BULLETINS L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. Li Lu mire re aa ir bnp dt E BULLETINS L'ACADÉMIE ROYALE SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. TRENTE-TROISIÈME ANNÉE. — 2e SÉR., T. XVIII. $ Mo. Bot. Garden, i 1896. BRUXELLES., M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. 1864. a air te canon da ti à à jones de dé in Eh fées BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1864. — N° 7 CLASSE DES SCIENCES. Séance du 2 juillet 1864. M. ScHaar, président de l’Académie. A. AD. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d’Halloy, Wesmael, Kickx, Stas, De Koninck, Van Beneden, A. De Vaux, Nyst, Gluge, Nerenburger, Liagre, Duprez, Brasseur, Dewalque, Ernest Quetelet, membres; Spring, associé; Donny, Mon- tigny, correspondants. M. Éd. Fétis, membre de la classe des beaux-arts, assiste à la séance. Qme SÉRIE, TOME XVII. : + (2) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur fait connaître qu’un crédit de trois mille francs a été accordé par le Gouvernement, pour mettre l’Académie à même d'augmenter les prix des principales questions inscrites au programme du concours annuel. — L'Académie royale des sciences de Madrid remercie l’Académie pour l'envoi de ses dernières publications. _ — M. Élie de Beaumont, secrétaire perpétuel de l’ Aca- démie des sciences de Paris et associé de l’Académie belge, fait hommage de deux brochures contenant les Données numériques qui fixent cent tcinquante-neuf cercles du réseau pentagonal. — Remerciments. — La classe recoit les ouvrages manuscrits suivants : 4° Monographie des Spénophyllum d'Europe, par MM. Eug. Coemans, correspondant de l’Académie, et J.-J. Kickx, docteur en sciences naturelles. (Commis- saires : MM. Spring et De Koninck.) 2 Mémoires sur les vibrations des fils de verre attachés par une de leurs extrémités à un corps vibrant et libres à l'autre, par M. H. Valérius, professeur à l’université de Gand. (Commissaires : MM. Melsens et Duprez.) 3° Sur quelques effets curieux des forces moléculaires des liquides, par M. J. Van der Mensbrugghe, répétiteur à l'École du génie civil, à Gand, (Commissaires : MM. Pla- teau et Duprez.) ` C 4 Note sur le dosage des minerais de zine, par M. L. Mathelin, élève à l'École spéciale des arts et manufactures, à Gand. (Commissaires : MM. Stas et Melsens.) RAPPORTS. Élatérides nouveaux, par M. Candèze. Rappori de M. €. Wesmael. « Sous le titre de Monographie des Élatérides, notre confrère, M. Candèze, a publié, dans les Mémoires de la Société royale des sciences de Liége, un des travaux ento- mologiques les plus importants de notre époque et qui ne comprend pas moins de quatre gros volumes in-8°, accom- pagnés de planches très-nombreuses. Non-seulement notre confrère n’a pas reculé devant les difficultés d’une entre- prise aussi ardue, mais, grâce à son infatigable persévé- rance, il lui a suffi pour l’accomplir d’un espace de six ans, savoir de mai 1857 à mai 1863. On sait qu'il est dans la nature de ces sortes de travaux de n'être jamais finis. Aussi, à peine M. Candèze avait-il publié son quatrième volume, que l'abondance de maté- riaux nouveaux, recueillis dans les contrées les plus diver- ses et récemment parvenus en Europe, Fa obligé de se préparer à la publication d’un volume supplémentaire. Cest en quelque sorte la quintessence de ce futur volume dont M. Candèze présente à la classe des sciences le manuscrit, sous le titre de : Élatérides nouveaux. Ily a ME résumé les noms, les diagnoses spécifiques et l'habitat de cent soixante-cinq espèces inédites. Pour le moment, ce qui importe surtout à l’auteur, c’est de consacrer ses droits de priorité au moyen d’une publi- cation aussi prompte que possible. J'ai donc l'honneur de proposer l'impression de son œuvre dans les recueils de PAcadémie. » Rapport de M, de Selys-Longchambps. « Comme le dit notre honorable confrère M. Wesmael, il importe à l’auteur du mémoire sur les Élatérides nou- veaux de publier de suite ses nouvelles découvertes, afin de consacrer ses droits de priorité. J'ajoute que la même célérité dans la publication importe encore davantage aux savants, et voici pourquoi. Les quatre volumes publiés à Liége, de 1857 à 1863, ont refondu complétement et considérablement augmenté ce que l’on connaissait de la famille des Élatérides. Le public entomologique leur a fait un accueil qui prouve leur grand mérite, et l’on peut affirmer que maintenant on s'occupe dans les grandes collections et dans les musées publics à appliquer et à vérifier le travail de M. Candèze. Dans ces circonstances, l’Académie rendra un service si- gnalé en mettant les entomologistes à même de profiter immédiatement des importantes additions qui nous sont présentées aujourd’hui. C’est dire que j’adhère, avec empressement, aux con- clusions formulées par mon honorable ami monsieur Wes- mael. » Conformément aux propositions des commissaires, la aiii iie i i a aaa aaa aaa aa aa a E E E ET A EN NEE E E SE E ENST Shi de aaa aa a aa a a a (5) classe vote l'impression du mémoire de M. paaa dans le recueil in-octavo de ses Mémoires. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur des échantillons de phosphate de chaux; par M. d’Oma- lius d’Halloy, membre de l’Académie. Jai honneur de présenter à la classe, de la part de M. Dor, directeur des mines et usines de M. de Lamine, à Ampsin, près de Huy, des échantillons de phosphate de chaux que M. Dor a découvert dans la commune de Ra- melot en Condroz. Les analyses que M. Dor a faites de cette substance lui ont donné en moyenne les résultats suivants : Phosphate dè CRUE... 5 + UN CDODAIE dè CHARS ioo Cane o o .: o O Fravrure de alduni. > oorr a Oo PErOrydc de RF re T NSSE Argile et sable Sie o 00969 Perte (eau, chlore, matière organique. . . . . 0.041 | 41.0000 Elle est en fragments ordinairement anguleux, quel- quefois mamelonnés, à texture compacte ou feuilletée, parfois bréchiforme et renfermant alors des fragments de quartz. Sa couleur dominante est le blanc-jaunâtre et elle. se trouve engagée dans de l'argile jaunâtre qui renferme aussi de la limonite et des fragments quartzeux. (6) z M. Dor à joint à sa communication deux coupes qui représentent le gisement de cette substance, et qui me pa- raissent annoncer qu’elle appartient aux dépôts de sable et d'argile qui sont si communs dans nos terrains anciens. J'ai souvent eu l’occasion de faire connaitre que je con- sidère ces dépôts comme de puissants filons. Or, l’une des coupes de M. Dor vient à l'appui de cette manière de voir , car elle présente une disposition que j'ai déjà invoquée pour soutenir que la forme de couches que prennent quelquefois ces sables et ces argiles n’est pas un motif pour rejeter l'opinion que ces matières sont arrivées au jour par voie d’éjaculation , attendu qu’elle semble indi- quer que le phosphate, après avoir rempli la cavité où se trouve la masse principale, s’est étendu horizontalement en dehors de cette cavité. on e Je ferai remarquer aussi que la découverte de M. Dor vient à l'appui d’une opinion que Dumont avait émise dans ses dernières publications, c’est-à-dire que ces filons, ou du moins une partie d’entre eux, appartiennent à la période crétacée ; car il n’est pas à ma connaissance que, dans nos contrées, on ait trouvé du phosphate de chaux ailleurs que dans le terrain crétacé. M. Dor a entrepris des expériences pour juger du mérite de ce phosphate comme amendement, et il en fera con- naître les résultats. Si le gite qu’il a découvert paraît n'être pas assez puissant pour donner lieu à une exploitation importante, son existence permet de croire qu’il y en a d’autres dans nos terrains anciens, et que les recherches que l’on fera dans cette direction amèneront des résultats avantageux pour notre agriculture. | J'ai en conséquence l'honneur de proposer à la classe de remercier M. Dor de sa communication, et d'insérer (7) ; dans le Bulletin les renseignements qui précèdent ainsi que les deux coupes mentionnées ci-dessus. -Coupe du nord-est au sud-ouest. s j A f 7 Hih RS Ge an T T PEI / 7 DIN), Terre végétāle. o m o or Sable es eus ire . 4 Argile ie Pea ` Phosphate de chaux. . . . . . . ME CU es sna aaa Schiste . (8) Note sur le gisement de la chaux SRE en os par G. Dewalque, membre de l'Académie. Je crois pouvoir ajouter quelques mots aux renseigne- ments que notre éminent collègue vient de nous fournir. On sait, depuis les travaux de Dumont, que les bandes calcaires qui se montrent au jour en plus ou moins grand nombre dans le Condroz et l’Entre-Sambre-et-Meuse, ré- sultent de plissements qui ramènent les mêmes assises plusieurs fois à la surface. Il y a cependant des exceptions à cette règle : M. J. Gosselet a fait voir que les trois bandes de calcaire carbonifère que l’on observe dans la coupe du Hoyoux, entre Barse et Modave, sont le ré- sultat de deux failles parallèles àla direction des couches, qui mettent en contact le calcaire carbonifère supérieur et les schistes de Famenne. La direction de ces failles est d'environ soixante degrés, en comptant du nord vers lest : comme celle des failles métallifères de notre pays est, en général, d'environ cent soixante degrés, on pou- vait en conclure que l’époque de leur formation était diffé- rente. En effet, les dislocations du Hoyoux semblent con- temporaines du: plissement de notre terrain anthraxifère , c’est-à-dire de la fin de la période carbonifère, tandis que j'ai montré que celles qui renferment nos sulfures de fer, de zinc, de plomb , avee calcaire, barytine , ete., de Couvin à la frontière prussienne, semblent se rapporter par leur direction au système du Mont-Viso, et datent, par consé- quent, de la fin du terrain crétacé inferi, ce que cs, firment d’autres considérations. De cette différence d’âge, on pouvait conclure à des différences probables dans le remplissage; c'est ce qu’on (9) _ vient de vérifier. Des recherches effectuées sur l’une de ces failles du Hoyoux ont donné lieu à la découverte d’un gite à Ramelot: on y a mis au jour, sur plus de deux cent cinquante mètres, un amas de contact formé d’argiles ferrugineuses très-pauvres en minerai de fer, mais on y a trouvé, en outre , une substance inconnue jusqu’à présent dans notre pays, la chaux phosphatée, apatite ou phos- phorite. Jusqu’à présent, cette substance, qui serait si utile à notre agriculture, ne parait pas assez abondante pour être exploitée avec bénéfice; de nouvelles recherches ne tarde- ront pas à nous éclairer sur ce point. En attendant, je puis dire ici que j'ai constaté la présence d’une faible propor- tion de phosphate de chaux dans les concrétions argilo- calcaires de nos marnes herviennes à gyrolithes. ` Sur la présence du mercure dans les minerais de zinc. On à trouvé, il y a déjà quelque temps, une quantité assez forte de mercure à l’état métallique dans les canaux de condensation des fours à plomb de Corphalie. On avait recu de Santander un minerai mixte, mélange de cala- mines et de blende et galène; ce minerai, passé à la prépa- ration mécanique, fut classé en minerai de zine et galène, et celle-ci fut traitée au demi- haut fourneau en même temps qu’une forte proportion de galènes et de céruses du pays. Le mercure se trouva dans les canaux de condensa- tion, immédiatement sous les fours. Je mai pu obtenir au- cun renseignement sur ce qui pourrait se trouver plus loin dans ces canaux. Un de mes anciens élèves, M. Würth , ingénieur, a eu l’obligeance de me communiquer un fragment de ce mine- (10) rai d’Espagne, dans lequel il avait remarqué des taches rouges qu'il aurait désiré soumettre à l’analyse. La pré- sence du mercure y a été constatée par M. Fr. Dewalque, répétiteur à l’école des mines de Liége. Le minerai consis- tait en un mélange intime de calamine et de smithsonite, renfermant des traces de céruse et des parties cloisonnées, rouges, qui contenaient du cinabre en même temps que de la calamine. Nouvelle méthode de mesure de l'indice de réfraction des liquides; par M. Montigny, correspondant de Académie. L'action des gaz et des liquides sur la lumière qui les traverse ne dépendant que de la nature de la substance, puisque l'influence de la structure se trouve éliminée dans l'état fluide, il est utile de multiplier les moyens d’observa- tion qui permettent d'étudier, dans diverses circonstances, le mode d’action de la matière liquide ou gazeuse sur la lumière. C’est dans ce but que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie l'exposé d’une méthode propre à mesurer la réfraction des liquides, que j'ai tout lieu de croire nouvelle. procédé présente d’abord l’avantage de laisser éma- ner le rayon lumineux dans lair à la surface libre du li- quide, c’est-à-dire sans que ce rayon traverse forcément les parois latérales transparentes du vase contenant le liquide, comme cela a lieu dans la méthode ordinaire du prisme-flacon employé d’abord par M. Biot{'}, ainsi que dans le procédé du réfractomètre de MM. F. Bernard el. Pichot, qui est fondé sur le dame = du deplandiiene | C) Traité de physique de ; Bot, t IH, p. 220. a “4e is. à ERIT PATER E S E ALOS EEA EEE EN E ENN A E (44) latéral. Or, on sait combien il est difficile de se procurer les glaces à faces parfaitement parallèles, qui sont nécessaires dans l’un et l’autre procédé. A la vérité, quand le défaut de parallélisme existe, on fait subir aux résultats des correc- tions déterminées à l’avance ; mais elles ne sont pas à l'abri de certains doutes dans le cas, par exemple, où le liquide et le vase sont soumis à des variations de température marquées. A cette considération j'ajouterai, dès maintenant, qu'il n’est point tout à fait impossible que l’action exercée sur le rayon lumineux par les couches liquides très-voisines de la surface d’émergence ne soit, à la rigueur, sensiblement différente , selon que ces couches sont entièrement libres ou qu'elles sont en contact avec un autre milieu, tel que le verre, qui exerce sur elles des actions capillaires. La méthode que je propose, et qui se partage en deux procédés distincts, a pour point de départ le phénomène connu du déplacement apparent qu'éprouve limage d’un corps immergé au sein d’un liquide transparent, quand les rayons lumineux , arrivant à l’œil, sont sortis oblique- ment de la surface horizontale du liquide. Voici la pre- mière manière de procéder : concevons que nous ayons placé au fond d’un vase vide, dans une position parfaite- ment horizontale, une petite règle de verre R (fig. 1) sur laquelle se trouve tracée une droite divisée en millimètres. Plaçons dans le plan vertical passant par cette ligne, plan qui est aussi celui de la figure, un cercle gradué muni d’une lunette avec réticule, un cercle zénithal, par exem- ple. Réglons comme d'ordinaire, la position de linstru- ment, puis inelinons la lunette sous un angle + mesuré à partir.de la verticale CP du centre du cercle, de manière à viser exactement au point de croisement ou centre du (123): réticule de la lunette, une division quelconque A tracée sur la règle posée au fond du vase vide. Si nous versons doucement alors le liquide dans celui-ci jusqu'à une cer- taine hauteur au-dessus de la règle, de manière à ne point la déplacer, il est évident que l’œil ne verra plus au centre du réticule, resté invariable , la division A de la règle, mais bien une division A’ qui sera plus rapprochée de la verti- cale du cercle gradué. Notons que, pendant cette expé- rience, l'angle d’inclinaison «æ de la lunette, qui est aussi l'angle d’émergence du rayon oC, n’a nullement varié. Si nous connaissions l’angle de réfraction æ’, la valeur de l'indice n serait déterminée par la relation n — S . à il est aisé d’effectuer cette détermination si l’on remarque que nous avons successivement : ; A'm Am — AA’ Am tang a = — = — , et tanga— — - om om om Désignons par d le déplacement apparent AA’, et par e l'épaisseur de la couche liquide au-dessous de la lame; nous aurons finalement : Goo ang v = anga — À : Nous obtiendrons lexpression immédiate de Pindice n = fonction des grandeurs z, d,.e, en multipliant par T © le dénominateur de la formule n — avoir d’abord : de façon à sin æ’ ? Sin x ; n = SECA, t r puisfinalement , au moyen de Fexpression (1) : | n j (2) n= R . ba anga — ©) EE (15) Quant à la puissance réfractive du liquide, elle a pour valeur : Il est à remarquer, pour la facilité des calculs au moyen de ces deux expressions, que sin æ et tang « conserveront des valeurs constantes dans une série d’expériences sur un même liquide , lorsque inclinaison æ de la lunette res- tera invariable (”). Pour procéder expérimentalement, on place la règle divisée dans une cuvette vide, non sur le fond horizontal de celle-ci, car elle y serait exposée aux dérangements acci- dentels de ce fond , mais sur un étrier angulaire abc, Sou- tenu par un support extérieur À , et qui maintient la règle à une certaine distance du fond de la cuvette, comme le montre la fig. 2. L'étrier abc est formé d’un fil métallique, ou mieux , d’un tube de verre contourné, pour le soustraire à toute action chimique de la part du liquide. Le sommet b de langle s'articule avec la tête du support. A la bran- che be est adaptée une petite vis qui pénètre dans un écrou fixé en saillie sur le support; elle sert à imprimer un (*) Le parallélisme de la surface liquide BE et de la règle R supposée parfaitement ho: horizontale, établit un rapprochement entre le procédé dé- crit et la méthode du réfractomètre, où le milieu liquide est ù deux plans parallèles. La valeur de l'indice est déterminée dans cette mé- thode au moyen “à - EE re d'être E ramenée à la forme (2), térieur et com- paré à d du procédé actuel, équivaut à d cos œ, si l'épaisseur du ps rer est aussi e, et l'angle d'émergence du rayon lumineux, &. Le déplace- ment apparent prend ainsi une valeur moindre dans cette méthode _. celui d mesuré sur la règle immergée au sein du a [i c$ # À (14) mouvement lent à l’étrier autour de larticulation b, afin d'amener la règle divisée dans une position parfaitement horizontale, À cet effet, on place sur celle-ci un niveau à bulle d’air que trois tubes de verre déliés, formant pieds, soutiennent sur la règle au-dessus du liquide, comme la figure l'indique. L'extrémité supérieure du tube z est en- chässée, non dans le patin du niveau, mais dans une vis en cuivre formant prolongement du tube et qui taraude ce patin. Cette vis sert à régler à l'avance l'horizontalité du niveau, par la méthode ordinaire du retournement bout pour bout. Il conviendra de laisser le niveau reposer sur la règle divisée pendant certaines expériences, où elle serait exposée à être déviée de lhorizontalité absolue. Le cercle divisé et sa lunette seront placés, comme on l'a vu, dans le plan vertical passant par la ligne de divi- sion de la règle, de manière à être éloigné de celle-ci à une distance qui soit en rapport avec la longueur focale de la lunette. Ainsi que dans toute mesure de réfraction, il convient de se servir d’un instrument qui permette de déterminer langle au moins à une minute près. Si Pon a à sa disposition un cercle zénithal répétiteur, on détermi- nera langle z avec un grand degré d’exactitude par le procédé de la répétition, en prenant la division A pour point de départ. L'épaisseur e de la couche liquide au-dessus de la règle divisée se mesure avec une grande exactitude au moyen d’un cathétomètre, sous la lunette duquel on a vissé ver- ` ticalement une sont effilée, plongeante, de métal ou mieux en verre. La distance des deux positions que la lu- nette occupe sur la colonne verticale de l'instrument, ~ quand la pointe de la tige affleure d’abord la surface du liquide dans la cuvette sans action capillaire, puis la face ( 15 ) supérieure de la règle est précisément l’épaisseur e de la couche liquide au-dessus de celle-ci. Si, pour opérer avec plus d’'exactitude, la règle portait des divisées très-serrées et tracées à moins de un milli- mètre de distancë, la lecture en deviendrait difficile sous une grande obliquité de la lunette. Cet inconvénient sera facilement évité en s’arrangeant de façon que, non-seu- lement la division À qui se voit à vide, mais la division quelconque A’ que l’on verra par réfraction, apparaisse exactement au centre du réticule lorsque le liquide est placé dans la cuvette : alors la distance des divisions A , A’ ou d, sera exactement estimée par un nombre entier de millimètres. On établira aisément la coïncidence avec la division A’ par l'addition ou par la soustraction d’une petite quantité de liquide, avant de mesurer l’épaisseur e, et mieux encore en faisant immerger plus ou moins dans le liquide un cylindre de verre, par exemple. Le choix de la grandeur à donner à l'angle d’inclinaison æ ne doit-il point se porter, peut-on se demander, sur une certaine valeur qui réduise à sa moindre influencé toute erreur commise sur la lecture de l'angle x ou des mesures linéaires d et e? Le calcul prouve que, dans l’un et l’autre cas, le rapport entre l'erreur qui en résulterait pour n?— 4, et l'erreur d'observation, est d'autant moindre que l’angle « est plus grand. La difficulté de lire les divisions de l'échelle sous une trop grande obliquité doit limiter la grandeur de l'angle + entre 40° et 60°, afin d'éviter cette autre cause d'erreur dans l’estimation de d. Le second procédé de mesure de l'indice d’un milieu liquide est plus simple que le précédent, parce qu’il dis- pense de placer une règle divisée dans le vase au sein de ce milieu, comme on va le voir. (16) Avant de verser le liquide, laissons descendre dans le vase qui le contiendra, la tige verticale adaptée sous la lunette du cathétomètre, en abaissant l'équipage mobile, - portant le tout, le long de la colonne graduée de l'instru- ment, que nous supposons d’ailleurs bien réglé dans sa po- sition. Limitons cette descente au moment où l’image de la pointe de la tige coïncidera avec le centre du réticule dans la lunette du cercle gradué, qui sera inclinée sous un angle quelconque +, comme précédemment. Soit a (fig:5) le lieu où se trouve alors, à une certaine distance du fond du vase, la pointe sur la direction aoC de Faxe de la lu- nette inclinée. Si nous versons ensuite le liquide dans le vase jusqu’à ce que son niveau soit à plusieurs millimètres _ au-dessus de la pointe, l’image de celle-ci ne coïncidera plus avec le centre du réticule de la lunette, à cause de l'effet de réfraetion que produit le Hquide sur tout rayon lumineux qui émane de la pointe, et se présente oblique- ment à la surface d’émergence du liquide. Nous rétablirons la coïncidence apparente du centre du réticule avéc l'image, en faisant descendre la pointe suivant la verticale de sa position première a, au moyen de léquipage mobile du cathétomètre. La nouvelle coïncidence se présentera quand. la pointe atteindra la position a’, pour laquelle le rayon lu- mineux émanant de ce lieu noilers, au dehors du liquide, avec le prolongement Co de l’axe de la lunette, en suivant la direction brisée a’oC sur tout son parcours. Il est aisé de déterminer la valeur n de l'indice en fonc- tion de l'angle d'émergence « et des quantités ca, ca’, dont la pointe se trouve enfoncée sous le niveau BE da liquide: _ lors des deux coïncidences successives en a et a’. En effet, si « désigne langle de réfraction, nous avons : ca : Ca’ : : cotang z : cotang x’. A Le N (-47 ) De cette proportion et de la relation connue n = nous déduisons : ca” . COS x MT ca . cosa Désignons respectivement par e et e' les distances ca et ca’; élevons au carré l’équation précédente, „puis rempla- çons cos” x par t — sin* x et cos*« par 1 — dE = tiendrons : , nous ob- ` e? sin? a + e° cos? a n° = 3 et finalement : ge” (5) n= \/ sinta + Loose. e Quant à la puissance réfractive , elle a pour expression : . . ao | (4) ` nè — 4 = eosta S — Si les observations sont electées sous un angle de 45°, His À F Ki zi LL, e? + e t eè n = 0,70711 X : et e : + Résumons, sous le rapport des mesures cathétométri- ques, la marche à suivre dans ce second procédé. Après avoir réglé la position du cercle gradué et du cathéto- mètre, on note d’abord exactement le point qu’occupe, sur la colonne divisée du dernier, l'équipage mobile por- tant la tige quand l’image de sa pointe, abaissée dans le vase vide , coïncide avec le centre du réticule de la lunette 2° SÉRIE, TOME XVIII. (18) du cercle. On verse ensuite le liquide; la coïncidence pré- cédente n’existant plus, on la rétablit en abaissant la pointe au sein du liquide au moyen du mouvement de des- cente de l'équipage : on note alors soigneusement cette seconde position. On finit Popération en relevant l’équi- page jusqu’au moment où la pointe de la tige, étant dé- gagée de toute action capillaire de la part du liquide, affleure exactement sa surface. Les distances des deux premières positions de l'équipage à ce troisième arrêt in- diquent exactement les valeurs respectives e et e’. Il est entendu que dans les deux premières positions , la pointe doit rester d’une manière absolue sur la même verticale. Le calcul indique qu’une erreur commise sur la lecture de langle æ a d'autant moins d'influence sur la valeur de n° — 1, dans ce second procédé, que l'angle « est plus petit, et qu'au contraire plus l'angle + est grand, moins la détermination de n? — 1 serait affectée par une erreur de lecture commise à l'égard de e ou de €’. Il convient donc d’opérer en inclinant la lunette sous des angles com- pris entre 40° et 60° (°). Si nous comparons ensemble les deux procédés décrits, le second semble préférable à cause de sa plus grande sim- plicité; puisque, en outre du cercle divisé et du cathéto- A T a a €) On doit se demander si, pour des angles d’émergence aussi grands, en ns » à é de perception soit des divisions tra- cées sur la règle horizontale dans le premier procédé, ou de Ta pointe de la tige dans le second , quapd elles sont recouvertes de liquide, Dans les EESE EREN DE angle de 50°, sur T'éther et le sulfure de sion ni autour de a pointe quoique za Iana de do I jouissent d'un grand pouvoir dispersif. : (19) mètre nécessaires dans les deux procédés, le premier exige qu’une règle divisée soit suspendue horizontalement sur un appareil spécial, au sein du liquide. Chacune des deux méthodes jouit de l'avantage précies de permettre les déterminations de la réfraction du liquide, dans les mêmes conditions, en nombre illimité, soit que l’on fasse varier successivement l'épaisseur de la couche liquide, soit que l’on modifie la grandeur de l'angle d’émer- gence +, d’une série d'expériences à l’autre , avec la même substance. Je citerai les résultats suivants que j'ai obtenus en moyenne pour l’eau distillée ,en opérant sous des angles de 50° et de 60°, afin de montrer que ces résultats, par leur rapprochement des valeurs déjà connues pour la réfraction de l’eau, deviennent des épreuves de contrôle entre les deux méthodes et par rapport aux autres procédés, eu égard toutefois aux conditions défavorables dans lesquelles les valeurs suivantes ont été déterminées. VALEUR GRANDEUR DE L'INDICE DE RÉFRACTION DE L'EAU DISTILLÉE OBTENUE PAR ` de l'angle d’'émergence. Le ous À TG DOn à Lee ON 1,334872 1,334950 à 1,336010 1,336104 Les résultats figurant à la première ligne ont été obte- nus moyennement à 47°,55 de température de l’eau. Dans les deux séries d'expériences, sous l’angle 50°, la tempé- rature du liquide est sensiblement restée à 16°,70. Ces résultats concordent sensiblement entre eux et ( 20 ) s’écartent peu, leur moyenne 1,335483 surtout, de l'indice caractéristique de la raie E, qui est égal à 1,335851 , à | 18°,75, d’après Frauenhoffer. Cette raie est placée à la limite du jaune et du vert. Si la concordance entre ces résultats, supposés obtenus à la même température, avait été parfaite, ils eussent représenté l'indice moyen de l’eau, puisqu'ils ont été déterminés sans effet de dispersion appa- rent par ce liquide. Mais ces valeurs présentent de petites différences; elles nécessitent ici des explications qui sont appelées à justifier entièrement l'emploi des méthodes proposées. ; La cause principale de ces écarts dérive incontestable- ment des défectuosités qui sont inhérentes à l'instrument que j'ai employé comme cathétomètre. Il importe de re- marquer d’abord que les valeurs de e et e’ doivent être relevées avec une grande précision, et qu’il faut éviter les erreurs plus encore à leur égard qu’à celui de l'angle. En effet, si nous supposons cet angle bien déterminé, et qu'il reste constant pendant une série d'observations sur le même liquide, les quantités e et e’, qui figurent à la seconde puissance dans les formules citées, seront seules variables. Si la mesure de l’une ou de loutes deux est en- tachée d'erreur, les valeurs de n seront sensiblement dis- cordantes, malgré l'exactitude de la mesure de l’angle x, pendant la même série d'expériences. Ajoutons que les résultats déduits de la seconde méthode, seront plus exposés à être affectés par des défauts de graduation du ment; tandis que dans la première méthode, la mesure de e dépend de deux positions seulement de l'équipage, et que la (21) détermination de d est tout à fait indépendante de l'exac- ütude du cathétomètre, ainsi qu’on l’a vu plus haut. Ces indications générales nous montrent combien il est nécessaire que les mesures cathétométriques soient prises avec précision. Or, il ne wa pas été possible de satisfaire à cette condition, car l'instrument dont je me suis servi, en guise de cathétomètre, est un appareil de petite dimension, qui ne présente point toutes les garanties de précision voulue, comme je lai constaté, entre autres, à l'égard de la graduation de son vernier. En présence de ces conditions défavorables, je me crois en droit attribuer les écarts entre les résultats eités à ces vices de construction, et nul- lement à un défaut dépendant des méthodes proposées. Je suis persuadé que mes résultats eussent été en parfaite concordance sans cette privation d’un instrument conve- nable, qui a été cause, en partie, du retard que j'ai mis à publier des méthodes inventées depuis quelques années. Nul doute pour moi, que cette prévision de concordance parfaite ne se vérifie à l'égard d’un observateur qui opérera avec un bon cathétomètre, et en prenant les précautions convenables. . Quant à à l'instrument à l’aide duquel j'ai mesuré l'angle ‘émergence, Cest un excellent théodolite qui fait con- naître tes angles verticaux à 30” près et qui avait été rec- tifié; on ne peut donc lui attribuer les écarts signalés, quoiqu’ils soient un peu plus prononcés entre les mesures prises sous des angles différents qu'entre les valeurs obte- nues avec le même angle (*). (*) Il est important de faire remarquer ici qu’il est possible de calculer exactement, au moyen des observations sur la réfraction da liquide elles- mêmes, l'erreur constante æ qui, par défaut de réglage parfait du cerele (22) - Malgré les précautions sur lesquelles je viens de m'éten- dre, les procédés décrits sont susceptibles d’une plus grande exactitude, me paraît-il, que la méthode de mesure de la réfraction des liquides dite du prisme-flacon, dans laquelle il faut mesurer deux angles, d’abord celui au sommet du prisme, puis l’angle de déviation minimum pendant l'observation. Or, les instruments tels que le go- niomètre de M. Babinet, employés à cet usage, ne donnent le plus souvent les angles qu’à une minute près. Dans les procédés décrits , il n’y a qu’une seule mesure angulaire à prendre, et l'exactitude de sa détermination peut être mesurant les RE d'émergence, afecterait la grandeur, de çoux-ei dans le second procéd aient été prises exactement à l’aide d’un bon cathétomètre. Soit « l'angle fautif qui, avec les mesures diidak € exactes e, e', doit servir à calculer la réfraction du liquide; si l'on connaissait l’er- reur Constante x résultant du défaut de réglage du cercle, la puissance réfractive serait calculée au moyen x Es famy (3, qui est propre. à = seconde méthode , et nous auri la valeur absolue du signe de x : €? — e? re A e hcorvation opérée a même liquide, sous un autre ongle e entaché de la même erreur T, et à laquelle Correspondraient les (25 ) poussée aussi loin que possible avec un cercle vertical ré- pétiteur , comme je l'ai dit plus haut. De plus, la réfraction s’effectuant à la surface libre du liquide, il n’y a aucune cor- rection variable à introduire dans les résultats obtenus, par suite du défaut d'égalité d'épaisseur des lames de verre, ou du non-parallélisme parfait entre les glaces qui limitent un milieu à faces parallèles. Rappelons encore que le nombre de déterminations de l'indice du liquide, dans de mêmes conditions, étant illi- mité, selon que l’on fait varier successivement l'angle « ou l'épaisseur e, les résultats particuliers obtenus seront sus- Si nous représentons par q le facteur e a? — a? a ge? — E ? dont la valeur numérique est exactement connue; si nous manie ensuite cos (x+x) et cos (æ' + x), nous obtiendrons aiséme cos æ — q cos tang z = — : sin æ — q sin g Selon que la valeur numérique de tang x déduite de ce calcul sera posi- tive, négative ou nulle, la correction constante æ sera additive, soustrac- tive ou tout à fait nulle. Dans ce dernier cas, les déterminations de x et de a qe xactes. i, pour plus de sûreté dans la détermination de x, on combine les élé- ments d’une pres drapiires avec au ła préire seconde, et l valeu de tang æ, € R que l'erreur g a été réellement chnslanie dans les trois Dr Dans a cas panai il tuire 3 SORTS que l'erreur a q , il en est de fau- tives, Ce calcul particulier offrira donc un moyen précieux de retrouver Forigine d'écarts sensibles entre des résultats obtenus, pour une Ga substance, Fes (24) ceptibles d’être traités par la méthode des moindres carrés, pour fixer ainsi la valeur rigoureuse du résultat final. Mais la spéculation théorique est en droit d'élever une objection contre les méthodes nouvelles, en demandant ‘à quelle couleur du spectre faudra-t-il rapporter un indice qui sera déterminé à l’aide de procédés où il ne se manifeste aucune dispersion apparente? Les avantages que je viens de faire valoir ne seraient-ils point pour ainsi dire illusoires, en présence des remarquables travaux de MM. Kirchhoff et Bunsen sur les raies du spectre , travaux qui ont accru _ limportance de ces lignes, déjà choisies antérieurement comme des points de repère auxquels il convient de rap- porter les indices des substances réfringentes? Cette objec- tion perd beaucoup de sa valeur en présence de l’artifice que M. Plateau a bien voulu m'indiquer pour résoudre la difficulté qu’il souleva lui-même, lorsque je le consultai alin de m’assurer si déjà ma première méthode n'avait pas été proposée. Le moyen très-efficace indiqué par ce savant consistera à éclairer la règle divisée, suspendue au sein du liquide, en y projetant l'une ou l’autre couleur du spectre. On conçoit en effet que, dans la première méthode, si la division A’ de la règle coïncide avec le centre du réticule quand elle est éclairée par la lumière blanche, il n’en sera plus ainsi lorsque, sans changer l'angle « ou l'épaisseur de la couche liquide, on projettera la teinte rouge ou la teinte violette du spectre sur cette division. Dans le pre- mier cas, la coincidence aura lieu en deçà de la divi- sion À’ par rapport à la division À, puisque les rayons rouges sont moins réfrangibles; et dans le second cas, la coïncidence se présentera au delà de cette division, à cause de la réfrangibilité plus grande des rayons violets. Dans l'emploi du second procédé, on aura recours à un artifice qu 2 Bull. de V'Acad Roy. ~ Tome WVUL2™ Série page (25 ) semblable, en terminant préalablement la tige du cathé- tomèlre par une pointe de porcelaine blanche, que l’on éclairera successivement avec les diverses couleurs du spec- tre, lors des expériences. Je terminerai en indiquant comme applications parti- culières des méthodes nouvelles, d’abord les recherches concernant l'influence de la température ou celle de di- verses substances mélangées sur la réfraction des liquides pris en masse; ces sujets importants ont été déjà l’objet des travaux de plusieurs savants, mais entre certaines limites qu’il sera facile de dépasser maintenant. Il devient égale- ment plus aisé de mesurer la puissance réfringente de substances, telles que la cire, les graisses, l’acide stéarique, le soufre, qui, lorsqu’elles sont amenées à l’état liquide par l’action de la chaleur, jouissent , au voisinage de leur point de fusion et sous certaines limites d'épaisseur, d’une transparence suffisante pour leur appliquer le second pro- . cédé. Si l’on se rappelle une remarque que fit Newton sur la grandeur des puissances réfrangibles du diamant et des huiles, et d’après laquelle ce grand génie soupeonna la présence d’une matière combustible dans le diamant, il west pas indifférent aux progrès de la liaison théorique à- établir entre les fluides calorifique et lumineux , de pour- suivre les recherches sur l’action exercée à l'égard de la lumière par le plus grand nombre possible des substances combustibles. Enfin, imaginons que l’on ait superposé dans un vase deux ou trois liquides qui ne se mêlent point, tels que le sulfure de carbone, l’eau et une huile ou une essence transparente et plus légère que l’eau; ces liquides consti- tueront des milieux terminés par des surfaces parfaite- ment parallèles et horizontales. Jl sera utile de reconnaitre, 19) | par Fapplication de la seconde méthode , si l'indice de ré- - fraction de deux substances liquides contiguës est alors rigoureusement égal au rapport de leurs indices absolus. Je soulève un doute, parce qu'ici les surfaces de deux de ces fluides superposés ne sont plus entièrement libres, comme elles le sont au contact de l'air; il s'exerce alors entre les couches infiniment minces, qui sont voisines des surfaces de séparation, des attractions de l’ordre des ac- tions capillaires : or malgré la non-adhérence des liquides, ces attractions ne sont plus rigoureusement les mêmes que celles qui s’exercent à la surface libre d’un des fluides. H n’est pas tout à fait impossible, me semble-t-il, que ces actions ne modifient différemment la densité des couches liquides indiquées, au point de rendre ces faibles modifi- cations sensibles à l'expérience, par leur influence sur la — Notice sur une nouvelle espèce de PEGTEN et observations sur le Pecren Duwersu; par M. H. Nyst, membre de l'Académie. Les deux espèces dont il s’agit, le Pecten Brummelii et le Pecten Duwelsii, appartiennent Pun et l'autre au crag inférieur d'Anvers. La première , qui est nouvelle , ya été découverte par M. Brummel , à qui nous la dédions, ainsi que par M. l’adjudant-major Henne, qui sait si bien mettre à profit pour la science les moments de loisir que lui laisse , son service. … Nous espérons que son zèle trouvera beaucoup d'imita- teurs, car Cest aussi être utile à sa patrie que de faire Connaitre les richesses paléontologiques et autres qwelle renferme. : (27) 1° Pecren BrumMezn Nob. Cette espèce, qui fait partie de la section des Janira Schümi (Neithea Drouët), se distingue très-facilement de ses congénères fossiles des environs d'Anvers. Elle se rap- proche par sa forme du Pecten Westendorpii et par ses autres caractères de notre P. Duwelsii, avec lesquels elle ne saurait cependant être confondue. Sa coquille est fortement inéquivalve. Sa valve inférieure est très-bombée, pourvue de quinze fortes côtes longitudinales très-saillantes et très- régulières, qui portent chacune quatre sillons fortement squamuleux; à interstices profonds et lisses, si ce n’est vers la base, où l’on voit trois stries médianes également longitudinales et finement écailleuses, comme celles du Pecten Duwelsii; mais ces écailles sont souvent tubi- formes. Au contraire, la valve supérieure est très-plate, légèrement concave vers les crochets, couverte aussi de quinze fortes côtes, qui correspondent à celles de la valve inférieure, qui sont aussi couvertes de trois ou quatre et même quelqiiólois de cinq rangées de squamules longitu- dinales et tubiformes qui sont très-régulièrement espacées; les interstices des côtes sont, comme dans l'autre valve, profonds et lisses, si ce n’est aussi vers les bords de la coquille, où l’on aperçoit trois ou quatre stries longitudi- nales et très-finement écailleuses. Les oreillettes, à peu près égales, sont pourvues de nombreuses stries, dont quelquefois alternativement une fine et une autre plus prononcée. Ce beau peigne mesure soixante et un millimètres de longueur, sur une largeur semblable, et dix-sept à dix- huit millimètres d'épaisseur. (28) 2 Pecren Duwessu Nyst. — Bulletins de l’Académie de Belgique, vol. XIL, n% 9 et 10, p. 202, I pl. Nous ne connaissions jusqu'ici que la valve supérieure de cette espèce, et notre départ d'Anvers nous avait em- pêché de continuer nos recherches dans le but de décou- vrir sa valve inférieure. C’est à l’obligeance de notre confrère, M. R que nous sommes redevable d’avoir pu combler cette lacune et heureux de lui en témoigner ici notre gratitude. La dis- semblance entre ces deux valvès est très-remarquable. L'on sait que, dans certains pecten, et surtout dans ceux du sous-genre (Janira Schümi) Neithea Drouët, les deux valves diffèrent entre elles, en ce que l’une est générale- ment très-bombée, tandis que l’autre est très-plate. C'est ainsi que les choses se présentent dans les P. Jacobaeus maximus et Ziczac parmi les espèces vivantes , et chez les P. grandis et P. complanatus, qui sont probablement les analogues fossiles de ces deux premières espèces. Mais dans d’autres, faisant partie du sous-genre Amusium. Megerle, la différence entre la valve supérieure et infé- rieure réside surtout dans leur mode de coloration; il en est ainsi dans les P. pleuronectes et Japonicus, où l’une des valves est entièrement brune et l’autre blanche, Enfin dans une troisième catégorie, la dissemblance des valves provient du mode d’ornementation. C'est dans cette dernière subdivision que doit prendre place le P. Duwelsii à côté du P. spinulosus Münst. (1), non M'Coy (2, qui est une espèce des terrains paléozoïques de (1) Goldf., bo Germ., pl. XCV, fig. 5 (1856). (2) MCoy, Syn. of Ireland, pl. XYII, fig. 1 (1844). LÉ LE (29 ) l'Irlande, qui a été désignée depuis, par d'Orbigny, sous le nom de P. subspinulosus (1), pour la différencier de celle du bassin tertiaire de Vienne. Nous avons déjà dit, en décrivant le Pecten Duwelsii, que sa valve supérieure est pourvue de douze ou treize côtes légèrement convexes et assez larges, couvertes à leur tour d’autres petites côtes longitudinales et écailleuses, etc. Dans la valve inférieure, qu’il nous reste à décrire, les côtes varient de douze à quatorze, sont moins larges, plus saillantes, plus arrondies, et entièrement dépourvues des sillons: longitudinaux et squamuleux qui caractérisent la valve supérieure. Dans les interstices des côtes, on en aperçoit une très-fine médiane, qui prend naissance vers le milieu de la coquille et se dirige vers les bords inférieurs de la valve, où elle est toujours plus prononcée. A la base des parties latérales de chaque grosse côte , une autre très- fine se dirige dans le même sens, en prenant naissance, comme la médiane, vers les deux tiers de la coquille. Ces trois fines côtes intermédiaires sont très-délicatement écail- leuses. Enfin, toute la valve est recouverte de fines stries transversales produites par les accroissements de la co- quille. L’exemplaire que nous avons sous les yeux mesure quatre-vingt-huit millimètres de longueur sur quatre- vingt-seize de largeur. Ayant pu comparer: avec notre espèce le Pecten spinu- losus Münst., que nous tenons de l’obligeance de M. Hôrnes, auteur du superbe travail sur les fossiles du bassin ter- tiaire de Vienne, et que M. d'Orbigny range parmi les fos- siles du terrain falunien B, nous avons reconnu qu’il existe (1) D'Orbigny, Prodrome de paléontologie, vol. I, p. 638 (1847). ( 30 ) de grands rapports entre ces deux peignes; cependant une taille constamment beaucoup moindre, ainsi que l'absence dans le P. spinulosus de fines côtes à la base des grosses, nous autorisent, croyons-nous, à voir au moins dans le Pecten Duwelsii une variété locale de l'espèce décrite par l’auteur allemand. ' 1 C'est dans la partie supérieure du crag noir appartenant au système diestien, et dansles travaux de l’enceinte, que le Pecten Duwelsii a été recueilli à Anvers, en compagnie d’une huître à forme gryphoïde et à valve supérieure con- cave, Que nous avons désignée dans notre collection sous le nom d’Ostrea Waelii, nom qu’elle porte aussi dans les listes de notre faune fossile qui figurent dans la septième édition de l’Abrégé de géologie de notre savant et honoré Omalius d’Hallo Sur les fouilles faites dans le Trou des Nutons, près de Furfooz; par M. Van Beneden, membre de l’Académie. La classe a demandé dernièrement au Ministre de Pin- térieur de vouloir bien mettre le docteur M. E, Du Pont à même d'explorer quelques-unes des nombreuses cavernes de la province de Namur. © ` 3 | M. le Ministre a compris toute l'importance de ces fouil- les et il a mis M. Du Pont à même de mettre la main à l’œuvre. (51) Les fouilles ont été immédiatement entreprises, et la classe apprendra sans doute avec intérêt que le résultat des premiers travaux a dépassé toute attente. M. Du Pont a commencé ses explorations parle Trou des Nutons, près de Furfooz, à deux lieues de Dinant. Cette grotte s'ouvre dans la vallée de la Lesse, à qua- rante ou cinquante mètres au-dessus de l’étiage de cette rivière. Elle est orientée S. 20° O. Le sondage a donné huit mètres de sistrnnis pour les sédiments à l'entrée, et deux mètres cinquante centimètres au fond. À peine les premiers travaux de déblai avaient-ils eu lieu et après avoir fait sauter par la mine des stalagmites et quelques blocs qui gênaient les travaux, que divers objets d’un haut intérêt paléontologique et archédogidie ont été mis au jour et faisaient espérer une abondante récolte. Sur l'invitation deM. Du Pont, je me suis rendu sur les lieux, et c’est en son nom que je viens rendre compte à la classe du résultat des premiers travaux. Nous espérons pouvoir publier plus tard en commun la description des pièces les plus importantes et obtenir la collaboration de M. Hauzeur, qui a fait faire un si grand pas à l'archéologie de la province de Namur. Nous avons déjà reconnu des débris de plus de vingt espèces d'animaux, parmi lesquels nous citerons : L'ours des cavernes, le renne, le grand cerf d'Écosse (Megaceros hibernicus), le cheval, le bœuf, un antilope , des sangliers, des chauves-souris, des Arvicola amphibia, le lièvre et quelques autres rongeurs, le renard, le putois, elis. Une grande quantité d’os d’oiseaux et de vertèbres de poissons. (32) Les os qui abondent sont ceux de renne. L'ours n'y est représenté que par quelques os dont les épiphyses sont encore distinctes. - Sous le rapport archéologique, nous citerons parmi les . objets les plus importantants : Des silex taillés, au nombre de plus de cent cinquante, la plupart sous forme de couteaux, et deux en forme de pointe de flèche; . Une pointe de lance de bronze, un grain de collier gau- lois, des médailles romaines, divers ustensiles des Francs, des monnaies, etc. : Nous n’avons trouvé ni ossements humains, ni copro- … lithes d'ours, ni mammouths, ni rhinocéros, et si l'absence … de certains objets ne présente en général qu’un médiocre | RES il n’en sera pas de même ici dans le Trou des utons, puisque cette petite grotte sera explorée j jusqu'au | fond. avec le plus grand soin. Pas un osselet, pas un caillou ne pourra échapper, et rien n’a été enlevé ni remué depuis que les silex travaillés y sont déposés. Nous pourrons, par conséquent, signaler avec une exac titude absolue non-seulement le nombre d'individus de chaque espèce, mais même les membres ou les parties du corps qui ont été introduits successivement. CLASSE DES LETTRES. = m Séance du 4 juillet 1864. M. Gacsarn , directeur. M. Ad. QuUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le baron De Gerlache, De Smet, de Ram, Roulez, Borgnet, le baron J. de Saint-Genois, De Decker, Snellaert, Haus, Bormans, Leclercq, Baguet, le baron de Witte, Arendt, Chalon, Ad. Mathieu, Thonis- sen, membres; Nolet de Drai van Steeland, associé. MM. Alvin et Éd. Fétis, membres de la classe des Mary arts, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. -— M. le Ministre de l’intérieur fait connaître qu'un crédit de trois mille francs sera accordé à l'Académie pour la mettre à même d'augmenter les prix des principales ques- tions inscrites aux programmes de ses concours. — M. le Ministre transmet aussi un arrêté royal, en date du 1° juin, qui approuve l'élection de M. Thonissen, en qualité de membre de la classe des lettres. 2e SÉRIE, TOME XVIII. 3 (54) — M. le secrétaire perpétuel présente les tomes H et IH des OEuvres de Bartholomeo Borghesi, qui ont été envoyées, par ordre de l’empereur des Français, à la bibliothèque de l’Académie. Des remerciments sont votés pour ce don, de même que pour celui des ouvrages suivants : = Œuvres de Chastellain, tome V, publiées par M. le baron Kervyn de Lettenhove; Le Sanscrit et les Études indiennes, par M. Félix Nève, correspondant de l’Aca- démie; La trahison d’Ériphyle et Médailles d Amphipolis, brochures de M. le baron de Witte. Re _ CONCOURS m E. La classe complète son programme de concours par question suivante , adoptée, dès à présent, pour le pro- gramme de l'énbiée 1866 : Déterminer l'influence que l'établissement des colonies saxonnes sur le littoral a exercée sur les mœurs et les institutions de la Flandre. Elle adopte aussi les deux questions ci- après pour les ns Cuer fondés par le baron de Stassart : PREMIÈRE QUESTION. > y Une vie de Jean-Baptiste Yan Helmont. On exige que les concurrents compulsent les docuients Gp Janus er: id) Éd Ere (5 ) concernant cet homme célèbre qui existent dans les diffé- rents dépôts littéraires du pays et de l'étranger. Le prix réservé à cette question est de six cents francs. Le terme fatal pour la remise des manuscrits est fixé au ` 1°" février 1866. Les formalités à observer par les concur- rents sont les mêmes que celles prescrites pour les concours de l’Académie. DEUXIÈME QUESTION. Faire l'histoire des rapports de droit public qui ont existé entre les provinces belges et l'empire d'Allemagne, depuis le dixième siècle jusqu'à l'incorporation de la Belgique dans la république française. Le prix institué pour cette question est de trois mille francs. Les manuscrits devront être remis avant le 4° jan- vier 1867. Les formalités à observer par les concurrents sont les mêmes que pour les concours annuels. L'auteur de cette dernière question, M. Arendt, expose les considérations suivantes qui font ressortir l'importance et l'intérêt du travail exigé des concurrents, et la classe décide , après avoir obtenu l’acquiescement de l’auteur, que ces considérations historiques séront reproduites dans lè Bulletin de la séance. afin de préciser d'avantage la portée de la question et d'indiquer la manière dont il convient qu’elle soit traitée : « Les relations de droit public qui ont existé entre les (36) provinces belges et les pays voisins, pendant le moyen 4 age et dans les temps modernes, n’ont guère attiré jus- qu'ici l'attention des historiens. Ces relations se sont dé- veloppées principalement dans deux directions, avec la ` France et avec l'Allemagne. Du côté de la France, elles consistaient surtout dans le lien féodal qui rattachait quelques-unes de nos provinces à la couronne de France et qui fut brisé pendant le règne de Charles V. Du côté de l'Allemagne, plus complexes et plus durables, elles for- ment, au seizième siècle et plus tard, une phase de l’his- toire nationale qu'il importe d’éclaireir (1). » L'histoire de ces relations présente trois époques dis- tinctes sur lesquelles devront porter les recherches des per- sonnes qui voudront répondre à la question. L'origine du lien qui rattachait nos provinces à l'Empire se trouve dans = acte de Gisilbert de Lorraine, qui plaça, en 925, son duché us l ineté de l’empereur Henri I“. Jusqu’au quin- zième siècle , les rapports engendrés par cet acte important passèrent par des phases bien diverses, d’après les vicissi= tudes politiques que la Belgique, aussi bien que l'Empire, traversèrent pendant cette période. Les droits et les obligations réciproques n'étaient pas bien déterminés et urent Souvent ou méconnus ou négligés, au point que par moment le lien pouvait paraître rompu. Cette première période féodale, servant en quelque sorte d'introduction , pourra être traitée sommairement. (1) Parmi les historiens belges qui se sont occupés de ces relations, il faut citer surtout M. Henne : Histoire du règne de Charles V en Belgi- que, t. VIU , p. 518-338, et et M. David : Vader pp. 616-619. landsche Historie, t. IX , (37) » Il n’en est pas de même de la seconde, qui comprend la première moitié du seizième siècle, pendant laquelle le lien politique entre nos territoires et l’Empire tend à se resserrer et où les droits et les devoirs réciproques qu'il avait créés furent définis et déterminés dans un acte public d’une haute importance, la convention d'Augs- bourg. » Dès 1458, Albert d'Autriche, dans le projet d’une divi- sion del’Empire en quatre cercles qu’il soumit à la diète de Nuremberg, comprit comme troisième cercle, la Hollande, la Gueldre, le pays d’Utrecht, le Brabant, et Maximi- lien, revenant à un projet conçu déjà par Charles le Téméraire , constitua, en 1512, le cercle de Bourgogne. Au début de son règne comme empereur, Charles V s’oc- cupa des rapports entre ses possessions héréditaires dans les Pays-Bas et l'Empire. Son attention et ses efforts re- doublèrent lorsque la lutte dans laquelle il se vit engagé contre François I lui eut fait sentir l’avantage et l'utilité qu'il y aurait à assurer aux Pays-Bas l'assistance et la pro- tection de l'Empire. Charles ~ persista dans ces: efforts, malgré Popp qu’ it dans les Pays-Bas, où l’on reculait devant. les charges que les rapports avec l’Empire devaient imposer aux provinces. Aux diètes de Nuremberg, en 1541 , et de Worms, en 1545, la fixation de ces charges, les titres sur lesquels elles reposaient, furent l’objet d’un long examen et de laborieuses négo- ciations, sans qu’on parvint à s'entendre. Ce n’est qu’à la diète d’Augsbourg, en 1548, que les efforts constants de l'Empereur aboutirent. La convention d’Augsbourg vint établir, sur des bases arrêtées de commun accord, les droits et les devoirs réciproques; elle régla ainsi définitivement (38 ) les relations de droit publie entre les provinces belges et l'empire d'Allemagne, » L'histoire des négociations et des actes relatifs à ces relations pendant le règne de Charles V, celle des cir- constances qui ont précédé et aecompagné la conclusion de la convention d’Augsbourg, forment la partie princi- pale de la tâche que l’Académie propose aux personnes qui désirent concourir pour le prix Stassart. Elle demande que cette histoire soit établie d’après les documents authentiques que renferment les actes des différentes _ diètes, où il fut question du règlement de ces rapports, notamment de celles de Nuremberg, de Worms, d’Augs- bourg, ainsi que d’après les nombreux et importants pa- piers, concernant ces négociations, qui se trouvent aux archives de Bruxelles, de Vienne, de Berlin (1) et dans d’autres dépôts littéraires. » La troisième période comprend l’histoire de l’exéention de la convention d’Augsbourg, ainsi que les modifications … que celle-ci subit dans quelques-unes de ses dispositions, surtout à la suite de certaines stipulations de la paix de Westphalie (2). Cette partie pourra, comme la première, être traitée sommairement, sans toutefois négliger les faits essentiels. » Dans la première partie, il sera nécessaire de com- EE be prendre parmi les provinces belges le pays de Liége, d jusqu’à l’époque où il devint tout à fait territoire de PEm- {1} Pour les documents qui existent à Berlin, voyez Ranke : Deutsche Geschichte im Zeitalter der Reformation, t, V, (2) Voyez le comte de Neny : Mémoires FRS ues e t politiques des Pays-Bas autrichiens, t. 1, p, 52. À Erat MR M de nt Te hr, dd ne ue Go de ji So pass éd OS ( 39 ) pire. Il est entendu qu'à partir du traité de Munster de ' 1648, les pays et territoires qui formèrent la république des Provinces-Unies cessent d’être compris dans les m vinces belges dont s’oceupe la question. » = COMMUNICATIONS ET LECTURES. Le droit criminel dans les livres sacrés de l'Inde ; par M. Thonissen, membre de l'Académie. Malgré les hautes et âpres montagnes qui lui servaient de barrière, l'Inde brahmanique, dès les temps les plus reculés, entretenait de fréquents rapports avec les peuples civilisés de l'Asie. Du côté de l'Occident, les Phéniciens, les Juifs, les Babyloniens et les Arabes avaient établi des communications régulières avec ses populations mari- times. Au nord, de nombreuses caravanes la mettaient en contact avec le Céleste Empire et les tribus nomades du vaste continent dont elle formait la partie méridionale, Ses propres enfants, à l’époque où le despotisme théocratique m'avait pas encore amorti leur énergie native, visitaient les rivages de l'Arabie, de l'Égypte et de l'Afrique orien- tale. La guerre elle-même, en plaçant pour ainsi dire sous ses yeux les croyances et les mœurs des nations étran- gères, était venue en aide à la propagande des idées, presque toujours inséparable du commerce. Les soldats de Sémiramis, peut-être ceux de Sésostris, et, quelques siè- (40 ) ` eles js: tard, lés armées des Perses et des Grecs, avaient envahi ses riches et mystérieuses provinces (1). Cependant c’est en vain que la science moderne, après de longues et laborieuses investigations, cherche à dé- couvrir les traces d’une influence étrangère dans le déve- loppement des institutions sociales de l'Inde brahmanique. Au moment où arrivent les temps historiques, la race arienne des vallées de l’Hindoustan s’isole et se replie en quelque sorte sur elle-même. Plein de mépris pour des étrangers, des barbares (Mlêtehas), que le législateur sacré plaçait plus bas que les chevaux dans la hiérarchie des êtres (2), l'Indien leur fournissait ses épices, ses riches tissus et ses pierres précieuses , sans daigner s’enquérir de leurs opinions sur les vastes problèmes qui touchent au gouvernement et aux destinées finales de l’homme. Tandis que, partout ailleurs, les traditions nationales se modi- (1) Les relations commerciales des Phéniciens , des Babyloniens et des Arabes avec les habitants de l’Inde ont été mises sous leur véritable jour par Heeren {Ideen tiber die Politik, rý Verkehr und den Handel der vornehmsten Völker der alten Welt; hænicier, c. 5, Babylonier, c. 2), Le même Arr prouve que a adibi eurent de bonne heure des relations avec la Chine; mais que, du côté du Nord comme du côté de l'Occident, h ne tardèrent pas à prendre un rôle pour ainsi dire passif dans le commerce extérieur fr i Inder, €. 2). Quant aux Juifs, leurs rapports avec l'Inde a rès-bien établis. David s'était emparé de deux ports sur le sin iae qui était alors l'un des centres du commerce entre l'Inde et l'Asie occidentale. Salomon équipait des navires à Hetsjon-Gueber (LIT, Rois IX, 26-28: X, 11-22. Chroniques, VII, 17, _: 18; IX, 10, 21). Les Juifs aa parfaitement tous les produits de l'Inde (voy. Genèse, XXXVII, 25. Exode, XXX, 2 IV, 14 Ezechiel | XXVII, 6, = Jérémie, VE, 20), Le Lois de Manou, 1, XH, 25. Cantique des Canl., a I (4i) fient ou še transforment au contact des autres peuples, l'Inde, malgré la sagacité merveilleuse de ses habitants, reste un monde à part. Ses institutions religieuses et so- cales, toujours fidèles à leur origine, toujours hostiles aux novateurs, triomphent des ravages du temps, des armes des conquérants et de l’action plus douce, mais souvent plus redoutable de la propagande pacifique. Pendant plu- sieurs siècles, la terre sacrée du Gange nous offre impo- sant spectacle d’une civilisation vivace, qui, repoussant avec dédain tout ce qui ne jaillit pas de son propre sein, trouve en elle-même la force de soumettre les cœurs et d’assouplir les volontés de l’une des races les plus consi- dérables de humanité (1). Il wen faudrait pas davantage pour prouver que, dans l’histoire générale du droit, la législation des vastes et po- puleuses contrées de l’inde doit occuper l’une des pre- mières places. Par quels prodiges de génie et d’adresse, par quelles merveilles d’intuition et de force, les législa- teurs des bords du Gange: réussirent-ils à imprimer à leurs œuvres cette robuste vitalité qui semblait défier les siè- cles? Comment imposèrent-ils leurs décrets à des peuples qui, aujourd'hui encore, après tant de calamités de toute nature , comptent près de cent cinquante millions d'âmes? (1) Nous ne voulons pas dire qu’aucane idée étrangère n'ait pénétré dans l'Inde brahmanique ; pour ne citer qu'un exemple ; il est certain que la littérature de la Grèce a été connue dans les contrées les plus éloignées de l'Orient , à la suite des conquêtes d'Alexandre. Nous ne voulons parler que des institutions politiques et sociales. Ici l'amour du passé fut incon- testablement le caractère distinctif de inde brahmanique. Toutes ses croyances se conservèrent, toutes ses institutions restèrent debout. (42) Quelles étaient la nature, la portée et la tendance de ces for- : mules juridiques, où tant de générations aussi nombreuses qu’intelligentes allèrent chercher la règle souveraine de leur attitude dans tous les incidents de la vie publique et de la vie privée? Ces questions seules suffiraient pour attirer l'attention sérieuse du jurisconsulte et du philo- sophe. Mais il est un autre fait essentiel qu’il importe de ne pas perdre de vue. Si l'Europe doit une grande partie de ses lumières au peuple romain, Rome de son côté re- monte à la Grèce, et la Grèce à son tour reçoit de l'Orient le germe de sa culture intellectuelle et morale. Ainsi que l'a dit Fernon, dans une phrase devenue banale à force d'être citée, « l'Asie fut le foyer d’où s’échappa la lumière » qui vint éclairer nos climats. » En étudiant les lois écloses sur les bords du Gange , on sonde en réalité l’une des sources lointaines de la civilisation européenne (1). Nous allons jeter un coup d'œil sur les règles que cette vaste et importante législation a consacrées à l’exercice du droit de punir. Sans doute, quand on recherche l’origine des institutions brahmaniques, l’étude des délits et des peines n’est pas celle qui doit figurer en première ligne ; | mais il ne faut pas en conclure que cette étude soit dé- pourvue d'importance et d'intérêt. L'histoire du droit pénal n'est pas un vain assemblage d'actions honteuses, de tableaux sanglants, de scènes terribles et dramatiques, destiné à jeter l’indignation ou la pitié dans l'àme d’un lecteur désœuvré. La civilisation de chaque âge de l’huma- ba Nous tenons à constater que, tout en admettant des rapports intel- lectuels entre l'Inde et la Grèce, nous n’entendons nullement accueillir _les exagérations de W, Jones et de ses successeurs. (45) nité se reflète fidèlement dans l’organisation de la justice criminelle; car celle-ci découle d’une loi morale, intime- ment unie aux idées religieuses et politiques dës peuples. La conciliation de l’ordre publie avec la liberté individuelle sera toujours l’un des problèmes les plus dignes des mé- ditations du jurisconsulte, du moraliste et de l’homme d’État Afin d'éviter les hypothèses et de rester, autant que possible „sur le double terrain des textes et des faits, nous prendrons pour guides les livres sacrés de l'Inde, et sur- tout ce code antique et vénérable qu’on désigne généra- lement sous la dénomination de Lois de Manou (Mänava- Dharma-Sästra). Aux yeux des habitants de l’Inde, ce code renfermait l'expression de la volonté immuable et sacrée de « l’Étre suprême, créateur du monde. » Brahmà lui-même avait composé ce livre dés le principe, et, à sa demande, Manou, «qui possédait toute la science divine,» l'avait appris par cœur pour en faire la révélation aux hommes (1). Rois et peuples, législateurs et sujets, tous de- vaient s'incliner devant ses prescriptions, parce qu’il était le régulateur suprême des actions humaines, la loi des lois, le commandement par excellence. Le législateur Vri- haspati rendait avec fidélité la croyance de ses concitoyens, quand il disait : « Manou tient le premier rang parmi les » législateurs, parce qu’il a exprimé dans son code le sens » entier du Véda. Aucun code n’est approuvé, quand il » contredit une loi promulguée par Manou (2). » (1) Lois de Manou, L. Ier, 8-15, 58; L L.U, Là (2) Cit. par Loiseleur Deslongchamps, dans ú préface de sa traduction des Lois de Man Ces lois EP réellement l'œuvre d'un législateur portant le nom (44) Le plan que nous suivrons est on ne peut plus simple. Avant d'arriver à l'indication des délits et des peines, nous examinerons , d'un côté, les idées du législateur indien sur l’origine et les limites du droit de punir, de Fautre, les principes dont il fait la base de l’organisation judiciaire. ous terminerons notre travail par un petit nombre de réflexions sur la valeur et la tendance générale de ses préceptes en matière de répression (4). _ à Ji de Manou ? Sont-elles Je produit d’une rédaction unique? $e. composent- elles de fragments écrits à des époques différentes? Quand ont-elles été promulguées pour la première fois? Ces questions, qui Enr profon- dément les e ne doivent pas être examinées ici. Nous nous bornerons à dire que Fe sore avis, datent au moins du cinquième siècle avant simsii (1) Dans le Digest oy hindu lds, Colebrooke a laissé de côté les lois criminelles de linde ancienne, parce que, destinant son livre à l'usage des populations sr , il croyait inutile de reproduire des préceptes remplacés par les coutumes des musulmans (t. Ier, préf., p. xi, édit. de Londres , 1801). Cak une détermination très-regrettable au point de vue de l'histoire du droit ; car, malgré le développement des études orientales, nous ne possédons pas encore les documents nécessaires pour faire une histoire complète du droit criminel de l'Inde. IL est vrai que, pour l'Inde ancienne, comme les Lois de Manou renferment toutes les règles fon- damentales, les autres sources ne présentent en réalité qu’une importance soi ne Le marquis de Pastoret, dans son Histoire de la législation ; M. Alb. Bu Boys, dans son Histoire du droit criminel chez les peuples anciens, et M. Loiseleur, dans son livre récent sur Les crimes et les peines dans l'antiquité et dais les temps modernes, ne se sont pas occupés de la ` législation de l'Inde, Frs i Origine et limites du droit de punir. Après le culte des dieux et le maintien inflexible de la séparation des castes, l'exercice de la justice criminelle constitue, aux yeux de Manou, l'attribut le plus noble et le plus important de la dignité royale. Chaque jour, après s'être purifié et avoir- invoqué les gardiens du monde (Lokapålas), le roi est obligé de consacrer quelques heures au châtiment des coupables. Frapper les criminels n’est s seulement accomplir une mission politique et sociale inhérente à la souveraineté : c’est faire un acte de religion qui attire sur le chef de l'État toutes les bénédictions célestes. Le roi qui réprime les méchants se sanctifie comme un brahmane qui offre un sacrifice. « Celui qui » met les gens de bien à l’abri de la crainte, dit Manou, » doit toujours être honoré; car il accomplit un sacrifice » en permanence (1). » Jamais législateur n’a fait plus énergiquement ressortir l'importance du rôle que la justice criminelle est appelée à jouer au milieu des institutions nationales. « Pour aider » le roi dans ses fonctions, dit-il, le Seigneur produisit, » dès le principe, le Génie du châtiment, protecteur de > tous les êtres, exécuteur de la justice, son propre fils, » dont essence est toute divine. C’est la crainte du chà- » timent qui permet à toutes les créatures mobiles et (1) Voy. L. VIH, st. 25, 87, 303 et 511. — Sauf indication contraire, les passages des Lois de Manou que nous avons reproduits, sont emprun- tés à la traduction de Loiseleur Deslongchamps, revue par MM. Pauthier et Brunet, . ( 46 ) empêche de s'écarter de leurs devoirs. Le châtiment est c’est un sage dispensateur de la loi... Le châtiment la justice, disent les sages... Le châtiment régit le genre humain, car un homme naturellement vertueux se trouve difficilement, C’est par la crainte du châtiment que le les barrières seraient renversées, l’univers ne serait que confusion , si le châtiment ne faisait plus son devoir. Partout où le châtiment, à la couleur noire, à l'œil rouge , vient détruire les fautes, les hommes n'éprou- vent aucune épouvante, si celui qui dirige le châtiment est doué d’un jugement sain (1). » Mais ces hyperboles orientales, qui s’écartent si consi- dérablement de nos idées modernes, ne doivent pas nous faire supposer que, dans le système pénal de Manou, le roi, ministre du Génie du châtiment, avait pour tâche prin- cipale, sinon unique, de jeter l’effroi dans l'âme de ses sujels, en frappant avec une implacable rigueur tous ceux violaient les lois de leur patrie. Loin de pousser à cet excès funeste, le législateur sacré recommande aux juges de procéder avec prudence et avec modération. Il trace des règles très-sages, dont quelques-unes, malgré les pro- grès accomplis et l’expérience acquise durant une longue série de siècles, figurent encore aujourd’hui parmi les maximes essentielles de la législation pénale. Il rappelle DR a a = 7 As jo SN este (1) L. VI, st. 14-31. ip iiles de jouir de ce qui leur est propre et qui les un roi plein d'énergie; c’est un administrateur habile; ` gouverne le genre humain, le châtiment le protége; le châtiment veille pendant que tout dort; le châtiment est : monde peut se livrer aux jouissances qui lui sont .. allouées... Toutes les classes se corrompraient, toutes A a (47) une foule de préceptes où la sagesse antique se montre dans toute la grandeur de sa simplicité native. Le roi doit s’entourer de serviteurs habiles, afin que le châtiment soit toujours imposé d’une manière équitable (1). Il doit se rappeler que, si la peine appliquée avec circonspec- tion et à propos procure le bonheur du peuple, celle qu’on inflige inconsidérément est toujours une cause d’anarchie et de ruine; car, « comme le sort de l’armée dépend de son » général, le bon ordre dépend de la juste application des » peines. » Il est obligé-de tenir compte du temps, du lieu, des facultés du coupable, des circonstances exté- rieures, du texte de la loi, de la nature du crime (2). I manque à tous ses devoirs, s’il s'écarte des règles par lesquelles il a lui-même antérieurement déterminé ce qui est légal et ce qui est illégal, « par rapport aux » choses permises et aux choses défendues (3). » Il est tenu de respecter la chose jugée. (4). I doit en général se contenter d’un châtiment peu sévère, à moins que la gravité du crime et la perversilé du coupable n’y mettent obstacle (5). Il faut surtout que l'esprit de cupidité soit (1) L. VII, st. 19 et HER (2) L: VIF, 16, et VIT, (5) L. VI}, 15. Cette ske bien comprise, renferme toute la théorie de la non-rétroactivité de la loi ċriminelle. (4) important principe, sur lequel nous reviendrons, se trouve for- mellement écrit dans le texte. L. IX, 254. (5) L. VIIL, 129, 130. Le texte suivant est l'application de cette règle : « Que la peine infligée aux femmes, aux enfants, aux fous, aux gens âgés, » aux pauvres et aux infirmes soit d'être frappés avec un fouet, une tige » de bambou, ou des cordes. (L. IX, 250.) » Il est probable qu'il s’agit ici des insensés dont la folie survient après la condamnation. On sait qu’au dernier siècle on Line encore Aes Lave qui me rh de pique les fous de cette ( 48 ) constamment éloigné de ses décisions (4). « Un châtiment » injuste, dit Manou, détruit la renommée de cette vie et » la gloire après la mort; il ferme l'accès du ciel dans » l’autre vie : c’est pourquoi le roi doit s'en garder avec » soin (2). » Mais aussi, quand le méfait est grave et la culpabilité manifeste, le souverain ne peut se dispenser de frapper le malfaiteur avec l'énergie et la rapidité requises. La justice criminelle n’est pas le produit du bon plaisir du prince; elle n’est pas une faveur, une grâce qu'il accorde à ses sujets : c’est une dette sacrée dont il est redevable à la nation qu’il gouverne, en échange des charges qu'il lui impose; c’est une sorte de tribut royal qu'il est obligé de payer à son peuple, sous peine d’être exclu des séjours célestes. Manou proclame et applique ce dernier principe avec toutes les conséquences qui en dérivent. « Un roi, dit-il, » qui laisse aller un coupable est aussi injuste que celui » qui condamne un innocent; parce que la justice consiste > à appliquer la peine conformément à la loi (3). » Jamais, 4 Soit par motif d'amitié, soit dans l'espoir d’un gain considé- rable, le prince ne doit relàcher les auteurs d’actions vio- lentes (4). H faut même qu'il prévienne les crimes et déjoue les complots des malfaiteurs, principalement des incen- diaires , des voleurs et de ceux qui commettent des actes de brigandage accompagnés de violence. La sixième partie de toutes les actions injustes est le partage du roi qui ne veille pas à la sécurité de ses sujets (5). « Un roi qui per- ——— aj) L. VIII, 45. (2) L. vii, 127. (5) L. VIN, 302, 304, 344; IX, 956 et sniv. Lab? dei Le NS D a a nÉ Gt di «és | él lidsic dé MS Les js EUR “el < EAN hé CSS (49 ) » çoit les impots sans protéger le peuple va sur-le-champ » en enfer après sa mort...., parce qu'il tire à lui les souil- > lures de la nation qu’il gouverne (1). » Au contraire, toutes les récompenses présentes et futures deviennent le partage du prince qui, plaçant l'administration de la justice au premier rang de ses devoirs, se préoccupe sans cesse des exigences, souveraines de l'équité. Son royaume pros- père « comme un arbre arrosé avec soin. » De même qu’Indra (roi du ciel) verse de l’eau en abondance, le roi remplissant scrupuleusement sa mission de juge répand sur ses peuples une pluie de bienfaits. Il recueille la sixième partie du mérite de toutes les actions vertueuses, la sixième partie des récompenses obtenues par chacun de ses sujets pour les lectures pieuses, les sacrifices, les dons offerts et les honneurs rendus aux dieux. Sa renommée s'étend au loin dans le monde, « comme une goutte d’huile de sésame » dans une onde pure (2). » (4) L. VHI, 307,308. — Voy. aussi ÍX, 255, 254. (2) L. IX, 255, 504; 1. VIH; 304, 505; LVH, 55. — Pour aider le roi ans sa double mission de répression et de protection, Manou développe tout un système d'espionnage, qui dénote une police habile et déjà très- expérimentée. Malheureusement les moyens qu'il indique ne se distinguent guère par leur moralité. Il classe les voleurs en deux classes, les voleurs pabies et les voleurs cachés. Ces derniers — « faux honnêtes gens; hom- méprisables, qui portent les insignes des gens d'honneur, » doi- vent être attirés et ensuite saisis par le roi, à l’aide de personnes sûres, déguisées et qui en apparence exercent la même profession qu'eux, ainsi que « par des espions répandus de tous côtés.» Quant aux voleurs cachés, le roi est tenu de faire surveiller avec vigilance tous les lieux qu'ils fré- quentent, pi ape les fontaines publiques , les maisons des courtisanes, les bo: teurs, les bâtiments déserts, etc. Il doit faire agir contre eux E sentinelles , les patrouilles, mais surtout les espions. Nous nous contenterons de transcrire les deux stances qui suivent : « Par le Qme SÉRIE, TOME XVIII. 4 2 Mo. Bot. Garden 1896 » (50) Cette manière de présenter la justice criminelle, d’abord comme une émanation directe de la divinité, puis comme une dette sacrée qui pèse sur le prince en échange de l’im- pôt, est assurément très-digne d'attention. Mais l’étonne- ment augmente, quand on voit le législateur sacré de l'Inde, pénétrant dans les entrailles du corps social, posséder une notion claire et distincte de la lésion que le délit cause toujours au peuple tout entier, là même où des intérêts individuels sont seuls directement blessés par l’acte imputé au coupable, Tandis que, même à Rome, malgré l’admira- ble génie de ses jurisconsultes, le délit revétait plus sou- vent un caractère privé qu’un caractère public, Manou, voyant dans tous les malfaiteurs des ennemis de la société, les frappe sans hésiter de peines complétement étrangères à toute idée de réparation individuelle. L’amende elle- même, qu’il a si fréquemment comminée pour les infrac- tions les plus diverses, ne présente jamais dans son code le caractère d’une composition pécuniaire ; elle n’a rien de commun avec le Wargelt des nations germaniques, qui joue un rôle si important dans les annales du droit crimi- nel de l’Europe; elle est payée au roi, Comme une indem- me me UN. à 00 CVS » moyen d'espions adroits, ayant été voleurs, et qui s'associent avec les » voleurs, les accom » que les espions parviennent à réunir » tous ces hommes. (L. IX, 257 et suiv.) » actionnaires chargés de diriger la police secrète. Ces fonctionnaires part. (L. XV, c. I, § 48.) RS a CS ia ( 54 ) nité partielle des frais de justice (1). On ne trouve ici aucune trace de ee droit de vengeance et de ces systèmes de rachat qu’on rencontre dans la-plupart des législations primitives. Aussi la peine réunit-elle, dans le système de Manou, toutes les qualités d’une expiation intégrale. « Les hommes, dit-il, qui ont commis des crimes, et » auxquels le roi a infligé des peines, vont droit au ciel » exempts de souillure, aussi purs que les gens qui ont » fait de bonnes actions (2). » Plusieurs auteurs ont eu tort de voir une idée exclusivement chrétienne dans ce caractère élevé de la peine, qui en fait une rédemption pour le coupable en même temps qu'un préservatif pour l’ordre social (3). Manou n’a pas seulement admis cette doctrine; égaré par ses conceptions théologiques; il en a même exagéré les conséquences au point de placer le cri- minel châtié sur la même ligne que l’homme qui, pendant toute sa carrière , s’est toujours religieusement conformé aux exigences de la justice et de l'honneur: Tout ce qui précède atteste que l’auteur du Vishnou- Pourana traçait le portrait idéal d’un roi de l’Inde, quand il s’écriait : « Le roi se conforme à la vérité dans ses » paroles; il est généreux et observateur de ses pro- > messes; il est sage, bienveillant, patient, courageux et » la terreur des méchants; il connaît ses devoirs; il recon- » nait les services; il est complaisant et s'exprime avee (1) L. VIH, 159 et 307. Seulement Manou, poussé par son désir habituel de favoriser la classe sacerdotale, engage le roi à remettre aux Brahmanes, lorsque sa fin approche, toutes les richesses qu’il a acquises à l’aide des (5) Les crimes et les peines, par Loïseleur, p. 3. (52) | » bonté; il respecte les sages; il accomplit les sacrifices; M > il vénère les Brahmanes; il chérit les hommes vertueux, » et, dans l'administration de la justice, il n’a égard m » à ses amis ni à ses ennemis (1). » EST H Principes généraux de l'organisation judiciaire. Les tribunaux chargés de l'appréciation des causes cri- minelles sont organisés de la manière la plus simple. Chaque jour le roi lui-même, accompagné de Brahma- nes et de conseillers expérimentés, se rend à la cour de | justice. Là, modeste dans ses habits, humble dans son | maintien, la main droite levée et rassemblant toute son | attention, il juge les affaires qui se présentent, après avoir rendu hommage aux gardiens du monde (Lokapälas) (2). Si le roi ne peut pas lui-même s'acquitter de cette tàche éminente, il doit se faire remplacer par un Brahmane assisté de trois assesseurs. À défaut d’un Brahmane, il a le droit de désigner un Kchâttriya (guerrier) ou même un Vâiçya (marchand); mais jamais un homme appartenant à la classe servile des Çüdras (3). Ainsi que le roi, tous ut w nues ; L. 4er, c. 45. Trad. de MM. Pauthier et Brunet (Migne, Livres ur de tous les peuples, t. H, p. 254.) (2) L. VIH, 1,2, 5, 10, 25. L'obligation de juger tous les jours, imposée- au chef de la nation, était une vieille coutume des peuples de l'Orient. L’Écriture dit de nu « Judicabat Samuel Israelem cunctis diebus vitae suae. » (1 Reg., VII, 15 +) (3) L. VIH, 20. a d'u fétrissure indélébile, d’une tache originelle ineffaçable, Çüdra ne pouvait être investi du redoutable pouvoir de PR een «1 ue le roi, PRE Qu SRE » SON roy » nonce des jug » semblable à celle d’une vache dans : un bourbier, » (L. VI, 24.) Cd SA ( 55 ) les juges sont obligés d'entendre les accusés avec bienveil- lance, et surtout avec patience; car le prince lui-même manque à son devoir, s’il ne pardonne pas aux plaideurs qui s’emportent contre lui en invectives (1). Tous aussi doivent sans cesse se rappeler les exigences inflexibles de la justice. Si le magistrat oublie cette règle fondamentale, s'il se montre disposé à commettre une iniquité, ses asses- seurs sont tenus de prendre la parole et de lui dire : « Lorsque la justice blessée par l'injustice se présente » devant le tribunal, et que les juges ne lui retirent pas » le dard, ils sont eux-mêmes blessés... La justice frappe » lorsqu'on la blesse; elle préserve lorsqu'on la protége. » Gardons-nous done de porter atteinte à la justice, de » peur que, si nous la blessons, elle ne nous punisse (2). » Ces tribunaux jugeaient d’après des règles de procédure auxquelles Manou se contente de renvoyer et qui, peut- être, ne nous seront jamais exactement connues (3). Il est une seule matière qu’il ait cru devoir lui-même régler avec une sollicitude extrême; c’est la preuve par témoins. On conçoit aisément la raison de cette exception. Dans les es reculés où vivaient les sectateurs de Brahmà aux- quels Manou destinait ses lois, l’audition des témoins était, presque toujours, le seul moyen d’arriver à la manifesta- tion de la vérité. Aussi a-t-il formulé à ce sujet tout un (1) L. VII, 512. (2) L. VIII, 12 à 15. (5) L'existence de ces règles de procédure est affirmée de la manière la plus formelle. Dans la st. 45 du L VIH, il est dit que le roi doit soigneuse- ment chercher la vérité en s’attachant aux règles de la procédure. nr loin (st. 199), Manou parle d’une « règle établie par les Grâce au développement considérable que prennent les études dim l'Europe possédera-t-elle un jour ces formulaires d’une société primitive ? (54) | ensemble de préceptes qui méritent d’être analysés avec ; soin, D'un côté, nous y rencontrons des mœurs et des usages qui remontent à la plus haute antiquité; de l'autre, ils nous font découvrir, jusque dans les formes judiciaires, le soin jaloux de maintenir cette inégalité native des quatre castes, dont les doctrines religieuses de l'Inde faisaient le fondement de la vie sociale (1). Quand les témoins sont réunis au pied du tribunal, le . juge les exhorte doucement, en disant : « Déclarez avec » franchise tout ce qui s’est passé à votre connaissance » dans cette affaire; car votre témoignage est ici requis. » Le témoin qui dit la vérité parvient aux séjours suprê- + + ty qui rend un faux témoignage tombe. dans les liens de Varouna, pendant cent transmigrations (2). L'âme (Atmà) est son propre témoin, l’âme est son propre asile; ne méprisez jamais votre âme, ce témoin par excellence des hommes! Les méchants se disent : Per- sonne ne nous voit; mais les dieux les regardent, de » même que l'esprit (Pouroucha }, qui ven en eux (3). » ss w w y w ~AR est peut-être pas inutile de rappeler ici que, dans les concep- tions | le Manou, le Brahmane était sorti de la bouche, le sat du bras, le Väiçya de la cuisse et le Çùdra du pied de Brahmâ. (L. I7, 5 2 feu A > e des e pre j TE es > punition den menk B L. VIH, 79-85. Ces discours aux témoins étaient dans les mœurs de l'Orient. Chez les Hébreux, le président du tribunal disait à chacun d'eux : + Ge ne sont point des conjectures ou ce que le bruit public t'a appris que * nous te demandons; songe qu'une grande responsabilité pèse sur 10i y Sity faisais , Son sang, même le sang dè » toute sa postérité, dont tu aurais injustement privé la terre, retomhe- mes et obtient dans ce monde la plus haute renommée, … | sa parole est honorée de Brahmà, tandis que celui M ( 55 ) Le juge, en présence des images des dieux et après s'être purifié, interpelle ensuite les témoins, à mesure qu'ils viennent faire leur déposition; mais, suivant une coutume où l'inflexible génie de l'Inde se révèle tout en- tier, son langage diffère avec la caste de l’homme à qui il adresse la parole. Il interpelle un Brahmane en lui disant : « Parle; » un Kchâttriya, en lui disant : « Déclare la » vérité; » un Väicya, en lui représentant le faux témoi- gnage comme une action aussi coupable que celle de voler des bestiaux, du grain ou de lor; un Çûdra, en assimi- lant le faux témoignage à tous les crimes, dans un long discours sacramentel dont nous transcrirons les passages qui suivent : « Les séjours de tourments réservés aux meurtriers d’un Brahmane, à l’homme qui tue une femme ou un enfant, à celui qui fait tort à son ami, à celui qui rend le mal pour le bien, sont également des- tinés au témoin qui fait une déposition fausse. Depuis ta naissance, tout le bien que tu as pu faire, ô honnête homme! sera entièrement perdu pour toi, si tu dis autre chose que la vérité... Nu et chauve, souffrant de la faim et de la soif, privé de la vue, celui qui aura porté un faux témoignage sera réduit à mendier sa nourriture dans la maison de son ennemi, La tête la première, il sera précipité dans les gouffres les plus ténébreux de - l'enfer, le scélérat qui, interrogé dans une enquête judi- claire, fait une fausse déposition. » Le discours se terminait ainsi : « Instruit de tous les crimes dont on se » rend coupable en faisant une fausse déposition, déclare MMM VV v. vy MR 4 » rait sur toi. Dieu l'en demanderait compte, comme il demanda compte » à Caïn du sang d'Abel : parle! » (Salvador, Institutions de Moïse, LIEZ : ss (56 ) » avec franchise tout, ce que tu sais, comme tu Pas vu et » entendu (1). » On avouera que cette attitude solennelle, cette purification du magistrat, cette exhibition des images des dieux, ces redoutables menaces prodiguées au témoin parjure, étaient bien propres à retenir le mensonge sur les lèvres prêtes à le proférer. Mais le législateur sacré ne s’est pas borné à prescrire ces précautions en quelque sorte préliminaires. De même que les auteurs des codes modernes, il trace des règles, en général très-sages, concernant les témoins dont la déposition ne doit pas être reçue en justice. Lorsqu'il s’agit d’un meurtre, d'événements arrivés dans une forêt ou de crimes commis dans les appartements in- térieurs d’une maison, celui, quel qu'il soit, qui a vu le fait peut être entendu comme témoin. Jl en est de même en cas de nécessité, lorsque tout autre moyen d'arriver à la manifestation de la vérité manque au procès, sauf au juge à tenir compte du plus ou moins de valeur morale du témoignage (2). Mais cette double exception doit être stric- tement circonscrite dans sa portée légale. « Dans tous les » autres cas, dit Manou, on doit choisir comme témoins » des hommes dignes de confiance, connaissant tous leurs » devoirs, exempts de cupidité, et rejeter les autres (3). » -La liste des incapacités est très-longue et se ressent par- fois des préjugés enracinés de l'Orient. Il ne faut admettre (1) Le discours à adresser au témoin Çüdra se compose de treize stan- ces, toutes dictées dans le même esprit. (L. VIH, 89-104.) Comme tou- jours, le législateur avait recueilli le fruit des erreurs et des injustices consacrées par la loi. Les classes déshéritées s'étaient corrompues, en si i u mépris qu’ = leur avait prodigué. (2) L. YIH, 62, 69, 70, 7 (5) L. VII, 65. faire AE dE pére Se + LAURE anne La ain dre Es | d: AES Ji: does KR AESA E P EA ES ere, EAS E E VEEN OEE S A TEA OEE A O ES E R (51) ni ceux qu’un intérêt pécuniaire domine , ni des amis, ni des domestiques, ni des ennemis, ni des hommes dont la mauvaise foi est connue, ni des malades, ni des hommes coupables d'un crime. On ne peut appeler ni le roi, ni un artisan de bas étage, ni un étudiant, ni un ascétique déta- ché de toutes les relations mondaines, ni un malheureux accablé par le chagrin, ni un homme ivre, ni un fou, ni un homme en colère, ni un voleur, ni un homme souffrant de la faim ou de la soif, ni celui qui est épris d'amour , ni un vieillard, ni un enfant, ni celui qui se livre à des occupa- tions interdites, ni celui qui exerce un métier cruel, ni un homme entièrement dépendant. Manou récuse le roi, parce que, même en faisant abstraction de son caractère de juge suprême, la sublimité de ses fonctions ne permet pas de mêler son nom aux querelles de ses sujets. H repousse l’étudiant, à cause de la légèreté habituelle de son caractère; le vieillard, parce que ses organes sont trop affaiblis; lascète, parce que la contemplation lui a fait perdre de vue les intérêts de la vie civile; l’homme épris d'amour, parce que son âme ne jouit pas du calme néces- saire; l’homme souffrant de la soif et de la faim, parce que la misère l’a rendu trop accessible à la corruption. Il admet les femmes à rendre témoignage pour des femmes; les Çüdras honnêtes, pour des gens de la classe servile; les hommes des classes mêlées, pour ceux qui sont nés dans ces classes. Il pose enfin, plusieurs siècles avant l'ère chré- tienne, le grand principe de l'insuffisance d’un témoignage unique pour obtenir la condamnation de l’accusé, principe qu’on retrouve dans l’histoire de la plupart des législations pénales des peuples modernes (1). (1) L. VIH, 64 ét suiv. Pour ne pas trop gêner les juges dans l'apprécia- A ( 58 ) La manière d’interpeller les témoins et le droit de récu- sation étant ainsi fixés, Manou donne au juge un certain nombre de conseils pour la direction de l'enquête. Le magistrat doit découvrir ce qui se passe dans l'esprit des témoins, par le moyen des signes extérieurs de la pensée, c’est-à-dire, par le son de leur voix, la couleur de leur visage, leur maintien, l’état de leur corps, leurs regards et leurs gestes; car, d’après le maintien, la démarche, les les, les mouvements des yeux et du visage, on devine le travail intérieur de àme (4). T ne peut pas tenir compte du témoignage de celui qui parle étant influencé par un motif quelconque (2). Il est obligé d'envisager comme nulle unè déposition faite par cupidité, par crainte, par amitié, par coneupiscence, par colère, par ignorance ou par étourde- rie (3). I doit adopter le rapport du plus grand nombre, lorsque les témoins sont partagés; lorsqu'il y a égalité en nombre, il doit se déclarer pour ceux qui sont distingués par leur mérite; quand ils sont tous recommandables, pour des causes usuelles, Manou (1. VIH, 72) a soin d'ajouter que, lorsqu'il s'agit de violences, de vol, d’adultère, d'injures et de mauvais traitements, le magistrat ne doit pas aussi scrupuleusement qu'ailleurs examiner la ence des témoins. La prohibition de condamner sur un témoignage unique existait déjà chez les Hébreux. (Nombres XXXV, 50; Deuteronome, XIX, 15.) Chez eux, le témoignage des femmes était absolument repoussé. On peut s'étonner que set qui parle des femmes avec un profond mépris et qui les ne à une sujétion complète, mait pas adopté la même règle. (Voy. À IX, 2 et suiv. (1) L. VIN, 25, 26. ce sont rares ces mes pas ont déterminé le législateur fra © t J JW forme DUIE déposi: tions verbales. = S Ev, yE (35) L. VIN, 118: ( 59 ) les Dwidjas (hommes régénérés des trois premières classes) les plus accomplis (1). Il est obligé de recommencer tout procès dans lequel un faux témoignage a été prêté, en con- sidérant comme non avenu ce qui a été fait jusque-là (2). Il oublie sa mission, s’il hésite à infliger aux parjures les peines comminées par la loi, à l'exception cependant du cas où le témoin, par un motif pieux, a cru devoir cacher la vérité. « Toutes les fois, dit Manou, que la déclaration de » la vérité pourrait causer la mort d’un Çüdra, d’un Vài- » çya, d’un Kchâttriya ou d’un Brahmane, s’il s ‘agit d’une » faute commise dans un moment d’égarement, et non » d’un crime prémédité, un mensonge est préférable à la » vérité. » Les témoins, qui ont ainsi menti pour un motif louable, sont complétement purifiés de leur péché en offrant quelques gâteaux de riz et de lait à Saraswati, la déesse de l'éloquence (3). On voit que la théorie du mensonge pieux existait déjà sur les rives du Gange (4)! Ainsi que nous l'avons dit, l'audition des témoins est la seule partie de la procédure que Manou ait réglée avec une “(0 L. VIN, T3, En proclamant le prineipe que le juge doit accepter le ee du grand HLR Es S Sane. complétement m - EA si sage et si rationnelle d , Suivant la peser et non pas compter Js témoignages. Peut-être faut-il rapprocher cette stance de la 65°, qui veut qu’on n’appelle comme témoins que des ~ bommes dignes de confiance et connaissant tous leurs devoirs. (2) L. VIII, 117. (5) L. VIF, 105, 104, 105. (4) Afin de jeter la crainte dans l'âme des témoins, hors du cas ex- ceptionnel que nous venons de citer, Manou leur avait appliqué une espèce de jugement de Dieu. Le témoin auquel, dans l'intervalle de sept jours après sa déposition, survenait une maladie, un accident par le feu, ou la mort d'un parent, était condamné à payer une amende. (L. VHI, 108.) é a ( 60 ) sollicitude réelle. Il consacre à peine quelques lignes au serment et aux épreuves qu’on a désignées plus tard sous les dénominations d’Ordalies ou de Jugement de Dieu. Dans les affaires pour lesquelles il n’y a pas de témoins, le juge, mis dans l'impossibilité de reconnaître parfaite- ment de quel côté se trouve la vérité entre deux parties contestantes, peut en acquérir la connaissance par le moyen du serment (1). « Que le juge, dit Manou, fasse » jurer un Brahmane par sa véracité; un Kchàttriya, par » ses Chevaux , ses éléphants ou ses armes; un Väiçya, par » ses vaches, ses grains ou son or; un Çûdra, par tous » les crimes. Ou bien, suivant la gravité du cas, qu’il fasse » prendre du feu avec la main à celui qu’il veut éprouver, » ou qu’il ordonne de le plonger dans l’eau, ou qu'il lui » fasse toucher séparément la tête de chacun de ses en- » fants et de sa femme. Celui que la flamme ne brüle pas, » que l’eau ne fait pas surnager, auquel il ne survient pas » de malheur promptement, doit être reconnu comme » véridique dans son serment (2). » La place que ce pas- sage occupe dans le texte pourrait faire supposer qu’il ne s'applique qu'aux matières civiles, et surtout au cas où l’une des parties nie l’existence d’une dette; mais la stance dont il est immédiatement suivi dissipe toutes les doutes. « Le Richi (saint) Vatsa , ayant été autrefois calomnié par » son jeune frère consanguin, qui lui reprochait d’être le » fils d’une Çüdra, jura que Cétait faux, passa au milieu » du feu pour attester la vérité de son serment, et le feu, » qui est l'épreuve de la culpabilité et de l'innocence de me + {1) L; VIH, 409. (2) L. VIH, 143, 114, 115. (61) » tous les hommes, ne brüla pas même un seul de ses » cheveux à cause de sa véracité (4). » HE. Les délits et les peines. Si linflexible génie de l'Orient, avec ses préjugés et sa grandeur, se manifeste déjà danis les maximes et les pré- ceptes que nous avons analysés, il se montre plus claire- ment encore dans la partie des lois de Manou consacrée aux matières pénales proprement dites. Les peines admises ou créées par le législateur sacré de l'Inde sont nombreuses et variées. On y trouve la mort, la mutilation , la marque, la détention, les fers, la dégrada- (1) L. VHI, 116. Dans les st, 114, 115 et 116, les mr sont spécia- lement indiquées comme la confirmation d’une déclaration assermentée. On aurait tort d’en conclure que ces mêmes épreuves ne Fe pas en usage pour arriver à la constatation immédiate de l'innocence ou de la culpabilité d’un accusé. Celui qui nie le dépôt d’un objet important est voleur. » d'épreuves, el par les ordalies que prescrit le Veda, celui qui s’est » approprié un dépôt... (L. VIII, 190, 191.) » On peut invoquer dans le même sens le Chandoogya upanishad. (VI, 16.) Voy. l'intéressant travail de M. Stenzler, intitulé Die Indischen Gottes- urtheile (au t. IX, 1855, du Zeitschrift der Deutschen morgenländischen Gesellschaft, pp. "661 et suiv.). asiat Stenzler prouve que les juristes posté- rieurs de l’Inde ne se sont pas e contentés des trois épreuves indi- quéés par Manou. Outre le ai 27 l'eau et l’attouchement de la tête des enfants, ils ont inventé la balance (fuld), le poison (visha), l'eau sacrée rasé = riz (oies a pièce d'or N: Me eag — On i cm”: uu: QU que nous avons cités prouvent que, pour celles de | l'eau et du feu, qui jouaient un rôle si important dans la procédure criminelle du moyen âge, il faut renoncer à placer leur première apparition chez les Grecs. à tion, la réprimande, la tonsure ignominieuse, les coups, le bannissement , la confiscation des biens , l'amende, l'ex- pulsion de la cité, les châtiments corporels à arbitrer par le juge, plus quelques pénalités bizarres qu’il est impos- sible de classer sous une dénomination générale. Émettant une pensée admise , sans scrupule et sans hé- sitation, par la plupart de nos criminalistes jusque dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, Manou indique dix endroits où l’on peut châtier les coupables : les organes de la génération, le ventre, la langue, les deux mains, les deux pieds, l'œil, le nez, les deux oreilles , les biens, et enfin le corps tout entier pour les crimes qui emportent la peine capitale. Nous allons voir qu’il a très-largement exploité ce triste domaine légal du supplice (4). Manou distingue nettement entre la mort simple, con- sistant dans la décollation par le glaive, et la mort quali- fiée, rendue plus ou moins douloureuse suivant l’énormité “du crime. Cette dernière est de sept espèces : le pal, le feu, l'écrasement sous les pieds d’un éléphant, la noyade, l'huile bouillante versée dans les oreilles et dans la bouche, le fait d’être déchiré par des chiens dans une place pu- blique, le fait d’être coupé en morceaux par des rasoirs. Fl est juste d’ajouter immédiatement que la mort quali- fiée , loin d’être prodiguée par Manou, ne se rencontre que dans un très-petit nombre de textes. Le supplice du pal existe pour les voleurs qui, la nuit, dérobent des richesses mobilières, après avoir fait une brèche à un mur : classe de malfaiteurs nombreuse et surtout éminemment redou- table dans un pays où les communications étaient difficiles et où ha formait à peu près le seul moyen de (1) Le VIE, 124, 125. ERA PA LS (63 ) police préventive (1). Le supplice du feu n’est comminé que deux fois : le complice de l’adultère commis par une femme appartenant à une famille illustre est brûlé sur un lit de fer chauffé à rouge; le Kchâttriya ou le Väiçya, cou- pable d’adultère avec une Brahmani, gardée par son époux el douée de qualités estimables, est brûlé avec un feu d'herbes ou de roseaux (2). L'écrasement sous les pieds d’un éléphant est ordonné pour un crime tout à fait.spé- cial; il est réservé aux fonctionnaires qui volent les choses trouvées, dont la garde leur a été confiée par le roi : re- mède extrême imaginé contre la corruption des agents publics, qui fut toujours l’une des plaies de l'Orient (3), La noyade est la peine de celui qui rompt la digue d’un étang et occasionne la perte des eaux : infraction énorme sous le climat brûlant de l’Inde, où l’eau acquiert une va- leur que nous pouvons difficilement apprécier dans les froides et humides régions du Nord (4). L'intervention des chiens n’est requise que pour le supplice de la femme de naissance illustre qui manque à la foi conjugale : « Que le » roi, dit Manou, la fasse dévorer par des chiens dans une » place très-fréquentée (5). » L'orfévre qui commet une fraude est seul coupé en morceaux par des rasoirs, parce (1) L. 1X, 276. On leur coupait, en outre, les deux mains avant l’exé- cution. : (2) L. a 512 et 377. (5) L. , 34 C'ottoa disp naïition dait êt H avan 1 + en Ste VU du re ie « Un bien quelconque dont le maître n ’est pas connu » doit être proclamé au son du tambour, puis conservé en dépôt sésdant » trois ans; avant l’expiration des trois ans, le Er peut le récla- » mer; après ce terme, le roi peut se l’adjuger. (4) L. IX, 279. Si le coupable répare le désit, il n’encourt ile: amende de 1000 panas. (5) L. VHI, 371. (64) que, selon l'expression employée par Manou, « il est le » plus pervers de tous les fourbes : » rigueur implacable qui, sans se laisser justifier, explique peut-être par la: place importante que les métaux précieux ont toujours occupée dans les richesses des populations riveraines de l'Indus et du Gange (1). Le supplice de l’huile bouillante, versée dans les oreilles et dans la bouche, est destiné au Cûdra assez audacieux pour donner un avis aux Brah- manes relativement à leurs devoirs. Membre d’une caste dégradée, esclave flétri par une tache originelle, il commet un acte de révolte quand il cesse d'approuver aveuglément l'attitude de ceux qui, tirant leur origine du membre le plus noble de Brahmà, sont de droit « les maîtres de toute `» la création (2). » La mort simple est plus fréquemment prononcée, sans que cependant, pour elle aussi, quand on compare le sys- tème de Manou à celui des autres peuples de l'Orient, on puisse dire qu’elle soit prodiguée (3). Elle frappe notam- ment ceux qui assassinent des femmes, des enfants ou des Brahmanes; ceux qui font de faux édits, qui causent des dissensions parmi les ministres ou sont d'intelligence avec mm mm ci EN (1) L. IX, 292. (2) L. VIII, 272. Pour la position respective du Brahmane et du Çùdra; voy. L I, 8, 88-2 , 93; 1. VHI, 413, 414. Dans son mémoire intitulé Juris criminalis veterum Indorum spe- eimen (Vratislaviae , 1842 }, M. Stenzler se livre (pp. 1-7) à une longue ion pour prouver que Jones et Loiseleur, traducteurs des lois de Manou, ont quelquefois donné au mot vadha le sens de peine capitale , là où il devait avoir celui de supplicium , c'est-à-dire di châtiment corporel _ à arbitrer par le juge. Si cette opinion est fondée, le catalogue des peines it attribué au législateur de l'Inde devra être réduit de deux ou trois cas. ( 65 ) les ennemis (1); ceux qui pratiquent une brèche à l'hôtel du trésor publie, à l'arsenal ou bien à une chapelle (2); le Çûdra qui fait violence à la femme d’un Brahmane (3); celui qui, par de fausses offres de service, s’empare du bien d'autrui (4); celui qui enlève, soit des individus apparte- nant à une bonne famille, surtout des femmes, soit des bijoux de grand prix, comme des diamants (5); ceux qui, dans les villes et les villages, donnent des vivres aux vo- - leurs , leur fournissent des instruments ou leur offrent un asile (6); ceux qui volent des éléphants, des chevaux ou des chars appartenant au roi (7); les voleurs pris avec l’objet dérobé et les instruments du vol (8); les coupeurs de bourses déjà deux fois punis, de même que ceux qui leur fournissent du feu et de la nourriture, des armes ou un logement et recèlent les objets dérobés (9). L'exécution (1) L. IX, 252. Manou ne parle ni du parricide, ni du meurtre d’une personne autre qu’un Brahmane, une femme ou un enfant. On rencontre a ici Pune des hypothèses où il se réfère aux coutumes et aux ois particules. (l. viH, u). Dens ee pocen de lois ae pe Poes; laws or ordinations of the pundits, from a persian translation : made from the original, written in the shanscrit language, p. 256. (London, 1777.) (2) L. VIII, 280. @) H IX, (277 et 278. Voy.des di i logues dans | icles 60 et suivants du Code pénal français de 184 10. y En dehors des cas que nous venons d'indiquer, le châtiment du voleur consiste dans l'amende , la mutilation, le bannissement ou une peine cor- Qme SÉRIE, TOME XVII. -9 ( 66 ) se fait par les mains d’un Tehandâla, « le dernier des mor- » tels, » produit impur de Funion du Çûdra avec une femme des trois premières classes (1). La marque et la mutilation présentent au plus haut degré ce caractère expressif, on analogue au crime, qu'on a plus d’une fois signalé dans la législation des premiers âges de l'Égypte. Pour avoir souillé le lit de son père spi- rituel (2), le coupable reçoit sur le front une marque re- présentant les parties sexuelles de la femme; pour avoir bu des liqueurs spiritueuses, une marque imitant le dra- peau d’un distillateur ; pour avoir volé lor d’un prêtre, le pied d’un chien ; pour le meurtre d’un Brahmane, la figure d'un homme sans tête (3). On marque au-dessous de la porelle à arbitrer par le juge (l. IX, 270). Toute cette partie de Ta législa- tion est d’autant plus sévère, que Manou assimile aux voleurs une foule d'individus à qui cette dénomination n’est pas donnée dans le droit cri- minel des peuples modernes; par exemple, ceux qui sont chargés de la garde d’un canton et qui restent neutres pendant une attaque de voleurs (1. FX , 272); les parents qui tentent de s'approprier les biens des veuves et des femmes malades (l. VITI, 28, 29); celui qui réclame en justice un dépôt qu'il wa pas fait (l. VIII, 194); celui qui abuse de la correction domestique (1. VIH , 299, ms la file qui, en se mariant, emporte les parures qu'elle a reçues de son père, de sa mère ou de ses frères (l. IX, 92); celui qui vend le bien d'autrui a VIII, 198); le Brahmane qui reçoit, en Connaissance de cause, une chose volée ox prix d'un sacrifice ou de l'enseignement des dogmes sacrés (1. VHI, (1) L. X, 12,56. On voit que le Mu à à bourreau, qui choquait si vivement le comte de D à ne date pas d'aujourd'hui. H n’en était pas de même es Juifs. Les ses et tous les assis- tants participaient au ce d la lapidation ( Deutéronome, 1. XII, 10; 1. XVIL, 7). bes autres exécutions se faisaient se par des soldats. (2) Le précepteur qui procure à un élève la connaissance des textes sacrés est comme son père spirituel, (L. II, 149 et suiv.) (3) L.IX, 257. Manou ajoute : « On ne doit ni manger avec ces hommes : ( 67 ) hanche le Çüdra qui a laudace de s'asseoir à côté d’un Brahmane (1). On coupe la langue à l’homme de la der- nière classe qui insulte gravement les Dwidjas (2), et, s’il les désigne par leurs noms et par leurs classes d’une ma- nière outrageante , un stylet de fer, long de dix doigts, lui est enfoncé tout brülant dans la bouche (3). Si un Çüdra crache sur un Brahmane, on lui mutile les deux lèvres; s'il le prend par les cheveux , par les pieds, par la barbe, par le cou ou par les bourses, on lui coupe les deux mains « sans balancer (4). » Le Çüdra qui entretient un com- ‘merce criminel avec une femme appartenant aux trois premières classes est privé du membre coupable (5). On bannit, après avoir puni « de mutilations flétrissantes , » ceux qui se plaisent à séduire les femmes des autres; ear, dit Manou, « c’est de l’adultère que naît dans le monde le » mélange des classes, et du mélange des classes provient » la violation des devoirs, destructrice de la race humaine, > qui cause la perte de l’univers(6).» On coupe deux doigts à ceux qui se livrent à certains attentats à la pudeur sur le corps d’une fille (7). On coupe la main au voleur qui dérobe de For ou de Fargent du poids de plus de cin- » ni sacrifier avec eux, ni s'allier avec eux par le mariage; qu’ils errent » sur la terre dans un état misérable, exclus de tous les devoirs sociaux » (l. IX, 258). » Les hommes des trois dernières classes subissaient en outre la confiscation des biens, et même l'exil ou la mort si Le crime avait été prémédité (l. IX, 242). (1) L. VIII, 281. (2) Voy. ci-dessus, p. 59. (5) L. VI, 270-271. (4) L. VHI, 282-285. (5) L. VIH , 574. (6) L. VIH, 552-555. (7) … Qui puellam digito vitiavit. L. VII, 567-570. ( 68 ) quante palas. On lui coupe la moitié du pied, s'il vole les vaches d’un Brahmane; les deux mains, avant le supplice du pal, s'il a volé pendant la nuit après avoir fait une brèche au mur d’une habitation (4). Pour le premier vol, on enlève deux doigts au coupeur de bourses; pour le second, un pied et une main (2). Enfin Manou décide, d’une manière générale, que « de quelque membre que se » serve un homme de basse naissance pour frapper un » supérieur, ce membre doit être mutilé (3). » Les châtiments corporels indéterminés, c’est-à-dire, ceux dont la nature et l'intensité dépendent de l’appré- ciation du juge, se rencontrent assez fréquemment dans le texte. Ils constituent la répression de la violence faite à une jeune fille de la même classe que le coupable (4); des vœux qu'un homme de basse origine ose adresser à une demoiselle de haute naissance (5); des coups ayant été suivis d’une vive angoisse (6); du vol d'armes et de médi- caments (7); de l’accusation téméraire (8); de l’établisse- ment d’une maison de jeu (9); de la tromperie sur la nature . (4) L. VIH, 522-525; 1. IX, 276. Voy. encore l. VII, 354. (8) L. VIII, 58. En Égypte, l'accusateur, npa me roppa calomnieuse, subissait le supplice qu’il cherchai son adver- _ saire. C’est peut-être le seul cas où la peine da talion se Sam com- minée dans la législation égyptienne (Diodore de Sicile, L 1, e. LXXVH)- — La même peine était appliquée chez les Hébreux {Deutéronome, XIX, 16-24. Josephe, Antig. jud., E EV, č VIL, § t5). (9) L. IX, 224. se ( 69 ) des choses vendues (1); de la destruction de la marque des limites (2); de l’homme de la basse classe qui se plait à tour- menter des Brahmanes (3). Du reste, cette énumération ne présente ici qu’une importance secondaire. Manou pose en règle générale que , dans tous les cas où la loi n’y met pas expressément obstacle, le prince a le droit d’infliger aux coupables des châtiments corporels. « Que le roi, dit- » il, pour réprimer l’homme pervers, emploie avec per- » sévérance trois moyens : la détention, les fers et les » diverses peines corporelles (4). » La détention , ainsi recommandée, est de deux espèces, domestique et publique. La première, exécutée « sous » bonne garde » à l’intérieur de la maison , est infligée à la fille qui s'attache à un homme d’une classe inférieure, et à la femme qui, légalement remplacée, abandonne avec colère la demeure de son mari (5). La seconde, opérée par des agents du prince dans un bâtiment destiné à cette fin, n’a aucun rapport avec les institutions pénitentiaires issues de l'esprit philanthropique des temps modernes. « Que le » roi, dit Manou, place toutes les prisons sur la voie pu- » blique, afin que les criminels, aMigés et hideux , soient ` » exposés aux regards de tous (6). » Aussi Koulloüka, le (1) L. IX, 291. Le châtiment corporel doit être tel qu'il défigure le coupable. id. (5) L. IX, 248. Dans ce dernier cas, le châtiment corporel doit être propre à re la terreur. (4) L ; 310. (5) k erd 565; 1. IX, 85. C'est; en effet, de la détention domestique qu'il s’agit dans ce ir texte, puisque l'emprisonnement doit être in- fligé à ro en présence | de la famille réunie (6) L 288. ss ( 70) commentateur indien du texte de Manou , a-t-il eu soin de faire-un triste tableau de la captivité des prisonniers hin- dous. Il les montre chargés de chaînes, exténués par la faim et par la soif, les cheveux, la barbe et les ongles in- cultes, inspirant en même temps la terreur et la pitié à tous ceux qui passent à côté de leurs cachots. On s'étonne au premier abord que cette peine, si rudement caracté- risée, ne se rencontre qu’une seule fois dans le texte des lois de Manou, pour le Vâicya coupable d’adultère avec une femme de la classe des Brahmanes {1}; mais le silence du législateur s'explique sans peine, quand on songe que la détention était abandonnée à l'arbitrage du juge; elle formait l’un des trois moyens que le législateur avait spé- cialement recommandés au roi pour la correction des per- vers. À la différence de ce qui a lieu pour l'amende, comme nous le verrons plus loin, on ne trouve ici ni maximum ni minimum. Le bannissement atteint celui qui renverse un mur, comble des fossés ou brise des portes, lorsque ces objets sont du domaine public ou royal (2); celui qui ne s'em- presse pas d’accourir au secours, lorsqu'un village est pillé par des voleurs, lorsque des digues sont rompues, ou lorsque des brigands se montrent sur le grand chemin (3); celui qui commet des actes de violence ayant pour résultat la fracture d’un os (4); le Brahmane ayant commis un ar (1) Le Väiçya supportait en outre la confiscation des biens, après une détention d’une année (1 VII, 575). — On aurait tort de voir la peine de l'emprisonnement dans la st. 220 du même livre; ce n’est qu'un moyen 4) L. VIH, 284. (34) crime, dans le cas où la punition des autres res serail la mort (1). Quelquefois le bannissement vient se com- biner avec une autre peine. H est infligé, en même temps que la confiscation des biens, d’un côté, à Phomme de basse naissance qui, par cupidité, se livre aux occupations ré- servées aux classes supérieures (2); de lautre, aux hommes en place qui soutirent l'argent de ceux qui ont affaire à eux (3). On condamne à la fois au bannissement et à la mutilation ceux qui séduisent habituellement les femmes des autres (4). La marque au-dessous de la hanche n’exempte pas du bannissement le Çüdra qui s’est assis à côté d’un Brahmane; la marque au front n’en dispense pas davantage ceux qu’on a condamnés pour avoir souillé le lit de leur père spirituel, bu des liqueurs spiritueuses, volé lor d’un prêtre ou tué sans préméditation un membre de la classe supérieure (5). L’amende est comminée, avec le bannissement, contre les hommes des trois dernières classes qui donnent un faux témoignage, de même que contre celui qui, par avarice, laisse inexécutée une con- vention à laquelle il s'était engagé par serment (6). La confiscation des biens est générale ou partielle. Celui qui revendique faussement la découverte d’un trésor en- court comme peine la confiscation de la huitième partie de tout ce qu’il possède (7). Quant à la confiscation géné- (1) L. VIN, GA Il peut recevoir en outre une tonsure ignomineuse. Voy. ci-après, p. 7 ($ L. X, 96. ioi avait soigneusement déterminé les occupations de chaque i (L I, 88-91). (3) L. VIF, 124. (4) L. VIIL, 352. Voy. ci-dessus , p. 67. (3) L. VIII, 281, et IX, 242. Voy. ci-dessus, p. 66 (6) L. VIH , 123 et 219. Voy. ci-après , p. 73. (7) L. VHI, 56 (72) rale, outre les cas déjà cités, elle sert de châtiment, aux ministres qui, chargés des affaires publiques et enflammés de l'orgueil de leurs richesses, ruinent les affaires de ceux qui les soumettent à leur décision-(1). Mais ici le législa- teur de l’Inde avait aperçu le danger de la cupidité que les philosophes du dernier siècle, rangés sous la bannière de Beccaria, signalèrent avec tant d'énergie et d'éloquence aux jurisconsultes du dix-huitième siècle. Le roi qui s’ap- proprie les biens du condamné se souille du crime que le coupable a commis. Jl doit jeter le produit des confisca-" tions dans un fleuve, en guise de sacrifice à Varouna (dieu des eaux et seigneur du châtiment), ou en faire don à un Brahmane vertueux imbu des saintes écritures (2). Il est même tenu de remettre aux Brahmanes , dans les derniers jours de sa vie, toutes les richesses acquises à l’aide des amendes proprement dites (3). Ces amendes sont de trois degrés. L’amende inférieure se compose de deux cent Cinquante panas; l'amende moyenne de cinq cents panas; l'amende la plus élevée de mille panas (4). Il faut le dire à l'honneur de Manou, l'amende est le châtiment qui se rencontre le plus fré- quemment dans son code; on la trouve pour ainsi dire à (4) L. VII, 138. Cette disposition n’est cependant Pas toujours rigou- reusement suivie. Quelquefois le législateur descend au-dessous du taux de l'amende inférieure; par exemple, si un homme reproche à un autre d'être borgne, boiteux, ou d’avoir une infirmité semblable, pourvu qu'il dise la vérité, il ne paye qu’une amende d’un kärchâpana (L. VIII, 274). Voy. encore : L. VIII, 224, 225; 1. IX, 84. — Quelquefois le maximum de l'amende la plus élevée est dépassé. (L. VII, 121.) Pour la valeur des monnaies, voy. L. VII, 155-138. (1753) toutes les pages des deux livres qu’il a spécialement con- sacrés aux lois criminelles, et, très-souvent, il applique ‘à des cas où d’autres législateurs de l’Asie prononcent des châtiments corporels et même la peine capitale. Nous nous bornerons à citer, à titre d'exemple, quelques-unes des infractions auxquelles il attache cette peine pécuniaire. On remarquera dans cette liste plus d’un trait caractéristique de la civilisation primitive de l'Orient. L'amende frappe celui qui, en justice, réclame ce qui ne lui est pas dû (1); celui qui, abusant de l'influence qu’il possède, va se plaindre au roï des poursuites aux- quelles il est en butte de la part de ses créanciers (2); celui qui maudit son père, sa mère, sa femme, son fils, son frère ou son père spirituel (3); celui qui fait à autrui des blessures peu graves (4); le Kchâttriya qui injurie un Brahmane (5); le Väiçcya coupable d’adultère avec une femme Kchâttriya non gardée (6); celui qui n’ensemence pas son champ au temps convenable, parce que sa négli- gence prive le roi de la part de moisson à laquelle il a droit (7); celui qui donne en mariage une fille ayant des défauts, sans en prévenir (8); celui qui, par méchanceté, vient dire : « Cette fille n’est pas vierge (9); » le parent (1) L. VHI, 51, 52, 51. (2) L. VIII, 176. (5) L. VII, 275. Chez les Hébreux, la malédiction jetée aux ascendants était punie de mort. (Exode, XXI, 17.) (4) L. VIII, 284. (5) L. VIII, 267. (6) L. VIII, 584. (7) L. VIH, 245. (8) L. VIH, 224. (9) L. VIII, 225. "3 qui vend comme sien un immeuble appartenant à un mem- bre de sa famille (4); le médecin et le chirurgien qui exercent mal leur métier (2); celui qui, subsistant en fai- sant pour les autres des pratiques pieuses, s'écarte de son devoir particulier (3); celui qui nie une dette (4); celui qui vole des objets de peu importance (5); la femme qui, après en avoir reçu la défense , boit, dans une fête, des liqueurs enivrantes, ou fréquente les spectacles et les as- semblées (6); celui qui abandonne un père, une mère, une épouse ou un fils, à moins qu’ils n'aient commis un grand crime (7); celui qui fait des sacrifices dont le but est de faire punir un innocent; celui qui fait des conju- rations magiques ou se livre à des sortiléges dans le même dessein , lorsque ces actes pervers n’ont pas réussi(8); celui qui parle à des femmes étrangères, lorsqu'il en à recu la défense de ceux dont elles dépendent (9). Très- souvent Vamende est cumulée avec une autre peine, et, parfois (1) L. VIIE, 197, 198. (2) L. IX, 284 D'après la loi de Zoroastre, le médecin, exerçant sa pro- fession après avoir donné des preuves notoires d'incapacité, était coupé par morceaux. (Vendidad-Sadé, Fargard , VII, 98-101.) (3) L. IX, 273 (à) L. VIII, re (5) L. VIH, 520, 326. Nous avons déjà dit (voy. ci-dessus, p. 65, note 5), que la peine du vol varie à l'infini. (6) L. IX, 84. A Rome, sous le régime des Douze Tables, l'intempé- rance des femmes était punie d’une manière beaucoup plus sévère. La femme qui buvait du vin était assimilée à la femme adultère. Pline parle d’une femme condamnée à mort pour s'être emparée des clefs d’ane cave. fre XIV, c. 13.) (7) L. (8) L. a 290. Dos la législation de Moïse, la magie était un crime capital, (Erode, es 18; Deutéronome, XIE, 1-5; XVII, 10, 14, 20.) (9) L, VI | | (75) aussi, elle diffère pour le même acte suivant que celui-ci a été dicté par des motifs plus ou moins répréhensibles. On impose une amende de deux mille cinq cents panas à celui qui fait une fausse déposition par concupiscence; une amende de mille panas, à celui qui la fait par cupidité ou - par amitié ; une amende de deux cent cinquante panas, à celui qui la fait par égarement d’esprit; une amende de cinq cents panas, à celui qui la fait par crainte (4). En tout cas, celui qui se trouve hors d'état de payer l'amende doit s’en libérer par son travail : il devient esclave de la peine, à moins qu’il n’appartienne à la classe des Brah- manes (2). = Les autres peines qu’on rencontre dans les lois de Manou servent en quelque sorte de complément à celles qui pré- cèdent. Il suffit de les indiquer d’une manière sommaire. La simple réprimande est recommandée au roi comme le premier degré du châtiment. Elle sert de peine spéciale aux malades, aux vieillards, aux enfants et aux femmes enceintes qui déposent des ordures sur une route royale; tandis que, dans le même cas, les autres délinquants doi- vent payer une amende de deux karchàpänas (3). — Les coups, infligés à l'aide d’une corde, d’un fouet ou d’une (1) L. VHI, 120, 121. Les faux témoins étaient en outre condamnés au bannissement (l. VIH , 125). En Égypte, le parjure était puni de mort, parce que, suivant bat I, e. LXXVII) , celui qui le commettait se rendait cou: conpablé de deux crimes énormes : il manquait à la piété envers les dieux et, en même temps, = portait préjudice à à la bonne foi , qui est le plus ferme appui de la société humaine. Chez les Juifs. le f té i t la f: ti étaient mis sur O0 © la même ligne. (2) L. VII, 415; 1. IX, 229. (3) L. VIII, 129; L. IX, 282, 285. (76 ) tige de bambou, constituent principalement une correc- tion domestique, prévue et réglée par le législateur (1 ); mais ils servent également de pénalité proprement dite, notamment pour les filles qui se permettent des privautés obscènes avec leurs compagnes (2). Il y a plus : Manou en- gage le prince à ne pas recourir à un châtiment rigoureux, avant d’avoir préalablement essayé l'effet des coups sur les femmes, les insensés, les gens âgés, les infirmes et les pauvres (3). — La tonsure ignominieuse est un symbole de honte, une sorte de provocation au mépris public. Elle est ordonnée pour le Brahmane adultère, dans le cas où la punition des autres classes serait la mort (4). Jointe à une amende de mille panas, elle est infligée au Kchâttriya qui a souillé le lit d’un Brahmane; mais , dans ce cas, aussitôt qu’elle est pratiquée, la tête du coupable doit être arrosée « d'urine d’âne (5). » Si le magistrat le trouve convenable, il peut, au lieu d’une amende de cinq cents panas, con- damner à la tonsure ignominieuse, avec l'accessoire que (1) L. IV, 164; L. VIII, 299, 300. Une femme, un fils, dh domes- tique, un élève, un frère du même lit, mais plus jeune, peuvent être châtiés, lorsqu'ils commettent quelque faute , avec une corde ou un tige de ; mais toujours sur la partie postérieure du corps, et jamais sur les parties nobles. Celui qui frappe d’une autre manière est passible de la même peine qu’un voleur (voy. ci-dessus, p. 65, note 9). (2) L. VIII, 369. (5) L. IX, 250. — Loiseleur traduit ici : «.... Soit d'étre frappés avec un fouet ou une tige de bambou, ou étre attachés avec des cordes. » M. Stenzler (Specimen , p. 11) prétend qu'il s’agit de coups de cordes et non de liens de cordes. Cette interprétation s'accorde , en effet, beaucoup nn l'ensemble des articles où il est fait mention de la peine des — Voy. pour les fous la remarque faite ci-dessus, p. 47, noie 4. g LVL 379. (5) L. VHI, 375. LE (E) nous venons de mentionner, le Kehåttriya qui a commis un adultère avec une femme non gardée de sa classe (4). La femme qui attente à la pudeur d’une jeune fille reçoit aussi la tonsure ignominieuse; mais, de plus, on lui coupe deux doigts et on la promène dans les rues, montée sur un âne (2). — L’expulsion de la cité est prescrite contre les religieux hérétiques et les hommes qui décrient les livres saints (3). — Vient enfin la dégradation , c’est-à-dire l'exclusion des classes supérieures, pour tomber dans celle des Çüdras : peine terrible dans un pays où toutes les re- lations religieuses , politiques, civiles et morales avaient pour point de départ la distinction des castes. Tel est , entre autres, le châtiment du Brahmane qui épouse une Çûdra (4); du membre des trois classes supérieures qui se livre à d’au- tres occupations que celles qui sont réservées à sa caste (5); (1) L. VIH , 584. Ainsi la tonsure ignominieuse, qui forme, en matière A la peine la plus grave pour le Brahmane, équivaut à l'amende moyen (2) 5 a 570.... Mulier quae paian digito vitiavit. (5) L. IX, 225. Quand on songe a x peines terribles que les législa- tions postérieures ónt infligées cru hérétiques, on „ P s'empêcher de trouver ce châtiment bien 1 cependant un pro- fond mépris pour l'hérétique : « Il n’y a pas sur la terre de pécheur » plus criminel... Que nul homme ne s’associe , ne converse et ne séjourne » avec lui... La personne qui mange avec lui, qui s’assied auprès de lui » ou qui dort dans la même maison, devient immédiatement aussi Cou- » pable…. Les hérétiques se sont rendus impurs par l'abandon qu'ils ont » fait des Védas. Les cérémonies en l'honneur des ancêtres, quoique faites » avec foi et avec zèle, ne plaisent ni aux Dieux ni aux ancêtres, si un » apostat en est témoin... Les hommes tombent dans l’enfer seulement » pour avoir conversé avec eux. » ( Vichnou — Pourana, E IH; 617 g de MM. Pauthier et Brunet). — Les hérétiques étaient nombreux. nou en ue souvent (L. IH, 150; IV, 59,61, 165,209; V, 90) p L. HI (5) L. X, À Vor la note 1re de la p. 64. (78) du Brahmane qui s'enivre ou vend de la viande, de la laque et du sel (1). Cette énumération aride, mais indispensable, des peines comminées par le législateur de l'Inde doit être accompa- gnée de quelques réflexions portant sur l’ensemble du système. Nulle part on ne trouve, dans les lois de Manou, la moindre trace de cette pratique rude et primitive du ta- lion, qu’on rencontre, presque partout, au berceau de la législation nationale. Il affectionne les peines expressives; il fait mutiler le membre qui a servi à l’accomplissement du crime; il fixe au front du coupable un emblème rappe- lant la nature du méfait ayant amené le-châtiment exem- plaire qu’on lui a infligé; mais, nous le répétons, nulle part on ne découvre une maxime analogue à celle que Moïse a si énergiquement formulée, en disant : « OEil » pour œil, dent pour dent, pied pour pied , brûlure pour » brûlure, plaie pour plaie, meurtrissure pour meurtris- » sure (2). » Lorsque Manou prescrit la mutilation des pieds, des mains ou d’autres parties du corps, l'intensité de la peine, surtout quand il s’agit d’outrages adressés (1) L. X, 92; L. XI , 97. Si le Brahmane vend d’autres marchandises in- terdites, il descend à l’état de Vàiçya (X, 93). Un châtiment bizarre atteignait celui qui volait l'or d'un Brahmane. Le voleur était obligé de courir vers le roi, les cheveux défaits, et de dé- clarer son vol en disant : « J’ai commis telle action , punis-moi. » Il devait porter sur ses épaules une masse d'armes ou une massue de bois de kha- dira, ou une javeline pointue des deux bouts, ou une barre de fer. « Le » F; dit Manou, soit qwil menre sur le coup, étant frappé par le » roï, soit qu'il soit laissé pour mort et survive, est purgé de son crime; » mais si le roi ne le punit pas, la faute du volenr retombe sur lui » (L. VIH, 514-516). » (2) Erode , XXI, 25-95. er $ A AEF A ( 79 aux hommes d'une classe supérieure, dépasse considéra- blement la gravité de Pinfraction. La loi qu'il applique est alors bien plus sévère que celle du talion; tandis que, pour les coups portés et les blessures faites à des hommes du même rang, la peine ordinaire consiste dans le ban- nissement ou dans l'amende (1). Très-souvent, dans le premier âge du droit pénal, cer- tains délits sont frappés d’une peine constamment inva- riable, quelles que soient les circonstances au sein des- quelles laccusé ait accompli l'infraction. On ne tient te ni du mobile qui guide le coupable, ni du but qu’il veut atteindre, ni des incidents qui, au moment de la perpétration de lacte, ont exercé sur sa volonté une influence plus ou moins décisive (2). Sous ce rapport en- core, Manou a suivi des principes diamétralement oppo- sés. Pour les délits graves, tels que le vol et l’adultère, les : peines varient pour ainsi dire à l'infini, suivant la aid des personnes, la nature de lacte et l'importance des inté- rêts lésés. Pour des faits identiques dans leur essence, mais plus ou moins modifiés par des circonstances extrinsèques, on trouve l'amende, les châtiments corporels, la mutila- tion, la tonsure ignominieuse, la mort simple, la mort accompagnée de tortures de diverses espèces (3). Le légis- (1) L. VII, 284 et suiv. Cependant on a dit bien souvent que le talion figure dans toutes les législations criminelles de l'Orient. Déjà S n (L. XV) affirmait que les Indiens avaient établi la loi du talion en l'aggra- vant par des mutilations. (2) La législation primitive de l’ Égypte punissait de mort tous les crimes be as (Du Boys, Hisi. du droit crim. des peuples anciens, m re le vol, voy. L. VIH , 319-553; L. IX, 270-280. Pour l'adul- tère, L. VIIL, 352, 371-585. — Voy. encore, pour la violation du dépôt, ( 80 ) lateur sacré de l’Inde avait, au moins vaguement, entrevu “le système des circonstances atténuantes et aggravantes qui occupe aujourd’hui une si large place dans tous les codes des peuples civilisés. Il veut que le juge tienne compte du temps, du lieu, de la nature du crime, des facultés du coupable et de toutes les circonstances extérieures. Il re- commande les châtiments peu graves, quand les intérêts collectifs du corps social n’y mettent pas obstacle. Il groupe et cumule les peines, quand le délit exige, à ses yeux, une répression énergique (1). Il fait de la préméditation et de la récidive des circonstances aggravantes, ayant pour conséquence, dans plusieurs cas, une augmentation consi- dérable de peine (2). H pose, en matière de vol, une règle : extrêmement remarquable : « L’amende d’un Çûdra pour » un vol quelconque doit être huit fois plus considérable » que la peine ordinaire; celle d’un Väicya, seize fois; » celle d’un Kchâttriya, trente-deux fois; celle d’un Brah- » mane, Soixante-quatre fois, ou même cent vingt-huit » fois plus considérable, lorsque chacun deux connaît » parfaitement le bien ou le mal de ses actions. » Non- seulement la réflexion devient ici un motif d'aggravation , mais chaque coupable est puni en raison directe des lu- mières et des sentiments d'honneur qui sont censés régner dans sa caste (3). Une telle règle suffirait seule pour prou- L. VIN, 191; pour les attentats à la pudeur, L. VIIL, 568-370); pour le viol, L. VIII, 339, 364; pour les tromperies dans le commerce , L. IX, et suiv. (1) Voy. ci-dessus, p. 71. (2) Le roi doit juger « après s'être assuré des circonstances aggra- -> vantes, comme par exemple la récidive... » (L. VIH, 126). Voy. aussi L. IX, 249, 277. - (3) L. VIH, 337-339. : l | l | | f | | ( 81 ) ver que, dès ces siècles lointains, les bords du Gange avaient été le théâtre de longues méditations juridiques; mais cette preuve résulte, avec plus d’évidence encore, de la proscription de la vengeance individuelle, de lintel- ligence du caractère social du délit et de l’absence de toute composition pécuniaire, triple phénomène juridique dont nous avons déjà signalé l'importance (1). Malheureusement toutes les institutions sociales de l'Inde renfermaient un vice qui, dans le domaine du droit pénal comme ailleurs, devait inévitablement produire une longue série d’injustices; nous voulons parler de lexis- tence de quatre castes composées d'individus séparés par une inégalité de nature. « Par son origine, qu’il tire du membre le plus noble du » maître souverain, le Brahmane est de droit le maître de » toute cette création... C’est par la générosité du Brah- » mane que les autres hommes jouissent des biens de ce » monde... Le Çüdra, sorti du pied de Brahmà, a été créé » pour le service des Brahmanes par l’Étre existant par » lui-même : l’état de servitude est son état naturel (2). » Le Brahmane est une divinité puissante résidant sur la terre; tandis que, dans la hiérarchie des créatures, le Cûdra, destiné à vivre dans l’abjection et la dépendance, vient après l'éléphant et le cheval (3). Telles sont les maxi- mes fondamentales que Manou lui-même proclame dans toutes les parties de son code. Il est évident que, dans un état social organisé sur ces bases, le législateur sacré, sous peine de renverser toutes (1) Voy. ci-dessus, pp. 50 et 51. (2) L. I, 91,95. L. VIII, 413, 414. ©) L.IX, 317; L. 11, 51 , 32; L. XI! , 43. 2% SÉRIE, TOME XVIII. 6 (82) ses institutions religieuses et civiles, ne pouvait, même sur Je terrain du châtiment, soumettre les quatre classes à un régime absolument identique, Comment eût-il ac- cordé au Çûdra, né pour la servitude, une position égale à celle du Brahmane « qui, par sa seule naissance, est un » objet de vénération pour les Dieux (1)? » Membre d’une caste sacrée, le Brahmane devait, jusque dans le sanc- tuaire de la justice, obtenir une place privilégiée, même ‘ vis-à-vis du Kchâttriya et du Vâiçya; car, eux aussi, sortis du bras et de la cuisse du maître souverain, occupaient, dans la hiérarchie religieuse et sociale, un rang bien infé- ` rieur à celui de l’homme appartenant à la première classe. Tel est, en effet, le système qui a prévalu. : « Que le » roi se garde bien, dit Manou, de tuer un Brahmane, » quand même il aurait commis tous les crimes possibles : » qu’il le bannisse du royaume en lui laissant tous ses » biens et sans lui faire le moindre mal (2). » Le Brah- mane peut être condamné à l'amende, à la tonsure igno- minieuse, à lexil; mais il échappe à toutes les autres peines. Nous en avons un remarquable exemple dans quatre méfaits que Manou qualifie de crimes du plus haut degré : souiller le lit de son maître spirituel, boire des liqueursspiritueuses , voler l'or d’un prêtre, tuer un Brah- mane. Le Kchâttriya, le Våiçya et le Çûdra qui commet- tent l'un de ces crimes sont marqués au front, exilés avee confiscation des biens, et même condamnés à mort, s'ils ont agi avec préméditation; tandis que le Brahmane doit simplement payer une amende de cinq cents panas, s’il a agı Sans préméditation, et, dans le cas contraire, sortir du r (1) L. XI, 84. (2) L. VII, 380. Ibid., 124. ( 85 P royaume en prenant avec lui sa femme et ses effets (1)! Nous avons déjà dit que, pour l’adultère autre que celui qui est commis avec la femme du maître spirituel, le Brahmane reçoit une tonsure ignominieuse, là où les cou- pables des trois dernières classes subissent la peine capi= tale (2). Le même privilége apparaît, à des degrés divers , dans toutes les parties de la législation criminelle, notam- ment pour le faux témoignage, les injures et les outrages ; bien plus, il se manifeste jusque dans le payement de l'amende (3). Un Brahmane condamné à l'amende la paye petit à petit; tandis que les condamnés des autres classes deviennent esclaves de la peine (4). I est vrai que cette: espèce de faveur dans le châtiment existe aussi , mais dans une moindre proportion, pour le Kchâttriya et le Väicya. Un Kchâttriya qui injurie un Brahmane , paye une amende de cent panas; un Våiçya, une amende de cent cinquante ou deux cents panas; un Çûdra subit une peine corpo- relle (5). Le Çûdra, qui entretient un commerce criminel avec une Brahmani non gardée, est puni de la mutilation et de la confiscation de tous ses biens; Lam le enr dans le même cas, ne reçoit qu’ mi et le Våiçya une amende de cinq cents 6. C'est encore cette inégalité native, base de toute l’organisation sociale de l’Inde, qui a déterminé Manou, comme nous l'avons (1) L, IX,237-242. L. XI, 54 ‘ (2) Voy. ci-dessus, p. 76. (3) L. VIII , 125, 268, 276. (4) L. IX, 229. Voy. ci-dessus, p. 75. (5) L. VIII , 267. (6) L. VIII, 374, 376. Dans la législ h Paini de mort. (Genèse, XX, 3; XXVI, 11. Exode, XX, 14. Lévitique, XVIIL, , 20; XX, 10. Deutéronome, V, 18; XX, 22.) ( 84) vu plus d’une fois, à punir plus sévèrement les outrages adressés aux membres d’une classe supérieure. | Toutes ces distinctions blessaient assurément l'équité naturelle; mais elles n’ont rien qui puisse étonner celui qui sait avec quel soin jaloux et quelle rigueur inflexible les législateurs de l'Inde s’attachaïent au maintien de la séparation et de la hiérarchie des castes. . En somme, la race sanscrite, douce jusqu'à la timidité, pacifique jusqu’à la mollesse, humble jusqu’à la lâcheté, se trouvait soumise à un système de répression d'autant plus rigoureux, que Manou, indépendamment des peines, sévères qu’il édicte lui-même , maintient les lois particu- lières des classes et des provinces, les règlements des compagnies de marchands et jusqu'aux coutumes des fa- milles qui ne sont pas contraires aux préceptes des « livres -> révélés (1).» Il va même beaucoup plus loin; car, pour chaque infraction tant soit peu grave, il ajoute à la peine proprement dite la menace d’un châtiment redoutable que l’auteur du délit doit subir dans ses existences futures. L'homme qui souille le lit de son père spirituel renaît cent fois à l’état d'herbe, de buisson, de liane, d’oiseau carni- vore ou de tigre. Ceux qui commettent des actes de cruauté deviennent des animaux avides de chair sanglante. Les voleurs reparaissent sous la forme d’êtres se dévorant l’un l’autre. Celui qui verse le sang d’un Brahmane est dévoré, dans l’autre monde, par des animaux carnassiers , pendant -autant d'années que le sang, en tombant à terre, a absorbé de grains de poussière; puis il passe dans le corps d’un chien, d’un âne, d’un bouc, d’un Tehandäla. Le Brahmane EE (1) L. VIE, 41. ( 85 ) qui vole de l'or passe mille fois dans des corps d'araignées, de serpents, d'animaux aquatiques et de vampires malfai- sants. Même quand ils reviennent, après toutes ces trans- migrations , à l’état d'homme, les coupables portent dans leur organisation les stigmates des désordres auxquels ils se sont livrés dans leur vie antérieure. Le meurtrier d’un Brahmane reparaît avec le germe de la consomption pul- monaire. L'homme qui a souillé le lit de son maitre spiri- tuel est privé de prépuce. Le voleur de grain est affligé de dyspepsie. Le voleur de vêtements a la lèpre (1). Ces me- naces peuvent faire sourire de pitié les générations éman- cipées du dix-neuvième siècle; mais elles étaient accueillies comme autant de faits avérés par les innombrables adora- teurs de Brahmà, qui voyaient dans chaque stance des lois de Manou une vérité sortie de la bouche de « l’Être » existant par lui-même. » Pour tous ces peuples crédules, les menaces prodiguées par Manou formaient un vaste et redoutable complément du code eriminel. Aussi les coupa- bles se soumettaient-ils à de longues et rigoureuses péni- tences, pour s’en affranchir à l’aide de la purification (2). -~ Montesquieu s’est trompé lorsque, caractérisant à sa manière la civilisation de l'Inde, il s’est écrié : « Heureux (1) L. IV, 168; XI, 48 et suiv. L. XII, 55 et suiv. — Le même système se trouve dans les Pouranas (voy. Vishnou-Pourana, L. IE, c. VI). 2) La purification exerçait de l'influence sur la peine proprement dite quand ne. était accomplie avant le jugement. Au l. IX, st. 240, on: lit : « Des criminels ap San les classes, nique font l’expiation que prescrit » la loi, ne doivent p ordre du roi; qu'ils soient » seulement condamnés à l'amende la p élevée. » e la mème. (Voy. L. XI, 102 et suiv.) — N'est-ce pas là ro oijiie de la erem du meurtrier, qu'on trouve plus tard en Grèce et chez plusieurs autres peuples? ( 86) » climat qui fait naitre la candeur des mœurs et la douceur » des lois (1). » On peut même se demander pourquoi tous ces châtiments présents et futurs étaient nécessaires, au milieu de ces peuples énervés, dont la soumission et la ré- signation étaient devenues les deux traits distinctifs? Le législateur, connaissant l’indolence et la faiblesse de ses coreligionnaires, a-t-il voulu suppléer par la rigueur de la répression à l'absence d’énergie et de force chez les vic- times des malfaiteurs? Au milieu de ces populations aux mœurs si douces, des crimes atroces venaient-ils, de temps à autre, épouvanter la société? Il nous paraît plus probable que Manou a subi l'influence des théories inexo- rables qui, chez toutes les nations de l'Orient, se mani- festaient en même temps dans le droit de la guerre et dans le droit de punir va . (4) Esprit des lois, L. XIV, c. 15. (2) L'hypothèse que de grands crimes venaient souvent épouvanter la population de l'Inde à été émise par quelques savants, entre autres par M. Laurent (Hist. du droit des gens, t. 1°r, p. 161.). On trouve , en effet, dans les Pouranas quelques détails qui semblent légitimer cette supposi- tion. Dans le Bhägavata-Pourana, qui renferme la vie mythol e de Khrisna, on lit: « Ceux qui en ce monde sacrifient des victimes humaines, » etles qui dévorent les hommes immolés en sacrifice, sont, dans » la demeure de Jama (aux enfers), tourmentés par leurs victimes qui, en » leur coupant les membres à coups de hache ainsi que des bouchers, » boivent leur sang, puis dansent et chantent pleins de joie, co: fai- saient sur la terre ces panne — Ceux qui, après avoir entraîné des » innocents, par des p nfance, dans un lieu désert, les empalent » pleins de st des pieux, se tsiseut: un plaisir de les torturer, sont » ès leur mort au pal et aux autres supplices de Jama > condamnés ap de ~X, 26, 31, je E e AA TE er bis 2 Maé (87) IV. Réflexions générales. Quelles sont la valeur morale et la valeur juridique des lois de Manou? Méritent-elles l’éloge ou le blâme, l'appro- bation ou le mépris de la postérité ? Si nous apprécions ces lois selon nos idées modernes, abstraction faite des temps et des lieux, elles laissent im- mensément à désirer. Disproportion entre la rigueur de la répression et la nature de l’acte incriminé, pouvoir sou- vent arbitraire du juge, inégalité constante entre les di- verses classes de la nation, oubli du benesi Pipe ean réclame des peines réparables, du caractère exemplaire du châtiment, abus de la mutila» tion , cruauté dans la détention des condamnés, assimila- tion d’une foule de délits distincts dans leur essence et dans leur but : tels sont, parmi beaucoup d’autres, les vices qu’il est permis de leur reprocher. Mais de quel droit irions-nous exiger d’un législateur de l’antiquité des con- naissances théoriques et pratiques que les criminalistes chrétiens eux-mêmes ne possédaient pas encore dans la première moitié du dix-huitième siècle? Séparés de Manou par vingt-cinq siècles de tâtonnements, de progrès, de luttes, de souffrances, de travaux de toute nature, nous ne pourrions sans injustice lui reprocher des erreurs qui, presque toutes, viciaient les lois criminelles de l'Europe jusqu’à la veille de la révolution française. Pour juger le législateur sacré de l'Inde avec cette équité souveraine que le jurisconsulte , plus encore que l'historien, ne doit jamais perdre de vue, il faut placer son œuvre au milieu des doc- trines et des systèmes qui régnaient parmi les peuples de ( 88 ) l'Asie, à l’époque où elle fut offerte à la vénération des sectateurs de Brahmä. I faut surtout ne pas l'isoler des croyances religieuses, de l’organisation politique, des idées morales et des besoins sociaux des populations auxquelles elle était destinée. Les anciens peuples de l'Orient ne connaissaient pas cette sollicitude constante dont la société moderne est animée à l’égard de tous ses membres , sans en excepter les délinquants. Implacables et cruels envers les condamnés, comme ils l'étaient envers les vaincus, ils semblaient obéir plutôt à un sentiment impétueux de vengeance qu’à la vo- lonté calme et réfléchie de punir les coupables dans la mesure des intérêts collectifs du corps social. Faire souf- frir l’auteur du délit et, par ses souffrances, jeter la ter- reur dans les âmes des spectateurs, tel était, avant tout, des deux côtés de EMimalaya; le but qu'on voulait attein- dre. Le condamné n’était qu’un instrument d’ intimidation; un épouvantail aux mains du bourreau ! Ce système rude et grossier, qu’on pourrait à bon di appeler la théorie de la terreur, avait alors l’assentiment de tous les peuples de l'Asie, Chez les Assyriens, on jetait les coupables aux bêtes féroces ou dans une fournaise ar- dente; on les brülait à petit feu dans une cuve d’airain; on leur crevait les yeux; on faisait périr en même temps et de la même peine la femme et les enfants du condamné, et souvent celui-ci devait assister à leur supplice avant de subir le sien. L’étranglement et la décapitation étaient re- pe comme des mesures insuffisantes (1)! Chez les > Daniel, 111,6, 19-21, 46-48; VI, 6-24; XIV, 31, 41. Jérémie, XXIX, 2, 28 XXXIX, 6, 7; LH, 10. Liv. 11 des Rois, XXV, 7. Diodóre de Sicile, i 1, c. 6. Layard, Nineveh and its Remains, t. IE, p. 569. | | À | alao ES QT muse | | | | | ( 89 ) divers peuples de la Syrie, la peine de mort, prodiguée sous toutes les formes, était exécutée avec des détails qui font frémir. On lapidait les criminels , on les jetait au feu, on les perçait de flèches, on les pendait , on les crücifiait, on leur brülait les côtes et les entrailles avec des torches; on les écartelait, on les précipitait du haut des rochers, on les sciait en deux, on les plongeait dans la mer ou dans les fleuves, on les faisait écraser sous les pieds des ani- maux, on les étouffait dans un monceau de cendres, on brisait tous leurs membres sous des chariots armés de pointes de fer. Et ici encore les femmes et les enfants étaient immolés avec l'époux et le père! Qui peut lire, sans que son cœur bondisse d'indignation, le récit des supplices atroces infligés aux Machabées, en présence de leur mère, sous les yeux mêmes du roi Antiochus (41)? Chez les Perses, indépendamment de toutes les peines usitées en Syrie, on écrasait la tête des condamnés entre deux pierres; on leur versait de l’airain fondu dans les oreilles ; on leur coupait la tête à l’aide d’un rasoir; on les écorchait lentement; on les empalait; on les enterrait vi- vants jusqu’à la tête. Jamais l’imagination, malheureuse- ment trop féconde, des criminalistes de l'Occident n’in- venta de tortures comparables à horrible supplice des auges (2). Et presque toujours, suivant la coutume géné- (1) Voy., pour les supplices usités en Syrie, les preuves recueillies par le marquis de Pastoret. (Hist. de la législation, t. 4°, p. 404 et suiv.) (2) Le corps du coupable était mis entre deux auges ; la tête, les mains et les pieds sortaient seuls par cinq ouvertures pratiquées à cette fin. L'in- pour attirer les mouches. On le nourrissait jusqu’à ce que, le corps rongé par la vermine, suite inévitable d’une affreuse malpropreté, il expiràt dans des douleurs horribles. ( 90 ) rale de cette partie de l’Asie, la femme et les enfants du patient étaient rendus responsables de son crime (4)! Dans la Judée même , où la révélation divine avait répandu tant de lumières, on semblait avoir cherché dans latrocité de l'exécution tout l'effet préventif des peines capitales. L’in- dividu condamné à la strangulation était mis dans le fumier jusqu'aux genoux; puis on lui serrait le cou avec un linge, qu’on tirait à deux jusqu’à ce qu’il rendit l'âme. La mort par le feu n’avait pas seulement lieu sur le bûcher : dans une foule de cas, deux témoins, ayant déposé au procès, tiraient, chacun de son côté, une corde de lin entourant le cou du coupable; et quand celui-ci, à moitié asphyxié, ouvrait la bouche, on la lui remplissait de plomb fondu (2)! En réalité, Manou, qui ne prévoit que sept cas de mort qualifiée, est plutôt resté en decà qu’il n’est allé au delà du système de répression barbare et cruel qui formait pour ainsi dire le droit commun des peuples de l'Asie. Que ne verrions-nous pas si, au lieu de quelques fragments épars, recueillis au hasard par un petit nombre d’historiens de Vantiquité, nous connaissions toute la législation crimi- (1) Voy l P » Hérodote, I, 86, 128; III 55. 119, 125, 132, 159; I, 45; V, 25; VI, 30. Plutarque, Vie d Artaxerxes, 18, 20, 25, 44: Ammien Marcellin, XXIII, VI. Justin, X, 2. Diodore de Sicile, XV, 10. Xénophon, Anab. 1, 9. Liv. d'Esther, VII, 9 et 10. Plus, les auteurs cités par Pastoret , Hist. de la législation, t. IX, p. 412 et suivants. (2) Mischna, sive totius Hebraeorum juris, rituum, antiquitatum, ac legum oralium systema, etc., IV, p. 237 et 238. (Amstelodami, 1698.) Selden, De Synedriis, Il, ©. 43, $ 4. — Quelquefois on tenait la bouche ouverte avec des tenailles (Basnage, Antig. judaïques , t. 4er, p- 109; Amsterdam, 1713). — Les Juifs avaient en Et la lapidation et la déca- pitation. supplices as ux qu’on trouve- mentionnés dans l'Ancien Testament n'étaient pas es sai légales. TT aA PP PRIS RE RER EENE E E T ur EN UCI ÉT | a aa OS a (91 ) nelle des Assyriens, des Syriens et des Perses, comme nous connaissons celle de Manou ? N'oublions pas d’ailleurs que la nécessité de faire de la terreur la compagne de la peine était encore, il y a moins d’un siècle, un axiome à peu près incontesté chez les nations les plus avancées de l'Europe. Des circonstances non moins atténuantes peuvent être invoquées en faveur du législateur de l’Inde, par rapport aux peines arbitraires qui figurent beaucoup trop fréquem- ment dans son code. L'histoire a prouvé que ces peines raissent que là où les deux grands principes de la liberté individuelle et de l'égalité de tous devant la loi ont été franchement admis dans l’organisation politique du pays. Là seulement le magistrat, tout en conservant une liberté suffisante pour mettre la peine en harmonie avec le délit, devient l'organe d’une loi qui limite strictement ses pouvoirs et à laquelle il ne peut rien ajouter, précisément parce que le principe de l’égalité de tous les citoyens, dans le prétoire comme ailleurs, doit être toujours scrupuleu- sement respecté. En était-il ainsi dans l’Inde ancienne? Poser la question, c’est la résoudre. L'institution de quatre castes, distinguées par leur origine, par leurs travaux, - par leurs droits religieux, civils et politiques, était lanti- thèse vivante de légalité. L'introduction du despotisme théocratique, avec les mille priviléges de toute nature qui constituent son essence, était, du moins en droit, la néga- tion permanente de la liberté individuelle. Comment la législation criminelle n’eût-elle pas porté l'empreinte des principes fondamentaux de cette organisation religieuse et sociale? Ajoutons qu’il en est souvent des idées comme des découvertes scientifiques : elles n’apparaissent qu’à leur heure. Quelques années avant la grande révolution du (92) dix-huitième siècle, un jurisconsulte français, résumant fidèlement la jurisprudence de sa patrie, divisait encore les peines en trois classes : peines légales, peines fondées sur l'usage des tribunaux, peines arbitraires : « Les juges » disait-il, peuvent, dans tous les cas qui n’ont pas été prévus par la loi, et pour lesquels il n’y a aucun usage constant, imposer, suivant les différentes circonstances et la nature du délit, la peine qu’ils jugent convenable, soit pécuniaire soit corporelle, pourvu que cette peine soit du nombre de celles qui sont en usage dans lë royaume. » C’est trait pour trait la doctrine du Mânava- Dharma-Sâstra (1). Ainsi s'expliquent également, comme nous l'avons déjà dit, les priviléges des castes supérieures en matière de ré- es En traitant sur lé pied d’une parfaite égalité, d’une le Brahmane et les membres des trois autres classes, rare: le Kchâttriya, le Vàiçya et le Çûdra, Manou eût méconnu, dans l’une de leurs exigences les plus im- périeuses, les dogmes religieux et l’organisation politique qu'il voulait faire régner à jamais parmi les adorateurs de Brahmà. Un tel oubli de la « loi révélée » n’était pas pos- sible chez un législateur de l'Inde, le pays théologique par Y VV & y excellence. L'égalité devant le juge suppose, en droit et : en fait, l'égalité devant la loi politique. A Rome, où la science juridique avait brillé d’un si vif éclat, où tant d’esprits supérieurs en avaient fait l’objet de leurs médi- lations constantes, les Empereurs divisèrent les peines en trois catégories : celles qui regardaient les premières per- sonnes de l’état (sublimiores); celles destinées aux cou- i) Jousse, Traité dé la justice criminelle de France , ete., t. 1. $: 37; tE I, p.599. aa a EF " NE OLA SERRE (95) pables. d’un rang inférieur (medios); celles qui étaient destinées aux classes inférieures (infimos). L'homme du peuple coupable d’assassinat était livré aux bêtes; l’homme élevé en dignité était simplement déporté dans une île (1). Le criminel de lèse-majesté avait la tête tranchée, s’il était de condition distinguée; il était brûlé vif, s’il appar- tenait aux classes inférieures (2)! Qui ne connaît les faveurs dont les nobles jouissaient en matière pénale dans tous les États de l'Europe, même en France, jusqu’au jour du grand et irrésistible mouvement de 1789? A partir du sei- zième siècle, la formule Sera puni selon la qualité des personnes, était de style dans les lois criminelles de toutes les nations européennes (3). Partout les priviléges aristo- cratiques se retrouvaient jusque devant le bourreau. Le jurisconsulte français, déjà cité, adoptant sans scrupule les traditions romaines, écrivait, en 1771 : « Il faut, avant toutes choses, considérer la nature du crime et les cir- constances qui l’accompagnent. Ces circonstances se tirent, en premier lieu, de la cause qui a porté à le commettre; en deuxième lieu, de la qualité des per- us Les gens vils ou de basse condition sont punis plus sévérement , en général, que les personnes d’une condition honnête (4). » Mais si les vices du système pénal de Manou s’expli- quent par les préjugés de ses contemporains et, avant tout, par les dogmes religieux et sociaux de l'Inde, il faut reconnaître de plus que, sur bien des points, il a considé- v v o yr -y à $ : Š A (1) L. 5, H5 Dig., 1. XLVIII, t. VII (9%) rablement devancé ses contemporains. Dire que le roi, où celui qui le remplace, ne doit « jamais s’écarter des règles » par lesquelles le souverain a déterminé ce qui est légal » et ce qui est illégal, par rapport aux choses permises et » aux choses défendues, » c’est proclamer deux principes indispensables à la garantie de la liberté individuelle ; c’est déclarer, en d’autres termes , que nul acte ne saurait être incriminé par le juge aussi longtemps qu’il n’est pas inceri- miné par le législateur ; c’est, en même temps, indiquer la source de la grande et précieuse théorie de la non-rétro- activité des lois criminelles (1). Admettre, en thèse géné- rale, « que toute affaire qui, à une époque quelconque, » a été conduite à son terme et jugée, ne doit pas être » recommencée, si la loi a été suivie, » Cest introduire dans la législation de l’Inde, cing ou six siècles avant l'ère chrétienne, l’un des articles les plus rationnels et les plus importants de notre Code d'instruction criminelle (2). Justifier l’homicide commis pour la légitime défense d’au- trui, parce que la fureur aux prises avec la fureur ne saurait être incriminée, c’est déterminer avec une remar- quable netteté l’une des causes de justification admises par (1) L, VIL, 13. (2) Art. 360 du Code d'instruct. cri. — La st. 235 du |. IX pose le principe ; « Toute affaire qui, à une époque quelconque, a été conduite » à son terme et jugée, doit, si la loi a été suivie, être considérée par le » roi comme terminée; qu’il ne la fasse pas. recommencer. » La st. 254 ajoute : « Mais, quelle que soit la cause qui ait été décidée injustement » p E naO ou Lars juge, z le roi la réexamine lui-même, » » En combinant ces deux nn a, nous semble-t-il, que le sort de l'accusé reste fixé a été commise à son préjudice, La loi porte, en termes exprès, que le roi doit réeraminer lui-même l'affaire, À | D LL ESS LÉ ÉLUS RSS SO cé | | ( 95 ) tous les jurisconsultes modernes(1). Ne tenir aucun compte du prétendu droit de vengeance individuelle; envisager le délit comme une lésion sociale; faire de toute peine une peine publique, Cest atteindre d’un seul coup à une hau- teur de vue où les jurisconsultes européens ne sont que très-lentement parvenus (2). Défendre au roi de s’appro- prier le produit des confiscations, c’est prendre, à l'égard de la cupidité des agents du fisc, une excellente précaution à laquelle bien des criminalistes modernes n’ont jamais songé, Ordonner aux juges de varier la peine suivant la gravité intrinsèque de l'infraction; leur enjoindre de tenir compte des faits qui ont précédé ou accompagné la per- pétration du crime, c'est poser la base d’un système ra- tionnel de circonstances aggravantes et atténuantes: Et cependant nous avons vu que toutes ces maximes et toutes ces règles se trouvent nettement formulées dans le texte des lois de Manou! Nous ajouterons que ce texte ne porte aucune trace du système barbare, si commun en Orient, (1) Voici le texte complet : « Pour sa propre süreté, dans une guerre entreprise pour défendre des droits sacrés, et pour protéger une femme ou un Brahmane, celui qui tue justement ne se rend pas coupable. Un homme doit tuer sans balancer RS se jette sur lui pour l’assas- siner, s'il n’a aucun moyen de s'écha and même ce serait son » directeur, ou un enfant, ou un vieillard, ou Rex. un vieillard très-versé » dans la sainte Écriture. Tuer un bora qui fait une tentative d’assas- » sinat, en public ou en particulier aucunement » meurtrier; c’est la fureur aux nés nc M GS (L. VIH, 349-351 )» Ainsi, quand il ne s’agit pas de la défense de soi-même, d'une femme ou d'un Brahmane, il faut que l’agresseur soit au moins arrivé à la tentative de meurtre, (2) Voy. ci-dessus, p. 50. Rae dat a où ai dans | nr EPORA nine ments apie Host ceriein qua Mapan AR tient aucun compte. y “v X? y ( 96 ) qui enveloppait dans le même châtiment le criminel et sa famille, innocent et le coupable ; système cruel et souve- rainement injuste, que les rois dé l'Occident, malgré la prohibition formelle du Deutéronome, ont eux-mêmes si longtemps pratiqué (1). En tenant compte des temps, des lieux et des hommes au milieu desquels il vivait; en faisant la part des dogmes religieux et des institutions sociales qu’il devait et qu'il voulait maintenir, on est forcé d’avouer que le rédacteur des lois criminelles attribuées à Manou a fait preuve d’un génie vaste et puissant, familiarisé de longue main avec les problèmes qui se rattachent à l’art difficile de gouverner les peuples. Tout en partageant , dans une large mesure, les préjugés des nations de l'Orient sur l’efficacité des sup- plices atroces, il manifeste très-souvent, dans quelques- unes des parties essentielles du droit de punir, des idées justes et lucides qu'on ne rencontre pas toujours chez des jurisconsultes beaucoup plus rapprochés de l’ère mo- derne. Le nouveau Dictionnaire néerlandais de MM. De Vries et Te Winkel; par M. De Saint-Genois, membre de l’Aca- ‘démie. Kiliaen , de Duffel, le savant correcteur de li imprimerie plantinienne, à Anvers, avait, il y a plus de deux siècles © Voy. pour la punition du crime de lèse-majesté en France, l'arrêt contre la famille de Damien , le 29 mars 1757, et les remarques. aean Vouglans. ( Lois criminelles de France, pp. 133-134; édit. in- } Í } f ; f l | PEN (97) et demi, donné au publie flamand de son temps un glos- saire dont le caractère scientifique est encore apprécié de tous ceux qui s'occupent de linguistique. Mais l’émi- nent lexicographe n’avait pas à sa disposition, pour la partie critique de son œuvre, cette quantité considérable de monuments anciens de la langue thioise publiés depuis et qui, surtout en ces derniers temps, ont éveillé latten- tion des hommes d'étude. Les œuvres de nos vieux poëtes, de nos prosateurs du moyen âge n'étaient guère, sauf de rares exceptions, connues que de nom ou par des extraits plus ou moins tronqués. Aujourd’hui les publications dues aux recherches des Willems, des Jonckbloet , des Verweijs, des Hoffmann de Fallersleben ; celles de nos honorables confrères MM. Bor- mans, Blommaert, Snellaert, Serrure, David, ainsi que l'excellente chrestomathie de M. Heremans, ont permis de recourir pour létude, j'allais dire pour l'anatomie des mots, aux sources premières de la langue et d’asseoir les recherches nouvelles sur des documents authentiques et irréfragables. i Au commencement de ce siècle , un célèbre lexicogra- phe hollandais, Weiland , avait fait paraître un dictionnaire approfondi qui, jusqu'ici, était le guide obligé de tous ceux qui étudient lidiome national. Toutefois ce livre, très-méritant pour son époque, ne se trouvait plus à la hauteur de la science linguistique. Les Hollandais comme les Flamands , adonnés à la haute culture littéraire, éprou- vaient, par conséquent, le besoin de pouvoir consulter un lexique plus complet , plus en rapport avec les progrès que la langue néerlandaise a réalisés depuis un demi-siècle. Dès le premier congrès littéraire flamand, qui fut tenu à Gand en 1849, on exprima unanimement le vœu de voir 2%° SÉRIE, TOME XVII. ( 98 ) rédiger un dictionnaire national, raisonné, contenant tous les mots de la langue écrite, tant dans les Pays-Bas ac- tuels que dans les parties de la Belgique où le flamand est en usage, À ce congrès, pacifiques assises de l’intelligence, appartient donc l'honneur d’avoir provoqué la première idée de la publication d’un semblable dictionnaire. En manifestant un tel vœu , on était mû par deux con- sidérations : celle de voir se resserrer encore, au point de vue d’un idiome commun, les liens de nationalité qui exis- tent entre les Flamands et les Hollandais; celle de trouver réunis dans un même lexique tous les vocables employés dans les contrées où la langue néerlandaise — le hol- landais et le flamand — est parlée aujourd’hui, sans en exclure les idiotismes qui font la richesse des dialectes locaux et qui, par leur propriété souvent originale , méri- tent d’être accueillis dans le langage littéraire. La question de la rédaction d’un dictionnaire de cette espèce fut successivement portée à l’ordre du jour des congrès d'Amsterdam, de Bruxelles, d'Utrecht, d’An- vers, de Bois-le-Duc et de Bruges; M. De Vries, profes- seur à l’université de Leide, qui est aujourd'hui avec M. Te Winkel la cheville ouvrière de cette grande et diffi- cile entreprise, est yenu annoncer à l'assemblée tenue s cette dernière ville la prochaine exécution d’un projet dont la réalisation était attendue avec une juste impa- tience par tous les hommes qui s'intéressent à la culture et au progrès de la langue néerlandaise. Après deux ans d’attente, ce projet reçoit aujourd'hui ‘un commencement d'exécution. Le spécimen et le pros- pectus du dictionnaire sont distribués, et, à partir du mois de septembre de cette année, les livraisons de l'ouvrage paraîtront régulièrement. Elles seront de cinq feuilles ou A i | $ | à À RO ETS RM ESC Ce CRE RTE (99 ) quatre-vingts pages in-octavo, à deux colonnes et forme- ront; réunies, environ huit volumes contenant sept mille six cents pages d'impression. On payera pour chaque feuille le prix modique de 37 centimes. Plusieurs linguistes flamands ont été appelés à l’hon- neur de collaborer à cette publication nationale; nous ci- terons MM. les professeurs David, Bormans, Heremans et Van Beers qui se sont chargés, pour leur spécialité, de communiquer à MM. De Vries et Te Winkel les locutions locales plus particulièrement employées en Belgique, les mots usités dans nos provinces dans des acceptions diffé- rentes de celles admises en Hollande, enfin certaines flexions , certaines formes orthographiques propres à nos populations. Après un examen critique approfondi, ces locutions, ces acceptions , ces formes particulières vien- dront prendre place à côté de celles qui jusqu'ici avaient exclusivement figuré dans les dictionnaires hollandais, et enrichiront Pidiome national d'éléments nouveaux. Ce mode d’exploiter les ressources linguistiques com- munes aux deux fractions des anciens Pays-Bas, aura pour résultat de présenter l’ensemble de toutes les richesses de la langue néerlandaise. Un autre avantage résultera encore de la composition de ce dictionnaire international, celui d’assigner une orthographe uniforme aux mots, et de faire cesser, le bon sens et la pratique aidant, la frivole querelle des deux aa et des deux uu qui divise encore les Flamands et les Hollandais. On sait du reste que depuis quelques mois, M. le Mi- nistre de l’intérieur a institué une commission chargée de rechercher le moyen d'établir dans l'orthographe une unité longtemps désirée. Cette question recevra donc, sous peu, une solution officielle, et tout fait présager que le dic- ( 100 ) tionnaire que nous annonçons exercera une salutaire in- fluence sur ces différends linguistiques, et que son autorité _ne sera point méconnue. Une œuvre analogue a été entreprise en France : nous ne voulons point parler du dictionnaire de l’Académie, dont notre génération ne verra pas l'achèvement, mais du livre d’un linguiste de premier ordre, M. Littré. On sait que l’importante publication de ce dernier a obtenu les suffra- ges de tous ceux qui étudient l’histoire de la langue fran- çaise. Conçu à peu près dans la même forme, mais avec plus de développements encore, le dictionnaire néerlandais, à la rédaction duquel les gouvernements belge et hollandais, appréciant sa haute utilité se sont intéressés par l’octroi de subsides annuels, ne sera pas reçu avec moins de faveur. Il nous a semblé que l'Académie royale de Belgique, où la littérature flamande compte plusieurs représentants, ne pouvait rester indifférente à l'exécution d’une œuvre de cette importance, surtout alors qu’elle est dirigée par un de nos plus savants associés à l’étranger, M. De Vries. J'ai donc pensé que mes confrères de la classe des lettres trou- veraient tout naturel que cette publication internationale fût signalée à leur attention au double titre de sa valeur scientifique et du nom de l’homme éminént qui s’en est chargé. D'après le spécimen dont nous remettons ici un exem- plaire à la Compagnie, les étymologies occuperont une large place dans chaque article d’une certaine importance. Le lecteur trouvera ensuite l’histoire des mots, leurs a€- ceptions propres ou figurées, leurs applications prover- biales, leurs formes orthographiques aux différentes épo- ques, leurs synonymes, le tout appyué d'exemples puisés aux meilleures sources littéraires. On le voit, cette méthode analytique multiple appliquée D RC RS en onde ( 101 ) à la lexicographie offre un vaste champ. Elle est même assez compliquée pour que nous craignions qu'elle ne pêche par trop de prolixité, malgré le sage esprit de critique et la mesure qui semblent devoir présider aux explications linguistiques. A en juger par le spécimen, certains mots feront l’objet d’une véritable dissertation, et peut-être usurperont-ils ainsi une place trop considé- rable. En effet ces longueurs de détail donnant au livre des proportions exagérées nuiraient au succès populaire de l’entreprise. MM. De Vries et Te Winkel sentiront peut-être la néces- sité de réunir l’histoire des mots ainsi développée, dans une œuvre spéciale, qui formerait l’appendice du lexique. Car il importe avant tout qu’un pareil livre serve au plus grand nombre, au lieu de n'être que l'arsenal linguistique des érudits. La préposition achter, par exemple , occupe presque cing colonnes du spécimen; le mot azig, vocable tout à fait local, a fourni l’occasion d’une petite dissertation juri- dique sur l’ancien droit frison; il en est de même du mot aasdom. Que feront les auteurs quand ils auront à expli- quer des locutions beaucoup plus importantes et d’un usage général? Ces excursions dans des sciences étran- gères à la lexicographie ou n'ayant avec elles qu’un lien indirect présentent plus d’un danger. Un modèle dans ce genre, quoique entrepris dans des proportions moins amples, est le dictionnaire de la langue française, publié il y a peu de temps par un savant aussi modeste que consciencieux, M. Aug. Scheler, bibliothé- caire du Roi (1). (1) Dictionnaire d'étymologie française. Bruxelles , 1862, in-8?, » (102) En exprimant notre opinion sur le plan de MM. De Vries et Te Winkel, ce n’est pas un reproche que nous enten- dons leur adresser , mais plutôt un témoignage d'intérêt et un avis utile pour les prémunir contre une surabondance de savoir. En même temps que ce dictionnaire et pour lui servir . d'introduction, notre savant confrère hollandais publiera un lexique des mots du moyen âge, auquel nos écrivains de cette époque, Maerlant, Melis Stoke, Boendael, Jean de Ruysbroeck, le Roman du Renard, etc., fourniront un _ large contingent; on sait que c’est surtout dans la Flan- dre, le Limbourg et le Brabant qu’il faut rechercher les plus importants monuments de la langue thioise. Ce sera donc un nouvel hommage rendu à la Belgique pour la part notable qu’elle a prise, dans les siècles passés, au dévelop- pement de la civilisation littéraire de l’Europe occidentale. L'apparition de ce dictionnaire répondra victorieuse- ment aux objections de ceux qui prétendent que la langue flamande manque d’homogénéité et qui, ne considérant que l’idiome parlé, dont les dialectes diffèrent effective- ment dans un grand nombre de localités, croient avoir trouvé un argument bien solide contre la culture de cette langue, en assurant qu’elle ressemble quelque peu, par son orthographe et sa prononciation, à la tour de Babel. Nous faisons des vœux, pour que l’œuvre dirigée avec tant de sagacité par M. De Vries arrive à. bonne fin et nous n’hésitons pas à croire que les sympathies de la Compagnie ne lui feront point défaut. (103) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 7 juillet 1864. M. ALvin, vice-directeur. M. Ap. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Braemt, F. Fétis, G. Geefs, Navez, Van Hasselt, J. Geefs, De Braekeleer, Partoes, Éd. Fétis, De Busscher, Balat, Payen, le chevalier L. de Burbure, membres; Daussoigne-Méhul, associé. : CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur ayant fait parvenir, pour être déposées aux archives , les partitions du dernier grand concours de composition musicale, l'Académie fit observer qu’il vaudrait peut-être mieux ne pas séparer ces partitions de celles qui appartiennent aux concours précédents. M. le Ministre répond aujourd’hui qu'il croit également que toutes les pièces des concours organisés par le Gouverne- ment seraient plus convenablement réunies dans un même dépôt. La classe, après avoir consulté M. Fétis, pense qu'il serait préférable en effet de déposer toutes les pièces des ( 104 ) concurrents au Conservatoire. Il sera répondu dans ce sens à M. le Ministre, — L'Académie est informée qu’un subside extraordi- naire de trois mille francs a été mis à la disposition des trois classes pour augmenter les prix des questions mises au concours pendant l’année 1864. i — M. le secrétaire perpétuel donne lecture de la lettre suivante qu'il vient de recevoir de M, Vieuxtemps, membre de la classe des beaux-arts : « Dans le temps, vous m'avez fait l'honneur de me demander une composition musicale pour être exécutée dans une séance où les œuvres des membres de l’Académie devaient seules être admises. Ce projet fut abandonné alors. Cependant il avait provoqué chez moi une idée que j'ai poursuivie depuis, et qui se trouve enfin formulée dans un travail que je me propose de soumettré à la compagnie et dont elle voudra bien, j'espère, agréer l'hommage. C’est une ouverture et chœur, faisant cadre à un hymne national belge, destiné, dans ma pensée, à combler une lacune existant dans notre pays depuis longtemps. Nous avons des chants révoluti ires, nous n'avons pas d’hymne national; et je crois que nous pouvons chanter aujourd’hui la liberté, sans accompagne- ment de mitraille et, par suite, sans blesser la susceptibilité musicale d'aucune oreille voisine. _» Je serais très-heureux si mon œuvre pouvait être comprise dans le programme de la séance publique an- nuelle ; qui aura lieu, comme de coutume, je suppose , au temple des Augustins, au mois de septembre prochain. Comme je me trouverai en Belgique à cette époque, je pourrai vous la faire entendre sous ma direction, et vous AE SAR VERSER UE AE UE Qe | } | | | | | | BE | l à | | Es ( 105 ) et nos chers confrères pourriez juger si j'ai réussi dans le double but patriotique et musical que j'ai eu en vue... » Il sera répondu à M. Vieuxtemps que la classe accepte ses offres obligeantes. Elle entendra avec le plus grand plaisir la pièce nationale qu’il veut bien lui promettre pour la prochaine séance publique. — M. de Coussemaker, associé de l’Académie, fait hommage d'une brochure in-quarto de sa composition, sur les Harmonistes des douzième et treizième siècles. — Remerciments. : — M. Ed. Fétis rend compte des mesures prises dans la séance du comité directeur de la caisse des artistes qui s’est réuni avant la séance académique. Il fait connaître les demandes qui ont été faites pour des subsides, et la classe approuve les décisions qui lui sont soumises. — La classe s'occupe ensuite de différentes mesures relatives à la disposition intérieure des bâtiments qu'oc- cupe l’Académie. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Statistique générale de la Belgique. Exposé de la situation du royaume (période décennale de 1851-1860), publié par le Ministre de l’intérieur, tomes I et II. Bruxelles, 1864; 2 vol. in-4°. De Witte (J.). — La trahison d’Ériphyle. Rome, 1865; in-8°. De Witte (J.). — Médailles d’Amphipolis. Paris, 1864; in-8°. (106) Nève (Félix): — Le sanscrit et les études indiennes dans leur rapport avec l’enseignement classique. Bruges, 1864 ; in-8°. Exposé de la situation administrative des neuf provinces de la Belgique, année 1864. Bruxelles; 9 vol, in-8°. Bets (P.-V.). — Histoire de la ville et des institutions de Tirlemont, d’après les documents authentiques, la plupart inédits. Louvain, 1860; 2 vol. in-8°. Bonjean (R.-J.), Bivort (J.-B.) et Cloes (J.-J.). — Revue de l'administration et du droit administratif de la Belgique, 11°" année, 4% à 6 livraisons. Liége, 1864; in-4°. Brasseur (H.). — Manuel d'économie politique, t. I°, et 1" et 2°° partie du tome second. Bruxelles, 1860-1864; 2 vol. in-8°. Brasseur (H.). — La banque nationale et la liberté des banques. Anvers, 1864; in-8°. Broeckaert (Jean). — Historische schets der gemeenten Overmeire en Uitbergen. Bruxelles, 1863; in-12. ; D'Otreppe de Bouvette (Alb.).— Essai de tablettes liégeoises, 45° livraison. Liége, 1864; in-12. Leclercq (Émile). — Histoire de deux armurières. Bruxelles et Paris, 1864; in-42. Vander Moere (J.). — Récit de la persécution endurée par les séminaristes du diocèse de Gand en 18453 et 1814, à Wezel, à Paris, ete., précédé d’un coup d'œil sur l’histoire de l'Église dans ses rapports avec le diocèse de 4800 à 1814. Gand, 1865; in-8°. Caisses de prévoyance des ouvriers mineurs. — Rapports des commissions administratives sur les opérations de l’exer- cice 1863 des caisses de la province de Namur, du Hainaut, de Liége et du Luxembourg. 2 cahiers in-4° et 4 brochures in-8°. Annales des travaux publics de Belgique, tome XXI, 3™ cahier. Bruxelles, 1864 ; in-8°, ( 107 ) Revue universelle des arts, publiée par Paul Lacroix (Biblio- phile Jacob) et M. C. Marsuzi de Aguirre, 10" année, 19%° vol., n° 4 à 5. Bruxelles, 1864; 5 cahi in-8°, rogrès par la science, 2" année, n° 153 à 185. bave 1864 ; 50 feuilles in-4°. Académie d'archéologie de Belgique. — Statuts du 26 juin 1864. Anvers, 1864; in-8°. Journal historique et littéraire, tome XXXI, liv: 3. Liége, 1864; in-8°. Société scientifique et littéraire du Limbourg. — Bulletin, tome VI, 4% fascicule, Tongres, 1864; in-8°. Société industrielle et commerciale de Verviers. — Bulletin, 1° livr., mai 1864. Verviers, 1864; in-8°. Cercle archéologique du pays de Waes. — ue, 4m“ livr., juin 1864. Saint-Nicolas; gr, in-8°. — Archives des familles du pays de Waes, 41° fascicule. Saint-Nicolas, 1864; gr. in-8°. Annales d'oculistique, 27™° année, tome LI", 4™°, 5° et 6™° livr. Bruxelles, 1864; in-8°. Koninklijke Akademie van Wetenschappen van Amster- am. — Afdeeling letterkunde, Verhandelingen, Hè deel. Amsterdam, 41863; in-4°, — Verslagen en Mededeelingen, VII** deel. Amsterdam, 1865; in-8°. — Afdeeling natuurkunde, Verslagen en Mededeelingen , Va. en VI deel. Amsterdam, 1865-1864; 2 vol. in-8°. — Jaarboek voor 1862. Amsterdam, 1863; in-8. — Catalogue du cabinet de monnaies et mé- dailles, rédigé par MM. Ensehedé et Six. Amsterdam, 1863; in-8°. Musei botanici figdunn Bi — Annales. Edidit J.-A.- Guil. Miquel, tome I, fase. 4, 5, 6, 7 et 8, Amsterdam et Utrecht, 1865-1864 ; 5 ah. R Giacoletti (Joseph). — De lebetis materia et forma iusque tutela in machinis vaporis vi agentibus. Amsterdam, 1863; in-8°. Kops (Jean). — Flora Bataya, afbeelding en beschrijving van ( 108 ) nederlandsche gewassen, gevolgd door Jhr. J.-A. Hartsen, 187 aflevering. Amsterdam, 1864; in-4°. Bierens de Haan (D.). — Over de magt van het Foghla onbestaanbare in de wiskunde. Redevoering ter aanvaarding van het ambt van buitengewoon hoogleeraar aan de hooge- schooł te Leiden, den 25 september 1865. Deventer, 1865; in-8°. Van Maerlant (Jacob). — Spiegel historiael, uitgegeven door de Maatschappij der nederlandsche letterkunde te Leiden. Leide, 1859 à 1863; 5 vol. in-4°. Société géologique de France. — Bulletin, 2" série, tome XXI”, feuilles 6 à 15. Paris, 1863-1864; in-8°. Institut historique de Paris. — L’Investigateur, 21™° année, 340°° livr. Paris, 1864; in-8°. Revue de l'instruction publique, de la littérature et des sciences en France et dans les pays étrangers. 24"° année, n° 1 à 153. Paris, 1864; 13 doubles feuilles in-4°. Bertrand | Alexandre). — Les voies romaines en Gaule, voies des itinéraires. Résumé du travail de la commission de la topographie des Gaules. Paris, 1864; in-8°. Creuly (le général). — Carte de la Gaule sous le proconsilit de César. Examen des observations critiques auxquelles cette carte a donné lieu en Belgique et en Allemagne. Paris, 1864; in- 8°. Catalan (E.). — Sur le calcul des nombres de Bernoulli. Paris, 1864; in-4°. De Coussemaker (H.). — Les harmonistes des xn”° et x” siècles. Paris, 1864; in-4°. Élie de Beaumont. (L.) — Tableau des données numériques qui fixent cent cinquante-neuf cercles du réseau pentagonal. Paris, 1865 ; in-4°. Elie de Beaumont (L.). — Tableau des données numériques + fixent les trois cent nn points principaux du ‘seau pentagonal, Paris, 1864 ; Melleville (M.). — Du allure - eiieies sur les dépôts a a a EE a ( 109 ) auxquels on doit donner ce nom et sur la cause qui les a pro- duits. Paris, 1849; in-8°. Kaiserliche Akademie der Wissenschaften in Wien. — Sitzung der mathematisch - naturwissenschaftlichen Classe. Jahrg. 1864, n*% 14,15, 16, 17. Vienne, 1864; 4 feuilles in-8°. Kaïserliche-künigliche geologische Reichsanstalt zu Wien. — Jahrbuch, XIV‘ Band, n° 4. Vienne, 14864; gr. in-8°. Senckenbergische naturforchenden Gesellschaft in Frank- furt A.|M. — Abhandlungen, V'* Band, I Heft. Francfort S./M., 1864; in-4°. Zoologische Gesellschaft zu Frankfurt A.]JM.— Der zoolo- gische Garten , Zeitschrift für Beobachtung, Pflege und Zucht der Thiere. V'* Jahrg., n° 2 und 6. Francfort S./M., 1864; in-8°. Heidelberger Jahrbücher der Literatur, unter Mitwirkung der vier Facultaten, LVII" Jahrg., 4-6% Heft. Heidelberg, 1864; 3 cah. in-8°. Braun (Zelius). — Naturgeschichte der Sage. Rückführung aller religiösen Ideen, Sagen, Systeme auf ihren gemeinsamen Stammbaum und ihre letzte Wurzel, I! Band. Munich, 1864; in-8°. Kongelige nordiske Oldskrift-Selskab til Kjobenhavn. — Antiquarisk Tidsskrift, 1858-1860. — Det Kongelige nordiske Oldskrift Selskab, 1862. — Om bygnings maaden af oldtidens Jaettestuer. — Uber den Bau der Riesenbetten der Vorzeit. — Séances annuelles du 43 mai 1862, du 51 mai et du 23 décem- bre 1863. — Dannevirke og Omeyn, af Chr., C. Lorenzen, in-12. Copenhague; in-8°. Muoni ( Damiano). — Binasco ed altri comuni dell agro Milanese. Milan, 1864 ; in-8°. Muoni (Damiano). — Nozioni sulla rezia dalle origini alle tre leghe. Milan, 1865; in-8°. Breton (Ernest). — Rapport fait à l’Institut historique de (110) France, par son président , sur le livre : Nozioni sulla rezia dalle origini alle tre leghe di Damiano Muoni. Milan , 186%; in-8°. Armellini (Titus). — L'Unità delle forze fisiche, saggio di filosofia naturale del p. Angelo Secchi. Rome, 1864; in-8°. Corrispondenza scientifica in Roma , vol. VI, n° 8. Rome, 1864; in-4°. Galletti (M.). — Determinazione volumetrica dello zinco contenuto nei suoi minerali mediante una soluzione normale di ferro cianuro di potassio. Turin, 186%; in-4°. The Reader, a review of literature, science ant art, vol. IV, n” 77, 78, 79, 80 et 81, et titre et table du vol. I. Londres, 1864 ; 6 doubles feuilles in-4°. Anthropological Society of London. — The anthropological review, n° 5, may 4864. Londres ; in-8°, Chemical Society of London. — Journal, serie 2, vol. II, n™ 16, 17 et 18. Londres, 1864; in-8°. Benson (Lawrence S.). — Geometrical disquisitions. Londres, 1864; in-8. Royal irish Academy of Dublin. — Transactions, vol. XXIV: Science, part 5; Antiquities, part 4; Polite literature, part 1. Dublin, 1864; 2 cah. in-4°; — Proceedings, vol. VIH, p.1à6. Dublin, 1862-1864; 6 cah. in-8e. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1864. — N° 8. ee CLASSE DES SCIENCES. Séance du 6 mis 1566... M. Scnaar , président de l’Académie. M. An. QUETELET , secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d’Halloy, Wesmael, Stas, De Koninck, Van Beneden, A. De Vaux, de Selys-Long- champs, Nyst, Liagre, Duprez, Brasseur, Dewalque, Er- nest Quetelet, membres; Donny, Montigny, Candèze, correspondants. M. Éd. Fétis , membre de la classe des beaux-arts, as- siste à la séance. 2me SÉRIE , TOME XVIII. 8 (112) CORRESPONDANCE. L'Académie royale des sciences de Madrid fait parvenir ses dernières publications, parmi lesquelles on remarque deux volumes in-folio renfermant les ouvrages d’astrono- mie du roi don Alphonse X de Castille, connus sous le nom de Tables Alphonsines. M. le Ministre de l’intérieur adresse un exemplaire de l'Iconographie des helminthes où des vers parasites de l'homme, par M. Van Beneden, ainsi que le Catalogue des collections composant le Musée royal d’antiquités, d’ar- mures et d'artillerie de Bruxelles. — Remerciments pour ces dons différents. — M. A. Bellynck fait parvenir les résultats de ses ob- servations sur les phénomènes périodiques des plantes observés à Namur pendant l’année 18653. — M. Grischenko, étudiant à l’université de Gand, pré- sente une notice manuscrite contenant le résultat de ses Recherches alcalimétriques. M. Stas est invité à examiner ce travail. — M. le secrétaire perpétuel fait connaître qu'il a reçu, dès à présent, une réponse manuscrite à la question _ Sur la composition chimique des aciers, pour le concours de la classe dont le terme fatal n’expire qu’au 20 sep- tembre prochain. — L'Institut libre de Francfort-sur-Main pour la pro- pagation des sciences , des arts et de l'éducation générale (113 ) fait parvenir à l’Académie le prospectus d’une assemblée générale des savants allemands qui aura lieu à Giessen du 18 au 19 septembre prochain, et qui s’occupera de la Supputation scientifique de la longueur de l’année, à l'effet d'introduire une nouvelle réforme dans les calendriers Julien et Grégorien. RAPPORTS. Sur l’eau minérale du puits artésien d'Ostende. Rapport de M. De Koninck. M. le Ministre de l’intérieur ayant transmis à l’Aca- démie une note que ce haut fonctionnaire avait reçue lui-même de l'administration communale d’Ostende, vous m'avez fait l'honneur de me nommer membre de la com- mission Chargée d'examiner ce petit travail. Celui-ci, rédigé par MM. Sobry et Goffn, ne comprend que le résul- tat de l’analyse à laquelle les auteurs ont soumis l’eau du puits artésien d'Ostende et la comparaison de cette ana- lyse à celle des eaux de Tæplitz, de Vichy, de Mont-Dore, de Spa (4) et de Seltz. Suivant eux , l’eau d'Ostende doit être classée parmi les eaux minérales alcalines et ferrugineuses et peut rivaliser (1) Il est à remarquer que MM. Sobry et Goffin semblent ignorer l'ana- lyse _ cette eau, faite avec le plus grand soin en 1830, par notre savant re M. Plateau et publiée dans le t. XVIJ de nos Mémoires, puisqu'ils adoptent dans leur tableau une analyse de Bergmann antérieure à celle-ci. ( 114 ) avec celles qui sont le plus répandues et le plus en vogue. Je ne crois pas devoir discuter cette dernière opinion sur laquelle l’Académie de médecine serait bien plus com- pétente à se prononcer que ne l’est la classe des sciences. Mais il est un autre point de ce travail que je ne puis pas laisser passer inaperçu. Si je comprends bien le peu de mots que les auteurs consacrent aux propriétés des eaux analysées par eux, ils semblent croire que ces eaux sont potables et propres à tous les usages domestiques et culinaires. Sous ce rapport, il west impossible d’être de leur avis, et il suffira d’avoir goûté une fois des eaux artésiennes d'Ostende pour être persuadé qu’elles ne sont pas plus po- tables que ne le sont celles de la mer dont elles sont si voisines. La quantité considérable de matières fixes qu’elles ren- ferment et qui, d’après mes propres analyses, se trouvaient être de 25°,687, au mois de mars 1860, et s'élèvent actuel- lement jusqu’à 3,05, suffiraient d’ailleurs pour émettre cette opinion : c'était aussi celle de la commission qui a été chargée en 1860, par M. le Ministre de l’intérieur, de l'examen de ces eaux. Ayant eu l'honneur de faire partie de cette commission, je me suis livré à d’assez longues recherches sur la nature des eaux artésiennes d'Ostende, et je les ai soumises à diverses analyses. La première de ces analyses a été faite sur des eaux recueillies à la source même au commencement de l’année 1860. Elle a été exécutée avec tous les soins nécessaires et elle ma fourni 2,687 de matières fixes par litre de liquide. La moyenne de mes diverses opérations, qui d’ailleurs (115 ) ne différaient pas sensiblement les unes des autres, m'a donné Chlorure s0diqué = 2- re e enn er 1,363 Sulfate sodique PR Te de OO Carbonate nique RE RSS ee ei Gulorure polassique -~.i leorra :.0,083 Carbonate magnésique . . . … 0,034 Alumine avec traces osile odii P Sili Un 0,005 Matière Tee et et à... -,—… O r. $687 (1) A cette époque, je mai pu reconnaître la présence d'au- cune trace d’acide phosphorique, ni iode, ni de brome, quoique ces deux derniers corps eussent été signalés (à tort probablement) par un chimiste ostendais. Quelque temps après, j'eus l’occasion de me procurer de l'eau recueillie par M. le docteur Verhaegen , en 1859, au moment où la sonde atteignit la première nappe jail- lissante. Quoique cette eau eût la réputation d’être moins salée que celle des sources mélangées, elle me donna par litre un résidu de 2920, contenant : gr. Chorme sotme = 5 A n a RA Salato sodique :. -- ar submergées du Sphen. Schlotheimii ; ce que l'examen de l’échantillon ds appartenant au musée de Halle est venu pleinement confirmer depuis lors. Un ee er du Sphen. divisées qui semble faire partie de la même plante. $. Sauveur (1848), Végétaux foss. d. terr. houill. de Belga tab. LXIV, (445) fig. 5 et 5. La figure 5, pour laquelle Sauveur crée une espèce nou- velle, le Sphen. quadriphyllum, ne ir ésente qu'un ee Schlotheimii incomplet à verticille tétraphylle, comme cela se voit encore dans beaucoup d’autres cas. Les échantillons es ques, reproduits par Sauveur dans les figures 53 et 5, manquent dans la collection de l'université de Liége (1), et nous doutons beaucoup qu'on ait trouvé le Sphen. Schlotheimii en Belgique. 9. Von Ettingshausen, Steinkohlenflora von Radnitz, 1ab. XII, fig. 3 Ce gr sin représente sans doute la partie lbeieure submesgée, en. Schlotheimii. 10. Geinitz, Fe d. Steinkohlenform. in Sachsen, tab. XX, fig. 2 et7 (Sphen. emarginatum). Ces figures reproduisent un échantil- lon stérile et un autre ee 11. Icon nostra, pl. 1, fig. 1 Lieux de provenance. — Tous les échantillons que nous avons examinés proviennent de Wettin en Saxe ou d'Ibben- buren en Westphalie; mais ceux de cette dernière localité ont tous des feuilles sensiblement plus petites et des nervures moins nombreuses que ceux de Wettin. Les flores de Saar- brücken, d'Eschweiler et de Bochum, que nous avons pu étu- dier spécialement, ne possèdent point cette espèce. Le Sphen. Schlotheimii est en outre indiqué à Löbejün en Saxe par Ger- mar et Andrae; en Thuringe par Schlotheim; à Waldenburg en Silésie par Brongniart; à Zwickau et à Oberhohndorf en Saxe par von Ettingshausen et par Geinitz; à Radnitz en Bohême par Sternberg. Cette dernière localité est douteuse, en ce que Sternberg a constamment confondu les Sphen. Schlotheimir et emarginatum. Enfin, Sauveur l'indique en Belgique, mais le manque de texte dans son ouvrage, aussi bien que l'absence de figures amplifiées, laisse toujours des doutes sur la valeur de ses indications. (1) M. Dewalque, répétiteur à l'École des mines, a bien voulu nous donner, au sujet de la collection de l’université de Liége, tous les rensei- gnements de . Nous nous faisons un devoir et un plaisir de lui en offrir ici nos sincères remerciments. 2e SÉRIE, TOME XVIN. à 10 (444) Ii. Sphenophyllum emarginatum Brong. (Sensu latiore). S. foliis angustioribus, arcte cuneatis, integris, trunca- tis, obtuse dentatis, nervis haud numerosis (8-12) ad folii basim confluentibus , verticillis 6-9 phyllis. Spicae nondum repertae. 1851-55. E and Hutton, The fossil Flora of Great Britain., vol. I, pp. 85-87.? (sub nom. Sphen. Schlotheimii). 1847. bambusy, in Quart Journ. x geol. Soc., vol. IIl, p. 430. ? (sub : phen. Schlotheimii). 1853. mn Verstein. d. Steinkohlenform. in Sachsen, p. 42 (pro aliqua parte). Les paléontologistes ne paraissent pas avoir connu le type que nous venons de caractériser. C’est généralement une variété dont nous parlerons plus tard , qu’ils ont décrite sous le nom de Sphen. emarginatum, et même, pour la plupart d’entre eux, ce Sphen. emarginatum est une espèce poly- morphe, comprenant les formes les plus distinctes : ainsi Un- ger et von Ettingshausen lui assignent comme Een ré le Rotularia Marsileaefolium de Sternberg, qui est à son tour, pour celui-ci, synonyme du Sphen. Schlotheimii. Ces deux mêmes auteurs citent en outre comme Sphen. emarginatum la plante fertile figurée par Presl (Verhand. d. Vaterländ. Mus., 1858, tab. II, fig. 2-4) et qui doit certainement être rap- portée au Sphen. Schlotheïmii. Geinitz élargit encore le cercle de cette espèce et comprend sous le nom d’ emarginatum non- seulement la plante que Brongniart avait appelée ainsi, mais même les Sphen. Schlotheimii et erosum. La synonymie de- vient, par suite, extrêmement laborieuse et presque inextri- cable. , REVUE ICONOGRAPHIQUE. 1. Lindie et Hutton, Fossil Flora, vol. 1, tab. 27. Quelques auteurs . celte au Sphen. Schlotheimii, d'autres à learn. Nous admettrons l'opinion de ces derniers, tout en exprimant nos doutes à cet égard. Dans la figure citée, la forme (185 ) souvent subarrondie des feuilles et leur crénelure rappellent le Sphen. Schlotheimii, mais la nervuration est celle du Sphen. emarginatum. La feuille amplifiée que donne le botaniste anglais - est d’ailleurs inexactement dessinée : les nervures A aboutissent toutes entre les i de la feuille, ce qui est tout à fait contraire à ce qu’on observe chez les Sphenophyllum. Cette cita- tion est donc douteuse et il en est, A conséquent, de même de celle de Bunbury mentionnée ci-dessus, puisque cet auteur dé- clare sa plante en tout semblable à ie de Lindley. z Verstein. d. Steinkohlenform. in Sachsen, tab. XX, fig 1, 4. Ces figures, SS ae typiques, ne peuvent représenter Re e le Spheń: emargina 5. dcon nostra, pl. L, fig. 2, TA LE, fig. 1, 2; 5. Lieux de provenance. — Le Sphen. eéfginatuin se trouve à Saarbrucken en assez grande abondance. Nous l'avons reçu aussi de Saint-Guislain. Geinitz l'indique comme provenant encore d’'Oberhohndorf en Saxe, et les échantillons douteux figurés et décrits par Lindley et par Bunbury sont originaires ` du Somerset et du cap Breton en Angleterre. Nous n’avons Jamais trouvé cette espèce que sur le sphérosidérite argileux du schiste houiller. Richard Andree (Neues Jahrb. f. Min., Geol. und Paleontol., 1864, de Leonhard et Geinitz, Heft II, p. 165 ), indique en- core le Sphen. emarginatum près de sAGA : mais comme les figures de Brongniart (Class. des vég. fossil., tab. IL, fig. 8) et de von Ettingshausen (Fl. v. Stradonitz, tab. VI, fig. 6, pr. part.), que cite Andree, représentent deux plantes différentes, on ne peut rien conclure de cette citation. ë 8. BroncNianTianum Coem. et J.-J. Kx. Var. Foliis superioribus minoribus, apice subrotundatis , medio incisis, obtuse dentatis, foliis inferioribus varie lo- batis. 1822. Brongniart, Classif. des végét. deee dans les Mém. du ins t. VIII, p. 254 Set eane 1822. Brongniart, Prodr., pp. 68 et 172 ( 146 ) 1835-37. Bronn, Lethaea geognostica, p. 32 (Sphen. emarginatum). 1858. dr de rhand. d. pe ellsch. d. Vaterländ. Mus., p. 50 (Rotu- ia Brongniartiana). 1845. i und v. SRI Gaea von SOAT p. 72 (exclus. "y Sternbergiü 1860. A. Roemer, Beiträg. z. geol. Kenntn. d. nordwest. Harzgebirges, p- 21 (Sphen. Osnabrugense, n. sp.). Cette variété, aussi bien que le type auquel nous la ratta- chons, semble avoir été confondue par beaucoup d'auteurs avec des espèces diverses. En 1838 cependant, Presl avait fait remarquer le port tout particulier de cette plante et avait pro- posé de lui donner le nom de Sphen. Brongniartianum. Nous avons conservé ce nom pour notre variété, que nous aurions volontiers considérée comme type spécifique, si nous n'avions tenu la forme à feuilles entières pour plus parfaite que celle à feuilles divisées; cest pour le même motif que nous envisa- geons le Sphen. erosum comme type du ns Serra lium. REVUE ICONOGRAPHIQUE. 1. pores T des vég. foss., tab. XII, fig. 8; figure excellente 2, Bi nig kryptogam. Gewäch., IV, Lxcoron., tab. XIII , fig. 1. 3. Bronn, Pr geognostica, tab. VI, fig. 10. Cette vu paraît céliire l'échantillon déjà représenté par Brongnia 4. Vogt, Lehrbuch d. Geol. u. She fig. 158 5. Naumann, Lehrbuch d. Geognosie, p. 845, fig. 18, A. ‘Cette figure, comme la précédente, west qu’une copie de celle de Bronn. 6. A. Roemer, Beiträge z. geol. Kennin. d. nordw. Harzgebirges, tab. V, fig. 2 (Sphen. Osnabrugense). La plante que pos © Roemer n’est certainement pas une espèce nouvelle : elle se rap-. porte a biene à la forme du Sphen. emarginatum Lee par et n’en diffère qu’en ce que ses feuilles sont beau- coup plus petitas: e échantillons provenant de NE Ve ont également les feuilles plus grandes que la plante de Roemer. 7. Icon nostra , pl. I; fig. k pr 5B. Lieux de provenance. — Le Sphenophyllum emarginatum ( 447 ) var. Brongniartianum n'est pas une forme très-répandue : c’est à Saarbrücken seul qu’on le trouve en assez grande abon- dance. Roemer l'indique en outre à Piesberg près d’Osnabrück, et Brongniart à Bath en Angleterre et à Wilkesbarre en Pen- sylvanie. Contrairement à ce que nous avons dit de l'espèce, que nous n'avons trouvée que sur le sphérosidérite argileux ; la variété se rencontre à la fois sur cette dernière roche et sur le schiste argileux lui-même. HE. Sphenophyllum longifolium Germar. Germar, in {side (1837), pp. 426, 427. S. caule crassiusculo ; foliis magnis (2,5 vel 4 centim. lon- gis), elongato-cuneatis, aliquando magis dilatatis , apice bifi- dis, lobis indivisis vel fissis, dentatis ; dentibus validiusculis, ovato lanceolatis, acutiusculis ; nervis numerosis (14-20) ad basim non Con flusniitus : verticillis 6-9 phyllis. Spicae non- dum repertae. 1828. Bronn, in Bischoff. krypt. Gewäch., IV, Lycopon., p. 151, tab. 15, fig. 2a. (Rotularia major 1835-37. aa. ja Paie Lg, k 1, p. 32 cogis syn, Ro- aj uj. 1837. Germar , in Iside , po. 126 et 427 {iphone longifolius ). 1845. Geinitz u. Gutbier, Gaea von Sachsen, pp. 71, 72 (exclus. syn. Rotularia Saxifragaefolia Sternb.) (Sphen. majus et Sphen- longifolium). 1845, Germar, Verstein., Heft II, pp. 17, 18 (Sphenophyllites longi- pr 1848. Goeppert , in Bronn Ind. pal., p. 1166 (Sphenophyllum majus et Sphen. longifolium). + 1850. Andrae, in ai. d. rap és er. in Haile, p. 122. 1850. Unger, Genera et species pl. foss 1851. Von Ettingshausen, in Haidi ing: er Haras Abhand. (sep. Abdr.}, p- 21 (Sphen. es var. longifolium). 1852. Giebel, Deut. Petrefact., 1832. Von oenen Stei ohisnfi. v. Siradonitz , p. 7 (Spheno- phyllum Sc jokema v var. longifolium). 1855. Geinitz, EES Pi (148) 1860. À. Roemer, Beiträge z. geol, Kenntn. d. nordwest. Harzgeb., 22. Nous tenons le Sphen. longifolium pour une espèce dis- tincte, bien caractérisée, contrairement à lopinion de von Ettingshausen , qui en fait une variété du Sphen. Shlotheimii. Nous avouerons que, dans ces deux plantes, les nervures pré- sentent de grandes anologies , sous le rapport de leur nombre, de leur dichotomie et de la manière dont ils sortent de la tige; mais l’aspect de cette tige elle-même, la forme des feuilles et de leurs dents, ainsi que le port général de deux espèces, nous offrent des caractères qui s'opposent à leur réunion. Dans la description du Sphen. longifolium, nous avons dit que ses fruits sont inconnus; en effet on n’a pas jusqu'à pré- - sent trouvé dépi adhérant aux parties foliacées de cette espèce. Nous ne pouvons cependant passer sous silence que le docteur Andrae, en décrivant le Volkmannia major (dans Germ., Verstein., p: 92, tab. XXXII, fig. 5, 6, 7), remarque que ce Volkmannia pourrait bien n’être que Pépi du Sphen. longi- folium. De même que pour le Sphen. Sehlotheimii , le Sphen. erosu et sa variété Saxifragaefolium, nous conservons à l'espèce décrite le nom le plus répandu, de préférence au nom le plus ancien; la dénomination de Sphen. majus pourrait en outre donner lieu à des erreurs, puisque certains auteurs ont séparé le Sphen. majus Bronn du Sphen. longifolium (Germ.). Ici encore comme dans les Sphenophyllum précédemment décrits, nous rencontrons des feuilles inférieures profondé- ment découpées; c’est done un fait acquis pour Fhistoire de ce genre, que les plantes dont il se compose portent des feuilles de deux formes distinctes, comme les Batrachium, quelques ombellifères et d'autres plantes aquatiques de la flore actuelle. REVUE ICONOGRAPHIQUE. 1. Bronn, in Bischoff. krypt. Gew., 1V, Lycoron.; tab. XII , fig. 2,4 et b; figure peu typique. z ; (149) 2. Bronn, sa geogn., tab. VHI, fig. 9; reproduction de la figure récéden 3. Germar, in RÉ tab. II, fig. 2, a et b; forme typique 4 — Verstein., Heft I, tab, VII, fig. 2; même type, mis à deits trop pointues. 