BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, x DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. L'ACADÉMIE ROYALE amer enk aehtereen à à CRL BULLETINS 47% DE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. QUARANTE-CINQUIÈME ANNÉE. — 2me SÉR., T. XLII. Mo. Bot. Garden, 1896. BRUXELLES, F. HAYEZ , IMPRIMEUR DE L’ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. 1876 BULLETIN DE | L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1876. — Ne 7. ee CLASSE DES SCIENCES. a = Séance du 1° juillet 1876. M. Maus, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Liacre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J.-S. Stas, L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, H. Nyst, F. Duprez, J.-C. Houzeau, G. De- walque, E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, _A. Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, F. Plateau et Fr. Crépin, membres; A. Bellynck, _associë; Éd. Mailly, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, Alfred - _ Gilkinetet G. Van der Mensbrugghe, correspondants. | Que SÉRIE , TOME XLII. 1 (2) CORRESPONDANCE. ns M. le Ministre de l'Intérieur envoie, pour la biblio- thèque, la 3° livraison de la Pinacographia, de M. S.-E. Snellen van Vollenhoven, et un exemplaire du mémoire que M. Joseph Deschamps, élève à l’Université de Liége, avait envoyé au concours universitaire de 1874-1875, en réponse à la question de médecine (matières spéciales) et qui a été couronné par le jury. — Remercîments. — M. le major Adan, faisant fonction de directeur du Dépôt de la Guerre, remercie l'Académie de l'accueil bien- veillant qu’elle a fait à ses communications concernant la géodésie du pays. : - Il présente un compte rendu succinct des opérations de nivellement et de la compensation commencée pour toutes les altitudes principales de la Belgique. Des remerciments sont votés à M. Adan au sujet de la présentation de ce travail, dont la classe décide le dépôt aux archives. — La Société des voyages d’études autour du monde, à Paris, envoie deux exemplaires de la brochure qu’elle a publiée sur cette entreprise. — M. le D! F. Putzeys, de Liége, adresse un pli cacheté, daté du 21 juin dernier, contenant la description d’un nouvel appareil enregistreur. — Dépôt dans les archives. | (5) — L’ A cité royale danoise des sciences et des lettres de Copenhague envoie le programme des questions qu'elle a mises au concours pour l’année 1876, et dont le terme fatal expirera le 51 octobre 1878 et le 51 mars 1879. — La Société für Naturwissenschaftliche Unterhaltung, à Hambourg , envoie le tome HH de son Bulletin et demande l’échange avec les publications académiques. — Renvoi à la commission administrative. — La Société royale astronomique de Londres, la Société géologique d'Édimbourg, la Société royale de Du- blin, remercient pour le dernier envoi annuel de publi- cations. — La classe recoit les hommages suivants, au sujet desquels elle vote des remerciments : 1° Notes sur le dépôt scaldisien des environs d’Héren- thals, et sur quelques localités pliocènes de la rive gauche de V'Escaut, par M. G. Dewalque, in-8°; 2% Mathias de l'Obel, sa vie et ses œuvres, 1538-1616, par M. Édouard Morren, in-8°; 3° Observations relatives à un squale pèlerin récemment pêché à Concarneau, par MM. Paul Gervais et Henri Ger- vais, in-4° (présenté par M. P.-J. Van Beneden); 4° Notice sur une Vivianite blanche, par M. Fr. De- walque, in-8° (présenté par M. G. Dewalque); + B° Recherches sur le développement des vaisseaux et des globules sanguins dans les tissus normaux et patholo- giques, par le D" H. Leboucq, in-8° (présenté par M. G. Van Bambeke). — [L'Association francaise pour l'avancement des (4) sciences informe qu’elle tiendra sa cinqnième session à Clermont-Ferrand, du 18 au 25 août 1876. — La Société géologique de France tiendra, cette année, sa réunion extraordinaire à Châlons-sur-Saône el à Autun, du 24 août au 4 septembre. — Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires : 4° Sur l'écoulement du mercure par des tubes capil- laires et les phénomènes électriques qui l’accompagnent, par M. W. Spring. — Commissaires : MM. Folie, Montigny et Duprez; Æ Recherches sur les résines. I. Le galipot et l'acide pimarique (suite), par M. Gustave Bruylants. — Commis- saires : MM. Stas, Donny et Melsens; 3° Sur un régulateur électrique inextinguible, par M. Achille Brachet. — Commissaire : M. Montigny. PRIX DE STASSART POUR UNE NOTICE SUR UN BELGE CÉLÈBRE. Conformément aux dispositions prises par la classe des lettres, la classe nomme MM. Stas et Dupont pour s'en- tendre avec MM. le baron Guillaume, Chalon et Le Roy, au sujet du nom du savant destiné à faire l'objet du con- cours pour la cinquième période du prix littéraire de Stassart. (5) RAPPORTS. URANOMÉTRIE GÉNÉRALE, avec une étude sur la distribu- tion des étoiles visibles à l’œil nu; par M. J.-C. Houzeau, membre de l’Académie. - Rapport du général Liagre. « Le vaste travail que notre savant et laborieux confrère M. Houzeau communique aujourd’hui à l’Académie com- prend, outre une introduction intéressante, un catalogue de près de 6,000 étoiles observées par lui, à l'œil nu, sur toute la surface de la sphère céleste. L'auteur y a joint un atlas uranométrique en cinq feuilles, dans lequel toutes ces étoiles sont rapportées de position et figurées de grandeur. L'Uranometria nova d’Argelander, revue d’abord par Heis, et étendue ensuite au ciel austral par Behrmann, est la seule œuvre de ce genre que l’on puisse comparer à celle de notre confrère; mais cette dernière, outre l'avan- tage d’être toute récente, offre le précieux privilége d'avoir été produite d’un seul jet par un auteur unique: même zone terrestre et même climat, même œil et même méthode d’appréciation, telles sont les conditions excep- tionnellement favorables qui caractérisent l’ensemble du travail de l’astronome belge. Ayant fixé son habitation dans le voisinage de l'équa- teur, notre confrère a pu assez facilement sé transporter d’un hémisphère sur l'autre, et, en un temps relativement très-court, procéder à un examen général de toutes les _ étoiles visibles à l’œil nu dans l'étendue entière de la (6) sphère céleste. Il a commencé par dresser une carte où toutes les étoiles qu’il pouvait apercevoir à la vue simple étaient portées sans distinction de grandeur; puis, dans une revue rapide, il en a apprécié et inscrit les grandeurs. Cette revue a été effectuée en 13 mois, de janvier 1875 à février 1876, et chaque étoile a été ordinairement obser- vée deux ou trois nuits de suite. Outre l’avantage d’être à peu près contemporaines entre elles, les déterminations du catalogue ont le mérite d'être entièrement originales. En effet, l’auteur n’a jamais con- sulté d'avance les grandeurs assignées aux étoiles par d’autres observateurs, de sorte que son travail, indépen- dant et personnel, se trouve à l'abri de toute influence étrangère. L'auteur a suivi la division ordinaire des étoiles visibles à la vue simple, en six ordres ou grandeurs. Il subdivise de plus chaque grandeur en deux, par une notation parti- culière dans son catalogue, par un signe particulier dans ses cartes. On remarquera surtout, dans ces dernières, le procédé que l’auteur emploie pour représenter la voie lactée et les nébuleuses : Péclat du ciel y est figuré par des courbes d’égale intensité lumineuse, absolument comme on figure le relief du terrain par des courbes de niveau dans les cartes topographiques. - Pour déterminer la situation des pôles de la voie lactée, auteur y a relevé 33 points d'éclat maximum, au moyen desquels il a corrigé, par la méthode des moindres carrés, le résultat obtenu antérieurement par Fréd. Struve. Il trouve ainsi pour coordonnées du pôle nord de cette zone si remarquable : Æ = 19" 49,1 = + 27° 50’. (73 Cette détermination se rapporte à l'équinoxe de 1880,0; celle de Struve, rapportée à la même époque, serait : Æ—12" 40" D = + 51,5. On voit que la différence est fort peu sensible, eu égard à l'incertitude naturelle que présente la trace médiane de la voie lactée. Le même calcul prouve que cette trace médiane se con- fond sensiblement avec un grand cercle de la sphère. L'auteur a dressé les cartes de son atlas uranographique, d'après une échelle qui permet de distinguer nettement sur le dessin les étoiles les plus voisines l’une de l’autre que l’œil peut séparer dans le ciel. Cette limite de proxi- mité, au-dessous de laquelle deux étoiles voisines cessent d’être séparables à l'œil nu, varie avec les éclats absolus el relatifs des deux astres; elle doit varier en outre avec létat de l’atmosphère, et sans doute aussi avec la dispo- sition actuelle de l'œil de l'observateur. Aussi a-t-elle pré- senté à l’auteur des anomalies nombreuses, et souvent très-singulièrés. Dans certains cas, il a dédoublé des étoiles distantes entre elles de 7’ seulement; d’autres fois, deux étoiles écartées de 50! ont fait sur son œil l'impression d’un seul et unique point brillant. Pour ce qui concerne le mode de projection employé dans ses cartes, il a divisé la sphère céleste en trois zones : une ceinture équatoriale s'étendant jusqu’à 45° au nord et — au sud, et deux calottes polaires complétant la surface convexe. Pour la zone équatoriale, il a adopté un système de projection cylindrique, dans lequel les méridiens et les parallèles sont représentés par deux groupes de droites parallèles équidistantes; et pour les deux calottes, il (8) emploie une projection polaire, où les parallèles sont des cercles uniformément espacés. Ces moyens de représenta- tion sont d’une exactitude suffisante, et ont le mérite d’une grande simplicité. Les six grandeurs d'étoiles sont figurées par six diffé- rents systèmes de rayons émanant d’un petit cercle central. Chaque demi-grandeur présente le même assemblage de rayons que la grandeur entière immédiatement supé- rieure; seulement le petit blanc central y est supprimé. A Pexemple de Harding et de la plupart de ses suc- cesseurs , l’auteur supprime dans ses cartes les figures symboliques que la fantaisie a attachées aux diverses constellations; mais il a le soin de limiter les contours de celles-ci par un léger trait pointillé, et il y trace en outre les droites par lesquelles on a coutume de joindre les prin- cipales étoiles d'une même constellation, pour lui donner un squelette reconnaissable. Cette dernière addition, qui ne surcharge pas le dessin et qui n’incommodera pas les astronomes, rend les cartes propres à l’instruction élé- mentaire. Quiconque a-voulu se livrer à Pétude du ciel étoilé, a pu remarquer en effet combien ces diagrammes facilitent la recherche des constellations. Les étoiles du catalogue dressé par notre confrère sont divisées en quatre séries, dans chacune desquelles on les trouve rangées par ordre d'ascension droite. Les parallèles de 45° nord et sud, ainsi que l'équateur céleste, servent de limites aux quatre zones qui correspondent à ces séries. Les positions sont réduites à l’époque 1880,0; elles sont données au dixième de minute de temps pour les ascen- sions droites, et à la minute de degré pour les déclinai- sons. En examinant le nombre d'étoiles que renferme chaque (9) | zone et chaque heure d’ascension droite, on trouve d’abord que l'hémisphère sud est un peu moins riche que l'hémisphère nord en étoiles visibles à l'œil nu. La diffé- rence est d'une centaine environ, sur un total de 5719. L'inégalité est surtout sensible pour les étoiles de 6° gran- deur : sur un total de 3640 l'hémisphère nord en ren- ferme 200 de plus que l'hémisphère sud. Par rapport aux ascensions droites, il y a deux maxima et deux minima. Les maxima tombent, comme Struve lavait indiqué déjà, dans les heures V et XVIII; les mi- nima correspondent aux heures ET et XHI. Les travaux des deux Herschel et de Fréd. Struve ont mis en évidence, surtout pour la masse des étoiles téles- copiques, une loi de concentration vers le plan de la voie lactée. Notre confrère reprend cette question, pour ce qui concerne les étoiles visibles à l'œil nu; il la généralise en même temps, et la traite dans quatre hypothèses, savoir : 4° Distribution par rapport à l'équateur solaire; 2° — par rapport à la direction suivant la- quelle le système solaire se meut ; 5° — dans le sens perpendiculaire à cette . direction; 4 — par rapport à la voie lactée. Dans les trois premiers cas, l’auteur ne trouve aucune loi bien marquée dans la marche des densités des couches stellaires; mais il n'en est pas de même pour le quatrième Cas. À partir de la trace médiane de la voie lactée, la den- sité des couches stellaires parallèles au plan de ce grand cercle va en décroissant d'une manière graduelle et nette- ment caractérisée. Ce résultat confirme celui que Fréd. Struve avait donné dans ses Études d'astronomie stellaire. Struve a trouvé que la loi de condensation est plus pro- (10) noncée pour les étoiles télescopiques que pour les étoiles visibles à lœil nu, et quelle se prononce davantage à mesure que les grandeurs télescopiques diminuent. M. Houzeau s’est demandé si, pour les étoiles perceptibles à la vue simple, la condensation continue à augmenter dans le sens inverse de l'éclat, et il est arrivé à ce résultat inattendu, que c'est ici le contraire qui se produit : l'in- fluence de la voie lactée est plus marquée pour les trois premières grandeurs que pour les trois grandeurs suivantes. La prédominance toutefois ne s’accuse pas d'une ma- nière bien décisive : elle peut être représentée par le rap- port des nombres 138 : 122. Si l’on considère en outre que sur les 5719 étoiles du catalogue, les trois premières grandeurs n’en renferment ensemble que 271, on se dira peut-être que ce dernier nombre n’est pas assez grand pour compenser les anomalies du hasard. La loi que Paun- teur croit pouvoir établir me semble done ne devoir être acceptée qu'avec réserve. | Pour la discussion des quatre hypothèses dont j'ai parlé ci-dessus, l’auteur a dû se livrer à de longs calculs, à des dénombrements fastidieux; il donne le tout in extenso, avec le soin et la conscience qui lui sont habituels. Je crois toutefois que, pour l'impression de l’onvrage, ces détails numériques sont superflus. Pour les trois premières hypo- thèses, du moins, qui ne mènent qu’à des résultats néga- tifs, il me semble que les tableaux résumés suffiraient : grâce à cette coupure, le reste du travail gagnerait en relief et en vigueur. En résumé, l'Académie doit se féliciter du grand travail que vient d'accomplir un de ses membres les plus labo- rieux, les plus dévoués à la science. Un inventaire exact, détaillé , actuel, de toutes les richesses du ciel, dressé en C) treize mois par un seul homme, est un véritable monument élevé à l'astronomie d'observation; il ne peut manquer d'être tôt ou tard fécond en résultats, car, ainsi que le disait Pline à propos du catalogue d'Hipparque, une œuvre de ce genre est un héritage légué à la postérité : Coelum posteris in hereditatem relictum. Notre confrère tiendra sans doute à honneur d’inau- gurer, par cet important ouvrage, la série des publications qu'il sera appelé à faire comme directeur de l'Observatoire de Bruxelles, et j'ai la conviction que le Gouvernement, conséquent avec lui-même, lui fournira largement les ressources nécessaires à cet effet. Je crois donc devoir proposer à la classe : 1° D'adresser ses remerciments et ses: félicitations à auteur pour l’utile et intéressante communication qu'il a bien voulu faire à l’Académie; 2° De recommander la prompte publication de son Uranométrie à la bienveillante sollicitude du Gouverne- ment. » La classe, après avoir entendu les avis favorables des deux autres commissaires, MM. E. Quetelet et Montigny, adopte les conclusions du rapport précédent, et décide, en outre, son insertion dans les Bulletins. Recherches sur les acides tétra-et trithionique, par MM. W. Spring et A. Lévy. Rapport de M. Stas. « Le travail présenté à l'Académie par MM. W. Spring et A. Lévy est la continuation des recherches entreprises par M. Spring sur la constitution des acides de la série - (12) polythionique. Il est précédé d’un exposé clair et précis des idées admises aujourd'hui par un grand nombre de chimistes sur la constitution des acides du soufre, idées ue M. Spring a essayé de soumettre à une vérification expérimentale. D'après ces vues, les acides tri-et tétra- thioniques qui font l’objet du travail, dérivent respective- ment de l'acide sulfhydrique et du bisulfure d'hydrogène dans lesquels l'hydrogène est remplacé totalement par le groupe monatomique — S05 H Ainsi de H —S —H dérive HOSS —S— SOH acide trithionique. H—S—S—H » _HO3S —S — SOFH acide tétrathionique. = On sait que les tétrathionates prennent naissance lors- qu’on soumet les hyposulfites à l’action de l'iode ou d'une cause oxydante. MM. Spring et Lévy ont cherché la con- firmation de leurs spéculations théoriques dans l’étade de l'oxydation des hyposulfites. Ils ont reconnu, en effet, que sous l'influence du permânganate et du bichromate de potassium, ainsi que par l’action de l’anhydride chloro- chlorique, du peroxyde d’azote, des hypochlorites, les hyposulfites se transforment en tétrathionates, avant de passer à l’état de sulfate; ainsi Pacide tétrathionique ne serait que le premier degré d’exydation de l'acide hypo- sulfureux. Quant à lacide trithionique, les auteurs apportent à l'appui de leurs vues un fait remarquable et qui avait échappé jusqu'ici à tous les chimistes; ils ont constaté en - effet que, sous l'influence des acides, les hyposulfites passent à l’état de trithionate, avec dégagement d’acide sulfhydrique. La production de l'acide sulfureux et le dépôt de soufre observés par tous les chimistes lors de l’action des acides sur les hyposulfites, sont dus à des actions secondaires. ( 15 ) Les détails consignés dans le mémoire ne laissent au- cun doute sur l'exactitude de tous les faits avancés. Jai l'honneur de proposer à l’Académie d’ordonner l'im- pression de la notice dans le Bulletin de la séance et de voter des remerciments aux auteurs pour leur commu- nication. » La classe a adopté ces conclusions auxquelles ont sous- crit les deux autres commissaires, MM. de Koninck et Melsens. Additions à l'histoire du chlorure de sulfuryle; par M. E. Dubois, répétiteur à l'Université de Gand. Rapport de FI. Stas, « La notice présentée par M. Dubois sous le titre de : Additions à l’histoire du chlorure de sulfuryle, renferme un exposé des recherches qu'il a faites pour se rendre compte de la constitution de ce corps et de son mode d'action sur les différentes substances. Dans l'espoir de transformer le chlorure de sulfuryle chlorhydrate sulfurique, il a fait réagir ce chlorure sur l'eau et sur l'acide sulfurique. Quoique ayant varié considé- rablement toutes les conditions de l’expérimentation , il a échoué dans ses tentatives. On se le rappelle, notre savant confrère M. Melsens est arrivé au même résultat négatif en opérant sur le chlorure de sulfuryle produit par la méthode imaginée par lui. M. Dubois conclut de ces recherches que ce chlorure de sulfuryle ne correspond pas à l'acide sulfurique. Il entre à ce sujet dans des considérations théo- Kr) riques qui, peut-être, sont bien longues pour se fonder, en grande partie, sur des résultats négatifs. Le travail se termine par une étude de l’action du chlo- rure de sulfuryle sur quelques hydrocarbures. M. Dubois a trouvé que, sous l'influence de ce chlorure, léthylène se transforme en bichlorure, l’hydrure d'hexyle en chlo- rure d’alpha-hexyle, le toluène en chlorure de benzyle, la naphtaline en un mélange de tétrachlorure et de naphta- line chlorée, l'essence de térébenthine en chlorure de ter- pène. En somme le chlorure de sulfuryle agit comme le chlore libre. J'ai l'honneur de proposer à l’Académie d'ordonner lim- pression de la notice de M. Dubois dans le Bulletin de la séance, de lui voter des remerciments pour sa communi- cation et de l’engager à continuer ses recherches. » La classe a adopté ces conclusions auxquelles ont sous- crit MM. L. de Koninck et Melsens, second et troisième commissaires. Sur les éléments cellulaires de la cornée des grenouilles, par M. A. Swaen. Rapport de M, Ch. Van Bambeke. « Bien que la cornée transparente, et en particulier celle de la grenouille, ait fait l'objet de nombreuses recherches de la part des histologistes, tous les détails de sa structure sont loin d’être parfaitement connus; la diver- gence qu’on constate, sous ce rapport, parmi les auteurs (15 ) qui se sont occupés de la question, en est une preuve suffisante. M. le docteur Swaen , professeur à l’Université de Liége , a repris l'étude de la cornée transparente de la grenouille; cette étude présente, comme il le dit lui-même, un intérêt particulier à cause de l'importance qu'a eue de tout temps la connaissance parfaite du tissu cornéen au point de vue des idées générales régnantes sur le tissu conjonctif. L’au- teur a surtout cherché à élucider deux points encore liti- gieux : d’abord la disposition des espaces dans lesquels circulent le liquide parenchymateux et les cellules migra- trices; ensuite la forme et la disposition des cellules fixes logées dans ces espaces. Swaen commence par exposer les méthodes de préparation auxquelles il a eu recours. Le bichromate d'ammoniaque, le nitrate d'argent, l'acide osmique en forment la base; comme moyen colorant, il a surtout employé l’hématoxylinc. H fait remarquer avec justesse que, pour arriver à de bons résultats, il est nécessaire de maintenir les parties constituantes du tissu cornéen dans leurs rapports normaux; or un tel résultat ne peut être atteint qu'en faisant agir les divers réactifs sur l’œil entier et aussi frais que possible. L'auteur décrit d’abord ce qu'on pourrait appeler les logettes des cellules cornéennes fixes ; il admet que la sub- Stance fondamentale de la cornée est parcourue par un système de cavités et de canalicules correspondant à des espaces interlamellaires et interfasciculaires; ces espaces ne sont pas creusés dans la substance unissante, comme le veulent v, Recklinghausen et Waldeyer, mais résultent d'un écartement des lamelles et des faisceaux. Des fais- ceaux de fibrilles peuvent aussi s'écarter les uns des autres (16) par leurs faces latérales et dans l'épaisseur des lamelles, formant ainsi des fentes qui établissent des communica- tions plus ou moins directes entre des espaces interlamel- laires situés à des profondeurs différentes dans la cornée. Arrivant ensuite aux cellules, M. Swaen les considère comme des lames protoplasmiques un peu plas épaisses au niveau et dans le voisinage du noyau, moulées sur les faces des deux lamelles entre lesquelles elles sont situées : de là des crêtes d'empreinte répondant aux espaces interfas- ciculaires de ces lamelles cornéennes, les crêtes d’une face ayant une direction perpendiculaire aux crêtes de l’autre face. L'auteur décrit aussi minutieusement les contours des cellules, puis leurs prolongements. Ces derniers sont de deux espèces : les uns partent directement du corps cellulaire; il les nomme prolongements de premier ordre; les autres se trouvent logés dans les espaces interfascicu- laires de la lamelle cornéenne opposée à celle où se trouvent les prolongements de premier ordre; l’auteur les désigne sous le nom de prolongements de deuxième ordre. De là résulte une disposition réticulaire, incomplète, il est vrai, mettant en communication les différentes cellules répan- dues dans le stroma de la cornée. Tel est le type cellulaire le plus fréquent du tissu de Ja cornée; mais les cellules s'écartent plus ou moins de ce type dans certains territoires de la substance fondamen- tale; ainsi dans les deux couches cellulaires les plus rap- prochées de la membrane de Demours et dans les couches antérieure et moyenne de l'organe. En résumé, M. Swaen croit pouvoir rapprocher les cellules cornéennes de celles des tendons et des aponé- vroses; comme pour ces dernières, leur forme est déter- minée par leur situation dans les espaces interlamellaires (17) et interfasciculaires de la substance fondamentale; elles sont véritablement moulées sur ces espaces. A première vue, il semble difficile de concilier la des- cription des cellules fixes de la cornée donnée par M. Swaen avec les images négatives obtenues par l'imprégnation de la cornée au nitrate d'argent. L'auteur va au-devant de cette objection et démontre clairement que la différence dans les résultats trouve son explication dans le mode de préparation lui-même; ainsi, lorsqu'on emploie les solu- tions plus ou moins étendues de nitrate d'argent, l'eau de ces solutions joue un rôle; elle imbibe la substance fonda- mentale rétrécissant ou effaçant les espaces interfascicu- laires, rétrécissant aussi, dans une étendue plus ou moins grande, les espaces interlamellaires. Et en effet, en recou- rant non à la solution d'argent, mais à la cautérisation de de la face antérieure de la cornée en place par le sel argen- tique, M. Swaen a obtenu des images qui correspondent sensiblement à celles que donnent les autres méthodes. L'auteur rencontre ensuite une autre objection. Ses cellules cornéennes ne sont-elles pas, en partie du moins, le liquide parenchymateux coagulé à l’intérieur des espaces interfasciculaires et coloré, comme le protoplasme, par l’hématoxyline et le chlorure d'or? On sait que c'est là l'opinion soutenue par quelques histologistes, par Henle et surtout par Schweigger-Seidel. Ainsi, pour ce dernier “natomiste, les préparations auxquelles il a eu recours gonfleraient les fibrilles conjonctives dont la substance unissante serait exprimée et chassée en quelque sorte dans les espaces cornéens; ce qu’on appelle la cellule ou le cor- Puscule cornéen serait en grande partie cette substance Unissante coagulée et colorée. Mais M. Swaen démontre que aa pires interlamellaires et interfasciculaires, iden Me SÉRIE, TOME XLII. 2 (46 ) les cellules et leurs prolongements ne sont jamais aussi étendus que quand on évite les gonflements du tissu; le nitrate d'argent sous forme de cristal ou de crayon, l'acide _osmique permettent d'atteindre ce résultat. L'auteur fait valoir, en faveur de sa thèse, d’autres arguments encore dont nous reconnaissons la valeur, mais qu’il serait trop long d’énumérer ici. M. Swaen passe ensuite à la partie bibliographique; il montre en quoi les résultats obtenus par lui se rap- prochent, en quoi ils diffèrent de ceux auxquels sont arrivés d’autres histologistes. Ici encore nous ne pouvons suivre l’auteur sur ce terrain; contentons-nous de dire quelques mots de la manière dont il interprète les résul- tats obtenus par Waldeyer. Rappelons que, pour cet ana- tomiste, les cellules cornéennes formées d’une Jamelle principale et de lamelles latérales (forme qu'il compare à une roue à palette) ne rémplissent qu'une partie des espaces plasmatiques; toujours, sur le tissu frais examiné dans l’humeur aqueuse, une partie de ces espaces reste - vide. Dans ces conditions, d’après M. Swaen, le moment où se fait examen de la cornée, les manipulations préa- lables auxquelles elle est soumise, expliquent les disposi- tions signalées par Waldeyer. Nous ferons remarquer _ cependant que le professeur de Strasbourg insiste sur la netteté des images obtenues par la méthode susdite; d'autre part, la contractilité des cellules fixes admise par Waldeyer et d'autres anatomistes, peut expliquer, nous semble-t-il, comment il se fait que les cellules vivantes examinées dans la chambre humide ne remplissent pas entièrement les espaces lacunaires de la substance fonda- mentale. L'auteur consacre un chapitre spécial au noyau des (19) cellules cornéennes. lei encore il est en opposition avec Waldeyer; en effet, ce dernier décrit le noyau à l'état normal comme ovalaire,et considère les noyaux de formes différentes comme des produits de préparation ou comme devant cette apparence à leur situation par rapport aux espaces interfasciculaires et aux lamelles latérales des cel- lules cornéennes. M. Swaen, au contraire, en se servant des méthodes indiquées au début de son travail, et de la coloration par la purpurine, a toujours trouvé des noyaux de forme très-variable, souvent étrange, et il a pu s'assurer que ces formes sont indépendantes de la situation de la cellule. Après avoir étudié le noyau à la purpurine, il a toujours pu le retrouver aisément sur les cornées fraiches examinées dans l'humeur aqueuse. Apparaissant alors avec sa forme étrange au début de examen et reconnais- sable à son aspect mat, il est plus tard caché en partie par le protoplasme cellulaire; dans ces conditions la partie restée visible correspond, d’après Fauteur, à ce qui a été décrit comme noyau arrondi et ovalaire par la plupart des histologistes parlant des cellules cornéennes examinées dans l'humeur aqueuse. M. Swaen fait remarquer en outre que la forme étrange du noyau des cellules cornéennes n'est pas une exception, car, dans le cartilage selérotical de l'œil de la grenouille, il a trouvé des cellules d'aspect tout particulier, à noyaux se présentant sous les formes les plus inusitées. ans un dernier chapitre, l’auteur s'occupe de l'en- dothélium de la membrane de Demours. Se basant sur les résultats obtenus à l'aide du nitrate d'argent, du chlorure d'or et de l'examen à l'état frais, il admet que les cellules endothéliales sont polygonales régulières, à contours bien nets, et qu’elles sont formées de deux couches : Pune pro- ( 20 ) fonde, en rapport avec la membrane de Demours, est une lamelle homogène, non contractile, résistante, analogue sans doute à la lamelle superficielle des cellules endothé- liales des séreuses. Ce sont les contours des cellules de cette couche qui sont marqués profondément dans les espaces incolores linéaires sur les cornées cautérisées au cristal de nitrate d'argent. L'autre couche superficielle, en rapport avec l'humeur aqueuse, est formée d'un protoplasme doué d’une contrac- tilité très: manifeste, ce qui occasionne les vacuoles sou- vent visibles à la périphérie des cellules. Comme le remarque l’auteur, Waldeyer a vu une partie de ces phénomènes et il est porté à attribuer la contractilité à la cellule endothé- liale entière. Klebs aussi avait déjà signalé des mouvements amiboïdes de ces cellules, et Stricker et Norris avaient confirmé ces observations en étudiant les cornées enflam- mées. Aujoutons que depuis cette époque, v. Ewetsky a décrit et figuré (1) les deux couches dont parle M. Swaen, avec celte différence toutefois que, pour Ewetsky, la couche lamelleuse homogène est la plus superficielle et par conséquent directement en rapport avec l'humeur aqueuse. Sans vouloir décider lequel des deux anatomistes a raison, nous ferons remarquer que, dans les autres sé- reuses, c'est bien la lamelle homogène, comme M. Swaen le dit lui-même, qui est la plus superficielle. Dans sa ma nière de voir l'endothélium de la membrane de Demours!… ferait ainsi exception à la règle générale. Je crois que le travail de M. le professeur Swaen (1) Te, v. Ewersxyx, Ueber das Endothel der Membrana Descemeti. In Untersuchungen aus dem path. Institut zu Zurich. 5 Heft. 1875, S. 59. Taf. IV et V. (4) atteint parfaitement le but que l'auteur s’est proposé et qu'il servira à élucider des points encore obscurs et con- troversés touchant la structure de la cornée transparente. Deux planches fort bien dessinées sont jointes au texte du mémoire et viennent singulièrement corroborer les opi- nions soutenues par l’auteur. ; Je propose à l’Académie : 4° de voter la publication, dans les Bulletins, du travail de M. Swaen et des deux planches qui l’accomp agnent ; 2° d'adresser des remerci- ments à l’auteur. » La classe a adopté ces conclusions auxquelles ont adhéré MM. Schwañn et Éd. Van Beneden, second et troisième commissaires. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Application de la thermodynamique à l'étude des varia- tions d'énergie potentielle des surfaces liquides; par M. G. Van der Mensbrugghe, correspondant de l'Aca- démie. DEUXIÈME COMMUNICATION PRÉLIMINAIRE. Dans ma première communication (1), je me suis pro- posé de déterminer la quantité de chaleur dQ gagnée ou perdue par une masse liquide dont la surface S prend un accroissement dS: en représentant par T l'énergie poten- telle de l'unité de surface du liquide à la température absolue t, et faisant abstraction de toute autre cause de dn (1) Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 2 série, t. XLI, p- 769 (22) variation dans l'énergie du corps, j'ai trouvé Péquation : dT dQ = aus) ER je Pai appliquée successivement à différents cas particuliers, et jen ai ensuite déduit la transformée idt =d (s =) je), se , qui donne l'intensité à du courant correspondant à la quan- _ tité de chaleur dQ par laquelle la surface S est traversée dans le temps dr, x étant la différence de niveau électrique. Comme je l'ai déjà dit, la surface S peut représenter soit la surface libre d’un liquide, soit la surface de sépara- tion de deux liquides qui ne se mêlent pas, soit la surface de contact d’un solide et d’un liquide. Actuellement, je supposerai qu’on donne à la tempé- rature + de l’unité de poids d’un liquide un accroisse- ment dt, qui produira nécessairement un accroissement dS de la surface; puisque, par cet accroissement dS, il se développe une variation de chaleur dQ exprimée plus haut, je pourrai écrire, en nommant K le calorique spécifique tel que l'expérience le donne à la température t, et k, le calorique spécifique tel qu’il serait à cette température si la surface n’avait pas d'énergie potentielle : kdt = kdt — na(s ©) . i oao N D'après cette équation, le calorique spécifique K serait _ une fonction non-seulement de la température t, mais encore de la surface S du liquide et de l'énergie poten- tielle T de cette surface. On voit par là de quelle manière (25 ) se justifieraient les idées exprimées d’abord par M. We- ber (1), et tout récemment par M. Walthère Spring (2), d'après lesquelles « les variations de la chaleur spécifique suivent les variations de volume des corps par la chaleur. » De plus, la valeur de K se composerait de deux parties, Pune k qui dépendrait à la fois de la température, du vo- lume et de la pression, l’autre, qui serait fonction de ż, S et T; or, on conçoit qu’un corps puisse avoir des surfaces très-différentes pour un même volume initial; il résulte de là que, pour les grandes valeurs de S, les variations de k seront très-faibles en comparaison de celles du second terme qui dépend de S et T. Nous verrons plus loin une conséquence bien curieuse de cette déduction. Je vais appliquer maintenant l'équation [5] à l'examen de différentes questions de physique générale, sur les- quelles ma théorie paraît jeter une vive lumière. I. Supposons, en premier lieu , que les variations de S soient très-faibles et puissent être négligées pendant les variations de la température t; alors la formule [3] devient: dT K =k— MS. . . . . . [4] À la vérité, nous ne connaissons pas, jusqu’à présent, la forme exacte de la fonction qui exprime T au moyen de t pour un liquide quelconque; mais du moins, on peut, Pour un liquide donné, chercher les valeurs des coefficients (1) Ueber die specifische es Vs Körper, insbesondere der Metalle. (Ann. pe Poco. » LXX, (2) Sur la dilatation, la Ale aai des alliages f per ba Borter. pe L’Acan. roy. pe Berc., t XXXIX, p. 548.) (24) d’une équation telle que T=aæ + Bl yl + Or il résulte des recherches de M. Wolf que, pour l'eau, les coefficients B et y sont très-petits et permettent de négliger les puissances de t supérieures à la 2™°; de plus, ; ah ; il suit de là que la quantité de chaleur à fournir ou à adent à l’unité de poids d'eau pour élever ou abaisser la température de 1° augmente en général, non-seulement avec £, mais encore avec S. Par conséquent, si nous imaginons une sphère d'eau pesant 1 kilogr., et une série de n sphères d’eau dont le poids total équivaut aussi à 1 kilogr., il faudra fournir ou enlever beaucoup plus de chaleur pour élever ou abais- ser la température de 1° dans la série des x sphères que dans la sphère unique, et la différence sera d’autant plus grande que les globules seront plus nombreux et consé- quemment plus petits. N’est-ce pas pour cela que, d'après les observations de Saussure et de Fournet, les gouttelettes très-fines formant les nuages et les brouillards peuvent flotter dans les couches d’air dont la température est beau- coup au-dessous de zéro, sans que ces gouttelettes prennent l'état solide ? Ce que je viens de dire d’une série de n globules pesant ensemble l’unité de poids, s'applique également à chaque gouttelette isolée; en effet, si V représente le volume et ò le poids spécifique du liquide formant cette gouttelette, nous aurons : dT AS di va KES (25 ) Or le rapport 3 + augmente à mesure que le volame oe la gouttelette dimite et conséquemment, puisque 5: est négatif, K sera d'autant plus grand que celle-ci a un plus petit diamètre. N’est-ce pas là ce qui explique comment M. Mousson (4) a pu, à des températures très-basses, maintenir à létat liquide des globules d'eau de moins des de diamètre, et disposées sur une surface qu'ils ne mouillent pas? De même, M. Tomlinson (2) a pu voir, il y a plus de trente-cinq ans, des gouttelettes d'eau, d'alcool, d’éther, rouler à la surface d’une huile fixe portée à plus de 200°C. | Dans le cas où T désigne, non l'énergie potentielle d'une surface liquide libre, mais celle de la surface commune à deux liquides qui ne se mêlent pas, on peut avoir des effets analogues aux précédents; c'est ainsi que M. L. Du- four (3) a pu obtenir à l’état de liquide des globules d’eau plongés dans un mélange de chloroforme et d'huile, bien que la température s’abaissât jusqu’à — 10°C, et même — 20° pour les sphérules les plus petites. Il a constaté des effets plus marqués encore avec des globules de phos- phore ou de soufre fondu, au sein d’un liquide de même densité. S'il s’agit de la surface de contact d’un solide et d'un liquide m mouille celui-ci, nous aurons à reconnaitre le signe de ST 7 pour prévoir la quantité de chaleur nécessaire à une variation d'énergie potentielle dans la surface de om (1) Sur la fusion et la solidification de l’eau. (Bist. Univ. DE GENÈVE, 1858 ,L HI, p. 296) o Students Manuel of natural philosophy, p. 533. (5) Sur la congélation de l'eau et sur la formation de la grêle. (Bist. UMV, 1861, t. X, p. 546.) ( 26 ) contact; dans le cas où ce signe serait négatif, il faudrait conclure encore que K augmente aussi avec la surface S. Or un grand nombre d'expériences montrent précisément ce résultat. Je vais citer quelques te en à l'appui de la dernière conclusion. 4° Si le corps solide mouillé par le liquide a un maxi- mum de densité et par conséquent un minimum de surface, le calorique spécifique est lui-même un minimumen ce point, et prend une valeur plus grande tant en deçà qu’au delà de la température du maximum de densité. C'est ce qwa constaté M. Spring par un mode très-élégant d’expérimen- tation pour les alliages de Rose et de Darcet plongés dans l'huile (4). Mais, dans le voisinage immédiat du maximum, il peut se présenter des anomalies à cause du changement éventuel du signe de a ; Cest encore ce qu’a observé le même physicien pour les alliages ci-dessus ; j'y reviendrai un peu plus loin. 2° On sait combien l’eau résiste à la congélation, quand elle est renfermée dans des espaces capillaires et jusqu’à quel point les corps organisés peuvent supporter impuné- ment des froids rigoureux, parce que les fluides y sont renfermés dans des vaisseaux microscopiques. Dans ces cas, la surface de contact entre le solide et le liquide est énorme relativement au volume de ce dernier. 3° Mais ce qui confirme d’une manière inattendue la déduction théorique actuelle, ce sont les remarquables expériences de l’éminent physicien M. Melsens (2), rela- (1) Sur la dilatation, la chaleur spécifique des alliages fusibles , etc. (BULL. DE L’Acap. ROY. DE BELG., 1875, t. XXXIX, ) (2) Notes chimiques et chimico-physiques , Swe bete, au § ayant pour titre: De la tension des liquides volatils au contact i charbon. (MÉM. COURONNÉS ET AUTRES MÉM. PUBLIÉS PAR L’ACaD. ROY. DE BELG, t. XXIII.) ( 27 ) tives à la quantité de chaleur vraiment étonnante qu'il faut pour détacher un liquide volatil de la surface d’une matière très-poreuse telle que le charbon de bois. Qu'il me soit per- mis de citer une de ces expériences : on introduit 25 cen- timètres cubes de sulfure de carbone dans un tube de Faraday contenant 30 grammes de charbon; la longue branche renfermant ce charbon est introduite dans un tube en fer blanc rempli d’eau qu’on porte lentement à l’ébul- lition; la courte branche du premier tube plonge dans un mélange réfrigérant maintenu entre 15° et 17°C sous zéro. Dans ces conditions, il faut chauffer l’eau pendant plus d'une heure pour recueillir 2 on 3 centimètres cubes de sulfure de carbone dans la courte branche. 4 Enfin je citerai encore une propriété bien curieuse du coton-poudre recouvert d’un liquide très-inflammable, par exemple, la benzine, l’éther, le sulfure de carbone, etc., et exposé à l’action de l’étincelle électrique; il n’y a que le liquide qui s’enflamme et le coton-poudre ne fait pas explosion. IT. Supposons maintenant t invariable, et voyons quelle est la quantité de chaleur à fournir pour que la surface S varie entre les limites S, et Sa; dès lors, si l’on appelle Q cette quantité de chaleur, on aura : y 1Q — — Atd (s an At-— dS- ie dt dt dT Se Ara S ne. [5] done la quantité de chaleur à fournir ou à enlever varie proportionnellement à la surface fraîche produite Sy — Si. Il est aisé d'appliquer ce. théorème à des phénomènes (28 ) connus, tels que lébullition des liquides et la fusion des — solides. 4° Quand la température demeure à peu près fixe dans un liquide qui bout, celui-ci est traversé par une infinité de bulles dont les surfaces limites possèdent une énergie potentielle qui croît en proportion de leur étendue; chaque bulle ne grossit donc qu’en refroidissant le liquide; aussi faut-il constamment chauffer la masse pour empêcher ce refroidissement; à cette cause de production de froid, il faut d’ailleurs ajouter le renouvellement de la surface limite de chaque bulle, renouvellement qui provient de ce que le volume compris dans chaque bulle se sature de vapeur; on conçoit, d'après cela, que lébullition sera d'autant plus vive, c’est-à-dire qu’il se formera d'autant plus de bulles que l’on fournit plus de chaleur dans le même temps. J'ajouterai que si, faute d'air dissous dans le liquide ou adhérent à la paroi du vase, toute formation de surfaces fraiches au sein du liquide est rendue difficile sinon impos- sible , la température de la masse monte de plus en plus, et bien au delà de celle qui correspond à l’ébuilition régu- lière; on sait, en effet, depuis les expériences si belles et si connues de M. Donny (1) à quelle température élevée on peut porter un liquide sans le faire bouillir, lorsque Pair en a élé chassé autant que possible. Ma théorie explique aussi nettement l’abaissement par- fois considérable de température qu’on constate toujours lors d’une explosion subite de bulles de vapeur dans un liquide chauffé au delà de sa température normale de (1) Mémoire sur la cohésion des liquides et sur leur adhérence aux corps solides (Mém. COUR. ET DES SAVANTS ÉTRANGERS DE L'ÂCAD. ROY. DE Bezc., t. XVII.) (29) ébullition ; je citerai à cet égard les curieuses expériences du physicien anglais, M. le professeur Tomlinson (1). Ainsi se trouve confirmée par ma formule l'idée émise depuis longtemps par M. Donny et vérifiée ensuite par M. Dufour, que, pour produire une ébullition régulière, il suffit de faire passer à travers le liquide un courant très- délié d’un gaz quelconque. Réciproquement, si les surfaces liquides libres viennent à disparaître lors de la condensation de la vapeur, l'énergie potentielle dont ces surfaces étaient le siége s'évanouit, mais se retrouve en chaleur sensible au thermomètre. À mes yeux, la théorie précédente montre parfaitement l'ori- gine et Ja nature de la chaleur latente de vaporisation ; en effet, en prenant pour point de départ l'existence incon- testable de l'énergie potentielle d’une surface liquide libre, nous sommes arrivé par le calcul à ce résultat, que tout agrandissement de la surface développe du froid , de même que toute diminution ou toute suppression d'une surface libre, doit donner lieu à une production de chaleur. 2° En second lieu, quand un corps solide est porté à une température suffisante pour en opérer la fusion, la sûrface de contact de la couche déjà fondue et du noyau encore solide, a une énergie potentielle négative, c'est-à- dire que si elle est détruite, il y a production de froid; or, à chaque nouvelle couche fondue, la surface de contact primitive est remplacée par une autre qui est nécessaire- ment moindre; il y a done diminution dans la surface de contact, et, par conséquent il y aurait refroidissement, si la chaleur fournie ne venait compenser cet effet. On com- ar ana a a PE AA E EEE GEE E (1) On some phenomena connected with the boiling of liquidi (Paros. Macaz., 1875, t. XL, p. 83). ( 50 ) prend que la fusion sera d'autant plus active que la cha- leur fournie pourra remplacer plus vite une surface de contact par une autre plus petite. Réciproquement, lors de la solidification , il se forme aussi des surfaces de contact successives entre le solide et la matière encore liquide ; mais ici, au lieu d’aller en dimi- nuant, ces surfaces croissent de plus en plus, et consé- quemment doivent produire un échauffement progressif. C'est ainsi que la formule [5] fait comprendre l'origine de la chaleur latente de fusion. II. Supposons maintenant que S et t varient à la fois, comme cela arrive en général; on aura alors nécessairement Ja combinaison des deux effets précédents (I et IL); seule- ment, comme il est aisé de s'en convaincre, influence de la surface l’emportera de beaucoup sur celle de la tempé- rature. Comme exemples qui se rattachent à l'hypothèse actuelle, je puis citer l'évaporation des liquides, les phéno- mènes rapportés à l’état sphéroïdal, la dissolution des solides dans les liquides , etc. Je n’insisterai pas sur ces différents exemples, parce que, d’après cequiaété dit plus haut, l'application de la formule se fait très-facilement. Mais j'essayerai de rendre compte d’un fait surprenant récemment étudié par M. Spring (1) et concernant les variations du calorique spécifique aux environs du maximum de densité de certains corps. L'alliage de Rose plongé dans un bain d’huile est refroidi graduellement à partir du 118°; la température tombe rapidement jusqu’au point où commence la solidification; là elle se maintient et remonte d’une fraction de degré pour (1) Voir le mémoire déjà cité plus haut, | (31) finir par décroître très-rapidement jusqu’à ce que l’alliage passe par son maximum de densité; en ce point, la tem- pérature remonte de 7° environ, et cela malgré le refroi- dissement, puis descend en suivant une marche régulière. L’alliage de Darcet montre des phénomènes analogues. M. Spring conclut de ces faits si singuliers qu'il est impossible de déterminer le calorique spécifique à la tem- pérature même du maximum de densité, puisque, malgré le refroidissement, la température s'élève d'une quantité très-notable. Or voici comment, dans ma théorie, je par- viens à expliquer d’une façon bien simple ces anomalies si contraires à toutes les idées reçues, et que présentent, entre autres, les alliages de Rose et de Darcet. Reprenons notre équation [5], et appliquons-la succes- sivement aux trois températures t', £”, t”, dont la première désigne une température un peu supérieure à celle du maximum de densité, la seconde, cette température même du maximum de densité, et la troisième, une température un peu inférieure à t”; nous pourrons écrire alors, en accentuant de même les valeurs correspondantes de K, k, Set T, et en supposant une variation négative de la tem- pérature, c’est-à-dire un refroidissement, comme dans les expériences de M. Spring: dT’ — K'd'——k'dt + Al als) dr r 1 dT" «re K” di'! = — k di” a ad At d Ss dr ; dT” Or, ainsi que je l'ai déjà dit plus haut, la variation du terme qui dépend de la surface, peut, du moins à partir de (32) valeurs assez grandes de S , être regardée comme notable- ment supérieure à celle de k; dans ces conditions, le signe du calorique spécifique observé K sengit précisément le même que celui du terme contenant S et “y: ais au maxi- mum de densité, chacun des deux termes du second mem- bre s’annule; en effet, puisque le volume passe au mini- mum, la quantité + k”dt” de chaleur à fournir pour faire passer le corps du point qui précède ou qui suit immédia- ment le volume au minimum lui-même doit être nulle. Quant au terme qui est fonction de S, d’une part la sur- face S passe par un minimum au point que nous considé- rons; d'autre part, l'énergie potentielle T” passe par un maximum, abstraction faite de son signe, car les molé- cules de l’alliage plongé dans l'huile sont alors plus rappro- chées qu’en deçà ou au delà du maximum de densité; il suit de là que D = 0, et que par conséquent d (s” Gr z) est pareillement nul. Il résulte de ce raisonnement que la quantité d (s Sr) doit changer de signe en passant par le maximum, et que si, par exemple, le signe de cette quan- tité est positif immédiatement avant le mayimum de den- sité, elle deviendra négative après qu’on aura dépassé ce dernier. Nous aurons donc, en supprimant les termes en %' et k” comme trop petits pour changer le signe du second membre, et en représentant par a et 5 les valeurs absolues de K’ et de K” dT’ — K df’ = Ald (s ze) = — ot + PTE adt ds K” dt = 0 re ko dE en Se At" (s” 25 )= ne Ear; Kag, K” = 0, Ka = — 6, (35) c'est-à-dire que le calorique spécifique est positif à une température immédiatement supérieure à celle du maxi- mum de densité, nul à ce maximum et négatif à une température inférieure mais très-voisine. Il serait bien facile de montrer comment la température, après être remontée malgré le refroidissement, s'arrête bientôt, et finit par redescendre; il suffit, pour cela , d'ad- mettre que les variables S et T ne tardent pas à satisfaire à la condition S ss tante — — constante; dt < dès lors la différentielle d (S T) redevient nulle, et il s'opère un nouveau changement de signe dans la valeur de K. Si ma démonstration était exacte, on comprendrait par- faitement les anomalies dont je viens de parler; dans ma première communication, j'ai déjà signalé, on se le rap- pelle, des singularités du même genre observées par M. Jungk dans le voisinage du maximum de densité de l'eau; dans ce liquide absorbé par du sable, il y a échauf- fement, si la température initiale est supérieure à + 4°C, tandis qu’il se produit un refroidissement , si cette tempé- rature est inférieure à + 4°C; de même il y a diminution de température quand l'eau à 0° est absorbée par de la neige. Ces résultats s’expliqueraient d'une manière ana- logue à la précédente. Je regarde comme une circonstance très-heureuse que les observateurs aient rencontré des faits aussi anormaux en apparence, parce que ces derniers viennent donner à ma théorie un appui précieux ; en réalité, le caractère du maxi- mum ou du minimum de l'expression S = pour des valeurs 2e SÉRIE, TOME XLI. 5 ( 54 ) particulières de S et de £, entraîne nécessairement deux effets de signes contraires en deçà etau delà de cet état particulier du corps. Il suit de là que si les physiciens n'avaient pas déjà signalé les irrégularités si frappantes dont j'ai parlé, ma théorie aurait pu en provoquer la découverte. IV. Si les conséquenees que j'ai déduites de ma formule sont vérifiées non-seulement par les faits déjà connus, mais encore par les expériences qu'elle peut suggérer, on pré- voit de quelle importance elle sera dans la thermodynami- que, où l’on regarde jusqu’à présent l'état d'un corps comme déterminé, quand on donne le volume, la température et la pression que supporte le corps. Lorsqu'il s'agira d’un liquide, et très-probablement aussi d'un corps solide ou gazeux , il faudra absolument tenir compte de l'énergie potentielle qui règne dans toutes les surfaces limites. L'examen de cette question si grave pourra se faire pas à pas, à mesure que les faits auront confirmé davantage les calculs qui mont servi de base pour la déduction des diverses conséquences énoncées dans mes deux communi- cations. V. J'aurais maintenant à examiner quels sont les phé- nomènes électriques qui correspondent aux divers déve- loppements de chaleur dont il s’est agi dans cette Note; mais ce sujet est trop vaste pour ne pas faire l’objet d’un travail spécial. Je dirai seulement aujourd'hui que, d’après les nombreuses recherches bibliographiques auxquelles je me suis déjà livré, j'espère trouver, pour ma théorie, une confirmation aussi complète dans le domaine de l'électricité que dans celui de la chaleur. Recherches sur les Dricyemipes, survivants actuels d'un embranchement des Mésozoares (suite); par M. Edouard Van Beneden, membre de l’Académie. H. RHOMBOGÈNES. A. Caractères différentiels. Les individus qui produisent des embryons infusori- formes sont moins longs et plus larges que ceux que j'ai appelés Nématogènes, parce qu'ils engendrent des embryons vermiformes. La cellule axiale est plus large; elle se termine en avant, dans le renflement céphalique, par un bout arrondi, sans pour ainsi dire s'effiler. I} en résulte que les _ cellules polaires sont plus plates que chez les Némato- gènes et que la tête a une forme différente. Cette diffé- rence est toujours très-marquée chez les Dicyemella de l'Élédone. Le nombre des cellules ectodermiques du tronc est généralement moins considérable. Enfin le contenu de la cellule axiale, tant en ce qui concerne les germes que les embryons, est tout différent. B. Caractères des germes qui donnent naissance à des embryons infusoriformes. Ces germes sont notablement plus volumineux que ceux qui produisent les embryons vermiformes; leur diamètre est toujours environ double de celui des germes chez les Nématogènes ; leur noyau sphérique a un volume beaucoup Plas considérable; son diamètre représente toujours au moins la moitié du diamètre total de la cellule qui mesure 3 en moyenne 0,021 de millimètre. : (56 ) Le corps protoplasmique de ces germes est finement granuleux; au contact du noyau l'on observe généralement un cercle de granules plus volumineux. La couche externe du protoplasme (Hautschicht) est presque toujours homo- gène et dépourvue de granulations. A la limite, entre la partie médullaire foncée et la couche périphérique homo- gène, se trouve une rangée circulaire de granulations qui affectent, quand on a traité par l’acide osmique, l'apparence de gros points noirs. Les caractères et les dimensions de ces germes ne varient guère plus d’une forme à l'autre, que chez les individus d’une même espèce. C. Mode de formation de ces germes; leur nombre et leur distribution. Les germes des embryons infusoriformes ne se forment pas directement dans Je protoplasme de la cellule axiale comme les germes des Nématogènes, ils prennent naissance dans des cellules particulières engendrées elles-mêmes dans la cellule endodermique; mais il ne m'a pas été pos- sible de déterminer comment se forment ces dernières. J'ai appelé ces cellules, qui produisent les germes, cellules germigènes, ou plus simplement germigènes. Je décrirai successivement : 1° les cellules germigènes; 2° le mode de formation des germes aux dépens de ces cellules. Les cellules germigènes sont toujours en petit nombre. Souvent chez de jeunes individus on en trouve deux, l’une logée dans la cellule axiale près de la tête, l’autre à quelque distance de l'extrémité caudale. Dans quelques cas il m'est arrivé de n’en trouver qu'une seule. Les grands individus en possèdent trois, quatre ou cinq; rarement (37) davantage. Ces germigènes, tant qu’ils ne renferment pas de germes, ne se distinguent des germes eux-mêmes que par leur volume qui est plus considérable. La forme sou- vent ovalaire de leur noyau contraste avec le nucleus tou- jours sphérique des germes; le contour du noyau des germigènes est toujours extrêmement foncé. En outre les cellules germigènes ont un corps protoplasmique très- finement granuleux ; il est moins clair que le protoplasme des germes. Chaque germigène donne naissance à plusieurs généra- tions de cellules filles, qui sont les germes des Infusori- formes. Ces générations successives sont disposées concen- triquement autour de la cellule mère, de façon à former des rosaces qui occupent toute la largeur de la cellule endodermique (pl. H, fig. 19). En avant et en arrière de ces rosaces se trouvent des embryons infusoriformes à tous les états de développement, d'autant plus avancés qu’ils sont plus loin du lieu de formation des germes; delà, chez beaucoup d'individus rhombogènes, une répartition très- régulière des produits de la génération (voir planche I, figure 8). Mais, dans beaucoup de cas, cette régularité primitive disparaît bientôt et germes et embryons sont entassés pêle-mêle dans la cellule axiale. Ceci dépend de ce que les germes, une fois détachés du germigène, peuvent se déplacer si non activement, du moins passivement, grâce aux excursions que font les embryons infusoriformes dans toute l'étendue de la cellule axiale. Pour se déplacer ils poussent devant eux les obstacles qui les arrêtent. Peut- être aussi les contractions et les changements de forme du reticulum de la cellule axiale contribuent-ils à modifier les Positions relatives des germes et des embryons. La con- fusion est d’autant plus grande que l'individu en renferme ( 58 ) un plus grand nombre. Elle n'existe jamais chez de jeunes individus. Aussi ceux-ci se prêtent-ils beaucoup mieux que ceux-là à Pétude des phénomènes de la reproduction. Un germigène, arrivé à son entier développement, en- gendre par voie endogène un certain nombre de germes qui se forment simultanément dans son corps protoplas- mique (pl. I, fig. 20 et 22). Le noyau du germigène n’inter- vient pas dans la production des cellules filles. Dans le pro- toplasme apparaissent simultanément trois, quatre ou un plus grand nombre de noyaux sphériques; d’abord petits et foncés, ils s'éclaircissent en même temps que leurs dimen- sions s’accroissent. Autour de chacun d'eux on distingue dès le début une couche différenciée de protoplasme moins granuleux que le protoplasme du germigène primitif. Cette couche est limitée par un contour d’abord peu apparent, mais dont la netteté devient de plus en plus grande. Dans quelques cas j'ai vu clairement une structure radiée dans le protoplasme de ces germes en voie de for- mation (planche I, figure 25). Ces germes sphériques, nés par formation libre,se montrent constitués, dès le moment de leur apparition, d'un noyau et d’un corps cellulaire. L'un et autre se différencient simultanément au milieu du protoplasme ambiant. Ces germes se forment donc dans les cellules germigènes à peu près comme les germes des embryons iede dans le corps de la cellule endo- dermique. Quand les germes nés dans l’intérieur d'un germigène ont atleint un certain volume, ils se portent vers la sur- face; le protoplasme qui sépare les germes se contracte, il samasse autour du noyau du germigène et par là les germes sont rejetés à la périphérie, puis éliminés. Ils restent néanmoins accolés à la surface du germigène; ils ne se i : (-39 ) détachent que quand ils ont atteint leur complet dévelop- pement. Tant qu’ils adhèrent au germigène, la surface de contact est plane : les germes ont tous la forme d'une sphère tronquée et le germigène est limité par des faces planes se coupant sous des angles dièdres; le germigène a une forme polyédrique (pl. I, fig. 20 à 27,et pl. H, fig. 19). Dès qu’une première génération a été ainsi expulsée, il s'en forme une seconde; ces nouveaux germes naissent et se développent de la même manière que les premiers; ils sont expulsés à leur tour pour être remplacés par une troisième série, et ainsi les générations nouvelles refoulent peu à peu, de dedans en dehors, les générations plus anciennes. Il en résulte des couches concentriques de germes d'autant plus volumineux qu’ils sont plus loin du centre (pl. IE, fig. 19). "Les germes ne se forment presque jamais dans tous les points du corps du germigène; presque toujours le noyau est excentriquement placé et les germes se forment seule- ment d'un côté (pl. T, fig. 20, 22, 25). J'ai remarqué aussi que le nombre des germes d'une même génération devient de plus en plus considérable, au fur et à mesure que le germigène vieillit. Le noyau du ger- migène augmente peu à peu de volume; tantôt il conserve sa forme ovalaire, tantôt il devient sphérique; sa mem- brane s’épaissit et apparaît avec un double contour; enfin il se développe dans le noyau un réseau nucléoplasmique. Un germigène ne peut produire qu’un nombre déter- miné de générations de germes. La cellule finit par s'épuiser. Tout le corps protoplasmique de la cellule est employé à la formation de la dernière génération; le noyau est alors tout ce qui reste du germigène. Il se trouve d'abord au milieu de la rosace formée par les der- ( 40) niers germes groupés autour de lui; mais la rosace finit par se désagréger, les germes s’écartant l’un de l’autre; et le noyau du germigène se trouve alors en suspension dans le réseau protoplasmique de la cellule endodermique qui devient polynueléée (pl. I, fig. 25, 28). D. L'embryon infusoriforme. Avant de décrire le mode de développement des germes, je dois faire connaître l’organisation de l'embryon tel qu’il se présente au moment où il va quitter le corps maternel, pour nager librement dans le liquide qui baigne les corps spongieux. L'embryon infusoriforme a l'apparence d'une poire ou d’une toupie. Il nage la grosse extrémité dirigée en avant. Kölliker a désigné cette partie du corps sous le nom de téte; je conserverai cette dénomination pour Ja facilité de la description. La partie du corps dirigée en arrière a une forme conique ; je l'appellerai la queue. Cet embryon présente une symétrie bilatérale bien caractérisée; on peut done distinguer une face ventrale, une face dorsale et deux faces latérales (pl. HI, fig. 27, 29, 51, 45). Le renflement céphalique se constitue de trois organes, dont un symétrique et médian situé du côté du ventre, et deux dissymétriques et latéraux placés au-dessus et un peu en avant du premier: ce sont les corps réfringenis. L'organe médian a été appelé par Kölliker la vésicule interne (die innere Blase): Kölliker admet, en effet, qu'il est situé au milieu de la substance fondamentale du corps (Grundsubstanz), et il dit que cette dernière est amorphe et dépourvue de toute structure. La vésicule interne, de forme hémisphérique, serait placée au-dessus d'un orifice qui existerait à la face ventrale et que Kölliker considère (H) comme une bouche, tout en faisant ses réserves quant à cette détermination. L'organe dont parle Kölliker n’est pas une vésicule; le prétendu orifice buccal n'existe pas à la face ventrale et la substance fondamentale est composée de cellules épithéliales. Wagener appelle cet organe scha- lenformige Organ. A raison de sa forme ordinaire, je le désignerai sous le nom d’urne. Il se constitue d'une paroi que j'appellerai la capsule de lurne, d'un couvercle qui contribue à former la paroi ventrale de l'embryon et d'un contenu. La capsule de lurne, abstraction faite de son couvercle, est à peu près hémisphérique à sa face interne. Sa face extérieure tournée du côté du dos de l'embryon est con- vexe et présente quatre pans. Elle est recouverte en avant et au-dessus par les deux corps réfringents; sur tout le reste de sa surface, par les cellules ciliaires qui constituent la partie caudale de l'embryon et forment par leur réunion le corps ciliaire. L'urne est donc intercalée entre les corps réfringents, qui sont en avant et au-dessus, et le corps ciliaire, qui est en arrière. Elle fait saillie à la face ventrale de l'embryon que lon peut donc décrire, en exposant les Caractères de ses trois parties constitutives : Purne, les corps réfringents et le corps ciliaire (pl. HI, fig. 44). Urne. La capsule de Purne est formée de deux moitiés semblables, Pune située dans la moitié droite, l'autre dans la moitié gauche de l'embryon (pl. HI, fig. 38, 42 et 44). Chacune des moitiés de cette capsule se développe aux dépens d’une cellule unique, dont le noyau a disparu, quand l'embryon est arrivé à son complet développement. Cette Capsule est au contenu de l'urne ce qu'est la pelure d'une demi-orange relativement à la pulpe du fruit. Chaque moitié de la capsule pourrait être comparée, quant à sa forme, (42) à la pelure d'un quartier d'orange. Chaque demi-capsule présente à considérer une face interne concave et une face externe convexe. Contre la face concave de la capsule et suivant son bord libre se trouve, dans l'épaisseur de la paroi de lurne, une rangée de corpuscules juxtaposés qui ont la forme de virgules et forment ensemble un anneau à structure radiée quand on considère l'embryon par sa face ventrale (fig. 58). Si l'on regarde lurne en place dans un embryon vu de profil, c'est-à-dire par une de ses faces latérales, l'anneau présente l'apparence d'une bande à strialion longitudinale (fig. 45). Au fond de Purne la face interne de la capsule présente de petits corpuscules arron- dis. Toute la partie périphérique de la capsule est formée d’une substance incolore, transparente et parfaitement homogène chez l'individu vivant. Cette substance devient finement granuleuse par l’action de réactifs „tels que l'acide acétique faible ou l’hématoxyline. Le couvercle de l’urne constitue la partie ventrale de l'organe (fig. 43). Il est convexe et se trouve divisé par deux diamètres se coupant perpendiculairement , au centre du couvercle, en quatre parties égales. Vu de face, le couvercle a un contour circulaire et chacune de ses parties a la forme d'un secteur de 90 degrés (fig. 54). Chaque secteur est une cellule modifiée dont le noyau a disparu, dont le corps s'est transformé en une substance homogène et hyaline et dont la membrane externe s'est fortement épaissie. Le long des diamètres du couvercle, qui marquent les limites des quatre secteurs, se trouvent des bourrelets saillants se terminant au centre du cercle à quatre corpuscules formant ensemble un tubercule unique, plus ou moins saillant. | Le contenu de l’urne est un corps cellulaire composé de quatre segments disposés en croix. Quand l'embryon n'est Pas arrivé à son complet développement, chacune de ces- ( 45 ) quatre parties est une cellule pourvue d'un noyau unique. Chez l'embryon complétement développé, on trouve dans chaque segment plusieurs petits noyaux qui se colorent en rouge par le carmin et le picrocarminate, en violet par Fhématoxyline. Chez l'embryon vivant ces segments se distinguent par leur apparence granuleuse; de là le nom de corps granuleux que je leur ai donné. Ces corps ne remplissent pas complétement la cavité de lurne ; ils sont baignés par un liquide incolore et parfaitement homogène qui devient de plus en plus abondant au fur et à mesure que l'embryon avance en àge. Quelquefois j'ai observé un mouvement ciliaire à l’intérieur de lurne; les cils sont probablement portés par les corps granuleux contenus dans lurne. Ces mouvements ciliaires, toujours lents et ondulatoires, sont déterminés par des cils vibratiles très- longs et flagelliformes. Dans certains cas j'ai vu lurne autrement constituée: chez des embryons complétement développés du Dicyema typus, on ne pouvait distinguer, dans la capsule, aucun des éléments formés que j'ai décrits plus haut; le couvercle paraissait manquer et les quatre corps granuleux, au lieu d'être disposés en croix, étaient juxtaposés transversale- ment ou affectaient une disposition se rapprochant plus ou moins de la forme cruciale ; chaque segment renfermait un noyau unique. Denx de ces corps élaient plus petils que les deux autres (pl. IH, fig. 21 à 25). Je ne puis rien affirmer par rapport aux fonctions de lurne; je puis ajonter senlement, aux renseignements qui précèdent , que l'embryon infusiforme se débarrasse avec la plus grande facilité du contenu de cet organe; les quatre Corps granuleux, affectant la même disposition cruciale que j'ai décrite plus haut, sont mis en liberté et se retrou- : „ (4) | vent sur le porte-objet. Au moment où il va lâcher ses corps granuleux, l'embryon cesse de se mouvoir; on le croirait mort et les cils vibratiles de la queue deviennent immobiles; lurne se vide et aussitôt après on voit les cils vibratiles se remettre en mouvement et l'embryon parcourir en tous sens et avec une rapidité vertigineuse le porte- objet du microscope. Les corps réfringents, généralement au nombre de deux, ont été appelés Kalkkörper par Kölliker et Wagener. Loin d'être constitués par du carbonate de chaux , ils ne renfer- ment aucune trace de ce sel : on peut s’en assurer en faisant agir sur eux des solutions acides. Ces corps réfrin-. gents ne subissent aucune altération ni de la part de l’acide acétique, ni sous l'influence de l'acide chlorhydri- que, ni sous l’action de l’acide osmique. Ils ne noircissent pas quand on les traite par ce dernier acide. Ils ne sont donc pas non plus formés par une matière grasse. Cette conclusion est confirmée par le fait qu’ils ne se dissolvent ni dans Paleool ni dans l’éther. Le seul réactif qui les altère après un certain temps, c'est l’hématoxyline préparée d’après la méthode ordinaire au moyen d’une solution d’alun. Après trois quarts d'heure ou une heure de macé- ration dans ce réactif, les corps réfringents éclatent vérita- blement. La matière réfringente qui les constitue se résout en une infinité de globules réfringents qui sont projetés à quelque distance du point où a-eu lien l'explosion (pl. HE, fig. 44). En ce point il reste deux capsules à double con- tour emboîtées l’une dans l’antre. L'interne, que j'appelle l’endocyste, était remplie par la substance réfringente. C’est _ la rupture instantanée de l’endocyste qui est le premier | effet du gonflement de la substance réfringente. Celle-ci : ( 45 ) s'échappe par la déchirure et détermine secondairement la déchirure d'une capsule externe qui est Vectocyste. Les deux membranes sont formées d’une substance élastique. Chaque corps réfringent se développe dans une cellule distincte et l’ectocyste n’est que la membrane de la cellule génératrice du corps réfringent. Les ectocystes logeant les corps réfringents sont immédiatement accolés l’un à l’autre sur la ligne médiane; ils recouvrent en avant et en haut la capsule de l’urne. Quelquefois il existe dans un même ectocyste plusieurs corps réfringents plus petits. Cette circonstance paraît être caractéristique pour l'embryon infusoriforme de certaines espèces, tels que le Dicyemella Mülleri et le Dicyemopsis macrocephalus. Cependant il se présente à cet égard des variations chez les autres espèces. Corps ciliaire. La partie caudale de l'embryon est géné- ralement conique. Elle est formée d’un certain nombre de cellules vibratiles juxtaposées, de façon à former ensemble un véritable épithélium vibratile. Ces cellules sont conoïdes ou cuboïdes; elles sont finement granuleuses, pourvues d'un petit noyau sphérique et d’un plateau canaliculé don- nant insertion à un certain nombre de cils vibratiles très- longs. Quelquefois j'ai rencontré des embryons dont les cellules ciliées portaient, au milieu des cils, un gros bras protoplasmique renflé à son extrémité et animé d'un mou- vement ondulatoire très-lent et parfaitement régulier (pl. HI, fig. 25). J'ai vu aussi quelquefois de semblables bras portés par les cellules polaires chez le Dicyemina de la Seiche (pl. IL, fig. 15, 14 et 15). Ces bras sont ou bien un cil vibratile exceptionnellement épais, ou bien un faisceau de cils vibratiles réunis en une colonne (46 ) protoplasmique. L'étude plus complète de semblables or- ganes serait des plus importantes au point de vue du mode de formation des cils vibratiles. Je ne puis donner de ren- seignements ni sur leur structure ni sur leur mode de formation. Mais il est certain qu'au point de vue de leur forme, de leur composition et de leurs mouvements, ces organes constituent une phase intermédiaire entre le pseu- dopode et le cil vibratile ordinaire. L'étude de l'organisation de l'embryon infusoriforme est facilitée par cette circonstance que l'on peut obtenir la dissocialion des éléments qui le constituent, en traitant les embryons par l'acide acétique faible, lhématoxyline, le liquide de Müller, ou même en les faisant macérer pendant longtemps sur le porte-objet dans le liquide qui baigne les corps spongieux. La dissociation se fait lentement, sur porte-objet, sous les yeux de l'observateur, qui peut assister à toutes les phases successives du phénomène. Ni les cellules, ni les noyaux ne peuvent être distingués dans l'embryon vivant. C’est pour avoir négligé de recourir aux réactifs que Kölliker, Wagener et Claparède n’ont pas réussi à déchiffrer l'organisation de ces embryons. L'acide osmique, l’acide acétique, lalcool et les matières colo- rantes m'ont rendu les plus grands services. E. Développement de embryon infusoriforme. Kölliker et Wagener ont reconnu que ces embryons se développent aux dépens de germes (Keimzellen) à la suite d'un véritable fractionnement. Kölliker a aussi parfaite- ment observé que la transformation des germes en em- bryons se fait d’abord en certains points déterminés, qu'il a appelés Bildungspunkte. Mais il avance à tort que ces (47 ) points, autour desquels se fait la transformation des germes en embryons, se trouvent toujours dans la moitié antérieure du corps. Il n’a pas reconnu que la raison de cette réparti- tion régulière des embryons, dans ce qu’il appelle la cavité générale du corps, se trouve dans l'existence de vrais ger- migènes. Ces organes ont complétement échappé à latten- tion de l'éminent naturaliste de Wurtzhourg et de ceux qui se sont occupés après lui de l'organisation des Dicyema. Comme je l’ai dit plus haut, les germes des embryons infusoriformes naissent, par voie endogène, dans une cellule autour de laquelle ils restent groupés jusqu'à ce qu'ils aient atteint leur maturité complète. Aussitôt après ils subissent les premières transformations préalables à la formation des embryons infusoriformes. Au fur et à mesure que le développement progresse ils s'écartent du germi- gène. On trouve donc en général, de chaque côté du ger- migène, une série d'embryons à diverses phases du déve- loppement embryonnaire et d'autant plus avancés qu’ils sont plus loin du lieu de formation des germes. Il en résulte que l’on peut observer chez un même Dicyema, les unes à côté des autres, les diverses phases de l'évolu- tion embryonnaire, en examinant des embryons de plus en plus écartés d'un germigène, tout comme on peut, chez uu Nématode vivipare, trouver dans un même utérus, placés les uns à côté des autres et dans un ordre à peu près régulier, des embryons à tous les états de développement. Quand j'ai commencé à Villefranche mes études sur les Dicyémides , j'avais rencontré fréquemment tout près des germigènes, à côté des germes arrivés à maturité, des corps de forme sphérique ou ellipsoïdale , souvent très-granuleux et présentant une striation très-manifeste, tantôt longitu- dinale, tantôt radiée. Ces corps, que j'avais pires po (48 ) soirement corps striés, à raison de leur caractère le plus apparent, se trouvaient tantôt isolés, tantôt groupés deux à deux ou quatre à quatre. Je les trouvais exclusivement dans le voisinage des germigènes, souvent mêlés aux germes en voie de fractionnement. Leur volume était celui des germes eux-mêmes quand ils se trouvaient isolés; il était plus petit quand ils se montraient par groupes de deux ou de quatre. N'ayant pu réussir jusque-là à trouver chez les Dicyémides aucun élément fécondateur, et recon- naissant une certaine ressemblance entre mes corps striés et le nucléole des Infusoires, jeus d’abord l’idée que ces corps pourraient bien être des spermatophores. Je crus que ces spermatophores étaient engendrés dans l’urne des Infusoriformes et que les corps striés étaient identiques | aux corps granuleux. Les embryons infusoriformes auraient été les mâles des Dicyema et leur urne aurait été un tes- ticule. Mais je dus abandonner cette idée, n'ayant jamais réussi à trouver, chez les corps granuleux de l’urne des infusoriformes, de striation comparable à celle qui carac- térisait si bien les corps énigmatiques dont je cherchais à débrouiller la signification. Je me trouvais encore dans le | doute le plus absolu à l'égard de ces éléments, en me ren- dant à Trieste au mois de septembre dernier. La lecture des travaux de Bütschli sur la multiplication des noyaux et la communication verbale que me fit Stras- burger, que j'eus la chance de rencontrer à Trieste, de ses recherches sur la multiplication des cellules végétales, me donnèrent l’idée que les corps striés des Dicyémides pour- raient bien être des germes en voie de division. Je weus pas de peine à reconnaitre qu’il en est réellement ainsi et que la striation si caractéristique de ces corps est due aux modifications que subit le noyau au moment où la cellule va se diviser. : (49) Je n’ai jamais rencontré un seul germe dépourvu de tout noyau. Je crois donc, sans vouloir cependant l'affir- mer, que le noyau du germe ne disparaît pas comme la vésicule germinative des œufs arrivés à maturité com- plète, mais que ce noyau se divise pour donner naissance aux noyaux des deux premières cellules embryonnaires. Immédiatement avant de se diviser, le germe devient très- granuleux et fort opaque; le noyau augmente considéra- blement de volume; son contenu perd beaucoup de sa transparence et son nucléole disparaît. Alors une striation extrêmement nette se développe à la périphérie du noyau. Les stries sont toutes dirigées suivant des méridiens de la sphère nucléaire : elles convergent donc vers deux pôles. Ces stries ne sont pas le résultat d'un alignement de cor- puscules ou de granulations; elles sont dues à la présence de fibrilles continues, homogènes, formées d’une substance très-réfringente et à contours nets et réguliers. Si le germe tourne vers l'observateur l’un de ses pôles, la striation paraît radiée ; s’il repose sur un point de son équateur, les Stries paraissent sensiblement parallèles entre elles. Je dois faire observer que le volume du noyau augmente tellement que sa Surface se rapproche considérablement de la surface du germe lui-même, et que le corps protoplasmique de la cellule se trouve réduit à une mince couche de substance granuleuse enveloppant le noyau. Il faut done admettre, puisque le volume du germe n’augmente pas en proportion de l'accroissement du noyau, que celui-ci grandit aux dépens de la substance protoplasmique. A cause de cette extrême minceur du corps de la cellule, il semble que le germe lui-même est strié et qu’il est dépourvu de noyau. Bientôt après on voit une modification se produire : il apparaît aux deux pôles du noyau un corpuseule réfrin- 2° SÉRIE, TOME XLII. 4 Mo. Bot. Garden, 1206. : (30) gent (corpuscule polaire), autour duquel s'accumulent des granulations très-fines. Les deux pôles se différencient en un disque polaire granuleux dans lequel vont se perdre par leurs extrémités les fibrilles méridiennes (pl. I, fig. 28, et pl. HI, fig. 2). Si à ce moment on examine un germe reposant sur un de ses pôles et tournant l’autre pôle vers l'observateur, on remarque au centre un disque polaire de forme circulaire, d’où partent des stries rayonnées et sou- vent un peu incurvées, ce qui prouve qu’elles ne suivent pas exactement la direction des lignes méridiennes, mais qu'elles sont un peu obliques. Ces stries aboutissent à des point qui sont les coupes optiques des fibrilles. Cette figure démontre clairement que les fibrilles méridiennes existent exclusivement à la surface du noyau(pl. I, fig. 28, et pl. HI, fig. 3). Les disques polaires s’épaississent; ils deviennent plus réfringents et plus distincts; les fibrilles deviennent moins — neltes „comme si leur substance était attirée vers les pôles. Peut-être les deux zones polaires se forment-elles à la suite de la division et de l’écartement des deux moitiés d'une plaque équatoriale (Kernplatte de Strasburger). Ce- pendant je n'ai jamais vu cette zone équatoriale, pas plus que je n'ai vu les disques polaires occuper une position intermédiaire entre le pôle et l'équateur du noyau en voie de division. Tout au plus ai-je rencontré quelquefois, mais très-rarement des noyaux striés dont les fibrilles étaient — un peu plus épaisses dans le voisinage de l'équateur quê - dans le reste de leur longueur (pl. 1, fig. 28). : Le germe est devenu ellipsoïdal et le noyau a subi la même modification de forme ; les disques polaires se sont _ en quelque sorte condensés en deux petits corps réfrin- | gents de forme discoïde ou ellipsoïde (Pronucleus dérivé) | autour de chacun d'eux s'est accumulée, dans le corps _ (51) protoplasmique toujours fortement granuleux de la cellule, une. substance claire, d'où j'ai vu partir quelquefois des stries radiées (Pronucleus engendré) (pl. I, fig. 28, et pl. HI, fig. 5). A mi-distance, entre les deux corps polaires qui sont les pronuclei dérivés, apparaît suivant tout le plan équa- torial du noyau une plaque granuleuse foncée, un peu plus épaisse au milieu, plus mince vers les bords. C’est la plaque cellulaire (Zellplatte) de Strasburger, dont j'ai démontré l'existence dans les cellules en voie de division de lecto- derme des Mammifères, en traitant par le nitrate d'argent. Un sillon circulaire apparaît à la surface du corps de la cellule suivant la ligne équatoriale ; la plaque cellulaire se divise en deux, et les deux cellules, hémisphériques l’une et l’autre, restent adhérentes par cette partie de leur sur- face qui s’est développée par la division de la Zellplatte. Le pronucleus dérivé s'agrandit en se fondant avec la matière claire qui s’est accumulée autour de lui dans Je corps protoplasmique du germe (Pronucleus engendré); en même temps il devient moins réfringent et son contour devient plus régulier. Le corps protoplasmique de la cellule nouvelle s'étend tout autour du jeune noyau à la suite de la transformation en substance granuleuse de cette partie de l'ancien noyau qui était adjacente au pronucleus; la partie restée claire et striée de l’ancien noyau reste adhérente à la plaque cellulaire. Enfin le jeune noyau grandit en même temps qu'il S'éclaircit de plus en plus; il était d’abord excentriquement Placé dans la cellule fille; il en gagne peu à peu le centre; son contour devient net et régulier et l’on voit apparaître à son milieu un petit nucléole; les derniers vestiges de la — partie claire et striée de l'ancien noyau ont Bon mo division est accomplie. ( 52 ) Pour l'étude des phénomènes de la multiplication des cellules , l’acide acétique m'a donné d'excellents résultats. La même succession de phénomènes se présente dans la division ultérieure des cellules filles. Elle amène la division en quatre cellales. Celles-ci se divisent à leur tour : il en apparaît huit, dont quatre généralement plus petites, quatre autres plus grandes. Ces cellules se divisent ulté- rieurement et donnent naissance à un corps muriforme. Bientôt l'embryon se dessine; il a une forme sphérique et se compose d'un certain nombre de cellules parmi les- quelles il en est quatre qui se font remarquer par leur taille exceptionnelle (pl. IH, fig. 14 et suivantes). Les deux plus grandes deviennent les cellules pariétales de lurne, celles qui donneront naissance à la capsule; mais au préa- lable elles engendrent quatre petites cellules qui devien- nent les corps granuleux. Les deux moyennes vont donner naissance au couvercle de Purne. Les deux cellules situées au-devant des précédentes engendrent les corps réfringents- Les quatre petites cellules qui deviennent les corps gra- nuleux apparaissent tardivement; elles naissent au même moment où se montrent dans deux cellules voisines, les premières traces des corps réfringents. Les petits corps granuleux, d’abord superficiellement placés, refoulent vers l’intérieur les deux grandes cellules pariétales de Purne. Celles-ci rentrent dans l'embryon; elles prennent la forme d’une coquille de noix ; elles Sé moulent par leur concavité sur les petits corps granuleux. Les deux cellules qui donnent naissance au couvercle de lurne sont d’abord intercalées entre les cellules qui pro- duisent les corps réfringents et les cellules qui doivent devenir les corps granuleux. Mais bientôt elles se glissent au-devant de ces derniers de façon à les recouvrir et à les ( 53 ) écarter de la surface de l’embryon. Elles se divisent et subissent peu à peu les transformations que j'ai signalées plus haut en décrivant le couvercle. Les autres cellules embryonnaires deviennent ciliées et donnent naissance au corps ciliaire. L'embryon infusoriforme vient au monde après avoir traversé la paroi de la cellule endodermique et l'ectoderme du corps maternel. Le plus souvent il sort par le pôle oral en écartant les cellules polaires de la première rangée. Mais avant sa naissance, il se meut déjà dans le corps de l'utérus maternel (cellule endodermique); il s'y trouve habituellement logé dans une grande vacuole, dans laquelle il tourne soit autour de son axe antéro-postérieur, soit autour d'un axe transversal, soit autour d’un axe oblique aux précédents. Mais en même temps il se déplace lentement, soit en passant d’une vacuole dans une autre, soit parce que la vacuole dans laquelle il se trouve confiné change elle-même de place. Ce que devient l'embryon infusoriforme après sa sortie du corps maternel, je l'ignore; je me trouve réduit à faire à ce sujet une hypothèse reposant, il est vrai, sur quelques faits observés; mais dont je reconnais moi-même l’insuffi- sance. J'ai dit plus haut que les Dicyema s'altèrent, se désagrégent et périssent dans l’eau de mer. Ceci est vrai non-seulement pour les adultes, mais aussi pour les em- bryons vermiformes. Quant aux embryons infusoriformes, Jen ai conservé parfaitement vivants dans un verre de montre pendant deux, trois, quatre et même cinq jours, Sans qu'ils aient subi, après ce séjour dans Feau de mer, la moindre altération. Comme je wai jamais trouvé dans les reins des Céphalopodes aucune forme de transition entre (54 ) un embryon infusoriforme et un Dicyema, j'en conclus que les Dicyema ne se multiplient, dans les corps spongieux du Céphalopode infesté, que par les embryons vermiformes. Mais comment l'espèce se transporte-t-elle d'un Céphalo- pode à un autre? Puisque les embryons vermiformes ne peuvent vivre dans l'eau de mer, il est clair qu’ils peuvent servir à propager l'infection parasitaire d’un Céphalopode à un autre. Ce ne peut être que par les infusoriformes que cette transmission s'opère. Je pense donc que les embryons infusoriformes quittent les corps spongieux des Céphalo- podes chez lesquels ils sont nés; qu'ils vont à la recherche de jeunes Céphalopodes non encore infestés par les para- sites et qu’ils servent ainsi à propager l’ espèce d’un individu à un autre. Le passage se fait-il directement ou par l'in- termédiaire d'un hôte dans lequel l'embryon infusoriforme accomplirait une partie de son évolution? Est-ce l'embryon lui-même qui se transforme en un jeune Dicyema ou bien est-ce le contenu cilié de l’urne qui constitue le germe des- tiné à reproduire l’espèce? L'embryon infusoriforme se modifie-t-il à la longue dans l’eau de mer et subit-il dans ce milieu des transformations avant d'arriver à l'individu auquel il doit donner le parasite? Ce sont là autant de questions auxquelles je ne puis répondre. Il en est bien d'autres encore que je m'ai pu saii Je ne sais ce qui détermine la différence entre les Néma- togènes et les Infusorigènes. Je ne sais si un individu, après avoir engendré des embryons vermiformes et les avoir tous mis au monde, peut, arrivé à un certain àge, Sè _ modifier et se mettre à produire des Infusoriformes, ou si les Nématogènes sont originairement distincts des Infuso- rigènes. Cette dernière opinion me paraît plus probable. _ Mais s’il en est ainsi, qu'est-ce qui fait que tel embryon | (55 ) vermiforme devient un Nématogène, tel autre un Rhom- ogène ? J'ignore également si la reproduction des Dicyémides se fait exclusivement par voie agame ou si la production des embryons de l’une ou de l’autre forme est précédée d'une fécondation véritable. J'ai observé quelques faits qui me font pencher vers cette dernière alternative. Peut-être la production des Infusoriformes est-elle précédée de la fusion d’une cellule ectodermique avec la cellule endoder- mique de l'embryon vermiforme. Si cette cellule est lélé- ment mâle, la fécondation de la cellule endodermique serait un phénomène du même ordre que la fécondation du sac embryonnaire des phanérogames par le boyau pollinique, avec celte différence que les Dicyémides seraient des hermaphrodites complets. Mais mon opinion, à cet égard, ne repose pas sur des observations assez certaines pour qu'il me soit permis de F'émettre autrement que sous forme d'hypothèse. J'ai voulu me borner dans ce qui précède à l'exposé des faits que je considère comme positivement établis. Résultats principaux de cette étude sur l’organisation et le développement des Dicyémides. 1. Les Dicyémides sont des organismes pluricellulaires, formés exclusivement de cellules utriculaires juxtaposées entre elles, comme le sont les cellules d’un épithélium ou un tissu végétal. Ils sont dépourvus de fibrilles conjonctives, musculaires et nerveuses. Ils ne présentent, en fait de cavités internes, que des vacuoles intracellulaires. 2. Tout Dicyémide se constitue d’une cellule axiale ou endodermique, fusiforme ou cylindroïde, qui s'étend dans (36 ) toute la longueur du corps, et d’une couche de cellules plates appliquées à la manière d’un épithélium pavimen- teux simple à la surface de la cellule axiale. Il n’existe entre la cellule axiale et l’ectoderme aucune trace de feuil- let moyen ni de cavité générale. 5. Les cellules qui forment l'extrémité antérieure du corps constituent la tête des Dicyémides. Elles présentent des caractères particuliers de forme et de composition. Les cellules polaires, au nombre de huit ou de neuf, forment ce que j'ai appelé la coiffe polaire; elles sont disposées en deux rangées concentriques: autour d’un point central, appelé pôle oral du Dicyema. Des cellules dites parapolaires contribuent quelquefois avec les cellules polaires à former le renflement céphalique. Les Dicyémides sont des orga- nismes à symétrie bilatérale. Cette symétrie est bien accusée dans la tête de toutes espèces et surtout chez les embryons infusoriformes. 4. L’ectoderme est formé de cellules plates, mais non planes; elles forment des gouttières appliquées par leur concavité sur la cellule axiale. Dans ces cellules apparais- sent des globules réfringents qui, en s'accumulant en cer- tains points, y produisent des bosses qu’on appelle des ver- rues. ; 5. La cellule endodermique est constituée comme une cellule végétale, une cellule endodermique d’Hydromédu- saire ou le corps d’une Noctiluque. Elle est traversée par un réseau protoplasmique, dont les mailles sont remplies d'un liquide hyalin d'apparence gélatineuse. 6. C'est dans la cellule endodermique que se forment les germes et que se développent les embryons. 7. Chaque espèce de Dicyémide comprend deux sortes d'individus : les Nématogènes et les Rhombogènes. Ils se (37) distinguent entre eux par leurs caractères extérieurs, leur organisation, les caractères des germes qu'ils produisent, le mode de formation de ces germes, le mode de dévelop- pement et la constitution des embryons. Les Nématogènes produisent des embryons vermiformes; les Rhombogènes des embryons infusoriformes. 8. Les germes des Nématogènes naissent par voie endo- gène dans les filaments protoplasmiques de la cellule axiale. A la suite d'un véritable fractionnement qui s’accomplit avec une régularité mathématique, apparaît une Gastrula qui se forme par épibolie et dont l’endoderme se constitue d'une cellule unique. A la suite d'une multiplication des cellules de l'ectoderme, de la fermeture du blastopore, de l'allongement du corpset de l'apparition de deux germes dans la cellule axiale, la Gastrula se transforme en un embryon vermiforme. Celui-ci vient au monde en traversant les parois du corps maternel. Sa transformation en un Dicyema adulte résulte de l'accroissement progressif des cellules qui le constituent. Après la naissance il ne se forme plus une seule cellule nouvelle. Le nombre des cellules du corps est de vingt-six chez les Nématogènes du Dicyema typus et du Dicyemina Küllikeriana. Un Dicyémide est une Gas- trula permanente dont l'endoderme est constitué par une seule cellule. 9. Les germes des Rhombogènes se forment par voie endogène dans des cellules spéciales logées dans la cellule axiale. Ces cellules génératrices ont été appelées germi- gènes. Il n'existe qu’un petit nombre de germigènes dans la cellule axiale d'un Rhombogène. Chaque germigène Produit un certain nombre de générations de germes. Ces germes sont caractérisés par leurs dimensions, leur aspect granuleux et le volume de leur noyau. A la suite d’un véri- ( 58 ) table fractionnement, il se forme aux dépens de chaque — germe une petite sphère composée d’un certain nombre de cellules, les unes plus grandes, les autres plus petites. Ces petites sphères deviennent les embryons infusoriformes. 10. L'embryon infusoriforme se constitue de trois par- ties : une urne, un corps ciliaire et deux corps réfringents accolés l’un à l’autre de façon à former un organe unique. Cet embryon a une symétrie bilatérale. L'urne, située du côté du ventre, se constitue d’une capsule, d’un couvercle et d’un contenu. Celui-ci est formé de quatre corps granu- leux renfermant chacun plusieurs noyaux de cellules; ces corps deviennent ciliés quand ils ont atteint leur complet développement. Les corps réfringents, au nombre de deux, naissent dans deux cellules adjacentes. Ils recouvrent par- tiellement l'urne en avant et forment la plus grande partie de la face dorsale de l'embryon. Le corps ciliaire constitue la partie caudale de l'embryon pyriforme; il est formé d’un certain nombre de cellules ciliées. 11. L'embryon vermiforme est destiné à se développer chez le Céphalopode où il a pris naissance. L'embryon infusoriforme a probablement pour fonction la dissémina- tion de l'espèce; il est chargé de transmettre le parasite d'un Céphalopode à un autre. CHAPITRE I. AFFINITÉS DES DICYÉMIDES. L'un des principaux progrès réalisés dans ces dernières années, en ce qui concerne l'édification de l'arbre généa- logique du règne animal ou, ce qui revient au même, la détermination de la valeur morphologique relative des (39 ) organismes, c'est l'établissement des deux embranche- ments primordiaux, celui des Protozoaires et celui des Métazoaires. La notion du Protozoaire est aujourd'hui clai- rement définie. Au point de vae morphologique, le Proto- zoaire est un organisme cytodique ou monocellulaire dont le développement, quelle que soit la constitution de adulte, consiste exclusivement dans la différenciation progressive d’un cytode ou d’une cellule. Le plasson ou le protoplasme peuvent se décomposer en une cuticule, une couche musculaire, un ectosarc et un endosarc; ils peuvent donner naissance à un squelette externe ou à un squelette interne; ce squelette peut être formé de substances orga- niques, de corps étrangers, de sels calcaires ou de silice; la cuticule peut présenter en un point une solution de continuité faisant fonction de bouche, ou s’invaginer de façon à former un tube digestif. Certaines parties du corps peuvent avoir une valeur physiologique toute particulière; l'extrémité antérieure peut être différenciée de façon à constituer une tête; cette tête peut même être pourvue d'un rostellum épineux , c'est le cas, par exemple, chez certaines Grégarines; organisme peut se mouvoir au moyen de pseudopodes, de cils vibratiles ou de fibrilles musculaires; il peut se mouvoir librement ou se fixer au moyen d'un pédicule à structure complexe; mais toujours tous les organes, quelles que soient leur forme, leur com- position et leur fonction, sont des parties différenciées d’un même corps cytodique ou monocellulaire. En ce qui concerne le noyau, quatre cas peuvent se pré- senter : le Protozoaire peut être dépourvu de tout élément nucléaire; le plus souvent, il possède un noyau unique; quelquefois plusieurs noyaux sont disséminés cà et là dans le protoplasme; enfin (c’est le cas chez l'an man | (60) des Infusoires, sinon chez tous), il existe, à côté d’un élément quon nomme noyau, un corps appelé nucléole. Ces deux éléments ont été désignés par Huxley sous les noms d'endoplaste et d’endoplastule. Comme au point de vue de la détermination de la valeur morphologique de l’organisme, la question des noyaux présente une impor- tance toute particulière, je crois indispensable de montrer que les différences que l’on a constatées en ce qui con- cerne les noyaux, entre les Protozaires, n’infirme nulle- ment la définition morphologique que j'ai donnée des organismes de cet embranchement. Les considérations qui suivent établissent que tous les Protozaires sont ou bien des cytodes ou bien des êtres monocellulaires; et que, parmi ces derniers, les uns ont un noyau simple, les autres un noyau fragmenté en plusieurs parties équivalentes, d'au- tres encore des pronuclei homologues aux deux pronuclei de l'œuf fécondé. J. A la tète des Protozoaires cytodiques se placent les Monères de Haeckel. Peut-être les Radiolaires sont-ils, eux aussi, des organismes cytodiques. Il est, en effet, très-probable que les cellules jaunes sont des algues mono- cellulaires qui vivent en parasites chez les Radiolaires, comme les Acinètes chez les Iufusoires ciliés. Telle est au moins la conclusion probable à laquelle ont conduit les belles recherches de Cienkowski. La démonstration faite par Haeckel de la présence de l'amidon dans ces cellules, semble venir singulièrement à l'appui de l'opinion du_ savant naturaliste russe. Il est vrai, Haeckel a signalé la présence de noyaux de cellules et même de cellules en- tières, tant dans le sarcode extracapsulaire que dans le protoplasme intracapsulaire de quelques Radiolaires. Mais (61 ) la nature nucléaire des éléments que Haeckel appelle des noyaux de cellules ne me paraît rien moins que prouvée. Je ne vois pas du tout, par exemple, ce qui démontre la nature nucléaire de ces bâtonnets étroits, effilés à leurs extrémités, ou de ces corps aplatis, convexes d’un côté, concaves de lautre, qui se trouvent à la surface des alvéoles intracapsulaires chez les Thalassolampe et les Physematium. Je ne crois pas davantage, si j'en juge par les données publiées par Haeckel, les seules que nous pos- sédions aujourd'hui, que les alvéoles extracapsulaires des Thalassicolla zanglea soient des cellules. Et en ce qui concerne les soi-disant cellules pigmentaires de la capsule Centrale des Acanthométrides et des Ommatides, Haeckel nous dit que l’on trouve chez les Radiolaires toutes les transitions possibles entre de simples granules pigmen- taires, des vésicules et des cellules colorées. J'avoue ne Pas Comprendre ce que peut être la transition entre un granule et une cellule pigmentaire. Et fùt-il même démon- tré que ces éléments ont véritablement la signification morphologique que leur attribue Haeckel, il y aurait encore lieu de se demander alors si ces cellules ne sont pas homologues des cellules jaunes des autres Radiolaires, si elles ne sont pas des organismes parasites. La capsule centrale des Radiolaires n’est qu'une partie enkystée du corps sarcodique, et l'enkystement est préalable à la pro- duction des Zoospores. Chez les Monères tout le corps Cytodiqne s’enkyste pour produire des Zoospores; chez les Radiolaires, une partie seulement du plasson sert à la for: mation de la capsule génératrice qui apparaît de bonne heure : elle constitue un organe du corps de ces orga- nismes, tandis que chez les Monères le kyste paraît être une phase de l'évolution. Si telle est la signification de la (62) capsule centrale des Radiolaires, on conçoil très-bien que chez certaines formes, le kyste envahisse tout le corps sarcodique et que l’on trouve alors des cellules jaunes à l'intérieur de la capsule. Ce qui semble confirmer cette manière de voir, c'est l'absence de cellules jaunes propre- went dites chez les Acanthométrides et, en outre, la réduc- tion considérable que subit chez les Radiolaires le sarcode extracapsulaire ; il ne reste pour ainsi dire en dehors de la capsule centrale que quelques pseudopodes. Si Fon se rappelle, en outre, que les Zoospores des Radiolaires sont dépourvues de tout noyau de cellule comme celles des Monères (Cienkowski), que, d’un autre côté, les soi-disant cellules ou noyaux signalés chez les Radio- laires sont classés parmi les éléments accidentels du sarcode et qu’ils ne sont nullement caractéristiques du type Radio- laire, il paraît, tout au moins fort probable, que les Radiolaires sont des Protozoaires cytodiques issus des Monères, comme les Héliozoaires sont des Protozoaires monocellulaires dérivés des Rhizopodes nus et amorphes. Mais je suis loin de considérer cette opinion comme défi- nitivement établie : nos connaissances histologiques et embryogéniques sur les Radiolaires sont encore trop incom- plètes pour que l’on puisse, dès aujourd’hui, assigner aux Radiolaires leur place définitive. Peut-être reconnaitra- t-on un jour, par l'emploi des méthodes histologiques nou- velles, comme Hertwig vient de le faire pour les Forami- nifères, qu’il existe chez les Radiolaires un grand nombre de noyaux cellulaires. Mais quels que soient les résultats que l'avenir nous réserve sur cette question, il est démon- tré dès aujourd'hui que les Radiolaires se distinguent de tous les Métazoaires par l'absence de tout tissu cellulaire et par ce fait que le développement consiste dans l'ac- (65 ) croissement progressif et la différenciation secondaire du corps sarcodique d’une Zoospore. Leur place parmi les Protozoaires ne peut être douteuse. U. La plupart des Protozoaires ont un noyau de cellule unique. C’est le cas pour l'immense majorité des Rhizo- podes nus, des Monothalames, des Héliozoaires, des Gré- garines, des Flagellés, y compris les Noctiluques, des Cilio-Flagellés et des Acinètes. HI. Certains Protozoaires, dont les affinités ne sont ni discutées, ni même discutables, se distinguent des précé- dents en ce que leur corps protoplasmique tient en suspen- sion deux ou plusieurs noyaux de cellules. Tels sont les Opalines parmi les Infusoires; le Leptophrys cinerea parmi les Rhizopodes amorphes; l’Actinosphærium. Eichhorni Parmi les Héliozoaires ; les Arcella et les Gromia parmi les Monothalames; la plupart sinon tous les Foraminifères. Il résulte des belles observations récemment publiées par Engelmann, que chez les jeunes Opalines le noyau est unique et que le nombre des corps nucléaires augmente avec l'âge. Rich. Hertwich vient de démontrer le même fait en ce qui concerne les Foraminifères, en même temps qu'il a établi d'une manière positive les affinités entre ces orga- msmes et les Monothalames. Il propose de les réunir en un seul groupe sous le nom de « Thalamophores » et de Conserver pour leur subdivision le principe proposé par Carpenter. D’après les caractères du squelette, les Thala- mophores sont répartis en deux groupes : celui des Per- forés et celui des Imperforés. ee ~ Mais ici se présente ùne question capitale : l'existence (64) de plusieurs noyaux dans un corps protoplasmique n’im- plique-t-elle pas la pluricellularité? Un Protozoaire poly- nucléé représente-t-il une individualité cellulaire unique, ou est-il un composé de plusieurs cellules distinctes par leurs noyaux mais fondues entre elles par leur corps pro- toplasmique? Les dernières recherches sur la multiplication des cellules par division permettent, ce me semble, de résoudre cette question. Depuis que Max Schultze a fondé sa théorie du proto- plasme, plas ou moins explicitement acceptée par tous les naturalistes, on a cherché à expliquer tous les phéno- mènes vitaus par les propriétés du protoplasme, et l'on a attribué au noyau de la cellule un rôle tout à fait secon- daire dans la vie de l'organisme élémentaire. Les change- ments de forme des cellules, leurs mouvements, leur division ont été expliqués par la contractilité du proto- plasme que Max Schultze définissait comme étant « la cause des mouvements organiques, ne dépendant pas exclusi- vement de l’élasticité et existant seulement pendant la vie. » Il faut bien le reconnaître, c'était là se payer de mots; la contractilité, pour servir à Fexplication des phéno- mènes de la vie, aurait dû être elle-même expliquée et ramenée aux forces physiques. Quoi qu'il en soit, on amettait que la division cellulaire est une fragmentation du corps protoplasmique, précédée par la fragmentation préalable du noyau. L'un et l'autre phénomène trouvaient leur explication dans la mise en jeu de certaines forces ayant leur siége dans le proto- plasme et se manifestant par la contractilité. La division d'une cellule s’accomplirait en deux phases : elle débuterait par la division du noyau et se terminerait par la division du corps protoplasmique. Dans cette manière de voir, une ( 65 ) cellule à deux noyaux est une cellule en partie divisée; elle n’est plus une individualité simple; elle peut être con- sidérée avec tout autant de raison comme une réunion de deux individualités incomplétement séparées. Une cellule à plusieurs noyaux est un agrégat de cellules distinctes par leurs noyaux et confondues entre elles par leur corps protoplasmique. La division cellulaire serait une fragmen- tation de la substance ne différant de la division d'une goutte liquide en deux gouttelettes que par cette seule circonstance que, dans le premier cas, la séparation se fait toujours en vertu de causes internes, de forces ayant leur siége dans la substance même, tandis que, dans le second cas, la fragmentation ne s'opère qu'en vertu de causes externes, ayant leur siége en dehors de la substance. Les recherches récentes de Auerbach, de Bütschli, de Strasburger, de Hertwich et celles que j'ai moi-même publiées, ont établi que la division d’une cellule, c'est-à- dire la multiplication de lindividualité eelinlaire est le résultat d'une longue série de phénomènes complexes, S'accomplissant dans un ordre déterminé et ayant leur siége tant dans le corps nucléaire que dans la substance de la cellule. Elle est le dernier événement d'une action com- plexe qui se joue en plusieurs actes, le dénoûment d’une série de scènes qui s'enchaînent et se succèdent avec néces- sité, La cause des phénomènes nous est inconnue; nous ne Savons rien quant à la nature des forces qui agissent ; mais nous constatons qu’à certain moment il apparaît dans le noyau deux centres d'action, deux pôles qui se repoussent lun l'autre et qui agissent par attraction sur la substance nucléaire d'un côté, sur la substance protoplasmique du Corps cellulaire de l'autre. Ces centres apparaissent dans le noyau, à la suite de la disparition des nucléoles et dele 2% SÉRIE, TOME XLII. $ ( 66 ) dissolution de la membrane nucléaire; ils se manifestent par la déformation du noyau qui devient ellipsoïdal , puis fusiforme, doliforme ou rubané; par la formation d’une plaque équatoriale qui bientôt se divise en deux disques; ceux-ci s'écartent l’un de l’autre et gagnent les pôles du noyau déformé; ils restent unis l’un à l’autre par des fila- ments nucléaires; puis, à mi-distance entre les deux pôles apparaît une nouvelle plaque équatoriale, formée cette fois de substance unissante. Les disques polaires contribuent à la formation des noyaux des cellules filles; et tandis que la substance qui les sépare se confond peu à peu avec le protoplasme, les jeunes noyaux s’agrandissent aux dépens d’une matière claire soustraite au corps cellulaire. Pendant que ces modifications s’accomplissent dans le noyau, des changements concomitants s'opèrent dans le protoplasme de la cellule mère; ils se manifestent au début par des mouvements amceboïdes ; plus tard par des formes déter- minées qu’affecte successivement le corps de la cellule; un groupement radié des molécules autour des pôles nu- cléaires; des changements chimiques s'accomplissant dans le corps de la cellule et se manifestant, non-seulement par l'aspect particulier de la substance cellulaire, mais aussi par la manière toute spéciale dont le protoplasme se com- porte alors vis-à-vis des matières colorantes, le carmin et Phématoxyline; enfin l'accumulation autour des pôles d'une matière claire et homogène absolument dépourvue de granulations et qui contribue directement à la produc- tion du nouveau noyau. Tous ces phénomènes s’accomplis- sent dans un ordre déterminé et toujours identique à lui- même; à chaque modification du noyau correspond une modification dans le corps protoplasmique de la cellule. La multiplication du noyau et celle de la cellule elle- (67) même sont la conséquence nécessaire de la succession des phénomènes qui s’accomplissent les uns dans le noyau, les autres dans le protoplasme. Si maintenant on considère que les phénomènes préa- lables à la division de la cellule s'accomplissent essentielle- ment de la même manière dans le règne végétal et dans le règne animal, qu’ils sont identiques, soit qu’on les étudie chez les Spirogyres, les Gymnospermes, les Monocotylé- dones ou les Dicotylédones, soit qu'on les observe dans l'œuf des Vers ou des Échinodermes, dans les germes des Dicyémides ou dans les cellules de la vésicule blastoder- mique du Lapin, Fon ne pourra guère douter que ces phénomènes ne soient caractéristiques de la division de la cellule et qu’ils ne se produisent chaque fois qu’une cellule se multiplie par division. Dès lors la multiplication de l'individualité cellulaire ne consiste plus dans une simple fragmentation; la forma- Uon des noyaux de deux cellules filles aux dépens du noyau d'une cellule mère est tout autre chose que la fragmenta- tion pure et simple de la substance du noyau primitif. Nous devons faire une distinction essentielle entre une division nucléaire préalable à la multiplication de l'individualité cellulaire et la fragmentation d'un noyau. ` On trouve fréquemment deux noyaux dans une même cellule chez les organismes supérieurs, tant dans les tis- Sus normaux que dans certains tissus pathologiques. On observe fréquemment cette particularité dans les cellules biliaires, les cellules endothéliales de la membrané de Demours, les cellules épithéliales cylindroïdes ou conoïdes des voies digestives, les grandes cellules plates qui déli- mitent les épithéliums des organes urinaires; les cellules épithélialesdes tubes ovariens de beaucoup d'insectes (Nepa ( 68 ) cinerea). Souvent aussi on trouve deux noyaux dans des cellules de cartilage, dans les globules blancs du sang, dans les cellules ganglionnaires du grand sympathique du Lapin, dans les cellules de l'organe de Corti chez l'Homme; l'existence d'un grand nombre de noyaux est caractéris- tique de ces éléments anatomiques de la moelle des os, que Robin a désignés sous le nom de Myéloplaxes. J'ai trouvé quelquefois deux noyaux dans les cellules épithé- liales plates de l’ectoderme du Lapin. Mais j'ai pu en même temps me convaincre de ce fait, que dans ces cellules les noyaux exécutent des mouvements amæboïdes, affectent toutes sortes de formes, deviennent des croissants ou des biscuits, peuvent s'étrangler au milieu et même , si le pont de substance qui relie entre eux les deux renflements ter- minaux du biscuit ou du sablier devient très-grêle, se fragmenter en deux parties. Ces diverses formes ont été souvent observées et consi- dérées comme les phases successives d'une division de noyaux préalable à la multiplication cellulaire. Dans la membrane blastodermique du Lapin où j'ai étudié la division des cellules, il est facile de reconnaître que celte fragmentation possible et en quelque sorte acci- dentelle de certains noyaux n’entraine nullement la divi- sion de la cellule; elle est essentiellement différente d'une division de noyau préalable à la division de la cellule; ici il est de la dernière évidence qu'il faut distinguer entre division et fragmentation. La fragmentation est un phénomène de même nature et de même importance que le changement de forme des noyaux. L'existence de plu- sieurs fragments nucléaires dans un même corps proto- plasmique n’a donc aucune importance au point de vue de l'individaalité de ces cellules. Une cellule à plusieurs ( 69 ) noyaux est une individualité unique au même titre qu'une cellule dont le noyau affecte la forme d’un croissant ou d'un biscuit. Les cellules du foie, des épithéliums, du cartilage ou les cellules nerveuses à deux noyaux sont à mes yeux des cellules pourvues de plusieurs fragments nucléaires. Je crois qu'il faut considérer de la même manière comme individualités cellulaires simples les Pro- tozoaires à noyaux multiples tels que les Opalines, les Leptophrys, les Actinosphærium , les Gromies et les Fora- mifères. Je citerai à l'appui de ma manière de voir un fait impor- tant observé par A. Schneider : celui de la fusion, s’accom- plissant pendant l'hiver, en un nucleus unique des noyaux multiples primitivement disséminés dans le corps sarco- dique des Actinosphærium Eichhornüi. D’après la manière de voir que je viens de développer, l'existence d’un noyau ou de plusieurs fragments nucléaires dans le sarcode ou le protoplasme n’a guère de valeur, ni au point de vue morphologique, ni au point de vue systé- matique. Aussi voyons-nous des Protozaires appartenant incontestablement au même type et au même groupe naturel être les uns uninucléés , les autre polynucléés. 4 Les Infusoires ciliés, tout au moins les Holotriches, les Hypotriches et les Hétérotriches, peut-être aussi les Péritriches, ont deux éléments nucléaires; l'un , plus volu- mineux, est appelé le nucleus (endoplaste de Huxley); Pautre, beaucoup plus petit, est appelé le nucléole (endo- plastule) Ces éléments sont ou bien simples et uniques, ou bien multiples; dans ce dernier cas les divers noyaux et les divers nucléoles se forment par fragmentation a aux dépens d'un noyau et d'un nucléole primitifs. Ona (70) coup discuté sur la question de savoir quelle est la valeur morphologique de ces éléments. Balbiani a considéré le noyau comme un ovaire, capable de produire des œufs véritables; le nucléole est pour lui un testicule ,engendrant des capsules séminales. Mais les belles recherches de Engel- mann ont démontré que la conjugaison des Infusoires n’est jamais suivie d'une reproduction par œufs (Balbiani), par globes embryonnaires (Stein) ou par n'importe quelle autre espèce de germes. Elle amène seulement un état parti- culier de développement des individus conjugués que l’on peut appeler une régénération ou un rajeunissement. Le noyau ne joue donc jamais le rôle d'un germe ou organe formateur de germes, pas plus au point de vue physiolo- gique qu'au point de vue morphologique ; le noyau n'est comparable ni à un germigène, ni à un ovaire, ni à un œuf. « Hiermit, ajoute Engelmann, fällt der letzte, nicht unbegründete Einwurf, den man bei dem bisherigen Stande unserer Kenntnisse noch gegen die Lehre von der Homologie des Infusorienkörpers mit einer Zelle erheben konnte. Denn offenbar ist nun kein einziger nennenswer- ther Grund mehr vorhanden den Nucleus der Infusorien nicht für das Homologon des Zellkerns zu halten (1). » Engelmann remarque judicieusement qu'il ne s'ensuit nullement que, dans tous les cas, le noyau des Infusoires est morphologiquement ou physiologiquement homologue à un noyau de cellule. Il n'en est jamais ainsi quand à côté du noyau se trouve un nucléole. Engelmann admet que, dans tous ces cas, nucléole et noyau se sont formés aux dépens d’un noyau primitif, par voie de différenciation (1) Ueber Entw. und Fortpf. von Infusorien. MonPaoLociScuEs JAAR- guca, Ite Bd, p. 629. ; (7) sexuelle. Le nucléole est la partie mâle du noyau primitif; le noyau en est la partie femelle. Pendant la conjugaison s'opère entre deux individus l'échange des produits mâles; de sorte que la conjugaison est une véritable copulation et ces Infusoires sont réellement des hermaphrodites incomplets. Mais tandis que certains Infusoires, tels que les Euplotes, les Stylonichia, les Paramæcium sont des herma- Phrodites permanents, d'autres sont des hermaphrodites temporaires; tels sont les Stentor, les Spirostomum , les Trachelius. Les nucléoles qui habituellement manquent, apparaissent chez ces derniers au moment de la conjugai- son; ils se forment alors aux dépens des noyaux; c'est du moins ce qu'affirme Balbiani (1). Chez d'autres il y a effectivement séparation des sexes ou gonochorisme : c'est probablement le cas chez tous les Vorticelliens : les Microgonidies sont des individus mâles et leur noyau est homologue au nucléole des autres Infu- soires; les Macrogonidies sont des femelles dont le noyau a la même valeur morphologique que le nucleus des Infu- soires hermaphrodites. On peut donc dire, d’une manière générale, que chez les Infusoires, soit après la conjugaison , véritable copulation pendant laquelle se fait l'échange des nucléoles, soit après la fusion d'une Microgonidie avec un Macrogonidie, nucléole et noyau se fragmentent et puis se confondent en un corps nucléaire que l’on appelle placenta. C'est ce Corps qui est homologue à un noyau de cellule ordinaire. Ces idées émises par Engelmann trouvent une confir- mation complète dans les récentes recherches qui ont été (1) Barens, pl. IX, fig. 18bb. (72) faites sur la formation du premier noyau embryonnaire chez les organismes supérieurs , recherches qui n’avaient pas été publiées quand Engelmann a rédigé les conclusions que je viens de résumer; elles n’ont done pu avoir aucune influence sur l'esprit de cet éminent naturaliste. D'un autre côté, elles ont été faites sans l’idée préconçue de trouver, chez certaines cellules des organismes supérieurs, des éléments homologues au noyau et au nucléole des Infusoires. Les rapprochements que je crois pouvoir établir en acquièrent une valeur qu’on ne peut méconnaître. Auerbach et Bütschli avaient établi que, peu de temps après la fécondation, il apparait dans l’œuf des vers Néma- todes et dans celui de certains mollusques deux ou plu- sieurs noyaux clairs qui se dirigent vers un même point pour se fusionner entre eux de façon à former un noyau unique. Quand je fis l'étude des premiers phénomènes du développement embryonnaire chez le Lapin, je fus frappé par la présence dans chaque œuf, longtemps avant le pre- mier fractionnement, de deux éléments nucléaires forts différents lun de l’autre; je reconnus que l’un se forme dans la couche corticale de l'œuf, environ douze heures après la copulation, tandis que l’autre apparaît, à peu près en même temps, au centre de la masse médullaire. Ce der- nier est même quelquefois multiple au début. L'élément cortical que j'ai appelé pronucleus périphérique se porte vers le pronucleus central; le premier conserve sa forme sphérique, tandis que le second, beaucoup plus volumineux et toujours irrégulier, se moule sur lui et présente, vu à la coupe, la forme d'un croissant. C'est vingt-deux heures environ après le coït que les deux pronuclei se fondent en un noyau unique que j'ai appelé le premier noyau em- bryonnaire; de ce premier élément nucléaire dérivent, au (75) moins partiellement, les noyaux de toutes les cellules de l'embryon et même ceux de l'adulte. Le premier noyau est donc le résultat d’une conjugaison entre deux élé- ments nucléaires; l’un, périphérique, qui se forme proba- blement aux dépens de la substance spermatique; l'autre, central, qui est un produit de l’œuf, un élément femelle. Au moment où je faisais connaître les résultats de mes recherches, O. Hertwig publiait ses études sur le dévelop- pement d’un Oursin, le Toxopneustes lividus. Il est arrivé, en ce qui concerne la formation du premier noyau em- bryonnaire, à des conclusions tout à fait analogues aux miennes. Son Fürchungskern (mon premier noyau em- _bryonnaire est le produit de la conjugaison d’un Eikern (Pronucleus central) et d’un Spermakern (Pronucleus périphique). ll existe donc, dans le cours de l’évolution des Méta- zoaires, une phase durant laquelle organisme monocellu- laire est pourvu de deux éléments nucléaires, l’un mâle, l'autre femelle, et le noyau de la première cellule de l’em- bryon se forme par la conjugaison de ces deux pronuclei. Je considère les Infusoires hermaphrodites comme repré- sentant à l’état permanent la phase transitoire de l'évolu- tion des Métazoaires durant laquelle la plastide est pour- vue de deux pronuclei. Le nucléole des Infüsoires ciliés est homologue au pronucleus périphérique; le noyau au pro- nucleus central de l'œuf récemment fécondé d'un Méta- zoaire. La Conjugaison des Infusoires est suivie de la formation Tun corps nucléaire unique, résultant de la fusion du nucléole et du noyau; ce corps nucléaire, quelquefois nommé placenta, est homologue au premier noyau em- bryonnaire et, par conséquent, de tout noyau de cellule. (74) Il serait de la plus haute importance d'étudier le mode de formation du nucléole et du noyau chez les Infusoires : le noyau de cellule est-il primordial et le nucléole aussi bien que le nucleus se développent-ils par différenciation aux dépens de ce noyau primordial, comme le pense Engelmann; ou bien l’origine de ces deux éléments est-elle distincte, le nucléole dérivant de l’ectosare, le noyau de l’endosare, et la formation du noyau est-elle con- sécutive ? Les observations sont trop incomplètes pour qu’on puisse rien affirmer à cet égard; mais cette dernière ma- nière de voir me paraît la plus probable; je crois qu’entre le cytode dépourvu de tout élément nucléaire et la cellule caractérisée par un noyau se place dans la série évolutive, tant au point phylogénique qu’au point de vue ontogénique et morphologique, la plastide à deux pronuclei que je propose de désigner sous le nom de Gonocyte. La phase de Gonocyte peut être transitoire dans l'évolution des Pro- tozoaires monocellulaires ou même être sautée par suite de la condensation des phases successives du développement typique; elle s’est conservée chez les Infusoires ciliés qui durant la plus grande partie de leur existence restent gono- cytes et tout exceptionnellement deviennent cellulaires; c'est ce qui a lieu au moment de la formation du placenta. Les trois phases de l’évolution de l'organisme élémen- taire seraient donc le Cytode, le Gonocyte, la Cellule. A ces trois stades morphologiques correspondraient dans la série systématique les Monères, les Infusoires, les Protozoaires monocellulaires; dans l’évolution ontogénique la Monerula (œuf au moment de la fécondation), la Gonocytula (œuf à deux pronuclei); la cellule (œuf pourvu de son premier noyau embryonnaire). j ( 75) Il résulte de ce qui précède que les Protozoaires à deux pronuclei, aussi bien que les Protozoaires à plusieurs noyaux, sont des organismes monocellulaires. Dans mon Opinion on peut, dans l’état actuel de nos connaissances Sur ces organismes, adopter la classification suivante des Protozoaires : Acinètes. Infusoires. | Cilifères . .-. . | | Cilioflagellés. | t | | Flagellifères . . | | 5 | Apodes. . | | Rhizopodaires. Noctilucides. Flagellés. Grégarinides. imperforés. perforés. Héliozoaires. Rhizopodes amorphes. | Radiolaires. Monères. { Thalamophores. } i prodiges: eee L'embranchement des Métazoaires comprend les Zoo- phytes, les Vers, les Échinodermes, les Arthropodes, les Mollusques et les Vertébrés. Il se caractérise essentielle- ment: 1° en ce que tous les Métazoaires sont pluricellu- laires; 2 en ce qu'ils possèdent des tissus différenciés, tant au point de vue morphologique qu'au point de vue phy- Siologique; 3° en ce qu’il existe chez tous trois feuillets embryonnaires, un ectoderme, un mésoderme et un endo- derme. Tantôt ces feuillets persistent, pendant toute la durée de la vie, sous forme de lames adjacentes (Zoophytes, Platodes), d'autres fois ils donnent naissance à la suite de la différenciation de certaines parties et de l'apparition d'un Cœlôme, quelquefois aussi d'autres cavités vasculaires, à des appareils formés soit aux dépens de l'un des feuillets ( 76 ) exclusivement, soit aux dépens de deux feuillets à la fois; 4° le feuillet moyen, aux dépens duquel se développent les cavités sanguines, les éléments du sang, les éléments con- jonctifs, quelle que soit leur forme (y compris le squelette interne), les muscles et probablement aussi les nerfs, le feuillet moyen est toujours secondaire. Il dérive de Pun seulement ou des deux feuillets primordiaux : l’ectoderme et l’endoderme. Haeckel a donné à la forme embryonnaire caractérisée par l'existence de ces deux feuillets cellulaires, née par voie d'invagination aux dépens d’nne vésicule pri- mitive, le nom de Gastrula; 5° la première forme embryon- paire , caractérisée par l'existence de ces deux sortes de cellules, réunies entre elles de facon à former deux feuillets adjacents, se développe par suite de la multiplication de la cellule œuf et la séparation progressive des substances de Poeuf en deux couches : l’ectoderme et l'endoderme. En ce qui concerne le troisième caractère, je rappellerai que les belles recherches de F.-E. Schulze ont démontré que les Spongiaires, aussi bien que les autres Zoophytes, possèdent un feuillet moyen. C’est Ini qui constitue la plus grande partie du corps de l'éponge; c'est lui qui produit le squelette ; c’est lui que l’on considérait généralement comme ectoderme, parce que l’on ignorait que le corps de l'éponge est délimité extrêmement par une couche spéciale de cellules épithéliales plates. Le mésoderme atteint souvent un énorme développe- ment chez les Cœlentérés proprement dits : la plus grande partie des tissus des Anthozoaires, la substance gélatineuse du disque des Méduses, sont constitués par le mésoderme. Chez les Hydromédusaires le mésoderme est souvent très- mince; il se réduit chez l’Hydre à une simple lamelle (E) homogène sur la face externe de laquelle s'appliquent des fibrilles musculaires; mais jamais ce feuillet ne fait défaut. L'existence du mésoderme chez tous les autres Métazoaires est si évidente qu’il est inutile d'insister. n ne peut encore rien affirmer de général en ce qui concerne l’origine du mésoderme : les observations rela- tives au mode de formation de ce feuillet somt encore très-incomplètes et si peu concordantes qu’il est impossible de résoudre actuellement la question. On sait seulement que ce feuillet n'est jamais primordial, mais qu'il se déve- loppe aux dépens de l’un des deux feuillets primitifs ou aux dépens des deux à la fois. Quel rang faut-il assigner aux Dicyémides ? Leur organisation et leur développement les éloignent à première vue de tous les Protozoaires. Ils en diffèrent essentiellement en ce qu’ils sont pluricellulaires et qu'ils se développent à la suite d’une multiplication par division d'une cellule primitive. Sont-ils des Métazoaires ? La définition que j'ai donnée plus haut des caractères Communs à tous les Métazoaires, permet de répondre catégoriquement à cette question. Les Dicyémides n’ont aucune trace de feuillet moyen; et pour les faire rentrer dans cet embranchement il faudrait modifier la définition du Métazoaire. Si même, faisant abstraction de ce carac- tère, on recherche s'il existe parmi les Métazoaires un groupe qui, soit à raison de son organisation, soit par son développement, présente quelques affinités avec les Dicyé- mides, on arrive à une conclusion négative. Se fondant sur des considérations diverses, Kölliker, von Siebold, G. Wa- _ (78 ) gener et Ray Lankester ont exprimé l'opinion que les Dicyé- mides sont des Vers. Mais il n'existe dans l’embranchement hétérogène des Vers aucun type dont l'organisation ait quelque analogie avec celle de nos parasites. Et à moins de soutenir que tout organisme qui n’est ni un Protozoaire, ni un Zoophyte, ni un Échinoderme, ni un Arthropode, ni un Mollusque, ni un Vertébré, est nécessairement un Ver, on devra reconnaître qu'il n'y a aucune raison de rattacher les Dicyémides aux Vers plutôt qu’aux Polypes. L'organisation des Dicyema est beaucoup plus simple que celle de tous les Métazoaires connus: ils sont formés d’un fort petit nombre de cellules accolées entre elles et vivant ensemble pour former une individualité de second ordre. Ils ne possèdent aucun organe différencié ni aucune cavité interne. De ce chef, les Dicyémides sont inférieurs aux Métazoaires. Leur pluricellularité les élève au-dessus de tous les Protozoaires; il convient, ce me semble, de leur donner une place intermédiaire et de créer pour eux un embranchement des mÉsozoaines. Nous sommes conduits à la même conclusion si nous prenons en considération le développement de l'embryon vermiforme des Dicyémides. A un moment donné de son évolution ontogénique, le Dicyémide est une véritable Gastrula, formée par épibolie, chez laquelle l’endoderme est représenté par une cellule unique. L'organisme com- plétement développé n'est que cette même Gastrula agrandie, chez laquelle le blastopore s'est fermé. J'ai montré que chez les poissons osseux. l'embryon, à un moment de son évolution, est constitué de la même manière; son endoderme est encore formé d’un seul corps cellulaire, alors que Vectoderme est représenté par (73 ) une lame cellulaire qui recouvre déjà en grande partie le globe vitellin entouré de son manteau protoplasmique. Et ce qui permet d'affirmer, en ce qui concerne les poissons, qu'il s’agit ici d’une vraie Gastrula formée par épibolie, c’est que l’on trouve toutes les transitions entre la Gastrula typique formée par invagination comme celle de PAm- phioxus et cette Gastrula formée par épibolie. Plus œuf est chargé de deutoplasme, plus lentement se divisent les cellules endodermiques qui tiennent en suspension ces éléments nutritifs. Quand, comme dans les œufs méroblas- tiques des poissons, des reptiles et des oiseaux, la quantité de matière nutritive devient énorme, la cellule endoder- mique ne se divise plus et il apparaît tardivement dans cette cellule endodermique , restée jusque-là indivise, une génération nombreuse de cellules qui se forment par voie endogène. La Gastrula des Dicyémides est comparable à cette Gastrula épibolique des poissons osseux. Chez un Dicyémide l'endoderme reste constitué -par une cellule unique, pendant toute la durée de la vie. Les Dicyémides sont done construits sur le type de la Gastrula, et comme celle-ci apparaît dans le cours de l’évolution des Métazoaires avant cette autre forme qui se caractérise par l'existence de trois feuillets cellulaires, il est clair que les Dicyémides sont inférieurs aux Métazoaires et ils justifient tant au point de vue de l'évolution qu'au point de vue de l'organisation l'établissement d'un embran- chement des Mésozoaires. Nous pouvons caractériser comme suit l’'embranchement des Mésozoaires : Les Mésozoaires : 1° sont des organismes pluriceliu- laires; 2 ils sont constitnés de deux espèces de cellules: _ d'une couche de cellules externes ou périphériques, pré- ( 80 ) sidant à l’accomplissement des fonctions animales et con- stituant un véritable ectoderme; et d’une ou de plusieurs cellules internes ou centrales chargées plus spécialement de l’accomplissement des fonctions végétatives; ces der- nières constituent l’endoderme. L'ectoderme et lendo- derme sont formés de cellules juxtaposées entre elles comme le sont les éléments d’un épithélium ou d'un tissu végétal: 3° Il n'existe aucune trace de feuillet moyen; il n’y a chez les Mésozoaires ni tissu conjonctif, ni cœlome, ni vaisseaux , ni tissu musculaire, ni tissu nerveux. 4° L’ orga nisme se développe à la suite d'une multiplication par divi- sion de la cellule œuf et d'une différenciation des substances de l'œuf en deux couches : l’une périphérique, lautre centrale. Dans cet embranchemeat des Mésozoaires se rangent tous les organismes qui ont fait la transition entre les Proto- zoaires et les Métazoaires. Avant l'apparition des premiers Métazoaires, il a dû arriver qu'un certain nombre d indivi- dualités cellulaires nées d’une individualité unique, au lieu de se séparer, ont continué à vivre ensemble pour consti- tuer les premiers organismes pluricellulaires. La Mago- sphère de Haeckel nous donne une idée de ce qu'ont dû être ces premiers êtres pluricellulaires. Les forces exlé- rieures agissant sur un pareil groupement ont dù amener; comme cela a eu lieu chez les organismes monocellulaires, où la substance protoplasmique s’est différenciée en eclos- are et en endosarc, une différenciation en deux couches : Pane, périphérique, est devenue ectoderme, l’autre, cen- trale, a donné naissance à l’endoderme. On conçoit, du reste, que le mode suivant lequel cette différenciation s’est produite ait été déterminée par le nombre des cellules agrégées, leur volume absolu aussi bien que leurs dimen- (#1) sions relatives, enfin par leur arrangement même; et que des organismes à deux feuillets ont pu se développer de diverses manières : les deux modes fondamentaux de dif- férenciation ont dû être la délamination et l'invagination. Le premier mode a dù se produire chez des organismes formés comme la Mogosphère d’une seule rangée de cellules semblables entre elles et disposées en une vésicule ou en une sphère pleine et caractérisée par une symétrie homa- xone; le second s’est accompli chez des êtres à symétrie monaxone dont les cellules se sont différenciées aux deux pôles de l'organisme. Le premier mode de différenciation s'observe dans le cours de l'évolution embryonnaire des Géryonides ; le second dans le cours de l’évolution embryon- naire de l'immense majorité des Métazoaires. Le nombre des cellules envaginées peut être très- variable ; s'il est considérable, la Gastrula se développe par invagination proprement dite; s’il est peu considérable, le développement a lieu par épibolie. Je place dans l'embranchement des Mésozoaires les Gastræades hypothétiques ; je donne le nom de Gastræades aux organismes formés par deux sortes de cellules, les unes ectodermiques, les autres endodermiques, chez les- quels l’endoderme s’est formé par invaginalion; j'appelle Planulades, les Mésozoaires hypothétiques qui ont dù se. former aux dépens d’une sphère pluricellulaire constituée comme une Magosphère et chez lesquels les deux couches cellulaires se sont développées par délamination. Parmi les Gastræades je place les Dicyémides qui repré- sentent dans la nature actuelle le type des organismes à deux feuillets. | 2°° SÉRIE, TOME XLII. 6 (82) La classification du règne animal peut donc être ex- primé par le tableau suivant : Vertébrés. Mollusques. à symétrie bilatérale { Arthropodes. | Métazoaires. Échinodermes. Vers à symétrie radiée. . Zoophytes. Casta (PS SG kn ? Mésozoaires. | Dicyémides. _ { Planulades (?). Règne animal, \ | Cilife Acinètes. | rnb te A | Infusoires. Cilioflagellés. Flagellifères . Noctilucides. NUNEN 5 2, Flagellés. | Apodes. ... f Grégarinides. | Protozoaires | gra” | à . Rhizopodaires à pe geen i Radiolaires. Cytodi Air ue nes : | RER Monères. es EXPLICATION DES PLANCHES. a PLANCHE I. Fig. 1. — Les 4 cellules de la ssc rangée polaire de la tête du Dicyema typus de Octopus vulgar Fig. 2. — Les 4 cellules de la hade ES polaire de la tête du même. Ces 2 figures ont été dessinées d'après une tête isolée, (Grossissement Imm. 10, obj. 2 de Hartnack). = dede na (o ts s N > À en ar j SARI Ea 2. e RAN Pra F peoa Ii se pas * Be ol En k, és PC or ï 4 © ais F [Tete a à “a ved dende ela El og verd bn rg à: Bull. de Acad. re, dE : NE ER an o RSS = KETEN Tee Sr DTE 77 DT) hi M en = ce ien 55 S ;: c HILL IE o Sr dass À (85 ) Fig. 5. — Extrémité antér ieure du corps d'un jeune Dicyema typus du Poulpe. Préparation à l’hématoxyline. (Imm. 10, obj. Fig. 4. — Extrémité antérieure du corps du Patian Wageneri de Eledone moschata légèrement altérée par l’action de l'acide acétique (1 pour 500). La première rangée polaire comprend 4 cellules. Les cel- lules de la 2e rangée sont au nombre de 5. Elles renferment des glo- bules très-réfringents et chaque cellule présentait, chez cet individu, un bâtonnet à contours très-foncés. Tous les individus rencontrés cellules de la tête qu’à la surface de l'endoderme, dont elles se sont écartées par suite du gonflement que leur fait subir l'acide acétique. Toutes les autres cellules ectodermiques s'étaient complétement déta- chées de la cellule endodermique. On voit l'extrémité antérieure de cette cellule, eflilée en pointe et montrant un beau réseau proto- plasmique s'avancer dans l'intérieur de la tête jusqu'entre les cellules polaires de la tête. (Imm. 10, obj. 2. Fig. 5. — Les 9 cellules de la tête du Dicyemella de VEledone détachées Pune de l’autre par l’acide acétique. Les petites cellules de la première rangée sont au nombre de 4; celles de la seconde rangée au nombre de 5. Elles sont légèrement gonflées par l’action du réactif. Fig. 6. — Renflement céphalique du Dicyemina Kollikeriana de la Sepia officinalis. En a se voient les 9 cellules de la coiffe polaire, homologue de la tête du Dicyema du Poulpe et du Dicyemella de l'Élédoue Elles sont plus foncées que les autres cellules ectodermiques. En b se voient les 2 cellules parapolaires; elles sont dispcsées de façon à former avec les cellules polaires et parapolaires le renflement cépbalique du Dicye- mina de la Seiche. On distingue, par transparence, à travers le corps vu à la surface, l'extrémité antérieure de la cellule endodermique. (Prép. à Pacide osmique Fig. 7.— Dicyema typus adulte du AE dessiné d’après le vivant, à un faible grossissement. On ne peut inguer aucune cellule. La couche cellulaire ectodermique paraît haa granuleuse; peu épaisse, elle est limitée à l'extérieur et à l'intérieur par une ligne nette. Cette couche constitne en grande partie le renflement céphalique. Des ver- rues volumineuses remplies de fortes granulations réfringentes sont suspendues aux flancs de l'animal. On voit de ces verrues à différents états de développement et l'on reconnaît que ces organes se forment par depôt de granules réfringents dans l'épaisseur de Vectoderme. Ces dépôts soulèvent progressivement la surface du corps. Ils braen & (84) la fin de véritables sacs. Dans l’intérieur de la cellule axiale (Leibeshöhle de Kölliker et de Wagener), se voient des germes et des embryons ver- miformes à tous les états de développement. En différents points et plus particulièrement dans la partie postérieure du tronc, on remarque des lignes transversales qui paraissent diviser en une série de con partiments la cavité de la cellule. Ces lignes ne sont que des traînées ou plutôt des lames protoplasmiques qui circonscrivent des vacuoles remplies d’une substance gélatineuse transparente et homogène Des germes et des embryons sont disséminés dans toute l'étendue de la cellule endodermique, sauf près de son extrémité caudale. ig. 8. — Dicyemella Wageneri de l'Eledone moschata rempli dem: bryons infusoriformes, à tous les états de développement pense d'après le vivant (Obj: 5, Oc 2 de Hartnack). La eouche ectodermique, fort mince, est finement granuleuse dans la plus grande partie dane étendue. En certains points se voient des dépôts de globules réfrin- gents. Chaque cellule renferme un semblable amas. En deux points; le dépôt, beaucoup plus considérabl ‚a donné lieu à la formation de verrues volumineuses ; néanmoins elles n'affectent pas ici l’appareïce de sacs. La cellule endodermique ne s’effile pas en pointe dans le renflement céphalique. Chez tous les individus qui produisent des embryons ate riformes, la cellule endodermique se termine dans la tête comme je Fe représenté dans cette figure, et les cellules ectodermiques de la mn sont plates, Dans les individus qui produisent des embryons vermi- formes, la cellule axiale se termine en s'efilant en pointe de lancette, comme il a été représenté dans la figure 4. Dans la cellule endoder- mique se voient en n le noyau de Ja téllule axiale; en g trois germi- gènes, aux deux côtés de chacun desquels se voient des embryons infusoriformes à tous les états de développement, mais d'autant plus avancés dans leur développement, qu'ils sont plus loin du lieu de for- mation des germes. Fig. 9. — Dicyema Küllikeriana de Sepia officinalis. Jeune individu, renfermant déjà un certain nombre d'embryons vermiformes, dessiné d'après le vivant, à un faible grossissement (Obj 5, Oc. 2 de Hartnack). Le renflement céphalique n'est encore ni bien marqué ni bien délimite. A Fextremité antérieure du corps'se voit la zone foncée dans les limites de laquelle se trouvent les neuf cellules polaires. Des dépôts de giobules réfringents s'observent en divers points de la couche ectodermique. Les ux «dernières celluies du Corps sont fortement distendues par les granules véfringents qui s'y trouvent accumulés; elles forment à l'ex- trémité postérieure du tronc un renflement caudal beaucoup plus volu- ( 85 ) - mineux qn le meea POREN el qm se en PN par son opacité. C fl qu Dicye” 5 minade la Seiche. On n’en trouve aucune ice chez les autres espèces. 10. — Jeune Dicyema typus du Poulpe ordinaire, traité par héma- toxyline (Obj. 10, Imm., Oc. 2). Les cellules ectodermiques de la tête et du tronc sont bien distinctes. Ces dernières sont légèrement renflées par Paction du réactif. Elles sont très-peu nombreuses. On y voit çà et là quelques globules réfringents assez volumineux et de forme irrégu- lière. Dans la cellule endodermique on distingue : en n le noyau ovalaire de cette cellule; en r le réseau protoplasmique; en n. g. le noyau de la cellu'e germinative devenu libre dans la cellule axiale, en g.i. des germes d’embryons infusoriformes; en J des embryons infusoriformes à différents états de développement : i? fractionnement en deux , à frac- tionnement en quatre, it? phase ultérieure du fractionnement; proba- blement cet amas cellulaire se compose de douze cellules. Fig. 11. — Jeune Dicyema typus d'Octopus Vulgaris, traité par l'acide acétique (Obj. 8, Oc 2). Les cellules gonflées se sont écartées les unes des autres. En avant on voit les huit SRE cellules polaires; entre les cellules de l’ectoderme du trone au nombre de 17, se voit la cellule eudodermique qui a la forme d’un fuseau. Des cette dernière on vojt un germe arrondi de chaque côté du noyau En faisant agir Pacide acé- tique sur un porte-objet, pendant que Fon observe un individu à un fort grossissement, on peut voir celui-ci se décomposer peu à peu en d'un petit nombre de cellules ectodermiques, plates, juxtaposées de façon à se toucher par leurs bords et constituer un épithélium pavi- menteux simple qui enveloppe de toutes parts une cellule axiale unique. Entre l’ectoderme et la cellule endodermique ne se trouve ni lamelle homogène ni fibrille d'aucune serte. Fig. 12. — Partie médiane du corps d'un Dicyema typus du Poulpe ordi- naire. (Préparation à l’acide osmique. Grossissement : Obj imm. 10, ’ectoderme montre trois cellules renflées, de façon à former des verrues plus ou moins complétement bourrées de globules réfringents. Ces cellules sont pourvues d'un beau noyau ovalaire à nueléole. Daus la cellule axiale se voit le réseau protoplasmique, dont les mailles sont occupées par un liquide gélatineux et hyalin. Dans le reticulum se voient en gi de tout petits germes formés par voie endogène; en g? des germes A: piste en E un embryon vermi- forme, dont la cellule axiale, pourvue d'un beau noyau in ve montre en outre un germe situé de “Es et d'autre du Rop (86) Fig. 15. — Partie de la cellule endodermique d'un Dicyema typus pro- duisant des embryons infusoriformes (Préparation à l’hématoxyline; gross. Obj. imm. 10, Oc. 2.); gg germigène ; g! germe arrivé à maturité; g? germes dout le noyau est en voie de division; g germe pourvu de deux noyaux; g' germe fractionné en deux globes. Fig. 14. — Extrémité antérieure du corps du Dicyemina de la Sepia officinalis. Le renflement céphalique est formé de neuf cellules polaires. On en voit quatre sur la coupe optique figurée, dont deux antérieures très-petiles et deux postérieures plus volumineuses Ces cellules polaires sont très-granuleuses. Puis viennent les cellules parapolaires qui forment avec les cellules polaires le renflement céphalique. Elles sont très-différentes des cellules ectodermiques du tronc. Celles-ci, légèrement gonflées, montrent à leur intérieur de grandes vacuoles artificielles qui ont déterminé la formation d'un reticulum protoplas- mique également artificiel. (Préparation à l’hématoxyline. Grossissement obj. imm. 10, Oe. 2.) Dans la cellule axiale dont on voit l'extrémité antérieure, on distingue un beau réseau protoplasmique. Gà et là se montrent des germes de volumes très-différents ; parmi lesquels il en est de très-petits formés par voie endogène. E embryon vermiforme en voie de formation, (Fractionnement en quatre globes. Fig. 15. — Partie moyenne du corps d’un Dicyemella adulte à embryons vermiformes de PEtedone moschata. (Préparation à l'acide osmique; grossiss. Obj. imm. 10, Oc. 2.) La couche ectodermique est formée par des cellules très-plates, à contenu granuleux, dont les noyaux ovalaires renferment un nucléole assez volumineux Le nucleus (n) de la cellule axiale a une membrane à double contour. La cavité du noyau est rem- plie par un liquide homogène et hyalin, traversé par des trainées granu- leuses. Celles-ci ont l'apparence d'un faisceau de filaments pseudopo- diques. En un point on distingue quelques globules réfringents situés sur le trajet des filaments nucléoplasmiques, immédiatement sous la _membrane. Du nucléole partent radiairement quelques filaments granu- être figuré, la figure représentant une coupe optique. Aux deux côtés du noyau se voient des germes très-nombreux. Toute la cavité de la _ Cellule endodermique de cet individu était littéralement bourrée de germes et d'embryons vermiformes. Fig. 16. — Partie postérieure du corps du Dicyemina de Sepia officinialis (Préparation à l'acide osmique; grossiss. Obj. imm. 10, oc 2), montrant les deux verrues terminales caractéristiques de cette espèce. (87) Fig. 17. —- Cellule ectodermique isolée par l'acide acétique, d'un Di- cyema typus adulte de l'Octopus vulgaris. (Obj. 8, Oc. 2. ). — La cel- lule est vue par sa face externe. Elle présente une verrue granuleuse développée à son milieu et se projetant dans le dessin sur le fond ` non soulevé de la cellule. Fig. 18. — Cellule ectode rmique isolée par l'acide acélique x légèrement déformée du Dicyemella de l'Elcdone moschata. (Obj 8. Oc. 2.) Il arrive quelquefois chez ce Céphalopode que tous les individus logés, au nombre de plusieurs milliers, dans la cavité des corps spongieux sont tous d'une taille gigantesque et d’une transparence parfaite. Ils ne montrent aucune trace de verrues et l’ectoderme est partout très-finement granu- leux. La cellule ectodermique ici fgurée provient d’un semblable indi- vidu. — Elle a conservé sa forme de gouttière et se trouvait moulée par sa Concavité sur la face convexe de la cellule endodermique. — Je ferai observer que tous les individus présentant les caractères que je viens de signaler renferment exclusivement des embryons vermiformes. ig. 19. — Cellule ectodermique du Dicyemella de l'Eledone vue à la coupe optique, pour montrer les caractères exacts des granules qui existent dans l'épaisseur de l’ectoderme. — On distingue : 1° des granu- lations punctiformes; 20 des globules arrondis, sphériques ou ovoïdes , les autres ee et opaques; ils sont formés d’une substance peu réfringente. Ils paraissent être des grumeaux irréguliers de granules agglutinés. Tous se colorent en brun, puis en noir par l'acide osmique. n noyau. Fig. 20. — Germigène du Dicyema typus de l'Octopus vulgaris. (Prép. à l'hématoxyline, Gross. Obj. imm. 10, Oc. 2 ) A la périphérie quatre germes bien développés; dans la cellule germigène indépendamment du noyau de la cellule germigène, six petits noyaux, nés par voie endogène, Fig, 21. — Germigène du méme. La cellule germigène ne renferme que son propre noyau, sé par sa forme ovalaire et son contour très-foncé. Fig. 22, — Germigène du même. Dans la cellule germigène quatre jeunes rij ont pris naissance. g. 25. — Germigène du même. Dans la cellule germigène se voient trois peen ge bien développés. Fig. 24. — Germigène du même montrant des germes à différents états 5 5 dérprenent formés par la cellule germigène et groupés autour — \ ( 88 ) Les figures 20 à 24 représentent des germigènes provenant d'individus rhombogènes du Dicyema typus. Toutes ont été dessinées au même grossissement (Imm. 10, Oc. 2) d'après des préparations à l'hématoxy- line. Fig. 25. — Germigène du Dicyemella de l'Eledone moschata. Dans la cellule germigène, dont le noyau sphérique montre, indépendamment du nücléole, un beau réseau nucléoplasmique , toute une génération de noyaux nés par voie endogène. Autour de chacun d'eux se voit une figure étoilée; les molécules du protoplasme se trouvent groupées ra- diairement autour des noyaux A la surface du corps de la cellule germi- gène apparaissent des sillons qui tendent à diviser le protoplasme de la cellule en un grand nombre de territoires cellulaires. Après avoir engendré cette dernière série de germes, le noyau du germigène se - serait trouvé libre dans le corps de be cellule endodermique. (Prép. à Facide osmique. Obj. à imm 10, Oc Fig. 26. — Partie de la cellule en: A d'un Dicyemella de l'Ele- done moschata, montrant deux germigènes et un noyau de germigène devenu libre dès le eni protoplasmique. (Prép. à l'acide acé- tique. Gross. Obj. 8, Fig. 27. — Partie de la he endodermique du Dicyema typus. Dans le réseau protoplasmique se voient deux germigène; et le noyau de la cellule endodermique. (Imm. 10, Oe. 2 Prép. à l'acide osmique) Fig. 28. — Partie de la cellule éndbéerniqué du Diez us de VEle- done moschata. (Prép. à l'acide acétiqué Imm. 10 4.) Dans le réseau protoplasmique se voit, au milieu d'un sa de germes très-volumineux et arrivés à matu rité, un noyau de germigène enu libre après épuisement de la dennie: Dans la partie inférieure de la figure se trouvent des germes présentant des noyaux modifiés et et en voie de division. PLrancne II. Fig. 1. — Dicyemella Wageneri de Eledone moschata dessiné d’après le vivant (Obj 8, Oc. 2.) Cette figure représente un individu némato- gène de grande taille, dont les mouvements rappelaient à plusieurs égards ceux de la Gregarina gigantea. La position absolue des plis semblent se propager de proche en proche de façon à parcourir toute la longueur du corps. La couche ectodermique est a granuleuse; çà et là elle renferme des globules plus volumineux; ceux-ci sont accumulés en tingue pas les cellules constitutives de Fectoderme, Dans la cellule endodermique claire, parfaitement transparente et absolument dé- pourvue de granulations, se trouvent des germes et des embryons vermiformes en grand nombre. Fig. 2. — Dicyemopsis macrocephalus de Sepiola Rondeletii- dessiné d'après le vivant et vu à la surface, Le corps est relativement court. La tête formée par la coiffe polaire et les cellules parapolaires présente en avant une concavité circonscrite par un bourrelet. Les cellules parapolaires, vues à la coupe, figurent une caisse de violon. L’ectoderme est très-granuleux et montre trois verrues avant la forme de sacs appendus aux faces latérales du tronc. On ne distingue pas les cellules constitutives de l'ectoderme On voit par transparence la cellule axiale claire qui semble former une cavité générale du corps Fig. 5. — Tête d'un grand individu de la même espèce, vue par la face ventrale. (D'après une préparation à Vacide osmique. Obj. 10, Oc. 2.) En avant se voit la coiffe polaire formée par huit cellules. Les cellules de la seconde rangée forment un bourrelet périphérique antour des quatre cellules de la première rangée. La plus petite et la plus grande des quatre cellules centrales sont placées sur la ligne médiane; les ux moyennes sont latérates En arrière de la coiffe se voient les deux cellules parapolaires ventrales. Par transparence on voit la cellule endodermique, traversée par son réseau protoplasmique, s'étendre jusque sous la coiffe polaire. g. 4. — Tête d’un autre individu de l'espèce Dicyemopsis macroce- phalus vue par le côté. (Acide osmique, Obj 10, Oe 2.) La tête est concave en avant et obliquement coupée de manière à ce que la tron- cature oblique de son extrémité antérieure regarde en bas et en avant, Paxe du corps étant supposé horizontal. Dans la cellule axiale on voit le réseau protoplasmique à mailles irrégulières. Dans une de ces mailles se trouve un embryon vermiforme montrant son eetoderme formé par une seule rangée de cellules euboïdes et sa cellule endodermique; en avant el en arrière du noyau de cette cellule se voit un germe en voie de formation. ig.5.— Tête d’un énorme Dicyemopsis macrocephalus (Rhombogène) vue à la coupe optique et dessinée d’après un individu. reposant sur la face ventrale La coiffe polaire a été dessinée telle qu'elle se présentait ; quand objectif était disposé de façon à montrer la eoupe 7 de w ( 90) l'organisme dans la région parapolaire. (Prép. à l'acide osmique. Obj. 10, Oe. 2.) On distingue par transparence les huit cellules de la coiffe polaire. Les cellules parapolaires ont leur forme caractéristique. Elles sont fort grandes et possèdent de grands noyaux ovalaires. Dans la cellule axiale se voit, indépendamment du réseau protoplasmique , un embryon infusoriforme arrivé à son complet développement. Chez le Dicyemopsis cet embryon présente toujours plusieurs corps réfrin- is. Fig. 6. — Jeune Dicyemopsis macrocephalus. (Prép. à l'acide osmique- Obj. à imm. 10, Oc. 2.) La tête ne présente pas encore la forme carac- téristique du genre Elle est encore convexe en avant et les cellules de la coiffe polaire sont encore disposées comme chez le Dicyema typus. Elles se distinguent, par leur aspect finement granuleux, des cellules ectodermiques du tronc. Les cellules parapolaires sont encore sem- blables aux autres cellules ectodermiques du tronc. Tout Fectoderme est très-clair; à peine distingue-t-on, dans le protoplasme cellulaire, quelques rares granulations. Les noyaux de toutes ces cellules sont ovalaires et possèdent un nucléole. Dans la cellule endodermique on distingue : 1° le noyau de cette cellule qui se fait remarquer par ses dimensions, sa forme zein parfaitement régulière et surtout par son contour très-foncé; es germes à divers états se développent ; tous ces germes sont se et leur noyau est petit; 3° un germe pourvu de deux petits noyaux homogènes, 4° un germe fractionné en quatre segments: 5° deux embryons renilarmes inégalement déve- loppés, vus à la coupe optique. Ils se font remarquer en ce que, dans chacun d’eux, il paraît exister, en avant de la cellule endodermique, au milieu des S céphaliques , une petite cellule centrale. Peut-être est-elle destinée à se confondre avec la cellule endodermique après la disparition Es son noyau et constitue-t- elle la cellule mâle. Fig. 7. — Dicyemina Köllikeriana de Sepia officinalis. Jeune individu dissocié par l’action de l'acide acétique (1 pour 700). Les cellules ecto- dermiques fusiformes sont détachées de la cellule axiale ; mais elles ont conservé entre elles, aussi bien que relativement à la cellule endoder- mique, les mêmes rapports que pendant la vie. Seules les cellules de la coiffe polaire et les deux cellules du renflement caudal adhèrent encore à la cellule axiale. Les cellules parapolaires ont une forme différente de celle des autres cellules ectodermiques. Elles adhèrent encore à coiffe polaire 8. — its Köllikeriana, dessiné d'après le vivant. Get indi- _ vidu est remarquable par le développement colossal des deux cellules (9%) caudales. Le diamètre transversal du renflement globulaire qu'elles forment à l'extrémité postérieure du corps équivaut aux deux tiers envi- - ron de la longueur du corps. Fig. 9. — Dicyemina Köllikeriana. (Prép. à Vacide osmique. Gross. Obj à imm. 10, Oe. 2) Partie moyenne du corps d'un individu nématogène de taille exceptionnelle Dans la cellule endodermique se voit un em- bryon vermiforme qui a atteint dans l'intérieur du corps maternel une longueur tout à fait anormale. Il est logé dans une énorme vacuole du reticulum protoplasmique de la cellule axiale. Dans la cellule endoder- mique de l’embryon se voient, de part et d’autre du noyau, qui affecte ici une forme quadrilatère, des germes à différents états de dévelop- ment, Dans toute l'étendue de la cellule axiale existent des cloisons transversales formées par des lamelles protoplasmiques séparant entre elles des vacuoles de forme quadrilatère. Indépendamment de cet em- bryon, on voit dans la cellule endodermigne : 1° des germes mûrs; 2° des germes en voie de fractionnement ; 5° un embryon à la phase Gastrula. Les noyaux des cellules de l'ectoderme se font remarquer par leurs dimensions et leur forme aplatie. Fig. 10. — Partie moyenne du corps d'un Dicyemella Wageneri, décom- posé par l'action du liquide de Müller. Dans la cellule endodermique se voit, indépendamment d'un certain nombre de germes, le noyau devenu granuleux. L'ectoderme est détruit; les cellules se sont décomposées en fragments qui affectent une forme sphérique. Dans l'an des globes on distingue le noyau d’une cellule ectodermique devenu, lui aussi, sphé- rique et granuleux. Fig. 11. — Une cellule de l'ectoderme déjà modifiée par l’action du liquide de Müller, Le plateau canaliculé présente une solution de continuité par où sort une grosse goutte d'apparence muqueuse. F. 12, — Dicyemella Wageneri. Partie moyenne du corps d’un individu coupé transversalement. La substance qui remplit, pendant la vie, les mailles du reticulum endodermique , fait hernie et forme en dehors du corps une goutte volumineuse dans laquelle se voient des germes entraînés par l'écoulement de la matière gélatineuse. Çà et là se voient quelques granulations qui sont peut-être un reste de protoplasme. Dans l'intérieur du corps il y a d'autres germes ainsi que le noyau de la cellule axiale. Dans cet individu tout l'ectoderme était fortement chargé de Sprer re Les figures 10, et 12 ont été dessinées au grossissement que donne l'Objectif ij à immersion combiné avec l’oculaire 2 : Fig. 15 à 15. — Têtes de Dicyemina Köllikeriana weetn à l'extrémité de D ( 92 ) antérieure de la cellule axiale. Ces figures ont été dessinées d’après le vivant. Par suite d’un séjour prolongé sur le porte-objet dans le liquide des corps spongieux, toutes les cellules ectodermiques se sont déta- chées de la cellule axiale. Seules les cellules de la coiffe polaire sont restées en place. Les mouvements ciliaires ont conservé toute leur acti- vité. Chez les individus ici figurés, de gros bras formés d'un protoplasme hyalin et animés d'un mouvement ondulatoire lent et régulier se trou- vaient mêlés aux cils vibratiles. Ces bras avaient exactement les mêmes caractères que ceux que j'ai rencontrés quelquefois chez des embryons infusoriformes. (Voir pl. HI, fig 25). (Gross. Obj. à imm. 10, Oc. 2). Fig. 16 à 18. Ces figures représentent la partie moyenne de la cellule endodermique de jeunes Dicyemella Wageneri, traités par l'alcool faible et ultérieurement par le pierocarminate. Le noyau de la cellule s’est gonflé et fortement coloré par le carmin Dans la figure 17 on voit encore le réseau protoplasmique et quelques germes dont les noyaux se sont aussi colorés en rose. (Imm. 10, Oc. 2.) Fig. 19. — Germigène de Dicyemopsis macrocephalus. (Prép. à l'acide acétique. Gross. : Obj. à imm. 10, Oe 4.) Il provient d'un individu rhombogène qui ne renfermait que ce seul germigène. Il se trouvait dans le voisinage du noyau de la cellule axiale (n). Le germigène montre trois générations de germes disposés en couches concentriques autour du noyau du germigène (n’). Les germes de la dernière génération sont encore logés dans le protoplasme de la cellule germigène ; leurs noyaux sont encore homogènes et leur contour est très-faiblement marqué. Fig. 20. — Noyaux isolés de cellules ectodermiques. Montrant le réseau nucléoplasmique. Le noyau a s’est déchiré sous l'influence de la pres- sion exercée sur lui par la lame à recouvrir. On reconnait les plis de sa membrane Fig. 21. — Un embryon vermiforme de Dicyemella Köllikeriana. a) vù à la coupe. b) à la surface. Préparation à l'acide acétique très-faible SAF pour 800). Gross. : Obj. à imm. 10, Oc. 2. PLancre HI. Les figures 1 à 44 se rapportent au développement et à la constitution des embryons infusoriformes. Les figures 45 à 84 sont relatives au développement des embryons vermi- formes. Les figures 1 à 12 représentent des germes en fractionnement , provenant du Dicyemella. (Prép. à l'acide acétique Obj. à imm. 10, Oc. 4.) (95 ) Fig. 1. — Germe encore sphérique. Le noyau est strié. Les fibrilles très- nettes dirigées suivant des lignes méridiennes convergent vers deux petits corpuscules réfringents situés aux pôles Fig. 2. — Germe ellipsoïdal. Le noyau a la forme d un ellipsoïde. Aux deux extrémités du grand axe se voient les mêmes corpuseules polaires Dans le voisinage de ces corpuscules se distingue une couche de substance i foncée, provenant peut-être de la division et de l'écartement progressif des deux moitiés d’une plaque équatoriale. Je les ai appelées ailleurs disques nucléaires. Entre ces deux disques nucléaires très-foncés se trouvent des stries méridiennes. Le plan médian de l'ellipsoïde est mar- ‘qué par une série de points foncés. J'ai représenté à la planche I, fig. 28, le seul germe qui m'ait montré les renflements médians des fibrilles de Bütschli formant par leur réunion la plaque équatoriale de Strasburger. Fig. 5. — Germe au même stade de développement , vu suivant son grand axe. Au centre le corpuscule geacht heek par le disque polaire et formant avec celui-ci le pro s dérivé. De là partent des lignes ravonnées (stries Bean es on voit les coupes opti- ques à la limite du noyau. Cette figure démontre : 1° que la striation est déterminée par des filaments; 2° que ces filaments se trouvent seulement à la surface du noyau. ig. 4. — Phase ultérieure du développement. Le pronucleus dérivé est entouré d'une couche de substance claire, bien visible du côté de la pé- ` Tiphérie. (Pronueleus engendré.) Le petit axe de l’ellipsoide nucléaire est à peu près égal au petit axe de Pellipsoïde cellulaire. Suivant le petit axe se voit une ligne très-netle formant une plaque intercellulaire (Zel/platte de Strasburger). Aux deux côtés de la plaque intercellulaire se voient les restes de l'ancien noyau. Le pronucleus dérivé parait séparé du reste de l'ancien noyau, ce qui dépend probablement de ce que la partie de l'ancien noyau adja- cente au pronucleus est devenue granuleuse. Fig. 5. — Phase un peu plus avancée, La plaque intercellulaire s'étend jusqu’à la surface. Le pronucleus dérivé est accolé au pronucleus engendré. Autour de chacun d'eux se voit une figure étoilée dont je n'ai que très-rarement vu quelques traces. Ce germe la montrait avec la plus grande nette té, de même que celui qui a été figuré pl. 1, fig. 28. ig. 6. — Germe fractionné en deux globes. Fig.7. — Germe divisé en deux globes très-inégaux (rare). Dans le plus grand des deux le noyau est en voie de division. Dans le petit le noyau ne montre plus de nucléole, Fig. 8. — Division en deux globes semblables Autour des noyaux se mon- traient des figures étoilées fort distinctes. : (94) Fig 9. — Division en quatre Fig. 10. — Même stade. Les giobies sont dilréremment groupés. Fig. 11. — Même stade montrant les noyaux fusiformes en voie de divi- sion. Fig. 12. — Division en huit globes, dont quatre plus grands et quatre plus petits. Fréquent. Fig. 13 et 14. — Phases ultérieures du fractionnement. Les figures 15 à 25 représentent des embryons infusoriformes du Dicyema typus. Fig. 15. — Embryon tel qu'il se présente immédiatement avant l'apparition des deux corps réfringents. Parmi les cellules superficielles il en est deux très-grandes (p), adjacentes l’une à l’autre; ce sont les futures cellules pariétales de lurne. Deux moyennes (s),ce sont les cellules superficielles de Purne. Les deux cellules immédiatement situées en avant des pré- cédentes vont donner naissance aux corps réfringents (r). (Prép. à Pacide acétique. Obj. à imm. 10, Oc. 2.) Fig. 16. — Embryon un peu plus avancé; les corps réfringents ont apparu. Fig. 17. — Embryon un peu plus avancé, Les quatre corps granuleux (i) de lurne ont apparu entre les futures cellules pariétales et les futures cellules superficielles de l'urne. (Prép. à l'acide acétique. Obj. à imm. 10, Oe. 4.) Les cils vibratiles se montrent à la surface. Fig. 18. — Un embryon au même état de développement. a. Coupe optique. — b. Face inférieure formée par les futures cellules ciliées ; p. Cellules pariétales. — c. Face supérieure. r. Cellules à corps réfrin- gents. s$. Cellules Seriais k Purne. ¿ Corps granuleux. Fig. 19. — Embryon un peu plus avancé. Les cellules pariétales se sont eufoncées entre les cellules ciliées et les corps granuleux de lurne. (Prép. à l'hématoxyline. Obj. à imm. 10, Oec. 4.) Les cellules super- ficielles de lurne n'ont pas été figurées ; elles recouvraient déjà exté- rieurement les corps granuleux. Fig. 20. — Embryons au même état de développement , dessinés d’après le vivant. (Obj. 8, Oc. Les figures 21, 22 et 25 représentent des embryons infusoriformes qui nageaient librement dans les cavités qui logent les corps spon- gieux; ils ont été dessinés d'après le vivant. (Obj. à imm. 10, Oc. 2.) La figure 21 représente un embryon vu par sa face ventrale. Les figures 22 et 23 des embryons vus latéralement. Chez le Céphalopode d'où proviennent ces embryons, il y avait une quantité prodigieuse de Dicyema produisant exclusivement des embryons infusoriformes. Chez tous ces embryons les quatre corps granuleux de l'urne présentaient ces (95 caractères exceptionnels de forme et de position Ces embryons, après- avoir nagé quelque temps dans le liquide naturel de l'organe, s’arré- taient pour làcher leurs quatre corps granuleux. Aussitôt après, comme s'ils avaient été débarrassés d'un fardeau qui paralysait leurs mouve- ments, ils se mettaient à nager avec une rapidité vertigineuse. Les Corps granuleux devenus libres sur le porte-objet se montraient tels que les représente la figure 24 (a, b, c, d.). Ces dessins ont été faits d’après des préparations à l'hématoxyline. Chaque corps granuleux est- une cellule pourvue d'un noyau unique. Fig. 25, — Embryon du même poulpe, dont les cellules vibratiles portaient, indépendamment des cils, de gros bras protoplasmatiques, renflés à leur extrémité et qui se mourant d'un mouvement ondulatoire très- lent. L'embryou est vu par sa face ventrale. Le dessin a été fait d'après le vivant. b. Une cellule vibratile isolée par l'acide acétique. Fig. 26 à 29. — Embryons infusoriformes de l'Eledone moschata, dessinés ` d’après le vivant. Les figures 29, a et b, représentent le même embryon sous deux faces différentes. a. Face ventrale. b. Vu par le côté. On voit en u Purne, en r les corps réfringents, en c le corps ciliaire. Fig. 50. — Embryon du même, traité par l'acide osmique. (Imm. 10, Oe. 2.) On distingue les diverses parties constitutives de l'urne. p. Cel- : lules pariétales au nombre de deux donnant naissance à la capsule ca. s. Cellules superficielles modifiées pour lé naissance au couvercle. i cellules polynuclées de l'intérieur de l'u Fig. 51. — Embryon infusoriforme, de a eid, de P'OOpait vulgaris. (Prép. à l'hématoxyline; Obj. à imm. 10, Oc. 4.) Le cou- vercle est incomplétement formé. Les corps granuleux sont encore en contact avec le milieu ambiant. La capsule est rudimentaire. Les corps granuleux sont encore des cellules uninucléées. ig. 52. — Les corps granuleux polynucléés et les cellules du corps eiliaire d'un embryon de même provenanee: traité de la même manière et vu au même grossissement que le précédent Fig. 55. — Les quatre corps granuleux barren d’un autre embryon du même Céphalopode. Les figures 32 et 55 ont été dessinées d'après des embryons dissociés après un séjour de deux heures dans l'héma- toxyline. Fig. 54 — L'urne vue par la face ventrale, surmontée de son couvercle et accolée aux corps réfringents, d’un embryon de Dicyemella Wageneri. Dessin agrandi d'une image obtenue au moyen de Pimm, 10, Fis. 33. — Embr ryon du même, dissocié par macération one sur porte-objet, dans le liquide wiil de l'organe. (96) Fig. 55a. — Les cellules du corps ciliaire sont écartées l'une de l'autre; 55 b. Furne et les corps rêfringents; 55 c. l'embryon montrant Purne et les corps réfringents dans leurs rapports naturels avec les cellules ‘du corps ciliaire, déjà partiellement séparées l'une de l'autre. (Obj. à imm. 10, Oc. 2.) Fig. 56, et 57. — L'urne isolée de Vinfusoriforme du Dicyema typus amran les quatre corps granuleux et la capsule pariétale. (Agrandi.) Fi e organe de l'infusoriforme de Dicyemella Wageneri montrant la capsule en partie décomposée en bàtonnets (agrandi). Fig. 59. — Les deux corps réfringents isolés et logés dans leur capsule de Dicyema typus. Dans Pune des capsules il existe deux corps réfrin- gents : un grand et un petit (exceptionnel ). Fig. 40. — Embryon mfusoriforme vivant de Dicyemella Wageneri (Obj 8, Oc. 2). Fig. 41, a, b, c. — Infusoriformes du même pour montrer le couvercle de : lurne dans ses rapports avec les autres parties de cet organe. Fig. 42 et 45. — Infusoriformes de Dicyemella Wageneri pour montrer les rapports de la capsule de Purne avec les cellules par iétales. Dans la figure 45 les cellules du couver cle montrent encore leur noyau. Fig. 44, — Embryon infasoriforme du Dicyema typus dissocié par macé- ration prolongée dans Fhématoxyline (trois beures). Les corps réfrin- genis ont éclaté. c. e.,ectocystes, c.i., endocystes ; à côté on voit des i corps granuleux (cellules polynucléées renfermées és Purne); c. cel- : Jules isolées du corps ciliaire. Développement des embryons vermiformes. Fig. 45. — Germes de vermiformes du Dicyema typus; a germes arrivés à maturité; b et c fractionnés en deux globes; d en quatre. (Prép. à l'acide acétique. Obj. 8, Oc. 2.) Fig. 46. — Division en daan globes semblables (de Dicyemella Wage- neri. kijk 10, Oe. Fig. 47 et 48. — zen en sept globes ou cellules, dont une plus piit et six plus petites ; Canter est vu sous différentes faces (de Dicyemella Wageneri. mm. 19, Oc. Fig. 49, 50,51,52 a et b, 53,54 et 55. — Gastrula du Dicyemina Külbkeriena, vues, soit à la coupe optique, soit à la surface (Prép à l'acide acétique. Obj. à imm. 10, Oc. 2 .) Les figures 52 a etb repré- sentent le même embryon, a face inférieure, b coupe. (97) Fig. 56 et 57. — Gastrula du Dicyema typus. (Prép. à l'acide acé- tique. Imm. 10, Oc. 2.) Fig. 58, 59, 60, 61, 62. — Phases ultérieures du développement de l'em- bryon vermiforme du Dicyemina Küllikeriana dessinées au même grossissement. (Imm. 10, Oc. 2.) La figure 58 a été dessinée d’après une préparation à Pacide osmique; les suivantes d'après des prépara- tions à l’acidé acétique. Fig. 63-79. — Embryons et larves vermiformes, à différents états de développement, du Dicyema typus. Ces dessins ont été faits d'après des preparations à l'acide osmique. (Obj. 10 de Hartnack.) Les f guies 77 et 78 représentent des embryons incomplets montrant la cellule axiale en partie isolée par l’action de Pacide acétique Les figures 80 à 85 représentent différentes phases du développement de l'embryon vermiforme du Dicyemina Köllikeriana. (Prép. à l'acide osmique Obj. à imm. 10, Oc. 2.) La figure 81 représente la phase Gastrula. Sur les manuscrits d'André Dumont et les commentaires de M. Ed. Dupont; par M. G. Dewalque, membre de Académie. À la suite de la proposition que j'eus l'honneur de faire à l'Académie, dans la séance du 5 juin 1875, relativement à la publication d'une carte géologique détaillée de la Belgique, notre honorable confrère, M. Éd. Dupont, nommé commissaire pour l'examen de cette question, présenta à la classe, deux mois plus tard, un rapport où J'étais pris à partie d'une manière que Ton n'a pas ou- bliée (1). J'attendis que la question scientifique fût vidée, puis au mois de janvier dernier, je répondis à ces attaques Par une note intitulée : A propos de la carte géologique détaillée de la Belgique (2). she (1) Bull Acad des sc, de Belg, 1. XL, p. 201. (2) Ibid . t. XLI, p. 15. u 20° SERIE, TOME XLII. Len -= (98) Il s'agissait, on se i rappelle, de la ani des manuscrits délaissés par A. Dumont et remis depuis de longues années entre mes mains par le Gouvernement, qui en avait fait l'acquisition à la mort de l'éminent géo- logue, pour servir de base à la publication d’un texte expli- eatif de la Carte géologique de la Belgique. Sans entrer dans les détails, je rappellerai en deux mots le fond du différend. M. Dupont soutenait que ces manuscrits auraient pu être publiés depuis longtemps, et me reprochait amèrement mon inertie et mon inintelli- gence des besoins de la situation. Je répondais que les manuscrits, en très-grande partie simples notes de voyage, ne pouvaient être publiés qu'après nn long triage et une laborieuse révision. Sans répéter les détails dans lesquels je suis entré à cette occasion, je puis rappeler, comme preuve de mon désir de voir ce travail achevé aussitôt que possible, que la description du terrain erétacé a été contiée par moi à MM. Briart et Cornet; que celle du terrain quaternaire, offerte à M. Dupont, a été, sur son refus, confiée à M. Malaise; et j’ajoutais que moi-même, après avoir présenté à l’Académie la description du système éocène inférieur , j'avais rencontré, pour l'éocène moyen, des obstacles qui n'étaient pas encore tous surmontés. M. Éd. Dupont a répliqué, dans la séance de mars, par la lecture d'un travail de treize pages, intitulé : Note sur les principaux manuscrits délaissés par feu André Dumont (1); en même temps, il déposait sur le bureau douze volumes petit in-4°, renfermant ces manuscrits. Cette copie lui avait été remise par la famille, qui l'avait fait exécuter lorsqu'elle céda les originaux à l'État. (1) Bull. Acad. des sc. de Belg., t. XLI, p. 458. €99) Je ne pouvais répondre, séance tenante, à une note aussi développée. J'ai eu le regret de devoir attendre plus longtemps que d'habitude : c’est le 49 mai seulement que le Bulletin de mars parvint chez moi. A cette date, je me trouvais en Angleterre, où je dus rester jusqu'après la séance de juin. Entretemps , l’Académie entière et le public avaient pu, j'aime. à le croire, se former une opinion sur celte ques- tion. M. Dupont soutenait que le travail de Dumont était presque achevé; j'affirmais que la publication de ce tra- vail exigeait de l'éditeur de longues recherches, c'est-à- dire du temps. Il y avait un moyen simple de trancher la question. Arrêté depuis longtemps à l'éocène moyen, j'avais proposé à mon contradicteur d'entreprendre cette publication, en lui laissant toute latitude de se faire assister par qui il voudrait. Ainsi mis en demeure, mon . COntradicteur s’est prudemment dérobé. Cette retraite caractérise la situation : elle n'aura pas été moins remar- quée ici qu'à l'étranger. Je pourrais done considérer la canse comme entendue et borner là ma réponse; mais M. Dupont m'a fourni des preuves si décisives contre lui que je ne puis me dispenser de les offrir à l'Académie, au Gouvernement et au monde savant. Notre honorable confrère s'est longuement attaché à faire ressortir l'importance des manuscrits délaissés par mon illustre maître. Ce point ne pouvait ètre mis en doute: il sante aux yeux que les notes de voyage d'un tel obser- vateur doivent être pleines de matériaux précieux. Toute la question est de savoir s'ils peuvent être publiés sans une laborieuse préparation. Pour démontrer l'affirmative, M. Éd. Dupont nous a ( 100 ) donné deux longs extraits de ces notes choisis entre mille pour la circonstance et concernant deux points récemment discutés chez nous relativement à notre terrain tertiaire. Voici ce que j'ai à dire relativement au premier. Le système bruxellien commence ordinairement par une couche mince de gravier ou de gros sable, qui est géné- ralement remplacée par des cailloux, entremélés de sable glauconifère, lorsque cette base repose sur les roches pri- maires. En 1874, M. Vincent fit connaître un dépôt ana- logue, amas de fossiles et de cailloux rouiés, situés entre Fyprésien et le bruxellien, sur la rive droite de la Senne, de Calevoet à Schaerbeek (1). H considérait ce dépôt, non comme la base du bruxellien, mais comme l'ancien rivage de la mer panisélienne, dont les dépôts, d’après la carte de Dumont, s'arrêtent à la rive gauche de cette rivière. Dans un mémoire anonyme que la classe des sciences a reçu en novembre dernier et qu'elle n’a pas imprimé, les auteurs adoptaient la même manière de voir. Il s'agit done de démontrer si cette couche à fossiles roulés est panisélienne ou bruxellienne. M. Dupont a cru y parvenir en citant deux pages dans lesquelles A. Dumont décrit les caractères minéralogiques de la couche de cail- loux glauconifères qui forme la base du bruxellien sur une partie du bord du bassin. Cette deseription ne manque pas d'intérêt, tant s'en faut; mais je ne vois pas quelle lumière elle apporte dans la discussion. Si l'on en doute, on le verra bien, dans la suite, par les travaux des géo- logues qui ont entrepris l'étude des localités dont il s'agit. Voici maintenant le second point. Si le premier n'est pas d'une évidence lumineuse, celui-ci permettra aux per- (1) Ann. dela Soc. ma!ac. de Belg., 4. VHI. ( 101 ) sonnes les plus étrangères à la géologie de jnger la valeur des assertions de M. Dupont. I existe, aux portes de Mons, une colline, nommée le mont Panisel, qui a fourni à Dumont le type de son sys- tème panisélien. La base en est formée de sables yprésiens; la Carte géologique montre au sommet un point de sables bruxelliens. Malheureusement, les géologues qui ont étudié celte colline après Dumont, ne sont point parvenus à y retrouver le système bruxellien. L'année dernière, lors de la réunion extraordinaire de la Société géologique de France à Mons, on n'a pas été plus heureux. M. Dupont fait remarquer que « sur ce point comme sur beaucoup d'autres, faute des notes explicatives du grand géologue, une partie des efforts se consume en commen- taires sur les raisons qui l'ont amené à rattacher un dépôt à un système plutôt qu'à un autre. Cette circonstance, disait-il, est d'autant plus surprenante que M. Dewalque présidait Pexcursion de la Société au mont Panisel. Le compte rendu de cette excursion mentionne seulement : « Elle (la Société) a ensuite fait un détour pour examiner l'endroit où Dumont a placé sur sa carte un petit lambeau de dépôt braxellien que l'on n’a jamais retrouvé. » Or notre savant confrère, ayant entre les mains les documents qu’on va lire, aurait pu donner les renseignements qui eussent évité ces recherches sans Pre > Suivent plus de deux pages d lles D tdécrit la composition du mont Panisel, en y joignant une coupe de cette colline, et deux autres pages consacrées à des Coupes voisines. Sanf l'épaisseur des couches, c'est une description complète du bruxellien de cette localité. Tout y est: caractères minéralogiques , minutieusement décrits, caractère paléontologique, caractère stratigraphique, carte ( 102 ) géologique et coupe verticale. Mais — car il y a un mais, _— M. Dupont wa pas vu qu’au lieu d'éclairer la question, il 'embrouillait autant qu’on peut le faire. Chose incroya- ble, il n’a pas reconnu que ce bruxellien si complétement décrit n’est pas du bruxellien, mais bien du panisélien. Ce que je viens d'avancer surprendra sans aucun doute les personnes qui ne sont pas au courant de l'histoire de la géologie dans notre pays. Deux mots sufliront cependant pour expliquer comment il peut se faire que le brurellien des notes de Dumont est du panisélien sur sa carte. Ce dernier système a été établi fort tard par notre éminent stratigraphe. Non-seulement Dumont n’y pensait pas lors- qu’il a relevé la coupe du mont Panisel, mais encore il n'en parle point dans son rapport final de 1849, lorsqu'il pré- sentait à l’Académie sa carte géologique manuserite. Nous en voyons la première trace deux ans plus tard, dans la Note sur la position géologique de l'argile rupélienne. M Va introduit ensuite dans la carte qui a été mise dans le com- merce en 1852. Voilà pourquoi toute la deseription du sys- tème panisélien , sauf quelques pages , doit être recherchée, paragraphe par paragraphe, dans les notes relatives aux systèmes voisins, surtout au système bruxellien. Pour les gens du métier, il paraîtra surprenant que le savant directeur du Musée royal d'histoire naturelle de la capitale ait ignoré ces détails. Mais qu'il ait pris pour bruxellien le type du panisélien, complétement décrit au triple point de vue pétrographique, paléontologique et stratigraphique, et signalé sur la carte géologique, c'est une erreur qui surprendra, même après la mesure que M. Dupont nous avait donnée de ses connaissances dans l’art de lever une carte géologique. Voilà donc un exemple choisi entre tous pour montrer (405 ) que les manuserits de Dumont sont presque terminés et en état d'être publiés. Si M. Dupont s’y est ainsi trompé, qu'arrivera-t-il de la masse des lecteurs! Après cela, on comprendra que je me joigne à lui pour prier l’Académie de prendre une décision sur la question „de savoir s’il y a lieu de provoquer de nouvelles mesures relalivement à la publication des notes de Dumont. ms Recherches sur les acides tétra-et trithioniques; par MM. Walthère Spring et A. Lévy. L'un de nous a entrepris, depuis quelques années déjà, des recherches expérimentales sur la constitution des acides de la série polythionique et il a eu l'honneur de communiquer, à diverses reprises, à la classe des sciences de l'Académie, les résultats auxquels il était arrivé. Ces recherches n'étaient pas clôturées, elles présentaient encore quelques lacunes: nous nous sommes proposé de les com- bler par le présent travail. Afin de montrer les liens qui unissent ces recherches aux précédentes et tout à la fois pour permettre de se rendre aisément compte des idées qui ont présidé à leur institution sans être contraint de parcourir les travaux qui ont paru sur la matière, nous allons montrer, aussi briève- ment que possible d'ailleurs, le point où en est la question aujourd'hui. Les recherches entreprises sur la constitution des acides organiques du soufre ont conduit à admettre l'existence d'un radical — SOSH, monoatomique , pouvant remplacer un ou deux atomes d'hydrogène des différents hydrocar- (104 ) bures et engendrer ainsi les acides méthylsulfonique, éthylsulfonique, phénylsufonique, ete., ete. Généralisant cette manière de voir, MM. Kekulé et Linnemann (1), les premiers, et ensuite M. Mendelejeff (2) ont admis également l'existence du groupe — SO3H dans les acides inorgani- ques du soufre; ils sont arrivés ainsi à classer d’une manière très-élégante les nombreux acides du soufre ét à mettre leurs propriétés en lumière. D'après ces chimistes le groupe — SO°H pourrait se substituer en partie ou en totalité aux atomes d'hydrogène que renferment les molé- cules d'hydrogène, d'eau, d’acide sulfhydrique et des poly- sulfures d'hydrogène. Lorsque la substitution se fait en partie seulement, il se forme une série d'acides dont les différents atomes ne présentent pas de symétrie; ce défant de symétrie se tra- duit d'une façon remarquable pour toutes les combinaisons que ces acides peuvent engendrer. Le tableau suivant montre comment les choses se passent dans ce cas. De HN — a dérive x subst. partiele H — Ai l'acide sulfureux, de HO — HO — S0 » sulfurique, de HS — í » » HS = Sis » hyposulfureux. Ce sont les acides les plus connus du sonfre. Si au contraire la substitution des atomes d'hydrogène, dans les molécules d'hydrogène d'eau, ete. est totale; il se forme d’autres acides du soufre dont les atomes sont (1) KekuLE er Linnemans. Ueber die Einwirckung von Jod auf einige organische Schwefelverbindungen, Ans. b. Cuime uxo Puanmacie. CXII, . 276. (2) prij Berichte der Deutschen chem. Gesellschaft zu Berlin. Jabrg., 1870, p. 8 (105 ) groupés symétriquement, cette fois-ci, et qui jouissent de propriétés essentiellement différentes de celles des acides non symétriques. Ces acides auxquels on a donné le nom d'acides polythioniques, puisqu'ils doivent renfermer au moins deux atomes de soufre d'après ce que nous venons de dire, prennent naissance comme il suit : De H-H dérive par subst.: totale HOSS — gn acide giihi; H de H-0-H » » HO5S -0- » disulfurique, de H-S-H » » SL SL Smh » ilhirique, de H-S S-H » » HOSS-S,S-S0°H » tétrathionique, de H-S.S.S-H » » HOSS-S.S S.SOSH » pentathionigue. L'expérience devait encore justifier cette manière de Voir. La question de la constitution des acides de là première série, des acides sulfureux et sulfurique, a été résolue par M. Strecker et par M. Kekulé; celle de la constitution de l'acide hyposulfureux l'a été par l'un de nous (f); mais nous nentrerons dans aucun détail au sujet de ces acides, Puisque ce ne sont pas eux qui font l'objet de notre étude actuelle et nous passerons immédiatement à la question des acides de la seconde série. On savait que les différents acides polythioniques pou- Yaient se former dans des conditions très-variées, cepen- dant aucune des réactions que l’on connaissait ne mettait leur structuré moléculaire en lumière, si ce n’est toutefois la réaction de l'iode sur les hyposulfites qui a donné à MM. Fordos et Gélis différents tétrathionates. (4) Voir à ce snjet la Note sur la constitution de l'acide hyposulfureux, par W. Spring, Beru. pe L'Acan „DE BëLG., 2 série, t. XXXVI, n° 8, ainsi que les « Nouvelles mar ps l'aride h: posulfureut et de l san trithionique, » lv., Ir, 2e série, t XXXVII, n°1. ( 106 ) En se plaçant au point de vue des idées qui ont cours actuellement en chimie, la réaction de l'iode sur les hypo- sulfites s'interprète en admettant que deux molécules d'hyposulfite se soudent avec élimination de deux atomes d'un métal monoatomique, ainsi : M'O5S — SM M'O58 — S +r L-2, M'O5S — SM’ MO5S—S mais comme l'acide hyposulfureux doit être considéré comme l'acide sulfonique du monosulfure d'hydrogène, l'acide tétrathionique, double du premier, doit par consé- quent être considéré comme un acide disulfonique du bisulfure d'hydrogène conformément au tableau dressé par M. Mendelejeff. 5 L'un de nous a montré depuis (1) qu'il est possible d'en- gendrer les trithionates par l’action de l'iode sur un mé- lange d’un sulfite et d’un hyposulfite, ainsi: M'O5S — M’ MOIS += S +91, M'O5S — SM’ wos l'acide trithionique est donc également un acide disulfo- nique mais dérivant du monosulfure d'hydrogène. Cette manière de voir trouve une grande confirmation dans ce fait que les hyposulfites doubles de potassium et d'argent ou de sodium et de mercure, etc., engendrent des trithionates avec élimination du sulfure des métaux lourds (2). A rn (1) Nouvelles recherches sur la constitution des acides polythioniques, Burr. pe 1’Acap. ROY. pe BELG., 2e série, t. XXXVIII, n° 7. (2) Synthèses de l'acide trithionique, Buur. DE L'Acav. ROY. DE BELG, t. XXXVII. (407) Entin le chlorure de soufre (1) réagit sur les sulfites alcalins et les hyposulfites pour former, respectivement, des trithionates et des pentathionates : ceci montre, une fois de plus, que les acides polythioniques prennent nais- sance par doublement des acides « monothioniques. » Du reste on peut facilement faire la contre-épreuve en fai- sant réagir l'amalgame de sodium sur les sels de ces acides dissous dans l’eau (2). Il a été démontré que l'amalgame de sodium n’agissait pas dans ces cas comme réducteur, le sodium se glisse entre les atomes de sonfre de ces sels et les décompose en molécules plus simples; il fait en un mot l'inverse de l'iode, celui-ci unit, le sodium désunit; ce n'est qu'à partir du moment où la liqueur ne renferme plus qu'un mélange de sulfures et de sulfites que le sodium réagit sur l'eau et provoque par là la formation d'un cou- rant d'hydrogène qui opère la réduction des sulfites à l’état de sulfures. Les groupes —SO5H , — SOSH en s’unissant entre eux, soit directement sans aucun intermédiaire, soit par l'in- termédiaire d'un ou de plusieurs atomes de soufre, sont donc bien les matériaux au moyen desquels s'édifient les acides polythioniques. On le voit, si la question paraît résolue au point de vue théorique, c'est-à-dire an point de vue de la constitution de ces acides , il reste encore à inter préter le mécanisme des réactions « empiriques », si nous pouvons employer ce mot, par lesquelles on peut également engendrer ces acides. Ceci a bien son importance, pensons-nous, car si Tm nn ee = Synthèses de l'acide trithionique, Burt. DE L'ACAD. ROY. DE BELG., XXXVI, T Ibid., 1. XXXVIU. ( 108 ) l'on parvenait à trouver une seule réaction qui ne put élre interprétée par les idées théoriques émises plus haut, noñ- seulement nos vues sur la constitution des acides polythio- niques seraient singulièrement alteintes, mais même les réactions précédentes perdraient entièrement leur valeur théorique; elles ne pourraient plus figurer que comme simples modes de formation de ces acides. Ce travail a donc pour objet l'interprétation de toutes les réactions conduisant aux acides polythioniques; nous dirons, dès maintenant, que nous avons pu rattacher ces réactions, si disparates en apparence, à une idée unique pour chacun de ces acides qui nous occupent. Acide tétrathionique. En dehors de l’action de l’iode sur les hyposulfites, les tétrathionates prennent encore naissance, comme on sal 1° par l’action des sels ferriques ou cuivriques sur les byposulfites (1). 2 en ajoutant, avec précaution, de l'acide sulfurique à un mélange d’hyposulfite de baryum et de peroxyde de baryum suspendus dans de l'eau. On peut remplacer ces corps par l'hyposulfite et le peroxyde de plomb (2). Nous allons voir que ces deux derniers modes de forma- tion de l'acide tétrathionique sont, de point en point, sem- blables à l’action de Piode. On sait, en effet, que l’iode fonctionne, en présence de l’eau, dans les réactions où il intervient, à Finstar d'un ED PE Je SUR re iden (1) Fornos et GÉtas. Second mémoire sur les tert du soufre et de l'oxygène, ANN. DE chimie ET DE vuvs., 5° série, t. VIII, p. 546. (2) Cuaxcez E Diacox. Comptes rendus ae l'Académie des green de Paris, t. LVI, (40) corps oxydant; c'est ainsi, par exemple, qu'il se forme toul aussi bien un bisulfure par l'action de l'oxygène sur un monosulfure que par l’action de l'iode. Cela étant, on peut envisager tous les procédés de formation des tétra- thionates comme des oxydations des hyposulfites; ainsi : 2M°?S°05 + Fe?CISCI? = M’?S10$ + 2MC1 + 2FeCP, d'autre part le peroxyde de baryum ne réagit pas sur les hyposulfites, mais très-facilement sur l'acide hyposulfu- reux qu'il oxyde; c’est pourquoi MM. Chancel et Diacon ajoutent de Pacide sulfurique à un hyposulfite dont le métal peut former un sulfate insoluble dans l'eau; de cette façon il se forme en premier lieu de l'acide hyposul- fureux qui est immédiatement oxydé par le peroxyde et forme ainsi de l'acide tétrathionique : 2H°S°0 + 0 = H?S:06 + H°O. S'il en est bien ainsi, le mode de formation des tétra- thionates doit pouvoir être généralisé, car il faut que tous les oxydants engendrent des tétrathionates par leur action sur les byposullites. I] est inutile d'ajouter qu'il ne peut s'agir ici que d'oxydants suffisamment énergiques pour entraîner la réaction. L'expérience démontre ces prévisions d’une manière complète et, comme on va le voir, on devra considérer l'acide tétrathionique comme un premier degré d'oxydation des hyposulfites. ous passons maintenant à l'exposé des expériences que nous avons faites à ce sujet. 1° Le premier oxydant employé a été le permanganate de potassium. La réaction du permanganate de potassium sur les hypo- (410) sulfites a déjà été étudiée par M. Péan de Saint-Gilles (1). Ce chimiste versait dans une solution d'un hyposulfite une solution de permanganate de potassium jusqu'à ce que ce dernier ne fût plus réduit; il a constaté ainsi que les hypo- sulfites étaient transformés en sulfates et qu'accidentelle- ment, lorsque les liqueurs étaient un peu acides, circon- stance qui entraînait le dégagement d’anhydride sulfureux, il se formait un peu de dithionate de manganèse par suite de la réaction de anhydride sulfureux sur le peroxyde de manganèse provenant de la réduction du permanganate. Dans ces conditions il est évident que la formation d'un tétrathionate ne peut-être que passagère et dès lors échap- per facilement à l'observation; M. Péan de Saint-Gilles a obtenu , peut-on dire, les produits de l'oxydation des tétra- thionates par le permanganate de potassium et non les produits d'oxydation incomplète des hyposulfites. Nous avons fait réagir, en premier lieu, le permanga- nate de potassium sur F'hyposulfite de potassinm à raison de deux molécules de permaganate de potassium pour Six d’hyposulfite; de cette façon la réaction pouvait avoir lieu comme il suit: GK?S205 + 2K Mn O! = 5K2S OS + 2Mn 0? + 8KHO; ainsi, si la réaction se fait normalement, il doit se former un létrathionate de potassium, du peroxyde de manganèse et de l’hydrate de potassium. L'hyposulfite employé répondant à la formule 5K?S?0?, _SH?O, nous avons employé pour 50 grammes de ce sel, (4) PÉAN ve Sainr-Gices. Recherches sur les propriétés oxydanles du permanganate de potassium, ANN. DE CHIMIE ET DE Puys., 9° série, L. LV, p. 574. ( 418) 125" de permanganate de potassium. La réaction a eu lieu à froid , il se dépose du peroxyde de maganèse et la liqueur claire a une réaction fortement alcaline. Elle se compose d'un mélange de tétrathionate, de sulfate, d'hy- posulfite et d'hydrate de potassium. La réaction n’est done pas nette, la raison en est dans la production d'hydrate de potassium; on sait, en effet, que ce dernier réagit avec facilité sur les tétrathionates pour engendrer des hyposul- files et des sulfites; ces derniers sont oxydés, dans le cas qui nous ocenpe, à l'état de sulfates par le permanganate de potassium. Pour mettre hors de doute la production d'un tétrathio- nate de potassium par cette réaction, nous avons traité la liqueur claire, d'où le peroxyde de manganèse avait été séparé par filtration , par de l'alcool concentré; celui-ci a déterminé la précipitation du tétrathionate de potassium et du sulfate, l'hyposulfite se précipitant par l'alcool à l'état Sirapeux peut être facilement enlevé. Après purification suffisante du tétrathionate, nous avons fait un dosage du soufre qu'il renfermait; voici les résultats obtenus : 08r 495 de la substance ont donné 18r,514 de Ba S0%, la substance renferme donc 42,19°/, de soufre; la teneur théorique serait 42,58 de soufre. Le résultat est satisfaisant si l’on tient compte des diffi- cultés qu'on rencontre à purifier convenablement ce sel; lest donc démontré que le permanganate de potassium Oxyde d'abord l’hyposulfite de potassium à l’état de tétra- thionate. Pour compléter notre étude, nous avons repris les expé- Fences de M. Péan de Saint-Gilles et déterminé combien il faut employer de permanganate de potassium pour trans- CH2) former un poids donné d'hyposulfite de potassium en sul- - fate, détermination que M. Péan de Saint-Gilles a omise. Ceci se fait commodément par la voie volumétrique. A cet effet il a fallu laisser couler dans une solution de 4% de sel répondant à la formule 3K2$205,5H20, 1586. €., d'une liqueur produite par la dissolution de 5% de perman- ganate dans 500c. c. d'eau. Il est facile de calculer que la réaction se fail exaciement entre 22 molécules de perman- ganate et 10 molécules d'hyposulfite, en effet ter de 3K2S203,5H?0 représente 08,8644 de K2S205; dès lors si la réaction s'effectue suivant 10K2S205 + 22K Mn O+ == 21K2S04 + 22Mn0? 1900 + 3476- = » il faut que 10K2S205 0,8644. MR NOT TE y A on trouve g = 1,581, tandis que l'expérience donne æ= 1,584. La question est donc démontrée. Nous venons de voir que pendant la réaction du per- manganate de potassium sur lhyposulfite, il se produit de l'hydrate de potassium provoquant la décomposition du tétrathionate formé; pour mettre ce fait hors de doute, nous avons fait réagir le permanganate de potassium sur l'acide hyposulfureux; opérant dans une liqueur acide, on pouvait espérer que lhydrate de potassium serait absorbé avant d'agir sur le tétrathionate. Il en est réelle- ment ainsi; on obtient, par le procédé que nous allons décrire, une quantité énorme de tétrathionate. Ayant eu (443) plusieurs fois loccasion de comparer entre elles, au point de vue de leur rendement ainsi que de la facilité de leur exécution, les différentes méthodes recommandées pour la préparation des tétrathionates, nous nous sommes con- ‘vaincus que le procédé dont nous parlons est de beaucoup le plus commode. Voici comment on opère : On prépare un poids connu d’hyposulfite de baryum en partant d’un poids donné de chlorure de baryum, puis, ‘après lavage complet, on met l’hyposulfite en suspension dans de l’eau et on ajoute, en une fois, la quantité d'acide sulfurique étendu d’eau nécessaire pour enlever la moitié -du baryum à l’hyposulfite et la quantité de permanganate de potassium nécessaire pour que la réaction puisse se faire entre une molécule d’hyposulfite et une de perman- ganate. On agite, quelques vestiges de soufre seulement sont mis en liberté: ceci montre que le passage rapide de l'acide hyposulfureux à l'acide tétrathionique prévient la décomposition de l'acide hyposulfureux. On sature l'excès d'acide au moyen d’hydrate de baryum, ou filtre et on ajoute lentement de l'alcool à la liqueur claire de manière que celui-ci forme une couche au- dessus de la solution du tétrathionate. Au bout de peu d'instants le tétrathionate se dépose en petits cristaux; ceux-ci renferment un peu de dithionate de baryum. L'analyse de ces cristaux purifiés a fait connaître qu'ils renfermaient : mou 38,25 0/, Bevin down 54,57 0); la teneur théorique du tétrathionate de baryum est: (H) Ce mode de préparation du tétrathionate de baryum est plus facile à exécuter que celui donné par MM. Chancel et Diacon , avec lequel il a une grande analogie; cela tient très-probablement à ce que le permanganate de potassium agit plus énergiquement dans ce cas que le peroxyde de baryum. L'action plus lente de-ce dernier donne le temps à l'acide hyposulfureux libre de se décomposer, ce qui complique singulièrement la réaction. Nous ferons remarquer à ce sujet que si l'on oxyde Phyposulfite de baryum par le permanganate de potassium, il se produit tout aussi bien un tétrathionate sans addition ‘d'acide sulfurique; seulement dans ce cas l'acide tétrathio- nique se partage entre le baryum d’une part et le potas- sium de Fautre, on obtient très-difficilement un produit pur. Enfin on peut également obtenir, par ce procédé, le tétrathionate de sodium en partant de l'hyposulfite de sodium. 