Pi 'LANK BOOK MAN FLEURS ANIMÉES, Pants, — Typographie de Lacour et Ce, rue St-Hyacinthe-St-Michel, 31, et rue Soufflot, 11. BOTANIQUE DES DAMES, INTRODUCTION Par ALPH. KARR. Arrétez-vous ici, — charmantes lectrices, — n'allez pas plus loin, — posez le livre, — on vous trompe. — M. Grandville avec s ingénieux et gracieux caprices, M. Delord avec ses pages spirituelles, sont tout simplement deux traître à travers des sentiers fleuris et parfumés, ils vous conduisent dans un piége; — ils veulent vous livrer aux savants, — et à quels savants! aux botanistes, — à ces hommes qui sont vos ennemis, comme ils sont ceux des fleurs. Pauvres fleurs! — voyez le sort qu'ils leur font subir : ils arrachent la pervenche aux bords des haies, — les wergistmein= nicht aux rives des fleuves, — le réséda aux pieds des vieux murs; — puis, comme nous l'avons dit dans notre monologue , ils les assassinent , les aplatissent , les écrasent, les desstchent, leur ôtent leur parfum et leur couleur; — puis sur ces tombes qu'ils appellent des herbiers, ils gravent de ridicules et pré- tentieuses épitaphes; — ils les rendent laides d’abord, et enfin ennuyeuses, LES Fl RS ANIME Prenez garde, — ils veulent vous rendre savantes, — Défiez- vous d'eux comme des hommes qui veulent vous faire fumer des cigarettes. — Au nom du ciel, — au nom de votre beauté, au nom de notre amour, restez femmes, — n’espérez pas devenir rien de mieux. Vous devez savoir quelque gré à l'éditeur des Fleurs animée de ce qu'il a fait dans votre intérêt, Il n’a pas osé ne pas mettre un petit traité de botanique dans son ouvrage; — mais il a voulu écrire devant : Ici est un piége; ici est l'ennui. A qui a-t-il demandé un introduction? — Certes, il n'avait pas besoin de moi. — M. Delord lui a fait un livre spirituel, et dix autres mieux que moi lui auraient écrit son introduction ; dix autres qui demeurent à Paris comme lui, — qui sont ses voisins, qu'il rencontre tous les jours. Eh bien! il est allé me chercher aux bords de la mer, loin de Paris, — au lieu de dire à M. Delord: Monsieur Delord, finissez le livre, tout le monde y trouvera son compte; Au lieu de dire à un botaniste : Monsieur le botaniste, faites- moi ici un éloge de votre science. Il s’est adressé à moi, — parce qu'il sait que moi qui suis jardinier, — que moi qui aime toutes les fleurs, et que les fleurs aiment un peu, — j'ai écrit bien des pages contre des gens qui ont dit que la rose & cent feuilles est un monstre, (HAL ta Ni i NASER i i SH Andie dak INTRODUCTION. m Il n'osait pas ne pas joindre à son ouvrage un traité de botanique ; — mais il a placé à la porte une sentinelle vigilante — pour vous crier : Au large! — si vous tentez de franchir le seuil de ce petit temple élevé à l'ennui. En France, on aime le plaisir, mais on respecte, on vénère l'ennui; — on lui élève des temples et on Ini fait des sacrifices, — comme les anciens sans doute en faisaient aux Euménides, à la fièvre, à la peste et à la guerre; les places, les honneurs, les dignités, sont pour les auteurs des gros livres ennuyeux. — On enferme les livres d'abord dans de magnifiques reliures, puis dans une bibliothèque. On gorge les auteurs de tout ce qu'ils peuvent désirer, — tàche de les apaiser; puis alors on lit les charmants poètes et les historiens de coeur. Peut-être aussi vous trompe-t-on — et me trompe-t-on même temps. Peut-être suis-je aussi, mais sans le savoir, — un des com- plices des embüches qui vous sont tendues ici, Peut-être, après avoir cherché tous les moyens de vous faire lire la botaniqne, — après vous y avoir fait amener tout douce- ment par les deux traitres que je vous ai dénoncés , après avoir confié la machine infernale à un ouvrier adroit et spirituel qui en a habilement déguisé la forme, a-t-on encore eu peur que vous ne lisiez pas le traité de botanique, — et a-t-on pensé que Iv LES FLEURS ANIMÉES. le seul attrait sérieux qu'on pat lui donner était d'en faire quel- que chose de défendu. Et c’est alors qu'on est venu me chercher. Pour moi, si je suis complice de cette trahison, c'est, je le répète, à mon insu, — et je vous le dis encore: Arrêtez-vous, — N'allez pas plus loin par le livre, on vous trompe Arp. KARR. HORTICULTURE DES DAMES, INTRODUCTION Par ALPH. KARR. aurez-vous donc jamais, Mesdames, aucune pitié de ces pauvres fleurs, le tribut le plus ordinaire que Pon apporte à vos pieds? — Ne songez-vous jamais qu'on les sépare de leur tige, et qu'on se hâte de vous les livrer pour que vous les voyiez mourir, — pour que vous respiriez leur dernier soupir parfumé? Celles que je plains le plus ne sont pas encore celles qu'on vous donne en bouquets: celles-là recoivent du sécateur une mort assez rapide; — mais que dirai-je de ces pauvres malheu- reuses qu'on vous offre en pots ou en caisses, avec un peu de terre aux pieds, et dont l’agonie est si longue et si dou- loureuse, — Avez-vous done quelque cruel plaisir à les voir souffrir ainsi? — Les poètes dont les vers s’enroulent autour des mirlitons ou se plient en quatre dans les diablotins, à force de vous dire qu’elles sont vos rivales, vous ont-ils inspiré contre elles de mauvais sentiments? EURS ANIME! Elles, vos rivales! elles qui ne font qu’ajouter à votre beauté, — elles qui, en foule, viennent mourir chaque jour dans vos cheveux et sur votre sein, ou, mort plus cruelle! oubliées sur le marbre d’une console, — ou sur le velours d’une banquette — au bal ou au théâtre! Non, il est impossible que vous n’aimiez pas les fleurs, im- possible que vous n’ayez pas quelquefois le désir de soulager celles qui jaunissent , se fanent et meurent dans vos j — mais pour cela, il faut apprendre un peu, — car l'eau qui sauvera l'une en humectant son pied, sera mortelle pour l’autre et la noiera; — celle-ci aime Pair et celle-là, la cha- leur. — Le tussilage, l'héliotrope d'hiver, meurt de ce qui fait fleurir le camellia, — de la chaleur de vos appartements. Ne s’attacherait-il pas quelque chose qui tiendrait de l'amitié à la plante qui fleurirait chez vous pour la seconde fois? — à celle qui vous devrait ses éclatantes couleurs et ses suaves parfums? — On aime ceux à qui on fait du bien. Les moralistes ont dit cent sottises en exigeant du dévoúment de Pobligé, — c’est le bienfaiteur qui a tout le bonheur du bienfait , c'est lui qui doit et qui a la reconnaissance. — Sil l'attend , c’est un fous s'il l'exige, c'est un usurier. Cette fleur que j'ai soignée, cette plante qui se penchait faible et languissante , à laquelle j'ai rendu la vie et la santé, — ce n’est plus une plante et une fleur, c’est ma fleur et ma plante à moi. L'ombre est plus douce sous ces arbres que j'ai plantés moi- INTRODUCTION. m méme; — cette belle glycine aux grappes bleues si odorantes qui tapisse ma maison, je songe que c'est moi qui Pai rendue si vigoureuse et si bien portante; — c’est moi qui lui ai mis au pied cette bonne terre de bruyère quelle aime; c’est moi alissadée au midi, — ses parfums m’appartiennent mieux et j'en jouis davantage ; elle a Pair si heureux, sa végéta- tion est si luxuriante! Voilà une douce science, — une science permis science que le cœur cherche. Ce n'est pas comme la botanique — qui vous apprend à dessécher les fleurs et à les injurier en grec. L'horticulture vous enseigne à les rendre plus belles et plus heureuses, Reprenez aux hommes ce qu'on appelle encore en province le sceptre de Flore. — Ce west pas une femme qui aurait jeté es pauvres fleurs dans les agitations politiques et dans les fu~ reurs des partis. Le lis et la violette ont été tour-à-tour triomphants et proserits; — Pimpériale a été guillotinée en 1815. — Ce n'est pas une femme qui ferait jouer ce rôle ridicule aux œillets rouges, — au moyen desquels certains hommes réussissent à faire croire, à dix pas, qu'ils sont décorés, et à faire voir, à trois pas, qu'ils sont des sots. Créer des fleurs, — c'est le seul ouvrage pour lequel Dieu accepte des collaborateurs, — L'art a créé des fleurs; — quel Iv LES FLEURS ANIMÉES. doux orgueil s’il naissait une plante nouvelle semée par vou: une plante qui n’existerait que dans votre jardin. — dont per- sonne ne verrait les couleurs et ne respirerait les parfums que ceux à qui vous les donneriez, comme Dieu a donné les autres plantes à tout le monde. Que d'autres savants découvrent une nouvelle planète qui ne nous donne rien, ni chaleur ni lumière, — mais qu'une femme découvre et crée une rose inconnue qui nous donnera un parfum nouveau. "ai connu deux amants qui, désunis par une triste destinée , — sont morts tous deux sans se revoir, après une longue Séparation. Ils ne pouvaient s'écrire, — mais je ne sais lequel des deux eut une idée ingénieuse : sans exciter de soupçons, ils échangeaient de loin les graines des fleurs qu'ils cultivaient ; — ils savaient qu'à deux cents lieues de distance, — ils pre- naient les mêmes soins, — voyaient les mêmes fleurs s'épanouir dans la même saison et le même jour; — ils respiraient les mêmes odeurs: — ç'a été un bonheur et le seul bonheur de toute leur vie. Arpu. KARR. Au carrefour d'une forêt, à l'endroit d'où partent quatre routes différentes, plusieur rs se rencontrèrent, parmi les- quelles on remarquait le Pois de Senteur, le Cactus, la Fleur du Pöcher, le Dahlia, la Sensitive, la Fuchsie, la Pervenche. — Où allez-vo se demandèrent-elles les unes aux autres. — Nous retournons chez la Fée aux Fleurs, répondirent mais nous avons perdu notre chemin et nous ne savons à qui le demander. 1 ful olu qu'on enverrait le Pois de Senteur à la décou verte. Au bout d'un quart d'heure, le Pois de Senteur revint ; il avait grimpé à la cime des arbres les plus élevés, sans aper- cevoir autre chose que l'horizon qui verdoyait. Sans doute la forêt n'était pas habitée; on n’y voyait pas même une ¢ abane de bûcheron cachée dans la feuillée. — Le Rouge-Gorge est mon ami, dit la Fuchsie; il me four- nira peut-être quelques renseignements. I, LES FLEURS ANIMÉES. — Eh! seigneur Rouge-Gorge, sommes-nous bien éloignées du pays de la Fée aux Fleurs? Rouge-Gorge, au lieu de répondre, s'enfuit tout effrayé et disparut dans le buisson voisin. t — Je propose, s'écria alors le Dahlia, que nous nous met- tions à la poursuite d'un papillon, et qu'après l'avoir fait pri- sonnier, nous le forcions, en échange de la liberté, à nous mettre dans la bonne voie. | — Attendons plutôt la nuit, reprit le Pois de Senteur : quand er ici au clair de la lune, nous les de appellerons, et c'est bien le diable si l'un d'eux ne consent pas hi les sylphes viendront volt à devenir notre guide, en reconnaissance du plaisir que plus 4 d'une d’entre nous lui a procuré autrefois en le ber ant dans i sa corolle, t — Hélas ! murmura la Sensitive d'une voix dolente, ne voyez- vous pas que nous sommes des femmes et non des fleurs? Les oiseaux s'enfuient à notre approche ; les papillons n’entendront pas notre langage ; les sylphes ne nous reconnaitront plus. 11 ne P gagi y nous reste plus qu'à mourir dans cette forêt, Quant à moi, je | ne saurais faire un pas de plus: les ronces ont déchiré mes pieds, mes mains frémissent au rude contact des buissons, ne à mon triste sort. je me soutiens à peine, et je me 1 La Sensitive se laissa tomber ou plutôt s'affaissa sur le gazon. — Eh quoi! s'écria la pétulante Fuchsie, nous nous laissons orbleu ! faisons ON abattre comme de vérilables femmelettes contre fortune bon cœur. Il est impossible que la Fée aux Fleurs nous laisse mourir ainsi dans un bois, La nuit est loin, LE DÉCAMÉRON. 3 le loup aussi; l'herbe est tendre, l'ombre fraiche , asseyons- nous, mes sœurs, et racontons-nous mutuellement ce que nous avons fait sur la terre. Ce récit nous amusera, et quand nous nous serons bien reposées, nous tenterons de nouveau la fortune, Les autres fleurs acceptèrent avec enthousiasme cette propo- sition : Qui de nous commencera? demandèrent-elles. — Moi, répondit le Pois de Senteur; et il prit la parole dans les termes suivants : stoire Du Poids de Senteur, Ne vous attendez pas à trouver dans ma vie des circonstances extraordinaires, des événements imprévus. Une fois sur la terre, voulant rester paysanne, je m'étais mise au service d’un jardi- nier. Une autre servante et moi nous composions toute sa maison. Margot, c'était le nom de ma compagne, était une grosse campagnarde joufílue, haute en couleurs, carrée d'épaules , l'objet de l'admiration de tous les villageois. «Elle fait presque autant d'ouvrage qu'un bœuf», disait souvent notre maitre , pour donner une idée de ses précieuses qualités. Aussi était-elle l'objet de toutes ses préférences. Quant à moi, je ne savais rien faire: je n'étais bonne qu'à danser le dimanche , à rire et à sauter tout le reste de la se- maine. Elle est assez gentille, disait le fermier en parlant de moi; mais c’est une tête folle, elle est toujours à mettre le nez à la fenêtre, à se balancer, à chanter; on n’en fera jamais rien. h LES FLEURS ANIMÉES. tte comparaison entre Margot et moi était ences de notre maitre. A les cuisses d’oies sses et dodues, les verres pleins de cidre os os et l’eau ux. A moi les vieux morceaux de pain dur core avait-on l'air de me la reprocher, et quelquefois du puit j'étais obligée d'aller m’abreuver à l’aide de Parrosoir et à Pinsu du fermier. 11 me semblait pourtant que étais plus jolie que Margot, et je ne comprenais pas pourquoi on me la préférait Un jour, j'accompagnais notre maitre au jardin. Nous étions au commencement du printemps : nous passions près d'une haie où les s de leur qui porte mon nom s'étaient enla- cées; les boutons des pois de senteur exhalaient déjà une faible odeur ; l’un d'eux, plus précoce que les autres, venait de s'épa- nouir sous mon soufile fraternel. Mon maitre ni le regardait seulement pas; il avait hate issait d’arroser d'arriver à un semé de pois de table qu'il s'a et de purger des mauvaises herbes. Pendant toute la journée, nous nous occupámes de ce double soin; le fermier ne sentait méme pas la fatigue. Vers le soir, nous repassämes devant la haie. Les pois de sen~ teur semblaient me regarder d'une facon languissante. — Maitre, lui dis-je en lui montrant le buisson, est-ce que vous ne les arroserez pas aussi? Le paysan haussa les épaules, LES = e = = = == a NS LE DÉCAMÉRON. 5 — Que je m’échigne pour ces bons gros petits pois qui travail- à me fabriquer sous leur cosse dure et serrée lent toute la journé ces petites boules que je vends si bien, à la bonne heure; mais pour ces fainéants de pois de senteur, allons donc! — Ils sont jolis. — Mais ils ne produisent rien. Mauvaise herbe croit toujours. Rentrons vite à la maison. Je compris alors pourquoi on me préférait Margot terre, utile vaut mieux que l'agréable, ée dans mon amour-propre, j'ai quitté le fermier. et je suis venue à la ville. Hélas! je n’y ai pas été plus heureuse ni plus considér vu les grisettes me laisser mourir de soif et de chaleur sur le rebord de leur fenêtre, et me jetant à la fin sur le pavé pour me remplacer par le rosier, qu'un romancier ve: nait de mettre à la mode. Les portiers seuls avaient pour moi quelque sympathie. Au lieu d'en être fière, cette sympathie m’ humiliée. Quittons, quittons cette terre, me suis-je dit; retour- nons chez la fée : là, du moins, l'égalité règne entre toutes les fleurs; elles ne sont pas soumises aux caprices de la mode ; elles ignorent les douleurs et les petitess s de Pamour-propre. sau! Bt je me suis mise en route, je vous ai rencontrées, mes s, et me voilà prête à écouter celle de vous qui va nous raconter son histoire à son tour. Histoire du Cactus, Ge fut le Cactus qui parla. LES FLEURS ANIMÉES, Toute mon histoire sur la terre se résume dans ces seuls mots : ai eu froid. Il m’est impossible de vivre dans ces régions où il tombe de la neige, où il gèle, où Pon est sans cesse assailli par la pluie, le vent etles giboulees. Si j'étais resté sous les tropiques, je n'aurais pas trop le droit de me plaindre; mais j'ai fait la sottise de suivre un botaniste en Europe, et je suis perclus de rhumatismes. On a beau vivre dans une serre, on est toujours victime de quelque traître vent soulis. Et puis cette chaleur factice me donnait la migraine ou des pe- santeurs de tête insupportables. Mon sang, d'un rouge si vif, no circulait plus ; mon front alourdi retombait sur ma poitrine; et il me semblait, dans l'espèce d'hallucination où j'étais, qu'une main invisible m'avait transformó en portière, et que je serais amou- reusement un poële dans mes bras, ainsi que maintes fois je l'a- vais vu faire Phiver dans la loge de notre hôtel, Comme je regrettais la douce et tiède température des pays où nous sommes nées, nous autres fleurs! comme je m’ennuyais sur les cheminées, sur les consoles de marbre où je servais d’orne- ment! A la fin, j'ai pris une résolution courageuse : secouant ma torpeur, et profitant des chaleurs de l'été qui permettaient de me tenir en plein air, je me suis échappé. A présent, je ne crains plus qu'une chose, c'est d'être obligé de passer la nuit sans abri : la fraîcheur du soir pourrait me saisir. J'espère ce- pendant que nousn’en serons pas réduites à cette extrémité, RAG Re ARR Ga! MSG ah an) | JS Hit il li {ll s N N N x N ET 2. - ; x SAS À NATA) tve RK Oe ee ; N N 2N SN NS T O Her Naar a ms. À. LE DÉGAMÉRON, 7 et que la fée viendra à notre aide. Maintenant , à qui à parler? Ce fut au tour de la Pervenche. Gistoive de la Perruche. Moi, dit-elle, je me suis éveillée sur la terre par une belle ma- tinge d'avril. Un ruisseau faisait entendre son doux murmure à mes pieds; des oiseaux chantaient sur ma tête ; la brise parfumée se jouait dans mes cheveux. La terre m'a paru si belle dans sa nouvelle parure, le ciel si bleu, le soleil si radieux, que j'ai senti mes yeux S'humecter de larmes. Sans attendre le lendemain, je suis partie. La terre, en ce moment, m'aurait fait oublier le peuple des fleurs. Mais au peut-être, quel désenchantement le lendemain |... rai de retour, J'ai voulu conserver mes illusions. Quand je je demanderai à la Fée de me laisser, chaque année passer, une he etr re sur la terre, pour me mirer au bord de l'eau, voir le ciel spirer la brise, une heure rapide et fugitive, l'heure du printemps. Histoire de la J La Fuchsie remplaça la Pervenche. Quant à moi, s'écria-t-elle d'une voix claire et argentine, jene me soucie plus de la terre, et me forcer d'y revenir, serait la plus grande punition qu'on pùt m'infliger, Ma vie a été courte, mais bonne, et je ne demande pas à la LES FLEURS ANIMÉS, recommen Il ne faut point gåter ses impressions + en cela, je suis de l'avis de la Pervenche. J'avais choisis Paris comme lieu de résidence, et dans Paris, j'habitais le quartier Bréda. Je courais les bals, les spectacles , les concerts. J'avais un appartement magnifique, un coupé, deux chevaux et un groom. Je dansais la polka à ravir; je fumais de cigarrettes ; je montais à cheval; je jouais au lansquenet, et je buvais le vin de Champagne. On pourrait dire de moi comme de Fanchon : Elle aime à rire , elle aime à boire; elle aime à chanter comme nous, Il fallait me voir dans ce temps-là, comme j'étais jolie, l'hiver surtout, lorsque je paraissais dans un bal avec mon éclatant habit de folie ! Tout le monde me disait que je repré- sentais au naturel l’ancienne déesse qui présidait aux folles distractions ; j'avais sa grâce, son esprit, sa figure piquant sa légèreté. Hélas! tout cela n'a duré qu'un moment! J’aimais trop le vin de Champagne; c’est lui qui na donné cette vilaine maladie que les médecins appellent gastrite. La terre m'est de= venue insupportable depuis que je souffre de l'estomac; je re- tourne vivre au milieu des fleurs, pour me mettre au lait de rosée, au sirop de brise. Le médecin des fleurs, qui a nom Zéphire, me rendra sans doute la santé, Histoire du Dahlia, Après avoir encouragé el rassuré la pauvre malade, les Fleurs firent de nouveau silence pour écouter Je récit du Dahlia, LE DÉCAMÉRON. 9 Vous voyez en moi, commença le Dahlia, une ex-bouquetière. Lier des fleurs entre elles, les vendre & des gens qui marchan- daient toujours, les faire porter à leur adresse, voilà quelles étaient mes occupations. Je sais que les hommes ont fait beaucoup de poésie à propos des bouquelières. J'ai lu des nouvelles, des romans où elles jouent un rôle charmant. Elles favorisent les amours sincè elles font échouer les fats, elles sont au courant de toutes les intrigues. Hélas! que ces fictions sont loin de la réalité! Je ne connais pas d'industrie plus triste, plus remplie de désillusions , pour me servir d'ún mot maintenant fort à la mode sur la terre, Lasse de voir les femmes recevoir des bouquets de toutes les mains, et les hommes les plus amoureux descendre des hau- teurs de la passion pour rogner ma note de quelques centimes; fatiguée d’être poursuivie par de vieux célibataires, qui m’ap- pelaient prótresse de Flore en essayant de me prendre la taille, j'ai pris le parti de fuir les hommes et de revenir à mon ancienne condition de simple fleur. Le Dahlia raconta rapidement son histoire : il ne restait plus à entendre que la Sensitive et la Fleur de Pêcher. Histoire de la Sensitive, La pauvre Sensitive n'était pas faite pour le monde; je m'en suis trop tot apergue. A peine eus-je revétule costume de femme, que ma sensibilité 2 Me 2 10 LES FLEURS ANIMÉES, me causa des tourments affre . Je ne parle pas de l'amour, ma pudeur devait me défendre. Je souffrais par bien d’autres motifs! au théâtre, la musique me faisait tomber en pamoison; les émotions du drame me je- taient en des évanouissements prolongés; le moindre changement de température agissait sur mes ner Le cigarre surtout rendaitma vie amère. Que de fois n'ai-je pas dù subir les insolentes bouffées d'un fat! ssée à Au lieu de me plaindre, on se moquait de moi; j'étais pa l'état de femme nerveuse : personne ne croyait à mes souffrances ; mes amis les plus intimes prétendaient que je me maniérais. Un magnétiseur célèbre me proposa d'utiliser mon fluide et de courir la province pour donner des représentations, lire les che- yeux fermés, et deviner les maladies à la seule inspection des. veux du malade. Humiliée par cette offre, lasse de voir le ridicule s'attacher à moi, j'ai pris la résolution de redevenir fleur. L’haleine donc de la brise, les caresses des papillons, voilà les seules choses que je puisse s apporter. Quand la Sensitive eut achevé son histoire d’une voix lente et plaintive, la Fleur de Pécher fit part de ses aventures de la ma- nière suivante : Histoire de la Fleur de Pécher. Je suis née dans un verger, de parents honnêtes; mais... ici, un violent accès de toux lui coupa la parole, LE DECAMERON. a e faites pas attention, reprit-elle en coupant chacun de ses mots : malgré le mauvais temps, j'ai voulu me montrer avec une robe blanche un dimanche d'avril dernier, et j'ai pris un ca tarrhe. Elle voulut continuer, mais à chaque instant une toux de plus en plus opiniätre Parrétait. lui dit le Cactus: vous êtes frileuse de votre nature, et malheureusement pour vous, aussi coquette que frileuse. Nous devinons votre histoire sans qu'il soit besoin que vous la racontiez. Ne faites pas d'efforts inutiles qui aggrave. raient encore votre mal. Vous étiez jeune, l'hiver vous avait cla- quemurée dans votre cellule, vous étiez impatiente de vous faire voir avec votre beau déshabillé neuf, qui vous rendait si jolie; mais une robe blanche ne fait pas le printemps. Heureusement il y a dans l'endroit où nous retournons des espaliers bien chauds, qui vous permettront d’endosser au printemps vos gazes les plus légères sans craindre les giboulées. 11 s’agit seulement de trouver notre chemin. C’est cela, répétèrent en chœur toutes les fleurs : retrouvons notre chemin. Loiseau-bleu. Cela était plus facile à dire qu'à exécuter. Trois voies s'ou- vraient devant les pauvres fleurs égarées : laquelle choisir? La solitude régnait autour d'elles; pour comble de malheur, le so~ leil s’abaissait derrière les arbres, et la nuit vient vite dans une forêt. Nos voyageuses se lamentaient de plus belle, lorsque tout- à-coup elles virent un bel oiseau qui vint se poser sur un arbre voisin du lieu où elles s'étaient assises. LES FLEURS ANIME Son bec était d’or, ses yeux d'émeraude, ses ailes de turquoise. U les agita trois fois en regardant les fleurs. — C'est lui, s’écriérent-elles à la fois, c’est l’oiseau-bleu, notre ami. Bel oiseau-bleu, nous reconnais-tu ? L’oiseau inclina doucement et gracieusement la téte comme pour dir Sommes-nous encore bien loin du jardin de la Fée, de notre doux pays! oiseau vola sur une autre branche plus éloignée en faisant un petit mouvement de téte du cóté des fleurs. — Il nous fait signe de le suivre, dit la frileuse ; hátons-nous, mes sœurs, hätons. de En effet, elles marchörent dans la direction oiseau. Dès qu'elles furent parvenues près de l'arbre sur lequel il était, il re- prit son vol, et se posa à deux cents pas plus loin. La nuit, I yeux de l'oiseau-bleu brillèrent comme deux étoiles dans la ramée, et, pour donner du courage aux fleurs fatigudes, il se mit à chanter. Nous ne dirons pas le nombre de lieues que les fleurs firent pendant la nuit. On peut, sans exagération, le porter à plus de x mille. > faire entendre, les fleurs A l'aurore, l’oiseau-bleu cessa de s ne le virent plus : elles étaient arrivées. Je suis une pauvre fleur qu'on laisse se flétrir sur sa tige. Aucune jeune fille ne vient me cueillir pour se parer le di- manche. Mon voisin le Coquelicot me méprise; mon fröre le Bleuet, tout fier de servir de guirlande aux bergöres, ne m’adre la moindre parole de consolation. Il n'est pas jusqu'à mon voisin, le Pied-d’ Alouette, qui ne me regarde d'un air dédaigneux en se dandinant sur ses longues jambes. Et pourtant l’autre jour je me suis glissé hors du sillon na- suis arrivé jusqu'au bord tal, j'ai traversé le pré en silence, je me suis de l’eau, et la, passant ma tête entre les roseaux miré tout à mon aise. laid que mon cousin le Coquelicot, que Je ne suis pas pl mon frère le Bleuet, et que mon voisin le Pied-d’Alouette. Personne ne prend garde à moi cependant, on me dé le grillon lui-même s'enfuit quand je l'appelle. 11 me fixe un Ah LES FLEURS ANIM moment avec les yeux effarés, secoue ses longues antennes ne fait qu'un saut jusqu’à son trou. Je suis la plus malheureuse de toutes les fleurs, personne ne m'aime, Ainsi parlait le Liseron des Champs en poussant de longs soupirs. Une coccinelle, un de ces jolis insectes tachetés que les en- fants appellent petites bêtes du bon Dieu, passait près de la; elle entendit les lamentations du Liseron. Pourquoi murmures-tu contre ton sort? lui dit-elle. Depuis quand les hommes comprennent-ils la grâce qui se cache dans la solitude et dans la pauvreté? Ils passent auprès d'elle sans Papercevoir, mais Dieu la voit et en jouit : c'est pour lui seul qu'il a fait les cœurs humbles et les petits Liserons des Champs. + — e-~ L’AUBEPINE ET LE SECATEUR. GONTA. Une Aubépine, voy nt un jour os enfants et ses petits-enfants tendre autour delle en jets aventureux, leur tint ce lan- gage — Croyez-moi, mes chers enfants, ne dépassez pas les limites de la haie natale, ne vous avancez pas ainsi que vous le faites rdi sur le bord du chemin, ne vous ha: au milieu des pa arbres voisins; prenez garde, autrement le cateur vous croquera. — Qu'est-ce que le sécateur ? s’écrièrent à la fois les jeunes Aubépines, — Demandez à votre mère, ma fille aînée, répondit l'aïeule; 16 LES FLEURS ANIMÉES. un jour qu’elle était bien petite, qu'elle fleurissait à peine, je Jui avais permis de se balancer sur les bords du ravin. Il venait de pleuvoir, et je me séchais au soleil, lorsque j'entendis des bruissements de frayeur, je tournai la tête et je vis le sécale qui menagait votre mère. J'eus à peine le temps de m'élancer, de la prendre dans mes bi arracher aux dents du monstre, qui déjà ouvrait une gueule menaçante. Il passa près de nous que je sentis presque le froid de sa morsure ; j'en- tendis le cri strident qu'il poussa en fermant sa mâchoire. Heu- reusement nous étions à l'abri ! Les petites Aubépines frissonnèrent de terreur, et se rent les unes contre les autres. — Mère, dirent-elles, apprends-nous comment est fait le sécateur, afin que nous puissions l'éviter quand nous serons grandes. est surtout alors, mes enfants, reprit Paieule, qu'il de- viendra dangereux pour vous. Le sécateur, quoiqu'il soit un peu ogre de sa nature, n'aime pas la chair jeune. 11 choisit les branches qui dépassent les autres en vigueur et en santé, et il en fait sa páture. Le sécateur, mes enfants, n'a que deux jambes et une gueule, ses lövres minces sont effilées et tranchantes comme le fer. Il n'obéit qu'à un maitre encore plus cruel que jui; ce maitre s'appelle l'horticulteur. L'horticulteur, mes enfants, est l'ennemi juré des pauvres plantes etdes malheureux arbustes; les arbres mêmes n’échappent g AUBEPINE VAUREPINE ET LE SÉCATEUR. 17 pas à sa férocité. Il rêve sans cesse quelles nouvelles tortures il pourra leur infliger. J'ai vu des abricotiers qu’il clouait les bras en croix contre un mur exposé tout le jour au soleil. D’autres fois, c'est un cerisier et un prunier qu'il ampute; puis, par une amère dérision, il ente le bras de l'un sur l'épaule de l’autre. L’if et le buis sont ses victimes ordinaires; il les force à mar- cher sur la tête, à ramper en cerceau, à prendre les pauses les plus bizarres, les plus difficiles, les plus contre-nature. S'ils ont Pair de rechigner, et de vouloir revenir à leur posture naturelle, vite, il appelle le sécateur pour les mettre à la raison. Méfiez-vous de l'horticulteur. mes enfants ; son air est doux, physionomie tranquille. Il porte ordinairement une quette grise, une redingote marron et des lunettes; il se pro- mène dans les champs les mains dans les poches et la bouche souriante. Son abord inspire la confiance. Il s'approche de vous doucement, il vous regarde d'un air paternel, il semble prendre plaisir à voir vos branches luxuriantes se mêler, se joindre, s'embrasser les unes les autres. Malheur à celles qu'il caresse de la main ! Le sécateur est la derrière lui, c’est le signal qui lui indique qu'il peut s'élancer sur sa proie. N'imitez pas ces plantes et ces arbustes qui ont voulu mener la vie luxueuse des jardins. La tyrannie impitoyable de Phor- ticulteur leur fait expier leur folle ambition, Restez aux champs, mes enfants, restez solitaires et cachées si vous voulez éviter le sécateur. u, 18 LES FLEURS ANIMI Ges conseils de la vieille mè ses enfants 1es ont suivis; l'Aubépine est , grâces au ciel, un des rares arbustes sur lesquels ne se soit point appesantie la main de l'horticulteur. Dieu protége l’Aubepine! Ink) a A At Wi ki Al LA VIGNE. Les vendangeuses sont parties pour la vendange, elles vont cueillir le raisin mûr. Écoutez leurs cris et leurs chansons, maintenant qu'elles reviennent ; voyez leurs yeux comme ils brillent; la chaleur des grappes vermeilles s’est répandue sur leur visage. Elles se tiennent par la main, et elles chantent en choeur la son de la vigne, la jolie chanson du vigneron. Je suis le mari de la vigne. Alerte, bon vigneron! J'étais bien jeune quand je l'ai épousée, et elle aussi, la pau- vre petite vigne; elle n'était pas plus haute que ma main. Je lui suis resté bien fidele, pourtant. ait ma maîtresse, mon trésor le plus précieux. Le di- manche, je le passais auprès d'elle ; j'écartais les cailloux de son chemin, j'arrachais les mauvaises herbes de ses pas, je passais de longues heures devant elle à la regarder. Hiver, été; par le chaud, par le froid; par le vent, par la 20 LES FLEURS ANIMEES. pluie, c'est pour elle que je travaillais. II ne faut pas rester les bras croisés quand on est le mari de la vigne. Toujours nous avons fait bon ménage. Voyez les jolis enfants quelle m'a donnés! Leur troupe couvre le coteau, et puis là-bas, dans la plaine, voilà mes petits- enfants. Elle, la mère, n'a pas quitté le seuil du logis; regardez-la toute charnue et vigoureuse ; elle a de longs cheveux flottants, elle se tient droite encore; elle m’entoure de ses deux bras lorsque j'entre dans ma chaumière; elle me regarde d'un air doux , quand, au soleil couchant, je vide à son ombre la coupe du soir. Chantons la vigne , la femme du vigneron. Elle est bonne nourr ère; un lait rouge coule de son sein, il fortifie le faible et fait naître les bonnes pensées au cœur du fort. Malheur à celui qui, après avoir goûté le lait de la vigne , n'aime pas mille fois davantage sa maîtresse, ses amis, sa patrie! Le vin n'a jamais fait de laches ni de traitres; le vin attire le cœur sur les lèvres. C’est la vigne qui nous donne le yin! Aussi, quand au printemps elle livre à la brise le parfum pé- nétrant de sa petite fleur verte, tout le monde est heureux , tout le monde se sent renaître, et Pon attend l'automne pour célé- brer le mari et la femme, la vigne et le vigneron, HO BE ee LE CHAPITRE DES BOUQUETS. On écrirait des volumes sur le rôle que jouent les bouquets dans la société, et nous n'avons qu'un chapitre à leur con- sacrer. Le bouquet prend toutes les formes , tous les caractères, toutes les physionomies; il est mince, il est fluet, il est gros, il est massif; il est moral, il est dangereux, il est filial, il est galant, il est conjugal, il est adultère ; il a Pair sincère, menteur, naïf, évaporé. On peut dire d'une femme qui arbore certaines fleurs , qui les porte d'une certaine façon, qu'elle a jeté son bouquet par dessus les moulins. Nous ne dirons que quelques mots du bouquet patronal. Le bouquet-Marie , le bouquet-Louise, ont leur grace; mais le bou- quet-Scholas -vous? ue, le bouquet-Marceline, qu'en pen le bouquet-Chrysostöme, le bouquet-Pancrace , le bouquet- Jean. Quels atroces bouquets ! Il y a d'ignobles, de ténébreux bouquets qui S'introduisent ch vous pour capter votre héritage, ou votre protection; des 22 LES FLEURS ANIMÉES. bouquets qui s'adressent à votre bourse. Méfiez-vous de ces bouquets ! Il y a aussi le bouquet pique-assiette, le bouquet qui veut avoir son couvert mis à votre table , le pauvre diable de bouquet qui vous dit : Invitez-moi. ?oublions pas le bouquet collectif , le bouquet des dames de la halle : il s'adresse à la fortune, à la gloire , à la naissance , à tout ce qui brille ; c’est le bouquet de la louange banale. On ne le reçoit pas avec moins de plaisir pour cela. Le bouquet domestique, celui du portier, de la bonne, du fermier, du garcon de bureau, espèce de pauvre honteux qu'il ne faut jamais repousser. Le bouquet politique. On doit le recevoir avec recueille- ment, et lui adresser une harangue; c’est le plus ennuyeux de tou: Il faut bien mentionner aussi le bouquet qu'on dépose sur les genoux de l'aïeule octogénaire ; Le bouquet que, tout enfant, on donne à sa mère en lui sau- tant au cou; Le bouquet qu’au sortir de la maladie d’une sœur chérie vous allez porter à l'Église en famille pour en orner l'autel de la Vierge; Le bouquet qu'on ramasse dans un bal et qu'on garde pré- cieusement : il y a encore des gens qui ramassent les bouquets, quoique le nombre en diminue tous les jours; LE CHAPITRE DES BOUQUETS. 23 Le bouquet que l'on jette à une danseuse, le bouquet que Pon donne & sa fiancée Et enfin le bouquet qui pare un cercueil virginal. Le bouquet est plus souvent un mensonge qu’une vérité, une peine qu'un plaisir. On peut le classer au nombre des petites mis de la vie humaine. Ne vous est-il jamais arrivé, par un soir d'été ou d'hiver, de vous présenter chez des gens que vous avez tout intérêt à ménager, auprès desquels vous tenez à vous montrer poli, empressé, prévenant? Vous avez fait votre plus belle toilette, vous rêvez un aimable accueil; vous sonnez , vous demandez si madame est chez elle. Le oui fortuné est prononcé; vous entrez radieux. Pour comble de bonheur, la maitre: de maison est seule: quelle occasion favorable pour lui glisser quelques mots de la place en question. Il va sans dire que le mari est député. La cheminée du salon est encombrée de bouquets de toutes les couleurs, de toutes les dimensions. Un frisson parcourt tout votre corps, vous pal . Votre protectrice, la fée sur laquelle vous comptez qui a vu votre embarras, se hâte de vous demander si les parfums vous font mal: c’est le jour de ma fête, ajoute-t-elle, mes amis m'ont vraiment comblée. Vous l'aviez oublié ! Celui qui trouverait un mot spirituel pour sortir d'un embarras pareil serait plus fort que Talleyrand, Cet homme ne s'est pas encore rencontré, 2h LES FLEURS ANIMÉES, Au contraire, le lendemain on aggrave sa situation en envoyant une énorme jardinière pleine de fleurs. Ily alà pour cinquante francs de sottise de plus. Et si vous vous mariez, si vous faites officiellement la cour à une héritière , vous voilà condamné à six mois de bouquet forcé. Quelle imagination ne faut-il pas chaque jour pour varier son envoi! Aujourd'hui les roses, demain les violettes de Parme , après demain les camellias ; mais les jours, les semaines, les mois suivants? — Charles, vous vous répétez, vous dit votre douce fiancée , ‘os bouquets baissent, Terrible avertissement, car du succès d'un bouquet dépend tout le bonheur de la soirée. Aussi, quelle per- pétuelle tension d'esprit, quelle préoccupation perpétuelle! On passe ses journées chez la fleuriste, on vit avec un bouquet de Damoclès suspendu sur sa tête. Les fiancées sont plus difficiles à contenter que les femmes. Ajoutez à cela qu'il faut savoir offrir un bouquet; très peu d'hommes parviennent à se tirer convenablement de cette corvée galante. La plupart sont guindés, chevaliers Français, apprétés, troubadours en diable. Le naturel dans ces ca à est une chose rare, On est bien fort dans le monde quand on sait présenter un bouquet. 1 y a les gens qui le laissent tomber, ceux qui s’asseoient dessus par distraction, ceux qui ne peuvent parvenir à le tirer LE CHAPITRE DES ROUQUETS. 25 du fond de leur chapeau, ceux qui le flairent avant de Pofirir, Nous n’en finirions pas si nous voulions énumérer toutes les preu- ves de maladresse et de mauvais goût que peut faire donner un simple bouquet. Voyez ce jeune homme qui longe les trottoirs portant à la main un paquet de forme oblongue soigneusement enveloppé dans un papier éclatant de blancheur. 11 évite les passants, il se glisse le long des murailles, il court, il vole. I] en est au pre- mier bouquet. L’acceptera-t-on? Voilà la question. On Paccep= tera, malheureux, garde-toi d'en douter; c’est le bouquet de Pandore que tu tiens à la main : de là vont sortir les loges. les diners, les parties de campagne, les robes de soie, les bijoux et tous les maux qu'un premier bouquet traîne à s suite. Crois-moi , jeune homme , il en est temps encore, dé- chire-le, anéantis-le, ce bouquet ; ne franchis pas le seuil de l'es- clavage. Mais il ne m’entend pas, il est entré, le bouquet l'a en- trainé dans l'abîme. Il y a des gens qui vous diront : le bouquet est à la Fran- çaise ce que l'éventail est à l'Espagnole, et de là cing ou six pages de dissertation. Nous respectons trop le lecteur pour lui imposer ces lieux communs : laissons cela à ceux qui en fait d'observation restent toujours en rhétorique. De toutes les femmes, la Française est celle à qui le bouquet va le moins bien. Il embellit la démarche sentimentale, la physionomie mélancolique de l’Allemande et de l’Anglaise. Avec l’Italienne, le bouquet intervient dans la conversation, il parle, il gesti- cule, il baisse la tête ou la relève, il est tour à tour plein de Le 4 26 LES FLEURS ANIMÉES. tendresse et de colère; ila une âme, des sens ; il anime la scén il vit. Qu’es t-ce qu'un bouquet entre les mains d'une Française ? Un personnage muet, une espèce d’automate dont les mouvements sont réglés par ce mécanisme qui s'appelle l'étiquette. Aussi e France tous les bouquets ont l'air ennuyé. Voyez-les au concert, au spectacle, au bal, jeunes ou vieux, célibataires ou mariés, aucun sentiment autre que celui de la fatigue ne se trahit sur leur physionomie uniforme et monotone. Je ne suis pas Hof- mann , mais j'affirme avoir vu sur le rebord de certaines loges à l'Opéra des bouquets qui bâillaient; d'autres dormaient, L’énorme bouquet de madame V...... ronflait positivement. Le bouquet a depuis longtemps perdu toute valeur senti- mentale. Je ne connais pas sa situation philosophique et morale dans les autres pays, mais en France il n’y a plus que les amou- reux du Gymnase qui séduisent les femmes en glissant des lettres dans lew 's bouque Le bouquet n'est plus banni du ménage le mari Pa amnistié. Il faut en prendre notre parti, le bouquet n'est plus qu'un m the, un symbole, une illusion. En t d'idées et de sentiments anciens, ne faisons pas trop cependant les esprits forts. Quand les croyances s'en vont, les superstitions restent. Qui sait, nous qui rions du bouquet, s'il ne nous arrivera pas de pleurer en retrou- vant un de ces quatre matins au fond de quelque tiroir oublié une touffe de feuilles desséchées? ROMANCE. LE MYOSOTIS. Musique de Auguste Monet, Andante espressivo non ti EEE p -| rit colla voce P = de E Ya h = = mour Vou-lait te par - ler, cet-te fleur — ma == ai toul Bee Les parfums sont bien déchus de leur ancienne importance de- puis la mort des trente- deux mille divi ou sous-divinités du monde paien. Les parfums ont perdu leur caractère religieux. Les temples, les autels ne fument plus; c’est à peine si on brûle quelques grains d'encens dans les églises. La chambre nuptiale et la salle des festins ne sont plus pai mées ; les fontaines d’eau odorante ne coulent plus dans les fêtes publiques. L’extröme civilisation et la barbarie, le paganisme et le moyen- Age se touchaient par un point : l'amour des parfums. honoré Le fashionable Grec ou Romain se serait cru dé: se fût montré dans le monde sans que ses cheveux, sa barbe, le baron féodal aurait trahi ses vêtements fussent parfum les lois de l'hospitalité si l'hôte en se mettant à table ou en en- trant dans son lit n'eût respiré l'odeur fortifiante de quelque parfum. LES FLEURS ANIMÉES. Il est vrai qu'à cette époque, où la chimie avait fait peu de progrès, une jonchée de roses, ou l’odorante ramée du bois voisin suffisait aux besoins de l'odorat, et formait tout Part de la parfume Notre siècle n’a point hérité de ce goût. Le parfum n'existe qu'à l'état de tolérance ; on s'en sert, mais on ne l'avoue pas. Par quel enchainement bizarre de faits et d'idées est-on venu à cette hypocrisie du parfum? Cette étude nous entrainerait trop loin ; d’ailleurs elle n’est pas de notre sujet. Bornons-nous à constater un fait accompli. Aujourd'hui un homme n'ose pas avouer qu'il met de la pom- made à ses cheveux. Voilà ur monsieur qui met dela pommade ; cette phrase est caractéristique; si on la prononce sur votre compte, vous êtes classé, étiqueté, jugé II suffit d’humecter son mouchoir de quelques gouttes d’eau de senteur pour se donner le vernis de petit maître et d'homme effé- mine. On tolère, par exemple, l'usage du savon parfumé pour se laver les mains et se faire la barbe. Voilà pour les hommes. Autrefois une femme portait sur elle des parfums sans croire commettre une faute. On sentait la rose, le jasmin, ou la vanille selon la mode; tout le dix-huitième siècle s’est poudré sans vergogne à l'Iris. Dire à une femme quelle porte des odeurs, avoir Pair de s’en apercevoir , c'est se perdre sans retour au- près d’elle ne. SS S LES PARFUMS. 31 Mais cependant, me direz-vous, les flacons , les cassolettos parlent d'elles-mêmes. Laissez-les parler, mais faites semblant de ne pas les entendre. Ma jeunesse, ma beauté, ma fraicheur , voilà mes parfums , pensent les femmes; qu'avez-vous besoin , malótru que vous êtes, de vous apercevoir que je sens la violette ou la bergamotte. La femme, malgré tout cela, ne peut se passer de parfums; il lui en faut, elle les aime. Aussi jamais l'art du parfumeur n’a été plus florissant , mais toute son habileté consiste à dissimuler 2 voiler, à dé guis r le parfum. Aujourd’hui le parfumeur ne distille plus que des paradoxes. Vous connaissez Phistoire de la culotte du ci-devant je homme? On peut l'appliquer à la parfumerie. Faites-moi des parfums, mais s'ils sentent quelque chose, je n'en veux pas. La tradition des parfums s’est maintenue pourtant chez quel- is. On a des re ques honnêtes familles de la province et du Mar cettes pour fabriquer la marmelade aux abricots et l'e ence de rosi , les cerises à l'eau-de-vie et la pommade au jasmin, C'est de la parfumerie de ménage. Les mères croient encore à la pommade. Elles mont point re- noncé au charme de pommader la chevelure de leurs enfants. C’est un soin qu'à l'exemple du jasmin devenu femme, elles prennent toujours avec plaisir. Le sachet persi ste aussi, malgré la défaveur générale qui attache aux parfums, Il est éternel comme les pantoufles, les bretelles brodées, et le bonnet grec. Méfiez-vous du sachet! LES FLEURS ANIMÉES, La parfumerie moderne a poussé si loin le paradoxe, qu'elle est parvenue à proscrire le parfum des fleurs. Le règne minéra le règne animal, sont mis à contribution pour satisfaire les caprices des femmes à la mode; mais on dédaigne le règne végétal. 11 faut arriver en droite ligne des colonies ou de Carpentras pour ne pas tomber en des spasmes terribles rien qu’en respirant l'o- deur de l'œillet ou de la tubéreuse. Aussi, le moment est venu de nous écrier : Les parfums Sen vont! Ce départ a coïncidé avec l'invention des nerfs. En créant la névralgie, la médecine a porté le dernier coup au parfum. On ne Paccepte plus que comme moyen de suicide : au lieu d'allumer un réchaud de charbon, on se contentera de dépo- ser un bouquet de roses sur sa cheminée. Il ya des roman- ciers qui ont fait mourir leur héroïne en Penfermant dans une serre. Je connais un bas bleu qui garde précieusement chez elle un petit flacon d'essence de rose ; quand la coupe du désenchantement sera pleine, elle respirera le flacon et tout sera dit. Les parfums sont morts, vivent les sels ! Mais non, nous ne pousserons pas ce cri anti-national. Le sel est un produit de l'invasion étrangère, le sel est anglais. Jamais en France le sel ne régnera. Le sel est frère du gingembre, du poivre rouge, et du vin de Porto, Il convient à des narines dépravées, à des nez spleené- LES PARFUMS. tiques; il est fils des climats sombres et brumeux. Le sel fait éternuer, c’est un tabac minéralogique. Les Françaises reviendront aux parfums de fleurs. L'abus des nerfs commence à se faire sentir; on éprouve assez géné ralement le besoin d'en revenir aux vapeurs. Sous l'ancien régime , les parfums les dissipaient. Et remarquez bien que ces nerfs si délicats, ces nerfs si sus- ceplibles, consentent à ce qu'on brûle devant eux des petits batons jaunes d'une composition douteuse, d'un arome suspect, qui donneraient la migraine à un charbonnier, Il est vrai que ces petits bâtons arrivent de Chine et sont fabriqués à Pantin. Bientôt , il faut Pespérer, nous reverrons ces temps heureux où les poètes parlaient de la démarche embaumée des femmes, et de leur présence qui se trahissait par des parfums. Que de choses nous aurions à ajouter à ce que disaient les poètes! Le choix du parfum n'était-il pas une occasion de plus de montrer son esprit? Il y avait le parfum du matin, le parfum du jour, le parfum du soir , le parfum de l'intimité et le parfum du monde; le parfum du boudoir et celui de la rue; le parfum heureux , le parfum mélancolique, le parfum du rendez-vous, couleur de muraille; enfin, le parfum de tous les sentiments, de toutes les situations, même le parfum de la constanc toujours le j même parfum. Les femmes ont perdu plus qu'elles ne le pensent à la suppression des parfums. Sans eux point de toilette vraiment complète. Ils sont la partie vivante et animée de Pélégance, u, FLI 8h URS ANIM ils créent à la femme comme une atmosphère de déesse qui semble la séparer de la terre. Les sens ont leurs souvenirs comme le cœur; pourquoi le nez, qu'on me pardonne d'écrire ce mot, presque toujours ridicule, n’aurait-il pas sa poésie? Vous qui vous rappelez l'étoffe de sa robe, le son de sa voix, Ja couleur de ses gants, la nuance de ses yeux, la forme de son chapeau, avez-vous oublié son parfnm, si elle en portait, et n'avez-vous pas ri gretté qu’elle men portät pas? Ce serait un moyen de plus de se souvenir d’elle. Il wy a de parfum véritable que le parfum des fleurs ; tous les autres rentr t plus ou moins dans la pharmacie. Que les Francaises laissent les sels aux pal tatrices du soda-water ; es se elles ont banni les fleurs, mais les fleurs ne leur t'endront pas uses, toutes les rancune ; roses, lis, jasmins, violettes, tub fleurs sont encore prétes à verser le plus précieux de leur sang pour la beauté repentante, Assis à l'ombre d'un saule pleureur le „Souci jetait un regard denvie sur la prairie. Toutes les fleurs sont heureuses, se disait- il; moi seul je souffre, on me délaisse, on m’abandonne, per- sonne ne veut me prendre en pitié. Comme il gémissait ainsi sur son sort, il vit passer dans le ravin une jeune Scabieuse tenant deux petits enfants à la main. C’est la Scabieuse qui habite au pied du coteau; elle a perdu son mari hier; la voilà veuve avec deux enfants sur les bras; elle doit étre triste comme moi; eh bien! je suis stir quelle va faire un détour pour éviter de me rencontrer. En prononcant ces paroles, le Souci poussa un énorme soupir. La Scabieuse , qui causait en se promenant avec ses deux pau- pres orphelins , entendit ce soupir et leva la tête. — C'est vous qui soupirez ainsi, demande-t-elle au Souci dune voix douce? — Et qui donc serait-ce? répondit le Souci d'un ton bourru ; n'ai-je pas raison de soupirer? URS ANIMÉES. 36 LES FL — Pourquoi plus qu'un autre? reprit la Scabieuse : tout le monde n'a-t-il pas sa part de tristesse dans cette vallée de lar- liminuer ses chagrins, il faut se créer des devoirs. mes? Pour Je serais bien malheureuse si mon mari, en mourant, ne m’a- vait laiss6 ces deux faibles créatures & soutenir; elles m’ont pour ainsi dire rattachée à la terre, c'est pour elles que je v — Elles vous mépriseront quand elles n’auront plus besoin de vous. Les enfants sont des ingrats. — Avez-vous été marié ? — Jamais. —Quels sont vos amis? — Je n’en veux point, ils sont tous intéressés. — Aimez-vous vos semblables? — Non, car ils me detestent. — Je vous plains de penser ainsi, continua la Scabiense, mais cela ne m'étonne pas, vous voulez vivre dans la solitude. ¢ essez d’être misanthrope, croyez-moi ; épanchez votre cœur dans le coeur d'un ami, si vous voulez étre heureux. L'isolement aigrit le Souci. A TRAITE D S FLEURS. Je ne puis traverser un marché aux fleurs sans me sentir s; isi d’une amère tristesse. 11 me semble que je suis dans un bazar d'esclaves, à Constantinople ou au Caire. Les esclaves sont les fleurs. Voilà les riches qui viennent les marchander ; ils les regar- dent , il les touchent, ils examinent si elles sont dans des conditions suffisantes de jeunesse, de santé et de beauté. Le marché est conclu. Suis ton maitre, pauvre fleur, sers à ses plaisirs, orne son sérail, tu auras une belle robe de porcelaine, un joli manteau de mousse, tu habiteras un appartement somp- tueux ; mais adieu le soleil, la brise et la liberté: tu es esclave! Pauvres fleurs! on les entasse les unes sur les autres, on les laisse exposées au vent, à la pot ‚A toutes les intempé- >. Redressez-vous, pauvres ries des saisons. Le passant s’arre fleurs, faites les coquettes; c'est pour cela que le marchand vous a conduites au bazar, c’est sur, vous qu'il compte pour s'enrichir, S FLEURS ANIMÉES. La plupart restent inclinées sur leur tige; elles sont languis- santes, faibles, étiolées; les fatigues d'un long voyage, les ennuis de la captivité se lisent sur leurs feuilles pales. Que leur importe d’être belles! Avant le soir elles auront passé sous les lois d’un maître inconnu. Heureuses alors celles que la jeune et laborieuse ouvrière emporte pour orner sa mansarde. L'eau ne:leur manquera pas, du moins, ni Pair non plus. 1 y a sur le bord du toit une petite place que le soleil regarde en se levant, où Pon entend le chant lointain des oiseaux qui traversent les airs à l'aube naissante: quand les oiseaux se taisent, c’est la grisette qui se met à chan- ter. La fleur peut être heur ‚elle est sa sœur. Heureuse aussi la fleur devant laquelle s’est arrêtée, ce matin, cette blonde et rêveuse jeune fille suspendue au bras de sa mère On la transportera dans un jardin , au pied de la fenêtre de sa maîtresse, La nuit, elle mêlera ses doux parfums à ses rêves de vierge ; le jour elle Pentendra soupirer et se pencher , en mur- + murant un nom confus sur son calice. Je ne te plains pas, belle fleur, tu es chez ton amie. Mais vous, infortunées qu'un marchand a achetées pour orner son comptoir , qui racontera vos ennuis dans cette atmosph lourde des boutiques; qui retracera vos souflrances, pauvres fleurs d’estaminet perdues dans Popaque brouillard du cigarre, vous bles, si délicates, si nerveus Et vous, hôtesses passagères des palais, fleurs choisies pour un soir de fête; on ne vous achète pas, on vous loue ; au lieu SES ri TA IE. a ` s E ED 5 | r y A | IN HE FRA LA TRAITE DES FLEURS. 39 d'être esclaves vous êtes domestiques. Vous faites la haie sur le passage des belles invitées, on vous relègue à Pantichambre avec les valets; vous êtes là exposées à tous les vents coulis, vous gre- lottez sous votre robe de gaze légère; au bout de huit jour de cette existence, vous mourrez d'une phthisie pulmonaire! Eh bien! votre sort me semble préférable au sort de cette fleur qu'une grande dame a achetée dans un moment de caprice. On lui accorde à peine un regard, puis on Pabandonne aux soins de la valetaille insensible et négligente. Souvent on a vu des fleurs expirer faute d'un verre d'eau ou d’un rayon de soleil. Hélas! les fleurs n'ont pas de voix pour se plaindre; elles ne savent que courber la tête et mourir. Ar acher une fleur à son pays natal, la séparer de sa famille, de ses amis, l'exposer sur un marché, n’est-pas là un crime de lèse- ensibilite ? La traite des hommes est supprimée, deman- dons aux chambres une loi contre la traite des fleurs. Nous l'ob- tiendrions si nous vivions encore à l’époque des amis de la na- ture. Mais,hélas! ils sont morts avec Jean-Jacques Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre ! Quels mots viens-je de prononcer? Les amis de la nature ont un grand reproche à se fai e à l'égard des fleurs: ce sont eux qui ont propagé Pherborisation, et donné naissance à la mode des herbiers. Avant l'album, Pherbier florissai depuis l'enfant de douze ans, jusqu'à la femme de quarante ans, tous les âges avaient leur herbier comme ils ont aujourd’hui leur album. On faisait h0 LES FLEURS ANIMÉES. des parties d’herborisation ‚comme on fait des parties de cam- pagne. On ne pouvait faire un pas dans les champs sans ren- contrer des gens brandissant un scalpel ou des ciseaux. Des femmes qui se seraient évanouies en voyant écraser un ciron, des hommes qui, le matin même , avaient écrit des chapitres ou prononcé des discours contre les tortures infligées aux malheu- reux nègres, scalpaient, cisaillaient, écorchaient vivants de can- dides marguerites ou d’innocents muguets; on arrachait leurs feuilles une á une, on plongeait le poignard dans leur corolle, on coupait leur corps en trois ou quatre morceaux, on leur in- fligeait toutes les tortures, tous les martyres, afin, disait-on ,de pénétrer les secrels de la nature. Toujours la nature! Mainte- nant il mest question que de la science. Les femmes ne s'en mélent plus, il est vrai, mais on commet les mémes crimes par amour de la science. Si vous essayez d'élever la voix en faveur des plantes , on s'écrie que vous êtes un barbare, un ennemi du progrès , que vous voulez entraver les conquêtes de la science , que vous voulez faire rétrograder l'esprit hnmain jusqu'à cette époque de ténèbres où l’on punissait la dissection comme un sa crilège. La dissection ! Mais faut-il, pour assurer les besoins de l'anatomie, permettre qu'on s'empare de gens pleins de vie, qu’on les tue pour les emporter à l'amphithéâtre? Est-ce que les plantes et les fleurs ne vivent pas comme les hommes? Ne sentez-vous pas, cruels amis de la science, que vous n'êtes que d’abomina- bles étouffeurs ? Si la paquerette pouvait crier , vous seriez obli- gés de jeter sur sa tête un masque de poix ! Ramassez au matin les morts de la prairie: hélas ! l'orage , les TRAITE DES FLEURS. AA insectes, l'ardeur du soleil, le sabot du pätre font assez de vic- times, l’autopsie du cadavre vous est permise; mais respectez les vivants! Nous ne voulions parler que de l'esclavage des fleurs, l'indi- gation nous a fait jeter ce cri. Au surplus, nous ne nous écar- tons pas trop de notre sujet, puisque nous traitons du sort que les lois humaines font aux fleurs. Il est certain que la traite des fleurs est aujourd’hui un fait patent. Le gouvernement la tolère et Pencourage. Chaque année ilexpédie, même sousle nom de voyageurs du Jardin des plantes, des espèces de corsaires qui vont çà et là sur tous les rivages, font des descentes, des expéditions dans l’intérieur des terres, et ramènent captives les fleurs dont ils ont pu s'emparer. On les transporte en France, on leur donne une case au jardin du roi, on les établit en familles; ces fleurs S'acclimatent, font des en- fants, et quand ils sont arrivés à un certain âge, le gouverne- meni les arrache au sein de leur mère, et les vend ou les donne des particuliers. Cela est affreux. Quand donc les fleurs trouveront-elles leur Wilberforce? Fleurs infortunées! L’autre jour je passais sur la place de la Madeleine; il y avait là un beau lis qu'un vieillard marchan- dait, La fleur paraissait souffrir dans sa pudeur de se voir ainsi regardée; parfois on voyait comme un frisson courir sur sa tige, et sa blanche tete se rejeter en arrière: c'était lorsque lard la touchait. 