5. Geinitz, Verstein., tab. XX, fig. 15, forme typique; fig. 16, forme à feuilles é disigis fig. 17, verticille à feuilles profondément dé- coupées 6. Icon os: pl. 1, fig. 4, 4A. Lieux de provenance. — Les échantillons que nous avons étudiés proviennent de Wettin, de Zwickau , de Saarbrücken et de Werden (Westphalie). La plante figurée par Bronn a été trouvée à Saint-Ingbert, dans la Bavière rhénane. Le Sphen. longifolium est indiqué en outre à Lôbejün par Germar, à Oberhohndorf par Geinitz et à Piesberg, près d’Osnabruck, par Roemer. Récemment nous l'avons rencontré dans le bassin houiller de Mons. IV. Sphenophyllum erosum Lindl. et Hutt. Lindley and Hutton, Fossil Flora of Great Britain , t. 1, pp. 41-44. S. foliis latiusculis, integris, apice truncatis et dentatis , dentibus regularibus , brevibus et acutis; nervis haud nume- rosis (6-19), ad basim folii confluentibus ; verticillis 6-12 Phyllis. Spicae ignotae. ; 1820-25. Sternberg, Versuch , H Heft, p. i woeiy Asplenioides) ; p- 55 (Rotularia cuneifolia). — rae or- dialis , p. 52 (Rotularia pusilla). 1828. Brongniart, Prodrome, pp. 68 et 172 (Sphenophyllum den- talum). 1831-35. Lindley and Hutton, Fossil Flora, pp. 41-44. 1845. Unger, Synops., p. 113 se dentatum); p. 114 ; (Sphenophyllum eros 1846. Bunbury, Quart. Geol. Bar vol. HE p 1850. Unger, Gener. et spec. pl. foss., p. 70 Aa dentatum et erosum). 1851. Von Ettingshausen, in Haiding. Naturwis. Abhand. cien Ab- druck.), pp. 21-22. } ( 430 ) 1852. Giebel, Deutschl. Petrefacten., p. 50 (Sphenophyllum den- tat um). 852. Von Ettingshausen , Steinkohlenfl. von Radnitz, pp. 30 et 51 =. (Sphenophyllum Schlotheimii, var. dendatum et var. erosum). 1852. Von Ettingshausen, Steinkohlenfl. v. Stradonitz , p. 7, 8 (sub iis- dem nominibus). 853. Geinitz, Verstein. d. Steinkohlenform. in Sachsen , p. 12 (Sphe- nophyllum emarginatum). ue Bien que la priorité porte à appeler l'espèce décrite Sphe- nophyllum Asplenioides (Stern.), et que même le nom de dentatum exprime mieux encore que celui d’erosum le carac- tère de la plante, nous avons conservé ce dernier, pour respet- ter une dénomination généralement reconnue et adoptée dans toutes les collections, de préférence aux quatre autres noms qu'avait déjà portés l'espèce. Il arrive que le Sphen. erosum ait les dents tantôt un peu plus longues, tantôt un peu plus courtes, presque nulles quel- quefois. Pour exprimer ces différences, von Ettingshausen a admis deux variétés, l’une dentatum, lautre erosum, que Unger a même élevées au rang d’espèces distinctes. Nous préférons ne pas tenir compte de ces variations ; car les échan- tillons à dents peu marquées sont en général de mauvaises empreintes, et von Ettingshausen avoue lui-même (Flor. v. Stradonitz, p. 8) que les deux formes coexistent parfois sur une même tige. Nous n’avons pas indiqué comme synonyme le Sphen. trun- catum Brong., parce que cette espèce n’a jamais été ni décrite ni figurée; il est cependant probable, comme le pense aussi Lindley (Foss. Flor., 1. c.), qu’elle se rapporte à l’une ou à Pautre des formes du Sphen. erosum. , REVUE ICONOGRAPHIQUE. 1, Sternberg, Versuch, IV Heft, tab. XXVI, fig. 4a et 8; échantillon à i dents peu marquées. 2. Bischoff, Krypt. Gew., pars VI, tab. XIII, fig. 3; copie de la figure précédente 4a de Sternberg. ; “ f È | ' j $ È 4 äk Ÿ NT $ ( 151 ) 5. Lindley and Hutton, Fossil Flora, t. 1, tab. XII}; figure typique pour le port, re le caractère des dents y soit peu exprimé. 4. Sig Quart. Geol. Journ., vol. IH, tab. XXII. Cette planche donne pe les caractères du Sphen. erosum. Le verticille inférieur montre le’ passage à la variété Saxifragaefolium 5. Sauveur, foss..de Belg., t. LXIV , fig. 4; quelques érticilles bi ; ) 6. Von Puingstausen, Steinkohlenfl. v. Radnitz , tab. XI, fig. 2; échan- tillon dégradé. 7: Von Serei Steinkohlenfl. v. Stradonitz, tab. VI, fig. 6; bonne gure. 8. Icon nostra , pl. I, fig. 5, 5A, 5B. Lieux de provenance. — Le Sphen. erosum se trouve en Belgique, tant dans le bassin houiller de Mons que dans celui de Liége; il est largement représenté à Eschweiler, localité qui à elle seule nous en a fourni une trentaine d'échantillons. Il est également assez commun dans le bassin de Westphalie, à Niedermeningen, à Gelsenkirchen, Kamen et Essen. Bron- gniart le mentionne à Newcastle, Anzen et Geislautern; Bun- bury au cap Breton; Sternberg à Radnitz et von Ettingshausen , outre cette dernière localité, cite encore Stradonitz en Bohême. B. SAXIFRAGAEFOLIUM Sternb. Var. Foliis angustioribus et magis de apiet pro- funde dentatis vel fissis , dentibus seg nervis paucioribus (4-8). Cette variété s'éloigne surtout du type par ses feuilles pro- fondément dentées et même découpées à des degrés variables. Ces segments, ordinairement étroits et divisés à leur tour, pré- sentent parfois une sorte de dichotomie qui a engagé quel- ques auteurs à distinguer une espèce particulière sous le nom de Sphen. dichotomum (Germ. et Kaulf.). Les tiges de cette variété sont souvent plus Pis que dans lespèce et offrent fréquemment des entre-nœuds très-courts, comme ceux du Sphen. angustifolium. On serait tenté de sup- _ poser que la forme Saxi/ragaefolium représente les feuilles (152 ) inférieures du Sphen. erosum , quoique nous n'ayons vu aucun échantillon montrant leur coexistence sur une même tige; mais ce qu’il est important de noter, c’est que les deux formes se rencontrent d'ordinaire dans les mêmes localités et que nous ne connaissons aucun échantillon de la variété repré- sentant une terminaison de tige, contrairement à ce qui a lieu souvent pour le type. 1820-25. Sternberg, Versuch, Heft IV, p. 42 ( Rotularia polyphylla), P. 42 (Rotularia Saxifragaefolia.), 1828. Brongniart, Prodrom., pp. 68 et 172 (Sphen. quadrifidum el phen. fimbriatum). ; 1828. DA und Kaulfuss, Act. Acad. Nat. Curios., vol. XV, pars IH, 226 (Rotularia dichotoma). 1837. Arini in {side (1857), pp. 426 , 427. 1845. Geinitz und Gutbier, Gaea von Sachsen , p. 72 (Sphen. quadri fidum 1845. Germar, Verstein., Heft 11, p. 17 (Sphenophyllites Saxifragae-. folius). 1845. Unger, Synopsis, p. 113 (Sphenophyllum fimbriatum, Sphen. quadrifidum). 1845. Goeppert, Foss. Fl- v. Schles., p. 200. 1848. Goeppert, in Bronn. Ind. pal., vol. 1, p. 1166 canai fimbriatum, Sphen. quadrifidum, Sphen. Sariana um). 1850. Andrae, in Jahresb. d. Nat. Ver. in Halle , p. 1 1850. Unger, Genera et species plant. foss., pp. 70, H (Sphenophyl- lum fimbriatum, Sphen. quadrifidum , Sphen. dichotomum). 1851. Von Ettingshausen, in Haiding. Naturw. ‘Abhand. (Sep. Abdr.), PP. 21-25 (Sphenophyllum Schlotheimii , var. Saxifragaefo- l ). Im). l 1852. Von Ettingshausen, Steinkohlenfl. v. Radnitz, p.51 (Sphenophyl- ; lum Schlotheimii var. fimbriatum et var. Sagan 1852. Von nn Steinkohlenfl. v. Stradonitz (sub iisdem no- s$). 1854. bik ,Florad. Hainichen-Ebersdorfer u. d. Floehaer Kohlen- P. 1855. Geinitz, Vorstei., p- 15 (exclus. sja. Sphen. majus Bron 1860, A. Roemer, Beitriige Z. Kentniss d. nordwest arab, p- „22, ( 153) À la rigueur, on pourrait diviser la variété dont nous nous occupons en deux sous-variétés : l’une, à feuilles assez étroites, à découpures peu nombreuses et marquées de quatre ou six nervures, serait la vraie forme Saxifragaefolium ; l'autre, à feuilles plus étalées, à segments étroits et allongés, montrant souvent huit nervures, constituerait le Sphen. fimbriatum de Brongniart. Ces deux formes ne méritent point cependant d'être séparées systématiquement : nous les avons souvent trouvées ensemble sur une même tige, spécialement sur les nombreux échantillons que nous avons étudiés à Eschweiler, et nous avons cru remarquer en même temps que la dernière des deux formes est particulièrement propre aux parties les plus inférieures des tiges. Plusieurs auteurs ont relevé une certaine analogie entre la variété Saxifragaefolium et le Sphen. majus Bronn (Lethaea, P. 52, tab. VHI, fig. 9); Geinitz (Verstein., p. 13) réunit même ces deux plantes. Nous croyons cependant que la figure du Lethaea ne se rapporte point au Sphen. ee 8 ges è mais bien au Sphen. longifolium, comme le prouvent la lar- seur des segments et la nature des dents de a ailes Ces dents, il est vrai, sont très-obtuses sona Geinitz le re- marque ayec rai t avee celles du Sphen. longifolium ; mais selles sont loin re d’avoir la même disposition quë dans le Saxifragaefolium. Leur nombre rappelle le Sphen. longifolium, et leur trop grand éloignement peut être attribué à une inexactitude du dessinateur. REVUE ICONOGRAPHIQUE. 1.-Sternberg, Versuch, Heft IV, tab. L, fig. 4; verticille profondément découpé se rapportant au Sphen. fimbriatum Brong. Nous ferons remarquer en passant que Unger (Gener. et spec. plant. foss., P- 70), qui s’est servi de cette figure pour diagnoser le Sphen. Aadria. lui attribue vingt feuilles, quoiqu'il n’en compte en réalité que pi Sternberg, Yersueh, Heft IV, tab. LV, fig. 4; même forme que la récéden (154) : DARF s us; Aah Acad: Wal; Cts t: XN; + pars M; Aah A < W g A (Rotularia dichotom 4. ere Vorsteinerungen, LL II, re LE ngi ; pianis à pee 5. Sauveur, Végét. sas şa Belg, n LXIV, fig. 7 et 2; quelques vei cilles de la à nouvelle : : Sphenophyllum multifidum: $ = Euingstausen, Steinkohlenfl. v. Radnitz, tab. XI, fig. 1 et 5; tab. XII, fig. 1, 2, 5; formes diverses du Sphen. fimbriatum Brong. La PER 2 de la dernière planche offre des ne sin- D ~ gulièrement élargies. - Geinitz, Flor. d. Hainichen-Elberd. Kohlenbas., tab. XIV, fig. 7 et 8. Tiges nues et feuillées , à feuilles profondément découpées. Geinitz, Verstein., tab. XX, fig. 5, 6, 8, 9, 10; tiges et verticilles à feuilles r R découpées. C. Icon nostra, pl. I, fig. 6, 6A , 6B, 6C. 1 1 Lieux deprovenance. — La variété Saxifragaëfolium est richement représentée à Saarbrucken, à Eschweiler et en West- phalie (Dortmund, Kamen, Herbide, Werden , Essen). Sau- veur l'indique en outre en Belgique, Sternberg à Swina, Geinitz et Gutbier à Zwickau , Brongniart à Terasson, Germar et Kaulfuss à Saint-Ingbert, Goeppert dans plusieurs localités de la haute et de la basse Silésie, Giebel à Stangalpe en Styrie, von Ettingshausen à Sommersert en Angleterre, à Radnitz en Bohème et à Reschitza en Hongrie, Geinitz près de Floeha et d'Oberhohndorf, enfin Roemer à Poppenberge près d'Hfeld. V. Sphenophyllum angustifolium Germ. Germar, Verstein., Heft II, pp. 48, 19. S. foliis elongatis , angustis, apice 2, 5, 4 fissis , laciniis inearibus, acutis, nervis raris (2-4); verticillis ordinarie 6 phyllis ; internodiis saepe brevissimis ; ; spicis terminalibus ; verticillis spicarum normaliter octocarpis. 1845. Germar, Verstein., Heft II, pp. 18 et 19 (Sphenophyltites angus- lifolius). a rise nes iaaa he és sir cdi cinéaste dl née r d EEEE EN I EET St doit ab 5 Lo à tb à, SEP Se ( 155 ) 4848. Goeppert,in Bronn Ind. ro t. I, p- 1166. 1850. -e in Jahresb. d. Naturw. Ver. in Halle; p. 121 (exclus. n. Rotularia tente 1850. r, Gen. et spec. pl. fos., p ir - 1851. ia Diii; in Haiding. Nalurw. Abhand., IV, p. 21 (sep. Abdr.) (Sphenophyllum Schlotheimii var. angustifolium). 1852. TO Deutschl. Petref., p. 50 (exclus. syn. Rotularia dicho- ma). Cette espèce, trouvée d’abord seulement à Wettin, par Ger- mar et le professeur Andrae, est parfaitement caractérisée , et ne peut en aucune façon être considérée comme simple variété du Sphenophyllum Schlotheimii ; elle s’en distingue par plu- sieurs caractères, entre autres par la position de ses épis, qui terminent toujours en rameau au lieu d’être axillaires, comme dans cette dernière espèce. Si l’on veut rapprocher le Sphen. angustifolium de quelque autre type du même genre, c’est avec le Sphen. Saxifragaefolium de Germar qu'on lui trouvera le plus de ressemblance; mais il sera toujours facile à recon- naître à ses feuilles allongées, étroites, à pointes terminales linéaires et aiguës, qui lui donnent un facies tout particulier. On décrit généralement le Sphen. angustifolium comme ayant des mérithalles extrêmement courts : nous ayons vu des échantillons de Wettin et de Mannebach qui en avaient d’assez allongés, sans néanmoins atteindre la longueur de la feuille. Après avoir soigneusement examiné les épis de cette espèce, nous croyons pouvoir indiquer que le chiffre normal des fruits est de huit dans chaque verticille; il se pourrait toute- fois que l’on trouvât des épis à verticilles hexa- ou tétracarpes : les plantes de notre époque nous offrent souvent des irrégu- larités analogues. REVUE ICONOGRAPHIQUE. 1. Germar, Verstein., Heft IL, tab. VII, fig. 4,5, 6, 7; tiges stériles et fructifères. Quant à la figure 8, qui représente une tige privée de feuilles et que Germar rapporte à la même plante, elle pour- ( 156 ) rait très-bien né représentér qu’une tige d’Asterophyllites ; il est au reste assez inutile de s'arrêter à.de pareils fragments. 2, Icon nosira, pl. 1, fig. 7, TA , 8B. Lieux de provenance. — Nos échantillons proviennent des deux localités elassiques Wettin en Saxe et Mannebach en Thuringe. Le Sphen. angustifolium est indiqué encore par von Ettingshausen à Radnitz en Bohème et à Reschitza en Hongrie. Et. 2 ar Aht épi ut PU al Vs. Sp ph}; 8 er Germar, Act. Acad. Nat. Cur., 1. XV, pars H (1831), pp. 223, 226. S. foliis parvis, lanceolato-obovatis, bifidis, lobis denta- tis, nervis paucioribus (4-8); verticillis hexaphyllis ; spicis grande bracteutis, spicarum verticillis probabiliter tetra- carpis. 1828. Germar und Kaulfuss, Act. Ac. Nat. Cur., t. XV, pars Il, pp. 225, 226 (Rotularia oblongifolia 1843. Geinitz und Gutbier, Gaea von Sachsen, p. 72 (Sphenophyl- lum bifidum). 1843. Germar, Versteinerungen , Hefi If, p. 18 (Sphenophyllites oblon- gifolius). 1848. Goeppert, in Bronn. Ind. pal., t. 1, p. 1166 (Sphenophyllum um). 1850. Andrae; in Jahresb. d. Naturw, Ver. in Halle (1850), p- 121 (Sphenophyllum bifidum). 1850. Unger, Gen. et spec. pl. foss., pp. 70 et 71. 1851; Von Ettingshausen, in Haiding. rés Abhand., 1V, p- 22: (Separ. Abdr.). 1852, aa Deutschl. Petref., p. 30. 1855. e 2, Verstein., p. 42 (excl. syn. vue angustifo- - 1860. en Boiträge z. Geol. Kennin. d. nordw. Harzgeb., P- ct Les feuilles de cette espèce peuvent avoir quelque ressem- blance avec celles du Sphen. Saxifragaelifolium, qui sont peu profondément divisées; mais elles s’en distinguent toujours cependant par leur re oblongue. Elle n’a, au contraire, m nhie ban r Ty a (457) cune analogie avec le Sphen. angustifolium, qui a des feuilles cunéiformes étroites tout à fait caractéristiques ; aussi ne con- cevons-nous pas pourquoi Geinitz a réuni ces deux espèces. Le géologue de Dresde est le seul auteur qui ait bien connu la forme des feuilles et des dents du Sphen. oblongifolium; cela provient de ce que ces feuilles ne se rencontrent d'ordinaire pas étalées, mais convexes ou concaves, d’après la face supérieure ou inférieure que l’on considère, de manière que les dents sont généralement cachées dans le schiste. Ce n’est que sur un échantillon conservé dans les grès schisteux des environs de Zwickau que nous avons pu les étudier, et, chose singulière, c’est dans la même roche que Geinitz a trouvé les feuilles com- plètes dont il s’est servi pour la description. Le même auteur remarque encore avec raison que les nervures et les dents se partagent souvent irréguliérement, en nombre inégal, de chaque côté de l'incision des feuilles. Celles-ci étaient proba- blement assez coriaces, puisqu'elles ont conservé leur forme bombée, malgré la pression qu’elles ont subie; elles offrent Fépuétiment des plis longitudinaux qu'il faut sé garder de confondre avec les nervures. Geinitz enfin a fait connaître l’épi fructifère de cette es- pèce; malheureusement il se trouve dans un mauvais état de conservation , et l'on ne peut voir s’il est terminal ou axil- laire. Il est court et possède de grandes bractées allongées, bifides et creusées en sac à la base. Le fruit, que Geinitz ap- pelle sporange, est relativement gros, et l’épis ne saurait en renfermer plus de quatre par verticille. | REVUE ICONOGRAPHIQUE. 1. Germar u. Kaulfüss, Act. Ac. Nat. Cur., t. XV, pars II, tab. LXV, fig. 3. Le port de la plante est bien si dans cette figure ; mais les dents y manquen 2. Germar, Versteinerungen , Heft 11, tab. VIE, de 3. Mème remarque que pour la figure précédente (158 ) 5. Geinitz, Versteinerungen, tab. XX, fig ii :19, 15, verticilles et feuilles typiques; fig. 14, débris de feuilles et d’épis. 4. Icon nostra, pl. I, fig. 8, 8A ,8B. Lieux de provenance. — Les échantillons de cette espèce sont rares dans les collections. Ceux du Musée de Bonn pro- viennent de Wettin et de Zwickau. Geinitz indique encore le Sphen. oblongifolium à Haïnichen, Germar à Altenkirchen, et Roemer à Ifeld. : mee MI. ESPÈCES DOUTEUSES. Comme espèces douteuses, viennent en premier lieu les Sphenophyllum truncatum et dissectum de Brongniart, qui sont colportés depuis près de quarante ans dans Ia science sans avoir reçu jamais de détermination certaine. N'ayant pas eu l’occasion de voir les échantillons authentiques, nous ne pou- vons que les enregistrer ici avec le signe du doute; nous croyons cependant qu'ils ne constituent pas des espèces dis- - tinctes, mais qu’ils peuvent, au contraire, se rapporter à des types déjà connus. Quoi qu'il en soit, nous espérons pouvoir lever prochainement ce doute. Le Quant au Sphenophyllum furcatum Lind., Spec. (voir Gei- nitz, Flora d. Hainichen-Ebersd. u. Floehaer Kohlenbass., pp. 56, 37), nous ferons remarquer d’abord que la plante de Lindley et celle de Geinitz sont certainement des types diffé- rents. Le Solenites furcata Lindley et Hutton n'appartient pas ; comme l'échantillon de Geinitz , au terrain houiller, mais à la formation jurassique et probablement à Poolithe. La plante de Geinitz elle-même (Loc. cit., tab. I, fig. 40, 44, 42; tab. Il, fig. 4 et 2) ne saurait être considérée comme Sphenophyllum PEN a a a D ee sn E AER ( 159 ) sans dégrader un genre qui offre des caractères d'ensemble si prononcés. Sauf la fig. 12 (tab. I), les dessins de Geinitz (sur- tout la fig. 10, tab. I) nous semblent, par l’irrégularité de la dichotomie, représenter plutôt des rhizomes analogues à ceux de lAsteroph sii E TOE que nous avons eu occasion d'étudier à Eschwe Il est vrai que si l'on prend les plantes de Geinitz (surtout tab. I, fig. 10, et tab. IF, fig. 1 et 2) pour des axes aériens, on ne peut les adjoindre ni aux Asterophyllites ni au Calamites ; ce serait peut-être une raison pour en faire un genre nouveau, mais non pour les accoler aux Sphenophyllum. L'Asterophyl- lites elegans (?) Goepp., que Geinitz cite encore ici comme synonyme, est aussi une tout autre plante : la parfaite alter- nance des stries, d’un mérithalle de la ae à un autre, indique, dans ce cas, qu’on a affaire à un Calam Reste enfin le Sphenophyllum bis a Stern., Spec. (in Geinitz, Verstein., p. 15), pour lequel il nous faut répéter ce que nous avons dit plus haut : le Bechera delicatula Stern. (Versuch, Heft IV, tab. XLIX, fig. 2) et le Myrivphyllites mi- crophyllus Stern. (Versuch, Heft III, tab. XXXV, fig. 5) nous paraissent être deux plantes différentes. La première est pro- bablement un Asterophyllites ; la seconde , qui n’est figurée que sous forme d’un bout de tige, garni de racines ou de feuilles finement dichotomées, ne peut être soumise à aucune détermination : von Ettingshausen la rapporte au Calamites communis, Unger la conserve parmi les Haloragées fossiles, et il se pourrait qu’elle ne fût qu’un simple rhizome d’Astero- phyllites. Nous résumons done ce dernier chapitre en disant que, en dehors des six espèces décrites plus haut et de leurs variétés , nous croyons que le genre Sphenophyllum ne possède pas d'autre représentant connu en Europe. ——— . 2me SÉRIE, TOME XVII. 4 ( 460 ) EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE I. Fig. 4, À. phei iie Schlotheimii Brong. — De Wettin. -- B. Feuille amplifiée. Fig. 2. “ sais 5 emarginatum Brong. — De Saarbrück. uille amplifiée Fig. 3. A. FA hyll inatum 8 B jarti — De Saar- £ La is a brück. B. Feuille amplifiée. C. Verticille inférieur, à feuilles profondément découpées. Fig. 4. A. D RS pts Germar. — De Wettin. B. Dents amplifi Fig. 5. A. plonai erosum Lindl. et Hutt. — D’Eschweiler. enema lon de la même espèce, mais à feuilles plus larges. — eiler. C. nt sr Fig. 6. À. Sphenophylium erosum 8 Saæifragaefolium (Stern.) d'Esch- B. èt c LE Feuilles EAS à découpures pokpdas. D. F + lo nag. puce t sage de la variété au type erosum. : - Fig. 7. A. er eee angustifolium Germ. — De Wettin. mplifiées, l’une bifide, l’autre trifide. Fig: 8. ` “Sphoptatin oblongifolium Germ, — De Wettin C. Feuilles TA à découpures de longueur différente. PLANCHE II. Fig. 1. Sphenophyllum empan Brong. — De Landsweiler - Thal, , D de Saarbrüc Fig; 2. ITERE de la si espèce, mais plus robuste que le précé- dent. — De Saarbrück. Fig 3 ie amplifiée. Ball de lAeud. Boy. Tome AVUI, 2e Serie page 160, pl? an PER a PRE RER SERRE SE Re Pull. de L fead, Loy. Tome XVII 27e Serie page 160 pl. M. Lith par E Seweregns ith de lhad. SP RME I E T NEEE ( 4614 ) Sur quelques effets curieux des forces moléculaires des liquides; par G. Vander Mensbrugghe, répétiteur à l’École du génie civil à Gand. 1. Formation de bulles liquides dans une condition particulière. LA En météorologie, la question de l’état de la vapeur des nuages est loin d’être définitivement résolue; l'hypothèse des vésicules, quoique fort combattue, n’est pas encore renversée. L'un des principaux arguments qu’on fait valoir contre elle consiste, on le sait, en ce que l’on ne peut concevoir le mode de formation de ces vésicules pleines d'air. Or nous connaissons maintenant un fait intéressant qui montre comment un liquide supposé en lamelle ou- verte de courbure quelconque peut prendre la forme de sphère creuse : cette expérience a été décrite par M. Félix Plateau (1), fils de l'illustre physicien ; seulement l’auteur n'a opéré que sur l’eau de savon, de manière qu’à la ri- gueur, on pourrait ne pas admettre l'application de ce fait à l'eau pure. Mais j'ai pu, grâce à des circonstances spé- ciales, constater que l’eau pure se comporte à peu près comme l’eau de savon. Voici comment je lai observé : Ayant lancé, d’une fenêtre située à douze mètres au- dessus du sol, de l’eau pure contenue dans une tasse, j'ai . vu la nappe liquide se transformer en sphères creuses dont le diamètre maximum était d'environ quatre centimètres ; (1) Sur un mode particulier de production de bulles de savon ( Bor- LETINS DE L'ACADÉMIE , 2e série, t. X ( 162 j) après un trajet de huit à dix mètres, les bulles ont crevé et se sont éparpillées en une infinité de gouttelettes. J'ai reproduit le phénomène un grand nombre de fois avec de leau distillée, en prenant des vases de formes diverses et en changeant le mode de projection; j'ai pres- que constamment réussi; seulement les bulles variaient de beaucoup en nombre et en diamètre : les plus grosses n'avaient pas plus de cinq à six centimètres. La résolution de la nappe liquide en sphères creuses s’effectuait d'autant plus vite que cette nappe était moins large et à courbure plus forte. Il est aisé d’expliquer cette particularité en remarquant que la pression moléculaire, dirigée toujours vers la partie concave de la nappe, augmente avec la cour- bure de la surface du liquide. Les meilleurs résultats peuvent s’obtenir comme suit : On prend une tasse d'environ dix centimètres de largeur et remplie aux trois quarts; on lance l’eau avec une vitesse modérée en faisant mouvoir la main de gauche à droite, par exemple, afin que les bulles qui se forment ne puis- sent pas s'empêcher mutuellement d’être aperçues: il con- vient de se placer à six mètres au moins au-dessus du sol; car, sans cette condition, la lame n’a pas le temps de se résoudre en sphères creuses, ou , si ces sphères se produi- sent, il est impossible de les observer et d'assister à leur rupture. Cette expérience confirme pleinement la conclusion énoncée par M. Félix Plateau et consistant à rejeter, comme condition nécessaire de la formation de vésicules, l’agglo- mération simultanée des molécules liquides en enveloppes fermées de toutes parts; il suffit d'admettre la génération de lamelles ouvertes et de courbure quelconque , généra- tion qui assurément n’a rien d'impossible. Sans doute, il ( 465 ) reste à résoudre la question de la durée des bulles : les plus grosses éclatent en moins d’une seconde, il est vrai; mais en est-il de même des plus petites sphérules? C’est ce que je mwai pu constater, à cause de la difficulté de juger si ces petites sphères sont pleines ou creuses, diffi- culté d'autant plus grande que l'enveloppe est bien plus épaisse que celle des bulles d’eau de savon. Abstraction faite de la question de météorologie, il m'a paru intéressant d'appliquer le procédé décrit plus haut à différents liquides. Et d’abord j'ai essayé l’eau de savon : j'ai constaté que les bulles se forment très-bien , mais que leur diamètre n’est pas considérable et que, de plus, elles crèvent aussi rapidement qu'avec l’eau pure. Si ces résul- tats diffèrent de ceux que décrit M. Félix Plateau, cela provient seulement de ce que, au lieu de lancer le liquide en tournant rapidement sur moi-même, je le projetais simplement avec une vitesse relativement modérée, de façon que la nappe était beaucoup moins large et plus épaisse, C’est pourquoi j'ai essayé aussi une vitesse très- grande, de manière à rendre la nappe très-mince : alors j'ai obtenu un très-grand nombre de petites sphères ac- compagnées de quelques bulles très-légères , plus ou moins grosses et assez durables; il mest- même arrivé de pro- duire par une vive projection, avec une dissolution de Savon qui s'était prise en gelée, trois bulles dont la plus grosse avait au moins vingt-cinq centimètres de diamètre, et les deux autres , huit à dix centimètres : elles ont per- sisté pendant une demi-minute environ. Avec l'alcool, mon procédé réussit très-bien; seulement les bulles crèvent très-vite. Parmi les huiles volatiles , jai opéré avec succès sur l’huile de térébenthine et particuliè- rement sur lhuile de pétrole; avec une huile grasse (je ( 164 ) wai pris que l'huile d’olive ), la réussite est un peu plus difficile; les bulles formées sont très-petites, à cause de la viscosité qui empêche le liquide de s'épanouir en large nappe, Enfin j'ai obtenu de bons résultats avec plusieurs dissolutions salines. Je wai pas essayé le mercure; mais cela m'a paru d’au- tant moins nécessaire que l’on connait depuis longtemps la jolie expérience au moyen de laquelle M. Melsens (1) a réalisé des bulles de mercure , en employant, à la vérité, une méthode toute différente. Quand le liquide sur lequel on opère est en grande masse, on peut aisément le forcer à prendre la forme d’une nappe à courbure déterminée : il suffit de le lancer au moyen d’une pompe foulante à travers des tuyaux ter- minés par des ajutages convenables. Pour appliquer ce procédé, j'ai fait construire deux ajutages ayant la forme d’un petit canal hémi-cylindrique pour l’un, hémi-conique pour l’autre; la longueur de ce canal était d'environ cin- quante millimètres, et la section d'écoulement était laire comprise entre deux demi-circonférences concentriques dont la plus grande avait vingt millimètres de rayon et la plus petite dix-sept, Je me suis servi d’eau de puits et d'eau de savon. L’ajutage hémi-eylindrique a donné, avec leau de puits, une multitude de bulles de trois à quatre centimètres de diamètre et erevant après un trajet de quel- ques mètres, et, avec l’eau de savon, un grand nombre de bulles creuses flottant dans l'air. Quant à l'ajutage hémi- conique, il a produit, avec l’eau ordinaire, une nappe devenant de plus en plus large et plus mince, et se résol- mn ne ie À mm et = mms no om ns (1) L'Institut, 1845, p. 207. dut ( 165 ) vant en une pluie de petites bulles creuses qui éclataient au bout de peu d’instants; avec l’eau de savon, il s’est formé une infinité de sphérules dont un grand nombre à enveloppes très-minces. J'ai également employé des ajutages plus étroits que trois millimètres, mais ils mont donné des résultats beau- coup moins développés que les précédents. En résumé, toutes ces expériences me paraissent prou- ver que la plupart des liquides, sinon tous, épanchés en nappe d’une largeur et d’une épaisseur convenables, peu- vent affecter la forme de sphères creuses. 2. Globules de mercure flottants. — Attractions et répul- sions produites par ces globules. Depuis quelque temps, les physiciens se sont beaucoup occupés de la forme globulaire affectée par un liquide, même aux températures ordinaires, à la surface du même liquide ou d’un liquide différent; il ne sera donc pas hors de propos de faire connaître, sur le même sujet, une ex- périence que je crois nouvelle et qui, tout en montrant d’une manière remarquable les effets des actions molécu- laires des liquides, offre, en outre, le moyen de prouver élégamment les attractions et les répulsions capillaires : c’est l'expérience des globules de mercure flottant sur leau. J’opère comme suit : | Je remplis d’eau distillée une large capsule, puis, au moyen de l'extrémité de la lame d'un couteau ou d’un canif, je prends un globule de mercure d'environ 0,5 de diamètre, et je l'amène près de la surface du liquide, en inclinant la lame aussi peu que possible; alors je tourne très-doucement celle-ci autour du tranchant de manière à ( 166 ) mettre le globule, placé très-près de ce tranchant, en con- tact avec l’eau; quand ce contact est établi, je soulève le canif avec précaution, et le globule mercuriel flotte. J'ai assisté ainsi au spectacle assez curieux d’une sphère li- quide flottant à la surface d’un autre liquide treize fois et demie moins dense qu’elle-même, Ce phénomène donne lieu à plusieurs remarques. Et d'abord, pourquoi le globule n’est-il pas mouillé par le liquide ? Je crois que ce fait est dù à la couche d’air con- densée à la surface de ce globule; cela me paraît d'autant plus probable que j'ai pu le faire séjourner pendant plus d’un quart d'heure dans l’eau et le faire flotter immé- diatement après; au contraire, quand un globule a été plongé, par exemple, pendant une heure, la couche d'air est chassée, du moins en partie, et l’on ne parvient plus à le mettre en équilibre à la surface du liquide. . En second lieu, pour expliquer le phénomène actuel, suffit-il de dire que le poids du globule mereuriel est égal à celui de l’eau déplacée , en y Comprenant, bien entendu, la dépression formée autour du mereure? ne faut-il pas tenir compte de ce fait que l’eau étant concave immédia- tement au-dessous du globule, la pression capillaire y doit être moindre que tout autour? ou bien s’exerce-t-il, dans ce cas, un effet spécial de la cohésion, par exemple, une résistance opposée par le liquide ambiant à la déforma- tion de sa surface? J'ai fait bon nombre d'expériences et _ de calculs pour résoudre ces questions d’une manière dé- cisive, mais jusqu’à présent je n'ai pas réussi. Comme je lai déjà dit, l'expérience décrite ci-dessus fournit un moyen très-commode pour montrer nettement les attractions et les répulsions capillaires. En effet, à l'in- stant où l’on soulève la lame du canif, on observe que le ( 167 ) globule éprouve une vive répulsion : c’est évidemment un effet capillaire dù à l'élévation de l’eau le long de la lame et à la dépression de ce liquide autour du mercure : les bords de la capsule exercent aussi une répulsion énergi- que. Pour constater l'attraction, je fais flotter deux glo- bules mereuriels en tàchant de les obtenir au repos à en- viron vingt millimètres de distance mutuelle; au bout de quelques moments, ils se mettent en mouvement l’un vers Pautre, la vitesse étant d’abord très-faible, mais allant en augmentant avec rapidité à mesure que leur distance de- vient moindre. Aussitôt après le contact, les deux globules se réunissent en un seul: c’est que la couche d’airadhérente à chacun d’eux est vivement refoulée par suite de leur choc, et devient ainsi de plus en plus mince jusqu’à per- mettre à la cohésion d’exercer son effet. Cette réunion des globules ne se fait aisément que si le mereure est sufli- samment pur et qu’à la surface de l’eau il n’y ait ni petits filaments ni corpuscules quelconques; car ces derniers gênent considérablement les actions capillaires et rendent la distance entre les surfaces mercurielles en regard assez grande pour empêcher l’attraction moléculaire de se ma- nifester, Ce qui me paraît donner de l'intérêt à ces expériences, Cest que les actions capillaires s’y font sentir à des dis- tances bien plus grandes (20™™ à 25™™) qu'avec les corps dont on se sert habituellement dans les cours de physique ; j'ajouterai que, malgré la petitesse des masses réagissant entre elles, on peut suivre avec beaucoup de facilité tous les mouvements, à cause de la grande quantité de lumière réfléchie par les zones non immergées. Grâce à l'effet de la cohésion sur deux sphérules juxta- posées, j'ai pu accroître graduellement le volume du glo- ( 168 ) bule initial : il a suffi pour cela de faire flotter successi- vement de très-petites sphères qui toutes allaient se réunir au premier globule; j'ai pu ainsi chercher expérimentale- ment le diamètre maximum des sphères pouvant se main- tenir à la surface de l’eau distillée : j’ai trouvé 0"",87, à très-peu près. Avec de l’eau de puits, j'ai obtenu un milli- . mètre environ pour diamètre maximum. J'ai essayé également de faire flotter des gouttelettes de mercure sur l'huile d'olive; j'ai parfaitement réussi , Seu- lement les globules n’avaient qu’ un tiers de millimètre au plus de diamètre (1). Enfin j'ai soumis à l'expérience plusieurs dissolutions salines, entre autres celles du chlorure de sodium, du nitrate de baryte et du carbonate de soude : il m'a paru que le diamètre maximum augmentait d’abord avec le degré de concentration , mais que cette augmentation avait une limite au delà de laquelle le diamètre maximum dimi- nuait. Je me propose d'examiner ce point de plus près. (1) Ces expériences mont suggéré l’idée de faire flotter de petites sphères solides d’une grande densité; je ne citerai qu’un seul cas , celui ee platine : une sphérule de ce métal, ayant 0mm, 5 à Omw,4 de diamètre, rès-bien pu flotter à la surface de l'eau. ( 169 ) CLASSE DES LETTRES, Séance du 1” août 1864. M. le baron pe GERLACHE occupe le fauteuil. M. Ap. QueTELeT, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. de Ram, David, Snellaert, Leclercq, le baron de Witte, Ducpetiaux , Chalon , Ad. Mathieu, mem- bres, Nolet de Brauwere van Steeland, associé ; Guillaume , correspondant. M. Ed. Fétis, membre de la classe des beaux-arts, as- siste à la séance, . CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur transmet, pour la biblio- thèque de l’Académie : 4° un exemplaire des quatorze premiers volumes de la Correspondance de Napoléon I”, offert en don par le gouvernement français; 2 les to- mes IT et IIT des OEuvres de Bartolomeo Borghesi, que M. le maréchal Vaillant fait parvenir, également de la part de S. M. l’empereur des Français. Des remerciments sont votés pour ces envois, ainsi que pour les publications suivantes, offertes à l'Académie : Tomes I et IH de l'Exposé de la situation du royaume belge, pour la période décennale de 1851 à 1860 (le ( 170 ) tome IT, complément de l'ouvrage , sera envoyé dès que l'impression en sera terminée ); Exposés de la situation administrative des provinces pour 1864, 10 vol. in-8’; Commission royale des anciennes lois et ordonnances de la Belgique. — Recueil des ordonnances de la princi- pauté de Stavelot, publié par M. L. Polain; Apollon Cillœus, par M. de Witte, membre de l'Aca- démie ; Système d'instruction populaire par M. Ducpetiaux. Le même membre présente également les deux volumes des Comptes rendus de l'assemblée générale des catholiques en Belgique, qu’il a été chargé de rédiger comme secrétaire général de cette réunion. MM. les Ministres expriment leurs remerciments pour l'envoi du cinquième volume des OEuvres de Georges Chastellain, édité par M. le baron Kervyn de Lettenhove, au nom de la Commission pour la publication des grands écrivains du pays. — M. Brasseur, professeur à l’université de Gand, fait hommage de deux volumes de son Manuel d'économie politique. Des remerciments lui sont adressés. — M. le secrétaire perpétuel dépose la médaille d’or dé- cernée, lors du dernier concours, à M. Émile Borchgrave pour son mémoire en réponse à la question sur les colonies belges en Allemagne. Cette médaille sera envoyée à lau- teur, attaché à la légation belge qui se trouve à la Haye. -= La classe s’est ensuite occupée de différents travaux intérieurs. (1H) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 4 août 1864. M. De KEeYzER, directeur. M. An. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, F. Fétis, G. Geefs, Navez, J. Geefs, De Brackeleer, Fraikin, Éd. Fétis, De Busscher, Balat, Payen, Franck, membres; Daussoigne- Méhul, associé. CORRESPONDANCE. . — M, Cavelier, statuaire, annonce la réception de son diplôme d’associé de l’Académie; il espère pouvoir bien- tôt, dit-il, exprimer personnellement sa reconnaissance pour la distinction qui lui a été faite, en venant assister à une des séances de la classe. — M. Vieuxtemps, membre de l’Académie, écrit qu'il a appris avee plaisir que la classe des beaux-arts avait résolu d'admettre la composition qu’il a fait espérer et de la comprendre dans le programme de la séance publique ( 472) du mois de septembre. « J'aurai le plaisir, dit-il, de vous remettre moi-même la partition à la fin de ce mois. » — M. le Ministre de l’intérieur communique une pro- position qui lui a été faite par M. Wiertz, sur la décou- verte d’un procédé nouveau de peinture mate et sur la cession de ce procédé, dans l'intérêt général de l'art, moyennant une indemnité. L'auteur ne ferait pas connai- tre son procédé. « Les avantages qu’il présente, dit M. le Ministre, pourront être appréciés peut-être par l’inspec- tion des toiles peintes qui se trouvent depuis plus de dix ans dans l'atelier de l'artiste, lequel s'offre d’ailleurs à démontrer, la palette à la main, en présence d’experts, la supériorité pratique de ce procédé nouveau , dans un très- grand nombre de cas donnés. » La classe nomme, conformément au désir de M. le Mi- nistre, une commission composée de MM. De Keyzer, le baron Leys et Portaels. o ZT COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur les peintures d’un incunable de la Bibliothèque royale; par M. Éd. Fétis, membre de l’Académie. : L'invention de l'imprimerie avait porté un grand pré- Judice à l’industrie des copistes et à celle des enlumineurs. Le moyen mécanique qui multipliait les exemplaires d’un livre et permettait de les vendre à bas prix, devait faire renoncer à l'opération lente et coûteuse de la transcrip- tion à la main. S'il faut se réjouir de cette révolution, si aa nf LS ER (175) favorable aux progrès de l'esprit humain, on ne peut s'em- pêcher de penser que l'art eut à en souffrir. Quand on voit les admirables miniatures dont les manuscrits des trei- zième, quatorzième et quinzième siècles sônt enrichis, on ne saurait demeurér indifférent à la perte d’un art qui a produit de telles œuvres. La transcription des manuscrits ne cessa pas compléte- ment à partir du jour où parurent les premières éditions imprimées ; mais elle devint de plus en plus rare. Il y eut encore, pendant quelque temps, de riches amateurs qui, dédaignant ce qui était accessible au premier venu, préfé- rérent aux livres sortis de la presse de somptueuses copies qu'eux seuls pouvaient se vanter de posséder. Les minia- turistes eurent plus d’occasions encore que les copistes d'exercer leur industrie. Beaucoup de livres imprimés étaient ornés de gravures sur bois; mais il y en avait d’au- _tres où l’on réservait la place des sujets et des lettrines, pour que le soin de les illustrer fût remis aux enlumi- neurs. Ces places sont restées vides dans le plus grand nombre des exemplaires, car les amateurs d'érudition , qui profitaient du bon marché relatif dés livres imprimés pour se former une bibliothèque, soit indifférence, soit économie, se dispensaient de recourir au pinceau des mi- naturistes; mais les volumes auxquels on avait donné la parure complémentaire qu'ils étaient destinés à recevoir, offraient beaucoup plus d'intérêt que ceux des éditions ornées de planches gravées. Ils avaient d'abord le grand avantage de l'originalité. Tous les exemplaires différaient , comme diffèrent les copies manuscrites d’un même ou- vrage. Chacun portait, dans la conception des sujets et dans l'exécution , l'empreinte du cachet de la personnalité de l’artiste plus ou moins ingénieux, plus ou moins ha- ` ( 174 ) bile, des mains duquel il sortait. Leur supériorité comme œuvre d'art est, en outre, incontestable. Les gravures en tailles de bois exécutées pour les livres imprimés antérieu- rement à l’année 1500 et désignés sous le nom d’incuna- bles, ont une valeur historique, archéologique, que nous ne méconnaissons pas; mais ce ne sont, il faut bien le dire, que d'informes et grossières images à cent lieues, sous tous les rapports, des miniatures dont les peintres enlumineurs décoraient les manuscrits. L'art semblait avoir rétrogradé de plus de trois siècles dans ces tàtonne- ments d’une pratique portée depuis longtemps à une si grande perfection. Il y avait des exemplaires de grand luxe de ces incuna- bles, où des places blanches attendaient les illustrations qui les devaient compléter. Ils étaient imprimés sur vélin et se prêtaient, par conséquent , à recevoir des peintures en tout point semblables à celles des manuscrits. Leur prix ne les rendait accessibles qu’à un petit nombre de privi- légiés. Les exemplaires tirés sur papier, quoique d’une valeur intrinsèque moins grande , n’en recevaient souvent pas moins une riche ornementation. Seulement les enlumi- neurs étaient amenés, par la nature de la matière sur la- quelle ils opéraient, à modifier leurs procédés d'exécution et à chercher de nouveaux effets. La surface du papier, beaucoup moins lisse que celle de la peau de vélin, est par cela même moins favorable au fini du travail. Les miniatu- ristes cessèrent donc de viser à la grande délicatesse qui caractérise, avant tout, les peintures des manuscrits; ils prirent une exécution plus libre et plus hardie qui avait bien aussi son mérite. La miniature devint de aquarelle. L'un des spécimens les plus intéressants que nous con- naissions de cette transformation de l’art se trouve à la- menus aa nd nd ne ns Rd (143 Bibliothèque royale de Belgique, dans un exemplaire de Pédition sans lieu d'impression et sans date de la traduc- tion de Valère Maxime, par Simon de Hesdin et Nicolas de Gonnesse. Avant de parler des illustrations qui sont Fobjet principal de cette notice, disons quelques mots du texte auquel elles s'appliquent et de ses deux auteurs, dont l’un se rattache à notre ancienne histoire littéraire. Simon de Hesdin, l’un des translateurs de Valère Maxime, a reçu son nom du lieu de sa naissance. La pe- tite ville de Hesdin, dans l’Artois, détruite pendant les guerres du seizième sièele, puis reconstruite par Philibert- Emmanuel de Savoie , à une lieue deson ancienne enceinte, a donné naissance, vers la même époque, à deux écrivains qui lui ont emprunté son nom et qui appartenaient à lor- dre de Saint-Jean de Jérusalem. L'un, Jean de Hesdin , d’abord attaché au cardinal Gui de Boulogne ou d’Auver- gne, qu’il accompagna dans ses légations en Hongrie et en Espagne, puis chapelain de Philippe d'Alençon, petit-fils de Philippe le Hardi, naquit à Hesdin en 1320. Il est au- teur de plusieurs commentaires de la Bible et des Évan- giles. L'autre, Simon de Hesdin , doit être né quelques années plus tard. Paquot fait mention de Jean de Hesdin, mais il passe sous silence Simon, qui seul, en revanche, est cité dans les biographies françaises comme traducteur de Valère Maxime, sans aucune indication sur les particu- larités de sa vie. La notice consacrée à Simon de Hesdin dans la Nouvelle biographie générale, publiée par MM. Di- dot, est fort singulière. Il y est dit qu’on a trouvé la tra- duction de Valère Maxime (celle de Simon de Hesdin et de Nicolas de Gonnesse) parmi les manuscrits de l’abbaye des bénédictins de Rheinau en Suisse, qu’on la voyait aussi en deux volumes in-folio, dans la bibliothèque des 2° SÉRIE, TOME XVIII. 12 ( 176 ) jésuites de Louvain et qu'enfin la Bibliothèque impériale de Paris en possède également un exemplaire. Les mêmes renseignements sont donnés dans la nouvelle édition de la Biographie Michaud. Ces mots on a trouvé tendraiént à faire supposer que la traduction dont il s’agit était une chose rare, un monument en quelque sorte égaré de la littérature française du moyen âge; or c'était un de ces ouvrages dont il existait des copies dans une foule de bi- bliothèques d’abbayes,et de particuliers. Ce n'est pas seu- lement aux jésuites de Louvain qu’on en trouvait en Bel- gique, comme les rédacteurs des deux biographies que nous venons de citer s’en seraient aperçus, s'ils avaient pris la peine de consulter Sanderus; mais la méprise la plus étrange que nous ayons à relever est celle du passage qui signale l’existence d’un exemplaire (l’auteur a voulu dire une copie) à la Bibliothèque impériale de Paris, tan- dis que ce dépôt possède quatre superbes manuscrits de la traduction de Simon de Hesdin et de Nicolas de Gonnesse, décrits par M. Paulin Paris dans un ouvrage que les biographes français auraient pu facilement consulter. Une copie de Valère Maxime, ornée de belles miniatures, se trouve aussi à notre Bibliothèque royale : elle provient de la collection du prince Charles de Croy dont elle porte la signature. On qualifie généralement de traduction foire de » mon de Hesdin et de Nicolas de Gonesse. Ou ceux qui l’on désignée ainsi ne lont pas lue, ou bien ils ont attribué au mot traduction une acception différente de celle que Tusage a consacrée. La part de l’auteur latin est minime dans Vouvrage dont il s’agit. A peine y compte-t-elle pour un quart, et encore ce quart est-il complétement défiguré. Simon de Hesdin nous apprend lui-même, dans une NE nn EE LT 4 D OPEN PI TON ER s F e heeg D rE T N ( 444 ) sorte de prologue, ce qu'il s’est proposé de faire et de quelle manière il a procédé. Son intention ne fut jamais, dit-il, de translater de mot en mot l'ouvrage de Valerius Maximus, ce qui serait impossible à cause de la difficulté du latin et du merveilleux style du livre. Il l’a translaté sentence par sentence, et quand le texte pouvait être obscur pour ceux auxquels l’histoire ancienne n’était pas familière , il s’est attaché à l’éclaireir par des commentai- res. De plus , Valère Maxime ayant cru devoir joindre aux exemples qu’il tire de l’histoire romaine d’autres exemples empruntés aux barbares, c’est-à-dire aux étrangers, il a, lui Simon de Hesdin, ajouté à chaque chapitre de nouveaux exemples qu’il a puisés dans les annales des treize cents ans écoulés depuis l’époque où Valère Maxime écrivait son . livre des Faits et paroles mémorables. On voit par ce plan que Simon de Hesdin s'était attribué une part considérable dans l’œuvre pour laquelle il se constituait le collaborateur de Valère Maxime plutôt que son traducteur. Il fait suivre chaque phrase de l’auteur latin de ses explications, com- mentaires et remarques. Quelquefois il donne une traduc- tion plus ou moins exacte du texte; mais le plus souvent il se borne à dire : L'auteur cite tel fait, et il le rapporte à sa manière, après quoi il développe longuement les ré- flexions que la chose lui suggère. Viennent enfin des cha- pitres fort étendus, intitulés Additions du translaleur, dans lesquels il donne carrière à son érudition. Voilà ce que Simon de Hesdin appelait translater. Si les biographes qui ont cité son ouvrage avaient pris la peine de le lire, ils ne l’eussent pas qualifié de traducteur. Si- mon de Hesdin est un auteur ; il a droit à une place dans l’histoire littéraire du quatorzième siècle. Ses réflexions et ses additions contiennent souvent, sur les idées et sur les (RIE) mæurs de son temps, des indications qu’on ne s'attend cer- tes pas à trouver dans une traduction de Valère Maxime et qui donnent au livre dont nous nous occupons un in- térêt méconnu jusqu'ici. Nous aurions grande envie de ci- ter quelques-uns de ces curieux passages; mais C'est à la question d'art plutôt qu’à la question littéraire que nous devons nous attacher ici. On n’accusera pas Simon de Hesdin d’avoir mis de la précipitation dans son travail. A: la fin du premier livre, il annonce l'avoir terminé en 1575. Le second livre est daté de l’an 1377, le second jour de mai. En continuant ainsi, il ne lui fallait pas moins de dix-huit ans pour trans- later les neuf livres de Valère Maxime. Il laisse sa tâche inachevée. La mort le surprit lorsqu'il en était au septième livre, chapitre des Stratagèmes. Il eut pour continuateur un certain Nicolas de Gonnesse, qui poursuivit son œuvre et la termina en 1401. Il était temps qu’elle prit fin, car elle était en voie d'exécution depuis vingt-sept ou vingt- huit ans. Nicolas de Gonnesse était, comme Simon de Hes- din, maître en théologie et de plus maître ès arts, comme il nous l'apprend lui-même dans l’excusation du translateur qui suit l’explicit du neuvième livre de Valère Maxime. Il se conforma au plan de son prédécesseur, et, comme lui, fit de nombreuses additions au texte latin. C’est, du reste, un auteur fort modeste. Il sollicite humblement Pindul- gence de ses lecteurs. Après avoir dit comme quoi il a re- pris le travail laissé incomplet par Simon de Hesdin, il ajoute que son style n’est ni si beau ni si agréable que celui du premier translateur ; il espère qu’on lui pardon- nera, en tenant compte de ce qu'il n’est pas aussi expert que ce dernier en histoires. Nicolas de Gonnesse n’est pas connu par d’autres productions littéraires. Sanderus cite, : ( 478 ) dans son catalogue des manuscrits de l'abbaye des Dunes, une copie de Valère Maxime, cum exposilionibus Gallicis Simonis de Hesdin et Nicolai de Jeunesse alias de Gen- nesse. C’est la seule altération semblable que nous ayons rencontrée de son nom. M. Paulin Paris dit, dans le premier volume de ses Manuscrits français de la Bibliothèque du Roi, que Simon de Hesdin commença , en 1375, à la demande de Charles V, la traduction de Valère Maxime. Cette assertion a été ré- pétée par les auteurs de la Biographie universelle et de la Nouvelle biographie générale. Il n’est cependant pas cer- tain que Simon de Hesdin ait reçu cette mission du sou- verain. À la fin de son prologue, il invoque l’aide de Dieu et de la Vierge : « auxquels je requiers de tout mon cœur, ajoute-t-il, que je puisse ceste œuvre faire en telle ma- nière qu’elle soit plaisant et profitable à très-noble, très- puissant, très-excellent et très-saige prince Charles, par la grâce de Dieu roy de France et le quint de ce nom, en la mémoire et révérence duquel, après Dieu, j'ai emprins ceste œuvre à faire. » En la mémoire et révérence ne veut pas dire à la demande. Il est vraisemblable que, sans avoir été chargé d'exécuter son travail, Simon de Hesdin en- tendait simplement le dédier au roi. Raoul de Presle ayant reçu de Charles V la mission de traduire la Cité de Dieu de saint Augustin, ne manque pas de le dire en propres termes dans une épître au roi qui précède son ouvrage. Simon de Hesdin eùt probablement agi de même. Quant à Nicolas de Gonnesse , il n’y a pas de doute qu'il n’accomplit une tâche officielle en terminant la traduction de Valère Maxime. Il déclare expressément lavoir entreprise : « du commandement et ordonnance de très-excellent et très- puissant prince monseigneur le duc de Berry, à la requête bar YAE D TT CURE ET OT A a aa AA CREER ERNEST I PE PRET PE RCE EE TE TE NE TU NE PES EE mt NS SES a ES SR à à a Fan à uaia Roncq ce ( 480 ) de Jacquemin son trésorier. » Nous ferons encore remar- quer à M. Paulin Paris que Simon de Hesdin ne commença pas sa traduction en 1375, puisqu'il termina dans cette même année le premier livre, tandis que le second livre, moins-étendu de près d’un tiers, lui coûta deux années de travail. La plus ancienne édition de Valère Maxime, traduit et amplifié par Simon de Hesdin et Nicolas de Gonnesse, ne porte ni date ni indication de lieu d'impression. On suppose qu'elle fut publiée entre 1476 et 1480. C’est celle où des places avaient été réservées pour les miniatures, et dont Ja Bibliothèque royale possède.un volume illustré de char- mantes peintures, un seul volume malheureusement, le second, renfermant les cinq derniers livres de l'ouvrage. Nous dirons tout à l'heure quelle en est l'origine, et peut- être sera-ce un moyen d'arriver à la découverte du tome premier. La peinture du cinquième livre comprend plusieurs épisodes relatifs au chapitre dans lequel il est traité de l'humanité et de la clémence. On sait que l'unité d'action, pas plus que l'unité de temps ou de lieu , n’était observée jadis par les artistes. Au premier plan , à droite, un homme riche tire de son escarcelle une pièce de monnaie pour la donner à un pauvre, couvert de haillons, qui lui pré- sente une sébile, Au fond, du même côté, on voit un juge-parler à un prisonnier qui se présente à la fenêtre grillée d’un bâtiment de pierres, à l'angle d’un pont et d’un parapet qui longe une rivière. A gauche, dans une plaine accidentée , Pompée, à la tête de son armée, rend à Tigrane, roi d'Arménie, agenouillé devant lui, les insignes du pouvoir souverain dont il s'était dépouillé en se présen- tant à son vainqueur. A titre de rapprochement philoso- SEP OR VER Re SPECTRE TR ESP RE TA ER PAR RE EN ET BARET CRE ST SE ST MEN TIENNE AE SES T m is `: ( 484 ) phique, un soldat est à quelques pas dé là, tenant par les cheveux la tête de ce même Pompée que nous avons plein de vie sous les yeux. Ce rapprochement est indiqué par l’auteur du texte, qui parle dans la même page et de la générosité de Pompée, rendant à Tigrane les insignes de la royauté, et de la fin misérable du héros dont la tête fut apportée par un de ses meurtriers à César, qui versa des larmes, à ce que dit l'histoire. Le peintre a voulu repré- senter les deux épisodes dans une même composition, ne prenant nul souci de ce qu’il y avait d’absurde dans la vue de ces deux têtes, lune vivante et l'autre morte, appartenant au même personnage. Les artistes du quin- zième siècle ne s’inquiétaient guère de la vraisemblance. Stuerbout ou Bouts, pour l’appeler par son vrai nom, n’a-t-il pas montré, dans un de ses tableaux du Musée de Bruxelles, un personnage marchant au supplice au second plan , tandis qu’il est décapité au premier? Jl va sans dire que les soldats romains sont vêtus en chevaliers du quin- zième siècle. Pompée porte une armure d’or; il a la tête découverte; de longs cheveux blonds flotteñt sur ses épaules. La peinture placée en tête du sixième livre, dont le premier chapitre est consacré à la chasteté, a pour sujet ucrèce se donnant la mort après l'attentat de Sextus Tarquin. L’héroïne est agenouillée au centre de la compo- sition; elle vient de se plonger un poignard dans le sein, Elle est vêtue d’une robe rouge clair et coiffée d’un turban auquel est attaché un voile d'étoffe transparente qui des- cend jusqu’au milieu du visage; à ses côtés deux femmes se tordent les mains de désespoir. Il y a beaucoup de na- turel et de grâce dans les mouvements de ces deux figures. Devant Lucrèce est Collatin, debout, vêtu à l’orientale; ( 182 ) il fait un geste d'horreur, et une teinte verdâtre, répandue sur son visage, atteste son émotion. Le vieillard qu’on voit à la droite du premier plan et qui étend les deux bras vers la terre comme un homme accablé sous le poids de son malheur, ne peut être que le père de Lucrèce. Au second plan est un personnage qui se penche pour soutenir Lu- crèce : c’est Valerius Publicola. Au premier abord, on ne sait trop que faire d’un jeune homme vêtu d’une longue robe rouge-brique et coiffé d’un grand bonnet pointu d'où s'échappent d’abondantes boucles de cheveux blonds. En y réfléchissant, on pénètre l'intention de l'artiste et l’on comprend qu'il a voulu représenter, sous l'apparence d’une sorte de jocrisse, s’il est permis d'employer ici ce mot vulgaire et tout moderne, Brutus qui feignait, comme on le sait, l'imbécillité, La scène se passe dans une salle basse, séparée des spectateurs par des rideaux rouges dou- blés de vert et relevés de chaque côté. Quels sont les deux personnages qui se tiennent sur le seuil de la pièce, à gauche? L'un est revêtu d’un long manteau et a la tête ceinte de ła couronne impériale. L'autre porte le costume des docteurs du quinzième siècle : robe et bonnet caracté- ristiques. Nous les retrouverons dans chacune des minia- tures suivantes. Le docteur, c'est Valère Maxime en per- sonne; l’empereur, c’est Tibère, à qui l’auteur des Faits et paroles mémorables a dédié son livre. L'auteur est sup- posé conduire le monarque, comme Virgile conduit Dante dans l'Enfer, dans le Purgatoire et dans le Paradis, et le faire assister aux scènes qu'il retrace à son intention. Dans la peinture exécutée en tête du septième livre , dé- butant par un chapitre sur le bonheur, l'artiste n’a mis en action aucun des épisodes rapportés par l’auteur latin. H a tiré de son imagination tous les éléments de sa compo- ( 185 ) sition. La scène se passe dans une campagne d'un aspect pittoresque. A la droite du premier plan , des moines sont agenouillés autour d’une colonne que surmonte une statue de saint Jean-Baptiste. Près des rochers qui ferment le paysage, vers la gauche , est un abbé, sa crosse à la main, qui semble sortir d’une grotte. Au second plan, du même côté, des vaches dans une prairie; dans le fond, une femme, la Fortune, plaçant une couronne sur la tête d’un homme, et près de là un personnage richement vêtu, gisant assassiné sur le sol. L'idée qu'a voulu exprimer le peintre se comprend aisément. C’est une opposition entre la félicité de la vie contemplative et les hasards de l’exis- tence mondaine. ll y a bien là-bas un heureux mortel qui parvient aux honneurs et à la puissance; mais tout auprès se trouve un infortuné, peut-être le même, qui a péri de mort violente. Mieux vaut le calme de la vie religieuse que la fortune acquise au prix du repos. Voilà ce que le peintre a voulu représenter et ce qu’on voit en effet dans son œuvre. Ainsi que nous le disions tout à l'heure, les artistes du moyen âge n'appliquaient pas la règle de l'unité que ceux de notre temps sont tenus d'observer; mais il faut reconnaître qu’ils savaient exprimer des idées très-ingé- nieuses au moyen des images allégoriques réunies dans leurs compositions. On voit encore Tibère et Valère Maxime dans le tableau que nous venons de décrire. Ils sont au second plan de la droite, derrière un monticule qu'ils do- minent à partir des épaules. Le groupe des moines age- nouillés est bien composé et d’un joli effet; le paysage, un peu uniforme de ton, est traité fort adroitement pour le temps, et les animaux sont touchés avec un sentiment juste de la nature. Quoique nous ayons pris la résolution de ne pas traiter ( 184 ) | les questions d'histoire littéraire que soulève la partie ori ~ ginale du travail de Simon Hesdin et de Nicolas de Gon- nesse, nous ne pouvons pas résister au désir de citer une réflexion du premier de ces deux écrivains qui prouve qu’on aurait dû voir en lui plus qu’un simple translateur. Il vient d’être question des Romains dégénérés, Simon de Hesdin s'écrie, dans un langage dont nous nous efforçons de con- server la naïveté, tout en le rendant intelligible pour les personnes auxquelles la langue du quatorzième siècle n’est pas familière : « Et à la vérité, à mon avis, ainsi peut-on dire des gens de France qui jadis furent si vaillants et si puissants, que toutes nations les redoutaient. Or c’est ainsi que nous les voyons tous efléminés en habits et en autres œuvres par oisiveté, par mollesse et par paresse. Hélas ! France, jadis fut en toi la nation hardie et la grande sei- gneurie des rois, selon Bernard Sauvage en son livre ap- pelé Megacosme , au lieu où il parle des notables fleuves du monde, car lorsqu'il vient à parler de la Seine, il dit que la Seine court en la terre batailleresse qui rappelle les grands noms des rois Charles et Pepin. Mais je ne veux pas à présent parler davantage de cette matière, car jamais remède n’y sera mis par écriture ni par parole, si la grâce de Dieu ne Py met. » Il faut songer que Simon de Hesdin écrivait ceci pendant la minorité de Charles VI , et l’on sait ce qu'était le gouvernement de la France tiraillé entre les ambitions rivales des ducs d'Anjou , de Berri, de Bour- gogne et de Bourbon. Simon de Hesdin , qui avait com=+ mencé son travail sous Charles V, le poursuivait sous son À successeur , et c’est à celui-ci que devait être remis le livre contenant le passage que nous venons de transcrire. En tête du huitième livre se trouve une représentation du combat des Horaces et des Curiaces. L'armée des Ro- MES je AO AN SE ENT RENE RE INR CR PR A TE Te 7 LP QE AE et RARE UE A VC EE ae OS Te TIRE 13 2 ? ( 485 ) mains et celle des Albains sont en présence dans une grande plaine. Dans l'intervalle qui les sépare sont éten- dus les cadavres des trois Curiaces et de deux des Hora- ces. Le troisième Horace, vainqueur des ennemis de Rome, est au milieu de l'arène et lève le bras en signe d’allé- gresse. Tibère et- Valère Maxime sont à la gauche du pre” mier plan, sur un monticule qui domine la plaine. Les attitudes des guerriers sur les premières lignes des deux armées sont variées et expressives. Il y a, dans plusieurs des cadavres étendus sur le sol des raccourcis bien sentis. Le paysage est d’un bon aspect. On ne peut lui reprocher que l'extrême élévation de la ligne d'horizon; mais c’est un défaut commun à tous les peintres qui traitaient ce genre, soit d’une manière spéciale , soit comme accessoire. C’est l'artiste anversois, Paul Bril, qui, le premier, ima- gina d’abaisser la ligne d'horizon, opérant par là une révo- lation des plus heureuses dans la peinture du paysage. La peinture du neuvième livre, qui précède le chapitre où il est traité du luxe et de la volupté, reproduit des su- jets relatifs à ces deux ordres d'idées. Cette fois, comme lorsqu'il a voulu tracer un tableau du bonheur, le peintre ` ne s’est pas inspiré du texte de son auteur: il n’a consulté que son imagination. Vers le second plan, à droite, un homme et une femme sont debout dans une vaste bai- gnoire placée sous une espèce de tente carrée. Leur cos- tume est analogue à la circonstance, c'est-à-dire qu'il est négatif ou presque négatif. La dame a pour ajustements un bonnet d’une forme assez gracieuse et un collier. Elle est, ainsique son partenaire qui tient un verre à la main, appuyée sur le bord de la baignoire devant laquelle est une table où Fon voit des fruits, du pain, un broc de vin et un verre à demi plein de la liqueur vermeille. Il parait qu'au ( 186 ) quinzième siècle le fait de prendre en tête à tète amou- reux un repas au bain, était considéré comme le comble de la sensualité. Nous avons trouvé cet épisode dans des miniatures de manuscrits de la même époque et entre au- tres dans une représentation de la cité terrienne, où sont exposés les vices du monde, par opposition avec la béa- titude mystique du séjour céleste, illustrant une magni- fique copie de la Cité de Dieu de saint ‘Augustin que possède la Bibliothèque royale de Belgique. Dans la pein- ture que nous examinons en ce moment, il ya vers le fond un groupe très-libre , mais charmant. Un jeune homme et une jeune femme se tiennent amoureusement enlacés près d’un lit garni de riches tentures rouges. A la gauche du premier plan sont Tibère et Valère Maxime considérant ce dernier épisode. Les pages en tête desquelles se trouvent les peintures que nous venons de décrire sont entourées d’un large encadrement de fleurs, de fruits et de feuillage, ainsi que de riches lettrines sur fond d’or au commencement des chapitres. La dimension des sujets est uniforme : quinze centimètres de hauteur sur dix-sept centimètres de lar- geur. Les figures du premier plan sont de sept centi- mètres. Les tableaux du peintre anonyme qui a illustré notre exemplaire du Valère Maxime de Simon de Hesdin et de Nicolas de Gonnesse sont composés avec intelligence; les figures sont d’un dessin correct , à cela près que les mains Sont quelquefois trop fortes; leurs mouvements ont de l'aisance et du naturel; elles sont ajustées avec goût, si l'on admet comme point de départ le travestissément des Romains en personnages du quinzième siècle. L’architec- ture et les accessoires sont, comme les costumes, traités RAREMENT RER RER idées r niar ir di nt ton gairi ( 487 ) très-adroitement. L'artiste a fait preuve d'une connais- sance de la perspective qui n’était pas commune de son temps. Le coloris est léger; les clairs et les demi-teintes sont ménagés sur le fond du papier ; les contours, tracés avec fermeté à la plume, paraissent sous les teintes lé- gères. | Nous croyons ces peintures d’origine italienne. Les types, les ajustements, la sobriété du coloris sont les pre- miers indices de cette origine. Nous en trouvons d’autres dans certains détails, comme le style d’architecture de la prison qu’on voit dans le dessin du cinquième livre et celle des salles où se passent les scènes représentées dans les peintures du sixième et du neuvième livre, la colonne de marbre violet et rouge autour de laquelle sont groupés les moines dans la composition du septième livre, enfin la nature des mets qui garnissent la table du festin des bai- gueurs dans le tableau du Luxe et de la Volupté. Un Fla- mand y eût mis des viandes succulentes et de la bière; l'Italien y a déposé des fruits et du vin, aliments de la gastronomie méridionale. Le volume dont nous venons de parler provient de l’ancienne bibliothèque de la ville. Il avait appartenü précédemment au prince de Rubempré, grand veneur de Brabant sous le roi Charles II d’Espagne. Le nom de Ru- bempré est tracé, à la fin du dernier feuillet, d’une mau- vaise écriture qui pourrait bien être celle d’un prince de la fin du dix-septième siècle. L'écusson gravé des Rubempré est collé à l’intérieur de la couverture du volume. La let- trine peinte (C) de la première page renferme le blason du premicr possesseur. Ce blason, qui est d’or à l'écusson de gueules, est celui de la famille de Boulers. La barçennie de Boulers, en Flandre, avait été acquise, en 1616, par + ( 188 ) Francesco Bernardino de Cassina , gentilhomme de la bou- che des archiducs Albert et Isabelle. Les Cassina étaient originaires d'Italie, ce qui explique comment un volume renfermant des peintures d’un artiste ultramontain s’est trouvé dans cette maison et justifierait notre conjecture, si elle n’était appuyée sur des témoignages techniques suffisants. François Bernardin de Cassina , baron de Bou- lers, avait épousé une Rubempré. C’est par le fait de cette alliance que ce volume était passé entre les mains du grand veneur de Brabant. Nous ne possédons, nous l'avons déjà constaté à regret, que le second volume du Valère Maxime illustré par un pinceau habile, Qu'est devenu le premier? C’est ce que nous ignorons. Peut-être les indications données dans cette notice aideront-elles à le faire retrouver. L'amateur qui l'aurait en sa possession , et qui le reconnaîtrait au moyen des armoiries que doit porter également le premiér vo- - lume, consentirait sans doute à le céder à la Bibliothèque de l'État, pour la mettre à même de compléter son exem- plaire dépareillé. Par un singulier hasard, il se trouvait, dans la riche bibliothèque de La Vallière, un premier volume seul de la traduction de Valère Maxime , incunable enrichi de belles miniatures , de bordures et d’initiales; mais il paraît qu'il était de l'édition d'Antoine Vérard, imprimé vers 1500. C'était un exemplaire tiré sur vélin, d’ailleurs, et il por- tait, au premier feuillet, les armoiries de Claude d'Urfé. La Bibliothèque impériale de Paris possède un exemplaire complet de cette même édition, également imprimé sur vélin et illustré de onze miniatures, provenant originaire- ment des Minimes de la ville de Tonnerre, et ayant z8 partenu ensuite au cardinal de Loménie. PENTIER T EE CS "2 pe Ad ee aT Te RS RO guet ah rates out 4-0 2e ont i a ai M ( 189 ) - Outre le volume qui a fait l'objet de cette notice, la Bibliothèque royale de Belgique possède un magnifique exemplaire complet de la même édition, provenant de la bibliothèque du prieuré de Rouge-Cloître, et dans lequel les places destinées aux illustrations sont restées vides. Notre premier dépôt littéraire a également la plus an- cienne édition avec date, celle qui fut imprimée à Lyon en 1485 et qui est ornée de gravures sur bois, lesquelles ne supportent pas la comparaison avec nos peintures. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Ministère de l’intérieur. — Bulletin du conseil supérieur de l’industrie et du commerce. Session de 1862-1865, tome IV, 2% partie. Bruxelles, 1864; in-4°. Polain (M.-L.). — Recueil des ordonnances de la princi- pauté de Stavelot. 648-1794. Bruxelles, 1864; in-folio. De Witte (J.). — Apollon Cillaeus. Paris, 1864; in-8°. Ducpetiaux (Éd.). — Réforme du système d'instruction populaire. Combinaison de l’enseignement scolaire avec le tra- vail et l'apprentissage. Bruxelles, 1864; in-8°. Assemblée générale des catholiques en Belgique.— Première session à Malines, 18-22 août 1863. Bruxelles , 1864; 2 vol. in-8°. De Ceuleneer van Bouwel (Henri). — Rapport présenté à la Société de médecine d'Anvers, sur la communication faite au conseil communal de cette ville, au nom de la Commission de salubrité publique, par M. le docteur Ph.-J. Van Meerbeek, conseiller communal, tendant à introduire des modifications ( 490 ) dans le personnel chirurgical de l’hòpital Sainte- Élisabeth. Anvers, 186%; in-8°. Broeckx (C.).—Notice sur Arnould-Barthélemi Beerenbroek. Anvers, 186%; in-8°. La Belgique horticole. — Journal des jardins, fondé par Ch. Morren et rédigé par Édouard Morren ; 6% et 7™ livr. Juin et juillet 1864. Liége, 1864; 2 cah. in-8°. Durdenne.— Courants des globules solides dans les liquides. Bruxelles, 1864; in-8°. Le progrès. par la science, 2% année, n°° 184 à 213. Bru- xelles, 1864; trente et une feuilles in-4°, Société d’émulation pour l'étude de l'histoire et des anti- quités de la Flandre. — Annales, 2° série, t. XII, n” 5 et 4. Bruges, 1862-1865; in-8°. L'Illustration horticole, tome XI, 5™° et 6™ livr. Gand, 1864; 2 cah. gr. in-8°. Correspondance de Napoléon I”, publiée par ordre de l'em- pereur Napoléon HE, tome I à XIV. Paris, 1863-1864 ; 14 vol. in-4°. Borghesi ( Bartholomeo). — OEuvres complètes, publiées par les ordres de S. M. l’empereur Napoléon III; — OEuvres numismatiques , t. Il; — OEuvres épigraphiques, t. I‘. Paris, 1864; 2 vol. in-4°. De Broca (P.). — Étude sur l'industrie huîtrière des Etats- Unis. Nouvelle édition. Paris, 4865; in-12. Sandras (C.-L.).— Du rôle des phosphates dans l'organisme et en particulier du phosphate de fer. Paris, 1864; in-8°. Jacquinet (N.). — Tableau du monde physique ou excursion à travers la science. Paris, 1864; in-12. Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen.— Précis analytique des travaux pendant l'année 1862- 1865. Rouen, 4863; in-8°. Comité flamand de France. — Bulletin , tome HE, n° 8, mars et avril 4864. Lille-Dunkerque ; in-8°. ; RENNES (191 ) Société impériale d'agriculture, sciences et arts de Parron- dissement de Valenciennes (Word). — Revue agricole, indus- trielle, littéraire et artistique, tome XVII; 18m année, n° 6, juin 1864. Valenciennes; in-8°. Rey (B.). — Galerie biographique des personnages célèbres de Tarn-et-Garonne. Montauban , 1857; in-8°. Millien (Achille). — Les poëmes de la nuit. Humouristiques. Paulo Majora. Deuxième édition. Paris, 1864; in-8°. Collardeau (F.). — Origine d’un déficit annuel de plusieurs Millions pour l’État et pour une classe de commerçants. Ur- gence d’un contrôle des aréomètres. Paris, 1864; in-8°. Klipffel (F.-D.-Henri). — Les paraigés messins. Étude sur la république messine du treizième au seizième siècle. Metz- Paris, 1863 ; in-8°. Naturforschenden Gesellschaft in Zürich. — Vierteljahrs- schrift, redigirt von Dr. Rudolf, Wolf. VIser-VIIlter Jahrg. Zurich, 1861-1865 ; 5 vol. in-8°. Schlesischen Gesellschaft für vaterlandische Cultur zu Breslau : — Abhandlungen, Abtheilung für Naturwissen- schaften un Medicin, 1862, Heft III, Abtheilung für Philoso- phisch- Historische ,4864, Heft I; — Einundvierzigster Jahres- - bericht. Breslau, 1864; 5 cah. in-8°. ; Justus Perthes’ geographischer Anstalt. — Mittheilungen , von Dr. A. Petermann, 1864, IV und VI; Ergänzungsheft n° 15. Gotha, 1864; 4 cah. in-4°. Künigl. bayer. Akademie der Wissenschaften zu München. — Sitzungberichte. 1864, I, heft 3. Munich , 1864 ; in-8°. Wu #4 A gi L alu? . 1 fili L Jahreshefte, XIXter Jahrg., 2% und 5'e heft; XX‘ Jahrg., 1° heft. Stuttgart, 1865-1864; 2 cah. in-8°. Kaiserlichen Akademie der Wissenschaften zu Wien. — Mathematisch - naturwi haftliche Classe. Denkschriften , 2e SÉRIE, TOME XVIII. 15 (192) Band, 1 Heft. Vienne, 1864; 5 cah. in-8°; II Abtheilung, XLVII Band, 5 Heft; XLVIII und XLIX Band, 1 Heft. Vienne, 1864; 5 cah. in-8°—Philosophisch-historische Classe, Sitzungsberichte, XLII und XLV Band, Heft 4. Vienne, 1864; 8 cah. in-8°. — Fontes rerum Austriacarum, 4 Abth., 1V Band. Vienne, 1864; in-8°. — Archiv fur Kunde österreichischer Geschits-Quellen. XXX und XXXI Band, 4*° Hälfte. Vienne, 186%; in-8°. Historischen Vereins für Unterfranken und Aschaffenburg zu Würzburg : — Sammlungen , 4%, 2%te und 53'e Abth. Wurz- bourg, 1856-1864; 3 vol. in-8°. Universitas regia Upsaliensis. — Scripta academia, anno 1863/64, edita per officiose mittit. Upsal, 4865/64; in-8°. Accademia delle scienze dell Istituto di Bologna. — Me- morie, t. XI, fase. 5 e 4, e t. XII; serie IJ, tomi1°e 2. Bologne, 1861-1862; 4 vol. in-4°.— Rendiconti delle sessioni, anni aca- demici 1861-1862, 4862-1863. Bologne, 1862-1865; in-12. Societa italiana di scienze naturali a Milano. — Atti, vol. VE, fase. H, fogli-4 a 40. Milan, 1864; in-8°. Reale Istituto lombardo di scienze e lettere. — Classe di scienze mathematiche e naturali, Rendiconti, vol: 1, fase. Ià V. Milan, 1864 ; 4 cah. in-8°. Reale Accademia di archeologia , lettere e belle arti di Na- poli. — Rendiconto , anno 18653. Naples, 1865; in-4°. Dattino (Giambatista). — Arringhe officiose. Naples, 1863: in-8°. Società reale di Napoli : — Atti dell’ Accademia delle scienze fisiche e matematiche; vol. I. Naples, 1865 ; in-4° ; — Rendi- conto, anno IE, fase. 41 et 19, anno II}, fase. 4 e 2. Naples: 1865-1864 ; 4 cah. in-4°. Caporale (Gaetano). — Su la statistica dell istruzione tee- nica. Naples, 1864; in-8°. -Real Academia de ciencias exactas, fisicas y naturales à Madrid. — 1" serie, ciencias exactas, tomo I, p. 2; 2° serie, ciencias fisicas, tomo I, p. 5; tomo Il, p. 4. Madrid, 4865- Éd ra oder rm Pr rise) Late etat area pi pure Ar T pepe N F die ( 493 ) 1864; 5 cah. in-4°. — Resumen de las actas, año academico 1861-1862. Madrid, 1865 ; p. in-4°. . Rico y Sinobas (Manuel).— Libros del saber de astronomia del rey d. Alfonso X de Castilla , copilados, anotados y comen- tados. Madrid , 1865; 2 vol. in-folio. Observatorio de marina de la ciudad de San Fernando. — Almanaque náutico para 1865. Cadiz, 1865; gr. in-8°. Numismatic Society of London. — The numismatic chro- nicle , new series, n° XIV, june 1864. Londres, 1864: in-8° The annals and magazine of natural history, including zoology, botany and geology, third series, vol. XII, n% 75- 78. Londres, 1864; 6 cah. in-8°. Institut égyptien d'Alexandrie. — Mémoires ou travaux originaux , tome I“. Paris, 1862; in-4°. — Bulletin, années 1859-1862, n°° 4 à 7. Aea ia d'Égypte, 1859-1862; 7 cah. in-8°. The American Journal of science and arts. — Conducted by prof. B. Silliman, fr., and James D. Dana, second series, n° 442. New-Haven, 1864; in-8°. ERRATUM. Tome XVIII, page 23 (Nouvelle méthode de mesure de l'indice de réfraction des liquides; par M. Montigny). cos æ — q cos «” ` Au lieu de tang x = — š ; sin Æ — q sin & lisez : cos x — q cos 4” tang € = #6 aag 06 e sa EME OA ANADA se DES EEE BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1864. — Nos 9 er 10. —_D + m CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 24 septembre 1864. M. De Keyzer, directeur. M. An. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, G. Geefs, Navez, Van Hasselt, Vieuxtemps, J. Geefs, De Braekeleer, Frai- kin, Partoes, Éd. Fétis, De Busscher, Portaels, Balat, Payen, Franck, membres. 2m° SÉRIE, TOME XVIII. 14 (19% ) CORRESPONDANCE. M. le secrétaire perpétuel fait part de la correspondance qu’il a eue avec M. Vieuxtemps, membre de l’Académie, au sujet de l'hymne national que celui-ci a composé pour la séance publique de la classe qui aura lieu lundi pro- . chain. — Des remerciments sont adressés à M. Vieuxtemps. — M. le Ministre de l'intérieur annonce que M. Du- trieux vient de terminer le buste de feu M. l'ingénieur Si- mons, qui appartenait à la classe des sciences de l’Acadé- mie. Ce buste sera déposé dans la grand’salle des séances publiques , au Musée. — Remerciments. . M. Armand Cattier a été chargé également, par le Gou- vernement, d'exécuter, pour la compagnie, le buste de marbre de feu M. Baron, membre de la classe des beaux- arts. — Il est donné communication de deux lettres ministé- rielles contenant les procès-verbaux des jurys des grands concours de peinture de 1863 et de sculpture de 1864; il sera donné communication du résultat de ces concours dans la séance publique de lundi prochain; les récompenses promises seront remises en même temps aux vainqueurs. — M. le secrétaire perpétuel fait connaître qu'il a reçu -deux cantates manuscrites pour un concours qui n’est pas annoncé par l’Académie. L'une porte pour titre : L’Awrore, et l’autre, Le Triomphe de la Pair. Cet envoi sera consi- déré comme non avenu. ( 497) CONCOURS DE 1864. —— La classe avait mis au concours quatre questions; elle n’a reçu de réponse qu’à la première, qui était conçue de la manière suivante : Exposer, d’après les sources authentiques, de quelle ma- nière il a été pourvu, depuis le commencement du quator- zième siècle jusqu’à la mort de Rubens, à l’enseignement des arts graphiques et plastiques dans les provinces des Pays-Bas et le pays de Liége. Les commissaires désionés pour faire l'examen ia. mé- moire présenté étaient MM. Alvin, Van Hasselt et Por- taels Rapport de M. Alvin. « La liberté et légalité sont aujourd’hui, pour notre Pays, la base et la règle des rapports des citoyens entre eux, qu'ils se meuvent dans la sphère politique, reli- gieuse, ragan industrielle, artistique , scientifique ou littéra -Les me que les lois imposaient autrefois à l'exer- cice de certaines professions ont disparu. Les priviléges et les monopoles ont été abolis. L'application de ces nouveaux principes a modifié pro- fondément la situation respective des hommes qui exer- cent soit les arts et métiers, soit les arts libéraux. Cette situation a créé des besoins qui étaient beaucoup moins sentis autrefois. Elle a créé pour l'État des obli- ( 198 ) gations nouvelles, et pour les citoyens des droits dont on ne s’était point avisé précédemment. Lorsque, dans chaque métier, le nombre des artisans était limité par des règlements dont la stricte observation était confiée à la surveillance de ceux mêmes qui y étaient le plus directement intéressés, le nombre de sujets qu’il fallait préparer pour assurer le recrutement de chaque profession était déterminé. En effet, si l’on avait produit plus de compagnons qu'il n’en fallait pour pourvoir au remplacement des maîtres, à mesure des décès, l’on aurait jeté le trouble dans la production. Dans une telle situation , il n’est pas difficile de le. comprendre, chaque atelier se ` chargeait lui-même du soin de garantir la perpétuité de son existence. Ce qu’il fallait de notions théoriques et prati- ques pour l'exercice d’une profession, c’est l'atelier lui- même qui devait le donner aux apprentis; ni le souverain, ni la commune ne s’occupaient du soin d’y pourvoir, et nulle institution publique n’était là pour remplacer le maître à l'égard des obligations de celui-ci vis-à-vis de ses ouvriers. Aujourd’hui toute profession est accessible à tout le monde; aucune épreuve n’est imposée à celui qui veut exercer un métier. La concurrence est illimitée, chacun se lance dans l’arène à ses risques et périls. L'acheteur et le client sont les seuls juges du mérite de Partisan. Celui-ci n’est plus sous la dépendance de ceux qui exercent le même état que lui. Il n’y a plus non plus de solidarité entre eux. Ils sont donc affranchis du soin de recruter eux-mêmes -les sujets qui devront perpétuer leur profession. Ils ne prennent conseil qùe de leur intérêt individuel dans le choix de ceux qu'ils associent à leurs travaux ; chacun les prend où il les trouve, on ne se fait point de scrupule de Tee (199 ) se les enlever mutuellement. Le maitre admet autant et - aussi peu d’apprentis qu'il lui plait d'employer ; il se charge de leur éducation s’il croit y trouver son profit; mais le plus souvent il se repose de ce soin sur l’État ou la commune. Il ne se borne pas toujours à demander à l'autorité de se charger de donner àses ouvriers l'instruction théorique; nous le voyons réclamer à grands cris l’ensei- gnement professionnel. Si l'on écoutait certains indus- triels , il y aurait bientôt autant d'écoles spéciales qu'il y a d'industries particulières. Tout en résistant à ce que ces prétentions ont d’exagéré, le Gouvernement et les com- . munes doivent pourvoir à une bonne organisation de len- seignement des arts du dessin , parce que la connaissance de ces arts, utile dans toutes les conditions de la vie, est particulièrement indispensable à l'exercice d’un grand nombre de professions. Or, comme ces professions ne sont plus constituées de manière à se charger elles-mêmes de toute l'éducation de leurs travailleurs, il faut que les pou- voirs publics assument cette charge. Mais depuis le milieu du dix-septième siècle, notre pays a vu naître des institu- tions qui, sous la dénomination d'académie, ont pour mis- sion de venir en aide à l'atelier en donnant l’enseignement du dessin. Ces institutions se sont multipliées à la fin du siècle dernier; elles se sont développées dans ces derniers temps sous l'influence des principes nouveaux qui régissent l'exercice dés arts et métiers et des arts libéraux. Toutefois la transformation n’en est pas encore arrivée à son dernier terme, et il serait téméraire d'avancer que nos écoles ré- pondent complétement aux besoins eréés par la situation nouvelle qui a été faite aux arts et à l’industrie dans la Société moderne. Le grand problème de l'application de Part à l'industrie n’est pas résolu pour nous. Il est évident ( 200 ) qu’il l’a été, en fait du moins, à d’autres époques de notre histoire. La solution a-t-elle été fm peut-on la re- garder comme entiè tsatisf: ? Par quels moyens a-t-elle été obtenue ? ; La classe des beaux-arts a pensé qu’elle aiderait à la so- lution du problème en posant dans son programme la ques- tion énoncée ci-dessus. Cette période, depuis le commencement du quatorzième siècle jusqu’à la mort de Rubens, est antérieure à l’éman- cipation des métiers. L'Académie n’a pas supposé qu'on découvrirait dans ces temps reculés une organisation offi- , cielle quelconque de l'enseignement public des arts gra- . ` phiques et plastiques. Il y a eu pourtant alors des dessina- teurs, des peintres, des sculpteurs et uné foule de métiers qui ne pouvaient être exercés que par des hommes possé- dant des notions plus ou moins développées de ces arts. Comment les ont-ils acquises? Il y avait assurément des procédés généraux universellement employés, des règles, des usages. Toutes les œuvres de ces temps-là se ressem- blent tellement qu’il est impossible de ne pas y voir l'in- fluence de quelque principe dominant, ou la conséquence d'usages suivis communément et transmis de proche en proche par la tradition. _ Recueillir toutes les notes susceptibles d'éclairer le pro- blème, les rapprocher, les comparer, en constituer un ta- bleau lumineux destiné à remplacer les perspectives vagues que plusieurs ont déjà entrevues, telle est l’idée que je m'étais faite du travail demandé aux concurrents. . Le mémoire que l'Académie a reçu répond-il à cette idée? Examinons : L'auteur partage son travail en cinq époques, ce qui lui fournit un nombre égal de chapitres. DR PA NET ONE PATES 0 25 EEE DNS POP -EENE paene | | +: E ( 201 ) 1° Il donne le nom de période démocratique au temps compris entre la fondation de nos communes jusqu’au sei- zième siècle. 2 Le seizième siècle est pour lui l’époque de la renais- . sance aristocratique de l’art. 3° La séparation des classes caractérise pour lui le temps de Rubens. La quatrième époque, qui sort déjà du cadre de la question posée par l’Académie, comprenant les années qui s’écoulèrent depuis la mort de Rubens jusqu'à la fon- dation de l’Académie d'Anvers en 1663, est une période de désorganisation , d’indécision , en partie rétrograde. La cinquième conduit l’auteur jusqu’à nos jours, ce qui ne l'empêche pas de joindre encore, comme complément de son travail, Un projet de perfectionnement d’une aca- démie. Son mémoire, je devrais plutôt dire son ébauche, manque de clarté et de précision; on ne saisit pas facile- ment ses conclusions souvent vagues. La suite des raison- nements se dérobe sous un luxe de citations et quelquefois de hors-d'œuvre qui n’ont qu’un rapport très-éloigné avec le sujet. Plus de soixante ouvrages ont été mis à contribution, mais le butin qu’en rapporte l’auteur produit une sorte d’entassement confus dans lequel il est malaisé de voir clair. Le temps a manqué certainement à l'écrivain pour coordonner ses matériaux , les disposer avec méthode; c’est sans doute ce qui l’a empêché de s'apercevoir des lacunes de son œuvre. Il s'étend avec complaisance sur des détails inutiles , étrangers au sujet et glisse rapidement sur des points essentiels. Son style se ressent de cette précipita- tion ; les idées n’étant pas nettes, l'expression manque sou- vent de correction. Non pas que je veuille donner une 1m- ( 202 ) portance exagérée à la question de style, je n'aurais point été arrêté par quelques irrégularités grammaticales , on peut laisser au prote le soin de les corriger ; mais il y a de ces phrases boiteuses et mal venues, toutes contrefaites, qui dénotent dans celui qui les écrit une compréhension insuffisante de l’idée qu’il veut exprimer. Ces sortes de fautes, celui-là seul qui les a commises peut les corriger, et seulement lorsqu'une étude approfondie de son sujet l’a rendu complétement maître de la matière qu'il traite. Cette étude est cependant loin d’être sans mérite : il s’y rencontre des aperçus ingénieux ; seulement, ils sont trop légèrement indiqués. Les parties les plus développées sont précisément celles qui tiennent de moins près à la ques- tion elle-même. C'est parce que je considère ce travail comme suscepti- ble de grandes améliorations que je conclus au maintien de la question sur le programme du concours de 1865. L'auteur pourra rentrer en lice; mieux armé, il méritera peut-être alors la palme que je ne pourrais lui décerner au- jourd’hui. Je m’abstiens de présenter dans ce rapport une saii plus détaillée du mémoire qui nous est soumis; je crain- drais, en relevant tout ce qu’il contient de bon, de four- nir des armes aux concurrents qu'il pourra rencontrer l’année prochaine. Rapport de M, Van Hasselt. «Après une lecture attentive de ce mémoire, je ne puis que me ranger complétement à l'avis exprimé par notre | ( 203 ) honorable confrère M. Alvin dans son rapport, En effet, à part quelques aperçus ingénieux sur des points plus ou moins étrangers à la question, l'œuvre du concurrent trahit ou une précipitation extrême ou une connaissance insuffisante du sujet qu’il traite. Cette œuvre ne constitue, à vrai dire, qu'une suite d'hypothèses et de conjectures plus ou.moins habilement développées, mais que l’auteur étaye rarement sur des preuves irrécusables et qui, dès lors, ne peuvent amener aucune conclusion bien positive. Toutefois, d'accord avec le premier rapporteur, je pense que celte ébauche, complétée dans ses parties essentielles, débarrassée des divagations inutiles, réduite aux termes réels de la question et revue avec soin sous le rapport de la forme, pourrait un jour devenir un travail digne de la palme académique. Pour ce motif, je conclus aussi au DER de la question sur le programme du concours de 865. » Rapport de M. Portaels. « Jai lu avec soin le mémoire assez long qui nous a été soumis. L'auteur a mal compris la question posée par l'Académie. I s'agissait de déterminer, d’après les sources authenti- ques, de quelle façon il a été pourvu à l’enseignement des arts graphiques et plastiques dans les provinces des Pays- Bas et le pays de Liége, depuis le commencement du qua- lorzième siècle jusqu’à la mort de Rubens. L'auteur du mémoire s’est beaucoup occupé des maitri- ses, qui ne constituaient pas un enseignement , mais bien une sauvegarde du talent, puis il établit les rapports des ( 204 ) maitres avec leurs élèves, plus au point de vue de leur position sociale et matérielle qu’au point de vue artistique. Je rends cependant hommage à plusieurs parties du tra- vail, mais il me serait impossible de lui décerner le prix, l’auteur s'étant trop écarté du sujet; ces digressions ren- dent le mémoire diffus. On y voit une certaine étude des écoles et des œuvres, mais je ne vois nulle part de quelle façon il a été pourvu à l'enseignement. - Nous savons tous que l'atelier était l’école, que l'élève , arrivé à certain degré de talent, travaillait aux œuvres du maître; mais comment a-t-il pu obtenir ce talent, quelles étaient les traditions suivies, l’auteur ne le dit pas. Il y aurait cependant bien des choses à écrire sur ce sujet, mais il faudrait que la question fut plus étudiée. Je me joins donc à mes honorables collègues, MM. Alvin et Van Hasselt, et je désire comme eux que la question soit maintenue au programme de concours. » | Conformément aux conclusions des trois commissaires, la classe exprime le regret de ne pouvoir décerner sa mé- daille d’or au mémoire présenté; mais elle examinera, lors de la formation du prochain programme, s’il ne convien- drait pas de remettre au concours la même question. La classe s'occupe ensuite des différentes dispositions à prendre pour la séance publique du surlendemain , et M. De Keyser, directeur , donne lecture du discours qu'il se propose de prononcer dans cette solennité. Es, hd. ( 205 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance publique du 26 septembre 1864. (Temple des Augustins.) MM. De Keyzer, directeur; Azvin, vice-directeur, et ÀD. QUETELET, secrétaire perpétuel, prennent place au bureau. Sont présents : MM. Braemt, G. Geefs , Navez, Van Hasselt, Vieuxtemps, J. Geefs, De Braekeleer, Fraikin , Partoes, Éd. Fétis, De Busscher, Portaels, Payen, le chevalier Léon de Burbure , Franck, membres ; Daussoi- gne-Méhul, associé; Bosselet, correspondant. Assistent à la séance : Classe des sciences. — MM. Wesmael, Van Beneden, Ad. De Vaux, Gluge, Melsens, Liagre, Duprez, Poelman, Dewalque, membres; Montigny, correspondant. Classe des lettres. — MM. De Decker, le baron J. De Witte, Ducpetiaux , membres , Nolet de Brauwere van Stee- land , associé. M. le Ministre de l'intérieur et M. le Ministre des affaires étrangères, ainsi que M. Falon, président de la commis- sion administrative du Conservatoire royal, occupent la loge ministérielle. Un public nombreux remplit la salle. ( 206 ) A midi précis, M. le directeur ouvre la séance et donne lecture du discours suivant : MESSIEURS, Au milieu du mouvement intellectuel qui s’opère autour de nous, il n’est peut-être pas hors de propos de jeter un coup d'œil rétrospectif sur la marche suivie par les arts plastiques et de mettre en rapport leur passé avec les ten- dances nouvelles qu’ils manifestent. Nous n’entendons pas faire une longue excursion dans le domaine de l'antiquité, ni pénétrer dans les temples de la Grèce, ni exhumer les productions de ces génies, à la fois savanis et philosophes, dont les marbres et les bronzes parvenus jusqu’à nous attestent la grandeur de l’art ancien. D'ailleurs , tout a été dit sur ces incomparables chefs-d’œu- vre. Nous n’entendons pas davantage nous occuper des peintures que produisirent les artistes des siècles classiques et dont les contemporains nous parlent avec une si grande admiration ; car, moins respectées par le temps, elles n’exis- tent plus pour nous que dans les descriptions plus ou moins enthousiastes, et celles que Pompéi a conservées sous les cendre du Vésuve ne sont, à tout prendre, que des spéci- mens tardifs et incapables de nous donner une idée com- plète de l’art pratiqué par les Zeuxis et par les Apelle. Une fois la Grèce soumise à la domination romaine, mais devenue à son tour, selon l’heureuse ex pression d'Horace, la conquérante morale de ses vainqueurs barbares encore, l'Italie recueille l'héritage des grandes traditions helléni- ques. Celles-ci se greffent sur Fart étrusque, mais sans y introduire ce sentiment élevé de la forme, cette pureté classique des lignes, ni surtout cet idéal merveilleux qu'on | l i ( 207 ) admire avec tant de raison dans les ouvrages des artistes grecs du grand siècle. Rome, à la vérité, produit encore une série de chefs-d’œuvre, monuments et sculptures, qui font époque dans l’histoire de l’art, sans atteindre cepen- dant cette harmonie, cette élégance, cette perfection dont l’école hellénique avait fourni des modèles si parfaits. Mais peu à peu l’art romain tombe à son tour dans une sorte. d’épuisement. Sous le règne de Constantin le Grand, il ne compte presque plus que des ouvriers inhabiles. Il dégé- nère en une technique de plus en plus grossière , et les dé- corations qu'il introduit dans les basiliques chrétiennes ne sont plus que l'ombre d’une grande tradition éteinte par l'ignorance et par l’abandon des études. Durant de longs siècles, il continue d’être ce qu'il est devenu sous Constantin, en s’imprégnant, il est vrai, chez les nationalités qui s'étaient partagé l’Europe, du senti- ment propre à chacune d'elles, mais sans prendre nulle part pour base, cette base éternelle et unique de tout art, l’étude de la nature. Il était réservé à l'Italie de faire rentrer l’art dans sa vé- ritable voie en le ramenant à cette étude si longtemps né- gligée. L'honneur de cette rénovation appartient à l’école toscane, si fière, et avec tant de raison, de son Cimabué et de son Giotto. Ces maîtres illustres frayent la voie, et leur génie, comme leur talent, se résume et atteint déjà une haute expression dans ce Masaccio dont Vasari disait : « Tout ce qui a été fait avant lui n’était que peint ; tout ce qu’il a produit est vrai et animé comme la nature elle- même. » Si Masaccio mourut fort jeune, il n'avait cepen- dant pas été sans exercer une grande influence sur ses Con- temporains; et de l’école florentine dont il avait été un des maîtres les plus éminents, sortit bientôt cette école splen- ( 208 ) dide à laquelle Raphaël, Michel-Ange, Léonard de Vinci et tant d’autres devaient attacher leur nom : gloire dont Venise, Bologne et Naples devaient hériter à leur tour, pour retomber ensuite, par les mêmes causes que l’art an- tique , dans une décadence inévitable. C’est à peu près à l’époque de la rénovation de l’art en -Toscane que remontent les origines de l’école flamande, elle qui devait, surtout au moment de son apparition , exci- ter un si vif intérêt, non-seulement par la profondeur de sentiment que renfermaient ses productions, mais aussi par la nouveauté des procédés techniques dont-elle se ser- vait pour réaliser ses créations merveilleuses. Il serait superflu de vous redire quelle direction elle a suivie , q lévelopp ts successifs elle a reçus, quelles transformations diverses elle a subies pour s'élever de la naïve etadmirable simplicité qui la distingue à sa première période, vers l'expression la plus haute de la grandeur , de la force, de la vie et du mouvement : marche tout à fait identique à celle que suivirent les écoles italiennes , où nous voyons Masaccio aboutir à Michel-Ange ,comme dans l’école flamande nous voyons Jean Van Eyck aboutir à Rubens, ce génie suprême de la peinture. Nous avons dit comment les écoles d'Italie, après avoir jeté un si vif éclat, tombèrent l’une après l’autre et s'en- dormirent sans donner, depuis tantôt deux siècles, l'indice d’un réveil plus ou moins prochain. Certes, les moments de défaillance n’ont pas manqué non plus à l'école fla- mande. Invasion du mauvais goût, caprices de la mode, malheurs politiques, elle a subi tous les genres d'épreuves, et plus d’une fois elle a été menacée de voir se rompre le fil des traditions qui sont les principes de sa vitalité. Mais ce désastre lui a été épargné; et, grâce à Dieu, elle peut RSR MNT ( 209 ) _se vanter d’avoir toujours possédé des maitres qui se sont rattachés noblement à leurs illustres devanciers du dix-sep- tième siècle. Lorsqu'on étudie à fond le caractère particulier de cha- que école qui a pour base un grand principe d’où elle tire sa force, nous voyons que chacune a pour caractère dis- tinctif de refléter les idées, les sentiments , les croyances,- les mœurs, en un mot, la physionomie et la civilisation tout entière de la nationalité à laquelle elle appartient. Nous voyons aussi que, chaque fois que deux écoles diffé- rentes entrent en communication , celle qui se fait aveu- glément l’imitatrice plus ou moins servile de l’autre, au lieu de l’étudier simplement en vue de mieux traduire son caractère propre, a toujours fini par perdre graduellement son individualité pour tomber dans une décadence com- plète, soit en abandonnant le principe lui-même auquel elle doit d’être ce qu’elle est, soit en se relàchant des fortes études, et en descendant ainsi de la hauteur où l’art doit se maintenir s’il veut, lui aussi, concourir au progrès et à la civilisation. Cette dégénération peut se produire sous deux formes différentes. Tantôt elle se manifeste dans l'esprit dont une cole est animée et qui lui donne sa physionomie particu- lière , tantôt dans les procédés techniques dont elle se sert pour traduire sa pensée et qui, eux-mêmes, sont parfois indispensables pour la faire rester ce qu’elle est. En con- statant ces faits dont l'histoire de l'art nous offre tant -d’exemples, nous avons souvent reporté notre esprit à l’époque où l'Italie pratiquait avec tant de ferveur et, ajou- tons-le, avec tant de succès la peinture à fresque, pro- cédé qui se transforma en partie après l'introduction dans ce pays de l'admirable invention des frères Van Eyck. £3 (210) Et souvent nous nous sommes demandé comment il se fait qu'aucun des maîtres qui ont illustré notre ancienne école mait songé à introduire ce mode de peinture dans notre pays. Car, il faut bien le dire, les fragments de dé- corations murales qu'on a découverts jusqu'ici dans nos édifices publics, sous la couche de badigeon qui les recou- vrait, n’offrent, en général, qu’un très-faible mérite, et à aucun d’eux ne se rattache un nom quelque peu distingué dans les arts. Nos grands artistes dédaignaient-ils ce pro- cédé? N’y trouvaient-ils pas des ressources suffisantes pour donner libre carrière à leur sentiment coloriste? ou bien encore craignaient-ils de compromettre nos traditions en les livrant aux hasards de lavenir et aux risques d’une alté- ration si difficile à prévenir sous un climat tel que le nôtre? Ces questions se posent avec d'autant plus de force, que tous avaient visité l'Italie à l’époque même où les fresques produites par les maîtres les plus célèbres de ce pays y brillaient encore de tout leur éclat et: de toute leur beauté. Aucun d’eux cependant n’a fait dans nos contrées la moin- dre application de ce procédé, si généralement usité dans la Péninsule italique. Et ce fait doit nous surprendre plus encore, quand nous considérons que les iconoclastes qui dévastèrent nos édifices religieux, au seizième siècle, y avaient fait partout de la place à l’art, et que cette place fut occupée quelques années plus tard par les panneaux et par les toiles de Rubens et de son école. Loin de nous l’idée de condamner et même de blâmer les nobles tentatives qui se manifestent parmi nous pour la grande peinture murale; car n’est-elle pas un des cadres les plus vastes, une des formes les plus larges dans les- quelles l’art puisse déployer la richesse du style et de la forme, en même temps que traduire toute l'élévation du z n (211) sentiment et de la pensée? Seulement , en présence des questions que nous venons d’élever à propos de la pratique suivie par nos maîtres anciens, qu'il nous soit permis de conserver quelques doutes sur la possibilité de ressusciter les peintures à fresque et d’y accommoder les procédés techniques qui forment l'essence de l’école flamande. Depuis des siècles, celle-ei doit en partie son lustre à ces procédés mêmes; depuis des siècles, elle doit principalement sa gloire à cette puissance, à cette finesse et à cette merveil- leuse harmonie des couleurs, grâce auxquelles ressortent si vivement cet accent de vérité, cet esprit du faire, cette touche magistrale et ce charme d’exécution toujours si bien appropriés au style et au caractère du sujet représenté. Ces qualités précieuses, il faut, avant tout, s’efforcer de les maintenir intactes. Tout ce qui pourrait les amoindrir ou les altérer, il faut l’écarter. Elles constituent si essen- tiellement le domaine et l’attribut de l'art flamand que certainement Michel-Ange, s'il avait connu suffisamment les œuvres remarquables des Vénitiens et pu voir les créa- tions splendides de Rubens, se serait abstenu du sd méprisant qu’on lui a prêté. Pour maintenir intactes ces traditions, il ne suffit pas de se garder de l'application des procédés auxquels elles ne peuvent guère s'approprier; il faut encore les sauvegarder au moyen d'études fortes et sérieuses faites dans l'esprit de ces traditions mêmes. Car, vous le savez, messieurs, les qualités qui brillent dans l’exécution d’une œuvre sont et seront toujours le résultat du savoir. L'ignorance technique ne parviendra jamais qu'à badiner gauchement avec le pin- ceau et trahira à chaque pas sa faiblesse ou sa maladroite prétention. Après ces observations, avons-nous besoin de dis que 2e SÉRIE , TOME XVII. to ( 212 ) nous n’entendons en aucune manière refuser à l'artiste la liberté de choisir lui-même les moyens qu'il juge les plus propres à réaliser ses pensées? N'importe la matière qu’il emploie, qu’il se serve du pinceau ou du crayon, pourvu qu'il reste lui-même et qu’il traduise le sentiment ou l’idée qu'il veut exprimer ; car l’un et l’autre de ces moyens ont servi à la création des chefs-d’œuvre qui ont porté l'art à une hauteur d’où il ne devrait jamais descendre. Il nous reste encore à émettre quelques réflexions sur les tendances de l’art contemporain, réflexions qui nous sont suggérées par l’esquisse rapide que nous avons faite de la marche suivie par les écoles anciennes. Qui d’entre nous n’a pas été amené à constater parfois çà et là quelque relâchement dans cette conviction que doit avoir tout ar- tiste de la vérité et de la valeur des principes reconnus du beau, conviction d’après laquelle se dirigèrent tous les génies éminents? Dans tous les temps, le grand art fut le soutien du fronton du temple, et l’on se demande si ses colonnes doivent s'écrouler pour ne laisser subsister que le corps de l'édifice ? Non , sans doute, bien qu’on se dise sou- vent avec un sentiment de regret que le grand art a fait son temps et qu'il s’en va. Non; car de nobles efforts se font partout pour le développer et lui rendre toute sa va- leur. Si difficile qu’il soit à atteindre et à pratiquer, il se trouvera toujours des hommes d'énergie et de ferme con- viction qui comprendront le but élevé de l'artiste et aux- quels aucun sacrifice ne coûtera pour se frayer un chemin dans la voie parcourue par les maîtres dont les chefs- Can s’étalent devant nous avec leur majestueuse gran- Puissent leurs efforts réunis , puisse l'exemple de tout ar- tiste sérieux, sous quelque forme qu’il manifeste son cœur ( 213 ) ou son esprit, contribuer à faire comprendre à quel point sont funestes les vulgarités ët les productions banales qui exeluent toute pensée, toute réflexion, toute poésie, toute science , et auxquelles on regrette parfois de voir se livrer les esprits les plus heureusement doués, en sacrifiant sur l'autel passager de la mode l'espoir ou la certitude d’un avenir durable et glorieux! « Cependant, hàtons-nous de le dire, dans le mouvement qui se manifeste partout, la Belgique a pris la place hono- rable qui lui revient; et, dans sa sollicitude pour la pros- périté des beaux-arts, le Gouvernement, secondé par la sympathie que le pays a toujours si hautement témoignée pour eux, saura, n’en doutons point, persévérer dans la mission importante qui lui est réservée. De son côté, l’école belge, jalouse de ses traditions , continuera à prou- ver qu’elle est digne de son passé et elle ne se démentira pas dans l’avenir; car, si l’avenir est à Dieu, il est aussi aux volontés fortes et aux convictions solides. » Ce discours est accueilli par de nombreux applaudisse- ments, L'orchestre du Conservatoire royal, sous la direction de M. Henri Vieuxtemps, membre de l’Académie, exécute ensuite, avec quatuor vocal et chœur, une composition nouvelle de cet artiste intitulée : Hymne national, pré- cédée d’une ouverture. A la suite de cette exécution , les cris de bis ont éclaté et une nouvelle exécution de l'hymne a dù être donnée pour satisfaire à l'enthousiasme de l'auditoire, qui a fait encore et longtemps retentir ses applaudissements. M. le directeur, a ensuite exprimé à M. Vieuxtemps, au nom de tous ses collègues, le plaisir que venait de leur ( 214 ) faire éprouver cette belle œuvre, digne en tous points de l'illustre compositeur. M. le secrétaire perpétuel donne, en dernier lieu, con- naissance des résultats des deux grands concours de l'Aca- ` démie des beaux-arts d'Anvers, de 1863 et 1864, et du concours de la classe pour 1864. Les récompenses ont été décernées, au milieu des applaudissements, aux diffé- rents lauréats, à l'exception de M. J.