2 Nous avons ensuite fait usage du bichromate de po- tassium pour oxyder les hyposulfites. Une solution d’hyposulfite de potassium a été addi- tionnée d’un défaut de bichromate de potassium; à froid la réaction est très-lente, mais si l’on porte la liqueur à une température de 70° à 80° environ, la réaction s’achève ra- pidement, il se précipite de l'oxyde de chrome, on filtre, et dans la liqueur claire on peut aisément reconnaître la pré- sence d’une grande quantité de tétrathionate de potassium. Nous nous sommes bornés à constater l'identité du sel ainsi obtenu, qualitativement seulement. Les réactions des acides polythioniques sont du reste parfaitement caracté- ristiques; comme c'est par leur moyen que nous nous sommes assurés de la nature des acides que nous avons (115 ) eus entre les mains, nous les rappelerons en deux mots, pour qu’on puisse être fixé sur le degré de confiance à accorder à ces recherches. | Ag NO” EBD j | H?S:06 précipité jaune qui noircit vite, néant. | R?S506 | précipité blanc qui noircit, précipité noir à chaud, H?s?06 | néant, néant, | On voit qu’il n’est pas possible de confondre ces acides si l'on a affaire à l'un d'eux. C'est par ces réactions qu'il a été constaté que le bi- chromate de potassium éngendrait du tétrathionate de po- tassium par son action sur l'hyposulfite. Remarque. — On sait que Döpping (4) et après lui Kessler (2) ont fait connaître qu’en traitant à chaud une solution d'un polysulfure de potassium par un défaut de bichromate de potassium (mais non l'inverse), on obtenait de l'hyposulfite de potassium; ces chimistes n’ont pas con- Staté la présence de tétrathionate de potassium dans cette réaction : ceci n’a rien qui doive surprendre, puisque : K°S05 + K?S = 2K2S°05 + S (Chancel et Diacon } — x Döppixc. Annalen der Pharm., t. XLVIL, p. 172. : (2) Kessier. Pogg. Ann. t. LXXIV, p. 249. ( 116 ) 5° Anhydride chloro-chlorique, C1204., En traitant une solution de chlorate de potassium par une quantité suffisante d'acide sulfurique, on obtient, comme on sait, une liqueur renfermant une certaine quan- tité d'anhydride chloro-chlorique; cette liqueur jouit de propriétés oxydantes énergiques. Si on la verse dans une solution d'hyposulfite de potassium , ce dernier est immé- diatement transformé en tétrathionate. Une certaine quan- tité de soufre est mise en liberté chaque fois qu’on répète cette réaction; il résulte de là qu’une portion de l’hyposul- fite de potassium se décompose sans donner naissance à du tétrathionate. Comme cette décomposition est accom- pagnée de la formation d'acide trithionique, ainsi que nous le verrons plus loin, il faut neutraliser la liqueur aprês la réaclion, au moyen de carbonate de potassium et, après filtration, ajouter de l'alcool; si ce dernier est en assez faible quantité il ne se précipite que du tétrathionate qu’on recueille et qu'on identifie au moyen de ses réactions caractéristiques. 4 Peroxyde d'azote. : Le peroxyde d'azote agit sur les hyposulfites comme l'anhydride chloro-chlorique, nous nous bornerons donc à renvoyer au paragraphe précédent. 5° Action des hypochlorites sur les hyposulfites. Nous avions entrepris ces réactions dans l'espoir qu'ici l'oxydation des hyposulfites conduirait aux dithionates selon l'équation K?S°05 +5 KCIO = K?S20 + 5KCI, il n’en a rien été. On obtient également des tétrathionates par suite de l'action oxydante des hypochlorites sur les hyposulfites. ( FET ) Nous avons, en premier lieu, fait réagir Phypochlorite de baryum sur l’hyposulfite de baryum. Lorsqu'on fait réagir trois molécules d'hypochlorite de baryum sur deux d’hyposulfite, comme cela devrait être sil pouvait se produire un dithionate par cette voie, on n'obtient pour ainsi dire que du sulfate de baryum et du chlorure de baryum, il y a donc oxydation complète. Nous avons fait réagir ensuite une molécule d'hypochlo- rite sur deux d’hyposulfite de baryum : pour cela nous avons ajouté à 100 grammes d’hyposulfite de baryum Fhypochlorite de baryum qui avait pris naissance par l’ac- tion du chlore sur 59 grammes d'hydrate de baryum (BaH20?, 8H20). | La liqueur s’échauffe assez fortement pendant la réac- tion, elle dégage une faible odeur de chlorure de soufre et elle laisse déposer une notable quantité de sulfate et d’hy- posulfite de baryum non attaqué; la liqueur claire est une solution de chlorure tétrathionate et de baryum. Ce dernier est cependant en faible quantité. Il résulte de là que s'il est vrai que les hypochlorites engendrent des tétrathionates par leur action sur les hyposulfites, il est vrai également que la réaction n’est pas nette, l'hypochlo- rite continuant à oxyder le tétrathionate, bien que la liqueur renferme encore de l'hyposulfite non attaqué. La réaction, répétée au moyen de l’hyposulfite de sodium et de l'hypochlorite de sodium, présente exactement les mêmes particularités, il se produit du tétrathionate de sodium mélangé d’une forte proportion de sulfate et d’hy- posulfite. _6° Action du chlore et du brome. | Il était très-probable que le chlore et le brome agiraient Sur les hyposulfites à l'instar de Piode; aussi n'est-ce que ( 1148 ) pour épuiser la série dés oxydants que nous avons fait ces deux dernières réactions. Le brome et le chlore sont absorbés avec la plus grande facilité par les hyposulfites; dans les premiers moments, c’est-à-dire quand l’hyposullite est en grand excès, ils donnent naissance à des tétrathionates, mais bientôt leur action se porte sur ces derniers mêmes qu’ils oxydent à l'état de sulfates. Cette réaction a donc seulement une valeur théorique, et il serait en effet très-difficile d'obtenir par là des tétrathionates purs en quantité suffisante. On ne rencontre pas la même difficulté dans l'emploi de Piode, ear l’action de celui-ci sur les tétrathionates ne commence que lorsqu'il n’y a plus d'hyposulfite libre et même alors elle est très-peu énergique. Il est donc démontré, pensons-nous, par ce qui précède, que les tétrathionates sont un premier produit d'oxydation des hyposulfites et que toutes les réactions viennent cor- roborer les vues théoriques qu’on s’est faites sur la con- stitution de l'acide tétrathionique. Acide trithionique. Les réactions qui permettent de conclure à la constitu- tion de l’acide trithionique sont, comme on sait : 1° Celle du chlorure de soufre sur les sulfites ; 2° Celle de Piode sur un mélange de sulfites et d'hypo- sulfites ; 5° La production des trithionates par élimination de sulfure métallique lors de la décomposition des hyposul- fites doubles; i 4 L'action de l'amalgame de sodium sur les trithio- nates; (4183 ) 5° Enfin la décomposition spontanée des tétrathionates. D'un autre côté, l'acide trithionique prend encore nais- sance : 1° Par l’action de l’anhydride sulfureux sur l'hyposulfite de potassium ou sur un mélange de sulfure et de sulfite de potassium; 7 2° Par l’action du soufre sur le sulfite acide de potassium. Tei aussi il est facile de voir que ces deux dernières réactions peuvent être ramenées à une réaction d’un seul genre, conforme à l’une des précédentes, à savoir à la génération des trithionates par élimination d’un sulfure des hyposulfites doubles. Considérons, en effet, la première de ces réactions. Lorsqu'on dirige un courant d'anhydride sulfureux dans une solution aqueuse d'un hyposulfite, on doit admettre, en premier lieu, que anhydride sulfureux, qui se dissout dans l'eau, se transforme en acide sulfureux; celui-ci agit ensuite sur l’hyposulfite pour former un hyposulfite acide qui n’a qu'une existence éphémère et se décompose comme il suit : KS05 — SH KSO5 — SH = K°S306 — H3S. Pour le démontrer il suffira, par conséquent, de faire voir que lorsqu'un trithionate prend naissance par cette voie, il se dégage de l'acide sulfhydrique et, de plus, que Panhydride sulfureux n'intervient en rien par lui-même dans la réaction et peut être remplacé par un acide quel- Congue. Nous nous sommes assurés qu’il en est réellement ainsi; toutes les expériences que nous avons faites à ce Sujet conduisent au même résultat, comme on le verra par à suite. | ( 120 ) Il résulte de là que la réaction ne se passe pas comme Langlois l'avait cru; il admettait, comme on sait, que le SO? se glissait dans la molécule d’hyposulfite en éliminant du soufre : 2K28205 + 380? = 2K28506 + S, tandis que le SO? agit, au contraire, seulement comme acide, le trithionate se formant aux dépens de l’hyposulfite seul, sans que celui-ci reçoive une addition étrangère quel- conque. Hest clair que si l’on remplace l’hyposulfite de potas- sium par du sulfite acide et du sulfure de potassium, comme Chancel et Diacon l'ont fait, on ne change rien à la chose en principe, car dans ce cas l'acide sulfureux dégage en premier lieu H2S par sa réaction sur le mono- sulfure de potassium , ce H2S agissant sur SO? donne du soufre qui transforme le sulfite de potassium en hyposul- fite et l’on se trouve dans les conditions citées plus haut. La seconde réaction, celle du soufre sur le sulfite acide, s’interprète avec la même facilité : le soufre se dissout, en effet, dans le sulfite acide et le transforme en hyposulfite acide; ce dernier se décompose en trithionate à mesure qu'il se forme, comme nous venons de le voir. On se rap- pelle que d’après M. C. Saint-Pierre (1) le soufre mentre- rait pour rien dans cette réaction, car il a montré que du sulfite acide de potassium enfermé dans un tube scellé, pendant quatre ans, se transforme en trithionate de potas- sium mélangé de sulfate et de soufre. Nous croyons, cepen- dant, que les conclusions que M. Saint-Pierre tire de ses eternit (1) C. Saint-Pierre. Sur la formation de l'acide trithionique par la réduction spontanée des sulfites acides, Cometes RENDUS, t. LXI, p. 632. CHEN) expériences dépassent le fait. Il a seulement montré par là que le sulfite acide de potassinm pouvait engendrer un trithionate sans qu'il soit nécessaire d'ajouter du soufre étranger; dans ce cas, une partie du sulfite acide subit à, la longue une oxydation aux dépens de l’autre partie, si bien que du soufre est mis en liberté : ceci ressort claire- ment de la deuxième conclusion de M. Saint-Pierre; nous. la citerons textuellement. « 2 L’anhydride sulfureux du sulfite acide de potas- sium peut se suroxyder lui-même en déposant du soufre. » Dès lors, s’il y a mise en liberté de soufre à cause de l'oxydation du sulfite, on se retrouve dans les conditions énoncées plus haut et le trithionate de potassium doit prendre naissance. Du reste, si le soufre ne prenait aucune part à la réaction on ne comprendrait plus du tout pour- quoi celle-ci doit durer quatre ans quand on n’ajoute pas de soufre, tandis qu’elle s'achève en peu d'instants dans le cas contraire. Cela posé, abordons Pexposé des expériences que nous avons faites à ce sujet. Nous venons de voir que, si notre opinion est fondée, il faut qu'un acide quelconque engendre par sa réaction avec les hyposulfites des trithionates avec mise en liberté d'acide sulfhydrique. Il peut paraître étrange que nous nous soyons occupés de la décomposition d’un hyposulfite par un acide, cette question paraissant vidée sans remise, tous les auteurs étant d'accord pour renseigner que les acides décomposent les hyposulfites avec formation de sulfate, mise en liberté, de soufre et dégagement d'anhydride sulfureux; cepen- dant, on verra que même ici des faits, très-visibles pour- lant, avaient échappé. ( 122) Ne pouvant employer des acides oxydants qui auraient transformé les hyposulfites et tétrathionates, nous nous sommes bornés à faire usage des acides sulfurique, chlor- hydrique et acétique. De ces trois acides, c’est l'acide sul- furique étendu d’eau qui convient le mieux pour saisir les différentes phases de la réaction, car, étant dépourvu d'odeur, celle de l'acide sulfhydrique ne pourra être masquée. ; 140 grammes d’hyposulfite de potassium dissous dans de l’eau ont été traités par 30 grammes d'acide sulfurique étendu d’un quart de litre d’eau environ. Dès que l'acide sulfurique fut versé dans la solution d'hyposulfite, ilse dégagea une forte odeur d'acide sulfhy- drique, et au bout de quelque temps la liqueur se troubla; Podeur de l'acide sulfhydrique continua encore à être intense pendant assez longtemps, puis elle finit par être dominée par celle de l’anhydride sulfureux. La liqueur fut abandonnée à elle-même pendant douze heures, puis neutralisée par du carbonate de potassium et filtrée. De l'alcool, ajouté en quantité suffisante à la liqueur claire, détermina la précipitation d’une quantité énorme de tri- thionate de potassium. Une autre quantité se cristallisa contre les bords du vase en longues aiguilles caractéris- tiques. Les acides chlorhydrique et acétique agissent d’une façon analogue. Il est done démontré que des acides quelconques non oxydants engendrent des trithionates avec dégagement . d'acide sulfhydrique par leur action sur les hyposulfites. On pourrait croire , à la rigueur, que les trithionates doi- vent leur présence à l’action de l’anhydride sulfureux pro- duit par la décomposition des hyposulfites, sur la partie non (125 ) encore décomposéc, mais c'est une erreur; on peut-s'en convaincre facilement. ' En effet, il est connu que H?S décompose les trithio- nates en engendrant des hyposulfites, par conséquent les trithionates ne peuvent prendre naissance dans la réaction précédente que pour autant que H?S se dégage el ne se concentre pas dans la liqueur; aussi, pendant les premiers instants, la liqueur reste-t-elle claire, il n’y pas de soufre qui se précipite, l’hyposulfite se transforme en trithionate avec formation de H2S, dont une partie se dégage. Mais cet acide sulfhydrique, s'accumulant dans la liqueur, em- pêche le trithionate de se former, car il se formerait dans les conditions nécessaires pour sa destruction, et, à partir de ce moment, l'acide hyposulfureux se décompose avec formation d'anhydride sulfureux. Ce dernier réagit sur l'acide sulfhydrique et le soufre se dépose :le H2S est donc détruit et la formation du trithionate peut dé nouveau avoir lieu et ainsi de suite. En résumé, si SO? prend part à la réaction, ce n’est que parce qu'il détruit l'acide sulf- hydrique. Du reste, ce qui prouve à l'évidence que les choses se passent comme nous venons de le montrer, c'est- à-dire que la formation du trithionate précède la décompo- sition de l’hyposulfite, c'est que la précipitation du soufre ne se fait qu'après un certain temps; si la décomposition de l'hyposulfite avait lieu d'abord, il faudrait que la produc- tion de soufre et d'anhydride sulfureux fût instantanée et non qu'elle arrivât d'autant plus tard que le liquide est Plus étendu, c'est-à-dire qu'il peut englober une plus grande quantité d'acide sulfhydrique. ; Il résulte de ce qui précède que le moyen le plus Simple de se procurer de grandes quantités de trithionate de Potassium, ne consiste pas à traiter l'hyposallite d 124 ) potassium par SO?, mais par un acide quelconque que l'on a facilement sous la main. On achève ensuite les opéra- tions comme à ordinaire. — Avant de terminer, nous ferons encore connaître une expérience que nous avons faite au sujet d’une ques-, tion très-importante pour la constitution des acides poly- thioniques en général et de l’acide dithionique en particu- lier, et qui a été controversée. Il s’agit de savoir si les dithionates peuvent dissoudre du soufre et se transformer ainsi en trithionates. Berzelius dit, dans son traité de chimie (1) que, d’après Baumann (2), on pourrait préparer l’acide trithionique en faisant digérer du soufre dans l’acide dithionique. Baumann avait suspendu du peroxyde de manganèse dans une solution de foie de soufre et fait passer un cou- rant d'anhydride sulfureux par la liqueur : il se forma rapidement un trithionate, chose que Baumann interprète comme il suit : je Mn 0? + 250? — Mn S205 20 Mn S?05 + K?S5 — MnS + K2S205 + 28° 3e K?2S20S + S = K25506. D'un autre côté, Langlois a montré (3) que l'acide tri- thionique pouvait prendre naissance par la seule action de Fanhydride sulfureux sur un polysulfure de potassium; par conséquent le peroxyde de manganèse ne jouerait qu’un rôle indifférent dans l'expérience de Baumann, et (1) Berzeuivs, Lehrbuch d. Ch., Ste Aufl., II ‚pp. 122 et 404. (2) Baumans. Archiv. f:Pharm,, XXX, p.2 86. (5) Comptes rendus, t. XX, p. 505. ( 425 ) Tacide trithionique ne proviendrait pas de l'acide dithio- ‘nique. Il ne résultait pas encore de là que l’acide dithionique ou les dithionates ne pussent pas dissoudre du soufre ; "Cest en vue de trancher cette question que Kessler a mis du soufre en digestion dans des solutions de dithionate de potassium, de sodium et de baryum, à une tempéra- ture de 30° à 100°; il na pu observer la formation de trithionates dans aucun cas (1). Nous avons repris cette question. A cette fin nous avons préparé du dithionate de potassium pur dans lequel l'ab- sence complète de trithionate a été constatée spécialement ; nous en avons saturé 250" d'eau pure et nous y avons ajouté un excès de soufre provenant de la décomposition d'un hyposulfite par un acide. Ce soufre a été parfaitement lavé et il a été également constaté, au préalable, qu'il n’était pas souillé par un trithionate. Après une digestion de dix heures à une température de 60° à 70°, il ne s'était produit aucun vestige de trithionate de potassium, le nitrate d’argent et même le nitrate mercureux que la moindre trace de tri- thionate noircit, restaient inaltérés. Jusque-là, l'observa- tion faite par Kessler se vérifie parfaitement; mais nous avons abandonné ensuite la liqueur à elle-même à la tem- pérature ordinaire. Au bont de dix jours les réactifs indi- Quaient la présence d’un peu de trithionate, et au bout de quarante et un jours elle était manifeste. La dissolution du soufre dans les dithionates se fait done très-lentement, mais elle a lieu; ce n’est qu'une Question de temps. anna a (1) Pogg. Ann., LXXIV, p. 249. (126) Il résulte par conséquent de là que, de tous les acides polythioniques, c’est l’acide trithionique qui, en solution aqueuse du moins, estile plus stable. Les penta- et tétra- thionates abandonnent du soufre, comme on sait, pour donner naissance à des trithionates, tandis que les dithio- nates en absorbent pour engendrer des trithionates. ‚Ces recherches ont été faites dans le laboratoire de PEcole des mines de Liége; qu'il nous soit permis de réitérer publiquement nos remerciments à son chef, . V.Francken, pour l'empressement qu'il a mis à nous en faciliter l'exécution. Additions à l'histoire du chlorure de sulfuryle; par M. Ed. Dubois, répétiteur à l'Université de Gand. L'Académie a bien voulu m'accorder, il y a quelques années, l'insertion dans ses Bulletins de deux notes relatives à l’action du chlorure de sulfuryle sur des substances orga- niques. Ces notes se rattachaient à un travail que M. Mel- sens avait annoncé dans ses remarquables Notes chimiques et chimico-physiques et pour lequel il avait établi en quel- que sorte mes droits à la priorité de l'emploi d’un réactif nouveau en chimie organique. Diverses circonstances m'ont empêché de compléter rapidement les expériences destinées à établir d'une façon précise le rôle joué par le chlorure de sulfuryle, mais j'espère actuellement pouvoir reprendre mes recherches d’une façon plus suivie et en adoptant un ordre plus systématique; en effet, je me propose d’exami- ner successivement l'action de ce chlorure sur des repré- sentants bien choisis de toutes les fonctions chimiques et ( 427 `) je consacre principalement cette note à l'examen de l'action produite sur quelques hydrocarbures; je m'oecuperai plus tard des transformations effectuées dans les dérivés chlorés et mitrés des hydrocarbures, puis dans les alcools, les acides, etc. Je commencerai cependant cette note en exposant des recherches étrangères à la chimie organique, mais qui per- mettent d'établir la formule de structure qu'il convient d'at- tribuer au chlorure de sulfuryle. Action de Veau sur le chlorure de sulfuryle. Tous les chimistes ont été pendant longtemps d'accord à admettre que cette action pouvait se représenter par les deux égalités suivantes : SO, CI, +H‚,O = HCI + S0, < fh S0, < ly + H,0 = HCI + S0,H,. Cependant, M. Melsens, en étudiant le chlorure qu'il venait de découvrir, constatait des propriétés toutes diffé- rentes et il ne parvenait pas à établir la formation du chlor- hydrate sulfurique. Les expériences que j'ai faites m'ont conduit identiquement au mème résultat, mais je crois Pouvoir consacrer quelques lignes à l'examen détaillé de la réaction. Les substances prises exactement dans les rapports ex- primés par la première des équations reproduites plus haut sont enfermées dans des tubes épais qui sont ensuite seellés à la lampe. L'eau se sépare d’abord ; pour hâter la réaction les tubes sont chauffés à 100° pendant sept heures. Le con- tenu des tubes change alors d'aspect; on a, dans chaque tube, une couche inférieure, entièrement limpide, occupant _ ( 128 ) un volume sensiblement égal à celui de l’eau employée, et une autre couche d’une couleur jaune-verdâtre; elles ne se mélangent pas par l'agitation la plus énergique; les deux couches abandonnées au repos se séparent aussi fac lement et aussi nettement que l'huile se sépare de l’eau. On chauffe de nouveau à 100° pendant huit heures sans produire de modification nouvelle; on ouvre alors la pointe eflilée des tubes, afin de laisser échapper les gaz formés; on referme les tubes et l’on chauffe à 150° pendant huit heures sans modifier l’état de choses. Une nouvelle action de cette même température de 150°, pendant huit heures n'amène aucun changement; on obtient toujours deux couches non miscibles, la supérieure d'une couleur presque verte, Tautre ayant l'aspect d’un sirop. Ces tentatives furent pous- sées plus loin ; en chauffant les tubes à 200° pendant quinze heures, on voit la couche supérieure diminuer, et latmo- sphère du tube est complétement verte, phénomène que j'avais du reste déjà constaté, mais avee moins d'intensité, par l'action d’une température de 150° Enfin, les tubes ont été chauffés à 215° pendant quelques heures encore : les tûbes contiennent toujours deux couches distinctes, mais lors de l'ouverture, la couche supérieure disparaît complé- tement, et le dégagement gazeux est tel que les tubes se couvrent d'une couche de givre; les gaz dégagés renferment une proportion considérable de chlore. La couche infé- rieure restée dans le tube a été examinée et reconnue formée uniquement d'acide sulfurique. Il va sans dire que les tubes chauffés à une température élevée éclatent sou- vent par l'effet de la pression formidable des produits vola- tils formés dans la réaction. L'expérience a été reprise d'une façon différente. J'ai fait réagir l'eau sur le chlorure : ( 129 ) 4° A 100° et en arrêtant l’action au bout d'une heure; - P A froid et à la lumière solaire pendant quarante-einq jours; 3° A froid et dans l'obscurité complète pendant le même laps de temps. Dans ces trois séries d'expériences, les tubes étaient placés horizontalement afin d'augmenter les surfaces de contact. Les résultats ont été les mêmes pour les trois séries : en replacant les tubes verticalement, on voit encore se former deux couches, l'inférieure est sirupeuse et excessivement dense, l’autre est légèrement colorée en vert. Si on distille le contenu de ces tubes, on recueille d'abord du- chlorure de sulfuryle reconnaissable à son point d'ébullition et le thermomètre monte brusquement jusqu’au point d'ébullition de l'acide sulfurique. J'ai constaté ici un fait intéressant : la quantité de chlo- rure recueillie par la distillation a été pesée; elle formait assez exactement les trois cinquièmes du produit employé; il semble done que la réaction doive se représenter par l'égalité : 2S0, CI, + 5H,0 = 4HCI + (SO,HL,), U30. Il s'est done probablement formé un hydrate particulier de l'acide sulfurique que je vais examiner attentivement et je me propose aussi de tenter la formation d’autres hydrates par l'action du chlorure de sulfuryle sur diverses quantités eau. J'ai signalé plus haut la teinte verte que prenait le con- tenu des tubes; j'ai attribué pendant un certain temps cette coloration à une dissociation du chlorure; mais cette expli- Calion était inexacte, car j'ai pu chauffer le chlorure seul à 240° sans pouvoir constater de décomposition; la mise en _ 27° SÉRIE, TOME XLII. | nn ( 430 ) liberté du chlore doit done être attribuée uniquement à l'action oxydante de l'acide sulfurique sur l’acide chlor- hydrique. Action de l'acide sulfurique sur le chlorure de sulfuryle. Les expériences faites pour résoudre cette question sont le complément des précédentes et elles n'ont pas conduit à des résultats différents; les deux corps étaient mélangés dans les proportions indiquées par l'égalité : SO, H, + S0, CI, = 280, HCI. et chauffés en vases clos pendant six heures à 100°, puis à 150° et enfin à 200°. L'insuccès a été complet. Les deux liquides se séparaient malgré les secousses réitérées et on pouvait les isoler par décantation; le poids de chacune des matières mises en expérience ne s’était pas altéré sensible- ment. Du reste, je n'ai pas insisté sur cette étude, car il a été démontré par des expériences de M. Behrend (1) que le chlorhydrate sulfurique chauffé pendant douze heures de 170° à 180° se décompose en chlorure de sulfuryle et en acide sulfurique : e 50, < bi OH = $0, CI, + S0, < Cl 2 OH. SO, ou Formule rationnelle du chlorure de sulfuryle. Les expériences que je viens d'exposer établissent done nettement que le chlorure préparé par la méthode de M. Melsens n'est pas un chlorure correspondant au chlor- (1) Deutsch. ch. Ges. Ber., VIII, 1004. (ER) hydrate sulfurique; mais il nous est impossible de douter de Pexactitude des faits que M. Regnault a signalés, faits du reste confirmés par les expériences de M. Michaelis, et nous devons admettre que le chlorure préparé par l'action directe du chlore sur Panhydride sulfureux est un véritable chlo- rure acide. Les théories modernes nous permettent d'inter- préter toutes ces différences d'une facon satisfaisante, et les considérations suivantes me paraissent donner l'expli- cation des réactions contradictoires qui ont été observées. J'adopterai encore l'hypothèse de la biatomicité du soufre, encore le plus généralement adoptée dans les cours; d'ail- leurs, le raisonnement ne devrait pas être modifié sensible- ment si l'on admettait la tétratomicité ou l’hexatomicité de cet élément. Les chimistes sont aujourd'hui généralement d'accord à admettre que les atomes d'hydrogène et d'oxygène de l'acide sulfurique ne sont pas disposés symétriquement par rap- port à l'atome de soufre et que la formule rationnelle de cet acide doit se représenter par —0—0—0H SON. À cet acide peuvent correspondre deux chlorures, le premier -0 S_0—0 -on Connu et étudié depuis longtemps, l'autre — Ci 5260 étant probablement le chlorure découvert par M. Regnault. Mais, à côté de ces chlorures, il peut exister un chlorure ( 132 ) entièrement symétrique S_0-a formé par addition directe comme le perchlorure de phos- phore et pouvant exister à l'état de vapeur sans décompo- sition; ce chlorure n’est pas en relation immédiate avec Île chlorhydrate,etl'oncomprend aisément qu'il nesetransforme pas en ce corps sous l'influence de l'eau ; le chlorure symé- trique est plutôt un agent analogue au pentachlorure d'an- timoine, pouvant céder comme lui, mais peut-être avec moins de facilité, deux atomes de chlore pour former des produits de substitution, pouvant aussi comme lui, dans certains cas, échanger deux atomes de chlore contre un atome d'oxygène pour engendrer anhydride 30 qui, dans une seconde phase de la réaction , se transforme en acide sulfurique ordinaire; peut-être même cet anhy- dride peut-il, sous influence de leau, donner un acide sulfurique particulier, isométrique avec l'acide que nous connaissons ; en d’autres termes, l'acide ordinaire étant un dérivé sulfonique de l'eau, l'acide nouveau serait la combi- naison hydroxylique du radical sulfuryle. Cette dernière hypothèse est très-vraisemblable et j'ai déjà entrepris quelques expériences dans le but de la vérifier. Je ne me permettrais cependant pas d'appeler l'attention de l’Académie sur cette théorie, si je ne pouvais m'appuyer sur des expériences très-précises faites par M. Armstrong (1), puis par MM. Armstrong et Pike (2), expériences qui DA eeen (1) Jahresb., f. 1871, 660. (2) Warrs. Diction. of chemistry, IE suppl. 1155. ( 135 ) montrent la différence absolue d’allures du ehlorhydrate et du chlorure. Ces deux savants ont fait réagir le chlorhy- drate sulfurique sur certains dérivés aromatiques et sont arrivés aux résultats suivants : Le toluène, parfaitement refroidi, donne presque exclusivement l'acide toluolsulfo- nique; quand la température s'élève, il se produit une quantité moins considérable de eet acide, mais on obtient surtout le chlorure C,H, SOCI et même de la sulfotoluïde. (C-H;)a SO. La benzine bromée a donné de l'acide bromobenzolsul- fonique, plus de la dibromosulfobenzide. La nitrobenzine et le mononitrophénol ont dormé respectivement les acides nitrobenzolsulfonique et nitrophénolsulfonique. La naph- taline a produit de l'acide naphtaline-sulfonique et sous l'influence de deux molécules de chlorhydrate, elle a donné l'acide naphtaline-disulfonique. Ces résultats concordent avec ceux de Knapp qui, en traitant la benzine par le chlor- hydrate sulfurique avait obtenu de la sulfobenzide avec du chlorure et de l'acide phénylsulfureux (C;H; SO;CI et CH, SO;H). On peut done résumer de la façon suivante l'action du chlorhydrate : SO,HCI + RH = R’SO,H + HCI. SO,HCI + R'H = R'S0,CI + H,0. SO,HCI + 2R'H = R'SO,R’ + H,0 + HCI. Le chlorhydrate sulfurique se comporte done comme un dérivé sulfonique de l'acide chlorhydrique et il effectue même quelquefois la substitution de l'hydrogène par le radical SO, ce que te chlorure de M. Melsens n'a jamais fait jusqu'ici. Un autre argument puissant m'est fourni par un travail Re (454 ) récent de M. Orlowsky (1). Ce chimiste a fait réagir le chlorhydrate sulfurique sur l'alcool éthylique et il a ainsi obtenu un sulfate diéthylique sous forme d’un liquide neutre, inodore, soluble dans l'eau en toutes proportions mais se transformant en acide éthylsulfurique, tandis que le chlorure de M. Melsens m'a fourni un éther neutre plus dense que l’eau, d'une odeur caractéristique de menthe et paraissant identique avec l'éther décrit par Wetherill (2). M. Orlowsky fait réagir le chlorhydrate sulfurique sur le phénol et obtient un sulfate neutre (C‚H;)a SO, , tandis que le chlorure de sulfuryle m'a da à froid le phénol mono- chloré. Les différences sont done aussi tranchées dans ces der- niers cas que dans ceux que je résumais tantôt, et on peut conclure que le chlorure de M. Melsens ne provient pas du chlorhydrate sulfurique dans lequel s'est effectué le remplacement du groupement hydroxyle par le chlore; on peut donc aussi avec beaucoup de vraisemblance Jui attri- buer la formule S_0-a Voulant apporter de nouvelles preuves à l'appui de toutes ces idées, j'ai entrepris un travail assez long, mais (1) Deutsch. ch. Ges. Ber., VIII, 522. (2) Ce dernier corps semble être l’éther de l'acide iséthionique et je pense qu'il y a lieu de moditier interprétation que j'ai donnée autrefois de Faction de chlorure de sulfuryle sur Palcool. Cette action a lieu en deux phases : 4° SO,CI, + C,H,0 = S0, + C,H,CI + HCI. 2e COTES sulfurique formé en présence de l'alcool donne d’ abord de l'acide que, puis celui-ci s'éthérifie, (155 ) quoiqu'il ne mait pas donné de résultat satisfaisant, je pense pouvoir exposer rapidement quelques-unes de mes tentatives. On a souvent observé la formation simultanée de com- posés isomériques et j'ai recherché le chlorure de M. Re- gnault dans le chlorure de M. Melsens. Pour cela, j'ai distillé avee précaution au bain-marie plus d'un kilogramme de chlorure et le dernier quart a été soumis à des distilla- tions fractionnées. Malgré tout le soin apporté, je n'ai pas pu isoler une trace de chlorure bouillant à 79°; toute la quantité mise en expérience passait très-exactement de 70° à 71°. L'action de la chaleur seule suffit quelquefois à trans- former un corps en son isomère; j'ai done chauffé le chlo- rure de M. Melsens en vases clos à des températures diverses ; mais même en chauffant le chlorure à 150° pen- dant vingt-quatre heures, je n'ai pas réussi à le transformer en un corps isomère. Ces résultats infructueux mont entrainé à tenter la pré- paration du chlorure de sulfuryle sans l'intervention d'au- cun corps liquide ou gazeux, en me plaçant par conséquent dans les mêmes conditions que M. Regnault. De l'anhydride sulfureux, préparé par l’action du cuivre sur l'acide sulfu- rique, et du chlore parfaitement séchés par leur passage à travers de l'acide sulfurique, puis sur du chlorure de cal- cium, ont été dirigés dans deux grands ballons, d'une con- tenance de soixante litres; comme seul produit de l'action, j'ai obtenu quelques gouttes d'un produit liquide qu'il m'a été impossible de faire sortir de T appareil. Cette expérience a été faite au mois de juin et prolongée pendant une partie du mois de juillet; mais malheureusement la disposition du laboratoire ne me permettait d'utiliser que fort incompléte- (436 ) ment Faction chimique du soleil; je me propose cependant de reprendre eette expérience dans des conditions plus favorables. Je n'ai pas mieux réussi dans l'étude de l'action du chlo- rure de sulfuryle sur le chlorure de soufre. En faisant réagir ces deux corps pris dans les quantités exigées par l'égalité SCI, + SO,CI, = 250 Cls, on pouvait s'attendre à obtenir le chlorure de thionyle et il n'est pas certain que ce chlorure soit identique à celui que nous connaissons. Les deux corps maintenus à une température un peu inférieure à celle à laquelle le chlorure de soufre bout et se dé ‚ne sont pas attaqués. D'après une recommandation de M. Melsens, j j'ai mis en présence les deux substances à température ordinaire et les ai laissées en contact, en vases clos et exposées à l'action du soleil depuis plus d’un an sans avoir constaté de changement dans la coloration du mélange. Je vais tenter de résoudre cette question par une voie différente : on sait que M. Mi- chaëlis a obtenu le chlorure de thionyle en faisant réagir le pentachlorure de phosphore sur le chlorure de sul- fulery : SO,CI, + PCI, = POCI, + CL + SOCI,, et je vais vérifier cette réaction avec le chlorure de M. Mel- sens, J'ajouterai cependant que la non-existence d'un nou- veau chlorure de thionyle ne viendrait pas renverser les raisonnements faits plus haut : en effet, on comprend aisé- ment que les deux chlorures —0—0—CI —0— Cl S_q et S ovd ( 437 ) par le départ d'un atome d'oxygène donnent naissance au même chlorure TE Mais l'existence de ce nouveau chlorure conduirait peut- être à des idées nouvelles sur la structure des composés sulfureux et sur l'atomicité du soufre. On connait la facilité avec laquelle l'acide sulfurique et son anhydride fournissent le chlorure pyrosulfurique (S20, CL) ; j'ai tenté vainement de fixer l'anhydride sulfu- rique sur le chlorure de sulfuryle ; ces deux corps chauffés pendant longtemps n'ont pas réagi l'un sur l'autre. Lorsque j'ai commencé cette série de recherches, je considérais le chlorure de sulfuryle comme asymétrique, j'espérais pouvoir établir cette asymétrie en faisant réagir cette substance sur des corps à lacunes qui auraient pu fixer séparément Cl et SO2CI. Je n'entrerai pas dans de longs développements à ce sujet, car je compte y revenir dans une note postérieure, mais je citerai ce fait que l'an- hydride citraconique chauffé avec le chlorure de sulfuryle donne de l’anhydride citraconique monochloré qui provient évidemment de la décomposition d'un produit d’addition formé d'une molécule de chlore et d’une molécule d'anhy- dride. Cette observation constitue, me paraît-il, un nouvel argument en faveur de la formule 5 Sen: mais l'expérience ne sera tout à fait probante que lorsque j'aura terminé l'étude de l'action à froid du chlorure de sulfuryle sur le même anhydride ; les deux corps sont en Contact depuis plus d'un an, et j'espère pouvoir commencer prochainement l'examen des produits qui se sont formés. Action du chlorure de sulfuryle sur quelques hydrocarbures. 1. — ACÉTYLÈNE ET ÉTHYLÈNE. ` Je me bornerai sur ce point à des indications tout à fait sommaires. L'acêtylène, dégagé de l'acétylure de cuivre, est absorbé à froid par le chlorure, mais la réaction s'accomplit lentement et ne donne naissance qu'à unè quantité de produit tellement faible que je ne pourrais point donner d'indications positives sur la nature du corps formé. Quant à l'éthylène, l'action ne semble pas s'établir à froid; mais un mélange d'éthylène et de vapeur de chlorure étant dirigé dans une série de tubes en U chauffés à 150°, on constate une action caractérisée par la mise en liberté d'anhydride sulfureux. Le liquide recueilli était formé de chlorure de sulfuryle et d'un corps possédant toutes les propriétés de la liqueur des Hollandais; je n'ai pas con- staté la formation d'éthylène chloré. JI. — HYDRURE D'HExvLE. Cet hydrocarbure avait été retiré des pétroles par distil- lation et rectifié avec soin; il a été mélangé avec une quan- tité convenable (1) de chlorure. J'ai dù chauffer le mélange à 130° pendant huit heures pour arriver à établir une attaque, et encore la réaction n’était-elle pas COM- (1) Dans cette première série d'expériences, j'ai toujours fait réagir les substances en quantités proportionnelles au poids d’une molécule de cha- cune d’elles (159 ) plète. Le produit a été fractionné par distillation; l'hydro- carbure et le chlorure qui n'avaient pas réagi ayant été séparés, le produit restant fut soumis à quelques expé- riences instituées dans le but de rechercher s'il ne s'était pas formé une combinaison renfermant le groupement S02 Cl; mais le résultat a été complétement négatif. Le produit, soigneusement purifié et séché, bouillait à 128° et possédait toutes les propriétés du chlorure d'alphahexyle ; la composition de ee corps a, du reste, été établie par des analyses qu'il me parait inutile de reproduire, quand il s'agit de corps déjà décrits par d'autres chimistes. Comme on le voit, l'action du chlorure de sulfuryle n'est en quelque sorte que la répétition de l’action du chlore sur le même hydrocarbure exposée par MM. Pelouze et Cahours dans leurs recherches classiques sur le pétrole d'Amé- rique. HI. — ToLuÈre. On sait que le chlore agissant sur le toluène donne des produits différents suivant que la substitution s'opère à chaud où à froid; dans le premier cas, il se forme du chlorure de benzyle ; dans le second, il se forme du toluène chloré; il était done assez facile de dire à priori de quelle façon se Comporterait le chlorure de sulfuryle, puisque les deux Corps ne réagissaient pas à froid et qu'une température de 115° était nécessaire pour déterminer l'attaque. Le chlorure de benzyle a été le produit dominant, mais j'ai noté une particularité qui, je pense, n'a pas été signalée par les observateurs qui ont examiné l’action du chlore sur le toluène. Le produit brut de la réaction a été lavé à l'eau alcaline qui n'a pas enlevé de trace de produit sulfonique, Puis il a été desséché à l’aide de chlorure de calcium. Une ( 440 ) première distillation ma permis d'établir la présence d'une quantité netable de toluêne chloré, reconnaissable à son odeur, à son point d'ébullition, et caractérisé surtont par la résistance qu'il oppose à l’action de la potasse alcoolique. Ce résultat a été confirmé par l'analyse du produit. Faut-il admettre que la chlorure de sulfuryle possède une tendance particulière à exercer son action substi- tuante dans le noyau aromatique ? Je n'ose pas répondre par l’aflirmative, mais je me propose de chercher la solu- tion de cette question dans l'étude de l’action de ce chlorure sur le toluène chloré, le chlorure de benzyle, l'alcool ben- zylique et le crésylol. IV. — NAPHTALINE. Cette réaction est peut-être celle qui montre le mieux le rôle singulier joué par le chlorure de sulfuryle en chimie organique, et, si, lors de la découverte du thallium, M. Dumas a pu qualifier ce métal d'ornithorhynque des métaux, on pourrait, avec tout autant de justesse, appeler le chlorure qui m'occupe, l'ornithorhynque des chlorures acides. Les premières expériences ont eu lieu en ajoutant à de la naphtaline placée dans un appareil à reflux un poids calculé de chlorure additioné de son volume d'essence de pétrole. L'attaque commence à température ordinaire; la réaction marche assez vite, mais sans jamais devenir tumul- tueuse, et le liquide devient jaunâtre; pour compléter l'opération, on chauffe au bain-marie jusqu’à cessation du dégagement gazeux. Par le refroidissement, il se dépose une croûte cristalline blanche qui a d'abord attiré mon attention. Cette matière cristalline a été épuisée par l'alcool ( 441 ) bouillant; celui-ci en a extrait la naphtaline qui avait échappé à la réaction; le résidu a été traité par divers dissolvants, dont un seul, le chloroforme, a exercé une action notable; ce menstrue, à l'ébullition, a dissous toute la masse solide et, par le refroidissement, il a laissé déposer une substance blanche, à peu près inodore, eristallisant en gros rhomboëdres fusibles à 185°, présentant tous les Caractères d'une combinaison décrite par MM. Faust et Saame, et que ces chimistes ont obtenue par l’action directe du chlore sur la naphtaline. Cette combinaison est le tétrachlorure de naphtaline CroHsCls, et plusieurs ana- lyses m'ont prouvé que telle était bien la formule du corps que j'avais entre les mains. Le liquide, d'où ce tétrachlorure s'était dipoi a aussi élé examiné; il a d'abord été concentré au bain-marie; vers la fin de l'évaporation, il s'est déposé un liquide hui- leux, d'une odeur désagréable, bouillant à 250°, possédant tous les caractères et la composition de la naphtaline chlorée. MM. Faust et Saame ont constaté que les divers produits d'addition de la naphtaline sont peu solubles dans l'essence de pétrole, et pour éviter une objection, j'ai voulu recher- cher si l'essence employée n'était pas intervenue comme Cause modificatrice dans eette réaction. L'opération a été reprise comme plus haut, mais sans diluer le chlorure de sulfuryle; les eristaux de naphtaline se sont imbibés de chlorure et ont pris aussitôt une teinte verdätre très-nette; bientôt il s'est dégagé quelques bulles de gaz, mais j'ai hâté la réaction en chauffant doucement; la naphtaline fond alors et la réaction arrive rapidement à à sa fin. L'opération terminée, le produit est lavé à l’eau alealine, puis examiné comme précédemment. Les résultats ont été identiques. ( 442 ) Cent parties de naphtaline m'ont donné vingt parties de tétrachlorure et plus de cinquante parties de naphtaline chlorée. Il semble done qu'on peut présenter la réaction par l'égalité suivante : m+ C H + 50,C1, = C, HCl, + ™ CoH, CI + "H SO, +" HEL Je me propose d'examiner plus tard dans quelles limites peut varier le coefficient m. V. — ESSENCE DE TÉRÉBENTHINE. L'hydrocarbure soumis à l'expérience a été retiré par distillation d’une essence du commerce, puis purifié d'après les méthodes recommandées par les meilleurs auteurs; une nouvelle distillation a été effectuée au moment même de l'opération et une portion de l'essence recueillie a été sou- mise à un examen optique qui prouva que le produit recueilli était l’'australène. ! A un certain poids d’australène placé dans un appareil à reflux, j'ai ajouté par portions à l'aide d'un tube effilé un poids égal de chlorure de sulfuryle ; l'addition des pre: mières gouttes de réactif colore l'essence en jaune verdâtre, bientôt il se produit un dégagement de gaz assez impor- tant, mais les gaz émis ne donnent à l'air que fort peu de vapeurs blanches. Il est bon de refroidir l'appareil pendant l’affusion des premières portions de chlorure, mais vers la fin de l'opération on doit employer une légère chaleur pour éliminer les produits gazeux. L'appareil refroidi est pesé et l'augmentation de poids correspond sensiblement à celle qu’exigerait la fixation d’une molécule de chlore sur une molécule de terpène. Le produit est alors chauffé à 80° dans un courant d'air sec, mais malheureusement le pro- . ( 145 ) duit subit déjà à cette température une décomposition par- tielle caractérisée par la formation de produits brunâtres. Au reste, le produit est si peu stable qu'à température ordinaire, il émet déjà des fumées blanches d'acide chlor- hydrique; il m'a done été impossible de procéder à une étude vraiment scientifique de ce corps nouveau. La moyenne de plusieurs analyses de la substance lavée à l'eau distillée, puis séchée sur du chlorure de calcium, a été de 50 à 51 p. °% comme teneur en chlore, et la for- mule CroHieCle exige 34,29 p. °, de chlore. Cette substance nouvelle distillée dégage beaucoup d'acide chlorydrique et donne naissance à divers produits que je n'ai pas encore examinés, mais parmi lesquels doit se rencontrer le eymène. Je n'insisterai pas davantage sur cette réaction, car j'ai l'intention de commencer dans quelque temps des recher- ches sur les terpènes et j'aurai alors l'occasion d'exposer tous ces faits d’une façon détaillée. Tout incomplet que soit demeuré ce point de ma note, il montre pourtant tous les avantages que présente le chlorure de sulfuryle comme agent de chloruration, et l’on pourrait dire que ce chlorure n’est que du chlore mis sous forme liquide; le maniement en est incomparablement plus facile que eelui du chlore gazeux et il est beaucoup moins désagréable que celui du brome. (144 ) Des éléments cellulaires et des canaux plasmatiques dans la cornée de la grenouille; par M. A. Swaen, professeur à l'Université de Liége. En faisant cette étude des cellules cornéennes de la grenouille, j'avais en vue de rechercher si ces éléments peuvent être ramenés au type de cellules décrites par Ranvier dans les tendons et les aponévroses, par Waldeyer dans les mêmes tissus et par Axel Key et Retzins dans la dure-mère. Étant donnée la disposition des faisceaux de fibrilles et des lamelles de la cornée, je voulais rechercher si les cellules de ce tissu affectent avec les lamelles cor- néennes des rapports analogues à ceux que présentent les cellules des tendons, des aponévroses, de la dure-mère avec les faisseaux de tissu conjonctif entrant dans la com- position de ces tissus. Pour arriver à de bons résultats dans eette étude, il fal- lait maintenir les lamelles cornéennes dans leurs rapports normaux et fixer les cellules dans leurs formes. C'était sur l'œil entier, aussi frais que possible, qu'il fallait faire agir les réactifs. | Le bichromate d'ammoniaque m'ayant fourni d'excel- lents résultats dans l'étude des tendons, je recourus au même réactif au début de mes recherches sur les cornées. L'œil fraîchement enlevé est placé pendant deux jours dans une solution de bichromate d'ammoniaque à 2 p. °?/o Au bout de 48 heures j'enlève l'épithélium au pinceau, j'excise la cornée, je détache F'endothéliam et je lave pen- dant 5/, à 1 heure dans l’eau distillée. La cornée est alors (145 ) colorée à l’hématoxyline étalée sur un porte-objet et traitée par la glycérine pure ou acidifiée de 4 p. °/, d'acide for- mique. Dans ces conditions les cellules sont fixées dans leur forme par le bichromate, les lamelies conservent bien leurs rapports, le protoplasme cellulaire et les noyaux se colorent fortement en bleu et, au bout de quelques heures, la glycérine rendant les faisceaux de fibrilles bien transpa- rents et presque incolores, on peut observer les cellules Cornéennes en place dans les différentes couches du tissu, Sans qu'il soit nécessaire de le diviser en lamelles et de tirailler ainsi en divers sens les éléments cellulaires inter- posés. Le nitrate d'argent fixant très-bien les cellules dans leur forme me fournit un deuxième moyen d'étude. Le globe oculaire entier est plongé dans une solution oe 1 p: °fo de nitrate d'argent ou, ce qui vaut encore mieux, d'après la méthode de Stricker, je promène rapidement sur la face antérieure de la cornée un cristal de nitrate d'ar- gent. Cette opération est faite sur l'œil laissé en place el la grenouille étant vivante. Le globe est ensuite rapide- ment enlevé. Dans l'un et l'autre cas, voulant éviter Vimprégnation de la cornée, je fais ces opérations dans une demi-obscurité, puis les yeux sont abandonnés pendant quelques heures dans l'eau distillée ou dans une solution de 0,75 p. °/ de chlorure sodique, et placés dans une obscurité complète. | Bientôt on peut détacher facilement l'épithélinm; puis la cornée est excisée, débarrassée de lendothélium qui revet sa face postérieure, lavée dans Peau distillée et colorée dans Phématoxyline. Elle est ensuite montée dans la glycérine pure ou acidifiée d'acide formique. Par ces 2° SÉRIE, TOME XLI. 10 | ( 146 ) préparations encore les corps cellulaires se colorent en bleu et le noyau se détache nettement sur le restant du corps cellulaire par sa teinte plus foncée et un peu violacée. L'acide osmique aussi m'a conduit au même résultat. L'œil toujours entier est placé pendant 24 heures dans une solution d'acide osmique à 4 p. °/,. Puis la cornée est excisée. Pour arriver à la diviser en lamelles, je suis alors le procédé de Stricker (1) et la laisse macérer pendant 24 à 48 heures dans de l’eau distillée à laquelle j'ajoute quel- ques gouttes d'acide acétique; cet acide ne doit être qu’en quantité suffisante pour donner une légère teinte vivlacée au papier de tournesol. Dans ces conditions, ce liquide ne ramollit pas la cornée, ne gonfle pas son tissu, el Cé qui le prouve, c’est qu’elle garde parfaitement sa forme et qu’elle reste bien élastique et résistante. On peut cepen- dant alors enlever des couches épi-et endothéliales, et la diviser en lamelles sans trop les tirailler. Ces lamelles sont ensuite colorées à l'hématoxyline et montées dans le baume ou dans la glycérine. Sur les cornées préparées en “suivant Fune ou l'autre de ces trois méthodes, à première vue et déjà avec un faible grossissement , on constate que la forme de la grande majorité des cellules cornéennes est déterminée par la configuration des espaces interlamellaires et par la direc- tion des espaces interfasciculaires qui renferment ces cel- lules et leurs prolongements. Rappelons que les lamelles de la cornée sont formées de faisceaux de fibrilles tous parallèles entre eux et dont les faces latérales sont soudées par la substance unissante HA Re LE ne (i) Srricser. Medizinisch Jahrb. 1874. Uber Eiterungsprocess. (A47) interfasciculaire. Ces faisceaux ayant conservé quelque peu leur forme cylindrique, il en résulte que lune et l’autre face de chaque lamelle présentent au niveau de chaque espace interfasciculaire une petite rainure angu- laire à surfaces convexes. Cette disposition est nettement marquée sur les coupes transversales de la cornée surtout au niveau des cellules. Ces rainures ou espaces interfasci- culaires sont donc toutes parallèles entre elles et séparées les unes des autres par un intervalle de la largeur d’un faisceau de fibrille. Il faut ajouter que ces rainures ne présentent pas la même profondeur et la même largeur sur les deux faces de la lamelle et que, dans les points où elles sont profondes et larges sur une face, elles sont au con- traire très-réduites et presque effacées sur l’autre. S'il n'en était pas ainsi, la lamelle étant très-mince, il y aurait de véritables fentes produites par la séparation des faisceaux. C'est d'ailleurs ce qui se présente, dans certains points, Comme nous allons le voir dans un moment. D'autre part, les lamelles étant unies entre elles de telle façon que les faisceaux de l’une ont une direction direc- tement perpendiculaire aux faisceaux des deux lamelles voisines, il en résulte que les espaces interfasciculaires d'une lamelle s’entre-croisent à angle droit avec ceux des lamelles contiguës et qu'aux points d’entre-croisement se trouvent de petits espaces losangiques à bords arrondis et excavés. La substance unissante interlamellaire qui réunit ces lamelles se trouve surtout entre les points de contact des faisceaux de fibrilles, c'est-à-dire dans les mailles du réseau formé par l'entre-croisement des espaces interfasci- Culaires. Enfin sur certains points et de distance en dis- lance la substance unissante interlamellaire manque, les lamelles s'écartent légèrement et de cet écartement résul- ( 148 ) tent des espaces aplatis de formes assez irrégulières et se continuant sur tout leur pourtour dans les espaces inter- fasciculaires des deux lamelles qui les limitent. La substance fondamentale de la cornée est donc par- courue par un système de cavités et de canalicules corres- pondant à des espaces interlamellaires et interfascicu- laires. Ajoutons que les faisceaux de fibrilles peuvent aussi s'écarter les uns des autres par leurs faces latérales et, dans l'épaisseur des lamelles, former ainsi des fentes éla- blissant des communications plus ou moins directes entre des espaces interlamellaires situés à des profondeurs diffé- rentes dans la cornée. Cette disposition des espaces inter- lamellaires et interfasciculaires de la cornée apparaît nette- ment dans les points où se tronvent logées les cellules fixes de la cornée avec leurs prolongements et dans le voisinage immédiat de ces parties (voir fig. 44, pl. 1). Sur les préparations obtenues par l’une ou l'autre des trois méthodes décrites plus haut, on observe, en effet, que ces cellules se présentent sous forme de minces lames de protoplasme un peu plus épaisses au niveau et dans le voi- sinage immédiat du noyau, moulées sur les faces des deux amelles entre lesquelles elles sont situées. Elles présentent par conséquent sur lune et l'autre face des crêtes d'em- preinte répondant aux espaces interfasciculaires de ces lamelles cornéennes, les crêtes d’une face ayant une direc- tion perpendiculaire aux crêtes de l’autre face. Les con- tours amincis de ces lames de protoplasme sont assez irré- guliers, souvent ils figurent à peu près un rectangle (voir tig. 6, pl. I), d'autres fois ils forment un quadrilatère échancré sur un ou deux des angles (voir fig. 1,2, 4, pl. I), d'autres fois encore c’est une lame complétement irrégulière, ou (449 ) bien une lame assez large dans une partie de son étendue et présentant des prolongements étroits assez irréguliers dans telle ou telle direction indéterminée (voir fig. 3, 5, pl. 1). Quelle que soit la forme générale du corps cellulaire, ses bords sont dentelés, marqués par une suite de courbes à concavité externe. De la plupart des saillies de ces dente- lures partent des prolongements qui s'engagent dans les _ espaces interfasciculaires, se trouvant en communication avec l’espace interlamellaire qui contient la cellule. Ces prolongements ont une direction directement perpendicu- laire suivant qu’ils partent de l’un ou l’autre bord des corps cellulaires (voir fig. 4 a, b) et se trouvent sur le prolonge- ment des crêtes d’empreinte de l’une ou l’autre face (voir fig. 6). Ils se trouvent logés suivant leur direction dans les espaces interfasciculaires de l’une ou de l'autre lamelle limitant l'espace interlamellaire. Ces prolongements sont rectilignes, présentent de dis- tance en distance de petits épaississements losangiques et, après un trajet plus ou moins long, se terminent en sefii- lant ou s’anastomosent avec des prolongements de cellules voisines (voir fig. 1, pl. H). Très-souvent aussi ces prolon- gements s'engagent obliquement, soit d'avant en arrière, Soit d'arrière en avant, entre les faisceaux d’une lamelle qui s'écartent sur leur passage, arrivent sur l'antre face de cette lamelle cornéenne et s’y anastomosent avec des pro- longements cellulaires voisins. J’ajouterai encore que ces Parties ont une épaisseur très-variable, que suivant la couche cellulaire que l'on étudie les prolongements dirigés dans un sens sont beaucoup plus nombreux que les prolon- sements dirigés dans un sens opposés, et que ces direc- tions principales changent d'une couche cellulaire à l’autre. Telles sont les propriétés de ces prolongements qui par- ( 150 ) tent directement du corps cellulaire et que je distinguerai par la dénomination de prolongements de premier ordre. Hs ne sont pas les seuls, en effet, et sur leur trajet on en. observe d'autres généralement beaucoup plus fins, de même aspect, mais dirigés perpendiculairement aux premiers ; ces prolongements de second ordre se trouvent logés dans „les espaces interfasciculaires de la lamelle cornéenne op- posée à celle où se trouvent logés les prolongements de premier ordre. Ils ne se rencontrent pas régulièrement dans tous les espaces interfasciculaires, loin de là, tantôt ils s'étendent simplement d'un prolongement principal au voisin , tantôt même ils sont encore plus courts, souvent aussi cependant ils sont beaucoup plus longs et passent successivement d’un prolongement principal au suivant, en S'anastomosant avec eux; à leurs extrémités ils se termi- nent tantôt en s’eflilant, tantôt en s’anastomosant avec des prolongements voisins (voir fig. 1, 3, 4, 5 et 6, pl. T; fig. 1, 2 et 5, pl. IT (x)). De cette disposition des prolongements du premier et du second ordre, il résulte qu’à la périphérie de la cellule on trouve un réseau d'apparence protoplasmatique plus ou moins développé, à mailles rectangulaires dont la trame est logée dans les espaces interfasciculaires des lamelles conti- guës. Ce réseau, très-incomplet, il est vrai, met en commu- nication les différentes cellules répandues dans le stroma de la cornée (voir fig. 1, pl. H). Telle est la forme de la grande majorité des cellules fixes de la cornée de gre- nouilles. - Ce type de cellules une fois bien connu, il est très-facile de comprendre les variétés de forme que les cellules cor- néennes présentent par-ci par-là dans le stroma. Et d’abord, dans les deux couches cellulaires les plus (EDI ) rapprochées de la membrane de Demours se trouvent les formes qui s'écarteat le plus du type que je viens de décrire. Mais dans ces points aussi les faisceaux de fibrilles qui composent les lamelles cornéennes ne présentent plus aucune régularité dans leur disposition et dans leur agen- cement. Il en résulte que les cellules cornéennes placées entre ces lamelles sont toujours des lames de protoplasme très-minces, mais que leurs contours sont beaucoup plus irréguliers, présentent beaucoup moins de dentelures, que les prolongements se dirigent indifféremment en tous sens, se ramifient et s'anastomosent entre eux sans que lon puisse reconnaître aucune règle déterminant leur direction (voir fig. 9, pl. 1). Dans les couches antérieures et moyennes de la cornée, on trouve aussi des cellules qui, au lieu de s'étaler en sur- face entre les lamelles, se se es za contraire, en grande et pénétrant + — partie dans des espace plus profondément dans ied des lamelles. Dans ce Cas la cellule est fusiforme et souvent alors, en l'étudiant attentivement, on remarque qu’une partie de son proto- plasme, quelquefois avec une partie du noyau, s'est en même temps étalée en surface dans l’espace interlamellaire Voisin et y présente une disposition analogue à celle des cellules cornéennes ordinaires (voir fig. 7, pl. 1). D'autres fois encore, la cellule moins étendue que d'habi- tude, étalée en surface dans un espace interlamellaire, pré- sente non-seulement des crêtes d'empreintes, mais une lamelle insérée perpendiculairement sur la lame princi- pale. Cette lamelle protoplasmatique s'engage d'avant en arrière ou vice versà, dans un espace interfasciculaire Voisin et travérse ainsi complétement la lamelle cornéenne (voir fig. 8, pl. D. ( 152 ) Quant aux cellules d'aspect étoilé à prolongements, divisés dichotomiquement et à direction indéterminée, comme on les observe sur les cornées imprégnées par une solution de nitrate d'argent (Saftlücken) (voir fig. 10, A, pl. 1), sur les préparations que j’étudie maintenant, ces cellules ne se rencontrent qu’au voisinage de la membrane de Demours. Je ne veux certainement pas dire que tous les prolongements cellulaires ont invariablement un trajet rectiligne, qu’ils sont tous indistinctement logés dans les espaces interfasciculaires. Mes figures présentent presque toutes un ou deux prolongements qui ne se trouvent pas dans ces conditions; il est certain que, surtout au voisinage du corps cellulaire, les prolongements ont assez souvent une direction différente, mais de même que le corps cel- lulaire se loge entre les lamelles cornéennes et s’y étale sans avoir de limites rectilignes, de même des prolonge- ments, c'est-à-dire des dépendances des corps cellulaires peuvent aussi, sur une partie de leur trajet, se loger entre les lamelles cornéennes et, avant de pénétrer dans un espace interfasciculaire, présenter ainsi une direction indéterminée et indépendante de celle de ces espaces. Ajoutons encore que des faisceaux de fibrilles s'éten- dent et passent obliquement d'une lamelle à l'autre, que la direction de ces faisceaux est aussi très-variable et que quelques prolongements cellulaires peuvent très-bien les accompagner et présenter par suite un trajet différent de celui de la grande masse de ces parties. Je vais, d’ailleurs, revenir sur ces préparations de cornées imprégnées au nitrate d'argent. Cette description des cellules fixes de la cornée de gre- nouille va paraître assez schématique au premier abord à tout histologiste qui songera aux résultats obtenus par - (183 ) l'imprégnation de la cornée au nitrate d'argent. Cette impression, je l’éprouvais moi-même en comparant les préparations précédemment décrites avec les cornées im- prégnées au sel d'argent que je possédais dans ma col- lection. Une première différence me frappait, c'était le volume , étendue des corps cellulaires plus considérables que celui des espaces plasmatiques (Safilücken); puis le nombre des prolongements et leur mode de distribution comparativement au nombre et à la disposition des canaux plasmatiques (Saficanälchen) me présentaient aussi des différences notables. Mais en examinant attentivement un grand nombre de cornées imprégnées au nitrate d'argent par la méthode ordinaire (solution de nitrate d'argent de 1 pour 500 à 1 p. °/), je constatais bientôt que les résultats fournis par celle méthode de préparation variaient aussi considérable- ment. Tantôt les canaux plasmatiques sont assez larges et très-nombreux, tantôt, au contraire, ils sont beaucoup plus rares el plus étroits, tantôt on peut les suivre sur un très- long trajet, tantôt ils s'arrêtent beaucoup plus tôt. En même temps l’espace plasmatique (Safilücke) pré- sente les mêmes variétés; quelquefois on le trouve assez étendu, d'autres fois, au contraire, beaucoup plus petit, et Sur les préparations colorées à l'hématoxyline, c’est à peine. Si autour du noyau il reste encore quelque place pour les corps cellulaires. C'est surtout dans les points où l'impré- gnation est très-forte que les espaces plasmatiques sont très-pelits et que les canaux sont plus rares et plus étroits. Souvent, au contraire, dans les points où l'imprégnation est très-faible ou incomplète, on trouve les espaces plas- matiques beaucoup plus larges et les canaux plasmatiques très-larges aussi, s'entre-croisant à angle droit et formant ( 154 ) un réseau dont les mailles quadrangulaires sont excessive- ment petites. Je remarquais de plus qu’en traitant la cornée excisée par une solution de nitrate d’argentà 1/a ou 1 p. °/,, la cornée s'enroulait immédiatement sur sa face concave, effet que je ne puis attribuer qu'à une expansion du stroma cornéen, amenée par la solution de nitrate d'argent (la membrane de Demours résistant, en effet, beaucoup mieux à l’action du réactif). Je cherchais donc à imprégner la cornée en empéchant cet effet de se produire, et dans ce but, sur l'œil excisé et complet, je cautérisais la face antérieure de la cornée avec un cristal de sel argentique. Il suffit de passer légèrement le cristal sur l'épithélium qui noircit immédiatement. L’œil est alors placé dans l'eau distillée et exposé im- médiatement aux rayons du soleil. Au bout de quelques heures de macération dans l'eau, l'épithélinm cornéen se détache facilement, la cornée est alors excisée, débarras- sée de l’endothélium qui tapisse sa face postérieure, étalée sur un porte-objet et montée dans la glycérine. Sur ces préparations, les espaces plasmatiques (Saft- lücken) ont la forme et l'étendue (voir fig. 14, pl. 1) des cellules cornéennes, les canaux plasmatiques présentent la disposition de leurs prolongements, et cette disposition est si nettement marquée qu’à un faible grossissement la substance fondamentale colorée en jaune brunâtre semble parcourue dans toute son étendue par un réseau de lignes blanches disposées en croix et limitant des mailles parfai- tement quadrangulaires. Ce n’est qu’en examinant de plus près et avec de forts grossissements que l'on s'aperçoit qu'il n’en est cependant pas tout à fait ainsi, mais que celle apparence est due en grande partie à la vue simul- tanée de canalicules appartenant à des couches différentes. ( 155 ) On voit de la périphérie de l’espace interlamellaire partir des canalicules parfois excessivement longs, marquant parfaitement la situation, la forme et la direction de tous les espaces interfascieulaires qui en partent, présentant done tout à fait la disposition des prolongements cellu- laires de premier ordre (voir fig. 11, pl. F, a, b). Dans le voisinage de l’espace interlamellaire on remarque ensuite d'autres espaces interfasciculaires ou canalicules plus fins, perpendiculaires aux premiers, correspondant aux pro- longements cellulaires du second ordre, mais souvent plus nombreux que ces derniers et formant ainsi à la périphérie de l’espace interlamellaire un réticulum beaucoup plus complet (voir fig. 41, pl. I, a). Des résultats obtenus, je crois pouvoir conclure que le système des canaux plasmatiques de la cornée est consti- tué par les espaces interlamellaires et interfasciculaires de celte membrane, espaces dont j'ai décrit la disposition au commencement de cet article. Dans une grande partie du stroma de la cornée traitée par le nitrate d'argent la plupart de ces espaces interfasciculaires sont trop étroits Pour trancher par leur non-coloration sur le fond brunâtre de la substance fondamentale; peut-être aussi sont-ils obli- térés par un léger gonflement des faisceaux de fibrilles et de la substance unissante interlamellaire. Mais à la péri- phérie du corps cellulaire ces espaces sont plus dilatés par la présence des prolongements cellulaires et en partie aussi par l'abondance plus grande du liquide parenchymateux refoulé vers les espaces interlamellaires, et il en résulte que ces espaces apparaissent en clair sur le fond coloré du stroma cornéen. Comment faut-il done interpréter les résultats fournis Par la méthode ordinaire d'imprégnation avec une solution de nitrate d'argent? ( 156 ) Quand on plonge l’œil entier et surtout la cornée excisée dans une solution de sel argentique, en même temps que le nitrate d'argent pénètre dans l’intérieur du tissu, en même temps aussi y pénètre une notable quantité d'eau qui le tient en solution. De là résulte un gontlement des faisceaux de fibrilles qui composent les lamelles cornéennes et probablement aussi de la substance unissante interfas- ciculaire et interlamellaire : c’est ce que prouve l’enroule- ment si rapide de la cornée excisée. Il en résulte que la plupart des espaces interfasciculaires disparaissent et que les plus considérables seulement, ceux qui contiennent les prolongements cellulaires les plus volumineux, conservent seuls une épaisseur suffisante pour trancher par leur non- coloration sur le fond coloré du stroma. Il en résulte éga- lement que les prolongements cellulaires les plus fins, com- primés, amineis, passeront également inaperçus dans la masse brunâtre de la substance fondamentale. Et enfin à la périphérie de l’espace interlamellaire les faisceaux gon- flés comprimeront, aminciront la lame cellulaire proto- plasmatique interposée de telle facon que la partie centrale seule de la cellule et de l'espace qui la contient apparaitra encore en clair sur le fond coloré. Cet espace présentera donc des dimensions moins considérables, une forme toute différente et ne restera en rapport qu'avec les espaces interfasciculaires les plus larges par des prolongements de direction indéterminée à leur origine et quelquefois sub- divisés au début de leur trajet (voir fig 10, pl. IA). J'ajouterai que sur les cornées excisées la solution de ni- trate d'argent amenant l’enroulement de la membrane, il en résulte une modification dans les rapports mutuels des lamelles cornéennes et de leurs espaces interfasciculaires. Enfin il wy a rien d'impossible que le nitrate d'ar- ( 157 ) gent, agissant plus longtemps sur le tissu, amène aussi dans les parties les plus minces du protoplasme cellulaire une modification telle qu’elles brunissent également sous influence de la lumière et prennent ainsi la coloration de la substance fondamentale environnante. Nous allons voir dans un instant que, sur certaines préparations, on observe des modifications qui tendraient à le faire admettre. Quand, au contraire, on passe simplement un cristal de nitrate d'argent sur l'épithélium de la face antérieure de la cornée, le sel se dissout dans le liquide parenchymateux du tissu, y pénètre de proche en proche, ne gonfle que très-légèrement les faisceaux de fibrilles et la substance unissante ; il n’altère que faiblement la configuration et la disposition des espaces interfasciculaires et interlamel- aires. L'interprétation que je viens de donner n’est pas, d’ail- leurs, une simple interprétation, c'est une explication basée sur des observations que j'ai pu faire de la marche de ces phénomènes. Sur des cornées où l'imprégnation au cristal de nitrate d'argent n'avait réussi que sur certains points, tandis que dans d’autres parties de la cornée la préparation pré- sentait le même aspect qu'à la suite des imprégnations ordinaires, je remarquai entre ces points extrêmes une zone intermédiaire excessivement intéressante. On y dis- tinguait encore nettement les espaces interlamellaires normaux en rapport avec les espaces interfasciculaires (v. fig. 10, pl. 1, B); mais une partie de ces derniers étaient amincis et déjà faiblement colorés, d'autres étaient Colorés dans leurs parties les plus superficielles seulement (voir fig. 40, pl. 1, a, b), et enfin l'espace interlamellaire lui-même présentait la même moditication sur toute sa (138 ) périphérie. La partie restée parfaitement claire présentait des contours tout différents et restait en rapport avec un nombre moins considérable d’espaces interfasciculaires, par l'intermédiaire de prolongements dont la direction était tout à fait indéterminée et qui se divisaient quelquefois dichotomiquement dans leur trajet (voir fig. 10, pl. l, A, c). Je ferai remarquer ici qu’en parlant d'espaces interlamel- laires, de leurs prolongements et d'espaces interfascicu- laires, je me sers de ces mots parce qu'il est plus habituel d'interpréter ainsi les espaces incolores des cornées traitées par le nitrate d'argent; mais sur ces préparations ces espaces sont presque comblés par les corps cellulaires et leurs prolongements, de premier ordre du moins; on y distingue ces éléments à cause de l'aspect granuleux et grisâtre de leur protoplasme (1). Or, dans la zone cornéenne que j’étudie pour le moment, ce sont ces prolongements cellulaires en grand nombre et la périphérie du corps cellulaire qui semblent colorés eux-mêmes en brun clair. La coloration de ces parties interviendrait done aussi pour une bonne part dans la disparition de plusieurs espaces interfasciculaires, dans le rétrécissement des autres et dans le rétrécissement et le changement de forme que présentent les espaces interla- mellaires sur les cornées traitées par une solution de nitrate d'argent. Des résultats fournis par cette étude je crois done devoir conclure : t° Que le liquide parenchymateux de la cornée circule dans un système d'espaces et de canalicules dont la disposi- DRE sn de FD E E E A trade (1) Stricker. Untersuchungen über den Eiterungsprocess. MEDIZ. Jaurs. 1874. ( 439 ) tion et la forme sont dues à la texture et à la disposition des lamelles cornéennes ; 2° Que les cellules migratrices doivent également cir- culer dans ces espaces; 3° Que les cellules fixes de ce tissu, comme celles des tendons et des aponévroses ont leur forme déterminée par leur situation dans les espaces interlamellaires et inter- fasciculaires; 4° J'ajouterai que non-seulement la forme des cellules, mais encore leur distribution dans la substance fondamen- tale est déterminée par ces rapports et que, de même que l’on peut expliquer la forme des cellules par la disposition des espaces où elles se trouvent situées, de même aussi on peut expliquer la forme de ces espaces par la configuration des cellules cornéennes. Je m'explique : Au commencement de cet article, en parlant de la dis- Position des espaces interfasciculaires, je disais que sur une lamelle cornéenne, dans un point donné, les espaces inter- fasciculaires des deux faces n'étaient pas également développés et que si, sur une face, ils étaient larges et profonds, sur l’autre ils étaient, au contraire, étroits et Surperficiels. Je dirai immédiatement que les espaces inter- fasciculaires sont larges et profonds quand ils contiennent des prolongements cellulaires de premier ordre. Cela étant, il s'ensuit que deux faisceaux d'une _lamelle étant donnés, s'il se trouve un prolongement cel- lulaire de premier ordre dans l’espace interfasciculaire d’une face, il ne s'en trouvera pas ou il ne se trouvera qu'un prolongement cellulaire de second ordre dans l’espace interfasciculaire de la face opposée. Deux couches cellulaires voisines étant données, il en ( 160 ) résultera donc que si Pune d'elles a la majorité de ces pro- longements de premier ordre dirigés dans le sens hori- zontal, par exemple, soit pour fixer les idées, dans les espaces interfasciculaires de la lamelle interposée , l’autre couche cellulaire devra, au contraire, avoir la majorité de ces prolongements de premier ordre logés dans les espaces interfasciculaires de la lamelle contiguë, donc dirigés ver- ticalement, c’est-à-dire dans un sens perpendiculaire au premier. Or, Cest précisément ce que l’on peut remarquer avec la plus grande facilité et ce que j'ai déjà signalé en étudiant les cellules cornéennes. Je puis conclure de ce fait que la disposition et la forme des espaces interfasciculaires ont entrainé néces- sairement celles des prolongements cellulaires et encore mieux que la distribution de ces derniers a entraîné l'élargissement de certains espaces interfasciculaires déter- mines. D'autre part, si la majorité des prolongements de pre- mier ordre d'une couche cellulaire sont dirigés dans un sens, il n’en reste pas moins une bonne quantité dirigés aussi dans le sens perpendiculaire au premier, c'est-à-dire que deux couches cellulaires voisines étant données, sur Fune et l’autre face de la lamelle intermédiaire, il y aura bon nombre de prolongements logés dans les espaces interfasciculaires des deux faces de cette lamelle. Pour que ce fait n’entraine pas une disposition contraire à celle que j'ai indiquée pour la dimension des espaces interfasciculaires d'une méme lamelle, il faut done que les prolongements d’une couche cellulaire ne soient pas en regard des prolongements de l’autre couche, c'est-à-dire que les cellules d'une couche ne soient pas non plus en regard de celles de l’autre couche. C'est ce qui a entrainé ( $64 ) en général la disposition suivante. Si Fon étudie la distri- bution des cellules dans une couche donnée, on remarque qu'elles sont situées aux angles d'un espace de forme poly- gonale et si, en abaissant l'objectif, on considère alors les cellules de la couche suivante, on les voit apparaître dans les champs polygonaux limités par les cellules de la couche plus superficielle. Donc, de la forme et de la disposition des espaces interfascienlaires est résultée la distribution des cellules dans les différentes couches de la cornée. J'ajouterai encore quelques mots seulement à ces détails peut-être trop longs déjà, mais sur lesquels je devais in- sister pour que l'on saisit bien leur portée. On pourrait objecter à ma manière de voir sur les cel- lules cornéennes qu'elles peuvent être, en partie du moins, le liquide parenchymateux coagulé à l'intérieur des espaces interfasciculaires et coloré comme le protoplasme par Phématoxvline et le chlorure d'or. Cette manière de voir serait conforme à celle de Henle (1) et de Schweigger- Seidel (2) surtout. Or ces deux auteurs n’expliquent guère leur interprétation des préparations ordinaires de la cornée La le vinaigre de bois, l'acide chromique dilué, l'acide acélique le chlorure d'or, qu'en prenant pour point de départ un gonflement du tissu cornéen et particulièrement des librilles de tissu conjonctif. Pour Henle ce gonflement aurait pour résultat de diminuer la largeur des espaces mterlamellaires et de forcer ainsi un liquide coagulable y contenu de passer entre les faisceaux des lamelles : ce serait ce liquide coagulé entre les faisceaux et dans l'espace Nd nn EN (1) Rexe, Handbuch der systematischen Anatomie. Bd. Il, 1875. (2) Seuweieeen-Serer. Ueber die Hornhaut des Auges. Ludwigs Ar- beiten, 1870 2°* SÉRIE, TOME XLII. 11 ( 162 ) interlamellaire qui formerait une grande partie de la cel- lule et surtout de ses prolongements sur les préparations indiquées plus haut. _ Pour Schweigger-Seidel les cellules à prolongements, obtenues par les: mêmes modes de préparation, seraient dues aussi à un gonflement des fibrilles de tissu con- jonctif : celles-ci exprimeraient leur substance unissante, en prenant un volume plus considérable, forceraient cette dernière et la substance unissante interlamellaire à passer dans les espaces interlamellaires et entre les faisceaux des lamelles. Ce serait cette substance coagulée et colorée qui produirait une grande partie de la cellule telle qu’elle appa- raît dans ces préparations. Or j'ai démontré que les espaces interlamellaires et interfasciculaires, que les cellules et leurs prolongements ne sont jamais aussi étendus que quand on évite le gonfle- ment du tissu, quand on. passe seulement un crayon de nitrate d'argent sur la face antérieure de la cornée, par exemple. D'autre part, l'acide osmique fixe les éléments dans leur forme et leur situation, ne gonfle pas les fais- ceaux de tissu conjonetif, et sur les lamelles cornéennes isolées, colorées par l'hématoxyline et montées dans le baume de Canada, la cellule cornéenne a tous les carac- tères que je lui ai décrits. On observe done les prolongements cellulaires alors même que l'on n’a en rien altéré la configuration des fais- ceaux de tibrilles, et bien plus, ces prolongements sont d'autant plus marqués que l'on a amené un gonflement moindre de ces faisceaux (comparer fig. 1, 2, 5 avec fig. 4, 5, 6). ; Il resterait donc à admettre une simple coagulation du liquide parenchymateux circulant dans les espaces inter- ( 163 ) fasciculaires : mais alors comment expliquer Ja différence de largeur et de profondeur de ces espaces sur l’une ou l’autre face des lamelles cornéennes? Comment admettre que ce liquide pût former dans telle direction des prolon- gements épais, volumineux de premier ordre, dans telle autre direction les prolongements si courts, interrompus et si fins, de second ordre? Pourquoi ces derniers prolon- gements n’apparaissent-ils pas aussi nombreux que ccux de premier ordre, ou au moins aussi nombreux que les espaces interfasciculaires y correspondant apparaissent sur les cornées traitées par le cristal de nitrate d'argent? Com- ment expliquer enfin les caractères des cellules dans les différentes couches cornéennes, leur distribution et celle, si caractéristique, de leurs prolongements? Ajouterai-je enfin que nier la nature cellulaire des pro- longements, c'est nier aussi les crêtes d'empreinte ? C'est done enlever à la cellule cornéenne les caractères princi- paux qui la rapprochent des cellules tendineuses , aponé- vrotiques et durales. : Ces prolongements ont d'ailleurs été isolés avec les Corps cellulaires auxquels ils appartiennent, ce qui force Henle lui-même à considérer les lamelles endothéliales Comme munies de prolongements interfasciculaires, ces lamelles constituant les cellules cornéennes. Je ne crois pas, cependant, qu’il faille absolument nier la coagulation et la coloration possible du liquide paren- chymateux. C'est ainsi que, sur les cornes traitées par le chlorure d'or !/, p. °/, et réduites par une solution d'acide formique et d'alcool amylique à 1 p. °/,, il appa- rail des stries fortement colorées que je crois devoir être interprétées ainsi. Sur ces préparations on constate, en effet, d’abord un ( 164 ) gonflement marqué des faisceaux et des lamelles cor- néennes, puis on observe que les cellules de ce tissu sont surtout apparentes par la coloration des noyaux. Quant au corps cellulaire, c'est souvent avec peine qu'on peut le distinguer du restant de la substance fondamentale, il se présente sous la forme d'une mince lame faiblement colo- rée en violet clair et à contours peu nets. On remarque, de plus, dans la substance fondamentale, surtout au voi- sinage des cellules, des stries fort minces, très-souvent interrompues dans leur trajet, fortement colorées en violet foncé, n'ayant done aucun des caractères du protoplasme cellulaire. Ces stries sont situées dans les espaces inter- fasciculaires des deux lamelles en contact, se croisent donc perpendiculairement entre elles et forment ainsi, dans cer- tains points au voisinage des cellules, des réseaux incomplets à mailles quadrangulaires. Elles passent également sur les deux faces du corps cellulaire, mais ne se continuent pas avec lui. Quoique répondant aux crêtes d'empreinte, ON peut aisément s'assurer que les stries d'une face sont plus écartées de celles de l'autre face, que ne le sont d'habitude ces crêtes; enfin on observe ces mêmes stries dans le res- tant de la substance fondamentale n’affectant alors aucun rapport avec les cellules et s'y présentant tantôt sous forme de longs filaments, tantôt en réseaux à mailles quadrangu- laires (voir fig. 3, pl. II). Les caractères de ces stries et leur disposition me por- tent à croire que le liquide parenchymateux contenu dans tous les espaces interlamellaires et interfasciculaires de la cornée se trouve dans ces espaces en même tenips que les cellules et lenrs prolongements. Sous l'influence du chlorure d'or et de l'acide formique, ce liquide se coagule. Comprimé entre les faisceaux d'une * (A65) part et les corps cellulaires avec leurs prolongements d'autre part, il s’accumule surtout dans les angles des espaces interfasciculaires et forme là, en se colorant, ces stries d'un violet noiràtre, que je viens de décrire. Pour me résumer je dirai donc : 1° Que je ne puis admettre dans la cornée de grenouille les espaces et canaux plasmatiques avec la signification que donnent à ces noms Recklinghausen et Waldeyer. Pour moi le liquide parenchymateux et les cellules migra- trices circulent dans les espaces interlamellaires et inter- fasciculaires de ce tissu. 2° Les cellules cornéennes sont des lames protoplasma- tiques avec prolongements de premier ordre et quelques prolongements de second ordre logées dans les espaces interiamellaires et dans les espaces interfasciculaires qui aboutissent à ces derniers. Ces cellules sont moulées sur les parois des espaces qui les contiennent, mais ne les com- blent pas cependant complétement. 5° Les injections poussées dans ce tissu pénètrent dans les mêmes points que le liquide parenchymateux, mais surtout dans les espaces interfasciculaires dilatés. La ma- tière injectée déprime les prolongements cellulaires et les crêtes d'empreinte, mais ne peut refouler complétement la cellule contenue dans l’espace interlamellaire. Il en résulte que Fon n'obtient que l'injection des espaces interfascicu- laires et par là les corneal-tubes de Bowmann entre-croisés à angle droit comme les espaces interfasciculaires élargis eux-mêmes (1). : Cette étude de la cornée de grenouille a eu deux buts daa vg (1) Ronpaerr. Zur Histologie der Cornea. Centralblatt, 1871. ( 166 principaux : l’un, la disposition des-espaces dans lesquels circulent le liquide parenchymateux et les cellules migra- _trices ; l’autre, la forme et la disposition des cellules logées dans ces espaces. Cette question présente un intérêt particulier à cause de l'importance qwa eue de tout temps la connaissance par- faite de ce tissu au point de vue des idées générales ré- gnantes sur le tissu conjonctif. Je crois donc utile de reprendre cette question et de comparer mes résultats aux idées ayant actuellement cours dans la science. Pour His (1), partisan des idées de Virchow et de Don- ders, la cornée est parcourue par un système de corpuscules plasmatiques, anastomosés entre eux par l'intermédiaire de leurs ramifications. Les corps cellulaires et leurs prolonge- ments sont creux et limités par une membrane cellulaire. J'ajouterai que la distribution des cellules dans les diffé- rentes couches de la cornée, la disposition de leurs prolon- gementssont déjà en grande partie très-bien indiquées dans ce travail, bien que cet observateur n’admit pas la texture de la substance fondamentale telle que je l'ai décrite et telle que l'entendent, en grande partie du moins, Reckling- hausen (2) et Waldeyer (3). Cette idée, d'un système de canaux parcourant la sub- stance fondamentale de la cornée, apparaît sous une autre forme dans les travaux de Recklinghausen et de Waldeyer. Pour eux les fibrilles de tissu conjonetif sont unies en fais- SR AR OL nad (1) His. Beiträge zur normalen und patholog. Histologie der Hurn- haut, 1856. (2) Rrckrinenausen. Die Lymphgefüsse und ihre. Beziehung zum Bindegewebe, 1862. Das Lymphgefässsystem Strickers Handbuch. (3) Warpever. Haïdbuch der Augenheilkunde, 1874. ( 167 ) ceaux par de la substance unissante interfibrillaire, les faisceaux sont unis en lamelles par de la substance inter- fasciculaires, et enfin les lamelles disposées les unes par rapport aux autres, comme je l'ai indiqué au commence- ment de ce travail, sont unies, à leur tour, par de la sub- stance unissante interlamellaire. Cette substance forme ainsi de la cornée une masse compacte, et c'est dans cette substance interlamellaire, interfasciculaire et même peut- être interfibrillaire que se trouve creusé un système d'es- paces et de canalicules communiquant entre eux, auxquels Recklinghausen a donné le nom de Sa/tlücken et Saftca- nälchen, où espaces et canaux plasmatiques. Les espaces sont creusés dans la substance unissante interlamellaire, les canaux dans la substance unissante interlamellaire, interfasciculaire et peut-être aussi interfibrillaire C'est ce système d'espaces et de canaux qui apparaît incolore sur les cornées traitées par les solutions de nitrate d'argent. Parmi les canalicules, ceux qui sont creusés dans la sub- stance unissante interlamellaire pourraient done avoir les directions les plus variables; d'après ces auteurs ils ont Cependant en général la direction des faisceaux de fibrilles des lamelles voisines. Pour Recklinghausen, les cellules sont logées dans les espaces plasmatiques et envoient quelques prolongements dans les canalicules qui en partent. Pour Waldeyer, ces cellules ne remplissent qu'une partie de ces espaces et même souvent, d'après les figures de son travail, une très-petite partie seulement; elles sont formées d’une lamelle de protoplasme très-mince, homo- gène dans une partie de son étendue. Cette lamelle, assez semblable aux cellules endothéliales, contiendrait un noyau arrondi ou ovalaire, et autour de ce noyau aurait conservé. ( 168 ) Paspect de protoplasme finement granulé. De cette lamelle cellulaire partiraient de rares prolongements qui s'en- gageraient dans les canaux plasmatiques voisins. D'après 'étude que j'ai faite des cornées traitées par le nitrate d'argent, on est bien forcé de conclure que le système d'espaces et de canaux plasmatiques de ces auteurs, ne répond qu'à une partie seulement des espaces interlamellaires et interfasciculaires que j'ai décrits. Ils ne sont-que le restant de ces espaces altérés plns ou moins fortement par le mode de préparation employé. Quant aux cellules logées à l’intérieur des espaces plasmatiques qu'ils décrivent, il est bien clair aussi qu'elles ne sont, encore une fois, qu'une partie des cellules que j'ai décrites d'après mes préparations. C'est surtout sur les résultats obtenus par l'examen de la cornée dans l'humeur aqueuse que Waldeyer base sa manière de voir. Dans ces conditions on verrait nettement les espaces plasmatiques et les canaux qui en partent complétement vides dans une partie de leur étendue, la cellu! n'occupant qu'une petite partie de l'es- pace et n'envoyant que de rares prolongements dans les canaux voisins. Dans ces conditions, je ferai remarquer d'abord, que les cellules cornéennes examinées dans l'humeur aqueuse pré- sentent un aspect très-différent suivant le moment où on les examine. Au début on n'en voit, en effet, qu'une très-petite partie sous forme d'un protoplasme granuleux entourant le noyau, puis on la voit gagner peu à peu en étendue, seulement les parties périphériques ont d’abord un aspect beaucoup plus homogène que la masse primitivement visi- ble. C'est, je crois, cette partie périphérique avec ses pro- longements qui se présente avec l'aspect d'un espace et de canalicules vides. ( 469 ) En second lieu, il faut noter qu'exciser la cornée fraiche, l'étendre sur une lame de verre, la couvrir d'une lamelle, Cest lui faire subir des manipulations bien dangereuses pour les éléments si délicats contenus dans les espaces qui la parcourent. C'est comprimer ces espaces, donner une issue facile au liquide parenchymateux, amener ainsi des courants de liquide dans les espaces interfasciculaires et interlamellaires. De là la déformation certaine de plusieurs cellules comprimées, tiraillées en différents sens, entrainées par la seen du liquide parenchymate ux. Les prolonge- ments cellul trefoulés ou déchirés, le corps cellulaire est entrainé dans telle ou telle direction à l'intérieur de l'espace qui le contient, et de cette façon on peut observer certainement une partie des espaces interlamellaires et interfasciculaires vides et la cellule avec ses prolongements refoulés dans une autre partie de ces espacès. Et encore une fois, ce n’est pas une explication que je trouve pour les besoins de ma cause, c’est un fait d'observation simple que je décrit. C’est un fait que tout le mande peut obser- ver sur certaines cellules de la cornée excisée, traitée par le nitrate d'argent ou par le bichromate d'ammoniaque et colorée enfin dans l'hématoxyline. Je ferai remarquer enfin que, dans une dernière publication, Waldeyer (1) a modifié Sa première manière de voir sur les cellules cornéennes et les décrit fort semblables aux cellules du tissu eonjonctif. Il ne parle pas de la cornée de grenouille en particulier; mais, en général, il admet que ces cellules sont formées d’une lamelle principale, la lamelle décrite plus hant, et de lamelles latérales (Nebenpla!ten) au nombre de 2-5 insé- mm (1) Archiv für ne Anatomie. Bd XI. Wauveven, Ueber Bindegewebszellen (-170 ) rées perpendiculairement sur la première el s'engageant entre les faisceaux des lamelles voisines dans des fentes interfasciculaires. Ces nebenplatten correspondraient donc en partie aux crêtes d'empreintes que j'ai décrites aux cel- lules de la cornée de grenouille, Je ne crois pas nécessaire d'insister plus longtemps sur les différences essentielles qui existent entre la manière de voir de Recklinghausen et Waldeyer et la mienne. Je ne ferai que répéter ici ce que j'ai déjà fait remarquer dans le cours de ce travail. La différence est encore plus notable quand on com- pare mes résultats à ceux de Lavdowsky (1), Leber (2), Thannhofer (3) et Thin (4) qui décrivent aux espaces el canaux plasmatiques de Recklinghausen des parois pro- pres isolables, qui seraient même de nature endothéliale pour les deux derniers de ces auteurs. Les travaux de Kühne (5), de Rollett (6), de Müller (7) et d'Engelmann (8) viennent à l'appui de mon opinion sur les cellules de la cornée. Quant à la disposition de ces cel- lules et surtout de leurs prolongements, quant aux espaces parcourus par le liquide parenchymateux dans le tissu cornéen, je crois inutile d’insister sur leur manière de voir en (1) Lavoowskr. Das Saugadersystem und die Nerven der Cornea, Archiv für mikroskopische Anatomie, Bd. VIII. (2) Leser Ueber die Lymp'vegen der-Hornhaut, 1866. (5) THANNHOFER Beiträge zür Physiologie und Histologie der Horn- haut. Virchow’s Archiv, Bd 63 (4) Tuin Ueber den Rau der Hornhaut. Virchows Archiv, Bd. 64. (5) Küaxe. Compte rendu, 1862, (6) RoLLerrT. Strickers Handbuch. (7) Morter. CF. Histologische Untersuchungen über die Cornea. Virchows archiv. Bd. 41. (8) ENGELMmaNN. Ueber die Hornhaut der Auges, 1867. (H) à ce sujet, nos idées étant complétement différentes sur la texture de la substance fondamentale de la cornée. Je me fais un devoir de signaler ici la dernière étude que Stricker (1) a publié sur ce sujet. C'est Ini qui a dé- montré le premier que l'imprégnation de la cornée par le nitrate d'argent donnait des résultats différents quand on opérait sur la cornée d'un animal vivant. I} a démontré que dans ces conditions les figures restant incolores dans la substance fondamentale brunie de la cornée, présen- taient des caractères différents de ceux obtenus par la mé- thode ordinaire et correspondaient aux cellules telles qu'elles apparaissent sur les cornées traitées par le chlo- rure d'or. Je dois ajouter pourtant que Stricker n’a pas reconnu le vrai motif des différences qu'il remarquait, qu’il considère les espaces incolores et leurs prolongements comme les cellules cornéennes elles-mêmes et que très-probablement aussi il n’a pas obtenu de préparations aussi démonstratives que les miennes, car il dit clairement, dans son travail, qu'il n’est pas possible de démontrer encore les rapports existant entre les cellules et la substance fondamentale du tissu. J'avais terminé ce travail quand parut dans les archives de Virchow une étude du docteur Fuchs (2). Pour lui les fibrilles du tissu cornéen ne sont pas unies entre elles par de la substance unissante, elles forment des faisceaux qui se réunissent en lamelles. La disposition de ces lamelles est parfaitement décrite dans ce travail, et nn a AR (4) Stricker. Loc. cit > Fucss. Ueber die en Keratitis. Virchow's Archiv, Bd. 66. (472) Fuchs a même décrit une disposition sur laquelle je n'ai pas encore insisté, mais qui m'a frappé également dans mes préparations : c'est une légère rotation que montrent les différentes lamelles dans leurs superpositions. Comme il n'y a pas de substance unissante, il y a entre les fibrilles des faisceaux des espaces virtuels, dit l'auteur, qui aboutissent au système de canaux plasmatiques de Rec- klinghausen qu'il admet entre les lamelles du tissu. Je ferai remarquer ici qu’il est assez difficile d'admettre ce Système de canaux plasmatiques sans admettre en même temps une substance unissante qui les limite. Se basant alors sur l'étude de préparations de cornées traitées au chlorure d'or et réduites par la solution à 1 p. °, d'aleool amylique et d’acide formique, l’auteur admet dans la cornée, et cela dans des différentes couches, deux espèces de cellules. Les unes sont logées dans les espaces plasma- tiques et leurs canaux, les autres, dont ma figure 5, pl. Il donne une bonne idée, seraient logées entre les lamelles cornéennes, une partie du protoplasme formerait le corps de la cellule, l’autre partie du protoplasme se logerait sous forme de filaments dans les espaces interfibrillaires des deux lamelles en contact : ce sont des protoplasmaleisten. Le corps de la cellule serait done dans un espace plasma- tique, ses prolongements, au contraire, dans les espaces interfibrillaires voisins. Fuchs insiste même sur ce fait que les prolongements se trouvent dans les espaces interfibril- laires et non interfasciculaires. L'auteur a donc vu une partie des détails que j'ai donnés dans cette étude sur la forme des cellules, mais à cause de la méthode qu'il a employée, il est arrivé à une interpréta- tion toute différente de la mienne. LEG) Ce sont les manières de voir de Schweigger-Seidel (1) Ranvier (2) et Henle (3) qui offrent le plus d'analogie avec les résultats auxquels je suis arrivé en ce qui concerne les Canaux plasmatiques. Tous trois admettent des espaces interlamellaires communiquant entre eux à travers les lamelles cornéennes par l'intermédiaire de canaux assez peu nombreux. Cette idée est basée sur les résultats des injections poussées dans le tissu cornéen; je ferai remar- quer que, dans la cornée de grenouille, ces espaces interlamellaires et leurs canaux de communication n’ont pas encore été injectés. (Voir plus haut.) Mais tous trois aussi considèrent l'élément cellulaire cornéen comme formé par une simple cellule endothéliale appliquée contre la paroi postérieure de l’espace interlamellaire et poussant, d'après Henle, quelques prolongements entre les faisceaux voisins. Schweigger-Seidel et Ranvier ne parlent pas d'espaces interfasciculaires et considèrent les cellules à prolongement Comme des produits de la préparation, ces cellules restant en blanc quand on traite la cornée par le nitrate d'argent. (Voir plus haut.) Henle, au contraire, admet des espaces directement situés dans l'épaisseur des lamelles entre les faisceaux qui les constituent. Ce seraient ces espaces que Fon injecterait quand on produit les corneal-tubes de Bowmann. Ces espaces ient avec les espaces interlamellaires. Enfin, c'est dans ces espaces que serait Poussé par le gonflement du tissu le liquide coagulable Demn (1) Scawerccer-Srinez. Loc cit Spe ANVIER. Traité d e. b Frey, traduit par Ranvier, article (5) sie Loc. citat. (174) situé dans les espaces interlamellaires. C'est comme nous _Favons vu plus haut, ce liquide coagulé qui donne alors leur apparence aux cellules cornéennes colorées, ou restées incolores dans la substance fondamentale brunie par le nitrate d'argent. J'ai insisté sur les différences existant entre la manière de voir de ces auteurs et la mienne, quand j'ai étudié les cellules. Je crois done inutile d'y revenir encore. Ce que je tiens à signaler, c'est que, en premier lieu, sans admettre complétement le système des canaux plasmatiques de Recklinghausen et Waldeyer, je ne m'écarte pas assez de leurs manières de voir pour qu'il ne soit pas bien aisé de s'expliquer les différences et les causes des différences de nos interprétations; en second lieu, tout en confirmant les idées de Henle, Schweigger-Seidel et Ranvier sur les espaces interlamellaires, j'ai, je crois, démontré que, dans la cornée de grenouille du moins, il y avait en plus que ces espaces, un système tout aussi naturel de canaux et de canalicules partant des espaces interlamellaires et les met- tant en communication; ce système de canaux serait ici beaucoup plus développé qu'ils ne l'admettent, du moins pour les cornées de mammifères qu’ils ont injectées. En troisième lieu, j'explique d'une façon bien simple les résultats fournis par le traitement des cornées au nitrate d'argent, et dans ma manière de voir sur les cellules cor- néennes, j'ai l'avantage de partager, en partie du moins, les opinions de Waldever, de Rollett, d'Engelmann, de Kühne, de Stricker et de Fuchs. Du noyau des cellules cornéennes. Sur toutes les préparations étudiées au début de ce tra- vail, on constate dans les cellules cornéennes la présence ( 175 ) d'un noyau volumineux, plat et de forme excessivement variée ; tantôt il est ovalaire, tantôt ovalaire et recourbé sur lui-même, tantôt fort allongé, tantôt enfin il est échancré sur plusieurs points et de forme tellement étrange, qu'il serail impossible d'en donner une description. Les diffé- rentes figures de mes planches en donneront d’ailleurs une idée exacte. Depuis longtemps ces noyaux sont connus et dessinés comme tels, mais la plupart des auteurs les con- sidèrent comme altérés par les réactifs employés et généra- lement quand ils parlent des noyaux vus sur le frais, ils les décrivent comme arrondis ou ovalaires. Ranvier (1) dans ces derniers temps a trouvé dans la purpurine le moyen de les colorer seuls et de les rendre ainsi bien visibles sur le fond de la cornée resté beaucoup plus clair. Il en a donné une excellente description à laquelle je ne trouve rien à ajouter. Plus tard Waldeyer (2) a repris cette question, a décrit ces noyaux comme ovalaires et a considéré les noyaux de formes différentes comme des produits de la préparation ou comme devant cette apparence à leur situation par rapport aux espaces interfasciculaires et aux lamelles laté- rales (nebenplatten) des cellules cornéennes telles qu'il les décrit. Sur les préparations de la cornée obtenues par les mé- thodes indiquées au commencement de cet article, il est toujours très-facile de distinguer le noyau du protoplasme qui l'environne et de constater nettement sa situation dans open a (1) Raxvien, Des applications de la purpurine à l'histologie. Archives de Physiologie. (2) Warveren. Ueber Bindegewebeszellen „Arch. für Mikroskop. Anat., XI. (176 ) la cellule cornéenne. Au moyen de la purpurine, il est encore plus facile d'étudier les noyaux isolément, et sur des cornées traitées par le bichromate d'ammoniaque, lavées dans l'eau distillée, colorées à la purpurine et mon- tées dans la glycérine, on les étudie avec la plus grande facilité. Sur ces préparations il est facile de voir que la plupart de ces noyaux sont vus tout à fait de face, qu'ils sont ainsi étalés et aplatis dans la lame cellulaire, que la forme de leurs contours est indépendante de la situation de la cellule et que ces formes étranges sont bien propres au noyau. On constate de plus (fig. 4, a, b, c, d, e, f, pl. H) que ces noyaux ont un contenu finement granuleux, des contours foncés biens nets et contiennent un, plus rare- ment deux nucléoles volumineux et foncés. ll est certain que dans quelques cellules (v. pl. I, fig. 7) une partie du noyau s'engage avec une partie du proto- plasme dans un espace interfasciculaire voisin, et dans ce cas cette partie du noyau aparaît de profil, tandis que le restant est vu de face. I est certain aussi que dans les cellules allongées étroites, logées presque tout entières dans un espace interfasciculaire, le noyau allongé et fusi- forme doit cette forme à sa situation; mais ces exceptions ne prouvent rien contre la généralité des formes nucléaires décrites plus haut. Ayant étudié les noyaux à l'aide de la purpurine et les connaissant ainsi fort bien, j'ai pu tes retrouver aisément sur la cornée fraîche examinée dans l'humeur aqueuse. Au début de l'examen, avant que le protoplasme cellu- laire soit devenu trop apparent, trop granuleux, il m'a été possible de retrouver les noyaux entourés d'une petite masse de protoplasme. Dans ces conditions les noyaux apparaissent, avec leurs LA (FF) formes étranges, comme des corps aplatis assez volumi- neux, parfaitement homogènes et tranchant précisément par leur aspect mat et leur homogénéité sur le proto- plasme granuleux qui les entoure. Is sont limités par des contours bien nets el contiennent un, quelquefois deux nucléoles volumineux. Quand l'objectif est au point, nucléoles et contours ont une teinte foncée; quand on élève un peu l'objectif, ils deviennent au contraire clairs et brillants. Si l'on prolonge l'examen de la cornée ainsi préparée, le protoplasme cellulaire devient peu à peu plus visible, prend plus d'étendue en largeur et en épaisseur, recouvre le noyau en partie et même en totalité et le rend fort difficile à étudier. On n'en distingue alors le plus Souvent qu'une partie peu étendue à contours indécis, mais remarquable encore par son aspect mat et homogène. C’est cette partie minime du noyau cellulaire qui a été décrite comme noyau arrondi et ovalaire par la plupart des auteurs parlant des cellules cornéennes examinées dans l'humeur aqueuse (v. fig. 5 d, pl. H). Plus tard encore apparaissent des vacuoles dans le protoplasme cel- lulaire et, de ces vacuoles, l’une peut aussi être prise pour un noyau. C'est ce qui me paraît avoir été fait par quel- ques histologistes, du moins à en croire les dessins qu'ils ont donnés des cellules examinées sur le frais. Le noyau de la cellule cornéenne a donc réellement la forme qu'on lui trouve sur les préparations fournies par l'acide osmique, le nitrate d'argent, le bichromate d'am- moniaque et la purpurine. Le chlorure d'or, suivi d'une réduction à l'acide formique età l'alcool amylique, donne des préparations sur lesquelles les noyaux des cellules cornéennes oat à peu près leur 2°° SÉRIE, TOME XLII. 12 (178 ) forme normale, mais sont cependant aussi gonflés et quel- quefois déformés. La forme si étrange du noyau des cellules cornéennes west d’ailleurs pas une exception, Dans le cartilage sclé- rotical de l'œil de grenouille, j'ai trouvé non-seulement des cellules de forme toute particulière, mais encore des noyaux se présentant sous les formes les plus inusitées (v. fig. 41, pl. H, de a à 4). Ces cellules, qui occupent les couches les plus superficielles de la selérotique, étaient par- faitement bien conservées, remplissaient complétement la cavité de la substance fondamentale au moment où je les observais dans une solution d'alun à !/2 p.°/,. Leurs noyaux, bien homogènes, à contours bien nets avec un, souvent deux nucléoles, n'étaient nullement altérés et avaient tout à fait le même aspect que les noyaux normaux des cellules voi- “sines. C'étaient donc bien des noyaux de cellules cartila- gineuses dans leur conformation normale que j'observais sur cette préparation, Endothélium de la membrane de Demours. Sur la cornée de grenouille examinée dans l'humeur aqueuse, la face postérieure étant tournée vers le haut, on distingue au bout de quelques minutes, tout à fait super- ficiellement, une mince couche d’un protoplasme {finement granulé dans lequel, de distance en distance, apparaissent de grands noyaux. Ces derniers sont aplatis, ovalaires, souvent un peu courbés sur eux-mêmes. Leur contenu; parfaitement homogène, présente un aspect mat et est limité par un contour bien net. Quand l'objectif est au point, le contour du noyau et le nncléole volumineux ont une teinte sombre. Ils deviennent clairs et brillants quañd (P29) on élève l'objectif. Au lieu d’un seul nueléole on peut aussi en trouver deux dans un seul noyau. Entre ces noyaux, sur les limites des cellules, le protoplasme présente déjà de petites vacuoles, et, si l’on continue l'observation, on voit ces vacuoles grandir et devenir plus nombreuses. Si l'on expose alors la cornée à l’action de la vapeur d'iode, ce processus s'accentue encore et bientôt le protoplasme s’accumule autour du noyau, le cache en grande partie et forme autour de lui une masse sombre grossièrement gra- nulée, qui se continue à la périphérie dans un réseau de protoplasme, d'abord plus finement granulé, puis homo- gène et faiblement coloré en jaune brunâtre. Les masses protoplasmatiques périnucléaires ne sont ainsi plus réu- nies les unes aux autres que par un réseau protoplasma- tique très-délicat et fort élégant, qui circonserit des vacuoles irrégulières et très-nombreuses (voir fig. 6, 9, pl. H). Le Protoplasme cellulaire s'est donc lentement el progressive- ment rétracté autour du noyau et, à la périphérie de la cellule, n'est pius resté que sous forme de réseau. En traitant la cornée par une solution de nitrate d'ar- gent à 2 ou 3 p.°/,, le protop'asme cellulaire se colore en brun et sa rétraction est encore plus accentuée. Enfin si l'on cautérise la cornée sur l'œil entier au moyen d'un cristal de nitrate argentique, cette rétraction du protoplasme se fait plus rapidement sur toute la péri- Phérie ou sur la plus grande partie de la périphérie de la cellule en même temps; dans ce cas il ne se forme p'us de réseau de protoplasme, mais les couches protoplasmati- ques des cellules endothéliales fortement colorées en brun Sont toutes séparées les unes des autres par de larges espaces linéaires incolores. En même temps, dans ces espaces incolores on peut encore distinguer des lignes ( 480 ) noires très-fines, rectilignes , disposées de façon à cir- conserire des polygones bien réguliers autour des lames de protoplasme rétractées (voir fig. 9, pl. T). L'endothé- lium ainsi modifié se laisse encore détacher sous forme de membranes plus on moins étendues. Pour reconnaître la forme des cellules endothéliales non modifiées par la rétraction de leurs couches proto- plasmatiques, il faut traiter l'œil entier par de faibles solu- tions de nitrate d'argent ou par le chlorure d'or à lap. Ve Dans ce cas on réussit souvent à limiter ces cellules par des contours rectilignes bien nets et circonserivant des polygones bien réguliers (voir fig. 7, pl. H). Souvent cepen- dant aussi on ne réussit pas anssi bien, on n'arrive à colo- rer la substance unissante qu'au moment où les vacuoles commencent à se produire à la périphérie de la couche protoplasmatique; alors cette substance unissante adhé- rant tantôt à tel pourtour des vacuoles, tantôt à tel autre, il en résulte que les contours cellulaires sont très-ondulés interrompus par place et ont fait décrire, comme dentelées, les cellules de la membrane de Demours (1) (voir fig. 8, pl. HI). De ces observations et surtout de l'examen attentif de la figure 9, il résulte que les cellules ‘endothéliales sont polygonales régulières à contours bien nets, et qu'elles sont formées de deux couches. L'une, profonde, en rapport avec la membrane de Demours, est une lamelle homogène, non contrectile, résistante, analogue sans doute à la lamelle superficielle des cellules endothéliales des séreuses. Ce . sont les contours de cette couche qui sont marqués pro- fondément dans les espaces incolores linéaires sur les Cor- ea (1) Voir THANNHOFER, loc. cit. ( 481 ) nées cautérisées au cristal de nitrate d'argent (voir fig. 10, pl. IT A). L'autre couche superficielle, en rapport avec l'humeur aqueuse, est formée d'un protoplasme doué d'une contractilité très-manifeste. Elle contient quelquefois deux noyaux. C'est à cause de la contractilité de cette couche qu'à la périphérie des cellules se montrent ces vacuoles dans l'humeur aqueuse, puis ces réseaux dans la vapeur d'iode; Cest aussi à cause d'elle que, sous l'influence de la Cautérisation, cette couche se rétracte de toute part et modifie même complétement la forme du noyau qu'elle contient (voir fig. 10, pl. H). de dois ajouter que Waldeyer (1) a vu une partie de ces phénomènes et a une tendance à attribuer la contrac- tilité à la cellule endothéliale entière. Klebs (2) déjà avait signalé des mouvements amiboïdes de ces cellules, et Stricker et Norris (3) avaient confirmé ces observations en les étudiant sur les eornées enflammées. EXPLICATION DES PLANCHES. PLancue Í. LAN SES Cellules normales de la cornée de grenouille traitée par le bichromate d'ammoniaque à 2 p. °/., Fhématoxyline et la glycé- rine formique. (Obj. à imm. 10, Oe 5. Hart. Fig. 4,5. — Cellules normales de la cornée de grenouille traitée par la Caulérisation au cristal de nitrate d'argent, l'hématoxyline et la gly- cérine formique. (Obj. à imm. 10, Oe. 5. Hart.) tone (1) Warpeven, Handbuch der Augenheilkunde. (2) Kuees, Centralblatt, 1864. (5) Stricker und Norris, Versuche über Hornhautentsündung. 1870. Fig. Fig. Fig. d me. Fig. Fig, Fig. id Fig. Fig. Fig. Fig. (182) 6. — Cellule normale de la cornée de grenouille traitée par l'acide: osmique à f_p °/o, l'hématoxyline, l’aleool, l'essence de girofle et le baume de Canada (Obj. à imm 10, Oc 3 Har 7. — Cellule cornéenne dont la plus grande partie du corps est engagér entre deux faisceaux d'une lamelle-bichromate H5N, héma- toxyline, glycérine formique. (Obj. à imm. 10, Oc. 5.) 8. — Cellule avec lamelle latérale insérée perpendiculairement sur sa face antérieure. Bichromate d’ammoniaque, hématoxyline, gly- cérine formique. (Obj 10, Oc 5.) 9, — Cellules des deux couches les plus rapprochées de la mem- brane de Demours. Bichromate d’ammoniaque, hématoxyline, gly- cérine formique. (Obj. à imm. 10, Oc. 2, tube rentré.) 10, 11, — Espaces interlamellaires et interfasciculaires sur une cornée de grenouille cautérisée au cristal de nitrate d'argent. (Obj. à imm. 10, Oc. 5 Dans la figure 10 se t ssenté un de paces dont la partie périphérique B et quetqués canaux (a) commencent à se colorer en brun comme la substance fondamentale; espace central A el ses prolongements correspondent aux espaces et canaux plasmatiques * que l'on obtient en traitant la cornée par une solution de nitrale d'argent. PLancue Íl. L= prie de cellules cornéennes et de leurs prolongements. (Obj. à imm. 10, Oe 2 2, tube rentré.) 2. — Cellule de la cornée traitée par l'acide osmique. (Obj. à imm. 3. — Cellule de la cornée de grenouille , traitée par le chlorure d’or 1/a P- °/o, puis par une solution d'acide formique et d ‘alcool amy- lique à 1 p. zes (Obj. à imm. 10, Oe. 5.) 4 — a,b,c e, f, noyaux de cellules d'une cornée traitée par le icome F A dea la purpurine et la glycérine. (Obj. à imm, 10, Oc 5. — a,b,c, d, noyaux et cellules de cornée examinée dans lhu- meur aqueuse, (Obj à imm. 10, Oc. 5.) La figure 5 d représente une cellu!e dont le noyau a est en grande partie caché par le pro- toplasme. i 6. — Cellule endothéliale de la membrane de Demours, examinée dans l'humeur aqueuse. (Imm, 10, Oc. 2.) a A nee TRANI. vermag VTE. 7 a ane Rage. ee (485) Fig. 7. — Endothélium de la membrane de Demours imprégné au chlo- rure d'or !/, p. ‘Jo. (Obj. 9, Oc. 2.) Fig. 8. — Endothelium de la membrane de Demours i imprégné et coloré au chlorure d’or !/, p °/o. (Obj. 9. Fig. 9. — Endothélium de la me mbrane 4 Demours exposé à la vapeur č. (Obj à imm. 40, O Fig. 10, — Endcthélium de la a de mets sur une cornée cautérisée au cristal de nitrate d'argent. (Obj. 9, Fig. 11. — Gellules cart.lagineuses des couches woeha de la sclé- rotique de grenouille. (Obj. 9, Oc. 5.) — La classe remet à la séance prochaine, fixée au sa- medi 5 août, l'examen de deux propositions déposées, l’une par M. Dewalque, l’autre par M. Dupont, et relatives aux principaux manuscrits délaissés par feu André Du- mont. ( 184 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 3 juillet 1876. M. Farmer, directeur, président de l’Académie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alph. Wauters, vice-directeur; J. Grandgagnage, J. Roulez, L. Gachard, J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclereq.le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon, J. Thonissen, Th. Juste, le baron Guillaume, Félix Nève, Ém. de Laveleye, Alph. Le Roy et J. Heremans, membres; J. Nolet de Brauwere van Steeland, Aug. Scheler, Alphonse Rivier, associés; Stan. Bormans, Ch. Piot et J. Stecher, correspondants. M. Stas, membre de la classe des sciences, et M. Éd. Mailly, correspondant de la même classe, assistent à la séance. aee CORRESPONDANCE. La classe a eu le regret de perdre, le 13 juin dernier, l’un de ses membres titulaires, M. Adolphe Mathieu, né à Mons le 22 juin 1804. En l'absence de M. le directeur, retenu dans une autre ville par un service publie, M. Alph. Wauters, vice-direc- ( 185 ) teur, a prononcé le discours académique aux funérailles du défunt. Après avoir remercié M. Wauters, la classe décide : que ce discours paraîtra dans le Bulletin et qu’une lettre de. condoléance sera écrite à la famille de M. Mathieu. M. Wauters accepte la mission décrire la notice bio- graphique du défunt pour le prochain Annuaire. — M. le Ministre de l'Intérieur adresse, pour être répartis entre MM. les membres de la classe, cinquante exemplaires du rapport du jury qui a été chargé de juger le dernier concours quinquennal d'histoire nationale. — Le même haut fonctionnaire transmet, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire: 1°, du Lurem- burgum Romanum, par C. Sulbout, 5° fascicule, 1874; 2, de la 5° partie du tome VI da Gedenkwaardigheden uit de geschiedenis van Gelderland, offert par le Gouvernement des Pays-Bas; 3°, du tome I“, Chartes, de l’Inventaire analytique et chronologique des archives de l'abbaye du al-Saint-Lambert, lez-Liége, publié par J.-G. Schoon- broodt; 4°, d’un travail généalogique publié par M. l'archi- viste Eugène Schnell, à l'occasion du jubilé de 300 ans d'existence de la branche de Hohenzollern-Sigmaringen , qui a été célébré le 8 mars 1876. Le collége des bourgmestre et échevins de la ville de Bruges adresse un exemplaire du tome IV de l’Inventaire des archives de la ville. M. Stanislas Bormans offre la 2° livraison de son ou- vrage intitulé : Les fiefs du comté de Namur, M. F rançois Lenormant, associé à Paris, adresse, à titre d'hommage, * un exemplaire de son travail portant pour litre : Monnaies ~~ royales de la Lydie. ( 486 ) M. le Dr J. Van Raemdonck, à Saint-Nicolas, adresse au même titre, un exemplaire de sa Biographie du colonel Sollewyn, el de la biographie du lieutenant général Jean- Théodore Serraris. - La classe vote des remerciments pour ces dons. — La Société d'émulation du Doubs, à Besançon, la Société statistique de Londres, la Société littéraire et philosophique de Liverpool, remercient pour le dernier envoi annuel des publications. . La Société pour l'histoire, de Chemnitz, fait parvenir le premier volume de ses Mittheilungen et demande l'échange avec les Bulletins. — Renvoi à la Commission administra- uve. Discours prononcé, au nom de l’Académie, aux funérailles de M. Adolphe Mathieu, par M. Alphonse Wauters. « MESSIEURS, » Encore une feuille qui tombe » Qui tombe et qu PERTEK les vents; » Encore un ami que la to » Enlève au monde des kn » Une place qui reste vide; » Un feuillet que le Temps avide » Arrache aux livres de nos jours » Le Temps, ce faucheur graveet en » Qui, dans une plaine sans born » Toujours marche et frappe ins (1)! Ainsi parlait, il ya trente-trois ans, le collègue dont nous Fr eden (1) Pièce de vers intitulée: Encore un! dans les Poésies de clocher, . . ( 487 ) déplorons aujourd'hui la perte, et qui, retenu depuis long- temps par une cruelle maladie, nous avait déshabitnés de le voir parmi nous. L'espoir que l'Académie royale de Bel- gique, et plus particulièrement la classe des lettres, nour- rissait de le posséder de nouveau, est déçu pour jamais. Mais le souvenir d'Adolphe Mathieu ne s’effacera pas de sitôt. Son nom, depuis cinquante années, est associé à toutes les émotions de la patrie : il en a chanté les jours de bonheur, il a signalé les orages qui menaçaient son indépendance et sa prospérité, il a flétri ses détracteurs et ses oppresseurs. Patriote ardent et convaincu, il savait, an besoin, trouver de mâles accents pour électriser nos cou- rages. Son âme, facilement accessible à l'enthousiasme, S'élevait jusqu'au ton de l'épopée, après avoir aiguisé une Satire on ciselé une idylle. Adolphe-Charles-Ghislain Mathieu naquit à Mons, le 5 messidor an xn (22 juin 1804), d'un père justement con- sidéré dans cette ville, où il exercait les fonctions de notaire. Sa réputation, grâce à des incidents presque oubliés aujourd’hui, fut précoce et grandit rapidement. Il s'était déjà attiré de fâcheux embarras en composant la Dewezade, avec Adolphe Borgnet, — cet autre confrère que la mort vient de nousenlever,— lorsque son ode sur la mort de l’ex-conventionnel Lesage-Sénault, son grand-oncle maternel, lui occasionna de plus graves soucis. Poursuivi Par la justice, condamné par contumace à une année de prison, il fut forcé de suspendre ses études à l'Université de Louvain et de chercher un asile momentané à l'étranger. Puis, après avoir conquis, à Gand, le grade de docteur en droit, il rentra sous le toit paternel et pendant plusieurs années y dirigea l'étude notariale, pour la forme plutôt qu'en fait. ( 188 ) Dégagée des préoccupations guerrières dans lesquelles le premier empire l'avait plongée, l’Europe se livrait alors avec une ardeur indicible à la culture des lettres. Mathieu fut, en Belgique, l'un des fruits de cette prodigicuse éclo- sion, fruits que nous voyons disparäître tour à tour. Il fut Pun des premiers à se jeter dans cette arène poétique où il a devancé Weustenraad, Wacken, Van Hasselt, ete., où il est resté après tous, sauf Potvin , son compatriote et son émule. La révolution de 1830 le trouva déjà célèbre. Ses pre- mières œuvres, réunies en un volume sous le nom de Passe- temps poéliques, attestent un talent réel, où l'énergie se marie à la douceur. Dans les années suivantes, sa lyre ne resta pas muette, mais l'adresse et la véhémence avec les- quelles il maniait la satire devinrent des armes contre son. repos. Cette ville de Mons qu'il aimait tant, qu'il a si sou- vent chantée, qui lui doit l'érection de la statue de Roland de Lattre, érection déjà réclamée par son ami Delmotte, cette ville de Mons où il fut, de 1840 à 1844, conservateur de la bibliothèque publique et, de 1841 à 1831, secrétaire perpétuel de la Société des sciences, des lettres et des arts, il la quitta le cœur navré. C’est alors que nous le vimes à Bruxelles, où une amitié _ puissante le tit entrer, en 1852, à la section des manuscrits de la Bibliothèque royale, dont il devint le conservateur le 24 avril 1864 et dont il est resté le conservateur honoraire, après avoir, le 41 septembre 1872, demandé sa mise en disponibilité. Au milieu des vieux débris de la librairie des ducs de Bourgogne, dont il appréciail plus que personne la valeur et l'importance, son existence se serait écoulée sereine, sans les atteintes redoublées du mal qui l’a enlevé après de cruelles souffrances. Dans un, ( 189 ) monde nouveau, la tranquillité était venue s'asseoir à son foyer. Notre Académie, après l'avoir nommé correspon- dant le 6 mai 1850, l'éleva au rang de membre effectif le 19 mai 1863. Depuis le 4 août 1849, il figurait dans le personnel de l'enseignement supérieur comme professeur agrégé à l'Université de Liége. Le 2 avril 1855, il avait été décoré de la Croix de fer; en 1856, il était devenu cheva- lier de l'Ordre de Léopold. En 1865, le jury du concours de littérature francaise lui décerna , pour l'ensemble de ses œuvres, le prix quinquennal. Enfin la populeuse commune où il s'était fixé, Ixelles, l'avait appelé à siéger dans son conseil communal, puis à participer à l'administration de ses établissements de bienfaisance. Pressé par l'heure, je ne puis vous entretenir qu'en passant de ces volumes où Mathieu a jeté tant de pièces charmantes : Juvenilia (ou Passe-temps poétiques), Olla podrida, Poésies de clocher, Givre et gelées, Épitres d'Horace, Senilia, Heures de grâce, Souvenirs, Rognures ; de tant d'œuvres détachées, éparses dans les journaux, dans les revues, dans nos Bulletins. En les parcourant, il me semblait traverser à la fois, et notre histoire contem- poraine et notre passé. Chacune de nos grandes figures, chaque grand fait de nos annales y occupe une place. Esprit impressionnable à l'excès, Mathieu a successivement subi, mais sans laisser absorber son talent propre, lin- fluence des célébrités contemporaines. On trouve chez lui, tour à tour et dans une certaine mesure, la force et l'ampleur de Victor Hugo, la douceur et la limpidité de Lamartine, la grâce et la délicatesse de Musset. Notre confrère a composé des pièces de théâtre d'une véritable valeurs il a traduit ou imité : tantôt des anciens, comme Horace, Properce, Maximien, Gallus; tantôt des écrivains ( 190 ) du moyen âge, comme René de Bruxelles et Baudouin Vanden Lore. Ses travaux d'érudition et de critique, et surtout sa Biographie montoise, attestent de rares apti- tudes. Mathieu, dans le Mont Panisel, Mons et ses environs, cte., sait nous émouvoir par un sentiment vrai des beautés champêtres; le Guersillon étincelle de la puissance redou- table de Femportement satirique, puissance qui n'est que trop souvent funeste à celui dont le bras en est armé; dans la Bataille des éperons, la Défaite des Nerviens, Théroigne de Méricourt, les Demoiselles Fernig, la Colonne du Congrès, le Roi c’est nous, l'enthousiasme patriotique inspire les accents les plus nobles et les plus pathétiques. Devant la tombe de vieux amis, tels que Delmotte, de Reiffenberg, Lesbroussart, le poëte montois s'est trouvé mieux inspiré, je devrais dire plus attendri que jamais. C'est qu'il y avait dans ce lutteur infarigable d'excellentes fibres, que la pensée, aux heures d'inspiration, faisait tres- saillir. Quelques-unes de ses dernières œuvres, dont la classe des lettres a eu la primeur : Les Vieux; les Vieilles ; Gloire, Amour, Charité, sont empreintes d'un profond sentiment de douceur et de mélancolie. Le polémiste ardenta disparu; il a fait place au poële philosophe. H semble que le génie d'Horace, que Mathieu se plaisait à traduire, avait infusé un sang plus calme à sa muse ardente et prime-sautière. Tel il était dans ses dernières années. L'âge aussi avait modéré ses aspirations, sans rien leur ôter de leur vigueur. I est tombé, enfin, lorsque la force lui a manqué. Ce Bruxelles qu'il a salué dans de si beaux vers, il y a vingt- quatre ans, il va le quitter pour toujours; car c'est à Mons, où il a tant lutté, tant souffert, que ses restes doivent ( t9) reposer. Ce désir, il l’a exprimé dans des lignes que nous ne pouvons relire sans émotion : « Seulement, quand la mort fermera ma paupière, » Qu'un peu de cendre, un rien, à peine quelque pierre » Lidiquera la place où, pour leternité, » Je dormirai, mon Dieu, sous ton aile abrité... » . » Dece soleil natal qui me semblait si beau » Puisse un dernier rayon luire sur mon tombeau... » Tel est mon dernier vœu, ma suprême-prière, Et puisse-je, Seigneur, à mon heure dernière, De près comme de loin n'avoir démérité » En rien de ton amour, à ma vieille cité! (1) » ed x Permettez-moi, Messieurs, d'ajouter encore un mot avant de finir : il y a trois jours, au moment où se mourait, à notre insu, notre collègue et notre ami, la classe des lettres de l'Académie remettait au concours la composition d'une histoire littéraire du Hainaut, cette terre féconde, vraie pépinière de guerriers et de poëtes. Puisse son appel être entendu ! Que de belles pages à écrire à propos de Froissart et du prince de Ligne, de Gilbert de Mons et de Jacques de Guyse, des deux de Condé et de tant d'autres. Et ce ne sera pas la moins belle, la moins intéressante què celle qui nous parlera de l'enfant de Mons sur lequel la tombe vient de se fermer et auquel j'adresse aujourd'hui, devant sa famille éplorée et ses amis en larmes, un dou- loureux et suprême adieu, au nom de l’Académie royale de Belgique. mm (1) Senilia, p. 15. (192 ) RAPPORTS. La classe entend la lecture des rapports de MM.le baron de Witte et Roulez sur une notice de M. D.-A Van Baste- laer, intitulée : Les couvertes, lustres, vernis, enduils, engobes, elc., de nature organique, employés par les Romains, sur leur poterie. Adoptant l'avis de ses commissaires qui se déclarent incompétents pour juger de la valeur scientifique de ce travail, lequel se compose, non de recherches archéolo- giques, mais d'études et d'analyses chimiques, la tra décide le renvoi de ce manuscrit à la classe des sciences avec les rapports de MM. J. de Witte et Roulez. PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1878. Après avoir pris connaissance des sujets présentés par les Couumissions désignées, selon l'article 19 da règlement, pour la rédaction du programme de concours pour 1878, la classe adopte les questions suivantes : PREMIÈRE QUESTION. , LU LÉ _ Esquisser à grands traits l'histoire littéraire de l'an cien comlé de Hainaut. Les concurrents s'attacheront spécialement aux €Cri- vains de premier ordre; ils apprécieront leur influence sut (195 ) le développement de la langue francaise, et feront ressortir le caractère et le mérite de leurs travaux. DEUXIÈME QUESTION. On demande une étude historique sur les institutions de charité en Belgique depuis l’époque carlovingienne Jusque vers le milieu du XVI siècle. Faire connaître les sources de leurs revenus, leur admi- nistration, leurs rapports avec l’Église et le pouvoir tem- porel, leur régime intérieur; apprécier leur influence sur la condition matérielle et morale des classes pauvres. TROISIÈME QUESTION. Exposer la nature, l'étendue et les limites de la mission de État par rapport aux divers élémenis de la société humaine (Individu, famille, associations de tout genre, y compris la communion religieuse et l'instruction publique). QUATRIÈME QUESTION. Faire connaître les règles de la poétique et de la versification suivies par les REDERYKERS au XV° et au XVI" siècle CINQUIÈME QUESTION. Écrire l’histoire de la réunion aux Pays-Bas des pro- vinces de Gueldre, d'Utrecht, de Frise et de Groningue. L'auteur embrassera à la fois les faits militaires et les négociations diplomatiques qui ont amené cette réunion, en prenant pour point de départ, quant à la Gueldre, la Cession qui fut faite de ce duché à Charles le Téméraire. Le prix de la PREMIÈRE et de la DEUXIÈME QUESTION sera 2e SÉRIE, TOME XLII. 15 (194) une médaille d'or de la valeur de six cents francs; ce prix est porté à mille francs pour la eet: la QUATRIÈME et la CINQUIÈME QUESTION. Les mémoires devront être écrits lisiblement et pour- ront être rédigés en français, en flamand ou en latin; ils devront être adressés, francs de port, avant le 4° février 1878, à M. J. Liagre, secrétaire perpétuel, au palais des Académies. L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations et demande, à cet effet, que les auteurs indiquent les éditions et les pages des livres qu’ils citeront. On n’admettra que des planches manuscrites. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage; ils y inscriront seulement uwe devise, qu’ils reproduiront dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Faute par êux de satisfaire à cette formalité, le prix ne. pourra leur être accordé. Les ouvrages remis après le temps prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois, les auteurs pourront en faire prendre des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au secrétaire perpétuel. (195) PRIX DE STASSART. CONCOURS POUR UNE NOTICE SUR UN BELGE CÉLÈBRE (cinquième période 1875-1880). Conformément à la volonté du fondateur et à ses géné- reuses dispositions, la classe offre, pour la cinquième période de ce concours, un prix de six GENTS FRANCS à l’auteur de la meilleure notice consacrée à Simon STEVIN. Le terme fatal pour la remise des manuscrits expirera le 1% février 1881. La classe rappelle, à cette occasion, qu’elle croit ré- pondre aux intentions du fondateur en demandant surtout un travail littéraire. En conséquence les concurrents, sans négliger de se livrer à des recherches qui ajonteraient des faits nouveaux aux faits déjà connus, ou rétabliraient ceux qui ont été présentés inexactement, s’abstiendront d’insé- rer dans leur notice des documents en entier ou par extraits, à moins qu’ils maient une importance capitale. Les concurrents auront à se conformer aux formalités et aux règles des concours annuels de l'Académie. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Alphonse Rivier donne lecture du commencement d'un travail intitulé : La science du droit dans la première Partie du moyen áge. z La classe en décide l'impression au Bulletin. ( 496 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 6 juillet 1876. M. Gevaert, directeur. M. Lracre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. Alvin, G. Geefs, Jos. Geefs, C.-A. Fraikin, Edm. De Busscher, Aug. Payen, le cheva- lier L. de Burbure, J. Franck, J. Leclercq, Ern. Slinge- neyer, Alex. Robert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, et G. Guffens, membres; Éd. de Biefve, correspondant. M. Montigny, membre de la classe des sciences, assiste à la séance. a CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur fait parvenir deux partitions musicales composées, d'après des paroles de Victor Hugo et de Baudelaire, par M. F. Servais, lauréat du grand con- cours de composition musicale de 4873, en exécution de ses obligations comme pensionnaire de l'État. Conformément aux prescriptions du règlement des con- cours, ces travaux ont été communiqués à M. Gevaert, président du jury permanent. (107) — M. le Ministre fait savoir qu'à l'avenir il s'empressera de communiquer, en copie, pour les archives de lAcadé- mie, les rapports des lauréats des grands concours. RAPPORTS. L'œuvre de P.-P. Rubens à Malines, notice par M. Em- . manuel Neeffs. Rapport de M, F. Stappaerts. « L'histoire des beaux-arts en Belgique a été entière- ment refaite et rectifiée depuis quelques années; on est remonté aux sources; on a patiemment fouillé les archives des villes et des corporations et, grâce aux recherches de nos érudits, l’on est parvenu à substituer des faits authen- tiques, des données certaines aux historiettes et aux com- mérages invraisemblables des anciens biographes. M. Neeffs semble vouloir augmenter le nombre de ces travailleurs consciencieux et opiniâtres qui consacrent leurs veilles à mettre plus vivement en lumière nos gloires nationales. En s'occupant du chef de l’école flamande, il n'a cepen= dant point songé à en refaire la biographie, ni même à en retracer, sous un jour nouveau, un des principaux épi- sodes : les particularités de la vie de Rubens sont connues; la récolte a été faite dans ce domaine et c’est à peine s’il reste à y glaner encore. Aussi l'auteur de la notice que nous examinons a-t-il circonscrit son travail dans un cadre Plus facile à remplir : se plaçant à un point de vue exclu- (4) sivement local, il a en quelque sorte guetté l'illustre maître flamand à son passage par Malines et, l'y suivant pas à pas, il a noté soigneusement tout ce qui concerne le prix et exécution de ses œuvres, leur état de conservation ou de détérioration, les négociations entamées pour leur com- mande ou leur acquisition et, enfin, le jugement qui en a été porté, à diverses époques , par quelques artistes et con- naisseurs. Un travail de cette nature se prête assez peu à des révélations imprévues, à des surprises littéraires; mais il fournit une gerbe de faits intéressants, formée par un tra- vailleur assidu, et très-dignes, en raison de certaines cir- constances exceptionnelles, d'appeler sympathiquement l'attention. L'idée de la communication qui nous est adres- sée a été suggérée à son auteur par la prochaine célébra- tion du 300" anniversaire de la naissance de Rubens. M. Neeffs a pensé, avec raison, nous semble-t-il, qu'il appartenait non moins aux biographes et aux historiens qu'aux graveurs et aux collectionneurs, d'apporter leur tribut et leur quote-part de documents à la solennité qui se prépare à Anvers. Personne n'était d’ailleurs mieux que M. Neeffs en mesure de compléter des recherches ainsi circonserites dans l'enceinte de la ville de Malines; ses précédents travaux : l’Inventaire des tableaux et sculptures qui se trouvent dans cette ville, sa Chronique artistique de l'église S'-Jean, lui fournissaient en quelque sorte un pre- mier canevas, et il lui a suffi, pour broder celui-ci à sou- hait, d'ajouter à l'intérêt de certains documents inédits les renseignements fournis, jadis, par Descamps, Mensaert, Smeyers , Josué Reynolds et aussi par quelques écrivains contemporains, notamment par MM. André Van Hasselt, Édouard Fétis, Clément de Ris, et Fromentin, le peintre (198 ) littérateur. Il est à peine nécessaire de faire remarquer que ces diverses autorités ne jouissent pas toutes du même crédit, et que M. Neeffs a, peut-être, le tort de traiter un peu trop sur le pied de l'égalité absolue des appréciateurs logés, intellectuellement, à des étages aussi distants les uns des autres. Quand M. Neeffs exprime son sentiment personnel il le fait avec enthousiasme; mais ses expressions ne paraissent pas toujours être l'écho fidèle de sa pensée, et l’on croirait aisément que ses notes hàtives, tracées au courant de la plume, n'ont pas été, de sa part, l'objet d'une révision attentive. Ce sont là des taches très-légères, faciles à faire disparaître sur les épreuves, mais que nous croyons devoir Cependant signaler afin de détruire cette erreur, trop ac- créditée en notre pays, que l'importance du fond suffit à excuser les négligences de la forme. C'est surtout à l'Aca- émie qu’une telle opinion doit être considérée comme une hérésie. En rédigeant son travail, M. Neeffs se proposait, dit-il, d'adresser à la classe des beaux-arts « les notes les plus complètes ». Il s’est tenu parole. Peut-être même les notes sont-elles un peu trop complètes; en effet, elles ne per- draient rien, au contraire, à ce que l’on supprimât deux citations, deux lettres publiées, en 1836, par le journal PÉmancipation, et n'ayant pour objet que de constater l'état de détérioration dans lequel se trouvaient, à cette époque, les tableaux de Rubens placés à l'église S'-Jean. Il n’y a point lieu à donner tant d'importance à de simples Propos individuels, livrés au souffle de la publicité, et ce serait commettre une erreur évidente que de les élever à la hauteur de documents historiques. Les deux coupures, que nous indiquons ici comme nécessaires, étant faites, ( 200 ) nous estimons qu’il convient de remercier M. Neeffs de sa communication et d'en voter l'insertion dans le recueil des Bulletins. » M. Ad. Siret déclare qu’il adhère au contenu du rapport de son honorable collègue. Il demande toutefois la sup- pression des observations relatives aux négligences de style : M. Neeffs fera sur les épreuves toutes les modifica- tions désirables. | La classe a adopté ces conclusions, auxquelles s'est rallié M. J. Portaels, troisième commissaire. ER COMMUNICATIONS ET LECTURES. L'œuvre de P.-P. Rubens à Malines; par M. Emmanuel Neeffs. La ville d'Anvers, voulant célébrer le troisième cente- naire de la naissance de Rubens, a émis un projet dont l'exécution serait imposante si elle était réalisable : elle a proposé de réunir dans une vaste exposition toutes les œuvres du chef de l’école flamande. Jamais exhibition plus grandiose n’aurait apparu dans le monde; mais quelles difficultés pour rassembler les centaines de productions originales de la main du peintre — que de frais de tran- sport et de droits d'assurance — que de peines pour ob- tenir le concours des gouvernements, des musées, des églises et des amateurs — que de dangers l'on courrait non-seulement pour la détérioration des tableaux dont la ( 201 ) couleur serait soulevée, mais encore pour ceux dont l'état de conservation serait satisfaisant! — En présence de ces obstacles un projet plus modeste , et néanmoins du plus haut intérêt et plein d'enseignements utiles se fait jour; c’est celui de réunir la collection des gravures de Rubens lui-même et de celles faites d'après ses peintures et d'après ses dessins, La ville d'Anvers propose également un concours pour une histoire de Pierre-Paul Rubens. Afin de bien atteindre ce but, il faudra, sans doute, utiliser toutes les publica- tions qui ont paru relativement à la vie du grand peintre; mais il faudrait aussi, pour élucider davantage le côté artis- tique de sa carrière, rassembler le plus de documents pos- sible touchant ses productions : à cet effet, il conviendrait de faire dans les archives des localités où Rubens a laissé des souvenirs de son pinceau, des recherches profondes et de compulser surtout les comptes publics ou privés, Sources si précieuses pour l'histoire de l’art. Partant de celle idée, nous voudrions dans notre mesure contribuer à célébrer la mémoire du plus grand de nos artistes; nous apportons donc notre pierre à l'édification de sa biographie et nous présentons les notes les plus complètes Sur l'œuvre de P.-P. Rubens à Malines. Principaux ouvrages consultés : Archives ee la ville de Malines, des églises de Saint-Rombaut et de Saint-Jea Provincie, stadt en district van Mechelen men in haere kercken, tt en, 1179, Scnoerren : Gazet van Mechelen. Divers articles historiques concernant les ee de Malines. E. Fétis: (B at Me E logie. 1865.) No olice s sur l'origine et les accroissement du Musée de Bruxelles. E. J. Smevens : Notes manuscrites. ( 202 ) De Touseur : Provincia Belgica ord. F.F. Eremitarum. s. p. n. Augus- tini. A. van HasseLT : Histoire de P. P. Rubens. Cte CLÉMENT DE Ris: Musées de provinces, t. Il. E. Fromentin. Les maîtres d'autrefois. Revue des Deux-Mondes, 1876. E. Neerrs : [nvenlaire historique des tableaux et des sculptures se trouvant dans les édifices civils et religieux de Malines. E. Neerrs ; Chronique artistique de l'église de Saint-Jean à Malines. 1875. (Bulletins des Commissions royales d’art et d'archéologie.) § 1. — ÉGLISE MÉTROPOLITAINE DE SAINT-ROMBAUT- Avant l'invasion révolutionnaire des Francais, l’église métropolitaine de Malines renfermait trois tableaux de la main de Rubens. — Ces morceaux décoraient le maître- autel de la chapelle paroissiale, consacrée également au Saint-Sacrement. Le tableau principal était une grande composition ayant pour sujet la Dernière Cène; il a été reproduit par le burin de Boëtius à Bolswert, qui le grava d’après un dessin de Rubens lui-même. Ce dessin original fut vendu, à ce que nous apprend E.-J. Smeyers, dans la vente de Jac. De Wit à Anvers pendant le courant du XVIII siècle. Jamais la Cène que possédait la cathédrale n’a partagé l'admiration que les connaisseurs professaient pour les autres productions que le grand maitre avait laissées à Ma- lines; la tradition prétendait même que son pinceau n'avait fait qu'effleurer la peinture, dont Juste van Egmont aurait été l'auteur principal. Cette opinion trouve sa source — ou sa confirmation — dans une anecdote rapportée par le peintre-biographe E.-J. Smeyers : celui-ci raconte qu'un jour le pléban de Saint-Rombaut, Jean Silvoorts, s'étant transporté à Anvers pour visiter Rubens et pour voir en même temps à quel point en était le tableau que l'artiste ( 205 ) avait entrepris pour l’église, il arriva que lorsque le pléban entra dans l'atelier, le panneau commandé se trouvait sur le chevalet tandis que Juste van Egmont en ébauchait à grands traits les parties principales. Cette découverte atterra le curé, qui ne put s'empêcher d'en faire l'observa- tion à Rubens, lui disant qu'il avait été convenu et stipulé que lui, Rubens, exécuterait les peintures en question pour sa paroisse. Le maître souriant répliqua : « Révérend pléban, laissez peindre mon disciple; cela n’empêchera pas le tableau d'être de ma main. » Silvoorts, intimidé par l’ascendant du génie du grand peintre, n’osa répondre, bien qu’il ne fût point satisfait; Sous cette impression il revint à Malines. Sous le morceau principal figuraient deux petites com- Positions, qui étaient réputées entièrement de la main de Rubens, l’une représentait : l'Entrée de Jésus-Christ à Jérusalem; l'autre, le Lavement des pieds par le Sauveur. Cette dernière a été gravée par A. Lommelin. Les trois tableaux furent offerts à l'autel du Saint- Sacrement par Catherine L’Escuyer, qui en supporta per- Sonnellement les frais d'exécution. Par suite de cette circonstance, nous ne pouvons espérer de rencontrer dans les archives paroissiales tous les éclaircissements dési- rables, car ceux-ci se seront trouvés consignés dans les Comptes privés de la donatrice. — Heureusement cepen- dant que le pléban Jean Silvoorts, présentant en 1632 le rapport annuel de sa gestion à la confrérie du Très-Saint- Sacrement, a fourni aux proviseurs de l'association, rela- tivement au sujet qui nous occupe, des détails assez Complets pour ne pas faire regretter la perte des papiers de la famille L'Escuyer. — Ainsi, nous apprenons par les notes du pléban que les trois pièces coûtèrent mille florins, ( 204 ) qu'elles furent peintes dans la maison de Rubens à Anvers en 1632, et que les panneaux avaient été pré- parés à Malines. — Jean Silvoorts s'exprime de la façon suivante dans les comptes de la confrérie du Très-Saint- Sacrement, rendus le 29 novembre 1632 (archives de l'église métropolitaine) : Ontfanck : Wordt in « Inden eersten brincht in ontfanck de schilderye an van het Avontmael ende de twee onderste belckens, deen de Voetwassinghe, dander den entree Ons Heeren op Palmsondach gheschildert by S" Pietro Paulo Rubens voor den prys van een dusent guldens die J. Catharina, dochter wylent M" Pauwels Les- cuyer, dese capelle ghesconken heeft. Dus . . . me- morie. » A la suite de cette annotation principale en viennent d’autres moins importantes, d’où il résulte que le menui- sier Antoine Du Flos, à Malines, fit le grand panneau au prix énorme de 850 florins et que Thierry de Dryver, peintre à Malines, le prépara à raison de 300 florins. — Du Flos toucha encore 15 florins pour les frais de transport et pour son voyage à Anvers. Après l'achèvement des tableaux , la confrérie paya, pour le transport d'Anvers à Malines de la pièce principale, 43 florins, et 2 florins 2 sous pour le transport et pour les caisses renfermant les deux petites compositions. ll est clairement démontré par le détail du compte que la donatrice Catherine L'Escuyer ne s'était chargée que du payement de la partie artistique, c'est-à-dire qu'elle n'avait pris à ses frais que les mille florins dus à Rubens, tandis que toutes les dépenses matérielles et accessoires, ( 205 ) telles que la fourniture et la préparation des panneaux , le transport et le placement incombaient à la confrérie. Dès l’année 1657, les deux petits tableaux n’occupaient plus la place qu’ils devaient avoir dans le retable. Ce fait est attesté par une réclamation signée par la donatrice, qui Pinséra dans ses dispositions testamentaires le 21 juillet 1657, quinze jours avant sa mort, survenue le 1° août sui- vant. Celle-ci exigea que les compositions secondaires fus- sent rendues à leur destination naturelle, que sinon elles fussent vendues et que le prix en fût affecté au jubé parois- sial. Nous donnons copie de ia réclamation de M™ L’Es- Cuyer, « Alsoo, ick Catherina L'Escuyer, dochter van wvlen M Paulus L’Escuyer, hebbe doen maeken voor den outaer van het Hooghweerdigste H. Sacrament in Sinte Rombouts kercke alhier de groote schilderye representerende het les- ten Avontmael van onsen Salighmaker, mitsgacders twee — schilderytiens, deen representerende de voetwaschinghe Synder apostels ende de andere den Palmen sondagh, alle dry geschildert door den vermaerden Rubbens, ende dat ick bevinde dat de voorschrevene twee schildereytiens 8eslaen hebbende 15 voeten van den selven outaer, aldaer niet meer op syn staende soo ist dat ik bidde UE. execu- teur van myn testament mitsgaeders UE. proviseurs van de voorschrevene cappelle van het Hooghweerdigste H. Sa- Crament dat de selve twee schilderytiens in de voor- schreve cappelle op eene heerelycke plaetse wederom her- stelt worden ende daer blyven ofte andersins begere dat de selve twee schinderytiens ten meesten pryse door mynen executeur met onderstaen der voorschreve proviseurs ter- Stont vercocht sullen worden ende dat men met de pen- ninghe daer van procederende sal koopen eeu erfellycke ( 206 ) rente ende met het jaerelyekx penningh onderhouden worden het musiek in de voorschrevene cappelle van het Hooghweerdighste H. Sacrament geschiedende. Gedaen tot Mechelen den 21 july anno 1657. (Signé) CATHARINA L'ESCUYER. » A la suite de cette protestation, il faut croire que les petits tableaux reprirent leur place sur l'autel, puisqu'ils ne furent pas vendus; mais plus tard, en 1774, on les trouvait de nouveau à quelque distance du retable et appen- dus aux murs de chaque côté du banc de communion. Les trois pièces demeurèrent à Saint-Rombaut jusqu'au moment où la république francaise prononça , en 1794, la confiscation des œuvres d'art notables décorant nos églises. La Cène fut dirigée sur Paris, tandis que les deux petites compositions inférieures furent destinées au Musée de Bruxelles; cependant, peu après, ces dernières prirent également le chemin de la France et furent échangées contre des œuvres plus importantes. Le tableau principal fut donné par Napoléon I à la galerie publique de Milan; les petits panneaux secondaires allèrent enrichir le Musée de Bordeaux. Le grand épisode de l'institution de l'Eucharistie est représenté par Rubens à l’intérieur d’une imposante Con- struction ayant les apparences d’un temple. — Un rideau largement drapé est rattaché au plafond, au-dessus de la table, sous laquelle l’on découvre un chien rongeant un os. Le Sauveur, type sévère et expressif, assis au milieu des apôtres bénit le pain.— Deux torches, placées dans des chandeliers sur une sorte de meuble, se trouvent à droite de la composition. — Entre les deux lumières repose un ( 207 ) livre ouvert. — Le meuble occupe un portique dont la baie est à moitié fermée par une draperie; au-dessus de celle-ci s'ouvre le ciel dans lequel scintille la lune. Sur Favant-plan à droite, par terre, sont déposés deux vases de cuivre, mis dans un baquet du même métal ciselé. La Cène est une heureuse conception comportant treize figures groupées autour d’une table couverte d’une nappe et sur laquelle ne se trouve qu’un calice. Descamps apprécie l'œuvre de Rubens à Saint-Rombaut en ces termes : « La Cène, sujet éclairé de nuit, bien composé mais lourd de Couleur et noir; les têtes sont sans noblesse et sans finesse; on reconnaît à peine ici l’auteur. P. Pontius en a laissé une estampe. » L'auteur de l'ouvrage : Mechelen opgeheldert in haere kercken , etc., prétend que l’image de Judas est une repro- duction d’un personnage identique dû à Frans Floris. Généralement les deux petits tableaux étaient plus estimés que le panneau principal; ils étaient entièrement du pinceau de Rubens, et Descamps juge qu'ils étaient peints avec « finesse et facilité. » Le Lavement des pieds, scène nocturne, se passe dans une pièce ornée, éclairée par trois flambeaux; l’une des lumières repose dans un chandelier sur la table; deux autres chandeliers sont placés à gauche de la salle Sur un pupitre, supportant un livre ouvert. — Le Sauveur agenouillé procède à l’ablution sur le premier plan. Onze Personnages sont groupés autour de la table couverte d'une nappe blanche. L'Entrée de Jésus à Jérusalem est un épisode de jour. Au fond se dessinent le ciel, des palmiers et des con- Structions. Le Rédempteur, monté sur une ânesse, che- mine sur le premier plan, deux personnages étendent des ( 208 ) tapis sous les pieds de la monture, pendant qu’une foule compacte précède et suit Jésus. En tout quatorze person- nages. En 1840, à la vente de l’abbé Fayd’herbe, dernier des- cendant mâle du célèbre sculpteur-architecte de ce nom, furent vendues deux reproductions fidèles du Lavement des pieds et de l Entrée à Jérusalem. Hauteur 0,74 centi- mètres; largeur 0,78 centimètres (n°* 53 et 54 du cata- logue). Ces copies anonymes sont aujourd’hui la propriété de l’abbaye de Bornhem. Disons encore que la tradition prétend que l'autel du Saint-Sacrement a été exécuté d’après un croquis de Rubens, mais aucune preuve authentique ne confirme jus- qu'ici cette assertion. § 2. — ÉGLISE DE NOTRE-DAME AU DELA DE LA DYLE. La collégiale de Notre-Dame au delà de la Dyle ren- ferme un vaste triptyque, œuvre de première importante due à P.-P. Rubens. Le sujet du milieu représente la Péche miraculeuse. Hauteur 3,14"; largeur 2,28". Bois. Le peintre a choisi le moment où Jésus-Christ s'avance et met le pied sur la barque de saint Pierre. — Des filets regorgeant de pois- sons vont remplir le bateau monté par quatre pêcheurs : trois d’entre eux laissent voir leurs bustes athlétiques à découvert. — Une seconde embarcation, conduite “par deux marins, aborde la première, tandis qu’au premier plan sur le sol, jonché de coquillages, un vigoureux pê- cheur retire le filet de l'eau. — La perspective du fond montre l'horizon d'un ciel épais se confondant au loin avec les ondes du lac de Tibériade. La vigueur du coloris ( 209 ) etla force du mouvement des pêcheurs sont incompa- rables dans cet épisode si hardiment traité. Le seul reproche que l’on puisse faire à cette œuvre est la lourdeur très-prononcée du ciel. Jésus, personnage prin- cipal, n’est point à la hauteur de son rôle dans le tableau, car sa personne pourrait être plus dégagée, moins sombre et plus en évidence. Les volets sont peints des deux côtés. Sur l’un des van- laux, les apôtres recueillent dans le corps d'un poisson la Monnaie pour payer le tribut; sur l'autre, archange Ra- Phaël accompagne le jeune Tobie, qui s'empare d'un pois- son au bord de l’eau. — Cette dernière peinture peut être rangée parmi les meilleures et les plus gracieuses produc- tions de Rubens. Les revers présentent chacun en pied une figure isolée d’un type grave : saint Pierre et saint André. Hauteur 3,14" ; largeur 1,16". Bois. Ces cinq tableaux rivalisant entre eux de richesse de ton, d'abondance et de grandeur de dessin, forment par leurs contrastes de splendides spécimens de la puissance du génie de Rubens. Malheureusement, l’œuvre telle que nous la voyons aujourd'hui n’est pas complète : il lui manque les trois petits tableaux, enchâssés autrefois dans le retable sous le triptyque; ces compositions secondaires ont disparu et nous n'avons même pas pu retrouver leurs traces. Au centre se trouvait le Sauveur en croix. Hauteur 2 pieds de Malines 3 ta pouces. Largeur 4 pied 5 pouces. Aux côtés étaient placés : Jésus et saint Pierre marchant sur les eaux; Jonas tombant dans la mer, Hauteur 2 pieds T U, pouces. Largeur 2 pieds 3 !/4 pouces, mesure de Malines. Comme les sujets de ces tableaux semblent déjà l'indi- 27° SÉRIE, TOME XLI. 14 ( 210 ) quer suffisamment, ceux-ci furent exécutés aux frais de la jurande des poissonniers de Malines. Dès le 9 octobre 1617, le métier manda l'illustre peintre à Malines; celui-ci vint voir la chapelle de la corporation et proposer, aux doyens réunis dans leur chambre, les conditions prélimi- naires d'un accord; toutefois ce ne fut que le 5 février 1618 que les jurés des poissonniers conclurent un arran- gement définitif avec Rubens, qui s’engagea alors à exé- cuter, à raison de 1600 florins, le triptyque et les trois petits panneaux inférieurs. L'activité dévorante de Rubens peut seule expliquer la rapidité avec laquelle le maître s’acquitta de sa tâche : l'achèvement de ses huit compo- sitions était terminé dès avant le mois d'août, puisque le 11 août 1618 l'on commença à procéder à l'emballage des peintures dont le transport devait être fait par navire. Les détails précédents font justice d’une tradition d’après laquelle la Péche miraculeuse et les morceaux accessoires auraient été peints par Rubens en son château de Steen, sous Elewyt, près de Malines. M. A. Michiels a également relaté cette assertion contraire aux extraits des comptes de la nation des poissonniers que nous produisons. Les mêmes sources font tomber ce qui a été raconté relative- ment au prix du triptyque et au temps que l'artiste con- sacra à son exécution. Le 51 juillet 1794 les commissaires républicains des- cendirent nos tableaux de leur place, presque deux fois séculaire, pour les transférer au Louvre où ils demeurèrent exposés à l'admiration publique, jusqu’à ce qu'après len- trée des alliés à Paris ils revinrent dans l'église de Notre- Dame en 1816. Toutefois les petites compositions infé- rieures ne firent pas partie du renvoi et s'égarèrent à cette époque: S'il faut en croire Descamps, celles-ci ne répon- ( 211 ) daient pas au mérite des tableaux principaux; elles lui parurent crues, les draperies sèches, le Christ maigre et d'un dessin maniéré. Aussitôt revenu, le triptyque fut remis entre les mains de P. Van Regemorter, qui lui fit subir un nettoyage (1); plus tard, les peintures reçurent encore quelques soins de peu d'importance; enfin dans le courant de l'été de 1875, une restauration heureuse et complète eut lieu. M. De Heuvel enleva prudemment les vernis, fixa les soufflures, el fit disparaître les chancissures , tandis que M. De Brou, d’une main délicate et sûre, voulut bien se prêter à la mission épineuse des retouches : grâce à ces efforts, les tableaux de Notre-Dame brillent aujourd’hui dans toute leur splendeur. F.-A Bolswert grava la Pêche miraculeuse, mais il in- troduisit dans sa planche, exécutée cependant d’après un dessin de l'auteur même du tableau, deux personnages se trouvant à mi-corps dans l'eau et qui ne figurent point sur le panneau de l'église. Après cette gravure sur cuivre, la gravure sur bois, la lithographie et la photographie ont fré- Juemment contribué à populariser cette page célèbre de l'art flamand. Pour compléter cet aperçu, nous joignons ici les extraits des registres aux comptes de la corporation des poisson- niers se rapportant à l’œuvre de Rubens. (Registre n° 4, 1608-1636, aux Archives de la ville de Malines.) (1) Jl a été payé au Sr van arr en 1816. pour la restauration des tableaux de Rubens de es de Notre-Dame et de St-Jean, et pour le tableau de Van Dyek qui eit à St-Rombaut, la somme totale de 728 Dorins. Pour le transport d'Anvers à Malines 53 Borin Pour indemnités, déplacements d'artistes des villes voisines ‚pour faire l'examen ordonné Par l'arrêté du 6 juillet 1816, 100 florins. (242) COMPTE DU 50 NOVEMBRE 1616. — 30 NOVEMBRE 1617. Page 97. 9 october 1617. Verteert in den Hellem present M. Merten (De Clerck), Jan Gootens en adriaen Van Loy met ons knape, als wij met Rubbens op de ambachts camer geweest en in O. L. Vrouwe kercke ons taffereel gesien hadden om het schilderen te besteden present de sone van H. Niclaes de Vos, betaelt . 8-15 Op den 12 vende hatch aen hek gn Hain van bier als doen op de camer gedroncken met oock acht potten als wy Bartelmees Van Roeije besteden het PARIS mel de leste te maecken op de caemer. . . kk OU COMPTE DU 50 NOVEMBRE 1617. — 50 NOVEMBRE 1618. It. betaelt aen Bertelmees Van Roije. Van ’t panneel met de leste maken op d’ambachts camer betaelt op rekening 50 guld. met het veraccorderen t'samen betaclt . . - +890 Page 105. Op 5 Rare 1618 ct he H. Philips Van de Kerckhove en Jan Goottens door last van de geswoirne en ouders om °t taffereel besteden te schilderen aen S" Rub- bens als doen betaelt voor wagenvracht over en weer. 6- 2 Ja It. verteert tot Antwerpen, in Hendhove, met het gene daer verteert is met S" Rubbens en anders int besteden van dam- bachts taffereel voor 1600 guldens betaelt van verteerde coste ghelaghe en andersints met ’t ghene wy — hier verteer- dencompt. . LEUR l. betaclt Benel Vegas nant: van dat hy met syne knecht de taffel van dambachts aultar afghedaen heeft om naer Antwerpen te synden 1 Item betaelt aen de metser over tgen be on hadde van de vracht van tafereel Antwerpen te voeren 4 !/, gul. en van lossen en tot S$ Rubbens te ie 3 t M [à nma 8-0 (25) COMPTE DU I°" NOVEMBRE 1618. — NOVEMBRE 1619. Page 118 verso. 11 augusti (1619) als wy tot Antwerpen reysden om dambachts taffereel © schepe te doen , betaelt tot Waellem (Waelhem) van overzetten, van verteerde costen van de peerden tot id ende peerden te haelen € sa- men . + ES Item t tot A bwernen oi ons Ein H. Philips, Gaoléns en by my met noch ander die daer by quamen in Contich je (1) met twee pinten wyn tot contributie, tsamen . . 11-6 Item betaelt tot Antwerpen van de taffel t hens te desen met die deuren met de vracht van de cassene altsamen 6-416 Item betaelt van de taffel alhier te lossenc en in de kercke te dragen aen diversche arbijders tsame . . It. betaelt van de schip vracht van het taffetreel van Ant- werpen hier te brengen. . . aM it. betaelt Franssen Vergalen, ene van d Hei taffereel te helpen stellen met synen knecht en van eenig gereet- Schap te leenen volgens syn billet by -apns en qui- unte +. Bi Item betaelt Anthobt FRE ohmse, van divérsche yser- werck by hem gelevert tot behoeve van dambacht taffereel achter volgens syn specificatien en quitancie. . . . 16-15 ltem betaelt Anthoni Buys over de leene die hy gelevert heeft tot de ducre van dambachttaffereel boven de oude leene die hy behouden heeft ende hem veraccordeert en betaelt ach- tervolgens syne quitancie . . es on 44-14 Item betaelt aen hein: van a ior voor de lesten en de pederstalen met die pederstalen dachuer en andersints by hem en syn enecht gevrocht int stellen van dambachts taffel achtervolgens Gen en 16-11 Te dm ments (1) Contieh est probablement ici le nom d'une hôtellerie. ( 214 ) Item betaelt Jan Gootens over tgene hy betaelt hadde voor huere van zyn peerd als wy die ons ambachts taffe- reel gingen haelen . f 1-10 Page 120 (verso). ien betaelt aen sr Petro Paulo Rubel schilder, woonende tot Antwerpen, van het schilderen van ons ambachts tafel met de deuren binnen en buyten en dry stucs- kens in den voet agter volgens het accoort aen hem betaelt door order. van de geswoirne en ouwers ter presentie van H. Philips Van de Kerckhove en Jan Gootens volgens syne qui- tance compt 1600 § 3. — Krise pes S'S-JEaN-Baprisre Er JEAN L'É vanGÉ- LISTE. Les cinq panneaux qui décorent le maître-autel de cette église paroissiale sont cités parmi les meilleures productions du pinceau de Rubens. Le tableau principal est l’ Adoration des Mages ; celui du côté de lépitre porte, d'une part, saint Jean écrivant lÉvangile dans l'ile de Pathmos ; d'autre part, saint Jean PEvangéliste jeté dans la fournaise. À gauche, lon voil à Pavers : le Sauveur baptisé par saint Jean-Baptiste; au revers : la Décollalion de saint Jean-Baptiste. L'Adoration des Mages, comportant vingt-deux person- nages, a été gravée par Luc Vostermans en 1620. Le groupement du sujet naturel et magistralement compris est exprimé par un coup de crayon majestueux, relevé par un coloris riche et bien conservé. Les têtes des mages sont du plus bel effet, tandis que la personne de Marie, qui n’a, du reste, plus sa primitive fraîcheur par suite d’un nettoyage opéré à Paris, semble trop maniérée. — La sainte Vierge debout présente son divin Fils aux trois Rois. Le premier de ces monarques revêtu de drap d'or ( 245 ) offre l’encens : il occupe le premier plan avec son compa- gnon dont le précieux manteau de pourpre est relevé par un page charmant. — Le troisième roi, nègre de race, appa- rait derrière les deux autres mages. — Une suite nom- breuse accompagne les personnages royaux et remplit le fond du tableau. Cette partie éloignée présente un vigou- reux contraste avec le premier plan, car une torche ardente projette sa lumière jaunâtre sur le groupe final. En 1781 J. Reynolds observa, avec beaucoup de raison, que la Vierge et l'Enfant Jésus manquent de vigueur. Il est évident qu’en voulant établir une oppdsition trop vive entre les types mâles et accentués des rois arabes et entre ceux de la sainte Famille, Rubens tomba dans un excès, qui aboutit à donner à la divine Mère un air trop grêle; Caractère, qui, d’après nous, pris en lui-même, convien- drait, peut-être, à l'idéalisme que comporte cette sainte et suave figure, mais qui dans le tableau en question n’est pas harmonisé avec la composition. Dans un récent artiele de la Revue des Deux-Mondes (janvier 1876), M. Eugène Fromentin, sous le titre : Les maîtres d'autrefois, s’est occupé des tableaux de saint Jean. Les conclusions de l'ho- norable critique sont on ne peut plus avantageuses pour le panneau qui nous occupe; car elles placent notre Ado- ralion des Mages au-dessus des mêmes pages du Louvre et des Musées d'Anvers et de Bruxelles, dont elle est une nou- Yelle version variée et enrichie par la fertilité du génie de Rubens. M. E. Fromentin n'hésite pas non plus à remar- quer que les tableaux de l’église de Saint-Jean dépassent En noblesse et harmonie le panneau central du triptyque de la collégiale de Notre-Dame au delà de la Dyle. Le vantail relatif à saint Jean l'Évangéliste représente d'abord ce saint dans une pose contournée, appuyé contre ( 216 ) un rocher. Il écrit sur ses genoux son immortel ouvrage, et recoit du ciel entrouvert les inspirations d'en haut. L'aigle symbolique se trouve sur le rocher et tient un encrier dans ses serres. Le revers du panneau porte le Martyre de saint Jean. Les bourreaux à moitié vêtus soulèvent le corps de PÉvangéliste pour le précipiter dans la fournaise de cuivre sous laquelle pétille la flamme. Six figures concourent ici à la composition. Le torse du saint, pris en raccourci, est admirable de beauté : sa tête, pleine de résignation et d'es- pérance, est tournée vers le ciel d'où deux anges lui mon- trent la palme du maftyre. Le volet opposé a pour sujet le Baptème du Sauveur par saint Jean-Baptiste. Debout dans les ondes du Jourdain, Jésus baisse la tête et reçoit avec humilité le baptême des mains du Précurseur; ces per- sonnages, peu vêlus, sont remarquables d'anatomie. Les bords du fleuve sont entourés de rochers et de verdure. Ce tableau a été gravé par J.-L. Krafft. Descamps trouvait le revers de ce volet : la Décollation de saint Jean-Baptiste, supérieur aux quatre peintures précédentes. Ici la scène se passe à l'intérieur d’une prison, éclairée par un flambeau que tient un soldat. Le tronc du saint git par terre, tandis qu'un bourreau offre la tête du martyr à Hérodias. Deux autres personnages figurent en- core accessoirement dans ce tableau. L'effet de lumière nous paraît supérieurement rendu et l'attitude des person- nages nous semble saisissante de vérité, bien que Rey nolds leur ait adressé un reproche de faiblesse et de mollesse qui ne se justifie aucunement. L'administration paroissiale commanda ces œuvres au grand peintre le 27 septembre 1616. Elle demanda à l'ar- tiste une grande composition avec volets et trois petits tableaux. De ces derniers le Christ en croix seul est Con- servé. : (CHF) Rubens acheva rapidement son entreprise, puisque dès le mois de septembre 4617 les tableaux prirent leurs places sur l'autel; mais dans la suite, il revint encore à l’église donner quelques touches supplémentaires à ses composi- tions. Nous savons aussi que dès 1625 le peintre envoya l’un de ses élèves à Malines pour y nettoyer l’Adoration des Mages. L'église acquittant son payement par parties , ce ne fut que le 12 mars 1624 que Rubens toucha la dernière part de la somme due, s'élevant à 1800 florins. On conserve jusqu’à ce moment dans les archives de la fabrique la quittance autographe du maître; elle est ainsi conçue : « Ick, ondergeschreven, bekenne in diversche paijen Ontvangen te hebben uyt de handen van mynheer den pas- toor van Sint-Jans kerck tot Mechelen de somme van ach- lien hondert guldens eens tot volkomen betaelinge van een outaer tafel met deuren op de voorzeyde kerkens hooghen outaer staende met myn hand gemaeckt en de toirconde der waerheyd hebbe ick deze quittancie met nyn eygen hand geschreven en onderteeckent den 12 mar- tii 1624. Tot Antwerpen. Prierro PauLo RUBENS. » Il est fâcheux que l’ancien autel , adapté aux peintures, at disparu et que l’on ait maconné certaines fenêtres du chœur : il n’en fallait pas autant pour modifier défavora- blement les conditions d'exposition du chef-d'œuvre, con- ditions sur lesquelles l’auteur du morceau avait compté névitablement. La révolution francaise survenant mit la main sur les ( 218 ) tableaux de saint Jean. Le 26 août 1796, ils furent placés au Louvre où ils demeurèrent jusqu’après la chute de Na- poléon. Enfin le 16 juin 1816, ils rentrèrent dans l’église à Malines. Nous avons malheureusement à déplorer ici, comme trop souvent ailleurs, les restaurations et les neLtoyages qui ont altéré les glacis, ces notes finales et caractéris- tiques de la main de Rubens. A leur retour de Paris, où des mains inhabiles avaient enlevé les touches délicates du | buste de la sainte Vierge, et les légers glacis qui doraient la chevelure des jeunes pages, nos panneaux déposés dans la commanderie de Pitzembourg y recurent en 1816 les soins de P.-J. van Regemorter d'Anvers. Dans la tourmente révolutionnaire, les petits tableaux inférieurs disparurent, on ne sait comment. — Celui da centre, après avoir été longtemps perdu, fut retrouvé à Malines même et restitué ensuite à l'église. P. Pontius a reproduit cette peinture au burin, mais le graveur ya ajouté plusieurs figures d'anges dispersant des démons et la mort. Les deux autres panneaux représentant, lun F Adoration des bergers, lautre la Résurrection, décorent actuellement le Musée de Marseille. ; Dès le XVII siècle les œuvres que Rubens avait exo- cutées pour la paroisse de Saint-Jean excitaient admi- ration et la convoitise des amateurs. Le duc de Richelieu, étant venu visiter les monuments de Malines, fut tellement impressionné par la beauté de ces tableaux qu'il pria le baron de Poederlé de faire en son nom des propositions d'achat à la fabrique paroissiale. Le 19 janvier 1681 le mandataire du duc présenta à l'église de Saint-Jean ss somme de 6,000 florins en échange du morceau principal et des deux volets latéraux. Toutefois les ouvertures du (219 ) baron de Poederlé furent rejetées en principe, grâce à l'in- tervention du chanoine Aimé de Coriache, vicaire général, et de l'excellent peintre d'histoire malinois Lucas Fran- choys. Voyant qu’il n'avait aucune chance de succès, Poe- derlé retira sa demande en avouant qu'il avait, en cas d’un premier échec, la mission de proposer jusque 15,000 flo- rins, plus la copie fidèle des tableaux en question à confier à maître Lucas Franchoys, l'un des bons élèves de P.-P. Rubens. | Ce dernier artiste s'inspira plusieurs fois des productions dont son illustre maître avait doté la ville de Malines; c'est ainsi que daus une grande composition de Franchoys, que Fon retrouve encore dans l’église de Sainte-Catherine à Malines, il se servit du panneau de Saint Jean précipité dans la fournaise pour rendre le même épisode, et qu'il utilisa la Décollation de saint Jean pour une gravure sur Cuivre qu’il publia et sur laquelle on remarque cependant : « Lucas Franchoys, inventor. — Lommelin scul. » Les marguilliers ont donc fait peindre le tableau, les volets et les trois petits tableaux de leur église par Pierre Paul Rubens pour la somme de 1800 florins. Voici ce que rapportent à ce sujet les comptes de la fabrique de Saint-Jean, des années 1615, 1616, 1617, 1618, 1619 Item den 27 december 4616 is aen S" Petro Paulo Rubbens, schilder, woenende VAntwerpen by den heere pastoor en kerck- meesters besteet het schilderen van den hooghe autaer mette dueren voor achthien hondert guld. eens alle jaere te betale drije hondert guld. eens, betaelt de twee ierste paijen by quit- lantien van d. xiiij sept. 4617 en xij november 1618 met ses st. aen bode hier . . ot . . . 600guld.6st. ( 220 5 Item den voors. heere pastor heeft betaclt de timmerlieden van het paneel mette dueren tschepe te doen naer Antwerpen de scheep vrachte en van vuyten schepe te doen en doen dra- ghen ten huijse van d. voors. Rubens synde tsamen gesloten in een houte casse. . . . memorie. Item Jan Baptist de Vos, sone van her Nicolacs, heeft tvoors. Oe en dueren tAntwerpen doen plemueren bet a 15 guld. hai aen din voorn. ah Baptist de Vos betaelt seven en twin- tich guldens ses stuyvers by hem t’Antwerpen verleet van de dueren van desen aultaer te doen stofferen buijten en binne en de cleyne panneelkens onder mede te schepe te bringen. It. als de voors. dueren en panneelkens by Rubens voldaen waeren gesonden Francois den luyer naer Antwerpen om die te haelen en gade slaen hem gegeven xiiij st. voor de scheep- dragt van Antwerpen tot hier vier guld. thien stuijvers van vuyten schepe te doen en in de kercke te brenghen xxxiij s en van eene attestatie brief van Cornelis Van Triest om vrije te laten passeren vyf stuyvers hier t zamen. . 7guld.2st. COMPTES DE 1620, 1621 ET 1622. It. betaelt Pietro Pauolo Rubens over de vierde paije van de tafel op de hooge aultaer verschenen kersmis 1620. 500 guld. It. betaelt Sr Pietro Pauolo Rubens, schilder Antwerpen, drye hondert guld. voor de derde paije van door syn hant be- schildert te hebben het tafereel staende op den hooghe aultaer en den choor alhier by quitantie van 23 december 1619 en ge- lycke drij hondert guld. voor de vierde paije by quitantie van 11 january 1621, bier samen ses hondert guld. COMPTES DE 1622, 1625. Betaelt S" Petro Paulo Rubens voer een halve paije op cortinge van de es op dhooghe autaer in de choor bee aaoo s o a p: (224 ) COMPTES DE 1623, 1624. It. bet. aen een knecht van St P° Paulo Ribbens voert wasse en overstrijcken het stuck van drye conighe op de hooghe choor autaer by laste van den heer pastor gegeven. 10 guld. It. betaelt p. heer pastoor gaende naer Antwerpe aen Petro Paulo Rubens over eén reste van de leste paije van tstuck de drij konighe op dhooge choor autaer. Bt. en volle qui- Uode ee a en Hela HG guld, Le peintre J.-B. Descamrs, Voiage pittoresque de la Flandre et du Brabant (Paris 1779), page 118, dit: « Le maître-autel a pour tableau l'Adoration des rois mages, sujet si souvent et si différemment traité de ce maître; on distingue celui-ci par un des rois mages placé sur le devant et qui tient un encensoir; C'est un bean tableau et un des plus corrects de cet artiste… le sujet est gravé par Vosterman. Sur un des volets en dedans est représenté Jean dans l'huile bouillante; sur l’autre la Décollation de saint Jean: ce sujet est d'une grande beauté; il m'a paru supérieur aux autres ; sur les dehors de ces volets on trouve repré- senté le baptême de Notre-Seigneur et saint Jean dans l'île de Pathmos. Au-dessous sont placés trois petits tableaux aussi de Rubens : celui du milieu est Notre-Seigneur attaché sur la Croix; d'un côté on voit la naissance de Notre-Seigneur et sur l’autre sa résurrection. Tons ces tableaux, très-précieux, sont négligés et sales; Mais il vaut mieux les conserver ainsi que de les voir gâter par des hommes hardis sans talents. » Malgré les restaurations et les soins dont elles avaient ( 222 ) été l’objet à leur retour de Paris, les belles productions dont la légende raconte que Rubens disait : C’est à Saint- Jean de Malines qu'il faut aller voir mes meilleurs ta- bleaux..... occupèrent en 1856 la presse, qui réclama un nettoyage. Les critiques des journaux n’étant pas fondées, les tableaux demeurèrent intacts et dans l’état où ils se trouvent encore à ce jour. $ 4. — ÉGLISE CONVENTIONNELLE DES AUGUSTINS. Nicolas de Tombeur dit dans son ouvrage : Provincia Belgica ordinis ff. eremitarum S. P. N. Augustini (p.118), au chapitre consacré au couvent des Augustins de Malines : An. 1655. Picta est per Rubenium tabula altaris S. Bar- bare : constitit 620 fl. pecunias has procuraverunt Patris nostri. Opificium coriariorum ad hoc dedit 100 fl. Le tableau dont il est parlé ici représentait la sainte Vierge et l'Enfant Jésus, accompagnés de sainte Catherine, de sainte Apolline, de sainte Marguerite et d’autres saints. Cette œuvre à laquelle on reconnaissait toutes les grandes qualités de son auteur fut vendue par les Pères augustins au mois de mars 1767 et achetée par le chevalier de Ver- hulst pour la somme de 9,500 florins, argent de change. plus deux pièces de vin comptées chacune à 12 livres, soit 168 florins. Après la mort de M. de Verhulst son cabinet fut vendu à Bruxelles en 1779, et l’ancien tableau des Augustins de Malines y atteignit le prix de 12,100 florins. Nous ex- trayons du Catalogue même de cet amateur le passage sui- vant : (N° 45) P.-P. Rurens. Tableau peint sur toile. Haut 104, large 45 pouces. « Cette pièce capitale de ce célèbre artiste représente venen ee | ( 225 ) le couronnement de sainte Catherine. La sainte Vierge, vêtue d’une tunique rouge, y est représentée assise sur un trône de verdure tenant l'enfant Jésus sur son giron, devant lequel sainte Catherine en robe trainante est prosternée et à genoux sur un carreau de velours cra- moisi, inclinant la tête vers l'Enfant qui la couronne de lauriers; on voit à droite sainte Marguerite vêtue d'une robe lilas, tenant le dragon enchaîné; à côté d’elle est un ange portant des foudres étincelantes; on remarque à gauche du trône sainte Apolline en habit de velours noir, dont les replis sont doublés de jaune, tenant d'une main les instruments de son martyre et de Fautre la palme. Les chevelures et les habits de ces saintes sont richement ornés de perles, de joyaux et de pierreries pré- cieuses : plusieurs anges portent à ces saintes les cou- ronnes et les palmes du martyre. La belle et riche ordon- nance de ce tableau, sa touche spirituelle et vigoureuse, son faire large et svelte; la magnificence et la légèreté de ses draperies, la belle carnation des figures qui sont de proportions plus que naturelles, retracent dans ce su- perbe tableau Ja supériorité de ce chef de l'école fla- mande et réunissent dans cette pièce la grandeur et la perfection de son art merveilleux et séduisant. Il vient de l'église des Pères augastins de Malines et se trouve gravé par P. de Jode. » La toile fut acquise par un nommé Donckers, chargé de , y ve s í : Vexpédier ensuite en Angleterre, où elle existe probable- ment encore, $ D. — COUVENT DES ORATORIENS. Cette maison religieuse possédait autrefois le Christ en croix de P.-P. Rubens (H. 1,05 m., L. 0,75 m. B), qui ( 224 ) est conservé actuellement au musée de Malines. Ce panneau que l'on peut compter parmi les bons tableaux de chevalet du musée, s’il n’est entièrement de la main de Rubens, a certainement reçu les touches du maître dans ses parties essentielles. Il a été donnée à l'académie des beaux-arts de Malines par le roi Guillaume 1°", en vertu d'un arrêté royal du 5 janvier 1826. Le 26 novembre 1796, l'œuvre avait été déposée chez Guillaume Herreyns, directeur de l'académie de Malines; mais après le départ de ce dernier pour Anvers, le tableau ly suivit et finit par être oublié dans son atelier. Enfin après le décès de G. Herreyns, Padministration des domaines saisit le tableau le 3 octobre 1825 dans la maison mortuaire et le fit provisoirement déposer au musée d'Anvers où il demeura jusqu’au mo- ment où il rentra à Malines le 15 février 1826. Les prêtres de l'Oratoire firent exécuter ce tableau pour être placé sur l'autel de saint Nicolas de Tolentin , dans la nef septentrionale de leur chapelle; dans la suite ils le transférèrent à l’autel de sainte Barbe. Cette œuvre a été restaurée avec succès par M. J. Ber- naerts, professeur à l'académie de Malines, en 1875. M. Alvin annonce que l’absence motivée de divers membres n’a pas permis à la commission pour le choix des œuvres d'art à reproduire par les lauréats des grands con- cours pendant leur voyage à l'étranger, d'arrêter définiti- vement la liste dans sa séance du matin. La classe adopte la proposition que lui fait à ce sujet M. Alvin, de ne plus provoquer de réunions générales, el de demander individuellement aux membres leur liste des œuvres à Copier. ( 225 ) M. G. Geefs propose qu’on statue d'urgence sur les œu- vres à signaler aux sculpteurs. « Le lauréat actuel, ajoute- til, n’a plus que dix-huit mois à passer à Rome, et ce temps sera à peine suffisant pour qu'il se conforme aux prescrip- tions du règlement, » La classe décide, après avoir entendu l'avis de MM. J. Geefs et Fraikin, que le rapport déposé dans la séance du 6 avril dernier, par ces deux membres, sera envoyé d'ur- gence à M. le Ministre de l'Intérieur avec la liste de quel- ques statues antiques, qui a été remise à la Commission dans sa séance du 9 mai. — M. Alexandre Robert fait une motion au sujet des mesures à prendre pour garantir aux artistes la propriété de leurs œuvres. Cette question, pour laquelle un rapport a été fait en 1856 par MM. Alvin, Navez et Portaels, et communiqué, à celle époque, au Ministre de l'Intérieur, sera inscrite à l'ordre du jour de la prochaine séance. — M. Slingeneyer demande quelle suite a été donnée au projet d'un établissement à fonder à Rome pour les lauréats des grands concours, projet adopté dans la séance du 2 juillet 1874 et dont M. le Ministre a également reçu communication. La classe décide qu'elle s'occupera de cet objet lors de sa séance de rentrée de vacances. — Vu l'heure avancée, la lecture de M. Alvin, intitulée : Un chapitre de la biographie d'André Van Hasselt, est remise à la prochaine séance qui aura lieu le jeudi 3 août. -G 2e SÉRIE, TOME XLII. 15 ( 226 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Bormans (Stanislas). — Cartulaire de la commune de Namur, tome UI, période bourguignonne (1429-1555). — Les fiefs du comté de Namur, 2° livr. (XV° siècle). Namur, 1876; vol. et fasc. in-8°, Dewalque (G.). — Notes sur le dépôt scaldisien des envi- rons d'Hérenthals et sur quelques localités pliocènes de la rive gauche de l’Escaut, Liége, 1876; br. in-8°. De Witte (J.). — Noms des fabricants et dessinateurs de vases peints (extrait de la Revue de philologie).— La dispute d'Athéné et de Posidon (extrait des Monuments grecs). Paris, 1848; br. in-8° et br. in-4°. Morren (Édouard). — Mathias de l'Obel, sa vie et ses œuvres (1558-1616). Liége, 1875; br. in-8°. 1 Lenormant (François). — Sur le nom de Tammouz (extrait des Mémoires du Congrès international des orientalistes). — Monnaies royales de la Lydie. Paris, 1876; br. in-8°. Potvin (Charles). — Correspondance de Belgique (extrait de la Revue britannique). De Potter (Frans). — Geschiedenis der stad Kortrijk, 5% deel. Gand, 1876; vol. in-ge. : Dewalque (Fr.). — Notice sur une vivianite blanche (extrait des Annales de la Société géolog. de Belgique); feuilles in-8°. D’Hane-Steenhuyse (Charles). — Ma dernière réponse au général Eenens. Bruxelles, 1876; br. in-8°. Hennequin. — Carte géologique de la Belgique et des con- trées voisines par André Dumont, nouveau tirage; Exposé sommaire de la géologie de la Belgique ou notice explicative à la carte. Bruxelles, 1876; carte in-folio et br. in-8°. Herlant (A). — Étude sur les principaux produits rési- neux de la famille des conifères. Bruxelles, 1876; br. in-8°. ( 227 ) Leboucq (D' H.). — Recherches sur le développement des vaisseaux et des globules sanguins dans les tissus normaux et pathologiques. Gand, 1876; vol. in-8°. Raemdonck (D" J. Van). — Biographie du lieutenant gé- néral messire Jean-Théodore Serraris; Biographie du colonel Sollewyn. Saint-Nicolas, 1876; in-4°. Commission royale d'histoire. — Chroniques relatives à l’histoire de la Belgique sous la domination des dues de Bour- gogne, publiées par M. le baron Kervyn de Lettenhove, tome II; Compte rendu des séances, 4° série, tome HI, 5° bulletin. Bruxelles, 1876; 4 vol. in-4° et broch. in-8°. Académie royale de médecine de Belgique. — Mémoires couronnés et autres mémoires, tome II, 6° fasc. Bruxelles, 1876; in-8°. Recueil des rapports des secrétaires de légation de Belgique, tome III, 2e, 5° et 4° livraisons, mai-juillet, 1876. Bruxelles; feuilles in-8°. Dépôt de la Guerre de Belgique. — Grandeur et forme de la terre. Oscillations du pendule. Bruxelles, 1876 ; br. pet. in-8°. Académie d'archéologie de Belgique à Anvers. — Annales, tomes XXX et XXXI, livr. 4 à 4; Bulletin, tome I, n° 11; tome IT, n° 1. Anvers, 1874-1875; 9 fase. in-8°. Inventaire des archives de la ville de Bruges, publié par Gilliodts-Van Severen , archiviste. Section première, 1°° série, XIIIe au XVIe siècle, tome IV. Bruges, 1876; vol. in-4°. Cercle archéologique du pays de Waes. — Annales, tome VI, livr. 4 et 2. Saint-Nicolas, 1876; vol. in-4°. ALLEMAGNE , AUTRICHE ET HONGRIE. Statistisches Bureau in Budapest. — N° XI. Die Sterblich- keit in der Stadt Pest in den Jahren 1872 und 1875 und deren Ursachen; die Bauthätigkeit Budapest's in den Jahren 1875 Und 1874. Berlin, 1875 et 1876; 2 br. in-8. ( 228 ) K. b. Akademie der Wissenschaften zu München. — Sit- zungsberichte : mathem.-physik. Classe, 1875, Heft HI; phi- losoph.-philolog. Classe, 1875, Heft II und IV. Munich, 1875; 5 br. in-8°. K. Hof- und Staatsbibliothek in München. — Verzeichnis der orientalischen Handschriften; die hebraeischen Hand- schriften der Bibliothek; Catalogus codicum latinorum biblio- thecae regiae, tomi 11, pars. H. Codices num. 11001-15028 complectens. Munich , 1875 et 1876; 3 vol. in-8°. Berliner Gesellschaft für Anthropologie, Ethnologie und Urgeschichte. — Sitzungsberichte, 18. April bis 12. December 1874. Berlin ; br. in-8°, K. k. geologische Reichsanstalt in Wien. — Verhandlungen, n° 1-6, Jänner-März, 1876; Jahrbuch, XXVI, Band, 1876. Vienne, 1876; in-8°. __Anthropologische Gesellschaft in Wien. — Mittheilungen, VL Band, 1876; n° 1 und 2. Vienne, feuilles in-8°. Naturwissenschaftlicher Verein in Bremen. — Abhand- lungen, IV. Band, 4. Heft; V. Band, 1. Heft; Beilage n° 5 zu den Abhandlungen. Brême, 1875; 2 vol. in-8° et br. in-4°. Kön. ungarische geologische Anstalt. — Mittheilungen aus dem Jabrbuche, HI. Band, 5. Lieferung; IV. Band, 4. und 2. Heft. — A Magyar Kir. földtani intézet Évkônve, tome III, fasc. 4; tome IV, fasc. 2 et 3. Bude-Pesth, 1875 et 1876; 6 br. pet. in-4°. Casopis Lékaruv Ceskych, n° 1-50, janvier-juillet 1876. Prague; feuilles in-4°. Bibliotheca historica, Verzeichniss des antiquarischen Bü- cherlagers von Biclefeld's Buchhandlung. Carlsruhe, 1875; vol. in-12°, Mayer (J.). — Die torricellische Leere und über Auslösung. Stuttgart, 1876; br. in-8°. Höfler (Constantin von). — Der Aufstand der castilliani- SNN Städte gegen Kaiser Karl V, 1520-1522. Prague, 1876; vol. i ( 229 ) Kön. preussische Akademie der Wissenschaften zu Berlin. — Monatsbericht, April, 1876. Berlin; br. in-8°. Naturhistorischer Verein der preussischen Rheinlande und Westfalens. — Verhandlungen, Jahrgang 51, 1874; Jahr- gang 52, erste Hälfte, 1875. Bonn; 2 vol. in-8°. Verein für naturwissenschaftliche Unterhaltung zu Ham- burg. — Verhandlungen, IL. Bd. Hambourg, 1876; vol. in-8°. Verein für Erdkunde zu Darmstadt. — Notizblatt, HE Folge, 14. Heft, N° 157-168. Darmstadt, 1875 ; fase. in-8°. Kaiserlich leopoldinisch - -carolinische deutsche Akademie der Naturforscher. — Verhandlungen, XXXVII. Band; Leo- poldina, amtliches Organ, 10. Heft. Dresde, 1875; vol. et fasc. in-4°, Fürstliech jablonowski’sche Gesellschaft zu Leipzig. — Preisschriften, XVII. Leipzig, 1875; br. gr. in-8°. Badisches Universität zu Heidelberg. — Akademische Schriften, im verflossenen Jahre erschienen. Heidelberg, 1875- 1876; 15 br. in-8° Königl. Akademie der Wissenschaften zu Berlin. — Mo- natsbericht, Mai 1876. Berlin; in-8°. Astronomische Gesellschaft. — Vierteljahrschrift, H. Jahr- gang, 5. Heft. Leipsick, 1876; in-8°. Archiv der Mathematik und Physik. — LIX. Teil, 2. Heft. Leipzick, 1876; in-8°. Verein für belerinud ische Naturkunde in Württemberg. — Jahreshefte, XXXII. Jahrgang, 1., 2. und 5. Heft. Stuttgart, 1876; in-ge. Historischer Verein von Unterfranken und Aschaffenburg. — Archiv, XXIII. Bd., 2. Heft. Wurzbourg, 1876; in-8°. Naturwissenschaftlicher Verein für Schleswig-Holstein. — rede Band 1, Heft 3; Band II, Heft 1. Kiel, 1875-1876; n-8°, Senckenbergische naturforchende Gesellschaft. — Abhand- lungen, X. Bd.; Bericht, 1874-1875. Francfort-sur-Mein, 1876; vol. in-4° et hie m8 ( 250 ) Universität zu Kiel. — Schriften aus dem Jahre 1875, Band XXI. Kiel, 4876; vol. in-4°. Kb Akademie des Wissenschaften zu München. — Sit- zungsberichte der philos.-philolog.-histor. Clas e, Band 1, Heft 1; idem der mathem.-physikal. Classe, 1876, Heft 1. Munich; 2 br, in-8°. AMÉRIQUE ET ANGLETERRE. Pickering (Charles). — United States exploring expedition during the years 1858-1842. Vol. XV, the geographical dis- tribution, animals and plants. Boston, 1854; vol. in-#°. Museum of comparative zoolögy at Cambridge, Mass. — Annual report of the trustees for 4874 and 1875; illustrated catalogue, n° VIH. Boston et Cambridge, 1875: 2 br. in-8° et r. in-4°. New-York State Museum of natural history. — Annual re- port, XXV. Albany, 1875; br. in-8°. Lid US. geological and geographical Survey of the territoirtes. — Bulletin, vol. II, n° 4; Report, n° 612. Washington, 1876; 2 br. in-8°, Peabody institute of the city of Baltimore. — Ninth an- nual report of the Provost to the trustees. Baltimore, 1876; br. in-8°. Smithsonian institution. — Report of explorations in 1875 of the Colorado of the West and its tributaries, by J-W. Po- well. Washington, 1874; br. in-8°. : The american journal of science and arts, third series, vol. XII, n° 67. New-Haven, 1876; br. in-8°. Society of antiquaries of London. — Proceedings, second series, vol. VI, n° 5. Londres; in-8°. Geological Survey of the united Kingdom. — Catalogue of the publications. Londres, 1875 ; br. in-8°. ( 251 ) Philosophical Society of Glasgow. — Proceedings, vol. X, n° 1, 1875-76. Glasgow; vol. in-8°. Haughton (Samuel). — Principles of animal mechanics, second edition. Londres, 1875; vol. in-8°. Royal geographical Society. — Journal, tome XLV. Lon- dres, 1875; vol. in-8°. FRANCE. Crosnier, — De la médication sulfuro-balsamique dans le traitement des maladies des voies respiratoires et des affec- tions cutanées, Paris; br. in-12. Garcin de Tassy. — Allégories, récits poétiques et chants Populaires traduits de arabe, du persan, de l'hindoustani ct du ture, seconde édition. Paris, 1876; vol, in-8°, Le Paige (C.). — Note sur les nombres de Bernoulli (extrait in-4° des comptes rendus des séances de l’Académie des sciences de Paris). — Note sur l'équation xy” + ky’ — y = 0 (extrait in-8° des Bulletins de l'Académie royale de Belgique). Roulliet (Antony). — Sur la densité de la population en urope, et sur la mortalité, extraits in-4° du Journal officiel de la République française). Paris, 1876. Trémaux (P.). — Principe universel du mouvement et des actions de la matière, etc., 5° édition. Paris, 1876; br. in-8°. Société des antiquaires de Picardie. — Bulletin, année 1876; n° 4. Amiens; fase. in-8°. Les Voyages d'études autour du monde, avec carte (extrait de Ja Revue britannique). Paris, 1876; br. in-8°. Société de géographie de Paris. — Bulletin, avril, 1876. Paris; in-8e. _ Revue des questions historiques, 11° année, 59° livraison , Juillet 4876. Paris ; in-8°. 7 Archives générales du département du Nord. — Inventaire ( 232 ) sommaire. Nord. Archives civiles, série B, tomes I et II. Lille, 1865-1868; 2 vol. in-4°. Société des études historiques. — Le journal l'Investigateur, 42° année, 1876, mai-juin. Paris; br, in-8°. Société de géographie de Paris. — Bulletin, mai 1876. Paris; in-8°, Société géologique du Nord. — Mémoires, I. Lille, 1876; vol. in-4°, Société des antiquaires de la Morinie. — Mémoires, tome XIV, 1872-1874; Bulletin historique, livr. 92, 93, 94, 96. Saint- Omer, 1875-1876; in-8°. Société linnéenne du nord de la France. — Mémoires, tome III, 1872-1875. Amiens, 1875; vol. in-8°. = Société archéologique et historique du Limousin.— Bulletin, tome XII, 2° livr.; tome XXI, 1° livr. Limoges, 1875; 2 br. in-8°. : Société académique de Maine-et-Loire. — Mémoires, tomes XXIX-XXXIL Angers, 1874-1875; 2 vol. in-8°. Société nationale havraïse d'études diverses. — Recueil des publications de la 39° et de la 40° année, 1872-1875. Le Havre, 4874-1875; 2 vol. in-8°. Société archéologique, historique et scientifique de Soissons. — Bulletin, 2° série, tomes III et IV. Soissons, 1875; 2 vol. in-8°, Bibliothèque de Besançon , Catalogue des livres imprimés. Sciences et arts, I. Besancon, 1875; vol. in-4°. Académie des sciences et lettres de Montpellier. — Mémoires : section des sciences, tome VIH, fase. 2; section des lettres; tome V, fase. 4; section de médecine, tome IV, fasc. 46. Montpellier, 1874; 5 brocb. in-4°. Société nationale des sciences naturelles de Cherbourg. — Mémoires, tome XVIII. Cherbourg, 1874; vol. in-8°. ne | (933 ) GRÈCE. Société littéraire « Le Parnasse ». — Analectes néo-hellé- niques publiés périodiquement, tome I, livr. 1, 5, #, 5, 6 et 7; tome II, livr. 4 et 2. — Règlement de la Société. — Des formes de gouvernement et des citoyens. — Du passé et de l'avenir de Ja liberté. — Le 25 mars 1874. — Comptes rendus de la Commission des écoles des enfants pauvres. — Compte rendu des travaux pendant la 9° année. Athènes, 1871 à 1875; 12 br. in-8°. HOLLANDE. Harting (D' P.). — Gedenkboek van het 200-jarig herin- neringsfeest der ontdekking van de mikroskopische wezens door Antony Van Leeuwenhoek. La Haye, Rotterdam, 1876; r. in-8°. 8 Snellen van Vollenhoven (S.-C.). — Pinacographia, 5° livr. La Haye, 1876; fase. in-4°. Provinciaal Genootschap van kunsten en wetenschappen in Noord- Brabant. — Analytische catalogus der oorkonden met opgave der handschriften berustende in de boekerij van het Genootschap, door Rr Van der Does; Handelingen over het jaar 1875. Bois-le-Duc, 1875; br. pet. in-4° et br. in-8°. Maatschappij der nederlandsche letterkunde te Leiden. — Handelingen en mededeelingen voor 1875. — Levensberichten der afgestorvene medeleden, bijlage tot de handelingen. Leide, 1875; 2 vol. in-8°. Nederlandsche entomologische vereeniging te S'Gravenhage. — Tijdschrift, 18% deel, 1874-73, aflevering 5 en 4; 19% deel, 1875-76, aflevering 1 en 2. — Repertorium der 8 eerste jaar- Sangen van het tijdschrift, door De Roo Van Westmaas; re- ( 254 ) pertorium van de jaargangen 9-16, door Van der Wulp. La Haye, 1869-76; 6 fasc. in-8°. Teylers godgeleerd Genootschap. —Verhandelingen rakende de natuurlijke en geopenbaarde godsdienst, nieuwe serie, 4% deel. Harlem, 1876; br. in-8°. Koninkl. bibliotheek te S’Gravenhage. — Verslag der aan- winsten gedurende het jaar 1875. La Haye, 1876; br. in-8°. Instituut voor de taal-, land- en volkenkunde. — Bijdragen, 5% reeks, XI° deel, 4° stuk. La Haye, 1876; br. in-8°. ITALIE. . Elogio di Caterina Scarpellini. Rome, 4875; br. in-12. Cadet (Socrate). — Quale possa essere il farmaco meglio opportuno tanto a prevenire quanto a combattere i morbi pen tilenziali; Esempj comprovanti luso interno del sottosolfato di mercurio, ed esempj concorrenti a comprovare l’efficacia anti- limica del solfuro nero di esso; intorno la cura preservaliva del morbo bilarzico e del trichinoso e di nuovo intorno la cura dei morbi pestilenziali; Considerazioni intorno Pipotesi di nervi che avrebbero per ufficio d’infrenare la contrattilita o la tonicità muscolare, Rome 1874, 1875, 1876; 5 br. in-12° et br. in-4°, Spuches (Giuseppe de). — Opere. — Poesie. — Tragedie d'Euripide. — D’una greca iscrizione travata in Taormina € d'un tempio di Giove Serapide. — Epigrafi inedite ed altri oggetti archeologici. — Relazione d’Alcuni oggetti archeologici. — Di due vasi greco-siculi rappresentanti una lotta di Pallade. — In morte di Maria di Spuches dei principi di Galati. — Elegie ed epigrammi greci. — Epigrammata et elegiae. — Nova car- mina. Palerme, Naples, 1860-1876: 3 vol. in-8°, 4 br. pet. in-4° et 4 br. in-8°. ( 255 ) Luvini (Jean). — Le diéthéroscope. — Presentazione di un modello di dieteroscopio ad uso delle scuole e di geodesia. Turin, 1876; 2 br. in-8°. Omboni (Giovanni). — L'esposizione di oggetti preistorici che ebbe luggo a Verona. Extrait in-8° du vol. II, série V, Atti del. R. Istituto veneto di scienze, lettere ed arti. — Delle antiche moderne, vicine ad arco nel trentino (extrait in-8° degli Atti del R. instituto veneto di scienze, etc.). Pagliani (Luigi). — Sopra alcuni fattori dello sviluppo umano. Ricerche antropometriche. Turin, 1876; br. in-8°. Società toscana di scienze naturali in Pisa. — Adunanza del di 44 maggio 1876; Atti, vol. I, fase. 3°. Pise, 1876; feuille et vol. in-8°. RUSSIE. Chatti FAQ . j A int-Pétersbourg. — Journal, tome VIII, n° 6. Saint-Pétersbourg, 1876; br. in-8°. Université impériale de Kasan. — Bulletin et Mémoires, tome XLII, n°’ 1-6. Kasan, 1875; 6 vol. in-8°. Physikalisches Centralobservatorium. — Annalen, Jahr- gang 1874. Saint-Pétersbourg, 1876; vol. in-4°. Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg. — Tableau général des matières contenues dans les publications de l’Académie, depuis sa fondation, 1'° partie, publications en langues étrangères. — Bulletin, tome XXI, feuilles 28-56. — Saint- Pétersbourg, 1872; 2 vol. in-4°. De Geer (Louis). — Minnesteckning öfver Hans Järta. — Hamilton (Henning). — Minnesteckning öfver Jacob August Yon Hartmansdorff, 2 extraits in-8° des publications de l’Aca- démie des sciences de Stockholm. Stockholm, 1872 et 1874. ( 256 ) SUÈDE. Bureau géologique de la Suède. — Sveriges geologiska un- dersökning , n° 54-56, avec texte explicatif. Stockholm, 1875; 5 cartes in-folio et 5 br, in-8°. — Om sveriges lagrade urberg jemförda med sydvestra Europas, af David Hummel; Om malmagrens alderföljd och deras användande sasom ledlager; geognostisk beskrifning ofver Persbergets grufvefält; 2 br. in-8° et br. in-4°. SUISSE. Commission géologique fédérale suisse. — Matériaux pour la carte géologique de la Suisse, feuille XXIV. — Rapport de la commission. — Tableau d'assemblage. Berne, 1875-1876. Société de géographie de Genève. — Le Globe, tome XIV, livr. 4-6, 1875. Genève, 1876; br. in-8°. Naturforschende Gesellschaft in Bern. — Mittheilungen aus dem Jahre 1875; Verhandlungen; Jahresbericht 1874-75; Berne, Lucerne, 1876; 2 vol. in-8°. Société khédivale de géographie du Caire. — Bulletin we mestriel, n% 1 et 2, novembre 1875 à juin 4876. Le Caire, 2 fase. in-8°. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1876. — Ne 8. CLASSE DES SCIENCES. —— Séance du 5 août 1876. M. Maus, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Liacre , secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J.-S. Stas, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst, F. Duprez, J.-C. Houzeau, G. Dewalque, E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, A. Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Van Be- neden, C. Malaise, F. Folie, Alb. Briart, F. Plateau et Fr. Crépin, membres; Th. Schwann , E. Catalan et A. Bel- lynck, associés; Éd. Mailly, J. De Tilly, F.-L. Cornet, G. Van der Mensbrugghe, Alfred Gilkinet, correspondants. Me SÉRIE, TOME XLII. 16 ( 238 ) CORRESPONDANCE. M. le secrétaire perpétuel communique une lettre de M™° veuve Gloesener notifiant officiellement la mort de son mari, M. Michel Gloesener, membre effectif et directeur de la classe des sciences, décédé le 41 juillet dernier, à l'âge de 84 ans. En l’absence de M. Faider, président de l’Aca- démie, et de M. Maus, vice-directeur de la classe, tous les deux retenus en province par leurs fonctions admi- nistratives, M. Liagre s’est rendu à Liége pour assister, au nom de la Compagnie, aux funérailles du défunt; M. Folie, membre de la classe, a bien voulu se faire lor- gane des sentiments de ses confrères, en prononçant, dans la maison mortuaire, le discours académique. M. Thiry, recteur de l’Université, s’est exprimé au nom de cet éla- blissement. Au cimetière, ont parlé : MM. le bourgmestre Piercot , le major Le Boulengé et l’ingénieur en chef Van Scherpenzeel-Thim. La classe décide que, selon l'usage, une lettre de con- doléance sera écrite, en son nom, à M° Gloesener pour lui exprimer les regrets causés par la mort de son mari. M. Folie accepte de rédiger, pour l'Annuaire de l'Aca- démie, la notice biographique du défunt. — La direction centrale de l'Exposition internationale d'horticulture pour 1877, à Amsterdam, adresse le pro- gramme de cette exposition. — La classe accepte le dépôt d’un billet cacheté déposé (209) par MM. F. Putzeyset A. Swaen, de Liége, et d’un pli sem- blable envoyé par M. l'ingénieur P. De Heen, de Louvain. — M. Maus offre, de la part de M. l'ingénieur Félix Matteucci, les deux opuscules imprimés suivants 1° Sfio- ratori a Stramazzo per moderare le piene dei fiumi, in-8°; 2° Descrizione di due istrumenti autografici, in-4°. M. F. Crépin présente, de la part de M. Alfred Co- Sniaux, un exemplaire du premier fascicule de ses Dia- gnoses de cucurbitacées nouvelles, imprimé dans les Mémoires in-8° de l’Académie. La classe reçoit encore les hommages suivants : 1° Carte géologique de la Belgique et des contrées voi- sines , par A. Dumont, nouveau tirage; Exposé sommaire de la géologie de la Belgique ou notice explicative à la carte, par M. le capitaine d'état-major Hennequin , carte, et broch. in-8°; 2° Note sur les nombres de Bernoulli et Note sur les équations xy” + ky’ — y = 0, par M. Le Paige, in-4° et in-8°, Des remerciments sont votés pour ces dons. — MM. le général Sabine, Ch. Darwin et G.-A. Hirn, tous les trois associés: le « Museum of comparative Zoology » de Cambridge, la « Connecticut Academy of arts and Sciences , » à New-Haven, la Société des sciences physi- ques et naturelles de Bordeaux , l'Université de Bonn, le Bureau de la recherche géologique de la Suède, la Com- mission géologique fédérale suisse, le Bureau de statis- tique de Budapesth, Finstitut géologique de Hongrie, accusent réception du dernier envoi annuel des publica- tions académiques et adressent leurs récents travaux. ( 240 ) — M. Éd. Mailly présente une notice manuscrite sur Richard Van Rees, ancien membre de l’Académie. La classe remercie M, Mailly pour ce travail dont elle décide l'i inser- tion dans le prochain Annuaire. — Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires : 1. De la détermination du rapport proportionnel entre largent , les chlorures et les bromures; par M. J.-S. Stas. — Commissaires : MM. de Koninck et Donny; 2. Histoire des sciences et des lettres en Belgique pendant la seconde moitié du xvin? siècle : Du projet qu’on avait formé en 1786 de créer une chaire à l'Université de Lou- vain pour l’astronome de Zach, et dy ériger un observa- toire; par M. Éd. Mailly. — Commissaires : MM. Houzeau et Quetelet; 5. Notice sur l'action du chlore sur le peroxyde d'ar- gent; par MM. W. Spring et P. Arisqueta. — Commis- saires, MM. Stas et Donny; 4. Note sur quelques nouveaux agents anesthésiques; par M. le docteur Félix Putzeys. — Commissaires : MM. Schwann et Éd. Van Beneden; S. Sur la structure et la composition minéralogique du coticule et sur ses rapports avec le phyllade oligisti- fère; par le R.