12 LES BURS ANIMEES, Je regardai le lis; je crus voir une larm trembler au fond de son calice, il me sembla que la fleur me parlait. — Achète-moi, disait-elle, ne me laisse pas tomber entre | mains de cet homme. Hélas! que va-t-il faire de moi? J'ai peur quand il me regarde, je tremble quand il me touche. S'il me faut le suivre, je mourrai. — Je te sauverai, m’écriai-je, je te sauverail Le vieil acheteur se retourna vers moi d'un air étonné. Il fit signe à un domestique, qui s sinpara de la fleur. Je m'adressai au marchand : trop tard ; il avait reçu le prix de l'esclave, Je la suivis jusqu’à la porte de sa nouvelle demeure. De loin eae me remerciait d'un sourire doux et résigné. Je la vis disparaître. Le lendemain, j'étais devant l'hôtel, je voulais avoir des nou- velles de mon pauvre lis: un domestique jetait dans la rue une fleur flétrie. Combien d’autres fleurs sont mortes ainsi ! EGP DD LA FLÈCHE Vogue ma barque , fends le courant rapide; elle m'appelle à l'autre bord, j'etends sa voix qui me protége ! Ainsi chantait le pêcheur, et s'appuyant sur sa rame, il divi- sait le flot en laissant après lui un sillon argenté. Sa barque vo- lait comme l'hirondelle; déjà les saules du rivage laissaient voir leur chevelure verte. Le pêcheur redoubla d'efforts. Tout-à-coup il lui sembla que sa barque, rebelle à la rame , était entraînée doucement vers un point opposé. Au même instant la lune se voila ; il vit au milieu des joncs se dresser lentement une belle femme, et il entendit une voix qui chantait : « Où vas-tu, jeune pêcheur ? Écoute, je suis la blanche reine de l'onde. La rive est pleine de désillusions ; suis le courant qui Ventraine vers moi; je te montrerai le chemin qui conduit dans mes bleuâtres royaumes, vers mon palais de cristal. Ne me connais-tu pas? Le soir, c'est moi qui t’endors au bruit de mes soupirs expirant sur la grève; c’est ma fraiche haleine que tu Ah LES FLEURS ANIMÉES respires le matin sur le seuil de ta chaumière. Vois, ta barque écheur, suis le d'elle-méme marche vers moi. Laise-toi aller, p cou ant qui te guide.» Le pêcheur, pale d'effroi , gardait le silence. Le malheureux s'était approché de cet endroit mystérieux où eve la flèche d'eau au milieu de mille plantes aquatiques. Les rameurs qui ont obéi à son appel n’ont plus reparu au village, on les a trou- vés bien loin sur le rivage frappés de nombreuses blessures. La de ses dard; menteuse divinité les avait percé Ces histoires se présentèrent à l'esprit du pêcheur, mais Pondine chantait toujours, une fascination involontaire le pri- vait de ses forces, il allaitabandonner l'aviron. yut-A-coup son nom répété trois fois retentit sur la rive. Vogue ma barque , s'écria le pêcheur ranimé, fends le courant rapide : elle m'appelle à l'autre bord, j'entends sa voix qui me protége ! 1 s'éloigne, et Pondine disparaît ne laissant après elle qu'un cercle d'argent sur l’eau. LES FLEURS PERDUES. Les anciens, plus heureux que nous, connaissaient une foule de fleurs dont on ne trouve plus de traces sur la terre; ell s ont disparu. La nature, en les supprimant, a voulu nous punir , sans doute, de la tiédeur de notre culte pour elles. Leurs charmes, leurs propriétés particulières, constituent une perte bien grande pour les commodités ou les plaisirs de l'humanité. Quel malheur, par exemple, pour les glaciers et les limona- di rs, que nous ne possédions plus la coracesia, cette fleur qui, au dire de Pythagore, faisait geler l’eau! et Paprozis, qui, s'en- flammant au moindre contact, remplaçait si avantageusement les allumettes chimiques allemandes ou françaises! et le baa- ras, ce cierge embaumé des montagnes du Liban! L'historien Josèphe raconte que la longue tige du baaras Sallumait d'elle- même, le soir, et brülait jusqu'au matin sans se consumer. Quel bonheur, si, au lieu de nos tristes réverbères, de nos be de gaz puants, nous étions éclairés, en passant dans chaque 16 LES FLEURS ANIMÉES. rue, par une bouble rangée de beaux arbres enflammés ! Pour- quoi ne trouve-t-on plus de graine de baaras? Épouses qui soupirez après un enfant, au lieu de vous confier à la vertu d’une eau sulfureuse et nauséabonde , et vous, vieil- lards, qui essayez en vain de combattre les ravages des anné que n'avez-vous un brin de ce fameux dudaim , qui ne fleurit malheureusement plus que dans les livres hébreux, et qui ren- dait les femmes fécondes et les hommes éternellement jeunes! L'existence de Pachemys résoudrait bien mieux que les che- mins de fer le problème de la paix universelle. L'achemys avait la propriété de mettre en fuite ceux qui le touchaient. Comment songer à la guerre avec une arme qui disperserait les armées opposées et les empêcherait de se rejoindre? Beaucoup de gens regretteront le nepenthes , cette fleur , sou- vent consolante, qui faisait perdre la mémoire, surtout en son- geant au moly, qui vous rendait à Pinstant même le souvenir. Circé administra du nepenthes à forte dose aux compagnons d'Ulysse; celui-ci les guérit en leur faisant avaler à temps une contre-dose de moly. N'oublions pas de citer le sy/phion. Au mois de la floraison, cette plante laissait couler de sa tige une résine précieuse qui, séchée et réduite en poudre, guérissait tous les maux, même la colique et le mal de dents, c’est Pline qui assure. Cyrène était la ville où Pon cultivait le remède universel. César, en s'em- parant de Cyréne, abandonna le trésor public à ses lieutenants, LES FLEURS PERDUES 17 et se réserva la provision de sylphion conservée dans le susdit trésor à Pégal des matières les plus précieuses. Rappelons aux gastronomes le borahmez, cette fleur entiè- rement semblable à un agneau. Recouverte d'une blanche toi- son, elle reposait sur quatre tiges; ses feuilles la neuses figu- raient les oreilles et la queue. A la moindre incision, une liqueur rouge comme du sang s'échappait de la plante; on voyait sa pulpe inolente comme la chair. $ i on la mettait au feu, elle répandait tout de suite dans les airs un délicieux parfum de gigot roti, Au moins, dans le pays où croissait le barahmez, les voyageurs m'avaient pas besoin de faire des provisions de route. L'histoire ne nous dit pas le nom de cette bienheureuse contrée où l’on pouvait ainsi cultiver des côtelettes sur la plante; ce doit être le pays de Cocagne, déjà. connu de l'antiquité. Les anciens possédaient aussi la fleur qui rend les amours éternelles ; La fleur qui donne la gaîté : les modernes s'imaginent l'avoir remplacée par le hadchihz. La fleur qui chante existait encore pendant le moyen-dge. Albert le-Grand affirme lavoir entendue. Pendant les nuits sereines de l'été, au milieu du silence de la nature, on enten- dait tout-à-coup vibrer une voix pure et harmonieuse dont les notes montaient vers le ciel. C’était la mandragore qui chantait sa nocturne mélodie. Ceux qui Pécoutaient se sentaient sais 18 LES FLEURS ANIM d'une émotion inexprimable; leur cœur battait avec une douce viol e, des larmes de tendresse mouillaient leurs yeux. Quel- quefois le rossignol essayait de lutter avec la mandragore ; mais bientôt le charme agissait sur lui, ses roulades devenaient peu à peu plus lentes, sa voix plus faible, puis il se taisait pour écouter sa rivale victorieuse. La voix de la mandragore portait bonheur à ceux dont elle frappait une fois les oreilles; toute leur vie ils Pentendaient retentir au fond de leur cœur ; c'était la poésie qui leur avait parlé. Hélas ! les nuits d'été sont toujours sereines, les rossignols lancent encore dans les airs leurs mélodieuses fusées , mais la mandagore ne chante plus! Enfant, je venais m’asseoir sous ton ombre, et mon ame, suivant le vol des colombes qui se dirigeaient vers le Bosphore, se perdait avec elles dans l’azur du ciel. Maintenant , je m'avance d’un pas lent et fatigué, j’&tends avec peine mes membres vers la terre, mon ame ne vole plus avec les colombes , l'enfant est devenu un vieillard. Tu me prêtes encore ton ombre , beau cyprès , ton tronc droit , élancé, me sert d'appui; je vois d'ici le tombeau de mon ‚la place où sera le mien. Le cyprès monte droit vers le ciel, comme la prière du vrai yant; il semble que la voix de ceux que nous avons aimés nous parle dans le murmure de ses branches. Il y a bien longtemps que nous nous connaissons, vie chaque jour je viens près de toi aspirer Podorante TA 7 50 LES FLEURS ANIMÉES. fumée de mon narghilé, et puis réver en égrenant mon long chapelet. Tu connais toutes mes pensées , tu peux dire si jamais j'ai eu peur de la mort. Je l'aime, aucontraire , parce que tu m'y fais penser. Quelle idée plus douce que celle de la mort à l'homme qui a longtemps vécu ! Oh! quand mon ame pourra-t-elle s'envoler loin , bien plus loin que les colombes qui se dirigent vers le Bosphore , plus haut que le aud minarets de Sainte-Sophie, au-delà des nuages, is du bleu firmament! C'est là que nous attend le bonheur éternel ! Viens, ange de la mort, viens frapper à ma porte, le vieillard est prêt à partir. Brises, qui chantez dans ce cyprès, apprenez-moi l'instant de ma délivrance : chaque jour je viens vous le demander , et vous ne me répondez pas. CRITIQUE ET PHILOSOPHIQUE DOCTEUR JACOBUS A L'AUTEUR: Monsieur, « Oubliant le respect que vous devez à un homme de mon importance, vous vous éles permis non seulement de me faire figurer dans votre livre, mais encore de me próter un rôle que ma haute position ne me permet point d'accepter. Vous pré- tendez que la Pensée errante, ayant recu Phopitalité chez moi, me révéla par reconnaissance le langage des fleurs. S'il faut vous en croire , je me suis montré émerveillé de cette décou- verte. Pour qui me prenez-vous, Monsieur? « Il faut que vous sachiez que les esprits vraiment philoso- LES FLEURS ANIMÉES. phiques de ce temps-ci ne considèrent plus depuis longtemps le endu langage des fleurs que comme une puérilité , une pre faribole ; une véritable mystificat pn. Les grandes intelligences, dont je fais partie, se sont élevées à la seule conception qui puisse rendre un compte exact de la signification morale des fleurs: cette conception , c’est Panalogie universelle. nature , Monsieur , a créé da certains animaux et végétaux des images de nos passions. La vipère représente la calomnie : le chien, la fidélité asite. e gui est l'emblème du pa Ce sont ces rapports symboliques qui établissent l'état d’analogie entre l’homme et la création. Pour ne parler que des plantes , chacune d'elles est un miroir fidèle de nos sentiments et de nos passions. Un parterre est un musée où revivent en tableaux fleuris et animés nos vices et nos vertus. « La science qui doit expliquer ces ressemblances , c'est l'analogie ou physiologie comparée. Les anciens avaient entrevu cette méthode. Chaque chose inanimée , les fleurs surtout , ren- fermait une allusion aux choses animées. Mais les anciens méconnurent la réalité pour s'égarer dans le monde des fictions ; furent poètes, mais non analogistes ou psychologues. «Vous avez suivi pas à pas les traces des anciens ; aussi yous étes non-seulement resté en arriere des notions nouvelles, mais yous avez commis des erreurs énormes , faute de recou- encor rir aux principes de Panalogie universelle. « Permettez-moi , Monsieur, de recourir à quelques exem- ples LETTRE DU DOCTEUR JACOBUS A L'AUTEUR, 53 « Je lis dans votre prétendu I S fleurs que la fleur d'oranger représente le mariage. Cela s'écrit et se débite depuis des siècles : une jeune fille ne se croirait pas bien et mariée si le jour de ses noces elle ne por d'oranger sur la nore point cela, mais quel existent-ils entre cette fleur et le r iage? On pourra faire à ce ot, ainsi que vous l'avez tenté, bea voilà tout. La poésie ne donnera pas la clef de ce myst re Recourez à l'analogie , vous trouverez tout de suite la plante qui symbolise le mariage. «Vous avez sans doute été frapp plus d’une fois de l'aspect lugubre que présente le grand iris tac eté de noir. Il montre orgueilleusement ses couleurs sombres , alliant à la fois la richesse à Puniformité. N'est-ce pas là l'emblème de ces unions princières qui se concluent au milieu de la pompe, et qui se consument plus tard dans la monotonie et l'ennui? L’iris bleu, iris jaune, l'iris papillon , représentent au contraire les 1 riages heureux. « Deux corolles paraissent alternati seconde ne paraît que lorsque la première est flétrie. C’est l'image du lien qui unit quel fille : Pa fois un vieillard à une jeune ge du bonheur commence pour l'une, et finit pour l'autre. «Le réceptacle d'étamines a la forme de chenille, en sou- venir des calculs sordides qui président trop souvent au mariage. La feuille de Piris cc ne de la misère amun est écrasée, en sig 5h LES FLEURS ANIMÉES. qui frappe les petits ménages; elle se termine par une pointe desséchée , comme pour montrer le résultat stérile des efforts de la pauvreté. « Yous voyez, Monsieur, par quelles puissantes raisons d'analogie la fleur du mariage doit être l'iris, et non pas Poranger. Mais je continue l'examen détaillé de vos sophismes : « La rose, selon vous, représente la beauté, Erreur profonde , jugement des plus superficiels et routi- c'est la pudeur de la jeunesse. « Elle a toutes les couleurs du jeune âge, elle affectionne les lieux frais, en symbole de la fraîcheur de jeunesse dont elle est douée. Son parfum est un arôme qui enivre doucement comme l'affection qu’inspire une jeune fille, La rose ne plaît véritablement que lorsqu'elle est demi-éclose ; “entièrement épanouie, elle paraît moins belle. Ainsi, l'innocence est pr rable à la beauté. «Au mot dédain correspond dans votre langage des fleurs l'œillet. Quont ensemble de commun ? L’œillet tombe et traîne à terre sa tige élégante ; il faut qu’une main amie le sou- tienne, et lui donne pour appui une branche d’osier nommée tuteur. Les pétales de l'œillet brisent leur enveloppe et s'échap= pent en désordre. La main de l’homme doit aider à rompre les barrières du calice, et un ingénieux encartage favoriser le développement de pétales, alors la fleur devient belle, N'est-ce point Ià le symbole le plus gracieux de la maternité ? LETTRE DU DOCTEUR JACOBUS A L'AUTEUR. 55 « Et le lis, Monsieur, qu'en avez-vous fait du En vérité, Gest à n’y rien croire ; il est pour vous synonyme de majesté. Observons les caractères distinctifs du lis. Sa tige est droite et ferme, elle est entourée de gracieuses folioles. Ainsi l’homme véridique marche fièrement et posément , entouré de l'estime que font naître ses actions. La corolle du lis est un triangle sans calice ; la vérité ne se cache pas, l’homme juste fuit le mystè à racine bulbeuse du lis est ouverte de toutes parts , et laisse voir l'intérieur de Pognon. L'homme véridique attire tout d'abord par le parfum de franchise qu'il exhale, mais on s'éloigne souvent pour toujours après s'être frotté à lui une seule fois. Le lis barbouille d’une poudre jaunatre ceux qui s'approchent de lui, attirés par son odeur. La vérité ne peut vivre que dans la solitude, les femmes surtout la redoutent , ainsi que les riches et les gens du monde. On n'offre pas des bouquets de lis , on ne place pas cette fleur dans un salon. On la relögue dans quelque coin retiré de son parterre. Le lis he parait que dans les fétes publiques ; on en orne les statues des saints, on en met aux mains des enfants. Il n’y a qu'au ciel et sur les lévr des enfants que se trouve la vérité. « Voilà done, de compte fait, quatre articles importants , mariage, beauté, vérité, maternité, auxquels vous m'avez rien compris. Voyons si votre langage des fleurs expliquera mieux l'article pauvreté : « Le buis habite les lieux arides et les terrains ingrats , comme Pindigent qui est réduit au plus chétif domicile. On LES FLEURS ANIME insectes s'attacher au buis comme un pauvre qui n’a pas noyen de s'en garantir. Tel que le misérable qui endure mment les privations et se fixe au moindre gîte , le bui mpéries, et s'attache fortement au mauvais sol où Pour l'indigent, point de joie : La nature a de pétales , qui sont l'em- blème du plaisir. Son fruit est une marmite renversée, image de la cuisine du pauvre. Sa feuille est creusée en cuiller pour recevoir une goutte d'eau, comme la main du pauvre qui cherche à recueillir une obole de la compassion des passants. Son bois est serré et très noueux, par allusion à la vie rude et à la gêne du misérable chez qui ne Pinsalubrité , figurée par l'huile fétide qu'on retire du buis. Cette plante , vous Pavez nommée stoicisme ; ne valait-il pas mieux l'appeler tout simplement pauvreté? Au mot gui, par exemple, vous avez conservé sa signifi- cation véritable. Le gui, c’est bien le parasite; mais si je vous avais demandé pourquoi , auriez-vous su me répondre? C'est parce que le gui vit des sucs d'autrui, qu'il se développe indiffé- remment en sens direct ou inverse , comme l'intrigant qui prend tous les masques, accepte toutes les positions. Le gui gure par sa feuille la’ duplicité, et donne dans sa glu le piége comme les sots aux flatte- où viennent se prendre les oiseaux , ries du parasite. « Pour me faire cette réponse, il aurait fallu être initié aux lois de l'analogie universelle. Je prends en pitié votre igno LETTRE DU DOCTEUR JACOBUS A L'AUTEUR. 57 rance , Monsieur, et je vais poser les bases de cette science sublime. Puissiez vous marcher bientôt dans la voie que ouvre devant vous «La forme, la couleur, les habitudes, les propriétés de la fleur , des graines, des racines, voilà l'étude par laquelle il faut commencer. «La racine est l'emblème des principes généraux qui com- posent le caractère. « La tige, emblème de la marche qu'il suit. « La feuille, emblème du genre de travail auquel se livre le de la classe à laquelle il appartient. + emblème de la forme et des influences qui agissent sur le caractère. « Les pétales , emblème de l'espèce de plaisir attachée à xercice du caractère. « Les pistils et étamines , emblèmes du produit que doit donner ce plaisir. «La graine, emblème du trésor amassé ; le parfum, emblème du charme particulier qui découle du caractère. «Ainsi , pour nous résumer, nous disons ; Racine-caractère ; tige-direction ; — feuille - travail ; — pétale-plaisir ; — alices-' fluences extérieures ; — pistils-produit ; — graine- trésor , — parfum-charme, n. 58 LES FLE! RS ANIMÉES. «Que der urs vous auriez pu éviter si vous étiez venu me consulter avant de com ncer cet ouvrage! Mais vous avez préféré me tourner en ridicu! Armé du flambeau de Panalo- gie, toutes les ténèbres se seraient dissipées ; plus de secrets pour vous, plus d'obscurité dans le grand livre de la nature, N’étes-vous pas honteux de vous être trom Dé si grossièrement dans la signification des flow rs les plus vulgaires, la rose, l'œillet , le lis 2 Je me vois forcé entre mille autres de choisir la bal nine pour l'ajouter à cette liste. Ses feuill finement dentées et symétriquement découpées sont un emblème de travail. Une touffe de feuilles surmonte les fleurs, comme le travail doit excéder la dépense. C’est ainsi qu'on brille sans 'appauvrir , de même que la balsamine qui donne des fleurs nombreuses , brillantes, et qui se renouvellent en abondance. Les gens doués de cette prudence sont ambitieux et égoistes, La balsamine par analogie refuse tout à l'homme, On ne peut ir ses feuilles isolément par défaut de queue , collectivement par embarras de feuillage. On ne peut employer comme ornement. C'est une plante qui ne vit que pour elle, ainsi que le riche égoïste. Ge dernier sait se rendre nécessaire comme la balsamine, sans se faire aimer. Il s'installe dans toutes les avenu s de la grandeur; la balsamine prend pla lieux | plus fréq ntés du parterre, et privée de parfum, elle y joue le premier rôle sans charme pour personne. Elle vient tard en automne, par allusion à ces thésauri: ateurs qui quittent tard les affaires, et dont la fortune passe à des héritiers dissi pateurs ; de même la graine de la balsamine s'échappe des LETTRE DU DOCTEUR JACOBUS A L'AUTEUR. 59 mains lorsqu'on la cueille sans précaution. A cette fleur, qui est le portrait frappant de l’égoisme , vous l’avez donnée comme l'emblème de Pimpatience. O insouciance ! « A propos d'insouciance , n'est-ce pas l'hortensia qui en est l'image dans votre langage des fleurs? Mais vous n'avez donc jamais regardé un hortensia? Vous auriez vu que cette plante étale plus de fleurs que de feuilles, qu'elle sacrifie tout à la parure. Ses lourds massifs de fleurs fatiguent l'œil, comme l'excès du luxe dans le costume. Le peu de feuilles qu'il pos- sède, l'hortensia les cache sous un amas de fleurs inodores à demi nuancées : ainsi les coquettes font disparaître leurs bonnes qualités sous une foule de sentiments faux. L'hortensia , comme la balsamine, ne peut se cueillir. La coquetterie n'est-elle pas aussi un égoisme particulier?... Coupé, l'hortensia se fletrit, il est trop gros pour former des bouquets ; il n° à place qu'au milieu d'un salon, dans un riche vase, comme la co- quette qui ne se plait que dans le monde. Il est sans parfum parce que la coquette éblouit les yeux sans charmer le cœur. C'est le luxe qui ruine la coquette, c'est lastre d’or, le soleil, qui tue l'hortensia. Appauvrie par de folles dépenses, la co- quette, au déclin de l'âge, perd son prestige; l'hortensia, après avoir brillé , perd sa couleur. Enfin, en avançant en âge, la coquette devient prude ; dans larritre-saison, Phortensia revêt la couleur brune et se parchemine, se ride, se sèche sur la plante; il prend un aspect rogue et désagréable. Où trouver une analogie plus frappante , plus soutenue de la coquetterie ? S FLEURS ANIMÉE: ites-moi le plaisir de m’apprendre ce qu’elle a de commun avec une belle-de-jour. En fait d'hortensia, vous en êtes resté à l'empire, qui en avait fait un emblème ridicule; et je suis stir que vous êtes de force , rien que sur son nom, à trouver un symbole napo!sonien quelconque dans la couronne impériale, qui offre tout simplement l'analogie du savant méconnu. « Je me suis conformé jusqu'ici, en vous parlant, aux lois de la routine, mais je proteste contre les nomenclatures adop- listes connu tées par les natur: jusqu'à ce jour. Ces messieurs ont presque toujours désigné les geures à contre-sens. Ainsi, je soutiens qu'on doit dire une @illet, une hortensia, une lis, puisque ces fleurs symbolisent des objets féminins, la maternité, la coquetterie, la vérité; et un balsamine, atte! du que le bal- samine n’est autre chose que l’égoi isme, « A votre place, Monsieur, j'aurais tenté cette réforme , mais pour cela, il aurait fallu heurter les préjugés, les habitu- des du vulgaire, et vous avez mieux aimé flatter ses goûts que le corriger. Vous vous êtes endormi sur l'oreiller commode du suc . Aussi mavez-vous produit qu'un livre superficiel, in- complet, dépourvu de toute tendance philosophique. Vous avez commis un sacrilége en portant une main coupable sur l'unité sacrée de la création , en divisant ce qui est uni pour jamais, en éparant ce qui est inséparable. Vous avez fait un livre sur les fleurs sans parler des fruits et des légumes. «La fleur suppose le fruit ; le fruit conduit directement au légume, Les fruits et les légumes oflrent des analogies ave HORTENSIA COURONNE IMPERIALE LETTRE DU DOCTEUR JACOBUS A L'AUTEUR. 61 nos sentiments, non moins fécondes que les fleurs. Je commence bar les légumes, ces parias de l'organisation actuelle, et parmi I I I les légumes , je choisis les plus méconnus de tous, les raves. Ils vont répandre des torrents de lumière su la question, et se montrer dignes du haut rang que leur assigne la morale. C'est une pépinière de belles analogies, dit un grand philosophe , e famille des raves, que je cite textuellement, que la bourgeois betleraves, carotte, panais, salsifix et céleris. Leur collection représente les coopérateurs du travail agricole. Chacun de ces légumes s'allie avec la classe dont il est le portrait. La grosse rave reste à la table des gros paysans. Le navet moins rustique se faitl'hôte du fermier huppé, traitant avec les grands ; aussi le navet peut-il, moyennant certains apprêts, figurer sur une table distinguée. « La carotte représente l'agronome expérimenté, dont Aussi la carotte est-elle un Putilité est partout démontré légume précieux employé par le confiseur , le cuisinier , le mé- decin ; utile de toutes façons, fournissant par sa feuille un four- rage salutaire, par la torréfaction un parfum de potage, etc. Le céleri dans son acerbe saveur donne l'idée de ces amours champêtres, tendres liaisons où paysans et paysannes se cour- tisent à coups de poing. « La feuille crispée de la betterave dépeint le travail violent des ouvriers. La feuille grotesque de la rave étale un massif supérieur dominant plusieurs follicules inférieures. C'est Pi mage du chef de la famille villageoise dont Pimportance co- EURS ANIME mique et naïve exige tous les hommages et absorbe tous les bénéfices de la communauté, « Et les fruits, quels abondants sujets d'étude et de r flexions ne nous offrent-ils pas ? La cerise est le miroir de l'enfance libre et heureuse ; elle excite chez les enfants les elle qu'elle représente. L'apparition d'un panier de cerises met en joie tout le peuple enfantin , à qui le fruit est très salutaire ; la cerise est un joujou que la nature donne à l'enfant; il Sen forme des guirlandes et des pendants d'oreilles : il sen cou- ronne comme Silène se couronne de pampres. L'arbre est analogue au génie, et aux travaux de l'enfance : il est peu fourni de feuill ranches vaguement distribuées donnent peu d’ombrage, ne garantissent ni de la pluie, ni du soleil, témoignage de la faiblesse de l'enfance , qui ne peut fournir de protection ni d’abriä personne. « Faudra-t-il vous montrer dans la groseille le fruit des enfants terribles. Ii y a de la grâce , parce que la vérité, quelque indiserète qu'elle soit, est toujours gracieuse et amu- sante dans la bouche d'un enfant. Ce rôle d'enfant terrible nest pas sans utilité, il châtie en riant, castigat ridendo : aussi le fruit du groseillier rouge est-il légèrement purgatif. Mais cette groseille n’acquiert sa valeur que mélangée au sucre : ainsi les enfants trop libres doivent-ils perdre leur rudesse au contact de l'éducation. «Le raisin n'est-il pas le plus amical des végétaux? Le vin n’est-il pas le véritable ami de l’homme ? Voyez la vigne .- LETTRE DU DOC A JACOBUS A L'AUTEUR. 68 embrasser nos arbres, nos maisons, former des liens avec tout ce qui l'entoure, Elle ne peut vivre sans s'attacher. Où trouver une analo ie plus frappante de l'amitié «ll est temps que je m'arrête ; je crois vous en avoir dit assez, Monsieur, pour vous faire voir les imperfection ‚les fautes capitales qui déparent votre livre. Non-seulement vous n'avez quimparfaitement compris le langage des fleurs, mais encore vous n'avez pas même soupçonné celui des fruits et des légumes. Votre ouvrage ten arrière de deux cents ans. Rou- , Monsieur, d'avoir vécu jusqu'à ce jour sans connaître l'existence de la psychologie compar ou analogie, et tachez de vous élever jusqu'à cette science. « Je vous prie, en attendant, de ne pas me c roire votre très humble serviteur , et de ne pas me compter au nombre de vos souscripteurs. «JACOBUS. » Réponse de L'auteur au docteur Jacobu «Monsieur le Docteur, «Notre prétention n’a jamais été de faire un livre philoso- phique. Le public professe, en général, une répugnance très prononcé pour la philosophie. Nous nous sommes bornés à parler des fleurs, pensant que la tâche est suffisante. Les fruits et les légumes pourront avoir leur tour; qui sait si la fantaisie ne pri ndra pas Grandville de les animer? « Nous ne nous sommes point lancé dans Panal ie, parce que dépouiller les fleurs de leurs vieux symboles, renvers ces allégories depuis longtemps acceptées de tous, nous a paru 6h LES FLEURS ANIMÉES. une chose grave. Nous n'avons pas voulu nous insurger contre la tradition, et révolutionner l'empire paisible des mythes floraux. Peut-être essaierons-nous plus tard d'accomplir paci fiquement les transformations et les réformes quexigent les fleurs. Rien ne nous empêche, après la dixième édition de notre ouvrage, d'en faire une nouvelle basée sur les règles d la psychologie comparée et de l'analogie. « Autant que vous, Monsieur, nous rendons justice à cette science nouvelle dont vous ne citez pas seulement l'inventeur, quoique vos analogies soient copiées dans ses livres. Nous ne vous blämons pas, Monsieur, de cette fidélité ; le nombre et l'éclat des images , la pompe du style n’ajouteraient rien à ces ingénieuses et charmantes descriptions que Fourier a retracées ensuite sur le papier avec un abandon et un laisser-aller qui augmentent leur grace et leur vérité. Nous avons donné d’après vous et d'après Fouri ri de l'analogie ; maintenant c’est aux femmes à s'adonner à cette étude; Fourier la leur recommande expressément ; c'est sous leur protection qu'il met l'analogie. Après un tel appui, l'analogie ne peut manquer de triompher. « Nous espérons , en attendant malgré vos critiques, que le public, plus indulgent que vous, nous tiendra compte de nos efforts et nous dédommagera par son empressement du cha- grin bien naturel que nous éprouvons de ne pas vous compter au nombre de nos souscripteurs. » Les pleurs de Paurore m’ont fait éclore, je me suis ouverte avec les premiers rayons du soleil. J'ai yu passer ce matin une jeune fille; elle s’est arrêtée pour me regarder ; moi, je la trouvais belle, et je lui souriais! Elle passait sur mes feuilles sa main caressante; mes feuilles frissonnaient de bonheur. Tout-à-coup une douleur aiguë m’a fait tressaillir jusqu’au fond de ma corolle, je me suis inclinée sur ma tige à demi brisi Pourquoi ne m’as-tu pas cueillie tout de suite, jeune fille? Déjà je ne souflrirais plus, je reposerais doucement ensevelie dans ton sein virginal. Mon sang coule lentement de ma blessure, un froid mortel I, 9 66 LES FLEURS ANIMEES. it palir mes feuilles, ma corolle se resserre; j'entends & peine le doux bourdonnement de la brise dans le feuillage, Les oiseaux ne chantent-ils plus, le soleil s’est-il caché. Mes sœurs, mes sœurs, est-ce déjà la nuit? Non pas les étoiles brillantes , je n’ouvri st la mort qui me couvre de son ombre. Je ne verrai ai pas ma corolle, écrin parfumé , pour enfermer les diamants de la rosée. Ma dépouille jonchera bientôt la terre, et mon âme montera vers le ciel en laissant une trace parfumée. Mon spectre l’apparaîtra , jeune fille ; il te reprochera ton insouciance et ta cruauté. Le remords me vengera..... Mais non, je te pardonne , puisses-tu ne pas apprendre à ton tour ce que soufire une fleur blessée ! LES COURONN LES GUIRLANDES, Nous avons parlé des bouquets , il faut bien dire quelques mots des couronnes. Pourquoi ne profiterions-nous pas de l'occasion pour traiter suceinetement la question des guir- landes? Le sujet sera bientôt épuisé. Qui est-ce qui porte des cou- ronnes aujourd’hui? à quoi servent les guirlandes? Il va sans dire que nous ne nous occupons que des couronnes et des guirlandes de fleurs. Les couronnes et les guirlandes de feuilles sont encore fort en usage pour orner le front des lau- réats, et les murs des salons de cent couverts. Pas de véritable distribution de prix sans couronnes de laurier, pas de bonnes noces sans guirlandes de feuillage. Les Grecs et les Romains, les Grecs surtout, adoraient les cou- 68 LES FLEURS ANIMEE ronnes de fleurs, Celui qui se serait présenté au cirque, à l'académie, au théâtre, sur la place publique , sans sa couronne aurait passé pour un fou. Il n'était pas plus permis alors de se montrer ans Couronne, que de sortir sans chapeau aujour- ghui. Pour les gens chauves, la couronne remplaçait la perruque Aussi tous les philosophes en paraient; Socrate lui-même ne manquait jamais de ceindre son front de fleurs. César, chauve à trente ans, dut à la couronne l'avantage de acher longtemps cet inconvénient aux beautés de Rome. On sait qu'à l'âge de quatre-vingts ans, Anacréon se parait d'une couronne de ros Avec la couronne , iln’y avait plus de. vieillards ‚one toujours jeune avec des fleurs sur le front et une longue robe flottante ; aussi les anciens ne connaissaient-ils pas cet étre tremblottant , souflreteux, catarrheux, ridé, ratatiné que nous nommonsun vieillard. Je ne parle pas d’Aleibiade , il changeait de couronne trois fois par jour. C'était le premier coiffeur d'Athènes qui venait la lui placer sur la tet 1 y avait des fashionables qui portaient leur couronne à droite ou à gauche, en avant ou en arrière; les uns la posaient d’un air c ne sur un seul côté, les autres l’enfoncaient bien sur les oreilles pour se garantir des rhumes de cerveau. Ceux- là étaient les propriétaires, les rentiers du Marais , les bonnets de coton de l'antiquité. LES COURONNES ET LES GUIRLANDES. 69 Quand tous les convives avaient des couronnes de fleurs sur la té , un diner triste était impossible. Les fleurs portent & la gaité; aussi ni à Rome ni à Athöneson ne connaissait Pusage des diners oflicieis. Ils ne sont permis que depuis la suppres- sion des couronnes. IL faut convenir aussi que l'invention des lunettes a rendu bien difficile l'usage général des couronnes. Les myopes, les presbytes feraient un effet assez ridicule avec leurs besicles sur le nez et leurs fleurs autour de la e. Ce serait atroce avec des lunettes bleues et vertes surtout. Mais tout le monde n’est pas myope ni presbyte. e blason s'empara de la couronne primitive , il copia les fleurs, qui devinrent des fleurons; le moyen-age vit naître la couronne royale, la couronne princière , la couronne ducale , , de comte et de baron; mais ces couronnes celle du marqui étaient en or, leurs flet rs étaient des perles ou des diamants, Louis XIV fit disparaître complètement ces couronnes : aucune d'elles n’était ez large pour tenir sur une perruque. Cependant il maintint la couronne de laurier. Voyez les portraits et les bustes du temps, Villard, Condé, Turenne : la tenue officielle du temps est pour les militaires une cuirasse, une perruque et une cou- ronne de laurier. Pas de statue équestre du grand roi qui Wait it aussi aux sa couronne de feuilles vertes sur la tête. On lai déesses le privilége de la couronne. A Versailles toutes les muse sont couronnées de fleurs. La poudre fut un inconvénient qui fit abandonner la couronne 70 LES FLEURS ANIMÉES. par les beautés du dix-huitième siècle ; en revanche la guirlande jouit d'une immense faveur à cette époque : les bergers de Wat- teau ornaient de guirlandes la chaumière de leurs bergères ; les dames de la cour portaient des guirlandes sur leurs paniers. La guirlande, à tout prendre, ne manquait pas de charme, elle prenait toutes les formes, se prêtait à toutes les métamor- phoses. Souple, flexible, serpent embaumé, elle caressait | contours d’une jolie taille, elle retombait sur de blanches épaules, elle suivait les sinuosités d'une robe de gaze. Et puis elle a donné un joli mot à la langue française, un mot amical, harmonieux, câlin, enguirlander ! On put croire un moment que la couronne allait reprendre son antique suprématie lorsque vint la restauration du costume grec sous le Directoire. Espérance vaine ! les femmes hardies qui ne craignirent pas de ressusciter la tunique et le cothurne, reculèrent devant la couronne, Au lieu de fleurs, quelque temps après, le beau sexe se couyrit dune perruque blonde. Les brunes les plus prononcées étaient obligées elles-mêmes adopter la couleur à la mode. Par quel bizarre caprice, par quelle étrange suite d'idées les femmes en étaient-elles venues à renoncer à un de leurs plus précieux ornements, la chevelure ? Était-ce une manière indirecte de se prononcer en faveur de l'ancien régime, en rappelant la perruque, un moyen détourné de provoquer une réaction ? Cen était fait des couronnes; depuis elles ne se sont plus relevées. On en porte bien encore quelques-unes dans les bals, mais elles sont rares, Je plus souvent en fleurs artificielles, et LES COURONNES LES GUIRLANDES. 7 ressemblant bien plutôt à des diadémes qu'à des couronnes, Une guirlande complète n'est pas admise non plus sur une robe de bon goût; on jette çà et la quelques bouquets sur la gaze, au hasard, et comme sans s'en apercevoir, mais on n'a pas le cou- rage de la guirlande. Il y a certains pays cependant où | genre trumeau existe en- core. Au 4" mai, les jeunes gens dressent des mats enguirlandés devant la fenétre de jeunes filles, ils parent de, guirlandes la porte de leur maison; mais c’est là un usage de paysans qui ne tire nullement à conséquence. On se donne bien encore de temps en temps le divertissement de couronner une rosière dans les environs de Paris, on lui donne en fait de couronne une médaille d'argent ou bien une dot de cing-cents fr: nes, Les rois eux-mémes ne portent plus de couronnes; le dia- déme est un mythe , une fiction. Qu’est-ce qui a vu un sceptre ou un trône? A quoi serviraient les couronnes royales? on ne sacre plus les rois. Depuis l'abolition des couronnes, les hommes et les femmes n'ont plus aucun moyen de témoigner leur douleur en public, Les uns sont réduits à mettre leur mouchoir sur leur visage, | autres s’évanouissent. Sophocle faisait répéter une de ses tragé- lé. Aussitôt dies, lorsqu'il apprit la mort déplorable d'Euripide exi le poète quitta sa couronne, et tous les acteurs l'imitèrent en signe de deuil. Cléagène, la rivale d’Aspasie, rendait le dernier soupir pen- LES FLEURS ANIME dant que celle-ci donnait une fête magnifique à l'élite de la j nesse. On Pinstruit de la situation désespérée dans laquelle se trouve sa rivale. Par un mouvement spontané, Aspasie arrache sa couronne de roses, et la foule aux pieds. Les conyives suivent son exemple, et la fête est abandonnée Aujourd’hui chacun lèverait les bras en Pair, crierait : O ciel! -il possible! cette pauvre Cléagène, il my a pas trois jours que je l'ai rencontrée aux Champs-Élysées. Voyez comme tous ces grands bras, ces grands cris, sont éloignés de l’éloquente simplicité du geste d’Aspasie et de ses amis. Ils enlèvent leur couronne. Cela dit tout. Combien les femmes ne gagneraient-clles pas à remplacer le moderne et disgracieux chapeau par de fraîches couronnes ! Tôt où tard elles reviendront à cet ornement si simple et si complet. Jeunes filles, épouses, matrones, nobles, femmes du peuple, on portera des couronnes selon son âge et sa condition ; on verra disparaître le bonnet de percale, de gaze ou de tulle, mille fois plus absurde que le chapeau. En attendant cette révolution, que nous appelons de tous nos vœux, la couronne proserite ne trouve plus d'asile que sur le cercueil des enfants, des jeunes filles, et sur-la croix noire des tombeaux. LE RSS Le jasmin est la fleur que j'aime; elle est embaumée comme l'haleine des houris. Quand j'étais riche j'avais dans mes vastes jardins des bosquets de jasmin qui s’arrondissaient en berceau; leurs feuilles blanches tombaient sur les épaules noires des almées qui dansaient de- vant leur maître étendu sur des coussins de soie. Mainténant je suis pauvre, etle jasmin, mon ami, entoure ma fenêtre et la protége contre les ardeurs du soleil. La démarche d’Hendié était légère comme si elle descendait une pente. Sa taille était flexible comme la tige d'un palmier, et sa joue polie comme une surface d'argent. Son sourire me paraissait plus brillant que la frange dorée qui entoure un nuage éclairé par la lune. erge aux lèvres fraîches, que de fois je me suis glissé pour He 10 7h LES FLEURS ANIMÉES, chaient la terrasse de la maison te voir derrière les jasmins qui de ton père! mln Le jasmin est blanc comme le lis, il est rouge comme la g ; nade, il est couleur d'or comme le soleil. Le jasmin prend toutes les couleurs pour se faire aimer. Qui n’aimerait pas le jasmin? 1 C'est la tente des amants, Ja joie des abeilles, le charme des yeux, le parfum des nuits sereines, Il chasse les Djinns des toits qu'il abrite; Bulbul aime à lui o dire ses plus douces chansons. O Jasmin, tu as protégé mes jeunes amours, tu verses ta frat- cheur ré ur ma. vieillesse ; ton odeur me rajeunit tes fleurs jouissent ma vue! J'ai coupé ce matin une de tes branches, et la fumée du tomback qui la traverse en sortant de mon narghilé, me semble plus parfumée. Que les Péris te protégent et viennent elles-mémes, chaque matin et chaque soir, ranimer tes fleurs de leur souffle ! EURS CEANGEES EN 3 > jeune Kao-ni se promenait un jour dans la campagne avec son maitre, le savant Kin. Tout-à-coup, le jeune homme, qui cueillait des fleurs, s'arrêta en poussant un cri. Le maitre aceou- rut avec toute la rapidité que permettait son grand âge. —Qu'avez-vous, monfils, lui demanda-t-il, que vousest-il arrivé "ai cru cueillir une fleur, répondit Kao-ni, et en me. bais- sant, j'ai vu que j'allais mettre la main sur un scorpion. Il faut que j'écrase cette vilaine bête. — Le vieillard le retint. — Arretez, reprit-il ensuite, ce que vous avez pris pour un animal est bien véritablement une fleur : on l'appelle Katong- ging. Neuf pétales forment sa couronne ; deux forment les an- tennes, six les pattes, et la neuvième, très allongée, représente la queue. Voyez, ne dirait-on pas un scorpion? Kin se baissa, et prit la fleur : il voulut en suite la passer à son élève, mais celui-ci la repoussa avec dégoût. — Que la nature est bizarre, s'écria-t-il, donner une forme si hideuse à une fleur ! Alors, Kin pour le reprendre et lui montrer la légèreté de ses paroles, lui raconta l’histoire suivante : — Il wy a point de bizarrerie dans la nature, mon fils; tout ce que nous voyons a une cause, même les fleurs qui ressem- blenta des scorpions. Le Katong-ging a des sœurs qui partagent son triste sort : on s'éloigne avec terreur de Pophryse qu'on 76 LES FLEURS ANIMEES, dirait préte & vous piquer de son dard, comme une guépe. Une autre ophryse offre une si frappante analogie avec l'araignée, = que les mouches Pévitent avec soin, et quelle inspire du dé- goût à l'homme. Il existe dans la famille des orchidées des plantes qui offrent l'image d'un serpent ou d'un scarabée. Voici ce que rapportent les livres de la science au sujet de ces étrange métamorpho Les flew es sous les lois d’une Fé sont placé > qui préside de tout temps à leur destinée. Les fleurs ont une âme comme les hommes, et elles sont récompensées par la Fée, selon leurs + bonnes et leurs mauvaises actions. A celles qui sont soumises et ervées, elle accorde > soleil ses caresses plus nies que et la rosée, plus fraîches que la brise. Aux fleurs qui bravent ses lois , elle envoie des insectes qui les dévorent vivantes, des lèpres qui les dessöchent sur leur tige, car la Fée se montre sé- vere quelquefois. On n’a jamais pu savoir le crime commis par | les ophryses et les orchidées ; ce qu'il y a de sûr, c'est que la Fée leur fit prendre, il y a plusieurs siècles, la forme qu’elles ont aujourd'hui, qu'elles doivent conserver jusqu pillon devienne amoureux d'elles. Kao-ni écouta cette histoire avec attention. — Pauvre Katong-ging, dit-il en regardant la fleur d'un air tri te, quand finira ton supplice ! Jamais, sans doute. Un scor- pion peut-il se faire aimer? — Ne désespère pas de l'amour, mon fils, reprit le vieillard , et médite bien lens gnen ont qui se cache dans ce que je viens de t'apprendre, Dard, venin, laideur , vices , défauts, méchan- LES FLEURS CHANGÉES EN BETES. 77 cetés, pour dépouiller son ancien enveloppe, il suffit souvent de se sentir aimé. Le Katong-ging était une petite fleur azur qui se balançait sur une tige svelte et élégante au bord des rivières. Elle ¢ jolie ; elle paraissait bonne, douce, honnète. Elle inspira de la confiance à une Libellule bleue qui habitait les mêmes parages que le Katong-ging. Si le jour la pauvre demoiselle avait beaucoup de peine à échapper aux attaques des hirondelles qui écumaient les bords de la rivière, la nuit c'était bien pis encore; les lézards, les araignées, les chauves tous les rödeurs nocturnes lui faisaient une rude guer Elle était obligée de se tenir cesse sur le qui-vive, et de ne dormir que d'un œil ; ce qui devient fatigant la longue. La Libellule raconte ses chagrins au Katong-ging. —Ma chère demoiselle , lui répondit la fleur, que ne parliez- vous plus tôt, je me so it un plaisir de vous offrir un abri où vous pourr z dormir tout à votre aise. Quand la nuit sera venue, posez-vous sur moi, vos ailes et mes feuilles sont de la même couleur, Je défie tous les lézards, toutes les araignées et toutes les chauves-souris de la terre, de vous reconnaître quand nous serons ainsi confondues, d’ailleurs au moindre danger je vous réveillerai ; nous autres fleurs nous avons le sommeil si léger. et de bénir La demoiselle de se confondre en remerciemen le ciel qui lui avait envoyé une voisine si charitable. Mais le Katong-ging avait ses projets. Un jeune ver luisant habitait une touffe d’herbe à ses pieds , 78 LES FLEURS ANIMÉES. et chaque soir il essayait de grimper sur la tige de la fleur, afin de sortir de l'obscurité , et se récréer à la vue de son reflet jouant dans l’eau tranquille. Le malicieux Katong-ging secouait sa tige dès qu'il voyait le ver luisant parvenir presque au terme de sa course ; et linfor- retombait dans Vherle. Tı ou quatre fois il recommen- çait son ascension, toujours même manége de la part de la fleur. Ce jour-là le Katong-ging appela le ver luisant, et lui dit de grimper et de se cacher sous des feuilles, en même temps il s'inclina pour faciliter l'ascension. Que cette fleur est bonne fille, pensa le ver luisant en s’en- roulant commodément autour de sa corolle, maintenant la nuit peut venir, je me verrai dans l’eau. La nuit vint, et la demoiselle aussi, elle se posa sur le Katong- ging, et fatiguée de ses insomnies précédentes, elle s'endormit. Le ver luisant attendait avec impatience que la lune fût cou- chée, el ne voyait qu'un glacis d'argent sur l’eau. L'obscurité remplaça le clair de lune. Aussitôt le ver luisant de briller, et les chau: ouris d’accourir. Le malheureux fut noyé ainsi que la demoiselle dont il avait signalé la présence. Le Katong-ging , hypocrite Katong-ging, heureux du mau- vais tour qu'il venait de jouer, poussa un petit éclat de rire. La Fée aux fleurs qui savait tout ce qui s'était passé, se sentit tellement indignée qu’elle changea la fleur en scorpion. LES FLEURS WA Il ne faut pas confondre les fleurs politiques et les fleurs nationales. Ce sont deux choses bien différentes, La rose rouge et la rose blanche furent des fleurs politiques en Angleterre. Elles n’ont jamais été nationales, En France nous avons eu la violette. Qui le croirait? la simple et modeste violette fut un moment séditieuse, elle mit le nez dans la politique; se fit condamner à l'amende, à la prison, que sais-je encore? Le naturel a repris le dessus, au- jourd'hui la violette est une sage et honnête fille qui redoute de faire parler d'elle. C'est par suite d'un malentendu que le lis est passé à l’état de fleur nationale. On a pris pour des fleurs de lis les fers de lance que nos anciens rois portaient sur leurs drapeaux. Cette erreur , comme tant d’autres, est devenue une vérité. La poésie verra toujours les lis là où Pérudition s’obstine à signaler des fers de lance. Il y a des gens qui voudraient ranger le myrte et le laurier Ge sont de vieux académiciens. parmi nos fleurs nationales. 80 LES FLEURS ANIMEES. Nous n’en finirions pas si nous voulions faire l’histoire des fleurs politiques. Presque toutes Pont été plus ou moins. Il ya encore des provinces où une faction politique arbore un œillet blanc à sa boutonnière , l’autre un eillet rouge. L'ancien dra- peau de France était blanc. L’uniforme du premier Consul était rouge. France nous possédons une fleur nationale dont personne ne peut contester les droits; son origine se perd dans la nuit des temps. Cette fleur , c’est la verveine. Elle me rappelle Velléda , la pale et touchante prétresse, les mystérieuses profondeurs des forèts où vivaient nos pères. Je vois la druidesse danser autour de la plante magique, puis se baisser el la couper avec une faucille d'or qui brille aux rayons de la lune, j'entends les chants des Eubages se mêlant au bruit du vent dans les bois. Qui dirait, à voir cette petite plante si simple, si gracieuse, si timide aujourd'hui, qu'elle a joué autre- fois un rôle si terrible, si important ? Nous parcourons vainement le blason et les annales des autres peuples; il n’y a que la France qui possède des fleurs nationale C'est ce qui prouve que nous sommes avant tout une nation de sentiment et de poésie, quoique bien des gens S'obstinent à ne nous accorder que de l'esprit. LES NOMS DES FLEURS 'EMMES. 11 my a pas de fleur qui wait un joli nom. Je ne parle pas de ceux que leur donnent les savants. Ceux-là personne autre que les savants ne veut les apprendre. Le caractère de chaque fleur se lit pour ainsi dire dans son nom. Est-il quelque chose de plus frais, de plus vermeil, de plus souriant, que ce mot: Rose ? Guimauve, ces trois syllabes ne rappellent-elles pas à l'esprit quelque chose de doux, de salutaire, de bienveillant, j'allais même dire d'émollient. Lis, il me semble que la grâce et la majesté de la fleur elle-même respirent dans ce mot fis. si court, et qui se prononce cependant d'une manière si mélo- dieuse. Liseron , ne voyez-vous pas tout de suite quelque chose de vif, de coquet et de bon enfant en même temps. L’harmo- nie du mot tubéreuse a quelque chose de lent, de monotone d’endormant ; et me fait l'effet d’un narcotique. Lilas! cela a quelque chose de jeune, de frais, d'amoureux qui réjouit le cœur. Tilleul ! on dirait entendre le joyeux cliquetis de ses feuilles agitées par le vent. Pivoine ! cela est éclatant , sonore mais sans majesté. Voulez-vous un nom qu'il soit impossible de prononcer sans être attendri? Primevere ou Pervenche. — Marguerite : Est-ce la fleur qui a donné son nom à la femme. ou la temme à la fleur? Lianes, charmant dérivé du mot hen. Geramum est ML. 11 LES FLEURS ANIMÉE fort joli quoique latin; il y a un peu de tristesse dans ce nom. Grâce, bizarrerie, bonté, orgueil, k èreté, bonhomie, tout cela est dans le Coquelicot. Ananas, fraise fondant dans la bouche; noisette, craque sous la dent. Mais n’allons pas nous perdre dans is le fruit. Si fav trouver un nom dans un roman pour un être frivole, paresseux, incapable de rien de sérieux, gobemou- che, flaneur, je l'appellerais maître Baguenaudier. suppri- mant la première syllabe de mélancolie, on fait ancolie. Clématite, Accacia, Achante, Adonide, Aloés, Amarillys, Amarante, Anemone, Balsamine, pardonnez-moi, fleurs , dont + j'oublie les noms délicieux : mais Aubépiné ! que je Wai pas citó, et Bleuet, et Fougere, et Églantine, et Héliotrope, et Jasmin, et Muguet, Réséda, et toi bonne et grosse Coquelourde. Je ne concois pas que les femmes s’obstinent à aller chercher des noms dans Palmanach, quand elles en trouveraient de si f jolis dans la nature. Pourquoi ne pas demander des noms aux fleurs ? on pourrait ainsi suivre l'analogie du nom avec le carac- tère ou avec le corps de la personne. Pourquoi n'aurions-nous pas mademoiselle Fraise, mademoiselle Clématite, mademoi- selle Bleuet, mademoiselle Pervenche, commes nous avons ma- 1 ? demoiselle Rost et mademoiselle Marguerite Si j'avais une fille, je voudrais quelle s’appelat Aubépine. Ce progrès est bien simple, bien ai & à accomplir, et pour tant qui sut quand il se réalisera? Les femmes S'appelleront H=- bien longtemps Pétronille, avant qu'une seule se décide à se nommer Réséda. Au sommet du vieux donjon croissait une giroflée. Un pri- sonnier la voyait de sa fenêtre. C'était sa joie, sa consolation, son unique espérance. Il l'aimait comme on aime une femme. Le printemps, le soleil, Pair, la liberté, la giroflée était tout cela pour lui. Elle lui souriait du haut de son créneau, elle balancait gracieusement ses petites tiges devant lui ; elle se penchait sur la noire muraille comme pour lui donner la main. La nuit, s’il entendait gronder l'orage, mugir le vent, tomber la pluie, il tremblait pour sa giroflée. Son premier soin, le matin, après avoir fait sa prière, était de regarder du côté de sa chère fleur. La giroflée avait déjà oublié l'orage. Elle secouait ses feuilles mouillé comme un oiseau secoue ses ailes. En un clin d'œil ia toilette était achevée, et elle prenait des petits airs coquets en regardant le soleil. Quelquefois la giroflée amenait des amis au pauvre prisonnier ; tantôt c'était un papillon qui venait voltiger autour de ses bar- reaux, après avoir rendu visite à la fleur; une abeille qui faisait entendre & son oreille son doux bourdonnement; un petit oiseau 8h LES FLEURS ANIMÉES, des champs qui, fatigué de son vol , s'arrêtait pour se reposersur les branches de la giroflée. Quant l'hiver arrivait, le prisonnier n'avait plus d'amie. Quelquefois il voyait passer les hirondelles devant sa prison : «Hélas ! disait-il alors, les hirondelles sont de retour, et la giroflée ne revient pas. Elle m'a oublié, comme tous les autres! » Mais aux premiers rayons du soleil de mai, un beau matin, en se ré veillant, la giroflée le saluait du haut de la meurtrière ; et bien- tot revenaient avec elle les amis du prisonnier, le papillon, l'abeille et le petit oiseau des champs. Il y a ait dans la vallée un homme qui passait toute la jour- née dans les champs, une grande boîte de ferblanc passée en bandoulière; il la rapportait le soir au logis pleine d'herbes, de fleurs, de plantes de toutes sortes, II croyait aimer les fleurs pa e qu'il était botaniste. Parce qu'il les étiquetait, les rangeait, les classait par taille, par sexe, par famille, par catégorie; parce qu'il leur donnait latins, Pinfáme ! des non Un jour qu'il était fatigué de ses courses, notre homme s'ar- . Comme réta au pied du’ vieux donjon où se trouvait le prisonnie il portait son mouchoir à son front pour essuyer la sueur qui en découlait, il leva la tête et avisa la giroflée. — Oh! oh s'écria-t-il, voilà une giroflée qui fera bien mon affaire, mon voisin et antagoniste Nicolas n’en a pas d'aussi belle dans sa collection, tachons de nous emparer de celle-ci. Mais comment faire Le donjon était fort élevé; impossible de l'escalader. Notre P I y KENN > LA GIROFLÉ 85 homme jeta les yeux autour de lui. IL vit que la tourelle tou- chait à une espèce de rempart à demi-ruiné; que du haut de ce rempart, on était à peine séparé de quelques pieds de la plate- forme. 