune de 13 à 28 litres. Il ressemble par son aspect à l’Aloës de Barbados, mais possède une odeur caractéristique. 4 Aloës du Cap. — Les caractères distinctifs de cette sorte d’Aloës sont sa cassure conchoïdale brillante et son odeur spéciale. De petits fragments vus dans la lumière transmise paraissent très-transparents et d’une coloration ambrée ; la poudre est colorée en jaune fauve pâle. Humecté d’alcool, et examiné sous le microscope en couche mince, il ne présente pas de cristaux, même au bout de quelques jours. L’Aloès du Gap possède l'odeur des autres sortes d’Aloès, mélangée d'une certaine odeur de souris qui le fait reconnaître aisément. On en distingue plusieurs qualités, caractérisées surtout par le plus ou moins d'éclat de la cassure et par la coloration de la poudre. D'après le Livre bleu de la colonie du cap de Bonne-Espérance, publié à Cape-Town, en 1873, la quantité d’Aloès exportée en 1872 fut de 484532 livres; sa valeur moyenne sur le marché fut pendant la même . ù ss de 3 deniers trois ea, le prix le plos bas, 4 denier et demi, Statement of be the Trade and Navigation o* of the ve Preridency of Bombay forat-72, HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 511 fut celui de Riversdal et de Mossel-Bay, et le plus élevé, 41 deniers, fut atteint à Swellendam. La drogue est embarquée à Cape-Town, à Mos- sel-Bay et à Algoa-Bay. 5° Aloës de Natal. — On importe aussi de l'Aloës de Natal, et de- puis 1870, en quantité considérable (1). La majeure partie de cet Aloës offre la coloration hépatique, et diffère complétement de l’Aloës ordi- naire du Cap en ce qu'il est d’un brun grisâtre et très-opaque. Il con- tient en outre un principe cristallin qui n’a été trouvé dans aucune autre sorte d'Aloès. La drogue est fabriquée dans les districts supé- rieurs de Natal, entre Pietermaritzhurg et les montagnes de Quathlamba, surtout dans les districts d'Umvoti et de Mooi River, à une altitude de 600 à 1200 mètres au-dessus du niveau de la mer. La plante em- ployée est une grande espèce d’Aloès qui n’a pas encore été détermi- née (2). La drogue est préparée par des colons anglais et hollandais qui emploient des ouvriers cafres. Le procédé n’est pas très-différent "de celui qu’on suit pour préparer l'Aloès du Cap, mais il est mis en pra- tique avec plus d'intelligence. On coupe les. feuilles obliquement en tranches, et on laisse exsuder leur suc pendant la plus forte chaleur et en plein soleil, On fait ensuite bouillir le suc dans des chaudières en fer; on l'empêche de brûler en le remuant à mesure qu’il s’épaissit, Tandis que la drogue est encore chaude on la verse dans des caisses en bois qui servent à l’expédier en Europe (3). Les chiffres d'exportation de la colonie sont les suivants (4) : en 1868, 0; en 1869, 38 quintaux : en 1870, 646 quintaux; en 4871, 372 quintaux; en 4872, 501 quintaux. Composition chimique. — Toutes les sortes d’Aloès possèdent une odeur analogue, et une saveur amère, désagréable. L'odeur est souvent assez agréable, surtout dans l’Aloès socotrin. Elle est due à une huile volatile qui n'existe qu'en très-faible proportion dans la drogue. T.et H. Smith, d'Edinburgh, nous informent qu’en soumettant à la dis- tillation avec de l’eau 181 kilogrammes d’Aloës, ils ont obtenu environ 28 grammes de cette essence. D'après les communications que nous avons reçues de ces chimistes, cette essence est un liquide mobile, co- loré en jaune pâle, ayant pour poids spécifique 0,863, et bouillan entre 266 et 274° C. Fe (1) On doit le rejeter de l’usage médicinal. [F. A. F.} (2) Nous en possédons un petit pied venu de graines envoyées par un fabricant de la drogue à un marchand de Natal, à Londres, qui m’en a fait présent. [D. H.] (3) Nous devons remercier J. W. Akerman, Esq., de Pietermaritzburg, pour les informations que nous donnons au sujet de cette drogue. (4) Blue Books for the Colony of Natal for 1868, 1869, 1870, 1871, 1872. 512 = LILIACÉES. L'Aloès pur se dissout facilement dans l'alcool, à l'exception de quel- ques flocons. Il est. insoluble dans le chloroforme et le bisulfure de car- bone, ainsi que dans l’éther de pétrole, c’est-à-dire la portion la plus volatile du pétrole américain. D’après les recherches de l’un de nous (F.), le poids spécifique de beaux fragments d’Aloès desséchés à 100° G., et pesés dans l’éther de pétrole à 16° C. est de 1,334. L'Aloès est donc beaucoup plus pesant que la plupart des résines, dont le poids spéei- fique dépasse rarement 1,00 ou 1,10. L’Aloès se dissout complétement dans l’eau, mais seulement à chaud. En se refroidissant, la solution aqueuse, qu'elle soit concentrée ou diluée, devient trouble, par suite de la séparation de gouttes résineuses qui se réunissent en un masse brune, désignée sous le nom très-impropre de Résine d’Aloës (1). La solution, devenue limpide après la séparation de cette substance, possède une réaction acide faible. Elle est colorée en brun foncé par les alcalis, en noir par le chlorure ferrique, et donne-un précipité gris verdâtre quand on la traite par l’acétate neutre de plomb. L'eau dissout environ ; la moitié de son poids d’Aloès, en formant un liquide acide qui pré- sente des réactions semblables aux précédéntes. La solution d’Aloëès dans la potasse ou l’ammoniaque est précipitée par les acides, mais non par l’eau. Les principes constituants les plus intéressants de l’Aloès sont la substance qui a reçu le nom d’Aloine. Ce nom fut d’abord donné à une aloïne qui paraissant ne se trouver que dans l’Aloès de Barbados est aujourd’hui nommée Barbaloïne, afin de la distinguer des substances analogues qui existent dans l'Aloès de Natal et dans l’Aloès socotrin. La barbaloïne fut découverte par T. et H. Smith, d’Edinburgh, en 1851 (2); elle fut décrite peu de temps après par Stenhouse (3). On peut la retirer, d'après Tilden (4), des bonnes qualités de la drogue, sous la forme d’une substance cristalline, dans la proportion de 20 à 25 pour 100 ; mais dans les qualités inférieures elle paraît exister en partie à l’état amorphe ou plus ou moins altérée chimiquement. La barbaloïne est une substance neutre, cristallisant en touffes de petits (1) L'analyse de cinq expériences portant sur 179 livres d'extrait aqueux d’Aloès préparé suivant les indications de la Pharmacopée, et contenant 14 pour 100 d’eau, nous a donné une moyenne de résine d'Aloës de 62.7 ve 100; L’Aloès de Barbados a donné une moyenne de 80 pour 100. ia (2) De très-beaux échantillons de ‘cette substance nous ont été pts par ces imistes. nie, 1851, XXXVIL 481. ur; 30 avril 187, M55S nov. sav m6 HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 513 prismes jaunes, qui paraissent doublement réfringents dans la lumière polarisée. Ces cristaux représentent l’aloïne hydratée, et perdent un équivalent d’eau (2,69 pour 109) par la dessiccation dans le vide ou par l'action prolongée de la chaleur dans une étuve. La barbaloïne, C#H%04 2 H°0, est peu soluble à froid dans l’eau et l'alcool, mais elle se dissout bien dans l’un et l’autre de ces liquides quand on chauffe légèrement ; elle est insoluble dans l’éther. Ses solutions s’'altèrent rapidement si on les rend un pêu alcalines, mais si elles sont neutres ou légèrement acides, elles ne sont pas très-promptes à se décomposer. La barbaloïne oxydée par l'acide nitrique donne, ainsi que Tilden l’a montré, un tiers environ de son poids d'acide Chrysammique, et des acides Aloétique, Oxalique et Picrique. Elle se combine facilement avec le brome pour former une substance neutre, qui cristallise en aiguilles jaunes, et qui a recu le nom de Bromaloine, C“H*BrfO®. On a obtenu un dérivé chloré analogue, la CAloraloïne, qui cristallise en prismes, et a pour formule C#H*CI* + 6 H0 (4). En examinant, en 4871, l'Aloès de Natal, nous avons trouvé qu'il contient un corps cristallin, beaucoup plus soluble que l’aloïne ordi: naire de l'Aloès de Barbados. Un examen plus complet nous a montré qu'il diffère complétement de cette aloïne, et nous lui avons donné le nom de Nataloine. La nataloïne existe naturellement dans l'Aloès de Natal, dont on peut facilement la séparer à l’état brut, en triturant la drogue avec un poids égal d'alcool à une température quine doit pas dépasser 48° G. L'alcool dissout la partie amorphe, dont on peut séparer des cristaux en filtrant et lavant avec une petite quantité d’ al- cool froid. On peut obtenir ainsi de 16 à 25 pour 100 de nataloïne brute en cristaux jaunes. Purifiée par cristallisation dans l'alcool méthy- lique ou l'alcool chauds, elle forme des écailles rectangulaires minces, cassantes, qui ont souvent un ou plusieurs de leurs angles tronqués, La formule assignée à la nataloïne par Tilden (2), indiquée par la com- position d’un dérivé acétyl qu'il a pu obtenir, est CARO": A 133 C., une partie de nataloïne est dissoute par 60 parties d'akosl éthylique, par 33 parties d'alcool méthylique (3), par 50 d’éther acé- tique, par 49236 d’éther et par 230 d'alcool absolu. Elle est un peu plus soluble dans l'alcool chaud que dans l'alcool froid, de sorte que pour obipnie des Sristatss il est EEE pme Ja solution à l’éva- &) EL Fi ee. of Chem. Se. 1872, x, 204. {8}e Chemical-News,: A7 mai 1872, 299 ; Pharèei Journ., 25 mai 1872, 951. (3) Les plus beaux cristaux sont donnés par ce dissolvant. HIST. DES DROGUES, T. ur. 33 514 LILIACÉES. poration spontanée. L'eau, soit chaude, soit froide, ne la dissout que fort peu. La nataloïne n’abandonne pas d’eau lorsqu'on l’expose au- dessus de l'acide sulfurique, ni lorsqu'on la chauffe à 100°C. Sous l'action .de l'acide nitrique, elle donne des acides oxalique et picrique, mais pas d'acide chrysammique. Elle ne peut pas se combiner avec le chlore et le brome et nous n'avons pu préparer avec elle aucun corps analogue à la bromaloïne. Un Aloës socotrin liquide, importé à Londres vers 1852, fut signalé par Pereira comme riche en petits cristaux qu’il nomma A loine de l'A loès socotrin, et qu'il regarda comme probablement identique avec l’aloïne de l’Aloès de Barbados. Groves, en 1856, la retira de l’Aloès socotrin du commerce, qui se montre facilement très-cristallin lorsqu'il est co- loré en orange brunâtre, qu'il est opaque et mou, comme il l’est sou- vent quand il arrive en Europe. Une certaine quantité de bel Aloës provenant de Zanzibar, à coloration très-päle, que nous avons en notre possession, est en réalité une masse parfaitement cristalline. Histed, qui, à la requête de l’un de nous, a entrepris l’examen de quelques échantillons d’Aloës, est le premier qui ait affirmé que la sub- stance cristalline contenue dans l’Aloès socotrin ou de Zanzibar est un corps particulier, différent de la nataloïne et de la barbaloïne. Gette observation fut entièrement confirmée par nos propres recherches (1), faites en majeure partie sur l’Aloès de Zanzibar, et nous appellerons cette substance Socaloine. Dans cette drogue, les cristaux sont pris- matiques et ont une taille considérable qu’on n’observe jamais dans l'Aloës de Natal. Ils ne sont pas aussi faciles à isoler que la nataloïne, parce qu'ils ne sont guère plus solubles que la matière amorphe qui les entoure. Histed, qui nous en a remis de beaux échantillons, recom- mande de traiter la drogue brute pulvérisée par un peu d'alcool à 0,96, et de presser fortement la masse pâteuse entre plusieurs doubles de calicot; on dissout ensuite la masse cristalline jaune dans de l'alcool dilué chaud, et on recueille les cristaux qui se forment au repos pendant le refroidissement. La socaloïne se présente en touffes de prismes aciculaires qui, lorsqu'ils se sont formés dans une solution d’al- cool méthylique, peuvent atteindre 2 ou 3 millimètres de long. Elle est beaucoup plus soluble que la nataloïne. A la température ordinaire, _ une partie de socaloïne se dissout dans 30 parties d’alcool dilué, dans LA pe __—. acétique, dans 380 parties d’éther, dans 90 parties KIGER syrien. Principles ün. Ales, in Phurn. ee 2 rar HISTO,RE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 15 d'eau; elle est soluble en plus grande quantité dans l'alcool méthy- lique. La socaloïne est un hydrate; elle perd, lorsqu'on la dessèche au- dessus de l’acide sulfurique, 11 à 42 pour 100 d’eau, mais elle les re- prend lentement dans l'air. Sa composition élémentaire répond, d’après les analyses de l’un de nous (F.), à la formule C#H#05%5 + 5H20. Nous n'avons pas pu réussir à obtenir avec la socaloïne de composé bromé bien défini. Les trois espèces d’aloïne, Barbaloine, Nataloine et Socaloine, sont faciles a reconnaître à l’aide de la réaction suivante, qui a été signalée par His- ted : une goutte d'acide nitrique déposée sur une soucoupe en porcelaine donne, avec quelques particules de barbaloïne ou de nataloïne, une coloration rouge cramoisi vif (1), mais ne produit que peu d'effet avec la socaloïne. Pour distinguer la barbaloïne de la nataloïne, on ajoute à une petite quantité de chacun de ces corps une goutte ou deux d'acide sulfurique, et on fait passer à la surface du mélange la vapeur qui se dégage d'une baguette de verre trempée dans l’acide nitrique ; la bar- baloïne et la socaloïne ne changent pas, tandis que la nataloïne . une belle coloration bleue (2). Les dernières recherches faites sur l’aloïne sont celles d’E. von Somma- ruga et d'Egger, dans le laboratoire du professeur Rochleder, de Vienne, en 1874. Elles ont été dirigées particulièrement sur l’aloïne de VAloès socotrin. Le point de fusion de cette aloïne se trouve, d'après ces chimistes, entre 118 et 120° C., celui de la barbaloïne étant beaucoup plus élevé. En comparant les analyses de ces deux sortes d’aloïne qui ont été publiées, avec celles de la socaloïne faite par eux-mêmes, les auteurs supposent que les trois sortes d’aloïne forment la série homo- logue suivante : ds "re. ù Barbaloïne.…… C17H207 Nataloïne ...... C'6H1807 Socaloïne ....., C15H1607 La partie de l’Aloës insoluble dans l’eau froide était autrefois dési- gnée sous le nom de Æésine d'Aloës et distinguée de la portion soluble qui portait le nom d’Amer d’Aloës ou Aloétine. D'après les recherches faites par Kosmann, en 1863, la portion soluble traitée par l'acide sulfurique fournirait des acides A/oérésique et Alberéfigues M tous les deux a Elle ET épitériént dans le cas de la ist din; mais elle est permanente avec Ja nataloïne, à moins qu’on ne fasse intervenir l’action de la chaleur. se (2) On peut quelquefois obtenir ces réactions avec la drogue impure elle-même. 516 : | LILIACÉES. cristallisables, et une substance indifférente, l’'Aloérétine. Ces observa- tions n’ont pas été confirmées depuis. | Tilden et Rammell (1) ont montré que la Résine d’Aloës (p. 513) peut être divisée, à l’aide de l’ébullition prolongée dans l’eau, en deux corps, qu'ils ont nommés Æésine soluble À et Résine insoluble B. On peut former avec le premier un composé bromé qui n’est pas cristallin, mais paraît cependant constituer un composé défini. D'après la manière de voir de ces chimistes, la résine d’Aloès serait une sorte d’anhydride de barbaloïne, 2(C*H%0?) — H°?0 = Résine d’A- loès A, CSH7°07. La résine d’Aloës bouillie avec l'acide nitrique donne une forte proportion d’acide chrysammique, des acides picrique et oxa- lique, et de l’anhydride carbonique. La Résine insoluble B paraît avoir la même composition que la /ésine soluble A. L’Aloës traité par divers réactifs donne un certain nombre de produits remarquables. Ainsi, d’après Rochleder et Czumpelick (1861), il donne, quand on le fait bouillir dans une lessive sodique, des cristaux incolores de 25 millimètres de long, qui paraissent être constitués par un sel d'acide Paracumarique, de petites quantités d'huiles essentielles odo- rantes, d'acides gras volatils, et une base volatile. Lorsqu'on le fait bouillir avec de l'acide sulfurique, il donne de l'acide paracumarique. En faisant fondre soit ce dernier acide, soit l’Aloès lui-même avec de la potasse caustique, Hlasiwetz (1865) a obtenu de l'acide Para- oxybenzoïque. Welsesky a montré, en 1872-73, que ces deux derniers corps sont accompagnés d’un acide RRURRRE qu'il a nommé acide Alorcinique. En distillant de l’Aloès avec de la chaux vive, E. Robiquet a.obtenu, en 1846, l'Aboësol, huile jaunâtre, liquide à — 20° C., que Rembold, en 1866, a montré être un mélange de Xylénol, CSH'O, et d’acétone avec des hydrocarbones. ; L'acide nitrique forme avec l’Aloès de Barbados, et surtout, comme l'a montré Tilden (2) avec la barbaloïne, de l'acide Aloëtique, . G#H*(Az0?)'0, de l'acide C hrysammique, CHY(AZ0")O, et enfin de l'acide Picrique et de l'acide Oxalique (3;. Les deux premiers acides se dis- (4) Fharm. Journ., 21 septembre 1872, 935. (2) Pharm. Journ.. 20 avril 1872, 845. (3) J'ai fait voir, en 1871, que la nataloïne ne fournit ske: d'acide chrysammique. — Tilden (1877), en chauffant doucement avec une solution de dichromate potassique au additionnée d’acide sulfurique dilué, soit la barbaloïne, soit la socaloïne, nouvea produit peu ri isable, AE C'SH1006, que la nata- HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 517 tinguent par les magnifiques colorations de leurs sels, qui peuvent être utilisés dans la teinture. : Le chlore, en passant dans une solution d’Aloès, forme un grand nombre de produits variés de substitution, et enfin du CAloranil (quinine tétrachlorée) GéCI*O?. Quand on chauffe un peu fortement l’Aloës, il se gonfle beaucoup, puis entre en ignition, en laissant un charbon brillant, peu combus- tible, presque entièrement dépourvu de principes inorganiques. L'Aloès ordinaire du Cap, par exemple, desséché à 100% CG. ne laisse que 4 pour 100 de cendres. Commeree. — Pendant l’année 1870, ila été importé dans le Royaume- Uni, 6264 quintaux d’Aloës ; sur cette quantité, le sud de l'Afrique en avait expédié 4811 quintaux, et l’île de Barbados 970 quintaux. Le reste était probablement fourni par l'Afrique orientale. La valeur commerciale des diverses sortes d’Aloës est très-diffé- rente. En ce moment (juin 1874), l'Aloës de Barbados est coté, dans les prix courants, de 3 livres sterling 5 shellings, à 9 Liv. 5 sh. le quintal; l'Aloës socotrin, de 5 à 13 livres sterling, tandis que l'Aloès du Cap est offert à 1 livre 5 sh. ou 2 livres sterling. En Angleterre, les deux pre- mières sortes seules sont destinées aux usages pharmaceutiques. L'Aloès du Cap est estimé sur le continent, où il est surtout consommé. Usages. — L'Aloès est un bon purgatif, très-communément employé. On l'administre généralement associé avec d’autres drogues. ” Falsification, — Les caractères physiques de l’Aloès, notamment son odeur, la coloration de sa poudre, sa consistance et l’absence de matières étrangères, associées à sa solubilité dans l'alcool faible, suffisent ordi- nairement pour indiquer sa bonne qualité. Les Aloès (Aloe Touneronr, Instit., t. 190) sont des Liliacées de la tribu des Asphodélées, à périanthe tubuleux, droit, nectarifère dans le fond, hexamère ; à an- drocée formé de six étamines ; à capsule triloculaire, membraneuse, contenant dans chaque loge de nombreuses graines disposées sur deux rangées verticales, parfois ailées, albuminées ; à embryon axile ; à scape florifère ramifié ; à tige arborescente ou frutescente, parfois nulle. L'Alue socotrina Lawancx (Encyclopédie, I, 85 ; À. vera Mu.) est une plante frutescente, à tige ligneuse, cylindrique, souvent ramifiée dichotomiquement, haute de 50 centimètres environ ou davantage, nue dans sa partie inférieure qui est mar- quée par des cicatrices de feuilles très-rapprochées les unes des autres, et terminée | par un bouquet de feuilles amplexicaules, uniformes, graduellement atténuées de la base au sommet et terminées par une pointe aiguë ; elles sont ascendantes, cour- bées, avec la face externe ou inférieure convexe et la face interne plane ou légère- ment concave ; elles sont colorées en vert glauque, et fréquemment parsemées de 518 LILIACÉES. quelques taches blanchâtres ; leurs bords sont cartilagineux et munis de dents très: aiguës, dures, blanches, un peu recourbées vers le haut ; leur partie médiane est épaisse, charnue et très-succulente, Du centre de ce bouquet de feuilles s'élève, au moment de la floraison, un axe floral cylindrique, beaucoup plus grêle que la tige florifère, non ramifié et très-allongé ; il est couvert de bractées rosées, dentées sur les bords, et se termine par une grappe de fleurs écarlates à la base, plus pâles vers le milieu de leur hauteur et vertes à l'extrémité ; chaque fleur est solitaire dans l’ais- selle d’une bractée semblable à celle de la portion inférieure de l’axe floral, et est portée par un court pédoncule cylindrique, verdâtre. La fleur est régulière et her- maphrodite. Le périanthe est tubuleux, droit, à peu près cylindrique, muni dans.le fond de glandes nectarifères, cadue, Son limbe est divisé en six lobes trinerviés dont les trois extérieurs, un peu gibbeux à la base, recouvrent dans le bouton les trois intérieurs qui sont plus minces et à peu près de même longueur. Dans le bouton, les six fo- lioles sont rapprochées en un cône allongé ; dans la fleur épanouie ils s’écartent sans se réflé- chir en dehors. L’androcée est formé de six étamines hypogynes, connées avec le périanthe dans lo moitié inférieure du tube, inégales, trois étant à peu près de la même longueur que le calice et trois un peu plus longues. Les an- thères sont allongées, fixées sur le sommet du filet par le milieu de leur longueur, bifides dans le bas et versatiles, biloculaires, introrses, dé- hiscentes par deux fentes longitudinales. Le gynécée est formé d’un ovaire supère, sessile, triloculaire, surmonté d'un style terminal, grêle, parcouru par trois sillons longitudinaux et terminé par un stigmate légèrement trilobé, ; papilleux. Chaque loge ovarienne contient uñ grand nombre d’ovules anatropes, insérés sur deux rangées verticales dans l’an- gle interne, et se touchant par les raphées. Le fruit est une capsule triloculaire, loculi- cide, se divisant en entier en trois valves qui portent sur le milieu de leur face interne deux rangées de graines ; ces dernières sont comprimées, irrégulièrement triangu- laires, noires, munies d’un arille membraneux, succulent, et légèrement ailées sur les bords ; elles renferment un albumen abondant, et un embryon cylindrique, droit, axile, un peu plus court que 'albumen qui l'enveloppe. [Tran.] . (b) L’Aloe vulgaris Lawanck (Encyclopédie, 1, 86) ne se distingue du précédent que par sa tige suffrutescente, non ramifiée ; ses feuilles d'abord étalées, puis as- cendantes et lancéolées, munies sur les bords de dents droites, perpendiculaires à la surface qui les porte ; son axe d'inflorescence axillaire, ramifié; ses fleurs jaunes. (€) L'Aloe ferox Mixren (Dict., ed. 8, n. 22) se distingue par sa tige arborescente, simple ; ses feuilles ovales-oblongues, munies d’épines peu abondantes sur la face Fig. 264. A/0e socotrina. lisses, dures, recourbées bords et la face dorsale d’épines rouges au sommet ; un épi HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 519 (e) L’Aloe plicatilis Mixer (Dict., ed. 8,n. 7) se distingue par ses feuilles nette- ment distiques, linguiformes, obtuses, à peu près entières sur les bords, lisses sur les deux faces, très-molles ; sa tige frutescente, dichotome, renflée à la base, (f) L’Aloe arborescens Mizrer (Dict., ed, 8, n. 3) a une tige frutescente ; des feuilles agrégées, uniformes, réfléchies au sommet, munies de dents margina- les verdâtres; ses fleurs sont coccinées, striées de vert, les extérieures verdâtres au sommet, les intérieures jaunes au som- met. (g) L’Aloe Commelyni WiLLpeNowW (in Fig. 265. Feuille d'Aloe socotrina, Berl. Mag., V, 282) n’a qu'une tige peu Coupe transversale d'une moitié. développée, débile ; des feuilles ovales-oblongues, atténuées, étalées, glaucescentes, lisses en dessus, carénée en dessous et munie vers le sommet au niveau de la carène et des bords de dents épineuses, blanchâtres, *_ (h) L’Aloe purpurescens HaworTe (in Linn. Trans., VII, 20) se distingue par sa teinte pourprée ; sa tige épaisse, dichotome, ses feuilles uniformes, atténuées, allon- gées, dressées-incurvées, glauces- centes, tachées de blanc, cartilagi- = Set mea el neuses et sinueuses-serretées sur COMTE S les bords ; sa grappe simple, munie | CUT de bractées pourpres, entières ; ses : “&. Le) () folioles calicinales rouges, jaunâtres } | # | au sommet et parcourues par une y ou? = aus ligne verte. ET SIN & (1) 2 de a (1 ae si | do \ W [ @, (i) Ainsi que le montrent les figu- res 265 et 266, la feuille d’Aloès offre, sur une coupe transversale : 1° une couche épidermique a, for- mée de petites cellules à peu près quadrangulaires , révêtues d’une couche épaisse de euticule et offrant de distance en distance des stoma- tes ; 2° une couche sous-épidermi- que b, formée de cellules irréguliè- rement polygonales, ne laissant entre élles qu'un petit nombre de méats intercellulaires. Celles de la couche situées au-dessous de l’épiderme sont fréquemment, comme dans la fi- gure 266, allongées radialement. De | |} distance en distance, on trouve dans \ { | cette couche des cellules remplies à À de faisceaux de cristaux aciculaires Fig. 266. Feuille d'Aloe socotrina. ou raphides d’oxalate de calcium. Coupe reparer a Aves AN Pres Ru Les cellules qui les contiennent se montrent d'habitude, sur une coupe longitudi- pale de la feuille, disposées bout à bout, en rangées parallèles au grand axe de la feuille, mais elles restent séparées les unes des autres par des cloisons transversales, Le grand axe de ces cellules est parallèle à celui de la feuille et il en est de mème ! 520 LILIACÉES. des faisceaux de cristaux. Les autres cellules de la couche b sont riches en chlo- rophylle. Au niveau de la limite interne de cette couche, on trouve les faisceaux fibrovasculaire d disposés comme le montre la figure 266. Toute la partie médiane de la feuille est formée de grandes cellules incolores, à parois très-minces, e. La limite extérieure de chaque faisceau est formée par un are de cellules allongées, teintées dans la figure 266, qui contiennent l’aloès. En dedans de cet arc, c, de cel- lules à Aloës très-remarquable par l’allongement tangentiel de ses cellules et la co- loration de ces dernières, se trouvent deux ou trois couches d’éléments très-larges en dehors, plus étroits en dedans, dont l’ensemble a été désigné sous le nom de tissu chromogène (voyez p. 505). Immédiatement en dedans de ces éléments se trouve le tissu libérien ou phloæme du faisceau, très-facile à distinguer sur la coupe trans- versale de la figure 266 par l’étroitesse de ses éléments, qui sont polygonaux, al- longés et munis de parois minces et claires. Le bois ou xylème est situé plus en dedans ; il est représenté par deux ou trois vaisseaux plus ou moins larges, à parois épaisses, entourés d’un grand nombre d'éléments allongés, polygonaux, à parois non lignifiées. {TRAD.] BULBE DE SCILLE,. Bulèus Seillæ ; Lo Scillæ; Bulle ou Squames de Scille, Ognon marin ; angl., Squill, allem., Weerswiehel. Origine botanique. — l/rginea maritima BARER (1) (Scilla maritima L.; Urginea Scilla Steiner). — Gette plante habite les régions qui bor- dent la Méditerranée, notamment dans le sud de la France, en Italie, en Dalmatie, en Grèce, en Asie mineure, en Syrie, dans Je nord de l'Afrique et dans les îles de la Méditerranée. Elle est très-commune dans le sud de l'Espagne, où elle n’est pas confinée sur les côtes ; on la trouve aussi en Portugal. Les droguistes distinguent deux variétés de Scille, désignées sous les noms de #lanche etrouge. Dans la première, les écailles du bulbe sont incolores ; dans la seconde elles ont une teinte rosée. Il n'existe pas de différence botanique entre les deux plantes, qui pos- sèdent la même aire de croissance (a). Historique. — La Scille est un des médicaments le plus ancienne- ment employés. Le grec Epiménide, qui vivait pendant la trentième olympiade, passe pour en avoir fait grand usage, ce qui fit donner à la drogue le nom d'Æpimenidea (2). Elle est aussi mentionnée par Théo- phraste, et fut probablement bien connue des autres médecins grecs anciens. Pline la connaissait et même en distinguait deux variétés. Dioscoride déerit le procédé de préparation du a ec de Scille. Les N ourn. 2 of Linn. Soc., Bot, 1873, XIII, 221. Lie genre Urginea possède des tandis que us le genre Scilla elles sont triangulaires. Le àla tribu. algérienne Ben Urgin, près Steinheil à hs cette plante en 1836. LE HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 521 médecins arabes employaient cette même préparation, qui est encore en usage, et un mélange de Scille et de miel. Description. — Le bulbe de la Scille est pyriforme; il atteint le vo- lume du poing ou davantage, et pèse parfois plus de 2 kilogr. Il pos- sède la structure habituelle des bulbes tuniqués. Les écailles extérieures sont colorées en brun rougeâtre, sèches, scarieuses, et munies de ner- vures parallèles. Les écailles internes sont charnues et succulentes, in- colores ou colorées en rose pâle, épaisses dans leur partie moyenne, très-minces et délicates sur les bords, lisses et luisantes à la surface. Le bulbe frais possède une saveur mucilagineuse amère, âcre ; il n’a guère d'odeur. La Scille destinée aux usages médicinaux est ordinairement im- portée à l’état sec. On recueille les bulbes pendant le mois d'août ; à cette époque, ils sont dépourvus de feuilles; on enlève les écailles exté- rieures ; on coupe les bulbes en tranches transversales minces qu’on fait sécher au soleil. Ainsi préparée, la drogue se présente sous la forme de bandes étroites, aplaties ou quadrangulaires, recourbées, longues de 3 à 5 centimètres et larges de 5 à 10 millimètres, flexibles, translucides, colorés en jaune pâle, ou roses lorsqu'elles proviennent de la variété à bulbe rose. Lorsqu’elles ont été trop desséchées, elles sont cassantes et pulvérisables, mais elles absorbent facilement 12 pour 100 environ d’eau. La Scille humectée par l’eau qu’elle absorbe dans l'air, s’agrége facile- ment en une masse dure. Structure microscopique. — La portion médicinale, étant constituée par des feuilles modifiées, possède la structure histologique propre à ces sortes d'organes. Son tissu est formé de cellules polyédriques, recouvertes sur les deux faces de l’écaille par un épiderme muni de stomates. Il est traversé par de nombreux faisceaux fibrovasculaires et offre aussi des faisceaux plus petits de vaisseaux laticifères. Lors- qu'on humecte une tranche mince d’écaille de Scille avec de lalcool dilué, la plupart des cellules parenchymateuses se montrent remplies d'un mucilage qui se contracte en gelée quand on ajoute de l'alcool. Dans l'intérieur de cette gelée, se trouvent des particules cristallines d'oxalate de calcium. Ge sel existe en grande abondance dans les cel- lules, soit en faisceaux d'’aiguilles, soit en gros prismes carrés, soli- taires, ayant souvent jusqu’à un millimètre de long. Dans l’un et l’autre cas, les cristaux sont enveloppés de matière mucilagineuse. On sait que dans beaucoup d'antres plantes l’oxalate de calcium se forme ainsi au centre d’une matière mucilagineuse. Ce fait est très-évident dans la Scille, et il est surtout facile à observer dans la lumière polarisée, & 522 - LILIACÉES. Quand on agite dans l'eau de minces tranches d'écailles de Scille, il se forme un dépôt cristallin assez abondant pour qu’on puisse le voir à l'œil nu; malgré la faiblesse de sa densité. D’après nos recherches sur la proportion d'acide oxalique, en employant pour cette analyse la solution titrée de permanganate de potasse, la Scille blanche des- séchée à 100° C. donne seulement 3,07 pour 100 d'oxalate de chaux, C’0*Ca + 3H°0; elle donne ensuite de 2 à 3 pour 400 de cendres. Gest à ces cristaux extrêmement aigus et cassants qu'est due la rubé- faction et parfois même la vésication qui se produisent quand on frotte la peau avec de minces tranches de Scille. Ces effets, connus depuis longtemps, ont été attribués à une huile essentielle, jusqu'à l'époque où leur eause véritable a été reconnue par Schroff (1). Le mucilage contient aussi des matières albuminoïdes, auxquelles est due la coloration orange qu'il prend quand on le traite par l’iode. Les faisceaux fibrovasculaires sont accompagnés de quelques couches de cellules allongées dans le sens du grand axe du faisceau, et contenant de petits grains d’amidon. Dans la Scille rouge, la matière colorante est contenue dans une partie des cellules parenchymateuses, tandis que les autres en sont tout à fait dépourvues. Cette matière rouge passe au vert noirâtre quand on la traite par un persel de fer. . Composition chimique, — Le principe le plus abondant du bulbe de la Scille est le mucilage précipitable par l’acétate neutre de plomb. En ajoutant de l'alcool à une infusion aqueuse de Scille, on détermine la séparation du mucilage et de la matière albuminoïde. Si, après avoir fait évaporer l'alcool, on ajoute une solution d'acide tannique, ce dernier se combine avec le principe amer de la Scille qui n’a pas encore été isolé, quoique plusieurs chimistes aient porté sur lui leurs recherches, et qui a reçu le nom de Scillitine ou Skuléine. Nous ayons obtenu une proportion considérable d’un sucre incristallisable, lévogyre, en épuisant la Scille par l'alcool dilué (2). Schroff, auquel on doit une bonne monographie de la Scille (3), conclut, d'aprèsses recherches physiologiques, à la présence dans le bulbe de cette plante d’un principe non volatil, âcre (Skuléine ?) coexistant avec la scillitine qu'il suppose être un glucoside (4). (1) Nous avons constaté que le sug visqueux des feuilles de l'Agapanthus umbellatus L'Hérur., qui est très-riche en cristaux aciculaires, détermine aussi, quand on en fric- tionne la peau, des démangeaisons et de la rougeur qui durent pendant plusieurs heures. (2) En Grèce, on a même essayé de fabriquer un alcool en faisant fermenter et en les bulbes de Scille (Hecorercn, Nufspflanzen Griechenlands, 1862, 7). Reproduit du Zeitschrift der Gesellschaft der Aerzte zu Wien, 1864, n° 42. — Il 6 un extrait daus le Jahresbericht de Cansrarr, 1864, 19 ; 1865, 238. » Ann. de Ch.et de Phys, 1848, 67, p. 68. à HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 523 Commerce. — La Scille desséchée, ordinairement emballée dans des barils, est importée en Angleterre, de Malte. Usages, — On emploie communément la Seille à l’état dé telle elle est considérée comme diurétique et expectorante. Substitutions, — Les bulbes de plusieurs plantes sont employés à la place de celui de la Scille officinale, mais à cause du bas prix de ce dernier et de son abondance, on ne les trouve jamais sur les marchés européens. Les principales de ces plantes sont les suivantes : 41° Urginea altissima Baker (Ornithogalum altissimum L.), espèce du sud de l'Afrique, très-voisine de la Scille commune, et ayant, paraît-il, les mêmes propriétés que cette dernière (1). 2° Urginea indica Kru (Scilla indica Roxs.). C'est une plante très- répandue ; on la trouve dans le nord de l’Inde, sur la côte du Coro- mandel, en Abyssinie, en Nubie et dans la Sénégambie. Elle est désignée en arabe et en persan par le même nom que l’Urginea maritima, et son bulbe est employé aux mêmes usages. D’après Moodeen Sheriff (2), il ne remplace que mal celui de la Scille maritime et son action est faible ou nulle lorsqu'il est vieux et volumineux. 3° Scilla indica Baker (3) non Roxs. (Ledebouria hyacinthina Rork.), Elle est indigène de l'Inde et de l’Abyssinie, et possède un bulbe qui est souvent confondu, dans les bazars indiens, avec celui de l'espèce précé- dente, mais s'en distingue parfaitement, lorsqu’ il est entier, parce qu'il est écailleux et non tuniqué. Il passe pour le rene remplaçant de la Scille d'Europe (4). 4° Drimia ciliaris JAco. — C’est une plante du Cap de Bonne-Espé- rance, de la famille des Liliacées. Son bulbe ressemble beaucoup à celui de la Scille officinale, mais il possède un sue si irritant, lorsqu'on le met en contact avec la peau, que la plante est nommée par les colons Jeukbol, c'est-à-dire Bulbe à gratter. On l’emploie comme HP expectorant et diurétique (5). 5° Crinum asiaticum var. toxicarrum HerBerT (C. toxicarium so: C'est une grande plante à belles fleurs blanches et à feuillage magni- fique, cultivée dans les jardins indiens. On la trouve aussi à l'état sau- vage dans les parties humides et basses de diverses localités de l'Inde, dans les Moluques et sur les côtes de Ceylan. Son bulbe a été admis - (A) PaPrE, Flore Medicæ Gapensie Prodomus, éd. 2, 1857, “1. (2) Supplement to the Pharmacopæia of India, Madras, 1869, 250. (3) SauNDeRs, Refugium Botanicum, 1870, III, append., 12. (4) Supplement to the henri “ India, is 250. (5) imite Op RE : : 524 LILIACÉES. dans la pharmacopée de l'Inde de 1868, à la recommandation de 0'Shaughnessy, qui le considère comme un bon émétique. Nous n'avons vu aucun échantillon de cette drogue, et nous ne croyons pas qu'elle ait été l’objet d'aucune recherche chimique. Les Urginea Srenmet (in Ann. Sc. nat., 1834, I, 321) sont des Liliacées de la tribu des Asphodélées, à fleurs disposées en grappes et accompagnées de bractées ; à périanthe étalé, hexamère eomme l'androcée ; à étamines égales; à ovaire trilocu- laire, multiovulé, parcouru par six sillons longitudinaux ; à capsule parcheminée, lo- culicide, trivalve, contenant dans chaque loge un nombre variable de graines isolées, L'Urginea maritima Baker (in Journ. of Linn. Soc., 1873, XIII, 24) est une plante à bulbe tuniqué, très-volumineux, toujours à moitié émergé au-dessus du sol, avec des téguments colorés en vert päle ou en rouge. Il émet d’abord, avant les feuilles, un long axe d’inflorescence ou scape haut de 60 centimètres environ, terminé par une grappe dense, allongée, ovale, de fleurs étalées, larges d'environ 2 centimètres, co- lorées en vert jaunâtre pâle, avec une bandelette verte au milieu de chaque seg- ment. Les feuilles se montrent longtemps après l’inflorescence et persistent pen- dant l'hiver ; elles sont ovales-lancéolées, aiguës, cannelées, étalées et recourbées en dehors, glabres, colorées en vert glauque, longues de 30 à 45 centimètres, larges de 5 à 10 centimètres au-dessus de leur partie médiane. Les fleurs sont situées cha- cune dans l’aisselle d’une bractée et leur pédoncule assez long porte lui-même deux bractéoles, Les bractéoles sont trinerviées, subpersistantes, éperonnées au-dessus de la partie médiane, Les fleurs sont régulières et hermaphrodites. Le périanthe est formé de six sépales pétaloïdes, cadues, connés à la base, oblongs, obtus, uninerviés, égaux et étalés ; dans la préfloraison, trois d’entre eux sont plus extérieurs et recou- vrent les trois autres. L’androcée est formé de six étamines d’égale longueur, connées avec la base des sépales, et formées chacune d’un filet filiforme, dilaté à la base et subulé au sommet, et d’une anthère linéaire, oblongue, mucronée au sommet, bifide à la base, fixée par le milieu de sa face dorsale, biloculaire, introrse, déhis- cente par deux fentes longitudinales. Le gynécée est formé d’un ovaire libre, ses- sile, oblong, triangulaire, parcouru par six sillons et divisé en trois loges, surmonté d’un style filiforme et dressé que termine un stigmate convexe, trilobé, Le sommet de l'ovaire est muni de trois glandes nectarifères. Chaque loge ovarienne contient une douzaine d’ovules anatropes, insérés dans l'angle interne sur deux rangées ver- ticales, horizontaux et se touchant par leurs raphés. Le fruit est une capsule mem- braneuse, elliptique, arrondie à la base, déprinée au sommet, triloculaire, trivalve, Joculicide, à valves portant sur leur ligne médiane un nombre de graines variable de dix à douze. Les graines sont comprimées, discoïdes entourées d’une aile large, et contiennent un embryon cylindrique dans l'axe d’un albumen charnu. : M. Baker considère comme de simples variétés de cette espèce : 4° le Squilla Pan- cralion STeinx., dont le bulbe est moitié plus petit, dont les feuilles et les pédi- celles floraux sont plus courts, et dont l'ovaire et les étamines sont colorés en bleu verdâtre ; 2 le Squilla numidica Jono. et Four., variété algérienne à bulbe très- développé et entouré de tuniques rouges, à ovaire et anthères rouges ; 3° le Squilla _insularis Jon. et Four., à bulbe de moyenne taille, entouré de tuniques verdà- nthères et ovaires verts; 4° le Squilla littoralis Jon. et Four., à bulbe °, encouré de tuniques vertes, à feuilles plus petites, à folioles fo- HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 525 COLCHICACÉES RHIZOME DE VÉRATRE BLANC. Rhisoma Veratri albi: Radix Veratri ; Radix Hellebori albi ; angl., Rhizome d'Hellébore blanc White Hellebore ; allem., Weisse Nieswurzel, Germer. Origine botanique, — Veratrum album L. — Cette plante croît dans les prairies humides des régions montagneuses du centre et du sud de l'Europe, en Amérique, dans les Pyrénées, en Espagne, en Suisse et en Autriche. On la trouve aussi dans la Russie d'Europe et d'Asie, jus- qu'au 61° degré de latitude nord, dans les contrées parcourues par l'A- mur, dans l’île de Saghalin, et dans Je nord de la Chine et du Japon (a). Historique. —— La confusion établie par les anciens entre le Melam- podium, V' Helleborus et le Veratrum rend très-difficile l'identification de Ja plante dont nous parlons (1). Elle était parfaitement connue de Ge- rarde vers 1600, et elle est citée, sous le nom d'Zlleborus (ou Helle- borus)albus, et sous celui de Veratrum, dans les anciennes Pharmacopées. Description, — Le Vératre blanc possède un rhizome cylindrique, charnu, vivace, long de 5 à 7 centimètres et épais de 2 centimètres environ, accompagné de longues racines flexibles. A l'état frais, son odeur est alliacée. A l’état sec, tel qu’on le trouve dans le commerce, il est cylindrique ou à peu près conique, coloré en noir terreux foncé, très-rugueux dans sa moitié inférieure, et couvert de fossettes et de cicatrices de racines; il porte souvent des restes de racines récentes. Sa portion supérieure est couronnée par les bases des feuilles, dont les plus extérieures sont grossièrement fibreuses. La plante a généralement été coupée près de la base du rhizome; ce dernier est rarement entier; il a souvent été brisé au niveau de son extrémité inférieure, ou coupé transversalement pour faciliter la dessiccation. En dedans, il est pres- que incolore ; sa section transversale montre un large cerele blanc, en- tourant une portion centrale spongieuse, colorée en chamois pâle. Cette drogue possède une saveur douceâtre, un peu amère, et laisse sur la langue une sensation d’engourdissement et de démangeaison. A l’état de poudre, elle provoque de violents éternuments. . Structure microscopique. — Sur une coupe transversale, le rhizome de Vératre blanc offre, à une distance de 2 à 4 millimètres en dedans {) Consultez : Murray, Apparatus Medicaminuwm, 1790, V, 142-166. 526 COLCHICACÉES. de la couche corticale extérieure colorée en noir, une fine ligne brune, contournée en zigzag, qui représente sa gaîne médullaire, et enveloppe la portion centrale, qui présente une moelle mal limitée. La zone située entre la couche corticale externe et la gaîne médullaire est colorée en blanc pur, à l'exception de quelques cellules isolées qui contiennent de la résine ou une matière colorante, et des points au niveau desquels les racines traversent de dedans en dehors. La moelle est entourée de faisceaux fibro-vasculaires à teinte claire, disposés irrégulièrement dans toutes les directions. Le parenchyme du rhizome entier est rempli d’amidon et contient. de nombreuses aiguilles d’oxalate de calcium. Les radicules, qu’on enlève d'ordinaire en faisant la récolte, ne sont vivantes et succulentes que dans la moitié supérieure du rhizome, dont la moitié inférieure est ligneuse et poreuse. … Composition chimique, — En 1819, Pelletier et Caventou découvrirent dans le rhizome du Vératre une substance qu’ils considérèrent comme identique à la Vératrine, dont l’existence venait d'être découverte par W. Meissner dans les graines de Cévadille. D’après les observations récentes de Dragendorff (1), la vératrine de la Cévadille ne se trouve ni dans le Veratrum album, ni dans le V, viride. Simon trouva, en 1837, dans ce rhizome, un second alcaloïde, la Jer- vine, C°H*Az205, qu'il distingua de la vératrine par la faible solubilité de ses sels, surtout de son sulfate, dans l’eau. G. L. Mitchell, en 1874, a extrait la jervine du Veratrum tlbum et du V. viride. IL obtint, dans le premier cas, le sulfate sous forme d'une poudre granuleuse, dont il sépara l’alcaloïde à l’état d’une substance blanche, brillante, insipide et inodore, douée d'une réaction alcaline faible et susceptible de cristal- liser dans l'alcool. Sa réaction la plus caractéristique est la coloration jaune d'abord, puis verte qu’elle prend, sous l’influence de l'acide sulfu- rique concentré. * . Weppen a retiré du Vératre, en 1872, la Vératramarine, principe amer, amorphe, déliquescent. Elle n ‘y existe qu’en petite quantité ; elle est décomposable en sucre et en autres produits. Elle se dissout dans l’eau et dans l'alcool, mais est insoluble dans l’éther et le chloro- forme. Le même observateur a également obtenu 1/2 pour 1 000 envi- __ ron d'acide Jervique, en cristaux durs, de grande taille, ayant pour formule G'HN0+ 2H°0. Cet acide exige pour se dissoudre 100 parties à la température ordinaire 2 et un peu moins d'alcool bouillant. Il ich ed ua ww 93. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 527 est nettement acide, et forme des sels cristallisables bien définis, con- tenant 4 équivalents de métal. En épuisant le rhizome entier, y compris les racines, avec l’éther et l'alcool anhydre, nous avons obtenu 98,8 pour 400 d’une résine molle, qui demande à être étudiée plus complétement. Wiegand obtint, en 1841, 10 pour 100 de matière pectique. D'après Schroff (1860), le principe actif du Vératre blanc réside dans la portion corticale des racines, la portion centrale ligneuse étant inerte. Il affirme aussi que le rhizome agit avec moins d'énergie que les racines, et d’une façon un peu différente. Commerce. — La drogue est importée d'Allemagne en ballots. Les prix courants distinguent un Veratre suisse et un autrichien, et indi- quent généralement la drogue comme « sans fibres ». Usages, — Le Vératre blanc est un émétique et un purgatif drastique rarement employé à l'intérieur. On le prescrit quelquefois en liniment contre la gale. Il est surtout usité dans la médecine vétérinaire, Snbstitutions. — Le rhizome du Veratrum nigrum L. passe, én ‘Au- triche, pour être quelquefois recueilli comme celui du V. album. 1 est beaucoup plus petit, et, d’après Schroff, moins énergique. Celui de l’Helonias frigida Xano. (Veratrum. frigidum Scux.) du Mexique, parait ressembler exactement à celui du Veratrum album. (a) Les Veratrum Tournerorr (Jnstit. t. 145) sont des Colehicactes de la tribu des Mélanthées, à fleurs polygames, disposées en panicules ; à périanthe et androcée hexamères : à folioles du périanthe distinctes ; à anthères formées de deux loges confluentes dans le haut ; à ovaire surmonté de trois stigmates divergents ; à fruit formé de trois carpelles séparés dans le haut, polyspermes ; à graines comprimées et ailées. : é Le Veratrum album L. (Species, 1479) est une plante à rhizome horizontal, oblong, de l'épaisseur du doigt, noirâtre en dehors, blanchâtre en dedans, émet- tant une tige aérienne haute de 60 centimètres à 1",20 et terminée par une pani- cule de fleurs. Cette tige porte des feuilles larges, ovales, aiguës ou un peu mousses au sommet, parcourues par de nombreuses nervures longitudinales et plissées dans le sens de la longueur, munies de gaines entières qui embrassent la tige. Les feuilles supérieures sont plus petites et dépourvues de gaines. Les fleurs sont disposées en une panicule terminale, pubescente, dont les rameaux naissent à l'aisselle de brac- tées oblongues. Chaque fleur est portée par un pédicelle beaucoup plus court que le calice. Les fleurs sont régulières, colorées en blanc jaunâtre dans une variété et en blanc verdâtre dans une autre variété. Le périanthe est formé de six folioles per- sistantes, distinctes, oblongues, un peu rétrécies à la base et munies sur les bords ‘ans la partie inférieure d’une ligne glanduleuse, L'androcée est formé de six éta- mines, connées à la base des folioles du périanthe et plus courtes qu'elles, étalées, formées chacune d’un filet filiforme et d’une anthère à loges confluentes dans le _ haut, déhiscentes par une fente longitudinale. Le gynécée est formé d’un ovaire supère, sessile, triloculaire, surmonté de trois styles courts, divariqués, terminés 328 COLCHICACÉES. chacun par un stigmate réniforme. Chaque loge ovarienne contient une douzaine d’ovules anatropes, ascendants, insérés dans l’angle interne sur deux rangées ver- ticales. Le fruit est une capsule oblongue, triloculaire, se séparant à la maturité en trois carpelles qui s'ouvrent ensuite par une fente longitudinale au niveau de leur borde ventral. Chaque carpelle contient plusieurs graines sessiles, un peu ascen- dantes, oblongues, comprimées, entourées d'une grande aile papyracée. Les graines renferment un albumen charnu et un embryon cylindrique situé vers la base de l’albumen, dans le voisinage du hile. [Trap.] RHIZOME DE VÉRATRE VERT. Rhisoma veratri viridis ; angl., American White Hellebore (1); Zndian Poke. Origine botanique. — Veratrum viride Atron. Cette espèce ressemble beaucoup au Veratrum album, dont elle constitue une des nombreuses formes. En réalité, la variété à fleur verte de cette dernière (V. lobe- lianum BerNu.), qui n’est pas rare dans les prairies des Alpes, est si voisine du Veratrum viride américain, qu'on ne peut distinguer les deux espèces l’une de l’autre par aucun caractère de quelque impor- tance (2) Le Veratrum américain est commun dans les marécages et les terres basses, depuis le Canada jusqu’à la Géorgie (a). Historique, — Les aborigènes de l'Amérique du Nord connaissaient bien les propriétés de cette plante, avant d’avoir établi des relations avec les Européens ; ils s’en servaient, d'après Josselyn (3), qui visita le pays de 1638 à 1671, comme vomitif dañs une sorte d'épreuve. Get auteur la nomme fellébore blanc, et dit qu’elle est employée par les colons comme purgative, antiscorbutique et insecticide. Kalm, en 1749, dit (4) que les premiers colons trempaient leurs graines de maïs dans la décoction des racines, afin de les rendre toxiques pour les oiseaux. Il ajoute que les oiseaux qui mangeaient les graines ainsi préparées devenaient « de- lirious », mais n'étaient pas tués. Cette coutume était encore pratiquée (1) On donne quelquefois à cette drogue le nom d’Hellébore vert (green Hellebore), mais cette dénomination appartient déjà à l'Helleborus viridis L., qui dans quelques parties de l’Europe est employé en médecine. date (2) Sims, en réunissant le Veratrum viride au Veratrum album, fait remarquer que les fleurs du premier ont « plus de tendance à se colorer en vert», que les pétales sont plus larges et plus droits, et ont les bords, surtout au niveau de l'onglet, épaissis et couverts d’une poussière blanche (in Bot, Mag., 1808, XXVII, t. 1096). Regel a décrit quatre variétés de Veratrum album L. comme se rencontrant dans la région de l'Ussuri infé- _ fieur et dans les pays parcourus par l'Amur ; il a identifié une d'elles, var. 4., avec … l'espèce américaine V. viride (Tentamen Floræ Ussuriensis, Saint-Pétersbourg, 1861, 153). New England's Rarieties Discovered, London, 1672, 43 ; Account of two Voyages land, Lond., 1674, 60, 76. 0 + M F'estaset # North America, ATTA, IL, 91, etA876, I (Wonmuex}. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 529 dans le New-England, en 1835 (Osgood). Les effets de la drogue ont été expérimentés, à diverses reprises, aux Etats-Unis, pendant notre siècle : et vers 1862, sur les vives recommandations des docteurs Osgood, Nor- wood, Cutter et autres, on a commencé dans ce pays à la prescrire aux malades. Deseription. — Par leur forme, leur structure intérieure, leur odeur et leur saveur, le rhizome et les racines du Veratrum viride ressemblent aux mêmes parties du Veratrum album. Cependant, par suite du pro- cédé employé pour faire sécher et préparer la drogue destinée au com- merce, le Vératre américain se distingue immédiatement du Vératre blanc d'Europe. Nous en avons eu entre les mains trois variétés : 1° Le rhizome portant encore ses racines, ordinairement coupé en quartiers dans sa longueur, quelquefois transversalement, couvert _ de nombreuses racines colorées en brun pâle, et munies, au niveau de leurs extrémités, de radicules fibreuses, grêles. 2° Le rhizome et les racines comprimés en masses solides rectangu- laires, épaisses de 25 millimètres ; À 3 Le rhizome seul, coupé transversalement en tranches et sec. 11 se présente en disques blanchâtres, chamois ou brunâtres, de 15 à 25 mil- limètres de diamètre ou davantage, très-ridés et contournés par la des= siccation. C’est cette forme qui est prescrite par la Pharmacopée des Etats-Unis. Composition chimique. — Il n'a été établi aucune différence chi- mique entre le Veratrum véride et le Veratrum album. La présence de la Vératrine, soupçonnée par divers chimistes, fut indiquée par Worthing- ton (1), en 1839, J. S. Richardson, de Philadelphie, en 1857, et S. R. Percy, en 1864. Scattergood (2) a retiré de la drogue américaine, 0,4 pour 100 de cet alcaloïde, qui cependant, par suite de quelques observations de Dragendortf (p. 526), doit être considéré comme d’une identité douteuse avec celui de la cévadille. Comme il a été dit plus haut (p. 526), la jervine existe dans le Vératre vert comme dans celui d'Europe. On peut extraire la résine en épuisant la drogue avec de l’alcool concentré ét précipitant avec de l’eau acidulée bouillante, en répétant l'opération pour obtenir l'élimination entière des alcaloïdes, C’est une substance d'un brun foncé, qui abandonne le quart de son poids environ à l’éther. Scattergood l'a obtenue dans la proportion de 4 et demi pour 100. En épuisant la drogue successivement avec de sera (1) Am. Journ. of Pharm., 1839, IV, 89. (2) Proc. of Am. Pharm, Assoc., 1862, 226. HIST. DES DROGUES, T. 11. 34 CRE nc € ; 530 COLCHICACÉES. de l'alcool absolu et de l'alcool dilué, nous avons extrait 31 pour 100 d'une masse résinoïde molle, Worthington a signalé dans la drogue la présence d'acide gallique et de sucre. Usages. — Le Veratrum viride a été beaucoup recommandé dans ces derniers temps comme sédatif cardiaque, artériel et nerveux. Il passe pour diminuer le pouls, la respiration et la température du corps, Sans être narcotique, et en n’occasionnant que rarement de la purgation (1), mais on n'a pas encore établi à quel principe est due son action. D'après quelques observateurs, notamment Bigelow (2), Fée (3), Schroff (4) et Oulmont (5), il aurait les mêmes propriétés médicinales que le Vera- trum album. Le Veratrum viride L. (Speciés, 1479) est une plante à rhizome épais et charnu, couvert dans sa partie supérieure de feuilles écailleuses, nu dans sa portion infé- rieure de laquelle partent de nombreuses racines blanchâtres. 11 émet une tige haute de 90 centimètres à 1",50, arrondie, pleine, striée et pubescente, recouverte par les gaines des feuilles et terminée par une panicule à rameaux étalés. Les feuilles sont larges, oblongues, acuminées, plissées dans la longueur, pubescentes en dessous. Les bractées mères des rameaux de la panicule sont oblongues-lancéolées ; les brac- téoles sont plus longues que les pédicelles floraux qui sont pubescents, Les fleurs sont organisées comme celles du Veratrum album (voy. page 527, note a), avec un périanthe à folioles oblongues, acuminées, rétrécies à la base, denticulées, ciliées, et des étumines deux fois plus longues que le périanthe. [Tran.] GRAINES DE CÉVADILLE. Semen Sabadillæ, Fructus Sabadillæ ; Cévadille ; angl., Cevadilla, Cebadilla ; allem., Sabadillsamen, Lüusesamen. Origine botanique. — Asagræa officinalis LanpLey (Veratrum offici- nale Souueonr. ; Sabadilla officinarum. Branvr, Schonocaulon. officinale À. Gray). C’est une plante bulbeuse qui croît an Mexique dans les prai- ries et sur les pentes orientales de la chaîne volcanique du Cofre de Perote, à Orizaba, près de Teosolo, à Huatusco, à Zacuapan, plus bas, sur les bords de la mer, et dans le Guatemala. La Cévadille est cul- tivée, ou du moins était autrefois cultivée près de Vera-Cruz, d’Alva- rado et de Tlacatalpan dans le golfe du Mexique (a). Une autre forme (4) Curren, Lancet, 4 janvier, 16 août 1863 ; Phurm. Journ.; 1863, IV, 134. (2) American Medical Botany, 1819, 11, 121-436. + urs d'Hist, nat. Pharm., 1828, 1, 319, ische Jahrbücher, Vienna, 1863, XIX, 129-148. Jet um für Pharm.s de Bucuxen, 1868, XVIII, 50; Jahresheriché de HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 531 d’Asagræa, signalée d'abord par Berg (1), puis avec plus de détails par Ernst, de Caracas, qui pense qu’elle peut constituer une espèce distincte, se trouve en abondance sur les pentes herbeuses, à une alti- tude de 160 à 1 200 mètres au-dessus du niveau de la mer, dans le voi- sinage de Caracas, et vers le sud dans la région montagneuse qui borde la vallée du fleuve Tuy (2). Elle diffère surtout par ses feuilles plus larges et plus carénées. Dans ces dernières années, elle a fourni une grande quantité de graines débarrassées de leur capsule, qui ont été expédiées de la Guaira à Hamburg (3). Historique, — La Cévadille fut décrite pour la première fois en 14571, par Monardes. Il dit qu'elle est employée par les Indiens de la Nouvelle- Espagne en applications caustiques et corrosives sur les plaies ; mais il ne paraît pas qu’elle fût alors apportée dans le commerce européen, car Parkinson qui la décrivit en 1640, sous le nom d’Orge brélante de l'Inde, et Ray, en 1693, se contentèrent de copier Monardes. Pen- dant la seconde moitié du dernier siècle, on commença à la recom- mander en France et en Allemagne pour la destruction des poux. Une composition célèbre pour cet usage était la Poudre des Capucins, qui consistait en un mile de staphysaigre, de tabac et de Cévadille qu'on appliquait soit à sec, soit à l’état d'onguent préparé avec la graine (4). La Cévadille était aussi administrée en pilules, mélangée à la gomme-gutte et à la valériane (5), pour la destruction des vers intesti- naux, mais son action toxique la rendait dangereuse. = Au moment de l'introduction de la Vératrine dans la médecine, vers 1824, la Cévadille acquit une certaine importance, et on l'administra parfois sous forme de teinture et d'extrait. Elle tomba ensuite en désué- tude ,et elle n’est guère npmionée ps hui que pour la préparation de la vératrine. Hifer (1) Bera et ScHMpT, OR. Pat 1858, ht. IX, e, (2) Enxsr, Communication à la Société Linnéenne de Londres, 145 Po 180. (3) Le Veratrum Sabadilla Rerzws est considéré par LixpLey (Flora medica, 586) comme originaire du Mexique et des îles des Indes occidentales, et comme fournissant une partie des graines de Cévadille du commerce. Cette plante nous est inconnue ; nous l'avons cherchée en vain dans l’herbier de Kew et dans celui du British Museum. Elle n’est pas mentionnée comme plante des Indes occidentales par Grisebach (Flora “of British W. Ind. Islands, 1864 ; Cat. Plant. Cubensium, 1866). La figure donnée par Descourtilz (Flor. med. des Antilles, 1827, IL, t. 195), qui avait recueilli la plante vivante à Saint-Domingue, montre qu’elte ressemble au er + L. et «per est par conséquent très-différente des Asagræa. (4) Murray, Apparatus Medicaminum, 1790, Ÿ, n _ - Ménar et De Les Dict. Mat. Méd., 1834, VE, 862. ae (5) PEYRILRE, Cours d'Hist. Nat. Méd., 1808, 11, 190. 532 COLCHICACÉES. Deseription, — Chaque fruit est formé de trois follicules oblongs, pointus, longs de 12 millimètres environ, entourés dans le bas par les restes du calice bi-partite, et portés par un court pédoncule. Les folli- cules sont réunis à la base, un peu étalés au sommet; ils s'ouvrent au niveau de leur face ventrale. Ils sont papyracés et colorés en brun clair. Chaque follicule contient d'ordinaire deux graines noires, étroites, pointues, longues de 6 millimètres environ, luisantes, rugueuses, et angu- leuses ou concaves par pression réciproque. Les téguments sont épais, et enveloppent un albumen huileux, à la base duquel se trouve un petit embryon situé dans l’extrémité opposée au sommet de la graine qui est terminé par un bec. La graine est inodore et possède une saveur amère, Sa poudre détermine des éternuments violents. Structure microscopique. — Une section transversale de la graine met à découvert un albumen corné, étroitement appliqué contre le esta, et formé de cellules disposées radialement en couches concentriques. _ Les téguments sont formés d’une couche extérieure de cellules cuboïdes, et de trois couches de cellules plus petites, allongées tangentiellement, à parois minces et brunes. Le tissu de l’albumen est formé de grandes cellules ponctuées contenant des gouttes d'huile, des granulations de matière albuminoïde et du mucilage. On trouve des traces d'acide tan- nique dans les couches extérieures de la graine. Composition chimique. — W. Meisner, en 1818, découvrit dans la Cévadille un alcaloïde, la Vératrine (4), qui fut étudié l’année suivante avec plus de soins par Pelletier et Caventou. Pendant plusieurs années on ne connut cette substance qu’à l'état de poudre amorphe, et dans cet état, elle contenait fréquemment une quantité considérable de ré- sine. Mais, en 1855, Merck l’obtint en gros prismes rhombiques. La Cé- vadille donne environ 3 pour 100 de vératrine. Cet alcaloïde se dissout aisément dans l'alcool, l'éther et le chloroforme ; ces solutions et les _ solutions aqueuses de ses sels sont dépourvues de pouvoir rotatoire. La vératrine détermine, comme la drogue qui la fournit, des éternuments prolongés. Oni ignore encore si les PAPE en opens ou si e n'existe que dans les graines. : Les alcaloïdes de la Cévadille ont été de nouveau étudiés, dans le ahoratoire us as .. a Le a “res que le vératrine nsi i nommée à cause du nom | donné } à la plante p par Seeebtendal Veratrum über die Alkaloïde des Sabadillsamens, Dorpat, 1872. 1 en a été esbericht RD et Lorna 1874, %, 30. re HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 533 existait sous deux états isomériques, l’un soluble dans l’eau et l’autre insoluble, ayant pour formule C®H#Az?05% (1). Quoiqu'il ait réussi à faire cristalliser l’alcaloïde, il n’a pu obtenir le sulfate et le chlorhydrate qu'à l’état amorphe. Couerbe découvrit, en 1834, un second alcaloïde cristallisable, ti: Sa- badilline, insoluble dans l'éther, mais, d’après Weigelin, plus ou moins soluble dans l’eau, la benzine, l’éther de pétrole, l'alcool amylique et le chloroforme. On peut le retirer de sa solution dans la benzine en longues aiguilles incolores. Il sature les acides, et forme, avec l'acide sulfurique et l'acide chlorhydrique, des sels amorphes gommeux. Les analyses plus récentes de Weigelin assignent à la sabadilline la formule C“HS#AZ0%, Cette substance ne provoque pas, comme la vératrine, d’'éternuments. Dans le cours de ses recherches, Weigelin trouva dans la Gévadille un troisième alealoïde, qu’il a nommé Sabatrine, et auquel il assigne la for- mule C#H%Az?0"7, C’est une substance à aspect résineux, ineristallisable, soluble dans l’éther, la benzine, l'éther de pétrole, l'alcool amylique et le chloroforme, mais peu soluble dans l’eau. Elle neutralise les acides en formant des sels amorphes. La vératrine du commerce contient tou- jours, d'après Weïgelin, plus ou moins de sabadilline et de sabatrine. La Cévadille a fourni à Pelletier et Caventou un acide gras volatil, l'acide Sabadillique ou Cévadique, dont les cristaux en forme d'aiguilles fondent à 20° C. Enfin, E. Merck y a trouvé, en 1839, un second acide. particulier, l'acide Vératrique, C’H"O0*; il cristallise en prismes qua- drangulaires, qu’on peut sublimer sans les décomposer (2). La Cévadille en fournit un sixième pour 1000. : Commerce. — D'après Ernst, la quantité de Gévadille, à l’état de graines isolées, exportée de la Guayra, port de Caracas, est de 3000 à 3600 quintaux par an. On n’en ünporte aujourd'hui aucune autre sorte. Usages, — La Cévadille n’est employée aujourd'hui, à notre Connais- sance, que pour la préparation de la vératrine. Au Mexique, on emploie la bulbe de la plante comme anthelminthique, sous le nom _ re da mais son action passe pour être très-dangereuse. Les Asagræa Linouer (in Botan. Regist., 1839, XXV, t. 33) dut des Colchie: - cées de la tribu des Mélanthées à fleurs polygames ; à périanthe coloré, persistant, @) Cette formule n’est nullement assurée. E. Schmidt, en 1877 “3 a proposé Ja Dennis C#H51:Az09. (2) C’est, selon Kôrner (70,n l'acide marne" <> diméthyle CH o}cOoN. [F.A.F.] 534 COLCHICACÉES. formé de six folioles connées dans le bas, nectarifères à la base ; à androcée hexa- mère ; à anthères extrorses ; à ovaire libre, formé de trois carpelles distincts. dans le haut ; à loges contenant chacune de quatre à six ovules bisériés. L’Asagræa officinalis Lixpzey (in Botan. Regist., sér, 2, 1839, t. 33) est une herbe bulbeuse, à bulbe tuniqué, émettant directement des feuilles radicales très- longues, linéaires, atteignant jusqu’à près de 1 mètre de haut, munies de nervures longitudinales parallèles avec une nervure médiane proéminente et carénée en dessous ; elles sont planes, rigides, un peu scabres sur les bords, engainantes à la base. Les fleurs sont portées par un scape simple, nu, haut de 12,50 environ, ter- miné par une grappe grêle, allongée. Les fleurs de la partie supérieure de la grappe sont mâles. Les fleurs sont jaunâtres, portées par des pédicelles munis à la base d’une seule bractée et plus courts que les fleurs. Le périanthe est formé de six fo- lioles pétaloïdes, persistantes, connées à la base, linéaires-lancéolées, trinerviées, à peu près de même longueur, étalées, munies chacune dans le bas, en dedans, d’une fossette nectarifère. L'androcée se compose de six étamines connées avec les folioles du périanthe, formées chacune d’un filet filiforme, subulé, et d’une anthère réni- forme, à loges confluentes dans le haut. Le gynécée est constitué par un ovaire supère, libre, ovale-oblong, formé de trois carpelles distincts et écartés l’un de l'autre dans “Je haut, atténués chacun en un style subulé que termine un stigmate oblique, en forme de languette. Chaque carpelle contient de quatre à six ovules anatropes, dressés, insérés dans l'angle interne sur deux rangées verticales. Le fruit est une capsule oblongue, tricoque, parcheminée, dont les trois carpelles se séparent et s'ouvrent par leur face ventrale. Ils contiennent chacun deux où trois graines fixées dans l’angle interne, au-dessus de la base, dressées, entourées d’une aile membra- neuse et contenant un petit embryon cbovale, situé près du hile dans un albumen charnu, [Trap.] de BULBE DE COLCHIQUE. Cormus Colchici, Tuber vel Bulbus vel Radie Cotchiei ; angl., Meadow Saffron Root ; ER No allem., Zeitlosenknollen. Origine botanique, — Colchicum autumnale L. Cette plante croît dans les prairies et les pâturages de la plus grande partie de l’Europe moyenne et méridionale ; elle est abondante aussi dans plusieurs loca- lités d'Angleterre et d'Irlande. Dans les Alpes du Valais, en Suisse, elle s'élève jusqu’à une hauteur de 4 600 mètres au-dessus du niveau de la mer (a). ue ei cut Por ai . Historique, — Dioscorides attira l'attention sur les propriétés toxiques _ de cette plante, qu’il nomme Koyrrbv, et à laquelle il attribue pour patrie la Messenie et le Colchis(1). Le caractère toxique du Colchique paraît avoir empêché son emploi pendant la période classique, et pendant le C n est exacte, sauf en ce qu’il déclare que le bulbe a une saveur douce, ir le bulbe du Colchicum autumnale, mais peut être vrai pour quelque HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 535 moyen âge. Ainsi, Tragus, en 1552, prémunit ses lecteurs contre son usage qui se répandait sur la recommandation des médecins arabes. Jacques Grévin, médecin de Paris, auteur de Deux Livres des Venins, dédiés à la reine Elisabeth d'Angleterre, imprimés à Anvers en 1568, fait remarquer que « ce poison est ennemy de la nature de l’homme en tout et par tout » (1). Dodoens le nomme perniciosum Colchicum ; et, Lyte, dans sa traduction de cet auteur, publiée en 1588, dit : « Le Sa- fran sauvage est corrupteur et vénéneux, et par suite, n’est pas employé en médecine. » Gerarde déclare que les racines du « Safran des prés » sont « très-nuisibles à l'estomac ». Wedel publia, en 1718, un essai De Colchico veneno et alexiphar- maco (2), dans lequel, pour montrer la grande défaveur qui atteignait alors cette plante, il dit : « Hactenus... velut infame habitum et dam- natum fuit Colchicum, indignum habitum inter herbas medicas vel officinales.… » Il ajoute qu’au dix-septième siècle ses bulbes étaient em- ployés dans quelques parties de l'Allemagne comme charme contre la peste. En présence de ces sévères appréciations, il est étrange de trouver dans la Pharmacopée de Londres de 1618 (seconde édition) la « Radix Colchici » et V'Hermodactylus énumérés parmi les drogues simples. Elle est omise dans celle de 1680, et ne reparaït plus dans les éditions sui- vantes jusqu’en 1788; vers cette époque, les recherches de Storek (1763), de Kratochwill (1764), de De Berge (1765), d'Ehrmann (1772) et d’autres avaient démontré la possibilité de l’employer avec succès dans la pra- tique médicale. Développement du bulbe, — À l'époque de la floraison, le bulbe est entouré d’une double membrane ou tunique close, brune, qui se prolonge vers le haut en une gaîne entourant la tige florifère ; à la base du bulbe, se trouve une touffe de racines simples. En écartant ces mem- branes on découvre un gros corps charnu ovoïde (bulbe n° 4), marqué à son sommet d’une cicatrice déprimée représentant le point d'attache de la tige florale de l’année précédente; ce bulbe est aplati sur une de ses faces et parcouru par un sillon longitudinal peu profond de la partie supérieure duquel s'élève un bulbe beaucoup plus petit, rudimentaire (bulbe n° 2), portant une tige florale. Après la production de la fleur, en automne, le bulbe n° 2 augmente de taille, émettant, à mesure que le printemps avance, sa tige fructifère et ses feuilles, et acquérant son en- (1) Anvers, in=4e, 228. (2) Jéna, in-4, 536 COLCHICACÉES. tier développement après que ces dernières sont parvenues à l'âge adulte. D'autre part, le bulbe n° 4 ayant accompli toutes ses fonctions se vide, et diminue de volume à mesure que le bulbe n° 2 avance vers sa maturité; enfin, il se détruit en laissant une cicatrice arrondie qui indique son point d'union avec son successeur. Récolte, — En Angleterre, on arrache d'ordinaire les bulbes et on les apporte sur le marché, pendant le mois de juillet, à une époque intermé- diaire entre la destruction du feuillage et la production de la fleur, ou même après que cette dernière s’est déjà montrée. Pour quelques pré- parations, on emploie les bulbes à l’état frais. Lorsqu'on veut les faire sécher on a l'habitude de les couper avec un couteau en tranchestrans- versales égales, qu'on fait sécher dans une étuve à une douce chaleur; on enlève ensuite les membranes en les tamisant et en les vanant. : Schroff a établi, comme résultat de ses expériences (1), que les bulbes jouissent de leur plus grande activité médicinale quand on les récolte en automne, pendant ou après l'inflorescence ; qu'on doit les faire sécher “entiers par exposition au soleil et à l’air, et que, préparés de la sorte, on peut les conserver ee. plusieurs années sans qu'ils perdent de leur activité. Description, — Le bulbe frais est conique et en forme de poire ren- versée ; il est long de 5 centimètres environ et large de 2 à 3 centimè- tres, arrondi sur une de ses faces, aplati sur l’autre, couvert d’une tu- nique membraneuse colorée en brun clair, et doublée en dedans d’une seconde enveloppe plus pâle. Lorsqu'on le coupe en travers, il se mon- tre blanc, ferme, charnu et homogène, riche en un sue amer et en amidon. Son odeur est désagréable. Les tranches sèches sont inodores, et possèdent une saveur un peu amère. Elles doivent être d’un beau blanc, crispées et cassantes, sans moisissures ni taches. Structure microseopique, — La membrane extérieure est formée de cellules allongées tangentiellement, à parois épaisses et brunes. Le corps même du bulbe est formé de grandes cellules à parois minces, plus ou moins régulièrement sphériques, remplies d'amidon, et entremé- lées de faisceaux vasculaires qui contiennent des trachées. La forme - primitive des grains d'amidon est globuleuse ou ovoïde ; mais, par pres- : _ sion réciproque et agglutination ils deviennent plus ou moins anguleux 1 egnie; un grand nombre sont plus ou moins composés et formés rs granules unis en un seul: Dans tous, le hile est très-distinct ; c Le pce für praktische Heilkunde, 1856, n°s 32-24; $ Jahresbe- GERS, 1856, 15. | HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 537 il affecte dans quelques-uns la forme d’un simple point, mais dans la plupart il a la forme d’une ligne ou d’une étoile. | Composition chimique, — Le bulbe du Colchique contient : de la Col- chicine (voyez l’article suivant) ; environ 10 pour 100 d'amidon: du su- cre, de la gomme, de la résine, du tannin et un corps gras. Lorsqu'il est coupé en tranches et desséché, il perd environ 70 pour 100 d’eau (1). Par la dessiccation, le corps, probablement volatil, auquel il doit son odeur, se dissipe. Usages. — On prescrit beaucoup le Colchique contre la goutte, le rhymatisme hier ins et les maladies cutanées. AUTRES ESPÈCES MÉDICINALES DE COLCHIQUES, Sous le nom d'Hermodactylus (2), les bulbes de quelques autres es- _pèces de Colchiques, d’origine orientale, ont joui autrefois d’une grande réputation médicinale. Ces bulbes sont semblables à ceux du Colchique commun; ils sont entiers, mais dépourvus de membranes d'enveloppes ; - ils sont cordiformes, aplatis, non ridés à la surface, et souvent très- petits. Les grains d'amidon qu'ils renferment ressémblent à ceux du Colchicum autumnale, mais dans quelques échantillons ils sont deux fois plus gros. Il existe une grande incertitude à l'égard de l'espèce a Colchicum qui produit les Hermodactyles. Le professeur J. E. Planchon, qui a écrit sur ce sujet un article savant et consciencieux (3), penche en faveur du Colchicum variegatum L., espèce originaire du Levant ; mais il est diffi- _cile de supposer que cette espèce produise l'Hermodactyle (Sürinjän) des bazars indiens, qui est apporté du Kashmir. Les Colchiques (Colchicum Tourneronr, Instit., t. 181, 182) sont des Colchica- cées à fleurs régulières et hermaphrodites ; à périanthe coloré, campanulé, formé d’un tube grèle et très-allongé et d’un limbe à six divisions régulières ; à androcée hexamère ; à ovaire triloculaire, contenant dans chaque loge de nombreux sr: à fruit éabauiaire, déhiscent en trois valves, et polysperme. Le Co'chicum autumnale L. (Species, #85) est une plante à bulbe plein, à feuilles lancéolées, atténuées au sommet, lisses, colorées en vert foncé, longues de 30 cen- timètres sviron, et larges de 3 centimètres, munies d’une nervure médiane plus (1) C'est la moyenne obtenue pendant dix années par la dessiccation de 16 quintaux . de bulbes, daus le laboratoire de MM. Allen et Hanbury de Londres. {2) L'Hermodactyle amer de Royle n’est pas, à notre avis, produit par un Rolchieue ; voyez aussi Cookr, in Pharm. Journ., 1°' avril 1871. se (3) Ann. sc. nat. ts ., Bot. 1855, IV, 132 ; Pharm. Journ., 1856, XV, 465. 538 COLCHICACÉES. saillante que les autres et formant dans le dos une sorte de carène longitudinale, Les feuilles ne se développent qu’au printemps en même temps que le fruit et se détruisent pendant l'été, tandis que les fleurs se sont montrées pendant l'automne précédent. Les fleurs sont radicales, solitaires, ou plus ordinairement groupées en petit nombre sur chaque bulbe, Elles sont colorées en violet clair et portées par un pédoncule très-court, Le calice est formé d’un tube très-long, grêle qui est enfoncé en grande partie dans le sol et émerge au-dessus de lui de 15 à 20 centimètres ; il est blane dans sa partie sou- terraine, et dilaté légèrement vers le haut. Le limbe est divisé en six lobes profonds, imbriqués dans la préfloraison, les trois extérieurs recouvrant les trois autres qui sont un peu plus courts, Ils sont oblongs- lancéolés, terminés en pointe, parcourus par une ner- vure médiane assez saillante. L’androcée se compose de six étamines à filets filiformes, connées avec le tube du périanthe jusqu’au niveau de sa gorge, à anthères allongées, biloculaires, extrorses, versatiles, déhiseentes par deux fentes longitudinales. Le gynécée 4" est formé d’un ovaire supère, à trois carpelles connés TP dans la plus grande partie de leur étendue, mais in- Fig. 267. dépendants dans le haut. L’ovaire est surmonté de serons cage trois styles indépendants, filiformes, aussi longs que le périanthe, renflés- dans le haut et couverts en ce point, sur jé face interne, de papilles stigmatiques. Chaque carpelle contient un grand nombre d’ovules anatropes, insérés dans l'angle interne sur quatre rangées verticales, irrégu- lières. Le fruit est une capsule triloculaire, dont les trois loges se séparent à la maturité, au niveau de la partie supérieure, et s'ouvrent en ce point par une fente qui se produit au niveau de la suture ventrale. Chaque loge contient de nombreuses graines subglobuleuses, à téguments épais et rugueux, à raphé court et spongieux ; -_ elles renferment un albumen charnu très-épais et un petit embryon presque cylin- drique, à radicule dirigée vers le Rues [Tran.] ecrire SEMENCES DE COLCHIQUE. Semen Colchiei ; angl., Colchicum Seed ; allem., Zeitlosensamen. Origine botanique. — Colékisiim autumnale L. LEVoréE page 537). Au printemps, après la disparition de la fleur qui s'est épanouie en au- tomne, la capsule est soulevée au-dessus du sol ;. elle est triloculaire, =. déhiscente au niveau du sommet, par sa face ventrale, et contient de si . nombreuses graines globuleuses, réunies dans l'angle interne des car- pelles. Ces graines arrivent à maturité dans la dernière partie de l'été. ; + Les semences de Colchique furent introduites dans la ale par le docteur W. Li “hr res vers 4820, HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. , 539 parce qu'il considérait leur action comme plus énergique que celle du bulbe (1). Elles furent admises dans la Pharmacopée de Londres en 1824, Description. — Les graines sont globuleuses; elles ont 2 milli- mètres de diamètre, et sont rendues un peu pointues par la présence d’une strophiole qui n’est guère visible quand elles sont sèches. Elles sont rugueuses et sombres ; lorsqu'elles sont récentes, elles sont colo- rées en brun pâle, mais elles se foncent peu à peu en se desséchant, et en même temps laissent exsuder une sorte de matière saccharine. Elles sont inodores, même à l’état frais, mais possèdent une saveur amère et âcre. Elles sont très-dures et difficiles à pulvériser. Structure microseopique. — L'enveloppe brune et réticulée des graines est formée d'un petit nombre de couches de grandes cellules allongées tangentiellement, à parois minces, devenant beaucoup plus petites en dedans ; celles des couches extérieures contiennent une petite quantité de grains d’amidon. Le tégument est mince et très-adhérent à l’albu- men, qui‘est corné et grisâtre. Les cellules de ce dernier sont remar- quables par leurs parois épaisses, munies de larges ponctuations ; elles contiennent un plasma granuleux et des gouttes d'huile. On peut observer sur une coupe transversale le très-petit embryon sans feuilles, Situé au-dessous des enveloppes, sur la face opposée à la strophiole. Composition chimique. — Le principe actif des graines de Colchique, la Colchicine, paraît n’exister que dans la proportion de 0,03 pour 100 environ, Les chimistes qui l'ont étudié ne sont guère d'accord sur ses propriétés. Ainsi, Oberlin, en 1856, a montré qu'elle contient de l'azote, mais sans posséder de’ propriétés basiques. En traitant par les acides la colchicine amorphe on obtient un corps cristallisable, la Colchicéine. Hübler, en 1864, a attribué à cette dernière des propriétés acides, et, chose assez étrange, il lui assigne lamême formule qu'à la Colchicine elle-\ même, CH'*AzO. Maisch (2) et Diehl (3) ont obtenu de leur côté des résultats discordants, et il semble probable qu ‘on n’a pas encore isolé la colchicine à l’état de composition définie (4). Les graines contiennent (1) London Medical Repository, 4er août 1820. (2) Pharm. Journ., 1867, IX, 249. : (3) Proc. Amer. FFF Assoc, 1867, 363. . (4) On peut décéler la inoïndée. trace de Colchicine à l'aide de. la nioidlion sui- vante : on épuise une dizaine de graines de Colchique entières avec de l'alcool très- faible (0,94 p. spécif.). On évapore jusqu’à consistance de sirop, on ajoute de l'alcool absolu qui précipite, des matières mucilagineuses que l’on décante. Le liquide clair est additionné d’eau et chauffé pour en chasser l'alcool. La résidu prend une teinte jaune quand on y ajoute de l’acide sulfurique ou azotique. La solution d’iodure mercurio- ae 540 SMILACÉES. des traces d'acide gallique, du sucre et une huile grasse. Nous avons obtenu cette dernière dans la proportion de 6,6 pour 100, en épuisant les graines sèches avec de l’éther. Cette huile se concrète à — 8° C. Usages. — Ils sont les mêmes que ceux du bulbe. SMILACÉES Û RACINE DE SALSEPAREILLE. Radiz Sarsaparille ; Radix Sarzæ vel Sarsæ ; angl., Sarsaparilla ; allem., Sarsaparillwurzel, Origine botanique. — La racine de Salsepareille est fournie par plu- sieurs plantes du genre Smilax, indigènes de la moitié nord de l’Amé- rique du Sud, et de toute l'Amérique céntrale, jusqu'aux côtes sud et ouest du Mexique (a). Ces plantes possèdent des tiges ligneuses et grimpantes, s'élevant souvent sur les arbres les plus hauts à l’aide de vrilles qui partent du pétiole de Ja feuille. Leurs tiges sont ordinairement anguleuses et armées d'aiguillons durs ; elles partent d’un gros rhizome ligneux. Les espèces médicinales habitent les forêts tropicales marécageuses, très- nuisibles à la santé des Européens, et ne pouvant être explorées qu'avec les plus grandes difficultés. Ces conditions jointes à la dioïcité et au port des plantes qui rendent leurs fleurs et leurs fruits, développés dans des saisons différentes, difficilement accessibles, et enfin la variation considérable des formes de leurs feuilles, expliquent que nous ne pos- sédions que des renseignements botaniques très-imparfaits sur les sources de la Salsepareille. On peut affirmer sans crainte qu'aucune plante à Salsepareille des différents districts de l'Amérique tropicale n'est scientifiquement bien connue. Les espèces, en outre, ont pour la plupart été créées à l’aide de caractères tout à fait insuffisants, de sorte qu'après une étude attentive des échantillons des herbiers nous sommes obligés de considérer comme encore douteuses plusieurs des plantes _ qui ont été nommées par les écrivains précédents Gt). . potassique (50 gr. d’iodure de potassium, 136,5 de. chlorure mercürique, eau distillée __ 4-+s- pour 1 litre) produit dans le résidu un léger trouble, puis un abondant précipité aussitôt que l'on y ajoute une gouttelette d’un acide minéral quelconque. [F. A. F.] Le Smilaz aspera L. commun du sud de l’Europe présente tant de différences 1illag ‘que s'il n’était connu comme ses congénères de l'Amérique tropi- mor ve en _. on le set soon 1 HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. S4t Après ces remarques préliminaires, nous énumérerons les plantes auxquelles on a attribué la racine de Salsepareille du commerce : 4° Smilax officinalis H. B. K.— Cette plante a été recueillie, en 1803, par Humboldt, à Bajorque, village situé sur la Magdalena, dans la Nou- velle-Grenade (1). Les échantillons, composés seulement d'un petit nombre de feuilles très-imparfaites, que nous avons vus dans l’Herbier National de Paris, sont les éléments à l'aide desquels Kunth a établi l’es- pèce. Humboldt (2) dit que de grandes quantités de ces racines sont expé- diées par la voie de Mompox et de Cartagena à la Jamaïque et à Cadiz. En 1853, cette plante fut de nouveau récoltée à Bajorque par De Warsze- wicz, qui envoya à l’un de nous (H.) des feuilles et des tiges accom- pagnées de la racine. Cette dernière ressemble à la Salsepareille de la Jamaïque du commerce ; mais à Bajorque on ne récolte plus la racine pour l'exportation. Le même botaniste, à la demande de l’un de nous, obtint en 1851, sur le volcan et la cordillère de Chiriqui, dans Costa Rica, des fruits, des fleurs, des tiges, et des racines de la plante récoltée alors par les Indiens sous le nom de Sarsa peluda ou Sarson. Ces échantillons ressemblent, autant que la comparaison est possible, à ceux de la plante de Bajorque, tandis que la racine est impossible à distinguer de la Salsepareille de la Jamaïque des boutiques. D’autres échantillons de la même plante, recueillis par le même collectionneur en 1833, furent envoyés en Angleterre avec une souche vivante, mais cette dernière ne put pas croître. Enfin, en 1869, M. R. B. White nous a obligeamment communiqué des feuilles et des racines d’une Salsepa- reille récoltée à Patia, dans la Nouvelle-Grenade, et sin nous paraît être la même espèce. On a cultivé dans l’île de la Jamaïque, pendant plusieurs années, et dans les derniers temps en vue d’un emploi médicinal, une Salsepa- | reille qui paraît être le Smilax officinalis. Les échantillons qui furent envoyés à l’un de nous ne contenaient ni fleurs ni fruits, mais les (1) Ce village n'existe plus; il était situé au-dessous de l'embouchure du fleuve So- gamore. [F. A. F.] (2) Kuwrn, Synopsis plant., 1824, I, 978. — Le Smilax officinalis est une grande et forte plante grimpante, haute de 12 à 45 mètres, avec une tige tout à fait quadran- gulaire, armée d’aiguillons au niveau de ses angles. Les feuilles ont souvent jusqu’à 30 centimètres de long ; elles sont polymorphes, triangulaires, ovales-oblongues, où . oblongues-lancéolées, tantôt rétrécies graduellement vers le sommet, tantôt arrondies et apiculées ; leur base est alténuée, tronquée ou cordée. Elles sont d'ordinaire cinq-ner- viées, les trois nervures internes étant proéminentes, et limitant une surface elliptique. Les fleurs sont disposées en ombelles pédonculées, Un bel échantillon de cette plante croit actuellement (1874) dans le jardin royal de Kew, mais il n’a pas encore fleuri. 042 SMILACÉES. feuilles et la tige quadrangulaire ressemblaient exactement à celles de la plante recueillie à Bajorque (1). La racine est colorée en brun-can- nelle clair, et beaucoup plus amylacée que celle de la Salsepar eille de la Jamaique du commerce (voy. page 549). 2° Smilax medica Scur. et Guam. — Cette espèce (2) fut découverte au Mexique par Schiede, en 1820. Elle est sans aucun doute la source de la Salsepareille expédiée de la Vera Cruz. D’après nos observations, elle possède une tige flexueuse, ou en zigzag, et des feuilles beaucoup plus petites que le S. officinalis ; les feuilles, quoique très-variables, pren- nent souvent une forme auriculée, avec des lobes basilaires larges et obtus. Elle croît sur les pentes orientales des Andes mexicaines, et elle est la seule espèce de cette région dont on récolte les racines. Ces der- nières, d'après Scheide, sont arrachées pendant toute la durée de l’année, séchées au soleil, et ensuite disposées en faisceaux. Il existe des doutes et des confusions au sujet des autres espèces de Smilax qui ont été signalées comme sources de la Salsepareille. Le S. syphilitica H. B. K. avec des fleurs en une grappe d'ombelles, décou- verte sur le Cassiquiare, dans la Nouvelle-Grenade, et bien figurée par Berg et Schmidt d’après un échantillon authentique, paraît, d’après Les dires de Püppig, fournir une certaine quantité de la Salsepareille qui est embarquée à Parä. Cependant Kunth dit que la plante de Pôppig, recueillie près d’Ega, n'est pas celle d'Humboldt et Bonpland. Spruce, qui a recueilli le S. syphilitica (herb., n° 3779) en descendant le Rio Negro, en 1854, nous a informés que, sur différents points de la vallée de l’'Amazone, les Indiens lui ont toujours affirmé énergiquement que cette espèce était impropre pour la « Salsa. » Le Smilaz papyracea, décrit par Poiret (3), en 1804, et figuré par Martius (4), n’est que très-imparfaitement connu. Son feuillage ressemble à celui du S. officinalis, mais en jugeant d’après les échantillons de Spruce (n° 1871), recueillis sur le Rio Negro, sa tige est polyangulaire. Gette espèce est probablement la source de la Salsepareille de Par. Le Smilax cordato-ovata Ricx. est une plante douteuse, peut-être iden- tique au S. Schomburgkiana Kuxru, espèce du Panama. Pôppig pense que sa racine est pre à celle de la gere qu oi nomme S. syphi- —. : _w Nôés: js devons à la’ générosité di: Kermble, éd qui se lés est procurés, avec . échantillons de la racine, au jardin gouvernemental de Castleton. zur cs Nees von Esenxseck, Plantæ medicinales, Suppl, 7. CR lopédi ne ne on. 4806, 46%. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 343 Le Smelar Purhampuy Ruiz, espèce péruvienne, passe pour fournir une bonne sorte de Salsepareille ; elle est pratiquement inconnue, et n’est pas admise par Kunth (1). Historique. — Monardes (2) a rappelé que la Salsepareille fut intrédiite à Séville vers 1545, où elle était apportée de la Nouvelle-Espagne, et qu'une sorte meilleure vint ensuite du Honduras. Il ajoute qu’une Salse- pareille de qualité excellente fut importée plus tard de la province de Quito, qu'elle était récoltée dans le voisinage de Guayaquil, et qu'elle était de couleur foncée, plus longue et plus épaisse que celle du Honduras. Ces détails sont confirmés par le témoignage des premiers écrivains. Ainsi Joäo Rodriguez de Castello Branco, communément connu sous le nom d'Amatus Lusitanus, médecin portugais d'origine juive, qui prati- qua surtout en Italie, a laissé un ouvrage (1556) rappelant ses expé- riences médicales, et racontant les cas de traitement suivis de suc- cès (3). Un de ces derniers se rapporte à un malade qui souffrait de rhumatisme aigu pour lequel il prescrivit en dernière ressource la Sal- saparilla. Cette. drogue, dit-il, a été, depuis quelques années, apportée d'un pays nouvellement découvert, du Pérou; c’est une longue racine semblable à un sarment croissant sur la souche d’une sorte de ronce semblable à une vigne; les Espagnols la nomment Zarsa Pre sé elle constitue an excellent médicament. Vers la même époque (4), la Salsepareille fut décrite par Laghr Fer- rier (5), médecin de Toulouse; il dit -que dans le traitement de la _ syphilis, qu'il nomme ZLues hispanica, elle est considérée comme préfé- rable à la racine de Chine et au Lignum sanctum. Girolamo Cardano, de Milan, dans un petit ouvrage intitulé De Radice Cina et Sarza Parilia judicium, exprime une opinion semblable. Turner, dans la troisième partie de son Æerball, imprimée en 1568, mentionne la Salsaperilla à laquelle il dit que des écrivains modernes assignent les mêmes vertus qu'au Gaïac. | (1) On ne peut pas supposer que toutes les FE de Smilar soient Hsuabbiés de produire la drogue. Il y en a plusieurs, même dans l'Amérique du Sud, qui, comme le Smilax aspera d'Europe, possèdent des racines minces, filiformes, qui ne pourront ja- mais passer pour la Salsepareille médicinale. (2) Pages 18 et 88, de l'ouvrage cité à la page 247, note 3. (8) Curationum medicinalium Centuriæ quatuor, Basileæ, 1556, 365. (4) J'ai fait voir dans mes « Documente zur geschichte der Pharmacie, » Halle, 1876, 24, que dès 1563 la Salsepareille était cotée dans le tarif d re petite ville d'Aukn- berg, en Saxe. [F. A.F.] (5) De Pudendagra lue Hispanica, libri dir; patlié d'abord à “Poütduse en 1553, et plusieurs fois réimprimé. Nous avons consulté l'édition d'Anvers, de 1564, avec laquelle | est imprimé l’ou ouvrage de Gardano. Ce dernier passe pour avoir paru d’abord en 1559. 544 SMILACÉES. Pedro de Cieza de Leon, dans sa chronique du Pérou (1), qui con- _ tient les observations faites par lui dans l'Amérique du Sud, entre 1532 et 1550, donne des détails particuliers sur la Salsepareille, qui croît dans la province de Guayaquil et l'île voisine de Puna, et recom- mande le traitement sudorifique de la syphilis suivi à cette époque. Gerarde (2), qui écrivait vers la fin du même siècle, dit que la Salsepa- veille du Pérou est importée en Angleterre en grande quantité. Récolte de la racine. — M. Richafd Spruce, le hardi botaniste explo- rateur de la vallée de l'Amazone, nous a communiqué sur ce sujet les particularités suivantes. que nous citons textuellement : « Lorsque j'allai à Santarem, sur l'Amazone, en 1849-50, où de grandes quantités de Salsepareille sont apportées des parties hautes de la rivière de Tapajéz, et plus tard, en 1851-53, lorsque je me trouvai sur le Rio Negro supérieur, et l'Uaupés, j'interrogeai souvent les commerçants au sujet de leurs criteria des bonnes sortes de Salsepareille. Quelques-uns d’entre eux avaient acheté leur marchandise aux Indiens des forèts, et ne possédaient eux-mêmes aucun moyen certain de reconnaître sa pu- __reté ou sa qualité, si ce n’est la taille des racines, les plus épaisses étant achetées à Parä aux prix les plus élevés. Ceux qui avaient recueilli eux- . mêmes la Salsepareille étaient guidés par les caractères suivants : 1° plu- sieurs tiges partant d'une même souche ; 2 des aiguillons très-serrés ; 3° des feuilles minces. Le premier caractère était, d'après eux, le seul essentiel, car dans les espèces de Smilax qui ont des tiges solitaires ou qui n'en ont pas plus de deux ou trois, les racines sont si peu nom- breuses qu’on ne gagne rien à les arracher, tandis que les espèces mul- ticaules ont des racines nombreuses et longues, trois au moins pour chaque tige, s'étendant horizontalement dans tous les sens. «En 1851, pendant que je me trouvais aux chutes du Rio Negro, qui sont croisées par l'équateur, neuf hommes partirent du village de Saint- Gabriel pour recueillir la Salsa, ainsi qu’ils nomment les racines de Sal- separeille, aux sources de la rivière Cauaburis. Pendant leur absence, -je fis la connaissance d’un vieil Indien qui me dit que quatre années auparavant il avait apporté du Cauaburis des pousses de Salsa, et qu'il les avait plantées dans un tabocl, groupe de bambou indiquant la place & M d'u un ancien ren de indien, situé = l'autre te des eme be 4 m'invita arte ire de la Chronica de Dors, Sevilla, 1559, fol. ExIX, — Il en existe tion faite en 1864 pour l'Hakluyt Society, f par arte qui fait observer que jamais éraè lui-même nes HISTOIRE DES DROGUES D’ORIGINE VÉGÉTALE. 545 à aller assister à sa première récolte de racines. Le 93 mars, je visitai le tabocäl et j'y trouvai une demi-douzaine de pieds d’un Smilax à tiges très-épineuses, mais sans fleurs ni fruits. À ma demande, l'Indien opéra d’abord sur le plus beau pied. Il avait cinq tiges partant de sa souche et de nombreuses racines; longues d’environ 9 pieds, s'étendant horizon- talement de tous les côtés. IL enleva d’abord avec la main la mince couche de terre qui recouvrait les racines en s’aidant d’un bâton pointu; si la Salsa avait été la seule plante poussée dans ce sol, la tâche eût été facile, maisises racines étaient souvent difficiles à distinguer de celles des bambous et dés autres plantes qu'il était obligé de couper avec un couteau pour Suivré la trace des premières. Les racines ayant été extraites du sol (ce-qui fut l'affaire d’une demi-journée, mais avec. des plantes de grande taille; il faut’souvent un jour entier et davantage) il les coupa près de la souche, né laissant que les plus grêles pour permettre à la plante de continuer à-croître. Il ramena aussi le bas des tiges sur le sol et les recouvrit, ainsi que‘la couronne, d’un peu de terre et de feuilles mortes pour que de nouveaux bourgeons produisissent bientôt de nouvelles tiges. Gette plante, âgée de quatre années, produisit 16 livres, la moitié d’un arroba portugäis de racines; mais une plante bien développée donn'e à la première récolte de un à deux arrobas, Au bout d’une couple d'années, on peut faire une nouvelle récolte sur le même pied, mais les racines sont alors plus grêles et moins riches en amidon.» Description générale. — Les espèces médicinales de Smilaxz possè= dent un rhizome épais, court, noueux. Il en part horizontalement de longues racines charnues, ayant l'épaisseur d’une plume d'oie ou du petit doigt, ordinairement simples, bifurquées seulement vers leur extrémité et émettant des radicules capillaires, ramifiées, de taille à peu près uniforme; on ne les trouve guère en grande quantité dans la partie la plus grêle de la racine, voisine de la souche. A l’état frais, les racines sont succulentes (1), mais à l’état de siccité, comme on les trouve dans le commerce, elles sont plus ou moins sillonnées dans leur longueur, du moins dans le voisinage du rhizome. Examinées avec une bonne loupe, les racines ét les radicules se montrent, dans quelques échantillons, revêtues de poils courts, veloutés ou rigides. ‘La présence ou l'absence et la quantité plus ou moins grande d'ami- a) Nons-aron été autorisé à examiner la racine fraîche du beau pied de Smilar officinalis du Jardin royal de Kew, et nous avons trouvé qu'elle ressemble par son as- pect et sa structure’àla Salsepareille de ia Jamaïque. HISTOIRE DES DROGUES, T, Il, ; ; 35 546 : SMILACÉES. don dans les racines sont considérées comme un caractère important pour estimer la qualité de la drogue. En Angleterre, on préfère les ra- cines non amylacées ou peu riches en amidon, et qui seules conviennent à la préparation d’un extrait fluide, foncé en couleur, recherché par le public. Sur le continent, et surtout en Italie, on estime surtout les racines qui, coupées transversalement, offrent une écorce épaisse et une substance interne blanche. La quantité plus ou moins considérable d'amidon dans la racine des Smilax est un caractère sans importance botanique, et qui paraît varier beaucoup dans une même espèce. L'examen de fragments d’écorce de Salsepareille de la Jamaïque montre que dans le plus grand nombre des échantillons l'amidon n'existe pas dans toute la longueur d'une même racine; certaines n’offrent pas d’amidon dans le voisinage du rhizome, mais possèdent, dans leurs parties moyennes ou près de leurs extrémi- tés, une écorce amylacée et rendue blanche par l’amidon; d’autres sont peu amylacées dans leur point de contact avec le rhizome, et le devien- nent de plus en plus à mesure qu'on s'éloigne de ce dernier. Dans la Salsepareille du Guatemala, qui est considérée comme une sorte très- amylacée, il est facile de constater que l'écorce est peu riche en ami- don dans le voisinage du rhizome, mais présente ‘des dépôts abondants de fécule dans les parties plus éloignées. La quantité de radicules atta- chées aux racines de Salsepareille est très-variable ; on donne, dans le commerce anglais, à celles qui en ont beaucoup, le nom de barbues. Ce caractère dépend en partie des circonstances naturelles et en partie de la coutume adoptée par les collecteurs qui laissent ou enlèvent les radi- cules. Le docteur Rhys, de Belize, a montré que la quantité des radicules dépend beaucoup de la nature du sol, leur développement étant d’au- tant plus considérable que le sol est plus humide. La Salsepareille sèche ne possède guère d’odeur; niet quand on la fait bouillir en grande quantité, ou quand on évapore sa décoction, il s’en dégage une odeur particulière et très-facile à percevoir. La sa- veur de la racine est terreuse et peu prononcée ; la décoction elle-même ne possède pas de saveur très-prononcée, Structure microscopique, — Sur une section tie de la ra- cine, les faisceaux fibro-vasculaires se montrent limités à la partie cen- _trale où ils sont entourés d’une ligne circulaire brune, En dedans de ce cercle, les faisceaux sont disposés à côté les uns des autres, de ne 2 use. La portion tout à fait centrale de la d'un tissu médullaire peus dans rer “one À aa HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 347 dispersés un certain nombre de faisceaux. Un parenchyme semblable existe entre le cercle brun ou gaîne des faisceaux et l'épiderme. Sur une section longitudinale, l’épiderme offre plusieurs couches de cel- lules allongées, à parois extérieures brunes et épaissies par des dépôts secondaires. La gaîne des faisceaux est formée d’une seule couche de cellules prismatiques, dont les parois internes et latérales seules offrent des dépôts secondaires. Les faisceaux contiennent de larges vaisseaux scalariformes et des cellules parenchymateuses lignifiées. Les cellules parenchymateuses, lorsqu'elles ne sont pas dépourvues de contenu solide, sont remplies de gros grains d’amidon. Quelques- unes offrent aussi des faisceaux de cristaux aciculaires d’oxalate de calcium. Dans les Salsepareilles non farineuses, les vaisseaux et les cellules ligneuses contiennent parfois une résine jaune. Les diverses sortes de Salsepareille diffèrent les unes des autres, non- seulement par l'absence ou la présence de l’amidon, mais aussi par l'épaisseur de la zone ligneuse, qui dans quelques-unes offre plusieurs fois le diamètre de la zone centrale. Dans d’autres, le diamètre de la zone ligneuse est, au contraire, beaucoup moindre. La gaine des fais- ceaux offre, sur la coupe transversale, des caractères encore meilleurs pour distinguer les diverses sortes de la drogue. Le contour des cellules peut être quadrangulaire ou un peu arrondi, ou bien il peut être plus ou moins allongé. Dans ce dernier cas, il peut être allongé dans le sens du rayon, ou, au contraire, dans une direction tangentielle. L’épaisseur des parois cellulaires peut aussi varier beaucoup. | Caractères des diverses sortes de Salsepareilles, — Dans l'état actuel de nos connaissances, aucune classification botanique des diverses sortes de Salsepareilles n'étant possible, nous nous bornerons à adopter le groupement établi par Pereira, et nous les diviserons en deux classes : celles qui sont farineuses, c'est-à-dire dans lesquelles l’amidon constitue un principe prédominant ; et celles qui sont non farineuses ou dans lesquelles l’amidon n'existe qu ‘en quantité relativement aies con- sidérable. A. SALSEPAREILLES FARINEUSES. 1° Salsepareille du Honduras. — Cette drogue est expédiée de Belize. Elle est disposée en paquets longs de 75 centimètres et épais de 8 à 10 centimètres, étroitement serrés avec une racine enroulée autour d'eux. Les paquets sont réunis en balles à l’aide de grandes pièces de 548 SMILACÉES. cuir, placées aux deux extrémités, et maintenues par des courroies de cuir renforcées de cercles en fer, Les racines sont profondément sillonnées, ou parfois dodues et lisses, plus ou moins barbues, c'est-à-dire couvertes de radicules. Dans la plus grande partie de leur longueur, elles offrent, lorsqu'on les coupe en travers, une écorce épaisse, remplie d’amidon. Dans les parties voisines du rhizome cependant, l'écorce est brune, résineuse et non amylacée, Elles sont colorées en brun pâle, parfois un peu orangé. La drogue offre de grandes variations, de sorte qu'il est à peu près impossible de Jui assigner des caractères distinctifs absolus. Les importations annuelles, dans le Royaume-Uni, de la Salsepareille du Honduras anglais ont été en moyenne, pendant les cinq années posté- rieures à 4870, de 52000 livres environ. _ 2° Salsepareille du Guatemala. — Cette sorte de Salsepareille apparut pour la première fois dans le commerce en 1852. Elle ressemble à celle du Honduras par plusieurs de ses caractères, et est emballée de la même façon ; mais elle possède une coloration plus nettement orangée. Dans le voisinage du rhizome, les racines sont maigres, ridées et peu amy- lacées, mais elles deviennent graduellement plus épaisses, 6 millimètres environ, et acquièrent une écorce épaisse qui, intérieurement, est très- blanche et amylacée. L'écorce de cette Salsepareille possède une grande tendance à se fendre et à s’enlever, et dans beaucoup de points elle laisse à nu la colonne ligneuse centrale. D'après Bentley (1), qui a examiné des échantillons de la plante, cette racine est produite par le Smilax papyracea; nous n’avons pas de motifs suffisants pour adopter cette opinion. 3° Salsepareille du Brésil, de Par ou de Lisbonne. — Quoique tenue autrefois en grande estime, la Salsepareille du Brésil est peu appréciée en ce moment en Angleterre, et on ne la voit que rarement sur le mar- ché de Londres (2). Elle est emballée d'une manière toute spéciale. Les racines sont fortement comprimées en un cylindre de 90 centimètres de long ou davantage et de 15 centimètres de diamètre ; la tige flexible d'une plante de la famille des Bignoniacées est enroulée autour de as ms cylindre, et iles extrémités sont coupées net. (1) Pharm. Journ. : 1853, XII, 470, avec figure. _‘ (2) Nous avons noté que sofxénts-aix paquets de cette a e provenant de Parà furent : mis en vente le 15 décembre an . ss ? HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. K49 B. SALSEPAREILLES NON FARINEUSES,. 4° Salsepareille de la Jamaïque. — Cette sorte est considérée par les droguistes anglais comme la plus importante; elle paraît être celle qui possède les propriétés médicinales les plus prononcées, et elle est seule admise par la Pharmacopée anglaise. Quoique désignée constam- ment sous le nom de Salsepareille de la Jamaïque, on sait bien qu'elle doit ce nom uniquement à ce qu’elle nous est apportée de l'Amérique centrale en passant par cette île. Au commencement du dernier siècle, la Jamaïque était l’entrepôt de la Salsepareille. De grandes quantités y étaient apportées, d’après Sloane, du Honduras, de la Nouvelle-Espagne et du Pérou. La patrie réelle de la Salsepareille de la Jamaïque, d'après De Warszewiez (1857), est la chaîne de montagnes connue sous le nom de Cordillère de Chiriqui, dans la partie de l’isthme de Panama qui confine à la république de Costa-Rica. La plante y croît à une altitude de 1 200 à 2 400 mètres au-dessus du niveau de la mer. La racine est apportée par les indigènes à Boca del Toro, sur la côte de l'Atlantique, où elle est embarquée. La drogue est formée de racines de 1",80 ou davantage de long, pliées de façon à former un paquet de 50 centimètres de long et dé 10 centimètres de diamètre, lié et entouré, mais d’une façon moins serrée que la racine du Honduras, à l’aide d'une racine de la même plante. Le rhizome manque entièrement, mais les radicules sont conser- vées, et forment une- proportion importante de la drogue. Les racines sont profondément sillonnées, ridées, et généralement plus grêles que celles du Honduras. L’écorce, râclée avec un canif, paraît brune, dure et non farineuse. Il n’est pas rare cependant de trouver des racines qui possèdent une écorce lisse et riche en amidon, La coloration de la Sal- separeille de la Jamaïque varie du brun terreux pâle à une teinte fer- rugineuse plus foncée. Cette dernière est la plus recherchée. La drogue cultivée dans l’île même dé la Jamaïque, dont nous avons parlé à la page 841, est bien préparée, mais sa coloration est si pâle et elle est si riche en amidon, qu’elle n'obtient que peu de faveur sur le marché de Londres. IL ena été exporté de la Jamaïque, en 1870, 1747 livres, et en 1871, 4290 livres (1). 5° Salsepareille du Mexique. — Les racines de cette variété ne sont (1) Blue Books, Island of Jamaïca for 1870, 180. 550 SMILACÉES. pas disposées en faisceaux, mais empaquetées en ballots, en fragments longs de 90 centimètres environ. Elles sont souvent mélangées de frag- ments de tige anguleux, mais non carrés et épineux. Les racines sont colorées en brun pâle ; elles sont maigres, ridées, et ne portent que peu de radicules. Lorqu'elles sont épaisses, elles possèdent une écorce assez riche en amidon, mais lorsqu'elles sont minces et proviennent du voi- sinage du rhizome, elles ne sont pas amylacées. 6° Salsepareille de Guayaquil. — On exporte depuis longtemps de Guayaquil (voyez p. 543) une sorte estimée de Salsepareille, M. Spruce nous a informés qu’elle provient en grande partie des vallées qui débou- chent dans la plaine sur le versant occidental des Andes Equatoriales, mais surtout de la vallée d’Alausi, où, en 1859, il put observer la plante elle-même, à la jonction de la petite rivière Puma-Cocha avec le Yagua- chi. La plante paraît être très-productive; on raconte, en effet, qu’une seule souche a pu fournir jusqu'à 73 livres de racines fraîches (1). La Salsepareille de Guayaquil diffère beaucoup des sortes dont nous avons déjà parlé. Elle est grossièrement empaquetée en grosses balles, et n'est pas disposée d'ordinaire en paquets distincts. Le rhizome et une partie de la tige sont souvent mélangés aux racines. La tige est ronde et non épineuse, La racine est épaisse, longue, son apparence est gros- sière, et elle porte un grand nombre de radicules. L’écorce est sillonnée, assez épaisse, dépourvue d’amidon dans les parties grêles de la racine qui avoisinent le rhizome; mais dans les portions épaisses l'écorce est plus lisse, plus épaisse et amylacée, et offre intérieurement, sur la sec- tion, une coloration fauve ou jaune pâle. Il en a été exporté de Guaya- quil, en 1871, 1017 quintaux valant 3814 livres (2). Composition chimique, —Galileo Pallotta, de Naples, vers 1824, réussit le premier à retirer de la Salsepareille un principe particulier qu'il prit pour un alcaloïde et nomma Pariglina, ou, comme on l'écrit aujourd’hui, Parilline. N épuisa la drogue brute par l’eau bouillante, et mélangea sa décoction avec un lait de chaux; il se produisit un précipité grisâtre, qu'il dessécha et traita par l’alcool chaud; ce dernier enleva la paril- line. Pallotta dit que cette substance rougit légèrement le tournesol, mais il ne dit pas explicitement s’il lobtint à l'état cristallin ou non. Elle paraît cependant identique à la substance que d'autres chimistes pe ‘ ‘ont obtenue à à l’état de cristaux, et qui a été nommée Salseparine par urn. of Linn. Soc., Bot., 1860, IV, 485. 7. _vice-consul Smith sur le commerce de cm pres in Consular Re- rent en “gr 1872. > | HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. BA Thubeuf, en 1831, acide Parillinique par Batka, en 1833, et Smélacine par d'autres chimistes plus récents. Nous avons isolé la parilline en épuisant la Salsepareille du Mexique par l'alcool, et évaporant la teinture, Le résidu brun, après avoir été traité à plusieurs reprises par l'alcool et le charbon, donna des eris- taux qui furent purifiés par recristallisation dans l'alcool. Nous l'avons aussi retirée des rhizomes noueux; dans ce cas, nous employâmes le procédé suivant : les rhizomes, grossièrement pulvérisés, furent épuisés par l’eau, à une température inférieure à 60° C., afin de ne pas . dissoudre l’amidon ; le liquide aqueux fut alors évaporé à consistance sirupeuse, et mélangé avec deux fois son volume d’alcool qui sépara le mucilage et les sels. Le liquide fut filtré et l'alcool distillé. La solu- tion laissa alors déposer une masse verruqueuse de cristaux jaunâtres de parilline, qui furent purifiés par cristallisations répétées dans l'al- cool dilué, avec addition d’un peu de charbon (t). La parilline forme des cristaux aciculaires incolores, solubles dans 1200 parties d'eau à 20° C., et beaucoup plus solubles dans l’eau chaude, La solution est neutre et mousse quand on l'agite, A 25° C., la parilline exige pour se dissoudre 95 parties d'alcool à 0,814. La solu- tion possède une saveur âcre, persistante ; elle est dépourvue de pouvoir rotatoire. Dans l'acide sulfurique chaud concentré, la parilline tourne au brun rougeâtre et prend, au fur et à mesure de l'hydratation de l'acide, une belle teinte violette. La parilline est insoluble dans l’éther et presque insoluble dans le chloroforme. Nous avons retiré de la Salsepareille 0,19 pour 100 en moyenne de parilline parfaitement blanche et cristallisée, nous n’avons pas réussi à la préparer à l’aide des rhizomes de Smilax aspera, oi Les cristaux de parilline contiennent une quantité d’eau qui varie depuis 6 à 12 pour 100; nous ne sommes pas arrivés à des chiffres bien constants. Elle commence à s’altérer à partir de 440° et devient liquide en se décomposant, à 210°. ee ni La parilline rentre dans la classe des Saponines. En la faisant bouillir (1) Je préfère maintenant la méthode suivante : 12 parties de Salsepareille sont chauf- fées à deux reprises au moins avec de l'alcool ayant pour poids spécifique 0,835 ; le liquide est soumis à la distillation ; le résidu, égal à 2 parties, est ensuite mélangé à 3 parties d’eau froïde, On réussit aussi parfaitement, au bout de quelques jours, à décanter du précipité le liquide très-foncé sans recourir à la filtration. La parilline précipitée à l’état pâteux est alors placée sur le filtre après avoir étendu d’un peu d’alcool. On lave la parilline au moyen d’alcool très-faible, et on la fait enfin cristalliser en la dissol- vant à chaud dans de l'alcool à 0,835, après l'avoir traitée avec du charbon animal. FAR : 5352 SMILACÉES. avec de l'acide sulfurique dilué on obtient un nouveau produit.cristalli- sable, la Parigénine, et du sucre qui, du moins en partie, cristallise à la longue. Le liquide, au sein duquel ce dédoublement s’accomplit, prend une teinte remarquable d’un vert foncé, ainsi que l’a observé, le pre- mier, en 4874, M. Klunge. La parigénine est peut-être identique à la sapogéniné décrite en 4867 par Rochleder (4), Nous avons déjà signalé, dans la Salsepareille, la présence d'amidon, de résine, d’oxalate de calcium qui sont révélés par le microscope. Pereira (2) à examiné l'huile essentielle, qui est plus lourde que l’eau, et possède l'odeur et la saveur de la drogue ; 440 livres de Salsepareille de la Jamaïque ne lui en fournirent que quelques gouttes. La nature de la matière extractive noire que l’eau enlève en abon- dance à la drogue, et dont la quantité est considérée par les droguistes comme un Critérium de bonne qualité, n’a pas encore été étudiée. Commerce, — La quantité de Salsepareille importée dans le Royaume- Uni, en 1870 (nous ne possédons pas de statistique plus récente), a été de 345907 livres, valant 26 564 livres sterling. Usages. — La Salsepareille est considérée par plusieurs thérapeu- tistes comme un tonique altérant d’une certaine valeur; d’autres la regardent comme ne possédant que peu ou pas du tout dé propriétés médicinales. Elle est encore beaucoup employée, mais beaucoup moins qu’il y a quelques années. Les préparations le plus en usage sont celles qu'on obtient par l’ébullition prolongée de la racine dans l’eau. (a) Les Smilax Tourneront (fnstit., t. 481) sont des Liliacées de la tribu des Smilacées, à fleurs régulières. Le périanthe est formé de six folioles pétaloïdes, étalées, distinctes, uninerviées ; les trois extérieures ordinairement plus larges que les trois autres. L'androcée se compose de six étamines insérées sur la base du pé- rianthe, plus courtes que lui, formées de filets linéaires qui existent seuls dans les fleurs femelles, et dans les fleurs mâles, d’anthères à deux loges, linéaires, obtuses, basifixes, introrses, déhiscentes par des fentes longitudinales. Le gynécée est formé d’un ovaire supère, libre, ordinairement triloculaire ; chaque loge contenant un seul ovule inséré au sommet de l’angle interne, suspendiiià tintropé; à micropile dirigé en haut eten bas. L’ovaire est surmonté d’un style à trois stigmates, allongés, couverts de papilles sur leur face interne, recourbés en dehors. Le fruit est une baie globuleuse, ordinairement à trois loges, contenant chacune une graine sub- globuleuse, qui renferme un albumen cartilagineux et un embryon très-petit, situé ee le made de la chalase, Les Smilaz sont des < PA, sufrutescontes, grim- w Cocsslier pour les détails les séurôires suivants sur ne séolios de la Salsepa- e où smilacine) : : CHRISTOPHSON, dans le Jahresbericht der. ss ibid., 1876; FLückiGer, dans l'Archiv der ie 210 (1 de ss. es _ U, cs HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 553 pantes, toujours vertes, à racines fibreuses ou tubéreuses ; à souche vivace émet- tant des rameaux ordinairement munis d’aiguillons, et plus ou moins anguleux ; à feuilles pétiolées, éparses-distiques, ordinairement cordées ou hastées et digitinerviées ; à fleurs disposées en inflorescences ombelliformes, axillaires. (b) Le Smilax Medica ScazecarenDaL et Cnawisso (in Linnæa, VI, 47) est une plante glabre, à rameaux imparfaitement hexagonaux, parcourus de stries très-fines, flexueux, munis au niveau des nœuds d’ai- guillons géminés, comprimés, droits ou légèrement recourbés, jaunâtres au sommet. Les ramuscules sont tendres et inermes. Les feuilles sont éparses ; celles des rameaux sont cordées, deltoïdes ovales, subtrilobées, à lobes basilaires arrondis, à lobe terminal ovale-oblong, courtement acuminé; elles sont munies de sept nervures proéminentes en dessous ; elles sont glabres, vertes, un peu plus pâles sur la face inférieure, parcourues de lignes pellucides, longues de 18 centi- mètres environ et larges de 15 centimètres. Celles des ramuscules sont plus petites, cor- dées à la base, ovales-oblongues, aiguës, quinquenerviées, longues de 10 à {1 centi- mètres et larges à la base de5 à 6 centimètres. Les pétioles sont dilatés au niveau de leur point d'insertion et munis de deux cirrhes stipulaires filiformes, tordus en spirale ; ils sont glabres et plus x C6FDIER Fig. 268. Smilax pseudo-syphilitica (d'après Berg et Schmidt), ou moins munis d’äiguillons. Lie , Li £: 2m ER Les fleurs sont disposées en inc NULS w:® inflorescences ombelliformes no Se “17 * sis be ee (Fr REA (1 axillaires, solitaires, portées par LPS QT un pédoncule filiforme, gl Ti DV SI RS AN O bre, deux fois plus long que le pétiole, et dilaté au sommet en un réceptacle convexe, ren- PTE de nee LE es ze fé, globuleux, de la grosseur &X d'un grain de chènevis, creusé {jf de fossettes et muni de brac- RS téoles, Les fleurs ont l’organi- Rare < sation générale du genre. Le Que ‘fruit est une baie globuleuse, ses rouge, glabre, de la grosseur NSP beite d’un pois, contenant trois grai- nes elliptiques ou presque ar- rondies, un peu anguleuses au niveau de la face ventrale, con- vexes dans le dos, à peu près lisses, colorées en b noirâtre. . Fig. 269. Racine de Salsepareille du Honduras. Coupe transversale d'ensemble de la-portion centrale. run päle , avec un hile très-grand, (c) Le Smilas syphilitica Hounouor et BonPLAND (in WizLpexow, Spec., IV, T80) 55 SMILACÉES. se distingue par ses rameaux cylindriques, lisses, munis au niveau des nœuds d'ai- guillons rares et forts ; ses feuilles coriaces, oblongues-lancéolées, mucronées, ar- rondies à la base, trinerviées, inermes, munies de cirrhes stipulaires, et inermes. [Tran.] (e) Sur des coupes transversales, comme celle des figures 269, 270 et des coupes longitudinales, la racine de Salsepareille offre de dehors en dedans: 1° une couche épidermique (fig. 270, a) formée de cellules quadrangulaires ou eunéifcrmes à parois très-épaisses, à cavité étroite, allongée radialement. La paroi est plus épaisse en dehors, où elle est doublée d’une j couche cuticulaire, et sur les côtés. (Kÿ 4 Cetté première couche épidermique superficielle est fréquemment accom- ; pagnée d’une deuxième et même d’une re « troisième couche formées de cellules 1 semblables. En dedans de cet épi- e derme à plusieurs assises, se trouve d une couche b de renforcement, con- € stituée par des éléments à contours polygonaux, à parois assez épaisses et f dures, allongés parallèlementau grand axe de la racine, disposés bout à bout et séparés les uns des autres par des parois transversales plus ou moins obliques. En dedans de ces assises de cellules allongées, existe un paren- chyme e, très-épais, constitué par de 9 grandes cellules polyédriques , ou presque arrondies, à parois minces et claires, laissant entre elles des méats. En dedans, cette couche parenchyma- NEA teuse est limitée par une zone ininter- tés TS TA CLS rompue de cdlus à parois épaissies d qui constitue la gaine des faisceaux. Les cellules qui la forment sont assez ; , semblables à celles des assises épi- dermiques. Leur cavité est petite, allongée radialement et leurs parois sont très- épaisses surtout en dedans et sur les côtés. Immédiatement en tontact avec la face interne de cette gaîne on voit trois ou quatre couches e, d'éléments à contours irré- : guliers, à parois un peu épaissies, assez analogues à ceux que nous avons décrits * au-dessous de l’épiderme, puis vient un cercle / de faisceaux fibrovaseulaires avant la Structure habituelle des faisceaux de monocotylédones, Chaque faisceau est constitué par une portion libérienne, ou phloème de M. Nägeli, à éléments allongés, pourvus de parois minces et claires, et d’une portion ligneuse ou xylème de M. Nägeli, con- + ne par des vaisseaux plus ou moins larges, le tout entouré d’une couche épaisse . d'éléments prosenchymateux à contours polygonaux, très-pressés les uns contre les autres et constituant ici la partie résistante de la racine. la partie centrale de la racine, À, formée de cellules polyédriques #3 ar- Lefuir nm æ e 4% Lo Go . Fig. 270. Racine de Salsepareille du Honduras, Coupe transversale de détail. at entre elles de vastes méats intercellulaires, se voient, dans le voi- e, des groupes isolés de grands vaisseaux g, entourés . HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. Dh) des mêmes éléments prosenchymateux qui séparent les faisceaux les uns des autres et les entourent (1). [Tran.| SQUINE. Tuber Chinz ; Radix Chinæ ; angl, China Root ; allem., Chinawurzel. Origine botanique. — Srular China L. (S. ferox Wazz.). C'est un ar- buste grimpant, ligneux, muni-d’aiguillons, originaire de la Chine, du Japon et de l'Inde orientale, notamment du Népal, du Khasia, du Sikkim et de l’Assam. C'est à cette espèce qu'on attribue généralement la drogue. L'autorité la plus importante en faveur de cette opinion est celle de Kämpfer, qui a figuré la plante dans ses 4mænitates, p. 783, en 1712, et dont les échantillons sont encore conservés dans le British Museum (a). Le Smilax glabra Roxs. et le Smilax lanceæfolia Roxs., indigènes de l'Inde et du sud de la Chine, possèdent des tubereules qui, d’après Roxburgh, ne peuvent pas être distingués de la Squine de la médecine, quoique ces plantes diffèrent beaucoup par leur aspect général du Smi- lax China. Le docteur Hance (2), de Wampoa, reçut un échantillon vi- vant de la plante qu'il s’assura être le S, glabra. Les trois espèces ci- dessus nommées croissent dans l’île de Hong-Kong. Historique, — L'usage de cette drogue, comme remède contre la sy- philis, fut indiqué aux Portugais de Goa par les négociants chinois, vers 1533, Garcia d’Orta, qui raconte ce fait, ajoute que la nouvelle drogue acquit une telle réputation, que de petites quantités employées à Malacca furent achetées au prix de 10 couronnes le ganta, poids de 24 onces. On parla des bons effets produits par la Squine sur Charles- Quint, qui souffrait de la goutte, et la drogue en acquit en Europe une telle célébrité, que plusieurs ouvrages (3) furent écrits pour célébrer ses (1) Pour plus de détails sur ce tissu prosenchymateux qui existe dans toutes les monocotylédones, voyez : SGHWENDENER, Das Mecanische Princip im Anatom. Bau der Monocotylen, 1874. “ ES | (2) Jour, of Bot., de TRIMEN, 1872, I, 102.—Le S. glabra etle S. lanceæfolia ont été figurés par Seemann dans son Botany of the Herald, 1852-57, t. 99-100. Le Smilar China est bien représenté dans l’herbier de Kew. Nous avons examiné des échantil- lons provenant de Nagasaki, de Hakodadi et de Yokohama ; de Loochoo, de Corea, de Formosa, de Ningpo ; et des échantillons indiens provenant de Khasia, d’Assam et du Népal. {3) Le plus ancien est celui d’Andreas Vesalius, Epistola rationem, modumque pro- pinandi radicis Chymæ decocti, quo nuper invictissimus Carolus V imperator usus est, Venet., 1546. On trouve cependant une assez bonne description de la Squine dans l'Historia stirpium de Valérius Cordus (212), publié à Strasbourg, par Conrad Gesner, D96 SMILACÉES. vertus. Cependant, on ne tarda pas à s’apercevoir que ses propriétés avaient été beaucoup exagérées, mais elle conserva une certaine répu- tation comme sudorifique et altérante, et fut beaucoup employée jus- qu'à la fin du dix-septième siècle aux mêmes usages que la Salsepareille. Elle occupe encore sa place dans quelques Pharmacopées modernes. Description. — La plante produit des racines fibreuses, flexueuses, qui, çà et là, se renflent en gros tubercules. Ces derniers constituent, après dessiccation, la drogue qui porte le nom de Squine ou Racine de Chine. Tels qu'on les trouve sur le marché, ces tubercules sont irrégu- lièrement cylindriques, ordinairement un peu aplatis et produisant par- fois de courtes branches noueuses. Ils ont de 10 à 143 centimètres ou davantage de long, et de 3 à 5 centimètres d'épaisseur : ils sont recou- verts d’une écorce de couleur rouille, un peu luisante, lisse dans quel- ques échantillons, mais plus ou moins ridée dans d’autres. Ils ne pré- sentent aucune trace visible de feuilles rudimentaires, que cependant on peut voir sur les tubercules de quelques espèces voisines. Quelques- uns offrent encore des restes dé la racine traçante ligneuse et semblable à une corde sur laquelle ils se sont développés, et la base de quelques racines. La plupart des tubercules portent des cicatrices indiquant qu'ils ont été nettoyés avec un couteau. La Squine est inodore et presque insipide. Sur une section transver- sale, elle offre une substance interne, dense, granuleuse, colorée en brun fauve pâle. ; Structure microscopique. — La partie externe de l'écorce est formée d’une couthe de cellules brunes, à parois épaisses, allongées tangen- tiellement, Ces cellules contiennent de nombreuses touffes de cristaux aciculaires d'oxalate de calcium, et des masses d'une résine brun rou- gedtre. A l'écorce succède un parenchyme interne qui contraste forte- ment avec elle par sa structure ; il est formé de grandes cellules à parois minces et ponctuées, gorgées d’amidon, mais contenant aussi, cà et là, de la résine brune et des cristaux aciculaires d’oxalate de calcium. Les grains d'amidon sont volumineux ; ils ont jusqu’à 50 millièmes de mil- limètre de diamètre, sont sphériques, souvent aplatis ou anguleux par pression réciproque. Ils offrent, comme ceux du colchique, un hile radié; ils sont très-fréquemment crevés et réunis les uns aux autres, probable- n 561. Mais, Gordus étant mort en 1544, on doit présumer que le chapitre qu’il consacré : + la « Chinæa radir (Squine) » date de 1543 au plus tard. Cette drogue du 11563 dans le tarif des pharmacies d'Annaberg, dont il a été HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 557 ment parce que le tubercule a été échaudé. Les faisceaux vasculaires sont dispersés dans le parenchyme ; ils contiennent d'ordinaire deux larges vaisseaux scalariformes ou des vaisseaux réticulés, un paren- chyme à parois minces et délicates, et de belles cellules ligneuses épaisses et munies de ponctuations linéaires. Composition chimique, — La drogue passe pour ne contenir aucun principe auquel on puisse attribuer des propriétés médicinales. Nous avons essayé, sans aucun succès, d’en retirer de la parilline, substance active cristallisable de la salsepareille. Commerce. — La Squine est importée en Europe du sud de la Chine, ordinairement de Canton. La quantité embarquée dans ce port, en 1872, a été seulement de 384 péculs; tandis que la même année il en fut ex- pédié, de Hankow, la grande cité commerçante du Yangtsze, à destina- tion des ports de la Chine, 10258 péculs (1). Usages, — Malgré la haute opinion qu’on avait autrefois des pro- priétés de la Squine, cette drogue est aujourd'hui complétement tombée en désuétude en Europe. En Chine et dans l'Inde, elle est encore tenue en haute estime contre les maladies rhumatismales et syphilitiques, et comme aphrodisiaque et adoucissante. Polak affirme que les tubercules de Smilax servent à l'alimentation des Turcomans et des Mongols (2). Substitution., — Plusieurs espèces américaines de Smelax fournissent une drogue qui, à diverses époques, a été apportée sur le marché sous le nom de Radix Chinæ occidentalis. K est difficile de dire exactement par quelle espèce elle est fournie ; cependant les S. Pseudo-China L., S.tamnoides L., qui croissent aux Etats-Unis, dans le New-Jersey, et plus au sud, le S. Balbisiana Kunru, plante connue dans toutes les îles ._ des Indes occidentales, et les S. Japicanga Gnises., S. Syringoides Grise. et le S. hrasiliensis SPRENG., sont considérés comme fournissant de gros rhizomes tuberculeux, qui remplacent, dans plusieurs localités, la Squine d'Asie, et sont employés aux mêmes usages. Le Smilax china L. (Species, 1459) possède avec les caractères généraux du genre (voyez page 552, note a) une tige aérienne frutescente, cylindrique, grimpante, munie d’aiguillons peu nombreux, très-courts et épars ; des feuilles alternes, iner- (1) Returns of Trade at the Treaty Ports in China for 1872, 34, 154, (2) Nous signalons cette indication avec réserves sachant que les Chinois et les Eu- ropéens ont souvent confondu la Squine avec la singulière production fongoïde nom- mée Pachyma Cocos. La première est nommée par les Chinois Tu-fuh-ling, la seconde Fuh-ling où Pe-fuh-ling (Pharm. Journ., 1862, IL, 421. — F. Ponrer Smrrn, Mat, Med. and Nat. Hist. of China, 1871, 198. — DraGennorrr, Volksmedicin Turkestans, in Repertorium de Bucuner, 1873, XXI1,135). 5538 GRAMINÉES. mes, ovales, aiguës, quinquenerviées, glabres, pétiolées, et accompagnées de deux cirrhes stipulaires ; des pétioles bidentés. Les fleurs sont disposées en petites inflo- rescences ombelliformes, axillaires. Le fruit est une petite baie arrondie, rouge, tri- loculaire. Le Smilax glabra Roxsurcn (Flora indica, III, 792) se distingue par ses ra- meaux inermes, cylindriques, lisses; ses feuilles lancéolées-acuminées, arrondies à la base, trinerviées ; ses folioles calicinales larges, obcordées ; ses anthères très- grandes et sessiles, Le Smilax lanceæfolia Roxsureu (Flora indica, II, 792) possède également des rameaux cylindriques, inermes et lisses : ; ses feuilles sont lancéolées, lisses, triner- viées ; les segments de son périanthe sont linéaires-oblongs, [TrAD.] GRAMINÉES SUCRE DE CANNE. Saccharum ; angl, Cuna Sugar, Sugar, Sucrose ; allem., Zucker, Rohrsucker, Origine botanique, — Saccharum officinarum L. C’est une plante à tige articulée, haute de 1,80 à 2,60, solide, dure, dense, succulente en dedans, ereuse seulement au niveau des pousses florales, On en cul- tive plusieurs variétés, notamment la Canne de Pays (Country Cane), qui est la forme primitive de l'espèce ; la Canne rouge (Ribbon Cane), dont la tige est munie de raies pourpres ou jaunes ; la Canne de Bourbon ou de Taïti, qui est plus allongée, plus forte, plus velue et très-produc- tive. Le Saccharum violaceum Tussac , Qui constitue la Canne de Batavia, est également considéré comme une simple variété; mais le grand Sac- charum chinense Roxs., introduit de Canton en 1796, dans le jardin bo- tanique de Calcutta, peut être considéré comme une espèce distincte. Il possède une longue panicule grêle, dressée, tandis que celle du Saccha- rum 0fficinarum est chevelue et étalée, avec des ramifications alternes et plus composées, sans ue d autres différences dans me re les fleurs. é art On multiplie la case à sucre à l’aide de béntutéé, parce que les graines, qui sont très-petites, n'arrivent que rarement à maturité. Elle croît fort bien dans tous les pays tropicaux et subtropicaux, et s'élève, _ dans l'Amérique du Sud et le Mexique, jusqu'à une altitude de 1 500 à 1800 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle est cultivée, dans la genie partie de l'Inde et de la Chine, jusqu’ au 30 et 31° gi 01 d, Lo de dans les is montagneuses. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 259 . D'après les recherches de Ritter (4), le Saccharum officinarum. paraît être originaire du Bengale ét de l'Indo-Chine, ainsi que de Java, de Bornéo, de Bali, des Gélèbes, et d’autres îles de l'archipel Malais, mais il n’est pas probable qu'on le trouve nulle part aujourd’hui à l’état sau- vage. Historique. — La Canne à sucre est probablement connue dans l'Inde depuis un temps immémorial; et y a sans doute d’abord été cultivée pour servir directement à l'alimentation, comme elle l’est encore aujourd'hui dans les régions qui sont peu propres à la fabrication du sucre (2). Hérodote, Théophraste, Sénèque, Strabon, et d’autres écrivains, avaient quelque connaissance du sucre brut; ils parlent en effet d'un Miel de canne, d’un Miel fait par les mains des hommes, différent de celui des abeilles. Mais c’est seulement à partir du commencement de l'ère actuelle que les anciens connurent incontestablement le sucre auquel ils donnèrent le nom de Saccharon. Ainsi, Dioscoride (3), vers 17 ap. J.