-P. A. Renard. — Commissaires : MM. de Koninck et Malaise; 6. Diagnoses de cucurbitacées nouvelles et observations sur les espèces critiques; par M. Alfred Cogniaux. Deuxième fascicule. — Commissaires : MM. Morren, Bellynck et Crépin; 7. Structure de la cellule végétale; sur quelques faits qui viennent à lappui de la croissance cellulaire par ( 241 ) intussusception; par M. J. Chalon. — Commissaires : MM. Morren, Crépin et Malaise; 8. Applications de la loi de décomposition; par M. Louis Saltel. — Commissaires : MM. Catalan et Folie; 9. Note, en italien, sur liode pure (bisublimé) rendue très-soluble dans l’eau potable ; par MM. Francois et Em- manuel Tovo, de Turin. — Commissaire : M. Stas; 10. Note sur la transformation des coordonnées dans la géométrie analytique de l’espace; par M. C. Le Paige. — Commissaires : MM. Folie et Catalan; 11. Sur les dépôts qui, aux environs d'Anvers, sépa- „rent les sables noirs miocènes des couches pliocènes scaldi- siennes; par M. M. Mourlon. — Commissaires : MM. P.-J. Van Beneden, de Koninck et Dupont. Conformément à la demande exprimée par la classe des lettres, la classe des sciences charge M. Stas de vouloir bien examiner le travail manuscrit de M. Van Bastelaer Sur les vernis organiques des poteries romaines. — La classe, appelée à prendre une décision à l'égard des propositions de MM. Dewalque et Dupont, déposées dans la dernière séance, décide qu’elle n’a pas qualité pour intervenir dans la question de la publication des manuscrits de Dumont, remis par le Gouvernement à l’Université de Liége; en conséquence, elle passe à l'ordre du jour. (242 ) “RAPPORTS. Supplément au Mémoire de M. Boussinesq, Essai théo- rique sur l'équilibre d'élasticité des massifs pulvérulents et sur la poussée des terres sans cohésion. Rapport de M. De Killy. Le travail dont je viens rendre compte à l’Académie est un paragraphe supplémentaire, comprenant huit pages, que l’auteur désire ajouter à un mémoire assez volumineux, présenté par lui dans la séance du 6 juin 1874, mémoire qui s’imprime en ce moment dans le Recueil des savants étrangers, et dont j'ai donné une analyse succincte dans un rapport présenté à la classe le 6 février 1875 (Bulle- tins, t. XXXIX, p. 63). ï Le paragraphe supplémentaire dont il s'agit aujourd'hui contient l'étude, en coordonnées polaires, de l’'équilibre- limite d'une masse plastique, ou d’une masse pulvérulente, dont on suppose le poids négligeable et qui, étant com- primée, subit des déformations planes. Les formules trou- vées (déduites de celles du mémoire dont il vient d'être question) sont appliquées à deux cas particuliers intéres- sants : celui d’une masse annulaire cylindrique, auquel l’auteur rattache certains résultats de la théorie de M. Tresca sur le poinçonnage des métaux et la défor- mation des corps solides; puis le cas d’un massif compris entre deux plans rigides qui se coupent. 3 J'ai Phonneur de proposer à la classe d'ordonner l'in- sertion de ce paragraphe dans le Recueil des savants ( 243 ) | étrangers, à la suite du mémoire du même auteur, actuel- lement sous presse. La classe a adopté ces conclusions, auxquelles se sont ralliés MM. Maus et Folie, second et troisième commis- saires. Sur l'écoulement du mercure par les tubes capillaires et les phénomènes électriques qui l’accompagnent; par _M. W. Spring. Rapport de M. Folie. Dans ce nouveau mémoire, qui a surtout pour objet l'étude de la vitesse d'écoulement par des tubes capillaires, et des causes qui influent sur cette vitesse, M. Spring Commence à reprendre, pour la confirmer, l’une des asser- tions principales de son précédent travail. Il avait énoncé ce principe que tout changement dans l'énergie attractive est accompagné d’un changement dans l’état électrique des corps; principe d’une immense portée, surtout s'il se vérifie d’une manière tout à fait générale; il croit pouvoir en déduire que la chaleur produite par le frottement ne serait que le résultat de la neutralisation des électricités qui se développent en vertu de ce principe; et il cite à l'appui de cette opinion des faits qui la confirment certai- nement en partie. Nous croyons cependant qu’il y aurait bien des expé- riences délicates à faire avant de pouvoir donner une base inébranlable à cette explication : l'influence de la pression, celle des enduits devraient être étudiées avec soin. D'après la théorie de M. Spring, l'accroissement de pression devrait occasionner un accroissement proportionnel dans | ed ( 244 ) attractive, ou bien son principe doit être étendu aux chan- gements de pression eux-mêmes. Les enduits diminuent- ils l’énergie attractive, ou bien permettent-ils à l'électricité de s'écouler sans produire de chaleur ? Graves questions qui méritent d'attirer l'attention de ce profond et habile investigateur. Abordant ensuite l'étude de la vitesse d'écoulement par des tubes capillaires, il recherche successivement les m- fluences exercées sur cette vitesse par la température, ze le ménisque capillaire, par l'électricité et par l’atmosphère ambiante. L'influence de la température est très-sensible. Sous une hauteur de chute de 0,57 environ, M. Spring a trouvé que les poids de mercure écoulés aux tempéra- ratures successives de . . . . 0, 20°, 56°, 85° étaient représentés par les nombres 219, 228, 248, 261. L'influence du ménisque capillaire est également bien marquée; ainsi, sous une hauteur de chute de 0",29, M. Spring a trouvé que le poids de mereure écoulé à bec noyé était de 342 grammes, à bec libre, de 354. Cette influence est d'autant plus considérable que la hauteur de chute est plus faible, jusqu’à la limite où l'écoulement par gouttes s'arrête. Sous une hauteur de chute de 0",45, M. Spring pense que la formation des gouttes n’a pas d'influence sur Ja vitesse d'écoulement; toutefois, chacune de ses expériences constate une diminution dans l'écoulement à bec libre. Cette diminution est, à la vérité, assez faible; mais RE elle se produit constamment, il est assez probable que l'ex- périence, répétée un nombre de fois suflisamment grand, la manifesterait d’une manière indubitable , comme elle le fait sous des hauteurs de chute plus faibles. M. Spring a constaté en outre qu’à l'influence de Ja ( 245 ) hauteur de chute vient s'ajouter celle de la température. Abordant ensuite l'étude des phénomènes électriques, M. Spring démontre directement la production d'électricité due à la formation des gouttes de mercure dans l’écoule- ment de celui-ci par des tubes capillaires, et il fait voir que cette productien n’est pas due le moins du monde au frottement du mereure dans le tube. Cette quantité d'électricité libre produite est toutefois très-faible , ou n’a pu être rendue sensible que par un appareil d’une délicatesse excessive dont M. Spring a em- prunté l’idée première à M. Zöllner. L’électricité qui, d’après les idées de l’auteur, doit pro- venir de la formation des gouttes, se neutraliserait dans le mercure, ou se transformerait en chaleur; celle qu’on observe proviendrait de courants thermo-électriques qui se produiraient dans la goutte conformément aux idées exprimées par notre confrère M. Van der Mensbrugghe. M. Spring a démontré d’une manière péremptoire que la production de l'électricité ne peut pas être due au frot- tement, mais qu’elle l’est uniquement à la formation des gouttes de mercure; il ne lui a pas été possible de s’assurer expérimentalement que celles-ci s'échauffent, à cause de l'extrême petitesse des quantités de chaleur à mesurer. Mais il a démontré que l'existence d’un courant élec- trique qui traverse la colonne de mercure de l'extérieur à l'intérieur produit une augmentation, et l'existence du cou- Fant inverse une diminution très-considérable dans les quantités de mercure qui s'écoulent; il a eu soin, du reste, d'éliminer toutes les actions secondaires dont il aurait ie craindre l’intervention. Cette influence, exercée par l'électricité sur l’écoulement du mercure goutte à goutte, lui a servi à induire avec raison , pensons-nous, que la for- ( 246 ) mation des gouttes doit être la cause d’une production d'électricité, Enfin il a observé que c'est dans des atmosphères sèches et n'exercant aucune action chimique sur le mercure que la vitesse d'écoulement est la plus grande, et qu'il y a sa ralentissement sensible si l'atmosphère est humide, ou si elle est de nature à pouvoir se combiner avec le mercure. D'après lui, Féchauffement produit par la neatralisation des deux électricités dans la goutte de mercure, lorsque ces électricités n’ont pas de décomposition à produire dans le milieu atmosphérique, diminue la constante capillaire, et produit ainsi une augmentation dans la vitesse d'écou- lement, tandis que, si l'électricité des gouttes est employée à séparer les éléments constitutifs de l'atmosphère am- biante, cet échauffement n’existe plus, et il en résulte une diminution dans la vitesse de l'écoulement. Peut-être est-ce, comme il le fait pressentir en termi- nant, à cette production d'électricité due à des modifica- tions dans l’état d’agrégation des corps, que l'on pourra rapporter les phénomènes dits catalytiques. L'analyse précédente suffit pour établir l'importance des phénomènes découverts par M. Spring au point de vue de l'étude des actions moléculaires. Nous n'avons pu entrer dans la description des appareils ingénieux et déli- cats qu'il a imaginés pour étudier ces phénomènes : M. Spring est un véritable expérimentateur; il ne se borne pas à observer scrupuleusement les faits; il sait obliger la nature à ne laisser vibrer que, chacune à son tour, les différentes cordes dont les vibrations simultanées produisent un concert qui, pour un observateur moins attentif, est produit par une seule d’entre elles ; et, lorsque la voix de cette corde qu'il isole est trop faible pour frap- ( 247 ) per nos sens, il sait, ou la renforcer, ou la reconnaître indirectement par son analogie avec d’autres voix qu’il provoque, et dont la source lui est connue. Le champ ouvert par les idées de M. Spring et par celles de M. Van der Mensbrugghe est excessivement vaste. Nous engagerions volontiers ces savants distingués à se diviser entre eux le travail, afin de faire converger leurs efforts vers un centre commun, et d'éviter de doubles emplois qui feraient perdre à la science et un temps et un labeur précieux. Nous avons l'honneur de proposer à la classe d'ordonner l'impression du travail de M. Spring dans les Bulletins et de voter des remerciments à l’auteur pour cette remar- quable communication. | Rapport de PI, Montigny. Après avoir examiné le nouveau travail de M. W. Spring, je n'hésite pas à demander à la classe qu’elle veuille bien ordonner son impression dans les Bulletins, et que des remercîments soient adressés à l’auteur. J'aurais vivement désiré de pouvoir m'en tenir à ces Conclusions ; mais je me crois obligé d'appeler ici latten- tion de M. W. Spring sur l'interprétation qu’il donne à une expérience qu’il a conduite avec beaucoup de soin, et que J'exposerai brièvement. L'auteur a fait écouler goutte à goutte du mercure par un tube capillaire de 0,50 de longueur et de 0"",42 de diamètre intérieur, sous une faible charge, d'abord libre- ment, puis sous l'influence d'une bobine de Rhumkorff, de puissance moyenne, et excitée par un élément Bunsen. Le courant électrique traversait une petite partie de la colonne mercurielle qui s’avancait dans le tube. La direc- ( 248 ) tion du courant était tantôt dans le sens du mouvement du mercure, tantôt en sens opposé. Dans l'un et l'autre cas, les quantités de mercure écoulées pendant un même inter- valle de temps, ont été très-différentes entre elles. Ainsi, en représentant par 100 la quantité en poids de mercure recueillie quand l’action du courant électrique était sus- pendue, cette quantité s’est élevée à 112,54 dans le même intervalle de temps, quand le courant marchait de l’exté- rieur à l’intérieur du tube, et seulement à 84,46, lorsque le courant était dirigé en sens opposé dans la colonne mercurielle. La différence entre les deux dernières quantités est égale à 38 p. °/, de la quantité 100 de mercure qui s’écoule par le tube, quand le filet liquide n’est point traversé par le cou- rant électrique. M. W. Spring explique cette différence si forte en admet- tant que l’action du courant électrique sur le liquide, selon qu’elle est dirigée dans un sens ou dans l’autre, favorise ou non l'influence de la petite quantité d'électricité qui, selon l’auteur, se développerait dans chaque goutte de mer- cure, par suite des attractions moléculaires résultant de la formation des gouttes elles-mêmes. D'après M. Spring, il doit résulter de ces actions un ralentissement où une accélération dans l'écoulement du mercure. A mon avis, il importe beaucoup de tenir compte ICI d'un autre ordre de phénomènes, c'est-à-dire des mouve- ments de transport que communiquent aux liquides les ac- tions de l'électricité statique et les courants de l'électricité dynamique qui les traversent. Ces phénomènes sont bien connus. Ainsi, une colonne liquide introduite dans un tube capillaire étant traversée par une décharge, se porte du côté du fluide négatif pour revenir ensuite sur ses pas. D'autre part, quand un courant voltaïque traverse un ( 249 ) liquide, celui-ci accuse une tendance bien prononcée à cheminer du pôle positif au pôle négatif en présence d'une résislance de passage du courant. Quand, par exemple, on introduit dans un tube de verre horizontal, recourbé à ses deux bouts et rempli d’eau acidulée, un globule de mer- cure de 2 à 3 centimètres, et que l’on plonge les électrodes d'une pile en activité dans le liquide des deux extrémités du tube, on voit aussitôt le globule de mercure s’allonger et avancer du pôle positif vers le pôle négatif avec une vitesse qui augmente selon l'intensité du courant. Cette expérience réussit mieux encore avec le courant d’une bobine de Rhumkorff, quand on prend les précautions voulues. M. Wiedeman, qui s’est occupé des lois des phénomènes du transport des liquides par l'électricité, a trouvé, par des expériences spéciales, que les quantités de liquides trans- portées sont proportionnelles aux intensités des courants voltaïques, et que les forces de transport mesurées par des pressions sont proportionnelles aux intensités des courants. En présence de faits aussi bien établis, et qui ont une analogie incontestable avec l'expérience de M. W. Spring, Puisque les états d’électricités statique el dynamique se trouvent associés dans le courant d'induction de la bobine, on est en droit de se demander si ces actions ne sont pas intervenues dans l'expérience de l’auteur, pour accélérer ou retarder l'écoulement du mercure. En effet, la quantité de liquide qui s’est écoulée n'a-t-elle pas augmenté pour une certaine direction du courant électrique, quand l'ac- tion de celui-ci favorisait le transport ou l'écoulement du mercure dans le tube? Au contraire, la quantité écoulée W'a-t-elle pas diminué quand, par suite du renversement du Courant, l’action de celui-ci était alors en opposition avec la direction du transport du mereure dans la partie ( 250 ) du tube traversée par le courant? La différence si forte entre les quantités de mercure écoulées dans les deux cas, ne trouverait-elle point sa raison plutôt dans les effets mécaniques du courant de sens opposés sur le mercure en mouvement dans le tube, lors des expériences inverses, que dans les réactions réciproques du courant sur la quan- tité d'électricité si faible qui, selon les idées de l’auteur, se développerait dans une goutte de mercure par suite de sa formation ? A mon avis, les faits dont il vient d’être question doi- - vent être pris en considération dans l'explication des phénomènes que présente l’écoulement du mercure, lors des expériences dont il s’agit ici. Rapport de M. F. Duprez. Tout en me ralliant aux remarques judicieuses du rap- port de M. Montigny, je me joins à mes deux honorables confrères pour demander à l’Académie de vouloir faire imprimer le nouveau travail de M. Spring dans le Bulletin de la séance, et de voter des remerciments à l’auteur. La classe a adopté ces conclusions. Recherches sur les résines (suite), par M. G. Bruylants. Rapport de M, Stas, Le travail présenté à la classe par M. Bruylants est la continuation des études entreprises par lui sur le galipot et sur les acides pimarique et pinique qui y sont contenus. Dans sa première notice, M. Bruylants a essayé de démontrer que l'acide pimarique dérive par oxydation de deux molécules d'essence de térébenthine. D'une part, (251) la formation du propionate sodique par l’action de la cha- leur sur le pimarate de ce métal, et d'autre part la pro- duction de la propione et du térébène, par la distillation sèche du pimarate caleique l'ont conduit à admettre que les deux atomes d'oxygène, unis à deux molécules d’es- sence de térébenthine pour former l'acide pimarique, sont fixés exclusivement sur une molécule d'essence, laissant ainsi intacte la seconde molécule. Il explique cette trans- formation par le passage du propyle, dont il admet lexis- tence dans l'essence, en propionyle lequel, d’après lui, existe dans l'acide pimarique. Les recherches expérimentales consignées dans sa notice actuelle ont été instituées pour justifier ces déductions théo- riques, dn moins elles sont exposées comme ayant eu ce but. Je vais essayer de résumer en quelques mots ces recher- ches. Sous l'influence de la potasse fondue, l'acide pima- rique donne naissance aux acides propionique, acétique et formique. L’action de la chaleur sur le pimarate calcique fournit des produits fort complexes. Outre la propione et le térébène, signalés déjà dans la première partie du tra- vail, M. Bruylants a constaté dans ces produits la présence de l’acétone ordinaire, de l’aldéhyde propionique, de Pacé- tone méthyl-éthylique, du toluène, de la diméthyle beuzine, d'essence de térébenthine et d'un hydrocarbure, qu'il n'est Pas parvenu à isoler. A l’aide des produits bien définis de la transformation de chacun de ces corps, il s’est assuré de leur parfaite identité. La partie du travail relative à ces recherches constitue une analyse très-fine , et révèle un chimiste aussi instruit qu'habile. L'auteur considère la formation de tous ces corps comme la confirmation des idées reçues sur la formule de Structure de l'essence de térébenthine et de la formule de Structure qu’il attribue à l'acide pimarique; il fait même ( 252 ) précéder l'exposé de ses recherches de quelques considé- rations théoriques tendant à établir que sa formule permet de prévoir a priori la production de tous les corps qui prennent naissance par l’action de la chaleur sur les pima- rates sodique et calcique. Cette déduction est parfaite- ment légitime du moment qu’on accorde ses prémisses à l’auteur, c'est-à-dire qu’on accepte la possibilité de déduire, sinon avec certitude, du moins avec probabilité, la consti- tution d'un composé, soit du mode de formation de cetle substance, soit des produits bien définis de sa décomposi- tion. Il y a là, me semble-t-il, pétition de principe, mais Je n'insiste pas davantage; je préfère de laisser des illu- sions fécondes que de semer le doute. Je reviens au travail de M. Bruylants. On le sait, outre l'acide pimarique, le galipot renferme l'acide pinique. On admet généralement l'identité de composition de ces deux corps. L'auteur s’est assuré qu’ils donnent , en effet, nais- sance aux mêmes produits de décomposition. Ce sont donc des corps isomères. L'hydrocarbure dont on constate la présence dans le galipot est, d'après M. Bruylants, de l'essence de térében- thine, et il conclut avec raison de ce fait que « l'oxydation » précède et provoque la polymérétation » de l'essence, c'est-à-dire que ce sont des actions simultanées. J'ai l'honneur de proposer à la classe d’ordonner l'im- pression de la notice de M. Bruylants dans le Bulletin de la séance, de lui adresser des remerciments pour sa com- munication et de l’engager à continuer ses recherches. La classe a adopté ces conclusions, auxquelles se sont ralliés MM. F. Donny et Melsens, second et troisième com- missaires. ( 255 ) — Sur le rapport verbal de M. F. Folie, la note de M. C. Le Paige: Sur la transformation des coordonnées dans la géométrie analytique de l’espace, prendra aussi place dans le Bulletin de la séance. 2 Nouvelle méthode pour déterminer l’ordre d’un lieu géo- méirique défini par des conditions algébriques; par M. L. Saltel Rapport de M. F. Folie. « Le théorème auquel M. Saltel a donné le nom de prin- cipe de correspondance analytique, et qu'il a énoncé pour la première fois dans les Comptes rendus (26 avril 1875), forme la base de son nouveau travail. _ H applique très-simplement ce théorème à la détermina- tion du nombre des solutions finies communes à un sys- tème d'équations, et en déduit rigoureusement le théorème fondamental sur le nombre de points communs à deux Courbes les plus générales d'ordres m et n. C'est au principe de correspondance de M. Chasles que lon doit, pensons-nous, la première démonstration rigou- reuse de cette proposition. Celle que M. Saltel déduit de son théorème est également rigoureuse et très-simple; et il en tire en outre avec facilité les cas particuliers dans lesquels deux courbes ont des points multiples d'ordre déterminé, Enfin la démonstration des théorèmes analogues pour les Surfaces se tire tout aussi simplement du même principe. 2e SÉRIE, TOME XLIL 17 ( 254 ) Nous proposons bien volontiers l'insertion au Bulletin de l’intéressant travail de M. Saltel. » La classe a adopté cette proposition à laquelle s’est rallié M. Catalan, second commissaire. CONCOURS DE 1876. La classe a reçu les travaux manuscrits suivants en réponse aux questions du programme de concours pour 1876 dont le terme fatal expirait le 1°" août courant : PREMIÈRE QUESTION. Perfectionner en quelque point important, soit dans ses principes, soit dans ses applications, la théorie des fonc- tions de variables imaginaires. Un mémoire portant pour devise : Le PROGRÈS EST LENT ET PÉNIBLE , et ayant pour titre : Sur les solutions parti- culières et singulières du problème des courbes quarrables algébriquement, par les fonctions circulaires et par les fonctions elliptiques. Commissaires : MM. Catalan, Steichen et De Tilly. QUATRIÈME QUESTION. On demande de nouvelles expériences sur Vacide urique el ses dérivés, principalement au point de vue de leur structure chimique et de leur synthèse. Un mémoire portant pour devise : LA STRUCTURE MOLÉ- CULAIRE DES CORPS EST PRÉVUE PAR L'ANALYSE ET CONFIRMÉE ( 255 ) PAR LA SYNTHÈSE, et ayant comme titre : De la synthèse des dérivés uriques. Recherches expérimentales et considéra- tions théoriques. Commissaires : MM. de Koninck, Stas et Donny. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Recherches sur les variations d'intensité de la scintilla- tion des étoiles selon l’état de l'atmosphère, particuliè- rement aux approches et sous l'influence de la pluie; par M. Ch. Montigny, membre de l'Académie. PREMIÈRE PARTIE. J'ai fait voir précédemment que les différences qui caractérisent la scintillation des diverses étoiles‘ dépendent de la constitution de leur lumière propre, de telle façon que, toutes choses égales d’ailleurs, les intensités rela- lives de la scintillation varient, d’une étoile à l'autre, Selon les caractères distinctifs que présentent leurs spec- tres sous le rapport du nombre et de la largeur des raies où des bandes obscures qui les sillonnent (1). Après avoir établi ce fait important, je devais naturellement étudier quelle est la part d'influence que notre atmosphère exerce Sur la scintillation des mêmes astres, en recherchant quels MG Dane SNA RC ; (1) La fréquence des variations de couleurs des étoiles dans la scin- lillation est généralement en rapport avec la constitution de leur d'après l'analyse spectrale. BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE ELGIQUE , 2e série, t. XXXVII, p. 165, et t. XXXVII, p. 500. . ( 256 ) sont les rapports entre son intensité et les changements si fréquents qui modifient l’état des couches aériennes, que les rayons stellaires traversent avant d’arriver jusqu’à nous. Mais il était indispensable de réunir de nombreuses ob- servations, afin d'établir avec certitude les résultats com- paratifs dont il s’agit. Aussi, ai-je attendu de pouvoir coordonner les données recueillies dans un ensemble de plus de deux cents soirées d'observation, réparties entre plusieurs années, avant de présenter à l’Académie les résul- tats qui font l’objet de cette notice. Avant d'exposer mes recherches, je résumerai les in- dications qui ont été réunies par d’autres observateurs, au sujet de l'influence des changements atmosphériques sur lintensité de la scintillation. Rappelons d’abord que, d’après l'observation générale et populaire, quand, dans nos climats, les étoiles scin- tillent vivement en toute autre saison que l’Hiver, il y à chance de pluie pour le lendemain. On sait aussi que les marins considèrent une forte scintillation survenant quand Vair a été sec pendant une suite de beaux jours, comme étant un présage de mauvais temps. Dans un chapitre de la remarquable notice d'Arago sur la scintillation , chapitre qui est intitulé : Quelles modifi- cations les circonstances atmosphériques apportent-elles à la scintillation? ce savant dit que, d'après Musschenbroek , en Hollande toutes les étoiles scintillent vivement quand il fait excessivement froid, que la gelée est intense et le ciel serein. De Humboldt assure que dans les régions tro- picales, Ja pluie est annoncée plusieurs jours à l'avance par la scintillation des étoiles élevées. Selon Garcin, sur les bords du golfe Persique, les étoiles ne scintillent en aucune autre saison qu’en Hiver. ( 257 ) Le météorologiste Kaemtz a observé que la scintillation est très-marquée quand les vents violents règnent dans l'atmosphère, et que le ciel est alternativement serein et couvert. D’après Ussher, les aurores boréales augmentent sin- gulièrement l'intensité de la scintillation en Écosse. De leur côté, M. M. Forbes et Necker de Saussure ont assuré qu'à Édimbourg les étoiles ne scintillent pas, à moins qu'il wy ait une aurore boréale visible (1). Après avoir rapporté ces faits et d’autres qu'il serait Superflu de citer ici, Arago termine cette partie de sa notice en disant : « Toutes ces observations ont besoin d'être répétées par des méthodes moins sujettes à erreur. » MM. Liandier, de Portal, en France, et M. Poey, à la Havane, ont utilisé les particularités que présente le disque Pine étoile scintillante assez élevée au-dessus de l'horizon, quand il est étalé dans une lunette, pour pré- dire le temps. Il résulte de leurs observations que les espèces d’ondulations qui parcourent d'un bord à l’autre ce disque étalé, indiquent la direction du vent régnant dans les régions supérieures , sens qui est lié avec la hau- teur du baromètre et permet de prédire le temps qu'il fera le lendemain ou le surlendemain (2). Le P. Secchi a cherché à caractériser l'état de latmo- Sphère, particulièrement à Rome, par l'aspect que présen- ta mama ann ie md (D Je rappellerai ici qu'une observation fortuite m'a permis de con- firmer le fait de l'accroissement d'intensité de là pope sous l'in- fluence d'une aurore boréale, observée à Bruxelles, le 5 Avril 1870. J'ai exposé avec détails cette curieuse observation dans une van qui est insérée aux Bulletins de l'Académ'e, 2° série, t. XXIX, * (2) Dacuix, Traité de physique ,t. IV ,p. 411. Cosmos, She, grès des sciences, par M. l'abbé Moigno, t. XIX. ( 258 ) tent les étoiles doubles dans une lunette à large objectif et d'un fort pouvoir grossissant (1). Il a constaté, entre autres, que, quand l’atmosphère est parfaite, ce qui est très-rare à Rome, l’image de l'étoile double est formée de deux disques très-petits nettement circonscrits et dessinés sans franges ni rayons. Au contraire, quand l’atmosphère est très-mauvaise, les étoiles de première grandeur pren- nent un diamètre de plusieurs secondes, la petite étoile est alors noyée dans l'image confuse et amplifiée de la première, leurs images tremblent et scintillent continuelle- ment. À Rome, ce tremblement des images et la scintilla- tion sont très-intenses par le vent du nord ou tramontane, tandis que par le vent du sud ou séroco, la scintillation est relativement très-faible. Rappelons ici que, parmi les conclusions que le P. An- tonelli a signalées dans un travail sur la transparence de Patmosphère, se trouve celle-ci : « les mouvements qui » déforment le plus l'aspect et la clarté des astres, devan- » cent de quelques jours les abaissements de la colonne » barométrique et peuvent annoncer beaucoup mieux » que ceux-ci l'apparition des nuages, de la pluie et des » vents (2). » M. Ch. Dufour, professeur à Morges, qui a déduit de ses nombreuses observations à l'œil nu sur la scintillation trois lois dont j'ai eu l’occasion de faire valoir toute l'im- portance, a reconnu que, d'un soir à l’autre, la scintilla- tion augmente ou diminue pour tout le ciel, et qu'i n'arrive jamais qu'elle augmente pour une étoile et dimi- ar dE Annuaire du Geens, par M. l'abbé Moigno, année 1859, 2e partie, p. 1 pt Cie Revue des progrès des sciences, t. V,p 92. ( 259 ) nue pour l’autre. La plus ou moins grande intensité de la scintillation est en rapport avec les perturbations atmo- sphériques. M. Dufour a aussi constaté que le crépuscule augmente la scintillation. Mes observations sont d'accord avec cette remarque. Il a également reconnu l'exactitude de l’observation de Kaemtz dont il a été question plus haut (1). M. Ch. Dufour se proposait d'utiliser, au point de vue de la Météorologie , les observations sur la scintillation qu’il a recueillies au nombre de plus de dix-huit mille. J'ignore si cet habile observateur a publié des résultats Comparatifs à cet égard. Il est à désirer qu'il le fasse, et je ne doute nullement que ceux-ci ne correspondent, dans leur ensemble, avec mes recherches. M. Wolf, astronome de l'Observatoire de Paris, et M. Respighi, directeur de l'Observatoire du Capitole à Rome, ont appliqué le spectroscope à l'étude de la scin- tillation, en adaptant cet instrument à l'oculaire d’une lunette. Ce mode d'analyse de la scintillation revient, en réalité, à celui que j'avais imaginé en 1852, et qui consiste à disposer en avant de l'objectif d’une lunette un prisme placé de telle manière qu'il décompose la lumière d’une étoile scintillante avant sa pénétration dans la lunette; dans ces conditions, l'image de l'étoile étalée en spectre présente des changements continuels que j'ai fait connaître (2). MM. Wolf et Respighi, qui ont suivi très-régulièrement, chacun de son côté, l'étude spectro- 4 (1) Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, t. II, et VI, (2) Voir mon travail sur la scintillation au t. XXVIII des Mémoires cou- ronnés et des savants étrangers de l’Académie royale de Belgique. ( 260 ) scopique des étoiles scintillantes , ont signalé des raies ou des bandes obscures qui traversent les images spectrales des étoiles, en présentant des caractères qui varient selon l’état du ciel. Ainsi, M. Respighi, qui a vu aussi des raies claires, a précisé de la manière suivante l'influence de l'état de l’atmosphère sur le passage des raies dont il s’agit. Dans les conditions atmosphériques normales, le mouvement des raies obscures et claires procède régu- lièrement à travers l’image spectrale de l'étoile. Au con- traire , dans les conditions atmosphériques anormales , les raies sont plus faibles et irrégulières de forme et de mou- vement. Quand les vents forts dominent, les raies sont ordinairement assez faibles et indécises, même pour des étoiles très-brillantes, proches de l'horizon. M. Respighi a conclu de ces différences que, lorsque au spectroscope les raies sont bien marquées et que leur mouvement est régulier, il semble y avoir dans la régula- rité de ces phénomènes de scintillation un indice probable de la continuation du beau temps; au contraire, l'irrégula- rité de ces phénomènes semble un indice de changements probables dans l’état atmosphérique (1). Telles sont, à ma connaissance, les particularités les plus importantes qui ont été signalées à l'égard des rap= ports entre l’état de Patmosphère et la scintillation des étoiles, ou les apparences que leurs images présentent selon les diversités de cet état. J'exposerai actuellement les résultats des observations Sioen el sais nh Besite aol 2002 volde (1) L'exposé des tgn op M. Popian sor la PEA figure aux Comptes rendus aise des sciences à Goniada: en 1872, ainsi qu’au t. VI des x et dre sur l'astronomie, par M. C. Vrai. 1875, f ( 261 ) sur la scintillation dans ses rapports avec l’état de Pat- mosphère , que j'ai faites à Schaerbeek, dans un des fau- bourgs de Bruxelles. La situation de notre capitale dans une région tempérée , à une faible distance de la mer du Nord, au Sud et à l'Est de laquelle s'étendent de vastes régions relativement peu accidentées, cette situation est sans aucun doute très-favorable à ce genre d'observations. Une autre circonstance qui augmente leur importance, Cest la proximité de l'Observatoire royal, dont mon habi- tation est éloignée de 1080 mètres, et où sont enregistrées, avec tout le soin que l’on sait, les données météorologiques qui doivent être mises en comparaison avec l'intensité de la seintillation, pour chaque soirée d'observation. Mes nouvelles recherches au point de vue actuel, et avec lesquelles j'ai fait concourir les observations qui avaient eu pour objet spécial les rapports entre la scintillation et la Composition de la lumière spectrale des étoiles, s'étendent depuis le mois d'Octobre 1870 jusqu’à l’époque actuelle (Août 1876). Dans cet intervalle, où mes recherches ont été forcément interrompues pendant deux périodes de près d'une année chacune, en 1872 et en 1874, je leur ai Consacré deux cent trente soirées, parmi lesquelles est comprise une série non discontinue de cent cinquante-six Soirées à partir du mois de mars 1875. Ces observations ont généralement commencé avec la soirée et se sont souvent prolongées très-tard. Aucune n’a eu lieu le matin, avant le lever du soleil. Elles ont été Poursuivies sous les influences de toutes les variations et de toutes les perturbations atmosphériques, autant que l'état du ciel Pa permis. Celles de la fin de Décembre 1870, el des mois de Janvier de 1871 et de 1876 ont été caracté- risées par des températures de — 9 et de — 10°. ( 262 ) L'instrument que j'ai employé dans cette étude est une lunette astronomique supportant un grossissement de 85, et munie d'un objectif de 77 millimètres de diamètre. Entre cet objectif et l'oculaire est adapté un scintillomètre que j'ai fait connaître précédemment (1). Cette disposition a pour effet de faire décrire une circonférence parfaite, dans le champ de la lunette, à l'image d’une étoile vers laquelle l'instrument est dirigé. Quand cette étoile ne scintille pas, cette circonférence forme un trait continu présentant la teinte de l'étoile; mais si celle-ci scintille, cette courbe circulaire se fractionne en arcs teints de vives couleurs, variant rapidement, et parmi lesquelles brillent ordinairement le rouge, l'orangé, le jaune, le vert, le bleu et parfois le violet, selon les caractères de la scin- tillation. Un micromètre adapté au foyer de la lunette per- met d'évaluer, comme je l’ai indiqué, le nombre des arcs colorés qui fractionnent la circonférence décrite par l'image stellaire. La scintillation d’une étoile pendant une même soirée PR ns (1) Je rappellerai brièvement ‚pour les personnes qui ne la connaîtraient pas, celle bren que j'ai décrite avec.détail dans les Bulletins de l'Académie (2e série, t. XVII et XXXVII). Ce scintillomètre se compose er gee d'une lame circulaire de verre épais, montée obliquement, avant de l’oculaire de la lunette, sur un axe de rotation parallèle à l'axe de figure de celle-ci. Cette lame de verre est mise en mouvement circulaire par un mécanisme placé en dehors de la lunette, qui permet de régler et de calculer exactement le nombre de révolutions que la lame accomplit en une seconde de temps. Comme les faisceaux de rayons lumineux conver- geant vers loculaire de la lunette, par l'effet de l'objectif, traversent obli- quement la lame de verre, avant d'arriver à l'objectif, dans toutes les positions qu’elle prend autour de son axe de rotation, il en résulte que l'image d'une étoile vers laquelle la lunette est dirigée décrit une circon- férence parfaite dans le champ de l'instrument. Ee, 265 ) est d'autant plus marquée que sa distance sénithale est plus grande, jusqu’à certaine limite près de l'horizon. J'ai fait voir précédemment qu’en s'appuyant sur la deuxième loi des variations de la scintillation trouvée par M. Ch. Dufour, et en suivant la marche tracée par lui, il y a moyen de ramener exactement les différents nombres de change- ments de couleurs qu’une étoile éprouve à diverses distances zénithales, pendant une même soirée, à des valeurs cor- respondant à une distance zénithale choisie et restant la même. C’est par ce genre de calcul que j'ai ramené les nombres des variations de couleurs différents qu’une étoile éprouve, en une seconde, à diverses distanées zénithales, au nombre de variations qui aurait en réalité caractérisé, également en une seconde, sa scintillation à 60° de distance zénithale, pendant la même soirée. Telle est la signification des valeurs qui exprimeront l'intensité de la scintillation dans le travail actuel, conformément du reste, aux indi- cations que j'ai données précédemment à cet égard (1). Les étoiles qui ont été l'objet de mes observations sont au nombre de soixante-dix. Aucune ne descend au-dessous de la quatrième grandeur. Elles appartiennent toutes aux trois types principaux suivant lesquels le P. Secchi a rangé (1) Bulletins de T Académie royale de Belgique, 2° série, t. XXXVII. Vajouterai ici que mes observa tions der été Larne comprises entre 50e et 730. A des distan que 50°, les couleurs ne sont plus nettement distinctes dans ma lunette dé 77 millimètres de diamètre, sauf par de très-grands froids, ou sous l'influence de fortes per- turbations atmosphériques. Au delà de 72e les valeurs réduites ne corres- Pondent plus exactement à la loi établie par M. Dufour, ainsi qu'il Fa remarqué de son côté. Mais pour des distances séaithalés plus grandes, Pai employé une petite table de correction construite d’après les obser- Vations suivies d'une même étoile, le même soir, jusqu'à 77° de distance Zénithale. ( 264 ) plus de trois cents de ces astres, en s'appuyant sur le nom- bre et la largeur des raies ou des zones que présentent leurs spectres. Les observations de chaque soirée se sont portées sur des étoiles visibles les unes vers l'Orient et les autres vers l'Occident. Il résulte de ce fait et de la continuité des observations que chaque étoile a été observée dans deux régions du ciel à peu près opposées, à des intervalles de plusieurs mois. Telle a été la succession des observations à l'égard des étoiles des constellations d’Andromède, du Bélier, de la Baleine, de Persée, du Cocher, du Taureau, d’Orion, du Grand et du Petit Chien, des Gémeaux, de l’'Hydre, du Lion, de la Grande Ourse, de la Vierge, du Bouvier, de la Couronne, du Serpent, d’Ophiucus, de la Lyre, de Aigle, du Cygne et de Pégase, toutes constella- tions dont les étoiles les plus remarquables ont fixé mon attention. à Il résulte du fait de cette opposition des observations relatives à une même étoile dans des saisons différentes, fait qui s'était déjà produit lors des premières observations où j'avais seulement en vue les rapports de la scintilla- tion avec la constitution de la lumière propre des étoiles, que l'intensité moyenne de la scintillation de chacune de celles-ci représente une valeur bien plus précise que si chaque étoile n'avait été l’objet des observations que pendant une seule saison de l’année. Aussi est-il arrivé que la moyenne générale actuelle 71 est aussi rapprochée que possible de la moyenne générale 70 des premières recherches, quoique les deux cent trente soirées qui ont té consacrées jusque maintenant à l’ensemble de toutes les observations, surpassent de beaucoup les soixante-six soirées relatives aux premières recherches. ( 265 ) ll suit également de ce qui précède que les observations ont embrassé un même groupe d'étoiles pendant une suc- cession de soirées assez étendue, et que je suis ainsi passé insensiblement d’un groupe à l’autre, tant pour la région orientale que pour la région opposée. Conséquemment, la moyenne de la scintillation relative à chaque soirée appar- tenant à une série d'observations continues ou séparées par un nombre de jours restreint, quand l’état défavorable du ciel ou mes occupations m'ont obligé de suspendre mes observations, n’a pu varier par le fait même d’un choix d'étoiles qui aurait changé d’une soirée à l’autre. Ajoutons qu'autant que possible, plusieurs étoiles appartenant à Chacun des trois types du P. Secchi ont été comprises au nombre des astres observés chaque soir. _ Le nombre des observations qui ont été utilisées à l'égard des soixante-dix étoiles, s'éleve à dix-huit cent vingt pour les deux cent trente soirées. Si on les suppose réparties également entre celles-ci , on obtient une moyenne de huit étoiles différentes observées par soirée. Le nombre réel a dépassé de beaucoup cette moyenne pour ua grand nombre de soirées, où il s’est élevé à seize et même à dix- huit étoiles observées. Mais il s'est présenté des jours où Fobseureissement subit du ciel limita forcément le nombre des étoiles à étudier. Dans ce cas, je n’ai point tenu compte des soirées où moins de trois étoiles ont pu être observées, et encore n’ai-je conservé le très-petit nombre de soirs où trois étoiles seulement furent visibles, que par la raison que l'intensité de leur scintillation indiquait l'approche du Mauvais temps qui allait interrompre les observations (1). nn anis Nn | 4 Parmi les dix- huit cent vingt observations dont ilv vient d' être mee tio étoile à a été souvent l'objet le même soir, ni les observations d'étoiles trop ( 266 ) Les données météorologiques déterminées à l'Observa- toire royal de Bruxelles que je mets en parallèle avec l'in- tensité de la scintillation, sont les suivantes : 4° La température de Pair; 2° La pression atmosphérique ; 3 La tension de la vapeur d'eau contenue dans Pair; 4 L’humidité relative de l'air; 5° L'approche et la coïncidence de jours de pluie; 6° La quantité d’eau pluviale recueillie; 7° La direction et l'intensité du vent. Pour toutes les soirées d'observation, les indications relatives à la température, à la pression atmosphérique, à Phumidité de l'air se rapportent à neuf heures du soir, d’après les Annales météorologiques de l'Observatoire. A la vérité, cet instant a précédé mes observations en Été, ou les a suivies le plus souvent en Hiver; mais j'ai jugé qu'il était bien préférable de choisir les données relatives à une heure invariable pour toutes les soirées, que de changer, d’une époque et même d’un jour à l’autre, l'heure du re- levé, selon le milieu de l'intervalle de temps consacré aux observations. De cette manière, l’état météorologique du ciel reste tout à fait comparable, d’une soirée à l'autre, puisqu'il se rapporte exactement à la même heure. Les variations respectives de la température de l'air et de la pression atmosphérique modifient en sens inverse la densité de Fair. Or, cette densité exerce une influence sen- sible sur la scintillation, parce que les accroissements que la réfraction et la dispersion atmosphériques éprouvent selon les changements de densité que les couches aériennes An E élevées pour que les changements de couleurs fussent perceptibles dans la lunette. En tenant compte de toutes les observations, je trouve que leur nombre total s'élève jusque maintenant à plus de deux mille trois cents. ( 267 ) subissent, augmentent l’écartement des trajectoires des différents rayons colorés provenant d’une même étoile, avant leur pénétration dans l’œil de l’observateur, ou dans la lunette, ainsi que je lai montré précédemment (1). Afin de représenter exactement les effets des variations de den- sité résultant des influences combinées de la température et de la pression de l'air sur la marche des rayons stellaires dans l’atmosphère, j'ai fait figurer dans plusieurs tableaux un coefficient de la réfraction atmosphérique. Ce coeffi- cient n’est autre que le produit de deux facteurs dépen- dant de cette réfraction, qui sont relatifs à une tempéra- ture et à une pression données, et par lesquels il faut multiplier la réfraction moyenne d'après la table de cor- rection de la réfraction de lair qui est employée dans les Calculs astronomiques. Ainsi, par exemple, dans le premier tableau, celui qui présente les moyennes de la scintil- lation par saison, le coefficient 1,0015 de la réfraction astronomique relatif au Printemps a été obtenu en formant le produit des deux facteurs qui correspondent, dans la table de correction de la réfraction astronomique, l’un, 1,006, à la température de l'air 8°,50, l’autre, 0,9955, à la Pression 756" 48, qui sont les moyennes des observations relatives au Printemps. Nous verrons que l'intensité de la scintillation varie constamment dans le même sens que les coefficients de la réfraction astronomique, dans les tableaux où ces données seront mises en regard. Les indications relatives à la tension de la vapeur d’eau comprennent d’abord les relevés du jour de l'observation à 9 heures du soir, puis les moyennes respectives du lende- — (1) Voir, en outre du Mémoire cité précédemment, la notice ms Pour objet l'explication des lois de la scintillation des étoiles établies par M. Ch. Dufour, et qui est insérée au tome XXV des Bulletins de l'Académie. ( 268 ) main et du surlendemain déduites des quatre relevés jour- naliers qui figurent dans les Annales météorologiques de l'Observatoire. Les indications concernant l'humidité relative de l'air se rapportent à 9 heures du soir le jour de l’observation. Dans certaines comparaisons, j'ai également tenu compte de humidité relative le lendemain, à 9 heures du matin. Quant aux jours de pluie, parmi lesquels sont aussi compris ceux où il est tombé de la neige pendant l'hiver, j'ai tenu compte même des jours où, d’après les Annales, il n’est tombé que quelques gouttes de pluie ou quelques paillettes de neige, le jour de l'observation, le lendemain ou le surlendemain. D'un autre côté, j'ai considéré comme une période de trois jours de sécheresse, les époques où il wa plu ni le jour de l'observation, ni aucun des deux jours suivants. Les quantités d’eau recueillies sont mesurées à l'Obser- vatoire de Bruxelles, d’un midi à l’autre; d’après cela, je mwai indiqué dans les tableaux que les quantités recueillies respectivement le lendemain et le surlendemain de l'ob- servation : la première comprend l’eau tombée pendant la seconde moitié de ce jour, pendant la nuit et la matinée suivante, c'est-à-dire aux environs de l'observation, et la seconde, celle recueillie dans l'intervalle des vingt-quatre heures après cette première mesure. Je me réserve d'exposer dans un travail particulier les différences que les étoiles scintillantes éprouvent à l'égard des variations de teintes colorées, d’abord selon le type auquel elles appartiennent, puis suivant leur élévation au- dessus de l’horizon et enfin selon les changements que l’atmosphère subit ou qui s’y préparent. Malgré cette réserve, je crois utile de donner ici quelques indications générales sur les caractères que présente, selon l’état du ( 269 ) ciel, l'image de l'étoile qui est étalée en cercle dans la lunette de 77 millimètres d'ouverture (1). Quand l'atmosphère est calme et sereine, qu'il fasse chaud ou froid, le trait circulaire que décrit l'image est étroit, parfaitement régulier dans sa forme et nettement limité sur ses bords. Les variations de teintes rouge, orangée , jaune, verte, bleue ou violette s’étalent alors sur une circonférence parfaite ; seulement les teintes sont plus vives et plus nombreuses quand il fait froid. Lorsque le temps se prépare à la pluie, ou lorsqu’elle est déjà survenue, le trait circulaire est plus épais et moins net sur ses bords. Il présente souvent, espacées sur son Contour, des ondulations plus ou moins marquées qui dé- truisent la régularité de la forme circulaire du trait décrit par l’image stellaire. - ans un temps plus troublé, les mêmes irrégula- rités sont encore plus accusées : les bords de la circonfé- rence décrite par l’image stellaire sont alors plus ou moins frangés. On voit, en outre, des rayons lumineux s'élancer de cette circonférence suivant différentes directions. RUN, CA Ai ni ee (1) Je rappelle ici les dimensions de l'objectif de la lunette, parce qu'il T pourrait faire que l'une ou l'autre des particularités dont il est ici ques- tion, présentt quelque différence si la largeur de l'objectif de lin- cela, en vue der Observateurs qui se serviraient d'i t 2% SÉRIE, TOME XLII. L ». à: Er ràc différents 18 ( 270 ) Enfin, quand l'atmosphère est profondément troublée par le passage ou même par l'approche d’une bourrasque, on remarque d’autres particularités encore plus caractéris- tiques. Les arcs colorés, alors très-nombreux, sont eux- mêmes fractionnés, soit en nuances de même teinte, mais plus ou moins vives, soit par des rétrécissements partiels du trait circulaire frangé suivant son épaisseur, rétrécis- sements, plus ou moins marqués, qui sont espacés sur son contour. Alors celui-ci rappelle jusqu’à certain point un cercle qui serait formé de perles disposées avec plus ou moins de régularité, Quand il y aura lieu, j'indiquerai cette apparence par la désignation de cercle ou trait perlé. Chacune des particularités dont il vient d’être question en dernier lieu, caractérise, en général, la scintillation de toutes les étoiles observées pendant une même soirée. Cependant, il arrive parfois qu'un certain groupe d'étoiles présente seul un des caractères précédents, sans que toutes les autres l’accusent également : ainsi, j'ai vu, le même soir, certaines étoiles voisines dont l’image se développait en un trait circulaire perlé dans la lunette , tandis que d’autres étoiles plus ou moins éloignées des premières offraient un cercle moins irrégulier. On est en droit d’attribuer de telles différences accidentelles à ce que les rayons lumineux émanés des étoiles dont les images étaient les plas trou- blées, traversaient dans l'atmosphère un courant dont les conditions d'humidité ou de température étaient autres que celles de lair ambiant. Après avoir donné ces indications générales, je procé- derai actuellement à la comparaison entre l'intensité de la scintillation et les différentes données météorologiques indiquées, en m'attachant à mettre d’abord en évidence Pinfluence de la pluie, parce qu'elle est tout à fait prépon- dérante. (271) Intensité de la scintillation selon les saisons. J'ai réuni, dans le tableau suivant : 1° les moyennes des résultats généraux relatifs aux quatre saisons dans le cours des années où j'observai la scintillation ; 2 les résultats qui ont coïncidé avec la pluie le jour de l'observation, le lende- main ou le surlendemain, chacun de ces jours étant consi- déré soit seul, soit dans une suite de deux ou trois des jours indiqués ; 3° les résultats appartenant à des périodes de sécheresse, ou pendant lesquelles il n’a plu ni le jour de l'observation , ni aucun des deux jours suivants. Remarquons ici que, dans la partie du tableau concer- nant les résultats généraux, les nombres relatifs aux coïn- cidences de la pluie et à la quantité d’eau recueillie expriment respectivement des sommes de jours et des quantités d'eau mesurées. Mais, dans les résultats parti- culiers sous l'influence de la pluie, les nombres relatifs aux coincidences expriment les rapports respectifs des Jours de ces coïncidences aux nombres de soirées d'ob- servations sous l'influence ou aux approches de la pluie, pendant une même saison. Quant aux chiffres figurant dans les deux colonnes relatives à l'eau recueillie, qui indiquent dans la première partie du tableau les quantités totales d'eau pluviale recueillies pour chaque saison, ils repré- tent dans la seconde partie la quantité moyenne d'eau mesurée correspondant à la totalité des jours où il en a été recueilli, pendant chacune des saisons (1). (1) Dans le tableau, le Printemps comprend les mois RE de Mai; PÉté, ceux de Juin, de Juillet et d'Aoùt; P'Automne, les mois de Septembre, d'Octobre et de Novembre; et l’Hiver, ceux de EN Janvier et de Février. (272) Nombre Intensité Tempéra- Pression Coefficient de moyenne Le atmosphé- de moyenne i À SAISONS. soirées de de aia la, réfraction F A Pair ade atmosphé- observa= | la scintilla- à 9 heures | à 9 heure tion, tion. du soir. soir. rique. ES Résultats . mm. Printerni. . o 72 70 80,30 756,48 | 1,005 Ed 62 52 18,89 58,13 | 0,961 Automne c. o s 4T 64 9,02 54,44 | 0,9964 ME aae 49 98 0,75 62,32 | 1,038 de MOYENNES et SOMMES. . 230 71 9,24 757,84 | 4,0009 | | a Résultats particuliers soU® | Printemps. . . . 44 s4 80,07 | 75586 | 1,00 | ne 15 so | 4838 | 87,49 | 0,966 | | Anoma sd: 38 67 8,47 53,10 | 0,981 | | HT. a or 32 103 1,12 58,44 Lp BEES MOYENNES et SOMME . 159 7s 9,01 | 75622 | 099 5 | . Résultats particuliers sous Printemps. 28 48 90,93 160,32 | 1,903 | Mie co. 17 31 20,06 Gon | 0960 | Autonibe 1... | 9 53 sim | 59,00 | 0,9920 d He 46 0 47 83 0,42 63,53 1,0 ? p _ MOYENNES et SOMME . . 71 54 10,30 160,84 | 1,000 ( 273 ) n Tension de Ja y. d’eau, Coïncidences de la pluie |Eau recueillie à midi} a ai Humidité re a mn Intensité absolue moyenne moyenne | relative le le lende- | le surlen-| le lende- [le surlen nid a ga j hade: we de jour main demain | main demain du lohserva-| main main | Fai d de + ae 5 a tion , sé le à9 heures $ a-|l’observa-|l’observa-|l’observa-|l’observa j 9h. a ss pes du soir. tion, tion. tion. tion. tion du soir D mm. mm. k 66) 67] Til mol æ | æ | s | 5% |s%| ove 1232 | 1209 | 1265 | 725 | 47 | 28 | 30 | 2560 | 9100 | oa 343| gar | ss! seal 48 | 2 | 33 | 090 125% | 02 SI 536! 65] 2| 17 | a | 48 | 1895 | 40 | 023 men Lin 05) 842} 972] s20] 78 | os | 413 ares 2055 | 02 nfluence de la pluie. mm. 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Sous l'influence d’un temps sec, la scintillation est sensiblement la même au Printemps qu’en Automne; mais sous celle de la pluie, elle est notablement plus forte dans la première de ces deux saisons; 5° A l'égard de chacune des trois comparaisons établies, les intensités de la scintillation varient exactement dans le même sens que les coefficients de la réfraction astrono- mique correspondants, sans qu’il se présente d’exception à cet égard pour aucune des valeurs particulières. Ce parallélisme remarquable prouve incontestablement que dans l’ensemble des observations l'influence de la densité de lair sur la scintillation n’est pas ici masquée par les autres causes, attendu que cette influence modifie la réfraction et la dispersion par l'air atmosphérique, et par suite l'intensité de la scintillation, comme je l'ai établi précédemment ; 4 Les tensions de la vapeur d’eau suivent exactement les variations moyennes de la température de l’air, comme on devait s’y attendre; sous l'influence de la pluie cette tension augmente régulièrement d’un jour à l’autre; 5° Sous l’influence de la sécheresse aussi bien que sous celle de la pluie, l'humidité relative de Pair qui, dans ses variations selon les saisons, ne suit pas celles de la tempé- rature, est en rapport intime avec l'intensité de la scintilla- tion, puisque l’une et l’autre varient très-sensiblement dans ( 275 ) le même sens. Cette concordance nous montre, d’une autre manière, l'influence directe de la quantité de vapeur d’eau qui se trouve dans l'air sur le phénomène de la scintil- lation ; 6° Les coïncidences de la pluie ont été plus fréquentes à l'égard de celles où figurent le lendemain et surtout le sur- lendemain du jour de observation que pour celles où ce jour ee est compris; l’ Hiver seul présente une excep- tion à l’égard du surlendemain. Ce fait démontre que l'intensité de la scintillation est affectée par l'approche de la pluie et surtout par sa continuité. T° La quantité d'eau de pluie recueillie est toujours plus grande en totalité et en moyenne le second des deux jours que le premier; mais elle ne suit pas, d’ une saison à l’autre, l'accroissement d'intensité de la scintillation : ainsi elle est la moindre en hiver, quoique ce soit la saison où celte intensité est la plus marquée. Ce dernier fait ré- sulte de ce qu’en Hiver la scintillation est particulièrement influencée par l'accroissement de la densité de l'air, qui est produit à la fois par l’abaissement de la température et par la hausse barométrique (1). hmnee (1) Voici les moyennes mensuelles de l'intensité de la scintillation pen- dant les années d'observation. Intensité Intensité de la de la Mais, seintillation. Mois. scintilfation. Janvier . . 97 Joel. + > Peter nr cs 101 NOM SOUS ANN Mars si G Sept jia al at Avril , . ir 70 Octobre Air 68 Mai. L 54 Novembre. . . Ti Juin . 50 Décembr oke en ( 276 ) Les résultats qui précèdent démontrent avec toute évi- dence l'effet des influences relatives de la pluie et de Phumi- dité de l'air, et d'autre part, l'influence de la densité de l'air sur le phénomène de la scintillation. Mais la première ou celle de la pluie est de beaucoup prépondérante relative- ment aux actions combinées de la température et de la pression de Vair. L'examen attentif du tableau ne laisse aucun doute à cet égard. D’après cela, nous nous occupe- rons d'étudier plus particulièrement, et en premier lien, l'influence de la pluie sur la scintillation soit par son action directe, soit par son approche. Les intensités de la scintillation rangées par ordre de grandeur sont en rapport avec les nombres de jours de pluie correspondants. 2 $ . sh J'ai formé des tableaux particuliers où les jours d'ob servation sont groupés suivant l’ordre des intensités sui- vantes : 1° Intensités très-fortes, ou supérieures à 100; 2° Intensités fortes, de 100 à 81 . 3° Intensités moyennes, de 80 à 61; 4° Intensités faibles, de 60 à 44 : 5° Intensités très-faibles, ou au-dessous de M. Le tableau suivant nous présente le résumé de ce mode de classement des observations, ainsi que les moyennes des principales données météorologiques et les quantités totales d'eau de pluie qui leur correspondent. (277) gro | otr] 09 | Ov | L + |oo | 9s. | oë1g'o |eese | segr | ero | vr | Le | TS |: ‘sorquey-sen ‘pi go | S0'eL| 0608! 86 | æ | 6 |T | L&L |geego goes | ess | 190 | o | 99 | 6 | °°° sowy PI gro | eef 06‘es | 9e 1e | ge |818 | L'LL | 6100 WER | eL | lo | WW | s | 69 |: souwokow “pi so | LEI SLI € | 9 | 97 |gos |gs. |ecrot [Loen | geo | 610 | 1 | æ | 06 | °°°" souo ‘pi 97“ € gf G € 00° 6 gi, 6 EEF ' * * * ‘sonoj WO LUL) 16 | W | EE | L98 |018 |600} | 8EERL | LOD | 080 | 08 | SE -591 SUOLIEIINUIS ‘JUDA | “UONEA | 'uonea | ‘uoriua | ‘uoyqua | vuorea | ‘ureux | ‘xços np “onbir “as np | “os np ‘ond er ‘uon à op ‘ i n pe E, pa RS -1380,1 Ape FA -pydsomye |saanog G | sono 6 U dan es TYL01 errmuzos HNNAAON Fa upu pA ure op en gere moeajpt N aet op -aj ue eop pars or |opuoroif or _|-opuororf OPPI | opuoror) “P&A | erop enbja | ouusfour snos ENNEAOR — m mm quors |-oydsounue) osn} cm |E BE een oe oynyd er op soouoprourog variete end -yJ909 | uoyssorg |-vapdwor, rare us en né “out aleo) piruent op auua4og ( 278 y Il résulte de ce tableau les conséquences suivantes : 1° Les rapports des nombres de jours d'observations faites sous l'influence de la pluie à la totalité des observa- tions pour un même groupe, diminuent régulièrement de grandeur, de l’un à l’autre de ceux-ci, avec l'intensité de la scintillation ; i 2 L’humidité relative de l'air suit la même diminution le soir et le lendemain matin de observation; 5° Les valeurs du coefficient de la réfraction les plus fortes correspondent aux intensités les plus marquées de la scintillation et inversement; 4 Les quantités totales d’eau de pluie recueillies ne diminuent régulièrement qu'à partir des scintillations moyennes, parce que les valeurs supérieures à celles-ci correspondent aux mois les plus froids et aux époques où sévissent les bourrasques , dont l'influence si marquée sur la scintillation sera mise en évidence plus loin. C’est aussi à cette dernière influence, qui est en partie indiquée ar par les valeurs respectives de l'intensité du vent, q? il faut attribuer la valeur relativement faible de la pression atmosphérique correspondant à l'intensité très-forte de la scintillation. Quant à la quantité d’eau de pluie 44"",70 qui a été recuillie le surlendemain des jours d'observation corres- pondant aux scintillations très-faibles, elle provient en grande partie de fortes ondées de pluie d’orage survenues rte ou le surlendemain de l'observation pendant l'Eté. (279) Influence de l'approche de la pluie sur la scintillation. Le tableau suivant nous présente quatre périodes de neuf jours d'observations tels qu'ils se sont suivis, qui appartiennent aux quatre saisons de l’année, et pendant lesquels l'intensité de la scintillation a régulièrement varié selon l'approche ou l'éloignement des jours de pluie. Je me suis borné à indiquer, dans ce tableau, les coïn- cidences de la pluie le jour de l'observation, le lendemain ou le surlendemain, chacun de ces jours considéré soit isolément , soit compris dans une suite de deux ou de trois de ces jours. Je n’ai fait figurer aucune des données concernant la température et la pression de l'air, afin de laisser plus de simplicité au tableau. J'aurai, du reste, l’occasion de re- venir plus tard sur leur influence particulière à l'égard de la scintillation, soit pour les périodes indiquées, soit pour d’autres semblables. ( 280 ) Printemps. Été, nn T Coïncidences ae ‘Coincidences la pluie de la pluie DATES sité DATES sité PRET TRESE . le absolue | le jour [1e lende- ss absolue | le jour |je Jende- site des surlen- des ai À dela de mie PPA dela de maia | demain We de de d observations, |scintilla-|l'obser- | hep- i e observations. |scintilla-| Pobser- | 1 pser- as tion. | vation. | vati Sesi tion. | vation. | vation. | vation. 1875 1875 45 mai, 48 » » 41 août.. 51 » 1 L 16 — ...| 32 » » he LOGE 4 1 mue, 73 1 1 48 à 54 1 1 A —...| vol 1 1 45 — ..f 20} » 5 B —...| 43 » » 40 6: : a » a U —.. 19 » » AT + d 40 » af 25 — ‚| 69 » » A7 1 5 31 — 20 » » g% 42 » y 2 jim... | ask > » 2 — ..| 46] » $ ne ( 281 ) Automnee Hiver, en EN ne N FAR eten P pean e la pluie e la pluie DATES sité k DATES sité absolue | le j le 1 j ps des né baard | nt surlen- des tan ebk LA tie surlen- dela de A dela de mar | demain Observations. |scintilla-| Pobse “ d intilla-| l’obser nn de la | l'obser $] R observations. jscintilla-|? oĐser- | i pser- l'ôbser- Yobser- tion, | vation. | vation. AS tion, | vation. | vation. | on. 1875 1876 [4 septemb, | as | , » » | 4 janvier. | 73 » » 5 5 — 43 » » » WB — , 73 » » z n $; D a O e » » » M"; | 287.) » » W Lu i -| ss| » 1 IN tests » » MB 15 So 4 4 1 29) — | 53 » ef 7 A *| 90 4 » 4 30 — 66 » » sd 8 4 B, 1 At — .| o8] > » 1 end MRE 1 4 À Afévrier.| S2| » 1 1 O 101 | 4 b en „al 1 » 1 nn ( 282 ) On remarque que, dans chacune des périodes indiquées, l'intensité de la scintillation augmente notablement aux approches de la pluie et pendant les jours de pluie, et qu’aussitôt qu’elle cesse, la scintillation diminue beaucoup en intensité; ses variations restent alors comprises entre des limites très-restreintes. Influence du mode de succession des jours de pluie. Dans le cours de mes observations, j'ai toujours tenu compte du jour où la pluie survint soit le jour même de observation, soit le lendemain ou le surlendemain , sans dépasser toutefois ce dernier jour. Je.me suis demandé si l'intensité de la scintillation n’est. pas influencée par l’ordre de succession des jours de pluie, si, par exemple, elle est plus marquée quand il pleut le jour de l'observation ou Pun des deux autres jours, ou quand la pluie continue, divers intervalles, pendant les trois jours dont il nt Le tableau suivant répond complétement à cette question. Succession Intensité moyenne de la des Nombre jours de A To seintillation. d'observations. Il pleut le j jn | l'obsérvation , le lendemain et le surlendem wro 34 Il pleut le jour gs Vobis aon et le lendemain, so 15 Id. id. et le esarendemain. 76 15 Id. id. sen 73 14 Id. le lendemain seulem TE Ge 17 Id. le lendemain et le AR A 66 32 Id. le surlendemain seulement . . . . : . 63 32 Ces résultats nous apprennent que la scintillation est notablement plus forte quand il pleut pendant les trois jours consécutifs, et qu’elle est aussi plus marquée, mais à ( 285 ) un degré moindre, quand le jour de l'observation est com- pris parmi les jours de pluie. Remarquons aussi que toutes ces valeurs surpassent, les unes de beaucoup, la moyenne générale 54 de l'intensité de la scintillation sous l'influence de la sécheresse du premier tableau. Cette supériorité, à l'égard du surlendemain, par exemple, prouve incontes- tablement qu’elle est due exclusivement à l'approche de la pluie, quoique l'intervalle soit au moins d’un jour et demi. Influence des bourrasques. Kaemtz a signalé ce fait, que la scintillation est très- marquée quand des vents violents règnent dans l’atmo- Sphère. Cet accroissement est dù aux troubles qui agitent si vivement les régions supérieures de l'air, non-seulement au moment du passage des bourrasques au niveau du sol, mais à leur approche, quand leur influence précède, dans les régions élevées, leurs actions violentes à la surface de la terre. En même temps qu’elle affecte vivement l'intensité de la scintillation, cette influence modifie singulièrement les Caractères que présente le cercle décrit par l'image stel- laire dans la lunette munie du scintillomètre, tant sous le rapport de l’aspect des couleurs, que sous celui de la régu- larité de forme de ce cercle. Ces faits sont mis en évidence dans le tableau suivant, où l'approche des tourmentes atmosphériques et leur arrivée dans nos contrées sont signalées conformément aux indications du Bulletin météorologique que l'Observa- loire de Paris publie tous les matins, et qui m'est très-obli- Seamment communiqué, chaque jour, par les soins de M. Girardin, directeur de l'Administration du télégraphe en Belgique, que je prie de recevoir ici mes remerciments. (284) Les exemples cités dans ce tableau, et qui auraient pu l'être en plus grand nombre, se rapportent aux diverses saisons de l'année, même au commencement de l'Été. Après avoir indiqué l'intensité de la scintillation et ses caractères particuliers à chaque soirée dont il est question, j'ai inscrit d’abord l'intensité du vent à l'Observatoire de Bruxelles à neuf heures du soir, puis le plus fort coup de vent qui s’est produit dans la même journée. C’est aussi d’après les Annales de notre Observatoire que j'ai indiqué l’aspect général de celle-ci, ainsi que la quantité d’eau de pluie recueillie chaque jour. Remarquons ici que les grands troubles atmosphériques qui, auparavant, étaient le plus souvent qualifiés de bour- rasques dans le Bulletin météorologique de l'Observatoire de Paris, sont généralement désignés maintenant sous le nom de dépressions. J'ai conservé chacune de ces dési- gnations dans le résumé formant la dernière colonne du tableau, telle qu'elle figurait dans l'exposé de la situation générale de chaque jour dans le numéro du Bulletin mé- téorologique. On sait que l’une des plus violentes tempêtes que nous ayons éprouvées, particulièrement en Belgique, depuis un grand nombre d’années, est celle du 42 Mars der- nier. Elle a sévi avec le plus d'intensité à Bruxelles vers 5 heures du soir (1). Le ciel étant resté couvert pendant la soirée, je ne pus faire ancune observation ce jour-là. Mais le 15 et le 17, je pus déterminer l'intensité de la scintilla- tion. Malgré cela, je n'ai point fait figurer ces observations dans le tableau suivant à cause de la lacune existant entre (1) La tempête du 12 Mars 1876, par M. Ern. Quetelet; Bulletins de l'Académie, 2me série, t. XLI. ( 285 ) ces deux jours qui résulte de l’état du ciel. La scintillation fut cependant très-forte l’un et l’autre soir. Ainsi, le 17, le lendemain de l'ouragan, elle s'éleva en moyenne à 189 changements par seconde. Cette détermination repose sur observation de dix étoiles, parmi lesquelles figurent Régulus et les principales étoiles d'Orion et de la Grande Ourse. Le cercle décrit par les images de ces astres dans la lunette présentait la forme d’un trait perlé d’où s’élan- çaient les rayons. L'intensité du vent à l'Observatoire de Bruxelles s’éleva ce jour-là à 0*,9, à 10 heures du soir. La journée du 13 avait été caractérisée par des averses inter- mittentes de pluie et de neige. Le 17 Mars, l'intensité de la scintillation fut encore plus forte, puisqu'elle s’éleva en moyenne à 213, d'après l'observation d’Arcturus , de y de la Grande Ourse, de p du Serpent et de a de la Couronne. Les images circulaires de ces étoiles présentèrent des irrégularités prononcées. L'in- tensité du vent qui avait atteint 2,5 à 4 heures du soir était de 1,2 à 8 heures, moment de mes observations. Ajoutons qu’il neigea l'après-midi et le soir. Ajoutons que d’après le Bulletin météorologique, où les dépèches de l'étranger, notamment celles de l’Angle- torre, ont fait défaut après la violente tempête du 12 Mars, d'autres bourrasques lui ont succédé les jours suivants. 2° SÉRIE, TOME XLII. 19 ( 286 ) SCINTILLATION. INTENSITÉ | Quantité du vent r ASPECT a e aa a eau DATES. inten à la plas |de pluie á = Caractères 9 heures| forte za i er | recueil- alioli particuliers. a ak] 0 la journée å Bruxelles. 1875 3 k k mm. 26 sept. as | Cercleirrég.etrayons.| 0,5 | 0,7 | 2,50 Assez beau. ia “5 | Couleurs très-vives. | 4,2 | 26 | 5,20 | Pluvieux par interval. | 30 —..{101 | Cereleirrég.,rayons, | 0,1 | 0,6 | 13,60 |Ondées intermittentes: couleurs ondulantes. ER 8 nov. 74 |Cercle irrégu., rayons.) 0,1 20 | 42,50 | Tempête le matin. D 97 |Cercletrès-irré., rayns.| 02 | 0,3 | 440| Très-nuageux- 12 —..122 | Cerceperl. | 04 | 07 | 260| Très-beau le soir- ee 47 déc.. .| 35 | Couleurs faibles. 0,0 f 0,2 | 0,05 Superbe. 48 — 69 | Cercle épais et ondul. | 0,2 | 0,4 » Très-beau. D — 91 | Cercle irrég, et perlé. | 4,4 45 0,80 | Très-nuageux, pluie. MBO ! a 10. | 44. | 10 -| 270 Id, id. ® —..l167| Id. id, rayons. 06 | 3,0 | 0,70 Id, id. 23 —..|132 | Cercle irrégulier. | 0,7 | 14 | 698| Nuageux le jour. Ee 1876 22 fév. . . 167 Cercle perlé. 06 | 26 | 0,50 [peau te matin etle soit: 24 — .. |124 ld. 0,3 | 46 | 7,08 |Ciel découvert le sotii % —..|21: Id. 4,6 | 4,6 | 1,30 | Nuageux, incertain» pluie. ( 287 ) ic ppt db oaeen ac dee des MÈRE. Éd f INDICATIONS SUR LES MOUVEMENTS ATMOSPHÉRIQUES , LE MATIN DU JOUR D'OBSERVATION, f d'après le Bulletin météorologique de Paris. Hausse barométrique depuis la veille. Beau temps sur les côtes. Dépression considérable dès le 26 au soir. Le 27 au matin, elle est sur la mer du Nord. Le S 28 et 9, elle s'est ee vers le golfe de Bothnie. Le 4er Octobre, nouvelle dépres- Sion au nord de l’Éco Dépression sur la Hollande. Violente tempête du Nord sur la Manche. La dépression de la veille a passé sur la Suède. Nouvelle dépression arrive à Valentja. Une nouvelle baisse considérable est survenue à Valentia, pendant la nuit du 12 au 43. Fe Une dépression S'avance de l'Atlantique vers l'Irlande. La dépression annoncée Ja veille gagne vers le Nord; son centre est au Nord de l'Écosse. Tempête sur la Bretagne et la Manche. Une nouvelle dépression existe au large de nos côtes occidentales. Tempête sur la Bretagne et la Manche. La dépression Sagne vers l'Est. Hausse barométrique sur l'Europe occidentale. et ka dépression Survenue hier gagne le Nord. | Mauvais temps sur le Pas-de-Calais et la Médit ée. La dépression est sur la Baltique. re dépressio rdt A E à re RE ital Forte n ” matin sur la mer du Nord. Nouvelle dépression arrivant de l'Atlan- tique à Valentia ( 288 ) SCINTILLATION. INTENSITÉ p ANPE SS ASPECT a rs cale d’eau $ DATES. | Inten- à la plus ‘de pluie té ; Caractères 9 heures) forte sité å ki recueil- ns particuliers, : à sd i la journée à Bruxelles. ; soir. | journée. ie, 1876 i ed 28 mars.. |189 Cercle perlé. 0,6 28 0,05 | Beau, orage après-midi.} 29 —..|127 | Cercle assez irrégul. | 09 | 4,0 2,70 Très-nuageux. | 30 —..| 65 Cercle régulier. 01 4A 4,40 | Incertain, très-beau | ensuite. Í | 48 avril. . |112 | Cercle irrég. et perlé. | 4,0 11 » | Très-nuag., pluie fine. | DLO IE Sik ia loge tementen id j| A. lion it id id. 0,4 | 46 | 3,05] * Pluie et grêle. B —..| 73 | Cercle régulier. 0,0 | 0,4 | 0,03| Couvert, brouillard. | U — ..| S1 Id. 0.1 | 0,4 | 0,05! Assez beau, vent. 26 — ..|102 | Cercle irrég. et perlé. | 0,0 | 42 » | Très-nuageux le jour. Í 23 —..| so Cercle régulier. 0,2 1,4 2,90 | Pluie par intervalle. 18 mai..| 50 Vives couleurs. 0,65 | 14 » Superbe. 19 —..| 529 Id. 0,65 | 235 » | Superbe, peu de vent. 20 —..| Sy | Trait irrégulier. 0,30 | 0,80 |! » Superbe. me RENE zi 29 mai..| 36 Cercle régulier, 0,05 | 0,20 Très-beau, mat. et soit: 1 juin ..| se Trait perlé, 0,05 | 0,80 » | Beau, mais nuageux. x ( 289 ) INDICATIONS SUR LES MOUVEMENTS ATMOSPHÉRIQUES , LE MATIN DU JOUR D'OBSERVATION, d'après le Bulletin météorologique de Paris. Le soir du 28, une dépression est à l'entrée de la Manche. La dépression de la veille au soir remonte vers Greencastle le 29 au matin. La dépression restée immobile se comble de plus en plus. mm, La nouv. dépression signalée hier sur l'Atlantique s'est avancée. Son centre est à Valentia. La bourrasque, dont le centre est sur l'Écosse, diminue d'intensité. La bourrasque a p t tdi S tre est à Thursö au Nord de l'Écosse. 5 $ Temps très-beau. Une dépression passe au large au Nord de l'Écosse. Une nouvelle dépression, mais faible , aborde l'Europe par l'Irlande. Le 27 au matin, une nouvelle dépression est signalée au large des îles Britanniques. La dépression signalée hier a son centre, le 28 au matin, sur la côte d'Irlande. Elle gagne ensuite rapidement l'Est, car, le 29 au matin, elle s'étend sur la Baltique. Hausse barométrique. ld. . Dépression venant du Sud sur la Sicile. Une baisse survenant en Scandinavie fait craindre une dépression. Elle arrive le 22. rd nnn Hausse barométrique sur presque toute l'Europe. Une dépression sur l'Atlantique est signalée le 2 au matin; le 3, elle a son centre à l'Ouest de l'Écosse. pi 2 rs ( 290 ) Les principales conséquences qui découlent de ces exemples sont les suivants : 4° L’intensité de la scintillation augmente, comparati- vement aux jours précédents, quand une dépression où bourrasque s'approche de nos contrées; 2 Elle est la plus forte lors de son passage dans nos régions, moment où elle est, en général , de beaucoup supí- rieure à l'intensité moyenne générale 78, qui correspond aux observations faites par un temps pluvieux dans le tableau de la page 272-273; 5° La scintillation s’accroit encore quand une seconde bourrasque succède immédiatement à la première (le 30 Septembre, le 9 et le 12 Novembre, le 21 et le 22 Dé- cembre, le 26 Février, le 24 et le 26 Avril); 4 Son intensité diminue quand la dépression s "éloigne de nous ou qu’elle se comble (le 23 Décembre, le 50 Mars, le 21 et le 28 Avril); 5° La scintillation est moins accentuée quand la bour- rasque passe assez loin (le 48 Décembre, le 23 Avril et le 1: Juin); 6° Le cercle décrit par be stellaire dans la lunette présente des irrégularités qui sont d’autant plus accusées, que la scintillation est plus intense. Ce fait important que, sous l'influence directe de toutes les tourmentes indiquées, l'intensité de la scintillation excède notablement la moyenne générale 78 correspon- dant à l’ensemble des jours de pluie, et parmi lesquels les coïncidences avec des bourrasques ont été comprises, €€ qui a contribué à élever cette moyenne générale, ce fait, disons-nous, prouve sans conteste que le passage de Vio- lentes tourmentes dans lair accroît singulièrement, par lui-même, l'intensité de la scintillation, et qu'il est tout à ( 294 ) fait impossible d'attribuer uniquement cet accroissement à l'influence seule de la pluie qui accompagne ces tour- - mentes. Remarquons ici que l'influence des bourrasques masque entièrement, à l'égard de l'intensité de la scintillation, les effets des fortes diminutions de la pression atmosphérique, qui accusent leur passage, sur la densité des couches de l'air et par suite sur l'intensité de la scintillation. Rappe- lons-nous que les diminutions qui ont affecté cette densité dans l’ ensemble des résultats, ont se généralement accom- pagnées de di t tes dans l'intensité de la scintillation, ainsi que nous Tont montré les rapproche- ments précédents à l'égard du coefficient de la réfraction astronomique (pages 274 et 278). Mais, dans le cas actuel, l'influence des troubles que les bourrasques produisent dans Fair prédomine tout à fait et augmente de beaucoup l'intensité de la scintillation. Influence de l'approche de la pluie sur la hauteur au- dessus de l'horizon où les variations de couleurs d'une étoile scintillante cessent d’être perceptibles. D’après de Humboldt, dans les régions équatoriales, les phénomènes de la saison des pluies sont annoncés plu- Sieurs jours à l'avance par la scintillation des étoiles éle- vées, là où d'ordinaire ce phénomène est le plus rare (1). Dans nos régions, la hauteur au-dessus de l'horizon où les variations de couleurs d'une étoile scintillante sont encore perceptibles dans une lunette munie d’un scintillo- mètre, est aussi plus grande aux approches de la pluie ou — dd (1) Cosmos, t. ITI, p. 85. ( 292 ) sous son influence, que dans le cas contraire. L'exemple , mettra ce fait en evre t qui concerne l'étoile La Ch dence. survan évi | ‘zo ne To NP naq ‘sostidor 91199 19 To NE 05 np jo ounef ‘onor smaisnjd g omjq | gmuerjuepuod omid FL 06 uo syuowoduegs PG | 87 9 | — v ‘CG NE To NP nəq 3119919 JG ne O5 np "AIOS 97 19 UNLW OI Jo unel “osno ymu ejzuepuod omda | omyd ‘xnoĝenu- sgg, 68 TG u sjuswmoduegr SG | 87 LL A 0.08 “1IOS ‘ounef jo of əmıd {xno$enu 98n01 U9 SIN9[N09 sind ‘uryeuu of neag nr9q-SQIT 5 69 opsjuowoduegs &S | 0 7g |- SH 5 *soJour} -SID U9I{ sinamo ‘nt9{-SQUL “aquodns oer Ss sues ounef 919499 « | BE o0£ |" "OMP LI 'QL8F ; "name ap vopnbrpur sname “Uozo, "uoneadosqo,t ap ‘uoneasosqo,] op ae a Eae vrt op eind sap oaaqug 81 oP MOULINS | erssop-nr uremepuor əl anof oi s orquosuo I er ap 'SJLY anod 211013.1 S q uorierriuros SAUALIVUVI en RE CN sie op erop 10 ap auus kou TANUNOF VI AA LIAASV MANEN | E ALISNALNI HALAVE ( 295 ) D’après ces exemples, les variations de couleurs de La Chèvre, qui n'étaient pas perceptibles à 50°58' de hau- teur le 17 Décembre, alors que la pluie était encore éloi- gnée de deux jours, puisqu'elle ne survint que le 19 au soir, devinrent distinctes à 54°, hauteur plus grande de l'étoile, le 18, la veille de la pluie, et le 20 et le 21 , sous son influence directe, à plus de 35° et même de 36°. Quant à l'intensité moyenne de toutes les étoiles observées chaque soir, elle a augmenté de l’une à l’autre soirée, comme nous devions nous y attendre. Nous aurons occasion de voir que l’abaissement de la température relève la limite de hauteur à laquelle les cou- leurs cessent d’être distinctes ; mais l’accroissement de la scintillation de l'étoile du 17 au 18 Décembre ne doit nulle- ment être attribué à un effet semblable de la température, Puisque celle-ci augmenta continuellement d’un jour à autre. La coïncidence si remarquable entre les résultats qui précèdent ; les différences qui caractérisent d’une manière Si tranchée les intensités numériques de la scintillation, selon que les observations ont coïncidé ou non avec la pluie ou avec ses approches; en un mot, toutes les recher- ches exposées concourent , aussi bien par les détails que dans leur ensemble, à mettre en évidence l'influence de la pluie sur l'intensité de la scintillation et la possibilité de prévoir la pluie à plus d’un jour d'intervalle, conformé- ment à la remarque vulgaire faite depuis longtemps. __J'ajouterai que le phénomène de la scintillation, étudié d’une manière régulière et suivie, doit concourir non-seu- lement à la prévision du temps, mais au progrès de la Météorologie, par l'étude optique de plusieurs phénomènes aériens. La lumière est un agent physique excessivement ( 294 ) sensible aux changements qui affectent les milieux qu’elle traverse; aussi je ne doute aucunement que l'examen si délicat des rayons émanés des étoiles scintillantes lors de leur passage à travers l’atmosphère ne soit capable de nous révéler la cause des changements qui y surviennent. Dans une prochaine notice, qui sera la suite du travail actuel, j'aurai l’honneur de présenter à l'Académie les résultats de la comparaison entre les caractères de la scin- tillation, la température de l'air, la pression atmosphérique et d'autres phénomènes. Un mot sur le Srracur (HANNOvERA) aurata du crag d'Anvers; par M. P.-J. Van Beneden, membre de l’Académie. HENRY ve BLAINVILLE, Mémoire sur le Squale pèlerin, Annales du Mu- séum d'histoire naturelle, t. XVII. HANNOVER, Ge Bygningen og erder af Skjel og Pigge hos Brusk- fisk, . Selsk. Skrifter, 5e sér., vol. VII, 1867. Jar. TRE Om Gjeellegitteret zel nn hos Brugden elachu wi mannen: K. D. Vidensk. Selsk. Forhandl., 1875, n° f. Pavesi, Contribuzione alla Storia naturale sé genera Selache. Genova, 1874. P.-J. VAN ee Bullet. de l'Acad. roy. de Belgique , 2 sér., t: XXXI, 1871, pl. IL, fig. 16. PAUL Gervais ik se Gervais, Observations relatives à un Squale pèlerin récemment péché à Concarneau, Comptes rendus, t. LXXXII, 1876. On possédait depuis longtemps dans les Musées de Copenhague, de Kiel, de Christiania et de Drontheim les fanons branchiaux dont le professeur Steenstrup a fait con- naître dernièrement l’origine. C’est en vain que Eschricht avait cherché à déterminer ces organes. Il est vrai, en 1867, ( 295 ) le docteur Hannover avait reconnu, par des coupes habi- lement faites, leurs affinités avec des boucles de poissons plagiostomes, mais on ne pouvait se figurer, ni la place que ces boucles lamelliformes occupaient, ni le genre de poisson dont ils provenaient. En attendant que l'on dé- couvre les caractères du poisson à fanons, nous avions pro- posé de le désigner sous le nom de Hannovera. Nous disions en faisant le relevé de nos poissons fossiles : Le Hannovera est un poisson dont on ne connait pas plus les caractères que la forme, mais dont on trouve quel- ques fragments que le professeur Hannover de Copenhague a cru devoir rapporter à un poisson voisin des Raies. Les petits fanons, conservés dans ces musées, prove- naient de poissons vivants, mais nous en avions aussi trouvé, depuis plusieurs années, au milieu des débris de la faune fossile d'Anvers, et nous en avions également re- marqué dans le Musée de Turin, qui avaient été recueillis dans les mêmes conditions à Asti. Ils n’y portaient aucune autre indication que celle de la localité. Trois Squales capturés dans ces derniers temps, à l'ile de Wight, sur la côte de Bretagne et dans le golfe de Gênes, ont permis de confirmer pleinement ce que M. Steenstrup is assuré d’après Günner, c'est-à-dire, que le Squale Pélerin porte, sur les ares branchiaux, des rangées de fanons qui ont échappé à Blainville comme à E. Home. Des poissons, ayant avec le Squale pèlerin d’aujourd’hui les plus grandes affinités, existaient ainsi dans la mer du Nord à l’époque pliocène, et se trouvaient à la même époque dans la Méditerranée. Ge même Squale pèlerin nous a permis de déterminer d autres débris recueillis dans le crag et dont nous cher- chions en vain depuis longtemps à connaître l’origine. ( 296 ) Ce sont des corps solides, de forme triangulaire ; les plus ‚grands ont de 12 à 13 centimètres de longueur, 4 centi- mètres de largeur à leur base et 1 centimètre d'épaisseur; la pointe, plus ou moins complète, paraît libre et n'est pas sans ressemblance avec une couronne de dent; tandis que la base semble fracturée dans toute sa largeur. Le Musée royal de Bruxelles en possède une demi-dou- zaine qui ont été trouvés au milieu d’autres débris fossiles. Ces corps que nous n’avons pu rapporter à aucun animal connu , et qui ont encore le plus de ressemblance avec une lamelle de jeune molaire de Mammouth ou de Mastodonte, sont tout à fait semblables à l'éperon du même Squale pèle- rin. Nous le représentons en place sur l'appendice mâle (fig. 1) d’après l'individu conservé au British Museum ; les figures 2 et 5 représentent ce même organe isolé, de gran- deur naturelle, tel qu’on le trouve à l’état fossile. En parcourant les galeries du British Museum au mois de mai dernier, le professeur Flower me fit remarquer, en passant devant le superbe mâle de Selache, que le docteur Günther venait de faire mettre en place, les organes appen- diculaires avec leurs éperons; M. Flower me demanda si nous n'avions pas ces organes à l’état fossile à Anvers, puisqu'on en possédait au Muséum qui provenaient du crag d'Angleterre. C’étaient précisément nos corps problémati- ques d'Anvers qui nous avaient intrigué depuis plusieurs années. Blainville a connu cet éperon, mais comme il n'en a pas donné une figure, sa description a passé inaperçue. « Au bord inférieur et vers sa partie moyenne saillait d’un demi-pouce environ une espèce d’ergot ou de pointe que nous étudierons par la suite avec plus de soin, dit-il, page 94. » ( 297 ) Plus loin il ajoute page 126 : « Une sorte de pointe ou d’ergot, de 7 pouces de long, articulé et fort mobile sur l'extrémité postérieure du car- tilage, qui bordait supérieurement le sillon fermé, mais qui élait tout à fait recouvert par la membrane interne, el dont l'extrémité seule d'un demi-pouce de long wa paru comme corné et libre au bord supérieur et extérieur de lappendice. » L’appendice mâle, avec ses caractères particuliers pro- pres à tous les poissons plagiostomes, porte ainsi chez le Squale pèlerin, sur son bord supérieur et interne, un corps solide, implanté dans la peau comme une dent, est logée dans son alvéole. C'est ce corps solide, cet ergot, qui est conservé dans le erag et dont nous avions cherché en vain jusqu’à présent à connaître l’origine. Comme nous avons eu à notre disposition une colonne vertébrale de ce même Squale pèlerin et qu'il n’est pas Sans intérêt de connaître les caractères de ses vertèbres et de toute la colonne vertébrale, nous joindrons ici le résultat de nos observations sur ce sujet. M. Guillou a eu obli- geance de nous envoyer de Concarneau une peau desséchée Tune femelle, avec un certain nombre de vertèbres et tout l’appareil branchial ainsi qu'une colonne vertébrale Presque complète d’un autre individu d’une dizaine de Pieds de longueur. Contrairement à quelques assertions, le Squale pèlerin a des vertèbres parfaitement distinctes dans le corps des- quelles il y a un dépôt osseux , qui peut aisément le faire reconnaitre. Nous comprenons parfaitement que l'analyse microscopique des vertèbres fasse distinguer même l'espèce de Plagiostome qu’on a sous les yeux. Nous trouvons d’abord huit vertèbres encore en place ( 298 ) dans la peau desséchée ; ce sont évidemment les premières. Au-devant de la première, qui est comparativement petite, on voit les cartilages du crâne. Dans la colonne vertébrale fraiche, la première vertèbre a un diamètre antéro-postérieur de 5 centimètres. La der- nière dans la peau a près de 4 centimètres, de manière que s’il en existe d’autres entre elles, elles doivent être peu nombreuses (1). La 10° de la région fraiche a encore le même diamètre. La 20° n’a plus que 3 centimètres. La 50° a un peu moins, soit 25 millimètres. La 60° n’a plus que 2 centimètres et nous sommes à l'origine de la queue. Dans la queue même nous trouvons cinquante-cinq ver- tèbres. Vers le milieu elles ont encore un bon centimètre de „longueur. A la 40° de la queue la vertèbre ne mesure plus d’avant en arrière que 5 millimètres. L’avant-dernière a encore 3 millimètres. En somme, nous comptons dans la colonne vertébrale, d'après la supputation des deux individus, environ cent vingt-six vertèbres. On a conservé à Londres et à Paris des vertèbres des deux grands individus empaillées dans ces deux capitales. Sous quel nom faut-il désigner ces débris fossiles d’un poisson dont les fanons branchiaux et les ergots mâles sont semblables à ceux du Selache maxima ? Nous lavouons volontiers, si nous n'avions affaire qu'à ni em on mn ni eid (1) I est probable que M. Guillou a coupé la colunne au même point dans les deux individus. ( 299 ) des poissons d'une même époque, nous ne songerions pas _ à poser la question ; mais nous avons ici des restes de pois- sons tertiaires qui rappellent, sous le rapport de la taille comme sous le rapport des caractères, des espèces qui vivent encore aujourd’hui dans la mer du Nord et dans la Méditerranée. Nous pouvons dire : le Hannovera est en tout cas le représentant pliocène du Selache actuel, comme nous avons trouvé les représentants des autres Squales vivants, dans l'argile rupélienne; et pour ne pas les confondre et indi- quer en même temps leurs affinités, nous désignerons notre poisson fossile sous le nom de Selache (Hannovera) aurata. Nous venons de recevoir, par l'obligeance du professeur Pavesi, quelques fanons branchiaux du Selache rostrata du Musée de Gênes , pour les comparer à ceux du Selache maxima et nous attendons de notre savant confrère des renseignements sur les vertèbres, pour juger du degré d'affinité de ces deux Selache. Le professeur Pavesi est con- vaincu de leur différence spécifique. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. 1. se de l'appendice mâle du Squale pèlerin vivant, avec l’ergot en place. — 2. Ergot isolé de grandeur naturelle. — 5. Le même ergot vu par sa face opposée. ( 500 ) Nouvelle méthode pour déterminer l’ordre d'un lieu géo- métrique, défini par des conditions algébriques; par M. Louis Saltel. I. — EXPOSITION DE LA MÉTHODE. Problème préliminaire, — Une droite A contient un Point O pris pour origine et deux séries de points Si, Sa, dont la liaison est telle que, Prenant arbitrairement un point Q , considéré comme appartenant à l’une de ces deux séries, à une distance du point O, représentée par p, OU Pa, îl corresponde pour l'autre série un nombre constant de points ag ou «,. On demande le nombre N de points P, situés à distance finie, tels que, supposant confondus en lun deur un point de Pune des deux séries, ce point coin- cide avec l’un des Points correspondants de l’autre série. Le principe de correspondance, de M. Chasles, donne, dans un cas particulier, la solution de ce problème. Voici un théorème, auquel nous avons donné le nom de Principe de correspondance analytique (°), qui donne une solution simple dans une multitude de cas. | THÉORÈME, — Si, parmi les diverses limites du rapport (5 s pour pa infini, il n'y en a pas d'égales à l'unité, le nombre N est égal au nombre des valeurs nulles et non A D (°) Nous avons énoncé pour la première fois ce principe dans une note insérée aux Comptes rendus, 26 avril 1875. (Cette note a été complétée dans un tirage à part.) (301) nulles, mais finies, de ce rapport, plus le nombre des valeurs nulles du rapport (2 pour p, infini. Démonstration. — Représentons par AGE pa) = 0, ie ii (1) la relation entière et rationnelle qui existe nécessairement entre p; et po, et par G ose] l'ensemble des termes du degré le plus élevé de cette rela- tion, c’est-à-dire l’ensemble des termes du degré m, si la fonction est du degré m en (p; , pə). Cela dit, si Pon pose ʻ a Pis 2 on voit immédiatement que les valeurs finies de ce rapport, tant nulles que non nulles, pour p> infini, sont fournies par équation, | , ei nie à ».-.( obtenue en remplacant dans (2), o, par p'4, €t pa par unité. Le degré de cette équation, c’est-à-dire le nombre des valeurs finies du rapport limite o,', est donc égal au plus grand exposant de p, dans la fonction (2). La même équa- tion montre que le plus petit exposant de cette même Variable o,, dans la même fonction (2), représente le nombre des valeurs nulles de ce même rapport limite p',- On montrerait de même que le plus haut exposant de la lettre p,, dans la fonction (2), représente le nombre des Valeurs tant nulles que non nulles, mais finies, du nombre 2° SÉRIE, TOME XLI. 20 (302) des valeurs du rapport © f = p'a, pour p, infini, et que le plus petit exposant de celie lettre représente le nombre des valeurs nulles de ce même rapport. Mais, évidemment, dans la fonction homogène (2), le plus haut exposant de p, augmenté du plus petit exposant de pa donne une somme égale au degré de la fonction. Donc on peut déjà dire que le degré de la fonction [bis ps) =O, de AS (6) est toujours égal au nombre des valeurs nulles et non nulles, mais finies, du rapport limite p',, ce nombre élant . augmenté du nombre des valeurs nulles du rapport limite ps. D'autre part, représentons par les divers coefficients de la fonction (2). La condition néces- saire et suffisante pour que l'équation (3) ait une racinë égale à l’unité est évidemment A; + Ag + Az + + + Ai —0. Or si l’on fait p, — pa = p dans l'équation (1), le terme o" a évidemment pour coefficient A, ad À: + À; M oen Ai; donc la condition nécessaire et suffisante pour que le degré de l'équation en p reste égal au degré de l'équation (1) en (on pa) est que parmi les diverses valeurs du rapport limite p'‚ il n’y en ait pas d’égales à l'unité. Le théorème est done - démontré. Théorème complémentaire du principe de correspon- ( 305 ) dance analytique (*). — Si, parmi les diverses limites du rapport (£), pour p nul, il wy en a pas d'égales à l'unité, le nombre N’ des coïncidences confondues avec origine O est égal au nombre des valeurs nulles et non nulles, mais finies, de ce rapport, plus le nombre des valeurs nulles du rapport pour p; nul. La démonstration de ce théorème est toute semblable à celle du principe lui-même. Au lieu de considérer Pen- semble des termes du plus haut degré, on a égard à l'ensemble des termes du moindre degré. PROBLÈME IC. Application du principe de correspondance analytique à la détermination simultanée du nombre des solutions nulles et non nulles, mais finies, communes à un système d'équations. Le principe de correspondance analytique se prête avec - facilité à la résolution de ce problème. La méthode à suivre sera suffisamment développée par son application à quelques résultats déjà connus. THéORÈME Ier, — Désignons par mı, ma les degrés de deux équations algébriques (A ha, 2) = p (io a + (ai + =0, > (1) f (ti, 23) = pa (X1, ma)" + (£i, ma) + = 0, . (2) les plus générales à deux inconnues (x,, £a), dans lesquelles Ona groupé ensemble les termes du même degré. Le nombre nn (") Nous avons énoncé pour la première fois ce théorème dans p Comptes rendus, 15 novembre 1875. ( 304 ) | des solutions en valeurs finies, communes à ces équalions, est marqué par l'expression. N= m4. nie Démonstration. — Mettons, dans la première équation, la lettre p, à la place de x,, et, dans la seconde, la lettre pa à la place de cette même lettre , il vient (B) (fi (xi, p) Sa En Pi)": + = 0, aA (3) fh (xs, pz) = #2 (xr, pa”? + m — 0, pie (4) Si Fon attribue à l’une des variables p; ou pa, une valeur particulière, il en résulte évidemment m. Ma Ya- _ leurs finies correspondantes de l’autre variable. Si done on convient de porter sur une droite des longueurs égales aux valeurs de p4, pa, on obtiendra deux séries de points correspondants. Il est d'ailleurs évident que le nombre N des coïncidences, situées à distance finie, marque le nombre des solutions finies du système proposé par rapport à Ta. Pour obtenir lenombre N, il suffit done, en vertu du principe de correspondance analytique, de trouver parmi les m,- mM solutions du rapport = & le nombre de celles qui, pour pis restent finies, et parmi les m,. m, solutions du rapport. le nombre de celles qui deviennent nulles pour p, infini. À cet effet, posons, pour po, — ©, Pa Li. 6 é lim = p, lim = = xi. fi și Il est manifeste, si l’on substitue ces valeurs de pa, %1 dans les équations (B), que les valeurs de p’4 seront déter- minées par les équations Fa EA pn = Li - ô . . . (5) f2 (x, mi =D, Su à 2 (6) ( 505 ) obtenues en égalant à zéro l’ensemble des termes du degré le plus élevé des équations (A), où l’on remplace la lettre xı par x’, et la lettre x, par l'unité dans la première de ces équations, et par pọ’ dans la seconde. L’équation (5) ne contenant que l'inconnu x’, donne m; solutions de cette inconnue. Mais, d’après l'équation (6), à chaque solution de x’, correspondent mg valeurs finies de p's, dont aucune n’est nulle , puisque les équations sont complètes, ni égale à Punité, sinon les équations D) piles A) Os geine N (7) P E eas estaid wl) auraient une solution commune en x'ı, ce qui exigerait une relation entre les coefficients de ces deux équations. On peut done dire que toutes les m; . ma valeurs du rap- port limite = sont restées finies el qu'aucune d'elles n'est ni nulle ni égale.à à unité. On montrerait de même que toutes les m,. m valeurs du rapport limite £ restent finies et qu'aucune d’elles ne devient ni nulle ni i égale à l'unité, Donc, conformément au principe de correspondance analytique , on a bien N = m; . ma, C.Q.F D Nota. — Le théorème que nous venons de démontrer donne, en géométrie, le nombre des points communs à deux courbes les plus générales d’ordres donnés. On peut done dire en toute rigueur : Tutorème Il. — Deux courbes les kpli générales d'or- dres m,, m possèdent toujours et ne peuvent posséder que Ni + Ma points communs, situés à distance finie, réels ou imaginaires. Ce théorème , fondamental dans la théorie des courbes, ( 506 ) a été pendant longtemps sans une démonstration qui fût à l'abri de tout reproche. Voici ce que rapporte, à ce sujet, M. Chasles, dans les Comptes rendus de l’année 1872. « La vérité de ce théorème, disait Euler, est reconnue de tous les géomètres, quoiqu’on doive avouer qu'on n’en trouve nulle part une démonstration assez rigoureuse. » (Voir Mémoires de l'Académie de Berlin, de 1748; dé- monstration sur le nombre de points où deux lignes d'or- dres quelconques peuvent se couper, pp. 255-248). Cramer dit bientôt après : « La règle qui détermine ce nombre est très-importante dans la théorie des courbes; plusieurs grands géomètres l’ont supposée, mais personne, que je sache, n'en a donné la démonstration. » (Introduction à l'analyse des lignes courbes algébriques (Genève 1750, p. xni). THÉORÈME III. — Si, dans les équations (A) du théo- rème 1°, on supprime respectivement tous les termes dont les degrés sont inférieurs à n,, na, le nombre des solutions nulles communes à ces équations est n,. na Démonstration. — Représentons par Bi di (Xi, pi Ya (£1, Ta)”? ensemble des termes des degrés n,, nz. On voit de suite que le nombre cherché est égal au nombre des coïnci- dences, confondues avec l’origine, des deux séries de points déjà considérées, Il s ‘agit donc, d’après le théorème complémentaire du principe de correspondance analytique, de trouver parmi les m; . ma solutions du rapport À le nom- bre de celles qui, pour p, nul, restent finies, et parmi les m,. mg solutions du rapport & le nombre de celles qui, pour p, nul deviennent nulles. ( 307 ) A cet effet, posons, pour p, = 0, . A ' lim À = D, lim = = x. pı Les valeurs finies de 7 seront manifestement déterminées par les équations : 1 =0, 3 ee T ÿa (X1, pə) Ce qui montre qu’il n’y a que n; . na valeurs du rapport, > qui, pour p, nul, soient restées finies, et qu'aucune de Ces ,. na valeurs n’est ni nulle ni égale à l'unité. On prou- verait de même qu'il n’y a que n; . na valeurs du rapport © qui, pour p, nul, soient restées finies, et qu'aucune de ces valeurs n’est ni nulle ni égale à l’unité. Donc le nombre des coïncidences, confondues avec l’origine, est bien égal à ni. na. Nota. — Le théorème que nous venons de démontrer s'énonce géométriquement comme il suit: Tréorème IV. — Si deux courbes ont en commun un point Q, respectivement multiple d'ordre n,, na, et sont les Plus générales de leur espèce, le nombre des points com- Muns confondus avec O est égal au produit des degrés de multiplicité de ce point. Trkorbme V. — Désignons par mi, ma, mz les degrés respectifs de trois équations algébriques (Alsu wa, 23) = 9 (ai, £a, as) + = 0 (A) fi (Xi, Xa, s) = ça (Lis Les x) + + =0, . (2) ACTE Xa) = ps (Li, Le)" + ET rie vu 0) dont les deux premières sont les plus générales à trois inconnues x,, Xa, Xz, el dont la troisième est la plus géné- rale par rapport aux deux inconnues X1, Xo. Le nombre des solutions, en valeurs finies, communes à ces équations, est marqué par expression N = m, -Ma . Mg Démonstration. — On voit de suite que le nombre cherché est égal au nombre des coïncidences des deux séries de points définies par les relations : file, za, pi) = pı (Lis £3, ps)" + …—0, . (4) (B) f (x, Le; pe) = ?a (x, Las pa)" e=), 4 (5) fs (was de) — p (x, Ta)" +0. . . « (6) Lorsqu'on donne à p, une valeur particulière , les équa- tions (4, 6) donnent, d'après le théorème I°", m; . mz solu- tions en (x1, x); donc, à cause de l'équation (5), on a Mı. Ma. Mz valeurs correspondantes de ps. Cherchons ce que deviennent les valeurs correspondantes du rapport p'a, pour p; infini. En posant, pour p, infini, > ' se ; …_ s ' reg, lim “= x}, lim — = %, pı Pi Pa ces valeurs sont évidemment déterminées par les équa- tions : Pi (eis Be, 1 Nes ` . . . . (7) (C) Pa (zi; %3, pa) U or 0 (8) ?3 ce: x)” = 0, E E en (9) qui montrent manifestement que toutes les mı. Ma. Ms valeurs du rapport &, pour p, infinies, sont restées finies et qu'aucune delle n’est ni nulle ni égale à unité. On prouverait de même que toutes les Mi: Mg. Mz NA (308): leurs du rapport * restent finies pour pa infini, et qu’au- cune d'elles n’est nulle ni égale à l'unité. Donc le nombre des coïncidences est bien égal à m, . ma. mz. Tréorèuer VI. — Si, dans les équations (A) du théorème précédent, on supprime respectivement tous les termes dont les degrés sont inférieurs à D4, Da, nz, le nombre des solutions nulles communes à ces équations est égal au pro- duitn,.no. Dz. Démonstration. — La question est évidemment de montrer que le nombre des coïncidences confondues avec l’origine est bien égal à n; . na. nz. Représentons par pı (x, Lo, Xs)"!, (D) Ya (Mis Les Ls)"*; gs (fis %2)"°, l’ensemble des termes des degrés ni, na, nz. Si l’on pose, pour p = 0, + . Xz , lim = p, limia T ee i pi fa les valeurs finies de p'a sont évidemment déterminées pr les équations : ga (as, ra, 1)" —0, (E) Le (zi; Le; re) 2=0, \ tel, x)" = 0, qui montrent manifestement que parmi les diverses va- leurs du rapport iy il n’y en a que n,. nz. nz qui, pour 1, , - pı = O, restent finies; d’ailleurs aucune de ces n,. na. ng ` valeurs finies n’est ni nulle ni égale à l'unité. On prouverait de même que parmi les diverses valeurs (510 ) du rapport & , il n’y en a que n; . na. n; qui, pour p; =O, restent Buse: et que aucune de ces valeurs n’est nulle, Donc le nombre des coïncidences, confondues avec l'ori- gine, est bien égal à n,, na. nz. TuéoRÈmE. VII. — Désignons par m,, ma, mz les dot respectifs de trois équations algébriques fi (as, T23 %3) = p (fi Tz, 2)": +. =0, (1) (A) f (x, Le, %) = Pa (Tı, Lo» xs)” + «+ —=0, (2) AC Xz, La) = p Lo; xz)” + = 0, (5) les plus générales à trois inconnues Xi» Xas Xz, dans les- quelles on a groupé ensemble les termes de même degré. Le nombre des solutions, en valeurs finies, communes à ces équalions, est marqué par l'expression. N==m,. ms. Ms Démonstration. — On voit de suite que le nombre cherché est égal au nombre des coïncidences des deux _ séries de points définies par les relations : fi (£i, £a, po) = za (Xi, £3, pt + =m, . (4) (B) 4 fa (£i, Ta, p) = Pa (Tis Ta, pj)" + + =, o (5) fs (an Xz, p) = Ps (Lis Las pa) +. = 0, . (6) Lorsqu'on donne à p; une valeur particulière, les équa- tions (4, 5) donnent, d’après le théorème I, m. mg solu- tions en (x, £a); donc, à cause de l'équation (6), on a Mi. Ma. Mz valeurs correspondantes de pa. Cherchons ce q deviennent les valeurs correspondantes du rapport p'a pour p, infini. En employant les notations précédentes, on voit que (311) ces valeurs sont déterminées par les équations : fn Ei» ais ARS Oe tene eet (O zon (Bor oi MEO ont aise 18) beg Er de de 4 qui montrent manifestement que toutes les mı. M2. Mz valeurs du rapport ra , pour p; infini, sont restées finies et que aucune d'elles n'est ni nulle ni égale à l'unité. Sachant qu’il n’y a pas de valeurs nulles du rapport p'2, le nombre cherché est done égal au nombre total des valeurs nulles et non nulles du rapport p'‚. Cherchons done ce dernier nombre. Lorsqu’on donne à p, une valeur particulière, les équa- tions (4, 5, 6) donnent, d’après le théorème V, m; . ma. m; valeurs de p,. Cherchons ce que deviennent les valeurs correspondantes du rapport p'4. n employant toujours les notations précédentes, on voit que ces valeurs sont déterminées par les équations : p (£i Lo A)" = 0, (D) Pa (£i; Las en” = 0, şs (Tis Tis 4m == V; équations qui montrent , d’après le théorème V, que toutes les valeurs du rapport & , pour pẹ infini, sont restées finies; as le nombre des coïncidences est bien égal à M. Mg. ' Nota. — te théorème que nous venons de démontrer s’énonce géométriquement comme il suit : Tutorème VIII. — Trois surfaces les plus générales ( 312 ) d'ordres m;, m,, M; possèdent toujours et ne peuvent pos- ~- séder que Mi. Ma. M; points communs, situés à distance finie, réels ou imaginaires. : THÉORÈME IX. Si, dans les équations (A) du théo- rême VIT, on supprime respectivement tous les termes dont les degrés sont inférieurs & nj, na, nz, le nombre des solutions nulles communes à ces équations est égal au produit ni. na. nz. : Ce théorème se démontre comme le précédent en fai- sant tendre successivement p, et p, vers zéro, au lieu de faire tendre ces variables vers l'infini, Nota. — Ce dernier théorème s'énonce géométrique- ment comme il suit : - THÉORÈME X. — Si trois surfaces ont en commun un point O respectivement multiple d'ordre n,, na, nz, et sont les plus générales de leur espèce, le nombre des points communs confondus avec O est égal au produit des degrés de multiplicité de ce point. Observation générale. — Les exemples précédents étant certainement suffisants pour bien fixer la méthode, nous allons nous borner à indiquer les types successifs de pro- blèmes qu’il faudrait encore considérer avant d'attaquer, par exemple, le système complet de quatre équations à quatre inconnues. On devrait se proposer de déterminer graduellement le nombre des coïncidences dans les deux types de séries (M) et (N). : Ifi (Xi, £2, A5, p,) = 0, | [i i; Xz, p) = 0, (M) fi (Ei, da, £s, po) = 0, (N)? fa (Tis Aas 2s, On) =O, / fs (is Xo; s) = 0, | / fi (His Los Lz, p) = 0; h (Es DER Ts) = 0, fs (Xis Las xs) = 0, ( 315) D’après cela, Pétude du type de séries : fi (a, Xe; La pi) = 0) fz (rs Lis Ms pı) = 0; fo (is Ka, £33 Pi) = 0, fı (x; Las Xz, pa) = 0, devient très-facile et donne par là même l’étude du nombre des solutions communes à quatre équations à quatre in- connues. PROBLÈME HE. Applications du principe de correspondance analylique à la détermination de l’ordre d’un lieu géométrique défini par des conditions algébriques (`). Ce nouveau problème est une conséquence immédiate de celui que nous venons de résoudre. En effet tout lieu géométrique, défini par des condi- tions algébriques, se présente toujours sous la forme de r + À équations : (x, y, dis Dis da, ba, az, bs, -= = 0, (£, VE ds bi, da, b2, a, ds, ven k = 0, (F) (x, VE li; Ds da, bs, dz, bz, maw k = 0, Qis Di, A, ba, az, bz, v. hr = 0, (a, bi, da, ba, ds bs, se J+ 0, renfermant r paramètres arbitraires a,, bj, aa, ba, 43, bs (°°)- (*) Nous avons déjà traité un cas particulier de cette question générale dans les Comptes rendus du 3 janvier 1876. (**) Pour mieux préciser, nous allons supposer, par exemple, » = 6 et 4. mms = ( 314 ) Il est manifeste que le nombre des points du lieu, situés à distance finie, sur la droite arbitraire A, représentée par est égal au nombre des solutions finies en p communes à ce système de sept équations à sept inconnues : (pe; qe, Mis b,, aa, Dis as; ba): —=0, (pe, qe, Ar bi, de, ba, 03, bs): = 0, (PP: qe, U» bi, az, bas az, bs) = 0, (G) (pe, qe, Cs b,, as, De, Qz, bals — 0, Qi, bi, da, bo, G3, bs) = 0, (a, bi, l2, bs, lz, bs) = 0, (a, bi, a, ba, a, bi), = 0. Ajoutons que pour obtenir ce nombre, on ne devra jamais manquer d'essayer d'abord si le principe de corres- pondance géométrique ne serait pas sûrement applicable aux diverses séries de points que décrivent sur la droite À les courbes génératrices (°*). Pour cela on mettra respet- tivement dans les quatre premières équations à la place de p les variables p1, pa, 3, Ps. _ Si le principe de correspondance géométrique n'est pas sûrement applicable, on devra, conformément à ce qui à été dit, mettre respectivement, dans les trois premières EEE MAP EE REA à (*) S'il s'agissait d'équations représentant des surfaces, on considére- rait la droite définie par l’èquation (**) C'est précisément ce qui arrive dans une multitude de cas. ( 315 ) équations, à la place de p, la lettre p,, et dans la quatrièns la lettre pa, et on cherchera, par l’application du principe de correspondance analytique, le nombre des coïncidences de ces deux séries. _ Nota. — Il est très-important de remarquer qu'avant de substituer à p les variables p,, pa»... on a pu faire subir au système (G) toutes les combinaisons qui permettent de transformer un système d'équations en un système équi- valent. Nous allons présenter un certain nombre d'applications. IL. — APPLICATIONS DE LA MÉTHODE DE CORRESPONDANCE ANALYTIQUE. PROBLÈME Ier. On a dans un plan trois courbes Si, Sa, Sz, les plus générales d'ordres m, , ma, mz. On demande l'ordre du lieu d’un point M tel que menant de ce point les tangentes d chacune de ces courbes, il y en ait au moins trois, appar- tenant respectivement à chacune de ces trois courbes, telles que la somme des carrés de leurs longueurs soit constante (`). Si Fon représente par Pa (x, y)=0; pa(x,Y)=0, gs (x; y)=0, (a, b,), (as, AN (abs) les équations des trois courbes et les coordonnées des pieds de trois tangentes correspondantes, le lieu en question (*) Dans les Applications de la loi de décomposition nous traiterons le cas où les courbes S,, S,, S ne sont pas les plus générales de leur espèce. ( 516 ) sera défini par les équations : ssl dy, de, | à en da, he. 207 vl Li "t -=æ 0; * . | r | Pi h b) = 0, . (2) | de, de, + 8 af eh er EA AL (m) plus bi) = 0, i att À a eye o, a ps (as, b) == 0, A (6) i | (x — a) + (y — b? + (x — ir + vj 4 + (2 — a) + (y — b =R, . . (1 et son ordre sera égal au nombre N des coïncidences des _ quatre séries de points définies par les relations : +) de, Q\ "lr Tu EP “Hé dee pi pi (a, b)=0, < W n taio A (9) [np + q@e) + Le 0 ee l‘ S’ d (10) a (as, b,) mins er + ek (i 1) En false) Sto, Vs ee x + ea -pla h) = 0, + , ien emd a voot (pas a) + (ga dj RE an Gn Donnons à p,, ps, p, des valeurs particulières : les a - tions (8, 9) donnent m, (m, — 1) valeurs de (a,, b,); les équations (10, 11) donnent m, (m, — 1) valeurs de La a}; ( 517 ) les équations(12,15) donnent m; (mz — 1) valeurs de (az, b5). i done on combine toutes ces solutions en (a,, b,, aa, b2, 45, 63), il en résulte, à cause de l'équation (14), 2m, „m3 . mz. (m, — 1) . (ma — 1). (mz — 1) valeurs de p,. D'ailleurs on peut appliquer sûrement le principe de correspondance géométrique à ces quatre séries de points, car en suppo- sant les variables 0, , pa, p3 finies ou infinies , le nombre des valeurs finies de p, n’est pas altéré. Reste à connaître, pour pouvoir indiquer le nombre des coincidences, le nombre des solutions finies des variables pz, pa, 0, lors- qu'on donne respectivement à (p1, Pas P4), (P1, P33 04) » (pa, P3, p4) des valeurs finies arbitraires. Cherchons, par exemple, le nombre des solutions finies de p, correspon- dant à des valeurs arbitraires finies de (oa, p3, p4). Les équa- tions (10, 11) donnent mą (ma — 1) valeurs de (a, ba) ; les équations (12, 13) donnent m; (mz — 1) valeurs de (az, b;); il en résulte donc que les équations (14, 9) donnent mą . mz (ma — 1) (m; — 1) x 2m, valeurs de (a; , b,), et, par suite, l'équation (8) donne 2m, ma m3 (ma — 1) (mz — 1) valeurs finies de pı» On trouve de même 2mimems (m; — À) (m, — 1) valeurs finies de p3, et 2m,msms (mm, — 1) (ma — 1) valeurs finies de pz; done, conformément au principe de Correspondance géométrique, le nombre des coïncidences, c’est-à-dire l’ordre du lieu, est : N = 2m mams [(m, — 1) (is — A) (ms — 1) + (m, — 4) (m — 1) + (my — 1) (m; —"1) + (m; sun 1) (m, Te 1) . 2e SÉRIE, TOME XLII. 21 (518 ) Premier problème d’algèbre. — On a le système de sept équations. - EN, (£1, Ya) + Po (£ y) = 0, + + + (1) M{x,%)—0,. . . « (3) eN (aa, Ya) + Pe (22, Y) =0,- « + + (3) M, (a, ya) =O, ern (4) Nilas y) + Pe (as, y) =0,. « + +. (9) M; (xs, ys) = 0, ee. (6) fais Vis Las Ya, Hory) =O, + + + (1) contenant les sept inconnues p, Xi, Vi, X2, Ya, Xz, Vs» dans lesquelles : 4° les fonctions (N,, Na, Nz) représentent res- pectivement des fonctions de degrés m; — 1, ma —1,m5— en (is Ya), (Xa, va) et (Xs, ys); 2° les fonctions (Pı, Mi), (Pa, Mo), (Ps, M;) représentent respectivement des fonc- tions des degrés m,, Ma, mz par rapport à ces mêmes let- tres; 3°-la fonction (f) représente une fonction du degré p par rapport à (X1,Y1» Xa, Y2, Xz, y). On demande le nombre des solutions finies en p communes à ce al aten Pour cela mett t dans les équations(1,5) à la place de p, les lettres pı et pz : on aura à chercher le nombre des coïncidences des deux séries de points défi- nies par les relations : AN, (x1, yi) + Po (Wi, yi) =O, + + + (8) U (en yj=0, . o -+ (9) PNa (£25 Yo) + Po (Nes Y) — 0. + + Milča y= 0,. + + - (11) N; (xs, Ys) + P; (x3, 95) = 0,. M; (xs, Y) = 0. es (15) f(a Yoo Lo, Yes Kos Y) =O... + : (14) TOENE EDEN ( 319 ) Lorsqu'on donne à p, une valeur particulière, les équa- tions (8, 9), (12, 15), (11, 14) donnent mit X ME X m.p solutions en (£;, Yi, Ta, Ya» Xz, Yz); done, à cause de équation (10), on a pM. mè. m? valeurs correspondantes de p. Cherchons ce que devien- nent les valeurs correspondantes du rapport p, pour p; infini. Si Ri (as, Yi), Va (£o Ya) Ta (£a, Y1); Relaas Ya), Ve (£as Vs); To (£2 Ya); Rs (as, 95), Vs (£5; Ys); Ts (as Ya); ? (Xis Yis Las Yas Xss ys) représentent l'ensemble des termes du degré le plus élevé des fonctions (Ny, P, ’ M), (Na, Ps, M), (N; ‚Ps, M), (f); ces valeurs de p, seront déterminées par les équations sui- vantes : Ri (any) + Vi lip y= 0, 0. (15) Tem ype ET pr Bars, te) + Vire ya) = 0, 7" x (87) Te (a yi =0, - o . (18) Vs (tu Hale 0, . + (19) Te vals 0, : ._. … (20) ris Yer Has Wes Lore 0,1 : . . (2) Si l’on considère x, et y, comme coordonnées courantes, les équations (15, 16) représentent respectivement une courbe d'ordre m,, ayant l’origine pour point multiple _ ( 320 ) d'ordre m, — 1, et m, droites passant par l’origine; donc ces deux courbes ont m? points communs, dont m, (m, — 1) sont confondus avec l’origine et m, sont situés en dehors de cette origine. Ainsi les équations (15, 16) donnent : m, valeurs non nulles en (x, y:) et mı (im, — 1) valeurs nulles. On trouve de même mê valeurs nulles de (x;, y). Mais une solution nulle en {x,, y) combinée avec une solution nulle en (x;, y:) donne, d’après les équations (18,21), um solutions nulles en x;, y,; donc, à cause de l'équa- tion (17), on a ga solutions nulles correspondantes de p;(°). Une solution non nulle en (x;, y;) combinée avec une solution nulle en (x;,y;) donne, d’après les équations (18,21), pm solutions non nulles en (x, y;); donc, à cause de Péquation (17), on a gmg solutions non nulles correspon- dantes de p}. Il résulte de là que l’on a en tout: 1° m, (m, —1).m$ X pm, solutions nulles de #2; 2 m,.m? X um, solutions non nulles de p. On trouve de même que les valeurs du rapport p, Se décomposent comme il suit : 1° ms (me — 1). m? X pm, solutions nulles; 2° ma. Ms X um, solutions non nulles. Donc le nombre des coïncidences est N = m, (m, —1). m? X um + mms. m; Xe = yumm m (m, + m — i). (*) On voit de suite que pour (2’, = 0, y, = 0), l'équation (17) se réduit à ?’, = 0, en divisant celte équation par (z’ Be —1 et en observant que, d’après l'éduation homogène (18), le rapport (52) niest pas nul. # (524 ) Second problème d’algèbre. — On a le système de sept - équations. eN, (x1; y) + Pole, y) =0, . 0 RA) ME) Na (aa, Ya) + Po (ara, 99) =O, + + . (3) ( M,(x,y)=0, + . + (4) pNs (ass Vs) + Pels yo) = 0, + » + (9) Me (as, Ya) Orie ess (6) fes Yos Aan Yes Tor Y) = 0, + + + AT) contenant les sept inconnues p, Xi, Yis X2 Vas X3, Yz, dans lesquelles : 4° les fonctions N,, Na, N; représentent respec- tivement des fonctions de degrés m, — 1, m, —1;, m — 1 en (xt, Yi) (Ras Ya), (Xss Ya); 2° les fonctions (Ps, Mi), (Pa, Ma), (Ps, M3) représentent respectivement des fonc- tions de degrés m; , Ma, mz par rapport à ces mêmes let- tres ; 3o la fonction (f) représente une fonction du degré v par rapport à (X1, Yi, Xa Ya, X3, ys). On demande le nombre des solutions finies en p communes à ce système. Pour cela mettons, dans les équations (1, 3), à la place de p, la lettre 9, , et dans l'équation 5, la lettre pa. On aura à chercher le nombre des coïncidences des deux séries de points définies pour les relations : AN y) + Pilen y)=0, + + - + (8) W (x,y) =0,« . (9) AN (ass y) Biti fo) =O 4 . . (10) Me (es yj, . . - (1) paN (ze, Ya) + Pas, Ga) =O ee - + (14) Mets ya) =0, ste ve (15) f (wis Voo Aarts Teyler Que (F8) ( 322 ) Lorsqu'on donne à p; une valeur particulière les équa- tions (8, 9), (10, 11), (13, 14) donnent mè X mè . um; solutions en (ti, Yis Las Ya, Ts, Ys); done, à cause de l'équation (12), on a me X mÊ X um; valeurs correspondantes de pz. Cherchons ce que deviennent les valeurs correspon- dantes du rapport p, point p> infini. Si R, (x, Yı) V, (x ’ y), T, (x, , yı); 2 Sron) Va (ta Yah T; (as, ye); Rs (as, 2 Ys) Vs (as, Ys) , Tz (xs, Ys); ? (di, Yis Tes Vas Xz, Ys) représentent l’ensemble des termes du degré le plus élevé des fonctions (N;, P,, M;), (Na, Ps, M3), (N,, P,, M,), (P), ces valeurs de p, seront déterminées par les équations sui- vantes : E ARAA =0,. . . « (15) Eels) 0; + + (10 R: (x35 ya) + Valez y) = 0y . . . (17) NE pals (£5, 95) + Vs(xs,y) —=0, . . . . (19) Tiles jj =0;. « . 0 (toys, pas, y) =O, . + + (21) Les équations (15, 16) donnent m, valeurs non nulles en x,y: et m, (m, — 1) nulles. Les équations (17, 18) donnent m, valeurs non nulles en Xa, Ya et M, (M, — 1) nulles. ( 323 ) Mais une solution nulle en (x1, yı) combinée avec une solution nulle en (x,, #5) donne, d’après les équations (20, 21), pm solutions nulles en (x;, y:); donc, à cause de l’équation (19), on a pm, solutions nulles correspon- dantes de ps. Une solution non nulle en (x,, y) combinée avec une solution nulle en (x,, y:) donne, d’après les équations (20, 21), um, solutions non nulles en (x;, y:); donc, à cause de l'équation (19), on a um, solutions non nulles corres- pondantes de ps. Il résulte de là que l’on a en tout : 49 m. li — 1) (ms — 1) X um; solutions nulles en p3; 2° mè. m X um, — mm. m, (Mm, — 1) (m — 1) gm; solutions non nulles en py. . Connaissant le nombre des valeurs nulles de o,, il suffit, pour obtenir le nombre des coïncidences, de connaître le nombre total des solutions nulles et non nulles de p‚. On trouve de suite, en s'appuyant sur le premier problème d'algèbre, que ce nombre total est égal à ummm (m, + Me — 1), done le nombre des coïncidences est N = gem, ma. m; (m, — 1) (m — 1) + pm, ma. mẹ (m, + ma —1), ou.bien i N = pm, . m.m; [Mg + Mmm; + mm, — m, — m — m; + 1]. Second problème de géométrie. — On a dans un plan trois courbes S,, Sa, Sz, les plus génerales d'ordres mi, M2, Mz. On demande l’ordre du lieu d'un point M tel que ( 524 ) menant de ce point les normales à chacune de ces courbes, il y en ait au moins trois, appartenant respectivement à chacune de ces courbes, telles que la somme des carrés de leurs longueurs soit constante. En employant les mêmes notations que dans le pre- mier problème de géométrie, on voit que la question revient à trouver le nombre des coïncidences des deux séries de points (°) définies par les relations : dy, de, dyi p> — a —— zn re nlr B | 5 db, -> “da, ; m ga (a, b,)— D, ui (2) dz dp: dze dya z EYEN UE err de == - . . 9 (P db, 7 da) RE mme 6) eek er Frs (4) ds dzz da; des MU gum =b,- . - D AG db, a da pa me gs (as, b) =0, + + : (6) pè (p+ 9) — 27: [plas -+ az + as) + q (ls ete a + af + bita bf + atb —R'—=0. . ) Lorsqu'on donne à p; une valeur particulière les équa- tions (1,2), (5, 4), (5, 6) donnent mi. M. Ms solutions en (x,, Yi, £2, Yz, #3, Yz); donc, à cause de l'équation (7), on a ami". n°.) TA CITÉS eendje (*) Dans ce second problème, où les normales remplacent les tangentes , nous ne considérons que deux séries de points et non quatre, parce que ici en supposant les variables p,, Pas ps infinies, le nombre des valeurs finies de p, serait altéré. ( 325 ) valeurs correspondantes de p,. Cherchons ce que devien- nent les valeurs correspondantes du rapport p, pour ps infini, Si l’on pose, pour p; = œ, et si l’on désigne par U, (ai; b,), U, (as, bə) ’ U; (as, bs) l’ensemble des termes du degré le plus élevé des équa- tions (2, 4, 6), on voit facilement que ces valeurs de p, sont déterminées par les équations dU, dU, dU, dU, gi tbh 0, en … + (8 Pd tdan ln a (8) Dita: D} 0.5 2 #5 10) J ee ee ee LS -3 00 db, da; db; das Vila b 0 Eee dU; dU; dU; dU; A nh ( £ db; 1 da; Fa db; Un da; Î (12) Ula ble sane (09) 5 (25) (pa + qe) — Zop (a, +b, +5) + q(bi+b:+b5)] + (a) + (bi)? + (a) +(b)+(a)+(05)—0. (14) Ces équations donnent évidemment : 4° m, valeurs non nulles de (a;, b;) et m, (m, — 1) nulles; 2° m, valeurs non nulles de (as, bj) et m (ma — 1) nulles; 5° m, valeurs non nulles de (az, b;) et m; (ms — 1) nulles. On a donc M, + Ma - Mz » (M, — 1) (Ma — 1) (ms — 1) ( 526 ) solutions nulles en (a',,b',,a',,b',,a';,b's), et mt. mt. mt — M. Me. Ms (m — À) (ma — 4) (m; — 1) solutions pour lesquelles deux au moins de ces six incon- nues ne sont pas nulles; donc, à cause de l'équation (14), on a: 1° 2mmms (m, — 1) (m, — 1) (m; — 1) valeurs nulles de Ps; l 20 Im,?. M. M? .— 2m, . m, . m; (m, — 1) (m — 1) (m; — 1) valeurs non nulles de p2. Connaissant le nombre des valeurs nulles de p,, il suffit, pour obtenir le nombre des coïncidences , de connaître le nombre total des solutions nulles et non nulles de p;. On trouve de suite en s'appuyant sur le second problème d'al- gèbre, que ce nombre total est égal à 2m, M. Ms [m, + Me + Ma Mz + Mz Mı —M — Ma — ms +1} done le nombre des coïncidences est N = 2mymyms (m, — 4) (ma — 14) (n, — 4) + 2m,m,m; [m « m + mm, + m, . m, — m, — m, — ms +1}; ou bien N == 2m + me . Ms. Observation générale sur Pinépuisable fécondité de la méthode de correspondance analytique. — Les deux pro- blèmes que nous venons de traiter suffisent, croyons-nous; pour bien mettre en évidence l'extrême facilité avec laquelle ( 327 ) s'applique la méthode que nous venons d'exposer (`). Cette facilité est telle, en effet, qu’il suffit, en quelque sorte, de regarder les équations, comme en géométrie pure on con- temple les figures, pour pouvoir donner sur-le-champ la réponse à la question proposée. Il y a plus : notre méthode appliquée à une question très-générale n'offre pas habi- tuellement plus de développements pour le cas le plus général . de la question que ceux que comporte le plus simple des cas particuliers. On peut ajouter que cette pure inspection des données à laquelle on se borne, suggère immédiatement une foule d’autres questions que l’on doit pouvoir résoudre tout aussi facilement. C’est ainsi que l’on peut déterminer très-facilement les degrés des lieux obte- nus en considérant dans les problèmes précédents : 1° K courbes au lieu de trois; 2° en supposant une rela- tion quelconque entre les longueurs des tangentes ou des normales ; 3° en supposant une relation quelconque entre les coefficients angulaires des tangentes; 4° en établissant une relation quelconque entre les coordonnées des points de contact. Par exemple, pour deux courbes, en suppo- sant la distance constante; pour trois courbes, en suppo- sant que le triangle formé par les trois points de contact soit rectangle, soit isocèle, ait un périmètre constant, ait une aire constante, ait une aire nulle, etc., etc.; pour quatre courbes, en demandant que les quatre points de contact soient sur un cercle, etc., etc. (") Le lecteur qui ne serait pas, par ces quelques exemples, suffisam- ment familier avec la nouvelle méthode, trouvera d’autres applications dans les développements qui concernent la loi de décomposition ; il peut en outre consulter : fe les Nouvelles Annales, 1875; 2° notre Mémoire Considérations générales sur la détermination, sans calcul, de l'ordre d'un lieu géométrique; 3° les numéros des Comptes rendus du 5 janvier, du 4 septembre et du 18 septembre de l’année 1876. ( 3528 ) ADDITION. PROBLÈME Ier. Trouver l’ordre du lieu des foyers du système de coniques représenté par l'équation Ax? + Bay + Cy? + 2Dx + Ey + F—0,: « (1) dans laquelle les coefficients sont des fonctions entières les plus générales de degré p. d’une variable à}. Les coordonnées des foyés étant déterminées par les équations AC — B’) + (AE — BD)x + De jeg DE — BF—0, . . . (2) (AC — ne — 3?) + (BE — CD}x + T + F(A — C0) — D + E—0,. . . EEL) on voit que l’ordre du lieu cherché est égal au nombre des valeurs finies en p communes à deux équations de la forme (REDE velde sede 5 4 000 aü teelde tr nl) =Ô, à 03100) dans lesquelles les cinq fonctions Du y Pas Pr Pas Ps SON du degré 2 par rapport à la seconde inconnue À. Si l’on substitue au système de ces deux équations (4,5) le système équivalent : (ouders galahe + 55()=0, + + + : (6 els) —ealallt sl) =O + (0) ( 329 ) on voit immédiatement, en remplaçant respectivement dans ces deux dernières équations p par p, et p, , que le nombre des coïncidences des séries ainsi obtenues, Cest- à-dire le nombre des solutions communes cherchées, est égal à 6u. Donc le degré du lieu est 6u. Remarque. — Si le système n’admet pas de conique infiniment aplatie, il n’y a pas de solutions étrangères et l’ordre du lieu véritable est 6x. Dans le cas contraire, nous avons vérifié dans une foule de cas en prenant pour ori- gine un point quelconque de l’une de ces coniques excep- tionnelles, que chacune d’elles compte pour 3 dans le nombre 6v. PROBLÈME HI, Déterminer, par la méthode de correspondance analy- tique, le degré d’une courbe gauche définie par des con- dilions algébriques. Un seul exemple suffira pour bien fixer la méthode. — Supposons la courbe définie par les équations l'A (EU, 2, we), (a) í hls, Y, Z, a)=0, ACER Y: Z, a)=0, de degrés };, L, l; par rapport à x, y, z et dont les coef- ficients sont des fonctions les plus générales de degrés æ, %2,% Par rapport au paramètre variable a. Il est évident que si (pre rs Ax + By + Cz + D—0, représente l'équation d’un plan arbitraire , le nombre cher- ché sera marqué par le nombre des coïncidences des séries ( 530 ) définies par les relations (M) ou (N) : fils, VERT a)—= 0, fil, Y, z, p} = 0, ' fala, Ys Z, p) =D, N fala, Y, 2, p) = 0: (M) ha, Y, Z, es) =0, ( ) f(x y; Z, p) —=0;, \ Ax + By + Cz + D= 0; Ax + By + Cz + D—0. Considérons les séries définies par les relations (M). On voit immédiatement qu’à des valeurs arbitraires finies ou infinies de (p4, pa), (p1> P3), (Pa, ps) correspondent (4; . la.as) valeurs finies de pz, (4. lz .æ) valeurs finies de pa, (l2.ls.41) valeurs finies de o,; donc, conformément au principe de correspondance géométrique entre trois séries de points, l’ordre de la courbe gauche est Os di Né + bis ai O Application. — Si l'on suppose l, = m, la =n, =P et aj =a = &; = 1, ou à N— nm + np + pm, ce qui s'accorde avec un théorème de M. Chasles. (Voir le Rapport sur les progrès de la géométrie, p. 249.) Le problème de la détermination de l’arête de rebrous- sement de l'enveloppe d’une surface de degré l (M) . nf y, ZA + (x, y, zat ta p(T, y, za + pt, yazar A. —0, contenant un paramètre arbitraire a, au degré +, conduit aussi à une application de la formule (1). Cette courbe gauche est, en effet, définie par l'équation (M) et par les deux équations (N), (P) obtenues en prenant deux fois la dérivée de (M) par rapport à la variable a. Si on résout l’équa- NEE A ME a, (°) On aurait pu obtenir ce nombre en cherchant , par le principe de correspondance analytique, le nombre des valeurs finies en æ ou y OU 2, communes aux équations (A) et (A'), mais le calcul eût été plus long. de PEUR A ( 531 ) tion (P) par rapport à @, (x, y, z)a*-* et qu'on substitue cette valeur dans les équations (M), (N), on obtient deux nouvelles équations (M'}, (N’) dont le degré par rapport à la variable a est diminué d’une unité. Si l'on résout la nouvelle équation (N') par rapport à oa (x, y, z)a** et qu’on substitue cette valeur dans (M), on obtient en défi- nitive trois équations , du degré ! par rapport à x, y, z et du degré (x — 2) par rapport à la variable a, auxquelles sont applicables la formule (1). PROBLÈME IH. On a un système de (r + 1) équations contenant (r + k) inconnues a,b,c,d, e, f,....;on élimine, entre ces (r + 1) équations, r de ces inconnues, et l’on demande le degré de équation ainsi obtenue , degré considéré soit par rap- port à une seule ou à plusieurs inconnues non éliminées (`). Supposons que les équations en question soient : Aabe der fien 7. (A Klas be de md es es a HR Oe De et qu’il s’agisse, par exemple, d'éliminer les inconnues e, f entre ces trois équations. Représentons par blondie dje 0,554 es (A Péquation ainsi obtenue, et proposons-nous d'obtenir successivement le degré de cette équation soit par rapport à une seule des quatre lettres a, b, c, d, soit par rapport à deux d’entre elles, soit par rapport à trois d’entre elles, ou enfin soit par rapport à toutes les quatre. (*) Pour mieux préciser, nous supposons r = ? et k = 4. ( 532 ) 4° Degré par rapport à la lettre a. — Si dans l'équa- tion (4) on donne aux lettres b, c, d des valeurs arbitraires, il en résulte un nombre constant de valeurs correspon- dantes de a, nombre qui représente le degré cherché; donc on obtiendra ce degré en cherchant le nombre des solutions finies en (a, e, f) communes aux trois équa- tions (1), (2), (5) dans lesquelles on supposera que les lettres b, c, d représentent des coefficients numériques donnés. ; æ Degré par rapport aux deux lettres (a, b). — En raisonnant comme dans le cas précédent, on voit sans peine que ce degré est égal au nombre des solutions finies en p communes aux trois équations fı (pe, qe, C; d, €, H=, f2 (pes Qeste dye, f)=0; f (Pes qese,d, c;f)=0; dans lesquelles e, f représentent les deux autres incon- nues, les lettres p, q, c, d étant supposées représenter des coeflicients numériques arbitraires. 3° Degré par rapport aux trois lettres (a, b, c). — On voit de suite que ce degré est égal au nombre des solutions finies en p communes aux trois équations fi (pes qe» re, d, €, fi =ð, fa(pes ge, re, d, ef) =0, fz (pe; qe, Tosd €; f}=0; dans lesquelles e, f représentent les deux autres inconnues, les lettres p, q,r, d étant supposées représenter des coeflicients numériques arbitraires. 4 Degré par rapport aux quatre lettres (a, b, €, d). — On voit de suite que ce degré est égal au nombre des RE te à ( 335 ) solutions finies en p communes aux trois équations fı (pes qe» re, 5e, f)=0, fa (Pes ges re, se, €; f) =O, fs (pe, qe» re, 5e, e, f) =O, dans lesquelles e, f représentent les deux autres incon- nues, les lettres p, q,r, s étant supposées représenter des coefficients numériques arbitraires donnés. ConcLusion. — Le problème proposé est done une con- séquence immédiate de ce problème déjà résolu : Trouver le nombre des solutions, en valeurs finies, communes à k équations contenant k inconnues. ; —— Sur lécoulement du mercure par des tubes capillaires et les phénomènes électriques qui l'accompagnent; par M. W. Spring. J'ai montré, dans un mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter dernièrement à l'Académie (*), que les diverses sources d'électricité telles que le frottement, l'action chi- mique, l'induction magnétique, etc., ete., si disparates en apparence, n'étaient que des manières d'être différentes d’un même procédé physique. Ainsi qu’on se le rappelle, le principe d’où découle ce procédé est le suivant : Tout changement dans l'énergie attractive est accom- pagné d'un changement dans l’état électrique des corps. Je ns pas pu, jusqu’alors, entrer dans les détails néces- (*) Sur le développement de Rare statique, BULLETINS DE L'ACADÉMIE, 2we série, t. XLI, p. 1024, men SÉRIE, TOME XLII. +. ( 354 ) saires pour que l’on puisse acquérir une notion complète de la nature de ce principe; désirant prendre date, j'ai dù me borner à l’énoncer seulement; l'étude des faits qui le démontrent n'étant pas complétée, les développements dont je lai accompagné ne pouvaient avoir pour objet que d'en montrer le plus ou moins de plausibilité. Du reste, on ne pourra être définitivement fixé sur sa valeur que lorsque les conséquences auxquelles il conduit auront été vérifiées expérimentalement. J'ai dirigé actuellement mes recherches vers l'étude des phénomènes électriques qui accompagnent l'écoulement du mercure par des tubes capillaires, en vue de vérifier une des conséquences de mon principe. Ce mémoire faisant suite au précédent, comme je viens de le dire, il me sera permis, je pense, de toucher, aussi brièvement que possible, un point de mon dernier travail avant d'aborder l'exposé de mes expériences actuelles. Je ne suis entré que dans bien peu de détails, dans mon dernier mémoire, en ce qui concerne la question des deux électricités, ou mieux, de cette différence qui existe dans les propriétés de l'électricité et que l'on a interprétée en admettant l'existence, soit de deux électricités différentes, soit d’une seule électricité. Pour combler cette lacune, _reportons-nous à la célèbre expérience de Volta. _ J'ai montré, dans mon précédent mémoire, que ce n’était pas pendant le contact que les plaques se chargeaient d'électricité, mais bien lors de leur séparation : c'est l'effort que Fon doit faire pour les séparer qui est trans- formé en électricité. Dès lors tout est conforme au prin- cipe que j'énonce, car quand on met les plaques en con- tact, elles adhèrent, et pour les séparer il faut faire un certain travail qui se transforme en électricité. ( 335 ) Mais cette quantité d'électricité, qui devient sensible et que l’on peut mesurer, est-elle la quantité totale qui prend naissance par l’arrachement des plaques ? en d’au- tres termes, est-il possible de se servir de cette expérience pour déterminer la valeur du travail dépensé et de l’élec- tricité produite ? L'expérience montre elle-même qu’il n'en est rien : on sait, en effet, que si l’on sépare deux plaques d’un même métal, deux plaques de cuivre, par exemple, après les avoir mises en contact, toutes deux étant dans les mêmes conditions physiques, à la même température, dans le même état de surface et de mêmes dimensions, on n’ob- serve pas le moindre vestige d'électricité. Est-ce à dire qu'il ne s'en produit pas? En aucune façon. A cause même de l'égalité absolue de toutes les conditions phy- siques des deux plaques, il n’y a pas de motifs pour qu'il y ait transport de l'électricité positive plutôt sur une plaque que sur l’autre, chacune prendra, dès lors, la même quantité des deux électricités et ces deux dernières, à cause du pouvoir conducteur des plaques métalliques, se neutraliseront mutuellement. Cette neutralisation étant toujours accompagnée de phénomènes calorifiques, les -deux plaques s’échaufferont. Par conséquent, dans le cas d'identité des plaques con- ductrices, ce n'est pas de l'électricité que lon consta- tera après le contact , mais de la chaleur. Un seul contact, suivi d’une seule séparation, ne peut pas produire une quantité de chaleur suffisante pour être constatée par les moyens dont on dispose aujourd'hui ; il est facile de s'en assurer : si l’on suppose, en effet, une plaque de cuivre carrée de 0",100 de côté et 0",001 d'épaisseur, soit donc d’un poids de 89 grammes environ et que l'effort nécessaire ( 536 ) pour opérer la séparation d'avec une autre plaque iden- tique, soit 50 grammes, pendant une course de 0",0001, ce qui représente une forte exagération, on ne pourrait arri- ver qu'à une augmentation de température marquée par 0°,000.000.000.08, la chaleur spécifique du cuivre étant 0,0951 et l'équivalent calorifique du travail #; inutile de répéter qu'il serait impossible de mesurer cette aug- mentation de température. 5 Il y a cependant un moyen de vérifier le fait. J'ai montré qué sous le rapport de la génération de l'électricité on devait considérer le frottement comme un arrachement continu de deux corps en contact. Or si l'on frotte deux plaques de cuivre de même surface Fune contre l’autre, on n’engendre pas d'électricité ; ce fait est la conséquence du résultat négatif que lon obtient quand on veul s'assurer si par simple arrachement ces plaques peuvent produire de l'électricité. Mais, s’il n’y a pas d'électricité produite par le frottement, il y a au contraire de la chaleur produite : d’après mon principe, cette chaleur proviendrait de la neutralisation continue de l'électricité pendant le frottement des plaques. Il résulte done de ce principe que la chaleur qui se produit pendant le frottement de deux corps est la conséquence d’un phénomène électrique pré- cédent. Le travail détruit se transforme en électricité et celle-ci en chaleur : ainsi s’expliquerait, d’une manière très-simple, non-seulement comment il se fait que le frot- tement engendre de l'électricité, mais même de la chaleur. Le fait que j'énonce ici me semble grave; on voudra donc bien me permettre d’entrer encore dans quelques détails en ce qui le concerne. En premier lieu, s’il est vrai que la chaleur produite par le frottement de deux corps l’un contre l'autre est le ( 337 ) résultat de la neutralisation de l'électricité produite au préalable, il faut qu'il existe une relation très-simple entre la quantité d'électricité et la quantité de chaleur produite : ainsi, si la quantité de chaleur est grande, la quantité d'électricité devra être faible; si, au contraire, la quantité de chaleur est faible, la quantité d'électricité devra être grande, de telle façon que la somme des valeurs d'équivalence de ces deux quantités soit égale dans tous les cas au travail dépensé. Eh bien, on a observé depuis longtemps que lorsque le plateau d’une machine élec- trique s’échauffe, la quantité d'électricité est faible ou nulle, selon le degré d'échauffement; inversement, on obtient le plus d'électricité quand le plateau reste froid. En second lieu, si l’on dissout un métal dans un acide, il se produit de l'électricité et ceci est conforme à mon _ Principe comme je l'ai montré : lorsque cette électricité ne peut pas sortir du vase dans lequel elle prend naissance, elle se neutralise dans le vase même avec dégagement de chaleur; si, au contraire, on enlève cette électricité, l’échauf- fement produit dans la pile est moindre; on est autorisé à dire, je crois, qu'il serait nul si l'on pouvait amener l’élec- lricité à se neutraliser entièrement hors de la pile. Ainsi se trouve démontré ce fait expérimental découvert par Faraday, à savoir que la chaleur engendrée dans une pile n'est pas une action secondaire de l'électricité, mais l'équi- valent du courant anéanti. Il est clair que ce qui se dit des actions chimiques qui se passent dans les piles, peut S'appliquer également à toutes les actions chimiques: il Suit de là que, de même que la production de chaleur par le frottement est Ja conséquence d'un phénomène élec- trique, de même la mise en liberté de chaleur dans les ( 538 ) combinaisons chimiques n’est probablement due qu’à un phénomène électrique. Revenons maintenant au point qui nous occupe. Si, au lieu de séparer l’un de l’autre deux corps conduc- teurs de même nature, on agit sur deux corps non con- ducteurs de même nature, on constatera la production d’une certaine quantité d'électricité (*) et même aussi dans le cas où les deux corps seraient conducteurs s’il existe entre eux une différence de température. I résulte de ce qui précède que, lorsque les conditions physiques des corps ne sont pas les mêmes, la séparation des corps entraîne la production d’une certaine quantité d'électricité qui n’est pas la somme totale de celle déve- loppée, mais seulement le résidu d’une neutralisation partielle; quand les corps sont conducteurs, la neutralisa- tion est totale et de la chaleur sera engendrée. Je passe maintenant à l'exposé des recherches que j'ai faites pour vérifier une des conséquences de mon principe. Supposons que nous possédions un certain volume d'un liquide homogène, volume que je supposerai sphérique; toutes les molécules placées à une distance de la surface du liquide plus grande que le rayon de leur sphère d'ac- tion seront en équilibre sous l’action des molécules entou- rantes; celles placées à la surface, au contraire, ne sont attirées par les voisines que vers l’intérieur du liquide. On peut donc dire, pour abréger le discours, que l'activité attractive est égale en tous sens pour les molécules de la profondeur et inégale pour celles de la surface; or si la ed I RNA Re en (©) Voir Ries, Die Lehre der Reibungselectricität, t Il, pp. 400-404. ( 339 ) surface du liquide augmente au delà d’une certaine limite marquée par Ja tension superficielle maxima qu'il peut subir, des molécules de la profondeur devront passer à la surface et il en résultera un changement dans l’équi- libre moléculaire : ce changement peut être assimilé à une augmentation ou à une diminution d’adhésion; il doit done, d’après mon principe, être accompagné de phé- nomènes électriques. Toutefois il est visible que l'on ne peut pas confondre entièrement le cas actuel où un seul et même corps diminue d’adhérence au cas où la diminution se produit par la division d’un corps en un ou plusieurs autres. Les phénomènes calorifiques qui accompagnent le dégagement d'électricité peuvent être très-compliqués; c’est ce que des recherches ultérieures nous montreront. On peut cependant dire qu’en général à tout changement de la surface d’un corps, la quantilé pondérale de celui-ci restant la même, correspond un changement dans son état électrique. Telle est la thèse que j'avais consignée dans un paquet cacheté dont l'Académie a bien voulu accepter le dépôt le 10 février dernier et qu’elle a ouvert à ma prière, dans sa séance du mois de mai. On sait que M. Van der Mens- brugghe est arrivé exactement au même résultat en par- tant, cependant, de considérations bien différentes. On peut vérifier expérimentalement cette thèse d'un grand nombre de manières. Pour le moment je ferai con- naître les observations que j'ai faites pendant l'écoulement du mercure par un tube capillaire. Si Pon fait couler du mercure par un tube capillaire assez fin, il sera débité par gouttes. Depuis l'origine de la formation de chaque goutte jusqu'au moment où elle se ( 540 ) détache du tube, sa surface va en augmentant ; cette dila- tation doit être accompagnée de phénomènes électriques. En variant de différentes manières les conditions de l'expérience ‚j'ai pu voir que nos connaissances sur l’écou- lement des liquides pour des tubes capillaires, laissaient à désirer en quelques points. Je n’ai pu obtenir quelques- uns des résultats annoncés par les physiciens qui se sont occupés de cette question et d’un autre côté, je me suis assuré que quelques facteurs, importants cependant, avaient passé inaperçus; les recherches présentes ont donc un double but : elles montreront d’une part que la forma- tion des gouttes de mercure est en corrélation intime avec les phénomènes électriques et d'autre part, elles contribue- ront à compléter l'étude de l'écoulement des liquides par les tubes capillaires. Dans un mémoire très-savant qui a paru en 1872; M. E. Duclaux (‘) a fait historique complet des travaux entrepris sur l'écoulement des liquides par les tubes capil- laires; il me sera permis, je crois, en vue d’abréger Fo mémoire, de renvoyer, pour ce qui concerne cette partie , au travail de ce physicien. Il résulte des travaux tant théoriques qu’expérimentaux qui ont été faits sur la matière, que l’équation du mouve- ment d’un liquide dans un tube cylindrique doit être ex- primé par rD? | ge = DL (av + Bv?) 54) mn. (*) E. Ducraux, Recherches sur les lois des mouvements des liquides dans les espaces capillaires, ANN. DE CHIMIE ET DE PHYSIQUE , 4, t- XXV, pp. 435-501. ( 31 ) L étant la longueur du tube, D son diamètre, H la pres- sion évaluée en colonne du même liquide sur l'unité de surface, g l'intensité de la pesanteur, V la vitesse et À et B deux constantes. L'expérience ne vérifie pas cette formule d’une manière satisfaisante : c'est ainsi que pour des tubes larges les forces retardatrices paraissent proportionnelles au carré de la vitesse, tandis que pour des tubes plus étroits elles sont proportionnelles à la première puissance de la vitesse. L'équation (1) devient d’après Girard (°). tandis que d’après Poiseuille (‘*) on aurait D? — pH — : ui p L on le voit, l’accord entre ces formules n’existe pas. La formule de Girard s'obtient en supposant que le liquide coule dans le tube de façon que la vitesse de ses particules soit constante dans une même section droite du tube. En effet, dans ce cas, les forces retardatrices se produisent uniquement au contact de la paroi solide et (*) Gmard, Mémoire sur Pécoulemenl linéaire de diverses substances Par des tubes capillaires, MÉMOIRES DE L'ACAD. DES SCIENCES DE Paris, 1,1818 ‚p. 187. C) Podsoitk. Recherches expérimentales sur le mouvement des liquides dans des tubes de très-petit diamètre. IDEM (Savants élran- gers), IX, p. 455. ( 542 ) doivent être proportionnelles à sa surface rDL, les forces accélératrices seront exprimées par EE SE" donc D? DH gu —— — 7DL.AV et VC La formule de Poiseuille peut s’obtenir, au contraire, comme Boussinesq l’a montré (*), en admettant que la vitesse du liquide soit nulle au contact de la paroi et qu'elle augmente à mesure qu’on se rapproche de l'axe du tube. Il suit de là que la formule de Poiseuille sera mieux vérifiée pour des liquides qui mouillent les parois du tube, tandis que celle de Girard s’appliquera de préférence aux liquides qui ne jouissent pas de cette propriété. Quoi qu’il en soit, les déterminations que j'ai faites montrent que les vitesses d'écoulement du mercure par des tubes capillaires de verre ne suivent pas, non plus, d’une manière satisfaisante, les lois traduites par la for- mule Nash ef L d'autres résistances que le frottement doivent encore venir en ligne de compte; ensuite la méthode expérimentale | SRE RÉ M (*) Boussiesg, De l'influence des frottements dans les mouvements réguliers des fluides, Mémoires DE L’ACAD. DES SCIENCES DE PARIS (Savants étrangers), 1868. ( 543 ) suivie poar déterminer V ne me paraît pas heureusement choisie. : Excepté Hagen , tous les physiciens, qui ont mesuré v ont opéré en déterminant le volume de liquide écoulé dans une unité de temps; je crois que c'est une faute, la mésure rigoureuse d’un volume est chose très-difficile ; on ne doit y avoir recours que lorsqu'on y est absolument contraint; ensuite on complique singulièrement le pro- blème lorsqu'on étudie l'influence de la température sur la vitesse d'écoulement. I est en effet visible à priori que cette méthode ne permet pas de saisir facilement les rela- tions qui peuvent exister entre l'augmentation de la vi- tesse d'écoulement des liquides par l’action de la chaleur et leur dilatation. Pour ces motifs j'ai déterminé par pesées la quantité de mercure écoulé dans l'unité de temps. Comme je viens de le dire, j'ai entrepris ces expe- riences pour connaître l'influence de quelques facteurs Sur la vitesse d'écoulement du mercure par des tubes capillaires. Les facteurs non encore pris en considération jusque maintenant sont : “eu i 1° La nature du milieu dans lequel se fait l’écoule- ment; 2 L'électricité. Ensuite deux facteurs peu étudiés ou sur lesquels existent des données contradictoires qui sont : a. L'influence de la surface capillaire; b. L'influence de la température. Il ya peut-être encore d'autres causes qui modifient la Vitesse d'écoulement: c'est ce que des recherches ulté- rieures pourront établir. Ayant dû modifier les formes des appareils pour chacun ` f ( 544 ) de ces cas, je les ferai connaître à mesure que j'avancerai et je commencerai par l'étude de l'influence de la tempé- rature. Influence de la température. De tous les physiciens qui se sont occupés de cette question, Girard est le seul qui ait fait des expériences pour connaître comment la vitesse d'écoulement du mer- cure varie avec la température; il est arrivé à un résultat très-inattendu , à savoir que le volume de mercure écoulé dans une unité de temps serait indépendant de la tempé- rature, tandis que pour les autres liquides le contraire pourrait être observé (*). Or, si l’on considère qu'à une température supérieure le mercure a une densité moindre qu’à une basse température, on doit en conclure que la quantité pondérale de mereure écoulé va diminuant quand la température augmente. Il est vrai que Girard admet que la température contribue seulement à diminuer Pad- hérence des liquides aux parois du tube, et comme le mercure n'adhère pas au verre à la température ordinaire (selon Girard), puisqu'il ne le mouille pas, il ne serait pas étonnant que l'influence de la chaleur ne fût pas sen- sible. fl est visible, à priori, qu'il ne peut pas en être ainsi, Car, s'il est vrai que le mercuré ne mouille pas le verre, il est pourtant vrai qu’il y adhère avec une certaine énergie. Girard montre cependant que le volume de mer- cure qui demande 80” de temps pour s'écouler à 65°C en demande également 80” à 14°. J'ai done cru qu'il serait intéressant de vérifier ce fait étrange. (*) Girard, Loco cilalo, pp. 240-244. ( 345 ) A cet effet je me suis servi d’un appareil composé d'un ~ tube capillaire en verre à parois très-minces afin qu’il puisse facilement se mettre en équilibre de température avec le milieu dans lequel il se trouve. Ce tube était placé dans l'axe d’une petite auge en fer-blanc, remplie d'huile, que l’on pouvait chauffer sur toute sa longueur au moyen de lampes. Le mercure était contenu dans un réservoir en verre, placé à une certaine hauteur en dehors du bain d'huile et communiquant avec le tube capillaire au moyen d’un tube muni d’un robinet en verre. Le mercure du réservoir n'était pas chauffé; pour corriger ce défaut, j'ai soudé au tube capillaire, à l'extrémité correspondant à l'entrée du mercure, un tube large en verre, renflé encore Par quelques petites boules soufllées sur son étendue; ce tube large plongeait dans le bain d'huile et c’est à ce der- nier seulement que venait se fixer le robinet en verre. Dans ces conditions on peut être certain que le mercure est con- venablement chauffé avant d'entrer dans le tube capillaire, car, vu la lenteur avec laquelle l'écoulement se fait, le volume du mercure écoulé pendant le temps de l'expérience est un peu inférieur au volume du tube large; il suffit dès lors d'attendre assez longtemps, avant de faire une déter- mination, pour que l’on puisse avoir la certitude qu'il y a égalité de température entre le mercure remplissant le tube capillaire et célui remplissant le tube large. _ Jai laissé chaque fois couler du mercure pendant cinq minutes comptées au moyen d’une montre à secondes indépendantes; la quantité de mercure écoulée était pesée après refroidissement, puis versée de nouveau dans le ré- servoir; de cette façon la hauteur de chute du mercure était maintenue constante à l’origine du mouvement. Pour obtenir la hauteur de chute effective, il suffit de prendre è ( 546 ) : la moyenne entre les hauteurs de chute initiales et finales, comme Poiseuille l’a démontré du reste. Cette hauteur de chute, mesurée au cathétomètre, était 0",36992. La longueur du tube capillaire était 0,"4940 et son diamètre, déduit du poids d’un fil de mercure remplissant toute sa longueur, 0,"00072. Les premières déterminations ont eu lieu à la tempéra- ture de 0° maintenue au moyen de glace fondante : les températures supérieures ont été réalisées en chauffant, ainsi que je l'ai dit plus haut, le bain d’huile sur toute sa longueur au moyen de lampes à flammes très-faibles ; je ne commencais les déterminations que lorsque la température était devenue constante. Le tableau suivant traduit les résultats obtenus : Poids de mercure écoulé pendant cinq minutes. tonne à 0e à 20,25 à 56,00 à 85,50 219,101 298,652 248,428 261,445 212,475 228,732 248,417 261,568 212,488 228,914 248,732 291,580 212,075 298,823 248,673 . 261,414 212,581 298 781 248,548 261,605 212,552 228,890 248,590 261,594 219,526 298,699 248,688 261,518 212,253 228,843 248,754 228,931 DRTE len Moy. 212,531 228,807 248,604 .261,551 ( 347 ) On voit que la q antité p E TRR Den ` l'unité de temps augmente rapidement avec la température contrairement à ce qui aurait dù se produire d’après les observations de Girard. Les résultats précédents conduisent à l’équation Lin dana = qo | 1 + 0,0044965 — 0,00003452 42 -+ 0,000000134875 15 } . Il est inutile de faire observer que cette relation n'est applicable qu'aux cas où la hauteur de chute, aussi bien que la longueur du tube et son diamètre, ont les valeurs indiquées plus haut. On peut s'assurer que l’équation dé- rivée a ses racines imaginaires , il n'existe donc pas entre 0° et 86° de températures pour lesquelles la vitesse d'écou- lement serait un maximum ou un minimum, chose qui se manifeste pour quelques liquides. Dans les déterminations précédentes on ne peut guère commettre d'erreur que dans l'appréciation de la durée de l'écoulement; or cette erreur est tout à fait inappréciable ; on s’en convainc facilement en considérant le degré d'exac- litude que l’on peut atteindre dans l'estimation du temps; il suffit, en effet , lorsque l’époque de l'écoulement est pres- que terminée, de compter mentalement, en tenant la clef du robinet de verre en main, les secondes dictées par la montre afin d'arriver, pour ainsi dire, à fermer toujours au même moment. Il est, d’autre part, une source er- reurs indépendante de l’observateur : quand on ferme subi- tement le robinet d'aceès, la colonne de mercure s'arrête genéralement alors que la goutte de mercure suspendue au tube capillaire n’a pas encore le poids voulu pour se déta- cher spontanément; si on la fait tomber, on voit qu’elle entraine dans sa chute plus ou moins du mercure qui se trouve dans le tube; de là proviennent, en partie du moins, ( 548 ) - les fluctuations des nombres consignés dans le tableau pré- cédent. J'indiquerai plus loin d’autres causes d'erreurs et le moyen de les éviter. Influence du ménisque capillaire. Après avoir déterminé l'influence de la température, j'ai cherché à connaître si, pendant l'écoulement par gouttes, les variations de courbure qu’éprouvent les gouttes peur vent modifier la vitesse d'écoulement. Les recherches expérimentales qui ont été faites à ce sujet ont conduit à des résultats contradictoires. Ainsi tandis que Girard (”) conclut de ses expériences répétées un grand nombre de fois, que la formation des gouttes n'a absolument aucune influence sur la vitesse d'écoulement, Poiseuille (*) déduit des siennes que cette influence est appréciable. Assez longtemps après les recherches de Girard et de Poiseuille, Duclaux (°) démontra, par un calcul très-simple, que la grosseur des gouttes qui se for- ment à orifice d'un tube capillaire dépendait de la ten- sion superficielle du liquide; il se contenta de déterminer cette tension pour un grand nombre de liquides en mest- rant le volume des gouttes auxquellesils donnent naissance, mais il ne chercha pas jusqu’à quel point la vitesse d'écou- lement pouvait être influencée de ce chef. Ce point devait être mis en lumière, car on conçoit facilement que des liquides différents, coulant avec la même vitesse, peuvent ee (*) Giaro, loc. cit., p. 225. (**) PorsEuiLLE, loc. cit., p. 458. (***) DucLaux, Sur la tension superficielle des liquides, ANN. DE CHIMIE ET DE PHYSIQUE, 4° S., t. XXI, 1870, pp. 596-400. ( 349 ) donner des gouttes de volumes différents. Ce sont là les seules données concernant cette question que j'ai rencon- trées, car ni Hachette, Navier, Hagen, Hagenbach, Graham, Boussinesq, ni Mathieu, n’en font mention. Ce qui offre quelque intérêt n'est donc pas Bement de savoir si l’influence du ménisque est sensible, mais aussi les raisons pour lesquelles les observateurs ne sont pas d'accord. La température devant rester constante cette fois, je me suis servi de l'appareil suivant : Dans axe d’un tube de verre large (0",018 environ de diamètre) posé horizontalement se trouvait placé le tube capillaire : le tube large, un peu plus court que le tube capillaire, se fermait contre ce dernier et le tout était dis- posé de manière à permettre une circulation d’eau dans l’espace compris entre les tubes. Cette eau, provenant d’un grand réservoir, maintenait la température des tubes par- faitement constante pendant toute la journée. Ce n’est que pendant la première heure d'écoulement que quelques fluc- tuations dans la température sont sensibles parce qu’alors les tuyaux et les tubes adducteurs ne sont pas encore en équilibre de température avec l’eau. Deux thermomètres dont la boule plongeait dans les tubes adducteurs, au moyen d'une disposition spéciale, à l'entrée et à la sortie du tube large, renseignaient sur l’état de la température. Le réservoir d’où le mercure s’écoulait était le même que celui qui avait servi dans les expériences précédentes. Le tube capillaire dans lequel circulait le mercure était courbé à angle droit à sa sortie du tube large, de façon à pré- senter une branche verticale de 0",060 de hauteur; sous cette branche se trouvait le récipient destiné à recueillir le mercure écoulé. Dans ces conditions, on pouvait per- 2% SÉRIE, TOME XLII. 25 + ( 350 ) mettre au mercure de s'écouler goutte à goutte ou en jet continu; il suffisait d'abaisser ou d'élever le récipient de manière que le bec d'écoulement fût à l'air libre ou bien noyé dans le mercure. D'autre part le réservoir d'où le mercure s’écoulait pouvait également être abaissé ou élevé pour permettre de retarder ou d’accélérer la vitesse d’écou- lement du mercure. z Ces dispositions prises, j'ai déterminé la quantité de mercure écoulée pendant cing minutes sous différentes charges avec bec émergé ou immergé. Si la formation des gouttes oppose réellement une résistance à l'écoulement, il devient facile de la mesurer puisque, dans ce cas, l'écou- lement à bec libre doit être plus lent que l'écoulement à bec noyé; de plus, on peut déterminer également l'influence que la vitesse d'écoulement doit avoir sur la résistance occasionnée. par la formation des gouttes. Lorsque le bec était noyé dans du mercure il se produi- sait une contre-charge qui allait en augmentant à mesure que le mercure remplissait le récipient. On mesurait cette contre-charge au cathétomètre au commencement et à la fin de chaque expérience, et la moyenne des hauteurs ainsi obtenues était soustraite de la hauteur de chute mesurée au réservoir; on obtenait ainsi la hauteur de chute effec- tive. Pendant l’écoulement à bec libre on plaçait le réser- voir, en s’aidant du cathétomètre, de sorte que la différence de niveau mesurée entre le bec de sortie et la hauteur du mercure dans le réservoir au commencement et à la fin de l'expérience fût égale à la hauteur de chute effective trouvée précédemment. Voici les résultats obtenus : Quand la hauteur de chute est considérable, le retard apporté dans la vitesse d'écoulement par la formation des ( 351 ) gouttes paraît insensible; les nombres auxquels je suis arrivé diffèrent entre eux de quantités très-près d’être égales aux erreurs d'observation, comme cela ressort du tableau suivant : HAUTEUR QUANTITÉ DE MERCURE ÉCOULÉE. de nn nid de ou IS chute affective: à bee noyé. à bee libre. 529,578 598,752 0,826 529,042 528,896 0,156 520,500 528,620 0,880 0®,4593 529,410 - 598,655 0,755 529,109 528,728 0,581 529,047 528,779 0,268 529,540 528,640 0,700 Moyenne, . . .. 529,289 598,724 0,565 On le voit, la quantité de mercure écoulée à bec noyé est un peu plus grande que celle écoulée à bec libre, mais cette différence 0,565 se traduit parfois dans deux pesées consécutives, elle est aussi grande que l’erreur d’observa- tion possible et l’on peut donc dire, tout au plus, que la formation des gouttes paraît n’avoir pas d'influence sur la vitesse d'écoulement. Les résultats de Girard se trouvent par conséquent confirmés. J'ai diminué ensuite la hauteur de chute de !/5 environ et cette fois-ci les résultats ont été très-différents des pré- cédents : la formation des gouttes diminue de plus de 2 1/2 p. °/, la vitesse d'écoulement. (352 ) HAUTEUR QUANTITÉ DE MERCURE ÉCOULÉE de mule dc E _ chute effective. à bec noyé. à bec libre. 341,673 535,240 8,455 542,500 333,955 8,554 0%.2928 342,346 334,111 8,255 ; 341,985 333,760 8,225 842,105 = 533,885 8,220 342,769 553,486 8,283 Moyenne: ss. 542,229 555,759 8,409 Par conséquent, sous une charge de 0",2998 et à une température de 13,1, il y a une augmentation de 8°",682 dans le poids de mercure écoulé pendant cinq minutes lorsque le bec d'écoulement est noyé; on en déduit que l'accélération est 2,605 p. °/, du poids de mercure écoulé à bec libre. Si l’on diminue davantage encore la hauteur de chute, l'influence due à la formation des gouttes est plus sensible encore; et enfin, si la hauteur de chute est inférieure à 0=,009, il n’y a plus d'écoulement, ce qui doit être du reste, cette hauteur de chute représentant l’action du mé- nisque capillaire. uand les hauteurs de chute sont très-faibles, les déter- minations que l’on fait sont très-peu concordantes entre elles; c'est ainsi que les pesées des quantités de mercure qui s'étaient écoulées pendant une heure sous une charge de 0",0540, différaient souvent de 5 à 6 grammes, ce qui représentait environ 10 p. °/, de la quantité totale écoulée. ( 353 ) Nous trouverons plus loin les motifs de ce manque absolu de concordance dans les pesées. Il est évident que dans de telles conditions les documents d'expérience ne peuvent avoir aucune valeur absolue ; je me dispense donc de les reproduire ici. Je ferai observer, toutefois, que si l’on se pose seulement la question de savoir si l'influence de la formation des gouttes est plus grande quand la charge diminue, sans se demander quelle est la grandeur de cette inflaence, il ne peut rester aucun doute à ce sujet. La grandeur de la résistance opposée à l'écoulement par la formation des gonttes n’est pas seulement influencée par la vitesse du liquide, mais encore par la température. L'appareil dont je me suis servi ne me permettait pas d'opérer à des intervalles considérables de température; je n'ai fait des observations qu’aux températures 11°,4 — 15°,1 et 15°,0. Le tableau suivant renferme le résultat moyen de six observations pour chaque température, à bec libre et à bee noyé. Doi POIDS DU MERCURE | emi TEMPÉ- FRERES A p de ce dr onto en posant 4 de Et ZI | FEPER DIFFÉRENCE RATURE. tempér. = 0, chute, bec noyé. bec libre. à partir de 15°,1. 11,4 | 340,763 | 531,917 | 532,509 | + 0,502 0,29284 | 15,1 | 342,229 | 335,759 » » 15,0 545,223 | 336,552 336,658 + 0,126 ( 354 ) Les nombres de la cinquième colonne ont été obtenus en admettant que l'influence de la formation des gouttes reste, à 11°,4 et 15°,0, ce qu'elle était à 15°,1 : on voit qu’à 41°,4 il coule moins de liquide à bec libre qu'il n'aurait dû en couler si l'influence de la température sur l’action des ménisques était nulle, et inversement il en coule plus à 15°. Les différences sont petites, à la vérité, mais suffisantes pour montrer que la température n’est pas sans influence sur le phénomène. Je crois qu’on peut facilement voir maintenant pourquoi on n’a pas été d'accord sur la question de savoir si la vitesse d'écoulement était influencée par la formation des gouttes : on peut, en effet, obtenir tel résultat qu'on désire selon les conditions dans lesquelles on se place; il suffit d'augmenter ou de diminuer la hauteur de chute. Les lois qu’on a fait connaître sur l'écoulement des liquides par les tubes capillaires ne peuvent donc être vérifiées que pour autant que l’orifice du tube capillaire dont on se sert soit noyé dans le liquide. Poiseuille est le seul qui ait opéré de cette façon; rien d'étonnant dès lors que d’autres physiciens n'aient pas obtenu des résul- tats irréprochables. | : Ce qui précède nous montre encore que chaque fois qu’il s'agira d'étudier l'influence d'actions peu énergiques sur la vitesse d'écoulement des liquides, il faudra nécessai- ` rement employer une hauteur de chute aussi faible que possible. Nous ferons immédiatement usage de cette re- marque. Phénomènes électriques. Je ferai connaître maintenant les phénomènes électri- ques qui accompagnent lécoulement du mercure par des (355) tubes capillaires, ainsi que l'influence de l'électricité sur la vitesse d'écoulement. Les grandeurs à mesurer sont très-petites, il faut donc, conformément à la remarque faite plus haut, diminuer for- tement la hauteur de chute du mercure, mais alors la con- cordance dans les pesées successives, toutes conditions paraissant rester les mêmes , laisse énormément à désirer : j'ai pu découvrir la cause de ces perturbations : elle se trouve tout entière dans l’état de l'atmosphère. La moindre augmentation ou diminution de l’état hygrométrique ou de la composition de l’atmosphère à un point de vue quel- conque, exerce une influence étonnante sur la vitesse d'écoulement; dans une atmosphère constante en nature, la vitesse d'écoulement reste également constante. Je ferai connaître à la suite de ce paragraphe les observations que j'ai pu faire à ce sujet ; elles confirment également mes vues sur la marche des phénomènes électriques. Pour éliminer les actions qui proviennent des variations de l’atmosphère, il faut enfermer loritice de sortie du tube capillaire dans un vase où l'on peut créer une atmosphère constante dans sa nature. La disposition que j'ai prise est la suivante : Le tube capillaire dans lequel circule le mercure est plié, à l'extrémité de sortie, à angle droit, puis la branche descendante est coupée à 0",001 environ du coude; de cette manière les gouttes de mercure qui se forment lors de l'écoulement sont suspendues à un petit fil vertical de mer- cure. Ce bec AB (voir la figure) ainsi préparé est engagé dans un ajutage en verre soudé latéralement à un tube en verre CD; un bouchon en caoutchouc revêtu de cire à cacheter rend la fermeture hermétique. Vers le milieu du tube CD est soufflée une boule E; cette ( 356 )- boule constitue le réservoir destiné à recueillir le mercure écoulé. Lorsqu’une opération est faite, on soutire le mer- cure de la boule; pour cela le tube CD porte en F un petit tube courbé à angle droit et muni d'un ajutage en caoutchout qu'on peut fermerau moyen d’une pince. Pour êlre certain d'enlever to- talement le mercure coulé dans le réser- voir pendant une opé- ration, on introduit dans celui-ci du mer- cure jusqu’à un trait d’affleurementRmar- qué sur une partie : étranglée du tube CD, puis, après chaque opération, lorsque du mercure a coulé ` pendant cinq minutes dans le réservoir, il suffit d'ouvrir la pace jusqu’à ce que le mercure affleure de nouveau le trait K; de cette façon l'appareil reste toujours fermé par le bas. On engage ensuite par l'ouverture C du tube CD un tube fin LM en verre dont l’orifice se trouve dans la région inférieure de la boule E; c'est par ce tube qu'on fait arri- ver, en jet continu, un gaz pur. Pour éviter le remous qui se fait à Porifice C du tube, on bouche ce dernier au moyen d’un tampon d’ouate. Pour pouvoir observer les phénomènes dus à l'électricité, ( 357 ) j'ai soufflé, en N, sur le tube capillaire une petite boule dans la paroi de laquelle j'ai soudé un petit fil de platine. Un autre fil de platine O, enduit de cire à cacheter, des- cendait dans le tube CD et venait se terminer à la hau- teur du bec A du tube capillaire, son extrémité étant pliée en anneau. Il était facile, dans ces conditions, d’électriser les gouttes de mercure qui se formaient en A, le courant pouvant marcher de O vers N ou inversement. Le tube capillaire employé dans ces opérations avait 0",560 de long et un diamètre de 0",00042. Un courant continu d'eau maintenait la température constante comme dans les expériences précédentes. Reportons-nous maintenant au phénomène de la forma- tion des gouttes lui-même. Lorsqu'une goutte grandit, sa surface augmente, il faut donc qu’il y ait continuellement des molécules de la pro- fondeur qui passent à la surface; celles-ci, en se présentant à la surface, déterminent la perte d’une partie de l'énergie attractive qui était en activité dans la masse, car elles ne se trouvent plus attirées de tous côtés par des molécules semblables à elles-mêmes. Dès lors, si le principe que je défends est l'expression de la vérité, chacune de ces gouttes devra s’électriser. Il est facile de voir que chaque goutte devra prendre à la fois l'électricité positive et l’élec- tricité négative; comme le mercure est conducteur de l'électricité, des phénomènes calorifiques se manifesteront. On ne pourra done pas constater la présence d'électricité : je dois dire cependant que j'ai pu en constater, non par les moyens ordinaires, mais par le procédé que je vais indiquer à instant; cette petite quantité d'électricité provient, très- probablement, des courants thermo-électriques qui s'éta- blissent dans la goutte, selon l'opinion que M. Van der ( 358 ) Mensbrugghe a exprimée le premier, dans un mémoire ap- pelé à faire une profonde sensation parmi les savants (). Pour s'assurer de la présence de cette petite quantité d'électricité, on dispose les choses de façon qu’une goutte de mercure reste suspendue au bec du tube capillaire, le tube réservoir CD qui protége le bec étant enlevé. On fait ensuite usage d’un petit pendule horizontal analogue à celui employé par Zöllner dans ses études sur l’attrac- tion (”). - A l'extrémité B d’un fil de verre très-délié de 0,040 de long est fixée une petite balle de moelle de sureau de 0,002 de diamètre. Ce fil de verre est suspendu horizontalement par deux fils de cocon de même longueur fixés par une de leurs extrémités à des points fixes C et D etpar l’autre en deux points E, E! très-voisins, l'un de l’autre, du fil de verre. Si les points C et D sont sur une même verticale CD, la balle B décrira une circonférence de cercle dont le plan sera horizontal, et si la pesanteur est la seule action qui s'exerce sur la balle, elle pourra s'arrêter indifféremment en un point quelconque de la circonfé- C t bi > D PAE A (*) VAN DER MensBrueene, Application de la thermo-dynamique å pétude des variations d'énergie potentielle des surfaces liquides, BULLE- TINS DE L'ACADÉMIE', 2° série, t. XLI, p. 769, 1876 (**) ZÖLLNER, Ueber eine neue Methode zur Messung anziehender und abstossender Kräfte, ANN. ve Poccexvonr CL, pp. 151-140. ( 559 ). rence du cercle qu’elle parcourt. Mais pendant la rotation du pendule les fils de soie se tordent et il se produit de ce chef un point d'équilibre. Sans entrer dans plus de détails, on voit que cet appa- reil est d’une exquise sensibilité; son peu de masse, tout en rendant à la vérité son maniement plus difficile, permet à une force attractive faible et de peu de durée, de le mettre facilement en mouvement. Si l’on installe cet appareil de manière que les gouttes de mercure qui se forment au bec du tube capillaire soient dans le plan horizontal décrit par la balle de moelle de sureau et très-près du point d'équilibre, et qu’on im- prime un mouvement au pendule, on voit le point équi- libre avancer vers le bec du tube capillaire dès que le mer- cure coule. Ceci montre à l'évidence que les gouttes de mercure qui se détachent du bec sont pourvues d'une force attractive et par conséquent électrisées. Cette quantité d'électricité ne provient pas du frotte- ment du mercure contre le tube, comme on pourrait le croire; on peut s’en assurer très-facilement en noyant le bec du tube dans une grande quantité de mercure; dans ce cas, le frottement existe toujours quand le mercure coule, mais la formation des gouttes est empêchée; dès lors, si l'électricité était due au frottement, elle devrait encore se manifester ; il n’en est rien cependant, on ne peut plus en déceler la moindre trace. Du reste, l'électricité produite par le frottement ne peut pas se manifester dans ce cas, puisque le corps frottant reste en contact continuel, sur toute son étendue, avec le corps frotté; l'électricité que prend le mercure doit se neutraliser, de tranche en tranche, avec celle prise par le verre, et de la chaleur seule doit devenir sensible. :( 360 ) Il est donc démontré que la cause de l’action électrique se trouve dans la formation des gouttes. J'ai essayé, à plusieurs reprises, de m’assurer s'il ya réellement échanffement ou refroidissement du mercure lors de la formation des gouttes; les moyens que j'avais à ma disposition ne mont pas permis, jusqu’à présent, de constater la chose. Il est done impossible, jusqüe mainte- nant, de vérifier mon principe par cette voie, mais voici comment on peut tourner la difficulté. S'il est vrai que les molécules de mercure qui se dé- tachent de la profondeur pour venir à la surface sont élec- trisées, on peut assimiler cette source d'électricité à celle que nous présente toute décomposition chimique ct appli- quer dès lors le principe de réciprocité. Ainsi, si l'on plonge du zinc dans de l'acide sulfurique étendu, il se dis- soudra en produisant de l'électricité : on pourra favoriser ou enrayer l’action dissolvante de l'acide sulfurique en faisant marcher un courant de l'acide vers le zine où du zine vers l'acide; de même, dirai-je, si l’on a affaire ici à un phénomène électrique proprement dit, il faut qu'en électrisant les gouttes dans un sens on augmente la résis- tance à l'écoulement et qu'on la diminue en les électrisant en sens contraire. Il suffira donc de peser la quantité de mercure écoulée dans l’unité de temps dans ces conditions pour résoudre entièrement le problème. Pour cela, reportons-nous à l'appareil que j'ai décrit au commencement de ce paragraphe. Le bec du tube capil- laire se trouve engagé dans le réservoir et celui-ci est i rempli d'hydrogène pur; de cette façon toute action chi- mique est rendue impossible. Comme source d'électricité j'ai employé une bobine ( 361 ) Rumkorff, petit modèle (0",200 de long), dont le fil induc- teur était parcouru par un courant fourni par un élément Bunsen : celui-ci donnait 4*,8 de gaz tonnant en cinq minutes. Le courant induit inverse de la bobine a été éli- miné par la méthode ordinaire. Dans une première série d'expériences j'ai déterminé le poids de mercure écoulé pendant quinze minutes sans que l'appareil soit parcouru par un courant électrique; ceci à l'effet d'obtenir un point de comparaison. Le résultat obtenu se trouve consigné dans la première colonne du tableau suivant. Ensuite, j'ai fait entrer le courant par O (voir la figure) et sortir par N; la deuxième colonne traduit le résultat obtenu; enfin l'effet du renversement du cou- rant est désigné dans la troisième colonne., Poids de mercure écoulé pendant quinze minutes sous une hauteur de chute de 0m,0320'et à une température de 139,60. COURANT sans a — allant de l'extérieur į aHant de l’intérieur action électrique. à l’intérieur à l'extérieur tube apiiriin. tube rt 19,909 22,064 16,899 19,767 22,120 16,810 19,880 22,260 16,750 19,532 22,430 16,662 19,970 22,250 16,783 19,820 22,532 16,435 19,683 22,110 16,728 » 22,554 16,700 Moy. 19,796 22,240 16,720 ( 562 ) Jl existe done une différence énorme entre le poids de mercure écoulé dans ces différentes conditions; cette diffé- rence est environ vingt fois plus considérable que l'erreur d'observation probable; il est en effet facile de s'assurer que cette dernière est traduite par 0,149. Si l'on pose la quantité de mercure écoulée sans action électrique égale à 100,00, on voit que si l'électricité marche de l'extérieur de la goutte à l'intérieur, la quantité de mercure écoulée sera exprimée par 112,34, et, dans le cas contraire, par 84,46; il y a done, d'une part, une augmentation de 12,54 °/, et de l’autre, une diminution de 15,54 °% dans la quantité de mercure écoulée dans l'unité de temps. Les conséquences de mon principe reçoivent donc une confir- mation manifeste. Ces résultats paraissent en contradiction avec ceux aux- quels M. Van der Mensbrugghe est arrivé il y a deux ans environ (*). On se rappelle que M. Van der Mensbrugghe a conclu de ses expériences que l'électricité statique était sans influence sur la tension superficielle des liquides. Je crois que l'on doit distinguer ici un point capital. Si nous supposons, en effet, qu’on électrise une goutte de mercure stationnaire suspendue à l’orifice d'un tu capillaire, on ne verra ni augmenter ni diminuer cette goutte, le liquide ne sera pas refoulé dans le tube capil- laire par l’action de l'électricité, ni invité à en sortir; ceci est conforme aux observations faites par M. Van der Mensbrugghe. Mais si, la goutte étant électrisée, on met en mouvement le mercure qui se trouve dans le tube (*) Van per MenseruGene, L'électricité statique exerce-t-elle une influence sur la tension superficielle d'un liquide? MÉMOIRES COURONNÉS ET MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS publiés par l’Académie, XL, 1875. ( 363 ) capillaire, la goutte se gonflera et la tension superficielle variera; dès lors l'électricité peut intervenir pour faciliter ou enrayer la variation de la tension superficielle : ceci est conforme à mes observations. En résumé, l'électricité ne change pas une tension superficielle déterminée, mais elle peut s'opposer aux changements de cette tension ou les favoriser. Influence sur la nature de l’atmosphère. Nous venons de voir que si on laisse couler du mercure par un tube capillaire de manière qu'il soit débité goutte à goutte dans une atmosphère quelconque et variable, il se présente d’assez grandes fluctuations dans les poids des portions de liquide écoulées dans une unité de temps. J'ai déjà dit que ces fluctuations prenaient leur source dans les changements de nature de l'atmosphère ; j'en poursui- vrai maintenant l'étude détaillée. J’exposerai d’abord les faits, sans commentaires, et je les discuterai ensuite. Je me suis servi de l'appareil décrit dans le paragraphe précédent; j'ai seulement porté la hauteur de chute à 0"37295 afin d’accélérer la vitesse d'écoulement du mer- cure, les grandeurs à mesurer étant assez sensibles d’ail- leurs. Je faisais arriver dans le réservoir par le tube L les différents gaz dans lesquels les gouttes de mercure de- vaient se former. Je prendrai comme terme de comparaison dans tout ce qui va suivre le poids de mercure écoulé pendant cinq minutes dans une atmosphère d'hydrogène pur et sec. Le tableau suivant établit ce terme de comparaison. ( 364) POIDS DE MERCURE écoulé en cinq minutes dans une atmosphère d'hydrogène à 16°,00. 100,243 100,160 100,290 100,140 100,172 300,211 100,118 100,221 100,190 100,109 Moyenne. . . 100,185 On peut calculer, au moyen de ces nombres, que Fer- reur moyenne probable d'une pesée est 05",057; d'autre part, l’erreur probable dont le résultat est entaché est 05,018. Ceci nous permettra de conclure au degré d'exac- titude des observations suivantes. J'ai consigné dans le tableau suivant les résultats ob- tenus en laissant couler le mercure dans onze atmosphères différentes. On voit que quatre observations ont été faites dans de Pair : la première dans de l'air ordinaire, la sê- coude dans de l'air saturé d'humidité, la troisième dans de Fair séché au moyen de chlorure de calcium seulement et qui pouvait par conséquent renfermer encore des acides, et enfin la quatrième a été faite dans de l'air sec et pur- Chaque colonne se termine par les nombres qui expriment la grandeur de l'erreur probable d’une pesée et du résultat. ( 565 ) | t ‘rinsat cooo | gooo | aroo | zooo | ero% | 9000 | zooo | stoo [6000 | 8100 | ogoo | er vramord | | t í { t t í de os roo | rio'o | oo | 9100 | sso“ |S groo | 6100 vr0'0 ccoo | oeoo | Fito ame rio‘eo | vez'e6 | ecc‘oc | 68206 | 48986 | C6L‘66 | oor‘oor | r98‘001 | 02166 | S926 | 21886 | ` "souwsson 828 86 posent : 9 GEL 06 £OZ'86 872 06 ; … | 817001 d | 50186 120" GG | 09'986 026" 96 009 86 08T 66 007:001 osz’ 007 021 66 919°26 | 07286 81986 | 09206 | 89606 | 00:06 | Z686 | S1666 | 82E 001 LYG'001 | S9166 | L69'Z6 | £2986 05926 | 0ZLG6 | S8696 | 94296 | SBIRG | 86166 | OEF OOI | 0£ 001 | £8166 | BEOLG | £80'86 00906 | 90206 | 05606 | 9LL96 | 086 | 08166 | OF OOL | OSS'OOL | 82166 | £09/26 | 08:86 81986 | 0LG6 | 056,96 | £9296 | 0£9'86 | 00666 | SO 00 | H9S 001 | 00866 | LLEZG | LIERG 60926 | S9226 | 51696 | 69296 | 17286 | 681 66 | ORLOOL | LES 007 | OEIGG | BELG | 89886 ‘apturny vierde ‘opruny Ed optuny “298 OT aen “and 39 vas "gas *“oprung “aareurpao AIV gargy [UTC | sarmax nny ANTIAXO | ANTIAXO | garmaxany UIV IV UIV HIV 24 0069 IP 24nD4oduo) D) P “anomrue syuaaaffip sunp 1Q 1unpuəd amoo) snose op Spiod 27° SÉRIE, TOME XLII. ( 366 ) En posant le poids du mercure écoulé dans une atmo- sphère d'hydrogène égal à 100,00 pour faciliter la compa- raison, nous pourrons résumer ces résultats de la manière suivante : AIR AIR AIR Ha IDE | oxycÈNE nique ordinaire. humide, sec. sec et pur. Les à: = sec. 98,335 | 97,452 | 98,986 | 100,079 | 100,214 | 99,009 oxYGÈNE | ANHYDRIDE | ANHYDRIDE I 5 sulfureux sulfureux chlorhydrique | ehlorhydrique ane sec. humide. sec. humide. 98,404 | 96,580 | 96,758 95,577 95,437 Si l'on compare les différences qui existent entre ces nombres avec celui qui exprime la vitesse d'écoulement du mercure dans une atmosphère d'hydrogène tout en tenant compte de l'erreur probable qui affecte chaque ré- sultat, on voit qu’il n’y a aucun doute que la nature de l'atmosphère wait une influence notable.sur la quantité de mercure écoulé dans un teinps donné. $ Nous nous trouvons done en présence d'un fait qui montre pourquoi les pesées successives du mercure écoulé dans un même temps et dans des conditions égales en ap- parence, ne concordent pas toujours. C'est un facteur dont on devra tenir sérieusement compte dans les études expé- rimentales auxquelles lës phénomènes capillaires donne- ront encore lieu, si l’on désire arriver à des résultats plus satisfaisants que ceux connus jusqu’aujourd’hut. ( 367 ) Je rappellerai que Bède (°) avait déjà fait quelques expériences dans ce sens : il a déterminé l’ascension de liquides dans des atmosphères d'air, d'oxygène et d'hydro- gène, mais il a conclu que l'ascension des liquides était indépendante de la nature de latmosphère. La seule ob- servation positive qui existe sur ce sujet, à ma connais- sance du moins, est due à Duclaux (°°) : il avait observé, après Girard et Hachette, qu’une très-petite quantité d'al- cool activait le passage de l'eau à travers un orifice en mince paroi, ce qui revient à dire qu’elle diminue la contraction de la veine, et il chercha si la présence de l'alcool avait quelque influence sur la grosseur des gouttes qui se for- ment à l'extrémité d’un tube de section donnée. Il se ser- vit d’un appareil analogue au compte-gouttes de Salleron : c’est une pipette pouvant donner 100 gouttes de liquide (eau pure) dans l'air ordinaire; quand l’eau s’écoule dans une atmosphère d’alcool on obtient 116 gouttes au lieu de 100. Il y a done ici un phénomène semblable à ceux que j'ai observés; toutefois Duclaux ne dit pas si l'alcool a une . influence sur la quantité d'eau écoulée dans un temps donné. Pour résoudre cette question, j'ai remplacé le mer- cure de mon appareil par de l’eau que j'ai laissée couler d’abord dans de l'air, puis dans une atmosphère d'alcool; la hauteur de chute étant 0",0320, la température 15°60 : il coule 55%,422 d'eau dans de l'air pur pendant soixante- quatre minutes, tandis que pendant le même temps il en coule 86,513 dans une atmosphère d'alcool! Si nous portons notre attention sur les résultats obtenus (*) Bèpe, Recherches sur la capillarité, Mémoines couronnés ET MÉ- MOIRES DES SAVANTS ÉTR., publiés par l'Académie, XXX, p. 1 (**) Docraux, Sur la tension superficielle des hijgde : he DE CHIMIE ET DE PHYSIQUE, 4° série, XXI, 1870, p. 378. ( 568 ) pendant l'écoulement du mercure, nous voyons que chaque fois que l’atmosphère est de telle nature qu’elle n’a pas d'action chimique sur le mercure, la vitesse d'écoulement est un maximum; elle est à peu près égale à celle qu'on observe dans une atmosphère d'hydrogène, elle se montre un peu supérieure, mais dans aucun cas inférieure; c’est ainsi que l’on trouve respectivement 100,079 et 100,214 pour des atmosphères d'air sec et pur et d’anhydride car- bonique sec. Dans toutes les autres atmosphères et surtout quand il y a des vapeurs d'eau en présence, la vitesse d'écoulement est sensiblement ralentie. Ce ralentissement peut aller jusque 4,5 p. °/,, tandis que la plus grande erreur probable du résultat n’est que 0,056; il ne peut donc pas y avoir de doute à cet égard. Quelle peut être la cause de ce phénomène? Je proposerai momentanément l'explication suivante, me réservant, bien entendu, de la soumettre au contrôle de l'expérience; elle a done pour le moment un carac- tère hypothétique; mais sa plausibilité me paraît cependant assez grande. Dans une atmosphère sans action chimique sur le mer- cure les choses se passeraient comme suit : quand la goutte de mercure grandit, elle s'électrise; la neutralisation de cette électricité engendre de la chaleur, la constante capillaire doit donc diminuer et la vitesse d'écoulement augmenter, il n’en est plus de même lorsque l'atmosphère dans laquelle les gouttes se forment renferme une substance décomposable par le mercure. Dans ce cas, en effet, l'élec- tricité produite à la surface des gouttes décompose les corps de latmosphère, et son énergie dépensée dans ce travail ne se transforme plus en chaleur, la constante ĉa- pillaire ne diminue pas et la vitesse d'écoulement ne doit ( 369 ) pas augmenter. Mais les choses ne se terminent pas là : les molécules de mercure qui sortent de la profondeur de la goutte pour arriver à la surface quand la goutte grandit doivent se délier de leurs voisines, elles sortent d’une combinaison, pour ainsi dire, et se trouvent dès lors, au moment de leur sortie, dans l’état qu’on a nommé en chimie « état naissant ». D’autre part les atomes qui pro- viennent de l’électrolyse des corps décomposables de lat- mosphère sont aussi à l’état naissant; il doit donc y avoir combinaison entre ces corps et le mercure, et, en eflet, chaque fois que le mercure coule goutte à goutte dans une atmosphère renfermant des corps décomposables, il se ternit, et si l'écoulement dure assez longtemps, il se pro- duit même des croûtes noires qui témoignent de l’action chimique. L'étude de ces phénomènes électriques, faites au point de vue des actions chimiques auxquelles ils peuvent don- ner naissance, contribuera probablement à l'explication d'un grand nombre de faits intéressants. Nous voyons, en effet, que le mercure ne décompose pas l’eau à la tempé- rature ordinaire ni dans les conditions ordinaires, tandis que pendant tout le temps que sa surface augmente l’eau est décomposée et le mercure s'unit alors à l'oxygène mis en liberté. L'analyse des faits que je viens de rapporter conduira très-probablement à une interprétation très-simple de ces actions chimiques étranges qui s’observent dansles espaces capillaires. Il y a un grand nombre de corps sans action chimique dans les conditions ordinaires, mais qui donnent naissance à des composés particuliers dans les espaces capillaires; on voit que toutes les actions nommées « cata- lytiques » en chimie peuvent, en définitive, être assimilées à celles que je viens de faire connaître : il y a done lien ( 570 ) de s’assurer si le principe que j'ai énoncé ne pourra peut- être pas conduire à interpréter ces phénomènes remarqua- bles au sujet desquels nos connaissances laissent beau- coup à désirer? J'ai déjà entrepris quelques recherches dans ce sens et j'espère avoir bientôt l'honneur d'en pré- senter les résultats à l’Académie. Recherches sur les résines. Le galipot et Vacide pimarique (suite); par M. Gustave Bruylants. I. Dans une notice que j'ai eu l'honneur de présenter à l’Académie au mois de février dernier (1), j'ai déduit la constitution de l'acide pimarique, de l'étude des différents produits de la distillation sèche du pimarate calcique et des composés qui prennent naissance lors de la calcination du pimarate sodique. Les faits qui font l'objet de la présente communication viendront, je l'espère, confirmer ma manière de voir au sujet de l'acide pimarique. — Parmi les produits de la distillation sèche du pima- rate de calcium, il s’en trouve un dont je wai fait mention que fort incidemment : c'est l’acétone ordinaire. On sait que lors de la distillation sèche des sels alcalins ou alcalino- terreux d’acides organiques mono-basiques, on obtient non-seulement l’acétone correspondante à l'acide contenu dans le sel, mais encore des acétones et même des aldé- hydes moins riches en carbone. Dn (1) Bulletins, 2e série, t. XLI, p. 559. CHE) J'attribue donc la formation de l’acétone à la décompo- sition du propionate calcique. D'un autre côté plusieurs analyses du sel d'argent de Yacide obtenu en distillant avec l'acide sulfurique dilué, les produits de la calcination du pimarate de sodium, m'ont donné une proportion d'argent trop forte pour le propionate. Cette différence provient de ce qu'une faible quantité d’acide acétique se trouvait mélangée à l'acide propionique. En outre, j'ai constaté à plusieurs reprises la présence d’un peu d’acide formique parmi les produits de la calei- nation du pimarate de sodium. Il s'en forme surtout une assez forte proportion lorsqu’on fond l'acide pimarique lui-même avec la potasse caustique. Bref, l'acide pimarique donne naissance aux acides for- mique, acétique et propionique. La formule de structure que j'ai donnée de lacide pimarique nous permet d'expliquer la formation de ces composés; elle le représente, en effet, formé de deux molé- cules de térébène soudées entre elles; dans une de celles-ci le radical propylique est transformé en radical propio- nique. - Sous l’action de la chaleur ces deux molécules se sépa- rent; nous pouvons donc faire abstraction d'une d'entre elles et considérer seulement la molécule oxygénée. CH, CH, CH HC a z C — (CH, — CH, — COOH) CH, ( 372 ) Sous l'action de certains agents physiques ou chimiques, le groupement (CH2—CH2—COOH) peut se détacher en entier, fonctionner comme tel et donner naissance à de l'acide propionique libre ou à de la propione, suivant qu’on a affaire à de l'acide pimarique ou à un pimarate; ou bien il peut lui-même se scinder en plusieurs frag- ments et donner les acides acétique et formique ou bien les acétones correspondantes. Si telle est l'explication de la formation de l’acétone ordinaire et des acides acétique et formique, dont j'ai observé la présence lors de la distillation du sel de chaux de l’acide pimarique, il doit se trouver, à côté des com- posés que j'ai précédemment mentionnés , les produits de la calcination d’un mélange de propionate, acétate et for- miate, à savoir les aldéhydes propionique et acétique et Yacétone méthyl-éthylique. _ On remarquera que pour se transformer en acides et exister à l'état de liberté, le radical propionyle i CH, — CH, — COOH doit emprunter un atome d'hydrogène au groupement central CH ee et à moins que celui-ci ne se scinde complétement, il subira un travail intra-moléculaire analogue à celui qu'on ( 373 ) admet pour les acides crotonique et fumarique ou ma- lique : les doubles soudures augmenteront de nombre et changeront de place et ainsi prendront naissance des hydrocarbures benziniques proprement dits. Ces hydrocarbures seront : le toluène, s’il se forme de l'acide propionique, CH, — CH, — C,H,0, = C,H,0, + CH, — CH; un xylène, s’il se produit de acide acétique, CH, — CH, — CH,0, = C,H,0, + CH, — CH, — CH;; un cumène, s’il se produit de l’acide formique, CH, CH, CM0; re CD CR CR De plus on peut avancer, a priori, que les chaînes laté- rales occuperont, sur le noyau central benzinique, les posi- tions 1... Le xylène sera : la y) diméthyl-benzine; le cumène la y) méthyl-éthyl-benzine. Le présent travail montrera si ces prévisions ont été confirmées par l'expérience. J'ai distillé, à la vapeur d’eau, le produit de la calcination du pimarate calcique. Les premières portions du liquide aqueux condensé et les eaux de lavage de la couche hui- leuse ont été additionnées de carbonate potassique. Au bout de quelque temps il s’est séparé un liquide huileux moins dense que l’eau; il a été rapidement desséché sur des fragments de chlorure de calcium et soumis à la dis- tillation. Il commence à bouillir vers 40°.45° et passe com- plétement avant 60°. Il conserve le même point d'ébullition, malgré plusieurs (374) s'e Ee 1264 - #4: da Deux de densité faites , la pre- mière avec une portion du produit bouillant vers A5°-47°; la seconde au moyen du produit bouillant entre 56°-58", mont donné des résultats identiques, pour ainsi dire. Voici d’ailleurs les chiffres obtenus : Produit bouillant à 459-470. Poids de la substance. . . . . . . . 0,0215 gr Pression barométrique . . . . . . . m Mercurs soulevé Le di ne 658 mm Volume de la vap AGE Shed 65,5 cc Température de la vapeur. . . . . . 100°. Poids moléculaire, Densité de vapeur. 2,10 Produit bouillant à 56°=580, . Poids de la substance. . . +, 1. 0,0214 gr. fak barométrique S 765 mm. ulev Mercure SWEN 45 Le 640 mm. ve GE là vapilt; iS ae o 65 cc. Température de la vapeur. . . . . . 100°. Poids moléculaire. Densité de vapeur. 214 Comme on le voit, ces chiffres concordent fort bien avec ceux qu’exige la formule brute CsH6O, dont le poids moléculaire est 58, et la densité de vapeur : 2,00 ; mais outre l'alcool allylique, qui bout à 97°, quatre composés répondent encore à la formule C5H60 ; CHO CH, CH, | | | #2 a co CHEN CH, Vo | 0 | le CH, CH, CH, Aldéhyde cétone Oxyde Oxyde propionique. ordinaire. de propylène. de triméthylène. Les deux derniers ne se produisent qu’à la suite de ( 375 ) réactions compliquées. Les deux premiers possèdent à peu près le même point d’ébulliton. L’aldéhyde propionique bout à 49°; l'acétone ordinaire 56° Eu égard à la faible quantité du produit que j'avais à ma disposition , il m'eût été, sinon impossible, au moins fort difficile de séparer ces deux corps; c'était là d’ailleurs une opération fort inutile. En effet, l'oxydation de l’aldé- hyde propionique fournit l’acide propionique, tandis que l’acétone donne dans ces conditions un mélange d'acides acétique et carbonique. Il me suffisait donc de constater parmi les produits de l'oxydation, les acides propionique et acétique. Cette oxydation et la séparation des acides shinii ont été faites de la même manière que l'oxydation de la pro- pione et la séparation des acides que j'ai décrits dans ma précédente notice; seulement, j'ai pris la précaution d'em- ployer une proportion de K2Cr207 moindre que celle exigée par la théorie. On sait, en effet, que l'acide chro- mique transforme l’acide propionique en acides acétique et carbonique. L'analyse des sels d'argent obtenus a donné les résul- tats suivants : Acétate d'argent. Substance employée : 0,2426gr.; Ag obtenu: 0,1551gr. Calculé °,. Trouvé °/0. C,H,4g0, Ag 64,66 65,94 Propionate d'argent. Substance employée: 0,5252gr.; Ag obtenu: 0,1945gr. Calculé e/o. Trouvé %/o. C;H,Ag0, Ag 59,72 60,20 On peut donc conclure, de la valeur de la densité de ( 376 ) vapeur, ainsi que de la nature des acides obtenus par l'oxy- dation, que le produit bouillant entre 45° et 60° est un mélange d’acétone ordinaire et d’aldéhyde propionique. L’acétone méthyl-éthylique, CH; — CO — C,H;, dont la synthèse a été réalisée par MM. Popoff (1) et Saitzeff (2), a été découverte par M. Fittig (3), dans les résidus de la fabrication de l’acétone ordinaire. Elle bout vers 79°-81°. Pour constater sa présence parmi les produits de la distillation sèche du pimarate de calcium, j'ai recueilli la partie bouillant entre 70°-90°. Après plusieurs rectifications, je suis parvenu à isoler une quinzaine de grammes d’un corps bouillant entre 75°-80°. La détermination de sa densité de vapeur a donné les résultats suivants : Pression barométrique . . . . . . `. 0,759 mm. Mercure KDUIeVE Ti Ne ter wee 0,589 mm Volume de la vapeur. 4.4. 0. N°: 66,95 cc. Température de la vapeur. . . . . . 100° Poids de la substance.: <. socana 0,05326 g Poids moléculaire 76. Densité de vapeur 2, 57. Le poids moléculaire et la densité de vapeur exigés par la théorie sont 72 — 2,48. Sous l’action du bichromate potassique et de l'acide sul- furique il donne de l'acide acétique (4). (1) Poporr, Annal. der Chem. und Pharmac., t. CXLV, v Sairzerr, Berichte der deutschen dénicher ee, 1870, en Frrric, Annalen der Chem. und Pharmac., t. CX, p. 17. (4) Voici les résultats de analyse de l'acétate d'argent : Substance employée 0,3460 gr.; Ag obtenu 0,2221 gr. Calculé */e Trouvé °/e C‚H;Ag0, Ag 64,66 64,20 (377) L'acétone méthyl-éthylique, transformée en bichlorure donne, par l'enlèvement de deux molécules d'HCI, un hydrocarbure acétylénique, l’éthyl-acétylène « GHS C=CH (1) Pour achever l'identification de mon produit, je l'ai soumis à l’action du PhCI, et après avoir enlevé PhOCI;, j'ai chauffé pendant quelques heures le bichlorure obtenu , avec une solution alcoolique de potasse caustique, à une température d'environ 130° à 140. Après refroidissement j'ai ouvert le tube et je lai mis en communication avec un ballon contenant une solution ammoniacale d’azotate d'argent. Ensuite je l'ai légèrement chauffé au bain-marie. L'éthyl-acétylène, qui bout vers 18°-20°, se dégage facilement et est absorbé par la solution argentique dans laquelle il détermine un précipité blanc, caillebotté, qui brunit rapidement à l'air sous l’action de la lumière, même au sein du liquide où il s’est formé. Le dosage d’argent dans ce précipité a donné les résul- tats suivants : Substance 0,5212gr.; Ag CI obtenu 0,2751gr. Calculé o/) Trouvé ?/o C,H,Ag(H,0) Ag= 60,55 59,95. La production de l'acide acétique et de l’hydrocarbure acétylénique C‚H‚ nous permettent de conclure que produit bouillant entre 75°-80° est l’acétone méthyl-éthy- lique C,H, — CO — CH;. (1) Recherches sur les hydrocarbures de la série CuHlan-2. Louvain, 75. ( 578 ) Le liquide passant entre 105° et 165° a servi à constater la présence des hydrocarbures homologues de la benzine. Pour purifier ces hydrocarbures, j'ai distillé le liquide brut sur du sodium métallique et j'ai répété ce traitement jus- qu’à ce qu’un fragment de sodium introduit dans le liquide ne dégageât plus de bulle gazeuse, même à chaud. Puis je suis parvenu, après un grand nombre de distil- lations fractionnées, à séparer le liquide en trois portions . présentant, chacune, un point d’ébullition à peu près fixe : 1080-1110; 1530-1370; 158-162", Le premier de ces produits a un point d’ébullition répon- dant assez bien à celui du toluène. -Une détermination de la densité de vapeur a donné les résultats suivants : Poids de la substance. . . . . . > „ 0,0272gr. Pression barométrique . : . . . . . 760 mm. Mercure ooe. o aee co, . 640mm. Volume de la vapeur . . . . . . . . 54cc. Température de la vapeur. . . . . . 100° Calculé. Trouvé. Densité de la vapeur. . . . 5,24 5,55 Poids moléculaire. . . . . 94 97. J'ai introduit un peu de ce liquide dans un mélange d’acide nitrique et sulfurique. Le produit de la réaction à été versé dans l'eau. Bientôt se sont séparées du liquide laiteux des gouttelettes huileuses plus denses que l'eau, qui se rassemblent au fond du vase. Ce liquide huileux à été soumis à l’action réductrice de l’étain et de l'acide chlorhydrique et dans le produit de la réaction j'ai pu iden- tifier la toluédine à l’aide de son point de fusion (44°). ( 379 ) L'oxydation par un mélange de R,Cr,0, et d'H,S0, donne l'acide benzoïque fondant à 120°. La portion qui bout entre 155°-157° (la diméthyl-ben- zine bout à 136°) a été soumise aux essais suivants : a. Détermination de sa densité de vapeur; B. Oxydation. La détermination de sa densité de vapeur a donné les chiffres suivants : Poids de substance. ; : , . . - . 