11 commença son ascension. Quoiqu’on fùt au plus fort de la chaleur du jour, l’idée de jouer un bon tour à son voisin Nicolas lui donna du courage. uL Le prisonnni contemplait sa giroflée dans une de ces extases muettes qu'on n’&prouve qu'auprès de la femme qu’on aime. Tout à coup, il vit une ombre se dessiner sur le mur, et un homme apparaître sur la plate-forme. TI marchait résolument vers la giroflée. A la boite dont il était armé, le prisonnier re- connut un botaniste. Quand il fut près de la plante, il se mit en devoir de Parracher. — Arrête, malheureux, lui cria le prisonnier tu as un cœur sensible, i les malheurs de tes semblables peuvent te toucher, respecte cette fleur, c'est elle qui me soutient, qui me console, qui m’empéche de mouri — Voilà un pauvre fou qu'on a bien fait d’enfermer, mur- mura le botaniste, et il reprit son œuvre. — Infäme, continua le prisonnier, Dieu te punira. Le botaniste s'était mis debout sur la plate-forme, les racines de la giroflée étaient fixés en dehors du mur. Elles tenaient ferme. À un violent effort de notre homme la plante céda ce- pendant, mais elle ne vint pas seule. Elle entraina le botaniste dans sa chute, 86 LES FLEURS ANIMÉ Ce que c'est que d'oublier les lois de 1 équilibre quand on herborise sur les vieux donjons. La Providence avait vengé le prisonnier. Bien plus cruellement encore qu'on pourrait se Pimaginer, car le botaniste n'était pas tué sur le coup. NE II poussa des cris affreux. Des paysans accoururent, le miz rent sur un brancart, et le transportèrent chez lui. Le médecin déclara qu'il fallait lui couper les deux jambes. Après mare dé- libération, cependant il se contenta d’une seule jambe. Le botaniste guérit, mais il ne put plus se livrer à l’herbor sation. Il eut le crêve-cœur de voir tous les matins passer son voisin et antagoniste Nicolas la boîte de ferblanc sur le dos. Nicolas herborisa tellement qu'il fut nommé membre de l’Académie. Son voisin en eut la jaunisse. y. Quant au prisonnier, il tomba dans un morne accablement. 11 lui sembla qu'en perdant la giroflée, il avait perdu une seconde fois la liberté. L'hiver vint, triste saison, pendant laquelle, du moins, il ne songeait pas à sa plante chérie; mais au printemps, un matin que les rayons du soleil pénétraient dans son cachot, il ne put s'empêcher de lever ses yeux baignés de larmes sur le donjon. Une autre giroflée se balancait sur sa tige, et disait bonjour au pauvre prisonni } l LE THÉ ET LE CAFÉ. La fleur de café voulut un jour faire le voyage de Chine pour aller rendre visite à sa sœur la fleur de thé. Celle-ci la recut avec une bienveillance dans laquelle percait un léger sentiment de supériorité. Pour la fleur de thé, en effet, le café n’était qu'une fleur bar- bare avec laquelle elle consentait à entrer en relations malgré la distance qui sépare une Chinoise civilisée d'une étrangère encore plongée dans les ténèbres de snorance. Mais la fleur de café avait trop de finesse et de pénétration pour ne pas Sapercevoir de cet accueil, et en méme temps trop de fierté pour le supporte: — Ma chère, ditelle à la fleur de thé, quand elles se trou- ve rent seules, vous prenez avec moi des airs qui ne me convien- nent nullement, sachez que je n'ai pas besoin d'être protégée et que je vous vaux bien de toutes les faco La fleur de thé, haussa dédaigneusement les épaules. Ma noblesse, ré; 'pondit-elle, est de six mille ans plus veille que la vôtre, elle date de la fondation même du royaume de Chine, qui est le plus ancien des royaumes connus. — Qu'est-ce que ce a prouve — Que vous me dey z du respect. 11 faut vous dire que cette conversation avait lieu autour d’une petite table en laque sur laquelle étaient déposées une cafetiè e LES FLEURS ANIMÉES. et une théière. Les deux fleurs avaient fréquemment recours à l'éxcitant déposé dans ce récipient pour animer leur verve. — Vous étes si fade, s'écria le café, que les Chinois eux-mêmes ont été obligés de vous abandonner pour Popium. Vous n'êtes plus pour eux un excitant, père de doux rêves, mais une simple boisson de table, comme chez nous le cidre ou la petite bière. "ai conquis, répliqua le thé avec vivacité, un peuple qui a vaincu les Chinois. Je règne en Angleterre. — Et moi en France — J'ai inspiré Walter Scott et lord Byron. — J'aianimé la verve de Molière et de Voltaire. — Vous êtes un poison lent. — Et vous un vulgaire digestif. La fleur de thé reprit: — Dans Pharmonieux murmure de la bouilloire , on croit entendre chanter les esprits du coin du feu, ħa couleur ressemble aux cheveux d'une blonde, je suis la poésie du Nord mélancolique et tendre. — J'ai le teint noir des filles du Tropique, répondit la fleur de café, je suis ardente comme elles, je me glisse dans les veines commeune flamme subtile, je suis l'amour du Midi. — Tu brüles, moi jé console. — Je fortifie tu fais languir. — A moile cour, — A moi la tête. Les deux fleurs exaspérées allaient se prendre aux feuilles, lorsqu'elles convinrent de s'en rapporter à un tribunal mi-parti de buveurs de thé et de café. Ce tribunal siége depuis des siècle il wa pu encore formuler un jugement. LA MUSIQUE DES Ceux qui aiment les fleurs aiment aussi la musique. Que sont les rapports qui lient entre eux ces deux instines? L'harmonie des tons ne répond-elle pas à l'harmonie des couleurs? qu'on nous laisse croire que le résultat, l'air de cette double harmonie, c’estle parfum. Ne vous est-il pas arrivé bien souvent en écoutant une mé- lodie, de voir naître en vous le souvenir de certaines fleurs ? Weber nous transporte au fond des bois parmi les pudiques marguerites et les chastes violettes. Rossini au milieu d’un par- terre où s’étalentl es cent variétés de la rose. L’ Beethoven semble sortir d'une de ces haies où Paubépine, le seringa, le sureau, le genévrier, mêlent leurs fleurs variées et leurs odeurs. Lorsqu’on chante devant nous un opéra de Donizetti, ne croyez-vous pas voir s'élever une de ces pivoines éclatantes qui brillent un moment et dont les fleurs sont si vite flétries? La musique d’ Halévy rappelle le camélia. Celle d’Auber rap- pelle ces convolvulus si flexibles, si gracieux, qui se plient à toutes les exigences, qui flottent au gré de tous les vents. En entendant une mélodie de Schubert, il semble qu'on se pro- mène le soir au clair de lune sur un cóteau tapissé de bruyè u. 90 LES FLEURS ANIMEES, De même en respirant une fleur vous sentez s'élever dans votre cœur de vagues réminiscences musicales. Il est impossible de se r long prom aps seul au milieu des fleurs sans avoir envie de chanter. Une femme trouve qu'elle chante mieux quand elle a un bouquet à la main. Qui de nous dan le recueillement d'une belle nuit, au milieu des bruits étoullés, des murmures mystérieux qui s'élèvent du sein des eaux, de la te et des bois, n'a pas démélé distincte- ment le chant varié des fleurs. La cavatine brillante de la ros racontant ses amours. Le saint cantique du lis. La chaste ro- mance de la violette, Aux ansons isolées succédait un concert, toutes les fleu unissaient leurs voix dans un chœur ad on qui se perdait peu à peu dansles profondeurs du feuillage, sous les herbes issonnantes, dans l’espace où la brise venait les recueil- lir. Le son est invisible, insaisissable , comme le parfum. Le parfum flotte , pénètre, s'échappe comme le son. L'un est la musique de l'homme, l'autre est la musique de la nature, la voix des fleurs, Il y a des gens qui ont révé une gamme des parfums. Tous les rêves sont dans la nature et dans le cœur de Phomine. Por celui qui a entendu une seule fois le concert dont nous venons de parler, les concerts ordinaires n’ont pas grand charme. Le chant humain ne lui paraît qu'un faible et terne reflet des mélodies de la nature. I à musique ordinaire ne sert plus qu'à lui faire souhaiter plus ardemment les beautés idéales et mystérieuses de la musique des fleurs. LE JOUR DU LILAS Le lilas s’ levé de bonne heure ce matin, il a mis sa robe de fête, il s'est entouré de guirlandes , voyez les jolies fleurs qui brillent dans ses cheveux. II n’y a pas de fleur plus aimable que le lilas, un léger incarnat colore ses joues blanches, elle a la taille souple et flexible; sa physionomie candide a cependant un petit air espiègle qui fait plaisir. Bonjour, charmante fleur. Où vas- tu, joli petit lilas. — Le printemps est venu ce matin me dire : ré- veille-toi, tu dors encore paresseuse ; n’entends-tu pas le chant de l'alouette? Viens m'aider dans mes travaux. Que de choses nous avons à faire ensemble ! Le ruisseau emprisonné par la glace va redevenir libre, ne faut-il pas qu'il retrouve ses bords couverts de mousse? A sa vue, la mousse a reverdi, la rose, piquée d'é- mula ion, s’est entr'ouverte ; le saule s’est paré de feuilles ver- doyantes ; le rossignol est venu se poser sur une de ses bran- ches, et de ses chants joyeux il a salué le lilas. Le lilas attire les jeunes gens et les jeunes filles, C’est la fleur confidente de la jeunesse. Que de secrets on laisse envoler sous son ombre ! Mais le lilas est discret, il ne trahit jamais les secrets qu’on lui con- fie. Qui s’est jamais repenti d’avoir ouvert son cœur au lilas ? Sa présence vient d'être signalée dans les champs. Aussitôt la porte des chaumières s'ouvre, mille figures joyeuses paraissent 92 LES FLEURS ANIMÉES. aux fenêtres. On court au devant de la fleur. C’est à qui la sa- luera des premiers. Les vieillards lui sourient de loin; filles et PA reons, S'empressent autour d'elle. C’est une grande fête dans g la campagne, c'est le jour du lilas. Les cœurs se I la promesse donnée. Le lilas leur a rapporté à tous leurs engage- sentent plus à ise depuis que la fleur est de retour. C’est le moment de tenir ments, il a rempli Pair d’un parfum de paix, de bienveillance et d'amour. Il a séché toutes les larmes ; personne ne pleure en présence du lilas. La fleur cependant continue sa course. Par- tout, elle réveille les lilas ses sœurs, les autres fleurs ses com- k pagnes. Des grappes d'un rose bleuâtre pendent le long des murs, se balancent au milieu des haies, frémissent au fond des bosquets. Le lilas veut consoler tout le monde. Un lilas blanc se penchait le matin sur le front d’Arnold lorsqu'il est venu prier sur la tombe de la pauvre Maria. Il m'y a qu'un jour du lilas dans l'année. On danse jusqu'au soir, on chante la fleur qui donne lagaité, a consolatrice printannière, la fleur qui ins- pire les douces pensées et fait naître l'amour. L'ombre s'étend sur le village, les danses et les chants ont cessé. Où vas-tu, pe- -tu furtivement ta chaumière ? tite Lotchen ? Pourquoi quitt Tu cherches, dis-tu, le lilas. Qu’as-tu done de si pressé à lui Le lilas a beaucoup travaillé aujourd'hui, il est fatigué, di il s’est endormi heureux, Fais comme le lilas, Lotchen. Demain on réveil, tu Ini diras ton secret ; mais je crois, pauvre petite, a que la fleur le connaît dé LA TUBÉREUSE ET LA JONQUILLE, Une jonquille et une tubéreuse causaient ensemble de bonne amitié. La jonquille s'était appuyée au rebord d'une fenêtre ; la tubéreuse assise sur un bane de gazon. Une vigne tapissait le mur et s'arrondissait sur la tête des deux fleurs. Un ramier chéri élevé par la tubéreuse se trouvait partager cet entretien. autre jour, disait la Jonquille, mon maitre, en me mon- trant à un de ses amis, s’est écrié : voyez celte jolie fleur, © le désir. — Moi, répondit la Tubéreuse, je suis la volupté. — J'aime bien mieux être le désir. — Cela vous plaît à dire, mais tout le monde n’est pas de votre avis. — Vous ne venez qu'apri moi. — Mais je vous fais oublier. — Sans moi vous n’existe- riezpas. Je vous fais naître. — Moi, je vous ressuscite. La conversation, comme on le voit, avait pris une tournure assez métaphysique. Le champ était vaste, et les deux fleurs pouvaient disputer longtemps avec des avantages égaux. Entre le désir et la volupté, entre la jonquille et la tubéreuse, ce n'est pas nous qui oserons décider. Heureusement, le Ramier n'é- prouvait pas les mêmes scrupules — Tout beau, mesdames, ne vous échaullez pas, dit-il, je vais juger le différend. — Vous , s’écrièrent dédaigneusement les deux inlerlocutrices. — Moi-même, répondit le Ramier , je ré mon air simple, et j'ai ne manque pas d'expérience, 1 longtemps réfléchi sur l'essence des choses. — Vous allez voir. — Voyons. 9 LES FLEURS ANIMÉES, La tubéreuse et la jonquille ne purent parvenir à réprimer entièrement un sourire ironique. — Pour vous juger, reprit le Ramier, je n'ai qu'à voir la ma- nière dont les hommes vous traite nt; la nature a pris soin de multiplier la jonquille ; elle abonde dans les prés, elle s’épanouit à côté des fleurs les plus simples. Son parfum est doux sans être enivrant. Sa tête penchée qui semble cachée sous un voile blanc, sa robe verte d'espérance charment le regard. L'homme aime à s'entourer de jonquilles. Sur la fenêtre du pauvre, sur la che- minée du riche ; partout, elle est bien accueillie. C’est que le désir plaît. — Quant à vous, madame la Tubéreuse , c’est autre chose. Vous êtes originaire de l'Inde , vous êtes fille de la terre d'où nous viennent tous les poisons. Vos grandes fleurs blanches lavées de rose séduisent, il est vrai, par leur beauté, mais leur parfum ne peut se sentir longtemps, En vous voyant pour la pre- mitre fois un charme puissant s'empare des sens, on voudrait se livrer tout entier au plaisir de vous respirer, mais bientôt une fatigue étrange remplace cet enivrement passager. On vous éloigne , on vous évite, on craint de vous approcher, C'est que la volupté tue. Il y a longtemps qu'on a donné la préférence à la joniquille sur la tubéreuse, Nous souserivons de grand cœur à ce juge- ment, mais nous craignons bien qu’on n’en conteste la validité. Les sages seuls sont de l'avis du Ramier. Le reste des hommes hésite encore entre le désir et la volupté. TUBEREUSE JONOUILLE G de GONET Editeur. LE BAL DES FLEURS. De joie de se trouver réunies après tant de vicissitudes , les premieres fleurs de retour se décident & donner un bal avant de reprendre leur forme primitive. La Fóc-aux fleurs avait fait construire une salle de bal magnifique; mais nous nous dis- penserons d'en donner la description, attendu que s fleurs n’y entrèrent pa Elles préférèrent danser en plein air. Il est vrai que le plein air au pays des Fées, ne ressemble nullement à celui de nos climats. Le ciel rapproché de la terre qu'il res mble à un plafond parsemé d'étoiles; le vent est caressant et léger; on dirait une gaze invisible. Les fleurs d’ailleurs cr ignaient , en se retrouvant dans un salon, d'être obligées de se rappeler la terre, Des milliers de lucioles, girandoles vivantes, trainaient par= tout comme une mouvante illumination. Rien n'était joli comme de voir ces insectes grácieux décrire sur la tête des danseuses leurs courbes lumineuses. Enfin l'orchestre commença, il était entièrement composé de rossignols membres du conservatoire de la Fée de la musi- que. L'oiseau bleu le dirigeait en marquant la mesure avec un bâton d'or inscrusté de diamants, Les musiciens jouèrent d'abord une contredanse, puis une polka, puis une walse, ainsi que cela s > pratique maintenant dans les salons du grand monde. Au bout de deux contredanses les fle urs se sentirent fati- 96 LES FEEURS ANIMÉ guées. Comment avons-nous pu voir un plaisir dans la danse, se disaient-elles avec étonnement? La belle-de-nuit elle-même ne comprenait pas la passion qu'elle avait eue pour les bal masqués. Tout ces pas, disait le lis, ne valent pas le doux balancement que m’imprime le zéphire. Elle a raison , répétèrent toutes ses compagnes , plus de , allons supplier la Fée de mettre fin à notre métamor- phose, et de nous rendre aux doux balancement du zéphire. La Reine-marguerite présidait en ce moment un immense galop; il fallut le rompre et se joindre aux autres fleurs qui s'avancaient vers la Fée. En reconnaissant leur ancien asyle le premier sentiment qu'elle éprouvèrent fut un sentiment de joie auquel. succéda bientôt la crainte. Quel accueil allait leur faire la Fée? Elles étaient parties malgré elle, sans vouloir écouter ses sages avertissements. Maintenant les trouverait-elles assez punies, consentirait-elle à les recevoir ? Aucune d'elles n’osait S'avancer pour sonner et se faire ouvrir la grille du jardin. Tout-2-coup la porte s'ouvrit comme d'elle-même à deux battants, et Pon vit paraître la Fée. Les fleurs tombèrent à ses genoux en versant des larmes, mais elle les releva avec bonté Entrez , leur dit-elle, pauvres enfants , venez reprendre au- près de moi la place que vous n'auriez jamais dù quitter. L'oiseau bleu était perché sur l'épaule de la Fée. Va, reprit- elle, gentil messager, retourne sur la terre, et guide vers moi les pauvres égarées quine savent plus retrouver le chemin de la patrie. ine Marfuerite © > à ro Ehrisantemnmes (D) À u G de GONET Editéur LA MUSIQUE DES FLEURS. 97 L'oiseau bleu agita ses ailes de Turquoise et prit son essor, Pendant toute la journée, la grille du jardin s'ouvrit et se referma plus de vingt fois, Les fleurs rentraient par bandes nombreuses. Le soir, deux ou trois retardataires seulement man- quaient à l'appel. Le bleuet et le coquelicot se présentèrent ensemble suivis du liseron qui avait beaucoup de peine à marcher. L'aubépine guidait la marche de la belle-de-nuit dont les yeux faibles ne pouvaient supporter la clarté du jour. Le lis, la rose, la capu- cine, le jasmin, le chèvrefeuille, l'œillet, Poranger, la perven- che, Paubépine, le grenadier, la violette, la pensée, la tulipe, la guimauve, Péglantine, le myrte, le laurier, le narcisse, Fanémone, toutes les fleurs dont nous avons raconté l’histoire avaient éprouvé le besoin de cesser d’être femmes, elles étaient venues en même temps solliciter le pardon de leur souveraine. Pas une qui ne revit avec délice les lieux où elle était née, pas une qui ne se rappelät avec une terreur mêlée de honte les heures qu'elle avait passées sur la terre, Bleuette et Coquelicot, les deux bergères, songeaient à la trahison dont elles avaient été victimes de la part des deux ber- gers si langoureux mais si infidèles. La Pensée maudissait les hommes qui, à l'envi les uns des autres, semblaient se faire un plaisir de la repousser, L’Aubé- pine frissonnait en pensant au sécateur. La Tulipe se deman- dait comment elle avait pu s'habituer aux ennuis du sérail. L'Églantine tremblait intérieurement quen punition de son I, 13 98 LES FLEURS ANIMEES, escapade, la Fée ne la forcát à lire les livres quelle avait com- posés du temps qu’elle figurait parmi les bas-bleus. La Capucine libre en plein air plaignait du fond de l'Ame les pauvres jeunes filles qu'on condamne à vivre dans un cou- i de suite des autres fleurs. pendant ne songeait pas à se venger, ainsi que PEglantine et quelques autres fleurs paraissaient le craindre, surtout en voyant qu’elle ne se hätait pas trop de leur faire quitter leur costume terrestre. La Fée avait son projet. Nous le révèlerons tout à l'heure. Lorsque la fraîcheur commença à descendre du ciel avec l'ombre, la Fée réunit toutes les fleurs dans son palais. — Mes filles, leur dit-elle, je pourrais vous faire de la morale, mais je m'en ‘dispense. Je lis au fond de votre cœur et je vois qu'il vous adresse lui-même une semonce que toutes les miennes ne vaudraient peut-être pas. Vous vous contenterez désormais d'être fleurs, j'en suis certaine, si cependant quel- qu’une d’entre vous voulait devenir femme tout-à-fait, elle ma qu'à le dire. Je donne ma parole de Fée que son souhait sera exaucé à l'instant. Un silence universel accueillit cette proposition. — Maintenant, reprit la Fée, allez vous reposer. Demain commenceront les fêtes par lesquelles je veux célébrer votre retour. C'est pour cela que je vous ai laissées conserver vos vête- ments humains. Tous les sylphes du voisinage y seront invités. Les fleurs crièrent : Vive la Fée ! et défilèrent devant elle, 11 y eut un baise-main général. ÁS ERRATUM Voici un chapitre que nous n’entamons qu’en tremblant. Méfions-nous des errata. On sait quand on le commence, et on ne sait pas quand on le finit. Cependant les droits de la vérité sont imprescriptibles. Il faut que nous nous accusions de nos erreurs. Encore si nous pouvions les rejeter sur un prote distrait, mais les fautes que nous avons commises ne sont pas des fautes d'impression. Elles touchent au fond même des choses, elles faussent leur signification morale, elles blessent la vérité historique, philo- sophique, mystique, que sais-je encore? Aussi n’avons-nous pas hésité un seul instant à nous exécuter de bonne grâce. Nous ne voulons pas, dans un ouvrage de cette importance, rester en arrière des idées progressives, et nous faire traiter d’écrevisses littéraires par la critique. La critique est sévère quand elle s’y met. 100 LES FLEURS ANIMÉES. Une foule de lettres anonymes nous ont été adressées dans le cours de cette publication. Les unes nous pc nt aux nues, les autres nous accablaient de 6 de ces lettres était foudroyante; le « Téméraires, craignez le courroux de Flor sacrifi critique? Nous savons qu'on nous à rep séances de l'Académie des seic usé d'un symbolis le laurier. Nous nous empre ces observations. Le lecteur esl avenus les deux Grace aux lumièr et après deux mois d myr- tes indiens, Grandville a fini par trouver nyrte ne pouvait pas mieux se représenter que par-un vieux roué, et le laurier par un vieux mousquetaire. Dans le congrès scientifique de Franc ou lieu cette année, plusieurs séances ont été consacrées xamen des Fleurs animées. La section de botanique, tout en constatant les services que ce livre est susceptible de rendre à la science, n’a point h à signaler une err de détail com- mise par nous. Le portrait que Grandville a donné de la belle- Olivier Belle de vult nmortell Myrte Taba LULL el 5 [D m ae | “l MINA U Y M G. de ONET Editeur ERRATUM. 401 de-nuit dans la 48° livraison, est celui d'une fleur qui appartient évidemment à la famille des liserons. Dans le dessin ci-joint, on trouvera la véritable belle-de-nuit telle quelle est décrite par Linnée, Tournefort, de Jussieu et de Candolle. Trop heureux si nous nous montrons dignes, par cette rectification, de la bien- veillance et des éloges du congrès scientifique. Un impardonnable oubli nous avait fait négliger, à côté du myrte et du laurier, de placer l'olivier. 11 était digne cepen- dant de figurer dans notre galerie allégorique. L'olivier est Tastre de Minerve; il représente la sagesse et la paix. Le le teur le reconnaitra sans peine sous son bonnet de coton. Dans cette jeune fille à l'allure vive et dégagée qui fume avec tant d’intrépidité le havane de la régie, nous avons personnifié le tabac, dont nous n'avions donné dans les livraisons précé- dentes que les attributs. Pour aller au-devant de toutes les objections, nous avons appliqué à l'immortelle le même procédé qu'au myrte, au laurier et au tabac. De l'emblème mort nous avons fait une créature vivante. Le dessin de l'immortelle qui figure dans le groupe joint à cette livraison, a été copié par Grandville dans les cartons de Phidias, récemment découverts à Athènes par un voyageur français. L'artiste grec complait sans doute en faire une statue de l'éternité. Maintenant que nous avons réparé les fautes, et comblé les lacunes signalées par la critique, il ne nous resterait plus qu'à nous féliciter d'avoir mené à bonne fin un ouvrage de cette 102 DES FLEURS ANIMÉES, importance morale, philosophique et littéraire. Le crayon peut Se reposer en paix, lui du moins n'a pas de remords, L'esprit, la verve, la grace, la finesse ne lui ont pas fait défaut un seul instant; mais hélas! la plume ne peut en dire autant; pardon- nez-lui, pauvres fleurs, qu'avait-elle besoin de vouloir vous faire parler, vous si éloquentes dans votre s lence. La plume C'est la bavarde du livre, le podte c'est le crayon. TAXILE DELORD. BOTANIQUE MODERNE Das DAS, PREMIERE PARTIE. — RÁ PHYSIOLOGIE. Les savants sont des tyrans impitoyables. Voyez ce qu'ils ont fait de la bo- tanique, cette charmante et gracieuse science! Ils avaient à dire l'histoire des arbres, des plantes, des fleurs! Leur mission principale paraissait être de faire répéter cette histoire par de jolies et fraîches lövres, sur lesquelles il semble qu'on ne doive mettre que des perles et des feuilles de rose. Eh bien ! sans pi- tié ni merci, ils se sont brutalement emparés de ces frêles el suaves filles du ciel et de la rosée; ils les ont froissées, mutilées; ils les ont jetées dans le et de l'étymologie, et après toutes ces effroyables tortures, et comme pour s'assurer l'impunité, ils ont caché leurs victimes sous un monceau de noms barbares. Ainsi, grâce à eux, l'aubépine , ce symbole d'espérance et de virgi- nité, gémit sous l'affreux nom de mespilus oxyacantha; le chèvre-feuille, ce doux lien d'amour, s'appelle lonicera caprifolium ; la giroflée des murailles, charmante consolatrice du pauvre, est à jamais marquée de ce double styg- mate cheirantus chieri; puis, ce sont des chrysanthemum leucanthemum (grande marguerite), des lyriodendron tulipifera; vaccinium oaycoceus , ete. Nous en passons des plus terribles. Tout cela est affreux, n'est-ce pas?.,. Malheureusement tout cela est né- cessaire, Admirer n'est pas connaître, el pour connaître, l'ordre et la méthode u. 14 106 LES FLEURS ANIMÉE sont indispensables. Comment, en effet, étudier les vingt mille espèces de plantes connues sans les diviser en groupes, familles, classes, ete.? Comment, au milieu de cette multitude, se passer des secours de l'étymologie? Pardon- nons done aux savants, qui n'ont fait qu'obéir à la nécessité, et entrons dans ce beau domaine dont ils ont dissipé les ténèbres. comme on le e t communément, le milieu Le rögne végétal ne tient pas entre les rè enes minéral et animal ;il se rapproche beaucoup plus de ce der- nier que de l'autre végéteaux, comme les animaux, naissent, vivent, s'accroissent, se reproduisent et meurent; quelques plantes même semblent douées de sentiment. On a donné à l'étude de ce règne le nom de botanique. SEMENC tion C'est pour elle qu'elle a varié ou GRAINE, — Le but que s'est proposé la nature dans la cré s animés, est la reproduction de l'espèci à l'infini des èt ces enveloppes protectrices destinées à garantir les fleurs des injures de l'air; c'est pour elle qu'elle mürit le fruits dont les sues alimentaires con- tribuent au développement et à l'accroissement de la semence, qui est à la fois la terminaison et le point de départ du grand œuvre de la y Lag que doit sortir une plante parfaitement semblable à celle qui l'a portée. Le igétation ne a des analogies très marquées avec l'œuf des animaux : c'est d'elle prolongement filiforme qui attache la graine A son enveloppe est destiné à lui transmettre des sues nourrieiers. L'embryon contenu dansla graine est la plante entière en miniature. C'est lui qui, e se développant, deviendra un végétal semblable à celui dont il tire son origine. L’embryon est essentiellement formé de quatre partie tigelle ‚la radicule, la plumule et les cotylédons. le mösofite ou la Le mésofite est la partie de l'embryon qui unitlaradicule à la plumule; la radi- cule s'échappe la première des enveloppes de la semence : c'est le rudiment de la plante; la plumule est la partie de l'embryon qui représente la tige; les coty- lédons forment la partie la plus considérable de l'embryon; ou corps charnus; leur nombre varie s sont des lobes Jon les plantes; quelquefois ils man- quent tout à fait. C'est sur leur présence , leur absence et leur nombre que Yon a établi les trois grandes tribus du règne végétal : Les plantes acotylédones, qui n’ont point de cotylédons ; Les monocolylédones, qui n’ont-qu'un seul cotylédon ; Les dicotylédones, qui ont plusieurs colyl&dons JERMINATION. — Ainsi, dans toute graine réside le principe de la vie, du dé- yeloppement, de la grace ou de la majesté. Mais ce principe dort, et son som- meil peut être éternel, si une main amie ne lui vient en aide. Il est vrai que la plupart des embryons enfermés dans ces œufs végétaux peuvent attendre BOTANIQUE DES DAMES 107 sans péril la circonstance favorable qui leur permettra d'en briser la coquille. Quelques graines, en effet, conservent pendant fort longtemps la faculté ger- minative : pour plusieurs, cette faculté existe encore plus d'un siècle après la maturité, et l'on assure que des graines trouvées, à Hereulanum et à Pompéi deux mille ans après que ces cités eussent été ensevelies sous le sol, ont germé cilement Et puis, à défaut de la main de l'homme, la nature, cette tendre mère, use de toutes sortes d'ingénieux moyens pour assurer la propagation des espèces; c'est ainsi qu'elle a doué certains fruits, tels que ceux de la balsamine, du s blier, d'un mouvement élastique qui lance au Join les semences : l'air, les vents, les eaux de la mer, des fleuves, servent aussi à transporter les semences à des distances prodigieuses. II n'est pas rare que la mer jette sur les côtes de la Norwège divers fruits de l'Amérique qui ont conservé leur propriété ger- minative, mal gré l'espace de temps considérable qu'a nécessité cette longue traversée. Certaines graines sont aussi transportées d'un lieu dans un autre par des oiseaux, el déposées sur un terrain favorable à la germination. Enfin, une foule de circonstances fortuitesaident encore à la propagation. C'est ainsi que les habitants de Vile de Guernesey se trouvèrent dotés d'une des plus belles fleurs du Japon : un vaisseau venant de ce dernier pays en France, apportait plusieurs caisses d'ognons d'une très belle espèce de liliacée, connue depuis sous le nom d’amaryllis de Guernesey. Ce vaisseau fit naufrage sur les côtes de l'ile; les caisses se brisèrent contre des rochers, et les ognons furent dissémi- nés sur le sable; ils s'y enracinèrent, s'y naturalisèrent, et devinrent, pour les habitants, un objet de commerce très lucratif Beaucoup de graines périssent cependant ; mais c'est Ià une nécessité, A rai- son de leur abondance qui est réellement prodigieuse ; ainsi, on en a compté jusqu'à trente-deux mille sur un seul pied de pavot, et l'on a calculé que si toutes ces semences réussissaient, elles couvriraient notre globe tout entier à la cinquième génération. Trois choses sont essentiellement nécessaires à la germination : la chaleur, Yair et l'humidité. Confiée à la terre dans ces conditions, la graine ne tarde pas à se gonfler; la vie commence : l'embryon déchire son enveloppe, et livre passage à la plumule à travers ses cotylédons écartés. La radicule se tourne vers la terre et produit en tous sens des fibriles. La radieule devient et reste le pivot de la racine; les fibriles en forment le chevelu. La plumule s'élève, nour- rie par les cotylédons dont la substance se liquéfie , devient laiteuse, et qui remplissent l'office de véritables mamelles, L'enfant est né, il grandit chaque jour; ses traits se dessinent, ses formes se dégagent; on voit encore un peu ce qu'il fut, et l'on commence à deviner ce qu'il sera LES FLEURS ANIMEES. Organes de la végétation. Racıyes. — Presque tous les végétaux sont formés de deux parties distinctes, la tige et la racine; la première, brillante de p l'atmosphère; l'autre, dépourvue d'éclat, $ complir obscurément ses fonction rure et de beauté, s'élève dans nfonce dans la terre pour y ac- véritable image des destinées diverses des grands et du peuple : ayant une même origine, l'un travaille et souffre au profit de l'autre qui s'étend et domine. C'est par les racines que les végétaux vivent : qu'elles e ner, ils s'étiolent et meurent. II y a des racines dont l'existence ne dure qu'un an; d'autres vivent deux ans; d'autres encore de trois à douze ans : la durée d'un certain nombre est illimitée. C'est ce qui a fait diviser les plantes nuelles, bisannuelles, vivaces et ligneuses. sent de fonction= n an- On divise les racines en trois classes : les fibreuses (fig. Ir) qui sont com- posées d'une multitude de jets long et filamenteux; les tubéreuses (fig. 2), qui irrégulières, charnues, contenant souvent une fécule abondante; et les pivotantes (fig. 3), qui s'enfoncent perpendicu- lairement dans la terre. Ces formes variées ne sont point un effet du hasard ; elles sont, pour l'ob- servateur, une preuve de la prévoyance de notre bonne mére commune, pr voyance qui se manifeste partout et toujours, et qui a donné nai proverbe : issance à ce A brebis tondue, Dieu mesure le vent. Ainsi, sur les montagnes, sans cesse assaillies par les vents, on ne trouve que des racines fibreuses, dont les ramifications pénè tuosités, s'y cramponnent et permettent aux tiges de braver les orages; les racines pivotantes se logent dans les terres fortes, profondes, et les ra béreuses s'étendent dans les terrains maigres et sablonneux. rent dans Jès enfrac- cines tu- Comme on à celle des racines; mais celles-ci, à leur tour, sont soumises à l'influence de la température. Le ricin, par exemple, qui dans les pays chauds forme des arbres ligneux, n'est dans notre climat qu'une plante annuelle; et nos plantes potagères, transportées dans les contré nt de le voir, la durée de la vie des végétaux est subordonnée s méridionales, y de iennent vivaces et ne peuvent plus être mangées. L'analogie est si grande entre les parties du végétal qui s'étendent sous le sol et celles qui s'élèvent au-dessus, que ces dernières peuvent devenir racines : par exemple, les filets pendants des branches du figuier des pagodes tombent BOTANIQUE DES DAMES. 109 jusqu reviennent au s terre, s'y enracinent en trés peu de temps: ce sont des enfants qui n maternel Tics. — Les tiges présentent une grande dive é de forme; il en est qui rampent sur le sol sans y jeter de racines; d'autres, au contraire, poussent des drageons qui s‘enracinent et produisent de nouvelles tiges ; d'autres en- core , trop faibles pour atteindre seules à l'élévation qu'elles ambitionnent , entourent de leurs circonvolutions les trones des grands arbres, les unes s'en roulant constamment de gauche à droite, les autres toujours de droite à gauche. Ainsi, si l'on plante au pied d'un a houblon, elles rbre une tige de haricot et une de Senrouleront en sens inverse et se croiseront; que l'on essaie de changer leur direction, elles la reprendront, et si l'obstacle qu'on leur aura imposé est insurmontable, elles mourront. Les tiges sont ou cylindriques, ou cannelées, ou triangulaires. Dans un grand nombre de végétaux, la tige estunie; sanspoil ni duvet; dans beaucoup d'antres, elle est couverte de petites & ailles, garnie de poil, et elle porte-des bulbiles à l'aisselle des fouilles. Les tiges sont herbacées lorsqu'elles sont tendres, molles et qu'elles meurent après une année d'existence; elles sont vivaces s'il croît une nouvelle tige l'année suivante; elles sont sousligneuses quand la base résiste à l'hiver; enfin elles sont ligneuses quand elles se con- vertissent en bois. Maintenant, supposons que de la graine soumise à la germination sorte une plante herbacée, à tige; elle Sélévera plus ou moins rapidement; sa tige aura de aux aisselles de ces feuilles il n'y aura point de bou- feuilles ; mais tons, et la plante ne vivra que de un à trois ans. De la graine qui doit produire un arbuste, la tige prendra une consistarice ligneuse; mais les aisselles des feuilles seront également dépourvues de boutons. Elle résistera aux hivers, s chaque année. La tige de l'arbrisseau s ra sa base, en et produira des fruits et des fl plus vigoureuse et portera des boutons; mais elle se divisera, A un certain nombre de rameaux ligneux. Enfin la tige qui doit devenir un ne hauteur. Cette tige, de la racine lévera arbre d'un seul jet à une certai à ses premiers ramaux, s'appelle trone (fig. 4). Les rameaux sont divisés en quatre ordres, selon leur force- tenant Ja structure de la tige , et prenons pour cela celle sale- corce , recouverte d'un mince épiderme ; Examinons mai d'un végétal ligneux qui est la plus complète. En la tranchant transve ment, nous trouverons d'abord 1 sous l'écorce est le liber, partie essentiellement vivante et organique du vé- gétal, et doit son nom à la facilité avec laquelle on peut le séparer en feuillets semblables à ceux d'un livre; vient ensuite Yaubier, puis le bois proprement dit, et ensuite la moelle. 110 LES FLEURS ANIMÉE La partie concentrique du bois qui entoure la moelle est composée de vais- seaux poreux, suivant une direction parallèle dans toute la longueur des tiges, et dans lesquels eireule la sève, principe vital de tous les végétaux. Une tie de ces vaisseaux se prolonge latéralement, entraînant une portion de la moelle. Ces vaisseaux, qu'on nomme prolongements médullaires, ont, dans l'écorce, leur partie essentiellement vivante, d'où il résulte que Pon voit sou- vent des arbres dont la végétation est encore très vigoureuse, bien que leur partie ligneuse soit anéantie, et qu'ils en soient réduits à leur écorce, ainsi que cela se présente fréquemment dans les saules. Voici maintenant Ja marche de l'accroissement : chaque année, les feuilles déliées du liber se solidifient et s'unissent aux dernières couches de l'aubier, qui n'est encore qu'un bois imparfait, mais qui passe à l'état de bois au fur et à mesure que le liber passe à l'état d’aubier. I en résulte que les couches concentriques, se superposant annuellement, elles indiquent parfaitement l'âge du végétal. Ce n'est pas la toutefois une règle sans exception; cette règle qui s'applique aux tiges dicotylédones, la plus nombreuse des tribus végétales, n’est pas applicable aux monocotylédones, dont la structure présente un sens inverse. Par exemple, que l'on examine la coupe transversale d'un pal- mier, on ne trouve plus d'écorce, d'aubier, de couches concentriques, de pro- longements médullaires; le tissu le plus solide et le plus ancien dans cette tige est à l'extérieur, par la raison que l'accroissement vient de l'intérieur Ainsi, un palmier à sa naissance, forme une touffe de feuilles sans tige; un an après, il naît de nouvelles feuilles du centre des premières, et celles-ci, repoussées vers la circonférenco, tombent en vieillissant; mais leurs bases se soutiennent, et forment un anneau qui est l'origine de la tige; l'année sui- vante, un second anneau se forme de la même manière au-dessus du premier, de telle sorte que l'âge du palmier peut se calculer par ses anneaux. BRANCHES ET RAMEAUX. — Les branches et les rameaux ont une organisa- tion parfaitement semblable aux tiges; ils forment, avec la tige, un angle qui s'ouvre davantage à mesure que l'arbre vieillit, et les branches finissent sou- vent par devenir pendantes Les tiges de quelques végétaux eroissent avec une grande rapidité et attei- gnent une prodigieuse longueur: les chênes, dans nos forêts, atteignent sou- vent une hauteur de quarante mètres, et les palmiers des Cordilliè pas- sent quelquefois soixante mètres. La grosseur des tiges de certains végétaux n'est pas moins remarquable ; on montre, au village d’Allouville, près d'Yvetot, un chêne qui n'a pas moins de neuf mètres de circonférence, et dans l'intérieur duquel on a construit une chapelle et une salle assez vaste. Le châtaignier del'Etna, qu'on appellé dans le BOTANIQUE D gS DAMES. ui pays l'albero a centicavalli peuvent se mettre à l'abr a près de quatorze mètres de tour, et cent cavaliers ous ses rameaux, ce qui n'est rien cependant en comparaison de quelques baobabs du Sénégal, qui ont jusqu'à trente mètres de circonférence à la naissance du tronc. Il est bien dur d'être forcé d'en convenir; mais il faut de Ja franchise avant tout: les vé taux, qui n'ont peut-être de moins que nous que la faculté de la locomotion, nous sont bien supérieurs s p par la greffe, par les boutures, le marcotage, les éclats de racines, ete. l'autres rapp eulement par les graines que les végétaux se reproduisent; mais encore Bovrons.—Ces moyens de reproduction ont démontré que, dans chacun des boutons espacés sur un rameau, se trouve renfermée une plante entière, pour- vue de tous ses organes . Ces boutons sont de petils corps entourés d'écailles qui se développent dans l'aisselle des feuilles et à l'extrémité des rameaux. Hs commencent assez généralement à se montrer en té, et on leur donne alors Je nom d'yeux. Pendant l'automne, ils grossissent; ce sont des boutons pr ment dits. Au retour du printemps, les écailles tombent, les boutons se déve- loppent, et ils prennent le nom de bourgeons (lig. Il y a trois esp de boutons : ceux qui produisent des branche t qu'on appelle boutons à bois; ceux qui produisent des feuilles, nommés boutons à feuilles; et ceux qui produisent des fleurs, qu'on nomme boutons à fleurs ou boutons à fruits. Les racines des plantes vivaces portent des boutons qui, en se développant, produisent des tiges annuelle: Ces boutons, qu'on appelle tu- rions, se distinguent des boutons proprement dits en ce que leur origine est constamment souterraine. Fr tement après l'apparition du bourgeon. Leur naissance est le signe d'une vie s de Ja création : dans les bois ues, — La pousse des feuilles, ou la foliation, commence immedia- nouvelle pour tous les & longtemps silen- cieux retentissent les chants des oiseaux; les champs se couvrent de fleurs ; les hommes se sentent meilleurs; le cœur s'épanouit, et de mème que la s s feuilles contribuent de deux manières à la ve, le sang cil le plus vite. Li production de ce sentiment universel de bien-être : d'abord en charmant la vu , elles font naître les plus douces émotions; puis elles versent dans l'espace des flots d'air vital, en même temps qu'elles absorbent les émanations putri- des, les germes de destruction et de mort. La plupartdes feuilles sont soutenues par une queue mince et légère nommée pétiole, et elles disque. Les feuilles qui n'ont point de pétioles s'étendent en lames dès leur séparation de la tige. On appelle les premières feuilles pétiolées, et les se- e terminent par une expansion membraniforme appelée LES FLEURS ANIMES, feuilles sessiles. Elles restent attachées à la tige ou aux branches jus- qu'aux premiers froids de l'hiver; alors elles tombent, à moins qu'elles ne soient vivaces, et elles rendent avec usure à la terre les sues qu'elles en avaient reçus pour se produire et s'étendre; cette chute se nomme effeuillaison. Dans les arbres qu'on nomme toujours verts, les feuilles persistent en tout temps. C'est sur le disque que l'on peut observer l'arrangement des nervures et toutes les subtiles ramifications, veines, veinules, dont une substance pulpeuse, appelée parenchyme, remplit les intervalles (fig. 6). Le bord de la feuille op- posé au pétiole se nomme sommet; on appelle cdtés les deux extrémités laté- rales; les deux faces de la feuille sont recouvertes d'un épiderme très mince; la face supérieure est ordinairement lisse et brillante; la face inférieure est mate et moins colorée Il y a trois sortes de feuilles : les simples (fig. 7), les composées (fig. 8), et les composées articulées. La feuille simple est formée d'une seule expansion; le pétiole wa point de division sensible. La feuille composée est un assemblage de petites feuilles ou folioles fixées au sommet ou sur les parties latérales d'un même pétiole par un pétiole particulier; lorsque ces folioles sont douées de certains mouvements, comme dans la sensitive, on dit que la feuille est arti- culée. Le vert est la couleur ordinaire des feuilles; mais la nuance en est infini- ment variée depuis le vert tendre jusqu’au vert brun et presque noir; quelques plantes portent pourtant des feuilles rouges, jaunes ou panachées; mais alors on peut les considérer comme n'étant point dans leur état normal. La lumière est le principe de la coloration des feuilles, ainsi que l'on peut s'en convaincre en faisant germer des graines dans une cave : si Pon éclaire quelques-unes des jeunes plantes qui se produiront, au moyen de lampes et de miroirs & ré- flexion, les feuilles qui recevront les rayons lumineux se coloreront en vert; celles qui seront demeurées dans l'obscurité seront blanchâtres. Liirritabilité des feuilles, leur sommeil, leur réveil, sont des phénomènes qui ne peuvent manquer d'attirer vivement l'attention; ils sont extrêmement remarquables dans la sensitive, qui se contracte rapidement, et en même temps toutes ses feuilles pour se soustraire au contact des corps étrangers. L'at- trape-mouche, plante de l'Amérique septentrionale , exécute un mouvement non moins remarquable : chacune de ses feuilles est divisée à son sommet n deux lobes réunis par une charnière le long de la nervure médiane, qu'un insecte, attiré par la liqueur dont elles sont induites, vienne se placer sur un de ces lobes, ils se rapprochent aussitôt, et retiennent l'insecte prisonnier. Les feuilles du sainfoin oscillant , plante du Eengale, sont douées de mou~ yements plus extraordinaires encore, Ces feuilles se composent de trois fo= s sur un pi minale est très grande, in mouvement con- Ce mouvement qui prouve it de la plante-möre, aussitôt le mouve- qui lui donna le nom de la cause dans s heures de sommeil que celte expé- sultat sur beau- ur lo plus grand neuyent; chez quelques- ait d tout cela ne locomotion qui leur man- yn une place bien supé- ne animal, manidres dans celles dont e à face, comme ge, comme dans l'ona- 3°. élendues horizontale- ferment les jeunes chent vers la terre et ieures, comme la bal- lérentes dans les heures de itre, comme les feuilles du baguenaudier; 2° en ıt un petit pavillon au-dessus des r 3° elles sont réunies à leur lans le mélilot commun; 4° les fo- ne dans le lupin blanc; tandis que le pétiole com- l'une sur l'autre par leur face su- 1 terre, comme dans les casses , et ce marquable que st l'ou voulait l'apérer arti- pourrait y parvenir sans briser ‚les vais- 45 114 LES PLEURS ANIMÉ seaux des pétioles particuliers; 6° enfin, elles recouvrent entièrement le pé- tiole commun à Ja manière des tuiles d'un toit ; comme la sensitive. Que d'admirables choses! et à quoi bon chercher au loin des émotions quand à chaque pas tant de merveilles s'offrent aux regards de qui veut les voir. STIPULES, VRILLES, GRIFFES, SUÇOIRS, ÉPINES, AIGUILLONS, POILS, GLANDES.— Indépendamment des organes principaux, un grand nombre de végétaux sont pourvus d'organes accessoires que Linnée ( ait sous le nom générique de l fulcra. Les uns, tels que les aiguillons (fig. 9), les ¿pines (fig. 10) , ne sont en quelque sorte, pour certaines plantes, que des armes d f nsives ; d'autres, comme les poils (fig. 11) et les glandes, sont chargés de fonctions sécrétoires, et quelques-uns, comme les vrilles (fig. 12), servent d'auxiliaires aux vég ja faiblesse taux qui en sont armés, pour les aider à quitter le sol sur lequel de leurs tiges semblait les avoir condamnés à ramper. gné de deux petites feuilles qui diffèrent tout- Le pétiole est parfois acc à-fait de la forme des autres : ce sont les stipules; si on les rencontre à la base d'une fleur, elles prennent le nom de bractées. Leurs fonctions consis- tent à protéger les feuilles; elles les enveloppent dans la jeune pousse , elles N les accompagnent dans leur développement, et périssent dès qu'elles sont devenues inutiles. Les griffes sont des espèces de racines p lesquelles certaines plantes s'ac- crochen à d'autres végétaux ou aux corps environnants. Lorsque ces griffes, indépendamment du soutien qu'elles prètent aux plantes, leur procurent les aliments nécessaires à leur nourriture, on les nomme sugoirs. Fu de la reproduction; uns. — Les fleurs sont les organes destinés A accomplir le grand œuvre ouleurs séduisantes, parfums suaves, élégance dans les contours , délicatesse dans le tissu, grâces dans développement et le port, tous ces attribut: , prodigués aux fleurs méme les plus communes, font du temps de la floraison un moment de parure, de triomphe, et l'époque la plus brillante, la plus éclatante de leur vie. L'enfance est passée; nous touchons au temps de la jeunesse et de la beauté La fleur se compose de qu: > parties principales : le calice corolle (fig fleur complète celle qui possède ces quatre parties, et fleur incomplète celle à la- lamines (fig. 15), et les pistils (fig. 16); on appel quelle il en manque une ou plusieurs. Le urs peuvent se composer sim- plement d'étamines et de pistils réunis sur le même support, ou placés sur la mème plante, dans des flours distinctes, ou situés sur des individus séparés, ce qui forme les fleurs hermaphrodites, monoïques et dioiqu s, Ces deux der- BOTANIQUE DES DAMES 118 niers genres sont également compris sous la dénomination de déclives ou d'unisescul è diamètre des fleurs est très variable; uelques-unes” sont si petites, qu'elles échappent à la vue, d'autres, comme l'aristoloche d'Amérique , ar Leur durée, est également très courte : nées pour accomplir les fonc- exemple, ont quelquefois au-delà d'un mètre de circonférence. tions de la re , bientôt elles perdent leur éclat, leurs formes sal Aces s'envolent, la jeunesse s'éteint et la maturité com- mence Les fleurs sont sessiles ou pédonculées : elles sont sessiles lorsqu'elles sont posées sur la tige sans intermédiaire; elles sont pédoneulées lorsqu'elles sont soutenues par un support plus ou moins étendu qu'on nomme pédoncule ; c'est le plus grand nombre. C'est au sommet du pédoneule, qui va Sélargi sant, que paraissent les parties de la fructifieation. Les formes de cet organe st droit ou incliné: parfois il se roule en spirale; il peut être simple ou composé de plusieurs parties que l'on. nomme pédicelles. Lorsqu'il part immédiatement de la racine, on le nomme hampe, La partie qui soutient les fleurs sessiles on pédiculées s'appelle ave Inflorescence. L'arrangement, la disposition générale des fleurs sur la tige ou les autres organes qui les supportent se nomment inflorescence, Les fleurs sont toujours placées à l'aisselle d'une feuille ; mais elles affectent diverses dispositions: les unes sont solitaires , les autres sont réunies plusieurs ensemble. C'est ce qui constitue l'inflorescence simple et Vinflorescence composée, lesquelles se sub- divisent en inflorescences qui ont reçu des noms particuliers, tels que ceux de panicule, thyrse, grappe, épi, spadice, verticille, ombelle, corymbe, cyme ca- pitule, L’infloreseenee est panicule lorsque l'axe commun se ramifie et que ses divisions secondaires sont allongées et laissent entre elles une certaine distance, comme dans les graminées (fig. 17). Le thyrse est une sorte de grappe dont l'axe est très allongé et dont les rameaux forment de petites cimes. Lorsque le pédoncule commun se ramifie plusieurs fois et régulière- ment, l'inflorescence prend le nom de grappe, comme dans le marronnier d'Inde (fig. 18). Lorsque les fleurs sont disposées sur un axe commun , simple, non ramifié, elles forment l'épi, comme le blé, l'orge, le plantin (fig. 17). Dans l'inflorescence spadice, le pédoncule commun est couvert de fleurs sans calice. L'inflorescence est vertieille lorsque les fleurs naissent à l' 416 LES FLEURS ANIMÉ selle des feuilles, et formen 1 autour de la tige. Les fleurs sont on ombelle 1 is les] t 1 l des fleurs présente u c I c mode d'inflorescence appel l l terminée et les rameaux latéra if 1, l mill aille (fi 21). I t br pl et q ch l 1 au précédent teelle de la centaure qui est particulièr plante l 1 Is sont le chardon, l'artict Linflorescenco, « Ly i die verses, telles que c l l l plein p I 1 nes s; ell if les préservant de dan le plu pos- sible tout leur éclat Dans] loubles, le noni l ns consi lui que leur avait primitivement donné 1 1 4 a ment formées de pétales. Les fleurs s sont celles du cen uelles naît une seconde fleur semblable à la première. Tout cela est dû à l'art de l'horticulture, et pour quelques amal es Heu ssil ne sont que des êtres mons x. C'estlá une ridicule exagération, condam: née par la sagesse des nations qui a formulé ce proverbe Et toujours la parure embellit la beaut Cela n'est pas très grammatical ; mais est vrai Carce. — Nous avons vu plus haut que la.fleur se compose de quatre par- ties principales; examinons main Le calice peut être considér d'une espèce d'épano extrémité du y couleur est toujours Ainsi elle devient jaur dans la capucine, et rou: Quelquefois il est d'une qui affectent la forme nairement il est de forme rdrique. Lorsqu'il ne renferme qu'une seu le fleur, on le nomme calice propre, el calice commun lorsqu'il en renferme plu- sieurs; il and il ne forr ine seule en I se p le pl 1 Nou: pi il terr n l i n'au q b ( te que 1 ant I lice qui se cc & na plusieurs? qu'importent 1 le c ui n'indiquent que de f il 1 i la feuill ement par så x ure et les fonct OS 1 ir f la feuille. dá f mb le calice se transformé en véritables fauill enfir l lles, il absorbe et exhale certains fluides. Conon. — C'est la corolle qui continue la beauté de la fleur; grâce, coloris parf ni est Comme le calice, elle peut être form il t ce qui a t ire à plusieurs bot S li ion d mi le l ar par les savants natu- ral le ce nom ( ne Tt e se nommi tale; “on dit Yun seul p et polypétale e par laquelle le ire. De la ba: ur, et lame sa partie sup au sommet , isé en deux parties: Vorifice, qui est la partie supérieure, qui comprend toute la partie dilatée. 1 il est bien douloureux de l'avou analyse de cette charme à corolle, que la ornée, est affreusement sons dans un ouvrag l Il est heux que d'une multitude de termes a l'étude dés-yérelaux fi « dont l'emploi doit souvent pré à définit Oh! oui, cela est fâcheux, cela est déplorable! Mais Dieu a voulu qu'il n'y ait pas, sur cette terre péris- sable, de joie, de plaisir sans mélange... Encore quelques pas dans ce senti 1 faut souffrir un peu pour être belles, comme onde dit com t aussi la condition express tre... non pas savantes, mesdame s instruites , ce qui est bien différent! Done, nous reprenons n'est-ce pas? El nous n'aurons pas une trop grande peur des vilains Y p rai vous dire qu'il y a six espèces de corolles mots, c'est convenu. Ainsi, j'o 118 LES FLEURS ANNÉES. La campanulée, qui se dilate vers sa base et s'évase en forme de cloches exemple: le liseron des champs (fig. 2 L'infundibuliforme, qui ressemble quelque peu A un entonnoir; L’hypocratériforme, qui ale tube court, la fleur plane, comme le phlox (fig. 25); La corolle en roue, dont le tube se voit à peine et qui est dente La tubulée, dont le tube est allongé et peu ouvert à son orifice L'urcéolée , dont le tube est plus resserré à son orifice que dans ses autres parties, Les corolles monopétales irrégulières les plus remarquables sont les labiées et les personnées ; les premières offrent deux divisions inégales et ouvertes qu'on nomme lèvrés , et qui sont placées l'une au-dessous de l'autre; dans les personnées, les deux lèvres sont rapproch forment une proéminence. Cette diversité de formes dans les corolles monopétales se reproduit dans les polypétales, dont les régulières comprennent : les rosacées, les caryophyllées et les cruciformes. Les irrégulières sont nommées papillonacées , à cause de leur ressemblance avec le papillon Viennent ensuite la corolle ligulée, et la corolle tubuleuse qui appartiennent aux fleurs composées, et qui, en se combinant , forment les floculeuses et les semi-floculeuses et les radiées Certains produits minces et colorés se trouvent quelquefois entre la corolle et les étamines, auxquels Linnée a donné le nom de nectaires,, à cause du liquide visqueux et sucré qu'ils sécrètent Non-seulement la corolle , ainsi que nous l'avons dit, est presque toujours parée des plus riches couleurs, mais il arrive souvent qu'elle en change : il y a même des corolles coquettes qui changent jusqu'à trois fois de parure en un jour; telle est celle du gladiolus venicolor : le matin , sa couleur est brune, c'est un négligé qu'elle quitte bientôt; à midi, elle revêt une fraîche robe verte, et vers la fin du jour, elle étale avec complaisance sa parure d'un admirable bleu clair.. En vérité, je vous le dis, au risque de paraître trivial à force d'être vrai , jamais il n'y ent, il n'yaura jamais plus d'analogie entre deux choses diverses qu'il en existe entre les femmes et les fleurs. TI est vrai que ces dernières sont muettes ; mais nous ne disons pas heureusement indépendamment des riches couleurs qui la parent, la corolle a encore l'avantage d'être un foyer d'émanations délicieuses. Cela est vrai comme mais nous devons avouer qu'elle souffre d'assez nombreuses excep- tions: d'abord il est une assez grande quantité de fleurs qui ne sentent BOTANIQUE DESIDAMES. 