-C., mentionne le miel concrété nommé 24xy4p2 qu'on trouve sur les cannes (èr! rüy x4\äpwv) dans l’Inde et dans l'Arabie heureuse, et il dit que cette substance ressemble au sel par son aspect et sa cassure. Pline connaissait évidemment la même substance sous le nom de Saccharum, et l'auteur du Periplus de la mer Erythrée, vers 34-68, dit que le miel des Cannes, nommé céxyapev, est exporté de Barygaza, dans le golfe de Cambay, pour les ports de la mer Rouge, à l’ouest du Promontorium Aromatum, c’est-à-dire sur la côte opposée à Aden. Il reste encore à savoir si à cette époque le sucre était un produit des Indes occidentales, ou s’il y fut apporté du Gange. Le Bengale est probablement le pays dans lequel on fabrique du sucre depuis le plus long temps; car son nom dans toutes les langues de l'Asie occidentale et de l'Europe dérive du sanscrit Sharkard, qui signifie une substance ayant la forme de petits cailloux ou de prismes. Il est étrange que ce mot né contienne aucune allusion à la saveur de la substance. Le mot Candy, par lequel on désigné le sucre en gros cristaux, dérive de l'arabe Aand ou Kandat, qui a la même signification que le mot sans- (1) Erdkunde von Asien, IX, West-Asien. Berlin, 1840, 230-291. {2) Le produit que les traducteurs anglais de la Bible ont rendu par le mot Sweet Cane (Canne douce) et auquel fait allusion le prophète Isaïe (ch. xzim, 24) et Jérémie (ch. vr, 20) comme marchandise importée d’un pays éloigné, a été l’objet de nombreu- ses discussions, Quelques-uns ont supposé qu'il s'agissait de la Canne à sucre ; d’au- tres d’une herbe aromatique, l'Andropogon. Nous pensons qu'il y a plus de motif de supposer que cette dénomination s'applique à une-espèce de carnelle, (3) Lib. IL, c. 104. os 560 GRAMINÉES. crit. Un vieux nom sanserit du Bengale central est Gura, d’où est venu le mot Gula, signifiant sucre brut, nom appliqué au sucre d’une façon générale dans lArchipel Malais, où il existe des noms spéciaux pour dé- signer le sucre de canne, mais non le sucre en général. Ce fait vient à l'appui de l'opinion de Ritter, que la première préparation du sucre à l’état cristallin est due aux habitants du Bengale. Sous le nom de Shi-mr, c'est-à-dire pierre de miel, le sucre est fré: quemment mentionné dans les anciennes annales chinoises parmi les produits de l'Inde et de la Perse. Il y est dit que l'empereur Tai-tsung, en 627-650 de notre ère, envoya un ambassadeur dans le royaume de Magadha, dans l'Inde, le moderne Babar, pour apprendre la méthode de la préparation du sucre (1). Les Chinois reconnaissent réellement que les Indiens furent, entre 766 et 780, leurs premiers maîtres dans l’art de raffiner le sucre, car pour le désigner ils ne possèdent aucun ancien caractère écrit spécial. Un écrivain arabe, Abu Zayd al Hasan (2), nous apprend que vers 850 la canne à sucre était cultivée sur la côte nord-est du golfe Per- sique. Au siècle suivant, le voyageur Ali Istakhri (3) trouva le sucre pro- duit en abondance dans Ja province perse de Kuzistan, l'ancienne Susiana. Vers la même époque (950), Moses de Chorene, Arménien, dit aussi que la fabrication du sucre était florissante près de la célèbre Ecole de médecine de Jondisabur, dans la même province, et il existe encore dans les environs d'Ahwas des traces de cette industrie, représentée par des meules en pierre, etc. ds Les médecins persans du dixième et du onzième mbalé, notamment Rhazes, Haly Abbas et Avicenne, introduisirent le sucre dans la méde- cine. Les Arabes cultivaient la canne à sucre dans plusieurs de leurs établissements de la Méditerranée, notamment dans l'ile de Ghypre, en Sicile, en Italie, dans le nord de l'Afrique et en Espagne. En France, le sucre était parfaitement connu dès le treizième siècle, et beaucoup antérieurement sans doute : nous trouvons, en effet, «sucre in panibus et in pulvere » dans la collection des Cane de France, «par Guérard (4). | 4 Béitutéien) Chinese Botanieal Works: 1850, 16. (2} Rrrren, loc. cit., 286. + ae É n Buch der Länder, trad. Nointwmelé Henburi; 1845, sn. Tome VII (1857), Fu de agp Move eh de LT p. 76 et us m mitieu du F HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 561 Le Calendrier de Cordoue (1) montre que dès 961 sa culture était bien établie en Espagne, seul pays de l’Europe où il existe encore actuelle- ment des moulins à sucre (2). Guillaume IT, roi de Sicile, offrit en 1176 au couvent de Montréal des moulins pour broyer la canne à sucre, dont la culture existe encore à Avola, près de Syracuse; mais la canne n'y sert qu'à la fabrication du rhum. En 1767, les plantations de canne et les fabriques de sucre de cette région furent décrites par un voyageur (3) comme ayant une certaine importance. Pendant le moyen âge, l'Angleterre et le reste de l'Europe du Nord étaient approvisionnés de sucre par les pays méditerranéens, surtout par l'Egypte et l’île de Chypre. Il était importé d'Alexandrie, dès la fin du dixième siècle, par les Vénitiens, pour lesquels il constitua longtemps un objet important de commerce. Ainsi, nous trouvons (4) qu'en 1319 un marchand de Venise, Tommaso Loredano, expédia par mer à Londres 100 000 livres de sucre, dont la valeur devait être payée en laines, qui constituaient à cette époque le grand produit de l'Angleterre. Le sucre coûtait alors fort cher : de 1259 à 1350 son prix moyen, en Angleterre, était d'environ 1 shelling la livre, et de 4351 à 1400 il était de 1 shelling 7 deniers (5). En France, pendant la mème période, il devait être très- répandu, mais également très-coûteux. Le roi Jean IT ordonna, en 1353, aux apothicaires de Paris de ne pas employer le miel pour les prépa- rations dans lesquelles devait entrer un bon sucre blanc nommé cafetin (6). 2 tit L'importance de la fabrication du sucre en Orient fut constatée de visu, dans la dernière moitié du treizième siècle, par Marco Polo (7), et en 1310 par Barbosa et d'autres voyageurs européens; les nations commérçantes de l'Europe transportèrent rapidement la canne à sucre dans tous les pays où sa culture était rendue possible par le climat. Ainsi, elle fut introduite à Madère, en 1420; à Saint-Domingue, en 1494 (8); dans les îles Canaries, en 1503; au Brésil, dès le commentce- ment du seizième siècle ; au Mexique, vers 1320; à la Guyane, vers 1600; (1) Le calendrier de Cordoue de Pannée 961, par R. Dozv, Leyde, 1873, 25, #1, 91, (2) 1 en existe un certain nombre daus les environs de Malaga, d'Alicante et de Valencia. : à 2 (3) Riéoesec., Travels through Sicily, Lond., 1773; 67. (4) Marin, Commercio de Veneziani, V, 306. MR (5 Rocers, Hist, of Agriculture and Prices in England, 1866,1, 633, 641, (6) Ordonnances des rois de France, 1129, I, 535. (7) Yuux, Book of Ser Marco Polo, 1871, IE, 79, 171, 180, etc. (8) Letters of Christ. Columbus (Hakluyt Society), 1870, 81-83. HIST. DES DROGUES, T. ll. k 36 562 GRAMINÉES. à la Guadeloupe, en 1640; à la Martinique, en 1630 (4); à Maurice, vers 1750 ; dans le Natal (2) et la Nouvelle-Galles du Sud, vers 1832 (3) ; tandis que dès une époque très-antérieure elle s'était propagée de l'Inde dans toutes les îles de l’océan Pacifique. La culture qui se faisait autrefois en Egypte, et qui probablement ne s’y est jamais éteinte entièrement, a été entreprise de nouveau sur une grande échelle par le vice-roi actuel, Ismaïl Pacha. Il y avait en 1872 treize fabriques de sucre brut, appartenant au gouvernement égyptien, et environ 10000 acres de terres consacrées à la culture: de la canne. L’exportation du sucre faite par l'Egypte, en 1872, a atteint 2 millions de kantars ou environ 89 200 tonnes (4). L'imperfection des procédés chimiques employés au milieu du dix- huitième siècle ne permettait pas de recherches exactes sur la nature chimique du sucre. Cependant Marggraf, de Berlin (5), prouva, en 1747, que le sucre existe dans un grand nombre de végétaux, et parvint à-le retirer à l'état cristallin du suc de la betterave, L'énorme importance de cette découverte ne lui échappa point, et, dans le but de la rendre profitable, il détermina des essais sérieux ; ceux-ci obtinrent un succès tel, que la première fabrique de sucre de betterave fut établie en 1796, par Achard, à Kunern, en Silésie (6). Cette nouvelle branche d'industrie (7) fut très-favorisée par les me- sures prohibitives que prit Napoléon en interdisant l'entrée du sucre des colonies dans presque tout le continent. Elle est aujourd'hui telle- ment développée que l'Europe produit annuellement de 640000 à 680 000 tonnes de sucre de betterave, la production de la Canne à sucre étant évaluée à 1 260000 ou 1413000 tonnes par an (8). Parmi les colonies anglaises, Maurice, la Guyane anglaise, la Trinité, (1) DE Canoe, Géographie botanique, 836. (2) La valeur du sucre exporté de Natal, en 1871, a atteint le chiffre considérable de 180,496 livres sterling. : : (3) Cependant, par suite de la découverte de l'or en Australie, la culture de la Canne à sucre y fut un peu abandonnée jusqu’en 1866 ou 1867 : à cette époque on n’y fabri- quait qu’une petite quantité de sucre. (4) Coxsuz Rocers, Report on the Trade 0f Cairo for 1872, présenté au Parle- ment. : Sn. (>) Expériences chimiques faites dans le dessein de tirer un véritable sucre de di- _ verses plantes qui croissent dans nos contrées, par M. Marggraf, trad. du latin (Hist. de FAc. roy. des Sc. et Belles-lettres, 1747, Berlin, 1749, 79-90). " (6) Voir Scariszer, Actenstücke, etc. (Documents pour servir à l'histoire de l'in- . dustrie du sucre en Allemagne), Berlin, 1875. (7) Et aussi, en Suisse, celle du sucre de lait qui était alors très-employé sur le con- Mr: lalnifiet le ancre: ile fief «1510 A cu Ne A ul oups di rkets Review, 28 mars 1868, HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 563 Barbados et la Jamaïque sont celles qui produisent actuellement les plus grandes quantités de sucre. Produetion. — On ne trouve pas de cristaux dans le parenchyme de la Canne à sucre. Le sucre y existe à l’état de solution aqueuse, surtout dans les cellules du centre de la tige. Sur une section transversale de la moelle, on voit de nombreux faisceaux fibro-vasculaires répandus dans toute l'épaisseur du tissu, comme dans les autres tiges de mono- cotylédones. Cependant ces faisceaux sont plus nombreux dans la partie externe de la tige, où ils forment une couche dense, recouverte par un mince épiderme rendu très-dur par la silice qui se dépose dans les pa- rois cellulaires (1). Au centre de la tige, les faisceaux fibro-vasculaires sont peu nombreux ; le parenchyme y est beaucoup plus abondant, et contient dans ses cellules à parois minces une solution claire de sucre, avec une petite quantité de grains d'amidon et un peu de matière albu- minoïde dissoute. Cette dernière existe en plus grande quantité dans la portion cambiale des faisceaux vasculaires. Des ‘principes pectiques existent dans les parois des cellules de la moelle, qui cependant ne se gonflent pas beaucoup dans l’eau (Wiesner). D’après les indications fournies par la structure microscopique, les procédés à suivre pour retirer de la Canne à sucre la plus grande quan- tité possible de sucre deviennent évidents. On devra faire macérer de minces tranches de la Canne dans l’eau; celle-ci pénétrera dans le pa- renchyme rempli de sucre en attaquant beaucoup moins les faisceaux fibro-vasculaires qui contiennent plus de matières albuminoïdes que de matière saccharine. Par cette méthode, les couches épidermiques de la Canne ne se satureront pas de sucre et n'empêcheront pas son extraction, résultats qui se produisent lorsqu'on broie et presse la Canne (2). Le procédé le plus généralement suivi dans les pra celui qui consiste à extraire le suc de la Canne par broiement et pres- sion, a été soigneusement décrit et critiqué par le docteur Icery, de (1) Les tiges de Cannes à sucre d'Amérique desséchées à 1090 C. donnent 4 pour 100 de cendres, dont près de la moitié est constituée par la silice (Porr, in Jahresbericht de Wiccens, 1870, 35). (2) Le procédé consistant à obtenir un sirop par macération dans Pouu de tranches minces de Canne fraîche, a été expérimenté à la Guadeloupe, mais il a été abandonné à cause de quelques inconvénients pratiques dans l’épuisement de la Canne, et par suite de la difficulté de faire évaporer les liqueurs avec une rapidité suffisante. Des expé- riences tentées dans le but de retirer un sirop pur en traitant par l’eau chaude la Canne coupée en tranches et desséchée, paraissent promettre de bons résultats (voyez le Mé - moire du docteur H. S. Mrrcue, ir in Journ. of Soc. of Arts, 23 oct. 1868). 364 GRAMINÉES. Maurice (4). Dans cette île, on cultive six variétés de Canne à sucre. Lorsque la Canne à sucre est parvenue à maturité, elle se compose de : cellulose, 8 à 42 pour 400 ; sucre, 48 à 21 pour 100; eau, contenant la matière albuminoïde et les sels, 67 à 73 pour 100. On a retiré par évaporation de 70 à 84 pour 100 de la quantité entière de suc contenue dans la Canne; et ce suc abandonne à l’état cristallin les trois cin- quièmes environ du sucre contenu primitivement dans la Canne. Ce suc, nommé en français Vesou, possède en moyenne la composition suivante : Mélières aibunianides 7, 4 5 gt tie hu 0,03 Matière granuleuse (amidon ?!. ; ... . ;: . . . . . 0,10 Mucilage contenant de l'azote. .. , . . . . .. + 0,23 Dee ERP AE CRE SRE SET 0,29 het me he er serre sions dt dr 68:36 RQ 4 hs € ire-dro v à. SLUD 100,00 Les deux premiers groupes de substances rendent le suc trouble et provoquent sa fermentation, mais on les sépare aisément par l’ébullition, et l'on peut alors conserver le suc pendant quelque temps, sans qu'il subisse de modification. SES Dans un grand nombre de colonies, le produit passe pour être très- inférieur à ce qu’il devrait être; mais on obtient le sue dans un état qui rend sa purification plus facile lorsqu'on ne pousse pas son extraction jusqu'aux dernières limites. Le sucre de Canne passe pour exister seul, soit dans la Canne, soit dans la racine de Betterave. Cependant Icery a montré que dans la Canne il existe également toujours une certaine quantité de sucre _incristallisable ou sucre interverti. Sa quantité varie beaucoup avec les localités dans lesquelles la Canne croît et avec l’âge de cette der- nière. De jeunes Cannes poussées très-rapidement donnèrent un vesou contenant 2,4 pour 100 de sucre incristallisable, 3,6 de sucre de Canne, et 94 d'eau. L'humidité et l'ombre favorisent beaucoup la formation du sucre incristallisable, qui domine aussi dans le sommet des pousses, surtout avant la maturité. Icery en déduit que le sucre incristallisable se produit d’abord et est ensuite transformé en sucte de Canne sous l'influence de la végétation et surtout de la lumière. Les Cannes com- . _ (4) Annales de Chimie et de Physique, 4865, Y, 380-410. = Voyez aussi pour Cuba, d Reynoso, Ensayo sobre el cultivo de la Caña de Azucar, Madrid, 1865, 359. — anglaise, Catal, of Contributions from Brit. Guiana to Paris Ehib., » HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 565 plétement mûres ne contiennent qu'un soixante-quinzième où un cin- quantième de la totalité de leur sucre à l’état incristallisable. Description et Composition chimique. — Le sucre de Canne est le type d’une classe nombreuse de composés organiques bien définis, qui se présentent fréquemment dans les végétaux et les animaux, et peu- vent être obtenus artificiellement par décomposition de certaines autres substances. Dans ce dernier cas, cependant, on obtient du glucose ou quelque autre sucre différent du sucre de Canne. Le sucre de Canne, C2H20%, fond à 160° GC. sans subir de décomposition, tandis que plu- sieurs autres sortes de sucres donnent de l’eau, avec laquelle ils __ à la température ordinaire, des composés cristallisés. Le sucre de Canne cristallise en cristaux durs, du système rhombique oblique, ayant pour poids spécifique 1,59. Deux parties de ce sucre se dissolvent dans une partie d’eau froide (1), et dans beaucoup moins à une température élevée ; dans le premier cas, on observe une faible dépression du thermomètre. Une partie de sucre dissoute dans une partie d’eau forme un liquide ayant pour poids spécifique 1,23; deux parties de sucre dans une partie d'eau, un liquide ayant pour poids spécifique 1,33. Le sucre exige, pour se dissoudre, 65 parties d'alcool à 0,84 et 80 parties d’alcool anhydre ; l’éther n'agit pas sur lui. Une solution aqueuse de sucre de Canné dévie la lumière polarisée à droite: mais d’autres sortes de sucres la dévient à gauche, ainsi que l’a montré le premier Biot. Ges propriétés optiques ont uné grande impor- tance au point de vue du dosage des solutions de sucre et au point de vue des études scientifiques à faire sur le sucre et les substances saccharogènes. Les propriétés optiques du sucre sont, comme ses pro- priétés chimiques, modifiées par diverses causes, notamment par V'ac- tion des acides ou des alcalis dilués et par celle de champignons micro- scopiques. Dans ces conditions, le sucre subit la fermentation alcoolique. D'autres ferments agissent sur lui en déterminant la production des acides butyrique, lactique ou propionique. R Le sucre de Canne possède une saveur plus nette et plus sucrée que celle de la plupart des autres sucres. Quoiqu'il n’agisse pas sur le tour- nesol, il forme cependant, avec les alcalis, des composés, dont quelques : uns sont cristallisables. Le sucre de Canne ne détermine, dans la solu- tion alcaline de bitartrate de cuivre, aucun précipité de protoxyde. Quand on conserve pendant un peu de temps du sucre de Canne à (1) On admet généralement que 3 parties peuvent être dissoutes dans 1 par'ie d’ean froide, mais cela n’est pas exact. 566 GRAMINÉES. l'état de fusion à 460° C., il se convertit en glucose et en lévulosane. Le premier peut être isolé par cristallisation ou détruit par la fermenta- tion ; la seconde est incapable de cristalliser et de fermenter. Le sucre de Canne qui a été fondu à 460° C. est déliquescent, et faei- lement.soluble dans l'alcool anhydre; son pouvoir rotatoire est dimi- nué ou entièrement détruit ; il n’est plus cristallisable, et son point de fusion est descendu à 93° C. Avant de subir ces modifications évidentes, il devient amorphe quand on le fait fondre avec un tiers de son poids d’eau, et il est toujours coloré par quelques produits pyrogènes. Au bout d’un certain temps cependant, ce sucre amorphe reprend sa trans- parence et sa forme cristalline. De même que le soufre et l'acide arsé- nieux, il est susceptible d'exister soit à l’état cristallin, soit à l’état amorphe. Lorsqu'on chauffe le sucre à 190 C. environ, il se dégage de l'eau et on obtient un produit brun foncé, nommé généralement Caramel ou Sucre brûlé. Ce corps est doué d’une odeur forte particulière et d’une saveur amère ; il est incapable de fermenter et est déliquescent. L'un des principes constituants du caramel, la Caramélane, CH#0°, à été obtenu par Gélis, en 1862, à l'état tout à fait incolore. Lorsqu'on aug- mente la chaleur, le sucre finit par subir une décomposition qui ressemble à celle qui produit le goudron (voy. p. 406), et les principes pyrogènes formés sont semblables ou très-analogues à ceux qui se pro- duisent pendant la distillation du bois. Variétés de Sucre de Canne, — Les expériences de Marggraf, indi- quées à la page 532, ont montré que le sucre de Canne ne se trouve pas seulement dans la Canne à sucre, mais qu'on peut le retirer encore de plusieurs autres plantes, dont les plus importantes sont les suivantes : Racine de Betterave. — La fabrication du sucre dé Canné à l’aide de la racine de Betterave (Beta maritima L.) se fait aujourd'hui dans l'Eu- rope continentale et en Amérique, et donne des résultats admirables ; 100 parties de racines fraîches contiennent en moyenne 80 pour 100 d'eau, 44 à 43 pour 400 de sucre de Canne et environ 7 pour 100 de matières pectiques et albuminoïdes, de cellulose et de sels. On extrait * environ les huit neuvièmes de la quantité totale du suc contenu dans _ les racines, ct par les meilléurs procédés aujourd’hui employés on _ retire 8 à 9 parties de sucre de 400 parties de racines fraîches. La pro- _ portion du sucre cristallin obtenue augmente chaque jour par suite des nnements mécaniques et chimiques apportés dans les procédés ; Mar HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 567 Palmiers. — Plusieurs espèces de Palmiers sont d’une très-grande utilité pour la production d'une variété de sucre nommée par les Euro- péens Jaggery (1). Gette substance est préparée par les indigènes de l'Inde de la façon suivante : on coupe très-près de la base les jeunes spadices en voie de croissance ou les bourgeons à fleurs et on place au niveau de la blessure des vases en terre destinés à recevoir le suc qui s’en écoule. On enlève le vase chaque jour, et en même temps on ravive la plaie en coupant à sa surface une mince tranche de tissu afin de favoriser l'écoulement d'une nouvelle quantité de liquide. Le sue ainsi récolté, soumis à l’ébullition, donne un sucre brut, brun, nommé Jag- gery. Lorsqu'on le laisse fermenter, il produit une boisson alcoolique, nommée Zoddy ou Vin de Palme, ou bien il se convertit en vinaigre. L'alcool distillé du toddy porte le nom d’Arrack. Parmi les palmiers à suc sucré de l'Asie, l’un des plus importants est le Phœænix silvestris RoxB., qui passe pour être la forme sauvage du Dattier. Le Cocotier, Cocos nucifera L.,lemagnifique Palmier de Palmyre, Borassus flabelliformis L. et le Sagou bâtard, Caryota urens L., fournis- sent aussi des quantités importantes de sucre. Dans l'archipel Indien, on retire du sucre de l’aubier de l’Arenga saccharifera Manr. qui y croît en abondance, ainsi que dans les Philippines et dans l'Indo-Chine. On en retire aussi du Mipa fruticans Tauss., arbre des régions littorales basses, très-cultivé à Tavoy. De Vry a prôné (2) la fabrication du sucre de Palmier comme la plus scientifique; parce que le suc de ces plantes est une solution aqueuse presque pure de sucre, parce que, aucun principe minéral n'étant en-. levé au sol par le suc, les engrais très-coûteux et les procédés pénibles employés pour éliminer le suc de la Canne à sucre et de la Betterave sont ici inutiles ; enfin, parce que les palmiers sont vivaces et peuvent être cultivés dans un sol qui ne convient à aucune céréales Érable. — En Amérique, on obtient, dans les forêts du nord des Etats-Unis et du Canada, une quantité considérable de sucre par éva: poration du suc de l'Érable. L'espèce le plus généralement employée est l’Acer saccharinum WANG., Érable à sucre commun, et la variélé nigrum, Érable à sucre noir. L'Acer pensylvanicum L., Acer Negundo L (Negundo aceroudes Mœxcx.) et l'Acér dasycarpum Eurx., sont aussi em- ployés ; l’aubier du dernier passe pour être le moins riche en sucre. Comme . suc de ces arbres ne contient pas plus de 2 pour 100 (1) C'est un tuot d'oblgius sanscrite dérivé du canaris Shärkari (sucre). (2) Journ. de Pharm., 1865, I, 210. 568 GRAMINÉES. de sucre, la fabrication de ce dernier exige une grande quantité de combustible, et elle ne peut être avantageuse que dans des pays éloi- gnés des marchés sur lesquels on peut se procurer le sucre ordinaire, ou dans ceux qui renferment une quantité considérable de combustible. Dans le nord de l'Amérique, on en fabrique surtout entre le 40° et le 48° degré de latitude nord. Nous ne possédons aucun chiffre indiquant sa production totale. Le recensement de la Pensylvanie, de 1870, donne les chiffres suivants pour la production du sucre d'Érable dans cet Etat : en 1870, 2 326525 livres ; en 1860, 2 788 905 livres ; en 1870, 1545917 li- vres (1). Sorgho. — Une autre plante de la même famille que les Saccharum, le Sorghum saccharatum Pers. (Holeus saccharatus L.), originaire du nord de la Chine (2), a été, pendant ces dernières années, expérimentée comme plante à sucre en Europe et dans l'Amérique du Nord, mais sans grand succès, parce que la purification du sucre offre des difficultés particulières. Il existe dans le Sorgho, comme dans la Canne à sucre, du sucre cristallisable et du sucre incristallisable, la proportion du pre- mier atteint son maximum lorsque les fruits arrivent à la maturité. Ce- pendant, l'importance de la plante est beaucoup augmentée par la valeur de ses feuilles et de ses fruits, qui sont très-propres à la nourriture des chevaux et du bétail, et par celle de ses tiges, qui peuvent être em- ployées à la fabrication du papier et de l'alcool. Commeree. — La valeur de la quantité du sucre importé dans le Royaume-Uni augmente sans cesse, ainsi que le montrent les chiffres suivants : en 1868, il a été importé pour 13 339 758 livres sterling de sucre brut et pour 1136 188 livres sterling de sucre raffiné; en 1870, pour 44440502 livres sterling de sucre brut et pour 2744366 livres ster- ling de sucre raffiné ; en 1872, pour 18044 898 livres sterling de sucre brut et pour 3142703 livres de sucre raffiné. La quantité de sucre brut importée en 1872 a été de 13776 696 quintaux, sur lesquels 3 millions de quintaux environ ont été fournis par les îles espagnoles des Indes occidentales, 2 700 000 quintaux par les îles anglaises des. Indes occi- dentales; 1800000 quintaux par le Brésil; 4100000 quintaux par la … France, et 960000 quintaux par Maurice. ie _… Usages. — Le sucre raffiné est employé en pharmacie pour préparer . 19 Consul Konrriera,in Consular Reports, présentés au Parlement en juillet 1872, it en Europe en 1 850, par M. de Montigny, consul français à Shanghaï. +097. dela Canne à sucre de la Chine, dite Sorgho à sucre, Marseille, 1856, mn, 1865, 1,188. es HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 569 des sirops, des électuaires et des pastilles ; il est également employé en grande quantité dans la préparation des enduits destinés à revêtir les médicaments à saveur désagréable et aussi à cause de l'action préser- vatrice qu'il exerce sur les principes actifs des autres drogues, La cassonade ou sucre brut n'est pas employée en médecine. Le _ sirop noir incristallisable, connu sous les noms de Mélasse (Molasses, Treacle) (4) ou Syrupus Hollandicus vel communis de certains phar- maciens, qui se produit pendant la préparation du sucre raffiné, sous l'influence de la chaleur, des corps alcalins, des végétaux microsco- piques et de l'oxygène de l’air, est parfois employé dans la préparation des masses pilulaires, On ne se sert pour cela que de la mélasse du sucre des colonies, celle du sucre de Betterave possédant une saveur désa- gréable et contenant de 19 à 21 pour 100 d'oxalate, de tartrate et de malate de potassium et seulement 56 à 6% pour 100 de sucre (2). La mélasse du sucre des colonies ne contient ordinairement que de 5 à 7 pour 400 de sels. Les Saccharum L. (Genera, n. 73) sont des Graminées de la tribu des Andropo- gonées, à épillets tous fertiles, disposés par paires sur l’axe commun de l’épi, arti- culés, l’un des deux sessile, l’autre courtement pédonculé. Chaque épillet est formé de deux fleurs, l’une neutre et pourvue d’une seule glumelle, l'autre fertile, à deux glumelles. L’androcée est formé de trois étamines. L’ovaire est lisse et surmonté de deux longs styles à extrémités stigmatiques munies de poils simples, dentés. Le Saccharum officinarum L. (Species, 79) est une grande plante herbacée, à souche vivace, à tige pleine, haute de 1,20 à 3 mètres environ, colorée en jaune ou en rouge plus ou moins foncé, à nœuds peu saillants et d'autant plus distants les uns des autres que la croissance de la tige est plus rapide. Les feuilles sont engai- nantes, planes, atténuées et aiguës au sommet, longues de 60 centimètres à 4 mètre, larges de # à 5 centimètres, rudes, rapprochées les unes des autres. Les fleurs sont disposées en une grande panicule terminale, étalée, à forme générale à peu près pyramidale, dressée, longue de 30 à 90 centimètres. Les rameaux de cette grande inflorescence sont alternes et étalés, striés ; ils portent un grand nombre d’épillets disposés par paires, l’un sessile sur le rachis, l’autre courtement pédonculé, tous les deux articulés. Chaque épillet offre deux bractées ou glumes, l’une inférieure et ex- terne, embrassant la seconde qui est un peu plus élevée et interne ; elles sont toutes les deux membraneuses et lisses et environnnées de poils persistants. En de- _dedans des deux glumes, chaque épillet porte deux fleurs hermaphrodites, dont l'une, inférieure, avorte et se trouve réduite à une seule bractée ou glumelle. La Jeuri fertile est munie de deux bractées ou glumelles, l’une uninerviée et l’autre nt Nous ignorons comment le mot anglais Hits qui autrefois désignait un mé- dicament opiacé, a pu finir par être appliqué à la mélasse. Dans la description du sucre donnée par Salomon, dans son English Physicean or Druggist’s Shop opened, Lond., 1693, le éreacle n’est jamais mentionné, mais seulement le mot «elussas ». (2) Lanpour, Zeitschr. _ Chem. 1868, VLI, 1, 29. 510 GRAMINÉES. binerviée. En dedans de ces bractées se trouvent deux petites écailles distinctes, obscurément divisées au sommet en deux ou trois lobes. L'androcée se compose de trois étamines indépendantes, à filets gréles et allongés, à anthères versatiles, oblongues, biloculaires, introrses, déhiscentes par deux fentes longitudinales. Le gynécée se compose d’un ovaire supère, uniloculaire, lisse, ovoïde, surmonté de deux longs styles dont les extrémités stigmatiques ont la forme d’aigrettes à poils simples, dentés. La loge ovarienne contient un seul ovule anatrope, inséré dans l'angle interne de l'ovaire. Le fruit est un caryopse lisse contenant une graine à al- bumen féculent, et un embryon latéral de graminée. [Trap.] ORGE PERLÉ. Hordeum decorticatum, Hordeum perlatum, Fructus vel semen Hordei; Orge mondé ou perlé; angl., Pearl Barley ; allem., Gerollte Gerste, Gerstegraupen. Origine botanique, — //ordeum distichum L. L'Orge commune est probablement indigène de l’Asie tempérée occidentale, mais elle est eul- tivée, depuis des temps très-reculés, dans l'hémisphère nord. En Suède, sa production s'étend Fons 68°,38 de latitude nord ; sur la côte de Norwège, elle s'étend jusqu'à Attenfjord, par 76 degrés de latitude nord ; en Laponie, elle réussit même jusqu'à une altitude de 270 à 400 mètres au-dessus du niveau de la mer. Dans plusieurs des vallées méridionales des Alpessuisses, elle mürit à 4500 mètres, et dans l'Himalaya à 3 300 mè- tres au-dessus du niveau de la mer. Dans les Andes équatoriales, où elle est très-cultivée, elle s'élève jusqu’à une altitude d’au moins 3 300 mè- tres. Aucune autre céréale ne peut étre cultivée sous des climats aussi différents. D'après Bretschneïider (1), l'Orge est comprise parmi les cinq céréales qui, d’après les historiens chinois, furent semées par l’empereur Shen- Nung, qui régnait 9700 ans environ avant Jésus-Christ, mais elle ne fait pas partie actuellement des cinq sortes de graines qui sont employées dans la cérémonie du labour et de l'ensemencement célébrée tous les ans par les empereurs de la Chine. Théophraste connaissait bien les diverses sortes d'Orge (KaËñ) et parmi elles, celle à six rangs (kerastichon), qui est représentée sur les monnaies frappées à Métapontum (2), en Lucanie, entre le sixième et _ le deuxième siècle avant Jésus-Christ. _Strabon ef Dioscoride, au prepuier siècle, partent de boissons print Dotnet Works, ae, Foochow, 1870, À. che ; Ë , plain à s'étend entre les rivières Bradano et Ba HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 571 rées avec l’Orge, qui, d’après Tacite, étaient même alors familières aux tribus germaines, comme on sait qu’elles l’étaient à une époque plus reculée encore chez les Grecs et les Egyptiens. L'Orge est mentionnée, dans la Bible, comme plante cultivée en Egypte et en Syrie, et doit avoir constitué, chez les anciens Hébreux, un article important d’alimen- tation, à en juger d’après la quantité accordée par Salomon aux servi- teurs d'Hiram, roi de Tyr, en 1015 avant Jésus-Christ. Le tribut d'Orge payé au roi Jotham par les Ammonites, en 741 avant Jésus-Christ, est aussi exactement rappelé. Les anciens avaient l'habitude d'enlever le tégument dur de l'Orge en faisant rôtir les fruits qui faisaient partie de leur alimentation. ; Préparation. — Pour l'usage de la médecine et pour l'alimentation des malades, on emploie l'Orge à l'état naturel, mais on la prive plus ou môins complétement de son enveloppe crustacée. Pour cela, on em- ploie des meules spéciales, horizontales, entre lesquelles on fait passer les grains, et qui sont disposées de façon à enlever les téguments sans attaquer les grains eux-mêmes. On désigne, en Angleterre, les grains qui n’ont été que partiellement dépouillés de leurs téguments sous le nom d'Orge à l'Ecossaise. Lorsque, par une opération plus longue et plus minutieuse, les téguments ont été complétement enlevés, on donne à l’Orge le nom d'Orge perlé. Description. — L'Orge perlé se présente en grains presque sphériques ou un peu ovoïdes, longs de 4 millimètres environ, à aspect farineux, souvent rendus un peu jaunâtrés par les débris de téguments qui per- sistent à la surface et dans le sillon profond qui parcourt chaque grain. Sa saveur est amylacée et son odeur est semblable à celle de tous les autres grains de céréales. Structure miéroscopique. — L'albumen constitue la partie impor- tante du grain d'Orge; il est formé de grandes cellules parenchyma- teuses, à parois minces, qui, sur une section transversale, paraissent dis- posées en rangées rayonnantes à partir du sillon et être plutôt allongées dans cette direction que parallèlement au grand axe du grain. Dans le voisinage du sillon seulement, les cellules de l’albumen sont plus étroites. Les grandes cellules qui forment la plus grande partie de son parenchyme sont polygonales ou ovales, tandis que la couche exté- rieure est formée de deux, trois ou quatre rangées de cellules pressées les unes contre les autres, à peu près cubiques, munies de parois épaisses et riches en gluten. Gette zone, large d'environ 70 millièmes de millimètre, est revêtue par un tégument brun extrêmement mince, #72 GRAMINÉES. auquel succède une couche épaisse de 30 millièmes de millimètre envi- ron, formée de très-petites cellules très-serrées, tabulaires, grisâtres ou jaunâtres. Dans le sillon, cette enveloppe propre du fruit offre une ap- parence un peu spongieuse. Dans quelques variétés d’Orge, le fruit est constitué uniquement par les tissus que nous venons de décrire; mais dans la plupart, il existe aussi des écailles formées en majeure partie de longues cellules fibreuses, à parois épaisses, disposées sur trois ou quatre couches concentriques et constituant une zone très-dure. Sur uné section transversale, cette couche forme une enveloppe cohérente, épaisse de 33 millièmes de mil- limètre environ. Ces cellules, examinées sur une coupe longitudinale, ne présentent qu'une cavité capillaire dont les parois sont ondulées d'une façon toute particulière et épaissies par des dépôts secondaires. Les cellules à gluten, variant beaucoup dans les différents fruits de céréales, offrent des caractères suffisants pour les distinguer avec certi- tude. Dans le froment, par exemple, elles forment une seule couche ; dans le riz, elles sont disposées en couche double ou simple, mais elles sont allongées transversalement. Le tissu intérieur de l'albumen de r Orge est rempli de gros grains d'amidon, irrégulièrement lenticulaires, mélangés de grains globuleux, extrêmement petits. Les premiers ont de 20 à 35 millièmes de millimètre, les seconds ont 1, 2 ou 3 millièmes de millimètre de diamètre ; il en existe un grand nombre ayant des dimen- sions intermédiaires. Les couches concentriques sont visibles dans les gros grains humectés d'acide chromique dissous dans 100 parties d’eau. La couche décrite comme composée de cellules à gluten est remplie de granules extrêmement petits de matière albuminoïde (gluten) qui, sous l'influence de l’iode, se colorent en jaune foncé. Ces granules, qui dans l'Orge mondé destiné à l'alimentation sont d’une haute importance, ne sont pas confinés dans la couche à à gluten ; les cellules à amidon en contiennent aussi en faible proportion. Dans la zone étroite du tissu plus dense qui du sillon s enfonce dans l’albumen, on trouve également . des dépôts de principes albuminoïdes, comme le prouve la belle colo- ration jaune que prend le contenu des cellules sous l'influence de | l'iode, Les cellules à gluten, membrane embryonnaire de Mége-Mouriès, con- tiennent aussi, d'après les recherches faites sur le pain (1) par ce chi- n re de la Céréaline, Rrncins. albuminoïde soluble dans l’eau, 7 re é 6, pus de orge : ous supposons es la constitution chimique « HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. D73 qui détermine la transformation de l’amidon en dextrine, en sucre et en acide lactique. Dans les parois de fruit, épiderme, épicarpe et endo- carpe, du froment, Mége-Mouriès a trouvé un peu d'huile volatile et une matière extractive jaune, à laquelle, ainsi qu'à la céréaline, est due l'acidité du pain fait avec de la farine contenant le son. Composition chimique. — L'Orge a été soumise à des analyses soi- gneuses par un grand nombre de chimistes, et plus spécialement par Lermer (1). Les grains contiennent habituellement de 13 à 13 pour 100 d’eau ; après dessiceation, ils abandonnent à l’éther 3 pour 100 d'huile grasse et des proportions insignifiantes de principes tanniques et amers résidant surtout dans les enveloppes. Lermer a trouvé en outre dans les grains entiers, 63 pour 100 d’amidon, 7 pour 100 de cellulose, 6,6 pour 100 dé dextrine, 2,3 d'azote, une petite proportion d’acide lactique et 2,4 pour 100 de cendres. Les analyses de Poggiale (1856) indiquent à peu près la même compo- sition : eau, 15 ; huile, 2,4; amidon, 60; cellulose, 8,8; principes albu- minoïdes, 10,7; cendres, 2,6 (2). La protéine ou matière albuminoïde est formée de différents prin- cipes dont la plupart sont insolubles dans l’eau. La portion soluble est en partie coagulée par l’ébullition, en partie maintenue en solution : 2,5 pour 100 d'azote, et comme ci-dessus, répondraient à environ 16 pour 100 de matières albuminoïdes. La partie soluble paraït être con- tenue dans les cellules à antidon, dans le voisinage des cellules à gluten qui contiennent la portion insoluble. Les cendres contiennent, d’après Lermer, 29 pour 100 d'acide sili- cilique ; 32,6 d'acide phosphorique; 22,7 de potssse ; et seulement 3,7 de chaux. D’après Salms-Horstmar, le fluor et le lithium sont des prin- cipes constituants indispensables de l'Orge. | L'huile fixe de l’Orge est, comme l’a prouvé Hanamann, en 1863, un composé de glycérine, suit avec un mélange d'acide palmitique et d'acide laurique, soit, moins probablement, avec un acide gras parti- culier. | HE L'acide Hordéique de Beckmann, obtenu, en 1855, par la distillation de l'Orge avec l'acide sulfurique, est probablement de l'acide Laurique. Lintner, en 1868, a montré que l’Orge contient aussi une petite quantité de Cholestérine. L'orge maltée perd 7 pour 100; elle contient alors 10 à (1) Wirrsreix, Vierteljahrenchr. für prakt. Pharm., 1863, X11,4-93. (2) Consultez : Przuwrz, in Fresenius, Zeilschrift für analytische Chemie, 1872, 60. Künxemaxx, Deutsche éhemische Gesellschaft, 1876, 1385. 574 GRAMINÉES. 42 pour 100 de sucre produit aux dépens de l’amidon. Avant le maltage, on n'y trouve pas de sucre, mais seulement de la dextrine. Usages. — L'Orge n'a aucune importance comme médicament. On prescrit parfois sa décoction comme tisane émolliente. On fait égale- ment usage d’un extrait aqueux de malt. (a) Les Hordeum L. (Genera, n. 96) sont des Graminées de la tribu des Triticées, à épillets uniflores, réunis par trois, les deux latéraux étant d'ordinaire stériles. Chaque épillet est muni de deux glumes linéaires-lancéolées, terminées par une arète subulée. Les deux glumelles de chaque fleur sont herbacées, l'inférieure concave, terminée par une arête, la supérieure bicarénée. L'androcée est formé de trois étamines. L'ovaire est velu au sommet. Les deux écailles sont entières ou mu- nies d’un lobe latéral ; elles sont d’ordinaire velues ou ciliées, Le fruit est velu au sommet, oblong, sillonné sur l’une de ses faces, adhérent aux glumes, rarement nu. L’Hordeum distichum L. (Species, 125) est une Graminée à tiges ordinairement solitaires ou peu nombreuses, hautes de 60 à 90 centimètres, dressées, creuses, sauf au niveau des nœuds qui offrent une cloison transversale pleine. Les feuilles sont alternes, engaînantes, munies d’une ligule, linéaires, larges, planes, avec une gaine glabre. Chaque tige est terminée par un seul épi dense et épais, comprimé la- téralement, souvent penché. L’épi est formé d’épillets réunis trois par trois et dis- posés sur six rangs, dont quatre déprimés constitués par les épillets mâles et deux . Saillants formés par les épillets hermaphrodites et fructifères. Chaque groupe d’épil- lets offre en effet un épillet médian, sessile, fertile et deux épillets latéraux courte- ment pédonculés, stériles. Chaque épillet est constitué par une seule fleur, herma- phrodite dans l’épillet médian, mâle dans les deux latéraux. Chaque épillet offre extérieurement deux glumes linéaires-lancéolées, insensiblement atténuées au som- met en une arête subulée, et étroitement appliquées contre la fleur. Cette dernière offre deux glumelles : l’une inférieure, concave, munie d’une seule nervure mé- diane, saillante dans le dos : elle est entière au sommet, mutique dans les fleurs mâles, prolongée dans les fleurs femelles en une arête robuste, dressée, plus lon- , gue que l’épi; l’autre glumelle, supérieure, est plus, aplatie et munie de deux nervures longitudinales, carénées. En dedans des deux glumelles sont deux squa- mules membraneuses, obtuses. L'androcée est formé de trois étamines à filets grêles, indépendants, à anthères bifides aux deux extrémités, fixées au filet par le milieu du dos, biloculaires, introrses, versatiles, déhiscentes par deux fentes longitudinales. Le gynécée est formé d’un ovaire supère, uniloculaire, atténué à la base, velu au som- met, surmonté de deux stigmates subterminaux, plumeux, à poils simples, sortant sur les côtés et vers la base de la fleur. La loge ovarienne contient un seul ovule _anatrope, inséré dans l'angle interne, ascendant, à micropyle dirigé en bas et en dehors. Le caryopse organisé comme dans le reste de la famille est oblong, convexe Sur la face externe, concave et parcouru par un sillon longitudinal au niveau de la … face interne. Il est poilu au sommet et couvert par les glumelles auxquelles il adhère. _ D'autres espèces d'Orge sont cultivées sur une grande échelle : L’Hordeum hexas- … ticon L. (Species, 125) ou Orge à six rangs, Orge d'hiver, Orge carrée, Escourgon, $e distingue par un épi hexagonal, dont les épillets tous également développés sont Ssposés sur six rangées verticales; l'Hordeum vulgare L. (Species, 125) à égale- us les épillets fertiles et disposés sur six rangs, mais, à la maturité, deux nts que les quatre autres, [Tran.| PR HISTOIRE DES DROGUES D’ORIGINE VÉGÉTALE. 515 ESSENCE D’ANDROPOGON. Oleum Andropogonis, Oleum Graminis Indici; angl., Indian Grass Oil. Origine botanique. — Parmi les nombreuses espèces d’Andropogon (1) qui possèdent des feuilles riches en huile essentielle, les suivantes four- nissent l'essence d’Andropogon du commerce : : 4° Andropogon Nardus L. (2). — C’est une herbe haute, lorsqu'elle est en fleur, de 1,80 et davantage, très-cultivée à Ceylan et à Singa- pore pour la production de l'Æssence de C'itronnelle. 2 A, citratus DC. (3). — C’est une grande herbe glauque, connue seulement à l’état de culture, et ne produisant que très-rarement des fleurs. On la cultive à Ceylan et à Singapore pour la production d’une huile essentielle nommée Æ'ssence de Verveine ou Essence de Mélisse in- dienne (Lemon Oùl, Grass Oùl). On la trouve aussi communément dans les jardins de l'Inde, et elle n’est pas rare dans les serres des jardins an- glais. À Java, on lui donne le nom de Stireh. : 3° A. Schænanthus L. (4). — C’est une herbe du nord et du centre de l'Inde, à feuilles arrondies ou légèrement cordées à la base, fournis- sant, par distillation, l'essence connue en Angleterre sous le nom de Rusa Oil, Où of Ginger Grass, ou Oùl of Geranrum (Essence de Géra- nium). : Historique, — Les propriétés aromatiques de certaines espèces d’An- dropogon étaient bien connus de Rheede, de Rhumphius et d'autres anciens écrivains qui se sont occupés de l’histoire naturelle de l'Inde. Dès 1717, on connaissait, comme curiosité, une essence distillée du Sireh d'Amboine (5), mais c’est seulement à une époque récente que l'huile essentielle de ces plantes est devenue un objet de commerce avec l'Europe. L'essence d’Andropogon est mentionnée par Roxburgh, en 1820, comme ayant été importée à Londres pour la première fois - (4) Le major général Munro a étudié à notre demande les caractères botaniques des espèces odorantes d'Andropogon et examiné un grand nombre d'échantillons en notre possession. Les synonymes que nous donnons dans nos notes ont été établis par lui. (2) A. Martini Tawaires, Enumeratio plantarum Zeylaniæ, nee aliorum. p: (3) À. citratum À. P. DC., Catalogus plantarum horti botanici Monspeliensis, 1813; A. schœnanthus Wazuicn, Plant. asiat. rariores, 1832, III, t. 280; ROXBURGH, Flora in- dica, 1820, L, 278, quant aux observations, mais uon pour ce qui concerne la diagnose. (4) Venrenar, Jardin de Cels, 1803, t. 89; À. Martini Rox8., Flora indica, 1820, !, 980; À. pachnodes Triivs, Species Grariinum, 1836, HI, t. 327; 4. Calamus aroma- ticus Royce, Iustrat. of Bot. of Himalayan Mountains, 1839, t. 97. (5) Ephemerides Naturæ Curiosorum, 171, cent. Y=Vi, append., 157. 576 GRAMINÉES. vers l’année 1832. L'introduction de l'essence de Citronnelle est beau- coup plus récente. L’essence de Géranium, nommée en hindoustani Rüsa ka tel, a été signalée pour la première fois, d’après Waring (1), en 1825, par le docteur N. Maxwell. Production, — Les Andropogon Nardus et citratus sont cultivés dans les environs de Galle et à Singapore, et souvent ensemble. On les distille séparément, leurs huiles essentielles étant considérées comme tout à fait distinctes, et ayant une valeur différente. A Ceylan on les coupe, pour la distillation, à toute époque de l’année, mais surtout en décembre et en janvier. Dans la propriété de Persévérance, à Gaylan, Singapore, qui appartient à M. John Fisher, 950 acres sont consacrées à la culture des herbes aromatiques et d’autres plantes pour la produc- tion d'huiles essentielles. En 1865, la fabrication ne s’effectuait que sur une petile échelle, mais elle a été tellement fructueuse, qu’il s’y fabri- que aujourd’hui 200 livres de diverses essences par jour. Ces essences sont celles de Citronnelle, de Verveine, de Patchouli, de Muscade, de Macis, de Poivre et d'Ajowan {voy. t. [, p. 542); on y cultive aussi la Menthe (2). On distille de l'essence de Géranium à Khandesh, dans la Présidence de Bombay. Celle qui est produite dans le district de Nimär, dans la val- lée de la Nerbudda est parfois désignée sous le nom d’Æssence de Ver- veine de Nimür (Grass Où of Nimér). Nous ne possédons pas de ren- seignements particuliers sur cette distillation, qui doit cependant être effectuée sur une grande échelle. Description.