0,0224 gr. Pression barométrique . . . . . . . 749 mm. Mercure sieves Kee ane Le . 654mm. Volume dela vapeur... :, : . … 54ce. Température de la vapeur. . . . . . 185° Calculé. Trouvé. Densité de la vapeur. . . . 66 5,55 Poids moléculaire. . ... 106 102. L'oxydation sous l’action de l'acide azotique dilué a donné lacide y toluique (fusion 176°) : sous Faction du bichromate et de l’acide sulfurique il s’est formé de l'acide téréphtalique volatil sans se fondre. La faible quantité de substance (environ 8 grammes ) que j'avais à ma disposition ne me permettait pas de faire d’autres essais. Ceux-ci me paraissent d’ailleurs assez concluants pour admettre que le produit bouillant entre 155°-157° est un xylène, la diméthyl-benzine. Le produit bouillant entre 158°-162° doit contenir à côté de l'essence de térébenthine lhydrocarbure CoH; Pour parvenir à séparer ces deux composés, dont l'un (CoH,s) bout à 159°, tandis que l’autre passe vers 160°, j'ai introduit le mélange dans un appareil distillatoire, avec son poids d'iode. Sous l’action d’une faible chaleur la réaction de l’iode sur C,9H,, commence bientôt et s'achève ( 380 ) violemment. Puis j'ai chauffé le ballon pendant quelques instants à une température de 160°-165°. Le liquide dis- tillé a été retraité de la même façon. Enfin après un troi- sième traitement, je suis parvenu à isoler quelques gram- mes d’un hydrocarbure bouillant vers 158°-160° et ne réagissant plus sur l’iode, même à chaud. Pour l'identifier, j'ai déterminé la densité de sa vapeur, et étudié les produits de l'oxydation. Sous l’action de l'acide azotique dilué il donne l'acide y toluique. Traité par le bichromate de potassium et l'acide sulfurique, il donne l'acide téréphtalique. La détermination de sa densité de vapeur a donné les chiffres suivants : Poids de la substance. . . . . . . . 0,0258 gr. Pression barométrique . . . . . . . 749 mm. Mercure soulevé.: a ans 2 à du 642 mm. Volume de la vapeur. riques ne vient qu’en second lieu. » Contrairement à la science, qui peut s’acquérir par l'étude solitaire, l’art, et avant tout l'exécution musicale, ne se transmet que par communication directe. Supposons un cataclysme social supprimant pendant une seule génération tout exercice de la musique, l'art de jouer des instruments, et par suite l'intelligence de la musique européenne seraient aussi irre- médiablement perdus que si un déluge avait passé sur notre continent. Aucune méthode de violon ou de piano ne ferait retrouver la technique d’un Vieuxtemps ou d’un Liszt, ni ne pourrait en donner l’idée. Quoi de plus fugitif, en effet, que l'exécution musicale? » Si l'on fait abstraction des études préparatoires de lecture et de théorie élémentaire, — lesquelles n’appartien- nent pas encore en réalité à l'éducation artistique — la première et principale partie de l’enseignement musical doit être consacré à l'exécution, à la technique du chant et des instruments. C’est à proprement parler l’école du virtuose, épithète qu’il faut entendre non dans le sens que lui prête le vulgaire, mais dans son acception étymolo- gique, qui désigne un homme doué de la faculté (virtus) de transmettre à l'auditeur l'inspiration du génie. Il ne faut pas oublier que les chefs-d’œuvre de la musique, comme ceux de la littérature dramatique, n’existent sur le papier qu’à l’état latent; pour que la 9° Symphonie de Beethoven ou l’OEdipe de Sophocle puissent vivre d’une vie réelle, ils doivent être engendrés à nouveau par un acte du virtuose instrumentiste, chanteur ou tragédien. Une des grandes figures artistiques de notre temps, Richard Wagner, dans un mémoire relatif à l’érection d’un conservatoire à Mu- nich, détermine en ces termes le programme de l’école me SÉRIE, TOME XLII. 28 ( 426 ) projetée : « Conformément à la signification de son nom, un conservatoire doit s'attacher à conserver le style classique d’une période florissante de l’art, en cultivant et en transmettant fidèlement la manière d'exécuter les œuvres modèles par lesquelles cette période a mérité l’épithète de classique et a fermé un cycle de produc- tions. » » Toutefois Wagner nous semble porter son principe jusqu’à l’exagération en excluant de son programme, non- seulement la science musicale proprement dite, mais en- core l'harmonie, le contre-point et l’instrumentation. Ces deux dernières branches de la discipline musicale sont néanmoins aussi du domaine de la technique, non plus, il est vrai, la technique de l’exécutant, mais celle du compo- siteur. de REN JU, ri 4, | » Wart de la composition constitue done la seconde partie de l’enseignement. La faculté créatrice est un don gratuit de la nature, aucun enseignement ne saurait la communiquer ; mais les connaissances qui servent à la féconder s’acquièrent par les leçons du maître. Ces con- naissances sont indispensables même au musicien dénué de la faculté créatrice, s’il veut arriver à une réelle com- préhension des grandes œuvres et en jouir d’une manière consciente. » Le premier degré de l’art de la composition est l'har- monie, discipline moitié théorique, moitié pratique, qui enseigne les règles de la polyphonie et sert d'introduction aux études supérieures; elle doit être précédée d'une théorie scientifique de la musique. C’est l'équivalent de ce qu'est en littérature la grammaire, dont la connais- sance est indispensable non-seulement au poëte, au pro- sateur, mais à tout homme désireux d'acquérir une in- j TE EES ( 427 ) struction quelconque. Le deuxième degré consiste dans la pratique de la polyphonie, sous la forme la plus sévère, le contre-point; le disciple acquiert les procédés généraux de Part d'écrire; il s'initie aux principes élémentaires de goût et de style. Pour continuer la comparaison, disons que c’est la syntaxe du musicien, l’art de la rédaction. Le troisième degré enseigne les lois de la structure harmonique et rhythmique, le rôle et la relation des motifs et des thèmes dont se forme une œuvre. C’est la rhétorique musicale. Enfin deux connaissances auxiliaires complètent l’éduca- tion professionnelle du compositeur : l’une , indispensable pour la musique vocale, est la prosodie, application de la langue au rhythme musical; l’autre, instrumentation, l'emploi des organes sonores dont le compositeur est appelé à se servir. » Ici se termine l’enseignement technique dans le sens le plus large du mot. Mais on estime assez généralement de notre temps que l'instruction du jeune musicien doit se compléter par l'acquisition de notions sérieuses d'histoire et d'esthétique musicales. Aux époques naïvement produc- trices, ces matières sont aussi étrangères à l'éducation scolaire qu'aux préoccupations des artistes; elles apparais- sent aux époques de réflexion, où la science et l’érudition font sentir leur influence dans l’art. De fait, une certaine connaissance de l’histoire musicale est nécessaire aujour- . d’hui à l’exécutant, puisque les productions des deux der- niers siècles font partie du répertoire commun. Toutefois il importe que cet enseignement soit donné aux élèves des conservatoires, non sous une forme dogmatique, — c’est- à-dire au moyen de leçons et de conférences — mais d'après le principe fondamental de la pédagogie artistique, sous une forme active et pratique; en d’autres termes, il (428) faut qu’il soit accompagné d'auditions, et qu’ainsi l’histoire de la musique ne soit pas séparée de la connaissance réelle et vivante de ses monuments. A quoi servira-t-il, par exemple, de raconter au jeune musicien les origines de l’opéra moderne si l’on ne peut en même temps lui donner à entendre les productions caractéristiques des maîtres italiens du XVII? siècle, qui furent les créateurs du genre ? Une telle méthode, bonne pour les érudits et pour les gens du monde, ne peut avoir d’autre effet que d'inspirer aux élèves une présomption niaise, en leur fai- sant croire qu’ils savent quelque chose d'utile, alors qu'en réalité ils se sont simplement empli la mémoire de noms, de dates et de détails biographiques. » Ce que nous venons de dire de l’histoire est plus vrai encore pour l'esthétique; l’abstraction ne doit jamais y prendre la place du concret. Il est dangereux d’accoutumer de jeunes esprits à l’idée fausse que les principes de la création artistique sont susceptibles d’une démonstration logique et peuvent être ramenés à des théories d'école. Les formes de l’art des sons se dérobent à qui cherche à les étreindre dans les formules du langage, elles sont im- palpables de leur nature; si une mélodie pouvait atteindre à la clarté de la parole, l’âme m'aurait plus de mystères. L'artiste vraiment nourri d'esthétique est celui qui crée le Beau, ou qui sait le révéler dans l’œuvre du maître, et non pas celui qui prétend expliquer le sens de l’œuvre par une creuse formule. Aussi convient-il de s'associer sans réserve à ces paroles de Richard Wagner dans son mémoire déjà cité : « La vraie esthétique et la vraie histoire s’appren- » nent de la meilleure manière par l'exécution belle et » Correcte des œuvres classiques, par des auditions dont » les éléments sont choisis dans le trésor de la littérature ( 429 ) » musicale de tous les temps et de tous les pays. C'est là » le point culminant de l’enseignement de la musique. » » Cette conclusion implique un autre précepte pédago- gique d’une justesse non moins évidente, à savoir qu'une institution publique d'enseignement musical ne doit pas préconiser une tendance exclusive de l’art, mais qu'elle doit favoriser le libre développement des facultés créa- trices — ou reproductrices — du disciple. Imposer une sorte d’orthodoxie artistique, c’est fermer l’issue à tout progrès; en préteñdant révéler la vérité absolue, on supprime toute spontanéité de l'esprit. Les arts hiératiques seuls ont connu un canon de cette espèce, et l’on sait à quoi ils ont invariablement abouti. Une telle unité factice ne s'obtient d’ailleurs qu’en supprimant toute initiative chez le profes- seur, en le réduisant à l’état de machine, condition funeste pour le haut enseignement, et qui entraîne comme consé- quence la nécessité de recruter le corps professoral parmi les talents secondaires. En somme, progressiste en ma- tière de science, conservatrice en matière d'art, telle doit être, selon moi, la tendance d’un conservatoire. Tout en se gardant de cet esprit de négation systématique auquel les corps enseignants inclinent si aisément, un établisse- ment de cette sorte doit observer devant les tentatives d'innovation une certaine réserve, mais une réserve sym- pathique lorsqu’elles offrent un caractère sérieux. En au- eun cas il n’est tenu de prendre publiquement parti dans les opinions controversées; car, étant destiné à durer, il a le devoir de ne pas compromettre son prestige et son autorité en se condamnant d'avance à des réactions inévi- tables, en s’arrogeant un monopole d’infaillibilité que l'avenir se refuserait peut-être à sanctionner. À mon sens, la direction générale à imprimer aux études musicales se ( 450 ) résume dans les points suivants : nourrir l'esprit et la mémoire de l'élève sans les surcharger et les accabler; provoquer et entretenir chez le jeune artiste l'activité — je dirai même l'inquiétude — du sentiment; s'attacher à lui inculquer, non pas des aphorismes scientifiques, mais des vérités pratiques, et avant tout celle-ci : que rien ne profitera à l'artiste et ne portera le cachet de son indivi- dualité que ce qu'il aura conquis par ses propres efforts, ce qu'il aura reconnu, senti et vécu lui-même; et enfin, qu'aucun procédé d'école ne tient lieu du labeur obstiné et patient, de la recherche toujours inassouvie. » Qu'il me soit permis maintenant d'examiner jusqu'à quel point les établissements publics consacrés à l’ensei- gnement musical répondent à leur destination, quels sont les principaux obstacles auxquels il se heurtent, et quels sont les points où des améliorations seraient désirables. » Le principal inconvénient du régime en vigueur, c'est que le programme des études est trop étendu et, par là même, incomplet à plusieurs égards. Tl faut l'avouer, len- seignement musical n’est pas jusqu’à présent organisé sur les bases normales. Cela tient d’une part aux ramifications nombreuses de la musique, — quel autre art possède à la fois, une écriture spéciale, une théorie scientifique et une double technique? — d'autre part à l'esprit un peu étroit qui présida à la fondation du conservatoire-type, celui de Paris. En cela comme en beaucoup d’autres choses, la Révolution ne trouva rien de mieux que de suivre les erre- ments de l’ancien régime; elle reproduisit simplement l’organisation des conservatoires ecclésiastiques de l'Italie, sans songer que ce cadre était insuffisant pour ce qu'il devait contenir. Tandis que les académies de peinture el ( 451 ) de surtt peuvent se renfermer dans l'enseignement technique, — en laissant aux musées la mission de l’ensei- gnement esthétique et historique, aux expositions lhon- neur de produire le jeune artiste devant le publie — il faut que les conservatoires assument cette triple tâche, et donnent l'instruction à tous les degrés, comme ces écoles du moyen âge où l’on enseignait à la fois astronomie, la théologie et la lecture. Une saine logique exigerait une répartition de ces fonctions trop multiples entre deux espèces d'établissements : les uns voués à l'enseignement technique proprement dit, et n’ayant à produire leurs élèves que dans des exercices scolastiques; les autres se consacrant à l'éducation supérieure de l’artiste et à la cul- ture du publie au moyen d'exéeutions musicales, concerts, représentations dramatiques. Il serait en outre à désirer que l’exemple donné par quelques grandes villes de notre pays devint la règle, et que la lecture musicale à sondegré élémentaire fût inscrite parmi les matières obligatoires de l'enseignement primaire. Ce qui libérerait les conserva- toires d’une besogne qui n’est pas la leur : celle d'ensei- gner les rudiments de la notation. » La dernière innovation que je viens d'indiquer est d'une grande portée, je dirai même d’une importance capitale pour le progrès futur de l’art. Afin de pénétrer profondément, la culture artistique doit trouver un terrain propre à la recevoir; or, il est permis de le dire sans injus- tice, l’atmosphère de notre siècle n’est pas essentiellement artistique. Ce qui faisait à cet égard la grande supériorité de la civilisation antique, c’est que l’art était l'apanage de la communauté entière, et accompagnait le citoyen dans tous les actes de son existence, tandis que chez nous c’est un objet de loisir, une occupation facultative, placée en dehors de la sphère journalière de la vie, une distraction ( 432 ) à l'usage des classes favorisées de la fortune, distraction que procurent des personnes exercant l’art comme une profession. La conséquence directe de cet état de choses est qu'en entrant au conservatoire la plupart des élèves ne possèdent aucun fonds d’impressions musicales fraiches et naïves, et n’ont en général entendu que les chansons plates de la rue ou quelques banalités. A cet égard, le cam- pagnard est peut-être mieux partagé que le citadin; tout enfant, il a entendu chanter, — s’il n’a chanté lui-même — les vieilles mélodies liturgiques ; il possède aussi dans sa mémoire quelques-uns de ces chants traditionnels qui se perpétuent pendant des siècles au fond des provinces. Or, en l'absence de cette première éducation, inconsciente et par là même la plus profonde de toutes, la culture artis- tique reste pour ainsi dire à la surface, et garde toujours quelque chose d’artificiel et de forcé. Nos pères en savaient beaucoup moins que nous; mais s’ils absorbaient moins de Connaissances, ils se les assimilaient mieux. » Si, par les causes qui viennent d'être signalées, l’édu- cation du sentiment reste souvent imparfaite, celle de l'es- prit ne rencontre pas d'obstacles moins sérieux à son développement. Les études techniques de la musique mo- derne absorbent un temps si considérable, et nécessitent un exercice si prolongé, qu’il est presque impossible de les faire marcher de front avec l'étude des connaissances générales, également indispensables à tous. De là des lacunes intellectuelles chez tant de virtuoses richement doués d’ailleurs. Quelques-uns, à la vérité, trouvent en eux-mêmes la force nécessaire pour réparer cette lacune et se refaire une éducation littéraire; mais on ne saurait exi- ger de toutes les organisations des miracles de volonté et d'énergie. En Italie on a cherché a obvier à cet inconvé- nient, en introduisant dans les conservatoires quelques * ( 455 ) cours littéraires où l'on enseigne, sous une forme abrégée, la grammaire, l’histoire de la littérature, l’histoire géné- rale, la géographie et même les éléments de la grammaire et de la prosodie latine. Malgré la trop grande extension du programme usuel, cette innovation mériterait d’être imitée chez nous. » Signalons enfin un dernier et sérieux obstacle à l'élévation du niveau artistique : les conditions écono- miques de la société actuelle. La difficulté de vivre est en effet telle aujourd’hui que la plupart des jeunes gens se trouvent dans l'impossibilité de poursuivre pendant de longues années des études qui sont d’abord complétement improductives. De là leur empressement à quitter les bancs de l’école dès qu’ils trouvent à tirer un parti quelconque de leur talent naissant. Combien de chanteurs abordent la scène avant qu’ils aient les connaissances les plus indispen- sables, avant que la force de leur organe se soit déve- loppée! Aussi que de vocations avortées, que de fleurs cueillies et flétries avant leur épanouissement! En France on a cherché à améliorer cette situation par un large sys- tème de bourses, et notre gouvernement, à son tour, vient de montrer sa sollicitude pour les intérêts de Part en sui- vant cet exemple. » Jl est un reproche que l’on adresse souvent aux écoles d’art : c’est de jeter une foule de gens dans une fausse voie, en offrant des facilités d'étude à des personnes sans vocation, sans avenir, et de contribuer ainsi à multiplier les médiocrités. On ne peut nier que l'inconvénient signalé n'existe, et que le reproche ne soit parfois mérité. Remar- quons toutefois qu’il atteint moins les conservatoires que toute autre institution analogue, la musique offrant un vaste champ à des aptitudes diverses, à des talents iné- gaux. Tandis que pour le sculpteur, par exemple, il s'agit ` ( 454 ) | de prendre rang parmi les créateurs ou de ne rien être, le musicien qui n’est appelé à devenir ni compositeur, ni grand virtuose, entrera dans un orchestre ou se vouera au professorat; il pourra être un homme utile et ne pas passer inaperçu dans le mouvement musical de son temps. De même que la société humaine, l’art musical offre presque toujours une position supportable à celui qui n'est pas une non-valeur absolue; il garde une place aux hommes de bonne volonté, qui s’estiment heureux de contribuer pour leur part à la réalisation du Beau, et que ne dévore pas l'envie à l'égard de leurs confrères plus heureux ou mieux doués. > Il m'est impossible de terminer sans émettre quelques idées sur la mission dévolue aux grandes institutions musi- cales, sur leur avenir, sur les résultats qu’elles amèneront pour le progrès de l’art. | » A ce dernier égard, il convient de ne s'abandonner ni à des espérances exagérées, ni à un pessimisme injuste et mal fondé. Un béotien seul peut s’imaginer que la multi- plication des conservatoires aura pour résultat de multi- plier les grands compositeurs; le génie sera toujours une chose très-rare, et il n’est au pouvoir d'aucune école de le faire éclore à volonté. Mais c'est verser dans une erreur non moins grande que de voir dans les écoles le symptôme d'une décadence de l’art et des facultés productrices de notre génération. On oublie que la plupart des maîtres de la grande époque italienne — les Scarlatti, les Vinci, les Leo, les Porpora — sont sortis des conservatoires, et qu'il en est de même de plusieurs musiciens dont notre. siècle s’honore. » La première mission de l’école consiste donc à créer pour l'artiste — qu’il soit appelé à être compositeur, vir- 1 459 ) tuose éminent ou même simplement musicien d'orchestre ou professeur — le milieu le plus favorable au développe- ment de ses facultés artistiques et intellectuelles. Telle est sa responsabilité devant l'individu. » La seconde mission que les conservatoires doivent avoir en vue, est de s'approprier, de conserver et de per- pétuer la tradition pour l'exécution caractéristique des grandes œuvres classiques, lorsqu'une telle tradition existe; de la créer et de la fixer, lorsqu'elle n'existe pas. Une pareille tâche est inaccessible à des entreprises de concerts et de théâtre, qui sont dominées par des considérations financières, et dont l'esprit artistique, de même que le per- sonnel, changent continuellement. Une institution fixe, durable, ayant par l’enseignement un moyen d’action per- manent, est seule apte à devenir le point de départ d’une tradition, le centre autour duquel viennent se grouper tous les efforts individuels, où s'accumulent les acquisitions successives de plusieurs générations de professeurs, où le dépôt des doctrines se transmet non par la simple parole, mais par un exercice constant. Le résultat d’une telle acti- vité, œuvre du temps, sera la création d’un style d’exécu- tion caractéristique, et peut-être, aussi — les circonstances étant favorables — d’une école de producteurs originaux, reflétant dans leurs œuvres les aspirations et les ardeurs artistiques du milieu dont ils sortent. Telle est la responsa- bilité de l’école devant l'art. » Enfin, la troisième et la plus belle mission d’une école digne de ce nom est de répandre, dans le rayon que peut atteindre son action, lamour de l’art élevé, le respect de sa dignité, et de propager la religion des grands hommes par lesquels le Beau s’est réalisé. C’est en vain que ces principes seront inculqués aux générations nouvelles, s'ils ne trouvent pas d'air ambiant pour vivre et prospérer, un ( 456 ) sol pour prendre racine. On ne bâtit pas d'école au milieu d’un désert. A toute époque l’art reflète les côtés faibles de la société qui le patronne; au temps où les cours ita- liennes et allemandes donnaient le ton, l’écueil de lart était le fade et le maniéré; aujourd’hui que le public se compose de couches sociales nouvelles, c’est le violent et le vulgaire; il faut donc que les institutions pénétrées du sentiment de leur mission agissent, dans la mesure de leur pouvoir, sur les tendances du publie, par l'exemple et par Paction. En assumant cette sorte de direction esthétique, l’école remplit une fonction élevée; et c’est ici que com- mence sa responsabilité devant la société. La musique agit puissamment sur les mœurs, c'est là une thèse qu'il est superflu de démontrer. Seule entre tous les arts, elle est une traduction directe des affections morales. Le cri de la passion, l'accent idéalisé du sentiment lui donnent la mélodie; les mouvements de l’âme qui accompagnent la passion lui fournissent le rhythme. Expression vraie et inconsciente des sensations les plus intimes, elle révèle sans déguisement le sens moral, et son essence est de ne pouvoir mentir. » Arrivé à ce point, il faut que je m'arrête. Je ne pour- rais aller plus avant sans élargir démesurément mon sujet. Il s'agirait maintenant de considérer l’art dans l'ensem- ble de la civilisation moderne, de déterminer l'influence heureuse où malfaisante qu'il est appelé à y exercer. Or, cette tâche n’est pas la mienne. C’est au philosophe d'éta- blir que l’action esthétique n’est utile qu’à condition de marcher d'accord avec le progrès intellectuel ; c'est à l'his- torien de montrer par les exemples du passé, que les arts sont le couronnement, la fleur d’une culture d'esprit très- développée, mais qu’ils ne sauraient en tenir lieu; c'est au ( 437 ) physiologiste de nous apprendre que l'excitation des nerfs, lorsqu'elle n’est pas contre-balancée par le travail de l'es- prit et par l’exercice du corps, produit à la longue un affaissement des forces vitales, une diminution de l’activité, un énervement fatal aux peuples civilisés; enfin, c'est au moraliste de prémunir la société contre les abus de lart, afin d'empêcher, s’il se peut, que la musique, au lieu d'être un contre-poids au matérialisme, ne devienne son auxi- liaire : tâche que les Platon et les Àristote n’ont pas trouvée indigne d'eux et qui a le même mérite d'actualité aujourd’hui qu’il y a vingt-deux siècles. » Quant à moi, laissant cette besogne à de plus auto- risés, je me contente, en finissant cet entretien déjà trop long, d'exprimer ma foi profonde dans les destinées glo- rieuses de l’art musical. Quel que soit le jugement définitif que la postérité aura à porter sur la musique moderne, elle ne pourra lui refuser l'honneur d’avoir osé explorer le monde de l’âme à des profondeurs que les âges précédents n'avaient ni entrevues, ni même soupçonnées. Tant d'efforts, tant de génie, un tel trésor d'action désintéressée n'auront pas été dépensés en pure perte pour le perfec- tionnement moral el idéal de l'humanité. » M. le secrétaire perpétuel s’est ensuite levé et a pro- _clamé de la manière suivante les résultats des différents concours : RÉSULTATS DU CONCOURS DE LA CLASSE DES BEAUX-ARTS POUR 1876. Sujets littéraires. La classe avait mis au concours quatre sujets littéraires concernant la musique, la peinture, la gravure et l'archi- ( 458 ) tecture. Elle a eu le regret de ne recevoir aucun mémoire en réponse à ces questioris, dont le terme fatal expirait le 51 mai dernier. Sujets d'art appliqué. Douze partitions ont éte reçues, en réponse au sujet de musique : On demande la composition d’une messe solen- nelle à quatre voix mixtes, pour le jour de Päques, avec la prose Vicrimæ PascHaLt, et Poffertoire du jour. Ratifiant les propositions de la section de musique, la classe regrette de ne pouvoir accorder le prix à aucune des partitions envoyées, aucune d'entre elles ne réunissant les conditions esthétiques et techniques essentielles à une véritable œuvre d’art; mais la classe vote un encourage- ment de cinq cents francs à la ER portant pour devise : Cantabo Domino. L'auteur de cette ceuvre est beid de faire savoir s'il accepte cette récompense (1) Quatre projets ont été reçus en réponse au sujet d'ar- chitecture : L'Académie demande un projet de pont monu- mental en pierre, à placer sur un fleuve de 100 mètres de largeur. Les concurrents pourront faire emploi de statues, de niches, de galeries et d’arcs de triomphe. Le projet comprendra les abords du pont, avec rampes dé- corées conduisant au fleuve. Sur les propositions de la section d’architecture, le prix de mille francs, attribué à ce sujet, a été accordé, en partage , aux projets portant les devises : Neptune et Salve. (1) L'auteur s’est fait connaître depuis : c'est M. Adolphe de Doss, directeur de musique, prêtre de la Compagnie de Jésus, au collége Saint-Servais, à Liége. ( 459 ) L'ouverture des billets cachetés a fait connaître, comme auteur du premier projet, M. Henri Vandeveld et, comme auteur du second, M. Jean Baes, tous les deux de Bruxelles. RÉSULTAT DU GRAND CONCOURS DE COMPOSITION MUSICALE DE 1875. Concours des cantates françaises et flamandes. Sur la proposition du jury chargé de juger le concours des cantates françaises et flamandes parmi lesquelles ont été choisis les poëmes devant servir de thème aux con- currents pour le grand prix de composition musicale, M. le Ministre de l'Intérieur a accordé le prix pour les pièces françaises à M. J. Abrassart, régent de l’école moyenne de Louvain, pour son poëme intitulé : La der- nière Bataille; et le prix pour les pièces flamandes à M. Jules Sabbe, professeur à l'Athénée royal de Bruges, pour son poëme intitulé : De Meermin. GRAND CONCOURS DE COMPOSITION MUSICALE. D’après la décision du jury chargé de juger le grand concours de composition musicale de 1875, le premier prix a été décerné à M. Isidore Devos, élève du Conser- vatoire royal de Gand, qui est décédé depuis. Le second prix a été attribué à M. Alfred Tilman, de Bruxelles; une mention honorable a été accordée à M. J.-B. De Pauw de la même ville. GRAND CONCOURS DE PEINTURE, DIT PRIX DE ROME (1876). Le jury chargé de juger le grand concours du Gouver- nement, ouvert cette année pour la peinture auprès de l’Académie royale des beaux-arts d'Anvers, a décidé qu’il ( 440 ) ) n’y avait pas lieu de décerner de prix. Il a accordé une mention honorable à M. Édouard De Jans, de Saint-André (Bruges), et à M. Joseph Schakewitz, de Meysse. MM. Vandeveld, Baes, Abrassart, Tilman et De Pauw sont venus recevoir des mains du Roi leur médaille et leur diplôme. Sa Majesté a également remis à M. Devos frère la cou- ronne destinée au regretté défunt. L’orchestre et les chœurs du Conservatoire de Gand, ainsi que la Société des Mélomanes , ont exécuté la cantate couronnée dont voici le texte, ainsi que la traduction francaise faite par M. Jules Guilliaume, secrétaire du Conservatoire royal de Bruxelles. DE MEERMIN. ° False as the Ocean's waves, roaring the cliffs. SHAKESPEARE. LL Watergeest (reciel). De morgen kiemt in zomerpracht, En vluchtend zwicht de nacht : Haar laatste floersen vielen! Zoetlachend komt, met flikkerglans, De zonne weêr den golvendans Bezielen ! En diep in den schoot van het wentelend meer, Daar rust nu weer En sluimert zacht, Gestrekt op wiegende wieren, (4H) De Meermin, moë van den heelen nacht Haar booze lusten bot te vieren! Waterelfen. Zij rust en schenkt ons vreugd en vreê, En spoelend spelen de baren meê! Geen tijd verloren ! Verlokkend wekt op `t water thans, Het zoele windje en het zonnegloren Ons lustig op tot zang en dans! Hoe schoon is de dag, hoe rijk aan gloed en glansen! Hoe spiegelt de zee de blauwe hemeltransen ! Nekkers. Hoort de Meermin niet Dat lied, Lang zal `t niet duren Eer de zang haar lokt Of schokt! Wie zal ’t bezuren? Wordt ze opgewekt, haar woede wacht iet naar de nacht! Waterelfen. Laat ons vluchten En de booze Meermin duchten! Verderop, daar kunnen wij, Veilig en vrij, Dartelen in de zomerluchten! Watergeest, Nu wiegelen en dansen, * Spiegelen en glansen De Onder den blakenden middaggloed! 2m° SÉRIE, TOME XLII. 29 ( 442 ) Daar komen de schepen nu aangevaren, Bij lustigen wind en bij rustigen vloed ! waterelfen, verder in zee. Waar wij vluchtten, Is de Meermin niet te duchten ! Verderop , hier, kunnen wij Veilig en vrij Dartelen in de zomerluchten. IT. Matrozen, op een aanzeilend schip. Hoezee ! De wind zingt in de zeilen! Hoezee ! De wimpel wijst naar land ! En onze harten ijlen Voorop naar het moederstrand. Daar worden we gul ontvangen ! Daar heet men ons wellekom ! Vertrokken met blij verlangen, Zoo keeren we blij weêrom ! Hoezee ! De zee Is ons gebied ! Daar heerschen wij, wat ook geschied’! Hoezee ! Een Jonge matroos. Waar heetere zonnen alles schroeien, Daar kom ik van daan weer tot U ! Maar, lieveke, feller voel ik gloeien, Mijn herte van liefde voor U ! ( 445) En schooner dan alles schijnt mij nu De kust waar ik uw beeld zag bloeien ! ` Nooit kwelt mij, na *t grievende scheidenswee, De keus tusschen U en de zee ! Matrozen. Hoezee ! De wind zingt in de zeilen Hoezee ! De wimpel wijst naar land ! En onze harten ijlen Voorop naar het moederstrand ! Jonge matroos. De zee, de ongestadige zee, ontzinde, Verkoos ik eens dwaas boven U ! Maar thans keer ik boetende weêr , beminde , En tracht ik nog enkel naar U ! En dieper dan alles verheugt mij nu De stond waar ik U wedervinde ! U bouw ik een hutteken aan de reé En leef er, naast U, bij de zee ! Matrozen. Hoezee! De zee Is ons gebied! Daar heerschen wij wat ook geschied’ ! Hoezee! ; ; HI. Watergeest, Wekt de booze Meermin niet, Rockeloozen, Met uw lied! ( 444 ) _ Ducht Haar geprikkelde ijverzucht! Reeds daalt de zonne ten Weste neder In purperen wolkengloed? Dra heerscht de grillige Meermin weder Op den vloed! — Laat rusten Haar lusten! En zingt niet van liefde en van vreugde zoo zoet! Matrozen. Hoezee ! De zee Is ons gebied! Daar heerschen wij, wat ook geschied’! Hoezee ! « Jonge matroos. U bouw ik een hutteken aan de reê, En leef er, naast u, bij de zee! -` Nekkers. Zingt maar vrij en met vertrouwen! ’t Zal u spoedig rouwen, rouwen! __Onze vreugde naakt : _ De Meermin is ontwaakt! Meisje, eenzaam op het verre strand Welke banden Boeien hem aan vreemde stranden Hier zoo lang En bang Vermist? — in die sens Ji (445 ) Of verlokt naar verre kimmen Hem, met valsche tooverschimmen, Nekkerslist? = Ach! vergeefs, in angst en wee, Tuur ik vorschend naar de zee! Matrozen, denkende de kust te zien, Hoezee ! De reê! Daar duikt zij uit de golven op Maagdelijk schoon ! En prijkt met eene stralen kroon Op elken rotsentop ! Meisje, een zeil ontwarend in de verte. ’k Heb naar u gewacht, Getracht, Zielsbeminde ! Is daar toch de stonde nu Dat ik U Wedervinde ? — Daar daagt een zeiltje, blank en vlug, In de verte ! Och ! brengt dat zeiltjen U terug Aan mijn herte ? — God, in wien de zeeman rust, - Leid hem door de klippen der kust! — Matrozen, denkende de kust zeer nabij te zijn. Hoezee ! Hoezee ! Gegroet de reê ! Recht moederlijk ontvangt ze ons weêr! We duchten geen gevaren meer ! 4 ( 446 ) Watergeest. De dwazen ! Ze razen, Ze gelooven, ontzind , Den bedriegenden schijn, die hunne oogen verblindt ! … t Zijn stapelende avondwolken Spookend, boven de waterkolken , Voor het oog hun een tooverstrand Le Zoo heeft het de Meermin bevolen ! Nekkers. Zij sturen hun schip Naar rots en klip, Onder de rollende baren verscholen ! … Ziet, het vaartuig strandt en breekt! Wijd gapen des afgronds kuilen en holen ! … “ Is zoo dat zich de Meermin wreekt ! Matrozen op het brekend schip. Meisje en Wolk op het strand in de verte. Wee! We ! Ze | vergaan !… God ! breng hulp en redding aan ! ee! Verraderlijke zee ! Jonge matroos, verdrinkend. Meisje’, zich in zee werpend- Ik denk aan U! Ik kom naar U! *k Wil mijn laatsten zucht u geven, | Steeds gescheiden in het leven, Liefken, in den laatsten nood! | Zoo vereenige ons de dood ! Ach ! Ach! ( 447 ) Allen. Ach ! Waterelfen. Effen, ach ! als een spiegel weer, Rolt op hun graf het kalme meer !… Rusten wij thans ook stil en zacht : Veilig is voortaan de nacht ! Volk op het strand (slotkoor.) Ach ! hoe velen, valsche golven, Die men weer te huis verwacht, Liggen in den killen nacht Uwer kolken diep bedolven !… Is’ t daarom dat, wild of zacht, Steeds uw stem klinkt als een klacht ? God ! breng allen, die vergaan, Hulp en redding aan ! ( 448 ) LA SIRÈNE. E L'ondin. Les feux naissants du jour empourprent lorient. La nuit à pas furtifs s'éloigne, en repliant — Son long manteau de brume; Le soleil fait pleuvoir, du haut du firmament, Ses rayons sur les flots, et change en diamant Chaque goutte d'écume. Sous les plis ondoyants des eaux, La sirène aux yeux verts se couche Dans son Hit de roseaux; De fatigue épuisée, elle s'endort, farouche ; Car elle a, du soir au matin, Contenté sa cruelle envie Toujours inassouvie, Et fait un immense butin. Ondines. Tandis qu'elle livre Le jour au repos, Heureuses de vivre, Dansons sur les flots Joyeux et dispos. Ils passent, nous baignent, Et prennent lessor, Et lissent et peignent Nos longs cheveux d’or, ( 449 ) Et passent encor. Rions des perfides ; Dans l'air, embrassons Nos sœurs, les sylphides; Ondines, dansons Au bruit des chansons. Tritons. Démence sans pareille! La sirène s'endort là-bas, Et déjà vos ébats Vont troubler son oreille. Craignez, au moindre bruit, Craignez que sa vengeance Pour perdre votre engeance N'attende pas la nuit. Les ondines, s'éloignant. Fuyons la sirène, Fuyons en licu sûr. La mer est sereine, Le ciel est si pur! Nageons dans l’azur. . L'ondin. Le soleil déjà nous accable Des traits flamboyants qu'il lance à midi. Les vaisseaux au flanc rebondi Labourent la plaine et filent du câble, Et tracent leur sillon hardi. Les ondines, dans le lointain. © Ensemble, loin d'elle, Restons en lieu sûr. ( 450 ) La mer est si belle, Le ciel est si pur! Nageons dans l'azur. IL. Matelots. Hourra! hourra! le vent en poupe! = Hourra! le cap au nord! La vague qui nous prend en croupe Nous pousse droit.au port. Pour nous, désormais plus d’alarmes; La côte est prochaine, et là-bas Nos sœurs nous appellent en larmes, Nos mères nous tendent les bras. Hourra! qu'importe la tempête Aux braves matelots? A ses fureurs ils tiennent tête; Ils sont les rois des flots. Un jeune matelot. 1. Pour chercher meilleure fortune, Au pays j'ai fait mes adieux Et laissé pleurer sur la dune Deux beaux yeux toujours si joyeux. Au moment où j'arrive Ces beaux yeux pleins d'amour Viendront-ils sur la rive Épier mon retour ? Alerte, brise douce ; Sur la plage, je veux Bâtir un toit de mousse Assez grand pour nous deux. (431 ) Les matelots. Hourra! hourra! le vent en poupe! Hourra! le cap au nord! La vague qui nous prend en croupe Nous pousse droit au port. Le jeune matelot. 2. J'avais pris la mer pour maîtresse Et j'étais parti loin de toi; Mais elle est changeante et traîtresse; On ne peut compter sur sa foi. Sans regrets je la quitte, Et vers toi que j'aimais Je reviens au plus vite, Je reviens pour jamais. Alerte, brise douce ; Sur la plage, je veux Bâtir un toit de mousse Assez grand pour nous deux. Les matelots. Hourra! qu'importe la tempête Aux braves matelots ? A ses fureurs ils tiennent tête ; Ils sont les rois des flots. JII. L'ondin, Insensés! quel moment choisissent vos courages Pour chanter les amours et braver les orages? A l'horizon resplendissant L'astre du jour déjà descend. ( 452 ) ` C'est l'heure où la sirène, Quittant son noir séjour, Des flots redevient souveraine. Redoutez les transports -de sa jalouse haine; Ne chantez plus de chants d'amour. Les matelots. Hourra! qu'importe la tempête Aux braves matelots? A ses fureurs ils tiennent tête; Ils sont les rois des flots. Le jeune matelot, Alerte, brise douce ; Sur la plage, je veux Bâtir un toit de mousse Assez grand pour nous deux. Les tritons. Malheur à vous dont l’audace Ne craint aucune menace, Méprise même un conseil. Vous avez arraché la sirène au sommeil’, Delle, n’attendez point de grâce. Bientôt vous sentirez ses coups; Malheur à vous! malheur à vous! Une jeune fille, sur le rivage, dans l'éloignement. Depuis longtemps, longtemps, Je pleure et je l’attends Tous les jours sur la rive. Le ciel à mon amour Accorde son retour ; Il arrive! il arrive! Mes sens ne mentent pas; Je reconnais là-bas Le grand mât, la carène, ( 455 ) Le pavillon mouvant Qui flotte au gré du vent, Les haubans, la misaine. Plus vite que mes yeux, Mon cœur m'a dit bien mieux Il revient! plus de doute! Je vais le voir enfin, Et ce n’est pas en vain Qu'’interrogeant la route, Depuis longtemps, longtemps, Je pleure et je l’attends Tous les jours sur la rive. Le ciel à mon amour Accorde son retour : Il arrive! il arrive! Les matelots, Terre! terre à tribord. Hourra! virons de bord, L'ondin. O chimère! vain rêve! O mirage trompeur! Ils prennent pour la grève Une blanche vapeur Qui flotte dans le crépuscule Et sans cesse recule. Les tritons, Le vent fraichit; les flots géants Bondissent et retombent, mornes ; La mer sans fond, la mer sans bornes Entr'ouvre ses ravins béants ; La tempête déchaîne Ses typhons effrayants; Ainsi l'ordonne la sirène. ( 454 ) ~ Et sur les pointes des rochers, La houle pousse les nochers; Le riche navire 3 Échoue et chavire, Et livre en proie au noir chaos Ses mâts brisés ct sa carène... De ceux qui troublent son repos Ainsi se venge la sirène. Les matelots sur le vaisseau brisé; te peuple sur le rivage. Dieu juste, protégez Les pauvres naufragés. La jeune fille , se jetant dans la mer. Sans toi, nul bonheur que j'envie ; Mes jours sont liés à ton sort, Longtemps séparés dans la vie, Soyons réunis dans la mort. Le jeune matelot, A toi, qui vas m'être ravie; Mon cœur plus constant que le sort. Celui qui t’aimait dans la vie T'attend dans les bras de la mort. Les ondines. Le vent dans son antre S'enfuit sans retour; Le calme enfin rentre Dans notre séjour; Dormons jusqu'au jour. Chœur final. Oh! quels désespoirs sans nombre Que connait l'abime seul, Cache ainsi la vague sombre Sous les plis de son linceul. Chaque voix qui se lamente Vibre au sein du gouffre amer, ( 455 ) Et c’est là, dans la tourmente, Ce qui fait gémir la mer. Au milieu des éprêuves, Dieu juste, protégez Les enfants et les veuves Des pauvres naufragés. Sa Majesté, après avoir félicité M. Samuel sur la remar- quable exécution de la partie musicale de la séance, s’est retirée ensuite, accompagnée de la Reine et du personnel du Palais. La séance a été levée à une heure et demie. (456 ) CLASSE DES SCIENCES. Séance du 21 octobre 1876. M. Maus, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Lracre, secrétaire perpétuel, Sont présents : MM. J.-S. Stas, L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, Gluge, F. Duprez, J.-C. Houzeau, Ern. Quetelet, Ern. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, A. Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Morren, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Alph. Briart, F. Plateau et Fr. Crépin, membres; E. Ca- talan, Th. Schwann, et Aug. Bellynek , associés; Éd. Mailly, H. Valérius, J. De Tilly, G. Van der Mensbrugghe, et Ch. Van Bambeke, correspondants. = CORRESPONDANCE. en M. le Ministre de l'Intérieur demande que la classe veuille bien lui transmettre, en temps utile, la liste double de présentation pour la composition du jury de la 6° période du concours quinquennal des sciences naturelles. La classe s’occupera de Ja formation de cette liste lors de sa prochaine séance. ( 457 ) — M. le Ministre de l'Intérieur envoie, pour la biblio- thèque de l’Académie : 1°, trois nouvelles publications de M.le baron Von Mueller , botaniste du Gouvernement de Victoria, à Melbourne; 2°, un exemplaire du mémoire im- primé que M. Charles Kluyskens, élève de l’Université de Gand, avait envoyé au concours universitaire de 1874- 1875, en réponse à la question de médecine (matières spéciales) et qui a été couronné par le jury ; 3°, un exem- plaire de la carte géologique de la Belgique et des con- trées voisines, exécutée par les soins du capitaine d’état- major Hennequin , avec l'exposé sommaire de la géologie de la Belgique pour servir de notice explicative au nouveau tirage de cette carte. — Remerciments, — M. le major d'état-major Adan, faisant fonction de directeur du Dépôt de la Guerre, communique copie des rap- ports qu’il a faits sur les travaux de géodésie et de nivelle- ment exécutés en Belgique, rapports présentés le 5 octobre courant à la Commission permanente de l'Association géodésique internationale qui s’est réunie à Bruxelles. Il fait, en même temps, hommage de quelques brochures dont les titres figureront au Bulletin de la séance. Des remerciments sont votés à M. le major Adan pour son intéressante communication, qui prendra place dans les archives de la Compagnie. — M. le D" F. Garrigou, de Toulouse, demande que l'Académie prie les propriétaires des principales sources thermales du pays de lui envoyer gratuitement et libres de frais de port, 25 litres de chacune de leurs eaux minérales et environ 1 kilogramme des dépôts de leurs sources, afin 2%e SÉRIE, TOME XLII. 30 ( 458 ) de lui permettre d'étendre ses recherches analytiques et d'obtenir des résultats pouvant être utiles à la chimie, à la géologie et à la médecine. Les propriétaires des sources recevraient, par contre, gratuitement, l’analyse de leurs eaux. Il sera répondu que la classe ne peut servir d’intermé- diaire entre l'intéressé et les propriétaires précités. — La Société des sciences naturelles de Cherbourg; fondée le 50 décembre 1851, fait connaître qu'elle va accomplir la vingt-cinquième année de son existence. Elle serait heureuse si les corps savants en correspondance avec elle daignaient, à cette occasion, lui accorder une nouvelle marque de sympathie en l’encourageant à pour- suivre ses travaux. — La Société zoologico-botanique de Vienne fait hom- mage d’un volume publié à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de sa fondation. La Société géologique du.Nord, à Lille, adresse le tome 1 de ses Mémoires. La Commission géologique de l'empire du Brésil fait hommage du premier fascicule de ses Archives. — Les communications présentées dans les séances précédentes par MM. D. Van Bastelaer et J. Chalon, n'ayant pas encore fait l’objet d’un rapport de la part des commissaires chargés de les examiner, la classe, sur les demandes faites parjles auteurs, a remis ceux-ci en pos- session de leurs travaux. — Les établissements scientifiques énumérés ci-après ( 459 ) adressent leurs remercîments pour le dernier envoi annuel des publications de l’Académie : L'Observatoire royal de Berlin et la Direction des Archives de mathématiques et de physique de la même ville, les Sociétés des naturalistes de Bamberg et de Fulda, la Société de physique de Francfort-sur-le-Mein, la Société des sciences de Hanau, les Universités de Heidelberg, de Kiel et de Königsberg, l’Institut national d’Ossolinski à Léopol, Académie des sciences et belles-lettres de Metz, la Société entomologique de Stettin, la Société des sciences natu- relles de Stuttgart, les Observatoires de météorologie de Vienne et de marine de San Fernando, l’Académie royale des sciences de Madrid , les Sociétés d'agriculture de Lyon et d'anthropologie de Paris, l'Observatoire de Greenwich, la Société royale de géologie de Dublin, l'Office de météo- rologie et le Comité de géologie de Calcutta, la Société des sciences et le musée Teyler de Harlem, l'Observatoire de Leide et la Société des naturalistes de Berne. MM. Aug. Kekulé, G. Kirchhof, Helmholtz, Alfred Gau- tier et Donders, associés, remercient également pour le même envoi. — M. le général espagnol Ibañez, président de la Com- mission permanente de l'Association internationale de géodésie, qui vient de se réunir à Bruxelles, voulant laisser à l’Académie un témoignage pour la mise de son local à la disposition de cette Commission, prie la classe des sciences d'accepter un exemplaire de la première partie de la Carte topographique de P Espagne à l'échelle de !/50,000, publiée par l’Institut géographique et statistique de Madrid. Cette partie comprend : le titre, les signes conventionnels, Madrid (feuille 559). Colmenar viejo (514), Getafe (582). ( 460 ) M. Dewalque offre, au nom de M. l'ingénieur Meugy, un exemplaire d’une Carte géologique agronomique de l'arrondissement de Rethel. In-plano. Des remerciments sont votés pour ces dons. La classe reçoit encore les hommages suivants pour les- quels elle vote des remerciments : 1° Notice sur quelques fossiles recueillis par M. G. De- walque dans le système gedinnien de A. Dumont, par M. L. de Koninck; brochure in-8° ; % Éloge de L.-A.-J. Quetelet. Discours prononcé par M. Engel au Congrès international de statistique à Buda- pesth ; in-4°. 3° Matériaux pour servir à l’histoire des roses, par M. F. Crépin ; 4° fascicule, in-8°, 4° Nouvelles observations sur le Pecopteris odontopte- roïdes Morris, par le même; extrait in-8° des Bulletins de l Académie; 5° Des résultats de l'irrigation de la plaine de Genne- villiers par les eaux d’égouts de la ville de Paris, par MM. Danet , Bastin et Garrigou-Desarenes; brochure in-4°. 6° L'élevage du bétail dans les Flandres, par F. Van Loo; in-8°. — M. Mailly présente : 4° un mémoire manuscrit inti- tulé : Le discours préliminaire placé en tête du tome I” des Mémoires de P Académie impériale et royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles; — Le premier secrétaire de l’Académie, Gérard; 2° une Notice biographique manu- serite sur R. Bouras membre de la même Académie. de Commissaires : MM. Houzeau et Quetelet. Les travaux manuscrits suivants seront également Pobjet d’un examen : ( 461 ) 4° Note sur les équations différentielles homogènes et l'équation de Clairaut, par M. P. Mansion. — Commis- saires : MM. Catalan, Folie et De Tilly; ` 2 Du projet d'une relation qui existerait entre les poids atomiques, les densités et les chaleurs latentes de dilatation des métaux; par M. P. De Heen. — Commis- saires : MM. Montigny , Folie et Stas; 3° Sur l'étage devonien des psammites du Condroz dans la vallée de la Meuse, entre Lustin et Hermeton-sur- Meuse; par M. Mourlon. — Commissaires : MM. de Ko- ninck, Dupont et Malaise. 4° Sur la formule indiquant le nombre des coniques d'un système (p, »), satisfaisant à une cinquième condi- tion; par M. L. Saltel. — Commissaires : MM. Catalan et Folie. RAPPORTS. MM. L. de Koninck et Donny donnent lecture de leur appréciation du mémoire de M. Stas ayant pour titre : De la détermination du rapport proportionnel entre largent, les chlorures et les bromures. Conformément à leurs conclusions, la classe vote des remerciments à M. Stas et décide l'impression de son travail dans le recueil in-4° des Mémoires. D’après l’article 20 du règlement général de l’Académie, les rapports des commissaires sur les mémoires des mem- bres ne sont point livrés à la publicité. ( 462 ) Sur la structure et la composition minéralogique du coti- cule et sur ses rapports avec le phyllade oligistifère; par M. A. Renard, S. J. Rapport de M. L.-G. de Koninck. « Le nouveau mémoire que M. Renard vient de sou- mettre à l'appréciation de l’Académie , offre à mon avis un grand intérêt. Afin d'en faire mieux apprécier l'importance j'ai cru utile d'en donner une analyse assez détaillée. Dans son introduction, l’auteur commence par exposer les motifs qui l'ont engagé à choisir comme objet de ses. études la description pétrographique des roches stratifiées qui constituent les terrains anciens de la Belgique et celles que Dumont a comprises dans ses zones métamorphiques. Outre l'intérêt qu'il y a pour tout géologue à connaître les particularités de structure et de composition de ces roches exceptionnellement développées dans quelques par- ties de notre pays et moins étudiées au point de vue pé- trographique qu’au point de vue stratigraphique, il s'en présente un autre : c'est que la description de ces roches, faite d’après les méthodes récemment introduites dans la science, pourra jeler quelque lumière sur la question rela- tive à la stratification du terrain ardennais. En effet, il sera peut-être permis de cette manière de justifier ou de reje- ter les analogies pétrographiques qui ont été invoquées à l'appui des interprétations stratigraphiques émises pour expliquer l'ordre de superposition des différentes forma- tions du terrain ardennais de Dumont. Le mémoire actuel est consacré à l'étude de deux roches du terrain salmien , qui sont : le phyllade oligistifère et le ( 463 ) coticule. La première ayant déjà été décrite par M. Zirkel, l’auteur s’est surtout attaché à faire connaître le coticule et ses rapports avec le phyllade. Il indique sommairement d’après Dumont le gisement du coticule et s'occupe ensuite de la partie historique concernant cette roche. Il a recher- ché et analysé les opinions émises par les savants qui, dès les débuts de la géologie, ont été frappés de ses caractères exceptionnels. D'Omalius, qui le premier dans son mémoire publié en 1808 a traité du coticule, l’a fait avec le rare talent d'ob- servalion qu’on lui connaît; les traits saillants de la struc- ture en grand de cette roche sont reproduits dans sa des- cription avec une exactitude et une précision remarqua- bles. MM. von Dechen et von Oyenhausen consacrent quelques pages aux pierres à rasoir de Salm-Château, qu’ils ont eu l’occasion d'étudier pendant le voyage qu'ils ont fait en Belgique en 1824. Ces deux éminents géologues arrivent à la conclusion que les veines de coticule forment dans le terrain salmien des filons non concordants avec la stratiti- cation. Dans son mémoire sur la constitution géologique de la province de Liége, Dumont admet que le coticule, forme tantôt des couches et tantôt des filons. Baur s'écarte de opinion émise par les deux savants _que je viens de citer; il démontre dans un mémoire remar- quable publié en 1846, que la roche en question forme de véritables couches interstratifiées régulièrement dans le phyllade qui les encaisse. Ce travail de Baur est un des plus importants qui soient cités par l’auteur, non-seule- ment sous le rapport des idées précises émises par ce géo- logue sur la stratigraphie de ce massif, mais plus encore ( 464 ) par les vues théoriques qu’il y développe relativement au feuilletage des phyllades et des schistes. Dumont publie en 1847 son mémoire sur le terrain ardennais et se range définitivement à l'opinion de Baur ; c'est celle aussi que Fauteur entreprend de démontrer, en prenant une autre voie que celle suivie par ses devan- ciers. D’après l’auteur on peut résumer les diverses opinions émises sur le coticule de la manière suivante : 4° Pour d'Omalius cette roche ne constitue pas des filons remplis postérieurement; elle est, au contraire, une partie intégrante des couches. Sur ce point les géologues qui ont étudié le coticule sont unanimes; 2° MM. von Dechen et von Oyenhausen confirment la manière de voir de d'Omalius; ils interprêtent les veines de coticule comme des filons primaires , mais leur allure plus ou moins irrégulière ne correspond pas à la stratifica- tion; c’est aussi l'opinion que Dumont se faisait de cer- taines veines de coticule, lorsqu’en 1835 il publia son pre- mier mémoire; 3° Enfin Baur démontre par des raisons probantes tirées de la stratigraphie, que le coticule forme de véritables cou- ches dans le phyllade, et Dumont, dans son mémoire de _ 1847, arrive à l'interprétation proposée par Baur. Tous ces géologues admettent donc que la roche en question fait partie intégrante du terrain qui la renferme, mais l’allure irrégulière des roches et les difficultés d'ob- servation sont telles qu'il règne encore parmi les savants des doutes sur l'interprétation véritable du coticule. On verra comment l'examen détaillé de ses propriétés litholo- giques jettera quelque lumière sur cette question. Jusqu'ici on ne connaissait que peu de chose touchant ( 465 ) la composition de la roche, objet de ce mémoire, et tou- chant les particularités de sa structure en grand et de celles que l'on aperçoit au microscope. La première partie du travail comprend l'étude des caractères macroscopiques du coticule; par les détails dans lesquels entre l’auteur, on voit combien sont intimes les liens qui réunissent la pierre à rasoir au phyllade; ces deux roches sont soudées l’une à l'autre avec une parfaite adhérence et les veines jaunâtres de coticule, en restant parallèles entre elles, suivent toutes les ondulations des couches de phyllade si souvent ployées et redressées dans le massif salmien; jamais on n’a observé des veines de coticule se croisant à la manière des filons. Quoiqu'il soit ordinaire de trouver une ligne de démar- cation bien nette séparant le coticule du phyllade, il arrive fréquemment aussi, que le premier passe par des transi- tions insensibles au second. Il est toutefois un caractère commun aux deux roches et sur lequel il est nécessaire d'insister; c'est que le feuilletage de l'ardoise se prolonge dans le coticule adjacent. Ce feuilletage très-accusé dans le phyllade, l’est moins dans les veines jaunes qui ont ordi- nairement un aspect compacte et homogène. Cependant il y existe à l’état latent et si l'on vient à briser le phyllade, le feuillet se détache en traversant le coticule et la fissure se prolonge avec une régularité et une constance d'angle qui montrent à l'évidence que ces deux roches ont un clivage commun. Ils coupent ordinairement la stratification sous un angle aigu ; l’auteur relève une autre particularité rela- tive au clivage : il a remarqué que dans bien des cas il existe un second feuilletage qui fait avec le premier un angle de 120° et détermine ainsi des prismes rhombiques. L'existence de ce second feuilletage ayant, comme le ( 466 ) premier, une direction différente de la stratification, est un fait remarquable dont les échantillons de ces roches sal- miennes donnent d'excellents exemples, tels qu'ils ne sont présentés par aucune autre roche. Ces deux clivages ne sont pas également accusés; les feuillets n'ont pas non plus les mêmes caractères physiques; ceux qui sont paral- _lèles au plan suivant lequel s'effectue le feuilletage facile, ont la surface assez lustrée ; ceux produits suivant la se- conde direction du feuilletage sont généralement plus mats. Rattachant ce fait de la coexistence de deux feuille- tages, tous deux nettement distinets de la direction des couches, aux idées théoriques sur la cause qui à provoqué la schistosité , l'auteur admet que les roches de ce massif ont été soumises à deux reprises, à une pression qui s'est exercée dans deux directions différentes. D’après lui, le feuilletage le plus facile se serait produit en premier lieu, lorsque les roches étaient encore à l’état plastique, le se- cond à une époque postérieure, lorsque les éléments con- stituant ces roches avaient acquis déjà plus de consistance - La distinction du feuilletage et de la schistosité qui joue un rôle si important dans la question d’origine du coticule, a été établie par une description soignée de leurs carat- tères respectifs. Tandis que les feuillets provenant du clivage traversent suivant des plans parallèles les deux roches adjacentes, que leur direction demeure constante et que la division en feuillets est relativement facile, on voit que la direction des couches, au contraire , est parfois ondulée et que tous ces mouvements sont suivis par les bandes de coticule, présentant ici un phénomène analogue à ce que l'on ob- serve dans ces zones verdâtres de composition minéralo- gique spéciale, intercalées dans les phyllades de Fumay. ( 467 ) Elles indiquent comme le font les bandes de coticule, l’al- lure de la stratification. | L'auteur fait remarquer, en outre, que la rupture du coticule d’avec le phyllade s'effectue plus difficilement que celle suivant la direction du feuilletage. Après avoir décrit les rapports que présentent en grand ces deux roches et avoir insisté sur les points qui viennent d’être relatés , l’auteur fait suivre l'étude plus spéciale des caractères macroscopiques du coticule. Je me bornerai à indiquer le fait que la pierre à rasoir habituellement homo- gène et jaune pâle est souvent traversée par des veinules de coloration différente, gris bleuâtre pâle; ces veinules y forment de véritables bandes et suivent comme les veines de coticule, les mouvements des phyllades encaissants. Cette espèce de coticule rubanné dont l'aspect est repro-. duit par une figure, présente assez de ressemblance avec la structure observée dans certaines agates, mais ici la dis- position des bandes n’est pas symétrique. Après cet exposé on peut se demander quels sont les minéraux constitutifs du coticule? L'auteur fait remarquer que cette question ne peut se résoudre par le seul examen microscopique, parce que telle est la compacité de la roche et la finesse de son grain, qu’il est impossible même à l’aide de la loupe d'individualiser les espèces minérales qui forment la pierre à rasoir; aussi les géologues qui se sont occupés de cette roche, se sont-ils bornés à donner la description de quelques-unes de ses propriétés physi- ques et les détails relatifs à son gisement, en ne traitant qu’incidemment de sa composition ; d’ailleurs, on ne s’en étonnera pas, si l’on songe que ces habiles observateurs n'avaient pas à leur disposition le mode d'investigation que l’auteur a pu mettre en œuvre. (468 ) Toutefois en examinant avec attention les feuillets ou les cassures, on apercoit à leur surface des particularités qui laissent entrevoir les éléments que l'analyse microscopique va nous apprendre à connaître. On aperçoit à l'œil nu des lames phylladeuses fortement agrégées; ces membranes apparaissent mieux dans les variétés schistoïdes que dans le coticule massif, où on ne les distingue que par l'éclat lustré qu'elles prêtent aux surfaces mises à nu. Cette phyl- lite n’a pas aspect argenté ou nacré de la séricite; elle n'en a pas non plus les caractères pyrognostiques; ce sont ces lamelles qui constituent la masse fondamenale de la roche. Par la réflexion d’une forte lumière, on aperçoit sur ces membranes phylladeuses un miroitement dù à des gra- nules eristallins de dimensions infinitésimales et l'on serait assez porté de rapporter au quartz ces points brillants, si Pétude microscopique ne découvrait en eux des propriétés optiques et des formes cristallines qui doivent faire écarter cette supposition. La dimension microscopique des élé- ments enlacés par la phyllite ne détermine jamais la struc- ture que l’auteur désigne sous le nom de gneissique; au moins n’apparaît-elle pas à l'œil nu ou à la loupe. Parmi les éléments accidentels, on doit compter le fer oligiste, 'hydroxyde de manganèse, qui imprégnent souvent le coti- cule, le quartz et la pyrophyllite. Les deux analyses de coticule qui suivent la description dont je viens d'esquisser les points principaux, sont faites par deux habiles chimistes; l’une est due au docteur von der Mark et l’autre à M. Pufal, de l'Ecole des Mines de Berlin. On verra par la suite l'interprétation que l’auteur en a dé- duite. La partie suivante du mémoire traite de la structure mi- croscopique du coticule. Pour arriver aux résultats qu'il ( 469 ) expose, l’auteur a dù tailler et polir plus de 60 plaques minces de cette roche si ingrate pour ce genre de travail, mais il a été récompensé par la nouveauté des faits qu'il signale et qui expliquent ceux dont il vient d'être ques- tion. En soumettant les plaques minces à un grossissement de 60 à 80 diamètres, on voit une substance micacée, incolore qui répond aux fibres phylladeuses indiquées plus haut. Ces membranes sont parsemées de points infinitési- maux et de petits microlithes allongés; néanmoins la sub- stance micacée constituant la masse fondamentale de la roche, est la seule chose qui apparaisse alors distincte- ment. Après avoir exposé toutes ces particularités de sa truc- ture et indiqué l'existence de filons primaires microsco- piques au sein de la roche, l’auteur, abandonnant l'inter- prétation de Dumont qui considérait la pyrophyllite comme principe constitutif des phyllades ardennais, rapproche les fibres phylliteuses du coticule , de la Damourite, miné- ral que les recherches de mon fils Lucien et de M.Davreux ont démontré exister dans une roche grenatifère de Salm, présentant, comme on le verra, bien des analogies avec le coticule. Cette manière de voir concorde au reste avec les résultats des analyses citées plus haut. Pour individualiser nettement les éléments interposés dans la phyllite, l’auteur se sert de grossissements de 700 à 800 diamètres; les gra- nules, opaques tout à l'heure, prennent alors une forme géométrique et deviennent transparents; on y découvre des faces qui se rapportent au rhombododécaèdre ; leur isotropie est parfaite; leur indice de réfraction élévé; ils sont tellement répandus à la surface des feuillets, disposés en chapelets ou groupés les uns sur les autres, que l'on ( 470 ) peut dire que ces granules constituent parfois les deux tiers de la roche. L’auteur les rapporte au grenat; en effet, la forme cristalline, les-propriétés optiques de ces cristaux dont les plus gros ne s'élèvent pas à plus de 0"", 020, se rattachent par tous leurs caractères à cette espèce miné- rale. Le poids spécifique élevé de la roche trouve à son tour son explication en admettant qu’elle est composée de gre- nats; de même, la dureté du coticule se comprend par cette détermination. La coloration du coticule s'explique aussi en considérant le grenat spessartine comme lélé- ment principal de la pierre à rasoir. L’agglomération d'une prodigieuse quantité de cristaux de spessartine peut pro- duire une coloration d'ensemble donnant la teinte jaune bleuâtre. L'analyse chimique indique d'une manière plus certaine encore le grenat manganésifère (21,71 p. /, Mno d’après von der Marck et 17,54 p. °/, d’après Pufal). Un troisième élément consiste dans la tourmaline. On découvre des formes cylindriques, énantiomorphes, dicro- scopiques, ayant la coloration qu'affecte quelquefois la tourmaline. L'auteur en donne la description cristallo- graphique et rapporte une recherche qu'il a faite avec son ami Zirkel, recherche qui leur a permis d'établir d'une manière certaine que ces formes prismatiques se rappor- tent au minéral en question. On trouve encore avec une grande variété de formes cristallines qui n’ont pas encore été signalées par les micro- graphes, bon nombre de microlithes plus petits que les prismes de tourmaline dont le mode de groupement ou de superposition se répète avec une régularité et une con- stance remarquables. L'auteur reproduit dans un dia- ( 471 ) gramme quelques-uns de ces groupements; on y voit que ces prismes ont une tendance à se croiser sous un angle de 60°. Souvent ces cristaux sont géniculés et offrent des macles où l’hémitropie est parfaitement indiquée. Les pro- jections de ces formes étranges signalées pour la première fois à l'attention du monde savant, sont reproduites par des figures dans le texte. Les angles de ces rhomboïdes sont de 60°, de 80° et de 120° et présentent ceux des hémitro- pies des cristaux du système rhombique qui ont une arète d'environ 120°. Malgré les détails eristallographiques que fournit à l’auteur l'étude minutieuse de ces intéressants cristaux, ils ne lui suffisent pas encore pour une détermina- tion de l’espèce minérale. Ces cristaux forment-ils une nouvelle espèce ou doivent-ils se rapporter à une espèce déjà connue? La question est restée indécise; mais à juger par la forme qu’ils affectent et par leur découverte dans un schiste cristallin, on serait assez porté à les rapporter au chrysobéryl. L'un des plus habiles cristallographes de l'Allemagne, M. G. von Rath à qui l’auteur a communiqué ses plaques préparées, arriva à la même conclusion. Enfin, le fer oligiste apparaît au microscope commeélément acci- dentel du coticule. Ajoutons que tous les principaux détails micrographi- ques donnés dans la seconde partie du mémoire sont re- produits sur une planche coloriée et dessinée avec le plus grand soin et par laquelle l’auteur s’est efforcé de rendre avec exactitude l’aspect microscopique des différents mi- néraux du coticule et la structure intime de cette roche. Après avoir étudié dans la première partie de son tra- vail les rapports en grand du phyllade oligistifère et du coticule, il examine ensuite ces rapports sous le point de vue de propriétés microscopiques de ces deux roches. (472 ) Pour faciliter cette étude comparative, l'auteur expose en quelques mots l'excellente description que le plus émi- nent pétrographe de notre temps, son ami Zirkel, a donné du phyllade oligistifère de Recht. Il n’a rien à ajouter aux quelques pages du savant mierographe; seulement il con- state dans le phyllade la présence de la tourmaline non signalée par le géologue allemand. Sa description du coti- cule, en appuyant toutes les déterminations de M. Zirkel, jette, par les détails qu’elle fournit, quelque jour sur le système cristallin et sur les formes des minéraux prisma- tiques découverts dans le phyllade de Recht. Les deux roches ont de commun: la substance mica- cée, le grenat, les microlithes géniculés, la tourmaline. La teinte du phyllade est due à l’interposition de cris- taux de fer oligiste et de particules charbonneuses; la figure 6 de la planche représente, en même temps que les analogies de ces deux roches, l’aspect différent qu'elles offrent au microscope, aspect qui est dû surtout à Tin- terposition des deux derniers minéraux. On voit done une fois de plus quels sont les liens intimes qui unissent ces deux roches et l’auteur, s'appuyant sur cet ensemble de faits, admet en discutant les idées théoriques relatives à la formation des phyllades que les bandes de coticule sont de véritables couches intercalées dans le terrain salmien et qu’elles se sont déposées comme les phyllades adjacents dans la mer saimienne avec des caractères propres qui les différenciaient, dès le moment du dépôt, des sédiments qui devaient fournir les phyllades. Sans nier qu’une action métamorphique ait affecté d'une manière générale tout ce massif, l'auteur est porté à croire que ce phénomène n’a pu réaliser à lui seul la concentra- tion des éléme constituent le coticule. v 4 4 (475 ) Le travail se termine par l’énumération des points où l'on rencontre dans d’autres pays les roches que l’on a considérées comme identiques aux pierres à rasoir de Vieil-Salm et il montre en particulier que les couches jau- nâtres intercalées dans les phyllades de Fumay diffèrent pour leur composition et leur structure de celles qui font l’objet du mémoire que je viens d'analyser. Cette analyse, tout en démontrant importance du sujet, fait ressortir les difficultés que l’auteur a rencontrées et les patientes et ingénieuses recherches auxquelles il a dû se livrer pour les surmonter. Je n’hésite pas à proposer à la Classe l'insertion du tra- vail de M. Renard dans le recueil des Mémoires in-4° et de voter à l’auteur des remerciments pour son intéres- sante communication. » Rapport de M. C. Malaise. « Il résulte des recherches faites par l’auteur de ce travail, que le coticule a une composition toute différente de celle qu’on lui avait attribuée jusqu’à présent , mais qui en explique cependant très-bien les diverses propriétés. L'auteur établit que le coticule est un schiste cristallin très-riche en grenat ayant jusqu’à un certain point la struc- ture caractéristique des phyllades adjacents. Il est constitué par une pâte, formée pour un tiers environ d’une variété de mica hydraté à base de potasse, se rapprochant de la Damourite. $ renferme en grande quantité diverses espèces minérales de dimensions mieroscopiques. Celles-ci sont intimement unies avec des milliers de corpuscules ou petits polyèdres isotropes rapportés au grenat, dont on observe souvent les facettes en losange qui indiquent les 27° SÉRIE, TOME XLII. 51 ( 474 ) rhombododécaèdres et quelques sections hexagonales ou . quadratiques. L'indice de réfraction élevé du grenat se tra- duit par l'éclat extraordinaire que révêtent ces cristaux lorsqu'on les observe par transparence. Le poids spécifique élevé de la roche (3,223) trouve lui-même une explication dans celui du grenat qui la forme presque tout entière. C’est également aux cristaux de grenat qu’il faut attribuer la dureté de cette roche. La teinte jaune-blanchâtre s'ex- plique également en admettant que le grenat est la spes- sartite. Les autres minéraux que l’on rencontre dans le coticule sont : la tourmaline , le chrysobéril, l’oligiste et la titanite. Lorsque l'on compare les résultats auxquels est arrivé _M. Zirkel, en étudiant les phyllades oligistifères de Recht, avec ceux qu’a obtenus M. Renard pour le coticule, on voit apparaître pour les deux roches de frappantes analogies de structure et de composition, que l’on était loin de soup- çonner, mais qui concordent parfaitement avec tous les caractères que l'étude en grand du phyllade et du coticule nous avaient appris à connaître et qui expliquent un cer- tain nombre de faits sur lesquels on ne s'était pas encore prononcé. La seule différence qu’ils présentent au point de vue des éléments constitutifs, consiste en ce que le phyllade renferme , d’une manière constante, des lamelles de fer oligiste et des granules charbonneux qui lui donnent sa coloration. Le grenat est probablement beaucoup plus abondant dans les roches cambriennes de l’Ard@ne, qu'on ne avait cru jusqu’à présent. J'ajouterai à la présence du grenat dans le phyllade oligistifère de Recht, et dans la roche grenatifère de Salm-Château, celle des mêmes -grenats dans les phyllades manganésifères de Salm- ( 475 ) Château. On trouve dans cette roche des cavités quelque- fois rnombododécaédriques qui ont dû contenir des gre- nats, cavités que Dumont croyait provenir d’oxyde de fer. M. F. Pisani a rencontré du corindon dans le voisinage de la même roche (1). Le travail, dont nous venons de rendre compte à la classe des sciences, a dû coûter bien des recherches à l’auteur et beaucoup de peine pour coordonner les menus détails de ses observations, les éclaircir les uns par les autres et en faire découler les conclusions qu’il établit à la fin de son mémoire. Aussi nous nous rallions aux conclusions de notre sa- vant confrère et nous proposons également l'insertion du travail de M. Renard et de la planche qui l'accompagne dans les Mémoires in-4°. » La classe a adopté ces conclusions. ee D’une histoire des sciences et des lettres en Belgique pen- dant la seconde moitié du XVIII siècle. — Du projet qu’on avait formé, en 1786, de créer une chaire à l Uni- versité de Louvain pour l’astronome de Zach et d’y ériger un observatoire; par M. Éd. Mailly. Rapport de M, J. C. Houzeau. « Les recherches historiques fort intéressantes, aux- quelles notre collègue M. Mailly se livre avec ardeur, font 1) « Le corindon de Salm-Château se trouve associé au quartz qui contient la Dewalquite, avec albite, mica, etc., surtout dans le quartz noirâtre, peu riche en Dewalquite Il est d’un noir violet, à grains fins, Dureté = 9, Densité = 2,9 » (M. F. Pisani in litter.) (476 ) voir que les principales institutions scientifiques et lit- téraires dont la Belgique s'enorgueillit aujourd'hui — le _ Musée d'histoire naturelle, le Jardin Botanique, le Musée d’antiquités, l'École militaire, l’École vétérinaire, l'Obser- vatoire, la Bibliothèque royale, la Commission royale d'histoire — étaient conçues et en germe dès le dernier quart du XVIII° siècle. Elles entraient dans les projets soit du gouvernement des Pays-Bas autrichiens, soit de l'ancienne Académie de Bruxelles. Des causes sur les- quelles je n'ai pas à m'étendre ici, sont venues suspendre, pour ainsi dire à son début, le développement de ces pro- jets. Il est remarquable que ces périodes alternatives d'activité intellectuelle et de somnolence ou d'attente se reflètent dans les vicissitudes par lesquelles a passé l'Aca- démie elle-même, comme si celle-ci n’eût été que le signe extérieur d’un feu qui tour à tour se rallume et s'éteint. Dans le travail qu’il soumet à la classe, M. Mailly s'oc- cupe en particulier du projet formé, en 1786, par le gou- - vernement des Pays-Bas autrichiens, d'annexer un obser- vatoire à l'Université de Louvain dûment réorganisée. La création d’un pareil établissement astronomique, capable de marcher de pair avec la plupart des observatoires qui existaient alors dans les principales villes universitaires d'Europe, fut admise en principe et sans discussion par tous ceux qui eurent à s'occuper du projet. On ne différa que sur le choix des moyens. Le conseiller privé, Le Clerc, chargé du rapport, croyait que le personnel de l'Université qui existait alors à Louvain, était assez riche en hommes de science pour fournir à presque tous les besoins d'une nouvelle organisation. Mais le prince de Belgioioso Se déclara d’un avis différent, et aurait voulu retremper ce personnel au contact de quelques étrangers d’un mérite ( 477 ) transcendant et d’une réputation déjà conquise. M. Mailly discute ces deux opinions, avec la netteté et limpartialité qui Font toujours distingué dans ses recherches his- toriques. Il trace ensuite, d’après les sources les plus sûres, le tableau de la carrière scientifique de l’astronome hongrois de Zach, qui était proposé pour la chaire d'astronomie et la direction de l'Observatoire. Il nous apprend que la négo- ciation qui avait pour but d'appeler ce savant en Belgique venait d'aboutir, lorsque les événements auxquels je faisais allusion tout à Pheure vinrent couper court à ces projets, et rejeter la Belgique savante dans l'ombre d'où elle cher- chait à sortir. On ne remonte pas sans intérêt à la trace de nos pre- miers pas dans ces efforts si difficiles, qui marquaient le réveil intellectuel de la nation. J’ai donc l'honneur de pro- poser à la classe l'insertion de la notice de M. Mailly dans le recueil des Mémoires in-8°. La classe se joindra égale- ment à moi, je l'espère, pour engager notre collègue à poursuivre le travail dont il s’occupe si consciencieuse- ment, sur le mouvement intellectuel de la fin du siècle dernier, et pour lequel il a déjà réuni de nombreux et pré- cieux matériaux. » Rapport de M. Quetelet. « M. Mailly a déjà publié plusieurs études intéressantes dans lesquelles il a fait connaître successivement l'organi- sation scientifique des principaux états de l'Europe et de l Amérique; ces notices, pleines de renseignements groupés avec méthode et clarté, ont été fort remarquées. En 1872, a paru l'important mémoire dans lequel ont été analysés (: 478 ) et discutés tous les travaux relatifs aux étoiles du, ciel austral qui ont été exécutés depuis le moment où de nou- velles constellations frappèrent pour la première fois les — regards des navigateurs jusqu’à ces derniers temps où les recherches les plus délicates ont été entreprises en vue de déterminer les distances et les mouvements de plusieurs de ces astres. Quand l’Académie célébra le centième anniversaire de sa fondation, M. Mailly fut chargé par la classe des sciences de présenter le rapport sur les progrès accomplis en astro- nomie pendant la période séculaire. Notre savant confrère s’acquitta de cette tâche avec le soin et la conscience qui le caractérisent et les recherches nombreuses auxquelles il dut se livrer à cette occasion lui firent découvrir des faits très-curieux et complétement inédits sur l'histoire des sciences dans les Pays-Bas à la fin du XVIII siècle. L'auteur prépare un travail approfondi sur ce sujet inté- ressant; aujourd'hui il en détache un chapitre qu'il pré- sente à la classe des sciences et dans lequel il fait con- naître que, il y a près d'un siècle, des propositions avaient été faites au gouvernement autrichien dans le but de modifier l'organisation de l’Université de Louvain et d'y adjoindre un observatoire astronomique. Ainsi l'Observa- toire, dont la création date de l’année 1826, aurait été fondé quarante ans plus tôt, et nous posséderions de riches documents dont l'absence se fait souvent sentir. Des 0u- vertures avaient même été faites à ce sujet au célèbre baron de Zach ; malheureusement des engagements anté- rieurs pris par ce savant illustre le décidèrent en faveur de l'Observatoire du Seeberg, et les troubles, précurseurs de la révolution qui devait bientôt éclater, firent abandonner l’idée d'ériger un observatoire dans les Pays-Bas. ( 479 ) Le travail de M. Mailly sera lu avec intérêt et j'ai l’hon- nèur d'en proposer l'impression. » Conformément aux conclusions favorables de ses com- missaires, la classe a décidé impression de ce travail dans le recueil in-8° des Mémoires. Notice sur l’action du chlore sur le peroxyde d'argent; par MM. W. Spring et P. Arisqueta. Rapport de M, Stas. « Le travail présenté par MM. Spring et Arisqueta peut être considéré comme la continuation des recherches entreprises par M. Spring sur les acides du chlore, recher- ches qui sont imprimées dans le Bulletin de la séance du mois de juin 1875. On se le rappelle sans doute, ce chi- miste distingué a cru pouvoir déduire de l’ensemble de ses investigations que le chlore dans toutes les combinaisons qu’il contracte avec l'oxygène jouit des même propriétés, fait inconciliable avec l'hypothèse admise par quelques chimistes sur la variabilité de l’atomicité du chlore. Il a déduit surtout cette conclusion de la production de l'anhy- dride chloreux sous l'influence de l’action d’un courant de chlore sur le chlorate d’argent. Dans le but de soumettre cette conclusion générale à l'épreuve de l'expérience, MM. Spring et Arisqueta ont étudié l’action du chlore sur le peroxyde d’argent auquel on attribue la formule Ag?0?, correspondant à la compo- sition d’un bioxyde de chlore inconnue jusqu'ici. Ils ont constaté qu’à une température comprise entre 40° et 50°, le peroxyde d'argent est ramené par un courant lent de ( 480 ) chlore sec à l'état de chlorure de ce métal avec formation d’anhydride chloro-chlorique mêlé de chlore, mélange représentant les produits de la décomposition du bioxyde e chlore. Les auteurs concluent de cette réaction à l'identité de constitution des bioxydes d'argent et de chlore. Quoi qu'il en soit de cette conclusion et de toutes les considérations théoriques qui la précèdent et que je passe sous silence, le travail renferme un fait nouveau et remarquable, c’est la production d’un degré d’oxygénation supérieure du chlore par l’action de ce corps sur un peroxyde. Il constitue, je le crois du moins, le premier exemple d’une formation de ce genre. Ce petit travail, d’une exécution très-délicate, porte le cachet de l'exactitude bien connue de l’un des auteurs. J'ai l'honneur de proposer à la classe d'ordonner l'im- pression de la Notice de MM. Spring et Arisqueta dans le Bulletin de la séance et de leur adresser des remerciments pour leur communication. » La classe a adopté ces conclusions, auxquelles s’est rallié M. Donny, second commissaire. Note sur quelques nouveaux agents anesthésiques; par le D" F. Putzeys. Rapport de M. Schwann. « Beaucoup de produits de substitutions chlorées appar- tenant à la série grasse, tels que le chlorure de méthyle, le chloroforme, etc., possèdent des propriétés anesthési- ques, tandis que les produits analogues bromés et iodés ( 481 ) qui jouissent de la même propriété, sont beaucoup moins nombreux. M. Putzeys a examiné si les bromures de radicaux alcoo- liques dont les chlorures amènent l’anesthésie, possèdent ou non cette même faculté. Les expériences furent faites avec les bromures d’éthyle, de propyle et d'amyle. Des grenouilles, des lapins, des chats et des chiens furent placés dans des conditions à devoir inspirer avec l’air les vapeurs de chacune de ces trois substances. Les effets étaient entièrement pareils à ceux du chloroforme, surtout anesthésie complète et retour à la santé, si la dose n’était pas trop forte. Sur les gre- nouilles M. Putzeys a en outre constaté un ralentissement des contractions du cœur. Il a semblé à l’auteur que le bromure d’éthyle est un peu plus actif que le bromure de propyle et surtout que celui de l’amyle, et M. Putzeys suppose que cette différence est en relation avec la quantité différente de brome que ces produits renferment et qui est la plus petite dans le chlo- rure d’amyle (52,98 p. °/.), plus grande dans le chlorure de propyle (65,04 p. °/,) et la plus grande dans l’éthyle bromé (73,39 p. °/). J'ai l'honneur de proposer d'insérer la communication _ intéressante de M. Putzeys dans les Bulletins de l’Académie et d'adresser des remercîments à l’auteur. » M. Éd. Van Beneden ayant adhéré aux conclusions de son savant confrère M. Schwann, la classe a adopté leur rapport. ( 482 ) Diagnoses de Cucurbitacées nouvelles (deuxième fascicule); par M. Alf. Cogniaux. Rapport de M. Éd. Morren. « Je persiste à croire que M. Cogniaux met trop d'em- pressement à publier les résultats de ses observations sur les Cucurbitacées. En effet, le deuxième fascicule contient déjà beaucoup d’annotations concernant les Anguria de son premier fascicule, N'eût-il pas été plus convenable pour Académie et pour l’auteur d'attendre quelques mois et de mettre au jour un fruit mûr et bien développé? Le nouveau fascicule concerne la description des genres Ceratosanthes, Apodanthera Arn., Elaterium Jacq., CY- clanthera Schrad. , Elateriopsis Ernst, Echinocystis Torr. et Gr. ` C'est là une sorte de travail qui se prête peu à l'analyse. Je me bornerai à faire observer qu’il s’y trouve, selon moi, des détails superflus, des renseignements de faible valeur et une déplorable tendance à faire long. Ce n’est plus ainsi qu'on rédige aujourd'hui les travaux descriptifs qui sont insérés dans les recueils académiques, témoin ceux de MM. Bentham, Hooker, Masters, Grisebach , etc. Ce qui importe au monde savant, c'est un mémoire bien élaboré sur un sujet déterminé et non point d’être initié aux difi- cultés et aux émotions que l'auteur peut éprouver pendant ses études. Je signale ces observations à l'auteur, qui saura les uti- liser comme celles que j'ai déjà eu l’occasion de lui adres- ser ici et, sous ces réserves, je ne vois pas d'inconvénient à publier son travail. » ( 483 ) Rapport de M. A. Bellynck. « Dans son premier fascicule, M. Cogniaux avait fait connaître les espèces nouvelles du genre Anguria; dans son deuxième fascicule, il passe en revue les espèces cri- tiques du même groupe, et expose les genres Ceratosan- thes, Apodanthera, Elaterium, Cyclanthera , Elateriopsis et Echinocystis. — Chaque genre est précédé d’un exposé historique. Vient ensuite une énumération de toutes les espèces connues, et la description des espèces nouvelles : on compte quarante-quatre espèces inédites parmi les soixante-dix-neuf espèces énumérées. Enfin la revue des genres se termine par un tableau dichotomique de toutes les espèces dont il est fait mention. — Le travail est accom- pagné d’une planche qui représente les principales formes d'anthères des Gurania. Ce nouveau fascicule de M. Cogniaux m’a paru travaillé avec beaucoup de soin ; je n’hésite donc pas à en demander l'impression, avec la reproduction de la planche qui l'ac- compagne. » Rapport de M. F. Crépin. « Le nouveau mémoire de M. Cogniaux, qui fait suite à celui du même auteur que l’Académie a, l’année dernière, accueilli favorablement, est la continuation d’études inté- ressantes sur la famille des Cucurbitacées. Grâce aux recherches de ce jeune savant, la science ne tardera pas à posséder une révision sérieuse d’une des familles les plus délaissées et des plus difficiles du règne végétal. ( 484 ) Je m’associe à mon honorable confrère, M. A. Bellynck, pour demander à la classe des sciences l’insertion, dans les Mémoires in-octavo, du deuxième fascicule des diag- noses avec la reproduction de la planche qui l’accom- pagne. » La classe a adopté ces conclusions. Applications de la loi de décomposition; par M. Louis Saltel. Rapport de M. Catalan. « Le Bulletin du mois de mai dernier contient la dé- monstration d’un théorème très-général , appelé, par l'au- teur, loi de décomposition, et qu’il énonce ainsi :- ~ < Dans tout lieu géométrique, qui est tel qu’en faisant » passer une ou plusieurs des courbes génératrices par des » points arbitraires , il en résulte, pour les valeurs corres- » pondantes des paramètres variables que renferment les » équations de ces courbes , un certain nombre de valeurs » fixes, on peut affirmer que ce lieu se décompose néces- » sairement en plusieurs autres, dont on peut toujours » d’ailleurs trouver, a priori, les équations qui les définis- » sent séparément. » A la fin de cette communication, M. Saltel en annonçait . une autre, contenant de nombreuses applications du théo- rème que nous venons de rappeler. Cette promesse a élé réalisée dans la séance du 5 août, et nous venons rendre compte , très-sommairement, du nouveau travail présenté à l’Académie. ( 485 ) Voici les énoncés des problèmes résolus par le jeune Professeur : PROBLÈME I. — Trouver l’ordre du lieu du point d'où l’on peut mener, à une courbe U, d'ordre m; et de classe nı, des tangentes égales à la distance de ce point à un point fixe O PROBLÈME II. — Trouver l’ordre du lieu des points d’où l’on peut mener, à deux courbes Ui, U,, d'ordres My, M», el de classes ny, na, des tangentes égales. PROBLÈME III. — Trouver l’ordre du lieu du point d’où l’on peut mener, à une courbe U;, d'ordre m, et de classe nı, des normales égales à la distance de ce point à un point fixe O. PROBLÈME IV. — Trouver le degré du lieu des points d'où l’on peut mener, à deux courbes Ui, Us, d'ordres My, ma, et de classes ny, na, des normales égales. PROBLÈME V. — Trouver l’ordre du lieu des points d’où l’on peut mener, à k courbes, les plus générales d'ordres My, Ms, M, , el de classes ny, No, Nk, des tangentes dont la somme des carrés soit constante. Relativement à ce dernier problème, M. Saltel fait observer que les lieux étrangers, en nombre 2 —1, ad- mettant chacun une foule de décompositions, il serait presque impossible d'attaquer la question er les méthodes habituelles. Dans une courte Addition, l’auteur applique la loi de décomposition aux enveloppes de courbes ou de surfaces. L'Académie ayant favorablement accueilli les premiers travaux de M. Saltel, je lui propose de vouloir bien auto- ( 486 ) riser l'insertion, au Bulletin, des Applications qui en sont le complément nécessaire. » La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles s’est rallié M. Folie, second Commissaire. nee Sur la formule indiquant le nombre des coniques d'un système (u, y) satisfaisant à une cinquième condition; par M. L. Saltel Rapport de M. Catalan. « Dans cette nouvelle communication, M. Saltel pré- tend démontrer l’inexactitude de certains théorèmes avancés par M. Chasles, touchant la théorie des caracté- ristiques. Déjà, au Congrès de Clermont-Ferrand, un jeune Géomètre, M. Halphen , a fait une communication que l’on peut résumer ainsi : « On a donné quatre démonstrations du principal théo- » rème de M. Chasles; j'en ai moi-même donné une. Hé » bien ! ces quatre démonstrations sont inexactes. » L'importance de la courte Note présentée par M. Saltel m’autorise à en demander l'insertion au Bulletin. Quand bien même l'illustre Doyen des Géomètres se serait trompé sur le point signalé, sa gloire n’en ressentirait aucune atteinte. » Rapport de M. Folie. « Je puis ajouter, à l'appui de la proposition de notre honorable confrère, qu’un examen rapide de la Note de M. Saltel me permet d'affirmer que certains résultats qu'il ( 487 ) donne, et qui sont contradictoires avec ceux de M. ere sont parfaitement exacts. Je me joins donc à M. Catalan pour proposer à la ess d'insérer au Bulletin la note de M. Saltel. » La Classe a adopté ces conclusions. — M. Stas, chargé d'examiner une communication, en italien, de MM. Tovo père et fils, sur la solubilité de l’iode par l’eau potable, est d'avis que l’Académie ne doit pas s'occuper de l'examen de travaux de ce genre, qui consti- tuent , à ses yeux, plutôt une réclame commerciale qu'un travail scientifique proprement dit. Il en propose en consé- quence le dépôt aux archives. — Adopté. — La même décision est prise à l'égard de deux nou- velles communications de MM. Tovo, la première sur un antielmintina, la seconde sur un automatico-compasso de leur invention. Sur un régulateur de la lumière électrique; par M. A. Brachet. - Rapport de M. Ch. Montigny. « L'appareil proposé par M. Brachet, et dont il ne donne qu’une description très-sommaire, se compose de quatre charbons de coke disposés en croix ; les deux cônes traversés par la même partie d’un courant étant placés, les pointes en regard , sur une verticale, et les deux autres, sur une ligne horizontale. Les charbons opposés sont nécessaire- ment séparés au point de croisement des lignes directrices. L'auteur n’a fait aucune expérience pour apprécier si la ( 488 ) disposition proposée présente les avantages qu'il en attend, et si elle n’entraîne aucun inconvénient, car, après avoir dit que les quatre charbons seront mis en mouvement par deux mécanismes indépendants, il ajoute: « Il est peu » probable qu'avec une pareille disposition, il puisse y » avoir des intermittences momentanées et surtout une » extinction totale de l'arc voltaïque. » M. Brachet ne dit pas si les deux couples de charbons opposés seront traversés par le même courant ou par deux courants produits par des piles distinctes; la figure peu détaillée qui accompagne le texte écourté de cette note, ne donne aucun éclaircissement à cet égard. Admettons, ce qui doit être conforme à la pensée de l'auteur, que les deux couples de charbons soient traversés par des courants distincts. Ceux-ci se couperont à angle droit au point de croisement des lignes directrices des charbons. Rappelons ici que, d’une part, les expériences relatives au passage des courants voltaïques à travers l’eau acidulée ont montré que plusieurs courants peuvent se croiser au milieu de ce liquide sans se modifier, et que, d’autre part, dans la télé- graphie électrique, le problème de la transmission simul- tanée et en sens inverse des dépêches dans un même fil a été résolu. Mais il n’est nullement certain que, dans la disposition proposée par M. Brachet, les deux courants puissent se croiser dans la région de séparation des pointes des charbons sans se modifier, la conductibilité n'étant plus parfaite dans cette région. En effet, dans tout appareil de l'éclairage électrique, il y a interruption du milieu conduc- teur entre les pointes de carbone, et quand l'appareil fonctionne , le courant est conduit, comme on le sait, du charbon positif au charbon négatif à l’aide des molécules incandescentes de carbone qui sont volatilisées et trans- nN ( 489 ) portées rapidement dans le sens du courant. L'arc vol- taique doit ainsi sa permanence au mouvement des parti- cules qui le traversent. Quelles seront, dans le système projeté par l'auteur, les influences réciproques de deux courants de particules matérielles incandescentes se ren- contrant à angle droit? Ces rencontres continues des par- ticules de carbone ne seront-elles point la cause, à l'égard de chacun des courants, de résistances très-nuisibles à Pintensité de la lumière électrique? Ces questions doivent être résolues à l’aide d'expériences spéciales. La classe doit juger, d’après les considérations qui pré- cèdent, que quand bien même la note dont il s’agit serait assez détaillée et assez précise pour être appelée à prendre place dans le Bulletin de l’Académie, il y aurait à deman- der à l’auteur des expériences qui vinssent à l'appui de son système. En présence de cet état de choses, je n’hé- site pas à demander le dépôt de cette note aux Archives. » Ces conclusions sont adoptées. nd COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Morren, inscrit pour une lecture Sur le rôle des ferments dans la nutrition des plantes, demande la remise à la prochaine séance. — Accordé. — M. Dupont informe l'Académie de la découverte de nombreux vestiges de l'âge de la pierre polie dans les- environs d’Hastière-sur-Meuse. On y a trouvé non moins de quinze cavernes sépulcrales de cette époque. Cinq d’entre elles ont déjà fourni les restes d’environ cinquante- cinq squelettes humains. Trente-cinq crânes sont assez Qme SÉRIE, TOME XLII. 52 ( 490 ) bien conservés. Seize des emplacements, occupés sur les plateaux par les peuplades de ce temps qui n'étaient plus troglodytes , ont été explorés et l’on y a déjà recueilli de nombreux débris d'outils et d'armes en silex. Ces décou- vertes sont destinées à mieux définir le caractère de cette phase encore obscure de notre ethnographie ancienne. . Synopsis des Agrionines (suite du genre Acrion) ; par M. Ed- mond de Selys Longchamps , membre de l’Académie. Sous-genre 15. — PSEUDAGRION, pe SELYys. Acrion, Ramb , Burm. Secteur inférieur du triangle naissant à la nervule basale postcostale (rarement un tant soit peu auparavant). Ptéro- stigma en losange, ou rhomboïde, semblable aux quatre ailes; 8 à 17 nervules poetenbijales. Des tac claires linai t cunéiformes (rarement hisobi Lèvre inférieure fendue dans son quart ou son tiers basal. Tête, thorax et abdomen médiocres ou grêles. Cils des tibias médiocres ou assez longs (4-7 aux postérieurs en dehors). Onglets à dent inférieure variable, plus courte que la principale. o Coloration variable. Appendices anals supérieurs assez longs, presque toujours fourchus ou échanerés; les inférieurs plus courts. © Coloration généralement dissemblable. Prothorax à bord postérieur muni de chaque côté du lobe postérieur d'une tige mince, complétement rejetée et couchée sur le lobe médian. Pas d’épine vulvaire. Patrie : Afrique et Asie tropicales et australes, Malaisie. Une espèce dans l’Australie septentrionale. ( 491 ) 4er groupe : (Ps. FURCIGERUM). 8° et 9° segments du mâle bleus ou bleuâtres. A. Une bande noire à la seconde suture latérale du thorax. (Appendices supérieurs fourchus.) P. melanicterum — Angolense — prætextatum (Afrique). B. Pas de bande noire à la seconde suture latérale du thorax. a. Appendices supérieurs du mâle fourchus. Ps. furcigerum (Afrique). b. Appendices supérieurs du mâle émarginés, non four- chus. Coloration bleuâtre. Ps. glaucescens—torridum—nubicum (Afrique). Ps. decorum — microcephalum (et races? Austra- _lasie — migratum et approximans)? — Cyane — ? hisopa —?rubriceps (Asie et Malaisie). ge groupe : (Ps. PRUINOSUM). 8° segment du mâle noir, 9° clair ou en partie noir. Appendices supérieurs émarginés (Malaisie). A. Une bande noire à la seconde suture latérale du thorax. Ps. crocops — coriaceum. B. Pas de bande noire à la seconde suture latérale du thorax. Ps. pilidorsum — ustum — magnanimum rennes ? hypermelas. NB. Les Pseudagrions semblent très-voisins des vrais Agrions. Cependant il fallait bien les isoler, du moment où l’on accordait de l'importance au caractère tiré du point de naissance du secteur inférieur du triangle par rapport à la nervule basale D Certaines espèces semblent aussi se rapprocher des Télebasis du s s-genre énobasis, que je décrirai plus loin, par exemple, les Ps. hisopa et rubriceps. Le andes des femelles est très-particulier par les deux tiges minces et x courtes rejetées vers la tête dont il est pourvu. Il est ars oa cette er mation singulière que le Dr Hagen caractérise an nom de cide avec celle des appendices supérieurs des mâles fourchus ou ehindeds ‚ qui dans les valera: de l'accou pannes TR la femelle par le prothorax. Les P erde oe: Genen une aire d'habitation très-nette, Ils babitent Ra. p a Malaisie 160. PSEUDAGRION MELANICTERUM , de Selys. Abdomen o” 32-34; Q 26. Aile inférieure d" 21-22; Q 23 1/2. Bx Ptérostigma brun foncé ou noirâtre en losange, entouré d’une ner- noire, couvrant presque une cellule; 13-14 postcubitales; ailes assez AE réticułation noire; quadrilatère à côté supérieur ayant aux pre- mières ailes presque la moitié de sua Ailes pétiolées jusqu’à la zin estas, qui est placée entre la fre et la 2e antécubitale. Noi ddie marqué de jaune verdàtre. Tête petite, livide en des- SOUS ; re supérieure olivätre, un peu noire à la base, épistome noir, front bre jusqu’à la base des antennes, mais le milieu avec une tache triangulaire noire dont la pointe est en arrière; ou bien sans celte tache; ter et 2e articles des antennes jaunâtres, dessus de la tête et occiput noirs, avec dés taches postoculaires et une ligne très-fine ou nulle entre elles jaunes, le reste du derrière des yeux jaune pâle. rothorax noir avec une tache ronde tés jaune et vestige de bor- dure aux côtés du lobe postérieur qui est arrondi. Thorax noir en avant avec une raie autéhumérale jaune clair, plus étroite supérieurement; les côtés et le dessous jaune-clair avec une raie complète noire à la 2° suture et un trait fin supérieur sous l'aile supé- rieure. Abdomen grêle, plus épais au bout, noir en dessus jusqu’au 7° segment dont le bout porte une grande tache dorsale verdâtre ; les 7-10 verdâätres (couleurs altérées), le dessus du 10e noir, le dessous jaune livide ainsi qu’un cercle basal étroit interrompu au se aux 2-6° segments, le 10° plus de moitié plus court que le 9e, échancré en V évasé. arten anals bruns, les supérieurs de la longueur du dernier seg- ment; vus de profil ils se divisent après la base en deux branches [épaisses sa, crea l'inférieure presque droite, la supérieure très- urbée en bas au bout, formant avec fa précédente un G très-évasé, opende inférieurs moitié plus courts, en tubercules écar- tés, épais, mousse: Pieds courts aad) l'intérieur des fémurs, Vextérieur des tibias jaunà- ( 493 ) tres. we se (4-5 aux tibias postérieurs), Onglets à dent inférieure plus cou ea e semblable au mâle. Ptérostigma jaunâtre. Base de la lèvre supérieure plus largement bordée de noir; le front jaune sans tache médiane. Taches postoculaires verdâtres ; prothorax à bord postérieur portant deux pointes jaunâtres, couchées et rejetées en TE comme chez les espèces voisines. Abdomen comme chez le mâle jusqu’au 7e segment; gt 8-10 vert bleuâtre clair, mais les deux tiers dee du 10e en dessus noirs, ainsi qu’une raie terminale en demi-cercle, et deux taches dorsales basales cunéiformes noi- râtres de au s au 9e. Appendices anals olivâtres. Patrie : Sierra Leone. Brit. Mus. — Lagos, par le marquis de Com- piègne. (oil. de Selys.) : NB. Très-voisine, en petit, de l’ Angolense. (Voyez cette espèce.) 161. PSEUDAGRION ANGOLENSE, de Selys. o” Abdomen 56; aile inférieure 24. Ptérostigma brun jaunâtre, rhomboïde oblique, entouré d’une nervure noire, surmontant une cellule ; 13-14 postcubitales; ailes étroites, légère- ment salies; réticulation ses quadrilatère à côté supérieur ayant aux premières ailes !/,, aux secondes 1/, du côté inférieur; ailes pétiolées aux supérieures presque jusqu’à la nervule postcostale, aux inférieures jus- qu'à celle-ci, qui est placée entre la 1re et la 2e antécubitale. Noirâtre bronzé, marqué de jaune safran. Tête petite. Lèvre inférieure jaunâtre, la supérieure et la face jaune vif avec une fine bordure à la lèvre; front dessus de la tête et occiput noirs, avec une large bande trans- verse au niveau des antennes dont les i et 2° articles sont jaunes, et une autre postoculaire, cette dernière plus étroite entre les yeux. Derrière des yeux jaune pâle inférieurement Prothorax noir avec un anneau basal, une tache ronde latérale, une petite médiane géminée et une fine bordure jaune interrompue au lo postérieur qui est arrondi. Thorax noir en avant avec une raie antéhu- mérale complète, plus étroite supérieurement; les côtés et le dessous jaune pâle avec une raie supérieure étroite sous l’aile supérieure, n’al- lant pas jusqu’en bas, et une plus large complète à la suture médian Abdomen très-grêle , plus épais au bout, noir bronzé en dessus, livide en dessous; un cercle basal verdâtre au 2° segment, un peu plus étroit in- ( 494 ) terrompu à l'arête aux 2-6e, le bout du 7e,une nuance mal arrêtée en des- sus des 8e et 9° brunes; 10° segment plus de moitié plus court que le 9°, échancré en V évasé. „Appendices anals noirâtres; les supérieurs un peu plus courts que le dernier segment, étroits à la base, se divisant immédiatement se ‚ VUS de profil en deux branches apaadi er recourbées chacune Pune vers l’autre, de manière à former un C épa cieren sr ess un peu plus courts, épais, droits, cylindriques, m Pieds très-courts, noirs; l’intérieur pa. sin l'extérieur des tibias jaunes. Cils médiocres (4-5 aux tibias postérieurs). Onglets à dent infé- rieure plus courte. n nconnue. i ; Patrie: Un mâle d’Angola.(Goll.Mac Lachlan.) Un autre (coll. Selys.) NB. L'espèce est certainement très-voisine de melanicterum de Sierra Leone, deux branches des appendices anals supérieurs sont plus écartées l’une de l'autre que chez l' Angolense. 162. PSEUDAGRION PRÆTEXTATUM , Hagen, mss. Abdomen o” 28-50; Ọ 51. Aile inférieure g" 20-22; Q 21-25. Ptérostigma brun jaunâtre, plus foncé au centre,entouré d’une nervure noire, en losange oblique plus pointu en dehors, couvrant une cellule; 12-14 postcubitales; ailes légèrement salies, réticulation noiràtre; quadri- latère à côté supérieur ayant; aux premières ailes moins de la moitié, aux secondes plus de la moitié du côté inférieur, ailes cessant d'être péliolées à la nervule basale postcostale placée entre la 1" et la 2e antécubitale : 5 cellules anténodales. o" Adulte. Noirâtre bronzé varié de jaunàtre, en partie saupoudré de de poussière blanc bleuâtre surtout au front, au prothorax et sur les parties voifes de l'abdomen, -Face noirâtre, le bord de la lèvre et les joues jaunâtres ; le dessus noir avec une tache postoculaire verdâtre, petite isolée; le derrière jaunâtre BARS noir; un peu brun de côté; lobe postérieur large à peine avancé au milieu. Devant du thorax jusqu’à la première suture latérale noir mat, avec une raie antéhumérale mal marquée brune (presque tou- jours saupoudrée). Les côtés brun jaunâtre sale avec une raie épaisse com- piète à la seconde suture et la poitrine noires. ( 495) Abdomen noir en dessus, jaunâtre ohscur en dessous; suture ventrale obscure. Les 8e et 9e bnn bleuâtre terne en dessus. Bord du 10e seg- ment à peine con Appendices ee es bruns, noirs en dessus, de la longueur du dernier segment, écartés, un peu courbés en dedans, un peu comprimés, portant er pers une branche comprimée notablement plus longue, mousse, ze e en dessus, est plus étroite à la base et s'élargit dans sa os avoir formé une petite dent interne. Vu de profil, ape c se nie à sa base, arrondi au bout, et sa eneen infé- rie ure com e à sa moitié, se montrant sous la fonine d’une lame re- e un pa n haut et mousse, dépassant notablement la en supérieure Appendices inférieurs jaunâtres, ses has courts, en feuilles ` Avhacen SHS pt utre nnetrès-netite JE | bdd feuille basale redressée à angle dro ieds noirs en dehors, jaune HS en dedans et aux tarses, un trait Es aux fémurs ; cils courts noirs (5 aux tibias postérieurs. . Le roux brun terne ou jaunâtre domine sur le corps, notam- ment sur Pen où le noir a disparu; les trois derniers segments sont un peu plus foncés, mais en dessus des 8e et 9e la nuance livide pâle in- dique la place qui deviendra bleuâtre chez l’adulte. Aucune partie du corps n’est soupoudrée. Le devant de la tête et du thorax sont brun foncé ainsi que la large raie de la 2e suture latérale du thorax; les pieds roussâtres, mais bruns à l'extérieur des fémurs et du ibias. On trouve tous les passages entre ces jeunes individus roussâtres, et les R iA noirâtres très-saupoudrés ostigma jaune. Dessous et deels de la tête jaune pâle. Face et front inn olivâtre ou nd evene au centre et dessus de la tête noirs, les poi par une ligne occipitale; pN 1-2e articles des aiias jaunes. Prothorax noir, la base, une bordure une tache latérale jaunes. Le bord postérieur large, arrondi au milieu, s deux angles amincis, portant de chaque côté un lobe jaune cylindrique renversé sur le prothorax dont il atteint le milieu. Thorax bronzé en avant nde antéhumérale jaune , un peu courbée, aussi large que le bronzé qui les sépare, mais l’arête dorsale restant jaune. Les côtés jaunes avec un trait supérieur brun aux deux sutures, suivi d’un point à la pre - mière. Poitrine jaune pâle. Abdomen bronzé en dessus, jaunâtre en des- sous et de côté ainsi qu’un trait basal interrompu aux 3-6°, Une grande tache bleue aux 8-9e, celle du 8° communiquant après la base avec les côtés, celle du 9° triangulaire en avant; 10° segment comprimé en toit, un ( 496 ) peu tronqué obliquement au bout. Appendices courts triangulaires noirs. Valvules jaunes finement denticulées. (Les quatre derniers segments sont décrits d’après le Dr Hagen.) Q Plus adulte? (d'après Hagen). L'arête mésothoracique noire; tache bleue du 8e segment ne couvrant que le tiers et celle du 9e que la moitié LL 7 bout des lobes re du das noir. Patrie : Zanzibar, d’après u mbre de mâles et une femelle en (Coll. Selys.) Si c'est jan comme je le crois, la même es que celle dont le Dr Hagen m'a shoe la description, os se trouverait aussi au ren où elle a été prise par Drégé et Krauss. (Mur. de Berlin.) E M. Mac Lachlan m’a envoyé à examiner un Aa sans appendices venant Les Il est très-adulte, très-saupoudré, et le ptérostigma ot noir; je le crois cependant de même espèce. B. Le pretextatum est voisin du furcigerum ; il en diffère bien par son ptéro- stigma plus ek sa tête plus étroite les ailes | plas pétiolées et par les appendices aen 8, la mpe res en rit Chez le fureigerum les deux branches sont q a supérieure’ est au moins aussi longue que l’autre. 163. PSEUDAGRION FURCIGERUM , Ramb., AGRON heros Ramb. P vx, Klug. mus . re Drégé, n° 1510 (partim). o“ Abdomen 30mm, Aile inférieure 22, Ptérostigma brun, un peu plus foncé au centre, entouré es nervure noire, en losange prolongé et plus.oblique en dehors, une cel- lule; 15 postcubitales; ailes légèrement salies, étroite I noire; quadrilatèré à côté supérieur ayant la !/, de Fen (les 2}, aux secondes ailes). Ailes cessant $ être pétiolées tant soit peu avant la nervule postcos- tale aux secondes , distinctement auparavant aux AESP (comme chez les Agrions). te placée entre la {re et la 2e antécubitale Noirâtre bronzé, varié de jaunâtre (couleurs SRE Tête assez forte, globuleuse; jaunâtre pâle en arrière et en dessous; lèvre supérieure, joues et rhinarium jannes (orangés chez le vivant ? Épistome, dessus de la tête et occiput distincts) Prothorax noir mat, les lobes latéraux larges, finement bordés de jaune; le postérieur arrondi, un peu avancé au milieu, ce qui rend le prothorax presque trilobé. Thorax noir bronzé en avant, presque jusqu’à la 17° su- ture latérale; le dessous et les côtés jaunâtres, peut-être avec marques ( 497 ) supérieures obscures à la suture médiane latérale (en mauvais état). Ab- domen assez robuste , plus épais au bout, noirâtre bronzé en dessus, jau- nâtre en dessous; 10° segment is moitié plus court que le 9°,émar- giné en dessus en V excessivement évasé. Appendices anals jaunâtres; les supérieurs noirâtres en dessus, aussi longs que le dernier segment, un peu comprimés, un peu divariqués, un peu courbés en dedans, munis en dessous à la base d’une petite pointe, ayant inférieurement une branche comprimée un peu plus longue, arron- ‚ qui les rend fourchus vus de profil; cette branche commençant au milieu, droite et formant un angle presque aigu avec la branche supé- rie re. Appendices inférieurs presque moitié plus courts, wen un peu courbés Pun vers Pautre, à bout arrrondi, excavés en des Pieds médiocres, noirs, intérieur des fémurs, et: des tibias jaunà- tres. Dent inférieure des tarses bien marquée, plus courte que la supé- rieure; cils peu ted médiocres (6 aux fémurs postérieurs). Q (Inconnue). Voir p. as. Patrie : Cap de Aan Espérance. Type unique de Rambur. (Goll, Selys.) NB. Le ne la forme des Anger anals, barg tout à fait celui des melanicterum et angolense, mais il s’ are au premier abord par l'absence de taches par et er raies autéhumérales claires, ù même que par la tête plus et 9° segments obseurs et les ailes cessant d'être rade avant la nervule tite (surtout aux ss eures). J'ai consulté une description manuscrite et un dess di type unique de lA. palliatum Klug , du Musée de Berlin fait par iie Dr Hagen. Elle concorde assez bien, comme il le dit, avec la description de Rambur. Voici les seules différences un peu notables : il y a un point basal noir à la lèvre supérieure; l’épistome est largement bordé d’orangé, les deux articles basals des antennes sont orangés; il y a une large bande nn rave acier, et sur Er côtés du thorax Ì u d 5 aux 4-6° segments un anneau basal jaune et un interrompue r le 9e segment. Le ptérostigma est orangé vif; il n’y a que u ou 12 postcubi- tild (au lieu de 15). : Peut-être faut-il considérer comme la femelle du furcigerum (mais surtout du palliatum si ce dernier en est différent), un exemplaire du Cap de ma collection, provenant de la collection Serville : Ọ Abdomen 59. Aile inférieure 21. Stature très-analogue à celle du mâle, 13-14 postcubitales, mais ptéro- stigma un peu moins prolongé, nervures brunes; lèvre sapira glauque, ( 498 ) le dessus de la tête brun noiràtre; vestiges mal arrêtés de taches postocu- laires un peu plus claires, une tache latérale brune aux côtés du prothorax qui porte à l’origine du lobe postérieur, de chaque côté une petite aile subtriangulaire redressée et rejetée en avant; une large bande antéhumé- rale olivâtre; les articulations des segments 2-6e jaunâtres, le dessus des 8-10 glauque påle; le 10° fendu à angle aigu. Appendices bruns, coni- ques; pas d'épine vulvaire. Pieds roussâtre pâle avec une raie aux fémurs et une ligne aux tibias noirâtre Les ailes un peu plus pétiolées. 164, PSEUDAGRION GLAUCESCENS, de Selys, “Abdomen &” 51; Q 55. Aile inférieure o" 22; Q 25. sign jaune brunâtre en losange, plus pointu en dehors, couvrant n peu moins d'une cellule; 12 postcubitales; réticulation brun foncé. Ailes pétiolées jusqu’à la nervule basale postcostale qui est placée entre la et la 2e antécubitale. une? Tête olivâtre clair; lèvre supérieure bleuâtre pâle, avec une ligne “sé prolongée en point médian noir; une petite tache latérale et une marque basale à l’épistome, un trait court transverse à la suture basale du front, un autre derrière l’ocelle antérieur, un en croissant contre et derrière les deux autres ocelles et une ligne courbe ne cerclant pas complétement les taches postoculaires qui sont très-grandes, arron- dies, bleuâtre pâle. Prothorax brun très-clair, ses sutures et une raie latérale antémargi- nale brunes mal arrêtées. Le lobe postérieur un peu avancé, arrondi, légèrement tronqué au centre Thorax brun clair jusqu’à la suture humérale, avec une bande anté- humérale jaunàtre terne aussi large que la bande médiane brune dont Parête dorsale est noire, ainsi qu'une virgule supérieure à la suture humérale. Les côtés et le dessous glauques, peut-être bleuâtre pâle, avec une nuance brunâtre entre la fre et la 2e suture, un point très-petit sub- ; à la fre et un petit trait supérieur à la 2e omen grêle, jaunâtre terne, un peu glauque à la base et au bout, marqué en dessus de bronzé foncé ainsi qu’il suit : au fer segment une bande basale courte; aux 2-7e une bande terminale et la suture ventrale; en outre au 2e une tache fourchue en Y anguleux presque comme chez PAgrion pulchellum, mais ses branches ne sont pas dilatées el touchent - la base. Il y a aussi une marque basale à l'arête. Aux 5-6° une bande dor- ( 499 ) sale commençant après la base et se dilatant latéralement avant le bout, où elle est plus noire. Le 7° de même, mais la bande épaisse dès la base ; les 8-10° jaunâtres (peut-être bleuâtre pâle) et ja 10e avec une bande dor- sale, rétrécie au milieu; son bord un peu con Appendices pa presque aussi longs ea le dernier segment, bruns en dessus, plus clairs en dessous. Vus en dessus, ils sont épais, a rte Frs en dedans; vus de profil, ils sont rétrécis à la base, puis élargis, et enfin bifides au bout, de façon à former une patte de crabe à branches presque contiguës, dont l'inférieure, élargie en dessous, se redresse subitement en s’amincissant contre la supérieure. Appendices inférieurs plus courts, en tubercules aplatis, écartés, ovales, vus en dessus; subconiques ani vus de profil. Pieds Ra de terne, avec une ligne externe aux fémurs, et das des tibias bruns. Cils forts, assez nen (4 aux tibias postérieur Q Jeune? Ailes, tête, thorax et pieds comme chez le sé: mais la nuance brune du devant du Hs plus claire, se confondant avec les bandes antéhumérales. Lobe postérieur du prothorax plus court, droit, redressé , finissant de chaque côté par un prolongement en tusenu mince, livide, complétement renversé et couché sur le disque du prothorax dont il atteint la moitié. qui suit: au 2e segment une bande dorsale étroite noire d'un bout l’autre, subitement élargie en angle sur les côtés avant le bout ; au 8e une bande dorsale noire d'un bout à l’autre, mais amiucie en cône dans sa seconde moitié; au 9° deux taches noires basales , coniques, rapprochées aux côtés de l’arête; leurs pointes minces, ne touchant pas le bout du segment; 10e court, fendu au bout, livide, sans taches. Appendices courts, gee: : Sierra SR et le cap Formose (Afrique occidentale); un Pete ner Coll. Sely NB. Le mâle, par la répartition de la couleur foncée, ressemble aux Pseuda- plus dilatée en er que chez le nubicum ; spin il n’y a pas de raie noirâtre à la suture huméra La femelle k par la taille, la aaa humérale, la tache du 9° segment divisée en deux branches coniques, e Il est superflu de ze vak le gieren aux + TAE mais qui pos- sède ( 500 ) 165. PSEUDAGRION TORRIDUM , de Selys. Acrion rorripum , de Selys. Abdomen o 25-25; Q 23-25. Aile inférieure g" 15-17; Q 18-191}. Ptérostigma brun jaunàtre clair, en losange , beaucoup plus pointu en dehors, entouré d'une nervure noire, surmontant presque une cellule> 8-9 (parfois 10) postcubitales; réticulation d'un brun noirâtre. Ailes pétiolées jusqu’à la nervule postcostale qui est un peu plus rapprochée de la ire que de la 2e antécubitale, Quadrilatère à côté supérieur ayant à peu près le tiers de l’inférieur. Secteur médian naissant avant la veine du nodus , restant séparé du sous-nodal. og” Varié de noir, de verdâtre et de bleuâtre. Tête olivâtre clair, le vertex et l’occiput noirâtres avec une grande tache verdâtre, arrondie, derrière chaque œil , reliées l’une à l'autre par une fine ligne occipitale ; le reste du derrière des yeux jaunâtre. Les deux premiers articles des antennes olivâtres, le 2e plus long que le 1, le 5e brun, égal aux deux premiers réunis. Lèvre inférieure jaunâtre. Prothorax noir avec deux taches arrondies et les bords olivätres ; son lobe postérieur arrondi mais s'avançant un peu au milieu et légèrement relevé. Thorax nr en avant avec une large bande dorsale et une humé- rale, moitié moins épaisse, et sur les côtés sous chaque aile, un trait supérieur noir, Hs le plus long; les côtés passant au bleuâtre clair et la poitrine au jaunâtre, Les deux premiers segments de abdomen et les trois derniers bleuâtre pâle, les autres vert pâle, marqués de noirâtre bronzé en dessus, ainsi qu’il suit : au {er une grande tache basale carrée ; au 2e une large bande d'un bout à l'autre, mais subitement rétrécie à - angle droit avant l'extrémité qu'elle ne touche que par une queue fine; cette bande marquée sur l’arête dorsale au milieu d'une tache ovale bleue (souvent presque oblitérée ou réduite à un point) qui, en se combinant avec la bande, rappelle la tache fourchue du nubicum ; aux 5-6° une large bande allant d’un bout à l’autre, excepté un cercle basal jaunàtre; cette bande un peu ee puis rétrécie au bout ; au 7° la bande est complète, égale; le dessus du 10° noir; son bord postérieur largement échancré en demi-cercle. Appendices anals brun clair; les supérieurs sc aussi longs que le 10e segment, fourchus, en deux parties superposées, la supérieure sub- cylindrique relevée, un peu courbée en dehors et KA Si inclinée en (501 ) bas et en dedans au bout qui est noir; l’inférieure consistant en une large dilatation comprimée, plus courte, et commençant par une fente Appendices inférieurs plus courts en fuseaux très-épais, droits, peu écartés. Pieds courts, jaunâtres; extérieur des fémurs noirâtre, ainsi que lés cils (5-6 aux tibias postérieurs en dehors), un peu divariqués, et le bout des onglets dont les dents sont distinctes, l’inférieure la plus courte, - © Le bleuàtre remplacé par du verdâtre ou par du roussâtre clair, une bande noirâtre à la base de l’épistome en dessus, un trait transverse brun à la base du front; les deux taches postoculaires roussâtres, plus longues „séparées du derrière des yeux par un trait noir incomplet. Pro- thorax en grande partie roussâtre, les traits noirs dessinant étroitement les taches, le lobe postérieur à bord plus redressé, tendant à se diviser 2 en trois festons rudimentaires par la présence de deux petits renflements postérieurs. Abdomen marqué de bronzé comme le mâle avec les diffé- ences suivantes : au 1er la tache carrée, mal arrêtée, divisée en deux par l’arête; au 2e la bande dorsale plus étroite, ce qui fait mieux paraître l’épaississement subit qu’elle montre avant le bout; le dessus des 8e et 9e bronzé, excepté l'extrémité de ce dernier; le 10° roux pâle à échancrure assez étroite, profonde. ppendices anals petits, coniques, roussâtres, valvules vulvaires roux pâle, leurs appendices plus foncés, mer ts le bout de l'abdomen; sans épine basale émurs ja tés en mr, excepté un trait brun rudimentaire ou obli- téré vers leur extrém ue Sénégal, a gn Dakar Send un grand nombre d’exem- plaire NB. Très-voisin du nubicum. (Voir cette espèce.) Les tiges renversées du pro- thorax de la femelle sont très-fines. 166. PseupaGriON nusicus, de Selys. dg” Abdomen 95. Aile inférieure 16. Ptérostigma brun en losange, plus pointu en dehors, couvrant presque une cellule ; 10-11 fn réticulation noirâtre ou brun clair. Ailes comme chez le torri nd: Varié sou noir a de bleuètre. 4 €. ainsi que les deux premiers articles des ects Dessus de la dis et le (502) haut du derrière des yeux noir avec une grande tache arrondie olivâtre derrière chaque œil, reliée l’une à l’autre par une fine ligne occipitale; le reste du derrière des yeux jaunâtre. Prothorax noir avec trois taches médianes (la dorsale géminée) et les bords olivâtres; le postérieur tout à fait arrondi. Thorax bleu verdâtre clair, ayant en avant une large bande dorsale et une humérale moitié moins épaisse, et sur les côtés sous chaque aile un trait supérieur noir, Pantérieur plus long. Les trois premiers seg- ments bleu clair, le ter avec une grande tache basale carrée, le 2e avec une tache dorsale fourchue en V anguleux dont les branches touchent la base et la queue l’extrémité; le 5° avec une bande bronzée, large, rétrécie à l'extrême base et élargie un peu avant le bout; les 4-6° semblables, mais le dessous passant au jaunâtre; au 7e il n'y a pas d’anneau basal clair; les 8-10e bleu clair, mais le dessus du 10° noir. Ce dernier large- gern échancré en demi-cercle. Appendices anals brun noirâtre, égaux, un peu plus courts que le 10e segment; les supérieurs assez épais, comprimés perpendiculairement, droits; leur extrémité vue de profil est tronquée et bifide et au milieu de leur longueur en dessous il y a une petite dent. Appendices inférieurs en fuseaux épais, droits, peu écar Pieds courts, olivâtre clair; ustérieus des fémurs noirâtre ainsi que les cils (6-7 aux fémurs et tibias postérieurs) un peu divariqués, et le bout des ea ene les dents sont distinctes, l'inférieure la plus courte. 3 Inconn atrie : pee deux mâles. (Coll. de Selys.) NB. La tache noire fourchue du 2° segment du mâle rappelle beaucoup celle des Agrion pulch hellu um z es scens. ' Le mâle, très en di la tache fourck ire du 2° seg ment dont la partie interne blaas à commence de la base du segment; et par les apppendices anals supérieurs dont les deux tr moe ed sont d’ Papis pas tandis que chez le torridum l'inférieur urte re très-dilatée. Ces derniers caractères ne tr pas de dôete sur la dis- pen spécifique. 167. PSEUDAGRION DECORUM, Ramb. Acrion pecorum, Ramb., no 2, Abdomen o” 28 !/,-50; Q 25. Aile inférieure; o” 18 !/,-20 ; © 17 1/4. Ptérostigma jaunètre, entouré d’une nervure noire, en losange plus allongé en dehors, surmontant presque une cellule, 9-11 postcubitales ; réticulation brune, ( 503 ) Ailes pétiolées jusqu’à la nervule postcostale qui est Mn plus près de la {re que de la 2e antécubitale. DAME à côté supérieur ayant aux premières ailes le quart de l’infér Tête vert grisâtre ou bleuâtre, variée de aa bronzé clair, plus påle en dessous; une raie incomplète obscure entre les yeux avec un trait noi- râtre ; derrière les yeux renfermant imparfaitement de chaque côté une tache arrondie postoculaire vert clair; le reste du derrière des yeux contre le prothorax noir. Antennes vertes, le 1° article court, le 2e un pen plus long, le 5° égal aux deux premiers réunis. Prothorax verdâtre avcc des marques obscures délimitant imparfaite- ment trois taches claires dont une dorsale géminée ; son lobe postérieur arrondi, mais un peu redressé et -o proéminent au milieu. Thorax médiocre, vert, plus påle en dessous, le devant é 0 lignes dorsles fines, noires, heen. parallèles (l'intermédiaire est sur la suture médiane), une ligne semblable (souvent incomplète) à la suture humérale et vestige d’un petit trait supérieur sous l'aile supérieure. Abdo médiocre bleu verdâtre clair, plus pâle en dessous, à bande dorsale étroite interrompue bronzé verdâtre en dessus ainsi qu'il suit : une grande tache carrée basale au ie" segment; une bande dorsale médiocre touchant les deux bouts au 2° segment se rétrécissant au milieu et une seconde fois au bout, qui est cerclé de bronzé; 5-6 avec une bande dorsale commençant un peu après la base, se dilatant un peu avant le bout qui est cerclé de bronzé; une bande analogue au 7° plus épaisse mais sans dilation postérieure. Les 8-9° segments bleu verdâtre clair sans taches, les articulations à fines épines noires, le 10° sans tache ou avec des marques brunes aux extrémités, son bord postérieur largement, mais peu profondément échancré. Appendices anals supérieurs roussâtre pâle, brun foncé au bout, de la longueur du 10e segment, écartés, droits, épais, comprimés; vus de profil, ils sont dilatés en dessous après la base et la dilatation se termine obli- quement au bout de l’'appendice qui, en dessous, se recourbe intérieure- ment en un court crochet ou dent noire, wadis qu’il y a une dent infé- rieure moins visible; enfin on voit vers la moitié interne de la dilatation uns petito. pomte noire. àtres, courts, rapprochés, épais, coupés pres- que carrément à l’extrémité qui, en dessous, présente une petite corne. ieds courts, livides; l'extérieur des fémurs noirâtre, cils peu divari- qués, médiocres bruns (7 aux tibias postérieurs), ainsi que le bout des onglets dont les dents sont distinctes, l’inférieure la plus courte. £ Q? Tête et thorax d'un brun roussâtre clair plus påle en dessous et ( 504 ) derrière les yeux. Les marques foncées indiquant les taches postoculaires peu marquées ; une seule ligne médiane dorsale (sur la suture) au devant du thorax ; la ligne humérale noirâtre très-fine. Le lobe postérieur du pro- thorax à bord étroit légèrement redressé et dessinant trois festons peu marqués à la séparation du feston médian. Sur les latéraux on voit en arrière une petite branche cylindrique rejetée en avant et complétement couchée sur le prothorax. Abdomen roux pâle au 1er segment et aux trois derniers, bleu verdâtre pâle aux intermédiaires marqué de bronzé comme chez le mâle sur les 2-6° segments (le 1° sans taches); 7e avec une large bande dorsale brune touchant les bouts; au 8° la bande est rétrécie au ut; au 9° elle n'occupe que la moitié antérieure; le 10* sans tache, à échancrure étroite, profon ndices anals petits, émiques brun clair. Valvules vulvaires gps + ir leurs appendices, atteignant le bout de l'abdomen; sans épin een á ariété : Ptérostigma jaunâtre, un peu plus roussåtre; la raie noirâtre externe des fémurs remplacée par un trait court brun, n’existant que dans leur seconde moitié; pas de trait noir dessinant les taches postoculaires. Patrie : Bombay (types de Rambur). Inde. Coll. Selys. Je possède un mâle et deux fémelles avec l'indication de Nubie et Égypte. Je suis persuadé que c’est par erreur de provenance NB. Remarquable par l'étroitesse me lignes noires de la téte et du devant du thorax qui le séparént du idum et du nubicum ; et pes la said noire dorsale du 2° segment, TRE ée à peu près comme chez l on Lind Les appendices anals du mâle re aussi le aies m, mais la dilatation es ailes et lés marques bronzées de l'abdomen concordent bien avec le decorum. es tiges renversées du prothorax sont assez courtes. 168. PSEUDAGRION MICROCEPHALUM , Ramb. Acmion mcrocsPnazum, Ramb., n° 5. Abdomen o” 27-29 ; Q 28. Aile inférieure d” 17-18; Q 19. og” Plérostigma brun jaunâtre passant parfois au noirâtre petit en 1 losange, plus pointu en dehors, couvrant presque une cellule; réticulation noirâtre; 9-11 postcubitales ; ailes étroites; la nervule basale postcostale ( 505 ) un peu plus près de la 1re que de la 2e antécubitale (le reste comme chez le decorum), Bleuâtre clair varié de noir. Tête (large de Sem environ) plus pâle en dessous et en arrière; parfois la base de l'épistome noire, une bande transverse noirâtre entre les yeux renfermant en arrière de chaque côté une large tache cunéiforme posto- culaire bleuâtre, réunie l'une à l’autre par une fine ligne occipitale. Antennes olivâtres, le fer article très-court, le 2° plus long, le 5° brun , égal aux deux premiers. Prothorax noirâtre avec trois taches bleues, la médiane géminée, le bord postérieur noirâtre arrondi, un peu redressé, Thorax petit bleuâtre ou olivàtre, ayant en avant une très-large bande médiane et une raie humérale holst. et un petit trait supérieur sous chaque aile. Abdomen très-long grêle, 1er et 2e segments bleuâtres, le 4er avec une tache carrée basale dorsale, le 2e avec une tache fourchue (comme chez Agr. pulchellum, dont les branches touchent presque le bord anté- rieur, ou bien sont très-épaisses et renferment une tache médiane ovale, ou bien sont oblitérées (ressemblant alors à la tache hastiforme de l Agr. cyathigerum), dans tous les cas touchant le bord postérieur par une queue fine; 3-7° brun bronzé en dessus, bleuâtre pâle en dessous, ainsi que l'extrême base; les trois derniers bleu clair, mais ayant en dessus un demi-anneau terminal en demi-June, épaissi aux 8-9° el tout le dessus du 10° noir acier. Le bord du 10° qui est très-court et tronqué en dessus , re mais peu idea échancré, weide dut gment, obscurs aux bords etau bout, droits, comprimés, oblongs, un peu dilatés après leur base, un peu excavés à leur face interne qui est bleuâtre dans cette partie, le bout bifide (vu de profil), l'extrémité noire; les branches de la bifur- cation courtes peu écartées, égales, précédées en dessous d'une petite pointe médiane. Les appendices inférieurs pàles, moitié plus courts, épais, € cylindriques, légèrement écartés, ayant en dedans une petite Le. Pieds jaunâtres très-courts, l'extérieur des fémurs, l'intérieur da tibias noirs, ainsi ef hg ey longs, goret Pet aux e postérieurs), onglets à den bout, courte Q Ailes le ay dioa comme chez le ede lobe postérieur du pro- thorax plus court, droit, redressé, un peu avancé au centre finissant de ` chaque côté par un prolongement en fuseau mince livide, complétement renversé sur le disque du prothorax. La bande médiane et l'humérale brunes, mais l'arête dorsale finement noire. Abdomen plus épais différant de celui du mâle par ce qui suit : au 2e segment une bande dorsale étroite 2e SÉRIE, TOME XLII. ( 506 ) brun foncé d’un bout à l'autre , subitement élargie en pointe sur les côtés t le bout; au 8°, une bande dorsale noire très-épaisse, mais rétrécie ok à la base du segment; au ge, une tache noirâtre très-large à Ja base amincie en cône au bout qu ‘elle ne touche pas tout à fait; 10e, bleuâtre sans taches, son extrémité comprimée, fendue. Appendices anals petits; pj jupes Pieds livides, sans raies noires. ombay. Type de Rambur. Syngapore, Malacca, par M. Wallace. — Un mile Re E da Sylhet. — Luçon. — Un couple de Java. (Coll. Selys.) NB. La tête n'est pas plus petite que chez plusieurs autres espèces voi- sines. L'espèce a du rapport avec le nubicum par la bifurcation des appendices su- périeurs, mais les inférieurs sont fort différents ainsi que la coloration de l'abdo- men. L’ exemplaire type de Rambur avait les couleurs altérées; j'ai rectifié la description d’après quatre dites pris par M. Wallace. Race? PSEUDAGRION AUSTRALASIÆ, de Selys. Abdomen o 51-52; Q 29. Aile inférieure og” 20-21 ; Q 21. Je ne puis séparer comme espèce distincte des exemplaires plus grands dont les uns ont été également pris en Malaisie, à Pulo Besoar et dont les autres de Queensland (Australie) m’ont été communiqués par M. Mac achlan. Les måles ont un peu de noir à la base de l’épistome. Chez plusieurs la tache médiane dorsale carrée du 2° segment est presque isolée, étant dépourvue de tige en queue postérieure. Chez d’autres, au contraire, elle touche aussi la base du segment par une ligne dorsale. Aux 8° et 9° seg- ment il n’y a en dessus qu’une arête terminale obscure à peine visible à l'articulation. a femelle unique de Queensland a le fond de sa coloration plutôt jaunâtre que bleuâtre; sur le devant du thorax l’arête dorsale noire est finement bordée de roussâtre, puis de brun, de sorte qu’elle forme trois lignes obscures, étroiles, rapprochées ; la raie humérale est très-étroite mais noirâtre; la tache basale noire du ler segment est plus grande, approchant du bout; le dessus des 8° et 9° segments plus largement noirs et cette couleur égale sur ses côtés. Les fémurs portent une bande externe noire et leur intérieur est également noirâtre, NEE = ( 507 ) Race? PsEUDAGRION MIGRATUM, de Selys. - d Abdomen 50-51. Aile inférieure 19-20. Très-voisin du microcephalum. Il en diffère par ce qui suit : 1° Une ou deux postcubitales de plus (11-12); le ptérostigma brun PR un peu plus clair à l’entour e bande basale noire distincte à l'épistome. 3° "e dessus du 2° segment avec une large bande longitudinale noire d'un bout à l'autre (rétrécie avant le or 4 Le 10e segment en entier bleuà 5° Les appendices supérieurs sont wei effilés, vus en dessus; vus de profil, ils sont de la longueur du 10° segment, épais à la base, coniques, redressés, pointus, dilatés en dessous depuis leur origine jusqu’un peu avant le bout, qui est tronqué, même un peu concave, pour former la pointe terminale supérieure, Les appendices inférieurs sont très-pelits, coniques, redressés. Inconnue. Patrie : Japon, d'après plusieurs mâles très-semblables, reçus par M. Erber, de Vienne. (Coll. Selys.) NB. Malgré la grande affinité de cette forme avec le microcephalum , la diffé- rence de conformation des Rev dende. me ee à op nt comme distincte, ne fût l eere type. Peut-être n'est-ce gir une race locale. Race? PSEUDAGRION APPROXIMANS, de Selys. g* Abdomen environ 27. Aile inférieure 17 /,. Très-voisin du microcephalum. Il en diffère par ce qui suit : Le ptérostigma est plutôt réniforme qu’en losange, les côtés externe et inférieur étant réunis en courbe sans angle à leur séparation. Ce pté- rostigma est d'un noir décidé très-finement, mais distinctement oereló de jaune pâle, surtout aux premières ailes; enfin les quatre sont pétiolées un tant soit peu plus loin que la nervule basale postcostale ‚ comme € Phis 20 L'épisionse est noir, avec deux traits clairs transverses à sa base; les taches postoculaires bleues plus grandes, arrondies. 2e Au prothorax la petite tache dorsale claire est géminée. Le bord du lobe postérieur forme presque trois festons, le médian plus avancé, ( 508 ) 4o Au thorax les bandes noires antéhumérales et la dorsale semblent un peu plus larges, cette dernière non divisée en deux, l'arête étant noire. Be Le 2° segment de l'abdomen a sa bande dorsale noire complète, comme chez le migratum (les 8-9° segments manquent) Q Inconnue. Patrie : Un mâle sans indication de localité au Musée de Dresde; mais je suis convaincu qu'il provient if la Malaisie ou de l'Asie tropicale. NB. Quoique ce t 6 u des appendices anals , et malgré sa grande ressemblance avec Les micr, heben et le migratum, le ptérostigma et la base des ailes me semblent assez différents pour ue de le réunir à l’une ou à l'autre de ces formes. 169. PSEUDAGRION CYANE, de Selys. © Abdomen environ 20. Aile inférieure 12. Ptérostigma brun clair, un peu plus foncé au centre, un peu plus court que la cellule qu’il surmonte, en losange, à côté externe très-pointu ; réti- culation noirâtre; la 1re nervule basale postcostale placée entre la °° et la 2e autécubitale. Varié de noir et de bleu. Lèvre inférieure livide, la supérieure bleue avec un point enfoncé noi- râtre ;épistome bleu en avant, bronzé à sa base en dessus; front olivâtre ainsi que la base des antennes dont les deux premiers articles semblent courts, presque égaux. Le dessus et le haut du derrière de la tête noirs avec une tache réniforme bleue derrière chaque œil, reliée l'une à l'autre par une fine ligne occipitale; le reste du derrière des yeux jaunâtre, Prothorax noir, avec une petite tache médiane de chaque côté, et les bords finement bleus, excepté le postérieur qui est divisé en trois festons dont le médian plus avancé. Thorax bleu clair ayant en avant une large bande dorsale et une humérale moitié moins épaisse; les côtés avec une ligne fine sous chaque aile noire, l’antérieure très oke: poitrine pâle. Abdomen jaunâtre en dessous, le dessus bleu clair marqué de noir bronzé ainsi qu'il suit : une grande tache basale dorsale carrée au 1° segment; une large bande touchant des deux bouts au deuxième; cette bande est un peu rétrécie au milieu, puis beaucoup plus et très-subitement avant le bout qu’elle ne touche que par une queue fine; Particulation des deux premiers segments; une tache occupant le dernier quart du troisième, mais avec un prolongement pointu antérieur sur l’arête ; une bande dor- (509 ) sale large occupant au moins les trois quarts postérieurs des 4-6° segments (le reste manque). Pieds courts pâles; une bande en dehors des fémurs, une ligne aux tibias postérieurs et les cils noirs (5 ou 6 aux fémurs et aux tibias postérieurs ) assez divariqués et longs. Onglets à dents noires, Pinférieure distincte, plus courte. Q Inc nue. Patrie : Nouvelle-Hollande (indication un peu douteuse) d'après un mâle unique. (Coll. de Selys.) B. La stature et la ee nv werd ut celles "a plus Ps espèces d’Agrion p P 5 curiale, La tache dorsale noi téristique du 2° segment touchant les deux bouts estanalogue à celle de l’ 4. Lindenüi ; mais les ailes cessant d’être pétiolées à la première nervule postcostale, une confusion avec les Agrions est impossible . D'un autre côté, la cyane se sépare de suite des espèces africaines assez voi- sine par sa ebr ain pe et arke ee pman extension . M Tame rod aux Beet 4e segm est anals, 170. PseupAGRION? misopa, de Selys. og Abdomen 28-29, Aile inférieure 16-18. Ailes extrêmement étroites, pétiolées un tant soit peu plus loin que la nervule basale postcostale, qui est placée entre la fre et la 2° antécubitale ; quadrilatère long, étroit, à côté supérieur ayant aux premières ailes le quart, aux secondes la moitié du côté inférieur; 3 cellules anténodales; 10 Bee vlos postcubitales; ptérostigma brun, épais, en losange oblique à côtés égaux, surmontant moins d’une cellute, un peu plus petit aux secondes ailes. Réticulation noiràtre. Bleu varié de noir bronzé; stature extrêmement grêle. Têté très-petite (large d’environ 2 millimètres). Lèvre inférieure pâle; face bleu vif jusqu’à l’ocelle antérieur, y compris les deux premiers ar- ticles des antennes, avec une ligne et un ard eed à la lèvre supérieure et le dessus de l'épistome noiràtres. D tache postoculaire arrondie bleue et une ligne ‘occipitile plus pâles. Der- rière des yeux livide. Prothorax noir , bleu à la base et de côté, lobe pos- térieur arrondi court, un peu redressé. Thorax noirâtre bronzé en avant, avec une raie antéhumérale, assez large, bleu vif; les cotés bleus avec rard Aon marque supérieure obscure à la {re et à la 2° suture; le desso Abdomen extrêmement grêle à pa bleu vif (le dessous des 4-6° seg- ( 510 ) ments jaunâtre) marqué de bronzé en dessus, savoir : une tache basale au fer segment, ne touchant pas le bout; les 2-7e bronzés en dessus; le noir un peu dilaté au bout du 3-6°, et l'extrême base des 4-7e cerclée de jaunâtre. Les 8-10e bleu clair, le dernier, très-étroit en dessus au milieu, est très-profondément et largement échancré en demi-cercle. ppendices re livides, obscurs aux bords, presque de la lon- gueur du segment, droits, écartés, épais, cylindrico-coniques, un peu dilatés en péri tinae et subémarginés au bout ; les inférieurs plus courts, ben, prolongés extérieurement en une branche courte, obscure, redressée Pieds kasia urts, livides; une bande obscure aux fémurs. Cils courts (5 aux tibias postérieurs en dehors). Tarses livides, obscurs au bout. Onglets effilés, noirs au bout, avec une dent inférieure peu mar ©" Jeune. Le bleu remplacé par de lolivàtre ou du jaunàtre, b noir du dessous de la tête et de l'épistome par du brun clair; la réticulation des ailes brune Q Inconnue. atrie : Pulo Besoar en Malaisie. Un måle donné par M. Bouvier, et deux måles plus jeunes provenant de M. A. Atkinson NB. Cette espèceimite un peu, en petit, la Stenobasis melanocyana. Elle s'en anos facilement par la taille, le derrière des yeux clair et le dessus du nee tout noir, sans e pink A piiionipe noir carré, de la nervule post- , ces derniers caractères me portant à Ai ht ame un à Pseudagrion, mais avec quelque doute ce- pendant, la conformation du prothorax de la femelle étant inconnu. 171. PSEUDAGRION RUBRICEPS, de Selys. o Abdomen 29. Aile inférieure 18-19. Ptérostigma petit, roussâtre, en losange, ne couvrant pas tout à fait une as 10 posteubitales, réticulation brune. Ailes pétiolées jusqu'à la nervule basale postcostale placée entre la 1re et la 2° antécubitale. Qua- dar à côté supérieur ayant le tiers de linférieur. Secteur médian naissant avant la veine du nodus, restant notablement séparé du sous- nodal dans son parcou Tête petite. ss En et dessus de la tête rougeàtres; un cercle noirâtre circonscrivant une tache ronde bleuâtre derrière chaque œil; le reste du derrière des yeux jaunâtre; antennes rougeàtres ; le 2e article beaucoup plus long que le premier, Prothorax brun, nuancé d'obscur, le CSH) bord postérieur relevé au milieu, où ses deux côtés forment une angle excessivement obtus. Thorax olivâtre en avant, avec une bande médiane et une raie humérale, cette dernière mal arrêtée, noirâtres; les côtés bleuâtre pâle, passant au jaunâtre à la poitrine, ayant un petit trait su- périeur noir sous chaque aile. Abdomen très-grêle, un peu plus épais au bout, bleuâtre clair à la base et au bout marqué de bronzé noiràtre, ainsi qu’il suit : une tache basale dorsale carrée au fer segment; une tache dorsale basale transverse, suivie d’une tache en fourche dont les branches ne touchent pas la base, au 2e (cette tache conformée, comme chez l’Agrion scitulum) à queue fine ; les 5-7e avec une bande dorsale, commençant un peu après la base, dilatée en un point avant le bout, et les articulations bronzées; 8-9° bleuâtres ; 10° noirâtre en dessus, échancré en demi-cercle, excavé très-profondé- ment dans toute sa largeur, de sorte qu'à l’arête dorsale il n'a pas la moitie de la longueur qu’il possède sur les côtés Appendices anals me r les ek de la aa du 10° segment, courbés en demi-cercle l'un vers l’autre, leur bout aminci. Appendices inférieurs presque Re longs, ie sous les supérieurs, cylindriques en fuseaux, tronqués au bout, leur base renflée. Pieds très-courts, jaune très-pâle, avec une raie externe aux fémurs. Cils bruns, den courts (5 aux tibias postérieurs), les onglets bruns au bout, la den ieure oblitérée, à peine indiquée ef embee de Java : plus adultes. Ptérostigma plus foncé au centre ; réticulation noirâtre ; la partie entre le vertex et l'occiput noirâtre; prothorax noirâtre avec trois taches sub- médianes bleuâtres, la dorsale géminée; la raie noire de la suture humé- rale bien marquée, vestige de raies obscures aux deux sutures latérales du thorax. Les dessins de l'abdomen d’un noir acier sur fond bleu; le dessous des 5-7° segments vert jaunâtre (les trois derniers manquent). Q Inconnue. . Patrie : Un mâle complet indiqué de l'Inde, ce qui est peut-être une erreur, car la patrie très-certaine des deux mâles incomplets est Java. Ils wont été envoyés par M. le docteur Ploem. NB. T° ` Pp e 1 4 Banie Tat, eâtre, les deux bouts de l'abdomen bios et saout par Ja la bras pare ee du 10° segment du mâle, Il faudra connaître la femelle pour pouvoir décider si l'es- pèce doit former le type d'un nouveau sous-genre se rapprochant beaucoup des Telebasis par les onglets, mais en différant sp aussi par la naissance bien séparée des secteurs médian et sous-nodal et la position de la nervule basale postcostale par rapport à la tre et à la 2e bree (512) ; 172. PSEUDAGRION CROCOPS, de Selys. gd” Abdomen 40. Aile inférieure 28. Ptérostigma brun foncé, entouré d'une nervure noire, en losange allongé, surmontant presque une cellule; 17 postcubitales; les ailes légè- rement salies, étroites, pétiolées jusqu'à la tre nervule basale postcostale aux inférieures, un tant soit peu moins aux supérieures. Le côté fap du quadrilatère des premières ailes presque égal à l’interne ayant */s liùférieur, r de ‘/, aux inférieures. La nervule basale postcostale na re et la 2e antėcubitale. Secteur nodal comme chez le prui- nosum. Lèvres, face , front jusqu’au niveau des deux ocelles postérieurs entre les yeux jaune safran vif; le reste de la tête noirâtre avec deux taches pos- toculaires jaunâtres presque effacées. Les villosités longues. Derrière des yeux DUR et à 1er article court, le 2e Jong, jaunes, le 5° égal aux deux premiers, n rothorax noirâtre avec une tache de côté et le bord latéral jaunâtres; le ss postérieur un péu arrondi, légèrement renflé au milieu. Devant du thorax noirâtre avec une large raie antéhumérale droite d'un jaune un peu verdâtre, suivie d’une large posthumérale noire; les côtés jaune orangé avec une ligne supérieure sous les ailes supérieures et une ligne presque complète à la suture médiane noires. Poitrine d’un blanchâtre pul- vérulent. Abdomen grêle, noir bronzé en dessus, les articulations jaunes ainsi que le dessous des 5-8° segments. Les côtés et le dessous des 1° et 2e et des 9e et 10° jaune orangé, cette couleur occupant aussi en dessus la base et le bout du 9°. Le dos du 10e SE un renflé, son bord posté- rieur peu profondément mais largement échanc Appendices anais eisen un peu plus Giit que le dernier segment, écartés, un peu divariqués, épais, noirâtres , un peu jaunâtres en dedans; leur extrémité Haba ient tronquée Appendices inférieurs jaunâtres, un pe plus courts, un peu moins écar- tés, subeoniques , épais , mousses. courts , roussâtres, l'extérieur des fémurs et l'intérieur des tibias et les cils detehtres. Casal médiocres, peu divariqués (6 aux tibias pos- prk Onglets à dent inférieure beaucoup plus courte que la supé- ieure. Q Incon Patrie : Mails (Célèbes). (Coll. Mac Lachlan.) NB. Très-voisin du pruinosum. Elle en diffère par sa taille plus forte, le der- (513) rière des yeux noir, la face orangée jusqu'aux ocelles ainsi que les deux premiers articles des antennes, les côtés du thorax et des 9° et 10€ segments, Les appen- dices anals supérieurs sont un peu plus courts et moins égaux, étant un peu amincis au bo 175. PSEUDAGRION CORIACEUM, de Selys. d Abdomen 55. Aile inférieure 24. Ressemble ea au crocops. Il en diffère par ce qui suit : 4° Taille plus pet 2e Ptérostigma un bea plus long; 15-16 postcubitales ; 5° Les taches postoculaires jaune de cuir mieux marquées , réniformes, réunies par une ligne occipitale ; le noir du dessus de la tête réduit à une raie sinueuse passant sur les ocelles, et délimitant de ce côté les taches postoculaires; 4 Le prothorax marqué en plus d'une tache dorsale géminée orangée et le feston du lobe postérieur de même couleur ; se Tout le thorax jaune de cuir ou orangé (passant au blanchâtre à la poitrine), le noir étant réduit à une raie sur la suture dorsale, à une autre à l’humérale ( épaissie inférieurement), à un trait supérieur suivi d’un point à la 1re suture latérale, et à une raie à la 2° ne touchant pas le bas; 6° Les 1er et 2e segments de l’abdomen jaune orangé, le 2° avec une ligne dorsale noire traversée avant le bout par une lunule de même cou- leur. Les côtés des 5-7° jaunâtre foncé; 7o La bande externe noire des fémurs double et en partie maculaire. ` Il me semble que les appendices supérieurs sont un peu plus longs et ue. Patrie : Amboine. (Musée de Vienne.) NB. C'est un diminutif du crocops. Cette espèce ressemble bien au pilidorsum par la tache géminée du prothorax et la couleur orangée jaunâtre des deux pre- miers segments; mais chezle pilidorsum il n’y a pas de raies noires au thorax, le r nt n'a pas de moie et le bag est ers ,. i inconnu de l’ustum. J'en eh esprndnt, parce que chez cette dernière espèce il n’y a qu’un trait court à la 2e suture latérale du thorax, que son ptérostigma est un peu plus - ha aa ia cellule qu'il surmonte et que ces ailes sont plus pétiolées. (514) 174. PSEUDAGRION PILIDORSUM, Brauer. Acrion riionsum, Brauer. Zool. Bot. Gesells. Wien , 1868. a Abdomen 56-57. Aile inférieure 25-24, Ptérostigma brun foncé, un peu plus clair aux bords, entouré d’une ner- vure noire, en losange allongé , ne surmontant pas tout à fait une cellule; 12- -15 postcubitales. Les ailes étroites, cessant d’être pétiolées un tant soit peu avant la nervule postcostale, qui est placée entre la 17° et la 2e anté- cubitale. Lèvres, face et dessus de la tête roux jaunâtre à peine plas foncé au vertex pour délimiter en avant les taches postoculaires, qui sont grandes, subtriangulaires réunies par une ligne occipitale. Le derrière de la tête à partir des taches postoculaires noir, mais les yeux étroitement bordés de roux de Pro ee noir en dessus; sa base, ses bords latéraux, une tache cen- trale géminée et une oblongue de chaque côté de celle-ci roussâtres. Lobe postérieur un peu avancé en demi-cercle au milieu, finement bordé de roux. Thorax roux jaunâtre, plus clair sur les côtés, où il y a un petit trait obscur en haut de la 2° suture, et un vestige à la première. Abdomen grêle, roux jaunâtre en dessous dans toute sa longueur, et en dessus sur les trois premiers segments; la base du 1°" obscure, un cercle terminal noir à l'articulation des 2 et 3°, dilaté sur l’arête en une petite tache à ce dernier. Les 4-7° noir bronzé excepté à l'extrême base; le 8° ` noir en dessus, cette couleur plus large au bout; 9e roux, mais le dessus de sa moitié terminale noire en demi-lune ou échancrée, le 10° noir en des- si MAS au bouk Som bord hrs en een oen le. ‚les en dessus, un peu plus courts que le 10e segment, comprimés, un peu concaves en dedans, à peine end bhey de pesti, es Les droits, hare: en ‚dessous dem, toute y nuri épais 7 écartés, excavés be dessus, ebtus au bout. Pieds roux avec une raie incomplète un peu obscure en. dehors des fémurs. Cils obscurs assez longs (5 aux tibias postérieurs en dehors.) Variété. Un exemplaire n'a pas de tache terminale noire au 5e seg- ment et le 4e est également roux mais avec une tache dorsale terminale conique noire. Le noir du 10° segment est rétréci à la base, Q Inconnu (515) Patrie : Luçon, par le Dr C. Semper. Manille. (Coll. Selys.) B. Reconnaissable à 1 de extension du roux au dessus de la tête et sur les trois premiers pere di l'abdomen. L'espèce ressemble bien à l’ustum re la femelle seule est ue) par la colo- ration de la tête et du ann tte dernière les ail t pétiolé tout à fait jusqu’à la 175. PSEUDAGRION usrum, de Selys. Q Abdomen 55. Aile inférieure 25. Ptérostigma brun clair, en losange court, couvrant une cellule. Ailes étroites à réticulation noirâtre (13-16 postcubitales), pétiolées jusqu’à la nervule postcostale, qui est à un niveau un peu plus rapproché de la 2° que de la 1'° antécubitale. Varié de brun marron et de noir. Tête petite (large de 5mm */,), roux marron en avant, noire entre les ocelles et en arrière, cette couleur dessinant un point arrondi roux der- rière chaque œil, reliés Pun à l’autre par une fine ligne occipitale de même couleur, ainsi que les antennes dont le 2e article est plus long que le {er et e 5° égal aux deux premiers réunis. Prothorax noir avec trois petites taches et les bords ferrugineux, formant en arrière trois festons , le lobe postérieur étant saillant, bien arrondi. Thorax petit, court, le devant brun foncé, la suture dorsale et l'humérale étroitement noires. Les côtés d'uu roux jaunâtre, plus clair en dessous avec un très-petit trait obscur supé- rieur sous chaque aile. Abdomen noir acier en dessus, jaune foncé en des- sous, avec la suture ventrale noire; au ter segment le noir forme une tache A f | 1 á + PAR ete P S + Qala h Fe pe i ala a plus étroite qu'aux suivants, excepté avant le bout où elle se dilate subite- ment. Au 9° segment la bande se rétrécit beaucoup; le 10e segment est jaune sans taches, à échancrure étroite aiguë. Appendices anals très-courts, épais, bruns; valvules vulvaires jaunes de la longueur de l'abdomen , sans épine basale. Dia. . 4 * À 4. h des quatre fémurs postérieurs, une raie courte aux premiers et l'intérieur des premiers tibias obscurs. Les cils médiocres (5-6 aux tibias posté- rieurs), et les articulations des tarses obscurs. Onglets à dents assez dis- tinctes brunes, l'inférieure plus courte. (516) Patrie : Ile de Sulu (Malaisie), par M. Wallace. Une femelle unique (Coll. Selys.) NB. Remarquable par sa grande taille, les ailes étroites, la tête et le thorax petits, les pieds courts, la face et le thorax roux marron; le derrière de la tête noir; Ce dernier caractère l’éloigne de la femelle du pruinosum, à laquelle elle res- semble beaucoup d’ailleurs. Elle s'en distingue encore par les taches postocu- laires mieux marquées, la suture humérale noirâtre, le lobe médian du prothorax plus avancé, le dessus du 10° segment jaune. 176. PSEUDAGRION MAGNANIMUM, de Selys. o” Abdomen 41. Aile inférieure 26. Piérostigma noir épais, couvrant une cellule, presque carré long, peu oblique en dedans, davantage en dehors ; ailes très-étroites, à réticulation noirâtre ; 12-15 postcubitales. Le côté supérieur du quadrilatère ayant aux supérieures ‘/,, aux inférieures presque */, du côté RE secteur supérieur du seat peek aux qare ailes au ab a nais- sance de l’ultranod [ sa à post- costale qui est placée b plus prè de la 2 que de la 1re antécubitale. Varié de noir, de brun et de giis jaunâtre. Tête três-petite , jaunâtre pâle aux lèvres et à la face, avec la base de la lèvre supérieure et l'épistome obscurs; le dessus et le derrière des yeux noirs, excepté l'occiput qui forme une bande entre les yeux et la base des 2e et 5e articles des antennes qui sont ferrugineux. On voit aussi l'appa- rence des deux taches postoculaires cunéiformes oblongues dont la pointe touche le ferrugineux de l'occiput. Le 1er article des antennes très-court, le 2e plus long, le 5° presque égal aux deux premiers réunis. Prothorax brun, le lobe postérieur aussi large que le médian , arqué, à peine sinué au milieu, ses coins latéraux amincis, recourbés, presque en crochet mousse vers le thorax. Celui-ci brun en avant avec une large bande dorsale noir bronzé; les côtés brun jaunâtre après la suture humérale, passant ensuite au gris clair ainsi qu’en dessous , avec un très-petit trait noir sous chaque aile. Abdomen très-long, brun foncé en dessus, jaunâtre clair sur les ' côtés et à la base des 3-7° segments. Le dessus des 1-2° noir; le bout des 5-5° noirâtre, ainsi que le dessus des 7-9e; le 10° roux jaunâtre, moitié plus court que le 9e sur les aa bree Ke 10e profonde en V. Appendices anals supérieurs roux pâle, bruns au bout, écartés, moitié plus courts que le 10° segment, bet aiina: amincis au bout, qui est un peu incliné en bas et en dedans; les inférieurs paraissant fort analo- (517) gues, mais leur base rapprochée et la partie cylindrico-conique redressée vers le bout des supérieurs. Pieds excessivement courts , jaune livide, l'extérieur des fémurs et les cils noirâtres , ceux-ci médiocres, divariqués (5 aux tibias postérieurs); tarses fauves, onglets bruns à dent inférieure très-courte. Patrie : Aru. Un mâle. (Coll. Mac Lachlan. NB. Par sa stature , elle FAT le ang et a PAT "a _ en est bien ra par les append plus rap- 0 de la 2e antécubitale, sutiout aux ailes afin: Sous ce rapport, comme sous celui du secteur inférieur du triangle et de la coloration générale, elle rappelle la Telebasis combusta. Cette PAL ALES est du reste de taille beau- coup moins grande, n’a pas de bande obscure aux fémurs et les secteurs sous- nodal et médian se touchent un point après leur Fat tandis que chez le magnanimum ils restent bien s Les appendices anals ont en rapports avec ceux de la Telebasis rufi- collis La dent des onglets l’éloigne d’ailleurs des Teleb i les ailes pétiolées pas plus loin que la nervule basale postcostale, le secteur fúfóriük du triangle se séparant prasquement du bord à cet endroit, et l'apparence de taches postocu- laires bleuâtre 177. PSEUDAGRION PRUINOSUM, de Haan. mss. ARION prumosum, Burm., n° 19. Abdomen o” 53-57; © 53-37. Aile inférieure g” 25-26; Q 25-27. Ptérostigma brun, entouré d’une nervure noire (jaune chez les jeunes, plus noirâtre au centre chez les adultes), en losange, à peine plus court que la cellule qu’il surmonte; ailes étroites, réticulation noire; 14 (15-16) postcubitales ; le còté supérieur du quadrilatère ayant aux premières ailes le tiers de l’inférieur; le ter secteur du ARE aboutissant au bord pos- térieur à la veine qui commence au sec ultra-nodal. Ailes pétiolées jusqu’à la nervule nes postcostale PTE ie nervule placée un tant soit peu plus loin aux supérieures ou plus rarement aux quatre ailes, ce qui se voit chez quelques femelles} Elle st placée que la {re et la 2e an- técubitale, Le secteur sous à la veine du nodus, enn . U OCLEICUL SUUS le En auparavant. Varié de jaune olivâtre et de noirâtre (en grande partie bleuâtre pulvé- rulent chez les ultes o" Adulte. Lèvre snbérienre. rhinarium, joues et devant de T'épistome (518) fauves, lèvre inférieure et derrière des yeux jaunâtres ; dessus de l'épis- tome, front et dessus de la tête noirs, ainsi que les antennes dont le fer article est très-court, le 2 long, le 5e égal aux deux premiers réunis. Pro- thorax et thorax noirâtres, couverts de pulvérulence bleue; le lobe posté- rieur du prothorax arrondi, un peu avancé, formant avec les côtés trois festons peu marqués. Abdomen grêle, épaissi au bout et à la base, vert bronzé foncé en dessus, jaunâtre en dessous, les deux premiers et les deux derniers segments bleuâtre pulvérulent. Le 10° segment largement échan- cré en demi-cercle, Péchancrure aussi profonde que la moitié de sa lon- gueur. Appendices anals supérieurs noirs, avec une raie jaune en dedans, - presque aussi longs que le 10° segment, presque droits, comprimés, cou- pés presque droit au bout qui, vu de profil, montre une échancrure. Appendices inférieurs noiràtres en dessus, jaunes en dessous, moitié plus courts, droits, cylindriques , épais, le bout mousse, un peu épaissi Pieds médiocres jaunâtres; extérieur des fémurs (qui sont bleuâtre pulvérulent) et l'intérieur des tibias noirâtre. Cils noirâtres, médiocres, peu divariqués (5-6 aux tibias PAI. sui noiràtres à dent infé- rieure beaucoup plus courte que la supérie a Jeune. Tête et thorax roux olivâtre , a pâle en dessous, 3° article des antennes, dessus de l'épistome, sutures du vertex, une ligne de chaque côté partant des ocelles et une autre un peu plus loin noirâtres , dessi- nant deux grandes taches postoculaires brun clair; au prothorax un dessin noir limitant trois grandes taches jaunâtres, dont la médiane géminée. Abdomen brun bronzé en dessus, jaune pâle en dessous, la base | des 2-6° segments marquée d’un cercle ple; un demi-anneau basal dorsal plus large, un peu en au 9e. Les pieds presque entière- ment jaunâtres. Q Ressemble au mâle jeune pour la coloration, mais les taches post- oculaires ne sont pas distinctes chez les exemplaires adultes. La suture antérieure médiane, un vestige Frise à l'humérale et un petit trait sous chaque aile sont noirs. A l'abdomen le ter segment est noir bronzé en dessus comme les suivants; aux a et 10° segments la bande dorsale noire et rétrécie, mais sans anneau basal jaune au 9e, Le 10° a une petite carène dorsale jaune, le bord postérieur est légèrement fendu , les appen- zaan anals noirâtres, un peu plus courts que le 10° segment, fusiformes ssez épais. Valvules vulvaires san de la longueur de l'abdomen, sans dise basale, à appendices brun: Pieds jaunâtre foncé, ayant l'adulte une raie externe aux fémurs, l'intérieur des tibias et les cils noirâtres. (519) Patrie : Java, d'après un grand nombre d'exemplaires envoyés par le Dr Ploem NB. Ces exemplaires sont conformes au mâle type de Burmeister reçu de Java, par M. de Haan ; seulement la dimension donnée par Burmeister (longueur totale: 1 pouce 3 lignes) est trop petite. L'espèce imite assez bien la stature de certains Trichocnemis, mais les propor- tions du quadrilatère et les cils des pieds ne laissent pas une confusion possible. Cert ains apie tendent , du moins aux ailes pr à s'é mais ? 49 178. PSEUDAGRION HYPERMELAS , de Selys. a Abdomen 24. Aile inférieure 15. Stature du decorum (les couleurs semblent altérées). Il en diffère par ce qui suit : 1° Taille plus petite; 2 Dessus de la tête noirâtre, renfermant largement et distinctement en arrière les taches postoculaires , qui sont grandes, olivâtres. La tête près du Ae est noire; 3° Prothorax noirâtre, sa base, ses côtés et une tache latérale claires; » De evant du thorax noir, avec une large bande antéhumérale olivâtre; les côtés ee avec un trait supérieur obscur assez long aux déux sutures ; y men olivàtre avec une bande dorsale noirâtre; cette bande est large, dilatée avant le bout aux 3-6° segments. Aux 5-4° elle ne touche pas tout à fait la base; aux 5-6° encore moins. Là elle est tronquée, de manière à réserver un anneau basal bleuâtre pâle, presque divisé en deux a l'arête. Aux 7-8° un anneau basal étroit, clair. Le dessus des 8-10e ir (les 8-9e vert clair ae le decorum). Le dernier largement, mais peu TUE échan 6° Appendices hes is Drin roussàtre clair. Vus de profil, la dilata- tion inférieure , qui est large et arrondie en dessous, finit un peu avant le bout de la branche superieure qui se termine en un petit crochet courbé en bas. Appendices inférieurs un peu plus prolongés à leur base interne qui se redresse; 7e in et largement noiràtres, Q Ine pr : kia un måle unique. (Coll. de Selys.) B. Espèce fort distincte par le dessus des 8° et 9° segments noir comme les er Sa stature sé rapproche de celle du decorum et du torridum ( 520 ) Sous-genre 14. — XANTHAGRION, pe Seuxs. Tereeasis (Pars). de Selys, Mac Lachlan. AGRION, Brauer. Secteur inférieur du triangle naissant à la nervule basale postcostale. Ptérostigma en losange, semblable aux quatre ailes; 11-15 postcubitales. Des raies postoculaires claires, réunies par une ligne occi- pitale. Lèvre inférieure fendue dans son quart apical environ. Tête, thorax et abdomen médiocres. Cils des tibias médiocres (5-6 aux postérieurs en dehors). Onglets à dent inférieure plus courte que la principale. g Coloration orangée. Appendices supérieurs courts. Q Coloration jaunâtre, à dessin dissemblable. Prothorax à bord postérieur simple, non ailé. Pas d’épine vulvaire. Patrie : Australie. Aer groupe : (X. ERY RUM.) La nervule basale postcostale placée presque sous la pre- mière antécubitale. o 8° et 9° segments bleus variés de noir, Appendices inférieurs très-courts. X. eerden (de la Nouvelle-Hollande). 2e groupe : (X. ZELANDICUM.) La nervule basale postcostale placée entre la première et la seconde antécubitale. 3 Abdomen entièrement orangé. Appendices inférieurs plus longs que les supérieurs. (521) X. Zelandicum (et race antipodum). — sobrinum (de la Nouvelle-Zélande). . Les deux groupes australiens qui sont réunis pour former ce sous-genre différent des rc africains et asiatiques par la conformation du protho- rax de la femelle es x sexes s’en me aussi par m Da ee presque linéaires réunies en raie étroite, qui s t plus que le derrière de la tête est noirâtre. Les ailes pétiolées jusqu’à la nervule postcostale les séparent des vrais Agrions. 179. XANTHAGRION ERYTHRONEVRUM, de Selys. Abdomen o“ 22-25 */,; Q 25. Aile inférieure o” 16-17; Q 18. Ptérostigma brun, ou un peu plus foncé au centre, réniforme, pointu en dehors, couvrant une cellule ; 11 rimes La plupart des grandes nervures rougeâtres, surtout à la e. Quadrilatère à côté supérieur ayant à peu près le tiers de A Ai pain pétiolées jusqu’à la nervule postcostale qui est plus rapprochée de la 1r° que de la 2e antécubitale. Secteur médian naissant notablement avant la veine du nodus, bien sépa du sous-nodal dans tout son parcours. do‘ Varié de rouge orangé, marqué de Tête orangée; un point à la lèvre, i a et le haut-derrière de la tête noirs, excepté une raie orangée derritre chaque œil, réunie l’une à l’autre par une fine ligne occipitale. Le derrière de la tête jaunàtre infé- rieurement seulement contre les yeux x noir, les côtés orangés, le lobe postérieur un peu avancé Thorax orangé avec une large bande dorsale et une raie humérale noires. Abdomen : 1-5e segments orangés, ce dernier avec un anneau noir occu- pant le tiers postérieur; 4-10 segments noirs en dessus, jaune pâle en dessous, le jaune orangé formant un anneau basal étroit aux 4-7‘; un anneau bleuàtre en dessus occupant tree ze ze gee 8-9e; côtés du 10e jaunâtres ; son Le postérieur lég demi-cercle et cette partie roussàtr Appendices anals nen pâle, les supérieurs aussi longs ee n moi- tié du 10° segment, bruns en dessus, épais, presque droits, compri un peu inclinés en dehors au bout qui est tronqué; les dad ple courts formant deux gros tubercules rapprochés, dont chacun est pourvu d’une branche externe remontant sous les appendices supérieurs. 25° SÉRIE, TOME XLII. (52 ) Pieds courts orangés , à cils noirs (5-6 aux fémurs et aux tibias posté- rieurs), assez eed Onglets des tarses à dents noires , l’inférieure bien marquée, plus cou Q Ailes et tête SR mais tree noir, excepté le bord, et une raie transverse noire a Na e feston central du prothorax plus court, plus étroit; le dessous de oies plutôt jaunâtre que roussâtre; „dessus de tous les segments de l’abdomen noir, excepté le cercle basal étroit jaune des articulations ; 10° segment très-court , noir, à bord final finement roux, étroitement fantas hen cylindriques, un peu plus longs que le segment, roux; pas d'épine vulvaire. Falaite jaunâtres. Patrie: nietde elen Coll. Selys, Mac Lachlan, d'après deux mâles et une femelle de taille un peu différente. = - NB. Elle rappelle le Geriagrion a su s'en en distingue bien par le noir du derrière des yeux renfermant une lign et le dessus sa. trois se segments noir avec un anneau : bleuÂtre aux ge e appendices anals est d’ailleurs toute autre, À supérieurs daat assez sn et les inférieurs courts et branchus, C'est une espèce qui imite assez bien, pour la coloration, la variété femelle orangée de Y Ischnura elegans Mais c'est à l Agrion zanthomelas noe Baaien ge "elle ressemble le plus. (Voir la eomparaison établie à La femelle de l’erythronevrum a des rapports avec celle de l'Ischuura hetero- sticta de la même contrée, En faisant attention chez cette dernière à la form arrondie des points postoculaires, à à la position de la nervule postcostale,aux ilies moins pétiolées et à l'épine vulvaire, on ne peut confondre ces deux espèces, qui appartiennent à des sous genres différents. 180. XANTHAGRION ZELANDICUM, de Selys. TELEBASIS ZELANDICA , de Selys mss, — Mac Lachlan , Ins. neur. New. Zeal. ann. and mag. nat. hist., 1875, p. 55. Abdomen g” 21-24 !/, ; © 26. Aile inférieure g" 16 */,-18; Q 20. Ptérostigma d'un brun roux plus foncé au centre (jaunâtre chez les jeunes) en losange plus pointu en dehors, où le bord est le PORT oblique du côté inférieur, couvrant une cellule. La plupart des gran nervures d’un brun roux à leur base; 13-14 postcubitales, 3 cellules anté- gin a pétiolées jusqu'à la nervule postcostale aux inférieures (à peine aux supérieures), cette nervule placée entre la 1re et la 2° antécu- bitale. anis à côté ad ayant le tiers de Haférieur aux pre- mières ailes, la moitié aux seconde (523 ) Tête noire en dessus et en arrière avec de longs poîls noirs et des taches postoculaires er oblongues, réunies par une ligne occipitale, une bordure ie derrière des yeux et face rouges, mais le dessus de l’épistome et une tache médiane à la lèvre supérieure noirs. Lèvre inférieure En antennes noires, les deux premiers articles jaunes, courts, égau Pro drs noir, ses bords et trois taches rouges. Le lobe postérieur presque arrondi, un peu saillan Thorax noir en avant; Less intéralaire etl une bande antéhumérale rouges ; celle-ci suivie d’une bande posthumérale noire qui est marquée d’un trait supérieur rouge. Le reste des côtés rougeâtres avec deux lignes noires BEREE sous les ailes. Abdomen rouge vif, plus obscur au bout; une tache basale carrée au fer segment, un cercle aux articulations de tous g> autres noirs; sur les côtés une bande longitudinale complète aux 7e et 8e, mais ne touchant pas la base, réduite à un point médian au 9e età un point basal au 10° noir bronzé. Le dernier segment échancré au milieu. E Appendices anals supérieurs courts peu visibles, subtriangulaires rouges avec un tubercule obscur intérieurement. Appendices inférieurs en crochets aussi longs que le 10e segment rouges, leur extrémité un peu pointue noire. \ Diag TORES : 8 p )yonglets à dents noires, l'inférieure plus courte. uge remplacé par du jaune à la tête et au thorax ; la base de la eA abt noire. Bord postérieur du prothorax divisé en trois fes- e bord antérieur du thorax portant de chaque côté vis-à-vis des Ge latéraux du prothorax une petite lame triangulaire jaune. Abdo- men noir bronzé en dessus, jaune pâle en dessous; les 1-7° ME ayant un na RON basal. jaune et l'articulation terminale cerclée de noir; bord du 10° jaune échancré étroitement en A ppendikes ae courts, coniques jaunes. Valy bles vulvaires jaunes à - appendice noir; à peine aussi longues que l'abdomen, sans épine basale, Pieds jaunes, extérieur des fémurs avec vestige d’une bande obscure. Patrie : Nouvelle-Zélande. (Coll. de Selys, Mac Lachlan.) NB. Intermédiaire pour les couleurs entre le Ceriagrion cerinorubellum et Verythronevrum, voisine de la première par les appendices anals du mâle, mais en diffère par la présence de dessins noirs à la tête, au thorax et aux côtés des 18-9 segments. Elle se rapproche de l'erythronevrum par les dessins noirs de la tête et du thorax; mais chez l’erythronevrum mâle l'abdomen porte une bande dorsale noire (82) depuis le 4° segment, interrompue par un anneau me aux 8 et 9° et enfin lesap- pendices meen sont plus courts et non en pinc melle du E diffère pendel du als par le dessus de tout Vab- domen noir ze Race? XANTHAGRION ANTIPODUM, de Selys. Ọ Abdomen environ 24; aile inférieure 17. go Inco Q sana à réunir au Ne une femelle posa fort petite qui diffère du type par it: 1° Les points AE eer sont en mais la ligne able) jaune qui les réunissait reste bien distinct 20 Au prothorax le spi jaune ra a disparu, et les taches latérales sont réduites à un point peti 5° Les bandes antéhumérales jaunes du thorax sont rétrécies et un peu interrompues avant le haut, presque en point FERRET et le trait ss supérieur dans la hinde noire humérale a disparu Le 1er segment ne porte pas de point dorsal jaune. = L'extérieur des fémurs a une raie noire, 6° Il n’y a que 11 nervules posteubitales. Le ptérostigma est un peu plus court que la cellule qu’il surmonte. (Les quatre derniers segments manquent.) on: Nouvelle-Zélande, Une ra unique. (Coll. Selys). 181. XANTHAGRION SOBRINUM, Mac Lachlan. Terenasis sonnina, Mac Lachlan. neur N. Zeal. ann. mag. nat. hist., o" Abdomen 51; aile inférieure 22, Extrêmement voisine du Zelandicum, mais beaucoup plus grande; la ache basale noire du 1er segment de abdomen divisée par l’arête dorsale. 3: 1 kt 1 1 1 A : A tié nine courts que les inférieurs, subtriangulaires, leur bord inférieur concave, très-penché en ee extrémité (possédant d’ailleurs le tubercule obscur interne du Zelandicum). Il y a quatre “et entre le quadrilatère et la veine du nodus aux quatre ailes, et le ptérostigma est plus grand, surmontant presque pan, cellules, non com} de la cellule suivante; aux ailes supérieures P il y à quinze postcubitales. Q Inco (525 ) Patrie : Nouvelle-Zélande. (Coll. Mac Lachlan.) NB. Nonobstant la grande ressemblance avec le Zelandicum, M. Mac Lachlan pense avec raison, je crois, que l'insecte en diffère spécifiquement. Il n’a examiné arence n’étant pas très-colorées, et restant plus ou moins jaunes et le ptérostigma jau- nâtre obscur La différence npe dens les image du à péri et des appendices ractéris aFPactLeri Sous-genre 15. — CERIAGRION , pe SELys. Acron, Fab., Ramb., Burm. Secteur inférieur du triangle naissant à la nervule basale postcostale (ou un tant soit peu auparavant), cette nervule placée plus près de la 4"° que de la 2° antécubitale. Ptéro- stigma en losange, semblable aux quatre ailes; 10-15 nervules postcubitales. Pas de taches postoculaires circonscrites. Lèvre inférieure fendue daps: son tiers apen environ, à branches un peu distantes. Tête, thorax et abdomen médiocres. Coloration générale He orangée sans taches, ou mé- langée d’olivâtre. Cils des tibias médiocres, peu divariqués (5-6 aux postérieurs en dehors). Onglets à dent inférieure plus courte que la wangen d 10° épais; les inférieurs eubeylindriques; un peu plús longs. Q Pas d'épine vulvaire. Coloration presque semblable. Puirie : Afrique et Asie tropicale. Malaisie. C. cerinorubellum. — glabrum. — Coromandelianum (et td | À 3e 1 , eonrtce 2 race? melanurum). ; B. I at à 4 s hias LE Phatt TTAR F liv e. Le noir ni le bronzé n 'entrent pour rien ja leur coloration , excepté sur les see ger- niers segments de la race melanurum du coromandelianum. Ils ont du rapport avec les Cai de l'Australie; mais chez ces derniers ‚RQ ( 526 ) le noir entre d le dessin, délimite des raies postoculaires , et se montre aussi sur l’abdomen; enfin cette deaa partie, chez les femelles , est autrement colo - riée que chez les mâles, 182: CERIAGRION CERINOROBELLUM, Brauer. Acnron cenmnonusezLum, Brauer, Reise Novarra, tab. 1 f. 10 (Appendices.) Abdomen g' 28-50; Q 29-55. Aile inférieure 9° 16-18; Q 17-19. Ptérostigma brun (plus foncé au centre chez les adultes) en losange couvrant une cellule; 11-12 postcubitales ; nervures noires. Ailes pétiolées à peine jusqu’à la nervule postcostale, qui est placée un peu plus près de la {re que de la 2e antécubitale. Quadrilatère à côté supérieur ayant à peu près le tiers de l'inférieur. Secteur médian naissant un peu avant la veine du nodus, restant séparé du sous-nodal a Varié de rougeâtre, d'olivâtre et de noir, passant au jaunâtre en dessous. Lèvres jaunâtres; face olivâtre clair, dessus de la tête brun „passant aù roux à occiput et derrière les yeux. Prothorax olivâtre, roussâtre de côté, le lobe postérieur arrondi saillant en arrière, où il se relève. Devant du thorax olivâtre obscur avec deux bandes étroites orangées mena RASIAN contre la suture médiane; jes côtés: verdâtre clair; le desso premiers et aux trois on re les autres i jauoâtres er en dessous, noiràtres en dessus, exceplé la base du 3° et la moitié terminale du 7° qai sont rougeâtres. Le 10° échancré en un demi-cercle. ndices supérieurs excessivement petits, arrondis, roux obscur, les inférieurs roux, plus obscurs à la pointe, aussi longs que le dernier seg- ment, épais à leur base, amincis ensuite et écartés en pinces semi-Circu— laires, grêles, redressées (cette direction les fait paraître. au premier coup œil moins longs qu'ils ne sont réellemen Pieds courts orangés à cils noirs, (5-6 aux as et tibias postérieurs), | assez divariqués. Onglets des tarses à dents noires, l’inférieure plus courte mais bien marquée. ) kes deux raies: rousses du devant du pam abitiéndos: Le dessus de Pahlen brun noirâtre, depuis le 3° segment jusqu'au bout (la moitié antérieure du 5° rousse chez la femelle du an: 10° segment à échan- crure étroite, aiguë. Appendices anals pointus bruns, un peu plus courts que le 10° segment. Lames vulvaires roussâtres, un peu plus courtes que l’abdomen, sans épine à leur base. (527) Pat viel et ru par M. Wallace. Labuan (Bornéo). — duit Gi Selys.) — Ceylan. (Coll. de Vienne.) NB. Le ware indiqué du Sylhet est le plus grand ; il a des dimensions indi- quées par le Dr Brauer. Les exemplaires de Ceylan es un peu des autres pan queles appendices anals inférieurs seraient noi Gette espèce a les formes veen ae mes et coromendelianen, ern cl s’en distingue de suite par sa t le dos des 42-7 ainsi que par les appendices sil HO longs, en pinces sul -cirenluides. Par l’ensemble de la coloration et la taille elle ben le Pyrrhosoma tenellum d'Europe 185. CERIAGRION GLABRUM, Burm, Acron eraBRUM, Burm., n° 18. FERRUGINEUM ; s n° 29, Abdomen o 26-54; © 29-55. Aile inférieure o" 19-22; Q 20-24. Ptérostigma brun, un peu plus foncé au milieu „en losange allongé cou- vrant une cellule; 12-14 seen Le quadrilatère à côté supérieur ayant à peu près le quart de l'inférieur. Ailes étroites, souvent ùn peu sise pétiolées jusqu A la Horsie ae qui est placée un peu plus près de la 1r que de la 2° Secteur médian naissant avant la veine ke nodus, et restant séparé du bee co dans tout son par- cours. - o Adulte. En entier d’un roux ferrugineux, passant au jaune en des- sous; l'abdomen presque rouge. Le 10° segment échancré en demi-cercle, denticulé de noir aux deux bouts de Péchancrure. | Appendices anals supérieurs réniformes courbés en bas, écartés, un peu plus courts que les inférieurs qui sont larges à la ep terminés par une pointe inclinée vers le haut , précédée d'un petit ren Pieds courts à cils noirs (5-6 aux fémurs et aux du postérieurs), médiocres, un peu divariqués. Onglets des tarses à dents noires, l'infé- rieure plus courte mais bien marquée. o” Jeune. Le ferrugineux remplacé par du jaune roussâtre. © Colorée comme le mâle jeune. Chez les exemplaires très-adultes le dessus du corps devient gris ré et : dessous gris blanchätre, 10e segment à échancrure étroite Appendices anals très-courts ERA aires i en vulvaires jaunâtres atteignant le bout de l'abdomen; sans épine eur . 528 ) Var.? Un exemplaire femelle de Niam-Niam par le Dr Schweinfurt porte aux 5-6° segments une bande dorsale noirâtre ne touchant pas le bout des segments où elle laisse un anneau clair plus large aux 5-4°, Le mâle recu en même temps mak sans appendices anals) ne paraît pas dif- eS zt ze rn ordina : Afrique tr and pe trale, Camaroons, Sénégal, Dakar, ue yas Natal, Madagascar, minn ‚Seychelles, Niam-Niam. (Coll. Selys, etc.) Je ne puis trouver aucun caractère pour isoler des petits exemplaires du glabrum un mâle reçu de Qeens Land (Australie sept.) par M. Mac Lachlan et un autre de Shanghaï, y aurait-il erreur de provenance? B. Varie beaucoup pour la taille dans les mêmes localités. De Dakar je n'ai que de très-petits exemplaires, et de Loanda de forts gran Le er teur Rambur, dont les types venaient de dens: dit que chez des par M. Guérin (sans doute de Maurice) les appendices rare sont un pen plus larges, ns la see un peu plus allongée. Je ne crois ien qu’ils forment une espèce distin types de Burmeister sont du Cap. A r artiele du coromandelianum, je signalerai en quoi il diffère du glabrum. 184. CERIAGRION COROMANDELIANUM , Fab. AGRION COROMANDELIANUM, Fab. — ceniNum, Ramb., n° 27. Abdomen o” 28-30 ; Q 29. Aile inférieure o” 18-19; Q 20. Ptérostigma jaunâtre, souvent un peu enfumé au milieu, en losange plus poiutu en dehors, couvrant une “Asp (plus petit chez le d"); 10-11 posteubitales. Le quadrilatère à côté supérieur ayant aux premières ailes à peu près les ?/, de l’inférieur. ik pétiolées jusqu’à la nervule postcos- tale, qui est placée un peu plus près de la {re que de la 2e antécubitale; secteur médian naissant avant la veine du nodus, séparé du sous-nodal ns tout son parcours. o* Presque en entier d’un jaunâtre livide plus clair en dessous; une bande transverse large brun clair sur la tête entre les yeux; occiput pas- sant au roussâtre; devant du thorax olivâtre clair; le dessous blanchätre. Le 10° segment échancré en demi-cercle, à denticulations brunes exces- sivement fines aux bouts de l’échancrure. Appendices anals supérieurs très-courts, tronqués, épais, en forme de tubercule, les inférieurs un peu plus longs, mais redressés en haut. Ils sont épais à la base, coniques, légèrement courbés lun vers l'autre, terminés en pointe dont l'extrémité est noire. ( 529 ) Pieds courts, à cils noirs médiocres, un peu divariqués (5-6 aux fémurs et aux tibias postérieur: onglets des tarses à dents noires, l'inférieure plus courte mais bien marquée: Q 10e segment à échancrure étroite aiguë. Appendices anals très-courts, coniques, jaunâtres. Lames sai Fun ps en le bout de l'abdomen, sans épine à leur b: : Inde méridionale, Bombay, Pondichéry; décrit d'après i d'et 2 o. An Selys.) Un mâle est indiqué de Java et un du Sénégal dans la collection Guérin. Ges deux dernières localités semblent douteuses. NB. Voisin du glabrum, en diffère par la coloration jaunâtre pâle et non rou- geàtre de l'abdomen, la bande transverse brune du dessus de la tête, le devant du thorax olivâtre ; les appendices supérieurs du mâle tronqués plus épais, le ptéros- tigma à côté externe supérieur plus pointu, ce qui se voit surtout chez les mâles. Il y a aussi deux l teubitales d ins, chez les exemplaires que jai F » ue les ts plai ailes sont pétiolées jusqu’à la première nervure ” basale postcostale , comme chez le deb Race? CERIAGRION MELANURUM, de Selys. Abdomen 51; Q 52-52. Aile inférieure g" 20; Q 22-25. Parait différer du coromandelianum par ce qui 1° En plus grand nombre de nervules seren, 12-14 (au lieu de 10-11) 20 zi ailes Der d'être pétiolées un peu avant la première nervule basale ques 3° rate es segments de l'abdomen du mâle portent en des- sus une bande longitudinale noir acier, qui commence un peu après la base du 7° par une pointe antérieure et va en s’élargissant jusqu'au bout du 10e dont l’échanerure arrondie terminale est bordée de dentellures noires dont l’externe forte. Les appendices anals semblent aussi plus ust stes; e As reren wak forte sase wa oaa sexes. : à x femelles) Shanghaï (d femelles) e n) NB. Les mâles sont très-distincts du Coromandelianum par la coloration noire l en dessus des quatre derniers segments et par la position anormalè (dans ce ( 530 ) groupe) di la nervule postcostale, qui rappelle presque jles Agrions; mais les femelles ne sont guère caractérisées que par la taille et la nervule basale postcos- sr m. encore chez l'une des deux (de Shanghaï) ce dernier caractère sel urra it la rapporter au coromandelianum , d'autant plus que cet se est u un peu plus petit que les autres. Sous-genre 16. — ARGIAGRION, pe SELYS. Secteur inférieur du triangle naissant à la nervule basale postcostale, qui est placée beaucoup plus près de la 1° que de la 2° antécubitale. Ptérostigma épais, en losange peu oblique; quadrilatère des premières ailes trois fois et demie aussi Jong que large, à côté supérieur n’ayant pas le quart du côté infé- rieur; 41-12 posteubitales. Pas de taches postoculaires claires. Lèvre inférieure, fendue dans son tiers apical au moins, à branches distantes. Coloration générale bronzée, variée de verdâtre. Tête, thorax et abdomen assez robustes. Cils des pieds longs, divariqués (6-7 aux tibias postérieurs en dehors) ; onglets à dent inférieure forte, un peu plus courte que la principale. g Inconnu. Q Pas d'épine vulvaire. Patrie : Afrique tropicale occidentale. À. Leoninum. f, e espèce Meremang par sa coloration et par les £ils des tibias bne plus lo i sépare chacun d'eux, Elle se rapproche, sous ce rapport seulement des Las a s’en séparant par les ailes pé- tiolées jusqu’à la nervule gtt et par le quadrilatère à côté supérieur extré- ment court. Les cils sont este moins longs que chez les vrais Argia La place de ce sous-genre ne pourra être bien fixée que lorsque le mâle sera connu. 185. ARGIAGRION LEonINuM, de Selys. Q Abdomen 59. Aile inférieure 27 (large de 6m). o” Inconnu. Q Ptérostigma en losange presque carré, épais, peu oblique, légèrement (551) plus long que la cellule qu’il surmonte, gris brun au centre, plus clair à lentour ; 11-12 postcubitales. Ailes arrondies, salies, assez larges, à réticulation noire, forte, les ner- vules un peu lavées de brun. Quadrilatère à côté supérieur plus court que l'interne aux supérieures, où il a un cinquième seulement du côté infé- rieur (les 2-5° aux sg ailes). Les cpa aboli jusqu’à la nervule basale postcostale, qui est placée un peu après la fre antécubitale. Secteur _bref et le premier du triangle à ondulations très-anguleuses. Coloration PRET ou verte ee métallique}, variée de noir. rt clair avec une raie au rhinarium, une bande aux ocelles et une à l’oceiput TM les yeux noirâtres. Dessous de la tête et derrière des yeux jaunâtre livide. Prothorax brun à ee ee et à lobe postérieur verdâtres. Ce der- nier arrondi, un peu r orax brun roux, tu dorsale noire, une bande antérieure juxta- humérale et une latétaté médiane larges vertes, cette dernière bordée de noir en arrière: Abdomen on le fer segment verdâtre avec une grande tache carrée dorsale noire; les 2-7e segments noir luisant en dessus, avee un demi- anpe TE zeg en par EEN ainsi qu'une bande laté- t (exċep té 2u 7°); le 8e vert pâle en gent le reste de ce segment et les 9e et 10° noiråtres. Ce dernier un peu échancré, Appendices anals ab subtriangulaires, un peu plus courts que le dernier segment. Valvules vulvaires de la longueur de l'abdomen Pieds brun rpg assez courts, grêles; fémurs noirs, excepté à iei base interne; les cils noirs , très-longs, divariqués, au nombre de 6-7 aux fémurs et aux tibias ue ; onglets à dent inférieure un peu plus courte que la principale, fort Patrie ; Sierra ie (Coll. Mac Lachlan.) NB. C'est la plus grande Las Tapos. pre et parie par m ailes larges, i cils despieds très-longs, | ‚les pele e, du thorax, de tbe et des pieds, sur fond vert; et la première ner- és postcostale placée à peine plus loin que là première antécubitale. (532) Sur les étoiles filantes du mois d'août 1876; par M. J. C. Houzeau, membre de l’Académie. J'ai l'honneur de faire connaître à la classe le résultat des observations d'étoiles filantes, faites à l'Observatoire royal à l’époque périodique d’août. Ces observations ont été gênées tout le temps par la lune. Elles ont été faites sur la terrasse de l'Observatoire, par deux observateurs simultanément, lesquels étaient tournés vers des parties différentes du ciel. Les points d'apparition et de dispari- tion étaient marqués sur une carte céleste toutes les fois que le clair de lune et les autres circonstances permettaient de rapporter le météore aux étoiles voisines. Voici le résumé des observations. Koens NOMBRE NOMBRE de e DATES ET HEURES. | déve |©% don, onj celies done | Remarques. Memes i: rh 1876. Août 9i,de 10»à 11h, 11 6 7 » 11412. 9 5 6 L'éclat de la cn A AOR A 43 11 eend » 11 à 12. 15 11 1 » 12 à 15. 29 18 6 » 13-à 14 . 30 17 2 » mW Wi. 9 9 2 » Hair. 10 7 2 TOAD. =. 126 84 32 ( 535 ) D’après ces données le maximum aurait eu lieu le 10 août entre 15 et 14 heures, c'est-à-dire le 11 entre 1 et 2 heures du matin de temps civil. De ces étoiles filantes trois seulement avaient un éclat supérieur à la première grandeur, et comparable à celui de Jupiter. Sur Pobservation du même phénomène, faite à Liége, par M. F. Folie, membre de l’Académie. Mes observations ont porté sur les soirées des 10, 11, 12 et 15 août Elles ont été faites de la tourelle de l’Université, à laquelle on a donné le nom d’observatoire à cause de sa destination originelle. Dans la soirée du 10 août, notre confrère M. Dewalque observait le midi, moi le nord ; pendant les autres soirées, j'ai observé seul, tourné, comme dans celle du 10 août, du côté du nord. Un premier caractère général que j'ai déduit de ces observations, c’est qu'aucune étoile filante ne s’est mon- trée du côté de Persée : pendant ces quatre soirées, j'en ai noté une seule de ce côté, vers la Chèvre, et encore l'ai-je. notée comme très-douteuse. Un second caractère, c’est celui de la direction générale du N.-O. qu’affectaient la plupart des trajectoires. Sur soixante-cinq trajectoires au moins que j'ai notées, deux seulement (dont une douteuse) se dirigeaient vers PE; trois vers le N.-E.; trois vers le N.-N.-E.; une vers le S.-S.-0. Toutes les autres étaient comprises entre le N. et l'O. ( 554 ) Voici le relevé du nombre des étoiles filantes observées. Hémisphère entier, 10 août, de 10*/, à 101}, h. 4 » ART On 11 ù ToraL 25 » OEE ETES A 10 à 11 1/, h. des cumulus abondants ont envahi le ciel. Demi-hémisphère, 11 août, de 10 h. à 10 */, 0 » 4101]; à 101% : . 4 5 dende 1 \ Toraz 16 » 10 5/, à 11 oki » T SD 5 4 » 1h r11 dS 2 ,. 12 août, de 10 h. à 10'/, . 2 à DORA 3 \ Tora 9 » 104, à 103/, 1 | » 1057, à 11 5 | » 13 août, de 10h. à 1017, 4 a 7 : Totar 24 » RU + 8 » 10 5}, à 11 R 7 Le nombrè considérable d'étoiles filantes observées dans la nuit du 15 aoùt tient, en grande partie, à ce que la lune, à peine levée, et dans son dernier quartier, répandait très-peu d'éclat; cette circonstance permettait d’apercevoir les étoiles filantes d’assez faible grandeur. Je n’en ai noté, en effet, dans mes observations du 15, que cinq de première à deuxième grandeur, tandis que le 12, sur un nombre total de neuf, j'en avais noté six; et que le 11, sur un nombre total de seize, j'en avais noté dix de première à deuxième grandeur. M. Houzeau annonce que le bolide qui a apparu le 24 sep- tembre 1876, à 6 heures du soir, a fait l’objet d’une notice qui paraîtra dans le prochain Annuaire de l'Observatoire. (535 ) Sur les couleurs accidentelles ou subjectives, deuxième Note; par M. J. Plateau, membre de l'Académie. Dans ma Note précédente (1), après avoir rappelé suc- cinctement les principes sur lesquels repose ma théorie, savoir la réaction de la rétine et les oscillations de lim- pression selon le temps et selon l’espace, je me suis at- taché à répondre aux principales objections soulevées contre la première partie de cette théorie, celle qui con- cerne le temps; je crois avoir montré l'insuffisance du principe de la fatigue et de la lumière propre de la rétine, et avoir établi la nécessité d’adopter celui de la réaction de l'organe. Dans la Note actuelle, je reviens de même sur la seconde partie de ma théorie, celle qui concerne l’espace , et j'espère en faire voir également la légitimité. Mais, avant d'aborder cette dernière question, je dois présenter quelques remarques au sujet de la Note précé- dente. > Et d’abord, je croyais être le premier à signaler le fait que la teinte de limage accidentelle est loin d'être tou- jours complémentaire de celle de l'objet préalablement contemplé; j'ai reconnu, depuis, que Brücke (2) avait, dès < 1865, constaté cette différence; seulement il en_donne (1) BULLET. DE L'Acan. ROY. DE BELGIQUE , 1875, 2me série, t. XXXIX, p. 100. zie (2) Ueber Ergänzungs-und Contrastfarben (BULLET. DE L'ACAD. DE ViENNE, 2we partie, t. LI, p. 461). ( 536: ) une explication autre que la mienne : suivant lui, laddi- tion d’une certaine quantité de lumière blanche à une lumière colorée ne se borne pas à pâlir cette dernière, elle altère, en outre, la nature de la teinte perçue; il rappelle une expérience d’Aubert (1), consistant à faire tourner rapidement un disque blanc portant un secteur bleu de 60° de largeur angulaire; la teinte uniforme observée n’est pas un bleu pâle, mais un violet påle; un secteur orangé substitué au secteur bleu a donné une teinte où le rouge paraissait en excès. Brücke en conclut comme probable que si, par exemple, en portant les yeux sur une surface blanche après avoir contemplé un objet jaune, on perçoit une image accidentelle violette et non bleue, c'est que l'impression de la lumière blanche envoyée par la surface se mêle à l'impression complémentaire bleue, et la fait passer au violet. Cette opinion semble difficilement admissible; en effet, l’image accidentelle qui suit la contemplation du bleu est, pour la plupart des yeux, orangée et non jaune; or, dans les expériences de Brücke, un secteur jaune a simple- ment donné, par la rotation du disque, un jaune pâle et non un orangé pâle En second lieu, l'objection la plus forte que j'ai dirigée, dans mes écrits de 1833 et de 1834, contre la théorie de Scherffer est, ainsi que je Pai rappelé (Note précédente), le fait de la manifestation des images accidentelles dans l'obscurité la plus profonde; or je sais aujourd’hui que cette même objection avait déjà été avancée contre la arn (1) Beiträge zur Physiologie der Netzhaut ( ABHANDLUNGEN DER SCHLESISCHEN GESELLSCHAFT, 1861, p. 49; voir §§ 20 à 22 ). 