19 absolument rien, et de ce nombre sont quelques-unes des plus riches en pa- rure, comme les dahlias , les camellias; il en est, en outre, dont l'odeur est insupportable, comme certaine espèce de geranium, larum dracune us), etc. Frames, Pisrirs. — Les étamines et les pistils sont les organes de la fruc- tification ; c'est par eux que s'accomplit le grand, Vinexplicable mystère de la reproduction des plantes : privée de ces organes es entiels, la fleur est stérile, D'une partie de l'étamine, nommée anthère, s'échappe, d ans un temps propice, une poussière fécondante nommée pollen ; ce sont de petits corps jau: nes, blancs, rou s ou violets, qui s lors la plante est fécondé ndent sur le ou les pistils, et de Ce grand secret de la fécondation des plantes a été découvert par Linnée. Nous avons déjà montré que les plantes sentent; Linnée dit qu'elles aiment, etille prouve, l'audacieux ! Nous le tout. pétons, les savants sont capables de netification. C'est alors que commence cette maturité dont nous avons parlé plus haut : pistils et étamines se flétrissent ; les pétales tombent, le fruit se montre sou- tenu par le cali >, ce père nourricier dont la lâche n'est pas encore entière- ment remplie. Frvrr.—Le fruit se compose toujours de deux parties principales : le péri- carpe et la graine. Le p carpe est une enveloppe parfois sèche ou membraneuse; le plus sou- vent épaisse ou charnue, laquelle contient dans son intérieur une ou plu- sieurs graines. Le péricarpe est quelquefois si ténu, et semble si bien identifié avec la graine qu'on ne l'en distingue que difficilement : aussi quelques auteurs ont- ils émis l'opinion que, dans certains fruits, le péricarpe n'existait pas; mais c'est une erreur aujourd'hui bien reconnue: le péricarpe existe constamment, et il est toujours composé de trois parties, savoir : un membrane extérieure ou épiderme, nommée épicarpe; une substance charnue (sarcocarpe), et une membrane intérieure (endocarpe)... N'avions-nous done pas trois fois raison en disant, au commencement de ce traité, que les savants sont des suppô s de tyrannie ! Nous leur accordons l'épicarpe, le sarcocarpe, l'endocarpe ; nous convenons avec eux que, arrivés à l'époque de leur maturité, les péricarpes ont la complaisance de s'ouvrir pour livrer passage aux graines; nous youlons 120 LES FLEURS ANIMEES même bien que ces complaisan cens, et toujours animés du mem. paix ; nt bien plus estimables que p graines que lorsqu'ils tombent en sur ce point... Hélas ! les savants comme eux, il y a toujours quelque chose de nouve s'il vous plait ?..... et les cloisons, et 1 rons dire que ces quatre derniers noms r retenir les graines prisonnières jusqu'à ce pour elles Les fruits se présentent sous d deux grandes classes : les fruits à péric ecs qui sor et les fruits à péricapes charnu: sen èces Dans les péricarpes le plus mun est la d'une forme et d'une capacité très variable; elle est elliptique, ou orbi Jaire, ou en. croissant, ou bien elle offre Ja forme d'une silique, comme ande chélidoine (fig. 26 Le péricarpe, appelé jollicule, se compose ordinairement de deux follicules dressés ou divergents, fusiformes ou eylindriqu s semences sont conte- nues dans le follicule, et le plus souvent enveloppé d'une substance coton- neuse (fig. 27 Le péricarpe, appelé la samare, est une espèce de capsule membraneuse plus ou moins comprimée, divisée en une ou deux loges Le légume ou gousse, est un fruit membraneux à deux valves qu'on nomme cosses, réunies par deux sutures opposées; les graines sont attachées le lo de la suture inférieure, et placées alternativement sur l'une et l'autre valve ou cosse, ainsi que cela se voit dans le pois, la vèsse (fig. 28) La silique-ne diffère de la gousse que par une cloison longitudinale qui divise les deux valves. Le cône est composé d'écailles ligneuses, comme la pomme de pin (fig La nucule où noisette, est un péricarpe osseux qui ne contient qu'une graine, et ne s'ouvre pas. La cariospe est un fruit sec à une seule graine, dont le péricarpe est telle- ment adhérent à la graine proprement dite, qu'il ne peut s'en séparer que par l'opération du blutage, comme pour le blé, le seigle, ete Le péricarpe, nommé achaine, est un peu moins adhérent à la graine que le précédent, H est simple ou composé. BOTANIQUE DES DAMES. 14 Voyons maintenant les péricarpes des fruits charnus; ils sont, comme nous l'avons dit, au nombre de quatre : la bate, la drupe, la pomme et le pepon. La baie ne s'ouvre point naturellement à la maturité ; elle renferme une ou plusieurs semences , et ses graines et ses loges sont disposées dans un ordre apparent comme dans la gros Le drupe est un péricarpe charnu, composé de deux substances de diffé- rente nature: Tune extérieure, charnue, pulpeuse; l'autre intérieure , li- gneuse, comme dans les pêches, cerises, noix, marrons (fig. 31). La pomme est un péricarpe charnu, couronné par le limbe du calice, par- tagé en plusieurs loges dont la paroi interne est cartilagineuse. emple : pomme d'api (fig, 32 et 33). Le pepon est un fruit charnu, régulier, qui fait corps avec le calice et ren- ferme plusieurs graines. Ce fruit est particulier & la famille des cucurbitacées (fig. 34 et 3 Le volume des fruits est souvent bien disproportionné avec celui des végé- faux qui les produisent : ainsi la courge, plante rampante et herbacée, porte des fruits énormes, et le chêne n’en a que de très pelits. Les physiologistes cherchent vainement la raison de celte anomalie ; nous leur conseillons de consulter La Fontaine, fable 4, livre 1x Et pourtant, nous osons affirmer que La Fontaine avait très peu étudié les péricarpes; il était certainement moinssavant, sur ce point, que M. de Jussieu; mais, d’un autre côté, les fables de M. de Jussieu sont beaucoup moins amu- santes que celles de La Fontaine. Évidemment, il n'y a pas compensation. Habitation des végétaux. Les climats divers ne convienneut point indistinctement aux y faut presque à chaque plante un terrain particulier, une atmosphère diffé- rente. Les unes ne se plaisent que dans les champs incultes, tandis que d'au- tres ne peuvent germer que dans cultivées. Plusieurs naissent dans les sables; un certain nombre se plait surles rochers. 11 en est qui ne peuvent vivre qu'au fond des marais, d'où elles s'étendent à la surface des eaux. Enfin, la mer a aussi sa végétation, végétation luxuriante qui ne le cède en puissance à aucun des terrains les plus favor II n'est presque aucune portion de la terre où la végétation ne puisse s'éta- blir; mais elle présente des différences immenses entre les contrées équato- riales, les régions tempérées et les régions polaires. C'est entre les tropiques qu'elle se montre dans toute sa puissance et sa majesté; c'est là qu'on trouve le baobab, ce colosse du règne végétal, dont le tronc, ainsi que nous l'avons u, 16 122 LES FLEURS ANIME dit, atteint quelquefo jusqu'à trente mètres de circonférence ; c'est là que vit et se multiplie cette admirable famille de palmiers avec nos plus beaux arbres ne sauraient soutenir la com ison. Dans ces contrées, les graminées deviennent arborese les fougères s'élèvent jusqu'à huit ou neuf mètres ; c'est la patric s fruits les plus exquis, des parfums les plus suayes. C'est surtout dans gions équatoriales, comme aux bords du Gang i Ja température, constamment humi chaude, est entretenue par les feux du soleil et le débordement des grands fleuves, que la végétation montre une vigueur prodigieu Mais cette exubérance de vie qui aug ts tuerait les nte la puissance des faibles. Que l'on transporte s le feu une frèle et légère Parisienne, elle s'étiolera promptement, et rien ne pourra la sauver d'une prompte des- truetion... C'est toujours cette éternelle comparaison entre les deux régnes comparaison née de ce que d'une seule, unique et admirable chose sortie de la main de Dieu, notre orgueil a voulu faire trois choses distinctes. Qui done, en effet, pourrait dire avec précision où finit l'un des trois règnes et où commence l'autre ? L'histoire naturelle est uné immense chaîne à laquelle il ne manque pas un anneau, et c'est en vain que les princes de la science y ont cherché une solu- tion de continuité. Il ya, sur les confins du règne minéral, des individus qui végètent, et sur les confins du règne végétal s individus qui viven L'extróme chaleur sans humidité n'est pas favorable à la végétation. Aussi quelle différence entre les contrées dont nous venons de parler et les déserts es ardeurs brûlant sableux dé l'Afrique, desséchés pa ı soleil, où l'homme, en y entrant, semble se dé ouer à la mort ! LA, de quelque côté qu'on jette les s de destruction et de néant. yeux, on n'aperçoit que des L’exeessive chaleur n'est pourtant pas un obstacle à toute végétation ; il est des plantes qui résistent à quatre-vingts et même cent degrés de chaleur (tem pérature de l'eau bouillante). Aux eaux thermales de Dax, ona vu croître et se développer une tremella dans une fontaine dont l'eau est constamment chaude de soixante-dix à soixante-douze degrés Si la vé ation des pays tempérés n'a pas cette beauté, cette magnificence des plantes des tropiques, elle ne leur cède en rien pour la grace des formes et l'abondance des produits. Le Nord lui-même n'est pas déshérité sous ce rap port; c'est lá que les robustes pins et sapins élèvent vers les nues leurs trones vigoureux. Mais, au-dessus de deux mille mètres d'élévation, on ne les trouve plus; ils sont remplacés par les alisiers, bravent un froid de quarante degrés, froid capable de faire éclater les sapins les plus s bouleaux , qu vigoure Ce de aier phénomène a souvent été remarqué par nos soldats pendant la BOTANIQUE 123 désastreuse campagne de Russie : alors qu aient sur la neige pour y pren xplosions se nt entendre ils; toujours, Ys sur n r è 1s des déserts de noir et marchaient xplosion s t Is ne trouvaient rien, rien que desarbres que l'inten u later avec un bruit semblable Jui du canon Plus on s'approche des pôles, plus le nombre des végétaux diminue; au Spitzberg, au Groönland, au Kamtschatka, le nombre des espèces ne dépasse pas trente De même qu'elle se montre sur les plus hautes montagnes, 1 tation pénètre aux plus grandes profondeurs, dans les entrailles de la terre, dans les ns les mi: s plus profondes; mais à ces deux extrémités, il n'y en la parcourant de sa base à son som- à peu près tousles change s ation Von pourrait observe ant de l'équateur 1 pô nord. Au pi de la mo e végètent os des pl et des contrées méridior chênes occupent le premier plan; cinq ou six cents plus haut, les pins et sapi vienn alisiers, les bouleaux, les rhododendron aut encore, on trouve les daphnés, les globulaires, les cistes ligneux. Dansla région des glaces se montrent les saxifrages, les prime: vères; puis enfin les lichens La végétation qui n'existe que faiblement dans un lieu peut y devenir abon- dante et vigoureuse; tout se modifié, tout change : les marais se desstchent, les rochers que nous voyons nus et arides porteront peut-être quelque jour des arbres majestueux. Dans 1 la surface des eaux se couvre d'abord d'une écume verdätre, ce les plantes auxquelles suc dent des carex, des ros typha; puis viennent les sph quise multiplient d'une manière i A mesure que ces plantes végètent, Jour détritus exhausse le fond du marais qui finit par se dessécher entiti ment. Il en est de même des rochers : des lichens crustac s viennent d'abord marbrer leur surface; de leur décomposition naissent des lichens d'un autre ordre sur le détritus desquels paraissent plus tard des graminées ; puis enfin, la terre végétale augmentant sans cesse, les vé zneux se montrent Ainsi que nous venons de le voir, il est, dans les végétaux, des familles par- ticulières à certaines contrées; une seule famille s, peut s'habituer à tous les climats; œuvre admirable de la Providence, en donnant la terre 124 LES FLEURS ANIM à l'homme, a voulu qu'il pat trouver à chaque pas une preuve de sa pater- nelle sollicitude ! Maladies, mort et ¢ composition des végétaux. Les maladies des végétaux peuvent être divisées en deux classes : celles qui qui n'affectent qu'une partie du végétal, comme les ulcères, les exeroissances résultent presque toujours de blessures; et les maladies générales qui enva- hissent toute la plante. Les plaies faites par un instrument tranchant se gu issent plus facilement que celles produites par un instrument contondant. Lorsqu'une portion d'é- corce a été enlevée A un arbre, la cicatrisation s'opère par l'extension des bords de l'écorce qui se rapprochent en boul s par le fer, afin que les lèvres en a soient nettes ; sans quoi, elles donneraient lieu à des exostoses, destumeurs, ets. Les plaies contuses doivent être enle qui deviendraient incurables. Lorsque les blessures ont pénétré jusqu'au cœur du trone, il s'ensuit un la mort. ent quel- écoulement sanieux qui détermine promptement l'uleère, la carie Ces plaies ne sont pourtant pas absolument incurables , et l'on par quefois à les faire disparaître par le fer ou par le feu. De toutes les maladies générales, la mieux caractérisée est l’etiolement , qui a pour cause ordinaire la privation de la lumière. Les plantes atteintes de cette maladie sont faibles, grèles, blafardes. Pour la guérir, il suffit, lorsque le mal n'est pas trop avancé, de rendre la lun mais cela ne doit se faire que graduellen état à un autre serait plus nuisible qu'e e à la plante qui en est atteinte ; ent : le passage trop brusque d'un ace P La panachure, la jaunisse, quiatteignentun grand nombre de végétaux, sont presque toujours causées par l'abondance de la sève et l'extravasation des sues. Le froid exerce une grande influence sur les plantes. Dilatés par la congé- Jation des liquides , les vaisseaux , les tissus cellulaires se déchirent, et le vé gétal meurt. Lorsque le déchirement se fait du centre à la circonférence, il se nomme cadran; s'il s'opère en arant l'une de l'autre les couches ligneus il s'appelle roulure ; si le froid détruit seulement la couche du liber, on nomme i Ja maladie qui en résulte gélivure. Les pêchers et les abricotie es d'une le résultat d'une maladie nommée meu- de uérison de l'arbre qui en est attaqué en enlevant les feuilles qui ne sont point dans leur état normal, et changeant la terre au pied de l'arbre. s ont quelquefois leurs feuilles couver substance blanchâtre, mielleuse ; c'e nier ou blanc mielleux. On opère la BOTANIQUE DES DAME 125 Les plantes parasites et certains insectos sont aussi tre de maladie pour le s souvent une cause plantes. Les céréales sont sujettes à plusieurs ma adies qui leur sont particulières : le froment peut être atteint de la carie, du charbon , de la rouille. 1 attaque l'intérieur du grain ; l'éc à l'intérieur une poussid La carie ree en e sèche, et en la rompant, on trouve o fine, noire et fétide. Une espèce de champignon microscopique , nommé udero segetum , réduit les semences en une poussière d'un brun verdâtre; c'est la maladie nommée charbon; un autre champignon microscopique, l'uredo linearis , donne nais- sance à Ja rouille. Le seul préservatif contre les diverses maladies des céréales consiste à secouer les plantes au moyen d'une corde tendue, que deux hommes, séparés par le champ, promènent sur toute sa superficie. Cette opération suffit pour détruire au moins en grande partie, les germes de ces maladies. La cloque ou roulure des feuilles provient de la piqûre d'insectes ; les bédé- guars, pelottes filamenteuses qui se trouvent sur les rosiers, les galles arrondies des chênes, la laque, la cochenille, n'ont pas d'autre cause. Après avoir langui pendant un temps, la vie s'éteint enti végétal ; il dev ement dans le nt la proie de tous les agents extérieurs qui le décomposent entièrement. Le commence par le sommet; on dit alors que l'arbre est couronné: La racine subit la même al arbres meurent ordinairement par portions; le plus souvent la mort ation, dans le même temps, à son extrémité. L'arbre qui est dans cet état peut vivre encor o longtemps; mais il ne croît plus La décomposition des plantes est un des phénomènes les plus intére de la natur an elle présente des différences selon qu'elle s'opère dans le feu, à l'air libre ou dans l'eau L'analyse d’un végétal par le feu y démontre la présence de la lumiè re et du calorique , qui se dégagent entraînant avec eux des matières salines, hui- leuses; dans cet état, ils constituent la fumée; mais si on les condense dans un tuyau étroit, ils déposent le long des parois une partie des matières qu'ils enlevaient ; celles-ci forment la suie qui contient une huile empireumatique , en- du carbone, du fer. Il reste une masse assez considérable qu'on appell égétale. dres, et qui est une des bases d Le pidement : l'eau et l'air qu'elles contiennent déterminent la fermentation, et, par rties non volatiles, principale: s plantes exposées à l'air libre se décomposent uite, le dégagement des fluides gazeux. Les nt composées de matières salines, forment le terreau, substance très variable. Lorsque la décomposition des plantes s'opère dans l'eau , les résultats ne 126 LES PLEURS ANIMÉES. sont plus les mêmes ; on obtient alors des produits auxquels on donne le nom de tourbes , les tourbes des marais, presqu’entidremer nées de jeunes plantes herbacées , mêlées à une certaine quar t les tourbes ligneuses, qui constituent la h Ces dernières sont formées par des masses d'arbres d quelquefois assez bien conservés pour qu'on puisse en déterminer l'espèce. Dans la production des tourbes, l'eau est le principal et peut-êt le seul agent de la décomposition des plantes, qui sont garanties par ce fluide du contact immédiat de l'air et du soleil Icise termine l'histoire physiologique des plantes; nous avons vu comment elles naissent, s'accroissent, vivent, se reproduisent, meurent et se décompo- sent; nouslesavons vues se mouvoir, veiller, dormir, sentir, aimer, souffrir. IL chaque famille, leurs notre seconde partie nous reste à peindre les mœurs de chaque tribu, de goûts, leurs usages, leurs lois; ce sera l'objet d DEUXIEME PARTIE. MÉTHODE . FAMILLES, Dieu seul sait quel est le nombre des espèces de plantes qui couvrent notre globe; quant à nous, chétifs, nous n'en connaissons qu'un peu plus de vingt mille. Il est vrai que ce nombre augmente tous les jours, el que, les savants aidant, il continuera à augmenter jusqu'à la fin des site ar, je l'ai déjà dit, les savants commencent et ne finissent jamais. En attendant, vingt mille nous paraît un assez joli chiffre ; et s'il nous fal- lait faire l'histoire de chaque individu, ee ne serait pas trop de l'assistance de trois ou quatre de ces savants, 1 rieux et pat s bénédictins qui ont enfanté tant d'in-folio dont l'aspect seul suffit pour jeter la terreur dans l'âme du lecteur le plus intrépide. Heureusement nous avons l plifient singulièrement celte tâche immense s méthodes, qui sim- D'abord la botanique fut le patrimoine de quelques hommes laborieux qui, recucillant le peu de connaissances aequ ses sur ce sujet, en firent un tout s'élevant à peine à sept cents esp et ils considé ent ce commence- ment de science comme une branche de la médecine. Dès les premiers pas, ils sentirent le besoin de elasser ces espèces, et ils eurent recours à l'ordre alphabétique. Vint Conrad Gesner, qui concut l'idée de ranger les plantes par classes, selon les caractères fournis par Ja fleur et le fr A ce dernier succéda Césalpin, médecin du pape Clément VIII , qui tira la botanique du cahos en établissant sa méthode sur l'absence, la présence et le nombre des PLEURS ANIM cotylédons. Plusieurs lui succédèrent jusqu'à Linnée, qui fit faire à la science un pas de géant, et divisa les grandes tribus acotylédone, monocotylédone et dieotylödone quatre classes. Puis, aprös et ayant beaucoup d’autres, vint de Jussieu, auteur de la méthode dite naturelle, que nous avons adoptée. M. de Jussieu divise les trois tribus en quinze classes , savoir : les plantes acotyledones, une classe, huit familles; Les plantes monocotylédones, trois classes, dix-neuf familles: Les plantes dicotylédones, onze classes, soixante-dix-sept familles ; En tout, quinze classes et cent quatre familles rangées dans cet ordre PLANTES ACOTYLÉDONE Prades aa: . Champignons 3. Lichénées. 7. Cyeadées, net + Mépatiques. 8. Rhizospermes. 4. Algues. 5. Mousses. PLANT MONOCOTYLÉDONES. Deuxième classe. 15. Graminées 22. Narci MONOHYPOGYNIE. 12 25. Iridei 9. Naiad dy Quatrième classe. 16. 47. Commélinées. RNS Sh . Alismacées. + Musacées. Troisième classe. i acéts. 95. Amomées. MONOPÉRYGYNIE. . Li 5 26. Orchidées 10. Aroïdes. 11. Typhacé 12. Cypéracées. . Broméliées. 97. Hydrocharidées. PLANTES DICOTYLÉDONES. Cinquième classe. 30. Daphnoïdes Septième classe. r Proté PÉRISTAMINIE, . Protéae ae, Lauroides. . Polygonées. 28. Aristolochides. Atnaranthées Sixième classe. sears . Alriplicées. Plantagindes. MONOÉPIGYNIE, 57. Nyclaginées. 29. Élénginées, BOTANIQUE DES DAMES. 58. Plowbagindes. Onziéme classe. + Ménispermées. Huitième classe. CORISANTHÉRIE 2. Berbéridées. HYPOCOROLLIE. 60. Dipascée la + Liliacé 5. Cist 6. Quiacée Primulacées. 61. Rubiacées. Achanté 62. Caprioliées. Jasminées. p- Y NE Douziéme classe. vophyllées. ma yophy Labiés. pone Quatozième classe. Personné 65. À À PÉRIPÉTALIE. Solanées.. 6%. Ombelliféres. a Portulacées. Borraginées. ; Treizième classe. Saxilragées. Convolvulacées. . Polemoniaciées HYPOPÉTALIE. 9. Bignoniées. 65. Renonculacées. Gentiacées. 66. Papavéracées. . Mirtöes, Apocynées 67. Crucifères. + Mélastomé Capparidé Lytrées, Neuvième classe. 69. Sap . Rosacée Sapoldes. 68. PÉRICOROLLIE 70. Acéridées. Léguminenses 32. Dispyris, - Malpighiaeés. . Térébinthac een . Uypiriedes. . Ramnides. . Guttiferes. . Hespöridees. Méliacées. EA 76. Sarmentacées. 100. Euphorbiées. 101. Cucurbitacées. . Chicoractos i 102. Unticóos. 38. Cynarocéphales. . Magnonliers. 105. Amentacées, 59, Corymbif 80. Anonées. 10k. Conifères. 55. Ericoides. Quinziéme classe. 36. Campanulacées. Dixieme classe. SYNANTHÉRIE, Le nombre des familles a été porté par d'autres auteurs A cent douze, à cent quarante, à cent quatre-vingt-quatre. Ce n'est pas qu'ils aient trouvé des nouvelles familles, mais ils en ont fractionné quelques-unes , et ils ont élevé arbitrairement certains genres à la dignité de familles. Nous ne voyons pas que cela serve beaucoup à la science. Ne pouvant faire mieux, les derniers venu ont tenté de faire autrement. Il faut bien trouver quelque aliment à tiable amour-propre qui tourmente les faiseurs de livres, u. 47 130 FLEURS ANIMÉES. La méthode de M. de Jussieu est évidemment la plus rationnelle de toutes; il n’a fait des plantes acotylédones qu'une seule classe, par la raison qu'elles ne présentent ni fleurs ni fruits. Les monocotylédones s nt classées selon que les étamines sont disposées. Les étamines sont nomm: es Épigy s. lorsqu'elles sont attachées sur le pistil; hypogynes, si elles sont placées à la base de l'ovaire, et pi nes, quand elles sont placées sur le calice ; ce qui explique Jes noms donnés aux trois classes des plantes monocotylédones : monohypo- gynie, monopérigynie, et monoépigynie Les onze classes de dicotylédones sont établies sur l'absence, la présence de la corolle, et sur le nombre d ses pièces : d'où sont résullées les dicoty- lödones apélales, formant trois classes d'après le mode d'insertion des ét mines; les dicotylödones monopétales , formant quatre classes, suivant que la corolle staminifere est ha , périgyne, épigyne à anthères soudées, épigyne à anthères libres ; les dicotylédones polypétales, divisées en trois classes ment d'après leur mode d'insertion. Enfin, la quinzième classe, diclinie, est composée de plantes diclines, c'est-à-dire irrégulières Mon Dieu! nous savons que cela-est peu plaisant, mais nous espérons l'avoir rendu clair, et c'est en vérité tout ce qu'il est humainement possible de faire en pareille matière. Qu'on n’oubli de grâce, qu'il n'est point de plaisir, même parmi les plus petits, qui ne coûte une peine, et que les mots les plus rudes s'adoucissent sur di jolies lèvres. Et puis, nous voici tout à l'heure hors de ces ronces ; nous allons visiter ces nombreuses familles, ét là nous attendent les anecdotes de toute nature, les révélations, les épisodes gais ou terribles, etc. mière classe. ACOTYLÉDONIE, La famille des algues , la première de cette classe, est placée sur la dernière nite du es, les eaux stagnantes en général. Ces filaments, qui semblent au premier aspect une sorte de limon flottant, sont pourtant doués de certains mouvements spontanés; ils Sentrelacent, et se rapprochent intimement à certaines époques. Puis viennent les fucus ou va- rechs, qui peuplent les eaux de la mer, et parmi lesquels on remarque d'abord le fucus sacré, qui se couvre d’effloreseences blanches et sucrées, que les Irlandais mangent avec un grand plaisir après les avoir soumises au feu. Mais le genre le plus remarquable de cette famille est le fucus géant et nageant , immense lanière dont la longueur est souvent de plusieurs centaines de pieds, et qui, BOTANIQUE DES DAMES. 131 sur les mers équatoriales, arrêtent quelquefois les vaisseaux. C'est ce qui arriva à Christophe Colomb, marchant à la découverte d'un nouveau monde. Déjà ses compagnons épouvantés faisaient entendre des x es et voulaient obliger leur chef à revenir en Europe. Colomb insiste pour aller en avant; il demande quelques jours, promettant qu'on ne peut tarder à voir la terre qu'il cherche, parce que son génie l'a devinée. Tout-à-coup les caravelles s'arrêtent au milieu de l'Océan ; la sédition va éclater. De toutes parts on n’apercoit qu'une vaste forêt flottante. Mais enfin, le vent qui était tombé ; les caravelles glissent à travers ces algues imméfses ; le Nouveau- Monde est découvert ! Après les algues viennent les champignons, qui n'ont guère de ressemblan avee les familles dont ils sont environnés, mais dont la place est marquée par les caractères négatifs communs à toute cette classe, Cette famille, qui n'a ni feuilles, ni fleurs, ni aucun organe qui y ressemble, présente à la fois des mets icats et des poisons terribles : à cô a truffe parfumée, de la morille, de l'excellent champignon comestible, croissent les espèces les plus vénéneuse: Dans la famille des champignons sont comprises ces moisissures, ces sortes de duvets poudreux, cotonneux , que l'humidité fait naître sur le vieux bois et les végétaux à demi pourris dont ils hâtent la destruction. Cette famille» nombreuse présente quelques genres d'un aspect agréable, comme l'oronge dont le globe, d’un rouge éclatant, tranche sur les tapis de verdure. Mais quand on pense au venin mortel que renferment quelques espèces, la beauté des autres disparaît : qu'importe l'enveloppe, quand Je cœur ne recèle que fiel et corruption ! Nous remarquerons encore dans cette classe les lichens, qui naissent partout où l'on pourrait croire la végétation impossible, sur la töte nue des rochers, sur le sommet des monuments, la surface polie des pierres. D'abord, les lichens apparaissent chétifs, souffreteux ; mais ce sont de pauvres enfants qui vivent de si peu, qu'ils grandissent partout. A force de persévérance, i creusent la pierre, s'y font une demeure ; les générations se succèdent, et la végétation devient vigoureuse R où elle semblait ne pouvoir s'établir. Le lichen est l'aliment du renne, qui lui-même est l'unique ressource du. La- pon. Le lichen d'Islande se transforme, par la cuisson, en une gelée abondante qui est la nourriture principale de plusieurs peuplades de l'Amérique du Nord ; d'une autre espèce, commune en Suède, on tire une sorte de cire dont on fait des bougies , et plusieurs autres contiennent des principes colorants d'un assez grand prix : tant il est vrai qu'il ne faut pas dédaigner le faible , et que dans l'ordre des choses la place qu’oceupent les infiniments petits est presque toujours la plus légitimement conquise 132 LES FLE RS ANIMÉ) La famille des mousses est la plus élégante, la plus jolie de cette classe. arbres en miniatu Les mousses sont de charmants pe qu'on ne peut se lasser d'admirer; les ta d'éclat avec pis qu'elles forment à l'ombre des forêts rivalisent les plus beaux velours ; et non-seulement elles sont vivaces pour la plupart, mais elles possèdent la singulière propriété de reverdir et de re- vivre lorsqu'on les humecte, même après qu'elles ont été desséchées depuis plusieurs années. Cette famille contient un grand nombre de senos. Les plus remarquables sont les polytrichs, dont le Lapon , à l'exemple de l'ours, se fait un lit fort doux ; les bries, les hypnes , les phasques, dont on se sert pour le calfat des bateaux. Nous ne dirons rien des hépatiques, petites plantes herbacées qui naissent dans les lieux humides, non plus que des cycadé s, petite famille qui tient le milieu entre les palmiers et les fougères, et qu'on ne trouve que dans alement sur les ri l'Inde et au Japon ; nous passerons é ospermes, petite plante aquatique A laquelle on ne connaît aucune propriété. tant aux fougères , dont les espèces sont assez nombreuses , c'est dans leurs cendres que Pon a su trouver un produit intéressant : elles contiennent abondamment de la pota C'est en fai se qu'on en extrait pour la fabrication du verre, et ant allusion à T'ori le vin qui rit dans la fougere. igine de cette potasse, que les poètes ont célébré Deuxiéme classe. MONOHYPOGYNIE. Cette classe ne renferme que trois familles : celle des nayadées est assez nombreuses ; elle se compose, ainsi que l'indique son nom mythologique, de plantes qui croissent dans 1 au ; l'espèce la plus remarquable est la vallisnère- spirale ¿lle est assez cı mmune dans le Rhöne; elle porte ses fleurs sur une longue tig e roulée en sp ale, qui reste constamment sous les eaux pendant six mois, après quoi la spirale se dé oule , et la plante s'élève au-dessus de la surface. C'est cette ngularité qui a inspiré ces ver à un poète botanis Le Rhône impétueux, sous son onde écumante, Durant six mois entiers nous dérobe une plante, Dont la tige s'allonge en la saison d'amour, Monte au-dessus des flots et brille aux yeux du jour. Les mâles, dans le fond jusqu'alors immobiles, De leurs liens trop courts brisent les nœuds dé BOTANIQUE DES DAMES. 133 Volent vers leur amante, et libres dans leurs feux, Lui forment sur le fleuve un cortég ge nombreux : On dirait une fète où le dieu @hyméné Proméne sur les flots sa pompe fortuné Mais les temps de Vénus une fois accomplis, La tige se retire en rapprochant ses plis, Les aroiles, qui forment la deuxième famille de cette classe , ne sont pas moins remarquables. D'une racine ordinairement charnue et s'élèvent de ma tuberculeuse , nifiques feuilles palmées ou en fer de flèche, d'un ve rt plus où > quelquefois même diaprées du plus beau pourpre , et rivalisant alors d'éclat avec les fleurs elles-mêmes. Au milieu de ces feuilles, e moins fon t sur une hampe élancée , se déroule une spathe colorée en forme de cornet pant une colonne floriföre à rés , envelop- laquelle succède une belle grappe de baies colo- du plus brillant vermillon. Du cornet d'une aroide, la calle d'Éthiopie , s'échappe une odeur des plus suaves, tandis que des émanations fétid cadavéreuses s et ‘exhalent d'une autre espèce, Varum serpentaire : il est si rare de trouver réunies la beauté et la bonté ! La famille des typhacées ne se compose que de deux genres : le typha ou massette, et le rubanier ou ruban-d’cau, dont on emploie les tiges et les feuilles pour tresser des paillassons, et dont le inflammable. it contient une poudre sième classe. MONOPERIGYNIE. C'est dans la première famille de cette classe, les eypéracées , plantes her- bacées , naissant dans des lieux marécageux, que se trouve le souchet papi- rier , qui croît en abondance sur les bords du Nil, et avec lequel les anciens fabriquaient leur papier appelé papirus. C’&tait en découpant, étalant et collant ensuite côte à côte les lames desséchées de son ssu , sur lesquelles on collait une autre couche de lame en crois ant les fibres à angles droits, et passant la pierre-ponce sur le tout, qu'on faisait ce gr ier papier dont de nombreux restes ont cependant, malgré leur fragilité, traversé les siècles, et offrent aujourd'hui à notre « iosité les écritures autographes des Égyptiens , des Grecs et des Romains A cette classe aussi appartient l'immense et abondante famille des graminées. nettent à un grand Les formes sveltes et lancées des graminées, qui per 134 LES FLEURS ANIMÉES nombre d'occuper très peu de place tmonient si bien avec les formes variées des autres végétaux, que ce contraste et cette opposition ne lassent jamais. Mais des qualités plus précieuses rendent cette famille bien autrement intéressante : ces frêles végétaux portent la nourriture du monde : dans tontes les contrées , sous tous les climats, des semences de graminées forment l'aliment principal des ainsi qu'en Europe, les céréales, le blé (fig. le s iques compagnes du genre humain , ces plantes si anciennement domestiques, qu'on ne les retrouve presque plus dans l'état sauvage, et qu'elles ne peuvent plus vivre loin de la tutelle de l'homme, sont la base de sa nourriture. Dans l'Inde et dans tous les pays facilement submergé riz les remplace et suffit presque seul à la substantation de nations entiè fin, c'est encore dans la famille des graminées que se trouve la canne A sucre, originaire de la Chine, et qui, transportée à Saint- Domingue en 1506, fut ensuite répandue dans une grande partie de la région équatoriale de l'Amérique. I est remarquable qu'elle a perdu la faculté de donner des graines ; c'est par les rejetons qu'on la perpétue maintenant. La matière sucrée est contenue d: l'en retirer on écrase les tiges , on met sur le fen Ja liquen n en obtient, et on l'épure par une série de procédés, jusqu'à en faire du sucre blane et eristallis6, source de si nombreuses jouissances gastronomiques Après la famille des graminées, il wen est pas de plus importante que celle des palmiers. Presque tous les palmiers sont de grands et admirables arbres dont la tige, qu'on appelle stipe dans toute sa longueur , et ne se ramifiant point, forme une colonne élancée, terminée par une couronne toujours verdoyante de feuilles ailées ou en éventail. Les fleurs, qui se chan- gent en grappes appelées régimes, sortent, entre les feuilles, d’une enveloppe particulière qu'on nomme SP s sont tous habitants des con- trées chaudes du globe et étrangers à l'Europe, à l'exception d'une seule espèce. C'est parmi eux que se trouvent les plus élevés des végétaux , comme le palmier eirier des Cordilliöres, qui produit une ciré abondante propre à l'éclairage , et dont la hauteur dépasse souvent deux cents pieds : mais cette grandeur n'est rién' en comparaison de leur utilité, des bienfaits qu'ils ré- pandent autour d'eux, et qui en font un objet de respect et d'admiration. C'est parmi eux qu'um seul arh sagontier, suffit à tous les besoins de l'homme qui vit à ses p aucune des parties du pal- mier, à quelque espèce qu'il appartienne, qui ne serve à la nourriture ou à la conservation de la santé de l'homme. La tige de plusieurs, particulièrement celle du sagoutier, offre dans sa moelle, convertie par la vieillesse en une espèce de farine, un aliment éminemment nutritif, appelé sagou. Dans plusieurs au- tres, les feuilles non encore développées, rassemblées en bourgeon terminal, BOTANIQUE DES ;DAMES, 138 è mangent sous le nom de chou-palmiste, Leur sève que l'on recueille au moyen d'incisions faites aux spathes, et qui f mente aisément à cause de la grande quantité de sucre qu'elle contient, f lente qu'on appelle vin d rnit une liqueur exce almier, et dont on tire , par la distillation, une pèce d'eau-de-vie appelée rack. Mais c'est surtout à cause de leurs fruits que les palmiers sont éminemment précieux pour l'homme ; délicieux, ils 1 en al lance. Le daitier offre aux habitan de la dattes savoureuses, yrie et de plusieurs autres con rées ses longs r mes ¢ nourriture tellement indispensable pour un grand nombre de tribus arabes, que ces peuples ne peuvent croire qu'il ail au monde des pays habités où Yon ne trouve point de dattier. Le ec tier fournit aux Indiens une nourri- ture aussi agréable qu'abondan e; et le lontar des Sechelles abandonne tous les ans aux flots ses fruits d'une forme bizarre, s plus os qui soient portés par un arbre. Celle espèce de flotte vient aborder régulièrement aux îles Maldives fois Vor) singulière apparition de ces fruits, dont on ignorait autre- ìe, avail fait penser qu'ils élaient produits par € plantes sous- marines. Enfin, des tiges souples du palm r on fail des cordages, des naltes, des sié es, des caunes , ele. ; et telle est la beauté de végélal es bienfaits qu'il répand ont éveillé dans le cœur de l'homme ment de rec un si vif senti- onnaissance , que Von a fait des feuilles du palmier l'emblème des plus hautes récompenses et le symbole de la victoire La quatrième famille de cette classe est celle des asparagées , famille com- posée de genres qui paraissent bien divers. Ainsi, elle comprend les asperges, le muguet, le fra n épineux, les ignames, ete. Après celle dernière, se plac ìt les joncées, qui ont beaucoup de rapports avec les cypéracées (voir plus haut); puis les commélinées et les alismacées, qui sont peu importantes, bien qu'elles offrent quelque ress emblance avec les liliacées ; les colchicacées, par ni lesquelles se trouvent quelques plantes ma- gnifiques, telles que les méthoniques, vulgairement appelées superbes du Malabar; les érithrones , les hélanias, la mérendére des Pyrénées. En au- tomne, nos prairies se couvrent d'une grande quantité de nille. ars roses char- mantes, c'est I colchique qui donne son nom à la fa Nous voici arrivés à la famille des liliacé , une des plus nomb ses et des plus brillantes du règne vi al, famille glorieuse, ainsi que l'appelait le célèbre botaniste Ventenat, qui la considérait comme la plus grande gloire de l'empire de Flore, appréciation mytholo; que qui pour être bien vieille, n'en est pas moins juste, Null autre famille des liliacées en richesse de coul ars, en élégance de formes parfums. Nommer quelques-unes des plantes qui la composent, suffit pour 136 LES FLEURS ANIMÉES. faire naître les pensées les plus riantes et les plus poétiques que le spectacle de la nature puisse inspirer. A la téte de cette splendide famille , il est juste de placer le lis blanc; puis, aux premiers rangs, le lis turban, dont 1 fleurs du plus beau rouge écarlate ou d’un jaune admirable, ont la forme d'un turban ; le lis margaton , le lis de Chalcédoine, aux couleurs purpu- rines éclatantes, le lis superbe (fig. 37), dont- la magnifique girandole est portée sur une tige de près de cinq pieds de hauteur. Plus humble dans son port, mais non moins riche de coloris, la tulipe suit immédiatement ; elle est, sans contredit, un des plus beaux ornements de nos jardins, par l'inépuisable variété de ses couleurs ; du blane le plus pur au brun le plus sombre, du rose tendre au violet, du jaune d'or au rouge le plus écla- tant, il n'est aucune nuance qu'elle ne puisse offrir, et lorsque, pour la pre- mière fois, on jette un coup d'œil sur une plate-bande de tulipes bien choisies, on est tenté de pardonner les folies qu'on a faites, il y a un siècle, pour s'en procurer : à celle époque , certains ognons de tulipes furent payés jusqu'à vingt mille franes; on appela les amateurs exagérés qui faisaient de tels sa- erifices : des fous-tulipiers. Les fous-tulipiers ne sont pas encore rares de nos jours, et nous devons à M. Alphons auteur de l'introduction de nos Fleurs Animées, cette charmante anecdote qu'il a publiée ailleurs sous ce titre : Histoire véritable d'une Tulipe. « Un-amateur de tulipes faisait Vexhibition de ses fleurs : — Il s'était livré à tous les exercices usités en pareil cas — entre autres, l'exercice de la ba- guette , qui consiste à appuyer la baguette de démonstration sur la tige de la tulipe, en feignant d'employer toutes forces, sans pouvoir réussir à la courber, — et à dire : « Je vous recommande la tenue de celle-ci : c'est une tringle, messieurs, c'est une barre de fer. «En effet, il est convenu entre ces messieurs qu'une tulipe qui ne pèse pas le quart d'une once doit être portée par une barre de fer, — de mème que , vers 1812, je crois, — il a été défendu aux tulipes d'être jaunes «U avait montré Gluck, cette plante si méritante, — à fond blanc strié de violet ; — et Joseph Deschiens , — un vrai diamant, également blanc et violet ; — et Vandaël, cette perle du genre, toujours blanche et violette ; — et Czar- toriski, fleur de 5° ligne, blanche et rose, remarquable par l'extrème blan- cheur des onglets ; et Napoléon Ie, et le Pourpre incomparable, et 1,600 au- tres, — lorsqu'il arriva à une tulipe devant laquelle il s'arrêta avec un sourire BOTANIQUE DES DAMES, 137 ineffable , la désignant du geste, — mais sans parler, — un des visiteurs de- manda si cette tulipe n'avait pas un nom comme les a Le maitre des tulipes mit un doigt sur sa bouche, — comme eût fait Har- poerate , le dieu du silence, — puis il dit : Voyez quelle magnificence de co- loris, — quelle forme , — quels onglet tenue, quelle pureté de dessein, — quelle netteté dans les stries , — comme c'est découpé, — comme c'est proportionné | — Cest une tulipe sans défaut « — Et vous l'appelez? — Chut!... c'est une tulipe qui, à elle seule, vaut tout le reste de ma col lection — Il n'y en a que deux au monde , Mes: — Maisson nom — Chut!... son nom... je ne puis le prononcer sans forfaire à l'honneur... — je serais bien fier et bien malheureux de dire son nom, de le dire & haute voix, — de l'écrire en lettres d'or au-dessus de sa magnifique corolle ; — c'est un nom connu et respecté — Pardon , Monsieur, je n'insiste pas, — cela paraît tenir à la politique peut-être est-ce le nom de quelque fameux proscrit, —je ne yeux pas me compromeltre.... D'ailleurs, nous ne partageons pas peut-être les mêmes opinions — Nullement , Monsieur, ce nom n'a rien de politique; mais j'ai juré sur l'honneur de ne pas la faire voir sous son vrai nom; — elle est ici incognito, sous lineognilo le plus sévère ; — peut-être même en ai-je trop dit... Mai avec toutle monde, avec les gens pour qui je n'ai pas l'estime que vous mins: pirez, — je ne vais pas aussi loin, — je n'avoue même pas que c'est une tu- lipe, la reine des tulipes; je passe devant avec une indifférence, — une in- différence jouée, — comprenez bien. — Je la désigne sous le nom de Rebecca, mais ce n’est pas son nom Les amateurs partirent et moi avec eux; mais je retournai le lendemain, et je lui dis — Mais, enfin, c'est done un mystère bien terrible? — Vous allez en juger. Cette tulipe... que nous continuerons & appeler Rebecca... était en la possession d'un homme qui l'avait payée fort cher, — surtout parce que, sachant qu'il y en avait une autre en Hollande, il était allé l'acheter, et l'avait écrasée sous les pieds pour rendre la sienne unique. — Tous les ans elle excitait l'envie des nombreux amateurs qui vont voir sa col- lection ; tous les ans, il avait soin de détruire les caieux qui se formaient au- tour de Pognon et qui auraient pu la reproduire. — Pour moi, Monsieur, je n'ose pas vous dire ce que je lui avais offert pour un des caïeux qu'il pile tous I, 18 138 LES FLE S ANIMÉES. les ans dans un mortier; j'aurais engagé mon bien, compromis l'avenir de mes enfants. Je ne regar is plus ma collection lle ainsi un homme qui me laissait dépérir sans — mes plus belles tulipes ne pouvaient me consol de ne pas avoir que je ne dois pas nommer, En vain mon ami appele pitié? — en vain mon ami me disait : Venez la voir tant que vous voudrez t jamais seul avec elle, — on eùt craint sans doute ma passion. — En effet... je l'aurais peut- 161 pas eu de remords. — me laissa J'y allais, — je m'asseyais devant, des heures entières; on ne re y lée, — je l'aurais peut-être arrosée d'une substance dé- re pour la faire périr; au moins, elle n'aurait plus existé, et je n'aurais Quand Gygès tua Candaule pour avoir sa femme, tout le monde donna tort au roi Candaule, qui avait voulu la faire voir à Gygès, toute nue , sortant du bain. — On n'a qu'à ne pas montrer la tulipe. — J'arrivai à un tel état de désespoir, — qu'une année je ne plantai pas mes tulipes — mes chères tuli- pes. — Mon jardinier eut pitié d' et peut-être de moi, — et le rustre je le lui pardonne, — car il les a sauvées , — les planta au hasard, — dans une terre vulgaire. — Mais, enfin, comment avez yous eu cette tulipe? — Voilà la chose... Je n'ai pas tout-à-fait imité Gygès, quoique mon ami ne se fût pas montré plus délicat que Candaule; mais cependant j'ai fait un crime; j'ai fait voler un caïeu. — Candaule a un neveu... Ce neveu, qui attend tout de son oncle, lequel est fort riche, l'aide à planter eta déplanter ses tulipes, etaffecte pour ces plantes une admiration qu'il wa pas, le malheureux ! mai: sence, — L sans laquelle son oncle ne supporterait même pas sa prés est riche, mais il n’est pas d'avis que les jeunes gens aient beaucoup d'ar; Le neveu avait contracté une dette qui le tourmentait beaucoup... Son cré menagait de fai a déclaration à son oncle. —Il s'adressa à moi et me supplia de le tirer d'embar — Je fus cruel, Monsieur; je refusai net. — Je me plus à lui exagérer la colère où serait son oncle quand il aurait appris l'incartad Je le désespér i bien, —pui l'argent dont tu a — Oh! s' jeluidis : « Cependant, si tu veux, je te donnerai besoin. ia-t-il, — vous me sauvez la vie. — Oui, mais à une condition. — A mille, si vous voulez. — Non une seule, — Tu me donneras un caïeu de la. tulipe en ques- tion Il recula d'horreur à cette proposition. — Mon oncle me chassera, s'écria-t-il, — me chassera et me déshéritera. PA BOTANIQUE DES DAMES 139 — Oui, mais il ne le saura pas, — tandis qu'il saura certainement que tu as fait des dettes. — Mais sil le savait jamais! — A moins que tu ne le lui dises. — Mais vous... Enfin, je le pressai, j'effrayai le malheureux jeune homme; il promit de me donner un caieu quand on déplanterait les tulipes, —mais il exigea mon ser- ment sur l'honneur de ne jamais nommer... celle que j'appelle Rébecca, à personne — et de lui donner un autre nom — jusqu’à la mort de son on in échange de cette promesse, je lui donnai l'argent dont il avait besoin. Depuis, nous avons tenu tous deux nos serments; j'ai eu la tulipe, et je ne Yai nommée à personne. — La première fois qu'elle a fleuri ici, — chez moi, — étant à moi, — l'oncle est venu voir mes tulipes. — C'est une politesse qu'on échange entre amateurs. — Il l'a regardée et a páli. — Comment appelez-vous ceci? m'a-t-il dit d'une voix altér Ah! Monsieur, je pouvais lui rendre tout ce qu'il m'avait fait souffrir! — Je pouvais lui dire le nom... que vous ne savez pas..... Je me suis rappelé ma promesse , ma promesse sur l'honneur , et le neveu était Iù, il me regar- dait avec angoisses, — et j'ai dit Rébeccs Cependant , il trouvait bien quelque ressemblance; — aussi il est res préoccupé ; — il a beaucoup loué le reste de ma collection , et n'a rien dit de celle qui est la perle, le diamant de ma collection. — Il est revenu le len- demain, — puis le surlendemain , — puis tous les jours tant qu'elle a été en fleurs ; — puis il a réussi à se tromper lui-même : il a eru voir entre Rebecca et... l'autre... des différences imaginaires. Alors il a dit : elle ressemble un peu À... vous savez Eh bien! Monsieur, j'ai aujourd et je ne suis pas heureux. — A quoi cela me ser à personne? — Quelques amateurs, — forts, —la reconnaissaient à peu près; — mais je suis forcé de nier, — et je n’en rencontre pas un assez sûr de lui pour me dire: — Vous êtes un menteur. —Je souffre tous les jours d’affreux tour- ments : — j'entends ici faire l'éloge de la tulipe que j'ai comme lui. — Quand je suis seul, je m'en régale, je l'appelle de son vrai nom, auquel je joins les épithètes les plus tendres et les plus magnifiques. — L'autre jour, j'ai eu un peu de plaisir : — je l'ai prononcé ce nom mystérieux, — tout haut à un homme. — Mais je Wai pas manqué à mon serment : — cet homme est sourd à ne pas entendre le canon. Eh bien! cela m'a un peu soulagé; — mais c'est incomplet. — On ne sait 140 LES FLEURS ANIMÉES. pas que je l'ai —elle..... Tenez..... ayez pitié de moi, — mon serment me pèse. Jurez-moi sur l'honneur, à votre tour, de ne pas péter ce que je vais vous dire. vous dirai alors son vrai nom, — le vrai nom de Rébecc de cette reine d aisée en grisette. — Votre serment à vous ne sera pas diffi- cile à tenir; — vous n'aurez pas à lutter comme moi , Monsieur. C'est affreux. — Mai: tout haut que j'ai. que cet homme, que ce Candaule soit mort, — pour dire Tenez, faites-moi le serment que je vous demande. — J'eus pitié de lui, et je lui promis solenn la fameuse tulipe. ellement de ne pas répéter le nom de Alors, avec une expression d'orgueil intraduisible , — il toucha la plante de sa baguette, et me dit: — Voici Mais, à mon tour, je suis engagé par un serment : — je ne puis dire le nom qu'il fut si heureux de prononc — Croyez-vous qu'on invente ces choses-la On remarque encore dans cette famille la majestueuse fritéllaire , ou cou- tonne impériale, l'un des ornements les plus pittoresques des jardins: les hémérocalles , dont les fleurs sont presque aussi belles que celles du lis; les le pour justifier le titre de glorieuse donné yucca, charmants arbriss aux qui r d'autres genres qui seuls suffiraic ssemblent un peu au palmier; et une à cette si belle et si nombreuse réunion, Auprès de celte superbe, dont nous n'avons pu dire toutes les beautés, vint se grouper une toute petite famille , celles des bromólices, formée seule- ment de trois genres, l'ananas ou bromelia, le piteairnia et la tillandrie. L'a- nnu par la nanas est le enre le plus remarquable des trois, et il est assez délicieuse saveur de son fruit Après cette petite famille en vient une immense et belle, celle des nar- é des fleurs, de l'élégance ms. En tète de cette famille se placent les cissées, qui disputent liliacées le prix de la be du port et de la suavitó des part amaryllis, genre si nombreux et si varió, que nous n’en saurions ici énumérer les espèces. Parlons de la plus remarquable, de Pamaryllis gantesque, qui est peut-être la plus belle desfleursconnues: son ognon , d'une grosseur énorme, pousse, au milieu d'une touffe de feuilles de la plus grande dimension, une tige de trois pouces de diamètre et de plus de deux pieds de hauteur, du sommet de laquelle, et en t rt acun par une fleur d'un rose vif, rayée d'un rose plus foncé longs, terminés cl et de trois pouces de | touronne de plus de six pieds de circon érence, et dont on chercherait en vain BOTANIQUE DES DAMES 144 dans tout le régne végétal un second exemple. Cette plante si belle a fleuri en France pour la première fois dans le cours de l'année 1820. C'est à la famille des nareissöes qu'appartiennent en outre la jonquille (fig. 38), le narcisse de Consta tinople, celui de Chypre, le lis des Incas, les hémantes, les galantines, les pe neige et Pagavé, dont la florai- son e ion : après une croissance d'un objet d’admira and nombre , ayant acquis toutes ses forces, accomplit ce phénomène d'années, l'agav du milieu de ses feuilles s'élève, ou plutôt s'élance, tant son développement est rapide, une tige nue, haute de quinze à vin mense quantité de fleurs jaunes verda PY bientöt les fleurs t pieds, terminée par une im- res, disposées en une magnifique mide. Cet accroissement subit s'exécute en quinze jours environ; puis sent, la ti o se Métrit, et la plante meurt en laissant un nombre infini de graines et quelques rejetons, qui offrent un moyen plus prompt de la propager. La dernière famille de la classe MONOPÉRIGYNIE se compose des iridées, dont les iris sont le genre principal et le plus nombreux , les deux autres genres les plus importants sont les ‘xia, dont les fleurs offrent toutes les couleu toutes les nuances im et inables; et les glayeuls dont les fleurs, aussi fugaces que belles, ne vivent que quelques heures ne classe MONOÉPIGYNIE. Quatre familles seulement composent la quatrième classe : la première est celle des musacées , peu nombreuse en genres, mais qui comptent parmi eux le bananier, ce quisulit à son illustration. On croirait a ant isément , en voy ce beau et vigoureux vé; al, dont la tige a communément trois pieds de e conférence et quinze pieds de hauteur, que c'est un arbre d'une grande solidité et d'une existence ‘durable. Ce n'est pourt € dont la nt qu'une plante he vie, dans les contrées voisines de l'équateur, ne ¢ € jamais une année entière. Dans les climats tempérés , où, pour le faire eroître et fructifier, il faut que l'art vienne au secours de la nature, sa vie so prolonge pendant une assez longue suile d'années: elle peut même être d'un siècle; mais il ne peut éviter sa destinée qui est de périr dès qu'il a donné ses fruits ndite était dans toute sa Tout récemment, alors que la fièv spéculateurs s'en étaient pris au bananier; ils prétendaient pou- lue découverte est mise en actions au capital de pl cette plante, Vite, la pré s millions ; les actionnaires vinrent... LES FLEURS ANIMÉES. où n'en viendrait-il pas? On fit réellement du papier de bananier; mais il était fort mauvais, et il revenait à un prix quadruple de celui fabriqué par les procédés et avec les matières ordinaires. Il est vrai que les actionnaires avaient le droit d'aller contempler deux bananiers rabougris, souffreteux , qui s'étio- laient dans les salons du gérant, rue Montmartre , n° 471, et que ce plaisir ne leur a coûté que quelques centaines de mille franes!... En vérité, quand on pense au genre actionnaire et à quelques autres, on est forcé de convenir que notre orgueil seul a ¡pu nous faire placer le règne auquel nous appartenons au-dessus de celui où se trouvent tant de si belles et si bonnes choses qui ne mentent pas, qui ne volent pas, et dont le muet et doux langage ne passe par les yeux que pour réjouir le cœur... Décidément les fous-tulipiers ne sont pas si fous qu'ils le paraissent Les amomées, deuxième famille de cette classe, comprennent le balisier, plante d'ornement, haute de quatre pieds, dont les feuilles