-E. Vanden Bussche, qui se trouve actuellement à Rome. GRAND CONCOURS DE PEINTURE DE 18653. Le jury chargé par le Gouvernement de juger le grand concours de peinture ouvert à l'Académie royale des beaux- arts d'Anvers, a, dans sa séance du lundi, 28 septem- bre 1865, décerné le premier prix, par sept voix contre quatre , à M. Jean-Emmanuel Vanden Bussche , d'Anvers, élève de l’Académie de cette ville; Le second prix a été décerné, à l'unanimité, en partage, à MM. Charles-Léon-Ernest Vandenkerekhove, de Bruxelles et André Hennebicq, de Tournai, tous deux élèves de l'Académie de Bruxelles. GRAND CONCOURS DE SCULPTURE DE 1864. Le jury chargé, par le Gouvernement, de juger le grand concours de sculpture ouvert à l’Académie royale des beaux- arts d'Anvers , a, dans la séance du lundi, 12 septem- bre 1864, décerné, par huit voix contre une, le premier prix à M. Jean-François Deckers, d'Anvers , élève de Aca- démie de cette ville. | | | | | À i À ( 215 ) Le second prix a été décerné , à l'unanimité, àM. Clé- ment Carbon, de Gits, élève de la même institution. Une mention honorable a été accordée, en partage, à MM. Charles-Alexandre Palinck, de Borgerhout, élève de l’Académie d'Anvers, et Louis Samain, élève de l’Acadé- mie de Bruxelles. : | CONCOURS DE LA CLASSE DES BEAUX-ARTS DE L’ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. Conformément aux conclusions des trois commissaires chargés de faire l'examen du mémoire présenté en ré- ponse à la question relative à l’enseignement des arts graphiques et plastiques (voir page 197), la classe a décidé qu'aucune récompense ne pouvait être décernée à ce tra- vail; elle examinera ultérieurement s’il ne conviendrait pas de remettre cette question au concours de 1 ae A la fin de la séance, l'orchestre a exécuté la cantate Paul et Virginie qui a remporté le second prix au grand concours de composition musicale de 1865, paroles de M. Kürth de Mersch (Arlon), musique de M. Gustave Hu- berti, élève du Conservatoire royal de Brüxelles (1). 1) Le poëme de cette cantate a a été imprimé dans les Bulletins de l'Académie , 2me série, tome XVI, p. (216) CLASSE DES SCIENCES. Séance du 8 octobre 186%. M. ScHaar, président de l’Académie. M. An. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d’Halloy, Wésmael, Stas, De Koninck, Van Beneden, A. De Vaux, de Selys- Longchamps, Nyst, Gluge, Nerenburger, Melsens, Liagre 1 Duprez, Brasseur, Poelman, Dewalque , Ernest Quetelet, membres; Schwann, associé; Donny , Montigny , Morren , Steichen , correspondants. nee) CORRESPONDANCE. ns | La classe apprend avec douleur la perte qu’elle vient de faire, presque éh même temps, de deux de ses membres, M. Kickx et M. Timmermans, professeurs à l'Université de Gand, décédés tous deux à un jour d'intervalle, le 2 et le 3 iiir dernier. M. le secrétaire perpétuel a les paroles suivantes sur la tombe de M. Kickx , et M. Poelman , absent lors des funérailles, a promis d'écrire sur ce iéinbre une notice biographique , destinée à l'Annuaire de l’Académie noie msn ae need ttes teens tte a D Enr Per apres i À i B l f pa 4 £ 1 | € ( 217 ) « Je viens, au nom de l’Académie royale de Belgique, exprimer les douloureux regrets et les sentiments de … profonde affliction que lui inspire la mort si imprévue d'un savant éminent, d’un homme de bien, d’une de ces organisations d'élite qui allient à la supériorité de lintel- ligence les délicatesses du cœur ! : » J'ai peut-être quelques titres particuliers à être, en cette pénible circonstance, l'interprète des confrères et des amis de Kickx ; peut-être puis-je mieux que la plupart d’entre eux indiquer les rares qualités de celui qui n’est plus et qui le faisaient tout à la fois aimer et estimer de tous. En effet j'ai connu, observé et aimé Kickx dès sa plus tendre jeunesse; comme professeur, j'ai pu appré- cier, en outre, les qualités qui devaient illustrer sa carrière et j'ai assisté en quelque sorte à ses premiers débuts. » Chargé par notre Académie, en 1822, galler avec son respectable père décrire la grotte de Han, j'assistai aux premiers travaux du jeune savant et je fus assez heureux pour pouvoir dès lors y applaudir et l'encourager. » Bientôt les prix remportés aux concours universi- taires montrèrent ce qu’on pouvait attendre du jeune botaniste , et, lors du décès de son père, sa place se trou- vait déjà si bien marquée dans le domaine de la science, que notre Académie l’appela à recueillir l'héritage pa- ternel. r » Il ne m’appartient pas de parler ici des travaux acadé- miques accomplis par notre confrère, pendant vingt-sept ans, avec tant d'équité et de conscience, de savoir et de estie; une voix plus autorisée que la mienne indi- quera le rang que Kickx avait su conquérir comme natu- raliste. Sa supériorité était d’ailleurs reconnue et admise par tous, lui seul semblait l'ignorer. ( 218 ) » Qu'il me soit pourtant permis de rappeler qu'après tant de communications dont il vint successivement enri- chir nos publications, il lui fut accordé d'introduire son fils dans le domaine où il s'était illustré et de sourire aux . heureux essais de ce jeune continuateur de son nom et de Ses travaux. > Kickx venait de mettre le couronnement à tant d'œuvres justement estimées, en achevant son grand travail sur la flore cryptogamique; et, par une coinci- dence fatale, la mort le frappait au moment même où il venait de conclure , avec un éditeur, en présence d’un de ses plus anciens amis, les arrangements pour la publication de ce monument scientifique. Un tel travail ne sera sans doute pas perdu et ne restera point ignoré : des mains fidèles le mettront pieusement au jour, Mais rien, hélas! ne saurait plus nous rendre ni l'intelligence qui a fait éclore une telle œuvre ni l’homme excellent, juste, conscien- cieux, dont le caractère était si parfaitement à la hauteur du talent. » Adieu, cher et aimé confrère, ton souvenir ne s’étein- _dra pas parmi nous : il subsistera dans nos cœurs avec des’ larmes et d’inconsolables regrets ! » — M. Duprez avait prononcé, la veille, les derniers adieux sur le cercueil de M. Timmermans; il les repro- duira avec une notice biographique dans l'Annuaire de l’Académie. — M. le Ministre de l’intérieur fait parvenir, pour la bibliothèque de l’Académie, le tome XVI des Annales de l'Observatoire royal, le tome VHI des Documents statis- tiques du royaume, les tomes I et II de la Statistique générale du royaume pour la période décennale de 1850 à ( 219 ) 1860, et le tome II de la série nouvelle des Annales des universilés de la Belgique. — L'Académie reçoit aussi pour sa bibliothèque un grand nombre d'ouvrages, comprenant entre autres les publications de l’Académie des sciences de Madrid, de. la Société silésienne de Breslau , de la Réunion de Franc- fort-sur-Main pour les sciences physiques, de l'Institution smithsonienne de Washington, de l’Institut géologique de Calcutta , ete. — La commission nommée pour élever, à Pavie, un monument à la mémoire du célèbre géomètre Bordoni, fait connaître que la fondation a eu lieu le 8 septembre ernier. — L'Académie royale Léopoldo-Caroline des Curieux de la nature à léna annonce qu’elle célébrera, le 2 no- vembre prochain , le cinquantième anniversaire de l'entrée en fonctions du docteur Carus comme professeur de lart obstétrical. — M. Parent, de Wäleffe, transmet le résultat des ob- : servations météorologiques faites, par lui, dans cette loca- lité pendant l’année 1 — M. Achille Brachet, de Paris, fait parvenir quatre nouvelles notices manuscrites sur différents sujets de physique. (Commissaires : MM. Plateau et Duprez.) — M. d'Onialius est invité à examiner deux notices manuscrites de M. Malaise , sur des sujets de géologie, et un mémoire, avec deux planches, sur la carte géologique des environs de Dinant, par M. Édouard Dupont. mm = ( 220 ) CONCOURS DE 1864. La classe des sciences avait mis au concours quatre questions ; elle n’a reçu qu’un mémoire en réponse à la troisième question , conçue dans les termes suivants : Les recherches effectuées, dans ces dernières années , sur la composition chimique des aciers, ont fait naitre des doutes qu’il importe d'éclaircir : P Académie demande qu'on établisse , par des expériences précises, quels sont les éléments essentiels qui entrent dans la constitution de l'acier, et qu’on détermine les causes qui impriment aux différents aciers produits par l'industrie leurs propriétés caractéristiques. Le mémoire présenté porte pour épigraphe : Citius emergil verilas ex errore quam ex confusione. Les commissaires nommés pour en faire l'examen sont MM. Stas, De Koninck et Dewalque. RAPPORTS. Sur le dosage des minerais de zinc; par M. Mathelin , élève de l'École spéciale des arts et manufactures à Gand. Rapport de M. Doi. « Il existe plusieurs méthodes d'analyse des minerais de zinc; la plupart d’entre elles exigent beaucoup de ( 221 ) temps, de soin et d'habileté pour être exécutées convena- blement. Une seule fait exception : Cest celle qui repose sur la réduction de l’oxyde de zinc et la volatilisation du métal produit. Telle qu’elle est généralement pratiquée, cette méthode laisse encore à désirer, tant sous le rapport de l’économie de temps que sous le rapport de l'exacti- tude du résultat. M. Mathelin s’est efforcé de la simplifier, en réduisant à la fois le temps nécessaire à l'exécution de l'opération et en changeant radicalement les appareils. Le système qu’il a imaginé se compose d’un cylindre creux de terre réfractaire, couvert d’une plaque mobile de terre percée de trous et d’une pipe de terre réfractaire. Le four- neau de la pipe sert de creuset et le tuyau est utilisé pour l'introduction de l'air et du gaz, servant successivement au grillage du minerai et à la réduction des oxydes métal- liques. Le tout est chauffé à l'aide de quelques becs de Bunzen. Il n’y a aucun doute que ce système ne réalise parfaitement le but proposé, c’est-à-dire l'analyse par voie sèche , aussi exactement que la nature de cette mé- thode le permet. Les résultats concordants de quelques analyses de minerais de zinc faites par cette méthode prouvent la bonté de ces dispositions. Je ne doute aucun instant que cet appareil, si simple qu'il paraisse, ne rende des services réels dans l'analyse métallurgique des mine- rais de zinc. En „conséquence , j'ai l'honneur de proposer à Aca- démie d'imprimer la note de M. Mathelin dans le bulletin de la séance et de voter des remerciments à l'auteur pour Sa Communication. » _ Conformément à cet avis, que partage M. Melsens , second commissaire, la elasse ordonne l'impression de la . ( 222 ) notice de M. Mathelin dans le recueil des Bulletins, et elle vote des remerciments à l’auteur pour sa communication. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur l'Observatoire royal de Bruxelles ; par M. Ad. Que- telet, secrétaire perpétuel de l’Académie. L'idée de fonder un observatoire en Belgique a été émise, dans l'Académie dès l'année 1823. Ce corps savant jugeäit nécessaire qu'un établissement de ce genre fût spéciale- ment destiné pour les sciences d'observation et surtout pour l'astronomie. Une députation chargée de faire une démarche à cet effet s'adressa à M. Falck, alors Ministre de l’intérieur et l’un des hommes les plus éclairés que le gouvernement eut à la tête des affaires. Le respectable commandeur de Nieuport , à cette époque directeur de l'A- cadémie, et quelques-uns de ses confrères se rendirent au ministère afin de faire des recommandations spéciales qui furent favorablement accueillies. Dans cette même an- née, l’un des membres les plus jeunes de l’Académie fut chargé d'aller à Paris pour se mettre au courant de Pas- tronomie; il se rendit ensuite dans différents pays consi- rés comme étant les plus avancés dans les sciences, afin d'adopter un mode d'observations et d'arrêter les plans qu'il aurait à soumettre à cet égard. En effet ces plans ont été formés d’après ceux des obser- vatoires les plus célèbres, et conformément à l'opinion des hommes les plus compétents. Ils furent adoptés en 1826, et les premières dépenses furent faites en commun par le ( 225 ) Gouvernement et la ville de Bruxelles, à laquelle appar- tenait cet établissement, mais dont le personnel devait être nommé par l’État. La révolution de 1830 arrêta les tra- vaux, qu’on reprit quelque temps après, et qui ne furent entièrement achevés qu’en 1833. Plus tard, de nouvelles difficultés surgirent , et l'observatoire fut cédé à l'État en même temps que les Musées et la Bibliothèque de la ville. Dès l’année 1827, des instruments de précision de pre- mier ordre avaient été commandés à divers constructeurs , Gambey, de Paris, Througton et Simms, de Londres , Kessel, d’Altona, ete.; afin que l'observatoire püt figurer parmi les principaux de l’Europe. La révolution belge res- pecta les traités conclus, et les instruments furent mis en place, en 1835, par l’obligeant intermédiaire de Gambey, membre de l’Institut. A partir de 14833, eurent lieu les premières observa- tions météorologiques régulières : des soins spéciaux furent donnés, en même temps, à la détermination exacte de la longitude et de la latitude de Bruxelles. On commença, plus tard, un vaste travail ayant pour but la détermination des étoiles à mouvement propre; mais il fallut l’'abandonner Pour s'occuper d’autres travaux urgents qui n’existaient point encore et que notre observatoire, par Sa position, pouvait seul entreprendre. Il fallut aussi se livrer au développement des travaux de météorologie que le manque d'observations nécessitait pour notre pays. A cet effet et pour compléter ces recher- ches, le Gouvernement prêta 'des instruments aux savants belges qui consentaient à y donner leur concours. C'est dans les Annales de l'Observatoire et dans les Mémoires de l'Académie que ces documents ont paru. Les savants étrangers ont bien voulu nous aider à étendre ce système ( 224 ) sur toute l'Europe et reconnaître que, sous ce rapport, nous avions fini par marcher en première ligne avec les plus habiles, quoique nos commencements eussent été tardifs. Non -sculement l'Observatoire de Bruxelles s'occupa avec l’ardeur la plus vive des travaux météorologiques, -mais il donna tous ses soins à une étude nouvelle qui compte encore peu d’adeptes : celle de la physique du globe. Les variations de température à différentes profon- deurs dans le sol et à différentes hauteurs dans Patmo- sphère, les variations diurnes et annuelles de l'électricité de la terre, soit statique, soit dynamique; les valeurs ab- solues et relatives du magnétisme du globe; les variations que subit cet élément comparativement aux autres pays; l'étude assidue des étoiles filantes, à laquelle nous avons été des premiers à prendre part; les époques de la feuil- laison et de la floraison des plantes; celles de leur fruc- tification et de leur effeuillaison; les migrations des oiseaux et la périodicité des insectes, ete., firent l’objet d’une étude particulière qui a été publiée dans ces derniers temps. Tous ces travaux relatifs aux variations physiques dans notre partie du globe nous menèrent très-loin et exigè- rent beaucoup de temps. Vers le milieu de 1855, une maladie violente me mit à deux pas de la mort, au mo- ment où, après avoir terminé les observations météorolo- giques et de la physique du globe, je me proposais de revenir enfin vers l'astronomie. Le gouvernement, pour me soutenir dans mes entre- aoe: voulut bien m’adjoindre mon fils, qui était officier du génie dans notre armée. Je suis héureux de pouvoir remercier de cet appui l’un de nos confrères, M. Be Decker , alors Ministre de l’intérieur. Je pus continuer ainsi mes travaux, tandis que mon | | ( 225 ) fils , secondé par mes deux aides MM. Mailly et Horini; Fionna entièrement au catalogue des étoiles à mouve- ment propre déjà commencé précédemment , mais il put le faire avec plus d’ordre et de régularité. Les observations aux instruments méridiens ont également été poussées avec une nouvelle activité depuis 1855. Le volume que j'ai l'honneur de vous offrir est le seizième de la collection; il contient les observations astronomiques de 1859 et de 1860, en même temps que les observations de la météo- rologie et de la physique du globe pour les mêmes années. Mon fils ne tardera pas à vous présenter la première partie du Catalogue dont il s'occupe pour les étoiles douées Cun mouvement propre; il continuera à vous soumettre successivement, mais sous une forme plus large, les tra- vaux que j'avais en vue d'exécuter. Pendant ce temps, je pourrai achever la mise en ordre d’un travail que je crois important pour la science dans notre royaume et dont j'aurai bientôt, j'espère, l’occasion de vous entretenir. Sur les observations des étoiles filantes du 10 août 1864, à Bruxelles, et sur les extrêmes de température ob- servés depuis trente ans; par M. A. a secré- taire perpétuel de l’Académie. Le ciel n’a guère été favorable à l'observation des étoiles filantes périodiques du milieu du mois d’août dernier : les nuages, par leur quantité et leur épaisseur, le couvraient à peu près constamment. Dans la soirée du 10 août cepen- dant, il se découvrit quelques instants, et je pus, avec mon fils, observer à peu près les deux tiers de sa surface, du- ( 226 ) rant l'intervalle de près de vingt minutes, entre 1020" et 10"38"40$. Le ciel se recouvrit ensuite et l'observation devint impossible, Le nombre des étoiles filantes aperçues durant cette durée fut de seize, ce qui donnerait quarante-huit étoiles filantes par heure. Ces météores étaient généralement bril- lants; ils se montraient presque tous dans la voie lactée en se dirigeant vers le sud-sud-ouest , à travers le Cygne, le Dragon , Aigle, la Lyre : plusieurs laissaient des trai- nées brillantes d’étincelles. Les conditions ont été probablement plus défavorables encore dans les localités d’où les observateurs voulaient bien me transmettre précédemment leurs recherches, car je wai reçu jusqu’à présent aucune communication à ce sujet; j'ai vu cependant, par les journaux , que le ciel n’a -pas été complétement couvert dans toutes les contrées. Mon fils m'a remis le tableau suivant sur les extrêmes de température, observés depuis la fondation de l’observa- toire royal. Depuis trente ans, les gelées n’ont jamais com- mencé aussitôt que cette année, et jamais aussi le maximum de température pendant lété n’est resté aussi bas. D’après ce tableau on peut remarquer que la plus longue période de gelée a eu lieu pendant l'hiver de 1860 à 1861 : elle a commencé le 2 novembre pour finir fe 20 avril, soit durant cent soixante et dix jours. Lapparion la plus hà- tive de la gelée s’est faite, cette année , au 3 octobre. Le maximum de température s’est fait sentir en 1846 : il a été de 34,2; et le plus fort minimum, à la hauteur où se trouve le thermomètre qu’on observe habituelle- ment, soit à 59 mètres d'altitude, a été de — 16°,9 pen- dant l'hiver de 1860 à 1861. y A ; 4 Í F d 3 sen a fre | cag T 3 Peen ( 227 ) ’ i PREMIER JOUR | DERNIER JOUR Nole | maximom aana ANNEES. à jours de la obir : : observé de gelée. de gelée. gE pendant l'année| pendant l'année gelée. 1832-1833 ? 26 mars ? ? — 93C 1853-1834 | 9 novemb 19 mars 131 28/7 C — 4,0 1834-1835 | 13 novemb 17 avril 156 33,1 — 5,0 1835-1836 | 19 octobre 24 février 128 29,8 —11,7 1836-1837 | 29 octobre 15 avril 169 30,1 — 9,8 1837-1838 | 15 novemb 17 avril 154 29,7 —18,8 1838-1839 | 21 novémb 11 avril 142 50,8 — 9,5 1839-1840 | 30 octobre 5 avril. “| - 159 32,9 — 12,8 1840-1841 | 26 novemb 2 mars 97 27,6 —12,9 1841-1842 | 16 novemb 17 avril 153 28,8 —12,6 1842-1843 | 6 novemb. 14 avril 160 32,6 — 5,1 1845-1844 | 10 novemb. | 21 mars 155 32,8 = gt 1844-1845 | 30 novemb 22 mars 113 50,6 —15,0 1845-1846 | 4 novemb 13 mars 130 32,7 — 5,2 18 novemb. | 16 avril 160 34,2 —12,6 1847-1848 | 19 novemb 8 mars 411 82,1 — 13,7 1848-1849 | 10 novemb 48 avril 160 50,5 — 9,7 1849-1850 | 22 novemh. | 50 mars 129 32,8 — 13,6 1850-1851 | 23 octobre. 0 mars. 139 30,9 = DS 1851-1852 | 5 novemb. | 24 avril 169 29,4 TE ed 1852-1853 | 1 décemb mars 120 32,9 es 1853-1854 | 19 novemb 25 avril. 158 30,8 —15,8 1854-1853 | 19 novemb 23 avril 156 31,2 — 16,6 1855-1856 | 20 novemb 20 avril 153 29,4 —13,2 1856-1857 | 27 octobre. ars. 149 30,3 — 8,8 1857-1858 | 15 novemb. | 14 avril 151 34,5 — 10,2 1858-1859 | 31 octobre. 1 avril 1455 34,4 — 10,1 1859-1860 | 11 novemb. | 13 mars 124 31,2 —12,4 1860-1861 | 2 novemb. | 20 avril 170 27,8 —16,9 1861-1862 | 51 octobre. | 13 avril. 165 29,3 — 10,2 1862-1863 | 20 novemb 4 avril. 133 26,9 — 5,8 1865-1864 | 10 novemb 9 avril. 152 29,9 —10,8 1864-1865 | 5 octobre ? 27,1 7 Moyennes. | 11 novemb. | 3 avril. 144 3039 — 1036 2m° SÉRIE, TOME XVIII. 16 ( 228 ) Sur les fouilles faites dans le Trou des Nutons près de Furfooz, par M. Édouard Dupont. Communication de M. Van Beneden, membre de l’Académie. M. Van Beneden met sous les yeux de ses confrères des os travaillés que M. Dupont a trouvés dans le Trou des Nutons, depuis sa dernière communication faite à l’Aca- démie. Dans le nombre se trouve la partie inférieure d'un _ tibia de bouquetin ou de chèvre, dans lequel une forte entaille a été pratiquée à l’aide d’un couteau de silex qui en fait une flûte. Les enfants font encore aujourd’hui le même instrument, mais de bois et avec cette différence que louverture est plus loin de l'embouchure que dans le tibia. C’est probablement à cause de la fragilité de los, qui est d'autant plus solide qu’on approche davantage de l'arti- culation. Les autres os sont des astragales, qui ont évidem- ment servi à un jeu d’osselets : leurs surfaces sont polies à force d’être usées; ils ne-sont pas de même grandeur. et proviennent de deux espèces distinctes. Les habitants du Trou des Nutons jouaient donc an même jeu que nos enfants. Ces objets, ajoute M. Van Beneden, seront figurés dans un travail qui sera publié plus tard. Observations de l’inclinaison magnétique faites à l'obser- vatoire de Christiania pendant les années 1855 à 1864; par M. Christian Hansteen, associé de l'Académie. Lettre _ à M. Ad. Quetelet, Secrétaire perpétuel. « Depuis le mois d'avril 1853 , J'ai commencé à observer inclinaison magnétique, vers le milieu de chaque mois, au moins pendant quatre jours et quelquefois jusqu’à dix ( 229 ) Jours, en faisant une et à l’époque du maximum de la journée, à dix heures avant midi, et une autre à l’époque du minimum, soit une demi-heure avant le cou- cher du soleil. Les observations simultanées du bifilaire sont toujours faites par un aide. » Le tableau suivant représente la valeur moyenne de chaque mois pour le matin et pour le soir, leur différence, c’est-à-dire la variation moyenne diurne du mois, et enfin la moyenne entre le maximum et le minimum. La colonne n indique le nombre des observations partielles employées dans la moyenne. Toutes les observations faites pendant les jours où le bifilaire a montré des variations irrégulières ou plus grandes que cent parties de l'échelle ont été né- gligées, ainsi que celles faites pendant les jours où l'aurore boréale a été visible : ces observations sont marqués par un astérisque. Il est très-vraisemblable que chaque anomalie dans la direction et l'intensité de la force magnétique est combinée avec ce phénomène, quoiqu’on ne puisse le voir qu'après le coucher du soleil et lorsque le ciel est dé- Couvert. I. MOIS. Matin, Soir, Variation.) Moyenne. n t 1855. Avril . . . | 74°29%t4 | 71°26/72 + %42 71°27/95 10° Me o : …. 27,31 24,79 | -+ 2,52 26,05 8 Jor. o 27,31 24,715 | -+ 2,56 . 26,03 18 ba o o a 26,51 25,17 | -+ 1,54 25,84 14 Septembre . 27,65 26,81 | + 0,84 27,23 9 Octobre . . 27,20 26,23 | — 0,97 26,72 e Novembre . 26,54 26,20 | “+ 0,54 26,37 | 4 | Décembre. . » » » ` 25,53 4 Movenngs. | 71027,38 | 71025,95 | + 1,45 | 71°26,44 75 ( 230 ) MOIS. Matin. Soir. |Variation.| Moyenne. n 1856. Janvier 7102604 | 71025/63 | -+ 0:41 | 71°25;83 8 Février 26,10 | 26,09 | =+ 0,01 26,09 10 Mars 25,92 25,38 | -+ 0,54 25,65 11 Avril . 25,44 | 93,80 | + 1,64 24,62 10 Mai P 25,11 22,56 | + 2,55 23,83 14 a S 24,58 22,62 | -+ 1,96 23,60 16 Juillet 25,08 22,36 | + 2,72 23,72 10 Août 24,57 23,16 | + 1,21 23,61 20 Septembre 25,61 23,11 | + 1,90 24,66 12 Octobre . . 26,23 24,45 | + 1,78 25,34 12 Novembre. 24,41 25,68 | + 0,73 24,05 11° Décembre 24,38 24,28 | + 0,10 24,16 8 Movenne. » » 71°24/596 142 1857. Janvier . . | %1023/77 | 71095/00 | -+ 0/77 | 71°25/38 6 Février 2446 24,01 | + 0,45 24,23 8 Mars . 24,33 23,99 | + 0,34 24,16 21° FA. 24,86 23,10 | +- 1,76 23,98 10 M: : 25,94 22,64 | + 3,50 24,29 25° Hu . . | du 21,58 | -+ 2,43 22,76 jé Juillet. . . 24,50 | 21,97 | + 2,33 23,13 dé AGE e , 24,84 22,71 | + 2,13 23,18 16 Septembre. . 26,08 | 24,38 | “+ 1,70 25,61 22 Octobre : . 25,15 24,37 | =H 0,78 24,77 12 Novembre. . 25,57 24,15 | + 1,44 24,85 12 Décembre. .| 23,63 | 25,29 | + 0,34 | 25,46 14 a à Movense. » >» » 71024009 180 (251) MOIS. Matin, Soir, Variation. | Moyenne. n 1858. Janvier . . | 71025/72 | 71025/18 | -+ 0,54 | 7102545 14° Février À 24,43 23,18 | “+ 0,65 24,11 10 Mars . . 25,37 23,59 + 1,78 24,48 10 ment. a 25,28 22,85 | “+ 2,45 24,06 12 MaL EN 24,57 21,39 | + 3,18 22,98 8" Juin . 24,52 20,51 | + 4,01 22,52 14° Juillet. 23,47 20,85 | + 2,62 22,16 12 Août 3 22,67 20,34 | “+ 2,553 21,51 12 Septembre. . 23,99 21,94 | + 2,05 22,97 12 Octobre . . 25,05 22,51 | + 2,54 25,78 8 Novembre. . 23,06 22,34 | + 0,72 22,70 8 Décembre. . 23,93 22,87 | — 1,06 25,40 8 Moyenne: » » » 11923,363 | 128 1859. Janvier 71°22/89 | 71°22/65 + 0/24 | 7192277 6 Février à 22,81 22,84 | — 0,03 22,82 8 Maršs. . 23,60 21,79 | + 1,87 22,75 8 Avril . 24,95 20,64 + 4,29 22,18 A TS A 22,98 18,88 | + 4,10 20,93 le Juin . ; 23,16 19,17 | + 3,9 21,17 10° Juillet. . . 22,67 18,91 + 3,76 20,79 10° Aost es 22,87 20,11 | + 2,76 21,49 4° Septembre. . 25,73 21,81 | “+ 3,92 25,17 e e; 25,80 25,16 | + 0,64 25,48 6° Novembre. . 23,73 22,10 | + 1,63 22,91 6 Décembre. . 25,30 19,91 + 5,59 21,61 2 Moyenne. » » » 71022436 80 : (232) MOIS. Matin; Soir, |Variation.| Moyenne. n 1860. Janvier 7402234 | 71920;78 | -+ 1/56 | 71021/56 ` 6 Février > 21,89 21,61 | -+ 0,28 21,75 2* Mars . | 25,52 | 21,64 | + 3,88 23,58 5" Avril . 24,04 19,98 | + 4,06 22,01 4 Mai. . 23,18 18,91 | -+ 4,87 21,35 À Juin . 25,12 18,23 | -+ 4,89 20,67 6 Juillet 23,29 18,27 | + 5,02 20,78 4 Août . 21,99 19,58 | + 9,41 20,78 2 Septembre 23,87 21,95 | —+ 1,92 22,91 6* Octobre 29,72 20,75 | -+ 1,97 21,74 4 Novembre. 22,20 21,13 | —+ 41,07 21,66 4 Décembre. 21,11 21,38 | — 0,27 21,25 4 Moxenns. » » » 71°21/670 | 51 1861. Janvier , 7101992 | 71020/44 | — o!52 | 71°20/18 4 Février 22, 20,38 | -+ 1,90 24,53 6 Mars 23,53 20,25 | + 3,28 21,89 6 Avril . 21,45 | 18,03 | + 3,40 19,73 + 2 Booo oo 19,12 17,60 | + 1,52 18,56 . Juin . 20,62 | 17,35 | + 3,29 18,98 z Juillet 17 16,71 | —+ 5,46 19,44 8° a 21,57 18,44 | -+ 3,13 20,00 8 Septembre 22,15 | 19,18 | + 3,01 20,64 | 10° Octobre . 20,60 18,92 | -+ 1,68 19,76 6 Novembre. . 20,24 20,25 | — 0,01 20,25 6 Décembre. 20,21 18,81 | —+ 1,40 19,51 2 Moxenne. eo » » 71920006 | 76 ER RARE LEURS POUR FT ES CENT pe mn en TR SNS EE ENTER De dry dan ne nds ia DRE CP TES T EME ADN ELE IIA E E EES MENT INR IN ES ER ER E 1 À 1 4 ( 255 ) MOIS. Matin. Soir. Variation.| Moyenne. n 1862. Janvier 7191956 | 71°18/47 + 1/09 | 71°19/02 6 Février. . 19,93 19,31 + 0,52 19,62 10 ars . 20,69 20,12 | + 0,57 20,41 8 Avril 21,68 17,06 | + 4,62 19,37 9 Maire: 20,88 15,41 | + 5,47 18,14 12* Juin à 18,55 14,27 | + 4,26 16,40 11 Juillet 20,76 16,16 | + 4,60 18,46 10 Août , 21,47 18,06 + 3,41 19,77 5 Septembre 20,91 17,84 | + 3,07 19,38 10 Octobre . 21,47 19,69 | + 1,78 20,58 7 Novembre. 19,84 20,18 | —.0,34 20,01 6* Décembre. 20,93 20,93 0,00 , 20,93 8 Moxexne. » » » 71919341 105 1863. Janvier 71,20/71 | 71019/53 | “+ 118 | 71920712 8 Février 20,21 19,29 | + 0,92 19,75 4* Mars 20,11 17,85 | + 2,27 18,98 2. Avril 21,33 17,88 | + 5,45 19,61 e RE 19,36 16,13 | + 3,23 17,74 T Juin . + 20,06 15,32 | + 4,54 7,79 6° Juillet. . 19,87 16,04 | “+ 3,83 17,95 8* nn E 20,37 17,03 | + 3,55 18,67 12° Septembre. . 20,82 18,57 | + 2,25 19,69 8 Octobre . . 20,60 18,51 | “+ 2,09 19,55 6° Novembre. . 19,13 19,37 | — 0,22 19,26 6° Décembre 16,66 17,74 | — 1,08 17,20 8 Movense. » » » 71018811 56 + ( 254 ) MOIS, Matin. Soir. |Variation. | Moyenne. n 1864. Janvier . .|71018,00 | 71018/05 — 0,05 71018102 8 Février . . 17,65 17,67 | — 0,02 17,66 8 Mate: 18,71 17:77 | + 0,94 18,24 8 AV E E 17,92 14,92 | +3,00 16,42 6* | RACE 17,15 14,23 | +2,92 15,69 10 us 18,17 14,87 | -+ 3,60 16,37 10* Juillet. . . 18,79 14,97 + 3,82 16,88 14 ADe EU 18,56 15,61 | -+ 2,95 17,08 10 Septembre. . 18,08 16,67 | +1,41 17,38 10 » En combinant l'inelinaison moyenne pour chaque année entre 1856 et 1863, soit : ANNÉE inclinaison. a 18536,5. 71°24596 1857,5. 24,009 1858,5. 3,363 1859,5. 1860,5. 21,670 18615. A 20,006 on MERS ee uen 19,295 FO En sure à 18,811 On trouve que la diminution annuelle est — 0,83. Entre les années 1898 et 1848, elle a été — 2,12; il est donc clair que l’inclinaison, à Christiania, se rapproche d’un minimum, qui vraisemblablement arrivera avant les dix dernières années du siècle actuel. » On voit, dans la table I, que chaque année l’inclinai- son moyenne a deux maxima vers les équinoxes de mars- avril et de septembre-octobre, et deux minima vers les solstices, de juin-juillet et de décembre-janvier; Pincli- 3 i 1 4 F3 ( 255 ) naison minimum de décembre est un peu plus grande que linclinaison minimum de juin, remarque qui a déjà été faite par M. le général Sabine. » Si l’on prend la différence entre l’inclinaison moyenne de chaque année et les deux maxima et minima , on aura : | ax. Min. 4. ax, 2. Min. 2 | 1836 +105 —100 +084 —04 | 1857 +015 —1,95 +1,60 —0,55 | 1858 +1,12 —0,24 +0,42 — 0,02 | 1859 +0,52 —1,26 +1,34 — 0,82 1860 . . . . +1,91 —1,00 “+1,24 — 0,42 | AGE. LP 4,80" 109" + 0,63 — 0,50 1862 . . . . +1,42 —1,02 +1,19 -+1,64 1808 5 1 +08 1017 +0 10 MOYENNE. . | 41017 — 41211 +0:971 — 0,340 | » La différence entre le maximum et le minimum, dans E le premier semestre, est presque deux fois aussi grande que dans le second, » En calculant la valeur moyenne de la variation diurne de chaque mois, on trouve pour : lanvior o ae a PER OVO o non a S OS a + 1,719 Avril + 5,109 i + 3,462 ui + 3,586 Juillet + 3,194 t + 9,599 Septembre + 2,256 i + 1,581 Novembre . + 0,596 re + 0,525 » On remarque que cette valeur moyenne a un minimum vers le solstice d'hiver et un maximum vers le solstice d'été, (256) el que son accroissement est assez régulier. Dans cette période (1855-1864), elle est un peu plus grande qu'entre 1830 et 1855. Elle a toujours été positive, excepté pendant quelques jours extraordinaires près du solstice d’hiver. IE. » La table suivante renferme les observations exclues de la table I, à cause de perturbations irrégulières ou de l'apparition d’une aurore boréale. On y trouve l’inclinaison observée le matin et le soir avec l'heure moyenne de l’obser- vation. Depuis le mois de mai 4857, la position du bifilaire est marquée par chaque inclinaison. La table donne aussi la variation de l’inclinaison — Aż et du bifilaire — Ab. L'in- clinaison est seulement observée une fois avant midi; l'après-midi, che l nt observée à dinereniss re- prises, quand l 1855. Avril 9. 1054m, 71°31,55; se 71025/,79, Ai = + 5,54. Aurore boréale v 1856. Novemb. 18. 4h15m, 71°24°,77, trace d’aurore boréale. 1857. Mars 10. 10h4m, 71095/,61, 658,8; 10h32m, 71°24/,90, 635,1; 5h35 Im, 74092" 06, 745,3; 6b36m, 71017/,07, 791,5. Plus grande variation Ai=-+ 8/54, Ab—— 158,2. Mars 17. Aurore boréale le soir. 1858. Janvier 13. 10824, 71°26°,22, 679,1; 2h45m, 71027/,02, 687,1; Aî= — 0,80, Ab = — 7,9; aurore boréale le soir. Mai 10. 4041m, 71-27", ak 634,0; 6b36m, 74024,03, 749,2; s iis; : äi = + 6,15, Ab = 41. 10h5m, 741°24',16, 665,6; Ghlim, 71°22,61, 706,2, Ai = +1,55, Ab — 42,6. re boréale très-lumineuse le soir et qui semble s'être manifestée aussi le 10. Juin 8. 40h40m, 71096/,42, 623,3; Gh23m 7101976, 752,0; Ai = +6,66, Ab = 128,7 i # ET PRE NT PET EN NS RÉEL i EAEE A A T A EA ENEA N E E EDD S iii Le 1859, Avril 14. -21 23. Mai 12 19 Juin 8. Juillet 11. Août 22. BR LE TE ENTRE EIRE a mò e i Septemb. 2 ad Q S Octobre 18. ( 257 ) 10037, Hate 689,6; 553, 71-20/,21, 793,5; Ai= +5,31, Ab = — 105, 10850, 71°25" 82, 715,9; qu 7030,34, 1201,0; 10h24m, des 49, 695,5; de 7101845, 827,5; Ai = + 7,04, Ab = — 151,7 Aurore boréale le 21 du soir, et le 23 avec un arc. . 10h50m, 71021/,99, 708,8; Gh27m, 71017/,08, 809,7; Ai = + 4,91, Ab = — 1009. . 10022», 71022/,81, 709,0; 620m, 71°10°,29, 960,5; b= 1020m, 71°23,62, 697,8; 625m, 716,61, 995,7; j 7,0 295,9. 9h5{m, 71023,16, 681,9; 1051m, 71°23,24, 692,8; 6h32m, 7108,55, 961,4; 7h7m, 7121798, 806,2; Ai = + 16,61, Ab = — 279,3. . 40b24m, 7102701, 647,7; 625m, 71014/,67, 829,5; Ai = + 12,54, Ab = — 181,8. 10°21m, 71024 ,49, Lee Tar 7416,95, 851,3; Ai = + 7/51, 2,9. 10h24m, kar 642,8; pen 7119,80, 821,9; ài = + if',76, Ab = — 179,1. Aurore boréale lumineuse le 28, à minuit. . 10h25m, 74°29 ,01, 637,6; 416m, 70°26',98, 1458,9; 626m, 71°5/,79, 1020,9. Maximum Ai = 62,05, 801,5 . 10127m, 74°24',79, 695,1; 559m, 71°20,00, 844,1; — 148,9. Ai = + 4,79, Ab = . 10h26m, cars pass Bh8m, 71°21”,52, 767,2 ; i — 828. 5,64, A Aurore boréale faible le sr 40», ; 10h24m, 71030/,59, 666,5; 440m, 74°10/,71, 1022,2; Ai = + 19,68, Ab = — 555,7. Un arc régulier d’aurore boréale a été aperçu le 17, à 9 heures du soir; il était plus intense le 18, entre 7* et 8ħ du soir ; flammes vers le zénith. Le bifilaire marquait de grandes oscillations. 1859. Octobre 21. 1860. Février 21. z D ä ©. W Avril 16. ge Septemb. 7. 1861. Avril 41. 3 Juin 15. Juillet 14. Septemb. 19. ( 258 ) 10h26m, 71026',43, 703,0; 4h52», 71°10/,24, 962,1 ; Ai = + 167,21, Ab = — 259,1 Aurore boréale le 20, au soir; une autre aurore très- brillante s’est manifestée le 21, à 6 heures; elle dépassait le zénith à 6 1/2 heures et formait une couronne. 1030m, 71021°,58, 776,6; 3h2m, 71017/,19, 934,8; j 7,08 = — 158,2. Arc d’aurore boréale le soir. 1055m, 71024’,60, 753,9; 5*30m, 71°23/,00, 795,2; Ai= +1,60, ab = — 59,5. Aurore boréale le soir. . 540m , 70054’,15; Le bifilaire dévie hors de l'échelle. 5 58w, 71013/,8, à 6h 8m, le bifilaire marquait 954,8. ` Aurore boréale le soir, 1036m, gria ; 740,5; sas 71018’,81, 854,4; Ai = 3,80, Ab = — 113,9 Fort rayonnement de l'aurore, à 9, 10 et 11 heures FL du soir. Le bifilaire marquait, le soir, à 1025", 693,3; à 10230, 731,0. 10h27m, 71,22,44, 743,8; 6hi3m, 71015',47, 924,6; Ai = + 8,97, Ab 180,8 . 10h27m, 71°23 Has 749,6; SF 71018/,51, 850,8 ; Ai = + 4,71, Ab = — 10n27m, FPE 702,6. = bifilaire oscillait pen- dant l'observation entre 768,5 et 648,4. Le 6 sep- tembre au soir, à 10h, 42h et 15h, aurore boréale brillante avee couronne. 40h35m, 71022 96, 765,0; Gh4m, 71°15,61, 853,6; AE Ab = — 90,6. Aurore boréale à 10h dus . 118330, T1019,26, 7649: Gb9m, 71°14,66, 865,0; Ai = + 14,60; Ab — — 100,8. Le bifilaire était très-variable, . 10b16m, 71024/,96, 742,5; 6b31m, 71°16',12, 851,5; 3,84, A 08, Ai = 10b51m, 71021/,11, 752,4: 6h20m, T884, 853,7; Ai = + 6,27, Ab = — 101,2. 10h48m, TN, 752,1; 520m, 71017,27, 869,5; ` Ai = +5,08, Ab = — 117,2 à RER ARR PRE SRE Ps 1862. 1863. Mai Août Novemb. Février Mars Avril Mai Juin. Juillet Août Octobre. Novemb. 14. 14. 47. 15. -e 16. 4. „œ y 4, 5. ~l 0. ( 239 ) 1023m , 71014,88, 825,4; Gh31m, 7101224, 862,9; Ai = + 2/,64, Ab = — 57,5. Aurore boréale avec couronne, à 12h54» du soir. 10b19m, 71021°,81, 775,3; 633m, 71°13/,54, 958,3; At = + 8,47, Ab = — 185,0. LÉ ees a 853,1; 3510m, 71°20,253, 852,0; , åb = — 18,9 Aurore hóréale À à 10h du soir. . Aurore boréale intense le soir. 24. 10h292m, 71018/,45, 846,2; 552m, 71019/,44, 1155,0; Ai = + 5,99; Ab = — 309,0 10h47m; 71018,94, 836,5; 61369, 71°12’,76, 948,1; j "18; Ab = — 111,7. Aurore boréale au N.-N.-0., à 9 heures du soir. ; 10325, ler 789,1; 6h55, 71°15,16, 904,0; , Ab = — 114,8. 10M7n, Maene 728,8; pae 7113,20, 865,5; i 95, Ab = — 156,7 41010m, 71924, Fe 708,3; ce 74°16,63, 823,9 ; Ai = + 7,54, 115,6. 9h49m, 71022” see 720,1; 2h12m, RÉ ï 849,6; 7154m, 7117,56, 827,2; Ai = + 5,17 107,1. Aurore boréale le soir. 10125m, pa ,85, TS: ent 71°17/,98, 839,8; Ai = + 4,85, Ab = 10h14, EE 2, 768,6; s5, 7101918, 795,7 ; Ai = + 0,26, Ab = — 25, Aurore boréale le soir; tremblement de terre en An- leterre 10*14», 7149, 93, 765,2; 315m, 71°20/,50, 779,1; £ — 15,8. Aurore boréale brillante le soir, de l'O. au N.-N.-0., à 6» — 8: du soir. à 10175, 7419,54, 776,7; 3"25m, 71°22',00, PI; = + 19,7 Aurore boréale le 8. ( 240 ) 1864. Avril 15. 1020m, 71°16,62, 770,9; 6b55m, 71°14,95, 819,1; Ai = + 1,69, Ab = — 48,2, Aurore boréale le soir. Juin 7. 1015m, 74°183',63, 735,8; 826m, 7112,85, 853,9; Ai = + 5,19, Ab = — 118,4. 8. 1012m, 71°27,78, 637,9; 2b26m , 74014 ,34, 929,0; 4h16, 741°13,60, 896,6 ; 621m, 71018,64, 787,1 ; 8h57m, 71,16,27; Ai = -+ 15/,44, Ab = — 991,1. » On voit que la variation de l’inclinaison Aż est toujours positive et la variation du bifilaire Ab négative, excepté dans quelques rares circonstances pendant les mois de jan- vier et de novembre. La plus grande variation irrégulière de l'inclinaison observée depuis l’année 1820 jusqu’à pré- sent, est celle du 2 septembre 1859, entre 1023" du matin et 4"16™ du soir — 1°%, et du bifilaire — — 801,3 parties de l'échelle. ‘Le même jour, j'observai aussi deux fois trois cents oscillations horizontales du cylindre magné- tique que j'avais employé dans mon voyage en Sibérie, pour avoir la valeur de l'intensité horizontale. En mar- quant ce temps par T, la position du bifilaire par b, et l'in- tensité horizontale rapportée aux unités absolues de Gauss par H, j'ai trouvé : o Sept. 2, à 942m du matin . . orar; ysta 1,5665 à 329m après midi . 798,25, 14104,7 1,6010 DiFFÉRENCE, . . . Ab= — 365,5, AH — — 0,0343. Dans la table II ci-dessus, J'avais trouvé : b Sept. 2, à 10h25m du matin 637,6 à 46m après midi. . 1438,9 OORDE. où MD 801,5 Ce qui donne une différence AH = — 0,0795 dans les unités absolues : elle est le double de celle entre 942" du : | l | | ( 241 ) matin et 5"29" de l'après-midi; c'est ce qu'on remarque aussi Pour les deux différences Ab, qui montrent la grande agita- tion dans les forces magnétiques de la terre à cette date. » Si vous le désirez, je vous communiquerai plus tard une série d'observations de l'intensité horizontale rapportée à l'unité absolue entre les années 1893 et 1864, et qui mon- tre un accroissement régulier. » Note sur une grille à combustion pour les analyses organi- ques; par M. Donny, correspondant de l’Académie. On sait qu'il existe deux systèmes de grilles ou de four- neaux à combustion pour effectuer les analyses organi- ques. L’un de ces deux systèmes, déjà ancien , emploie le Charbon de bois comme combustible; dans l’autre, on chauffe au moyen du gaz à éclairage. Quel que soit le système que l’on adopte, il n’est pas toujours facile de diriger convenablement la marche de l'opération. Si la chaleur n’est pas assez forte, la combus- lion est incomplète et les résultats que l’on obtient sont sans valeur; si elle est trop intense, elle amène la fusion du tube à combustion, et l'opération est également à re- commencer. Je suis parvenu à éviter ces inconvénients en faisant usage d’un système de grille à gaz d’une disposition par- ticulière, qui se trouve représenté par le dessin ci-contre. La ke n° 4 donne une vue de l’ensemble de l’appareil. On voit qu’il est chauffé, comme le sont tous ceux du même genre, par une série de becs de Bunsen. Le tube à com- bustion se trouve couché dans une espèce de gouttière composée d’une série de pièces de fonte qui sont seule- LL ( 242 ) ment juxtaposées, ce qui permet de chauffer isolément les différentes parties de l’appareil. Ces pièces de fonte sont toutes percées d'ouvertures latérales destinées à livrer pas- sage à la flamme du gaz (voir À, fig. 2 et 3); elles sont maintenues en place par une double rangée de petites bri- ques réfractaires (voir B, fig. 1 et 3). Les variations brusques de température n'étant pas à craindre dans cet appareil, il est très-facile de le main- tenir au rouge sombre, ce qui permet d'arriver à une combustion régulière et complète, même en se servant de tubes de verre ordinaire très-fusible. —— Note sur le dosage des minerais de zinc; par Lucien Ma- _thelin, élève à l'École spéciale des arts et manufactures de Gand. Ayant eu loccasion d'analyser quelques minerais de zinc, je trouvai, aidé des conseils de M. Donny, profes- seur de chimie appliquée à l’université de Gand, une mé- thode qui me donna des résultats d’une assez grande exac- titude. La simplicité du procédé et la modicité du prix de l'appareil m'ont engagé à présenter mon travail à l'Aca- démie. Le procédé est basé sur l’emploi de la voie sèche et comprend trois opérations successives : 1° Grillage du minerai, opération qui a pour but de chasser leau et l'acide carbonique et de transformer en oxyde tous les sulfures métalliques que le minerai ren- ferme; 2 Réduction du minerai grillé avec élimination du zine par volatilisation ; see Eve Lserre, tome AVI, p. 242. ( 243 ) 3° Deuxième grillage du minerai après le départ du zinc, pour ramener de nouveau les métaux fixes à l'état d’oxydes. Trois pesées déterminent la composition du minerai. Elles font connaître : A. Le poids du minerai employé; B. Le poids du minerai après le premier grillage ; C. Le poids du minerai après le deuxième grillage. La formule B—C exprime la quantité d'oxyde de zinc qui a disparu et par conséquent fournie par À de minerai. En métallurgie, les grillages et les réductions sont des opérations connues et pratiquées depuis longtemps; mais je crois pouvoir donner comme nouvelle la manière d'opé- rer que je vais décrire : | Qme SÉRIE, TOME XVIL. 17 ( 244 ) L'appareil dont j'ai fait usage se compose d’un petit cylindre creux de terre réfractaire, ouvert à ses deux ex- trémités et percé d’un certain nombre de petits trous. Par lune de ses bases, il repose sur un trépied de fer; lou- verture supérieure est bouchée par un couvercle égale- ment percé de quelques trous. Une ouverture latérale permet d’y introduire le fourneau d’une pipe à tabac que l’on peut boucher à l’aide d’une petite sphère de terre fai- sant l'office de couvercle. Une lampe de Bunsen à trois jets, placée sous le cylindre, complète l'appareil. Cette disposition permet de porter à un degré très-élevé la température des substances que l’on place dans le four- neau de la pipe. Pour effectuer un grillage, il suffit de faire communiquer, à l’aide d’un tube de caoutchouc, la queue de la pipe avec un gazomètre à air, et lorsqu'on remplace le courant d’air par un courant de gaz à éclairage , on ob- tient des phénomènes de réduction. Par ce procédé, oxyde de zinc se réduit facilement; la volatilisation de ce métal est complète. Si l’opération a été bien conduite, le résidu provenant de l’analyse doit avoir une teinte uniforme. Il suffit d’une heure et demie pour faire une analyse com- plète. Les résultats suivants donneront une idée de l'exacti- tude de ce procédé. Analyse d'une calamine provenant de la Vieille-Montagne. Eau et acide carbonique . . . .. 25.40 0/0. : waa o o oo o o e. = | m o o L'analyse d'une autre calamine donna : Eau et acide carbonique . . . . . 18.500.. Í a 61.450/0. e, | RO A | (Me) _ Blende de Corphalie (Rhin). Matières da a volatilisées par le grillage . . . . 23.10 0/0. : 1er essai. . 32.56 0/0. | 2e essa FT i CR 2.60 00. a - . es w as — D ne a © +. . . : :: 1960. 7 hi : r i ; 2me essai, is . . . . . . 75.59 0/0. (26) CLASSE DES LETTRES, Séance du 10 octobre 1864. M. GacHarp, directeur. M. Ap. Querezer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Grandgagnage, David , Paul De- vaux, De Decker, Snellaert, Haus, Polain, Arendt, Kem de Éaitphaue Chalon, Thonissen, membres; Félix Nève, correspondant. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur fait parvenir , pour la biblio- thèque de l’Académie , différents ouvrages et spécialement les tomes X à XVI de m Revue belge et étrangère; Bruges et le Franc, par J. Gaillard ; Contre-Projet de Code pénal, par Louis Decamps , ete. M. le Ministre fait connaître qu’au 31 décembre pro- chain finira la troisième période du concours quinquennal de littérature flamande, et il demande, en conséquence, que la classe veuille hisk lui adresser une liste en double , comprenant quatorze candidats, parmi lesquels devront être choisis les juges du concours. Une semblable demande est faite pour le concours ( 247 ) triennal de ‘littérature dramatique flamande; toutefois la liste double des candidats pour le jury ne devra com- prendre que dix noms. La classe décide que ces élections seront mises à l’ordre du jour de la prochaine séance. — L'université de Leyde et plusieurs autres corps sa- vants remercient l’Académie pour l’envoi de ses dernières publications. ' — M. Félix Nève , correspondant de la classe, fait hom- mage d’une brochure, imprimée, sur la poésie sanscrite et intitulée : Calidasa. — Remerciments. — M. Charles de Torma, de Csieso-Keresztur, membre de l’Académie hongroise de Pesth, fait parvenir une disser- tation imprimée sur les fouilles qu’il a exécutées, de 1858 à 1863, dans les ruines du Castrum romain d’Also-Jlosva , en Transylvanie, « Ce castrum, dit l’auteur, était habité depuis l'empereur Caracalla (213 de J. C.) jusqu’à la fin de la régence de l'empereur Philippus (pater), c’est-à-dire jusqu’en 249, exclusivement par l’Ala I Tungrorum Fron- toniana. Il est bien connu que cette division de cavalerie auxiliaire se composait des Tungri, peuplade belge qui résidait dans les environs de la cité de Tongres actuelle. » — M. Ch. Stallaert fait parvenir à l’Académie différents documents manuscrits et imprimés de Des Roches, lan- cien secrétaire de l'Académie des sciences et des belles- lettres, vers la fin du siècle dernier. Ces documents, dont nous donnons ici l'inventaire, sont reçus avec reconnais- sance, et des remerciments seront adressés au donateur. 1° Dissertation sur la langue belgique ancienne et du Moyen âge (lue dans la séance du 3 mai 1775). 1"° partie, ( 248 ) comprenant vingt-néuf pages et six pages de la 2™ partie. Écriture de Des Roches. Il y est joint une petite notice sur Des Roches et en particulier sur la dissertation précédente, par M. Stallaert, ainsi que quelques extraits du catalogue de la vente des livres du célèbre académicien. 2° Une farde contenant des notes historiques, toutes de l'écriture de Des Roches, excepté la dernière : a. Cinq feuillets contenant une épitaphe latine -sur Marie-Thérèse, trois autres inscriptions latines et quel- ques vers latins; b. Quatre feuillets intitulés : Bibliothèque historique des Pays-Bas ; c. Huit feuillets contenant une copie de la chronique manuscrite de la ville d'Anvers: d. Un petit cahier contenant des commencements de divers chapitres d’une chronique du Brabant, probable- ment des Brabantsche Yeesten de Jean De Klerk, et une annotation latine relative aux premiers comtes de Louvain ; e. Une feuille de papier contenant an extrait latin com- mençant par : Ymma Ethelredus. Elle a fait partie d’une série de notes dans Pordre alphabétique ; f. Enfin, une note latine relative à l’origine de la ville de Namur. 3° Une farde contenant des poésies flamandes : a. Des traductions en vers, ou plutôt la paraphrase des cantiques religieux : Te Deum laudamus, Pange lingua, Adorate, De profundis, Dies iræ (en quatorze pages d’écri- ture) et une hymne sur la sainte Croix : quatre pages in- seize, imprimées chez Grangé, à Anvers; es poésies manuscrites sont d’une main étrangère , PRE RE. T0) COR SSI I S CNET SRE E OE a R a a ( 249 ) mais elles sont corrigées, cà et là, par Des Roches, ainsi que le cantique imprimé; b. La traduction en vers de la huitième satire de Boi- leau, en onze pages de l'écriture de Des Roches ; c. Chant de fête à l’occasion du jubilé du s" J.-S.-H. Oem, archiprêtre de Amstelland et doyen du chapitre de Har- lem, célébrant sa vingt-einquième année de fonctions curiales dans l’église de Sainte-Catherine à Amsterdam, le 16 décembre 1764. En original de la main de DesRoches (quatre pages), et imprimé sur sept pages in-quarto, chez Grangé, à Anvers. Cette dernière pièce porte de plus l'in- dication qu’elle fut offerte au jubilaire par sœur El. Th. Els- hoff, qui l'avait sans doute commandée à Des Roches. Il est à croire que telle est aussi l'origine des quatre mor- ceaux suivants; d. Un autre poëme, de douze pages in-quarto, imprimé chez Grangé, à Anvers, offert par la même au même, à l’occasion de cette fête; e. Épithalame de Henri Schuurmans et Marie Meysart, le 22 février 1767, imprimé sur quatre pages in-quarto, à Amsterdam ; f- L’Éloge du sacerdoce , poésie offerte au s" G.-A. Le Grelle, prêtre et chapelain de la cathédrale d’Anvers, cé- - lébrant son demi-jubilé de prêtrise, le 7 février 1768. Imprimé sur une feuille in-plano, chez Grangé, à Anvers; g. Poésie à l’occasion de la première messe du s" J.-C. Van den Nest, célébrée à Anvers , au séminaire archiépiscopal, le 22 mars 1772. In-plano imprimé chez Grangé; h. Enfin, un feuillet de l'écriture de Des Roches : c'est un fragment de poésie burlesque sur la ville de Bruxelles. TR ( 250 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. —— Quelques lignes inédites. du bon chevalier Jacques de Lalaing; par M. le baron Kervyn de Lettenhove, mem- bre de l’Académie. y Le modèle des preux du quinzième siècle , celui qui fut surnommé, entre tous, le Bon Chevalier , Jacques de La- ‘laing, avait été, dès l’âge de sept ans, confié à un clerc « pour l’endoctriner, lequel en assez brief terme, le rendit » expert et habile’ de bien sçavoir parler, entendre et » écrire en latin et en françois, si que nul de son eage ne » le passoit (1). » Je ne nierai point que Jacques de Lalaing n'ait lu dans le texte latin les récits où Valère, selon le témoignage de Christine de Pisan, a loué en Scipion le plus accompli des chevaliers romains; je me sens toutefois plus disposé à affirmer qu’il écrivait parfaitement la langue si élégante de son bon pays de Hainaut, et j'aime à croire qu’en retrou- vant dans un manuscrit de la Bibliothèque impériale de Paris le programme de la joute de la Fontaine des Pleurs, . esquissé et corrigé dans sa forme primitive, j'ai eu sous les yeux l’œuvre même du Bon Chevalier. C’est sa pensée qui l'a dicté, c’est sans doute aussi sa main qui l'a tracé, et il faut, au nom de l’histoire et des lettres, recueillir avec soin celte relique de prouesse et d'honneur, Je rappellerai d’abord en quelques mots ce que fut la e a O a (1) Chronique de Jacques de Lalaing, 1I. - RSR PT Le 0 0) etre ( 251 ) joute de la Fontaine des Pleurs. Jacques de Lalaing avait près de trente ans, ét il voulait, dit Olivier de la Marche, avoir combattu, avant cet âge, au moins trente adversaires en lices closes. Pendant une année entière , il attendit au pas de la Fontaine des Pleurs les chevaliers de France, d'Angleterre, d'Écosse et d'Espagne qui se rendaient au jubilé de Rome, et en vainquit successivement vingt-deux : « Ce qu’oncques ne fist homs (1). » Le programme de la joute (ce qu’on nommait alors les Chapitres des armes) nous a été conservé par Chastellain : c’est le texte définitif, tel que l’a probablement arrêté le roi d’armes, Lefebvre Saint-Remy, dit Toison d’Or, tel qu'il a été publié avec l'autorisation du duc de Bourgogne. Mais l’exposition des motifs qui présidèrent à la joute diffère notablement de la première rédaction, où c’est le chevalier lui-même qui parle, quand, invoquant amour et jeunesse , il rend hommage à la beauté d’une dame de haut nom et entrevoit, par un triste retour sur les illusions du monde, la mort qui doit briser tant de courage et tant de gloire. « Amours et jonesse qui à tout cuer noble donne vou- » lenté et parfait désir d'acquérir bonne renommée et » d'entreprendre et faire chose avant la fin de ses jours, » par le moyen de quoy il puist parvenir au riche palais » où Honneur, la désirée des bons, tient sa court royale, » duquel palais les portes en sont gardées par Vertu et » Haultesse de cuer, et-sans leur aide et moyen, lon n'y » peut avoir entrée. » (1) Recollection des merveilles. (292) Rien de ceci ne se retrouve dans le texte officiel, et assurément il faut le regretter. Remarquons en passant qu'au quinzième siècle, le mot Honneur était encore un substantif féminin. Dans les poëmes de Froissart, Honneur est avec Bonté, Humilité et Courtoisie, l’une des dames qui gardent le Trésor amoureux. On croyait qu’il ne fal- lait séparer en rien l’honneur de la vertu, et Jacques de Lalaing idéalisait la règle suprême de la chevalerie en demandant à la désirée des bons l'entrée de ce splendide palais dont les portes sont si bien gardées. « Pour lesquelles considérations, continue Jacques de Lalaing, un chevalier noble de toutes lignes et sans reproche, désirant se emploier ès haultains et nobles faits d’armes et avoir l’acointance des vaillans et gentils chevaliers et eseuiers, et qui plus est, mettre paine de tout son povoir de acquérir la grâce et bienvoellance de celle qui pardessus toutes dames terriennes (1) est la nonpareille, fait savoir, etc. » Ce passage a également disparu, et rien n’est plus aisé à expliquer si l’on me permet de soulever discrètement l'un des voiles qui se sont appesantis depuis plus de quatre siècles sur une vie chaste et dévouée. Jacques de Lalaing avait été élevé avec le duc de Clèves. Il avait vu grandir et s’embellir à côté de lui une jeune princesse qu’une com- binaison politique unit bientôt à un neveu de Charles VI, dont un long exil avait hâté la vieillesse et les infirmités et qui, bien que poëte, n’était ni aimable ni beau (2). + a e a a E vw (1) On avait écrit d’abord : entre toutes dames. (2) Tout gris vieillart. Chronique de Chastellain , H , pag. 163. La du- c d'Orléans, lit-on dansla Chronique de Jacques de Lalaing, eùt bien voulu que son mari ressemblät au bon chevalier. ( 255 ) Marie de Clèves, devenue duchesse d'Orléans, envoya à Jacques de Lalaing, qui allait combattre sous ses yeux au tournoi de Nancy (1) « une très-riche guimple, toute » bordée et garnie de perles, à franges d'or battans jus- « qu’en terre, » que ce jour-là il porta sur son heaume (2). Après la joute où Jaeques s'était signalé par ses exploits, elle lui donna un diamant, cette pierre précieuse entre toutes par son éclat et surtout par sa durée, parce qu’elle résiste, dit Barthélemy de Glanville, au fer et au feu; mais notre chevalier était trop pieux pour rêver autre chose qu’un amour où le respect tiendrait lieu de tout espoir, et en choisissant pour la dame de ses pensées, celle qui avait applaudi à ses premiers triomphes, en l'appelant, comme il le fait ici, la nonpareille par-dessus toutes dames terriennes, il n’était que resté fidèle à ses inspirations et à ses souvenirs. Le duc Philippe, oncle de Marie de Clèves, blàma néanmoins, il y a lieu de le supposer, cet hommage trop transparent et trop publie; il craignit ou la jalousie du duc d'Orléans ou tout au moins l’ironique malignité des courtisans. Ces lignes furent effacées des Chapitres des armes; mais Jacques de Lalaing adopta la nonpareille, comme un emblème, que désormais il reporta plus haut en le consacrant à la sainte patronne des cœurs nobles et purs, à Celle qui voit glorifier dans les cieux le nom que la du- chesse d'Orléans portait sur la terre. Si ces allusions à un amour irréprochable, à une jeu- nesse si brillante et si généreuse, offrent un caractère intime et personnel, n’en est-il pas de même du désir qui (1) Le tournoi de Nancy eut lieu en 1445. Ce fut dix-sept ans après que la duchesse d'Orléans devint mère de Louis XI. (2) Chronique de Jacques de Lalaing , KVHI. ( 254 ) s'associe à ces sentiments et qui pousse Jacques de Lalaing à entreprendre sans retard ce qu’il tient à accomplir avant la fin de ses jours? N'y a-t-il pas ici une révélation pres- que prophétique? Trois ans ne s'étaient pas écoulés depuis la joute de la Fontaine des Pleyrs, lorsqu'un canon, cette arme infernale, maudite par l’Arioste, frappa le plus par- fait, le plus pieux, le plus vaillant, le plus hardi chevalier « qu’on eust sçu, ni pu trouver en nulle terre (1). » — Du beau littéraire dans les œuvres du génie indien; par . Félix Nève, correspondant de l’Académie. Il n’est plus possible de révoquer en doute l'existence d’une grande civilisation au sud de l’Asie, dans la pénin- sule de Pinde, ou de nier l'intérêt de la connaitre. La science de l'antiquité indienne s’est constituée de notre temps dans le cadre agrandi des sciences historiques : bien définie par les recherches dont elle a été l'objet, elle en provoque sans cesse de nouvelles, poursuivies à la fois en Europe et dans l'Inde anglaise. Les résultats importants, acceptés par la majorité des savants, s'élèvent fort au- dessus des solutions provisoires et contestables qui repré- sentent une étude au berceau. En effet , plusieurs branches du Savoir se sont déjà enrichies de notions et de faits em- pruntés à la connaissance de Inde ancienne : des écrits Spéciaux, de la discussion des écoles, ces notions, ces faits Passent de proche en proche dans les ouvrages généraux RE ni x (1) Chronique de Jacques de Lalaing, C. | | | ( 255 ) . d'histoire ou de science, et bientôt ils passeront en sub- stance jusque dans les Es élémentaires. Il s’agit non-seulement de l’histoire de la race conqué- rante des Aryas, célèbres au premier rang parmi les populations du monde ancien dont l’ethnographie a re- trouvé la trace, et du développement politique de la société indienne; il s’agit encore de ses croyances, de ses idées, de ses doctrines philosophiques qui offrent une matière . fort curieuse d’observations et de rapprochements : la my- thologie et la métaphysique des Hindous n’ont-elles pas désormais leur place marquée dans le tableau des efforts de l'esprit humain ? D'un autre côté, les sciences exactes auront leur part dans les inductions de la critique européenne, appliquée aux sources de l'Inde. Il ne peut paraître indifférent à une époque comme la nôtre, où elles ont rapidement progressé, de refaire leur histoire en Orient, de rapprocher les hypo- thèses et les conceptions des Hindous de celles des nations fameuses de l'antiquité. Quand même on reconnaîtrait chez les premiers moins de découvertes que d'emprunts faits avec plus ou moins d’habileté, soit aux Grecs, soit aux Chinois (1), il serait utile de déterminer quelle fut la portée de leur savoir en mathématiques et en astronomie. Non- seulement la question de priorité touchant plusieurs pro- blèmes est intéressante par elle-même; mais encore on (1) Le savant J.-B. Biot, déjà octogénaire, a consacré à cet ordre de questions plusieurs mémoires que résument ses Études sur l'astronomie indienne et l'astronomie chinoise ( Paris, M. Lévy, 1862, 1 volume in- octavo). L'investigation des sources sanscrites, faites sur ce même sujet, cé ie rar ape Hs, heor ve e MM. era nn na - aer a ( 256 ) mettra de cette façon à l'épreuve les forces originales de l'esprit indien, en constatant à quel degré lui a toujours manqué la puissance d'observation. On le présume sans peine, et déjà on peut l'affirmer, il y aura, de ce côté, en définitive, plus de curiosité pour l’érudition que de profit pour la science. De véritables et plus utiles conquêtes se feront sur le terrain de la langue et des lettres, et les premières répondent de beaucoup d’autres. - La pensée indienne eut pour organe, dès le principe, une langue qu’elle a façonnée à son image, et dont elle a, plus tard, osé qualifier la perfection, par le nom de sanscrit où « achevé. » C’est dans les monuments de cette langue qu’elle nous apparaît avec toute son originalité ; et l’on irait jusqu’à dire qu’une de ses créations merveil- leuses est la grammaire, c’est-à-dire la savante analyse et l'anatomie de cet idiome qui devait rester sans rival sur le sol de la péninsule. Mais, si Pon est daccord sur les qualités intrinsèques de la langue nationale et sacrée des Aryas , déjà des opi- nions contradictoires se sont fait jour sur la valeur litté- raire de ses productions. Il n’y a pas, au sein des écoles d'Europe, des jugements bien arrêtés sur la littérature sanscrite, sur la distinction et le mérite de ses genres, sur le caractère des œuvres qui leur appartiennent et sur la beauté du style qui domine dans chacun d'eux. Il est vrai qu’on est loin d’avoir réuni les matériaux nécessaires pour recomposer son histoire; mais on ne manque plus des données essentielles pouvant servir à fixer quelques traits saillants de l'esthétique qu’elle a constamment re- présentée. Si l’on n’a écrit l’histoire des littératures clas- siques qu'après trois siècles d’études apprôfondies sur les textes, le moment n’est pas venu d'apprécier la littérature ( 257 ) indienne dans son ensemble et dans ses détails : car plu- sieurs de ses grands monuments sont à peine imprimés et traduits, et d’autres sont en cours de publication. Malgré le rude labeur que d’habiles philologues ont voué à Pex- ploration des œuvres manuscrites, malgré la sagacité que d’autres ont mise à introduire parmi des œuvres si diverses le fil conducteur de l’histoire et de la chronologie, la tâche de la critique n’est encore que commencée. Nous n’embrassons dans le présent essai qu’une seule face de l’histoire intellectuelle de l’Inde, sa culture litté- raire. Sans pouvoir esquisser, dans cette courte lecture, un vrai parallèle, rigoureux et complet, de la littérature sanscrite et de celles des grands peuples historiques, nous nous attacherons pour la juger aux idées reçues dans notre monde occidental sur l'expression du beau. Implicitement, nous mettrons les Hindous en présence de ces nations pri- vilégiées auxquelles l'Europe, maîtresse du monde par l'intelligence, doit sa première éducation et les fonde- ments de sa supériorité scientifique. Car, comment faire abstraction des règles du style admises depuis deux mille ans dans la partie la plus civilisée de l'humanité, quand on aborde une littérature séculaire de l'Orient, pour la considérer dans toutes ses tendances? Et comment ne pas S'enquérir à l’avance des limites de temps dans lesquelles il faut placer son complet développement? Dans l'état ac- tuel de la science , il ne sera pas superflu de formuler des réflexions qui solliciteront l'intérêt d’un plus grand nombre d'hommes instruits sur cette matière fort vaste, et qui forceront l'opinion à se produire et à se fixer. Un parallèle Sommaire, mais raisonné, comme celui que nous avons en vue, répond tout à fait aux idées d’éclectisme et d'im- partialité qui ont introduit l'étude des chefs-d'œuvre de (258) plusieurs langues dans l'éducation littéraire de la plupart des États modernes. Nous allons, en conséquence, insister sur deux espèces de considérations qui seraient, croyons-nous, difficilement séparées; parce qu’elles concourent à la même démon- stration. Nous rechercherons, d’abord , ce que vaut la lit- térature sanscrite , sous le rapport de l’âge des monuments qui la composent; et, en second lieu , nous ferons voir ce qu’elle vaut en elle-même, confrontée avec des œuvres d’autres temps et d’autres climats, que l'admiration una- nime des hommes honore et salue comme des modèles. — TR DE L’AGE DES PRINCIPAUX MONUMENTS DE LA LITTÉRATURE SANSCRITE, Des notions de chfonologie ne peuvent manquer com- plétement à l'étude littéraire de l'Inde : il importe au plus haut point de rechercher, de fixer même , si c’est possible, la date de ses monuments écrits conservés jusqu’à nous; car, sous peine de tout confondre, on doit les mettre en rapport avec la marche de la civilisation dans ce grand pays. Mais, si difficile qu’il soit de rétablir Pordre des événements chez un peuple qui, dédaignant la réalité, wa point écrit son histoire véritable et n’a attaché aucune Importance au calcul du temps, qu’on sache du moins qu'il existe quelques points de repère, fournissant des synchronismes à l’histoire universelle. Si les dates positives font défaut presque toujours, les ouvrages eux-mêmes, dûment consultés, révéleront RPG E DER at a a ( 259 ) quelque lumière sur leur âge : qu’on en interroge à la fois les idées et le style, et l’on distinguera avec certaine assurance les productions antiques des œuvres d'imagina- tion, les ouvrages collectifs et nécessairement anonymes des écrits tout personnels portant des noms propres : on n'aura pas toujours atteint le but, mais du moins sera-t-on sur la voie de fécondes hypothèses. Que si, ensuite, on recherche la citation que les auteurs indiens ont faite de livres plus anciens que les leurs, on apercevra l'influence réciproque et la succession vraisemblable de la plupart des écrits connus; en établissant de la sorte l'antériorité d’un certain nombre de livres, on aura restitué une chrono- logie interne, comme l'appelle M. le docteur Albrecht Weber (1), tirée de la littérature même et vraiment satis- faisante pour l'esprit dans des recherches d’une nature aussi délicate. Et puis n’a-t-on pas pour garantie des inductions histo- riques l’idée du développement d’une grande littérature nationale comme la littérature sanstrite serait qualifiée à bon droit? Les études contemporaines ont fait découvrir des lois d'afinité dans l'essor indépendant des langues de même souche : il n’en est pas autrement de l'art et des lettres. On observera sans nul doute une gradation sem- blable, des progrès analogues dans l’histoire particulière d'une littérature restée si longtemps inconnue, mais rat- tachée plus étroitement aux littératures de l'Europe qu’au- Cune autre littérature asiatique. $ ’ (1) rene Vorlesungen über die Indische ser ea à Berlin, 1852, p. 6. — Traduction française sous le titre d'Histoire de la littérature es par M. Alfred Sadous. Paris, Durand , 1859, p- ape 2e SÉRIE, TOME XVIII. 18 ( 260 ) Des données chronologiques, fussent-elles moins pré- cises que celles qui sont acquises à d’autres parties de l’histoire ancienne, porteront la lumière dans la masse énorme de textes sanscrits qu’on a retrouvés dans l'Inde. En dehors du prix qu’elles donneront à des classifications littéraires, elles auront une valeur considérable pour lap- préciation des doctrines indiennes : car on en revient toujours à mettre en question ce qu’il y a d'ancien et ce qu’il y a d’original dans les religions et les systèmes qui ont eu l'Inde pour théâtre. Grâce à l'analyse raisonnée des sources, s’évanouira la fantasmagorie des théories mytho- logiques qui ont fait briller dans les siècles les plus reculés de l’Inde une antique sagesse supérieure à celle de toutes les écoles anciennes; de même se dissiperont ces spé- cieuses conjectures qui font de l'Inde dans un sens absolu le berceau de l'humanité, la source de toutes les religions , le foyer de toute culture intellectuelle. Le problème restera enveloppé longtemps encore de bien des obscurités; mais au moins il sera dégagé de plus d’une grosse erreur, provenant de savantes hypothèses. Il importe aux philosophes, aux théologiens, aux histo- riens, de savoir à quoi s’en tenir sur les dogmes réputés sacrés , ou sur les traditions réputées primitives dans cette collection d'anciens livres transmis jusqu’à nous sous la garde du brahmanisme; l'Inde vient en aide sous Ce rapport à une tâche laborieuse du siècle actuel dans le champ de l’histoire, le tableau universel des religions et des cultes, l'analyse du séntiment religieux sous toutes ses formes. C’est rendre à la science d’éminents services que d'interpréter les écrits des Indiens avec une scrupuleuse fidélité, et d'y rechercher ensuite la transformation des croyances et des religions nationales depuis les idées ( 261 simples du Véda jusqu'aux étranges superstitions des sectes modernes (1). Que la littérature de l'Inde doive être reportée assez haut dans antiquité profane , il n’y a point actuellement de doute sérieux à ce sujet : on a déjà répondu surabon- damment à ceux qui avaient nié l'ancienneté du sanscrit sur de simples présomptions (2), comme à ceux qui l'avaient assimilé à une œuvre artificielle pour laquelle d'habiles grammairiens, forts en grec et en latin, se seraient associés à de patients mythologues ; ce fut là l'étrange ressource des esprits qui se refusaient à croire à l'existence d’une véritable littérature chez des: peuples d'Asie qu'ils réputaient sauvages. Il serait difficile aujourd'hui de pousser aussi loin la méprise, de défendre avec quelque succès des opinions extrêmes sur la civilisation et la littérature de l'Inde : personne ne leur assigne plus cette fabuleuse antiquité que l’on s'était empressé de leur attribuer sur une vague (1) Versé dans la lecture des ouvrages indigènes, M. John Muir, ancien fonctionnaire de la Compagnie des Indes, s’est livré assez récemment à des recherches comparatives d’une grande portée sur les divinités des Écritures védiques et sur celles qui forment le a théoti indien fort agrandi ses les poëmes épiques et mythologique r ses Original ri the origin and history of the sn de be (London, 1861 e. vol. IHI et IV). (2) Dans ses Leçons sur la science du langage (première série, 1861, Chap. 4 et 5), M. Max Müller a réfuté ces préjugés à propos de la classifi- Cation et de la généalogie des langues. Ces leçons faites à Londres pour mettre les découvertes de la linguistique à la portée d’un grand public Ont été traduites en français par MM. Perrot et Harris. (Paris, Durand . 1864, 1 volume in-8°). L'auteur vient de publier en anglais la seconde de ses Lectures ou conférencesde 1863, où il confirme en plusieurs endroits ses premières démonstrations. ( 262) renommée , et, d'autre part, aucun auteur ne prétend, par esprit de contradiction, les renfermer dans quelques siècles de l’ère moderne. S'il est, dans ces derniers temps, une tendance digne d’être remarquée à cet égard, c’est celle qui ressort des sérieux travaux de plusieurs indianistes renommés , incessamment occupés du dépouillement des manuscrits , entre autres M. le professeur Weber, de Berlin (1), et d’après laquelle la plupart des monuments sanscrits devraient être placés fort au-dessous de leur âge présumé, c’est-à-dire de l’âge qui leur avait été attribué à l’époque de leur première découverte. Quoiqu'on at qualifié de réaction cette tendance contre des suppositions erronées et vagues, on aurait peine à refuser confiance en des inductions d’histoire littéraire, tirées directement des textes, comme celles qui ont pris cours sur la garantie des opinions défendues par plusieurs savants. On est du moins en posséssion d’une notion générale, mais sûre, au sujet des plus anciennes compositions Con- nues en Langue sanscrite : celle qui les place un millier d'années avant l’ère chrétienne, ou qui, en d’autres termes, leur donne un âge d'environ trois mille ans par rapport à nous : une telle donnée est de nature, nous paraît-il, à satisfaire et à rassurer les esprits les plus circonspects sur les origines d’une grânde littérature. Il n’est point d'ouvrage sanscrit antérieur au corps des écritures sa- crées portant le nom de Védas. Après l'examen le plus minutieux de ces livres, des indianistes d’une très-grande (1) On citerait à ce Dion son Histoire de la res indienne déjà mentionnée, et plusieurs de ses notices et mémoires publiés dans les quinze dernières années, soit dans ses Indische PRE soit dans d’autres recueils. ( 265 ) autorité n’ont pas osé faire remonter la composition des parties les plus anciennes au delà du XIV° siècle avant . C., et ils n’ont pas reculé la limite de temps fixée par Jones et Colebrooke sur la foi de la tradition indigène. Le savant éditeur du Rigvéda (1), M. Max Müller, a tracé de main de maître le tableau de l’ancienne littérature san- scrite (2), et il en a placé le. développement complet dans l’espace d'environ mille ans, du XIIe au He siècle avant notre ère. On distinguerait avec lui dans cet intervalle quatre périodes répondant au caractère et à la destination des ouvrages qui lui appartiennent (3), sauf à en étendre quelque peu la durée d'accord avec les vues élevées et conciliantes de l’auteur. Ne ferait-on pas commencer beaucoup plus tôt, fort au delà de l’an 1200, la première période, celle du Chhandas, c’est-à-dire de l'inspiration et de la création poétique, remplie par les libres essais de plusieurs générations de chantres et de poëtes? Nous assistons pour ainsi dire, avec un certain charme d'illusion, à l'épanouissement d’une ancienne littérature religieuse et poétique, que nous a si bien décrit le célèbre (1) Les éditeurs des autres Védas qui ne peuvent le disputer au Rig en ancienneté, MM. Weber, Benfey, Roth et Whitney, n’ont pas for- mulé de théorie historique qui s'écarte sensiblement des vues de M. Max Müller. (2) A History of Ancient Sanscrit Literatur as for as i illustrates 861 a plupart. Puisqu'il mest pas traduit en- français, nous citerons l'excellent résumé , avec aperçus critiques, qu’en a ne . Barthé- lemy Nr Hilaire dans le Journal des savants (1860-186 (5) Le Chhandas, de l'an 1200 à 1000; les pe k 1000 à 800 ; les Brähmanas , de 800 à 600; les Soütras, de 600 à 200. ( 264 ) indianiste d'Oxford (1). Nous admettons volontiers la prio- rité des invocations qui ont le ton et la forme d’hymnes; dans ces textes mesurés il existe un fond réellement antique où s’est conservé le naïf enthousiasme de limpro- visation, et où la mesure (Chhandas) a donné son nom à la composition même. Nous apercevons un second travail dans la réunion de ces cantiques en séries de prières (Mantras), provenant de plusieurs familles ou écoles de Rischis, les poëtes dits inspirés; nous ne nous refusons point à croire que ces grands recueils ont été transmis oralement pendant plus de quatre cents ans sans le secours de l'écriture à laquelle les chants ne font aucune allusion (2). Ce ne sera pas assez après cela d'assurer par des gloses la conservation et l'intelligence des hymnes sa- crés : on verra éclore sous la même inspiration des écrits de science spéculative et de discipline liturgique, portant les titres d’Oupanischads et de Brähmanas ; la philosophie religieuse , théologie et métaphysique, se détachera des travaux de pure exégèse et grandira promptement par l'influence de la caste des Brâähmanes parvenue déjà à la suprématie sur les deux autres. L'enseignement oral ne suffira plus à partir du VI: siècle pour maintenir intact le dépôt des écritures soi-disant révélées : il se fera, en dehors de leur canon, des traités spéciaux du nom de (1) Nous ne trouvons pas aussi rationnelle l'opinion d’un autre savant indianiste, M. Westergaard , sur la production des Védas, des Brähmanas et des livres de science interprétative dans une seule et unique période. Voir ses deux Mémoires traduits du danois : Ueber den ältesten Zeitraum der indischen Geschichte mit Rückicht auf die Literatur u. s. W- (Breslau , 1862, in-8). (2) Dans un des mémoires cités, M. Westergaard étend davantage la période où les Le: ieux furent confiés uniquement à la mémoire, et il fait descendre l'achèvement du Rigvéda jusqu’au Ve siècle avant J. C- RER RRQ SERRE | | | ( 265 ) Soutras (littéralement « fil , tissu »), sur toutes les sciences nécessaires à l'interprétation du Véda; leur forme est celle de sentences très-concises, qui ne seront pas entendues sans instruction préalable. C’est l’Inde elle-même qui nous a donné toute garantie sur l’origine et sur l’authenticité de cette vaste collection de livres en vers et en prose, qu’on appellera désormais la littérature du Véda ; les gloses multipliées sous le con- trôle desquelles ils nous sont parvenus nous répondent de leur rédaction dans une période précédant de beaucoup celle des autres monuments littéraires du même peuple. C'est au point que l'idiome primitif de l'Inde aryenne serait désigné au mieux par le nom de langue védique Pour distinguer nettement ses productions, tandis qu’on rapporterait à la langue sanscrite , son héritière, les œuvres fondées sur les mêmes éléments de grammaire et de lexique, mais portant partout les traces d’une composition savante. Que dire maintenant de st des autres en de la TUE PROC LI A danin ditinne par des versions ou par des analyses? Certain nombre dou- vrages sanscrits serait antérieur de quelques siècles à l'ère chrétienne, du moins si l’on en considère la première rédac- tion; mais pour la plupart cependant, ils n’ont vu le jour que dans l'intervalle qui sépare le commencement de notre ère de la fin de notre moyen âge. Pour juger de l'ancienneté relative des premiers, on ne possède jusqu'ici aucun moyen de comparaison plus sûr que leur rapport avec le Boud- dhisme, dont la propagation a commencé au sixième siècle avant désus-Chrisi (1) : l’histoire littéraire de l’Inde peut (1) La chronologie des Singhalais, plaçant vers l'an 545 la mort du ( 266 ) prendre , semble-t-il, cet événement pour point de départ, de ses conjectures, comme M. Lassen , dans ses Antiquités indiennes, en a fait une des bases de Phistoire politique de ce pays. Nous nous tiendrons au calcul le plus généra- lement admis, en parlant ici des opinions reçues sur la date des monuments sanscrits du Brahmanisme. Le còde de Manou est, sans contredit, une des produc- tions importantes de la période qui a suivi celle des Védas. Seulement ce poëme, en douze livres, tel que nous le pos- sédons, n’est pas une œuvre fondue d’un seul jet, et il a subi plus d’un remaniement depuis l’époque de sa première rédaction. D'après le tableau qu'il nous donne de l’état social et politique de l'Inde, on a lieu de croire que, dans son canevas principal, il a précédé les conquêtes d'Alexandre et les royaumes grecs d'Asie. Mais on a tiré dernièrement des indications plus précises du rapport des doctrines de Manou, savamment analysées, avec des sys- tèmes philosophiques et religieux nés sur le même sol, et la plus ancienne rédaction du code serait placée, en con- séquence, vers le cinquième siècle avant Jésus-Christ (1). Voici le fondement de cette nouvelle solution, plus plau- sible que les précédentes. Le Månava-dharma-çástra con- tient les germes de la philosophie Sânkhya, qui a con- tribué pour une grande part à la naissance du Bouddhisme, et, sans nommer cette religion rivale, il fait allusion à l'opposition de ses sectateurs aux écritures et au sacerdoce = Çàkyamouni Bouddha, inspire plus de confiance à la plupart des india- nistes que celle des Bouddhistes du Nord qui la ferait reculer de plusieurs (1) Voy. Dr Fr. Johaentgen, Ueber das Gesetzbuch des Manu. Eine Philosophische literatur. -hislorische Studie. Berlin , 1865, in-octavo. 7 ( 267 ) brahmaniques. Que l’on considère la mythologie ou les principes de science politique, la religion ou le droit, le Câstra nous représente la société indienne à une époque immédiatement antérieure à la grande lutte des Brähmanes et des Bouddhistes, et aussi à la prompte extension des cultes de Çiva et de Vischnou au détriment du culte de Brahmà. Si l’on applique des procédés semblables à ces grands poëmes, bien connus de nom, qui constituent la littérature épique des Hindous, on se convaine bientôt que leur pre- mière ébauche appartient seule à une époque relativement ancienne, comme celle que nous venons d'attribuer au code de Manou. Un récit héroïque fut le thème successi- vement amplifié par d’autres récits d’où est sorti un corps d'ouvrage d’une excessive longueur. Le Rämäyana est un immense poëme, si on le compare à nos épopées clas- siques; mais du moins il offre le plan d’une action que la main d’un seul homme, Valmiki, a pu conduire à son terme, et, malgré des interpolations dues à d’autres mains, il serait reporté sans invraisemblance jusqu’au cinquième siècle (4). I n’en est pas de même du Mahäbhärata, la plus considérable des deux, épopées indiennes, dont on Porterait le contenu à environ deux cent mille vers (2). Sans nier qu’il wait conservé des traditions tout à fait antiques, on est forcé d’assigner le travail suecessif de (1) Telle esi, par exemple, l'opinion de M. Monier Williams, dans les eçons qu’il a. pue à Oxford et ensuite publiées sous le titre de : Indian epic poetry. ( Londres, 1865, in-octavo , pp. 5 et suiv., p. 45, note. ) (2) Plus de cent ps Ep e e TS Gr er à Calcutta, en quatre volumes in-q p pas vingt-quatre mille SEE environ Cagua miles vers. ( 268 ) plusieurs écoles à la composition d’une œuvre qui ren- ferme tant d'éléments disparates : car c’est à peine si l'ac- tion véritablement épique, la grande guerre des descen- dants de Bharata, remplit la quatrième partie du poëme. Si ce premier noyau n’est pas moins ancien que le récit fondamental du Rémäyana, si , peut-être, la rédaction en était répandue et même célèbre dans les derniers siècles de l'antiquité, on devrait, par contre, rejeter jusque dans les premiers siècles de l'ère moderne les accroissements qu'il a reçus (1). Les épisodes accumulés ont fait rentrer en substance toutes les aventures héroïques dans le cadre Tune œuvre que les Brähmanes avaient intérêt à rendre populaire à cause du rôle qu'y remplit Vischnou incarné en Krichna, un de leurs grands dieux, et les nombreuses digressions, se rapportant à la législation civile et aux devoirs religieux, ont chargé le poëme de compilations didactiques étrangères au sujet primitif. On peut être plus affirmatif encore sur l’âge inférieur des Pouränas, poëmes mythologiques qui se rattachent aux épopées indiennes comme légendes et comme récits : ils sont tirés d’un fond ancien , comme l'indique leur nom, « les Antiques, » et il y eut des ouvrages de ce titre avant ceux que l'Inde a conservés. Les principaux Pouränas, qui nous offrent les croyances brahmaniques, amplifiées avec une grande liberté d'invention, appartiennent, pour la E a A E (1) Nous croyons , avec M. Lassen, qui a dépouillé toutes les parties du Mahäbhärata i Rämäyana , qui a toutefois exigé beaucoup . \ postérieure u plus d'art, Indische Alterthun kunde, 1.1, pp. 485 et suiv., p. 859; et t. TE, p. 499-300. | | ( 269 ) plupart, en toute certitude, à la tin du moyen àge (1), et ils témoignent de la décadence des religions nationales absorbées en une multitude de sectes. Sous le rapport de l’âge des poëmes et des traités phi- losophiques, il y a, sans contredit, une grande différence entre la date présumée de l'apparition des doctrines qu'ils exposent et celle de leur composition, qui n'est pas tou- Jours exactement connue. Ainsi, les principes du Sänkhya ont été répandus dans l’Inde six à sept siècles avant l'ère chrétienne, tandis que les écrits qui nous les font con- naître sont postérieurs à cette ère; ainsi encore, le pan- théisme idéaliste s’est développé et a régné longtemps à ombre des ermitages brahmaniques avant de trouver sa dernière expression dans les travaux relativement mo- dernes de la Mimänsä et du Védanta. Les œuvres les plus savantes de l’art poétique des In- diens se sont transmises dans leurs écoles où elles étaient des objets d’étude et d’admiration à la fois; mais le plus souvent elles ne sont pas accompagnées de renseignements sur la personne et l’époque des auteurs. Les ouvrages les plus vantés ne peuvent revendiquer une bien haute anti- quité; on se figure le mieux la production des drames et de quelques autres poèmes célèbres dans ces royaumes du nord-ouest de l'Inde où le Brahmanisme était florissant au commencement de notre ère, après avoir reconquis la pré- pondérance sur le Bouddhisme. La lecture de ces œuvres EN SR PR OR SM EEE ES SR ETUS (1) C’est en ce sens que nous intitulions le morceau imprimé en 1852 : Les Pouränas, étude sur les derniers monuments de la littérature sanscrite. (Paris, Duprat, a. dans lequel nous nous appuyions sur les vues de Wilson et d'Eugène Burnouf, t traducteurs, l'un du Vishnu- Pūråna , autre du Bhágavata. ( 270 ) ne permet pas de les croire plus anciennes, si l’on juge le fond et la forme , si on tient compte des mœurs qu’elles décrivent et de la prétention des auteurs à étaler partout leur esprit ou leur habileté. Drames, poëmes héroïques, descriptifs, élégiaques et érotiques, sentences de morale mises en vers, toutes ces œuvres reflètent les phases moyennes de la civilisation brahmanique. Le nom le plus saillant de cette phase de la poésie indienne, celui de Càlidâsa, n’est pas celui d’un contemporain d'Auguste, comme on lavait cru longtemps; il a été illustré par un poëte qui vivait à la cour des Gouptas, sur la limite du deuxième et du troisième siècle après Jésus-Christ. Les ouvrages de Càlidâsa et de ses émules ne sont pas dénués de beauté; mais il n’est plus permis de conserver des illu- sions sur le temps et les circonstances de leur produc- tion (1). Ils sont à une distance incommensurable des premiers essais de la langue poétique qui atteste, dans le Véda, la jeunesse et la force de la race dominatrice des Aryas. La littérature du Bouddhisme qui a porté ses premiers fruits dans l’Inde, son berceau, pourrait prétendre à une certaine antiquité, si on avait conservé les livres rédigés après la mort du Bouddha Çakyamouni pour propager son enseignement. Mais ces livres, probablement écrits pour la majeure partie dans des dialectes pracrits (dérivés) c’est-à-dire dans les idiomes populaires qui avaient servi à la prédication de la doctrine, ont été retouchés et classés en (1). Nous l'avons établi dans notre récent article: Câlidäsa ou la poésie sanscrite dans les raffinements de sa culture. (Paris, Benjamin Duprat, 1864 , in-octavo.) = (274 ) ` dans les anciens conciles tenus par les Bouddhistes (1); les plus importants qui leur tenaient lieu d’Écritures furent rédigés plus tard en sanscrit dans le Nord de l'Inde et au Cachemire où leur religion était implantée avant le com- mencement de l'ère chrétienne. En tout cas, la collection de livres qu’on a retrouvée au Népal, il y a une trentaine d'années, est la seule rédigée en sanscrit (2), et elle appar- tient en propre aux Bouddhistes du Nord; tandis que la collection de livres qui fait autorité à Ceylan et chez les Bouddhistes du Midi fut rédigée en påli. è HI. VUES GÉNÉRALES SUR L'ESTHÉTIQUE ‘INDIENNE ET SUR LA VALEUR LITTÉRAIRE DES MONUMENTS DE LA LANGUE SANSCRITE. Quand s’est faite la première vulgarisation des ouvrages sanscrits, on a été exposé infailliblement à des jugements extrêmes, partant inexacts et faux, sur les beautés et sur les défauts de la forme. Les méprises ont été à peu près aussi fréquentes au sujet de leur mérite qu’au sujet de leur âge. Qu'on ait trop bien auguré, d’après les modèles traduits de prime abord, des productions encore inédites, il n’y a pas lieu de s’en étonner : mais Cest une erreur qu’il est aisé de rectifier, à mesure qu’on à sous la main des sources toujours plus abondantes. Et puis , ne sommes- pe RAS MES (1) Le troisième et le plus important de ces conciles fut tenu à Patali- poutra, entre les années 326 et 246 avant J. C. (2) Son envoi en Europe fut le signal d'études systématiques sur le uddhisme , r le livre capital de M. Eugène Burnouf: Introduction à Phistoire du poinidhisois indien (1844). (272) nous pas aujourd'hui dans de meilleures conditions d'im- partialité, préservés à une assez grande distance de temps, de l'espèce d’engouement ou bien du froid dédain qui accueille en général une étude nouvelle? Il n'est pas besoin, pour apprécier le beau dans la litté- rature sanscrite, de disserter sur l'existence du beau avec ses différentes notes et nuances chez les peuples de toute race, et sur les signes auxquels on le reconnaitrait dans. des productions fort éloignées de nos idées. Dans une esthétique générale, comme dans un traité philosophique sur l’histoire de la morale, on aurait à dire en quel sens et dans quelle mesure les notions du beau et du bon ont été réalisées par l’art à la Chine, au Japon, en Égypte et au Mexique, aussi bien que dans l'Inde, en Italie et en Grèce : tel ne peut être notre dessein. Quand il s’agit d'une littérature qui correspond dans son développement séculaire à l'existence d’une grande société, d’une civilisation originale, il est légitime de chercher des termes de comparaison chez les nations qui ont exercé l’empire le plus long sur la culture de l'esprit humain; il est indispensable d'interroger surtout d’autres littératures dont l'évolution s’est faite dans des conditions analogues de temps, de croyances et de mœurs. Ce n’est donc pas un parti exclusif que de donner le premier rang dans ce parallèle à la littérature grecque; car elle se distingue entre toutes les autres par le déroulement normal de ses œuvres, et elle a fourni dans ses genres principaux les bases des théories littéraires prévalant jusqu’aujour- d'hui chez les peuples les plus éclairés. Bien plus, la civi- lisation hellénique a des affinités non moins étroites avec celle de l'Inde, que la civilisation des nations indo-euro- péennes qui se sont établies de temps immémorial sur | | | | T EES ENEE E iF (2753 ) notre continent et qui ont constitué des états indépen- dants. L'organisme des langues propres à tant de nations est un des liens les plus forts qui les rapprochent et les unissent. Aussi n’y a-t-il pas, en réalité, une opposition tranchée, absolue, entre l'esthétique indienne telle qu’elle ressort des ouvrages sanscrits et l'esthétique qui a dominé dans le monde gréco-romain et ensuite dans tous les foyers de culture intellectuelle en Occident: Le contraste peut paraître fort; mais il ne va pas jusqu’à l'opposition. Le contraste qui nous choque dans l’art indien et qui nous empêche de reconnaître tout d’abord les ressem- blances, c’est le manque de mesure (1). Dans les idées et dans le langage, dans la conception et dans la forme, on voit se produire continuellement la même tendance, la même propension. Qu'il se soit mêlé à la contemplation de la nature le sentiment de l'infini poussé à l'excès par les procédés intuitifs de la philosophie religieuse, il est de fait qu'il y eut de bonne heure, chez les écrivains hindous, une sorte d’exubérance dans l'expression. des pensées , dans le choix des comparaisons, dans la profusion des images, jusque dans la description du moindre objet. Préoccupés de tout peindre, de représenter vivement ce qu’ils imaginaient, les créateurs de la langue sanscrite ont rêvé souvent l'impossible en cherchant le merveilleux, et atteint l'incroyable au lieu de l'idéal auquel ils aspi- raient, Attentifs à la quantité, trop peu soucieux de la qualité, ils sont tombés dans la prolixité des récits et des descriptions. Perdant l'idée de la mesure, ils se sont atta- chés trop rarement au choix des moyens; faute de discer- (1) Ce que des écrivains allemands ont plus d'une fois désigné par un seul mot de leur langue : Maaslosigkeit. (274) nement dans l'emploi des richesses que leur imagination leur fournissait en abondance, ils wen ont pas ménagé la jouissance, et, en les prodiguant, ils leur ont fait perdre, par là même, une grande partie de leur prix. Cette censure préalable s'applique assurément à la ma- jeure partie des productions indiennes, et elle marque clairement comment nous entendons la supériorité des œuvres qui nous sont venues à travers les siècles avec le caractère indélébile d'œuvres classiques. Seulement, il ne faut pas oublier que c’est là notre point de vue occidental et moderne, et que notre goût s’est formé dans d'autres circonstances que celui des Hindous, sous l'impression d’un autre ciel, d’un autre climat. Sans vouloir justifier la pompe et la surcharge qui sont à leurs yeux des conditions de la beauté, force nous est de nous replacer dans la zone qu'ils habitent, en présence d’une nature grandiose, d'une végétation luxuriante, pour admirer les scènes et les cou- leurs de leurs tableaux; et aussi de nous initier à leur mythologie pour comprendre l'usage perpétuel de la fic- tion dans leurs ouvrages (1). Maintenant, nous avons à montrer sur quel fond s’est élevé l'édifice de la littérature indienne , quelles étaient les ressources de la langue sanscrite , et quel emploi les Aryas en ont fait dans les monuments qui marquent les phases principales de leur histoire. : Les qualités de la langue qui a reçu des peuples indiens des formes achevées seraient aisément connues par w W. Jones et Guillaume de Schlegel n’ont pas manqué d'invoquer cette réserve dans leurs écrits de critique littéraire sur Inde, et récem- ment M. Monier Williams la déclarait nécessaire pour l'étude des épopées sanscrites. (Indian epic poetry, f dE ( 215 ) l'étude de sa grammaire. Mais elles ont apparu d'autant micux dans le parallèle qu’on lui a fait subir avec de nombreux idiomes. La comparaison des langues indo- européennes et les théories de la linguistique en progrès ont mis en relief l'organisme admirable da sanscrit comme euphonie et comme grammaire. Que l’on envisage ses élé- ments, ses racines et ses mots, ses formes et ses dési- nences dans toutes les parties du discours, on découvre la richesse primitive de la souche de toutes les langues d'Asie et d'Europe qui lui sont affiliées. Des débris pré- cieux de ce patrimoine commun se trouvent dans les diverses familles du même groupe : mais la régularité et l'harmonie du développement grammatical ne peuvent y être observées au même degré et avec le même profit que dans la langue historique et littéraire de l'inde. Aussi a-t-on d’un commun accord appelé le sanscrit en témoi- gnage pour expliquer la transformation des langues con- génères dans toutes leurs ramifications, en particulier Pour combler des lacunes de la philologie classique et Pour renouveler ses méthodes; bien plus, il sera considéré désormais comme un instrument du plus haut prix dans la science des langues en général (1). L'influence de divers climats a donné une physionomie particulière aux formes des langues qui avaient eu l'Asie centrale pour première patrie; mais la libre action de l'homme se manifeste à un plus haut point dans leur syn- taxe. C’est dans l'arrangement, dans l’ordonnance des mots que se révèle l'originalité du peuple aryen de l'Inde : c’est (1) Nous avons exposé de nouveau cette thèse de fait dans notre récent travail : Le sanscrit et les études indiennes dans leur rapport avec ren seignement classique. (Bruges , Daveluy, 1864, in-8°.) ° SÉRIE, TOME XVIII. 