4 ( 557 ) | même théorie à la fin du siècle passé, par Venturi (1), qui avait entouré ses expériences des plus grandes précau- tions. En troisième lieu , bien que je regarde comme superflu d'äjouter de nouveaux arguments à ceux que j'ai exposés soit contre la théorie de Scherffer simplement, soit contre l'extension que lui a donnée Fechner en faisant inter- venir la lumière propre de la rétine, je citerai cependant les deux suivants, qui ne me paraissent pas sans intérêt : Je trouve le premier dans le singulier Mémoire de Schopenhauer (2) sur la vision et les couleurs. Après avoir énoncé certaines objections, dont les unes sont sans valeur et dont les autres coïncident avec une partie des miennes , l’auteur ajoute : « Un fait connu s'élève encore contre l’explication de Scherffer, c'est que nous voyons le spectre physiologique le plus aisément et le plus nette- ment le matin, aussitôt après notre réveil; mais c’est précisément alors que, par suite du repos prolongé, la rétine a sa plus grande vigueur, et qu'ainsi elle est le moins disposée à'se fatiguer par la contemplation d’une couleur pendant quelques secondes, et à s’affaiblir de manière à perdre sa sensibilité pour cette couleur. » Le second argument mest fourni par un article de Becker (3) : « On sait, » dit l'auteur , « que de très-faibles impressions lumineuses ne sont plus perçues comme diffé- (1) Indagine fisica sui colori. J'ignore la date de la première publica- tion de ce travail; il a été réimprimé à Modène en 1801. (2) Ueber das Sehen únd die Farben, Leipzig, 1816. Je n’ai pu con- sulter que la troisième édition, publiée en 1870 ; le passage dont il s’agit est à la page 51 de cette troisième éditio (5) Zur Lehre von den subjectiven Farra RP (ANN. DE Poccenporrr , 1871, t. V du supplément, p. 505). d str, TOME XLII. 55 ( 538 ) remment colorées; or une lumière assez faible pour ne plus permettre de distinguer les différences de couleur, est encore très-vive en comparaison du brouillard lumi- neux intérieur qu’on aperçoit dans une obscurité com- plète; c'est ce dont chacun peut aisément se convaincre. Ce brouillard lumineux intérieur paraît toujours incolore, comme toute impression lumineuse très-peu intense; si donc la rétine était partiellement épuisée par la cause qui l’a excitée, il ne serait pas possible que l'impression acci- dentelle fût colorée, elle se montrerait simplement plus sombre. Mais, au lieu de cela, l’image complémentaire qui apparaît dans le champ complétement obscur de la vision, est, du moins chez moi, très-vivement colorée, et, lors de sa dégradation, je constate nettement une diminution d'intensité, et non une simple tendance vers la blan- cheur. » En quatrième lieu, dans le Nota qui termine ma Note précédente, j'ai dit que le travail de Hering avait paru en 1875 et 1874 dans les tomes LXVIII et LXIX du Bulletin de l'Académie de Vienne; or la première communication est de 1872, et est insérée au tome LX VI, et la dernière au tome LXX, publié en 1875. En outre, je n'ai donné alors qu'une idée trop incomplète de ce travail; mainte- nant que j'ai eu le loisir de l’examiner, je puis indiquer en peu de mots comment l’auteur étend les principes de sa théorie aux images accidentelles colorées. Il admet que la substance visuelle est susceptible d’éprouver, sous l’action de la lumière, trois sortes de modifications, dont la pre- mière donne les sensations du noir et du blanc, la seconde celles du bleu et du jaune, et la troisième celles du rouge et du vert; ou bien que cette même substance visuelle se compose de trois substances différentes, appropriées cha- ( 559 ) cune à l’un des couples de sénsations ci-dessus ; il adopte cette dernière manière de voir, quoique moins probable selon lui, parce qu’elle se prête plus aisément à l'exposi- tion de la théorie. I} nomme les trois substances en ques- tion substance noire-blanche, substance bleue-jaune, et substance rouge-verte. Dans chacun de ces couples de sensations, l’une des couleurs provient d'une désassimila- tion , et autre, qui lui est opposée, d’une assimilation (Nota de la Note précédente). Cela posé, pendant que l'on contemple du rouge, par exemple, si la sensation de cette couleur est due à une désassimilation, la réaction de lor- gane détermine une assimilation graduelle qui affaiblit conséquemment la sensation du rouge; et si alors on jette les yeux sur une surface blanche, la portion primitivement excitée de la rétine étant devenue moins sensible au rouge, perçoit la teinte complémentaire. Hering ne parle pas du cas où la couleur accidentelle se perçoit dans les yeux fermés et couverts; mais comme il admet l'existence de la lumière propre de la rétine , c'est sans doute alors, pour lui, cette lumière propre qui joue le même rôle qu’une surface blanche sur laquelle on por- terait le regard. J'arrive actuellement à la seconde partie de ma théorie. Je rappelle de nouveau qu’elle consiste à admettre, selon l'espace, des oscillations analogues à celles qui ont lieu selon le temps. Dans ce dernier cas, nous le savons, limage que perçoit la rétine abandonnée à elle-même après la contemplation prolongée d’un objet coloré, con- serve pendant un temps très-court la couleur dé cet objet; puis vient une phase de couleur opposéé, qui dis- paraît et reparaît plusieurs fois, en alternant, dans des conditions favorables, avec des réapparitions dela couleur ( 540 ; de l’objet. Or, dans le cas de l’espace, et pendant la con- templation de l’objet coloré, on trouve d’abord, tout le long du contour de l’image de cet objet, une bande étroite de même couleur que celui-ci, et qui en augmente les dimensions apparentes, c'est l’irradiation; puis, au delà de cette bande, on observe en général une zone de la teinte opposée, zone au delà de laquelle, dans certaines circonstances, peut se montrer une nuance de la couleur même de l’objet. On le voit, les phénomènes selon l'es- pace sont , pour ainsi dire, la traduction des phénomènes selon le temps. Le premier dont nous avons à nous occuper, est donc l'irradiation. Une théorie très-ancienne la fait dépendre d’une propagation de l’impression dans les éléments ner- veux adjacents à ceux qui sont directement excités par la lumière. Dans un Mémoire (1) publié en 1839, où j'ai étudié les lois du phénomène, j'ai tâché d'établir la vérité de la théorie dont il s’agit; mais cette même théorie a ren- contré, surtout depuis l'apparition de mon travail, un grand nombre d’adversaires. Ceux-ci ont refusé d'adopter le prin- cipe de la propagation de l'impression, et ont avancé plu- sieurs autres théories, que nous allons passer en revue. Si nous laissons de côté l'opinion de Van Breda (2), laquelle ne supporte pas un examen sérieux, et celle de Pope. (3), déduite de l'aspect en forme de croix que pré- be Mémoire sur Pirradiation (Mém. pe L'AcaD. ROY. DE BELGIQUE, pue on j over d de nabeelden (VERSLAGEN EN MEDEDEELINGEN DER KONineL. Ekin. + VAN WETENSCH. VAN AMSTERDAM ; FERAI Natuurkunde , 1856 ,t. V 4 (5) Beiträge zur Optik des Auges THR FÜR ÜPHTHALMOL., 1865, t. IX, ire partie, p. 41; voir p. 60). ( 54 ) sente à l’auteur un point lumineux observé de loin, les théories proposées depuis la publication de mon Mémoire , peuvent se ranger en quatre groupes. Le premier comprend : la théorie due originairement à Kepler (1), adoptée plus tard par Haidinger (2), pnis re- produite avec développements par Welcker (5), qui attribue Pirradiation à ce que les rayons émanés d’un point éloigné se réunissent dans l'œil avant d'atteindre la rétine, de sorte qu’ils vont peindre sur cette membrane non un point, mais un petit cercle; celle de Trouessart (4), d'après laquelle lirradiation aurait pour cause « la dilatation de l’image de l’objet lumineux qui naît de ce fait que, pour des distances très-petites ou très-grandes, non-seulement les rayons partis d'un même point de l'objet ne vont pas concourir en un seul point sur la rétine, mais, de plus, qu’ils se divisent en faisceaux distincts qui multiplient chaque point de cet objet » ; enfin celle de Dove (5), qui veut que, dans la contemplation simultanée d’un objet clair et d’un objet sombre, l'œil s’accommode différem- ment pour les deux. Haidinger, Welcker et Trouessart, (1) Ad Vitellionem paralipomena, quibus astronomie pars optica traditur , Francfort , 1604. (2) Das Interferenz-Schachbrettmuster und die Farbe der Polarisa- tionsbüschel ( BuLLET. DE l'Acad. DE VIENNE, 1851, t. VII, p. 589; voir p- eais (5) Ueber Irradiation und einige andere Erscheinungen des Sehens , Giessen, 1852 ai Khoa sur quelques phénomènes de la vision, Brest, 1854, p. 150. (5) Ueber die Ursachen des. Glanzes und der Irradiation, abgeleitet aus chromatischen Versuchen mit dem Stereoskop (ANN. DE POGGEN- DORFF, 1851, t. LXXXIII, p. 169). ( 542 ) myopes tous les trois, nient l'existence de l’irradiation à leurs distances respectives de vision distincte ; j'ignore si Dove est également myope, mais il admet une distance de vision distincte, à laquelle, selon lui, l'effet qu’il signale n’a pas lieu. Les théories du second groupe considèrent l’irradiation comme résultant des aberrations de l'œil : Respighi (1) fait concourir au phénomène l’aberration de sphéricité et l'aberration chromatique; Meyer (2) le fait dépendre de laberration de sphéricité seule, et Fick (3) de l’aberra- tion chromatique seule ; ce dernier avance, en outre, que les phénomènes exposés par moi sous le nom d’irradia- tion, sont, en partie, des illusions purement psychiques dans nos jugements sur les rapports de grandeur. Le troisième groupe, le plus nombreux, est une com- binaison des deux précédents; les théories dont il se com- pose admettent , pour les objets peu distants, l'effet des deux aberrations de l'œil, et, pour les objets éloignés, celui d’une accommodation inexacte. Les auteurs de ces théories sont Arago (4), Fechner (5), Fliedner (6), Cra- (1) Sulla irradiazione oculare (Mém. DE L'INSTITUT DE BOLOGNE, 1858, t 1X jp: M3). ; (2) Ueber die sphärische Abweichung des menschlichen Auges (AN5. DE POGGENDOREF , pi , P- 540). _ (5) Einige Versuche über die chromatische Abweichung des mensch- lichen Auges (Ancmiv. Für OratnaLmor:; 1856, t. IL, 2me partie, p. 70). (4) Compres RENDUS , 1839, t. VIII, note de la page 883. (5) Ueber die subjectiven Nachbilder und Nebenbilder ( ANN. DE Poc- GENDORFF , 1840, t. L, p. 195) (6) Beobachtungen über Zerstreuungsbilder im Auge, sowie über die Theorie des Sehens (Ibid, 1852, t LXXXV , p. 521; voir p. 548). Zur Theorie des Sehens ( Ibid., 1855, t. LXXXVIII , p. 29 ). ( 545 ) mer (1), Burckhardt (2), Volkman (5) et Helmholtz (4). Les deux premiers, Arago et Fechner, semblent ignorer le pouvoir d’accommodation indéfini des bonnes vues; Fliedner est bien près de le nier; Burckhardt incline à le considérer comme tout à fait exceptionnel; Volkmann et Helmholtz paraissent croire que les phénomènes d’irra- diation développés qui ont été constatés sur des objets éloignés, ne se manifestent que dans des yeux plus ou moins myopes; enfin, suivant Cramer, dans la contem- plation d’un appareil d'irradiation, l'œil s’accommode, pour les parties lumineuses, à une distance moindre que la distance réelle; et celà en vertu du principe qué nous sommes portés à regarder comme plus rapprochés les objets de plus grand éclat. Au quatrième groupe n'appartient qu’une seule théorie, celle de Powell (5) et d’André (6), qui cherche l’origine de (1) Bijdrage lot de verklaring der Ne irradiatie-verschijn- selen ( NEDERLANDSCH LANCET, 5™e série, 5me année, -54, p. 561). (2) Zur Irradiation (VERHANDL. DER sud NATURFORSCHENDEN GESELLSCHAFT IN BASEL , 1854, 1re livraison 54). Ueber den Gang der Lichtstrahlen im ie ( Ibid., 1855, 2we livraison, p. 269). (5) Ueber Irradiation ( BERICHTE ÜBER DIE VERHANDLUNGEN DER KÖNIGL. SÄCHSISCHEN GESELLSCHAFT DER WISSENSCHAFTEN ZU LEIPZIG, 1857, t i129). Ueber die Irradiation , welche auch p vollständiger Roses des Auges statt hat (BuLLET. pe L'Acan. pe Monicu, 1861, t. IE, p. 75). Physiologische Untersuchungen im Gebiete der Optik, r livraison , Leipzig, 1863. (4) Physiologische Optik , Leipzig, 1860, § 21 , ne IH. xi On irradiation (Mém. pe LA Soc. AstRON. DE Lonpres, 1849, t. XVIII, © De a diffraction dans les instruments d'optique; son influence PHYS. DE D'ALMEIDA , 1876, \ i V, pp. 265 et 304). ( 544 ) Pirradiation uniquement dans la diffraction au bord de la pupille. Deux théories n’ont pu trouver place dans les groupes ci-dessus, parce qu’elles ne me sont pas parfaitement con- nues: La première est celle de Scheffler (1) qui suppose, outre les aberrations de l’œil, certains déplacements des bâton- nets de la rétine. L'article que je cite renvoie constam- ment à l'ouvrage Die physiologische Optik du même auteur, ouvrage que je n'ai plus en ma possession. a seconde est celle de Vallée ; je ne sais si elle est ex- posée quelque part in extenso; d’après le résumé trop peu explicite donné dans les Comptes rendus (2), l'irradiation proviendrait de ce que, par suite des vices de structure des milieux de l'œil, l’image d’un point lumineux est entourée d’une auréole formée par des rayons en dehors du pinceau efficace. Mentionnons, en outre, les bizarres opinions de Ruete(5) et de Forbes (4). Selon le premier, l’irradiation résulterait d’une communication par l'intermédiaire du cerveau, et non directe, des éléments rétiniens excités aux éléments voisins. Selon le second, il n’y a de véritable irradiation que pour des objets très-lumineux ; avec un éclat moindre, on peut observer des effets semblables, « mais ils sont d’une nature différente, et se produisent entre la forma- tion de l’imagesur la rétine et sa réception par le cerveau. » (1) Die Statik der Netzhaut und die pseudoskopische Erscheinungen (ANN. DE POGGENDORFF, 1866, t. CXXVII, p. 105; voir p.21). (2) De la vision considérée dans les influences en quelque sorte molé- re exercées dans les réfractions, et du phénomène de l'irradia- ion (Compres RENDUS, 1852, t. XXXV, p. 679). (3) Lehrbuch der Ophthalmologie, Brunswick, 1845, p. 79. (4) The Coming transit of Venus (Journ. Nature , 1874, t. X, p. 28). ( 545 ) Voyons maintenant si ces diverses théories peuvent rendre raison de tous les phénomènes de l’irradiation. Et d’abord nous devons rejeter sans discussion la pre- mière, celle de Kepler, Haidinger et Welcker. En effet, elle suppose des yeux myopes; or, pour des yeux de cette espèce, "accommodation ne s’exerce qu'entre des limites très-resserrées, la distance de vision distincte est courte et à peu près déterminée, et l’image formée sur la rétine par un point situé au delà de cette distance, est nécessaire- ment un cercle de diffusion, dont le diamètre augmente avec l'éloignement du point. De là résulte que les images des objets plus clairs que le fond sur lequel ils se dessinent, doivent paraître notablement agrandies, et d'autant plus que ces objets sont plus distants; aussi, pour les myopes, les effets sont considérables, et la vision des objets éloignés est confuse. Mais ce n’est pas là de l’irradiation ; il ne faut évidemment donner ce nom qu’aux phénomènes qui se manifestent dans des yeux capables de voir nettement depuis une distance petite ou modérée, jusqu’à celle des astres, c'est-à-dire dans des yeux normaux, ou, tout au plus, dans des yeux légèrement presbytes. C’est ainsi que j'ai considéré l’irradiation dans mon Mémoire, et j'ai dit expressément, au $ 35 de ce travail, après avoir énuméré les personnes qui m'ont aidé dans mes expériences : « Je dois ajouter que la plupart de mes appareils étant destinés à être observés de loin, j'ai dû m’imposer, pour les expé- riences qui s’y rapportent, une condition de plus dans le choix des personnes; c’est de n’avoir recours qu’à celles dont la vue était bonne, ou du moins non myope. » Citons ici l'opinion de Fick (1): « Selon moi, dit-il, (1) Page 72 du Mémoire cité. ( 546 ) pour faire une distinction rigoureuse des notions et des ’ faits, il faudrait entendre exclusivement par irradiation l'élargissement apparent des objets clairs vus avec l'ac- commodation aussi parfaite que possible. » Quant à la théorie de Dove, en admettant même avec ce physicien que, lorsque nous contemplons de loin une figure blanche sur fond noir, l'œil s’accommode différem- ment pour le blanc et pour le noir, n’est-il pas naturel de penser que l’accommodation a lieu pour ce qui est le plus apparent, c’est-à-dire pour la figure blanche ? Passons au second groupe. Il est incontestable que les aberrations de l'œil, les vices de structure des milieux qui composent cet organe, et la diffraction au bord de la pu- pille, produisent, le long du contour de l’image d'un objet clair projeté sur un fond obseur, une petite bande qui accroît les dimensions apparentes de cet objet; mais cette petite bande est-elle assez large, ou plutôt est-elle assez lumineuse dans toute sa largeur, pour donner lieu aux phénomènes d'irradiation ? C’est ce que nous aurons à examiner. En premier lieu, dans une Note (1) publiée en 1859, Note qui malheureusement n’a pas été suffisamment répandue, et est restée ignorée de la plupart des savants qui ont écrit sur l’irradiation , j'ai montré que l'aberration chromatique de l'œil ne joue aucun rôle appréciable dans le phénomène. Qu'il me soit permis de reproduire ici une partie de cette Note. « On peut aisément décider par des expériences directes si irradiation est, ou non, due à l’aberration chromatique. (1) Note sur l'irradiation (Buzzer. DE L'Acan. DE BELGIQUE, t. VI, Are partie, p. 501). ( 547 ) Il suffit, en effet, d'essayer si l'irradiation se produit encore lorsque l’objet est éclairé par une lumière homogène... Or j'ai exécuté les expériences par les procédés que je vais indiquer. » « La lumière homogène dont j'ai fait usage est celle que donne, comme on sait, la flamme d’un mélange d’al- cool, d’eau et de sel. J'ai imbibé de ce mélange un paquet de mêche de coton que j'ai placé derrière une glace dé- ` polie disposée verticalement. Le mélange allumé dans l'obscurité me donnait une flamme volumineuse, et la glace dépolie observée de l’autre côté formait un champ lumineux d’un éclat suffisant. Pour rendre la lumière plus homogène encore, j'ai interposé, entre la flamme et la glace dépolie, un verre jaune d’une couleur intense. Tout étant ainsi préparé, j'ai placé successivement devant la glace dépolie l'appareil à jour décrit dans le $ 28 de mon Mémoire, et celui qui a servi dans mes expériences de mesure, après avoir amené, dans ce dernier, le bord ver- tical de la plaque mobile dans le prolongement de celui de la plaque fixe. Ces appareils se trouvaient ainsi projetés sur un champ d’un éclat assez considérable, et d'une lumière tellement rapprochée de l’homogénéité, qu’en les observant par réfraction à travers un prisme placé verti- calement à 5 mètres de distance, leur image non-seule- ment conservait une parfaite netteté, mais ne présentait latéralement qu’une nuance verdâtre si légère, qu'il fallait beaucoup d'attention pour l’apercevoir. ». s... . . . . « Or, dans les circonstances que je viens de décrire et qui devaient nécessairement exclure les effets qui au- raient pu dépendre de l’aberration de réfrangibilité, les appareils ci-dessus wont fait voir une irradiation très- développée. Le même résultat s'est montré à deux des ( 548 ) personnes qui m'avaient aidé dans les expériences de mesure rapportées dans mon Mémoire, et qui sont, par conséquent, habituées à juger des phénomènes d'irradia- tion. » « Pour comparer ensuite les effets produits à ceux que ferait naître une lumière composée et d’un éclat sem- blable, j'ai placé, à côté de la glace dépolie ci-dessus , une autre glace pareille, derrière laquelle j'ai allumé plusieurs bougies disposées de manière à l’éclairer d’une lumière uniforme, et j'ai éloigné ou rapproché ces bougies jusqu'à ce que l’éclat de cette seconde glace parût égal à celui de la première. Un écran séparait d’ailleurs les bougies de la flamme d’alcool, de manière que chacune des glaces ne recevait qu’une seule des deux lumières. J'avais ainsi deux champs lumineux d’un même éclat, mais dont l'un était éclairé par une lumière jaune homogène, et l’autre par une lumière qui, sans être blanche comme celle du jour, est cependant évidemment assez composée pour le cas dont il s’agit. J'ai placé alors, devant ces deux champs lumineux, des appareils d'irradiation identiques entre eux, de ma- nière qu’en les observant simultanément, il était aisé de voir si les irradiations développées par les deux lumières différaient sensiblement l’une de l’autre. » Or cette comparaison faite par les deux personnes dont j'ai parlé plus haut et par moi, ne nous a montré aucune différence appréciable : les deux appareils manifestaient une irradiation prononcée, et celle qui provenait de la lumière composée m'avait ni plus ni moins d'étendue que celle que faisait naître la lumière homogène. » Seulement, bien qu’il y ait un grand nombre d'années que j'ai effectué ces expériences, je crois me rappeler qu'en regardant l'appareil projeté sur la lumière homo- ( 549 ) gène, j'éprouvais une certaine gêne dans les yeux, comme si les bandes d'irradiation étaient striées de fines lignes noires parallèles aux côtés des parties opaques , quoique je ne pusse affirmer la présence de ces lignes. Si elles exis- taient en réalité, elles fourniraient un argument en faveur de la théorie qui s'appuie sur la diffraction. Du reste, les personnes qui observaient avec moi ne wont rien signalé de semblable; il est vrai que je ne les ai pas interrogées sur ce point, auquel je n’attachais alors aucune impor- lance. Fliedner fait de même la remarque que l’aberration de réfrangibilité ne joue, dans irradiation, qu'un rôle très- secondaire, car, dit-il, les phénomènes se produisent éga- lement avec une lumière monochromatique. D’après tout cela, j'ai peu de chose à dire sur la théorie de Respighi, et encore moins sur celle de Fick. Pour appuyer son opinion, Respighi a fait un grand nombre d'observations, mais sa vue paraît n'être pas très-bonne, car le croissant lumineux, peu de jours après la nouvelle lune, se montre à lui comme formé d’un ensemble plus ou moins nombreux d'images imparfaitement superposées. En outre, Respighi ne prend aucune mesure, il juge con- stamment les phénomènes d’après leur simple aspect, et parfois d’une manière difficile à comprendre; par exemple, dans le but de montrer l'influence exercée sur les aberra- tions, et dès lors sur irradiation, par les changements de louverture de la pupille, il dit : « Qu’on place sur un fond noir une bande de papier blanc éclairée par la lumière du soleil, et qu'on l’observe à la distance de 3 ou 4 mètres, d'abord avec l'œil exposé à la pleine lumière du jour, et conséquemment avec la pupille très-resserrée, et l’on trouvera l'objet privé ou quasi privé d'irradiation; qu'on ( 550 ) l’observe ensuite avec la pupille très-dilatée, en soustrayant l'œil, au moyen d’un long tube, à la vive lumière, et l'on verra aussitôt l’objet entouré d’une irradiation très-sen- sible. » Les personnes douées d’une bonne vue qui ont fait des expériences d'irradiation, spécialement en employant des objets blanc sur fond noir, savent qu’il estjim possible de dis- tinguer la bordure d'irradiation d’avec l’objet lui-même; on peut donc se demander comment Respighi jugeait, dans la première condition de son expérience, la bande blanche privée ou presque privée d'irradiation. Je m’occuperai plus loin de cette expérience, que j'ai fait répéter en la variant; elle est, en réalité, fort curieuse, et les résultats qu'elle fournit nous seront très-utiles. Maintenant, puisque l’aberration chromatique n'entre pas d'une manière sensible comme élément dans l'irra- diation „a-t-on le droit d'attribuer une influence plus grande à l’aberration de sphéricité? Nous reviendrons d’ailleurs sur l'effet supposé des aberrations de l'œil en général. Du reste, la théorie de Respighi, celle de Meyer et celle de Fick sont demeurées isolées, et n ont eu, que je sache, aucun adhérent. Ce que nous avons dit des théories du premier groupe doit s'entendre également de celles du troisième en ce qui concerne les objets éloignés : supposer une accommoda- tion inexacte, c'est se placer dans le cas des myopes, et conséquemment c'est sortir des conditions de mes expé- riences, C'est attribuer les phénomènes à la fausse irradia- tion. Quant aux objets rapprochés, pour lesquels les mêmes auteurs admettent l'influence des aberrations de l'œil, nous saurons plus loin à quoi nous en tenir. Mais je dois m'arrêter un instant sur la théorie de (ASL ) Cramer. On regardera sans doute comme bien peu pro- bable l’hypothèse sur laquelle elle est fondée; je ferai ici la même remarque qu’à l'égard de la théorie de Dove : comment croire qu’une bonne vue qui contemple les par- ties lumineuses d’un appareil d'irradiation, ne s’accom- mode pas à leur véritable distance? A la vérité, Cramer décrit une expérience à l’appui de son opinion : il a fait voir, dans un Mémoire antérieur, qu’à l'état de repos, les yeux sont accommodés pour un très-grand éloignement. D’après cela, « si, dit-il, une personne douée d’une vue normale tient les yeux fermés pendant quelque temps, puis regarde subitement un appareil d'irradiation un peu éloi- gné, elle n’aperçoit d’abord presque aucune irradiation, mais celle-ci apparaît aussitôt après. » Cramer ne donne pas de détails sur la manière de pro- céder; il ne dit ni pendant combien de temps on doit tenir les yeux fermés, ni à quelle distance de l'appareil il faut se placer, ni s’il convient d'employer un appareil à jour projeté sur le ciel ou simplement un appareil blanc et noir. Or j'ai fait essayer l’expérience par mon gendre et par mon fils Félix en variant les conditions, et elle ne leur a pas réussi. S'ils n’ont pas opéré convenablement, et si Cramer ne s’est pas trompé, son expérience prouverait seulement que, dans un œil reposé, l'irradiation exige, pour se déve- lopper, un temps appréciable, quoique fort court. Je dois insister également sur les passages de l'Optique physiologique de Helmholtz qui se rapportent à mes expé- riences d'irradiation, car, à cause du mérite éminent et de la grande réputation de l’auteur, ses opinions ont dù se répandre et s’accréditer. J'aurai à présenter une critique un peu sévère de ces passages; mais, dans un travail si étendu, si riche en faits et en expériences, et qui a exigé ( 552 ) tant de recherches, quelques imperfections sont bien excu- sables. Helmholtz reconnaît que les cercles de diffusion qui correspondent à une accommodation exacte, et qu’il attri- bue aux aberrations, sont très-pelits, d'où résulte que les bandes d’aberration sont très-étroites, et il sent le besoin, pour expliquer la plupart des phénomènes observés, de faire intervenir une accommodation imparfaite : « Les phénomènes, dit-il (1), que Plateau décrit sous le nom d'irradiation, sont de l'espèce de ceux que voit un œil fai- blement myope sur des objets éloignés; ce sont donc, pour la plupart, des phénomènes d'accommodation inexacte. » Je rappellerai, à l'égard de cette assertion , le passage de mon Mémoire cité plus haut concernant les personnes qui m'ont aidé dans mes expériences : ces personnes n'étaient nullement myopes, et leurs yeux s’adaptaient conséquem- ment avec exactitude aux appareils d'irradiation. J'ajou- terai que moi-même, loin d’être myope, j'étais plus ou moins presbyte; or mes appareils, placés bien au delà de la limite inférieure de ma vision distincte, et conséquem- ment à des distances auxquelles ma vue s'accommodait parfaitement, me montraient une irradiation très-déve- loppée. Helmholtz ajoute, toujours en parlant de moi : « Cepen- dant il rejette cette explication, parce qu’il a aussi observé la faible irradiation que présentent des objets très-éclairés à la distance de la vision distincte, et qu’il ne connaissait pas encore les autres causes de la diffusion dans l'œil, qui exercent ici leur influence. Il s’appuie, de plus, sur ce que, d’après ses expériences, l’irradiation présentait toujours le (1) Page 442 de la traduction française. ( 553 ) même angle pour des chiots placés à des distances diffé- rentes; cependant ses mensurations ne se rapportent qu’à , des distances de plus de 0",6, c'est-à-dire à des distances dans l'intervalle desquelles l'erreur d’accommodation ne subissait pas de modification sensible. » Ces lignes sont encore la conséquence de l'opinion de Helmholtz sur mes observateurs; aussi donne-t-il son approbation au travail de Welcker, « auquel, dit-il, il suffirait d'ajouter que les objets très-petits et très-éclairés présentent l’irradiation, même à la distance de la vision la plus distinete, à cause des autres sortes d’aberrations des rayons dans l'œil. » Helmholtz, du reste, est lui-même plus ou moins myope, car il dit que son punctum remotum, c’est-à-dire le point le plus éloigné auquel ses yeux puissent s'accommoder, est à la distance de 80 centimètres. Je me demande, d’après cela, comment il n’a pas fait observer par des personnes douées d’une vue normale, des appareils d'irradiation éloi- gnés de quelques mètres, et je fais le même reproché aux auteurs des théories du premier groupe, ainsi qu’à ceux des auteurs des théories du troisième qui connaissaient le pou- voir d'accommodation illimité des bonnes vues. Reste la théorie de Powell et d'André. Fondée, nous le savons, sur la diffraction au bord de la pupille, elle échappe aux difficultés des théories ci-dessus , car elle ne suppose ni l'influence des aberrations de l'œil, ni aucun degré de myopie, et je m'étonne qu’elle paraisse n'avoir pas trouvé plus de partisans. Mais il est un fait connu depuis long- temps, qui suffit pour la mettre en doute : on sait que si un objet irradiant est vu à travers une très-petite ouverture, lirradiation est diminuée , et peut même devenir insensible. Or, d’une part, la quantité de lumière pénétrant dans l'œil, ‚ par suite, l’éclat de l'objet, sont considérablement 25° SÉRIE, TOME XLII. 36 ( 554 ) amoindris par la petitesse de l'ouverture, d'où doit résulter un amoindrissement de l’irradialion ; mais, d'autre part, les * cercles de diffusion dus à la diffraction sont d'autant plus grands que l'ouverture est plus petite; les deux effets opposés devraient donc se compenser plus ou moins, et cependant on n’observe qu’une diminution de l'irradiation. Toutes ces théories, d’ailleurs, viennent se heurter contre les difficultés naissant de deux faits que j'ai exposés dans mon Mémoire. Le premier, qui a beaucoup embarrassé les auteurs de ces mêmes théories, est celui que j'ai énoncé ainsi : Deux irradiations en regard et suffisamment rappro- chées, éprouvent l’une et l’autre une diminution. Cette diminution est d'autant plus considérable que les bords des espaces lumineux d’où émanent les deux irradiations sont plus voisins. J'ai décrit, dans les SS 56 à 40 et 95 de mon Mémoire, une suite d'expériences curieuses qui établissent ce prin- cipe. Je n’en rappellerai ici qu’une seule, que je choisis parce qu’elle est accompagnée d’une mesure : l’un de nos observateurs, chez lequel l'éclat d’un ciel couvert réfléchi par un miroir développait, quelques instants avant l'expé- rience, une irradiation de 52”, a pu distinguer, à la dis- tance de 3 mètres, un fil de cocon projeté sur la même lumière et dont la largeur angulaire, à cette distance, n’était pas d’une seconde. Que sont donc devenues, dans ce cas, le long des deux bords du fil, les irradiations déve- loppées par les deux champs lumineux que ce fil séparait, irradiations qui faisaient reculer, pour la même personne, d’une quantité angulaire de 52” le bord d’un Dr opaque large ? Welcker, qui prend pour de l'irradiation les effets de sa myopie, après avoir décrit les apparences que lui présente l'ensemble de deux carrés blancs placés à une certaine distance l’un de l’autre sur fond noir, ajoute (1) : « Il suffit que l'intervalle qui sépare les deux champs irradiants- soit un peu plus étroit, ou que l’objet soit un peu plus éloigné ou plus rapproché, pour que cet intervalle dispa- raisse tout à fait, les deux champs irradiants empiétant Pun sur l’autre. » Et, plus loin, à propos d'une bande noire étroite sur fond blanc observée à une distance plus grande que celle de sa vision distincte : « La bande parait d'un gris sombre d’ailleurs plus la bande étroite s'élargit par l’augmentation de la distance, plus elle se montre lavée, et, au delà d’un certain éloignement, elle disparaît tout à fait. » Ainsi l'expérience montre que les bandes de fausse irradiation appartenant à deux objets clairs sur fond sombre, et très-voisins , n'exercent pas d’ac- tion notable l’une sur l’autre, et se recouvrent quand les deux objets sont suffisamment rapprochés. Le fait de la neutralisation mutuelle paraît donc être une propriété de la véritable irradiation. Fechner (2) s'exprime comme suit au zake de cette neutralisation : « Plateau a observé un fait mystérieux et très-intéressant, qu’on peut vérifier sur les figures de son Mémoire, savoir que l'extension lumineuse d’un espace blanc séparé d’un autre espace blanc par une ligne noire est moindre que si tout cet autre espace était noir; ainsi, pour me servir de l'expression de Plateau, deux irradia- tions en regard se contrarient. Si ce fait s'accorde mal avec les causes auxquelles j'attribue l'extension lumineuse, à: (1) Page 55 du Mémoire cité de Welcker. (2) Article cité. ( 556 ) il n’est pas mieux d'accord, d'autre part, avec la théorie d'une propagation ondulatoire de l'excitation sur la rétine, attendu que des ondulations qui partent de points voisins, ne se fuient pas les unes les autres, mais se touchent sans se nuire. » On est en droit de s'étonner lorsque, en continuant le passage de Helmholtz dont j'ai donné plus haut des frag- ments, on trouve, à propos du fait en question : « Plateau est forcé d’avoir recours à cette proposition pour expliquer pourquoi on peut encore apercevoir un trait noir sur un champ éclairé, lorsque le trait est plus étroit que la lar- geur de l’irradiation; tout s'explique, an contraire, d'une manière simple si l'on admet que l’irradiation provient des images de diffusion. » Tout s'explique, mais de quelle manière? C’est en vain qu’on cherche une explication nette dans toute la partie de l'ouvrage qui concerne les aberrations de l'œil, les cercles de diffusion et l’irradiation; citons le seul passage où l’on peut trouver une intention de ce genre. Après avoir rappelé une observation de Volk- mann d’après laquelle un fil noir très-fin sur fond blanc regardé avec une accommodation exacte paraît amplifié comme un fil blanc sur fond noir, Helmholtz ajoute (1) : « De même les bandes noires d'une largeur perceptible paraissent aussi plus larges qu’elles ne sont en réalité, lorsqu'on les examine avec une accommodation assez insuffisante pour que les cercles de diffusion soient beau- coup plus larges que les bandes. » _« Du moment que la bande noire n’est plus très-étroite par rapport à la largeur des images de diffusion, l'intensité diminue peu à peu sur les bords,…… et ces bords paraissent (1) Page 459 de la traduction française. ( 997 ) alors gris et confus, tandis que le milieu est noir. On reconnaît aussitôt la présence des cercles de diffusion, et erreur disparaît. La différence se présente d’une manière très-frappante dans une expérience indi- quée par Volkmann. Qu'on examine la figure 135 (fig. 1) à une distance telle que l’accommoda- tion soit très-défec- tueuse ; on trouvera alors que la bande blanche du milieu, dont la largeur est la même tout du long , présente la forme d’une massue; la partie comprise entre les deux surfaces noires devient large, tandis que la partie située entre les deux bandes noires devient plus étroite et représente comme le manche de la massue. La portion blanche située entre les deux surfaces noires s’élargit par le mode ordinaire de l’irradiation; les deux bandes noires, au contraire, se changent en bandes grises plus larges et empiètent ainsi sur la largeur du blanc qui leur est intermédiaire. Plateau a décrit des phénomènes semblables, mais il en a conclu que deux bords blancs voisins restreignent réciproquement leur irradiation. » i c’est là une explication, il faut avouer qu’elle est peu intelligible. Du reste, Helmholtz suppose encore ici une accommodation inexacte, et conséquemment des condi- tions étrangères à mes expériences. D'ailleurs la figure dont il s’agit présente aussi la forme de massue avec une Fig. 1. ( 558 ). accommodation exacte, pourvu qu'on l'observe à une dis- tance suffisante : lorsqu'elle est bien éclairée par la simple lumière du jour, mon gendre, qui jouit d’une bonne vue puisqu'il voit nettement depuis une distance de 15 centi- mètres jusqu’à celle des astres , aperçoit déjà, à la distance de 2 mètres, un élargissement sensible de la moitié infé- rieure de la bande blanche; c’est que, à ceux des bords des bandes noires qui regardent l’intérieur de la figure, les irradiations sont partiellement neutralisées par celles qui règnent le long des bords extérieurs de ces mêmes bandes, tandis que le long des grands espaces noirs les irradiations s’exercent librement. Comment Helmholtz, qui approuve pleinement le tra- vail de Welcker, n'a-t-il pas fait attention aux assertions de ce dernier concernant l’empiétement mutuel des bandes de diffusion et la disparition de la bande noire intermé- diaire ? Peut-être a-t-il été trompé par un examen trop super- ficiel du premier des Mémoires de Volkmann que j'ai cités en faisant l’'énumération des théories. Dans ce Mémoire, en effet, on lit : « Déjà Plateau et Weleker ont appelé l'attention sur la circonstance frappante, qu’une ligne noire fine sur fond blanc ne disparaît point par l'irradiation (1). Dès qu'il y a irradiation, c'est-à-dire, en d’autres termes, dès que, par suite de la marche de la lumière dans l'œil , les cercles de diffusion aux bords du fond blanc empiètent sur les limites de l’objet noir, une ligne noire sur fond blanc devrait tou- jours être rétrécie, et même disparaître complétement, (1) Volkmann est dans l'erreur quant à Welcker; ce dernier, à la vérité» rappelle mes expériences, mais, ainsi qu’on l'a vu, il n’a pu les réaliser, à cause de sa myopie. ( 559 ) pourvu qu’elle fût assez mince. Toutefois l'expérience ne répond nullement à cette attente bien fondée; au contraire, la ligne noire se montre plus large par lirradiation........ La loi paraît être celle-ci : Si la largeur de l’image réti- nienne noire est moindre que le rayon des cercles de dif- fusion d’où naît l’irradiation, le noir éprouve un élargisse- ment aux dépens du blanc. » Volkmann démontre d’une manière Ing nous ce fait Fig. 2. d'élargissement; il fait voir qu’à la limite a de deux espaces lun: blanc, l’autre noir, en même temps que les cercles de diffu- g_— sion apportent de la lumière en dedans du noir, ils apportent de lobscurité en ` dedans du blanc, de façon que la dimi- nution d'intensité lumineuse commence Toir / Blanc FH Te dans le blanc, à une distance du bord égale au rayon des cercles de diffusion, b et que la lumière s'étend, dans le noir, jusqu’à une distance égale aussi à ce même rayon. Il admet, pour simplifier, que le décroissement d'intensité est uni- forme, de sorte que si ab (fig. 2) (1) est, sur la rétine, la ligne limite entre l’image d’un espace blanc et celle d’un espace noir, cd — cf le rayon des cercles de diffusion, et dg une ordonnée figurant l'intensité du blanc, la droite oblique gf représentera le décroissement d'intensité. D’après cela, si l’on conçoit l’image rétinienne abed (fig. 3) d’une bande noire sur fond blanc plus étroite que la moitié des diamètres fy et hk des cercles de diffusion, les obliques mk et lg représenteront les décroissements d'in- (1) Dans cette figure et dans la suivante, on a exagéré les dimensions pour l'intelligence du raisonnement. ( 560 ) tensité des deux côtés de la bande noire; et l’on voit sans peine que si l'on fait, pour chacun des points de la ligne gk, où les bandes de diffusion empiètent l’une sur l’autre, la somme des ordonnées qui figurent les intensités correspondantes, on obtiendra la droite pq, qui montre que la bande noire paraîtra élargie et non plus noire, mais d’un gris uni- forme, sauf sur ses bords, où elle se fondra graduellement dans le blanc. Mais il résulte de cette démonstration même, qu’elle ne s'applique pas à mes expériences. En effet, si l’image abcd de la bande noire est très-étroité, si c’est celle d’une ligne mince, il est visible que la ligne pq joindra deux points coïncidant sensiblement avec les points m et l, et qu'ainsi la ligne noire se sera changée en un espace blanc, ou, en d’autres termes, aura disparu. Les raisonnements de Volkmann, loin d’expliquer par les cercles de diffusion le maintien d’un trait noir observé à distance, conduisent donc, au contraire, à la même con- clusion que les expériences de Weleker, c’est-à-dire à la disparition de ce trait, Respighi fait remarquer que la neutralisation mutuelle. de deux irradiations en regard a lieu seulement pour des lumières faibles ou modérées, et qu'avec un éclat considé- rable, comme celui des flammes, les irradiations ne s’in- fluencent nullement. Powell présente une remarque ana- logue. On sait, en effet, depuis Léonard de Vinci, qu’un corps étroit projeté sur le soleil ne se voit pas; dans ce cas , les irradiations sont tellement puissantes, qu’elles franchissent ( 561 ) obstacle intermédiaire. Je wai pas employé les flammes ; mais une expérience que je rapporterai bientôt me porte à croire que, même avec des flammes, les irradiations en regard se neutraliseraient encore très-notablement. Respighi constate, à sa manière, pour des objets blancs sur fond noir, la neutralisation mutuelle en question, et il essaye d'en rendre raison ainsi qu’il suit, toujours en par- tant de sa théorie, qui attribue irradiation uniquement aux aberrations de l'œil : « Il est hors de doute que lorsqu'une portion de. la rétine a été pendant quelque temps vivement excitée par la lumière, elle devient moins apte à recevoir les impres- sions subséquentes; et, à cause de cela, la sensation dis- tincte exige un degré d'éclat plus grand que celui qui est requis dans le cas où cette portion de l'organe a été anté- rieurement dans l’état de repos ou d'obscurité, ou dans un état d’excitation faible. Cela posé, quand sur la rétine se formeront deux images très-voisines, les parties de leurs franges ou bandes d’aberrations intermédiaires à ces images, à cause de la mobilité continuelle à laquelle l'œil est sujet, se transporteront sur l’espace occupé auparavant par les images, de sorte que si leur éclat n'est pas très- intense, elles devront devenir insensibles, et conséquem- ment les images ou ne présenteront pas de bandes d'irradiation , ou les présenteront dans des limites très- troites. » « L'effet connu du contraste contribue aussi à produire ce résultat; par suite de cet effet, la forte impression res- sentie dans les parties de la rétine sur lesquelles se forment les images des deux objets, rend moins efficace l'impres- sion produite dans les parties RE par les bandes d’aberrations. » ( 562 ) . Je ne pense pas que personne admette une pareille expli- cation; je ferai seulement remarquer que, si elle était vraie, elle conviendrait aussi au cas d’un seul objet. Trouessart, qui, du reste, énonce mal mon principe, déclare n’avoir pu, à cause de sa myopie, répéter mes expériences; mais il exprime le regret que je maie pas dirigé mes observations sur des flammes ; j'aurais reconnu, selon lui, que le rapprochement de celles-ci ne retranchait rien de leurs irradiations individuelles : en plaçant les flammes de deux bougies très-près l’une de l’autre, puis s’en éloignant graduellement, chacune d'elles s’irradiait, dit-il, absolument comme si elle était seule, et elles ne tardaient pas à se confondre en apparence par suite de la superposition des irradiations. Or, Trouessart étant myope, ce qu’il prenait pour de l’irradiation était en réalité les bandes résultant des cercles de diffusion , bandes qui, nous le savons, ne se neutralisent pas notablement. Quant à Fliedner, Cramer, Meyer, Fick, Dove, Burck- hardt, Ruete, Forbes, Scheffler et André, presque tous citent ou commentent mes recherches, mais, soit qu’ils ne les con- naissent qu’imparfaitement, soit qu’ils sentent la difficulté d'expliquer dans leurs théories le phénomène de la neu- tralisation des irradiations voisines, ils le passent simple- ment sous silence. - Remarquons maintenant que mes expériences sur le sujet dont nous venons de nous occuper, et spécialement celle du fil de cocon, montrent également que les aberra- tions de l'œil et la diffraction ne jouent aucun rôle bien appréciable dans l'irradiation. En effet, les bandes résultant des aberrations et de la diffraction ne doivent pas se neu- traliser mieux par leur voisinage que celles qui proviennent des cercles de diffusion. ( 563 ) EL, à ce propos, reprenons, ainsi que je l’ai annoncé, l’ex- périence de Respighi consistant à observer, d’abord à Pæil nu, puis à travers un, long tube noirci, une bande blanche sur fond noir exposée au soleil. Mon gendre a répété cette expérience : une bande de papier blanc de 2 millimètres de largeur et longue d’un décimètre a été fixée sur une grande surface de velours noir, et l’ensemble a été placé au soleil; l'observateur s’est éloigné de 5 mètres, et a regardé la bande avec l’œil découvert, pour juger de sa largeur appa- rente dans cette condition; puis il l’a regardée de nouveau à travers un tube noirci intérieurement, large de 4 centi- mètres et long de 40, et la bande lui a paru considérable- ment élargie, comme l’avance Respighi. Je me suis demandé alors s’il fallait attribuer cet L'effet : à l'irradiation, ou s’il ne dépendait pas de ce que, en regar- dant par le tube, on se faisait illusion sur la distance de l’objet. Pour le savoir, j'ai fait substituer à la bande blanche sur fond noir une bande noire de mêmes dimensions sur fond blanc. S'il y avait illusion sur la distance, cette der- nière bande vue à travers le tube aurait dû paraître égale- lement élargie; or elle a paru, au contraire, de beaucoup rétrécie. Le phénomène était donc bien de, l’irradiation; mais cette irradiation provenait-elle, comme le veut Res- pighi, des aberrations de l’œil? Bien qu’une réponse néga- tive ne fût pas douteuse pour moi, je lai rendue évidente par le moyen suivant : j'ai fait tracer sur le fond blanc, en traits fins de quelques centimètres de longueur, les pro- longements des grands côtés de la bande noire. Alors, en se servant du tube, mon gendre a vu parfaitement ces traits, mais la bande noire lui paraissait très-notablement plus étroite que l'intervalle de ces mêmes traits. Dès lors il n’était guère possible de chercher soit dans les aberrations ( 564 ) de l’œil, soit dans la diffraction, soit dans une accommo- dation inexacte, la cause du rétrécissement apparent de la bande noire, car les irradiations le long des bords de celle-ci étaient bien plus que suffisantes pour recouvrir entièrement les traits noirs si elles s'étaient produites aussi des denx côtés de chacun de ces derniers. - Comme les traits noirs demeuraient bien visibles tandis que de fortes irradiations empiétaient sur la bande noire, l'expérience que nous venons de décrire offre un nouvel exemple de la neutralisation mutuelle des irradiations en regard; elle n’est, du reste, qu'une variante de celles de mon Mémoire. Ajoutons qu’elle achève de prouver l'inad- missibilité des théories de Dove et de Cramer. Si l'irradiation est beaucoup plus développée quand on emploie le tube, cela tient à ce qu’alors la pupille étant plus ouverte, l'éclat de l’objet se montre fortement aug- menté; en outre, quand l'œil est découvert, l’éclairement de la rétine par la lumière qui traverse les paupières et par celle que la pupille reçoit de côté, nuit à l'irradiation, _ tandis que le tube, en excluant cette lumière étrangère, laisse à irradiation toute sa liberté. Enfin, quand on fait usage du tube, l'éclat est si consi- dérable, que je ne doute pas qu'il ne puisse être comparé à celui des flammes vues la nuit, et puisque la neutralisa- tion s’effectuait parfaitement le long des traits noirs, j'en infère comme très-probable qu’elle s’effectuerait de même, pour une bonne vue, avec des flammes. On peut, semble-t-il, conclure de la discussion qui pré- cède, que le phénomène de la neutralisation mutuelle de deux irradiations voisines suffirait à lui seul pour faire abandonner toutes les théories que nous avons examinées. (A continuer.) ( 565 ) Notice sur l’action du chlore sur le peroxyde d'argent; par MM. W. Spring et P. Arisqueta. L'action du chlore sur les oxydes métalliques a donné lieu à un nombre si considérable de travaux que l'on est: en droit de se demander si l’extension de son étude à des oxydes, non encore examinés sous ce point de vue, peut se justifier? Il a été constaté, en effet, à suffisance de preuves, que le chlore agit sur presque tous les oxydes métalliques de manière à former des chlorures et à mettre l'oxygène en liberté. Cependant , comme les résultats de la réaction que nous avons instituée s’écartent notablement de la règle générale, et qu’il nous semble qu’ils peuvent être d’un certain secours pour l’étude de la constitution des peroxydes métalliques aussi bien que pour l'interprétation de l’action du chlore elle-même sur les oxydes, nous osons les soumettre au jugement de l’Académie. Il règne une division profonde parmi les chimistes au sujet de la question de la constitution des peroxydes en général et des peroxydes métalliques en particulier. Les uns, représentants de l'école de Kekulé, admettent, avec raison d’ailleurs, que l’atomicité est une grandeur inva- riable pour chaque corps et se figurent les peroxydes con- stitués comme il suit : Cl —0—0—-0—0—CI, Ag — 0 — 0 — Ag. Les atomes d'oxygène que la molécule de ces oxydes ren- ferme, seraient réunis l’un à l’autre de manière à former ( 566 ) une chaîne : dans le cas où il s’agirait d'un peroxyde d'un corps mono-atomique, tel que le chlore ou l'argent, la chaîne serait ouverte et dans le cas où l’on aurait affaire à un peroxyde d’un corps polyatomique, la chaîne serait, au contraire, fermée. Dans cette manière de voir, les deux atomes de chlore ou d’argent jouissent des mêmes pro- priétés dans chaque molécule, la symétrie chimique de ces composés ne permettant pas de supposer qu’elles puissent être différentes. Il en est tout autrement dans la doctrine des chimistes de l’école de Kolbe et de Blomstrand et en général de tous ceux qui peuvent admettre que l’atomicité soit une gran- deur variable pour un même élément. Pour ces derniers, les atomes de chlore ou d’argent n’auraient plus les mêmes propriétés dans une même molécule, l’un de ces atomes jouirait d’une atomicité supérieure à celle de l’autre et les deux composés dont il est présentement question se formu- leraient ainsi : EA m #0 O=Cl—0— ag o? Ag 20 —Ag=0. Ici il n'existe plus de symétrie chimique dans ces molé- cules : toutes deux sont des composés salins, pour nous servir de l'expression consacrée par Blomstrand (1) : lélé- ment d'atomicité inférieure jouissant de propriétés basi- ques, tandis que l'élément d'atomicité supérieure jouirait, au contraire, de propriétés acides : le peroxyde d'argent serait un argentite d'argent. (1) Blomstrand, Die Chemie der Jetztzeit. Heidelberg, 1869, p. 262, SS 251 et suivants ( 567 ) Les conséquences logiques des idées théoriques de Blomstrand ont une grande importance pour la philoso- phie naturelle, car, si on laisse momentanément de côté la question de savoir si l’atomicité représente , oui ou non, une idée qui a quelque fondement et si on l’admet, ne fût-ce qu’à titre de postulat, il faut convenir que la doctrine de la variabilité de l’atomicité nous présente la conception des atomes comme perdant entièrement la signification philosophique qu’on a été habitué à lui donner depuis Dal- ton. L’atome doit être, en effet, un ultimate de matière qui n’est plus divisible chimiquement, toutes ses propriétés doivent être constantes, il doit avoir un poids constant, un volume constant et, supposé libre, représenter une force chimique disponible constante ; on ne peut pas plus conce- voir que ses propriétés soient divisibles que l’on ne peut admettre qu’il soit lui-même divisible par des forces chimi- ques. Dire qu’un atome peut manifester, tantôt cinq atomi- cités, tantôt moins, force à demander pourquoi ces atomi- cités qui ne s’exercent plus, deviennent latentes, pour ainsi dire? on en revient à la théorie des combinaisons à lacunes mais présentée sous une autre forme. Nous croyons que pour tout esprit philosophique la possibilité de concevoir une variation dans les propriétés des atomes entraîne la négation de l’atome de Dalton : on est fatalement conduit à conclure que ce prétendu ultimate, ce Protée qui peut se présenter sous des formes variées selon les différentes manières dont il serait étreint par d’autres atomes, n’est pas atome lui-même, mais un complexe quelconque. Hâtons- nous de dire, à la vérité, que rien ne nous démontre d’une manière péremptoire, jusqu’aujourd’hui, qu'un grand nom- bre de corps que nous croyons simples, ne puissent pas être composés , mais il faut ajouter également que d'un autre côté rien de bien établi ne porte à croire le contraire. C'est | ( 568 ) là une grave question dont il est peut-être réservé à l'avenir de nous donner une solution, mais il serait funeste à la science d’ébranler pour le moment nos idées sur la simpli- cité des éléments et cela pour le service d’une hypothèse dont la fin est une pétition de principe. C'est à cause de l’importance de cette question que nous croyons que toute réaction , si modeste fût-elle d’ailleurs, qui permettra de tirer une conclusion en faveur de l’une ou de l’autre de ces manières de voir, doit être produite; c’est ce motif qui nous a porté à entreprendre le petit tra- vail suivant. L'un de nous a montré, dans un travail qu’il a eu l'hon- neur de présenter à l’Académie (1), que dans tous les com- posés du chlore et de l'oxygène les atomes de chlore jouis- saient des mêmes propriétés; en d’autres termes, que si l’on admet que dans l’un de ces composés le chlore est mono-atomique, on doit lui assigner la même atomicité dans tous les autres. Les différences des propriétés que l’on peut constater entre les divers acides du chlore pro- viendraient non de la variabilité de l'atomicité du chlore, comme le croit Blomstrand , mais plutôt des différences de composition de ces corps. Cette conclusion a été déduite surtout du fait que le chlorate d’argent peut facilement donner naissance à de l’anhydride chloreux sous l’action d’un courant de chlore; cette réaction conduirait à un tout autre résultat si l’atomicité du chlore n'était pas constante. On est done autorisé à formuler l'anhydride chloro- chlorique de cette manière : Eras De ee 0. (1) Recherches sur les acides du chlore. (BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE, 2e sér., t. XXXIX, pp. 882-914, n° 6; juin 1875.) ( 569 ) Si nous portons maintenant notre attention sur le per- oxyde d'argent, nous voyons que sa formule brute Ag20? répond à celle d’un oxyde du chlore CP 0? qui se décom- pose, à mesure de sa formation, en chlore et en anhydride chloro-chlorique, comme l’un de nous l’a montré; si la constitution du peroxyde d’argent est effectivement l’ana- logue de celle de C2 02, on doit en conclure que le chlore peut engendrer un peroxyde du chlore par son action sur le peroxyde d'argent. Si le contraire avait lieu, si les deux atomes d'argent n'étaient pas, comme ceux des composés du chlore de même valeur, c’est-à-dire si l’un y jouait le rôle d’un acide, tandis que l’autre serait basique, il devien- drait probable que le chlore se substituerait à l’atome d’ar- gent du groupe acide et engendrerait par là un chlorite d’argent, ou bien, dans ce cas la substitution pourrait ne pas du tout avoir lieu et le peroxyde se décomposerait en chlorure d’argent et en oxygène. Il y a donc là un moyen de résoudre la question de savoir si la constitution du peroxyde d'argent est l’ana- logue de celle des oxydes du chlore. Il est évident que ce que l’on peut dire à ce sujet du peroxyde d’argent doit s’appliquer, toutes choses égales d’ailleurs, à tous les peroxydes de formule M'20?; la réac- tion ne se passe cependant pas avec les peroxydes de tous les métaux comme avec le peroxyde d'argent : l’insuecès que l’on rencontre quand on met en œuvre d’autres oxydes, tels que les peroxydes de potassium ou de sodium , a pour cause des faits accidentels que nous exposerons par la suite; nous avons seulement tenu à signaler la chose ici pour fixer les idées. Nous passons maintenant à l'exposé de la conduite de l'expérience. 27° SÉRIE, TOME XLI. 37 ( 570 ) Le peroxyde d'argent a été obtenu par l'électrolyse du nitrate d'argent. Nous avons suivi le procédé que Mahla (1) a fait connaître pour empêcher le mélange du peroxyde d'argent avec l'argent métallique qui se dépose au pôle négatif de la pile : pour cela, on enfonce entièrement, dans une solution concentrée de nitrate d’argent, une petite capsule en porcelaine et on plonge l’électrode de platine positive dans la capsule, tandis que l’autre électrode est en communication avec le liquide extérieur à la capsule. Au moyen d’une pile de trois éléments Bunsen on obtient, en peu de temps, environ 1 gramme de peroxyde bien cris- tallisé. Ce peroxyde a été lavé, chaque fois, à l’eau distillée froide, pendant une journée, pour lui enlever la majeure partie du nitrate d’argent qu’il renferme; il est impossible de l'en débarrasser complétement , la portion , faible d’ail- leurs, qui reste, est sans inconvénient comme nous nous en sommes assurés. '- Le produit lavé a été séché et pulvérisé finement, puis introduit dans un tube en verre de 0,015 de diamètre et placé horizontalement de manière à pouvoir être chauffé _très-légèrement au moyen d’un courant ascendant d'air chaud. A l’une des extrémités du tube était adapté un tube à boules renfermant de l’eau destinée à absorber les produits de la réaction; l’autre extrémité était en commu- nication avec un ballon rempli de chlore sec que l'on pou- vait déplacer à volonté en y laissant couler un filet d'acide sulfurique. Ces dispositions prises, on remplit de chlore tout le tube qui renferme le peroxyde d’argent : à froid, la réaction est (1) Annalen der Pharmacie, t. LXXXII, p. 289. ~ ( 574 ) très-lente, mais en portant la température du tube à 40°-50° elle est manifeste; l'appareil se remplit d’un gaz jaune foncé qui, en traversant l’eau renfermée dans les boules, la colore immédiatement en jaune. La réaction s'achève tranquille- ment : vers la fin, le gaz jaune devient moins abondant et il se dégage alors une certaine quantité d'oxygène. Il ne reste que du chlorure d’argent dans le tube. Lorsque l’on chauffe trop fortement le peroxyde d’ar- gent dès le début de l'opération, on ne recueille que de l'oxygène comme produit gazeux de l'opération : ceci s'ex- plique facilement puisque les composés oxygénés du chlore se décomposent à partir de 60°. Le liquide jaune des tubes à boules présente tous les caractères d’une solution d’anhydride chloro-chlorique; l'odeur caractéristique de ce composé était manifeste. Comme il n’était pas possible, à cause de la faible quan- tité de matière recueillie à chaque opération, d’entre- prendre une analyse quantitative du produit, nous nous sommes bornés à l'examen suivant pour connaître sa na- ture : nons le croyons concluant. - Une portion du liquide a été abandonnée à elle-même dans un endroit éclairé; en quelques heures tonte colora- tion jaune d'or avait disparu et il ne restait plus qu’une légère teinte jaune verdâtre due à la présence de chlore libre; le liquide jaune s’est donc comporté, sous l’action de la lumière, comme le ferait une solution d’anhydride chloro-chlorique; on sait, en effet, qu’une solution d’anhy- dride chloreux qui est également jaune, ne se décompose qu'avec une très-grande lenteur sous l'influence de la lumière. Agité avec quelques gouttes de mercure, le liquide déco- loré s’est dépouillé de chlore et il a été facile d’y constater ( 572 ) Ja présence d'un peu d’acide chlorique en le neutralisant avec de la potasse caustique, évaporant à sec et traitant le résidu de l’évaporation par de lacide sulfurique concentré, la coloration jaune s’est produite immédiatement. Cette quantité de chlorate de potassium ainsi formée était très- faible , elle ne dépassait pas quelques centigrammes ; il est possible que le mercure ne soit pas sans action sur l'acide chlorique sous l'influence d’une vive agitation. Une seconde portion du liquide a été traitée par quelques gouttes d’une solution de permanganate de potassium. Ce dernier était décoloré avec la plus grande facilité; on sait que c’est l'acide chloreux qui provient de la décomposition de l’anhydride chloro-chlorique qui exerce ce pouvoir réducteur sur le permanganate de potassium. Le peroxyde d'argent mis en œuvre renfermait une cer- taine quantité de nitrate d'argent. On peut se demander si ce nitrate ne joue pas un rôle actif dans la réaction; c’est un point qu’il faut mettre en lumière. Pour cela nous avons varié la proportion de nitrate d'argent que renfermait le peroxyde jusqu’à employer du nitrate pur. Dans aucun de ces cas la quantité d’anhydride chloro-chlorique n’a aug- menté; elle est nulle quand le nitrate d’argent est employé seul. Il ne reste donc pas de doute, croyons-nous, en ce qui concerne l’action du chlore sur le peroxyde d'argent. Il s’agit maintenant de formuler cette réaction. Il résulte des analyses que Fischer a exécutées (1) que la formule la plus probable du peroxyde d'argent est Ag202, abstraction faite du nitrate qu’il renferme toujours parce qu'il est im- possible de le laver à chaud complétement sans le décom- (1) Gmelin Kraut’s Handbuch der Chemie, 1874, 6'® Auflage II, p. 915. ( 573 ) poser; nous pourrons donc écrire la réaction comme se passant en deux phases : A. Ag? 0? + 2 CP = CI? 0? + 2 Ag CI. BH" 200 = CP 0‘ + CP. Le composé final C1204 serait un produit de la décom- position spontanée du corps CI202. L’un de nous a déjà eu l’occasion de montrer (1) que les choses se passent d’une façon analogue lorsqu'on fait réagir le pentachlo- rure de phosphore sur le chlorate de potassium; la réaction passe aussi en deux phases : A. KCIOS + PCF = KCI + CE 0? + P CIO B. 2 CPO: = Cl + CP 04, Nous ne croyons pas qu’on ait jamais signalé la possibi- lité d’engendrer un composé oxygéné supérieur du chlore en partant d’un peroxyde métallique. Cette réaction permet de conclure, en tout cas, pensons-nous, que la constitution des oxydes du chlore et des oxydes de l’argent est analogue; il est, en effet, connu depuis longtemps que le chlore engendre de l’anhydride hypochloreux par son action sur Foxyde d'argent Ag?0. Il suit de là que dans le peroxyde d'argent les deux atomes d'argent doivent avoir la même valeur; ils sont tous deux mono-atomiques de même que dans les composés oxygénés du chlore les atomes de chlore sont tous mono-atomiques. Nous pouvons généraliser ce résultat au point de vue de Faction du chlore sur tous les oxydes métalliques en nous aidant d’une remarque que nous avons déjà faite plus aut. (1) Bulletins de l'Académie, loc. cit. ( 574 ) Nous avons fait réagir le chlore sur beaucoup de . peroxydes métalliques, autres que le peroxyde d'argent; aucun ne nous a donné de l’anhydride chloro-chlorique et cela parce que le chlore ne réagit sur ces oxydes qu'à une température supérieure à celle à laquelle l’anhydride chloro-chlorique peut exister. Dans le cas du peroxyde d'argent, la grande affinité du chlore pour largent et Pafi- nité plus faible de l'argent pour l'oxygène concourent à abaisser la température à laquelle le chlore peut réagir : les produits de la réaction ne sont pas altérés. Il est dès lors très-probable , pensons-nous, que le chlore agit de la même façon sur tous les oxydes quels qu’ils soient, c'est-à- dire qu’il se forme un composé oxygéné du chlore ; ce der- nier subsiste, lorsqu'il prend naissance à une température assez basse pour qu’il ne soit pas détruit, comme c’est le cas dans la réaction du chlore sur les ‘oxydes d'argent, de mercure et, en général, sur tous les oxydes dissous ou en suspension dans l’eau froide. Lorsque, au contraire, il faut élever la température au delà d’un certain degré pour provoquer la réaction, on ne constate plus la présence des composés oxygénés du chlore, mais bien les produits de leur décomposition. Note sur quelques nouveaux agents anesthésiques ; par M. le docteur Félix Putzeys, de Liége. Un grand nombre de produits de substitution chlorés appartenant à la série grasse possèdent des propriétés anesthésiques. Citons entre autres les chlorures de méthyle et de méthylène, le chloroforme, le perchlorure de carbone, le chlorure d’éthyle, le chlorure d’éthylène, bien connu ( 575 ) sous le nom d’huile des Hollandais, le chlorure d'éthyli- dène, la trichlorhydrine, le chlorure d’amyle, le chloral, le crotonchloral, etc., etc. Les produits de substitution bromés et iodés auxquels de semblables propriétés ont été reconnues sont infiniment moins nombreux. Rappelons que l’iodure d'amyle, l'hydrate d’iodal, le bromoforme et l’hydrate de bromal doivent être rapprochés des corps cités plus haut. Leur mode d’action n’est d’ailleurs pas identique, car tandis que le bromoforme possède une action fort semblable à celle du chloroforme, l’hydrate de bromal, employé en injections hypodermiques, ne détermine pas le sommeil, mais seulement une anesthé- sie générale. L’hydrate d’iodal, au contraire, plonge l'ani- mal dans un sommeil tranquille. Un point essentiel à noter, c’est que les propriétés anes- thésiques dont ces corps sont doués n’appartiennent nulle- ment aux substances dont ils dérivent. Il pouvait être intéressant de rechercher si des bromures de radicaux alcooliques dont les chlorures amènent l’anes- thésie, auraient la même action en partage. L'expérience a pleinement répondu aux vues théoriques qui me guidaient et l'étude des bromures d’éthyle, de pro- pyle normal et d’amyle permet, d’une manière générale, de ranger ces produits sur la même ligne que les compo- sés chlorés dont il a été question plus haut. J'ai expérimenté successivement sur des grenouilles, des lapins, des chats et des chiens et les résultats ont été concluant set parfaitement concordants chez tous ces ani- maux. Il n’entre pas dans mon intention de donner une étude complète et approfondie de ces nouveaux anesthésiques. A priori il y aurait peu de profit à en retirer, l’analogie ( 576 ) d’action avec le chloroforme me paraissant extrêmement marquée. Mon but n’est donc pas de relever les différences légères qui peuvent exister, mais seulement d'attirer Fat- tention sur les propriétés anesthésiques en général et de tracer à grands traits la marche de l’intoxication. A cet effet je me permettrai de donner le résumé de quelques expériences. A. — BROMURE D'ÉTHYLE. Expérience I. 41 h. 15° 30” : Une grenouille est placée sur une assiette sur laquelle on a versé quelques gouttes de bromure d’éthyle et recouverte d’une petite cloche de la capacité de 445 centimètres cubes. 41 h. 17’: Placée sur le dos, elle y reste sans chercher à changer de position. Les pincements déterminent encore de légers mouvements réflexes. 41 h. 18! : L’anesthésie est complète. L'animal -est ex- trait de la cloche et exposé à l'air libre. 11 h. 50’ : Mouvements réflexes des quatre membres, lorsque l’on pince l’un ou l’autre. 12 h. 45’ : La guérison est achevée. Expérience II. Une grenouille est fixée au moyen d'épingles sur une planchette de liége et le cœur est dénudé. Au bout d’une heure il bat régulièrement soixante-quatre fois par minute. Il est 4 h. 08’ lorsqu'on introduit animal sous une cloche de la capacité de 5 litres; on a préalablement versé sur Passiette qui la supporte une petite quantité de bromure d’éthyle. On compte les battements cardiaques : 4 h. 11’: 57. (40415) 4 h. 14: 50. “A h. 20" : 46. 1 h. 25 : Des contractions fibrillaires se manifestent dans tous les muscles du tronc et des extrémités. 4 h. 26" : 42 1 h. 50’ : 42. Les contractions fibrillaires ont cessé. 1 h. 36 : 42. On retire la grenouille de la cloche. 5 h. 45’ : Le cœur a cessé de battre; néanmoins la rigi- dité cadavérique ne s’est pas encore emparée des muscles. h. 00’ : Le cœur recommence à battre lentement et faiblement. Sous l'influence du poison, de prime abord le nombre des battements du cœur a diminué et la chute a été con- tinue, si bien qu’au bout de 2 1/2 heures on a retrouvé l'organe central de la circulation dans une immobilité et un repos complets. Il n’en est cependant pas toujours ainsi; dans des cas nombreux on observe au début une accélé- ration qui peut même être des plus notables : une fois le cœur gagna onze pulsations par minute. Mais en tous cas cette période d’excitation est de courte durée, le ralentis- sement ne tarde pas à survenir et suit alors une marche rapidement progressive. n ce qui concerne le retour du rhythme cardiaque à l’état normal : si la grenouille n’a pas été soumise trop longtemps à l’action déprimante du poison, le rétablisse- ment ne se fait pas trop attendre et est bientôt complet. Ainsi le cœur d’une grenouille placée sous la cloche à 12 h. 45’ battait alors soixante-deux fois par minute; à 1 h. 17’ quarante-huit fois seulement et à 1 h. 43’ il était revenu au point de départ et l’avait même dépassé, car on comptait alors soixante-quatre pulsations par minute. Détaché de la planchette, l'animal était d’ailleurs capable de se mouvoir, quoique lourdement. ( 578 ) | Une dernière observation : lorsqu’on retire de la cloche une grenouille chez laquelle un ralentissement notable s'est déjà manifesté, on voit constamment ce ralentisse- ment s’accentuer davantage, le chiffre des pulsations tom- ber encore de sept ou huit, bien que le retour à la santé soit encore possible. Je dis possible, car d’autres fois la chute continue jusqu’à l'arrêt définitif du cœur. On est donc autorisé à admettre que cet effet du poison est dû non pas à une action directe des vapeurs du bromure sur le cœur mis à nu, mais à une action continue de l’éther observé, charrié par le sang pendant assez longtemps, l’éli- mination étant ralentie par suite de l'abolition des mouve- ments respiratoires. Expérience HI. Un lapin pesant 1,255 grammes est soumis à 9 h. 42’ à l’action de quelques gouttes de bromure d’éthyle, que l'on répand sur de l’ouate placée au fond d’un verre. 9 h. 45' 50” : L’anesthésie et la résolution sont absolues. 9 h. 47’ : L'animal a déjà repris sa position naturelle. 10 h. 00’ : Il se soustrait par la fuite aux pincements et aux piqûres qu’on lui fait subir. Expérience IV. Un jeune chat du poids de 568 grammes est soumis à 10 h. 56’ à l’inhalation de quelques gouttes du poison. 10 h. 57’ 30” : L’anesthésie et la résolution sont com- plètes : on peut pincer aussi énergiquement que possible la queue, les pattes, les oreilles, toucher les cornées sans noter la moindre marque de sensibilité. ( 579 ) 10 h. 58’ 157 : Il fait quelques mouvements, puis aussi- tôt commence à marcher. 11 h. 00’ : Il court dans le laboratoire comme si rien ne s'était passé. | Expérience V. Un autre chat, pesant 1,881 grammes, est également anesthésié en une minute. Trois minutes et demie plus tard lé rétablissement était complet. Expérience VI. Jeune chien griffon du poids de 2 1/2 kilogrammes. 10 h. 44’ 15” : Il est placé sous l'influence du bromure. 10 h. 46’ : Émission d'urine. Le chien hurle, cherche à mordre, se débat énergiquement; néanmoins les cornées ont perdu en grande partie leur sensibilité. 10 h. 49’ 15” : Il ne pousse plus que des gémissements; la période de résolution commence et devient bientôt com- plète. On cesse l'emploi de l’anesthésique. 10 h. 52 : L'animal se dresse sur les pattes et marche en titubant. 10 h. 54 : Il est parfaitement rétabli. B. — BROMURE DE PROPYLE NORMAL. Expérience I. 5 h. 19’: Une forte grenouille est placée sur une assiette sur laquelle on a versé cinq gouttes de bromure de pro- pyle normal et recouverte d’une petite cloche. Aussitôt elle entre dans une grande agitation, saute vivement de tous côtés, ouvre la bouche, cligne continuellement les ( 580 ) yeux et se frotte la face avec une des pattes antérieures, comme si les vapeurs l’irritaient. Les sauts, d’abord très- énergiques, deviennent plus faibles, les membres posté- rieurs surtout ne remplissent plus aussi bien leur office. 5 h. 27’: L'animal, retourné sur le dos, ne fait pas la moindre tentative pour reprendre sa position normale. En irritant les membres postérieurs, on détermine encore de légers mouvements réflexes. 5 h. 32’ : L’anesthésie ne laisse plus rien à désirer. Un courant continu (trois éléments Daniell) soit ascendant, soit descendant, un pôle étant placé dans la bouche et Pautre à l’anus, ne provoque aucune contraction. Par un courant interrompu maximum on détermine seulement des contractions fibrillaires dans les muscles des membres pos- térieurs, contractions qui gagnent en intensité, lorsque les électrodes sont appliquées au niveau des nerfs sciatiques. h. 51’ : Le même courant, appliqué à la patte posté- rieure, provoque de légers mouvements réflexes des trois autres membres et des muscles du plancher de la bouche. 7 h. 44! : On trouve la grenouille revenue à la santé. Expérience IL. La disposition est la même que dans l’expérience II de la série précédente, Le cœur ayant été dénudé une heure auparavant, on constate qu'il bat régulièrement soixante- deux et soixante-trois fois par minute. 4 h. 48' : Introduction sous la cloche en même temps qu’une faible quantité de bromure. 4 h. 50’ : 62 4 h. 54 : 59. 5 h. O1’ : 57. ( 581 ) 5 b, 44: 52. 5 h: 17! : 50. 5 h. 21’ : 46. 5 h. 28' : 42. 5 h. 34 : 50. 5 h. 40’ : 28. Ilse manifeste des contractions fibrillaires généralisées. On retire la grenouille de la cloche. 5 h. 45’ : 25. 5 h. 52’ : 25. 6 h. 13’ : 20. | 7 h. 28’ : Le cœur est arrêté en diastole. Les réflexions dont j'ai fait suivre l'expérience II de la 1"° série s’appliquent de tout point à l’action du bromure de propyle; inutile done de les renouveler. Expérience III. A un petit lapin de 900 grammes on fait respirer quelques gouttes de bromure de propyle. Au bout de -5 minutes il pousse trois petits cris, émet de l'urine et des fèces, devient absolument insensible et'meurt, Expérience IV. Un autre lapin, du poids de 1,500 grammes est anes- thésié complétement en 4 minutes. Une fort petite quan- tité de liquide avait suffi. 10 minutes plus tard il marchait, mais semblait encore quelque peu hébété. Expérience V. A 5h.55’: On soumet aux inhalations le jeune chat qui avait servi à l'expérience IV de la 1"° série, un inter- valle de trois jours s'étant écoulé. Il poussi quelques cris pendant qu’on l’anesthésie. ( 582 ) 3 h. 58’: Il est endormi et absolument insensible. 4 h. 00’: Il commence à faire des mouvements et à don- ner des signes de sensibilité. 4 h. 02’: Il court en se heurtant aux meubles. 4 b. 15’: Son rétablissement est complet. Expérience VI. 4. h. 50! : Un second chat, du poids de 1,842 grammes, auquel on fait respirer une dose plus forte est parfaitement _ anesthésié en 71/5 minutes. Il pousse encore de légers gémisssements. 4 h. 39’ 50”: On le remue : il regarde autour de lui d’un air égaré, puis se met à courir en chancelant, Quelques minutes plus tard il ne paraissait nullement se ressentir de l'action du poison. Expérience VII. Chien blanc de 3 1/2 kilogrammes. 11 h. 57/ 30”. On commence l'emploi du bromure. L'animal hurle, est très-agité et au bout de 2 minutes envi- ron émet une notable quantité d’urine. 44 h. 01’ 30”: L’anesthésie est obtenue. 11 h. 05’: Le chien peut se tenir sur les pattes et com- _ mence à marcher. 41 h. 06’: Il est complétement rétabli. C. —BROMURE D'AMYLE. Expérience I. À h. 48! : On introduit sous la petite cloche une forte grenouille: auparavant on a répandu sur l'assiette quelques ( 585 ) gouttes de bromure d’amyle. Aussitôt l’animal manifeste ‘une vive agitation , cligne fréquemment les yeux et se les frotte comme pour en écarter un corps irritant. 4 h. 53’: La résolution et l’anesthésie sont absolues. 5 h. 12’: La grenouille répond aux irritations par des mouvements réflexes énergiques des quatre membres; mais elle reste étendue sur le dos. Elle,ne fait pas encore de mou- vements volontaires. 7 h. 00’: On la retrouve guérie. Le bromure d’Amyle semble exercer sur les grenouilles une action beaucoup plus néfaste que les bromures d'éthyle et de propyle. Que la dose soit un peu forte et l'animal court grand risque de succomber. Souvent j'ai vu périr des grenouilles dont le cœur bat- tait encore énergiquement de 45 à 60 fois par minute au moment où on les extrayait de la cloche. Dans ces cas la circulation s’affaiblissait d’une manière continue et gra- duelle, le cœur finissait par s’arrêter en diastole et si l’on avait pu conserver d’abord quelque espoir à la vue de fai bles signes de sensibilité réflexe, l'amélioration était néan- moins toute passagère , la résolution ne disparaissant que pour faire place à la rigidité cadavérique. Le bromure d’amyle possède au surplus des propriétés irritantes au premier chef, quise manifestent, entre autres, sur la muqueuse oculaire de l’expérimentateur par des picotements et un larmoyement extrêmement pénibles. Expérience IL. Grenouille fixée sur une planchette de liége et chez la- quelle le cœur a été dénudé 4 '/2 heure auparavant. Le cœur bat régulièrement 64 fois par minute. ( 584 ) | 5 h. 07’: L'animal est soumis sous une cloche à l’action de quelques gouttes de bromure d’amyle: 65-68-67-66-67- 68-66-65-65-65-64. 3 h. 24’: 59, 3 h. 28’: 56. 3 h. 55’: 49-49. 4 h. 30’: La grenouille est à peu près rétablie. Évpérience DIL, Lapin de 1,675 grammes. 41 h. 51’: On commence l'emploi de l’éther. Au bout de 3 minutes les effets ne s’accentuant guère on se voit forcé d'augmenter notablement la dose. Presque aussitôt l'excitation devient fort marquée. 11 h. 56’: L'anesthésie est complète. Les symptômes d’excitation persistent néanmoins. 11 h. 59’: L'animal a déjà repris sa station normale. 12 h. 00’: Il se met à courir lorsqu'on l'irrite. Expérience IV. . 4h. 02: Le chat qui a fait l’objet de l'expérience VI, soie B, plusieurs joursauparavant est soumis à l’ action da bromure d’amyle. 4 h. 11’: Insensibilité absolue aux pincements et aux piqüres, résolution complète. Il y a émission d’urine et de fèces. 4 h. 14: L'animal fait quelques mouvements. 4 h. 15’: Il marche, puis court en trébuchant. 4 h. 19/: Il ne présente plus de traces d'intoxication. (585 ) Expérience V. Petit chien griffon. 5 h. 56’: On commence les inhalations. 5 h. 58’: Début de la période d’excitation. en d'urine, 6 h. 05’: l'animal est parfaitement anesthésié, mais l'excitation persiste: l’agitation est extrême, les hurle- ments ne se discontinuent pas. On abandonne le chien à lui-même et deux minutes plus tard il se roule súr le par- quet et témoigne par des signes non équivoques de l’irrita- tion déterminée par l’éther. Comme cela ressort des trois séries d'expériences, les effets des bromures d’éthyle, de propyleetd’ amyle ont entre eux la plus grande analogie. On ne peut guère établir que des distinctions quantitatives. Il m’a paru que le bromure d'éthyle était le plus actif des trois et la différence est sur- tout accentuée si l'on compare ses effets à ceux du bro- mure d’amyle. Cette diminution d'énergie au fur et a me- sure que l’on s’élève dans la série n’a du reste rien que de très-naturel, car elle correspond à une plus faible propor- tion de la quantité de brome contenu dans la combinaison. Ainsi, tandis que le bromure d’éthyle renferme 73,39 p. °/, de brome, le bromure de propyle n’en a que 65,04 et le bromure damyle 52, ‚98. Je dois cep e observer qu’avec ce dernier la période d’excitation est infiniment plus marquée, plus longue et que les animaux à sang chaud ne tombent dans la résolution que d’une manière incomplète. Cela devrait-il être rapporté aux propriétés irritantes dont jouit ce com- posé ? 2me SÉRIE, TOME XLII. 38 ( 586 ) Avant de terminer, je désire appeler l'attention sur un quatrième corps auquel j'ai reconnu des vertus anesthé- siques à l'égard des grenouilles, alors que les lapins , les chats et les chiens restent complétement insensibles aux doses les plus fortes continuées pendant un quart d'heure et davantage. Je veux parler du valérianate d’amyle, cet éther qui possède une odeur agréable rappelant celle des pommes. Applications de la loi de décomposition; par M. L. Saltel, professeur au Lycée de la Rochelle. Dans une communication déjà publiée (*), nous avons exposé une loi générale de décomposition régissant les lieux géométriques. La présente Note a pour objet de faire connaître un certain nombre d'applications de cette loi. Rappelons-en d’abord l'énoncé : LOI DE DÉCOMPOSITION. — Tout lieu géométrique, défini par des équations, se décompose en plusieurs autres (dont on peut toujours trouver a priori les équations indivi- duelles), s’il arrive qu’en faisant passer une ou plusieurs des courbes ou surfaces génératrices de ce lieu par des points arbitraires, il y ait parmi les diverses valeurs cor- respondantes des paramètres variables , renfermés dans les équations de ces courbes ou surfaces génératrices, un certain nombre d’entre elles qui soient fixes, c’est-à-dire indépendantes des points choisis. (*) Voir le Bulletin du mois de mars de l'Académie royale de Belgique, année 1876. ( 587 ) Rappelons encore quelques remarques générales sur les différents lieux dont se compose le lieu complet. Il est manifeste qu’en genéral un seul des divers lieux ainsi obtenus répond directement à la question que l’on a en vue, les autres représentent des lieux étrangers. C’est ainsi que dans le système (A), considéré dans la commu- nication du mois de mars, les lieux (2°), (3°, (4°) représen- tent des courbes étrangères, et que le système (1°) repré- sente à lui seul le véritable lieu. De là deux méthodes pour déterminer le degré du véritable lieu. La première consiste à chercher directement, par le principe de corres- pondance analytique ou le principe de correspondance géométrique (si ce principe est sûrement applicable), le degré du lieu représenté par le système (1°); la seconde consiste à chercher, par les mêmes principes, le degré du lieu représenté par le système proposé (A), et à retrancher de ce nombre la somme des degrés des lieux représentés par les systèmes (2°), (3°) et (4°). Il est important d’ajouter que la recherche des degrés de ces derniers lieux reviendra, dans les applications, à la recherche du degré d’un lieu pareil au proposé, où l’on a substitué un ou plusieurs points à une ou plusieurs courbes de la question. PROBLÈME I. — Trouver l’ordre du lieu du point d’où l’on peut mener, à une courbe U;, d'ordre m, et de classe nı, des tangentes égales à la distance de ce point à un : point fixe Q. Si U (x, y) = 0, (a,b), (2, y.) i sont l'équation de la courbe, les coordonnées du point 0, et les coordonnées du point de contact d’une tangente ( 588 ) issue du point (x, y), les dlbitiohs qui définissent le lieu seront : ele ts LR 1) (A) dx, y dy, Le qe p] . . . . . ( U, (fi y) = A 4 . (2 (a — 2) + (y—y)— A FE a) + W — by. (5) La classe de U, étant n,, les équations (1) et (2) admet- tent m; (m; — 1) — n, solutions en (x4, Y4), indépendantes des valeurs attribuées à x ét y (‘). Si donc l’on remplace ces deux équations par deux équations équivalentes de la forme : si F, (£, y, Tı), ke eRe e e A (4) EE TEA E a tenere (5) l'équation ọ (xy y4 xı) = 0, contenant x, à la puissance m; (my — 1), devra être de la forme : ga (x, y, x) = Yi (x) X hz, Y, x) = 0, ss (6) la fonction y, (x) égalé à zéro donnant, comme racines, les m, (m, — 1) — n, valeurs de x, qui sont indépen- dantes des valeurs attribuées à x et y. Ae On sait, en effet, que l'on obtient, par définition, la classe d’une -ourbe £ en considérant la première polaire Z’ d’un point donné P, et en press le nombre des points simples, variables avec le point P, qui sont communs à Z et Z’. __Ajoutons que si l’on considère x, et y, comme coordonnées courantes , es courbes représentées par les équations (1) et (2) passant par m,(m, —1) — n, points fixes indépendants des valeurs attribuées à z et y, il en résulte que les courbes représentées par les équations dau, dU, dau, =), sel, Eze), dz, ? dy, dt passent aussi par ces mêmes points fixes. ( 589 ) Le système (A) peut donc être remplacé par le système équivalent : yi F,(x, VE Xi)» e a re re ene (7) (Aux) X fil, ya, . : PR 2x (a— x) + 2y (b — y) + xê + y — e — b0. (9) Or, ce système se décompose évidemment en ces deux systèmes : hE Re a ea kia te. (10) (Blé fix, y x) =O, + . : ; OER EE 2x Me ie IE +Yyf—a pr 0; (12) ok (=O De eh ee . . (1) 2x (a—x,) + 2y (b — yi) + x? + y—a—b—0, (14) done, les équations (A) représentent, à la fois, le lieu défini par les équations (B), „lequel est le lieu proprement dit, et le lieu étranger , défini par les équations (C). Nous allons nous proposer de déterminer successive- ment les degrés du lieu complet (A), du lieu (B) et du lieu (C). 4° Détermination du degré du lieu complet (A). — Pour cela, coupons ce lieu par la droite représentée par BaN == = þ PES et considérons les deux séries de points que décrivent, sur cette droite, les deux courbes génératrices. Ces séries, dont le nombre des coïncidences est égal au nombre (*) Nous représentons par la notation 4” (y,) = 0 l'ensemble des m, X(m,—1) — n, valeurs correspondantes de y, qui sont indépendantes des valeurs attribuées à x et ( 590 ) cherché , étant définies par les relations : dU, dU,\ dU; en an U, (x 19 y) =0, re “UE La PCA bile Eis 0. un on voit immédiatement qu’à une valeur finie ou infinie de p, correspondent m, (m, — 1) valeurs finies de +, et à une valeur finie de p, correspondent 2m, valeurs finies de p, ; donc, le degré du lieu cherché est N, = m, (m, — 1) + 2m, 2 Détermination du degré du lieu (B). — Ce nombre est égal à celui des coïncidences des deux séries de points, définies par les relations : BENE OOo dis Bel de on are eit UE fi (pris qr) =O, . . (19) 2pa[ pla — xs) + qb — y) + y — à — W—0. (20) L’équation (6) contenant x, à la puissance m; (m, — 1), l'équation (19) ne doit contenir cette même variable qu'à la puissance n; ; donc pour chaque valeur arbitraire de pı les équations (19, 18) déterminent n, valeurs de x, et n; valeurs de y,. Par suite, à cause de l'équation (20), on peut dire qu’à une valeur finie ou infinie de p, correspondent n, valeurs finies de ps. D'autre part, si l’on opérait sur les équations (18), (19), comme si l'on voulait éliminer entre ces deux équations la variable p}; en d’autres termes, si l’on voulait substituer au système de ces deux équations uu système équivalent, de la forme : lar i nr (2) Weld ghehe Oso oiana samua (22) (DE ) Féquation W, (x, y) —0 devrait être nécessairement du degré m1, puisque le système yı =F, (pa, qe: x) Ee atol tes (0) da (wa) X fa (Pers qo) = 0, . és: (28) équivalent au système représenté par les équations (15, 16), doit être tel qu'à une valeur de x, correspond m, valeurs de y, (il est d’ailleurs évident que l'introduction du facteur Ÿ, (x,), ne doit influer en rien sur le nombre des valeurs de y, qui correspondent à une valeur particulière de x,). Dès lors, si les équations (21, 22) remplacent les équations (18, 19), à une valeur de p, correspondent 2m, valeurs de p,; donc le nombre des coïncidences est Ni ne + mg Tel est le degré du véritable lieu (”). Remarque. — Ce résultat s'accorde parfaitement avec celui qu'avait déjà donné M. Chasles dans les Comptes rendus du 9 août 1875. 3° Détermination du degré du lieu (C). — Il est évi- dent que chaque solution de (x, y,) donne poar le lieu une ligne droite, donc le lieu entier se compose de m; (m; — 1) — n, droites , ce qui donne N, = m, (m, — 1) — n. Nota. — Observons, comme on pouvait le prévoir a priori, que lon a Na = N; + N. (*) Ce nombre a $ t être ol la méthode ind dans notre éommunication insérée aux Comptes rendus du 51 Janvier 1876, mais la méthode que nous venons de suivre est bien préférable. — Même observation pour les problèmes suivants. i ( 592 ) PROBLÈME II. — Trouver l’ordre du lieu du pois d'où l’on peut mener, à deux courbes U,, Us, d’ordres my, ma, et de classes n,, n,, des tangentes égales. Si l’on désigne par U, (x, y)—=0, U (x, y) =0, (x, Yi)» (£2, Ya) les équations des deux courbes et les coordonnées de deux points de contacts des tangentes issues du point (x, y), les équations qui définissent le lieu seront : En — + — = 0, a + 0 w Me dt (1) U, (x;, y) = 0, Mn dis Ts 2h 2e le ac (2) À dU dU dU er nea da, Wa dy dt Us (£a, Y) = 0, a @— a) + (y — yf- = (x - ER zj + y— y} + B) On montrerait comme dans le problème précédent : 4° Que les équations (1) et (2) peuvent être remplacées par les équations équivalentes : RÉ ($, ye) Deele ten, à (6) pa (2) x fi(xy x) 0, . + + * * (1) où # (x1) —0 donne comme racines les m, (m, — 1) — n:) valeurs de x, qui sont indépendantes des valeurs attri- buées à x et y; 2 Que les équations (3) et (4) peuvent être remplacées par les équations équivalentes Rens ee Na en Onee een (9) où #2 (x2) — 0 donne comme racines les ma (m, — 1) — na valeurs de x qui sont indépendantes des valeurs attri- ( 595 ) buées à x et y. Le système (A) peut donc être remplacé par le système équivalent : y =F, (x, y, Wilse ha a et ann age (tt) (10) fs (x1) X fi (x, y, rest en Mure ss (EI) (A PSE, GP PERMET (ta) (2 (ava) X fa (£, Y, Xa) A (15) 2x (ta — x1) + 2y (ya — pj? vut A (14) Or, ce système se décompose évidemment en ces quatre systèmes : AS ee ee ner «ep (0) file, Y, x)=0, ARS NE LR PET AET. RENS 1 (16) Binebé del, Mesure Aa (17) f(x; Y, x) =0, . + (18) 2x (xs — 21) + 2y Fe mi yè ai yi 20. (19) Vree ME Aide vee en he à (20) (C) hit; %)=0 NS ee + + R) pa (22) — 0, sd: 6). 15 y (82) 2x (xa— x1) + 2y (Y2 — Bore -rF ud 20429} vla) =O, 4 == 0): Ee LN Ya Fix, Y, Ta); - knalt e (D) f(x, Y, t) = 0, - ; PE (20) 2x (x — Ki) + 2y (Y2 — TOP +yYè— Ts — Ye 20. (27) mfs)=0, Hil) =O, + + + + some E (28) (E) 4 ve (x)= 0, in. à $ Qx(te — Ai) + 2y (Y2 — Yi) + Tr +YÈ— Ts ss > (50) C) 9’, (vs) =0 représente l'énsemble des m, (m, — 1) — ^a valeurs correspondantes de ys. C*) Y, (Ya) = 0 représente l’ensemble des m, (m, — 1) — n, valeurs correspondantes de y,- ( 594 ) done les équations (A) représentent, à la fois, le lieu défini- par les équations (B), lequel est le lieu proprement dit, et les lieux étrangers définis par les équations (C), (D) et (E). Nous allons nous proposer de déterminer successive- ment les degrés des lieux (A), (B), (C), (D) et (E). < 4° Détermination du degré du lieu complet (A). — Ce nombre est égal au nombre des coïncidences des trois séries de points définies par les relations : dU, dU, dU, i 1 dé BN k P = 0, (31) BG HSO epe dee Tr ss (32) au dU, Ba, == 35 U(t; fa) =O, . . t . (54) 265 [p(x:— x) )+q( iip et + Yi — xr mn jg. (35) Lorsqu'on donne à p; et p, des vaieurs arbitraires finies ou infinies, les équations (31, 32), (35, 54) déterminent respectivement m, (m, — 1), m, (m, — 1) solutions finies en (xı, y1), (x ya); done, à cause de l'équation (55), on . voit qu’à des valeurs finies ou infinies de p, et p, corres- pondent m, m, (m,—1) (m, — 1) valeurs finies de pz. Pour obtenir le nombre des coïncidences il suffit donc de cher- cher les nombres des valeurs finies de p, et p, qui corres- pondent à des valeurs finies de (p3, ps), (6, ps). On voit immédiatement que ces nombres sont 2m, (m, — 1) X M4; et 2m, (m; — 1). m,; donc on a N, = mms [(m, —A) (m — A) + 2(m, — 1) + Am, —1)]. X Détermination du degré du lieu (B). — Ce nombre ( 595 ) est égal au nombre des coïncidences des trois séries de points définies par les relations : Yı zn F, (pri; qa» m). . . . . é . é . . . à (36) fi (pes, qis v) = 0, Ee is Ten A (57) ús Fo (Dpas Ype Dale te 100} fa (poa qs BPT EUR OEM Per |293 [ple — x) + (yes — )] + re + y — ts —y# —0. (40) On montrerait comme dans le premier problème : 1° Que les équations (36, 57) sont telles qu'à une valeur finie ou infinie dep, correspondent n, valeurs finies de (x,, yı), et que si on éliminait p, entre ces deux équations, on aurait une équation du degré mm, en (x, , y1); 2 Que les équations (38, 39) sont telles qu'à une valeur finie ou infinie de p, correspondent n, valeurs finies des variables x, et ys, et que si on éliminait p, entre ces deux équations, on aurait une équation du degré m, en (£2, Y2). Il résulte immédiatement de là : 4° Qu’à des valeurs finies ou infinies de p, et p, corres- pondent n,.n, valeurs finies de pz; 2% Quà des valeurs finies de (p>, ps) correspondent Nna X 2m, valeurs finies de o4 ; 3° Quà des valeurs finies de (p,, ps) correspondent nı X 2m, valeurs finies de p3; donc, on a N; =N Na + IM, Na + MiNi, Tel est le degré du véritable lieu. Remarque. — Ce résultat s'accorde parfaitement avec celui qu’avait déjà donné M. Chasles dans les Comptes rendus du 9 août 1875. 3° Détermination du degré du liew (C). — Pour chaque ( 596 ) valeur particulière (a, b) des m, (m, — 1) — n, solutions en (x, Y2) déterminées par les équations (22), le lieu (C) se présente sous la forme : ys F, (æ; Y, Ti); POE Um TLE GA (41) (C) S f (2, y, x)—0,. . . (42) 2x (a — xı) + 2y(b — di + Xi + Yi — are ti, . (43) Or, si au lieu de ce système on considérait le système : H Fit, Y zi). - en er A (C)? y (wi) X fi (x, y, wi) = 0, ! « GH 2x (a — x,) + 2y (b ate +y — a :_ÿ—0, (46) obtenu en remplaçant l’équation (42) par celle qui résulte de la multiplication de son premier membre par la fonc- tion # (x), ce dernier système (C'') représenterait, à la fois, le système (C°) et le système suivant : (07 y (x) = 0, (y) =0, ele Sei nr toonen (47) 2x (a — 23) + 2y (b — y) + xè + yi — a — b = 0; (48) d’ailleurs, d’après les équations (6) et (7), ce système (C") pouvant s’écrire : dU, dU, _ dU, ers er An det E . (49) U (xs, y)=0, . He (00) 2x (a — x,) + 2y (b — y) + zê + yè — at —b—0, (51) (Cr) on voit, en se reportant au premier problème, que les équations (C") sont les mêmes que les équations (A) de ce premier problème, et que les équations (C') et (C/"”) ne sont autres que les équations (B) et (D) de ce même pre- mier problème. Donc, le degré du lieu (C') est égal à ( 597 ) nı + 2m. Par suite, le degré du lieu (C) est égal à = (n, + 2m) [mes (ma — 4) — n]. 4 Détermination du degré du lieu (D). — On prouve, comme pour le lieu (C), que ce degré est égal à = (ne + 2m) [m (m, — 1) — ni]. 5° Détermination du degré du lieu (E). — Ce degré est manifestement égal à N, = [m, (m, — A) — n] [M (ma — 1) — n]. Remarque. — Observons, ce que lon pouvait prévoir a priori, que lon a N.= N, + N, + Na + N. ProsLème II. — Trouver l’ordre du lieu du point d’où l’on peut mener, à une courbe U,, d'ordre m; et de classe 04, des normales égales à la distance de ce point à un point xe 0. Si l’on désigne par i U, (x, y) = 0, (a, b), (x, y) l'équation de la courbe, les coordonnées du point 0, et les coordonnées du pied de l’une des normales issues du point (x, y), les équations qui définissent le lieu seront : ce du, ie 2 i P a) dy, Id, de, “an Iı dx, Aan U (t y)—=0, . . Rt) La) + (y — yi) = (x — a} + v —b).. (5) La classe de U, étant n,, les équations (1) et (2) admet- tent m, (m, — 1) — n, solutions en (x4, y4), indépendantes (598) des valeurs attribuées à x et y(°). Si donc on remplace ces deux équations par deux équations équivalentes de la forme : veil, gi jh avr UE) pi (we a) Sr 706 LU EO ED) l'équation (5) devra être de la forme e e AUX ile, Y 2) —0, . * (6) la fonction y, (x) égalée à zéro donnant comme racines _ es m, (m, —1) — n, valeurs de x, qui sont indépen- dantes des valeurs attribuées à x et y. Le système (A) peut donc être remplacé par le système équivalent : = Fix; 9, x), + . NT «UC À CHAT UE) (A) gı (x1) PX fa GES Y, Dho (8) 2x (a — x) + 2y (b — y) + rè + y — a po. (9) Or, ce système se décompose évidemment en ces deux systèmes : Rea a On . (10) of (ey z)=0, . AL A) 2x (a — xı) + FREE + + Yi — a rd; (12) (c Yı (zi) = 0, vi (gy) OEE 10 j ; . (13) jn z) + 2y(b—y)+x + — a ben (14) donc, les équations (A) représentent à la fois le lieu défini (*) Pour s'en rendre compte voir la première note du problème I. (+) U’, (y) = 0 représente l'ensemble des m, (m, — 1)— n, valeurs correspondantes de y, qui sont indépendantes des valeurs attribuées à æ et y. ( 599 ) par les équations (B), lequel est le lieu proprement dit, et le lieu étranger défini par les équations (C). Pour obtenir le degré du véritable lieu, nous allons déterminer le degré du lieu complet (A) et le degré du lieu (C). 4 Détermination du degré du lieu complet (A). — Ce nombre est égal au nombre des coïncidences des deux séries de points définies par les relations : T PT — 1) en ea ve OLDE o U, (xs, y) = , . + (16) pa [p (a — x) + q( PT ++ y — 0 AAE (17) On voit immédiatement qu’à une valeur finie de pı correspondent m,? valeurs finies de p,. Proposons-nous de chercher ce que deviennent les m,? valeurs correspon- dantes du rapport $ — p, pour p; infini. Si l’on désigne par M, (a',, y'1) l'ensemble des termes du degré m, de la fonction U, (x'4, y'1), on trouve que ces valeurs de p', sont déterminées par les équations : The — kende) Te a, peel, (18) i W13 Yi P , ` . . . . . (19) 2p (p ar + q yi) — (wi) —(y}=0(). -~ (20) Considérant +’, et y', comme coordonnées courantes, les équations (18, 19) représentent respectivement une courbe (*) Nous croyons inutile de rappeler que , conformément aux notations habituelles de notre méthode de correspondance analytique, les lettres TW’, Y', représentent les valeurs limites des rapports > zi, 5 pour p, infini, ( 600 ) d'ordre m,, ayant l’origine pour point multiple d'ordre mı — 1 et mı droites passant par l’origine; donc ces deux courbes ont m4? points communs, dont m, (my — 1) sont confondus avec l’origine et m, situés en dehors de cette origine. Ainsi les équations (18, 19) donnent m; valeurs non nulles en (x, y) et m, (m, — 1) valeurs nulles de ces mêmes variables. Mais pour chaque système de solution en (x',, y'1) l'équation (20) détermine successi- vement, selon que ces solutions sont nulles ou non nulles, . une valeur nulle ou non nulle de p’,; donc on aura , m, (m, — 1) valeurs non nulles de p, et m, valeurs non nulles. On trouve de même qu’à une valeur finie de p, corres- pondent 2m, valeurs finies de p4, et que les 2m, valeurs du rapport £ = pi, pour p> infini, sont déterminées par ,{ dM, el ‚dM, M, (gti) aj te 8) E ETAT : se) Ap sı + gy) — (2i)? — (y) =0, . . . - (25) ce qui donne évidemment : m, valeurs nulles de p; etm, valeurs non nulles. Donc le degré du lieu est N, = m, (m, — 1) + 2m, = mê + m, 2 Détermination du degré du lieu (C). — Il est évi- dent qu'à chaque solution en (x4, 1) correspond pour ce lieu une ligue droite, done le degré du lieu entier est N.= m, (m — 1) — m. ( 601 ) Conclusion. — L'égalité N, =N, +N. conduit au nombre | N, = N, — N, = 2m, +1, résultat qui s'accorde bien avec celui qu'avait déjà ob- tenu, par une voie différente, M. Chasles dans les Comptes rendus du 29 novembre 1875, p. 995. Problème d’algèbre. — On a le système de cinq équa- tions P N, (as y) + Pi ne ULO .: + . (D M, (x, > Yi) ari . Ehh (2) e Na (£2, Y2) + Pa m 0, 0 4 M: (x, Ye) = re HE en ee (4) f io Yao Ts; Am mot cool (0) contenant les cinq inconnues pı £i, Y1, Las Ya, dans les- quelles : 1° les fonctions (N4), (Ns) representent respective- ment des fonctions de degrés my — 1, m, — 1 en (X1, Yı) et (x», Ya); 2° les fonctions (P, , Mı), (Pa Ma), représentent respectivement des fonctions de degrés m,, M, par rapport à ces mêmes lettres; 3° la fonction (f) représente une fonction de degré p. par rapport à (£1, Y4, %2, Y2). On demande le nombre des solutions finies en p communes à ce système. Pour cela mettons respectivement dans les équations (1, 3), à la place de p les lettres p; et p,, on aura à cher- cher le nombre des coïncidences des deux séries de points définies par les relations : eu Na (das Ya) + Pa zie Ho) em Or vervalt (6) M, (xs Y) = nahe den vi pe N, (£2, Ya) + P, y a ==0,.. 1. (8) M, (xs ; Ye) = = 0, o se E (9) fit; Yis Ta, Ys) men Oi de die (10) Ome SÉRIE, TOME XLII. 59 ( 602 ) Lorsqu'on donne à p, une valeur particulière les équa- tions (6, 7), (9, 10) déterminent p.m?,.m, solutions en (£1, Y1» Lo, Y2); donc à cause de l'équation (8), on a p. m,? mə valeurs de ps. Cherchons ce que deviennent les valeurs correspondantes du rapport p's pour p; infini. Si R (ass Yı); Vi (£ Yı); Ta (£1, Y1); Ra (atas Ya)» Va (L2 Y2), Ta (Los Ya); 9 (x, Yis Las Ya) représentent l’ensemble des termes du degré le plus élevé des fonctions (N4, P, , Mi), (Na, P2, M), (f), ces valeurs de o' seront déterminées par les équations suivantes : sun a Nals Vak sn Bi) Tide nn AN) pa Ra (£25 Ya) + Va (X2, ÿ)—=0,. . . . (9) (a emo. à... 1 (0) plais Yin tag) 0,4. du + + (15) on voit facilement, comme dans le problème précédent, que les équations (11, 12) donnent m, valeurs non nulles en (x'4, Y'a) et m (m, — 1) valeurs nulles. Mais à chaque système de solution en (x'4, y',) les équations (14, 15) donnent successivement selon que ces solutions sont nulles ou non nulles p. ma valeurs nulles ou p m, valeurs non _nulles en (x's, 4’s); donc, à cause de l'équation (13), on a 1° _ p m, M; valeurs non nulles de 5; 2 u M, Mg (m, — 1) valeurs nulles de ps. On trouve de même qu’à une valeur finie de p, corres- pondent p. m, m?, valeurs de p, et que parmi les valeurs ( 605 ) correspondantes du rapport #, pour p> infini, il y en a : 2 4° g m, Mm non nulles; z em, X Ma (Ms — À) nulles. Donc le nombre des coincidences est N=gpmm(m— 1) + p m.m? = pm Manu + m — 1). ProsLème IV.— Trouver le degré du lieu du point d’où l’on peut mener, à deux courbes U;, Us, d'ordres m,, mz et de classes nj, ns, des normales égales. Si l’on désigne par U, (x, y) = 0, U(x, y) =0 (x1, y), (a, 92) les équations des deux courhes et les coordonnées des pieds de deux normales issues du point (æ, y), les équa- tions qui définissent le lieu seront : dU, dU, dU, dU, iaia a U a E — = 0 E dy, dx, $ dy, P dz, ; ou U, (xı , Ya) =0, (2) dU dU dU dE a D à (D dy: dx dy dx: Us (xs , Ye) Hei 0, » > . e . (4) ee) + (y — y) pasa + (y u - + ©) La classe de la courbe U, étant nı, on montrerait, comme dans les problèmes précédents, que ces équations (1) et (2) peuvent être remplacées par les équations équi- valentes : hr, a), à er. + 19 p(en) X fie, y, Lo) =O, oaren eit où y (wy) — 0 donne, comme racines, les m, (m — 1) — ( 604 ) n; valeurs de x, qui sont indépendantes des valeurs attri- buées à x et y. On montrerait de même que nz étant la classe de Us, les équations (3) et (4) peuvent être remplacées par les deux équations équivalentes : = as 4. (8) (ela) X fa (£, Y t) =0, : . . . (9) OU va (x2) = 0 donne, comme racines, les Ma (Ma — 1) —na valeurs de x, qui sont indépendantes des valeurs attribuées àxely Le système (A) peut donc être remplacé par le système équivalent : Mile, Ba un us à Lite (0) x NE naden NS RE à à D Rel die ss ete (12) pa (£a) X fa (2, Y, t) =O, - a (19) 2x (x, — x1) + 2y (Ya — y) +x? ia — xè — yà =l. (14) Or, ce système se décompose évidemment en ces quatre ns = (F; le Y, wis Ee ET Dis » à (15) A D Den en ere a + (16) ere ee ne . . (17) liens . 5 . (18) Mr (Lai) + 2y (Yn — “HE + Xi + i =d ttds (19) y=F, EE Ys tds d'a Si Si ST Mur å (20) © file, y z)=0,: . derek a « . (24) ve (1) = 0, pa y) =0 C3; he . (22) (ari) + 2y (Ya Yi) + AL +y- — axr LR to. (25) (*) Ÿ', (ya) = 0 représente l'ensemble des Ma (m, — 1) — n, valeurs correspondantes de yz. ( 605 ) dires Os PERO) ET, SL EEDE) (D) Wm MENEER eee ER BALS (25) faltat wi) Ope TINTEN ar HD dulden en Lit Yi — si ==0. (27) yı (2) =0, vlg) =O, ee . .".".(28) (E) $ wa (x) =O, (y) =O, - Ap 2x (xa— xı) + 2y (y: — Nos +y’ dpi —0; (50) donc les équations (A’) représentent, à la fois, le lieu défini par les équations (B), lequel est le lieu proprement dit, et les lieux étrangers définis par les équations (C), (D) et (E); on obtiendra le degré du lieu (B) en retran- chant du degré du lieu complet (A) les degrés des lieux (C), D) et (E). 1° Détermination du lieu complet (A). — Ce nombre est égal au nombre des coïncidences des deux séries de points définies par les relations : dU dU dU dU pa enO 6 1 Ugo gs PRET TE LR dU: = ks dU, , = Oe 10 (00 pa pe LR F ME ; (55) Ye) 2 „ (54) 2 (Xe, Ce jee ti — in at. (55) On voit immédiatement qu’à une valeur finie de p, corres- pondent m,? valeurs de (x4, y4) et m,? valeurs de (x, Y2), donc, à cause de l'équation (35), on a m,? m?, valeurs de ps. Cherchons ce que deviennent les valeurs correspon- dantes du rapport p', pour p; infini. (*) Y'a (Y4) = 0 représente l’ensemble des m, (m, — 1) — n, valeurs correspondantes de y, ( 606 ) Si l’on désigne par M; (x4, 44), Ms (x, y2) l'ensemble des termes des degrés les plus élevés des fonctions U, et U», on trouve que ces valeurs sont déterminées par les relations: dM, dM, +. dM, ‚dM, Be ii mp ets 56 dy, ‘dx, i dy; en dx 0, (56) M, (zi, yi) = 0, (37) M 1 M Rs Mi 0, (58) dy: dx; dy: dx: Mi, ape O Eh hu" : (59) Xa ’ ox [plaid +0) e+ (ei yi) =0. (40) On voit immédiatement : 4° Que les équations (56, 57) donnent m, valeurs non nulles de (x'; y';) et m, (m, — 1) valeurs nulles ; 2° Que les équations (58, 59) donnent m, valeurs non nulles de (x, y'2) et m, (ma — 1) valeurs nulles; par conséquent , à cause de l'équation (40), on a: 4° m, ms (m, — 1) (m — 1) valeurs nulles de p3; X mit. ms — m, Ma (m, — 1) (mm, — 1) valeurs non nulles de #5. Pour obtenir le nombre des coïncidences, il suffit donc de déterminer le nombre total des valeurs tant nulles que non nulles, mais finies, du rapport p',. On trouve tout de suite, en appliquant la réponse au Problème d’algèbre, que ce nombre total est égal à 2m, ma (M; + Ma — 1); donc le degré du lieu (A) est N, = m, ma (m, —1) (ma — 14) + 2m, m: (m, + Mm, — 1) == Mı My [m Ma + M, + Ms — 1]. 2 Détermination du degré du lieu (C). — Pour chaque ( 607 ) solution particulière (a, b) des m, (m, — 1) — n, valeurs en (x, Yə) déterminées par les équations (22), les équa- tions du lieu (C) se présentent sous la forme er A SE APCE TARN (CN fi (£, y, æ)—0,.. ; . (42) Blain) + Wb) + xd + Yi — 4 1 p0. (45) Or, on voit immédiatement que si l’on multipliait le pre- mier membre de l'équation (42) par y (x,), le système (C') ne serait autre que le système (A) du Problème III; donc le système C’ n’est autre que le système (B) de ce troisième problème. Mais on a trouvé parce dernier systèmelenombre 2m, + nj, donc tel aussi le degré du lieu (C'); en consé- quence le degre du lieu (C) est égal à N, = (2m, + n) [ma (me — 1) — n]. 5° Détermination du degré du lieu (D). — Comme pour le lieu (C), on voit que ce degré est égal à N, = (2m: + na) [m, (m, — 1) — n). 4° Détermination du degré du lieu (E). — Ce degré est manifestement égal à N, = [m, (m, — A) — n,] [m (m, — 1) — n]. Conclusion. — L'égalité N, = N, — N. — Na — N., conduit au nombre N, == 2m, m; + 2m, ny + 2M N, + Ni., résultat qui s'accorde bien avec celui qu'avait déjà obtenu, ( 608 ) par une voie différente, M. Chasles dans les Comptes rendus du 29 novembre 1875, p. 996 (°). Nota. — Nous terminerons ces applications en donnant la réponse d’un problème extrêmement général, réponse que nous avons obtenue par la méthode que nous venons d'exposer. PROBLÈME V. — Trouver l’ordre du lieu du point M d'où lon peut mener, à k courbes, les plus générales d'ordres my, M2, Mz, …, M, ef de classes ny, Na, Dz, … Dis des tangentes dont la somme des carrés soit constante. La réponse est la suivante : Le degré cherché s'obtient en faisant le produit des classes de toutes les courbes considérées, en ajoutant à ce nombre la somme des k nombres résultant du produit du degré de chaque courbe par les classes de toutes les autres courbes, eten prenant le double de ce résultat total (”). Remarque. — Dans ce problème, le nombre des dé- compositions est très-considérable , il est égal, en effet, à (2). I y a donc (2 —1 lieux étrangers. Ce n'est pas (*) Dans cette communication, M. Chasles fait observer que ce nombre est égal à gs des prae UTE à deux paur rbes données et ayant leur centre sur un Ainsi posé, le problème peut être résolu deinen et généralisé, (**) Par exemple, si Fon a trois courbes d'ordres Mis Ma, My et de classes n, Na Ng le degré du lieu est N=2 [n,. nang + M, Mg Ng + Ma. Ny Na + Massa Na]. . Nota. — Si au lieu des tangentes on avait considéré les normales, on aurait trou N = 2 (m, -+ n) (Ma + na) (m; + n). ( 609 ) tout : chacun de ces 2°— 1 lieux étrangers peut com- prendre lui-même une foule de décompositions. On juge facilement par là toute la difficulté que présenterait ce problème attaqué par les méthodes habituelles. ADDITION. I. — Problèmes concernant la détermination du degré de l'enveloppe d’une courbe ou d’une surface. Le problème de détermination du degré de l'enveloppe d’une courbe ou surface de degré l, dont les coefficients de son équation (1) f (xy, Zy Qiy Aa, Azs vee a) = Ÿ (x, Yy Zs y Aap ve dy) rs =0 |") sont des fonctions les plus générales de degré m par rap- port à k paramètres arbitraires aj, As, Az, «ones Us liés entre eux par (k— 1) relations générales de degrés ni, 75, …, Nys. H| N, (a, la a) sa N: (a4, 2, e. a)=0, Ne: CIL » a,)=0 | - s'obtient immédiatement, comme nous l'avons montré dans les Comptes rendus du 18 septembre 1876, en ap- pliquant la méthode de correspondance analytique. (*) La fonction ÿ (x, y, Z, a,, da, … 4x) représente l'ensemble des termes du degré m par rapport à a,, Ags Ag se, Ab. | (610 ) En observant, en effet : 1° Que pour a, =% , 0n a 2 Que les équations des courbes ou surfaces généra- trices peuvent s'écrire sous la forme aat aa era * edi (=) de X HoN, da; €; Mi d 5 HETEN da, daz da, ‘ES da, df da, 3 Que les courbes ou surfaces représentées par les équations obtenues en remplaçant dans la fonction pr Yr Zr Ai, Ua Az 0) = Q, ? a, par unité, et as, 43, … w par aa did: l, sont des courbes ou des surfaces étrangères dont le degré total est égal à bina: hi oee iig on arrive tout de suite à ce théorème général : (*) La lettre { représente, selon usage, une neg auxiliaire qui sert à rendre l'équation (1) homogène en a,, đa, 4;,. se (**) A'a Ogee Ar étant les solutions communes aux RME obtenues en faisant a, == œ dans les k — 1 équations (H). ( 611 ) Théorème général. — Le degré cherché est égal à = l.n. ns.. Ma (MAN, +n tj + +m Kl} 0). Observation. — La méthode de correspondance analy- tique ne s'applique pas seulement au cas général ou les coefficients de l'équation (1) sont des fonctions les plus générales des paramètres variables, elle est parfaitement applicable, et c’est là son caractère le plus précieux, aux cas particuliers, comme nous allons le constater dans le problème suivant : PROBLÈME. I" — Trouver le degré de la surface po- laire de la courbe gauche intersection de deux surfaces d'ordres uy, pa, dont les équations sont fic, y, z) = Fi br, y, a+. =0("),. . (1) flas ga) = Be (ws y; 2) +50 À : : (2) Si l’on pose ns ms © ls mms © CO ns TS dns | PTS men le plan normal au point (xs, Yo, Zo) aura pour équation da (T, Y, Z, Los Yos Zo) = TM + y -N + z. P — r M — JN — z P= 0, b . + (5) (*) Ce théorème, pour le cas particulier de k = 5, avait été déjà ob- tenu, par d'autres considérations, par M. snee (voir le Rapport de M. Chasles sur les progrès de la géométrie, p. 550). (**) Les fonctions F, et F, représentent l’ensemble des termes des degrés k, , Ha. (612 ) et le plan infiniment voisin sera représenté par dele, Y, Z, © a= y A in Nd (4) 2 VE 702 Yos 118 a dy dz On voit de suite que Péquation (3) peut s'écrire sous la forme : 1 2 pi == x.A; (Los Yos ga nls x ar y.B, (i Yos Zo)“ PI + z. C, (os Yos Zo 2 + D, (£o, Yo, Zok T8! UENDE (ao, Yos uA TEESE yE, (to, Yoy zo} tr + z.G (£o, Yos Zo) +3 + H; (xo, Yos 2) +3 0, (5) où 1° les fonctions A;, B,, Cı représentent des fonctions homogènes de degrés pı + po — 2 en (£o, Yo Zo); 2 la fonction D, représente une fonction homogène de degré Li + a — À en (£o Yo, Zo); 3° les fonctions E;, Fy, Gi représentent des fonctions quelconques de degrés p; + pz — 3; 4° la fonction H, représente une fonction à il de degré p + ua — 2. On voit aussi sans peine, en employant les mêmes nota- tions, que l’équation (4) peut s'écrire sous la forme pa = T . Aa (Xo, Yos Zo) TS + yY. Ba (Lo, Yos Zo) 1 + F3 + 2. Ci (os Ys To) PTE + D, (Lo, Yos Zo) +274 Se m. En (mo Yop zj PH ys (Eo Jo Fa) + 2: Ga (Los Yos Zo) LLT LRT? A He (T0, Yos Zo) #25, — 0 (6) Cela posé, si dans les équations (5), (6) on remplace res- pectivement x, y, z, par (P p1, QPas Tes), (P Pas 4 P2» TP), ON voit facilement qu’à une valeur de p, correspondent His Ha (Va + Lo — 1) valeurs de p3, et que les valeurs (o's) ( 615 ) sont déterminées par les équations Per TL dhl A Cd F, (x % Yos Fo) = 0, ete PA: (xs, Yos mp a qB (os Yo» zijne + rC; (05 Yos Ro} rn a Di (£03 Yos gj '=0 (9) (p3) [P Aa (ao, Yos zo} 1+2 + q Be (ao, Yo, Z0) er aE + r Ca (Eos Yos Zo) 1] + Da (Di Yos Lo) 1t ka = 0, (10) Si Pon considère (x'o Y'o; Z'o) comme coordonnées cou- rantes, les équations (7), (8) représentent deux cônes de degrés u; , a ayant leurs sommets à l’origine; l'équation (9) représente une surface d'ordre pı + p, — 1 ayant l’origine pour point multiple d'ordre p, + u, — 2; donc ces trois équations ont p; pa (pı + pa — 2) solutions nulles en (x'o, Y'o Z'o) et wy p finies non nulles; done, à cause de l’équation (10), on a p4 Va (y + ta — 2) valeurs nulles de (p';) et p4- p finies non nulles. On trouve de même qu’à une valeur de pa correspondent p, pa (2u, + 2u — À) valeurs de p, et que parmi les valeurs de (p';) il yen a p wa (2v4, + Qu — D) de nulles et y, « pa finies non nulles ; donc le degré du lieu est N = p, pe (pu + ka — 2) + pu peo (2p, + Que — 4) = 5p pee (tu + pe — Nota. — L'ensemble des termes du degré u, + va — 1 de l’équation (5) ne contenant pas les variables (x, y, z), il n’y a pas lieu de tenir compte ici des solutions étran- gères résultant des valeurs infinies de l’une des variables 0 Yos Z PROBLÈME IL. — On donne une courbe x d'ordre m et de classe n, ayant pour équation f Yum0ii oa ee (A) ( 614 ) on prend sur z un point M arbitraire, on considère la polaire de ce point par rapport au cercle (C) défini par l’équation. + p—R—0, . . . . . (2) et Pon demande le degré de l'enveloppe de cette polaire. Les équations qui définissent le problème étant Erste yu R=0, . . . . … (5) df df Lise ó SE Aa p D E re (5) on voit que, conformément au théorème général, le degré du lieu est en général m (m — 1). Nota. — La courbe z étant de classe n, les équations (4, 5) ont m (m — 1) — n solutions communes en (xs; Yo) qui sont indépendantes des ne attribuées à x et y, ce qui montre que le lieu doit se décomposer. On voit tout de suite, en effet, qu’il y a m (m— 1) —n droites étran- gères, en sorte que le degré du véritable lieu est N =m(m — 1) — [m (m — 1) — n] =n. Remarque. — En considérant la polaire réciproque de la courbe z comme le lieu des pôles de ses tangentes par rapport au cercle (C), on évite les solutions étrangères. Dans ce cas, en effet, les équations définissant le lieu étant fn R? — = de de, pe df a Nat en Va + R En 0, f (wo, Yo) = 0, ( 615) le degré cherché est égal au nombre des solutions en p communes au système (A) ou à son équivalent (B). a md aap (AN A ad. (B); df df ida R- = 0 hj OAA p) Ar IS 0 i Te, Pay, 7 f (ao, y) = 0; f(&os y) =0. ProsLème HI. — Trouver le degré de la surface devé- loppable polaire réciproque de la courbe gauche définie par les deux équations de degrés ba, Pa : Poke EN hen EED ne darin (0) Prenons pour surface directrice la sphère représentée par na y? z — R= 0; . . . . (3) les équations définissant le problème étant fi (£o, Yos Zo) = 0; Reken (4) fa tte, Yos To) SO, «0. ee (5) X Lo + Y Yo + Zz —R:=0, 00 (6) £ y z af, af df dx, dy dze = 0. . . . (7) ap. af df da, dye dž% le degré cherché est, conformément au théorème général, vn pa (py + pa — 2). On voit que ce degré est égal à celui de la surface engendrée par les tangentes à la courbe gauche, c’est-à-dire au rang de cette courbe gauche. Remarque. — Si les surfaces qui définissent la courbe ( 616 ) gauche ont en commun un point A respectivement mul- tiple d'ordre a,, aa, on voit, à l'inspection de l'équation (7), qu'en considérant (xo, Yo, zo) comme coordonnées cou- rantes, cette équation représente, quelles que soient les valeurs attribuées à x, y, z, une surface d'ordre uy + ya — 2 ayant le point À pour point multiple d'ordre a; + a — 2. Donc, revenant au problème proposé, il en résulte que lorsqu'on fait passer la surface génératrice représentée par (7) par un point arbitraire, il y a des valeurs constantes pour les valeurs correspondantes des paramètres variables, done il y a ciné en trouve tout de suite, en effet, érale, qu Lya (a aj +ü —2) A a Anan a x % plans étrangers. Nota. — Nous ne pousserons pas plus loin les applica- tions des méthodes renfermées dans ce Mémoire à la théorie des courbes ou surfaces considérées comme enve- loppes, nous proposant d’y consacrer une étude spéciale. IL — Sur le degré de certains lieux définis par des équations particulières. Il arrive souvent, surtout dans les problèmes concernant les sections coniques, que le degré de la recherche d’un lieu conduit à ce problème : Trouver le nombre des solutions finies en p communes à deux équations de la forme : p KRO kA R=, tl) EX AU) EROSO, . . . . (2) Dans ce cas le degré cherché est évidemment égal au degré de l'équation en À obtenue en tirant de l'équation (2) la valeur de p et la substituant dans l'équation (1). — (Cela suppose toutefois que cette équation en À n’a pas de racine commune avec l’équation +, (1) = 0 ( 617 ) Conséquence. — Comme nous avons déjà prouvé que la recherche du degré du lieu des foyers de tout système de coniques représenté par une équation de la forme f(x, y, ) = 0 peut se ramener au problème en question, il en résulte qu'il sera toujours possible de donner immé- diatement, à la pure inspection de cette équation, le degré demandé. Nota I.— On peut trouver tout aussi facilement le degré du lieu des centres, etc., ete, Nota II. — D'une manière générale, lorsque p n'entrera qu'au premier degré dans l’une des équations, on simpli- fiera souvent la question en tirant de cette équatiorf la valeur de p et la portant dans les autres. : On a une application intéressante de cette dernière remarque dans la recherche analytique du degré du lieu de la polaire réciproque d’une surface donnée; dans le pro- blème des développées; dans le problème de la surface lieu des centres de courbures d’une surface du second ordre, ete., etc. (°). Sur la formule indiquant le nombre des coniques d'un système (p, ») satisfaisant à une cinquième condition, par M. L. Saltel, professeur au Lycée de la Rochelle. Dans une communication insérée aux Comptes rendus du 4 septembre, M. Halphen a montré que la formule qui indique le nombre des coniques d’un système (y, ») satisfaisant à une cinquième condition n’est pas toujours ile (*) Nous traiterons ces cas particuliers dans des communications spé- ciales 2e SÉRIE, TOME XLII. 40 ( 618 ) indépendante des quatres conditions auxquelles sont assu- jetties toutes les coniques de ce système. Depuis longtemps déjà nous avions remarqué een. chose de plus (‘) : non-seulement la formule en question est inexacte pour quelques cas particuliers, mais elle l'est - presque toujours (°*). Du moins c’est ce que nous suggère l’inexactitude des théorèmes suivants que l'on avait tou- jours crus, jusqu'ici, parfaitement exacts : 4° L'ordre du lieu des centres d'un système de coniques (u, ») est égal à v. Ce théorème n’est pas toujours vrai. Considérons, en effet, le système défini par l'équation (4) Ax? + 2Bxy + Cy? + 2) (Dx + Ey) + F +) + + See + 7 — 0, où l’on suppose que les coefficients A, B, C, D, E, F sont des nombres arbitraires donnés, le coefficient À étant le seul paramètre variable. La caractéristique p est évidemment égale à 27. D'autre part si l’on observe que les coefficients A, B, C sont donnés arbitrairement, on peut toujours supposer le binôme (B2—AC) différent de zéro, et, par suite, quel que soit À, le système ne peut jamais se réduire à deux droites confondues. Dans ce cas la caractéristique » est donc précisément égale au degré de l'équation en À qui exprime qu’une droite arbitraire, représentée par ax + by + c—0 (*) Nous croyons savoir que M. Catalan a bien voulu le faire observer au congrès de Clermont-Ferrand , où il présidait la section des sciences mathématiques. *) Depuis que ceci a été écrit nous l’avons constaté sur une foule de cas. Nous en citerons quelques-uns à la fin de cette Note. ( 619 ) rencontre la courbe (1) en deux points confondus. On trouve tout de suite (`) que ce degré est égal à 27; donc 7 = . ConcLusion. — Si le théorème en she était vrai, la courbe décrite par le centre serait du vingt-septième ordre. Or, les équations qui, pour une valeur de À, peeraa le centre étant . Ax + By + D= 0, Bx + Cy + Ea = 0, on voit que l’équation de la courbe lieu de ces centres est x (AE — BD) + y (BE — CD) = 0; ce qui montre incontestablement que la courbe en ques- tion est du premier ordre et non du vingt-septième ! (°*) 2 La formule N — 2y. — » indiquant le nombre des coniques du système infiniment aplaties est inexacte; car elle donne dans le cas actuel N — 27 et nous avons déjà fait observer qu’il n'existe pas-de telles coniques (°°). (*) La condition qui exprime que la droite représentée par ax + by +c =0 est tangente à la conique représentée par Ax? + 2Bxy + Cy! + 2Dx + 2Ey + F = 0, est (E? — CF)a? + (D? — AF)b? + (B? — AC) e + n BD) bc + CD — BE) ca + 2(BF — ED) ab (**) Le nombre des coniques du système qui ont leur centre sur une courbe d'ordre m est donc égal à m. On voit par là que le nombre y. m n'indique qu’une limite supérieure. (***) Nous faisons des réserves au sujet de l'interprétation de la courbe représentée par équation (1), pour à = Si Pon considère le système y? = 2pæ + }, on voit que la formule réci- proque N = 2y — # est aussi inexacte. ( 620 ) 3° La formule N = 5» indiquant l'ordre du lieu des foyers d’un système (p, ») n'est pas toujours exacte (J; Si Pon considère, en effet, le système défini par l'équa- tion Ax? + 2Bxy + Cy? + 2Dx + 2Ey + F = 0, où l'on suppose que les coefficients A, B, C sont des nombres arbitraires donnés, D, E, F étant des paramètres variables liés entre eux par deux relations les plus géné- rales de degrés (x, 8), on trouve tout de suite, en appli- quant notre méthode de correspondance analytique Ch que le degré du lieu en question est N= 4.0.8 (**). Or on a évidemment ici : u = «aß; v = 2a ß; donc la for- mule de M. Chasles conduit au nombre inexact N = 6. «. P. 4 La formule N= Qu + 5» indiquant l'ordre du lieu des sommets d'un système de coniques (u.v) est inexacte. Si l'on considère, en effet, le système défini dans le problème précédent, en observant que l’ensemble des deux axes est représenté par l'équation (AC — B°)[B(y° — x°) + (A — C)xy] + x (AE + 2BE — BCD — ABD — ACE) + y(ABE + CBE + ACD — CD — 2B°D) + ADE — CDE + BE? — BD°— 0, on trouve tout de suite, en appliquant la méthode de © Voir le Rapport de M. Chasles Sur les progrès de la géométrie, 258. (**) Voir le Bulletin du mois d’août 1876 de l'Académie royale de Bel- gique, p. 528, et surtout la fin de notre Addition aux applications de la loi de dospositioe qui se trouvent dans le présent Bulletin. (***) Le nombre des coniques du système qui ont un foyer sur une courbe d'ordre m est donc égal à 4.«.8.m et non à 5,v.m ( 621 ) | correspondance analytique, que le degré cherché est égal à 4.a.ß et non 8.4.5, comme le donne la formule de M. Chasles. Autres rectifications. — 1° Dans les Comptes rendus du 18 septembre, M. Fouret annonce que la formule an, + ni) (Ma + na) «se (Mm; + m), indiquant l’ordre du lieu des points dont la somme des carrés des distances à k courbes est constante, est indé- pendante de Vinclinaison des droites sur lesquelles on compte les distances. Ce théorème est évidemment faux pour les tangentes (‘), car si l’on suppose Mi = Mg = my = À > , par suite, ; Ni = Ny = e = mp0, on trouve que le lieu est du second ordre , résultat mani- festement absurde. 2 Nous sommes en mesure de prouver que toutes les formules fondamentales de la thèse de M. Maillard sont absolument fautives. ADDITION. Remarque sur la formule de M. Chasles, N= np + m» indiquant le nombre des coniques qui touchent une courbe de l’ordre m et de classe n. Rappelons d’abord la condition exprimant que les deux mm (*) Nous avons énoncé la bonne formule dans la séance du 19 avril de la Société mathématique de France, et dans notre mémoire intitulé : Applications de la loi de décomposition. ( 622 ) coniques représentées par les équations _ Ax? + 2Bxy + Cy? + 2Dx + Ey + F —0, A'x° + 2B' zy + C'y + 2D'x + 2E y + F = 0, se touchent. Cette condition est (`) (M)... 0° 0°? + 1800" AA’ — 9744"? — 40 %—4a 6 —0, où l’on a posé A = ACF + 2BDE — AFE? — CD’? — FP’, A'=A'C'F + 2B'D'E’ — A'E? —C'D? —F'B?, © = A'(CF — E’) + 2B' (ED — BF) + C’ (AF — D’) + 2D’ (BE — CD) + 2E' (BD. — AE) + F' (AC— B’), @'= A (C'F'— E’) + 2B (E'D'— B'F') + C(A'F'— D’) + 2D (B'E'— C'D') + 2E(B'D'— AE!) + F(A'C'— B”). Cela dit, considérons de nouveau le système Ax +2Bay + Cy- 2 (Dr + Ey) +F + 2 +. +7 =0, et proposons-nous de troúver le nombre des coniques de ce système qui sont tangentes à la parabole représentée par l'équation générale A's? + 2B'zy + C'y? + 2D'x + 2E'y + F'—0, . (P) où l’on suppose AC eh ee os ce ON comme on a ici g= 27, s= 27, m= n= 2, (*) Voir la pe deux dimensions de M. Salmon, traduction française, p. ( 625 ) si la formule de M. Chasles était spplisanis (‘), on devrait trouver N—4X 27: or si l’on se reporte à l'équation (M), on voit qu’elle est seulement du degré 5 X 27 en À; car © est du vingt-sep- tième degré par rapport à cette variable; 8’ est seulement, grâce à la condition (N), du premier degré; A est du vingt- septième degré; et A' est du degré zéro. NOUVEAUX RÉSULTATS. Voici quelques-uns des nouveaux résultats dont il a été question au commencement de cette note. Dans un système (u,v): 1° Le lieu des points de contact des tangentes paal- lèles à une droite donnée n’est pas toujours égal à y + ». 2 Le lieu des pieds des normales abaissées d’un point P sur les courbes du système n’est pas toujours égal à 2u TFP 3° Le nombre des paraboles d'un système de coniques n’est pas toujours égal à 7. (*) Cette formule n’est pas applicable parce que l'équation (P) n'est pas la plus générale du second degré. — Cette question nous a conduit à celte remarque : i deux des quatre conditions qui déterminent un système (x, v) sont de passer par deux points A et B, il wexiste pas de fonction de (u, 7) sanne le poma er ganges dy aeiae. que sont tangentes à une enmia ( 624 ) 4 Le nombre des coniques d’un système qui coupent à angle droit une droite donnée n’est pas toujours égal à naia . 5° Dans un système de coniques il n'existe pas toujours u hyperboles équilatères. 6° Dans un système de coniques il n’y a pas toujours 2u coniques semblables à une conique donnée. — La classe s’est constituée ensuite en comité secret pour s'occuper des listes de présentation de candidatures aux places vacantes, arrêtées par les sections en séance particulière. Cette liste sera imprimée et distribuée aux membres, à titre confidentiel, avant la prochaine séance, fixée au samedi 11 novembre. ( 625 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 23 octobre 1876. M. Farmer, directeur, président de l’Académie. M. Lracre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alph. Wauters, vice-directeur, J. Grandgagnage, J. Roulez, le baron Nothomb, L. Ga- chard, P. De Decker, J.-J. Haus , M.-N.-J. Leclercq, le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon J. Thonissen , ` Th. Juste, le baron Guillaume, Félix Nève, Ém. de Lave- leye, G. Nypels, Alph. Le Roy et A. Wagener, membres ; J. Nolet de Brauwere Van Steeland, Auguste Scheler, Alph. Rivier et E. Arntz, associés; Ferd. Loise, Stan. Bormans et Ch. Piot, correspondants. M. P.-J. Van Beneden, membre, et M. Éd. Mailly, correspondant de la classe des sciences, ainsi que M. L. Alvin , vice-directeur de la classe des beaux-arts , assistent à la séance. Å CORRESPONDANCE. La classe apprend avec regret la mort de M. George Pertz, conseiller intime, bibliothécaire en chef honoraire de la Bibliothèque royale de Berlin , décédé récemment à Munich à l'âge de 82 ans. M. Pertz était associé depuis le 11 janvier 1847. ( 626 ) — M. le Ministre de l'Intérieur transmet une expédition de l'arrêté royal du 16 août dernier, qui décerne, confor- mément à la décision du jury, le prix triennal de littéra- ture dramatique française, pour la période de 1873-1875, à M. Henri Delmotte, pour sa comédie : Le talent de ma fille. — M. le Ministre de l'Intérieur envoie, pour la biblio- thèque , un exemplaire des ouvrages suivants : 1° De l'origine et des premiers développements des libertés communales en Belgique, dans le nord de la France, etc., par Alph. Wauters. Preuves. [n-8°; 2° Platon et Aristote. Essai sur les commencements de la science politique. Thèse d’agrégation, par É. Van der Rest. In-8°; 3° Tableau synoptique des archives de l’État dans les pro- ` vinces. In-4°; 4° La Pacification de Gand et le sac d An- vers, par Th. Juste. In-8°; Documents et rapports de la Société paléontologique et. archéologique de Charleroi, . tome VII. In-8°; 5° Avesta, livre sacré des sectateurs de Zoroastre, traduit du texte par C. de Harlez, tome H. In-8°; 6° Woordenboek der Nederlandsche taal. 2° reeks, 9e aflev. gr. in-8°; 7° Inventaire des archives de Malines, par P.-J. Van Doren, t. VI. In-8°. — Les établissements suivants remercient pour le der- nier envoi annuel des publications académiques : les bibliothèques de Paris, de Berlin, de Dresde, de Gotha, de La Haye, les universités de Giessen, d'Heidelberg, de Leipzig, de Vienne, de Wurtzhourg, le Bureau de statis- tique de Budapest, l’Académie royale d'histoire de Ma- drid, la ville et la Société de géographie de Genève. MM. Leemans, De Vries, Vreede et Alberdingk Thym, associés, accusent réception du même envoi. ( 627 ) — La classe reçoit les hommages d'ouvrages suivants au sujet desquels elle vote des remerciments aux auteurs : 1° Discours prononcé ; d juillet 1876 à l'assemblée générale de la Société roy tique de Bruxelles, par M. R. Chalon. In-&. 2° Géographie et histoire des communes belges (canton de Tirlemont), par M. Alphonse Wauters. In-8°. 5° Des éléments étrangers du mythe et du culte indiens de Krichna, par M. Félix Nève. In-8°. 4 M. Laurens Pieter van de Spiegel en zijne tijdge- nooten (november 1786-december 1794), par M. C. Vreede. In-8°. 5° Monuments égyptiens du Musée néerlandais danti- quités à Leide, 27° livraison, par M. C. Leemans. In-4°. 6° Lineamenti di pratica legislativa penale, esposti mediante svariate esemplificazioni; — Pensieri sul pro- getto di codice penale italiano del 1874. — Programma del corso di diritto criminale, parte generale (4° edizione con aggiunte, 1871); parte speciale, vol. V, par M. Car- rara. 4 vol. in-8°. ( Présenté par M. G. Nypels.) 7° Discovrs contenant le vray entendement de la Paci- fication de Gand, de l’Vnion des Estats r et aultres traic- tez, etc., par MM. Ferd. Van der Haeghen et J. Stecher. In-8°. (Présenté par M. Alph. Le Roy.) 8° Novella morale del secolo xıv, par M. Giovanni- Papanti. In-8°. (Présenté par le même.) 9o Discours inaugural et rapport du recteur à la réou- verture solennelle des cours de l’Université de Liége (1875- 1876), par M. V. Thiry. In-8°. (Présenté par le même.) 10° Petit album de l’âge du bronze en Grande-Bre- tagne, par John Evans; petit in-4°. (Présenté par M. R. Chalon.) ( 628 ) 44° Des associations coopératives de consommation, par M. Antony Roulliet. In-12; 12° De toren van S. Rombautskerk, 2% aflevering , par M. Steurs. In-8°. 13° Rapports lus le 25 décembre 1850 et le 10 jan- vier 1854, au res communal de Louvain , par M. de Luesemans; 2 br. in-8°. Les notes lues je MM. Nypels et Le Roy a au sujet des ouvrages de MM. Carrara, Van der Haeghen et Stecher, et Papanti figurent ci-après. — Le conseil de l’ordre des avocats près la cour d'appel de Lucques adresse une liste de souscription pour offrir une médaille au professeur Carrara, associé de la classe. — L'Académie de Stanislas, à Nancy, envoie le dernier volume de ses Mémoires. — M. de Ceuleneer, lauréat de l’Académie en 1874 pour son mémoire sur Septime Sévère, restitue son tra- vail qu’il a été autorisé à revoir. MM. Roulez, Wagner et Nève sont chargés d'examiner les corrections apportées par l’auteur. — M. le secrétaire perpétuel annonce qu'il a adressé aux membres et aux correspondants, en vertu de l'ar- ticle 18 du règlement, une circulaire pour leur demander s'ils ont Pintention de faire des lectures pendant l'année. — Il fait savoir ensuite que l'administration commu- nale de Louvain avait invité M. le président de l’Académie à assister à l'inauguration du monument Van De Weyer, qui a eu lieu le 1° octobre. ( 629 ) Une nr composée de MM. Gevaert, Juste, Liagre , Montigny et Mailly, représentant l’Académie, s’est rendue à Louvain pour assister à la cérémonie. — Sur la proposition de M. le baron Kervyn de Letten- hove, secrétaire de la Commission pour la publication des œuvres des grands écrivains du pays, la classe remet à la prochaine séance le remplacement de M. Adolphe Mathieu, comme membre de cette Commission. RAPPORTS. — MM. le baron Kervyn de Lettenhove, Wauters et Scheler donnent lecture de leurs rapports sur un projet de Bibliographie belge, par M. F. Van der Haeghen , biblio- thécaire de l’Université de Gand, projet qui a été commu- niqué à la classe par M. le Ministre de l’intérieur. « La proposition que M. Van der Haeghen a adressée au Gouvernement, dit M. le baron Kervyn de Lettenhove, intéresse à un haut degré la science et les lettres, et nous trouvons dans la Bibliographie gantoise le gage du soin et de Pérudition qui présideraient à ce nouveau travail. Tou- tefois, plus l’œuvre à entreprendre est vaste et impor- tante, plus il est nécessaire d'en déterminer le cadre avec une rigoureuse méthode et d'en indiquer nettement les bases. A notre avis, la publication dont le projet est soumis à la classe des lettres , doit comprendre trois par- Lies principales : » 1° D'abord la série de tous les ouvrages consacrés spécialement à la Belgique, quels qu’en soient les auteurs et quel que soit le lieu de l'impression; 2° la série de tous les ouvrages publiés par les auteurs belges, avec les ( 650 ) diverses éditions qui en ont été faites, quel que soit le lieu de l'impression, et 3° la série de tous les ouvrages imprimés en Belgique. Si le même ouvrage se retrouvait dans plusieurs séries, on se bornerait à faire un renvoi à la première analyse qui en aurait été donnée, et l'on majou- terait l’indication du dépôt où le livre est conservé, que lorsqu'il s’agit d’incunables ou de publications rares en dehors des incunables. » Le but à atteindre n’est point de fondre en un seul catalogue les varia de nos bibliothèques publiques. Il est bien plus élevé, car il tend à déterminer exactement ce qui constitue le patrimoine national dans les travaux dont la Belgique a été l'objet, et dans ce qui est dû, soit à nos écrivains, soit à nos imprimeurs. La première série, en réunissant tout ce qui a été écrit sur notre pays, présen- terait des éléments utiles à consulter, dans tous les ordres d'idées, pour les érudits, étrangers ou belges, qui mettent en lumière ses titres à l'estime des autres nations. La seconde ferait connaître quelle merveilleuse fécondité lit- téraire a signalé nos provinces dès les temps les plus re- culés ; et l’on verrait enfin, en arrivant à la troisième, que lorsque la typographie devint le moyen de répandre et de vulgariser la science, nos imprimeurs se placèrent aussi haut que nos érudits. » M. le baron Kervyn de Lettenhove, auquel se rallient MM. Wauters et Scheler, termine son rapport en propo- sant à la classe d'émettre , sous ces réserves, un avis favo- rable au projet de M. Van der Haeghen. La classe a adopté cette proposition qui sera communi- quée à M. le Ministre. nd à ke On haald (631) COMMUNICATIONS ET LECTURES. ee M. Stanislas Bormans donne lecture d’un travail Sur l’origine des libertés communales à Namur. Comme cetle communication fait partie d’un ouvrage que M. Bormans se propose de publier, il n’en demande pas l'impression dans les Bulletins. La classe lui vote des remerciments pour cette intéressante lecture. Sur les dernières publications de M. Carrara, associé de l’Académie, à Pise; par M. G. Nypels, membre de l'Aca- démie. Un des associés les plus éminents de la classe- des lettres, M. le professeur F. Carrara, de Pise, me confie l’agréable mission de présenter à l'Académie quatre volumes sur lesquels je me permets d’appeler l'attention de ceux de nos confrères qui s'occupent plus particulièrement d’études juridiques. Le droit criminel (c'est le sujet de ces volumes) a tou- jours été cultivé, en Italie, avec une prédilection particu- lière. Les jurisconsultes de ce pays ont, les premiers, envi- sagé cette partie du droit comme une science à part, dis- tinete des autres parties du vaste domaine des sciences juridiques. C'est aux successeurs immédiats des premiers glossa- teurs qu’on doit les premiers Traités dogmatiques spé- ciaux sur le droit criminel. Dès la fin du treizième ( 652 ) siècle, ALBERTO GANDINO, de Crémone, écrivait son Libel- lus de Maleficiis, et dans les deux siècles suivants paru- rent successivement les Traités de BONIFACIUS DE VITALINIS, de Bezvisio, de MarsiLuis, d ANGELO ARETINO et d’autres encore, tous désignés, dans l’histoire de la science, sous la dénomination générique de Criminalistes italiens du moyen áge. | Ces Traités primitifs devinrent le point de départ des grands recueils de Decisiones, publiés dans le cours du seizième siècle, par les Menocius, les Jurus Crarus, les Farmacoius, les Bossius, les Decianus, etc., et ces recueils eux-mêmes, avec les ouvrages de notre DAMHOUDER et les commentateurs des ordonnances françaises, ont été, jusqu’à la fin du dix-huitième siècle, la base de la jurisprudence criminelle européenne. Lorsque arriva le moment où la législation criminelle allait subir une transformation complète, l'influence des eriminalistes italiens fut encore prépondérante. Alors, nous rencontrons les noms célèbres de Beccaria et de FILAN- GIERI; ceux de CREMANI, de Renazzi, de Pacano et de plu- sieurs autres. Au commencement de ce siècle, quand le mouvement de réforme dans la législation a déjà fait de grands pro- rès, les Romacnosr, les Carmienanr, les NiccoLiNt, trois noms illustres dans la science, publient, sur le droit pénal ou la procédure pénale, leurs grands traités qui sont restés classiques. Enfin, de nos jours, plusieurs eriminalistes continuent, avec un succès incontestable, l’œuvre de leurs prédéces- seurs. Aux principales universités, le droit criminel a pour interprètes des hommes dont les ouvrages sont connus de ce côté des Alpes; à Naples c'est M. E. Pessina; à Pise, ( 653 ) M. Carrara; à Bologne, M. P. ELLERO; et, en dehors des universités, plusieurs écrits dus à des magistrats, à des avocats, témoignent de l’intérét que les Italiens continuent à attacher à l'étude scientifique du droit répressif (1). Je pourrai, un jour, si l’état de mes yeux me le permet, entretenir plus amplement la classe de cette grande école italienne dont les traditions remontent jusqu’au treizième siècle. Un mot maintenant sur les volumes que j'ai mission de déposer sur le bureau. C’est d’abord le 1‘ volume de la 4° édition du Pro- gramma del corso di diritto criminale. Ce livre, modes- tement intitulé Programma, est en réalité un excellent traité, complet et approfondi, de droit pénal. Il ne com- prend pas moins de 8 volumes. La 1"° édition a paru vers 1860. Quand un ouvrage de cette étendue arrive à sa 4° édition au bout de seize ans, c'est un indice incontes- table de sa haute valeur. M. Carrara, élève de l’illustre Carmignagni, est, en effet, aujourd’hui un des criminalistes éminents de notre époque , et personne, dans sa patrie ou ailleurs, ne lui conteste ce rang. A ce volume est joint le tome V de la 3° édition du même Programma, qui manquait à l’exemplaire de la biblio- thèque de l’Académie et que M. Carrara a bien voulu, sur ma demande, nous envoyer. Le second ouvrage que nous adresse M. Carrara est in- titulé : Lineamenti di pratica legislativa penale esposti (1) Je citerai, comme exemple, une brochure de M. l'avocat L. ZuPETTA, publié antérieurement sous le titre de : Metafisica della scienza delle leggi penali, et devenue aujourd'hui un Corso completo di diritto penale comparato, en 4 vol. in-8°, me SÉRIE, TOME XLII. Al ( 654 ) mediante svariate esemplificazioni, 1874, in-8° de 442 ages. — C’est, non pas un traité, mais un essai, ou plutôt un choix de préceptes appuyés d’exemples d'application, sur Part de rédiger les lois pénales. Dans son Traité de droit pénal, Rossi arrive à cette conclusion peu encourageante, qu'il wy pas de règle immuable à établir sur l'art de rédi- ger les lois pénales. M. Carrara ne partage pas celle ma- nière de voir; il pense, au contraire, que cet art peut être soumis à des règles fixes, comme tout autre art. Dans l’état actuel de nos connaissances, dit-il, il n’est pas en- core possible d'établir ces règles, mais on peut rassembler les matériaux qui permettront de les déduire plus tard, par observation. C'est ce travail préparatoire qu'a entre- pris le savant professeur de Pise, dans le volume qu'il adresse à l’Académie. C'est un livre tout à fait original, Proles sine matre creata, et digne de attention des légis- lateurs de tous les pays. Le dernier volume qui nous est adressé se rapporte à l'unification de la législation criminelle italienne, œuvre qui a rencontré, jusqu'à présent, des difficultés locales presque insurmontables. M. Carrara examine, la plume du critique éclairé à la main, le dernier projet (c’est le 3°) de code pénal, présenté naguère au Sénat, par le Ministre de la Justice Vigliani. Tout en reconnaissant les grandes qualités de ce projet, M. Carrara relève vivement, et avec raison, plusieurs défauts qu'avaient su éviter les auteurs des projets précédents. Le projet Vigliani a été discuté en entier et volé, avec des modifications, par le Sénat, dans la session de 1874-1875; il est soumis, en ce moment, à la Chambre des députés. Pi etn gd res nt TD id Ear VA Pe he ( 655 ) — M. Alphonse Le Roy, en offrant, au nom des éditeurs MM. Ferd. Van der Haeghen, bibliothécaire de l’Université de Gand, et J. Stecher, professeur à l’Université de Liége, l'ouvrage intitulé : « Discours contenant le vray entendement de la Pacifi- CATION DE GaND, de l’Union des Estats, et aultres traictez y ensuyviz, touchant le faict de la religion, par lequel est clairement monstré que la Religions-Fridt ne repugne pas ny ne contrarie aucunement à ladicte Pacification, Union, etc., » lit la note suivante : « C’est la réimpression intégrale, le véritable fac-simile d’une brochure politique datée de 1579, sans indication de ville ni de nom d'imprimeur. Le texte est absolument conforme à celui du n° 412 de la précieuse collection Isaac Meulman (Catalogus van Tractaten, Pamfletten, enz., récemment acquise par la Bibliothèque de Gand. _M. Stecher, dans une notice placée à la fin du volume, s’est attaché à faire ressortir le caractère exceptionnelle- ment élevé et philosophique de cette œuvre anonyme : « Le style de ce « livret » n'est pas assez régulier pour que l’on songe à celui de Marnix; mais si la phrase est lourde et parfois mal équilibrée , la pensée rappelle souvent l'énergie du secrétaire du Taciturne. L'auteur, qui paraît être un avocat bruxellois au service des États généraux, s'attache à démontrer qu’ils se sont loyalement inspirés de la Pacification de Gand , en proposant la Paix de religion, le 24 juillet 1578 : « Chacun, disait l'article 1°", en ce qui touche les deux religions, peut demeurer libre et franc, selon qu’il en veut répondre devant Dieu. » Cette noble déclaration de la liberté des consciences, promulguée ( 656 ) plus largement encore par la Constitution belge de 1851, avait été pressentie par les auteurs de la tolérance provisoire conclue à l'hôtel de ville de Gand , le 8 novembre 1576. » our biere de faire apprécier l'intérêt ut qui s'attache à cette FRERE de bibliophiles, M. Stecher ajoute : « Au cours de cette dissertation se rencontre une des plus anciennes réfutations de la politique d’Aristote. Les païens ne sont jamais parvenus à distinguer nettement la religion d’avec la politique. Les chrétiens doivent le faire, puisque leur royaume n’est pas de ce monde. La Paix de religion, proclamée à Bruxelles, est done conforme au plus pur esprit de l'Évangile, puisqu'elle interdit au pou- voir civil de forcer les consciences. » ( 637 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. ————— Séance du 19 octobre 1876. M. Gevaert, directeur. _M. Lracre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. Alvin, vice-directeur; L. Gallait, G. Geefs, Jos. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Edm. De Busscher, J. Portaels, Alph. Balat, le chevalier L. de Bur- bure, J. Franck, G. De Man, Ad. Siret, Julien Leclercq, Ernest Slingeneyer, Alex. Robert, G. Guffens, membres. M. Montigny, membrede la classe des sciences, M. Mailly, correspondant de la même classe, et M. Piot, correspondant de la classe des lettres, assistent à la séance.. CORRESPONDANCE. — M. le Ministre de l'Intérieur écrit que le projet d’un établissement à Rome pour les lauréats des grands con- cours, pensionnaires de l’État, auquel se rapportent les lettres académiques des 4 juillet 1874 et 25 juillet 1876, n’a pas été perdu de vue par son Département. « Cette question, ajoute-t-il, qui touche par plus d'un côté aux intérêts du haut enseignement des beaux-arts en ( 658 ) Belgique, sera examinée attentivement en même temps que toutes celles qui, en cette matière, s'imposent à la sollieitude du Gouvernement. » En effet, les résultats des derniers grands concours ont démontré la nécessité d’une réorganisation de l'ensei- gnement supérieur des beaux-arts. » D'un autre côté, les règlements des grands concours eux-mêmes, malgré les changements récents qui y ont été apportés, devront aussi subir prochainement des modifi- cations en vue de l'application des fonds provenant du legs Godecharle. » Ces points devront être résolus au préalable; ce ne sera qu'ensuite que le Gouvernement pourra vous faire connaître ses intentions relativement à la question indiquée dans vos deux communications antérieures. » La classe vote à ce sujeLila prise en considération d’une proposition dont M. Portaels donne lecture, et qui a pour but de réformer les grands-concours de manière à espérer, dit-il, des résultats plus satisfaisants que ceux obtenus en dernier lieu. En conséquence, la lettre de M. le Ministre et la propo- sition de M. Portaels sont renvoyées à la Commission chargée de s'occuper de tout ce qui concerne les prix de Rome, qui fera ensuite son rapport à la classe. _— M. Adolphe de Doss, directeur de musique, prêtre de la compagnie de Jésus, au collége S'-Servais, à Liége, écrit qu'il est l’auteur de la messe adressée, sous la devise Cantabo Domino, qui a pris part au dernier concours de musique de la classe. Il déclare, en même temps, qu'il accepte le prix d'encouragement de 500 francs, accordé à cette messe, et témoigne ses remerciments à ce sujet. ( 659 ) MM. Henri Vandeveld et Jean Baes expriment également leurs remerciments pour le prix décerné en partage à leur projet d'architecture. Ils demandent, en outre, à pouvoir être dispensés de l'obligation de fournir une réduction de leur œuvre. La classe, en présence de son règlement, décide qu’elle ne peut faire droit à cette demande. rs © RAPPORTS. Conformément à l’article 15 du règlement des grands concours dits prix de Rome, la classe avait renvoyé à l'examen de MM. Balat et De Man les 12° et 15° rapports semestriels de M. Dieltiens, lauréat pour l'architecture. M. Balat fait remarquer que le Bulletin de la séance du mois d’août attribue erronément aux deux commissaires le rapport lu dans cette séance par M. De Man. Il wa pas, dit-il, signé ce rapport, qui est l’œuvre personnelle de son collègue. La classe décide qu'il sera fait droit à la réclamation de _M. Balat. — A la suite d'une communication de M. le Ministre de l'Intérieur concernant M. De Coster, lauréat du dernier grand concours d'architecture, l'examen de son premier rapport semestriel soumis à MM. Balat et De Man n'aura pas lieu. Ce rapport sera déposé dans les archives de l'Académie. ( 640 ) PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1878. Les quatre sujets littéraires suivants sont adoptés pour ce concours : PREMIÈRE QUESTION. Rechercher les origines de l’école musicale belge. Démon- trer jusqu’à quel point les plus anciens maîtres de cette école se rattachent aux déchanteurs français et anglais du XIF, du XIT et du XIV: siècle. DEUXIÈME QUESTION. Faire l'histoire de la céramique au point de vue de l'art, dans nos provinces, depuis l’époque romaine jusqu'au XVIII siècle. TROISIÈME QUESTION. Faire l’histoire de l’école de gravure sous Rubens. Donner un aperçu historique sur les éditeurs des pro- duits de cette école et sur l’exploitation commerciale con- temporaine qui fut faite de ces gravures dans tous les pays. QUATRIÈME QUESTION. Déterminer les caractères de l'architecture flamande du XVI et du XVII siècle. Indiquer les édifices des Pays-Bas dans lesquels ces caractères se rencontrent. Donner l'analyse de ces édifices. La valeur des médailles d'or, présentées comme prix . ( 641 in pour chacune de ces questions, est de mille francs pour la première et pour la quatrième et de huit cents francs pour la deuxième et pour la troisième. Les mémoires envoyés en réponse à ces questions doi- vent être lisiblement écrits et peuvent être rédigés en fran- çais, en flamand ou en latin. Ils devront être adressés, francs de port, avant le 1° juin 1878, à M. J. Liagre, secrétaire perpétuel de l’Académie. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage ; ils n’y inscriront qu'une devise, qu'ils reproduiront dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Faute par eux de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé. Les ouvrages remis après le terme prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours. L'Académie demande la plus grande exactitude dans les citations; elle exige, à cet effet, que les concurrents indi- quent les éditions et les pages des ouvrages qui seront mentionnés dans les travaux présentés à son jugement. Les planches manuscrites seules seront admises. L'Académie se réserve le droit de publier les travaux couronnés. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que les manuscrits des mémoires soumis à son jugement restent déposés dans ses archives comme étant devenus sa pro- priété. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au secré- taire perpétuel. — D'après le roulement établi, selon Particle 15 du règlement de la classe, les sections de peinture et de gra- (642) - : vure sont chargées de présenter chacune, lors de la pro- chaine séance, un sujet d'art appliqué à mettre au concours pour l’année 1878. == COMMUNICATIONS ET LECTURES. + me mn t L'ordre du jour de la séance appelle la classe à s'occuper de la motion de M. Alexandre Robert sur les dispositions à prendre pour garantir aux artistes la propriété de leurs œuvres. M. Gallait donne lecture d’une note sur l'état de la légis- lation concernant cette question. | Cette note sera imprimée et communiquée aux membres avant la prochaine séance, à l’ordre du jour de laquelle figurera la discussion précitée. _ Les objets précieux emportés de Belgique en Allemagne pendant l’année 1794, notice par M. Ch. Piot, corres- pondant de l’Académie. Avant de s’appartenir à elle-même, la Belgique subit le triste sort d’être exploitée, à partir du XVI° siècle, par les gouvernements étrangers appelés à diriger ses intérêts politiques, matériels et moraux. Jamais l'Espagne né se fit serupule de céder des parties considérables de notre territoire, quand il s'agissait de sauvegarder le sien. L’Autriche sacrifiait volontiers notre commerce à un intérêt dynastique. Nos finances étaient particulièrement l'objectif des spéculations intéressées de ( 645 ) cette puissance (1). Pendant ses querelles avec les rois d’Espagne et la maison d’Autriche, la France envahissait nos provinces, toujours dépourvues de défense. Elle les pillait et les rançonnait à sa guise. Si, en fait d'exploitation, les moyens différaient, bien souvent ils se ressemblaient quand il s'agissait de s'empa- rer de nos objets d'art. L’astuce et la violence étaient mises en ceuvre tour à tour par nos ennemis et par nos amis. Que de chefs-d'œuvre enlevés à la Belgique, nim- porte sous quel prétexte, allèrent garnir les palais et les musées d’Espagne, d'Autriche et de France. Il y aurait des volumes à écrire sur ces enlèvements et sur les moyens employés à cet effet. Nous entretiendrons seulement la classe de quelques renseignements au sujet des objets précieux emportés de Belgique en Allemagne à la suite de la défaite qu'essuyè- rent les Autrichiens à Fleurus, le 26 juin 1794. Parler d'objets précieux d'autrefois, c’est entrer dans le domaine de l'art. L'émaillerie et la ciselure jouaient pen- dant le moyen âge et à l’époque de la renaissance un rôle important dans la confection des bijoux, des objets néces- saires au culte et des ustensiles de ménage. Les restes encore conservés des anciens trésors de nos églises, de nos monastères, de nos gildes, le constatent d’une manière formelle. Généralement les orfévres étaient sculpteurs, graveurs et artistes émailleurs. On ne comprenait pas à ces époques un objet en métal précieux sans art. Le clinquant des temps modernes n’était pas mieux connu de nos pères, que la loterie du lingot d’or, symbole brutal des tendances de notre siècle, (1) Publicola-Chaussart, Mémoire historique, p. 285. ( 644 ) C'est spécialement aux invasions des armées françaises, en 1792 et en 1794, que l’on attribue la disparition de nos objets d’art, et les actes de vandalisme exercés dans notre pays. Mais les Français sont-ils les seuls coupables, et les traditions concernant leurs rapts ne sont-elles pas par- fois exagérées ? Nous n’en doutons plus après avoir lu différents documents authentiques de cette époque. Les Autrichiens y eurent une part bien large, et les émigrés belges, avouons-le sincèrement, y contribuèrent égale- ment. A la nouvelle du désastre de Fleurus, les Autrichiens enlevèrent le trésor de l’État, les archives, les objets pré- cieux, les deniers consignés par les particuliers aux greffes des tribunaux. Au milieu d’un effroi, impossible à décrire, des fonctionnaires, des ecclésiastiques, des particuliers, désireux d'échapper à la domination de la France, dépo- sèrent leurs objets les plus précieux dans les fourgons du gouvernement. Selon le livre du chevalier de Vivenot, intitulé : Thugut, Clerfayt und Wurmser, il y avait à Bruxelles un désordre tel, que chacun faisait ce qu'il voulait (1). Les Belges n'avaient pas oublié les vols de l’argenterie de nos églises pendant la conquête de 1792. Ils voulurent se prémunir contre ces enlèvements frauduleux, dont le général Dumourier se plaignait amèrement dans une lettre adressée, le 12 mars 1793, à la Convention nationale, et qui soulevèrent d'indignation Murat lui-même (2). Cent soixante livres de matières d’or et d'argent, provenant en a 0) Einleitung, pp. XLIV et suiv. kl aussi Vivenot, Vertrauliche Briefe des Freihernn von Thugut, t. H, p. 2 (2) Borgnet, Histoire des Belges, t. K p. 258, ( 645 ) ` grande partie d'églises belges, avaient été envoyées, en un jour (9 septembre 1795) à la Monnaie de Paris. Les sans- culottes enfoncèrent les portes de nos églises. Chacun volait ce qu’il pouvait (1). Les souvenirs de ces pillages engagèrent les chefs des établissements religieux et civils les plus riches d’user largement, après la bataille de Fleurus, de la faculté accor- dée par les Autrichiens, de faire transporter en Allemagne les objets précieux. Archives, titres, numéraire, bijoux, objets en métaux précieux, enfin tout ce qui pouvait être transporté facilement et enlevé avec précipitation prit le chemin du Rhin dans les voitures de l’État (2). Tout le trésor de la Toison d’or, y compris les magnifiques bro- deries et la célèbre châssé de saint André, œuvres splen- dides de Fart flamand, s’en alla à Vienne. Toute la riche vaisselle de la chapelle royale de Bruxelles, ayant une valeur intrinsèque de 14,866 florins, partit pour Ratis- bonne. Cette vaisselle, restant de celle que les Français n’avaient pas fait fondre pendant la dérnière conquête, se trouvait encore dans la ville impériale en juillet 1794. Limpens, fonctionnaire belge émigré, en proposa la fonte au gouver- nement autrichien, comme la République française l'avait fait en 1795 (5); tant il est vrai de dire que les extrêmes se touchent. Nos ennemis demandaient la destruction des objets en métaux précieux appartenant à la Belgique dans un but révolutionnaire. Nos amis préconisaient la même (1) Levae, Les jacobins et les patriotes, pp. 338 et suiv. (2) Protocole du département, séance du 7 octobre 1798, n° 111, aux Archives du royaume. (3) Protocole du 50 juillet 1794, n° 521, ibid. ( 646 ) mesure dans un but conservateur. Les moyens et les résultats étaient les mêmes; le but seul différait. La proposition de Limpens souleva d’abord des seru- pules; mais elle fut enfin adoptée et mise à exécution (1). Quelques pièces d’argenterie, déposées à la chapelle de Académie Thérésienne à Vienne, échappèrent à la des- truction; d’autres furent vendues au mont-de-piété en cette ville (2). Le reste fut fondu. A Wesel, le chanoine Warnouts avait déposé les objets les plus précieux du chapitre de Sainte-Gudule à Bruxelles, tristes restes de ceux que les Français avaient enlevés en 1795 (5). Ces objets, disaient les conseillers de l’empereur, sont sous l'autorité de Sa Majesté. Elle a le droit de ne pas les laisser rentrer sous la puissance de lennemi (4). Suivant ce conseil, le gouvernement s'empara de ce trésor et il allait le faire passer au creuset, lorsque, par suite de la signature de la paix avec la France, il fit surseoir à la fonte. L'administration décida de le conserver à titre de dépôt, dans le but de le rendre au propriétaire. L'a-t-elle fait? Nous n’avons pas trouvé de traces d’une restitution semblable. Le gouvernement autrichien se mit ensuite en posses- sion de tous les objets précieux provenant d'églises, et déposés par les fuyards dans les fourgons destinés au trans- port des archives, après la bataille de Fleurus. C'était, ` disait-il, son droit; c'était la conséquence nécessaire d'une présomption de la loi (5). (1) Protocole du 9 nov. 1796, n°s 5, 6, 7 et 8, (2) Protocole du 7 octobre 1798, n° 111. (5) Journal historique et littéraire, n° 1 du 1°r mai 1795 (4) Protocole des 25 juillet et 1er août 1796. (5) Protocole du 28 septembre 1796. ( 647 ) Le véritable motif était celui-ci. Il fallait trouver de l’argent n’importe où, depuis que les négociations d’un emprunt à Londres et à Amsterdam ne présentaient au- cune chance de succès, et les subsides accordés par l'An- gleterre ne suffisaient pas aux frais de la guerre. Selon les termes d’une décision prise par la direction des finances allemandes, tous ces ‘objets devaient être remis à la Monnaie et servir aux besoins de l’État, si les propriétaires ne justifiaient pas de leurs droits et s’ils ne payaient pas les frais de transport (1). Ce principe ne fut pas appliqué seulement aux objets provenant d'églises, il le fut également à ceux apparte- nant à des corporations civiles , et recueillis dans les voi- tures de l’État. En vertu de cette décision on fondit les vaisselles du serment de Saint-Sébastien à! Malines, une des gildes les plus riches du pays. Une grande partie du : trésor de l’église Notre-Dame à Hal, dont nous avons donné la description ailleurs (2), passa également au creuset. Quant aux perles fines qui provenaient de ce trésor, elles furent mises en dépôt à la trésorerie du département des Pays-Bas (5). C'était la seconde fois que cette magnifique collection d'objets d'art donnés par nos souverains et des princes étrangers fut mutilée par la fonte. En 1552 une grande partie du trésor fut détruite pour la convertir en mon- naies dans l'atelier d'Anvers. On fit ainsi passer au creuset la statuette en pied de Philippe le Bon et celle du Téméraire à cheval, une tête d’or, des vases d’or et d'argent (4), etc. (1) Protocole du 9 novembre 1796 et du 7 octobre 1798. (2) Bulletin des Commissions righ et d'archéologie, t. I, p. 190. (5) Protocole du 7 octobre 1798, (4) Compte rendu des séances i la Colin royale d'histoire, 3e série, t. XIII, pp. 45 à 47 ( 648 ) Le gouvernement fit aussi des perquisitions très-actives dans le but de découvrir les vaisselles appartenant à diffé- rentes églises de la Belgique et déposées entre les mains de l’abbé de Saint-Ghislain. Ce dépôt, évalué à 150,000 florins, valeur intrinsèque, lui échappa longtemps. La chasse faite par les Autrichiens aux effets précieux sortis de la Belgique souleva bientôt une question de droit. Les établissements religieux auxquels appartenaient les effets emportés en Allemagne par les émigrés avaient été supprimés par les autorités françaises. Ces trésors, évalués par le gouvernement autrichien à une valeur intrinsèque de 300,000 florins (1), à qui devaient-ils échoir lorsque les dépositaires venaient à mourir en Autriche? En présence du texte de la loi, les tribunaux auraient décidé en stirct droit la question en faveur de l’État, auteur de la suppres- sion. À en croire le gouvernement autrichien, rien n ’était moins fondé. Il avait sous ce rapport une théorie bien dif- férente et conforme surtout à ses intérêts. Selon sa manière de voir, c'étaient des épaves, qui devenaient à ce titre la propriété de l'État, c'est-à-dire de l’Autriche. Lorsque Ghislain Van Havermaet, abbé de S'-Adrien, à Grammont, vint à mourir en la ville de Donaueschingen (6 février 1799), on trouva dans la succession du prélat des ornements sacerdotaux splendides, des lingeries flamandes superbes, des objets de grand prix et des archives remar- quables. Le tout fut confisqué au profit du gouvernement autrichien en vertu du droit d’épave. Dans un mémoire longuement développé, les conseillers de l'empereur sou- tenaient que les biens, effets, meubles et immeubles, prove- nant d’un établissement supprimé, appartenaient, à titre meme (1) Protocole du 7 octobre “*98, n° 111. DEET EN ee Te ren L ( 649 ) d’épaves, au souverain, sous la domination duquel ils se trouvaient. Ce droit, dont le principe était très-contes- table, fut pratiqué à chaque occasion. Le gouvernement le mit spécialement à exécution en tout ce qui concernait la succession de l’abbé Van Haevermaet. Une seule difficulté l’arrêta. Elle fut immédiatement levée. La châsse de saint Adrien, œuvre d’art magnifique(1), devait passer au creuset, comme tous les autres objets composés de métaux hs Que faire des reliques? L’auditeur Chiris fut chargé de s’en- tendre avec un prêtre quelconque d’une église de Vienne, à laquelle « les reliques seraient remises en cadeau avec la » décence qu’il appartient; dit le conseiller chargé de faire » le rapport, pour ne pas confondre le sacré avec le pro- » fane (2). » Le profane, c'était la châsse ou plutôt la valeur intrinsèque de cet objet, évalué à 1,588 florins. Le sacré, c'était la relique de saint Adrien, mentionnée par les Bénédictins dans leur voyage littéraire, mais sans valeur vénale. C’est ce qui explique très-bien ce projet empreint d’une fausse générosité. Enfin, tout le trésor du monastère de S'-Andrien, taxé à 4,960 florins, valeur intrinsèque, passa au'creuset. Ces objets d'art, dont M. De Portemont (5) donne une longue nomenclature, sans savoir ce qu’ils sont devenus, furent convertis en bon numéraire autrichien, frappé au type des Pays-Bas et gravé par le célèbre Van Berckel. L'application du principe de l'épave souleva cependant des doutes au moment du décès du curé d'Ostende, nommé (1) De Portemont, Recherches hist. sur Grammont, t. LE, p. 191. (2) Protocole des 5 avril et 6 août 1801. (5) Deportemont, ibid., t. I, pp. 191 et suiv. 2e SÉRIE, TOME XLII 42 ( 650 ) Maertens, et de l’abbé des Dunes. Le premier mourut à Hambourg, le second à Altona, par conséquent dans des territoires non soumis à l'autorité directe de l'Autriche. Malgré cette circonstance, les agents du gouvernement autrichien s’emparèrent des trésors emportés par ces deux ecclésiastiques. Maertens était dépositaire des objets en métaux précieux appartenant à son église; l’abbé des Dunes avait emporté ce qu'il y avait de plus important dans son monastère. Appelé à examiner les droits de l'Au- triche sur ces prétendues épaves, le baron de Thugut, ministre des affaires étrangères, décida que son gouverne- ment n’avait rien à réclamer de ces successions, et qu'en vertu du principe général, elles appartenaient au souverain sur le territoire duquel le curé et l’abbé étaient décédés. Au surplus, la succession du curé Maertens n'avait pas une bien grande importance. Dénué des ressources néces- saires à son existence, cet ecclésiastique, possesseur d’une quantité considérable de métaux précieux, n'avait pas cru devoir suivre l'exemple de l’âne de Diderot, mort de faim entre ses deux picotins d'avoine. Entre la misère la plus affreuse et une existence modeste, il ne balança pas. La faim le forca à vendre successivement un certain nombre d'objets précieux, dont il était dépositaire. Sa succession n’était done plus assez importante pour donner des soucis au gouvernement autrichien. Quant à celle de l'abbé des Dunes, elle devait être plus opulente. Son monastère, riche et ancien, était un des plus importants de la Flandre. Nous n’avons pu recueillir aucune donnée précise sur le trésor de cet établissement religieux. L'argenterie du grand conseil de Malines fut fondue à Vienne comme les autres objets en métaux précieux. La ( 651 ) masse „les matrices d'argent des sceaux , les médailles, ete., tout passa au creuset Nous pourrions citer encore d’autres corporations, dont les argenteries furent enlevées, vendues ou détruites. Des objets d'art furent cachés et ne revirent plus le jour. Des tableaux précieux pourrirent dans les cachettes ou furent détruits par l’incurie. Nous ne les citerons pas. I! suffit de faire connaître ces circonstances pour démontrer que tous les rapts, toutes les destructions des objets en métaux précieux de la fin du siècle dernier, ne doivent pas être mis exclusivement sur le compte des Français et de leurs adhérents. Les docu- ments cités dans les notes l’établissent d’une manière for- melle, et constatent que les Autrichiens et les émigrés belges y ont eu une bonne part. ni me OUVRAGES PRÉSENTÉS. Chalon (R.). — Discours prononcé en assemblée générale de la Société royale de Numismatique, le 2 juillet 1876. Bruxelles; broch. in-8°. Crépin (Fr.).— Matériaux pour servir à l'histoire des roses, fascicule IV; Nouvelles observations sur le Pecopteris odon- topteroïdes Morris. Gand, 1876; broch. et ext. in-8°. De Koninck /L-G.).— Notice sur quelques fossiles aiai par M. G. Dewalque dans le système gedinnien de A. Dumont.: Liége, 4876; broch. in-8°. (4) Protocole du 18 mars 1801, n° 128. t ( 652 ) Nève (Félix). — Des éléments étrangers du mythe et du culte indiens de Krichna. Paris, 1876; broch. in-8°. Stecher (J.). et Van der Haeghen (F.). — Discovrs conte- nant le vray entendement de la Pacification de Gand, de l’vnion des Estats, et aultres traictez, etc. Gand; in-8°. Wauters (Alphonse). — Géographie et histoire des com- munes belges; canton de Tirlemont, communes rurales, 2° partie. Bruxelles, 4876 ; broch. gr. in-8°. Adan (E.). — Déviation de la verticale, attractions locales. — Comparaison des niveaux moyens de différentes mers. Ixelles, 1875 et 1876; broch. in-8° et feuilles in-folio. De Ceuleneer (Ad.) et Dumercy (Charles). — De la réforme de l'enseignement supérieur en Belgique. Louvain, 1876; broch. in-8°. Harlez (C. de). — Avesta, livre sacré des sectateurs de Zoroastre, tome II. Liége et Paris, 1876; vol in-8°. Loo (Van). — L'élevage du bétail dans les Flandres, traduit du flamand. Gand; vol. in-8°. Luesemans (de). — Rapports faits au conseil communal de Louvain, en séance du 25 décembre 1850, et du 10 pare 1854. Louvain; 2 broch. in-8°. Malherbe (Renier). — Études géologiques sur le système houiller de la province de Liége. Liége, 1876; broch. in-8°. Steurs (F.). — De toren van Sint-Rombauts kerk te Mechelen, 2% aflevering. 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Académie R. de Copenhague. — Mémoires, classe des sciences, tome XI, n° 2; tome XII, n° 2. Copenhague, 1875; 2 vol. in-4°. mn BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1876. — Ne 11. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 11 novembre 1876. M. Maus, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Lucre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Stas, L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, Gluge, Melsens, F. Duprez, J.-C. Houzeau, G. Dewalque, Ern. Quetelet, Ern. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, A. Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Morren, Éd. Van Bene- den, C. Malaise, F. Folie, F. Plateau, F. Crépin, mem- bres; Th. Schwann, Eug. Catalan, Aug. Bellynck , associés; Éd. Mailly, H. Valérius, J; De Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe et A. Gilkinet, correspondants. Qme SÉRIE, TOME XLII. 45 ( 662 ) Avant la lecture de la correspondance, M. Maus annonce que la Commission administrative, accompagnée de MM. de Koninck et Chalon, s’est rendue, le matin de la séance, chez M°° d'Omalius, pour lui remettre la médaille d'or votée à son mari par l'assemblée générale des trois classes du 15 mai 1875, en souvenir des services rendus par cet illustre confrère tant à l’Académie qu'à la science pendant plus de cinquante années. M. Faider, président, s’est fait de la manière suivante l'organe de l’Académie auprès de M™° d'Omalius : « MADAME, » L'Académie des sciences, des lettres et des beaux- arts, dans son assemblée générale du 13 mai 1875, et sur la proposition de M. de Koninck, a décidé, par acclama- tion, qu'une médaille d'honneur serait offerte à notre vénérable confrère et doyen, M. d'Omalius d'Halloy, votre illustre époux. » La mort à jamais regrettable de celui que l’Académie a voulu honorer n’a pas permis de lui remettre ce témoi- gnage de l'estime et de l'affection de tous ses confrères. La Commission administrative de l'Académie, assistée de M. de Koninek et de M. Chalon, est admise à déposer entre vos mains cette médaille, dont elle vous prie, Madame , d'agréer l'hommage. » C'est un grand honneur pour moi, pendant ma prési- dence annuelle, d'être ici l'organe de l’Académie, et de pouvoir vous répéter que M. d'Omalius d’Halloy est mort entouré de la plus brillante renommée, qu il restera un savant vraiment européen et que ses nombreux ouvrages seront toujours consultés avec fruit par les hommes qui voudront assurer leur avancement dans la science. » ( 663 ) CORRESPONDANCE. — M. le Ministre de l'Intérieur envoie, pour la biblio- thèque, un exemplaire des pages 275 à 558 et des plan- ches 79 à 89 du 3° volume du Portefeuille de John Cockerill. — Remerciments. L’Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg communique un exemplaire du rapport de la Commission qu’elle avait désignée pour examiner l'importante ques- tion soulevée par M. Wex, dans son travail Sur la dimi- nution de l’eau des rivières et des fleuves. — Remerci- ments. | — La Société batave de philosophie expérimentale de Rotterdam envoie le programme des résultats de son con- cours de 1876. j — M. P.-J. Van Beneden remet la notice qu’il avait promise pour l’Annuaire de 1877 sur M. F.-X. de Burtin, membre de l’ancienne Académie. — Remerciments. — La Société linnéenne de Londres, la Société physico- médicale d’'Erlangen, l’Université de Dorpat et la Biblio- thèque de Melbourne remercient pour le dernier envoi annuel de publications. — La Société des naturalistes de Zurich et l'Observa- - toire de Madrid envoient leurs derniers travaux. La Smithsonian Institution de Washington transmet, ( 664 ) en mème temps que ses travaux, les dons des Sociétés des États-Unis avec lesquelles l'Académie est en relation. — M. le secrétaire perpétuel dépose sur le bureau le tome XL des Mémoires couronnés et des Mémoires des savants étrangers, qui vient d'être publié. Il comprend les travaux suivants : « 4. Sur les caractères minéralogiques et stratigra- phiques des roches dites plutoniennes de la Belgique et de l'Ardenne francaise » (mémoire couronné; avec neuf planches); par MM. Ch. de la Vallée-Poussin et A. Renard. » 2. L'électricité statique exerce-t-elle une influence sur la tension superficielle d’un liquide? par M. G. Van ‘der Mensbrugghe. » 3. Recherches sur l’embryologie des poissons osseux. — I. Modification de l’œuf non fécondé après la ponte. — Il. Premières phases du développement (avec deux plan- ches); par M. Ch. Van Bambeke. » 4. Essai théorique sur l'équilibre d’élasticité des mas- sifs pulvérulents et sur la poussée des terres sans cohé- sion; par M. J. Boussinesq. » — La classe reçoit les hommages suivants, au sujet desquels elle vote des remerciments : 1° Recherches sur les Dicyemides, survivants actuels d'un embranchement des Mésozoaires; par M. Éd. Van Beneden ; extrait des Bulletins de l’Académie, in-8°; 2 Mémoire sur diverses eee de balistique; par M. J. De Tilly ; extrait in-12 5° Contributions to the History of the Germinal Vesicle, and of the first embryonic Nucleus; par M. Éd. Van Bene- $ ( 665 ) den; extrait du « Quarterly journal of microscopical science; » in-8°. z Le f * = kd — Les travaux manuscrits suivants seront l'objet d'un examen : 4° Sur histologie du limaçon; par M. le D" Nuel, de Luxembourg. — Commissaires : MM. Ch. Van Bambeke, Éd. Van Beneden et Schwann; 2 Notes d’algèbre et d'analyse (suite); par M. E. Cata- lan. — Commissaires : MM. Folie, De Tilly et Liagre; 3° Sur l'influence du courant sanguin et de l’afflux nerveux sur le contenu en glycogène des muscles; par M. Théodore Chandelon. — Commissaires : MM. Sehwann et Éd. Van Beneden; 4 Notesur le développement du magnétisme induit par la terre dans le fer laminé nerveux; par M. Louis Pérard. — Commissaires : MM. Montigny, Folie et Melsens. __ ÉLECTIONS. La classe procède, par scrutin secret, à la formation de la liste double des candidats pour la composition du jury, chargé de juger la sixième période du concours quinquen- nal des sciences naturelles. Cette liste sera envoyée à M. le Ministre de l'Intérieur. ( 666 ) RAPPORTS. Sur les dépôts qui, aux environs d'Anvers, séparent les sables noirs miocènes des couches pliocènes scaldisiennes; par M. Michel Mourlon. PRE de M. P.-J. Van Beneden. Les sables des environs d'Anvers dont la couleur est différente suivant la profondeur à laquelle ils se trouvent, ont été longtemps rapportés, sous le nom de crag, à une seule et unique formation. Dumont en faisait son scaldi- sien. Toutefois, l'éminent géologue disait dans son rapport de 1839 : « Si les sables glauconifères, situés entre Malines et Anvers, se rapportaient au diestien, comme je suis porté à le croire, d'après les considérations minéralogiques, on aurait, pour caractériser ce système, un très-grand nombre de fossiles, et ses rapports avec le crag ou terrain tertiaire supérieur ne laisseraient pas d'incertitude. » J'avais con- duit Dumont, peu de temps auparavant, à Pellenberg, pour Jui montrer sur place les fossiles du diestien que je venais d'y découvrir (1). La séparation du crag, en scaldisien avec son sable jaune et gris, et, en diestien, avec son sable noir, est générale- ment admise aujourd'hui, et nous ferons remarquer, en passant, que l’on trouve à Elsloo, à côté de restes de- (1) vr de l'Académie royale de Belgique, 1re série, t. VI, 2° par- tie, p. 4 (667 ) Phoque et de Cétodontes, des dents de Squalodon et des côtes d’Halitherium qui indiquent bien l’âge auquel il faut rapporter celte couche du lit de la Meuse. M. Mourlon, dans un travail qu’il a communiqué à la dernière séance de la elasse, admet avec M. Dejardin, outre l'étage de sable jaune et de sable noir, un étage dis- tinct pour le sable vert, et le considère comme aussi dif- férent par ses caractères minéralogiques que par ses restes paléontologiques. D’après les observations de M. Mourlon, les nombreux Balénides, que j'avais désignés d’abord sous le nom d’Hétérocètes, appartiennent à ce sable. Ces Hétérocètes sont des cétacés à fanons que j'avais cru pouvoir réunir un instant aux Cetotherium du docteur Brandt; mais une étude plus approfondie m'a obligé de reprendre ma première dénomination. Il serait difficile de dire aujourd’hui le rang que les Cetotherium de Crimée doivent occuper. Plusieurs caractères qui leur sont assi- gnés les éloignent de tous les Mysticètes connus, s'il n’y a pas d'erreur d'observation. Les Hétérocètes sont au contraire fort bien caractérisés; leur place n’est plus douteuse dans le cadre systématique, et le travail de M. Mourlon vient compléter leur histoire, en leur assignant également leur place dans nos divisions géologiques. Les premiers cétacés à fanons se trouvent dans la mer Diestienne, sous la forme d'Erpétocètes et de Mesocètes, à côté des Ziphioïdes et de nombreux Dauphins à rostre allongé. Les Hétérocètes se montrent après, si les observations de M. Mourlon sont exactes, dans une mer dont la faune diffère notablement de la suivante. Les Plésiocètes et les petites Baleines de moins de vingt a ( 668 ) pieds apparaissent ensuite et indiquent, selon toutes les apparences, le commencement de la période pliocène. C'est pendant cette période que les véritables Baleines, ainsi que les Balénoptères, ont pris la taille qui les a fait nommer avec raison les géants de la création. Il est assez remar- quable que des Baleines naines se sont conservées dans les eaux du grand Océan austral, comme d'autres animaux aquatiques, que nous ne connaissons plus en Europe qu'à l'état fossile. Est-ce que l'Australie serait le nouveau monde pour certaines formes animales ? Mais revenons au travail qui a été soumis à notre exa- men. M. Mourlon a bien étudié les dépôts des environs d'Anvers qui séparent les sables noirs miocènes des cou- ches‘ pliocènes scaldisiennes; il s'est rendu à diverses reprises à Anvers pour y creuser certains talus et terre- pleins de l'enceinte; il a obtenu des coupes bien nettes du terrain en place, et il se croit en droit de conclure de ses recherches, que certains sables, avec leurs restes d’'Hété- rocètes, forment, par leurs propriétés minéralogiques, aussi bien que par leurs caractères paléontologiques, un nouvel étage par lequel se termine la série miocène. | D'après ce que nous venons de dire, l’Académie com- prendra que nous n'hésitons pas à proposer l'impression du travail de M. Mourlon avec la planche qui l'accompagne, dans les Bulletins de la classe, et de remercier l’auteur de son intéressante communication. » M. de Koninck adhère aux conclusions de son savant confrère. (mj Rapport de M, Dupont. « Des recherches géologiques détaillées sur les terrains tertiaires des environs d'Anvers étaient particulièrement utiles pour compléter les études dont les fossiles, prove- nant de ces dépôts, sont l’objet. Les dépôts d'Anvers peu- vent rivaliser par leur richesse paléontologique avec les gites les plus célèbres. Dès qu'on y creuse le sol, on exhume des ossements de mammifères marins, des débris de pois- sons, d'innombrables coquilles et autres témoins de nos faunes anciennes. Aussi, lorsque l'État fit construire, de 1860 à 1866, le vaste système de fortification qui protège cette ville, on ne perdit pas de vue les riches éléments scientifiques qui allaient être mis au jour dans les travaux de terrassement, A deux reprises, l'Académie se mit en rapport avec le Gouvernement afin qu'il fût tiré de cette occasion un large parti pour l'avancement de la science. Feu le vicomte Du Bus était alors directeur du Musée et il se consacra, pendant la durée des travaux, à la rén- nion des ossements de mammifères. On peut voir aujour- . d'hui, dans les galeries de l'établissement, à la fois les preuves de son activité et l’étonnante richesse ostéologique de ces dépôts. Il parvint à y recueillir non moins de 175 à 180 mètres cubes d'ossements qui furent transportés à Bruxelles. Environ onze mille ossements, les mieux conservés ou ceux qu’on avait retrouvés dans leurs connexions anato- migues, en ont été retirés. M. P.-J. Van Beneden vient d'en entreprendre la description. Les déterminations qu'il en a faites nous font connaître leur variété générique et spé- (670 ) cifique. Les phoques seuls se répartissent en douze genres et seize espèces. En attendant qu'il y ait lieu d'en disposer autrement, 135 mètres cubes d’ossements ont été placés en amas l'an dernier à l'entrée du Musée, afin qu'on pût se faire une idée plus précise de la quantité de cétacés qui échouèrent dans le golfe d'Anvers. Cette quantité effraye l'imagination, puisque les osse- ments, transportés à Bruxelles, proviennent seulement des simples fossés de l'enceinte et des forts qui, malgré leur étendue, n'ont en définitive entamé qu’une bien faible par- tie de ces dépôts. Néanmoins on est loin, paraît-il, d'avoir pu recueillir tous les ossements qui ont été exhumés à cette époque. Les restes de poissons ne sont pas proportionnellement moins nombreux. Le Musée possède plus de trente mille dents de squales dont Le Hon a fait le classement et com- mencé la description. M. Nyst enfin vient d'entreprendre une nouvelle des- cription des mollusques que les mêmes dépôts ont fournis et dont on connait déjà la grande variété. Cependant ces travaux paléontologiques ne pouvaient porter tous leurs fruits, s'ils n'étaient accompagnés de don- nées géologignes précises. Il s'agissait de déterminer la succession des êtres qui contribuèrent, dans une mesure sensible, par leurs seules dépouilles à combler le golfe d'Anvers. De quelles couches provenaient les fossiles; con- stituent-ils plusieurs faunes distinctes? Tels étaient les problèmes de paléontologie stratigraphique à résoudre. Tout d’abord, on devait connaître la série des couches qui forment ces dépôts fossilifères et en déterminer l'al- lure. A cet effet, le creusement des fossés fournissait une ( 671 ) occasion qu’il eùt été profondément regrettable de perdre, et la science doit de la reconnaissance à M. Dejardin, capi- taine du génie, qui sut relever les coupes des fossés de l'enceinte et des forts pendant leur construction. Sans lui, la disposition générale des couches, mises au jour à cette époque, était irrémédiablement perdue. Ces coupes néanmoins ne pouvaient encore suffire pour atteindre le but qui vient d'être indiqué. Si nous possé- dions, grâce aux travaux de M. Nyst, des renseignements sur la faune conchyliologique des principaux dépôts d’An- vers, il était loin d'en être de même pour la distribution Stratigraphique des ossements de mammifères marins el des dents de squales. Dans quels dépôts notamment se trouvaient les Hétérocètes, ces singuliers cétacés qui occu- pent une si grande place dans les collections recueillies ? Des observations sut le degré de conservation et sur la couleur que les ossements ont empruntée à leur gangue, portaient à répartir en quatre groupes distinets l'ensemble des ossements, ce qui dénotait l'existence de quatre dépôts à ossements, de nature différente. D'autre part, en examinant ce classement en quelque sorte minéralogique dans ses fonctions zoologiques définies par M. Van Beneden, on remarquait que les ossements de deux de ces groupes se rapportent aux mêmes espèces : ce sont les ossements de Baleinides et de Plésiocètes colo- rés tantôt en jaune ocre, tantôt en gris cendré, landis que les ossements d’Hétérocètes appartiennent exclusivement, avec beaucoup de dauphins, de ziphius et de phoques, à des types spéciaux de minéralisation. Enfin un troisième groupe zoologique était formé par les ossements de couleur noire et recouvert d’efflorescences pyrileuses, ce qui leur assigne les sables noirs comme gisement. Jı y avait, dès lors, lieu de croire que les quatre groupes ( 672 ) ni provenaient de quatre espèces de couches que séparaient des relations stratigraphiques précises el au travers desquelles trois faunes bien distinctes s'étaient suc- _eessivement développées. L'étude géologique détaillée des terrains d'Anvers pou- vait seule éclaircir cette questions M. Mourlon l’entreprit dès la fin de 1872. Les dépôts qui s'étendent sur la tranche des fossés des fortifications n'étaient plus visibles. Pour les observer, il fallait dégazonner les talus. M. Mourlon obtint ce travail de la bienveillance éclairée de M. le colonel Rousseau. Il suffira de dire que la tranche des couches fut remise à nu sur près de 500 mètres dans la partie sud-est du fossé de l'enceinte pour que l’Académie apprécie l'impor- tance du service que la géologie doit à ce savant officier supérieur et la portée que M. Mourlon a pu donner à ses observations. Le but spécial de ces recherches était de reconnaitre s’il existait un dépôt caractérisé par les Hétérocètes. Après - avoir longuement discuté les éléments que lui fournissaient les ossements et les coquilles, ainsi que les coupes de M. Dejardin, M. Mourlon se décida à porter principale- ment ses investigations sur le dépôt de sables verts de cet auteur, dépôt sur lequel la présence de la Terebratula grandis avait du reste déjà attiré ses recherches. Ses pré- visions se réalisèrent. Dans le mémoire qu'il présente à l'Académie, M. Mour- lon démontre les points suivants par cinq coupes d'une longueur totale d'au moins 200 mètres qu'il a levées avec une méthode parfaite : 1° Le dépôt des sables verts est constitué par des sables glauconieux, généralement mélangés à de petits cailloux et que surmontent des nodules conerétionnés renfermant ( 673 ) des Bryozoaires, la Terebratula grandis el diverses espèces de coquilles. Les lits à nodules le limitent géologiquement à la partie supérieure et une couche à débris de conifères le sépare des sables noirs diestiens. ; 2e Il ne renferme ni Plésiocètes ni Baleines qui restent ainsi caractéristiques des dépôts de crag proprement dits. Les ossements d'Hétérocètes de diverses formes spéci- fiques y abondent, au contraire, avec la minéralisation et le degré de conservation qui s’observent dans ceux de nos collections. Ils s’y présentent souvent aussi en longues séries de vertèbres disposées dans leurs connexions ana- tomiques, comme on en a recueilli de nombreux spécimens pendant les travaux de fortification ; ce qui prouve que les squelettes de ces cétacés ont été enfouis à époque de la ‘formation du dépôt. Le niveau stratigraphique de ces étranges célacés est donc déterminé définitivement. 3° Ce dépôt renferme diverses espèces de squales, sur- tout le Carcharodon megalodon, espèce qu'à priori, du reste, on ne pouvait admettre dans le crag que comme fossile remanié, puisqu'elle est considérée comme caracté- ristique des faluns. 4° Il possède une faune conchyliologique qui lui est en partie propre et que M. Nyst n’a pu encore déterminer que partiellement. La Terebratula grandis, dont le niveau stratigraphique a été jusqu'à présent fort contesté, peut être considérée comme distinctive de Ces couches. 3 Il résulte de ces faits que le dépôt des sables verts est un horizon géologique autonome. Prenant stratigraphique- ment place entre les sables diestiens et le crag, il a des caractères minéralogiques propres et une faune remar- = (674) . quable dont il ne partage les espèces principales avec au- can des termes stratigraphiques qui l'entourent. . L'auteur a donc eu la bonne fortune de reconnaitre l'existence d'un nouvel étage dans la série géologique. Restait à déterminer à quel groupe de la série classique le dépôt pouvait se rattacher. La présence d'un grand nombre de types zoologiques nouveaux et qui lui sont propres, doit donc faire admettre qu’il est un terme géo- logique dont les équivalents n'ont pas encore été déter- minés à l'étranger. Cependant, par ses coquilles, il se rap- proche plus des sables noirs qui sont incontestablement run des termes de la série des faluns que des crags qui sont admis comme l’un des termes du terrain pliocène. D'autre part, la présence du Carcharodon megalodon et de l'Ostrea navicularis le fait ranger directement dans la par- tie supérieure du terrain miocène. La principale difficulté de ce travail a consisté dans la détermination précise de la limite supérieure de ce dépôt. Le crag jaune a souvent raviné les dépôts sur lesquels il repose et a même, en plusieurs points, atteint les sables verts. D'autres fois il s'est infiltré dans ces sables avec ses fossiles à travers des fissures, de manière à rendre les observations très-délicates. M. Mourlon me paraît avoir résolu ces problèmes avec sûreté et son travail est incontestablement un progrès des plus sérieux pour: la connaissance des terrains d'Anvers qui nous intéressent à un si haut degré. Je prie donc, de mon côté, l'Académie d'insérer le mé- moire de M. Mourlon dans ses Bulletins et d'adresser des remerciments à l'auteur. » Ces conclusions sont adoptées. ( 673 ) D’une histoire des sciences et des lettres en Belgique pen- dant la seconde moitié du XVII siècle (suite) : Biogra- phie de Bournons; note sur un discours de Des Roches, par M. Mailly. 3 Rapport de M, J.-C, Houzeau. « Ayant fait connaître, dans un précédent rapport, la nature des recherches auxquelles notre collègue M. Mailly se livre sur l’histoire des sciences et des lettres en Bel- gique, pendant la seconde moitié du XVIII: siècle, je me borne à proposer l'impression des notices nouvelles qui, dans la séance du 21 octobre, ont été envoyées à l'examen des mêmes commissaires. Il serait difficile, d’ailleurs, d'analyser les nombreux détails que ces notices renfer- ment. L'auteur y continue ses études avec le soin qui lui est habituel, Il nous fait connaître deux des membres de l’ancienne Académie, Gérard, son premier secrétaire, et Bournons. Un grand nombre des faits rapportés dans les notices de M. Mailly étaient inconnus. Je citerai en parti- culier un point qui est établi par les recherches de notre collègue, et qui ne manque pas d'intérêt. L'auteur du « Dis- cours préliminaire », placé en tête des anciens Mémoires de l’Académie, n’était pas Gérard, le premier secrétaire de ce corps savant, mais Des Roches, auquel on l'avait, en effet, quelquefois attribué. L'impression du premier travail de M. Maily ayant été ordonnée dans les Mémoires in-8°, c'est dans le même recueil que j'ai l'honneur de proposer l'impression des (676 ) notices qui y font suite, et qui avaient été renvoyées à mon examen. » La classe a adopté ces conclusions après avoir entendu le second commissaire, M. Ernest Quetelet, qui à émis aussi un avis favorable sur le travail de M. Mailly. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Édouard Morren donne lecture d’un travail intitulé : La digestion végétale. Note sur le rôle des ferments dans la nutrition des plantes. - La classe décide que cette lecture fera partie du pro- gramme de la prochaine séance publique et qu'elle sera insérée dans le Bulletin de la dite séance. Sur la limite inférieure de la température de combustion des houilles; par M. H. Valérius, correspondant de l’Académie. On sait que, dans nos appareils de chauffage, la com- bustion est rarement complète d'emblée. En général, elle s'effectue en deux temps. Pendant la première période, une partie des éléments du combustible brûle compléte- ment, une autre reste libre et une troisième brûle, mais sans éprouver son maximum d’oxydation. Pendant la seconde période, la combustion s'achève, tout le car bone se transforme en acide carbonique et l'hydrogène en eau. La première combustion partielle développe la plus haute ( 677 température que le combustible employé puisse produire. La seconde combustion partielle ne commence que lorsque les produits de la première ont subi un refroidissement convenable. C'est de la température développée par la première combustion partielle que dépendent les applications ou les usages auxquels le combustible est propre, et, pour ce motif, il serait utile de pouvoir calculer cette tempéra- ture. A cet effet, il faudrait connaître : 1° la composition élémentaire du combustible; 2° sa puissance calorifique, c’est-à-dire la quantité de chaleur dégagée par la combus- tion complète d’un kilogramme de ce corps; et 5° les pro- duits de sa première combustion partielle. Or, si, pour un grand nombre de combustibles, on possède les deux pre- mières de ces données, il n’en est pas de même de la troi- sième , qui n’a encore été déterminée pour aucun. Au commencement de mes recherches sur les températures de combustion à l'air libre, j'avais pensé que la composi- tion des produits de la première combustion partielle pou- vait se déduire des lois de M. Bunsen sur la combustion er vase clos. Mais j'ai reconnu depuis que cette hypothèse est souvent en défaut et, par conséquent, que, dans l'état actuel de la science, il ne saurait être question d'une méthode générale pour calculer les températures de com- bustion des divers combustibles brûlés à l'air libre. Toute- fois, il est possible d'obtenir une limite inférieure de ces températures,et ce qui donne de l'intérêt à cette recherche, c’est que, pour plusieurs des combustibles les plus impor- tants, pour certaines espèces de houille , par exemple, cette limite inférieure paraît peu différer de la température réellement produite. La limite inférieure dont il s’agit n'est autre chose que 27° SÉRIE, TOME XLII. ( 678 ) la température qui se produirait si le carbone du combus- tible se transformait moitié en acide carbonique et moitié en oxyde de carbone, tandis que la moitié de l'hydrogène donnerait de l’eau et que l’autre resterait libre. Tel serait, en effet, le mode de combustion qui se réaliserait si le coefficient de combinaison !/, que M. Bunsen a déduit de ses expériences sur la combustion en vase clos, pour les températures comprises entre 1146 et 2558°, était égale- ment applicable, entre les mêmes limites, aux combustions à Vair libre. Or, expérience indique qu’en général la frac- tion des corps combustibles qui entre en combinaison lors de la première combustion partielle, est plus grande dans la combustion à l'air libre que dans la combustion en vase clos. Par conséquent, si, dans notre calcul, nous adoptons le coefficient de combinaison qui correspond à la combus- tion en vase clos, nous arriverons nécessairement à un résultat inférieur à la température de combustion réelle que le combustible développe en brülant à l'air libre. Cela posé, cherchons la limite inférieure que nous venons de définir. A cet effet, considérons un combus- tible composé, par kilogramme, de C de carbone, H d'hy- drogène et O d'oxygène. Soit, en outre, P sa puissance calorifique et supposons que la combustion s'effectue avec le volume d’air strictement nécessaire à la transformation du carbone en acide carbonique et à celle de hydrogène en eau. Dans ces conditions la chaleur dégagée par chaque kilogramme du combustible sera 29000H 5607 C En effet, les deux derniers termes de cette expression représentent, respectivement, les quantités de chaleur ( 679 ) qu'auraient dégagées , par leur combustion complète, l'hydrogène resté libre et oxyde de carbone produit dans la combustion partielle que nous considérons. D'un autre côté, la quantité de chaleur nécessaire pour chauffer d'un degré les produits de la combustion d’un kilogramme du combustible sera 0 80 Bote (u ee D or 1 ORO 8 Ade 5 (Det 11, 2 (7) représentant, respectivement, les capa- (*) Les produits de la combustion d’un kilogramme de carbone brùlé dans les conditions indiquées ci-dessus, sont : Acide carbonique. . . . . . . . + . 11:6 kilogrammes. Oxyde de carbone do ne — Amme libres 8, le E | — Air atmosphérique it, o +4... 4. 288 — Pour s'échauffer d'un degré, ces produits exigent une quantité de cha- leur égale à n . 0,2169 + ; 0,245 + 2.0,244 + 2,88 . 0,2373 = 3°; 0,2169 , 0,245, 0,244 et 0,2373 étant, respectivement, les caloriques spé- cifiques de l'acide carbonique, de l'oxyde de carbone, de l'azote et de l'air atmosphérique. (**) Les produits de la combustion partielle d’un kilogramme d’'hydro- gène sont: Vapeur d'eau. . . . . . . . . . : 45 kilogrammes: Hydrogène y — k D ee 4.35,55 — \ Air atmosphérique . . + . . . . . . 44,35 — Le calorique spécifique de la vapeur d’eau étant 0,4805 et celui de l'hy- ( 680 ) cités calorifiques des produits de la combustion d'un kilogramme de carbone et d’un kilogramme d’hydrogène brûlés dans les mêmes conditions que le combustible et 2.5. 0,4805 étant la capacité calorifique de la vapeur d'eau produite par la moitié de l'oxygène du combustible. Nous négligeons la quantité de chaleur qu’absorbent la seconde moitié de cet oxygène et la quantité correspon- dante d'hydrogène qui deviennent libres, parce que dans le cas des houilles, cette quantité de chaleur est très- faible. | D'après cela, on aura pour la limite inférieure de la température de combustion du combustible considéré : 2900 H 5607C Ca 9 0 Bir Ge sC+ male) + —. 0,4805 Bio: J'ai appliqué cette formule au calcul de la limite infé- rieure de la température de combustion de quelques houilles dont MM. Scheurer-Kestner et Meunier ont déter- miné la composition et le pouvoir calorifique (`). Ces houilles, dont le tableau ci-dessous donne la com- position et les puissances caloritiques , sont la houille du puits Chaptal, au Creusot, la houille de Ronchamp, une houille grasse à très-longue flamme de Saarbrück et une houille demi-maigre à longue flamme de la même localité. drogène 5,409, ces produits exigeront, pour être chauffés d'un degré, une quantité ni chaleur égale à 4,3 .0,4805-+ 0,5. 5,409+-4.5,53 . 0,244+-4.4,55 . 0,2575 =11,2 calories. (*) de Phys. et de Chim., 4° série, t. XXI et XX VI. (681) La composition indiquée se rapporte au combustible pur, privé de cendres et séché vers 110°. À rat Pouvoir DÉSIGNATION DES HOUILLES. | carbone. | aydrogene. azote. caloritique. ep: P vann Chaptal, au calories, E ae 0 à 0,8848 | 0,0441 | 0,0711 | 9622 Houille grasse de Ronchamp. | 0,8852 | 0,0479 | 0,0689 9077 Houille grasse à très-longue amme de Saarbrück . . | 0,8156 | 0,0498 | 0,1546 8462 oi demi-maigre à an mme de Saarbrück . 0,7892 | 0,0467 | 0, 656 | 8457 En déterminant pour ces houilles la limite inférieure des températures de combustion, on trouve respective- ment les résultats suivants : 2111° C, 1900° C, 1954° C et 2055° C. Les températures réellement développées par ces houilles ne paraissent pas devoir s'éloigner beaucoup des chiffres que nous venons d'indiquer. En effet, la flamme oxy- hydrique , dont la température est d'environ 2,500°, fond plusieurs corps réfractaires qui résistent aux plus violents feux de houille. La température de combustion de cette flamme est donc notablement supérieure à celle des meil- leures houilles, et, par conséquent, cette dernière doit être d'environ 2,000°, conformément aux chiffres indi- qués ci-dessus. Quoi qu'il en soit, il me paraît qu'on peut déduire des chiffres ci-dessus les conséquences suivantes : 4° Les houilles grasses et les houilles demi-maigres à ( 682 ) longue flamme développent une température amplement suffisante à la plupart des opérations métallurgiques, pourvu qu’on ne les brûle pas avec un trop grand excès d’air. 2 La température de combustion de ces houilles est supérieure à celle du charbon de bois, parce que la puis- sance calorifique de ce dernier est notablement moindre que celle du carbone contenu dans les houilles dont il s’agit. 3° Des houilles de même composition élémentaire peu- vent avoir des températures de combustion et des puis- sances calorifiques différentes. Tel est le cas des houilles du puits Chaptal et de Ronchamp. J'ai encore appliqué la formule ci-dessus à la détermi- nation de la limite inférieure de la température de com- bustion du gaz d'éclairage composé, en poids, comme suit : WAN AOR DA ne Ce ne ee de En Len DER EE NOR Mois AL dir 0,09 Hydrogène RERO (gaz oléfiant et vapeurs h Musee 0,09 yde D à 7 en à + Se ee 0,05 BOVA rer. 1,00 J'ai trouvé pour cette limite 1280° C. Ce chiffre diffère considérablement de la température de combustion du gaz d'éclairage, ainsi qu'il est facile de s'en assurer au moyen de la flamme d'une lampe de Bunsen, munie de sa chemi- née. Lorsque la flamme de cette lampe brûle tranquille- ment, elle a une hauteur d'environ 15 centimètres et demi, et elle présente le maximum de température à une dis- tance de à centimètres environ de sa base, vers le milieu ( 685 ) de son enveloppe extérieure (‘). Or, en cet endroit, elle est capable de fondre distinctement un fil très-fin de platine , et, par conséquent, la température de combustion du gaz d'éclairage doit être un peu supérieure à 2,000° C. La grande différence qui existe entre la température de combustion du gaz d'éclairage et la température que lon obtient en appliquant à ce gaz la loi de Bunsen relative aux températures comprises entre 1146° et 2500° montre clairement, ainsi qu'il a été dit plus haut, que cette loi peut cesser d’être exacte lorsqu'il s'agit de Ja combustion à Pair libre. On arrive à la même conclusion lorsqu'on fait le calcul pour le gaz hydrogène et pour l’oxyde de carbone. A Fair libre, le premier ne devrait produire qu'une température de 1254 et le second une température de 1450°C (7), tandis qu'en réalité les températures développées sont de beaucoup supérieures à ces chiffres. Mais, d'un autre côté, la loi de Bunsen paraît se confirmer pour les combustions dans l'oxygène pur. C’est ainsi que j'ai trouvé pour les températures de combustion de l'hydrogène et de l'oxyde de carbone brûlés par l'oxygène pur, respectivement, 2471° et 2558 degrés centigrades (77). Or, M. Sainte-Claire Deville avait trouvé, depuis longtemps et par une méthode diffé- rente, pour le gaz hydrogène, la température de 2,500°. Et, quant à là température de combustion de l'oxyde de carbone, le mème savant avait démontré qu’elle ne pouvait (*) Bunsen, a dans les ANNALEN DER CHEMIE UND DER ture t. CXXXVIII, p. 258, 186 m r la température de combustion de combustibles ordinaires brûlés à Ge libre, BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE, 2e série, t. XXXVIII , n° 12; décembre 187 CT} Voir Les ANS par M. l'abbé Moign6: 1875, t. XXXVII, p 549. ( 684 ) dépasser 2,600 à 2,700: (Leçons sur la dissociation à Société chimique de Paris, Hachette, 1866). Il me semble qu'on peut résumer tous les faits qui pré- eèdent en admettant que la loi de Bunsen relative aux températures comprises entre 1146 et 2558° n'est applica- ble aux combustions sous pression constante, dans l'air ou dans l’oxygène pur, que lorsqu'il s’agit de corps dont la tem- pérature de combustion est égale ou supérieure à 2,000°, tandis qu’elle cesse d’être exacte dans tous les autres cas. En d'autres termes : si l'on calcule la température de combustion d’un combustible en ‘prenant pour base du calcul le coefficient de combinaison !/2, le résultat obtenu peut : 4° être moindre que 2,000°; 2 être compris entre 2,000 et 2,500°; 3° être supérieur à 2,500°. Dans le pre- mier cas , le coefficient réel de combinaison est plus grand que 1/2, mais il est impossible d'en déterminer théorique- ment la valeur, même par approximation. Dans le second cas, la température de combustion effective diffère peu de la température calculée. Enfin, dans le troisième cas, la température de combustion est d'environ 2,500° et le coefficient de combinaison est compris entre !/5 et !