sont tournées en cornet avec tant de perfection , que les euux de la pluie y séjournent comme dans des vases. Dans cette famille sont rangés l'amome gingembre, le cur- cuma, la zédoaire, et quelques autres genres moins importants. La bizarrerie est le caractère principal de la famille des orchidées. L’orchis militaire, par exemple, et Porchis singe présentent, dans chacune de leurs fleurs, l'apparence d'une figure humaine suspendue. Il est vrai que l'imagi nation aide quelque peu à ces ressemblances; mais elle n'ajoute rien à T'illu- sion que produisent les fleurs des autres genres de cette3famille qui figurent, les unes des mouches, les autres des taons et plusieurs autres insectes. A celte singularité, la famille des orchidées, joint l'avantage de compter parmi ses membres la vanille, qui fournit le plus suave des parfums du règne végétal. Nous ne mentionnerons que pour mémoire la dernière famille de cette classe, les hydrocharidées , herbes aquatiques que quelques auteurs ont ran- es à tort parmi les naiadée: ¡e classe. ÉPISTAMINIE, Cette classe ne contient qu'une seule famille, les aristolochides , plantes qui habitent ordinairement les pays chauds. C'est dans cette famille que se trouvent les plus grandes fleurs connues : le célèbre voyageur de Humboldt a vu dans l'Amérique méridionale des fleurs d'aristoloche qui avaient quatre pieds de circonférence. BOTANIQUE DES DAMES. Sixiéme classe. PERISTAMINIE. La plupart de enres de la premiere famille de cette clas , les éléagnées , viennent de l'Inde et de l'Amérique septentrionale. On remar e parmi e plantes le grignon de Cayenne , l'argousier, les badamiers, et, plus particu- lièrement, le badamier au vernis, d'où découle la matiè e vernis avec lequel les Chinois recouvrent les Europe sous le nom d'objets en laque de Chine. o résineuse qui forme le célèbr meubles connus en Les daphnotiles ne sont pas une famille bien importante; cependant, c'est au nombre des genres dont elle se compose que se trouve le bois dentelle. C'est un arbuste de la Jamaïque dont l'écorce intérieure est formée de fils trelacés qu’on peut étendr avec un peu de précaution , et qui offre aloı ressemblance frappante avec la dentelle la plus belle, à supposer pourtant que la dentelle soit une jolie chose. On rapportait à une dame de beaucoup d'esprit une que cet arbrisseau pouvait parfaitement s'acclimater en Europe, ce qui serait un grand bonheur pour les dames, qui pourraient désormais avoir de très belle dentelle à bon marché. — Eh! Monsieur, répondit la dame au nouvelliste mal av nez-vous pas que les femmi sé, ne compre ette laide chose qu'on appelle dentelle que parce qu'elle coûte un prix fou ? Viennent vos arbustes, et per- sonne n'en voudra. ne font cas de La famille des protéacées se compose de très beaux arbres qui croissent naturellement en Afrique; le genre le plus remarquable est l'arbre d'argent dont les feuilles en fer d nee, et d'un éclat presque métallique, reflètent les rayons du soleil d'une manière éblouissante: Les espèces du genre laurier, qui a donné son nom à la quatrième famille de cette classe, les lauroïdes, sont forts nombreuses et trop connues pour que nous on parlions longuement. Le plus important du genre espèce de laurier cultivó à Ceylan, soleil, se roule et forme ce que nous appelons la cannelle. Une autre espèce t le cannellier, el dont l'écorce enlevée et exposée au du même genre est le muscadier, dont la graine muscade. connue sous le nom de Les polygones, les patiences et les rhubarb ont les prineipau genres de la famille des polygonées. Le blé noir ou sarrasin est le plus important; les patiences et les rhubarbes sont d'une utilité douteuse. Los atriplicées , sixième et dernière famille de cette classe, sont des plantes 144 LES FLEURS ANINI potagères, la bette blanche , ta betterave, ete. La betterave a acquis depuis trente ans une haute importance. En 1812, on ne connaissait que le sucre de canne , qui valait quatorze franes le kilogramme en France, par suite de la guerre avec l'Angleterre. Des essais furent faits pour obtenir du sucre de quelques plantes indigènes. Les Parisiens se moquèrent beaucoup de ces ten- tatives; on chansonna le sucre indigène et ses fabricants, et nous nous rap- pelons avoir vu aux vitres de Martinet, ce musée en plein vent de la rue du Coq, une caricature représentant le roi d'Angleterre et Napoléon , tous deux couronne en tête; l'Anglais lançait à l'Empereur une énorme betterave , en s'écriant : Va te faire sucre! Et voilà qu'aujourd'hui le sucre de betterave aussi beau , aussi bon , aussi el même plus abondant que le sucre de canne , met en péril les plantations de nos colonies! Les Anglais qui ont beaucoup ri du mot, trouveraient sans doute, en cas de guerre, la chose fort peu pl sante Septième classe. HYPOSTAMINIE. es propriétés des amaranthées , première famille de cette classe, sont nulles ou inconnues. Les genres les plus remarquables sont lamaranthe tricolore et la queue de renard, qu’on cultive dans les jardins Les plantaginées sont une petite famille composée des genres plantain (fig. 39) et littorelle; ce sont des plantes herbacées qui croissent sous presque toutes les latitudes. Les myclaginées sont ainsi nommées parce que, dans la plupart des espèces de cette famille, les fleurs ne s'épanouissent que pendant la nuit. L'espèce la plus commune est la belle-de-nuit, qu'on appelle aussi merveille du Pérou, parce qu'elle estoriginaire de ce pays. La quatrième el dernière famille de cette classe se compose des plombaginées, Ce sont de petites plantes comme le gazon d’Olympe , et d'autres petits gazons employés en bordures dans les jardins. Huitième classe HYPOCOROLLIE. La primevère et l'oreille d'ours sont les principaux genri BOTANIQUE DES DAMES. mille des primularées, la première de la huitième classe. Ces fleurs sont fort connues et peu remarquables. Les acanthées, qui forment Ja deuxième famille, sont surlout remarqua- bles à cause de l'élégance de leurs feuilles qui ont été adoptées pour orne- ment par les sculpteurs de l'antiquité. Callimaque fut le premier qui servit pour décorer le chapiteau de l'ordre corinthien dont il est regardé comme l'inventeur. Parure élégante des jardins, les espèces composant la famille des jasminées forment autour d'elles une atmosphère de parfums s'exhalant du lilas et de toutes les espèces asmin. Mais le genre le plus important de cette famille est l'olivier, source de prospérité pour la Provence et les contré nales de l'Europe. s méridio- On attribuait autrefois aux espèces de la famille des verbénacées des pro- priétés prodigieuses : ainsi le genre galtilier passait pour être le remède le plus efficace contre les tourments de l'amour; et la verveine , autre genre de la mème famille, jouait un grand rôle dans les enchantements et la sorcelle- rie. Aujourd'hui il n'y a plus guère que les médecins qui reconnaissent qu que vertu à celte plante ; mais ils n'en sont pas plus sorciers pour cola. Les jolies plantes composant la famille des labices, plantes dont les carac: eres sont aussi naturels que les propriétés, habitent plus particulièrement les collines et les lieux exposés au soleil ; tels sont le thym, la sarriette, la sauge, qui forment un si agréable assaisonnement. Un phénomène curieux s'observe dans une espèce de cette famille, le dracocéphalum variéga fleurs, au nombre de quatre, sont presque droites et sessiles ; elles sont susceptibles d'être mues horizontalement dans l'espace d'un demi-cercle , et restent immobiles dans la position qu'on leur a fait prendre. On a donné le nom de personnées aux plantes composant la sixième famille de cette classe, parce que la configuration de leurs fleurs te assez bien un masque. Elles sont d'un grand usage en médecine ; quelques-unes eon- tiennent un poison trés actif. Les plantes de la famille des solanées ont en général une teinte sombre et livide, une odeur fétide, qui semblent indiquer leurs propriétés dangereu: telles sont la belladone, la mandragore, la jusquiame, la pomme épineu Mais, par compensation, cette famille compte au nombre de se pomme de terre, qui est du pain tout fait, et grâce à laquelle il ne peut plus y avoir de famine en Europe. Cette plante fut apportée, en 1590, du Pérou en Europe, où elle s'est multiplide à l'infini, non sans peine pourtant ! Pen- dant près de deux siècles , le peuple n'en voulut faire d'autre usage que de la donner pour nourriture aux poureeaux, ct il fallut des efforts inouis pour dé- u 19 LES FLEURS ANIM raciner le préjugé qui l'empêchait d'être admise sur la table du pauvre. Le célèbre Parmentier fut le plus infatigable propagateur de la pomme de te Désespéré pourtant du peu de succès qu'il obtenait, il s'avi roi Louis XVI. — « Sire, lui di rs la fête de Votre Ma- jesté (Saint-Louis, 25 août) : si vous consentiez à porter ce jour-là une fleur de pomme de terre à la boutonnière de votre habit, je suis persuadé que ferait plus que tous les écrits possibles pour faire adopter cette plante. » Le roi y cons sa de s'adresser au c'est dans trois jou ela ntit, et il ordonna en même temps qu'à partir de ce moment, on servit chaque jou sur table un plat de pommes de terre. L'expédient eut un résultat prod sieux : bien en cour, les pommes de terre firent fureur à la ville, et le peuple accepta enfin un bienfait qu'il avait si longtemps repouss C'est encore dans la famille des solanées que se trouve le tabac. Jean Nicot, ambassadeur de Fr de Médicis. qui va s'étendant sans cesse ; aussi n'a-t-il pas fallu de grands efforts pour le propag nee en Portugal, l'apporta, ep 153 L'usage du tabac est une lèpr , à la reine Catherine Dans la famille des borraginées , les changements de couleur s nt presque universels. C'est ainsi, par exemple, que les fleurs du tournefort, d'un blane verdätre d'abord, passent, avant de se flétri une couleur noire très fone e d'autres plantes de la même famille, telles que la pulmonaire , la consoude, ont les fleurs rouges à leur épanouiss sse. A celle famille appartiennent les héliotropes, dont quelques espèces sont très recherchées, et l'orcanette, dont la ri ement, et bleues dans leur vieill ine contient un principe colorant d'un se servaient comme nis d'emprunter quelque rouge plus ou moins foncé, et dont les dames athénienn de fard, pensant sans doute qu'il devait leur être pen chose aux fleurs auxquelles on les comparait. La famille des convulvolacées se compos une forme élé de plusiet genres de liserons ante. A cette famille appartient la patate, qui offre un aliment presque aussi substantiel que la pomme de terre Presque toutes les plantes de la famille des polémoniacées, qui vient en- suite, sont originaires de l'Amérique septentrionale. L'un des genres les plus remarquables de cette famille est le phlox, qui présente une grande variété de couleurs. Le genre des cobæa est aussi fort joli. A P de f et la beauté de leurs fleurs fait un constraste frappant avec la malpropreté des rues. C'est la dans les quartiers populeux, les cobea tapissent un grand nomb fenêtr fleur du pauvre ; comme lui, elle vit de peu, sa jeunesse passe vite et ses joies sont courtes. Entièrement exotique, la famille des bignonié La principale espèce est le catalpa, bel arb porte de très belles flew priginaire d'Amérique, qui forme dans quelques-uns de nos jardins de magnifiques alldes. La bignone tou- BOTANIQUE DES DAMES 147 jours verte, qu'on nomme aussi jasmin odorant de la Caroline , el la bignone droite, ou jasmin de la Virginie, sont aussi de fort belles plantes. A la méme famille appartient le sésame d'Orient ; c'était le sésame des anciens : ses graines contiennent un principe oléagineux dont on tire une huile excellente Après la famille des gentianées, entièrement composée de plantes herbacées donnant de très belles fleurs, vient celle des apocynées, plus nombreuse et plus brillante, qui comprend les lauriers-roses, les frangipaniers et les pervenches, ces douces et modestes fleurs que Rousseau aflectionnait et qu'il préférait même à la rose. C'est aussi aux apocynées qu'appartient le genre des asclé- pias, qui est très nombreux, et la plante appelée gobe-mouche, dont nous avons parlé dans notre première partie Les sapotées , qui forment la dernière famille de cette classe, sont toutes plantes exotiques dont plusieurs sont cultivées dans les pays chaud cause du parfum de leurs fleurs que pour leurs fruits qui ont une sayeur très agréable. Celui du sapotilier est un mets délicieux pour les habitants des Antilles. PERICOROLLIE, Les dyespirées , première famille de la neuvième classe, sont des arbres ré- sineux ; le styrax est une de ses espèces les plus remarquables : la résine qu'on en retire par incision dans quelques contrées de l'Asie, se nomme storax ; le benjoin , résine précieuse, est produit par un autre arbre de la même fa mille. On doit au genre rhododendron, le plus remarquable de la famille des rho- doracées, plusieurs belles espèces qui font l'ornement des jardins ; l'azalée est aussi une fort jolie plante de la même famille. On assure que le miel des abeilles qui ont butiné sur les fleurs de cette plante est dangereux La famille des éricuides diffère peu de la précédente : le genre bruyère est le principal de cette famille; il renferme un grand nombre d'espèces origina du cap de Bonne-Espérance ; telles sont la bruyère en arbre, la bruyère cen- drée, la bruyère élégante et celle de la Méditerranée. La plupart des plantes de la famille des campanulacées sont cultivées à cause de leur brillante corolle en forme de elochette ; le nombre des campanules est considérable, et leurs fleurs rivalisent de beauté. Un autre genre de cette fa- mille, les lobélies, portent un sue vénéneux, et le lobélia tupa, qu'on trouve au Chili, est un des poisons les plus actifs que l'on connaisse. 148 LES FLEURS ANIMÉ e classe PICOROLLIE, SYNANTUÉRIE, Cette classe ne se compose que de trois familles ; la première est celle des chicoracées, dont les fleurs ne s’épanouissent que par un beau temps. A cette famille appartiennent la laitue, la romaine, la chicorée sauvage que l'on a si ridiculement essayé de substituer au café, la scorsonère et le salsi A la famille des cynarocéphales appartiennent les artichauts, les cardons, le chardon, et au milieu de beaucoup d'autres plantes, la plus précieuse pour les dames, celle à l'aide de laquelle elles font disparaître la pâleur produite par Tinsomnie, les plaisirs et les fatigues du bal, la carthame, e fin, qui estla base ce auquel tant de belles ajoutent l'éclat et la du rouge végétal icheur de la rose à la blancheur du lis (vieux style). La plus grande partie des plantes appartenant à la famille des corymbifères de Christ, en feuilles de cœur, la reine-Marguerite. Viennent ensuite les chrysan- produisent de jolies fleurs ; tel est le genre aster, qui comprend T'o Tast thèmes (fig. 40), les soleils et les immortelles, qui doivent ce nom à leur lon- gue durée. Onzieme classe ÉPICOROLLIE, CORISANTHÉRIE. Après les dispacées , première famille de cette classe, dont les valérianes sont le genre principal, viennent les rubiacées, nombreuse famille qui doit sur- tout son importance à l'efficacité des remèdes produits par quelques-unes de ses espèces ; tels sont le quinquina et l'épicacuanha. C'est aussi aux rubia- cées qu'appartient le vég gétal qui fournit le café. Cet arb sseau, originaire le l'Arabie , fut transporté par les Hollandais à Batavia, et de là à Amsterdam. Un pied fut envoyé à Paris, où il prospéra dans les serres du Jardin des plantes. Plusieurs pieds furent, de la, envoyés à la Martinique a vivant. Telle est l'ori aux Antilles, mais un seul y a ne de toutes les plantations qui existent aujourd'hui Le principal genre des caprifoliées , troisième et dernière famille de la onzième classe, est le chèvre-feuille, dont les fleurs exhalent un parfum si dé- licieux ; viennent ensuite le sureau , le guy, le manglier et quelques autres peu importants. BOTANIQUE DES DAMES Douzi ne classe. ÉPIPÉTALIE, Deux familles seulement composent cette classe, les aralides, petite famille à laquelle est dû le genseng, dont l'origine a été longtemps douteuse, et qu'on a confondu avec l'angélique; et la famille des ombell tiennent la carotte, le panais, le cé lique, ete. es à laquelle appar- , l'anis, la coriandre, l'an; eri, le persi Treizième classe. HYPOPETALL Cette classe est la plus nombreuse du règne végétal; vingt-trois familles la composent. La première est celle des renonculacées, famille aussi dangereuse que belle, dont presque tous les individus ont des propriétés vendneuses; telles sont la renoneule dere, la rampamte, appelée bouton d'or, la renoncule aqua- tique, la scélérate, la clématite brûlante, appelée vulgairement herbe aux gueux, parce que les mendiants uleöres factices. Sen servent souvent pour se donner des Cela n'empêche pas qu'un grand nombre de renonculacées soient cultivées cau: dans les jardinsä dela beauté de leurs fleurs. Les plus remarquables sont Je gant de Notre-Dame, le pied d’alouette, toutes les variétés d'anómones, les ete. C pivoine: est aussi à cette famille qu’appartiennent les aconits, dont une espèce, l'aconit napel, servait à empoisonner les flèches dans l'antiquité. Bien que le suc de cette de danger de nos jours, il est permis de penser qu'elle a perdu quelque chose de nid une substance tr € plante soit encore a vio- lence , de même que la cigu , qui, au témoignage de l'histoire, était, dans Yantiquit ‚un poi ison des plus violents et des plus infaillibles, et qui est main- tenant, dans nos contrées, une plante presque anodine. Le meilleur est pour- tant de ne pass ‘y fier. La famille des papavéracées n'est pas moins remarquable que la précé- dente: les snes de ces plantes offrent des colorations diverses, à l'aide desquelles les sauvages de l'Amérique se teignent le corps. Presque tous les genres de papavéracées jouissent de propriété ; mais c'est surtout dans le narcotique: pavot d'orient (papaver somniferum), très cultivé dans nos jardins, que cette propriété se trouve à un haut degré. La meilleure espèce est celle de Perse; FLEURS ANIME c'est d'elle qu'on tire l'opium, qui est d'un usage si général parmi les Orientaux , chez lesquels il remplace les liqueurs spiritueuses, proscrites par la loi de Mahomet. L'opium, dans c , se prend en infusion ou il se fume mêlé avec du tabac. Pris à petite dose de l'une ou de l'autre ma- nière, l'opium excite la gaité el plonge dansune douce i une dose plus forte, il détermine l'assoupissement, le délire, la mort. L'abus que font le: Orientaux de cette substance est la seule cause de l'espèce d'engourdissement moral dans lequel ces peuples sont constamment plongés. Il faut qu'il soit bien difficile de renoncer à l'usage de l'opium quand on en a l'habitude, puisque la peine de mort prononcée par la loi, en Chine, contre tout fumeur, man- geur, vendeur ou acheteur de cette substance, n'a pu y faire renoncer la po- pulation. L'empereur, voulant absolument détruire ce déplorable usage, a tenté d'interdire l'accès de ses Etats aux navires anglais chargés d'opium. Mais les Anglais, marchands avant tout, lui ont fait la guerre, et le grand souve- rain du céleste empire a dû se résigner à laisser empoisonner sessujets. Il y a des gens qui voient là un progrès de la civilisation! La famille des crucifères comprend les ravenelles, les giroflées, les ju- liennes, charmantes fleurs qui ornent et embaument nos parterres; le genre raifort, raves, radis, cresson, appartient aussi à la famille des crucifères, de même que le genre chou, dont les variétés sont innombrables, le colza, le turneps, le . tel, dont on retire de l'indigo, la moutarde, etc. Les capparidées forment une famille beaucoup moins nombreuse et moins importante; on y remarque pourtant le capier, dont les fruits se mangent confits dans du vinaigre, et le réséda, modeste fleur dont l'odeur est si agréable. Les sapindées forment la cinquième famille de oette classe. Toutes les plantes de cette famille sont exotiques; la principale est le savonnier : ses fruits sont revétus d'une écorce savonneuse dont on se sert en Amérique et aux Indes pour blanchir le linge. La famille des acéridées est aussi fort restreinte, puisqu'elle ne se compose que des érables, des marronniers et des frénes. L'érable produit du sucre en assez grande abondance; il suffit, pour obtenir cette substance, de faire une incision à l'arbre; il en découle un sirop que l'on cristal- lise facilement. C'est du frène à fleurs qu'on obtient la manne. A voir ces énormes marronniers d'Inde qui font l'ornement de nos plus belles prome- nades, on pourrait eroire que quelques-uns sont âgés de plusieurs siècles; il n'en est rien pourtant, car le premier individu de ce genre ne fut apporté en Fra qu'en 1645; on le planta à l'hôtel Soubise, et ce fut encore bien long- BOTANIQUE DES DAM ES. BL temps aprés que la beauté de nement. s fleurs le fit adopter comme arbre d'or- Les malpighacées ont beaucoup d'analogi e avec les acéridées. On doit la dé- couverte de cette famille au célèbre botaniste Malpighi qui lui donna son nom. Quelques genres de malpighacı îles de l'Amérique et au Pérou. donnent des fruits assez estimés dans les Les hypéricées, dont les genre sont vulg airement appelés mille-pertuits, doivent ce nom à la grande quantité de points glanduleus, transparents, dont leurs feuilles sont souvent parsemées. Plusieurs genres d e famille don- nent un sue résineux connu sous le nom de gomme-gutte d'Amérique Hen st de même de la plupart des genres de la famille des guttiferes. Les hespéridées sont au des végétaux exotiques, dont beaucoup sont ce- pendant cultivés avec uccès en Europe. Ornements majestueux de nos jar- dins, les hespéridées séduisent nos yeux par la beauté de leurs fleurs et de leurs fruits, comme elles charment notre odorat par les délicieux parfums qu'elles exhalent. C'est à cette belle famille qu'appartiennent l'or citronnier, le camellia, le thé, anger, le La famille des meliacées donne aux arts plusieurs bois précieux, entre autres l'acajou. Celle des sarmentacées , qui vient ensuite, n'a qu'un seul genre important, la vigne: mais ses innombrables y étés sont une source immense de richesse La vigne habite un grand nombre de contrées ; mai c'est dans les pays mé ridionaux et surtout dans les terroirs volcaniques qu'elle déploie toute la vi- gueur et la beauté de sa végétation. « Je me rappelle encore, dit un voyageur , l'impress moi l'aspect enchanteur de l'immense j on que produisit sur rdin du Vésuve. De toutes parts s'éle- s diffé rentes, offraient leurs grappes magnifiques au voyageur brûlé par les ardeurs du soleil. Point d vaient de longs sarments de vigne qui, s'entrelaçant de mille mani iderme ni de aines coriaces comme dans la plupart des raisins de nos contrées; peau, pulpes , semences , tout se résolvait en un ne délicieux. Après avoir franchi ce nouvel Eden et dépassé la demeure de I mite, la végétation, jusqu'alors si brillante ti ne anno plus que par quelques arbres; bientöt elle ces: rement, et ma vue n'eut plus à se reposer que sur de vastes champs de lave. Le chemin devenait raide et escarpé; mais une fois arrivé au sommet, je fus bien dédommagé de mes fatigues par l'imposant spectacle qui s'offrit à mes regards. A gaucho, je contemplais le cap Sorrento, les îles dessinait le beau bassin du golfe de Naples, l'immense amphith ses ba Pouzzol et le promontoire de Mi- orre del Greco et la mer. A droite se âtre fo de Caprée , de Procita , Portici, mé sur ds par la ville, la côte du Pausilipe sène. Derrière moi j'avais les montagnes de la Calabre et la ville de Pompeia ; enfin les Camaldules terminaient ce magnifique paysage. L'admiration que me causait ce tableau était souvent interrompue par les bruits qu'on entendait dans l'intérieur de la montagne, et qui précédaient les longues colonnes de feu qu'on voyait s'élever dans les airs , retomber en gerbes immenses, ou se ré- pandre comme un lorrent sur les flanes du Vésuye, qui res it alors’ une mer de feu. Je quittai ce lieu de merveilles, l'âme pleine de ces grandes émo- tions qu'un tel spectacle peut seul faire naître. En descendant la montagne, le guide me montra plusieurs endroits où la vigne est d'une fertilité prodi- gieuse. Lorsque la lave d'une éruption l'a détruite, il suffit du plus petit rejet pour qu'elle repousse avec la plus grande rapidité, et dans l'espace d'un an, elle se couvre d'une récolte supérieure à celle de l'année précédente. Cette extrême fertilité explique l'insouciance de l'habitant du Vésuve pour les dan- gers sans cesse renaissants dont il est entouré. » La famille des géraniers est une de celles qui renferment le plus de plantes d'agrément ; à elle appartiennent les géranium, dont il existe plus de deux cents variétés, depuis le géranium écarlate, dont l'odeur est fétide, jusqu'au anium triste qui exhale pendant la nuit un si délicieux parfum. A cette famille appartiennent également la vive capucine, la tendre balsamine et la timide violette, ce doux symbole de discrétion et de modestie: A la famille des malvacées appartiennent les mauves , ces belles roses tré ux mille couleurs dont il se fait maintenant de si charmantes et nom- collections; le cacaoyer, avec le fruit duquel se fait le chocolat, et le baobab ou calebassier, ce colosse du règne végétal, dont le tronc a souvent plus de cent pieds de circonférence. Le célèbre Adanson a observé en Afrique quelques-uns de ces arbres dont l'existence , d'après ses calculs, remontait à plus de quatre mille ans. Les magnoliées sont une famille dont le genre badiane est le plus impor- tant; c'est à lui que l'on doit ces semences connues sous le nom d'anis étoilé la Chine. Les anonées croissent , pour la plupart, dans l'Amérique septentrionale ; plusieurs fournissent des fruits délicieux, comme la pomme de cannelle, la cherimoya, qu'on cultive maintenant avec succès en Espagne Les ménispermées , qui viennent ensuite, croissent dans l'Inde et sont peu remarquable Les berbéridées, auxquelles appartient l'épine-vinette, ne le sont pas davan- lage , non plus que les hermanniées, dont tous les genres sont exotiques. Les tiliacées ne forment pas non plus une famille bien nombreuse; mais BOTANIQUE DES DAMES. 453 elle comprend des arbres remarquables, les tilleuls, dont les fleurs, les baies, le bois, l'écorce, sont d'une si grande utili Les cistées, les rustacées sont deux familles peu importantes de cette méme classe ; mais il n'en est pas de même de la vingt-troisième et dernière famille de l'hypopétalie, celle des cariophyllées, comprenant ces belles et nombreuses variétés d'œillets qui charment les yeux et embaument les airs : la bourbon- naise, la croix de Jérusalem ou de Malte, le: agrostèmes, les béhens, la nielle des blés, et enfin le lin, siutile à la santé de l'homme . PERIGYNIE Les portulacées, première famille de cette classe, doivent leur nom au genre pourpier, le principal de cette famille, qui n'offre rien de remarquable. Les sawifragées forment une famille nombreuse dont quelques espèces contribuent à Vembellissement des jardins, comme la mignonnette, le gazon de Sibérie, deux charmantes petites plantes dont on fait de jolies hordures, et le rossolis à feuilles rondes, autre petite fleur dont les feuilles sontsi irritables, qu'elles se erispent à l'instant au contact du corps le plus léger. Malheur à l'insecte qui vient s'y poser : il périt; retenu par le suc glutineux qui les re- couvre. Les crassulées, que Linnée appelait plantes succulentes, et auxquelles on a aussi donné le nom de plantes grasses, comprennent les crassules proprement dites et les joubarbes. Le premier genre n'offre de remarquable et digne des soins de l'horticulteur que la erassule écarlate, originaire d'Afrique, jolie fleur trés recherchée des amateurs, et le rhodioda rosea, d'un aspect peu sédui- sant; mais dont les racines exhalent une délicieuse odeur de rose. Les jou- barbes forment un genre très nombreux. On cultive peu cette plante, qui n'offre rien d'agréable à la vue. Cependant, dans certaines contrées on mange les feuilles de plusieurs espèces de joubarbes, et deux autres espèces , l'orpin et le poivre des murailles, ont été pendant fort longtemps et sont encore quelque peu de nos jours employées en médecine; mais quelle est la plante qui n'a pas eu cet avantage ou ce malheur? Le règne végétal tout entier n'a-t-il seurs? Est-il une pauvre petite plante qui ait échappé à leur barbarie; une contre laquelle ils n'aient employé le fer pas été la proie de ces prötendus gu el le feu; une seule qu'ils n'aient hachée, disséquée, broyée? Heureusement cette férocité s'est amoindrie depuis quelques années ; les médecins mutilent I, 20 LES FLEURS ANIMEES, moins de plantes et leurs malades meurent un peu moins vite : que le ciel les fasse per évérer dans cette voie! La famille des cactoides es grasses. Rien n° au: i presque entièrement composée de plantes st plus bizarre que les différents genres de cette famille. C'est à elle qu'appartiennent le ou cactiers, plantes admirables par la di de leurs formes, l'éclat, la beauté de leurs fleurs, l'abondance de leurs Bernardin de Saint-Pierre. le nom de sources végétales du désert. Le nopal est l'espèce la plus intéres- versit sues rafraichi: ants, qui leur a fait donner, sante de cette famille : c'est sur lui qu'habite et qu'on recueille la cochenille, insecte précieux à cause de la belle couleur écarlate qu'on en tire. La tige au Jardin des Plantes à Paris est ronde, du cierge du Pérou qu'on cultive droite et s'é e à quarante pieds de haut; dans le cierge à grandes fleurs, la tige est rampante, disposition qui lui a fait donner par les amateurs le nom de grand cierge serpentaire. Enfin, c'est dans celle famille que se trouve la plante appelée glaciale, ou licoide cristallin , noms qu'elle doit à la trans- parence des vésicules dont elle est couverte, qui la font ressembler à de la glace. Un des principaux genres des onagrées, cinquième famille de la quatorzièm® si remarquables l'époque de la fécondation. C'est à e , sont les épilobes, par le mouvement de leurs étamines à genre qu'appartiennent le laurier de Saint-Antoine et l'épilobe à feuilles étroites, dont lesracines sont un mets fort recherché dans certain es contrées. Un autre genre de cette famille, l'onagre bisannuelle, concourt à l'ornement des jardins par deux belles fleurs, l'onagre à fleur rose, originaire du Pérou, et l’onagre à grandes fleurs, qui vient de l'Amérique septentrionale. Enfin, à cette famille importante appartiennent romatique est employé dans les parfums, et la mâcre, connue en France sous le nom de châtaigne d'eau, fruit d'un goût très agréable. encore le santal, dont le bois Les myrtées, sixième famille de cette classe, comprennent quelques arbres et arbrisseaux dont les fruits sont délicieux ; le grenadier, le goyavier poivre, le jambosier, sont de ce nombre. Le grenadier, qui croit naturellement en Afrique, a été cultivé avec succès dans le midi de l'Europe, où il s'est parfai- tement naturalisé, particulièrement dans les contrées méridionales de la France. Il faut mettre aussi au mombre de ces précieux végétaux l'angolan du Malabar, qui atteint souvent plus de trente mètres de hauteur, et dont les fruits sont des plus savoureux ; et puis encore le giroflier, dont les fleurs non écloses, connues sous le nom de elous de girofles, tiennent un rang si honorable dans les laboratoires du distillateur, du confiseur et de l'artiste culinaire. Enfin, à cette famille appartiennent le syringa, dont on cultive deux espèces, l'odorante BOTANIQUE DES DAMES. el l'inodore, et le myrte, pauvre petit arbrisseau bien inoffensif, bien modeste, dont on a fait le symbole de l'amour heureux, pour exprimer apparemment que l'amour satisfait est une chose assez triste, maussade, à laquelle eonvien- nent l'ombre et le sommeil. La famille des mélastomées, celle des lythrées sont peu remarquables: mais après elles viennent les rosacées. Un volume ne suffirait pas pour faire l'his- toire de la rose, et nous serions bien pales auprès de l'artiste et du biographe qui ont si heureusement réuni leurs efforts pour donner une âme à cette belle reine. Mais, pour être moins brillante, notre tâche n'en est pas moins douce : s'ils ont fait un délicieux portrait du plus bel enfant de ia famille, ils n'ont rien dit des autres : ils ont usé de leur esprit, de leur admirable talent; ilsont fait de l'art et dédaigné la science; ils ont laissé au savant les miettes de leur table; mais ce sont des miettes abondantes et savoureuses, car les rosacé comprennent les fraisiers, les framboisiers, les péchers, pruniers , abricotiers, amandiers, cerisiers, pommiers, poiriers. Ainsi, les rosacées ne sont pas seu- lement l'honneur de nos jardins, elles sont aussi l'honneur de nos tables; c'est la beauté et l'abondance : nulle part le parfum et la saveur ne sont plus dé- licieusement et plus intimement unis. N'est-il pas vrai que les couleurs velou- tées de la pêche le disputent à la rose pourT éclat ? Que de charmes, de volupté dans ces formes arrondies!... Et la pêche n'a point d'épines; et la framboise fait pardonner les siennes, non-seulement par son parfum, mais aussi par sa délicieuse saveur... Ah ! roses, que ne devez-vous pas au savant qui vous a mises en si bonne compagnie ! Vous voyez bien, mes belles, que la science est bonne à quelque chose : grâce à elle, nul n'a le droit de vous exclure de cette brillante et somptueuse réunion; vous êtes, comme la pêche , comme la ce- rise, comme la fraise, ete. , de jolies dicotylédones polypétales périgynes. Vos titres de noblesse sont palpables , authentiques, nul ne peut les contester. Allez, soyez flattées , vantées , chantées; et surtout ne faites pas fi de vos sœurs dont les traits sont moins brillants que les vôtres, mais dont le cœur est plus doux. Après les rosacées se placent immédiatement les légumineuses , nombreus et bienfaisante famille qui comprend les pois , les fèves, les haricots, les len- tilles, le carroubier, les bois de teinture dits du Brésil, l'acacia, les genêts, les tamariniers, la pistache de terre dont les gousses, après la fécondation, s'enfoncent dans le sol pour y mûrir. L'indigotier, membre de la même famille, mérite une mention particu- est de lui qu'on obtient cette belle couleur bleue qui donne aux vête- ments des dames une grâce, une élégance que ne comporte aucune autre couleur, L'indigotier est un charmant petit arbuste, originaire des Indes 156 LES F AS ANIMÉES. orientales, et qu'on cultive avec succè aux Antilles et dans l'Amérique mé- ridionale. Lorsque les fleurs de Pindigotier commencent à paraître ce qui arrive trois mois après qu'on l'a semé, on en coupe les feuilles; quarante ou cinquante jours après on en fait une seconde récolte, puis une troisième, qui est ordinairement la dernière, et alors on coupe tiges et feuilles. De ces feuilles et tiges, on obtient, par le lavage, une écule qu'on laisse fermenter, puis on la fait sécher, et elle forme ce beau bleu auquel la plante a donné son nom. Napoléon, ce génie universel, voulant, par tous les moyen tenta de faire re ruiner le m- merce angl nplacer l'ind > parle pastel, comme il avait remplacé la canne à sucre par la betterave. Le pastel donne en effet une belle couleur bleue, mais elle ne saurait être compa e à Tind >: il n'est pas donné, mème aux plus grands génies, de faire tous les jours des miracles, D'autres plantes de celte famille fournissent d'excellents fourrages; tels sont les sainfoins, les trèfles, les luzernes, etc., qui ont en outre la propriété de végéter sans altérer la terre qui les nour C'est aussi famille des légumineuses qu'appartient le genre mimosa, plantes qui présentent au plus haut de; ré les phénomènes du sommeil et de Virritabilitó des végétaux C'est dans le genre mimosa que sont placées 1 en- sitives proprement dites, l'acacia de Constantinople , celui de Farnèze, la sensitive grimpante, dont les gousses atteignent quelquefois la hauteur d'un homme, et l'acacia du Nil, qui produit la gomme a rabique , unique nourri- ture des Maures et des Arabes, dans leurs longs voyages à travers les déserts. Un morceau de cette gomme, gros comme une noix, et quelques gouttes d'eau, cela suffit pour vingt-quatre heures à la nourriture d'un enfant du d ert. Et puis, on s'étonne que ces peuplades, malgré leur ignorance, soient indomp- tables! Les Espagnols sont le seul peuple de la te st de celle des pendant la guerre de l'indépendance (1808 à 1814), de voir, à l'arçon de la selle des chevaux montés par les officiers espagnols, une chocolatière en guise dont la sobr approche rabes s soldat C'était un objet de risée pour n en Espagne, de pistolets; pourtant, cette chocolatière nous était plus funeste que ne l'eus- été les mei blettes de chocolat contenues dans son porte-manteau, l'Espagnol n'avait pas leures armes offensives. Grâce à sa chocolatière et aux ta- à s'occuper de sa subsistance; il n'avait besoin ni de rations de pain, ni de rations de viande, riz, sel, ete. Pendant une halte de dix minutes, il battait le briquet, mettait Je feu à quelques broussailles , et faisait son chocolat qu'il avalait aussitôt; cela terminé, il pouvait se battre pendant vingt-quatre heures ât à s'occuper d'autre chose. Il est donc bien sans que son estomac l'oblig BOTANIQUE DES DAMES. 457 vrai que l'estomac et le coeur sont antipathiques; le dernier peut entraîner à bien des folies, le premier ne fe t faire que des sotlises Le cachou est encore un produit de la mème famille, qui compte aussi parmi ses membres l'arbre de Judée et le baguenaudier commun , deux des ardins d'une certaine étendue. principaux ornements des Enfin, la famille des lögumineuse compte parmi ses membres le lotier pied d'oiseau et le sainfoin oscillant. Ce fut le premier de ces vég fit soupçonner à Linnée les c aux qui ngements qu'éprouvaient les plantes pendant la nuit. Cet homme de génie ayant remarqué un soir , en se promenant dans son jardin à Upsal, que les fleur du lotier avaient disparu , pensa d'abord qu'elles avaient été arrachées , et il passa outre; mais quelle fut sa surprise lorsque le lendemain, dans le cours de la journée plante, aussi belles et aussi fr quill s'opér ; il les retrouva sur la hes qu'avant leur disparition ! II comprit t dans ces plantes un phénomène inconnu jusqu'alors, et pendant trois nuits entières il se tint en observation p ès des lotiers Ce fut ainsi qu'il déroba à la nature son secret , et qu'il découvrit l'inté essant et étonnant phénomène du sommeil des plantes, que quelques-uns de ses devanciers avaient seulement soupçonné. Le sainfoin oscillant n'est pas moins remarquable sous ce rapport que le lotie . Cette plante, originaire des Indes, a des mouvements deux folioles la nguliers : les rales, continuellement a dans l'espace de deux minutes gitées , décrivent un are de cercle s le nt se continue dans les feuilles détachées de la plante, et il peut même exister pendant plusieu Le plus ordinairement, l'une se porte ve haut, tandis que l'autre s baisse. Ce mouvem jours, si Yon a soin de mettre le pétiole dans l'eau. Chose plus remarquable encore , le mouvement cesse dès que l'époque de la fécondation de la plante est p; sée, Les Indiens attribuent à ce folioles des propriétés extraordinaires, et ils en composent des philtres..... Ne nous en moquons pas trop : ces philtres-là pourraient être les cousins-germains de nos tisanes Les térébinthacées forment aussi une famille d'une grande utilité à cause des beaux vernis qu'elles produisent; c'est à cette famille qu'appartient le pistachier , dont les amandes vertes sont si fort en honneur chez les confiseurs et les glaciers. On cultive, dans les contrées méridionales de l'Europe, deux es pèces de genre pistachier, le lentisque et le pistachier térébinthe. C'est du premier de penthine ces arbres que provient le masti¢ du commerce; l'autre donne la téré la plus recherchée, celle dite de Chio : les Orientaux la machent habituelle- ment pour se parfumer la bouche. Une espèce importante des térébinthacées, les balsamiers fourn ES FLEURS ANIMÉES. baumes précieux, dont l'action stimulante sur l'économie animale est très active. Les plus importants sont le baume de la Mecque, ou baume blane, et la résine élémi. Deux autres résines non moins connues appartiennent à cette famille : la première est l'encens qu'on retire du boswellia serata , la seconde est le baume de tolu Ce sont encore les térébinthacées qui produisent la résine connue sous le nom de myrrhe, substance si précieuse dans l'antiquité, qu'aux dieux seuls s'offraient l'encens et la myrrhe. Enfin, on cultive dans les jardins, comme objets d'agréments, le sumac amarante, le traçant et le glabre, tous trois de la même famille. L'écorce du glabre passa pendant quelque temps pour avoir des qualités fébrifuges presque aussi actives que le quinquina. Cette plante a-t-elle perdu ses qualités, ou bien ne les a-t-elle jamais possédécs? C'est ce que nous ne saurions dive : mais toujours est-il qu'on ne l'emploie plus comme médicament. Nous l'avons dit; C'est, hélas! le sort des plus beaux végétaux comme des plus humbles; tous y ont passé, y passent ou y passeront; mais tous en sortiront : ne voilà-t-il pas que l'on renonce à l'emploi du quinquina lui-mèmel.… Oui, mesdames, le quinquina sur lequel on a écrit de si belles choses; le quinquina qu'on a chanté sur tous les tons, sur tous les rhithmes, le quinquina est détrôné..... détrôné par Parsenic!... — Mais, disait-on au savant auteur de cette subst tution, l'arsenic n'est done plus un poison. — Gest toujours un des poisons les plus actifs , répondit le docteur, et c'est justement pour cela qu'il gu — De la fièvre? — Et de beaucoup d'autres choses. Les rhamnides, dernière famille de cette classe, diffèrent peu des térébin- thacées; c'est à elles qu'appartiennent les jujubiers et les houx Dans le genre neprun , de cette famille, se trouve le neprun, dont les baies servent à faire le vert de vessie, employé par les peintres; les fruits d'une autre espèce appartenant à ce genre donnent la graine dite d'Avignon, avec laquelle on fabrique une belle couleur jaune. Le bois du neprun bourgène est préféré à tout autre pour la fabrication de la poudre à canon. Legenrejujubierest exotique’ l'Europe; l'espèce cultivée estdepuis longtemps acclimatée dans la Provence et le Languedoc: c'est cette espèce qui produit lesju- jubes, fruitassez peu estimé parmi nous, mais dont on fait une assez grande con- sommation en Egypte. Ce doit être aussi dans ce dernier pays un fruit très sub- stantiel, puisque l'histoire rapporte que l'armée d’Orphellus, traversant l'Afri- que pour se rendre à Carthage, ne vécut que de jujubes pendant ce long trajet bor, NIQUE DES DAMES. 159 DICLINIE, La première famille de celte classe se compose d euphorbiées, plantes gé- Elles varient beaucoup dans leur port, et contiennent néralement suspecte la plupart un suc laiteux, de , caustique, qui peut donner la mort. Toute- ce principe se volatilise aisément, et les plantes qu'on a dessöchees peu- vent ensuite etre employées sans inconvénient. C'est ainsi qu manioc devient très fois la racine du salubre lorsqu'on a séparé sa fécule abondante du sue vénéneux dont elle est imprégnée ; on fait de cel te fécule d'a dans toute l'Amérique et dans une partie de l'Asie et de 1 Afrique. sei bon pain Le ricin, dont l'huile est employée à divers u: ages, appartient à la même famille. Le ricin commun, que l'on appelle Palma-Christi, est un bel arbre de dix mètres de hauteur, dont les feuilles palmées sont d'un très bel effet sur les côtes de Barbarie, d’où il est originaire ; mais, ainsi que nous l'avons dit ailleurs , cultivé en Europe, le ricin n'offre plus qu'une plante herbacée an- abrite convenablement dans une orange viennent les grands froids, la tige, au lieu de nuelle, Cependant, si on e quand durcit, persiste et de- mourir, vient ligne: use, ce qui prouve que la température condition de plante herba cule ‘a pu la réduire à la e. Mais ce n'est pas la seule ilarité que pré- d'une substance blanche, ferme, laiteuse, analogue à celle des amandes; ces semences r tible trè actif, selon le procédé qu'on emploie pour l'obtenii sente le ricin : ses semences sont composé lent une huile abon- agréable ou un poison très ette 'e des graines, le tégument, contient une substance émulsive, oléagineuse et douce; mais la partie intérieure, où dante, et cette huile peut être un com . Voici l'explication de espèce de phé omène : la partie supérieu se trouve le germe de la plante, contient un suc essentiellement vénéneux qui peut causer les accidents les plus grave Si mais si la press done on presse cette graine modérément, on obtient une huile délicieuse ; ion atteint le germe de manière à en exprimer le sue, l'huile qu'on en tire n'est plus qu'un médicament dont on ne peut faire usage qu'a- vec toutes les précautions usitées pour les substances vénénenses... Et remar- l'air, nous quez, mesdames, que nous disons médicament pour ne pas avoir profanes, de Messieurs de la Faculté, gens fort peu plaisants de leur nature; trop à corps perdu dans l'opposition à l'endroit toutefois , de nous jeter un pe nous ne sommes pas de ceux qui pensent que la parole a été donnée à l'homme , et nous pensons qu'il est toujours sage de se défier pour déguiser sa pensé 160 LES FLEURS ANIMÉES. de ces gens dont les lèvres sont enduites de miel et qui n'ont que le fiel dans le cœu Les cucurbitacées forment la deuxième famille, qui comprend les pastèques, potirons, concombres et melons..... famille bien innocente, n'est-ce pas? les melons surtout; chair fade trop souvent, il est vrai, aqueuse, débilitante, d'une odeur nauséabonde; mais au demeurant, d'une parfaite innocuité Telle est l'opinion que nous formulions, il ya quelque temps, dans une réu- nion de naturalistes où l'on avait admis quelques profanes, — Monsieur, nous dit un de ces derniers, je respecte votre opinion; mai suis heureux de pouvoir le déclarer solennellement, j'exècre les melons. Comme cela se passait vingt minutes avant l'heure fixée pour le banquet, ces paroles produisirent une certaine émotion, car c'était au mois de juillet, et l'odeur d'excellents melons, formantune partie des hors-d'œuvre, pénétrant jusque dans la salle de nos conférences, affectait agréablement les nerfs olfac- tifs de la majeure partie des savants réunis. — Je vois bien que cela vous surprend, messieurs, reprit l'antimeloniste, eh bien écoutez : j'avais un frère , c'était une nature d'élite : il était fort comme Hercule, penseur comme Montaigne et beaucoup plus savant qu'A- ristote. C'était en 1824; il venait d'être reçu avocat et de se marier presque simultanément, et il avait établi son domicile à Paris, dans le quartier latin, rue Percée, n° 12. Le 23 août de cette fatale année, il allait se mettre à table avec sa jeune femme, lorsque celle-ci témoigna le désir de manger du melon : — Mais je veux que tu l'achètes toi-mème, dit-elle à son mari; je n'en ai ja- mais mangé de bons que cèux que tu m'as apportés, Mon malheureux frère était superstitieux, comme tous les gens d'un esprit supérieur ; l'année précédente, à pareil jour, une voiture lui avait passé sur le corps, rue Dauphine, et, heureusement guéri, il s'était promis de ne pas sortir de chez lui le jour anniversaire de cet événement ; mais sa jeune femme insista et fit si bien, qu'il sortit tète nue, pour aller au bout de la rue... A peine avait-il franchi le seuil de la porte cochère, qu'une masse énorme, lane d'un cinquième étage, l'atteignit à la tête et le renversa. Quand on le releva, il était mort!..,.. Et voici la cause de freux malheur : un ouvrier, ren- trant chez lui, avait acheté pour quelques sous un melon d'une énorme di- mension; mais arrivé à sa mansarde, eLayaut mis le couteau dans le mons trueux cucurbitacé, il sen était exhalé une odeur infeete; furieux de s mésaventure, le malheureux avait lancé le melon par la fenêtre... Si le melon trop mûr n'était pas une horrible chose, je n'aurais pas à déplorer ce malheur, dont tout Paris s'est entretenir pendant vingt-quatre heures, pour n'y plus songer ensuite. Done, les cucurbitacées sont en général de laides, TANIQUE DES DAMES, 161 monstrueuses et dégoûtantes choses; et qu'attendre d'ailleurs de ces tiges si lâchement rampantes, qu'il faut les arrêter violemment pour les obliger A pro- duire quelque chose ? Viennent au troisième rang les urticées, qui comprennent le houblon, cette si détestable liqueur connue sous le nom de bière ; le poivrier, plante ardente et généreuse plante dont on fait une Et pourtant c'est un pauvre arbrisseau, délié comme la vigne, comme elle ayant besoin d'appui pour se développer ; s'attachant aux arbres , serpentant Je long de leurs branch e ses fruits en petites grappes pr sées. Cet arbrisseau, au feuillage sombre, à l'apparence pauvre, est devenu, sous la main de l'homme, une production de haute importance et l'objet d'un immense commerce; c'est un aromate précieux pour l'art culinaire; il figure sur toutes les tables. C'est un stimulant énergique, bien supérieur au café sous ce rapport; mais il ne fait pas rêver comme le café, etil est de si doux röves! o poivre n'est pas une découverte nouvelle, car Horace parle de cet aro- mate: mais on ne le trouvait autrefois qu'aux Indes orientales; depuis un siècle seulement il a été importé dans les colonies d'Amérique , en même temps que le muscadier et le giroflier, et, chose étrange! l'auteur de cette im- portation s'appelait Poyvre, ce qui a fait croire à tort qu'il avait donné son nom à cette substance En vérité, c'est quelque chose de honteux que notre ingratitude envers les hommes utiles qui ont rendu le plus de services à notre pays. Ainsi, nous sa vons les faits et gestes d’Alexandre et ron; Cartouche et Mandrin ont trouvé des historiens, et c'est A peine si nos biographes ont daigné admettre le nom de M. Poyvre dans les | nnes de leurs fastidieuses nomen- clatures. On peut affirmer pourtant qu'il n'est pas de citoyen dont la vie ait été mieux remplie, el qui ait montré à la fois plus de dévotiment à sa patrie et un désintéressement plusgrand. C'est tout un drame que la vie de cet homme, et les péripéties terribles n’y manquent pas Né A Lyon, en 1719, Poyvre, t ans, ayant terminé de longues et fructueuses études, se rendit en Chine, et de là en Cochinchine. Son premier soin, dans ces pays, fut d'en apprendre la langue. Il y parvint en peu de temps, grâce à sa haute intelligence et au zèle qu'il apporta à cette étude. I sappliqua ensuite à recueillir une foule d'observations qui devaient être pré cieuses pour son pays; puis, impatient de doter la France de ses découvertes, il s'embarqua pour y revenir. Le navire qui le ramenait était encore dans la mer des Indes, près du détroit de Banca, lorsqu'il fut attaqué par un bâtiment u a 162 e canon gronde, le ca anglais de force supérieure armes à tous les passagers ; Poyvre refuse celles qu'on lui offre — Yous êtes done un lâche ? s'écria le capitaine indign — J'espère prouver le contraire répondit le jeune homme sans s'émouvoir Aussitôt il jette son habit, son chapeau, et, muni d'une petite pharma portative qui faisait partie de son bagage, il 'élance sur le pont : les balles et on calme ne se les boulets frappent et renversent tout ce qui l'environne, et feu le us terrible, ramasser les blessés ; il les dément pas; il va, sous panse sous une grêle de mitraille. Bientôt il est couvert de blessures, le sang coule de toutes les parties de son corps Le capitaine court à lui : — Pardon ! s'écria-t-il en lui serrant la main ; vous êtes le plus brave de tous... mais nous allons tenter l'abordage ; descendez, je vous en conjur Pour toute réponse, Poyvre s'élance vers un canonnier qui vient de tomber, au mème instant un boulet lui emporté un bras, Une heure après il était pri- sonnier des Anglais. Conduit à Batavia, puis renvoyé à Pondichéry, Poyvre put enfin s'embar- quer de nouveau, et il était heureusement arrivé en vue des côtes de France lorsqu'il tomba une seconde fois au pouvoir des Anglais; fl ne recouvra sa liberté qu'en 4745 Au milieu de toutes ces vicissitudes sur mer comme sur terre, manquant aimé par le patriotisme-le plus de tout et en butte à tous les périls, Poyvre uter au trésor de ses connais- pur, n'avait jamais négligé une occasion d o rallachail à l'histoire natu- sances et d'étudier particulièrement tout ce quis relle et au commerce des colonies. De retour dans sa patrie, il s'empress e communiquer au gouvernement deux projets de la plus Haute importar qu'il avait conçus : le premier était d'ouvrir un commerce direct entre Ja France et la Cochinchine; le second était d'enrichir les îles de France et de Bourbon des épiceries dont la culture avait été concentrée jusqu'alors dans Jes Moluques. On adopta ces projets, el Poyvre ful chargé de les accomplir Le premier projet réussit parfaitement ; le second était en voie d'exécution, et déjà le muscadier, le giroflier et le poivrier prospéraient à l'ile de France, lorsque l'homme infatigable auquel on devait ces résultats fut fait prisonnier une troisième fois par les Anglais, qui le retinrent jusqu'à la paix conclue en 4761. De retour à Paris, Poyvre fut nommé intendant des colonies, et le roi lui ps ettres de noblesse. De 1767 à 1773, donna le cordon de Saint-Michel avec d il administra les îles de France et de Bourbon, et il en répara tous les dé- sastres; parmi les hommes qui ont rempli un rôle éminent dans l'adminis- BOTANIQUE DES DAMES. 