19 ( 276 ) là qu'on aperçoit visiblement l'empreinte de ses idées, de ses croyances , de ses institutions et de ses mœurs natio- nales, Le sanserit s’est formé progressivement à la ressem- blance de la société brahmanique ; il a reproduit fidèle- ment les procédés de la pensée indienne, et lon dirait que les particularités de sa syntaxe reflètent les lois inté- rieures, les tendances exclusives d’une nation qui s est constituée et qui a vécu avec indépendance. L'étroite relation du développement du sanserit avec l'organisation sociale et politique de l'Inde serait d'autant mieux affirmée que, dans sa première phase, dans l’âge des Védas, la langue aryenne était encore en possession d’une liberté d'expression qui manque an même idiome perfectionné par une longue culture, au vrai sanscrit. La suite de kisa aperçus historiques fera mieux comprendre cette diffé- rence entre les deux phases de la même langue. Deux signes distinguent la syntaxe du sanscrit : le retour des mêmes constructions, des mêmes tournures, d’un nombre assez limité, et surtout l'usage ou plutôt l'abus des composés. Il en est résulté dans le discours de vrais défauts qui ne sont compensés que partiellement par la beauté et la sonorité des formes, par l'éclat des figures et par l'abondance des synonymes. | . Le langage mesuré qui fut la première forme du dis- cours étudié, du langage public, chez les Hindous, proses dait par stances de deux ou de quatre vers : dans la suite des temps, il n’est pour ainsi dire point de texte qui n'ait subi la coupe de distiques en vers alternants; de là une invincible propension, une règle devenue nécessaire, même dans des écrits en prose, de renfermer la pensée ou le récit dans une sorte de sentence qui në comporte ni le développement de longues périodes, ni l'insertion de pro- (HT ) positions incidentes. Le style, éhose aisée à comprendre, a contracté une monotonie et une roideur sans remède , faute d'espace pour mettre en valeur les ressources latentes d'une langue identique d'organisme à celles dont la syn- taxe a le plus de souplesse, de variété et de mouvement. Mais ce qui a le plus contribué à uniformité et à la pesanteur du discours, c’est l'emploi des composés qui remplacent des membres de phrases. Il se présente à chaque instant dans un texte sanscrit un groupe de mots Juxtaposés qui doit fournir à la pensée l'équivalent d’une proposition entière, et qui renferme soit un raisonnement, soit une description. L'esprit est sollicité à un certain tra: vail pour débrouiller l'argumentation cachée en peu de mots, ou bien l'imagination est tenue de reconstruire le petit tableau dont un long composé lui présente les objets isolés, en autant de noms sans signe de cas et de nombre. Tel est l'usage souvent excessif (4), ou pour mieux dire (1) Voir l'introduction au Traité de la formation des mots dans la langue grecque, etc., par M. Adolphe Régnier, membre de P Institut, etc: (Paris, 1853), p. 34-40. Nous extrayous de cet excellent ouvrage le passage suivant relatif au sanscrit : « Pour la faculté de composer des mots » aucune langue de la famille n’est supérieure, ni, à beaucoup d'égards ; » comparable au sanscrit. Par le nombre des relations que peut rendre la » Combinaison des mots, elle est la plus riche de toutes, sans tomber » cependant dans l'excès. Nulle non plus n’a de règles plus sûres et plus » neorates pour anne, ee la position a ten mes dans le composé, ; qui était un prin- » Cipe de sécurité, en né labus. Parce que l'obecurité javais impos+ » sible, on s’est donné libre carrière, et l'on a fini par passer toutes les » bornes ...... En ce qui touche le sanscrit, nous trouverons, Sous Cë » rapport comme sous beaucoup d'autres, une grande diversité entre les » phases diverses que l'idiome a traversées, et les différents genres ” » style. Dans aucune autre langue , l'histoire des transformations que peu » subir un idiome , sans changer ses mots ni leurs règles de hate ( 278 ) l'abus qu’a fait l'esprit indien de cette faculté de composer des mots pour condenser l'expression des idées, faculté qui wa jamais été portée trop loin chez les Grecs et les Romains, mais qui a substitué bien des fois la lourdeur à la vraie richesse dans la littérature germanique. Comme langue littéraire, le sanscrit s’est développé sur le même sol, vivant de son propre fonds, n’empruntant rien à d’autres langues, suivant les progrès de la domina- tion des Aryas du nord au midi de la péninsule. Mais quelle place va être faite aux œuvres littéraires des Hindous dans l'histoire de Part? Leur beauté répond-elle à la richessé intrinsèque de la langue elle-même ? La matière est d’or; c'est un métal pur et d’un vif éclat; peut-être est-il resté trop peu ductile. Les objets qui en sont façonnés parais- sent lourds et chargés, quand la main d’habiles ouvriers y a enchâssé une quantité de perles et de pierres précieuses. Reste à savoir si le travail de ces artistes leur a donné l'empreinte d’une beauté durable qui soit saisie et ap- préciée dans d’autres pays et dans d’autres temps. Des œuvres du génie grec on dirait comme des œuvres de Vuleain dans le palais du Soleil que nous décrit Ovide(1): a L'ouvrage surpassait la matière, » Materiam superabat opus CC On aflirmerait plutôt d'un grand nombre de monuments » n’est plus curieuse. Nulle part on ne voit mieux à quel point la syntaxe » seule, la syntaxe proprement dite, la syntaxe extérieure , peut changer » la physionomie du discours. » Le savant philologue annonçait (ibid, p- 49) dcr d'un “ni par is ON ae la langue PIS a quelque sorte ni au aee son Fes ni à ses règles de formation. i) Metamorphoseon , LH, | | | l l | 4 k e X = ( -249 ) i indiens que l'ouvrage ne répond pas à l'excellence de la matière, que les poésies sanscrites ne présentent pas cette élégance de proportion, cette belle et juste ordonnance, qu'on attendrait de la formation normale et savante de la langue même. C’est là un des problèmes sur lesquels la critique européenne dira son dernier mot, lorsque, dans Pavenir, elle aura pesé à leur juste valeur les notions nou- velles apportées par l'étude de l'Inde aux théories du beau dans l’art. Mais, en attendant, on n’examinera pas sans profit les parties déjà dessinées du tableau de la lit- térature sanscrite, et l’on s'arrêtera volontiers à quelques aperçus qui mettent sur la voie d’utiles comparaisons. Au point de vue de l’art et aussi de la langue, il est une création de l'esprit indien qui dépasse toute création ana- logue chez les peuples de même race : c’est la poésie sacrée des Aryas, c’est le trésor des chants lyriques et liturgiques du Véda. Dans les siècles du polythéisme, aucun peuple n'a glorifié ses dieux avec une telle magnificence de lan- gage, dans des hymnes qui offrent une telle variété et une telle beauté; nulle part non plus le sacerdoce païen n’a eu la liberté et la puissance de recueillir, de conserver, de mettre en ordre une littérature hymnologique aussi con- sidérable. Le terme de lyrisme servirait le mieux à dési- gner la forme et l'esprit de ces chants religieux ; on dirait même lyrisme descriptif pour marquer le retour fréquent de la description dans le corps de l'hymne (1), tandis que (1) Voir le ch. HI de nos Pass sur les hymnes du Rigvéda, ete. (Louvain, 1842, in-8°, pp. 23-27.) — Dans ce chapitre et dans lappendice, nous avons esquissé un opti de ces hymnes avec les chants des anciens peuples de la Perse, de l'Égypte, de la Grèce et de l'Italie, de la Gaule et de la Scandinavie. ( 280 ) i la description se produit à peine et comme un élément accessoire dans la composition lyrique des époques litté- raires, dans lode classique. Les sentiments, les impres- sions, les désirs que les chantres ont exprimés au nom de leur tribu se renferment dans des stances qui peuvent se détacher; il ne faudrait pas chercher leur strict enchaîne- ment dans le cours d’un même morceau, mais on trouve leur lien dans l'unité d'intention. Ce n’est pas le désordre plutôt étudié qu’inspiré , le beau désordre qui est un effet de Fart : c’est l'absence de travail et de calcul dans les tran- sitions, comme il convient à l'adolescence d’une grande poésie (1). Le ton des invocations est partout naïf ou exalté, confiant ou enthousiaste; la vérité d’accent qui règne dans un si grand recueil de chants et qui leur donne un caractère non méconnaissable de spontanéité et d’élé- vation , est en quelque sorte un écho des réalités de lhis- toire. Les cantiques des Rischis de l'Inde marquent les débuts et les principaux moments de la conquête aryenne. Hs traduisent les mâles pressentiments qui animaient le peuple civilisateur, les Aryas, c’est-à-dire « nobles, excel- lents, » et qui lui donnaient conscience de sa supériorité intellectuelle sur les barbares qu'il subjuguait ou qu'il chassait devant lui. Jls représentent des croyances fort vagues, des notions quelquefois grossières, sur les puis- sances et les phénomènes de la nature qui ont reçu des noms divins : cependant, ce naturalisme du Véda n’est (1) Des locutions figurées qui caractérisaient l'œuvre du poëte chez les anciens Aryas, On inférerait que la poésie avait franchi chez eux les pre- miers dé de l'art purement instinctif, pour s'élever jusqu’à l'hymne. — Voir le chapitre du chant et de la poésie dans les études de M. Adolphe Pictet, s'étendant aux Aryas primitifs, d'après les inductions de la lin- guistique. (Origines indo-européennes , t. I, 1863, pp. 477-85.) RAS (281 ) pas une religion purement matérialiste, et le nombre des personnifications honorées d’un culte n’a pas effacé l’idée de la sagesse et de la puissance d’une divinité suprême (1). Que l’on envisage leur nombre, leur forme et leur con- tenu, les hymnes du Véda constituent un monument d’un prix inestimable. La langue y est à l’unisson avec le sen- timent qui les a dictés, avec les travaux des familles, avec les aspirations et les besoins d’un peuple pasteur et guer- rier. La parole y jaillit rude, animée comme elle est sortie de la bouche des aèdes indiens; la versification n’y a pas moins d'éclat que la pensée de vivacité, et les mots de naturel et de sens. Tandis que l'idiome des Védas mérite la plus sérieuse attention des philologues (2), le fond offre à l'historien un parfait modèle de la poésie religieuse et nationale des anciens peuples. Des chants lyriques d’une (1) Nous ne faisons qu’inscrire en passant cette réserve, sans réflexions qui l’éclaircissent , pour prévenir toute méprise sur les conceptions reli- ieuses des Aryas antérieures au Brahmanisme, Ce n’est on le lieu d’exa- miner les opinions émises sur ce point par a sayan M. Adolphe Regnier, qui n’a abordé ce! mt qu'après Es familiarisé avec la langue des commentateurs mé avec la méthode théories des grammairiens indigènes, a livré au public un spécimen S ses longues observations dans son Étude sur l'idiome des Védas et les origines de la langue sanscrite jes 1853, grand in-quarto), et il a donné peu après, dans le Journal asiatique, une série d’études analytiques sur la e védique, d’après les Pratiçäkhyas ou Traités d'interprétation philologique annexés au pig Rien d plus instructif que la descrip- tion de Ja langue de l'Inde dans sa première expansion , et de la fidélité du saħscrit au génie primitif de Pidiome dont in n’a pas conservé toutes les ressources , mais dont il s’est approprié les qualités RARES a Il ce au plus haut point de reconnaître, à l’aide de ces moyens d’analyse, l'em- pire des doctrines exclusives et dominantes chez une nation sur i révo- lutions du langage, et cela sans mélange d'éléments hétérogènes, comme il est advenu ailleurs à la suite de migrations et de conquêtes. ( 282 ) telle ampleur ont manqué à la Grèce avant l’âge d'Homère, et l’art plus savant qu’elle cultiva dans ses beaux siècles ne compense point cette lacune. Nous admirons beaucoup, en effet, les débris de l’œuvre de Pindare et les fragments des lyriques grecs; mais on ne saurait se défendre d’ad- mirer davantage encore les hymnes du Véda, qui révèlent la puissance de la parole mesurée et chantée, la beauté de l'art au berceau, dans la vigoureuse jeunesse d’un grand peuple. S'il est dans l'antiquité même, mais dans l’histoire d’une autre race, des poëmes qui l'emportent sur la poésie des Véda, ce sont les œuvres de la littérature sacrée des Hé- breux, les cantiques de plusieurs livres de la Bible, les psaumes, les prophéties. Mais il n’y a pas lieu d’instituer un strict parallèle en faveur d'ouvrages dont la destination providentielle apparait même à ceux qui n'en admettent pas l'inspiration divine. Non-seulement ils renferment des beautés littéraires de premier ordre, si on les compare aux chefs-d'œuvre de chaque nation; mais encore ils possèdent ce genre de sublimité qui s'impose en quelque sorte à l'esprit humain et qui agit infailliblement sur les hommes de toute origine et de toute langue. D'où serait venue, sinon de la Bible et du langage biblique de l’enseignement chrétien, la hardiesse du symbolisme oriental, qui a passé du latin ou du grec dans les idiomes les plus incultes (1)? En dehors des hymnes du Véda et des formules mé- triques de son rituel, il s’est formé, à une époque non éloignée , une littérature religieuse et philosophique , dont (1) Voir, outre les ouvrages connus du D" Lowth et de Herder sur p poésie sacrée des Hébreux , la quinzième leçon de M. Ozanam sur la civi- lisation au cinquième sièele (au tome H des œuvres complètes). OSMON ( 285 ) il nous reste d’assez nombreux écrits. Parmi ces traités qualifiés de Brähmanas, comme émanant des Brahmanes ou « maîtres de la prière, » il en est qui ont une desti- nation liturgique, mais plusieurs qui ont le caractère de livres didactiques et spéeulatifs; ce sont surtout ces médi- tations dites Oupanischads, qui se rattachent aux textes révélés et qui jouissent jusqu’aujourd'hui de la plus haute vénération à cause tant de leur ancienneté que de l'éléva- tion de leurs doctrines. Jusque dans ces monuments de la sagesse des Indiens, comme on a souvent appelé leur métaphysique et leur ancienne théologie, on voit scin- tiller des étincelles de la brillante poésie dont leurs chants sacrés étaient pénétrés. II y a donc justice de compter plusieurs des Oupanischads parmi les productions qui montrent la langue sanscrite essayant ses forces avec l'éclat, mais avec la témérité de la jeunesse, dans l'expo- sition et la discussion scientifique. Mais nous voici arrivés au second âge de la culture lit- téraire de l'Inde, alors que sa langue nationale fut sou- mise à un travail méthodique et minutieux dans ses écoles. Polie sans cesse par l'étude, elle contracta bientôt une sorte d’immobilité; ayant atteint sa perfection possible et glo- rifiée de ce chef par le titre de parfaite ou achevée, la langue sanscrite perdit en mouvement et en vie ce qu'elle avait gagné en symétrie et en élégance. Désormais langue écrite et langue savante, elle devint, comme objet de l'éducation, le privilége des hautes classes, tandis que le peuple cessa bientôt de la comprendre (1). Les classes in- (1} Voir les préliminaires de M. Weber, à la seconde partie de ses Leçons sur la littérature indienne ( traduction de Sadous, pp. 287-292), et la Quatrième lecture de M. Max. Müller sur la science du langage. ( 284 ) férieures retinrent lusage de dialectes dérivés du sanscrit, variant d'une contrée à l’autre, mais portant le nom col- lectif de präcrit, « naturel, vulgaire : » ces dialectes, qui échappaient au joug des règles de la langue privilégiée, n’ont point pris un essor littéraire indépendant, à la faveur des formes analytiques du discours qui y dominaient (1). Le sanscrit lui-même déchut en un sens aussitôt qu'il ` ne se retrempa plus dans la vie publique : une langue, "si parfait que soit son organisme, ne conserve jamais toute sa vigueur alors qu’elle est renfermée dans l'enceinte de l’école. La constitution théocratique de la société indienne, qui donnait aux Brähmanes un empire absolu sur les choses de l'esprit, soumit à leur direction la culture de la langue et des lettres dans toutes ses branches. Qu'on parcoure les productions sanscrites qui succédèrent immédiatement aux écritures de la période védique, et celles qui en furent dans la suite des imitations : il y a dans leur style une même empreinte de symétrie calculée, dans toutes les parties de leur composition une prédominance de la synthèse, que la distinction des genres, ou la distance de quelques siè- cles, n’a pas sensiblement modifiée. S'agit-il de poëmes , de légendes qui ne sont pas destinés à l’école, mais qui s'adressent aux rois et aux guerriers, puis à tous les rangs de travailleurs instruits dans la loi religieuse et admis à leur lecture, la forme n’est jamais dégagée de certaines hr de ie ed 08 (1) Il ne semble pas que les anciens livres bouddhiques, rédigés en Prâcrit, aient dépassé un même niveau de médiocrité; c'est à Ceylan et ensuite à l’est de l'Inde que le päli, qu'on dirait une des ramifications du prâcrit, a pu se fixer et s'étendre comme langue religieuse et littéraire de grandes populations; au point de vue grammatical seulement, on mettrait le prâcrit dans le même rapport avec le sanscrit que l'italien avec le latin, Suivant la comparaison Passée en usage. ( 285 ) entraves qui enchainent l'expression, qui alourdissent le récit , qui resserrent la pensée en d'étroites limites. eoi la revue des œuvres qui composent la littérature sanscrite, proprement dite, nous donnerons la première place à la poésie narrative qui répond à l'épopée dans le sens le plus large du mot. Deux œuvres restées célèbres, la Råmaïde et la Bhäratide, comme on aimerait à transcrire leurs noms indiens, nous montrent avec quelle liberté ou plutôt avec quelle latitude les aèdes de l'inde exposaient , développaient et enchaïinaient les anciennes histoires et aventures. Elles offrent d’incontestables analogies avec les épopées classiques : les preuves surabondent dans les épi- sodes les plus remarquables de chaque poëme, que l’on a traduits ou imités avec beaucoup d’art en plusieurs langues de l’Europe (1), et, en effet, plusieurs de ces récits se déroulent avec une majestueuse ampleur, dans un langage limpide et harmonieux , qui met en lumière de beaux traits d'héroïsme ou les plus nobles affections du cœur hu- main (2). Malgré les extravagances du merveilleux mytho- logique dans le tableau de guerres grandes en elles- mêmes, malgré l'abus de l'allégorie dans la peinture des Passions et des sentiments empruntés à l'histoire, on ne 1) Voir, par exemple, le volume de M. F.-G. Eichoff, de l’Institut : Poésie héroïque des Indiens comparée à l'épopée grecque el romaine. (Paris, 186 (2) M. uk Williams a pu dire qu'il ne craignait point pour les hé- roïnes de l’Inde une comparaison avec les héroïnes de l'épopée grecque (ndien Epic poetry, pp. 47-59). Rue Clarisse Bader a tiré admi- rablement parti des é lle a récemment F d qui lui a ea cetle année, une médaille de l'Académie fran- ea Ga aa dans l'Inde antique. — Études morales et littéraires. (Paris, B. Duprat, 1864, un volume in-octavo,) ( 286 ) peut refuser de la beauté et de la grandeur à la compo- sition épique telle que l'Inde nous l’a laissée. Sans doute, ses poëtes eussent donné plus d’attrait aux mêmes aven- tures, en élaguant les digressions et les détails, en res- serrant les épisodes, et ils eussent entouré les caractères d’un plus haut prestige en s’attachant à des traits choisis. Mais, si nous blàmons avec raison le génie indien d’avoir, en ce genre comme en d’autres, manqué de règle et de mesure, si nous regrettons que la trame de l'ouvrage, surtout dans la Bhératide, soit coupée par des hors- d'œuvre, n'oublions pas que ce fut la tâche calculée, téressée du sacerdoce brahmanique : il entrait dans ses vues que le récit d'actions éclatantes fût accompagné de fictions liées étroitement aux croyances populaires, €t même de dissertations dogmatiques, juridiques et disci- plinaires, formant un enseignement encyclopédique (1). On retrouve ici le contrôle du même pouvoir qui avait mis au jour, sous la même forme métrique, le code de Manou et les traités de législation qui l’ont complété. Sans doute, nous ne pouvons satisfaire, par la lecture des épopées indiennes, notre idée de l’unité qui doit régner même dans le poëme épique, et nous devons croire nos théories lit- téraires confirmées plutôt qu’ébranlées par le parallèle qu'elles nous offrent avec nos modèles; mais, en revanche, nous avons sous les yeux, dans le tableau d’une antique civilisation (2), les scènes d’un autre continent, les aspects (1) Dans peu d'années, on possédera en français la première version complète du el entreprise par M. Hippolyte Fauche, tradut- teur français du Rémäya (2) M. Théodore Sr a tiimi mé poéliquement les faits et gestes des rois et des héros de la Bhératide, dans une suite d'Études sur l'Inde ancienne et moderne (Revue des Deux-Mondes , 1836 et 1857). T avait ( 287 ) d’un autre climat, la puissante végétation des régions tro- picales , et la lutte de l’homme avec les forces de la nature et avec des espèces animales qui multiplient les dangers autour de lui. L'art n’a pas mieux décrit ailleurs la même phase des annales du vieux monde asiatique. L'épopée indienne aurait pu être le premier germe d'une autre composition qui n’a manqué à aucun des grands peuples, l'histoire : mais ce genre n’est pas sorti des éléments confus qui l'annonçaient dans l'épopée même. Dût-elle être exposée en vers, l’histoire aurait pu se con- sliluer comme une œuvre distincte, si l'intelligence des réalités de la vie, le sens de la vérité humaine et le pressentiment de la liberté politique n’avaient pas fait défaut aux aèdes qui assemblaient les traditions au service et suivant les vues des écoles brahmaniques. L'art de l'histoire n’est pas né là où la conception de la science historique n’était pas possible, les faits dé l’ordre humain disparaissant sans cesse dans un merveilleux fantastique représentant l’ordre divin. L’épopée s’est continuée fort tard dans des répertoires d'anciennes légendes cosmogoniques et théogoniques qui ont joui d’une popularité non moins grande sous le nom de Pourânas. Les principaux d’entre ces poëmes, au nombre de dix-huit, dont le contenu manifeste également la longue influence de la caste sacerdotale, surpassent peut-être les épopées, si lon ne tient compte que des artifices du langage et de la versification; mais ils ne donné ERAT un recueil de Fragments du Mahâbhârala (1844). M. Foucaux vient de réunir en un volume (1862) onze Fra de ce poëme 7e ‘il avait antérieurement traduits pour la prem français ~ ( 288 ) , marquent point un réveil durable du génie littéraire. Ils doivent leur renommée au développement de certaines fables qui flattaient beaucoup l'esprit superstitieux des sectes du brahmanisme, et aussi aux agréments de style qui charment jusqu’aujourd’hui les Pandits et leurs dis- ciples. Les écrivains hindous avaient mis également beaucoup d’art dans les compositions nommées Kávyas, qui se sont conservées comme des modèles d’un style élégant et fleuri, comme des œuvres de l’habileté personnelle des poêles (Kavis). Leur valeur a été du reste beaucoup sur- faite dans les siècles modernes de l'Inde : qu’ils aient pour objet une fiction purement mythologique ou histoire d’un ancien héros, ils doivent la meilleure partie de leur succès à la curiosité qui s'attache aux difficultés vaincues. La tradition héroïque est amoindrie quand elle n’est pas effacée; la pensée est offusquée par la pompe des mots; le sentiment est étouffé par les détails qui le font valoir. Que ce soient des narrations héroïques ou des poëmes élé- giaques, descriptifs et même didactiques, les Kävyas ont été élaborés sous la préoccupation dominante d’une riva lité littéraire, Câlidàsa et les autres auteurs à qui ils sont attribués ont mis en œuvre toutes les ressources de là poétique afin de dépasser les écrivains connus (1), et leurs imitateurs ont en quelque sorte épuisé tous les rafline- ments de la grammaire et de la mesure „en vue de donner aux sujets les plus minces, aux thèmes rebattus de la poésie érotique, un certain relief de nouveauté. Ru a) Voir sur plusieurs qui ont été traduits en f ançais par M. Hippolyte Fauche , notre notice déjà citée sur Cålidàsa (1864). Kävyas et d’autres ouvrages de la poésie d'art, ( 289 ) L'art des poëtes était en grand honneur dans les royaumes de l'Inde, quand vint à fleurir la composition dramatique; mais, quelle que fût l'habileté des écrivains qui la cullivèrent, elle n’atteignit pas à la hauteur où on l'aurait portée dans des siècles de fortes croyances et de splendeur politique. Comme nous la voyons dans les œuvres de Câlidàsa et de Bhavabhoûti, elle fut l’ornement d’un théâtre de cour, et elle ne put exercer une action déci- sive sur l'esprit de la nation. Les poëtes étaient capables d'intéresser et d’émouvoir : ils manquaient de la puis- sance de remuer fortement les âmes par le spectacle et la lutte de grandes passions. Le drame indien, qui n’est ni tragédie ni comédie, ne se termine point par une catastrophe, mais par un dénoû- ment heureux, qui va quelquefois jusqu’à la glorification ou l'apothéose. Tantôt ses sujets sont tirés de l’histoire héroïque ou de la mythologie; tantôt ce sont des aventures | tirées de la vie des princes, des fictions empruntées aux relations et aux intrigues des hautes classes; tantôt, enfin, ce sont des allégories servant à personnifier la lutte des doctrines et des sectes. De même que la Sacountalé de Câlidäsa , les pièces les plus vantées sont des féeries par- lagées en tableaux fort riches de coloris, en scènes qui ont la fraicheur de l’'idylle; quelques autres montrent au naturel les mœurs faciles qui s'étaient introduites dans les grands centres de la civilisation brahmanique à des époques de paix et de prospérité. L'action, que l’on dirait plutôt Simple qu’implexe, ne marche pas avec rapidité; elle comporte la reconnaissance et la péripétie au nombre de ses moyens d'intérêt ; mais elle ne connaît pas la conduite Savante du dialogue qui assure au plus haut point l'émo- tion dramatique. C’est que l’action même est interrompue ( 290 ) à chaque instant par des strophes déelamées ou chantées. Sentimentales ou descriptives, ces stances forment la partie saillante de l’œuvre du poëte, celle où il a concentré les forces de son inspiration et fait briller les inventions de son talent; il en est où, à la faveur des métaphores, des comparaisons et de la variété des mètres, la descrip- tion a revêtu les plus brillantes couleurs, où la passion se traduit tour à tour avec violence et avec délicatesse. Mais c’est l’art lyrique, dirait-on, qui s’est développé aux dé- pens d’un autre élément du drame, le récit et le dialogue; malgré le nombre des incidents qui la compliquent, l’action même n’est pas traitée avec vigueur. La mise en scène est d’ailleurs restée toujours dans l'enfance; il n’y eut point de théâtre permanent dans les capitales de l'Inde, el jamais on n’y eut recours aux procédés les plus élémen- taires de la mécanique pour favoriser en quelque mesure l'illusion. La destinée du théâtre indien présente la matière de recherches instructives alors même qu’il n’y aurait pas de parallèle direct entre ses meilieures pièces et les chefs- d'œuvre de la scène ancienne ‘et moderne. Si nous avons un jour l'honneur d'entretenir la classe de nos études personnelles sur cette branche de la poésie sanscrite, il se présentera à nous une question historique de quelque intérêt, à savoir l'influence possible, fût-elle indirecte et assez éloignée , du drame grec sur la formation du théâtre indien: En tout cas, celui-ci n’a fleuri que dans des siècles bien postérieurs aux relations des Grecs avec l'Inde occi- dentale, aux frontières de laquelle la langue et les mœurs elléniques jetèrent librement leurs racines. Les derniers temps de la poésie sanscrite ont beaucoup d’analogie avec la décadence de la poésie grecque. Il n’est (1 d ( 291 ) si mince ouvrage qui wait exigé de son auteur la subtilité et lérudition du grammairien; des poëmes de quelque étendue sont remplis d’un bout à l’autre de jeux de mots, d’assonances et d’allitérations ; vides de pensées, ils offrent à chaque vers des énigmes qui attendent leur solution d’un commentaire. En débrouillant ces pauvretés et ces minuties qui ont été revêtues laborieusement des formes. les plus sonores de la langue des Aryas, on s’écrierait avec raison : Comment en un plomb vil lor pur s'est-il changé! C'est dans tous les temps le dernier degré de l’affaisse- ment intellectuel , le signe d’une irrémédiable décadence, que de réduire la carrière du poëte à un labeur si ingrat, à un stérile exercice de versification. La prose n’a remplacé la poésie que dans un petit nombre de compositions; mais on ne saurait dire qu’il est un genre de littérature auquel la première ait été exclusi- vement affectée; jusque dans les morceaux de prose qui présentent le plus de continuité on aperçoit aisément lin- fériorité d’une forme du discours écrit cultivée en sous- œuvre, et l’inhabileté de l’écrivain qui a dû se passer du secours de la mesure. Les recueils d’apologues, qui ont eu le plus de célébrité, se composent de narrations en prose d’une certaine finesse, d’un mérite fort médiocre, interrom- Pues par des sentences en vers, d’un tour agréable, mais qui ne sont très-souvent que la citation d'ouvrages plus anciens. Les traités ou les abrégés de morale destinés au Peuple et confiés à la mémoire étaient presque tous rédigés RS un langage mesuré, se gravant plus sûrement dans l'esprit que des ts en prose. littérature : spéeculative et philosophique a compté beaucoup 2% SÉRIE, TOME XVII. 20 (292) de travaux à l'appui de chaque système ; elle se fondait le plus souvent sur des textes en vers, qui étaient élucidés dans des livres de controverse en prose ou dans de longs commentaires. Ce qui existe de ces divers ouvrages est très-curieux comme image de la vie intérieure et de la discussion des écoles, comme formulaire de la dialectique indienne. Ils nous apprennent quels labeurs ont servi à exposer et à défendre les théories indépendantes, plus ou moins orthodoxes par rapport aux Védas, qui étaient pro- fessées librement au sein du Brahmanisme. Sans contre- dit, c’est à l’histoire de la pensée que revient la meilleure part dans l'étude des six Darçanas ou systèmes philoso- phiques par excellence ; mais la critique littéraire est inté- ressée à définir quelles règles prévalurent chez les Hindous dans l'expression des idées spéculatives, qui offre un contraste frappant avec celle que nous tenons des Grecs- - Qu'il s'agisse de la terminologie, ou des formes du raison- nement et de la démonstration, il est digne d’un grand peuple, célèbre par sa sagesse dans l'antiquité, de donner à ses conceptions la forme qui convient le mieux à son génie particulier. Ainsi devons-nous juger le style philoso- phique des ouvrages sanscrits en vers ou en prose. ou vers, peu importe, la parole des penseurs de t , serrée, condensée comme à dessein et avec effort, tournant à l'aphorisme, visant à l’axiome. Elle n’écha happe pas à cette loi dans les traités spéciaux » dans les véritables livres. Mais des phrases librement construites en dehors des exigences d’un style périodique comme les anciens l’entendaient n’ont pas satisfait l'esprit des philosophes et des savants hindous; il ne lui a Pas suffi de réduire sa pensée à sa plus simple expression dans une stance , dans un distique. Il a voulu la renfermer Pin Inde peer" rem ( 293 ) dans des formules d’une concision et d’une obscurité algé- brique, des Soûtras ou fils (1); ces formules ne laissent aux mots qu’une valeur de convention, et à vrai dire, elle n’ont plus de style. Il n’est point de science au service de laquelle on wait mis en œuvre dans l’Inde une si étrange réduction du langage : on lavait fait pour la litur- gie, pour l’exégèse des textes sacrés; on le fit également pour la philosophie dans ses diverses branches et pour les sciences exactes venues tard et restées imparfaites. Mais c’est la grammaire, la science même du langage, qui exigea l'emploi le plus développé de cette méthode et qui en tira un immense profit. Les Hindous ont porté dans sa culture une rigueur et une précision qu’ils n’ont pas pra- tiquée ailleurs : là , semble-t-il, s’est réfugiée la puissance d'observation qui a fait défaut au même peuple en pré- sence des faits de l’histoire ou des réalités de la nature. La grammaire a constitué dans l’Inde une véritable science et par exception elle n’a point souffert des tendances idéalistes de la métaphysique ou des écarts de l’imagina- tion. C’est à des grammairiens que nous devons une ana- lyse minutieuse, mais profonde et systématique, de la langue sanserite , et, il faut le dire, une conviction plus complète de la beauté, de l'excellence de cette languedans . ses éléments aussi bien que dans son organisme. Que reste-t-il de l'exploration sommaire que nous venons d'achever de la littérature sanscrite dans son ensemble? L’ancienneté présumée de ses monuments a été (1) Le mot cependant a pris dans la bouche des Bouddhistes un autre sens , celui de discours ou prédications; c’est le titre que portent les ins- tructions courtes ou développées du maitre dans le recueil de leurs Ecri- lures. ( 294 ) réduite sensiblement par des recherches plus profondes; mais On aperçoit mieux qu'auparavant leur succession nor- male suivant les transformations intérieures d’une socièlé qu’on a représentée à tort comme inactive et immobile pen- dant les principales périodes de son histoire. L'étude de ces monuments rendra à la science un double service; elle montrera dans son vrai jour le prodigieux mouvement d'idées qui s’est produit incessamment chez une nation intelligente à l’aide d’une langue à la fois poétique et savante, et d'autre part, si elle ne change pas les bases de notre esthétique, elle fortifiera notre confiance dans la supériorité des notions sur le beau qui ont présidé à la culture littéraire des peuples modernes. C’est un profit incontestable que d’agrandir le champ de l'expérience , de mettre les opinions reçues à de nouvelles épreuves et de renforcer rationnellement l'autorité des théories les mieux accréditées. Une littérature originale , inconnue de nos ancêtres, est aujourd’hui sous nos yeux : elle a été créée et elle s'est développée dans une langue affiliée aux langues mères des idiomes que nous parlons. Déjà nous pouvons suivre du regard ses vastes proportions; nous jugeons de l'étendue de ses œuvres et de l'abondance des travaux qui en ont conservé fidèlement la lettre. Nous y apercevons . les reflets d’un climat étranger à nos régions tempérées aussi bien que l'empire de croyances opposées aux nôtres. Ce n’est pas un vain plaisir que le spectacle de ces Con- trastes : nous découvrons dans les ouvrages sanserils un certain fonds de maximes que tous les peuples se sont plu à exprimer, à polir, à orner; nous sommes frappés de la quantité d'images qui donnent à leurs tableaux un caractère neuf pour nous, un aspect véritablement grandiose. Nous P ele ES i mr EEE Fes ( 295 ) aimons surtout à y retrouver ces types de la nature humaine dont l’art a fait la copie fidèle dans tous les temps : fleurs qui ont germé, qui se sont épanouies sous le ciel d'Asie et sous le ciel d'Europe, sous les feux des tro- piques et à travers les glaces du Nord. L'histoire et la critique ne sont pas seules appelées à faire leur moisson dans un si vaste champ. La littérature contemporaine, européenne et transatlantique (car la lumière a passé de l’ancien monde dans le nouveau), n’a- t-elle à faire aucune récolte dans ces épaisses forêts de l'Inde qui renferment des arbres gigantesques couverts de fleurs odorantes , de magnifiques plantes enlacées les unes aux autres par une foule de gracieuses lianes? Déjà quelques imitateurs qui en ont visité les abords ont chargé leur palette de couleurs éclatantes; les simples récits de quelques voyageurs ont été lus comme des fragments d’une nouvelle et merveilleuse Odyssée; des scènes de la nature indienne ont été transportées par nos poëtes et nos romanciers dans diverses compositions avec une heureuse audace qui n’a pas été désavouée. Mais, avec cela, nous restons les gardiens de l'idéal que nos ancêtres nous ont transmis, héritage de l'antiquité accru du fécond labeur des siècles chrétiens : nous voulons que lunité plane sur les œuvres de l'esprit destinées à vivre; nous ne voyons point de beauté réelle, de beauté durable sans la mesure , point de grandeur sans l'harmonie des proportions. (296 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 6 septembre 1864. M. De Keyzer, directeur. M. An. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. F. Fétis, G. Geefs, Navez, Van Hasselt, J. Geefs, Ferdinand de Braekeleer, Fraikin, Partoes , Ed. Fétis, Balat, Payen , le chevalier de Burbure, J. Franck, membres. PROGRAMME DU CONCOURS DE 1865. = La classe s'occupe des dispositions à prendre pour son prochain concours. Les membres sont invités à faire par- venir, dans le plus bref délai, les énoncés des questions qu’ils auraient à proposer pour les concours de 1865 et 1866, afin que le programme puisse être publié après la séance du mois de novembre. M. le secrétaire perpétuel fait connaître qu'il a reçu dès à présent le projet d’une question qui lui a été adressée par son honorable confrère M. Alvin , pour l'exercice 1866; il donne lecture de cette question , d’un RE RS PE À Le jé aa ts ( 297. ) haut intérêt, qui concerne les principales méthodes de dessin qui ont été en usage depuis l'antiquité jusqu’à nos jours. La proposition de M. Alvin, avec les explications qui s’y rattachent, sera imprimée avant la prochaine séance et distribuée aux membres, afin qu’ils puissent l’apprécier. COMMUNICATIONS ET LECTURES. — + M. Ed. Fétis donne lecture du passage suivant d'une lettre qui lui a été adressée par M. Alexandre Pinchart, chef de section aux Archives du royaume. « On sait par les extraits des comptes publiés par le comte de Laborde , que Jean Van Eyck fut au service de Jean de Bavière, comte de Hollande, avant d’être nommé peintre de Philippe le Bon, par lettres patentes du 19 mai 1495. Or, je viens de retrouver aux Archives du royaume, à la Haye, dans les comptes du trésorier de Hollande, . la mention du payement des gages de Jean Van Eyck, depuis le mois d'octobre 1422 jusqu’au mois de septembre 1424, et la preuve que ce célèbre artiste habitait alors la Haye, où Jean de Bavière possédait un palais fort important. Le peintre avait son valet; il recevait 10 lions (de 2 gros la pièce) de gages journaliers. » ( 298 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Royaume de Belgique. — Documents statistiques, publiés par le département de l'intérieur , avec le concours de la Commission centrale de statistique, Tome VIII. Bruxelles, 1864; in-4°, Gachard. — Rapport à M. le Ministre de l’intérieur sur les travaux entrepris pour la formation du tableau des anciennes assemblées nationales dela Belgique. Bruxelles , 1864 ; in-8°. Spa; (poésie) par Ad. Mathieu. Bruxelles , 1864; in-12. Nève (Félix). — Calidasa, ou la poésie sanserite dans les raffinements de sa culture. Paris, 1864; in-8°. Decamps (Louis). — Contre-Projet de Code pénal, suivi du projet de Code pénal adopté par la Chambre des représentants de Belgique et des amendements proposés par la Commission de la justice du Sénat. Bruxelles et Liége, 1864 ; in-8°. Poullet (Edmond). — Sire Louis Pynnock, praticien de uvain, ou un maïeur du XVe siècle. Étude de mœurs €t d'histoire de la période bourguignonne. Louvain, 1864; in-8°. Broeckx (C.). — Notice sur Joseph-Pierre-Benoit Hoylarts. Anvers, 1864; in-8°. Revue universelle des arts, publiée par Paul Lacroix (Biblio- phile Jacob et M. C. Marsuzi de Aguirre,) X° année, 49° vol., n° 4, 5 et 6. Bruxelles, 1864;5 broch. in-8. , La Belgique, revue mensuelle, tome X°. Bruxelles , 1860; in-8°, Revue belge et étrangère, nouvelle série de la Belgique, tomes XI°, XII", XIIIe, XIVe, XVe et XVIe. Bruxelles, 1861- 1865, 6 vol. in-8°. Société numismatique. — Revue de la numismatique belge, 4° série, tome IE, 5° liv. Bruxelles , 1864; in-8°. ( 299 ) Bulletin des archives d'Anvers, publié, par ordre de l’ad- ministration communale, par P. Genard, tome Ie, 4" liy. Anvers, 1864 ; in-8°. Inscriptions funéraires et monumentales de la province de la Flandre occidentale, 37°, 58° et 39° livraisons. Gand, 1864 ; in-4°, Bulletin du bibliophile belge, tome XX, 1° et 9: cahiers, avril 1864; Bruxelles ; in-8°. Annales des travaux publics de Belgique, tome XXII, 1“ cahier. Bruxelles, 4864; in-8°. Journal historique et littéraire, tome XXXI, liv. 5 et 6. Liége, 1864; 2 brochures in-8°. Revue de l'instruction publique en Belgique, XW° année, n° 7 à 9. Bruges, 1864; 5 broch. in-4°. Essai de tablettes liégeoises ; par Alb. d’Otreppe de Bou- … Vette. 44° livraison. Liége , 1864; in-12. De Vlaemsche School, tydschrift voor kunsten, letteren, wetenschappen, oudheidskunde en kunstnyverheid, X* jarg., 15%-24%e aflev. Anvers, 1864; 10 feuilles in-4°. Le progrès par la science, 2° année, n°° 214 à 274. Bruxelles, 1864; 60 feuilles in-4°. Journal des beaux-arts et de la littérature, publié sous la direction de M. A. Siret, VI° année, n° 13 à 18. S'-Nicolas, 1864; 6 feuilles in-4°. L Abeille, revue pédagogique, publiée par Th. Braun, X° année, 4° à 6° livraisons. Bruxelles, 1864; 5 broch. in-8°. Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles. — Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie, 22° - année, 39° vol., juillet, août et septembre. Bruxelles, 1864; 5 cah. in-8°. Société de pharmacie de Bruxelles. — Bulletin, 8° année, n° 7 à 9. Bruxelles, 14864; 5 broch. in-8°. Annales de l’électricité et de l'hydrologie médicales, 5° vol., n° 4 à 6. Bruxelles, 1864; 5 broch, in-8". ee ( 300 ) Le Scalpel, 16° année, n°° 48 à 52, 17° année; n° 1 à 45. Liége, 1864; 18 feuilles in-4°. Annales d’oculistique, fondées par le d" Florent Cunier; XXVII’ année, tome 41, 4"° et 2° liv. Bruxelles, 1864; in-8°. La Presse médicale belge , 16° année, n°% 29 à 41. Bruxelles, 1864; 13 feuilles in-4°. Annales de médecine nier, XIIIe année, 7° à.9° cah. Bruxelles, 1864; 5 cab. Société de médecine e paiak — Annales, XXV° année, livr. de juin à septembre. Anvers, 1864; 5 broch: in-8°. Société de pharmacie d'Anvers. — Journal, 20° année; juillet à septembre. Anvers, 4864 ; 5 broch. in-8°. Société médico-chirurgicale de Bruges. — Annales , XXV" année , juin. Bruges, 1864; in-8°, L'Illustration horticole, tome XE, 7° et 8° livraisons. Gand, 1864; 2 cah. in-8°. i La eisim horticole, 8° et 9° livr. , août et septembre 1864; Liége ; in “ner Genootéthap van kunsten en wetenschappen in Noord-Brabant : — Handelingen over het jaar 1864. ’s Hertogenbosch , 4864; in-8. Société entomologique des Paidi: å Leide. — Tijdschrift voor entomologie, vol. VII. Haarlem , 1864 ; in-8°. Academici et universitas neerlandicae. — Annales, 1860- 1861. Leyde, 4863; in-4°. Académie des sciences de l’Institut de France. — Comptes rendus hebdomadaires des séances, par MM. les Secrétaires ` Perpétuels, tome LIX , n” 4 à 43. Paris, 4864 ; 15 eah. in-4°. Revue de l'instruction publique, de la littérature et des sciences en France et dans les pays étrangers, 24° année, n°14 à 26. Paris, 1864; 13 doubles feuilles in-4°. Nouvelle biographie sara: depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, publiée par MM, Firmin Didot frères, sous la direction de M. le docteur Hoefer, tome XLII. Paris, 1864; in-8e. Ms. N ( 301 ) Revue et magasin de zoologie pure et appliquée; recueil publié par M. F.-E. Guérin-Méneville , 4864 , n°° 7 à 9. Paris; 5 broch, in-8°. Institut historique de Paris. — L’Investigateur, XXXI° année, 556° et 357° liv. Paris, 1864; 2 broch. in-8°. Hesse (Eugène). — Mémoire sur les pranizes et les ancées et sur les moyens curieux à l’aide desquels certains crustacés parasites assurent la conservation de leur espèce. Paris , 1864; in-4°. ; Asselin (Alfred) et Dechaisnes (l'abbé C.). — Recherches sur Part à Douai, aux XIVe, XV° et XVI siècles, et sur la vie ét l'œuvre de Jean Bellegambe, auteur du retable d’Anchin. Paris , 1864 ; in-8°. Académie d'Arras. — Mémoires, tome XXXVI’. Arras, 1864; in-8°, Corblet (Jules). — Les dessins de J. Natalis. Arras-Paris, ; in-8°. Société des antiquaires de Picardie. — Bulletin, année 1864, n° 2. Amiens, 1864; 4 broch. in-8° Académie des sciences et lettres de Montpellier. — Mémoires; section des sciences, t. IV, 5° fascicule, et t. V. 1860-1865; — section de médecine, t. HI, 5°, 4° et 5° fascicules, et t. IV, 1° fas- cieule, 1860-1863; — section des lettres, t. III. 1859-1864. Montpellier; 7 eah. in-4°. Académie de Stanislas, à Nancy. — Mémoires, 1863. Nancy, 1864; in-8°. Vanarforsehenden nr in Bern. — Minétiéigèn, 1-552. Berne , 1865; in Se oii Ne tout Graubündens zu Chur. — Jahresbericht, neue Folge, IX Jahrgang (1862-1865). Chur (Coire), 1864 ; in-8°. MR chef naturforschenden Gesellschaft ;bei ihrer Versammlung zu Samaden. — Verhandlungen , 47 Versamm- lung 2%, 25 und 26 August 1863. Coire ; in-8°. ( 302 ) Société helvétique des sciences naturelles à Zurich. — Nou- veaux mémoires, tome XX. Zurich, 1864; in-4°. Naturw. Vereine für Sachsen und Thüringen in Halle. — Zeitschrift für die Gesammten Naturwissenschaften , redigirt om C. Giebel und M. Siewert. Jahrgangs 1865-1864, 22" und 25° Bandes. Berlin, 1865-1864; 2 vol. in-8°. Grunert (J.-A.). — Archiv der Mathematik und physik. XLII Theil, 1-2 Heftes, Inhaltsverzeichniss zu Theil XXVI bis XL. Greifswald, 1864; 3 cah; in-8°. Regia scientiarum universitas Hungarica. — Thèses inau- gurales, 1864. Pesth ; broch. in-4° et in-8°. Université de Tubingue. — Thèses académiques publiées pendant l’année 1863-1864. Tubingue ; 15 cah. in-8° et in-4°. Société royale des antiquaires du Nord, à Copenhague.— Mémoires, 1840-1844, 1850-1861. Copenhague ; 2 vol. in-8° ; — Atlas de l'archéologie du Nord , représentant des échantil- lons de l’âge de bronze et de l’âge de fer. Copenhague, 1857- 1860; 1° eah. in-folio et texte explicatif in-8°. Torma (Karoly). — Az Als6-Ilosvai római állótabor s müem- lekei. Helyirati vázlat (Résultats des fouilles faites, de 1858 à 1865, dans les ruines d’un camp romain à Alsô-Ilosvai, en Transylvanie). Kolozsvärtt, 1864; in-4°. Reale Istituto lombardo di scienze e lettere di Milano. — iconti : Classe di scienze mathematiche e naturali, vol. I, fasc. 6; classe di lettere, vol. I, fasc. 6. Milan, 186%; 2 broch. in-8°. Accademia virgiliana di scienze, belle lettere ed arti: — Lavori presentati nel? anno 1864. Mantoue, 1864; in-8°. De Berlanga (Manuel Rodriguez).— Monumentos historicos del municipio flavio Malacitano. Malaga, 186%; in-4° avec carte. Royal -Society of literature of London. — Transactions, second series, vol. VII. Londres, 1860-1862; 5 cah. in-8°. Linnean Society of London. — Transactions, vol. XXIV, sarl z Pan | CE CE M Lu NS A an MES ( 505 ) part the 2; 1863; 1 cah. in-4°. — Journal of the Proceedings : Botany , vol. VII, n° 27 et 28; vol. VIII, n° 29 et 50, 1865- 1864, 4 cah. in-8°; Zoology, vol. VIL, n° 27 et 28; vol. VII, n° 29; 5cah. in-8°.— Adress of George Bentham, esq., president together with obituary notices of deceased members , by George Busk , esq, secretary, on may 25. 1863, may 24, 1864. 1864; 2 cah. in-8°. — List of the council, fellows, ete., 1863; in-8°. Chemical Society of London. — Journal, july-september 1864. Londres, 1864 ; 5 cah. in-8°. Geological survey w India, at Calcutta. — Memoirs. Pa- laeontologia indica, II, 2-5. The fossil cephalopoda of the cretaceous rocks of southern India, by Ferdinand Stoliczka. Calcutta, 1864 ; in-4°. Zoological Society of London.— Transactions, vol. V, part 5. Londres, 1864 ; in-4°; — Proceedings of the scientific méetings for 1863. Londres , 1863; 3 cah. in-8°. The Reader, a review of literature, science and art, vol. IV, n° 82, 84, 85, 88, 89, 90, 91, 92,-94. lanier, 1864; 9 doubles feuilles in-4°. Smithsonian institution of Washington. — Contributions to Knowledge, vol. XIII. Washington, 1864; in-4°; —Annual report of the board of regents, showing the operations, ete., fort the year 1862. Washington, 1863 ; in-8° : — Smithsonian miscellaneous collections, vol. V. Washington, 1864; in-8°. Smithsonian miscellaneous collections. — Egleston (T.). — Catalogue of minerals, with their formulas ‚ete. Washington , 1863; in-8°; — Catalogue of publications of the smithonian Institution, corrected to june 1862. Washington , 1862; in-8° ; — Gibbs (George). — A Dictionary of the Chinook jargon, or trade language of Oregon. Washington , 1865; in-8°; — Leconte (John L.). — List of the coleoptera of North America. Part I, (n° 440 et 167). Washington ; 1865; 2 cah. in-8°; — List of foreign correspondents of the S eted (304) to january 1862. Washington , 1862 ; in-8° ; — Gibbs (George). — Instructions for research relative to the ethnology and philology of America. Washington , 4863; in-12. Academy of natural sciences of Philadelphia. — Journal, new series , vol. V, p. 4. Philadelphie, 4863; in-4° ; — Procee- dings , 1865. Philadelphie , 4863; 7 cah. in-8°. United states army medical museum at Washington. — Sickness and mortality of the army during the first year of the war. Washington (1864); in-8°. Bland (T.). — Remarcks on classifications of North Ame- rican helices, by european authors, and especially by H. et A. Adams and Albers. New-York, 1865 ; in-8°. American philosophical Society held at Philadelphia. — Proceedings, vol. IX, n° 70. Philadelphie, 1863; in-8°. How (Henry). — On natro-boro-calcite and another borate occuring in the gypsum of Nova Scotia. in-8°. Bache (A.-D.). — Records and results of a magnetic survey of Pensylvania and parts of adjacent States, in 4840 and 48H, with some additional records and results of 1834-55, 1845 and 1862, and a map. Washington, 4863; in-4°. Bache (A.-D.). — Additional researches on the codinal lines of the gulf of Mexico, with sketch. in-4°. Bache(4.-D.).— Notice of carthquake waves on the western coast of the United States, on the 23% and 25* december; 185%, with chart. Washington, in-4°. ; Hilgard (I.-E.). — Results of experiments for determining the length of the six-metre standard bar, and its rate expansion by heat, with chart. in-4°, Wisconsin. institute for the education of the blind, at Madison. — Fourteenth serge report of the trustees for the year 1865. npm 1865; in u (J.-W.). — ET of the flora of the arboni- ferous period in Nova Scotia. in-8°. Dean (John). — The gray substance of the medulla oblon- gata and OP aN, Washington , 1864; 2 cah. in-4°. ( 305 ) | American pharmaceutical association held in Baltimore. — Proceedings, 1863. Philadelphie, 1863; in-8°. | California Academy of natural sciences of San Francisco. { — Proceedings, vol, IL, 1858-1862. San Francisco, 1865 ; f in-8°. ; County Ackerbau-Gesellschaft zu Columbus, Ohio. -— Sie- benzehnter Jahresbericht der Staats- Ackerbau- Behorde von Ohio. an die General- mg für das Jahr 1862. Columbus (Ohio), 1865; in-8 Lyceum of natural Lie: of New-York. — Annals, vol. VII, n° 4. New-York, 1865; in-8°. Museum of comparative zoëlogy of Boston.— Annual report of the trustees, together with the report of the director (Agassiz), 1862. Boston, 4865; in-8°. Wislizenus (A.). — Atmospheric electricity, with additional remarks. St-Louis; in-8°. Wislizenus (A.). — Atmospheric electricity, temperature and humidity. S'-Louis; in-8°. Indiana institution for educating the deaf and dumb. — Twentieth annal report of the trustees and superintendant. Indianopolis, 1864; in-8°. Museum of comparative zoölogy at Cambridge (Mus). — Bulletin, 4863; — Annual report of 1865. Boston; 2 cah. in-8°. Geological survey of Michigan. — First biennial report of the progress of the survey, embracing observations on the aei us and botany of the Lower peninsula. kanio, 1861; cs Academy of arts and sciences of Boston. — Pro- ceedings , vol. VI, feuilles 41-12. Boston, 1865; in-8°. Winchell (Alexandre). — Salt manufacture of the Saginaw valley, Michigan. 1862; in-8°. Winchell (Alexandre). — On the saliferous rocks and salt Springs of Michigan. New-Haven, 1862; in-8°. | . E $ E E ( 306 ) Winchell (Alexandre). — Description of elephantine molars in the museum of the university (of Michigan). Ann Arbor, 1865; in-8°. Winchell (Alexandre). — Notice of a Small collection of fossils from the Potsdam Sandstone of Wisconsin and the Lake superior Sandstone of Michigan. New-Haven, 4864; in-8°. Winchell (Alexandre). — Descriptions of fossils from the Marshall and Huron Groups of Michigan. Philadelphie, 1862; in-8°. Winchell (Alexandre). — Descriptions of fossils from the Yellow Sandstones lying beneath the « Burlington Limestone » at Burlington , Jowa. Philadelphie, 1863; in-8°. The american journal of science and arts. — Second series, vol. XXXVIII, n° 145. New-Haven, 1854 ; in-8°. | | | pE BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1864. — No H. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 5 novembre 1864. M. ScHaar , président de l’Académie. M. Ap. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d’Halloy, Wesmael, Stas, De Koninck, Van Beneden, de Selys-Longehamps, Gluge, Nerenburger, Melsens, Liagre, Duprez, Brasseur, Poelman, Dewalque, Ernest Quetelet, membres; Schwann, Lamarle, associés; Donny, Coemans, Morren, corres pondants. ; 2%° SÉRIE, TOME XVIII. 21 ( 308 ) CORRESPONDANCE. : M. le secrétaire perpétuel fait connaître à la classe que M. le Ministre annonce le prochain envoi du buste en marbre de M. l'ingénieur Simons , destiné à faire partie de la collection académique. Le même Ministre fait parvenir pour la bibliothèque un exemplaire complet en 188 livraisons des Oiseaux de l Eu- rope, et les 34 premières livraisons des Lépidoptères de la Belgique, ouvrages publiés par M. Ch.-F. Dubois. — Le congrès scientifique et littéraire de Naples fait connaître qu’il se réunira depuis le 23 avril prochain jus- qu’au 7 mai prochain, et il invite les membres de l'Aca- _ démie à se joindre à l’assemblée. — L'Académie royale d'Amsterdam remercie pour l'en- voi des publications qui lui a été fait récemment. — La classe reçoit les observations sur l’état de la végé- tation à l'époque du 22 octobre, faites à Waremme par M. de Selys-Longchamps ; à Melle , près de Gand, par M. Bernardin, et à Bruxelles par M. Ad. Quetelet. — M. le docteur Crocq prie la Compagnie de recevoir le dépôt d’un paquet cacheté; ce dépôt est accepté et restera dans les archives Le secrétaire perpétuel présente les deux écrits suivants qui ont été soumis par leurs auteurs au jugement de l'A- cadémie. 4*.Considérations sur l'espèce, par M. Fr. Caris (Com- missaires : MM. Spring et Wesmael.) ( 309 ) 2° Observations tératologiques, par M. Alfred Wesmael, (Commissaire : M. Spring.) M. Wesmael fait en même temps hommage de dix ouvrages imprimés de sa composi- tion; ils seront déposés dans la bibliothèque. La classe renvoie à Ja commission du concours , déjà nommée précédemment, une note sur la question des aciers portant pour épigraphe : Ite, sine me, scripta in urbem. RAPPORTS. ms MM. de Selys-Longchamps et Wesmael, chargés d’exa- miner une notice devant servir de supplément à un mé- moire de MM. Van Beneden et Hesse sur les Bdellodes, demandent l'impression de cet écrit, et leurs conclusions sont adoptées. Sur une notice de M. Malaise, concernant le lambeau crétacé de Lonzée. Rapport de M. D'Omalius. « On sait qu’il existe dans la Belgique deux massifs de terrain crétacé, l’un dans le Hainaut, lequel est un pro- longement du vaste massif du bassin de Paris, l’autre qui s'étend des deux côtés de la ville de Maestricht. On con- naissait également deux petits lambeaux isolés de ce ter- rain, l’un à Francorchamps près de Spa, l’antre à Grez ( 310 ) en Brabant. Il y a quelques années que M. Malaise , pro- fesseur à l’Institut agricole de l’État, a découvert un troi- sième lambeau à Lonzée près de Gembloux. Il en pré- sente maintenant la description avec la liste des nombreux fossiles qu'il y a recueillis. Cette notice, ajoutant quelques faits nouveaux à la connaissance de notre sol, j'ai Phon- neur de proposer à la classe d’en ordonner l'insertion aux Bulletins. » Sur une notice de M. Malaise concernant l'existence de fos- siles siluriens dans le terrain primaire du Brabant. Rapport de M, D'Omalius. « Dumont avait considéré les terrains primaires du Brabant comme appartenant au groupe qu’il a nomm terrain rhénan, et qui est intermédiaire entre ceux que les auteurs appellent maintenant terrain dévonien et ter- rain silurien. Depuis lors, on a reconnu que des fossiles, recueillis à Grand-Manil près de Gembloux, et que leur mauvais état n'avait pas permis de bien déterminer, appar- tiennent à la faune silurienne. On conçoit que, dans cet état de choses, il était à désirer, pour parvenir au classe- ment définitif de ces dépôts, d’y découvrir de nouveaux gites fossilifères et un plus grand nombre d'espèces; c’est ce qu'a senti M. Malaise, professeur à l'Institut agricole de Gembloux, et ses recherches lui ont fait reconnaître quelques nouveaux gites fossilifères qui se prolongent jusque dans le canton de Soignies et qui ne laissent plus de doutes sur la nature silurienne d’une bande qui forme | | | | j $ i | a aa e an a M nl SC TE a a aaa ( 511 ) la bordure méridionale du massif primaire du Brabant. C'est là un résultat très-important pour la connaissance de notre sol, mais qui laisse encore à désirer d’autres renseignements sur la partie septentrionale du massif, d'autant plus que Dumont, qui rangeait la partie méridio- nale dans l’étage moyen du terrain rhénan , voyait l’étage inférieur dans la partie septentrionale. Il faut donc espérer que M. Malaise poursuivra ses recherches au nord de la bande où il a découvert ses fossiles et qu’il parviendra à ` lever les doutes qui règnent maintenant sur ces anciens dépôts; mais, en attendant, il convient de publier sa noce actuelle et j'ai, en conséquence, l’honneur de pro- poser à la classe d'en ordonner l'insertion aux Bulletins. » Sur un mémoire de M. E. Dupont, concernant les assises du calcaire carbonifère. Rapport de M. D’'Omalius. « L'Académie se rappellera que dans le nombre des communications qui lui ont été faites par M. E. Dupont, il en est une (1) où ce jeune géologue annonce avoir re- Connu , dans le calcaire carbonifère d’entre l'Escaut et la Roer, six assises successives qui se distinguent par leurs caractères paléontologiques et minéralogiques. Une ma- nière de voir aussi différente de celle qui avait été admise jusqu'alors a attiré l’attention de la Société géologique de (1) Bulletins, 1865, t. XV, p. 86. : (312) France, qui a exploré, l'année dernière, les bords dé la Meuse de Namur à Givet, et si quelques membres de cette société ont cru voir dans cette course la démonstra- tion des idées de M. Dupont, d’autres ont dit que lin- Spection d’une seule vallée ne suffisait pas pour justifier l'existence des lacunes, des plis et des failles auxquelles M. Dupont est obligé de recourir pour faire coïncider les faits observés avec les divisions qu’il a établies, mais qu'il fallait voir la manière dont ces divers accidents se pro- longeaient dans l’intérieur des plateaux’, afin d’être à même de juger si l’auteur ne s'était pas laissé séduire par les apparences d’une simple coupe. Il n’y avait qu’un seul moyen de répondre à cette objection, Cétait d'étudier à fond l’ensemble d’un des principaux massifs, d'en dresser la carte géognostique et de l'accompagner de nombreuses coupes destinées à expliquer comment des assises, plus ou moins éloignées dans l’ordre chronologique, se trouvent à chaque instant mises en contact. Tel est le travail que M. Dupont vient de s'imposer pour le massif de Falmi- gnoul, le plus complet, ou plutôt le seul complet, qui, selon l’auteur, existe dans le bassin carbonifère d’entre lEscaut et la Roer. . Je ne suis pas à même de vérifier l'exactitude de ce travail, il faudrait, pour atteindre ce but, faire des recher- ches qui sont au-dessus de mes facultés actuelles, mais je dois dire qu’il a toutes les apparences d’une œuvre sé- rieuse, que jusqu’à présent les objections que l’on a faites contre les opinions de M. Dupont ne leur ont , selon moi, porté aucune atteinte et que, dans tous les cas , il est indis- pensable , dans l'intérêt de la science, que la nouvelle notice de M. Dupont soit publiée avec la carte et les coupes qui l'accompagnent; j'ai, en conséquence, l'honneur de | | (313) proposer à la classe d'en ordonner l'insertion dans les Bul- letins. » Conformément aux conclusions de M. le rapporteur, les trois notices précédentes seront insérées dans le recueil des Bulletins. Pour les deux planches annexées au travail de M. Dupont, on aura égard à l’article 9 du règlement intérieur de la classe des sciences. Sur quelques dérivés de l'acide pyrotartr Tr par M. le D' Th. Swarts. Rapport de M. Sias. « La note de M. le D" Th. Swarts, répétiteur de chimie à l'université de Gand, intitulée : Sur quelques dérivés de l'acide pyrotartrique, renferme l'annonce de faits nouveaux très-importants. Partant des idées et des découvertes réa- lisées dans ces derniers temps par M. Kekulé, au sujet de l'addition directe de deux atomes d'hydrogène et de brome à certains acides organiques, M. Swarts s’est demandé si une molécule d'acide bromhydrique, d'acide chlorhy- drique , d'acide iodhydrique, les représentants directs de deux atomes d'hydrogène ou de brome, ou d’une molé- cule d'hydrogène et de brome libres, comme l'admettentau- Jourd’hui beaucoup de chimistes, ne s’unirait pas également à ces mêmes acides organiques. Il a, en conséquence, fait réagir sur l'acide it les acides bromhydri , Chlor- hydrique et iodhydrique : il a déterminé la combinaison directe de ces corps et il les a transformés aussi en acide mono-bromo-pyrotartrique, mono-chloro-pyrotartrique, ( 314 ) mono-10d0-pyrotartrique. Poursuivant cet ordre d'idées, il a recherché si le chlore lui-même, malgré sa tendance à en- lever de l'hydrogène aux matières organiques pour se mettre à sa place, ne jouit point de la faculté de s’additionner direc- tement à ces acides, comme le font l'hydrogène et le brome, et il a trouvé qu'il en est réellement ainsi. L’acide itaconique se combine en effet à deux atomes de chlore pour donner naissance à de l'acide bichloro-pyrotartrique. La communication de M. Swarts a uniquemént pour but de prendre date, afin de pouvoir continuer ses recherches sans être devancé par d’autres chimistes. Quoiq renferme aucune donnée analytique à l’appui des faits an- noncés par l’auteur, je suis cependant complétement ras- suré sur leur exactitude; je n’hésite donc pas à proposer à l’Académie d'imprimer la notice de M. Swarts dans le bul- letin de la séance et de l’engager à poursuivre ses recher- ches, qui doivent nécessairement conduire à des considé- rations très-importantes. » Conformément aux conclusions de ce rapport, la classe ordonne l’insertion-de la notice de M. Swarts. MM. Duprez et Plateau avaient été priés d’examiner différents écrits, nouvellement communiqués à la classe, par MM. Brachet et Vallée, sur les aérostats et les ques- tions qui s’y rapportent: conformément aux rapports des commissaires , ces écrits seroñt déposés dans les archives, et des remerciments seront adressés aux auteurs. ( 345 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur les aérolithes, et spécialement sur ceux observés à Athènes par M. Jules Schmidt; note communiquée par M. Ad. Quetelet. Il est une classe de météores qui intéresse vivement le naturaliste et l’astronome, c’est celle des étoiles filantes; des aérolithes, des bolides , ete. Convient-il, en effet, de les confondre ou doit-on les considérer séparément? Les opi- nions diffèrent encore à cet égard, bien qu’on soit à peu près d'accord sur l’origine cosmique de ces météores. | Je viens de recevoir de notrel bl ié, M.W. Hai- dinger, une lettre rapportant une série d'observations faites récemment à Athènes par M. Jules Sehmidt; elle mérite toute attention des observateurs, car elle traite de quel- ques propriétés auxquelles on a eu peu égard jusqu’à pré- sent. « M. Schmidt vient de m'envoyer, dit ce savant , un travail du plus haut intérêt sur certaines relations numé- riques entre les nombres de météores lumineux de la grandeur la plus considérable, comparés au cas de déto- nations, de chutes de matières solides, de traiînées ou queues et de différentes couleurs des météores, et com- parés encore à la hauteur de l'atmosphère réfléchissante. M. Schmidt avait con tinué, sur ce dernier point scientifique, un travail pendant trois années à Olmutz (de 1856 à 1858), et pendant cinq années à Athènes (de 1859 à 1864), d’après - la méthode d’Halhazen, depuis le commencement jusqu’à la fin du crépuscule, travail dont il a été donné les détails ( 316) dans les Astronomische Nachrichten. Il trouve le maximum de hauteur en hiver 10,34 lieues géographiques (3400 à l'équateur ) pour le 1° décembre, et le minimum en a été 7,70 lieues pour le 4° juin et le 1° juillet, entièrement d'accord avec les plus grandes et les plus petites hauteurs du baromètre, » Il jette. an coop d'œil sur we Pory Mi dé- duit 323 chutes d'aérolithes, et 575 queues. 2,575 météores me une couleur blanche, 63 jaune, 112 rouge, et 200 une couleur verte; ils étaient distribués sur les douze mois de l'année. » De ces rapprochements, M. Schmidt fait ressortir les résultats suivants : » 4° Le maximum des étoiles filantes et bolides répond au minimum des détonations. ; » 2 Lorsqu'on observe le plus grand nombre des étoiles filantes et des bolides, aux mois d’août et de novembre, les chutes arrivent le plus rarement. » 5° Le maximum absolu des queues se rencontre au mois d'août, alors qu'on observe aussi le plus grand nom- bre de météores ; le minimum, au mois de mai, s'accorde avec le plus grand nombre de chutes. On dirait que plus R combustion est complète et plus on observe de queues, tandis que les chutes ont lieu plus rarement. » 4° Le maximum des couleurs rouge et verte appar- tient à l'été; le minimum à l'hiver et au printemps. » M. Séhinidt insiste sur la nécessité de multiplier les bonnes observations, afin de pouvoir arriver à des résultats basés sur des nombres et dégagés de considérations pure- ment hypothétiques. Il insiste aussi sur les nombres des météores d’après leur couleur spéciale. Sur environ 16,000 étoiles, il a pris 5,671 fois note des couleurs : 4,300 étaient - ( 517 ) blanches , 905 jaunes, 320 rouges, 146 vertes; c'est-à-dire qu'il y en avait sur cent 75,8 blanches, 15,9 jaunes, 5,7 rouges et 2,6 vertes. » Enfin M. Schmidt donne un tableau pour les valeurs comparées au temps moyen de leur durée. Depuis 1861. Avant 1861. MÉTÉORES. D A SĀ Durée, Nombre Durée. Nombre er d'observations. d'observations. DANCE. 05675 729 0592 Jaunes, . . . 0,921 255 1,05 106 Rouges. . . . 41,905 81 1,51 20 DR ile OT. 52 1,85 17 » Pour la durée des météores verts, le nombre se trouve augmenté par l'observation du 18 octobre 1863. Si Pon retranche cette dernière, il ne reste que 2,584, moyenne de 351 observations. Note sur le terrain crétacé de Lonzée; par M. C. Malaise, docteur en sciences, professeur à l'Institut agricole de l'État, à Gembloux, Le terrain crétacé apparaît à Lonzée, sur la rive droite de l’Harton (1 (1), où il forme, le long de ce ruisseau, une nde se dirigeant du sud-ouest au nord-est. Il ne m'est Connu que sur environ huit cents mètres de longueur, et par quelques fosses d’où on retire, à certaines époques de l'an- née, vers mars et septembre surtout, une marne argileuse glauconifère , employée, telle qu’elle est extraite, comme matière colorante verte; ou bien elle est coupée en paral- (1) Au nord de l'ancienne abbaye d'Argenton. ( 518 ) lélipipèdes qui sont envoyés à Grez-Doiceau, où, après avoir subi une certaine préparalion et avoir été débarrassée des matières étrangères , débris de coquilles, ete. , elle est également employée comme matière colorante. Cette terre, ou marne argileuse glauconifère, est de couleur vert foncé. Elle est onctuense au toucher lors- qu’elle est fraiche; elle happe à la langue lorsqu'elle est sèche, et fait effervescence dans les acides. Elle renferme différents fossiles dont voici la liste : Reptiles. Dents de Mosasaurus. Poissons. , Dents de Ptychodus polygyrus Ag. Corax falcatus Ag. — Pristodontus Ag. Oxyrhina Mantellii Ag. Lamna acuminata Ag. — raphiodon Ag. Otodus appendiculatus Ag. Vertèbres indéterminées. Céphalopodes. Belemnitella quadrata d'Orb. era d'Orb, Gastéropodes. Turritelle sp., moule intérieur (1). ——— Lu Qu'il me soit permis de remercier M. T qui a eu l'extrême obli- eance de contrôler plusieurs ups doute (319) Lamellibranches. Inoceramus Cuvieri d'Orb. Janira striato-costata Goldf. ` — quadricostata d'Orb. ; Spondylus striatus Goldf. Ostrea carantonensis d’Orb. — haliotidea Sow. — santonensis d'Orb. — lateralis Nils. — sp.2 Cette couche de marne argilo-glauconifère, qui repré- | sente ici le terrain crétacé, remplit les dépressions du Silurien altéré. Sa puissance varie de 0",20 à 0®,60 et rare- ment elle atteint 0",80. Elle repose donc sur les roches | Siluriennes, qui ont donné lieu, par altération, à une espèce d'argile blanchâtre renfermant des fragments schisteux . | et de nombreux cristaux de pyrite, transformés pour la | Plupart en limonite épigène. La couche a un mètre de | puissance. ; | | Le crétacé commence par un peu de sable glaueonifère, 0",02, et quelques grandes huîtres : Ostrea carantonensis g b., O. conica Sow., O. haliotidea Sow., et une grande espèce que M. Nyst croit être nouvelle; Spondylus striatus Goldf. et quelques fragments de Belemnitella vera d'Orb: | On a ensuite la couche de marne glauconifère, qui est | divisée en deux, d’une manière assez peu régulière, par | une couche de 0™,02 à 0",04 de débris coquilliers appar- tenant surtout au genre Janira. La terre verte est fort argileuse en dessous de cette zone; au-dessus elle devient ( 320 ) un peu sableuse et renferme, à la partie supérieure, une petite couche coquillière dans laquelle dominent : Ostrea semi-plana Sow. et Inoceramus Cuvieri d'Orb. On y trouve aussi la Belemnitella quadrata Orb. Des dents de pois- sons appartenant à différents genres sont disséminées dans toute la masse, ainsi que divers débris coquilliers. Le tout est terminé par un faible dépôt de silex noi- râtres de la grosseur du poing. Au-dessus commence le système bruxellien, formé à la base de sables glauconifères qui passent à un sable jau- nâtre à grès fistuleux. Vient ensuite un faible dépôt caillouteux diluvien, puis le limon , enfin la terre végétale. Cette formation crétacée présente dans sa partie infé- rieure des caractères paléontologiques qui doivent la faire ranger dans le cénomanien; tandis que la partie supé- rieure à la couche, de 0",02 à 0",04 de débris coquilliers de Janira, etc. , offre des fossiles sénoniens. Placé entre les massifs du Hainaut et du Limbourg, le _ lambeau crétacé de Lonzée présente des caractères qui le rattachent, aux deux, quoique, minéralogiquement, il ne soit identiquement semblable à aucune des formations de ces deux massifs. Ainsi, pour la partie inférieure, ses caractères paléontologiques et minéralogiques le rap- prochent de ce que Dumont a désigné, dans le Hainaut (à Gussignies et à Autreppe, ete.), sous le nom de système nervien; tandis que sa partie supérieure présente des caractères qui l’identifient à la craie sénonienne glauconi- fère inférieure à la craie blanche. (321 ) Sur l'existence en Belgique de nouveaux gites fossilifères à faune silurienne ; par C. Malaise , docteur en sciences , professeur à l’Institut agricole de l’État, à Gembloux. L'existence de fossiles siluriens à Grand-Manil près de Gembloux étant constatée d’une façon authentique, je crois qu’il est de quelque intérêt de signaler de nouveaux gites fossilifères à faune silnmienne dans le massif primaire du Brabant. Pour me guider dans les recherches que j'ai entreprises, j'avais cette phrase de Dumont (1) : « Les phyllades simples et quartzeux sont parfois fossi- » lifères. Les localités où on les observe sont : entre Re- » becq et la ferme Grande-Haie, au nord de la ferme » Petite-Haie, à Chenois, au sud et au nord du château » de Fauquez, au nord-ouest et près de Nivelles, à Grand- » Manil près de Gembloux. » Ces phyllades fossilifères sont aussi pyritifères, et, très- fréquemment, on y trouve soit des cristaux de pyrite, qui parfois tapissent le moule des empreintes (Fauquez), plus souvent la pyrite s’est transformée en limonite pulvéru- lente, qui laisse dans la roche des moules cubiques. Les roches fossilifères, phyllades passant souvent aux PSammites, présentent quelques variétés de couleur, soit grisâtre, soit bleuâtre, ou sont bigarrées de bleuâtre et de grisâtre; elles sont presque toujours pailletées. Ainsi que Dumont l’avait remarqué, les fossiles sont ordinaire- ment recouverts d’un enduit limoniteux brunûtre. (1) A. Dumont, Mémoire sur les terrains ardennais et rhénan, etc., MÉM. DE L’ACAD. ROY. DES SCIENCES DE BELGIQUE, t. XXII, p. 268. ( 522 ) Gites de Grand-Manil. — Outre le gîte déjà signalé et situé à un demi-kilomètre au sud-ouest de Gembloux et au nord du typhon d’eurite, sur la rive gauche de l'Orneau, le seul qui, jusqu’à présent, avait fourni des fossiles'silu- riens, j'ai encore rencontré, à environ huit cents mètres à lest de ce point, dans deux endroits différents, des traces de fossiles siluriens. J'ai retrouvé les mêmes fossiles en assez grande quantité sur la rive droite de l’Orneau, dans le prolongement des couches fossilifères de la rive gauche. Elles y-oceupent la même position par rapport à l’eurite, qui se retrouve éga- lement sur cette même rive. | Gites de Rebecq-Rognon. — Phyllades moins compactes, moins quartzeux, plus feuilletés qu'à Grand-Manil, de couleur grisâtre , légèrement feuilletés : 1° entre Rebecq et la ferme Grande-Haie; 2 au nord de la ferme Petite- Haie: ce n’est que la prolongation des couches du gite pré- cédent. - Plusieurs brachiopodes, un pygidium de Calymene , un Pygidium et un thorax d'Encrinurus, un fragment de tête de Trinucleus. rites de Fauquez. — Le château de Fauquez, com- mune d'Ittre, se trouve près du canal de Bruxelles à Char- leroi. La roche fossilifère est située au nord du château (1); — å ep S a EA E. .… 4) A partir de ce point, si l'on se dirige au sud, vers Ronquières, par la rive droite de la Sennette, on peut observer que les roches siluriennes “plo au nord-nórd-est , de même que les phylladés fôssilifères. À en- viron six eents mètres vers le sud , on arrive à une roche porphyroïde très- „fissurée et signalée par Dumont sous le nom de chlorophyre schistoïde, “ qu'une petite carrière, ouverte tout récemment, permet de bien exami- . ner. En continuant ers le sud, tr 1 hes si s inclinées au sud-sud-ouest, inclinaison qu'elles conservent jusqu'au delà éilnriennes ss: aiaa ( 325 ) elle est de couleur grisètre, parfois bigarrée de grisàtre et généralement pailletée. Elle wa fourni, outre des bra- chiopodes analogues à ceux de Gembloux et différents po- lypiers : un pygidium de Calymene, deux fragments de tête de Trinucleus, une portion de tête de Lichas. Au sud du château, dans du phyllade gris bleuâtre, une valve d’Orthis. Au Chenois près d'Hennuyères, dans du phyllade gris noirâtre pâle, un seul Orthis analogue à une espèce de Grand-Manil. Je n’ai pas rencontré de fossiles au sud-ouest de Nivelles, mais l’aspect des roches m’autorise à croire, d’après la parole du maître, qu’il doit y en avoir; si je n’en ai pas trouvé, c’est que, probablement je ne suis pas arrivé sur la couche fossilifère. Toutes ces eouches sont remarquables par la grande quantité de brachiopodes, surtout d’Orthis, que l'on y rencontre, espèces figurées dans la Siluria de sir Rode- rich Murchison (1), comme caractéristiques du Caradoc sandstone, tels que : Orthis testudinaria Dalm., O. elegun- tula Sow., O. calligramma Dalm., O. flabellulum Sow., 0. vespertilio Sow., O. grandis, ete. Dans les différents gites, on trouve plusieurs formes qui se rapportent à ces divers types. Quoique ces gites offrent souvent les mêmes espèces, il arrive fréquemment de Ronquières, Le même fait se présente sur la rive gauche de la Sennette où les roches siluriennes présentent également une inclinaison diamé- tralement opposée au nord et au sud de la roche porphyroïde. (1) Voir Siluria de Sir Roderich Murchison , édition de 1859; les plan- ches 5 et 6 des principaux fossiles siluriens reproduits d’après le Silurian System. 2€ SÉRIE , TOME XVIII. 22 L ( 324 ) que telle espèce qui domine dans un endroit est très-rare dans un autre. Si Pon relie entre eux les différents points fossilifères, on remarque qu'ils se trouvent sensiblement dans le prolon- gement d’une ligne droite dirigée du sud de Rebecq-Ro- gnon vers le Chenois, Fauquez, Nivelles et Grand-Manil, et, de plus, que tous ces gîtes se trouvent dans le voisinage de roches plutoniennes ou réputées telles. L'existence de ces gîtes porte à supposer que le massif rhénan du Brabant appartient en totalité au silurien. En admettant cette opinion , on peut s'expliquer la différence qu'il présente avec le massif rhénan de l’'Ardenne. Dans le premier, les roches à faune silurienne sont en stratification discordante avec la partie inférieure de l’anthraxifère de Dumont, qui correspond au dévonien, tandis que le massif de l’Ardenne à faune dévonienne est en stratification con- cordante avec l’anthraxifère. ns Note sur quelques dérivés de l'acide Pyrotartrique; par M. le docteur Théodore Swarts, répétiteur à l’université de Gand. : Le travail que j'ai l'honneur de soumettre à l'apprécia- tion de l’Académie est bien loin d’être aussi étendu et aussi complet que j'espère le rendre un jour. Si je me décide à le publier, c’est, d’une part, afin de me réserver la priorité dans ces recherches, qui promettent de m'occuper quelque temps encore, et, d’un autre côté „pour faire connaître certaines réactions qui ne me paraissent pas complétement dénuées d'intérêt, RARES EPEA E E a ee mére sont 4 OPEN TE d À $ k | i i y f f $ À $ $ ( 525 ) A l'époque où M. Kekulé fit la découverte remarquable de l’addition de l'hydrogène et du brome aux substances dont les affinités sont incomplétement saturées, les chi- mistes s’emparèrent à l’envi de la nouvelle méthode dont l'éminent professeur avait enrichi la science, et une foule de réactions, même parmi celles qu’il avait annoncées comme devant faire l’objet de ses recherches ultérieures, ne tardèrent pas à être publiées : amalgame de sodium et le brome furent les deux réactifs qui envahirent un jour tous les laboratoires. Mais l'on ne songea pas que, en de- hors de ces deux substances, il en est une foule d’autres qui doivent se comporter de la même manière ; et à part les additions d’eau oxygénée et d'acide hypochloreux de M. Carius, qui se rapportent à un ordre d'idées un peu différent, puisqu'il s’agit ici de corps appartenant au type de l'eau, on n’a pas publié, que je sache, de réactions - analogues. Cependant l'hydrogène et le brome doivent être considérés comme les termes extrêmes de l'échelle des Substances acides monoatomiques, dont le brome Br Br, ou plutôt le chlore CZ Cl, occupe le sommet et l'hydrogène HH la base; et comme entre eux vient se placer toute une série de corps acides appartenant au type HCL, il était juste de penser que chacun des termes de cette série se Combinerait, par addition directe, aux substances où la saturation des affinités offre des lacunes et sur lesquelles M. Kekulé avait fixé l’hydrogène et le brome. La présente Communication renferme l’exposé sommaire des expé- riences que j'ai tentées dans cette direction et que je me Propose d'étendre et de compléter dans la suite. : = mie G H, G ( 326 ) Acide ita-monobromo-pyrotartrique. Si l’on chauffe l’acide itaconique avec de l'acide bromhy- drique fumant, en vases clos ou à la pression ordinaire , il y a addition directe des deux substances : on obtient des mamelons cristallins peu solubles dans l’eau froide, qu'on obtient, après quelques cristallisations, sous forme de cris- taux parfaitement blancs et purs et qui ont une grande ten- dance à se grouper en étoiles. Ils offrent beaucoup de ressemblance extérieure avec l'acide pyrotartrique. L'analyse leur assigne la formule C, H, Br 6, qui est celle de l'acide pyrotartrique monobromé. Conformément aux principes de la nomenclature proposée par M. Kekulé pour ce genre de corps, j'ai appelé la nouvelle substance acide ita-monobromo-pyrotartrique. Elle fond à 130° : une fois fondue, elle ne se résolidifie | qu'après un temps fort considérable. Le nitrate d’argent ne l’altère pas à froid : à la tempéra- ture de l’ébullition, il la décompose avec élimination d’acide bromhydrique. Acide ita-monochloro-pyrotartrique. L'acide chlorydrique réagit sur l'acide itaconique comme le fait l'acide bromhydrique ; toutefois la réaction se fait avec beaucoup moins de facilité, L'union n’a lieu qu’à la faveur d’une caléfaction prolongée pendant quelques heures dans des tubes scellés à la lampe, et à la température de 160°. Dans ces conditions, la réaction est tout à fait nette. Le produit est en tout semblable, par ses propriétés exté- Se à l'acide ita-monobromo-pyrotartrique : il fond L'analyse a donné des nombres qui conduisent à la for- ( 327 ) Le nitrate d'argent se décompose à l’ébullition avec for- mation de chlorure. L’oxyde d'argent réagit même à la . température ordinaire, en donnant du chlorure et un sel d'argent peu soluble à froid, assez soluble dans l’eau bouil- lante. Comme il n’y a ici que deux réactions possibles, soit élimination pure et simple d'acide chlorhydrique , soit sub- stitution du groupe H@ à la place du chlore, ainsi que le montrent les formules suivantes : Acide Acide ila-monochloro-pyrotartrique. ilaconique. G;H, CO, + Ag HO = Ag Cl + H, O + 64,6, Nouvel acide. €; H, CI O, + Ag HO = Ag CI + G,H,0,, et qu'en outre, je me suis assuré que le sel d'argent produit et qui cristallise en petits cristaux brillants groupés en croix, est complétement différent de l’itaconate, je pense que ce sel appartiendra à un acide homologue de l'acide malique. Son étude m'occupe en ce moment. Acide ita-mono-iodo-pyrotartrique. L’acide iodhydrique se combine également à l'acide ita- conique par une ébullition prolongée pendant quelques eures ; mais il importe de prendre les deux substances dans le rapport de leurs poids moléculaires. On obtient alors de petits cristaux jaunes, mamelonnés, peu solubles dans l’eau et dont la purification est extrêmement difficile. Purs, ils sont tout à fait blancs. Ils fondent à 135° et se décom- posent vers 180° en donnant des vapeurs d'iode. Le nitrate d'argent les décompose déjà à froid, avec for- mation d’iodure. ( 328 ) Si dans la préparation de l'acide ita-mono-iodo-pyrotar- ‘trique on emploie un excès d’acide iodhydrique, ou, ce qui revient au même, si l’on fait agir ce réactif sur cette sub- stance, on obtient la réaction que M. Kekulé a observée pour d’autres acides iodés : il s’élimine de l’iode et l’hy- drogène en prend la place. J'ai obtenu ainsi de l'acide py- rotartrique parfaitement caractérisé par l’analyse, par son point de fusion (112°) et par les propriétés de ses sels de chaux, de plomb et d’argent. Les corps iodés offrent des propriétés tout à fait remar- quables. M. Kekulé les a formulées en disant que l'iode était analogue au chlore et au brome, mais que ses pro- . priétés étaient de signe contraire. Partant de là, j'ai fait une expérience assez curieuse. Si le chlore et le brome ont la propriété d’entrer dans les substances où la satura- tion des affinités offre des lacunes, il faut que l’iode refuse de se comporter de la même manière; je dirai même plus, il faut qu’il sorte directement des substances sa- turées bi-iodées qui ont des correspondants à deux la- cunes. Ainsi l’acide itaconique ne pourra non-seulement se combiner jamais à l’iode par addition directe; il faut encore que si, par une réaction quelconque, on parvenait à faire l'acide bi-iodo-pyrotartrique, cet acide se décom- posât en donnant de l'acide itaconique avec mise en liberté d'inde. L'expérience a pleinement confirmé mes prévi- sions : tous les efforts tentés pour unir l'acide itaconique _ à Piode libre ont été vains. Mais, ne voulant pas me fier ce résultat négatif, j'ai fait une réaction qui aurait dû ee Pacide bi-iodo-pyrotartrique, S'il avait pu exister. ‘ai chauffé de l’acide ita-bibromo-pyrotartrique avec de falin de potassium. Il s’est formé du bromure, ainsi qu'un abondant dépôt d'iode, et j'ai obtenu des cristaux | | | | | | | EE CS e ER 1 | ( 529 ) parfaitement définis d’acide itaconique dont l'analyse et l'examen des propriétés ont pleinement constaté l'identité. Acide ita-bichloro-pyrotartrique. A l’occasion des expériences que je viens de décrire, J'ai additionné également le chlore libre à l'acide itaconi- que. Le corps nouveau est très-soluble dans l’eau et se dépose d’une eau mère syrupeuse. Toutefois il cristallise en cristaux d’une beauté et d’une grandeur remarquables. Sa solution se décompose déjà à l’ébullition. Il se prête moins avantageusement que le corps bibromé correspon- dant à la préparation de l’aconate de soude. Je me propose d'examiner plus au long les corps que je viens de décrire rapidement et d’exécuter sur eux les réac- tions que la théorie permet de prévoir. Bien d’autres substances encore doivent s'unir à l’acide itaconique. L’addition des molécules acides Br Br et BrH, etc., permet de prévoir l’addition de quelques autres corps, tels que Br CI, ICI, ete., que je me propose de tenter également. Bien plus, des molécules acides appartenant au type HC? et d’une constitution plus complexe, tels que le chlorure d’acétyle, s’additionnent aussi , ainsi que je mwen suis assuré par l'expérience. Toutefois la réaction n’est pas aussi nette que celles que je viens de décrire; je suis encore en train de l’étudier : elle permet de prévoir l'existence de corps tout à fait curieux. L'addition de molé- cules complexes n'offre rien d'étonnant : l'addition de l'acide hypochloreux de M. Carius s'explique du reste tout aussi bien que celle de l'acide chlorhydrique, si l'on considère ce corps comme le chlorure du radical (H6-)’, (H-6-)'CI analogue à HCI. Il est à présumer que l'addition n’est possible que pour ( 550 ) les substances acides placées dans l'échelle au-dessus de l'hydrogène, c’est-à-dire entre l'hydrogène et le chlore. Tous les corps métalliques, et j'en ai essayé plusieurs, refusent de s’y combiner. Il en est de même des éthers chlorhydriques, etc., qui se bornent à éthérifier l'acide. Mes expériences ont porté spécialement sur l'acide ita- conique. L’acide citraconique soumis aux mêmes agents devient acide mésaconique; même le bromure de méthyle produit cette transformation, qui me paraît générale à tous les acides, Quant à l’acide mésaconique, il se comporte comme l'acide itaconique; mais la réaction est très-incom- plète et le produit sé purifie difficilement. J'aurais pu essayer l'acide fumarique; mais, d’après des expériences de M. Kekulé, la réaction est loin d’être aussi nette qu'avec l'acide itaconique. — La classe s'est occupée ensuite, en comité secret, des listes qu’elle avait à compléter pour les prochaines élec- tions. DES USE ie De PT T ( 351 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 7 novembre 1864. M. Gacrar», directeur. M. An. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Grandgagnage, de Ram, Roulez, Borgnet, le baron de Saint-Genois, David, De Decker, Snellaert, Haus, Bormans, M.-N.-J. Leclercq, Baguet, Arendt, Ducpetiaux , le baron Kervyn de Lettenhove, Chalon, Ad. Mathieu, Thonissen , membres ; Nolet de Brau- Were van Steeland, associé; Th. Juste, Defacqz, Guillaume, Correspondants. MM. Alvin et F raikin, membres de la classe des beaux- arts, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. La classe apprend avec douleur la mort de M. C.-C. Rafn, Pun de ses associés, décédé à Copenhague, le 20 octobre 1864. — M. le Ministre de l'intérieur demande une inscription | Pour le monument des comtes d'Egmont et de Hornes, (332 ) | j qui sera érigé sur la place de Phôtel de ville, à Bruxelles, e et dont l'inauguration aura lieu le 16 décembre prochain. M. le secrétaire perpétuel fait connaître à cette occasion que, vu le rapprochement de cette époque, il s’est adressé aussitôt à M. Roulez, qui a bien voulu rédiger immédiate- ment divers projets d'inscription. Le même Ministre fait parvenir, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire des tomes XIV à XX du Bulle- tin du bibliophile belge. — Remereiments. — Le secrétaire perpétuel fait connaître qu'il a reçu du gouvernement français les premiers volumes de la Corres- pondance de Napoléon 1”, et qu’il s’est empressé de lui faire connaître, d’après sa demande, la maison de Pans où pourront être déposés désormais les volumes destinés à l’Académie royale de Belgique. — M. Ch. Stallaert, qui a bien voulu enrichir la bi- bliothèque de plusieurs, manuscrits provenant de Des Roches, ancien secrétaire perpétuel de l’Académie, adresse ses remerciments- pour les publications qui lui ont cte remises de la part de ce corps savant, comme temoi- gnage de reconnaissance. — M. Thonissen , membre de la classe , présente un tra- vail manuscrit intitulé : Sur Porganisation judiciaire, les lois pénales et la procédure criminelle de l'Égypte an- cienne. (Commissaires : MM. Leclereq, Ch. Faider et Defacqz.) — Le sixième volume des Œuvres de Chastellain est déposé, et des remerciments sont adressés à l'éditeur, M. le baron Kervyn de Lettenhove. Ce savant annonce qu’il re- mettra bientôt à M. le secrétaire perpétuel une notice bio- ( 555 ) graphique sur l’abbé Carton, membre de l’Académie, pour t] être insérée dans l’ Annuaire de l’Académie pour 1865. bay — La classe examine les divers pojets d'inscription , qui lui sont communiqués par M. Roulez, pour le monument | | des comtes d’Egmont et de Hornes, et discute d’abord la = question de savoir quel idiome il serait préférable d’em- ployer, la langue dans laquelle l'inscription doit être rédigée ne se trouvant pas indiquée dans la demande faite par M. le Ministre. La majorité de la classe a été d’avis qu’il convenait d'employer les langues modernes, et l’inserip- tion , rédigée tout à la fois en français et en flamand , a été adoptée dans les termes suivants : i AUX COMTES : á D' EGMONT ET DE HORNES "1 CONDAMNÉS A MORT PAR SENTENCE DU DUC D'ÂLBE À ET DÉCAPITÉS SUR CETTE PLACE LE D JUIN 1568. L'inscription flamande serait : DEN GRAVEN VAN EGMONT EN van HORNES TER DOOD VEROORDEELD BY VONNIS DES HERTOGEN VAN ÅLVA EN TE DEZER PLAAST ONTHOOFD DEN den juny 1568. Ce double projet d'inscription sera adressé à M. le Mi- nistre de l’intérieur et des remerciments sont adressés à M. Roulez pour l'obligeance qu'il a eue de se charger de ce travail. (334) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Variétés historiques (1); par M. Gachard, membre e l’Académie. XX. Opinion du cardinal de Granvelle sur l'alchimie. L’alchimie, au seizième siècle, jouissait d’une grande vogue : ce n'était pas seulement le vulgaire qui y avait foi ; beaucoup d’esprits supérieurs partageaient cette croyance, et les princes mêmes entretenaient des alchimistes auprès d'eux, dans l'espoir d'en obtenir d’inépuisables trésors. Le cardinal de Granvelle n’était pas de ceux que la théorie de la transmutation des métaux eût séduits; une lettre de lui que j'ai trouvée ew fournit la preuve; elle est écrite aux président et membres du conseil de Flandre : « Messieurs, > leur dit-il, j'ay, par le soub-greffier de vostre conseil, > receu voz lettres du xmn® de ce mois. Et pour satisfaire » à ce que vous désirez sçavoir si je say à parler de la , » Cause pour laquelle monsieur le duc de Savoye feist dé- » tenir prisonnier , au chasteau de Vilvoirde, ung Laurent » du Vergier, qui se dict médecin distillateur , je ne me >» souviens den avoir jamais ouy parler, pour ce que, en » telle chose de distillations et alchimies, ceulx qui s’en (1) Voirles Bulletins de l'Académie , {re série, t. XIX, 3° partie, p. 168; t. XX, fre partie, p. 442; 2e série, t. [er ,P.133; t. XI, p. 226. ( 555 ) » sont meslez n’ont trouvé vers moy lappuy qu’ilz dési- » roient, pour avoir tousjours tenu ladicte alchimie pour » chose légière et vaine, etc. (1). » XXI. Ortelius, le TueatrRum OrBis, les cartes du Hainaut et du Luxembourg. Le Theatrum Orbis, qui marqua l'ère de la renaissance pour la science géographique, parut, on le sait, à Anvers en 1570. Tous les biographes d'Ortelius ont constaté le succès qu’obtint ce magnifique atlas; mais aucun d’eux n’a mentionné une particularité que wont apprise, avec bien d’autres, mes recherches dans les archives d’Espagne : c’est que le savant géographe envoya à Philippe TI un exemplaire du Theatrum Orbis qu'il avait pris le soin de colorier lui-même ; qu’il en donna au duc d’Albe un pareil exemplaire, et que le secrétaire d'État Gabriel de Çayas, chargé à Madrid des affaires des Pays-Bas, en reçut un troisième exemplaire, colorié par la sœur d’Ortelius (2). Or, que sont devenus ces trois curieux atlas? Il ne serait certainement pas sans intérêt de le rechercher. Je me per- mets d'appeler sur ce point l'attention des bibliophiles espagnols. Philippe IT ordonna qu’une gratification de trois cents (1) Cette lettre, qui est du 17 ETE =: SSE aux archives du conseil de Flandre, à Gand, dans couverture : Préséance des nm du i. en Flandre sur les commissaires < ère au renouvellement des lois, etc. (2) Lettres d’Arias Montanus à Çayas, des 14 décembre 1571 et 51 dé- cembre 1573, aux archives de Simancas, Estado, liasse 585. ( 336 ) florins fût payée à Ortelius, et le grand commandeur de Castille, D. Luis de Requesens, gouverneur général des Pays-Bas, lui remit, au nom du roi, une médaille en or de la valeur de cette somme (1). Philippe, voulant en outre reconnaître l'hommage qu'il lui avait fait du Theatrum Orbis, lui conféra le titre de son géographe ad honores. Voici la lettre par laquelle il notifia ses intentions à cet égard au duc d’Albe : Mon cousin , comme, de la part du docteur Arias Montanus, relation m'a esté faicte de la personne et bonnes qualitez en vertu et doctrine de Abraham Ortelius, m'ayant dédié un livre intitulé Theatrum Orbis, et il soit que j'entends qu’il désire- roit bien avoir le tiltre de mon géographe ad honores, ceste sera pour vous advertir que, eu regard à sesdictes bonnes qualitez, et pour en aucune manière recognoistre qu'il m'a dédié lediet livre, comme dict est, je suis esté content de luy donner ledict tiltre : vous requérant et ordonnant de luy en faire dépescher mes lettres pertinentes, comme en semblable cas de tiltres ad honores s’est accoustumé de faire. A tant, mon cousin, Notre-Seigneur vous ait en sa saincte garde. De Ma- drid, le xx° de may 1575. Signé Pake, et plus bas A. D'ENNETIÈRES. Sur l'original de cette lettre, qui se conserve aux ar- chives du royaume, est un décret du duc d’Albe, en date du 17 novembre 1573, lequel ordonne l'expédition des lettres patentes. Ortelius n’obtint done pas le titre de géographe du roi en 1575, comme on le dit dans la Bio- graphie universelle, mais deux années auparavant. . E E (1) Lettre du même au même , du 18 avril 1574, ibid. tn» 17 a 744 Gi ent y ES ANSE ( 337 ) A cette époque, la censure s’exercçait sur les cartes géo- graphiques aussi bien que sur les livres. Ortelius s'était procuré en Allemagne différentes cartes dont il se propo- sait d'augmenter son Theatrum Orbis; il s'adressa au con- seil privé, pour obtenir l’autorisation de les faire imprimer. Parmi ces cartes étaient celles du Hainaut et du Luxem- bourg : la première était l'ouvrage de Jacques Suron, de Mons, décédé depuis dix-huit à vingt ans, et qui avait été géographe de l'Empereur ; il avait faite, à la demande et pour le service de ce monarque. Le conseil privé, avant de permettre l'impression des cartes du Hainaut et du Luxembourg, voulut avoir l'avis des gouverneurs des deux provinces. Le duc d’Albe, ayant été informé de la demande d’Ortelius, écrivit au conseil : « Nous avons bien volu vous faire dépescher ceste toute expresse, pour vous faire entendre que ne convient, en façon quelconque, admectre ladicte impression : vous inhibant , de par S. M., expressément, d’en accorder la licence, ains vous enchargeant et ordonnant de mesme que ayez à incontinent faire debvoirs, par quelle voye- què ce soit, de recouvrer du suppliant tant ses patrons, formes, que aultres choses apprestées pour la susdicte imprimerie; et qu'il n’y ait faulte. De Nyemeghen, le xxvuj® jour de mars 1573 après Pasques. » Le conseil manda Ortelius, l’interrogea pour savoir où étaient les formes des deux cartes, et celui-ci s'engagea à faire tout ce qui était en son pouvoir afin que les planches de l’une et de l’autre, et les exemplaires qui en étaient tirés , fussent cédés au gouvernement. Les documents qu'il y a aux archives ne font pas connaître s’il y réussit. Tou- jours est-il qu'Ortelius ne put ajouter à son Theatrum Orbis ni l’une ni l’autre carte. v | AA A joué S ES A - ( 558 ) XXII. Le peintre Gerbier et la conspiration de la noblesse belge contre l Espagne. Dans la galerie littéraire des artistes belges à l'étranger qu'il forme avec autant de talent que de persévérance, notre honorable confrère M. Édouard Fétis a donné une place au peintre diplomate Gerbier (1). Le passage sui- vant est extrait de lintéressante notice qu’il lui a consa- crée : « Gerbier fut envoyé de nouveau dans les Pays-Bas » par Charles [* en 1631 , et cette fois accrédité près de » l'infante à Bruxelles, où il fit un séjour de plusieurs » années. Nous n'avons pas à nous occuper de la part qu'il prit aux affaires politiques. Il nous suffira de dire que cette part fut considérable, et que Gerbier donna de nouvelles preuves de son aptitude aux affaires, et surtout aux affaires ténébreuses, Tout en restant len- voyé de Charles I°", il aurait , assure un écrivain, offert à la gouvernante de lui révéler, moyennant une somme de vingt mille ducats, un secret qui intéressait la sûreté de l'État. Il s'agissait d’une conspiration tramée contre la Belgique par Richelieu , d'accord avec l’Angleterre et la Hollande. Nous ne chercherons pas à démêler ce qu'il peut y avoir de fondé dans cette allégation... (2) » L'offre dont parle M. Fétis n’est que trop réelle, et il est certain , de plus, que cette offre ayant été acceptée, le MON M vo v w ve NT (1) Bulletin de l'Académie royale de Belgique , t. XXIH ,„ 1r° partie + pp. 211-254. : (2) Page 217. ( 339 ) révélateur obtint la récompense qu’il ambitionnait. Je suis à même de donner là-dessus des détails authentiques. Gerbier, étant allé en Angletérre en 1633, en revint - mécontent du grand trésorier Weston ; et disposé à em- ployer tous les moyens de faire fortune (1). Par l’intermé- diaire d’un autre intrigant politique, l'abbé Scaglia, diplo- mate au service du duc de Savoie, ìl fit proposer au comte- duc d'Olivarès, si l'on voulait le récompenser convenable- ment, de rendre au roi d'Espagne un service signalé, en lui découvrant des choses de grande importance (2). Phi- lippe IV accueillit cette ouverture : Scaglia avait donné à entendre que Gerbier ne se contenterait pas de moins de 20,000 écus, et qu’il voudrait peut-être aussi une pen- sion (3); le roi chargea l’infante Isabelle de convenir avec lai au moindre prix possible, sauf à y ajouter plus tard, si les révélations promises avaient toute l'importance qu'il leur attribuait (4). L'infante tàcha en vain d’obtenir de Gerbier qu'il rédui- sit ses prétentions; il ne consentit à parler que si les (1) «.. La poca satisfacion que a tenido, en su ida à Ingiaterra, del gran thesorero, le dispone á querer hazer su fortuna como pudiere... » (Lettre de l'abbé Scaglia au comte-duc d’Olivarès , écrite de Bruxelles , le 2 août 1633, aux archives du royaume, secrétairerie d'État espagnole.) (2) Lettre de Scaglia du 2 août. €... Creo q p que à 20,000 escudos, y si sele qui- siese establezer una pension , aunque moderada, la reciviria por la con- tinuacion del servicio que él supone de haver de hazer... » (Ibid.) (4) «... Ajustará V. A. lo que serå bien asentar con Gervier en premio pues si los effectos fuesen tales que merezcan tisfacion, havrá tiempo de därsela... » (Lettre de Philippe I IV à mie are du 20 sep- ` tembre 1633, ibid. } 2%e SÉRIE, TOME XVIII. 