/2. la Sur les couleurs accidentelles ou subjectives, deuxième Nate (suite); par M. J. Plateau. Le second fait qui ne s'accorde pas mieux avec la plu- part de ces théories , est l’action apparente des lentilles de convergence sur lirradiation. Je dis l'action apparente, car nous verrons bientôt qu’en réalité les lentilles n’agissent point par elles-mêmes. Ainsi que je l’ai avancé dans les $$ 97 à 102 de mon (685 ) Mémoire, si l’on choisit un appareil qui, observé à l'œil nu et à la distance de la vision distincte par une personne douée d’une bonne vue, lui montre une irradiation bien sensible, et si cette personne regarde ensuite l'appareil de près en armant l’œil d'une lentille convergente d'un foyer assez éourt, elle n’aperçoit plus d'irradiation. J'entends ici par la distance de la vision distincte, celle à laquelle la per- sonne tiendrait un objet, un livre, par exemple, pour le voir nettement et commodément sans effort des yeux; pour les bonnes vues, cette distance est d'environ 50 cen- timètres. L'effet ci-dessus des lentilles n’embarrasse nullement les auteurs des théories du premier groupe : ceux-ci ne voient pas d'irradiation à leur distance de vision distincte, dis- tance qui est fort courte, puisqu'ils sont myopes; tel est au moins le cas pour Haidinger, Welcker et Trouessart; or la lentille remplacant l'objet par une image virtuelle située à cette même distance, les auteurs en question doivent trou- ver tout simple que l’irradiation ne se montre pas alors davantage. ‘Mais il n'en est pas de même à l'égard des théories du second groupe, lesquelles attribuent l’irradiation aux aber- rations de l'œil. Il semble, en effet, que la lentille ne peut rendre l’irradiation insensible qu'en annulant ces aberra- tions; d'après cela, en admettant qu’une lentille conver- gente d’un foyer donné puisse diminuer ou détruire les aberrations du système oculaire, il faudrait évidemment qu’elle eût des courbures appropriées; or les lentilles que j'ai employées, tant à l’époque de mon Mémoire que plus récemment, étaient prises au hasard, elles avaient des dis- tances focales différentes, les unes étaient hikcon rex ess: ne autres planc-convexes, et toutes ont do ( 686 ) Respighi, qui considère les effets des lentilles conver- gentes à la fois dans les instruments astronomiques et dans le cas des objets ordinaires d'irradiation, dit à ce sujet: « L'effet est produit par le concours des circonstances suivantes : premièrement parce que l’emploi de la lentille nous permet de donner aux rayons envoyés dans l'œil de chaque point de l'objet le degré de divergence auquel cor- respondent les plus petites aberrations, c'est-à-dire nous permet de regarder l'objet avec l'œil accommodé pour la distance à laquelle les effets des aberrations sont les moin- dres ; secondement parce que, dans les forts grossissements, les franges d’aberration deviennent insensibles à cause de la faible intensité de la lumière; enfin, parce que, dans les forts grossissements, le pinceau de lumière envoyé par chaque point de l'objet dans l'œil est très-rétréet , et, par suite, reçu dans la partie centrale du système réfringent, est moins sujet aux aberrations. » La première de ces raisons pourrait être regardée comme ayant quelque valeur : nous avons supposé un ap- pareil qui montre, à une personne douée d’une bonne vue, une irradiation bien nette lorsque cette personne l'observe à la distance de la vision distincte, et conséquemment avec une accommodation exacte; or on pourrait croire que l'œil armé d’une lentille s'accommode, par un léger effort, pour une distance notablement plus courte; mais pourquoi l'œil ferait-il cet effort? C’est donc là une pure hypothèse. La seconde raison, tant qu'il ne s’agit pas des instruments astronomiques , est erronée; en effet, lorsqu'on regarde un objet de près à travers une loupe, l'angle sous lequel on le voit est sensiblement le même que si, sans changer la dis- tance de l'œil, on enlevait la loupe; et dès lors l'éclat ne Subit guère que la faible perte résultant des réflexions sur ( 687 ) les deux faces de la T et de l'absorption dans l'épais- seur du verre. Enfin la troisième raison, j'avoue que je ne la comprends pas. Meyer et Fick ne parlent pas des lentilles. La difficulté que j'ai signalée relativement aux théories du second groupe, subsiste de même pour celles du troi- sième, puisque les auteurs de ces dernières reconnaissent une irradiation sensible provenant, selon eux, des aberra- tions de l’œil lorsque l’objet est observé avec une accom- modation exacte. Ici Fliedner m’accuse d’avoir énoncé à l'égard des len- tilles une proposition fausse, en ce sens qu'elle ne s'ap- plique qu’aux objets rapprochés, et qu’elle doit être ren- versée pour les objets éloignés, c’est-à-dire que, dans ce dernier cas, les lentilles convergentes augmentent l’irra- diation. Il m'est bien facile de répondre à cette accusation: lorsqu'un œil normal, ou qui du moins n’est pas excessive- ment presbyte, sarme d’une lentille convergente pour regarder un objet éloigné, les pinceaux lumineux forment leurs foyers en avant de la rétine; il y a conséquemment des cercles de diffusion , et, par suite, la fausse irradiation des myopes; je n'avais donc pas à m'occuper de ce cas. Burckhardt ne dit quelquês mots de l'effet des lentilles qu'à propos des yeux myopes; Volkmann se tait compléte- ment sur ce sujet; il en est de même, je crois, de Cramer, bien que, ne possédant plus son Mémoire, je ne puisse affirmer la chose. Enfin Helmholtz, dans le passage dont j'ai donné précédemment des extraits, s'exprime ainsi, en parlant encore de moi : « Il est étonnant qu’il n'ait pas été amené à l'explication véritable par ses expériences à l'aide de lentilles qui rétablissaient la vision distincte et faisaient en même temps cesser l'irradiation. » Helmholtz a oublié, en écrivant ces lignes, qu'il a dit ~. ( 688 ) auparavant (1) : « L’irradiation ne fait pas complétement défaut alors même que laccommodation est exacte. » Nous savons que Helmholtz explique par les aberrations de l'œil l'irradiation qui subsiste dans cette condition ; or dire que les lentilles rétablissent la vision distincte, c'est dire qu’elles rendent l’accommodation exacte ; que devient donc l'influence des aberrations ? Comment les lentilles conver- gentes annulent-elles cette influence ? On ne pourrait l'ex- pliquer qu'en partant de l'hypothèse gratuite dont j'ai parlé plus haut, savoir que l'œil armé d’une lentille s'ac- commoderait à une distance plus courte que la distance ordinaire de vision distincte. Powell attribue l’effet des lentilles convergentes à la diminution d'éclat résultant, selon lui, du grossissement; nous avons vu que c'est là une erreur. Ainsi le fait de l’amoindrissement ou de la disparition de l'irradiation quand on observe de près à travers une len- tille convergente, est aussi embarrassant pour la plupart de nos auteurs que celui de la neutralisation mutuelle de deux irradiations en regard. Après avoir montré l'insuffisance de toutes les théories proposées depuis la publication de mon Mémoire, j'aurais maintenant à légitimer celle que j'ai défendue, c'est-à-dire celle de la propagation de l'impression sur la rétine ; mais je ne pourrai le faire convenablement qu'après avoir élucidé ce qui a lieu sur cette membrane au delà de la bande d'ir- radiation. En exposant, dans mes articles de 1833 (2), ma théorie D (1) Physiologische Optik „p. 425 de la traduction française, (2) Supplément à la traduction, par Verhulst et Queteler, du Traité de la lumière de J Herschel, p- 490; et Ann. DE CHim, ET pE Puys. DE Paris, t. LIH, p. 586. ( 689 \ des couleurs accidentelles, j'ai appelé l'attention sur ce que les phénomènes appartenant à la seconde partie de cette théorie sont pour ainsi dire la traduction, selon l’espace, de ceux qui appartiennent à la première partie, et qui ont lieu selon le temps. Citons, à ce propos, les paroles de Fechner, observateur dont on ne suspectera ni la saga- cité, ni la compétence en matière de phénomènes subjec- tifs: « Quand on s'occupe beaucoup, dit-il (1), d'expériences sur l’ensemble des phénomènes du contraste simultané et du contraste successif, l’analogie entre les propriétés de l’un et de l’autre s'impose à un tel point, qu'on éprouve natu- rellement une certaine résistance à adopter une théorie qui introduirait, pour chacun de ces contrastes, un prin- cipe distinct. » Je n’ai pas besoin de rappeler que, par les dénominations contraste simultané et contraste successif, qui sont dues à Chevreul, Fechner entend les phénomènes selon l’espace et les phénomènes selon le temps, en exceptant toutefois, parmi les premiers, l'irradiation, à laquelle il refuse une cause subjective, et l’on voit qu'il est disposé à les faire dépendre tous d'un même principe, sauf encore l'irradia- tion. Ce principe unique est, suivant ma théorie, la réaction de la rétine. Ainsi que j'ai cherché à l'établir dans ma Note précédente, la réaction que la rétine exerce contre l'action de la lumière émanée d’un objet, continue encore après la disparition de celui-ci, détruit rapidement l'image positive qui persistait, puis produit la sensation de l’image négative (1) Ueber die Contrastempfindung (BERICHTE ÜBER DIE VERHANDL. DER KönicL. SÄCHSISCHEN GESELLSCH. DER Wiss. zu LeirziG, 1860, p. 71; voir p. 140). ( 690 ) ou accidentelle, dont la teinte est opposée à celle de l'ob- jet; enfin cette image négative disparait et se reproduit plusieurs fois, en alternant, dans des conditions conve- nables, avec des réapparitions de l'image positive; voilà pour le temps. Mais, pendant la contemplation de l’objet, la réaction de la rétine se propage, au delà du contour de l’image, dans la bande d'irradiation, qu’elle annule à une petite distance de ce contour, pour donner lieu, à partir de là et jusqu’à une distance plus grande, à la sensation de la teinte op- posée; enfin, plus loin encore, peut se manifester une légère nuance de la teinte même de l’objet; voilà pour l’espace. Je n'ai pas à insister sur la manifestation de la teinte opposée, ou teinte de contraste, extérieurement à la bande d'irradiation, c'est un fait bien connu. Il est plus difficile de constater, au delà de l’espace occupé par cette teinte, la présence d’une nuance légère de la teinte même de l'objet; cependant cette nuance se montre assez aisément si l'on renverse les conditions de l'expérience, c'est-à-dire si, au lien d'observer un objet coloré se projetant sur un fond blanc, noir ou gris, on observe un objet gris, ou un objet blanc peu éclairé, se projetant sur un fond coloré. Dans Pan de mes articles de 1855 (1), j'ai décrit l'expérience suivante : « Placez une feuille de papier rouge entre une fenêtre et l'œil, et tenez, à uné certaine distance en avant de la feuille, une petite bande de carton blanc de 10 à 12 milli- mètres de largeur. Alors, si les positions du papier rouge, (1) Celui des Axx. pe Cum. ET DE Pays. DE Paris. ( 691 ) de la petite bande blanche et de l'œil sont convenable- ment choisies, les bords de la petite bande paraîtront verts, et l’intérieur se tiendra d’un rouge très-faible, mais parfai- tement visible. Ainsi l'impression rouge du papier, après s'être changée sur les bords du carton en une impression négative verte, repasse plus loin à l'état positif rouge. » Seguin (1) et Aubert (2), qui citent cette expérience, attribuent aux petits mouvements des yeux la teinte verte des bords; mais j'ai fait subir récemment au procédé une modification qui rend cette explication inadmissible : une étoffe de soie rouge est tendue sur un cadre, et en son milieu est fixé un petit disque de carton blanc de 2 centi- mètres de diamètre, au centre duquel est marqué un point noir. Ce système est placé contre une fenêtre, de manière qu'on voie par transmission la couleur rouge de la soie ; on fait en sorte que les intensités lumineuses du petit disque et de la soie paraissent sensiblement égales, et cela en disposant latéralement, si la chose est nécessaire, un papier blanc qui réfléchisse de la lumière sur l’ensemble. Dans ces conditions, l'observateur se place à environ un mètre de distance, puis, après avoir laissé reposer ses yeux, il les dirige brusquement sur le point noir, en les y tenant fixés. J'ai fait essayer l'expérience par quatre per- sonnes; pour la première, le disque s’est d'abord montré sans couleur, mais bientôt il s'est couvert entièrement d'une teinte verte; puis le milieu a pris une nuance d'un rouge faible, ne laissant qu'un bord large d'environ 5 mil- (1) Recherches sur les couleurs accidentelles (ANN DE CHIM. ET DE Puys. DE chen) 1854, < hs. . XLI ‚P. “a ar 429). (2) L r Netzhaul (ANN. DE POGGENDLORFF, 1862, L CXVI, p. 249; voir p. 278). ( 692 ) | limètres de la teinte verte; ce bord était à fort peu près symé- trique, et ne pouvait ainsi en aucune façon avoir pour cause les petits mouvements des yeux; il constituait d'ailleurs une portion de la teinte générale qui avait envahi tout le disque. Pour la seconde personne, après la phase incolore, s'est manifesté le bord vert; puis, un peu plus tard, l'espace intérieur s'est légèrement nuancé de rouge. La troisième personne a vu immédiatement Je bord vert, entourant un espace incolore, qui est demeuré tel; puis le vert s'est étendu sur la presque totalité du disque, pour refner ensuite vers le bord, s'étendre de nouveau et refluer encore. Enfin la quatrième personne n’a aperçu aucun phénomène de coloration. Voici, du reste, une expérience à peu près identique décrite par Fechner(1) de la manière suivante : « on tient, entre une fenêtre et une muraille blanche opposée, un papier coloré percé d'une ouverture au milieu, de telle manière que le papier soit éclairé par la lumièré du ciel, et l'on regarde la muraille blanche à travers l'ouverture. Celle-ci se remplira d'abord entièrement de la teinte complé- mentaire; mais peu à peu le milieu prendra la teinte du papier, ou du moins s'en rapprochera, en ne laissant tout à l'entour qu’un bord coloré de la teinte complémentaire. » Helmholtz considère tous les phénomènes selon l'espace, sauf l'irradiation , comme résultant d'erreurs du jugement. Sans nier complétement l'influence de semblables erreurs, je ferai voir, en profitant des observations exposées depuis la publication de ma théorie, qu'il y a en même temps, dans les phénomènes en question, une cause physiologique, (1) Ueber die subjectiven Nachbilder und Nebenbilder, 4° partie (Ans. ne Poccexvorrr, 1840,t. L, p. 455; voir p. 442). ( 695 ) c'est-à-dire qu’au delà de la bande d'irradiation, la rétine se trouve réellement dans un état particulier d'excitation. Vers l’époque même où Helmholtz faisait paraître son Optique physiologique, Fechner a communiqué un Mé- moire (1) où il essaie de rendre probable que, dans les effets du contraste, il y a autre chose qu’une illusion psychique. Les principales raisons qu’il allègue, sont les suivantes : En premier lieu, s’il ne s'agissait que d’un faux juge- ment, il faudrait que l’effet du contraste entre le clair et l’obseur fût le plus grand lors de la juxtaposition du blanc et du noir, puisque là est la plus forte opposition; or il n’en est pas ainsi : l’effet est plus prononcé lors de la jux- taposition du blanc et du gris, ou du gris clair et du gris sombre. En second lieu, lorsqu’ on produit les ombres colorées dans la chambre obscure au moyen de deux ouvertures dont lune est couverte d'un verre coloré, et dont lautre, qui laisse entrer la lumière du jour, peut être augmentée ou diminuée à volonté, si lon fait en sorte que les deux ombres aient la même intensité, la teinte subjective de l'ombre qui ne reçoit que la lumière du jour est si belle et si vive, qu'il est bien difficile de n a voir qu’une simple illu- sion du jugement. En troisième lieu, les yeux qui se fatiguent aisément sont les plus propres à percevoir les phénomènes de con- traste. Dans l'opinion de Fechner, lorsqu'une portion de la rétine est directemeut excitée par la lumière, les portions environnantes perdent de leur excitabilité; si la lumière (1) Ueber die Contrastempfindung, déjà cité. Yme SÉRIE, TOME XLII. 45 ( 694 ) qui agit sur une portion de l'organe est colorée, les por- tions voisines ne diminuent en excitabilité que pour la même couleur. Suivant ma théorie, cette diminution d’excitabilité provient de la réaction de la rétine contre la lumière qui la frappe, réaction qui se propage en dehors des limites de la portion frappée. Si, par exemple; on con- temple un objet rouge sur un fond gris, c’est-à-dire sur un fond qui envoie à l'œil une lumière blanche affaiblie, la réaction dont il s’agit neutralise, jusqu’à une certaine dis- tance autour de l’objet, une portion du rouge contenu dans cette lumière blanche faible, et la-fait ainsi paraître verte. Si l’objet est posé sur un fond noir, l'effet est peu prononcé, parce qu'il y a trop peu de lumière blanche réflé- chie. Si l’objet est sur un fond blanc, il y a , au contraire, trop de lumière blanche, et l'effet est également peu pro- noncé. Ainsi, dans cette manière d'envisager les choses, la réac- tion de la rétine au delà de la bande d'irradiation est trop faible pour donner lieu par elle-même à la teinte de con- traste; si cette tèinte apparait, Cest, en général , par suite de la neutralisation de l’une des composantes de la lumière envoyée par les environs de l’objet, et il faut, pour obtenir un bon effet, que le champ sur lequel on veut lobserver ait un certain rapport d'éclat avec celui qui envoie direc- tement la lumière colorée; je crois, sans pouvoir l'affirmer, que ce rapport est celui de l'égalité. Mais, dans des circonstances convenables, il y a certai- nement plus que la simple destruction d’une composante de la lumière , et la rétine prend en réalité l’état d'excita- tion spontané d’où résulte la teinte de contraste. Cela a lieu lorsque le champ incolore sur lequel elle doit se dévelop- per, est entouré par le champ coloré. Alors, en effet, toutes ( 695 ) les actions convergent de tous les points du contour du champ incolore vers l'intérieur de celui-ci, et ajoutent con- séquemment leurs influences; aussi lorsqu'on a fait en sorte qu'il y ait un rapport convenable d'éclat entre les deux champs, la teinte de contraste est si vive, qu’il faut bien lui'attribuer une existence par elle-même. Tel est le cas des expériences de Rollett (4) sur des disques en verre gris enchâssés dans des verres colorés plus grands; ce phy- sicien a obtenu ainsi des teintes de contraste qui ne le cédaient gnère en vivacité aux teintes génératrices. Tel est aussi le cas des ombres colorées, dont j'ai parlé plus haut. Ainsi, quand une portion de la rétine perçoit une cou- leur, les portions voisines tendent à percevoir ou percoi- vent réellement la couleur contraire; et un effet analogue a lieu dans le simple contraste d'éclat : par exemple, lors de la juxtaposition d’un champ blanc et d’un champ gris, le gris paraît plus sombre jusqu’à une certaine distance de la ligne de contact, et, de son côté, le blanc paraît plus écla- tant jusqu’à une certaine distance aussi de cette même ligne. Ici surgit une difficulté : on comprend, d’après ma théo- rie, que la réaction de la rétine contre la partie blanche se propage dans la partie grise, et neutralise une portion de la lumière que celle-ci envoie, d'où l'apparence plus sombre; mais pourquoi l'effet contraire dans le blanc? Pourquoi y a-t-il là une augmentation d'éclat? Fechner, dont je wai plus le Mémoire à ma disposition, explique, je crois,de la manière suivante cette augmentation d'éclat, en (1) Zur Physiologie der Contrastfarben (BULLET. ve L'Acan. DE VIENNE, 1567, t. LV, 2me partie, p. 741). ( 696 ) partant de sa théorie : puisque le champ blanc détermine autour de lui une perte d'excitabilité, on peut admettre que chacun des points de ce champ blanc détermine aussi, dans les points qui l’environnent jusqu’à une certaine distance, une perte de même nature, et en diminue ainsi l'éclat; or le champ gris produit nécessairement, dans la portion du champ blanc voisine de la ligne de contact, une perte plus faible d’excitabilité, et conséquemment, dans cette portion, Péclat doit paraître augmenté. Qu’on substitue à la perte d’excitabilité la réaction de la rétine s’exerçant latérale- ment, et Fon traduira dans ma théorie l'explication de Fechner. Hering exprime (1) une opinion analogue : il résulte de sa théorie que les différents points de l’image d’un objet clair sur la rétine doivent réagir les uns sur les autres, de façon que chacun d'eux augmente l'assimilation chez ses voisins et, par suite, obscurcit ces derniers ; de là, dans le voisinage de la limite entre le fond sombre et l'objet clair, un obscureissement moindre de celui-ci, ou, ce qui revient au même, une apparence plus lumineuse. Si ce mode d’explication est vrai, il faut évidemment que l'accroissement d'éclat du blanc soit plus grand dans le voisinage du noir que dans celui du gris, ce qui semble contraire à l’assertion de Fechner, d’après laquelle l'effet du contraste simultané est plus prononcé entre le blanc et le gris qu'entre le blanc et le noir. Or j'ai fait faire l'expé- rience par trois personnes, M. Duprez, mon gendre, et mon fils Félix, et chacun de ces trois observateurs a jugé effec- tivement augmentation d'éclat du blanc beaucoup plus (1) Zur Lehrevom Lichtsinne, 5m° communication (BULLET. DE L'AcaD. DE VIENNE, 1874, t. LXIX, 5e partie, p. 179; voir § 32). (697 ) forte près du noir que près du gris. Il est prakak que Fechner n’a porté son attention que sur l’obscurcissement de la teinte foncée (noir ou gris), obscurcissement que mes trois observateurs ont, en effet, trouvé beaucoup plus mar- qué sur le gris que sur le noir. Les phénomènes du contraste simultané, tant de couleur que d'éclat, se manifestent aussi à l'égard des images acci- dentelles qu’on perçoit dans les yeux fermés et couverts : par exemple, lorsqu'on a contemplé un objet coloré posé sur un fond noir, fond conséquemment plus sombre que lui, l’image accidentelle de cet objet, dans les yeux fermés et couverts, est entourée d’une auréole plus claire légère- ment nuancée de la couleur opposée à celle de l’image, c’est-à-dire de la couleur même de l’objet. Ainsi un objet rouge sur fond noir donne une image accidentelle verte entourée d’une auréole blanchâtre faiblement teintée de rouge. La production de l’auréole suppose nécessairement, dans ma théorie, que la rétine réagit contre l’image acci- dentelle, de sorte que la réaction s'étend au delà des limites de cette image pour engendrer, jusqu’à une certaine dis- tance, un effet opposé; or cette réaction est prouvée par les oscillations de la teinte de l'image accidentelle; ces oscillations, en effet, montrent que la rétine fait effort pour regagner l'état de repos, et nous savons que, dans des cir- constances convenables, cet effort est tel, que l'impression négative dépasse le point de repos, et redevient momenta- nément positive. L'apparence blanchâtre de l’auréole provient sans doute de ce que l’objet coloré envoie, en même temps que des rayons de sa couleur, une certaine quantité de lumière blanche. J'ai vérifié cette conjecture en employant, comme objet coloré, un verre qui ne laissait passer que de la lumière rouge homogène ; ce verre était appliqué, dans la ( 698 ) chambre obscure, à une ouverture circulaire de deux cen- timètres de diamètre, et était éclairé, au moyen d’un miroir extérieur, par la simple lumière du ciel; enfin un point noir était marqué au centre du disque rouge ainsi produit. Dans ces conditions, après une contemplation suffisante, mon gendre et mon fils Félix ont vu, dans les yeux fermés et couverts, l'image accidentelle verte du disque entourée d’une auréole décidément rouge. Seulement celte auréole était séparée de l’image verte par un anneau étroit blan- châtre parfois légèrement teint de jaune, anneau qui con- stituait probablement, par une teinte neutre, le passage de la couleur verte accidentelle à la couleur rouge de con- traste. Ici encore l'effet de coloration opposée est plus pro- noncé quand le champ sur lequel il doit se développer est entouré par celui qui envoie directement la lumière colo- rée : ainsi, après la contemplation d’un objet noir sur fond rouge, on a, dans les veux fermés et couverts, une image accidentelle décidément rouge sur fond vert; seulement celte image est plus sombre que son entourage. Je ferai remarquer, à propos des auréoles, qu'elles con- stituent par elles-mêmes une preuve que les phénomènes selon l’espace ne sont pas dus simplement à des erreurs psychiques ; en effet, le jugement peut bien nous tromper sur la couleur, mais il ne saurait nous faire voir de la lumière là où la rétine n’est soumise à aucune excitation _ particulière. _ Citons quelques-unes des ingénieuses expériences par lesquelles Hering (1) achève de démontrer l'existence de (1) Zur Lehre vom Lichtsinne , 1r° communication (BULLET. DE L'ACAD. DE VIENNE, 1872,t. LXVI, 5me partie, p. 5 ; voir $ 4), el 2me communication (Isıb., 1875, t. LXVIH, p. 186 ; voir $ 10). (699) cet état particulier d'excitation; elles n’ont été faites que sur le blanc et le noir, mais la conséquence s'étend évi- demment aux couleurs. Voici d’abord une expérience qui fournit en même temps un nouvel argument contre l'explication des auréoles pro- posée par Fechner, explication que j'ai rappelée dans ma Note précédente : si l'on a contemplé l'ensemble de deux objets blancs placés sur un fond noir et séparés par une distance convenable, de manière qu’on ait ensuite, dans les yeux fermés et couverts, deux images accidentelles ob- scures entourés d’auréoles blanchâtres, ces deux auréoles, dans la partie où elles empiètent l’une sur l'autre, renfor- cent mutuellement leur éclat, En outre, quand on attend que les images accidentelles et les auréoles s’effacent, l'im- pression qui est la dernière à disparaître est celle d’une bande blanchâtre correspondante à l'intervalle des deux objets. En second lieu, on pose, sur un fond dont une moitié est blanche et l’autre d’un noir intense, deux bandes de papier d’un gris très-foncé (1) et d’un demi-centimêtre de largeur; elles sont placées symétriquement des deux côtés de la ligne limite entre le blanc et le noir du fond, parallé- lement à cette ligne, dont elles sont éloignées chacune d'un centimètre. La bande qui se détache sur la partie blanche du fond paraît beaucoup plus sombre que l'antre. On contemple ensuite, pendant 30” à 60”, un point de la ligne limite, puis on ferme les yeux et on se les couvre; on obtient alors une image accidentelle formée de celles (1) Pour la môitié noire du fond, Hering emploie du velours, et, pour les bandes, un papier d’un noir mat, lequel paraît gris en comparaison noir du velours, ( 700 ) des deux parties du fond et de celles des deux bandes. Or si l'on observe les oscillations des différentes parties de cette image composée, on constate une sorte d’indépen- dance entre les oscillations des images des deux parties du fond et celles des images des deux bandes, de telle façon qu’il peut arriver qu’à une certaine époque du phénomène, limage de la bande qui se montre sur la moitié sombre de celle du fond paraisse plus sombre que cette même moitié, et que l’image de la bande qui se dessine sur la moitié claire paraisse plus claire que cette dernière. Enfin, quand l’image composée est déjà parvenue à un certain degré d’affaiblissement, on voit se présenter une ou plusieurs fois une phase dans laquelle la différence d'éclat des images des deux moitiés du fond est absolument nulle , et cepen- dant alors on distingue encore nettement les images des deux bandes, l’une plus claire, l’autre plus sombre que ce fond de même éclat. Ces faits prouvent d’une manière péremptoire que les phénomènes du contraste simultané ne dépendent point simplement d'erreurs mentales. Considérons, par exemple, l’image accidentelle de la bande posée sur la partie blanche du fond. Cette image est d’abord claire sur un champ sombre; or si la clarté qu’elle présente n’était qu’une illu- sion due à la comparaison avec l'obscurité environnante , Ja même illusion devrait suivre le phénomène pendant toute la durée de celui-ci; mais nous venons de voir que, dans certaines phases, l’image de la bande parait, au con- traire, plus sombre que celle du fond, et que l’image de l’autre bande manifeste des variations analogues par rap- port à son entourage. Il faut donc bien reconnaître que les portions de la rétine sur lesquelles se peignent les images des deux bandes, sont en réalité dans un état particulier ( 701 ) d’excitation. Les mêmes faits conduisent égalité à admettre que, dans les veux ouverts, la grande différence que présentent les intensités des teintes des deux bandes ne saurait être occasionnée uniquement par un jugement de comparaison entre chacune de ces bandes et la partie correspondante du fond. J'ai donné un court résumé de la théorie de Hering en ce qui concerne le contraste successif; quant au contraste simultané, il le prend plutôt comme un fait, sans chercher la cause du rapport de désassimilation et d'assimilation qui existe, selon lui, entre les deux champs dont Pun influence l’autre. Revénons maintenant à l’irradiation et à la théorie de ce phénomène que j'ai défendue, c’est-à-dire à celle de la propagation de l’impression sur la rétine. Examinons d’abord les différentes objections qui ont été soulevées contre elle. à Arago, dans une Note (1) écrite en 1813, fait remar- quer que, d’après cette théorie, impression sur la rétine devrait s'affaiblir en se propageant, de sorte que « les pla- nètes, au lieu de se présenter sous la forme de disques bien terminés, devraient, près de leurs bords , offrir une dégradation de lumière que les observations n’y font pas apercevoir. » Si c'était là une objection, elle serait également valable contre les théories qui s’appuient sur les cercles de diffu- sion et sur la diffraction, car dans toutes celles-ci l’inten- sité de la lumière doit aller également en se dégradant. Mais Volkmann y a répondu en attribuant la non-percep- (1) Sur l'irradiation, Note inédite (OEuvres complètes, t. XI, p. 555). + ( 702 ) tion du décroissement d'éclat à influence du contraste avec le champ obscur. Dans l'opinion de Welcker, si irradiation résultait de l'extension de l'impression, il faudrait s'attendre , par des analogies, à ce qu’une grande portion de la rétine frappée par la lumière donnât lieu à une large auréole d'irradiation, tandis qu’une petite portion ne serait entourée que d'une auréole étroite. Une telle objection n’a pas besoin d’être réfutée : dans la théorie en question, la largeur de la bande d'impression propagée ne dépend évidemment, toutes choses égales d’ailleurs, que de l'intensité de la sensation au bord même de l’image, et nullement de la grandeur de cette image. « Est-il rationnel, dit Trouessart, d'admettre, d'une part, pour expliquer les images secondaires, que la rétine impressionnée en un point par le rouge, vibre tout autour comme si elle était frappée par la couleur verte complé- mentaire, et pareillement, pour expliquer le contraste des couleurs rapprochées dans le temps ou dans l’espace, d'admettre que le blanc jette du noir sur le noir et le noir du blanc sur le blanc, toujours par suite de cette commu- nication sympathique des vibrations; et, d’autre part, pour expliquer l’irradiation, de supposer que la rétine ébranlée en un point par une radiation lumineuse, propage tout autour le même mouvement vibratoire, de sorte que le blanc rapproché du noir ne jette plus sur lui du noir par contraste, ou impression secondaire, mais du blanc, comme si cette portion de la rétine recevait directement l'impres- sion de la blancheur? » Ici ma théorie, telle que je l'ai exposée dans ce qui précède, répond suffisamment. Suivant Respighi, la nature de l'excitation lumineuse directe nous étant inconnue, nous ne pouvons établir à ( 705 ) priori la nécessité de la propagation latérale de l'impres- sion, En second lieu, en admettant cette propagation, nous n’avons aucune raison de supposer qu’elle s'effectue sur un espace fini et de l'étendue que comporte lirradia- tion; une telle supposition est même très-improbable, du moins dans les cas nombreux où l’irradiation occupe un espace immensément plus grand que l'image de l'objet, comme cela a lieu pour les étoiles, les planètes, etc. En troisième lieu, les objets devraient paraître également agrandis dans tous les sens, et non affectés de ces irrégu- larités qui se rencontrent d'ordinaire dans les effets de irradiation. Enfin, comme les corps très-lumineux nous apparaissent, dans la partie correspondante à lirradiation, avec un éclat quasi égal à celui de la partie correspondante à l’image, il faudrait qu’en regardant ces corps à travers une petite ouverture, l'éclat de la bande d'irradiation s’af- faiblit simplement de même que s’affaiblit celui de l’objet; mais l’irradiation ne devrait pas être rétrécie ou s'évanouir totalement comme l'expérience le montre, d'autant plus que , en même temps que l'éclat de l’objet diminue, celui du champ environnant diminue aussi. En réponse à la première de ces objections, je dirai que le principe de la propagation de l'impression est, au con- traire, pour ainsi dire nécessaire à priori. En effet, quelles que soient les modifications que subit la rétine frappée par la lumière, qu’il s’y produise des altérations chimiques, comme le veut Hering, ou des changements électriques, comme l'ont constaté Holmgren, Dewar et McKendrick, peu importe; l’action immédiate de la lumière est une action vibratoire, et l’on sait avec quelle facilité les mou- vements vibratoires se communiquent. La seconde objection se réfute par ma théorie. Sans ( 704 ) doute, si la réaction de la rétine ne se propageait pas laté- ralement, la bande d'irradiation serait beaucoup plus large, et se fondrait insensiblement dans le champ obscur; mais la réaction la détruit rapidement, de telle sorte qu’elle ne s'étend qu’à une petite distance du contour de l’image; là où elle s’annule, les deux actions se neutralisent mutuelle- ment, et au delà reparaît l'effet de la réaction propagée. C'est un passage par zéro du positif au négatif; on peut le comparer à celui qui a lieu, dans une plaque sonore, entre les vibrations opposées des deux côtés d'une-ligne nodale; cette ligne forme également un passage par zéro du mou- vement dans un sens au mouvement dans le sens contraire. Pour mieux nous figurer les choses, soit o (fig. 1) un point du bord de l’image, et oa une ordonnée désignant l'intensité de l'impression à ce bord; prenons comme abscisses, comptées sur la ligne ox, les distances à ce même bord, en exagérant, bien entendu, leurs gran- deurs, et comme ordonnées les intensités correspondantes de l'impression propagée et celles de la réaction de l'organe également propagée. Soit abcd la courbe hypothétique représentant le décroissement d'intensité de l'impression propagée si cette propagation était entièrement libre, et fhck celle qui représente, hypothétiquement aussi, le dé- croissement de la réaction propagée dans le cas encore d’une complète liberté. Je donne à cette seconde ligne moins de courbure qu’à la première, parce que la teinte de contraste s'étend assez loin, on le sait, beaucoup plus Join probablement que ne s’étendrait l'impression propa- Fig. 1. a T ( 705 ) gée seule. En o, l'intensité de l'impression l'emporte sur celle de la réaction; mais en c les deux courbes se coupent, les ordonnées aboutissant à ce point sont égales, il y a neutralisation, puis, au delà, on le voit, c'est la réaction qui prédomine. La troisième objection de Respighi est sans valeur : pour une bonne vue, les effets de l’irradiation ne sont point accompagnés des irrégularités dont parle le savant italien; quand les objets clairs ne paraissent point égale- ment élargis dans tous les sens, les lois de l’irradiation, et spécialement le principe de l’action mutuelle de deux irra- diations en regard, expliquent suffisamment les apparences observées. Quant à la dernière objection, l'éclat de l’objet étant diminué, l'impression tend à se propager à une moindre distance, et, en même temps, la réaction de la rétine est plus faible; il n’est donc pas étonnant que, les actions op- posées élant toutes deux plus petites, e wee se neutralisent plus près du contour de l'image. Burckhardt s'exprime ainsi : « Je ne puis concevoir le rapport mécanique d’après lequel, lorsque la force dimi- nue, c’est-à-dire lorsque la source de lumière s'éloigne, l’action demeure la même ou devient plus grande. » Cette objection repose sur une erreur : Burckhardt paraît ignorer que l’intensité de la sensation lumineuse est, toutes choses égales d’ailleurs, indépendante de la distance de l'objet, parce que si l'intensité de la lumière est en raison inverse du carré de la distance, l'étendue de l’image sur la rétine suit la même loi. Helmholtz avance que la propagation de l'impression constituerait un exemple de sensation sympathique, et que, dans la grande majorité des cas, l'excitation d’une fibre ( 706 ) sie ne se transmet pas à d’autres fibres sensibles. Mais il ne s'agit pas ici de sensations sympathiques; il y a simplement, comme je l'ai fait remarquer plus haut, com- munication d'un mouvement vibratoire. Si mes souvenirs ne me trompent, l’un des auteurs ci-dessus (j'ai malheureusement négligé de l'indiquer dans mes annotations) a émis l’objection suivante : pourquoi, à partir d’une lumière faible, irradiation augmente- -t-elle d’abord rapidement avec l'éclat , pour tendre vers un mazi- mum qui n’a que peu d'étendue? Comment se fait-il qu'une lumière très-vive, comme celle du soleil, ne produise pas è r une bande d'irradiation très-large? N'oublions pas qu’une impression plus vive détermine une réaction plus énergique; or si nous admettons que la réaction croisse avec l'intensité de l'impression suivant une loi plus rapide que cette dernière, nous comprendrons que l'effet résultant peut converger vers un maximum de peu d'étendue. Enfin Fechner et Fliedner partent, pour nier la propa- gation de l'impression, de l'effet des lentilles de conver- gence. Cet argument semble, au premier abord, très-sérieux ; il est effectivement impossible d'admettre qu'une lentille de convergence, qui ne diminue pas sensiblement l'éclat de l’objet, puisse modifier profondément la propagation de l'impression, et cependant, nous le savons, lorsqu'on arme l'œil d'une semblable lentille d'un foyer assez court, on n’observe plus d'irradiation appréciable. Aussi, comme je vais le faire voir, ce n’est pas en altérant la propagation de l'impression que les lentilles agissent. Peu de temps après la publication de mon Mémoire, je m'étais demandé si l’action des lentilles de convergence ne dériverait pas de ce que l'observateur armant son œil d'une ( 707 ) semblable lentille pour observer de près un objet irradiant, rapporte l’image virtuelle de cet objet non à la distance à laquelle il tiendrait un livre pour lire commodément , mais à une distance beaucoup plus petite. En effet, l’angle sous- tendu par la largeur de la bande d'impression propagée étant, toutes choses égales d’ailleurs, indépendant de la distance de l’objet, il s'ensuit que la largeur absolue qu’on attribue à irradiation est proportionnelle à la distance à laquelle on rapporte l’objet irradiant ; c'est ce que j'ai vérifié par l'expérience dans mon Mémoire, pour des distances comprises entre 67 centimètres et 8 mètres; si donc, en regardant de près, à travers une lentille convexe d’un court foyer, on rapporte l’objet à une distance très-petite, on doit juger aussi lirradiation très-petite, et elle peut ainsi échapper à l'observation. J'avais communiqué cette opinion à Trouessart, qui l'a reproduite à la page 145 de ses Recherches sur quelques phénomènes de la vision. Mais ce n’était là qu’une hypo- thèse, qui alors me semblait ne pouvoir être vérifiée; or une idée heureuse ma permis récemment d'opérer cette vérification. ll est un autre phénomène, savoir celui des images accidentelles, qui est régi par la même loi : la gran- deur absolue que nous attribuons à ces images est, on le sait, en raison directe de la distance à laquelle nous les rapportons. Si done, avant de regarder de près un petit objet à travers la lentille, on a fait en sorte d’avoir dans l'œil l’image accidentelle d'un objet coloré de dimensions connues contemplé à une distance connue, la grandeur sous laquelle on verra cette image en même temps que le petit objet, fera connaître, au moins approximativement, la distance à laquelle on rapporte ce dernier. J'ai fait essayer ce procédé par mon gendre et par mon ( 708 ) fils Félix, et voici quels ont été les résultats : une lentille convergente d'environ 5 centimètres de distance focale ayant été placé devant un journal à une distance telle qu’en approchant l’œil ou pût voir les caractères grossis et par- faitement nets, mon gendre a contemplé pendant 30”, à la distance de 24 centimètres, un carré bleu de 4 centimètres de côté posé sur un fond blanc; puis, ayant porté immé- diatement l’œil à la lentille, l’image accidentelle lui a paru n'avoir qu’un centimètre de côté; il rapportait donc l'image virtuelle des caractères d’impression à une distance quatre fois moindre que celle du carré bleu contemplé, c'est-à- dire à une distance de 6 centimètres. Mon fils a répété la même expérience en contemplant, pendant 30” aussi, le carré bleu à la distance de 40 centimètres, et, à la len- tille, l'image accidentelle n'avait également, pour lui, qu'un centimètre de côté; il rapportait conséquemment l'image virtuelle à une distance d'environ 10 centimètres. L'appareil dont je me suis servi pour constater l'effet Fig. 2. des lentilles, est celui qui est décrit dans le § 97 de mon Mémoire, et qui est représenté ici par la fig. 2; il contient deux petites plaques car- rées d'acier poli a et b qui se tou- chent par un de leurs sommets; les carrés c et d sont à jour. Quand une personne douée d'une bonne vue D appareil devant un fond obseur à la distance de la vision distincte telle que nous l'avons définie, et de manière à voir la lumière du ciel par réflexion sur les petites plaques, une irradiation très-sensible fait avancer les bords qui sont en réalité dans le prolongement l'un de l’autre; quand, au contraire, la personne tient l'appareil, à la même distance, dàn ( 709 ) projeté sur le ciel, de façon que les carrés d'acier paraissent obscurs et les ouvertures lumineuses, Pirradiation fait reculer les mêmes bords de la même quantité. Dans les deux cas, la distance entre l’un des deux bords et le prolonge- ment de l’autre est évidemment le double de l'irradiation. Je n'ai pas mesuré l'irradiation développée par la _ lumière du ciel dans les veux de mon gendre et de mon fils; mais supposons-la égale à la plus forte de celles que j'ai déterminées pour quatre personnes (voir mon Mémoire, $ 74), savoir 77”, ce qui donne 134” pour la largeur de la double irradiation. Si, d’après cela, nous calculons la lar- geur absolue sous laquelle eette double irradiation est vue aux distances respectives de 6 et de 10 centimètres, nous trouvons les valeurs approchées + et $ de millimètre, valeurs assez petites, surtout la première, pour que l'irra- diation ait pu échapper aux observations de mon gendre et de mon fils; d’ailleurs j'ai supposé une irradiation très- forte, et il est bien probable qu’elle est notablement moindre dans leurs yeux. Ce n’est donc pas l'œil qui s'accommode à une distance plus courte, car les distances de 6 et de 10 centimètres sont beaucoup plus petites que les plus petites distances de vision distincte de mon gendre et de mon fils; c'est l'es- prit qui rapporte limage à une distance moindre, proba- blement parce que l'observateur sait que l’objet est très- rapproché de son œil; l'illusion est du genre de celle qui nous fait paraître le soleil et la June plus petits au haut du ciel qu’à l'horizon. Ainsi se trouve expliqué Peffêt des lentilles de conver- gence; on voit qu'il ne constitue ancun argument contre la propagation de l'impression, et qu'il n'entraine aucune difficulté théorique. 2e SÉRIE, TOME XLII. 46 en | (710 ) Je ferai remarquer, à propos de l'effet des lentilles, que si Haidinger, Welcker et Trouessart, tous trois myopes, n’ont pas observé d'irradiation à leurs distances respec- tives de vision distincte, c’est que ces distances étaient fort courtes, et qu’ils se trouvaient conséquemment à peu près dans le même cas qu'une personne douée d'une bonne vué regardant de près un objet à travers une len- ulie convergente. Après avoir réfuté les différentes objections dirigées con- tre le principe de la propagation de l'impression, voyons quels arguments nous pouvons apporter en sa faveur. Et d’abord j'ai fait voir que cette propagation doit être considérée à priori comme quasi nécessaire, puisqu'il ne s'agit que d'une communication de mouvements vibratoires. En second lieu , j'avais invoqué, dans le $ 48 de mon Mémoire, le fait que lorsque l’image d'une tache noire sur un fond blanc ou coloré tombe sur le punctum cwecum, c'est-à-dire sur Fivsértion du nerf optique, elle disparaît, et l’on voit à sa place le blanc ou la couleur du fond, et J'avais déduit de là que si le punctum cœcum est insen- sible à l’action directe de la lumière, il est, au contraire, très-sensible à la propagation de l'impression environnante. Helmholtz qui, nous le savons, ne veut pas de la propaga- tion, cherche à expliquer d’une autre manière le remplis- sage du punctum cœcum : il montre combien le jugement est incertain sur ce qu'on voit, d’un œil, dans le champ visuel à l'endroit qui correspond au punctum cœcum, et il conclut ainsi (4): « Dans la lacune du champ visuel, on ne voit ni clarté, ni couleûr, ni obseurité : on ne voit rien dans l’acception rigoureuse du mot, et ce rien ne peut (1) Physiolugische Optik, p. 757 de la traduction française. (711) même pas se manifester sous forme de lacune ou de limite du visible, car, pour être vue, la lacune du champ visuel devrait présenter une qualité quelconque du visible, ce qui n'est pas. » Mais voir du blanc ou une couleur, est-ce ne voir rien? Lorsque je jouissais encore de la plénitude de ma vue, j'ai fait souvent l'expérience du punctum ceecum, et, d’après mes souvenirs, je percevais bien nettement, à l'endroit correspondant à la lacune, la couleur de la surface environnante; il mest impossible d'accorder à Helmholtz que je n’y voyais ni clarté, ni couleur, ni obscurité, et mon gendre ainsi que mon fils, à qui j'ai fait répéter récemment l'expérience, ont complétement partagé mon avis (1). Laissons d’ailleurs le punctum cœcum, et considérons les autres parties de la rétine. Troxler (2) a le premier, je pense, signalé le fait singulier qu’un petit objet vu indi- rectement, ou, en d’autres termes, dont l’image tombe sur un endroit quelconque de la rétine extérieur à l'axe visuel, disparaît bientôt, else trouve, comme dans le cas du punc- tum cœcum, remplacé par la couleur du fond. Brewster (5) (1) Disons ici que Scheffler, dans sa Physiologische Optik, émet une théorie toute différente du remplissage du punctum cœcum: d'après lui, lorsqu'un rayon lumineux pénètre dans l'œil, nous voyons toujours le point d'où il émane suivant la direction de la normale au point frappé de, a rėline. Partant de là, et examinant les modifications de la membrane au bord du punctum cœcum, Scheffler arrive à ‘la conclusion que les normales aux différents points de ce bord vont en convergeant, de sorte que les rayons qui viennent le frapper nous font voir de la lumière dans le petit espace correspondant à la lacune. (2) Ueber das Verschwinden gegebner Gegenstände innerhalb unseres Gesichtskreises (Ornrazuouociscue BisLiorneK DE Hmuv, 1804, t. Il, 2we partie, p. 1). 5) On some rame able afecioni af the roaa. as exhibited in its insensibility t dto th fattenuated light (Enixe. JOURN. OF SCIENCE, 1825, t HI, p. 283) (1123) et Aubert (1) ont répété et varié celte expérience. Il faut done admettre que la réaction de la rétine efface graduel- lement l’image du petit objet, et que l'impression de la couleur du fond se propage sur l'endroit que cette image occupait. A la vérité, suivant Respighi, qui cite cette expérience, la disparition du petit objet n’a lieu que lorsque se produit une variation dans l’accommodation, et si Fon maintient l'œil accommodé pour le point du fond qu'on regarde, la vision du petit objet persiste. Mais un simple changement d'accommodation ne ferait pas disparaître le petit objet, il en rendrait seulement la vision confuse. D'ailleurs. les expériences d'Aubert, qui ont été faites avec un soin extrême, ne permettent pas d'accepter l'explication ci-des- sus. Ce physicien avait disposé, dans une chambre obscure, cinq petits miroirs convexes, dont quatre aux sommels d'un carré, et le cinquième au milieu ; la lumière du jour entrant par une ouverture convenable du volet, formait sur chacun deux une petite image brillante; Aubert nomme ces images des étoiles. Il regardait fixement l'étoile centrale, et voyait bientôt s'évanouir les étoiles périphériques; chacune de celles-ci avant sa disparition s'étendait en un petit nuage. Mais l’étoile centrale se mon- trait alors tout à fait nette, « de sorte, dit l’auteur, qu'un changement d'accommodation ne peut absolument pas être regardé comme la cause de la résolution des étoiles péri- phériques en nuages blancs. » Quand l'ouverture du volet était assez grande pour que les étoiles fussent très-bril- lantes, la disparition n'avait lieu qu'après 20” ou 30”; or (1) Untersuchungen über die be orana der Netzhaut (ANN. DE POGGENDORFF , 1862, t. CXV ) $ (H3) l’auteur ajoute : « Une contemplation de 20” ou 50", quand on voit indirectement des objets brillants, est très- difficile, et, malgré ma grande habitude de ces expériences, j'ai fait beaucoup d'essais inutiles; un petit mouvement des paupières ou de la tête suffit pour déterminer la réap- parition des objets évanouis. » Il est probable, d’après cela, que Respighi, pendant qu'il maintenait l’accommo- dation, n'a pu éviter de petits mouvements de ce genre, Citons encore un fait remarquable, qui me semble ne pouvoir s'expliquer convenablement que par une propaga- tion de l'impression. Signalé d’abord par Ritter dans un ouvrage dont je ne me rappelle pas le titre, il a été décrit de nouveau par Fechner (1). Il consiste en ce que, si l'on contemple pendant longtemps un objet coloré posé sur un fond blane et bien éclairé, la teinte de contraste environ- nante s'efface, et le fond prend la même teinte que l’objet. A la lumière du soleil, la teinte du fond finit par devenir à peu près aussi intense que celle de l'objet, et elle s'étend uniformément sur tout le fond, lors même que celui-ci est une grande feuille de papier, et que l’objet supposé circu- laire n'a qu'un centimètre de diamètre. Bien que Fechner, dans son article de 1840, refuse d'admettre une propaga- tion de l'impression, il range dans le Mémoire actuel Pirradiation parmi les causes possibles du phénomène ci-dessus. Cependant il hasarde une autre explication : il admet que l’image accidentelle de l'objet coloré se forme dans l'œil pendant la contemplation, et que cette image, de couleur opposée, développe, dans l’espace environnant, sa teinte de contraste, teinte qui est conséquemment la (1) Ueber die Contrastempfindung, déjà cité. e zu ) même que celle de l'objet. Mais les teintes de contraste ne s'étendent jamais bien loin; et d’ailleurs, si l'image acci- dentelle se développe pendant la contemplation, elle ne fait qu'affaiblir la couleur de l'objet, et le résultat est tou- jours pour l'œil une teinte de même espèce, bien que d'une intensité moindre, qui ne peut ainsi produire autour d'elle une teinte identique; je ne vois done pas qu'il soit possible de rendre raison du phénomène autrement que par une propagation de l'impression. J'ai montré, dans mon Mémoire, que l'irradiation aug- mente avec la durée de la contemplation ; et, bien que cette augmentation semble avoir une limite, il est probable quelle ne fait que se ralentir, et que, lorsque la con- templation persiste, l'impression continue à se propager, et envahit le reste de la rétine, en surmontant la réaction. Pour représenter graphiquement le phénomène, nous pou- vons supposer que, dans une contemplation prolongée sous un bon éclairement, la courbe abcd de la fig. 1 s'écarte de plus en plus de Pordonnée oa, pendant quela courbe fhck s'éloigne de l'axe ox à cause de l'accroissement de la réac- tion, et qu'enfin la première se trouve tout entière au- dessus de la seconde (fig. 3), de façon que partout [impression de la couleur de l'objet soit prépondérante. Enfin le principe de la propagation de l'impression et celui de la réaction propagée au delà de l'image expliquent très-simplement la neutralisation mutuelle de deux irra- diations en regard et rapprochées, de sorte que ce phéno- (349) mène, en apparence si mystérieux, constitue l’un des appuis les plus solides de ma théorie. En effet, d’après celle-ci, lorsque deux champs irradiants sont en présence et se regardent, la réaction de la rétine qui s'exerce au delà de chacune des deux bandes d'irradiation en regard et conséquemment dans l'intervalle qui les sépare, tend néces- sairement à les détruire l’une et l’autre, et cela avec d'au- tant plus d'énergie qu’elles sont plus voisines; si, pour fixer les idées, nous supposons les deux bandes verticales, la réaction qui part de celle de droite doit neutraliser plus ou moins celle de gauche, et vice versà. Veut-on une preuve quasi directe, bien qu'assez gros- sière, de la vérité de cette explication? Je me suis dit que si les champs irradiants étaient de couleurs différentes, la réaction propagée correspondante à l’un d'eux ne devait pas détruire l'irradiation de l’autre. D’après cela, si l'on employait, par exemple, deux champs l’un rouge, l’autre vert, d'intensités lumineuses sensiblement égales séparés par une ligne noire, et si l’on observait l'ensemble à diffé- rentes distances, la ligne noire devait disparaître à une dis- tance beaucoup moindre que si les champs étaient tous deux rouges ou tous deux verts. On a préparé l'expérience de la manière suivante : une plaque de verre rectangulaire de 16 centimètres de largeur et de 25 de hauteur est tra- versée, parallèlement à ses grands côtés et à égale distance de ceux-ci, par une ligne noire large d’un millimètre; dans le tiers supérieur de la plaque, cette ligne sépare deux champs verts; dans le tiers moyen deux champs rouges, et, dans le tiers inférieur, un champ vert et un champ rouge. Ces champs sont formés de papiers colorés collés sur la plaque, et Fon a choisi les deux couleurs de manière qu’elles eussent à peu près la même intensité lumineuse. (245: ) La plaque ainsi revètue était posée verticalement sur Pun de ses petits côtés dans un lieu bien éclairé, et Tob- servateur en regardait lune des trois parties en armant son œil d'un tube noirci intérieurement; il se plaçait d'abord à une petite distance, puis reculait jusqu’à ce que, dans la partie considérée, l'aspect de la ligne noire lui parût indécis; il opérait de même pour chacune des trois parties, et mesurait chaque fois la distance correspondante à l'indécision. Voici les résultats obtenus par mon gendre et par mon fils; ils ont été sensiblement les mêmes pour ces deux observateurs; je les donne en nombres ronds , à cause du pen de précision inhérent à cergenre d'essais : Vert-vert . « 19 mètres, MOUTON 2. 0 a D APE TOUR i a ia a as de La moyenne entre les distances relatives au vert-vert et au rouge-rvuge est 14 mètres, et l'on voit que la distance 4 inètres correspondante au vert-rouge est inférieure au tiers de cette moyenne. On peut s'étonner de la grande différence entre les dis- tances respectivement correspondantes au vert-vert et au rouge-rouge. Pour éviter la gêne que le rouge voisin du vert occa- sionnait peut-être dans l’œil, on a préparé une seconde plaque, sur laquelle on a substitué au rouge une couleur plus douce, le bleu. Mon gendre a exécuté l'expérience avec cette nouvelle plaque, en employant un tube plus zn que le premier, et les résultats ont été : NEE 1 Me, Bie Bed OS br A veut VENDIO, fie REIN S,S. (CRS) La moyenne des deux premières distances est 10 mètres, et la distance 5,5 mètres appartenant au vert-bleu en sur- passe à peine le tiers. Le résultat est donc analogue à celui qui se rapporte au vert el au rouge, mais il est un peu moins accusé, sans doute parce que les deux couleurs ne sont pas opposées comme dans le premier cas. J'ai dit que ces expériences étaient grossières; il est, en effet, fort difficile de préciser la distance pour laquelle la ligne noire disparaît; c'est pourquoi j'ai préféré celle où cette ligne commence à se montrer indécise. Ajoutons que lorsque mon gendre, dans l'observation du vert-bleu, dé- passait cette dernière distance, il voyait, au lieu de la ligne noire, une ligne blanchâtre, dont je ne puis assigner lori- gine. Quoi qu’il en soit, je donne ici les résultats de ces divers essais, parce qu'ils sont pleinement dans le sens de ma théorie. Terminons par deux remarques. En premier he André, qui donne, dans Farticle que j'ai cité au commencement de cette Note, la théorie de la diffraction dans les instru- ments d'optique, fait voir que la bande lumineuse ajoutée par la diffraction au bord de l'image d'un astre dans une lunette astronomique, est d'autant plus large que louver- ture de l'objectif est plus petite; et, assimilant l'œil à une lunette de très-petite ouverture, il en conclut que tous les phénomènes d'irradiation oculaire sont simplement dus à la diffraction. Mais les choses se passent tout autrement dans l'œil nu que dans l'œil appliqué à une lunette : il résulte de la théorie et des expériences d'André que, lors- qu’on observe un astre à l'aide d’une lunette dont on rétrécit successivement l'ouverture, le diamètre apparent de l'image va en augmentant, tandis que l'éclat apparent de cette image va nécessairement en décroissant. Or, en ( 718 ) Pabsence de la lunette, pai on observe un objet irra- diant à travers un trou circulaire beaucoup plus étroit que . la pupille, on diminue aussi l'éclat apparent de l’objet, mais, on le sait, l'irradiation, au lieu d'augmenter, diminue au contraire, et peut même devenir insensible; et lorsqu'on oblige la pupille à s'ouvrir davantage en adaptant à l'œil un long tube noir comme dans l'expérience de Respighi, l'irradiation, nous le savons encore, s'accroît en même temps que l'éclat apparent. Les phénomènes dans l'œil nu sont done absolument inverses de ceux qui ont lieu dans l'œil armé d’une lunette, et dès lors il est impossible de leur assigner la même cause. On ne peut nier, dans le cas de l'œil nu, l'existence de la bande due à la diffraction, mais cette bande est sans doute trop peu lumineuse pour produire des effets d'irradiation sensibles. Ainsi l'on ne saurait envisager, avec Powell et André, l'irradiation ocu- laire comme un phénomène de diffraction. En second lien, puisque la réaction propagée de la rétine neutralise les bandes de véritable irradiation en regard et rapprochées, il semble qu’elle doit agir aussi sur les bandes de fausse irradiation résultant de la myopie ou d'une accommodation inexacte. Cependant, en discutant le prin- cipe de la neutralisation des irradiations voisines, j'ai rap- porté, on l’a vu, des expériences de Welcker d'où l'on peut inférer que la réaction dont il s’agit n’est pas assez intense pour qu'on puisse en constater nettement l'effet dans le cas des cercles de diffusion, sans doute parce que ces cercles sont produits par l’action directe de la lumière. Or nous avons vu, dans l'expérience du fil de cocon, deux véritables irradiations de 52’ se détruire parfaitement par leur voi- sinage mutuel; de là la conséquence bien probable que la véritable irradiation n'est point engendrée par l'action (719) directe de la lumière, et qu’ainsi elle résulte d’une propa- gation de l'impression; c'estj donc un nouvel argument à ajouter à ceux que j'ai fait valoir en faveur de cette pro- pagation. Je me demande comment une théorie si simple, presque nécessaire à priori, et à l'appui de laquelle on peut citer des faits, a été l’objet de tant d’attaques. J'espère que la discussion dans laquelle je suis entré modifiera, à cet égard, les idées des physiciens et des physiologistes. Note sur les phénomènes de la digestion et sur la structure de appareil digestif chez les Phalangides; par M. Félix Plateau, membre de l’Académie. SL. AVANT-PROPOS. La Notice actuelle constitue un chapitre détaché d’un travail étendu sur les phénomènes de la digestion chez les Arachnides. L'organisation assez spéciale des Phalangides permettait cette séparation. J'ai cédé au désir de diminuer ainsi le volume de la publication principale. Terminées une première fois dans l'automne de 1875, les recherches qu'on va lire ont été refaites entièrement, tant pour la partie expérimentale que pour la partie ana- tomique, pendant l'été de 1876. Je puis donc avoir la plus grande confiance dans-l’exactitude des résultats et si quel- ques points sont restés obscurs, le lecteur voudra bien se souvenir des difficultés que présentent les dissections et les expériences effectuées sur d'aussi petits animaux. Tous les essais ont été faits sur des individus capturés à l'instant même. A ce propos, je saisis l’occasion de pro- ( 749 ) tester énergiquement contre l'allégation plusieurs fois émise que mes expériences antérieures ont été entreprises sur des animaux affaiblis par la captivité. Mon habitation ayant un jardin spacieux, ayant vue sur un grand jardin public et étant située, de plus, à peu de distance de la campagne, se trouve dans de trop heureuses conditions pour que j'aie songé un instant, à moins de cas bien déter- minés, à me donner la peine d’ élever les articulés que je voulais étudier. Les espèces de Phalangides sur lesquelles ont porté mes recherches sont les suivantes : Phalangium cornutum L., Ph. parietinum De Geer, Opilio hystrix Latr., Leiobunus rotundus Latr. Comme dans mes travaux précédents, je réunis ci-des- sous la liste des figures concernant le tube digestif : INDICATIONS ICONOGRAPHIQUES. 1809-1811, RAMDOHR. Abhandlung über die Verdauungswerkzeuge der Insecten Atlas. Viertes Heft. PI. XXIX, fig. 1 à 7. Tube digestif de Phalangium cor- nutum. 1816. TREVIRANUS. Vermischte Schriften. Erster Band. PI. II, / fig. 16 et 17. Tube digestif de Phalangium cornulum. 1845. A. Tuuk. Upon the anatomy of Phalangium opilio (ANN. AND MAG. OF NAT. HIST., t. XIT), pl. IV, + 17 à 20. Tube digestif de Phalangium rnulum. 1855. Ta. RYMER JONES. nen outline of the organisation of the animal kingdom. 2e édition, fig. 192, p. 415. Appareils digestif et circulatoire de Phalan- gium 1851-1859. E. BLANCHARD. L'organisation du règne dend (Arachnides). l. XXXI, fig. 5 à 11. Appareil digestif de deld um cornulum. ( 721 ) Latreille (1) est, si je ne me trompe, le premier qui ait ‘tenté la dissection d’un Phalangium, puis sont venus successivement les travaux de Ramdohr, de Marcel de Serres (2), de Treviranus, de Tulk et enfin de M. Emile Blanchard, qui n’a malheureusement publié que les plan- ches. Les traités d'anatomie comparée et les ouvrages géné- raux sur les Arachnides ont puisé, suivant leur époque, à Pune ou à l’autre des sources en question. Je citerai plus loin ceux qui renferment des remarques à signaler. Le tube digestif des Phalangides est caractérisé, à pre- mière vue, par la présence de nombreux et volumineux cœæcums occupant presque entièrement la cavité du corps et signalés par tous les observateurs. IÌ se compose de trois portions nettement distinctes (fig. 1, 2, 3, 9) : 1° un tube étroit; 2° une poche spacieuse médiane dans laquelle les cœcums viennent s'ouvrir; 5° un canal assez large, à faible courbure, aboutissant à l’anus. Naturellement, les anato- mistes leur ont immédiatement appliqué les trois termes d’œsophage, estomac et intestin. Les recherches physiolo- giques pouvaient seules résoudre la question. On verra, par ce qui suit, quelles sont les conclusions, très-simples, du reste, auxquelles elles m'ont conduit. Je donnerai, dès à présent, à ces trois parties, les noms d'intestin buccal, moyen et terminal. (t) Histoire naturelle des fourmis et recueil de mémaires et d'obser- vations sur ze abeilles, les araignées, les faucheurs el autres insectes, p. 569, Paris, an X. 1802. (2 Sur + usages du vaisseau dorsal (suite) (Mém. ou Muséum, t. V, p. 106. Paris, 1819). (72) S H. ALIMENTATION. Les Phalangium se nourrissent d'insectes, petits dip- tères, microlépidoptères, ete., qu'ils ne se bornent pas à sucer, comme les Aranéides, mais qu’ils dévorent à la façon des insectes carnassiers. Ceci résulte non-seulement de nombreuses observations directes rapportées par les arach- néologues, mais aussi de l’examen du contenu du tube digestif et de la composition des excréments. C'est ainsi que Tulk cite, dans ces derniers, des débris de cornées d'insectes, de pattes, d’ailes, d'antennes, etc. (1). Je pour- rais ajouter, d’après mes recherches personnelles, des tronçons de trachées, des poils, des écailles de lépidop- tères, etc. , etc., c’est-à-dire allonger inutilement la liste. Le fait important sur lequel je crois devoir appeler l'at- tention , c’est que les fragments sont toujours assez petits pour exiger, dans un examen complet, des grossissements de 200 à 250 diamètres. Ce qui nous montre que les Phalangium, comme tous les articulés non suceurs à ceso- phage étroit, divisent leurs aliments en parties ténues avant de les faire passer dans la cavité digestive. Un auteur de talent, M. A. Menge, à qui l’on doit plu- sieurs travaux estimés sur les Arachnides, a élevé diffé- rentes espèces de Phalangides en captivité. Ayant mis à leur disposition des aliments de natures très-diverses et leur ayant vu manger des substances végétales, telles que du pain mouillé, des fèves bouillies, il a cru pouvoir en (1) Upon the anatomy of Phalangium , ete., op. cit., p. 248. ( 725 ) déduire que ces animaux ne sont pas exclusivement car- nassiers, mais omnivores (1). Bien que j'aie vérifié l'exactitude de ces observations, au moins pour le pain mouillé, et que tous les amateurs de fruits accusent les Phalangides de s’attaquer aux abri- cots et aux pêches, je persiste, vu les expériences qu’on trouvera décrites plus loin, à considérer ces Arachnides comme carnassiers et j'attribue provisoirement les faits signalés par M. Menge et d'autres à la nécessité d'étancher la soif. En effet, les Phalangides ont un besoin impérieux d'humidité : Hammer (2) a vu un faucheur boire avidement quelques gouttes d’eau; M. Menge les a vus boire égale- ment; j'ai constaté, avec cet auteur que, comme les Myria- podes (3), on ne peut les conserver en vie que dans un vase contenant du sable humide; enfin, il est très-pro- bable que c'est le même besoin qui fait apparaître ces ani- maux en grand nombre sur les plantes basses à la suite des pluies. S HT. INTESTIN BUCCAL. L'intestin buccal décrit une courbe peu accusée; il se distingue nettement de celui des Aranéides par l'absence d'appareil de succion sur son trajet el se rapproche, par l’ensemble de ses caractères, de celui de beaucoup d'In- sectes. # (1) Ueber die Lebensweise der Afterspinnen (Phalangida), pp. 52 et 53. Danzi 50. (2) Dans Hermann. Mémoire aptérologique, p. 100. Strasbourg, 1804. (5) Recherches sur les phénomènes de la digestion et sur la structure de l'appareil digestif chez les Myriapodes de Belgique (MÉM. ve 1'Acap. ROY. DE BELGIQUE, t. XLI, 1876), pp. 8 et 9. ( 724) C’est chez l’Opilio hystrix que les détails sont les plus facilés à analyser; je décrirai donc l'intestin buccal de cette espèce : on y distingue (fig. 4) une sorte de pharynx (a), une portion } tdite(b), relati étroite, mais flexible au lieu d'avoir, comme chez les Ara- néides des parois rigides, une partie terminale renflée (c), faisant songer à un jabot, mais trop peu volumineuse pour mériter ce nom. Les parois très-transparentes comprennent une couche musculaire, une membrane propre, une couche épithéliale, une cuticule interne, La cuticule nette, quoique fort mince, tapisse toute la _ longueur de l'intestin buccal et ne présente de saillies que dans la région pharyngienne. Là cette membrane chiti- neuse forme, par des épaississements locaux, six nervures longitudinales groupées deux par deux (fig. 4* et 5), cha- cune d'elles portant latéralement de nombreuses petites éminences coniques dont les extrémités divisées en fila- ments se perdent dans les parois cuticulaires et en aug- mentent la résistance (fig. 8). Tout le long des nervures en question s'insèrent, en grande quantité, les cylindres musculaires dilatateurs du pharynx. Tulk a donné (1) une description de la région pharyn- gienne, mais en commettant une erreur; il ne signale, en effet, que deux nervures en tout. i La couche épithéliale, fort insignifiante, composée de très-petites cellules, n’acquiert une certaine importance que dans la partie terminale renflée (c) à laquelle elle donne une teinte jaunâtre (fig. 6 et 7). Si cet épithélium est autre chose qu'une couche chitinogène, ce dont on (1) Upon the anatomy of Phalangium, etc., op. cit., p. 245. ( 725 ) . pourrait douter, le rôle du liquide sécrété doit être bien minime dans la digestion. La couche musculaire n'offre rien de particulier, si ce west une augmentation d'épaisseur dans la partie termi- nale renflée dont nous venons de parler. L'intestin buccal aboutit brusquement à l'intestin moyen quioffre en cet endroit un bourrelet musculaire circulaire faisant office de sphincter (4). Ajoutons, en terminant, que les aliments traversent rapidement l'intestin buccal et ne s’y accumulent jamais. § IV. INTESTIN MOYEN ET COECUMS. DIGESTION DANS GETTE PORTION DU TUBE DIGESTIF, L'intestin moyen (fig. 2), nommé estomac par Ramdohr, Tulk et M. Blanchard, est une vaste poche pyriforme oc- cupant une position infère par rapport à l’ensemble des nombreux coecums qui l'entourent et qui s'ouvrent tous, par groupes, à droite et à gauche, dans sa région dorsale (fig. 1) au fond de six dépressions facilement visibles (fig.9). Le nombre total des coecums est de trente. Comme l'as- pect extérieur du tube digestif des faucheurs a déjà été décrit plusieurs fois, je ne reviendrai plus sur le groupe- ment, la forme, etc., en un mot sur une disposition con- nue ; je ferai cependant remarquer qu’une seule des figures, parmi celles que je cite plus haut, la figure 192 du Gene- (1) L'intestin buccal des autres espèces est construit suivant le même type. Chez le Ph. cornutum il est plus court et le reuflement terminal est moins accusé. 2e SÉRIE, TOME XLII. 47 b ( 726 ) ral outline of the organisation of the animal kingdom de M. Th. Rymer Jones(1), indique la pénétration de quelques- uns des coecums dans les coxopodites des pattes. Dans la figure en question, des ececums occupent l’origine de deux paires de pattes antérieures; mes observations complètent celte donnée, des coecums latéraux pénètrent aussi loin dans les pattes des deux dernières paires. L'étude microscopique des cæcums et de l'intestin moyen n'ayant été faite que d’une façon rudimentaire, j'insisterai quelque peu sur cette partie de mes recherches. Intestin moyen. — L'intestin moyen proprement dit a des parois assez épaisses comprenant, outre la tunique propre, une tunique musculaire indiquée dans une des figures de M. Blanchard (2) et dont les cordons transver- saux principalement développés déterminent des plisse- ments lorsque l'organe est fendu et étalé sur une prague de verre. La surface interne de l'intestin moyen est veloutée, ordinairement blanche ou d’un blanc jaunâtre; le micro- scope y montre un bel épithélium de petites cellules eylin- driques affectant quelque peu l'aspect de massues (fig. 10). Elles sont réunies par touffes produisant le velouté dont je viens de parler, sont fortement chargées de globules inco- lores ou jaunâtres d’une grande finesse, et contiennent un noyau clair décelable par l'acide acétique. Ainsi que chez beaucoup d’articulés, l'épithélium est à nu; il n’y a pas de cuticule chitineuse dans l'intestin moyen. Ce que je dirai plus loin du mode de formation des masses (1) Je ne sais si cette figure est serge ou si elle est empruntée à quelque ouvrage dont j'ignore l'existence (2) L'organisation du règne animal US pl. XXXI, fig. 9. ( 727 ) exerémentitielles fera comprendre toute l'importance de ce fait anatomique. Il n'existe point de valvule entre l'intestin moyen et l'intestin terminal, mais un simple repli. Treviranus, Tulk et M. Blanchard ont décrit ou figuré à la surface externe et ventrale de l'intestin moyen des bandes longitudinales sinueuses très-diversement inter- prétées. Treviranus y voit du tissu adipenx (1), Tulk les regarde comme représentant des tubes hépatiques (2), ma- nière de voir adoptée par M. Milne Edwards (5); l'explica- tion des planches de M. Blanchard les intitule glandes (4). Il y avait donc intérêt à élucider ce détail. En examinant l'appareil digestif par la face ventrale (tig. 2), on observe, en effet, chez tous les individus, à la surface de l'intestin moyen, une couche plus ou moins épaisse blanchâtre, translucide, formée, pour la plupart des espèces, de bourrelets sinueux à peu près parallèles, entre lesquels rampent des troncs trachéens (5). Un examen microscopique, même rapide, montre immé- diatement qu'il ne s’agit en aucune façon de glandes en tubes. Les bourrelets ou cordons que l’on isole aisément ne présentent ni canal, ni épithélium; leur rupture ne déter- mine aucun écoulement de matière. On a simplement sous les yeux un tissu conjonctif graisseux accompagné de tra- chées, c'est-à-dire du tissu adipeux (fig. 11). (1) Vermischte Schriften , etc., op. cit., (2) Upon the anatomy of Phalangium, ee ‚op. cit., p. 249. (5) Leçons sur la igg # léhalonée comparée de l'homme et des animaux, t. V, p. 580, en n (4) Lérgeh baston du règne sad PERE pl. XXXI, ai (3) Chez l'Opilio hystriæ, le tissu en question forme des sailiies ai vement considérables, sphériques ou ovoïdes, groupées en rosettes, ou les unes à la suite des autres en chapelets. ( 728 ) Dès lors, ce tissu ne pouvait être localisé spécialement sur l'intestin moyen et devait se trouver en abondance ail- leurs. C'est ce dont il est facile de s'assurer : tous les. cœcums sont revêtus extérieurement d’une couche, faisant fonction de couche péritonéale, composée de bourrelets blanchâtres moins épais que ceux de lintestin moyen (tig. 12), mais identiques en texture microscopique (fig. 15). Le tissu adipeux s'observe, de plus, en nappes, recou- vrant la partie antérieure de l'intestin moyen et l’origine de Peesophage, revêtant l'intestin terminal, enfin passant comme un pont de ce dernier sur les grands coecums pos- térieurs (fig. 2). Sa texture est encore la même (tig. 14) et l’on peut, sans trop de difficulté, trouver des points où les portions en nappes sont en continuité avec celles qui ont pris la forme de bourrelets. J'ai comparé le tissu adipeux en nappes des Phalangides à celui des Insectes, de chenilles, par exemple, et, malgré la distance qui sépare l’organisation de ces animaux, Pana- logie est si grande qu’il n’y a point de doute possible (1). Les bourrelets de la face ventrale de l'intestin moyen ne sont donc, ainsi que Treviranus l'avait soupçonné, qu'un groupement spécial du tissu adipeux et, par conséquent, nous n'avons plus à nous en occuper au point de vue des phénomènes de la digestion. wecums. İl était assez important de déterminer dès Yabord si, parmi les nombreux cœceums du tube digestif des faucheurs, il y avait des différences de structure per- mettant de supposer des rôles distincts. Rien de pareil ne se constate; tons ces appendices ont une composition iden- (1) L'action des solutions alcalines et de l'éther ajoute, du reste, une coufirmation de plus. C F29 j tique, ce ne sont donc que si subdivisions d'un seul et même organe. Leur coloration la plus générale varie du gris au brun; elle est toujours semblable pour tous chez le même indi- vidu. L'origine de chaque cœcum est accompagnée d’un tronc trachéen donnant naissance à un beau réseau de trachées déjà indiqué par Marcel de Serres (1) et rappelant les réseaux analogues des coecums sécrétoires du tube digestif des Insectes (2). La paroi extérieure, abstraction faite des bourrelets de tissu adipeux, est relativement mince; elle répond à une tunique propre, car il n’y a aucune couche musculaire ; ce dont on peut s'assurer et par le microscope et par ce fait caractéristique que les cœcums fendus ne s’enroulent ja- mais, comme le font, au contraire, l'intestin moyen et l'in- testin terminal sous l'influence de leur musculature. Cette paroi est plissée longitudinalement, aussi la sec- tion d’un cœcum présente-t-elle la figure d’une étoile (fig. 15) à un nombre variable de rayons. La surface interne est tapissée par un épithélium diffé- rant notablement de celui de l'intestin moyen et dont la description fera comprendre nettement la nature des cœcums (3) (1) Sur les usages du vaisseau dorsal, ete, op. cit., p. 107. 2) Voyez, à cet égard : Sirodot. Recherches sur len sécrétions chez les insectes, Thèse. Paris, 1839, pl. IX, fig. 9; pl. XII, fig. 4 et 5, et mon Mé- moire: Recherches sur les phénomènes de la dijen chez les insectes, pl. E, fig. 10; pl. HI, fig. 59. - (5) zie n'avait été évidemment qu'entrevu par Latreille et Ramdobr: Tulk se borne à le qualifier de matière granuleuse et M. Blanchard, figurant un cœcum 4 un trop faible grossissement, ne représente qu’un simple poin- tillé. + ( 750 ) C'est un épithélium de la catégorie des épithéliums cylin- driques, composé de grosses cellules les unes cylindriques à proprement parler, les autres tout à fait en massues à pédicule étroit, avec tous les passages entre ces deux états; celles de ces cellules qui se détachent prenant immédia- tement la forme sphérique (tig. 16° et 17). L'observation de la face interne des cœcums avec une simple loupe montre une ponctuation serrée; les points en question sont dus au groupement des cellules en petites touffes. La teinte générale de lépithélium est ordinairement brune; j'ai vu des individus chez lesquels il était vert et, enfin, j'ai observé une femelle de P. cornutum dont tous les cæcums étaient blancs. La coloration est due aux élé- ments qui chargent le protoplasme cellulaire; ceux-ci se composent en général d’abondantes granulations très-fines d'un jaune brunâtre ou verdâtre accompagnant des glo- bules sphériques d'aspect graisseux identiques à ceux des cellules hépatiques des Aranéides (fig. 16°). Enfin, chez beaucoup d'individus, mais non chez tous, j'ai constaté la présence de nombreuses cellules contenant deux, trois ou plusieurs masses, sortes de concrétions d’un brun foncé constituées par des globules déformés pressés les uns contre les autres. On peut montrer à l’aide de la soude caustique en solu- tion assez concentrée, que les fines granulations dont les cellules sont chargées en si grande abondance ne sont point de nature graisseuse. Sous l’action de ce réactif, les cellules se gonflent d'abord beaucoup en prenant un aspect mûriforme; petit à petit leur paroi se détruit, puis Je con- tenu, mais les granulations fines résistent indéfiniment et viennent se rassembler sous le verre à couvrir. ( 731 La membrane cellulaire est d'une délicatesse excessive et se rompt pour les moindres causes; j'ai assisté à la rupture spontanée de cellules répandant leur contenu de protoplasme et de granules. La cavité des cœcums contient un liquide où flottent de nombreuses cellules épithéliales détachées et une fine poussière de gouttelettes graisseuses et de granulations provenant de la rupture dés cellules. La suite des faits qui se passent dans les cœcums m'a paru la suivante : les jeunes cellules sont claires, cylin- driques; leur protoplasme se charge petit à petit de gra- pulations fines, de globules graisseux et, enfin même, de concrétions brunâtres ; elles gonflent et prennent la forme de massues. Mères, les cellules se détachent en devenant sphériques ; leur pédicule contracté se montre à un gros- sissement de 500 comme un corps ratatiné occupant le centre d'une légère dépression (fig. 18). Elles flottent dans le liquide produit par leurs devancières, puis se rompent en y ajoutant leur contenu. Tout ceci coïncide avec un des deux types principaux admis pour les phénomènes sécrétoires des glandes. Ainsi que Tulk (1) l'avait déjà fait remarquer, on ne trouve jamais de matières alimentaires dans la cavité des cœcums; celles-ci ne s’observent que dans l'intestin moyen. _ Les cœcums des Phalangides sont done bien, sans con- testation possible, des organes glandulaires en tubes de- versant leur produit dans l’intestin moyen et constituant, par leur réunion, une glande volumineuse. En terminant leur description, j'appelle l'attention du (1) Upon the anatomy of Phalangium , etc ‚op. ĉit , p. 249. ( 732 ) lecteur sur l’énorme différence existant entre ces appen- dices et les cæcums céphalothoraciques de l'intestin buccal (Estomac annulaire des auteurs) des Aranéides. Fonctions de l'intestin moyen et des cœcums. — Il nous restait, et c'était la partie la moins aisée de notre tâche, à tenter la détermination expérimentale des fonctions spé- ciales de l'intestin moyen et des coecums. Voici d'abord comment j'ai procédé, dans un grand nombre d’essais, pour constater la réaction du liquide propre sécrété par lépithélinm de l'intestin moyen : on enlève les cæcums; l'intestin moyen est fendu en long, vidé, lavé rapidement et déposé sur une plaque de verre posée sur un papier blanc. On y ajoute une goutte ou deux de l’un des réactifs suivants et on couvre d’un verre à couvrir : 4° Une solution de tournesol bleu, très-sensible, rou- gissant pour de l’eau ne contenant que mw d'acide chlor- hydrique, ne donne lieu à la production d'aucune au- réole (1). 2% La teinture de dahlia rouge qui brunit pour de _très-faibles quantités de matière alcaline ne donne rien. 3° La teinture fraiche de violettes ou de pensées qui verdit dans les mêmes conditions et rougit pour les acides faibles ne donne rien non plus. Enfin, 4°, en écrasant l'intestin moyen sur un fragment de papier de tournesol rougi, préparé avec soin et placé sur une plaque de verre, j'ai toujours obtenu une tache bleuâtre, mais ne se manifestant qu’à la longue. (1) D’après une communication verbale, cette façon de procéder aurait déjà été employée par M. Jousset de Bellesme dans ses recherches sur la digestion de la Blatte, ( 735 ) Ces expériences effectuées immédiatement après la cap- ture des animaux indiquent donc que la sécrétion en ques- tion n’est jamais acide, mais est neutre, les traces d'al- calinité étant par trop faibles pour qu’on en tienne compte. En broyant les intestins moyens de deux individus avec un peu de lait, je n'ai pas obtenu de coagulation. L'action quoique longtemps prolongée de l'intestin moyen sur l’empois clair d'amidon est absolument nulle. Les mêmes expériences ont été répétées à satiélé sur les cæœcums, non vidés, bien entendu, et en employant chaque fois la presque totalité des cæcums de chacun des individus. De tous les réactifs la teinture de violettes seule a manifesté quelque chose ; une auréole verte peu intense indiquait, dans certains cas, une très-légère alcalinité. Je conclus donc, encore une fois, à une sécrétion neutre. Ce liquide, pas plus que celui de l'intestin moyen, n’a d’action sensible sur le lait. Son évaporation spontanée ne fournit point de cristaux. Deux procédés pour la recherche du sucre, l’un par l'ex- traction à l'alcool, Pautre par lextraction à l’eau, appli- qués chaque fois aux cœcums réunis, soit de trois, soit de quatre individus, m'ont donné l'indication de traces de glucose. Outre les propriétés digestives dont je vais parler plus loin, le suc des cœcums est peut-être destiné à la transfor- mation de petites quantités de matières amylacées en glucose. Cependant son action est bien faible; ainsi, dans diverses expériences où elle fut prolongée pendant trois et quatre heures sur l’empois d'amidon clair à des tempé- ratures de 16° à 22° C., on n'obtint que des traces de glucose. Dans un seul cas où la durée du contact fut ( 734 ) de cinq heures, la quantité de glucose s’est trouvée nolable (1). La réaction préconisée par M. Claude Bernard pour dé- celer le tissu pancréatique (2) essayée avec la substance de plusieurs cœcums, même durant quelques heures, ne réussit jamais. L'intestin moyen, au contraire, m’a donné parfois une trace d'auréole rosée, mais si faible que je n'oserais rien en déduire. _ En broyant avec un peu d’eau les coecums de trois indi- vidus, filtrant au travers d’un tampon de coton et rédui- sant à une douce chaleur (60° à 65°) à la moitié du volume, on obtient un liquide qui fournit une bonne émulsion persistante avec dix fois son volume d'huile d'olive. Cette. action émulsive sur les graisses amène naturellement à établir un parallèle avec certains organes glandulaires du tube digestif des Insectes, notamment des Blattaires, chez lesquels M. Jousset de Bellesme (3) et moi (4) nous avons constalé une sécrétion émulsionnant les corps gras et, de plus, dissolvant les albuminoïdes; parallèle qui m'aurait certainement conduit à tenter des digestions artificielles à l’aide du liquide des cæcums des Phalangides si d'autres considérations ne m’avaient déjà poussé dans cette voie. Une partie des expériences dont je vais rendre compte est, (1) Dans toutes les expériences, un tube témoin renfermant de l'empois seul permettait de s'assurer que le sucre décelé par les réactifs ne prove- nait point d'une transformation spontanée de la fécule. (2) Leçons de physiologie expérimentale, p. 555. Paris, 1856. (5) Recherches expérimentales sur la digestion des Ban et en par- ticulier de la Blatte, pp. 54 à 60. Paris, 1875. (4) Note sur les phénomènes de la dijotion chez la Blatte américaine Cr PETE (BULLET. DE L'ACAD. ROY. DE BELGIQUE, 2° série, t XLI, 1 C 799 } en effet, antérieure de plusieurs mois aux travaux sur les Blattes auxquels je fais allusion. Il était non-seulement très-intéressant de s'assurer si la sécrétion des ececums digère la chair des animaux, mais il était, de plus, fort important, alors que j'avais trouvé des différences considérables entre les épithéliums sécré- toires de l'intestin moyen et des coecums (voy. pp. 726 et 729, fig. 10 et 16°), de déterminer lequel des deux pro- duit le liquide actif. Vai répété plusieurs fois les essais en faisant agir paral- lèlement et dans les mêmes conditions de température, d'humidité, ete., sur des muscles thoraciques de mouche domestique et de Calliphora vomitoria , ainsi que sur de petits cubes d'albumine d’un demi-millimètre de côté (1), 4° le liquide résultant du broiement avec une goutte d'ean des cœcums tantôt de trois, tantôt de six individus; 2° le liquide provenant du broiement avec une goutte d'eau des intestins moyens isolés et vidés des mêmes; 3° de l'eau distillée seule. | Les résultats peuvent se résumer comme suit: 4° L’action du liquide de l'intestin moyen sur les mus- cles de mouche et les cubes d’albumine est comparable à celle de l’eau pure, donc à peu près nulle. 2% Celle du liquide des cœcums est manifestement digestive. Les cubes d’albumine y deviennent transparents sur les bords, mous et s’écrasent immédiatement sous le poids d’un petit verre à couvrir, tandis que pour l'eau pure (1) L'emploi des cubes d’albumine de l'œuf coagulée par la chaleur a été indiqué pour la première fois, je pense, par M. Jousset de Bellesme (op. cit., p. 54). Malgré ce que j'en ai dit dans mon travail sur la Blat:e américaine, le procédé est bon. ( 756 ) et le liquide de l'intestin moyen ils restent blancs, opaques, à arêtes nettes et supportent facilement, non-seulement le poids d'un verre à couvrir, mais, de plus, des pressions verticales d’une certaine valeur. Les muscles de mouche qui résistent aussi, du moins pendant la durée limitée des expériences, à l'eau pure et au liquide de l'intestin moyen, s’altèrent profondément dans le liquide des coecums; les fibrilles s'égrènent en chapelets de petits globules; les muscles considérés dans leur ensemble ne sont plus qu'une sorte de bouillie que le moindre poids écrase immédiatement. Cette action incontestable de la sécrétion des coecums sur les albnminoïdes est très-lente; certaines expériences ont duré 70 heures sans amener de dissolution com- plète (1), fait qui tient certainement, en partie, à ce que, dans l’état de nature, la sécrétion continue et renouvelle l'effet, tandis que dans les expériences le liquide reste le même el se sature. On a vu plus haut que, suivant M. Menge, les Phalan- gides seraient omnivores et mangeraient volontiers des substances végétales amylacées, Si l'organisation de ces animaux était telle, en effet, le contenu de leur tube diges- tif devait, après une alimentation exclusivement végétale, même de quelques heures, donner nettement les réactions du glucose. L'expérience directe ne conduit cependant pas à ce ré- sultat. Quatre Phalangium cornutum reçoivent pour toute (1) La durée habituelle des expériences a été de vingt-quatre heures seulement; je voulais éviter, naturellement, qu'on pùt attribuer certains résultats à des phénomènes de décomposition. La température de la salle n'a jamais dépassé 25° C. (797 ) nourriture, pendant 48 heures, du pain mouillé. On s'assure qu’ils en mangent, en effet, peut-être simplement pour satisfaire la soif. Les excréments qu’ils rendent dans ce laps de temps sont pâles et mous. La recherche du sucre à Paide de la liqueur de Fehling pour les intestins moyens réunis et leur contenu indique une faible trace de sucre; mais cette quantité est si petite, si analogue à celle que fournissent les cœcums, non-seulement dans ce cas-ci, mais dans les autres essais ordinaires, si considérablement en dessous de ce qu’on observe chez les Insectes à nourri- ture végétale, qu’il devient bien difficile d'admettre que les Phalangides soient organisés pour une alimentation mixte. Du reste, chez les Aranéides, le liquide sécrété par le foie et qui, suivant mes recherches récentes, a des effets si marqués sur les graisses et les albuminoïdes, transforme aussi activement les féculents en glucose et cependant personne n’admettra que les araignées je blog dites soient omnivores. Nous pouvons donc déduire de la série d'expériences exposées jusqu'à présent, que l'alimentation normale est animale, que la proie divisée en petits fragments est intro- duite dans l'intestin moyen, enfin qu’elle y est soumise à l’action d’un liquide digestif sécrété en abondance par les cœcums, liquide émulsionnant les graisses et dissolvant les albuminoïdes en les transformant en composés assimi- lables analogues aux peptones Mais quel est alors le rôle de Pépithélium de l'intestin moyen? les observations suivantes vont l’élucider claire- ment. Chez un faucheur qui vient de manger, l'intestin moyen est rempli d’une pulpe rosée sans consistance. Si on examine, au contraire, le contenu chez un Phalangium ( 758 ) où le travail digestif tonche à sa fin, on trouve une masse relativement volumineuse, brune ou presque noire, molle, toujours contournée en hélice et dans laquelle le microscope montre de nombreux granules brunâtres très- fins, de rares cristaux prismatiques, des grains de sable et tous les éléments chitineux non solubles des insectes ava- lés (fig. 19, 20, 21, 22). Si l'observation est faite un peu plus tard, on constate que la masse formée des résidus de la digestion peut-être extraite en entier sans perdre sa forme et qu’elle est -intimement enveloppée d'une mince couche tranparente logeant dans son épaisseur quelques noyaux elliptiques à contenu granuleux brillant (fig. 23). Plus tard encore, le tout a la forme d’un sac ovoïde de 1 '/2 millimètre de longueur dont le petit bout ou la pointe est tourné vers l’origine de l'intestin terminal. Son enveloppe est alors formée de deux couches (fig. 24), une externe plus résistante, une interne mince appliquée sur le corps en hélice. L’externe peut donc être rompue, comme Tulk l'avait déjà signalé (1) sans que la masse intérieure soit modifiée dans son aspect. L'insolubilité de lenve- loppe dans l’eau, l'acide acétique pur et la soude caustique en solution concentrée permet de supposer une substance analogue à la chitine (2). Pour expliquer la provenance de l’enveloppe en ques- tion, M. Milne Edwards (3) dit qu’elle résulte « probable- ment d'une mue de la tunique épithélique » du tube digestif. Mais, ainsi que je lai déjà montré à propos de faits (1) Upon the anatomy of Phalangium, etc., op. cit., p. 248. (2) Ainsi une immersion dans la soude caustique concentrée durant trois jours ne détruit pas l'enveloppe extérieure. (5) Leçons sur la physiologie et l'anatomie comparée de l'homme et des animaux, t. V, p. 580 (en note). ( T39 ) semblables que j'ai rencontrés chez les Myriapodes chilo- podes (1), on ne saurait rien accepter de pareil : lépithé- lium est trop facile à reconnaître pour qu’on le confonde avec la membrane d’enveloppe; on ne peut, non plus, croire à la mue d’une cuticule qui n'existe pas (page 8). Il faut done admettre, comme l’a du reste fait Tulk, qu'il y a sécrétion sur place de enveloppe en question (2), L’auteur anglais et moi nous différons cependant d’opi- mion quant aux éléments producteurs de la couche envelop- pante. Il suppose tout à fait gratuitement « That one office at least of the cœca is to secrete this matter which dischar- ged into the stomach agglutinates the particles of food together. » Jai montré, au contraire, par l'expérience, les propriétés digestives du liquide sécrété par les coecums. A mon sens, la digestion étant terminée sous l'influence de celui-ci, et l'absorption ayant eu lieu, comme chez tous les articulés par osmose au travers des parois, l'épithélium de l'intestin moyen entrerait en fonction et sécréterait, autour des résidus, la membrane que l'on voit effectivement se former sur place dans cette portion du canal. On serait arrivé au même résultat par la réflexion; l'énorme développement de surface sécrétoire offert par les cœcums indiquait un rôle physiologique important, la pro- duction d’un liquide digestif. La surface sécrétoire relati- vement bien moindre de l'intestin moyen indiquait, d'autre part, un rôle secondaire, tel, par exemple, que celui de la sécrétion de la couche chitineuse dont nous parlons. (1) Recherches sur les phénomènes de la digestion et sur la structure de l'appareil digestif chez les Myriapodes de Belgique (MÉM. DE L'Acap. ROY, DE BELGIQUE, t. XLII, pp. 24,52, 1876). (2) Op. cit., p. 248. ( 740 ) à Dans mon travail sur la digestion chez les Myriapodes, parlant de la formation d’une enveloppe toute semblable qui entoure les résidus de la digestion chez les Myriapodes carnassiers, je disais : « Cette enveloppe se forme sur place » dans l'intestin moyen et est certainement le résultat » d’une sécrétion spéciale; » j'ajoutais : « je me suis sou- » vent posé la question : quels sont les éléments histolo- » giques qui sécrètent cette enveloppe? Ce ne peuvent être » les cellules qui produisent en même temps le liquide ` » digestif. On a déjà signalé chez les Insectes, les chenilles, » par exemple, l'existence, dans l'intestin moyen, d'un » épithélium comprenant deux espèces de cellules diffé- » rentes (1), les unes en massue ou en cylindre, les autres » globuleuses. Là serait peut-être la clé de la solution; » mais malheureusement, mes recherches ont été vaines » à cet égard, aussi bien chez les Myriapodes que chez les » Insectes (2). » Or, d’après ce que l’on vient de voir, les Phalangides semblent réaliser de la manière la plus nette la séparation entre les éléments chargés de sécréter le liquide digestif et ceux produisant l'enveloppe des excréments, les premiers ‘étant localisés dans les coecums, les seconds dans le sac médian ou intestin moyen proprement dit. L’intestin moyen est done, de cette façon, le lieu de la digestion principale et celui de la formation des excréments. _ Je montrerai $ VIT à quelles parties du tube digestif des Aranéides il faut comparer les cœcums et les autres por- tions du canal alimentaire des Phalangides. (1) Duncan. Insect metamorphosis. Nature anglaise, vol. VII, 1872, n° 159, p. 55, fig. (2) Recherches sur les phénomènes de la digestion…, etc., chez les Myriapodes de Belgique, p. 85. ( 741 ) Sv. INTESTIN TERMINAL ET EXCRÉMENTS. L'intestin terminal n’est séparé de l'intestin moyen que par un simple repli de peu d'importance. Cette portion du tube digestif est courte, assez large, légèrement recourbée vers la face ventrale. Les parois sont moins épaisses que celles de l'intestin moyen; elles comprennent une tunique musculaire formée de fibres longitudinales et de fibres circulaires, une tunique propre et un épithélium. Ce dernier, très-délicat, est formé de petites cellules cylindriques, incolores, transpa- rentes, possédant chacune un noyau bien distinet (fig. 25). Lorsque l'intestin a été vidé, fendu et déroulé, la tunique musculaire détermine dans les parois le plissement que l'on observe généralement dans ce cas chez les articulés. Les plis étant saillants de distance en distance, l’épithé- lium qui les revêt semble groupé régulièrement en bandes parallèles (fig. 25). En réalité, l’épithélium couvre unifor- mément la face interne de l'intestin terminal. Les cellules qui le composent diffèrent par leur petitesse, la netteté du noyau, etc., de celles de l'intestin moyen. Leur protoplasme incolore et privé de granulations colo- rées ne me permet pas de les considérer comme -les élé- ments producteurs du liquide brun rendu par l'anus et dont il sera question plus loin. La réaction de la surface interne de l'intestin terminal est neutre ou très-légèrement alcaline. Il arrive fréquemment qu’on rencontre la cavité de l'in- testin terminal occupée par un des corps excrémentitiels 2% SÉRIE, TOME XLII. 48 (742 ) ovoïdes que j'ai décrits, tandis que l'intestin moyen con- tient des matières en digestion ou un sac semblable en voie de formation. Grâce à la forme spéciale de ces corps, la moindre pression détermine leur expulsion et, bien sou- vent, pendant qu’on manie un Phalangium, on assiste à leur sortie, la pointe en avant. Il en résulte qu’ils sont connus depuis longtemps. En effet, suivant de Geer (1), Lister aurait remarqué dès 1678 (2) que les excréments des faucheurs « sont de forme solide au lieu que ceux des araignées à huit yeux sont liquides (5)...;» Ramdohr figure assez bien une de ces pelites masses (4), le texte de Latreille (5) semble indiquer qu’il en a observé aussi. Ainsi que je l'ai déjà dit, Tulk s’est occupé de leur composition physique; enfin M. Menge dit également quelques mots de leur structure et même de leur composition chimique ; ils ne sont point, dit-il, comme ceux des Aranéides, chargés d'oxyde xanthique (6) (lisez guanine) (7). Les excréments des Phalangium étant déjà entourés, dès l'intestin moyen, d’une enveloppe membraneuse (voy. p. 757), ne comprennent, en effet, que les résidus de la (1) Mémoires pour servir à l'histoire des Insectes, t. VIT, p. 165. Stock- holm, 1778. (2) Hist. animalium Angliae ; de Araneis, p. 95. London, 1678 (d’après Geer). ne On PES Mic" 4 CRE Pr l ET at LL 1 SAR CETTE animaux ont aussi des excréments soli ides Te j daanin" etc., op. cit. Atlas. Viertes Heft, pl. XXIX, fig. 7. (3) Hist. natur. des fourmis, ett., op. cit, p.369. (6) Ueber die Lebensweise der Afterspinnen, etc., op. cit., p. 53. 7) Voyez à ce sujet : Will et Gorup Besanez, Guanin eir wesentlicher Bestandtheil gewisser secrete wirbelloser Thiere (GELERRTE ANZEIGEN HERAUSGEGEBEN VON MITGLIEDEN DER K. BAYER. AKADEMIE DER WISSEN- SCHAFTEN. 27 Bd. Juillet à décembre 1848, n° 233, col. 825. ` ( 745 ) digestion, ne renferment et ne peuvent renfermer aucun produit urinaire. Aussi mes tentatives pour y retrouver l'acide urique, des urates ou la guanine ont-elles été vaines. De même que chez les Aranéides, les substances ren- dues par lanus le sont sous deux états: 1° les excréments solides, résidus de la digestion dont il vient d'être ques- tion; 2 un liquide, sécrétion urinaire. Latreille avait déjà observé, il y a longtemps, que les Phalangium rejettent par l'anus « une eau d’un brun jau- nâtre et abondante (1). » Voici ce que j'ai constaté à cet égard : en même temps qu'une masse excrémentitielle ovoïde, les faucheurs rendent toujours par l'orifice anal une ou deux gouttelettes d’un liquide d’un brun foncé qui, reçu sur une plaque de verre, abandonne par évaporation des éléments cristallins et des concrétions de formes mul- tiples, les unes transparentes, les autres brunes et opaques (fig. 26). En traitant l’ensemble du sédiment et des cristaux par l'acide acétique étendu (procédé de M. Sirodot), comme je Vai déjà indiqué nombre de fois pour les tubes de Malpighi des Insectes et des Myriapodes, on obtient une quantité assez grande de cristaux caractéristiques d'acide urique (fig. 27) pour démontrer que le liquide en question est un produit urinaire et le résultat probanig de la sécrétion des tubes Malpighiens (2). (1) Hist. nat. des fourmis, op. cit., p. 369 (2) Mégnin, Vote sur la faculté qu'ont certains Acariens, avec ou sans uche, de vivre sans nourriture pendant des phases entières de leur existence et méme pendant toute leur vie (Compres RENDUS, t. LXXXIII, 1876, p. 993), vient de constater que les déjections des Ixodes testé et de leurs larves sont composées d'urates alcalins. ( 744 ) D’après tout ce qui précède, le rôle de l'intestin terminal serait, par conséquent, de servir de réservoir de dépôt aux excréments et à la sécrétion urinaire, puis d’expulser ces résidus par la contraction de sa tunique musculaire. S VI. Tuses DE MALPIGHI. L'étude des tubes de Malpighi des Phalangium n’a été faite, jusqu’à présent, que d’une manière très-incomplète. Ni Ramdobr, ni Marcel de Serres ne les ont vus (1); Ram- dohr déclare même qu’ils manquent entièrement (2). Tre- viranus en représente et en décrit deux de chaque côté (3), sans indiquer nettement l'endroit du tube digestif où ils aboutissent. Tulk n’a pas été plus heureux quant à leur terminaison et émet l'opinion déplorable que ce pourraient être des organes salivaires (4). M. Blanchard a publié la figure d’un fragment de tube vu au microscope et qui montre assez bien la texture ordinaire des tubes de Mal- pighi (5); absence de description ne permet malheureu- reusement pas de connaître l'opinion détaillée du savant naturaliste. Signalons, en passant, que Treviranus et même M. Blanchard donnent aux tubes de Malpighi des faucheurs le nom de canaux hépatiques. Il est facile de s'assurer qu'il n’y a en tout que deux tubes malpighiens, l’un à droite, l’autre à gauche; décri- (1) Sur les usages du vaissedu dorsal , ete., op. cit., p. 107. (2) Abhandlung, etc., op. cit., (3) Vermischte Schriften, hg ‚Op. cit. ‚Pp. 51, pl. Ee fig. 16 et 17. (4) Upon the anatomy of Pda, etc., op. cit., p. 249. (5) L'organisation du règne animal, PARAR a XXXI, fig. 11. ( 745 ) vons d’abord leur texture; leur trajet et leur insertion nous occuperont plus loin : ce sont des tubes cylindriques, inco- lores à la lumière directe, ne comprenant, comme tout tube de Malpighi, qu’une tunique propre et un épithélium sécrétoire (fig. 28); ils diffèrent de ceux des Aranéides par plusieurs caractères; ainsi ils ne sont pas ramifiés, leur tunique est résistante au point qu’il est difficile de dérouler leurs circonvolutions, leur épithélium, au lieu de se com- poser, comme chez les araignées, de volumineuses cellules transparentes très-régulières à formes géométriques, est constilué par des cellules fort irrégulières affectant toutes sortes de contours et dont le protoplasme est chargé de fines granulations roussâtres. Les procédés ordinaires de dissection permettent, en mettant en œuvre beaucoup de patience, de détacher la plus grande partie des canaux en question et de suivre la presque totalité de leur trajet; mais jamais je n'ai réussi de cette façon, et il semble que mes devanciers n’aient pas été plus heureux, à pénétrer entre les cœcums jusqu'aux points d'insertion sur le tube digestif. Cétait là, cependant, la partie la plus intéressante de la question. On sait, en effet, par toutes les observations récentes et complètes sur les articulés des trois classes des Insectes, des Myriapodes et des Arachnides, que l'insertion des tubes de Malpighi répond toujours à la limite entre l'in- testin moyen et l'intestin terminal: l'insertion de ces canaux chez les Phalangium pouvait, par conséquent, apporter beaucoup de lumière dans la détermination nette des parties successives du tube digestif. Heureusement, la facilité avec laquelle les cœcums se vident sous l'influence de compressions faibles et la résis- tance qu'offrent, au contraire, les tubes malpighiens me ( 746 ) permit d'employer une méthode toute spéciale. L'ensemble de l'appareil digestif étant déposé avec un peu d’eau sur une plaque de verre, on l’étale à l’aide d’aiguilles, on couvre d’un verre à couvrir et l’on exerce sur le tout, en y ajoutant de temps en temps une goutte d'eau, une com- pression de plus en plus forte; l'intestin et les cœcums se vident graduellement et deviennent à peu près transpa- rents, tandis que les tubes de Malpighi résistent et se des- sinent de plus en plus nettement sur l'ensemble; l'addition d’une goutte d'alcool au bord de la préparation achève, en les brunissant légèrement, de rendre le trajet de ces tubes facile à suivre même avec une simple loupe. J'ai réussi ainsi à voir les tubes de Malpighi aboutir, comme c'était à prévoir, du reste, à l’origine de la troisième portion du canal digestif (fig. 3), portion qui est donc bien un intestin terminal. Le trajet des deux tubes que je déerirai d’après des dis- sections directes, peut se résumer comme suit : chacun d’eux à partir de son point d'insertion sur la limite entre l'intestin moyen et l'intestin terminal, s'insinue entre les cœcums latéraux, va décrire plusieurs sinuosités autour du tronc trachéen principal dans le voisinage de l’enveloppe cutanée, retourne ensuite vers le tube digestif, passe à sa partie dorsale, se loge dans le sillon qui sépare les sys- tèmes de cœcums droits et gauches, se dirige en avant jusque vers l’origine de l’œsophage, puis là se replie brusquement en une boucle (fig. 5, 28, 29) maintenue en place par-un tronc trachéen (1), revient parallèlement à lui-même et se termine entre les ececums latéraux en un point que je n'ai — (1) La boucle est déjà figurée par Tulk, op. cit., pl. IV, fig. 17. ka na ( 747 ) pu déterminer avec certitude; ce petit détail a, du reste, fort peu d'importance. Examinés à létat frais, les tubes malpighiens des Phalangides ne mont montré ni concrétions ni cristaux; en employant un moyen fort simple dont j'ai déjà parlé dans mes Recherches sur les phénomènes de la digestion chez les Myriapodes (1), moyen qui consiste à laisser les tubes se dessécher spontanément sur une plaque de verre, . on y observe la formation de trés-petits corps cristallins, mais si ténus qu’ils échappent à une analyse optique con- venable. J'ai déjà signalé plus haut le liquide que les Phalangides rendent par lanus et qui n’est probablement autre chose que le produit de sécrétion des tubes de Malpighi. Ces tubes seraient donc, comme chez les Insectes , les Myria- podes et les Aranéides, des organes dépurateurs urinaires. S VII. INTERPRÉTATION DES DIFFÉRENTES PARTIES DU TUBE DIGESTIF DES PHALANGIDES. La première portion étroite du tube digestif ne peut donner lieu à aucune discussion; tous les auteurs l'ont appelé œsophage; elle appartient donc à l'intestin buccal, dénomination que j'ai employée et sur laquelle je ne reviendrai pas. La deuxième portion, savoir la poche médiane et les nombreux cœcums glandulaires qui y déversent leur pro- duit, répond-elle aussi à une partie de l'intestin buccal, auquel cas les cœcums seraient les homologues des (1) P. 51, pl. HI, fig. 81 et 86. ` ( 748 ) cœcums céphalothoraciques des araignées? ou bien répond- elle, suivant le terme que je lui ai appliqué dans le texte ci-dessus, à un intestin moyen? ce qui indiquerait que les cœcums glandulaires représentent le prétendu foie des Aranéides. Les opinions des auteurs ne peuvent guère peser dans la. balance, car elles ne sont jamais basées que sur des analogies de formes; je ne puis cependant les passer sous silence, puisqu'il me faudra les combattre. La dénomination d'estomac que Ramdohr et M. Blan- chard emploient pour le sac médian implique évidemment une analogie entre les cœcums des faucheurs et ceux des araignées. Meckel (1), MM. Milne Edwards (2) et Gegen- baur (5) sont plus explicites, ils expriment nettement l’idée ; tout cela , faute d'expériences. Des recherches expérimentales déjà très-avancées m'ont démontré que la glande volumineuse appelée foie chez les Crustacés décapodes, glande qui déverse son produit dans l'intestin moyen de ces animaux, n’était autre chose que l'organe de sécrétion du liquide digestif destiné à l'émul- sion des graisses et à la dissolution des albuminoïdes (4). Récemment M. Jousset de Bellesme m’a dit être arrivé à des résultats tout semblables; enfin de nombreuses expé- (1) Traité gré d'anatomie comparée, traduit par Riester et Sanson t. VIT, p. 244, Paris, 1856. (2) Lagons sur tx physiologie, ete., op. cit., t. V, p. 579. (5) Manuel d'anatomie comparée, traduction de M. C. Vogt, p. 588. Paris,1874. (M. Gegebaur, tout en regardant les coecums des Phalangides comme les TOTE de ceux des Aranéides , leur concède la qualité d’or- ganes biliaires.) (4) J'y ai mé fait allusion dans mes Recherches sur les DEN de la digestion, etc... des Myriapodes de Belgique, p. 42, ( 749 ) riences sur le soi-disant foie des Aranéides (1) dont les canaux s'ouvrent aussi dans l'intestin moyen , wont prouvé qu’il n’y avait ici du foie que l'apparence, que le liquide sécrété était encore une fois le liquide digestif principal émulsionnant les corps gras, transformant les albumi- noïdes en peptones et produisant du glucose aux dépens des matières amylacées. J'ai démontré dans les pages qui précèdent qu’il en était de même pour les cœcums des Phalangides, ceux-ci répon- dent, par conséquent, à la glande digestive des Crustacés, à la glade digestive abdominale des Aranéides, et la poche médiane dans laquelle ils s'ouvrent est bien , comme je Pindiquais, dès le début, un intestin moyen. Ce qui le prouve encore c’est l'insertion des tubes de Malphigi à l’origine de la portion suivante du tube digestif ou intestin terminal. $ VIII. RÉSUMÉ. Je résume ci-dessous l’ensemble de mes résultats; cer- tains faits bien connus que je n’ai fait que vérifier y figurent inévitablement. Les lecteurs de mes travaux antérieurs, malgré mes explications, n'ont pas toujours compris que les résumés qui terminent ces mémoires sont destinés à faire saisir l’état de la question à l'instant où je l’aban- donne et ont cru que je m’attribuais des observations de (1) Je tiens, pour prendre date, à appeler l'attention du lecteur sur l'im- portance des résultats de mes expériences sur les Aranéides; le Mémoire dans lequel ils figureront à côté d'autres faits nombreux, Mémoire que j'espère terminer sous peu, sera, je pense, lu avec intérêt. S ( 750 ) mes devanciers. L’examen du corps même du travail mon- trera que je me suis constamment efforcé de rendre scrupuleusement à chacun ce qui lui revient. A. — Résumé anatomique. Le tube digestif des Phalangides se compose de trois parties : 4° Un intestin buccal, court, étroit, fort simple, privé d’appareil de succion, de jabot et de coecums, comprenant une cuticule interne chitineuse, un épithélium sans impor- tance, une tunique propre et une couche musculaire. Il aboutit brusquement à la partie suivante. 2% Un intestin moyen sous forme de poche médiane sans cuticule interne et dont les parois sont constituées par un épithélium cylindrique de petites cellules, une tunique propre, une tunique musculaire épaisse. L'intestin moyen présente dorsalement six orifices par lesquels se déverse dans son intérieur la sécrétion d’un grand nombre de cœcums glandulaires volumineux. Les cœcums en question dont quelques-uns s'étendent jusque dans les coxopodites des pattes répondent au pré- tendu foie abdominal des Aranéides; leur paroi, privée de revêtement musculaire, ne comprend qu’une tunique propre légèrement plissée en long et un épithélium de grosses cellules cylindriques ou en massues se détachant facilement et prenant alors la forme sphérique. Ces cellules qui ressemblent beaucoup à celles du foie des araignées sont chargées de fines granulations jaunâtres, de globules graisseux et même de concrétions brunes. Un simple repli indique la limite entre l'intestin moyen et 3° l'intestin terminal. Celui-ci est un tube court légère- (4 ) ment recourbé vers la face ventrale du corps pour abou- tir à lanus. Un épithélium délicat de petites cellules cylindriques incolores, une tunique propre et une tunique musculaire forment ses parois. A l’origine de l'intestin terminal s'ouvrent deux tubes de Malpighi cylindriques, incolores, à parois résistantes, très-longs, dont l’épithélium sécrétoire se compose de cellules granuleuses assez irrégulières. Ces tubes s’insi- nuent entre les cœcums latéraux, puis , après avoir décrit des circonvolutions compliquées, viennent former chacun, à la face dorsale du tube digestif, une longue boucle caractéristique. Le tissu adipeux des Phalangides est très-développé; on l’observe sous forme de nappes s'étendant au-dessus des espaces compris entre les viscères et sous forme de bourrelets cylindriques, que l’on a pris parfois pour des glandes, bourrelets parallèles, un peu noueux, revêtant principalement la surface de lintestin moyen et des ccecums. Ce tissu adipeux y fait fonction de tunique, péritonéale et soutient un réseau trachéen fort riche. B. — Résumé physiologique. A l’état de liberté les Phalangides sont carnassiers; ils divisent leur nourriture en fragments très-pelits. Ceux-ci traversent rapidement l'intestin buccal pour venir s’aceu- muler dans l'intestin moyen. Ils y sont soumis au liquide sécrété en abondance par les cœcums, liquide digestif proprement dit, jamais acide, neutre ou peut-être très- légèrement alcalin, ne coagulant pas le lait, n’ayant qu'une faible action sur les matières féculentes, mais ( 252 ) émulsionnant activement les graisses et dissolvant les substances albuminoïdes. Comme chez tous les articulés, les produits solubles et assimilables de la digestion sont absorbés sur place, passant par un phénomène osmotique au travers des parois du tube digestif. | La digestion terminée, la masse composée des résidus insolubles, débris du squelette dermique d'insectes, grains de sable, etc., se contourne en hélice; l’épithélium de l'intestin moyen sécrète un liquide spécial neutre, for- mant, autour de cette masse, d’abord une mince couche transparente contenant quelques noyaux elliptiques à con- tenu granuleux brillant, puis une seconde couche plus résistante donnant à l’ensemble l'aspect d'un sac ovoïde dont le petit bout est tourné vers l’orifice de l'intestin terminal. L'insolubilité des enveloppes dans des dissolvants éner- giques permet de supposer une substance analogue à la chitine. Telle est la masse exerémentitielle; sous l'influence des contractions de l'intestin moyen, elle s'engage dans l'in- testin terminal chargée de l’expulser définitivement. Elle séjourne cependant assez longtemps dans cette dernière portion du tube digestif puisqu'on trouve généralement un sac ovoïde en formation dans l'intestin moyen, tandis que l'intestin terminal en contient encore un second qui le remplit à peu près en entier. De même que chez les Aranéides, les substances ren- dues par anus le sont sous deux états : des corps solides, résidus de la digestion, c’est-à-dire les sacs ovoïdes dont nous venons de parler, et un liquide ou sécrétion urinaire. ( 755 ) Ce dernier, produit des tubes malpighiens, ne renferme point de guanine, corps si caractéristique de la sécrétion urinaire des araignées, mais ainsi que chez les Insectes et les Myriapodes, des urates que l’on peut décomposer en isolant l’acide urique sous sa forme cristalline. ` EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. 1. Ensemble du tube digestif du Ph. cornutum (face dorsale). On y big le tissu adipeux en nappe, en place d’un côté, soulevé de l’autre, et les as boucles formées par les tubes de Mal- pighi. ie — 2. ae da mie digestif du meme (nes dental: ( On Hy voit iig ques de tissu adipeux en nappe. X 10. . Trajet d’un tube de pété ses rapports avec les cœcums et l'intestin terminal. , Intestin buccal de l’ sis ue a bie pharyngienne; b por- tion œsophagienne; c faux jabot. . Portion pharyngienne de l'intestin las du même. On 5 observe es six nervures chitineuses formées par la cuticule. — 6. Faux jabot du même , montrant la cuticule, la couche eoi et la tunique musculaire, ainsi que l'insertion brusque de lin- testin buccal sur l'intestin moyen (figure un peu réduite). | o | De | ge x 500. — 7. (En partie schématique.) Disposition des couches musculaire, épi- éliale et cuticulaire de l'intestin buccal du Ph. cornutum. | oo x 500. . Fragment grossi des nervures chitineuses de la portion pharyn- gienne. Opilio hystrix. x 500 . Intestins moyen et terminal du Ph. cornutum ouverts, montrant les six dépressions au fond desquelles s’ouvrent les coecums. | o a — 10. pithean de l'intestin moyen du Ph. cornutum. x 500 — 11. ventrale de l'intestin moyen du même, x 300. ( 754 ) Fig. 12. en paji nd wed za wm, ned tes di sl wont été figurés à dessein ae: sur une petite portion. X 50. — 15, Les mêmes bourrelets du tissu adipeux des cœcums à un plus fort grossissement. X 50 — 14. Lambeau de tissu adipeux en nappe. X 500. — 15. Section transversale d’un cœcum à un faible grossissement. — 16. Épithélium des cœcums du Ph. cornulum : a épithélium ob- servé à l'état frais, en place, ie nn an geben phé JAC quelques "i le bene épithélinm traité par un mélange d’eau 5, giycé- rine 4, plus une trace d'acide acétique; les cellules se sont allongées sans se détacher, la nature cylindrique de l’épithé- lium est rendue évidente. x 300. — 17, Paroi interne d'un cœcum, l’épithélium en place vu à un faible grossissement. x 50 — 18. Cellule épithéliale d'un coecum, détachée et devenue sphérique; édicule contracté se montre sous forme d’un corps rata- tiné au centre d'une légère dépression. X 500. — 19. Masse excrémentitielle contournée en hélice, contenue dans l'in- testin moyen d’un Ph. cornutum. x 50. — 20. Masse ar un peu comprimée, montrant l'enveloppe trans- a 50. — 21. Cristaux it grains de sable, etc, renfermés dans la cé 500 masse précédente. X À — 22, Débris chitineux d'insectes provenant d’une masse excrémenti- tielle de Ph. cornutum -— 25. Coupe optique du bord d'une masse de l'intestin oyen du Ph. cornutum. On y observe Penveloppe transpa- Cra el es pe, x 400. — 24.) définitives. x 250 et 30 — 25. Épithélium de l'intestin terminal. Ph. Cornet: x 500. 36, Éléments cristallins, concrétions , etc., du liquide rendu par p tue 31 — 27. Cristaux d'acide onge obtenus par l'action de l'acide acétique étendu sur le sédiment du liquide rendu par lanus. x 500 — 28. Extrémité de la boucle décrite par un tube de Malpighi. x 300. — 29. Boucles décrites à la région dorsale du tube digestif par les tubes de Malpighi d'un PA. cornutum. L'une d’elles est encore main- tenue en place par un tronc trachéen. x 20. (755) Quelques mots sur la relation entre les perturbations météorologiques et les variations magnétiques; par M.G. Van der Mensbrugghe, correspondant de l’Aca- démie. A la fin de ma communication faite à l’Académie le 4% avril dernier (1), j'exprimais l’idée que mes formules avaient sans doute une importance capitale en météo- rologie; « en effet, » disais-je, « si la moindre quantité de vapeur qui s'élève au-dessus d’un liquide, produit une diminution de température et de différence électrique, quels puissants effets calorifiques et électriques n'avons- nous pas à attendre de ces variations immenses de surface libre dans les eaux qui recouvrent la terre et dans les vapeurs qui s'élèvent dans les airs? » Or, je n’ai pas tardé à recueillir, dans mes recherches bibliographiques, des résultats qui appuient fortement mes prévisions; qu’il me soit permis de signaler dès aujour- d’hui le plus frappant et, du moins en apparence, le plus mystérieux. Dans un important travail Sur la connexion des phénomènes météorologiques et des variations d'inten- sité du magnétisme terrestre (2), le Père Secchi conclut de ses observations prolongées pendant deux ans environ (1859 et 1860), qu'il faut absolument admettre la dépen- dance mutuelle des variations magnétiques et des varia- (1) Application de la thermodynamique à l'étude des variations hr zien, des me liquides (BULLET. DE L’ACADÉMIE ROYALE D LGIQUE, t. XL, p. 541). (2) Dibi Da de Genève, 1861, t.I, p. 110. ( 756 ) : tions météorologiques, sans prétendre néanmoins que l'influence de l’état atmosphérique soit la seule cause agis- sante. L'illustre directeur de l’Observatoire du Collége romain ajoute, à propos de la raison physique de la con- nexion des deux classes de faits en question, qu’on ne peut nier l'exactitude des principes suivants : « 1° Toute rupture d’équilibre météorologique qui pro- duit une condensation ou une raréfaction de vapeur, pro- duit une rupture d'équilibre de l'électricité. » « > L'équilibre de cet agent ne peut se reconstituer que par le moyen d’un courant qui se décharge de lieu en lieu sur la surface de la terre. » « 3° Ce courant ne peut manquer d’agir sur les magnéto- mètres et d’être accusé par eux. » « Les faits et la théorie semblent donc d'accord, » dit encore le P: Secchi, « mais il restera toujours à découvrir les lois qui relient ces phénomènes et ce sera d’une grande difficulté. » Or ma théorie établit précisément un lien incontestable, selon moi, entre les deux genres de perturbations; à ce titre, j'avais le plus grand intérêt à trouver la confirma- tion des résultats si remarquables signalés dans le domaine de l'observation. C’est pourquoi je mai pas hésité à écrire à l'éminent astronome italien, et à lui demander si ses observations postérieures à 1860 avaient confirmé les con- clusions publiées il y a quinze ans; voici les termes mêmes de la réponse qu'il a bien voulu m'adresser le 6 de ce mois : « J'ai l'honneur de vous assurer que la relation entre les bourrasques et les variations magnétiques du globe subsiste et se manifeste d’une manière sensible... J'ai voulu discuter les observations des dernières hadde. qui se distinguent par une diminution considérable des aurores ( 48E) boréales, des variations solaires et magnétiques, et j'ai toujours trouvé une correspondance très-accentuée surtout dans les mouvements du bifilaire et du vertical. Seulement, comme je pouvais bien m'y attendre, les excursions étaient beaucoup plus petites, et nous n'avons pas eu dans ces dernières années ces gigantesques fluctuations qui me donnèrent tant de peine à l’époque de la fondation de l'Observatoire, Mais les variations des moyennes sont si bien définies que l’on peut apprécier létat du ciel par la marche des instruments magnétiques. Lors même que le baromètre ne montre pas une grande variation, il y a toujours quelque autre élément qui manifeste une pertur- bation atmosphérique éloignée (changement de vent, orage , ele.) surtout en été. J'espère pouvoir réduire au complet toutes ces observations, mais j'ai peu de temps. Il est d’ailleurs difficile de rendre les résultats sensibles et frappants en chiffres, tandis qu’ils sont très-clairs et saisis- sants par les courbes que nous avons tracées depuis dix ans. » On voit, par cette réponse, combien mes prévisions théoriques se sont trouvées vérifiées par lľobservation, et jusqu'à quel point mes formules permettent d'assigner à l'électricité atmosphérique une origine plausible et rigou- reusement conforme aux idées actuelles sur l'unité des forces physiques (1). Pour le moment, je n'insisterai pas davantage sur ce point. Je dirai seulement que, d'après (1) Le P. Secchi a déjà nettement formulé la même opinion, en s'ap- puÿant sur l'analogie des surg phénomènes électriques (L'unité des forces phgaigiiss; Paris, 187 4). me SÉRIE, TOME XLII. 49 ( 758 ) ce qui précède, on pourra sans doute constater aussi une relation entre les indications du baromètre et celle du magnétomètre, relation que. Hansteen avait déjà entrevue dès 1826 (1), et que le P. Seechi a cru pouvoir confirmer. Je suis donc bien porté à croire que si, dans une station quelconque, on pouvait comparer toutes les observations météorologiques et magnétiques, on rencontrerait une cor- respondance qui ne manquerait pas de contribuer large- ment aux progrès de la météorologie. — Sur les compagnons de la Polaire; par M. J.-C. Houzeau, membre de l’Académie. En 1869, M. A. De Boe, dont l’Académie connaît les observations astronomiques à Anvers, avait cru reconnaitre ‘que la Polaire est un système quadruple. Outre le compa- gnon bien connu de cette étoile, il yen aurait deux autres plus rapprochés et plus faibles. Toutefois cette observa- tion, faite avec une lunette de 10 centimètres d'ou- verture, aujourd'hui à l'Observatoire de Toulouse, ne s'était pas trouvée confirmée avec un miroir argenté de 40 centimètres, qui offrait, il est vrai, certains défauts. Dans cette incertitude, M. De Boe pria notre ancien et regretté secrétaire perpétuel d’ajourner la communication qu’il avait d’abord projeté de faire à l’Académie. Par suite de différentes circonstances , c'est seulement cette année (1) Bibl. Univ. sciences et arts, 1826, t. XXXIII, p. 285. (299 ) qu'il a pu reprendre ses recherches, cette fois avec un équatorial de 15 centimètres, au moyen duquel il a revu, à de rares intervalles et par des temps exceptionnellement calmes, les deux points soupçonnés en 1869. Les posi- tions de ces deux satellites seraient Angle de position. , . . 530° Distance 4” Grandeur 12,5 . — Silir e BS — 5à4 — 15,0 à 13,5. M. De Boe incline à croire que ces satellites sont soumis à quelque variabilité d'éclat, ou à des mouvements relati- vement rapides autour de l'étoile principale. C'est en vain qu’au mois d’aoùt dernier j'ai cherché ces nouveaux compagnons de la Polaire, avec une lunette de 15 centimètres de l'Observatoire. M. Henry J. Slack, d'Ashdown Cottage, en Angleterre, a, paraît-il, été plus heureux ou plus habile. Il annonce que le 25 septembre dernier, avec un réflecteur de Browning de 16 centimètres, il a vu très-distinctement (quite plainly) les deux petites étoiles cherchées. Elles lui ont paru assez brillantes, et l'observation n’en est pas, dit-il, d'une grande difficulté optique; elles paraissent être plutôt la pierre de touche de la perfection des images, dans ce que celles-ci ont de sub- ordonné aux conditions atmosphériques. Les positions très-approchées de ces nouveaux compa- gnons étant maintenant données par M. De Boe, il est à désirer que de nouvelles recherches soient dirigées sur le système de la Polaire. ( 760 ) Sur les dépôts qui, aux environs d'Anvers, séparent les sables noirs miocènes des couches pliocènes scaldi- siennes; par M. Michel Mourlon, conservateur de la sec- tion de minéralogie et de géologie au Musée royal d'histoire naturelle de Bruxelles. Il existe, aux environs d'Anvers, entre les sables noirs miocènes rapportés par Dumont à son système diestien et les sables pliocènes ou crag proprement dit, appartenant au système scaldisien du même auteur, des couches sa- bleuses qui diffèrent essentiellement de ces dépôts, par leurs caractères minéralogiques et paléontologiques. . Ce sont des sables verts glauconieux, parfois d'un gris cendré, renfermant d'abondants débris de cétacés, de phoques et de poissons, ainsi que des amas de térébra- tules et d'autres débris d'animaux invertébrés peu variés mais assez nombreux. Ces restes organiques représentent une faune d’un caractère spécial bien tranché, mais qui a plus d'affinité avec la faune miocène des sables noirs qu'avec la faune pliocène scaldisienne. M. Nyst qui, depuis 1855, étudie les coquilles et poly- piers des terrains des environs d'Anvers, ne mentionne pas spécialement ces sables verts. L'éminent paléontolo- giste ne semble pas avoir reconnu la valeur stratigraphique de leur faune. En l'absence de texte explicatif de la carte géologique de Dumont, il est difficile de savoir si le grand géologue a eu connaissance du dépôt en question à Anvers. Sir Charles Lyell, dans son mémoire de 1852, ne men- (C af) tionne pas les sables verts dont il s’agit; mais c’est peut- être à ces derniers que correspond la partie du crag moyen de M. Norbert Dewael que cet auteur nous montre parti- culièrement caractérisé par « une quantité notable de dents de squale et des vertèbres irrégulièrement répandues dans le sol (1). » Ce n’est qu’en 1862 que M. le capitaine Dejardin, qui avait eu l’heureuse idée de mettre à profit les grands tra- vaux militaires qui furent exécutés autour de la ville d'Anvers, distingua, pour la première fois, le « sable vert » dont il fit, dans la légende de ses coupes géologiques, la division supérieure du système diestien de Dumont (2). _ « Le sable vert, dit cet auteur, est presque toujours sans coquillages ni ossements, et ceux que l’on y rencontre sont des espèces particulières, dont le gisement est limité dans un espace peu étendu de la couche... » Ces espèces parti- culières dont parle M. Dejardin sont : la Terebratula gran- dis (T. perforans), "Ostrea navicularis et l'Isocardia lunu- lata, ainsi que d’autres espèces du sable noir. Gette nouvelle division de sable vert est représentée, d'après M. Dejardin, sur toute la longueur de sa Coupe sui- vant le fossé capital de l’enceinte et sur la plus grande partie de sa Coupe passant par le fossé de la face princi- pale des huit forts détachés. En 1868, d'Omalius, en donnant, dans la 8° édition de son Précis élémentaire de géologie, la succession des Sables (1) Observations sur les formations tertiaires des environs d'Anvers, par M. N. Dewael. Born. Acan. BELG., 2e sér., t XX, 1repart., p. 47, 1855 (2) Description de aks coupes faites à travers les couches des s y tèmes scaldisien et diestien ainsi que les couches af ieures près de la ville d'Anvers Buus. Acap. BELG., 2° série, t. XIII, 70. (. 762 ) d'Anvers, d’après des observations inédites communiquées par M. Nyst, mentionne, entre les sables noirs d'Edeghem, de Berchem et du fort Hérenthals et les sables gris, une division formée de « sables gris mouvants qui contiennent beaucoup de bryozoaires encore indéterminés et quelques coquilles analogues à celles des sables noirs. » On verra plus loin que cette division doit se rapporter à la partie supérieure des sables verts. = M. Dewalque ne semble pas avoir admis le nouveau terme stratigraphique indiqué par M. Dejardin. Il ne le mentionne pas dans son Prodrome d'une description géo- logique de la Belgique qui parut aussi en 1868. Au mois de décembre 1874, M. E. Vanden Broeck a présenté à la Société malacologique un mémoire géolo- gique sur les terrains tertiaires des environs d'Anvers, comme introduction à la description des foraminifères de ces terrains qu'il a entreprise en collaboration avec M. Miller. Ce mémoire n'a point encore paru, mais les rapports auxquels il a donné lieu et qui se trouvent insérés dans le Procès-verbal de la séance du 5 mars 1876, nous font connaître la manière de voir de l'auteur. Il considère comme pliocènes les dépôts diestiens et scaldisiens de la région d'Anvers et il les divise en trois groupes : 1° les sables inférieurs, constitués par les sables noirs et les sables verts, ceux-ci étant seulement un facies particulier des premiers; 2° les sables moyens, composés de la couche à bryozoaires et du crag gris proprement dit; 5° les sables supérieurs, comprenant le crag jaune que l’auteur sépare des deux autres groupes par une limite de premier ordre. Cette dernière opinion est complétement en opposition avec les vues de Dumont et de M. Nyst, qui ne considèrent ( 765 ) le crag gris et le crag jaune que comme dane membres superposés d'un même système et qui tracent la limite de séparation à la base du crag gris. Aux débuts de mes recherches sur les terrains d'Anvers, mon attention fut particulièrement attirée sur l'existence de sables verts entre les sables noirs rapportés au système diestien et les amas coquillers du système scaldisien. Un concours de circonstances, que je crois devoir rap- peler ici, wen fit tenter l'étude : ayant été appelé, vers la fin de 1873, à donner mon avis sur un travail présenté à Ja Société malacologique par M. Paul Cogels, d'Anvers (1), je m'empressai d'entrer en relation avec ce naturaliste. Nous fimes ensemble quelques courses dans le but d’exa- miner certains affleurements à peine visibles le long du fossé capital de l'enceinte et particulièrement la couche à térébratules que M. Dejardin indique très-nettement sur sa coupe n° 1 dans sa division du sable vert, entre les saillants n° 6 et n° 7. Après que nous eûmes observé attentivement la couche à térébratules dans le but de déterminer la position exacte “qu’elle occupe dans la sérié des terrains d'Anvers, M. Cogels fit connaître le résultat de ses premières observations et une longue discussion s'ensuivit au sein de la Société malacologique (2). Tandis que M. Cogels placait la couche à térébratules à la partie supérieure du système diestien, je voyais, au con- (1) Rapport de M. Mourlon sur le travail de M. Cogels intitulé : Obser- vations géologiques et paléontologiques sur les dépôts rencontrés à Anvers lors M pi des nouveaux bassins, ANN. SOC. MALACOL. Bere, t. IX, Bull. p. xn; 1874. (2) Ann. be malacot. Belg., t. IX, Bull. des séanes de janvier, mars et avril 187 © ( 764 ) traire, dans cette couche la base d'un terrain plus récent que je fis rentrer dans le système scaldisien. Cette divergence d'opinions ne surprendra nullement si l’on se représente les difficultés qui s'opposent à l'étude des terrains d'Anvers par suite du petit nombre d’affleure- ments qu'on y rencontre et dont la presque totalité se trouve sur les talus gazonnés (escarpe et contrescarpe) des fossés des fortifications. Ces talus sont, du reste, par leur des- tination même, rendus presque inaccessibles au géologue. Je ne désespérai cependant pas de surmonter cette dif- ficulté et je m'adressai, à cet effet, en août 1874, à M. le colonel Rousseau, commandant du génie de l'enceinte, qui voulut bien m’accorder l'autorisation de creuser légère- ment certains talus et terre-pleins de l'enceinte, de manière à obtenir des coupes bien nettes du terrain en place. Qu'il me soit permis d'exprimer ici toute ma gratitude pour cette bienveillance éclairée sans laquelle il ne m'eüt pas été possible de continuer mes recherches sur les ter- rains d'Anvers. Je dois aussi des remerciments à MM. les officiers du génie et particulièrement à M. le capitaine commandant Delogne et à M. le lieutenant Pittoors qui me prêtèrent, en plusieurs occasions, un véritable concours. Je donnerai plus loin la description des coupes qu'il m'a été possible de relever dans ces conditions. Mais aupara- vant je dois mentionner, en peu de mots, une circonstance qui n’a pas peu contribué à jeter quelque lumière sur la question qui fait l’objet de cette communication. Je veux parler du classement des innombrables débris d'o:sements provenant des grands travaux de fortifications exécutés autour d'Anvers de 1860 à 1866 et qui furent déposés au Musée royal d'histoire naturelle. ( 765 ) Ces ossements n'avaient pas été recueillis sprl quement et, malgré les renseignements de localité et par- fois de profondeur dont ils étaient souvent accompagnés, grâce aux soins qu'en avait pris M. le vicomte Du Bus, alors directeur du Musée, on ne pouvait guère les classer géologiquement que d’après leur teinte particulière ou plutôt d’après la nature minéralogique de leur gangue, ce que les Anglais appellent leur « mineralisation ». On distinguait ainsi les ossements du crag jaune, du crag gris et ceux des sables noirs. M. Dupont, en s'occupant de ce classement, fit la re- marque que parmi tons ces ossements il s’en trouve un grand nombre d’un aspect tout particulier, en ce qu’ils sont corrodés et présentent une teinte spéciale gris-verdâtre et quelquefois jaunâtre. Ces caractères offrent un contraste saillant avec ceux des ossements d'espèces et de genres tout différents qui ont la teinte caractéristique des sables noirs ou qui sont colorés en gris et en jaune rougeâtre, comme les dépôts de notre crag. in menjanju avait une PEN ERDER en ce que cj ó conduit au même résultat en set dans un même groupe zoologique à caractères très-distinetifs, tous les ossements corrodés. C’est même ce classement zoologique qui a particulière- ment mis en lumière le Caractère minéralogique propre de ces amas d’ossements, quant à leur teinte et à leur état de conservation. Quel est donc le caractère zoologique de ces ossements corrodés ? C'est qu’ils sont principalement con- stitués par des groupes complétement distincts de ceux qu’on rencontre dans les sables noirs sous-jacents comme de ceux qui se trouvent en si grand nombre dans les sables gris et jaunes rougeâtres sus-jacents. ( 766 ) Le plus important de ces groupes, par son extrême abondance, a été rapporté par M. Van Beneden au genre Cetotherium de M. Brand dont il se rapproche par l’allon- gement excessif de la tête. Plus récemment, lorsque les nombreux éléments dont se compose ce groupe ont été disposés dans les galeries du Musée, l'éminent anatomiste a préféré reprendre le nom d’Heterocetus, qui était inscrit en premier lieu dans le catalogue. On aura une idée de l'importance de ces Hétéroc ètes si l’on se représente que sur environ dix mille ossements, actuellement placés dans les vitrines de la salle d'Anvers au Musée, il y en a près de la moitié qui se rapportent à ce groupe (1). Tous ces Hétérocètes comprennent un certain nombre d'espèces que M. Van Beneden fera bientôt connaître dans les Annales du Musée. Voici les noms qu’il leur a donné provisoirement et qu'ils portent aujourd'hui dans la collection du Musée : Heterocetus affinis, Van Ben. — brevifrons, — (1) La proportion = loin d’être la même pour les amas d'ossements qui ont été placés à l'entrée du Musée, tant au rez-de-chaussée qu’à l'étage inférieur. Ces amas d’ on qui n’ont pu être utilisés plus avantageu- sement, mais qui sont destinés, au moins quant à présent, à faire appré- cier la quantité prodigieuse de ces débris dans les terrains d'Anvers et leur abondance proportionnelle dans chacun des dépôts, ont un volume de plus de 144 mètres cubes répartis comme suit : Crag jaune. . . . 61,00 mètres cubes. Gragg Ze NN Pier = — Sable vents eriti 6,00 — — Torar. . . 144,50 mètres cubes. ( 767 ) Heterocetus Burtini, Van Ben. — dubius, — — Hupschii, — — scriptus , — Il importait que les recherches que j'avais entreprises à Anvers fussent dirigées sur la réalité de l'observation de M. Dupont et qu'on pût ainsi s'assurer s'il existait un niveau stratigraphique spécial renfermant ces remarqua- bles débris d’Hétéroeètes. Je fis exécuter dans ce but de nouveaux déblais sur la contrescarpe du fossé capital de l'enceinte, à peu de distance des points où déjà j'avais pu constater, dans les sables verts, la présence de restes d’Hétérocètes, mais sans qu’il me fût possible de préciser suffisamment les conditions de leur gisement, ce que la faible épaisseur des couches rend souvent fort difficile en cet endroit. Jeus ainsi la bonne fortune de retrouver un certain nombre d'ossements d'Hétérocètes el parmi ceux-ci un individu presque entier d’Heterocetus affinis, V. B. (voyez coupe fig. 1, n° 5”). M. De Pauw, qui ma prêté le concours le plus utile pour l'étude comparative des ossements provenant de mes recherches, a rétabli ce squelette d'H. affinis avec le même soin et la même intelligence qu’il n’a cessé d’apporter dans tous les travaux de ce genre dont le Musée l’a chargé jusqu'ici. Les débris d'Hétérocètes provenant de mes dernières recherches présentent la même corrosion et les mêmes teintes particulières que les ossements du Musée qui ont donné lieu à l'observation que je viens de rapporter. En outre, ces débris d'Hétérocètes se trouvaient préci- sément au même niveau que les térébratules et que les ( 768 ) concrétions sableuses argilo-calcaires qui les renferment souvent et dans lesquelles jai reconnu l'existence d'une pelite faune ayant un caractère tout spécial. On sait que les térébratules (T. grandis, Blum.) de cette couche se présentent généralement en amas, avec leurs deux valves réunies et qu’elles ont souvent conservé leurs bras spiraux tout à fait intacts. Les espèces suivantes ont aussi été rencontrées au même niveau que les Térébratules : Ostrea navicularis, Broec. Pecten Danicus, Chemn. — Duwelzi, Nyst. — Caillaudi, Nyst. Je crois pouvoir ajouter à ces quelques espèces un Xeno- phorus qui parait être différent du X. Deshayesi, ainsi que de nombreuses séries d’ossements de la collection du Musée se rapportant à plusieurs espèces de Dauphins et de Ziphius qui ont la teinte particulière et l'aspect corrodé des Hétérocètes. En outre j'ai recueilli dans la couche à Hétérocètes des débris de phoques se rapportant au Mona- therium aberratum, V. B., ainsi que des restes de poissons et notamment d'Oxhyrhina hastalis et de Carcharodon megalodon, Ag. dont je n’ai trouvé qu’un fragment de ver- tèbre, à la vérité, mais dont les beaux spécimens de la col- lection du Musée doivent provenir de ce niveau, au moins pour la plupart. On aura une idée de la quantité de dents de squales du Musée si l’on se rappelle que feu le major Le Hon, qui en avait entrepris l'étude, évalue leur nombre à plus de trente mille. C’est à l’aide des belles séries dentaires reconstituées ( 769 ) par Le Hon qu'il a été possible de déterminer les dents de poissons provenant de mes recherches. Ce premier point établi, il était nécessaire de reconnaître la composition stratigraphique de cet horizon paléontolo- gique et de chercher à fixer ses limites supérieure et infé- rieure. Pour atteindre ce résultat je me suis attaché à étudier minutieusement toutes les coupes qu’il m'a été possible de relever sur les points où s’observent les couches de sables verts entre les sables noirs et les amas coquillers rapportés au crag proprement dit. Je vais passer successivement en revue les plus impor- tantes de ces coupes : elles sont toutes situées à la partie sud-est de l'enceinte et l’on pourra voir leur position exacte sur la carte des environs d'Anvers qui accompagne le mémoire de M. Dejardin et que je n’ai pas cru devoir reproduire dans le présent travail. Coupe prise à Berchem-lez-Anvers sur la contrescarpe du fossé capital de l'enceinte à partir de la projection du saillant n° 7. Fig. 1. 1. Sable campinien en partie remanié et.surmonté de terrains rapportés, 2. Argile sableuse et caillouteuse de couleur foncée. 3. Amas coquiller dans un sable jaunâtre renfermant, surtout au contact de la couche n° 4, de nombreux petits cailloux blanes et noirs, opaques et translucides, des cailloux roulés plus volumineux, des débris d’ossements roulés, des moules de coquilles concrétionnés et fortement roulés. Les coquilles dont se compose Famas sont généralement brisées, mais on y observe, néanmoins, des lamellibranches avec leurs deux valves réunies et quelques gastéropodes entiers. 5’. Sable vert, avec petits cailloux, semblable à celui de la couche (770 ) n°5, mais plus pâle et renfermant des fossiles scaldisiens et des débris roulés. Ce sable vert devient argileux au contact de l'amas et présente quelquefois des lentilles de glauconie comme la présente coupe en montre un curieux exemple. 3”. J'ai recueilli, en 3”, dans l'amas coquiller onze vertèbres de Plesiocetus minor, V. B. dans leur position normale. 5’. Un maxillaire roulé de Plesiocetus Garopii, V. B. Voici la liste des fossiles recueillis dans l'amas coquiller: Mammifères. Plesiocetus Garopii, Van Ben. minor, Van Ben Delphinus. berie: ven) deux vertébrés roulées paraissant appar- tenir à des espèces différentes. Gastéropodes. Nassa (Buccinum) labiosa, 3. Sow. Natica varians, Duj. Turritella incrassata, J. Sow. Lamellibranches. Ostrea ungulata, Nyst, très-commun. Pecten complanatus, J. Sow, rare. grandis, J. at commun. douter opercularis, L., jeune âge, rare. usio, Penn tres glycimeris? L. Cyprina (Venus) rustica, J. Sow, très-commun (quelquefois avec ses deux valves réunies). Astarte Burtini, Laj. — incerta, S. Wood, commun. — Omaliusi. j. Venus casina, L., rare, — turgida, J. Sow , rare. Corbula (Cardium) striata, Walk, très-commun. 4. Lit de concrétions sableuses, argilo-calcaires, jaunâtres, pétries de térébratules (Terebratula grandis, Blum.) avec leurs deux valves réu- (ATA) nies. Ces térébratules sont recouvertes parfois de bryozoaires et remplies par les mêmes concrétions dans lesquelles s'observent de nombreux Spirialis rostralis, Eyd. et Soul. Ces concrétions jaunâtres alternent quelquefois avec d’autres con- crétions plus calcaires et plus glauconieuses ayant une teinte gris- blanchâtre et devenant parfois tout à fait blanche par altération. Ces dernières concrétions sont généralement très-fossilifères et ren- ferment une faune particulière composée d'individus de petite taille peu déterminables à cause de leur friabilité et aussi de leur carac- tère propre. M. Nyst n’a pu y reconnaître encore qu’un très-petit nombre de formes qui semblent se rapprocher davantage de la faune miocène diestienne que de la faune pliocène scaldisienne. Ce sont : Gastéropodes. Rino buccinea, Brocc. Solarium? Na Naor caphander. Trochus? Cylichna. Ptéropodes. Spirialis rostralis, Eyd. et Soul., très-commun. Lamellibranches, Isocardia lunulata? Nyst. Astarte? Ligula prismatica, Mont. Pecten. Modiola phaseolina, Phill., très-commun. Solen. Saxicava arctica, L. yonsia ? ardium. Brachiopodes. * Lingula Dumortieri, Nyst. Échinodermes. Débris d’oursins. ll arrive fréquemment que d’autres ae ern se nn au . pi niveau des concrétions jaunes et grises et de telle façon qu'il est souvent fort difficile de décider s'ils sont en Fr ( 772) place ou s’ils ne proviennent pas plutôt soit de Pamas coquiller sus- jacent, soit aussi du sable vert sous-jacent, comme on en verra plus loin un curieux exemple. f C'est ainsi que je ne saurais déterminer avec précision le niveau exact des fossiles suivants rencontrés dans ces conditions. Delphinus, une vertèbre dans laquelle se trouvait implantée une dent d'Oxyrhina trigonodon. Oxyrhina trigonodon, Ag. (5 dents). — Wilsoni, Gibbes (4 dents). Carcharodon Escheri, Ag. (1 dent). Une boucle de raie. … Débris de végétaux. 5. Sable vert glauconieux avec petits cailloux blancs et noirs, sou- vent translucides renfermant quelques fossiles au contact de la couche n° 4. Ce sont principalement : Pecten Caillaudi, Nyst, Pecten Du- 5/, Au point 5 il a été découvert un erâne de cétacé qui se trouvait précisément dans les conditions mentionnées ci-dessus, c’est-à-dire qu'il était intercalé au milieu des concrétions de la couche n° 4. La partie supérieure de ce crâne était usée, ce qui le faisait ressembler aux débris d'ossements roulés de l'amas coquiller qui s'observent fré- quemment à ce niveau. Aussi quelle ne fut pas notre surprise lors- que, en poursuivant nos recherches, il a été retrouvé, en place et sous les concrétions, le squelette presque entier appartenant au crâne en question. Il y avait une caisse tympanique, une omoplate, un atlas et neuf vertèbres et fragments de côtes de l'Æeterocetus affinis, Van Ben. J'ai recueilli aussi trois dents d'Oxyrhina hastalis avec ces débris d'hétérocètes. 5”. Au point 5” il a été recueilli, également sous les concrétions de la couche n° 4, six vertèbres dorsales avee côtes et une phalange de PHeterocetus Burtini, Van Ben. Sur un autre point qui n’est pas indiqué sur la coupe, mais qui se trouve au même niveau que le précédent, ce fut un atlas avec frag- ments de crâne, d'humérus et d'omoplate de I'Meterocetus dubius, Van Ben, (175 3 6. Sable vert sans cailloux, devenant de plus en plus foncé à mesure qu'on approche du niveau d’eau du fossé. Il prend alors la teinte particulière qui lui a fait donner le nom de « sable noir.» Cette assise sableuse est traversée de lits coquillers variant de 0,15 m. à 0,20 m. d'épaisseur. J'y ai distingué les cinq niveaux coquillers suivants : 6’. Premier niveau coquiller : au contact du sable caillouteux de la couche n° 5, valves simples de pétoneles et une valve fruste d'/soeardia lunulata; un peu plus bas, une valve de Venus multila- mella avec une valve fruste de petite taille d’/socardia lunulata et Ditrupa ?... 6”, 2e niveau coquiller : valves simples de pétoncles dominant, avec les fossiles suivants : EA rei pus į? L. (moules internes). Noé helicina? Broce. — ? Duj. Tro iis. ue a À Pecten Duwelzi, Nyst. Nov. sp.? ss lunulata, Nyst (petite taille). Cardium subturgidum, d'Orb Venus multilamella, Lk. (un fragment de valve). Panopea Menardi, S. Wood (un fragment de petite taille). Astarte radiata, Nystet West. . 6”. 5° niveau coquiller : pétoncles avec leurs deux valves réunies. 6". 4e niveau coquiller : pétoncles avec leurs deux valves réunies et ‘accompagnés des espèces suivantes : Ostrea navicularis, Brocc. (commun). Pecten re Nyst (une valve). i, Nyst. Nucula Pa Nyst. Limopsis sublævigata, Nyst. Astarte iay Li et West. Corbula aies pe re Edw. et H. 2° SÉRIE, TOME XLII. 50 ( 774) Lunulites Edwardsi, Nyst. rhomboïdalis, de Münst. Cida ibenia. 6", Be niveau coquiller : pétoncles avec un fragment de Pecten Lamallii, ete. Entre ce niveau coquiller et le précédent se trouvent de petites concrétions argilo-calcaires grisâtres dans le sable noir. Coupe prise à Berchem-lez-Anvers sur la contrescarpe du fossé capital de Venceinte à 115 mètres au nord de la projection du saillant n° 7. Fig. 2. 1. Sables campiniens blancs et jaunes, parfois orangés, renfermant à la base une couche mince de petits cailloux roulés et anguleux, opaques et translucides avec quelques menus fragments de concré- tions ferrugineuses. J'ai recueilli une petite dent de poisson à ce niveau. 2. Sable argileux traversé de petites veines de glauconie, devenant souvent grisâtre et très-argileux, surtout vers le bas où il renferme de nombreux petits cailloux roulés blancs et noirs. La partie argileuse de cette couche est parfois ferrugineuse au con- tact du lit de petit cailloux de la couche ne 4 qui est lui-même quel- quefois légèrement coloré en rouge par le fer. 2’. Lentille de glauconie de 0,12 m. d'épai présentant plusieurs petites ramifications. 3. Amas coquiller formé de coquilles brisées avec cailloux et osse- ments roulés, etc. 5’. Sable vert semblable à celui de la couche n° 5 mais plus pâle et associé le plus souvent à un sable argileux jaune brunâtre ou rou- geâtre renfermant des Ostrea ungulata, des Cyprina rustica et autres fossiles avec leurs deux pr réunies. C'e al Pepin à ce niveau que s ‘observent le mant des moules en Cardium Parkinsoni, etc. 5”. En un point situé entre l'extrémité sud de la coupe et la poche de ravinement on observait, au contact de la couche n° 4, une petite poche de sable argileux grisâtre semblable à celui qui se trouve dans ( 775 ) la couche n° 2 au contact de l'amas coquiller avec lentilles de glau- conie. _ L'amas coquiller ravine parfois notablement les couches sous- jacentes. Au point où le ravinement atteint sur la coupe jusqu’à la couche n° 6, l'amas, dont les coquilles sont plus brisées qu'habituel- lement et pressées les unes contre les autres, prend une teinte gri- sâtre qui rappelle tout à fait l'amas coquiller quaternaire du Kiel, derrière la citadelle du Sud. C’est ce qui explique pourquoi, aux débuts de mes recherches à Berchem, alors que je n'avais encore pu observer l'amas coquiller qu’en un seul point où il présentait pré- cisément cet aspect particulier, je fus porté à l'assimiler à celui du Kiel (1). - Non-seulement, en effet, l'amas coquiller de Berchem présentait parfois de grandes analogies avec celui du Kiel, mais la manière dont il ravinait les couches sous-jacentes et la présence de cailloux de silex crétacés à la base semblaient plutôt indiquer un dépôt quater- naire que tertiaire. En outre, la collection du Musée renferme un fragment de défense d'Elephas, recouvert en un point de petits cailloux et d'une valve rougeâtre d'Astarte incerta, S. Wood, que M. de Pauw recueillit en 4867 près d’un batardeau du fossé capital, non loin de la coupe fig. 2. De mon. côté, j'ai recueilli en 1874 à Berchem, sur la contrescarpe du fossé capital, un fragment de cubitus gauche d'Elephas, recouvert de sable jaune-rougeâtre et se montrant très-friable et blanchâtre dans la partie où le tissu spon- gieux est à nu. En présence de ces faits, je pense qu'il ne sera pas inutile de faire, le cas échéant, de nouvelles recherches pour élucider cette question. J'ai recueilli dans les différentes couches de lamas coquiller de la présente coupe les espèces suivantes : Mammifères, Balænula balenopsis, Van Ben. (1) Ann. Soc. malacol. Belg., 1. IX, Bull., p. xLvan. (776) Poissons. SEAE trigonodon, Ag. (1 dent). Wilsoni , Gibbes (2 dents). Gastéropodes. Voluta Lamberti, S. Wood, commun. Turritella incrassata , J. Sow. Natica varians, Duj. — cirriformis, J. Sow. Lamellibranches, Ostrea ungulata, Nyst , très-commun, — edulis, Pecten grandis, J. Sow , rare. — opercularis, L — jeune âge, rare. Cardium decorticatum? S. Wood, rare. Parkinsoni? J. Sow Cyprina yia, rustica, J. Si. três-commun. Islandica, L., commun. pon Bunini, Laj. S. Wood., commun. us aj. — re. Nyst, très-rare. 4. Lit de concrétions sableuses argilo-caleaires cire et gri- sâtres, parfois percées de trous de mollusques lithophages. J'ai recueilli dans les concrétions grises, outre des bryozoaires, la Modiola phaseolina, la Ringicula buccinea et un Solen indéterminé. De même que dans la coupe précédente, on observe fréquemment à ce niveau les débris d'ossements, les cailloux roulés, les coquilles et les concrétions ferrugineuses de l'amas coquiller sus-jacent. 5. Sable vert glauconieux avec petits cailloux roulés présentant, à la partie supérieure et presque au contact de la couche n° 4, un lit de coquilles devenues blanchâtres par altération. Ce sont prin- cipalement : Ostrea navicularis, Brocc. Pecten Caillaudi, Nyst. ( 777 Pecten Danicus, Chemn. Pectunculus pilosus}? L. Isocardia lunulata? Nyst. Cardita intermedia, Broce. Parmi ces coquilles devenues blanchâtres par altêration se trou- vent aussi quelques espèces comme l’/socardia (Chama) cor, L., qui proviennent probablement de la couche n° 5’, au niveau de laquelle je les ai rencontrées dans d'autres coupes. J'ai recueilli encore dans la couche de sable vert n° 5 des vertèbres d’hétérocètes, la moitié d'un rostre de Ziphirostrum avec son vomer, un fragment d'humérus de phoque se rapportant au Monatherium aberratum, Van Ben., un fragment de vertèbre de Carcharodon megalodon, Ag., et une dent d'Oxyrhina æiphodon, Ag. Seulement comme la couche qui renferme ces débris est très-peu épaisse, je ne puis mentionner les espèces précitées sans faire quelques réserves au sujet de leur gisement précis. 6. Sable vert sans cailloux, plus foncé que le précédent, présen- tant un aspect tout particulier par la présence de moules de coquilles concrétionnés, tantôt noirs et durcis, tantôt rouges ferrugineux et friables. On remarque aussi dans cette couche de sable vert foncé un lit de coquilles, pressées les unes contre les autres, parmi lesquelles se dis- tinguent surtout des panopées de petite taille, des Ostrea navicularis avec leurs deux valves, des Venus multilamella, Nyst, et une diaphyse de vertèbre indéterminée. 6’. Sable noir à pétoncles formé de valves simples de Pectunculus pilosus pressées les unes contre les autres, avec les espèces suivantes : Natica sereus one helic Pecten verd Nyst. 1socardia lunulata, Nyst. X. Dépôts récents formés, en majeure partie, de sables jaunâtres et rougeâtres ferrugineux renfermant de la limonite concrétionnée avec petits cailloux roulés et coquilles brisées. ~ X’. Sable gris-bleuâtre parfois très-argileux finement stratifié, (UB) renfermant des coquilles terrestres et fluviatiles, des débris de végé- taux et présentant des lentilles de sable grisâtre plus pâle et pétri de coquilles brisées et quelquefois aussi de grains de glauconie. Ces dépôts paraissent avoir été charriés par quelque petit cours d’eau récent. On observe, en effet, en X’ un mélange de coquilles du erag et de coquilles terrestres et fluviatiles qui vivent encore actuel- lement dans les fossés, aux bords de l’eau. Ce sont : Succinea oblong a, très-commun. Lymnea minuta (qui vit sur les berges). Planorbis albus. J'ai recueilli aussi dans ce dépôt quelques Helix, mais je n’y ai observé ni paludines ni cyclades qui sont essen- tiellement lacustres. A partir de l'extrémité nord de la coupe fig. 2, les dépôts récents X et X’ se poursuivent sur une longueur de 54,50 mètres. Au delà de ces dépôts récents j'ai continué à relever la coupe sur la contrescarpe jusque près du siphon du canal d'Hérenthals, c'est-à-dire sur une longueur d'environ 70 mètres. Mais comme cette partie de la coupe ne pourrait qu'induire en erreur par suite des remaniements dont elle semble avoir été l'objet, surtout dans les couches supérieures, je me bornerai à noter, sous lamas coquiller de cette partie, l'existence de sables verts, parfois brunâtres, d'autrefois tachetés de gri- sâtre et séparés de l'amas, sur presque toute la longueur, par une mince couche de limonite concrétionnée qui a coloré en rouge les nombreux ossements qui s’observent à ce niveau. Après avoir ainsi relevé la coupe sur la contrescarpe, là où il était encore possible de le faire, j'ai constaté, par un déblai pratiqué de l’autre côté du fossé capital, sur l'es- carpe, au saillant n°7, la même succession de couches que sur la contrescarpe, entre les sables campiniens et les CHI) sables noirs à pétoncles. L’amas coquiller a une teinte gris- cendré dominante et devient aussi argileux, brun rou- geâtre à la base. Coupe prise à Deurne-lez-Anvers à travers la per ss s à 20 mètres à l’ouest de la projection du saillant du ravelin 6 Fig. 8. Les déblais que je fis exécuter sur la contrescarpe du ravelin 6-7, ayant mis à nu l'extrémité du tronc d'arbre fossile représenté sur la coupe fig. 5, je fis pratiquer une tranchée à travers la contrescarpe, dans la direction du tronc d’arbre. Voici la coupe de cette tranchée : 1. Sable campinien remanié et terrains rapportés. 2. Sable argileux glauconifère passant à une argile brunâtre au contact de l’amas coquiller n° 5 et renfermant une couche de petits cailloux roulés à la base. 5. Amas coquiller avec nombreux petits cailloux roulés blancs et noirs, translucides et opaques dans un sable jaune rougeâtre. Cet amas coquiller renferme aussi beaucoup de cailloux roulés plus volumineux et des débris d'ossements roulés. J'y ai recueilli les espèces suivantes : Mammifères, Ossements roulés de cétacés. Poissons, Débris de poissons.. Boucle de raie. Gastéropodes. Buccinopsis (Buccinum) Dalei, J. Sow. (recouvert par un bryozoaire). Voluta Lamberti, J. Sow., commun Natica varians, Duj, ( 780 ) Natica cirriformis, J. Sow. Turritella incrassata, J. Sow Dentalium semiclausum, Nyst. Lamellibranches. Ostrea per Nyst, très-commu L. (valves ee rare. Peelen eas J. Sow (valves simples), commun, — Rate, L., jeune âge. nie se L. glycimeris, L. Cardin decorticatum, S. Wood. — (moule). ien (Venus) rustica, J. Sow., très-commun (dominant). — gee L. trés con (dominant). Pe robes hart roti, Laj., dike S. Wood. — _ Omaliusi, Laj. Isocardia (Chama) cor, L., très-rare. Cardita orbicularis, J. Sow , très-rare. Dosinia (Venus) exoleta, L., rare. Tellina Benedeni, Nyst et West. 3’. Sable verdâtre semblable à celui de la couche n° 5, mais plus pâle et renfermant, surtout au contact de la couche n° 4, de nombreux cailloux roulés ainsi que des concrétions perforées, des ossements troués ressemblant à des Orthocères, des moules de coquilles concré- tionnés, des débris d'ossements recouverts de balanes, etc. 4. Lit de concrétions sableuses argilo-calcaires, jaunâtres, renfer- mant de petites coquilles très-friables, parmi lesquelles dominent la Lingula Dumortieri qui y est extrêmement abondante. Le Pecten Danicus et la Ligula donaciformis y sont également très- communes. On y observe aussi le Pecten Caillaudi, et d'autres coquilles des genres Lucina, Cardium, Turritella, etc. Quant aux quelques concrétions grises, souvent percées de trous de mollusques lithophages, recueillies dans cette coupe, elles ren- ferment les mêmes fossiles que les concrétions analogues de la coupe ( 781 ) fig. A, n° 4; mais comme elles ont un aspect légèrement roulé, je suis porté à croire qu’elles proviennent plutôt de Pamas coquiller, comme on en verra un intéressant exemple dans la coupe ci-après, fig. 5. 5. Sable vert avec petits cailloux roulés renfermant, au contact de la couche précédente, un niveau de coquilles friables et blanchàtres par altération. Parmi ces coquilles il en est qui semblent bien pro- venir, comme les débris d’ossements et de concrétions roulées qui descendent parfois jusqu'à ce niveau, des couches de l’amas coquiller où elles se retrouvent également. Ce sont notamment : Cyprina (Venus) Islandica , L. Isocardia (Chama) cor, L Ostrea edulis, L., etc. -T ne doit pas en être de même pour les coquilles sui- vantes qui sont propres à ce niveau ou qui ne se retrouvent que dans les couches inférieures : Terebratula rt as strea naviculari Pecten Danicus, Has commun. — Duwelzi, — Caillaudi, Nyst, commun. Jai recueilli aussi dans les sables verts un temporal d'Heterocetus. 5’, Sable verdâtre, sans cailloux apparents, nuancé ou moucheté de gris cendré, J'y ai recueilli une dent d'Oxyrhrina... N. Sp.? 6. Sable durci, d’un vert sombre renfermant des concrétions fer- rugineuses arrondies, rougeâtres. C’est dans ce sable, fortement durci, que se trouve le tronc d'arbre fossile représenté sur la coupe fig. 3, avec la solution de continuité que j'y ai constatée. Il était peu épais, et l'on n'a pu en conserver que des fragments à cause de son extrême friabilité. M. Crépin, qui l’a , ( 782 ) examiné sur place, le rapporte à un conifère et ne l'a pas trouvé sus- ceptible d’une détermination complète Comme la couche quisrenfermait ce conifère ne m'a pas fourni d’autres débris fossiles qui me permettent de la mieux caractériser, ce n’est qu’avéc beaucoup de réserves que je la fais rentrer dans la série des sables noirs à pétoncles, dont certains caractères minéralogiques me semblent la rapprocher davantage. r 6'. Sable noir avec concrétions argilo-calcaires d’un gris foncé. J'y ai recueilli les espèces suivantes : roset costatum, J. Sow. Astarte radiata, Nyst et West. Natic orbula. Verai maltamella. Lk. aeg Isocardia lunulata, Nyst. Coupe prise à Deurne- lez-Anvers sur la contrescarpe, à partir de la projection du saillant du ravelin 6-7 Fig. 4. 4. Terrains rapportés et sables campiniens remaniés. 2. Sables argileux et caillouteux remaniés. _ 5. Amas coquiller dans un sable jaune rougeâtre avec | débris d'os- sements roulés, de cailloux roulés, etc., et renfermant parfois des blocs roulés de concrétions jaunes et grises. (Voy. coupe fig. D, n° 5, a etb.) 3’. Sable d'un vert pâle renfermant parfois des lentilles de glau- aar epe w 5, n° 5’ d) Cs associé parfois à un sable argileux qui it tact roulés de lamas coquiller. J'ai recueilli les fossiles suivants dans les différentes couches de l’amas coquiller de la coupe fig. 4 Mammifères. Platyphoca vulgaris, V. B. (fragment d'ilion et diaphyse de tibia). Plesiocetus (vertèbres). ( 783 ) Poissons, Oxyrhina trigonodon, Ag. . Lamna (Odontapsis) vorax, Le Hon. Lamellibranches. Ostrea ungulata, Nyst. Pecten pusio, Penn. Pectunculus glycimeris, L. Cardium decorticatum, S. Wood. Diplodonta. Cyprina (Venus) rustica, J. Sow. Astarte pes Laj. — orbuloïdes, Laj. — de S. Wood. Isocardia (Chama) cor, L. 4. Lit de concrétions sableuses argilo-calcaires jaunâtres, renfer- mant des bryozoaires parmi lesquels M. Houzeau de Le Haie, qui en fait une étude spéciale, a reconnu : Eschara gf Busk (ou Philippi?). Flustra? dubia, Lepralia Brochit, Fa (Discopora Skenei, Smith, var.). Avec ces bryozoaires se trouvaient : Astarte radiata? Ligula dona- ciformis ? et quelques autres coquilles des genres Cardium, Anomia, Solen et Solarium. 5. Sable vert affectant RER la teinte gris-cendré à la partie supérieure et présentant des taches ne as vers le bas (voyez coupe fig. 5, n° 4 g). J'ai recueilli dans cette couche une caisse tympanique d’Heterocetus et, au contact des concrétions jaunes de la couche n° 4, des Ostrea navicularis. En outre, ce doit être à des bryozoaires qu’il faut attribuer l'aspect moucheté tout ( 784 ) particulier que prend souvent le sable à la partie inférieure de cette couche. 6. Sable durci, d’un vert foncé, renfermant de rares petites concré- tions argilo-calcaires, d’un gris foncé, parfois fossilifères. Des débris de végétaux avec traces de tarets s’observent à ce niveau. 6’. Sable très-noir avec petites concrétions grises, renfermant les fossiles suivants : Ostrea navicularis, Brocc. (avec ses deux valves réunies), commun. Pecten Brummeli, Nyst. Thracia ventricosa , Phi re pauma Nyst (moule concrétionné des deux valves réunies). Venus multilamella, Lk. Aria? x Sous la couche 6’ s’observent généralement encore deux niveaux à pétoncles renfermant aussi parfois de petites concrétions. Avant qu’il me fût donné de relever la coupe ci-dessus fig. 4, j'ai recueilli sur le talus, à l'emplacement du 6° déblai, une matière spongieuse , jaune-brunâtre, extrêmement légère, dont je n'ai pu constater le gisement précis. M. Fabbé Renard y a reconnu, par l'examen au microscope, des traces évidentes d'origine organique, sous la forme de cellules végétales colorées par de l’hydrate de fer. Coupe détaillée du 2e déblai de la coupe fig. 4. Fig. 5. 1. Terrains rapportés et sables campiniens remaniés. 2. Sables argileux et caillouteux remaniés. 3. Amas coquiller. a. Concrétions sableuses argilo-calcaires Jedi avec une Tur- ritella subangulata ? ( 785 ) b. Concrétions grises au milieu d’une concrétion jaune. c. Caillou roulé de la grosseur d’un petit œuf. 5’ Sable d’un vert pâle devenant parfois rougeâtre et argileux au contact des blocs a et b. d. Lentille de glauconie. 4. Lit de concrétions sableuses argilo-calcaires jaunâtres. e. Concrétions semblables à celles de la couche n° 5, mais dont es bariai en ce pe be sont en place, tandis que ces dernières t paraissent avoir subi un certain remanie- ment. 1 est à remarquer, du reste, que ces blocs a et b renferment une petite faune identique à celle mentionnée dans la coupe fig. 4 au niveau des blocs en place (couche n° 4), ce qui sembleräit indiquer qu’ils pourraient bien avoir été amenés de ce point. f. Concrétions ferrugineuses de l'amas coquiller. g. Taches ferrugineuses rougeâtres. ÿ 7 CONCLUSIONS. Il résulte des faits énoncés dans ce travail et qui s’ap- puient principalement sur des coupes bien nettes du ter- rain en place, qu’il existe aux environs d'Anvers, entre les sables noirs à pétoncles ou miocènes supérieurs et les amas coquillers rapportés au système scaldisien ou crag pro- prement dit, un dépôt formé, en majeure partie, de sables verts renfermant une forme toute spéciale. Cette faune est | surtout caractérisée par l’extrême abondance d’un groupe de cétacés que M. Van Beneden a rapporté au genre Ceto- therium et auquel il avait donné d’abord le nom « d’Hete- rocetus » qu’il reprend aujourd’hui. Non-seulement ces débris d’hétérocètes sont remarqua- ( 786 ) bles par leur abondance, mais ils n’ont encore été rencon- trés qu’à ce niveau jusqu’ici. Ils sont accompagnés de nombreux débris de Ziphius, de dauphins, de phoques (Monatherium aberratum, Van Ben., et probablement aussi de M. Affinis et de M. Delo- gnii qui sont largement représentés dans les collections du Musée), ainsi que de dents et de vertèbres de poissons et notamment de Carcharodon megalodon, Ag., et d'Oxyrhina hastalis, Ag. Les coquilles sont peu variées, mais assez nombreuses à la partie supérieure des sables verts. Ce sont principale- ments : Ostrea navicularis, Broec. Pecten Caillaudi, Nyst. — Danicus, Chemn. — Duwelzi, Nyst. Xenophorus ….. Sp.? Avec ces coquilles se trouvent parfois des amas de téré- bratules (T. grandis, Blum.) qui, de même que les débris d’hétérocètes, semblent être propres à ce niveau. En pré- sence de ce fait on pourrait se demander si la partie des sables de Diest dans lesquels on a trouvé la même téré- bratule en place, notamment près de Pellenberg, aux environs de Louvain et jusque dans le comté de Kent en Angleterre, ne se rapporteraient pas aux sables verts et gris-cendré à hétérocètes des environs d’Anvers. Quant à l’unique exemplaire de la même térébratule provenant de Mortsel et qui fait partie de la collection du Musée , M. Nyst m’a dit l'avoir recueilli à la partie supé- rieure des sables noirs mis à nu pour la construction du fort de Vieux-Dieu. Un autre exemplaire du Musée prove- nant de la collection de M. De Koninck et indiquée comme (787) étant des environs du Bolderberg, près d'Hasselt , me paraît provenir d’une couche un peu supérieure au conglomérat falunien de la base de cette colline, si j’en juge par la nature de sa gangue ferrugineuse et graveleuse. Lorsque je visitai, l’an dernier, en compagnie de M. le D" Van Raemdonck de S'-Nicolas, les briqueteries de Steengelagen, sur la rive gauche de l'Escaut, entre Ta- mines et Rupelmonde, je constatai l'existence de deux niveaux ossifères, au-dessus des marnes rupeliennes à Septaria qu’on y exploite. Ces deux niveaux ossifères sont séparés par des sables glauconieux rappelant tout à fait ceux de Deurne qui ont une teinte gris-cendré toute par- ticulière et que j’indique sur mes coupes comme faisant partie intégrante des sables à hétérocètes. De son côté, M. Gosselet, en rendant compted’une course qu'il fit aux environs d’Anvers,avec ses élèves de la Faculté des sciences de Lille, insiste sur la grande analogie que présentent les sables glauconieux, qui surmontent les marnes rupeliennes dans les briqueteries de Tamines et de Rupelmonde, avec ce que l’on appelle les sables de Diest dans les collines de la Flandre (1). Les sables à hétérocètes des environs d'Anvers sont limités à la partie supérieure, comme l'indiquent les coupes qui accompagnent ce travail, par des concrétions argilo-calcaires, jaunâtres et grisâtres qui m'ont fourni une petite faune spéciale composée de bryozoaires et de coquilles de très-petite taille, le plus souvent très-friables, que M. Nyst n’a pu encore étudier complétement. Il est à remarquer que ces concrétions remplissent et (1) Ann. Soc. geol. du Nord. Séance du 19 mai 1875, p. 155. ( 788 ) encroûtent parfois complétement les térébratules des sables verts. A la partie inférieure, les couches à hétérocètes sont limitées par les sables noirs à pétoncles qui se terminent souvent, vers le haut, par une couche de sable vert durci, renfermant des débris de conifères avec traces de tarets. Je wai réuni cette couche à végétaux aux sables noirs à pétoncles sous-jacents qu’à l’aide de certains caractères minéralogiques et, par conséquent, sous toutes réserves. D’après les renseignements que M. Nyst a bien voulu me fournir, on peut considérer comme appartenant au niveau à hétérocètes les sables mouvants que cet auteur indique dans le Précis de d’Omalius (8° édit., p. 346) comme se trou- vant entre le sable noir et le sable gris. C’est à ce niveau qu'il faut rapporter également le squelette de cétacé recou- vert de térébratules qui fut découvert près de l'ancien fortin n° 1 sur la commune de Borgerhout et non pas de Deurne, comme on l’a d’abord indiqué. Ce squelette, qui fait partie de la collection du Musée, n’a pas encore été détaché des concrétions grises qui le recouvrent presque entièrement, ce qui empêche de le déterminer spécitique- ment, mais la caisse tympanique, qui en a été extraite, appartient à un hétérocète. Si Pon en juge par la quantité prodigieuse d’ossements d’hétérocètes de la collection du Musée qui proviennent de Borgerhout, on sera porté à admettre que les sables verts qui les renferment doivent être beaucoup plus épais en ce point qu'à Berchem et à Deurne, où l'on peut encore les observer aujourd’hui. C’est, du reste, ce que confirment les coupes géologiques de M. Dejardin. n a vu, par ce qui précède, que les sables verts à hété- rocètes se rapprochent moins des dépôts scaldisiens qui ( 789 ) sont considérés unanimement comme pliocènes que des sables noirs considérés comme diestiens et qui ont beau- - Coup d’espèces communes avec les Faluns. Nos sables verts renferment, en effet, le Carcharodon megalodon et Ostrea navicularis qui caractérisent les termes supérieurs de la série miocène classique. Je crois donc pouvoir conclure en disant que les carac- tères minéralogiques et paléontologiques des couches à hétérocètes me paraissent être suffisants pour qu’on y voie un nouvel étage géologique terminant notre série miocène aux environs d'Anvers (1). Toutefois il ne faut pas perdre de vue que si une lacune paléontologique considérable sépare le nouvel étage dès dépôts scaldisiens, une lacune notable, mais moins pro- noncée, comme on vient de le voir, sépare aussi les sables noirs à pétoncles des sables verts à Hétérocètes, puisqu'il n’y a pas de passage paléontologique sensible entre ces sables (2). (1) Dans le cours d’un récent voyage scientifique, M. Nyst a eu lucca- sion de constater au Musée de Milan que notre Ostrea des dépôts miocènes des environs d'Anvers, désignée sous les noms d'O. cochlear, Poli et d'O. Hennei ak se rapporte parfaitement à k Ostrea étiquetée de 7 main même de cchi sous le nom d'O. navicularis, Broce. M. Nyst a pu s'assurer Beene au Musée de Zurich sn Ostrea (gryphea) AE Mayer, décrite et figurée dans le Journal de Conchyliologie (5° série, t. XVI, p.168, 1876, Paris), est aussii dentique avec l'O. navicularis, Brocc. de Douera (Algérie) qui font partie des nas de la Sorbonne et dont le Musée de Bruxelles possède aujourd’hui quelques bons spécimens. (Note insérée pendant l'impression.) (2) Je crois s devoir fair rominga ieh, ed évier toute confusion, que les H étérnnà Fh, namniótoment les d dépé Ats gn ral TOME XLI. at CS ( 790 ) — La classe s’est ensuite constituée en comité secret pour s'occuper des présentations supplémentaires à la liste des candidatures aux places vacantes, ainsi que des pré- paratifs de la séance publique du 16 décembre. qui font l’objet principal de cette communication ont été indiqués par erreur dans mon article « Géologie » de Patria belgica comme se trouvant dans nos couches pliocènes scaldisienn Cela provient de ce que le Sahk. Asemeni de ces cétacés n’a été définitivement reconnu que par mes recherches ultérieures, dans le cou- rant de 1875. (Note insérée pendant l'impression.) ( 791 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 13 novembre 1876. M. Farmer, directeur, président de l’Académie. M. Lracre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alph. Wauters, vice-directeur; J. Roulez, Gachard, Paul Devaux, P. De Decker, J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, le baron Kervyn de Lettenhove, R. Cha- lon, Th. Juste, le baron Guillaume, Ém. de Laveleye, Alph. Le Roy, A. Wagener, membres; Aug. Scheler, Alph. Rivier et E. Arntz, associés ; Edm. Poullet, S. Bor- mans et J. Stecher, correspondants. M. L. Alvin, vice-directeur de la classe des beaux-arts, et M. Éd. Mailly, correspondant de la classe des sciences, assistent à la séance. III 2 CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur demande que la classe pro- cède à la formation de la liste double de présentatiðn , pour le choix du jury chargé de juger la 7° période triennale du concours de littérature dramatique en langue flamande. | Cette liste, dont la classe s’est occupée après la lecture de la correspondance, sera communiquée à M. le Ministre. (ROA — MM. les questeurs de la Chambre des Représentants adressent des cartes pour la tribune réservée pendant la session 1876-1877. — Remerciments. — M. le gouverneur du Brabant informe qu’à locca- sion de la fête patronale du Roi, un Te Deum sera célébré le 15 de ce mois, à midi, dans l’église des SS. Michel et Gudule. Des places seront réservées pour les membres de l'Académie. — La classe reçoit les hommages d'ouvrages suivants au sujet desquels elle vote des remerciments : Par M. le Ministre de la Justice, deux exemplaires du Recueil des coutumes de Maestricht, publié par la Commis- sion royale des anciennes lois et ordonnances du pays; par l'administration communale de Bruges, un exemplaire du tome V del’Inventaire des archives de la ville; par M. Alber- tingk Thym, associé, la suite du recueil qu’il publie sous le titre: De dietsche warande, 1 deel, 5% en 6* aflevering ; par l’Université d'Heidelberg, 50 volumes du : Heidelberger Jahrbücher für Litteratur (années 1808-1848), pour com- pléter la collection de l’Académie; par M. A. Wagener, un exemplaire de la 2° édition qu’il vient de publier de lou- vrage de feu son frère, M.J. Wagener, professeur à l’Athénée royal d'Anvers : M. Tullii Ciceronis pro T. Annio Milone oratio ad indices; par M. Edm. Poullet, une brochure publiée sous le titre de : Lettres de dom Anselme Berthod à MS de Nélis, évêque d'Anvers; 1777-1786. — Les bibliothèques de l'abbaye de S'-Gall et de la ville de Berne, la Société d'histoire de la Suisse romande à Lausanne, la Société des naturalistes à Bâle, la biblio- (2495) thèque de l’État de New-York à Albany, remercient pour le dernier envoi annuel des publications. — La Société littéraire, scientifique et artistique d'Apt envoie son programme de concours de 1876-1877. — M. P. De Croos, avocat à Béthune, soumet un tra- vail manuscrit Sur la puissance des père et mère, tuteurs et curateurs, aux XVIe? et XVIIe siècles, dans les pays aujourd’hui belges, qui faisaient, à cette époque, partie du comté de Flandre. La classe renvoie ce travail à l'examen de MM. Rivier, Faider et Leclercq. ÉLECTIONS. La classe procède au remplacement de M. Ad. Mathieu, comme membre de la Commission de publication des œuvres des grands écrivains du pays. Les suffrages se sont portés sur M. J. Stecher , correspondant. mmn COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Faider, inscrit à l’ordre du jour pour une lecture sur le IX° congrès international de statistique qui a eu lieu, au mois de septembre dernier, à Budapest, regrette que le manque de différents documents, qui ne Jui sont pas encore parvenus, l'empêche de lire aujourd’hui sa commu- nication. (794) Il se borne à donner un aperçu des importants travaux de cette session à laquelle il avait été délégué par le Gou- vernement, avec M. J. Sauveur, secrétaire de la Commis- sion centrale de statistique de Belgique. Il annonce à ses confrères que l’'archiduc Joseph, chargé par l’empereur d’Autriche de présider cette session, a , dans son discours d'inauguration, rendu un légitime hommage à la mémoire de M. Quetelet, l’un des fondateurs des congrès. Il dépose deux exemplaires de l’Éloge de M. Quetelet, prononcé par M. Engel, directeur du Bureau royal de statistique en Prusse, et il offre un exemplaire de la traduction française, par M. Frédéric Schwiedland , de Pouvrage consacré à la Hongrie par M. Charles Keleti, chef du Bureau de statis- tique de Budapest. Cet ouvrage a pour objet l’ Exposé géo- graphique et statistique de ce pays, dressé à loccasion de l'Exposition universelle de Vienne de 1875; il a été rédigé en collaboration de plusieurs spécialistes, et il donne sur l’histoire, l’organisation et la situation du royaume de Hon- grie des détails très-intéressants. ( 795 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. mmm Séance du 9 novembre 1876. M. F.-A. Gevaert, directeur. M. Lracre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM, L. Alvin, vice-directeur; N. de Keyser, G. Geefs, Jos. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Édm. De Busscher, Alp. Balat, le chevalier L. de Bur- bure, J. Franck, G. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq, Ern. Slingenare, Alex. Robert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, Godf. Guffens, membres. M. Ch. Montigny, membre de la us: dee sciences, M. Éd. Mailly, correspondant de la même classe, et M. Chalon, membre de la classe des lettres, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. MM. les questeurs de la Chambre des représentants en- voient des cartes pour la tribune réservée pendant la ses- sion législative de 1876-1877. — Remerciments. __— La Société philanthropique de symphonie et d’har- monie : la Fraternité, de Gand, soumet une liste de souscription pour un monument funéraire à ériger à son directeur, M. Isidore De Vos, prix de Rome de 1875, dé- cédé à Gand le 30 mars dernier, à l’âge de 25 ans. (2981) — M. Adolphe Siret fait hommage d’un exemplaire de l'ouvrage qu'il vient de publier sous le titre de : L'enfant de Bruges, ouvrage accompagné de quatre autotypies, dix eaux-fortes et quatre gravures sur bois, représentant des portraits de Frédéric Van de Kerkhove et des productions des paysages définissant le mieux ses diverses manières depuis ses premiers essais jusqu'à sa dernière œuvre. 1 vol. in-8°, La classe vote des remercîments à M. Siret. Des remerciments seront adressés à M. le vicomte Henri Delaborde, associé, pour l’hommage qu’il a fait d’un exem- plaire de son Éloge d’ Eugène Delacroix, lu dans la séance publique annuelle de l’Académie des beaux-arts de l'Institut de France, le 28 octobre 1876. In-4°. a # PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1878. SUJETS D'ART APPLIQUÉ. La classe adopte le sujet suivant proposé par la section de gravure : Un prix de six cents francs sera accordé à l’auteur de la meilleure gravure qui aura paru du 4° janvier 1877 au 1° septembre 1878, et exécutée en taille-douce, en eau- forte, en manière noire ou en aqua-tinte, d’après un maître ancien ou moderne de l’école belge. La section de peinture présentera, dans la prochaine séance, un sujet à mettre aussi au concours pour 1878. Là —— (797) COMMUNICATIONS ET LECTURES. — D'après l’ordre du jour de la séance, la classe s’oc- cupe de la motion de M. Alexandre Robert, demandant que l’Académie sollicite du Gouvernement les mesures né- cessaires pour garantir aux artistes la propriété de leurs œuvres. Après avoir entendu les développements donnés par M. Robert à sa proposition, ainsi que les considérations émises à l'appui de celle-ci par divers membres, la classe décide que M. le Ministre de l'Intérieur sera prié de de- mander à la Législature la mise en vigueur de l'article 29 du rapport fait par M. L. Hymans, au sein de la section centrale de la Chambre des Représentants, sur la propriété littéraire et artistique (séance du 15 janvier 1861, Annales parlementaires, n° 50, session de 1860-1861, p. 634). Cet article est ainsi concu : .« Art. 29. L’usurpation du nom de l'artiste sur une œuvre d'art est une contrefaçon. » Celui qui se livrera à limitation frauduleuse de la signature de l'artiste sera puni des peines du faux en écri- ture privée. » — La classe avait également inscrit à l’orde du jour de la séance le rapport de la Commission chargée de l'examen de tout ce qui concerne les prix de Rome. Cette Commis- sion devait se réunir le même jour pour s'occuper : 1° de la lettre de M. le Ministre de l'Intérieur relative au projet d'un établissement belge à Rome pour les pensionnaires du Gouvernement, et 2° de la motion de M. Portaels ayant $ ( 798 ) pour objet une réforme à introduire dans les règlements des grands concours de peinture, afin d'en obtenir de meilleurs résultats. L'absence de M. Portaels n'ayant pas permis de discuter ces questions, la réunion de la Commission n'a pu avoir lieu et, sur la demande de M. De Keyser, elle est ajournée jusqu’au retour de voyage de cet académicien, au mois de février prochain. La plus ancienne gravure en taille-douce exécutée aux Pays-Bas; lecture par M. Alvin, membre de lAca- démie. Dans la séance du 13 janvier 1859, j'ai eu l'honneur de donner lecture à la classe des beaux-arts d'une notice intitulée : Les Grandes armoiries du duc Charles de Bour- gogne, gravées vers an 1467. Cette notice a été insérée au tome VI, n° 1 de la 2° série des Bulletins de l’Académie royale de Belgique. Après avoir exposé, dans ce travail, de quelle façon j'avais eu l’heureuse chance de découvrir ce précieux monument, j'ai établi son âge, à deux ou trois ans près, au moyen d'in- ductions que me fournissaient les écussons entourant écu principal, en appliquant les règles établies par la maison de Bourgogne pour les préséances entre les divers duchés, comtés, principautés et seigneuries placés sous sa domina- tion. J'ai ajouté quelques conjectures au sujet de l’auteur anonyme de l’ouvrage, et, faisant ressortir l’analogie que je trouvais entre le burin de cet ouvrage et celui de cer- taines pièces attribuées au maître, également anonyme, connu sous la dénomination de : Maitre E.-S. de 1466, ( 799 ) j'émettais lavis qu'il se pourrait que notre trouvaille fùt de la même main que l’Alphabet grotesque que l'on a cou- tume de ranger, sans preuve, dans l'œuvre de ce maître E.-S., dont on ignore aussi la nationalité. Ayant soumis ma conjecture, modestement comme il convenait à mon peu d’expérience, à deux hommes particulièrement experts en ces matières, MM. Passavant, inspecteur de l'Institut des beaux-arts, à Francfort-sur-Mein, et Waagen, direc- teur du musée de Berlin, je produisis fidèlement dans ma notice l'opinion de ces deux savants qui se trouvaient d'accord avec moi, sauf sur le point de l'attribution de ` notre estampe au maître E.-S. J'en pris l’occasion de faire remarquer que ce n'était point aux ouvrages signés de ce monogramme que je faisais allusion, mais bien à certaines pièces de l’Alphabet grotesque dont j'indiquais les numéros. Ce n’était pas la même chose, puisque pas une seule des lettres de cette suite ne porte de signature et que le travail du burin y diffère essentiellement de celui des ouvrages qui, étant signés et datés, peuvent légitimement être altri- bués au maître E.-S. de 1466. Ma seule prétention, — et celle-là n’a point été contre- dite par ces honorables savants, — c'était d'établir que, à l'époque où travaillait ce maître, il y avait, dans les Pays-Bas, au moins un graveur aussi bon dessinateur et - aussi habile buriniste que lui. Du reste, l'importance de la trouvaille, la manière dont jen ai déterminé l’âge, n’ont jamais rencontré la moindre contradiction. Il y a dix-sept ans que ma notice est imprimée et qu’elle a été mise sous les yeux des directeurs de la plupart des cabinets d'es- tampes de l’Europe, ainsi que des principaux iconophiles. Ma conjecture, expliquée comme je l'avais fait, était géné- ralement acceptée. ( 800 ) M. Harzen, de Hambourg, était présent lorsque je dé- couvris les Grandes armoiries du duc Charles dans un recueil factice reposant à la bibliothèque de Bourgogne. Avant reçu communication et du fac simile photogra- phique et des documents au moyen desquels j'étais par- venu à déterminer l’âge de cette estampe, le savant icono- graphe m'écrivait, le 20 janvier 1859, une lettre dont j'ai donné un extrait dans ma notice. Il avait conçu depuis longtemps l’idée de publier ses propres observations sur le graveur E.-S. de 1466, et notre trouvaille lui en fournit l'occasion. S'appuyant sur un passage assez ambigu de la Couronne margaritique du poëte Jean Lemaire des Belges, il erut pouvoir identifier le maître de 1466 avec certain orfévre, natif de Cologne, établi à Valenciennes, Gilles ou Égide Steclin, dont les initiales E. S. ou G. S. s'accordent, en effet, avec les monogrammes employés dans l’œuvre du graveur inconnu. De plus, il n’hésita point à attribuer les grandes armoiries à E. Steclin. Il allait donc au delà de ma conjecture. Cette opinion, à laquelle je ne me suis jamais rallié, a été adoptée, avec quelque réserve, par _M. J. Renouvier, l’un des iconographes les plus éminents de la France, auquel la classe des beaux-arts a décerné sa médaille d’or en 1859; elle a été combattue par M. Ch. De Brou, dans la Revue universelle des arts. Ces précédents rappelés, je demande à la classe des beaux-arts la permission de l’entretenir d’un incident qui se rapporte à cette précieuse découverte. M. Alex. Pinchart, chef de section aux Archives géné- rales du royaume, possède, depuis trente ans, une estampe pareille à celle qui a fait l’objet de ma communication du 15 janvier 1859. Ce n’est point une épreuve de la même planche, puisqu'elle présente des différences notables. Cette ( 801 ) pièce, assurément curieuse, nous a été soumise à M. H. Hy- mans, conservateur du cabinet des estampes, et à moi; et, après l'avoir mise en regard de l'épreuve de la Bibliothèque royale, nous n’ayons pas hésité à la déclarer une copie assez maladroitement exécutée. Peu satisfait de cette appréciation, M. Pinchart a eu recours aux lumières de M. Ch. De Brou, et celui-ci, dans une lettre datée du 14 juillet 1876, donne gain de cause à son ami. Fort de l'avis d’un homme aussi compétent, M. Pinchart a obtenu l'insertion, dans le Bulletin des commissions royales d'art et d'archéologie, quinzième année, n° 5 et 6, d’un article qu’il intitule : La plus ancienne gravure sur cuivre faite dans les Pays-Bas, article qui débute par affirmer que son épreuve est l'original. Après une pastille déclaration, il ne resterait à la Bibliothèque royale qu’un seul parti à prendre : acquérir sans tarder, et à tout prix, cette mer- veille; autrement les cabinets étrangers et les amateurs, à qui l’on ne manquera point d'envoyer des tirés à part de l’article — avec fac simile — vont se disputer la pièce et la couvrir d’or. Nous risquons donc d’être accusés d’avoir, par notre ignorance, laissé sortir du pays, et aller enri- chir le British museum ou toute autre collection assez riche pour y mettre le prix, un des monuments des plus intéressants de l’histoire de l’art belge. Quelque regret que j'éprouve à devoir combattre deux hommes avec lesquels il meùt été plus agréable de con- server de bons rapports, force m'est bien de rompre le silence. Le procédé qu’ils ont employé m’oblige à les suivre sur un terrain que je n’ai point choisi. Par une tactique qui n’est pas trop maladroite, M. Pin- chart débute en essayant de faire croire que moi-même _ j'ai douté de l'ancienneté de notre estampe; mais pour ( 802 ) y parvenir, il cite très-incomplétement une phrase de ma notice dont il néglige le complément. fl s’atiache aussi à démontrer que je me suis trompé quant à l'attribution que j'ai proposée de notre estampe au maître de 1466. Moyens oratoires ayant pour but de démontrer le peu de compétence du conservateur en chef de la Bibliothèque royale en ces matières. Mais il ne s’agit point ici de savoir si j'étais autorisé à attribuer notre -estampe à un maître plutôt qu'à un autre; je me serais trompé sur ce point, que cela n'établirait pas l'antériorité de la pièce de M. Pinchart sur la nôtre. Toutefois, puisqu'on a soulevé cette question, je ne veux pas la laisser sans réponse. Sans doute, je ne puis me vanter d’avoir la longue expérience du savant conservateur des collections de l'hôtel d'Arenberg; je reconnais volontiers, chaque fois que loc- casion s’en présente, que c’est M. De Brou qui m'a inspiré le goût de l'iconographie et que j'ai reçu de lui de précieux enseignements; aussi, je me garderais bien de me mettre _en opposition avec ses décisions magistrales, si je ne me voyais contraint, par les devoirs de ma charge, à laisser pro- tester cette sorte de lettre de change qu'on essaie de tirer sur notre caisse. Il s’agit ici d’un maître que j'ai étudié par- ticulièrement, ayant eu l'intention de publier un catalogue de son œuvre. Le manuscrit achevé de ce travail repose, depuis quinze ans, dans mes papiers. Pour rédiger ce cata- logue, j'ai vu attentivement toutes les pièces attribuées au maître E.-S., conservées dans les cabinets de Munich, de Dresde et de Paris. Plus tard j'ai va également celles de Albertine de Vienne. Durant un assez long séjour que j'ai fait dans la capitale de la France, en 1859, j'ai employé toutes mes matinées, grâce à l’obligeance de M. H. de ( 805 ) Laborde, à décrire, à mesurer toutes les estampes de ce maître, placées dans ce qu’on appelle-la Réserve, au cabi- net des estampes de la bibliothèque de la rue de Richelieu, l’un des plus riches du monde. Je me crois donc en droit d’avoir, sur ce point, une opinion qui ne concorde pas avec celle de M. De Brou, qui, lui, n’ayant jamais été ni à Munich, ni à Dresde, ni même à Paris, n’a pu voir qu’un très-petit nombre des pièces composant l’œuvre du maître de 1466. Cela dit, pour répondre à ce qui n’est qu'un hors-d'œuvre dans l’article de M. Pinchart, venons à la seule question en cause, à celle de savoir laquelle de l'estampe de M. Pin- chart ou de celle de la Bibliothèque royale est l'original. Voyons d’abord les arguments de MM. Pinchart et De Brou : « Si, à l'époque où pour la première fois je vis votre estampe, — écrit ce dernier à son ami — un doute avait pu se glisser dans mon esprit au sujet de son antériorité sur l’estampe aux mêmes armoiries que renferme la Biblio- thèque royale, ce doute, après ce nouvel examen, cesserait d'exister, tant les allures libres du burin accusent un tra- vail primordial. » Ainsi, d’après M. De Brou, le burin de l’auteur de l'es- tampe de M. Pinchart a des allures libres, plus libres sans doute que celles du burin du graveur de la nôtre. Il pour- suit : « L'auteur de votre planche (de la planche appartenant à M. Pinchart) est peut-être un moins habile buriniste que celui de l’estampe de la Bibliothèque royale, mais, par contre, il est bien plus original dans ses tailles, lesquelles sont toujours très libres et très pittoresques; tandis que son copiste (c'est ainsi que M. De Brou qualifie l’auteur de notre planche), quoique étant plus précis, est infiniment plus ( 804 ) sec et plus froid , caractère inhérent à tout ce qui est copie. On sent, dans cette phraséologie embarrassée, la gêne qu’éprouve le critique à exprimer une idée qui manque absolument de justesse. Comment? le graveur de notre estampe, plus habile buriniste que celui de Vestampe de M. Pinchart, lui céderait quant à la liberté de allure, à la souplesse des tailles, au coloris, au pittoresque! M. Waa- gen, que M. De Brou reconnaîtra peut-être pour un con- naisseur, trouvait, lui, — et j'ai rapporté son opinion dans ma notice de 1859, — le burin du graveur des Grandes armoiries plus nourri que celui même du maître de 1466, le style des saints, m'éerivait-il, est moins gothique, les plis des draperies d’un gout plus sur, les mains mieux des- sinées. Qu'aurait dit ce savant archéologue s’il avait pu comparer notre estampe à celle de M. Pinchart? Il aurait trouvé dans cette dernière un burin maladroit, inexpéri- menté, heurté, confus dans les tailles. M. De Brou attribue la pièce de M. Pinchart à un orfévre flamand, peu savant à conduire méthodiquement son burin. On conviendra qu’il faut y mettre de la bonne volonté pour affirmer en même temps que ce graveur a des allures libres, un burin souple, coloré, pittoresque. Il y aurait, d'après cette manière de voir, avantage à ne se point exercer dans son art afin d'y exceller. La planche originale n’a pu être exécutée que sur com- mande, et c’est assurément pour ou par le duc qu'elle a été commandée. Quelle apparence qu’un travail de cette importance ait été confié à un orfévre peu savant dans l’art de conduire son burin? M. De Brou n’a signalé que deux variantes entre nos estampes. 1° «Le S'-André qui surmonte le chapiteau de la colonne ( 805 ) de gauche, est tourné, sur l'épreuve de M. Pinchart, en dehors du sujet; au lieu que, dans la copie — lisez dans la pièce de la Bibliothèque royale, — il est posé en sens contraire. 2° Dans l’écusson de Frise, les léopards passent à dextre, tandis que dans la copie — la planche de la Bibliothèque — ils sont placés tels qu’ils doivent l'être, c'est-à-dire, passant à senestre (1). Le copiste a done corrigé son devancier. » M. Pinchart indique une troisième variante. 3° Le champ sur lequel est placé la devise : Je lay emprins, n’est orné de flammes qu'aux deux extrémités dans son estampe, tandis que, dans la nôtre, ces flammes recouvrent toute la bande. Done, de l'aveu de de nos contradicteurs, leur estampe est entachée d’une faute héraldique qui eût été impardon- nable à l’époque où, d’après eux-mêmes, elle aurait été exécutée, ce qui eût certainement empêché de l'accepter. Toutes ces variantes sont, pour MM. Pinchart et De Brou, des preuves de l’antériorité de leur planche sur la nôtre. La prévention et l'intérêt peuvent aveugler étran- gement les meilleurs esprits. Les différences signalées plus haut, comme celles que j'indiquerai tout à l'heure s'expliquent le plus naturellement du monde, dès qu'on (1) Quand les iconographes, dans la description d’une estampe, se ser- vent des expressions droile et gauche, ils entendent par là la droite et la gauche de celui qui a l'estampe sous les yeux. Il n’en est pas de même en héraldique : à dextre et à senestre se disent de la droite et de la gauche e l'écu ou plutôt de la personne qui est censée porter le bouclier sur lequel les armoiries sont représentées. M. Ch De Brou s'est ici trompé. Les deux léopards de l'écusson de Frise sont passant à d'ætre, tels qu'on les voit sur notre estampe; mais il a raison de dire que celle de M. Pinchart contient une faute de blason. 2e SÉRIE, TOME XLII. 52 ( 806 ) reconnait que l'estampe de M. Pinchart n'est qu'une eopie. Il a existé, durant le XVI° siècle, un atelier de copistes dont le siége se trouvait dans un monastère de S'-Trond. J'ai fait mention de cette école dans un rapport que j'ai lu à PAcadéinie, séance du 25 septembre 1857 (Bulletin, 2° série, t. HI), à propos du concours ayant pour objet l'ori- gine et les progrès de la gravure aux Pays-Bas. Les pro- duits de cette école, ou pour mieux dire, de cette officine, ne sont inconnus ni de M. Pinchart, ni de M. De Brou. La bibliothèque de l'université de Liége possède une série de manuscrits où l’on rencontre, en quantité, de ces gra- vures. Les artistes, fort peu habiles, qui les ont exécutées, se contentaient, la plupart du temps, de copier les bonnes estampes allemandes de Martin Schongauer, d'Israël van Meken, d'Albert Dürer. Ces contrefaçons devaient leur procurer des bénéfices; mais s’il leur arrivait de travailler d'après leur propre inspiration, ils produisaient des œuvres monstrueuses (1). La Bibliothèque royale, possède, parmi (1) Je place ici un extrait de mon rapport du 25 septembre 1857. Bulletin de l Académie royale de Belgique, 2° série, t. III, n° 9 et 10. « Leur existence (des gravures de St-Trond) m'avait été signalée plu- sieurs fois, mais je n'avais jamais eu le loisir de les examiner. Dans cette occasion (pour apprécier le mémoire d’un concurrent qui avait parle de ces pire a n'ai re cru Age oir me Boy res d ue des pièces qui ous occupe. Je me zals adressé avec confiance à mon ‘böfovanie collègue i Fiess, le biblio- tuécaire de l'université de Liége, qui a eu l'obligeance de m'envoyer les - volumes des manuscrits de St-Trond dans lesquels se trouvent ces spéci- mens. Voici, en résumé, le résultat de cet examen. Les pièces qu'on ren- contre dans ces manuscrits, qui appartiennent à la seconde moitié du XVIe siècle, sont des gravures sur bois et des gravures sur cuivre; les pre- mières peuvent avoir été exécutées à St-Trond ou à Liége. Parmi les autres, un petit nombre appartiennent à l’école allemande ; on y voit quel- ( 807 ) ses raretés, des échantillons assez nombreux de ces gra- vures dont plusieurs sont datées. Elles proviennent d’un cartulaire, reposant aux archives générales du royaume, et portant le n° 191A (1). Il ne serait pas impossible qu'une épreuve originale des Grandes armoiries se fût trouvée entre les mains d’un des graveurs de S'-Trond ou de toute autre officine du même genre, lequel se serait ingénié à en exécuter une copie, en manière d'exercice. M. Pinchart nous apprend qu'il a conservé pendant trente ans son estampe dans un portefeuille, sans se dou- ter de son importance, même après avoir pu lire, dans les Bulletins de l’Académie, ma notice qui est accompagnée d'un fac-simile. Il l'avait acquise, nous dil-il, d’un peintre héraldiste avec d’autres gravures et de méchants dessins, des couleurs et des ustensiles ayant servi à cet artiste. N'est-il pas possible que ledit peintre héraldiste ait lui- même trouvé la pièce que possède aujourd’hui M. Pinchart dans un manuscrit du même genre que ceux qui provien- ques belles pièces originales d'Israël Van Meken : ce sont les seules qui offrent un mérite sérieux, Le reste peut encore se partager en deux ratés gories : 4° Les pièces dans lesquelles on reconnait limitation de maîtres étrangers, Allemands et Italiens; 2° celles qui ont un cachet d’ a et qui peuvent être attribuées à une école locale. Ces dernières sont incon- testablement He Bad nr et, conne eas dek: des dates, de 1522 à 1560, i es oduites était inf maent ires sur les écoles Fanano, de Hollande et de Flandre, à la » (1 T 7 curieuse gravure dont la Bibliothèque royale possède l'exem- plaire unique connu, provient de la même source et porte encore l'estam- pille des Archives générales du royaume. Notre savant confrère Éd. Fétis en a donné la description dans un article fort intéressant sur le fameux tryptique de Louvain, œuvre de ne ad as pose estampe reproduit le panneau central, Cet article a été i e V, p.86, du Bulletin des Commissions royales, d'art et d’ ori a | ( 808 ). nent de l’abbaye de S'-Trond ? Les manuscrits du XVI siècle, dans lesquels on a intercalé ou simplement collé des gra- vures, ne-sont pas rares; nous avons recueilli jusqu’à trente-six épreuves de nielles italiens dans un de ces codices. (Voir notre notice sur les nielles de la Bibliothèque royale, BULLETIN DE L'ACADÉMIE, tom. XXIV, n° 5). Con- jecture pour conjecture, celle-ei vaut celle de M. De Brou. L'une des deux estampes est originale, et, comme je l’ai prouvé, celle-ci ne peut avoir été gravée qu'entre les an- nées 1467 et 1472. De plus, elle devait avoir une destina- tion. Or, comme celle de M. Pinchart devait nécessairement être rebutée à cause de la faute qu'elle contient, l'autre, qui (si l’on accepte l'opinion de M. De Brou) en serait la copie correcte, n'aurait pu servir elle-même qu’à la condi- tion d’avoir paru dans le même intervalle. Les deux pièces, toujours dans l'hypothèse de M. De Bron, seraient donc contemporaines, à une année ou deux près. Celle de M. Pinchart prouverait que, entre les années 1467 et 1472, il y avait aux Pays-Bas un orfévre dessinant très mal et peu adroit à mener méthodiquement son burin, ce qui ne serait pas une merveilleuse découverte, celle de la Bibliothèque royale démontre que, à la même époque, les Pays-Bas possédaient un artiste aussi adroit buriniste qu'excellent dessinateur, ne le cédant en rien au maître E. S. de 1466, ce qui fait de cette estampe un monument du plus haut intérêt. © Pour M. De Brou, les imperfections de l'estampe de M. Pinchart sont de l'archaïsme et constituent le caractère de l'originalité. Je ne saurais accepter une pareille inter- prétation. L’archaïsme et la maladresse sont deux choses distinctes qu'il ne faut pas confondre. Une œuvre archaïque l'est dans son ensemble comme dans ses détails ; òr la ( 809 ) pièce de M. Pinchart rend d'une manière incorrecte une composition qui, dans son modèle, n’a rien d'archaïque, qui, au contraire, est d’une grande perfection de style. Pour moi, loriginalité d’une œuvre se manifeste dans la conception de son ensemble et dans | ‘accord des parties entre elles. Le graveur de l'estampe de M. Pinchart n’a pas même compris le caractère de l'architecture de son modèle; c'est ce qui ressort à l'évidence de la comparaison des deux pièces et des différences qu'on y remarqué. Aux trois variantes, signalées par MM. De Brou et Pinchart, jen ajouterai cinq autres : j'en complète l'énumération. 4 Le panache, chou frisé, servant de pinacle et qui donne à l'architecture tant d'élégance dans notre estampe, a été négligé sur l’autre, le euivre employé par le copiste n'était peut-être point assez grand. Peut-être aussi l'es- tampe de M. Pinchart a-t-elle été rognée, 5° Le petit toit de tuiles n’a, dans notre estampe, que trois rangs d'imbrications très régulières; le copiste, qui . wa pas compris son modèle, a dessiné les tuiles pêle-mêle, ilen a même ajouté qui masquent les baies ouvertes entre les crénaux. De plus, il a mis hors d'aplomb les jambages de la lucarne de gauche, rendue d’ailleurs d’une manière très-confuse. On voit que ce graveur ne comprend pas le style de la pièce qu'il copie, ce qui indique un travail exécuté à une époque où le style gothique avait été géné- ralement remplacé par celui de la renaissance. G° La petite statue de S'-Georges, qui, comme son pen- dant le S'-André, est un chef-d'œuvre de grâce dans notre estampe, est devenue presque méconnaissable dans l’autre. Le copiste, qui probablement n'avait jamais eu sous les yeux une armure complète, n’a pas su rendre les détails si précis de son modèle. Il a transformé en un manteau les LA (810) manches qui pendent de chaque côté des brassards du saint guerrier. 