163 peu qui aient laissé une mémoire plus digne de vénération. s privées étaient la source des vertus publiques : au plus par: ment il joignait une équité serupuleuse , une fermeté calme rance à toute épeuve : les travaux publics, les établissements viculture les finances, les expéditions maritimes, l'adminis- tout fut organisé par ses soins, conduit et perfectionné La science devrait lui être reconnaissante de ses efforts pour rès, et l'humanité, de ceux qu'il fit pour adoucir le sort des luetion des précieuses cultures de l'Inde dans les îles de France et n n'est pas le moindre des bienfaits dont ces îles lui soient rede- La France en recueille encore les fruits à l'île Bourbon et à la Guyane, les plantes aromatiques sont autant de conquêtes pacifiques et fécondes qui doivent faire bénir la mémoire de Poyvre Revenu en France en 1773, ce grand homme se retira dans une maison- nette qu'il possédait sur les bords de la Saône, et y mourut en 4786, presque entièrement oublié de la génération sur laquelle il avait répandu tant de bienfaits Combien de prétendus savants se sont fait des noms retentissants et des for- tunes colossales avee dix fois moins de connaissances acquises et de génie que Wen possédait Poyvre!..... Le véritable homme de mérite se contente de sa propre estime; il a la conscience de ce qu'il est, et cela lui suffit Mais nous voici bien loin de la famille des urticées, qui comprend encore les múriers, qu'on pourrait appeler arbres à soie, et les figuiers, dont le fruit est un des plus répandus sur la surface du globe : on le trouve dans tous les climats chauds, et la il se présente sous la forme d'un arbre élevé. Dans nos climats tempérés ce n'est qu'un arbrisscau touffu ; dans les pays froids, c'est un arbuste de serre chaude La culture du figuier est très ancienne; on en cultivait en Italie avant la fondation de Rome, et de temps immémorial on a récolté des figues dans le midi de la France. Parmi les nombreuses variétés de figuier, on remarque le figuier des Indes; c'est un arbre immense, des branches duquel pendent de longs jets qui s'enfoncent dans la terre, y prennent racine, deviennent des arbres semblables au premier, lancent à leur tour d'autres jets qui ont même résultat et qui, envahissant le terrain, étouffent tous les végétaux qu'ils rencontrent D'une autre espèce appelée figuier du Bengale on obtient, par incision, une gomme élastique très recherchée. Mais le plus généralement cultivó est le figuier commun; c'est celui au- quel on accorde la préférence dans tous les pays méridionaux de l'Europe. I} 464 LES FLEURS ANIMÉES donne deux récoltes par an, et comme tout le fruit d'une récolte ne múrit pas simultanément, un seul figuier, s'il est fort, peut donner du fruit pendant toute la saison La figue est un fruit fort sain quand il a atteint toute sa maturité. On cor somme une grande quantité de figues fraîches; mais la quantité qu'on en fait s de cons que l'on fait sécher en Provence est immense, et pourtant elle ne suffit pas’ her est bien plus considérable ; il est vrai que c'est le fruit qui, à l'état ervation, présente le plus de qualités nutritives. La quantité de figues la consommation de la France, qui en tire encore de l'Espagne et du royau de Naples Les anciens, qui faisaient d'autant plus de cas de la figue qu'ils ne con- naissaient pas tous les excellents fruits que nous possédons aujourd'hui, ont fait des guerres terribles pour conquérir des pays par la seule raison qu'on y trouvait l'olivier, la vigne et le figuier. Il paraît pourtant qu'alor comme aujourd'hui, l'opinion générale souffrait d'assez nombreuses exceptions; et que les Grecs n'en fi historique : Un fit rassembler le peuple, puis du haut de la tribune où il s'était placé, il s'é- isaient point grand cas, ainsi que le prouve cette anecdote che Athénien se rendit un jour sur la place publique, il y cria : «O Athéniens! j'ai à ma campagne, tout près des murs de la ville, un énorme figuier, où plusieurs citoyens de celte ville se sont pendus. Si done quelques-uns d'entre vous voulaient suivre cet exemple, je leur donne avis qu'ils aient à se hater, car dans trois jours le figuier sera coupé et jeté au feu.» De nos jours, Brillat-Savarin disait qu'il donnerait un melon pour une figue, et une figue pour un melon. Que les gastronomes tirent la conclusion La troisième famille de cette classe est celle des amentacées, à laquelle ap- aigniers, charmes, partiennent les plus beaux arbres de nosforêts, chénes, cha auln , peupliers, bouleaux Tous les arts sont tributaires des amentacées; ils sont la richesse et la pros- Cetle observa- attachée ci y est même périté des États, et l'existence de ceux tion n'avait pas échappé au ministre Colbert, qui disait souvent que la des- truction des bois aménerait la perte de la France. Le chéne est certainement une des productions les plus belles et les plus utiles de notre globe. S'il y a desarbres plus élevés et plus gros, il n'en est pas un seul qui offre un boi tailler; aussi de tout temps les plus anciennes médailles. Il croît lentement, à peine au bout la fois plus solide et plus fac til été l'emblème de la force. On reconnaît ses feuilles dente- lées su -il un mètre de circonférence, et cependant on en d'un siècle, son tronc a voit souvent dont la circonférence est de onze à douze mètres, ce qui suppose ze cents ans d'existence. De vieilles traditions révèlent que, dans onze ou do les temps de barbarie , les hommes vivaient du fruit du chêne, qu'on nomme BOTANIQUE DES DAMES. 168 gland. Cela ne serait pas impossible, puisque parmi les variétés du chêne il en est dont le fruit est doux ; mais il ne faut pas, sur ce point, prendre à la lettre Ie rapport des hist riens, car les anciens donnaient le nom de gland à tous les fruits des arbres de haute taille. La farine s'appelait le gland du hêtre; la noix, le gland de Jupiter, etc Une variété remarquable du chêne est celle dont l'écorce épaisse et spon- gieuse est connue sous le nom de liége. Tous les neuf ou dix ans , cette écorce se fend, se détache d'elle-même , et elle est remplacée pi ane autre qui se forme en dessous. Un arbre peut donner ainsi jusqu'à quinze récoltes avant d'être épuisé Le chêne-liége croit spontanément dans les parties méridionales de l'Europe; on en trouve bea up dans le midi de la France Le chataignier mérite aussi d'être placé au premier rang des arbres les plus beaux et les plus utiles. Non-seulement son bois est excellent pour la charpente; mais ses fruits forment la principale nourriture des habitants de beaucoup de pays. Dans plusieurs parties de la France, telles que le Limou- sin, le Périgord, les Cévennes, la Corse, les habitants des campagnes neman- gent pas d'autre pain que celui de cha nignes. Il en est de même dans les montagnes des Asturies, en Esp: e; dans les Apennins, en Italie, et dans plu- ars cantons de la Sicile. La ri olte des châtaigne: est presque toujours très abondante, et elle ne manque jamais entièrement. Sous le rapport de la beauté, le châtaignier ne le cède à aucun autre : son port est majestueux, et il arrive à une grosseur prodigieuse. Tel est celui que Jes voyageurs vont visiter sur le mont Etna, dont nous avons parlé plus haut, et qui n'a pas moins de quatre mille ans. On en voit un en France, près de Sancerre, dont le trone a plus de dix mètres de circonférence, et qui est Agé de plus de mille ans; il y a plus de six cents ans qu'on l'appelait déjà le gr châtaignier. Les aulnes sont aussi d'une utilité générale. Les saules forment une divi- sion considérable. L'espèce la plus remarquable est le saule-pleureur, dont les branches, en retombant, font de si belles arcades de verdure Parmi les peupliers, qui sont aussi fort nombreux, on distingue le peuplier d'Italie, celui du Canada, celui d'Athènes, et le peuplier baumier, dont on tire une substance odorante connue sous le nom de tacamahaca. Les bouleaux se trouvent jusque vers le pôle Arctique, où ils sont les der- niers vestiges de la végétation ligneuse. Leur sève est, pour les Kamtchakales, une boisson délicieuse. Dans l'Amérique septentrionale, les savants emploient n France, on en écorce du bouleau pour faire des barques et des pirogues. fait des sabots et des balais. Enfin, c'est aussi aux amentacées qu'appartieht le cirier, arbrisseau origi- 166 LES FLEURS ANIMÉES, naire de l'Amérique, dont le fruit contient une assez grande quanti Il s'est parfaitement naturalisé dans le midi de la France; mais ju sent il n'a été considéré que comme plant ment, et l'on n'a pas tent d'en tirer un parti avantageux La dernière famille est celle pu arbres toujours verts, à la tête laquelle il faut placer le e stueux qui élè te dans les nues ; le second rang apparti sapins, ces fiers enfants du Nc pin sé place ensuite, puis les mélèzes, les eyp ifs et l'éphédra, de et hum bles enfants de cette famille de géants lei finit la tâche du botaniste que nous quittons pour entr ro celle de l'horticulteur. Après avoir tenté de faire connaître les plantes, nous essaierons de dire comment naissent les plus jolies , l'éducation qui leur convient, les dangers dontil faut les garantir, les dé t il importe de les corriger Nous ferons de l'hygiène, de la pathologie, de la thérapeutique de parterre, et la, au moins, nous ne serons pas forcés d'avoir recours à un langage barbare pour raconter et faire comprendre de douces el gracieuses choses. TABLE DES MATIERES LA BOTANIQUE DES DAMES. PREMIERE PARTIE. Pag Pages Physiolog 1 nes, aiguillons, poils, glandes. — 40 Semene 2 | Fleurs, lo. Germination. 1. | Calic 12 0 DES VÉGÉTAUX 4 | Coron 13 10. | Etamines, pistils 15 5 | Envcriricarios b. Branches et rameaux. 6 | Pruit Ib. Boutons. | Ham 5 VÉGÉTAUX. 17 Feuilles Marami ET DECOMPOSITION DES Stipules, vrilles, grilles, sugoirs, VÉGÉTAUX 20 DEUXIEME PARTIE. Mirnoves, rax 29 | Huitièm — Hypocorollie. Ib PLANTES ACOTSLEDONES 24 | Nouvième ¢ ollie. PLANTES MONOCOTYLÉDONES Bb. | D lasse. — PLANTES DICOTYLÉDONES. 16. | théri Première classe. — a6 | asse. — Épicorollie, cori- Deuxième classe. — M s | Ib. Troisième clas 20 | De — Épipétalie 45 Quatrième 7 | Treiziöme classe. — Hypopé Ib. Cinquième 38 | Quatorziöme classe. — Péripétalie Sixième cla 39 | Quinzieme classe. — Diclinie. Septième classe. — Hypostaminie. 40 Fin de la Botanique des Dames. CULTURE DES FLEURS PREMIERE PARTIE. ERECT PRINCIPES ÉLÉMENTAIRES. Cultiver les fleurs, dans un jardin, sur une terrasse, aux balcons des fe- nétres et même dans l'intérieur des appartements ; voir naître, se développer, panouir ces beaux enfants du soleil ; guider leurs premiers mouvements, les soutenir, pourvoir à leurs besoins, à leur sûreté; être témoin de leurs chastes amours, recueillir et protéger leur nombreuse postérité, est un des plus doux et des plus innocents passe-temps qui se puissent imaginer. Il y a lá de déli- cieuses émotions pour chaque mois de l'année, pour chaque jour du mois, pour chaque heure du jour. Ce doit être et c'est en effet le délassement des belles âmes, des cœurs purs et des nobles intelligences. A ces charmants travaux nous nous proposons d'initier les profanes qui jus- qu'ici se sont contentés d'admirer les fleurs, de se laisser éblouir et embaumer par elles. De blanches mains, de jolis doigts aux ongles rosés y perdront bien momentanément quelque peu de leur éclat, mais cet inconvénient passager doit avoir de si nombreuses et si ravissantes compensations, que les plus belles mains du monde s'y risqueront. TERRES. Trois sortes de terres sont employées dans la culture des fleurs, savoir : la I, 22 terre franche, la terre légère el la terre de re. La terre franche a pour base l'argile; elle se trouve partout ; ell nditre , quelquefois grise ; mais elle ne s'emploie p mais ns étre mélangée LA de terreau, car sans mélang p forte, € re trop compacte, et par conséquent trop froide pour la plupart des fleurs x La terre légère ou sablonneuse n'est autre chose qu re franche ou végétale, melde de sable, et de detrit g le sable qu'elle contient la rend meuble et poreuse ; modifiée par le terreau, elle est, pour beaucoup de fleurs, d'une grande fécondité La terre de bruyère est la plus convenable et la plus généralemen ployée pour la culture des fleurs ; elle est le résultat du s mass de bruyères qui végdtent sur le sable, sy melent et le rendent très fertile Cette terre convient particulièrement aux fleu. T L x doivent ètre préalablement ameuhl p laiċ, afin qu'il ne s'y ) trouve ni pierres ni au rps Ura Le terreau est à peu. pres | ul 1; is n SS la culture d fleurs il y en-a de deux sortes : celui qui y la décomposition des matières animales, et celui qui résulte de i matières végétales, Le premier convient particulièrement a L ix plantes à racines fi breuses ; le second est excellent pour les plantes à ognons et convient à toutes les plantes bulbeuses. Dans un jardin, il ne s'agit t s que de modifier la terre qui s'y trouve mais quand on veut garnir de ne terrasse, un balcon, une simple = nétre, tout est à faire. Le meilleu r aus irconstances , est d'acheter la terre nécessaire chez les jardiniers fleuristes de profession , où toutes les sortes de terres et d'engrais se trouvent à profusion. A Paris, les quatre marchés aux fleurs en sont toujours abondamment approvisionn les marchands grainiers en réputation, non-seulement en vendent, mais en enseignent très volontiers la manipulation EXPOSITIONS. L'exposition du midi convient aux plantes à racines bulbeuses ou à ognons ; toutes les plantes de plein ar libreuses se plaisent au levant quelques-unes de ces dernières réussissent également au couchant; on ne jurs verts, el peut guère cultiver, à l'exposition du nord, qu certaines fleurs qui craignent le soleil, comme Jes primevères, les pervenches, mi les oreilles d'ours , ete. Dans tons le ion du midi est la pré rable, parce qu'on peut aisément ajouter aux avantages qu'elle possède, ceux des autres expositions, au moyen des tentes abris et des arrosements. On ne d ht aussi indispensables A la végé- tation qu s'étiolera à la fenêtre d'un premier x étages plus haut: ides villes, sont tou- lu riche , de mème que les x que ceux des villes. s de cinq, six, huit, dix étages r exemple), au sommet desquelles nt l'aspect et étant en effet de char- leurs et mème d'arbres fruitiérs d'u nde fécond plantes comme de certaines jolies per- es, de bizarreries ; celle qui, cul- sera des jets vigoureux dans la fente d'un mur issière et le ciel un peu d'eau Hätons-nous de dire toutefois que c'est Tà l'exception, et que les soins donnés aux fleurs et aux femmes sont rarement perdus POTS, CAISSES, INSTRUMENTS. Bien que certaines fleurs se plaisent mieux en pleine terre que partout ail- leurs, il n'en est pas cependant qu'on ne puisse eulliver avec succès en caisses et en pots, pourvu que nt bien construits et d'une capacité suffisante. Le vase pet g wil ne faut sans danger : mais Sil st trop petit, si la racin te souffre et meurt; pour les pe- tites plantes , le vase doit à dix-huit centimètres de diamètre. A partir de là, il faut que 1 L Ia profondeur soien la force de la plante graduées selon Le pot, comme la caisse , doit être percé au fond pour faciliter l'écoulement de l'eau, ef il est bon, avant d'y mettre la terre, de pla- cer sur le trou une écaille d'huître ou quelque morceau de poterie un peu s facilement. Dans les pols ou caisses it l'humidité, on placera, au fond, une cou- huit centimètres d'épaisseur. C'est une méthode excel niers fleuristes de Paris, qui sont les le ce plâtre bienfaisant qui a fait 472 EURS ANIMÉES. croire aux amateurs peu éclairés de la capitale que ces jardiniers mettaient de la chaux au pied des plant s qu'ils exposaient en vente , afin qu'elles pé- rissent promptement , et qu'on fùt obli; & de revenir plus souvent à la charge. La chaux morte, au fond d'un pot, serait peu dangereuse: elle pourrait même avoir quelquefois de bons résultats. Il en est de cette substance comme du sel, on Ta trop longtemps calomniée, Autrefois, quand un noble était condamné pour crime de haute tral son, on brülait ses armes, on rasait ses châteaux, , et l'on semait du sel . Heur on coupait par le milieu du trone les arbres de ses fori sur ses terres afin de les rendre & jama usement nous avons est aujourd'hui un des plus puissants engrais qui changé tout cela, et le sc puissent employer Il y a des caisses de plusieurs sortes des caisses mobiles et des cai: à de meure. Les caisst e es mobiles sont employées de la même manière que le pots; e que la caisse , construite solidement , revêtue d'une ou deux cou- ches de peinture à l'huile, afin d'avoir moins à redouter les effets de l'humi- dité , doit avoir une capacité proportionnée la plante qu'on veut y pla une plante vivace de grande dimension, d'un arbuste ou d'un a a, la er. isse devra être faite à panneaux mobiles, afin qu'il soit fe d'en changer la terre, lorsque e cile est nécessaire, sans blesser les racines. Les caisses à demeur que Von appelle aus i caisses-parterre, contiennent ordinairement un certain nombre de plantes ou arbustes ; on Jes construit le plus ordinairement sur les balcons. C s caisses, dont la dimension dépend du lieu où on les construit ou de la fantaisie du constructeur , ne doivent pas avoir moins de cinquante centimè elles sont as res de profondeur. Elles offrent , quand z vastes , tous les avantages de la pleine terre. La caisse construite, ce qui est la chose la plus simple du monde, on la gar- nira de la terr la plus convenable aux plantes que l'on se proposera d'y pla- i l'on voulait y mettre des plantes dive es terres différentes, on la rempli s dont la culture demande ait de terre ainsi mélangée : terre franche, ; terre légère, trois dixiömes ; terre de bruyère, deux dixièmes ; le tout bien mêlé de temps en temps par un peu de terreau. ente cing dixième: , et modifi Si la ca mètr de gar faite en toile imperméable p rlerre est placée à l'exposition du midi, il faudra agencer à un et demi au-dessus une petite tente qui puisse se déployer facilement afin ntir les fleurs d 1 vers le milieu du jour. Cette tente ir à garantir les plantations des pluies trop fréquentes ou trop abondantes, et des brouillards froids de l'au- tomne. du sole ar eurs t aussi Aux approches des grandes geld on garnira les côtés de la caisse, en de- hors, avec du fumier de cheval, et l'on couvrira la surface de paille sèche et CULTURE DES FLEURS. 173 brisée, en ayant soin d'enlever cette couverture de temps en temps à l'heure le froid sera le moins vif, afin que les plantes ne soient pas entièrement privées d'air. Les instruments nécessaires à la culture des fleurs dans ces proportions sont peu nombreux : deux arrosoirs, quelques cloches de verre, une serpette, un le rpette; un transplantoir et une houlette pour greffoir, un sécateur, instrument à deux lames, dont on se sert d'une main, et qui peut remplacer la s faire l'office d d'un mani o bèche : voilà tout, et cela est trop connu ent trop facile, pour qu'il soit nécessaire d'en donner ici la description. SERRES. Les plantes en pots ou en caisses mobiles ne pourraient supporter les gelé ier cas, la comme elles le supporteraient en pleine terre; car, dans ce der gelée n’a de prise que sur la surface, tandis que les pots et les caisses en sont ndant la mau- vit ja mais moindre que trois degrés au-dessus de zéro. A défaut de serre on pourra lle en tienne lieu. II suf- rappés de tous les côtés. Il est done nécessaire de les placer, p vaise saison, dans une serre froide ou orangerie où la température ne s facilement disposer une chambre de manière à ce qı fira que cette chambre soit bien éclairée, point humide et assez grande pour il yen a une, sera bouchée, de duquel on entre- que les plantes y soient à l'aise. La cheminée, s et l'on placera au milieu de cette pièce un poêle, à 1’ tiendra une température à peu près égale centigrades au-dessus de zéro. L'eau avec laquelle on arrosera les plantes de on temps devra être au même degré que l'atmosphère de la chambre. nnes et les plantes se ans jamais dépasser cinq degrés temps La chambre-serre ne doit pas être habitée, les pe trouve: nt également mal d'une cohabitation. L'air de la serre doit être souvent renouvelé, et l'on choisit pour cela le moment de la journée où le s , en ayant soin de consulter froid est le moins vif. On ouvre alors les fenê le thermomètre. L'expérience apprendra aisément quelles sont les plantes aux- s près des quelles le grand jour est le plus nécessaire, et celles-ci seront placé fenêtres. On pourrait encore faire construire ce que l'on est convenu d'appeler des fenêtres; mais cela est dispendieux , dangereux et incommode. Cepen- à doubles ser dant il est facile de convertir sans inconvénient en serres les fenêtre la distance serait assez grande. croisées entre lesquelles c'est Au reste, il ne saurait y avoir sur ce point des règles particulière “e cas de prendre conseil des circonstances, des localités, des dispositions, ete LES FLEURS ANIMEES. LICATION DES PLANT On a vu dans la botanique que toute graine renferme le germe d'un vé: aussi complet que celui qui l'a produite, et qu'il suffit de confier cette graine à la terre pour que la reproduction Saccomplisse; mais les plantes ne se re- produisent pas seulement par ce moyen : la vie est si puissante en elle, elles sont si heureusement doudes, que presque cha parties est un tout qui ne demande pour se développer qu'un peu de terre, d'air et de soleil; ainsi indépendamment de la reproduction par semis, les plantes se multiplient par caïeux, par bulbes, œille 1 éclats de racines, mar- MULTIPLICATION PAR GRAINES. Ge moyen de reproduction est le plus naturel; mais il est aussi le plus lent C'est par semis qu'on obtient des variétés de la même espèce; les sujets ob- tenus de cette manière s'acclimatent mieux au lieu qu'on leur assigne; ils sont plus vigoureux que ceux résultant des autres procédés; ils vivent de leur vie propre, tandis que la vie des plantes obtenues de toute autre manière est en quelque sorte entée sur celle d'autres sujets. Mais il est fort difficile de se pro- curer de bonnes graines, même chez les marchands les plus renommés. Le plus sûr est de les récolter soi-même et de les étiqueter soigneusement, afin de ne pas éprouver de ces déceptions d'autant plus fächeuses que le mal est sans remède. En voici un exemple entre mille. Madame la baronne de X..., charmante personne, accoutumée à voir tous les obstacles disparaître devant sa volonté, s'était tout à coup senti une vive passion pour l'horticulture. C'était au commencement du printemps, et devant les appartements de la baronne s'étendait une belle terrasse. Des caisses-par- terre sont construites sous les yeux de la noble et belle jardinière ; elle-meme les garnit de terre parfaitement choisie; puis elle fait acheter des graines, et la voilà manœuvrant la houlette et le plantoir, et semant serré, saufa élaguer ensuite. Les graines lèvent à merveille; la baronne est enchantée; c'est avee la tendresse d'une mère qu'elle veille sur ces pauvres pelites plantes dont elle attend de si belles fleurs. « Toutes mes bordures, disait-elle, sont en pieds d'alouette doubles et variés; au centre l'hortensia , la digitale, les pivoi nes, etc... Ce sera charmant... et tout cela me devra la vie! » Elle trouvait que les jours passaient trop lentement; mais elle se disait que CULTURE DES FLEURS, 175 tout arrive à point à qui sait attendre, et elle s'efforçait de faire taire son im- patience. Les plantes grandissaient; les caisses semblaient couvertes d'un tapis de verdure; mais les premiers jours de juin arrivèrent et les fleurs ne pa- raissaient pas. Madame X... reçut à celle époque la visite d'un savant horti- culteur; elle voulut avoir alors son avis sur ses plantations, savoir la cause du retard d la floraison , et elle le conduit sur sa terrasse. Au premier aspect, Yhorticulteur ne peut retenir un éclat de rire — Pardon, belle dame, dit-il ensuite; mais, pour Dieu, qu'ave yous semé là? — Du pied d'alouette qui doit être superbe , des pivoines, de... — En ce cas, il faut que quelque sorcier ait passé par là, car vos bordures sont de très belles carottes; je vois au centre des radis-noirs d'une végétation très satisfaisante, des ognons de cuisine de la plus belle espèce, et — Mauvais plaisant Pour toute réplique, le savant se baissa et arracha de petites carottes trè bonnes à meltre en ragoúl; de petits ognons propr au même usage, et quel ques radis d'une assez belle venue. Le désappointement de la jolie baronne fut tel, qu'elle renonça à l'horticulture et fit sur-le-champ enlever les caisses. Le temps le plus convenable pour semer est Je printemps : les graines nou- velles donnent en général des sujets plus robustes, plussains, d'une végétation de ce plus vigoureuse que les vieilles ; mais les f derniers out plus d'éclat, etl'on en obtient plus facilement des variétés, pourvu toutefois qu'elles aient été conservées avec soin à l'abri de l'humidité. Les graines fines se mêlent avec du sable fin, ce qui aide à les semer égale- o sable les graines qui sont garnies de poils et d'aigreltes. eublie ain ment ; on frotte dans fines on sème les La terre étant bien préparée, nettoyée et an à la surfac dessus avee la main, le pied ou une planche; en- puis on appu èrement et on recouvre d'une petite couche de terreau. Les suite on arro osses, comme les pois, les haricots d'Espagne , ete. , se plantent par graines une, deux ou trois, dans des trous faits avec le plantoir à quatre ou cing cen- erre melde de timètres de profondeur; on arrose, puis on remplit le trou de terreau. Les semis en terrines et en pots ont cet avantage qu'on peut les ar- roser en dessous en plongeant dans l'eau le vase jusqu'au tiers de sa hauteur; Je fond du vase étant percé, l'eau monte doucement dans la terre et active sin- gulièrement Ja végétation. Soit que l'on sème pour rester en place ou pour re- lever le plan et le repiquer, les soins à donner sont les mèmes: aines germant plus lentement que les petites, on peut en hater -quatre heures la germination en les faisant tremper dans l'eau pendant vin avant de les mettre en terre. S'il s'agit d'un semis de noyaux, il faut les LES FLEURS ANIMEES, pendant plusieurs mois avant de les employer. Pour cela, on met dans un baquet un Jit de noyaux sur une couche de sable fin; on les recouvre d'une autre couche de sable, et ainsi de suite. Cela se fait en automne. Lors- que le froid commence A se faire sentir, on place le baquet Ala cave. On arrose fréquemment. Au printemps, les noyaux sont germés, et on peut les planter. Les graines d'un certain nombre de plantes ayant besoin pour germer d'une chaleur plus grande que celle de la température ordinaire du prin- temps, les jardiniers qui cultivent en grand les sèment sur couches. Dans les petits jardins, sur les terrasses et les balcons, on pourra remplacer les cou- ches par un procédé très simple : au milieu d'une caisse-parterre, on prati- quera un trou de deux mètres de circonférence; on l'emplira aux deux tier de fumier de cheval bien tassé, puis on achèvera de le remplir avec de la terre franche mêlée de terreau, et on sèmera dessus. C'est ce qu'on appelle semer sur capot. 11 faudra arroser peu et souvent. Si la plante est délicate, on Ja couvrira d'une cloche qu'on lèvera très peu d'abord, vers le milieu du jour, puis successivement un peu plus, jusqu'à ce qu'elle ait acquis assez de force pour supporter l'air libre, C'est alors seulement qu'on pourra la transplanter sans dange La transplantation ne se supporte pas également bien par toutes les plantes. Il sera done nécessaire de semer les plus délicates dans de petits pots que l'on enterrera ensuite dans le capot jusqu'au niveau de leur bord supérieur; on les gouvernera comme il est dit ci-dessus jusqu'à ce qu'elles soient assez fortes pour supporter l'air libre, alors on déterre le pot, on le casse avec précau- tion, et l'on met la plante en place avec toute Ja terre qui l'environne. 11 n'y a pas de règles fixes pour la profondeur à laquelle on doit mettre les graines dans la terre; ainsi que nous l'avons dit, les graines fines doivent simplement jetées sur la terre que l'on bat légèrement ensuite et qu'on ar- rose après l'avoir légèrement couverte d'un peu de terreau ou de paille ha- chée; quantaux graines que l'on enterre, il vaut mieux qu'elles ne le soient pas tout-à-fait assez que de l'être trop, car, dans le premier cas, on peut les rechausser, tandis que dans le second, elles pourrissent. Pour les graines de la grosseur du haricot, une profondeur d'un peu moins de deux centimètres est suffisante. MULTIPLICATION PAR CAIEUX. Tout est dans tout, a dit un philosophe moderne. Le paradoxe est peut~ être un peu bien osé; mais il y a aujourd'hui tant de belles et grandes véri CULTURE DES FLEURS m tés qui ont été longtemps à l'état de paradoxe, qu'on peut bien donner droit de citó à celui-là e? disait Montaigne; et que savons-nous de plus aujourd'hui? Nous sommes entourés d'assez de merveilles pour ne pas croire à l'impossible. Voyez cette tulipe paré des plus riches couleurs ; dans quel- ques jours, sa brillante corolle tombera, le soleil mürira la graine qui aura succédé à la fleur. Chacune de ces graines donn ra une tulipe semblable à celle qui a vécu; mais ce n’est pas tout, arrache: la racine; détachez de l'o- gnon principal les petits ognons qui y sont adhérents et qu'on nomme caïeuæ, el chaque caieu donnera encore une tulipe, et la fleur qu'il produira n’en sera pas moins belle. Toutes les plantes à ognons produisent des caicux qu'il suffit de planter à suivante pour en obtenir des sujets qui ne cèdent en rien à la plante is il est important de ne séparer les caïeux de l'ognon qu'au moment de les replanter, car non-seulement ils se conservent mieux, mais ils s liorent tant que dure leur union. On appelle aussi caïeux les petites pattes ou griffes qui croissent sur les grosses, comme chez les dahlias , les renoncules, et Les ognons, lorsqu'on les retire de la terre, doivent être soigneusement éti- quetés, afin que si l'on fait des plates-bandes il soit facile d'altérner les nuances de la manière la plus agréable à l'œil MULTIPLICATION PAR BULB Les bulbes, bulbilles ou saboles , sont de petits corps ronds et charnus qui, chez les plantes bulbeuses, naissent aux aisselles des feuilles , au bas de la tige, et quelquefois à la racine. Ges bulbes se détachent, se conservent, et traitées comme les caïeux, elles donnent le mème résultat. MULTIPLICATION PAR OEILLETONS ET REJETONS. Les rejetons et les «illetons sont une seule et même chose; ce sont de pousses qui naissent de la racine de la plante-möre : si ces pousses se produi- sent tout près de la plante à laquelle elles appartiennent, on les nomme @il- letons , et rejetons si elles naissent à quelque distance dé la tige principale. Rejetons ou @illetond s'énlèvent en automne, à moins qu'on ne eraigne que l'hiver ne les détruise. Dans ce dernier cas, on les sépare au printemps, et on Jes transplante aussitôt dans une terre meuble et bien préparée. Pour que les racines donnent des @illelons ou rejetons, il faut qu'elles u, 23 LES FLEURS ANIM e; si elles étaient enfoncées , il faudrait soient pres de la surface de la ter en mettre à nu quelques parties sur lesquelles les rejetons ne tarderaient pas à paraitre. 2 MULTIPLICATION PAR ÉCLATS. Ce moyen de multiplication s'emploie pour les plantes vivaces dont les ra- cines ont beaucoup de chevelu. En automne on enlève la plante, on en sépare les racines en plusieurs parties, et l'on replante chaque partie séparément. Pour le plus rand nombre de plantes à racines fibreuses , cette séparation peut se faire avec une Leche, une houlette, des ciseaux , ete. ; mais il en est quelques-unes que le contact du fer suffit pour faire mourir; il est done plus sûr d'opérer cette séparation, qui est très facile d'ailleurs , avec les mains et sans le secours d'aucun instrument, MULTIPLICATION PAR MARCOTTES, La multiplication par marcottes est à la fois une des plus faciles et des plus importantes, plantes délicates ne peuyent, dans nos climats, se reproduire d'une manière satisfaisante que par ce moyen. On marcotie de plusieurs manières; le 1 ce que beaucoup « principales sont les marcollag r tor- sion, par incision, par circoneision, par strangulation , par amputation et par buttes MARCOTTAGE PAR TORSION, — Ce moyen est le plus simple et le plus géné- ralement employé pour la reproduction des arbustes. On choisit une des bran- ches les plus voisines du sol, on en öle les feuilles, et on la tord à la partie qui que l'écor partie de la branche, on la couche dans la terre, on la couvre, et après l'avoir doit ètre enterrée ju e se déchire. Alors on abaisse cette qu'à c consolidée dans cette position au moyen d'un crochet en bois enfoncé dans la terre, on fait prendre à la portion supérieure de la branche la position la plus verticale possible. Ce procédé demande une main délicate et une certaine dex- térité; par exemple, il peut arriver qu'en tordant Ja branche on la rompt en partie, et alors l'opération est manquée; il en est de mème lorsque la branche, abaissée jusque sur le sol, se détache en partie de la tige, et cela se comprend, car jusqu'à ce que la portion tordue et enterrée de la branche jette des racines, - elle peut vivre sans le secours de la plante-mere; c'est un enfant à la mamelle qu'il faut sevrer graduellement. Ainsi, lorsque la marcolte est bien enracinée, alors qu'elle peut prendre facilement dans le sol toute la nourriture qui lui CULTURE DES FLEURS. 179 est nécessaire, il serait encore dangereux de la séparer brusquement de la plante-mere; il faut la couper peu à peu : aujourd'hui on fait une incision qui enlève l'écorce, dans deux ou trois joursl’entaille attaquera la partie lignense, et successivement cette entaille deviendra plus profonde jusqu'à ce qu'on ar- rive à une amputation complète. La marcotte est alors dans toute sa vigueur; mais ce sont la de doux enfants qui ne crient point, qui ne sont ni maussades, ni hargneux; la tendresse qu'on ressent pour eux peut être poussée sans dan- ger jusqu'à la plus extrème faiblesse; ils peuvent faire goûter toutes les joies maternelles sans en faire jamais ressentir les douleurs. MARCOTTAGE PAR INCISION. — Ce procédé est à peu près semblable au précé dent, il n'en diffère que par la fente que l'on fait à la partie de la branche qui doit être enterrée ; on maintient cette fente ouverte en y ant une petite pierre, et l'on opère du reste comme il est dit ci-dessus. MARGOTTAGE PAR GIRCONGISION, — La différence entre ce procédé et ceux qui le précèdent consiste à enlever un anneau de l'écorce à l'endroit de la bran- che qui doits'enraciner. Quelques horticulteurs prétendent que cette opération accélère la pousse des racines ; mais cela ne paraît pas bien certain. Tordre, inciser, sont des opérations bien assez terribles pour de douces mains ; lais- sons la loi de Moïse aux enfants d'Israël. MARCOTTAGE PAR LATION. — Voilà encore un bien vilain mot pour une chose si simple, et non-seulement le mot est désagréable, mais il ne donne pas une idée juste de la chose. La marcotte, en effet, n'est pas étranglée par ce procédé; car si elle l'était, elle ne pourrait recevoir aucune nourriture de la plante-mère , en attendant qu'elle eût des racines, et elle mourrait sur-le- champ. Ce qu'on est convenu d'appeler strangulation consiste à serrer forte- ment au-dessous d'un œil la marcotte à l'endroit qui doit être mis en terre, au moyen d'un fil ciré ou d'un fil de fer; la marcotte n'est pas étranglée, mais seulement comprimée de manière à ne recevoir de la plante- mère qu'une partie des substances nécessaires à sa vie, ce qui l'oblige à tirer l'autre partie du sol. C'est toujours le système du sevrage gradué. Mancorrace pan amputation. — En vérité les horticulteurs passeraient pour des gens bien féroces s'il fallait les juger d'après les noms effrayants qu'il ont donnés aux opérations les plus simples et les plus innocentes. Amputa- tion, ici, veut dire une entaille de deux à trois centimètres de long qui doi enlever l'écorce et entamer un peu le bois. Au bout de quelque temps il se forme sur les bords de cette entaille un bourrelet; c'est ce bourrelet que l'on met et maintient da e, où il ne tarde pas à Senraciner 180 LES FLEURS ANIMÉES. Mancorra PAR BUTTES. — Ce marcottage n'est employé que pour multi- plier les plantes en touffes. On forme autour des plus jeunes sujets une butte oient emprisonnés ju de terre grasse, assez élevée pour que ces sujets y qu'aux deux tiers de leur hauteur. On coupe ensuite ces jeunes plantes au dessus de la butte, et l’on entretient celle-ci dans un état constant d'humidité. Au bout d'un an, on coupe ces jeunes sujets sous la butte, au rez du sol. On a ainsi autant de jeunes plantes nouvelles qu'il y a de tiges dans la butte; ce qui n'empêche pas la plante-mère de repousser avec vigueur. RÈGLES 6 oser cette terr NÉRALES. — Dès que l'on a couché la marcotte en terre, il faut in relevant ec elle ar de manière à ce qu'elle soit toujours humide. Ja marcotte après l'avoir la motte de terre dans laquelle elle a jeté ses racines, et la transplanter avec éparée de la plante-mère, il faut enleve: cette terre Lorsque la branche que Yon veut marcotter est trop éloignée du sol pour qu'il soit po: cette branche dans un pot perc che. La partie tordue ou incisé fréquemment, et lorsqu’on sépare le naturellement transplante. ible de l'y coucher sans risquer de la casser, on peut faire passer , rempli de terre, et soutenu par une per- doit se trouve e au milieu du pot; on arrose sujet de la plante-mère, il se trouve tout Beaucoup de fleur d'ordir et particulièrement les œillets, ne se reproduisent ire que par marcottes. Les plantes ainsi reproduites ne dégénèrent , mais restent les mêmes, et ce n'est que par sem s qu'on peut obtenir des MULTIPLICATION PAR BOUTURES, Il est certaines plantes, comme le peuplier, l'osier, ete., dont il suffit de tôt; eux qu'un membre ainsi couper une branche et de Ia ficher en terre pour qu'elle reprenne au c'est ce qu'on appelle bouture. N'est-il pas prodig violemment enlevé se métamorphose en un individu-absolument semblable à celui dont il n'était qu'une faible partie? Mais pourquoi ce qui est si facile pour beaucoup de plantes est-il excessivement difficile pour un assez grand nombre et absolument impossible pour quelques-unes? C'est ce que nul ne sait, et ce que nul ne saura probablement jamais. II faut bien en cony Jes savants les plus justement honorés ne sont que de grands ignorants inca- pables de faire suivre de parce que la millième partie des pourquoi qui peu- vent se formuler à chaque instant autour d'eux. II faut done se contenter de CULTURE DES FLEURS. 481 voir et d'admirer, et c'est souvent un passe-temps si doux, qu'il estfacile de s'en contenter. En général, les plantes dont le bois est tendre, la moelle abondante, se reproduisent a ment par boutures; celles dont le bois est sec et dur, se multiplient tres difficilement par ce procédé. L'opération, comme on vient de le voir, est tres mple; mais quand on veut en arrêter le succès, il est bon d'y mettre plus de soin. Ainsi, on cou- pera la branche dont on veut faire une bouture au-dessous d'un nœud ou bouton ; cette branche doit ètre coupée horizontalement de manière que l'en- le Ces diverses opé- droit de la section ait la forme d'un sifflet; on détache ensuit feuilles de la branche depuis le bas jusqu'aux deux tiers de sa longueur rations doivent être faites avec un instrument bien tranchant, afin que les coupures soient nettes et que l'écorce ne soit pas déchirée, Cela terminé, on mettra immédiatement les boutures dansla terre qu'on aura préparée d'avance selon la nature des sujets que l'ont veut reprod aux boutures des plantes suffit; les boutures d'arbres et d'arbu e et mème d’orangerie grasses la terre franche te el moitié légè stes de pleine ccommodent mieux d'une terre moitié franche o; les boutures des végétaux -à tige tendre et succulente re- prennent facilement dans le sable; enfin les boutures des plantes les plus sen terre de bruyère pur èrement mélangée délicates doivent être mis ou lé; de terreau. Les boutures des arbres et arbustes de pleine terre doivent se faire vers la fin de février; celles des plantes d’orangerie se font au printemps. Bien que la méthode que nous venons d'enseigner pour faire des boutures soit la plus généralement employée , il en est pourtant d'autres : ainsi, un an avant de couper la branche, on l'entoure quelquefois d'un fil de fer serré en anneau à l'endroit où elle doit être mise en terre. Cet anneau interceptant une partie de la sève , il se forme à cet endroit une espèce de bourrelet qui facilite la reprise, c'est ce qu'on nomme bouture à bourrelet. Il arrive aussi qu'on détache la branche d'une autre branche, en amputant une partie de cette dernière, qui doit former une sorte de crochet; c'est la bouture en crochet. Les boutures des plantes dont le bois est dur, sec, se mettent en pot, rem- pli de terre de bruyère. Ce pot doit être ensuite enfoncé jusqu'au niveau de terre (voir plus son bord dans une couche ou dans le capot d'une yn couvre ce pot d'une cloche que l'on haut multiplication par graines), et soulève de temps en temps, jusqu'à ce que la bouture soit assez bien repri rdiniers appellent bouture étouffée. pour supporter l'air libre; c'est ce que I LES FLEURS ANIMEESs MULTIPLICATION PAR GREFFE, La greffe est le triomphe de l'art sur la nature; c'est l'opération d’hortieul- ture la plus utile et la plus merveilleuse. Jusqu'ici nous avons vu les plantes se reproduire, se multiplier par d'ingénieux procédés: maintenant nous allons les voir se métamorphoser de mille maniè C'est là certainement un des plus grands, des plus inexplicables mystères de la végétation. Par exemple, les personnes étrangèresà horticulture croient communément qu'en plantant un noyau deeerise , on pourra obtenir, avec le temps , un cerisier donnant des fruits de la même qualité que celui auquel appartenait le noyau ; cela est logique , c'est tout ce qu'il y a de plus rationnel. Eh bien! cela n'est pas vrai : plantez le noyau d'une de ces helles et délicieuses cerises dites de Mont- morency; apportez tous les soins imaginables à l'entretien de l'arbre qui en résultera, et lorsqu'il donnera des fruits, vous récolterez de petites merises aigres, n'ayant en quelque sorte qu'un noyau recouvert d'une pellicule dure et sèche. Il en est de même pour tous les fruits. Qui dira encore la cause de cela? Cela est, done cela doit être: il ne nous est pas permis d'aller plus loin. Mais de ce qu'on ne connaît pas la cause du mal, ce n'est pas à dire qu'on n'y puisse remédier, et le remède ici est la greffe , au moyen de laquelle on reproduit les variétés les plus précieuses. La greffe, en effet, consiste à faire rapporter à une plante des fleurs et des fruits absolument différents de ceux qu'elle eût donnés naturellement. Coupez les branches de ce merisier, dont les fruits sont si aigres; fendez.en le tronc; insérez dans les fentes quelques petites branches enlevées au cerisier de Montmorency , et, au lieu de merises, il vous donnera des cerises semblables à celles dont le noyau vous aura causé un grand di sappointement; et non-seulement vous lui ferez produire des cerises, mais des prunes, des abricots, des pêches, les uns et les autres, et même tous ensem- ble si vous opérez savamment. La greffe embellit les fleurs , améliore les fruits; mais les végétaux sur les quels on la pratique perdent beaucoup de leur vigueur , de leur force, et ils vivent moins longtemps que ceux qui n'ont pas subi cette opération. Si l'on attend qu'un sujet ait acquis une grande force pour le greffer ‚il sera lent à produire des fruits; si, an contraire, on le greffe alors qu'il est encore faible, il donnera des fruits promptement; mais il durera moins. La greffe enfin est une opération qui augmente l'activité de la vie des plantes en en diminuant la durée. On ne peut pas tout avoir : la beauté et la durée sont nécessaire- ment antipathiques. C'est là, mesdames, encore une de ces douloureuses vé- rités qu'il est permis aux parties intéressées d'appeler des paradox CULTURE DE: UNS. 183 La greffe pratique de plusieurs manières; les principales sont la greffe en fente , la greffe en écusson, la greffe en couronne , la greffe en approche, la greffe anglaise et la greffe herba GREFFE EN FENTE. — C'est la plus facile, et, par conséquent, la plus usitée. 1 faut d'abord choisir un sujet sain et vigoureux. On entend par sujet l'arbre que l'on veut greffer ; la greffe est une branche que l'on prend sur l'arbre dont on veut donner les propriétés au sujet. Supposons qu'il e de métamor- phoser un églantier où rosier sauvage en rosier à cent feuilles. Après avoir coupé de l'églantier, vous pratiquez à la partie supérieure de sa tige une fente longitudinale dans laquelle vous insérez une branche de l'anné pr nt feuilles, et taillée en biseau à son extré. mité inférieure La greffe doit être plus petite que le sujet; à la rigueur, elle pourrait èlre de la mème grosseur; mais si elleétait plus grosse, elle ne réus- sirait pi es brane dente, prise sur le rosier à e Cette branche ou greffe doit être coupée à son extrémité supérieure de manière à ce qu'elle ne porte que deux ou trois yeux. II n'est pas néces- saire que son insertion soit bien profonde; mais il faut absolument que les parties de l'écorce du sujet soient en contact parfait avec les parties de l'é- corce de la greffe ; c'est par l'écorce que fait et que se consolide la reprise. On peut placer plusieurs greffes sur le même sujet lorsqu'il est assez fort. On peut aussi ne greffer qu'une partie du sujet : ainsi on peut greffer des roses blanches sur un rosier rose de manière à ce qu'il donne simultanément ces deux variétés, et ces modificalions peuvent s'étendre à l'infini sous une main bien exercée Lorsque la greffe est placée dans la fente du sujet, on pratique une ligature avec de la laine, à la hauteur de la fente, et on entoure le tout d'un mastie ainsi composé : Poix de Bourgogne. . . . . . . . + 540% Polsnoire ol) Ciro jaune, e ere e 0. 2. CR HO Résine ee ee gees ns teas il) Sdit de mouton... aro au... 4710 Le tout fondu à petit feu, bien mélangé et employé pas précisément chaud, mais avant d'ètre entièrement refroidi. GREFFE EN COURONNE. — Elle ne se pratique que sur des sujets très forts, sur un tronc coupé aux deux tiers de sa hauteur, par exemple. On pratique sur ce sujet , à l'aide d'un petit coin de bois, une ouverture entre le bois et l'écoi ce sur toute la circonférence; on place ensuite dans celle ouverture, et 184 S FLEURS ANIM en forme de couronne , les greffes préparées comme pour greffer en fente, en ayant soin que l'écorce du sujet et celle des greffes se touchent , el on achève l'opération, comme pour la greffe en fente. GREFFE EN ÉGUSSON.— On ne pratique cette greffe que sur les arbres et ar- brisseaux dont l'écorce se détache facilement. On peut greffer de cette manière au printemps , pendant la sève et en automne. Faite en automne, on la nomme greffe à wil dormant, parce qu'elle ne reprend qu'au printemps sui- vant; faite au printemps, pendant la sève , on l'appelle greffe à wil poussant , parce qu'elle pousse presqu’aussit6t : mais en général, celle pratiquée en au- tomne réussit mieux. Si l'on opère en novembre, on choisira pour prendre la greffe une branche de cette même année. Avec le tranchant du greffoir on ineise l'écorce de cette branche, en forme d'écusson, tout autour d'un œil bien nourri; puis glissant le greffoir sous cet écusson , entre l'écorce et l'aubier , on le détache ; on fait aussitôt sur le sujet deux incisions, l'une horizontale, un peu plus large que l'écusson, l'autre verticale, de manière que les deux incisions forment cette figure T, si l'on opère en automne, et celle-ci q, si c'est au printemps. On glisse ensuite le greffoir sous l'écorce ainsi incisée jusqu'à l'aubier , et on la détache assez pour pouvoir glisser dessous l'écorce qui est la greffe, puis on coupe horizontalement la partie supérieure de cet écusson, de manière que l'écorce de la greffe et celle du sujet soient réunies On fait ensuite avec de la laine ou du chanvre une ligature qui maintienne les choses en cet élat, et que Yon aura soin de desserrer à mesure que le sujet grossira. GREFFE EN APPROCHE.— Ce genre de greffe réussit sur tous les arbres et ar- brisseaux, pourvu que greffe el sujet soient assez voisins pour pouvoir se tou- cher. Supposons, par exemple, qu'un lilas el un syringa soient assez voisins pour que l'on puisse mettre en contact une branche de l'un avec une branche de l'autre, il sera facile alors d'obtenir du lilas sur le syringa, et du syringa sur le lilas. Les branches étant autant que possible de grosseur égale, on in- cisera jusqu'à la moelle la branche de lilas et celle de syringa; on les appli- quera et on les maintiendra l'une contre l'autre dans la partie incisée, à l'aide d'une ligature et du mastic composé, comme il est dit plus haut. Si e le lilas qui doit produire du syringa, on coupera & quelques centimetres dessus de la ligature la branche du lilas qui est le sujet , afin de forcer la sève à monter dans la greffe; on fera la mème chose dans le sens oposé si l'on veut faire produire du lilas au syringa. Lorsque la soudure sera complète, on pourra couper la greffe au-dessous de la reprise, mais non tout d'un coup :on fera d'abord une entaille qu'on rendrasuecessivement plus profonde jusqu'à ce que la section soit entière, CULTURE DES FLEURS. 185 La greffe en approche peut se faire de mars en septembre; mai mieux lorsque la sève monte que lorsqu'elle descend s elle rénssit GREFFE ANGLAISE, — Pour que cette greffe réussisse, il faut que le sujet soit jeune, et que sujet et greffe soient de la même grosseur : l'un et l'autre sont coupés en biseau de même longueur ét en sens inverse, afin de s'ajuster par- faitement ; mais comme, malgré la ligature, la greffe pourrait glisser, on pra- tique à la partie correspondante du biseau de la tige une entaille ascendante, de manière que la greffe se trouve accrochée au sujet, et l'on termine comme pour la greffe en fente. Cette greffe ne réussit bien qu'au printemps. -GREFFE HERBACÉE. — C'est tout simplement la greffe en fente appliquée aux plantes herbacées où aux plantes ligneuses alors qu'elles sont encore jeunes et molles. On l'emploie avec succès lorsque le sujet est dans toute sa force de végétation, c'est-à-dire un peu avant la floraison. Le sujet et la greffe Gant très tendres, il faul opérer avec beaucoup de dextérité; elle est d'ailleurs peu en usage pour les fleurs. ÉDUCATION DES PLANTES. De graine, de rejelon, marcolte ou autrement, la plante est né maintenant surtout que la tendresse et les soins maternels lui sont néces- saires : un coup de vent peut suflire pour renverser, anéantir ces pauvres petits individus sortis de la lerre pour sourire au soleil. Le mouvement de locomotion dont ils ne sont pas doués est pourtant indispensable à un grand nombre d'entre eux. C'est le moment, mesdames, de leur tendre une main secourable pour leur faire quitter ce berceau où ils sont mal à l'aise, main- tenant qu'ils commencent à grandir. Mais, prenez garde, quelque tendre que soit votre cœur, quelque douce que soit votre blanche main, il suffirait de la plus légère distraction pour que vous ayez à vous reprocher la mort de ces frèles enfants, Dès que la plante obtenue par un des moyens indiqués plus haut, à l'ex- ception de la greffe, a atteint une certaine force, il s'agit de la placer, soit en pleine terre, soil en caisse-parterre , ce qui cst à peu près la même chose, soil en caisse ou en pot; c'est ce qu'on appelle repiquage, une des plus im- portantes opérations d'horticulture, IL 186 LES FLEURS ANIMEES, RevIQUAGE.