— Les essences indiennes d'Andropogon sont plus lé- gères que l’eau et n’agissent pas sur le papier de tournesol, Elles sont très-odorantes, et possèdent une odeur mélangée de rose et de citron. L'essence de Verveine est colorée en brun doré foncé: son odeur res- semble à celle de la Verveine odorante des jardins, Lippia citriodora E. B. K. L'essence de Géranium dont la coloration varie du jaune verdà- tre pâle au brun jaunâtre, possède l'odeur du Pelargonium Radula Air. . La couleur de l'essence de Citronnelle est jaune verdâtre clair. Les fa- “briques de Winter, à Ceylan, et de Fisher, à Singapore, jouissent d’une grande réputation pour l'excellence de leurs produits qui sont générale- ment indiqués par leurs 1 noms dans les catalogues des droguistes. Soie chimique, — Stenhouse a) PR en 1844, l'essence wi of dia, 4368, 465. A Een " Bu Book for 193 Singapore, 1878, te al HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 577 d'Añdropogon citratus qui lui avait été donnée par Ghristison sous le nom d'Æssence de Namur (ou Nimür). L'échantillon était d'un jaune foncé, et apparemment déjà ancien, car, lorsqu'on le mélangea avec de l’eau et qu’on le soumit à la distillation, il abandonna près de la moitié de sa masse d’une résine fluide, tandis que l'huile qui distilla était inco- lore. Après rectification par le chlorure de calcium, elle se montra for- mée d'un hydrocarbure mélangé avec une petite proportion d'une essence oxygénée. Cette dernière ayant été décomposée par le sodium, puis de nouveau rectifiée, on fit une seconde analyse qui montra qu'elle était isomérique de l’essence de térébenthine. Une essence d’Andropogon, provenant, autant que nous pouvons le supposer, de la même espèce, a été examinée par l’un de nous (F.). Sa- turéé d'acide chlorhydrique sec, elle ne fournit aucun composé cristal- lin, mais lorsqu'on traita ensuite le liquide par de l'acide nitrique fu- mant, des cristaux, d’un composé C'#H'°,HCI, se sublimèrent dans la partie supérieure du vase. Nous avons observé que les essences des Andropogon Nardus et Citratus donnent des composés solides lorsqu'on les agite avec une solution saturée de bisulfite de sodium. Gladstone a trouvé, en 1872, que l'essence de citronnelle était com- posée surtout d’une huile oxygénée qu'il a nommée Citronellol (4) et qui se sépare par distillations fractionnées en deux portions : l’une bouillant entre 202° et 205° C.; l’autre bouillant entre 190° et 202° C. Le poids spécifique de la première, à 20° C., était de 0,8749, et celui de la se- conde 0,8741. La composition des deux est indiquée par la formule C'H!60. Commerce, — L'accroissement du commerce des essences d'Andropo- gon est bien indiqué par les chiffres suivants : en 1864, l'exportation de l'Essence de Citronnelle faite par Ceylan {fut de 622000 onces, valant 8230 livres sterling. Dans le Livre Bleu de Ceylan (Ceylan Blue Book), publié à Colomba en 1873, les exportations de l'année 1872 sont dé- composées de la façon suivante : à destination du Royaume-Uni, 1163074 onces; de l'Inde anglaise, 5713 onces; des Etats + Unis, 426 #70 onces ; au total : 1593 257 onces (2). Il a été exporté de Ceylan, pendant la même année, 13515 onces a) Le nom de Cifronellol est appliqué par Wright (1874) à une fraction d'essence qui entre en ébullition à 210° C. et à laquelle il attribue la Le C'9H180 ; par une ébullition prolongée, elle perd H?0. [F. A. F.] : (2) 1 faut y ajouter « 248 dozens et 33 PAS » de la mème essence expédiée aux Etats-Unis. L'once vaut 986,3. HIST. DES DROGUES, T. ll. 37 57 3 GRAMINÉES. d'essence d'Andropogon citratus (Oil of Lemon Grass) où Essence de Verveine qui coûte plus cher que les autres et est produite en moindre quantité ; plus de la moitié était destinée au Royaume-Uni. Nous n’a- vons pas de statistique relative à l'exportation de ces deux essences faite par Singapore, où nous avons déjà dit qu lekiss sont maintenant fabriquées en grande quantité. Dans le document officiel, Æeport on the External Commerce of Bom- bay, publié en 1867, nous trouvons que, pendant l’année finissant le 34 mars 1867, il fut exporté de cette ville 41643 livres d'essence d’An- dropogon Schænanthus (Ginger Grass Oil, ou Aüsa Oil} ou Essence de Géranium, destinées au Royaume-Uni et aux ports de la mer Rouge. Usages. — Les essences d’Andropogon sont très-estimées dans l'Inde contre le rhumatisme; on les emploie en applications externes. L'es- sence d’Andropogon Schænanthus passe pour stimuler la pousse des che- veux. On administre parfois ces essences à l’intérieur comme carmina- tives, contre les coliques, et l’on prescrit l’infusion des feuilles de Gitronnelle comme diaphorétique et stimulant. En Europe, et en Amé- rique, les essences d’Andropogon ne sont employées que par les parfu- meurs et les fabricants de savons (1). L'emploi le plus important qui soit fait des essences d’Andropogon vonsiste dans la falsification de l'essence de Roses, dans la Turquie d'Eu- rope. L'essence dont on se sert pour cette fabrication est celle de l'An- dropogon Schænanthus L. (voy. t. 1, p. 475) et il est assez curieux de remarquer que les noms hindoustanis de cette essence ont une désinence qui rappelle le nom de la Rose. Ainsi, sous les dénominations de Rusa, Rowsah, Rosa, Rosé ou Roshé (2), elle est exportée en grande quantité de Bombay, à destination des ports de l'Arabie, probablement surtout de Jidda, d’où elle est transportée en Turquie par les pèlerins maho- métans. En Arabie et en Turquie, elle porte le nom d’/dris Yaghi, tan- dis que dans les districts producteurs d'essence de Roses, elle est connue, du moins parmi les Européens, sous le nom d'Æssence de Géranium où Essence de Palmarosa. Avant de la mélanger à l'essence de roses on la soumet à une certaine préparation, qui consiste à l’agiter avec de l’eau aidulée avec du sue de citron, puis on l’expose au soleil et à l'air. Par (1) Les feuilles des grandes espèces odorantes d’Andropogon sont employées dans Jinde pour fabriquer des toitures de chaume. Les bestiaux les rm avec avi- l Jeur chair et leur lait se parfument de leur arome. ante caisses, contenant environ 2 250 livres, importées de PAU RUE fact us le nom d’« Essence de Roses » dans une vente ere ee un com Londres le 31 “es 1873. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 379 celte opération, qui a été récemment décrite par Baur (1), l'essence perd son arrière-odeur pénétrante et acquiert une coloration jaune- paille claire. Les différences optiques et chimiques qui existent entre l'essence de Géranium ainsi raffinée et l'essence de roses sont faibles et ne permettent pas de reconnaître un mélange dans lequel n’entre qu’une petite quantité de la première. Falsification, — Les essences d’Andropogon préparées par les indi- gènes de l'Inde sont assez fréquemment mélangées d’üne huile grasse. AUTRES PRODUITS DU GENRE ANTROPOGON. Herba Schœnanth vel Squinanthi (Juneus odoratus, Fœnum Camelo- rum). — La droguefqui porte ces noms à occupé sa place dans la phar- macie depuis l’époque de Dioscoride jusqu’à la fin du siècle dernier et on la trouve encore en Orient. La plante qui la fournit, autrefois con- fondue avec d’autres espèces, est aujourd’hui connue sous le nom d’An- dropogon laniger Desr. C’est une herbe très-répandue dans les régions chaudes et sèches du nord de l'Afrique (Algérie), en Arabie et dans le nord-ouest de l'Inde; elle s'étend jusqu’au Tibet où on la trouve même à une altitude de 3 300 mètres. M. Tolbort nous en a envoyé des échantil- lons sous le nom de Æhdvi, recueillis par lui-même, en 4869, entre Mul- tän et Kot Sultän, et très-semblables à la drogue de la Pharmacie. Cette herbe possède une saveur aromatique piquante qui se retrouve même dans les très-vieux échantillons. Nous i ignorons si on la distille pour en retirer une huile essentielle. Cuscus ou Vetti-ver (2). -— Cette drogue est constituée par la racine fibreuse de l'Andropogon mumcatus ReTz, grande herbe qui se trouve en abondance dans les sols riches et humides du sud de l'Inde et du Bengale. Des inscriptions tracées sur des plateaux en cuivre récemment découverts dans le district d'Etawah, au sud-ouest d’Agra, et datant de 1103 et 1174, rappellent la concession de ces villages faite aux Brahmines par les rois de Kanauj et énumèrent les impôts qui devront être levés. Ges derniers consistent en taxes sur les mines, les salines, sur le commerce des métaux précieux, et sur le Bassia, les mangliers et le Cuscus (3). (1) Vore t. I, p. 471, note 2. {2) Le mot Cuscus, écrit aussi Khus-khus, est le nom adopté par les Anglais de l'Inde ; il dérive probablement du persan Khas. Vetti-ver est le nom malais de la plante, (3) Proceedings of Asiat. Soc. of Bengal, août 1873, 161, 580 GRAMINÉES. Le Vetti-ver se montre souvent sur le marché anglais. Il sert à parfu- mer les vêtements et le linge. Dans l'Inde, il sert à faire des écrans qu'on place devant les fenêtres et les portes et qui, lorsqu'on les agite, répandent une odeur agréable en même temps qu'ils proeurent de la fraicheur. On en fabrique aussi dés paniers et une foule de petits objets. Il jouit également d’une certaine réputation comme médicament. Les Andropogon L. (Genera, n. 1145) sont des Graminées de la tribu des Au- thropogonées à épillets composés de deux fleurs : l’une inférieure neutre, munie d’une seule glumelle, l’autre supérieure, hermaphrodite ou unisexuée, Les épillets sont réunis par deux ou trois, celui du milieu sessile et fertile, les deux autres pé- donculés et stériles. Chaque épillet est enveloppé de deux glumes mutiques, indu- rées. Les glumelles des fleurs sont plus courtes que les glumes. La glume inférieure de la fleur fertile est mutique ou prolongée en arête, la supérieure est plus petite, imutique et manque mème parfois. Le périanthe est représenté par deux squamules tronquées, ordinairement glabres. L’androcée se compose d’une à trois étamines, L'ovaire est surmonté de deux styles plumeux, terminaux. Le fruit est un caryopse libre entre les glun.es. [Tran.| RHIZOME DE CHIENDENT, Lthisoma Graminis, Radiz Graminis ; Chiendent commun ou petit Chiendent ; angl, Couch Grass, Quicch Grass, Dog's Grass ; allem., Queckenwurzel, Graswurzel. Origine botanique, —Agopyrum repens P.Beauv. (Triticum repens, L.). C’est une herbe très-diffuse, croissant dans les champs et les endroits abandonnés, dans toutes les parties de l’Europe, dans le nord de l'Asie, jusqu’au sud de la mer Caspienne et dans l'Amérique du Nord (a). Historique, — Les anciens connaissaient très-bien une herbe qu'ils mnommaient "Ayowszts et Gramen, et qui avait un rhizome traçant comme celui de l'herbe dont nous parlons ici. Il est impossible de déterminer à quelle espèce leur plante se rapporte, mais il est probable que le Cynodon Dactylon Pres, et l'Agropyrum repens étaient l'un et l’autre désignés par les noms que nous venons de citer, Dioscoride affirme que la décoction de la racine est un | rémède utile dans la rétention de l'urine et les calculs de la vessie. Pline partage -cette opinion, qu’on retrouve dans les écrits d'Oribase (1) et de Mar- | rs “ge Er (2) au quatrième siècle, d'Aëtius (3) au sixième siècle, ) De Virtute Simpliciums c. 3 Ares HISTOIRE DES DROGUES D’ORIGINE VÉGÉTALE. 581 et qui est reproduite dans les herbiers du moyen âge (1). Turner (2) et Gerarde attribuent aussi à la racine de Ghiendent des propriétés diu- rétiques et lithontriptiques. Cette drogue constitue encore un remède populaire très-estimé en France; on la prend sous forme de tisane considérée comme adoucissante et sudorifique. Description. — Le Chiendent possède un long rhizome grèle, coloré en jaune pâle, épais de 2 millimètres, rampant au-dessous de la surface du sol, se ramifiant parfois et marqué , à des intervalles de 3 centi- mètres environ ou davantage, de nœuds qui portent des racines grèles, ramifiées et des restes de feuilles écailleuses, rudimentaires, Tel qu'on le trouve dans les boutiques, le rhizome est toujours dé- pourvu de racines, coupé en morceaux longs de 4 à 2 centimètres et séchés. Ses fragments sont luisants, colorés en jaune paille, tubuleux, à plusieurs faces; ils sont dépourvus d'odeur et possèdent une saveur douce, légère. Structure microscopique. — Sur une section transversale, le rhizome offre deux parties différentes, séparées l’une de l’autre par une zone circulaire ou gaîne. Celle-ci est formée d’un cercle continu de cellules prismatiques, analogues à celles qu’on trouve dans la Salsepareille. La partie située en dehors de la gaîne offre une vingtaine de faisceaux libériens disposés en, cercle, et la partie inférieure, un nombre à peu près égal de faisceaux vasculaires plus serrés. La moelle est réduite à un petit nombre de rangées de cellules, le rhizome étant toujours creux, sauf au niveau des nœuds. On ne trouve pas dans les cellules de contenu solide. Composition chimique, — Les principes constituants du Chiendent ne comprennent aucune substance à laquelle on puisse attribuer des propriétés médicinales, Le suc du rhizome a fourni à H. Müller (3) 3 pour {00 environ de sucre, et 7 à 8 pour 100 de 7riticine, C'?H?0"!, substance gommeuse amorphe, insipide, qui se transforme aisément en sucre quand on conserve pendant un peu de temps sa solution concen- trée à 4#0° C. Lorsqu'on la traite par l’acide nitrique, elle donne de l'a- cide oxalique. Le rhizome fournit aussi une autre matière gommeuse qui contient de l'azote et qui se décompose rapidement; la drogue est (1) Notamment dans l’Herbarius Pataviæ imprimé en 1485, dans lequel il est dit du Gramen : « aqua decoctionis ejus..…. valet contra dissuriam... et frangit lapidem et curat vulnera vesicæ et provocat urinam..…... » Cette drogue se trouve aussi dans les tarifs des pharmacies du moyen âge. (2) Herball, P. II, 4568,13. (3) Archiv der Pharm., 1813, 203, 17. #82 GRAMINÉES, en outre riche en malates acides. La mannite doit aussi probablement s’y trouver parfois, comme dans le Zarazacum (p. 24), autant que nous pouvons en juger d'après les résultats ‘contradictoires obtenus par Stenhouse et par Vôlcker. On n’y trouve ni amidon, ni résine, ni pec- tine. Le rhizome donne 4 1/2 pour 100 de cendres. Usages. — (in a recommandé la décoction du rhizome du Chien- dent contre les maladies de la muqueuse vésicale. Substitutions, — L'Agropyrum acutum R. etS., VA. pungens R. et S., et l'A. junceun P. Beauv,, considérés par quelques botanistes comme ' de simples variétés de l'A. repens, possèdent des rhizomes tout à fait semblables à celui duChiendent. Le Cynodon Dactylon Pers., herbe très- commune dans le sud de l’Europe et dans le nord de l’Afrique, fournit le Gros Chiendent ou Chiendent pied-de-poule des Français. Son rhizome diffère de celui du Chiendent commun par son épaisseur beaucoup plus considérable, Sous le microscope, il offre une structure tout à fait différente. Il contient, en effet, un grand nombre de faisceaux fibro- vasculaires beaucoup plus épais et un tissu cellulaire rempli d'amidon; il est aussi beaucoup plus ligneux. Il se rapproche ainsi du rhizome du Carex arenaria L., j, qui est beaucoup employé en Allemagne, 7. comme celui du Cynodon l’est dans le sud de l’Europe. Ge dernier paraît contenir de l’Asparagine (Cynodine (1) de Semmola) ou une substance semblable à elle. (a) Les Agropyrum (Pauss., Agrost., 101), considérés par certains auteurs comme con-- stituant un genre particulier de Graminées, sont réunis par un grand nombre d’autres bo- tanistes au genre Triticum, dont ils ne diffèrent en effet par aucun caractère essentiel et dans. le- quel ils ne constitueraient qu’une simple section comprenant des plantes vivaces, à glumes non ventrues, entières au sommet, mutiques ou plus rarement aristées, munies de trois ou plusieurs nervures à peu près égales; à caryopse ordinaire- je tee . ment adhérent aux glumelles, plan ou concave au Fe “RIVER de Sa face interne : à épi muni d’un rachis à entrenœuds allongés. De même Fig. 271. Tviticsan repens. Cinodina Auovo prodotto organic, trovata nella gramina officinale, Cyn- € minori di Giovanni Semmola, Napoli, 1841). Ilen a été publié un 29e Berebius, Tübiagen, A8, 39.1, et à HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE, 584 que dans les Triticum les épillets sont solitaires et formés chacun de trois à dix fleurs hermaphrodites, la supérieure souvent rudimentaire ; chaque fleur offre en de- dans des glumelles, deux squamules membraneuses ; l’androcée est formé de trois étamines ; les deux stigmates sont plumeux. Les épillets sont disposés en un épi solitaire et terminal. L’Agropyrum repens, ou mieux Triticum repens L. (Species, 428), est une plante à souche vivace, rampante, très-étalée au-dessous du sol et se ramifiant beaucoup, Ce rhizome émet des rameaux aériens dressés, hauts de 50 centimètres à 4 mètre, Les feuilles sont rudimentaires, écaillées et jaunâtres sur le rhizome ; sur les ra- meaux aériens elles sont vertes ou un peu glaucescentes, linéaires, planes, lisses ou à peu près lisses sur la face inférieure, plus ou moins rudes et pubescentes sur la face supérieure. Chaque rameau se termine par un seul épi allongé, aplati, à entre- nœuds presque aussi longs que les épillets qui sont distiques, au nombre de douze à quinze et insérés chacun sur le rachis principal de l’épi au niveau d’un coude saillant ; ils sont plus rapprochés dans le haut que dans le bas et formés chacun de quatre à six fleurs. Les glumes sont égales entre elles et ont à peu près la nfême longueur que les fleurs ; elles sont lancéolées, acuminées, dépourvues d’arêtes, non ventrues, concaves, non carénées, munies de cinq à sept nervures un peu scabres, Chaque fleur est protégée par deux glumelles à peu près de même longueur, l'infé- rieure concave, un peu carénée, lancéolée, mutique, acuminée, mucronée ou cour- tement aristée, la supérieure membraneuse, bicarénée. En dedans des glumelles, chaque fleur offre deux squamules membraneuses, un peu charnues, ovales, ciliées sur les bords. L'androcée est formé de trois étamines indépendantes, à filets grêles, à anthères allongées, biloculaires, dé- À hiscentes par deux fentes longitudina- les. Le gynécée se compose d’un ovaire supère, couvert dans le haut de poils roides et longs et surmonté de deux styles réfléchis en dehors, plumeux, à poils simples, papilleux. L'ovaire et le fruit offrent l’organisation des Grami- nées ; le fruit adhère ordinairement aux glumelles, sa face interne est plane ou concave et son extrémité supérieure est velue. [Tran.] (b) Ainsi que le montre la figure 272, le rhizome du Tritieum repens offre : 4° une couche épidermique a, formée de grandes cellules, presque quadran- gulaires, revêtues d’une couche cuticu- laire épaisse ; 2 un couche b de ren- forcement, constituée par des éléments allongés, à parois épaisses, pressés les uns contre les autres, disposés bout à LH bout et séparés par des cloisons trans- Fig. 272, Tritieum repens. Rhizome. versales plus ou moins obliques ; il Soupe transrorsale. existe d'ordinaire trois ou quatre couches concentriques de ces éléments ; 3° une couche épaisse ç de tissu parenchymateux à parois minces et claires, à cavités très- grandes ; 4° en dedans, cette zone parenchymateuse est limitée par une couche cir- Ü ge cr (1 + > » x À pi * 4 \ S rV 9 4 # {A pets » ET ete i S 584 son ___ GRAMINÉES. culaire unique d'éléments à grande cavité, et à parois internes et latérales épais- sies ; cette zone forme la gaine des faisceaux ; 5e en dedans d'elle se trouvent plu- sieurs couches concentriques e d'éléments à parois épaisses, analogues à ceux de la couche b. Les faisceaux fibro-vasculaires forment, en dedans de ces éléments, une couche circulaire f; les faisceaux sont séparés les uns des autres par des éléments ‘hymateux à parois épaisses, lignifiées, [ls sont formés chacun d’une portion libérienne ou phloème à éléments allongés, munis de parois minces et claires et d’une portion ligneuse qui offre de gros vaisseaux elliptiques ou arrondis, [Tran] CREUSE Li SEX CRYPTOGAMES LYCOPODIACÉES SPORES DE LYCOPODE. Lycopodium, Semen vel Sporulæ Lycopodii ; Lycopode, Poudre de Lycopode ; angl,, Lycopodium : allem., Bérlappsamen, Hexenmehl. Origine botanique. — Zyycopodium clavatum L. — Le Lycopode com- mun est presque cosmopolite. On le trouve dans les paturages monta- gneux et dans les bruyères de l'Europe centrale et septentrionale, depuis les Alpes et les Pyrénées jusqu'aux régions arctiques; dans les montagnes de l’est et du centre de l'Espagne ; dans la Russie d’Asie, jus- qu'à la vallée de l’Amur et au Japon; dans le nord et le sud de l’Amé- rique ; dans les îles Falkland; en Australie et au cap de Bonne-Espé- rance. Il se trouve dans la Grande-Bretagne, mais il est plus abondant dans les landes des pays septentrionaux (a). La partie de la plante employée en pharmacie est constituée par les petites spores qui sortent sous la forme d’une fine poudre jaune de capsules triangulaires ou sporanges situés sur la face interne des brac- tées qui couvrent l’épi fructifère. Historique, — Le Lycopode commun était bien connu, sous le nom de Muscus terrestris où Muscus clavatus, des anciens botanistes, notam- ment de Tragus, Dodonæus, Tabernæmontanus, Bauhin, Parkinson et Rey, qui ont rappelé les propriétés qu'on lui attribuait. Quoique la poudre de Lycopode (spores) fût officinale en Allemagne, et employée en applications sur les plaies dès le milieu du dix-septième siècle (1), il ne paraît pas qu'elle ait été connue dans les boutiques anglaises jus- qu’à une époque beaucoup plus récente. Elle n’est pas comprise par Deale (2) dans la liste des drogues vendues par les droguistes de Lon- dres en 1e ni énumérée dans les listes des drogues anglaises du der- (1) Écaisées Pharmacopwia an be: ed, 4, Lugd. 1656, 538. — FLückr- GER, Documente zur Geschichte der Pharm., (2) Pharmacologia, Lond., 1693, 886 LYCOPODIACÉES. nier siècle, et n’a jamais eu sa place dans la London Pharmacopæia. Description. — La poudre de Lycopode est fine, mobile, insipide, colorée en jaune pâle; son poids spécifique est 1,062. Elle flotte sur l'eau et ne se mouille que difficilement, mais s'enfonce dans l’eau quand on l'y fait bouillir. Sous l'influence d’une trituration prolongée, elle devient cohérente, prend une teinte grise, et laisse sur le papier une fache huileuse ; on peut alors la mélanger avec l'eau. Elle est im- médiatement mouillée par les liquides huileux et alcooliques, le chlo- roforme et l’éther. Desséchée à 100° C., elle ne perd que 4 pour 100 d'eau. Chauffée lentement, elle brûle petit à petit, mais lorsqu'on la projette dans.une flamme elle prend feu aussitôt et fait explosion en brûlant avec beaucoup de lumière. Ce phénomène est également pré- senté par quelques autres corps pulvérulents ayant une structure par- ticulière, comme les spores de Fougère et la poudre de Kamala. Structure microscopique. — Sous le microscope, la poudre de Ly- copode se montre composée de granules uniformes, ayant 35 mil- lièmes de millimètre de diamètre, munis de quatre faces, dont l’une, la base, est convexe, tandis que les autres se réunissent en une pyra- mide triangulaire dont les trois bords sillonnés ne se prolongent pas tout à fait jusqu'à la base, Ces tétraèdres sont marqués de fines côtes formant, par leurs intersections des mailles régulières à cinq ou six faces. Au niveau des points d’intersection, il existe de petites saillies qui, sous un faible grossissement, donnent aux spores une apparence mouchetée. Au-dessous de cette couche réticulée, se trouve une membrane jaune, cohérente, mince, mais compacte et très-résistante, car elle ne se rompt pas quand on la fait bouillir dans l’eau ou même dans la potasse caus- tique. L’acide sulfurique n’agit pas sur elle à froid, même au bout de plusieurs jours; mais il pénètre les granules instantanément et les rend transparents en même temps que de nombreuses gouttes d'huile en exsudent. à : l ie Composition chimique. — Un des plus remarquables principes consti- tuants des spores de Lycopode est une huile grasse qu’elles contiennent dans la proportion énorme de A7 pour 100. Bucholz. a signalé son exis- _tence en 1807, mais il ne l’obtint que dans la proportion de 6 pour 100. Cependant, en brisant les spores par une trituration prolongée avec du s sable, et en les épuisant ensuite avec du chloroforme, nous avons ob- tenu la proportion considérable d'huile essentielle que nous venons er, L'huile est douce et ne se solidifie pas même à — 15° C. En Lycopode ou son extrait ait à la distillation avec ou sans ad- HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 587 dition d'’alcali, Stenhouse a obtenu des bases volatiles dont nous avons pu vérifier la présence, mais qui n’existent qu’en très-faible proportion. Le Lycopode abandonne 4 pour 100 de cendres non alcalines, contenant de l’alumine, et 1 pour 100 d'acide phosphorique, principes qu'on trouve aussi dans les parties vertes de la plante. Production et Commeree. — Pour recueillir la poudre de Lycopode, on coupe les épis fructifèrés un peu avant la maturité, et on les secoue pour faire tomber la poudre, qu’on sépare à l’aide d’un tamis. En Russie, en Allemagne et en Suisse, on la récolte surtout en juilletet en août, La quantité obfenue varie beaucoup à cause des arrêts fréquents de développement de la plante. En 1870, la France a importé 7 262 kilogrammes de poudre de Lyco- pode, provenant en majeure partie d'Allemagne. La consommation qui s'en fait en Angleterre est probablement beaucoup plus faible, mais nous ne possédons à cet égard aucune donnée. Usages. — La poudre de Lycopode est aujourd'hui considérée comme ne possédant pas du tout de propriétés médicinales; on ne l'emploie à l'extérieur que pour recouvrir les surfaces excoriées, et pour saupoudrer les pilules, afin de les empêcher d'adhérer les unes aux autres. Elle est aussi employée par les artificiers. | | Falsification, — Les spores de Lycopode possèdent une structure si caractéristique, qu'on peut facilement les distinguer à l’aide du mi- croscope de toutes les autres substances. Les espèces de Lycopodiacées voisines du Z. clavatum (4), possèdent un produit analogue et pouvant être employé aux mêmes usages. L'amidon et la dextrine, qu’on mélange parfois frauduleusement à la poudre de Lycopode, sont faciles à distinguer à l’aide des réactifs que tout le monde connaît. Les poudres inorganiques, notamment le gypse et la magnésie, se reconnaissent à l’aide du bisulfure de carbone, dans lequel elles s’enfoncent, tandis que la poudre de Lycopode reste à la surface, et aussi par l’incinération, la poudre de Lycopodée ne laissant pas plus de 4 pour 100 de cendres. Le pollen de quelques plantes pha- nérogames, notamment celui du Pinus silvestris, ressemble à première vue aux spores de Lycopode, mais son organisation est tout à fait diffé- rente, et il est toujours facile de distinguer ces deux sortes de corps. (a) Les Lycopodes (Lycopodium L., Genera, n. 1184) sont des Lycopodiacées à une seule espèce de spores contenues dans des sporanges dépendant des feuilles de l'inflorescence et déhiscents par une fente transversale. (1) Notamment les L. annotinum, L. complanatum et L. inundatum. 588 LYCOPODIACÉES. Le Lycopodium clavatum L. (Species, 1564) est une plante vivace, atteignant de 30 à 50 centimètres et parfois { mètre de long ; sa tige est très-ramifiée, rampante, et émet de distance en distance des racines adventives qui parvenues au niveau du sol se ramifient dichotomiquement. De cette tige couchée sur le sol, s'élèvent des rameaux fructifères, dressés, cylindriques, ramifiés dichotomiquement et chargés comme la tige de feuilles spiralées, disposées sur plusieurs rangs, très-rapprochées les unes des autres et formant aux axes qui les portent un revêtement complet; elles sont linéaires-lancéolées, et terminées par une soie, plus ou moins étalées et arquées, infléchies, roides, munies d’une seule nervure longitudinale, peu prononcée. Vers le sommet des rameaux, les feuilles sont un peu plus petites et plus espacées et enfin le rameau se termine soit par une seule, soit par deux inflorescences nées de sa dicho- tomie. Les inflorescences ou épis sont cylindriques, fusiformes, formés d’un axe Cy- Fig: 273. Fig. 274. Lycopodium clavatum. Lycopodium clavatum. Bractée sporangifère et spores, lindrique sur lequel s’insèrent un grand nombre de bractées ovales acuminées, ter- minées par une pointe allongée et roide, colorées en jaune pâle, avec des bords membraneux, ondulés et très-finement denticulés, et une base rétrécie. Chaque bractée porte, sur sa face interne, au-dessus de la portion rétrécie par laquelle elle s’insère sur l'axe d’inflorescence, un sac réniforme ou sporanyge, allongé transversa- lement, à bord inférieur concave, adhérent à la bractée, à bord supérieur convexe, arrondi, épais, déhiscent par une grande fente longitudinale qui le parcourt dans toute son étendue. La cavité unique de chaque sporange contient un grand nombre de spores dont le rôle physiologique n’est pas encore complétement connu. M. de Bary (1) a pu cependant observer la germination des spores d’une espèce voisine, le Lycopodium inundatum, et assister à un commencement de formation de prothalle ; plus récemment M. Fankhauser (2) a rencontré des prothalles de Lycopodium annotinum provenus sans doute des spores de cette espèce. Ces prothalles étaient _Souterrains, dépourvus de chlorophylle, blanes, munis sur leur face inférieure de Poil radicaux et sur la face supérieure d'organes mâles ou anthéridies ovales, enfon- ng der Lycopodium, in Bericht. d. naturf. Gesellsch, zu Freiburg HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 589 cées dans le tissu du prothalle et contenant un grand nombre d’anthérozoïdes à corps relativement volumineux et à filament ne formant que deux tours de spire. D’autres bourrelets paraissaient indiquer la place des archégones ou organes femel- les, mais ces derniers n’étaient pas encore développés ; sur quelques-uns de ces pro- thalles de jeunes plantules étaient déjà développées. D’après ces observations, le pro- thalle des Lycopodes serait monoïque, ce qui explique la présence dans ces plantes d’une seule espèce de spores. De nouvelles recherches plus complètes sont cepen- dant encore nécessaires. [TrAD.]| FOUGÈRES RHIZOME DE FOUGÈRE MALE. Rhizoma Filicis, Rhizoma Filicis maris ; angl., Male Fern Rhisome, Male Fern Root; allem., l'arnwursel. Origine botanique. — Aspidium Filix-mas SwanTz (Polypodium L.). — La Fougère mâle est une des espèces les plus répandues. On la trouve dans toute l’Europe, depuis la Sicile jusqu’à l'Islande, dans le Groën- land, dans l'Asie centrale et russe, jusqu’à l'Himalaya, et au Japon, Elle se trouve en Chine, à Java et dans les îles Sandwich. Dans l’Amérique du Nord, elle manque aux Etats-Unis, où elle est surtout remplacée par les espèces voisines, Aspidium marginale Sw. et Aspidium Goldieanum Hook.; mais on la trouve dans le Canada, la Californie et le Mexique, de même que dans la Nouvelle-Grenade, le Vénézuéla, le Brésil et le Pérou. En Afrique, elle s’étend depuis l'Algérie jusqu’à la colonie du Cap et à Maurice (a). Historique. — L'usage du rhizome de Fougère comme vermifuge était connu des anciens (4), mais cette drogue fut ensuite négligée jusqu'au moment où son emploi fût de nouveau mis en relief par l'in- troduction de certains remèdes secrets contre les vers ronds, dont le rhizome de Fougère mâle pulvérisé et mélangé à des purgatifs drasti- ques formait le principal constituant. | : Un médicament de cette sorte fut préparé par Daniel Mathieu, de Neuchâtel, né en 1741, qui s'établit comme apothicaire à Berlin. Son traitement contre les vers obtint tant de succès, qu'il attira l'attention de (1) Murray, Apparatus Medicaminum, 1790, V, 453-471. — Un coup d'œil jeté dans les auteurs et les tarifs pharmaceutiques des seizième et dix-septième siècles nous apprend cependant que les propriétés vermifuges de cette drogue n'étaient point tom- bées en oubli. Voir par exemple : TraGus, De Stirpium...… Historia, Argentorati, 1552. — Fiücricer, Documente zur Geschichte der Pharmacie, Halle, 1876, 26. — Scurôver, Medicinisch-Chymische Apotheke, Nürnberg, 1656, 920. [F. A. F.] 590 FOUGÈRES. Frédérie le Grand et fut acheté par lui moyennant une rente annuelle de 200 thalers, indépendamment de la qualité de conseiller aulique qu'il conféra à l’inventeur (1). Une célébrité considérable fut aussi obtenue, grâce à sa méthode de traitement des vers fusiformes, par M Nuffler ou Nuffer, veuve d'un chirurgien de Murten (Morat), en Suisse. En 1775, après des essais faits par les savants de l’époque (Las- sone, Marquez, Goulez de la Motte, A. L. de Jussieu, J. B. Caburi, Cadet), elle vendit son secret à Louis XIV moyennant 18000 livres. Sa méthode de traitement consistait dans l'administration : 4° d’une panade faite avec du pain et un peu de beurre ; 2 un lavement d’eau salée- … l'anneau et celles des parois du sporange acquièrent leurs formes et leurs propriétés : 596 LICHENS. particulières, la cellule unique qui occupe le centre du renflement se divise: pour donner naissance aux spores (fig. 280 et 283). Par une première segmentation, cette cellule centrale donne naissance à deux autres qui elles-mêmes se segmentent à leur tour ; la cavité du sporange contient alors quatre cellules (fig. 280) qui en se divisant donnent naissance à un certain nombre de cellules arrondies dites cellules mères des spores. Chacune de ces dernières se segmente en deux, puis en quatre cellules filles représentant autant de spores. La figure 283 montre ces segmenta- tions successives : a est une cellule mère pourvue d’un noyau ; en b, elle à perdu son noyau ; en €, elle possède deux noyaux nouveaux et elle est déjà divisée en deux cellules filles. Dans les figures suivantes on voit les quatre spores se séparant peu à peu l’une de l’autre ; d montre une spore adulte, remarquable par sa membrane ex- terne munie de nombreux plis saillants, Placée sur un sol humide cette spore germe (fig. 284) et donne naissance à une lame verte, cordiforme (fig. 285), qui se fixe au sol et se nourrit à l’aide de filaments radiculaires et qui produit des organes mâles ou anthéridies et des organes femelles ou archégones. Cette lame verte, munie d'organes reproducteurs, a été désignée sous le nom de prothalle ; elle représente la génération sexuée de la plante ; ses dimensions sont peu considérables. — l'Aspidium Filix-mas l'anthéridie est représentée par une cavité saillante, production de lépiderme du prothalle, contenant un nombre assez considérable de cellules-mères d'an- thérozoïdes donnant chacune naissance à une cellule filamenteuse, enroulée en spirale, mobile, munie de cils vibratiles à l’aide desquels l’anthérozoïde peut aller à la recherche de la cellule femelle. L'archégone ou organe femelle (fig. 286) est con- stitué par un mamelon celluleux, saillant, contenant Fig. 286. Archégone d'Aspidium Fe L ; à Fikpins {d'après Benc). une cellule femelle destinée après fécondation à donner naissance à un embryon qui se développe rapidement en une jeune plante asexuée comme celle que nous avons décrite au début. [Tran.] LICHENS LICHEN D'’'ISLANDE, Lichen Islandieus ; “Liches ou Mousse d'Islande : ; angl., Zceland Moss ; allem., Hstimdishes Moos. Origine sotiaiqué. — brun slndica ACHARIUS > _ a est abon- S _ dant sous les latitudes septentrionales, notamment dans le Groënland, le Spitzberg, la Sibérie, la Scandinavie et l'Islande, où il croît même _ dans les plaines. On le trouve dans les parties montagneuses de la te, se la . de l'Italie et de l'Espagne, en Suisse et pe oui à ane d à forme rsiaire HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE, 397 dans les régions méridionales du Danube. On le trouve aussi dans l'Amérique du Nord et dans les régions antarctiques. Historique, — Dans le nord de l'Europe, ce lichen est depuis long- temps employé sous les noms de Mosi, Mossa où Mus, dans l’alimenta- tion. Ole Borrich, de Copenhague, en 1671, l’a nommé Muscus cathar- ticus, parce que, au début du printemps, il possède des propriétés purgatives (1). Son emploi dans les affections pulmonaires fut préconisé par Hjärne, en 1633 (2), mais ce n’est qu’en 1757 qu'il devint général parmi les médecins, grâce sur- tout à la recommandation de Linné et de Scopoli. Description, — La plante con- siste en un thalle dressé, foliacé, ramifié, haut de 10 centimètres environ, plié, cannelé ou roulé en tubes, terminé par des lobes étalés, tronqués, aplatis, dont les bords sont frangés en pelites proéminences. Le thalle est lisse, gris, ou coloré en brun olive | clair. La surface inférieure est plus pâle et offre de petites dépres- sions irrégulières. Les fructifications ou apothécies sont rares; elles ont la forme de corps arrondis, semblables à des bosses, larges de 4 à 6 millimètres dans le sens transversal, colorées en jaune de rouille foncé (3). La coloration et le mode de division du thalle sont très- variables, et ont permis de distinguer un grand nombre de variétés de la plante. A j’état sec, le lichen d'Islande est plus clair, rude et élastique. Il absorbe l’eau dans laquelle on le place, dans la proportion d’un tiers dé son poids, en devenant mou et cartilagineux; il contient à l’état de siccité 40 pour 100 d’eau; il est inodore, mais lorsqu'on le brise, il exhale une légère odeur de varech; sa saveur est un peu amère. Fig. 287. Cetraria islandica. (1} Beraius, Materia Medica, Stockholm, 1778, IL, 856. (2) Murray, Apparatus Medicaminum, 1190, V, 510, — Il se trouve, sous le nom de Musens catharticus islandicus, dans le tarif des Pharmacies de Copenhague de 1672. [F. A. F.] : : rs bi | (3) Les apothécies, fig. 988, a, sont constituées par des cellules allongées, claviformes, ; désignées sous le nom d’asques, contenant chacune de 6 à 8 spores ovoïdes qui, en ger+ _mant, produisent un nouvel hypha; entre ces asques existent un grand nombre de cel- _ lules également allongées, mais plus étroites et stériles, considérées comme des asques | avortées et nommées paraphyses. [Tnap.] 598 LICHENS. Structure microscopique.— Sur une coupe transversale, on observe, à l’aide d’un fort grossissement, une couche centrale lâche et large de cellules allongées, à parois épaisses, ramifiées, constituant l'Aypha (fig. 288, c). Cette couche offre de nombreux espaces inter-Cellulaires remplis d'air. Sa partie moyenne renferme un certain nombre de grandes cellules nommées gonidies, colorées en vert par la chlorophylle. Ces cellules ne 4 Sont détruites ni par l'acide sulfurique con- centré, ni par l’ébullition dans la potasse. Elles prennent une coloration violette quand on les traite par la potasse et qu’on les laisse , ensuite pendant vingt-quatre heures dans une solution d'iodure de potassium iodé. Le tissu situé de chaque côté de cette zone médiane, gonidiale, est formé de cellules d'hypha feutrées, très-serrées, sans espaces .« inter-cellulaires, et ne paraissant contenir aucune substance spéciale. De ce tissu compacte et tenace, on passe à une couche 4 Corticale mince (fig. 288, e) formée de cellules disposées en faisceaux très-serrés. Sous l’in- , luence des réactifs, cette couche devient © très-évidente ; lorsqu'on l’humecte avec de da TE D born l'acide sulfurique concentré ou de l'acide d'une apochécie (d'après Berç). chlorhydrique, elle se sépare des tissus sous- Jacents sous la forme d’une membrane cohérente, et se replie en de- hors sur elle-même. Sous l'influence de l’ébullition dans l’eau, le tissu intérieur se gonfle et les parois de ses cellules se dissolvent en par- tie. Des tranches minces du thalle se colorent en brun rougeâtre ou en bleu pâle sous l'influence de l’eau iodée, et plus nettement en bleu lorsqu'on les à traitées au préalable par l'acide sulfurique. La couleur se répand uniformément dans tout le tissu intérieur, mais on n'y peut pas découvrir de granules d'amidon. La couche cor- _ticale est simplement colorée en brun par l'iode. Les fossettes blan- _ châtres qui existent à la surface du thalle se réduisent, sous lin- fluence de la Ines entre …— plaques de verre, à l’état de petits sont. pas colorés par l'iode, et les à celles er la couche cen- Cris NX e 0 HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 50 Les proéminences, courtes et épaisses, qui existent sur les bords du thalle se terminent fréquemment par une ou plusieurs petites cavités ou sacs, nommés spermogontes (fig. 289), contenant une grande quantité de petites cellules, en forme de baguettes courtes, nommées sperma- lies, longues seulement de 6 millièmes de millimètre, enveloppées d’un mucus transparent, et faciles à expulser par pression entre les lames de verre. Stahl, en 1874 (1), a montré que ces petites cellules re- présentent l'analogue des corpuscules fécondateurs des algues de la famille des Floridées. Les observations de De Bary (1868) et de Schwendener (1867-1870), confirmées et ‘étendues par celles de Bornet (2) en 1873- 1874, ont montré que les gonidies des Lichens sont con- stituées par des espèces d’Al- gues inférieures, et sont sus- ceptibles de vivre d’une façon indépendante; que les rela- tions de l’hypha avec les go- nidies sont de nature à exclure l'idée que l’un de ces corps peut être produit par l’autre, et, en outre, que la théorie du parasitisme est la seule capable d'expliquer d’une façon satisfaisante les relations de ces deux ordres d’éléfnents. D'après cette théorie, les Lichens sont des or- ganismes composés d'une algue et d’un champignon, le dernier vivant en parasite sur la première (a). Composition chimique, — L'eau bouillante retire du Lichen d'Islande jusqu’à 70 pour 100 d’une substance nommée ZLichénine où Amidon de Lichen, qui est tout à fait dépourvue de structure. La décoction (4 : 20) se gélatinise en refroidissant et prend une teinte rougeâtre ou bleuâtre sous l'influence de la solution d’iode. Cette propriété de la lichénine est facile à constater lorsque la drogue a d’abord été épuisée par l'alcool bouillant contenant un peu de carbonate de potassium ; on la fait alors bouillir dans 50 à 100 parties d’eau et on précipite la décoction à l’aide de l'alcool. La lichénine, ainsi obtenue à l'état de pureté, doit être pri- vée d'alcool par un lavage soigneux à l’eau. Tant qu'elle est encore Fig. 289. Spermogonies du Celraria islandiea. (1) Botanische Zeitung, 20, Man., 1874, 180. | (2) Recherches sur les gonidies des Lichens, i in Ann. Sc. nat. Bot., sér. 5, XVII, 1 0,11 Rs XIX, 314-320. 600 LICHENS. humide, la poudre d'iode lui donne immédiatement une coloration bleue intense. Sa composition, C°H*0*, ressemble à celle de l’amidon et de la cellulose ; on peut la considérer comme une modification de cette dernière devenue soluble dans l’eau et dans la solution ammoniacale de cuivre. La lichénine ne peut pas être considérée comme une sorte de mucilage, car elle ne fournit que des traces insignifiantes d'acide mucique ; lorsqu'on la traite par l’acide nitrique concentré, elle ne con- tient pas de matières inorganiques (1). La très-petite proportion d'acide mucique qu'elle fournit peut provenir d’un corps mucilagineux indé- pendant, mélangé à elle en petite quantité (2). La chlorophylle des gonidies n’est pas soluble dans l'acide chlorhy- drique et a été distinguée pour ce motif par Knop et Schnedermann sous le nom de Thallochlor. Sa quantité est extrêmement faible. Le principe amer du Cetraria nommé acide Cétrarique où Cétrarine, CH"O, cristallise en aiguilles microscopiques: il est à peu près inso- luble dans l’eau froide et forme avec les alcalis des sels jaunes, amers, facilement solubles. Le Lichen d'Islande contient aussi un peu de sucre, et environ 4 pour 100 d’un corps particulier, l'acide Lichénostéarique, C'*H5 0%, dont les cristaux fondent à 1920° C. L'acede Lichénique, trouvé par Pfaff, en 1826, dans le Lichen d'Islande et autrefois considéré comme un Corps particulier, est en réalité identique avec l'acide Fu- -__. marique. De même qu'un grand nombre de lichens, le Cetraria contient de l'acide Oxalique et passe pour contenir aussi de l'acide tartrique. Ses cendres s'élèvent à la proportion de 4 à 2 pour 400 ; les deux cin- quièmes sont formés d'acide silicique combiné surtout avec de la po- tasse et de la chaux. _ Récolte et Commerce, — Le lichen d'Islande est recueilli dans plu- sieurs localités où il existe en abondance, notamment en Suède, d’où on l'expédie dans d’autres pays. On le recueille aussi en Suisse et parti- _tulièrement sur les montagnes du canton de Lucerne, eten gi toc (3). On n’en exporte pas du tout d'Islande. | ru nappes — Le lichen d'Islande est administré en décoction comme nn Les différents mucilages ou gommes donnent _ & à 20 pour 100 de cendres ; la lichénine n’en donne pas du tout. . après les recherches de Berg (1 873), la lichénine préparée comme nous venons de é'ange d’un corps auquel il conserve le nom de lichénine, accom- ‘rique. Cette dernière serait soluble à froid dans l’eau; c'est iode, et nc é sn nopement dl [F. A. F] HISTOIRE DES DROGUES D’ORIGINE VÉGÉTALE. 