7° Non-seulement, comme le fait remarquer M. De Brou, le S'-André est tourné à gauche dans lestampe de M. Pinchart, tandis qu’il regarde la droite dans la nôtre, mais il demeure éclairé comme s'il n’avait point changé de direction. 8 Ce que M. Pinchart appelle des flammes semées sur le champ, où on lit la devise : Je lay emprins, ce sont les étincelles des briquets du collier de la Toison d’or flan- quant, à droite et à gauche, ladite devise. Le copiste a dessiné des objets confus et sans forme déterminée. Voici les conséquences, qu’à mon sens, on peut tirer légitimement de ces variantes (1). La plupart proviennent de l’inhabileté du copiste, d’autres de ses distractions et de son ignorance des modes d'une époque éloignée. Cha- cun sait que, pour obtenir d'un dessin que l’on grave une épreuve semblable au modèle, il faut copier celui-ci à l'envers, autrement on obtient une contre-épreuve. Afin de rendre le travail plus facile, le graveur se sert souvent du miroir. Le graveur de l’estampe de M. Pinchart s’est d’abord soumis à la nécessité, fort gênante pour un ap- prenti, de copier à l'envers; mais il a esquivé la difficulté dès qu’il l’a pu, en copiant directement le S'-André et l’écusson de Frise. Peu versé dans la science héraldique, il a cru qu'il était indifférent que les léopards passassent à dextre ou à senestre. De là, la faute que M. De Brou donne comme une preuve d'originalité. Pour ce qui est du S'-An- dré, il lui a paru plus aisé de copier cette figure directe- (1) Le lecteur, qui pourra comparer les deux planches, au moyen des fac-simile juxtaposés, trouvera encore bien d'autres variantes. („8 ) ment sur le cuivre, il ne voyait pas non plus d'inconvénient à ce que ce saint tournât te dos à son pendant et tint sa croix de la main gauche plutôt que de la droite, Mais ce à quoi il n’a pas pris garde, c’est à la manière dont la statuette est éclairée. Qu'on examine, par exemple, la croix en sautoir sur laquelle le saint est appuyé, celle-ci est à gauche dans notre estampe et l’ombre s’étend sur le large côté des deux poutres dont elle est formée, le petit côté seul est éclairé. Le copiste l’ayant placée à droite, c'était le large côté qui devait recevoir la lumière et le petit demeurer dans l'ombre. Cette seule remarque suffirait pour trancher la question ct montrer que le copiste est celui qui a commis la faute. On est en droit de s’étonner qu’un iconographe aussi expé- rimenté que l’est M. De Brou n'y ait point pris garde. Ce changement opéré par le copiste produit d’ailleurs le plus mauvais effet architectonique. Dans notre estampe, les deux bras de la croix s’harmonisent parfaitement avec l’arête verticale de l'édifice dont ils rompent la monotonie; l'effet chez le copiste est tout différent et le changement est loin d'être heureux. Je suis done en droit de maintenir mon opinion, à savoir que notre estampe est originale et que celle de M. Pinchart en est une copie maladroitement exécutée, à une époque beaucoup plus rapprochée de nous. L'auteur de cette der- nière. par la manière même dont il a exécuté sa copie, a démontré à l'évidence qu’il eût été incapable de concevoir l’ensemble de la composition. NOTE. Plaçons ıcı une remarque qui n’a pu être comprise dans mon travail de 1859 et dont les iconographes investiga- teurs des origines de la gravure tireront peut-être parti. "ter. ) »- En ouvrant le volumè imprimé à Utrecht par Jean Velde- ner, en 4480, le Fasciculus temporum en hollandais, volume faisant partie de notre collection d'Incunables, j'ai été frappé de l'analogie que présentaient avec les grands lions de notre estampe ceux qui supportent l'écusson vide que l'on trouve à la première et à la dernière page de ce livre. En les plaçant en regard les uns des autres, on reconnaît qu'ils sont identiques; seulement ceux de Veldener sont gravés à tailles d'épargne et en contre- _ partie des autres, ce qui indiquerait une copie. La simili- tude ne s'arrête pas là; elle s'étend aux lambrequins qui accompagnent le heaume, lesquels rappellent aussi le style des rinceaux employés par l'imprimeur dans l'encadrement qui entoure la deuxième page du livre. Le savant biblio- thécaire en chef de la Bibliothèque royale de La Haye, M. J.-W. Holtrop, dans son beau livre publié en 1868, sous le titre de Monuments typographiques des Pays-Bas au quinzième siècle, a reproduit l'écusson avec ses lions, ainsi que la page avec son encadrement, ce qui rendra facile la comparaison même pour les amateurs qui ne possèdent point le précieux incunable, On sait que J. Vel- dener a imprimé, à Louvain, de 1472 à 1477, et que c’est seulement en 1478 qu'il a transporté ses ateliers à Utrecht. Il y aurait là un argument assez plausible pour ceux qui attribuent à cet imprimeur la gravure de certains livres sur lesquels on discute depuis longtemps. On pourrait aussi conclure de ce qui précède que Veldener, étant lui-même l'auteur des Grandes armoiries du duc Charles, n’a fait que se copier lui-même en reproduisant les lions dans son volume de 1480. Il est bien entendu que je n'affirme rien; je me contente de signaler le fait. ( 815 ) La classe se constitue ensuite en comité secret pour s'occuper de la liste double de présentations aux places vacantes, arrêtée par le bureau, par la section de musique et celle des sciences et lettres. — a — OUVRAGES PRÉSENTÉS. . De Tilly (J.-M). — Mémoire sur diverses questions de ba- listique. Gand, 1876; extrait de la Revue belge de sciences militaires; in-12. Gevaert (Fr —Aug.). — De l'enseignement public de l'art musical à l’époque moderne, diseours prononcé dans la séance publique de la classe des beaux-arts, le 24 septembre 1876. Gand; broch. in-4° Gluge (le docteur). — Discours prononcé à l’Académie royale de médecine, dans la discussion sur le recrutement des professeurs dans les universités. Bruxelles, 1876; extr. in-8°. Poullet (Edmond). — Lettres de Dom Anselme Berthod à M* de Nélis, évêque d'Anvers (1777-1786). Extrait in-8°. Siret (Adolphe). — L'Enfant de Bruges. Bruxelles, Paris, 1876; volume in-8°. 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Commission royale des anciennes lois et ordonnances du pays, recueil des coutumes de Maestricht; procès-verbaux, VI: vol., 5° cahier. Bruxelles, 1876; volume in-4° et br. in-8°. Ville de Bruges. — Inventaire des archives de la ville, tome V. Bruges, 1876; volume in-4°. Institut archéologique liégeois. — Bulletin, tome XII, 5° livraison. Liége, 1876; br. in-8°. (815 ) _ E’lllustration horticole, tome XXIII, 1876, 7° et 8° livrai- sons. Gand ; 2 br. in-8 Société royale de botanique de Belgique. — Bulletin, tome XV, n° 2. Bruxelles, 1876; br. in-8°, Institut archéologique du Luxembourg. — Annales, t. VIT, 3° cahier, Arlon, 1875; broch. grand in-8°, ALLEMAGNE, AUTRICHE ET HONGRIE. Clausius (R.). — Ueber die Ableitung eines neuen Electro- dynamischen Grundgesetzes. Extrait in-4°. Verein für Geschichte der Mark Brandenburg. — Mär- kische Forschungen, Band XHI. Berlin, 1876; vol in-8°. 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Accademia fisio- medico- statistica di Milano. — XXII année 1876. Milan ; broch. in-8°, Museo di fisica e storia naturale di Firenze. — Catalogo della collezione di insetti italiani. Serie 1° Coleotteri. Florence; 1876; broch. in-8°. Russie. Académie impériale des sciences de St-Pétersbourg. — Bul- letin, tome XX, n° 3 et 4; tome XXI, n° 1-4, — Mémoires 7° série, tome XXII, n% 4-10; tome XXIII, n°° 4, 2. — Reper- torium für Meteorologie, V. Bd. 1. Heft. Saint- Pere: - 4875-1876 ; 12 broch. et 2 vol. in-4°. Société de chimie de St-Pétersbourg. — Bulletin, tome VIH, 7° livraison. Saint-Pétersbourg, 1876 ; in-8°. Société des sciences de Finlande à no. - — Ofver- sigt af Förhandlingar, XVII, 1874-75. — Bidrag till känne- dom af Finlands natur och folk, XXXII Haftet. — Observa- tions météorologiques, 1875. — Acta, tomus X. — a 1875; 5 br. in-8° et vol. in-4. SUÈDE. Nordiskt AT arkiù, tome VIIJ, 5° liyr. Stockholm, 1876; br. in-8°. ( 823 ) SUISSE. Plantamour (E.). — Résumé météorologique pour Genève et le grand AE années 1874 et 1875. Genève, 1875, 1876; 2 br. Vooraan Gesellschaft in St-Gallen. — Be- richt, 4874-1875. Saint-Gall , 1876 ; vol. in-8°. Naturforschende Gesellschaft in Zürich. — Vierteljahrs- schrift, XIX. und XX. Jahrgang; XXI°. Jahrgang. 1. Heft. Zürich, 1874, 1875; 8 broch. in-8°. Institut national genevois. — Bulletin, tome XXI. Genève, 1876; vol. in-8°. Société vaudoise des sciences naturelles. — Bulletin , 2° sér., tome XIV, n° 76. Lausanne, 1876; vol. in-8°. Société Fe géographie de Genève. — Le globe; tome XV, liv. 4-5, 1876. Genève, Bâle, Lyon, 4776; liv. in-8°. Société des sciences naturelles de Neuchâtel. — Bulletin, tome X, 3° cahier. Neuchâtel, 4876 , br. in-8°. BULLETIN DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1876. — Ne 12. ee CLASSE DES SCIENCES. Séance du 2 décembre 1876. M. Maus, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Liacre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Stas, L. de Koninck, P.-J. Van . Beneden, Edm. de Selys Longchamps, Gluge, Melsens, F. Duprez, J.-C. Houzeau, G. Dewalque, Ern. Quetelet, Ern. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, A. Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Morren, Éd. Van Bene- den, C. Malaise, F. Folie, Alph. Briart, F. Plateau, F. Crépin, membres; Th. Schwann, Eug. Catalan, asso- ciés; Éd. Mailly , J. De Tilly, F.-L. Cornet, Ch. Van Bam- beke et G. Van der Mensbrugghe, correspondants. 2% SÉRIE, TOME XLII. 54 ( 826 ) CORRESPONDANCE. — M. le Ministre de l'Intérieur demande à la classe de revoir la liste qu’elle a dressée pour la composition du jury de la 6° période du concours quinquennal des sciences naturelles, et de la composer exclusivement de personnes qui auront pris l'engagement d'accepter éventuellement la mission de membre. La classe procède au choix de cinq nouveaux noms qui seront communiqués à M. le Ministre. — Le même haut fonctionnaire soumet deux requêtes par lesquelles M. Namur, secrétaire de l’école moyenne de l'État à Thuin, sollicite un subside qui le mette à même de poursuivre ses travaux scientifiques. — Renvoi à MM. Catalan, Folie et Liagre qui ont examiné les tables de logarithmes de cet auteur. _— MM. les questeurs du Sénat envoient des cartes pour la tribune réservée pendant la session législative 1876- 1877 — La Société belge de géographie à Bruxelles annonce sa constitution et envoie un exemplaire de ses statuts, — La Société zoologique de France à Paris, qui vient de se fonder, adresse les deux premiers fascicules de son Bulletin et en demande l'échange contre le même Recueil académique. ( 827 ) — Les institutions et Sociétés suivantes remercient pour le dernier envoi de publications académiques : La Société entomologique italienne à Florence; la Société toscane des sciences naturelles à Pise, PU. S. geological and geographical Survey of the territories at Washington, l'Office général des chirurgiens et le Département de l’agriculture de la même ville, le Musée de zoologie com- parée de "Harvard College à Cambridge, la Smithsonian institution, l'Académie des sciences de S'-Pétersbourg, la Bibliothèque publique de Victoria à Melbourne. M. Alph. de Candolle, associé, à Genève, exprime ses remerciments pour le même envoi. — M. Catalan dépose un billet cacheté au nom de M. L. Saltel, professeur au lycée de la Rochelle. — Ce dépôt est accepté pour les archives après contre-seing du directeur et du secrétaire perpétuel. — Comme suite à une demande de M. le Ministre de l'Intérieur, la classe décide qu'il sera répondu à ce haut fonctionnaire que la lettre écrite par M. le secrétaire per- pétuel le 12 novembre 1875 relativement à la carte géolo- gique du pays est exactement conforme aux décisions prises en séance du 6 du même mois. — La classe reçoit les hommages suivants pour lesquels elle vote des remerciments : 4° Réhabilitation d'un pléonasme, par M. E. Catalan ; broch. in-8° ; 2 Le recrutement des professeurs dans les universités, discours par M. Gluge (extrait du Bulletin de Académie de médecine) ; in-8°; ( 828 ) 5° Rapport sur les moyens d'exécution de la carte géo- logique de la Belgique, par M. Dewalque; broch. in-8°; 4 Note sur la transformation des coordonnées dans la géométrie analytique de l’espace, par M. C. Le Paige (extrait du Bulletin de l’Académie des sciences); in-8° ; Be Notes sur l'enveloppe d'un cylindre et sur une équa- tion aux différences finies, par le même; extr. in-8°; 6° Ueber die Natur und Wesenheit der Syphilis und deren Behandlung ohne Merkur, par M. le D" Jos. Her- mann, de Vienne; br. in-8°; 7° Esquisse géologique et paléontologique des dépôts pliocènes des environs d'Anvers, par Ern. Vanden Broeck ; brochure in-8°, présentée par M. Malaise; 8° La chaleur et ses applications aux machines à air chaud, aux machines à air comprimé et aux machines à vapeur, par M. A.-J. Courtin; vol. in-8°, présenté par M. Cornet; 9° Une vingtaine de brochures concernant l’hygiène et les engins de sauvetage, offertes par le comité d'exécution du congrès; — Les travaux manuscrits suivants sont envoyés à l'examen des commissaires : 4° Bibliographie analytique des principaux phénomènes subjectifs de la vision, depuis les temps anciens jusqu’à la fin du XVIII: siècle; suivie d’une bibliographie simple pour la partie écoulée du siècle actuel, par M. J. Plateau. — Commissaires: MM. Ern. Quetelet et F. Duprez; 2% Observations de Vénus (1876), par M. le baron Oct. Van Ertborn. — Commissaire: M. Houzeau; 3° J. Détermination par la méthode de correspondance analytique de l’ordre de la surface enveloppe d’une surface ( 829 ) de degré e dont les coefficients de son équation sont des fonctions de n paramètres variables, liés entre eux seule- ment par n-2 conditions; II. Théorèmes sur les courbes gauches, par M. Saltel. — Commissaires: MM. Folie et Catalan ; 4 Recherches sur les graines originaires des hautes lati- tudes, par M. A. Petermann. — Commissaires : MM. Mel- sens, Morren et Malaise ; 5° Lettre de M. Léopold Deitz, de Liége, relative aux aérostats. — Commissaire : M. Montigny. ÉLECTION. La classe procède à l'élection des membres de la com- mission spéciale des finances pour 1877. MM. Gluge, Maus, Montigny, Nyst et P. Van Beneden, membres sortants, sont réélus. es a RAPPORTS. ae Sur l'étage dévonien des psammites du Condroz dans lavalleé de la Meuse entre Lustin et Hermeton-sur-Meuse ; par M. Michel Mourlon. Rapport de M. L-G., de Koninck. « L'auteur, après nous avoir fait connaître, dans un mémoire précédent, la constitution détaillée des psam- mites du Condroz en Condroz même, s’est attaché à com- pléter son travail par l'étude de ces mêmes psammites dans le bassin de Theux et dans le bassin septentrional , depuis la frontière prussienne jusqu’à la Manche. Il a reconnu que # { ( 850 ) les psammites conservent dans ces bassins les mêmes rela tions stratigraphiques qu’en Condroz ; mais tandis que dans le bassin de Theux les quatre assises qu’il a distinguées dans les psammites du Condroz se trouvent toutes bien repré- sentées, dansle bassin septentrional, au contraire, une ou plusieurs de ces assises font complétement défaut. Pour prouver l'existence de ces lacunes, qui souvent rendent difficile l'étude des terrains dans lesquels elles existent, l'auteur s’est appuyé sur de nombreuses coupes minitieusement relevées à travers les bandes psammiti- ques et s’est servi de la méthode dont son savant maître M. Éd. Dupont s’est servi avec succès dans ses recherches sur le calcaire carbonifère des environs de Dinant. à Il a appliqué cette méthode aux coupes du psammite du Condroz qui se montrent sur les deux rives de la Meuse, en formant les bandes de Lustin, d’Yvoir, d’Anseremme et d'Hastières. Il s’est tout spécialement occupé de la coupe de la partie qui sépare cette dernière localité de la fron- tière et qui a une étendue de 6 kilomètres, parce qu'elle n'avait pas encore fait l’objet d'aucune étude sérieuse et qu’elle faisait défaut dans la coupe générale des terrains primaires de la Meuse entre Mézières et Namur. Je ne le suivrai pas dans le détail du grand nombre d’observa- tions qu’il a consignées dans son mémoire et qui me parals- sent avoir été faites avec tout le soin nécessaire; je Me bornerai à faire remarquer qu'il sera facile de s'en faire une idée par l'inspection de la carte sur laquelle il a repré- senté avec détail les diverses coupes qu’il a relevées. à Il existe cependant un point sur lequel je me permettrai d'appeler l'attention de l'auteur ; il est relatif aux fossiles qu’il a rencontrés dans les diverses bandes qui ont fait lob- jet de ses recherches. Souvent ces fossiles ne sont dési- gnés que par leur nom générique; j'aimerais à voir plus ( 851 ) de précision dans ces déterminations et il serait à souhaiter que l’auteur s’appliquât à les désigner avec une rigoureuse exactitude, afin qu'ils pussent servir à caractériser par- faitement les assises qui les renferment. Par ce qui précède, on peut conclure à l'importance du travail de M. Mourlon pour la constitution géologique de la partie supérieure de notre terrain dévonien et il est à espérer qu'il ne tardera pas à nous communiquer la der- nière partie de ses recherches qui doit comprendre l'étude des psammites du ,Condroz dans l’Entre-Sambre-et-Meuse.- En attendant, je prie l’Académie d’ordonner l'impression du présent mémoire dans l’un de ses recueils et d'adresser des remerciments à l’auteur pour son intéressante com- munication. » Rapport de M. Dupont. « Dans le nouveau mémoire présenté à l’Académie par M. Mourlon, comme suite à ses études sur l'étage des psam- mites du Condroz en Condroz et dans le bassin septen- trional belge, l’auteur expose le résultat de ses observa- tions sur les affleurements dans la vallée de la Meuse entre Lustin et Hermeton-srr-Meuse. L'étage revient quatre fois à la surface le long de cette partie du fleuve et ses couches qui se prolongent vers l’est et vers l’ouest en longues bandes, y présentent de belles Coupes. Prenant pour point de départ l'échelle stratigraphique détaillée qu'il a dressée dans la vallée de l'Ourthe, M. Mour, lon compare les éléments constitutifs de ces quatre affleu- rements. Į} reconnaît que le raccordement de leurs couches peut s’opérer avec certitude : les caractères minéralogiques et les fossiles de chaque groupe restent les mêmes que sur POurthe; l’ordre stratigraphique des divers éléments des ( 832 ) assises n’est jamais interverti. Mais la similitude s'arrête là et des différences considérables s’accentuent bientôt par l’absence, dans chacun des quatre affleurements, de l’une ou l’autre assise qui est puissamment développée dans la coupe-type. Ainsi, entre Hermeton et Hastière, les psammites d’Es- neux (assise A), le macigno de Souverain-Pré (assise B) et les psammites et macigno d'Évieux (assise D) sont par- faitement représentés. Ces couches ont une puissance approximative totale de 450 mètres. Mais les épaisses cou- ches de grès de Monfort et des Écaussines avec leurs Cucullæa Hardingii, qui atteignent de leur côté sur Ourthe une puissance d’au moins 150 mètres, n’existent pas dans cet affleurement. C’est sans doute pour cette cause que les géologues, employant d’autres procédés d’études, n’ont pu démêler jusqu’à présent l'agencement des couches dans cette coupé qui attire attention par son développement et la netteté de ses ondulations. ; Nulle localité ne se prêtait mieux à faire concevoir l’idée que les couches primaires changent brusquement de caractères minéralogiques et à confirmer l'opinion què tel groupe dans un affleurement a pour équivalent strati- graphique dans un affleurement voisin des couches qui en diffèrent par tous leurs caractères. Cette théorie des équi- valentsstratigraphiques a été, je pense, le principal obstacle à l'étude détaillée de nos terrains primaires, de même qu’elle entravait, il y a une cinquantaine d’années, l'étude des terrains tertiaires, Son application, dans la partie du pays décrite ici par M. Mourlon , eût été toute naturelle. A dix kilomètres au nord de la bande d'Hastière, se pré- sente le bel affleurement d’Anseremme, mais là, au lieu ( 835 ) du grand développement des macignos et des psammites d'Évieux qui caractérise la coupe d’Hastière, se montrent les grès à pavés de la partie supérieure de l’assise de Mon- fort, et ils y sont exploités dans plusieurs carrières. Ces grès remplacent donc en apparence les psammites et le macigno qui ondulent sur un espace de plusieurs kilo- mètres au-dessus d’Hastière. De même dans un troisième affleurement, celui d’Yvoir, les psammites stratoïdes d'Es- neux et les grès à pavés sont bien développés, mais le macigno de Souverain-Pré n'y est même pas certain. Le quatrième affleurement se présente à Lustin; il y est formé des seuls grès à pavés, soit de l'assise C. Si l’on se bornait à comparer entre eux ces quatre affleu- rements, on arriverait logiquement à raccorder leurs couches les unes aux autres, de la manière suivante: les PSammites et macigno de l’assise D entre Hastière et Her- melon seraient stratigraphiquement raccordés aux grès de Passise C d’Anseremme et d’Y voir ; les macignos de l'assise B des coupes d’Hastière et d’Anseremme auraient à leur tour pour équivalents stratigraphiques, dans la coupe d’Yvoir des couches des assises A et C. Enfin l’ensemble de l'étage : PSammites stratoïdes, macigno noduleux, grès à pavés , Psammites et macigno à végétaux seraient à Lustin repré- sentés par le seul grès à pavés. Ces conclusions seraient logiques et cependant complé- tement erronées. : En effet, on assimilerait des dépôts qui diffèrent à la fois par leur composition minéralogique et par leur faune, Puis qu’il résulte des recherches de M. Mourlon que chacune de ses assises a aussi des caractères paléontologiques pro- pres. Mais, sur ce point encore, on pourrait objecter, Comme on l’a fait jadis pour le caleaire carbonifère , que la ( 854 ) faune changeait sans doute avec le milieu et que l'endroit où se déposait le sable qui devait former le grès, pouvait convenir au développement des Cucullées, tandis que là : où la mer apportait les éléments du macigno, elle empêchait les Cucullées de vivre, mais non les crinoïdes et autres espèces caractéristiques de cette roche. Les observations paléontologiques n'avaient donc encore rien de décisif. C'est la stratigraphie qui donne la solution. Si on rencontre une coupe où toutes les couches , obser- . vées dans l’ensemble des affleurements, se trouvent réunies régulièrement superposées; qu'on y voit les psamuites stratoïdes recouverts par le macigno noduleux, celui-ci recouvert par les grès à pavés à Cucullées, ces derniers surmontés par les psammites et le macigno à végétaux, il est évident que ces divers groupes sont des termes succes- sifs et définis d'une série stratigraphique et qu’on ne peul les raccorder les uns aux autres comme des groupes Con- temporains variant, suivant les lieux, dans leur compo- sition et dans leur faune. On obtient ainsi la démonstration que, si telle ou telle roche de l'étage n'est pas représentée dans un affleurement où des failles n’ont pu la faire dis- paraître, c'est qu’il existe réellement une lacune chro- nologique dans cet affleurement. Loin de varier dans leur nature, les groupes conservent une constance remarquable dans leur faciès , leur COR” sition, leurs fossiles, souvent même jusque dans l'épaisseur des bancs, quelque distants que soient les affleurements dans notre massif primaire. | Ces résultats sont la confirmation que, pour l'étude de ces étages anciens, la méthode à suivre consiste dans le levé d’une échelle stratigraphique détaillée et précise à laquelle l’on raccorde, terme par terme, les éléments constitutifs & ( 855 ) de chaque affleurement. La constitution géologique de ceux-ci en ressort alors clairement et lorsque leur série est incomplète, lorsqu'elle est affectée de lacunes, le clas- sement des couches ne s’en fait pas moins avec précision, quelque difficulté que présente la solution de ces problèmes. Le mémoire de M. Mourlon se signale, comme les précé- dents, par des qualités très solides d’observation. [la en outre le mérite de montrer définitivement l'efficacité du procédé par lequel on peut arriver à démêler la constitu- tion détaillée de nos terrains primaires qui se complique autant par leur disposition lacunaire que par de profondes perturbations mécaniques. l'Académie voudra bien, j'espère, adopter la proposition que lui fait notre éminent confrère M. de Koninck et à laquelle je m'empresse de me joindre, d’insérer ce mémoire dans ses Bulletins. » Rapport de M, €. Malaise. « M. Mourlon vient compléter l’étude des psammites du Condroz, en faisant connaître l'allure que présente cet étage dans la vallée de la Meuse, entre Lustin et Hermeton- sur-Meuse. Il examine tles bandes de Lustin, d'Yvoir, d'Anseremme et d’Hastière. Il en décrit et figure différentes coupes. Entre Heer et Hastière-par-delà, on observe, sur la rive droite de la Meuse, une coupe très-éten- due, qui n’était pas exempte de difficultés et qui est zee guement discutée. L'auteur fait ressortir les caractères positifs ou éntit que présentent les diverses bandes et qui résultent de la | ( 836 ) présence ou de l'absence des assises qu’il avait précédem- ment établies dans les psammites du Condroz : BANDE | BANDE | BANDE | BANDE de Lustin. | d’Yvoir. | Anseremme. g’ Hastière. IV ou D. Assise des psam- 0 o 0 + mites et macigno d'Evieux à débris végétaux. UI ou C. Assise des psam- + + + 0 mites de Montfort à Cucul- læa Hardingii. If ou B. Assise du macigno o o? + + noduleux de Souverain-Pré. I ou A. Assise des psam- o $ e mites d'Esneurà crinoïd Je m'associe aux conclusions de mes savants confrères, dont les rapports vous ont fait connaître plus spécialement le mérite du travail de M. Mourlon. » La classe a, en conséquence, voté des remerciments r M. Mourlon et a décidé impression de son travail dans le Bulletin de la séance. Sur l'influence du courant sanguin et de Vafflux pige sur le contenu en glycogène des muscles; par M. 19- Chandelon. Rapport de M. Schwann, « L'existence du glycogène dans les muscles à été découverte par M. Claude Bernard et confirmée depuis pa" beaucoup d'expérimentateurs. M. Weiss trouva que la quan- ( 837 ) tité de glycogène diminue à la suite de contractions mus- culaires répétées. Le travail de M. Chandelon, fait sous la direction de M. Koppe-Seyler, a eu pour but d'examiner l'influence que peut exercer sur la quantité du glycogène des muscles : a) la Suppression du courant sanguin ; b) la section des nerfs. Il y eut donc deux séries d’expériences : dans l’une il fit sur des lapins adultes la ligature de l'artère iliaque pri- mitive d’un côté, dans l’autre il coupa le nerf ischiadique et crural sur un côté. Dans les deux séries l’autre côté fut laissé intact pour servir de comparaison. Après un certain temps variant de 12 heures à cinq jours il sacrifia les animaux et il fit immédiatement le dosage du glycogène dans les museles du côté opéré et du Côté non opéré , en suivant la méthode d'analyse de Brucke. I. Suppression du courant sanguin. Le tableau de ces expériences en indique sept. Les animaux furent tués ordinairement 24 heures après la ligature, une fois (3"° expérience) 17 heures et une fois (Bte expérience) 30 heures après l’opération. La quantité de glycogène des muscles, comparée au poids des muscles frais était dans ces sept expériences : sur le côté intact : 0,182 — 0,060 — 0,025 — 0,057 — 0,043 — 0,060 — 0,0384 sur le côté opéré: 0,042 — 0,038 — 0,010 — 0,041 — 0,025 — 0,0215 — 0,0087. ll y eut done un résultat constant, diminution du glyco- gène dans les muscles qui n'étaient plus parcourus par le sang. L'effet est déjà visible après 17 heures. L'auteur ( 858 ) aurait désiré de savoir si, en attendant plus longtemps, le glycogène disparaît peut-être complétement, mais tous - les lapins ont succombé en moins de 48 heures après l'opération. IF. Suppression de l’afflux nerveux. Les lapins supportent plus longtemps la section du nerf ischiadique que la ligature de l'artère iliaque; les expé- riences purent donc être prolongées plus longtemps; elles ont duré jusqu’à cinq jours. Parmi les sept expériences que l’auteur a instituées , les animaux furent sacrifiés dans les quatre premières expériences deux jours après la section du nerf, dans les trois autres respectives trois, cinq et quatre jours. Voici les résultats : le poids du glycogène exprimé en pour cent des muscles humides était : sur le côté normal : o 0,0889 — 0,109 — 0,0272 — 0,0191 — 0,0398 — 0,029 — 0,1187 sur le côté opéré : 0,108 — 0,158 — 0,0287 — 0,0253 — 0,609 — 0,079 — 01243 Il y eut donc toujours augmentation du glycogène dans les muscles dont les nerfs étaient coupés. Il faut cepen- dant convenir que les différences sont quelquefois trés- petites, par exemple dans la 4° expérience: 0,0272 x 0,0287 °/, et dans la septième : 0,118 et 0,124. Il serait donc à désirer que l’auteur voulût augmenter le nombre de ses expériences et en faire aussi sur d’autres animaux, par exemple sur des chiens. Pour éviter une erreur pouvant résulter de Vinfilt inégale des museles sur le côté opéré et le côté non opér , M. Chandelon a fait dans quelques-unes des expériences ration ( 839 ) citées ci-dessus la comparaison de la quantité de glycogène avec le poids des muscles séchés. Le résultat général n’est pas changé par là. Abordant l'explication des faits constatés par lui, l'au- teur rappelle d’abord les points déjà établis par d’autres, que pendant la contraction des muscles leur glycogène diminue en quantité, qu’il y a formation d'acide lactique, que la réaction des muscles devient acide et que des chan- gements analogues ont lieu dans les muscles après la mort. Pour expliquer les nouveaux faits, relatifs à l'influence de la ligature des artères et de la section des nerfs, l’auteur admet qu'il y a dans un muscle normal en repos con- Stamment formation de glycogène aux dépens du sang et en même temps destruction de glycogène analogue à celle qui existe pendant la contraction , mais faible. L'état habituel du muscle est celui de l'équilibre entre ces deux actes opposés. Il cite à l'appui de cette hypothèse le fait peu concluant découvert par M. Weiss que la quantité de gly- cogène dans les muscles varie avec la matière d’alimen- lation. En admettant cette hypothèse, on comprend que si l’ar- tère d’un muscle est liée, la formation de glycogène cesse par le défaut de sang, tandis que la destruction continue, donc diminution du glycogène. La destruction peut con- linuer, parce que la vie n’est pas éteinte dans le muscle, vu que l’on obtient encore des contractions fibrillaires , si on coupe le muscle 24 heures après la ligature de l'artère. Quant à Paugmentatiou du glycogène après la section du nerf, elle s'explique d’après l’auteur, parce que la contrac- tilité disparaît du côté lésé, tandis que les contractions volontaires persistent sur l'autre côté. Il y a done sur le côté opéré élimination d'une des dépenses de glycogène, ( 840 ) tandis que la dilusioni reste la même sur les deux côtés. Le travail de M. Chandélon enrichit nos connaissances sur lacte chimique qui se passe dans les muscles et j'ai honneur de proposer à l’Académie d'en ordonner l'inser- tion dans le Bulletin. » La classe a adopté ces conclusions, auxquelles s’est rallié M. Édouard Van Beneden, second commissaire. Note sur le développement du magnétisme induit par la terre dans le fer laminé nerveux; par M. L. Perard. Rapport de M. Ch. Montigny. « Des expériences précédentes, que M. Perard rappelle dès le début de sa notice, ont montré que, si l'on donne des positions nouvelles aux molécules d’une substance magnétique, telle que le fer, en lui faisant subir une tor- sion, on modifie notablement son état magnétique. Ainsi, M. Wertheinr; en soumettant successivement des fils de fer à une torsion et à une détorsion, a vu augmenter et dimi- nuer successivement leur aimantation. Dans ces expé- riences, les propriétés magnétiques du fer sont soumises aux influences simultanées de la torsion sur les positions de ses molécules et de l’action inductriee du magnétisme tesrestres Ces influences respectives sont également intervenues dans les expériences de M. Perard sur l'aimantation du fer par la torsion, qui font l'objet de sa notice, et auxquelles il a été conduit à propos de recherches qu'il poursuit sur la torsion du fer et de l'acier. (841 ) Les expériences dont il s’agit ici ont été conduites avec beaucoup de soin et entre des limites très-étendues, ainsi que le montrent les tableaux qui accompagnent la notice de M. Perard. Bornons-nous à dire que l’auteur a fait subir des torsions et des détorsions successives, après des inter- valles de temps qu’il indique , à deux barres ou tiges cylin- driques de fer, d’un mètre de longueur et de 20 et de 25 millimètres de diamètre. Elles étaient maintenues verti- calement dans l’appareil spécial, où elles ont été soumises à des torsions partielles et successives dont l’ensemble a dépassé un tout complet. Les changements que l'état magnétique de chaque tige a subis lorsque la torsion ou la détorsion modifiait la stabilité de ses molécules intérieures , ont été accusés par des cou- rants d’induction que ces changements faisaient naître dans un fil recouvert de soie qui entourait la tige métallique, et dont les extrémités étaient mises en rapport avec un galva- - nomètre , selon les dispositions adoptées par Wertheim dans des expériences semblables. M. Perard attire particulièrement l'attention sur un fait Curieux qui s'est produit également pour les deux tiges : _ quand on tord l’une d'elles, son degré d’aimantation aug- mente assez rapidement pour atteindre une limite qui n’est point dépassée , quoique la torsion continue; la tige reste alors dans un état d'équilibre magnétique que l'auteur signale. Mais cet état d'équilibre est immédiatement troublé aussitôt que la tige se détord librement: alors son degré d'aimantation diminue progressivementet atteint une limite inférieure. Si la tige est ensuite soumise à une nouvelle torsion, elle s’aimante de nouveau, et, chose curieuse, avant quelle ait atteint la limite de la torsion primitive, cette aimantation regagne plus qu’elle n’a perdu, comme 27e SÉRIE, TOME XLII. | (842) M. Perard le fait remarquer à l’aide des résultats numéri- ques qu'il a obtenus. Ceux-ci indiquent que les mêmes faits se sont produits, sous les différentes reprises de tor- sion et de détorsion successives auxquelles les barres ont été soumises. - Les tiges métalliques qui ont été l’objet des expériences dont je viens de résumer les résultats les plus importants, sont de dimensions telles que ceux-ci ne peuvent être fortuits. Aussi M. Perard s’appuie-t-il sur ces résultats pour compléter une proposition que M. Wertheim avaient déduites de ses expériences sur l’aimantation par la torsion. „J'ai l'honneur de proposer à la classe d'ordonner l'im- pression de la notice très-intéressante de M. L. Perard dans le Bulletin, et que des remercîments soient adressés à son auteur. » Rapport de M, F., Folie. « Dans la notice que M. L. Perard a adressée à la classe, et qui n’est qu'un fragment d'un grand travail sur la tor- sion, dont il s'occupe en ce moment, il nous semble qu'il a étudié, d’une manière beaucoup plus générale et plus complète qu’on ne l'avait fait avant lui, les phénomènes magnétiques qui se produisent dans la torsion d’une barre de fer. Ainsi, il a constaté que, sous l'influence du magnétisme terrestre seul, le fer nerveux , non recuit, donne, à la suite d’une déformation permanente produite par la torsion, des aimants aussi durables que l’acier. Becquerel et Matteucci, dans leurs recherches Sur ce genrede phénomènes, ne s'étaient occupés que du fer doux; et si Wertheim a expérimenté également sur le fer dur et ( 845 ) l'acier, c'était plutôt pour étudier les variations produites par la torsion, dans l'état magnétique de ces substances dû à un courant assez énergique, que pour déterminer directement celui qui serait dù à l'influence inductrice de la terre. Les expériences de M. Perard ont, en outre, été faites dans des limites aussi étendues que le lui permettaient les appareils dont il pouvait disposer ; et la régularité des dia- grammes, dans lesquels il en a représenté les résultats , est un indice du soin avec lequel elles ont été exécutées. Elles l'ont conduit déjà à compléter certaines propositions dues à Wertheim. Nul doute que, si les moyens matériels ne lui font pas défaut, il ne nous donne bientôt un travail tout à fait complet sur la torsion. a Enfin ,on remarquera qu'il ne se borne pasà analyser avec soin les résultats qu’il a obtenus, mais qu’il cherche encore à les rattacher à des phénomènes d’un autre tout différent, et à les ramener tous à une cause unique. Nons citerons, comme exemple, son idée de la liaison de la capacité magnétique avec l'élasticité, par analogie avec la liaison qui existe entre cette dernière et la capacité calo- rifique. Autant que nous pouvons en juger, celle notice de M. Perard est une œuvre sérieuse, et il est à désirer qu'il puisse poursuivre activement ses recherches. Nous nous joignons donc bien volontiers à notre hono- rable collègue M. Montigny pour proposer à la classe de faire insérer au Bulletin le travail de M. Perard, avec la . Planche qui l'accompagne, et de voter des remerciments à l’auteur pour son intéressante communication. ( 844) Rapport de M. Melsens. « Des circonstances indépendantes de ma volonté et l’état de ma santé mont empêché de consacrer à l'étude de la note de M. Perard le temps nécessaire pour m'en rendre un compte parfait et comparer ses résultats avec ceux que M. Wiedemann a obtenus dans cet ordre de faits, c’est-à-dire, les rapports du magnétisme avec la torsion , la flexion et la chaleur. Je crois pouvoir me borner à signaler les travaux de M. Wiedemann à l’attention de l’auteur, qui ne cite pas ce savant. Il me semble même utile que l’auteur étudie ces travaux avant la publication de sa note. Cette réserve faite, je crois pouvoir me rallier aux con- clusions de mes savants confrères MM. Montigny et Folie. » La classe a, en conséquence, voté des remerciments à M. Perard et elle a décidé l'impression de sa notice dans le Bulletin de la séance. Cr de E Carbonifëre Ech./5000. Ancienne Abbaye Aa stière-Pur-de dt zZ Ebe ------- Ech. 15000. Fech . "Zooo. Grlcarre Carbonifëre PS 6 ` at nieg ea € 2e G DE zen de la carriere ise d'Hermeton-*, /M Froide- Veau Monte d’: kere Ech . “5000. \ Cucaire Carbonifer Carbone RE 36 35, MI 52 Jo a É Hermeton UM. =- 2272 Si à NE , “ch. ! 5000 : Dinant S dts Anseremme SEO EN se Dn : i ee i ps i $ f | | Penant t f pA uire ca en Pen < 20°. 6. Coupe de la Meuse ,entre Heer et Hastière-Par-delà (Rive droite). Limite des 2 communes Hastière- <— A EECA Si $ Passage d'eau 5 en face d'fermeion “M. gh Carrière Carrières oupe zalk os Meuse entre Hermeton- “Met Hasüere- Lavaux (Rive gauche). e son prolongement dans le ravin de Tahaux. | ; Sentier devant p la Station y 'Hastière Brasserie Ruisseau i arrtier 12H 1098 Calcaire Carbonifere Ech. “5000 «Galcaire \Carbonifere 21% 20 AE nT iseen Oras k NÉS 7 Fig.2.Coupe z la tranchée de Neffe, (Ans Ech "sovo ' bois de Fre: Clairiere qe le eremme}. EE SO du Ht Fourneau de Moniat. Passage à niveau ei Z i / 3 Ruissean \ x Cabcaire Ca gere Batteri patriotes terte de LEGENDE Psammutes du ondro: Ancien horde de Hon Schistes de Famenne Assi se LEsnenx 4: sise de Soeverein Pre Assise de Monfort pe dE ue Warme R. Blaimont Heer caire Garbenifsre G.Eiqenbrodt Molenbeek ( 845 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. | Sur étage dévonien des psammites du Condroz dans la vallée de la Meuse, entre Lustin et Hermeton-sur- Meuse; par M. Michel Mourlon, conservateur de la sec- tion de minéralogie et de géologie au Musée royal d’his- toire naturelle. : Après avoir fait connaître la constitution détaillée des psammites du Condroz en Condroz, c'est-à-dire dans la région typeoù cet étage dévonien est le plus complétement développé, je me suis attaché à poursuivre cette étude dans le bassin de Theux et dans le bassin septentrional, depuis la frontière prussienne jusqu’à la Manche (1). Il a été ainsi re- connu que les psammites du Condroz conservent dans ces deux bassins les mêmes relations stratigraphiques qu’en Condroz. Seulement, tandis que dans le bassin de Theux les quatre assises que j'ai distinguées dans les psammites du Condroz se trouvent toutes bien représentées, dans le bassin septentrional, au contraire, une ou plusieurs de ces assises font souvent complétement défaut. C'est ainsi, par exemple, que les psammites du Condroz qui s’observent entre la Manche et Huy, sur les deux bords du bassin sep- tentrional et qui s’y trouvent réduits à l'épaisseur de 50 mètres environ, se rapportent exclusivement à la partie supérieure de l’assise de Monfort (C). Il existe donc sur toute cette partie du bassin deux RES (1) Bull. de l'Acad. royale de Belgique, 2° série, t. XL, pp. 761 à 796. ( 846 ) lacunes considérables : la première est caractérisée par ab- sence totale des assises d'Esneux (A), de Souverain-Pré (B) et de la plus grande partie de l’assise de Monfort (C); elle peut être évaluée approximativement à 550 mètres. La seconde lacune se manifeste par l’absence de l'assise d'Evieux dont j'ai. évalué la puissance approximative à 200 mètres. i L'existence de ces lacunes s’appuie sur de nombreuses coupes relevées minutieusement à travers les bandes psam- mitiques et ne saurait être contestée. On sait que les recherches de M. Dupont sur le calcaire carbonifère ont, dès 1862, amené ce géologue au même résultat, en lui faisant découvrir la constitution lacunaire de cet étage. Comme les vues de M. Dupont furent com- battues avec persistance par certains géologues, je suis heureux de pouvoir contribuer par mes recherches à fixer définitivement les esprits sur cette importante question ue je regarde avec lui comme donnant la clef de la géo- logie détaillée de nos terrains primaires. La méthode à suivre dans ces sortes d’études repose sur l'établissement de l'échelle stratigraphique précise de l'étage et sur la comparaison des couches de chaque affleurement avec la coupe type qui a fourni cette échelle. Continuant l'application de cette méthode aux coupes des psammites du Condroz qui se développent sur les deux rives de la Meuse, en formant les bandes de Lustin, d'Y voir, d’Anseremme et d’Hastière, je me suis attaché à classer toutes les couches de ces coupes en fonctions stratigra- phique et paléontologique de la coupe de l'Ourthe. La suite logique de mes recherches m’amenait du reste à tenter de démêler la constitution détaillée des psammites du Condroz sur la Meuse avant de passer à l’étude des ( 847 ) psammites dans l’Entre-Sambre-et-Meuse, étude qui clôtu- rera mes explorations stratigraphiques sur cet étage. L'objet de la présente note est donc la description de l'étage des psammites du Condroz sur la Meuse, entre Lustin et Hermeton-sur-Meuse, dans le bassin méridional limité au nord, comme on sait, par les schistes siluriens de Dave. Depuis les travaux de Dumont les parties de la Meuse occupées par les psammites du Condroz sont les seules qui n'aient fait l’objet d'aucune publication spéciale. C'est ce qui m'a engagé, comme on le verra plus loin, à transcrire intégralement pour chaque bande psammitique ce qu’en dit le grand géologue dans la description qu’il donne de la coupe de la Meuse (Mémoire sur le terrain rhénan, 1848). _ Des coupes partielles plus détaillées de la Meuse ont été publiées dans ces dernières années par M. Gosselet pour les parties comprises entre Mézières et la frontière (1), ainsi qu'entre Yvoir et Namur (2); el par M. Dupont pour la partie comprise entre Yvoir et Hastière (5). Mais la partie qui sépare cette dernière localité de la frontière et qui a une étendue de près de 6 kilomètres est la seule qui reste à publier, pour qu’il soit possible de représenter graphi- quement, et d’une manière aussi détaillée que le permet l’état actuel de nos connaissances, la coupe générale des _ terrains primaires de la Meuse entre Mézières et Namur. Ce desideratum de la Meuse résulte précisément de ce que la partie qui reste à publier est constituée presque (1) Bull. Soc. géol. de France, 2° série, t, XXI, pl. IV (1864). (2) Ann. des sciences géol. Paris, t. IV,pl XXI, fig. 1 (1873). (5) Bull. Soc. géol. de France , 2 série, t. XX, pl. XII (1865). ( 848 ) exclusivement par les psammites du Condroz et l'on verra, par ce qui va suivre, qu’il eût été de toute impossibilité d'interpréter les psammites de la Meuse sans en avoir fait au préalable une étude approfondie dans les parties du pays où cet étage dévonien est le plus complétement déve-. loppé. Je vais examiner successivement les affleurements des différentes bandes de psammites sur les deux rives de la Meuse. | Bande de Lustin. La bande de Lustin offre la forme d’un petit bassin enclavé dans les roches sous-jacentes constituées de haut en bas par les schistes de Famenne, les schistes et calcaire de Frasne, le calcaire ‚de Givet et les roches rouges de Burnot. Voici ce que dit Dumont à ce sujet (ibid. p. 224) : « Le calcaire de Walgrappe incliné au N. de 78°, et celui de Tail-Fer au S. de 45°, forment les bords d’un bassin qui s’emboîte dans l'étage quartzo-schisteux infé- rieur, et renferme le massif quartzo-schisteux condrusien qui s’avance du bois de Houssière vers la Meuse et s'étend, vers lO., jusqu’à +/+ de lieue à l'ENE. de Bois-Villers. Les parties inférieures de ce massif, qui ont la même incli- naison que le calcaire, présenteut un peu de schiste; la partie principale ou centrale, qui offre la forme d’un bassin, est composée de grès plus ou moins argileux. » Affleurements de la rive droite. — Les psammites sont en majeure partie cachés par la végétation sur la rive droite, mais les importantes carrières qui ont été ouvertes de ce côté pour l’exploitation des psammites à pavés montrent (849 ) bien nettement la forme en bassin ou plutôt le beau pli dont l’axe synclinal se trouve à peu près à égale distance du tunnel et de la scierie de marbre de Tail-Fer. En gra- vissant le petit sentier qui conduit à ces carrières, on observe dans une première carrière abandonnée des psam- mites en bancs fissurés inclinés 30° S. Dans une deuxième carrière qui est de beaucoup la plus importante on exploite un psammite grésiforme finement pailleté en bancs épais inclinés 30° N. Ces bancs correspondent à ceux qu’on exploite dans les belles carrières de Monfort sur l’Ourthe. De petites carrières ont encore été ouvertes un peu au sud et sur le prolongement des bancs de la précédente : celle qui est la plus élevée présente un banc très-fissuré d'environ 5 mètres d'épaisseur, incliné 45° N et qui passe à un schiste vert à la partie supérieure. Les bancs de cette petite carrière sont contournés et fissurés, ce qui explique pourquoi l'on y a cessé l’exploita- tion. Immédiatement sous cette petite carrière s’en trouve une autre, également abandonnée et dans laquelle s’ob- servent des psammites et schistes formant un petit pli anti- _clinal par ondulation. Entre ce point et le tunnel où commence le calcaire dévonien , la végétation et les éboulis psammitiques empê- chent d'observer les schistes de Famenne que Dumont indique en cet endroit sur sa carte. À la scierie de marbre de Tail-Fer les banes de calcdie incl. 45° S. et exploités comme marbre sont surmontés d'un calcaire argileux passant au schiste et pétri de fos- siles (Spirifer disjunctus) qui s'observe tout à fait contre la scierie. Toutes ces couches calcaires avaient été consi- dérées comme appartenant au calcaire de Givet, mais ( 850 ) M. Gosselet a montré tout récemment qu’elles représentent l'étage des schistes et calcaire de Frasne (1). Entre ces couches de Frasne et les psammites à pavés qui viennent d’être examinés , la végétation ne permet pas de déterminer avec précision la nature du terrain. Tout ce que j'ai pu observer, en montant jusqu’au sommet de la montagne, entre la scierie et la première petite carrière abandonnée dont les bancs sont inclinés au sud, c’est que les psammites se montrent sur quelques points en bancs inclinés au sud et renfermant des Productus? et des Fay chonella pleurodon. Affleurements de la rive gauche. — Les couches qui ne se montrent pas sur la rive droite sont, au contraire , bien apparentes sur leur prolongement de l’autre coté de la Meuse, le long de la route de Dinant. On observe, en effet, au sud de la carrière de marbre noir, appartenant aux couches de Frasne et située en face de Tail-Fer, la succes- sion suivante : 4. Schiste verdâtre fossilifère bien visible dans le fossé contre le talus de la route. Ce sont les schistes de Famenne que Dumont indique très-nelte- ment sur sa carte géologique et que M. Gosselet n'a pas cru devoir figurer sur sa coupe de la Meuse (rive gauche). 2. Schiste alternant avec de petits banes minces de psammite schistoïde incl. 57°S. Ce schiste qui paraît devoir être rapporté également aux schistes de Famenne, s'observe au tournant de la route, derrière un trou à fumier. Un peu au delà de ce point apparaissent les psammites du (1) Ann. de la Soc. géol. du Nord. Lille, t. ITI, p. 56; 1876. 851 ) Candroz qu'on peut suivre, à peu près de l'E. à l'O. jusqu'aux pre- mières maisons du hameau de Walgrappe. Ce sont : 5. Psammite en bancs épais passant au schiste et renfermant des traces vermiculaires ainsi que Spirifer disjunctus, Rhynchonella pleurodon, Cypricardia deltoïdea ?, etc. l Ce psammite alterne, à la partie supérieure, avec des bancs plus pâles de psammite grésiforme renfermant Avicula Damnoniensis. Une maison située contre la route, cache le contact de ces psam- mites avec les roches précédentes. 4. Psammite passant au schiste et se présentant fréquemment sous la forme de grands feuillets. Ce psammite renferme les espèces suivantes: Aviculopecten, N. Sp.? o AE raan Phill. (très- Cypricardia semisulcata? Sow. Lingula spal Schnur. [commun). Spirifer disjunctus, Sow. Tige de neH Quelques banes sont formés de psammite gris-bleuâtre foncé, presque noir par altération rappelant tout à fait les roches que j’ai indiquées dans mon échelle stratigraphique comme se rapportant avec doute à la base de l'assise de Monfort, i 5. Psammite en bancs contournés formant un pli dont laxe synclinal est bien visible de la route. 6. Psammite en bancs plus réguliers, rappelant un peu le psam- mite stratoïde d'Esneux. Ce psammite s'observe à l'extrémité de la coupe, près des premières maisons de Walgrappe et renferme aussi des Rhynchonella pleurodon. Il résulte de examen de cette coupe et des carrières de la rive droite que la bande de Lustin ne renferme pas de traces de l'assise d'Esneux ni de l’assise de Souverain-Pré, non plus que de l'assise d'Évieux. L'assise de Monfort est donc seule représentée dans la bande de Lustin et l’on n’y exploite que la partie moyenne de cette assise , c’est-à-dire celle qui renferme les bancs les plus épais et les plus recherchés pour la fabrication des pavés. ( 852 ) Ainsi donc deux grandes lacunes se remarquent dans la bande de Lustin, sur la Meuse : la première , caractérisée par l’absence des assises A et B, peut être évaluée à 250 mètres, la deuxième formée par l’absence de l’assise D qui a 200 mètres environ d'épaisseur. Bande d’ Yvoir. La bande d’Yvoir présente de beaux affleurements sur les deux rives de la Meuse. Seulement tandis qu’une belle coupe de psammites s'observe à Hun, sur la rive gauche, il faut, pour les étudier sur la rive droite, pénétrer dans la vallée du Bocq qui recoupe la bande psammitique à peu près parallèlement à la Meuse et à peu de distance de celle-ci. Dumont ne dit que peu de mots au sujet de cette bande psammitique (ibid. p. 223) : « L’étage quartzo-schisteux de Hun, qui est principale- ment composé de psammite à la partie supérieure ou vers le S. , et présente du schiste à la partie inférieure ou vers le N., plonge à son tour, au S: de 62° sous le calcaire d’Yvoir et repose sur le calcaire eifelien de Rouillon. » Affleurements de la rive gauche. — Les psammites du Condroz de la bande d’Yvoir sont surmontés, sur la rive gauche de la Meuse , de puissantes assises de calcaire car- bonifère (assises I, II, Vet VI). L'étude détaillée de cette série carbonifère a permis à M. Dupont de constater qu’une faille fait réapparaître les psammites au contact de l’assise de Visé (VI). | On voit, en effet, dans le petit vallon qui sépare les cou- ches carbonifères de cette assise VI de celles de l’assise I, qui recommencent la série au sud, des éboulis de psam- À vais CE Selene ENE EE à ( 855 ) mite schistoïde très-pailleté avec traces de débris de végé- taux analogues à celles qui s'observent à la partie supé- rieure de l'assise de Monfort. Au delà de la série carbonifère qui s’étend au nord de la faille commence la coupe ci-après: Coupe à Hun (Annevoye). Fig. 4. A. Calcaire noduleux à crinoïdes en bancs inclinés 67° S. Calschiste à crinoïdes. < Psammite schisto:grésiforme bleuâtre avec traces de débris de végétaux? incl. 50° S devenant plus foncé et passant au calcaire à crinoïdes. Dans ce dernier cas, il rappelle entièrement les roches qui terminent la te psammitique de la bande d'Anseremne qui ot Io sera étudiée plus + Psammite RES micacé à gros grains, formant un banc de 550 surmonté de schiste bleu-verdâtre et reposant sur un banc de psammite grésiforme très-micacé, composé presque exclusi- vement de débris de végétaux. Ce dernier est supporté, à son tour, par un psammite grésiforme très-friable passant au schiste rouge et bigarré. Toutes ces couches s'observent dans un premier déblai contre la route. 5. Schiste semblable aux précédents reposant sur des psammites en partie cachés par la végétation et dans lesquels deux déblais ont .\ été pratiqués. 6. Psammite grésiforme exploité comme pavés dans une pre- Fe grande carrière. . Idem exploité dans une deuxième carrière et présentant un cn très-fossilifère renfermant de beaux spécimens d'Aviculopecten, N. sp.? remarquable par leur grande taille et leur abondance. J'ai _ recueilli aussi parmi les éboulis de la carrière : Spirifer disjunctus, Rhynchonella pleurodon et Cypricardia deltoïdea. 8. Psammites grésiforme et schistoïde avec un banc hamelonné à la partie supérieure. ( 854 ) 9. Macigno en bancs épais, caverneux reposant sur des bancs de psammite grésiforme et schistoïde atteignant jusqu'à 2"50 d'épaisseur au contact du macigno. _ 10. Psammite schistoïde dominant et présentant un niveau fossi- lifère à la partie supérieure : Productus ?, Spirifer disjunctus. A1. Psammite stratoïde présentant parfois la surface gaufrée et parfois aussi l'aspect déchiqueté. Incl. 60° S 12. Psammite grésiforme peu ou point stratoïde, en bancs assez épais passant au schiste vert, parfois très-fossilifère : Spirifer dis- junctus et tiges de crinoïdes. 15. Psammite stratoïde semblable au psammite ne 14, 14. Schiste de Famenne dont le contact avec les psammites n'est pas visible sur la route, mais que l'on voit affleurer près du château de Hun. Le caractère dominant de cette coupe consiste dans l'ab- sence complète de l'assise d’Évieux et la réduction, à quel- ques mètres d'épaisseur, de l’assise de Souverain-Pré, si toutefois l'on peut rapporter à celte assise les quelques banes de macigno et de psammite grésiforme n° 9, ce que je ne saurais aflirmer. Affleurements de la rive droite. — Le prolongement des psammites de Hun, sur la rive droite de la Meuse, s’ob- serve bien sur les deux rives du Bocq, entre les schistes de Famenne et le calcaire carbonifère (assise 1). On y voit les psammites d'Esneux reposer sur les schistes de Famenne, mais la végétation ne m’a pas permis de constater s’il existe ici, comme sur la rive gauche, des traces de lassise de Souverain-Pré, entre les psammites d'Esneux et ceux de l’assise de Monfort. Ces derniers pré- sentent un développement des plus remarquables sur les deux rives du Bocq. Non seulement les beaux bancs si recherchés de la 855 ) partie moyenne de l’assise de Monfort y sont exploités dans les belles carrières de M. d’Apsens, mais, entre ces carrières et le calcaire carbonifère se retrouve toute la série psammitique de la partie supérieure de la même assise. Ce sont les psammites qu’on exploite à Attre et aux Écaussines, dans le bassin septentrional, surmontés des psammites rouges de Huy. C’est le seul point de la Meuse où il mait été donné jusqu'ici d'observer une série aussi complète de l’assise de Monfort. Le calcaire carbonifère qui repose sur les psammites et qui, comme ceux-ci, se présente en banes inclinés au sud s'observe bien au tournant de la vallée du Bocq, à partir du point où celle-ci prend une direction tn ment E-0. Au delà du calcaire carbonifère on voit les psammites réapparaître sur la rive gauche du Bocq dans une carrière à pavés dont les bancs conservent toujours l’inclinaison sud. Ces bancs me paraissent correspondre à ceux que nous allons retrouver dans les carrières de la bande d’An- seremme. J'ai recueilli parmi les éboulis de cette carrière: Loxonema sinuosa, Sow. Spirifer disjunctus, Sow. Euomphalus retrorsus? F.-A. Roemer. Rhynchonella pleurodon, Phill. Aviculopecten, N. Sp.? Leptæna ? A une centaine de mètres au nord de la station d’Yvoir on observe encore, derrière l’habitation de M. le docteur Lambert, un affleurement de psammites en bancs toujours inclinés au sud mais se rapprochant fort de la verticale. C'est un psammite très-micacé, blanc et-rougeâtre ayant une tendance à se diviser en feuillets minces et devenant terreux dans quelques bancs. Il correspond aux psammites ( 856 ) de Naninnes, de Wartet (Marche-les-Dames), des Écaussines etc., ou, si l’on veut, à la division c? de l’assise C. Dès lors il est supérieur à celui qu'on exploite dans la précé- dente carrière. Tous ces faits me portent à attribuer la réapparition de ces psammites à la faille dont M. Dupont a limité l'action - à la rive gauche de la Meuse dans ses coupes de 1865. Les observations qui précèdent montrent, en outre , que cette faille n’a fait réapparaître que les psammites de l'as- sise de Monfort au contact de l’assise I du calcaire carbo- nifère. Le fait saillant de la bande d’Yvoir consiste en ce que les couches tout à fait supérieures de l’assise de Monfort se trouvant en contact avec le petit granit de l’assise 1, les épaisses couches de l’assise d'Évieux qui devraient les séparer font ici complétement défaut et constituent, par conséquent, une importante lacune. Il en est de même pour les couches de macigno de l'as- sise de Souverain-Pré dont je wai pu reconnaître que des traces incertaines sur la rive gauche entre les psammites des assises d'Esneux et de Monfort. Bande d’Anseremme. La bande d'Anseremme présente, sur les deux rives de la Meuse, d'importants affleurements dont la plus grande partie se trouve sur la commune qui lui donne son nom. Toutefois il existe aussi d'importantes exploitations de psammites à la limite des deux communes d'Anseremme et de Dinant, sur la rive droite, et la belle coupe de psam- mites entre Moniat et Freyr est située sur la commune de Waulsort. Dumont mentre pas dans plus de détails pour cette (857 ) bande que pour les précédentes. Voici ce qu'il dit p. 222: « Le psammite supérieur forme, entre la bande cal- caire précédente (bande de Falmignoul ) et celle de Dinant, une voûte allongée de l'O. à l'E. de 600 à 700 mètres de largeur, dont le côté méridional est incliné au S. = 60° et le côté septentrional au N. » Affleurements de la rive gauche. — En se dirigeant du nord au sud , le 1°’ affleurement de psammites sur la rive gauche s’observe dans la tranchée du chemin de fer au hameau de Neffe, sur la commune d’Anseremme. En voici la coupe: Coupe de la tranchée de Neffe (Anseremme). Fig. 2. 4. Calcaire à crinoïdes en bancs assez épais. Dir. 0.53°N. 2. Roches décomposées avec matières terreuses jaunâtres. 3. Calcaire à crinoïdes alternant avec des schistes. å. Calcaire à crinoïdes semblable au calcaire n° 1. 5. Calcaire à crinoïdes avec schistes semblables aux schistes n° 3. 6. Psammite grésiforme bleuâtre en bancs épais très-durs, deve- nant terreux et parfois très-cariés à la partie supérieure. . Psammite plus schistoïde rappelant un peu le psammite stra- toïde de l'assise A. 8. Psammite en bancs épais contournés et entrecoupés de petites failles. Ce psammite est souvent très-fossilifère et passe parfois à un’ véritable calcaire présentant à la surface des caries tout à fait sem- blables à celles qui s'observent sur les bancs analogues dans la petite carrière d'Anseremme située vis-à-vis la tranchée, de l’autre côté de la Meuse. Parmi les éboulis de la tranchée j'ai recueilli un fragment de psammite schistoïde feuilleté, très-micacé avec nombreuses traces de débris. de végétaux qui parait devoir se rapporter aux cou- ches n° 8, La coupe de la tranchée de Neffe est surtout remar- me SÉRIE, TOME XLII. 56 ( 858 ) quable en ce que les banes de psammites n° 6 paraissent être le prolongement des couches carbonifères n° 5, ce qui est dû à une faille, comme l’a déjà fait remarquer M. Dupont dans son Essai d’une carte géologique des envi- rons de Dinant (1). Ce géologue donne aussi la coupe de la tranchée de Neffe (fig. 1 de la planche de coupe qui accompagne sa carte) et assigne à la faille qui y est figurée une incl. S. 85° O = 50°. Au sortir de la tranchée de Neffe, si l’on suit un petit sentier qui longe la voie ferrée, on observe le prolonge- ment des bancs de psammite de la tranchée dans plusieurs petites carrières abandonnées. Celle de ces carrières qui se trouve la plus rapprochée du calcaire carbonifère qui apparaît à peu de distance, renferme un ou deux bancs de psammite grésiforme bleuâtre qui furent exploités comme pavés. Au-dessus de ces bancs s’observent des psammites à texture cariée passant au calcaire et au macigno, renfer- mant de petits articles de crinoïdes blanches et alternant avec des schistes verts. Toutes ces couches ast: au sud sous le zi carbonifère dont une petite carrière abandonnée s'observe un peu plus loin. -~ A partir de ce point on suit le calcaire carbonifère jnsqu’à Moniat où commence la coupe suivante relevée le long de la voie ferrée et prolongée dans la propriété de Freyr, le long des carrières abandonnées, jusqu’au pre- mier affleurement de calcaire carbonifère: (1) Bull. de l'Acad. royale de Belgique % série t XX p. 616; 1865 et Bull. soc. géol. de Fr. 2e série t. XXIV p. 669; 1867. ( 859 ) Coupe au SO. du haut-fourneau de Moniat. Fig. 3. i. Psammite grésiforme en banes puissants, fréquemment cariés et fortement fissurés à la partie supérieure. 2. Schiste en bancs épais se divisant en fragments obliques aux joints de stratification, ayant une tendance noduleuse, à stratification confuse et renfermant de petits articles de crinoïdes blanches. 5. Macigno noduleux et schisteux à crinoïdes. 4. Psammite grésiforme en banes puissants incl. 50°N., contournés et intercalés dans le macigno. 5. Macigno recouvert en majeure partie d’éboulis. 6. Psammite grésiforme gris-bleuâtre en bancs inclinés 25°N,., intercalés dans le macigno. 7. Macigno noduleux et schisteux sans stratification apparente, très-altéré et recouvert d’éboulis à la partie inférieure. . Psammite stratoïde traversé de petites failles et constituant un remarquable représentant des psammites donate et à surface gaufrée d'Esneux. Ce psammite est très-fossilifère dans certains bancs qui présentent parfois de petites veines de calcaire cristallin. Le fossile le plus caractéristique par son abondance est la petite tige de crinoïde mince et allongée de l’assise À. Il forme par ondulation un beau pli dont l'axe anticlinal passe dans la tranchée du chemin de fer. 9. Macigno noduleux et schisteux en bancs très-puissants, à strati- fication confuse et devenant caverneux par altération. 10. Psammite et schiste fossilifères en banes incl. 45° S., et inter- calés dans le macigno. J'ai recueilli dans le petit sentier pratiqué sur la paroi de la tran- chée, des éboulis des couches n° 10 renfermant des traces de débris de végétaux? 11. Macigno semblable aux couches n° 9 et passant au calcaire à erinoïdes vers le bas. 12. Schiste semblable au schiste n° 2 et alternant avec des bancs de psammite grésiforme. L’un de ces bancs, très-puissant, présente des cavités nodulaires allongées dans le sens de Ja stratifieation. ( 860 ) 15. Sehiste semblable au précédent et bien visible derrière la mai- sonnette du passage à niveau. 44. Idem en bancs épais, fossilifères renfermant de pris articles de crinoïdes blanches. 15. rene micacé, be An ‘exclusivement de mica jaune, ite passant à un schiste vert. 16. Paint grésiforme a) en bancs très-puissants, sur- tout à la partie supérieure, reposant sur un psammite grésiforme bleuâtre fossilifère (Productus ?), devenant terreux et caverneux par altération. 17. Psammite grésiforme bleuâtre en bancs puissants, très-fissurés, parfois très-micacés, rougeâtres et ayant une tendance à se feuilleter. 18. Psammite grésiforme bleuâtre très-fossilifère (Rhynchonella pleurodon, cc., Cucullea Hardingii ?) prenant une teinte d’un gris-foncé par altération, ce qui lui donne alors un caractère particulier en ce que ses nombreux fossiles, qui ont conservé leur test blanchâtre, tranchent nettement sur le fond gris de la roche. En s’altérant davan- tage, ce psammite devient terreux et carié. Il est surmonté de petits bancs de psammite grésiforme alternant avec des schistes à tendance noduleuse. Incl. 55°S. 19. Psammite grésiforme en bancs peu épais, incl. 55°S., alternant avec un psammite schistoïde passant au schiste et teinté en blanc à la surface. 20. Psammite bleuâtre passant au schiste. 21. Psammite avec traces de débris de végétaux, au milieu de la végétation. 22, Psammite altéré, ferrugineux passant à un sable jaune et deve- nant parfois très-argileux et gris-blanchâtre. Ce psammite s’observe dans un déblai qui se trouve aujourd'hui presque entièrement caché par la végétation. Il est très-fossilifère et renferme, outre des traces de débris de végétaux, des tiges de crinoïdes et quelques espèces se rapportant aux genres Spirifer et Productus ? 23. Calcaire à crinoïdes en banes inclinés 75° S., formant un petit escarpement au milieu de la végétation. Affleurements de la rive droite. — L'étage des psam- ( 861 ) mites du Condroz présente, sur la rive droite de la Meuse, dans la bande d’Anseremme, d'importants affleurements interrompus par un petit bassin de. calcaire carbonifère, comme le montre la coupe suivante: Coupe sur la route de Dinant à Anseremme, avec son prolongement sse. Fig. 4. 1. Calcaire à crinoïdes et calschiste bleu-foncé, traversé de veines spathiques blanches. Ces roches s’observent à l'entrée de la route d'Ardenne où elles sont surmontées d'un bance de psammite grésiforme calcarifère qui, avec les bancs qui ne commencent à se montrer qu’un peu plus avant sur la ronte, constituent la division suivante, n° 2. 9. D es l PEE > ki As + s ME Oo P F en b épais fossilifères (Rh. pleurodon) incl. 65° N. L'un de ces banes passe au calcaire à crinoïdes à la partie supérieure. 5. Schiste vert avec quelques bancs de psammite altéré très-mi- cacé, inel. au N. Ces roches s’observent dans un petit chemin qui, partant de la route d'Ardenne, aboutit à la carrière. 4. Psammite très-micacé avec traces de débris de végétaux ayant parfois une fausse apparence de brèche et devenant zonaire à la partie supérieure. Ce psammite alterne avec du schiste vert qui semble dominer au sommet de la montagne. On observe toutes ces roches dans des déblais d’essai et j'ai recueilli parmi les éboulis de l’un d'eux: Cucullæa Hardingii. 5. Psammite grésiforme bleuâtre exploité comme pavés dans deux carrières à la partie supérieure de la montagne. Dans la plus grande de ces carrières on observe les couches suivantes de haut en bas : a. Psammite avec Cucullwa Hardingii, renfermant des parties plus schistoïdes avec traces de débris de végétaux . . . . . ‘2,50 b. Psammite avec schiste vert dominant, renfermant un banc ma- melonné et prenant souvent la texture terreuse et cariée. J'ai recueilli à ce niveau, outre d'abondantes Cucullæa Hardingii, V'Orthoceras ( 862 ) nd et M. Miselne, le directeur de la carrière, a bien voulu me faire présent d’un superbe exemplaire d'A viculopecten, N.Sp. à côtes saillantes, qu’il wa dit provenir également de ce niveau. 5.00 . Psammite passant au schiste avec un banc très-épais et très-fos- dini (Cueulloea Hardingii) passant au calcaire à crinoïdes. C’est le banc Morimont des ouvriers. . . . 4,00 d. Psammite formant un banc épais dont les t travaux L d'exploitation ont déjà mis 52,50 à découvert. Il passe aussi parfois au calcaire à crinoïdes à la partie supérieure et renferme comme les autres bancs, des Cucullæa Hardingii. Les ouvriers l’appellent grosse maille . . . . . . . 3.50 Dans la deuxième carrière, située à côté et au nord de la précé- dente, on exploite le prolongement d’une partie des bancs de celle-ci; mais ici ils sont plus inelinés au nord et parfois contournés. 6. Psammite en bancs épais, faiblement inclinés au N., avec Cucullæa Hardingii et Cucullæa trapezium, exploité dans une petite carrière située à un niveau inférieur aux précédentes et séparée de celles-ci par une quarantaine de mètres de couches psammitiques qui ne sont que peu ou point visibles. 7. Psammite dans une petite carrière abandonnée qui présente la succession suivante de haut en bas : a. Psammite verdâtre. . . : « -~ 0=,70 b. Psammite en bancs épais baant au macigno Rent et carié, fossilifère (Leplæna caperata?) et vers le bas au calcaire à cri- ee à © à M à à à sos cs at a c. Psammite bleuâtre passant à un calcaire cristallin plus pâle dans la cassure. Ce psammite devient sableux par altération et pré- sente alors les grandes caries allongées toutes particulières qu'on a déjà remarquées dans la petite carrière d'Y voir, sur la rive gauche du Bocq, dans la tranchée de Neffe ét qu’on retrouvera dans les autres affleurements de la bande d'Anseremme . . + ., 40,40 d. Psammite verdâtre en bancs épais visibles sur TA m, d'épaisseur dans la carrière et séparé des roches précédentes par du psammite 6 +, +. . 24,00 Lorsqu'on gravit le sentier du ravin de Penant pour se ( 865 ) rendre à la petite carrière abandonnée qui précède, on observe près de la forge du maréchal, à côté du plan incliné de la grande carrière, des bancs légèrement inclinés au nord de psammite bleu très-dur, passant au calcaire et parfois très-cariés et très-fissurés , ce qui ferait croire à première vue à l'existence de petites failles. Si l’on poursuit plus avant dans le ravin de Penant on observe les éboulis de la petite carrière n° 7 et, arrivé à la fontaine Sainte-Geneviève, on aperçoit sur le versant sud de Ja montagne de Froide-Veau une petite carrière abandonnée située presque à la limite des trois communes d’Anseremme, de Dinant et de Drehance et sur le terri- toire de celle-ci. Là ce sont des bancs de psammites grési- forme et schistoïde inclin. 40° S; l’un de ces bancs devient terreux et carié et renferme en abondance l’Euomphalus retrorsus ? signalé plus haut dans la petite carrière sur la rive gauche du Bocq à Yvoir. J’y ai recueilli aussi Spirifer disjunctus, Rhynchonella pleurodon; Leptæna N. Sp.? 8. Psammite grésiforme en bancs contournés, variant en incli- naison de 25° à 40° exploité dans une carrière située au niveau de la route et présentant la série suivante de haut en bas : a. Psammite non exploité . . . se 15 métrés. b. Psammite d'un bleu foncé en bene epis 5 w c. Psammite passant au calcaire et présentant les caries A mr mentionnées ci- dessus . . 2m50 d. Psammite gris- petit SRR RTI un haha très-fissuré d'environ . . 5m00 e. Psammite plus påle et ptus pailte en bancs épais fissurés. . - + + 1000 J'ai recueilli sur un pavé provenant de cette carrière un exemplaire de Cucullæa Hardingii avec Atrypa fallax ? ( 864 ) 9. Psammite et schiste bien visibles le long du chemin de Drehance. 40. Calcaire en banes puissants surmontant les roches précé- ` dentes. 14. Calcaire carbonifère dans une carrière abandonnée située en face de l’école communale d'Anseremme. 42. Calcaire à erinoïdes alternant avec des schistes noirâtres. 15. Psammite grésiforme en bancs épais presque verticaux avec traces de débris de végétaux ? alternant avec des schistes noirâtres renfermant des débris de crustacés avec de nombreuses impressions tubuliformes rappelant de minces Ditrupa ? J'ai reconnu la présence de ces mêmes impressions tubuliformes dans une roche identique recueillie par M. Dupont à Pont de pierre (Drehance) et renfermant, en outre, les espèces suivantes : Es SES Strophomenes (Leptæna) rugosa, His.? culeatus ? eptena caperata ? knie sa odon (très- Productus subaculeatus? commun.) 14. Psammite et schiste avec bancs à texture fortement cariée, bien visibles dans un petit sentier situé à côté d'une chapelle. L'un de ces bancs passe au calcaire et présente la carie creuse et allongée des couches n° 8 c. 15. Psammite et schiste avec quelques bancs à texture terreuse et cariée bien visibles sur la rive droite de la Lesse. 16. Psammite et schiste altérés en bancs légèrement contournés et inclinés au S., s’observent, ainsi que toutes les couches suivantes de la présente coupe, sur la rive gauche de la Lesse. 17, Psammites avec traces de débris de végétaux en banes épais avec parties zonaires ct très-micacées (psammites des Écaussines) alternant avec des schistes verts, comme au sommet de la montagne de Froide-Veau (couches n° 18. Psammite en bancs très-contournés formant un beau pli. anticlinal ondulé. ( 865 ) 19. Psammite fossilifère avec Cucullwa Hardingii. 20 En suivant la route d’Anseremme à Falmignoul on observe de nouveau le prolongement des couches psammi- tiques qu’on vient de voir dans la vallée de la Lesse. Comme en ce dernier point les psammites y forment plu- sieurs plis dont le 1°" axe synclinal apparent est séparé de 110 mètres environ de l’axe anticlinal du dernier pli, lequel est, à son tour, séparé du calcaire carbonifère par 130 mètres de couches psammitiques. Celles-ci pré- sentent souvent, à la partie supérieure , les grandes caries si constantes à ce niveau, sur les deux rives de la Meuse, dans toute la bande d’Anseremme. Les carrières, aujourd'hui abandonnées, qui se trou- vent dans la vallée, en face de la coupe de Moniat, ont été ouvertes dans le prolongement des couches psammiti- ques de la route de Falmignoul et de la Lesse. En voici la coupe détaillée : Coupe des carrières en face de Moniat. Fig. 5. 1. Psammite feuilleté très-micacé, à peine visible au milieu de la végétation. Psammite en bancs épais passant au schiste, à stratification confuse. 5. Psammite grésiforme altéré en bancs très-épais incli. 45° S. atteignant jusqu'à 4 et 5 mètres de puissance. 4. Psammite ygrésiforme parfois très-micacé et zonaire avec schiste vert rent des traces de débris de végétaux et des Cucullæa Hardin Un poisson halle du genre Ctenodus ? que j'ai recueilli parmi les éboulis entre la première et la deuxième carrière paraît devoir être rapporté à ce niveau. ( 866 ) 5. Psammite devenant fortement terreux et carié, alternant avec du psammite passant au schiste. L’un des bancs cariés, d'un beau bleu dans la cassure, est recouvert d’une croûte terreuse pétrie de fossiles : Spirifer disjunctus ; Aviculopecten ? Rhynchonella pleurodon; Orthis interlineata. On observe aussi sur certains banes de cette carrière les caries caractéristiques par leur aspect tout particulier. 6. Psammite micacé en bancs contournés rappelant un peu le psammite schisto-grésiforme de l’assise D (d?) et celui des couches n° 21 de la coupe de Moniat, fig. 5 et des couches ne 4 de la fig. 4. Ce psammite est surmonté de bancs fortement cariés passant au macigno noduleux et recouvert d'éboulis et de végétation à la partie supérieure. J'ai recueilli d’abondantes Rhynchonella pleurodon sur le flanc de la montagne, un peu au-dessus des carrières, dans une roche en place qui paraît être sur le prolongement des couches n° 6. Il est aisé de voir, par ce qui précède , que les différents affleurements qui s’observent sur la rive droite de la Meuse dans la bande d’Anseremme sont constitués par les diffé- rentes couches de l'assise de Monfort (C). Si l’on pouvait avoir quelques doutes à ce sujet il suffi- rait de se rappeler que la Cucullæa Hardingii n'a été ren- contrée jusqu'ici qu'à ce niveau et l’on vient de voir que j'ai eu la bonne fortune d'en trouver, pour ainsi dire, dans chaque couche, voire même dans celles dont les caractères minéralogiques , un peu particuliers , auraient pu inspirer quelques doutes sur leur classement. De ce nombre sont celles qui passent au calcaire à crinoïdes et renferment de grandes caries toutes particulières et d’une constance remarquable à ce niveau dans toute la bande d’Anseremme et même dans celle d’Yvoir. Je ferai remarquer cependant que si l'on peut affirmer en toute assurance qu'à la montagne de Froide-Veau, par exemple, les couches supérieures de l'assise C sont en ( 867 ) contact avec le calcaire carbonifère, la végétation et les éboulis empêchent d'observer bien nettement le contact des psammites et du calcaire carbonifère à l'extrémité sud de la bande d’Anseremme. Quoi qu'il en soit, si l’assise D était représentée dans celte bande , il faudrait qu’elle y fût réduite à une bien faible épaisseur, eu égard au peu d’espace qui sépare, sur les deux rives de la Meuse, les premiers affleurements de calcaire carbonifère des dernières couches visibles qui se rapportent incontestablement à l’assise C. Nous avons donc ici, comme pour les bandes d'Yvoir et de Lustin, à con- stater l'existence d’une grande lacune caractérisée par lab- sence de l’assise D ou tout au moins de la plus grande partie de celle-ci. Quant aux psammites stratoïdes de l'assise A et au macigno de l’assise B, si l’on n’en trouve pas de traces sur la rive droite, c’est simplement parce qu'ils n’ont pas été portés au jour de ce côté. La coupe de Moniat montre, en effet, que les différentes couches de ces deux assises sont bien développées sous les psammites de l’assise C , sur la rive gauche de la Meuse et qu’elles y occupent respectivement la même position stratigraphique que sur l'Ourthe. Bande d'Hastière. La bande d’Hastière, de beaucoup la plus étendue de la Meuse, présente une composition toute différente des pré- cédentes. Dumont, qui ne fait que mentionner, pour ainsi dire, comme on l’a vu plus haut, les bandes psammitiques de Lustin, d'Yvoir et d’Anseremme, entre dans plus de détails au sujet de la bande d'Hastière. ( 868 ) Voici ce qu’on lit à la page 221 de son Mémoire: « La partie supérieure de l'étage quartzo-schisteux com- mence, au nord du pont de Waracé, par des bancs de grès gris-verdâtres, stratoïdes, pailletés quelquefois schis- toïdes, de 4 à 10 centimètres d'épaisseur, ondulés dans un plan incliné au nord. — Les roches suivantes sont des grès gris-bleuâtres dans lesquels on a ouvert une carrière, puis, vers la latitude de Blaimont, des psammites gris, pailletés passant au macigno schistoïde et à un calcaire siliceux, gris-bleuâtre, grossièrement schistoïde, nodu- leux, entremêlé de parties schisteuses, alternant avec du schiste gris-bleu-verdâtre, finement pailleté, du psammite et du grès gris-bleuâtre, non calcareux , mais qui renferme quelquefois des veines de calcaire lamellaire (dir. — 95°, incl. N. 5° O — 70° (1). Ces roches s'étendent , par ondu- lation , jusqu’à Hastière; cependant les parties schisteuses et calcareuses augmentent, tandis que les parties quart- zeuses diminuent. » Le schiste gris ou gris-bleuâtre , légèrement pailleté, que l’on rencontre à Hastière-Lavaux, a une dir. — 100° et une incl. S. 10° E — 50°. (Sur le plateau, entre Heer et Falmignoul, le psammite et le schiste prennent une couleur jaunâtre; près de Falmignoul, le psammite a une dir. — 122° et une incl. S. 32° E — 60°.) » Vers la limite septentrionale de la bande quartzo- schisteuse ,on rencontre successivement, en allant de Has- tière à Tahaux et à Onhaye, du schiste et du psammite, du macigno, du schiste, un ruban calcaire d’une vingtaine de mètres de largeur et un peu de schiste. (1) Entre ce point et Hastière, on voit un petit dépôt de tuf calcaire de formation moderne ( 869 ) » L'étage calcareux supérieur commence, au N. de ces roches, par des banes de calcaire à crinoïdes, alter- La bande d’Hastière présente, sur les deux rives de la Meuse, et particulièrement sur la rive droite, de beaux affleurements qui, trop souvent malheureusement, sont interrompus par la végétation , ce qui en rend l'étude fort laborieuse. Affleurements de la rive droite. — Ce n'est qu'après avoir étudié d’une manière toute spéciale et à différentes reprises, pendant plusieurs années, les affleurements de la rive droite, tant dans la vallée que sur les plateaux, qu’il ma été possible de figurer et de décrire la coupe suivante : Coupe de la Meuse entre Heer et Hastière-par- delà (rive droite). Fig. 6. Lorsqu'on traverse la Meuse au hameau appelé Bac du Prince et situé près la station de Heer-Agimont, on observe, au milieu des schistes de Famenne, des bancs épais de psammite schistoïde inclinés 67°S., et traversés de grandes fissures. Ce psammite rappelle parfois entièrement le psammite stratoïde d'Esneux (A); il est très-fossilifère dans certains bancs dont quelques parties sont formées presque exclusi- vement de Spirifer disjunctus. Vers le sud les schistes de Famenne forment de beaux plis bien apparents, tandis que vers le nord ils sont géné- ralement cachés par la végétation et les éboulis schisteux. On a vu, par extrait ci-dessus, que Dumont signale dans ces schistes, près du pont de Waracé, des fossiles analo- (870 ) gues à ceux d'Amay. Au sud du pont de Waracé les schistes de Famenne sont bien visibles le long de la route de Givet. Au nord de ce même point ils sont, au contraire, cachés en partie par la végétation, comme on le verra par la coupe qui commence au pont de Waracé comme suit : 4. Schisté vert alternant à la partie supérieure avec un psam- mite schistoïde. 2. Psammite stratoïde dont l’inclinaison varie de 20° à 60°, s'éten- dant par ondulation jusqu’au ruisseau suivant. 5. Idem en bancs incli. de 50e S. et 550 N. Il est aisé de voir que ces couches de psammites n°° 2 et 5 représentent l’assise A , mais il n’est pas aussi facile de fixer la limite entre le psammite de cette assise A et les schistes de Famenne. Dumont dit que les psammites du Condroz commen- cent au nord du pont de Waracé et j'ai constaté , en effet, qu’on retrouve encore des schistes de Famenne, au delà de ce pont, dans les taillis. Mais comme ces schistes alter- nent, à la partie supérieure, ainsi qu’on vient de le voir, avec du psammite schistoïde qu’il est souvent difficile de distinguer du psammite A, j'ai fixé provisoirement leur limite au point où disparaissent les schistes. La petite tranchée qui s’observe vis-à-vis, sur la rive gauche, semble faite tout exprès pour appuyer cette manière de voir. On y observe, en effet, bien nettement la séparation des schistes de Famenne, réduits à l’état de menus fragments et alternant avec quelques bancs de psam- mite schistoïde, et le psammite de l’assise A qui tranche nettement sur les roches précédentes par sa teinte plus foncée el son état de conservation. 4. Macigno fossilifère à texture caverneuse, ( 871 ) 5. Macigno schisteux et caverneux dn avec petits articles de erinoïdes blanches et Spirifer disjun 6. Macigno semblable au précédent avec be umbra- culum? de Buch 7. Idem passant au calcaire à erinoïdes. Je wai pu observer les couches de macigno n° 4, 5,6 et 7 qu’à travers les ronces et les broussailles qui les recou- vrent presque complétement, ce qui ne m’a pas permis d'observer l'allure de ces couches en ce point. Heureuse- ment qu’en parcourant sur la hauteur un petit chemin qui va de Blaimont à Heer, j'ai retrouvé, reposant sur le psam- mite de l'assise A , les couches de macigno B bien dévelop- pées par petits plis ondulés et présentant, comme c'est le cas général sur les plateaux , la texture terreuse et caver- neuse. 8. Schiste bleu-verdâtre pailleté renfermant d’abondantes traces de débris de végétaux et alternant avec de petits bancs minces de psammite grésiforme plus pâles. 9. Psammite grésiforme en bancs puissants prenant par altéra- tion une teinte grisâtre qui le ferait confondre parfois, à première vuc, avec le macigno sus-jacent. Ce psammite est séparé des roches précédentes par un petit filon de quartz blanc laiteux et des roches n° 40 par un peu de schiste semblable au schiste n° 8. 10. Macigno noduleux en bancs puissants, fossilifères (Spirifer disjunctus) devenant cariés et caverneux et passant à un calcaire à crinoïdes bleu foncé presque noir. 41. Psammite grésiforme en bancs épais, surtout à la partie supérieure et alternant avec des schistes dominants. Ces derniers sont pailletés, bleuâtres ou verdâtres par altération et renferment des traces de débris de végétaux; ils présentent un banc de psam- mite mamelonné vers le bas et presque au contact du macigno n° 10, Les couches n°° 8,9, 10 et 11 sont incl. 63° N et s'ob- servent dans une carrière abandonnée. (872) 12. Psammite et macigno caverneux. Ces roches sont cachées en majeure partie par la végétation, mais on peut observer, néanmoins, un banc de macigno au contact des couches n° 41 de la carrière. 15. Psammite et schiste pailletés, avec traces de débris de végé- taux en bancs incl. 45° à 50° S. oe 14. Psammites grésiforme ct schistoïde en bancs inclinés 60° N., cachés par la végétation. 15. Psammite et schiste pailleté avec traces de débris de végétaux, alternant avec des bancs à texture terreuse dont quelques-uns pré- sentent des cavités nodulaires allongées dans le sens de la stratifica- tion; il y a aussi quelques bancs de macigno noduleux très-fossili- fères. Ces roches sont bien visibles dans une petite carrière abandonnée où elles forment un pli aigu dont l'axe synclinal passe dans la carrière. J'ai recueilli Modiola amygdalina ? Sow à ce niveau. 16. Psammite et schiste en partie recouverts de végétation mais dont le prolongement des bancs s'observe dans la carrière au-dessus des couches ne 17. 17. Macigno noduleux d'un bleu pâle formant quatre bancs variant de 0w70 à 1m50 d'épaisseur et alternant avec des bancs de psammite grésiforme plus pâle de 0"25 à 030 d'épaisseur. Ces banes de macigno sont identiques avec ceux de la tranchée du chemin de fer au sud d'Évieux, sur "Ourthe (Mém., 1875, pl. I, fig. 1, couche n° 15). J'y ai recueilli les fossiles suivants : ee disjunctus, Sow. (très-commun). 4trypa indentata, Sow. (com- Var. Archiaci? Murch. — fallax? Sow. (mun). Riyächonetia pleurodon, Phill. Orthis striatula? Schloth. Fenestella antiqua, Sow. 48. Psammite et schiste semblables aux roches n° 16. 19. Macigno noduleux et schisteux ondulant, caché en grande partie par la végétation vers le nord, très-fossilifère : Orthotetes umbraculum?; Productus subaculeatus, avec ned de Spirifer disjunctus et petits articles de crinoïdes blanches. ( 875 ) 20. Idem formant un beau pli anticlinal par ondulation. 21. Psammite grésiforme et schiste pailleté avec traces de débris de végétaux en bancs incl. 45° N. 22. Macigno schisteux et noduleux, très-fossilifère (Aviculopecten — transversus, Sow; Leptena?) en banes inclinés de 35° à 40° et formant un beau pli aigu anticlinal. 25. Psammites grésiforme et sohisto green avec schiste domi- nant et macigno noduleux et caverneux. De nombreuses traces de débris de végétaux s’observent dans le schiste et même dans le psammite grésiforme ; quelques banes pré- sentent, vers la partie supérieure, de grandes cavités nodulaires allongées dans le sens de la stratification. 24, Psammite à stratification confuse qui paraît être traversé par une petite faille. 25. Psammite et schiste ondulant. 26. Idem exploités comme pavés dans plusieurs carrières récem- ment ouvertes. Le bane qu’on exploite principalement est constitué par un psammite grésiforme bleu, parfois zonaire, pétri de traces de débris de végétaux et parfois aussi d’autres fossiles. 27. Macigno noduleux en banes épais passant au calcaire à crinoïdes et alternant avec du psammite grésiforme bleu. 28. Psammite grésiforme bleu et schiste incl. 50° N. 29. Psammite et schiste dominant cachés par la végétation, 1 mais bien visibles dans le petit sentier du ravin situé un peu au nord des précédentes carrières, à un niveau supérieur au prolongement des couches n° 28. Là on voit un banc de psammite passant au calcaire à crinoïdes et renfermant de grands articles de tiges de crinoïdes spathiques d’un brun jaunâtre, ainsi que Rhynchonella pleurodon. 50. Dépôt de tuf calcaire de formation moderne, déjà mentionné par Dumont. 51. Calcaire carbonifère (assise I), exploité sur le plateau. 52. Macigno noduleux surmonté de psammite et de schiste domi- nant à peine visible sur l'ancien chemin de halage. 55. Psammite et schiste. 34. Macigno schisteux passant au. calcaire à crinoïdes avec Qme SÉRIE; TOME XLII. 57 4 ( 874 ) i Spirifer disjunctus; Rhynchonella pleurodon , Leptæna frugaria, formant un petit pli anticlinal. 55. Psammite grésiforme bleu avec traces de débris de végétaux et schiste fissuré variant en inclinaison de 58° S. jusqu'à la verti- cale, dans un déblai pratiqué au niveau du chemin, à côté du pli n° 54 56. Macigno noduleux et schisteux passant au calcaire à crinoïdes. 57. Psammite rappelant parfois le psammite stratoïde A., passant à un schiste gris-verdâtre par altération et alternant vers le bas avec des bancs de psammite grésiforme plus pâles, très-fissurés ren- fermant. quelques tiges de crinoïdes et atteignant jusqu'à Om 35 d'épaisseur. Ces roches forment de petits plis aigus par ondulation. 58. Macigno alternant avee du psammite grésiforme bleu et schistoïde renfermant des traces de débris de végétaux. 39. Psammite bleuâtre passant à un schiste bleu-verdâtre domi- nant et formant un petit pli dont laxe synclinal passe au niveau du chemin. 40. Psammite bleuâtre et schiste avec macigno dominant à strati- fication confuse, fossilifère (Camarophoria ?) 41. Psammite passant à un schiste vert dont plusieurs petits affleurements sont bien visibles sur la montagne. Le premier de ces affleurements paraît être incliné 50° S, J'ai recueilli, à l’état d’éboulis, à ce niveau, un échan- tillon de psammite prenant la texture terreuse et pétri de fossiles renfermant, outre des tiges de crinoïdes : Spirifer disjunctus, Ce ric nee pleurodon, Orthis amen a gnus, Fenestella antiqua. ` 42. Psammite passant au calcaire à crinoïdes et renfermant Orthis striatula? et de grands articles de tiges de crinoïdes colorés en jaune-brunâtre comme dans les roches n° 29, 45. Psammite bleuâtre passant au calcaire à crinoïdes traversé ( 875 }) de veines spathiques et présentant aussi les mêmes articles de tiges de crinoïdes que les roches précédentes. — J'y ai recueilli : Rhynchonella pleurodon, Phill. Productus dissimilis? de Kon. — pugnus, Sow. = prelongus? Sow. Orthis striatula ? Schloth. Camarophoria? 44. Calcaire à crinoïdes visible dans plusieurs carrières aban- données et formant un pli dont l'axe synclinal passe entre les deux carrières au nord. Les couches de la première de ees deux carrières sont incl. 65° N et celles de la deuxième carrière sont incl. 25° S. 45. Calcaire à ‘erinoïdes en bancs altérés, faiblement inclinés au Sud. Ce calcaire, de même que les roches suivantes, n'est visible que dans le lit du fleuve, lorsque les eanx sont basses. 46. Psammite grésiforme bleu avec traces de débris de végétaux? en bancs assez épais avec psammite schisto-grésiforme finement pailleté passant au sehiste. Le psammite grésiforme bleu renferme parfois des crinoïdes et semble alors passer au calcaire. J'y ai recueilli aussi Camarophoria ? ; Fenestella antiqua. Il résulte de examen de cette coupe que le psammite exploité comme pavés sur la rive droite de la Meuse dans la bande d’Hastière est constitué par quelques bancs à tex- ture grésiforme, bleuâtres et associés à des schistes et du macigno renfermant les abondants débris de végétaux de l’assise D. Ceux-ci s’observent aussi fréquemment sur les pavés eux-mêmes tant ils sont caractéristiques par leur abondance à ce niveau. Ces psammites à pavés correspondent , jusque dans leur moindre détail, avec les couches de l'assise D de la coupe de VOurthe , et les derniers bancs de macigno de l'assise B qui sur la Meuse se trouvent en contact avec ces psam- mites à pavés s’identifient parfaitement aussi dans leur moindre détail avec les banes de l'assise B de la coupe de l'Ourthe. Il ressort done de ces constatations précises que de ( 876 ) la série des bancs de psammites grésiformes à pavés qui, dans les carrières de Monfort sur l’Ourthe, atteignent une épaisseur d’au moins 150 mètres, font complétement défaut entre Heer et Hastière. N'y eût-il que cette coupe pour démontrer la réa- lité des lacunes de l'étage que celles-ci seraient rendues incontestables. En effet: l'absence de cet épais groupe de psammites grésiformes ne peut être interprétée par des failles puisque l’étage ondule de manière à représenter le contact lacunaire des assises B et D , en disposition anti- clinale et synclinale, sur quatre points de la coupe. Il était évidemment impossible d'interpréter la constitu- tion „de ce grand affleurement dans ses fonctions avec les affleurements du Condroz aussi longtemps que le principe de la constitution lacunaire n’était reconnu. On était, en effet, toujours tenté, d’après l’ancienne méthode, de voir dans le psammite bleuâtre exploité dans cette coupe, le psammite à pavés de Monfort. Cette interprétation eût amené à des complications inextricables et à des erreurs qui eussent constamment dérouté l’observateur. Affleurements de la rive gauche. — Les premiers affleu- rements de la bande d’Hastière qu’il m'a été donné d’ob- server sur la rive gauche de la Meuse, en allant du sud au nord , sont situés à Hermeton-sur-Meuse. C’est d’abord dans une petite carrière située sur la hau- teur, au S.O. de l’église et dont voici la coupe de détail : r Coupe de la carrière au SO. del'église d'Hermeton-sur-Meuse. Fig. 7. 1. Psammite grésiforme bleuâtre, devenant verdâtre par son expo- sition à lair et ne formant pour ainsi dire qu'un seul banc fortement mamelonné de près de 2 mètres d'épaisseur. (BI) Lorsque je visitai pour la première fois la carrière en juin 1874, on exploitait ce banc pour en faire des pavés. Aujourd'hui l’exploita- tion paraît être abandonnée. 2. Schiste verdâtre alternant avec des bancs de macigno noduleux variant de 0,50 m., à 1 m. d'épaisseur. Ce macigno est formé de no- dules de calcaire à crinoïdes dans une pâte psammitique qui, en se décomposant, détache les nodules et prend un aspect caverneux tout particulier. J'ai recueilli à ce niveau, outre un gastéropode indéterminable, les fossiles suivants : Aviculopecten pectinoïdes ? Sow. Rhynchonella pleurodon,Phill. ee Mere Sow. (très-commun). — pu w r. Archiaci, Murch. -= — Var. Ani- sodonta, Phill. — mediotextus ? Arch. et de Vern, Fenestella antiqua, Sow. 5. Psammite schistoïde passant à un schiste vert qui devient jau- nâtre par altération et rappelle alors celui qu’on observe sur les plateaux. Entre la carrière d'Hermeton-sur-Meuse et l’église on voit, à l’ouest de celle-ci, les psammites affleurer tout le long de la route de Fraistin. C’est une roche terreuse et onctueuse qui, réduite en poudre, pourrait être utilisée dans l’industrie pour l'entre- tien des matières d’or et d’argent, etc. Les fossiles sont extrêmement abondants dans cette roche, mais je n’y ai rencontré qu'un Rene d'espèces jusqu'ici : elsene ner nexilis? Sow. Rhynchonella pleurodon, Phill. Orthotetes umbraculum? de Buch. (très-commun.) uh a Fenestellaantiqua, Sow. (très-com- Spirifer disjunctus, Sow. Traces de débris végétaux. me . A, ao j ( 878 ) Si l'on quitte la route de Fraistin pour suivre, au NE. de l'église, un petit chemin creux qui aboutit près du pont d'Hermeton, on observe encore des psammites et schistes très-fossilifères (Orthotetes umbraculum ? Productus ? etc.) ainsi que des bancs de macigno noduleux. Toutes ces couches de psammites, de schistes et de macigno d'Hermeton-sur-Meuse se rapportent, de même que celles qui s'étendent jusqu’à Hastière-Lavaux, dans la coupe ci-après, à l’assise d'Évieux (D) et, selon toute probabilité, à la partie supérieure de cette assise (d5). Au delà d’Hermeton on observe la coupe suivante en se dirigeant vers Hastière-Lavaux. Coupe de la Meuse entre Hermeton-sur-Meuse et Hastière-Lavaux (rive gauche) avec son prolongement dans le ravin de Tahaux. Fig. 8. 1. Psammite en bancs incl. 40° N., devenant terreux et cariés par altération, renfermant d’abondantes Rhynchonella pleurodon, etc. Ce psammite est accompagné de schiste vert dominant et vient affleurer dans le chemin du baron, sur la bauteur. 2. Psammite en bancs épais, mamelonné incl. 20°N. dans une petite carrière abandonnée où s’observe également à la base un banc épais de macigno noduleux fossilifère entouré de schiste vert. 3. Macigno noduleux et schisteux à stratification confuse, au milieu d’éboulis schisteux. ` 4. Psammite en bancs épais alternant avec du schiste dominant et du macigno également en bancs très-épais. Les schistes ont quelquefois une tendance noduleuse, et comme ils prennent fréquemment une teinte blauchâtre à la surface, on pour- rait à première vue les confondre avec le macigno, mais, sous le choc du marteau, ils se divisent en petits fragments. C'est le schiste de la subdivision dë de l'assise D. B. Macigno noduleux et schisteux en bancs très-épais entrecoupés parfois de petites failles et veinés de calcaire spathique blanchâtre et CAS y alternant avec des banes de psammite grésiforme lenders, notam- ment à une quarantaine de mètres au sud du ruisseau, là où la roche se montre mamelonnée. D'autres bancs très-épais de psammite semblent passer au maci- gno; ils prennent souvent une teinte noire à la surface et deviennent aussi caverneux par altération. 6. Psammite et schiste en bancs épais incl. 28° S. vers le bas et se relevant jusqu’à 45°$. à la partie supérieure dans une petite carrière abandonnée sur la rive gauche du ruisseau. ‘7. Macigno noduleux et schisteux. 8. Psammite et schiste dominent, recouvert d'éboulis à la partie supérieure. Vers le bas on n’observe que du schiste vert sur une longueur de 18 mètres. - 9. Macigno noduleux et schisteux veiné de calcaire spathique blanc vers le bas. 10. Psammite grésiforme bleu et schiste alternant avec quelques bancs épais de macigno noduleux et schisteux, surtout vers le bas. 11. Psammite et schiste dominant en bancs incl. 55°N. bien visi- bles près la brasserie. 12. Psammite et schiste semblables aux roches n° 11. 15. Psammite et schiste, rappelant un peu le psammite de l'as- - sise A, formant, par ondulation, un pli anticlinal bien visible à Fen- trée du ravin de Tahaux. 14. Psammite et schiste bien visibles dans le petit sentier sur le flanc oriental du ravin. Sur le flanc occidental une petite carrière a été ouverte dans le prolongement de ces couches. On y a exploité un banc de psammite grésiforme de près de 2 mètres incl. 45°N. et in- tercalé dans le schiste vert. 15. Macigno noduleux fossilifère CRE bien visible sur une vingtaine de mètres au sommet dusentier. A partir de ce point le sentier change de direction, mais un petit espace d'une quarantaine de mètres, occupé par une prairie, le sépare d’une route qui se trouve préeisément sur son prolongement. On y “observe bien nettement les couches suivantes : 16. Macigno en bancs très-épais. ( 880 ) 17. Psammite et schiste alternant avec des bancs épais de macigno. 18. Calcaires à crinoïdes alternant avec du calschiste (assise I). Le caractère saillant de cette coupe consiste dans l’abon- dance du macigno qui ferait croire souvent à l'existence de l’assise B., alors, cependant, qu’il représente exclusi- vement la partie supérieure de l'assise D (d5). Cette abon- dance de macigno s'observe bien aussi dans le prolonge- ment, sur la rive gauche de la Meuse, des bancs qui ne se montrent que très-imparfaitement dans le ravin de Ta- haux et dont on peut constater le long de la voie ferrée la série suivante de l'O. à PE., c’est-à-dire à peu près suivant la direction des couches : 1, Psammite en partie recouvert de végétation . . . 500 m. 2. Psammite bleuâtre en bancs care devenant grisâtres et pas- sant au schiste . . + + WN 5. Macigno tcid! en Piui pisinisi à texture terreuse ct cariée surmonté de psammite bleuâtre, aussi en bancs puissants . 26 m. 4, Psammite et schiste bleuâtre prenant une teinte verdâtre par altération et alternant avec ET banes hate pâles vers le Da +. 58 m. 5. Idem, mais nait à au macigno sc lune vers Je bé et présen- tant des bancs de psammite mamelonné, tandis qu’à la partie supé- rieure ce sont les schistes bleuâtres et verdâtres d’un bas tout par- ticulier qui prédominent . 6 6. Macigno à crinoïdes Bidet, bne sans dde apparente, fossilifère . . - 42 m. 7. Schiste bleu-verdâtre Dain avec gn bite grésiforme à la porie eene OE Ee 40m, x g fossilifère (Product baculeatus?) 120 m. 9. Ps it bl làt t au schiste. 48 m. 40. Calcaire atiii à crinoïdes Gilet avec du psammite et duschiste. . FRS, 11. Psammite slips bleuâtre Dent: au bite +. 20 m: ( 381) 12. Calcaire à erinoïdes en bancs épais, traversés plus complète- ment que les couches précédentes par des veines de calcaire spa- thique. Affleurements de Waulsort. — Par suite des contour- nements de la Meuse, la bande d’Hastière reparaît à Waul- sort où l’on observe sur la rive gauche les roches de l’as- sise D en contact avec le calcaire carbonifère et sur la rive droite un grand développement du macigno schisteux et noduleux de l’assise B séparé du calcaire carbonifère par les roches de l’assise D. RÉSUMÉ ET CONCLUSION. L'étude des psammites du Condroz dans la vallée de la Meuse, entre Lustin et Hermeton-sur-Meuse , ma permis de reconnaître que cet étage dévonien conserve, dans cette partie du bassin méridional, les mêmes relations stratigra- phiques que dans les autres parties du pays précédem- ment étudiées, en ce sens qu'il n’y a pas de superpositions interverties et que les groupes représentés conservent de point en point leur même composition. Seulement, de même que dans le bassin septentrional, une ou plusieurs des quatre assises que j'ai distinguées dans étage des psammites font souvent complétement défaut et constituent ainsi de profondes lacunes. C'est principa- lement à l’aide de ces lacunes, dont l'existence n'avait pas même été soupçonnée jusqu'ici, qu’il faut attribuer les - difficultés qui ont arrêté si longtemps l'étude de la partie de la Meuse comprise entre Hastière et Heer , la seule qui ( 882 ) n'ait fait l'objet d'aucune publication spéciale ous les travaux de Dumont. Le tableau suivant montrera la répartition des lacunes que présentent les différentes bandes psammitiques sur la Meuse, entre Lustin et Hermeton-sur-Meuse. DÉSIGNATION des BANDE BANDE BANDE BANDE assises des psammites du de Lustin. d’Yvoir. d'Anseremme. | d’Hastière. CONDROZ. Assise d'Esneux. .... A. | lacune. + + + Assise de Souverain-Pré B. | lacune. | traces? + + Assise de Monfort. . . . C. + + + lacune. | Assise d'Évieux. .... D. | lacune. | lacune. | lacune. + | Il ressort de ce tableau que l'étage des psammites n'est complétement représenté dans aucune des quatre bandes qui s’y trouvent indiquées. On voit aussi que cet étage diminue d'épaisseur, par suite des lacunes qui l’y affectent, depuis la bande d’Anse- remme, où l'assise D seule fait défaut, jusqu’à la bande de Lustin réduite à l’assise C. Au nord de celle-ci les psammites ne sont plus représentés que par la partie supérieure de l’assise C, comme je lai montré, dans une précédente communication, en étudiant les affleurements du bassin septentrional , notamment à Wépion , sur la rive gauche de la Meuse (1). Quant à la bande d’Hastière, elle (1) Bult. de l'Acad. royal de Belgique, 2 série, t. XL, p. 777. ( 885 ) est surtout remarquable en ce que les psammites de l'as- sise C. qui donnent lieu à d’importantes exploitations de pierre à pavés dans les trois autres bandes font ici com- plétement défaut. Les petites carrières à pavés de la bande d’Hastière appartiennent à l’assise D qui acquiert un développement très-considérable par ondulation sur les deux rives de la Meuse et présente, à sa partie supérieure, une grande épaisseur de macigno qui la ferait quelquefois prendre, à première vue, pour l'assise du macigno B. Un point important qui résulte aussi de mes observa- tions sur les psammites de la Meuse, c'est que les dépôts analogues qui se trouvent en face les uns des autres, sur les deux bords de la vallée, ne sont pas toujours au même niveau. Ainsi, tandis que dans la bande d’Anseremme les psammites forment , sur la rive gauche, un beau pli con- Stitué par les assises A, B et C ‚sur la rive droite, au con- traire, on n’observe que les psammites à pavés de l’assise ‘C les autres roches des assises A et B n’ayant pas été portées au jour de ce côté. De même aussi dans la bande d’Hastière les psam- mites et macigno de l'assise D apparaissent seuls sur la rive gauche, entre Hermeton-sur-Meuse et Hastière- Lavaux tandis que sur la rive opposée les plis de macigno de l’assise B apparaissent sous les roches de l'assise D. Ces dernières sont ici surmontées, en deux endroits, par le calcaire carbonifère qui ne se retrouve pas sur la rive gauche. i Ces faits démontrent qu'il existe , en de certains points, un relèvement de Pun des bords de la vallée et que ce relè- vement a agi dans la bande d’Hastière sur le bord E. et dans la bande d’Anseremme sur le bord O. ( 884 ) De son côté M. Dupont a reconnu, par ses études sur le calcaire carbonifère de la Meuse, que près d’Yvoir et à Waulsort c’est le bord E. de la vallée qui a été relevé. Lorsque la Société géologique de France se rendit sur la Meuse en 1863 une discussion s'engagea entre d’Oma- lius et M. Dupont au sujet de l'interprétation de ce phé- - nomène (1). M. Dupont l’attribue à la grande fracture qui a produit la vallée où coule cette partie de la Meuse et qu'il consi- dère comme une grande faille dont le bord'E. est le plus relevé. D'Omalius, tout en reconnaissant les différences de niveaux signalées par M. Duponti, pense, au contraire, que celles-ci proviennent des dislocations éprouvées par le sol lors du plissement général des terrains dévonien et carbo- nifère. Cette opinion est basée sur ce que la fracture de la Meuse est relativement récente et doit s’être opérée à une époque où les roches dévoniennes et carbonifères avaient déjà pris beaucoup de cohérence. Sans vouloir me prononcer pour le moment sur le point en litige, je ferai remarquer cependant qu’en admettant la manière de voir de M. Dupont il faudra reconnaître qne ce n’est pas toujours le bord E. de la faille qui a été relevé, mais quelquefois, au contraire , le bord opposé, comme je Vai montré pour la bande psammitique d’Anseremme. (1) Bull. Soc. géol. de France, 2: série, t. XX (1862-63), p. 856. ( 885 ) Sur l'influence du courant sanguin et de Vafflux nerveux sur le contenu en glycogène des muscles; par M. Th. Chandelon , docteur en sciences naturelles. A la suite de ses recherches sur la fonction glycogénique du foie, Cl. Bernard, en 1857, fit la découverte du gly- cogène ; il reconnut bientôt que ce corps n’était pas spécial au tissu hépatique et il en constata la présence dans le blastoderme des oiseaux, dans les muscles et les poumons des embryons des mammifères. Après lui, Kühne (1) décela ce même corps dans les poumons, les reins, la rate et un grand nombre de muscles d’un diabétique; Bizio (2) le trouva dans les muscles des mollusques ; Nasse (3) dans les muscles de divers animaux; Hoppe-Seyler (4) dans les corpuscules lymphatiques et dans un papillôme (5) ; fina- lement, Weiss (6) a étudié l'influence de l'irritation des nerfs sur le contenu en glycogène des muscles. Dans le but de compléter ces recherches et afin d'être à méme de considérer de plus près les circonstances de la formation et de la dépense du glycogène dans les muscles, j'ai institué deux séries d'expériences ; la première se rap- (1) Jaresb, ü. d. Fortschr. d. gesam, Medicin. 1861, t. I, p. 151. (2) Ibid. 1866, t. I, p. 96 Ibid. 1869, t 99 (4) Jaresb. ü. A Porto der Thierchemie von Maly. 1871, 1. I, p.55, et Med. Chim. Untersuchungen von Hoppe-Seyler, 4° Heft. (5) Pfüger’s Archiv. Bd. 7, p. 409. (6) Jaresb. ü.d. Fortschr. d. Phtorchessie 1871, t. I, p.51, et Sitzungs- ber. der Wien-Akademie, Bd .64, 1te Abtheilung. ( 886 ) porte à influence de la suppression du courant sanguin ; la seconde a en vue l’étude des modifications produites par la section du nerf. Ces recherches ont été faites au laboratoire de chimie physiologique de l’Université de Strasbourg, sous les yeux du savant qui le dirige, M. le professeur Hoppe-Seyler. En voici la description sommaire : sur un lapin adulte, on pra- tique , d’un côté, soit la ligature de l'artère iliaque primi- tive, soit la section des nerfs ischiatique et crural(4) ; après un temps variable, on sacrifie l’animal et l’on procède immé- diatement au dosage du glycogène contenu dans les mus- cles des membres postérieurs; on peut ainsi se rendre compte de la modification survenue à la suite de l'opération. J'ai eu recours pour le dosage à la méthode suivante, qui est celle de Brücke : « Les organes sont cuits avec une petite quantité d'eau jusqu’à ce que les extraits ne donnent plus avec la solution d’iode la réaction caractéristique du glycogène. Les liqueurs réunies sont alors neutralisées exactement, puis, après refroidissement, on précipite avec de l'acide chorhydrique et de l’iodure mercuro - potassique en solution , en ayant soin d’agiter et d’ajouter alternativement l'acide chlorhy- drique et l’iodure. Quand il ne se produit plus de précipité, on s'arrête. On filtre alors et on ajoute au liquide de l'esprit de vin, jusqu’à ce qu’il ne se précipite plus de glycogène. On doit éviter d'ajouter trop d'alcool, parce qu'il préci- pite tout d’abord le glycogène seul, tandis que plus tard il précipite encore d’autres substances. On filtre à travers PA "4 A LR sens (1) Sur le procédé opératoire, voir: Anatomie des Kaninchens in topo- graphischer und operativer Rücksicht von Dr Krause. pp. 196, 235, 257. ( 887 ) un filtre pesé, on lave à l'esprit de vin à 60 0}, jusqu’à ce que le liquide filtré ne trouble plus une solution de potasse mélangée d’un peu d'ammoniaque; on lave ensuite avec de l'alcool à 95 0/,, puis quelquefois avec de l’éther; enfin, < encore une fois avec de l'alcool. On porte finalement le filtre dans un exsiccateur et l’on pèse (1). » La méthode précédente fournit un glycogène qui n’est pas exempt de substances minérales; je l’ai en conséquence complétée par l’incinération, afin d'arriver par la soustrac- tion du poids des cendres à un chiffre plus exact. [. — SUPPRESSION DU COURANT SANGUIN. Le tableau suivant établit les résultats de mes analyses dans le cas de la suppression du courant sanguin. Durée MEMBRE NORMAL. MEMBRE OPÉRÉ. de la vie A gar e a a dé Poids GLYCOGÈNE. ie GLYCOGÈNE. A aies AS l'animal. we hk ER en akenlée muscles. | Poids brut | oe. de Poids brut. es heures. | grammes. grammes. | 126 0,250 | 0,182 109 0,046 | 0,042 | 77,41 24 417 | 0,071 |0,060 | 126 | 0,049 |0,058 | 57,2? | 17 205 | 0,043 |0,025 | 182 | 0,0195 0,010 | 55,05, 24 141 | 0,081 |0,057 | 126 | 0,052 |0,041 | 28,05 50 116 | 0,050 [8,045 | 150 | 0,035 [0,025 | 46,51 24 | 104 |0,0625/0,060 | 93 | 0,020 |0,0215/ 64,167 24 145. | 0,055 |8,0584} 150 | 0,0115 |0,0087) 77,545 Un léger cedème se manifestant parfois dans la jambe manden (1) Hoppe-Seyler, Handb. d. physiol. chem. Analyse, p. 132. ( 888 ) - opérée , on gagne en exactitude en calculant les 0/, en gly- cogène non pas par rapport au poids des muscles frais, mais bien par rapport à celui de leurs matières fixes. C'est ce que j'ai fait pour les deux derniers cas du tableau pré- cédent. Je place ci-d les chiffres obtenus, en tenant compte de cette correction. MEMBRE NORMAL. MEMBRE OPÉRÉ. D US a ia Matières fixes GLYCOGENE Matières fixes GLYCOGÈNE ve Le en *! x en °/o GLYCOGÈNE 9 ad de matières fixes. P de matières fixes. | calculée en °/. 24,405 0,245 23,935 0,89 63,673 24,37 0,157 24,24 0,0359 77,154 En rapprochant ces chiffres de ceux des deux dernières lignes du premier tableau, on reconnaîtra que la perte en glycogène est en réalité un peu moindre que celle que l'on constate quand on ne tient pas compte du degré d’humi- dité des muscles. Quoi qu’il en soit de ces légères différences, les chiffres ci-dessus nous renseignent sur ce fait important : la sup- pression du courant sanguin amène rapidement, déjà même au bout de 17 heures (1% tableau, exemple 3), une dimi- nution dans la quantité du glycogène. J'aurais voulu pou- voir conserver en vie pendant plus longtemps mes sujets d'opération afin de voir si le glycogène disparaîtrait com- plétement et en combien de temps; malheureusement le lapin supporte mal la ligature de l’artère iliaque primitive, ( 889 ) et la mort par suite de gangrène est toujours survenue, dans les trois essais que je fis, avant les 48 heures. Avant d’aborder l'examen des résultats que j'ai obtenus dans le cas de la section du nerf, qu’il me soit permis de m'arrêter un instant sur un fait récemment découvert. Weiss (1) a trouvé que l'activité musculaire détermine éga- lement une diminution de la quantité du glycogène des muscles. [l peut être intéressant de mettre en parallèle les chif- fres exprimant la perte en glycogène éprouvée par des muscles tétanisés à l’aide d’un appareil Dubois - Raymond avec ceux que j'ai obtenus dans le cas de la ligature de l'artère. Chiffres de Weiss, Les miens, 24,27 77,47 28,24 37,25 50,427 55,05 28,05 46,51 64,167 77,343. On voit que la perte est, en général, plus considérable dans le cas de la ligature que dans le cas de l’activité mus- culaire, IL. — SUSPENSION DE L'AFFLUX NERVEUX. Les lapins supportent mieux la section des nerfs ischia- tique et crural que l'opération précédente; en général, Je les ai laissés vivre 48 heures, quelques-uns même plusieurs jours. (1) Weiss, loc. cit., p. 31. ; Qme SÉRIE, TOME XLII. 58 ( 890 ) Durée MEMBRE NORMAL. MEMBRE OPÉRÉ. > EE ne de la vie à : ana E moeten: [Poids brat: |. Sh muscles. | Poids prut | el. alcune en heures. | grammes. grammes. | ; 48 0,105 0,0889 156 | 0,148 | 0.108 2272 48 156 0,149 0,1 09 124 0,197 |0,158 | 44,08 48 147 0,04 0,02724 159 0,04 0,0287 | 5,51 48 125 0,025 | 0,0191 154 0,054 |0,0253 52,48 jours 149,5 | 0,0595 | 0,0398] 144 | 0,8725 | 0,609 | 5221 5 127 0,037 | 0,029 127 8,101 |0,079 | 172,41 4 66 0,078 |0,118 68 | 0,0845 | 0,124 | 5,08 | i J'ai estimé qu'il y avait lieu, comme ci-dessus, d’effec- tuer pour les deux dernières lignes du tableau précédent , un dosage de matières fixes, afin d'éloiguer par là l'erreur provenant du degré d'humidité des muscles. J'ai obtenu les résultats suivants. MEMBRE NORMAL. MEMBRE OPÉRÉ. EEE a les Hi GLYCOGÈNE Du ka GLYCOGÈNE Gain en i en °% 5 en %e GLXCOGÈNE de matières fixes, si de matières fixes. calculé en %/o. 24,901 0,116 21,335 0,570 . 218,96 25,09 - 0514 22,52 0,5515 7,84 _ On voit que le gain en glycogène est plus élevé lorsqu'on tient compte de l'humidité des muscles. U résulte, en outre, des chiffres des tableaux précédents (OSF à que la section du nerf amène une augmentation dans la quantité du glycogène contenu dans les muscles. Nous sommes donc en présence de trois faits nouveaux ; il s’agit maintenant de les faire concorder entre eux et d'en donner une explication plausible. HI. On sait qu'après la mort le glycogène ne tarde pas à dis- paraître dans les muscles en vertu d’un procédé de fer- mentation qui le transforme en glucose, acide lactique, etc. d'autre part, un muscle qui a travaillé présente les modi- fications suivantes : réaction acide, présence d'acide lac- tique, diminution de sa quantité de glycogène. On peut done admettre vraisemblablement que, par activité du muscle, le glycogène se détruit en vertu du même pro- cédé de fermentation qui se constate après la mort. Bien probablement aussi, en dehors de toute activité musculaire, le glycogène se détruit incessamment de la même façon, mais d'une manière plus lente, et il est rem- placé au fur et à mesure de sa disparition par de nouvelles quantités, que celles-ci proviennent directement du sang ou qu’elles se forment sur place aux dépens de matériaux amenés par le sang. Il s'opère done une dépense et une production de glyco- gène, qui, à l'état normal, tendent à s’équilibrer. Cette ten- dance est la cause des oscillations que l’on constate dans les chiffres exprimant le contenu en glycogène des muscles ; tantôt c'est la dépense qui l'emporte légèrement sur la pro- duction, tantôt c'est le contraire qui a lieu. Le fait connu, depuis un certain temps déjà, à savoir: la quantité de gly- cogène contenu dans les muscles varie avec la nature de ( 892 ) l'alimentation (1), trouve ainsi une explication facile. La nourriture féculente ou sucrée, donnée aux animaux mis en expérience, augmentant la production du glycogène, celle-ci finit par dépasser notablement la dépense. Quant à cette dernière, si l’on considère les faits avec attention , on sera tenté de reconnaître qu’elle se compose de deux dépenses, l’une continuelle, permanente, et qui se rangerait parmi les phénomènes chimiques internes qui se passent d’une façon normale et continue dans les tissus et qui ont pour résultat la production de forces de tension, lesquelles deviennent forces vives lors de la fonction de l'organe ; l’autre, intermittente, intimement liée à la fonc- tion de l'organe et à l'énergie plus grande des actions chimi- ques qui l’accompagnent. Voyons maintenant comment ces inductions concordent avec les trois faits établis plus haut. Ligature de l'artère. Par la ligature de l'artère , le muscle perd toute son acti- vité. Souvent, en effet, 10 minutes après l'opération, le membre est complétement paralysé, mais toutefois, sa vie continue et 24 heures après, lorsque l’on coupe et enlève les muscles pour les soumettre à l’analyse, on constate dans cenz du memi opéré aussi Dien que dans les autres, des La vie ayant donc persisté dans ces muscles, les actes chimiques internes, causes essentielles de cette vie, ont donc également con- tinué à se produire et l’on doit admettre que la décom- position permanente du glycogène n’a pas été supprimée. Par contre la contractilité musculaire faisant défaut, l'excès (1) Weiss, loc. cit. ( 895 ) de dépense (dépense intermittente) qu'elle nécessite dis- parait par là même: d'autre part, le sang n’arrivant plus, il est impossible que de nouvelles quantités de glycogène se produisent. La dépense devient donc moindre, il est vrai ; mais d’un autre côté, la cessation absolue de la production est la cause d’une diminution dans la quantité du glycogène. Irritation du nerf. L’irritation du nerf, produisant la contraction tétanique du muscle, exige une dépense plus grande de forces et entraîne comme conséquence une énergie exagérée des phénomènes chimiques : on conçoit que le glycogène, par- ticipant à cet accroissement des affinités chimiques, se détruit plus rapidement ; mais la production du glycogène subissant des modifications, il doit en résulter une perte dans la quantité de ce dernier. Section du nerf. La section du nerf produit la paralysie du muscle, la con- tractilité diparaît; donc, élimination d’une des dépenses, tandis que la production n’a subi aucun changement. Le résultat est facile à prévoir : il y aura excès de glycogène , c'est-à-dire augmentation de sa quantité. Quelle que soit la valeur de ces conclusions, les trois faits suivants n'en restent pas moins établis. I. La ligature de l'artère nourricière d'un muscle diminue la quantité de glycogène contenue dans ce muscle. IL. L'irritation du nerf énervant un muscle produit le même effet. HI. La section du nerf produit une augmentation de la quantité du glycogène. ( 894 ) Note sur le développement du magnétisme induit par la terre dans le fer laminé nerveux (FRAGMENT D'UN TRA- VAIL SUR LA TORSION); par M. Louis Perard. L’aimantation permanente du fer ordinaire par les per- turbations élastiques combinées avec l’action de la terre, est un fait connu depuis longtemps. On sait également qu'une barre de fer doux (ou recuit), placée dans une posi- tion verticale s’aimante par la seule influence de la terre; mais sur une barre de fer laminé ordinaire, et non recuit, cette influence n’est guère sensible, à moins sans doute qu’elle wait duré fort longtemps. L'action de la terre sur le fer doux varie avec l’inclinaison de la pièce; si lon retourne celle-ci en la laissant toujours dans le plan du méridien magnétique, sa polarité s’intervertit; elle se perd complétement si l’on met la barre dans une directien per- pendiculaire au plan du méridien magnétique : ces varia- tions sont loin d’être aussi accusées dans le fer ordinaire. Ayant entrepris depuis quelque temps des expériences sur la torsion , et en particulier sur la torsion du fer laminé nerveux, du fer à fin grain et de l’acier Bessemer, j'ai eu l’occasion de constater que le fer nerveux, non recuit, donne, par la déformation permanente, des aimants aussi durables que l'acier, En étudiant ce phénomène spécial, je me suis assuré que les barres destinées à mes expériences ne manifestaient que bien rarement, et le cas échéant, à un très-faible degré seulement, la propriété magnétique, avant d’être soumises à ma balance de torsion. J'ai une Li Le Et [S A APS es. et 1876. AT A dla sE x ( 895 ) barre de fer laminé de près d'un mètre de long qui a été rompue par torsion, il y a une dizaine d'années, dans la position verticale, et qui, depuis cette époque, bien qu'elle ait été souvent, et sans attention, changée de place, a con- servé une polarité très-nettement accusée et constante. Il serait intéressant de comparer les variations du magné- tisme dans une telle barre avec celles que subit un aimant d'acier dans les mêmes circonstances de temps, de tempé- rature, elc. Pour le moment je wai fait autre chose qu'observer, dans quelques échantillons, la naissance et le développe- ment du magnétisme par la torsion continue et les défor- mations permanentes, dans des barres exposées verticale- ment à l'influence terrestre. M. Becquerel, dès 1845, et plus tard Matteucci, Wert- heim et M. Wiedemann (1) ont fait des rercherches sur cet objet. En ce qui concerne l'influence de la torsion sur le magnétisme , Wértheim est, je crois, le seul qui ait fait des expériences comparatives sur le fer recuit, sur le fer (1) Ch. Matteucci, Cours spécial sur l'induction, le magnétisme de rotation, le diamagnétisme, et sur les relations entre la force magni- tique et les actions moléculaires. Paris 1854. — Wer heim , Mémoire sur la torsion, seconde partie. Sur les effets magnétiques de la torsion, ANN. DE bid er pe Paysique, 3° série, t. L, p. 585. — G. Wiedemann , Die Lehre vom Galvanismus und Electromagnetismus, 2e B. S. 340; aussi Ann. PoccenporerF, t. CHI (* ( rra a er AK Wendt da mention st ir l'équi libre de torsion, et, dans ce beau travail, a mis en regard les lois des deux in- fluences réciproques. Loc. cit, p. 439 et Ann. de Pogg , t t. CHI, p. 571 et t. CVI, p.161. ( 896 ) dur et sur acier. Matteucci n’a traité que le fer doux, et M. Wiedemann l'acier. Je me réserve d'analyser en détail, dans un travail com- plet sur la torsion, tout ce qui a été écrit sur cet ordre de phénomènes ; je fais l'indication historique ci-dessus pour établir un rapprochement entre le résultat des expériences dont je vais parler , et certaines propositions qui ressortent des travaux antérieurs, entre autres celle qui est énoncée par Wertheim dans les termes suivants: « Tant qu’une » barre n’a pas atteint son état d'équilibre magnétique, » les torsions et détorsions agissent sur elle de façon à » faciliter l'aimantation lorsque la barre vient d’être pla- » cée sous l'influence d’un courant ou du magnétisme » terrestre (1). » M. Becquerel avait pensé, en 1845, à se servir d’une bobine d’induction (ou magnéto-électrique) pour reconnaître les variations de l’état magnétique d’un barreau placé dans l'axe de l’hélice. Matteucci, Wertheim et Wiedemann ont eu recours au même moyen dans les belles études qu’ils ont faites sur le même objet. C'est aussi celui que j'ai employé dans mes expériences (2). Mes barres, installées verticalement dans l'appareil à tordre , étaient entourées d’un cylindre formé de plusieurs tours de gros papier, sur lequel était enroulé un fil fin (1) Ann.de Chim. et de Phys. , 5e série, t. E, p. 589. (2) Becquerel, Comptes rendus du 9 février 1845. — J'ai eu l'occasion, pour d’autres recherches que celles dont il s’agit ici, d'apprécier combien l'intermédiaire des courants d’induction est utile pour établir indirecte- ment des comparaisons que les procédés direct permettent pas de faire facilement. ( 897 ) recouvert de soie, communiquant avec un galvanomètre placé à une distance convenable pour être à labri des Vibrations. La bobine occupait à peu près les deux tiers de la longueur des barres, qui avaient exactement un mètre de long. Les courants instantanés engendrés par les variations du magnétisme sont mesurés par les ares d'impulsion de Paiguille, et par conséquent aussi les variations du magné- tisme. Je me suis conformé en cela à la règle adoptée par Wertheim (1). Une personne placée près du galvanomètre m’annonçait rapidement les arcs d'impulsion décrits par l'aiguille, tan- dis que je lisais les angles de torsion. On avait eu soin, - bien entendu, de marquer d’avance le sens de la déviation Correspondant à l'accroissement ou au décroissement du magnétisme dans la barre. Le tableau (pages 904 et 905) contient les données de Ja première série d'expériences faites sur une barre de 20 millimètres de diamètre et d’un mètre de longueur comprise entre l’encastrement fixe et le coussinet du levier de torsion. Les torsions ont été poussées jusqu’au delà d’un tour entier, dans une série non interrompue , le 4 juillet. Quatre jours après, la même barre a été soumise à une seconde série de torsions à partir de la position où elle avait été laissée le 4 juillet; la torsion n’a été poussée cette fois que jusqu’à 60 degrés. Les résultats de cette seconde série sont consignés dans le tableau (pages 906 et 907). A partir de 60 degrés, la barre abandonnée à (1) Ann. de Chim. et de Phys., 5° série, t. L, p. 590. ( 898 ) ` elle-même est revenue à sa forme d'équilibre élastique correspondante à 48°,5; puis elle a été tordue en sens con- traire et ramenée en deux fois séparées par une détorsion élastique, à 10 degrés, point de départ de la seconde série de torsions. Les données de cette troisième série d'expé- riences sont dans le tableau (page 908). Les résultats numériques contenus dans les divers tableaux sont assemblés en une courbe, ayant pour abscisses les angles de torsion, et pour ordonnées les accroissements magnétiques donnés par les additions successives des ares _ d'impulsion du galvanomètre (v. la planche). J'ai expérimenté sur deux barres, l’une de 25 millimètres de diamètre moyen, et l’autre de 20 millimètres; elles avaient toutes deux exactement un mètre de longueur entre les encastrements. Comme l'allure magnétique est la même dans les diverses expériences, je n’ai joint à cette note que les données relatives à une seule, et j'ai choisi la dernière, celle pour laquelle les expériences ont été le plus éten- dues, et qui a été soumise à une torsion inverse. Je m'étais borné, pour la première, à faire des torsions toujours dans le même sens, interrompues périodiquement par des détor- sions qui s’arrêtaient d'elles-mêmes à la forme d'équilibre élastique de la barre. Cela posé, voici les remarques auxquelles me paraissent donner lieu les tableaux joints à cette note (pages 904 à 908) et la courbe qui en est l'expression géométrique. 4° Une barre de fer laminé nerveux, non recuit, possé- dant un état magnétique nul, ou du moins insensible pour une aiguille d'épreuve, étant tordue dans la position ver- ticale, acquiert rapidement un certain degré d’aimantation qui ne paraît pas pouvoir être dépassé, quel que soit l’ac- SA ( 899 ) croissement ultérieur de l'angle de torsion. Ce magnétisme ` stationnaire que j'appelle « équilibre magnétique » (v. la figure), a lieu à partir de la torsion de 30°,5 pour la barre de 20 millimètres. 2° Si l’on admet, avec Wertheim, que chaque déviation instantanée de l'aiguille du galvanomètre mesure le cou- rant induit et, par suite, la variation de force magnétique qui est la cause de ce courant, on peut dire : que les barres de fer laminé dont il s’agit, aimantées par la torsion con- tinue combinée avec l'influence terrestre , perdent, en se détendant jusqu’à la forme d’équilibre élastique, une partie du magnétisme qu'elles ont acquis; mais que, tordues de nouveau dans le sens primitif, elles acquièrent un nouveau degré d’aimantation supérieur au premier. Une seconde détente leur fait encore subir une perte, qu’elles réparent toujours, avec un excédant, par une nouvelle torsion de même sens, et ainsi de suite. Ce qui précède mérite d'ètre rapproché d'une des con- clusions de M. Wiedemann, relative à l'acier, lorsque ce métal a été d’abord aimanté, puis désaimanté, ce qui d’ailleurs constitue encore un cas différent du mien: « Le » barreau d'acier, complétement désaimanté, reprend du > magnétisme par torsion; ce magnétisme augmente avec > la rotation, mais dans un rapport décroissant (1). » En ce qui concerne le fer auquel se rapportent mes expériences, fer exclusivement soumis à l'influence de la terre, et peu accessible à cette influence dans létat ordi- naire, la proposition de Wertheim citée page 896 de cette note, devrait être complétée de la manière suivante : _ S. (1) G. Wiedemann, Die Lehre vom Galv. und Electromagn , 2ter Band, 455. ( 900 ) Tant que la barre n’a pas atteint le maximum d’aiman- tation, la torsion continue agit sur elle dans un sens favo- rable à l’aimantation, lorsqu'elle vient d'être placée sous l'influence de la terre. Mais cette action favorable n’est pas elle-même continue : son effet magnétique, signalé par les courants induits, s'arrête à un certain point; toutefois cet arrêt ne correspond pas à l'équilibre magnétique défi- nitif; l’aimantation pourra augmenter encore avec la tor- sion, lorsque celle-ci aura été interrompue par une détente élastique, pendant laquelle l’aimantation rétrograde tou- jours. Lorsqu'un corps, plus ou moins doué d'élasticité, est contraint par une force quelconque extérieure à changer de forme, l'écart entre la forme primitive et la nouvelle se compose de deux parties : l’une temporaire, c'est-à-dire ayant son existence absolument attachée à celle de la force perturbatrice, l’autre permanente. L'écart permanent est l’expression de l’altération qu’a subie l'élasticité du corps pendant que la force extérieure agissait sur lui : cet écart correspond à de nouvelles orientations des forces moléculaires. Ainsi pendant qu’une barre est soumise à un couple de torsion, sa déformation totale se compose d'une torsion temporaire qui disparaît par une détente spontanée de la barre rendue libre, et d’une torsion permanente qui constitue sa nouvelle figure d'équilibre. Or l'expérience a montré, el cela depuis longtemps, que la capacité d’une substance pour certaines manifestations physiques, la chaleur entre autres, dépend de son mode d’arrangement moléculaire : cela revient à dire que cette capacité est liée à son élasticité. On ne peut donc pas plus s'étonner de voir le fer tordu (-90E ) prendre une capacité magnétique différente de celle qu'il possédait avant la torsion, ou pour mieux dire avant l’al- tération de son élasticité, que de voir le fer non recuit différer de capacité avec le fer doux ou recuit. Il n’est pas étonnant non plus que linduction de la terre sur une barre de fer déformée par torsion diffère, en quantité et en rapidité, de l'induction exercée sur la méme barre simple- ment mise dans le méridien magnétique, sans que ses mo- lécules ou ses fibres soient dérangées ; ni enfin que le ma- gnétisme total acquis par la barre déformée se partage en deux parties, l’une passagère qui s'évanouit pendant la détente; l’autre stable, qui correspond à la forme perma- nente de la pièce. Mais ce qui peut attirer la curiosité dans ces phénomènes, c’est que le magnétisme spécifique, qui atteint un maxi- mum à chaque torsion continuée dans un sens, change de valeur et augmente à chaque reprise de torsion qui suc- cède à une détente élastique. Par exemple, à partir de l'angle de torsion de 30°,5 (table, pages 904 à 908), le magnétisme cesse d'augmenter; la torsion, poussée jusqu'à 100 degrés, ne produit pas le moindre mouvement du galvanomètre. A ce point la barre est lâchée et revient sur elle-même jusqu'à 84°,75 avec une perte totale de magnétisme correspondante à une somme d’impulsions galvanométriques égale à 5 !/, degrés. Reprise ensuite, elle atteint 98 degrés avec une augmen- tation magnétique dont le total est mesuré par une somme d'impulsions égale à 7 degrés, et qui s'arrête à ce point, car le galvanomètre reste fixé au zéro pendant que l'on continue à tordre la barre jusqu’à 190 degrés. L’aimanta- tion a donc regagné plus qu’elle n'avait perdu. — ( 904 ) | 1 Expériences du 4 juil it AE Be nl ` ag 5 “8 f s5 |i Erg BE ast) BE [Aaa EE asil D 2 lek Sla Les lesen nm | ss ela ler. sam + |l+rle $ | AZ à: 2 slag à À Š .— (1) .— -m (2) — 0° 100° 0 8475 | 0 190° 1725 1 96,5 |+ 01)?| 90 [+ 0O'/,| 1815 |- 0, | 1755 2 90,5 |- 01}, | 91,5 114,1 180 |- 1:41 177 5 88 |-11},, | 95 15% 177,5 |- 214] 179 4 86 |-2 94,5 2 175,5 |- 5 | 180 5 84,75 |= 11/4 | 96,25 1 173 |- 3:/,| 1825 6,5 Éq. élast. 98 0! [2 1 72,5 0 184,5 7 105 O [aast 186,5 sobote a En Me 188,75 : 110 0 195,25 190 0 200 let 1876 (1"° série). ( 905 ) me SÉRIE, TOME XLII. n PA a dad m ä : a a De ii lo à 4 Sais) EE ssl [EER ES getdi OEREN 43 |515| |35| g5 |515] 25 À à SE ela 83 [Sta 4; (5) se ia (4) 0 280° 0 260% 0 | 560° o |339%5| 0 + 01, | 2715 -o 3 |+ Ph 3549 |- TY] 5415 |+ 0%, 114 | 268 |- 25/,[ 266 31,1 347 |- 2 |34275| 11 25], | 264,75 |- 4 | 269 5 |5445 |- 5 | 544%) 2 2}; | 262,95 |- 4 272 5 [5425 |- Bih] 546,25] 2'/% 2 [05 |- 1*/,| 275 2 | 54075|- 21,| 548 2 8. lide den 277,5 1. | s505 |= 21405 | 2 1% 278,5 | o:},| 530,25 |- 0t, | 550,25 |. 2 o*l 280 0 [iyaa 35225] 1, MST | Li Lies EUR 354 1 y 360 356 o suis 360 0 Équil, 0 magnétiq. +10) 0 59 ( 906 ) Expériences du 8 juil un g S n 8 n 5 S s n a > a á | Sa 841 8:%)28 eue) 28 les) Sel 8282538 BEEZ El 28 le | 32 To r “= a $ De ee = a arr den E © z $ a 5 = ax £ Se aias aa Sag ELSE) EISA in (3) < i (6) S Vap: 7 360 1430 | 0 ge | 0 |r o [20 | 0 Ir + 50 20 |- Off 125 +1 |9825/-1 | 21,25 j+ 0j 17,95|- 2 15 5'/,| % |-3 | 25 1/6 14,95/- 4 | 17 | 5%|2575|-5/| B | 2% 12 |-23,| 195 | 414| 2150|-3:,| 26,75] 54] 10 |- 4 21,5 | 23/,| 19,75|- 4 | 29 4. | 9,5 | E PUSS SL ld 55/4 Équil À dl élastiq. 26 05/,|Équil.| © [355 | 2°. i élast. 295 1 O1, 55,5 | 1 32,5 | 0th 58, | 0% 40 0 45 0‘ Équil. | | +.....| Magn. 50 0 Équil. 41 AE J mo magn. é ( 907 ) let 1876 (2° série). 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Juste, le baron Guillaume, Ém. de Laveleye, G. Nypels, Alp. Le Roy, Ém. de Borchgrave, A. Wagener, J. Heremans, membres; J. Nolet de Brauwere Van Steeland, Aug. Scheler, Alp. Rivier et Eg. Arntz, associés ; Ch. Piot et Ch. Potvin, correspondants. M. L. Alvin, vice-directeur de la classe des beaux-arts, et M. Éd. Mailly, correspondant de la classe des sciences, assistent à la séance. mens RE CORRESPONDANCE. Avant de donner lecture de la correspondance, M. le secrétaire perpétuel annonce que la Commission adminis- trative, accompagnée de MM. de Koninck et Chalon, s'est rendue . le 14 novembre dernier, chez M™° veuve d'Oma- lius d’Halloy, pour lui remettre la médaille d'or votée à son mari par l'assemblée générale de 1875, en souvenir des ( 910 ) services rendus par Péminent académicien tant à la science qu’à l’Académie. Il donne lecture du discours que M. Faider a prononcé en cette circonstance et qui est inséré dans la correspon- dance de la séance de la classe des sciences du 11 novembre. — MM. les questeurs du Sénat envoient des cartes pour la tribune réservée pendant la session législative 1876- 1877. — - Remerciments, — L'Académie de prudence et de législation de Madrid, l’Académie des sciences morales et politiques de la même ville, et l’école normale supérieure de Pise accu- sent eee du dernier envoi annuel des publications. — Des remerciments sont votés pour les dc suivants faits à la classe: 1° Histoire des régiments nationaux des Pays-Bas au service d'Autriche, par le lieutenant général baron Guil- laume; volume in-8° ; 2 La coopération ouvrière en Belgique, par Léon d’An- drimont ; volume in-8°, Présenté par M. Alph. Le Roy; 3° Histoire des troubles religieux de Valenciennes (1560- 1565), tome IV , par M. Ch. Paillard; volume in-8°. Pré- senté par M. Wauters, Les notes que MM. Le Roy et autos. ont lues en présen- tant ces ouvrages figurent ci-après. — M. Ch. Paillard soumet un travail manuscrit intitulé : Sept mois de la vie d’un peuple. Les Pays-Bas du 1° jan- vier au 1°" septembre 1566, d'après les mémoires et les correspondances du temps. - Renvoi à examen de MM. Wauters, Gachard et Juste. (9) ÉLECTION. La classe, appelée à procéder à l'élection des membres de sa Commission spéciale des finances pour 1877, con- tinue ce mandat aux membres sortants : MM. Chalon, Conscience, De Decker, Faider et Gachard. RAPPORTS. ne La classe entend la lecture des rapports de MM. Roulez, Wagener et F. Nève, chargés d'examiner les corrections apportées par M. J. de Ceuleneer à son mémoire couronné sur Septime Sévère. Les observations des commissaires seront communi- quées à l’auteur. COMMUNICATIONS ET LECTURES, ee Les bardes du désespoir, par M. Ch. Potvin, correspondant de l’Académie. Puisqu’on sème le doute en un champ de désastres Et que l’on croit panser ta plaie, 6 liberté, En maudissant le jour, à la face des astres, En insultant la mort, devant l'éternité; Qu'on se fait du malheur une chaire où l'on nie, Tribune de sarcasme et d'imprécations ; Que pour sagesse on prend des rages d'agonie, Et qu’on livre au chaos les mœurs des nations; (912) Puisque la femme, aimante et sainte éducatrice, Emprunte aussi leur fiel aux plus amers rêveurs, Et que la poésie, à son tour négatrice, Chante le désespoir, aux lèvres des viveurs; J'invoquerai le ciel, j'attesterai la terre, Je prendrai pour seconds le bon sens et le cœur, J'affirmerai la vie en son principe austère, Je célébrerai l’homme en son œuvre vainqueur. Vous ne scellerez pas la pierre sépulcrale, Insensés, sur l'espoir, sur la foi, sur l'amour ! L'esprit humain grandit, c’est votre esprit qui râle ! C'est en vous qu'est la nuit, je vois luire le jour! Qu'est-ce que vous savez des sciences accrues, Du chemin mieux tracé qui mène aux vérités? Vous navez rien appris... que des échos de rues; Rien connu... que des maux, sans doute mérités. Au lieu de vous grandir, la douleur vous enivre ; Chancelez-vous : tout est honni, tout doit périr ! Vous parlez de combattre, et ne savez pas vivre! Avant de blasphémer, apprenez à souffrir ! Voyant sur notre temps des préjugés farouches Pulluler, noir essaim, chaque jour moins mortel, Vous tueriez la raison, pour la sauver des mouches ; Pour chasser les marchands, vous brûleriez l'autel. Ah! les grands ennemis de l’Olympe et de Rome Étaient croyants, étaient penseurs, étaient savants ; Jean renversait les dieux pour émanciper l'homme, Luther ne semait pas l’ivraie à tous les vents; La pensée a brisé bien des tyrans sinistres ; Elle sarcle l'erreur, mais sans dévaster tout; Pour conserver le vrai, malgré ses faux ministres, Vestale incorruptible, elle reste debout! (915) Oui, si l'homme ne voit que lui, lui, eentre et sphère, La mort doit faire hotreur au limon personnel : Il s’irrite, il accuse, il geint, ne pouvant faire Dans sa forme d’un jour tenir l'œuvre éternel; Ce qui lui semble obscur devient la tombe noire, Les sphères ne sont rien s’il n’en est le milieu, Puisqu’il ne sait pas tout, à rien il ne veut croire, I aspire au néant, ne pouvant étre Dieu. Quand on juge la vie à sa simple science, On sait que, force aveugle au sein de l'élément, Elle devient en nous idée et conscience Pour mieux réaliser le but en l’affirmant ; En vain l’orgueil blessé, ce frère de la haine, Sur les débris de tout voudrait semer du sel : On se sent un anneau de l’ascendante chaîne, Un libre travailleur du bien universel. Et quand même le moi se perdrait dans l'espace, Comme les gaz dans l’air, et les sels au fumier, Quand la race, à son tour, devrait céder la place A quelque Titan, fait pour marcher le premier, En possédons-nous moins les puissances de l'être, L'intelligence au front, la passion au cœur? Quel délice en un fils meilleur, pouvoir renaître! Créer son idéal, c'est survivre vainqueur. Vous avez beau jeter le soc loin de la friche, Du néant faire un roi trônant sur un charnier! Nous, s’il fallait opter, fétiche pour fétiche, Nous choisirions plutôt la foi du charbonnier. Mais il est d’autres lois dont nous nous faisons gloire : L'esprit qui sent en soi des lumières jaillir A plus que l’ignorant de vérités à croire, A plus que le frelon de ruches à remplir. ( 944) Je crois!.... Mais voyez donc les cieux, voyez la terre, L'infiniment petit et l'infiniment grand : Savent-ils si pour nous il est quelque mystère? Comme sans hésiter ils suivent le torrent! Et nous-mêmes !... Voyez avec quelle assurance L'âme à tous les rayons épanouit sa fleur ! Quelle séve d'amour! quel parfum d'espérance! Quelle virginité d'élan vers le bonheur ! Ed Quelle marche en avant, même au sein des alarmes! Au bon, au juste, au beau, que d’aspirations! Ah! doutez du plaisir, ne doutez point des larmes! Rien n’éteindra le cœur des générations. Je crois à la nature, une mère bénie! A son fils, concu libre et maître des hasards ! Et j'ai foi dans l'instinct, notre premier génie, Père des nations, des langues et des arts, J'ai foi dans le travail, qui fait l'indépendance : D'un cortége de joie il entoure l'honneur ! Je crois à l'amitié qui double l'existence, Je crois à la beauté qui fait croire au bonheur ; A l’amour, cette rose en toute âme fleurie ; A la jeunesse, à Part, gais oiseaux du chemin. Je crois à la famille, au sein de la patrie; Je crois à la patrie, au sein du genre humain. Je crois aux flambeaux d’or éclairant tous les mondes, Au blé que nul ne sème en vain dans les guérets, Et je crois au soleil des libertés fécondes Qui fait germer les mœurs et mürir le progrès. (915) Sur le volume intitulé : LA COOPÉRATION EN BELGIQUE, par M. Léon d’Andrimont, note par M. Alphonse Le Roy, membre de l’Académie. L'ouvrage que j'ai l'honneur de présenter à la classe au nom de M. Léon d’Andrimont, président de la Fédéra- tion des banques populaires, etc., est la reproduction dé- veloppée du chapitre HI d’un livre intitulé: Les institutions et les associations ouvrières en Belgique, qui a été distin- gué, tant à l'extérieur qu’en deçà de nos frontières, parmi les publications les plus utiles aux travailleurs. Mais, dans les derniers temps, le mouvement coopératif s’est accentué par- tout; de là des questions nouvelles et des controverses dont il était impossible de ne pas tenir en Ce volume est en réalité une œuvre nouvelle plutôt qu’une réimpression. L'auteur y appelle l'attention sur des faits économi- ques d’une véritable importance. Tandis que dans notre pays, ainsi qu’en Allemagne, les institutions de crédit mu- tuel, autrement dit les Banques populaires, se sont parti- culièrement multipliées, on remarque qu ’en France ce sont au contraire les Associations de production, en Angle- terre les Sociétés de consommation qui prédominent. Cette situation s'explique par la tendance des ouvriers francais à se soustraire au régime du salaire, et par l'impuissance où se trouvent le plus souvent les travailleurs anglais de lutter contre la grande industrie : l'essentiel, pour ceux-ci, c’est d'arriver, en s'associant, à diminuer les dépenses du ménage, En Allemagne et chez nous; l'ouvrier est de plus en plus persuadé que le premier et le plus sûr point d'ap- pui, c’est la formation d’un capital. ( 916 ) Notre publiciste concentre donc tout particulièrement son attention sur les Banques populaires; et ici, je dois le dire, il est tout à fait dans son élément. Ne lui doit-on pas la première application, en Belgique, des idées de M. Schulze- Delitsch? N'est-ce pas lui qui a formé le groupe des pre- miers fondateurs de la Banque populaire de Liége, type et modèle de toutes les autres? M. d'Andrimont examine de près les diverses formes de l'Association coopérative et abontit à des conclusions qui peuvent être résumées en quelques mots. Selon lui, la Banque populaire est en quelque sorte l’école primaire de la coopération; c'est seulement lorsque l'artisan y aura fait son éducation qu’on pourra marcher en avant avec un véritable succès, c’est-à-dire que les Sociétés de consom- mation et finalement de production naîtront suffisamment viables. Ro En terminant, l’auteur à soin de rappeler à l’ouvrier que le vrai moyen d'améliorer son sort, c'est de pratiquer ses devoirs et de vouloir fermement s'instruire et devenir prévoyant. Puissent ces sages paroles être entendues dans tous nos districts industriels! f Sur le quatrième et dernier volume de L'HISTOIRE DES TROUBLES RELIGIEUX DE VALENCIENNES, par M. Charles Paillard, note de M. Alphonse Wauters. Ayant déjà eu, à plusieurs reprises, l’occasion de parler du beau travail de M. Paillard, je me bornerai aujourd’hui à n’en dire que quelques mots. L'auteur, afin de ne pas donner à son œuvre un déve- C HE) loppement trop considérable, a résolu de s'arrêter au seuil de cette mémorable année 1566, pendant laquelle s'ouvrit véritablement la mémorable révolution du XVI: siècle. Son volume contient 140 pièces environ, précédées d’un coup d'œil historique, où il a retracé les efforts courageux, mais inutiles, des magistrats de Valenciennes pour conserver à leurs concitoyens deux de leurs beaux priviléges : celui de ne pouvoir être mis à torture et celui d'échapper, en cas de condamnation criminelle, à la peine de la confiscation des biens. M. Paillard n’est pas moins intéressant lorsqu'il - s'occupe de cette question, qui a soulevé tant de débats au XVI° siècle : la compétence du magistrat communal dans les procès religieux. Signaler ces questions capitales, c’est appeler suffisamment l'attention sur le travail de M. Paillard et notre tâche s’arrête là. M. Alph. Le Roy donne lecture d’une notice biogra- phique sur F.-J. Van Meenen, membre de l'Académie, décédé le 2 mars 1858. Cette notice, accompagnée du portrait du défunt, paraîtra dans l’Annuaire de 187 (918) CLASSE DES BEAUX-ARTS. — Séance du 7 décembre 1876. M. F.-A. GEVAERT, directeur. M. Liacre, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. L. Alvin, vice-directeur; G. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Edm. De Busscher, J. Portaels, Alp. Balat, le chevalier L. de Burbure, J. Franck, Gust. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq, Ern. Slingeneyer, Alex. Robert, Ad. Samuel, Ad. Pauli et Godf. Guffens, mem- bres; Éd. de Biefve, correspondant. M. Ch. Montigny, membre de la classe des sciences, M. Éd. Mailly , correspondant de la même classe, et M. R. Chalon, membre de la classe des lettres, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire de la livraison pour 1875 (XI: année, partie profane) de la publication musicale inti- tulée: Le Trésor musical, par M. Van Maldeghem. — Remerciments. — MM. les questeurs du Sénat envoient des cartes pour Ja tribune réservée pendant la session législative de 1876- 1877. — Remerciments. (919 ) — Les Cercles artistiques de Bruxelles et d'Anvers écri- vent qu’il sont décidé, à l’unanimité, de joindre leurs efforts à ceux de l’Académie, pour appuyer sa réclamation auprès de la législature au sujet des garanties de la propriété des œuvres d'art. — M. Abraham Basevi, associé à Florence, remercie pour le dernier envoi annuel des Bulletins et de l'Annuaire. ÉLECTION. La classe, appelée à élire sa Commission spéciale des finances pour 1877, continue ce mandat aux membres sortants : MM. De Man, Fraikin, Franck, G. Geefs et Slin- geneyer. \ PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1878. es x Sur la proposition de la section de peinture, la classe fait choix du sujet d'art appliqué suivant à inscrire au pro- gramme de concours de 1878 : On demande le carton d’une frise décorative qui serait Placée à 5 mètres du sol dans un monument public, et repré- sentant les phases successives du travail de la pierre, depuis son extraction de la carrière jusques et y compris sa mise en œuvre dans la construction des édifices. Le carton aura 0",75 de haut sur 2",25 de développe- ment. | Un prix de mille francs sera décerné à l’auteur de l’œuvre couronnée. Le terme pour la remise des cartons expirera le 1° septembre 1878. een nnan ER ( 920 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Gevaert fait hommage d’une collection d'ouvrages se rapportant à l’art musical dans l’Inde et offerts par le Rajah Sourindro Mahana Tagore. Il communiquera dans une prochaine séance une notice au sujet de ces livres, qui présentent le plus haut intérêt au point de vue de la musique indienne. — M. Alvin annonce que la Commission pour la liste des objets d’art à reproduire par les lauréats des grands concours, pendant leur séjour à l'étranger, a tenu une nou- velle séance. Elle s’est oceupée de cette liste, qu’elle espère pouvoir compléter bientôt. CAISSE CENTRALE DES ARTISTES. M. Alvin fait savoir que l'exposition des portraits de Leurs Majestés, par M. Louis Gallait, oùverte dans un des salons dn Musée royal de peinture, au profit de la Caisse, a produit la somme de 2,263 francs, tous frais déduits. La classe vote des remerciments à M. Gallait pour cette nouvelle marque du généreux intérêt qu’il porte à l’insti- tution précitée. | — D'après le règlement, on s’est occupé, en comité secret, de la liste de présentation des candidatures aux places vacantes. La classe a arrêté définitivement cette liste, après avoir adopté une nouvelle inscription. im a (92 ) CLASSE DES SCIENCES. Séance du 15 décembre 1876. M. B.-C. Du Morrier ocenpe le fauteuil. M. LiaGre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Stas, L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst, Gluge, F. Duprez, J.-C. Houzeau, G. Dewalque, Ern. Quetelet, a Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, Brial- mont, Éd. Dupont, Éd. Morren, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Alph. Briart, F. Plateau, F. Crépin, membres; E. Catalan , associé; J. De Tilly, correspondant. —— D CORRESPONDANCE. M. B.-C. Du Mortier, en prenant place au fauteuil comme doyen d’àge, fait connaître que, pour motif de santé, M. Maus, vice-directeur, est empêché de venir diri- ger les travaux de la séance. Il prie M. Stas de s'asseoir à côté de lui. | — Une lettre du Palais exprime les regrets qu'éprou- 2me SÉRIE, TOME XLII. 60 922 ) vent Leurs Majestés de ne pouvoir assister à la séance publique annuelle de la classe. LL. AA. RR. le Comte et la Comtesse de Flandre font exprimer des regrets semblables. M. le Ministre de l'Intérieur écrit pour s'excuser de ne pouvoir assister à la solennité. M. le Ministre des Travaux publics espère que ses occupations lui permettront d'accepter l'invitation qui lui a été faite. M. le baron de Crassier, premier président de la Cour | de cassation, et M. Thiernesse, secrétaire ad interim de Académie royale de médecine, remercient pour les cartes d'invitation adressées à ces institutions. — M. le baron G. Greindl demande que la classe accepte le dépôt d’une note, sous enveloppe, signée par lui et par M. Buisset, professeur à l'Université de Bruxelles. — Accepté. — La classe reçoit avis du décès d'un de ses plus illus- tres associés, M. Charles-Ernest von Baer, mort à Dorpat le 28 novembre 1876. M. P.-J. Van Beneden fait remarquer, à ce sujet, que l’Académie vient de perdre le savant le plus remarquable de l'époque, en fait de biologie : von Baer a cultivé active- ment la science jusqu'au dernier moment de sa longue carrière. La classe partage les regrets qu’exprime M. P.-J. Van Beneden, et décide qu’une lettre de condoléance sera écrite à la famille de l'éminent associé. — L'Académie royale palermitaine des sciences, des -~ (925 ) lettres et des arts, la Société royale danoise des sciences à Copenhague, l’Académie impériale de médecine de Saint- Pétersbourg accusent réception du dernier envoi annuel des publications. JUGEMENT DU CONCOURS POUR 1876 La Classe à reçu un Mémoire portant pour devise : Le progrès est lent et pénible, en réponse à la première question : Perfectionner en quelque point important, soit dans ses Principes, soit dans ses applications, la théorie des fonc- tions de variables imaginaires. Rapport de M. Catalan, premier Commissaire. | « Ce travail est divisé en dix chapitres constituant, jus- qu’à un certain point, autant de petits Mémoires séparés. Je les ai numérotés : I, I, … X. Les six premiers chapitres sont relatifs, surtout, aux fonctions elliptiques et aux courbes quarrables algébrique- ment. Je n'ai donc pas à m'en occuper. Mentionnons, cependant, une contradiction, au moins apparente, au com- mencement du chapitre VII (p. 75). L'auteur dit: « Les règles données jusqu’ici, pour reconnaitre les ( 924 ) » courbes quarrables algébriquement, sont sujettes à de » nombreuses exceptions. » Il en résulte que le problème... de reconnaître la na- » ture de la quadratrice (°) d’une courbe... n'est pas encore » résolu. » Toutefois... la solution donnée jusqu’ici du problème » en est la solution la plus générale... » Ainsi, le problème n’est pas résolu; et, néanmoins, la solution qu'on en a,donnée est la plus générale possible. Comment cela se peut-il ? II Le Mémoire roule : « Sur les solutions particulières et » singulières du problème des courbes quarrables algébri- » quement, par les fonctions circulaires et par les fonctions » elliptiques. » Ce titre ne répond guère, nous semble-t-il, au programme proposé par l’Académie. Il y a plus : même dans les premiers chapitres, certaines parties traitent, exclusivement, des fonctions elliptiques. Exemples : 1° (page 52) — « Non-seulement l'intégrale d’une frac- » tion rationnelle de x (°) et de la racine quatrième d’un » polynôme du quatrième degré se ramène aux intégrales » elliptiques, mais, ce qui aurait paru paradoxal, elles se » ramènent aux intégrales elliptiques les plus simples, » celles qui ont leurs périodes égales au signe V—1 près » (sic). 2° (page 55) — « Il existe donc une infinité de courbes (*) La quatratrice est l'intégrale qui représente l'aire de la courbe. (**) Qu'est-ce qu’une fraction rationnelle de x? ( 925 ) » quarrables par les intégrales elliptiques et qui ne présen » tent pas le nombre maximum moins un de points de » doubles. Il est clair au reste que l'explication que nous » avons donnée du fait, en ce qui concerne les deux d courbes N y= Vat x" et y= Va’ Je x’) (a? L Fa) ə conviendrait à toutes les autres. Les recherches que je » faisais pour arriver à cette explication m’amenèrent à » porter mon attention sur un passage important du Cours » d'Analyse de l'École polytechnique (sic) de M. Hermite. » Suit une longue citation; après quoi l’auteur ajoute : « ll est probable que ce passage ne doit pas être inter- » prêté littéralement puisque, pris dans son sens naturel, » il serait en contradiction avec les faits. Mais j'y vis une » sorte d'avertissement que les transformations que j'ai » indiquées dans ce qui précède, etc. » JU Le chapitre I est intitulé : « Des relations qui existent entre les périodes de la quadratrice de la courbe la plus générale d'un degré assez élevé (`) et, à plus forte > raison, d’une courbe particulière dans son degré (sic). » v v IV Dès la première page, et jusqu’à la fin du Mémoire, l'au- teur cite, presque continuellement, les travaux de M. Maxi- milien Marie. Il prouve (ou il cherche à prouver) que (*) Que veut dire : degré assez élevé? ( 926 ) MM. Puiseux , Briot , Bouquet , Clebsch, Hermite se sont trompés, et que les principes adoptés par M. Marie sont les seuls vrais. Sans aucun doute, l’auteur anonyme a d’excel- lents motifs pour croire à la supériorité des théories de M. Marie, sur celles des Géomètres que nous venons de citer. y Il y a deux ans, M. Marie était concurrent; et à propos dè la décision adoptée par la Classe, M. le Secrétaire per- pétuel, M. De Tilly et moi nous avons eu, avec l'honorable auteur, une polémique assez vive. En outre, contrairement à tous les usages, M. Marie a fait paraître, dans le troi- sième volume de sa Théorie des fonctions de variables ima- ginaires, des lettres qui n'étaient pas destinées à la publi- cité (”). VI Le Mémoire est une véritable glorification de M. Ma- rie (‘*), et un complément à tous les travaux de ce Géo- mètre. Ce dernier fàit résulte, en particulier, des pas- sages suivants : 4° (p. 72) « Mais on peut tirer en la théorie de M. Marie » cette conséquence autrement importante que la solution » que ce géomètre a donnée, après M. Clebsch, du pro- » blème des courbes algébriques quarrables par les fonc- » tions circulaires ou elliptiques est la solution la plus » générale que comporte ce problème, c'est-à-dire que (*) Je reviendrai sur ce point, (**) Aux pages 8 et 9, on lit deux EE comme M. Marie l’a démon- tré ; et encore : Or, M. Marie a démontré ( 927 ) » les classes de courbes qui ont ! (m — 1) (m — 2) ou =» $ m (m — 5) points doubles, sont les plus étendues » parmi celles des courbes quarrables par les fonctions » circulaires ou elliptiques; que les équations de ces classes » de courbes présentent le plus grand nombre possible » de paramètres (`). » 2° pp. 76, 77) — « Les équations des courbes quarra- » bles par les fonctions circulaires, qui n'auraient pas M5 ou LLL? points doubles, présenteront moins de paramètres arbitraires que celles des courbes les plus générales du degré m qui auront ces nombres de points doubles... il est aisé de fournir une explica- tion générale du fait. » Cette explication résulte immédiatement de ce que, » comme l’a établi M. Marie, la condition unique qui amène la formation d’un point double... » 3° (pp. 109, 110) — « Enfin on pourrait examiner les » cas où il manquerait trois, quatre points doubles. » On arriverait ainsi à un complément utile du théo- rème de M. Marie, puisqu'on saurait dès lors ce qu'il y aurait à faire... » v cd v v x v v v > (*) Cette phrase, bien fatigante à lire, et dont la ponctuation est remarquable, rentre tout à fait dans la manière de M. Marie. A ce propos, je reproduirai deux fragments de la théorie des fonctions... (T. I, p. 532, 555): « Les reproches de M. Catalan n'étaient nullement fondés : le » Mémoire avait été rédigé avec le soin que j'apporte à tous mes tra- » VAUX. » « Vous trouvez ma rédaction mauvaise, obscure, etc. J'ai relu mon Mé- » moire et je l'ai trouvé semblable à tout ce que j'écris. » Ceci est vrai; mais combien, paraît-il, le précepte de Socrate est difficile à pratiquer ! (T.11, p. 271). — « Les termes du premier degré en x el en y s'en allant d'eux-mêmes. » (!!) ( 928 ) 4° (p. 50) — « Il peut arriver que toutes les périodes » étant liées par des relations en nombre suffisant, les » périodes d'origines ultracycliques, se réduisent aux pé- » riodes cycliques, de sorte que ces dernières restent » seules et que, par suite, la quadrature ne dépende que » des fonctions circulaires. » 5° (p. 69) — M. Marie suppose que, partant de l'équa- » tion la plus générale du degré m, on n’introduise , entre » les paramètres, ou les coefficients, que des relations » devant amener la formation de points doubles, et il » démontre que, dans cette hypothèse, on ne parviendra » à une courbe quarrable par les fonctions elliptiques » qu'après avoir fait acquérir à la courbe ¿m (m — 5) points » doubles, et qu'on ne parviendra à une courbe quarrable » par les fonctions circulaires qu'après avoir fait acquérir » à la courbe $ (m — 1) {m — 2) points doubles. » D’après ces extraits, ne sommes-nous pas en droit de dire: « Si l’auteur anonyme n’est pas M. Marie, il possède » tous les théorèmes de M. Marie; et il écrit comme écrit » cet honorable Géomètre ? » VII. Dans le Mémoire de 1874, le théorème suivant avait attiré attention des Commissaires : « pour que le volume » d'un corps soit exprimable algébriquement, il suffit que » les aires de toutes les sections planes le soient (°). » Si cette proposition avait été accompagnée d’une démon- stration claire, complète, le Mémoire aurait certainement HT hi sis (*) Théorie des fonctions … (T. HI, p. 552). (Lettre de M. Catalan à M. Marie.) ('929 ) eu le prix. Aujourd'hui, rien de semblable : comme je l'ai dit en commençant, le manuscrit envoyé au Concours se compose de dix petits Mémoires, dans lesquels nous avons cherché, en vain, quelque théorème véritablement impor- tant. L'un de ceux auxquels l’auteur semble tenir le plus, est celui-ci: (p. 50) — « Les courbes unicursales ne sont » pas les seules courbes algébriques quarrables par les fonc- » tions circulaires (`). » Quand bien même, comme parait le croire l'auteur ano- nyme, M. Hermite se serait trompé, en essayant d'établir le théorème contraire ; quand bien même des courbes, non unicursales, seraient quarrables algébriquement ; est-ce là ce qu'on peut appeler un théorème remarquable? Nous ne le pensons pas. D'ailleurs, il n’approche pas du beau théorème de M. Marie, rappelé tout à l'heure. Enfin, cette propriété des courbes quarrables algébriquement ne se rattache, que d’une manière bien indirecte, à la question proposée par l’Académie. VII Le Mémoire renferme, non-seulement de nombreuses fautes, dues à la précipitation avec laquelle il semble avoir été rédigé, ou commises par le copiste; mais encore des for- mules, des expressions inacceptables. Ainsi, p. 9, le coef- ficient a, entrant dans la dernière équation de la p. 8, a été Omis. En outre, l’auteur dit : « Ce qui donne, pour légua- > tion en coordonnées réelles de l'enveloppe imaginaire > (x? + y?) = — x2 +y?» (*) L'auteur prend, comme exemple, l'équation y" (a™ — q") =a ȚŢ ( 950 ) Il s’agit de l'enveloppe des conjuguées à la lemniscate. L'équation de la lemniscate étant (£ + yF = e (2 — y), les conjuguées de cette courbe doivent être representees par (a + y} = a (y? — 2), a étant variable (°). Or, l'enveloppe de ces lignes se réduit à l'origine. Comment l’auteur parvient-il à l'équation citée? Je l'ignore. Enfin, à la p. 14, on lit: « Considérons, par exemple, la courbe y4 + x! = at. » Les trois périodes cycliques de la quadratrice de cette » courbe sont nulles, car chacune des quatre asymptotes » y= + V+VZT x coupe la courbe en quatre points à » l'infini. » En laissant de côté la forme, assurément très-mau- vaise (°°), je me demande comment une courbe fermée peut être coupée, à l'infini, par des asymptotes imaginaires. D RE Me ME. à (*) Forcé d'interpréter les paroles de l’auteur, je leur attribue le sens qui me paraît le plus naturel. (**) A la p. 42, se trouve une ellipse encore plus forte que les précé- dentes : « Les deux branches o aa i de zt +V/—=1 Va a Une équation qui est deux branches! Parfois, l’auteur abuse des imaginaires. Je lis, à la p. 46: as « La fraction (°) se décompose en as + z zâ ENa Depot LE _ 2 Rr 2x ; me ned Poire hen VA tr A À quoi bon tous ces radicaux? a? — b donne, immédia- tement, a bt daz (2 + bj — 26 elc. Si, de celte même page 46, on fait z — at, on ob- tient, au lieu d’une formule beaucoup trop compliquée, sed en) MENO Mu+nN, zet PaVa PaVa Encore une fois, à quoi servent toutes ces imaginaires? X Une proposition, que M. Marie regarde, certainement, Comme une grande découverte (°°), est celle-ci :« les courbes i (*) Si l'auteur avait pris z =" , il eùt trouvé, au lieu de cette ex- Pression hétérogène, a ata (**) « M. Hermite se donnait un mal infini pour exprimer leur éva- » nouissement, lorsque je suis venu dire : Pour que les périodes logarith- » miques disparaissent et que la courbe soit, par suite, quarrable algé- » briquement, il suffit que chacune des asymptotes de cette courbe la (932) de degré m quarrables hase sont celles qui ont me points doubles et que leurs asymptotes cou- » pent (°) toutes en trois points situés à Pinfini (7). » Cette dernière hypothèse, faute de quoi le théorème énoncé pourrait bien s’en aller de lui-même, cette dernière hypo- thèse exige un examen assez long, pour lequel nous solli- citons la patience de nos confrères. 1° A la p. 8 du Mémoire, on lit : « les asymptotes ==? » des deux premières les coupent respectivement en trois » points situés à linfini ». Il s'agit des courbes représen- » tées par x° V x° = Va IT £ — 2 Considérons, par exemple, la première, c'est-à-dire la cissoïde. L'auteur prétend, comme M. Marie, que cette ligne est coupée, par son asymptote, en trois points S situés à l'infini. x 2a — €) i Soit x = 2a — £; alors y = + VE ; et, sensiblement, € 24 € » coupe en trois points situés à l'origine, c'est-à-dire que son équation » rentre dans le type » (yY — a, & — b,) (y — a, £ — b,) +. (y —- am & — bm) + Ëm (2Y) =0, » m-s désignant un polynôme complet du degré m — 5. » (*) Pour couper , il faut traverser ; ce qui n'a pas lieu, en général, PON re asymptotes aux courbes algébriques. Dans les travaux de M. Marie, et ns le Mémoire de son disciple, les mots reçoivent no. on le oit, pn acceptions contraires à celles que tout le monde connaît. (*") Nous respectons, scrupuleusement, la nd de l'auteur. (933 ) Ou les mots ont perdu leur signification, ou cette for- mule montre, clairement, que la cissoïde et l’asymptote ont deux points situés à l'infini; et non trois. 2° Ma lettre du 20 février 1875, reproduite (sans auto- risation) dans la Théorie des fonctions (t; HI, p. 552), con- tient le passage suivant : « Vous parlez, je crois, d'asymptotes ayant avec la » courbe (algébrique), trois points communs à l'infini. Je » Crois (°) avoir démontré que ce nombre de points est » nécessairement pair. Mais, probablement, il n’y a là que ’ » des différences de points de vue. » On voit combien mon langage était modéré, et avec quel soin j’évitais les affirmations tranchantes. Au lieu de Suivre mon exemple, M. Marie répond ainsi à la question que je lui adressais amicalement : « Si Pon rapporte une courbe du degré m à une de ses » asymptotes prise pour axe des y, l’équation de cette » courbe prend la forme | EY (ax? bx e) y" + (datter + (x+9)y" + -= 0; » Si cest nul et que g ne le soit pas, l’axe des y coupe (°”) » la courbe en trois points situés à linfini et en trois seu- » lement. » « Donc vous n’avez pas pu démontrer que le nombre » des points de rencontre à l'infini d’une courbe avec one ee PNR (*) La répétition des mots je crois sufirail à prouver que celte lettre tout intime, n’était pas destinée à la publicité (**) H y tient! ( 934 ) » une de ses asymptotes est nécessairement pair (). » À cette assertion, dont je ne veux pas qualifier la forme, je répondis, en substance : | « Ma démonstration va paraître dans la Nouvelle Cor- » respondance Mathématique; il vous sera donc facile de » la discuter. » C'est ce que M. Marie n’a pas fait. 3° Pour juger si la proposition énoncée ci-dessus est exacte, il suffit de prendre l'équation xy + ay — 1 —0, qui satisfait aux conditions indiquées. On en tire — a + Ve? + 4x L a V (a + 4e TER e a a Quant x est suffisamment petit, le produit (x5 + 4)x a le signe de cette variable. Done les points qui s’approchent indéfiniment de l’axe des ordonnées, en s’éloignant indéfi- niment de l’origine, sont situés du côté des abscisses po- sitives. > Cela posé, soit x — £ê, € désignant une quantité posi- tive, convergeant vers zéro. La valeur de ya est, Sensi- blement, Ainsi, la partie Oy’, de l’axe des ordonnées, est asympto- tique à une première branche de la courbe. hert AT M (*) Toujours la même absence de ponctuation! 2 ( 935 ) En second lieu, eeeh 2 2 VEN 2e e (85 + Wet + 4) la partie Oy, de l'axe des ordonnées, est asymptotique à une seconde branche (ou bras) de la cissoïde. Le nombre des points de la courbe, que l’on regarde comme situés sur l’asymptote, à une distance infinie de l'origine, est donc PAIR. Je sais bien qu’en vertu de nouvelles idées, on peut faire autrement Ja supputation. Par exemple (nous l'avons déjà dit), l'auteur du Mémoire prétend qu'une courbe fermée, convexe, a des asymptotes (imaginaires, il est vrai), et que ces asymplotes, qui n'existent pas, coupent la courbe en quatre points, situés à l’origine. J'ignore si, quelque jour, J'attacherai un sens raisonnable à ces expressions symboli- ques et paraboliques. En attendant, lorsqu'un théorème est en opposition avec les règlès du bon sens, je n’y crois pas! Heu XI Nous croyons avoir établi : 1° Que le Mémoire envoyé au Concours ne contient aucun résultat important, relatif à la théorie des fonctions de variables imaginaires ; 2° Que, si l’auteur du Mémoire n’est pas M. Marie lui- même, c’est un des plus fervents disciples de l'honorable Géomètre. | Dans cette situation, quel parti l'Académie peut-elle adopter ? Après avoir longtemps réfléchi à cette question délicate, je pense qu’une seule solution est possible, si, toutefois, les ( 956 ) règlements et les précédents de l’Académie ne s'opposent pas à ce que cette solution soit acceptée par mes hono- rables confrères. Voici comment on pourrait, peut-être, la formuler : Considérant : 4° Que le Mémoire portant pour devise Le Progrès est lent et pénible, ne répond pas, directement, à la question proposée ; 2 Que ce Mémoire, probablement rédigé par M. Maxi- milien Marie, peut être considéré comme un complément aux travaux de ce Géomètre; 3° Qu’au précédent concours, M. Marie a obtenu une mention honorable; 4 Que, depuis vingt ans, M. Marie s’est constamment appliqué à perfectionner la théorie des imaginaires ; 5e Que ses travaux, publiés dans le Journal de Mathé- matiques, dans le Journal de l'École polytechnique, ett., ont fait progresser la science; La Classe décide que 1° Le Mémoire cité n’a pas mérité le prix; 2 La médaille destinée à récompenser l'auteur du meilleur travail en réponse à la question proposée, sèra décernée à M. Maximilien Marie, si ce Géomètre est Vau- teur du Mémoire cité. » ; Rapport de M, De Tilly, deuxième commissaire. « Le premier commissaire ayant longuement discuté la forme et le style du Mémoire présenté, je ne m'y arrê- térai pas. Je ne reviendrai que sur les objections relatives au fond. ; 1. Le Mémoire ne traiterait des imaginaires que for incidemment. J'admettrais cette observation si la question ( 957 ) posée ne renfermait pas ces mots : soit dans ses applica- tions. A cause de ces mots, j'estime que le Mémoire répond à la question. 2. La contradiction signalée au n°1 du Rapport de M. Catalan existe en effet dans les termes employés par l'auteur. La solution trouvée est la plus étendue, mais elle n'est pas tout à fait générale, puisqu'elle laisse échapper des exceptions. C’est ce que l’auteur explique. 3. N'y a-t-il pas un peu d'exagération dans le n° IV du Rapport de mon savant confrère? Je ne vois pas où Pau- teur prétend que Clebsch s’est trompé, et quelques autres des noms cités ne se trouvent pas même dans le Mémoire, me semble-t-il. 4. Au § VIII, relativement à la lemniscate, je suis presque sûr que M. Catalan n'entend pas le mot conju- guées dans le sens qu'y attache l’auteur, et que nous devons naturellement y attacher aussi. . Au même paragraphe, sur la question de l’asymp- tote imaginaire, il n’y a pas non plus contradiction dans le Mémoire. C’est une branche imaginaire, ou une conju- guée, qui est rencontrée à l'infini par ver imagi- naire de même caractéristique. 6. Sur le nombre des points à l'infini communs à une Courbe et à son asymptote , je ne m'accorde pas davantage avec M. Catalan. Il serait trop long d'en expliquer ici les raisons. Elles se trouvent exposées dans la Nouvelle Correspondance Mathématique , t. I, pp. 49 et 149. Mon savant confrère dit, vers la fin de son Rapport : « J'ignore si, quelque jour, j’attacherai un sens raisonnable à ces expressions symboliques. » Mais le sens qu'y attache M. Marie est parfaitement raisonnable, parfaitement clair et rapporté à des lignes réelles. D'ailleurs, quand même 2€ SÉRIE, TOME XLII. 61 ( 958 ) on rejetterait complétement les imaginaires, je ne m'en- tendrais pas encore avec M. Catalan sur le nombre des points réels à l'infini. Ce n’est pas sur les imaginaires que portait la discussion dans la Nouvelle Correspondanc Mathématique. ` La seule observation du Rapport au sujet de laquelle je partage entièrement l’avis de mon éminent confrère, c’est que le Mémoire envoyé au Concours ne contient aucun résultat d’une importance majeure. Il se compose d’une suite de restrictions apportées à certains théorèmes énoncés par M. Marie; ou, tout au moins, de restrictions apportées au sens dans lequel le lecteur pourrait être tenté de comprendre ces théorèmes. Si, donc, j'étais obligé de me prononcer sur ce Mé- moire, pris isolément, je ne pourrais lui accorder le prix: Mais mon honorable confrère propose de décerner une récompense à l’ensemble des œuvres de M. Maximilien Marie. J'ai à peine besoin de dire avec quel empressement je me rallie à cette proposition, moi qui déjà, il y a deux ans, inclinais vers la solution la plus favorable au travail présenté alors par le géomètre que je viens de citer. J'ai lu les trois volumes de la Théorie des fonctions de varia- bles imaginaires, par M. Marie. Je ne dirai pas que j'aie tout compris : il s’en faut. Mais ce que j'ai compris, Cé que j'ai trouvé, dans cette théorie si peu connue , f'ori- ginal, d'exact et de remarquable, suffit pour que j'appuie fortement la proposition d'un prix spécial en dehors du Concours, et pour que j'engage vivement l'Académie à s'associer, par ce moyen, à la réparation d'une trop longue injustice. Aux considérants formulés par notre confrère en faveur de cette proposition, j'ajouterai ceux-ci : (‘959 ) 1° Qu'il y a deux ans (alors que le Mémoire de M. Marie, jugé très-digne de remarque, a obtenu une mention hono- rable), les commissaires, en proposant de remettre la ques- tion au concours, exprimaient l'espoir de voir le même concurrent répondre à leur appel. Le Mémoire dont je viens de parler a été inséré depuis dans le tome II de la Théorie des fonctions de variables imaginaires. 2° Qu'il est temps, contrairement à l'opinion de M. Marie(”), de faire disparaitre du programme une question destinée, si elle y restait, à nous replonger tous les deux ans dans l'embarras d'où nous cherchons aujourd’hui à sortir. Mon honorable confrère se demande, en terminant, si nos conclusions sont bien conformes aux règlements et aux précédents de l'Académie. Certes, la question est controversable. Placés dans des circonstances exception- nelles, nous avons cru pouvoir proposer une solution exceptionnelle. J'essayerai toutefois d'établir que, si elle n'est pas visiblement conforme aux règlements et aux précédents , elle n’y est pas non plus formellement con- traire. Mais cette explication ne doit être donnée, je pense , qu'après la lecture de tous les Rapports, et lorsque la discussion s’ouvrira sur les conclusions unanimes des trois commissaires. » M. Steichen, troisième commissaire, déclare souscrire aux propositions de ses deux honorables collègues. Plusieurs membres présentent des objections contre la proposilion de décerner un prix en dehors des conditions ordinaires des Concours. C°) Ouvrage cité, t. HI, p. 552. ( 940 ) M. De Tilly demande que, eu égard au peu de temps dont la classe dispose dans sa séance d'aujourd'hui, dont l’ordre du jour est très-chargé, on procède au vote par division sur les conclusions unanimes des commissaires. On voterait aujourd’hui sur la première partie (proposition de ne pas couronner le mémoire actuel) et l’on réserverait pour la séance prochaine la discussion approfondie de la seconde proposition (prix spécial à accorder à M. Maximi- . lien Marie, pour l’ensemble. de ses travaux sur les imagi- naires). La classe, tout en réservant à M. De Tilly le droit de présenter sa seconde proposition dans une autre séance, et partageant l'avis unanime des trois commissaires, décide qu’il n’y a pas lieu de décerner le prix au mémoire en ques- tion. Un mémoire, portant pour devise : La structure molécu- laire des corps est prévue par analyse et confirmée par la synthèse, a été reçu en réponse à la quatrième question : On demande de nouvelles expériences sur l’acide urique et ses dérivés, principalement au point de vue de leur struc: ture chimique et de leur synthèse. Rapport de M, L.-G, De Koninck, premier commissaire. « Depuis plusieurs années l’Académie avait à son pro- gramme de concours la question suivante : On demande de nouvelles expériences sur l'acide urique etses dérivés, principalement au point de vue de leur struc- ture chimique et de leur synthèse. Un mémoire important lui a été enfin envoyé en réponse ( 941 ) à cette question. Ce travail, qui a pour titre : De la syn- thèse des dérivés uriques, et pour devise : La structure moléculaire des corps est prévue par l’analyse et confirmée par la synthèse, est divisé en trois parties, comprenant la première des considérations générales sur la constitu- tion et la synthèse de la série urique, la deuxième des . recherches expérimentales, et la troisième les conclusions. La première de ces deux parties est divisée elle-même en trois paragraphes, traitant le $ 1 de la constitution des dérivés uriques, le § 2 de la constitution de l'acide urique, de la sarcine et de la xanthine, et le $ 3 de la synthèse des dérivés uriques. La deuxième partie est composée de trois chapitres, dont le premier a pour objet la transformation de l'acide oxalu- rique en acide parabanique et la constitution de ce der- nier acide, le deuxième l’action de l'acide pyruvique et de l'acide glyoxylique sur Purée. Le chapitre II est divisé en trois paragraphes dont le $ 1 comprend les uréides pyru- viques, le § 2 les uréides glyoxyliques, et le $ 5 la consti- tution des uréides glyoxyliques et pyruviques. Dans le cha- pitre II l’auteur s'occupe de l'action de l’asparagine sur Purée et des uréides maliques. Connaissant le plan général du travail qui est soumis à notre appréciation, examinons de quelle façon l’auteur s’y est pris pour l’exécuter. 4'< partie, $ 1. L'auteur fait observer que l'acide urique C5 Hé Az4 05 se dédouble dans deux sens différents suivant les réactifs mis en jeu. Par l’action de l'acide nitrique, le dédoublement final de l'acide urique peut être représentée par l'équation : CSHIA2305 + O + 3H20 = 200 Az HS + C3 H? OS. Urée. Acide urique. Ac. mésoxalique. ( 942 ) Cette équation donne une première notion sur la structure de l’acide urique qui parait formé par l’union de deux molécules d’urée et d'un acide à trois atomes de carbone avec élimination d’eau. j | - Mais cet acide à trois atomes de carbone ne résistant pas aux agents oxydants qui transforment l'acide urique en allantoïne, son carbone s’élimine en partie sous forme d'anhydride carbonique, le résidu donnant un acide à deux atomes de carbone qui reste combiné avec les deux molé- cules d’urée. On obtient une donnée plus rationnelle sur la constitu- tion de l’acide urique par suite de son dédoublement en urée et en alloxane. En effet, on est presque unanime sur la constitution de celle-ci, que l'on peut envisager comme du mésoxalate d’urée, moins deux molécules d’eau ou mésoxalylurée. Or, la formule rationnelle de l'acide oxalurique étant repré- sentée par COOH Co Coon celle de l’aloxane anhydre ou mésoxalylurée sera CO — AzH CH?42208 — (CO N co CO — AzH ou hydratée à 100° CO — Az Corsa? 05 = C(0H} b co CO — Azi A cette formule correspond celle de nombreux corps ( 945 ) qui s’y rattachent et qui forment une première série de dérivés uriques, la série alloxanique. Dans d’autres réactions l'acide urique est plus profon- dément oxydé et fournit des dérivés renfermant des rési- dus d'acides à deux atomes de carbone, formant la série parabanique, laquelle tire son nom de loxalylurée ou acide parabanique constitué comme l’alloxane : C3H?A2203 = | > co § 2. Après avoir indiqué les formules de constitution de l'acide urique proposées par MM. Kolbe et Erlenmeyer, auxquelles il aurait pu ajouter celle donnée en premier lieu par M. Ad. Claus, et rappelé celles de Mulder, d'Höffner, de Strecker, etc., l’auteur est d'avis qu’elles pré- sentent toutes les mêmes caractères et de probabilité et d'incertitude. Cet avis est motivé par quelques considéra- tions pratiques. Il se fonde ensuite sur la propriété que possède l'acide urique de se transformer sous l'influence de l'H naissant, successivement en xanthine et en sarcine pour admettre que des trois atomes d'O de l'acide urique, deux se trou- vent à l’état d'oxhydryle et que l'acide urique dérive dans ce cas, non de l’urée, mais de la cyanamide. Il arrive ainsi à la formule suivante : Az = C = Azll HO — C | M HO — CH $ G L ( 944 ) En effet, un tel coniposé par hydratation et par oxyda- tion peut fournir tous les produits que donne l’acide urique. Toutefois, ainsi que le fait remarquer l’auteur, cette for- mule et celles qu’il en déduit, doivent être présentées avec toutes réserves, quoique ayant un grand degré de proba- bilité. § 3. Dans ce paragraphe dans lequel l’auteur traite, comme nous lavons fait observer, de la synthèse des dérivés uriques, il passe en revue les principaux travaux de ses devanciers et termine ses observations en indiquant le résumé de ses propres recherches. Ces recherches com- ` prennent : 4° la transformation de l'acide oxalurique en acide parabanique; 2 l’action des acides acétoniques et aldéhydiques sur l’urée, et 3° l'étude des composés (uréides maliques) que fournit l’asparagine par sa fusion avec l’urée. L'exposé de ces expériences forme la deuxième partie du mémoire. Le $ 4 du chapitre I de cette partie est consacré à la transformation de l'acide oxalurique, dont M. Henry à obtenu synthétiquement l’éther, en acide parabanique. L'auteur y est arrivé par l'action du perchlorure de phos- phore qui a donné lieu à la formation d’un corps ayant tous les caractères et la composition de l'acide paraba- nique. Dans le § 2 l’auteur discute la constitution de l'acide parabanique qu'il considère comme une uréide oxalique, opinion qui sera corroborée plus loin par une autre syn- thèse de l’acide parabanique. Le $ 1 du chapitre II traite des uréides pyruviques et de la synthèse de l’acide parabanique. L'auteur y fait ob- server que l'urée et l’acide pyruvique réagissent facilement à 100° et que, suivant les proportions relatives des deux ( 945 ) corps, on peut obtenir quatre composés, dont deux seule- ment sont cristallisés. Ce sont : La diuréide pyruvique ou pyruvile. . . C H8 Az? 05 La triuréide dipyruvique . . . . ~ . C? H'? A2605 La tétrauréide dipyruvique. + . . . . CIS H!6 AzS 07 La tétrauréide tétrapyruvique. . . . . C!6H16 Azs 08? En outre le pyruvile C HS Azt O5 et la triuréide dipy- ruvique C° H!2 A76 O5 fournissent par l’action des réactifs la mono-uréide pyruvique C4 H# Az? O? ainsi que son dérivé nitré C4 H5 (Az 02) Az? 0? lequel, traité par le brome et Peau, se dédouble en bromo-picrine et en acide paraba- nique; réaction importante, dit l’auteur, en ce qu’elle rat- tache les uréides pyruviques à la série urique. Le reste du même paragraphe, qui comprend 24 pages in-4°, est consacré à la description des propriétés des divers composés que je viens de relater, à celle de leurs dérivés nitrés et bromés et à leur analyse. Le $ 2 a rapport aux uréides glyoxyliques et à la syn- thèse de l’allantoïne. Afin de réaliser cette synthèse, Pau- teur est parti de l'idée que l'acide pyruvique présentant avec l'acide glyoxylique la même relation d’homologie que l’acétone avec l’aldéhyde, il lui a paru possible de réaliser la formation d’un composé de la formule C6 H6 Azt 05, isomérique ou identique avec l’allantoine, en faisant réagir l'acide glyoxylique sur l’urée. L'expérience a démontré que le corps ainsi obtenu se confond par toutes ses propriétés avec l’allantoïne. Mêmes propriétés physiques et chimiques, même Composition, même forme cristalline, en un mot identité parfaite avec Pallantoïne ordinaire. Dans le $ 3 l'auteur expose avec détail ses idées sur la ( 946 ) constitution des uréides glyoxylique et pyruvique etadmet pour lallantoïne la formule suivante : i AzH — CO — AzH? dont celle du pyruvile ou diuréide pyruvique est l'homo- logue : cHs | _AzH — CO — AzH? c s AzH | GO — AzH > co. L'auteur, après avoir fait observer que deux corps dis- tincts ont été décrits sous le nom d'acide allanturique, Yan par Pelouze et l'autre par M. Mulder, ajoute que l'existence de deux corps, l'un en C3 et l’autre en C”, lui paraît très-probable. Il fait observer en outre que ces deux acides prennent naissance dans des conditions semblables et qu’ils seraient les homologues des uréides pyruviques s'ils ne renfermaient une molécule d’eau de plus. Il est permis néanmoins, dit-il, de ie Et ces corps et d'établir les séries suivantes : C4 H6 Azt 05 ' C5 H8 Az! 05 Allantoïne. Pyruvile. C5 H? Az? 02, H? O C1 H4 Az? 0? en Monouréide pyruvique. ( de Pelouze). C7 H8 Az 05, H? O C9 H!2 Azê 0% Triuréide diglyoxylique Triuréide dipyruvique- (acide siiis de Mulder). C8 H!2 Azi O4 c10 His Azt Ot Glycolurile. Lacturile (inconnu). 947 ) C5 H! Az? 0? Hydantoïne. Lactylurée d'Urech (1). Le troisième chapitre traite exclusivement de l’action de l'asparagine sur l’urée et des uréides maliques. Au point de vue de son développement ce chapitre lem- porte de beaucoup sur les précédents, puisque à lui seul il occupe à peu près le tiers du mémoire. L'auteur y passe en revue un grand nombre de produits qu'il a obtenus par diverses réactions, en donne les caractères distinctifs et les formules appuyées sur un grand nombre d'analyses parfaitement concordantes et supérieurement exécutées. Il termine par des considérations assez développées sur la probabilité des formules de constitution à donner aux produits qu’il a soumis à ses investigations. Une analyse de cette partie du travail serait impossible sans entrer dans des détails qui équivaudraient presque à la reproduc- tion des considérations émises par l’auteur. Les quatre dernières pages du mémoire comprenant la troisième et dernière partie ne renferment que les conclu- Sions que l’auteur a tirées de ses recherches. Ces conclusions que je transcris ici et qui pourront donner une idée du mérite du travail sont les suivantes : (1) Je crois devoir faire observer qu'à la séance de l'Académie des sciences de Paris du 3 juillet dernier M. Ed. Grimaux a enon une note sur la synthèse de l'allantoïne, dans laquelle le savant chim te reproduit à peu près textuellement tous les caractères de l'allantoïne pees dans le mémoire du concours et en outre sa formule de constitution ainsi que les deux séries parallèles dont il vient d’être question. Si le mémoire que l'analyse ici est de M. Grimaux, ce qu’il ne m'est pas permis d'affirmer, il est à regretter que ce chimiste ait cru devoir livrer à la publicité une des Principales parties de son travail, avant le jugement du concours. (Voir Comptes rendus, t. LXXXIII, pp 62 et suiv.) ( 948 ) « 1° Les acides aldéhydiques et acétoniques, en réagis- sant sur l’urée, donnent naissance à des composés absolu- ment analogues, par leur constitution et leurs réactions, aux dérivés uriques proprement dits. » X La diuréide glyoxylique est identique avec Fallan- toine. » 3° Le pyruvile, homologue de l’allantoïne par sa for- mule brute l’est également par ses réactions et sa formule de constitution. » 4° Ce corps et les autres uréides pyruviques se ratta- chent de plus à la série urique par leur dédoublement final en acide parabanique dont la synthèse totale est ainsi réalisée. » Be Les uréides maliques sont constituées comme les dérivés uriques; ce sont des chaînes fermées dans les- quelles un groupement diatomique est substitué à deux atomes d'hydrogène d'une seule molécule d’urée. » 6° Ces uréides maliques se rattachent au groupe des composés alloxaniques; l’acide malyl-uréique, en effet, donne avec le brome l'hydromalonylurée bibromée, qui, sous l'influence de Pammoniaque, fournit de l’isoalloxanate d'ammonium. » 7° Enfin, ces recherches indiquent la voie que je mé propose de suivre pour réaliser la synthèse de l’alloxane et peut-être de la sarcine, de la xanthine et de l'acide urique. | » Ainsi, l’acide-aldéhyde correspondant à l’acide tartro- nique et qu'on pourrait appeler acide tartroxylique Ten- fermerait H—C—0 CH,0H ĉo? H ( 949 ) » Un tel corps se combinerait à l’urée et donnerait une diuréide qui, d’après les analogies, serait facilement con- vertie en alloxane. » De même l’acide-aldéhyde malonique fournirait la malonyl-urée. » Malheureurement, ces acides ne sont pas encore connus; je me suis occupé depuis longtemps de leur obtention, mais je ne suis pas encore arrivé à des résul- tats satisfaisants. Je poursuis ces recherches. » D'autres procédés peuvent également être tentés; pour arriver à la synthèse de l’alloxane, je me propose de les essayer prochainement et j'espère qu’ils me permet- tront enfin d'atteindre le but que je me suis proposé dès le commencement de ces recherches. Ce but est de repro- duire par synthèse totale tous les dérivés de l’acide urique; peut-être dans le cours de ces travaux serai-je assez heureux pour entrevoir la possibilité de réaliser la syn- thèse de l’acide urique lui-même. » De ce qui précède il résulte que le mémoire qui a été soumis à mon appréciation doit avoir pour auteur un chi- miste expérimenté, parfaitement au courant des théories modernes et des travaux de ses devanciers. Ses déductions sont logiques et ses idées théoriques ont reçu à diverses reprises la consécration de l'expérience , ses nombreuses analyses me paraissent avoir été faites avec un très-grand Soin et sont parfaitement concordantes. J'estime done que le mémoire sur la synthèse des dérivés uriques mérite l'approbation de l’Académie; je demande que la médaille d'or lui soit décernée et que le travail soit inséré dans les Mémoires in-4° de la Compagnie. » ( 950 ) Rapport de M. Sias, deuxième commissaire. « L'analyse faite par mon savant confrère M. De Ko- ninck du mémoire de concours qui a pour titre : De la synthèse des dérivés uriques, me permet de borner mon rapport à un avis sur la valeur de ce travail. L'Académie a demandé de nouvelles expériences sur l'acide urique et ses dérivés, principalement au point de vue de leur structure chimiqne et de leur synthèse. L’au- teur reconnaît qu'il n’a pas résolu complétement la ques- tion posée. Ainsi en terminant son mémoire il dit expres- sément qu'il n’est pas parvenu à « reproduire par synthèse totale tous les dérivés de l'acide urique » et notamment un des principaux, l’alloxane, et qu’il espère être « assez heureux pour entrevoir la possibilité de réaliser la synthèse de l'acide urique lui-même. » Dans cet état de choses il s’agit d'examiner si les recherches de l’auteur sont assez importantes pour mériter la récompense offerte par l'Aca- démie. Je n'hésite pas un instant à résoudre affirmative- ment cette question. Je me fonde, à cet effet, sur les syn- thèses effectnées par l'auteur et notamment celles de l’allantoïne et de l'acide parabanique qui réalisent la reproduction synthétique de tous les dérivés du groupe parabanique. Le mémoire est écrit avec clarté et élégance; il révèle un chimiste habile, parfaitement au courant des travaux exécutés sur les dérivés uriques, et des considérations qui ont été émises à ce sujet. | Les recherches exposées dans ce mémoire ont été indu- bitablement entreprises pour répondre à la question posée par l’Académie; pour ce motif et sans m’arrêter au fait que ( 951 ) quelques-unes des découvertes, consignées dans ce tra- vail, ont été annoncées, dès le 4 juillet dernier, à l'Aca- démie des sciences de l’Institut de France, j'ai "honneur de me joindre à mon savant confrère M. De Koninck pour proposer à la classe de décerner à l’auteur la médaille d’or, de l’engager à continuer ses recherches et d'insérer son travail dans le recueil des Mémoires couronnés, » -~ . Rapport de M, Donny, troisième commissaire. « Je partage complétement la manière de voir de mes savants confrères MM. De Koninck et Stas sur la valeur du mémoire de concours examiné. par eux. Je propose à la classe de faire imprimer le travail, de décerner la médaille d'or à son auteur, et d'engager celui-ci à continuer ses recherches. » La classe, adoptant les conclusions de ses trois rappor- teurs, vote le prix à l'auteur du mémoire, L'ouverture du billet cacheté a fait connaître comme auteur M. Édouard Grimaux, agrégé de la Faculté de méde- cine, répétiteur à l'École polytechnique de France, à Paris. (952 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. $ Synopsis des Agrionines (suite de la 5"° Légion : AGRION); par M. Edm. de Selys Longchamps, membre de l'Aca- démie. Sous-genre 17. — ANISAGRION, pr SELYs. Secteur inférieur du trisngle naissant à la nervule basale postcostale, qui est placée entre la 1"° et la 2° antécubitale. Ptérostigma presque carré; 10-13 posteubitales. | Des taches postoculaires claires, parfois mal délimitées. Lèvre inférieure fendue dans plus de son tiers apical, à branches droites, distantes. _ Coloration dimorphe : ou bleuâtre ou rougeâtre, presque semblable dans les deux sexes. Tête assez robuste; thorax oblong; abdomen médiocre. Cils des pieds assez longs, un peu divariqués (5 aux tibias postérieurs en dehors). Onglets à dent inférieure plus courte que la principale. : Ptérostigma des ailes supérieures un peu oblique; celui des inférieures plus haut que long, droit. A partir du niveau du ptérostigma la nervure médiane s'écarte notablement du bord de l'aile (aux inférieures seulement). Le 40° segment court, terminé par un tubercule dorsal fourchu , redressé, Appendices supérieurs courts, contournés; les inférieurs longs, subeylindriques, écartés. © Ptérostigma carré, semblable aux quatre ailes. (Aux infé- rieures le secteur principal ne s'écarte pas plus du bord que de coutume. Pas d'épine vulvaire. mais lé x ( 953 ) Patrie : Amérique centrale et Mexique tropical. A. allopterum (et race? rubicundum). NB. C'est une forme bien curieuse par l’anomalie que présente aux secondes ailes du mâle la direction de la nervure médiane. Il y a là une certaine analogie avec ce qui existe chez l'Anomalagrion ; mais dans ce dernier sous-genre il s'agit de l'aile & AER 4 5 périeu L'Anisagrion rappelle un peu les Acanthagrions par le 10° segment (voir A. api- cale). Une autre particularité quable c'est l'exist de deux colorations très- différentes se produisant dans les deux sexes de la même espèce , car les formes sont si semblables chez le type et chez la race rougeâtre, que je ne puis pas croire KET Braks à une différence spécifique. Ge d 186. AnisaGRION ALLOPTERUM, de Selys. Abdomen o” 27-28mm; © 27, Aile inférieure o“ 18-19; Q 18 LS FE o Ptérostigma des supérieures très-court épais, en losange oblique, presque carré, couvrant moins d’une cellule, noir finement cerclé de livide, entouré d’une nervure noire. Celui des inférieures tout à fait Carré, non oblique, le côté externe même un peu convexe en bas, la ner- vure médiane de ces secondes ailes s'éloigrant du bord en quittant le Plérostigma pour se rapprocher beaucoup du secteur principal et s’épais- sissant jusqu’à la pointe de l'aile et l'espace entre elle et le bord après le Ptérostigma rempli de 4-5 grandes cellules plus hautes que longues et le bord garni plus ou moins d'un second rang de cellules marginales très- petites : Quadrilatère à côté supérieur ayant iJ, de l’inférieure aux premières ailes, 3), aux secondes. Ailes un peu salies, pétiolées jusqu’à la nervule 4re et la 2° antécubitale. 