— Soit que l'on ait semé en pleine terre, sur couches ou sur ca- pot, ce qui est la mème chose; soit, ainsi que nous venons de le dire, que le sujet vienne de marcotte, bouture, ete., il arrive un moment où il faut l'enlever pour le mettre plus à l'aise, à la place qu'il doit orner. Si les sujets àrepiquer sont en pot, on casse ce dernier avec précaution, on divise la terre qu'il contient en autant de parties qu'il y a de on enlève chacun de ci eux-ei avec la partie de terre qui lui est adhérente, on le met dans le trou préparé à le recevoir, et on arrose sur-le-champ. Lorsque le sujet qu'il s de repiquer est en pleine terre, on l'enlève avec le transplantoir; mais si les plants n'étaient pas assez espacés, on les enlèverait collectivement en pas- sant la houlette dessous, sauf à les séparer ensuite comme ceux semés en pot. ? Les plantes robustes se transplantent à nu; c'est-à-dire qu'on les arrache tout simplement du lieu où elles sont pour les placer symétriquement dans un autre. Dans ces plantes, on retranche quelquefois le pivot de la racine, lorsqu'il est trop long, ce qui nuit à la reprise, et Von ôte une partie du che- velu, quand ilest trop abondant. Mais la règle est difficile à poser sur ce point, aisser les racines entières et de ne pas les blesse et le plus sage est d 11 est bien entendu que chaque plante doit être repiquée dans la terre qui fui convient, laquelle aura été ameublie, et que les arrosements seront fré- quents jusqu'à ce que la reprise soit complète TRANSPLANTATION. — On procède pour la transplantation à peu près de la mème manière que pour le repiquage. Cette opération ne se fait avec su que vers la fin de novembre. S'il s'agit de transplanter un arbuste ou un ar- brisseau, on en coupe les branches ; mais il ne faut pas toucher aux racines, et si, par accident, on en avait blessé quelques parties, il faudrait amputer sur- ment bien tranchant. Le mal, de s avec un instr le cette mani Les arbres toujours verts se transplantent en enlevant avec les racines Ja hamp les parties lésé serait moins grand , mais il ne serail pas entièrement réparé. es branches. motte de terre qui les environne ; on ne coupe pas Annosı —Nous devonsrépéter ici que l'eau n'est pas moins nécessaire MEN aux plantes que l'air et la lumière; mais toutes n'ont pas un égal besoin d'humidité, et il y a un grand nombre de gradations entre la plante qui naît, vit et est fécondée au fond des fleuves et celle qui végète sur les plus aride rochers. Nous roser que fort peu les plantes grasses, charnues , spongieuses , et à a ne pouvons indiquer qu'une règle générale qui consiste A n'ar- oser davantage, mais sans excès pourtant, les plantes fibreuses et ligneuses. Dans l'hiver, on arrosera après le lever du soleil, afin que l'eau ne puisse CULTURE DES FLEURS. être saisie par la gelée; dans l'été, au contraire , il faut arroser le soir, après le soleil couché, pour que l'eau ne s'évapore pas avant d'avoir pénétré dans la terre L'eau dont on se sert pour arroser doit avoirle même degré de chaleur que la température; si done on se servait de l'eau d'un puits profond, il faudrait, avant de l'employer, l'exposer à l'air pendant plusieurs heures. L'eau de pluie est la plus favorable à la végétation. Ce n'est pas seulement les pieds des plantes qu'il faut arroser; mais encore les tiges, les rameaux, les feuilles; les fleurs seules ne doivent pas recevoir d'eau Rencaissace. — Reneaisser ou rempoter, c'est enlever une plante du vase où elle:se trouve pour la placer dans un autre, afin d'en renouveler la terre. Une plante peut demeurer sans danger pendant deux ans dans le même vaisseau, et au maximum trois ans; mais alors il faut la rencaisser, ce qui se fait avec le plus de succès au commencement du printemps. Après avoir laissé un peu sécher la terre, on enlève la plante, on en secoue doucement les racines, on les ébarbe légèrement avec un instrument bien tranchant, puis on les enterre dans un autre vase préparé à cet effet; on arrose, et l'opéra- tion est terminée. Une autre opération , appelée demi-rempotage, consiste à enlever chaque année, au printemps, avee une houlette, le tiers ou la moitié de la terre contenue dans le pot, et à la remplacer par de la terre nouvelle de mème espèce. Lorsqu'une plante dépérit sans cause apparente, il faut la dépoter sur-le- champ, en examiner les racines, les laver soigneusement, et si l'on y découvre quelque plaie, retrancher la partie malade en la coupant le plus nettement possible. On rempote ensuite la plante, et si elle est délicate on la met s pot et sous cloche jusqu'à ce qu'elle ait repris assez de vigueur pour supporter l'air libre. HE INSECTES. = MOYENS DE LES DÉTRUIRE. Quatre sortes d'insectes sont particulièrement redoutables aux fleu sont les pucerons, les fourmis, les kermès et les tiquets... les pucerons sont sur- tout abondants dans les années humides; ils s'établissent à l'extrémité des rameaux, détruisent les feuilles et souvent les fleurs. S'ils n'apparaissent pas en trop grand nombre, on peut les détruire en les faisant tomber à l'aide d'une petite brosse, el mème avec la barbe d'une plume; s'ils sont abondants 188 LES FLEURS ANIMÉES. il faut arroser les rameaux dont ils še sont emparés avec une eau de savon légère. Les fourmis sont plus difficiles à détruire, à cause de leur activité, qui fait facile de presqu'en même temps; mais il e qu'elles sont ici, Ja et aille les empêcher d'envahir les plantes à tige : ce moyen consiste à entourer la anneau de coton cardé auteur, d'un assez la . Loi sière, commence à durcir le coton, on le change. Cela n'est néi tige, vers le milieu de sa qu'elles ne peuvent franchi le contact de Pair, de l'eau, de la pous- »ssaire que pour les plantes en pleine terre; quant à celles en pots et en caisses, il suffit de les placer dans un lieu que l'on environne d'eau Les kermès sont une sorte de punaises qui allaquent particulièrement les en dél orangers; le meilleur et le plus súr moyen pour s sser est de laver la tige et les branches avee de l'eau claire et une brosse rude, et d'arroser les feuilles avec de l'eau de savon. Les tiquets sont des insectes qui se logent le plus communément sur les on les détruit en arrosant les plantes avec une décoction de tabac. Cette dé- coction seule suffirait pour détruire tous les insectes qui nuisent aux fleurs; mais il est un grand nombre de plantes qui ne pourraient supporter cet arro- sement, qu'on ne doit employer que modérément et avec précaution, et AILLE DES ARBUSTES, ARBRISSEAUX ET ARBRES. L'opération de la taille n'est importante que pour les arbres fruitiers; quant aux arbrisseaux et arbustes d'agrément, on ne les taille qu'en vue de leur don- ner la forme la plus agréable, et dans certains cas aussi pour accélérer la vé- gétation. Il suffira done ici d'en exposer les principes généraux que voici : Les petites branches se taillent avec une serpette bien tranchante ; la coupure doit ètre nette, sans mächure ni égratignure sur les bords. L'endroit où s'est faite la solution de continuité doit être plane et être, autant que possible, l'exposition du no . Pour les grosses branches on peut employer la scie main; mais on doit ensuite unir la surface avec la serpette ou tout autre in- strument tranchant. Quand on coupe une branche, il faut qu'il y ait au moins un œil au-dessous de l'endroit où se pratique amputation CULTURE DES FLEURS, 189 IL est important surtout de s'attacher à retrancher ce qu'on appelle les branches gourmandes, qui ne produisent rie , n'ont pas d'yeux et se dévelop- pent avec rapidité aux dépens des branches productives. L'époque la plus convenable pour la taille est la fin de février ou les pre- miers jours de mars Plus les branches d'un arbre ou arbrisseau crois ssent rapidement, moins elles donnent de fleurs et de fruits; la sève montant trop vite, n° les bouton git plus sur ; on dit alors que l'arbre s'emporte en bois. Dans ce cas, il ne faut la taille, il est trop tard, cet pas avoir recours pération ne pouvant jamais être faite avec succès que lorsque la sève est en repos. Mais il est un moyen bien simple d'empêcher que les rameaux prennent un trop grand développe- ment : il suffit pour cela de pincer avec les ongles l'extrémité des rameaux qui ont une tendance A s'emporter. Cela ne diminue pas l'énergie de la s mais l'oblige à refluer sur les boutons e, Il arrive quelquefois que l'on est dans la nécess branches d'un a é de couper toutes les brisseau, soit parce qu'on en veut changer la direction, soit qu'à la suite d'une maladie l'arbre n t plus assez de vigueur pour les porter. Cette opération doit être faite avec beaucoup de soin, et de manière à sup- ne pas arrêter tout-à-fait la végétation. Il faut, dans ce cas, laisser au sommet brindilles, gi s plus tard, lorsque l'arbre aura re pris une vigueur suffisante. Tl est aussi nécessaire de la tige quelques-unes de ces petites branches appelé nic de boutons, sauf à supprimer ces brindill après avoir coupé les plus es branch , de couvrir avec de la cire à greffer la place où l'amputation pratiquée. L'opération appelée tonte demande moins de soin; elle consiste à donner à un arbre ou arb ste une forme quelconque, à l'aide de grands ciseaux avec branches. C'est par la à Paris, et des principaux jar- lesquels on coupe symétriquement les extrémités d tonte que les orangers du jardin des Tuile dins publies, ont pris et conservent tous la même forme et ressemblent à des boules de feuillage. On peut par le même procédé avoir des arbustes en forme de pyramide, de gobelet, ete. Mais nous sommes loin d'approuver cette régu- Jarité, cette symétrie qui change l'aspect naturel des plantes, et leur enlève capricieux, C'est de la tyrannie et aussi de tout ce qu'elles ont d'agreste et de la barbarie et de la cruauté, puisqu'en agissant ainsi on substitue sa volonté à celle de la nature, et qu'on fait souffrir l'opprimé en même temps qu'on lui e deses charmes. Taillez done, mesdames, et ne tondez point ; enlève une par car tailler c'estguérir, et tondre c'est blesser. sont, belles lectrices, les éléments de cette science ou de cet art si fa- dont tous Te cile à acquérir, et source intarissable de tant de pures jouissancı LES FLEURS ANIM les artifices de style seraient impuissants à donner une juste idée. Véritables fleurs animées, c'está vous qu'il appartient de faire vivre, de diriger et d'em- bellir ces sœurs, ces frêles et délicieuses compagnes que vous a données le ciel, après vous avoir doudes de cette intime délicatesse qui vous en fait sent tout le prix. L'amour des fleurs est inné dans le cœur de la femme, et nous ne doutons pas que beaucoup d'entre vous, mesdames, ne pos lent par in- tuition l'art de les cultiver. Nous ne laisse ons pas néanmoins de vous donner quelques conseils sur la culture particulière de chacune des plus belles. Un bon avis est un œil dans la main , dit la sagesse des nations, et il n'est pa impossible qu'à la plus savante un peu d'aide fasse grand bien. DEUXIEME PARTIE. CULTURE SPECIALE DES PRINCIPALES FLEURS. Nous faisons ici abstraction de Ja botanique; nous ne rangeons done pas les fleurs par tribus, par familles, gen s; mais tout simplement par ordre les pét: mais bien de savoir cequ'il faut faire pour obtenir les plus belles vari individu, alphabétique. II ne s'agit plus de compter les pistils, les ötamines es; d'un t ici de la quelque tribu, famille et genre qu'il appartienne. ( science facile, dans laquelle on peut pénétrer avec le même succès soit que Yon commence par la fin, le milieu ou le commencement; c'est un diction- à rendre un bon office sans naire, ou plutôt un conseiller toujours dispos s'inquiéter de formes ou de méthode: II ne serait pas impossible pourtant que la lecture s'en fit tout d'une ha- leine : nous vous avons raconté de plus grands miracles que celui-là, et en- corce du jar- core ici trouverez-vous peut-ètre quelquefois le conteur sous 1" dinier. Espérons done et commençons A. Acoxır. — On cultive trois variétés de cette plante, qui fleurit en juin; l'a- conit napel, qui, sur une tige haute communément de plus d'un mètre, porte 192 LES FLEURS ANIMÉES, des fleurs en épi d'un beau bleu; l'aconit à grandes feuilles , dont les fleurs sont d'un bleu plus vif, et Vaconit-tue-loup , qui donne des fleurs jaunes. Plantes à racines fibreuses. — Terre de bruyère. — Se multiplient par éclats: Aponte Dirt. — Plante annuelle qui se multiplie par graines semées en place et donne, en juillet, de petites fleurs blanches, jaunes ou rouges, selon la variété, Liadonide printanière est une autre espèce qui est vivace, fleurit en juillet et donne de très belles fleurs jaunes. Cette dernière peut se multi- plier par éclats ; la terre de bruyère convient à toutes deux Amezce,— Arbusie dont on cultive plusieurs variétés. La plus remarquable est l'airelle myrtille, arbuste de soixante Y soixante-dix centimètres de hau- teur, donnant en mai des fleurs en grelot d'un rose pale, et en août des baies semblables au raisin et d'un goût très agréable. — Terre de bruyère. On peut le reproduire par graines, rejetons et marcottes; mais ce dernier procédé est celui qui réussit le mieux. Les autres variétés remarquables de cette plante sont l'airelle corymbifere, qui atteint communément une hauteur d'un mètre et demi; l'airelle veinée, arbuste plus petit que le premier. La culture est la même pour toutes les vari Amarante. — Charmante fleur annuelle, dont on cultive deux variétés, l'a- marante en queue, qui donne, en juin, des fleurs en épi très allongé, et l'a- marante tricolore, dont les fleurs sont réunies en paquet. Ces deux varié sereproduisent par graines semées à la fin de mars sur couche ou sur capot. — Terre de bruyère mêlée de terre franche et terreau. Ananyınıs. — Plante à ognons, fleurissant en septembre. — Terre de bruyère; multiplication par caïeux que l'on sépare des ognons tous les deux ans. Nombreuses variétés, dont les principales sont: l'amaryllis jaune, la seule variété qui puisse s'accommoder d'une autre terre que celle de bruyère ; l'a- maryllis dorée, l'amaryllis à fleurs en croix, el l'amaryllis de Guernesey, ad- mirable plante du Japon, jetée sur les côtes de l'ile de Guernesey par une tempête, ainsi que nous l'avons dit plus haut, dans la Botanique des Dames. Awérnysre.— Plante annuelle qui donne, en juin, des fleurs bleues , tr jolies. Multiplication par graines, semées aux premiers jours d'avril, en terre de bruyère mêlée de terreau Axoxox. — Joli arbrisseau dont la hauteur varie d'un mètre à un mètre et demi. 11 donne, en août, des fleurs blanches, et en septembre des fruits rou- ges qui ont la forme de cerises, mais qui ne sont pas mangeables. Terre CULTURE DES FLEURS. 193 gère. — Multiplication par marcottes et par semis fe ts fin mars. — Beau- coup d'air ; terre souvent ameublie ; a osements modér Ancore. — On cultive l'ancolie commune et l'ancolie du Canáda. Toutes deux fleurissent en mai; la première donne des fleurs très jolies, bleues ou ; les fleurs de la seconde sont d'un beau jaune.—Terre de bruyère mêlée de terre franche. Multiplication par éclats, et par graines qui doivent être s aussitôt qu'elles sont mires. Anemone. — Cette belle plante compte un grand nombre de variétés: les plus jolies sont celles dont les nuances sont pures et bien tranchées, depuis le bleu du ciel jusqu'au nacarat. On ne peut obtenir ces belles varié tés que par le semis ait au commencement de mars sur terre franche recouverte de terreau. On arrose fréquemment. La plante, cette année, ne donne pas de fleurs. En juin ou au commencement de juillet, les feuilles se fanent; alors cher à l'ombre, on les replante en octobre, en observant de laisser entre chacune une distance de trois à quatre centimètres. Au mois d'avril suivant on obtient di aloı on déterre les pales, et après les avoir fait s fleurs; on forme une collection, qu'on plante chaque année en octobre. Il est mieux en- core de faire deux collections et d'alternerla plantation de sorte que la même collection ne donne des fleurs que tous les deux ans. Loin denuire A la plante, ce repos d'une année la fortifie, et elle donne ensuite des fleurs admirables. — Terre franche. —Déterrer la plante en juillet et en séparer des tubercules nouveaux. Les anémones cultivées en pots, dans les appartements, peuvent donner des fleurs au milieu de l'hiver; mais celles que l'on force ainsi ne se repro- duisent plus; il faut done se bien assurer des richesses que l'on possède avant de tuer ainsi la poule aux œufs d'or. Arocyn.—Plante à racines fibreuses, qui donne en juillet de petites fleurs roses.et blanches en forme de cloche. On nomme aussi cette plante gobe~ mouche, parce que la fleur, exhalant une odeur de miel, attire les mouches qui se trouvent prises dans la matière visqueuse dont est enduit l'intérieur de la ; multiplication par éclats en octobre, et par semis en mars. Anmorse ou CrrrONELLE. — Joli arbuste de soixante A soixante-quinze cen- limétres de haut, donnant en août de charmantes petites fleurs en grappes, el dont les feuilles exhalent une odeur de citron des plus agréables. Se cul- live en pots qu'il faut reatrer aux premiers froids. — Arrosements modérés. u. 5 194 LES PLEURS ANIMÉES. Terre franche mèlée de terre de bruyè re. — Multiplication par semis; mais plus facilement par éclats au mois de mar Asouëprape.— Plante à racines breuses. En juillet, petites fleurs rouges anille as exhalant un parfum d z prononcé. Terre de bruyère; arrosements fréquents. — Multiplication par graines, et plus facilement par éclats, fin o¢= tobre. —Plusieurs variétés; mème culture. AUBÉ. dont, vers la fiu d'avril , INE. — Il n'est personne qui ne connaisse ce charmant arbris eau parfum embaume nos champs. Il n'y a presque rien à dire sur la culture de l'aubépine, qui croit spontanément dans toutes sortes de terres, au milieu des haies vives, sur la lisière des fore lui conviennent sous un rpés. Toutes les tei sur les coteaux les plus climat tempéré; mais la terre franche est celle dans laquelle elle se plait le > mieux. L'aubépine cependant ne peut être convenablement placée que dans un jardin d'une certaine étendue : les soins qu'on lui donne n'ajoulent rien à la délicieu: e odeur qu'elle exhale ; mais ses fleurs sont plus nombreuses ; ses ra- meaux prennent un plus grand développement. C'est encore un emblème de l'innocence ; mais c'est l'innocence agitée par l'espérance et la crainte; c'est Yinnocence sous les armes. — Peu d'eau , beaucoup d'air. — Multiplication parboutures, marcottes, et plus facilement par graines semées aussitôt qu’elles sont mûres. AzaLée.—Très bel arbrisseau dont la hauteur dépasse qui s fleurs, d'un doux parfum, ressemblent un = quefois un mètre et demi, fleurissant en mai feuille, sont de différentes couleurs, selon la variété. peu à celles du chèvr ments fréquents. — Multiplication par semis, — Terre de bruyère; an par marcotles et rejetons, en mar B BaGvENAUpIER.—Grand arbrisseau de pleine terre, de trois à quatre mè- tres de haut, qui ne se cultive que dans les jardins d'une certaine étendue. Nous en avons pourtant vu quelquefois de fort jolis dans de grandes caisses- en juin. — Terre franche. Multiplication . — Plusieurs varié- parterre.— Fleurs jaunes en grappes par rejetons, œilletons, marcottes; arrosements mod é E tés; mème culture. euses, annuelle, dont les jolies fleurs, BALSAMINE. — Plante à ra CULTURE DES FLEURS. 195 de toutes couleurs, selon la variété, s'épanouissent en juillet. — Terre fran- che ; arrosements modérés. — Multiplication par graines semées fin mars et piquées en mai. Basic. —Plante annuelle, remarquable seulement par son odeur agréable Fleurit en mai, et se multiplie par graines semées en avril sur terreau. — Plusieurs espèces, même culture pour toutes Berxe-DE-sour. — Charmante plante annuelle qui fleurit en juillet. Fleurs nombreuses, jaunes à la gorge, blanches au milieu et bleues sur les bords. Multiplication par graines semées en place en avril. — Arrosements modérés. Cette fleur s'ouvre dès que le jour paraît, et se ferme un peu après le coucher du soleil, phénomène auquel elle doit son nom, et qu'on a vainement tenté d'exploiter. E-DE-NUIT. — Fleurit en juillet, fleurs nombreuses et de diverses cou- leurs, odorantes ou inodores, selon la variété. C'est une des plus jolies plantes annuelles. On la sème à la fin de mars en place. —Terre légère ; arrosements modérés. Les fleurs, qui présentent la forme d'un entonnoir, s'ouvrent à la fin du jour et se ferment au soleil levant Biexone. — Ce joli arbuste atteint assez communément une hauteur d'un mètre et demi; les fleurs, qui s'épanouissent en juin, sont brunes en dehors et d'un beau jaune en dedans. II n'est pas impossible de le multiplier par graines, mais cela est très difficile, et le semis ne lève que la deuxième an- née ; encore faut-il le tenir sur capot et en avoir les plus grands soins. Le plus sûr et le plus simple est dele multiplier par , par boutures ou par marcottes. — Terre légère; arrosements fréquents. — Deux variétés; même culture. BOVLE-DE-NEIGE. — Très bel arbrisseau, fort commun dans les jardins d'a- grément ; il donne, en mai, de jolies fleurs en boule et d'un blane de neige — Terre franche ; de l'ombre et peu d’arrosements. — Multiplication facile par rejetons et boutures. Bovroy-d’Or.—Charmante petite fleur de la famille des renoneulacdes, qui s'épanouit en juin, et présente la forme d'un bouton du plus beau jaune. Elle se multiplie le plus communément par l'éclat des racines. — Terre franche ; arrosements fréquents Bnuyènes. — Jolis arbustes, d'un effet es agréable dans les appartements. Culture en pot ou en caisse mobile; en orangerie ou en serre pendant l'hiver. 196 LES FLEURS ANIMEES: — Multiplication par éclats et par marcottes. — Nombreuses variétés; même culture. BuGLo: e. — Plante à racines fibreuses, donnant en avril de petites fleurs bleues d'un aspect très agréable. — Multiplication par graines, ou mieux par rre de bruyèr éclats. — T ; arrosements modérés. Cc. Camerun. — Les camellias qu'on appelait d'abord roses du Japon, sont au- jourd'hui la fleur la plus en vogue dans l'aristocratie Le eamellier ou camellia est un très bel arbrisseau toujours vert, donnant, en février, des fleurs superbes , rouges , blanches ou roses, selon la variété ; aitement inodores. — En serre, d'octobre en mai. — Terre de mais par bruyère mélangée d'un tiers de terre franche et d’un peu de terreau. II faut le tenir près des fenêtres, car le défaut de lumière le ferait infailliblement périr. Beaucoup d'eau en été, peu en hiver. — Multiplication par graines, sur capote et sous cloche; par boutures, qui reprennent très facilement, et par rer qu'au bout de-deux ans. marcottes qu'on ne peut se lle la vogue dont Bien que cette fleur soit réellement très belle, mérite- elle jouit? Nous pensons, en conscience, qu'elle ne doit cette faveur qu'à la difficulté de la culture. Quoi qu'il en soit, les camellias sont devenus une par- tie indispensable des toilettes de bal, et certains amateurs ont renouvelé de nos jours à proposde cette plante, les folies des amateurs de tulipes du siècle dent. Tout récemment , un procès s’est engagé devant le tribunal de pré commerce de Paris à propos de deux camelliasvendusONZE MILLE FRAN ns, que sur L'acquéreur n'avait acheté ces arbustes, alors à la Nouvelle-Orlé les dessins qui lui en avaient été donnés : le marché conclu, les camellias que. Ils étaient en fleurs, l'acqué refusa de les recevoir, prétendant que les fleurs différaient de avaient été montrées sur le papier; mais il futcondamné à prendre livraison reur arrivèrent à grands frais de l’Am&ı les qui lui et à payer. Cœurs sensibles, ne yous hâtez pas trop de le plaindre : le procès avait eu du retentissement; tous les journaux en avaient rapporté les détail tout le mo Champ doublèrent, et les fleurs que portaient ces deux camellias, vendues en détail le voulut voir ces deux arbustes déposés au jardin d'hiver des -Elysées ; les recettes, pour droit d'entrée dans cet établissement , produisirent quatre mille francs | Dans dix ans les mêmes arbrisseaux se don- neront pour trente sous sur les marchés aux fleurs de Paris : dans le pays des a ne peut ètre que passager. roses, le règne du camel CULTURE DES FLEURS 197 Cam ANULE.—Plante vivace, à racines fibreuses, se multipliant par graines où par éclats, et donnant, en juin , de très jolies fleurs en forme de cloche, de toutes couleurs, selon les variété . Terre franche, mêlée de terre de bruyère. Arrosements fréquents en été. Carverxe. — Jolie plante grimpante, qui, à cause du peu de soin qu'elle demande, est l'ornement ordinaire de 1 fenêtre du pauvre. — Belle verdur charmantes fleurs. Multiplication par graines, semées en place au mois d vril. 11 suffit de l'arroser fréquemment pour qu'elle réussisse, à quelque expo- jon qu'elle soit. Bien plus jolie que beaucoup d'autres, cette modeste fleur est dédaigné des heureux du jour; il est vrai que la pauvreté a de grands torts : ses fe veurs sont à qui les veut, et elles ne-coûtent rien! CE de couleurs diverses, selon la variété. — Terre franche; multiplication par AURÉE ODORANTE. — En août, fleurs grosses, ayant la forme du bluet ; nines, en février. — Quelques variétés sont vivaces, comme la centaurée de montagne, la centaurée blanche , et plusieurs autres. Ces dernières se multi- plient par éclats séparés au mois d'octobre. CHÈVRE-FEUIL z. — Charmant arbuste grimpant, hôte des forêts, où il pro- digue son délicieux parfum en récompense de l'appui des arbres à hautes tiges Il fait aussi autour desquels il s'enroule, et dont la mort seule peutle sépare Fornement des plus beaux jardins ; mais si la culture ne lui ôte rien, elle n'augmente pas non plus ses qualités. — Terre légère ; peu d'eau. — Multi- plication par bontures et marcottes en automne. — Plusieurs variétés; même culture pour toutes. Cuysantnime.— Arbuste qui commence à fleurir en avril, et qui ne cesse de donner, pendant la plus grande partie de l'année, des fleurs à rayons- blanes. — Terre de bruyère melde de terre franche et d'un peu de terreau. Arrosements fréquents. Reproduction difficile par graines, mais très facile par poutures de mai en septembre. Crence pv Pérov. — Fleurs superbes en août, blanches ou rouges , selon la yant pas moins de cinquante centimètres de circonférence, et bles. — Terre franche ; arrosements dans é seulement. Multiplication par boutures, variété, n° exhalant une odeur des plus agré les plus grandes chaleurs de l'é qu'il faut couper huit ou dix jours avant de les planter. Cugmatrre, —Joli arbuste grimpant, donnant, de juillet en septembre, des fleurs innombrables, d'un doux parfum, et ne demandant point de soins par” 198 LES FLEURS ANIMEES, ticuliers. Au centre de la France, la clématite est le principal ornement ex- térieur de la chaumière du pauvre; on la sème sans facon dans le premier? coin venu, et dès la première année elle s'attache aux murailles de la de- meure à l'abri de laquelle on l'a placée ; puis elle s'élève doucement , sem- blant caresser les modestes murailles qui la protégent, et elle finit par couvrir le toit rustique, d'où ses délicieuses émanations s'étendent au loin, La elé- matite est une de ces fleurs qu'il est impossible de ne pas aimer. Qui croirait qu'une si douce et si innocente fleur ait pu être la cause première d'un grand rime ? C'était en 4808. Madame la baronne de Cauville, entièrement ruinée par la révolution, vivait avec son jeune fils, âgé de douze ans, dans une modeste chaumière, au village de Bazincourt (Eure). Le curé de ce village, noble et digne vieillard, fort instruit, avait pris en amitié le jeune de Cauville, et s' tait chargé de faire son éducation ; il venait en outre de son mieux à l'aide de la mère, qui ne possédait plus qu'un revenu de quelques centaines de franes, insuffisant pour subvenir à ses besoins. Mais le bon curé était pauvre lui- même, et la baronne souffrait ; elle était d'ailleurs frappée au cœur par de cuisants chagrins : l'échafaud avait dévoré son père, son mari, la plus grande partie de sa famille, dont les derniers membres étaient morts sur la terre d'exil. Le mal faisait des progrès rapides ; madame de Cauville fut bientôt dans un tel état de faiblesse qu'elle dut garder le lit. C'était au mois de juin Arthur de Cauville ne quittait le chevet du lit de sa mère que pour préparer les remèdes prescrits par le médecin, et aller chercher pour la malade les fleurs qu'elle aimait. — Mon Dieu! dit un jour cette dernière, que ce monsieur Guiron est heu- reux d'avoir cette belle clématite que je vois d'ici grimper sur le toit de sa maison, et dont le doux parfum arrive jusqu'à mon lit! Que j'aurais de plaisir à voir et sentir de plus près une branche de cette jolie plante I Un quart d'heure après, Arthur sollicitait de son voisin Guiron la permis- sion de cueillir quelques branches de sa clématite. Mais Guiron était un de ces hommes sans cœur, ne comprenant que les plaisirs matériels en rapport avec ses appétits grossiers. — Autrefois, monsieur le baron , répondit-il avec ironie, un personnage comme vous ne m'eût rien demandé; il eût pris mon bien sans se donner la peine de dire gare !... Aujourd'hui que les choses sont changées, chacun doit matite m'appartient, et je défends à tous les barons garder ce qu'il a : la du monde d'y toucher. CULTUR DES FLEURS. 199 — Monsieur, je vous en prie, dit le jeune homme dont deux larmes qu'il n'avait pu retenir sillonnaient les joues; c'est.un désir de malade ; de mou- rante peut-être. . — Eh bien ! est-ce que e mourir?. est un brinborion comme ça qui l'empêchera de Laissez-moi done tranquille avec vos singer Arthur sı dit rien tira la rougeur sur le front et le désespoir dans le cœur. Il ne sa mère de l'humiliation qu'il venait de continuait à manifester le dé qu'il irait voir M. Guiron subir, et comme la baronne nche de clématite, il lui dit ‚ leur voisin , vers la fin du jour, et que probable- ment il obtiendrait la permission de couper quelques tige ir d’avoir une br de ce joli arbuste. Le soir venu, le jeune homme sort de sa demeure ; il monte sur un petit mur du faite duquel il peut atteindre la clématite tant enviée : il en coupe promptement plusieu s branches, et heureux de cet innocent larein, il se dis- pose a se retirer par le même chemin, lorsque Guiron, qui a entendu quelque bruit, sort armó d'un fusil el fait feu sur le jeune homme. Pas un cri, pas un gémissement ne se fait enlendre; Arthur regagne la chambre de sa mère; il remet entre les mains de la malade les branches de clématite qu'il vient de dérober, et presque aussitôt il tombe sans avoir pu prononcer un mot. Exaltée par l'amour maternel, madame d jauville recouvre assez de for s pour s'é- lancer hors du lit : elle essaie de relever son fils; elle l'interroge en lui pro- diguant les noms les plus tendres; mais Art ur ne peut l'entendre : atteint d'une balle en pleine poitrine, c'était par un effort surhumain qu'il avait pu arriver jusqu'à sa mè ; en tombant il avait rendu le dernier soupir! En reconnaissant toute l'étendue de son malheur, l'infortunée ne fit point retentir sa chaumi de er ou de sanglots; elle s'assit près du corps ina= le prit dans ses bras, le nimé de son fils, a contre son cœur, et elle expira, Ce fut en cel état que, le lendemain; les deux cadavres furent trouvés par le digne curé, seul ami qui restat à ces infortunés. Le meurtrier, livré à la justice, ful absous comme s'étant trouvé en étal de légitime défense |. Conoza. — Plante grimpante, dont le beau feuillage vert couv ment les berceaux des jardins, ou forme des tonnelles de l'aspect le plus pik toresque. De juin en septembre , fleurs jaunes et violelles, t s belles, mais qui sont presque aussitöl fanées qu'épañouies. C'est encore une des consola- s du pauvre; c'est aux fenêtres des mansardes et des greniers qu'elle se montre le plus communément. Elle ne demande pas plus de soins que la ci pucine sa compagne ordinaire. — Terre frauche. Multiplication par graines semées en place; ai als. ments frequi LES FLEURS ANIMÉES. GoLoquinre.— Cette plante annuelle, de la famille des cucurbitacées, n'est remarquable qu'à cause de la bizarrerie de son fruit, qui est fort gros et af- fecte la forme d'une bouteille, d'une massue, d'une poire, d'une boule, ete., fruit qui, étant vidé, desséché, peut servir à plusieurs ouvrages domestiques. — Multiplication par graines semées vers le milieu de mars, sur capot et sous cloche; arrosements fréquents. Lorsque la tige a acquis une certaine éten- due, on la pince à l'extrémité, afin que le fruit grossisse. Ce fruit doit être recueilli en septembre. CORBEIL —Plante à racines fibreuses, donnant, en mai, de petites fleurs réunies en bouquets d'un beau jaune doré. — Terre franche. Multipli- cation par graines, et mieux par éclats faits en automn CovRoNNE imPÉRIALE. — Plante à ognons dont les larges et belles fleurs or- dinairement d'un beau rouge, paraissent en avril, et forment une couronne à un ou deux rangs au sommet de la tige. — Terre franche; beaucoup d'eau: Multiplication par graines, et mieux par caïeux , séparés de l'ognon tous les is ans, en mai ou juin, et replantés aussitôt. Crocus ou SAFRAN PRINTANTER.—Plante à ognons, donnant, en février, des fleurs de diverses couleurs, selon la variété. — Terre franche ; arrosements fréquents. Multiplication par caïeux détachés, en mai ou juin , tous les trois ou quatre ans, et replantés sur-le-champ. Crorx-pe-JérusaLem. — En juin jolies fleurs à cing pétales, ressemblant à une croix de Malte, de diverses couleurs, selon la variété. Plante fibreuse, multipliant par graines, boutures et marcottes, et mieux par éclats faits mois de novembre. — Terre franche ; arrosements abondants. Cupivoxe. — En juillet, fleurs d'un beau bleu. — Terre de bruyère; peu d'eau. Multiplication par éclats. Cyrise. — Arbuste dont les fleurs, qui paraissaient en juin, sont d'un très beau jaune. — Terre légère; très peu d'eau. Multiplication par graines et par éclats. D Danzıa. — Cettte fleur, qui malheureusement n'a aucun parfum, est l'une des plus belles que l'on connaisse. Elle est produite par une plante à racines tubéreuses, d'une culture très facile, puisqu'il suffit de relever les tubereules CULTURE DES FLEURS, avant les grands froids, pour les replanter en terre franche au mois d'avril. Les fleurs, qui s'épanouissent depuis la fin de juillet jusqu'aux derniers jours d'octobre, ont quelquefois jusqu'à vingt-cinq centimètres de circonférence, et présentent les couleurs les plus belles et les plus v Le nombre des va- riétés de cette belle fleur est de plus de trois cents, On en cultive, au jardin du Luxembourg, à Paris, une des plus belles collections qui se puissent voir. Les tiges ont assez communément d'un mètre à un mètre el demi de haut, et c'est quelque chose d'admirable que l'aspect de cette mer de fleurs de toutes nuances ondulant sous la brise. Il n'y a point aujourd'hui de parterre possible sans dahlias Ou nous apprend que des essais faits récemment à Chambéry, il résulte que les tubercules du dahlia, cuits d'une certaine manière, sont un mets délicieux. Mais nous avons trop de raisons de douter de la capacité eulinaire de ces man- geurs de châtaignes pour prendre cela au sérieux. Dauéa. — Plan te à racines fibreuses, donnant en juillet les fleurs en épi, petites, d'un rouge violet. Terre légère, arrosements modérés. — Multiplica- tion par graines semées en avril. DapuNé, — Arbuste de serre, d'un mètre de haut, donnant, en janvier, de petites fleurs vertes d'une odeur agréable. Terre dé bruyère mélée de terre franche; arrosements fréquents, mais peu abondants. — Multiplication pa graines semées sur capot et sous cloches aussitôt leur maturité , et repiquées en pol. Daruna, — Très bel arbrisseau dont les fleurs d'un blane de neige s'épa- nouissent en août et exhalent une odeur des plus agréables. — Terre de bruyère; point d'eau l'hiver, très peu l'été. Multiplication par marcottes. Le moindre froid pouvant être fatal à cette jolie plaute, il faut la rentrer de bonne heure ; ne la sortir qu'en mai, et la placer dans la serre de manière à ce que la lumière ne lui manque p Diciraue. — En août, jolies fleurs en épi, de diverses couleurs , selon la variété. — Terre franche mèlée de terreau ; arrosements modérés. — Multi- plication par œilletons , en automne , ou par graines semées aussitôt leur maturité. E. Eri be LA vierge. — Fleurs à ognons, donnant, en juin, des fleurs blan- il. 26 202 LES FLEURS ANIMÉES. ches en étoile ou en épi. — Terre franche mêlée de terre de bruyère ; arro- sements fréquents. — Multiplication par caïeux séparés tous les trois ans et replantés en automne. — Plusieurs variétés ; même culture FamAGELLE. — Plante à racines fibreuses. En septembre, fleurs rougeät — Terre de bruye e; peu d'eau. — Multiplication par éclats , au printemps ve. — Arbuste dont la t FLEUR DE LA PASSION OU GRENADII a com irs bleues munément sept à huit mètres de longueur; il donne, en août, des il d’une forme bizarre, dans lesquelles , lim nation aidant pour beaucoup, à comme il arrive toujours en pareil cas, on à cru voir tous les instruments de . On peut former, la passion, couronne, lance, clous, marteau, échelle, et avec cet arbuste, de très jolis berceaux. — Terre légère; beaucoup d'eau. — Multiplication par marcottes, boutures et rejetons. Fracos. — En décembre, petites fleurs blanches surgissant à la surface su équents. anche, arrosements f périeure des feuilles qui sont piquantes. Terre f — Multiplication par graines et par éclats. — Plante singulière, exhalant, dans les temps chauds et secs, FRAXINEL) une sorte de gaz qui s'enflamme lorsqu'on én approche une lumière. — En | juillet, de belles et grandes fleurs purpurines éclats fe en grappes. — Multiplication ts en novembre. facile par graines semées en août, ou pa in mai, grandes fleurs d'un bleu clair. Terre de bruyère ; ar- GENTIANE. — rosements fréquents et abondants. — Multiplication par graines aussitôt leur maturité, où par éclats en novembre: énaniuM, — Joli arbuste dont on cultive un grand nombre = GÉRANIER ou G de variétés, les unes inodores, d'autres exhalant le parfum le plus suave, d'autres encore répandant une odeur fétide , mais rachetant ce défaut par des erre franche; beaucoup d'air et de lumière; peu fleurs du plus vif éclat. — CULTURE DES FLEURS. 203 d'eau. — Multiplication par boutures qui demandent de grands soins : elles se font en avril, dans des pots placés sur capot et sous eloche que l'on sou- lève graduellement, jusqu'à ce que la plante ait acquis assez de force pour supporter l'air libre et être ensuite transplantée. Il y a des espèces à racines tuberculeuses dont la multiplication est plus facile. On coupe les tubercules de manière à ce que chaque morceau soit pourvu d'un œil ; on les plante en pot, et l'on arrose peu Ginornix. — Jolie plante à racines fibreuses donnant, en juin, de belles fleurs en grappes, jaunes, blanches, rouges ou violettes , selon la variété, et exhalant une odeur très agréable. Les principales variétés se multiplient par es semées en terre franche mêlée de terreau; on enlève les sujets quand ils sont asséz forts et on les met en place. Arrosements fréquents. Quelques variétés peuvent se reproduire par boutures , particulièrement celle appelée variable, dont les fleurs , d'abord blanches, deviennent jaunes ensuite, puis rouges. Cette dernière variété est vivace Nous ne parlerons pas ici de la girofle des murailles qui ne demande au- cun soin, n’exige aucune culture : un peu de poussière , une goutte d'eau dans la fente d'un vieux mur lézardé, de l'air, du soleil et la rosée du ciel, c'est tout ce qu'il lui faut pour devenir belle et jeter autour d'elle son suave parfum. C'est encore une amie du pauvre qui se trouverait mal à l'aise dans un riche parterre. LACIALE. — Les grosses tiges de cette plante annuelle sont garnies de bules transparents remplis d'une eau très limpide, de telle sorte que pendant les grandes chaleurs elles semblent couvertes de glace. C'est là du reste tout son mérite, les petites fleurs blanches qu'elle donne en août étant insig fiantes. — Multiplication par graines semées en avril sur un terrain bien fumé , pour être repiquées en juin GLAïEuL. — Plante à ognons, fleurissant en mai; fleurs roses, blanches ou rouges, selon la variété. On lève les ognons fin de juin ; on les garde dans un endroit see jusqu'aux derniers jours de septembre. On en détache alors les caïeux qu'on replante aussitôt. — Terre franche, mêlée de terre de bruyère arrosements modérés. Groruzare. — En juin, fleurs bleues, petites, mais se réunissant en globe, et d'un assez joli effet. Plantes à racines fibreuses; terre légère. — Multipli- ation par éclats. GreNnapien. — Belles fleurs rougesen août. I se cultive en caisse, comme les 204 LES FLEURS ANIMEES, orangers. Terre franche, arrosements fréquents. En serre d'octobre en avril. — Multiplications par marcottes et houtures, — Plusieurs variétés; même culture. GUEULE DE LOUP ou MUFLIER. — Plantes à racines fibreuses, dont les fleurs, paraissant en mai, sont rouges ou blanches, selon la yariété ; et sont en de mufle. Terre franche ; arrosements modérés. — Multiplication facile form par graines semées en mars, ou par éclats en automne. H. Hanıcor D'EspacNE. — Deux espèces : l'une donnant en juin de belles fleurs rouges non odorantes; l'autre , en juin également, des fleurs plus grandes et d'une odeur agréable. Toutes deux se sèment au commencement du prin- temps, en terre légère. L'espèce à grandes fleurs se multiplie aussi par mar- cottes et houtures. Cette espèce étant vivace doit être semée en pots, afin d'être mise e niers froic serre aux pr Hérornore. — Arbuste donnant, de la fin de juillet en septembre, de petites fleurs violettes en bouquets d'un parfum doux et agréable. — Terre de bruyère; arrosements fréquents en été, peu ou point en hiver. — Multiplica tion par aines , et mieux par boutures placées sur capot et sous cloche jus- qu'à parfaite reprise. Hsrrévone. — En février, fleurs jaunes peu odorantes. Cette plante à ra- cines fibreuses ne craint pas le froid, et elle demande peu de soins; en outre, elle fleurit au milieu de l'hiver, ce qui suffit pour la faire rechercher. — Deux variétés, — Multiplication par éclats, au commencement de l'hiver. HéMÉRocALE. — Charmante fleur qui ressemble au lis et dont l'odeur n'est pas moins suave que celle de ce roi du parterre. Plusieurs variétés qui tou fleurissent en juin. — Terre de bruyère; arrosements modérés. — Multiplica- tion par caïeux , séparés et replantés en automne. En serre jusqu'au prin- temps. Hortensia. — Charmant arbuste, un des plus beaux ornements d'un par- terre, dont les fleurs, roses, rouges ou bleues , selon la vari té, s'épanouissent et forment de grosses boules, en août. — Terre légè ; beaucoup d'eau. — Multiplication par boutures, au mois d'avril. Get arbuste ne craint pas le CULTURE DES FLEURS, 205 froid, et nous en avons en ce moment sous les yeux un massif superbe en o, à l'exposition du nord qui, depuis dix ans, n'a fait que croître ant les grands froids. pleine te et embelli Cependant il est plus sûr de le rentrer pend I. Le. — Plante annuelle donnant, en août, des fleurs blanches, vio- , selon la variété. Cette fleur doit son nom à la singu- IMMORTE lettes, grises ou jaunes lière propriété qu'elle a de conserver sa couleur et son état longtemps apr qu'elle a été desséchée; et lorsque, après un certain nombre d'années, elle parait les avoir perdus, il suffit, pour les lui faire t er, de l'exposer à la vapeur du vinaigre. — Terre légère. — Multiplication par graines semées au ecouvı printemps. Inis. — Il y a deux espèces d'iris bien distinctes, qui comptent chacune un Viris à racines grand nombre de variétés ; ce sont l'iris à racines fibreuses el hiöre donne, en mai, de jolies fleurs bleues, roses, blan- es plus bulbeuses. La pr ches, panachées, ete. , selon la variété , et qui toutes ont une odeur d agréables. Elles se multiplient par éclats de racines, faits en octobre. — Terre légère , arroséments fréquents. Les variété lement en mai, et ne sont ni moitis belles ni moins odorantes. Ces dernières se multiplient pa année, en automne, et replantés aussitôt. — Terre de bruyère; arrosements modér de l'espèce à racines bulbeuses flew caïeux détachés de l'ognon, la deuxième Quelques amateurs font , des variétés de ces deux espèces, de très belles collections. sent en mai, Ixia. — Charmantes fleurs à racines bulbeuses, qui s'épanou et sont de couleurs diverses, selon la variété, depuis le rouge de pourpre jus- pruyère; peu d'eau. — Multiplication par qu'au blanc de neige. — Terre d caïeux détachés et replantés en septembre. — En serre de novembre en avril Jacnvrme. — Cette plante à ognons est l'une des plus belles et des pro u printemps. Fleurs d'une odeur suave et de toutes couleurs, uses que celles des tulipes. — qui fleurissent a qui ne sont pas moins nombi selon les variété 206 LES FLEURS ANIMÉES. Multiplication par caïeux, qu'on détache dès que la plante est fanée, et qu'on laisse sécher à l'ombre pendant deux mois. En septembre, on plante les caïeux dans une bonne terre de bruyère mêlée de terreau et d'un peu de terre fran= che, ot arrosée précédemment avec de l'eau salée ; on couvre la terre de paille pendant l'hiver, — Arrosements modérés La jacinthe est une des fleurs qui ont la propriété de végéter dans l'eau, et l'on peut, par ce moyen, en avoir en fleurs pendant tout l'hiver dans les ap- partements. Le procédé est simple : on remplit d'eau légèrement salée des carafes dont le goulot est étroit et l'orifice évasé; on place un ognon de ja- nthe sur chaque carafe, de manière que l'ognon se trouve à moitié plongé dans l'eau, et l'on remplit les carafes à mesure que l'eau qu'elles contiennent s'évapore ou est absorbée par la plante: Une chaleur de dix à douze degrés dans l'appartement est suffisante , et en peu de temps chaque ognon produit une fleur qui n'est ni moins belle, ni moins odorante que celles des ognons mis en terre ; mais ces ognons ainsi forcés perdent leur vertu germinative, et dès que la fleur est fanée , il faut les jeter Jasmin, — Très joli arbuste, à fleurs blanches ou jaunes d'un parfum déli- cieux , de juillet en septembre. — Terre franche mêlée d'un peu de terre de bruyère. De l'air, du soleil et beaucoup d'eau en été, — Multiplication par boutures, et mieux par marcottes, au printemps. Jounanne. — Plante grasse donnant, en juillet, d'assez jolies fleurs rouges ou jaunes, selon la variété, — Terre légère, très peu d'eau. — Multiplication par boutures plantées deux ou trois jours après avoir été coupées. JULIENNE. — Espèce de giroflée donnant, en mai. des fleurs blanches en grappes d'une odeur forte et très agréable. — Plante bisannuelle; terre fran- che; arrosements modérés. — Multiplication par éclats, en juin Une autre espèce, appelée julienne de Mahon , compte plusieurs variétés qui sont rouges , violettes, blanches, ete., et qui ont le même parfum que la ju- lienne proprement dite. Cette dernière espèce est annuelle et se multiplie par graines semées en octobre. — Terre légère, peu d'eau. Kerr, —Il existe deux plantes de ce nom qui le ketmie des marais, est une plante annuelle donnant, en août, de grandes ~ CULTURE DES F URS. 207 fleurs blanches à onglet rouge. — Terre légère; peu d'eau. — Multiplication par g nes semées au printemps, L'autre tmie, appelé ketmie des jardins, est un rbrisseau qui a assez or- dinairement deux mötres de haut, et qui donne, en octobre, d'assez jolies fleurs de toutes couleurs, depuis le blanc jusqu'au rouge foncé, selon la va- riété. — Terre légère; a: osements fréquents, mais peu abondants. — Multi- plication par marcottes. L. Laun brisseau dont les feuilles et le bois exhalent une odeur aromatique très forte, et qui donne, en mai, des fleurs peu apparentes. — Terre franche; peu d'eau. — Multiplication par graines, et mieux par mar- cottes au printemps. — En se dant l'hiver rre p LAURIER-RO: 2. — Très joli arbuste, dont on cultive plusieurs variétés, don- nant en juin et juillet de belles fleurs roses, blanches ou jaunes , selon la var été; mais toutes sans parfum à l'exception de deux variétés, l'une nommée laurier odorant, dont les fleurs, d'un rose tres pâle, exhalent une odeur à peu p semblable à celle de la violette, et l'autre, à fleurs blanches semi-dou- bles, qui ont le même parfum que l'aubépine. Toutes se cultivent de la même manière : terre lé, peu d'eau, du soleil. — Multiplication par marcottes et rejetons, au printemps. LAURIER-TIN. — Arbrisseau toujours vert, donnant , en février, de nom- breuses fleurs, blanches en dedans et rouges en dehors. Terre franche, mêlée de terre de bruyère; peu d'eau et point de soleil. Multiplication par boutures, en automne. Litas. — La plus belle, la plus gaie, la plus gracieuse fleur du printemps. Ce charmant arbrisseau dont les fleurs embellissent et embaument les der- niers jours d'avril et les premiers de mai, et dont le feuillage d'un beau vert ne tombe quien octobre , est indispensable dans un jardin , sur une terrasse bien garnie et même sur un balcon, quand ce dernier est d'une certaine et ne demande étendue. Il se plait partout, se multiplie de toutes manières presque aucun soin. On en cultive plusieurs variétés : le lilas commun, grand arbrisseau qui a de hauteur; le lilas var n, de deux à trois quelquefois de huit à neuf mètres mètres de hauteur, dont les fleurs sont plus petites, mais non moins odorantes 208 LES FLEURS ANIMÉES. que celles du lilas commun, et le lilas de Perse, qui diffère peu du lilas varin La terre franche est celle qui convient le mieux au lilas. — Arrosements modérés. Lorsque les fleurs sont fanées, il est bon de les couper à moins qu'on ne veuille recueillir de la graine, et dans ce cas il suffit d'en conserver quel- ques-unes. Quelques jardiniers-fleuristes de Paris ont réussi à faire fleurir les lilas deux fois dans la mème année, en avril et en aoùt. Pour obtenir ce résultat, il suffit de couper les fleurs en mai, dès qu'elles commencent à se faner, et, vers la fin du même mois de dépouiller l'arbrisseau de toutes ses feuilles; mais il ne résiste pas longtemps à un pareil régime; il dépérit dès la seconde année , et meurt ordinairement dans le cours de la quatrième Litas pes Inoes. — Arbuste toujours vert, donnant, en juillet, de belles fleurs d'un bleu tendre et d'un parfum doux, — Terre de bruyère mèlée de terreau; en serre pendant l'hiver; le plus d'air et de lumière possible ; arrose- ments modérés. — Multiplication par marcottes et par graines. Lis. — C'est le roi du parterre, et il suffit de le voir pour comprendre que Jes souverains de la France aient voulu qu'il figurat dans leurs armes. Beauté, grandeur, majesté, parfum enivrant sont le partage de cette fleur superbe. On en cultive un grand nombre de variótés, parmi lesquelles nous eiterons le lis de Constantinople, le lis à fleurs doubles, l'orangé , le turban , le tigre, le martagon, dont les bulbes, cuites au four, sont un mets très agréable. Mais de tous, le lis blane est le plus beau La culture de cette belle fleur ne demande que peu de soins. On met l'o- gnon en terre, en automne ou en mars, à quinze centimètres de profondeur environ. — Terre franche, melde d'un peu de terreau ; arrosements mod Tous les deux ou trois ans, on relève les ognons, et l'on en détache les caïeux qui doivent être replantös sur-le-champ En plein air, le parfum du lis est delicieux; dans un appartement il est dan- gereux : il peut avoir de facheuses influences sur l'économie animale, et même causer une asphyxie complète. C'est une ressemblance de plus avec les grands de la terre, dont le contact est si souvent fatal aux pelits. Lisenon sariné. — Arbuste dont les fleurs, d'un rose tres tendre, s'épanouis- sent en août. — Terre de bruyère ; peu d'eau. En sı dès les premiers froids. — Multiplication, par marcottes, par boutures et par graines. Les marcottes prennent difficilement ; les boutures doivent se faire vers la fin d'avril. CULTURE DES FLEURS. 209 Losëue, — Jolie plante à racines fibreusesdonnant, en août, de grandes et belles fleurs en grappes d'un beau rouge. — Terre franche; beaucoup d'eau. En serre pendant l'hiver. — Multiplication par éclats de racines à la fin de septembre, el par boutures en-ayril. Luxame. — Plante annuelle. En avril, fleu ou panachées, selon la variété. — Te semées fin mars. en grappes, blanches, rouges franche. —Multiplication par graines Lupin. — On en cultive de deux espèces, le Zupin vivace et le lupin annuel. Toutes deux fleurissent en juin. Les fleurs des viva abord, devien- nent bleues quand elles sont entièrement épanouies ; celles du lupin annuel sont d'un beau jaune et odorantes. Le s deux espèces se multiplient par graines n mars. — Terre franche ; arrosements modér MARJOLAINE. — Arbuste fleurissant en juin. Fleurs blanches ou roses, selon la variété, et très odorantes. — Terre de bruyère, peu d’eau. En serre pendant l'hiver. — Multiplication par semences, et mieux par éclats, au printemps. Marricaine. — Plante vivace, Aracinesfibreuses, donnant, en juin, de grosses fleurs blanches. — Terre franche; peu d'eau. — Multiplication par éclats, en automne ou en mars. Méxior. — En août, fleurs bleues en grappes et odorantes. — Terre franche, arrosements modérés. — Multiplication par graines semées en avril. — En juillet, petites fleurs blanches peu remarquables. — La plante exhale une odeur de citron très prononcée. Terre légère, peu d'eau. — Multiplication par graines, ou par éclats faits en octobre. Muepenruis. — Plante vivace, originaire de la Chine, dont les grandes et belles fleurs jaunes s'épanouisent en octobre. — Terre de bruyère mélangée de terre franche et de terreau ; arrosements modérés. — Multiplication par marcottes, boutures, éclats de racines. — En serre l'hiver. MOURON EN ARBRE, — Petit arbuste donnant, en mai, d'assez jolies fleurs rouges. Terre légère mélangée de terreau ; beaucoup d'eau. — Multiplication par marcottes et par boutures. — En serre l'hiver. u. 27 210 LES FLEURS ANIMÉ Mucuer. — Charmante fleur qui vient parfaitement sans culture dans les bois, qu'elle embaume au mois de mai. Elle ne demande done que fort peu de soins. Terre franche et fraiche. — Multiplication par éclats de racines. Le muguet du Japon, autre espèce, dont les fleurs sont bleues et s'épanouissent à la même époque, se cultive de la même manière fleurs Myosoris ou SouvENEz- vous DE mor. — En avril, charmantes petite anche ; arr d'un beau bleu. — Terre sements fréquents. — Multiplication par éclats. Mynre.—Joli arbuste, symbole de l'amour heureux, pmatique dans toutes ses parties, et donnant, en août, de peti fleurs blanches. I y en a de plu- erre franche sieurs variétés, qui se cultivent toutes de la mème manière mêlée de terre de bruyè En serre pendant l'hive e; exposition du midi; arrosements fréquents. — de manière à recevoir le plus de lumière possible. — Multiplication par rejetons, marcottes et graines. N. E. — Jolie plante à ognons, dont les fleurs, qui répandent un doux Nano parfum, s'épanouissent en mai. Il y en a un asse: grand nombre d'espèces, On relève les ognons vers la fin de juin; on en détache les caïeux, que l'on qui toutes ont plusieurs variétés. La culture est la méme pour toutes nettoie et laisse sécher à l'ombre, dans une serre, pendant deux ou trois mois. On les replante ensuite à quatre ou cing centimètres de profondeur. — Terre franche, mélangée de terre de bruyère el de terreau: beaucoup d'eau, Les géter dans de l'eau comme les jacinthes. (Voyez narcisses peuvent vé jacinthes Niseree. — Plante annuelle dont les fleurs, d'un beau bleu, paraissent en juillet. — Terre franche ; arrosements modérés. — Multiplication par graines semées en avril. O. sr. — Cette fleur si connue est une des plus belles qui puissent orner et chacune a de OB un parterre. On en comple un grand nombre d'esp nombreuses variétés. Quelques amateurs en font d'admirables collections. — CULTURE DES FLEURS, eu Terre franche, mélangée de terre de bruyère et de terreau ; arrosements fré- quents. Toutes les espèces d’willets se multiplient par marcottes, qui repren- nent très facilement. Mais pour obtenir des variétés, il faut avoir recours à Ja graine qu'on sème au printemps. On relève les plants dès qu'ils sont assez forts, et on les meten pla De même que le lis et la violette, l'œillet a joué un rôle important dans nos discordes civiles. En' 4815, par exemple, peu de jours après 'accomplis. sement de la seconde restauration, l'œillet rouge devint le signe de recon- naissance des partisans de Napoléon. Par opposition, les royalistes, et parti- culièrement les gardes-du-corps, les pages, avaient adopté l'œillet blane. TI y ent souvent des rencontres terribles entre les deux partis. Ils se livrörent, à Paris, sur les boulevarts, des combats sérieux, et ilen résulta plus d'une déplorable catastrophe, En voici une qui produisit une bien vive sensation: Un jeune page de Louis XVM, Jules de Saint-P..., avait pour tante la com- tesse de C.... une des dames d'honneur de la duchesse d'Angoulême. Un jour du mois d'août, le jeune page était venu voir sa tante, dans les appartements de la duchesse — Eh quoi! ‘chevalier, s'écria madame de C..., vous n'avez point d'œillet à votre boutonnière 2... Les bonapartistes vous font-ils done peur? Comme elle achevait de prononcer ces paroles, la duchesse parut ; elle avait entendu le reproche que madame de C.... venait d'adresser à son neveu, et voyant le jeune homme la rougeur sur le front, elle prit en souriant un œil- Jet Llane dans un des beaux vases de Sèvres qui ornaient la cheminée, et le présenta à Jules. — Votre tante vient de se montrer injuste, chevalier, lui dit-elle savons bien qu'il n'y a dans votre famille que de bons Francais, et que les i Saint-P... sont sans peur comme sans reproche. Le page s'inclina respectueusement, et prit la fleur — Merci, madame, répondit-il d'une voix fortement émue, el que votre Al- tesse Royale soit assurée que je m’efforcerai toujours de mériter la bonne opi- nion qu'elle veut bien avoir de moi. Une heure après, le jeune page, en habit de ville, était sur le boulevart des Italiens, appelé alors boulevart de Gand, avec plusieurs de ses amis, portant tous l'œillet blanc et ayant à la main une canne à épée. Ils ne ta dèrent pas à se trouver en face d'un groupe d'officiers à la demi-solde, décorés de l'œillet rouge. — Prenez garde, Messieurs, dit un de ces derniers, vous portez là une couleur qui se salit aisément 212 LES FLEURS ANIMÉES. — Et c'est pour cela que les gens de votre sorte font bien de ne la pas porter, répondit vivement le chevalier Des sarcasmes aux menaces la transition fut promple; on n'avait pas échangé quatr ph se , que les épées étaient tirées. Jules Sattaqua à celui des officiers qui, le premier, l'avait apostrophé, t par malheur c'était le plus rude joûteur de tous: sarig-froïd, coup d'œil d'aigle, poignet de fer, rien ne lui manquait. Mais le jeune page était trop animé pour s'apercevoir de son infériorité, et s'en fût l aperçu, qu'il n'eùt pas rompu d'une semelle. Comme cela se passait en plein jour, une foule nombreuse entourait les combat Tout- coup une voix s'écria : « Voici les gendarmes! » L'autorité, en effet, avait pris des mesures pour réprimer ces troubles, et une patrouille accourait pour séparer les combattants. — Nous ne pouvons pourtant nous quitter ainsi, dit l'adversaire du che- valier ; tenez, monsieur le chevalier, à l'œillet ! Le coup fut porté avec la rapidité de l'éclair. Jules, atteint en pleine poi- trine, tomba sur les genoux. En ce moment les gendarme n'étaient plus qu'à deux pas des combattants. Les officiers se retirèrent promptement, et le jeune chevalier plus heureux que lui, fut mis dans une voiture et conduit à l'hôtel des pages. Comme il venait de mettre pie relevé par ses ami une caléche passait; une dame seule l'oceupait : c'était la comtesse de C... qui, sans faire attention à la pâleur de Jules soutenu par ses amis l'accent del'indignation : s'écria avec — Un eiillet rouge !... Le malheureux nous déshonore Jules, qui n'avait pas perdu connaissance, abaissa son regard sur la fleur placée à sa boutonnière, et répondit d'une voix mourante : — Oui, madame, rouge, mais toujours pur, car c'est mon sang qui l'a teint. La calèche s'était arrêtée ; la comtesse s'élanca vers son malheureux neveu. r — Mon Dieu ! mon Dieu ! disait-elle éperdue, c'est moi qu i tué ! Et elle disa soir même, après avoir demandé qu'on mit avec lui dans sa tombe l'œillet, présent si funeste qu'une main royale lui avait fait. it vrai, car la bles: sure était mortelle, et le jeune page expirait le Onancer. — Dans les pays chauds, et mème en France, dans la Prover Yoranger est un arbre de pleine terre, donnant en abondance des fruits par- jeuse ; mais partout ailleurs on ne cultive l'oranger d'ornement, et pour sa fleur, si belle et d'une si suave fumés, d'une s que comme arh odeur. La culture de l'oranger présente beaucoup moins de difficultés qu'on ne a CULTURE DES FLEURS. 