601 tonique léger, combiné avec des médicaments plus actifs. On l'emploie beaucoup en Islande, mais seulement dans les années de disette ; on le réduit alors en poudre et on le mélange avec de la farine pour faire le grout. On le mange parfois bouilli dans du lait. On ne le donne pas, comme cela a été affirmé, aux animaux domestiques. On a récemment expérimenté en Suède et en Russie une utilisation intéressante du lichen d'Islande et d’autres lichens. Sten-Stenberg le traite par l'acide sulfurique ou l'acide chlorhydrique ; il se forme alors 72 pour 100 de glucose qui peut être converti en alcool ( (4). (a) D’après cette théorie qui est admise aujourd’hui par le plus grand nombre des botanistes, chaque lichen se compose de deux végétaux de classe différente associés : un champignon dépourvu de matière colorante verte, représenté par des fila- ments ramifiés qui constituent l’hypha du lichen, et une algue colorée par la chlorophylle qui constitue les gonidies. Les filaments du champignon vivent en pa- rasites aux dépens des cellules vertes de l'Algue. La partie des lichens désignée sous le nom d'apothécie représente les organes de multiplication propres aux champi- gnons ascomycètes. Les spermogonies sont aussi des organes de reproduction habi- tuels à ce groupe de champignons, mais dont le rôle n’est pas encore nettement déterminé. Quant aux gonidies elles se multiplient par segmentation. Des observations récentes communiquées au congrès des naturalistes de Munich, le 20 septembre 1877, par M. Stahl, apportent à cette théorie une confirmation importante en même temps qu’elles ‘étlairent d’un jour nouveau les relations qui existent dans les lichens entre l’algue et le champignon. Il a constaté qu’une petite masse isolée de gonies offrait un accroissement considérable dans l’activité de sa végétation dès qu'on mettait en contact avec elle des filaments incolores de .l'hypha du lichen et qu’en même temps ces dernières commençaient après ce con- tact à végéter avec une grande vigueur, comme si le champignon et l’algue se four- nissaient mutuellement des éléments de nutrition. [Trap.] CHAMPIGNONS ERGOT DE SEIGLE. . Secale cornutun ; angl., Ergota (2), Ergot of Rye, Spurred Rye; allem., Mutterkorn. Origine botanique, — Claviceps purpurea Turasne. — C'est un cham- pignon du groupe des Pyrénomycètes, dont l’ergot représente une forme non encore parvenue à maturité, désignée sous le nom de scle- rotium, se développant dans l intérieur des PAR d’un grand nombre de Graminées. a) Dixauan, D ane Journal, 1870, 177 ; ‘chenirhts Centralblatt, 1870, 607; cetA872, 544 ; ne Da mot français ergot, autrefois argot, éperon de coq, 602 CHAMPIGNONS. L'ergot employé en pharmacie est recueilli prèsque exclusivement sur le Seigle (Secale cereale L.), mais le même champignon se déve- loppe sur des graminées appartenant à d’autres genres, notamment les Agropyrum, Alopecurus, Ammophila, Anthoxanthum, Arrhenatherum, Avena, Brachypodium, Calamagrostis, Dactylis, Glycera, Hordeum, Lo- lium, Poa et Triticum. D'autres organismes de formes diverses, mais ne constituant que des espèces douteuses, se développent sur les Ho- lina, Oryza, Phragmites, et d'autres Graminées. Dans la famille des Cypéracées on connaît aussi des ergots parties : Historique. — Quoiqu'il soit difficile qu'une production aussi singu- lière que l’ergot n'ait pas été notée dans les écrits des auteurs clas- siques, nous croyons qu'on n'a trouvé dans ces ouvrages aucune men- tion s'appliquant d’une façon certaine à ces champignons (1). La date la plus ancienne à laquelle nous trouvions l’ergot mentionné à cause de ses propriétés obstétriques est le milieu du seizième siècle. Adam Lo- nicer, de Francfort, décrit sa formation sur les épis du Seigle et ajoute qu'il est considéré par les femmes comme jouissant d’une action re- marquable et incontestable (2). Il se trouve aussi très-clairement décrit par Johannes Thalius, en 1588 ; il dit qu’il est employé «ad sistendum sanguinem » (3). Pendant le siècle suivant, i! est signalé par Caspar Bauhin, en 1623, qui le nomme Secale lururians (4); et en 1693 par le botaniste anglais Ray, qui fait allusion à ses propriétés médicinales (5). Rathlaw, accoucheur hollandais, employait l’ergot en 1747. Trente ans plus tard, Desgranges, de Lyon, le prescrivit avec succès; mais ses propriétés particulières et importantes ne furent guère connues avant le commencerñent de notre siècle. Le docteur Stearns, de New-York, le fit alors mieux connaître (6). Cependant l'ergot de Seigle ne fut admis dans la Pharmacopée anglaise qu'en 4836 (7). L'emploi de farine contenant une quantité considérable d'ergot de seigle donne lieu à une maladie terrible, désignée actuellement sous le nom d'£rgotisme, mais connue à des époques reculées sous des noms divers : Morbus Lane convulsivus, malignus, epidemieus vel cerealis, (1) Consultez : Puine, Nat. Hist., liv. XVI, Ch. 44, (2) Kreuterbuch, ed. 1582, 285 (non dans l'édition de er Paitii Sylva Hercynià, Francof., 1588, 47. jee (4) Pinax Theatri Botanici, Bas, 1693, 23. Hist. Pin: 1693, ILE, 1241. L AC and Mat. Med. 1868, IL, 6 609. de Fergot de Seigle à Londres était de 3 36 a 50 9 shelings HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 603 Raphania, Convulsio raphania (4), et Iqnis Sancti Anton, par allusion à l'ancienne abbaye de Saint-Antoine, en Dauphiné. Quelques-unes des épidémies qui ont ravagé l'Europe au moyen âge après des pluies abondantes et des disettes ont été rapportées avec plus ou moins de probabilité à l’ergotisme (2). Les chroniqueurs du sixième et du huitième siècle signalent certaines maladies qui pourraient être dues à des grains ergotés. C’est moins douteux en ce qui concerne les maladies qui ont régné en France au dixième siècle, et en Espagne au douzième siècle. Pendant l’année 1596, la Hesse et les régions avoisi- nantes furent ravagées par une peste terrible que la Faculté de méde- cine de Marburg attribua à la présence d’ergot dans les céréales con- sommées par la population. La même maladie se montra en France en 1630 ; dans la Saxe, pendant les années 1648, 1649 et 1675 ; de nouveau dans diverses parties de la France, notamment dans l’Aqui- taine et la Sologne, en 1650, 1670 et 1674. Fribourg et le pays voisin furent visités par la même maladie en 1702; d'autres parties de la Suisse en 47145 et 1716; la Saxe et la Lausitz en 1716 ; d’autres localités d'Allemagne en 4717, 1722, 1736, 1741, 1742 (3). La dernière épidé- mie produite en Europe par l’ergot paraît être celle qui, après la saison pluvieuse de 1816, ravagea la Lorraine et la Bourgogne et entraîna la mort d'un grand nombre de pauvres gens. La maladie de l'ergot s’ob- serve quelquefois de nos jours en Abyssinie (4) et on a signalé récem- ment quelques cas de mort produits par elle en Bavière (3). Développement de l’ergot, — La nature véritable de l'ergot a été pendant longtemps l'objet d’un grand nombre d'opinions diverses ; elle a été établie par les admirables recherches de Tulasne, dont le Mé- moire sur l'ergot des Glumacées (6) nous fournira la plupart des détails que nous allons donner. | L'ergot ne se forme souvent que sur ün petit nombre des fruits d'un même épi, parfois cependant il en attaque une vingtaine ou davan- tage. Dans le premier cas, le développement des autres fruits n'est pas empêché, mais si un grand nombre sont attaqués à la fois, l'épi entier -(1} PermiRA, Elem. of Mat. Med., 1850, Il, 1007. (2) Consultez: Hæser, Lehrbueh der Geschichte der Medicin und der Volkskrank heiten, 1845, I, 236,830 ; II, 94. —C. F. Heusincen, Recherches de pathologie comparée. Cassel, 1853, 1, 543-554.— Méraret De Lens, Dict. de Mat. Medic., III, 131 ; VIL, 268, (3) Tissor de Lausanne, Phil. Trans., 1766, LV, 106. — Hist. de la Soc. roy. d° Médec., 1776, 345. — Mém. de Méd. et de Phys. méd:, ATI6, 260-311, 17. (4) Tu. von Heuczin, Reise nach Abessinien, etc., Jena, 1868, 180. (5) Wiccens et Husemann, Jahresbericht, 1870, 582. . (6) Annee. nat., Bot, 1858, XX, 1-56, & planches. 604 CHAMPIGNONS. se détruit. Les ergots isolés deviennent généralement plus gros ; ils atteignent leur taille maximum sur les pieds de seigle qui vivent isolés au milieu d'autres graminées. < Le premier symptôme qui indique la formation de l’ergot est la pré- sence sur l’épi de gouttes d’une substance particulière qui a recu le nom de mel de seigle. C’est un mucus jaunâtre, possédant une saveur douce, très-prononcée et l'odeur particulière désagréable qui appartient , aux champignons. Des gouttes de ce mueus se montrent çà et là dans le voisinage des grains malades et attirent des fourmis et d'autres insectes, surtout le Rhagonycha melanura Fagr., jaune rougeâtre, mais pas les abeilles. On a supposé que les insectes étaient les agents de la propagation de l’ergot, et il peut bien en être ainsi, mais ce serait seulement en transportant le mucus saccharin d'une plante à une autre. Le mucus du seigle ne contient ni gouttes d'huile ni amidon. Après dilution dans l’eau, il produit dans la solution alcaline de tartrate cu- prique un précipité abondant et rapide d'oxyde de cuivre. Desséché sur | l'acide sulfurique, il se solidifie en une masse cristalline. Après quel- ques jours, les gouttes de mucus disparaissent des épis; les grains commencent à cette époque à être complétement désagrégés et sont _ dépourvus d’amidon. Les ovaires ergotisés sont mous, recouverts et imprégnés d’un tissu feutré blanc, spongieux, qui consti- tue le mycelium du jeune champi- gnon. Il est formé de cellules fili- formes grêles, qui constituent les hyphas revêtues par une couche de cellules divergentes radialement, Fig. 290. Développement de l'ergot de Seigle qui sont les basides. Le my celium arr re Dee Merrre reed entier est creusé de cavités et de … Mate est soulevé ; €, l’aymenium ou spermato- fentes qui s'ouvrent au dehors. De sa A rade 1 mie à con ee COUChe extérieure, qui a été dési- Sp urme mt Crée sous le nom d'égmeniu Où 7 spermatophore, se détachent un grand Ilules allongées, agglutinées, désignées sous le. sont produites par les basides; elles | HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 605 n'ont pas plus de 4 millièmes de millimètre de long, et revètent les organes floraux comme d’une fine poussière blanchâtre. Le mucus sucré contient aussi une grande quantité de conidies, mais c’est seule- ment quand on le dilue qu’elles se précipitent et deviennent visibles. La formation de ce mucus est intimement liée à celle des conidies elles-mêmes. Dans ce premier état, l'ergot a été considéré autrefois comme un champignon spécial. Léveillé, en 1827, lui donna le nom de Sphaceba segetum. D’après Kühn (1863), il peut être produit directe- ment par germination des conidies sur les épis du seigle. Le mycélium pénètre et enveloppe le fruit, à l'exception de son som- met, et empêche son accroissement ultérieur en détruisant surtout l'6- picarpe et l'embryon. A la base du caryopse, il se forme alors, par tumé- faction et séparation graduelle transversale des cellules filiformes du mycélium, un corps plus compacte qui est le futur ergot ; il est coloré en dehors en violet noirâtre; il est blanc en dedans ; sa taille augmente graduellement, et enfin il se sépare du mycéliumi dont il semble repré- senter le tissu contracté après l’accomplissement de ses fonctions, Pendant son développement, il soulève les restes du caryopse, encore reconnaissables à leurs poils et aux débris du style, ainsi que les por- tions restantes du tissu mycélial. Ces parties deviennent visibles au- dessus des paillettes portées par l’ergot parvenu à sa maturité et faisant saillie en dehors de l’épi. Très-rarement l’ergot est couronné par un fruit bien développé; dans la drogue commerciale, son sommet est or- dinairement brisé. Il est évident que pendant le développement de l’ergot que nous ve- nons de décrire le tissu du caryopse ne se transforme pas, mais qu'il est simplement détruit. Ni par sa forme extérieure, ni par sa structure, l'ergot n'offre aucune ressemblance avec le caryopse ou avec la graine du _ seigle, quoique sa production s'effectue entre le moment de l’épanouis- sement de la fleur et celui de la maturation des fruits. Il a été considéré autrefois comme un champignon complet et distinct. De Candolle, en 1816, lui donna le nom de Sclerotium Clavus, et Fries, celui de Sper- mœædia Clavus. Aucun autre changement ne se produit dans l’ergot tant qu'il reste attaché à l’épi; mais lorsqu'il est tombé sur le sol, il se passe des phé- nomènes intéressants. Sur certains points de sa surface, de petites masses orbiculaires se montrent et se développent graduellement sous la forme de petites têtes blanches qui augmentent de taille peu à peu, tandis que les couches extérieures du tissu voisin perdent de leur fer- 606 CHAMPIGNONS. meté et deviennent molles et un peu granuleuses, en même temps que les cellules dont elles sont fournies se vident et s’allongent. Dans l’in- Fig. 291. Développement et organisation du conceptaele adulte du Claviceps purpurea (d'après Sacs) ; 4, ergot produisant des réceptacles fructifères ; b, coupe verticale . du renflement terminal du réceptaele ; €, coupe d'un con- ceptacle très-grossi, rempli de thèques ; d, asque déchiré à une extrémité et laissant sortir les spores. térieur de l’ergot. les cellules conservent leurs gouttes d'huile intactes. Les petites têtes prennent une-coloration jaune grisâtre qui se change ensuite en pourpre, et enfin au bout de quelques semai- nes elles sont soulevées par des pédoncules grêles, colo- rés en violet pâle, et qui attei- gnent souvent 25 millimètres de long et 4 millimètre en- viron d'épaisseur. Les pé- doncules sont formés de cel- lules filiformes, parallèles, étroitement feutrées, dépour-" vues d'huile grasse. On a donné à ces renflements pé- donculés le nom de récepta- cles. L’ergot n’est susceptible de subir ce nouveau déve- loppement que tant qu'il est frais, et il ne conserve, dit- on, cet état que jusqu’à l'époque de la floraison suivante du seigle. Pendant cette période, cependant, ses fragments mêmes sont suscep- tibles de présenter les phénomènes que nous venons de décrire. Il se produit aussi fréquemment à la surface de l’ergot des filaments inco- lores d’un mycélium qui appartient à un autre champignon, le Verti- cillium M on Fos, qui se développe aux — du Cla- viceps purpurea (1). (1) De l’ergot de seigle recueilli par moi-même en août, placé sur de la terre dans un pot à fleurs et abandonné en plein air, sans protection, pendent lhiver, commença à _ développer des réceptacles fructifères le 20 mars ; daus une autre occasion le 20 avril ; ee cette date quelques-uns qui avaient été FAST ‘en février commencèrent à germer. rigoureux paraissent retarder la végétation ; ainsi, après l'hiver froid de ne commencèrent à se montrer, même en serre, que le 41 mai, ive de la formation ras de l’ergot que j'aie observée est on complet qu' en juillet, (FAP. J | HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 607 Dans le point où le pédoncule du réceptacle fructifère se rattache au renflement sphérique ou un peu aplati, ce dernier est déprimé et en- toure le pédoncule d’une bordure annulaire. Au bout de peu de temps, il se montre à la surface du renflement, qui est large de 2 millimètres environ, un grand nombre de verrues brunâtres, munies d’une ouver- ture qui conduit dans une petite cavité. Ces dernières sont désignées sous le nom de conceptacles ou périthèces. Sur une coupe transversale, elles paraissent disposées radialement en cercle autour du renflement. Dans chaque cavité, se trouvent un grand nombre de petits sacs délicats, “larges de 3 à 3 millièmes de millimètre seulement et longs de 100 mil- lièmes de millimètre environ; ce sont les fhèques ou asques. Ils repré- sentent la fructification véritable du champignon. Chacun contient huit spores, représentées par des cellules filiformes entourées d’une sub- _stance homogène. | Les asques s'ouvrent au niveau de leur extrémité la plus large, pen- dant qu’ils sont encore contenus dans les conceptacles; les spores en sortent unies en une seule masse et sont expulsées par l'ouverture dont le conceptacle est muni. Par suite de leur consistance un peu gluti- neuse, elles restent unies même après leur sortie et forment des fila- ments blancs et soyeux. Le nombre des spores contenues dans les vingt ou trente réceptacles capités produits parfois par un seul ergot dé- passe souvent un million. Les réceptacles eux-mêmes se détruisent deux ou trois semaines après leur apparition. Get état de la plante paraît avoir été découvert en 1801, par Schumacher, qui le nomma Sphæria; il fut désigné plus tard sous les noms de Cordiceps, Cordyliceps, Kentrospo- rium, ete., jusqu’à ce que Tulasne ait montré qu'il constituait la der- nière phase du développement de l’ergot (1). Ces trois différentes formes d'organisation : le mycélium, l'ergot et les renflements ou réceptacles fructifères, ne sont que des états succes- sifs d’un seul champignon bisannuel que Tulasne a désigné sous le nom de Claviceps purpurea. Le sclérotium n’est qu'un état intermédiaire, qui se présente dans un grand nombre de champignons différents ; ce n’est qu’une phase de repos de ces végétaux. La preuve directe _ que le mycélium est produit par les spores contenues dans les concep- (L) Lorsque les spores produites par les asques du réceptacle fructifère tombent sur une jeune fleur du seigle, elles y germent et produisent un nouveau mycélium mou, conidifère, et le eyele de développement qui vient d’être décrit recommence. L'état de repos du mycélium qui constitue l’ergot se constituant pendant l'été, et l'ergot ne pro- duisant de réceptacles fructifères qu’au printemps suivant, les spores produites par ces | réceptacles arrivent à maturité au moment même de la floraison des graminées. [Tran.) 608 CHAMPIGNONS. | \ tacles que produit l’ergot fut donnée par Kühn, en 1863. Nous avons dit déjà que le mycélium pouvait aussi être produit par les conidies, d'où il résulte que dans le champignon qui nous occupe, comme dans beaucoup d’autres, il existe deux formes différentes de multiplication. Description, — L'ergot de Seigle, tel qu'il se trouve dans le com- merce, est formé de corps fusiformes, longs de 25 à 33 et même 60 mil- limètres et épais de 2 à 4 ou mème 6 millimètres, subeylindriques ou prismatiques-obtus; amineis au niveau des extrémités, ordmairement arqués, et munis, sur chaque face, d'un sillon longitudinal. Au sommet de chaque ergot, se trouve souvent un petit appendice blanchâtre qui se détache facilement, tandis que l'extrémité opposée est un peu arron- die. L’ergot est ferme, corné, un peu élastique ; sa cassure est courte et nette ; quand il est sec, il est cassant, mais difficile à pulvériser. Sa substance interne est blanchâtre ; il offre souvent des fentes transver- sales profondes. Son tissu ne se laisse que difficilement pénétrer par l’eau et de minces sections ne se gonflent même que peu dans l’eau. L’ergot de Seigle possède une odeur particulière, désagréable et une saveur de moisi, rance. Il se détériore facilement avec le temps, surtout lorsqu'il a été réduit en poudre, en partie par suite de l'oxydation de l’huile qu'il renferme et aussi sous l'influence d'une mite du genre Trombidium. Pour pouvoir le conserver, il faut le faire dessécher com- plétement et l’enfermer dans des flacons bien clos. Structure microscopique, — Dans un ergot bien développé, il est im- possible de distinguer aucun organe. Il consiste en un tissu uniforme, très-serré, formé de cellules filiformes à parois épaisses, irrégulièrement disposées et si bien enchevêtrées qu’on ne peut les isoler qu’en faisant bouillir de minces tranches de l’ergot pendant longtemps dans la po- tasse et en traitant les coupes alternativement par les acides et l’éther. Observées sans ce traitement, les cellules paraissent, même sur les coupes les plus minces, être presque arrondies et pourvues de dia- mètres égaux. Le tissu de l’ergot offre ainsi un aspect un peu différent de celui de l'hypha des autres champignons. Cependant, sur des coupés longitudinales minces de la portion interne de l’ergot, traitées par une solution d'acide chromique à 1 pour 100, on peut distinguer des cellules d’hypha qui sont plus courtes que celles des autres champignons. Elles > contiennent de nombreuses gouttes d'huile, mais on n'y voit ni amidon cristaux. Il est remarquable de voir un parenchyme formé de cel- si peu épaissies constituer u un tissu aussi compacte et aussi résis- HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 609 Les parois cellulaires du tissu de l’ergot ne se colorent pas en bleu sous l'influence de la solution d'iode dans l'iodure de potassium, même après un traitement prolongé ou lorsque le tissu a été préalablement traité par l’acide sulfurique ou conservé pendant quelques jours en con- tact avec la potasse et l'alcool absolu à 400° C. Sous ce rapport, la cel- lulose des champignons diffère de celle des plantes phanérogames. Un petit nombre des couches extérieures de l’ergot sont formées de cellules colorées en violet, mais on ne peut pas les distinguer, à d'autres égards, des cellules incolores, si ce n est peut-être par l’ épaisseur un peu plus considérable de leurs parois. Composition chimique. — La composition chimique de l’ergot de Seigle a été plusieurs fois étudiée, notamment par Wiggers, dès 1830. La drogue contient environ 30 pour 100 d’une huile grasse, non sicca- tive, jaunâtre, saponifiable, consistant surtout en oléine, palmitine et une petite proportion d'acides gras volatils, surtout d’acide acétique et butyrique, combinés avec la glycérine. L'huile est accompagnée de pe- tites quantités de résine et de cholestérine, Ce serait une erreur d'attribuer à cette huile les propriétés toxiques de l’ergot, quoique Ganser (4) ait montré que, prise à la dose de 6 grammes environ, elle jouit de pro- priétés irritantes ; mais les effets observés paraissent dépendre de la ré- sine qui l'accompagne dans la proportion de 7 pour 400. D'après Wenzell (1864), l'ergot de Seigle contient deux alcaloïdes particuliers qu'il a nommés £cboline et Ergotine (2). Ils sont solubles dans l’eau ; leur réaction est alcaliné et leur saveur est un peu amère. On ne les a pas obtenus à l'état de pureté, mais seulement sous la forme de substances amorphes formant, avec les acides, des composés déli- quescents, également amorphes. Ganser, cependant, dit avoir obtenu de longs cristaux aciculaires de chlorhydrate d’ergotine. L'ecboline possède, à un haut degré, les propriétés médicinales de l’ergot de Seigle ; l'ergo- tine, qui est moins amère, n’est que peu active. Manassewitz, en 1867, a obtenu 0,12 pour 400 d’ergotine; Ganser a obtenu 0,04 pour 100 du même alcaloïde et 0,16 pour 100 d'echoline. Les deux corps peuvent être facilement séparés à l’aide du chlorure mobi ii donne un composé insoluble avec l’ecboline seule. ; Wenzell a trouvé que les deux bases de l’ergot de Scigle sont vom - (1) Archi der Pharm., 1870, CXLIV, 200. (2} Le nom ob a été donné aussi à un extrait médicinal de l'Ergot, préparé d’après la méthode indiquée | par Bonjean, pharmacien à Chambéry ; voyez : Journ. de Pharm., 1843, IV, 107. — PeReinA, Élem. of Mat. Med., 1850, IL, 1012. he “MST. DES DROGUE, T, Il. 39 610 CHAMPIGNONS. nées avec l'acide Ergotique, dont l’existence a été de nouveau prouvée par Ganser, C’est un corps volatil donnant des sels cristallisables. L’ergot de Seigle contient, comme d’autres Champignons (1), un sucre nommé Mycose, très-voisin du sucre de canne et encore plus dela Tréhalose, dont il ne diffère que par son pouvoir moins dextrogyre. La mycose cristallise ‘en octaèdres rhombiques, ayant la composition C°H?0+9H20. Mitscherlich en a obtenu 0,1 pour 400 environ. Il pa- raît que le sucre, exsudé pendant le premier âge du champignon et nommé miel de Seigle, diffère par ses caractères principaux de la mycose. Indépendamment de ce dernier corps, Mitscherlich et Fiedler ont trouvé parfois dans l’ergot de la Mannite. La matière colorante rouge de l’Ergot de Seïgle n’est soluble ni dans la benzine, ni dans l’alcool, ni dans l’éther, mais on peut l'extraire faci- lement à l’aide de l'alcool ou de l’eau mélangés d’un peu d’ammoniaque ou à l’aide des acides minéraux, mais non à l’aide de l'acide acétique. Elle est précipitée par l’acétate de plomb de sa solution alcoolique neu- tralisée. Elle paraît contenir du fer et de l'azote (Winckler, Manassewitz). En l’examinant à l’aide du spectroscope, nous avons trouvé que sa s0- lution éteint les rayons bleus et verts. Schoonbroodt, en 1866, et Ludwig, en 1869, ont signalé, dans l’ergot de Seigle, la présence de la Cholestérine, principe cristallisable, très-ré- pandu dans le règne animal et qui a été trouvé dans d’autres champi- gnons. On peut l’isoler en agitant l'huile grasse de l’ergot avec de l’al- cool. Ganser a retiré, par ce procédé, 0,036 parties de cholestérine de 100 parties de la drogue. Schoonbroodt a aussi trouvé, dans l’ergot, de l’acide lactique. Plusieurs autres chimistes y ont signalé aussi la présence des acides acétique et formique. L’amidon manque compléte- ment dans l'ergot à toutes les époques de son développement. La drogue fournit 3 pour 400 environ d'azote, qui répondent probablement à une forte proportion de matières albuminoïdes. Ganser, cependant, n’a obtenu que 3,2 pour 400 d’albumine soluble dans l’eau. | Lorsqu'on traite l'ergot ou son extrait alcoolique par un alcali, il donne, comme produit de décomposition, des matières albuminoïdes, de l'ammoniaque et des bases ammoniacales, d’après Ludwig et Stahl, de la Méthylamine, et d’après d'autres de la Zriméthylamine. Manassewitz et Wendell assurent qu'il existe du phosphate de triméthylamine dans extrait aqueux A sn mais * Ganser s ss assuré que cette base ne 1 RE ge. 1 à HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 611 préexiste pas dans l’ergot lui-même. Nous avons trouvé que les: cris- taux qui abondent dans l’extrait, après qu'il a été conservé pendant un certain temps, sont constitués par un phosphate acide de sodium et de magnésium avec une faible proportion de sulfate (4). : Produetion et commerce, — L'ergot de Seigle est importé à Londres, en majeure partie de Vigo en Espagne, de Ténériffe, de Mogador et même de Calcutta. Le docteur de Lanessan, écrivant de Vigo à l’un de nous, en 1872, fait remarquer qu'oncultive dans la Galice de grandes quantités de Seigle qui, grâce à l'humidité du climat, est toujours très- ergoté ; un épi sur trois en moyenne est envahi par ce parasite ; au moment de la récolte, on enlève les ergots, et le Seigle est ainsi rendu propre à l'alimentation. fin Le sud et le centre de la Russie produisent de grandes quantités de la drogue. Dans les parties centrales de l'Europe, l'Ergot n'existe pas en quantité suffisante pour être recueilli et sa proportion diminue à me- sure que les procédés d'agriculture se perfectionnent. Nous avons re- marqué que l’Ergot qui vient d'Odessa offre une téinte ardoisée et se présente en grains plus petits que celui d'Espagne (2). (1) La couleur rouge de la solution alcoolique peut servir à révéler dans la farine la présence d’une petite quantité d’ergot. La réaction avec la potasse et la production de l’odeur caractéristique de hareng sau” peut aussi être utile à cet égard. L’extraction de lhuile grasse à l’aide du bisulfure de carbone peut aussi être recommandée comme réactif, car les bons grains de .céréale ne contiennent qu’une très-petite quantité de graisse, Nous devons de nouvelles recherches chimiques sur l’ergot de Seigle à Dragendorff et ses élèves d’un côté, et à Tanret, d'autre part. Les premiers en ont isolé (1876 et 4877) les principes immédiats suivants : l'acide Sclérotinique, [auquel ils attribuent surtout l’activité de l’ergot de Seigle ; 2° la Seléromucine, matière gommeusé,;mais éfale- ment doûée de propriétés thérapeutiques ; 3°la Scléroxanthine, matière colorante jaune, dont les cristaux offrent la composition CTHT03 + H?0: la Sclérocrystalline, qui n’est autre chose que lanhydride dela substance précédente ; 5° la Sclérérythrine, matière colorante rouge très-voisine de la pürpurine fournie par la garance ; 6° la Sclérojodine matière colorante d’un bleu très-foncé quand on la dissout dans la soude ou ; l'acide sulfurique concentré ; la Picrosclérotine, alcaloïde amer; 8° l'acide érot qui a probablement pour formule C1*H?#07 et qui paraît ètre capable de icristalliser, (Pour les détails, voir les Jahresberichte de DRAGENDORFF.) M. Tanret, de Troyes, dit (Journ. de Pharm., octobre 1873, p. 321) avoir retiré de l’ergot de Seigle l'Ergotinine, alcaloïde parfaitement incolore et cristallisable, jouis- sant d’éminentes propriétés hémorrhagiques. Cette subtance esttrès-altérable, ses solu- tions alcooliques virent bientôt au vert et rouge ; elles sont fortement fluorescentes. Le même chimste a de plus retiré de l’ergot de Seigle une substance volatile à la tempé- rature ordinaire, qui ressemble au camphre ; ses me n_— à 165° et entrent en ébullition à a AR4 A.F.] ] oppe tout so bien dus les pari de Nord, en Norwége jus- de, et dans les régions alpines que dans les pays méridionaux, 612 ALGUES. Usages. — L’ergot de Seigle est particulièrement employé à cause de son action spécifique sur l’utérus pendant la parturition. Autres variétés d'Ergots, — Dans quelques parties de l'Italie et de la France, on sépare à la main les ergots de froment des grains qui doivent être employés à la fabrication du vermicelle et des autres pâtes ana- logues, et on trouve ces ergots chez les droguistes. Garbonneaux Le Per- driel (1) s’est efforcé de montrer que l’ergot du froment s’altère moins rapidement que celui du Seigle et qu’il ne produit jamais les effets toxiques qui sont parfois provoqués par ce dernier. Le même écrivain affirme que l’ergot d’'Avoine est parfois recueilli et vendu séparément ou mélangé avec celui du Seigle. Il diffère de ce der- nier par une taille plus grande. L’ergot d'une herbe de l'Amérique du Nord, connue sous le nom de Diss, Arundo Ampelodesmos CiriLvo, est par- fois recueilli pour l'usage médicinal. D'après Lallemant (2), il est deux fois plus actif que celui du Seigle. Il a de 25 millimètres à 8 centimètres de long et seulement 2 millimètres de large ; il est ordinairement arqué ou parfois, quandil est très-long, tordu en spirale. Nous lui avons trouvé . Ja même organisation qu'à l’ergot de Seigle. ALGUES CHONDRUS CRISPUS. … Fucus Hibernicus ; Mousse d'Irlande, Mousse perlée, Carrageen (3) ; angl., Carrageen ; Irish Moss ; allem., Knorpeltang, Irlündisches Moos, Palmocs: | Ceisine-hetanique. -- Chondrus crispus LyNGBYE (Fucus crispus L.). — C'est une algue de la famille des Floridées, abondante sur les rochers du littoral de l'Europe depuis le cap Nord jusqu'à Gibraltar et sur les côtes orientales de l'Amérique du Nord. | Historique. — Le Carrageen fit son introduction dans la médecine, en Angleterre, en 1831, et bientôt après attira l'attention en Allemagne. Il n’a jamais été admis dans la Pharmacopée de Londres ni dans la Pharmacopée anglaise, et il n'est que peu estimé par les médecins. Description. — On recueille la plante entière. A l’état frais, elle est molle et cartilagineuse ; sa coloration varie du vert mpnète. au pourpre pot os Prose et de ses propriétés mél. EE, Moitpeliët, 1808" lErgot du Diss, ti fra Journal. de Pharm., 1865, 1, #44. mot ir qui signifie mousse des rochers. Nous A rer sérhd EE l'écrire Carraigeen. HISTOIRE DES DROGUES D’ORIGINE VÉGÉTALE. 613 ‘—livide ou brun pourpré, mais après lavage et exposition au soleil, elle devient blanche ou jaunâtre, et lorsqu'elle est sèche, elle est ridée, cornée et translucide. La base est un petit disque aplati; il s’en élève un thalle de 40 à 145 centimètres de haut, à tige grèle, subcylindrique, étalé en éventail, découpé en segments cunéiformes de diverses tailles, aplatis ou plissés, tronqués, émarginés ou bifides au sommet. La fructification consiste en tétraspores et en cystocarpes qui ne s'élevent que peu au-dessus de la substance du thalle et forment de petites protubérances verruqueuses. Dans l'eau froide, le Carrageen se gonfle, reprend ses dimensions primitives, et acquiert une odeur distincte de varech. Quand on le fait bouillir dans 20 ou 30 fois son poids d’eau, il forme, en se refroidis- sant, une gelée pâle, fade. Structure microscopique, — Le tissu du Chondrus crispus est formé de cellules globuleuses ou allongées, à parois épaisses. Les couches superficielles des deux faces des lobes du thalle constituent une sorte de tégument qui se sépare facilement sur les coupes microscopiques. La partie interne ou médullaire est constituée par un tissu beaucoup moins serré et formé de cellules plus grandes. Les larges cavités de ce tissu contiennent une matière mucilagineuse, granuleuse, qui se colore en violet clair sous l'influence de l'iode. Dans l’eau, les parois cellulaires se gonflent et forment une masse gélatineuse, dans laquelle on ne peut bientôt plus distinguer aucune cellule (1). A l’état frais, les cellules con- tiennent aussi des granulations de chlorophylle imprégnées d'une ma- tière rouge nommée Phyco-érythrine; mais par le lavage et l'exposition à l’air, ces matières colorantes se séparent ou s’atténuent beaucoup, et on ne les voit plus dans la drogue commerciale. Ps Composition chimique. — Les principes constituant du Carrageen sont ceux qu'on trouve dans les algues marines, du moins en ce qui concerne le mucilage. Ce dernier est insoluble dans une solution ammo- niacale de cuivre (réactif de Schweizer) ; sous l'action de l'acide nitrique fumant, il fournit, comme la gomme, une grande quantité d'acide mu- cique. Le mucilage de Garrageen, comme plusieurs autres corps sem- blables, retient énergiquement les matières inorganiques. Après avoir _ été trois fois dissout dans l’eau et autant de fois précipité dans l'alcool, il nous a présenté encore la même quantité de cendres que la drogue brute elle-même, c’est-à-dire plus de 45 pour 400. Le mucilage parfai- pour l'observation microscopique de cette drogue. ( he (1) L'alcool, la glycérine et les huiles grasses sont les liquides les plus convenables 614 ALGUES. tement sec est une substance cornée, flexible, de couleur grisâtre, qui sé gonfle rapidement dans l’eau, en formant une gelée qui est précipi- table par l’acétate neutre de plomb. D'après Blondeau (1), le mucilage de Carrageen contient 21 pour 100 d'azote et 2,5 de soufre ; mais nous sommes en mesure de considérer ces résultats comme erronés. Nous n'y avons pas trouvé de soufre et seulement 0,88 pour 400 d'azote. La drogue elle-même ne nous a pas donné plus de 10,12 pour 100 d'azote. Quand on traite par la potasse de minces tranches de la plante et qu’on les laisse, après les avoir lavées, pendant vingt-quatre heures au contact d’une solution d'iode dans l'io- dure de potassium, elles se colorent en bleu foncé. Cependant on ne trouve pas d'amidon dans cette algue (2). Enfin, on peut citer, à propos du Carrageen, le Fucusol, liquide huileux, isomérique du furfurol, qu’on obtient en faisant bouillir les algues avec de l’acide sulfurique dilué. Commerce. — On recueille la plante sur les côtes ouest et nord-ouest de l'Irlande. Sligo passe pour être un dépôt considérable de cette algue. On la récolte aussi en certaine quantité sur les côtes du Massachusetts, où l'on a adopté un procédé systématique de préparation (3). On im- porte parfois de Hamburg un Carragaen de qualité supérieure. - Usages. — La décoction mucilagineuse et la gelée de Carrageen constituent des remèdes populaires contre les affections pulmonaires et quelques autres maladies, mais on nr surtout ces préparations . pour l'alimentation (4). - On emploie parfois le Carrageën pour engraisser les vaches et les veaux, et sous le nom d’A/ga marina, pour rembourrer les matelas. Son mucilage sert pour épaissir les couleurs employées dans la teinture du calicot et pour coller le papier et le coton. En PA on l’em- ” ploie pour coller la bière. trees} Substitutions. — Le Gigartina monmillosa ÿ: AG. (Chad RARE Grev.) est recueilli indistinctement avec le Chondrus crispus. I se dis- tingue surtout de ce dernier parce que la portion aplatie du thalle est . munie de tubercules élevés et pédonculés portant les Ho cués Re Il : possède les mêmes propriétés. Le Re: ce ha _. commune sur les côtes de . _. {) He de us. 1865, IL, 159. _ (2) Traité par l'acide sulfurique dilué, le Carrageen fournit u un sucre eristaisabe, de pouvoir rotatoire. [F. A. PF] in Pharm. Ps ale d 1870, XI, 298. HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE, 615 France et d'Espagne, à branches cylindriques et grêles, est parfois recueilli en même temps que le C'hondrus crispus, Dalmon, qui l’a étudié en 1874, affirme qu'il est moins soluble dans l’eau bouillante que le véritable Carrageen. De petites quantités d’autres algues marines se trouvent parfois mé- langées au Chondrus crispus par suite de la négligence des collecteurs. SPHÆROCOCCUS LICHENOIDES. Alga seylanica, Fucus amyl ; angl., Ceylon moss, Jaffna Moss. Urigine botanique. — Sphaærococcus lchenoides Agsrpu (Gracillaria li- chenoides GREY., Plocaria candida Nges). — C’est une algue colorée en pourpre clair ou verdâtre, de la classe des Floridées, Elle se trouve sur les côtes de Ceylan, de Burma et des îles Malaises (1). Historique. —Le Spæhrococcus amylaceus est depuis longtemps employé par les habitants de l'archipel Indien et de la Chine. Il est probablement une des plantes décrites par Rumphius (2) sous le nom d’A/ga coralloides. A notre époque, il a été porté à la connaissance des médecins euro* péens par 0’Saughnessy (3). Description, — Telle qu'elle se trouve dans le commerce, la plante est blanche et opaque ; elle a été privée de sa coloration par la dessicea- tion au soleil et à l’air ; elle est formée de tiges filamenteuses cylindriques, ramifiées, larges de 2 millimètres et longues de 3 à 15 centimètres ou da- vantage. La plupart des tiges portent de nombreuses branches simples ou divisées elles-mêmes en ramifications secondaires et tertiaires, ter- minées par une pointe courte. Lorsqu'on la mouille, elle augmente un peu de volume et devient plus translucide. Elle offre fréquemment. des fruits blanchâtres, globuleux ou mammiformes (cystocarpes). Elle est un peu friable, et facile à pulvériser après dessiccation à 400° C. Elle est PARAURTAR de saveur et d’odeur, et diffère en cela de la apArl des algues marines, (4) La Phbohuéibiai of India de 4868, cite le Mtsitades santlisienss (Gra- cillaria Grev.), plante de l'océan Atlantique et de la Méditerranée, assez abondante sur les côtes de Bretagne, comme fournissant une partie de la drogue dont nous par- : lons ici. Cependant, les échantillons que nous avons crnnisés étaient très-diférents du S. lichenoides et ne contenaient pas d’amidon. sÉqume de (2) Herb. Amboin., VI, lib. x1, ©. 56. (3) tien: ne. carte «né sat org mars de Bengal cbr ap 1841, 668, 616 | ALGUES. Structure microscopique. — Sur une section transversale, la plante se montre formée d’un tissu lâche, formé de grandes cellules vides, enve- loppé par une zone corticale épaisse de 30 à 70 millièmes de millimè- tre et constituée par de petites cellules remplies de granulations globu- leuses d’amidon qui ont de 4 à 3 millièmes de millimètre de diamètre, et sont si pressées, qu'elles paraissent former au premier abord une seule masse dans chaque cellule. Dans les plus grandes cellules, les granulations d'amidon sont fixées aux parois; elles ne présentent pas dans la lumière polorisée la trace caractéristique des grains d’amidon. Les parois épaisses des cellules offrent une stratification bien distincte, surtout après qu'on les a humectées d'acide chromique. Sous l'influence d’une solution d'iode dans l’iodure de potassium, elles prennent une coloration brun foncé, mais les grains d'amidon qui abondent aussi dans le cystocarpe prennent la teinte bleue caractéristique de l’amidon. _ Composition chimique, — La drogue donne, d’après O’Shaughnessy, 54,5 pour 100 de gelée végétale ; 15,0 d’amidon; 18,0 de fibres li- gneuses (cellulose ?); 4,0 de mucilage, et 7,5 de sels inorganiques. L’eau froide enlève le mucilage qui, après une concentration conve - nable, peut être précipité par l’acétate neutre de plomb. Bouilli pen- dant quelque temps dans l'acide nitrique, ce mucilage produit de l'a- cide oxalique et des cristaux microscopiques d'acide mucique, solubles dans l’eau bouillante mais se précipitant pendant le refroidissement. En faisant bouillir une partie de la drogue dans 100 parties d’eau, on obtient un liquide épais qui donne des précipités transparents avec l’acétate neutre de plomb et, l'alcool, comme le Carrageen. Avec 50 parties d’eau, il se produit une gelée transparente, insipide, dépour- vue de visquosité, fournissant de l'acide mucique quand on la traite par l'acide nitrique. Les réactifs microchimiques ne révèlent pas dans la plante de principes albuminoïdes. Quelques chimistes ont considéré la gelée extraite par l’eau bouillante comme identique avec la pectine ; mais cette opinion demande à être prouvée. Payen (1) la nomme Gebose, et la trouve composée de : - sarbone, 42,77; hydrogène, 5,717, et oxygène, 51,45 pour 100. La _ gomme mis contient : carbone, 42,12; hydrogène, 6,4, et oxy- _ gène, 51,47—C®H#0"!, La gelose de Payen donne une consistance gé- _ latineuse à 500 parties d’eau. On l'extrait par l’eau bouillante de la lante préalablement épuisée à l’eau froide légèrement acidulée (2). rendus Ac: sc., 1859, XLIX, 891 ; Pharm. Journal, 1860, 1,470, 508 thu humide, £ n'est peu susceptible de changement, etla | \ HISTOIRE DES DROGUES D'ORIGINE VÉGÉTALE. 617 Les sels inorganiques du Sphærococcus lichenoides consistent, d’après O'Shaughnessy, en sulfates, phosphates et chlorures de sodium et de calcium, sans iode ni brome. Cette algue desséchée à 100 G., nous a donné 9,15 pour 100 de cendres. Usages, — On a recommandé le Sphærococcus lichenoides aromatisé et sucré, comme médicament adoucissant, et comme aliment léger pour les convalescents. Dans l'archipel Indien et en Ghine, on emploie pour faire des gelées, et pour un certain nombre d’autres usages, d'immenses quantités de cette algue et de quelques autres espèces (1). gelée faite par les Chinois avec le Spherococcus lichenoïdes, et mangée par eux comme confiture peut être conservée sans inconvénients. (1) Consultez : Marrius, Neues Jahrb. f. Pharm. Bd., IX, Märs 1858, — CookE, Pharm. Journ., 1860, I, 504, FIN DU TOME SECOND, A emesmore de rh + ereasohh lo soisdqodg aélstles no cvaroadtesnte0 É nèsoteseh orals ettei) smrond ji es EnSA re Fe vasthoss eh Q6T ue 61.6 Sacoh if eus ge HEbbasmtaensss 40 — ssgeus éaunos js iressiosshs iasmsesthdgr ssamos NOTE : -eesesternos esf 5 “nr anoq he h arr rs Jeu : dd TABLE DES MATIÈRES DU TOME I. COMPOBÉES LE LEE SR ARS Lee AA AN UE de 1 “*. Rhisome d'Année: 5° "7. ps EU SE Nr : 1 PRO ON PR ee NP Tv ts ed 6 FRE OU ONE SR ed Ur NU nt 674 pe + Semen Gone if: Te à 6 + - + » POS RO Sr Le So. + guhulanx fi 2 Racine de Pissenlit. . . . . A ÉS e “ne ons IDNUNt à Laitue vireuse . . .. . . . . A A ce CO LOMME ne on sui de desde te OT ON ENIS OR à à ho es à 4 0 + « à Lobélie enflée Pr de A OL SD Re RS Le. se Mie nir sole PERTE Feuilles de BHisles 10 ons ie,- sers ft sé st Cp DURS TS SL D 0 0 CE do 0 ee ES RE $ Prat duo EN ET ee ee + 1 , SITRACSRSS sure, Éd cvs + +. UE RS DEC so +, . . à Fa DE UN ue os à ss Huile d'Olive PE A RTS ue Let Dh D CHA CR en VE VOA DUR RMC ARE AS PS D ee et A 4 OS 6 ou + » + ne Lou Ecorce d’Alstonia. à = PART ANS Et LA FR MONA Ce ARE PRO JS ce LR CRT D ASCLÉPIADAGÉES . DT D pin ad Re Te Te |-Rôsins d'lamideummes :-: 2557. duree D : 620 TABLE DES MATIÈRES. POGARLCÉNS 1 ds ei ee in: DO VO à à ne oui, . + + O PONS 06 SR LS Se à he + à + + «08 Rhisome déiSpesX SU CAPLIAE ŒIL. AL E , . …. 90 Rhizome et Racine de Gelsemium. . . ,, , . , Mr CUS Racine de Gentiane, . , . , . ne TR OP A de a Te à AU ee PONVOLYULACÉES a Sranimonée. ur OS SE Nr oO dit US OR Se ee ja ne : e 14 ou ; 2 Douce-Amère | a ne Mono à aies à is 13% "8£ Feuilles de Belladons.. :: : 5 5... routaggmal 438 SORT eh D si fi os von dun ee à cou ou V0 2. CR SR nt eu nr NN TT AN ” | Grainés dt Feuilles de ‘Détirs' alba: $ Feuilles de Jusquiame, . . . , . RE ne D NC, «er le ; st Feuilles de Tabac 1 à à : er it oh Ent. EU SCROFULARIACÉES. , . . . . i . hs ml A EE en. ” L _ “ _ _ La " à à Me LES ss 7 + “ 156 TABLE DES MATIÈRES. : 621 PÉANTAGINACÉES. : 0... 0, 0.0.0 0, 0,4,0, 2 ER 192 Graines d'Ispaghula. : :. . : . .-. . . . . : . Aénimunt 46 ere 192. D ia à Sos os SR 195 RoHvime do RME". 0 . ritie de do de 47 405 RCA CS SE DD De om oise à à à à Vs %13 Mas PRE Se Sn. . à à + 219 Beurre dé Mes ns ee à à « 290 Ecorce de Cassia Lignea. . . . . … . . . . . À + + sde ss 238 + RE SE A le is 249 CT TR, RO D A CT Re NS SE PO Su + 2. 