95 ( 340 ) 20,000 écus étaient comptés à l'abbé Scaglia, qui devait les lui remettre. Isabelle trouvait la somme excessive : pour la déterminer, il lui insinua qu’il révélerait une con- spiration tramée dans les Pays-Bas contre l'Espagne, de concert avec le prince d'Orange, le roi d'Angleterre et le cardinal de Richelieu. Cette princesse alors n’hésita plus (1). Gerbier, ayant reçu les 20,000 écus , dévoila à l'infante et au comte-duc d’Olivarès toute la conjuration de la haute noblesse belge ; ce fut sur les indications fournies par lui que le duc d’Arschot en Espagne et le prince de Barban- son aux Pays-Bas furent arrêtés , et qu'il fut procédé eri- minellement contre le comte d’Egmont, le prince d'Epinoy et le duc de Bournonville, qui s'étaient réfugiés en France. Il passe pour constant que Gerbier était né à Anvers; cependant j'ai lu, dans un document de l’époque que je viens de rappeler, qu’il était hollandais. J'avoue que, pour ma part, je serais peu disposé à le disputer à nos voisins. (4) « … Haviendo cumplido con la órden de V. Ma en quanto à procurar moderar la cantidad que Er le hariere. de dar. de presepio por el mom que offrece hazer, no precediere la seguridad Ji los 20,000 escudos que a pedido 3 bb ii partida , es tanto lo que. encarece la qualidad del negocio (aviendo insi- nuado la ion de trece puntos de summa importaneia , y pa larmente los tres dellos dice son en órden ja cierta conjuracion que es fraguada en estos estados, lo que de parte vincias a tratado en secreto con el principe de aane con el rey de Jnglaterra Y cardenal de Richelieu) que e venido en que se le dé , considerando lo que al servicio de V. Mà, no perder tiempo en prevenir el remedio à los daños que podrian resultar de que Gervier se retirase de lo que * offrecido, por no cumplida satisfacion... » (Lettre de l'infante Isabelle à bris IV, du 8 novembre 1633, ibid.) à one T mapaa r a a ÉD TENUE i mem orne een aan" Le aA UE COUR anos RE RS Er nt ( 541 ) XXIII. Le prince-évèque de Liége et Frédéric le Grand. On ne sait pas généralement que Frédéric I préluda à l'invasion de la Silésie par celle du pays de Liége. Dans l’ Histoire de mon temps ,le monarque philosophe s’abstient de raconter cet événement, le jugeant sans doute de trop peu d'importance; il parle toutefois de la querelle qui en fut la cause : « Un misérable évêque de Liége , dit-il, se » faisait honneur de donner des mortifications au feu roi. » Quelques sujets de la seigneurie de Herstal appartenant » à la Prusse s'étaient révoltés ; l’évêque leur donna sa » protection. Le feu roi envoya le colonel Creutz à Liége, » muni d’une lettre de créance, pour accommoder cette » affaire, Qui ne voulut pas le recevoir? Ce fut monsieur » l’évêque : il vit arriver trois jours de suite cet envoyé » dans la cour de sa maison, et autant de fois il lui en » interdit l’entrée (4). » En lisant ces lignes, il est difficile de ne pas se figurer que tous les torts étaient du côté de l’évêque. Nous allons faire voir pourtant que son seul tort fut de n’ayoir pas de troupes à opposer à celles du roi de Prusse. Cette histoire, peu connue, mérite d’être rapportée, ne fût-ce que pour l'édification de ceux qui ont l’ingénuité de croire que les petits pays , dans leurs démélés avec de grands états, peu- vent se reposer avee confiance sur le droit et sur la justice. Par des traités du 6 mai 1546 et du 14 août 1548, Charles-Quint avait cédé à l’évêché de Liége , en échange . Histoire de mon temps, t.1,p. 125, édit. de 1788. - — (Mémoire formé en 1753- SPA ao privé Limpens.) ( 342 ) du territoire de Pont-à-Fresne, sur lequel la reine Marie de Hongrie, sa sœur, avait fait ériger la forteresse qu’elle appela de son nom Marienbourg , la partie de la terre et baronnie de Herstal qui était située en deçà de la Meuse. Des circonstances qu’il serait trop long de retracer ici em- pêchèrent , pendant plus d’un siècle , que cette cession ne sortit ses effets; ce fut seulement en 1655 que l’évêque, qui était alors Maximilien-Henri de Bavière, obtint de l’archiduc Léopold, gouverneur général des Pays-Bas, d’être mis en possession de la terre à laquelle il avait droit. Herstal était un fief du duché de Brabant et ce qu'on nommait une terre franche, c’est-à-dire que les imposi- tions établies pour le payement des aides et subsides au souverain n’y étaient pas levées (1). La seigneurie, avec la haute, moyenne et basse justice, en appartenait à la maison de Nassau , qui Tavait acquise, en 1458, d'Antoine de Croy, comte de Porcien, premier chambellan de Philippe le Bon. ; Lorsque, au mois d'octobre 4633, Maximilien-Henri de (1) « Herstal est une baronnie et terre franche qui relève, depuis plu- sieurs siècles , du duché de Brabant » Elle est fort considérable, étant située sur les deux rives de la Meuse; depuis les portes de Liége jusques à la terre d’Hamal, près de Viset. » Elle contient, à vue de pays , environ trois mille bonniers de te rrain. » La partie située en deçà de la Meuse a conservé le nom d’Herstal ; et celle Située au delà de cette rivière s'appelle Wandre. ‘» Hn'y a eu, de tout temps, pour les deux paroisses, qu'un seul corps » u même te RE aussi la police avec quelques bours- mestres et députés, qui y nt de la part des deux communautés. * de justice, m est composé d’un drossard, d’un greffier et de sept éche- E pepe rene (343) Bavière fut investi de la souveraineté de Herstal, Guil- laume-Henri de Nassau , qui, sous le nom de Guillaume HI, occupe une si grande place dans l’histoire , n’était âgé que de cinq ans. Ses tuteurs, la princesse dbunisibre d'Orange , l'électeur de Brandebourg et le prince royal d'Angleterre, eurent à peine Connaissance de ce qui venait de se passer, qu'ils firent afficher à Herstal une protestation (1) à la- quelle ils donnèrent une nouvelle force par une déclara- tion du 27 mars 1658. Ils soutenaient, dans ces actes , que jamais la souveraineté de Herstal n’avait appartenu au due de Brabant, et que par conséquent il n'avait pu la trans- mettre à un autre; que cette baronnie était une terre de PEmpire ne relevant que de Empereur et de la cham- bre impériale de Wezlar. Par ces motifs, ils défendaient aux sujets et habitants de Herstal d’avoir égard à la cession qui avait été faite à l’évêque de Liége. Maximilien-Henri , dans un manifeste du 23 mai 1658, réfuta ces protestations, et il le fit par des raisons si so- lides, si concluantes, qu’il n'y fut pas répliqué (2). En fait, foi et ses successeurs, Jean-Louis d’Elderen et Jo- seph-Clément de Bavière, exercèrent paisiblement à Hers- tal, pendant toute la vie de Guillaume IIJ, les droits de souveraineté qui lui avaient été transférés. sait que la succession de Guillaume IHI fut disputée entre Jean-Guillaume Friso, son cousin, prince de Nassau- Dietz, qu’il avait institué son héritier, et la maison de Brandebourg. Pendant toute la durée de cette contesta- tion , les deux parties firent concurremment, tant à la cour (1) Du 29 novembre > Consulte du . de Brabant du 3 février 1736. ( 344 ) féodale de Liége qu'à la cour féodale de Brabant, le relief de la terre de Herstal (1). Devenu, en 1732, seigneur définitif de cette terre, par le traité de partage (2) conclu entre lui et Guillaume- Charles-Henri Friso, prince d'Orange et de Nassau, fils de Jean -Guillaume, le roi de Prusse Frédéric- Guillaume Jl ne tarda pas à agir comme si la souveraineté lui en appar- tenait : en effet, le 48 octobre de cette année, il chargea 1) «.. Après la mort de Guillaume 111, roi d'Angleterre, le sérénissime prince Frédéric, roi de Prusse, releva, le 8 juin 1702, en propriété, la terre de Herstal, pour la partie de deçà la Meuse, à la cour féodale du sérénissime prince Joseph-Clément de Bavière, y étant énoncé que ladite Guillaume-Hyacinthe, prince de Nassau , a aussi fait son relief par son commis à la cour féodale de Liége; et l'an 1709, la princesse d’Anbalt a cédé à Sa Majesté Prussienne les droits qu’elle avait à ladite terre, par acte insinué à la cour per de Liége le 4 juillet "a an; - bein mort, le sérénissime roy, semblable relief, le 21 mars 4748, à la même cour féodale : ce qu'il a rê- nouvelé l'an 1725, après que l’évêque et prince moderne a été mis en pos- ee de son évêché et principauté.. .» (Protestation ee de par 47 mars 1755, tun it J in-folio da & Pa z veuve ni :) Le relief se fit devant la cour féodale de Brabant, pour la partie située en delà de la Meuse, le 28 , par Guillaume-Hyacinthe, prince de Nassau ;le 5 avril suivant, par Frédérie - roi de Prusse; le 21 août 1700: par les états généraux des Provine , Comme exécuteurs des testa- ments de Frédéric-Henri et de pre Hi le 25 du même mois, par le Nassau, fils de Jean-Guillaume. (Registres de la cour féodale de Brabant.) (2) Du 16 juin de cette année. AA aa (545 ) le colonel de Creytzen, à qui il avait conféré les fonctions de haut drossard de la seigneurie, de recevoir, en son nom, le serment de fidélité et d’obéissance des habitants. Le prince-évêque Georges-Louis de Bergh protesta contre cette commission (11 novembre 1732). Le roi fit, le 31 jan- vier 1735, une contre-protestation que Georges - Louis déclara, le 47 mars, « nulle et de nul effet, défendant à » ses sujets de Herstal et à tous autres d’y déférer en » aucune manière, à peine d’être traités comme réfrac- ._» taires à ses ordres (1). » A son tour le roi, par un man- dement du 7 décembre 1734, enjoignit aux administra- teurs et habitants de Herstal de n’avoir aucun égard aux ordres qui émaneraient, soit du prince-évêque, soit du conseil de Brabant : c'était lui seul , leur déclara-t-il, qu’ils devaient reconnaître pour leur souverain. La querelle s’envenima les années suivantes, à l’occa- sion de bourgmestres élus contre le gré du roi, d’imposi- tions établies dans la seigneurie sans le consentement de ses officiers, de l'évocation au conseil privé, à Liége, de causes qui étaient de la compétence des échevins de Her- stal, de l'établissement, par le même conseil, d’un procu- reur général pour la partie de cette hopies située en deçà de la Meuse, et de plusieurs autres actes ment de la principauté que le roi envisagea comme attenta- toires à ses droits (2). Ce monarque s’en plaignit à l'évêque “et C’est la protestation qui est citée dans la note 1 à la page précé- ae Exposition fidèle et succincte des procédés irréguliers et des atten- -tats du prince et évêque de Liége contre les droits inconiestables de S. #- le roi de Prusse en qualité de seigneur de la libri Herstal. MDEEXL. In-fol. de 18 pages. ( 346 ) dans des lettres pleines de menaces (1); il fit publier uri mé- moire pour établir que le prince de Liége n’avait sur Herstal aucun droit de relief ni de juridiction (2). De son côté, Georges-Louis de Bergh s’appliqua à justifier, auprès de l'Empereur, des princes de l’Empire , du gouvernement des Pays-Bas et du roi lui-même, sa conduite et celle de ses ministres (3), et il n’eut pas de peine à le faire. Cependant , dès l’origine de ce fàcheux débat, l’évêque et les états de Liége avaient pensé à y mettre un terme, en offrant au roi de Prusse une somme dargent pour la cession de ses droits réels ou prétendus. En 1739, locca- sion parut favorable à un accommodement. Il n’y avait pas (1) Le 14 août 1736, il lui écrivait : « Vous menacez, à ce que j'ap- » prends, mes vers. m justice d’une prise de corps, mais je ne vous » cuter, puisque cela m'obligeroit de prendre leur » défense d'os manière > convenable à un prince qui ne veut pas qu'on » linsulte dans la personne de ceux qui sont à son sérvice, et que l'on » présume de seana cause qu'ils défendent ses droits. Je vous prie » de bien réfléchir là-dessus, et de ne re abuser de ma patience, Car » cela vous pourroit attirer des chagrins, etc. Et le 30 juillet 1757 : « « Je > vous déclare que , si votre conseil privé fait la » moindre vi t gens de justice à Herstal, j'en saurai » tirer raison et vengeance sur-le-champ par des mre que je trouverai » alors les plus convenables et les plus suffisants. ti une ure du mine rioa aux stals de Liége, il leur disait : ge pi $ { p VOLrE pr » à a its Fu en M » estimerons Conv convenable de pese: e ee satisfaction. » (2) Mémoire historique et juridique où l'on fait voir “que les trois pré- tendus traités de 1546 ,1548 et 1635, pour un échange de Herstal contrela terre où fut båli Mariembourg, sont nuls, de toute nullité, et que par con- séquent le prince de Liége wa aucun droit de relief ni de juridiction su” rem mase à l'imprimerie de Jean Stas, anno MDCCXXX VII. In- de 47 (5) Voir, entre autres, ses lettres au roi des 24 juin et 45 juillet 17 1736. ( 347 ) de moyen plus assuré de se concilier les bonnes grâces de S. M. Frédéric-Guillaume 11, que de lui procurer des recrues pour son régiment de grands grenadiers (4) : or en ce moment, la ville de Liége avait la bonne fortune de posséder, parmi ses citoyens, un jeune homme de 7 pieds 5 pouces et demi, et le roi, qui en était instruit, avait fait savoir aux états que, si on lui envoyait ce jeune homme, il se montrerait plus facile dans l'arrangement à faire avec eux (2). On était près de s'entendre, un (1) Le baron de Wetzel, ministre du prince-évêque à Vienne , lui écri- vait le 14 février 1733: « Il est connu à V. A. que la passion dominika de » ce prince est d’avoir des grands hommes pour recrues de son régiment es grands grenadiers, et que dans la chambre de ses finances il y a une caisse destinée pour faire des recrues, à laquelle tous ceux même des princes et souverains font des présents, Ur ils veulent obliger le roi de gs ou ee gane quelque chose de lui.. mpereur Cultive et en- + + y a » tretient yens, par clio, amitié qui » subsiste entre lui et S. M. Prussi p » prial anlirna me eur la fin de l’année un ordre a Ə J LA F » à tous loc 7, hs: Le + bamë iiaa E: Tori de dD ? w yT ? » Choisir dans leurs régiment dh de la taill à pou d voir entrer dans les grands grenadiers prussiens, et iiai čas qu'ils nistre du roi de Prusse... » (Arch. de l'État à Liége , reg. Conférences ‘secrète, 8, EX (2) I écrivait, le 5 mai 1739 , au colonel de Creytzen, envoyé par lui à Liége pour cette affaire : « Mon cher colonel de Creytzen, j'ay très- » bien reçu votre très-bumble rapport en date du 28 du mois passé, , + par lequel ay va avec Bien du plaisir que messieurs les états de Liége » » de Liège, de 73 p. ts. V s d i d dre à l’as- Jit b à třès-agrédble; et de les sol- » iana avec beaucoup d'instance qu’il me sera envoié au plutôt : cela » facilitera beaucoup la vente de ma baronnie de Herstal, etc. » Dans plusieurs autres rescrits il réitéra cette instruction; et sn ( 548 ) projet de traité avait même été conçu, quand des dis- cussions sur des points de détail amenèrent la rupture des négociations. Les choses en étaient là lorsque Frédéric II monta sur le trône (51 mai 1740). Comme il le déclare dans l’His- loire de mon temps, il avait reconnu « que la modéra- » tion est une vertu que les hommes d’État ne doivent » pas toujours pratiquer à la rigueur, à cause de la cor- » ruption du siècle, et que, dans un changement de » règne, il était plus convenable de donner des marques » de fermeté que de douceur (1). » Étant venu visiter ses états de Clèves, il envoya de Wesel un de ses conseillers, nommé Rambonnet, au prince Georges-Louis de Bergh avec une lettre dont nous ferons dans un instant connaître la teneur. Voltaire était alors auprès de Frédéric; il était venu lui rendre visite de Bruxelles, où il se trouvait avec la marquise du Châtelet; le roi le chargea de travailler à un manifeste qui mît en évidence ses droits sur Herstal. C’est Voltaire lui-même qui nous l'apprend, et il ajoute : « Ven » fis un, tant bon què mauvais, ne doutant pas qu'un > roi avec qui je soupais et qui m’appelait son ami, ne » dût avoir toujours raison (2). » _—— rss RAD PR né fut question d'un projet de traité, il voulut que cette condition y fùt PES (Arch. de l'État à Liége, reg. Herstal, avril 1739 au 24 février 740. () Histoire de mon temps , 1. (2) Mémoires , OEuvres sesi édit. Desoer , 1817, t. 1, p: 95. Ce manifeste dont parle Voltaire doit être l'Exposition fidèle et suc- cincle que nous avons citée p. 543, note 2. Nous ignorons si cette pièce a été donnée dans quelqu'une des nom- breuses éditions du grand écrivain; mais nous ne Voyons pas trouvée ( 349 ) La lettre du roi à l'évêque était ainsi conçue : Mon cousin, connoissant toutes les atteintes que vous avez donné à mes droits incontestables sur ma libre baronie de Herstall, et de quelle manière les séditieux de Herstall ont été soutenus, depuis quelques années, dans leur désobéis- sance détestable à mon égard, jay ordonné à mon con- seiller privé Rambonnet de se rendre de ma part auprès de vous , pour vous demander en mon nom une explication sin- cère et cathégorique, dans l’espace de deux jours, si vous êtes encore résolu de soutenir votre prétendue souveraineté sur Herstall ; et si vous voulez protéger les mutins de Herstall dans leur désordre et désobéissance abominable. Au cas que vous ` dans celles auxquelles nous avons eu recours. C’est ce qui nous engage à en insérer ici "ere PE L'auteur débute a a S en gesa et franche baronnie de Henui; PS "a uché à relevé, d de Brabant; mais le droit de relief que les diis: de Brabant y nr depuis ce temps-là, se bornoit au simple hommage que les seigneurs de Herstal étoient obligés de leur prêter. mA reste enfièrnnent exempts des services et charges que la qualité de t, ils jouis- ses gA tous les dues et PANNES que possèdent les princes d'Allema- » La situation de Herstal, qui est aux portes de Liége, excita la con- voilise des évêques de cette ville; et comme leur église possédoit un terri- toire que la reine Marie, gouvernante des Pays-Bas pour son frère Pem- pereur Charles-Quint, désiroit ardemment, ils proftòrėut de cette SETEN ss Pope un troc de ce territoire contre Herstal. Les m : consistoient _ dans le simple relief, y firent aisément consentir cette princesse, de sorte que le contrat d'échange fut conclu sans difficulté, et signé à ns le 6 mai 1546. » Nous laissons de côté la démonstration des droits du roi et l'exposé de ses griefs, pour arriver à la conclusion : ATP S ct parle de dans st mr ea Bire ro criants Sor can amaii VE QUES auteur d’ une yua ( 350 ) me refusiez ou retardiez cette juste réponse que je demande avec raison , vous vous rendrez seul responsable , devant toutte la terre, des suites que votre refus entraînera infailliblement 4 après soi. Je suis, avec beaucoup de considération, Mon cousin, Votre très-affectionné cousin , FEDERIC. A Wesel, le 4 septembre 1740. Rambonnet, dont Voltaire fait un portrait si plaisant (1), ne put remettre cette lettre à l'évêque que le 9 septembre. Le 11, Georges-Louis répondit au roi, dans les termes de contre les droits inconstestables de S. M. sur sa libre et franche baronnie de Herstal. » C’est tte qu leroy , : forcé, à regret violence qu’ on lui a faite jusqu” ici de la part de la cour de Liége, par tda: violence, et d'employer ce qu'on appelle ta juris iniqui, comme le seul remède usité et autorisé même dans ces sortes d'occasions par les lois et les constitutions de l'Em- pire, contre un prince qui jusqu'ici wa point fait de difficulté de fouler aux pieds.les droits les plus incontestables de S. M.,et contre les atten- tats duquel il n’y avoit point de justice à obtenir, malgré toutes les plaintes que le feu roy, de ae mémoire, en a fait porter, depuis plusieurs années, à la cour de Vienn » Cependant le roy, en sé entrer un détachement de ses troupes dans le comté de Hornes appartenant au prince et évêque de Liége, ne Fer Ré à aue trente que parce pa ne voyoit pas d'autre moyen qu . S. M. ne s'éloignera jamais d’un t juste et pilsoni avec le susdit prince, comme le seul but que sa justice et sa modération ont en vue dans cette me ces deux principes invariables étant la boussole de toutes ses actions. (4) «… Le conseiller privé Rambonnet, ministre d’État, se da dans la cour en soufflant dans ses doigts. Il portait de grandes manchettes de toile, ae chapeau troué, une vieille perruque de magistrat, dont un côté entrait dans une de ses poches, et l’autre passait à peine l'épaule... » (Mémoires Le) et ceant : : 3 nn sie, z ae a SENEE i ( 5514 ) la plus grande déférence, que la souveraineté qu'il pré- tendait n’était autre que celle dont avaient joui ses pré- décesseurs ; quant à la conduite de quelques habitants de Herstal, dont le roi se plaignait, qu’il était prêt à en faire une justice exacte , suivant les lois du pays; qu'au surplus, Pour finir toutes contestations, il offrait d'acheter les droits du roi au prix de cent mille écus, dont les états de sa principauté payeraient l'intérêt. Sans attendre cette réponse, le même jour 11 septem- bre, Frédéric II fit entrer dans le comté de Hornes deux mille hommes d'infanterie et de cavalerie, avec quatre pièces de canon, sous les ordres du général Borck: Ces troupes s’emparèrent de Maeseyck, d’où leur chef envoya aux états de Liége une sommation de lui payer vingt mille écus dans les trois fois vingt-quatre heures, sans comp- ter cinquante louis par jour qu’il s’attribuait pour sa table, ses domestiques et les fourrages de ses chevaux , et sans y comprendre non plus les rations et les portions de ses sol- dats (1). Les états s’y étant refusés, Borck écrivit au chan- ` celier de Liége que si, dans les vingt-quatre heures, il n'était pas satisfait à sa demande, il répartirait les vingt mille écus sur les villes et villages du comté de Hornes: « et si je ne puis les obtenir entièrement de là, ajouta- » t-il, je ferai augmenter au plus tôt les troupes que j'ai » Sous mon commandement, pour être en état de m’ap- » procher plus près de vous, et obtenir alors ce que je » demande au nom et par les ordres de S. M. (2). » Georges-Louis de Bergh prit son recours à l'Empereur Contre la violence dont son pays était l’objet de la part du (1) Lettre du 21 septembre. (2) Lettre du-22 septembre. m ( 552 ) roi de Prusse (1); il réclama l'intervention de l’archidu- chesse Marie-Elisabeth , gouvernante des Pays-Bas (2); il s'adressa aux princes de l’Empire ses voisins. Tous lui té- moignèrent qu'ils envisageaient la conduite du monarque prussien comme un abus de la force; quelques-uns même, tels que l'électeur de Bavière, l'électeur de Cologne, l’élec- teur palatin (3), l’assurèrent qu’ils agiraient auprès de la diète pour qu’il lui fût donné satisfaction. Mais , dans la situation où se trouvait l’Europe, n’eût-ce pas été une fu- neste illusion que d'attendre une assistance efficace de l'Empire? Et supposé que la diète se décidât à l’accorder, combien, avant de l'obtenir, le pays , occupé militairement. n’eût-il pas souffert? L'entretien des deux mille hommes - qu'il y avait à Maeseyck lui coûtait déjà plus de mille écus par jour. Frappés de ces considérations, l’évêque et les états de sa principauté résolurent d'envoyer des députés à Fré- dérie II, pour traiter avec lui : leur choix se fixa sur le baron de Horion, membre de l’état noble, et le conseiller Duchâteau, de l’état tiers. L'évêque, après sa lettre du 11 septembre, en avait éerit au roi une seconde, plus humble encore que la pre- mière. Frédérie fit à celle-ci la réponse qu’on va lire : Mon cousin, j'ay reçu celle que vous m'avez bien voulu écrire du 16 du mois passé, et je suis véritablement fâché que les choses en sont venues entre nous à l'extrémité où elles se trou- vent maintenant. Mais, comme c’est votre procédé envers feu . le roi mon père, et mes droits les plus incontestables sur ma (2) Lettre du 18 | (3) Lettre de l'électeur de Bavière à l’évêque, du 9 octobre. — Lettre du comte de Berlo d'Hozemont au même, écrite de Bonn le 13 octobre. (1) Lettres des 17, 22 et 23 septembre. septembre | ere pe: $ i Hi ( 555 ) libre et franche baronnie de Herstal, qui wont réduit à la dure nécessité d’avoir enfin recours aux moiens usités entre les souverains pour me faire rendre justice, c'est à vous- même et à ceux qui vous ont si mal conseillé, que vous devez vous en prendre üniquement de la fâcheuse situation dans la- quelle vous vous trouvés. Cependant, après avoir satisfait à ce que je devois à moi- même et à mon honneur insulté, je ne suis point éloigné de vous rendre mon amitié, et de finir une bonne fois pour toutes les différends qui ont fait naître tous ces inconvéniens, et je me suis expliqué plus au long, sur les conditions d’un accom- modement à faire, aux ministres que vous m'avez envoyés, et qui vous en feront leur rapport. Ce sera donc à vous à vous décider là-dessus, et à faire cesser les raisons qui ont interrompu jusqu'ici la bonne har- monie et correspondance entre nos états. Au reste, il seroit assez inutile d’entrer dans un grand dé- tail de réfutation des arguments spécieux que vous allégués dans votre susdite lettre, par lesquels vous pourriés éblouir pour un tems les yeux d’un public peu au fait de la véritable situation de cette affaire; mais vous ne réussirés jamais à per- suader ceux qui sont plus éclairés, et qui sçavent en juger plus sainement et avec connoissance de cause. Cependant, pour ne point rester sans réplique, je ne Saurois jamais mieux y répondre qu’en vous renvoiant aux pièces ey-jointes, qui vous traceront un fidel tableau de votre conduife passée et du peu de solidité de vos prétendus droits (1). Mais, si vous êtes aussi sincèrement porté pour un accommodement que je le suis, il faudra renoncer à la guerre de plume, à laquelle vous gagnerés tout aussi peu qu'aux Mauvais procédés envers vos voisins; et pour peu que vous (1) Probablement l'Exposition fidèle et le Mémoire historique cités pp- 545 et 346. y soiés rendu à vous-même et dépouillé de tout préjugé, vous verrés que le meilleur parti à prendre pour vous sera celui de porter le plus de facilité que vous pourrés à un bon et prompt accommodement, tel que je lay fait proposer aux ministres que vous m'avez envoiés : ce qui Me mettra en état de pouvoir vous donner des marques de l'estime et de la con- sidération avec laquelle je souhaite toujours d'être, Mon cousin, Votre très-affectionné cousin, FEDERIC. H. DE Popewis. Berlin, ce 4° octobre 1740. Les négociateurs liégeois envoyés à Berlin furent obli- gés de passer par toutes les conditions qu’on voulut leur imposer; le cabinet prussien fit même revivre, à cette occasion, une prétention surannée pour des troupes qui avaient tenu garnison à Cologne dans les années 1688 à 1695. Le 20 octobre 1740, fut signé entre eux et le ministre d'État et de guerre ras de Podewils un’ traité par lequel le roi cédait à l'évêque et aux états de Liége, moyennant 240,000 nee d'Allemagne, tous ses droits Sur la terre et baronnie de Herstal. Une convention additionnelle du même jour stipula que les états payeraient 60,000 florins d'Allemagne pour indemniser le roi des dépenses de 1688 à 1693 dont il est parlé plus haut, et qu’ils accorderaient un dédomma- gement au S" de Creytzen, lequel allait être dépossédé de sa charge de haut drossard. Ce fut seulement après l’accomplissement de ces con- | f F d ( 555 ) ditions que le général Borck et ses troupes évacuèrent le territoire liégeois (4). Est-ce qu'en jetant les yeux sur ce qui se passe aujour- d'hui dans certaine partie de l'Europe, on n’y trouverait pas quelque similitude avec l’histoire que nous venons de raconter ? XXIV. Théroigne de Méricourt. M. Michelet, dans son livre sur les Femmes de la révolu- lion, a consacré quelques pages à Théroigne de Méricourt. Il raconte ainsi un des épisodes de la vie de la « belle ama- zone liégeoise » , comme l’appelait Camille Desmoulins : Quand Liége, écrasée par les Autrichiens, fut rendue à son tyran ecclésiastique, en 1791, Théroigne ne man- qua pas à sa patrie. Mais elle fut suivie de Paris à Liége, arrêtée en arrivant, spécialement comme coupable de l'attentat du 6 octobre contre la reine de France, sœur de l’empereur Léopold. Menée à Vienne, et relâchée à la longue, faute de preuves, elle revint exaspérée, sur- tout contre les agents de la reine, qui l'auraient suivie et livrée (2). » L'auteur de l’article consacré à Théroigne dans la Biographie universelle (3) la fait arrêter par des agents de l'Empereur dans les Pays-Bas, où elle aurait été LAPS ER ee er ER EE AO r Ce (1) Les documents dont il a été fait usage dans cette note se trouvent, avec beaucoup d’autres sur le même sujet, aux Archives du royaume, dans les fonds de la jointe des terres contestées ainsi que de la chancel- lerie des Pays-Bas, et aux Archives de l’État à Liége, dans les fonds des états et du conseil privé. (2) Les Femmes de la révolution, pag. 115, 2° édition, 1833. (5) Tome XLV, année 1826. 2"° SÉRIE, TOME XVII. 24 ( 356 ) chargée d’une mission spéciale: il dit que , lorsque Léopold la fit mettre en liberté, ce fut avec l’ordre de sortir de ses ts. Ces détails sont en partie inexacts; voici ce qui se passa. Au commencement du mois de février 1791, le comte de Mercy-Argenteau, ministre plénipotentiaire de l'Empereur aux Pays-Bas, fut informé que Théroigne était arrivée dans le Luxembourg ,et que de là elle entretenait des correspon- dances avec les exaltés de Liége, de Bruxelles et de Paris. Dans le même temps, un des nombreux émigrés français: qu’il y avait alors aux Pays-Bas vint lui proposer d’enlever secrètement cette femme qui s'était signalée par des actes si odieux contre la famille royale de France. Non-seule- ment Mercy-Argenteau accueillit ce projet, mais encore il mit la maréchaussée à la disposition de celui qui s’offrait à exécuter (1). Le coup réussit, et Théroigne, arrêtée, fut conduite prisonnière à Vienne. Au mois de décembre sui- vant, Léopold prescrivit qu’on la rendit à la liberté; mais, loin d'exiger qu’elle sortit de ses États, il la fit reconduire jusqu'aux Pays-Bas à ses frais. Arrivée à Bruxelles, elle ne craighit pas de se présenter à l'audience du comte de (4) « ….. I nous arrive des prédicateurs. Le nommé Carra, ennemi de toute autorité , est dans le pays; je le fais guetter..... On m’annonce aussi la nommée Théroine de Méricourt qui était à la tête des assassins de la reine -= la j ue rl 5 m - 6 cree elle Lars se trouver semer la ere ceux de Paris et de Liége. Un Français muni de bonnes lettres tres de recom- mandation est venu me demander permission de l'enlever secrètement, elle et ses papiers; j'y ai donné les mains , et j’en fais soutenir prar par une escouade de la maréchaussée. Si la capture se fait, on la cond sti me décidé à son égard... » (Let du comte de itz du 6 février 1794 , aux Pres du royaume, collection de la chancellerie des Pays-Bas : Restauration Shveci tom. H.) ( 557 ) Metternich , qui avait remplacé le comte de Mercy. Là eut lieu une scène qui ne dut pas contribuer à la réconcilier avec les royalistes. Cette scène, je la laisserai raconter par quelqu'un qui se trouvait sur les lieux, par le ministre du prince-évèque de Liége à Bruxelles, Dotrenge, écrivant, _ le 6 janvier 1792, au secrétaire du conseil privé de ce prince, de Chestret : « Vous me demandez, dit-il, des nouvelles de la fameuse demoiselle Terroigne. Voici ce que j'en sais. Il y a cing à six semaines que l'Empereur a chargé le courrier Strein de la ramener aux Pays-Bas aux frais de Arrivée ici de quelques jours, elle se présenta à l'audience du ministre, qu’elle obtint en effet; mais, avant d’y être admise, il se passa un plaisant entretien , dans l’anticham- bre du ministre, entre elle et un François émigré, qui attendoit aussi son tour. Ce François, l'ayant reconnue, l'entreprit sur la constitution françoise, qu’elle défendit avec esprit. Le François lui parla de honneur : elle répon- dit que, les opinions étant libres, ceux qui avoient em- brassé la constitution croyoient aussi ne suivre -que des sentiments d'honneur. Le François répliqua qu’il n’y avoit qu’une sorte d'honneur : elle riposta qu’elle en étoit per- Suadée, mais qu’il falloit savoir lequel étoit le vrai. Après quelques autres pourparlers, le François fut dans la pre- mière antichambre, où se tenoit la livrée, et dit aux la- quais qui s’y trouvoient, d’un ton assez haut pour que la demoiselle Terroigne püût l’entendre, que c’étoit elle qui avoit été à la tête des poissardes de Paris, dans les fa- meuses journées des 5 et 6 octobre, et qu’il falloit la chas- ser. Il rentra après cela dans la salle où se tenoient ceux qui attendoient audience. La demoiselle, lui adressant alors la parole, lui dit : Est-ce l'honneur, monsieur, qui ( 358 ) vous a engagé à tenir à des laquais le discours que je viens d'entendre? Vous sentez que les rieurs ne furent pas du côté du François, qui trouva bon de se taire. Je tiens cette anecdote immédiatement d’un témoin oceulaire. Un moment après elle eut son audience, qui dura cinq à six minutes. On la dit encore en ville, mais sans faire parler d’elle : du reste elle y jouit d’une pleine liberté (1). » Théroigne ne tarda pourtant pas à retourner à Paris, où elle prit part, comme auparavant, aux saturnales révo- lutionnaires. On sait le rôle abominable qu’elle joua dans la journée du 10 août. D'après la demande qui dui avait été faite par M. le Ministre de l’intérieur, la classe s’est occupée ensuite, en comité secret, d’élire les candidats, en nombre double, pour les deux jurys chargés de décerner, savoir : 4° le prix quinquennal de littérature flamande; ® le prix triennal de littérature dramatique flamande. Ces listes seront adressées à M. le Ministre de l’intérieur. — La classe a pourvu au remplacement de M. Carton, décédé, en élisant M. Blommaert, correspondant de PAca- démie, comme membre de la commission chargée de pu- blier les monuments de l’ancienne littérature flamande. (1) Cette lettre est, en original, aux archives de l'État, à Liége. a Fr Tri ( 599 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 3 novembre 1864. M. De Kevzer, directeur. M. An. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, G. Geefs, Van Hasselt, J. Geefs, Partoes, Éd. Fétis, De Busscher, Portaëls, Balat, Payen, le chevalier de Burbure, Franck, membres; Daus- soigne-Méhul , associé. CORRESPONDANCE. M. Alvin, membre de la classe et directeur de la Biblio- thèque royale, fait hommage de la première livraison des Documents iconographiques et typographiques de la Biblio- thèque royale de Belgique, 1"° série : les bois. M. Franck, membre de la classe, présente un exem- plaire gravé d’un portrait de S. M. l'impératrice du Mexique, qu'il vient d'achever d’après un dessin de M. Devaux. Des remereciments sont adressés à MM. Alvin et Franck. -n EX ( 360) CONCOURS DE 1865. La classe s'occupe de la rédaction de son programme de concours pour 1865 : elle conserve , à cet effet, la pre- mière et la troisième question du programme actuel, et elle y ajoute deux questions déjà proposées un an à l'avance. Le programme se compose, en conséquence, comme suit ; PREMIÈRE QUESTION. Exposer, d’après les sources authentiques, de quelle manière il a été pourvu, depuis le commencement du qua- torzième siècle jusqu’à la mort de Rubens, à l’enseigne- ment des arts graphiques et plastiques dans les provinces des Pays-Bas et le pays de Liége. DEUXIÈME QUESTION, Faire l’histoire de la peinture murale en Belgique et de son application polychrome à l'architecture. Indiquer les caractères et les procédés de chaque époque et de chaque école. TROISIÈME QUESTION. Rechercher de quelle façon se faisaient, au moyen áge, les devis estimatifs des grands monuments d'architecture; montrer en quoi ils ressemblaient à ceux qui se font de nos jours ou en différaient. Établir quelle en était la partie qui incombait à l'architecte ou au maître de l'œuvre et celle qui était Plus spécialement du ressort des hommes 9u corps de métiers. D E ( 561 ) Rechercher si les évaluations faites à l'époque du moyen âge élaient exemptes des mécomptes qu’on reproche fre- quemment à celles de notre temps, et, en cas d’affirma- live, à quelles causes cette différence peut être attribuée. ~ Rechercher enfin quand et comment ces devis se sont modifiés de manière à prendre la forme et l'importance qu'ils ont de nos jours. QUATRIÈME QUESTION. Faire l'histoire de la peinture de. Paysage, en suivant ses progrès et ses transformations, depuis les tableaux où elle n’était qu’un accessoire jusqu'a l époque où elle devint un genre distinct. Le prix pour la première question sera une médaille d'or de la valeur de huit cents francs; il sera de douze cents francs pour la seconde question, et de six cents francs pour la troisième et la quatrième. Les auteurs des mémoires insérés dans les recueils de l’Académie ont droit à recevoir cent exemplaires particu- liers de leur travail. Ils ont, en outre, la faculté de faire tirer des exemplaires en payant à l'imprimeur une na nité de quatre centimes par feuille. É Les mémoires destinés aux concours doivent être écrits lisiblement, rédigés en français, en latin ou en flamand, et adressés francs de port, au secrétaire perpétuel, avant le 1° juin 1865. L’ Académie demande la plus grande exactitude dans les citations, et elle exige que les auteurs indiquent les édi- tions et les pages des livres qu’ils citeront. On n’admettra que des planches manuscrites: Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage; ? ( 362 ) ils n’y inscriront qu’une devise, qu’ils reproduiront dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse : faute par eux de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé. _ Les ouvrages remis après le terme prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront connaître de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont déposés dans ses archives comme étant devenus sa propriété; toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au secrétaire perpétuel. QUESTIONS ADOPTÉES POUR LE CONCOURS DE 14866, PREMIÈRE QUESTION. Analyser et apprécier, au double point de vue de la science et de l’art, les principales méthodes d’enseignement du dessin qui ont été en usage depuis l'antiquité jusqu’à nos jours , discuter la valeur de chacune d'elles et en dé- terminer l'influence. DEUXIÈME QUESTION. Apprécier Rubens comme architecte. Les villes d'Anvers et de Bruxelles comptent divers édifices dont on attribue les Plans à Rubens. La tradition ~ admise à cet égard est-elle authentique ou ne faut-il attri- î ( 363 ) buer le style architectonique qui domine dans ces édifices qu'à l'influence exercée par les conseils, par les élèves et Par les ouvrages du grand maître flamand? On demande un examen de ces deux hypothèses. Les conditions de ce dernier concours sont les mêmes que celles suivies pour le programme de 18 — La classe s’est occupée ensuite de former la liste des candidats pour les prochaines élections de membre et d’as- sociés, qui auront lieu au mois de janvier prochain. — M. Van Hasselt a fait ensuite une communication verbale au sujet de Balthazar Gerbier et du lieu de sa naissance, Plusieurs membres ont pris part à la discussion et ont signalé les erreurs nombreuses qui ont été faites sur des recherches semblables. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Quetelet (A.). — Annales de l'Observatoire royal de Bruxel- es, publiées, aux frais de l'État, par le directeur, tome XVI. Bruxelles, 1864; in-4°. Commission pour la publication d’une collection de grands . écrivains du pays. — OEuvres de Georges Chastellain, pu- bliées par M. le baron Kervyn de Lettenhove, tome VE Bruxelles, 1864; in-8°. : Commission royale d'art et d'archéologie. — Bulletin, HI" Année, août et septembre 1864. Bruxelles, 186%; in-8°. ( 364 ) Mathieu (Ad.). — Et lux perpetua .. .. A la mémoire de Marie Joly. Ixelles, 1864; in-12. Gérard (P.-A-F.). — Histoire des Francs d’Austrasie. Bru- xelles, 1864; 2 vol. in-8°. Joly (Victor). — Les Ardennes, illustrés de trente planches à l'eau-forte, gravures sur bois, ete., par Martinus-A. Kuy- tenbrouwer. Bruxelles; 2 vol. in-4°. Dubois (Ch.-Fr.). — Planches coloriées des oiseaux de la Belgique et de leurs œufs. Livraisons 4 à 188. Bruxelles, 1851-1864; 184 livr. in-8. Dubois (Ch.-F.). — Les lépidoptères de la Belgique, leurs chenilles et leurs chrysalides, décrits et représentés en des- sins originaux d’après nature. Livraisons 1 à 34. Bruxelles, 1859-1864 ; 54 liv. in-8°. Dejardin (4). — Description des cartes de la province d’Anvers et des plans de la ville. Anvers , 1862-1863 ; in-8°. Dejardin (A). — Recherches sur les cartes de la prin- cipauté de Liége et sur les plans de la ville. Liége, 1860; in-8°. Dejardin (A.). — Supplément aux recherches sur les cartes de la principauté de Liége et sur les plans de la ville. Liége, 1862; in-8°. Dejardin (A.). — Note sur les plans gravés de la ville de Tournai. Tournai; in-8°. Piré (Louis). — Première et seconde herborisations de la Société royale de botanique de Belgique. Bruxelles, 1862 et 1865 ; 2 broch. in-8°. Piré (Louis). — Notice sur l'Alsine pallida , Dmtr. Bruxel- les, 1863; in-8°. | Piré (Louis). — Souvenir de la distribution solennelle des , prix, Médailles et décorations décernés à l’occasion de l'expo- sition universelle d’horticulture et du congrès international d'hortieulture et de botanique à Bruxelles (17 mai 1864). Bruxelles; in-8°, «> z Te on x créé ( 365 ) Piré (Louis). — Notice nécrologique sur M. Martin Martens. Bruxelles, 1865 ; in-8°. : Warnant (A.). — La délivrance de l’agriculture, à Pusage des propriétaires, cultivateurs , etc. Bruxelles , 1864; in-8°. : Wesmael (Alfred). — Synanthie chez le Symphytum offici- nale. Bruxelles , 1863; in-8° Wesmael (Alfred). — Observations sur quelques plantes rares ou critiques de la flore de Belgique. Bruxelles, 1865 ; in-8°. Wesmael (Alfred). — Les ormes forestiers et d'ornement , leur histoire et leur culture. Bruxelles , 1862; in-8°. Wesmael (Alfred). — Étude sur quelques bouleaux de la flore belge. Bruxelles , 4863; in-8°. Wesmael (Alfred). — Monographie des saules hybrides de la flore belge. Bruxelles, 1864; in-8°. Wesmael (Alfred). — Monographie botanique et horticole des peupliers cultivés en Belgique. Gand, 4862 ; in-8°. Wesmael (Alfred). — De la fécondation au point de vue des croisements et des hybridations en horticulture. Gand, 1863 ; in-8°. Wesmael (Alfred). — Catalogue raisonné des arbres fores- tiers et d'ornement de pleine terre en Belgique (les conifères exceptés). Gand, 1864 ; in-8°. Wesmael (Alfred). — Observations sur la culture de Plantes hybrides. In-8°. Thielens (A.) et Wesmael (A.). — Annotations à la flore de la partie septentrionale du Brabant. Bruxelles, 1862; in-8°. Bulletin du bibliophile belge, tomes XIV à XIX et XX , 1 à 5e cahiers, Bruxelles, 1858 à 1864; 6 vol. et 5 cah. in-8°. Revue de l'administration et du droit administratif de lu Belgique, A1%° année , tome X1, 7°, 8™° et 9™° livr. Liége, 1864; gr. in-8°. Annuaire de l'industrie, du commerce et de la pores en Belgique, 8™° année, 1864. Bruxelles, 1864 ; in-8°. e ( 566 ) Revue trimestrielle » 2% série, 40% volume. Bruxelles, 186%; in-12. 3 Académie d'archéologie de Belgique. — Règlement d'ordre intérieur et des finances, du 453 novembre 1864. Anvers, 1864; in-8°. | Journal historique et littéraire, tome XXXI, liv. 7. Liége, 1864; 1 broch. in-8°. Société archéologique de Namur. — Annales, tome VIIE, 5% livr. Namur , 1864 ; in-8°. Société industrielle et commerciale de Verviers. — Bulletin, 2° livraison. Août 1864. Verviers, 1864; in-8°. L'Abeille, revue pédagogique publiée par Th. Braun, X™° année, 7° à 9we Jiv, Bruxelles, 4864 ; 3 broch. in-8°. Société royale de botanique de Belgique. — Bulletins, tome III, 5™° année, n° 2. Bruxelles, 1864; in-8°. L'Illustration horticole, rédigée par Ch. Lemaire et publiée par Ambroise Verschaffelt, tome XI, 9% et 10° livraisons. Gand, 1864; 2 cah. gr. in-8°. Académie royale de médecine de Ralpique, — Mémoires des concours et des savants étrangers, tome V, 5™° fascicule. Bruxelles , 1864; in-4°. Société MAicnckiéuroicale de Bruges. — Annales, XXV"? année, 7%°, 8% et 9™e livr, Bruges, 4864; in-8°. . Annales d’oculistique, fondées par le D" Florent Cunier- XXVII™ année, 3° et 4° livr, Bruxelles, 1864 ; in-8°. Flora batava, afbeelding en beschrijving van nederland- sche gewassen, door wijlen Jan Kops, gevolgd door Jhr. F.-A- Hartsen. 188°* aflev. Amsterdam, 1864; in-4°. Institut impérial de France. — Académie des sciences, Mémoires , tomes XXVI, XXXII et XXXIV ; Mémoires présen- tés par ers savants, tome XVII; Paris; 4 vol. in-4°.— Aca- démie des inscriptions et belles-lettres , Mémoires , tomes XVII + XXIV, 2*° partie; Mémoires présentés par divers savants, 1" série, tome VE, 9e partie; 2™° série, tome IV, 2° partie; ( 567 ) Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque impériale , e XIX, 4" partie. Paris; 5 vol. in-4°. — Académie des sciences morales et politiques, Mémoires, tome XI. Paris; 4 vol. in-4°. Revue britannique , édition de Paris, nouvelle série, 4™° a née, n° 10, octobre. Paris, 1864 ; in-8°. Institut historique de Paris. — L’ AR XXXI" an- née, 558% livr. Paris, 1864; 1 broch. gr. in De Laroière. — De l'influence de l’art sur res eo et le moral des nations. Dunkerque, 1864 ; in-8°. Correspondance de Napoléon I”, publiée par ordre de l'empereur Napoléon HE, tome XVI. Paris, 1864; in-4°. Société impériale d'agriculture, etc., de l'arrondissement de Valenciennes. — Revue agricole, inlusielle ; littéraire et artistique, 16° année, t. XVII , n° 2 et 5, août et septembre. Valenciennes, 1864; 2 cah. in-8°. Comité flamand de France. — Annales, tome VII, 4865- 1864. Lille, 1864; in-8°; — Bulletin, tome HI, n° 10, juillet et août 1864. Lille, 1864 ; in-8°. Chatel (V.). — Découvertes, à Montchauvet, de restes cel- tiques et de silex taillés dans les bois de Valcongrain. Caen, 1864 ; in-8° Bouvier (A.). — Prochain retour des déluges universels, établi sur des preuves certaines. Lyon, 41864; in-8°. Bouvier (A.). — Nouveau système des mondes. Périodicité des déluges universels, date du dernier, époque du nouveau. Lyon, 1862; in-8°. Pidsiinoir (E.). — Résumé météorologique des années 1862 et 1863, pour Genève et le grand Saint-Bernard. Genève, 1863 et 4864; 2 cah. in-8°. Plantamour (E.) et Hirsch (A.). — Détermination télégra- phique de la différence de longitude entre les observatoires de Genève et de Neuchâtel. Genève et Båle, 1864; in-4°. Leibnitz. — De expeditione Ægyptiaca Ludovico XIV Fran- ( 368 ) ciae regi, proponenda scripta quae supersunt omnia adjectà praefatione historico- critica, edidit Onno Klopp. Hanovre, 1864; in-8°. Heidelberger Jahrbücher der Literatur, unter Mitwerkung der vier Facultäten, LVII" Jahrgang, 7 und 9 Heftes. Hei- delberg, 4864; 3 cah. in-8°. Justus Perthes” geographischen Anstalt zu Gotha. — Mit- theilungen, 1864, VII und IX. Gotha; 5 cah. in-4°. Naturforschenden Gesellschaft zu Halle. — Abhandlungen, Originalaufsätze aus dem VIIIe Bandes, 2° Heft. Halle, 1864; i / in-4°. Naturhistorische- medizinische Vereins zu Heidelberg. — Verhandlungen, Band IH, n° 4. Heidelberg, 1864; in-8°, Königliche sächsische Gesellschaft der Wissenschaften zu Leipzig. — Abhandlungen, Mathem. - physischen Classe , Band VI: Wilhem Weber, Elektrodynamische Maasbestim- mungen; Band VII : P.-A. Hansen, Darlegung der cheoreti- schen Berechnung der in den Mondtafeln angewandten sto- rungen , 2% Abhandl., 1864. Leipzig ; 2 cah. in-4°;— Berichte, 1865, n° 1 et 2. Leipzig ; 2 cah. in-8° ; — Philologisch- histo- rische Classe, 1863, n°° 1 » 2et 5; 1864, n° 4. Leipzig; 5 cah. in-8°. Kaiserliche Akademie der Wissenschaften in Wien. — Sitzung der mathematisch - naturwissenschaftliche Classe, Jahrg. 1864, n° 18 à 94. Vienne, 1864 ; 7 feuilles in-8°. Société impériale des naturalistes de Moscou. — Bulletin publié sous la direction du docteur Renard. Année 1865; n° 5 et 4; année 1864, n° 1. Moscou, 1863-1864; 3 cab. in-8°. Regia Societatis scientiarum Upsaliensis. — Nova acta, Seriei tertiae, vol, V , fase. 4. Upsal, 1864; in-4°. Negri (Cristoforo). — Memorie storico- politiche sugli an- tichi Greci e Romani. Turin, 4864; in-8°. Gavazzi (Modesto). — 1 prigionieri italiani a Bocara, let- ( 369 ) tera al commendatore Cristoforo Negri. Turin, 4864; in-8°. Rellica (Cesare). — L'eguaglianza. Turin, 1864; in-12. Siano (Vincenzo). — Dell inspirazione, discorso. Naples, 1864 ; in-8, Numismatic Society of London. — The numismatic chro- nicle, new series, n° XV, september. Londres, 1864 ; in-8°. British Association for the advancement of science. — Report of the thirty-third meeting held at Newcastle-upon- Tyne in august and september 1863. Londres, 1864; in-8°. The Reader, a review of literature, science and art, vol. IV, n°: 97, 98, 99. Londres, 1864; 3 doubles feuilles in-4°. Royal irish Academy of Dublin.— Transactions, vol. XXIV ,. Antiquities, part. 2. Dublin, 1864; 4 cah. in-4°. Royal Dublin Society. — Journal, n° XXXI, october 1863- july 1864. Dublin, 1864; in-8°. Haughton (Samuel). — On the reflexion of polarized light from polished surfaces, transparent and metallic. Dublin, 1864 ; in-4°. Haughton (Samuel).— On the tides of the Artic seas, part. 1, on the diurnal tides of port Leopold, North-Somerset. Dublin, 1862; in-4e. Haughton (Samuel). — Experimental researches on the granites of Donegal. Londres, 4862; in-8°. Haughton (Samuel). — Experimental researches on the gra- nites of Ireland, part. IV, on the granites and syenites of Donegal; with some remarks on those of Scotland and Sweden. Londres, 1864, in-8°. BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1864. — No 12. + | CLASSE DES SCIENCES. Séance du 3 décembre 1864. M. NERENBURGER, vice-directeur. M. Ap. QUETELET , secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Wesmael, Stas, De Koninck , Van Beneden, Ad. De Vaux, le vicomte du Bus, Gluge, Mel- sens, Liagre, Duprez, Brasseur, Poelman, Ernest Que- telet, membres; Spring, Lamarle, associés ; Donny, Mon- tigny, Steichen, Eugène Coemans, correspondants. 2 SÉRIE, TOME XVIII. 25 (372 ) CORRESPONDANCE. Le secrétaire perpétuel fait connaître que l’Académie vient de perdre l’un de ses membres, M. Braemt, qui fai- sait partie de la commission administrative. — La classe des sciences a perdu également un de ses associés les plus distingués , M. Struve, directeur de l'observatoire impérial de Pulkowa. — M. le Ministre de l’intérieur envoie, pour être placé dans les salles de l'Académie, le buste en marbre de feu M. l'ingénieur Simons, ancien correspondant de la classe des sciences. — La Chambre des Représentants et le Sénat font par- venir à l’Académie des cartes pour les tribunes réservées. — Remerciments. — M. le docteur Klopp fait hommage, par l'intermédiaire de la légation du Hanovre, du premier volume des Écrits de Leibnitz ayant trait à sa proposition relative à une e expt dition française en Égypte: La classe reçoit aussi communication de diverses lettres relatives à ses envois : de M. le vicomte de Seisal, ministre de Portugal, de M. le ministre du Brésil, de M: le secré- taire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles- lettres de l’Institut de France, de l’Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg , ete. — M. Alfred Wesmael communique ses observations sur Se ESRA (373) les phénomènes périodiques des plantes observés pendant l’année 1864 — La classe reçoit différents travaux manuscrits, pour l'examen’ desquels elle nomme des commissaires, savoir : 1° Cladoniae acharianae, ou révision critique des Cla- doniae du Synopsis et de l'Herbier d’Acharius, par M. Eug. Coemans, correspondant de l’Académie. (Commissaires : MM. Spring et Morren.) 2 Note sur une proposition nouvelle relative à la dis- position des appuis qui correspondent au minimum de fatigue maxima, dans le cas d’une pièce prismatique, chargée uniformément, par M. Léon Derote, sous-ingé- nieur au corps des ponts et chaussées. ( Commissaires : MM. Lamarle et Schaar.) 3° Recherches sur l'histiologie de la moelle épinière, par M. le docteur Gustave Boddaert, de Gand. ( Commis- saires : MM. Schwann, Poelman et Cluge) - 4 Sur la production de l’acétylène ; nouvelles méthodes, par M. P. Dewilde, professeur de chimie à l’Institut agri- cole de l’État, à Gembloux. (Commissaires : MM. Stas et Melsens.) 9° De l’action de l’amalgame de sodium sur quelques sels minéraux, par M. Éd. Dubois, répétiteur à l’Institut agricole de l’État. (Commissaires : MM. Stas et Melsens.) 6° Note sur la constitution intérieure du corps, par M. H. Valérius, professeur à l’Université de Gand. (Com- missaires : MM. Plateau et Duprez.) | ( 374 ) RAPPORTS. Observations tératologiques, par M. Alfred Wesmael. Rapport de M, Spring. - « M. Alfred Wesmael communique à l’Académie la description de quatre exemples de déviation morpholo- gique observés dans le courant de cette année. C’est la suite de ses Observations sur la nature de la cavité ova- rienne chez les TriroLium, sur lesquelles notre regretté confrère M. Kickx et moi avons eu l'honneur de faire un rapport, dans la séance du 20 mai 1863. Le premier exemple, observé sur un Pisum sativum tend à prouver que les ovules sont de nature appendicu- laire; le second , provenant d’un Epilobium hypericifolium, revendique la même nature au trophosperme; le troisième présente à la fois le cas très-rare d’adhérence entre les sépales et les pétales chez un Cypripedium insigne, et le cas très-fréquent de cohérence, ou soudure homologue, des pétales. Enfin , dans le quatrième , une vrille de Vitis vini- fera s’est transformée en axe foliifère , ce qui démontrerait, selon l’auteur, que chaque axe florifère est la terminaison du mérithalle précédent. Dans notre rapport rappelé plus haut, l'honorable M. Kickx et moi nous avions conseillé à l’auteur de se mettre en garde contre des conclusions tirées trop exclu- sivement de faits tératologiques. Aujourd’hui, je suis seul à réitérer ce conseil. Il est reconnu par les botanistes les plus sages que les faits tératologiques prouvent tantôt trop, tantôt trop peu; et il n’est pas de doctrine morpholo- ( 375 ) gique qui ne trouve des appuis dans ce que, avant Goëthe, on avait considéré comme de simples accidents, comme des jeux de la nature. Cependant, voulant encourager le travail du jeune bo- taniste, je propose à la classe d'insérer ses Observations tératologiques dans le bulletin de la séance. » Ces conclusions sont adoptées par la classe, et la notice de M. Alfred Wesmael sera imprimée au bulletin de la séance. Considérations sur l'espèce, à propos d’un récent ouvrage de M. Jordan; par M. François Crepin. Rapport de M. Spring. « La question de l’espèce a été souvent discutée devant l’Académie. Aujourd’hui, elle se représente dans les limites et sous la forme qui plaisent particulièrement aux floristes. Faut-il beaucoup d'espèces ou peu? Faut-il s'en tenir encore au Systema naturae complété et perfectionné, « système aristocratique » , dit-on, « et par conséquent ennemi du progrès »; ou faut-il abattre ce système pour établir l'égalité des dédits en faveur des petits et des misé- rables qui avaient été injustement délaissés jusqu’à pré- sent? Voilà la question presque sentimentale qu’on pose. Dans le courant de cette année, un botaniste lyonnais, M. Jordan, à fait paraître la première partie d’un ouvrage intitulé : Diagnoses d'espèces nouvelles ou méconnues, pour servir de matériaux à une flore réformée de la uaki ve des contrées voisines. Il y rences les plus bite sptibités: ne consisteraient-elles que ( 376 ) dans le nombre ou la longueur des poils qui recouvrent une feuille, doivent être considérées comme spécifiques du moment que la culture expérimentale démontré leur stabilité, Guidé par ce principe, M. Jordan arrive à créer des espèces dont le nombre, selon l'estimation de M. Cre- pm, devra s'élever, pour la seule flore de l’Europe, à quelque chose comme 50 à 60 et peut-être à cent mille. Pour notre part, nous ne voyons pas même de raisons qui l’empêcheraient de s'élever avec le temps à deux cent mille et davantage. Et de cette manière, où s’en irait-on en histoire naturelle; puisque le principe admis en bota- nique deviendrait forcément la règle aussi en zoologie? Deux cent mille espèces de phanérogames pour l’Europe seule, cent mille espèces de cryptogames au moins, et peut-être cinq cent mille espèces d’animaux à reconnaître, à dénommer , à définir et à décrire, voilà de quoi ae suffisamment nos successeurs ! M. Crepin a eu tort, selon nous, de prendre trop au ~ sérieux les idées de M. Jordan. Il a consacré à leur réfu- tation le mémoire dont nous avons à rendre compte à l’Académie; et cette réfutation même nous a paru assez embarrassée, puisque l’auteur de la critique aime lui- même les nombreuses espèces, et qu’il accepte comme vrai le principe de son adversaire, en objectant seulement les impossibilités de sa mise en œuvre. Nous avons même remarqué que ses sympathies et son admiration sont ac- quises à ce qu’il appelle l'école progressiste et que par- fois la simple justice est refusée à l’école de Linné, qui est. qualifiée de rétrograde et à laquelle on reproche de Vin- ppe de l'es esprit de routine et des habitudes de métier. > sera surprise sans s doute d'entendre M. Cre- pin remuer. comme a x ent à la LE F ( 817 ) nouvelle école, les expériences de culture, alors que Buffon avait déjà défini l'espèce : « une succession constante d'individus semblables et qui se reproduisent » (1), et que, depuis Linné, des jardins botaniques ont été créés partout et entretenus à grands frais , en partie précisément pour se livrer à ces expériences. Il n’est pas un botaniste de la vieille école qui n’ait reconnu comme le meilleur critérium de l'espèce la constance de ses caractères à tra- vers les générations successives. La difficulté est seule- ment d'appliquer ce critérium à toutes les espèces, et de l'appliquer pendant un temps suffisamment long ; et cette double difficulté existe certainement pour la nouvelle école comme pour l’ancienne. Le seul progrès qui soit donc possible sous ce rapport consisterait à appliquer avec plus d'ardeur et dans une plus grande étendue Fan- cien principe, et l’on conviendra que ce progrès n'aurait rien de « révolutionnaire ». Le vrai point dans lequel les nouvelles tendances s’é- cartent des anciens préceptes, c’est la négation de la va- leur hiérarchique des caractères. Linné avait dit : Varie- tates levissimas non curat botanicus. M. Jordan dit, au contraire : qu’un caractère quelconque, pourvu qu'il soit- Stable, légitime l'espèce. C’est de ce point qu'est né ce que M. Crepin appelle les excès de la nouvelle école, et ce que j'appellerai, moi, son défaut de bon sens. Com- ment? les plus légères différences de margination, de pubescence, de couleur des organes appendiculaires, une. différence d’un dixième de millimètre dans la profondeur de l’incisure d’une silicule ou dans la longueur du style, » (1) Histoire naturelle, Quanrurënes, édition de 1786, tom. H, p. 107. . (378) comme dans les Thlaspi, auraient autant de valeur que, par exemple, les caractères tirés de la radication, de la foliation , de l’inflorescence ou de la présence de nectaires? Cela n’est pas possible. Si l'application de ces principes était faite, je ne dirai pas à nos animaux domestiques, mais à l’homme lui- même, je m’engagerai volontiers à diviser les habitants d’une seule grande capitale en un millier, peut-être en dix ou vingt mille espèces. Car l’hérédité, c’est-à-dire la transmission aux jeunes générations, des caractères les plus accessoires, des signes les plus futiles y est la règle et leur non-transmission y est l'exception. Non-seulement le nègre , comme beaucoup le pensent aujourd’hui, forme- rait une espèce différente de l'Européen , non- seulement l'albinos et l’homme velu devraient être classés à part, mais il y aurait encore des espèces à nez camus, d’autres à nez pointu, et ainsi de suite. Quand on parle espèce dans le moment actuel, où lat- tention des naturalistes est vivement sollicitée par les grandes idées que Darwin a jetées dans la science comme un ferment puissant, il ne doit pas être permis de s'ar- -rêter encore à la mince question de savoir si ce qu'on appelle communément des races, ou variétés constantes, mérite ou non d’être dénommé et décrit comme espèce. Interrogeons plutôt la nature, multiplions les observa- : tions, discutons les faits et tâchons de concourir chacun à la solution du grand problème relatif à la constance ou à la variabilité des types, qui n’est, à proprement ter, qu’une des phases sous lesquelles se présente aux naturalistes le problème plus grand encore de l’action de la cause première ou créatrice et des causes secon- _ daires. | memes DRE ( 379 ) Je propose de déposer dans les archives de l’Académie ` le travail qui a donné lieu au présent rapport. » Conformément à ces conclusions, auxquelles adhère M. Wesmael, le second commissaire, la classe décide que le mémoire de M. Fr. Crepin sera déposé dans ses ar- chives; elle décide ensuite que le rapport de M. Spring sera inséré dans le Bulletin. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Poelman communique à la classe la notice qui lui avait été demandée sur la vie et sur les travaux de son ho- norable confrère M. J. Kickx, l’un des membres que l’Aca- démie a eu la douleur de perdre récemment. Cette notice sera insérée dans l'Annuaire de 1865. me Sur les variations séculaires du magnétisme; par M. Chr. Hansteen, de Christiania. Il est donné lecture d’une nouvelle communication de M. Hansteen, contenant un supplément à sa lettre sur le magnétisme terrestre, adressée à M. Ad. Quetelet et insérée dans les Bulletins de l'Académie du 24 septembre dernier, pages 228 et suivantes. « Je vous écrivais alors, dit le célèbre physicien norwégien, que la diminution annuelle de l’inclinaison magnétique est de 0/,83, et qu'entre 1828 et 1848, elle a été de 2’,12; que par conséquent elle se rap- Prochait d’un minimum, qui peut arriver vers l’an 1873... ( 380 ) J'ai nouvellement cherché une formule qui représentât au- tant que possible les inclinaisons moyennes depuis 1820,45 jusqu’à 1863,5, et j'ai trouvé la suivante : i — 72°43',406 — 3/,5456 (t — 1820,0) + 0',038359 (t — 1820,0)": i est l’inclinaison pour l’année t. Cette formule est le ré- sultat de dix-huit cent soixante-huit observations parti- culières, et quand l’année 1864 sera complétée, ce nombre sera augmenté encore de cent. En appliquant cette formule aux résultats observés, j'ai trouvé un minimum égal à 71°21”,889 pour t — 1865,98. Les diminutions annuelles Ai, ont donné les valeurs 7 A 1820,0 — 3/,546 1830,0 — 9873 1840,0 — 2,034 1830,0 — 14,234 1860,0 — 0,484 1866,0 — 0,000 » Les différences entre les inclinaisons observées et les inclinaisons calculées montrent une ondulation dans la marche de l’inclinaison magnétique; en effet, elles sont négatives de 1820 jusqu’en 4835 environ ; positives jus- qu’en 1844, négatives en 1844 et 1845; positives de 1846 à 1855, et enfin négatives de 1856 à 1864; ce qui semble annoncer une variation un peu irrégulière et périodique de 9 années environ. . Les plus grandes différences négatives s’observent en 1825, 1844,5 et 1863,5; ce qui donne une période de 19 années et demie entre la première et la deuxième de ces _ dates, et de 49 années entre la deuxième et la troisième; elle est peu différente de la période de nutation de l'axe terrestre, qui est de 18 %5 ans. Celle-ci est peut-être la _ Cause de la première. ( 581 ) » Je vous communique encore le résultat de mes observa- tions sur l'intensité magnétique horizontale depuis 1827,38 jusqu’en 1864,45, exprimée dans l'unité absolue de Gauss. Pai trouvé la formule suivante : h = 1,5246 + 0,16941 (€ — 1827,0) — 0,00077104 (4 — 0,1827 }*. Cette formule donne un maximum À — 14,6076, pour t = 1956,9 ; elle est le résultat de trois cent quatre-vingt-une observations différentes, dont je vous donnerai plus tard les détails. » Étoiles filantes périodiques du mois d’aout 1864 , observées dans les États-Unis d'Amérique. Extrait d’une lettre de M. Newton, de New-Haven, à M. Ad. Quetelet, secré- taire perpétuel de l’Académie. Depuis un quart de siècle environ, dit M. Quetelet, j'ai pu comparer le ciel de l'Europe à celui du nord de l'Amérique pour l'apparition des étoiles filantes des deux grandes périodes du 11 août et du 15 novembre. MM. Her- rick, Newton et plusieurs autres savants des États -Unis ont bien voulu seconder activement mes efforts; j'ai eu le regret toutefois de n'avoir pu trouver des observateurs aussi zélés dans nos contrées je À rer où; il faut bien e dire, nous manquons des ; tants sur ce genre de phénomènes. . Des observations simul- tanées faites sur les deux hémisphères opposés seraient de la plus grande importance dans l’état d'avancement où est parvenue actuellement la science. Voici les observa- tions que M. Newton et ses amis ont bien voulu me donner pour la dernière apparition du mois d’août. Le phénomène ne s’est pas démenti cette année en Amérique, quoïque le ciel, tout comme en Europe, ait été &énéralement cou- ( 382 ) vert pendant les nuits où l’observation devenait nécessaire. On a pu reconnaître que la multiplicité des étoiles filantes a été constatée sans qu’on ait pu bien en déterminer le nombre. « Le 19 août, nous nous proposions d'observer, dit M. Newton; mais un brouillard épais qui couvrait le ciel dans la Nouvelle-Angleterre, dans les États de New-York et la Pennsylvanie, empêcha entièrement les observations. Chez nous, à New-Haven, la voûte céleste était un peu dé- couverte à partir de onze heures et demie, et l’on put aper- cevoir la polaire pendant trois heures. Durant une partie de ce temps, les étoiles de quatrième grandeur pouvaient être vues au zénith et M. C.-G. Rockwood jeune et moi nous comptâmes quarante-quatre étoiles filantes. Il m'a paru qu’une plus faible partie du nombre de ces météores provenait de la main armée de Persée. Cela semblerait in- diquer que les phénomènes réguliers du mois d'août ne sont pas faciles à apercevoir à travers les vapeurs. » A Chicago (lat. 42° nord, long. 87° 35’ ouest de Green- wich), M. Francis Bradley, observateur aussi instruit que consciencieux et que vous connaissez sans doute comme un des amis de M. Herrick, vit à peu près le même nom- bre de météores qui s’est montré pendant les années pré- cédentes, et peut-être un peu plus grand. Il commença son inspection du ciel avec trois assistants, à 41 heures et de- mie environ. Voici ses résultats : Direction. De 10 1/2 à 11h, De 11b à iab, De 12h à 1h, Ni: 13 38 60 AN 9 38 31 Sie 7 33 54 D. 12 30 7 Toni | 41 139 152 f ( 383 ) | » Peu de temps après minuit, l’un des assistants se retira et les trois autres observateurs se partagèrent l'inspection du ciel; le petit nombre 7 observé pendant cette dernière heure et placé au bas de la dernière colonne est due à ce changement. » Après 4 heure du matin, les trois observateurs res- tanis aperçurent : Direction. De 1h à 2b, De 2h à 3h. De 5 à 31/2h, Dreu, HE: 92 412 40 A VOS 2 7 80 13 TD: 93 130 59 FROTAL 5: 260 322 112 en 5 heures donc, on compta un nombre total de 1,026 étoiles filantes. » Ce chiffre semble être plus fort que celui que nous avons observé l’année précédente, à pareille époque. Six d'entre nous, à Hartfort, comptant alors à haute voix, de crainte de double emploi, virent exactement en une demi- heure et en commençant un peu après dix heures, cent cinquante-trois météores. Le crépuscule et quelques va- peurs empêchaient de bien voir cependant, mais non pas d'une manière incommode. : » Je penche beaucoup à adopter une équation personnelle différente pour les observateurs. J’ai fait voir, à cet effet, dans un écrit que j’ai lu récemment à l’Académie nationale des sciences, que la distribution des météores sur le ciel apparent est presque indépendante de l’azimut, et que la fréquence relative dans les différentes parties du ciel est simplement une fonction de la distance zénithale. Mais si nous comparons les résultats des observations de M. Her- ( 584 ) rick, nous trouvons que quelques directions étaient plus abondantes en météores que d’autres. Ce savant partageait avec soin le ciel par quartiers, et les directions les plus riches étaient parfois dans un azimut et parfois dans un autre. Ceci indiquerait donc une équation personnelle, due à une vigilance plus grande ou à un pouvoir de vision plus énergique chez un observateur que chez un autre. » Que dire du rapport d’un observateur qui, près de Charleston, demeura sur son toit, de 9 heures du soir, le 9 août, jusqu’à 4 heures du matin, pour observer les étoiles filantes, et n’en vit que dix-neuf, pendant que le ciel était pur au point de lui permettre de voir la nébu- leuse du scorpion. » Vous avez connaissance, je le suppose, de mon adhé- rence à l'opinion de M. Herrick, que, dans leurs relations cosmiques, il n’y a pas de différence entre les météorites, les météores détonants, les globes de feu qui font explo- sion , les globes de feu qui semblent se consumer entière- ment, les étoiles filantes avec traînée, les étoiles filantes sans traînée, les étoiles filantes périodiques et sporadi- ques, les étoiles filantes de grande dimension et celles vi- sibles seulement au télescope. Ces météores diffèrent en grandeur, en constitution chimique, en constitution mé- canique et sous plusieurs autres rapports, comme des corps diffèrent entre eux sur la terre. Ils peuvent différer dans les groupes de leurs orbites, mais ce sont tous en général des corps se mouvant chacun dans son propre orbite autour du soleil ou à travers l’espace. _» Une preuve évidente apportée à l'appui de leur théorie est fournie par la chute récente des météorites à Orgueil, en France. Les étoiles filantes, par leur retour périodique et leur irradiation d’un point fixe dans les cieux , doivent, \ nn ere ( 585 ) d’après moi, être considérées comme étant de nature cos- mique. Les. globes de feu doivent, d’après leur vitesse planétaire, être considérés aussi comme des corps de même nature , et il a été possible de dire que ces corps ne four- nissent pas de pierres et sont par là tout à fait distincts des météores pierreux. Ici cependant nous avons en mains des pierres provenant de boules ignées qui avaient tous les caractères des météores détonants. Nous sommes parvenus à calculer, avec une exactitude considérable, leurs trajec- toires, et nous avons trouvé que leur vitesse était certaine- ment comparable à celle de la terre dans son orbite autour du soleil. Ces météores se voyaient d’abord à une hauteur de 90 kilomètres au moins de la surface de la terre: Après leur explosion, ils disparaissaient probablement à environ 30 kilomètres de hauteur. Leur marche était fortement inclinée vers l'horizon sous une incidence de 20 à 30°, de sorte que la matière dont ce corps était formé descendait vers la terre. » Nous ne parlons pas d’un globe de feu détonant du type normal, qui envoie encore des pierres vers le sol, prouvant ainsi l'identité des deux genres de phénomènes. » Ce serait un service rendu à la science, si tous les renseignements qu’on peut recueillir sur ces chutes par- ticulières de pierres étaient réunis et publiés en un même écrit ou mémoire. » ( 386 ) Sur les Tenia d’Abyssinie. Extrait d’une lettre de Monsei- gneur Van den Heck à M. Van Beneden. On sait que les vers cestoïdes sont excessivement communs chez les habitants de l’Abyssinie, et à tel point que ceux-ci ne se considèrent dans leur état physiologique que quand ils en nourrissent quelques-uns. Mais l’histoire de ces vers est encore bien incomplétement connue. Nous nous empressons de faire part à la classe d’une lettre que nous venons de recevoir de Monseigneur Van den Heck et qui contient à ce sujet quelques renseigne- ments intéressants. L'évêque des peuples Gallas et son secrétaire, un père capucin , viennent d'arriver à Versailles. Ce père capucin a séjourné pendant six à sept ans chez les Gallas, qui tiennent à l’Abyssinie et qui sont obligés de passer par le territoire du roi Théodore pour venir en Europe. Ces Gallas sont en communication continuelle avec les- Abyssiniens, et comme eux , mais beaucoup moins qu'eux, ils ont le ver solitaire. Les Abyssiniens, dès l’âge de cinq à six ans, ont ce ver. Ils mangent presque toujours de la viande crue, Surtout du mouton, mais jamais du porc ni sain ni ladre. C'est uniquement par principe religieux qu’ils ne mangent pas de cette viande. Pour le même motif, ils ne mangent Pas non plus de la chair de lièvre. Les Gallas, au contraire, qui sont chrétiens, mangent de l’un et de l’autre. Abyssiniens font usage du cousso pour se guérir de ce ver, quand il devient trop grand ; mais ils n’en prennent que trois petites tasses pour rendre seulement le corps du A EAE ESAE ( 587 ) ; parasite. lls tiennent à conserver la tête. Comme ils sont très-gloutons et que la chair crue est leur mets favori, ils waiment pas à s’en débarrasser afin de manger davantage. lls se nourrissent mieux par T quand ils ont le ver solitaire. Le père capucin fait observer que les Abyssiniens ou les Gallas qui se font chrétiens sont en peu de temps délivrés du ver solitaire. Probablement par principe de modération ou de non-gloutonnerie, ils prennent du cousso pour se débarrasser complétement du corps et de la tête en même temps Nous supposons que ce Tenia est l'espèce sans couronne de crochets (Ten. mediocannellata) qui s’introduit par la viande crue de bœuf. Nous ne savons pas si la viande de Mouton en contient. Sur les fouilles au Trou des Nutons, pr ba tr par MM. Van Beneden et E. Dupo Les fouilles au Trou des Nutons sont poursuivies avec activité, et nous continuons à trouver des ossements nom- breux et variés. A peu de distance de ce trou, nous avons commencé l'exploration d’une autre petite caverne, et les résultats sont tellement extraordinaires, que nous ne pouvons nous empêcher d’en faire part immédiatement à la classe. Dans le Trou des Nutons, nous avons trouvé des silex taillés , des objets d'os travaillés, des fragments de char- bon de bois et des morceaux de poterie. Ici nous trouvons, de plus, des ossements humains, des mâchoires de castor et de glouton pêle-mêle avec des restes d'ours (qui n’est 2% SÉRIE, TOME XVI. 26 ( 588 ) pas l’espèce des cavernes), de renne, de chèvre, de bœuf, de sanglier, des musaraignes, des mgin de nom- breux oiseaux, quatre espèces d’hélix (pomatia, arbusto- rum, lapicida, cellaria ) et l'Unio batava, qui vit encore dans la Meuse. Les os humains consistent dans un os frontal d’un en- fant, -très- remarquable pour l'élévation du front et la minceur extraordinaire des parois. I] n’y a aucune saillie pour représenter l’arcade sourcilière ni bosse nasale, et l’arcade orbitaire est parfaitement arrondie en dedans, depuis l’échancrure ou le trou sourcilier. On ne voit pas de traces de sinus frontaux. La crête qui sépare ordinaire- ment la fosse temporale de la bosse frontale manque com- plétement. Un autre os frontal est fort incomplet; on voit cependant qu’il provient d’un adulte. L’arcade sourcilière est égale- ment peu prononcée; mais autant les bosses frontales laté- rales sont prononcées dans l'os précédent, autant elles le sont peu dans cette pièce : c’est un os fort déprimé. Les parois ont une épaisseur commune et les sinus frontaux se montrent comme à l'ordinaire. Nous avons également recueilli des os des membres : un humérus, un fémur, un tibia, un péroné , une portion de l'os iliaque, de Pomoplate et une clavicule. Ces os indi- quent, comme les os frontaux, deux individus d'âge différent. Le castor y est représenté par un maxillaire inférieur complet et le glouton par la moitié du maxillaire inférieur. y est représenté par une colonne vertébrale pres- que complète. Nous avons trouvé depuis la seconde ver- _ tèbre céicie jusqu’à la troisième caudale, y compris le Sacrum et la plupart des côtes avec une partie du ster- ( 589 ) num. Il est notablement plus petit que l’ours des cavernes. Nous avons trouvé une tête de chèvre entière , fort bien conservée et qui se rapproche beaucoup de celle de notre chèvre domestique. Une espèce de bœuf, je ne sais quelle espèce, est repré- sentée par un maxillaire inférieur assez complet, la moitié inférieur du canon et deux phalanges. Nous espérons pouvoir donner plus tard la description _ détaillée de tous ces différents objets. Le Rorqual du cap de Bonne-Espérance et le Képorkak des Groenlanduis ; par M. P.-J. Van Beneden , membre de l’Académie. Les naturalistes savent parfaitement aujourd’hui qu'il existe une étroite affinité entre la baleine appelée Rorqual du Cap par Cuvier, et celle à longues mains, qui est si Commune sur la côte du Groenland (détroit de Davis) et que les pêcheurs appellent Képorkak. Mais jusqu'où va cette affinité? Le Képorkak a une de ses stations principales dans le détroit de Davis, visite quelquefois la mer du Nord et pénètre même dans la Bal- tique; mais visite-t-elle aussi la mer du Japon, la mer des Indes, le Cap et l'océan Atlantique austral? Est-ce la même espèce, comme plusieurs naturalistes l'ont pensé, — et nous avons été du nombre, — qui habiterait à la fois les deux hémisphères? Il west pas hors de propos de faire remarquer ici que la plupart des cétacés du pôle arctique se répètent au pôle austral. Nous avons des baleines franches des deux ( 590) côtés , ainsi que des cachalots et des orques. Le docteur Gray parle même d’un Beluga, des mers du Sud. Le Musée de Leide vient de recevoir le squelette d’une balénoptère voisine de la Gigas, prise sur la côte de Java (1). Nous avons fait connaître dernièrement un Ziphius de la mer des Indes, très-voisin de celui qui est encore dans la Méditer- ranée, et le docteur Gray m’informe qu’il attend un sque- lētte de microptère du cap de Bonne-Espérance. Il resterait seulement à trouver, pour compléter la liste des cétacés de l'hémisphère boréal, le narval et quelques autres espèces de moindre importance. Cette question de la distinction du roqual du Cap et du képorkak des Groenlandais avait besoin d’être soumise à un nouvel examen. Eschricht et M. Gray l'avaient tranchée dans un sens opposé. Une nouvelle comparaison est deve- nue d'autant plus nécessaire que les musées se sont enri- chis, dans ces derniers temps, de nombreux matériaux. Grâce au zèle infatigable d'Eschrichtet surtout de son ami Holbôll, gouverneur du Groenland, les musées de Copen- hague, de Leide, de Bruxelles, de Louvain, le British Muséum et ceux de plusieurs autres villes possèdent au- jourd'hui des squelettes de Longimana du Nord. Eschricht a même recu, dans de la liqueur, des embryons de cette remarquable espèce et jusqu’à un cerveau aussi complet et aussi bien conservé qu'il est possible d'en avoir d’un mammifère quelconque. Le musée de Berlin renferme le squelette de celui qui a échoué à lem- bouchure de l'Elbe, et nons pensons que le musée de (1) M. W. H. Flower vient de déerire cette remarquable espèce sous le nom de B. Schlegelii, en la dédiant au savant directeur du musée de Leide. Notes of the Skeletons of Whales<. (Procee. Zoo: Soc. 1864). ï E 11 7 ( 391 ) Saint-Pétersbourg possède celui de l'animal qui est venu se perdre, le 9 avril 1851, dans la Baltique, à Fest de Réval (1). , On a conservé au Derby Museum le squelette d’une - jeune femelle qui est allée se jeter, il y a quelques années, sur la côte d'Angleterre (2). Une portion d’occipital de baleine, mise à sec dans la Baltique et que Pon a supposée fossile, se rapporte parfai- tement à la Megaptera longimana, d’après Eschricht. M. Hagen la croit voisine de l'espèce du Cap, mais la re- garde comme fossile et nouvelle pour la science. Je dois à l'extrême bonté de M. Hagen des planches photographiées qui mont été communiquées par obli- geance de notre savant confrère M. de Selys-Longchamps. En mettant ces matériaux à profit, nous avons tàché de lever le doute qui existait encore dans notre esprit, comme dans celui de plusieurs cétalogues, sur la différence spéci- fique de ces gigantesques espèces. Nous avons soumis le squelette du Muséum d'histoire am 9 April 1851 bei Reval aufgebr. Wallthier (BALÆNA LONGIMANA , ms) mit Abbild. Reval, 1852. Hubne Anh A Le 4, T CI Cite ensuite l it 1545 près de Greifswalde, un autre encore en mai 1578, sur la côte de date (kurlandischen Kuste), et un troisième, de soixante pieds de long, Qui est venu se perdre près de Stettin, en 1628. (Heusche, pré auf der kurischen Nehrung bei Nidden gefundenen Knoc. in-4°. Schrift. d. Phys. Oek. Ges. zu Königsberg. Jahre 1, H. H. (2) De l'estuaire du Dee (estuary of the Dee (T. Moore) young Rene] Skeleton in Derby Museum. Skeleton in Brit. Museum, du Groen Gray, Brit. Cetacea, pag. 1 ( 392 ) naturelle de Paris, le seul exemplaire connu du Cap, à un nouvel examen, et c’est le résultat de cette étude compara- tive que nous avons l’honneur de soumettre aujourd’hui à la classe. Quelques personnes seront peut-être étonnées de voir que certains caractères fort importants aient pu échapper à l'attention de tant de zoologistes qui ont étudié ces cétacés. Mais qu’on ne perde pas de vue les immenses dif- ficultés de cette étude, à cause des embarras des trans- ports et de la rareté des occasions de voir des animaux frais, sans oublier que l’on ne peut presque jamais com- parer directement les pièces entre elles. Aussi trouve-t-on encore aujourd’hui, dans de grands musées, les erreurs les plus grossières dans l’arrangement des os du squelette. On voit, par exemple, dans une baleine un os médian occuper la place du bassin, ce qui n'existe dans aucun cétacé et, plusieurs paires de côtes s’articuler au ster- num comme dans les cétodontes. Voici le résultat des observations que nous avons eu l'occasion de faire en comparant le squelette du rorqual du Cap avec ceux qui proviennent du détroit de Davis. Le nombre de vertèbres est exactement le même dans les deux cétacés. Nous en comptons cinquante-deux, dont sept cervicales, quatorze dorsales, neuf lombaires et vingt- deux caudales. En général les vertèbres du Képorkak sont plus fortes que celles du rorqual du Cap. De toutes les régions, c’est dans la cervicale que l’on trouve les différences les plus marquantes. L’apophyse transverse de l'atlas est moins allongée et moins élevée à sa base dans-le rorqual du Cap que dans le képorkak du Nord, et l’apophyse épineuse supérieure a AS ENTRER ( 393 ) plus détendue d’avant en arrière dans ce dernier. Le bord antérieur de l’atlas du képorkak montre, en outre, une échancrure en avant, tandis que ce bord s’élève verticale- ment dans le rorqual du Cap. Fig. 1. Rorqual du Cap. Région cervicale. L'axis a une apophyse épineuse supérieure moins*al- longée dans celui du Nord, c’est-à-dire moins étendue d'avant en arrière, de manière que l’apophyse épineuse de latlas est plus à découvert dans l'espèce du Nord. Le | bord antérieur de cette apophyse est droit dans l'espèce du Cap et lobé ou antérieure dans celui du Nord. Dans le képorkak, les apophyses épineuses vont en ( 594 ) diminuant de la troisième à la cinquième cervicale; ces apophyses s'élèvent, au contraire, régulièrement de la troisième à la cinquième vertèbre et jusqu’à la septième dans le squelette du Cap. Les apophyses inférieures ou transverses sont moins développées dans le squelette du Nord que dans celui du Cap. Ces apophyses sont presque nulles dans la sixième vertèbre et elles manquent complétement dans la sep- tième. Sous ce rapport, il y a peu de différence entre les deux squelettes. Dans les autres régions, il y a encore quelques diffé- rences à signaler, différences qui portent surtout sur lépaisseur du corps des vertèbres, ainsi que sur les apo- physes épineuses supérieures, qui ont plus d'étendue d’avant en arrière dans le squelette de Lalande. Toutes les vertèbres, mais surtout les lombaires, sont un peu plus courtes dans ce dernier squelette. Nous avons choisi pour la comparaison la sixième et la quatorzième dorsale et la huitième lombaire. C’est la neuvième et la dixième vertèbre de la région lombaire qui ont le corps le plus épais : il mesure cent vingt-cinq millimètres. Les côtes sont au nombre de quatorze. La troisième et la quatrième diffèrent des autres, parce qu’elles portent une. tête distincte, sans s’articuler toutefois par cette partie aux corps des vertèbres. Toutes les côtes dans les baleines s’articulent seulement par leur tubérosité avec l'apophyse transverse des vertèbres qui leur correspon- dent. Sous ce rapport, les baleines diffèrent notablement des autres cétacés. La première côte est assez étroite en hant, mais elle s'élargit vers le milieu de sa hauteur. A ( 595 ) son extrémité inférieure, elle est à peu près deux fois aussi large qu’en haut. Dans le rorqual du Cap, les côtes sont un peu moins tordues sur elles-mêmes que dans le képorkak, Nous ajouterons ici le croquis que nous avons fait des premières côtes, d'autant plus que M. Gray a publié ré- cemment la partie supérieure de la première et de la se- conde côte. | | A Fig. 2. A A. Apophyses tr S t côtes des six premières vertèbres dorsales de la balénoptère du Cap. \ | Fig. 3. B + n #3 À h du kénorkak s, y po: . Il est inutile de faire remarquer, ©’est un fait acquis depuis longtemps, que dans toutes les baleines il my a ( 396 ) qu’une seule vraie côte, c’est-à-dire que la première s'ar- ticule seule avec le ne et cela sans os ou cartilage intermédiaire. Les têtes, pour autant du moins qu'il a été possible de les comparer, présentent, dans les deux squelettes une fort grande ressemblance. D’après un croquis que nous avons fait à Paris et que nous avons comparé avec la tête que nous possédons à Louvain, les os nasaux sont toute- fois un peu plus allongés dans le rorqual du Cap que dans celui du Nord. Nous ferons remarquer que ces deux têtes proviennent d'individus à peu près du même âge. Fig. à. Omoplate droite de rorqual du Cap. Fig. 5 ( 397 ) rence assez grande : dans l'espèce du Cap, une apophyse (acromion) est assez saillante sur le bord antérieur, du moins dans l’omoplate de droite. Dans cet os de gauche, l'apophyse manque à la rigueur, mais sa place est bien marquée, Dans l'espèce du Nord , au lieu d’une saillie sur le bord antérieur, il y a une proéminence plus bas, très- - près de la cavité articulaire, dont l’origine et la direction diffèrent et qui correspond à l’apophyse coracoïde. Elle ne nous semble aucunement correspondre avec l’acromion de l’omoplate précédente. Nous aurions done dans le ror- qual de Cap l’apophyse acromion et dans celui du Groen- land l’apophyse coracoïde (1). Le sternum de l'individu du Cap et de celui du Nord’ que nous possédons à Louvain, est absolument le même : c’est un os échancré au milieu de manière que les deux côtés ne tiennent que par une faible commissure. Le ster- num porte sur la ligne médiane une éminence tubercu- leuse. Une figure seule peut donner une idée de cette Conformation. Depuis que le squelette du Muséum de Paris a été monté, bien des progrès ont été réalisés, et l’on peut dire aujourd’hui que ces pièces ne peuvent que donner une fausse opinion du sternum et de la manière dont les côtes Sarticulent avec lui. Le sternum doit être renversé , c’est-à-dire que l’échan- crure doit venir en avant et le tubereule en arrière. La première côte s'articule seule avec le sternum et elle le fait directement, comme nous l'avons dit plus haut, sans l'in- termédiaire d’un cartilage ou d’un os. Tout ce qui est fait (1) Eschricht avait déjà fait cette observation ; mais comme l’apophyse deux côtés n’est pas également développée dans le squelette de La- lande, il en avait conclu que cette disposition peut être individuelle. ( 598 ) de bois, avec l'intention de représenter će qui manque, est donc à supprimer : il ne manque rien. Dans le squelette monté à Berlin, sous la direction de Rudolphi, le sternum est également mal placé, et la pre- mière côte est mal articulée. Voiei comment ce sternum est conformé et placé dans la Balaena longimana du Nord que nous possédons à Louvain. Fig. 6. 