213 le croit communément. Il se plait dans une terre franche, mélangée de terre de bruyère et de terreau; il craint plus Peau que le froid, et bien qu'il soit prudent de le mettre en serre d'octobre en avril, on pourrait sans danger le laisser à l'air libre tant quela temp ature ne serait pas plus basse que quatre s centigrades au-dessous de zéro. Aussi, dans la serre où on le place ne aire du feu que lorsque le froid arrive à ce point. deg faut-il Vers la fin d'avril, on remet les orange l'air libre ; il est bon alors d'en laver les grosses branches et le tronc avec de l’eauclaire et une brosse, et d'en oser abondamment le feuilla; Tous les trois ou quatre ans, au plus, il faut renouveler, au moins en oit nt, cela annonce que Ona alo grande partie, la terre dans laquelle végète l'oranger. Lorsqu'on s'apei que les feuilles, ordinairement d'un beau vert, pälis le choix l'arbre est trop à l'étroit; que ses racines sont gènée entre deux expédients : l'un consiste à tailler les branches de manière à ce bsistance; l'autre est de mettre l'ora une caisse plus grande que celle où il est gêné. ger dans que l'arbre exige moias d Loranger se multipli ssez facilement par marcottes et par boutures; il est aussi très facile dele multiplier par graines dit plus haut, on plante, à une profondeur de deux ce dans une terre composée comme nous l’avon; timé les uns des autres, les pépins d'un citron très mûr et même pourri; puis on enfonce le contenant de et à une distance de sept à huit centimètres celte plantation dans un pot plus grand ou une caisse remplie de fumier de cheval. On le pour donner de l'air et arroser avec de l'eau tiède. Cela se fait en mars; au , les plantes étant couvre d'une cloche de verre qu'on lève de temps en temps mois de mai on peut supprimer fortes, on les sépare pour mettre chacune dans le pot ou dans la caisse e doit ètre mélangée comme il est dit plus a cloche, et en septemb) ssé: qui lui est destinée, et dont la ter haut. Il est très important, en levant ces jeunes plantes, de ne point dégarnir leurs racines de la terre qui leur est adhérente, I distillateurs, à Paris, les paient jusqu'à douze franes le kilogramme; mais les fleurs de l'oranger nouvellement cueillies sont d'un grand prix ; les jardiniers fleuristes les font payer bien plus cher encore quand il s'agit d'en faire une couronne de mariée ; car la fleur d'oranger est l'emblème par exe ginité. Et voyez comme l'épigramme se glisse partout : il n'est soient lence de la vi pas un produit de nos jardins que les fabricants de fleurs artificielles re plus parfaite. C'est à ce point qu'aujour- parvenus à imiter d'une mani d'hui presque toutes les couronnes de jeunes mariées sortent des ateliers de la rue Saint-Denis, à Paris... Mon Dieu ! nous savons bien qu'elles n'en sont pas moins pures pour cela (les jeunes mariées) ; mais, il faut le dire, si la 214 FLEURS ANIMÉES, fraude n'est pas la d'un fâcheux augure, elle est certainement de bien mau- vais goût. OreiLue-n'ouns.— Est le nom fort laid d'une très jolie plante dont lesama- teurs cultivent jusqu'à six cents variétés et dont ils font d'admirables collec- tions. Toutes ces variétés fleurissent en avril, etleurs couleurs vives etveloutées présentent l'aspect le plus agréable. L’oreille-d’ours n'aime pas le soleil, pourtant plus qu'aucune autre plante elle redoute l'humidité ; aussi est-il nécessaire, pour en obtenir de beaux produits, de la cultiver en pots afin de pouvoir, lorsque les pluies du printemps sont trop abondantes, les garantir de ce danger. Pour cela, il n'est pas nécessaire de rentrer les pots; on les cou- che seulement de manière que la pluie n'atteigne que les parois extérieures se sans pouvoir pénétrer à la racine de laplante. L'orcille-d'ours se platt à l'exposition du nord et de l'ouest, dans une terre composée moitié de terre franche, moitié de terre de bruyère, le tout mélangé d'un peu de terreau. On n'arrose cette plante que dans les temps très secs; encore ces arrosements doivent-ils être fort peu abondants. La multiplication s'obtient par éclats de racines; mais pour former une collection il faut semer les graines, dès qu'elles sont mûres, en terre de bruyère et à l'ombre. Le plant étant assez fort, on le relève et on le repique en observant une distance de dix ou douze centimètres entre chacun. On obtient ainsi toutes les va s possibles, et lors de l'in- florescence on peut faire un choix des plus jolies. ORNITHOGALE. — Plante bulbeuse, donnant, en juin, des fleurs blanches en étoile. On en cultive plusieurs variétés, de couleurs diverses, et dont quel- ques-unes sont odorantes. Toutes se cultivent de la même manière: terre franche melde de terre de bruyère; arrosements fréquents. — Multiplication par caieux séparés des ognons, que l'on relève tous les Mleux ans, en juillet. On nettoie ces caïeux, on les met sur une planche, dans un lien sec, et à l'ombre, et on les plante en octobre. C'est encore une dés fleurs dont on fait collection : il y a des ornithogales indigènes et d'autres exotiques; la culture des diverses espèces est la mème. Onone. — C'est une des plus précoces et des plus jolies fleurs printanière jaunes ou rouges, selon la variété, qui s'épanouissent en mars. — Plante vi- yace, à racines fibreuses, demandant peu de soins. — Terre franche. — Mul- tiplication par semis, ou mieux par éclats ORVALE ou LAMER. — Belle plante à racines fibreuses, donnant, en avril, de grandes fleurs blanches tachelées d'un beau vert. — Terre franche, — Multi- plication par éclats en octobre ou par semis en février CULTURE DE! FLEURS. 215 — Plante de serre chaude qui fleurit en février. On en cultive plusieurs espèces, dont une seule, Powalide pied-de-chèvre est odorante. Les fleurs de cette dernière sont d'un beau jaune ; celles des autre espèces sont d'un rose tendre, ou blanches rayées de rouge, — Terre de bruyère; arro- sements peu abondants, mais fréquents, — Multiplication par caïeux, détachés en juin et replantés en septembre. P. Pacuysanpne. — Plante vivace, dontle fleur petites et d'un rosetendre, s'é- panouissent en mai. — Terre de bruyè rejetons ou par éclats de racines, peu d'eau. — Multiplication par PAIN-DE-POURCEAU où CYCLAM mai, et présentent € é que la partie supérieure de leur corolle regarde la terre ; aussi en a-t-on fait le symbole du regret. On en cultive plusieurs espi — Les fleurs de cette plante s'épanouissent en ette singula s, dont quelques-unes ont une odeur fort agréable ; mais l'as- pect de ces fleurs est triste; on dirait, selon l'expression de M. de Château- briand, qu'elles aspirent à la tombe. Cette disposition ne jus gr ifie pourtant pas le hideux nom vulgaire qu'on leur a donni — Terre de bruyère, miers froids. — Multiplication pa peu d'eau ; en serre aux p racines ou par graines se- mées fin juin, en pots, et dont les plants doivent être relevés et repiqués au mois de mars uivant. PANoRATIER.— On en cultive deux espèces :le pancratier maritime et le pan- eratier d'Illy e. Ce sont des plantes bulbeuses fort jolies, dont les grandes fleurs blanches, qui s'épanouissent en juillet, exhalent une odeur fort agréable. — Terre de bruyère; peu d'eau. — Multiplication par eaïeux détachés en septembre et replantés un mois après, de mémeque les ognons. Panicaut. — Fleurs bleues, en août. — Terre franch ements mod ines semées au printemps. par rés. — Multiplication par rejetons, ou pa des le mois PAQUERET d'avril, émaillent le gazon des pelouses, et qui n’ont besoin, pour s'épanouir, que d'un rayon de soleil et d'une goutte de rosée. De cette gentille petite vil- la sa parure si simple s'est nuancée de rich —Charmante petite plante vivace, dont les fleurs oise l'éducation a fait presque une grande dam zné en grâces ce qu'elles ont es páquerettes doubles, s formes ont s couleurs, ; en effet, on obtient d perdu en modestie. Par la cultur 216 LES FLEURS ANIMÉ blanches, rouges, roses, panachées, ete.; mais malgré ces métamorphoses, la päquerette se contente de peu. — Terre franche et fraiche, c'est tout ce qu'il Jui faut, et il suffit, pour la multiplier à l'infini, d'en diviser les touffes au mois de mars. Panxassıe. — En août, fleurs blanches et jaunes, d'un aspect singulier, à cause des espèces d'é et de cils dont elle est garnie. Plante vivace à racines fibreuses. — Terre de bruyère ; arrosements fréquents et abondants en tout temps. — Multiplication par éclats de racines, au printemps. Pavor. — Charmante fleur qui s'épanouit en juin, et dont la graine a des propriétés nareotiques très puissantes et même dangereuses. On en cultive plusieurs espèces : la plus brillante est le pavot oriental, dont les fleurs, d'un rouge éclatant, atteignent une grandeur extraordinaire. C'est de celte espèce, ainsi que nous l'avons dit dans la botanique, que Yon tire l'opium, poison d'un grand prix, et dont les effets sont si singuliers ou si terribles, selon les doses qu'on en absorbe. Pris à une dose modérée, opium exalte au plus haut degré toutes les facultés intellectuelles : sous l'influence de cette substance, on vit en quelque sorte dans un monde nouveau et tout rempli de prodiges dont, à l'état normal, il serait impossible de se faire l'idée ; l'homme d'une élocution difficile devient éloquent ; le plus illettré est poète; quelques-uns parlent des langues qu'ils n’ont jamais apprises, qu'ils possèdent comme par intuition tant que l'influence de Popium est dans sa force, et qu'ils oublient z soe . entitrement lorsque vient la réaction. Cette réaction est terrible : le regard eint; une päleur livide succède à l'animation du visage ; les sens s’allai- blissent d'autant plus que la surexcitation qu'ils viennent d'éprouver a été plus violente, et le malheureux mangeur ou fumeur d’opium arrive à un état presque complet d’idiotisme, qui dure jusqu'à ce qu'une nouvelle dose de ce poison l'en fasse sortir. L'homme le mieux constitué ne résiste paslongtemps à ces alternatives d'exaltation et d'anéantissement: il vieillit vite ; ses cheveux blanchissent et ses mains tremblent avant l’âge, et il touche à la caducité alors que les facultés dont la nature l'a doué devraient être dans toute leur force... En vérité, je vous le dis, tout cela est dans une fleur, et j'en sais d'autres encore dont les propriétés sont plus redoutables...; mais c'est du pavot qu'il : cette plante annuelle se sème en mars, — Terre franche ; arrosements tte fleur, qui fleurit en mars, n'est qu'une variété de la violette, et c'est la seule qui se plaise au soleil, où elle étale avec complaisance sa pa- CULTURE DES FLEURS. 217 rure violette et jaune. Il faut bien lui pardonner cette ostentation, car elle n'a pas, comme sa modeste seur, un doux parfum qui puisse faire deviner a retraite, — Terre franche ; arrosements modérés. — Multiplication par graines. Perce: — Jolie petite fleur blanche, la première qui se montre à tra- vers le manteau glacé qui couvre assez ordinairement la terre au mois de fé- vrier. Au banquet de la vie, la pauvrette ne doit apparaître qu'un instant; penchée mélancoliquement vers la terre; elle semble regretter Tobscurité d'où elle n'est sortie que pour annoncer le réveil de la nature. Ce gentil pré- curseur du printemps se plait en terre franche et fraiche. — Multiplication par caïeux que l'on détache des ognons tous les dé ou trois ans, au mois de juillet — Sicetteplante nous est chère, ce n'est pas la faute à Voltaire, comme disait Béranger, il y a quelque trente ans ; mais nous devons conve- nir que c'est un peu la faute de Rousseau, La pervenche était, en effet, la fleur de prédilection du philosophe de Genève, auquel elle rappelait quelques jours heureux de sa jeunesse. On en a fait depuis le symbole du premier amour. C'est, en réalité, une petite fleur fort modeste, d'une innocuité par- faite. On en cultive deux espèces : la grande, dont la fleur, qui s'épanouit en mai, est d'un bleu d'azur, et la petite, qui est d'un rouge peu vif. — Terre franche, peu d'eau. — Multiplication par rejetons et par graines. PHALANGÈRE. — Belle plante, dontles fleurs en épi, blanches ou roses, selon la variété, s'épanouissent en juillet. On en cultive de plusieurs espe et les fleurs de quelques-unes ressemblent, en petit, aux fleurs de lis, ce qui a fait donner à l'une d'elles le nom de lis de Saint-Bruno. — Terre franche, mêlée de terre de bruyère et de terreau ; arrosements fréquents. — Multiplication par graines. Purox. — Admirable plante vivace qui a souvent plus d'un mètre et demi de hauteur, et dont les charmantes fleurs, roses, bleues, lilas, blanches, selon la variété, doivent êtres mises au nombre des plus beaux ornements des jardins, de juillet en septembre. — Terre franche ; arrosements abondants. — Multiplication par éclats de racines. Pos. — Plante vivace qui fleurit en août. Sesfleurs, d'un rouge violacé, sont peu remarquables ; mais cela fait nombre et jette de la variété dans un parterre. Les racines de cette plante sont bulbeuses, et on la multiplie par la u 28 218 LES FLEURS ANIMÉ séparation de ses bulbes, qu'on opèr replantées aussitôt. au mois d'avril, et qui doivent à PIED-D'ALOUETTI les variétés de e — Plante annuelle, dont les fleurs en épi offrent toutes uleurs imaginables. Rien de plus joli aux mois de juin et juillet, qu'une bordure de pied-d'alouette ; il n'est pas de fleu autant à la beauté d'un parter qui ajoute surtout lorsque les graines ayant été re- cueillies avec soin, on a pu mélanger les couleurs. — Terre franche mélangée de terreau; arrosements fréquents et peu abondants. — Multiplication par graines semées fin mars. On cultive une autre espèce de pied-d'alouette, dont la tige est plus élevée que celle dont nous venons de parler, et dont les fle ndes. sont plus Cette dernière est vivace et peut se multiplier par éclats de racines sépa octobre. rés en Picamon. — La fleur de cette plante marquable à cause d'une aigrette de tales. qui s'épanouit en mai, est surtout re- soixante étamines que portent ses pé- + On en cultive deux variétés, l'une jaune, l'autre lilas. C'est une plante vivace, à racines fibreuses, qui se plait en terre franche et qu'on multiplie par éclats en octobre. Piment. — Ce n'est pas pour ses fleurs qu'on cultive cette plante annuelle, mais pour ses fruits qui sont, au mois d'août, gros comme des œufs de poule, et d'un beau rouge éclatant, et qui font un tr s bel effet au milieu des fleurs qui s'épanouissent dans le cours de ce mois. Ce fruit a, d'ailleurs, l'avantage de pouvoir être employé en cuisine. Il est plus ardent que le poivre, dont il a, en partie, la saveur et les propriétés. Sa culture, d'ailleurs, de soins. , en terre franche mêlée de terreau, exposition du midi ; peu ou point d'eau. demande peu On le sème, au printemp: Pivore. — On cultive deux espèces de pivoine, qui fleurissent en mai ; la pivoine commune et la pivoine en arbre. La première est une plante vivace, dont les grandes et belles fleurs sont rouges, blanches ou roses, selon la va et se multiplie riété. Elle se plait en terre franche, demande peu de soin: par éclats de racines, faits en octobre. La pivoine en arbre est un bel arbuste qui a quelquefois deux mètres de haut. Ses fleurs, grandes et roses, conservent pendant un mois entier et plus heur, leur éclat et leur parfum qui est des plus suaves. La culture teur de cet arbuste demande quelques soins. D'abord, il doit ètre en pot ou en rentré dès les premiers froids, et tant que dure o, afin de pouvoi TÜRE DES FLEURS, 219 L'hiver, il faut qu'il recoive le plus de lumière possible. — Terre de bruyère, cing dixiemes; terre franche, trois dixièmes ; terreau, deux dixièmes. — Multi plication par graines, et mieux par marcoltes, qui prennent très facilement, mais qu'il ne faut sevrer que la deuxième année, afin que la plante soit vivace, levée la première année, la marcotte donnerait des fleurs; mais ce ne serait qu'une plante annuelle. Popatynta. — Plante vivace, à racines fibreuses, dont les fleurs, d'un beau bleu, paraissent en juin ; elles sont inodores et peu remarquables, malgré leur couleur ; mais elles font nombre dans un parterre, où il faut, avant tout, de la variété. — Terre franche, arrosements modérés. — Multiplication par graines semées fin mars, ou par éclats de racines, au mois d'octobre. Popornyiue. — Les fleurs de cette plante, Aracinesfibreuses, s'épanout en mai; elles sont blanches et présentent la forme d'un bouclier. franche ; arrosements modérés. — Multiplication par rejetons ou par graines semées en mars. POIS DE SENTEUR. "est encore là une de ces belles, suaves et modestes fleurs qui prodiguent leurs faveurs à quiconque leur accorde quelques brins de terre, un peu d'eau, et leur permet de recevoir un rayon de soleil. Rien de plus joli que des fleurs veloutées, rouges, roses, bleues, blanches, qui ressem- blent aux ailes des plus beaux papillons, et qui répandent au loin leur eni- vrant parfum. Et pourtant celle délicieuse fleur est assez généralement dé- daignée; c'est que, par malheur..., par bonheur plutôt, elle ne coûte rien, ce qui la fait adopter par le pauvre. Elle fait, avec la capucine, le cobwa, l'ornement des fenêtres-mansardes, et il est peu de chaumières dont les ché- tives murailles ne lui accordent protection. Belle et bonne, c'est aux belles et aux bonnes que nous la recommandons. — Terre franche. — Multiplication par graines semées fin ma PoLÉMOINE. — Plante peu remarquable, donnant en mai des fleurs en bou- quets, d'un rouge nuancé de bleu. — Terre franche. — Multiplication par graines ou par éclats de racines, en mars. PRIMEVÈRE.— C'est encore une deces plantes dont certains amateurs font des collections, à cause du nombre de variétés qu'on peut en obtenir. Les prime- veres offrent près de quatre cents variétés qui présentent toutes les couleurs et toutes les nuances connues, et qui toutes fleurissent en avril. Cette plante se multiplie parfaitement par éclats ; mais, pour obtenir des variétés, il faut avoir recours au semis, qui se fait dans les premiers jours de mars. — Terre légère et franche, 220 LES FLEURS ANIME s. PULMONAIRE, — On cultive deux espèces de cette plante, qui ne diffèrent entre elles qu'en ce que l'une est viva l'autre est annuell c'est la pulmonaire de Virginie, et est la pulmonaire de £ en mars, de petites fleurs. Celles de la première es , bleues ou blanches, selon la variété. La seconde n'a que des fleurs bleues, petites, comme celles de l'autre, mais d'un éclat plus vif. > ibérie. Toutes deux donnent, pce sont roug La pulmonaire vivace se multiplie par on multiplie celle de als de racines, au mois d'octobre ; ibérie ar graines semées aussitôt après les grands froi — Terre légère et fraiche pour toutes deux. PyroLE. — En juin, petites fleurs d'un rose tendre, placées par deux sur Chaque pédoncule. On en cultive deux espèces : l'une odorante, et l'autre ino- dore. Mème culture pour toutes deux. — Terre de bruyère, arrosements fre quents. — Multiplication par éclats de racines, au printemps. — En serre pendant l'hiver. R REINE-MARGUERITE, — Les fleurs de cette plante, que l'on nomme aussi Aster de la Chine, rivalisent de b uté avec celles du dahlia, et ses variétés ne sont pas moins nombreus Elles Sépanouissent en juillet, et l'on en fait de brillantes collections, qui offrent un aspect charmant. La culture en est exces- sivement facile. — Terre franche. — Multiplication par graines semées avr La meilleure graine t celle que la tige mère porte à son extré on la garde un an avant de la semer, la fleur n’en est que plus belle Il y a un grand nombre d'espè @asters ; les plus remarquables, après la reine-marguerile, sont l'œillet-de-christ, le soyeuw, le géant et le denté. Ces quatre espèces peuvent se multiplier par éclats de racines séparées en octobre. Rexoxcure.—C'est encore une des plus belles fleurs qui se puissent voir. Les faiseurs de collections en comptent près de six cents variétés qui réunis sent toutes les couleurs et toutes les nuances connues, toutes... excepté le bleu. Certes, nous sommes loin du temps où les ognons de tulipes se naient des prix fabuleux. Cepen- cotaient à la banque d'Amsterdam, et atte dant il e ez heureux pour obtenir une renoncule bleue pourrait faire une rapide et brillante fortune., Quoi certain qu'un horticulteur qui serait extraordinaire? N'avons-nous pas vu, il y a quelques années, la graine d'une certaine espèce de chou se vendre, rue de Richelieu, à Pa CULTURE DES FLEURS, 221 cing franes l'une... oui, cinq francs une ule graine, ce qui portait le pro- duit d'un seul chou à cinquante ou soixante mille franes! L'industriel qui possédait ces raines en vendit pour un demi-million en six mois. Ce prodi- gieux résultat bouleversa l'esprit de ce malheureux ; il devint fou et se fit sauter la cervelle. Done il n’exis! e pas de renoncules bleues, mais il en peut naître une, et c'est Ià le plus cher espoir de tous les amateurs qui cultivent exclusivement cette jolie fleur. Au reste, cette culture est des plus faciles. La graine, que Yon récolte en octobre, doit être gardée dans un lieu see pendant un an et puis on la o fréquemment. Mais par graines que pour obtenir de nombreuses même deux ans. On la sème en automne sur une terre franche recouvre d'une légère couche de terreau et l'on arro! on ne multiplie les renoncules et nouvelles variétés. Lorsqu'on veut s'en tenir à la collection qu'on pos ède, il est plus simple de les multiplier par la séparation des griffes, qu'on re- plante aussitôt, ou l'année suivante. Dans ce cas, N sont plus vives. Les renoncules fleurissent en juin se fait vers la fin de juillet. couleurs de la fleur la séparation des griffes Résépa. — Petite plante vivace, connue de tout le monde. Ses formes wont rien de remarquable ; mais son parfum le dispute à celui de la rose, Le réséda est vivace; on le multiplie par éclats de racines ou par semis. Toutes les terres lui sont bonnes, pourvu qu'elles ne soient pas trop sèches. Le réséda dit en arbre n'est pas une espèce différente de celle dont nous venons de parler; on fait du réséda un arbuste en retranchant les branches ures, et en soutenant, à l'aide d'un tuteur, la tige qui s'élève ainsi et devient ligneus infé Ruexıe. — Plante originaire de la Virginie, dont les grandes fleurs d'un rouge vif s'épanouissent en juin. — Terre de bruyère ; beaucoup d'eau. — Multiplication par gra serre pendant l'hiver. nes semé s au commencement du printemps. — En RuopoveNpron. — Bel arbrisseau d'Amérique, de deux mètres de hauteur, dont les grandes fleurs, blanches, roses ou rouges, selon la variété, ont la forme d'un cornet fort évasé. — Terre de bruyère, exposition du nord; tion par marcottes et par graines, quand elles ©. On en cultive de plusieurs espèces; beaucoup d'eau. — Multiplic arrivent à parfaite maturité, ce qui est ra le rhododendron en arbre est une des plus belles; mais elle ne supporte pas le froid, elle doit être rentrée de bonne heure. FLEURS ANIMÉE Romani. — Joli arbrisseau dont la hauteur ne dépasse guère un mètre et demi, et qui forme ordinairement un buisson touffu. Ses fleurs d'un bleu pâle, s'épanouissent au mois de févriel ans la saison des bals, alors que la terre est couverte de neige et de glace. Autrefois, à cette époque de l'année, la moindre fleur était une merveille ; aujourd'hui que Paris possède des jar- dins d'hiver où les fleurs sont aussi abondantes au mois de janvier qu'elles peuvent l'être en juin dans le plus riche parterre, le romarin est presque dédaigné... Ainsi passe la gloire de ce monde! Le romarin dont toutes les parties sont aromatiques, se plait dans une terre ©, peu humide, et il se multiplie par marcottes et par boutures.. Ronce. — Voilà une pauvre plante bien calomniée par les moralistes, qui ne cessent de comparer la vie de homme A un sentier parsemé de ronces et d'épines. Eh! messieurs qui savez tout et une infinité d'autres choses encore, faut-il done vous apprendre qu'il est des ronces charmantes, qui n'ont point d'épines... Et quand elles en auraient! Larose en a bien... Nous le répé- tons, des ronces charmantes, sans épines, à feuilles panachées, à fleurs dou- bles roses et à fruits blanes. C'est un de nos travers de nous laisser prendre aux mots qui, la plupart du temps, ne servent qu'à enraciner l'erreur. Par exemple, il est arrivé qu'un naturaliste obtus a dit, a écrit que l'écrevisse marchait à reculons; eh bien l'quarante siècles ne suffiront pas à détruire cette erreur. La vérité est que l'écrevisse marche comme tous les autres animaux doués des organes de la locomotion , en avant; seulement elle peut nager en arrière... Hélas! il en sera des ronces comme il en est des écrevisses, et c'est en vain que nous tentons de les réhabiliter, Mais c'est ici le cas de mettre en pratique cette belle devise : fais ce que dois, advienne que pourra. Nous pro- clamons done qu'il est des espèces de ronces fort jolies; telles sont celles à feuilles découpées, le framboisier du Canada, et quelques autres. — Terre franche et ferme; exposition du nord ou de l'ouest. — Multiplication par graines, marcottes et rejetons, au printemps : les fleurs paraissent en juillet. Rose »'Ixpe. — En septembre, grandes fleurs jaunes et blanches, selon la variété. — Terre franche. — Mulliplication par semis, en mars; relever les plantes et les repiquer en mai ou en juin. — Beaucoup d'eau. Rose DE Noer. — Plante à racines fibreuses, donnant, en fév ier, de grandes fleurs d'un rose tendre. — Terre franche, mélée de terre de bruyère. — En serre. — Multiplication par éclats des racines, en octobre. Rose TRÉMIÈRE. — Grande et superbe plante de deux à trois mètres de haut CULTURE DES F URS. dont les larges et admirables fleu toutes le > quis couleurs et toutes les nuance: nombrables, et les colle panouissent en juillet, offrent . Les variétés de e tte plante sont in- ions qu'on en fait grossissent cha franche; peu d'eau. — Multiplication par gr jours d'avril rre dans les derniers aines semées Rosier. — Hélas! tarde venientibus..... Pardon, mesdames, cela veut dire que les absents ont tort, ou bien que les de niers venus doivent se contenter de ce qu'ils trouvent, Or, nous venons le dernier vous parler de la ros Oh! oui, nous le savons bien, on vous a tout dit sur 1 a rose : on vous a fait son histoire; on vous a raconté ses qualités, ses défauts on vous a initié , ses mœurs, ses Sà Lous ses secrets, à toules ses métamorphoses, et vous avez vu la rose, fleur, femme, reine! Mais il n'est pas de récolte si com- plétement faite que le pauvre ne trouve à glaner dans le champ qui l'a pro- duite : essayons de glaner. On compte aujourd'hui un peu plus de deux mille espèces de roses, et nous avons entendu un savant horticulteur affirmer que quatre gros volumes in-folio en petit texte ne suffiraient pas pour rapporter e de plus curieux dans la culture de nous défions énormé € qu'il y a seulement tte fleur. Nous lavouerons toutefois, nous nent de ces prétendues curio ces amateurs enthousiastes bien ré sités visibles seulement pour olus à voir des merveilles partout. Mais les deux mille et nt d'espèces exist ul, et c'est un fait que nous constatons heureux que nous sommes d'avoir à constater ici quelque chos el Puisque nous voici entrés dans cette voie, nous pourrions bien, mesdames, vous donner la nomenclature de ces espèces; mais vous en seriez quittes pour pidement le feuillet, et nous en serions pour nos frais d' horticole ; ce tourner r érudition ait trop de moitié. Nous nous conte culteurs, terons done de vous dire que les botanistes et les horti r ces gen: onze classes, savoir la s'entendent quelquefois, ont divisé les rosiers en Les rosiers à feuilles simples, ¿ROCES..... Oh! Les rosiers BRACTÉOLÉS, Les rosiers Fl rosiers cannelles s rosiers pimprenelles, rosiers à cent feuilles, rosiers velus, rosiers rouillés, rosiers CYNORRHODONS..... Ouf! LES FLEURS ANIMÉES. Les rosiers à styles soud Les rosiers BANKSIENS..... Ah! Et cela est tout roses; qui oserait les contester?..... Mais cela n'empêche pas que la rose soit le chef-d'œuvre de la végétation, d'où il résulte que les rosiers sont indispensables dans un parterre, quelque peu étendu qu'il soit. Et rien n’est si facile de les y mettre et de les y faire vivre, la culture de ces arbustes étant des plus simples. Presque tous les rosiers se plaisent dans une terre franche légère; ceux du Bengale seuls s'accommodent mieux de la terre de bruyère. Tous se multiplient par graines, rejetons, boutures, marcottes, et il n'est pas d'arbustes plus dociles à la greffe et qui se prêtent plus volontiers aux caprices de l'horticulteur. Les plus belles roses fleurissent en juin ; mais il en est pour toutes les sa sons, et il n'est pas rare de voir, dans nos jardins, des roses du Bengale s'é- panouir sous des flocons de neige. Rupseckia. — En juillet, grandes fleurs rouges. Cette plante, à racines fi- breuses, demande peu de soins. — Terre franche, arrosements modérés. — Multiplication par graines semées en avril. Sanuine. — Charmantes petites fleurs blanches qui surgissent en mai du mi- lieu d'un gazon touffu, et dont on fait de très jolies bordures. — Terre fran- che; arrosements fréquents. — Multiplication par éclats de racines, en octobre, ou par graines semées fin mars. Sanor pe Vexus. — Fleurs brunes, d'une forme singulière, paraissant en mai et exhalant absolument le même parfum que les fleurs d'oranger. Les pétales de cette fleur, au nombre de quatre, ressemblent parfaitement aux ailes d'un moulin à vent. — Terre de bruyère ; exposition de l'ouest ; arrosements fré quents. — Multiplication par graines semés Sarnax. — Plante bulbeuse dont les fleurs jaunes, blanches, grises ou bleues, selon la variété, S'épanouissent en février. — Terre franche, mêlée de terre de bruyère; peu d u. — Multiplication par caïeux qu'il ne faut détacher que tous les trois ou quatre ans en juin et qu’on replante en juillet, en lai- sant entre eux une distance de cing à six centimètres Sarsrorx A BougueT. — Plantepeu remarquable, donnant, en juillet, des fleurs CULTURE DES FLEURS. 225 rouges en épi.— Terre légère. — Multiplication par graines, semées en avril Sanaurvame. — Cette plante, originaire du Canada, ne porte qu'une seule feuille, en forme de cœur, dont les nervures sont rouges. Ses fleurs, blanches et de moyenne grandeur, paraissent en avril. — Terre franche, arrosements modérés. — Multiplication par éclats de racines, en automne Saxsévière. — Jolie plante donnant en mai et août de nombreuses fleurs roses en épi, très odorantes. Deux espèces; mème culture ; terre de bruyère; peu d'eau. — Multiplication par graines semées fin mars, ou par œilletons. ARETTE. —Plante à racines fibreuses, dont les leurs en épi, rouges ou lilas, selon la variété, paraissent en septembre et octobre. — Terre franche. — Mul- tiplication par graines semées fin octobre. On peut aussi multiplier cette plante par éclats de racines; mais seulement quand elle a atteint une certaine force c'est-à-dire la troisième où la quatrième année. SavcE.—On en cultive plusieurs espèces, qui toutes fleurissent en juillet, août, septembre et octobre. Fleurs roses, bleues ou d'un beau rouge, selon l'espèce. Même culture pour toutes : terre franche mêlée de terre de bruyèr et de terreau ; peu d'eau; en serre l'hiver. — Multiplication par graines se- mées en octobre et tenues chaudement, ou par boutures, au printemps. SaxirrAGE. — Très belle plante dont on cultive plusieurs espèces, donnant toutes, en mai, de jolies fleurs rouges, blanches ou roses, selon l'espèce. Toutes cultivent de la même manière : terre de bruyère, en pots afin de les mettre en serre pendant l'hiver. — Multiplication par éclats, en avril SCABIEUSE OU FLEUR DE VEUVE — Jolies fleurs d'un rouge foncé, veloutées, et d'un parfum très agréable. — Terre légère. — Multiplication par- graines, semées en avril. On en cultive plusieurs espèces, dont quelques-unes sont vi- vaces, comme la scabieuse des Alpes et la scabieuse de Crète; ces dernières peuvent se multiplier par éclats et par boutures. Toutes fleurissent en juillet. Sceau DE SALomon. — Plante à racines fibreuses, donnant, en avril, de belles fleurs blanches pendantes. Plusieurs espèces ; même culture pour toutes : terre franche; arrosements fréquents. — Multiplication par éclats de racines en automne, ou par graines semées au commencement de mars. Sauce. — On en cultive de plusieurs espèces qui toutes fleurissent en avril, mais dont les fleurs ne se ressemblent pas, et qui demandent des soins difé- rents. Plusieurs, comme la scille du Pérou, la scille maritime, la scille à deux I, 29 226 LES FLEURS ANIMEES, feuilles doivent être mises en terre de bru Vhiver. D'autre ere, el en pots pour être rentrées , comme la scille d'Italie, la scille agréable qu'on appelle aussi jacinthe étoilée, se plaisent mieux en pleine terr Les fleurs de presque toutes les espèces sont bleues; mais elles diffèrent par la forme : les unes sont en épi, d'autres e grappes, d'autres encore en ombelle, ete. Plusieurs sont inodores, quelques-unes ont un parfum à peu près semblable à celui de l'aubépine. Toutes se multiplient par caïeux, séparés des ognons tous les deux ans. Sepum.— Jolies fleurs rouges ou roses, en juin, d'une odeur de rose très prononcée, cette odeur s'exhalant soit de la fleur, soit de la racine, selon la variété. Il y a pourtant quelques variétés inodores. — Te re de bruyère pour peu ou point d'eau; exposition du midi, — Multiplication par bou- tures, par éclats ou par graines. SÈNEGON. — On en cultive deux espèces qui se subdivisent en plusieurs va- riétés. Le sèneçon d'Afrique donne de très belles fleurs rouges, simples ou doublés, selon la variété. La Variété simple se multiplie par graines semées dans les premiers jours du printemps ; la variété double se multiplié par bou- tures. L'espèce dite à feuilles d’ se multiplie par éclats de ri donis, dont les fleurs sont d'un beau jaune, en octobre. SEN: par les divers mouvements qu'elle exécute. Pendant la nuit, les feuilles de la près des pétioles ; au jour elles , comme si elles sortaient d'un profond som- 'SITIV Jette plante, connue de tout le monde, n'est remarquable que sensitive sont accolées les unes sur les autre reprennent leur état ordinai meil. (V. Sommeil des Plantes, BorANIQUE DES DAMES, première partie.) La sensitive éprouve d'une manière toute particulière ce besoin que les plantes ont, plus que tous les êtres organisés, des rayons du soleil. Son feuil- lage en suit généralement la direction, et en observant avec soin, on aperçoit La sensitive un changement continuel de position dans toutes ses feuill exécute, en outre, un mouvement de plication plus singulier: quand une feuille se ferme, soit par le contact d'un corps étranger, soit par la privation de la lumière, son pétiole se rapproche du rameau et fait avec lui un angle plus aigu qu'auparavant. Lo rsque l'attouchement est très fort, on voit suc- éanmoins les mouve- cessivement toutes les parties de la plante se re: serrer. ments des folioles, des feuilles et des rameaux sont indépendants les uns des atement, que Jui seul autres, et il est possible de toucher le rameau si dé recoive une impression de mouvement. Mais il faut, pour cela, qu'en se pliant, euilles contre quelqu’autre partie de la le ri meau n'aille pas porter ses CULTURE DES FLEURS. plante, car elle s'en ressentirait au même instant. Les parties de la plante qui se sont fermées, se rouvrent ensuite et reprennent leur premier état; le temps nécessaire pour cela est inégal, selon la vigueur de la plante, la saison et l'heure du jour: Jusqu'à présent on n’a pas donné une explication satisfaisante de ce phéno- mène, non plus que tant d'autres mystères dont Voltaire a dit Réaumur, dont la main si savante et si sùre A percé tant de fois la nuit de la nature, M’apprendra-t-il jamais par quels subtils ressorts L'éternel artisan fait végéter les corp Pourquoi l'aspic affreux, le tigre, la panthi N'ont jamais adouci leur cruel caractère? Et que reconnaissant la main qui le nourrit, chien meurt en léchant le maitre qu'il chérit? D'où vient qu'avec cent pieds qui semblent inutiles, Cet insecte tremblant traine ses pas débiles? Pourquoi ce ver changeant se bátit un tombeau, entere, ressuscite avec un corps nouveau, Et le front couronné tout brillant d'étincelles. S'élance dans les airs en déployant ses ailes? Le sage Du Fai, parmi ses plants divers, Végétaux rassemblés des bouts de l'univers, Me dira-t-il pourquoi la tendre sensitive Se flétrit sous nos mains, honteuse et fugitive? Personne ne l'a dit; mais peut-être le dira-t-on quelque jour. En attendant nous dirons, nous, que la sensitive est un arbuste indispensable dans un par- terre. — Terre de bruyère; peu d'eau; en serre dès les premiers froids. — Multiplication par boutures, marcottes et rejetons. spras.— Plante à racines tubéreuses, originaire d'Amérique, mais natur: lisée depuis longtemps dans notre climat.—En août, fleurs rouges en ombelle, blanches à l'intérieur. — Terre de bruyère; peu d'eau. — Multiplication par bulbes levées en octobre et mises en terre vers le milieu de mars. Swine. — C'estau genre de cette fleur qu'appartient Vattrape-mouche dont nous avons dit les propriétés dans la botanique. A l'exception de cette sensi- bilité que les diverses espèces possèdent à un degré plus ou moins élevé, les silènes sont des fleurs qui n'ont rien de remarquable. Rouges ou blanches, selon la variété, ces plantes fleurissent en juin, sont annuelles et se multi- plient par graines semé anche, Elles sont ino: 228 L FLEURS ANIMÉES dores, une seule exceptée dont les fleurs sont d'ua rouge vif, et qu'il faut mettre en pot afin de pouvoir la rentrer en hi celte espèce étant vi- vace. Smpntum. — Plante vivace dont la fleur, qui s'épanouit en septembre, res semble à celle des soleils. La tige de quelques silphiums atteint une hauteur de six mètres ; mais cette fleur n'est remarquable que par son étendue. — rre franche; arrosements modérés. — Multiplication par éclats de racines et plus ement par graines semées au mois d'avril SorpanerLe.—C'est une petite plante des Alpesqui réunit deux avantages elle est vivace et fleuriten mars, c'est-à-d presque nue. Ses fleurs, rouges ou blanches, selon la variété, sont d'un effet très agréable bien qu'elles soient pe e à l'époque où la terre est encore est-il pas naturel de se sentir quel- que préférence pour ces pauvres petites fleurettes que font éclore les premiers rayons du doux soleil de printemps, qui viennent les premières égayer nos regards et nous annoncer une vie nouvelle, au isque d’être anéanties avant Je temps par le terrible vent du nord, qui se fait encore si fréquemment sentir à cette époque ?... De grâce, Mesdami dacieus ayez quelque pitié pour ces petites au- mêlée d'un peu de terreau; placez-les à l'exposition du midi, afin que le soleil qu'elles aiment les vivifie, et recueillez leur graine en avril ou mai pour la semer en octobre, en pots, afin de pouvoir les rentrer pendant les plus g donnez-leur une terre légè rands froids. Les soldanelles peuvent aussi se multiplier par éclats de racines Soren. — Gra de et belle plante annuelle, dont les fleurs commencent A se montrer dans quelquefois, d'un mètr jaunes, radiées, premiers jours d'août, et n'ont pas moins, ence, tandis que la tige s'élève à une hau- e de circonféx is teur de trois A quatre mètres. Cette fleur, comme presque toutes les autres, m: d'une manière beaucoup plus prononcée, semble suivre le cours du soleil et se tourné de manière à en récevoir constamment les rayons. Il est peu de plantes plus majestuenses que celle-là, et pourtant on la dé- daigne, elle est souvent exclue des parterres où sont admises une foule . D'où vient cela? d'autres qui sont bien loin d'avoir son éclat et sa majest Serail-ce que le soleil est une fleur inodore? Mais la tulipe, le dahlia ne sont pa dont le soleil se passe parfaitement. — C'est, dit-on, une plainte vulgaire... plus favorisés sous ce rapport, et le dahlia, Ja tulipe exigent des — Vulgaire, pourquoi? Comment! vous osez faire un crime à cette im- mense corolle si justement appelée Soleil, de sa facilité à naître, à grandir? ai que pour une belle elle se contente de peu; un coin de cour dé- a. . CULTURE DES FLEURS. 229 pavé Ini suffit, que l'on jette une graine, en avril, à la place du pavé ab- sent, c'est assez. Eh bien! c'e LR, il nous semble , être belle et bonne à trouvent, hélas! trop rarement réunies... A ces cau Mesdames, nous vous demandons grâce pour cette belle fleur; vous lui con- fois , qualités qui sacrerez quelque superbe territoire trois ou quatre fois grand comme la main; vous l'arroserez peu ou point, et vous en re s la fin de septem- bre, la graine, grosse, abondante et d cellent orgeat pour vos soirées. élicieuse, dont vous pourrez faire d'ex- Sovcr. — Fleurs jaunes pa raissant à la fin d'avril. C'est une plante peu re- marquable ; mais sa culture est facile, et elle jette de la variété dans un parterre. On la multiplie par graines semées en mars sur terre franche, et recouvertes d'un peu de terreau. — Deux espèces, l’une jaune safranée ; l'autri qui a la o blanche, singulière propriété de se fermer lorsque l'atmosphère est humide. — Même culture pour toutes deux. Sowernée. — Jolie plante dont la tige ressemble à un jonc et dont les fleurs en bouquet d'un beau rouge pourpre S'épanouissent en mai. — Terre de bruyère ; arrosements modérés. En pots, afin de pouvoir être rentrée l'hiver. — Multiplication par graines. Spanoxıs. — Fleurs violettes ou jaunes, selon l'espèce , S'épanouissant en avril. — Terre de bruyère; peu d'eau. — Multiplication par caïeux détachés en juillet et plantés en octobre. — Spiskre. — En juin, fleurs en en dedans. bruyère pure, des arrosements peu abondants, ma re pendant l'hiver. pis d'un beau rouge à l'extérieur et jaunes zette plante demande beaucoup de soins; il lui faut de la terre de fréquents. — Multiplica- tion par graines. Spin En juillet, fleurs en bouquets, simples ou doubles, blanches ou ses, odorantes ou inodores , selon l'espèce. — Terre franche, arrosements modérés. — Multiplication par graines, par tubercules, ou par éclats de ra- eines. Sracuys. — Jolie plante donnant, en juillet, des fleurs en épis d'un beau rouge. Terre de bruyère mélangée de terreau ; peu d'eau. — Multiplication se dès les pre- par éclats de racines , en automne. Cette plante doit être rentr miers froids et placée de manière à ne pas manquer de lumiè Sraricé. Petites fleurs qui paraissent en juillet, rouges et néanmoins peu LES FLEURS ANIMÉES . apparentes. On en cultive plusieurs espèces, toutes assez délicates, et c'est à peu près leur seul mérite. — Terre légère , peu d'eau ; en serre pendant l'hi- ver. — Multiplication par éclats de racines, en octobre, ou par graines, au printemps. Stevie. — On cultive sept ou huit espèces de cette jolie plante qui , toutes sont vivaces, à l'exception d'une seule, et donnent, en juillet , de très belles fleurs blanches, reses ou violettes. — Terre de bruyère, arrosements peu fré- quents. — Multiplication par graines, semée sur capot, au printemps, pour être repiquée en juin. — En serre l'hiver. STRAMOINE. — On en cultive de deux espèces qui diffèrent beaucoup l'une de l'autre : le stramoine cornu et le stramoine en arbre. Le premier est une fort jolie plante annuelle, dont les grandes et belles fleurs blanches, qui s'é- panouissent en août, exhalent une odeurtrès agréable. — Terre légère, beau- coup d'eau, — Multiplication par graine, semée au printemps. Le stramoine en arbre est un joli arbrisseau, dont les fleurs blanches, qui paraissent éga- lement en août, ont quelquefois jusqu'à trente-cinq centimètres de longueur et dont l'odeur est aussi des plus agréables. Cet arbrisseau exige beaucoup de soins : il Jui faut une terre légère, peu d'eau, jamais de froid , beaucoup de lumière, et un air fréquemment renouvelé. Swertia. — Plante vivace, dont les fleurs bleues, en étoile, paraissent en juin. Elle demande peu de soins; toute terre lui convient. — Multiplication par éclats de racines ou par graines, semées en août ou septembre. Sywpnonicanros. — Fleurs roses en grappes, qui Sépanouissent vers la fin de mars, et auxquelles succèdent des fruits blancs et gros comme des perles. Cette plante est d'un joli effet dans un parterre. — Terre légère, arrosements modérés. — Multiplication par éclats. SyrNGa. — Très bel arbrisseau, dont les jolies fleurs blanches, qui parais- sent en juin, exhalent une odeur des plus agréables; mais dont l'intensité dans un appartement de peu d'étendue, cause de maux de tête, et peut même asphyxier. On en cultive aussi une espèce qui est entièrement inodore. — Même culture pour toutes deux : terre franche, exposition du nord ou de l'ouest. — Multiplication par marcottes, boutures, rejetons, éclats de raci Quoique fort joli, cet arbrisseau n'est convenablement placé que dans un jardin d'une assez grande étendue, CULTURE DES FLEURS. Tarac. — Nous ne sommes pas assez'injuste pour ne pas le reconnaître; le tabae est une plante fort innocente en apparene , qui se multiplie par grai- nes, sem s au printemps, et dont les fleurs , qui s'épanouissent en septem- bre, exhalent une odeur assez semblable à celle du jasmin (celles du tabae ondulé). Mais qu'est-ce que ce chétif mérite du tabac, en comparaison des maux affreux qu'il répand sur toute la surface du globel... Nous l'avons déjà dit, le tabac est une horrible lèpre qui s'étend sans cesse fois plu et qui est mille funeste qu'une invasion de barbares. C'est un affreux poison qui em- peste l'air que nous respirons , qui engourdit les sens, qu juffe Vimagina- tion. Il n'est pas de crimes, de méfaits horribles, monstrueux que le tabac n'ait commis ou qu'il n'ait fait commettre : c'est p r lui que tons | ciaux sont reláchés; c'est lui qui abrutitle peuple, qui déprave 1 liens so- zoûL. C'est le tabac qui rendit souvent le grand Frédéric cruel; c'est lui qui a aidé les gedliers anglais à tuer Napoléon. Grâce à lui les plus belles dents se carient Vhaleine la plus douce devient fétide , les narines s'é largissent, se tuméfient, le regard se ternit, la voix se voile, l'appétit s'éteint; les désirs s'émoussent, la pens ées'alourdit... El pourtant il s'est trouvé des poètes pour chanter cette nauséabonde substance ! De grâce done , Mesdames, point de tabac même en fleur; on ne saurait prendre trop de soin pour se garantir des mauvaises influences TAGÉTÉS ov GRAND OEILLET-D'INDE. — Grande: et belles fleurs jaunes ou blanches , simples ou doubles, selon la variété, qui Sépanouissent en septem- bre. C'est une fleur commune , ma is d'un assez joli effet quand elle e ac compagnée. — Terre légère , arrosements abondants. — Multiplication par graines, semées en avril, pour repiquer les plants en mai ou juin Tuuva. — Arbrisseau toujours vert, mais qui n'a que ce mérite. I sert à orner les terr et les cours, et il ne eraint ni le froid ni l'humidité. — Multiplication par boutures et par marcottes. Tun.aspı. — Plante de serre; jolies fleurs blanches, en janvier. — Terre de bruyère, très peu d'eau. — Multiplication par boutures et par rejetons, levés en juillet. Cette plante doit être rentrée avant les premiers froids. Tuya. — Plante commune , à petites fleurs rouges, qui paraissent en juin, et qui exhalent, de même que toutes les autres parties de la plante, une odeur aromatique des plus agréables. On en cultive plusieurs variétés dont on fait LES FLEURS ANIMÉ surtout les bordures, à cause du peu de soin que demande cette bonne et jolie petite plante , qui se contente de la place qu'on lui accorde , du terrain dans lequel on la pose, et qui, malgré le vent et l'orage, les glaces de l'hiver et les ardeurs du soleil de l'été, ne cesse de montrer ses petites branches vertes, et de prodiguer son parfum. Par malheur, les artistes culinaires se sont emparés depuis des siècles de ce précieux aromate, et cela l'a fait dédaigner par les amateurs de fleurs. C'est une injustice criante, contre laquelle nous protes- tons de toutes nos forces : depuis quand cesse-t-on d'être aimable, par cela eul qu'on est utile? Nous demandons pour le thym une réhabilitation com- plète. — Multiplication par éclats de racines, en tout temps; mais de préfé- rence en automne. THYMÉLÉE pes Aupes. — Fleurs roses, qui s'épanouissent en janvier, est leur principal mérite. L'arbrisseau qui les porte ne dépasse presque ja- mais un mètre de hauteur. — Terre de bruyère, arrosements fréquents et peu abondants. — Multiplication par graines. On peut aussi multiplier les arbris- seaux par boutures et par marcottes ; elles ne réussissent que diffi ment. Tiens, — Tres jolie plante à racines bulbeuses , fleurissant en août, et dont les fleurs violettes, jaunes et rouges, offrent l'aspect le plus agréable. — Terre de bruyère. — Multiplication par caieux détachés, tous les deux ou trois ans. — En serre aux premiers froids. TrAcHELIE. — En août, jolies petites fleurs, d'un beau bleu, qui sont d'un effet très agréable dans un parterre. Plante vivace, qui redoute le froid. — Terre de bruyère pure, très peu d'eau. — Multiplication par graines, semé fin septembre, sur capot et sous cloche, ou par boutures, traitées de la même manière. Trırorius. — Bel arbuste , dont les fleurs jaunes, qui paraissent en mai, sont nombreuses et fort jolies. — Terre de bruyère , mêlée de terre franche. — Multiplication par graines, semées aussitôt leur maturité, par boutures et par marcottes. Tue, — Plante à racines fibreuses, qui fleurit en avril. Ses fleurs, d'un rouge foncé , sont peu remarquables. — Terre légère. — Multiplication par éclats de racines, en automne, ou par graines, en juin Trrrowa. — Grandes et belles fleurs en épi, d'un rouge éclatant, couronnant au mois d'août une tige d'un mètre de haut. —Terre de bruyère , arrosements modérés. — Multiplication par grains CULTURE DES FLEURS. 233 Trote. — En avril, belles fleurs jaunes. — Terre légère, peu d'eau. — Multiplication par éclats de racines, en automne, ou par graine, semée en mars. — Plante à racines bulbeuses, donnant en juillet de belles fleurs aches en épi, d'un parfum délicieux. — Terre de bruyère, mélangée de terreau ; arrosements fréquents et abondants. — Multiplication par graine. Turpe. — Il y a encore des amateurs qui poussent jusqu'au fanatisme l'a- mour de cette belle fleur, ainsi que nous l'avons dit ailleu Au mois de septembre, on plante les ognons ou les caïeux, dans une terre franche, mélangée d'un peu de terreau, et bien ameublie, à la profondeur de sept à huit centimètres, et à quinze centimètres de distance les uns des autres. On arrose modérément. La fleur paraît en avril, et il faut alors, autant que pos- sible, la garantir du soleil. Lorsque la fleur est passée, et que la tige commence à se fléchir, on arrache les ognons, que l'on neltoie avec soin, on en sépare les caieux, et on les garde dans un endroit sec pour les replanter au mois de septembre suivant. V. Varane. —En mai, fleurs d'un rouge foncé, inodores et peu remarquables. — Terre de bruyére— En serre l'hiver. — Multiplication par graine et par éclats de racines. VaLémane. — Plante des Pyrénées, à racines fibreuses, donnant, en juin, des fleurs rouges, blanches ou violettes, selon la variété, et toutes d'un très bel effet. —Terre de bruyère. — Multiplication par éclats de racines, au mois d'octobre. Vaname. — C'est une assez jolie plante, qui fleurit en juin. On en cultive quatre ni , la noire, la blanche, la verte el la jaune. — Mème culture pour toutes. — Terre franche, exposition de l'ouest, arrosements fré= quents. — Multiplication par graine semée en avril. Véran. — En mai, fleurs jaunes peu remarquables. —Terre de bray? Multiplication par graines el par éclats. Verena. — Belle plante de serre, qui fleurit en mars, et dont les fleurs en grappes, rouges el jaunes, sont d'un bel effet. — Terre de bray’ de terreau, peu d'eau. — Multiplication par caïeux, détachés tous les deux ans, ou par graines. Vence p’on.— Plante à racines fibreuses, donnant, en aoùt, des fleurs jaunes, petites, mais nombreuses, et d'un aspect agréable. — Terre de bruyère. — Multiplication par écRils, en octobre U, 30 234 LES FLEURS ANIMÉES. VÉRONIQUE. — août, fleurs bleues, blanches ou d'un rose p: selon la variété, — Terre légè e, arrosements fréquents. — Multiplication par racines, en octobre, ou pa iclats de raine, semée en avril VERVEINE DE MIQUELON. — Plante bisannuelle, dont les petites fleurs en épi, d'un beau rouge, paraissent en avril. — Terre légère, — Multiplication par graine. Viene-Vience. — Arbrisseau grimpant, dont le feuillage, d'un beau vert, forme de fort jolis berceaux, — Terre franche. — Multiplication par boutures et marcottes. VILUSSEUXI — Plante à racines bulbeuses, dont les fleurs blanc es, tache- tées de bleu et bordées de noir, s'épanouissent en mai.— Terre de bruyère, mélangée de terreau, peu d'eau. — Multiplication par caieux Vırzansıe. — Jolie fleur, d'un beau jaune, qui s'épanouit en juin. — de bruyère el terreau, beaucoup d'eau. — Multiplication par éclats de ra- eines, VioLerts. — Charmante fleur, emblème du mérite modeste, qui pousse partout, sur la lisière d'un bois, le revers d'un fossé, au pied d'une haie, sans culture el sans soins, et qui n’annonce sa prösene! que par le parfum qu'ell exhale. pa pute espèce de terre lui convient, et elle e multiplie par grain vine Yucca. — Arbrisseau d'un mètre de haut, garni de feuilles épaisses, du sein desquelles par une hampe qui, de u mois d'août, se couvre d'une ande quantité ndes et belles fleurs blanches, forme de calice .— Te e de bruyère, arrosements rares. — Multiplication par boutures et par rejetons. Zanxia. — Belles fleurs jaunes et rouges, qui s'épanouissent en octobre. Cette plante, qui est annuelle, se mulliplie par graine, semée au printemps, sur terre légère, re ouverte d'un peu de terreau Voilà, Mesdame: ici le beau côté pour la théorie; mais la théorie n’est pa de la chose. C'est dans la pratique que vous attendent les surpris agri les découvertes spontanées, les résultats imprévus. Il suffit de vo r les fleurs pour les aimer; mais cette tendresse est bien autrement vive quand on les cultive. Cela devient souvent une véritable passion; passion chaste et pure toutefois, qui ne prépa re ni ls, ni remor is, etqu'on peut avouer toujours, habituée qu'elle est à ne se loger que dans une belle ame. Ce FOELIX FIN DE L'HORTICULTURE DE TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS LES FLEURS ANIMEES. Monologue, par Alp. Karr La Fée aux Fleurs. . Bleuet et Goquelicot. > Lis. se La Fleur préférée. | Pensée, . . . Langage des Fleurs. Horloge de Flore Semaine de Flore, . drier de Flore. Tulipe. . ree A Les Fleurs de Nuit Narcisse. . . . La première Fleu Violette. . . La Fleur d’Oubli. | Nénuphar. 2 . : Les Fleurs du Bal Myrte et Laurie Marguerite mellia. . . Immorteile. + L'Acacia et la Vague. Ciguë... . Le Saule- Pleureur. La Mode des L'Aubépin Soleil et € e A Eglantine . Pac Chardon.. : : | Fleur d'Oranger. : Capucine. , Prime Pois de Senteur. Cactus... Pervenche. : lia. > itive. o. ur de Pêcher Aubépine et le Sé Vigne. © Les Bouquets. . Myosotis. Les Parfums Scabieuse et Souci. Flèche d'Eau. Le Ee ee Analogie des Fleurs, a Fleur Blessée. . Couronnes et le Le Jasmin, + + Les fleurs changé es Fleurs politiq Le nom des Fle Giroflée s en bête evère Le Liseron des Champ La Traite des Fleurs. - Les Fleurs Perdues. s Guirlandes. pages. 215 217 Thé et Café. . s La Musique des Fleurs Lilas. Fe Tubéreuse et Jonquille. Blenet et Coquelicot Lis. E Pensée. E, Tabac Tulipe. Rose. . . Narcisse. | Violette Nénuphar. . . © Laurier et Myrte. Camellia. Immortelle. Chèvre-feuille. Belle-de-Nuit OBillet. . . tigué.. Le SIRE cs Ment Fleur du Grenadie Da lantine. Chardon. . . : leur d’Oranger- + La pervenche desséchée DES MATIÈRES. 87 Le Bal des Fleu 89 | Erratum Sine 91 | Botanique des Dames. 93 | Horticulture des D RELIEUR Capueine. . Guimauve. Primevère, Per Pois de Senteur Cactus. Dahlia, . Seusitive. : Fleur de Pech Aubépine. Vigo Myo Jasmin Scabieuse et Sou La traite des Fleurs Flèche d'Eau. . . . Hortensia, Couronne Imperia rveine í roflee Thé et Café use et Jonquille | des Fleurs. tour des Fleurs. > tum. à la page 2 de Introduction de la Botanique. Les planches 4-2 de Botanique élémentaire à la fin de la Botanique des Dames.