208 Racine de Sassafras. . . . . + + + « + « . . re kr... 0 Mir Ur MIRE, © Vi cn Je DE PTE PU dd Cle hr crvefoncs Écorce de Méxéréon. .: : : .-. +... 0 6 Logtas xia'i QT ULuacé ES . . . . D . . . . . L L . * D + . + . L 0 . [2 . L . L . . UT OU SD CC OR CR AM. PÉFON ASTM CS IR ne ni do | CR us SRE A Cônes de Houblon..:.. 7..." .".-. ee Ne ne Ve en VON UTEE EU Cds dé Bo 5-6 terre M) Phases 208 Ecorce d'Orme champêtre... : «4.414.444 299 côtes d'OFDFOUgU, 74-00 romare me ee PEUR PE ONE Frost... v.: run ; Gomme-résine d'Euphorbe, . . . . + + + + + + + + + - re Bt Crèines de Lavton Tél "0e. +. HN kb: Rocree de Cascatille … 5 4 ns © Le + 7e +". "ir... "rs sise 813 Te - Graines de Ricin . D nus ave ss FPE D Le PipéRACÉES + . . D . . L US den: . . . . . L . L LA à L : us +. Es 7 _ :a POINTE HO + + - … + A 1 Poivre blanc SR ss. see A nee 622 TABLE DES MATIÈRES. RAS TOLOCRIACÉRE. un: mr on aie be d à ce Len ee 0 ani ne Et Racine. de Serpentaire.. ….... ... . .... ....... .slndnoul'h -snjs 957 SNA AGÉRS LL ES D à ne, à à ucrurese ed. . .: à Rivera rl Bcorce de GR se Sn de ne ee © O0 CR Fu non de do ph à Le . +». 008 PP À Ro Or nr ei ee ae om RE OR Lan Des ever 378 Eiôèns afuéricaii 68 bols." 5", 2, 0, + » «ST QN Ce NS RE | École ne ne RER an) 98 ue gg Rd DU ou D ob Eat RE at nier ENS PE NIET 309 I SN D ER DR NES 0 1), ae ts 406 D Le ne Se fe Si PTUR GO GONE... ee à. MO mt A A Re à NE ie C NORD OR. de. off QE ANDRE. 14.) [ir mNgauans je pt. ARTONÉONR. 0 5", es ter | + 421 ; pes Rhone dé Ciugemiie, "0, +: De = UE CE | Rhizome de Galanga . PR NE M ren on En ft ee att DAÛ en FR CRUSNS, de cie ii | CP Gr Ps. ‘52,7, enorme . Re er Po à . _ us FRERES FR OO es ri£ ille ris. Van D et M Te PA ue PR no PO or UE DNS RE AU ER AA AIR à A CT 7 Inipacées SR ss ee ee . ne SR ee de LR * sp 471 ein nn 47 meta 488 TABLE DES MATIÈRES. RLANUÉSS du Qu de ei Le 4000 RC RO EE LU SEM Su ue ue : À . DS DE RE 8 eo LR 0 tu L. dr ere à jus PR ; Hhusoms de Vératé laut... . si | > RS Rhizome de Vératre vert, . . . . . US ei diants + hs x Graines de CES SRE Su Ni a D is. a Balle de COM Tu eu eme us Semences de Colchique . . . . . . . . . ee SRILACÉES, +... + : ns nes dd OU A . à Racine de Salsepareille. . . . . , . . . D di an . TR da RARES ir rs dt de SR à mo ; DS OU NS ri ei Le SRE sus, à + ; ne ane RE En LS UE OT ROSOUE C'AnGrOOEon 4 1 un de sd nu on «à e Rhizome de Chiendent , . . . . . + nie bien Re Re « PT On in yen D ue des LyYcoPoprACÉES de MANS JE, Hn DEN ei Ge) PEN L2 D | RS, dax, ee Rte +. . 0 . . LA . . 2 L2 RECOPOUR dE à + + à D D Gt «Ex Vis AIRE ns D EN ee A ER Rhizome de Fougère mâle, . . . . . . . . . . . a LICRENS hi de sr ns » Re ds sue ns cho d'essais ” ‘ CHAMPIGNONS. D'UUS ADR UC JON VS AU es, Lt NE GA c L2 [2 LA . # LI MON 0:85 L Krgot de Bagle..:,, » . , « + is … ALGUES. . . . : QUES TA 6: 50 LA L'ANNEXE be en OU UA RN au US tt RS à F LI . 2 - + Chondits bas... 4. 0... 0 Ds Sphærococcus lichænoides. . . . . . . . : . . . . . Le t'EMAT 4: de TT i è mL ASE RE FR * a 4 D PURE ee” ‘ 2" # PS e. DE ah amoetifl LA LE à RE ., ME sb -scmoshfft | ir ce FRET si en nilabanmier:) 7: : £ : € Ru + = “ =: 4 = k “ #2 * # _ + ab aff NET M sù nes. NRC S TRUNE ET ne 0 no x F6. 1.0) Mine sé ea) TABLE ANALYTIQUE. A Aäquarquarhä, II, 6. Abelmoschus esculentus, I, 181, 183. Abies balsamea, 11, 394, 398, — balsamifera, IL, 398. — canadensis, Il, 375. — excelsa, IT, 400, 405, 406, — Larix, I, 392. — pectinata, II, 399. Abiétite, IE, 400. Abilo, I, 278. Abkari-Opium, I, 111. Abrus, I, 330, 331. — precatorius, I, 330, 331, 832. Absinthium, 11, 14. Abuta, 1,76. — amara, X, 74. — rufescens, 1, 70, 76. Abutua, I, 64, 67. Abutua Una de Vaca, I, 71. Acacia, I, 136, 269, 428, 429, 436. — ægyptiaca, I, 430,431. — arabica, }, 420, 430, 431... capensis, 1, 420. Catechu, 1, 433, 438. dealbata, 1, 420, 432. decurrens, I, 420, 432... Fistula, 1, 419,424... homalophylla, T, 420, 432. horrida, 1, 420, 424. indica; 5; 45e Kraussiana, 1, 420. mollissima, 1, 420, 432. nilotica, 1, 420, 430, 431. pycnantha, I, 420, 432. Seyal, I, 430. stenocarpa, 1, 419, #30. Suma, 1, 433, 438. Sundras Le 433. . 1 D istrritn Acacien-Gummi, [, 419. ACANTHACÉES, Il, 161. Aceite, I, 410. Aceite de Sassafras, II, 270. Acer dasycarpum, 11, 567. — Negundo, II, 567. — pensylvanicum. 11, 567. — saccharinum, I, 567. Acétone, II, 409. — méthyinonylique, I, 247. Achillea Ptarmica, I, 9. Acide abiétique, II, 383. aconitique, I, 23. alocinique, II, 516, aloérésique, II, 515, aloétique, IE, 516. aloérétique, IL, 515. amer du Houblon, IL, 297. anamirtique, I, 79. anémonique, I, 32. angélique, 1, 555 ; 11, 11, 16. anthémique, II, 12, arabique, 1, 427, | arachique, 1, 338,11, 64. artanthique, LE, 355. atropique, II, 137. bénique, I, 136, 140. benzoïque, II, 46. bibirique, II, 265. brassique, I, ET camphorique, II, 256. camphrétique, 1, 569; n, 236. carmufellique, I, 504. s caryophyllinique, I, 504. catéchique, I, 437, 592. catéchu-tannique, I, 437. cathartique, I, 394. cathartogénique, I, 395. cétrarique, If, 600. cévadique, IL, 533. chélidoninique, I, 131. chélidonique, I, 131. chinovique, 1, 629, 630. SE RUE OT 40 626 TABLE ANALYTIQUE. Acide lichénostéarique, IL, 600. Acide chrysamique, II, 516. chrysophanique, II, 204. cincho-tannique, I, 629. cinnamique, I, 370, 486; II, 47. citridique, I, 23. columbique, I, 61. coménique, I, 121. convolvulique, II, 118. copahuvique, I, 412. crotonique, IE, 310. cubébique, II, 351. cuminique, 1, 585. cumique, [, 585. cyanhydrique, E, 456. élaïdique, [, 328. élaïque, II, 165. élatérique, E, 525. élémique, I, 283. ellagique, I, 521. ’équisétique, I, 25. ergotique, IE, 610. érucique, I, 136, 311. eugénique, I, 40, 503, 511, 564. férulaïque, I, 564. filicique, Il, 592. filiosmylique, II, 592, filixolique, 11, 592. fumarique, I, 307, 600. formique, IL, 592. fuscosclérotinique, If, 611, gallo-tannique, 367. géidinique, 1, 328. gelséminique, IE, 96. gentianique, IE, 99. gentisique, II, 99. guaiacique, I, 200. guaiaconique, I, 200. guaiarétique, 1, 200. gurgunique, E, 173. hagénique, I, 4614 hyoscinique, Il, 449. hypogéique, I, 328. hypopicrotoxique, f, Lo igasurique, Il, 86. ipomæique, II, 148, 120, 124. isatropique, IE, 137. jalapinolique, il, 190. jalapique, IL, 120. tien ‘ipécacuanhique, I, 67, 648. 0 DiilitebPtI Ur reel Etrer limettique, Il, 188. linoléique, [, 190. lobélique, IL, 34. maléique, II, 307. malique, I, 349; Il, 307. mannitique, 11, 52. margosique, Ï, 300. méconique, I, 121, 195. métacopahuvique, I, 413. métacopaivique, I, 173. myristique, 1, 169 ; II, 219. oléique, I, 169, 185, 328, 442,475. ophélique, II, 103. opianique, I, 118. oxalique, ‘II, 516, 600. oxycopahuvique, I, 413, oxylinoléique, I, 190. oxysalicylique, IL, 99. palmitique, I, 328 ; IL, 64, 322. papavérique, F, 92. paracumarique, II, 516. paraoxybenzoïque, II, 461. parillinique, II, 551. , picrique, IT, 516. | pinarique, II, 383, 404. -pinique, 383, 404. pipérique, II, 339. polygalique, I, 151. protocatéchique, I, 314 ; IE, 46, 469. ptéri-tannique, 11, 592. punico-tannique, I, 521 pyrocatéchique, I, 357. pyroligneux impur, II, 400. quarténylique, I1,.310. querci-tannique, LI, 361. quinique, 1,629. quinovique, 1, 593, 629, 630. rhabarbique, II, 204. rhéo-tannique, II, 205. rheumique, 11, 205. rhœadique, I, 92. is rhatanbia-tannique, k; 155. ricinélaïdique, I, 323. ricinoléique, II, al see A rutinique, 1, 246. rutique, 1,246. . ne Bei: TABLE ANALYTIQUE. à Acide stéarique, I, 169. —. stéarophanique, I, 79. — Strychnique, II, 86. — styphnique, I, 569. — sumbulamique, I, 555, — sumbulique, I, 555. — sumbulolique, I, 555. — sylvique, II, 383,404. — tannaspidique, II, 591. — térephtalique, 1I, 188. — thébolactique, I, 121. — tiglinique, II, 310, — tropique, II, 137. — valérianique, I, 659. — Vanillique, II, 469. — vératrique, [I, 533, — virginique, I, 152. Acolyctine, I, 49. Aconella, I, 19, 93. Aconine, II, 499, Aconit, I, 14. Aconit féroce, I, 26. Aconite Leaves, I, 22. — Root, I, 14. — indian, 1,2%. — . Nepal, I, 24. Aconit Napel, I, 22, 23. Aconitine, I, 16, 17. _— anglaise, Retie _ cristalline, ré 18. Aconitum, 1, 13, 14, 20, 27. : Anthora, I, 20. Cammarum, 1, 20. ferozx, LS 24, 25, 27. heterophyllum, I, 27. Japonicum, I, 21, 27. luridum, 1, 24. Lycoctotum, 1, 19. Napellus, 1, 44, 20. palmatur, 1,48. paniculatum, I, 20. Storkeanum, 1, 20. unecinatum, 4; ane ee variegatum, 1, 20. Acore odorant ou ve H, 106. _ Acorine, IE, 499. ra Acoron, II, 497. Acorus, II, 499. _— Calamus, LU, 196, 500. Acrinyle (sulfocyanate d’}, 1,140. rive ve DO BeNPrRITRE Ægle Marmelos, 1, 233, 234, 236. Æsculine, Il, 53. Æthusa Cynapium, 1, 537. Æltrgy, I, 469. Affium, I, 106. Africain or Gambia-Kino, I, 359. Afyun, I, 98. Agapanthus umbellatus, IL, 522. Agaricus Oreades, 1, 449. Agi, II, 430. Agropyrum, II, 582, — acutum, II, 582, — Junceum, Il, 582. — pungens, Il, 582. — repens, 580, 583. Aguason, II, 88. Ajava Seeds, I, 542. Ajowan, I, 542. Ajvän, I, 542. Akulkara, If, 6. Alantwurzel, II, 1. Alcarahueya, I, 546. Alcool benzoïque, I, 487. — méthylique, II, 408. Aldéhyde cinnamique, II, 234. Aleppo or Turkey Galls, IL, 364. Aleurone, I, 584; II, 326. Alfovaca de Cobra, I, 257, ALGUES, Il, 612. … Alga marina, 11, 614. — Zzeylanica, IT, 615. Alhagi Camelorum, IE, 55, . All-Spice, I, 508, 509. Allyle (cyanure d’), La — (sulphocyanure d’}, I, Almond Eégumine, I, 442. Aloe, II, 500, 501, 517. abyssinica, II, 501. africana, IT, 501, 502, 518, arborescens, II, 502, 505. barbadensis, TI, 501. Commelyni, IL, 502, 519. ferox, II, 504, 507 508 , 510. indica, 11, 504. ” lingusæformis, IL, LL: # littoralis, 11,501. mitræformis, IL, 505. officinalis, I, 50. perfoliata, I, 501. plicatilis, IL, 502, 519. purpurescens, H, 7502, 519. rubescens, 11,501, Spica, IT, 501, 505. vera, Il, 547. 1e Airii RU EUR A 627 socotrina H, 501, 505, 51 rain 599. 628 Aloe vulgnris, IT, 501, 505, 518. Aloérétine, II, 516. . Aloës, II, 500. Aloès de Barbados. II, 510. — de Bombay, II, 509. — de Curaçao, IL, 501, 510. — de Moka, II, 501, 510. — de Natal, IE, 511. _— de Zanzibar, IL, 509. — des Indes orientales, IT, 507. — du Cap, Il, 502, 510. — hépatique, IT, 508, 509. — liquide, 11, 509. — socotrin, II, 501, 509, 509. Aloétine, Il, 515, Aloïne, II, 513. Aloïsol, II, 516. _ Aloxanthine, IT, 516. Alpha-résine de Mastic, I, 292, 296. Alphita, Il, 83. Alpinia, 11, 443. — Cardamomum, TU, 444. — Galanga, 1, 449, 443. — officinarum, II, 440, 443, Alstonia, 11, 71,72, : _ éshidtrict Il, 70. — scholaris, IL, 69, 70, 71. Alstonia Bark, 11, 69. Althæa, 1, 178, 181, 183 ; Il, 331. — officinalis, 1, 176, 178, 179, 208. — rosea, I, 179. Altingia excelsa, 1, 483; 492. Amandalarii, I, 440. Amandes amères, E, 445. Amandes de Barbarie, I, 441, 445, Amandes douces, I, 439. Amandes de France, I, 445. — de Sicile, I, 444,445. — de Valence, I, 441. Amandier amer, L 444, 445. — . des dames ou Coquemolle, I, 144. à gros fruits, t 565. … Pècher, I, 445, à petits fruits ou Amandes douces, I, 444. - Pistache, I, 445. e car a (TT PAT 1 TABLE ANA LYTIQUE. Amidon de Curcuma, II, 428. — de Lichen, II, 599. — de Pommes de terre, IL, 427. — de Tolomane, II, 427. — de Toulema, II, 427. — de Tous les mois, Il, 427. Ammi, I, 545. — Copticum, I, 542, 544, sus. — majus, I, 544. — perpusillum, I, 542. Ammoniac, I, 571. Ammoniacum or. Gum Ammoniaéam, k, 571. — Suffimen, I, 572. _— Thymiama, I, 572. Ammoniak-Gummiharz, 1, 571. Ammoniaque, I, 571. Amome, I, 509. Amomacées, II, 421. Amomum, II, 455. — aromaticum, IT, 452. — Cardamomum, IL, 455, 450. — genuinum, II, 450, _— Granum Pardisi, IL, 458. — Korarima, IL, 454. — maximum, 11, 453, 456. — Melequeta, IT, 456, 460. — subulatum, 11, 453, 456. —- æanthioides, Il, 451, 456. — Zingiber, If, 429. . Amomum verum, IE, 450, AMPÉLIDÉES, I, 309. Ampelopsis hederacea, 1, 358. Amygdalæ amaræ, I, 445. — dulces, I, 439. Amygdali amari, I, 440. Amygdaline, I, 446, 454, 456. AmygdalophoræA, 443. Amygdalus, 1, 443. — communis, 1, 439, Amylum Marantæ, Il, 421, Amyrine, I, 281, 283, Amyris, I, 277. DPUC0, 40. | Curcuma, II, 428, 439, — Eluteria, II, 313, 316, — anguslifolia, Il,428;436, 439. — lucidus, IX, 316. Le — leucorrhiza, IL, 428,439. — niveus, II, 317,318. :. — longa, IL, 435, 439. — oblongifolius, II, 311. — rotunda, IT, 435. — Pavanæ, I, 311. -: | Curcuma de Chine, 11,436. — philippinensis, Il, 328, 333. — de Cochin, II, 436,349 — polyandrum, II, 311. : — de Java, Il, 436, 437. — Pseudo-China, LI, 317. — de Madras, 11, 436. — Tiglium, ll, 308, 311, 316, 391, 139, — du Bengale, Il,.436, 437. Crotonol, II, 310. — Jong,Il, 436. Croton Seeds, II, 308. . —. rond, IE, 436... : Crown Bark, I, 613. Cürcumine, 11,437. ‘ Crucrrènes, 1,132 | = | Cusconine, I, 623, 627. Crüde turpentine, I, 378. | Cuscus, + pe. L togames, II, 583. ; Cusparia, I, 203. tres L,.119, 195... — febrifuga, I, 204, Cubeba canina, 11, 352. | Cusparia Bark, I, 201. — - Clusii, IL, 352. Fe Cusparine, I, 203. ee crassipes, 11. 352. Cusso, 1, 458. der , LE, 3 si. Cutch,:1, 433, 689,1: _ . | Cyclamen, 1,76. Rte Fonte ÿ. Cydonia, k, 480. Cydonia Europza, 1, 480. — vulgaris, I, 478, 480. Cymène, I, 584 ; II, 256. Cymol, I, 584 ; IL, 8. Cynanchum acutum, IL, 71. Cynène, II, 16. Cynips, II, 365. — Gallæ tinctoriæ, IL, 365. Cynodine, II, 582. Cynodon Dactylon, IL, 580, 582. Cynorrhodon, I, 000. Cynosbata, I, 476. Cypripedium pubescens, L 152; II, 358, Cytisine, I, 315. Cytisus, I, 315. — Laburnum, I, 315, — Scoparius, I, 312. D Dachenblut, IL, 490. Dactyli acetosi, I, 403. _ Dæmonorops Draco, IT, 490. Dalléiochine, T, 625. Dagget, II, 412. Damask Rose, I, 464, 466. Dancagay, II, 88. Dandelion Root, II, 21. Danewort, I, 586. Daphne, II, 273. — alpina, I, 272. — Gnidium, 11, 273, 274. Laureola, 11, 272, 273, 274. .— Mezereum, I, 568, II, 27), 272, : 273, 274. Daphnétine, IL, 272. Daphnine, II, 272. Darchini, II, 296. Datte indienne, I, 403. cie II, 83, 140, 442. alba, XX, 144, 145, 146. MS fastuosa, IT, 140, 144. © _— Metel, 1, 83. _— Stramonibh IF, 140, 141, 12, 143, 144, 145, 146. — Tatula, IE, 141, 442. Daturine, IL, 141, 444,146. Daun Gatta Gambir, 4 589, 590. TABLE ANALYTIQUE. Deutéropine, I, 119. Dextrine, II, 425. Dextrocarvol, I, 548. Dextrose, II, 495. Dhak, I, 358. Diastase, II, 495. Dictamnus albus, I, 248. Dicypellium Caryophytlatum, I, 503. Digitale, II, 460. Digitaléine, II, 159: Digitaline, IL, 158, 159. — de Homolle et Quévenne, II, 158. — de Kosmann, II, 158. — de Nativelle, II, 158, 159, — de Walz, II, 158. Digitalirésine, II, 159. Digitalirétine, II, 458. Digitalis, II, 157, 160. — purpurea, IT, 156, 160. Digitasoline, II, 158. Digitonine, II, 159. Digitoxine, Il, 459. Dill, I, 577. — Fruits, I, 576. — Seeds, I, 577, Dilla, Calmer, 6775: Dillfrüchte, I, 576. Diméthylnornarcotine, I, 579. Diosmine, I, 209. | Diospyros, 11, 39. — embryopteris, II, 38, 39, 40. — virginiana, I, 39. Dip, II, 380. Diplolepis Gallz tinctoriæ, 11, 365. Diplotaæis, 1, 137. _ értiééiaé, I, 132. Diptérocarpacées, I, 170. Dipterocarpus, 1, 170, 174. “alatus, I, 170, 174. costatus, I, 174. gonopterus, I, 174. gracilis, 1, 470, 175. hispidus, 1,475. incanus, 1,470. indicus, 1,170. lævis, 1, 470. littoralis, 1, 170, 175. retusus, 1, 170, 175. Spanoghei, I, 170. trinervis, I, #70; #76. trispidus, 1, 170. tuberculatus, I, 436. _ turbinatus, ES 170, EU mme 176, Lit Lit LIL Et) TABLE ANALYTIQUE. ; 641 Diserneston gummiferum, 1, 571, 574. Diss, II, 612. Distylium racemosum, I, 369. Ditaïne, IT, 70. Ditamine, II, 70. Ditarinde, II, 69. Dog’s Grass, II, 580. Dolichi Pubes vel Selæ, I, 333, Dolichos pruriens, I, 333. Dorema, 1, 571, 574. — Ammoniacum, 1, 571, 574. — Aucheri, I, 571, 574. — hirsutum, I, 574. — robustum, I, 571. Douce-Amère, II, 126, 128. Dracæna Draco, II, 495. Draconyl, 11, 493. Dracyl, Il, 493. Dragon’s Blood, II, 490. — Blood in Sticks, IL, 492. Drimia ciliaris, Il, 523. Drimys, I, 43, 45, 47, 48. — Winteri, L, 42, 43, 48,49, 50, — axilaris, I, 49, — chilensis, I, 48. — granatensis, 1,48. — lanceolata, I, 49. — mexicana, |, 48. Drop Dragon’s Blood, II, 494. Dryandra cordata, I, 170. Dryobalanops, II, 262. — aromatica, 3, 175, 410; Il, 950, 258, 262. Dulcamara, Il, 126. Dulcamarétine, IT, 128. Dulcamarine, IL, 198. Dulcamarum, IL, 126. Dulcis Amara, Il, 126. E Earth-Nut Oil, I, 326. East-India Myrrh, 1, 274. East-Indian Kino, I, 354. Eau de Fleurs d’Oranger, I, 229, 230. . — de Goudron, IL, 410. EBÉNAGÉES, II, 38. Ecballine, 1, 525. Ecballium, 1, 522, 525, 526. — Elaterium, 1, 526. — officinale, I, 526. = Ecboline, II, 609 Echicaoutchine, IL, Poire © Echicérine, 1,71. - DROGUES, T. PAU Echinus, 11::039:; — philinpinensis, II, 238, 333. Echirétine, If, 70. Echitéine, IE, 71. Echites scholaris, IL, €9. Echitine, II, 71. Ecorce d’Alstonia, II, 69. — d’Angusture, I, 201. — de Bibiru, II, 263. — de Cannelle, II, 224, — de Cannelle blanche, I, 37, #1. — de Cascarille, II, 313. — de Cassia lignea, II, 238, — de Chêne, II, 360, — de Copalchi, II, 317. — de Frêne, II, 60. Ecorce de Garou, II, 273. Ecorce de Grenade, 1, 517. — indienne de Berberis, I, 84. Ecorce de Jaborandi, I, 254. Ecorce de Margosa, I, 298. — de Mézéréon, II, 271. — de Mélèze, II, 393. — de Mudar, Il, 74. — d’Oranges amères, I, 2926. — d'Orme Champêtre, Il, 299. — d'Orme rouge, II, 302. Ecorce du Pérou, I, 607, 613, Ecorce de Prunus serotina, I, 452. — de Quinquina, 1, 59%. Ecorce de Quinquina Calisaya, I, 614, 615, 621. d’Arica, 1, 621, de Bolivie, 1, 621. de Carabaya, I, 621. de Carthagène, I, 616, 620. de Colombie, I, 616, 621. de Cusco, I, 621. d'Huamalies, 1, 621. d’Huanuco, I, 691. de Jaën, I, 631. de Lima, [, 621. de Loxa, I, 619,620. de Loxa fausse,I,621. de Maracaïbo, I, 621. de Palton, I, 620. de Pitaya, I,616,620, 623. de Santa-Anna, 1,621. grise, 1, 621. jaune, I, 614, 621. molle de Colombie,I, 620. LS | PIRE FER E EEE di 4 24 A F1 642 Evcorce de Quinquina pâle, I, 613, 620. rouge, I, 615. — — rouge de Cusco, I, 620. royale, I, 620. royale ceiniréeiT, 620. Eebrve de Quinquina non employées en pharmacie, I, 615. Ecbrce de Racine de Grenadier, I, 520. Ecorce de racine de Mudar, IE, 74. — rouge, Ï, 599. Ecorce de Simarouba, !, 243, 244. — de Soymida, I, 301. — de Winter, 1, 42, 43. Ecorce de Winter fausse, 1, 50. — fausse d’'Angusture, J, 205. Ecorces fausses de Quinquina, L.622. Edeltanne, Il, 399, Eibischwurzel, I, 176. Eichenrinde, IE, 360. Ein ou Engben, I, 436. Eisenhutknollen, I, 14. Eisenhutkraut, I, 22. Elæis quianensis, 1, 340. Elaphrium, 1, 271. Elatéride, I, 525. . Elatérine, I, 523, 524. Elatérium, I, 524, 525. — Fruit, [, 522. Elder Flowers, 1, 586. Eiecampane, II, 4. Eleme Figs, IL, 277. Elemi, 1, 261, 277, 278, 279, 280. — africain, I, 285. . — . de la Vera-Cruz, I, 283. — de Maurice, 4, 284. — du Brésil, E 284. _. —. mexicain, I, 283. — oriental ou africain, [, 285. Elemiharz, 1, 277. Elettari, IL, 445. Elettaria, I, 455. _ Cardamomum, I, TA 448, 455, : — major, LE, 444. Eleusine Coracana, 1, 434. _ Eleuthera Bark, II, 313, 314. _ Eleutheriæ Cortex, II, 314. Ellébore noir, 1, 1. ee? blanc, II, 000. — — — _— BLE ANALYTIQUE. Emplectocladus, I, 443. Empleurum, 1, 211. — serrulatum, I, 210. Emuisine, I, 442. Encens, I, 259, 286. Encens américain ou commun, Il, 384. — commun, II, 384, 385. —. dedava I 4t. Engben, I, 436. Enhiæmi, I, 279. Enhæmon, I, 278, 279. Entershah, I, 475. Enula Campana, W, 1. Enzianwurzel, 11, 97. Epacris, I, 37. Epice Langue d'oiseau, 1, 499. Epicea, Il, 400. Epine de Cerf, I, 307. Erable noir à sucre, II, 567. Eranda, II, 318. Erdnussôl, I, 326. Erechtites hieracifolia, M, 181. Ergot d’Avoine, Il, 612. — de Froment, Il, 612, Ergot de Seigle, IL, 601. Ergot of Rye, II, 601. Ergota, Il, 604. Ergotine, II, 609, Ergotinine, Il, 611. Ericacées, II, 35. 7 Ericinol, II, 37. Ericoline, IT, 37. Erigeron canadense, WU, 181. Erucastrum, 1, 137. Erucine, I, 141. Erythræa, 1, 103. — Centaurium, 1, 104. Erythrocentaurine, II, 17, 106. Erythrorétine, Il, 205. Esérine, 1, 339. Essence d’Amandes amères, I, 456. | Essence d'Andropogon, II, 575. Essence d’Aspie, IL, 171, 172 Essence de Bergamote, I, 222. des Essence de Bigarade, 1, 232: - Essence de Cajeput, I, 493. — de Citron, I, 218, 220. Essence de Citron au Zeste, I, 220, 221. — de Citronnelle, IE, 575. — légère de Clous de Girofle, I, 503. — de Fenouil, 1, Ma — de Fenouil doux, I, 540. de Mélisse indienne, H, 575. = de radis nu 134 sh de Géranium, I, 475 ; 11, 575, 578. en TABLE ANALYTIQUE. 643 Essence de Namur, IL, 577. Exogonium Purga, IL, 000. — de Nimär, II, 577. Expressed Oil of Nutmegs, IL, 220. — de Néroli, I, 228, 999. Extractum Conii, I, 536. — de Petit-Grain, I, 229, 231. — Glycyrrhizæ, I, 325. — de Palmarosa, II, 578. — — italicum, I, 322, — dé Portugal, 1239, — de Verveine, II, 575. — de Verveine de Nimâr, II, 576. 4 Essence de Roses, 1, 468 ; IL, 578, Essence chinoise de Menthe poivrée, II, | Faba calabarica, I, 335. L ! 177. — Physostigmatis, I, 335. — japonaise de Menthe poires, Il, — Sancti Ignatii, II, 88, 89. * STE Fagus sylvatica, II, 412. — or Essential Oil of Bergamot, 1; | Farine de Moutarde, I, 136, 141. 222. Ê&— de Pommes de terre, IL, 427. — véritable d'Origan, II, 183. Farn Wurzel, II, 589. Essential Oil or Essence of Lemon, I, 218. | Fausse écorce de Winter, I, 45. Essigrosenblätter, I, 462. Faux Ipécacuanbha, I, 648. : Eubrassica, 1, 137. — Pareira Brava commun, I, 67, 68. Eucalyptène, I, 516. Feigen, II, 275. Eucalyptine, I, 517. Fenchel, I, 537. Eucalyptol, 1, 513, 514, 516, 517. Fennel Fruits, I, 637. Eucalyptolène, I, 516. à —. Deéds, is Sat. Eucalyptus, 1, 360, 496, 514. Fenouil amer, I, 540, 541. — corymbosa, 1, 361. — commun, I, 541, —_ citriodora, I, 361. | — d'Allemagne, I, 539. — gigantea, 1, 361. — de Chine, 1,52, — ‘globulus, 1, 496, 512, 513, 514, — de Saxe, I, 539. 516, 517. # — doux, 1,538, 541. — obliqua, 1, 360, 361, _ indien, I, 539. — oleosa, I, 496. — romain, I 538. — resinifera, 1, 355. — sauvage ou amer, 539. — rostrata, 1, 361. Fenugreck, I, 342. _— viminalis, II, 59. Fern Root, IL, 589. Eugenia, 1, 507. Feronia, I, 432. — caryophyllata, 1, 498, 500, 507, — asinifolius, 1, 432. | 508, 511. — Elephanthum, 1, 236, 428, 432. — Pimenta, 1, 508, 511, Ferreirea spectabilis, 1, 156. Eugénine, I, 503. » Ferula, 1, 556, 571. Eugénol, 1, 503 ; II, 2 — alliacea, I, 558. Eulophia, 11, 461. | — Asafætida, 1, 558, 565. — campestris, II, 461. _ — Aucheri, I, 570. erubescens, 566, 570. galbaniflua, 1, 566, 570. gommosa, 1, 570. Nartex, 1, 557, 565. rubricaulis:4, 566, 570, Sumbul, 555. Étèrrbes: I, 556. — herbacea, I, 461. Euphorbes, IL, 307. Euphorbia, 11, 307. — Beaumierana, II, 305. — canariensis, II, 305. — resinifera, Il, 71,304, 305,307. Eupuongiacées, IL, 304. ARE AU Euphorbium, 11, 304. tingitana, 572. Euphorbone, II, 31, 306 - Fer os galbanifera, 1, 565. . Eupione, IE, 409. Festucæ vel Stipites Caryophylli, I, 505. Euryangium, b 536. € Feuilles d’Aconit, 1, 22. : Sumbul, 1, 53, 358, | — de Belladone, II, 138. de Exacum, LCR — de Buchu, I, 206, 644 TABLE ANALYTIQUE. Feuilles de Busserolle, Il, 352. — de Ciguë, I, 535. — de Digitale, II, 158. — d’Eucalyptus, I, 512. Feuilles de Girofle, I, 506. Feuilles de Jaborandi, I, 252, — de Jusquiame, II, 146. — de Laurier-Cerise, I, 455. — de Sené, I, 389. — de Tabac, II, 150. — de.Tylophora, 11, 79. + Fève de Calabar, I, 335. Fève de Puchury, IL, 270. Fève de Saint-Ignace, II, 88. Fichte, II, 400. Fichtenharz, If, 406. Fichtentheer, Il, 406. Fici, Il, 275. Ficus, IL, 278. — Carica, Il, 273, 278. Figs, Il, 276, 276. * Figues, Il, 275. Figues de Smyrne, II, 277. — de Grèce, II, 277. Filixoline, 11, 592. Fingerbut blätter, 11, 156. Flake Manna, IL, 51. Flax Seed, I, 188, Fleurs d'Arnica, II, 20. — de Camomille, II, 9. — de Coquelicot, I, 91. — de Cousso, I, 458. — de Lavande, II, 167, — de Mauves, II, 181. — de Sureau, I, 586. Fliederblumen, 1, 586. F1ô de Queynel, IL, 246. Flor de Cannelle, II, 246. Las Anthemidis, IE, 9, Brayeræ, 1, 458. Cinæ, IL, 13. Koso, I, 458, Lavandulæ, II, 167. Rhæados, I, 91. Rosæ rubræ, 462, Sambuci, 1, 586. Fe Stæchados, IE, 172. a osier Leaves, Il, 156. Flüss TE nn DsRts PITIELETI Rosæ pallidæ vel incarnalæ, 466. Fœnum Camelorum, IT, 579. — græcum, I, 343. Féfal, II, 486. Folia Aconiti, I, 22. — Belladonæ, Il, 1438. — Bucco, I, 206. — Buchu, I, 206. — Conii, I, 535. — Digitalis, II, 156. — Hyoscyami, IT, 146. — indica, Il, 246. — Lauro-Cerasi, 1, 455, — Malabathri, Il, 246. — Sennæ, I, 389. — Tabaci, IH, 150. — Tylophoræ , 11,79. — Uvæ Ursi, I], 35. Folliculi Sennæ, I, 391. Fools Parsley, 1, 537. Foot Benzoin, II, 43. Foucères, II, 589. Fougère mâle, IE, 589. Frankincense, II. Fraxétine, II, 53. Fraxine, Il, 51, 53, 61. Fraxinelle, I, 248. Fraxinus, I, 59. _ Bungeana, 1, 48, — europæa, 1, 48. — excelsior, II, 48, 60. — Ornus, II, 48, 42,51, 59. — rotundifolia, LE, 60. Frène amer, I, 237. — commun, II, 60. Fructus Ajowan, L, 542. Anethi, 1, 576. Anisi, 1, 550. x — stellati, 1, 51. Belæ, I, 233. Capsici, IE, 129. Cardamomi, II, 444. Caricæ, IL, 275. Carpesiarum, 11, 358. Carui, 1, 545. Cassiæ fistulæ, L, 398. Cocculus, I, 76. Colocynthidis, 1, 526. Coriandri, I, 579. Cubebarum, 11, 348. Cumini, 1, 582. Cymini, 1, 582. Diospyri, IE, 38. Ecballii, 1,522 Elatherii, I, 522. Fœniculi, 1, 537, a CM AO EN ETS ON © Galangal, . TABLE ANALYTIQUE. Fructus Hibisci esculenti, I, 181. — Hordei, II, 570. — Juniperi, II, 413. — Limonis, I, 212. — Mori, Il, 280. —. Papaveris, I, 94, — Pimentæ, I, 508. — Piperis Cubebæ, IT, 346. -— Piperis longi, II, 343. — Piperis nigri, Il, 334, — Pruni, I, 450. — Rhamni, I, 304. — Rosæ caninæ, I, 476. — Sabadillæ, II, 530. — Tamarindi, I, 402. Fruits d'Ammi, !, 542. — d’Aneth, I, 576. — d'Anis, I, 550. — de Bela, I, 233. — de Cardamome, II, 444. Fruits du Caneficer, I, 398. Fruits de Carvi, I, 545. — de Ciguë, I, 532. — de Coloquinte, I, 526. — de Coriandre, I, 579. — de Cumin, I, 582. — de Cynorrhodon, I, 476. de Diospyros, II, 38. d’Ecballium, 1,522. — de Fenoui; T, 537. — du Genévrier, II, 413. — de l’Anis Étoilé, I, 51. — del'Hibiscusesculentus, I, 181. Fruits de Luzon, II, 89. Fruits de Nerprun, I, 304. Fruits of the Dog-Rose Hips, I, 476. Fucus amylaceus, II, 615. — crispus, Il, 612, — hibernicus, II, 612. Fucusol, II, 614. Fuh-ling, Il, 557. Fung-heang, I, 490. Furfurol, II, 409. Fusanus spicatus, II, ps Fusti, I, 505. Gala, II, 108. Galactodendron utile, LE, 71. Galanga majeur, ne 2. La mineur, HR re Galbanum persan, I, 566. Galgant, II, 440. Galipea, T, 203. — Cusparia, 1, 201, 204, 205. — officinalis, I, 201, Galipot, IL, 381, 383, 384. Gallæ Halepenses, IT, 364. — Turcicæ, II, 364. Galläpfel, 11, 364. Galles d'Alep, II, 364. Galles blanches, IL, 366. — bleues, IT, 366. — vertes, IT, 366. — de Bokhara, II, 370. Galles de Chine ou du Japon, II, 368. — de Pistachier, II, 370. — de Tamarix, II, 370, Galls, IT, 364. Gambia Kino, I, 559. Gambier, I, 433, 589. Gambier Catechu, I, 589. Gambir, I, 589. Gamboge, I, 160. Gambogia, I, 160. Ganja, II, 285, 286. Ganphora, II, 252, Gants de bergère, IT, 160. — de Notre-Dame, IT, 150. Garcinia, I, 163, 164. — indica, 1,167, 169. — Morella, 1, 160, 163, 164, 165, 167, 169. — pictoria, I, 164, 165, — purpurea, I, 167. —_ travancorica, T, 165. Gardamomum majus, II, 454. Garden Thyme, IT, 182. | Gaz Alefñ, IL, 56. — Anjabin, IE, 56. — Khonsari, Il, 56. Gelbwurzel, IT, 435. Gelée végétale, I, 406. Gelose, II, 615. Gelsemina, II, 96, Gelsémine, IT, 96. Gelsemium, II, 93. _ nitidum, 11, 93. — sempervirens, IE, 93. Gemeines Terpenthin, Il, 378. _Genêt à balais, 1, 312. Genesta, I, 312. Genestra, I, 312. Geneva, IE, #14. | Genévrier commun, IH, 416. Genièvre, IE, 414, 646 Genista, I, 312. Gentian Root, II, 97. Gentiana, II, 98, 100. — Chirayta, 11, — lutea, 11, 97, 98, 100. — _ pannonica, LI, 100. — puntata, Il, 100. — pürpurea, 11, 98, 100. GENTIANACÉES, II, 97. Gentianine, II, 99. Gentiogénine, IT, 99. Gentiopicrine, Il, 98, 99, Gentisine, IT, 99. Germer, IT, 525. Gerollte Gerste, II, 570. Gerstegraufen, LI, 570. Geum urbanum, 11, 20. _Gewürznelken, I, 498. Ghitta Jemou, I, 161. Ghittaiemou, I, 161, Ghyàl- Yàghi, I, 468. Giaggiolo, II, 473. Giftlattich, II, 26. Gigartina acicularis, 1, 614. e mamillosa, Il, 614. Gilead Fir, II, 394. Gin, IE, 414. Gingel Oil, IL, 163. Gingembre, IE, 434. — cortiqué, II, 432. — _d’Afrique, IL, 432. _ de Cochin, IE, 432. _— décortiqué, 11, 432. + de la Jamaïque, IT, 432. — vert, IE, 431. Ginger, IT, 429. — Grass Oil, II, 578. Gingili Oil, I, 163. Ginnie Pepper, II, 131. Giroflier royal, I, 504. Gizi, I, 398. | Glandes de Houblon, II, 296, 298. Glandulæ Humuli, Il, 296. : — Rottleræ, I, 328. : Glaucium, 1, 97. — flavum, I, 132. < _ Gliquiricia, I, 317. Glycyrrétine, I, 319. ” nav, Fer: 220 _ echinata, I, 316. glaire, 1,5, 316, 818, 320, | TABLE ANALYTIQUE. Gobelets amers, [, 238, Gombo, I, 181. Gomme adragante, I, 346. Gomme de Syrie, I, 330. Gomme arabique, I, 419, 420. Gomme blanche du Sennaar, I, 424. — commune, I, 350, — d’Arabie, I, 421. — d'Australie {Wattle Gum), I, 425. — de Barbarie, I, 424. — de Caramanie, I, 352, — de Feronia, I, 428. — d’Hashabi, I, 422. — de Jiddah, I, 422. — de l'Inde orientale, I, 495. — de l’Olivier d’Ethiopie, I, 278. — de Mogador, I, 494. — de Mosul, I, 352, — de Suakin, I, 422, 493, 494. — de Talca ou de Talha, I, 424, — du Cap, I, 495. — du Maroc, I, 424, — du Pérou, I, 161, — du Sénégal, I, 424. — Elempni, I, 275. — en feuilles, I, 349. — en plaques, I, 349, 350. — en vermisseaux, ], 349. Gomme-Résine Ammoniaque, I, 571. — Résine d'Euphorbe, II, 304. — Gutte, 1,160. Gomme vermiculée, 1, 350. . Gommi Elempnij, I, 278. Goudron de Bouleau, II, 412. _ de Genévrier, II, 411. _ de Hètre, II, 512. Goudron végétal, IL, 406. Gourd, II, 319. ‘ Gracillaria lichenoïdes, if, 615, Graines de Beurre, I, 141. — de Cardamome, IT, 452. Graines de Bonduc, 1, 380. — de Cévadrille, I, 530. Graines de Chanvre, I}, 285. æ Graines de Croton ge II, 308. — de Cynocarde, I, 146. — deLin,1,188. — de Moutarde Blanche, I, 138. — de Moutarde Noire, I, 132, — de Paradis, Il, 456. — de Ricin, Il, 318. | — de Staphisaigre, To. de re nn 153. TABLE ANALYTIQUE. 647 Graines d'Ispaghula, 11, 192. Graines du Cniquier, I, 380. Graines et feuilles de Datura alba, II, 144- Graines noires, [, 35. Grains of Paradise, I, 456, GRAMINÉES, IL, 558. Grana Paradisi, I, 456. , Granatill, I{, 308. Granatine, I, 522. Granatschalen, FE, 517, Granatwurzelrinde, 1, 520. Grand Ipecacuanha strié, [, 659, 653, — Riciu ordinaire, IT, 326. Grande Chélidoine, I, 131. — Ciguë, I, 535. — Eclaire, I, 131. Grass Oil, II, 575. Grass Oil of Nimar, II, 576. Grasswurzel, II, 580. Greater Galanga, II, 442. Greenheart, II, 263. Greenheart Bark, IL, 263. Grey Nicker Seeds or Nuits, 1, 380. Greyne Paradijs, Il, 456, Grieswurzel, I, 63. Griffes de Girofle, I, 505, 506. Gros Chiendent, II, 582. Ground Nut Oil, I, 326. Guaiacène, I, 201. Guaiacol, I, 201. Guaiakharz, I, 198. Guaiakholz, I, 194. Guaiacum, 1, 194, 197. — officinale, I, 194, 195, 197, 198, 199, — _ sanctum, I, 194, 195, 197, 199, Guaiacum Resin, I, 198, — Wood, I, 194. Guajol, I, 201. Guanti di Neroli, I, 229. Cuayacan, I, 194. Guaza, If, 28555; 2: Guilandina Bonducella, I, 380. Guinea Grains, Il, 456. — Pepper, Il, 4: Gula, IL, 560. # Gulancha, 1,81, Gule-Pistah, IL, 370: Gum Arabic, I, 419, .— Benjamin, IL, 40, 44. — Euphorbium, II, 304. — Kino,1,354 _— _ofihe Palas or Drak et 1, : 358. _ Tragacanth, I, 346. Gummi Acanthinum, I, 421. — Arabicum, I, 419. — Elemi, I, 278. -- Gambogia, [, 160. — Gutti, I, 460. Gummi-Resina Ammoniacum, I, 571, _— Galbanum, I, 565. — Olibanum, I, 259, Gummi Tragacantha, I, 346. Gum Thus, Il, 381, 384. Gura, II, 560. Gurâgi, II, 454. Gurjun Balsam Wood Oil, 1, 170. Gutta Gamba, I, 160. Gutta Gambier, I, 590. GUTTIFÈRES, [, 160. Gutti Gummigutt, I, 160. Guvâca, II, 485. Gynocarde, I, 146. Gynocardia odornta, I, 146, 147, 148. ue H Habbunnil, IT, 123. Habhal-habashi, IL, 454. Hæmatoxylon Campechianum, I, 384. Hagebutten, I, 476. > Hagenia, 1, 458, 462. — abyssinica, I, 458, 462. Hala-Jira, I, 35. Hanebane, II, 149. Hanfkraut, II, 282. Hardwickia, 1, 415. : Hartsthorn, I, 505. Hashab, 1, 419, Hashabi el Jésiré, I,:422 Hashih, II, 285. Head Benzoin, I, 43. Hebbackhade, I, 274. Hedeoma pulegioides, 1, 181. Heera-Bôl, I, 270, 274, Heil, IL, 454. Helbeh, I, 344. Hélénine, IL, 3. Hellébore blanc, II, 528. — ver E6%,:::, Helléboréine, 1,4. Helléborésine, I, 3. Helléborétine, I, 4. Helléborine, I, 3. Helleborus, I, 5, 9. _ niger, I, 1, 5. — fœtidus, 1,2. 648 TABLE ANALYTIQUE. Helleborus ponticus, 1,2. — purpurascens, I, 2. — Teeta, I,9. —— trifolius, I, 10. — viridis, I, 2. Helonias frigida, X1, 521. Hématéine, I, 380. Hématine, I, 386. Hématoxyline, I, 386. Hemidesmus, 11, 74. Fo … inditus, 11, 74, 74: Hemidesmus Root, II, 72. Hemlock Leaves, 535. — Spruce, Il, 395. Henbane Leaves, II, 146. Hérapathite, I, 625. Herba Aconiti, I, 22. Andrographidis, 11, 161. Anthos, II, 185. Cannabis, IL, 282. Hydrocotyles, I, 530. _ Lactucæ virosæ, II, 26. Lobeliæ, II, 32. Matico, Il, 354. Melissæ officinalis, II, 188. Menthæ piperitæ, II, 175. Menthæ viridis, Il, 472. Nicotianæ, Il, 150. pedicularia, I, 10. Pulegii, II, 181. Rosmarini, Il, 185. Rutæ, I, 245. Sabinæ, II, 417. sanguinaria, I, 32. Schœnanthi, II, 579. Scoparii, I, 312. Stramonii, Il, 440, ; Thymi vulgaris, II, 182. Herbe aux Cuillers, I, 145. — aux Gueux, I, 34. POÉRELS EL PTE) LABRTIA ne _des chevaux, T1, 149. Hermodactyle, II, 537. : . — amer, II, Sa. - Herpestes, I, 257. — colubrina, I, 957. — gratioloides, 1, 257. date I, 257. Chirettæ vel Chiraytæ, II, 101. Hièble, I, 588. Hill Colocynth, I, 529. Hiltit, I, 559. Hing, I, 562, 564. Hingra, I, 562, 564. Hips, I, 476. Hirschfeldia,, 1, 137." Hoùng-nàn, I, 205, 206. Hæmatozylon, I, 388. — Campeéhianum, 1, 388.° Hog Gum Tragacanth, I, 352. Holcus saccharatus, TI, 568. Holunderblüthe, I, 586. Holztheer, IL, 406. Honglane, I, 7. Hopfen, II, 291. Hopfenbittersaüre, Il, 297. Hopfendrüsen, II, 296. Hopfenstaub, II, 296. Hops, II, 291. Hordeum, 11, 374. — distichum, 1, 570, 574, — hexastichon, II, 574. — vulgare, II, 574. Hordeum decorticatum, II, 570. — perlatum, II, 570. Horse-Radish, I, 142. Houblon, II, 295. _ commun, II, 295. Huile blanche de Thym, II, 183. — rouge de Thym, II, 183. — d’Amandes, I, 449. — essentielle d'Amandesamères, 1,449. _— d’Andirova, I, 409. — d’Arachide, I, 326. — de Bois, I, 170, 171, 414, 415. — de Cade, Il, 411. — de Camphre, II, 254. — de Camphre de Borneo, II, 259. de Camphre de Formose, LE 260. Huile de Garcinia, |, 167. | Huile de Goudron, II, 412. Huile d'Olive, II, 64. Huile de Pistaches, I, 326. — dé Roses, 1 4685.52 — de Sassafras, IE, 270, #10. Huile de Sésame, II, 168 . Huile essentielle "d'Ecorce d'Orange, LÉ LS — essentielle de Feuilles ds Cannel lier, LE, 235. _ essentielle de Raétue. de ur So TABLE ANALYTIQUE. | 649 Huile d'Olive d'enfer, IT, 63. vierge, IL, 63. Humulus, 11, 295. — Lupulus, IT, 291, 295, 296, Hwang-lien, [, 7. Hydnocarpus, 1, 146. — inebrians, 1, 148. — venenata, 1, 148, 149. —Ù_— _ Wightiana, 1, 148, 149. Hydrate de cubébine, II, 350. Hydrocotarnine, I, 119. Hydrocotyle, X, 530. — asiatica, I, 530, 531. _ rotundifolia, 1, 531. — vulgaris, 1, 531. Hydro-élatérine, I, 525. Hydrokinone, IT, 36. Hydrure de cannabène, IL, 286. Hyoscine, IL, 149. Hyoscyamine, IT, 148. Hyoscyamus, IT, 149. ©" abs, 449 — insanus, II, 149. _ niger, 1, 544; du. 146, 147, 149. I Iceland Moss, II, 596. Ichu Cascarilla, I, 597. Icica, X, 277, 278, 284, 286, 287. AOÛ, 1, 211; _ alta 284,286, 987. Aracouchini, 1, 286. Carana, 1, 287. — guianensis, 1, 284, 286. — heptaphylla, I, 284, 286. — heterophylla, 1, 28%, 286. — Icicariba, 1, 284, 286. — Tacamahca, 1, 287. Icicariba, I, 286. Idris Yaghi, 1,475; IL, 578. Igasur, II, 88. Igasurine, IL, 85. Ignatia amara, 11,:88. Ignatiana philippinica, WI, 88. Ignatiusbohnen, II, 88. Tâchi, IL, 445. Illicium, 1, 54. #0 anisatum, 1, 51,54, 55, 552. _ Hire — | Isländisches Moss, II, 596. Indian Aconite Root, I, 24. — Bael, I, 233. — Barberry Bark, I, 84. — Grass Oil, 11, 575. — Hemp, II, 282. — Hydrocotyle, I, 530. — Liquorice, I, 330. — Pennywort, I, 530, — Pink Root, II, 90, — Poke, II, 528, — Sarsaparilla, 1I, 72. — Tobacco, II, 32. Ingwer, II, 429. Inimboja, 1, 381. Inimboy, I, 381. Inosite, II, 24, 160. Inula Conyza, IL, 160. — Helenium, 1, 162; II, 1,:5, 160. Inuline, IE, 4, 24. Inuloïde, IT, 4. Iodo-sulfate de quinine, I, 625. Ionidium, I, 649. Ipecacuan, I, 641. Ipécacuanha, I, 649. _ de Carthagène, I, 646. _ des mines d'or, I, 654. — de pays, Il, 79. _ ondulé, I, 650, 655. — strié du Pérou, I, 654, _ strié gris cendré glycyrrhizé, I, 654. — strié mineur, I, 653, 654. — - strié noir ou dur, I, 649, : 653, 654. — violet ou mou, I, 649, 653. Ipecacuanha Root, I, 641. Ipeca sauvage, II, 79. Ipomæa, 11, 121. — dissecta, I, 449, — Jalapa, I, M5, — orizabensis, II, 110, 119, 122. — Purga, I, 14, 190, 1. — simulans, I, 120, pr IriDAGÉES, IL, 471. e Iris, II, 476. — florentina, II, 472. — yermanica, Il, 4TI, 472, 476. — nepalensis, II, 474. — pallida, N, 4, 472. — Pseudracorus, 11, 499. Irish Moss, II, 612. Irländisches Moss, II, 612. Ishpingo, II, 246. Isinen ou Isenen, I, 391. Isocajuputène, I, 495. Isolusine, I, 152. Ispaghuül, II, 193. Ispaghül Seeds, IT, 192. Italian Extrac of Liquorice, I, 322. Itr-yàaghi, I, 468. J Jaborandi, 1, 250, 257, 258. Jaborandine, I, 256, 259. Jadvär, I, 26. Jaffna Moss, II, 615, Jaggery, II, 567. Jalap, II, 114. Jalap blane, II, 115. fusiforme, II, 419. de Tampico, II, 120, 121. - ligneux, II, 419. mâle, II, 410, 419. Sta'ks, II, 119, * tops, IT, 419. Jalape, IT, 114. Jalapine, 11,110, 118, 419. Jalapinol, II, 120. Jamaica Pepper, I, 508, 509. — Quassiaholz, 1, 236. — Winters Bark, 1,38. Jateorhiza, 1, 62, HORS TE 2 — Columba, T, 58, 62, 82. — Miersii, I, 58. — palmata, I, 58. Jaune de Gayae, I, 200. — de Rhubarbe, II, 201. Jernang, II, 491. Jervine, II, 526. Jeukbol, II, 593. . dJinjili Oïl, IT, 163. Jordan Almonds,:1, 441, 445, Jouz-masal, 11, 145. | - Juckborsten, I, 333. x Jujubæ gallicæ, 1,. 308. Jujubes, I, 308. Juncus odoratus, IL, 579. _ Juniper Berries, II, 413. _Junipérine, IE, M6. ne £ Juniperus Oxycedrus, 1, AA. Sr Juniperus, Hier 1. ; Va I, ali. Phænicea, I], “9. communis,. IL, 3, AT 416. 650 TABLE ANALYTIQUE. Ju-siang, I, 262. Jusquiame, II, 149. « Justitia paniculata, 11, 161. K Kababab, II, 346. Kaddigbeeren, IL, 413. Kaimak, II, 108. Kakul, I, 419. Kaladana, IT, 122. Kalmia latifolia, II, 31. Kalmus, Il, 496. Kalumb, I, 59. Kalumbawurzel, I, 58. Kamäi-i-Angüza, I, 561. Kamä-i-Gawi, I, 561, Kamala, 11, 328. Kamänan, II, 40. Kamayan, II, 40. Kamela, II, 328, 329. Kami, I, 421. Kämpféride, IT, 442. Kanbil, II, 328. Kaneel, If, 224. Kand, II, 559. Kandat, II, 559, Kano, I, 355, 359, Kan-yan, II, 40. Kapila ou Kapila-podi, II, 329. Karawya, I, 546, Karigas, IT, 276. * Kariyat ou Creyat, II, 161. Käshu ou Kächu, 1, 434. Katta Kambu, I, 590. Kau-liang-kiang, IL, 40. Kayu-puti Oil, E, 493. Kentrosporium, IL, 607. Khassuibh, I, 566. Khävi, II, 579. Fee Khoräsäni Ajwan, I, 545, Khulanjan, 11, 440. Khus yatu’l kalb, 461. a LE eu Khus yatu's Salab, II, 461. EE es Ki skèh hiang, [, 499. Kian-kwang, I, 160. Kikar, I, 420. Kinkina urens, L, k4. Kinnabh, I, re , Kino, EL, 354 ce + _ d'Afrique ou «+ Gambie, I, 359. _ d'Australie, I, 360.1: TABLE ANALYTIQUE. | 651 Kinone, II, 36. Kirâta-tikta, II, 101. Kirschlorbeerblätter, I, 455. Kiwach, I, 334, Klatschrosen, I, 91. Knorpeltang, II, 612. Kokkelskôrner, I, 76. Kokum Butter, I, 167, Kom-yan, II, 40. Kônigschina, I, 614. Kordofan Gummi, I, 419, Koriander, I, 579, Kosine, I, 460. Koso, I, 458, Kosso, I, 458. Koussine, I, 460. Kousso, I, 458. _— rouge, [, 460. Krameria, 1, 156. — argentea, I, 158, 159. — cistoidea, 1, 158. — granatensis, I, 157. — grandifolia, T, 157, — Irina, 1, 157. — secundifiora, I, 158. — tomentosa, 157,159. _— triandra, 1, 153, 154, 158, 159, Krausemünzôl, IE, 174. Kren, I, 142. Krenai, 1, 142. Kréosol ou Créosol, I, 201. Kreuzdornbeeren, I, 304: Kreuzkümmel, 1, 582. Küchenschelle, I, 31. Kümmel, I, 545. Kunkumas, I, 474. Kurkuma, II, 435. Kut ou Käth, I, 435. Kutakan, I, 530. Kweiï, I, 226. Kyphi, I, 269, 288, 310, 313. L Lamrées, II, 167. Laburnine, I, 315. Lacrima Papaveris, I, 97. Lactuca, 1, 97 ; II, 27, 28. altissima, II, 28. elongata, 1, 28. -sativa, 11, 26, 27, 28. Seariola, I, 26, 27, 28. virosa, Il, 26,27, 28. br Lactucarim, #7, #4. mise . HE 34: no _ Levantische oder Aoppioe Gallen, JR Lactuecine, 11, 31. Lactucone, IT, 31. Lactucopicrine, II, 31. Ladenbergia, 1, 622. Laitue vireuse, Il, 26. Lakriz, I, 322. Lakrizwurzel, I, 315. Langer oder Rômischer Kümmel, I, 382. — Pfeffer, II, 343. Lanthopine, 1, 120. Laque d'insectes, I, 420. Larch Bark, II, 393. — Turpentine, II, 389. Larga, II, 390. Larir communis, 11, 392. — decidua, II, 392, — europæa, II, 389, 392. — excelsa, IT, 392. — siberica, I, 406. — pyramidalis, II, 392. Larixine, 11, 394. Laser, I, 559. Laserpitiun Chironium, 1, 576. Latakié, II, 454. Laudanine, I, 419. Laudanosine, I, 119. LAURACÉES, II, 224. Laurel Camphor, II, 249. Laurier-Cerise, 1, 455. Lauro-Cerasus, I, 443. Laurus Camphora, 11, 249. — Cubeba, II, 352. — Sassafras, Il, 266. Laüsesamen, I, 10 ; II, 530. Lavandelblumen, II, 167. Lavander Flowers, II, 167. Lavandula, 11, 172. _ Spica, II, 168, 171. me Stœchas, II, 171. _ vera, 11, 167, 168, 170, 171. Ledebouria hycinthina, 1, 593. Ledum, 11, 31. LéGumiNEUSES, I, 312. Leinsamen, I, 188. Lemon, 212, 217. — Où, I, 575. Leontodon hispidus, 11, 2%4. — Taraxacum, 1, 21. Leontodonium, II, 23, 24. Lettuce Opium, IT, 28. Leucosinapis, 1, 137. Leu-sung-kwo, IT, 89. 364. a Levisticum, 1, 568. 652 TABLE ANALYTIQUE. Lévocarvol, I, 548. Lévuline, II, 24. Lewa, I, 110. Lian?> arabique, I, 34. Liane Réglisse, I, 330. Lichen d'Islande, II, 596. Lichen Islandicus, IE, 596. Lichénine, II, 599. Licnens, II, 596. Lignum brasile, I, 388. : Campechianum, I, 384. campescanum, I, 384. Guaici, I, 194. Hæmatoxyli, I, 384, Ptervcarpi, I, 363. Quassie, I, 336. sanctum, I, 194, Santali, II, 371, santalinum album velatrinum, II, 371. santalinum rubrum, I, 363. Sassafras, 266. tinctile campechense, I, 385. Vitæ, I, 194. LiLtACÉées, Il, 500. Limon, I, 212. __ — Bergamotta, I, 223. _ Limone, I, 212,217. - Limonine, I, 215. . Linacées, I, 188. Linoxyne, I, 190. Linseed, I, 188, Linum, 1, 192. . — angustifolium, 1, 188. . — usitatissimum, 1, 188, 192. _ Lippia citriodora, TE, 576. Liquid storax, I, 481, Liquidambar, 1, 490. _ Altingia, 1, 490, 492. — altingiana, J, 492. : — : formosana, I, 592. LAS Re A LEE imberbe, 1, 481. , 490, 491, 492. porte styraciflua, I, 380, 482, 193. Liquiritia, LOE Fret I, Ho. orientalis, I, 481, ss, 484, _Macrotine, I, 30. Li os Magellanischer Ziniit; 1, 12. ; Maghrayt d’sheeharz, I, MT: Lobéle enîlée, II, 32. Lobéliine, II, 34. Lobéline, II, 33. Loblolly Pine, II, 378. Lobus echinodes, I, 381. — oblongus aromaticus, IT, 466. LoGanIACÉES, II, 81. Logwood, I, 384. Long Pepper, 343. Lopez Root, I, 241. LORANTHACÉES, II, 371. Lotos en arbre, I, 309, Lôwenzahnwurzell, II, 21. Loxa Bark, I, 613. Loxachina, I, 613. Lubän, I, 262, 264, 985. — Bedowi, I, 260. — Jâwi, II, 41 — Maitti, I, 261, 285. — Meyeti, I, 261, 279, 285. Scheheri, I, 260. Lutbs LEP en Lump Ammoniacum, I, 573. — Dragon’s Blood, IT, 492, Lupulin, 11, 296. Lupulina, IT, 296. Lupuline, II, 294, 296, 297. Lupulinic Grains, Il, 296, Lupulite, II, 297. Lycium, 1, 84. Lycopode, II, 585. LycoPobrAcÉEs, Il, 585. 7 II, 585, 587. annotinum, 11, 587. — clavatum, 11, 585, 587. — complanatum, LE, 587 - en I, sat : Lhobryi À: 317. Fer Macas, IL, 213. Mace, II, 222. Macène, 11, 224. Macer, II, 213. Machir, II, 213. _ Macis, II, 222. Macropiper, II, si. TABLE ANALYTIQUE. = 653 Magnolia glauca, I, 51. — _ grandiflora, I, 57. MaAGNOLIAGÉES, I, 37. Maba-tita, II, 162. Mahmira, 1, 7. Majun, II, 285. Malabar Cardamoms, II, 444. Malabathrum, II, 40, Male Fern Rhizome, II, 589. Male Fern Root, II, 589. Mallaguetta, Il, 456. Mallotus, IT, 328, 332, 333. — philippinensis, II, 328, 333. Malum Cydonium, 1, 234. Malva, I, 181. — - sylvestris, I, 181. — rotundifolia, 1, 181. Mazvacéess, I, 176. Mambroni Chini, I, 7. Mamiran, I, 7. Mamirani Chini, I, 7 Mäñan, Il, 40. Manigete, IT, 456. Maniguette, II, 456. Manikot utilissima, II, 449. Manna, II, 48. — a cannolo, II, 60. — di corpo, II, 49. — di foglia, II, 49. — di fronda, Il, 49. Manne, II, 48, 49. Manne d’Alhagi, IL, 55. — d'Australie, IL, 59. — de Briançon, II, 58. — de Chêne, Il, 57. — de Lerp, II, 59. — de Tamarix, If, 55, 56. — en larmes, II, 51. — en sorte, II, 54. — orientale, IT, 55, 56. Mannitan, I, 630. Mannite, I, 19; II, 52, 610. Mannitose, II, 52. Manonaog, Il, 88. Mappa, II, 333. Maranta, 11, 429. — arundinacea, II, 421, 423, 429, — indica, Il, 421. Marchandise noire, I, 98. Margarine, II, 64 Margosa Bark, I, 298. Margosine, I, 300. Marmelos de Benguala, 1, 23%, = Marshmallow Root, gs 176. O Mastic, 1,28. : Mastic de Bombay, I, 293. — de l'Inde orientale, I, 293. Mastiche, 1, 288. Masticine, I, 292. Mastix, I, 288. Matico, II, 354, 356. Matricaria Chamomilla, I, 569. — suaveolens, II, 12. Maulbeeren, 11, 280. Mauves, I, 181. May Apple, I, 87. May'a, I, 482. Meadow Anemone, I, 32. Meadow Saffron Root, II, 534. Mechoacan noir, Il, 415. Méconidine, I, 120. Méconine, I, 119, 121. Meconium, I, 98. Meconopsis, 1,132. Meerrettig, I, 142. Meerzwiebel, II, 520. Mekonsaüre, I, 117. Melaleuca, I, 496. — ericifolia, I, 496 ,497, — leucodendron, 1, 493, 497. —— linariifolia, 1, 496, 497. — minor, I, 494, 497. — Saligna, I, 497. — viridiflora, I, 497. Melanosinapis, 1, 137. Mélasse, Il, 569.. Melegette, II, 456. Meleguetta Pepper, II, 456, Mélézitose, IL, 58. Melia Asadirachta, 1, 301. — indica, I, 298,1 MÉLrACÉES, I, 298. Melissa, 1L, 188. — officinalis, II, 188. Mélisse, II, 188. Melissenkraut, Il, 188, Mélitose, II, 59. Melligetta, II, 456. Memeren, I, 7. MÉNISPERMACGÉES, I, 58, Ménispermine, I, 78. Menispermum Cocculus, I, 76. — Colomba, I, 58. _ palmatum, 1, 58, 62. Mentha, 11, 175. — aquatica, II, 474. — arvensis, Il, 177, 181. — crispa, H,178. — hirsuta, II, 175. — javanica, IE, 177. 