1: c FR DR, E el LI L La conformation du sternum indique que nous avons affaire à un jeune animal. Cette échancrure antérieure s'efface par le rapprochement des deux bords en avant, de manière que le sternum montre, à un âge plus avancé, un trou au milieu, au lieu d’un disque. Nous avons vu un sternum pareil au musée de Copenhague. A un âge plus avancé encore, ce trou, à son tour, est envahi par la sub- a ( 599 ) stance osseuse, et le sternum est formé d’une plaque de forme triangulaire sans aucune lésion de continuité au centre. Nous représentons ici les trois âges de ce sternum par a, bet c. La nageoire est très-semblable dans les deux baleines. Nous pouvons heureusement nous prononcer avec certi- tude à cet égard, puisque le rorqual du Cap possède en- core toutes les phalanges en place, et que nous avons également eu l’occasion d'étudier une nageoire complète, avec tous les os en place, d’un képorkak des Groenlandais. L’index , dans ce dernier, n’a également que deux pha- langes; le médian et l’annulaire chacun sept, et le petit doigt trois, comme dans le rorqual de Lalande. Il nya que les os du corps qui diffèrent. Le képorkak a d’abord une rangée de trois osselets , et en dessous de cette rangée, on en voit encore quatre autres. Ces os sont moins bien indiqués dans le rorqual du Cap. Cette nageoire diffère très-peu de celle du fœtus, de trente-quatre pouces de longueur, dont Eschricht (1) a donné un très-bon dessin dans son beau livre sur les ba- leines du Nord. En résumant le résultat de nos observations, il nous semble qu’il existe des différences assez notables dans les vertèbres, surtout celles de la région cervicale, et parti- culièrement dans les omoplates, pour séparer nettement le képorkak des Groenlandais du rorqual du Cap. Nous nous rapprochons ainsi de l’opinion exprimée depuis long- temps par le docteur Gray, du British Museum, qui a donné au premier le nom de Megaptera longimana, et à (1) Nordische Wallthiere , pl. UE, fig. 4. ( 400 ) Pautre celui de Megaptera pæskop. Le docteur Gray a le premier proposé un nom générique pour distinguer ces baleines à bosse des baleines à nageoire; mais c’est Eschricht qui a fait connaître les vrais caractères sur les- quels il repose et qu’il a exprimés dans le mot de Kypho- balaena. Les Kyphobalaena sont distincts génériquement par la présence d’une bosse à la place d’une nageoire, par la longueur des membres antérieurs et par le nombre de doigts, qui est seulement de quatre. ——— Une nouvelle dent de Carcharodon dans le gravier de la Meuse; par G. Dewalque, membre de l'Académie. J'ai déjà eu l'honneur de faire connaître à l’Académie deux faits qui rendaient extrêmement probable la présence dans le dépôt de gravier diluvien de Ja vallée de la Meuse, de dents de grands squales éteints , le Carcharodon mega- lodon, Ag. et l'Oxyrrhina trigonodon, Ag. J'ai à me féli- citer d’avoir appelé l'attention sur ce sujet, et je viens Signaler un nouveau cas de ce genre, dont je dois la con- naissance au zèle éclairé de M. Houbotte, ingénieur en chef des ponts et chaussées de la province de Liége. Il s’agit encore d’une dent de Carcharodon megalodon, trouvée dans un gravier noir et très-cohérent , à environ 525 en contre-bas de la surface de la plaine alluviale de la Meuse et à trente mètres du fleuve , en creusant un bassin au canal de Liége à Maestricht, près de Dorant-le-Pont, en amont de l’écluse latérale et de l’écluse de garde. Ce nouveau fait, en l'authenticité duquel j'ai toute con- fiance, me paraît établir d’une manière incontestable la ( 401 ) présence de ces grands squales dans le diluvium de la Meuse. Je saisis volontiers cette occasion pour rappeler que Schmerling , exposant les raisons pour lesquelles il pen- sait que les ossements de nos cavernes y ont été amenés par les eaux, rapporte qu’il y a trouvé des débris de pois- sons avec des bélemnites et une baculite. Observations tératologiques; par Alfred Wesmael, direc- teur du Jardin botanique de Mons. , Tous les ans nous réunissons les différentes observa- tions tératologiques que nous avons occasion de rencon- trer soit dans les jardins, soit dans nos herborisations. Cette année, les quelques remarques que nous avons faites, quoique peu nombreuses, ne laissent pas cepen- dant que d'offrir certain intérêt. En premier lieu, nous avons observé certaines anoma- - lies chez un épilobe qui nous permettent, de nouveau, de persister dans notre manière de voir relativement à la na- ture des trophospermes et des ovules. En second lieu, un Pisum sativum nous a montré de singuliers exemples de synanthie. Comme troisième observation, nous avons a un cas bien rare d’adhérence entre certaines pièces d’une fleur des Cypripedium insigne. Comme dernière observation, nous avons consigné les faits qui démontrent l’organogénie de l'inflorescence chez la vigne. | Mons, 15 octobre 1864. (402) Observations tératologiques chez un PISUM SATIVUM. Moquin-Tandon, dans ses Éléments de tératologie, re- connaît que les synanthies peuvent s’opérer d’après deux systèmes : ou bien il y a une pénétration, une fusion entre tous les organes floraux, ou bien il arrive un fort rappro- chement accompagné de la cohérence des calices et des parties les plus extérieures. La synanthie que j'ai étudiée et qui m'a été remise par mon ami M. Houzeau, appartient au premier système. Je vais en donner une description détaillée. D'abord il y a anomalie relativement à l’axe sur lequel la fleur synanthisée s’est développée. Chez le Pisum sati- vum, les fleurs, soit solitaires, géminées ou en grappes, se développent sur des axes secondaires terminés par une ou plusieurs fleurs; ses axes sont par conséquent définis. Or laxe qui porte la fleur synanthisée est aussi un axe secondaire, mais celui-ci ne s'arrête pas au point de déve- loppement de la synanthie, au contraire, il se prolonge pour se terminer par deux fleurs normales. Je dois faire observer que la variété de pois Prince Albert sur laquelle cette observation a été faite ne porte que des axes secon- daires uniflores. Or ceci dit, je dois faire remarquer que l'axe secondaire qui nous occupe est terminé par deux fleurs parfaitement libres dans toutes leurs parties et se développant à l’aisselle d’une feuille normale, tandis que la Synanthie prend naissance à Vaisselle d’une feuille réduite à la partie stipulaire. ; Trois fleurs ont concouru dans la formation de la sy- nanthie. Le calice présente neuf sépales soudés en un ca- lice gamosépale. Les trois corolles présentent différentes soudures très-remarquables entre elles. D'abord une pre- De ( 405 ) mière est complexe pour son étendard, qui s’est soudé avec l'aile droite de la fleur; Faile gauche est libre; les deux pétales constituant la carène sont libres. La seconde corolle n’est pas représentée dans toutes ses parties d’une manière normale. L’étendard est mal conformé, sa moitié gauche est atrophiée. L’aile droite est normale; quant à la gauche, elle fait défaut; les deux pétales de la carène sont disjoints et sont colorés en vert. La troisième fleur n’est représentée que par deux péta- les verts et déformés. En résumé, le deuxième verticille de la synanthie nous présente une soudure et un grand nombre d’atrophies , puisque sur quinze pétales on n’en observe que onze. L’androcée est triadelphe; un premier faisceau résulte de la soudure de treize étamines ; un second de trois, enfin, une étamine libre. Le faisceau le plus nombreux présente deux filets pétaloïdes : Pun d'eux porte une anthère sur un de ses bords. Le gynésée offre trois carpelles libres de toute adhé- rence. L’un d'eux n’a pas ses bords soudés, de façon qu’on distingue parfaitement les ovules à l’état naissant, se déve- loppant à droite et à gauche de la feuille carpellaire sur de petites dents qui ne sont rien autre que les dentelures de la feuille. Cette dernière observation vient donc démon- trer de nouveau à l'évidence que les ovules, au moins chez les légumineuses, sont d’origine appendiculaire. Transformation des ovules en organes foliaces chez un EPILOBIUM HyPERICIFOLIUM Taush. Les transformations d'organes en feuilles peuvent se présenter sous trois états différents : 4° celui dans lequel 2° SÉRIE, TOME XVII. 2 ( 404 ) les organes ont pris une apparence herbacée, mais con- servent leur forme et leur position normales; 2 celui dans lequel les organes adoptent la figure des véritables feuilles avec leurs nervures, leurs lobes ou leurs dents, mais offrent encore leur situation habituelle; 3° enfin celui dans lequel les organes, plus ou moins métamorphosés, ont perdu ou semblent avoir perdu leur position normale par suite des atrophies, des hypertrophies, des avortements complets et même des soudures, dont le phénomène est compliqué (1). La virescence que nous avons observée chez PH. hype- ricifolium rentre dans la seconde catégorie des transfor- mations que nous avons indiquées plus haut. La plupart des ovaires sont hypértrophiés, et cette ano- malie résulte du plus grand développement qu'ont pris les ovules par suite de leur transformation en feuilles. Les ovaires, arrivés à un certain état de développement, se sont fendus suivant les quatre nervures dorsales, de façon à permettre aux ovules modifiés de paraître à l'intérieur; d’autres capsules anormales présentent les carpelles non soudés suivant leur nervure ventrale. Les petites folioles provenant de la transformation des ovules se présentent sous la forme ovale-lancéolée à som- met acuminé. Tous les ovules ne se sont pas transformés en virescences ; on en remarque un certain nombre sous la forme d’un long funicule terminé par une petite lame verte; d’autres présentent également un long funicule; chez ces derniers, il est terminé par un renflement ovuli- forme, mais vert. ; matea iii as piki (1) Moquin-Tandon, Teratologiae, p. 207. ere a è a e a a a a JEEE ( 405 ) Après la virescence des ovules, toutes les autres parties de la fleur sont également transformées en expansions accessoires foliacées. Le calice est hypertrophié et les divi- sions s’écartent, comme forme de celle qui caractérise les fleurs normales. La corolle, elle ausssi, est passée à l’état de virescence, et presque toutes celles que nous avons ren- contrées sur les pics. étaient hypertr ophiées. Les cas de virescenc des fleurs ne sont pas rares, aussi nous serions-nous abstenu de signa- ler celui observé chez l'Epilobium h ypericifolium; mais ce qui est beaucoup plus rare, c’est la transformation des ovules en feuilles. Déjà, l'année dernière, nous avons traité d’une virescence chez le Trifolium repens L.: il s'agissait de la démonstration à l'évidence que C'était la partie vagi- nale de la feuille qui donnait naissance à la cavité ovarienne. Dans l’épilobe, l'ovaire est resté à peu près normal, si ce n’est l’hypertrophie et plusieurs disjonctions des nervures ventrales; mais les ovules ont pris la forme de petites feuilles. On sait que deux théories singulièrement distinctes l’une de l’autre ont été mises en avant sur la nature des ovules. Pour les uns, chaque ovule correspondrait à une feuille Qui aurait pris naissance sur le trophosperme, et dans ce Cas, ce dernier organe aurait évidemment une nature axile; Pour les autres, au contraire, ses trophospermes seraient formés, à part quelques rares exceptions, par les bords de la feuille carpellaire, et les ovules auraient pour ori- gine des renflements de ces mêmes bords. Dans ce cas-ci, les trophospermes auraient une origine appendiculaire. Voyons si l'étude de la virescence qui fait le sujet de cette note peut nous éclairer de nouveau sur la nature des tro- phospermes et des ovules. Évidemment oui. Dans les épi- ( 406 ) lobes, chaque capsule est formée par quatre carpelles, de façon à avoir un fruit quadriloculaire. Les ovules sont portés sur des trophospermes occupant l'angle interne de chaque loge; la placentation est par conséquent axile. Si l’on coupe une de ces capsules suivant un plan horizontal, on remarque à son centre la réunion des quatre trophospermes por- tant chacun un grand nombre de graines. Dans certaines capsules tératologiques, les ovules transformés en feuilles se développaient sur cette espèce d’axe central formé par les quatre trophospermes, et dans ce cas, on pouvait croire que chacune de ces petites feuilles se développait sur cet axe supposé. Mais si, à côté de ce premier examen, on compare d’autres capsules tératologiques, celles chez lesquelles les deux bords de la feuille carpellaire sont restés libres, et que ces mêmes bords présentent également des ovules modifiés en expansions foliacées, il n°y a plus de doute possible: il faut reconnaître aux trophospermes une origine appendiculaire, et que c’est sur ces mêmes appen- dices que se sont développés les ovules. Maintenant ces ovules développés sur les bords de la feuille carpellaire, quelle est l’origine que nous pouvons leur reconnaître ? Une partie de ces mêmes bords. Ces observations sont conformes, du reste, avec celles que nous avons faites sur le Trifolium repens L. aussi nous avons rencontré des gousses dont les bords n'étaient pas soudés et qui portaient, non pas des ovules. transformés, mais de jeunes graines parfaitement confor- mées. Chez le trèfle, il n’y avait aucun doute relativement à la nature du trophosperme et des ovules; ces deux organes avaient une origine appendiculaire. Eh bien, ce qui est vrai pour le trèfle l’est également chez l’épilobe que nous venons rom ( 407 ) Ainsi donc, chez les Légumineuses et les Onagrariées, les trophospermes ont une origine appendiculaire. Adhérence entre certaines pièces des deux verticilles péri- gonaux chez une fleur de CYPRIPEDIUM INSIGNE Wall. La fleur normale d'un Cypripedium se compose de deux verticilles fournis chacun de trois parties et dont la réu- nion à reçu le nom de .périanthe. Le verticille le plus antérieur se compose de trois sépales, dont les deux infé- . rieurs sont portés sous le labelle. Le verticille intérieur se compose également de trois sépales, dont l’inférieur, le labelle, est creusé ordinairement en sabot. Dans la fleur tératologique que nous avons sous les yeux, il y a de singuliers phénomènes d’adhérence entre certaines parties des deux verticilles. En commençant l'étude par le verticille antérieur, et Prenant pour point de départ le sépale supérieur, on re- Marque que celui-ci est anormal. En effet, ce pétale dans les fleurs normales présente des bords ondulés ; or, dans la fleur anormale il n’y a qu’un bord ondulé, l'autre, au contraire, est beaucoup plus développé dans le sens la- téral, de façon que la nervure médiane ne partage plus exactement le limbe en deux moitiés égales. On ne con- State la présence que d’une des deux divisions inférieures, celle de gauche; quant à celle de droite, elle existe mais intimement soudée, d'une part, avec le labelle, d'autre part, avec la division périgonale interne. Un fait bien remar- quable, c’est que la division inférieure libre a emprunté au labelle son bord antérieur droit, de façon que cette même division antérieure présente sur son bord droit une partie du labelle. Ainsi done le verticille antérieur est réduit à deux pièces libres et anormales, la supérieure (408) par suite du plus grand développement de la partie droite du limbe; l’inférieure de droite à cause de l'emprunt fait au labelle de son bord de droite. Quant à l’autre pièce inférieure, elle s’est soudée avec deux des divisionsdu ver- ticille intérieur. Il y a donc eu adhérence entre une pièce du verticille extérieur et deux pièces du verticille inté- rieur et, de plus, fusion entre une partie du labelle et la division extérieure inférieure restée libre. Le verticille intérieur ne nous présente que deux pièces, l’une normale, c’est la division supérieure de gauche, l’autre anormale provenant de la soudure du labelle avec : la division de droite de ce même verticille et de l’adhé- rence de la division inférieure droite du verticille exté- rieur. Ainsi donc la fleur anormale du Cypripedium insigne nous présente deux phénomènes tératologiques bien dis- tincts l’un de l’autre. D'abord, le verticille extérieur , par suite de la soudure d’une de ses pièces avec le verticille intérieur, constitue ce que Moquin-Tandon distingue sous le nom d’adhérences. Dans son remarquable ouvrage de tératologie, il ne signale qu’un seul exemple d’adhérence entre les sépales et les pétales : Cest un Geranium no- dosum dans lequel un pétale s'était dévié de sa situation normale et collé par le dos de sa partie inférieure à une des folioles du calice. Le fait que nous avons observé dans une orchidée semble donc rare. Quant au second fait tératologique que nous présente la fleur de Cypripedium, il rentre dans une autre caté- gorie distinguée par Moquin-Tandon sous le nom de cohé- rences. Ici les exemples sont plus communs, soit que les différentes pièces d’une corolle polypétale se soudent en une Corolle monopétale, ou bien que deux ou plusieurs ( 409 ) pétales se soudent entre eux et que les autres restent li- es. : Transformation d’une vrille en axe iako chez le VITIS VINIFERA. Dans le développement normal des ramifications chez la vigne, on constate que, en opposition avec chaque feuille, se montre ou une vrille ou une inflorescence. Nous savons que chaque vrille représente les axes florifères dont les fleurs ont avorté. Tous les ans de nombreux exemples nous démontrent ces jeux de la nature : c’est la coulure des jardiniers. Cette année, un singulier phénomène s’est pro- duit dans le jardin de notre excellent ami M. Houzeau. L'extrémité d’un jeune rameau de vigne présente une bifurcation. L'un des deux axes est normal, c’est celui qui s’est développé à l’aisselle de la feuille existant au point de bifurcation. L'autre ramification a eu pour ori- gine la vrille réduite à son axe primaire, Il est certain que, chez la vigne, chaque entre-nœud ou mérithalle n’est pas la continuation de celui qui lui est inférieur. Un sarment de vigne se compose d’une série d'articles superposés. Chacun de ces articles est un axe développé à l’aisselle de la feuille opposée à la vrille ou l’inflorescence. Maintenant, quant à la vrille ou à l'inflo- rescence , nous devons admettre qu’elle est terminale par rapport à l’article qui lui est inférieur. Ainsi donc chaque inflorescence de vigne, quoique insérée latéralement sur le rameau, a une origine terminale par rapport à chacun des mérithalles ; si son insertion paraît latérale, c’est qu’elle est rejetée sur le côté par suite du développement de l'entre-nœud qui a pris naissance à l’aisselle de la feuille opposée à l’inflorescence ou à la vrille. ( 410 ) S'il est bien compris que chaque vrille est terminale, on se rendra compte de ce qui s’est passé dans le sarment de vigne observé à Hyon. Au lieu d’une vrille, nous avons un axe; or, cet axe a une tout autre origine que son voisin avec lequel il forme la bifarcation : au lieu de provenir d’un bourgeon déve- loppé sur un même plan horizontal , il est la continuation du mérithalle inférieur. Ainsi donc, anomalie sulte de ce qu’un entre-nœud, au lieu d’être terminé par une vrille ou une inflorescence, s’est prolongé sous forme de rameau. Cette prolongation s’est arrêtée à la suite du développement d’une vrille et d’une feuille : aussi, dès ce point, les choses sont-elles ren- trées dans leur état normal. Cette observation nous démontre évidemment la nature organogénique de l’inflorescence chez le Vitis vinifera : chaque axe florifère est la terminaison de chacun des mérithalles. O O (411) CLASSE DES LETTRES, Séance du 5 décembre 1864. M. GacHarp, directeur. M. Av. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le baron de Gerlache, Grandgagnage, de Ram, Roulez, Borgnet, le baron J. de Saint-Genois , David, De Decker, Snellaert, Maus, M.-N.-J. Leclercq, Polain, Baguet, Ch. Faider, Arendt, Ducpetiaux , le baron Kervyn de Lettenhove, Chalon , Ad. Mathieu, membres; Th. Juste, Defacqz, Wauters, correspondants. MM. Alvin et Fraikin, membres de la classe des beaux- arts, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur transmet, pour la biblio- thèque de l’Académie, un exemplaire de l'Histoire des Francs d’Austrasie, par M. Gérard, ainsi qu'un exem- plaire des tomes XIV à XX du Bulletin du Bibliophile belge. — M. Ch. Blommaert, correspondant de l’Académie, récemment nommé membre de la Commission de littéra- ture flamande, en remplacement de M. l'abbé Carton, décédé, écrit qu’il accepte cette nomination avec grati- tude et qu’il se fera un plaisir de seconder ses collègues. ( 412) — M. ie baron Kervyn de Lettenhove dépose la notice biographique sur M. l'abbé Carton, membre de la classe des lettres : ce travail sera inséré dans l Annuaire de l Aca- démie pour 1865. — Des remerciments sont adressés à M. le baron Ker- vyn de Lettenhove pour le sixième volume des OEuvres de Georges Chastelain, qu'il vient de publier et qui fait partie de la Collection des grands écrivains du pays. — M. Wolowski fait hommage du nouvel écrit qu'il vient de publier sur la Question des banques. — M. le Ministre de l’intérieur remercie l'Académie pour le projet d'inscription qu’elle lui propose de placer sur le monument consacré aux comtes d'Egmont et de Hornes. Il soumet à la compagnie la question de savoir s'il ne conviendrait pas de faire intervenir dans cette in- scription un mot indiquant l’iniquité du jugement prononcé par le duc d'Albe. Quoique la classe pense qu’il est superflu de rien spécifier à cet égard, elle accède à la demande qui lui est faite, et modifie , en ce sens, le texte épigraphique du monument exécuté par M. Fraikin , membre de la classe des beaux-arts. En transmettant cette nouvelle rédaction, la elasse croit pouvoir exprimer le désir de voir achever bientôt, sous le rapport épigraphique, les monuments élevés à Godefroid de Bouillon et au prince Charles de Lorraine, monuments pour lesquels l’Académie a rédigé, il y a plus de dix ans, deux ol E (1) Voir les Bulletins, le tom. XIX, {r° partie, p. 442, et le tom. XX, 5me pratie, p. 214, AE À Na ail ri + À (M3) RAPPORTS. « MM. M.-N.-J. Leclercq, Ch. Faider et Defacqz don- nent successivement lecture de leurs rapports sur un mé- moire présenté par M. Thonissen, membre de la classe, et traitant De l’organisation judiciaire, des lois pénales el de la procédure criminelle de l'Égypte ancienne. La classe adopte les conclusions de ses trois rappor- teurs, et ordonne conséquemment l'impression du mé- moire dans le recueil de ses publications in-quarto. » ns COMMUNICATIONS ET LECTURES. ee Le Prince Auguste d’Arenberg; par M. Théodore Juste, correspondant de l’Académie. Plusieurs Belges, descendants des plus illustres maisons des Pays-Bas, ont joué, dans les dernières années du dix- huitième siècle, un rôle considérable, non-seulement dans leur patrie, mais en France et en Autriche. Parmi eux, il faut signaler particulièrement le prince Auguste d'Aren- berg, que son dévouement pour Marie-Antoinette, que ses relations avec Mirabeau, que son amour persistant d’une - sage liberté ont rendu célèbre. ( 414 ) Tâchons de retracer brièvement les principaux incidents d'une vie qui fut marquée par des événements extraordi- naires ou du moins dignes à tous égards de l'attention de la postérité. Auguste-Marie-Raymond, prince d’Arenberg et comte de La Marck, naquit à Bruxelles le 30 août 1755. Il était le second fils issu du mariage de Charles-Märie-Raymond d'Arenberg, feld-maréchal au service de l'Autriche, avec Louise-Marguerite, fille et héritière unique de Louis-En- gelbert, dernier descendant mâle des comtes de La Marck. Ce seigneur possédait en pleine propriété, au service de France, un régiment d'infanterie allemande qui portait son nom. Il proposa au duc d’Arenberg de disposer, en fa- veur de son second fils, du régiment de La Marek. Cette proposition fut acceptée avec l’agrément de l’impératrice Marie-Thérèse. Le prince Auguste quitta le régiment du duc Charles de Lorraine, où il était entré comme cadet, et Passa au service de France. Le régiment de La Marck te- nait alors garnison à Uzès, en Languedoc. Le prince Au- guste s’y rendit, après avoir assisté aux fêtes du mariage de l’archiduchesse Marie-Antoinette avec le dauphin de France. À la mort du vieux comte de La Marck , survenue en 1775, le prince Auguste prit le nom de son aïeul mater- nel et succéda également à la grandesse dont jouissait son grand-père. L'année suivante (23 novembre 1774), il'épousa Marie-Françoise-Augustine Ursule, fille d’Augustin-Marie le Danois, marquis de Cernay, lieutenant général et gou- verneur du Quesnoy. ~ La guerre ayant éclaté entre la France et l'Angleterre, à Voccasion de la déclaration d'indépendance des États- Unis de l'Amérique du Nord, le régiment de La Marck fut ( 415 ) envoyé dans l'Inde et placé sous les ordres du lieutenant général comte de Bussy, dans l’escadre commandée par le bailli de Suffren. Au combat de Gondelour, le comte de La Marck fut grièvement blessé d'un coup de fusil dans la poitrine. Rentré en France, il reçut une seconde blessure dans un duel où il avait été appelé par un jeune officier Suédois nommé Peyron. Tous les torts étaient du côté de celui-ci. Jl les aggrava en provoquant le comte de La Marck dans un grand bal masqué que la cour donnait à Gustave HI, roi de Suède. Le duel eut lieu au bois de Bou- logne. Pesto reçut un coup d'épée dans l'œil et tomba roide mort. Quant au comte de La Marck, il avait été de nouveau atteint dans la poitrine. La protection du roi le mit à l’abri des poursuites que le parlement aurait pu diri- ser contre lui. Il fut nommé maréchal de camp et inspec- teur général d'infanterie. Quoiqu'il n’eût pas été naturalisé français, il fit ensuite partie de la députation que le Quesnoy envoya aux états généraux. A la vérité, l’indigénat n'était pas nécessaire pour être élu membre de l’Assemblée nationale : il suffi- Sait, pour la noblesse, de posséder des fiefs dans le royaume. Or le comte de La Marck se trouvait dans ce cas: il possédait, du chef de sa femme, la terre de Raismes, entre Valenciennes et Tournay. Il se présenta donc au bailliage du Quesnoy, dans l'arrondissement duquel se trouvait la terre de Raismes, et obtint les suffrages des gentilshommes du pays. Le 5 mai 1789, il assistait à la séance d'ouverture des états généraux. Il y retrouva Mirabeau, dont il avait fait la connaissance l’année précédente, par l'entremise de Senac de Meilhan , intendant du Hainaut français. Ce fut à un ( #16 ) diner chez le prince de Poix, gouverneur de Versailles, que Mirabeau et le comte de La Marck s’étaient rencontrés pour la première fois. Depuis lors ils s'étaient revus assez souvent, car la conversation étincelante de Mirabeau avait séduit le prince d’Arenberg; il se sentait même attiré vers le tribun dont tout le monde parlait déjà. Toutefois ils ne s'étaient pas immédiatement rencontrés dans l’Assemblée nationale, le comte de Mirabeau siégeant avec les dé- putés du tiers état, tandis que le comte de La Marck se trouvait dans la salle de la noblesse. On raconte que, peu de jours après la réunion des trois ordres, Mirabeau s'ap- procha de M. de La Marck et lui dit :« Ne reconnaissez- vous plus vos anciens amis? Vous ne m’avez encore rien dit.» — « À présent que nous nous rencontrerons chaque jour , répondit M. de La Marck, j'espère bien vous voir et m'entretenir souvent avec vous. » — « Avec un aristocrate comme vous, repartit Mirabeau, je m’entendrai toujours facilement. » En effet, ils s'entendirent tout de suite. « D'accord avec » Mirabeau dès la réunion des trois ordres, lisons-nous » dans les Souvenirs du prince d’Arenberg, nous n'avons » plus l’un et l'autre entrevu rien de mieux pour la France » Qu'un gouvernement monarchique constitutionnel. » Le grand orateur de l'Assemblée constituante eut bien- tôt tant de confiance dans la loyauté et la discrétion du comte de La Marck qu'il n’hésita point à lui faire part de ses embarras d'argent. Le comte lui prêta cinquante louis par mois. Attaché et dévoué à la reine Marie-Antoinette et s'exagérant peut-être l'influence que Mirabeau aurait pu exercer Sur la marche de la révolution, si l’on parvenait à le rallier, il aurait voulu dès lors qu’on assuràt à son ami ( 417 ) une position qui le mît à même de se consacrer à la dé- fense du trône. Lui-même rapporte que Necker ayant fait échouer, par jalousie ou par défiance , les premières négo- ciations , cet insuccès le dégoûta des affaires de France. H est Vrai aussi que son attention était alors attirée vers les Pays-Bas autrichiens , où une insurrection éclatait contre l’empereur Joseph H. Les troupes impériales occupaient encore Bruxelles, lorsque le comte de La Marck s'adressa, le 22 novém- bre 1789, au comité insurrectionnel qui siégeait à Bréda, sous la présidence de Henri Van der Noot, pour lui offrir ses services. Il ne reçut pas de réponse, soit qu'on se dé- fiât d’un personnage que l’on savait en haute faveur près de la reine de France, sœur de Joseph IF, soit que la let- tre dont il s’agit ne fût point parvenue à sa destination. Toutefois le comte de La Marck persévéra dans les dé- marches qu’il avait commencées. A près la retraite des Au- trichiens de la Flandre, il fit pressentir les dispositions des membres les plus influents de cette province, et il reçut de leur part l'invitation de se rendre à Gand. Dans la lettre qu’il adressa de Paris, le 40 décembre, au comité de Gand, il disait : « Pour moi qui verserai jusqu’à la dernière goutte » de mon sang pour recouvrer la liberté de mon pays, et » même pour en faire une heureuse république fédérative; > moi qui ne veux rien et à jamais rien pour moi et les » miens que l’honneur de servir les Belges et de contri- » buer à la fondation de la république naissante, ou à la > restauration de leur constitution antique et libre , s'ils > préfèrent cet état de choses, je déclare que je ne con- » sentirai jamais à donner mon pays à une autre puis- > Sance, à un autre prince, et même que je m'opposerai ( 418 ) » de toutes mes forces à une révolution qui ne tournerait » qu'au profit de quelques ambitieux subalternes et per- » fides. » Cette lettre indiquait clairement les sentiments . du prince Auguste à l'égard de Van der Noot et de ses principaux adhérents. Il était également très-explicite dans la demande de congé qu'il avait adressée au président de l'Assemblée nationale de France. Là, il disait qu'il se ferait gloire de porter partout les leçons, les sentiments et les principes de l’Assemblée constituante. Mais il n’eut point l'occasion de les faire triompher, et son amour-propre reçut même de profondes blessures. ii Le comte de La Marck , venu à Gand, avait sollicité des états de Flandre le commandement en chef de l’armée, ainsi que la direction des négociations extérieures, avec voix délibérative au congrès qui allait se réunir à Bruxelles. Les états, après avoir délibéré sur ses propositions, lui firent répondre que les affaires de la guerre et de la di- plomatie étant du ressort exclusif du congrès, ils de- vaient se borner à le remercier de ses offres patriotiques et à lui donner une lettre de recommandation pour le congrès. Cette lettre de recommandation resta inefficace, et, en résumé, le comte de La Marck meut pas même la satisfaction de pouvoir servir en qualité de colonel. Il était suspect, et non sans raison, au parti dominant. Tandis que Van der Noot et ses adhérents recherchaient l'alliance de la Prusse et de la république des Provinces-Unies, le comte de La Marck , rallié au parti démocratique, travail- lait à lui concilier les sympathies et à lui procurer l'appui de la France. Cependant le comte de La Marck était venu dans les Pays-Bas de son propre mouvement et n'avait point recu de mission du ministère français. En effet, le ( 419 ) général Schlieffen , commandant des troupes prussiennes à Liége, ayant interrogé à ce sujet le général La Fayette, celui-ci répondit (7 mars 1790) : « La personne dont vous » me parlez agit de son propre mouvement comme ci- . » toyen né du Brabant, et ses démarches dans sa patrie » ne sont nullement dirigées par le Gouvernement. » Un désaveu aussi catégorique contraria vivement le comte de La Marck, car il affaiblissait son influence. « Ce n’était pourtant pas la faute de La Fayette, » lisons-nous dans les Mémoires laissés par cet homme célèbre, « M. de La Marck avait lui-même déclaré qu'il partait comme Belge et ne se regardait point comme instrument du gouvernement français. » Bientôt éclatèrent entre les partisans de Van der Noot et ceux de Vonck, entre les oligarques et les démocrates, ces divisions et ces luttes qui devaient exercer une si fu- neste influence sur les destinées de la Belgique. Le duc Louis d’Arenberg, le comte de La Marek et le duc d’Ursel, leur beau-frère, appuyaient ouvertement les démocrates. Le comte de La Marck signa même la fameuse adresse que Vonck, au nom de la Société patriotique, présenta, le 15 mars, aux états de Brabant pour obtenir une re- présentation plus équitable des trois ordres. Des pillages, des violences déplorables, excités ou du moins tolérés par l'autorité, punirent, le 46 et le 17, les démocrates qui avaient osé protester contre la suprématie du parti oligarchique. Le 22, le comte de La Marck écrivit une lettre des plus énergiques aux états de Brabant. Il leur disait courageusement : « .... J'étais bien aise, en signant > cette adresse, de donner une marque publique d’estime > à un homme vertueux (M. Vonck), l'un des principaux 2me SÉRIE, TOME XVIII. 28 (420) » auteurs de votre indépendance. Aujourd’hui le même » esprit qui m'a guidé dès le commencement m'engage à » vous dénoncer l'acte de proscription qui a suivi la pré- _ » sentation de l’adresse aux états de Brabant et à deman- » der que vous fassiez justice de cette criminelle affaire. » J'ai méprisé les calomnies que l’on a répandues sur mon » compte; mais lorsqu'on dresse des listes de proscription, » lorsqu'on répand de l’argent pour exciter à l'assassinat » et au pillage une populace aveugle, je dois élever ma » voix : je m'ai pas besoin de réparation pour les outrages » que l’on m'a faits; mais les états, mais la nation ont be- » soin de la faire cette réparation à tous ceux qui ont été » outragés.... » La proscription des vonckistes de Bruxelles avait égale- ment indigné les officiers de l’armée patriotique dont le quartier général était à Namur. Ils élurent un comité chargé de transmettre leurs vœux au congrès. Or ce Co- mité donna une adhésion formelle à l'adresse du 15 mars et demanda que le général Van der Mersch, l'ami dévoué de Vonck, fùt nommé généralissime des troupes patrioti- _ques, que le commandement en second fût remis au comte de La Marck et que le duc d'Ursel reprit la présidence du comité de la guerre. Ces deux seigneurs accompagnèrent Vonck à Namur, lorsque le chef du parti démocratique se rendit à l'invitation qui lui avait été adressée par les offi- ciers. Mais le comte de La Marck et son beau-frère eurent soin cependant d'avertir le congrès qu'ils n’accepteraient que le rôle de médiateurs. Ce rôle honorable, ils ne pu- rent le remplir. Le congrès voulait une soumission abso- lue; de leur côté, les progressistes reculaient devant une guerre civile. Ils prirent enfin le parti de ne point résister ( 421 ) à un autre corps d'armée que le congrès envoyait à Na- mur sous le commandement du général Schœnfeld. Mais dès qu’ils eurent mis bas les armes leur ruine fut com- plète. Le comte de La Marck eut même besoin de faire valoir sa qualité d'officier général au service de France pour se soustraire à la rage des partisans de Van der Noot. Deux fois il fut arrêté; il parvint néanmoins à fran- chir la frontière et à regagner sa terre de Raismes. Ulcéré contre le parti victorieux; confus du rôle qu'il venait de jouer, le prince Auguste regrettait amèrement et ne cessa plus de condamner sa participation à la révolution brabançonne. Il écrivait en 1896 : « Sous quelque rapport que j'aie depuis considéré cette révolution, elle ne con- venait point à mes sentiments et n’était pas d'accord avec mes principes. Je fus entraîné par l’irritation que me causèrent les injustes persécutions exercées par le gouvernement autrichien contre ma sœur chérie, M™! la duchesse d’Ursel. Jeus tort, je l’avoue; car, quelque blämables que pussent être la conduite de l'empereur Joseph envers ses sujets et celle de ses agents envers ma dérées que je fis alors. La fidélité pour la maison d'Au- triche était au rang de mes premiers devoirs, et je n'aurais jamais dû oublier les bienfaits dont Marie-Thé- rèse avait comblé ma famille, ni les témoignages particu- liers de bonté qu’elle avait bien voulu m’accorder. Si done ma conduite dans cette circonstance peut s’expli- » quer, je ne la regarde pas moins comme inexcusable. » Le comte de La Marck était très-lié avee M. de Mercy- Argenteau, ambassadeur d'Autriche à Paris. Ce dernier lui avait adressé, à Bruxelles même, une lettre par laquelle il EM MN à me vu à vy sœur, cela ne justifie nullement les démarches inconsi- . “ ( 422 ) l’invitait à se rendre à Paris, où il avait, disait-il, à Pen- tretenir d’affaires de la plus haute importance. Informé de son arrivée, M. de Mercy vint le voir et, feignant d'ignorer la part que le comte avait prise à la révolution des Pays- Bas, ne lui dit pas un mot de cet épisode si compromet- tant. Il lui parla de ses relations intimes avec Mirabeau et ajouta que le roi et la reine demandaient son opinion sur les dispositions qu’il supposait au célèbre orateur. M. de La Marck répondit : « Le comte de Mirabeau avait cru, au commencement des états généraux, que les minis- tres du roi agiraient comme le font les ministres en Angle- terre; qu'ils chercheraient à former dans l'assemblée un parti pour le gouvernement et à y attacher les hommes les plus propres, par leurs talents, leurs connaissances , leur popularité, à fortifier ce parti. A l’ouverture des états généraux, le parti populaire était celui que la masse géné- rale de l'opinion favorisait. Mirabeau s’est jeté dans ce parti et s’y est montré violent pour se faire craindre et recher- cher par le gouvernement. Ses calculs ont été déçus, et depuis il n’a pas dépendu de lui de prendre une meilleure . position , je veux dire celle qui convenait à ses opinions et à ses principes politiques. Il men a souvent témoigné des | regrets... « Le comte de Mercy confia à M. de La Marck que le roi et la reine étaient décidés à réclamer les services de Mirabeau, s’il était disposé à leur être utile, et si lui- même voulait servir d'intermédiaire. C'était là un rôle difficile et délicat. Marie-Antoinette ne s’abusait point à cet égard, lorsque, le 22 avril, elle avait prié le baron de Flachslanden , son agent secret en Allemagne, de lui procurer un homme habile, adroit et fidèle pour mettre la cour en rapport avec Mirabeau. « La NOW ON NON SN nn 7 ( 425 ) difficulté, disait-elle, est de savoir par qui lui faire parler. Il serait peut-être bien qu’il pùt croire positivement que c’est de ma part, mais jamais assez pourtant pour qu’il pût me citer. Où trouver un homme assez insignifiant dans ce moment, mais assez fidèle , assez prudent et Surtout assez ferme et adroit pour parler à un être dont l'existence n’est que fourberie, astuce et menterie ? Il est bien nécessaire aussi que ce ne soit pas un noble, à ce que je crois, car il se ferait un plaisir de le déjouer et le citer après...» L'homme habile n'ayant pas été découvert par le baron de Flachslanden, on eut recours à un noble, et, selon le conseil de M. de Mercy, on s'adressa au prince dreiberg: Ce seigneur, par dévouement pour la reine, accepta la mission qui lui était proposée. Quinze jours après Son entretien avec M. de Mercy, une entrevue secrète eut lieu entre l'ambassadeur d'Autriche et Mirabeau dans l'hôtel Chavost que M. de La Marck habitait au faubourg Saint- Honoré. Enfin, le 7 juillet, Marie-Antoinette écrivait à son frère Léopold : « M. de Mercy aura sans doute fait connaître NN ON © eg après combien d’incertitudes nous nous sommes déter- minés à faire parler à Mirabeau. J'avais cherché un . moyen qui m’a longtemps échappé: il me fallait une per- sonne sûre et bien posée qu’il ne pût pas déjouer. Je w'en étais ouvert à Flachslanden, qui ne trouva rien à m'indiquer, il y a trois mois. Enfin la personne la plus propre à une pareille négociation, le comte de La Marck s’est rencontré sous ma main, et je lai employé sur-le- champ. Il paraît qu’il était avec Mirabeau pendant la Plus grande partie des funestes journées d'octobre de l'année dernière, et il m'a affirmé que Mirabeau, loin d’y avoir aucune part, s'était montré dans cette circonstance | (424) » exaspéré contre. J'avais besoin de cette assurance pour » me décider ; le frisson me restait encore, malgré cette » affirmation, qui cependant devait être une certitude, vu » le caractère de celui qui parlait... » Par l'entremise du comte de La Marck, un accord (di- rons-nous un marché?) fut conclu entre la cour et Mira- beau. Celui-ci eût été satisfait de pouvoir compter sur cent louis par mois. Mais M. de Mercy demandait que l'on payât en outre des dettes qui s’élevaient à 208,000 francs. Louis XVI se montra encore plus généreux. Non-seule- ment il promit de faire payer les dettes de Mirabeau et de lui donner six mille francs par mois, mais il voulut de plus lui assurer un million si, à la fin de la session de l'Assemblée constituante, le puissant et redoutable orateur avait tenu ses promesses. M. de La Marck devint à cet effet dépositaire de quatre billets de trois cent cinquante mille livres chacun, de la main du roi. Selon M. de la Marck, cet accord ne fut point déshono- rant. « Mirabeau, dit-il, reçut de l'argent du roi pour sauver le roi lui-même, et non comme le prix du sacrifice de ses opinions. » En effet, Mirabeau persistait à vouloir la régé- nération de la vieille monarchie française et sa transfor- mation en un État constitutionnel et représentatif comme l'Angleterre. M. de La Marck écrivait en 1896 : « J'ai voulu contribuer à la conservation du trône, comme à la défense du malheureux roi qui l’occupait. Ramener à la cause de ce roi le comte de Mirabeau, qui semblait être le plus violent et le plus dangereux ennemi de son trône, le mettre au rang de ses plus puissants défen- seurs, me parut être un service essentiel à rendre. » Que serait-il arrivé si Louis XVI, renvoyant ses minis- vw y | l i i f (495 ) | tres, eùt confié ouvertement le pouvoir à leur antagoniste ? Mirabeau aurait-il pu sauver le trône? En toute hypothèse, le rôle de défenseur déclaré de Louis XVI, eût été plus honorable et plus digne qu’une intervention ténébreuse. Tandis qu’il conseillait secrètement le roi dans des notes clandestines , Mirabeau continuait son opposition publique, afin de conserver sa popularité et son ascendant sur PAs- semblée nationale. Ce double rôle offrait le plus grave inconvénient; plus d’une fois la loyauté du tribun fut sus- pecte à la reine. Un jour que Mirabeau avait prononcé un discours de violent démagogue, selon les expressions de Marie-Antoinette, l’infortunée reine se crut trahie, et il fallut, pour la rassurer, les protestations du comte de La Marek, de ce galant homme, si dévoué, comme elle disait elle-même. « La Marck, écrivit-elle à son frère (22 octo- bre 1790), La Marck défend Mirabeau et soutient que s'il a parfois des par delà, comme il dit, il est de bonne foi pour la monarchie et fidèle, et qu’il réparera cet écart de son imagination où son cœur west pour rien. La Marck dit qu’il ne doute pas que Mirabeau a cru bien faire en parlant ainsi pour donner le change à l’Assemblée et trouver plus de crédit dans des circon- stances plus graves... » Mirabeau était d’ailleurs convaincu de l'inefficacité, ou, pour mieux dire, de la stérilité de son équivoque interven- tion. Le 25 octobre, il écrivait au comte de « J'avoue que je ne sais pas trop pourquoi j'envoie pa » notes. » Il poursuivit néanmoins cette tâche ingrate et la compléta par l Aperçu de la situation de la France et des moyens de concilier la liberté publique avec l'autorité royale. Encore aujourd’hui qui pourrait lire sans émotion v vy v y v y y y ( 426 ) la péroraison vraiment pathétique de ce mémoire? « On peut tout espérer, disait Mirabeau, si ce plan est suivi, et s’il ne l’est pas, si cette dernière planche de salut nous échappe, il n’est aucun malheur, depuis les assassinats individuels jusqu’au pillage, depuis la chute du trône jusqu’à la dissolution de l'empire , auquel on ne doive s'attendre... Roi bon, mais faible! reine infortunée! voilà l'abime affreux où le flottement entre une confiance trop aveugle et une méfiance trop exagérée vous a conduits! Un effort nous reste encore aux uns et aux autres, mais c'est le dernier. Soit qu’on y renonce, soit qu’on échoue, un voile va couvrir cet empire. Quelle sera la suite de sa destinée? Où sera porté ce vaisseau, frappé de la foudre et battu par l'orage? Je l’ignore; mais, si j'échappe moi-même au naufrage publie, je dirai tou- jours avec fierté dans ma retraite : «« Je m’exposai à me »» perdre, pour les sauver tous; ils ne le voulurent pas!»» Ce fut dans les bras du comte de La Marck que Mira- beau expira le 2 avril 1794. Il avait nommé le prince Auguste son exécuteur testamentaire avec Frochot. De plus, il lui avait confié les minutes de ses correspondances avec la cour ; il l'avait rendu dépositaire des papiers secrets qui, espérait-il, devaient un jour réhabiliter.sa mémoire. Après la mort de Mirabeau, le comte de La Marck, cédant aux instances du comte de Mercy, annonça l'intention de se remettre au service de l'Autriche. Il adressa en consé- quence à l'empereur Léopold IT une lettre que M. de Mercy recommanda chaleureusement au prince de Kaunitz. « I ma paru utile, disait l'ambassadeur (23 mai 4791), » de récupérer un sujet qui, par une fortune considérable » et par empire qu’il a dans toute sa famille, est à même MONS OÙ Vw UN 0 Le 19 AR HR des Dar ( 427 ) » de rendre de bons services de plus d’un genre. Son dé- » goût pour la France m’a facilité les moyens de le déter- » miner à solliciter sa rentrée au service de Sa Majesté. H » y avait été reçu par feu l’empereur avec le grade de » colonel; il a celui de maréchal de camp dans les troupes » françaises, et il désirerait d’être admis à un grade cor- » respondant dans l’armée impériale. » Cette ouverture n'ayant pas été accueillie favorablement par Léopold, le prince de Kaunitz fit remarquer à son souverain que c'était M. de Mercy lui-même qui avait déterminé le comte de La Marck à solliciter sa rentrée au service de l'Autriche, et qu’ainsi ce ministre serait fortement compr@pis par une décision négative. Alors Léopold répondit de Padoue, le 6 juillet 1791 : « Vu les circonstances actuelles des affaires de France, et comme on ne sait pas encore positive- ment quelle part a eue ledit comte dans tout ce qui s’est passé là-dessus, vous lui ferez pour à présent une ré- ponse dilatoire , dans laquelle, sans lui refuser pourtant sa demande, vous chercherez à gagner du temps, en lui disant que vous attendez mon retour à Vienne pour être à même de lui donner une réponse positive. » Le comte de Mercy , après avoir reçu la réponse dilatoire du prince de Kaunitz, tàcha de ne point blesser son ami. Dissimulant la pensée de l'Empereur, il engagea M. de La Marck à ne point quitter Paris, où il rendait journelle- ment, disait-il, des services d'autant plus importants que personne ne serait en état d’y suppléer. Mais le comte de La Marck avait déjà pris la résolution formelle de rentrer dans les Pays-Bas. Lui-même voyait crouler le trône. « Le roi, écrivait-il à M. de Mercy (28 septembre 1791 ), le roi est incapable de régner, et la reine seule peut y suppléer, ÿ NN yy w : ( 428 ) le jour qu’elle sera secondée. » Il ne se faisait plus aucune illusion sur l’avenir de la monarchie française, « Je suis, ajoutait-il, extrêmement peu utile ici. Je ne vois point la reine, et si je lui fais passer quelquefois des notes, soit d’après mes observations personnelles, soit d’après l'es- pèce de triage que je fais quelquefois des observations d'autrui, c’est à cela que je suis en quelque sorte forcé de borner mes soins. » Il exprimait une sorte d'impatience d'entrer au service de l'Empereur. « Je serai très-assidu, disait-il, à toute espèce de service auquel il voudra bien m'employer, et je suis très-préparé à être ensuite tranquille et satisfait ans quelque position où je me trouve. » Vers la fin du mois d’octobre 1791 , M. de La Marck re- joignit à Bruxelles M. de Mercy. Cet ancien ambassadeur ayant été chargé, après la restauration de Léopold II, du gouvernement intérimaire des Pays-Bas autrichiens, puis de plusieurs missions diplomatiques , témoigna la con- fiance la plus étendue au comte de La Marck, et c'était avec lui qu’il travaillait à ses correspondances les plus se- crètes. Conservant son ancienne prédilection pour les vonckistes, M. de La Marek s’efforçait, selon les vues du comte de Mercy, de les réconcilier avec la maison d'Au- triche. Il avait Ia persuasion que Pappui du parti démocra- tique était indispensable au gouvernement autrichien, Si celui-ci tenait à conserver les Pays-Bas. Aussi se montrait- il plein d'égards pour le chef des démocrates brabançons. Il écrivait à Vonck « qu’il se faisait gloire d’avoir suivi ses » principes dans la révolution et qu'il professerait toute > Sa vie l'attachement et l'estime que son courage et ses » vertus lui avaient inspirés pour Jui. » Le comte de La Marck donnait, d’ailleurs l'exemple de ( 429 ) la soumission à la maison d'Autriche, Après l’avénement de François Il, au mois d’août 1799, il rentra officielle- ment au service de l'Empereur avec le grade de général- major et reprit son premier titre de prince d'Arenberg. Mais ce fut plutôt comme négociateur, adjoint à M. de Mercy , qu’il s'efforça de servir l'Autriche pendant les lu- gubres années 1792 et 1793. Toujours dévoué à la fille de Marie-Thérèse, il fit aussi des démarches incessantes pour sauver la veuve de Louis XVI. Méprisant les médisances et les calomnies des émigrés qui affluaient alors à Bruxelles, il les laissait ja- ser sur ses relations avec Mirabeau et ne répondait point à leurs diatribes. Mais d’autres le défendaient contre la malveillance. « Vous êtes, lui écrivait le célèbre abbé de Montesquiou (de Bruxelles, #6 juillet 1793), vous êtes, mon cher, « dans le petit nombre de ceux qui n'auront » pas de reproches à se faire pour cette malheureuse » reine; je pourrais même dire que vous êtes le seul. J'en- » vie votre destinée et ce que vous avez fait. J'ai entendu » hier dire : Est-on bien sûr de M. de La Marck? et j'ai ré- » pondu : J'ignore si on en est sûr, car on ne le voit pas » promener dans le Pare, ni dans le monde, sa nullité; » mais moi je sais que c’est ici le seul homme qui se couche » sans remords. Ce que j'ai dit, mon cher, je le pense bien » sincèrement... » Et comment ne pas rendre cet hommage au loyal ser- viteur qui, pour éveiller l'énergie de la cour de Vienne, s’adressait en ces termes à M. de Mercy? « Il faut qu’on » comprenne à Vienne ce qu'il y aurait de pénible, j'oserai » dire de fàcheux pour le gouvernement impérial, si lhis- » toire pouvait dire un jour qu’à quarante lieues d’armées ( 450 ) » autrichiennes formidables et victorieuses, l’auguste fille » de Marie-Thérèse a péri sur l'échafaud sans qu’on ait fait » une tentative pour la sauver. » La république française , après avoir immolé la veuve de Louis XVI, arracha pour la seconde fois les Pays-Bas à l'Autriche. Le prince d’Arenberg suivit l’armée impériale et s'arrêta avec M. de Mercy au château de Brühl, près Cologne. Bientôt M. de Mercy fut envoyé à Londres, où il mourut le 26 août 1794. Alors le prince d’Arenberg reçut’ du baron de Thugut {chargé des affaires étrangères) lor- . dre de se rendre immédiatement près de lui. On promit au prince qu’il ne tarderait point à être employé activement dans son grade de général-major; mais, en realité, il resta dans la diplomatie. Au printemps de l’année 1795, il fut chargé d’une mission extraordinaire près la cour d'Espa- gne. Il devait encourager cette cour à diriger ses opéra- tions militaires contre le midi de la France, d'accord avec armée autrichienne, qui entrerait par la frontière d'Italie. Mais tandis que le prince d'Arenberg se dirigeait vers le Quartier général autrichien en Italie, pour se concerter avec le général de Vins, déjà on appréhendait à Vienne que l'Espagne ne fût disposée à conclure une paix séparée avec la république française. Arrivé à Gênes et informé que la paix entre l'Espagne et la France était considérée comme immanquable, le prince Auguste résolut de ne point s'embarquer. M. de Thugut l’approuva et l'invita à prolonger son séjour à Gênes pour lui transmettre des in- formations sur la conduite de cette république et sur la marche des armées autrichiennes. Au commencement de l’année 1796, après la retraite des armées impériales, le prince partit pour la Suisse. Il se trouvait à Zurich lorsqu'il prit la résolution de quitter ( 451 ) le service actif. « Je restai, dit-il, pendant près de deux » ans en Suisse : ma santé élait fort altérée; mes blessu- » res avaient provoqué une maladie de poitrine grave. Je » retournai plus tard à Vienne, où je me fixai définitive- » ment, ayant perdu toute ma fortune et n'ayant pour » ressource que mon traitement de général-major en ñon- » activité. » Cependant le mauvais état de sa santé obli- gea le prince Auguste à quitter deux fois Vienne pour se rendre aux eaux des Pyrénées. On raconte que son mal de poitrine s'était tellement aggravé, que, pendant deux années, les médecins lui interdirent complétement de parler. En revenant des Pyrénées, il s'arrêta à Paris, et l'empereur Napoléon lui fit faire des ouvertures pour Fat- tirer à son service. Ayant décliné ces ouvertures, il fut retenu plus de quinze mois à Paris contre son gré. On lui remit enfin des passe-ports, et il retourna à Vienne, où il séjourna jusqu'en 1814. Les événements qui créèrent le royaume des Pays-Bas permirent au prince Auguste de rentrer dans sa patrie. Le 9 juin 1815, il donna sa démission du service d'Autriche, et le roi Guillaume I" l’admit comme général dans l’armée nationale des Pays-Bas. Le prince Auguste, qui avait re- couvré une partie de sa fortune, s'établit à Bruxelles, où sa maison fut renommée pour son hospitalité plutôt dis- tinguée que fastueuse. Laissons parler un écrivain qui avait eu les plus intimes relations avec l'ami de Mirabeau, avec le serviteur dévoué de Marie-Antoinette, avec le grand seigneur signalé pour son libéralisme : « Le prince Auguste, dit-il, était un de ces derniers types du véritable grand seigneur : l’urbanité de ses manières, sa politesse exquise ne faisaient jamais oublier la considération due à son rang et à son âge. Les événements dont il avait été ( 432 ) témoin, ceux auxquels il avait pris part, ses voyages, les relations qu’il avait eues avec presque tous les hommes remarquables de son temps, donnaient à sa conversation un intérêt vif et qui était rehaussé par le tour passionné d'esprit qu'il conservait encore à quatre-vingts ans. Il s'intéressait à tout ce qui ennoblit l'àme; il aimait les arts et les encourageait avec générosité... Il était resté libéral, dans le bon sens de ce mot dont on a tant abusé, et les excès des révolutions qui avaient éclaté sous ses yeux n'avaient pu éteindre en lui le goût d’une sage liberté. » Les exilés de 1815, nous voulons parler des régicides, se plaignirent pourtant de m'avoir point trouvé un bon accueil chez le prince Auguste. Siéyes, Barrère, Merlin et d'autres proserits avaient, dit-on, l'habitude, pendant leur séjour à Bruxelles, de se promener, vers midi, au Pare et souvent dans une allée en face de la maison du prince (celle-ci formait un des coins de la rue Zinner). Or, un jour Siéyes dit en montrant cet hôtel : « Celui qui de- meure là ne nous aime pas. » Les anciens conventionnels parlèrent ensuite de Mirabeau, et l’un d'eux demanda ce qu’il aurait fait s’il avait vécu. — « Bah!... rien, dit Siéyes, on lui eût coupé la tête. » Ce fut en 1826 que le prince Auguste prit la résolu- tion d'écrire ses souvenirs sur Mirabeau et de mettre en ordre les importants papiers dont il était dépositaire de- puis 1794. « La raison suprême qui m'a déterminé, dit-il, » Cest l'engagement que j'avais contracté avec le comte > de Mirabeau sur son lit de mort, de soumettre à la pos- » térité les pièces du procès qu’on voudrait faire à sa > mémoire, et de rendre le témoignage que je devais à ses > énergiques et loyaux efforts pour sauver sa patrie et son > roi. Mon parti bien arrêté sur ce point, je ne veux (433 ). Pourtant rien publier de mon vivant; je ne sais même si mon grand âge me permettra de mettre en ordre, comme je le voudrais, toutes les pièces qui sont entre mes mains. Mais du moins ces matériaux, ces souvenirs se trouveront après moi, et je laisserai à d’autres le soin d'en faire un usage convenable. » Aidé par un secrétaire dévoué, le prince d'Arenberg commença la rédaction de ses souvenirs et le classement des papiers que, jusqu'alors, il n'avait voulu communi- quer- à personne, pas même à Senac de Meilhan, qui, pendant l'émigration , lui demandait à Vienne, pour son ouvrage sur les célébrités du dix-huitième siècle, des in- formations concernant Mirabeau. Quoique le but de son ancien commensal fût louable, le prince Auguste ne ju- geait pas encore opportun de révéler le secret dont il était dépositaire. A l’estime du monde il préférait d’ailleurs la paix de l’âme. Mais le temps était enfin venu de na le silence et de faire éclater la vérité. < Ne voulant rien publier de son vivant, le prince laissa à M. Ad. de Bacourt le soin de remplir l'engagement qu’il avait pris avec Mirabeau et avec lui-même. Mais plusieurs années s’écoulèrent encore avant que les mystérieux pa- piers vissent le jour. Lorsque parut, après les orages de l’année 1848, la correspondance entre le comte de Mira- beau et le comte de La Marck, prince d'Arenberg, celui-ci était depuis longtemps dans la tombe : il avait cessé de vivre, à Bruxelles, le 26 septembre 1833. Mais on n’ou- bliera point de sitôt ce grand seigneur qui avait été mêlé aux plus mémorables événements du dix-huitième siècle, élevant son dévouement, sa sagacité et sa prévoyance à la hauteur de ces événements formidables, calme pendant les plus furieuses tempêtes, calme, ferme; et toujours fidèle x AS E E Le ( 454 ) à ses nobles convictions. Le prince Auguste d’Arenberg laissait une mémoire vénérée (1). (1) Les principaux éléments de ce travail ont été empruntés à divers recueils, imprimés et manuscrits. Citons d’abord la Correspondance entre le comte de Mirabeau et le comte de La Marck, prince d'Arenberg, pen- dant les pee 1789; 1790 et 1791, recueillie, mise en ordre et publiée r M. Ad. de Ba oan ancien snhansalle TA France près la cour de Sardaigne y vol. in-8°). — Les Eak publiés par M. de Ba- court avaient été mis en ordre par M. J. Ph. Städtler, qui, peudant rer années, fat le secrétaire intime du prince Auguste. M. Städtler à p une traduction de l'ouvrage de M. de Bacourt sous le titre de : Brief- wechsel zwischen dem Grafen von Mirabeau und dem Fürsten A. von Arenberg, Grafen von der Mark, etc. ( Brüssel und Leipzig, 1834, 3 vol in-12). Mais ce n’est point une simple traduction : M. Städtler a enrichi le recueil de M. de Bacourt d’éclaircissements importants et de notes D — ie documents dignes d'attention se trouvent e il e comte d’Hunolstein : par M. ie de Conches : Correspondance inédite de Marie-Antoi- 864, { vol. in-8, e édit.); Louis XVI, Marie-Antoinette et madame pme à Lettres et Documents inédits, publiés par F. Feuillet de Conches (Paris, 1864, 2 vol. in-8°). — La correspondance inédite de Vonck, qui est conservée co La Marck avec le parti démocratique. — Dans les archives de l'État, nous avons trouvé des renseignements authentiques sur les démarches faites par le prince Auguste, en 1791, pour rentrer au service de l'Autriche. — Quant à ses longues et affectueuses relations avec le comte-de Mercy-Ar- avons publié en 4 865, sous le titre de : Souvenirs diplomatiques du diz- huitième siècle. Le comte de ere (Bruxelles, 4 vol. in-12). ( 455 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. se Séance du 41% décembre 1864. M. De Keyzer, directeur. M. An. Querezer, secrétaire perpétuel. ~ Sont présents : MM. Alvin, G. Geefs, Leys, Madou, Navez, Van Hasselt, J. Geefs, De Braekeleer, Fraikin, Partoes, Ed. Fétis, De Busscher , Portaels, Balat, Payen, le chevalier de Burbure , Franck, membres. CORRESPONDANCE. Le président de la Société des sciences de l'Yonne demande quelques renseignements sur une tapisserie an- cienne dont le dessin est attribué à Teniers. Cette lettre est remise à M. Éd. Fétis, qui veut bien se charger de communiquer les renseignements demandés. — La classe est informée que le buste de M. l'ingénieur Simons, correspondant de l’Académie, sculpté par M Du- ` trieux et promis depuis longtemps par le Gouvernement, vient d’être déposé dans le local de la bibliothèque. — Le Sénat et la Chambre des représentants adressent à l'Académie des cartes d'entrée pour les tribunes réservées 2% SÉRIE, TOME XVIII. 29 ( 436 ) pendant la session législative de 1864-1865. — Remer- ciments. — Un anonyme écrit qu’il est prêt à répondre à la ques- tion d'architecture mise au concours pendant les années précédentes et concernant l'historique des systèmes de couverture chez les différents peuples. On fait observer que cette question n’a pas été reproduite au concours de 1865 et qu’il n’y a pas lieu, par conséquent, de don- ner suite à cette communication. — Le secrétaire perpétuel fait connaître qu’il a reçu de M. Siret, correspondant de la classe, une notice biogra- phique sur M. Érin Corr, qui est destinée au prochain Annuaire de l’Académie. Il dépose aussi sur le bureau le portrait du défunt, dû au burin de M. Michiels et qui doit accompagner cette publication. COMMISSIONS. Conformément aux termes du règlement, la classe pro- cède à la formation de la commission spéciale des finances chargée de gérer ses intérêts. MM. Alvin, F. Fétis Fraikin, G. Geefs, Partoes, membres de cette commission, sont réélus pour 1865. — La classe fait ensuite un dernier examen de sa liste de présentation , pour les prochaines élections, aux termes de l’article de son règlement, qui porte « qu’on peut nom- ner dehors des listes de présentation, pourvu quel inscrip- ~ tion des nouvelles candidatures ait lieu, avec P. ment ~ de la classe, dans la aaae qui précède l'élection. » SM (457) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Note sur Balthazar Gerbier ; par M. Van Hasselt, membre e l’Académie. Le nom de Balthazar Gerbier occupe une certaine place dans l’histoire de l’art flamand , à cause des relations étroites, relations politiques et commerciales, qui exis- tèrent, durant une assez longue suite d'années , entre ce peintre diplomate et Rubens, dont il avait fait la connais- sance à Paris, en 1695. Mais Gerbier était-il réellement Belge, comme on le prétend communément? Les différentes notices biographiques dont il a été l'objet disent qu’il naquit à Anvers en 1592. C’est - l'année et la ville qu’indiquent la plupart des hommes les plus compétents, entre autres nos honorables confrères, M. Éd. Fétis, dans son Étude biographique sur Gerbier et M. Siret, dans son Dictionnaire des peintres. Dans la dernière séance de la classe des lettres, notre honorable confrère M. Gachard a fourni quelques intéres- sants détails sur un épisode, peu éclairci jusqu’à ce jour, de la vie diplomatique de Gerbier. : Voici ce qu’il ajoute : « Il passe pour constant que Gerbier était né à Anvers; cependant j'ai lu dans un docu- ment de l’époque, que je viens de rappeler, qu'il était Hollandais. » Cette indication pourrait bien être vraie. En effet, dans un recueil de pièces inédites publié à Londres, il y a à peu près six ans, par M. Sainsbury, ( 438 ) sous le titre de Original unpublished papers illustrative of the life of sir Peter Paul Rubens, us an artist and a diplomatist, je lis ce qui suit: « Tous les biographes prétendent que Gerbier naquit en 1591. Cependant, d’après un renseignement fourni par la généalogie qu’il adressa lui-même à sir Francis Windebank, secrétaire d'État, il serait venu au monde immédiatement après le massacre de la Saint-Barthélemy (1572). Ce renseignement le voici : « Le héraut d’armes actuellement vivant du duché de Brabant a signé ma généalogie, renouvelée il y a deux ans. Il certifie que mon père naquit à Anvers et qu'il était fils d’un chevalier normand; que celui-ci épousa Catherine de Laloe , issue d’Alonzo de Laloe, qui fut secré- taire d’État sous le roi Philippe IF, et d’une fille de François de Valdolid, grand intendant de l’empereur Charles-Quint; de sorte que mon père était Français du côté paternel et de sang espagnol par sa mère. Quant à moi, je suis Fran- çais par mon père et par ma mère, laquelle était fille du seigneur Blanet en Picardie. Tout ce qu'on peut dire, c’est que, durant le massacre de Paris, mon père s’enfuit avec ma mère, laquelle était alors enceinte de moi et qui fut conduite à Middelbourg, où je ne restai que jusqu’à l’âge de cinq ans, après lesquels j'en passai huit en Gascogne. J'ai vécu et voyagé en Angleterre depuis l'an 1647, n'ayant aucun rapport avec les Hollandais, ni avec les rebelles, comme ils s'appellent, Tous les parents que j'ai au monde, tant du côté de mon père que du côté de ma mère, sont où de Portugal ou de France, de la maison de Melun d'Épinoy et de celle de Lannoy, gouverneur de Hulst par deçà; d’autres sont à Anvers, où il y a encore des maisons ~ qui portent nos armes, à Gand et en Flandre, comme le DORE OS ( 459 ) prouvent des pierres tumulaires qui se trouvent à Bruxelles et les anciennes armes de nos familles. » On sait que Gerbier présenta successivement plusieurs requêtes au parlement d'Angleterre, à l'effet d'obtenir la naturalisation. Sa généalogie servit probablement de pièce à l'appui de ces demandes. Elle peut avoir servi à prouver que le peintre diplomate naquit accidentellement en Zé- lande, l'ambassadeur espagnol De Onate ayant demandé au roi Charles I" d'Angleterre le rappel de son représen- tant à la cour de Bruxelles, sous le prétexte que Gerbier | était hollandais et qu’il favorisait sous main des intérêts opposés à ceux de l'Espagne (1). Sice document est exact, si le héraut d'armes qui l’a signé en a bien constaté les i preuves, il est évident que Gerbier n’est pas né à Anvers, i mais à Middelbourg, et qu’il n’a pas vu le jour en 1592, i mais en 1572. (1) Le recueil =- M. PEEN contient une lettre que Fr. Windenbank adressa , le 25 mai , à Gerbier pour l'informer de la démarche faite auprès du roi par Bea das espagnol. (A. Van HAssELT.) ' ( 440 ) CLASSE DES SCIENCES. Séance du 15 décembre 1864. M. NeRENBURGER , vice-directeur. M. An. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. d'Omalius, Du Mortier, Wesmael, Stas, De Koninck, Van Beneden, Ad. De Vaux, de Selys- Longchamps, le vicomte B. du Bus, Nyst, Gluge, Melsens, Liagre, Duprez, Brasseur, Poelman, Dewalque, Ernest Quetelet, membres; Spring, Lamarle, associés. C CORRESPONDANCE. e ` Le secrétaire perpétuel annonce le décès de M. d’Ude- kem, membre de la classe, et communique les paroles prononcées sur la tombe du défunt. Ces paroles seront in- sérées dans l'Annuaire de 4865. M. Van Beneden a bien voulu promettre de rédiger une notice biographique sur ce savant. Le scrétaire perpétuel fait part ensuite de différentes lettres relalives à l'échange des publications entre l'Aca- démie et diverses sociétés savantes étrangères. : L'Observatoire royal de Greenwich, la Société des anti- quaires de Londres, etc., remercient l’Académie, pour Venvoi des dernières publications de la Compagnie. \ ( 44i ) — M. d'Omalius dépose, comme hommage, diverses brochures relatives à des questions d'archéologie , qui lui ont été remises lors de son dernier voyage en France, et, entre autres, différents mémoires de M. de Caumont, as- socié de la classe des beaux-arts. — Remerciments. oo RAPPORTS. Á Note sur une proposition nouvelle relative à la disposi- tion des appuis qui correspond au minimum de fatique maxima dans le cas d’une pièce prismatique chargée uniformément ; par M. Léon Derote, sous-ingénieur au corps des ponts et chaussées. = Rapport de M. Lamarle. « Lorsqu'une pièce prismatique repose en même temps : sur plusieurs appuis et qu’on a exclusivement en vue les effets d’une charge uniformément répartie sur cette pièce, il convient, ainsi que je l'ai fait voir (1), de maintenir entre les appuis certaines différences de niveau. Il m'avait échappé que, par suite de ces différences, les appuis intermédiaires, supposés équidistants, peuvent être considérés eomme situés sur une même circonférence de cercle. M. Derote fait voir qu’il en est ainsi d'après mes pro- pres calculs. Il montre ensuite comment on peut établir, en quelque sorte à priori, ce résultat curieux. Le procédé suivi par M. Derote consiste à introduire deux eouples qui (1) Voir les Bulletins de l'Académie royale de Belgique, tome XXII, ns 3 et 6. 1855 de f ( 442 ) s’équilibrent au moyen de la pièce, et dont l'effet se réduit à une simple flexion circulaire qui s’ajoute d’elle-même à la flexion préexistante. Ce procédé très-simple permet de ramener sans calcul le cas général dont je me suis occupé au cas d’une pièce prismatique, chargée uniformément et supportée horizontalement à ses deux extrémités. Sous ce rapport, comme sous celui de l'extension qu’il comporte, je crois bon de le faire connaître. Je propose en consé- quence l'insertion aux Bulletins de la note dont il s’agit. » La classe adopte les propositions de ce rapport, appuyées par M. Schaar , second commissaire, et décide que Ja note de M. Léon Derote sera imprimée dans les Bulletins de l’Académie. CONCOURS DE 1864. Deux mémoires ont été présentés au concours en ré- ponse à la deuxième question. Le premier mémoire porte pour épigraphe : Ite, sine me, scripta, in-urbem, et le second : Citiùs emergit verilas ex errore quàm ex confusione. B. Les trois commissaires, MM. Stas, De Koninck et Dewalque, que la classe avait nommés pour faire l'examen de ces mémoires, lui ont pré- senté successivement les rapports suivants : « T'A moii: a E du De g? vanto : a Les recherches effectuées, dans ces dernières années, sur la composition chimique des aciers ont fait naitre Baran: ma O erami Et ane nn n ai T Bpass I NN Se r a ce e AE ( 443 ) des doutes qu’il importe d'éclaircir. L'Académie demande qu'on établisse, par des expériences précises, quels sont les éléments essentiels qui entrent dans la constitution de l'acier et qu’on détermine les causes qui impriment aux différents aciers, produits par l’industrie, leurs propris tés caractéristiques. Elle a reçu en réponse deux écrits : 4° une note portant pour devise : Ite, sine me, scripta, in urbem; 2 un mé- moire ayant pour épigraphe : Citiùs emergit veritas ex errore quàm ex confusione. B. L'auteur du premier écrit n'a point compris la question posée par l’Académie. Les erreurs que son travail renferme démontrent qu'il ne pos- sède pas les connaissances chimiques nécessaires pour traiter un pareil sujet. Le mémoire n° 2 est une œuvre des plus remarquables, dans laquelle l’auteur retrace, avec un talent et une lucidité rares, l’état actuel de nos connais- sances sur l'acier. Je vais essayer de présenter une analyse de ce travail. Avant d'aborder la question elle-même, l’auteur expose les recherches qui ont fait naître des doutes dans l'esprit des chimistes au sujet de la composition de l'acier. M. le Capitaine Caron (1) avait prouvé, par des expériences très- précises et habilement combinées, que, dans le procédé de la cémentation, l'acier prend naissance sous l'influence des cyanures qui se forment dans les caisses de cémentation, par l’action de l’azote sur le charbon renfermant des alcalis M. Fremy alla plus loin : il émit l’idée que l’azote est non- seulement nécessaire à la cémentation industrielle , en ce (1) Comptes rendus de l'Académie de sciences de l'Institut de France, tome LI 664. (444) qu'il sert à transporter le carbone dans la masse ferrugi- neuse, mais que ce corps est aciérant. D'après lui, l'azote fait partie des éléments essentiels de l'acier. On doit le reconnaître, Cétait changer radicalement létat de nos opinions sur la composition de ce corps. L'opinion de M. Fremy eut du crédit parmi beaucoup de chimistes, quoiqu'il n’eût point prouvé, à l’aide d’expé- riences analytiques, que le fer, en devenant acier, prend de l'azote au delà de celui que Marchand a démontré exister dans certains fers et certaines fontes. Tel était l’état de nos connaissances, lorsque l’Académie mit au concours la ques- tion de l’acier, Parmi les métallurgistes qui contredirent l'opinion de M. Fremy et qui la combattirent preuve en main, on doit citer M. le capitaine Caron, dont les études sur l'acier: sont _ incontestablement les recherches les plus remarquables de la métallurgie scientifique. Ce savant officier démontra que le gaz des marais peut aciérer le fer doux en l'absence de l'azote (1). Mac-Intosh avait déjà montré la possibilité d'ar- river à ce résultat à l’aide du gaz éclairant. Dans le but d'éclaircir l'intervention de l'azote dans l'aciération du fer, l'auteur du mémoire a fait des expé- riences directes dont les résultats ne peuvent laisser aucun doute. « Une barre de fer de Russie a été coupée en trois » morceaux ; le premier a été conservé tel quel, le second » a été chauffé dans un cément potassique , le troisième » dans un cément ammoniacal. » Deces trois morceaux, préalablement nettoyés et limés > à la surface, on a pris quelques copeaux enlevés à la i () Comptes rendus de l'Académie des sciences , tome LII, page 1246. ( 445) » machine à raboter; voici ce qu’ils contenaient en azote : N° 1. Fer russe sans préparation. . . . Azote 0,00011 N°72. Id. avec cément jotan . . — 0,00010 N° 5. Id. avec cément ammoniacal. . — 0,00030 » Les n° 2 et 3 ont été fondus et coulés. Après les avoir forgés et nettoyés à la surface, on a pris quelques co- peaux qui ont été analysés : v Yy B E a a a a a a Lo Katga WT. O E 00011 » On voit par ces nombres que le fer cémenté à la po- tasse ne contient pas plus d’azote que le même fer non cémenté; mais que le fer cémenté à l’'ammoniaque a absorbé une certaine quantité d’azote (comme le ferait, du reste, le fer chauffé dans l’'ammoniaque). On remar- que, en outre, que les deux aciers (à la potasse et à Pam- moniaque) contiennent, après la fusion, la même quan- tité d’azote, à très-peu près, et que cette quantité est égale à celle que contenait le fer d’où ils provenaient. » Ces expériences établissent définitivement que le fer n'emprunte point d'azote au milieu dans lequel s’accom- plit la transformation de ce corps en acier. Ainsi s’évanouissent les conséquences industrielles que l’on avait déduites de l'opinion de M. Fremy. Je sais que le savant chimiste objecte à cette conclusion que le fer renferme lui-même de l'azote et que cet azote intervient avec le carbone pour constituer ce métal à l’état d'acier. Quoique cette objection ne me semble pas bien sérieuse, j'ai cru devoir examiner s’il y a moyen de produire de l’acier à l’aide d’un composé de fer dans lequel l'existence de l’azote est impossible. Dans ce but, j'ai ra- mené des ressorts d'acier fin à l’état d'oxyde de fer magné- NON NM NN VW % Vv ( 446 ) tique en faisant passer de la vapeur d’eau sur ces ressorts chauffés au rouge dans un tube de porcelaine verni; j'ai continué le courant de vapeur tant qu'il s’est dégagé de l'hydrogène. J'ai réduit à la température rouge très-sombre l'oxyde de fer produit à l’aide du gaz des marais obtenu par l’action de la chaleur par un mélange d’acétate de sodium et d’hydrate de sodium et de calcium. Le gaz a été purifié par son passage au travers de l'acide sulfurique dilué; il a été desséché par le chlorure de calcium. Pendant le temps de la réduction, qui a duré sept heures, il s’est formé de la vapeur d’eau et un mélange d'oxyde et anhydride carbonique. L'opération terminée, j'ai reçu dans de l’eau froide la masse métallique produite. L'examen auquel je l'ai soumise ma prouvé qu’elle se composait de trois parties distinctes: la première, celle qui a été exposée le plus longtemps au courant du gaz tétrahydrure de car- bone, était formée presque exclusivement de fonte blanche, très-cassante et d’une grande dureté, qui a sensiblement diminué par un recuit convenable ; la deuxième était con- Stituée par de l'acier à grain très-fin, de grande dureté, auquel le recuit donna de la souplesse et de la malléa- bilité; la troisième enfin était du fer à peu près pur. On doit admettre comme démontré que l'azote n'est pas un élément constitutif de l'acier. Si Pon trouve ce corps dans un grand nombre d’aciers comme Marchand d’abord, MM. Boussingault, Bouis et tout récemment MM. Graham Stuart et W. Baker l'ont prouvé, il y existe accidentelle- ment, à l'état d'impureté, comme dans les fers, dans beau- coup de fontes, et probablement dans d’autres substances métalliques. On sait que le fer est incapable de s'unir direc- _ tementà l'azote; l’auteur du mémoire que j’analyse attribue _ avec beaucoup de raison la présence de ce corps dans ces ( 447 ) métaux à l’existence du titane que l’on rencontre dans les minerais qui les fournissent, titane qui, lors de leur ré- duction, passa à l'état d’azoture et se dissout sous cet état dans les fontes, les fers et les aciers. Dans un deuxième chapitre, l’auteur examine l'influence des corps que l’on rencontre le plus souvent dans l'acier du commerce. Dans ce but, il étudie successivement l’action du Carbone, du silicium, du bore, du soufre, du phosphore, de certains métaux sur le fer, et constate que le carbone, le silicium et le bore n’exercent pas la même influence. Les carbures de fer se durcissent par la trempe et s’adou- cissent sensiblement par le recuit ; le siliciure et le borure de fer sont dépourvus de cette propriété; de plus, le sili- cium et le bore déplacent au rouge le carbone de sa combi- naison avec le fer, et, après le refroidissement de la masse, On trouve presque tout le carbone à l’état graphite. Le soufre et le phosphore, certains métaux, tels que l’étain, le zinc, l'aluminium, qui s’unissent au fer et non pas au carbone, agissent sur le carbure de fer comme le font le silicium et le bore. Ces faits, dont plusieurs sont acquis depuis longtemps à la science, sont d’une importance ma- jeure pour l'étude de l'acier; plus loin Pauteur du mé- moire s'appuie longuement sur eux pour expliquer les qualités ou les défauts offerts par certains aciers du com- merce. EN a -L'auteur expose ensuite le rôle de certains métaux, tels que le manganèse, le tungstène, qui peuvent s'unir au fer en même temps qu’au carbone. Il constate que ces corps, qui par eux-mêmes ne possèdent aucune propriété acié- rante, n’excluent point ce métalloïde des fontes, des fers et des aciers. Il insiste sur l’action du manganèse sur les fontes grises. Ce métal, introduit en quantité convenable. ( 448 ) dans ces corps, les transforme en fonte blanche; la raison en est fort simple : il détermine le carbone qui est à l’état de li- berté à entrer en véritable combinaison avec les deux mé- taux à la fois. Cette combinaison ne peut plus être défaite par le refroidissement, contrairement à ce que l’on observe pour les fontes les plus pures, qui laissent déposer, par un refroidissement convenable, la majeure partie du earbone à l’état de graphite. Le rôle du manganèse ne se borne pas à cette action: dans une atmosphère oxydante, il élimine, en les entraînant avec lui, le silicium et le soufre, ces deux ennemis irréconciliables du bon acier. La connaissance exacte de l'influence exercée par le manganèse sur la nature des fontes est due à M. le capi- taine Caron. Il a cherché analytiquement la cause de faits établis depuis longtemps par la pratique industrielle. L’em- ploi dans la fabrication des fontes destinées à la prépara- tion de l’acier des prétendues fontes aciérantes des métal- lurgistes, qui ne sont que des font ganésifères, trouve aussi son explication rationnelle, et nous sommes débar- rassés par là d’un mot qui n’aurait dû jamais se trouver sous la plume d’un chimiste. L'auteur, après avoir donné la véritable définition de l'acier et avoir fait justice de notions inexactes introduites tout récemment dans la science au sujet de ce corps, examine enfin la constitution de l'acier et des variétés industrielles de ce corps. Dans ce but, il étudie l'influence des agents qu'on emploie pour travailler ce métal. Ces agents sont : la chaleur , le martelage , la trempe, le reeuit. Il démontre que la chaleur et les différentes actions méca- niques impriment chacune des propriétés particulières au métal et modifient en même temps sa nature physique et chimique. Nr o Ainsi l'acier trempé, l'acier trempé recuit dans les cir- constances ordinaires, l'acier trempé, maintenu pendant - très-longtemps au rouge et refroidi après très-lentement, se conduisent différemment sous l’action des acides. L’acier trempé intact se dissout à froid, comme on le sait, dans l'acide chlorhydrique concentré sans résidu char- bonneux ; le même métal, après le recuit, laisse un résidu charbonneux soluble à chaud, seulement dans l'acide chlor- hydrique concentré; l'acier trempé, maintenu longtemps au rouge el lentement refroidi, laisse un résidu charbon- neux insoluble même à chaud dans l'acide chlorhydrique concentré. L'influence de la chaleur seule est done mani- feste sur l’état dans lequel le carbone existe dans l'acier. Ce métalloïide, combiné qu'il est au fer dans l'acier trempé et dans l’acier trempé et recuit dans les circon- stances ordinaires, se sépare indubitablement du fer, lorsque l'acier a été maintenu longtemps au rouge , pour ne plus s’y unir sous l'influence de la trempe. Le martelage produit une action inverse de celle de la chaleur, il refait, en partie du moins, ce que le mouvement calorifique a détruit; il ramène le carbone à l’état de com- binaisou, ou du moins à un état tel que, sous l’influence de la trempe, le métalloïide se combine avec le fer. Des trempes successives agissent comme un marte longé bien entendu, lorsque la nature de l’acier employé est capable de le supporter. « De tous ces faits on peut conclure, dit l’auteur du >» mémoire, que parmi les agents employés dans le travail » de l’acier, les uns, la chaleur trop élevée ou trop long- » temps prolongée, tendent à produire la séparation du fer » et du carbone; les autres, le martelage et la trempe, > peuvent, jusqu’à un certain point, reformer la combi- x ( 450 ) » naison détruite ou tout au moins ramener le carbone à » un état tel qu’il puisse se combiner avec le fer sous l'in- » fluence d’une trempe bien faite. » Ainsi s'expliquent des pratiques industrielles dans le travail des aciers et des observations connues au sujet de la détérioration de ce métal dans ce travail. La plupart des faits que je viens d’énoncer succinctement ont été prouvés analytiquement par M. le capitaine Caron, dans ses belles Études sùr l'acier (1). L'auteur termine cette partie de son mémoire par l'ex- posé des effets produits sur le carbure de fer de l'acier par les différents corps qu’on y rencontre accidentellement et qu’il regarde à juste titre comme étrangers à sa compo- sition essentielle. Tl déduit ici les conséquences logiques des principes qu’il a posés dans la deuxième partie de son travail, au sujet de l'influence du silicium, du soufre , du phosphore sur le carbure de fer. J'ai dit plus haut que ces corps ont la propriété d'éliminer une portion du carbone du carbure de fer et que le peu qu'ils y laissent a beaucoup de tendance à se séparer à l'état graphiteux. Il explique ainsi les essais infructueux de cémentation des fers forte- ment siliceux, ou sulfureux , ou phosphoreux et l'instabi- lité des aciers obtenus à l’aide de ces mauvais fers. On sait en eflet que ces aciers se détruisent dans les conditions dans lesquelles les bons aciers se conservent intacts. Telle est done, d’après l’auteur, la cause première des aciers de mauvaise qualité et particulièrement des aciers siliceux; car il est reconnu que le soufre etle phosphore, outre lac- tion d'élimination qu'ils exercent sur le carbone, impri- ment aux aciers les défauts qu'ils communiquent au fer FN A, ptes EE nt: 7 . t LVI, pages 43 et 211. R des sciences, ( 451 ) lui-même, défauts qui sont tellement considérables que les fabricants d’aciers font tous les efforts possibles pour les séparer du métal qu'ils se proposent de transformer en acier. L'auteur recherche enfin ce que l’on doit entendre par un bon acier. Fl constate que les aciers les plus estimés dans le commerce sont les plus purs : ils ne renferment jamais que des traces de silicium, de soufre ou de phos- phore et presque toujours des traces de manganèse. L'absence de quantités notables des matières qui tendent à éliminer le carbone et la présence de traces de manga- nèse qui a pour effet de retenir le carbone, constituent donc, à ses yeux, la condition essentielle d'un bon acier. Après avoir mürement réfléchi sur cet exposé, il me parait impossible de ne pas partager cette opinion. e mémoire se termine par un résumé dans lequel lau- teur récapitule les différents points qu'il a traités; ainsi, il constate que l'opinion émise par M. Fremy au sujet de l'azote, comme élément essentiel de l'acier, n’est point fondée , puisqu'il démontre que le fer, en passant à l’état d'acier, ne prend aucune trace d'azote au delà de celle qu'il renfermait déjà, pas plus qu’il ne renferme un des alcalis qui est intervenu avec l'azote pour porter le carbone au sein du fer; il attribue la présence de cet azote dans certains aciers à l'existence de traces d'azoture ou d’azoto-carbure de titane que l’on rencontre dans les fers et les fontes qui servent à la fabrication des aciers. D’après lui, l'acier est essentiellement composé de fer et de carbone , comme on l'a admis depuis longtemps; il doit ses qualités ou ses défauts à deux causes différentes liées entre elles : « 4° A l’état du carbone dans le métal; « 2 À lanatured ] ps étrangers qui les ouillent. 2me SÉRIE, TOME XVII. . 80 ( 452 ) « Toutes les fois qu'un acier est bon , son carbone peut, » sous l'influence de la trempe, se combiner avec le fer et » donner un métal dur et cassant que le recuit rend » souple et élastique. » Lorsqu'un acier devient mauvais après quelques » chaudes, c’est que son carbone a été brûlé ou s'est » séparé du fer; la trempe alors ne peut régénérer la com- » binaison du fer et du carbone. Cette séparation est » due à la présence de corps étrangers et notamment du » silicium, qui empêche la combinaison des deux corps. » Ils donnent, en outre, au métal des propriétés ou des » défauts différents, suivant la nature et la quantité d'im- » puretés qui s’y trouvent. » Telle est l'analyse fidèle du mémoire soumis à mon exa- men. Je crois absolument exacts tous les faits qui y sont con- signés et je partage entièrement les opinions que l’auteur en a déduites. Nous connaissons donc définitivement la nature des bons et des mauvais aciers. C’est à l’industrie à se conformer désormais aux déductions certaines de la science dans la fabrication et dans le travail de ce métal. J'ai donné à cette analyse une étendue assez considé- rable, afin de permettre à l’Académie de se former par elle-même une opinion de la valeur de ce travail; j'ai voulu justifier ainsi la proposition que j'aurai l'honneur de de lui faire. A mes yeux, ce mémoire résout la question telle qu’elle a été posée; tous les points qui étaient obseurs y sont élucidés avec un talent et une sagacité qu'on ne saurait assez admirer. C’est incontestablement le résumé coordonné de longs et glorieux travaux, exposés avec une simplicité et une lucidité qui en rehaussent encore le mérite. J'ai dit et répété, à plusieurs reprises, que les élé- : nets de la solution des principaux problèmes traités dans ER TR TROT ED ( 455 ) ce mémoire sont empruntés aux magnifiques recherches que M. le capitaine Caron a publiées successivement depuis quatre années sur l'acier. On s'aperçoit que l’auteur, pour se conformer aux pres- criptions impérieuses de notre règlement, qui exeluent du concours ceux qui se font connaître « de quelque manière » que cesoit », a laissé dans une obscurité calculée la ques- tion de savoir s’il est dans son droit en se servant de ces recherches pour son travail. J’imiterai sa réserve pour ne pas rendre impossible la mission qui m'est confiée. Je me borne donc à proposer à l’Académie de décerner la médaille d'or au mémoire qui porte pour devise: Citiùs emergit veritas ex errore quàm ex confusione. » Rapport de M. De Koninck. « Le remarquable rapport que vient de vous présenter mon savant confrère M. Stas, sur le travail envoyé en réponse à la question relative à la composition chimique de l'acier et dans lequel il résume parfaitement tous les faits observés et relatés par l’auteur, me dispense de vous entretenir plus longuement et me permet de me borner à la simple déclaration que je me rallie avec plaisir aux conclusions favorables de M. Stas. Néanmoins j'aurais désiré que l’auteur qui, à l'habileté du chimiste paraît joindre celle du praticien consommé, fùt entré dans un peu plus de détails relativement à la manière dont ses expériences ont été conduites et aux [ei qui lui ont servi à former sa conviction. Peut-être ne. faut-il attribuer cette légère asile ( 454 ) qu’à la réserve et à la délicatesse avec lesquelles l’auteur a cherché à éviter qu’on ne le reconnût. En proposant la médaille d’or au mémoire ayant pour devise : Citiùs emergit veritas ex errore quàm ex confu- sione, j'exprime le désir de voir l’auteur revenir, ainsi qu'il le déclare lui-même, sur le sujet qu’il a traité et com- pléter autant que possible l'étude rapide qu'il nous a sou- mise. » Mopport de M. G, Dewalque. « Devant à la confiance de la classe l'honneur de lui pré- senter un rapport sur les mémoires reçus en réponse à la question de la constitution de l'acier , sujet étranger à mes sous ħabitnelles » je me suis efforcé de me mettre en état Il ya beaucoup à dire sur l'acier : mais, d’une part, j'ai le ferme espoir que l'au- teur du mémoire portant pour devise : Citiùs emergit veri- tas ex errore quàm ex confusione. B., reviendra, comme il le dit, sur plusieurs points de cette fébri ication ; de lau- tre, après avoir mûrement pesé les termes de la question, je partage l'opinion de notre honorable confrère M. Stas, en exprimant l'avis que l’auteur l’a traitée complétement et avec succès, et je me rallie à sa proposition, appuyée pe: Le second commissaire, de lui décerner le prix pro- . : Conformément au jugement de ses commissaires, la classe a décerné la médaille d’ or, ainsi que le prix ex- _ traordinaire de huit cents francs accordé par M. le Mi- | nistre de l'i intérieur, au second mémoire , et louverture du ( 455 ) billet cacheté a fait connaitre que l'auteur couronné est M. Caron, capitaine d'artillerie, directeur du laboratoire de chimie du dépôt central de l'artillerie, à Paris. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Note sur une proposition nouvelle, relative à la disposition des appuis qui correspond au minimum de fatigue maxima dans le cas d’une pièce prismatique chargée uniformément; par M. Léon Derote, sous-ingénieur au corps des ponts et chaussées. Dans une note (1), que nous n’avons pas autorité pour juger, mais que M. Darcel, chargé de la chronique des Annales des ponts et chaussées de France, qualifie (2) de travail remarquable, M. E. Lamarle a cherché à se rendre compte des modifications que peut apporter, dans une pièce prismatique uniformément chargée, la hauteur des ‘appuis les uns par rapport aux autres, et il a trouvé que, pour ur le minimum de fatigue maxima avec une pièce p tique donnée, un nombre d’appuis donné et une charge uniformément répartie également donnée, il faut, au lieu de placer tous ces supports à un même ni- . ead Voyez Bulletins de l’Académie royale de Belgique, tome XXII, n° 3, , Note sur un moyen très-simple d'augmenter, dans une pro- paei Nils. la résistance d’une pièce prismatique chargée pri mément ; par M. E. Lamarle, associé de l'Académie royale de Belgique. (2) Voyez Hidies des’ ponts et chaussées, 4° série, année 1861 , 1er se- mestre, pages 349 à ( 456 ) veau, comme on le fait généralement, établir, au contraire, certaines inégalités de hauteur entre ces divers supports. Il faut, de plus, si l’on donne aux appuis les inégalités de hauteur les plus convenables, que tous les intervalles com- pris entre denx appuis successifs soient égaux entre eux, à l'exception des deux extrêmes, qui doivent être moindres que tous les autres. Les deux appuis extrêmes étant sup- posés à un même niveau, tous les appuis devront d’ailleurs être disposés symétriquement de droite et de gauche du milieu de l’intervalle compris entre les deux appuis ex- trêmes , et s’abaisser d’autant plus, par rapport à la droite qui joint ces deux appuis, qu’ils seront placés plus près du milieu. Quant à la pièce, elle viendra, sous l’action de la charge uniformément répartie, reposer sur tous les appuis en affectant une forme qui rappelle la forme sinusoïdale , c'est-à-dire qu’elle présentera une série de courbes tour- nant alternativement leur convexité vers le haut et vers le bas, et se raccordant entre elles en des points où la cour- bure de la pièce est nulle et qu’on nomme points d'inflexion. Entre deux appuis successifs quelconques, la pièce offrira deux points d'inflexion , sauf aux deux travées extrêmes, où il n’y en aura qu'un, les deux bouts de la pièce, re- posant sur les deux appuis extrêmes, étant d’ailleurs eux- mêmes deux points où la courbure de la pièce est nulle. Nous avons employé le terme de minimum de fatique maxima. Ce terme pourrait ne pas présenter immédiate- ment une idée tout à fait nette à l'esprit des personnes qui sont restées un certain temps sans s’occuper de questions de stabilité. Pour fixer les idées, représentons-nous d’abord tous les appuis de niveau et équidistants, et la pièce pris- matique, sous l’action de la charge uniformément répar-. fie, reposant sur ces appuis. Considérons une section quel- ( 457 ) conque. Dans cette section, la fatigue maxima se trouvera aux points les plus éloignés de l’axe neutre. Les fibres cor- respondantes seront les fibres de plus grande fatigue. De plus, toutes les sections n'auront pas la même fatigue aux points les plus éloignés de l’axe neutre. En recherchant la fatigue maxima de chaque section, une des sections four- nira une fatigue maxima plus grande que toutes les autres, Ou, pour parler plus exactement, une fatigue maxima telle que dans aucune autre section la fatigue maxima ne soit plus grande; car plusieurs sections pourront présenter la même fatigue maxima. Dans l'exemple choisi (1), où tous les appuis sont de niveau et équidistants, où tout, par conséquent, est symétrique par rapport au milieu de la pièce, les sections de fatigue maxima seront au nombre de deux et se trouveront précisément au droit des appuis les plus voisins des appuis extrêmes; en d’autres termes, en commençant à compter les appuis par l’un quelconque des deux bouts, elles se trouveront sur le second et sur l'avant- ` dernier appui. Ces deux sections seront dites les sections de plus grande fatigue, et, en effet, il n’y aura pas dans toute la pièce de points pls fatigués que les points les plus fatigués de ces deux sections-là. La fatigue des points les plus fatigués des sections de plus grande fatigue sera, . d’une manière absolue, pour la disposition choisie, la fati- tigue maxima. Mais maintenant, en conservant toujours la même pièce prismatique, la même charge uniformément répartie, la même position des deux appuis entrêmes, fai- 1 M. E.L amarle, dans la note brécitée, et ch dans le but d'évaluer T avan tage présenté par la disposi- tion nouvelle comparativement au système où tous les appuis sont de niveau et équidistants. ( 458 ) sons bouger plus ou moins les appuis intermédiaires ou quelques-uns d’entre eux; abaissons un peu celui-ci, re- levons un peu celui-là, augmentons la grandeur de telle travée, diminuons la grandeur de telle autre; puis, tous ces changements effectués, cherchons de nouveau, pour la disposition à laquelle nous nous serons arrêtés, la fati- gue maxima. Cette fatigue maxima, correspondant à la seconde disposition, sera généralement différente de la première, et, à chaque nouvelle disposition que nous pourrons imaginer, correspondra une nouvelle fatigue maxima parfaitement déterminée, Parmi cette infinité de dispositions possibles, il y en aura une pour laquelle la fatigue maxima sera plus petite que pour toutes les au- tres; en d’autres termes, il y en aura une qui donnera le minimum de fatigue maxima. Quelle est cette dis- position? C’est précisément celle qu'a cherchée M. La- marle, celle qui fait l'objet de la note précitée, celle dont nous nous occupons maintenant et dont nous avons donné les caractères principaux au commencement de notre travail, La solution complète de la question, c’est-à-dire la position exacte de chaque support intermédiaire, se trouve aux pages 31 et 32 de la note de M. Lamarle. Elle est renfermée dans les trois formules suivantes : 2(n — 1) FA 2(n—1}— 1 El. ya n—5—(n—9V? 2in—1#1 y 8i —3—4(n—A) V2 |p 8 96e [45 À —œ9 p p= a ( 459 ) Voici le sens des notations employées dans ces fi les : 2L est la distance comprise entre les appuis aprh; le nombre des travées; le moment d’élasticité de la pièce ; la charge uniformément répartie par mètre courant; la longueur d’une quelconque des travées intermé- diaires; la longueur d’une quelconque des deux travées ex- trêmes ; F; la quantité dont un appui intermédiaire quel- conque A, doit être abaissé au-dessous de la droite horizontale qui joint les deux appuis ex- trêmes. On voit qu'il y a n + 1 appuis; ils sont désignés par les RAS AS. AS A Dans la formule [5], À doremi être remplacé par sa valeur en fonction de L, si l’on voulait avoir une expres- sion de F ne contenant plus que des quantités connues à priori. Les trois formules [1], [2], [5], sont respectivement les formules [47], [48] et [50] de la note de M. Lamarle. La note que nous présentons aujourd’hui au jugement de l'Académie a pour objet de signaler une proposition qui est contenue implicitement, il est vrai, dans les for- mules données par M. Lamarle, mais qui ne s’en dégage cependant pas à la première vue. Cette proposition consiste en ce que, dans la disposition des appuis correspondant au minimum de fatigue maxima dans la pièce, tous les appuis intermédiaires se trouvent sur un seul et même arc de cercle, dont le rayon, dirigé vers le at a, en con- servant les notations précédentes, la valeur © = Nous croyons que cette propriété a ME à M. La- "8 " a ( 460 ) marle, vu qu’il n’en dit rien et que la simplicité de la con- Struction à laquelle elle donne lieu la rend assez curieuse pour mériter d’être signalée. Ajoutons d’ailleurs que ce n’est pas en la dégageant des formules établies par M. Lamarle que nous y avons été conduit, mais bien par une marche tout à fait différente et en nous basant sur une considéra- tion très-simple également et dont on n’a pas, à notre connaissance, fait usage jusqu'ici. Nous croyons donc pou- voir signaler comme nouvelle la solution que nous don- nous plus loin, à plus juste titre encore que la proposition elle-même qu’il s’agit de démontrer. Commençons par déduire cette proposition des formules établies par M. Lamarle et rappelées ci-dessus. Représentons-nous les appuis successifs Ag, Aj, Aa -> À, 4, A.~ Toutes les droites A, À,, À, À... À À, sont horizontales. La formule [5] donne, pour un support quelconque A,, la quantité dont ce support doit être abaissé au-dessous de la droite A;, A... Laissons, pour le moment, tout à fait à l'écart les appuis extrêmes A, et A, , et ne nous occupons plus que de la série d'appuis Ai, À,, Ag À, .., As, compre-. nant n — 2 intervalles tous égaux entre eux. La quantité dont un quelconque des appuis A4, Ag -- À, ,, devra se trouver au-dessous de la droite Ai, Ani sera : FF, où Eur) — (a 193 PE, PRESAR ee dise (461 ) dans laquelle r pourra prendre toutes les valeurs 2, 3, … n'—n —72 r=r—1, n' étant le nombre de travées comprises entre A, et A„—ı c'est-à-dire le nombre des travées égales entre elles, et r’ pouvant prendre toutes les valeurs 1,2,...n!—1,n La quantité F, — F; pourra s'écrire : PE FRS yE? ou encore : i 2e a a (n'à — r’) pg" Or si, par les points A, et À, ,, nous faisons passer un arc de Dal ayant pour paramètre on l'équation de cet arc de parabole, rapportée à A, comme origine, à A, A„ comme axe des x, à la perpendiculaire dirigée vers le bas et partant de A comme axe des y, sera : y=z(n et l’ordonnée correspondant à ra sera : ra (n'a — a de Il suit de là que tous les appuis A, Aa; … ALR À,,, ( 462 ) se trouveront sur un même arc de parabole ayant 5 Pour paramètre. Reste à montrer que, dans le problème qui nous occupe, il est aussi exact de dire que tous ces appuis se trouvent sur un même arc de cercle que de dire qu'ils se trouvent sur un même arc de parabole. Pour cela, par le point le plus bas de Parc de parabole dont nous venons de parler, et par les points A, et Ana, faisons passer un arc de cerele. Soit R le rayon de ce cer- cle. L’équation rapportée au point le plus bas, comme ori- gine, à un axe des x horizontal, et à un axe des y vertical dirigé vers le haut, sera : x? + y? = 2Ry, et l'équation de l’are de parabole défini ci-dessus sera rap- portée aux mêmes axes que l'arc de cercle : 96e z? — pe VE Écrivons l'équation de l'arc de cercle un peu différem- ment : 2 a) x (1 + a = 2Ry. La plus grande valeur de , représente la tangente tri- gonométrique de Pangle qui fait avec l'axe horizontal des x la droite qui joint le point A „_, au point pris pour origine actuelle des coordonnées. Cet angle est du même ordre de grandeur que les angles que font avec l'horizontale les tan- gentes menées aux différents points de la pièce élastique _ Considérée. Or, si l'on veut bien se reporter à la note pré- ( 465 ) citée, on constatera que l’analyse de M. Lamarle se base sur une équation de la forme : dy nn M désignant, d’une manière générale, et pour une sec- tion quelconque de la pièce, le moment des forces exté- rieures. Cette équation est une forme moins rigoureuse, mais démontrée suffisamment exacte pour tous les besoins de la pratique, d’une équation de la forme : € -= M, P dans laquelle pọ désigne le rayon de courbure de l'axe de la pièce dans la section qui correspond au moment M. La valeur exacte de p est : Mi dy dx? pue , La substitution de l'équation : «dy - dx? = M à l'équation plus rigoureuse : Ed À z dy\? revient donc à regarder (2 comme négligeable devant unité. ( 464 ) L'analyse de M. Lamarle et par conséquent les formules auxquelles il est arrivé ne sont donc applicables que dans les cas où les angles que font avec l'horizontale les tan- gentes aux différents points de la pièce élastique fléchie sont tous assez petits pour que le carré de la tangente tri- gonométrique du plus grand de ces angles soit négligeable - devant unité. - Dans tous les cas où les formules de M. Lamarle seront applicables, nous pourrons donc, en conservant le même degré d’approximation, négliger Ÿ devant l'unité et pren- dre pour équation de l'are de cercle qui passe par À, À, et par le point le plus bas de Fare de parabole : £ x? — Ry. Cette équation de larc de cercle, comparée à l'équation : de l'arc de parabole, montre que les deux arcs se confon- dront sensiblemententre les points A, et À, et qu'on peut, sans rien Changer au degré d’approximation qui a servi à établir les formules que nous avons prises pour point de départ, substituer à arc de parabole dont le paramètre est z2, Un arc de cercle dont le rayon est : 48e RE | Ainsi se trouve dégagée des formules établies par M. La- marle la proposition nouvelle qui fait l’objet de notre tra- R — _vail. — TES ET MIE ( 465 ) Démontrons maintenant cette même proposition par l’autre voie, plus nouvelle et plus directe, à laquelle nous avons fait allusion ci-dessus, et ne passons plus par lin- termédiaire de formules qui contiennent déjà cette propo- sition implicitement. our ne pas remonter inutilement trop haut, en refai- sant ici des raisonnements présents à l'esprit de tout le monde, nous supposerons d'emblée connus et nous pren- drons comme point de départ les résultats relatifs à un cas très-simple, traité dans tous les cours de stabilité, nous voulons parler du cas d'une pièce prismatique encas- trée horizontalement sur deux appuis de niveau et chargée d'un poids uniformément réparti sur toute sa longueur. On sait que, sous l’action de la charge, une semblable pièce, primitivement droite, fléchira en affectant une forme dans laquelle on pourra distinguer trois portions d'arc, se raccordant en deux points d'inflexion, placés symétriquement de part et d’autre du milieu de la pièce, et qui seront distants l’un de l’autre de = si À est la distance comprise entre les deux appuis. Les deux arcs extrêmes, compris respectivement entre un appui et le point d'inflexion le plus voisin, auront leur convexité tournée vers le haut; larc moyen, compris entre les deux points d’inflexion , aura sa convexité tournée vers le bas. Cet arc sera absolument, sous tous les rapports, dans le cas d’une pièce, de longueur ~=, reposant libre- ment sur deux appuis, et chargée Fées ss uniformé- _ ment réparti sur toute sa longueur. Chacun des deux arcs extrêmes sera dans le cas d’une pièce de longueur al-al ( 466 ) encastrée horizontalement, par une de ses extrémités, sur l'appui, chargée d’un poids uniformément réparti sur toute sa longueur, et tenant, en outre, suspendu à son extrémité libre un poids égal à la moitié du poids de l'arc moyen. La fatigue maxima pour l'arc moyen (c’est évidemment toujours de la fatigue due aux moments des forces exté- rieures et non de la fatigue due aux efforts tranchants que nous parlons) se trouvera au milieu de cet arc et ira en décroissant jusqu'aux deux points d'inflexion , où elle sera nulle. Si pọ est le rayon de courbure de l'axe neutre cor- respondant au milieu de l'arc moyen, et e le moment d’élasticité de la pièce, le moment des forces intérieures sera représenté par =, et l’on aura, en égalant le moment des forces intérieures au moment des forces extérieures , la relation : Pour chacun des deux ares extrêmes , la fatigue maxima aura lieu sur l'appui, et de là ira également en décroissant, de façon à devenir nulle aux points d'inflexion. Si p’ est le rayon de courbure de laxe neutre correspondant aux appuis, on aura de même +, pour le moment des forces intérieures au droit de ces appuis, et Tégalité du moment des forces intérieures et du moment des forces extérieu- res donnera cette seconde relation : Le milieu de la pièce ne présente donc, au point de vue ( 467 ) de la fatigue, qu'un maximum relatif : c’est sur les appuis que se trouve le maximum absolu, et ce maximum absolu est le double du maximum relatif. En d’autres termes, et si nous considérons maintenant la forme de la pièce fléchie au lieu de considérer la grandeur des moments fléchis- sants, nous pourrons dire que, de tous les rayons de cour- bure des différents points de la pièce, le plus petit p’ Correspondra aux deux appuis, qu'il ira en grandissant à mesure qu’on se rapprochera des points d’inflexion, qu'aux points d’inflexion il n’y aura plus de courbure du tout, ce qu’on peut exprimer en disant que les rayons de courbure y Seront infinis, qu’en continuant à marcher des points inflexion vers le milieu de la pièce, les rayons de cour- bure recomménceront à décroître progressivement jusqu’à atteindre, précisément au milieu de la pièce, un nouveau minimum relatif p, qui sera cependant encore le double du minimum absolu p’. Le centre de courbure est d'ail- leurs vers le bas pour tous les points des deux ares ex- trêmes et vers le haut pour tous les points de l’arc moyen. Imaginons maintenant qu’au lieu d’une travée encastrée comme on se le représente généralement, c’est-à-dire au moyen de prolongements de la pièce dans des maçonneries fixes forçant les bouts de la pièce à prendre telle ou telle inclinaison donnée d’avance, nous prenions une pièce n'ayant que la longueur strictement voulue pour reposer librement, à ses deux extrémités, sur deux appuis, mais qu’à chacune des deux sections extrêmes nous produi- sions, n'importe par quel moyen, un couple extérieur précisément identique en intensité et en direction au moment des forces qui se produisent réellement dans ces deux sections extrêmes lorsque l’encastrement a lieu par la manière ordinaire. Rien entre les deux appuis ne sera 2% SÉRIE, TOME XVIII. 31 * ( 468 ) changé dans la pièce, qui, s’il nous est permis de parler ainsi, ne pourra pas s’apercevoir du changement. Nous nous donnions les directions des deux bouts, et nous en déduisions les moments extrêmes; nous nous donnons les moments extrêmes, et nous pouvons en déduire les direc- tions des deux bouts; mais moments extrêmes et direc- tions des deux bouts, rien n’a changé. Pour appliquer ce que nous venons de dire à la pièce prismatique uniformément chargée et encastrée horizon- talement à ses deux bouts, substituons à cette pièce une . pièce semblable reposant librement à ses deux extrémités sur deux appuis, mais ayant, comme forces sollicitantes extérieures, non plus seulement la charge uniformément répartie, mais, en onire, à chaque section extrême, un couple, d'intensité 2+ =z» dirigé de façon que, si ces deux couples agissaient seuls sur la pièce supposée non chargée , ils donneraient à celle-ci la forme d’un arc de cercle dont les rayons p’, tous égaux à —, auraient leur centre com- ‘mun dirigé vers le bas. Imaginons encore que nous mettions à la suite les unes des autres une série d’un nombre quelconque, aussi grand qu'on voudra, de travées semblables, et puis, par la pensée, supprimons tous les couples extérieurs 2, à l'ex- ception des deux extrêmes, mais en même temps substi- tuons à la série de tronçons une pièce unique et continue reposant sur tous les appuis à la fois. Cette pièce unique sera évidemment en équilibre sous l’action de la charge uniformément répartié et des deux couples extérieurs ex- trêmes S set chacune des travées comprises entre deux dans les mêmes conditions de forme s et-de fatigue que Ja travée: unique dont nous avons rap- m den. on Se Date tout à l'heure. E ( 469 ) Imaginons enfin que, la pièce étant dans l’état que nous venons de définir, nous appliquions à chacune des deux sections extrêmes, tout en y laissant le premier couple Les , un second copie g’ intensité + , dirigé de façon que si les deux cou ples > agissaient seuls: sur la pièce non chargée et n'ayant comme appuis que les deux appuis extrêmes, la pièce fléchirait en affectant la forme d’un are de cercle de rayon R dont le centre serait placé vers le haut, et ima- ginons, en même temps, que, laissant les deux appuis extrêmes seuls en place, nous fassions baisser tous les appuis intermédiaires , chacun de la quantité voulue pour que tous ces appuis se trouvent, après la modification effectuée, précisément sur l’arc de cercle de rayon R dont nous venons de parler. Qu’arrivera-t-il ? Les deux couples § par eux-mêmes ne peuvent donner lieu à aucune action de la part de la pièce sur les dif- férents appuis; car, la pièce étant dans son nouvel état équilibre si nous enlevons la charge et les deux cou- ples 2> zz > en ne laissant, comme forces extérieures, que les deux couples =, tous les points de la pièce, primitive- ment en contact avec les appuis, resteront d'eux-mêmes à leurs places primitives, c’est-à-dire en contact avec les appuis, mais sans plus exercer aucun effort sur ceux-ci. Ce seront donc les appuis cette fois qui, au point de vue des pressions qu’ils ont à supporter, ne s’apercevront d’aucun changement, lorsque nous aurons modifié la forme et l’état d'équilibre de la pièce par l’adjonction des deux couples $. Cette remarque va nous être d’un grand secours. Il en résulte, en effet , immédiatement que, pour avoir le mo- ment des forces extérieures par rapport à l’une quelconque ( 470 ) des sections de la pièce dans son nouvel état d'équilibre, il suffira de prendre le moment primitif et dy ajouter ou Cen retrancher le moment =, selon que ces deux moments sont de même sens ou du sens contraire. Cela est vrai quel que soit R; mais il va de soi que, puisqu'il s’agit ici d’une pièce fléchissante pour laquelle évidemment les déformations doivent toujours rester très- faibles, il faut se représenter, par la pensée, toujours aussi R très-grand par rapport à À. Nous pouvons d’ailleurs fixer à R une limite précise, et cela par la considération que la grandeur absolue de ý doit rester toujours moindre que Z. Il est donc cé que nous supposerons tou- jours implicitement > 12: = p% Cette réserve faite, éxaminons la manière dont la forme de la pièce se modifiera en même temps que les moments fléchissants, et pour cela prenons une demi-travée quel- conque dans son premier état et distinguons-y trois par- ties : la première, tout entière sur larc qui tourne Sa convexité vers le haut et comprise entre l'appui et le point de cet are où le moment fléchissant est précisément égal à 5; la deuxième, également sur l’are qui tourne sa Con- . vexité vers le haut, comprise entre le point précédent et le point d'inflexion; la troisième, comprise entre le point d'inflexion et le milieu de l'arc qui tourne sa convexité vers le bas. Par l'introduction des couples extérieurs — €t l’abaissement correspondant des supports, la valeur ‘ab- solue du moment fléchissant en un point quelconque de la pièce de - pour paame qu’elle était d’abord moins $ ; ENEN EEE EENE ns... EE ie Ar nie a + ( =. ) Pour la seconde partie, £ moins ce qu’elle était d’abord; Pour la troisième partie, € qu'elle était d’abord plus . Pour le point de Farc, rte tags convexe vers le haut, pour lequel le moment était+, le nouveau moment fléchissant sera nul : ce point sera eii enu le nouveau point inflexion. En revanche, l’ancien point d'inflexion aura maintenant un moment fléchissant F et fera partie du nouvel arc tournant sa convexité vers le bas. En résumé, chaque travée, dans sa nouvelle forme, se composera encore de deux portions d'arcs convexes vers le haut se raccordant en deux points d'inflexion à un arc intermé- diaire qui tournera sa convexité vers le bas, et cela quel que soit R. Seulement, à mesure que R diminuera en se rapprochant de sa limite —, les points d'inflexion se déplaceront sur la pièce en se R inprochant des appuis; les ares convexes vers le haut diminueront de longueur, s’apla- tiront et se défatigueront, pendant que les ares convexes vers le bas s’allongeront et verront leur courbure et leur fatigue s’accroitre de plus en plus. A la limite, lorsque R aura atteint —, les points d'inflexion auront atteint les appuis; il n’y aura plus d’ares convexes vers le haut, et la pièce ne présentera plus qu’une suite d'arcs tous con- vexes vers le bas, la fatigue étant d’ailleurs nulle sur chaque appui, et atteignant le maximum ZË —< au milieu de chaque travée. Mais dans ce double mouvement continu en sens in- verse dans lequel la fatigue sur les appuis, d’abord double de la fatigue au milieu des travées, peut finir par s'annu- ler, pendant que la fatigue au milieu des travées peut finir par atteindre la valeur Le, il y aura un moment où ces deux fatigues se trouveront être précisément égales. (472) Parmi l’infinité de valeurs qu’on peut donner à R, il en est donc une qui donnera à la pièce la même fatigue sur les appuis et au milieu des intervalles des appuis, et réduira, par conséquent, la fatigue maxima de la pièce à un mini- mum. Cette valeur de R sera entre toutes la plus avan- a à la résistance. Pour lavoir, il suffira de poser l'égalité 1 å 4 1 Fo TH et comme, d’après ce que nous avons rappelé ci-dessus, = 2p, la valeur de R sera donnée par légalité R = 4p'; ou, en substituant à p’ sa valeur © ms Par l'égalité pat Les deux couples = que nous avons introduits aux sections extrêmes de Ja pièce auront ainsi pour valeur p? 48 , ce qui donnera, pour le couple total P> — — $ qui agit sur chacune des deux sections extrêmes , la alear (475) Qui sera évidemment aussi la valeur du moment fléchis- sant au droit de tous les appuis et au milieu des inter- valles qui séparent deux appuis successifs quelconques. Nous retombons ainsi, pour ainsi dire sans calcul aucun eten n’ayant pris pour point de départ que des propriétés parfaitement connues et qui figurent dans tous les cours de stabilité, sur la proposition nouvelle que nous avons tout à l'heure dégagée des formules établies par M. Lamarle et qui, à première vue, semblait ne pouvoir être démon- trée qu’à l’aide de calculs assez laborieux. Quant à la position précise des nouveaux points d’in- flexion , elle se déduira on ne peut plus aisément de cette considération déjà énoncée, que les arcs tournant leur convexité vers le bas sont identiquement dans le cas d’ares uniformément chargés et librement suspendus à leurs deux bouts, lesquels ne sont autres que les deux points d’in- flexion. En nommant / le nouvel intervalle de deux points d'inflexion d’une même travée, le moment, au ne de Parc convexe vers le bas, sera , 8 et comme ce moment a également pour valeur p 16” il en résulte immédiatement À V2 La distance qui, dans le cas d’appuis de niveau et équidis- l = (474) tants avec t tl tal aux deux bouts, était =” LE sera donc , dans la disposition nouvelle, > - Il nous reste à dire quelques mots relatifs aux deux bouts de la pièce. Dans ce qui précède nous avons sup- posé qu'aux deux sections extrêmes nous pouvions pro- duire (n’importe par quel moyen, disions-nous) des couples extérieurs, dirigés de façon que, s'ils agissaient seuls sur la pièce non chargée, ils courberaient celle-ci avec sa con- vexité tournée vers le haut. Rien n’est plus simple que de produire pratiquement ce résultat, à chaque bout de la pièce, au moyen d’un prolongement convenable de cette pièce et d’un appui supplémentaire placé à l'extrémité de ce pro- longement; et ce que nous disons est vrai, quelle que soit la valeur prise pour R et la valeur correspondante me du couple extérieur total. Pour le faire voir, considérons le dernier appui, que nous désignerons par A,_,; ajou- tons, par la pensée, à la suite des travées existantes, une nouvelle travée A „B, de longueur À, identique à toutes les précédentes, prolongeant la pièce, et munie à sa sec- tion extrême B du couple extérieur qui agissait dans la section correspondant à l'appui A ,_,, lequel devient main- tenant un appui intermédiaire. Le point B se trouvera sur l'arc de cercle de rayon R. Fixons sur cette travée la position des deux points d'inflexion I, et Ia, Ta étant le point d'inflexion le plus voisin de B. Ces points ne seront généralement plus sur l'arc de cercle, mais à une certaine distance en dessous. Supprimons maintenant toute la por- tion de pièce IB, mais en même temps plaçons au point la un nouvel appui À, capable de supporter le poids de _ la moitié de Farc convexe vers le bas Ila. La partie de la pièce que nous conservons ne sera pas modifiée par la sup- ~ Pression du tronçon LB, et la portion de pièce À, , À, ( 475 ) produira sur la partie de la pièce située à gauche Az précisément l'effet du couple extérieur Za adai r que nous avons d’abord fait agir directement sur la sectioh A, Les appuis successifs qui se trouvaient sur un même arc de cercle de rayon R étant A,, A Az, … AÀ,,, il-suffira donc de placer à rs de A, et à droite de À, deux nouveaux appuis À, et AÀ,, qui devront coincider avec les deux points d’inflexion respectivement les plus éloi- gnés de A; et de A, , de deux nouvelles travées imagi- naires, identiques aux travées de longueur à, et qui seraient placées , respectivement aussi, à gauche de À, , et à droite de A,,, puis de prolonger de part et d'autre la pièce chargée de la longueur A, À, ou À, , A, et de laisser les deux bouts de la pièce allongée reposer librement sur les - deux nouveaux appuis extrêmes A, et A,. Dans les deux cas particuliers que nous avons examinés tantôt, à savoir celui pour lequel R — œ et celui pour lequel R = $#$, la longueur des deux travées extrêmes devra être respectivement, d’après ce que nous avons dit de la position des points d'inflexion, Se je fre 2) Dans le cas de R — æ , la quantité dont les appuis A, et À, devront se trouver en contre-bas de la droite A; A, est fort aisée à trouver, puisqu'elle n’est autre chose que x flèche produite dans la portion de pièce de longueur i a e , encastrée horizontalement à l’une de ses ex- trémités , chargée uniformément du poids p par mètre cou- rant, et tenant, en outre, suspendu à son autre extrémité un poids égal au poids de la moitié de lare de longueur ( 476 ) =. La formule donnant la valeur d’une semblable flèche ss trouve dans tous les cours de stabilité, et, en s’appli- quant, on trouverait que la quindi cherchée a pour va- leur Z=. Dais le cas de R — i? un calcul tout à fait analogue conduirait à ce résultat que, dans une travée qion - les deux points d'inflexion se trouvent à la distance ? pa au-dessous de la droite qui joint les deux bouts “ cette travée , et que, par conséquent, c’est également de = pe pat que les deux appuis extrêmes À, et À, devront se trouver respectivement en contre-bas des cordes de longueur À qui se trouveraient elles-mêmes respectivement à gauche de A, et à droite de A „ sur le cercle de rayon S . — ÉLECTIONS. La classe des sciences avait fait des pertes nombreuses depuis les élections qui ont eu lieu l’année dernière à la même époque; elle avaità nommer cing membres, dont deux dans la section des sciences physiques et mathéma- tiques, en remplacement de MM. Delvaux et Timmermans, et trois dans la section des sciences naturelles, en rem- placement de MM. Sauveur, Cantraine et Kickx. Les suf- frages ont désigné successivement les savants suivants, qui t déjà aux travaux de l’Académie à titre de correspondant ou d’associé (1). a) Le titre d’associé ne peut appartenir qu’à des savants étrangers à la e » Comme celui de membre ou de correspondant n'appartient qu’à des Belges. C'est done par suite de la naturalisation de M. Spring que ses Tiea, à l'unanimité, l'ont proclamé me ARE EAN TER NES TS a SN IE ( 477) Section des sciences mathématiques et physiques : M. Maus, ingénieur en chef de première classe du corps des ponts et chaussées, à Mons. M. GLoEsENER, professeur émérite à l’Université de Liége. Section des sciences naturelles : M. Spring, professeur ordinaire à l’Université de Liége. M. Canoèze, docteur en médecine, à Liége. M. Coremans, vicaire à Gand. La classe a nommé de plus quatre associés. Section des sciences mathématiques et physiques : M. Hansen, directeur de l'Observatoire de Gotha. M. KekuLé, professeur ordinaire à l’Université de Gand. Section des sciences naturelles : M. James D. Dana, à New-Haven, aux États-Unis. M. Ap. BroncniarT, membre de l’Institut de France et professeur au Muséum d'histoire naturelle de Paris. La classe s’est occupée ensuite des différentes disposi- tions à prendre pour la séance pa nae du lendemain. ( 478 ) Séance publique du 16 décembre 1864. M. le général NERENBURGER , vice-directeur, occupe le fauteuil. M. GacHarp, directeur de la classe des lettres, et M. ALvix, vice-directeur de la classe des beaux-arts, pren- nent place au bureau. Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Wesmael, Stas, De Koninck , Van Beneden, Ad. de Vaux, de Selys-Longehamps, le vicomte B. du Bus, Nyst, Gluge, Melsens, Liagre, Du- prez, Brasseur, Poelman, Dewalque, membres; Schwann, Spring, Lamarle, associés ; Candèze, Maus, Donny, Mor- ren, correspondants. Assistent à la séance : Classe des lettres : MM. Paul Devaux , Leclercq, Faider, Arendt, le baron Kervyn de Lettenhove, membres; le général Guillaume , correspondant. Classe des beaux-arts : MM. Navez, Éd. Fétis, De Bus- cher et Franck, membres. L'ordre du jour de la séance avait été arrêté, dans la réunion de la veille, de la manière suivante : 4° Les hommes d’Engis et les hommes de Chauvaux, notice par M. Spring, membre de l'Académie ; V Sur la composition chimique des aciers , rapport de - M. Stas, sur la question inscrite au programme du con- — - cours annuel; Pom he Mate 7 son à 5 créations successives, au nombre d'environ vingt ou trente ( 479 ) 3° Rapport du jury chargé de décerner le prix quin- quennal des sciences physiques et mathématiques; M. de Koninck, membre de l’Académie, rapporteur ; 4° Proclamation des résultats du concours et des élec- tions faites par la classe. Les hommes d'Engis et les hommes de Chauvaux, par M. A. Spring, membre de l’Académie. Au début, lorsqu'on a commencé à explorer avec mé- thode les divers terrains qui composent l'enveloppe solide de notre globe, on inélinait généralement à croire que des Catastrophes solennelles, immenses, avaient successive- ment détruit tout ce qui existait et vivait à la surface. Au bout de périodes plus ou moins longues , croyait-on, le feu souterrain serait venu itérativement mettre en fusion les masses solides , et plus tard, des mers soulevées soudainement auraient , d'époque en époque, englouti tout ce qui sentait ou respirait. Depuis la faune silurienne et _ depuis la flore houillère jusqu'aux animaux et aux végé- taux des époques postglaciaires, il y aurait eu ainsi des chacune parfaitement indépendante, mais réalisant da progrès notable sur l’œuvre précédente. La création la plus récente aurait seule produit l’homme, le chef-d'œuvre de la nature. On se représentait done le créateur comme un artiste qui aurait pour ainsi dire fait école et qui ne serait par- venu à la perfection qu ass s'être essayé inutilement à plusieurs ébauches. Cette singulière opinion re cependant avoir perdu ( 480 ) tout crédit auprès de la plupart des géologues contempo- rains. Au lieu de grandes convulsions marquant la fin de chaque période terrestre, ils sont disposés à admettre des transformations lentes et insensibles, surtout pour les temps tertiaires et quaternaires; au lieu de créations successives, ils inclinent, avec notre vénéré doyen, M. d'Omalius d’Halloy, en faveur d’une transformation des anciennes espèces animales et végétales, avec addition , à chaque époque, d’un certain nombre d’espèces nouvelles. En effet , on constata, à mesure que les études avancè- rent, que chaque terrain est relié au terrain précédent par des passages insensibles, et que le principe formulé par Linné : Natura non facit saltus, trouve son application en géologie aussi bien qu’en botanique. On constata particu- lièrement que les faunes et les flores empiètent d’une époque sur l’autre, et que de nombreuses espèces avaient survécu après chaque prétenduê catastrophe. Pour le sujet que nous voulons traiter dans cette lec- ture, aucune transition n'offre plus d'intérêt que le passage qui s’est fait de l’âge tertiaire à l’âge diluvial ou quaternaire. C’est le diluvium qui recèle les plus anciens vestiges de l'existence humaine, et la question se présente, dès lors, de savoir dans quels rapports l'homme s’est trouvé avec la faune et la flore tertiaires. Malgré opinion soutenue par quelques-uns, nous n’avons aucun motif pour dater son origine de époque tertiaire même. Mais ce qui devient tous les jours plus probable, c’est que, dans son enfance , l’homme a connu encore des animaux de cette époque, des animaux simple- ment survivants et destinés- à s'éteindre, mais earactéris- _ tiques. Il n’est pas absolument défendu de croire que les AVONA RRE ( 481 ) premiers hommes aient encore connu les hideux et mon- strueux reptiles dont les squelettes sont enfouis dans les systèmes crétacé et jurassique : les mosasaures et les mégalosaures, les plésiosaures et les ichthyosaures, ainsi que le dragon volant, couvert d’écailles : le pté tyle (1). Il y a dans les légendes des peuples primitifs une con- cordance et un cachet de sincérité qui nous empêchent de les dédaigner absolument. On sait le rôle important qu'y jouent les serpents monstrueux , les dragons, les pythons, les hydres insatiables. Partout bé premiers temps se sont passés dans des luttes avec ces reptiles hideux ; les héros de ces luttes ont été célébrés par la bouche des poëtes et vénérés à l’égal des dieux, et les monstres sont restés dans le souvenir des peuples comme l'expression vivante Les mêmes pierres se retrouvent en très- grand nombre dans les À S osseuses de la vallée de Tarascon (Ariége). ete... yos nes. d EE ( 505 ) la vie pastorale, à s'enfuir dans les hautes montagnes. Les points les plus retirés du canton des Grisons, là où de nos jours lours brun a également cherché son dernier refuge, sont habités par une race brachycéphale qui, par son contraste avec les autres races de la Suisse, a depuis longtemps fixé l'attention des ethnographes (1). Outre la branche occidentale ou basque, et la branche orientale ou suisse, doit-on admettre encore une troisième branche qui se serait portée directement vers le Midi et aurait occupé successivement , en longeant le versant occi- dental des Alpes maritimes, la Toscane et les îles de Corse , de Sardaigne et de Sicile? Je suis porté pour l'affir- mative, bien que j'avoue ne pas posséder assez d’études sur les questions si difficiles auxquelles donnent lieu les races aborigènes de l'Italie. Il est certain, d’un côté, que des hommes lacustres ont réellement habité le versant sud des Alpes (2), et d’un autre côté, on peut suivre une trace de brèches osseuses, semblables à celles du centre de la France , depuis Nice et Antibes à travers la Sardaigne jus- qu’en Sicile (5). (1) M. le professeur His, à Bâle, forme de ces habitants des Grisons son - quatrième type suisse, sous le nom de type de Dissentis. Leur crâne est court et large, presque cubique, à occipital large et aplati, à bosses pa- riétales fortes et à arcades sourcilières peu développées. J’ai eu l’occasion d'examiner plusieurs de ces crânes. Les Souabes d'aujourd'hui sont égale- ment brachycéphales. Un rameau des habitants lacustres se serait-il enfui en même temps du lac de Constance vers {es bassins du Lech et de l'Iller ? (2) On a trouvé des habitations lacustres dans le lac Majeur , et M. de Mortillet décrit des pilotis semblables à ceux de la Suisse, enfoncés dans la tourbe qui a rempli l’un des lacs de moraines formés par l'ancien gla- cier du Tessin. (5) Les dépôts de Nice et d'Antibes ont été vérifiés par une des plus grandes autorités dans la matière , par le professeur Steenstrup de Copen- ( 506 ) La marche de la race de Chauvaux, depuis la Finlande jusqu'aux Pyrénées et aux Alpes, a été lente, très-lente; les hommes ont eu le temps de se perfectionner dans les arts et dans l’industrie, soit par leurs propres efforts, soit par le contact avec d'autres races plus civilisées. Il est remarquable de voir le progrès continu dont té- moignent ses restes de station en station, à mesure qu’on approche du Midi. Tandis qu’à Chauvaux encore, on ne trouve que des instruments peu variés et des argiles fa- connées grossièrement , les cavernes de la France centrale renferment déjà des objets sculptés en os (1); plus loin, TEET aaaea E E E S E E E E a hague. Les os d'animaux y étaient réellement cassés mécaniquement, à Faida A'inet 4 r 3 etr . T E s 1: d ft - se eenen au e On y trouva, au surplus, un grand nombre de mor- dans le ciment qui unissait les fragments d'os Dans un bloc de la brèche de Nice, M. Steenstrup a même trouvé des “itunes past rm de silex. tapimo avait aot passépar là; déchets de cuisine co + brèches du Danemark (Voyez Froriep's Notizen, 1861, II, no 19). — Le comte Albert de la Marmora a trouvé des aisa de poteries trer . Ciennes et des objets ouvrés sur la côte sud de la Sardaigne, à Cagliari et dans le voisinage, avec des ossements de mammifères éteints. En Sicile, dans la grotte de Macagnone, du côté ouest de la baie de Palerme, le doc- teur Falconer a découvert un dépôt ossifère avec couteaux de silex, des éclats d'os, des morceaux de charbon de bois, de l’argile cuite, mélangés entre autres avec des coprolithes d’hyènes, etc. (Lyell, L'Ancienneté de l'homme, pp. 182 et 184). (1) M. de Vibraye a découvert , dans les grottes d’Arcy-sur-Yonne, des dessins et des sculptures qui me semblent ren à l'époque des de Chauvaux (L Ancienneté de l'homm Appendice, p. 118). Outre les outils finement laillés et ornementés, té que flèches, hame- çoñs, poinçons, cuillers et poignärds, il y avait des représentations d'ani- maux dessinés à la pointe sur des fragments de bois et des màchoires de toe. e e 124) ( 507 ) dans les grottes du Périgord, M. Ed. Lartet a rencontré même des représentations de formes animales gravées en profil sur des plaques de roche, et d’autres, gravées sur des os de renne et de bœuf (1); et des dessins semblables se sont présentés aussi dans la caverne de Bruniquel (Tarn- et-Garonne) (2). Tandis que les hommes à Chauvaux étaient encore de véritables sauvages!, infestés de cannibalisme : Mutum et turpe pecus , glandem aique cubilia propler, Unguibus et pugnis; dein fustibus atque ita porro Pugnabant armis, quæ post fabricaverat usus; on rencontre, en s'avançant vers le sud, des vestiges d’un culte et de quelques idées sociales. En outre, la pré- sence de certains animaux domestiques démontre déjà des tendances qui conduiront bientôt la race à la vie pasto- rale et à l’idée du domicile. La branche qui s’est fixée en Suisse semble être encore _ plus récente que la branche des Pyrénées. Tout y est plus avancé, plus perfectionné. Les hommes y vivaient à poste fixe, en communautés régulières : Oppida cœperunt munire, et ponere leges ; Ne quis fur esset, neu latro , neu quis adulter ; ils avaient appris l’art de dégrossir les troncs d'arbres et de les agencer pour construire des habitations à l’abri des vents, des eaux et des animaux sauvages. (1) Voyez le mémoire de MM. Lartet et Christy, dans l’ Appendice souvent cité, pp. 156, 166, ete. (2) C'étaient des figures d'animaux gravées sur os. Voyez les publica- tions de MM. F. Garrigou, L. Martin et E. Trutat, Milne Edwards et Ed Lartet, ibidem , pp. 180-18 ( 508 ) Leurs instruments de travail et leurs armes sont plus variés, plus perfectionnés, plus élégants; leurs poteries sont mieux fabriquées et déjà ornées de dessins; le nombre des animaux soumis à la domesticité égale presque celui de nos jours. Ils cultivaient l'orge , le froment, le lin, et ils savaient confectionner non-seulement des filets de pê- cheur, mais même des étoffes d’habillement. Rien n’est plus curieux que de suivre, dans les collections, le per- fectionnement graduel et continu des objets que l'âge de pierre a laissés au fond des lacs. En Danemark, en Suède et dans le Mecklembourg, la séparation de l’âge de pierre avec l’âge de bronze est nette- ment accusée. Les objets de métal représentent, pour au- tant que mes souvenirs sont exacts, d’autres types que les objets de silex ; et les crânes qui leur correspondent sont allongés et plus grands. Mais en Suisse, les plus anciennes aches de bronze sont exactement modelées sur la forme des haches de pierre de l’âge précédent. Je conclus de cette différence, et d’une série d’autres faits qu'il serait trop long d'énumérer, qu’au nord les objets de bronze in- diquent l’arrivée d’une race distincte qui a vaincu la race brachycéphale, attardée dans son développement, tandis qu’en Suisse la transition s’est faite graduellement. Le peuple des lacs avait eu le temps de mürir pour les arts de la paix. Les Phéniciens lui apportaient alors le bronze comme objet du commerce; il le façonnait lui- même selon les modèles qui lui étaient familiers (1), et (1) A Wuelflingen , dans le canton de Zurich, on a découvert une an- cienne fonderie, et dans le village lacustre de Morsée sur le lac de Ge- nève, M. Forel a trouvé le moule d’une grande hache. Le colonel Schwab, -à Bienne, a découvert aussi la forme dans laquelle on avait coulé des épin- - gles à cheveux et de petits anneaux. ( 509 ) les villages lacustres ont continué d’exister peut-être jus- qu’à l’époque de l'invasion de la race allemanique. Au centre comme au nord de l’Europe et particulière- ment sur les bords de la Meuse, aucune trace de rapports avec des peuples commerçants n’a pu être constatée. Les hommes de Chauvaux ont été refoulés ou exterminés par les Celtes, qui possédaient le bronze, et par les Germains, qui possédaient le fer. Il est probable cependant que pen- dant longtemps encore après l’arrivée de ces peuples qui sont dolichocéphales, des groupes d'hommes brachycé- phales ont encore occupé les parties les plus inaceessibles de l'immense forêt des Ardennes et les points les plus sombres des vallées de la Meuse et de l'Ourthe. Là ils cherchaient un refuge dans les cavernes et y menaient une existence triste et périlleuse. La misère et les priva- tions ont dû affaiblir leur constitution, enlaidir leurs formes et raccourcir encore leur taille qui était déjà petite. A la fin, il n’en restait plus que ne individus dont le souvenir survit encore dans la mémoire du peuple. Les ouvertures des cavernes portent dans le pays le nom de Trous de Sottais et Trous de Nutons, Les habi- tants prétendent que jadis ces grottes avaient servi d’habi- tation à une race d'hommes de très-petite taille : Sottais, Nutons ; pygmées, race timide et inoffensive. Ils racontent que, quand on déposait à l'entrée des grottes des objets cassés, en y ajoutant des vivres, les Sottais se chargeaient de les raccommoder. Souvent aussi ils déposaient eux-mêmes des vases vides près des ouvertures des cavernes pour sol- liciter le don de quelques vivres. C’est à peu près l’histoire des Kobolts et des Elfes de la Germanie. Une crainte superstitieuse se joignit plus tard au souvenir de cette race petite, laide et farouche. La (510 ) - légende populaire tantôt accusa ses instincts moqueurs et - dévastateurs, tantôt elle prêta des accents compatissants à son immense tristesse. A la fin, la poésie, qui console et concilie toutes les souffrances, accorda une origine céleste aux Elfes et aux Kobolts ; leur roi Alberich devint l'Obéron et sa femme May reçut le nom de Titania. Telle est la loi providentielle. Pour que les rapports d’une race inférieure avec une race civilisée ne lui devien- nent pas fatales, il faut qu’elle se soit élevée d’abord par ses propres efforts, qu’elle se soit rendue apte à recevoir les bienfaits de la civilisation, sinon elle est impitoyablement vouée à la destruction. Les Celtes et les Germains, : ont marché sur le corps des hommes de Chanvaux, descendent de la race des Aryas (1). Participant de la culture dont le zend et le san- scrit sont les interprètes, ils avaient un culte et des tradi- tions. L'Histoire commence. Leurs plus anciens restes sont enfouis dans les tour- bières, dans les tombes et dans les champs de morts disséminés en grand nombre depuis la mer Caspienne, le long du territoire de la Russie méridionale, et des plaines de l’Allemagne et de la Scandinavie, en Belgique et jusqu'aux points extrêmes du nord-ouest de l'Europe. Les crânes qu'on y trouve sont du type dolichocéphale ; ils sont accompagnés d'armes en bronze artistement tra- vaillées, de parures et d’ornements du même métal, d'objets Tambre , de perles en verre bleu, et d’urnes funéraires (1) Les linguistes font descendre d’une souche commune : des Aryas ou Ariens , toutes les races de l'Europe actuelle, excepté les Basques, les Finnois, les Magyars et les Turcs. Les Grecs et les Latins descendent des (OT) d’une forme particulière et caractéristique. C'étaient des peuples richement doués et destinés à retremper plus tard les races plus civilisées du Midi (4). Je craindrais faire abus de la bienveillante attention que l'assemblée a prêtée à cette lecture, déjà trop longue, si j'allais suivre davantage les Celtes et les Germains à tra- vers l’âge de bronze, et si j'allais ensuite essayer de faire voir les origines de l’âge de fer. Que l'honorable assemblée me permette cependant encore un éclaireissement qui se rattache intimement aux recherches sur l’âge de pierre en Belgique. On trouve dans le sol arable du Hainaut et de la pro- vince de Namur, dans les tumulus de la Hesbaye et dans les tourbières de la Flandre une riche collection de pierres taillées et polies à divers degrés d'achèvement : des haches, . des flèches, des coins et des couteaux. On en trouve aussi dans les cavernes des provinces de Liége et de Namur, mais dans des conditions qui n'ont rien de commun ni avec les | hommes d’Engis ave de Chau- vaux. La plus riche collection wiet ces Faba a été formée 1) Je ne me sens nullement autorisé à intervenir dans le débat savant et intéressant porté, il y a quelques années , devant la classe des lettres de notre Académie, sur l'identité des Celtes et des Germains. J'affirmerai seulement qu’au point de vue cràniologique, il mest impossible de recon- naître une ne q i BENER lesuns ee der Un grand connais- S maniqu h à Schwerin, estime qu'ils ne différaiènt pas plus entre eux que ne diffèrent les Allemands des ane ou "a men e du Sud ap en = st Il est certain, en tout cas, q nze que à sud, en en = on attribue aux x Celtes, , ressemblent so sous EE les RATE à ceux du Mecklembourg et d venus. (512 }: par MM. Albert et Désiré Toilliez, ingénieurs de mines à Mons (1). Ces pierres taillées appartiennent à des époques très- récentes. Lorsque les armes de bronze et de fer étaient déjà con- nues et à la disposition des chefs, les simples combattants continuaient, pendant des siècles encore, de se servir d'armes de pierre. Il était sans doute difficile et coûteux de les pourvoir tous d’armes plus parfaites. On sait positi- vement que la hache de silex était encore larme des Francs et des Scandinaves, et que les Normands s’en ser- vaient jusqu'aux huitième et neuvième siècles. D'ailleurs M. Albert Toilliez déclare avoir positivement reconnu que le lit superficiel qui contient, dans le Hainaut, les silex travaillés est superposé au limon hesbayen (2). Le but que je m'étais proposé dans ce travail, était (1) Voyez Désiré Toilliez, Des pierres taillées, monuments de Pindus- trie primitive, dans les Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 1847, t. XIV, part. I, p. 565, où l’auteur donne aussi la revue complète des pierres ouvrées trouvées jusqu'alors en Belgique. — Des notices ulté- rieures ont été présentées par lui sur cet objet intéressant : Bulletins, 1848, tome XY, part. II, p. 190 ; ibid... 1849, tome XVI, part. I, p. 662, et ibid., 1851, tome XVIII, part. I, p. 659. — M. Toilliez a reconnu même des fabriques de ces pierres près de Mons, de Quaregnon, de Baudour et à sr — a Molte à; ni ri Led Ligne des ms cr à Sorn m hachette trouvée dans un res aux environs de Visé près de Liége. Cette pierre, déterminée par M. Dumont, était une roche feldspathique qui ne se trouve ni en Belgique ni dans les parties limitrophes des pays voisins. Bulletins, kel t. XVI, part. IL, p. 350. — C’est l'occasion de rappeler aussi la r Charles Morren dans une tourbière des Flandres : Mémoire sur Ta sé = pb de la Flandre. Gand, 1852. ettre à M. De tondid ee de l'Académie, 1860, t. X, p. 315. ( 515 ) principalement un but de classification. En présence du mouvement qui s’est produit parmi les savants de l'Europe à la recherche de l'antiquité de l’homme, il me semblait utile de coordonner et de rattacher aux découvertes faites dans d’autres pays les documents que nous a fournis le sol de la patrie. : Je me résume done en retraçant ainsi qu’il suit la suc- cession des âges de pierre : I. L’AGE PRÉGLACIAIRE OU MYTHOLOGIQUE. — L'homme a coexisté avec l Elephas meridionalis, avec les dragons et, en général, avec les grands reptiles survivants des temps tertiaires.— Les hommes de Saint-Prest et peut-être les hommes de Denise. IL. L’AGE POSTGLACIAIRE OU HÉROIQUE. — Une race d'hommes dolichocéphales a vécu avec les grands pachy- dermes et les ours des cavernes. Les cours d’eau m'avaient pas encore adopté leurs lits actuels; les îles Britanniques n'étaient pas encore séparées du continent; la Scandi- navie était couverte de glaciers. — Les hommes d'Engis, de Moulin-Quignon , de Clichy, de Kent ’s Hole, de Brix- ham, etc. il. Lace pizuviaz (âge du diluvium rouge) ou TRO- GLODYTIQUE. — Les volcans du centre de l’Europe étaient éteints ; les mers et les rivières avaient conquis leurs cours actuels; la faune et la flore ne comprenaient plus que quelques espèces anciennes en voie de se retirer au nord et vers les sommets des hautes montagnes.— Les hommes de Chauvaux, les troglodytes du centre de la France et des Pyrénées, les plus anciens habitants des lacs de la Suisse et de l'Irlande, les hommes des tourbières et des kjôkken- moeddinger du Danemark. IV. L’AGE MIXTE OU CELTO-GERMANIQUE. — Les armes et ( 514 ) les ustensiles de pierre sont mêlés à des armes et ustensiles de bronze et de fer. — Les pierres taillées des couches allu- viales des provinces du Hainaut et de Namur ; les tumu- lus du Mecklembourg, du Danemark, de la Bretagne, ete. ; les hommes lacustres de la Suisse occidentale, ete. L'exposé sommaire que nous venons de faire pourra donner aux esprits les plus sévères, nous osons du moins l’espérer, la conviction qu’à côté de conjectures , comme le sujet en comporte nécessairement, la science possède à présent une méthode et des faits suffisants pour guider sûrement les observateurs futurs dans la question , encore si controversée, de l’homme fossile ou antédiluvien. Nous avons même la confiance que le sol belge fournira lui-même encore prochainement des matériaux importants. A la demande de l’Académie, le gouvernement subsidie des explorations méthodiques qu’un jeune géologue de talent, M. E. Dupont, a entreprises dans les grottes et les cavernes de la province de Namur, et pour lesquelles notre savant confrère, M. Van Beneden, lui prête un concours précieux. Déjà plusieurs restes humains ont été déterrés par lui dans le limon recouvert par la stalagmite. M: Van Beneden en a fait l’objet d’une communication dans la dernière séance ordinaire de la classe. Le sujet s’agran- dira et les interprétations se rectifieront sous des soins aussi zélés et habiles. Les données qu’on recueille dans ces recherches sont nécessairement fragmentaires, comme tous les faits sur lesquels s'appuient et la paléontologie et la géologie elle- même. Cependant, à force de les multiplier et de les rap- procher, elles finiront par se prêter à des inductions scien- ~ tifiques sévères. Les recherches de paléontologie humaine ( 515 ) ressemblent, sous ce rapport, aux efforts que fait la phi- lologie pour reconstituer les anciennes langues mortes. Lorsque Grotefend entreprit, le premier, à déchiffrer les signes qui se trouvent sur les monuments assyriens, on ignorait encore s'ils constituaient réellement une écriture ou s'ils n'étaient que de simples ornements fantastiques; on ignorait tous les mots de la langue qu’ils pouvaient représenter, et même l’époque à laquelle ils apparte- naient; on ne savait pas si l'alphabet était phonétique, syllabique ou hiéroglyphique. Tout cela était inconnu d'ahord, et tout cela a été trouvé successivement. « Nous connaissons à présent les inscriptions cunéiformes de Cyrus, de Darius, de Xerxès, d’Artaxerxès I‘, de Da- rius I, d’Artaxerxès Memnon , d’Artaxerxès Ochas. Nous en avons des traductions, des grammaires et des diction- naires. Ce n'étaient, il y a peu d'années, que des espèces de conglomérats de signes en forme de clous et de coins, gravés et peints sur le monument solitaire de Cyrus dans le Mwighäb, sur les ruines de Persépolis ou sur les rochers de Behistän , près des frontières de la Médie, ou au préci- pice de Van en Arménie (1). » er SR EEE "i Max Müller, discours inaugural prononcé à l'institution royale de Londres, le 21 février 1863. J'e SÉRIE, TOME XVIII. 34 (516) Rapport du jury chargé de décerner le prix quinquennal . des sciences physiques et mathématiques pour la période 1859-1863 (1). MONSIEUR LE MINISTRE, Le jury chargé, par arrêté royal en date du 19 novembre 1863, de décerner le prix au meilleur ouvrage sur les sciences physiques et mathématiques qui a été publié pen- dant la dernière période quinquennale, a l'honneur de vous exposer le résultat de ses délibérations. Le nombre des ouvrages qui ont paru pendant la période écoulée étant assez considérable, le jury a consacré plu- sieurs séances à leur examen et à leur appréciation. Parmi les plus remarquables de ces travaux, deux ont spécialement fixé l’attention du jury. Après müre délibération, le jury, par cinq voix contre deux, a donné la préférence au mémoire que M. Stas a (1) Le jury se composait de : MM. De Koxicx, professeur à la faculté des sciences de l'université de es membre de la classe des sciences de l’Académie royale de Bel- ique |LanaRe, professeur à la faculté des sciences de l’université de Gand; _ Liane, major du génie, professeur à l'école militaire, membre de la classe des sciences de l’Académie royale de Belgi Me professeur à l’école vétérinaire, FRE d la classe des scien- l'Académie royale de Belgique; , général-major, directeur. au département de la penn membre de la classe des sciences de l’Académie royale de Belgique SCHAAR , professeur à la faculté des sciences de l’université de 'Liége, membre de la classe des sciences de l'Académie royale de Belgique ; ar professeur à la faculté des sciences de l’université de Gand. T ( 517 ) k publié en 1860 et qui a été inséré dans le tome X de fa seconde série des Bulletins de l Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique (1). Ce mémoire, à la rédaction duquel l’auteur a consacré plusieurs années de recherches, a eu pour but la vérifica- tion de l’hypothèse de Prout, qui, dans ces derniers temps, a repris grande faveur et a été adoptée par plusieurs des chimistes les plus distingués de notre époque. On sait que cette hypothèse consiste à admettre que le poids atomique des corps simples est multiple de celui de l'hydrogène. Comme le fait fort judicieusement remarquer M. Stas, i au point de vue de la philosophie naturelle, la portée de | l’idée de Prout est immense. En effet, si elle se vérifiait d’une manière absolue, elle | conduirait infailliblement à l'admission de l'unité de la ma- eo tière et à celle de la composition des éléments qui pgo à | présent ont résisté à nos investigations à cet égard. In Le pas étonnant Hirune pareille question ait exercé la tait trouvé parmi mi ceux-ci des adversaires déterminés et des partisans convaineus, suivant les résultats plus ou moins concluants auxquels les uns et les autres arrivaient par leurs propres recherches. C’est ainsi que l'illustre chimiste suédois Berzéhius, dont une grande partie de la vie s’est écoulée en travaux con- cernant les poids des équivalents des corps, et les profes- -seurs Turner et Penny se rangèrent parmi les premiers et que M, Th. Thomson et MM. Dumas et de Marignac se (1) Recherches sur les rapports réciproques des poids atomiques. e (518 ) firent remarquer parmi les seconds. Seulement, les émi- nents chimistes que je viens de citer en dernier lieu con- clurent de leurs travaux que l'unité admise par Prout était trop forte de moitié pour certains corps et des trois quarts pour certains autres. En sorte que, selon M. Dumas surtout, les équivalents des corps simples sont des multiples de celui de lhydro- gène pris pour unité, ou par 1 ou par 0,5 ou enfin par 0,25. Selon M. Stas, dont la conviction est basée sur un grand nombre de recherches très-variées, la loi de Prout, avec tous les tempéraments apportés par M. Dumas, n’estqu'une illusion, une pure hypothèse formellement démentie par l'expérience. Selon lui, les chimistes qui, après avoir examiné son tra- vail, s’en tiendront uniquement à l'expérience, partageront bientôt sa conviction , à savoir : qu’il n'existe pas de com- mun diviseur entre les poids des corps simples qui s'unis- sent pour former toutes les combinaisons définies. Le jury n’a pas eu à se préoccuper de ces divergences d'opinion, ni à se rallier à l’une plutôt qu’à l’autre. C'est un débat scientifique sur lequel le dernier mot n’est pro- bablement pas encoré dit et dans lequel le seul rôle qui convienne à la commission est celui d’un témoin qui prend acte des efforts faits de côté et d’autre, afin d'arriver à la solution ayant pour but la vérité et ses expression une loi de la nature. I n’a eu à juger que la valeur scientifique du travail de M. Stas et à s'assurer si les recherches auxquelles il s'est livré offrent assez d'intérêt et présentent assez d’origina- lité pour mériter la haute faveur que le jury propose de ` ( 519 ) Une analyse succincte de ce travail nous a paru être le meilleur moyen d'en faire apprécier l'importance et de prouver que nul autre de même genre ne lui est certaine- ment supérieur. Les recherches de M. Stas n’ont porté que sur l'azote, le chlore, le soufre, le sodium, le plomb et l'argent, parce que, dit-il, ces corps sont mieux connus, qu'ils forment les composés les plus stables et que généralement on les fait. obéir à la loi de Prout. La sagacité avec laquelle ces recherches ont été con- duites font regretter qu’elles n'aient pas été étendues à un plus grand nombre de corps. Afin de constater avec certitude et de mesurer exacte- ment de petites différences qui se produisent dans les pesées, l'auteur a augmenté considérablement les quanti- tés sur lesquelles on opère assez généralement. À cet effet, il a dù se procurer des poids d’une exacti- ide aussi parfaite q padie et des balances une sen- clhilieé 1 a DALFFIELC Toutes ses pesées ent été ‘faites dans le vide, avec les précautions indiquées pour la première fois par M. Dumas, afin d'obtenir des poids constants. L'action de la flamme sur les vases dont il s’est servi a a été étudiée par lui avec un soin particulier et il a pu con- stater que, sans exception aucune, tout verre chauffé long- temps au rouge dans la flamme de l'alcool ou du gaz éclairant, diminue de poids lentement, mais constam- ment. Le verre de Bohème, au contraire conserve parfaitement son poids lorsqu'on le chauffe au point de le ramollir et de laplatir sous son propre poids, à labri de la flamme, soit à l’aide du. charbon, en le préservant des atteintes des - - ( 520 ) cendres de celui-ci, soit dans un bain de magnésie pure qui lenveloppe complétement. Tandis que le verre de Bohème résiste à l’action des acides nitrique et chlorhydrique jusqu’à une température de 300%à 350°, le verre commun cède déjà à la tempéra- ture ordinaire, à ces mêmes acides, des traces des bases qu’il renferme. Tous les verres sont attaqués au rouge, par les acides sulfurique et chlorhydrique et par la vapeur du sel am- moniac. L'auteur expose ensuite les précautions qu'il a prises pour obtenir de l’eau, de l'acide chlorhydrique, de lacide nitrique, de l'acide sulfurique, du sel ammoniac et du car- bonate sodique chintiquement purs. Tous ces travaux préliminaires, sans lesquels bien des erreurs auraient pu se glisser dans les recherches de l'au- teur eten fausser les résultats et qui lui ont pris un temps considérable, témoignent des soins extraordinaires qu’il a apportés à ses expériences et de la confiance qu'elles méritent. Quoiqu'’ils portent déjà le cachet d’un sie élevé et synthétique, ces travaux ne sont rien encore en compa- raison de ceux qui ont eu pour objet la détermination directe du rapport des poids des atomes de l'azote, du chlore, du soufre, du potassium, du sodium, de l'argent et du plomb, Afin de connaître les rapports réciproques des atomes de ces sept corps, l’auteur a fait : La synthèse : 4° Du chlorure d'argent; ~- X Du sulfure d'argent ; 3° Du nitrate d'argent; ( 921 ) 4 Du nitrate de plomb; 5° Du sulfate de plomb. L'analyse : 6° Du chlorate de potassium ; 7° Du sulfate d'argent. Il a cherché le nombre proportionnel entre : 8 L’argent et le chlorure de potassium; 9° L'argent et le chlorure de sodium; 10° L'argent et le chlorure d’ammonium ; 14° Le nitrate d’argent et le chlorure de potassium; 12° Le nitrate d’argent et le chlorure d’ammonium. C'était s'attaquer à l’un des problèmes les plus difficiles que puisse offrir la chimie; car, avant d'exécuter les opéra- tions délicates qui devaient conduire à la solution, il a fallu produire les divers composés dont l’action était re- quise, de manière à ne laisser exister aucun doute sur leur pureté absolue. . Ici, de nouvelles et nombreuses difficultés se sont pré- sentées. Toutes, hâtons-nous de le dire, ont été habilement et heureusement surmontées. Quiconque n’est pas habitué aux travaux du labora- toire ne peut se rendre un compte exact de ces difficultés, ni de la durée des opérations, ni de l’habileté nécessaires pour les conduire à bonne fin, ni des dépenses considé- rables auxquelles elles entrainent. Pour atteindre son but, l’auteur n’a rien négligé et n’a reculé devant aucun sacrifice, quelque grand qu'il fût. Diverses méthodes ont été mises en pratique pour l'obtention des éléments ou des composés dont il avait besoin. Toutes ont été contrôlées et comparées entre elles. Lorsqu’elles étaient insuflisantes, elles ont été modifiées et perfectionnées, souvent même remplacées par des métho- _ des nouvelles. w (522) Toutes sont décrites avec la plus grande précision ét leur description est accompagnée des détails nécessaires pour permettre de les répéter et de les contrôler au be- soin. I! serait impossible d'indiquer ici toutes ces méthodes : elles ne supportent pas d’analyse et, pour les faire saisir, il faudrait transcrire une grande partie du travail de M. Stas. Qu'il suffise de savoir que toutes celles qui concernent la préparation d'un des éléments ou des composés dont l'auteur s’est servi ont été discutées et comparées avec cette sagacité, ce désir d’arriver à la connaissance de la vérité, cette franchise et cette netteté pa respire chaque page de son mémoire. Aussi cette partie ne laisse-t-elle aucune prise à la criti- que. En la lisant attentivement, on admire la prévoyance avec laquelle auteur parvient à surmonter les obstacles qu'il rencontre à chaque instant sur sa route. Ce n'est pas sans raison que le travail de notre compa- triote est considéré , par les chimistes les plus compétents de notre époque, comme un travail classique et comme lun des plus consciencieux ‘et des mieux faits qui aient paru dans ces derniers temps. On conçoit, en effet, son importance en réfléchissant que, sans la connaissance exacte des poids atomiques des corps, le chimiste marche en quelque sorte au hasard. Sans elle, aucune opération ne peut fournir des résultats favorables : c’est le pivot autour duquel tournent toutes les- recherches scientifiques et toutes les applications indus- trielles auxquelles la chimie sert de base. La première des synthèses indiquées plus haut a été faite par quatre procédés différents, dont les résultats sont — Let et permettent à M. Stas de conclure que ( 523 ) 100,000 d'argent produisent 132,850 de chlorure de ce métal. La seconde synthèse a été effectuée à l'aide de la dissolu- tion de 77 à 400 grammes d'argent dans l'acide nitrique, de l'évaporation et de la dessiceation complète du nitrate d'argent. | Sur sept opérations, dont une exécutée dans des vases de platine et les autres dans des appareils en verre de Bohême, M. Stas a obtenu en moyenne 157,472 de nitrate par 100,000 de métal employé. La troisième synthèse a été faite par la combinaison di- recte du soufre avec largent, laquelle, exécutée avec soin, produit du sulfure d'argent admirablement cristallise. La moyenne de 5 opérations dont le plus grand écart n'est que de 0,005 a fourni 1144,8522 de sulfure par 100,000 d'argent. La quatrième synthèse, qui avait pour objet celle du nitrate de plomb, a été faite d’une façon analogue à celle du nitrate d'argent. Le plomb, dont la purification offre encore plus de difficultés que celle de l'argent, a été pré- paré par 4 procédés différents. Dans une première série de 6 opérations, dans laquelle le nitrate a été desséché entre 140° et 160°, M. Stas a obtenu une moyenne représentée par 159,974 de nitrate pour 100,000 de plomb. Dans une seconde série de 4 opérations, dans laquelle. le nitrate a été desséché dans le vide, à la température de 155, il a obtenu 159,9645 de nitrate pour 100,000 de plomb. La dernière synthèse faite par M. Stas est celle du sul- fate de plomb. Celle-ci est encore fe laborieuse que les nobles, ( 224 ) à cause des difficultés dont elle est entourée et de la facilité avec laquelle les vases de verre les plus réfractaires sont attaqués par l’acide sulfurique. En remplaçant ces derniers par des vases de platine, M. Stas a échappé à cet inconvénient; il n’a pas moins heureusement surmonté tous les autres obstacles qu'il à rencontrés. 3 Des 6 opérations très-concordantes qu'il a exécutées, il déduit une moyenne qui fournit 146,4273 de sulfate pour 100,000 de plomb employé. Les autres opérations, qui ont eu pour but les analyses et la recherche des nombres proportionnels précédemment indiqués, ont été conduites avec la même habileté et sont décrites par l’auteur avec la même lucidité et dans les plus grands détails. Notons en passant qu’il a été le premier à faire l'analyse du chlorate de potassium à l’aide de l'acide chlorhydrique, anaiyse qui jusqu’à présent n'avait été faite qu’à l’aide de la chaleur, en dégageant tout l'oxygène contenu dans le chlorate et en le transformant en chlorure de potassium. Les deux méthodes-ont fourni des résultats très-concor- dants, puisque la moyenne de l’une est représentée par 59,1572 d'oxygène dégagé et par 60,8428 de chlorure de potassium produit au moyen de 100,000 de chlorate , et la moyenne. de l’autre, par 39,1540 d'oxygène et 60,8460 de chlorure de potassium. . Pas moins de 24 essais ont été faits pour établir le rap- port proportionnel entre l'argent et le chlorure de potas- siam ; 10 essais ont eu lieu pour obtenir le même rapport entre l'argent et le chlorure de sodium et 14 autres pour ~ rechercher celui entre l'argent et le chlorure d'ammo- ot ( 529 ) La moyenne des résultats a été pour le premier rapport de 69,103; pour le second, de 54,2078, et, pour le troi- sième, de 49,5944 de chlorure alcalin équivalant à 100,000 d'argent. Quant aux rapports proportionnels entre le nitrate d'ar- _gent et les chlorures de potassium et d’ammonium, ils ont été obtenus, le premier à l’aide de 10 essais et le second à l'aide de 4 essais. La moyenne fournie par ces divers essais est de 43,8758 de chlorure de potassium et de 31,488 de chlorure d'am- monium équivalant à 100,000 de nitrate d'argent. . Malgré tous les détails dans lesquels nous venons d'en- trer, il est impossible de donner une idée exacte des tra- vaux considérables que le mémoire de M. Stas a nécessités et de la persévérance qu’il lui a fallu pour le conduire à bonne fin. : En résumé, il résulte de ces recherches que l'oxygène étant Russe ne 8, Le p tomiqu: g ó é par 107,945 = Ueo indien à | 05,46 — QU POUR 0 <. a — du sodium. =- : -r o mO — de ao Fos T T ~ de Faioté c i.a © a v a a BAN e du soufre ai ERO — du plomb yi RR du sulfate), < 105,455 - du plomb ( — du nitrate). . 105,460 En tirant une conclusion rigoureuse de ces expériences, on doit admettre que la loi de Prout n’est pas exacte ; elle n’est même, d’après M. Stas, qu'une pure illusion. Selon lui, on doit regarder les corps indécomposables de notre globe comme des êtres distincts, n'ayant aucun rapport simple de poids entre eux. ( 526 ) Le jury n'ignore pas les objections qui ont été faites à cette opinion, basée elle-même sur des expériences con- sciencieusement faites et habilement conduites. Mais, ainsi qu’il a été dit au commencement de ce rap- port, le jury n’a pas à se prononcer sur la valeur de cette assertion, que le temps et l'expérience finiront par confir- mer Ou par détruire. La tendance véritablement scientifique du travail de M. Stas, jointe à un rare mérite d'exécution, a seul guidé le jury dans son appréciation et l’a déterminé à lui accorder ses suffrages. Les Membres du Jury : A. NERENBURGER, J. LAGRE, MELSENS, H. VALERIUS, Scuaar, C. LLAMARLE, L. DE Kans. rapporteur. OUVRAGES PRÉSENTÉS. [Le général Guillaume]. — Statistique de l'armée belge, pé- riode de 1851 à 1860. Bruxelles, 1864; in-4°. Université de Gand. — Rapport sur la situation, pendant l’année académique 1865-1864 , lu à la séance solennelle pour l'ouverture des cours et la remise du rectorat, le 47 octobre 186%, par M. J. Roulez, recteur sortant , suivi de lallocution prononcée par M. J.-J. Haus. Gand, 1864; in-8°. Université de Liége. — Finertis solennelle dès cours, année 1864-1865, discours inaugural et rapport du recteur M. A. Spring. Programme des cours, Dispositions es taires. Liége , 1864 ; in-8°. Lire Gui dé ssénien ss (527) Vève (Félix). — Du beau littéraire dans les œuvres du génie indien. Bruxelles, 1864; in-8°. Sève (Édouard). — Vade mecum des membres de l’Asso- ciation internationale pour le progrès des sciences sociales. Bruxelles, 1864-1865 ; 2 vol. in-12. Portefeuille de John Cockerill, 92° à 96% livraisons. Liége , 1864; in-4°. Broeckx (C.). — Notice sur Jean-Jacques Van Haesendonck. Anvers, 1864 ; in-8°. Dardenne. — Des doubles courants dans les liquides. Bru- xelles, 1864 ; in-8°. Revue de l’administration et du droit administratif de la Belgique, par MM. R.-J. Bonjean , J.-B. Bivort et J.-J. Cloes XI™ année, tome XI, 10° à 42™° livr. Liége, 1864; in-4°. Société liégeoise de littérature wallonne. — Bulletin, VI™ année, 1 et 2 livr.; VI" année, {°° livr.; — Annuaire, 2%* année, 1864. Liége ; 4 cab. in-8°. Journal historique et littéraire, tome XXXI, liv. 8 et 9. Liége, 1864; 2 DRE. in-8°. | geoises, pee iria. Liége, 1864 in-4 Revue de la numismatique belge, 4™° série, tome H, 4*° livr. Bruxelles, 1864; in-8°. „Messager des sciences historiques, ou archives des arts et de la bibliographie de la Belgique. Année 1864, 3™° livr. Gand ; 1 broch. in-8°. Revue de Vinstruction publique en Belgique, XW°®*° ps n% 9 à 12. Bruges, 1864; 5 cah. in-8°. Journal des beaux-arts et de La littérature, publié sous la direction d’Ad. Siret, VI”: année, n° 19 à 24. Saint-Nicolas, 1864; 6 asep in-4°. - Le progrès par la science, 2™° année, n™ 275 à 308. Bruxelles, ab: 53 feuilles in-4°. Société de pharmacie d'Anvers. — Journal de nn ( 528 ) 20°* année, octobre à décembre. Anvers, 1864: 3 broch.: in-8°. Annales de médecine vétérinaire, XIII”. année, 140% à 12° cahiers. Bruxelles, 1864 : 3 cah. in-8°. Société des sciences médicales ef naturelles de Bruxelles. — Journal de mé ecine, de chirurgie et de pharmacologie, 29% année, 39° volume, octobre à décembre. es ve 1864; 5 cah. in-8°. - Société de pharmacie de Bruxelles. — Bulletin, 8™° année, n® 10 à 12, octobre à décembre. Bruxelles, 1864; 5 broch. in-8°. La Presse médicale belge, 16 année, n°° 42 à 52. Bru- xelles, 1864; 11 feuilles in-4°. Annales de l'électricité et de l'hydrologie médicales, 5” année, n° 7 à 9. Bruxelles, 1864; 3 cah. in-8° Société de médecine d'Anvers. — Annales, XXV" année, livr. d'octobre à décembre. Anvers, 1864 ; 5 cah. in-8. Le Scalpel , 17% année, n°° 14à 24. Liége, 1864 ; 11 feuilles in-4°. La Belgique horticole , 10" à 19e livr. Octobre à décem- bre 1864. Liége; 2 cah. in-8°. Bulletin du Congrès internatignal d’horticulture à Bru- xelles , tenu les 24, 25 et 26 avril 1864. Gand, 1864; in-8°. Schôtter (Joh.). — Johann, Graf von Luxemburg und König von Böhmen. Luxembourg, 4865 ; 2 vol. in-8°. Recherches astronomiques de l'observatoire d'Utrecht, pu- bliées par M. Hoek. — Addition à la 4° livr. : Recherches sur la quantité d'éther contenue dans les liquides, par MM. Hoek et A.-C. Oudemans; — 11" livraison : Perturbations de Pro- serpine, dépendances de la première puissance de la masse perturbatrice de Jupiter. La Haye, 1864 ; 2 cah. in-4°. a Museum botanicum Lugduno- Batavi. — Annales, edidit _ FA. Guil- Miquel, tomus I, fasc. 9-10. Amsterdam-Utrecht, 1864; 2 cah. in-folio. + f | ( 529 ) Historische Genootschap gevestigd te Utrecht. — Werken, ` nieuwe serie, n° À : Bronnen van de Geschiedenis der Neder- landen in de middelecuwen. Annales Egmundani; — n°3, me- morien van Roger Williams, door J.-T. Bodel Nyenhuis; — Codex diplomaticus, 2™° serie, IV% deel, 4° afd. — Kronijk, 1865, blad 19-57. Utrecht; 4 cah. in-8°. Académie des sciences de Paris. — Comptes rendus hebdo- madaires des séances de l’Académie des sciences, par MM. les secrétaires perpétuels , tome LIX; n°° 14 à 26, tables du 4% se- mestre de 1864 , tome LVIII. Paris, 1864; 14 cah. in-4°. Revue de l'instruction publique, de la littérature et des sciences en France et dans les pays étrangers, 24° année, n° 27 à 59. Paris, 1864; 13 doubles feuilles in-4°. Société géologique de France, à Paris. — Bulletin, deuxième série, tome XXI, feuilles 44-25. Paris, 1864; 4 cah. in-8°. Institut historique de Paris. — L'Investigateur, XXXI" année, 558 et 559: livr. Paris, 1864; in-8°. Comité flamand de France, à Lille. — Bulletin, tome HI, n° 11, septembre et octobre 1864. Lille-Dunkerque, 1864; in-8°. Société des antiquaires de Picardie à Amiens. — Bulletin, année 4864, n° 3. Amiens, 1864; in-8°. Guérin-Méneville (F.-E.). — Revue et magasin de zoologie pure et appliquée, 1864, n° 40, 41 et 12. Paris; 5 cah. in-8°. Métivier (Henri).— Monaco et ses princes. La Flèche, 4862; vol. in-8°. Wolowski (L.). — La question des banques. Paris, 1864; 4 vol. in-8°, Du Chatellier (A.). — Du mouvement des études littéraires et scientifiques en province (histoire des congrès). Paris, 1865; in-8° De Caumont. — Allons à Falaise par Notre-Dame-de-Laise, Bretteville-sur-Laize, Outrelaize et la vallée de Laize. Itiné- Faire à vol d'oiseau. Caen, 1864; in-8. ( 530 ) De Caumont. — Coup d'œil sur la constitution tellurique de l'arrondissement de Falaise. Caen, 1864; in-8° Jeantin. — Manuel de la Meuse. Histoire de Montmédy et des localités meusiennes de l’ancien comté de Chiny. Nancy, 1861-1864; 3 vol. in-8°. Garcin de Tassy. — Discours d'ouverture , du 5 décembre 1864, du cours d'hindoustani à l’École impériale et spéciale des langues orientales vivantes près la bibliothèque impériale. Paris, 1864; in-8°. Des Moulins (Ch.).— Le bassin hydrographique du Couzeau, dans ses rapports avec la vallée de la Dordogne, la question diluviale et les silex trouvés. Bordeaux, 186%; in-8°. Des Moulins (Ch.). — La patine des silex travaillés de main d'homme et quelques recherches sur les questions diluviale et alluviale. Bordeaux, 1864; in-8°. Des Moulins (Ch.). — Du provincialisme et des inconsé- quents. Bordeaux, 1864 ; in-8o. Institut national génevois , à Genève. — Bulletin, n% 22 et 25. Genève, 1864; 2 cah. in-8°. Société des sciences naturelles de Neuchâtel. — Bulletin, tome VI, 5™° cahier. Neuchâtel, 1864 ; in-8°. Grunert (J.-A.). — Archiv der Mathematik und Physik, XLII Theil, 3 und 4 Heft. Greifswald, 1864; 2 cah. in-8°. Kaiserliche Leopoldino - Carolinische deutsche Akademie i Naturforscher zu Dresden. — Verhandlungen, XXXI" , 1864; in-4°. SE ae ia Anstalt aus Justus Perthes zu Gotha. — Mittheilungen von D" A. Petermann , 4864, X und XII. Gotha; 3 cah. in-4°. Wetterauischen Gesellschaft für die Gesammte Naturkunde zu Hanat: — Jahresberichte über die beiden ETES von 1861-1863. Hanau, 4864; in-12. “Heidelberger Jahrbücher der Literatur, LVII": Jahrg., 40 - o und 12° Heftes, octobre à décembre. Heidelberg, 1864; 3 o cut in-8°. BE O OE EERE AS ( 531 ) : Universität zu Kiel. — Schriften aus dem Jahre 1865. Band X. Kiel, 1864; in-4°. Königliche bayerische Akademie der Wissenschaften zu München. — Sitzungberichte, 1864, 1, Heft IV, Heft V (Sup- plement), 1864, I, Heft I. Munich, 1864; 3 broch. in-8°. Kaiserliche Akademie vag Wisaivoka tams in Wien. — Sit- zung der math ti na haftliche Classe, Jahrg. 1864, n% 25 à 27, titre et tube: Vienne, 1864; 4 feuilles in-8°. = Kaiserliche königliche geologischen Reichsanstalt zu Wien. = “res XIV'# Band, n°2 und 5. Vienne, 1864; 2 cah. gr. in-8 d Eu Vereines in Brünn. — Verhandlungen, H Band, 1863. Brünn, 1864; in-8°. Geographischer Anstalt aus Justus Perthes zu Gotha. — Mittheilungen über wichtige neue Erforschungen auf dem ge- sammt Gebiete der Geographie von D" A. Petermann , 186%, X, XI und XII. Gotha, 1864; 3 cah. in-4°. -Université de Marbourg. — Thèses inaugurales et règle- ments académiques de l’année 1864-1865. Marbourg; 25 broch. in-4° et in-8°. ; Az-erdélyi Muzeum- Egylet év Könýie; IH Kõlet, 4 Perit. Szerkesztette Brassai Samuel. Kolozsvartt, 1864; in-4°. Physikalisch-medicinische Gesellschaft in Würzbui go pa Naturwissenschaftliche Zeitschrift, IV'* Band, 2 und 5 Heft; Vi Band, 4 und 2 Heft, 1864; 2 cah. in-8°; — Medicinische Zeitschrift, Vie Band, 2 und 5 Heft, 4864; 1 cah. in-8°% Kongelige danske Videnskabernes Selskabs à Kjôbenhavn.— Oversigt i Aaret 1862-1863. Copenhague; 2 vol. in-8°. = Sveriges geologiska Undersökning , pa offentlig bekostnad “ut förd under ledning af A. Erdman. Några ord till upplys- ning om Bladets: Stockholm, Bakôpisé, Fånö, Säfstaholm, _ Angsô, Köping, Hellefors, Lindholm, n°* 6 à 15. Suehhe 1864; 7 cah. in-8° avec 7 cartes. Kongl. svenska Vetenskaps Akademien t Stockholm: — 5 Qme SÉRIE, TOME XVII. 5. ( 532 ) Handlingar, ny Fôljd, IV Bandet, 2% Häftet, 4862; in-4° ; — Ofversigt, XX Argängen , 1863; in-8°; — Meteorologiska iakttagelser i Sverige, IV Bandet, 1862; in-4°, oblong. Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg. — Mémoires , VIT": série, tome V, n% 2 à 9 et dernier ; tome VI, n™ 4 à 12 et dernier, 1862-1865; in-4°; — Bulletin, tome V, feuilles 9 à 56 et fin ; tome VI, feuilles 1 à 56 et fin ; tome VII, feuilles 4 à 41; 1863-1864; in-4°. Société impériale géographique de Russie à Saint-Péters- bourg, — Compte rendu pour l’année 1865, 1 vol. in-8°; — Procès-verbaux des assemblées générales du 8 avril, 6 mai, 7 octobre et 4 novembre 1864 ; 4 feuilles in-4°. Observatoire physique central de Russie, à S'-Pétersbourg. — Annales, publiées par A.-T. Kupffer, années 1860 et 1861. — Compte rendu annuel par A.-T. Kupffer, années 1861, 1862 et 1865. S'-Pétersbourg, 1862 et 1864; 4 vol. et 3 cah. in-4°. Müller on, — Considérations sur la prévision des tempêtes et spécialement sur celles du 4 au 4 décembre 1864. Saint-Pétersbourg, 1864; in-4°. Aoust (l'abbé). — Théorie des coordonnées eurvilignes quel- conques, première partie. Rome, 4864; in-4. Società italiana di scienze naturali di Milano. — Atti, volume VI, fasc. 5, fogli 44 à 24. Milan, 4864; in-8°. Reale Istituto Lombardo di scienze e lettere di Milano. — Classe di scienze matematiche e naturali. Rendiconti, vol. L, fase. 7 e 8, Luglio-Agosto; — Classe di lettere e scienze morali e politiche, rendiconti, vol. I, fasc. 7, Agosto. Milan, 4864; 5 broch. in-8°. - Magrini (Luigi). — Sulla importanza dei cimelj sipia e dei manoscrit tti di Alessandro Volta. Milan, 4864; Corr enza scientifica in Roma, vol. VIL, n° 10 el 12. Rome, 1864; 2 feuilles in-4°. m= accademia di archeologia , lettere e belle arti di Na- ( 535 ) poli. — Rendiconto, #mno 1864, Gennajo-Giugno. Naples, 1864; in-4°. Reale Accademia economico-agraria de’ Georgofili di Fi- renze. — Continuazione degli atti. Nuova serie, vol. X, disp. 1° e 2, Florence, 1863; 2 cah. in-8°. Observatorio do infante don Luiz, a Lisboa. — Annaes, vol. 41%% e vol. 2%, n” 4-2-3, 4856 — janeiro de 1864. Lis- bonne; 4 cah. in-4°. — Relatorio do serviço no anno meteoro- logico de 1865-1864. Lisbonne, 1864 ; in-8°. Palagi (Alexandre). — Fenomeni elettrici dovuti all” avvi- cinarsi e all allontanarsi reciproco dei corpi. Bologne, 1861, in-8° Palagi (Alexandre). — Sull’ azione che esercita la terra quando fa parte di un circuito elettrico. Bologne, 1864; in-4°. Bianconi (G.-G.). — Cenni storici sugli studj paleontologiei e geologici in Bologna e catalogo ragionato della Collezione geognostica dell’ Apennino bolognese. Milan, 4862; in-8°. Bianconi (G.-G.). — Descrizione delle forme cristalline di zolfo delle miniere del cesenate. Bologne, 4861 ; in-4°. Reale Academia de nobles artes de Shi Farnak Madrid. — Los proverbios , coleccion de diez y ocho láminas inventadas -y grabadas al agua fuerte por don Franeisco Goya. Madrid, 4864; in-folio oblong; — Los desastres de la guerra, coleccion de ochenta láminas inventadas y grabadas al agua fuerte por don Francisco Goya. Madrid, 1863; 8 cah. in-4° oblongs. Royal Society of London. — Philosophical transactions, vol. 154, part. 4-2. Londres, 1864, 2 vol. in-4°. — Proceedings Pisni, vol. XIII, n% 64, 65, 66, 67, 68 et 69. Londres, 1864; 6 cah. in-8°. ‘Royal Asiatic Society of Great Britain et Ireland of London. ane, new series, vol. I, part. 4. Londres, 1864; in-8?. -Entomological Society of London. — Transactions, third series, vol. II et vol. III, part the 1*. Fondre, 1864; e “ ( 534 ) Geological Society of London. — The quarterly journal, vol. XX, part. 5-4. Londres, 1864 ; 2 cah. in-8°. — List of no- vember 1°, 1864. Londres; in-8°. Anthropalogical Society J London. — The anthopological review, n°% 6 et 7, août et novembre 1864. Londres, 1864; 2 cah. in-8. The Reader , a review of literature, science and art, vol. IV, n° 100, 101, 102, 105, 104. Londres , 1864 ; 5 doubles feuilles in-4° : Goli Survey of India: — Memoirs, vol. I, vol. IV, p. 2. — Annual report eighth year 1865-1864. + cutta , 1864; 2 cah. et 4 broch. in-8°. Fix pu tome XVIII pe La 2" sÉRIE. BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. TABLES ALPHABÉTIQUES DU TOME DIX-HUITIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE. 1864. TABLE DES AUTEURS. A. Académie des curieux de la nature à Dresde. — Annonce de la célébra- tion du 50e -e de doctorat de M. Carus, 249. . Alvin. — Rapport sur un mémoire de concours de la classe des beaux- arts, relatif à F des arts graphiques et plastiques , 197 ; question proposée pour le concours de 1866 sur les méthodes d'ensei- gnement du dessin, 296; hommage d'ouvrage, 559; réélu membre de tion musicale, 196; demande à répondre à une question d'ar- chitecture retirée du programme de concours, 453 Arendt. — Considérations à a de la quete de concours proposée pour 1866 et relative à l’histoire des rapports du droit public entre les provinces belges et l’Allemagne , depuis le dixième siècle, 35. B. Bellynck (A.). — Présentation de ses observations des roro pério- diques des plantes observées à Namur en 1865, 112 "a 556 TABLE DES AUTEURS. Bernardin. — Présentation de ses observations sur l'état de la végétation à Melle, le 22 octobre ; 5 Blommaert. — Elu membre di la commission chargée de publier les anciens monuments de la littérature flamande, 558 ; remerciments pour cette élection, 412. daert. — Présentation de recherches sur l'histiologie de la moelle épinière, 373. Brachet (A). — Présentation de notices sur divers sujets d'optique, 219; lecture des rapports de MM. Plateau et Duprez sur ces notices, 314. emt. — Annonce de sa mort, 372. tes asseur (H.). — Hommage d'ouvrages , 170. Brongniart(Ad.). — Élu associé de la classe des sciences, 477. c. Candèze. — Rapports de MM. Wesmael et de Selys-Longchamps sur son travail relatif à quelques élatérides nouveaux, 3, 4; élu membre de la iences, 47. Carbon (C.). — Lauréat du grand concours de sculpture de 1864, 2 Caron. — Lauréat du concours de la classe des sciences pour la fn -sur les aciers, 455. Caitier (A.). — Chargé par le gouvernement de l'exécution du buste de feu Baron, 196. Cavelier. — Remerċiments pour son élection d'associé, Ris Re = — mr des Sphaiophyllem vo 2; ee: 126; FPT tion: d'un travail sur is Cladoniae acharianae, 575; p membre de la elasse des si » 477. Commission pour le monument Bordoni. — Annonce de la fondation de ce monument à Pavie, 219. _ Congrès scientifique de Naples. — Annonce de sà réunion le 23 avril | 1865, 308. ` à Crepin (F). Le Diiia 52 os bi 9 p à botanique, 508; rapport de M. Spring sur ce travail, 373. l i Crocq ~ oee billet cacheté, en Bana dames D) - — D classe de sciences, 477. Farine d'ouvrages, 441. TABLE DES AUTEURS. 537 Deckers (J -F.).— Lauréat du grand concours de sculpture de 1864, 214, De Coussemaker. — Hommage d'ouvrage , 103. Defacq 3. — Commissaire pour un mémoire de M. Thonissen sur l'organi- sation judiciaire de l'Égypte ancienne, 332; adhère au rapport de M. Leclercq sur ce mémoire , 415. De Keyzer. — Commissaire pour le procédé nouveau de peinture de M. Wiertz, 172; pese sur la marche suivie par les arts plastiques, 206 De Koninck. — Commissaire pour une notice de MM. Coemans et Kickx sur les Sphenophyllum, 2; rapport sur celte notice, 126; rapport sur l’eau minérale du puits artésien d'Ostende, 113; commissaire pour un mémoire de concours sur la question des aciers, 220 ; rapport sur ce mémoire, 453; rapport au nom du jury chargé de décerner le prix quinquennal des sciences physiques et mathématiques pour la période 1859-1863, 516. D'Omalius d'Halloy. — Sur des échantillons de phosphate de chaux dé- _ Cou à Ramelot, par M. Dor, 5; commissaire pour deux notices de géologie de M. Malaise et pour une notice géologique de M. Dupont, 219; rapports sur les notices de M. Malaise, 309, 510 ; rapport sur la notice de M. Dupont, 511. Derote (Léon). — Note sur p lle relative à ladi des appuis qui correspondent ax au minimum de pions maxima dons le e — matiqu gi i mee a Sins Grade (Le baron J). Le nouveau dictionnaire néerlandais d MM. De ere et Te Winkel, 96. De Selys-L mps. — Rapport sur un travail de M. Candèze relatif à quelques ETE nouveaux, 4; présentation des observations sur l'état de la végétation à Waremme, le 22 octobre 1864, 308; rapport verbal sur un appendice au mémoire de MM. Van Beneden et Hesse, 309, De Torma (Ch.). — Hommage d'ouvrage , 247. D'Udekem. — Annonce de sa mort, 440. ie rat De Vaux (Ad.). Rapport sur | l'eau Hi A p ito aptócion d'Ostende, 9. - ra — Note sur le gisement de la chaux phosphatée en Belgique, 8; rapport sur l'eau ETEEN du A ae 2 121; com- missaire pour conco es aciers, 22 rapport sur ce mémoire, 454 ; une nouvelle dent de Carchorati diss -~ le gravier de la Meuse, 400. aa - De Wilde (P.). — Présentation d'un travail sur F: siylèr i 575. 558 TABLE DES AUTEURS. De Wille (Le baron J.), — Hommage d'ouvrage, 34, onny. — Note sur une grille à combustion pour a Dras organi- ques, 241. -— Découverte à ee d'échantillons de phosphate de chaux, note par M. d'Omalius Dubois (Ed.), — restes d'un travail en à l'action de l'amalgame de sodium sur quelques sels minéraux, Ducpetiaux. — Hommage d'ouvrage, 170. pont. — Présentation d’un mémoire concernant les assises du calcaire carbonifère, 219; rapport de M. d’Omalius sur ce travail , 911; sur les fouilles faites au Trou des a près de Furfooz , communications de . Van Beneden, 30, 228, Duprez. — Commissaire és un yega de M. Valérius sur les vibrations des fils de verre et sur un nouveau chronoscope , 2; adhère au rapport de M. Melsens sur ce travail, 131; commissaire pour un travail de M. Vander Mensbrugghe sur les effets des forces moléculaires des liqui- des, 2; mention des paroles prononcées lors des funérailles de M. Tim-. mermans et promesse d’une notice pour l'Annuaire, 218 ; commissaire , pour des notices de M. Brachet et Vallée, 219; rapport sur ces notices , 514; commissaire pour un travail de M. Valérius, sur la constitution intérieure des corps, 375. E. Élie de Beaumont. — Hommage d'ouvrages, 2, ; F. Faider (CR). — Commissaire pour un mémoire de M. Thonissen sur l'or- ar judiciaire de l'Égypte ancienne, Let adhère au rapport de cq sur ce mémoire, 413. w Éd. ). — Situation de la Caisse des artistes , 105; sur les peintures d'un incunable de Ia Bibliothèque royale, 172; commissaire pour une lettre de M. le président de la Société des sciences de l'Yonne relative à des tapisseries anciennes, 433. Fétis (F.). — Réélu membre de la commission des finances de la classe des , 456. : beaux-arts a Fraikin. ak membre de la commission des finances de la classe des _ beaux-arts, 436. Franck, — Hommage d'u TABLE DES AUTEURS. 59 : G. Gachard. — Variétés do. XX. Opinion du cardinal de Granvelle - sur l’alchimie, 334; nena, le. Theatrum orbis, les Cartes du Hainaut et du ye Teni ; : e peintre Gerbier et la con- spiration de la noblesse hs contre | Tati, 538, XXII. Le prince- évêque de Liége et Frédéric le Grand, 341; ANIN: Théroigne de Méri- De Court, 355. Geefs (G.). — Réélu membre de la commission des finances de la classe des beaux-arts, 436. Gloesener. — Élu membre de la classe des sciences, 477. Gluge. — Commissaire rs = recherches sur l’ rene de la moelle épinière par M. Boddaert ‘Ouvernement français. — dés des tomes JI et IF des œuvres de B. Borghesi, 54, et des res premiers volumes de la yea ~ dance de Napoléon Ier, 169, 35 Grischenko. — Présentation k di alcalimétriques, 112. H. Haidinger. — Lettre à M. Ad. Quetelet sur les pérolthes el | spécialement sur ceux observés à Athènes par M. ules Se , 3 M Hennebicq (4.). — Lauréat du grand concours de peinture de 1863, rs ; ` +. Institut libre de Francfort SiM. — P d'une assemblée générale qui aura lieu à Giessen en 1863, 1 > J. -Juste (Th.). — Notice sur le prince Auguste d'Arenberg , 415. K. -Kekulé. — Élu associé de la classe des sciences, 477. -Kervyn de Lettenhove (le baron). — Hommage des tomes V et VI des 540 TABLE DES AUTEURS. œuvres de Chastellain, 34, 532, 412 ; ; quelques lignes inédites du bon chevalier Jacques de Lalaing , 230 ; promesse d’une notice sur le cha- noine Carton pour l'Annuaire de 1865, 333; présentatiôn de cette no- tice Kickæ W. j — Annonce de sa mort, 216. Kickæ , fils (J.-J), — Monographie des Sphenophyllum d'Europe, 2, 134; rapports de MM. Spring et De Koninck sur ce travail, 125, 126. Klopp. — Hommage d'ouvrage , 372. L. Lamarle. — Commissaire pour une note de mécanique de M. Derote, 75; rapport sur cette note, 441. Leclercq (M.-N. -d.). — Commissaire pour un mémoire de M. Thouissen sur l’organisation judiciaire de l'Égypte ancienne, 532 ; lecture de son rapport sur ce mémoire , 413. Leys. — Commissaire pour le nouveau procédé de peinture de M. Wiertz , 172: M. Malaise. — Note sur le terrain crétacé de Lon nzée , 219, 517; rapport de M. d’Omalius sur cette note, 309; sur l'existence en Belgique de nou- veaux gites fossilifères à faune silurienne , 219, 321 ; rapport de M. d’O- : inalius sur cette note, 310. 750 Mathelin (L.). — Note sur le dosagedes minerais de zinc, 3; 242; rapport de M. Stas sur cette note, 220. . Maus. — Élu membre de la classe des sciences , 477. elsens. — Commissaire pour un travail de M. Valérius sur les vibrations des fils de verre et sur un chronoscope électrique, ? ; rapport sur ces “été ds FA; commissaire pour une note de M. Mathelin sur le sar de zinc, 5; adhère au rapport de M. Stas sur cette ` 220; commissaire pour un travail de M. De Wilde sur Pacétylène , 373: commissaire pour un travail de M. Dubois relatif à l'action du Sodium sur quelques sels minéraux, 373. “Ministre de nu — N t alloué pour la majoration des prix des 53, 1 i. Thonissen en qualité de _ FE Ds relative aux x partitions des con- currents des gran composition m , 103; don d’ou : vraies, "e Too, 3 as, ze sn, 302, "r oies de M. Wiertz relatis mate, 172; don du buste TABLE DES AUTEURS. 544 de feu Simons, 196, 308, 372, 433; procès-verbaux des jurys des grands concours de peinture de 1865 et de sculpture de 1864, 196; mande les listes de LP tas les jurys quinquennal et triennal de littérature flamande, 246 ; ande une inscription pour le monu- ment des comtes d’Egmont et sip Hornes, 531 , 412. . Montigny. — Nouvelle méthode de mesure sd l'indice de réfraction des Morren (Ed.). — Commissaire pour une notice de M. Coemans sur les Cladoniae acharianae, 375. N. Nève (Félix). — Hommage d'ouvrages, 34, 247 ; du beau littéraire dans 54. Newton. — Lettre à M. Ad. Quetelet sur les étoiles filantes périodiques du mois d’août 1864, observées dans les États-Unis d'Amérique, 381. Nyst. — Notice sur une nouvelle espèce de Pecten et observations sur le Pecten Duwelsii, 26. P. cn A Gradh — Lauréat du grand concours de sculpture de 1864, Par arent. — Présentation de ses observations météorologiques faites à à Waleffe en 1863, 219. Partoes. — Réélu membre de Ja commission des finances de la classe i des beaux-arts , 456. Pinchart (A). — Lettre à à N g Fétis sur le séjour de Jean Van Eyck à la Hart de 1422 à 1424, latea za Gommigaite poor. un sraya de M. ei Mensbrugghe sur les liquides rapport sur cette note, 124 issai d tices de M. Brachet et Vallée , 219; rapport sur ces notices , 314; commissaire pour un travail de M. Valérius sur la constitution intérieure des corps, 573. … Poelman. — Commissai l l ssaire po épinière de M. Boddaert, 373; présentation d’une nülioe sur J. Kickx, 379. HE: z } P, Fiola, Commi l ; de peinture de M. Wiertz, 172; rapport sur un n mémoire de concours. relatif À à l'enseignement des arts graphiques et plastiques, 205. ; 542 TABLE DES AUTEURS. Q. nee (Ad.). — Discours prononcé lors des funérailles de J. Kickx, 216; ur l'observatoire mu si Bruxelles, 222; sur les observations des is filantes du 10 aoùt 1864, à Bruxelles, et sur les extrêmes de vations de l’état de la végétation à Bruxelles, le 22 octobre 1864, 308. Questeurs du Sénat et de la Chambre des Représentants. — Cartes pour les tribunes réservées , 372, 456. R. Rafn (€.). — Annonce de sa mort , 331. Roulez. — Inscription pour le monument des comtes d'Egmont et de Hornes , 533 S. Samain (L.). — Lauréat du grand concours de sculpture de 1864, 215. - Schaar. — Commissaire pour une note de mécanique de M. per 575; adhère de M. Lamarle sur cette note, 442. Schwann. — Commissaire pour des recherches sur l’ histiologie de la moelle épinière de M. Boddaert , 373. Siret.— Présentation d’une notice sur Erin Corr pour l'Annuaire de 1865, 156 Spring. — Commissaire pour une notice de MM. Coemans et Kickx sur les de 2; KE sur cette notice, 125; pren: pour une notice de M. Crepin sur l'espèce en botanique, 308; rapport sur cette notice, 375; de pour des tre tératologiques e M. A. Wesmael, 309; rapport sur cette notice, 374; commissaire pour une notice de M. Coemans sur les Cladoniae acharianae, 573; élu membre de la classe des sciences, 477; les hoinmes d’Engis et les de Chauvaux , 479. - hommes es — Don de divers documents ayant appartenu à Des mme s pour les ouvrages qui lui ont été offerts, en éc! par l'Académie, 332. Stas. — une notice de M. Grischenko contenant des recherches alcalimétriques, 112; commissaire pour un mémoire de concours sur la question des — Commissaire pour une notice de M. Mathelin sur le dosage des - ais de zinc , 3; rapport sur celte notice, 220; commissaire pour TABLE DES AUTEURS. 5435 aciers, 220; rapport sur ce mémoire, 442; rapport sur une note de M. Swarts relative à quelqees dérivés de l'acide prroinruipe; 913; missaire pour un travail de M. Dubois relatif à l’action du sodium sur quelques sels minéraux , 375. Struve. — Annonce de sa mort, 372. Swarts (Th.). — Note sur quelques dérivés de l’acide pyrotartrique, 324 ; rapport de M. Stas sur cette note, 313. i Thonissen. — Arrêté royal approuvant son élection de membre, 33; le droit criminel dans les livres sacrés de l'Inde, 59; présentation d’un mémoire sur l’organisation judiciaire de l'Égypte ancienne, 332; lec- ture du rapport de M. Leclercq sur ce mémoire, 413. Timmermans. — Annonce de sa mort, 216. V. Valérius. — Présentation de deux mémoires sur les vibrations des fils de verre et sur un nouveau chronoscope électrique, 2; rapport de M. Mel- i , 128, 151 ; présentation d’une notice sur la consti- ion à intérieure de corps, : Van Beneden. - PL Si Furfooz, par M. E. Dupont, 50, 228, 587; sur une pince monstrueuse de homard, 133; présentation d’un appendice à son mémoire sur les -bdellodes , 153; découverte d’un nouveau ver trématode, 133; le Ror- qual du cap de Bonne-Espérance et le Képorkak des Groenlandais, 389; promesse d’une notice sur feu sure 440. Vanden Bussche (J.-E.)—L dep 9214 Sn SE Ln AQRTE >» den Heck. — Lettre à M. Van Beneden sur les Tenia d'Abyssinie, 386. Sym dre (C.-L.-E.). — Lauréat du grand concours de peinture “nes Sin A F on RTE à — Sur quelq Culaires des liquides, 2, 116; appn de M. Plateau sur cette note, 124. Van Hasselt (4.). — Rapport sur un mémoire de concours relatif à l'en- des arts graphiques et patee 202; c communication verbale sur Balthazar Gerbier, 363 ; note sur Balthazar Gerbier, 457. la classe de beaux-arts d'un hymne matio- K >i . 344 TABLE DES AUTEURS. nal de sa composition , 104, 171, 196; exécution de cet hymne dans la séance publique du 25 septembre, 213 wW. Wesmael (A.). — Observations tératologiques, 309, 401; rapport de M. Spring sur cette notice, 374; présentation de ses observations des phénomènes périodiques des plantes observés à Mons en 1864, 372. Wesmael Es k — Aappori sur un an de M. Candèze maun à quel- ques élatérides Crepi! ni Considérations sur nes 208; adhère au rapport de sur ce travail, 379; rapport verbal sur un appendice au re de MM. Van Beneden et Hesse sur les bdellodes, 309. Wieriz. — Proposition pour la cession d'un nouveau procédé de pein- ture, 172. Wolowski. — Hommage d'ouvrage, 412. TABLE DES MATIÈRES. A. Arrétés royaux. — Approuvant l'élection de M. Thonissen en qualité de mbre Airolo. — Sur oe re de annelet, par M. Ad. Quetelet, 222; sur l ùt 1864, à Bruxelles, par le même, 225; lettre de M. Haidinger à M. Ad. Quetelet sur ke aérolithes et spécialement sur ceux observés à Athènes par M. Ji Schmidt, 315 ; étoiles filantes périodiques du mois d'août 1864, ae vées dans les États-Unis d'Amérique, lettre de M. Newton à M. Ad. Que- telet, 381 B. Billets cachetés. — Dépôt par M. Crocq, 308. phie. — Extrait Sie lettre de M. Pinchart à M. Éd. Fétis , concer- nant le séjour de Jean Van Eyck à la Haye, de 1422 à 1424, 297; cours prononcé par M. Ad. Quetelet , lors des funérailles de M. J. Kith, 217; présentation d’une notice sur Jean Kickx , par M. Poelman, 579; présentation d’une notice sur le chanoine Carton , par M. le baron Ker- vyn de Lettenhove, 412; notice sur le prince Auguste d'Arenberg, par M. Th. Juste, 415; présentation d'une notice sur Érin Corr , par M. Ad. S, 456; note sur Balthazar res par M. Van Hasselt, 7457. travail, 123, 126; observations tératologiques, par M. Alfred Wesmael, 491 ; rapport de M. Spring sur ce travail, 374; rapport de M. Spring sur un travail de M. Crepin relatif à des considérations sur l'espèce en botanique , à propos d’un récent ouvrage de M. Jordan, 275. C. Caisse centrale des artistes bélges. — Situation, par M'Éd. Fétis, Sa Chimie, — Rapports de MM. De Koninck , Ad. De Vaux et Dewalque su 546 TABLE DES MATIÈRES. leau minérale du puits artésier q’ Ostende, 113, 119, 121 ; ; note sur le dosage des minerais de zine, par M. Mathelin, 242; rapport de M. Stas sur cette note, 220; note sur une grille à csikos pour les analyses organiques, par M. Donny, 241; note sur quelques dérivés de l’acide ur par M. le docteur Th. Swarts, 524; rapport sur cette note d -u sis; és de MM. Stas, De Koninck et Dewalque sur ciers présenté en réponse à la question de concours de la ces des sciences, 442, 455, 454; rapport de M. De Koninck, au nom du jury chargé de décerner le prix quinquennal des sciences physiques et mathématiques pour la ne 1859-1 865 (M. Stas lau- réal, travail sur les poids atomiques ), 51 Commissions. — Pour la cession, par M. V un de l'application de son édé de peinture mate, n réélection de la commission des finances de la classe des beaux-arts, Commission pour les publications des anciens monuments de la littéra- g 3 & & Š à ss Le) ®© g S Q ® = = © 5 5 S © + [4] = 2 B pi z D B ® = =s 5 = æ PS res de Chastellain , 34, 332, 412; remerciments des Ministres pour du V de cet ouvrage, 170. Conetyjioiogie — Voir Paléontologie. Concours de composition musicale (Grands). — Proposition relative aux partitions des concurrents , ; Cantates reçues pour le concours de 1865, 196; exécution, dans la séance publique du mois de septembre, de . la cantate couronnée de M. G. Huber ti, Paul el Virginie, paroles de 215. - M. Kürth, 2 Concours de la classe des beaux-arts. — Crédit es pour les prix des concours, 104 ; résultat du concours de 1864 et nomination de commissaires, 197 ; rapport de MM M. Alvin, Van Hasselt et on sur le mémoire présenté en réponse à la om sur l’enseignement des arts graphiques et plastiques, 197, 202, ; programme de concours de 1865 et questions pour 1866, Pere + mande, par un anonyme, de pouvoir encore concourir pour la prsg relative à la couverture des édifices, retirée du programme de 1 Concours de la classe des lettres. — ie E pour les prix des concours, 35; question pour le programme de 1866, 34; questions pour les prix de y 54, oncours de ldclasse Fa sciences. — Crédit extraordinaire pour les ncours, 2; mémoire reçu pour le concours de 1864 et TABLE DES MATIÈRES. 547 nomination de TENA 112, 197, spt 309 ; rapports dë nes co De Koninck et De Į ponse à la question sur + aciers, 442, 453, 454. D. + Dons. — Ouvrages par M. Élie de Beaumont, 2; par 1 é est nr 169, 332; par M. le baron Kervyn de Lettenhove ; “a M. Félix Nève, 34, 247 ; par M. le baron de Witte, 34, 170; “. de Coussemaker, er par M. le Ministre de l’intérieur, 112, far 218, 246, 308, 332; par M. Ducpetiaux, 170; par M. Brasseur, 1 70; buste de Saga ciné par M. le Ministre de l’intérieur, 196, 308, 372, 411,455; ouvrage par M. de Torma , 247; documents de M. Des Roches, offerts par M. Stallaert, 247; ouvrage par M. Alvin, 559; gravure par M. Franck, 359; cartes pour les tribunes réservées du Sénat et de la Chambre, par MM. les questeurs, 372 , 455 ; ouvrage par M. le doc- teur Klopp, 372; par M. Wolowski, 12; par M. de Caumont, 441. E. Élections. — Arrêté royal approuvant l'élection de M. Thonissen en qua- lité de membre, es remercîments par M. Cavelier pour son élection d’associé , 171 ; de tite ME LR ne n commission ch: blier les anci ts de la littérature flamande, 358; remerchments p pour cette élection, 412. Entomologie. — Rapports de MM. C. Wesmael et de SRE cp sur un mémoire de M. Candèze relatif à des élatérides nouveaux, 3, 4. Épigraphie. — Demande par M. le Ministre de l’intérieur d’une inscrip- tion pour le monument des comtes d’Egmont ét de Hornes, 354, 412: inscription, par M. Roulez, pour ce monument, 333; MM. Maus, Gloe- sener, Spring, Candèze et Coemans élus membres, et MM. Hansen, , Dana et Brongniart élus associés de la classe des sciences, 477. s G. Géologie et ‘minéralogie. — Sur des échantillons de phosphate de chaux _ découverts à Ramelot par M. Dor, par M. d'Omalius, 5; note sur le gisement de la chaux phosphatée en Belgique par M. Dewalque, 8; rap- ports de MM. De Koninck, Ad. De Vaux et Dewalque sur l’eau minérale du puits artésien d'Ostende, 113, 119, 121 ; note sur le terrain crétacé — SÉRIE, TOME XVHI. 36 548 TABLE DES MATIÈRES. de Lonzé, par M Malaise, 317; rapport sur cette note par M. d'Omalius, 509; rapport sur un mémoire de M. E. Dupont concernant les assises du calcaire carbonifère des environs de Dinant, par M. d'Omalius, 311. m H. Histoire.— Développement, par M. Arendt , de la question d'histoire pro- posée pour le concours de Stassart, 33; quelques lignes inédites du bon chevalier Jacques de Lalaing , par M. le baron Kervyn de Lettenhove, 250 ; variétés historiques par M. Gachard : XX. Opinion du cardinal de Granvelle sur l’alchimie, 354; XXI. Ortelius , le Theatrum orbis, les cartes du Hainaut et du Luxembourg, 555; XXII. Le peintre Gerbier et la conspiration de la noblesse belge contre l'Espagne, 338; XXIII. Le prince-évêque de Liége et Frédéric le Grand, 541; XXIV. Théroigne de Méricourt, 355; le prince Auguste d’Arenberg, par M, Th. Juste, 413. : J. Jurisprudence. — Le droit criminel dans les livres sacrés de l'Inde, par M. issen , 39 L. Littérature. — Du beau littéraire dans les œuvres du génie indien, par M. Félix Nève, 254. Littérature flamande. — Le nouveau dictionnaire néerlandais de MM. de Vries et Te Winkel, par M. le baron J. de Saint-Genois, 96. M. Mécanique. — Note sur une proposition nouvelle relative à la disposition des appuis qui correspondent au minimum de fatigue maxima , dans le cas d’ iè i i } É if , par M. L, Derote, 455; rapport de M. Lamarle sur cette note , 441. Météorologie. — Sur les extrêmes de température observés à Bruxelles depuis trente ans, par M. Ad. Quetelet, 226; observations de l’incli- naison magnétique faites à l'observatoire de Christiana pendant les an- S 1855 à 1864 , par M. Hansteen, lettre à M. Ad. Quetelet, 228; sur les variations séculaires d magnétisme , lettre à M. Ad. Quetelet, par ~ Minéralogie, — Voir Géologie. TABLE DES MATIÈRES. 549 Musique. — Proposition, par M. H. Vieuxtenips, de faire exécuter, dans la É lique de septembre , un-hymne national de sa composition, 104, 171; exécution de cet hymne , 213. N. Nécrologie. — Annonce de la mort de MM. Kickx et Timmermans , ie discours prononcé par M. Ad. Quetelet lors des funérailles de M. a 217 ; annonce de la mort deM. Rafn , 351 ; de la mort de M. Pia et de M. G. Struve, 572 ; de la mort de M. d'Udekem , 440. O. _ Ouvrages présentés. — 105, 189, 298, 363, 526. r. Paléontologie. — Notice sur une nouvelle espèce de Pecten et observa- tions sur le Pecten Duwelsii, par M. H. Nyst, 26; sur les fouilles faites Trou des Nutons, près de Furfooz, par M. E. Dupont, commu- nication de M. Van Beneden, 30, 228, 3587 ; monographie des Spheno- phyllum d'Europe, par MM. Coemans et Kickx fils, 434; rapport de MM. Spring et De Koninck sur ce travail, 123, 126; découverte d'une pince de homard dans une l'argile de Rupelmonde, par M. Van Beneden, 153; note sur l'existence en Belgique de nouveaux _ o à faune silurienne, par M, Malaise, 521 ; rapport de malius sur cette note, 510 ; une nouvelle dent de carchorodon ans = gravier de la Meuse, par M. Dewalque, 400; les hommes rs et les hommes de Chauvaux, par M. Spring , 479. einture. — Cession proposée par M. Wiertz de l’application de son at cédé de peinture mate, 172; sur les peintures d’un incunable de Bibliothèque royale, par M. Ed. Fétis, 172; discours prononcé, dans x séance ique du mois de ep par M. De Keyzer, sur la marche suivie par les arts, 206. Phénomènes périodiques. — Présentation des observations faites sur les plantes à Namur, en 1863, par M. Bellynck, 112 ; des observations mé- téorologiques faites à Waleffe, en 1863, par M. Parent , 219; des obser- vations faites sur l’état de la végétation à Waremme , le 22 octobre 1864, par M. de Selys-Longchamps, z Mulle per " sopan età x p par M. Ad. Quetelet, 308; des p lantes 0b- servés à Mons, en 1864, par M. ‘à. Wesmael, 572, 550 TABLE DES MATIÈRES. Physique. — sr à méthode de mesure de l'indice de réfraction des liquides, par M. Montigny, 10; sur quelques effets curieux des forces mulécuires des de par M. Vander Mensbrugghe, 161 ; rapport de sur ce travail, 124; rapport de M. Melsens sur un travail de E Volérins relatif à un nouveau chronoscope, 128; rapport du même sur un travail du même relatif aux vibrations des fils de verre, 131. Planches. — Appareil pour mesurer l'indice de réfraction des liquides , par M. Montigny, 25; Sphenophyllum d'Europe, par MM. Coemans et Kick fils, 460 ; grille à combustion pour les analyses organiques, par . Donny, 242. Prix de Rome. — Résultats du grand concours de peinture de 1863.et 14. Prix de Stassart. — Questions sur Van Helmont et d'histoire nationale, et De ement de cette dernière par M. Arendt, 35. Prix quinquennaux et triennaux. — Formation de la liste pour les prix Dar et mA. de nei ER flamande , 246 , 358 ; rapport e M. De Koninck , au nom du jury chargé de décerner le prix quin- en “me sciences physiques et mathématiques pour la période 1859- 1863 (M. Stas , lauréat), 516. R: Rapports. — De MM. C. Wesmael et de Selys-Longchamps sur un mé- moire de x. RTE concernant des élatérides nouveaux, 3, 4; de MM. De Koninck, Ad. De Vaux et Dewalque sur l'eau minérale du puits artésien pe 115, 119, 121 ; rapport de M. Plateau sur une no- tice de M. Vander Mensbrugghe relative à quelques effets curieux des "e moléculaires des pee i de MM. Spring et De Koninck r la Europe, par MM. Coemans et FE fils, 195, 196: de M. Melsens sur un travail de M. Valérius relatif à un nouveau chronoscope , 128; du même sur un travail du même sur un travail relatif aux nesi des fils de verre, 131; de MM. Alvin, Va sselt et Portaels un mémoire de concours de la classe des beaux-arts relatif à the des arts graphiques et plas- tiques, 107, 202, 205; de M. Stas sur une note de M. Mathelin rela- „tive au do$age des minerais de zinc, 220; lecture des rapports de MM. de Selys-Longchamps et Wesmael sur un appendice au mémoire de MM. Van Beneden et Hesse sur les bdellodes , 309; de M. d'Omalius Sur une notice de M. Malaise relative au lambeau crétacé de Lonzée , 509; du même sur une notice de M. Malaise sur l'existence de fossiles TABLE DES MATIÈRES, 551 Ture dans le terrain primaire du Brabant, 5410; os re ré un ire de M. Éd. Du nf kan, les assises du fère des environs de Dinant, 544; de M. Stas sur une notice de M. Swarts sur quelques ere de l’acide pyrotartrique, 315; lecture des rapports de MM. Sp et Duprez sur diverses communications de MM. Brachet et Vallée , 4; de M. Spring sur des observations térato- logiques de M. Alfrd i. 374; du même sur des considérations sur l'espèce en botanique, à propos d’un récent ouvrage de M par M. Crepin , 375; lecture du rapport de M. Leclercq sur le mémoire de M. Thonissen relatif à la législation de l'Égypte ancienne, 413; de . Lamarle sur une note de M. Derote relative à une question de mécanique, 441 ; de MM. Stas, De Koninck, et Dewalque sur le mé- moire présenté en réponse à la question du concours de la classe des sciences sur les aciers, 442, 453, 454; de M. De Koninck , au nom du jury chargé de décerner le prix quinquennal des sciences physiques et mathématiques pour la période 1859-1865 (travail de M. Stas sur les poids atomiques), 516 S. > Sculpture. — Don par M. le Ministre de l'intérieur du buste de feu Simons, 196; M. Cattier chargé re le gouvernement du buste de feu Baron, 196. Z. Zoologie. — Présentation par M. Van Beneden d'un nouvel appendice à son travail sur les bdellodes, 133; découverte d’un ver trématode sur s squatine e 133; sur le Tenia d’Abyssinie, lettre de monseigneur anden Heck à M. Van Beneden, 386; le rorqual du cap de Bonne- et et le pente des Grocntsdils : par M. Van Beneden, 389 { voir Paléontologie). Tome XVHL, page 25 ( Nouvelle méthode de mesure de l'indice de