654 TABLE ANALYTIQUE. Mentha piperita, LL, 475." — Puleqium, I, 181. — silvestris, II, 173. — viridis, Il, 172,173. Mentha romana, II, 173. Menthe blanche, II, 479. — noire, Il, 179. Menthe poivrée, 11, 175. — Pouliot, II, 181. — verte, II, 172. Menthol, II, 177. Mère de Girofle, I, 506. Mésite, II, 409. Mespilodaphne Sassafras, Y, 270. Métastyrol, 1, 485. Methel, II, 83. Methi, I, 344. Méthol, II, 409, Méthylamine, II, 610. Méthylnornarcotine, I, 119. Méthyhydrokinone, II, 36. Metrosideros, 1, 496. — albida, 1, 497. Meum, 1, 568. — Fœniculum, 1, 54. Mezereon Bark, II, 271. Middle states Snake-Root, 359, Miel de Seigle, 11, 602, 610. — de Tamarix, LI, 56. Mibha, I, 482. Mimosa arabica, X, 430. — Catechu, 1, 433. — indica, I, 431. — nilotica, I, 430. — Suma, I, 433. — Sundra, 1,433. Miñan, IE, 40, Mishmee, I, 8. se Mishmi Bitter, 1, 7. — Tita, 1,7. Mistura Amygdalæ, 1, 443. Mithä Zahar, 1, 26. Moelle de Coloquinte, I, 528. — de Sassañfras, II, 269. = Mohnkapseln, I, 9%. Mohr Add, I, 267. — Madow, I, 267. Mohrenkümmel, I, 582. _ Molasses, IL, 569. Momiri, I, 9. Momordica Elaterium, L 538, 526. Morarius, Il, 280. Morelle grimpante, IL, 126. Moringa, I, 269. — pterygosperma, 1, 145. Morphia, I, 117. Morphine, I, 137, 119, 122. Morphinum, I, 117. Morphium, I, 117. . Morung Elachi, IL, 452. Morus, II, 282. — alba, II, 280, 282. — nigra, Il, 280, 282. Moschuswurzel, I, 553. Mosi, II, 597. Mossa, Il, 597. Mountain Damson, 1, 243. Mousse d'Irlande, IT, 612. — perlée, IT, 612. Moutarde blanche ou anglaise, I, 138. — des Allemands, I, 143. — grise, I, 432. — noire, I, 132. Mucuna, 1, 334, 335, 340. — pruriens, 1, 333, 335. — prurita, ], 333. Mudar, II, 74. Mudarine, IL, 76, 77. Mulberries, II, 280, Mundubi, I, 327. Mur, I, 270. Mûres, II, 280. Mus, II, 597, Muscade, II, 213. Muscadier, Il, 221. Muscus catharticus, II, 597. — clavatus, IE, 585. — terrestris, II, 585. Muskatblüthe, II, 222. Muskatbutter, II, 220. Muskatnuss, II, 213. Muskatnussôl, II, 220. Mustagi rümi, EL, 293. Mutterharz, 1, 565. Mutterkorn, II, 601. Mutterkümmel, I, 582. Mycose, II, 610. _ Myristica, 11, 24, 213. — fragrans, WU, 213, 221, 992. Mynisricacées, 11, 213. Myristicène, 11,224. Myristicine, IL, 219, Myristine, II, 220. Myrocarpus frondosue, s 379... _— . , rent de er is 495: Re CI TABLE ANALYTIQUE. : 655 Myrospermum Pereiræ, 1, 372, — sonsonatense, ], 373. _ toluiferum, 1, 367. Myrospermum of Sonsonate, I, 372. Myroxycarpine, I, 380. Myrozylon, I, 371, 374, 375, 379. si Pereiræ, 1, 379, 373, 380. — peruiferum, 1, 379, _ Toluifera, 1, 367, 371, 373, 376, 3717. Myrrb, 1, 268, 270. : Myrrha, I, 268. — indica, I, 274. Myrrhe, I, 268, 270. Myrrhe d’Arabie, I, 275. — liquide, I, 271. MYRTACÉES, I, 493. Myrtus Caryophyllus, 1, 507. — Pimenta, 1, 508,511. Napelline, I, 17, 19. Naphthalène, II, 409. Narcéine, [, 119, 195, Narcotine, 1, 117, 419, 195. Nard indien, 1, 554. Nardostachys Jatamansi, 1, 554. Nataloïne, II, 513, 515. Narthex, 1, 557, 567, 565, 558, 571. — Asa-Fotida, 1, 557, 565. Nauclea, k, 593. — Gambir, I, 589. Nannäri, Il, 72. Neb-Neb, I, 431. Nectandra, 1, 266, 270, #10. — Cymbarum, HU, 266, 270. — Rodiæi, 1], 263, 264, 266. Nectandria, 1L, 255, Negundo aceroides, U, 567. Nelkenkôpfe, I, 508. Nelkenpfeffer, I, 508. Nelkenstiele, I, 505. Nepal Aconite, I, 24. Népaline, I, 17. pRrrs Nephelium lappaceum, 1, 328. Néroli, 1, 229. Neroliôl, I, 229. Netgewhr£, 4 + 3 Ne me Dr RE Nhandi, II, 356. Nicotiana, II, 152, 154, 155 .— multivaluis, II, 155. — Persica, 11, 155, 156. — quadrivalvis, 1, 155, 156, _ repanda, IL, 155, 156, — rustica, II, 154, 155. Tabacum, IL, 150, 152, 154, 150... Nicotianine, II, 153. Nicotine, II, 153. Nielles, I, 34. Nigella, 1, 34, 35. — arvensis, I, 35, 36. — citrina, 1, 35. — cretica, I, 35, 36. — Damascæna, I, 35.. — indica, 1, 35, 36. — sativa, 1, 35, 36. Nigelles, I, 34. Nimba, I, 299. Nim Bark, I, 298. ‘ Nipa fruticans, 11, 567. Noir prun, I, 307. Noix d ‘Arec, 11, 485. — d’Arec ou Noix Bétel, I, 138. — Bétel, I, 438. — de Galle blanche, II, 366. — de Galle bleue, IL, 366. Noix de Galle d'Alep, II, 364. Noix de Galle verte, II, 366. — d'Inde, II, 83. — de Muscade, II, 213. — de Sassafras, II, 270. — Igasur, II, 88. — Muscade longue, IT, 219. Noix vomique, Il, 81, 83. Nornarcotine, I, 119, Norway Spruce Fir, 11, 400, Nuces Arecæ vel Betel, IT, 485. — Grece, I, 440, — Indicæ, 1], 214. Nuclei myristicæ, Il, 213, Nunpari Root, I}, 72. Nushtur, I, 109, . Nutgalls, IT, 364... Nutmeg, Il, 213. — Butter, II, 220. : pe Nux Indica, II, 82, 83. | — Metella, II, 83. — Methel, Il, 83. — moschata, IL, 213. _— pepita, IL, 89. us — Vomica, II, 81, 82. e Lécraes logitiea, If, 885. 656 TABLE ANALYTIQUE. (0) O-Fu-Yung, I, 98. O-Pien, I, 98. Oak Bark, Il, 360. Oak Galls, IT, 364. Obis, I, 34. Ognon marin, Il, 596. Oil of Cajuput, I, 493. Oil of Gerenioni, Il, 575. — Ginger Grass, Il, 575. — Mace, II, 220. — Origanum, II, 183. — Spike, 11,171. — Theobroma, I, 184. Oil or Essence of Neroli, I, 229. Okra, I, 181. Okro, 1, 181. Olea, II, 67. — cuspidata, II, 61. — europæa, II, 6i, 67, 68. — ferruginea, IT, 61. . _— sativa, I, 67. OLÉAGÉES, II, 48. Oléine, IL, 64. Olen, I, 8. Oléorésine de Copahu, I, 407. — d'Hardivickia pinnata, 1, 414, 415. Oleum Amygdalæ, I, 442. Andropogonis, II, 575. Anisi, I, 551, Arachis, I, 326. Aurantii Florum, I, 229. Bergamii, 1, 222. Bergamotæ, 1, 299, 293. Cacao, I, 184. Cadinum, II, 411. Cajuptité, I, 493. Caryophylli, I, 503. Cinnamomi foliorum, 11, 235. Cinnamomi radicis, I, mg Copaibæ, I, 412. Crotonis, II, 309, ex Citriorum floribus, k 229. Garciniæ, I, 167. Graminis Indici, IT, 575. Juniperiempyreumaticum, 11,411, _ Lavandulæ, II, 470, . Lavandulæ à HE, 472 Limonis, | k, 218. CDR PRET IPEPT FA + | Orange de Chine, I, 227. Oleum Neroli, I, 229. —. Nucistæ, II, 220. — Olivæ, II, 61. Picis liquidæ, II, 412. — Pimentæ, I, 511, — Pulegii, II, 182., — Rosæ, 468, — Rutæ, I, 245. — Sesami, Il, 163. — Spicæ, II, 171. — Theobromatis, I, 184. — Thymi, II, 183. — Tiglii, I, 309. — viride, I, 587. wittnebianum, I, 494. Oliban, 1, 259, 262. Olibanum, I, 259. — Frankincense, I, 259. Olive Oil, II, 61. Olivenôl, Il, 61. Omam, I, 542. OMBELLIFÈRES, 1, 530. Ophelia, II, 101, 104, 161. — angustifolia, IL, 104. — Chirata, 11,j101. — densifolia, II, 104. — elegans, IL, 104. — multiflora, IE, 104. — pulchella, II, 104. Ophioxylon serpentinum, 1, 7. Opianine, I, 119. Opianyl, I, 121. | Opium, I, 98. Opium d'Asie Mineure, !, 101. de Chine, I, 112. de Constantinople, I, 104. d'Egypte, I, 103. d'Europe, I, 106. de l'Inde orientale, I, 107. de Malwa, 1,111. as . de Perse, I, 104. de Smyrne, 1, 101. de Turquie, I, 104, 103. de Laitue, II, 28. Thebaïcum, I, 98. Opiumsäure, I, 117. ; Opoidia galbanifera, 1, 565. DEFRETIT ET À Opopanax, I, 575. Opopanaz Chironium, 1, 575. — Ferula,ï, 875. an — | persicum, 1, _. 876. Opuntia, 1, 50. de Malte, 1, 233. ns ce TABLE ANALYTIQUE. ne 657. Orange de Séville, I, 228. — douce, ., 233: Orcuipacéess, II, 461. Orchis, II, 461, 464. — conopsea, Il, 461. — coriophora, II, 461, — latifolia, IT, 461. — longicruris, II, 461. _— maculata, 1, 461, 465. — mascula, 11, 461, 465. — militaris, IL, 461, 464. — Morio, II,.461. — pyramidalis, IT, 461. — Ssaccifera, 11, 461. — ustulata, II, 461. Ordeal Bean of Old Calabar, I, 335, Oreilles des Indes, II, 368. Oreodaphne opifera, 11, 270. Orge à l’écossaise, II, 571. — brûlante de l'Inde, IL, 531. — commune, II, 570. — mondé, II, 570. Orge perlé, II, 570. Ormes, II, 301. Ornithogalum altissimum, 1, 593. Ornus europæa, Il, 59. —- rotundifoliæ, II, 60. Orobanche, I, 109. Orris Root, IT, 471, Orvale, II, 192. Otto of Rose, I, 468, 470. Oxyacanthine, I, 86. Oxycampbhre, II, 256. Oxycannabine, IT, 287. Oxyphænica, I, 403. P Pachygone, 1, 71. Pachyma Cocos, II, 557. Pa-co, I, 55, Palas Dreée I, 358. Palas or Pulas Kino, I, 358. Pale Catechu, I, 589. _ Palma-Christi Seeds, 1 318. Pazmiers, Il, 485. Palmitate de cérotyl, I, 116. Palmitate myricylique, II, 298. Palmitine, I, 185. Pâälo, I, 81: Palo de Culebra, II, 72. : Palo ae Soldado, Le 354. Papaver, 1, 93. . dubium, 1, 92. — _ glabrum, I, 94, 101. Eu" officinale, I, 24, 104. — Rhœas, 1, 91, 992, 93, 127. _— setigerum, 1, 94, 127, 199. — somniferum, I, 94,97, 104, 40%, 109, 127, 129. — somniferum album, 1, 199. — somniferum album depressum, I, 198. — somniferum nigrum, I, 128,129, PaAPAVÉRACÉES, I, 91, Papavérine, 1, 96, 119, 125, Papavérosine, I, 96, 121. Paracajuputène, I, 495. Paracatharnine, I, 246. Paradieskôrner, IT, 456. Paradigitalétine, II, 158. Paraffine, II, 409. Paraménispermine, I, 79. Pareira Brava, I, 63, 64, 65. — —. blanc, I, 70. — — faux, I, 60. — — grande, I, 70, — — jaune, I, 71. Parfum de Jehan Ghir, I, 470. Paricine, I, 623. Parigénine, IT, 551. Pariglina, II, 550. Parilline, II, 550. Pasèwa, I, 110. Pasque Flower, I, 31. Passulæ Majores, I, 309. Pasta, I, 323, 324. Pastinaca Anethum, 1, 578. — Opopanax, I, 575. Pâte de Réglisse, I, 325. Paullinia, I, 243. Pavame, II, 267, Pavot,' I, 94. — cornu, 1, 131, — Coq, I, 93. — œillette, I, 425. Paytine, I, 62%. Peachwood, I, 384. Pearl Barley, II, 570. Pédoncules de Girofle, I, 505, Pe-fuh-ling, 11, 557. Pegu Catechu, I, 433. Pelargonium Radula, T1, 576. Pellitory of Spain, II, 6. _ Root, ÉE, di Pélosine, I, 67, 169; II, 265, Penang Benjamin, LI, 45. s. 42 658 TABLE ANALYTIQUE. Pennyroyal, Il, 181. Pepins de Coings, I, 478. Pepita de Bisaya, II, 88. — (Catbalogan, IL, 88. Pepper, IL, 334. Pepper Bark, I, 44. Peppermint, II, 475. Periploca indica, I, 72. Perlmoos, II, 612. Perniwort indian, I, 530. Persica, 1, 443. Perubalsam, I, 372. Perusse, 11, 395. Peruvian Bark, I, 594. Peruvian or Payta Rhatany, [, 153. Péruvine, [, 378. Pesse, II, 400. : Petala Rhœados, I, 91. — Rosæ Centifoliæ, I, 466, — Rosæ gallicæ, I, 462. Pétales de Roses de Provins, I, 462. — de Roses pâles, I, 466. Pétales de Roses rouges, I, 462. Petit Chiendent, 11, 580. Petit-grain, I, 231. Petit Ipecacuanha strié, I, 649. Petits Pignons d'Inde, II, 308. Petite Cannelle, II, 232. Petite Centaurée, II, 104. Petite Manne, II, 51. Peucedanum, 1, 576, 577. _— graveolens, I, 578. Pfefferminze, II, 175. Pfriemenkraut, I, 312. Pharbitis Nil, II, 122, 125. Pharbitisine, 1], 424.. Phaseolus glycyrrhites, I, 330. multiflorus, 1,335. — siliqua hirsuta, 1, 333. Phénol, I, 370; IL, 269, Phéorétine, II, 205. Phérétine, II, 205. Phloroglucine, I, 163, 444, 357; LU, 99, . 408. Phœnix silvestris, II, 567. Photo-Santonine, IL, 17. Phyco-érythrine, IL, 613. Physostigma, 1, 337, 340. —_ récent, 335, 340. vsostigmine, 1,398; 939... Picrosclérotine, [1, 611. Picrotoxine, I, 78, 80, Pigaya, I, 642. Pilocarpine, I, 256, 258. Pilocarpus, 1, 254, 253, 255, 256, 257, 258. — pennatifolius, I, 250, 251, 253, 256, 257, 258. Piment, II, 129. Piment des Anglais, I, 508. — des jardins, IT, 129. — Tabago, I, 511. Pimenta acris, I, 511. — officinalis, I, 508, 511. Pimento, I, 511. Pimienta de Tabasco, I, 511. Pimpinella, 1, 553. — Anisum, 1, 550, 553. Pin-lang, 11, 485. Pink-Root, Il, 90. Pin maritime, II, 378. Pinang, I, 570. Pinanga, Il, 489, Piñones de Maluco, II, 308. Pinus, Il, 385. — déièr: II, 400, 405. — australis, 11, 378, 380. — Balsamea, IL, 394, 398, — canadensis, IT, 395. — Cedrus, IE, 58. — Fraseri, 11, 395. — Laricio, I, 378, 387. — Larix, Il, 58, 389, 392, 393. — Ledebourii, IE, 406. — maritima, II, 378, — palustris, II, 378. — Picea, 11, 379, 397, 399. — Pinaster, II, 378, 387, 404. — Pumilio, II, 397. — silvestris, Il, 378,379, 385, 388, 406. — Tæda, Il, 378, 387. Proasstil Il, 334. : Piper, 1, 256, 257, 258 ; II, 31, 343, — aduncum, Il, 356. à — angustifolium, IL, 354,856. Betle, II, 345. ; caninum, H, 352. 1". Clusii, IL, 352, 353. : crassipes, II, 352. Cubeba, I, 346, 348, 353. densum, 1, 345. + lanceæfolium, 11, 356... _ longum, 11, 343, 346, 356. & jt Lowong, 11,352. nul Melegueta, TI, 456. Fe nigrum, TL, 336, | Fi | 1 # ll TABLE ANALYTIQUE. Piper Officinarum, 11, 343, 344, 346. — reticulatum, 1, 257, 258. — ribesioides, 11, 352. Pipéridine, Il, 339. Pipérine, II, 339. Pipli-mul, IL, 344, 346. Pippali, II, 334. Pippalimula, IL, 346. Pirus Cydonia, 1, 478, 480. — glabra, II, 58. Pispaz, I, 560. Pissenlit, II, 25. Pistache de Terre, I, 329. Pistachiers, I, 293, Pistacta, I, 393; II, 270. — atllantica, I, 293. — Cabulica, I, 293. — Khinjuk, I, 293. — Lentiscus, I, 288, 293; II, 370. — palæstina, I, 294. — Terebinthus, I, 294; II, 370, — vera, Ï, 298. Pitayo Bark, I, 623. Pitch, 11, 412. Piloyine, I, 623. Pivoine, I, 36. — femelle, I, 56. — mâle, ],36. Pix abietina, IT, 400. — arida, II, 401. — burgundica, II, 400. — liquida, II, 406. — navalis, IT, 412. — nigra, Il, 412. — sicca, I], 412. — solida, El, 412. PLANTAGINACÉES, Il, 492. Plantago, 1, 195. _ Cynops, II, 193. — decumbens, II, 192, 195, — Ispaghula, IT, 192. — Psyllium, I, 193. Plantains, 11, 195. Platanus orientalis, 1, 482. Plocaria candida, W, 615. Plosslea fiorifunda, 1, 267. _ Poaya, I, 649. :— branca, I, 649. Pockholz, I, 194. Pod Pepper, II, 129, Podophylline, Ï; 88, 89. . Podophpiims. I, 88, 89, 90, 91. da are hi 90. Pœonia officinalis, 1, 36. Pois à Gratter, I, 333. Pois Guénie, I, 380. — pouilleux, I, 333, — Quéniques, I, 380. Poivre à queue, IL, 353, — blanc, II, 340. Poivre Gubèbe, II, 346. Poivre de Calicut, II, 130. — deGuinée, II,129,134. — d'Inde, II, 129, — dela Jamaïque, 1,508. Poivre long, II, 343. — noir, Il, 334. Poivrier, 11, 336, 341. Poix blanche, II, 402, Poix de Bourgogne, 11, 400. Poix des Vosges, II, 400. — grasse, II, 401. — jaune, I], 400. — liquide, IL, 406. Poix noire, II, 412. Polei, II, 181. Polychroïte, II, 481. Polygala, 1, 152, 153. — amara, I, 152, 153, — austriaca, 1, 152. — Senega, À, 3, 149, 152. — vulgaris, 1,;:449,; 153. PoLycaLacées, I, 449. Pozyconacées, Il, 195, Polypodium Filixz mas, II, 589. Pomegranate Peel, I, 517. Pomeranzenschale, I, 226. Pomme de Mai, I, 87. — d'Or, I, 478. Pommegranate Root Bark, I, 520, Ponceau, I, 93. Pontefract-Cakes, I, 326. Poppy Capsules, I, 94, — Heads, 1,9%, : Poppytrash, 1, 110, 414. Porphyroxine, 1, 130. Potentilla Tormentilla, 1, 156, 630. Poudre des Capucins, Il, 531, — de Lycopode, IL, 585. Pouliot bâtard, II, 184. © — vulgaire, II, 481. Prickly Lettuce, IL, 26. | Proivron, IE, 434. Prophétine, I, 595. Protium Kataf, 1, 276. Protopine, I, 119. Provencer OEl, I, 61. ; _ Provence Rose, I, 466. 659 660 TABLE ANALYTIQUE. Pruna damascena, 1, 450. Pruneauliana, I, 451. Pruneaux, I, 450. Prunes, I, 450. Prunes médicinales, 1, 450. Prunier de Saint-Julien, I, 450. Prunophora, 1, 443. Prunum Gallicum, I, 450. Prunus, I, 443. — Amygdalus, 1, 439,443, 445. — domestica, I, 450, 451, 452. — : Juliana, I, 450. — Lauro-Cerasus, 1, 44T, 455, 457. œconomiea, I, 451, Padus, 1, 447, 453. Pruneauliana, 1, 451. — serotina, I, 452, 453, 454. — virginiana, 1, 452, 453. Pseudo-Aconitine, I, 17. _ amorphe, 1, 18. _ cristalline, I, 17, Pseudomorphine, I, 119, 124. Psychotria emetica, 1, 649, 653. Ptérocarpine, I, 366. Pterocarpus, I, 361, 363, 372. Draco, 1, 495. erinaceus, 1, 355, 359. ihdicus, 1, 354, 364. Marsupium, 1, 354, 355,356, _ 860,361, 363,364, 366,372. — PE A 363, 364, 366; HE, 37%: Ptychotis Ajowan, I, 542. — Coptica, I, 542. Puccine, I, 130, Puleium regium, II, 181. Puliol royal, 11, 181. Pulpe de Coloquinte, IL, 598, Pulpe de Tamarin, 1, 402. Pulsatille noire, 1, 32. Punica Granatum, 1, 517, 518, 520. Punicine, I, 522. . Purga de: Sierra Gords; Il, 120. - Purging Cassia, I, 398. à Phsithirmen LE, 308. Purgo Macho, II, 119. Putrawalli, I, 80. rèthre salivaire, II, 6. ER chine, I, Le we eh sas ph EE A 24 9 où Pyrus, I, 480. — Cydonia, I, 478, 480, 482. Q Quassia, I, 236, 239. - amara, 1, 237, 239, 240, 244. — excelsa, I, 236. — Simaruba, 1, 244. Quassia de Surinam, I, 237, 239. Qnassia wood, I, 236. Quassiine, I, 238, 245. Queckewurzel, II, 580. Quercétine, I, 437, 593. Quercine, 11, 362. Quercitrin, I, 464. Quercus, II, 362. — infectoria, Il, 364. — lusitanica, II, 364. — persica, II, 57. — Robur, II, 360, 362, — vallonea, I, 57, Quetschen ou Swetschen, I, 451. Queue de loup, IT, 160. Quina de Caroni, I, 202. Quinamine, I, 622, 626, 627, 632. Quina verde morada, 1, 637. _ Quince Pips, I, 478. — Seeds, I, 478, Quinicine, I, 624, 627. Quinidine, I. 622, 623, 626, 627, 632,633. Quinine, I, 622, 624, 627, 632, 633. Quinnab, II, 285. Quinoïdine, I, 624. Quinone, I, 629. Quinquina bicoiore, I, 623. — Calisaya, I, 636. —- Loxa,1;615.: — Royal, I, 613. Quitch Grass, II, 580. Quittensamen, I, 478. R Racine d'Aconit Hétérophylle, I, 27. — d’Aconit indien, 1, 24. — d'Aconit Napel, I, 14. _ d'Althæa, I, 176. Résiué de Betterave, IL, 566. as de ris we » Pareira Bravs, E TABLE ANALYTIQUE. Racine de Fraxinelle, I, 248, 249. Racine de Galanga, I], 440. — de Gentiane, II, 97. — de Guimauve, I, 176. — d’Hellebore, I, 1, 5. Racine d'Hémidesmus, II, 72. Racine d’Ipéca, I, 641. Racine d'Ipécacuanha, I, 641. Racine d’Ipécacuanha annelé, I, 641. — de Jalap, II, 114, 115. — d’Orizaba, II, 149. — de Pareira Brava, I, 63. Racine de Pissenlit, II, 21. Racine de Polygaia de Virginie, I, 149. Racine de Pyrèthre, II, 6. — de Raïfort, I, 136. — de Ratanhia, I, 153. — de Réglisse, T, 315. — de Salsepareiïlle, 540. Racine de Sambola, I, 553. — de Sambula, I, 553. — de Sassafras, II, 266. — de Scammonée, IL, 111, — de Senega, I, 149. Racine de Serpentaire, Il, 357. :— de Squine, II, 556. — de Sumbul, I, 553. Racine de Sumbul did, L:664. Racine de Toddalia, I, 241. — de Tylophora, II, 80. Racine de Valériane, 656. Radix Abri, I, 330. — Aconiti, I, 44. Acori, II, 496. Actææ racemosæ, I, 29. Althææ, I, 176. Armoraciæ, I, 442. Arnicæ, II, 18, Belladonæ, II, 134. Calami Aromatici, IL, 496. Calumbæ, I, 58. Chinæ, IL, 555. E Chinæ occidentalis, IL, 557. Colchici, IE, 534. Columbo, I, 58. Coptidis, É À Curcumæ, II, 435. Dictamni albi, I, 248. dulcis, I, 316. Enulæ, II, 1 Galangæ majoris, II, 442. Galangæ minoris, Il, 440. Gentianæ, 11,97. Graminis, IE, 580. 7. | Gireyrrhies, ES SR Radix Hellenii, II, 4. — Hellebori nigri, I, 14, 5. — Helleborï albi, II, 525. — Hemidesmi, II, 72. — indica lopeziana, I, 241. — Inulæ, Il, 1. — Ipecacuanhæ, I, 641. — Iridis florentinæ, IT, 471. — dJalapæ, II, 114. — Krameriæ, I, 153. — Liquiritiæ, I, 315. — Melampodii, I, 4. — Pareiræ, [, 63. — Podophylli, I, 87. — preciosa amara, I, 7. — Pyrethri, IT, 6. — Ratanhiæ, I, 153. — Rha Barbari, II, 201. — Rhei, 11, 195. © — Salep, II, 461. — Salsaparillæ, II, 540. — . Sarsæ, II, 540. — Sarsaparillæ, IT, 540. — Sarzæ, Il, 540. — Sassafras, II, 266. — Satyrii, II, 461. — Scillæ, If, 520. — Senegæ, I, 149, — Senekæ, I, 449, — Serpentariæ, II, 357, — Serpentariæ virginianæ, Il, 357. — Spigeliæ, IT, 90. marilandicæ, 1], 90. — Sumbul, I, 553. — Taraxaci, II, 21. — Tinosporæ, I,81. — Toddaliæ, I, 241. — Tylophoræ, II, 80. — Valerianæ, I, 656, — Veratri, II, 595. Ziugiberis, II, 429. Raifort, 1, 462. Raisins, I, 309. Raisins au soleil, I, 310. — Chesme, I, 310. — Eleme, I, 310. — Muscats, I, 310. — secs, I, 309. — Sultane, I, 310. — - Valence, I, 310. _ Ranunculus, 1, 31. Raphanus rusticanus, 1, 143. Rasà Ka Tel, II, 576. | Rasamala, I, 490, 492. Rasot ou Rusot, I. 661 662 TABLE ANALYTIQUE. Rasuræ, I, 237. Ratanhia de Ceara, I, 158. _— de la Nouvelle-Grenade, I, 157. ee des Antilles, IL, 158. _ du Brésil, I, 458. — du Para, I, 158. Ratanhiawurzel, I, 153. Ratanhine, I, 156. Raute, I, 245. Récolice, I, 317. Red-Cole, I, 142. : — Dragon’s Blood, II, 492. — Pepper, IT, 129. — Poppy, I, 91. — Poppy Petals, I, 91. — Rose Petals, I, 462. — Sanders, II, 372. — Sanders Wood, I, 363, — Whortleberry, Il, 37. Réglisse, I, 317. — d’Alicante, I, 318. — d'Amérique, I, 330. — de Russie, I, 318. — de Tortosa, I, 318, Regolizia, I, 317. RENONCULACÉES, I, 1. Réquelice, I, 317. Reseda lutea, I, 136. . — luteola, I, 186. Resina Benzoë, II, 40. — Draconis, II, 490. — Elemi, I, 277. — Guaiaci, 1, 198. — Jalapæ, II, 118. — Mastiche, I, 288, — Podophylli, I, 90. — Scammonii, Il, 111. Résine, II, 403. : d’Aloës, ll, 513, 515, 516. — soluble, II, 516. — insoluble, IT, 516. d’Altingia excelsa, I, 490. d’Angelina Pedra, I, 156. : d’Arbol a Brea, I, 282. de Benjoin, II, 40 _ de Gayac, I, 198. de Scammonée, 11, 111. LU ill ET Styrax officinale, I, 488. Phni2, I, 277. a Apps Styraciflua, I, 489. _ Formosana, [,489. Résorcine, I, 366, 564. Retti, 1, 330. Rha, IL, 195. Rhabarber, II, 195. Bhabarbérine, II, 204. Rhabarberstoff, II, 204. Rhacoma, ILE, 196. RHAMNACÉES, I, 304. Rhamnégine, I, 306. Rhamnétine, I, 306, 307. Rhamnine, I, 306, 307. Rhamnocathartine, I, 306. Rhamnus, I, 306, 307. — cathartica, 1, 304, 305, 306, 307. .— Frangula, 1, 308. — Jujuba, 1, 309. Rhatany or Rhatania Root, I, 153. Rhéine, II, 204. Rheum, 1I, 209. — australe, II, 209. — compactum, Il, 208, 212. — Emodi, II, 209, 212. — officinale, 11, 195, 209. — palmatum, 1, 207, 208, 211. — Rhaäponticum. 11, 207, 208, 209, 319. k — undulatum, 11, 208, 212. Rheumine, II, 204. Rhizoma Calami Aromatici, II, 496. — Coptidis, I, 7. _ Curcumæ, II, 435. — Filicis, Il, 589. — Filicis-maris, II, 589. — Galangæ, IE, 440. — Graminis, II, 580. ... Iridis, A, 44 — Veratri albi, Il, 525. es Veratri viridis, [I, 528. Zingiberis, II, 429. Rhizome d'Acore, Il, 496. d'Arnica, II, 18. d'Aunée, 11,1. de Cimicifuga, IL, 29. de Chiendent, Il, 580 de Coptis, I, 7. de Curcuma, LI, 435. de Fougère mâle, IL, 549. de Galanga, IL, 440. Rhizome de Galanga majeur, Il, 442. — mineur, LI, 441. | Kits dé Gingembre, II, 429. — d'Hellébore noir, % Ai : d'iris, 34%. : an eee La ss. ne Vi trhi Ds TABLE ANALYTIQUE. | 663 Rhizome de Vératre vert, IL, 528. — de Podophyllum, I, 87. — de Rhubarbe, II, 195. — de Spigélie, II, 90. — et Racine de Belladone, II, 134: — et Racine de Gelsemium, I{, 93. Rhododendron, 11, 31. Rhœæadine, I, 119, 125. Rhœagénine, I, 119. Rhubarb, II, 195. Rhubarbe, IL, 195. — anglaise, II, 206. — arrondie, II, 203. — d'Allemagne, II, 208. — de Canton, II, 201. — de France, II, 208. — de Moscovie, II, 200. _— de Russie, II, 200, — des Indes orientales, II, 201. — de Turquie, II, 200. pee late, II, 203. — royale, II, 200. Rhus Bucki-Amela, IL, 368. — Coriaria, II, 367. — semialata, 11, 368, 369. Rh-ya, 11, 283. Richardsonia, I, 650. — scabra, 1, 650 Ricin, II, 395. Ricinélaïdine, II, 323. Ricinine, 11, 323. Ricin sanguin, IL, 326. Ricinus, II, 325. — communis, Il, 318, 3925. Ricinussamen, II, 318. Rocadine, I, 93, 96. Rognures de Cannelle, IL, 232. Rôhan, I, 301. Robhun Bark, I, 301. Rührencassie, I, 398. Rohrzucker, II, 558. Romarin, II, 185. _ Romische Kamillen, Il, 9. Rosa, II, 578. — acicularis, I, 476. bifera, 1, 466, 476. ‘ Calendarum, 1, 476. canina, I, 472, 476, 478. centifolia, 1, 466, 467. Cinnamomea, 1, 416. _centifolia bifera, I, 476. damascena, 1, 466, 468, 472, 476. gallica, Li ne 463, 465, 466. on LT Rosa pallida, I, 466. — provincialis, I, 467. Rôsacies, I, 439. - Rosæ incarnatæ, I, 463. — provinciales, I, 463. -- purpureæ odoratissimæ, I, 463. — rubeæ, I, 463. Rosamala, I, 483. Rosa Maillas, I, 483. Rosatum, I, 468. Rosé, II, 578. Roseau aromatique, Il, 496. Rosemary, II, 185. Roses, I, 465. — de Damas, I, 462. — de Loup, I, 93. Roses de Provins, I, 462, 463, Roses de Puteaux, I, 466. Roses Thé, I, 467. Rose Leaves, I, 462. — Malloes, I, 483. Rosenûül, I, 468. Rose Oil, I, 468. Roshé, II, 578. Rosin, II, 381, 382. Rosinen, I, 209. Rosmal, I, 483. Rosmarin, Il, 185. Rosmarinus, II, 186. — officinalis, II, 185, 186. Rosocyanine, II, 438. Rosum Alloes, I, 483. _ Rotang Jernang, IT, 490. Rothes Sandelholz, I, 363. Rothtanne, II, 400. Rottlera, II, 333. : _ tinctoria, Il, 328, 329, 333. Rottlérine, II, 331. Rouge de Cinchona, I, 629, 630 ; LT, 488. — de Fougère, II, 592. — de kino, I, 357. Rowsal, II, 578. RuBrAGÉEs, I, 589. Rubia cordifolia, IL, 104. Ruby Wood, I, 363, Rue, I, 245. — commune, I, 245 — offcinale, 1, 245. Ruhrrinde, I, 243. Rumezx, I, 103, 104. — Patientia, I, 102. Rusa, II, 578. —— Oil, IE, 675, Rusot ou Kasot. 1:85, Rüsterrinde, II, 289. 664 Ruta, I, 245. — graveolens, 1, 245. Ruracées, I, 194. Rutine, I, 246. Ruybarbo de las Indias, II, 415. de Mechoacan, If, 115. S Sabadilla officinarum, U, 530. Sabadilline, II, 533. Sabadillsamen, II, 530. Sabatrine, II, 533. Sabine, II, 417. Sabzi, 11, 285. Saccharum, 11, 558, 569. chinense, 588. officinarum, 11, 558, 569. violaceum, 1, 558. Sa-fa-lang, HE, 477. Saffron, II, 477. Safran, II, 477. Safran d’Alicante, II, 482. de Valencia, Il, 482 _Safrène, II, 268, 269, Safrol, II, 268. Sagapanum, I, 575. Salep, Il, 461. Salepknollen, 11, 461. Salib misri, IT, 461. Salis fragilis, II, 58. Salsa, IE, 542. Salsépareille de Guatemala, II, 548. de Guyaquil, II, 550, de la Jamaïque, LI, 541, 249. de Lisbonne, IT, 548. de Para, II, 512, 548. du Brésil, LE, 548, du Honduras, Il, 547, 553, 554. du Mexique, IL, 549. _ Salsepareilles farineuses, II, 547. | _— non farineuses, Il, 549. . Salseparine, II, 550. _ Sabia, IT, 189. officinalis, Il, 189. — pratensis, Il, 191, 192. : _ Sclarea, me — —_— s ee TABLE ANALYTIQUE. Sandal Wood, II, 371. Sandalum, IT, 372. Sandasab, IT, 6. Sandelholz, II, 371. Sang-Dragon, II, 490. Sang-Dragon des îles Canaries, II, 495. de Socotra, II, 494. en bâtons, II, 492. en larmes, II, 494, en masses, II, 491, 492. rouge, II, 491, 492. Sangue de Drago, I, 360. Sanguinaire, 1, 32, 130. Sanguinaria, 1, 130. canadensis, 1, 130. Sanguinarine, I, 130. Sanguis Draconis, Il, 490. in baculis, IT, 492. in massis, II, 492. Santal, I, 366. blanc, I, 364. jaune, I, 364. rouge, 1,364. Santaline, 1, 365. Santalum, 1, 364; II, 377. album, I, 371, 377. austro-caledonicum, Il, 371. Cygnorum, 1, 371. Freycinetianum, 11, 371. Fusanus spicatus, I, 371. lanceolatum, IL, 371. _ pyrularium, H, 371. rubrum, 1, 363. Yasi, 11, 371, Santonina, Il, 43. Santonine, II, 16. — — RP IT D! _ Sap-green, I, 307. Sapogénine, 1, 151. _ Saponine, 1, 90. Sarothamnus vulgaris, 1, 312. ” Sarsa peluda, Il, 541. Sarson, II, 541. Sassafras, II, 266, 267, 270. Nuts, IL, 270. Root, II, 266. Wilderness, If, 269. Sassafras officinalis, IL, 266, _— Sassafrasholz, II, 266. Sassafride, Il, 269. — — — | Sauge officinale, ü, . | | Savanilla, 1,457. ps | Savin, Savine, D, M TABLE ANALYTIQUE. “14 Scammonée d'Alep, IT, 107. _ vierge, II, 109. — de Smyrne, Il, 407. — pure, II, 108. Scammonia syriaca, 11, 107. Scammonium, Il, 206. Scammony, II, 106. Schierlingsblätter, I, 535. Schiffspetch, IT, 412. Schlangenwurzel, II, 357. Schnute, I, 93. Schænocolon officinale, II, 530. Schusterpetch, IT, 412. Schwarze Nieswurzel, I, 1. Schwarzer Pfeffer, IT, 334. — Senf, I, 132. Schwarzes Pech, IT, 412. Scilla indica, II, 523. — maritima, II, 520. Scille blanche, Il, 520. - — rouge, II, 520. Scillitine, II, 522. Sclarée, II, 192. Sclérocrystalline, II, 611. Scléromucine, II, 611. Sclerotium Clavus, I, 605. Scléroxanthine, II, 611. Scoparine, I, 313. Scorodosma, I, 557, 558. ee fœtidum, X, 557, 565. Scrape, IT, 384. Scrophularia frigida, VE, 58. ScroPHULARIACÉES, LI, 156. Scutinanthe, 1, 278. — brunneum, f; 978. Secale cereale, II, 601. — cornutum, IL, 601. — luxurians, 1], 602. Sedgwickia cerasifolia, X, 492. Seidelbaste-Rinde, IT, 271. Seigle ergoté, II, 601. Sel d'Opium, I, 417. — essentiel de la Garaye, I, 629. Selinum Anethum, I, 578: Semen Ajavæ vel Ajouain, I, 542. — Ammi, I, 544. — Amomi, I, 508. Anethi, I, 576. Arecæ, II, 485. Badiani, I, 51. Bonducellæ, I, 380. Camif fat 550: : snoa H, 538. —— an ee — ee Cataputiæ majoris, Il, 318. Carui vel Carvi, hs an Semen Contra, II, 13. Semen Coriandri, I, 579. — Crotonis, II, 308. — Cydoniæ, I, 478. — Fœni-Græci, I, 342. — Fœnugræci, I, 342. — Guillandinæ, I, 380. — Gynocardiæ, 1, 146. — Hordei, II, 570. .— Ignatii, II, 88. — Ispaghulæ, II, 192. æ Kaladanæ, IT, 122, _— Lini, I, 188. — Lycopodi, II, 585. — Myristicæ, II, 213. — Nucis Vomicæ, II, 81. — Pharbitidis, 11,122. — Physostigmatis, I, 335. — Ricini, LE, 318. — Sabadillæ, II, 530. — Santonicæ, Il, #3. — Sanctum, Il, 43. — Sinapis albæ, I, 138. — — nigræ, I, 132. — Stramonïii, II, 143. — Staphisagriæ, I, 10. —" Tiglü, IE, 308: — Zedoariæ, II, 43. Semences d'Arec, II, 485. — de Coings, I, 478. — de Colchique, Il, 538. — de Fenugrec, [, 342. _— de Kaladana, Il, 122. Semences de Lin, I, 188. = de Palma Christi, I, 18. _— de Ricin, If, 318. — de Staphisaigre, I, 40. — de Stramoine, II, 143. Semencine, II, 13. Semina Cardamomi majoris, IL, 454, 456. — — minoris, 41, 444. Sempsen, II, 163. Senapium, I, 133. Séné d'Alexandrie, I, 390, 392. — d'Arabie, I, 393. — de Bombay, I, 391, 393. — d'Italie, I, 391. — dela Palte, I, 395. — de Moka, I, 393. — de montagne, I, 392. — de Tinnevelly, I, 391, 393. — des Indes orientales, I, 393. : — indigène ou nie 1002, Sohbon À 149. — Rattle-Snake Root, 1, 350: . 666 TABLE ANALYTIQUE. Senega ou Seneka Root, I, 149. Senegawurzel, I, 149. Sénégine, I,151. Senna, I, 597. — acutifolia, 1, 389. — angustifolia, 1, 390. — officinalis, T, 390. Senna Baladi, I, 392. — dJebeli, I, 392. — Leaves, I, 389. — Mekki, I, 391, Sennacrol, [, 394. Sennapicrine, I, 394. Sennesblätter, I, 389, Serapin, I, 567. Serapinum, I, 575. Serpentaire, II, 357. _ de Virginie, IL, 353, 359. « — du Texas, II, 359. Serpolet, II, 184. Serronia Jaborandi, 1, 257, 258. Sésame, II, 163. . Sesamé Oil, II, 163. Sesamül, II, 163. Sesamum, 11, 166. indicum, 11, 163, 166. Setæ Mucunæ, I, 333. Setwal, I, 657. Seveikrail IL, 417. Sharkara, II, 560. Sharkari, II, 567. Shi-mi, II, 560. Shir, [, 560. Shir Khisht, II, 56. Siah Dana, I, 36. Siddhi, II, 285. Sigia, I, 482. Silphium, I, 563. Silva do Praya, I, 381, Silver Fir, II, 399. Simaruba, 1, 237, 2484. — amaora, 1,966; _— excelsa, 1, 237. : _ officinalis, 1, 243,243. _Simaruba Bark, I, 243. Simarubæ Radix Gortez, 1, 243. s Simsim, II, 163. ; Sinigrine, 1, 135. Sipeira, II, 263. Sireb, II, 575. Siri, I, 590. Sison Amomum, I, 544. Skimmi, I, 51, 55. Skuléine, IT, 522. Slevogtia orientalis, II, 104. Slippery Elm Bark, II, 302, Small fruited or Double Balsam Fier, IL, 395. — striated Ipecacuan, I, 654. SMILACÉES, II, 540. Smilacine, II, 551. Smilaz, 11, 540, 552. — aspera, II, 540, 551. — Balbisiana, II, 557. — brasiliensis, II, 557. — China, II, 555, 557. — cordato-ovata, II, 542, — feroz, Il, 555. — glabra, I, 555, 556, 558. — Japicanga, IX, 557. — lanceæfolia, 11, 555, 556, 558. — medica, IT, 5492, 553. — officinalis, IL, 541, 553. — papyracea, II, 542, 548. — Pseudo-China, IH, 557. — - pseudo-syphilitica, TE, 553. — Purhampuy, 1, 543. — Schomburgkiana, 11, 542. — syphilitica, II, 549, 553, — syringoides, II, 557. — tamnoides, II, 557, Socaloïne, IL, 514, 515. Soffar, I, 419. : SoLANACÉES, II, 126. Solanicine, II, 128. Solanidine, II, 128. Solanine, If, 127. Solanum, I, 717; LI, 198. — Dulcamara; 11, 126, 127, 128. — nigrum, II, 126, 127. — tuberosum, I, 427. Solenostemma Argel, 1, 392, 395. Sémida, [, 301. Somo, I, 51, 55. Sorgho saccharatum, IL, 568. Sôtrot, IE, 98. Bulins, PRE Sôyah, I, 576. _ Soymida, 1, 303. — l'ebrifuga, T, 303. = | Spanischer Pfeffer, II, 129. | Spanish Juice, I, : [: AE s TABLE ANALYTIQUE. . 667 Spanish Liquorice, I, 322. Spartéine, I, 313, 314. Spartium Scoparium, 1, 312. Spearmint, I, 548 ; II, 172. Spere Mynte, II, 173. Spermædia Clavus, I, 605. Sphæria, II, 607. Sphærococcus amylaceus, II, 615. ee confervoides, II, 615. Sphærococcus lichenoïdes, II, 615. Sphacelia segetum, 1, 605. Spigelia, 11, 90, 92. — marilandica, 11,90, 92, 93, 358. Spina Cervina, I, 305. Spina Ægyptiaca, I, 430. Spiritus Camphoræ, II, 256. Spogel Seeds, II, 192. Spores de Lycopode, II, 585. Sporulæ Lycopodi, IL, 585. Springgurke, I, 522. Spurred Rye, IT, 601. Squames de Scille, II, 520, Squill, Il, 520. Squinanthus, IT, 579. Squine, II, 555, 556. Squirting Cucumber, I, 522. Sringavéra, II, 430. Stacte, I, 270. Staphis, I, 10. Staphisagria, T, 10. Staphisagrine, I, 12. Staphisaigre, I, 10. Staphisaïne, I, 11. Star-Anise, I, 51. Stavesacre, 1, 10. k Stéarine, I, 185. Stechapfelblätter, II, 140. Stechapfelsamen, II, 143, Stephanskôürner, I, 10, Sternanis, I, 51, Stinkasant, I, 256. Stipes Dulcamaræ, II, 126. Stizolobium pruriens, 1, 333, Stæchas arabica, 11, 172. Storace odorifera, I, 482. — en Pain de Guibourt, I, 488. Isaurica, I, 483. noir, I, 488. Smelling Benjamin, Il, #5. vrai, I, 488, Storax, I, 482, 483. Stourika, I, 489. _Stramoine, Il, 140. Stramonium, IL, 140. — Seeds, II, 143. Et Strassburger Turpenthin, II, 399. — Turpentine, II, 399. Strobili Humuli, II, 291: Strychnine, II, 84, 90. Strychnos, II, 82, 86, 87. —- colubrina, 11, 85. — Ignatii, 11, 88, 90. _ ligustrina, 1I, 82. — lucida, II, 82. — Nux vomica, I, 203, 205, 206; II, 81, 82, 85, 87. —: philippensis, II, 88. _ Tieute, II, 85. Sturmhutknollen, I, 14. Sturmhutkraut, I, 22. . STYRACÉES, IL, 40. Styracine, I, 378, 486, 488. Styraz, 1, 493; II, 47. — Benzoin, II, 40, 45, 48, — Calamita, I, 488. — Finlaysonianum, I, 40. — officinalis, I, 482, 483, 488, 489, 493. — subdenticulatum, 1], 45, Styrax liquida, I, 481. — liquida folio minore, I, 490. — liquide, I, 481, 482, 484. Styrol, I, 370, 485; II, 46, 493. Styrone, I, 487. Suc d’Aloès, II, 500, 509. — de Réglisse, I, 322. d’Espagne, I, 325. de Solazzi, I, 324. Suceus Conii, I, 536. — Glycyrrhizæ, I, 322. — Liquiritiæ, I, 322. — Limonis, I, 214. — Liquiritiæ Candiacus, I, 323. Creticus, I, 323. Venetus, I, 323. Sucre brûlé, II, 566. Sucre de Betterave, II, 566. — de Canne, il, 558. — d’Erable, II, 567. — de Palmiers, II, 567. — de Sorgho, II, 568. Sucrose, II, 558. Sugar, II, 558. Sulfate de Bibirine, II, 265, 266. — de Cinchonidine, I, 633. — — Sulfo-cyanate d’acrynile, I, 140. — de Quinine, I, 625. Sumarubarinde, I, 243. | Sumbul, I, 554. Sumbul Root, I, 553. _668 TABLE ANALYTIQUE. Sumbuline, I, 555. Summitates Sabinæ, IT, 417. — Scoparii, 1, 312. Suneg, I, 35. Sureau commun, I, 587. Suseman, II, 163. Süsse Mandeln, I, 439. Süssholz, I, 315. Süssholzsaft, I, 322. Suvà, I, 576. Swertia, 11, 104. Sweet Almonds, I, 439. — Flag Root, II, 496. — Gun, I, 489. — _Scented, I, 509. — Wood Bark, II, 313, 314. . Synanthrose, IL, 4. Synaptase, I, 442. Syrapus communis, II, 569. — hollandicus, 11, 569. ÿ à Tabac, 11, 150, 155. — des paysans, II, 455. — de Shiraz, II, 155. — des Indes orientales, Il, 154, — femelle, II, 155. — turc, II, 155. Tabacco, II, 450. Tabakblätter, II, 450. Tacamaque jaune huileuse, I, 285, Ta-fug-tze, [, 147. Taj-pàt, II, 246. Talch, I, 419. Talha, I, 419. Tamare-Hindi, I, 403. Tamarin, I, 402% Tamarinden, I, 402. Tamarinds, 1, 402. Tamarin brun, I, 405. — des Indes occidentales, I, 405. — des Indes orientales, I, 405. -. —. d'Egypte, I, 408. ce — noir, }, 405, 406... = rouge, I, 405. : Tamarindi Pulpa, I, 402, RE Fa 103. Tang-hwang, I, 160. Tannenharz, II, 400. Tannin, Il, 367. Taraxacérine, II, 24 Taraxacine, II, 23. Turaxacum, 11, 22, 95. — Dens Leonis, II, 21,22 — officinale, II, 21, 25 Taraxacum Root, II, 21. Tasmannia aromatica, I, 49. Tecamez Bark, I, 623. Téël OH, EL 163 : Terebinthina, IT, 390. — Argentoratensis, IL, 399. Canadersis, Il, 394, — Chia, I, 294. e Cypria, I, 294. — laricina, 11, 389. — veneta, Il, 389. — vulgaris, II, 378. Térébenthine, II, 403, — au citron, II, 399. Térébenthine commune, II, 378. — d'Alsace, II, 399. Térébenthine d'Amérique, Il, 381. — de Bordeaux, IT, 382. — de Briançon, II, 389. Térébenthine de Chio, 1, 294. — de Strasbourg, II, 399. — de Venise, Il, 489. — de Chypre, I, 294. Térébenthine du Ganada, II, 394. Térébenthine du Mélèze, IL, 387. —_ du Sapin, IT, 399. TÉRÉBINTHACÉES, I, 259. Térébinthe, I, 297. Teriak-e-Arabistani, I, 105. Termentina sive Larga, II, 390. Terra Japonica, I, 433, 434, 589. Terræ Medicamentosæ, I, 435. Terre Japonaise, I, 589. Têtes de Pavot, I, 94. _ Tetracétylène, I, 486. Tetranthera, II, 352. Thalictrum, 1, 61. — flavum, 1,9. — foliosum, 1, 9. Thalléioquine, I, 625. Thallochlor, II, 599. _ Thébaïcine, I, 419. Thébaïne, I, 119, 124. Thébénine, I, 119. Thé de Sassafras, II, 269. +. Theobroma, LT à: Cacao, I, ue 1ss, 186, 1 187. a # TABLE ANALYTIQUE. Theobroma leiocarpa, I, 184, 186. — pentagona, T, 184, 186. — Salzmanniana, 1, 184, 187. Thephrosia Apollinea, I, 397. Thiosinammine, I, 144. Thornapple, II, 140. Thung, I, 170. Thus Libycum, I, 572. — masculum, I, 259. — vulgare, IT, 182. Thym bâtard, II, 184. THYMÉLÉACÉES, II, 271. Thymène, II, 183. Thymiam Gomphite, I, #83 noir, [, 482, Thymiankraut, IT, 182. Thymol, 1, 543, IL, 183. Thym sauvage, Il, 182. Thymus, 11, 184. — Chamaædris, IT, 185. — Serpyllum, 11, 182, 184, 185. — vulgaris, 1, 544, 585; IT, 182, 184. Tien-chu-kwei, Il, 226. Tigala, II, 59. Tige du Chondodendron tomentosum, I, 70. Tiglium officinalis, 1, 308. Tikhar, Il, 428. Tikor, Il, 428. Til, I, 163. — Oil, IE, 163. Tilaha, II, 163. Ting Hiang, I, 499. Tinospora, I, 82. — cordifolia, I, 81, 82. — crispa, 1, 82, 83. Tita, I, 8. Tobacco, 11, 150. Toddalia, 1, 242, 243. — aculeata, 1, 241, 249, 243. — asiatica,l, 243. — lanceolata, I, 241. Toddy, II, 567. Tolène, 1, 370. Tolfa Manna, II, 51. Tollkraut, II, 138. Tolu, £, 367, Tolubalsam, I, 367, — a Toluène, LI, 409 4 Toluifera, TX, 371. — Balsamum, I, 367, 371, FR Toluol, II, 409, 198. Touloula, 1, dur. Sel À Fe ". “pen. il, 102. 669 Toute-Epice, I, 36, 508. Toxirésine, II, 159. Tragacanth, I, 346. Tragacantha, I, 346. Tragacantha cretica incana, 1, 354. Tragacanthine, I, 351, Traganth, I, 346. Traîneau, I, 34. Transparent Rosine, IT, 382. Treacle, II, 569, Tréhala, II, 59. Tréhalose, IE, 610, Trigonella, 1, 344. — Fœnum græcum, 1, 342, us. Triméthylamine, II, 294, 610. Trinitrorésorcine, I, 569. Trioléine, II, 64. ‘Tripalmitine, II, 64. Triticum, 11, 582. — repens, II, 580, 582, 583. Tropine, II, 131. True Bishop’s Weed, I, 542. — Provins Roses, I, 462. Tuber Aconiti, I, 14. — Chine, Il, 555. — Colchici, Il, 534. — Jalapæ, II, 144. Su-fuh-ling, IT, 557. Turanjabin, Il, 55. Turiones Fœniculi, 1, 538. Turmerie, IL, 435. Turpentine, II, 378. Turquey Galls, II, 364. Tylophora, IL, 81. — asthmatica, I, “ 81, Tyrosine, I, 156. U Ulex euwropœus, 1, 346. ULMACÉES, II, 275. Ulmenrinde, 11, 299. Ulmine, II, 301. Ulmus, 11, 301. — campestris, Il, 299, 301, 303. — fulva, II, 302,303. — montana, II, 300. Umbelliférone, 1, 555, 564, 568 ; Il, 972. Uncaria, 1, 593. eo acida, I, 589, 594. — Gambier, I, 589, 593. Urginea, IE, 524. — altissima, I}, 523, — indica, II, 523. 670 TABLE ANALYTIQUE. 5 Urginea maritima, 11, 520, 523. — scilla, II, 520. Ursone, IL, 37. Uruk, I, 7. Ushak, I, 572. Uvæ Passæ, I, 309, 310. V Vaccinium Vitis-Idæa, 11, 37. Vacha, II, 497. Valérène, I, 659. Valérol, IL, 294. Valérone, I, 659. VALÉRIANACÉES, I, 656. Valeriana, 1, 656, 657, 660. — angustifolia, I, 656. celtica, 1, 657. — officinalis, 1, 656, 660, 661, — Phu, 1, 661. Valériane, IE, 657. Valerian Root, I, 656. Vallärai, I, 531. Vanilla, I, 466, 470. Vanilla planifolia, II, 466, 470, 471, Vanille, II, 466, 470. Vanilline, Il, 468, 469. Vashanavi, I, 26. Vaza-nabhi, I, 26. Veilchenwurzel, II, 471. Vellarine, I, 531. Venetianischer Terpenthir, Il, 389. Venice Turpentine, II, 389. Vera-Cruz Jalap, II, 114. Vératramarine, II, 526. Vératrin, II, 532. Veratrum, II, 527. album, H, 5257 597; frigidum, Il, 597. lobelianum, TL, 528. _nigrum, II, 527. officinale, 11,530. Sabadilla, 1, 531. viride, 11, 528, 530. viride album, Il, 528. us 11, 460, 331. Verzino, I, 388. etti-ver, ds, 53 579. > L _ — RENE Vitex Agnus castus, II, 320. Vitis Idæa, 1, 37. Vitis vinifera, 1, 309, 310, 311. Vola, I, 270. W Wachholderbeeren, II, 413. Waltheria glomerata, 11, 356. Wars, Il, 398, 329. Wasserharz, II, 402. Watile tree, I, 420. Waythorn, I, 305. Weihrauch, I, 259. Weisser Diptam, I, 248. Weisser Senf, I, 138. Weisse Nieswurzel, Il, 525. Weisses oder gelbes Sandelholz, IL, 371. Weisstanne, II, 399. White Hellebore, 11, 525. — flowered Datura, II, 144. — Mustard, I, 138. — Wood Bark, I, 38. Wiesenküchenschelle, I, 32. Wild Blac Cherry Bark, I, 452. — Cianamon, I, 46. Winter’'s Bark, {, 42. — Cinnamon, I, 42. Wintersrinde, I, 42, Wittedoorn, I, 420. Wood Apple, I, 236. su: SOI, 170 — Tar, II, 406. — wind flower, I, 32. Woody Nightshade, 11, 126. Wormseed, II, 13. Wurmsamen, II, 13. Wych Elm, 11, 300, X s Ximenia americana, I, 449. Xylène, Il, 409. Xylénol, IE, 516. Xylocassia, II, 240. Xylocinnamomum, Il, 240. rie : . Ya-Pien, I, 98. . Yagh, I, 484. mate : LS . TABLE ANALYTIQUE. : 671 Yellow false Jessamine Root, II, 93. Zimmt, 11, 224. — Jasmine Root, II, 93, Zingiber, II, 434. — Resine, II, 382. — officinale, II, 429, 434. - Yeranda, II, 318. Zitwersamen, II, 13. Yuh-kin, IL, 436. Zizyphus, I, 308, 309. — Jujuba, I, 309. Z — Lotus, I, 309. Zadvar, I, 26. — Œnoplia, I, 309. Zanthozylum, 1, 241. — Spina Christi, 1, 309. Le Bungei, I, 241. — vulgaris, 1, 308, 319. Zarsa Parilla, Il, 543. - Zucker, II, 558. Zeitlosenknollen, II, 534. Zub, 1, 571. Zeïtlosensamen, 11, 538. Zwetschen, I, 451. Zeste d'Oranges amères, I, 226. Zygia, I, 482. . LU * FIN DE LA TABLE ANALYTIQUE, ERRATA ET ADDENDA DU TOME HN Page #4, ligne 2, au lieu de: Alanthal, lisez: Alantol. 36, ligne 93, au lieu de : CéH#20, lisez: CSH*O?. : 81, article Noix vOMIQUE, ajoutez : M. le docteur Thorel, l'än des naturalistes de l'expédition du Mé-kong, nous transmet au dernier momentla note suivante « Parmi les sept espèces de Sérychnos que nous avons rencontrées dans le sud de l'Indo-Chine, deux fournissent les noix vomiques que l’on exporte en si grande quantité en. Chine. Ces deux espèces diffèrent du Strychnos Nuzx vomica par les feuilles, les fruits et la plupart des antres caractères ; toutefois les graines présentent si peu de différences entre elles et avec celles du vrai Vomiquier qu’il est très-facile de les confondre, » . 156, ligne 27, au lieu de: Floxglove, lisez : Foxglove. 184, ligne 1 ? au lieu de : CSH30H.C3H3.CHB, lisez: C6H3.0H.CH3.C3H5. 248 “(note a), ajoutez : La note suivante nous a été transmise après la mise en page, par M. Thorel, auquel nous en laissons la responsabilité : « Le Cannellier que j'ai trouvé dans le Laos est bien réellement le Cin- namomum Cassia, ainsi que l’attestent ses caractères, qui sont les suivants: « Arbre médiocre, fleurissant de décembre à janvier, à ramuscules allongés, sub-tétragonaux, aplatis en naissant, à faces inégales glabriuscules. Bourgeons petits, nus. Feuilles coriaces exhalant une odeur plus faible que l'écorce, alternes ou parfois sub-opposées, portées par un pétiole élargi supérieurement, long de 2 centimètres, à limbe oblong, sub-aigu à la base, mousse au sommet, long de 10 à 20 centimètres, large de 4 à 5, glabre, brillant et d’un vert foncé en dessus, terne, glauque et parsemé d’un fin duvet couché en dessous, trinerviées, les deux nervures latérales soudées à la médiane sûr une longueur de 1 centimètre environ, Ces nervures visibles sur les deux faces, très-saillantés inférieurement, atteignent le sommet des feuilles et sont reliées entre elles par des nervilles nombreuses, iransver- sales, romeuses, saillantes en dessus et en dessous. Fleurs en grappes + lâches, au nombre de quatre à six, solitaires à l’aisselle des feuilles supérieures qu'elles dépassent à peine, portées par un pédoncule grêle, anguleux, gla- _ briuscule long de 10 à 25 centimètres, muni en général à son sommet de _ six bras triflores opposés ou sub-opposés par deux, pourvu d’un pédicelle glabriuscule de 1 à 3 centimètres de longueur. Fruit noir, luisant, oblong, aigu supérieurement, gros comme une petite olive, muni à sa base d'un périanthe persistant formant une eupule obconique, atténuée inférieure - ment, ridée, tuberculeuse transversalement, à bords épais érodés, sub-dentés, hauts de 2 à 3 millimètres.Je doute que cet arbre croisse spontanément en Chine comme on l’a cru jusqu’à ce jour ; je pense qu’on le trouve seulement au Laos eten Cochinchine, entre le 17e et le 21e degré de latitude, d'où lé. ou corceest expédiéeen Chine, vers les mois de mai ou de juin, Air Ja récolte.» - 853, légende de la figure 240, au lieu de : Cubbea, lisez : Cubeba. 390, ligne 22, au lieu de : Bautzen, lisez: Botzen. 394, note 2, au lieu de : Frückiger, lisez : Flückiger. 401, ligne 18, au Jieu a de ere lisez : tre 5