10-12 (15) posteubitales. Au bord extrême des ailes les très-petites cellules margi- ned ont leurs nervules épaissies , Ce qui donne une apparence noire à ce rd i Lèvre inférieure et derrière des yeux jaunâtre livide. La supérieure et la face bleuâtre påle ou olivàtre, excepté le dessus de l’épistome et le front qui sont noiràtres. Dessus de la tête et occiput noirâtres avec deux très- noirâtre avec deux taches et le bord olivâtres. un peu tronqué, avancé, réfléchi. Thorax vert olivâtre ou bleuà ` ayant en avant une bande dorsale noire épaisse et t(chezl amrer une bande humérale bru ° SÉRIE, TOME XLII. tre clair, adultes n noiràtre un peu courbée qui 62 (954) parfois n'existe qu'inférieurement. Le dessous un peu jaunâtre. Abdomen médiocre noirâtre en dessus, l'articulation basale des 2-7° et le dessous vert ou olivätre. (Chez un des exemplaires sans doute très-adulte, le dessus des 8-9e segment est bleuâtre pulvérulent), 10° segment moitié plus court que le 9e, son bord postérieur redressé subitement en une lame aplatie subcarrée à peine penchée en arrière, échancrée au bout en Vv ce qui forme deux pointes triangulaires, ; Appendices anals obscurs; l excavés; les inférieurs presque aussi En que le 10° segment, écartés en cornes fines courbées l’une vers l'au Pieds bleuâtres ou jaunâtres ; ne des ae extérieur des tibias à leur base et cils noirâtres, ceux-ci assez longs, un na divariqués (5 aux tibias postérieurs), onglets à dent inférieure plus courte © Le ptérostigma surmontant une cellule, la aies Len des ailes ordinaire normale, semblable aux quatre, non ombrée de n Face olivätre ; pas de noir à l’épistome. Dessus de la tête avec une je hibe roussåtre entre les yeux, mais le De formé par les ocelles restant noirätre obe ed du prothorax moins avancé. Thorax comme chez le ‚mâle plus adulte, mais le fond olivàtre. Abdomen plus épais, le 10° seg- ment très-court, étroitement fendu. Le noir bronzé du dessus fort rétréci dans la première moitié du 8° segment. Appendices ve wire ans ourts. Patrie : Guatemala, plusieurs mâles et une femelle par M. Juan Rodri- guez. Putla (eine beige) Des Selys P. te an t ndis ailes pétiolées jusqu’à la nervale aile do les deux sex 'anom avec malie dans la nervation du bout des ailes inférieures a gs analogie _ ce qui existe chez l’Anomalagrion hastatum (mais là c'est aux ailes supérieures qu’elle existe.) Race? ANISAGRION RUBICUNDUM, de Selys. Abdomen o 28mm; Q 26. Aile inférieure &” 18; Q 19. o" Q Très-semblable pour les formes à l’allopterum type, mais diffèrent par la colloration du corps, où le rouge clair domine, l'abdomen étant rouge jusqu'au 6° segment. Lèvre inférieure et derrière des yeux jaunàtre livide. Face olivâtre clair, le dessus de l'épistome du front et de la tête noirâtres avec grandes (955) taches postoculaires olivàtre ae reliées par le bord occipital de mème couleur, mal arrêtées en arrière. Prothorax noirâtre avec deux grandes taches jaunâtres, le lobe. postérieur arrondi, un peu tronqué, gi zaan Thorax jaunâtre avec une large bande dorsale brune, séparée ux par l’arête jaunâtre. Abdomen rouge jaunâtre jusqu’au 6° op a articulations finement cerelées de noir; le tiers terminal {du 6e noir; 7-10e noirs en dessus, jaunâtres en dessous, mais le dessus du 8° et la base du 9e bleuâtre pulvérulent. La lame redressée du 10e segment comme chez le type, mais jaune en arrière. Appendices anals semblables mais livides, obscurs au bout seulement. Pieds jaune pâle, l'extérieur des fémurs, une ligne basale externe aux quatre tibias antérieurs, les cils et les onglets obscur. © bide comme le mâle, mais la face et le dessus de la tête roux oli- vâtre avec une bande transverse noire entre les yeux, passant sur le On, des ocelles. x et pan colorés comme chez le mâle jusqu’au 6e segment, mais ten rouge un peu plus jaunâtre; 7° segment brun noirâtre avec appa- rence d'un anneau antéterminal plus clair; les trois derniers jaunàtre livide, le 8° un peu enfumé, les appendices anals-et les valves vulvaires Jaunâtre pâle. Patrie : Putla (côte pacifique du Mexique), un couple unique. (Goll. Selys.) NB. Elle est PARE semblable de forme à l'allopterum qu ‘on ne peut guère la considérer que comme une race, malgré l'absence de BE dorsale bronzée sur es six premiers E s de abdomen dans les deux se n trouve, il est vrai , des exemples de dimorphisme sne en fait de aila- ration chez les Platycnemis. Le couple est un peu jeune, mais je ne crois p bronzé à abdomen tienne à l’âge. as que l'absence de bande noir Sous-genre 18. — ERYTHRAGRION, pe SELS. AGrion, Perty, Hagen Terrsasis (Pars), de Selys. Secteur inférieur du triangle naissant à à la nervule basale postcostale, qui est placée à peu près entre la 1° et la 2° anté- cubitale, ou un peu plus près de la Are, Ptérostigma en losange ou rhomboïde, plus oblique en dehors, semblable aux quatre ailes; 9-44 postcubitales. ; Pas de taches postoculaires claires. ( 956 ) Coloration rouge presque uniforme chez le mâle. Abdomen de la femelle souvent bronzé. Tête petite; thorax oblong, grêle; abdomen médiocre. Lèvre inférieure fendue dans son tiers ou sa moitié apicale, les branches plus ou moins distantes. Cils des tibias longs, divariqués (5-7 aux postérieurs en dehors); onglets à dent inférieure plus courte quela principale. o Le 10° segment court, généralement échancré et relevé au milieu en protubérance ou cornes. Patrie : Amérique tropicale. À. Derrière de la tête noirâtre. E. filiola— dominicanum — vulneratum — erythrinum. B. Derrière de la tête jaunâtre, E. salvum — corallinum — coccineum. NB. Afin de faciliter la détermination, il est utile de les PEE, avec les autres sous-genres chez lesquels la coloration rougelire prédomin de taches postoculaires les sépare des Xanthagrion et des Luis wagen es de ces groupes ont d’ailleurs une épine vulvaire). ailes pétiolées jusqu’à la nervule postcostale lesen éloigne encore, de même que sa Pyrrhosoma et des Amphiagrion (ce dernier groupe est en outre pourvu d'une épine vulvaire). Les Erythragrion ressemblent davantage aux Oxyagrion par les ailes très-pé- er mais beer ceux-ci les mâles ont le 10e segment et les appendices anals t, les derniers segments montrent du bleuâtre, et les femelles iéiérieure es 187, ERYTHRAGRION FILIOLA, Perty. Acron rinioza, Perty; Delect. Anim, Articul., p. 125, tab. 25, fig, 4 — Abdomen 9° 18-19mm; © 19. Aile inférieure d’ 12 ‘/,-13; Q 15. d Ptérostigma oblong, un peu oblique, couvrant une cellule, brun, un peu olivâtre à Pentour. Quadrilatère à côté supérieur ayant aux premières (957) ailes moins de ‘/,, aux secondes plus de ‘/, du côté inférieur. Ailes hya- lines, pétiolées jusqu’à la nervale postcostale, qui est placée un peu plus près de la {re que de la 2e antécubitale ; 9-10 postcubitales. Bronzé carmin marqué de brun. Tête médiocre. Lèvre inférieure jaunâtre livide ; le reste de la tête noir bronzé, excepté une fine bordure antérieure à la lèvre supérieure, le rhi- narium, les joues, le front, qui sont jaunâtres el une fine et courte ligne occipitale brune. Le derrière des yeux est noir, excepté le bord même contre l'œil, qui est jaune livide; er et 2e articles des antennes courts, jaunâtres en avant, 3° un peu plus long, noirâtre. Prothorax noir avec une marque latérale jaunâtre; le lobe postérieur redressé en une plaque pres- que carrée, largement mais peu profondément échancrée. Thorax noir bronzé en avant jusqu’à la suture bumérale qui est fine- ment jaune, ainsi que Parête dorsale; les côtés et le dessous jaune olivâtre avec une raie juxta-humérale obscure (parfois oblitérée,) et un petit trait Supérieur obscur sous chaque aile. Abdomen médiocre, assez court, rouge carmin ; l'extrême base du fer segment et le bout du 10° en dessus un peu obscurs. < Le dernier segment plus court que la moitié du 9°, son bord étroitement échancré, les deux bords de l'échancrure en festons un peu redressés. Appendices anals supérieurs roux, beaucoup plus courts que le segment en tubercules larges tronqués obliquement au bout qui est obscur. Les inférieurs plus pâles un peu plus longs que les supérieurs, coniques, le ut un peu tourné en haut et en dedans. Pieds jaunes, une raie noirâtre à l’intérieur des fémurs et commence- _ ment d'une ligne latérale aux tibias obscures ; cils très-longs, divariqués, (6 aux tibias Ha onglets à dent inférieure à peine plus courte que la supérieu Variéte d'âge : - Le Dr Hagen m'a communiqué une description qui indique quelques différences de coloration avec les exemplaires que je viens de signaler : les côtés du thorax roussâtres ; les pieds rougeâtres; une tache triangulaire en dehors de chaque ocelle postérieur et la ligne occipitale rougeâtres. Bord postérieur des 5-6° segments brun. (D'après une description mss. du Dr Hagen.) Même taille. Bord postérieur du prothorax trilobé, le lobe médian plus large, arrondi, rougeâtre, le postérieur bronzé, excepté une tache médiane et le bord jaunâtres. La partie bronzée du devant du thorax moins large ; en un mot, il est orangé rougeâtre, avec deux bandes dorsales rapprochées et une bis antéhumérale bronzée mal arrêtée. Il y a deux tubercules car- rés élevés près de l'échancrure mésothoracique. Pieds sans lignes obscures ( 958 ) aux tibias. Abdomen bronzé en dessus, les incisions et le dessous jaunes, le jaune entamant un peu le bronzé avant la fin des segments. Deux taches au bout du 8e, le bord final du 9° et le 10e presque en entier jaune orangé. Le 10e court tronqué obliquement, fendu dans sa moitié. Appendices anals courts coniques, noirs, entre eux une protubérance arrondie. Valvales vulvaires droites DEI, un peu plus longues que le bout. Pas d'épine avant les valvu Patrie : Brésil Un mâle par x de Claussen ; un autre de Rio Grande, le 10 décembre, par Walthère de Selys. (Coll. Selys.) Les types de Perty étaient des montagnes de Minas-Geraes; Ceux de Hagen de Pernambuco, si B. La description de Perty est très-vague et la figure mauvaise, comme le Ra Eu mais elles then convenir à l'espèce décrite, qui est la plus petite du groupe. 4 Elle differe aussi des espèces brésiliennes voisines , par la coloration noire de la lèvre supérieure de l'épistome et surtout du derrière des yeux. Ce dernier carac- tère ne se retrouve que chez l’erythrinum qui est beaucoup plus grand et n'a pas de noir à la lèvre ni à l’épistome et chez le dominicanum et le vulneratum. (Voir ces espèces.) 188. ERYTHRAGRION DOMINICANUM, de Selys. AGRION DOMINICANUM, de Fran Hist. de Cuba ed R. de la Sagra, p- 466; , neur. n. Amer., 4 j — RUBRUM, Hag ( (Lie ji la Galate — voznerarum, Hagen, Syn. n. er neur., n° 25 ~ partim). Abdomen o” 24-26"m ; © 26. Aile inférieure o” 16-18; Q 17. g nd rimes Les ef. couvrant une cellule, brun où un peu plus clair à l'entour. Quadrilatère à côté supérieur ayan x pre mières ailes moins rde la ‘/,, aux secondes la ‘/, du côté ae Ailes ph , pétiolées jusqu’à la nervule postcostale, qui èst placée eutre la et la 2e antécubitale ; 9-40 postcubitales. ne assez robuste. Ear èvre inférieure jaune påle, la supérieure et la face rouges; le dessus noir bronzé, le bord occipital finement jaune en étroitement jaune ; antennes drek Jer et 2e articles courts, le 5° plus long. io noir, sa base, les bords médians et un liséré au posté- rieur orangés. Le lobe postérieur avancé en feston arrondi, un peu déprimé au milieu. Thorax noir bronzé en avant jusqn’à la première suture laté- as ( 959 ) rale d’où se détache au milieu une ligne noire parallèle, inférieure. I y a aussi une raie humérale étroite orangée, le reste des côtés et le dessous jaune-vif avec une ligne noire complète à la 2e suture sous l'aile inférieure et une autre ne touchant pas le bas entre’ elle et le bord postérieur. Abdomen rouge testacé, les 8e et 9esegments avec une tache submédiane obscure (ou oblitérée) de chaque côté de l'arête; 10e plus court que la moitié du 9e, à échancrure triangulaire petite à ons légèrement relevés. Appendices anals rougeâtres, les supérieurs ayant à peine la moitié du dernier segment, écartés, épais, subcylindriques , finissant en fuseau mousse un peu tronqué en dedans , noirâtres, le bord externe épaissi en dessous avec une três-petite dent finale. Appendices inférieurs à peine plus longs, épais, rapprochés , subconi- ques, excavés en dedans et en dessus. Pieds rouges, avec une raie externe courte noirâtre aux fémurs; les cils noirs, longs, divariqués (5-6 aux tibias postérieurs). Onglets noirs ~ au bout, à dent inférieure plus courte. Q (D” après la description mss., du Dr Lèvre supérieure rouge, sa base rene ‘épistome noir, côtés du tronqué très-obliquement aux côtés, presque en trapèze, à bordure jaune aux côtés seulement; de la base du lobe avancent au milieu deux très-petits tubercules. Dessus de l'abdomen vert métallique, excepté le bout du fer segment, les côtés et une lunule basale latérale aux 5-7° jaune pâle; le jaune remontait davantage au bout des 8-10°, Les deux der- nières articulations et le bord terminal du 10° jaunes. Aux 1-5° une marque oblongue noire sur la partie latérale jaune. Appendices anals épais coniques, jaunes ; plus foncés au bout. Valvules jaunes. Pieds jaunes, bande noire des fémurs plus large, presque com- Patrie : St-Domingue; deux mâles. (Coll. Selys.) Cuba en juillet près de Cardenas dans les bois (Gündlach) Porto Rico (Moritz); Guyane à Essequibo ( Schmidt). NB. Voisine de la filiola par le derrière des yeux noir ; en diffère par la ra trois lignes noires des côtés du thor. a le derrière des yeux jaune, re rouge (et non noire) et par | les „Res ces inférieurs o” plus mblant aussi au salvum, mais ce dernier a a pas de lignes noires aux côtés du thorax et les appendi oe courbés en cornes fines sont tout autres. (Comparez au vulneratum.) ( 960 ) 189. ERYTHRAGRION VELNERATUM, Hagen. Acrion vuznenaTum, Hag., Syn. nèur. Amer., n° 25 (partim). Abdomen o 267m; © 25. Aile inférieure o* 17; Q 17/4. co" Très-semblable au dominicanum , différant ainsi qu'il suit : 1° Dessus de la tête vert bronzé brillant, sans marque jaune à l'oc- ciput; 2e Dessus du prothorax vert bronzé brillant, lobe postérieur coupé obliquement de chaque côté presque en triangle assez large, finement bordé de jaune. f 3° Devant du thorax bronzé cuivreux brillant, larête dorsale presque noire ; la ligne noire de la 2e suture latérale mince incomplète, finissant en dessous du stigma. Au contraire il y a sur le bord ventral près de l'abdomen une petite ligne noire après le trait noir décrit; 4 Les taches ae des 8° et 9e segments sont obscures réunies en une seule basale bru 50° Appendices Dek bruns; les supérieurs semblables, mais un peu plus longs et moins larges; len inférieurs excavés en dessus, non tron- qués au bout, mais prolongés en dehors en bout m us 1° Tête ‘sémbiable à celle du mâle, différant % zalle du dominica- m par la lèvre supérieure jaune, Pépisiomed peine plus foncé et les ser basals des antennes jaunes 2e Lobe postérieur du prothorax ‘très-différent, court, large , déprimé en triangle très-obtus, jaune avec une marque noire au milieu. De la base au milieu s'avancent presque jusqu’à la partie antérieure du prothoraz deux lanières jaunes droites , un m renflées au milieu ; 5° Thorax semblable à celui du 4° Abdomen comme celui du cr jusqu’au 7° segment, mais un peu plus jaunâtre; le 7° noir au bout de chaque côté; les 8-10° noirs en dessus , le bout du 10° rouge. Appendices comme chez le dominicanum. Valvules jaunes, dentelées au bout. Pieds et ailes semblables. Patrie : Porto Rico (par Moritz), un couple. (Coll. Hagen.) NB. La description du Dr Hagen faite comparativement avec celle du domini- canum est si précise que je n'hésite pas à admettre l'espèce quoique je ne laie pas vue. Da nuserit, le Dr Hagen dit que dans le Synopsis des névroptères de ( 961 j | l'Amérique du Nord, il a confondu les deux espèces. La var. Q appartient notam- . ment au dominicanum., ; ; En résumé les différences du mâle résident surtout dans la nuance verte métal- lique brillante des parties noirâtres, les lignes noires des côtés du thorax un peu différentes , la forme du prothorax et le bout des appendices inférieurs ; celles de la femelle dans la couleur de la lèvre supérieure et de l'épistome, la forme du prothorax et l'abdomen sans bande dorsale noire, du moins jusqu’au 7° segment. 190, ERYTRRAGRION ERYTHRINUM, de Selys. (sans description), le mâle. Acmion ervrarinum, de Selys; Hagen, List. ie. „la femelle. mrænarum, de Selys; Hagen, List. (sans description) Abdomen o" 23mm; © 26 ; aile inférieure d' 17; Q 18;'/2. 9" Ptérostigma oblong, oblique en dedans, plus oblique en dehors , couvrant presque une cellule, brun olivâtre à peine plus clair à l'entour. Quadrilatère à côté supérieur ayant aux premières ailes le‘};, aux se- condes la */, du côté inférieur. Ailes légèrement lavées de brun jaunàtre un peu arrondies , pétiolées jusqu'à la nervule postcostale, qui est placée un peu plus près de la 11e que de la 2° antécubitale; 10-12 postcubitales. Rouge un peu jaunàtre marqué de noiràtre. Tête médiocre. Lèvre inférieure jaunâtre; la supérieure, la face, front et l’espace jusqu'aux ocelles postérieurs roux clair. Le triangle entre les ocelles et le reste du dessus brun-noirâtre, excepté le bord de l'occiput qui est roux entre les yeux. Le derrière de ceux-ci noir, excepté le bord même contre l'œil qui est jaune-pâle. Antennes rousses en avant, les deux premiers articles courts; le 5° plus long obscur. Prothorax roux, le lobe postérieur en feston arrondi , un peu redressé. Thorax rouge testacé en avant , plus clair sur les côtés et en dessous, ayant antérieurement deux bandes étroites noires séparées par la fine arête dorsale qui reste rousse, Abdomen médiocre assez court, en entier rouge-clair. Le 10° seg- ment ayant un peu plus de la moitié du 9e , son bord légèrement échancré en V étroit à bords peu redressés. Appendices anals rougeâtres, égaux, un peu plus courts que le der- i 8 bas et en dehors, subcylindri- nier segment. Les supérieurs penchés en śpai imé ss au bout, où il y a inférieurement une le cylindrico-coniques assez rapprochés, mousse supérieurs ( 962 ) Pieds roux à cils longs divariqués obscurs (7 aux tibias postérieurs ). Onglets à dents noires, l'inférieure bien marquée, un peu plus courte que la supérieure. Le rouge remplacé par du faubâtre ou roux olivâtre, Face olivätre clair, une virgule entre les ocelles et les antennes et une marque derrière eux communiquant avec la ligne occipitale roussàtres. Le noir du derrière des yeux beaucoup plùs restreint , étant largement entamé par du jauné contre eux et vers le bas. Prothorax à lobe postérieur plus étroit. La base avec un triangle noiràtre. Vu de profil, le thorax montre trois traits noirs courts comme chez le corallinum, savoir un en haut de la suture humérale, un À ous bas au stigma sur la {re suture et un SOUS Paile infé- rieure à la 2e. L'abdomen a ses articulations et la suture ventrale ob- seures ; au 2e segment une bande dorsale étroite, croisée par une autre transverse courte avant Je bout; aux 5-6° un trait pare avant le bout de chaque côté, le dessus des 7-9° enfumés surtout à atrie : Mihai Geraes. Quatre måles {dont un eog ak Selys.) NB. Ressemble beaucoup au corallinum par la stature, la coloration de tout le : du : corps rougeâtre sans taches, excepté la double raie dorsale noire du devant thorax ; mais s’en distingue de suite PRE la forme et la proportion des appendices anals du mâle, par le derrière des yeux qui est noir excepté un ét troit limb jaune. Ce diii caractère de soi ii e Verythrinum de la filiola; mais la filiola est gs petite et le bronzé de la face et du devant du thorax la font de suite reconnaitre ; 191. ERYTHRAGRION SALVUM, Hagen. Acrion sazvum, Hagen, Syn. neur. n. Amer., n° 22. Tecesasis Boucanpr, rés bte Ann. Soc. Ent. belge, t. XI, seance r février 1368. Abdomen o” 19-21wm : © 20-22, Aile inférieure o“ 13-14; Q 15-16. Ptérostigma oblong, oblique, couvrant une cellule, brun, un peu pu clair à l'entour. Quadrilatère à côté supérieur ayant aux premières ailes moins de /,, aux secondes plus de */, du côté inférieur. Ailes à peine salies ou hyalines, pétiolées jusqu’à la nervule pos qui est placée un peu plus près de la 1r° que de la 2° antécubitale; 9 post- cubitales. teostale, ouge vif marqué de noirâtre Tête assez robuste ; lèvre toliare jaunâtre. La supérieure rouge; le reste de la face jusqu’à l'ocelle antérieur rouge brun, le dessus de la tête jusqu'à l'occiput noir bronzé avec un trait mince allant de chaque ocelle ( 965 ) postérieur aux antennes et le bord occipital roussâtres. Derrière des yeux jaune pâle. Antennes rougeâtres „der et 2e articles très-courts, le 5° long. Prothorax rouge, mais le lobe postérieur noir, large transversalement, arrondi. Thorax rouge orangé plus clair sur les côtés et en dessous, ayant anté- rieurement deux bandes assez étroites noir bronzé (un peu élargies en haut avant les sinus) séparées par la fine arête dorsale qui reste rouge. On voit aussi le commencement inférieur d’une raie humérale bronzée, et un petit trait supérieur sous chaque aile. Abdomen médiocre assez court, en entier rouge vif, 10e segment ayant la moitié du 9e, plus court en dessus, où il est échancré en V évasé. _ Appendices anals rougeàtres, les supérieurs plus courts que le dernier segment. Vus en dessus, ils sont épais, cylindriques, tronqués au bout. Vus de profil, ils sont courbés en bas, terminés en pointe mousse et le bord inférieur est assez fortement dilaté jusqu’au bout qui forme une dent au niveau de l'appendice, qui est tronqué et obscur. Appendices inférieurs rouges, de la longueur du dernier segment, coniques, redressés en haut, où leur extrémité un peu obscure et mince dépasse le bout des supérieurs qui s'appuient sur elle. Pieds jaunâtres, cils obscurs, longs divariqués (6-7 aux tibias posté- rieurs), dents des onglets noires au bout, l'inférieure plus courte. thorax roux olivàtre, le lobe postérieur plus bordé de jaunâtre; une pointe triangulaire de chaque côté du bord mésothoracique; le fond du thorax plus jaunàtre, ainsi que l'abdomen dont les articulations sont un peu obscures; 10e segment très-court, fendu en dessus. Appendices anals petits, bruns.Valvules vulvaires jaunâtres, de la longueur de l’abdo- men sans épine dorsale. Patrie : Mexique. Donné p (côte pacifique du Mexique), par M. Boucar mala. (Coll. Mac Lachlan.) ar M. de Bonvouloir. Environs d'Orizaba ; Putla d. (Coll. Selys.) Texas et Guate- r le devant du thorax ; mais les deux bandes NB. Ressemble au corallinum pa le haut et il y a une raie bumé- noires médianes sont subitement élargies avant rale inférieure. Les appendices supérieurs du mâle ont espèce , mais ils sont plus courts , moins dilatés, et le étant plus longs que les supérieurs, grêles et redressés en haut, . La stature rappelle celle de la filiola avec qu dernière ayant le derrière des yeux noir, le de appendices anals tout différents. Malgré quelques points de la description de Hagen un que son A, salvum est bien identique avee mon Boucardi aussi de l'analogie avec ceux de cette s inférieurs sont différents, ion ne peut la confondre, cette vant du thorax bronzé, enfin les peu douteux, je pense ( 964 ) 192, ERYTHRAGRION CORALLINUM , de Selys. Acrion coraiuinum, de Selys; Hagen; List. (sans description). Abdomen og 23-26mm ; Q 23-95, Aile inférieure o” 15-17 ; Q 15'a; 18. Ptérostigma oblong, un peu oblique, couvrant une cellule, brun ; qua- drilatère à côté supérieur ayant aux premières ailes */,, aux secondes un peu moins de */, du côté inférieur, ; Ailes assez étroites, pétiolées jusqu’à la nervule postcostale, qui est placée un tant soit peu plus près de la 4re que de la 2e antécubitale. Les grandes nervures un peu roussàtres à la base des ailes; 10 posteubi- tales (9-11). æ” Rouge clair marqué de noirâtre. i Tête médiocre, lèvres jaunâtres; face un peu olivåtre ou roussàtre ; dessus du front, vertex et occiput noirâtres, avec un petit trait cunéiforme allant de chaque ocelle postérieur aux antennes, et le bord occipital ronm: sâtres, ce bord se terminant de chaque côté par une petite tache de meme couleur, de sorte que la tête vue en dessus offre quatre petites taches rousses. Derrière des yeux jaune, mais ayant une petite tache carrée noire de chaque côté près de la place où la tête s'articule sur le prothorax. An- tennes rousses, les deux premiers articles courts, le 5° long. Prothorax rougeàtre, le lobe postérieur très-large transversalement, arrondi. Š Thorax rouge orangé, passant au jaunâtre sur les côtés et en dessous, ayant antérieurement deux bandes étroites noires, séparées par la fine arête dorsale qui reste orangée; un petit trait en haut de la suture hume- rale et un supérieur sous chaque aile noirs. omen médiocre, assez court, en entier rouge clair, excepté une marque basale obscure au 1¢r segment en dessus — 10° segment ayant en longueur la moitié du 9e, plus court en dessus, où il est légèrement échancré. ; : Appendices anals supérieurs bruns en dehors, roux en dedans, aussi longs que le dernier segment, un peu divariqués. Vus en dessus, ils soin ; épais, presque droits; vus de profil, le bord supérieur forme un oom cercle qui s'abaisse au bout, où il se confond avec une très-forte dilata- tion du bord inférieur, qui commence subitement un peu après la mes z portant elle-même à cette partie une dent arrondie. Appendices inférieurs jaunes à pointe obscure, coniques, épais, inclinés en haut, peu écartés, * bout mousse, un peu tronqué. ( 965 ) Pieds jaunes, avec une raie externe bronzée aux fémurs. Cils très-longs, divariqués (3 aux tibias postérieurs), le bout des onglets noir, la dent inférieure plus courte que la supérieure © Le rouge remplacé par du roux dirt, Lobe postérieur du protho- rax plus étroit. Une petite protubérance jaune marquée de noir à chaque côté de l'arête mésothoracique près du prothorax. Le dos de l'abdomen un peu olivàtre, les articulations finement cerclées de noirâtre, la suture ventrale obscure; 10° segment très-court, profondément et étroitement fendu en dessus; appendices anals jaunâtres, tapa Valvules vulvaires jaunâtres, desen un peu l’abdomen, sans épine bas Patrie : ess S. Joaô del Rey, au commencement de nr Santa- Cruz, le 10 octobre, par Walthère de Selys. Province de Rio, par le Dr Claussen. (col „Selys.) B. Cette tn espèce ressemble à à l'erythrinum par la double raie dorsale noire du devant du thorax ; mais elle s'en distingue de suite par le é du dessus de la tête plus étendu , avec quatre petites taches rousses, et par elis cils des tibias moins nombreux. Es forme et la proportion des appendices anals supé- rieurs du mâle est toute différente. 195. ERYTHRAGRION coccineum, de Selys. Aamion coccineum, de Selys; Hagen, List. (sans description). Abdomen o" 20-21mm; Q 25 '/,. Aile inférieure o” 15 */,-14; Q 16. Excessivement voisin du corallinum dont il n’est peut-être qu’une race OÙ variété d’un âge plus adulte. Les ailes semblables, peut-être un peu plus larges. d Lèvres et face roux orangé. Tout le dessus de la tête noir bronzé (sans les quatre petites taches rousses), Au contraire la petite tache noire derrière les yeux est peu visible. Rs le prothorax noir bronzé excepté une grande tache orangée aux ôté b aréte dorsale et le devant du thorax noir bronzé jusqu’un peu au delà de la suture humérale, sur laquelle se voit une raie rouge orangée. Une grande tache noire carrée occupant tout le dessus du der segment et prolongée en bande dorsale sur le second. Les appendices supérieurs, vus de profil, semblent plus étroits à la base et leur dilatation inférieure beaucoup moins large. ( 966. ) Les fémurs sans raie bronzée distincte La face orangée et le dessus de la tête noir sans taches, comme chez le mâle; le prothorax brun. Le thorax orangé, ayant en avant une dane bande dorsale noire y com- pris l'arête médiane. mais s’arrêtant avant la suture humérale. Le dessus de l'abdomen formant une bande brun olivätre obscure, amincie au 9e segment, nulle au 10e, les incisions et le dessous dje elair, ainsi que le 10e segment et les appendices anals. Patrie : Minas Geraes, par le Dr Claussen, d’après deux mâles et une femelle. NB. La différence principale avec le corallinum pes dans le dés de la tête noir sans taches, et dans la grande largeur de la bande noire du devant du thorax, qui n’est pas séparée en deux, l'arête rar étant également no Il faudrait voir un plus grand nombre ds DES pour décider si DA dila- tation moindre des appendices est un ca Trois autres exemplaires mâles du même envoi, dices, s’en gprs mais s y a chez l’un des vestiges de taches rousses Ol verte u devant du thorax est finement roussåtre au. ment sans appen- vertes au milieu. Sous-genre 19. — TELAGRION, DE SELYS. Secteur inférieur du triangle naissant à la nervule basale postcostale, ou même un peu après; celle-ci placée entre la 4" et la 2° antécubitale; ptérostigma en losange; 11-14 posteubi- tales. Des taches postoculaires claires, mal délimitées en arrière. Lèvre inférieure fendue dans son tiers apical, à échancrure ovale. Tête et hors aans due long, très-grêle. Cils des pieds variables (5-6 aux tibias postérieurs € en dehors); onglets à dent inférieure plus ou moins marquée. Coloration verdâtre ou jaunâtre, variée de nuances foncées. © Le bout de abdomen pâle; le 10° segment non redressé; non fourchu. Appendices supérieurs simples. Q Pas d’épine vulvaire. Dessin un peu différent. Patrie : Amérique méridionale tropicale. ( 967 ) 1er groupe : (T. LONGUM). ' Taille petite. Onglets à dent inférieure beaucoup plus courte que la supérieure. o Abdomen très-grêle, très-long. © Abdomen un peu plus court, à dean un peu différent. Valvules vulvaires très-longues. A. Appendices supérieurs du mâle en massue ; les inférieurs coniques un peu plus courts. T. fulvellum. B. Appendices supérieurs du måle très-courts, en tubercules ; les inférieurs longs, en pinces. T. inversum. ; C. Appendices supérieurs du måle longs, simples, subsemicir- culaires; les inférieurs beaucoup plus courts. T. longum. _2e groupe : (T. MECISTOGASTRUM.) Taille grande. Onglets à dent inférieure un peu plus courte que la prineipale. « Abdomen énormément long et grêle. Appendices supé- rieurs du mâle assez longs, semicirculaires; les inférieurs excessivement courts. T. mecistogastrum. NB. Il est possible qu'il faille encore subdiviser ce sous-genre , em les espèces du ter groupe sont chacune d'un typé différent sous le rapport a a SE AE des appendices ree et ee au mecistogastrum qui constitue le 2° groupe, 1 encore plus caract abdomen énormément long. ba” Dans leur ensemble ke he imitent les Leptagrion Modes p z” as. s en diffèrent par la présence de taches postoculaires claires, les uses ets zhe ent in i rieure moins marquée, et par les appendices supérieurs des males simples ( 968 ) 194. TELAGRION FULVELLUM, Bates mss. Abdomen o” 25; © 24. Aile inférieure d’ 15; Q 16. d Ptérostigma oblong, un peu oblique en dedans, très-oblique en dehors, brun foncé , à peine plus clair à l'entour, couvrant une cellule. Quadrilatère à côté sspérieué un peu plus court que la moitié de l'infé- rieur aux premières ailes, un peu plus long que cette moitié aux secondes. Ailes assez étroites, | étiolées jusqu’à la nervule basale pe qui _ est ras entre la {re et la 2e antécubitale ; 9-10 postcubitales médiocre, jaune roussâtre et olivâtre. Lèvre supérieuté vert bas le reste de la face jaune olivàtre. Le dessus noiràtre avec des taches “cheri oblongues et une raie ER jaune. Le derrière de la tête ja polbora] junii son lobe postérieur prolongé et un peu redressé à au milieu , ce qui se voit bien de profil. Thorax vert jaunâtre avec une bande dorsale et une ligne humérale noires, cette dernière ne touchant ni le haut ni le bas, finement bordée ane grêle, roussâtre clair ; l'articulation postérieure des 1- 5° seg- ents un peu obscure; au 4° une petite tache dorsale terminale noire; le nee des 5-Ge bronzé, cette couleur s’élargissant au bout; les 7-10° roux jaunâtre; mais au 7e l'apparence d’une bande dorsale ne touchant pas les bouts ou nulle; le 10e aussi long que large, un peu comprimé en toit au bout. Appendices supérieurs un peu plus courts, roux jaunâtre ; les supé- rieurs un peu obscurs au bout, en massue subeylindrique un peu penchée à Eu les inférieurs à peine plus courts, coniques, redres sés. eds jauue ; fémurs vert-obscur én dehors; cils noirs assez longs antérieure à la lèvre, et la suture du rhinarium brun-clair, et le vertex roux-jaunâtre. Les taches postoculaires délimitées par du brun foncé. Antennes brunes. rothorax jaune, un peu roux en dessus; le lobe postérieur avancé el feston arrondi. Thorax roux jaunâtre en avant jusqu’à la {re suture latérale; le reste des côtés et le dessous plus clairs; une raie humérale brune, mal arrêtée. Sur le devant, de chaque côté di bord mèsothoracique on voit un petit tubercule. ( 969 ) Abdomen médiocre, épaissi au bout, jaunâtre foncé avec un cercle noir étroit à l'articulation terminale des 2-7° segments, ce cercle épaissi en tache latérale subtriangulaire aux 3-7° plus grande à ce dernier; au 8e les taches latérales sont plus étendues, avançant jusqu’à la moitié du segment et se touchant postérieurement sur l’arête; au 9° le tiers final noir en dessus; le 10° noir en dessus, largement échancré au bout. Suture ventrale noire. Valvules très-longues, jaunâtres. Pas d'épine vulvaire. Appendices noiràtres, triangulaires, un peu plus courts que le segment. ieds comme chez le mâle, mais les tibias avec une raie interne et leur base interne noirâtres; tarses obscurs. Patrie : Amazone ou Peba; un mâle au Musée de Buda-Pest; Le Para, une femelle dans les marais au milieu des palmiers, par M. Bates NB. Quoique l'abdomen soit proportionnellement moins long, € ’est près des T. longum et inversum que cette espèce me pe arait le mieux placée. Elle a aussi de fisis avec les Leptagrion flammeum et croceum , et avec la Leptobasis vacillans , mais ces espèces n'ont pas de it pra marquée Dans une description sommaire mens ms Bate wear d’un ai , que je n'ai pas vu et dont les 8e et 9° segments p 195, TELAGRION ixversum, de Selys. o' Abdomen 31w®. Aile inférieure 17. Ptérostigma petit rhomboïde, brun cerclé de jaunâtre, entouré d’une nervure noire, couvrant moins d’une cellule. Quadrilatère ayant aux ailes Supérieures jë côté interne presque ég al au supérieur qui a le tiers de l'inférieur, Aux ailes inférieures le côté supérieur a les 2}. de l'inférieur. Ailes un peu jaunâtres à nervures brunes, très-étroiles, pétiolées un Peu plus loin que la nervule asin qui est placée un peu plus près de la 2e que de la 1re antécubitale; 11 posteubitales. Jaune roussàtre pâle varié de brun. Tête très-petite, påle en dessous et derrière les yeux. Lèvre supérie dessus de la tête et l'occiput brun noi cunéiformes orangées entre les ocelles el l'œil, p ronds postoculaires bleu foncé, qui, en arrière, 50 Par de l'orangé ; antennes obscures à 4er et 2e articles presqu 5e un peu plus lon Prothorax brun avec une tache latérale, des lignes médianes et le lobe postérieur noiràtres; ce dernier avancé au milieu en un feston saillant étroit, arrondi. Thorax roussâtre avec une bande dorsale étroite, me SÉRIE, TOME XLII. 65 e égaux, le ( 970 ) une antéhumérale large s’élargissant dans sa moitié supérieure où elle dépasse la suture humérale noir bronzé; les côtés d'abord orangé, puis bleuâtre pâle, ainsi que le dessous. Abdomen très-long, grêle, épaissi au bout; le dessus des six premiers segments brun roussàtre plus foncé et élargi au bout sur les 5-6° passant au roussâtre sur le 7e, les trois der- niers roux plus clair. Côtés des 1-2e bleu pâle, l'articulation basale des. 5-7e, et le dessous jaune pâle; 10° segment plus court que la, moitié du 9e, divisé en dessus en deux zie ee une large et profonde échan- crure qui atteint la moitié de sa lon E: Appendices anals roussàtres, les das plus courts que la moitié du apai consistant en deux gros tubercules subarrondis, émergeant de Péchan f Ane es plus longs que le 10° segment, cylindrico-lan- céolés, intlinés en haut et l'un vers l’autre au point de se toucher au bout qui est obscur, aminci, redres Pieds jaunàtre livide, cils ae (5 aux tibias postérieurs ). Onglets à dents obscures, l’ fuférieure un peu plus courte. Q Inconnue. Patrie : Santarem (Amazone), un g“ unique (Coll. Selys), provenant des chasses de M. Bates NB, Espèce très-extraordinaire par les appendices anals zondes très-courts et les inférieurs énormes, ce qui est l'inverse de ce qui se voit chez les groupes voisins et ce qui rappelle les Platycnemis. es points postoculaires bleus précédés d’un point orangé juxtaposé doivent se retrouver chez la femelle jusqu'ici inconnue, 196. TELAGRION LONGUM, de Selys. Acnion Loncissmum, de Selys; Hagen, List. (sans description). Abdomen Ọ 22-25mm; © 28-29. Aile inférieure o” 17-19; Q 20-22. Ptérostigma très-petit, en losange irrégulier, oblique , le côté extérieur confondu avec l’inférieur , surmontant moins d’une cellule , noir (d), g'is- brun (9) souvent plus foncé au centre. Quadrilatère à côté ager ayant aux supérieures ?/,, aux inférieures %/, du côté inférieur. Ailes excessivement étroites, légèrement salies, à réticulation fine brune, péris- lées un peu plus loin que la nervule postcostale qui est placée entre la Are et la 2e antécubitale; 9-11 (12) postcubitales. Vert jaunâtre varié de noir. ( SPRY Tête très-petite ; la face verdàtre. o Le dessus de l’occiput noir, avec deux gros points ronds postoeu- laires bleus. Derrière des yeux et lèvre inférieure jaunâtre pâle. Prothorax noirâtre avec une tache latérale olivâtre , le lobe postérieur à bord redressé complétément au milieu en une plaque presque carrée fortement échancrée. Thorax très-petit, vert clair avec une large bande dorsale et une raie juxtahumérale noires, cette dernière dilatée au delà de la suture vers les côtés dans une partie de sa hauteur. Abdomen très- long, grêle; les deux premiers segments vert clair avec une tache carrée basale dorsale au der et une tache épaisse transverse noirâtre avant le bout du 2. Les 3-6° jaune verdàtre en dessous el à l'extrême base, ayant en dessus une bande vert bronzé noiràtre, s’élargissant pour Gries au bout des segments un anneau terminal épais ; le 7e jaunâtre avec une bande dorsale brune commençant après la base et disparaissant vers sa moitié; les trois derniers segments d’un jaune roussàtre clair, épaissis, le 10° un peu plus court que le 9°, à bord plat , presque droit. Appendices anals supérieurs brun clair, un peu plus courts que le der- nier segment, écartés, un peu courbés Fun vers l'autre, comprimés, droits d’abord, puis dilatés en dessous intérieurement r former le bout qui est courbé, non pointu. Vus de profil, ils sont en massue, plus épais au bout alors semble tronqué presque perpendiculairement. Appendices kenai moitié plus courts, jaunâtres, es à la base, formant un cône court, aminci, pointu , écartés l'un de P Pieds excessivement courts, jaune pâle, l'extérieur dèi due un peu obse ainsi que les cils qui sont médiocres, divariqués (6 aux tibias cur, vende Onglets obscúrs à dent inferieure beaucoup plus courte que la mr are evre éri obscure à la base, la face et le dessus de la tète es sur léquél se marquent les points postoculaires mal arrêtés. Bord de l'occiput et derrière des yeux jaunâtres. Lobe postérieur du prothorax redressé au milieu, mais cette plaque sde à en diminuant de largeur é s da bord antérieur du Prothorax, il y a une petite plaque ares presque pointue, sail- lante. Le thorax olivàtre ou jaunâtre en avant, - Mais avec une bande bronzée juxtahumérale épaisse; court que la moitié du 9°, un peu caréné, échancré peu largement en triangle au bout Appendices anals jaunàtres, ques, pointus. Valvales vulvaires jaunàtres, bout, dépassant Pabdom>n, sans épine basale . plus courts que le dernier segment, coni- comprimées, brunes au (972 ) Patrie : Brésil ie de Rio), plusieurs couples par le Dr Claussen. Bahia ? (Coll. Sely NB. Cette jolie espèce est en par a taille grêle, les ailes très-pé- tiolées, les points postoculaires bleus; et enfin le prothorax du mâle redressé en plaque échancrée dans le genre des espèces d'Ischnura , mais le 10° segment n'est nullement prolongé ni bifide comme chez ces dernie Plusieurs espèces ayant l'abdomen propottionnelement. plus long que celle-ci, j'aicru pouvoir modifier le nom que je lui avais imposé anciennement et qui n’était pas accompagné de description. 197. TELAGRION MECISTOGASTRUM, de Selys. Abdomen o 50-52em; Q 37-59. Aile inférieure d" 21-25 ; Q 22-25. Ptérostigma du losange, à peine oblique, ou plutôt rhomboïde, court, surmontant une cellule, noirâtre, cerclé distinctement de jaunâtre, entouré d'une nervure noire Quadrilatère à côté supérieur ayant aux supérieures */;, aux infé- rieures 1/,, du côté inférieur. Réticulation noirâtre, ailes étroites, un peu salies, pétiolées complétement ou pas tout à fait, jusqu’à la nervule post- costale, qui est placée à peu près entre la {re et la 2e anticubitale; 12-14 posteubitales d Adulte. Varié de bleuâtre clair et de noir. Tête étroite, pâle en dessous et derrière les yeux; vertex et occiput noirs avec deux taches postoculaires pâles, reliées l'une à Pautre par une raie. Antennes à 1er et 2e articles courts, le 3° grêle, égal aux deux premiers réunis. Prothorax noir, finement bordé de bleu et portant de chaque côté une tache ronde lee: le lobe postérieur assez étroit, avancé, presque arrondi, son bord à peine sinué au milieu. Thorax grêle bleuâtre clair, livide en dessous, ayant en avant une large bande dorsale, un trait supérieur assez long à la suture humérale et une raie inférieure un peu sinuée à la première suture latérale noirs. omen excessivement long et grêle ( ayant den plus du double de la longueur de l'aile inférieure), noir bronzé en dessus jusqu’au 8e segment, ainsi qu’il suit : une grande tache basale carrée au 1°" ge ment; une bande complète au 2e, un peu élargie avant le bout ; bande sur les 5-8°, mais ne touchant pas le bout à ce dernier, où elle est échancrée en tisngié au dos. Les côtés et le dessous de ces segments jaunâtre påle, ainsi qu'un demi-anneau étroit interrompu au 5-7°. Les 9 -10° bleu påle, un peu épaissis, le 40° plus court que le 9°, plus long ( 973 en Te qu'en dessous, où il est tronqué; son bord postérieur divisé en deux festons par une wohenoe peu profonde. Appendices anals supérieurs pâles à la base, brute ensuite, de la lon- gueur du 10e segment, écartés, comprimés. Vus en dessus, ils sont légèrement courbés l'un vers l’autre. Vus de profil, ils sont plus épais, le bord inférieur droit, le bord supérieur coupé en biseau après son pre- mier tiers jusqu’au bout, qui est mousse. Appendices inférieurs rudimen- aires en tubercules très-courts. s très: courts, pâles ; fémurs en dehors et articulations des tarses Kas. Cils obscurs, longs, divariqués (6 aux TE postérieurs), onglets noirâtres, à dents presque égales. o Jeune. Le bleuâtre remplacé par du roussâtre pâle; fémurs sans bande noire bleuâtre remplacé par du jaune olivätre. Lèvre supérieure et dessus de l’épistome nojrâtre acier; les taches postoculaires plus larges; prothorax généralement roux olivâtre, son lobe postérieur plus court, les latéraux, au contraire, plus avancés, ce qui figure trois festons. Pas de trait foncé à la suture humérale ni à la première latérale, Abdomen beaucoup plus court, la bande es noire prolongée jusqu’au bout. Le bord du 10e segment fendu au m Appendices anals courts, coniques, ge Valvules vulvaires médio- cres, olivàtres, de la longueur de l'abdomen, sans épine basale. La raie noire des fémurs rudimentaire et terminale. © Jeune. L'olivâtre remplacé par du roussâtre pâle, lèvre et épistome sans taches foncées, prothorax roux påle, fémurs sans raie bru Appendices anals olivâtres. Pas de raie noire pour délimiter postérieu- rement Jes taches postoculaires. Patrie : Brésil, Rio Janeiro et Copa Cabana, en septembre. Plusieurs couples pris par M. Walthère de Selys. (Coll, Selys.) NB. Le mâle très-facile à distinguer de tous par son abdomen énorme imitant la stature des Mecistogaster, dont le séparent de suite la présence du plé érostigma et les quadrilatères. La femelle ressemble beaucoup à celle des Leptagrion andromeda et elongatum, mais la présence de taches postoculaires claires et le ptérostigma court, rhom- boïde, len font reconnaitre immédiatemen Ca deux caractères appartiennent également a au ri q ; des deux espèces citées par la longueur demes supérieurs non branchus. en outre, se sépare sl A 54 (974) Sous-genre 20. — LEPTAGRION, pe SELYS. AGriox, Burm., Hagen. Secteur inférieur du triangle naissant à la nervule basale postcostale (rarement un tant soit peu avant ou après); celle-ci placée entre la 17° et la 2° antécubitale ou plus près de la 4°°. Ptérostigma variable, souvent épais, moins oblique en dehors qu’en dedans. Pas de taches postoculaires claires. Coloration variable. Lèvre inférieure fendue dans son tiers apical, à échancrure ovale. Tête et thorax médiocres. Abdomen long ou três-long. Cils des pieds assez longs (6-9 aux tibias postérieurs en dehors); onglets à dent inférieure forte, souvent presque égale à la principale. 5 10° segment simple, non redressé. Appendices variables. Les supérieurs le plus souvent semicirculaires avec Une branche ou dent interne; les inférieurs courts ou rudimen- taires. © Pas d'épine vulvaire. Coloration et dessin presque sem- blables. Patrie : Amérique méridionale tropicale. åer groupe : (L. MACRURUM.) d Appendices supérieurs longs, courbés, avec une branche inférieure interne avant le bout. Les inférieurs rudimentaires. A. Des anneaux submédians verdâtres aux 3-6° segments de abdomen. L. porrectum — macrurum. B. Pas d’anneaux submédians clairs à l'abdomen. L. andromeda — elongatum (et race dispar). < {1920 ) 2e groupe : (L. DORSALE.) o Appendices supérieurs dilatés et émarginés en dessous; les inférieurs bien développés, presque égaux aux supérieurs. A. Coloration olivâtre ou en partie bleuâtre. a. Derrière de la tête noirâtre, tout au moins vers le haut. 8° et 9° segments du mâle bleuätres. L. dorsale — inca. b. Derrière de la tête pâle. L. inornatum — absoletum. B. Coloration orangée. Abdomen annelé de brun; les 8-10° segments orangés. a. Cils des tibias très-longs. Derrière de la tête noir. L. flammeum. b. Cils des tibias médiocres. Derrière de la tête pâle. L. ? rufum — ? croceum. NB, Voyez à l'article des Telagrion la comparaison avec ce sous-genre auquel celui-ci ressemble par la stature et la coloration. La dent inférieure des onglets très-marquée le sépare bien des Leptobasis décrits plus bas dans le genre Telebasis. se Le flammeum et le croceum constitueront peut-être des sous-genres distincts. 198. LEPTAGRION PORRECTUM, Hagen. Acxion rornecrom, Hag., List. S. Amer. (sans description). 3" Abdomen 54mm; aile inférieure 27. le côté externe moins oblique que Ptérostigma épais, presque carré : ze i ent de jaunàåtre, interne, surmontant une cellule, brun cerclé distinctem entouré d’une nervure noire. Quadrilatère à còté supérieur "rOn aux premières ailes :/,, aux secondes presque 1/, du côté inférieur. en tion noire, ailes arrondies un peu salies , pétiolées compietemens MES. PE la nervule postcostale qui est placée à peu près entre la op arr Cubitale ; 14-15 antécubitales. ( 976 ) Varié d'olivâtre et de noirâtre (couleurs altérées). Tête étroite, assez globuleuse, pâle en dessous et derrière les yeux. Lèvre supérieure et épistome bleuâtres; front et vertex noirâtres, avec une tache transverse rousse entre les ocelles et les yeux; passant au roussàtre clair à Focciput et à la place où seraient les taches postocu- laires non délimitées en arrière. Antennes olivatres en avant. othorax roussàtre, le lobe postérieur court, en carré long, bordé de brun sur les côtés Thorax grêle, roussàtre en avant, jusqu'à la 17° su- ture latérale, ayant l’arête médiane et une raie juxta humérale noir bronzé. Le reste des côtés trs clair, avec une ligne obscure à la suture médiane; le dessous livide. omen excessivement long et grêle, ayant le double de l'aile infé- rieure, brun noiràtre en dessus, jaunâtre en dessous, avec un anneau jaunàtre aux 3-6° segments, égalant à peu près le cinquième de la lon- gueur des segments, rejoignant le jaune du dessous et placé avant le bout du segment, lequel forme un anneau noir complet de même épaisseur. Le dessus des 8-9e paraissant d'un brun plus clair, du moins sur les côtés. ke 10° plus court que le 9°, plus long en dessus qu’en dessous, émarginé Pe anals brunâtres,les supérieurs a peu près de la longueur du 10° segment. Vus en dessus, ils sont écartés droits, épais, mousses. Vus de profil, ils sont assez compliqués, encore plus épais, divisés en deux branches dans leur moitié terminale, la supérieure subtronquée au bout, paraît posséder à cette extrémité,en dessus, une petite pointe penchée en bas. La branche inférieure est un peu plus longue, la supérieure est un peu courbée en bas au bout qui est élargi subitement et intérieurement en palette tronquée. Pieds très-courts, livides, fémurs obscurs en dehors. Cils longs, divari- qués (5 aux =e posterieurs. Onglets à dents presque égales). nconn Patrie : epa d'après un exemplaire. (Coll. Selys.) NB. Stature analogue à ate du Trapam rie mais bien distinct par la taille plus forte, le pté et surtout par leslar- ges anneaux jaunes antéterminaux de Fées t la face bl 1 ppellent . tout à fait ceux du iisti de suite par l'occiput noir vers le haut, les cils des tibias UE nombreux , le ptérostigma = ae oblique, l'abdomen infinimant ven eg et le bout des deux bran- meeistogastrum est d’ailleurs un Telagrion, et ses appendices supérieurs ne sont pas branchus, (977) 199. LEPTAGRION MACRURUM, Burm. Acriox macnvaum, Burm., n° 4; Hagen; List. S. Amer. neur., p- 511. Abdomen g“ 45-43mm; © 41-45. Aile inférieure g 29-32; Q 29-51. Ptérostigma en losange très-oblique, couvrant un peu plus d'une cel- lule, brun noirâtre finement cerclé de jaunàtre, entouré d’une nervure e: Quadrilatère à côté supérieur ayant */, de l'inférieur aux premières aie; 1/, aux secondes. Réticulation noire. Pr Ailes assez larges légèrement salies, pétiolées jusqu’à la nervule post- costale, qui est placée beaucoup plus près de Ja 1re que de la 2° antécubi- tale; 12-15 postcubitales. 5 Adulte. Vert jaunâtre marqué et annelé de noir. Lèvre inférieure grisâtre, la supérieure et la face bleu verdâtre ; le des- sus et Poceiput noirs ävec un trait jaunâtre fin allant des ocelles vers l'œil, saus le toucher, et un peu plus en arrière une petite tache cunéiforme verte touchant l'œil. Derrière des yeux jaune påle. Antennes brunes; 1°" et 2e articles presque égaux, vert clair en avant, le 3° un peu plus long. Pro- thorax olivâtre, brun au centre; le lobe postérieur arrondi vert bleuâtre largement noir au milieu. Thorax vert bleuâtre clair, ayant en avant une large bande dorsale noire ; le haut de la suture humérale roussâtre et sur les côtés à la suture sous l'aile inférieure une raie complète gris noirâtre. Abdomen assez robuste, long. Les deux premiers segments vert clair avec une petite tache carrée dorsale basale au ger et une analogue au 2e, mais plus grande s’arrêtant subitement aux trois quarts; dessus vers leur troisième quart un large anneau vert clair qui, sur les côtés, remonte jusqu'à la moitié; 7° noir avec Une marque latérale brune au milieu; 8-10 bleu clair en dessus, noirs en dessous, de côté, et fine- ment à l'articulation. Le 10e un tiers plus court que le 9°, déprimé, le bord postérieur divisé en deux festons arrondis peu marqués. Appendices anals supérieurs de la longueur du dernier segment, noirâtres, épais, cylindri- ques, droits, courbés en bas et en dedans au bout. Vus de profil, le bout est épais, mousse, mais porte en dessous avant son extrémité un petit hamecon mince très-recourbé en haut- Appendices inférieurs rudimen- taires en tubercules très-courts. ieds courts, robustes, fémurs noirâtres, avec lignes olivâtres courtes en dedans. Tibias bleuâtre pâle , les cils obscurs „très-longs, très-divari- qués (7 aux tibias postérieurs). Onglets bruns, à dents égales. x NB, A _médians de abdomen, ne peut être ( 978 ) o" Jeune. Le bleu et le vert remplacés par de l'olivàtre et du jaunâtre, le noir par du brun. Q Colorée comme les mâles, excepté les deux derniers segments qui sont brun noiràtre. Le 10° moitié plus court que le 9°; légèrement échancré. i : Appendices anals épais coniques, écartés, moitié plus courts que le 10e segment. Valvules vulvaires épaisses, de la longueur de l'abdomen, leurs appendices droits le dépassant. Patrie : Brésil; coll, Sommer. (Burmeister.) — Rio-Janeiro, Botafogo, en septembre, par Walthère de Selys. Cette espèce, à cause de sa grande taille et des anneaux verdâtres sub- d rec aucune autre excepté avec le porrectum (voyez plus haut). 200. LEPTAGRION ANDROMACHE, Hagen. AcmioN anpnomacue, Hagen, List. (sans description). Abdomen o 38-40mm; Q 40-41. Aile inférieure o 21-23; Q 21-24. Ptérostigma presque carré, à peine oblique en dedans (nullement en dehors), aussi haut que large, couvrant une cellule et demie, noir (ou pue ment cerclé de blanchàtre), entouré d’une nervure noire. Quadrilatère à côté supérieur ayant aux premières ailes !/,, aux secondes ‘/, du côté infé- rieur; réticulation noirâtre. Ailes parfois légèrement salies, pétiolées Ee tout à fait, ou complétement jusqu’à la nervule postcostale qui est placée à peu prés entre la 1”° et la 2 antécubitale ; 11-13 postcubitales. d" Adulte. Brun jaunâtre varié de noirâtre bronzé. Lèvre inférieure gris jaunâtre; la supérieure et la face verdâtres; le dessus de la tête et le derrière des yeux noirs, excepté un petit trait court brun entre les ocelles et les antennes dont les deux premiers articles sont courts, presque égaux, le 3° un peu plus long; prothorax roussâtre, à sutures obscures, mais le lobe postérieur verdàtre bordé d'obscur; 50n bord presque droit, avancé, redressé. Thorax avec une bande dorsale épaisse brun foncé, suivie d'une juxta-humérale, gris olivâtre, les côtes ie le dessous roussâtre pâle avec une bande gris olivàtre sous chaque aile. Abdomen loug, assez robuste, brun foncé en dessus, passant au roussàtre pâle en dessous, avec un demi-anneau basal interrompu jaune pâle aux 5-7+ segments; le dessus des quatre derniers segments noirâtre bronze; 10° un peu plus court que le %, un peu échancré au milieu, jaunätre- (‘979 ) Appendices anals supérieurs à peine plus longs que le dernier segment, brun obscur, plus épais à la base, le bout épais mousse , incliné en haut, mais portant avant son extrémité une branche aussi épaisse, le dépassant, puis subitement recourbée tout à fait vers le bas et intérieurement en pointe grêle revenant jusqu'à la moitié de l'appendice. (Vus de profil, on n'aperçoit pas cette branche et l'appendice se montre peu profondément fourchu, à branche supérieure plus courte, redressée). Appendices inférieurs rudimentaires en tubercules très-courts. Pieds livides, courts, assez robustes; fémurs noiràtres en dehors, le cils noirâtres longs, Jeunes (7 aux tibias postérieurs). Onglets à A ès égales, courtes. d Jeune. Le verdâtre de la tête et le gris olivâtre du thorax remplacés par du roux pâle Colorée comme le mâle jeune; le lobe postérieur du prothorax gris verdàtre, son bord très-légèrement divisé en deux festons. Vis-à-vis, sur chaque côté du bord antérieur du thorax, il y a une petite fossette ovale; la bande dorsale de celui-ci est ferrugineuse avec l'arête noire. La bande bronzée de l'abdomen va nd s’amineissant jusqu’an bout du 10° segment, quiest étroitement échancr. Appendices anals TR un peu plus courts que le dernier seg- ment, bruns; valvules vulvaires noirâlres, dépassant un peu l'abdomen. Intérieur des tibias obsc Patrie : Le Brésil, Re “plusieurs couples pris par M. lecomte Paul de Borchgrave à Tijuca, et d'autres à Copa Cabana, vers la mi-septembre par M. Walthère de Selys. NB. Voyez les différences avec l’elongatum et le T. mecistogastrum à l’article de ces derniers. ik andromache diffère d'ailleurs des deux espèces par son ptérosligma presque rré. Ce caractère est le plus pratique pour reconnaitre sa femelle de celle de injis 201. LEPTAGRION ELONGATUM, de Selys. Acmiox rLoxcarum, de Selys; Hagen, List. (sans description). Abdomen o” 42-44mm; © 45-44, Aile inférieure o” 25-26; © 27-28. Ptérostigma en losange épais, un peu oblique, surtout en dedans, cou- vrant une cellule et demie, noir (o) brun (Q) finement cerclé de jaunâtre, entouré d’une nervure noire. Quadrilatère à còté supérieur ayant aux supérieures '/,, aux inférieures '/, du côté inférieur. Réticulation noirätre, ( 980 ) Ailes étroites, légèrement salies, pétiolées pas tout à fait ou complétement jusqu'à la nervule postcostale, qui est placée un peu plus près de la fre que de la 2e antécubitale ; 11-13 postcubitale. Brun jaunâtre varié de noir bronzé. Lèvre inférieure pâle, la supérieure et la face vert bleuâtre clair exceplé . une petite marque basale noire au front. Le dessus de la tête et le derrière des yeux noirs, excepté un petit trait court brun de chaque côté, entre les antennes, dont les deux premiers articles sont courts, presque égaux, le 5° un peu plus lon Prothorax roux ferrugineux. Le lobe postérieur vert bleuâtre clair, arrondi redressé. Thorax ferrugineux en avant avec une large bande dor- sale noire; les arg et le dessous olivàtre clair avec une bande roux påle sous chaque ai Abdomen iong, robuste, brun bronzé en dessus; un demi-anneau basal étroit aux 2-7° segments et le dessous jaunâtres. Les trois derniers seg- ments vert-clair. Le 10° segment moitié plus court que le 9°; son bord échancré au eu. Appendices anals supérieurs à peine plus longs que le dernier segment, brun obscur, épais, plus épais à la base, courbés en dedans et en bas; le bout épaissi presque mousse, mais portant avant son extrémité une branche interne dirigée l’une vers ERGS, de sorte dp les oar sr se touchent, Appendices inférieu cours tubercules. Pieds courts robustes, jaunâtres, fémurs bruns en dehors, les tibias en dedans, les cils noiràtres longs divariqués (7 aux tibias postérieurs). Onglets ferrugineux à dents égales, courtes © Lèvre supérieure et face ölsates. le lobe postérieur du prothorax très-légèrement sinué au milieu vis-à-vis, de chaque côté du bord anté- rieur du prothorax il y a indication d’une fossette ovale, la bande dorsale nzée du dessus de l'abdomen va en s'amincissant jusqu’au bout ton 10° segment qui est étroitement échancré. (Les côtés des trois derniers sont d’un brun olivâtre.) Appendices anals cylindriques un peu plus courts que le dernier s€87 ment, bruns. Valvules vulvaires noirâtres dépassant un peu l'abdomen. ` Q Jeune. Les couleurs plus claires, le ptérostigma pâle. nt Brésil, par le Dr Claussen. Tijuca, par M. le comte Paul de Borchgrave; Copa Cabana, vers la mi-septembre, par M.Walthère de Selys. re ie (Coll. Selys.) NB. Elle ressemble beaucoup à l'andromache, mais s'en distingue de suite par -< le plérostigma en losange, dans les deux sexes, la bande noire dorsale du thorax, plus large, les branches internes des appendices supérieurs du o” dirigées l’une vers l’autre à angle droit avec l'appendice, et se touchant. Race? Dispar, Bates mss. Je rapporte ici avec quelque doute un couple qui est plus petit que les exemplaires de l'elongatum de la province de Rio : Abdomen o 41: Q 59em, Aile inférieure o” 25; Q 24. Je ne trouve pas de tien de spe; le p est peut-être un peu plus court, pl 1e ment cerclé de jaunâtre, cäractêres qui a remarquent surtout chez la ne: 10-12 antécubitales Chez le mâle, les trois derniers segments de l'abdomen (si c'est constant) présenteraient un caractère important : ils seraient d’un brun olivàtre clair Comme les précédents, la bande dorsale noirâtre se prolonge jusqu ’au bout du 8eet en s’affaiblissant sur le 9° et l'on en voit encore un large ves- tige effacé à la base du 10e. Les appendices anals supérieurs paraissent un peu moins courbés au bout et la branche interne plus à angle droit avec eux atrie : Un mâle du Brésil, ERRAR de Bahia; commun dans les sentiers des forêts de l'Amazone, suivant M. Bates. (Coll. Selys. 202. LEPTAGRION DORSALE, Burm. Acron pvorsare, Burm., n° 5; Hagen; List. (sans description). Abdomen o” 27-28mm : © 26. Aile inférieure o” 17 */3-18; Q 18. couvrant une cellule ou un peu Ptérostigma en losange, court, oblique, l t une nervure noire. Quadri- moins, gris brun cerclé de jaunàåtre, entouré @’ latère court, celui des rente à côté interne un peu p Supérieur, qui n’a que ti, du côté inférieur. Celui des inférieures ayant Plus de la moitié du shad “inferieur. Ailes un peu salies, pétiolées un tant soit peu plus loin que la nervale postcostale, qui est placée légèrement Plus près de la 1re que de la 2° antécubitale ; 11-45 posteubitales. Jaunâtre clair varié de noir bronzé et de bleuâtre? o" Lèvre et face jaunâtres, épistome bleuâtre-clair ; dessus de la tête et le haut du derrière des Here noirs, excepté un petit trait brun entre les ocelles postérieurs et les anten Antennes pâles, les deux ee articles presque égaux, le 5° plus ( 982) long. Prothorax bleuâtre ou brun, avec une raie dorsale noirâtre, et une tache ronde latérale; le lobe postérieur noiràtre à la base , bordé de brun, divisé en trois festons, le médian avancé arrondi, mais un peu relevé et rene re au milieu. Thorax avec une large bande dorsale noire, bordée par une bande bleue stéhuménle les côtés et le dessous bleu pâle avec une bande posthu- une raie médiane roussàtres, mal arrêtées. Abdomen noir en pris jusqu’au 7° segment, le dessous et un cercle basal aux articula- tions jaune pâle ; 8e et 9° segments bleu clair, le 10° noir, moitié aber court que le 9e, divisé en deux festons par une échancrare assez profon Appendices anals noirâtres (bruns en Lo de la longueur fa der- nier segment. Vus en dessus, ils sont épais, à bouts amincis, courbés l’un vers l’autre et montrant avant l'extrémité une dilatation arrondie égale- ment courbée au bout. Vus de profil, le bord supérieur est presque droit jusqu’au bout mousse, mais le bord inférieur forme une énorme dilatation excavée ovale commençant insensiblement dès la base, dont le bout forme avec la branche supérieure une échancrure profonde en demi-cercle. Appendices inférieurs pàles, moitié plus courts, coniques, moinsécartés. - Pieds courts, Er pâle avec une raie noire aux fémurs de est crénelée aux postérie Cils très- ot obscurs (7 aux tibias postérieurs), le bout des onglets obscur à dent inférieure bien marquée, un peu plus courte que la prin- cipale. Ọ Le centre du prothorax roussåtre, le dessous de Pabdomen jaune roussâtre; les trois derniers segments noirs en dessus, leur articulation basale roussâtre; le 10° étroitement échancré. Appendices anals coniques, un peu plus courts. Valvules vulvaires roussâtres de la longueur de l'ab- domen, sans épine basale. La raie noire des fémurs étroite, non crénelée. Patrie : Le Para , par M. Bates. (Coll. Selys.) NB. Le mâle est remarquable par ses appendices supérieurs rendus bifides pt une forte dilatation et par la raie crénelée des fémars. Les ailes sont très-pé- tiolées, 205. LEPTAGRION inca, de Selys. Abdomen o environ 22m; © 24-96. Aile inférieure o” 17; Q 16-48. Ptérostigma noir (&”), brun foncé (Q), finement cerclé de jaunâtre, court oblique, couvrant un peu moins d'une cellule, entouré d'une ner- OEE. ( 985 ) vure noire. Quadrilatère court, celui des premières ailes à côté interne un peu plus long que le supérieur, qui n’a que ‘/, du côté inférieur; celui dess secondes ayant plus de la moitié du côté supérieur. Ailes un peu salies, pétiolées un tant soit péu plus loin que la nervule postcostale, qui est placée légèrement plus près de la 1re que de la 2e antécubitale; 11-12 posteubitales Naunâtre clair, varié de noir bronzé (et de bleuâtre ?).- o Adulte. Lèvre inférieure jaunâtre, la supérieure et l'épistome bleuâtres, face obscure, dessus de la tête et le haut du derrière des yeux bronzé verdâtre , excepté un petit trait brun contre chaque ocelle postérieue vers les antennes, qui sont brun obscur, les deux premiers articles égaux, le 5° plus long. Prothorax noir avec une tache ronde laté- doe claire, le lobe postérieur divisé en trois festons, dont les latéraux clairs à leur base et le médian avancé, redressé, presque carré, à peine Emarginé. Thorax noir en avant, avec une bande antéhumérale bleuâtre, bornée par une longue bande posthumérale noire; le reste des côtés bleuâtre, avec vestige d’une ou de deux raies obscures mal ar NTE ; le dessous gris jaunâtre. ‘Abdomen noir en dessus j jusqu'au 7e segment, le dessous et un cree basal aux articulations jaunâtres (le reste manque Pieds jaunâtres; l'extérieur des fémurs noir; cils obscurs, très-longs (7 aux tibias postérieurs), onglets obscurs à dent inférieure bien mar- quée, un peu plus courte que la principale. o” Le bleuâtre de la face et du thorax remplacé par de l olivâtre. Les taches claires du prothorax plus larges, le lobe postérieur à feston mé- dian moins avancé, aminci; 8° segment bleuâtre clair; lé 10° étroitement échancré au milieu. Appendices anals nn obscurs. Valvules vul- Vaires gris brun, de la longueur de l'abdom Patrie : Jufimaguas ( Pérou ), un o” €l dei Q. (Coll. Selys.) à E suis convaincu que l'espèce ront obscur, par la large ar le 8e segment de l'ab- NB- Quoique les appendices du måle manquent est très-voisine du dor sale, P s'en ren pire bande posthumérale noire et la domen qui, chez les kasia, est bleu (noirâtre en dn ge le dorsale). 204. Lepracrion? morsarum, de Selys. Q Abdomen 27; aile inférieure 20. ©” Incon Q raie en losange, court, épais, un peu oblique, brun, cerelé ( 984 ) de jaunâtre pâle, entouré d’une nervure noire, couvrant les trois quarts d'une cellule. Le côté costal et l'inférieur un peu plus courts que les autres. Quadrilatère à côté supérieur ayant aux premières ailes un tiers, angois la moiti du cé peur aies yn peu arrondies, pétiolées et la 2*antécubitale; 11- 12 postcubitales. Jaunâtre varié de noirâtre. Face jaunâtre livide, lèvre supérieure (excepté le bord) et épistome noirâtre luisant. Front et dessus de la tête noirâtres, plus clair à loc- ciput; le derrière jaunâtre. Antennes noires, mais les trois pee articles pâles au bout. Prothorax complétement arrondi, paraissant avoir été bleuâtre en dessus, avec le lobe postérieur et une bordure submarginale latérale noirs. Thorax d’un jaunâtre ou roux olivâtre clair, plus pâle en dessous; le devant brun ane jusqu’à la {re suture latérale, avec une raie juxta- humérale jaunâtre. Abdomen médiocre, noir en dessus jusqu'au 7° segment, cette couleur un peu dilatée sur les côtés aux 2-7e qui portent à leur base un petit cercle qui est finement prolongé sur larête dorsale en ligne au commen- cement des 2e-6e segments. Les 8-10e paraissent avoir été bleuâtres en dessus pendant la vie, mais cette couleur bordée de noir sur les côtés. Bord du 10e un peu émarginé. Dessous de l'abdomen jaunâtre, la suture ventrale obscure Appendices sad coniques, épais, noiràtres. Pieds courts, jaunâtre livide. Une bande externe aux fémurs , le com- mencement d'une ligne aux tibias et les cils noiràtres. Ceux-ci sé longs (5 aux tibias postérieurs en dehors). Dent inférieure des onglets bien mar- pea T courte que la principale. e : Inconnue, mais très-probablement Amérique méridionale tro- e dai femelle communiquée par le Musée de Dres de. NB. L'espè it voisine du dorsale et de Vinca. Elle en diffère par le noir de la lèvre wapdeleers et de l’épistome (cette couleur est au contraire moins éten- due à occiput), le ptérostigma plus court, moins oblique, à côtés presque égaux, Quant à la différence de coloration des 2-5e et des 8-10e segments, elle pourrait dépendre de l'âge de l'individu. Le rene a prqie la même ige que celui du rufum. Cependant je ne puis présenter a femelle, attendu que je n'ai jamais vu dans les deux sexes d'une même eine une Pr de dessin analogue, a ( 985 ) 205. LEPTAGRION? OBSOLETUM, de Selys. Abdomen o” 29; Ọ 27; aile inférieure o" 17; Q 18, orp noir ( EE un pen Da PE fonte la costale, oblique, cou- vrant une cellul è ter et supérieur us. plus courts que Ja moilié du côté inférieur; le SA supérieur aux secondes ailes un peu plus long que la moitié pa côté inférieur. Ailes à peine salies, pétiolées jusqu’à la nervule basale post- costale, qui est placée légèrement plus près de la {re que de la 2e antécu- bitale; 10-11 postcubita Bleu verdâtre varié # es noirâtre; dessins mal arrêtés o Lèvre inférieure livide; la supérieure et la face bleuâtres, un peu obscure sur l’épistome. Dessus de la tête olivâtre, le derrière des yeux bleuâtre-pàle. Prothorax olivåtre un peu bleuâtre clair à la base, aux côtés et au lobe postérieur, qui est un peu avancé en feston arrondi. Thorax brun olivâtre en avant jusqu’à la suture humérale, avec une bande antéhumérale plus claire, L'arête dorsale noire; les côtés bleuâtre pâle passant à l'olivâtre obscur vers la suture humérale, le dessous plus clair. bdoinen assez grêle, bleu olivâtre clair, un peu jaunâtre en dessous, ad versal dorsal aux deux tiers du 2°; une tache terminale, effilée antérieu- rement occupant le cinquième final aux 5-6°; et plus les 8-10: olivâtres paraissant sans taches, le dernier court en dessas où il est largement échancré, avec une échancrure médiane Appendices anals (en mauvais état); les supérieurs Bia moilié plus courts ne es AREN, épais, ns en pne iman un peu avant le bout où la inférieurs aussi longs, dilatés à leur base interne, Yodremés chacun en une branche cylindrique mousse. Pieds jaunâtres; CVEN des fémurs, l’intérieur des tibias et les cils obscurs, ceux-ci assez longs (7 aux dei postérieurs ); onglets à dents obscures, Pinférieure un peu plus courte. hea re de la face du een et du thorax remplacé par de Polivâtre ou brun très-clair. L’abdomen à fond plutôt olivätre que bleuâtre, les je foncés d'un brun plus clair re trois derniers seg- ments wai Patr Her sur l'Amazone, un couple. Coll. (Mac Lachlan.) NB. La stature de cette espèce est identique avec celle des L. inca et dorsale Qme SÉRIE, TOME XLII. ( 986 ) Elle en diffère bien par le Prostin plus long, tes dessins mal arrêtés et surtout le dessin de l'abdomen où la tache carrée du ter segment est courte et où le bleuâtre ou olivâtre glauque occupe tout le 2e segment et les trois quarts anté- rieurs des 3-62. Les appendices inférieurs du mâle sont d’ailleurs au moins aussi longs que les supérieurs. 206. LEPTAGRION FLAMMEUM, Bates mss. Abdomen o” 30-33 !/em; © environ 55. Aile inférieure g“ 20-22; Q 25. Ptérostigma en losange , court, peu oblique, couvrant une cellule, brun olivàtre, entouré d'une nervure noire, plus foncé au centre chez l'adulte; quadrilatère large, court, celui des premières ailes à côté interne plus long que le supérieur, qui n'a que ‘/; du côté inférieur. Celui des secondes à côté supérieur ayant plus de la moitié du côté infé- rieur. Ailes un peu salies, pétiolées pas complétement jusqu’à la ner- vule postcostale (surtout aux re qui est placée entre la 1"° et la 2e antécubitale; 15-15 postcubitales o~ Semi-adulte, Roussàtre clair, varié de bronzé Face, front, espace des ocelles et antennes roussåtre clair, le reste du dessus et du derrière de la tête noir, avec un petit trait ferrugineux ntre chaque ocelle postérieur et les antennes dont les deux premiers articles sont courts, égaux. Prothorax roux, son lobe postérieur avancé, arrondi. Thorax roux avec vestige d'une raie antéhumérale ne tou- chant pas le haut et une bande latérale courte grisâtre. Abdomen mé- diocre , roux jaunàtre, avec une bande dorsale brun bronzé clair jusqu'au 7e segment, un peu interrompue à la base, un peu élargie au bout des gments, un véstige basal au 7°, les articulations basales des trois der- niers segments obscures; 10° segment plus court que la moitié du 9°, avec une petite échancrure arrondie. Appendices anals roussàtres, les supérieurs bruns en dessus, de la longueur du 10° segment, étroits à la base, courbés Pun vers lautre, ayant dans leur seconde moitié une forte dilatation inférieure àrrondie, qui, au bout, rend l'extrémité un peu émarginée. Appendices inférieurs presque aussi longs, épais à la base, effilés et recourbés en haut l'un vers l’autre ensuite. Pieds grêles jaunâtres, avec une raie externe noirâtre aux fémurs. Cils très-longs, divariqués, obscurs. (8-9 aux tibias postérieurs ); enn adulte. Le roux passant n férrugineux, et plus vif sur les quatre derniers segments , le brun dre bronzé noiràtre. ( 987 ) Ọ Lobe postérieur du prothorax un peu plus étroit; le noir de l'ab- domen réduit à un anneau terminal aux 5-6° segments, les trois derniers segments un peu obscurs au dos. atrie : L’Amazone d’après trois exemplaires pris dans les herbages sur en rives, par M. Bates. (Coll. Selys.) NB. Le petit mâle, plus adulte, était nommé Agrion flammeum , le couple plus grand et plus jeune Agrion cinnamomeum ; mais je ne puis trouver de différences spécifiques entre eux. espèce est des pieds tré s et nombreux, presque comme Ea les Argia, toni l'espèce se sépare bim vite ai la position de la pre- mière nerv ailes supérieures, est pres- que comme she cértaiis Agrion, différant en gen hi Leptagrion typiques. Le quadrilatêre est notable par son côté interne un peu plus long que le supérieur. 207. LerraGgrioN? rurum, de Selys. a Abdomen environ 29. Aile inférieure 18. Plérostigma brun roussàtre, cerclé de jaune pâle, entouré d’une ner- vure noire, un quart plus court que la cellule qu’il surmonte , irrégulière- ment carré, le côté interne étant seul oblique , de sorte que le côté costal est plus court que les autres; l’externe légèrement convexe. Quadrilatère à côté supérieur ayant aux premières ailes le tiers, aux secondes la moitié du côté inférieur, PH noire; ailes assez arrondies, pétio- lées jusqu'à la nervule postcostale qui est placée entre la fre et la 2° an- técubitale ; 5 cellules anténodales ; 10-11 postcubitales, Roux clair passant au jaunàtre en dessous; articulations cerclées de ir. Tête médiocre (large de 4e) roux orangé en dessus, plus clair aux lèvreset en dessous. Les deux premiers articles des antennes roux, les- Suivants noirâtres. Lèvre inférieure à échancrure ovale, peu profonde, comme chez le croceum. Prothorax subarrondi roux, le lobe postérieur formant au milieu un feston peu avancé, les côtés près de ce lobe paraissant porter chacun un ou deux tubercules noirs très-petits. Thorax roux un peu plus foncé en dessus, plus pâle en dessous. ded Abdomen long et grêle , roux orangé en dessus, jaune en dessous ainsi qu'un cercle Beal interrompu aux articulations des 5-6° segments ; les 2-6e cerclés de noirâtre au bout (les autres manquent). Pieds courts, jaunâtre pâle; cils assez longs‘ obscurs (5 aux tibias + ( 988 ) postérieurs en dehors). Tarses à articulations noires ainsi que les onglets dont la dent no est forte , mais plus courte que la principale. Q Inconn Patrie : Hubs mais t picale. Un exemplaire oeie Communiqué par le Musée de Dresde. LALI À 2 kat ES Ras NB. Remarquable ss la au et la forme du pterostigma (voir plus haut). L'espèce ressemble par la couleur au croceum, mais ce dernier est plus petit, plus grêle ; son ptérostigma est autrement conformé, les 3-5° eS sont plus lar- par annelés de noir au bout et la tête est beaucoup plus pet a coloration se rapproche aussi de celle de la Leptobasis xan qui par iy onglets à à dent inférieure nulle aprmrtenk au grand genre Telebasis. 208. LEPTAGRION CROCEUM, Burm. Acniox croceum, Burm , n° 6; Hagen, List. ( iption) og" Abdomen 26", Aile inférieure 16. Ptérostigma gris-brun, plus pâle à l'entour, beaucoup plus court que la cellule qu’il surmonte, presque carré, le côté interne peu oblique, l'extérieur un peu davantage , un peu convexe. Quadrilatère à côté supé- rieur ayant aux premières ailes un tiers, aux secondes la moitié du côté inférieur; réticulation brune. Ailes arrondies un peu salies au bout , pétio- lées un peu plus loin que la nervule basale postcostale, qui est placée à peu près entre la fre et la 2e antécubitale; 3 cellules anténodales, 11 postcubitales. Roux orangé, jaunâtre en dessous; abdomen annelé de noir. Tête petite (large de 3 millimètres), pointue en avant, roussàtre, plus pâle en dessous et en arrière. Antennes à 2° article un peu plus long que le ler; le 5° encore un peu plus long. Prothorax étroit, orangé en dessus, le lobe postérieur un peu arrondi de chaque côté, légèrement avancé au milieu en une petite saillie non redressée. Thorax orangé, jaunâtre en dessous et sur les côtés, où l’on voit le vestige d’une raie plus foncée à la suture médiane Abdomen excessivement long et grêle, ayant presque le double de l’aile inférieure, orangé un peu plus obscur au bout, l'articulation terminale des 1 et 2e segments finement noire, les 5-5° avec un anneau noiràtre occu- pant à peu près le sixième terminal. 10° segment ayant la moitié du 9° légèrement sinué, non redressé. Appendices anals roussàtres, ayant à peine la moitié du 10° segment; les supérieurs en forme de tubercules épais, tronqués au bout, les infé- -at (988) rieurs épais, un peu sure an bout, qui paraît recourbé en haut, un peu aigu. Pieds très-courts RE cils assez longs, divariqués, noirs (6 aux fémurs postérieurs). Onglets noirs au bout, à dent inférieure bien eg, mais notablement de courte, Q Inco Dii” i po. Type unique de Burmeister, actuellement coll. Hagen. Dr Ha: 4 pa P | D t qui est 2 + z JEE 1 en très-mauvais état, j'ai pu le ses avec ii et en in un dessin exact. C'est v ë difficile à Pars tatur ot fa batdstinn , elle a des “rapports à la fois avec le flammeum, Bates, le T, porrectum Hag., et le fabve lus B ates. Elle rappelle surtout le Telagrion porrectum , mais elle n’a que le quart de sa longueur , le ptérostigma est moins oblique en dedans, plus court; la dent infé- rieure des onglets plus courte, l'abdomen un peu moins long, les appendices très- différents ; enfin le corps uniformément roux orangé ou cann nel e. Par cette coloration, elle ressemble plus au flammeum , mais celui-ci est encore beaucoup plus grand, a le ptérostigma plus long, les ailes hes longues par rapport à l'abdomen , les cils des pieds plus longs , plus nombreux. Quant au fulvellum, il est En fortement mélangé de noir et porte une ligne postoculaire jaune sur fond n NOTE ADDITIONNELLE ET RECTIFICATIONS AU GRAND GENRE AGRION, Après la publication du commencement de ce Synopsis, j'ai pu exa- miner à Vienne et à Pest quelques espèces décrites ou rassemblées par le Dr Brauer, Je vais donner ici un résumé de mes investigations : N° 68 (addition). Iscanura ORIENTALIS, de Selys. Les derniers segments de l'abdomen du mâle ressemblent à ceux du pumilio, mais l'extrémité du 10° est plus largement échancrée en deux tubercules moins élevés . ( 990 ) Ne 68 (bis). ISCHNURA ASrATICA, Brauer, voyage de la Novara. C'est une espèce excessivement voisine de l’orientalis, dont elle n'est peut-être qu'une race. La lèvre supérieure est en entier jaunàtre. Chez le mâle le ptérostigma des ailes supérieures est presque en entier rougeâtre et le 10° segment bleu en dessus , sans noir. Chez la femelle l'épistome est jaunâtre ainsi que le 10° segment; ces exemplaires viennent de Shan- ghai et de Hongkong (Musée de Vienne ). N° 69 (bis). Iscaxura spiNicaupa, Brauer, voyage de la Novara, Décrit d'après un mâle unique de la Polynésie, qui ressemble à s'y méprendre à celui du lZ. delicata. Hagen (aurora Brauer), dont il n'est peut-être qu'une race. Le 6° segment n’a pas de tache terminale noire, et au 7e le noir ne forme qu’une tache lancéolée occupant sa seconde moitié. Le tubercule final du 10° segment est plus élevé, prolongé en deux pointes plus aiguës et plus rapprochées. La variété de la delicata décrite dans le Synopsis d'après un mâle chez lequel le 5° segment est tout bleu constitue peut-être une troisième race, que l’on peut nommer /schnura rubilio, de Selys. Ne 125 (addition). NEHALENNIA? pENTICOLLIS, Burm. De Cuernavaca et Mexico (Musée de Vienne), c'est en effet, une vraie Nehalennia. Les exemplaires diffèrent légèrement de ceux décrits par le Dr Hagen parce que les points postoculaires bleus du mâle sont distincts, et que le dessus des 8e et Je segments de la femelle sont bronzés, bleus selon Hagen. Cet auteur ne connaissait que les trois premiers segments de l'abdomen du mâle : les 4-7° sont bronzés en dessus, jaunes en dessous; les 8-9e bleus avec une bande latérale noire, le 10° noir en dessus. Les appendices supérieurs jaunàtres très-courts, comprimés, les inférieurs jaunes dilatés, prolongés en dehors en une petite branche cylindrique horizontale obscure au bout. Ne 125 (bis). NEHALENNIA LAIS, Brauer. (Coll. du Musée de Vienne.) Abdomen c” 26; © 27. Aile inférieure o" 18; Q 21. Reçue également de Cuernavaca et Mexico. Elle ressemble à la posita par la couleur, mais les côtés du thorax entre la suture humérale et la médiane sont obscurs, et chez la femelle le dessus des trois derniers segments est olivâtre terne. Les taches postoculaires sont presque obli- « térées. Appendices wepe du mâle plus courts que le 10° segment, triangulaires, à pointe fine divariquée obscure ; les inférieurs jaunes un peu plus courts, ue Le ptérostigma noir bordé de blanc à la nodal contient environ douze cellules sabre anastomosées , à ner- vules épaissies, qui forment l'apparence d'une petite gr epe arrondie nohte comme chez plusieurs Lais du groupe de T. Ne 445 (addition). AGRION? LINEOLATUM, de Selys. Cette espèce est /identique avec l'A. hieroglyphicum du Dr Brauer, voyage de la Novara. Ce nom, ayant la priorité, doit prévaloir. FIN DU GRAND GENRE AGRION. ÉLECTIONS ET PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE. La classe se forme en comité secret pour s'occuper des élections aux places vacantes et des préparatifs de la séance publique du lendemain. Les résultats des élections parai- tront dans le compte rendu de la séance publique. (992) CLASSE DES SCIENCES. am Séance publique du 16 décembre 1876. M. B.-C. Du Mortier, doyen d'âge , occupe le fauteuil en l’absence de M. Maus, vice-directeur. M. Lracre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J.-S. Stas, L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, Gluge, H. Nyst, F. Duprez, G. Dewalque, E. Quetelet, E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, Éd. Dupont, Éd. Mor- ren, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, F. Plateau, Crépin, membres; E. Catalan, associé; Ed. Mailly et M. Mourlon, correspondants. Assistent à la séance : Classe des lettres : M. Faider, directeur, président de l’Académie; M. Wauters, vice-directeur; MM. Gachard, Paul Devaux, P. De Decker, M.-N.-J. Leclercq, le baron Kervyn de Lettenhove, Th. Juste, le baron Guillaume, Alph. Le Roy, Ém. de Borchgrave, membres ; J. Nolet de Brauwere van Steeland, Aug. Scheler et Alp. Rivier, associés; Ferd. Loise , correspondant. Classe des beaux-arts : M. L. Alvin, vice-directeur; MM. G. Geefs, Jos. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, ( 993 ) Edm. De Busscher, le chevalier Léon de Burbure, J. Franck, Ad. Siret, J. Leclercq, Ern. Slingeneyer, Alex. Robert: Godfr. Guffens et p Stappaerts , membres ; Jehotte, correspondant. — La classe avait arrêté de la manière suivante le pro- gramme de la séance : 1° Discours par M. Maus, vice-directeur, faisant fonction de directeur de la classe; 2° La digestion végétale. Sur le rôle des ferments dans la nutrition des plantes ; lecture par M. Édouard Morren, membre de l’Académie ; 5° Les voyages des naturalistes belges; lecture par M. F. Plateau, membre de l'Académie; 4 Proclamation, par M. Liagre, secrétaire perpétuel, du résultat des élections et du concours annuel de la classe. A 1 heure, M. B.-C. Du Mortier, doyen d’àge de l'Aca- démie, M. Liagre, secrétaire perpétuel, et M. Faider, pré- sident annuel, sont venus prendre place au bureau. Parmi un auditoire assez nombreux, on remarque un certain nombre de dames, S. E. M. le chevalier de Britto, ron de Arinos, Ministre du Brésil, M. Beernaert, Ministre des Travaux publics, et divers hauts fonctionnaires de l'État M. Ch. Montigny lit, au nom de M. Maus, retenu chez lui pour cause d’indisposition , le discours suivant : M. le professeur Gloesener, qui remplissait les fonc- tions de directeur de la classe des sciences, est mort, à Liége, le 11 juillet dernier. Le discours qu’il devait prononcer aujourd’hui fournit ( 994 ) une nouvelle occasion de remarquer le vide qu’a laissé, parmi nous, le modeste et laborieux savant dont nous dé- plorons la perte. M. Gloesener a présenté à l'Académie, et publié sur Pélectro-magnélisme, des ouvrages qui ont obtenu le prix quinquennal pour la période de 1869-1875; il a introduit, dans les appareils de la télégraphie électrique, plusieurs perfectionnements. Le plus remarquable consiste dans l'emploi de deux électro-aimants que l'on fait agir alterna- tivement en renversant le courant dans le fil conducteur, pour abaisser et relever la pièce qui trace la dépêche. Ces inversions successives, que l'inventeur a désignécs par renversement alternatif du courant, diminuent l'in- fluence des causes perturbatrices de l'atmosphère, ren- dent possible l’usage de faibles piles, et permettent de supprimer le ressort, sujet à beaucoup d’inconvénients, mais qui était nécessaire lorsque lon n'employait qu'un électro-aimant. L'application du renversement alternatif du courant aux cables transatlantiques a beaucoup contribué aux succès de ce merveilleux moyen de correspondance entre l'ancien et le nouveau monde. Les services rendus à la science et à l’industrie trans- mettront à nos successeurs la mémoire du professeur Gloesene ou de suppléer à l'absence de notre estimablé et regretté directeur, j'ai tâché de satisfaire à l’article des statuts qui prescrit, à chaque classe de l'Académie, de rendre compte de ses travaux dans la séance publique an- nuelle. Résumer, en quelques pages, des mémoires qui compo- sent plusieurs volumes, qui traitent d’un grand nombre de ( 995 ) sciences et forment ordinairement la suite ou le complé- ment d'ouvrages antérieurs, constitue une tâche très- difficile. Pour l’accomplir j'ai utilisé le concours éclairé et bienveillant que m'ont prêté les auteurs des travaux qui ont occupé la classe des sciences pendant l’année 1876. J'indiquerai successivement les ouvrages : De Physique, De Chimie, D'Astronomie, De Mathématiques, De Botanique, De Zoologie, | De Physiologie, 7 De Géologie et de Paléontologie. La physique a fait l'objet des mémoires présentés par MM. J. Plateau, Montigny et Van der Mensbrugghe. M. Plateau a publié, en 1855 et 1854, une théorie gé- nérale de certains phénomènes de la vision. Il les partage en deux catégories; la première comprend : D'abord l’image qui persiste dans les yeux , après qu’on a regardé un objet pendant un temps très-court, image qui Conserve la forme et la couleur de l'objet. Cette persis- tance de l'impression a reçu de nombreuses applications, telles que le phénakisticope inventé par M. Plateau. Ensuite l’image accidentelle, c'est-à-dire celle qui suc- cède à la précédente, quand on a regardé un objet pen- dant un temps suffisamment long, et qui présente une couleur opposée à celle de cet objet, rouge si celui-ci était vert, verte s’il était rouge. A'la seconde catégorie appartiennent : d’abord l’irra- diation ou l'agrandissement apparent des objets clairs vus ( 996 ) sur fond sombre, par exemple le croissant lumineux de la lune, qui paraît faire partie d’un disque notablement plus grand que le reste de l’astre faiblement éclairé par la terre, puis les effets bien connus du contraste des cou- leurs, et enfin les ombres colorées, par exemple les deux ombres, l’une jaune, l’autre bleue, que projette sur un papier blanc un crayon éclairé à la fois par une bougie et par le crépuscule. La théorie de M. Plateau, accueillie avec faveur en France, a soulevé, surtout en Allemagne, des objections auxquelles l’auteur a répondu par deux Notes présentées à l’Académie en 1875 et 1876. Dans l’une, il défend sa théorie des phénomènes de la première catégorie, répond aux principales objections et maintient son principe général de la réaction de la rétine contre la lumière qui la frappe. . Dans la Note de 1876, M. Plateau s'occupe surtout de l'irradiation et défend l'opinion très-ancienne qu’il avait soutenue en 1839, que ce phénomène doit être attribué à ce que impression s'étend sur la rétine un peu en dehors des limites de l’image. Il traite aussi des phénomènes de contraste et les rattache au principe de la réaction de l'organe. La classe des sciences est heureuse de constater que l’âge et la cécité n’interrompent pas les études de M. Plateau, auteur de très-remarquables travaux de Physique. M. Montigny a présenté des mémoires relatifs aux obser- vations barométriques et à la scintillation des étoiles. Depuis la découverte du poids de l'atmosphère par Toricelli, et les expériences de Pascal, qui ont montré que la hauteur de la colonne barométrique diminuait à mesure que l’on s'élevait sur le Puy-de-Dôme, le baromètre est a de Erle (997) employé à évaluer la hauteur des montagnes et l'altitude atteinte par les aréostats à l’aide de calculs qui supposent l'atmosphère calme. M. Montigny s’est proposé d’apprécier les modifications que la vitesse et la direction des vents apportent aux résul- tats calculés. De nombreuses observations faites sur la tour de la cathédrale d'Anvers à différents étages dont le plus élevé atteint l'élévation de 104", ont fait voir que les vents de la région d'Ouest donnent des indications trop grandes, et que l’excès peut atteindre 10 p. °/, lorsque la vitesse du vent, mesurée à la station supérieure, est d'environ 15" par seconde, tandis que par les vents de la direction op- posée les résultats calculés sont inférieurs aux altitudes vraies. | L'auteur a conclu de ces faits, que la pression dans les couches atmosphériques suivant une verticale n’est pas déterminée par la même loi pour lair en mouvement et l'air en repos. Dans la séance du mois d'août dernier, M. Montigny a présenté les résultats de ses premières recherches concer- nant les variations que l’état de l’atmosphère produit dans l'intensité de la scintillation des étoiles. Ce nouveau travail déduit de 70 étoiles principales, ob- servées à Bruxelles pendant 250 soirées, forme la suite des recherches antérieures sur les relations qu'il a décou- vertes entre la scintillation des étoiles et la constitution de leur lumière propre. L'auteur décrit sa méthode d'observation avec le scin- tillomètre, de son invention, qui permet d'évaluer les nombreux changements de couleur qu'une étoile scintil- lante éprouve dans le court espace d’une seconde. (9396) M. Montigny, après avoir rapproché les faits observés des données météorologiques recueillies à l'Observatoire de Bruxelles, a reconnu que la pluie exerce sur l'intensité de la scintillation une influence prépondérante. En effet, elle augmente à l'approche de ce phénomène et lorsque les jours de pluie se succèdent à des intervalles de plus en plus courts. L'intensité de la scintillation est plus grande en janvier et février qu’en juin et juillet et pendant les grandes agi- tations de l’atmospère que pendant un temps calme. L'auteur conclut que la scintillation étudiée d’une ma- nière régulière peut fournir d’utiles indications pour la prévision du temps et l'étude des phénomènes météorolo- giques. M. Montigny a rendu compte à la classe des sciences d’abord de deux mémoires importants présentés par M. Spring : l’un traite du développement de l'électricité statique, et l’autre des phénomènes électriques qui accom- pagnent l’écoulement du mercure par les tubes capillaires; puis d’un travail de M. de Heen sur la relation qui existe- rait entre la température de fusion des métaux et leur coefficient de dilatation. Ces mémoires ont été insérés dans les Bulletins de l’Académie. M. G. Van der Mensbrugghe a présenté deux Mémoires dans lesquels il applique les principes de la théorie méca- nique de la chaleur aux variations de. la surface limite d’un liquide, cette surface étant en contact soit avec l'air, soit avec un autre liquide ou avec un solide. Dans ses recherches antérieures, il avait tàché d'établir, par expérience et par la théorie, qu'il existe une véri- ( 999.) table tension dans toute surface liquide libre, tandis que la couche de séparation d’un solide et d’un liquide qui mouille celui-ci est douée d'une force d'extension. En s'appuyant sur les résultats observés, il trouve, entre autres conséquences, que toute surface liquide libre qui augmente, éprouve un refroidissement et acquiert une tension superficielle plus forte, tandis qu’il se produit un échauffement chaque fois qu’un liquide mouille parfaite- ment la surface d’un corps solide. Ces déductions théoriques trouvent une application im- médiate dans un grand nombre de phénomènes, tels que l’évaporation des liquides, la condensation de la vapeur d'eau, l’imbibition du sol par les eaux pluviales, la péné- tration des liquides dans les cellules des végétaux, etc., etc. L'auteur est amené à conciure qu’à toute variation de température de la surface limite d’un liquide , correspond une variation dans l’état électrique de ce corps et la pro- duction d’un courant thermo-électrique. Après avoir rapporté plusieurs expériences à l’appui de celte proposition, M. G. Van der Mensbrugghe signale les phénomènes électriques de l’atmosphère, depuis la forma- tion de l'électricité habituelle de l'air jusqu’au développe- ment des énormes quantités de fluide électrique pendant les orages. Ces idées sont confirmées par la relation que le R. P. Secchi a constatée pendant de longues années, entre les perturbations météorologiques et les variations d'in- tensité du magnétisme terrestre. Enfin M. G. Van der Mensbrugghe applique ses for- mules à l’examen de différentes questions de physique générale, notamment à l'ébullition, la fusion, la dissolution des solides dans les liquides, et présente une théorie plausible des phénomènes qui se produisent dans certains Corps aux environs de leur maximum de densité. ( 1000 ) Ces recherches paraissent devoir acquérir une grande importance dans la thermodynamique, où, jusqu’à présent, on regardait l’état d’un corps comme suffisamment. défini par le volume, la température et la pression. Si des re- cherches ultérieures confirment la théorie de M. G. Van der Mensbrugghe, on devra désormais tenir compte des forces moléculaires qui règnent à la surface limite des corps. Les travaux de chimie comprennent des mémoires et notices de MM. Stas, Melsens et Valérius. M. Stas a présenté de nouvelles recherches sur la dé- termination des poids atomiques, sujet extrêmement im- portant, puisque l'analyse chimique, qui prête un si puissant concours à l’industrie, repose sur l’exactitude des poids atomiques, c’est-à-dire les rapports entre les poids des corps simples qui existent dans les combinaisons chi- miques. La connaissance exacte de ces rapports constitue l'une des conditions fondamentales de la chimie. M. Stas, ayant découvert que l’une des méthodes qu'il avait employées pour ses précédents travaux, pouvait, dans certaines circonstances, entrainer à des erreurs, s'est livré à de longues recherches qui l'ont amené à découvrir la cause de ces erreurs et le moyen de les éliminer. Appliquant ce nouveau mode de contrôle aux travaux qu'il avait exécutés pour déterminer les poids atomiques de l'azote, du brome, du chlore, de l'argent , du potassium et du sodium, M. Stas a éprouvé la satisfaction de con- stater la parfaite exactitude des poids attribués à ces Corps dans ses précédentes publications. La connaissance des poids atomiques exacts est im- portante à un point de vue scientifique général, puisqu'elle ( 1001 ) constitue le seul moyen, connu jusqu’aujourd’hui, de nous former une idée de la véritable nature des corps réputés simples; car c'est de la commensurabilité ou de l'incom- mensurabilité des rapports existants entre les poids ato- miques que nous pouvons déduire la mutabilité ou l'im- mutabilité de composition des corps considérés comme indécomposables , en d’autres termes l'unité ou la pluralité de la matière. Les nombreuses et délicates recherches auxquelles M. Stas s’est livré pendant près d’un tiers de siècle, dans l'intérêt des analyses chimiques, l'ont amené à conclure que les poids atomiques n’ont pas entre eux des rapports commensurables. M. Melsens a présenté, dans la séance de février, une seconde notice historique sur Van Helmont, destinée à réfuter les objections que deux savants étrangers avaient faites à sa première notice sur notre célèbre ereen qui a vécu de 1577 à 1644. Après avoir cité et interprété tous les textes MALTA M. Melsens établit que la première notion exacte de la flamme est due à Van Helmont. Le même auteur a commencé la publication d’un tra- vail sur les paratonnerres à pointes, conducteurs, et rac- cordements terrestres multiples ; cet ouvrage serait déjà terminé si l’auteur n'avait été obligé de l’interrompre pour motif de santé. Je désire que M. Melsens se rétablisse promptement os | pourra, bientót après, terminer une publication scientifique qui intéresse la conservation de nos édifices publics. M. Valérius a présenté deux mémoires relatifs à la tem- 2m SÉRIE, TOME XLII. t ( 1002 ) pérature que peuvent produire les combustibles ordinaires brülés à l'air libre. L'auteur, supposant que les lois de Bunsen sur la com- bustion sont applicables à l'air libre comme en vase clos, a établi des formules qui permettent de calculer les tem- pératures produites par la combustion des principaux com- bustibles dont on connaît la composition chimique. L'application de ces formules a indiqué les températures de 2471° et 2558°, selon que l’on brûle dans l'oxygène, l'hydrogène ou l’oxyde de carbone. Le premier de ces résultats s'accorde avec les 2500° trouvés par M. Sainte-Claire Deville , et le second est infé- rieur à la limite de 2600° à 2700° que le même savant à indiquée comme ne pouvant être dépassée par la combus- tion de l’oxyde de carbone dans l’oxygène. Ces formules, employées à calculer les températures développées par diverses houilles dont MM. Scheurer- Kestner et Meunier avaient déterminé les puissances calo- rifiques, ont fourni des indications qui paraissent s'accorder avec les résultats constatés. Cet accord entre le calcul et l'observation, cesse pour la combustion du gaz d'éclairage qui ne produirait qu'une température de 1280°, au lieu de dépasser 2,000°, comme l'indique la lampe de Bunsen. Le désaccord n’existerait, selon l’auteur, que pour les corps dont la température de combustion est comprise entre 1146° et 2000°. Dans un troisième mémoire M. Valérius cherche à dé- terminer la température que doit avoir Fair chaud introduit dans un haut fourneau pour y produire la plus grande chaleur. Des considérations qu'il a développées , l’auteur conclut ( 1005 ) que l'air doit être chauffé à environ 800° avant d’être in- troduit dans le haut fourneau pour réaliser la température de 2500° considérée comme la plus élevée que l’on puisse produire dans ces fours. Les mémoires de M. Valérius seront utilement consul- tés par nos métallurgistes. L'astronomie est représentée par les travaux de MM. Liagre, Houzeau et Mailly. Dans la séance du mois de juillet, M. Liagre a lu un rapport détaillé sur un travail manuscrit de M. Houzeau, directeur de l'Observatoire. Ce travail porte pour titre : Uranométrie générale; il est accompagné d’une étude sur la distribution des étoiles visibles à l'œil nu. Le mémoire de M. Houzeau, que nous ne connaissons encore que par l’analyse qu'en a présentée le rapporteur, comprend, outre une introduction intéressante , un cata- logue de près de 6,000 étoiles, observées à l'œil nu sur toute la surface de la sphère céleste. L'auteur y a joint un atlas uranométrique en cinq feuilles, dans lequel toutes ces éloiles sont rapportées de position et figurées de grandeur. M. Houzeau, ayant fixé son habitation dans le voisinage de l'équateur, a pu assez facilement se transporter d'un hémisphère à l’autre et, en un temps relativement très- court, procéder à un examen général de toutes les étoiles visibles dans l'étendue entière de la sphère céleste. Il a commencé par dresser une carte où toutes les étoiles qu’il pouvait apercevoir à la vue simple étaient portées sans distinction de grandeur; puis, dans une revue rapide, il en a apprécié et inscrit les grandeurs. Cette revue a été effectuée en treize mois, de janvier 1875 à février 1876. ( 1004 ) Outre une nouvelle détermination des pôles de la voie lactée, on remarque dans ce travail une étude très-dé- taillée sur la loi de distribution des étoiles visibles à l’œil nu. Cette étude confirme les idées de Frédéric Struve, et démontre que pour les étoiles visibles comme pour les étoiles télescopiques, la densité des couches stellaires parallèles au plan de la voie lactée va en décroissant à partir de la trace médiane de cette zone céleste. M. Liagre fait ressortir de la manière suivante limpor- tance du vaste travail de M. Houzeau : « Un inventaire » exact, détaillé, actuel, de toutes les richesses du ciel, » dressé en treize mois par un seul homme, est, dit-il, un » véritable monument élevé à l’astronomie d’observation; » il ne peut manquer d’être tôt ou tard fécond en résultats, » car, ainsi que le disait Pline à propos du catalogue d'Hip- » parque, une œuvre de ce genre est un héritage légué à » la postérité : Cœlum posteris in hereditatem relictum. » Espérons que le Gouvernement , donnant suite au vœu exprimé par la classe des sciences, prendra bientôt les mesures nécessaires pour livrer à la publicité l'important ouvrage du nouveau directeur de notre Observatoire. M. Houzeau a publié cette année un ouvrage qu'il a in- titulé : « Étude de la nature, ses charmes et ses dangers. » Dans la première partie l’auteur nous fait assister à la découverte de ces vérités qui constituent la base de nos connaissances astronomiques et physiques. Cette curieuse revue nous montre les frayeurs et les préjugés populaires successivement remplacés par la con- naissance des lois simples et harmoniques de la nature. Il sémble que la science produise dans les intelligences l'effet du soleil qui, paraissant à l'horizon, dissipe l'ob- scurité et substitue un magnifique paysage aux fantômes formés par les ombres de la nuit. ( 1005 ) Dans la seconde partie de l'ouvrage, l’auteur nous montre les hommes, auxquels la postérité a élevé des statues, souffrant, pendant leur vie, du mauvais vouloir de leurs contemporains aveuglés par la jalousie ou l'égoïsme et trop souvent soumis à des traitements cruels par un despo- tisme aveugle. Si nous ne pouvons espérer, ni même désirer, de voir l’homme dépouillé de ses passions, il est cependant permis de croire qu’elles ne se manifesteront plus, à l’avenir, par des actes qui répugnent à nos mœurs, et qu'un jour elles n’exciteront plus qu’une émulation favorable aux progrès - de humanité. M. Mailly auteur de plusieurs ouvrages sur l’astrono- mie a commencé une histoire des sciences et des lettres en Belgique pendant la seconde moitié du XVIII siècle : l’ancienne Académie y occupe une grande place, et l’auteur a fait des recherches biographiques concernant les savants qui la composaient. M. Mailly a présenté cette année la biographie de R. Bour- nons, ancien officier du génie et professeur au collége Thérésien de Bruxelles, qui jouissait au siècle dernier de la réputation de très-habile géomètre. Il a retracé ensuite la carrière de Gerard, homme de grand talent, qui a été le premier secrétaire perpétuel de l’Académie, et il a fait connaître les raisons pour lesquelles il a été remplacé par Des Roches. Enfin il a établi que c'est ce dernier qui est l’auteur du remarquable discours pré- liminaire de nos anciens Mémoires. M. Mailly nous a entretenus du projet qu’on avait formé en 1786 de créer une chaire à l’Université de Louvain pour le célèbre astronome de Zach et d'y ériger un Observatoire. ( 1006 ) Il a traduit de l'allemand l'éloge de l'astronome Arge- lander, membre associé que nous avons perdu en 1875; il a donné une notice biographique d'un autre associé, M. Van Rees, professeur de mathématiques à l’Université de Liége depuis 1821 jusqu’à 1830, époque à laquelle il retourna dans les Pays-Bas, sa patrie, où il occupa la chaire de physique à l’Université d'Utrecht jusqu’à l’année 1875, date de sa mort. Les mathématiques constituent la langue scientifique par excellence. D’une extrême concision, l'expression algébrique d’un phénomène, modifiée suivant des règles absolues, indique toujours des relations rigoureusement exactes déduites de l'expression primitive. Les simplifications, que l’on apporte à cette expression primitive, sont autant de pas vers la connaissance des solu- tions simples qui caractérisent lés lois de la nature. MM. Folie, Catalan et de Tilly ont présenté des mé- moires de mathématiques. M. Folie a indiqué une méthode nouvelle pour calculer les formules de transformation des coordonnées. Cette méthode, comme le mémoire intitulé : Fondements d’une géométrie supérieure cartésienne du même auteur qui, le premier, a étendu les théorèmes de Pascal et de Brian- chon aux courbes du 3° au 5" ordre et de la 3° à la gme classe, de même qu'aux surfaces du 3"° ordre, et à celles de la 5™° classe, qu’il a créées, est une application de la méthode des coefficients indéterminés, et repose sur une remarque, simple et nouvelle, qui dispense de déterminer les angles que les nouveaux axes font avec les anciens. ( 1007 ) Comme conséquence, l’auteur trouve la position d’un point par rapport à une droite, d’après le signe de leur distance mutuelle que l’on considère généralement, mais à tort, comme nécessairement positive. M. Folie appelle l’attention des jeunes géomètres sur les interprétations géométriques curieuses qu’ils rencontre- raient en appliquant sa méthode aux trois dimensions; ces interprétations ont fait l’objet d'un travail de M. Le Paige, inséré dans les Bulletins de l'Académie. M. Folie, auteur de mémoires de mécanique et de géo- métrie, a publié cette année la première partie d’un précis de géométrie élémentaire. M. Folie a rédigé des rapports sur plusieurs notes de M. Saltel concernant les lieux géométriques et le théo- rème de Desargues, sur les mémoires de M. Spring con- cernant l'électricité statique et l'écoulement du mercure par les tubes capillaires, et sur les tables de logarithmes de MM. Namur et Mansion. M. Catalan a présenté, en avril et juin, des Notes d'Al- gèbre et d'Analyse. Ce travail a été, de la part de M. Liagre, l’objet d’un examen approfondi et d'un Rapport très- favorable. M. Liagre a signalé plusieurs combinaisons ingénieuses, dont M. Catalan semble posséder le secret, et qui procu- rent des solutions simples et inattendues. Des remerci- ments ont été votés à l’auteur de cette communication, M. Catalan a rédigé des Rapports sur les Tables de loga- rithmes de MM. Namur et Mansion; sur deux communi- cations de M. Le Paige, concernant une équation différen- tielle et les Nombres de Bernoulli, et sur deux Notes de M. Saltel. ( 1008 ) L'auteur a publié, dans la Nouvelle Correspondance ma- thématique, divers articles concernant des formules algé- briques, des théorèmes de géométrie et d’arithmétique, etc. M. De Tilly a publié un mémoire sur diverses questions de Balistique, dont plusieurs parties forment suite à ses travaux sur la similitude mécanique, qui ont été précé- demment insérés dans les Bulletins de l'Académie. Il a rédigé aussi des rapports sur le supplément au mé- moire de M. Boussinesq, concernant l’équilibre des massifs pulvérulents et sur le mémoire de concours concernant les quantités imaginaires. Dans la section des sciences naturelles, notre attention se porte d'abord sur les travaux de deux botanistes, MM. Morren et Bellynck. M. Morren a publié un mémoire sur la théorie des plantes carnivores et irritables qu’il avait exposée dans la dernière séance publique de l’Académie. Cette nouvelle édition, destinée à répandre la connaissance de ces végé- taux extraordinaires, qui attirent et tuent les insectes dont ils paraissent se nourrir, forme la préface de la lecture que M. Morren se propose de faire aujourd’hui. Dans le discours d'ouverture du congrès de botanique horticole prononcé le 4°% mai de cette année, le même auteur a montré les progrès de la botanique en Belgique, attestés par le grand nombre de publications dont les planches coloriées représentent environ 8.000 espèces de végétaux exotiques, cultivés dans nos serres et jardins. M. Morren à publié récemment les biographies détail- lées de deux botanistes célèbres du XVI° siècle : Ch. de l'Escluse et Mathieu de L’Obel. ( 1009 ) Il continue à rédiger le recueil périodique la Belgique horticole, spécialement consacré à la connaissance des végélaux exotiques acclimatés dans nos serres et des espèces nouvelles dont elles s'enrichissent. Le dernier volume de cette publication donne le portrait d’Adolphe Quetelet, notre regretté secrétaire perpétuel, et rappelle les services qu’il a rendus à la botanique. Ce volume con- tient la description, accompagnée de belles planches colo- riées, de plusieurs espèces nouvelles et inédites : Calathea taeniosa, Bromelia Joinvillei, Cattleya dolosa, etc. Le même auteur a publié une seconde édition d’un mémoire sur l'Énergie de la végétation, on l'application de la théorie mécanique de la chaleur à la physiologie des plantes, afin d’attirer l'attention sur des questions qui attendent une solution. M. Morren a publié cette année la 4° édition d’une liste des jardins, musées et chaires de botanique des quatre parties du monde, destinée à faire connaître à la fois tous les représentants de la botanique et l'organisation de la science dans ses principaux foyers. Cet ouvrage facilite les nombreuses relations entre les botanistes belges et étrangers. M. Bellynck a présenté à l’Académie l'analyse du second fascicule de l'ouvrage de M. A. Cogniaux, traitant des cu- curbitacées. > Il a publié cette année un Cours élémentaire de bota- nique. Ce livre classique résume, dans un plan méthodique, toutes les branches du règne végétal : description des or- ganes, physiologie des plantes, principales familles végé- tales, géographie botanique, anomalies et maladies des ( 1010 ) plantes. La botanique fossile fait l'objet d'un chapitre spé- cial; la botanique médicale et les diverses espèces de cul- ture complètent cet utile ouvrage. Le même auteur a fait paraitre celte année, avant la saison des excursions, un Catalogue analytique de toutes les plantes observées en Belgique, destiné aux herborisa- tions; il donne, en une ligne, les caractères suffisants pour reconnaître chaque genre, indiquer si la plante est annuelle ou vivace, indigène ou introduite, commune ou rare, enfin l’époque de sa floraison. Ce travail contribuera beaucoup à faciliter l'étude d'une science, dont la connaissance est nécessaire au progrès de : la culture de nos champs et de nos jardins. ` La zoologie compte parmi nous deux savants zélés qui ont pris, pour leurs études, des sujets forts différents; M. P. Van Beneden a choisi les cétacés, M. de Selys Longchamps les insectes névroptères. Rappelons d’abord que, dans des communications antérieures, M. P. Van Beneden a décrit les cétacés, leurs parasites ou commen- saux, et indiqué les mers qu'ils fréquentent. Il a donné cette année, sur la baleine du Japon , de nouveaux rensei- gnements déduits des ossements conservés dans les Musées de Leyde et d'Amsterdam. Cette baleine est la seule qui forme l’objet d’une pêcherégulière; « il importe, dit M. Van Beneden, de compléter la description de ces colosses de la création avant qu’ils aient disparu comme plusieurs espèces aujourd'hui détruites. » Les travaux des fortifications d'Anvers ont fait décou- vrir un nombre considérable d’ossements fossiles de ba- leines, de dauphins et de phoques. Ces ossements ont fait l’objet des études de M. Van Beneden, qui a signalé le con- ( 1011 ) traste que présente l'abondance des os de carnassiers amphibies, dans ce grand dépôt, avec la seule espèce de phoque que l’on trouve aujourd’hui depuis la Norwége jusqu’à la Méditerranée. La comparaison entre les fossiles d'Anvers et ceux que Fon conserve dans les musées étrangers lui a permis de déterminer à quelles espèces appartenaient certains osse- ments dont on ignorait l’origine, et de comparer les fossiles trouvés dans le Wurtemberg avec ceux d'Anvers. Le même auteur a décrit un cétacé fort rare, gn Grampus griseus, capturé sur la côte d’Alger, et il a pu l’acquérir pour le Musée royal de Bruxelles. M. Van Beneden a rédigé une notice sur le squale pèle- rin. Certains débris trouvés à Anvers semblent appartenir à ce squale monstre, et d'autres à un poisson très-peu différent. Il a présenté un rapport sur un mémoire de M. Mourlon concernant une couche de sable à Anvers qui renferme des ossements fossiles appartenant à la fin de l'époque miocène. M. de Selys Longchamps a commencé, en 1855, à pré- senter une série de Synopsis contenant chacun la descrip- tion succincte de l'un des groupes démembrés de l'ancien genre Libellula de Linné, qui est aujourd’hui divisé en trois familles : Libellulides, Æschnides et Agrionides. L'ensemble formera le synopsis des Odonates, division de l’ordre des insectes névroptères. Dix-huit notices ont été publiées par l’Académie dans l'intervalle de 1855 à 1874, Elles donnent au complet les trois sous-familles Cordulines, Gomphines et Caloptéry- gines. La sous-famille des Agrionines a fourni la matière de six de ces notices. ( 1012 ) La plus grande partie de ce qui restait à faire connaître d’Agrionines a paru dans les Bulletins de 1876, le com- plément sera présenté prochainement. L'ensemble des synopsis publiés comprend 676 espèces dont 6 seulement étaient connues du temps de Linné. Ces insectes, remarquables par leurs formes gracieuses, leurs vives couleurs et leurs mœurs curieuses, devaient fixer l'attention d’un spécialiste et décider M. de Selys Longchamps à les étudier d’une manière approfondie. La classe des sciences a reçu des ouvrages de physio- logie de MM. Éd. Van Beneden, F. Plateau et Van Bambeke. M. Éd. Van Beneden à présenté un mémoire intitulé : Contributions à l’histoire de la vésicule germinative. Il a aussi publié ses recherches sur les Dicyémides, survivants actuels d’un embranchement des Mésozoaires. Pendant un séjour sur les bords de la Méditerranée et de l’Adriatique en 1874 et 1875, il a étudié l'organisation du Dicyema paradoxum de Kölliker et le développement . embryonnaire. M. Éd. Van Beneden a fait des rapports sur un travail de M. Leboucq concernant les nerfs des larves de Batra- ciens et sur une note de M. Fredericq concernant les muscles striés de l’hydrophyle. | | La physiologie des Articulés a fait dans ces derniers temps de grands progrès : les phénomènes de mouvement, les fonctions du système nerveux, la chaleur propre, le développement embryonnaire, etc., de ces animaux con- stituent le sujet de travaux importants. La digestion seule avait été laissée dans l'oubli. M. Félix Plateau s'efforce de combler cette lacune. En 1874, il a présenté un intéressant mémoire sur la (1015 ) digestion chez les Insectes, et cette année il a successive- ment soumis à l’Académie un mémoire sur la digestion chez les Myriapodes; une notice sur la digestion chez la Blatte américaine, et une autre sur la digestion chez les Arachnides du groupe des Phalangides. L'auteur a pu déterminer, par de nombreuses expé- riences, les propriétés spéciales des liquides déversés dans chaque portion du tube digestif et suivre, en quelque sorte, les diverses phases de la digestion. M. F. Plateau, en assignant le véritable rôle de toutes les parties de appareil digestif, a rectifié beaucoup d'idées erronées M. Van Bambeke a présenté un mémoire sur l’'embryo- logie des poissons osseux qui a été inséré dans le recueil in-4°, et dans lequel l’auteur rend compte du développe- ment de l’œuf dans diverses conditions. Il a publié ses recherches sur l’embryologie des Batra- ciens, qui contiennent d’intéressantes observations, sur- tout en ce qui concerne l'apparition du premier noyau embryonnaire et ont été insérées dans les Bulletins; enfin il a présenté un rapport sur un travail de M. Feettinger concernant l’épiderme des cyclostomes et l'analyse d'un travail de M. Swaen sur la cornée des grenouilles. La géologie et la paléontologie n’ont pas seulement pour but d’étudier les transformations que l'écorce solide du globe a subies, et de connaître les nombreuses races d'ani- maux dont nous trouvons les restes à l'état fossile, ces sciences ont une utilité immédiate pour les pays qui pos- sédent, comme la Belgique, une grande richesse minérale. En faisant connaître les roches qui contiennent les sub- stances recherchées par l'industrie, et les modifications que ( 1014 ) ces roches ont subies, la géologie et la paléontologie empê- chent de faire de dispendieuses recherches dans des roches stériles, et guident le mineur dans ses travaux destinés soit à extraire, des immenses forêts enfouies, le com- bustible qui nous ferait défaut sans cette ressource provi- dentielle, soit à se procurer les minerais de fer de zinc et de plomb. Appréciant l'utilité d’une carte géologique destinée à exposer la composition du sol de la Belgique, l'Académie a, depuis un grand nombre d'années, cherché à la créer et à la perfectionner. Un coup d'œil rétrospectif est nécessaire pour apprécier les résultats obtenus et montrer quels tra- vaux ont précédé ceux de cette année. La classe des sciences, après avoir, sans succès, réclamé la description géologique du royaume, prenait, en mai 1819, la résolution de mettre successivement au concours , pour toutes les provinces, la description de leur consti- tution géologique. L'Académie a couronné les mémoires qu'elle a reçus : En 1821 de M. Drapiez pour la diese de la province de Hainaut. En 1825 de M. Cauchy pour la province de Namur. En 1828 de M. Steininger pour la province de Luxem- bourg. En 1850 de M. A. Dumont pour la province de Liége. En 1855 de M. Galeotti poor la province de Brabant. Les concours pour les d des autres provinces étant restés sans. résultat. l’Académie jugea le moment venu de coordonner les deseriptions rédigées par des auteurs différents, à des époques éloignées , et de les compléter pour dresser une carte géologique de la Belgique. Elle proposa au Gouvernement de charger de ce travail M. A. Dumont qui s'était fait remarquer par les vues ( 1015 ) neuves et ingénieuses, qu'il avait développées dans sa description géologique de la province de Liége. Cette proposition ayant été acceptée, M. A. Dumont se mit résolûment à l’œuvre et en 1849 il terminait cette grande entreprise. La carte géologiqne de M. A, Dumont a été appréciée très -favorablement et sur la demande de l’Académie, le Gouvernement l’a fait publier. Dès 1852 elle était à la disposition du public. Quelques années plus tard notre illustre confrère cessait de vivre à un âge qui permettait d'espérer encore de nom- breux travaux et de brillants succès. M. d'Omalius, qui, le premier, a fait apprécier en Bel- gique le mérite de la géologie, a publié plusieurs traités de cette science, ela inspiré les premières résolutions prises par l’Académie pour obtenir la carte géologique. Pendant la longue période de 1816 à 1874, il a fait un grand nombre de communications pour élucider ou résou- dre des questions discutées, et a donné son avis sur les mémoires et notices soumis à l'appréciation de l’Académie. Il aidait et encourageait les jeunes gens qui recouraient à ses lumières, et contribuait ainsi à former des géologues utiles à la science et au pays. L'Académie, voulant témoigner sa reconnaissance pour tant de services, a voté une médaille d’or à M. d'Omalius. M. de Koninck commençait en 1857 la publication d'une série de monographies comprenant la description des coquilles fossiles de l'argile de Boom, des crustacés fossiles de la Belgique, des crinoïdes carbonifères, des Productus et des Chonates et enfin des animaux fossiles du terrain carbonifère en général. ( 1016 ) En 1847 il faisait paraître une notice sur la valeur du caractère paléontologique en géologie ; retraçait, dans un discours prononcé eu 1851, les progrès de la paléontologie en Belgique, rédigeait plusieurs notices sur des fossiles du Spitzberg, de la Chine, de l'Angleterre et de l'Écosse, sur un nouveau genre de poisson fossile de la craie supérieure et deux mémoires dont l’un sur les polypes carbonifères du pays et l’autre sur les fossiles paléozoïques recueillis dans l’Inde par le D" Fleming de Glasgow. Enfin cette année M. de Koninck a publié deux nouveaux mémoires : l’un sur quelques fossiles recueillis par M. Dewalque dans le sys- tème gédinien, l’autre intitulé : Recherches sur les fossiles paléozoïques de la Nouvelle-Galles du Sud (Australie). La Société géologique de Londres a décerné à M. de Koninck sa plus haute distinction, la médaille Wollaston. M. Houzeau a rédigé, sur la direction et la grandeur des soulèvements qui ont affecté le sol de la Belgique, un mémoire qui fait partie de la collection académique. M. Dewalque a donné, en collaboration avec M. Chapuis, une description des fossiles des terrains secondaires de la province de Luxembourg, couronnée par l’Académie. = Le premier auteur a communiqué : plusieurs notices sur les différents étages du lias du Luxembourg, sur l’âge des grès liasiques avec une carte géologique des environs d’Arlon, des notices sur la constitution du système eifelien dans le bassin anthraxifère du Condroz et dans le bassin de Namur. Il a rédigé un rapport sur un travail de MM. Gossele et Malaise et une notice sur le parallélisme des terrains ardennais et cambriens. ( 1017 ) M. Dewalque a présenté un résumé de la marche des sciences minérales en Belgique et dressé pour le centenaire de l'Académie le rapport séculaire sur les travaux des sciences minérales. - Enfin il a publié un atlas de cristallographie, un abrégé de conchyliologie appliquée à la géologie et le Prodrome d’une description géologique de la Belgique. M. Malaise, dont l’Académie a couronné, en 1875, la description du terrain silurien du centre de la Belgique, a présenté diverses notices sur des ossements humains d'Engihoul et sur les silex de Spiennes, sur l’âge des phy!- lades fossilifères de Grand-Manil, sur l'existence en Bel- gique de nouveaux gîtes fossilifères de la faune silurienne et sur le terrain crétacé de Lonzée, il a rédigé : un mémoire sur les découvertes paléontologiques faites en Belgique, un manuel de minéralogie pratique, une carte agricole de la Belgique; des observations sur le terrain silurien de PArdenne, faites en collaboration avec M. Jules Gosselet qui a présenté en 1874 une carte géologique de la bande méridionale des calcaires dévoniens de l'Entre-Sambre-et- Meuse. M. Malaise a, cette année, analysé les mémoires présen- tés : par M. Marion: concernant les dépôts dévoniens; par MM. de la Vallée-Poussin et Renard sur les roches pluto- niennes de la eha par M. Gosselet concernant le calcaire eifelien. Jl a publié un vies intitulé : la Paléontologie végé- tale de la Belgique. M. Dupont a présenté successivement une carte géolo- gique des environs de Dinant, ses observations sur le cal- 2 SÉRIE, TOME XLII. 66 (4018 ) caire carbonifère de la Belgique et du Hainaut francais, ses études sur le terrain quaternaire de la Meuse et de la Lesse, et ses explorations des cavernes de la province de Namur. MM. Briart et Cornet ont donné: la description de l'étage inférieur du terrain crétacé du Hainaut,accompagnée d’une ` description des végétaux fossiles, due à Eug. Coemans, que l'Académie a perdu peu de temps après, la description de la Meule de Bracquegnies; ils ont rédigé un mémoire sur la division de l'étage de la craie blanche du Hainaut en quatre assises, et le commencement de la description des fossiles du calcaire grossier de Mons; ils ont fait diverses communications relatives à la constitution géologique du Hainaut. L'édition de la carte géologique de M. A. Dumont étant épuisée depuis plusieurs années, M. Dewalque a proposé d'en dresser une nouvelle à l'échelle de 1/40,000. Cette proposition a été soumise à l'examen d’une com- mission composée de MM. Dewalque, Dupont et Briart. La classe des sciences, ayant pris connaissance du rap- port de cette commission , a décidé de prier le Gouverne- ment de faire dresser une nouvelle carte à grande échelle, et, en attendant l'exécution de cette carte, de procéder à un second tirage de la carte de M. A. Dumont, enfin de confier l’exécution de la nouvelle carte à une commission composée: de membres de l’Académie, de représentants des départements ministériels de l'Intérieur , de la Guerre et des Travaux publics qui ont dans leurs attributions les intérêts des sciences et de l’industrie, les cartes topo- graphiques et l'administration des mines. (4019 ) ` L'Académie continuera à déployer toute sa sollicitude pour rendre aussi complète que possible la connaissance de la partie du globe terrestre qui constitue le sol de la patrie. Je termine en priant de remarquer que les recherches scientifiques n’aboutissent pas tous les ans à des résultats assez complets pour d’être publiés. Tel est le motif qui n’a pas permis de citer, dans cette revue annuelle, beau- coup de membres de la classe des sciences dont les noms sont connus du monde savant. Mais en revoyant les publications académiques des années antérieures, on con- staterait que tous, stimulés par le généreux appel de l’Au- guste Protecteur de l’Académie, rivalisent de zèle pour atteindre le but de nos efforts communs : perfectionner les sciences, par des découvertes qui honorent le pays et augmentent sa prospérité. — La parole est donnée à M. Morren , pour faire sa lec- ture concernant le Rôle des ferments dans la nutrition des plantes. | PRÉFACE. La note dont je vais avoir l'honneur de donner lecture et que je soumets au jugement de l'Aca- démie, est le complément de mes observations sur les plantes carnivores. Mais j'aborde des ques- tions générales qui peuvent intéresser, outre les botanistes, tous ceux qui s'occupent de physio- logie et de chimie biologique. ( 1020 ) J'aurais voulu les traiter avec plus de détails et ajouter des démonstrations nouvelles à celles qui me servent de base, mais les nombreux devoirs auxquels je dois satisfaire, ne m'ont pas permis de réaliser mes désirs. | Il est désormais indubitable que certaines plantes ont le pouvoir d'attirer, de retenir, de tuer, de dissoudre et d'absorber les insectes et même des animaux supérieurs. ll n’y a pas lieu de revenir sur les faits en tant qu'ils sont connus; mais, il ne faut pas se le dissimuler, ces observa- tions, quelque nombreuses et concordantes qu’elles soient, ont été accueillies avec une certaine réserve et même avec incrédulité par des savants qui ne sont pas à même de les répéter et de les contrôler : le doute est encore répandu. _ Il y a lieu de s’en étonner, car, à mon avis, les faits observés chez les plantes carnivores sont en parfaite har- monie avec la théorie générale de la nutrition des plantes, comme je vais chercher à l’établir dans cette note. La digestion n’est pas exclusivement propre aux plantes carnivores, mais elle est générale à tous les êtres vivants et commune à tous les végétaux ; elle semble être la con- dition nécessaire de l’assimilation. La digestion animale est, dans son essence, considérée aujourd'hui comme une fermentation du genre de celles que les chimistes appellent fermentations indirectes : elle consiste dans une hydratation, suivie de dédoublements, des matières digestibles ou fermentescibles. Ces substances, qui sont dans un état complexe et colloïdal, sont convertics ei Bada dd | f ded ( 1021 ) en composés simples, diffusibles et par suite absorbables. Cette transformation merveilleuse et nécessaire constitue la digestion; elle est opérée par une action aussi mysté- rieuse que puissante de certaines substances qu’on nomme ferments directs ou solubles. Les ferments dérivent, selon toute apparence, des ma- tières albuminoïdes et semblent faire partie du protoplasme lui-même ; ils constituent le principe actif de la digestion; ils sont plus ou moins répandus dans tout l'organisme animal, mais ils sont particulièrement abondants dans les sucs qui sont sécrétés spécialement en vue de la digestion, tels que la salive, le suc gastrique, le suc pancréatique et le suc intestinal. On peut les extraire, les isoler et ils con- servent toute leur activité même en dehors de l'organisme. La digestion artificielle reproduit les phénomènes de la digestion naturelle et toutes deux consistent, comme nous le rappelions tantôt, en un dédoublement des matières digérées, c’est-à-dire dans une fermentation organique. C'est ainsi que nos connaissances sur la digestion animale se sont étendues de tout ce que la chimie physiologique a découvert relativement aux fermentations. Les aliments ingérés par les animaux ne sauraient être réellement absorbés et par conséquent assimilés, s'ils n'éprouvent d’abord ce genre de transformation qu’on ap- pelle la digestion. Ils consistent en matières organiques, qui sont principalement des matières albuminoïdes et des substances ternaires, l’amidon, le sucre et les corps gras; tous d'une composition assez complexe, hautement orga- nisés, essentiellement endothermiques et dans un état de structure moléculaire telle qu'ils ne sont ni diffusibles, ni absorbables à travers les membranes organiques. Le fer- ment opère leur transformation ou plutôt, en leur incor- ( 1022 ) porant un certain nombre de molécules d'eau, il les dédouble généralement en principes plus simples et d’une structure moléculaire cristalloïde qui les rend diffusibles et capables ainsi de pénétrer dans l'organisme vers lequel ils sont sollicités. C’est ainsi que les matières albuminoïdes passent à l’état de peptones; les matières ternaires se transforment en glycoses; les matières grasses sont émul- sionnées et saponifiées. Cette transformatien est la condition préalable et néces- saire de l'absorption : elle peut, dans la plupart des cas, se produire par certaines réactions chimiques de labora- toire, mais dans l’organisme , elle est opérée par un fer- ment qui agit avec une grande puissance, même quand il existe en proportion infime. Chaque catégorie naturelle de matières alimentaires est sous la dépendance d’un ferment approprié. En effet, dans la digestion des animaux, on a principalement distingué : la pepsine ou ferment des matières albuminoïdes , la ptya- line ou diastase animale, ferment des matières amylacées, le ferment inversif pour la saccharose et le ferment émulsif pour les matières grasses. L'existence de ces ferments digestifs a été constatée dans différentes parties de l'organisme , mais ils se trou- vent particulièrement répartis sur l'étendue de l'organe approprié à la digestion, le tube digestif. La ptyaline se trouve dans la salive : on l'appelle quelquefois diastase salivaire. La pepsine existe dans le suc gastrique et, sous le nom de ferment albuminosique, dans le suc pancréa- tique, avec de la diastase et du ferment inversif. La sé- crétion du pancréas est d’ailleurs l'agent le plus actif et le plus rapide de la digestion : elle saccharifie l’amidon , saponifie les graisses et peptonifie les albuminoïdes. Enfin, ( 1025 ) le ferment der sucres , nommé ferment inversif, fait partie du suc intestinal, C’est ainsi que les matières utiles conte- nues dans les aliments, la fibrine, les huiles, les fécules et les sucres notamment, se trouvent soumises pendant le passage à travers le tube intestinal à des ferments qui les dédoublent et les rendent absorbables, assimilables et réel- lement nutritives. Nous ne pousserons pas plus loin cet exposé à la théorie actuelle de la digestion animale : il est suffisant pour les prémisses qui nous sont nécessaires. Il établit, en effet, que la digestion concerne les matières alimentaires et se manifeste par l'intervention d’un ferment : elle consiste dans une transformation (dédoublement avec hydratation) des substances alibiles en composés diffusibles, et elle est la condition préalable et nécessaire de la circulation et de l'assimilation de ces composés dans l’organisme vivant. Or, ce que nous venons de dire en parlant des animaux, s’applique en tous points aux végétaux. Toutes les plantes digèrent et leur digestion, dans ses phénomènes essentiels , est la même que celle des animaux : chez elles, comme chez les animaux, la digestion est la condition préalable et nécessaire de l'assimilation : elle porte sur les mêmes substances, elle s'exerce par les mêmes ferments, elle donne les mêmes produits. La diges- tion constitue une fonction générale et essentielle de la nutrition des plantes : la physiologie végétale ne saurait la méconnaître plus longtemps, si elle veut tenir compte de la réalité des choses. Pour qu’il en soit ainsi, il nous suffira de grouper et de coordonner un ensemble de faits décou- verts et démontrés par la chimie biologique et de les sou- mettre à l’appréciation des physiologistes. Ils établissent ( 1024 ) . que les ferments solubles font partie intégrante de lorga- nisme végétal; ils sont même plus nombreux que chez les animaux; ils interviennent activement dans la nutri- tion; ils déterminent la digestion des matières alibiles, c'est-à-dire qu'ils les dédoublent et les rendent assimilables. Diastase ou ferment glycosique. — La diastase est le ferment digestif des matières amylacées : par son influence, l’amidon s'hydrate, se dédouble en dextrine et glycose, et finalement se transforme entièrement en glycoses, qui sont solubles et qui peuvent se répandre dans lorga- nisme (1). C'est ainsi que la salive (ptyaline) et surtout le suc pancréatique digèrent les fécules. C’est dans une plante, dans l'orge en voie de germina- tion , que la diastase a été découverte. Pendant cette phase de la vie, elle attaque l’amidon accumulé et mis en réserve dans la graine et le rend assimilable par l'embryon qui se développe. La diastase se présente aussi dans les tubercules de pommes de terre, au voisinage des bourgeons; quand ils entrent en activité, elle leur fait passer, sous forme de glycose, tout l'amidon emmagasiné dans les cellules du tubereule. Généralisant ces deux faits qui sont classiques, on peut admettre la présence de la diastase chez les végétaux , à côté de tous les dépôts de fécule , et lui attribuer la diges- tion de cette substance quand l'organisme la réclame. xee or + HO = CHO + cent 0e Dextrine (isomère). G HO + HPO — CH OS Amidon. Glyrose. Re el ` ( 1025 ) Nous n’avons pas à nous préoccuper ici de la nature, ni de l’origine de la diastase, encore moins de son mode d'action : ces problèmes, difficiles à résoudre, s'étendent d'ailleurs à tous les ferments et concernent la chimie bio- logique. Il suffit de constater, pour le moment, que les chimistes n’établissent nulle distinction entre la diastase animale et la diastase végétale dont le pouvoir est le même et le rôle identique. Ferment inversif. — La saccharose (sucre de canne) est, comme la fécule, une substance ternaire accumulée dans certains tissus en vue des besoins de la nutrition, par exemple dans la tige de la Canne à sucre et dans la racine de la Betterave, avant leur floraison. Elle constitue un véritable approvisionnement destiné à pourvoir aux be- soins qui se manifestent pendant cette dernière phase végétative. Elle doit être rangée parmi les matières de dépôt. Bien qu’elle soit soluble, la saccharose n’est pas absorbée, ni assimilée par les animaux. Elle doit au préa- lable éprouver l’action du ferment inversif qui la dédouble en glycose (sucre de raisin) et en lévulose (sucre incris- tallisable), dont le mélange constitue ce qu’on appelle le sucre interverti (1). En d’autres termes, comme le dit M. Schutzenberger, d'après les expériences de M. Claude Bernard, la saccharose doit être digérée avant d'être assi- milée. Et en effet, le ferment inversif existe dans le suc intestinal de l'homme, des chiens, des lapins, des oiseaux (CI. Bernard), des vers à soie (Balbiani), etc. | Il en est de même chez les végétaux qui ne sauraient nn (1) CHE DA + HO = CHAOS + CHE o. Saccharose, Giycose, Lévulose. ( 1026 ) non plus appliquer leur saccharose à leur propre orga- nisme, si le ferment inversif ne vient, au préalable, le modifier dans le sens que nous avons indiqué tantôt. Ce ferment existe dans la Betterave et dans la Canne, dès que ces plantes manifestent les signes précurseurs de la floraison , quand la Betterave monte et que l’anthogenèse exige une grande consommation de matières alibiles : il transforme leur saccharose en glycose. C'est là encore, comme l’a dit M. CI. Bernard (1), une véritable digestion. La Betterave doit donc digérer son sucre, comme la levûre, comme les animaux. Après la floraison, le sucre a disparu de la plante. La saccharose est abondamment répandue dans le règne végétal; il faut en conclure qu'il en est de même du fer- ment inversif. La glycose ainsi produite par la digestion de l'amidon ou de la saccharose est immédiatement appliquée à l'état de cellulose : elle fournit la matière nécessaire pour le revêtement et la consolidation des nouvelles cellules, la trame des nouveaux tissus. On a pu démontrer expéri- mentalement la production de matières cellulosiques sous l'influence des ferments végétaux et la corrélation de cette production avec la disparition du sucre (2); elle n’est ce- pendant pas proportionnelle parce qu’une partie de la glycose est consumée par la respiration. Ferment émulsif et saponifiant, — Les corps gras con- stituent par leur structure chimique, des éthers composés (1) Scnurz, l. c-, p. 247. (2) rent Fermentation cellulusique. — Comptes rendus, 51 juillet 1876, p. 5 ( 1027 ) de la glycérine ou des glycérides. Ils sont digérés dans le tube intestinal au moyen d’un ferment fourni par le suc pancréatique qui les émulsionne d’abord et puis les sapo- nifie. L’émulsion est une division mécanique poussée à l'extrême; elle précède la digestion et permet l’absorp- tion : la saponification consiste dans un dédoublement par hydratation en glycérine et en acide gras (1). ans le lait, la matière grasse se trouve à l’état émul- sionné et, par suite, susceptible d'être immédiatement absorbée pour être ensuite digérée dans l’intérieur même des vaisseaux chylifères. - Le ferment émulsif existe chez les végétaux : les graines oléagineuses, broyées dans l’eau, donnent une émulsion, bientôt suivie de la production de glycérine et d’acides gras. Il agit ainsi pendant la germination, mais j'ignore si la chimie a déjà pu suivre les transformations ulté- rieures des matières grasses jusqu’à leurs applications directes aux besoins de l'assimilation et de la respiration. Il est d’ailleurs hors de doute que les huiles et les graisses constituent chez les végétaux des approvisionne- ments nutritifs : les graines de Crucifères, de Papavéra- cées, de Linum, les bulbes de l’Oignon, pourvoient aux besoins de l'organisme ; en physiologie végétale , les graisses ne sauraient être séparées des fécules. Ferment albuminosique ; pepsine. — Nous arrivons à la digestion des matières azotées ou plutôt albuminoïdes; il conviendrait peut-être d'exposer à ce propos toute la (1) Exemple : 6 EE me + 5 H°-60- = pe zits + 3(6" H5O HO). Acide oléique. ( 1028 ) théorie de la digestion stomacale et pancréatique, avec ses „discussions et ses incertitudes, mais il se peut aussi qu'il suffise de rappeler que, sous l'influence de la pepsine du suc gastrique et surtout du ferment albuminosique du suc paneréatique, la fibrine, c’est-à-dire la substance de la chair musculaire, passe d’abord à l’état de syntonine et se dédouble enfin en peptones qui sont des composés solu- ` bles et diffusibles (peut-être aussi en parapeptones (1). Ajoutons seulement à ce résumé doctrinal un correctif nécessaire : « Malgré tout ce qui a été écrit (dit M. P. Schut- zenberger, p. 250) et dit sur la question chimique, on sait encore bien peu de chose sur les véritables transforma- tions des albuminoïdes dans l'estomac ou sous l'influence du suc gastrique artificiel; aussi n'entrerons-nous pas dans de longs développements à ce sujet; ils nous prouveraient surabondamment que tout est à faire. » Cet aveu est précieux pour nous. Si l’homme en sait, sur son propre estomac, autant que tout soit à faire, nous serons relativement excusable de n’avoir pas encore une connaissance bien étendue concernant la digestion pepto- „nique chez les végétaux dont Pestomac est en général difficilement perceptible. Nous possédons cependant des reuves suffisantes pour affirmer l'existence de cette digestion (2). En effet, je puis produire ici tout ce qui a (1) Brücke ; Fibrine + eau = syntonine = pepion met Matières albuminoïdes + eau = aise =parapeplones + pepto eg skotaj des fonctions (dit M. P. Schutz., p. 251), conduit M. Bernard à rechercher la digestion albuminosique ds se végétaux. Si nous appelons de ce nom, avec lui, toute transformation de matières albuminoïdes en principes solubles diffusibles, il est certain qu’elle doit y exister. Ainsì les phénomènes que présente la levùre conservée à jeùn, ( 1029 ) été observé et publié relativement aux plantes carnivores, depuis l’admirable livre de M. Darwin (1) jusqu’à mes fai- bles essais (2). Je ne veux pas revenir sur ces observations, qui sont connues et auxquelles je m'efforce, en ce moment, d'ajouter le complément nécessaire, celui d’une théorie générale et simple en accord avec l'ensemble des faits connus. Pour ne pas m'éloigner du but actuel, il me faut done chercher seulement si le ferment albuminosique existe à l’état humide, et sur lesquels nous avons insisté à propos de la fermen- tation alcoolique, doivent et peuvent être envisagés comme une véritable digestion de matières protéiques. Il en est de même des transformations chimiques continues qui se passent dans le protoplasme des cellules végé- tales et ar imales. Rien ne prouve que les premiers termes d'altération des elbaminokies dans l'organisme soient immédiatement des corps ex- iels; que ces termes, tant qu'ils restent au-dessus d'une +. taine limite de dédoublement, qu'ils n’atteignent pas, par exemple, cristalloïdes , tels que la leucine, la tyrosine, etc., ne peuvent plus en au travail de synthèse organique et à la formation de nouvelles cellules, de nouveaux tissus. N'est-ce pas l’eau de lavage de la levùre digérée qui renferme les aliments de plus propres au développement de ce ferment organisé; or, en dehors de l'albumine qui est inactive comme aliment de la levüre , jee principes azotés de l'eau de levùre sont des produits d'un ordre inférieur à celui des substances protéiques; ce sont des termes de leur dédoublement. Il n’est pas question ici de la leucine et de la tyrosine dont on a reconnu la présence dans l'eau de lavage de la levùre et qui sont dépourvues du pouvoir nutritif, mais cer aes corps azolés de ce côté de la science auquel nous n'avons nous-même que bien peu d'accès. (1) Darwin, Insectivorous Plants, 1875. (2) Note sur les Pinguicula. — Sur le Drosera rotundifolia. — Sur le Drosera binata. — La théorie des plantes carnivores, 4 br. in-8°, 1875. ( 1030 ) dans l’économie végétale. M. Darwin n’en doute pas et il s'appuie sur les analyses de M. Frankland (1), qui a reconnu, dans le suc des glandes du Drosera, la présence de la pepsine. Plus récemment (2) MM. Max Rees et H. Will ont extrait ce ferment de ce même suc, par un des procédés ordinaires de préparation des ferments solu- bles, et ils l'ont fait servir à la digestion artificielle de la fibrine. L'existence de ce ferment n'est pas exclusivement propre au suc excrélé par les végétaux carnivores. M. le Dr Masters (3) a constaté le pouvoir digestif du nectar sécrété par les fleurs d’Hellébore sur l’albumine coagulée. On sait aussi, et depuis longtemps (4), que le latex du Carica Papaya exerce sur la viande une action dissol- vante. Les cellules de la levûre peuvent se nourrir de substances albuminoïdes. C'est surtout dans les graines que se concentrent les matières albuminoïdes. Là, elles viennent s’accumuler sous la forme de gluten, de légumine et d’aleurone pour suffire aux premiers besoins du germe pendant la période de germination, pour le nourrir jusqu’à ce qu’il soit en état d'élaborer lui-même de nouvelles substances plas- miques. Or, ces matières se trouvent généralement à l'état insoluble dans l’albumen ou dans les cotylédons, mais à mesure que la plantule se développe, elles se dissolvent, émigrent et sont assimilées par le protaplasme en activité. On ne connaissait pas le ferment qui intervient dans cette (1) Darwin, l. c., 88, etc. (2) Bot. Zeit., 29 octobre 1875. (3) Gardeners Chronicle, 1876, 1, 468. (4) Bull. Soc. bot. France, 1876, XXIII, 154. ( 1051 ) digestion jé ce que MM. mue et H. Will (1) Peussent extrait des graines germées de Vicia: ils ont constaté qu'il dissout la fibrine et la transforme en pep- tones : il est donc bien la même chose que le ferment albuminosique du suc pancréatique. Le mémoire de M. Gorup-Besanez est d’une grande importance dans la question qui nous occupe et les résul- tats auxquels il est arrivé nous semblent péremptoires. Les recherches entreprises sous sa direction au labora- toire de Berlin par M. Hermann Will, ont porté sur les graines de Vicia sativa Lin. On sait que les graines de cette Légumineuse renferment avec de la fécule une nota- ble proportion de légumine. Or, quand ces graines germent à labri de la lumière, on constate la disparition de la légumine et l’apparition de la leucine et de l’asparagine : ces deux faits étant corrélatifs, l’éminent chimiste de Berlin a présumé que ces dérivés des corps albuminoïdes résultent d'un dédoublement produit par un ferment con- tenu dans les graines du Vicia. L'expérience a confirmé ces prévisions : il a obtenu un ferment qui transforme énergiquement la fécule en glycose et les corps albumi- noïdes, la fibrine en peptones. En l'isolant, d'après la méthode de Hüfner, le ferment présente exactement les mêmes phénomênes que ce chimiste avait constatés dans le ferment paneréatique (2). (1) Gonur-Besanez, Sur la présence dans les graines du Vicia d'un vn de Te et peptogène, Bericht der Deutsch. Chem. Gesells. Berlin, E voi is gade d'extraction tel qu'il est indiqué par M. Gorup- gesn ines du Vicia, bien vannées, sont couvertes avec de l'alcool à 98 p. i pendant 48 res : on filtre et l’on sèche les graines par une ( 1052 ) Les expériences savantes ne laissent aucun doute à cet égard : Quelques gouttes de sa solution dans l’eau ou dans la glycérine, placées sur de la farine en pâte mince, trans- formèrent, dans l’espace de 2 à 3 heures, par une tempé- rature de 20° à 30° C., de notables quantités de farine en sucre. La présence du sucre fut constatée : 1° par la liqueur de Fehling; 2° par la solution alcaline de bismuth; 3° par la fermentation au moyen de la levûre de bière bien lavée. | La même pâte de farine abandonnée à elle-même ou mélangée à de la glycérine, donna dans les mêmes cir- constances, des résultats complétement négatifs. douce chaleur. Ce résultat obtenu, on les malaxe avec de la glycérine bien épaisse sous forme de sirop et on laisse agir la glycérine pendant 5 48 heures. On passe alors l'extrait glycérinique à travers un linge en exprimant doucement le résidu : on passe de nouveau à travers un linge les liqueurs réunies ainsi obtenues. Le liquide est alors versé goutt goutte dans un haut cylindre contenant un mélange de 8 parties d'alcool stok i p d'éther. Chaque goutte tombant dans ce mélange, prodnit de su ‚lequel trouble couche par couche par son passage, le inde indiqué, por finir par se déposer sous forme de précipité flo- conneux. Ce précipité est placé panos 2à 5 Jours sous l'alcool où il filtre , on le lave et on le traite de avisé par la glycérine. La ER gaki partie est ainsi redissoute et le résidu insoluble dans la glycérine montre tous les caractères des corps albumineux. On reprécipite le fer- ment contenu dans le nouvel extrait glycérinique, par le procédé ci- dessus, et on l'obtient sous forme d'un beau précipité blanc, grenu , qui, abandonné sur le filtre, se colore rapidement en gris et qui, par le dessé- chement, se transforme en une masse lucide d'aspect corné. Le ferment ainsi obtenu, contient de l'azote et du soufre, et il laisse, par l'incinéra- tion, assez bien de cendres. Il se dissout dans la glycérine et dans l'eau. (Traduit, d'après le texte allemand, par M. le Dr Théodore Chandelon ). Mer EE on, EEDE GS MORE B ( 1055 ) La fibrine du sang, blanche et bien lavée , fut, d’après la méthode de Grünhagen, traitée par de l'acide chlorhy- drique très-dilué (un pour mille), jusqu’à ce qu’elle eût pris Paspect gélatineux. Un peu de cette fibrine ainsi transformée fut mélangé avec un volume égal de chloride hydrique et une paire de gouttes de la solution du ferment. En quelques minutes et à la température ordinaire du laboratoire, les contours des flocons fibrineux avaient disparu. Peu à peu le tout devint homogène et se trans- forma en un liquide faiblement opalescent. Après une à deux heures, la plus grande partie était dissoute. Une action plus prolongée, de même qu’une élévation de la température à 35° ou 59°C. paraissent être sans action ultérieure, On sait d'ailleurs, fait observer M. Besanez, par des recherches de peptonisation de l'espèce, qu'une par- tie des corps albumineux offre une résistance plus grande et ne se dissout pas. Les liquides filtrés donnèrent, avec une netteté parfaite, toutes les réactions des peptones : les solutions ne furent pas précipitées par les acides minéraux dilués, le sulfate de cuivre et le chlorure ferrique, et restèrent par la coction complétement claires; elles précipitèrent, au con- traire, par le chlorure de mercure (après neutralisation), par les sels d'oxyde et ceux d'oxydule de mercure, par l'acétate de plomb mélangé d'ammoniaque, par le nitrate d'argent. Les solutions salines de sang produisent encore un trouble dans les solutions acidulées par l'acide acétique. Avec l'oxyde de cuivre et la potasse, elles donnèrent une magnifique coloration bleue, une coloration rouge avec le réactif de Millon, et jaune avec l'acide nitrique. L'alcool, mais en grand excès, produit un précipité floconneux. La fibrine, rendue gélatineuse, traitée seule- 2me SÉRIE, TOME XLII. = ( 1054 ) ment par de l'acide chlorhydrique à 2 p. °/,, se trouvait, après un traitement de plusieurs heures, extrêmement peu modifiée et n'avait pas perdu sa manière d’être flocon- neuse à demi opaque (1). L'existence d’un ferment pepsine est donc établie chez les végétaux (2), mais il conviendrait cependant de pour- suivre les recherches dans ce sens; certaines graines sont très-riches en matières azotées, les Noix du Brésil, les céréales, les légumineuses fourniraient de bons matériaux. Il conviendrait surtout de définir l’action de ce ferment dendant la germination et dans le protoplasme général. Si nous nous arrêtons un instant pour jeter un regard sur le chemin parcouru, nous constatons chez les végé- taux la digestion des fécules, des sucres, des huiles et des albuminoïdes : ce sont précisément les quatre digestions normales de l’homme et de la plupart des animaux. Il semble que ce soit suffisant pour établir la théorie de la digestion chez les plantes et cependant nous ne sommes pas à bout de preuves. Les plantes ont non-seulement toutes les digestions connues chez les animaux, mais elles en ont encore d’autres qui intéressent également leur nutrition générale. Nous les énumérerons rapidement : ` Ferment des glycosides : synaptase ou émulsine (5) : L'émulsine dédouble amygdaline ou glycose, acide cyanhydrique et hydrure de benzoïle (4). Elle agit d'une (1) Nous sommes redevable à M. le D" Th. Chandelon de celte analyse du travail de M. Gorup-Besanez. (2) On sait aussi en brasserie que le une qui se trouve dans le moût d'orge germée fermente et se transforme. (5) P. Scaurz, p. 255. (4) €” amet + 20 = P, és 0 + C HO = CAzH. Amygdaline ose Hydrure Acide de benzoïle. prussique. N + ( 1055 ) manière analogue sur les glycosides dont elle dégage de la glycose et un éther (4). Fermentation alizarique; érythrozyme : Des principes colorants de la garance donnent, par le ferment érytrozyme, de la glycose el une matière colo- rante. Il est encore plusieurs autres substances végétales qui, dans des circonstances analogues, fermentent en donnant de la glycose accompagnée de divers prin- cipes (2). ` Fermentation sinapique : myrosine (3) : Les graines de Moutarde et d’autres Crucifères renfer- ment du myronate de potassium qui, sous l'influence du ferment myrosine, fermente et donne de la glycose, du sulfo-cyanure d’allyle (essence de moutarde) et du bisul- fate de potassium (4). . Fermentation pectique : pectase. — Les phénomènes de la fermentation pectique, sous l'influence de la pectase, sont assez connus pour qu'il suffise. de les indiquer ici, en ajoutant toutefois que l'on est enclin, en physiologie végé- tale, à considérer la pectine et ses dérivés comme des produits de désassimilation. On le voit, les phénomènes de fermentation digestive sont plus nombreux, plus variés chez les végétaux que chez les animaux. Ils ont généralement pour effet de trans- former les substances plasmiques approvisionnées , en principes solubles, cristalloïdes, diffusibles el assimilables. Á (1) EH O7 + RO — SA emo Salicine. Saligénine. (2) Voir Wurtz, Dictionnaire a Chimie. (3) P. Scau = 206 SHSAZS + SO“KH. (4) rome ank 2 020 biel FRS Bisulfate yronate de potasse. d'alìyle. de potasse, ( 1056 ) Dans un très-grand nombre de cas, il se produit de la glycose qui passe à l’état de cellulose en formant la mem- brane des nouvelles cellules. La digestion végétale se manifeste en général dans les dépôts nutritifs qui sont les graines, les tubercules, cer- taines racines, des écorces, des moelles : elle a lieu au réveil de la végétation, quand les tissus sont imprégnés d’eau, excités par la chaleur et animés par la respiration. U est établi, par l’ensemble des preuves citées, que là solution des matières approvisionnées se fait au moyen d’un ferment soluble par le procédé ordinaire de la diges- tion qui consiste dans un dédoublement avec hydratation. Il faut ou méconnaître les ferments et nier les fermenta- tions, ou bien admettre la nouvelle interprétation des faits. Cette conviction s'impose, nous paraît-il, à tous ceux qui sont au courant des progrès récents de la chimie bio- logique. Il serait d’ailleurs étrange de soutenir que les animaux doivent digérer la fécule et l’albumine pour se les assimiler, tandis que les végétaux assimileraient ces substances par un autre procédé d’ailleurs tout à fait inconnu. Pourquoi en serait-il ainsi? N’a-t-on pas constaté depuis longtemps l'analogie de composition entre le lait et l'en- dosperme, en d’autres termes entre l’aliment d’un jeune animal et celui d’une plantule ? Farine de froment (sèche) : Lait de vache (sec) : De un 780 800 Sucre de lait . . sed | 605 Miti grasses. 20 Beurre.. . : . 358 ds 170 } Mr khul 20 } r Albumine 97 ! 339 Sels etn , Oe A EE 5 56 ( 1037 ) L'un et l’autre renferment deux substances ternaires et deux matières azotées. Pendant la germination, l'endos- perme est ramolli, dissous, transformé, la diastase inter- vient et la digestion s'opère exactement comme celle du lait dans le tube digestif de animal. Le pouvoir digestif du protoplasme végétal apparaît en toute évidence, si l’on considère les végétaux sans chloro- phylle ou ceux de leurs membres qui sont dépourvus de cette substance verte. Ainsi, les Bactéries, les Myco- dermes sont précisément les seuls et véritables ferments . figurés (1). Les Myxomycètes, les Moisissures, les Cham- pignons absorbent et assimilent les substances organi- ques : certaines Algues parasites vivent sur des proies vivantes dont elles se nourrissent absolument comme le feraient les animaux : les spores libres des cryptogames et leurs anthérozoïdes se suffisent à elles-mêmes : le tube pollinique des phanérogames paraît s’alimenter pen- dant son accroissement à travers le tissu conducteur du style; on a constaté que le pollen des sapins transforme l'amidon en dextrine et en glycose (2); enfin, certains végétaux d'ordre supérieur vivent de terreau ou d'humus, ou bien se soudent sur une plante nourricière dont ils tirent toute leur nourriture; l'embryon de tous les végé- taux pendant les premières phases de la germination 1) M. Horre-SEYLER dit itérativement à lartice Peptones dans son Handbuch der Chemische An. (p. 248), que la putréfaction agit sur les matières albuminoïdes de la même façon que la digestion. Or, on sait que la putréfaction est précisément le dei de l’activité des organismes saprogènes, les Bactéries et les Mona (2) ERLENMEYER et VON PLANTA, in mnt der k. Akad. zu Mün- chen, 1874, U, 204. ( 1058 ) digère et assimile les provisions nutritives mises à sa disposition. Il en est de même des bourgeons. Mais dans la grande majorité des plantes, la chlorophylle intervient bientôt: son activité est toute différente de celle du protoplasme incolore; elle absorbe l'acide carbonique et, avec le concours de la lumière , elle élabore le principe de toute matière digestible , la fécule. La chlorophylle est le facteur des hydrates de carbone qui sont les aliments respiratoires; ils sont, de plus, nécessaires pour la genèse de matières albuminoïdes. Il en résulte que la chlorophylle intervient indirectement dans la production de ces matières : aussi pouvons-nous affirmer, en physiologie végétale, que, sans chlorophylle, il n'y aurait point de matière organique. Mais il importe de remarquer que l'activité chlorophyl- lienne est bien différente de celle du protoplasme: elle prépare les matériaux qui seront digérés et assimilés par celui-ci. En général ces matériaux sont mis en réserve et s'accumulent dans certains dépôts ; toutefois, il serait pos- sible, dans quelques circonstances, par exemple pendant la croissance rapide des plantes annuelles, qu’une certaine quantité de matières nutritives fût directement utilisée et appliquée sans passer par la forme du dépôt. Le protoplasme résume toute l’activité végétale; mais il faut reconnaître que son activité se manifeste avec une prodigieuse variété. A ne considérer que les phénomènes qui nous intéressent en ce moment, on reconnait trois fonctions bien distinctes et consécutives : l’élaboration, la digestion, l'assimilation. L'élaboration a son origine dans la production d’un hydrate de carbone, au moyen de l'acide carbonique et de Veau: cette production, qui est le point de départ de toute ( 1059 y matière organique, réclame le concours de Ja lumière: elle est le propre de la chlorophylle: le produit, tel qu’il est connu, est en général l’amidon (G6H10-65), matière mise en réserve pour être appliquée. La digestion s'exerce par ‘un protoplasme en mouve- ment, aclivé par l'oxygène dont la présence est néces- saire à la manifestation du phénomène (1); il y a produc- tion d'acide carbonique : elle consiste dans une hydratation accompagnée d'un changement moléculaire dans la matière digérée qui est dissoute, diffusée, rendue mobile : amidon passe à l’état de glycoses (GSH1285) et circule. L'assimilation est l'application définitive de cette ma- tière à l'organisme ; l’origine de la texture, le modelage, pour ainsi dire , la formation et le développement ultérieur de la membrane solide: le protoplasme se revêt de la mem- brane cellulaire; la glycose est rejetée à sa surface, se soli- difie en perdant l’eau qui la rendait mobile et en prenant un nouveau groupement moléculaire: la cellulose est ainsi produite (G6H10-65}, isomère, mais non isomorphe avec Pamidon. Ces trois phénomènes, et bien d'autres encore, peuvent se manifester dans une seule et même cellule, quand l'or- ganisme tout entier est renfermé dans un élément anato- mique aussi simple: les algues unicellulaires et les spores de maintes eryplogames en font foi. Dans les végétaux de structure plus compliquée, le tra- vail organique est réparti dans différents tissus. Les cel- lules à chlorophylle élaborent un hydrate de carbone, mais elles sont incapables de produire directement de Ja cellu- lose: elles ne se divisent, ni ne se multiplient, en tant (1) P. BERT , etc. ( 1040 ) qu’on les considère comme cellules à emendat elles éliminent l'oxygène. Quelle est la forme primordiale de Phydrate de carbone? Je l’ignore: on dit souvent que c'est la fécule, mais cette. assertion est aussi contredite avec autorité. Un fait cer- tain, c’est que l’hydrate produit va, au moins en partie, se déposer et souvent s’accumuler sous forme de fécule, d’inuline , de saccharose, d'huile, de graisse ou de quelque „chose d’analogue , dans certains tissus qui deviennent ainsi le siége de véritables approvisionnements. Ces dépôts sont toujours placés au voisinage immédiat d’un tissu qui saura se l'approprier quand le moment sera venu, un embryon, un bourgeon ou au moins du cambium. En effet, pendant la germination ou pendant la crois- sance, le protoplasme de ces organes végétatifs se porte contre la paroi des cellules et ne tarde pas à recevoir les produits solubles qui proviennent de la fermentation de l’aliment préparé: nous sommes tout disposé à admettre que lui-même envoie à travers la paroi cellulaire qu'il imprègne, qui est mince, humide et perméable, le fer- ment nécessaire qui va envahir le dépôt, et de proche en proche, faire sentir sa puissante influence. Des cellules appropriées à l'absorption des matières élaborées dissoutes, renfermant le ferment nécessaire, existent certainement, puisque le ferment est une substance chimique, tangible et pondérable. Quand elles seront nettement déterminées, on pourra, sans faire sourire, parler d'un organe, d'un tissu qui, chez la plante, fait fonction d'estomac: en atten- dant, on doit, ce nous semble, attribuer ce rôle à la radi- cule de l'embryon et aux cotylédons. Quoi qu'il en soit, après l'élaboration et la digestion , vient l'assimilation que nous considérons ici seulement en ce qui concerne la for (1041 ) mation de nouveaux tissus: celle-ci est, sinon parfaite- ment connue, au moins nettement localisée ; elle est propre à un tissu cellulaire particulier , lecambium, au sein duquel se forment les nouvelles cellules. Ce cambium ne contient pas de chlorophylle, mais un protoplasme abondant et actif: il reçoit les produits de la digestion et les applique à la structure de l'organisme. La membrane cellulaire est ainsi formée, plus agrandie et consolidée: la cellule demeure active pendant un temps déterminé, c'est-à-dire que son protoplasme continue à vivre à labri de la membrane protectrice qu'il s’est faconnée: enfin, il abandonne la cellule pour se porter ailleurs vers de nouveaux centres d’activité, mais les tissus les organes, les membres, les organismes ainsi constitués, demeurent pour attester que la vie a passé par là, qu’ils sont l’œuvre de l’activité d’un organisme, son produit, comme la coquille abandonnée par le mollusque, comme ‘île madréporique élevée du fond des mers jusqu'au- dessus de la surface de l'Océan. La matière est désormais fixée par l'organisme qui, si nous le considérons seul, soustrait à tous les facteurs étrangers, serait indestruc- tible. C’est ainsi que par les végétaux la matière minérale est élevée au rang de substance organisée. Nous avons négligé les produits accessoires et mille phé- nomènes collatéraux , pour poursuivre cette seule conclu- sion d’après laquelle, si l'on peut affirmer que les plantes se nourrissent de matières minérales, il ne faut pas se méprendre sur le sens de cette assertion. Il n'est pas vrai que les plantes puissent s’assimiler directement la matière minérale, pour en constituer leur propre organisme ; elles ( 1042 ) en sont aussi incapables que les animaux ; la chlorophylle n’élabore pas directement de la cellulose, ni du proto- plasme: elle prépare les matériaux assimilables èt, en pré- sence de ces matériaux, les plantes et les animaux se trouvent dans la même situation: ils les digèrent et enfin ils se les approprient. On a tort, je ne cesse de le répéter (1), d'opposer la nutrition animale à la nutrition végétale : elle est la même et on doit les étudier parallèlement. La seule différence, tout à l’avantage des végétaux, consiste en ce que les orga- nismes végétaux, quand ils ont utilisé et appliqué les approvisionnements qu’ils possèdent en eux-mêmes, ont le pouvoir d'absorber des matériaux inorganiques, et par leur activité chlorophyllienne, de les élaborer en nouveaux aliments organiques: sous ce rapport matériel, les végé- taux sont supérieurs aux animaux; ils se suflisent à eux- mêmes ; ils ont un cycle nutritif complet, ils ont le pou- voir d'élaborer les matières organiques, mais, à partir de ce point, commence la véritable nutrition, accompagnée de respiration, de circulation , de transformations , d’assi- milation et de désassimilation, absolument comme celle des animaux. En effet, la plante, le froment, par exemple, accumule un approvisionnement de nourriture dans la graine, auprès d’un embryon. Or, que le grain de blé serve à alimenter un animal ou qu’il serve à nourrir la plante elle-même, (1) Nous avons déjà soutenu cette doctrine depuis plusieurs années, voir : 1870, Sur l'influence de la lumière, dans les Actes pu ConGRës BOTANIQUE DE Saixr-PÉTERSBOURG; 1872, Introduction à l'étude de la nutrition des plantes, BULL. DE L'AGAD. ROYALE DE BELGIQUE, t. XXXIV, n° 12; 1874, Deuxième Note, dans le BuLL. DE L'ACAD. ROYALE DE BEL- GIQUE, t. XXXVII, n° 4 (1045 ) les choses se passeront exactement de la même manière. Si c’est un animal qui mange le blé, celui-ci, réduit en pâte, subit dans le tube intestinal l'influence du suc pan- créatique qui transforme la fécule en glycose et le gluten en peptones, qui sont absorbés et passent dans lorga- nisme par lequel ils sont en fin de compte assimilés. Si c'est le froment lui-même qui absorbe l'endosperme, son embryon agit sur le dépôt de fécule et de gluten, à l’aide du ferment qui opère la transformation de l’ami- don en glycose et du gluten en principes absorbables et assimilables par l’individualité végétale. La vérité de ces assertions a été démontrée par les intéressantes expé- riences de M. Ph. Van Tieghem sur la germination de la Belle-de-Nuit (1); cet habile observateur à nourri des embryons extraits de la graine et séparés de leur albumen naturel au moyen d'une pâte de fécule de pomme de terre ou de sarrasin. Les grains d'amidon en contact avec l'em- bryon étaient corrodés et dissous, ce qui prouve, nous paraît-il, que le ferment nécessaire est fourni par l'em- bryon. En vérité , je ne vois nulle différence entre cette alimen- tation et celle de l'animal; il me paraît nécessaire qu’on la désigne du même nom chez les plantes. En d’autres termes, la digestion n’existe nulle part ou bien elle est commune à tous les êtres vivants. La digestion est une phase de la nutrition qui précède Vintussusception ; elle ne se manifeste pas seulement dans l'estomac des animaux, où elle est localisée, mais aussi (1) Pa. Van Tiecuem, Recherches phys. sur la germination (Ann. DES SC. NAT., 1875 „t. XVII , p. 205). ( 1044 ) dans la cellule végétale. Ce n’est pas ainsi que les faits sont ordinairement compris: on est encore disposé à opposer la nutrition des plantes à celle des animaux, tandis que je crois que les lois dé la physiologie sont simples et qu’elles sont les mêmes pour tous les êtres vivants. En effet, l’absorption et la circulation des substances alimentaires sont régies par les lois de la diffusion , par les rapports des substances cristalloïdes et colloïdes, par les propriétés des membranes cellulaires et surtout par l'acti- vité du protoplasme à laquelle tout phénomène vital est subordonné. Il est maintenant hors de doute que pour ètre absorbés par les végétaux , les aliments doivent se trouver à l’état eristalloïde. Les matières organiques du sol sont amenées à l’état d'acide carbonique, d'ammoniaque, de sulfate, de phosphate ou d’autres sels, par un ensemble de phéno- mènes de putréfaction ou de fermentation provoqués par des bactéries, des monades, etc., et même par des sucs excrétés par les cellules absorbantes. On pourrait croire qu’il en est autrement chez les animaux, parce qu'on les voit s’alimenter de matières organiques: nous nous nour- rissons de pain, de viande, de bière; il semble que pour nous les lois de la diffusion soient suspendues, tandis qu’en réalité, il n’en est pas ainsi: la digestion qui intervient a pour effet de transformer les aliments organiques en sub- stances cristalloïdes et absorbables ; l'absorption est donc soumise aux mêmes lois chez les animaux et chez les plantes. es mê inci égissent la circulation des matières nutrilives dans l'intérieur de l’organisme: elles éprouvent des transformations continuelles déterminées par des fer- ments solubles, lesquels sont bien plus fréquents dans Fi ( 1045 ) Péconomie végétale et jouent un bien plus grand rôle dans la nutrition qu’on ne le supposait: découverts, étudiés et isolés par les chimistes , ils ne sont pas suffisamment ap- préciés par les physiologistes. Ils doivent désormais être pris en considération parmi les produits du protoplasme végétal: leur rôle dans l'assimilation est trop important pour qu’ils soient négligés: il en est de même des prin- cipes immédiats qui dérivent de leur action surles matières alimentaires ternaires et quaternaires. Dans cette théorie, les fermentations elles-mêmes ces- sent d’être des phènomènes exceptionnels et rentrent dans l'ordre naturel ; ces transformations et ces dédoublements sont des phases de la nutrition; elles peuvent, il est vrai, se produire ou se continuer, dans certaines circonstances , en dehors des organismes vivants, de même qu’on peut obtenir la digestion artificielle et même ajouter au pou- voir digestif, par l'ingestion de pepsine. On voit partout dans l'économie végétale des ferments solubles agissant comme ceux qui existent dans la salive, dans l’estomac, dans le tube intestinal, et, généralement, dans tous les sucs des animaux. D'un autre côté, on peut constater l'action de ces ferments sur les matières élabo- rées et suivre les transformations que ces matières éprou- vent. - On les voit passer successivement par les formes de néoplasme, de dépôt, de circulation, d'assimilation et de désorganisation. Si nous considérons, par exemple, les substances ternaires, nous les voyons élaborées par l’acti- vité chlorophyllienne, s’accumuler sous forme d’amidon, de saccharose ou d'huile, se dissoudre sous forme de gly- cose et passer à l'état de cellulose : enfin, on rencontre ( 1046 ) l'acide oxalique que l’on peut considérer comme un pro- duit de la combustion respiratoire, et qui, se combinant aux bases, principalement à la chaux, cristallise et se fixe dans les tissus destinés à être éliminés. On peut de même suivre les matières quaternaires dans leur évolution. On sait qu’elles sont élaborées par les végé- taux, dans le protoplasme incolore, par le concours d’une matière ternaire, probablement la glycose, et d’une sub- stance azotée qui paraît être l’ammoniaque. On ignore sous quelle forme elles circulent, c'est peut-être albumine’, s’il est vrai que celte substance puisse être directement ab- sorbée Les formes de dépôts sont nombreuses, l’albumine cristalloïde, le gluten , la caséine et l’alenrone qui peuvent, par l'effet d’une digestion, repasser à l’état soluble; l'aspa- ragine leur est intimement liée et se trouve, en général, là où elles sont soumises à des influences oxydantes (1). Dès qu’on reconnaît la similitude de la nutrition chez les animaux et chez les plantes , il est tout simple que les mêmes produits se rencontrent chez les uns et les autres; nous parlons des produits dérivés des substances organi- ques : l acide formique, par exemple, se trouve dans les fourmis et dans les poils de l'Ortie ; l'acide butyrique dans la sueur et dans la pulpe des Tamarins : l’acide palmitique, dans les graisses animales et dans le beurre de palme: — (1) L'asparagine ne se trouve pas seulement dans les pousses de l'asperge : elle se rencontre en général dans les organes en voie de déve- loppement rapide et dans les graines en ‘germination : elle paraît être un dérivé des substances albumineuses. On sait d'autre part ( Hoppe SEYLER, Handbuch der Chemische Ann., p.156) que l'acide aspartique se lorie dans l'organisme animal par l’action du suc pancréatique sur la fibrine du sang. ( 1047 ) l'acide oxalique, dans la sécrétion rénale et dans presque tous les végétaux. Les exemples abondent pour établir l'unité de composition chimique dans les deux règnes organiques. Saa On s'explique par la même raison l'unité de structure anatomique. Le protoplasme offre les mêmes caractères essentiels chez les végétaux et les animaux, les mêmes réactions , les mêmes mouvements, la même contractilité. Quoi donc d'étonnant dès lors que son activité soit la même aussi sur les aliments qui doivent être assimilés par lui-même et être utilisés par lui pour construire les êtres qu’il anime et à labri desquels il vit : on l’a déjà dit, et c’est la vérité, la ‘seule chose qui vive dans une | plante est.le protoplasme, et la plante même est son œuvre : c'est lui qui façonne les cellules et construit lor- ganisme. On sait que la cellule est aussi la base de l’orga- nisme animal : si le résultat est le même, il est logique- ment vrai que le procédé est aussi le même, puisqu'on peut conclure de l'identité d'effet à l'identité de la cause. L'unité de structure est le corollaire de lunité nutritive. Les végétaux sont des êtres organisés complets : ils se suffisent à eux-mêmes, s’approprient la matière inorga- nique, l’absorbent, l'élaborent, la digèrent et se l'assimi- lent; ils ont aussi la désassimilation, le mouvement de décomposition , la respiration; ils restituent quelque chose au monde minéral et physique. De plus, certaines classes de végétaux manifestent ce pouvoir avec une grande acti- vité ziee sont les Champignons, auprès desquels on peut placer les bactéries, les levûres, les moisissures, les myxomycètes; ce sont aussi les Saprognéliacées et quelques algues parasites. Sans doute, dans t’ensemble du règne végétal, le mouvement de composition l'emporte sur le ( 1048 ) mouvement de décomposition, mais le eyele existe. On peut s’imaginer la surface du globe peuplée de végétaux seulement, tandis qu’il serait absurde de se figurer les animaux existant seuls sur le globe. Pendant la période - houillère, il semble que la végétation prédominait forte- ment sur l'animalité : il en était sûrement ainsi dans les bassins houillers où les débris palceozoïques sont bien clair-semés. Maintenant , si nous revenons un moment aux plantes carnivores , nous pourrons reconnaître qu’abstraction faite de leur singulière structure, les faits constatés chez elles rentrent comme cas particulier dans une théorie générale. Ce qu’elles présentent de plus intéressant, c’est la pré- sence d’un ferment pepsine, à leur surface, dans un liquide sécrété. Mais il en est de même de la levûre ( Saccharomyces cerevisiae) qui, elle aussi, excrète le fer- ment inversif du sucre de canne. Le fait n'est pas plus extraordinaire que de constater un ferment dans la salive de l’homme et même dans sa sueur. D'ailleurs, il n’est pas encore établi que les produits de cette digestion extérieure soient utilisés pour la nutrition et encore moins qu'ils soient indispensables.. Il est toutefois bon à noter que les faits constatés chez les Drosera, si étranges qu’ils ont été qualifiés de bali- vernes, ont eu cet heureux résultat qu'ils ont ouvert un horizon nouveau sur une théorie simple et générale. Ce travail devrait être plus étendu et plus approfondi, eu égard à l'importance du sujet, tandis que je me suis borné à exposer des principes qui demandent à être dis- cutés. Je voudrais pouvoir les vérifier à l'aide d'expé- ( 1049 ) riences péremptoires, d’ailleurs faciles a réaliser, mais que je n'ai pu entreprendre au milieu des nombreux de- voirs auxquels je dois satisfaire. Toutefois, je n'ai pas à rechercher l'origine et la nature des ferments, ni à décou- vrir le procédé des fermentations : je reste dans ma posi- tion de botaniste, accueillant les faits constatés en chimie et m'efforçant de les faire servir, quand il y a lieu, à l'interprétation des phénomènes de physiologie végétale, Je ne prétends pas m'engager dans l'étude des ferments, leur origine, leur nature, leur mode d'action : ces ques- tions ont occupé Berzélius, Mitscherlich, Liebig, et elles continuent à exercer la sagacité de MM. Pasteur (1), Ber- thelot (2), Bechamps (3) et nombre d’autres habiles chi- mistes. Je ne saurais même discuter les opinions régnantes : il me suffit d'attirer l'attention des physiologistes sur le rôle important que ces substances semblent jouer dans la nutrition végétale. Je wai pu, dans le cours de ce petit travail, citer les noms des chimistes qui , par leurs travaux et leurs décou- vertes, ont fondé la théorie des fermentations et des digestions, mais j'ai le devoir de déclarer que la théorie de _ la digestion végétale est soutenue avec beaucoup d'auto- rité depuis plusieurs années par M. Claude Bernard , dans son cours de physiologie générale, inséré dans la Revue scientifique, 1875, 2° semestre. PASTEUR et JOUBERT, T la fermentation de l'urine, COMPTES (1) RENDUS, 5 juillet 1876, pp. 5 et (2) hs RTRELOT, data sur la communication de M. Pasteur, Le, p. (3) Becuamrs, Sur les microzymas de Porge germée, ete. CoNPTES RENDUS, 31 juillet 1876, p. 558. ———— me SÉRIE, TOME XLII. 68 ( 1050 ) — M. Félix Plateau succède à M. Morren, pour faire sa lecture intitulée : Les voyages des naturalistes belges. MESSIEURS, A l’époque heureuse de nos études, alors que le brouil- lard qui nous avait caché jusque-là la nature se dissipant graduellement, livrait à notre curiosité ardente un monde entièrement nouveau, nous avons eu tous de ces heures de rêveries où, emportés par l'imagination vers des con- trées lointaines, nous suivions les traces des voyageurs les plus illustres et les plus intrépides : hivernant dans les glaces polaires-avec Ross, gravissant les Cordillères avec de Humboldt et Bonpland, ou mieux encore, faisant le tour du monde avec Bougainville. Combien, dans ces moments, notre ciel semblait terne, notre faune pauvre, notre flore maigre. Géologue futur, nous foulions successivement les glaciers des Alpes et les sommets des volcans du Mexique; botaniste en perspec- tive, il nous fallait les sombres profondeurs des forêts vierges ; jeune zoologue , nous croyions poursuivre les splendides lépidoptères de Java ou voir passer, comme une flèche, le colibri au vol rapide. Nous nous réveillions en soupirant en face de la réalité et la froide raison nous clouait au sol natal. Il est cependant des caractères plus aventureux qui, heureusement pour la science, ne résistent point à ces entrainements ; ni les affections de famille, ni les ques- tions d'intérêt, ni la perspective des dangers, ne peuvent ns SL ( 4051 ) les retenir; la passion des voyages leur voile les obstacles, ne leur laissant voir que le but, la moisson nn ve à récolter. Il nous est aisé de citer, sans sortir de l’Académie, des exemples intéressants. de la fièvre d'excursions lointaines des jeunes savants : Paulin Louyet, dévoré à dix-sept ans du désir de voir le monde et ne pouvant, vu l'absence de fortune, parvenir à ses fins par les moyens ordinaires, se fait recevoir aspirant de marine à sa sortie du collége. On sait que le navire qu’il montait, ayant dû rester de longs mois dans l’Escaut, Louyet comprit que la vie du marin à ses côtés pénibles, se PR et donna sa démis- sion (1). J. Th. Lacordaire, avec une àme mieux trempée et quelques années de plus, devait aller jusqu’au bout; placé par ses parents dans une maison de commerce du Havre, il subissait le supplice de Tantale en voyant partir tous les jours les navires pour les pays dont ses rêves lui représen- taient la luxuriante nature. N'y tenant plus, il imagine un moyen; il utilisera ses connaissances commerciales pour couvrir les frais d’une première excursion. Il partit, en effet, à 25 ans (1824), pour Buenos-Ayres, avec une pacotille d'articles de Paris. Rappelons que ce voyage ne fut pas le seul ; Lacordaire retourna deux fois encore dans l’ Amérique du Sud et faillit traverser une qualite fois l'Atlantique (2). Nombreux sont les Belges qui méritent le titre de voyageurs. Notre regretté confrère de Saint-Genois leur a (1) De Koninck, Notice sur Paulin-L.-C, Louyet, correspondant de l’Académie, Axnuarre de 1851. (2) Candèze, Notice sur J. Th. Lacordaire, Annuaire de 1872, ( 1052 ) consacré un livre d'une lecture attachante (1). On a fait ressortir leur valeur comme géographes, hommes de guerre, diplomates ou artistes; nous avons cru, à notre tour, pouvoir vous intéresser un instant en réunissant, dans un ensemble, les services rendus aux sciences natu- relles soit par les Belges voyageant en naturalistes propre- ment dits, soit par ceux que leur haute intelligence a mis à même de faire des observations utiles à la scienee. Tont groupement d’après les dates ou d’après les sciences nous aurait fait décrire à la surface du globe les arabesques les plus capricieuses. Nous adoptons donc une division géographique de notre sujet, seul ordre qui nous _ ait paru rationnel puisqu'il s'agissait de voyages, et le seul aussi qui permelte de se former une idée juste de la part prise par nos compatriotes dans l'étude physique des divers pays. EUROPE. Nous débutons par l’Europe, et ici nous passerons sous silence la période toute moderne qui prend date avec l'emploi pratique de la locomotive. Depuis les chemins de fer, en effet, on ne voyage plus, on se déplace. L'Europe a été parcourue dans tous les sens par trois hommes qui comptent parmi les grandes figures de notre gloire nationale : Dodoens, De l'Escluse et Palfyn. Les deux premiers, liés d'amitié, poursuivant le même but, eurent une influence considérable sur le développe- (1) Les voyageurs belges du XIIIe au XVIe siècle. Bibliothèque natio- pale. Voyez aussi l'article Voyages, découvertes, émigrations, par M. Goblet d'Alviella, dans PATRIA BELGICA, ( 1055 ) ment de la botanique. Rembert Dodoens de Malines (1), plus connu sous le nom de Dodonæus, visita les écoles les plus célèbres de France, d'Allemagne et d'Italie. Revenu un instant dans sa patrie, il retourna en Italie, passa ensuite en, Allemagne à la cour de l’empereur Maximi- lien IT. Peu de temps après la mort de ce prince, aspirant à des jouissances d’un ordre plus élevé, il revint dans les Pays-Bas, s'arrêta quelque temps à Cologne et à Anvers et se rendit enfin à Leyde où il mourut titulaire d’une chaire que De l’Escluse devait illustrer à son tour. On lui doit un grand nombre de plantes. Il contribua Surtout à répandre le goùt des planches d'histoire natu- relle, faisant ainsi mieux connaître le règne végétal que par toutes les descriptions possibles. De l’Escluse (Clusius) (2) est bien le type du natura- liste voyageur : il savait six langues, possédait des con- naissances géographiques étendues, dessinait avec talent, et, à côté de la botanique, objet préféré de ses études, ne négligeait ni la zoologie ni la minéralogie. Il y a entre sa vie et celle de Dodoens des points de contact remarquables; ayant fait, comme son ami, sês (1) Né en 1518, mort en 1585 ou 1586 (2) Né à Arras dans l'Artois en 1526, mort à Leyde en 1609. Voici com- ment M. Éd. Morren chenin à propos de sa nationalité : « La Belgique » est bien fondée à réclamer Clusius parmi ses hommes illustres; quand » il vint au monde, Arras appartenait aux Pays-Bas. Il fit ses études à » Gand et à Louvain. Il a imprimé tous ses ouvrages à Anvers, ses amis » étaient Belges. Quand il allait chez lui, suivant ses propres expressions, » il se rendait à Louvain, à Bruges ou à Malines. Enfin il mourut à henk, » comme membre de la grande famille belge qui à fourni tant de cél » brités aux provinces bataves dans les premières années de la répu- » blique. » Biographie nationale, t. V, 1re partie, col. 585. ( 1054 ) études à Louvain, il meurt à Leyde revêtu des mêmes fonctions. Dans le cours de sa longue carrière accidentée, on le suit successivement en Allemagne, à Marbourg (1548), à Wittenberg (1549), à Francfort (1550), à Strasbourg; il voyage dans l’est de la France, en Suisse, en Savoie, dans le Dauphiné, pour arriver enfin à Montpellier (1551) où il rédigea, pour Rondelet , l’histoire naturelle des poissons de ce célèbre ichthyologiste (1). | 11 retourne en Belgique (1554) à Anvers, c'est là que commence sa liaison avee Dodoens; on le retrouve ensuite à Paris (1561), à Orleans; puis après quelques années de séjour à Louvain, il parcourt , comme précepteur de deux jeunes seigneurs d’Augsbourg, l'Espagne et le Portugal. Ce voyage fut son premier titre à la célébrité; il eut pour résultat la découverte de plus de deux cents espèces de plantes et l'introduction dans sa patrie de plusieurs végé- taux intéressants, surtout des plantes bulbeuses, parmi lesquelles la jonquille. Sans cesse par voies et par chemins, il revoit Paris (1571), se rend à Londres, se liant partout avec les bota- . nistes et les amateurs de plantes, est appelé à Vienne (1573) où l'empereur l’attache au Jardin botanique impé- rial. Dans ce milieu scientifique, entouré de l'affection de Dodoens et de Busbecq revenu de sa célèbre ambassade à Constantinople, il met la dernière main à un ouvrage fondamental , sa flore d’Espagne (2), herborise et fait de (1) De Piscibus marinis, libri XVII, 1554. (2) C. Clusii Atreb, Rariorum aliquot slirpium per Hispaniam obser- vatarum historia, 1 vol. 8°. Anvers, Plantin E 3 | ( 1055 ) riches moissons, matériaux d'un travail remarquable, encore utile à consulter pour la flore alpestre. Des événements politiques lobligent à s'éloigner de nou- veau; il est successivement à Londres, à Francfort. C’est là (1595) que vint le trouver Foffre honorable de succéder à Dodoens comme professeur à Leyde. Il avait enfin trouvé le repos: il put s'adonner pleinement à ses travaux de pré- dilection et rédiger l’œuvre magistrale sur la botanique de- l'Europe qui l’a fait placer au rang des fondateurs de la botanique (1). Nous nous sommes peut-être un peu longuement _ étendu sur sa vie, mais comment ne pas se laisser entrainer par le désir de retracer une si belle carrière. Jean Palfyn de Courtrai (2) dont on connaît les titres à notre admiration comme anatomiste et à notre reconnais- sance comme inventeur du forceps, peut être aussi pris comme type. Type du voyageur pauvre, cheminant la plu- part du temps à pied, bravant le froid, la chaleur, la fati- gue, la poussière des longues routes, mais soutenu, comme un inspiré, par le désir de savoir. Il visita presque toutes - _ les écoles de l'Europe; ses biographes nous le montrent à Paris, en Allemagne, en Angleterre, entouré de l'estime des hommes les plus illustres (3). - Il nous est donné de clore la série de ceux qui sillon- nèrent l’Europe dans toutes les directions, par un person- | N (1) Rariorum plantarum Historia. Antwerpiæ. Ex officina Planti- niana, f ' Voyez aussi: Éd. Morren, Charles de l'Escluse, sa vie et ses œuvres, Liége, 1875 (2) Né à Courtrai le 28 novembre 1650, mort à Gand le 21 avril 1750. (3) Élogé de Palfijn, par M. de Mersseman, lu à la séance publique de l'Académie de médecine, le 26 octobre 1845. ( 1056 ) nage singulier. Minéralogiste et alchimiste du XVII: siècle, Jean du Chatelet, baron de Beausoleil, était un adepte de la baguette divinatoire (1). 11 parcourut avec sa femme la plupart des pays européens, cherchant des mines à l'aide de ses instruments. Arrivé en Bretagne, il devint victime de la superstition. Arrêtés sous prétexte de sorcellerie, lui et sa compagne furent jetés à la Bastille. Abordons les voyages plus limités ou plus spéciaux. La France et l'Allemagne sont parcourues au X VIII siècle par Natalis-Joseph De Necker, célèbre par l'étendue de ses connaissances. On lui doit une flore des Pays-Bas, des ouvrages sur les mousses et les champignons. Un tra- vail sur les rapports entre les deux règnes organisés nous montre que l’étude des animaux ne lui était pas étran- . gère (2). Parmi les illustrations scientifiques dont Marie-Thérèse avait su s’entourer brillait aux premiers rangs un bota- niste luxembourgeois de l’école linnéenne, le baron de Crantz (3) dont les œuvres sont encore citées aujourd'hui; -il visita la Styrie et le Tyrol et fut successivement pro- fesseur d'obstétrique, de physiologie, ete., à l'Université de - Vienne (4). 7 (1) Hoefer, Histoire de la chimie, id. Nouvelle biographie générale, t. V, Paris, 1855, p. 47. C'est à tort que l’auteur fait un Allemand de du Chatelet. Il est né dans le Brabant en 1578, mort en 1645. (Voyez Biogra- phie nationale, t. II, 17° partie.) (2) Né en Flandre en 1729, mort à Manheim le 10 décembre 1795. (5) Henri-Jean-Népomucène baron de Crantz, né à Roodt (grand-duché de Luxembourg) le 24 novembre 1722, moit à Judenbourg le 18 janvier 1797. | (4) Koitz, Notice biographique sur Henri... etc. Crantz, Buzzer. Soc. ROY. DE BOTANIQUE DE BELGIQUE, t. XIV, p. 121; 1875. ( 1057 ) Les pérégrinations de notre confrère Lejeune (1), Fau- teur si connu de la flore de Spa, en France, en Hollande, dans le Hanovre, nous offrent le caractère spécial d’un voyage forcé. Tombé au sort à vingt-deux ans, alors qu'il allait commencer les études sérieuses, il fut incorporé dans le 15° régiment de dragons qui le promena dans les divers pays que nous venons de citer. Son corps est au régiment, son esprit ailleurs; il utilise tous les loisirs de son service pour récolter des plantes. Celles-ci furent pour lui autant de termes de comparaison précieux entre la flore de la province de Liége et celle des contrées limitrophes. Ce sont encore des botanistes ceux dont nous avons à parler en ce qui concerne l'Angleterre. Mathias de l'Obel qui nous mit sur la voie des classifi- cations naturelles, qui établit d'instinct la séparation des di- et des monocotylées en se basant sur la nervuration des feuilles, montra une prédilection spéciale pour l'Angle- terre; il y séjourna longtemps, y herborisa beaucoup, aidé, dit-on, par sa femme, et revint y terminer sa vie (2). En 1771, nous retrouvons, sur cette terre classique de horticulture savante, une autre figure sympathique, Eugène d’Olmen , baron de Poederlé (5); il accompagnait le duc d'Aremberg et se mettant en relation avec les ama- teurs instruits, il profita de toutes les occasions pour doter (1) Né à Verviers le 25 décembre 1779, mort le 28 décembre 1858. (J. Kickx, Annuaire de 1860, id. Belgique are à XI, 1861). (2) Né à Lille en 1538, mort à Highgate près de Londres le 5 mars 1616. (Éd. Morren, Biographie nationale, t. V, ire partie, en ber 4 Voyez aussi Mathias de l'Obel, sa vie el ses œuvres, par le même. Liége, BULLETIN DE LA FÉDÉRATION DES SOCIÉTÉS Vivere tkn DE BEL- GIQUE, 1875. i (3) Né à Bruxelles le 20 septembre 1742, mort le 18 aoùt 1815. ( 1058 ) son pays d'arbres utiles; le mûrier à papier (Broussonetia papyrifera), le cirier (Myrica cerifera), le vernix du Japon Ailanthus glandulosa) et bien d’autres. « Puissent, disait » Charles Morren, les cultivateurs et les propriétaires » belges se rappeler éternellement devant les arbres dont » nous avons ici tracé l’histoire à quel homme bienfaisant, » instruit et vénéré, ils en doivent la jouissance et lex- » ploitation (1). » Plus récemment, en 1822, un petit horticulteur de Liége, Lambert Jacob , connu sous le nom de Jacob Makoy, muni de quelque argent amassé à grand’peine, part pour PAngleterre sur un vaisseau à voiles qui met quatre Jours à faire la traversée. Ignorant la langue, il subit bien des mécomptes, mais ses efforts sont couronnés de succès; il rapporte triomphalement les premières orchidées exotiques introduites à Liége. Un tel début promettait; on sait, en effet, que Lambert Jacob réussit à créer un établissement célèbre dans le monde botanique et horticole (2). L'Italie, par la célébrité de ses établissements d'instruc- tion, par ses trésors historiques, par sa nature pittoresque, par sa flore et sa faune méditerranéennes, a toujours attiré les savants. Bien des Belges ont été y chercher la science ou étudier ses productions. Vers le milieu du XVE siècle, l'Italie fut parcourue par Remacle Fusch de Limbourg (3), élève du célèbre médecin (1) Ch. Morren, Journal d'agriculture pratique, 3° volume, 1850. (2) Né à Liége le 12 novembre 1790, mort le 4 mars 1875, plusieurs espèces botaniques lui ont été dédiées : Anguria Makoyana, par Van Houtte et Paxton, Calathea Makoyana, par M. Ed. Morren. (Éd. Morren, Belgique horticole, t XXIV,1874 et Bulletin de la fédération des sociétés d'horticulture de Belgique, 1875. (5) Mort à Liége le 21 décembre 1587. ( 1059 ) et botaniste Othon Brunnfels ; il prouva qu'il était digne des enseignements d’un tel maître en publiant des ouvra- ges de valeur sur la botanique, la pharmacologie et la médecine. Il n’y a probablement en Belgique aucun ouvrage de botanique antérieur à son Plantarum omnium nomen- claturae (1). Trois cent cinquante plantes y sont rangées par ordre alphabétique et, bien qu’il parle de eryptogames et mentionne le ferment de la bière, l’auteur, fait remar- quable pour 1541, ne tombe dans aucune de ces confu- sions entre les deux règnes si frequentes chez les anciens naturalistes. On a dit de Fusch qu’il donna dans notre pays le signal de la renaissance. Il apparait comme le Premier rénovateur des sciences en Belgique (2). Plusieurs de nos compatriotes ont été recevoir le bonnet = de docteur à la célèbre Université de Padoue. Je mention- nerai Van den Spieghel et De Boodt. Van den Spieghel (5), honoré à Padoue de l'amitié de succéda à trente-huit ans, médecin, physiologiste, embryo- logiste (4), zoologue et botaniste, visita une grande partie (1) Plantarum omnium quarum hodie apud pharmacopolas usus est magis frequens nomenclaturae Graecorum, Latinorum, Gallorum, His- panorum et Germanorum, per Remacle Fusch a sik jam noviter collectae. Parisiis, 1541, 8. Et trois autres édition _ (2) Ed. Morren, Bullet. Acad. roy. de Be rasi ge série, t. XVI, Bel- gique e horticole, 1863, et tiré à part 8°, 1864. (5) Né à Bruxelles en 1578, mort à Padoue le 7 avril 1625, plus connu Sous le nom de Spigeliu _(4) Van den Spieghel n'était pas seulement médecin et botaniste, son | se savoir embrassait aussi la eeh Yr eenen, la zoologie. C'est ainsi qu’il a contribué d'une façon importante à Tétude de l'œuf humain, du placenta, etc. On peut regarder sa Pad sur le Tænia me le premier travail où ce curieux parasite soit décrit d’une ma- able. ( 1060 ) de l'Italie déguisé en paysan, interrogeant partout les habitants des campagnes sur les usages médicaux aux- quels ils employaient les simples (1). Anselme Boèce De Boodt est, comme Van den Spieghel dont il fut à peu près le contemporain (2), un de ces hommes d'une organisation d'élite dont le savoir étendu embrasse plusieurs vastes sciences. Mais c'est surtout comme minéralogiste qu’il nous est donné de l’apprécier ; son histoire des gemmes et des pierres publiée (1609) plus d’un siècle avant que parût en France le premier traité de minéralogie, étonne le lecteur qui se reporte à l'époque de sa rédaction. Pour la première fois les pierres précieuses sont complétement assimilées aux autres corps inorga- niques et l’art de les tailler asservi aux lois de la cristalli- sation que De Boodt entrevit quatre-vingt-seize ans avant Domenico Guglielmini. On y trouve les propriétés électri- ques de certains minéraux, le poids spécifique employé comme caractère, une échelle de dureté, des indications exactes sur les gisements, des notions sur la lignite, la houille et sur l'exploitation de ce combustible dans le pays de Liége (5). Notons encore, parmi les élèves belges de l'Université de Bologne , M. Émile Masquillier de Bruxelles qui a her- borisé dans toute la presqu'île et dont le nom est souvent cité dans les travaux des botanistes italiens (4). Enfin, moins d’un demi-siècle nous sépare de l’époque (1) Éloge de Van den Spieghel, par le Dr Marinus, lu en séance pu- blique de l'Académie de médecine le 29 novembre 1846 (2) Né à Bruges vers 1550, mort dans la même ville le 21 juin 1632. (3) Kickx, Belgique horticole, t. VIL; G. Dewalque, Biographie natio- nale, t. IV, 2e partie, col. 814. (4) Renseignement fourni par notre savant confrère M. B. Du Mortier. | ( 1061 ) où deux compatriotes animés d’une même ardeur, d’une perséverance presque égale, mais visant des buts bien dif- férents, de Mevius et Cantraine, visitaient à peu près en même temps l'Italie. Le baron de Mevius (1), d’un esprit essentiellement pra- tique, s’éprit d'une véritable passion pour la sériciculture et conçut le projet au moins hardi de doter son pays de cette industrie. On sait que ses tentatives furent couron- a nées d’un certáin succès; on lui dut, à partir de 1851, _ l’organisation des magnaneries de Meslin-l'Évêque près _ d’Ath et d'Uccle. En 1850, les vers à soie élevés en Belgique produisaient = 1800 kilogrammes de soie magnifique qui, sur le marché = de Lyon, rivalisèrent avec les plus belles soies du midi de la France. Malheureusement de Mevius mourut jeune, l’industrie à laquelle il avait consacré sa vie et sa fortune périt avec lui (2). Le voyage de Cantraine (5) fut un véritable voyage de zoologue. Le plan , très-vaste, avait été concu par Tem- minck, mais des circonstances politiques ne permirent au _ Jeune naturaliste belge que d'en exécuter une partie. On sait que notre confrère explora le Piémont, la Toscane, la Sardaigne (1829), le détroit de Bonifacio (1850), traversa = l'Adriatique, parcourut une partie de la Dalmatie et les îles _de la côte, Lesina, Lissa, Curzola, vit Malte, Stromboli et termina par une étude consciencieuse du détroit de Mes- _ sine (1855) rg Zn kler ree: |, 3 (1) Charles-Joseph baron de Mevius, né à Bruxelles le 15 août 1799, mort le 1er février (2) Ch. Morren, Journal d'agriculture pratique, vol. VIT, 1854. (5) François-Joseph Cantraine, né à Ellezelles le 1°" décembre 1801, mort à Gand le 22 décembre 1865. NES se SAT AN ore SE as « 1062 ) Cette période de la vie de Cantraine peut être citée comme un exemple d’ardeur au travail et de courage à surmonter les obstacles. Seul, en six ans, il étudia une grande étendue de pays et rapporta un nombre considé- rable de matériaux scientifiques, mais dont il ne publia lui même que ce qui concerne les poissons et les mollusques (1). J'ai parlé de son courage ; trois fois il faillit perdre la vie; en se rendant en Sardaigne il essuya une tempête des plus violentes; à peine débarqué en Dalmatie, une balle desti- née à un autre lui effleura la tête et traversa sa coiffure ; plus tard, pendant une invasion de choléra, il fut accusé par le peuple superstitieux d'empoisonner l’eau des sources et ne dut son salut qu’à la protection des autorités (2). Le voyage de Cantraine nous a amené tout naturelle- ment à la Turquie et à rappeler les noms de trois botanistes belges du XVI° siècle qui contribuèrent puissamment à en faire connaître les productions naturelles : Gérard van Veltwyck, Ogier, Ghislain de Busbecq et Guillaume Quackelbeen. Van Veltwyck, sérieusement préparé par des herborisa- tions en Suisse et en Italie, ayant été chargé d’une mission diplomatique à Constantinople, porta naturellement son attention sur la flore orientale. De retour dans sa patrie, il réunit de nombreux végétaux exotiques dans ses jardins de Bruxelles. Ce fut lui qui inspira le goût des fleurs à Marie d'Autriche, sœur de Charles-Quint et gouvernante (1) Il abandonna à Temminck ses observations sur les oiseaux d'Italie, à M. Schlegel celles qu'il avait faites sur les reptiles, à M. Dehaan ses études sur les insectes. (2) J. Kickx, Paroles prononcées sur la tombe de Cantraine, ANNUAIRE de l'Académi ie de 1864; De Koninck, Notice sur Carats: ANNUAIRE de 1869. ; ( 1065 ) des Pays-Bas à laquelle Dodoens dédia un de ses grands ouvrages (1). Les figures de Busbecq et de Quackelbeen (2) sont plus connues ; elles devraient être populaires. Je ne reviendrai donc pas sur les péripéties de leur voyage diplomatique en Turquie et en Asie Mineure (1555 à 1562). Je me bor- nerai aussi à rappeler combien ils surent en faire profiter la science. Amant passionné de la nature, Busbecq avait trans- formé son palais d’ambassadeur en ménagerie, en arche de Noé, comme il le dit lui-même. Il fut le premier qui étudia convenablement le squelette de la Girafe; il décrivit un grand nombre d'animaux curieux parmi ‘lesquels je citerai rapidement l'Hyæna crocuta, le Lynx, l'Ichneu- mon, la Genette, le Delphinus delphis, le Balearica pavonina, l'Espadon, des Silures, le Tethyum lyncu- rium, etc. Le zoologue était, chez lui, doublé d’un bota- niste éclairé. N'oublions jamais que c’est à Busbecq que nous devons l'introduction dans nos jardins de deux de leurs plus beaux ornements, la Tulipe et le Lilas, que c’est à Quackelbeen, son médecin et son ami, mort sur cette terre étrangère, que nous sommes redevables du marronnier d'Inde qui embellit nos parcs et nos prome- nades (5). C’est à eux probablement que songeait Ber- (1) Voyez la Biographie de Pierre Coudenberg dans Belgique horti- cole, 1866. (2) Busbecq , né en 1522 à Comines, village de la châtellenie Sa, mort à St-Germain près Rouen en 1592; Quackelbeen, né à Courtrai, (5) Voyez sur Busbecq: Kickx, Esquisses sur les ouvrages de quelques anciens sai nd belges. Busbecq, BULLETIN DE L’ACAD. ROY. DE BEL- ( 1064 ) nardin de Saint-Pierre (Voyage à lIle de France) lorsqu'il écrivait : « Le don d’une plante utile me paraît plus pré- cieux que la découverte d’une mine d’or et un monument plus durable qu’une pyramide. » Avant de sortir de l’Europe, j'aurais voulu pouvoir vous entretenir de bien d’autres hommes éminents; il en est un surtout, géologue illustre, voyageur infatigable qui _ poussa jusqu'en Croatie, recueillant partout les matériaux d’une carte géologique étendue, d'Omalius d'Halloy, qu'on pourrait s'étonner de ne pas m’entendre citer ici. [l vient à peine de nous quitter; je n’ose, moi profane, toucher à une gloire aussi pure (1). ASIE ET AFRIQUE. Sortons done de l’Europe et suivons les naturalistes belges qui pénétrèrent en Asie et en Afrique. Leurs voyages peuvent être groupés géographiquement en trois catégories : ceux qui touchèrent à la fois à l’Asie et à l'Afrique, ceux qui enrent pour objet l’Asie ou l'Afrique seules. On sait qu’un grand nombre de Belges visitèrent la Terre-Sainte; quelques-uns de ceux-ci virent, en même temps, l'Égypte. Tels sont, au XVII° siècle, deux hommes d’une instruction étendue pour leur époque, Vincent de Stochove de Bruges et Antoine Gonsalès de Malines. GIQUE, t. V, p. 202, 1858; Gachard, Biographie nationale, t. IIL, col, 180 ; Magasin pittoresque, 42° année, p. 289, 1874; Éd. Morren, Biographie de Busbecq, 8°, 1875; sur Quackelbeen : Morren, Belgique horticole, 1875. (1) VoyezE Dupont, Notice sur la vie et les travaux de Jean-Baptiste- Julien d'Omalius d Halloy, AxNvarre de l’Académie pour 1876. ( 1065 ) De Stochove (1) nous offre le spectacle remarquable , pour 1650, d'un jeune homme de famille noble entrepre- nant un voyage, alors plein de dangers, dans le simple désir des’instruire et de satisfaire une vive curiosité. Bon obser- vateur, il a laissé une relation pleine d'intérêt, mais où l’histoire naturelle tient peu de place ; comme Gonsalès, il parle des hippopotames du Nil. Les momies égyptiennes lui causèrent naturellement le plus vif étonnement. Peu Superstitueux, ils eùt désiré rapporter un spécimen dans son pays, mais il ne put vaincre la terreur des Arabes qui montaient son embarcation (2). ; La volumineuse relation de Gonsalès (3) se termine par une description relativement détaillée des productions naturelles qu’il eut l’occasion d'observer. Il décrit, à sa manière, 113 espèces végétales qu’il classe sous les noms d'arbres, de plantes et de fleurs (Boomen, Planten, Bloemen), donnant souvent des renseignements curieux Sur la culture et l'usage. La partie zoologique comprend des notes sur 54 espèces; il divise les animaux en qua- drupèdes, oiseaux, reptiles et poissons; mais il se fait, ce qui était de son temps, une singulière idée des caractères ; ainsi, sous le titre de poissons, on voit figurer des cétacés, le crocodile, le seinque, la loutre, le castor, l'hippopo- lame, le hareng, la sardine, etc. Il y a quelques figures d'une parfaite naïveté; ainsi l’hippopotame qu'il appelle Equus Nili, a des formes obèses, mais l’auteur a cru de- = (4) Vincent de Stochove, seigneur de St°-Catherine, né à Bruges au commencement du XVIIe siècle, mort dans la même ville le 25 sep- tembre 1679. (2) De Saint-Genois, Les voyageurs belges, t. Il, p. 107. (5) De l’ordre des Récollets, son voyage eut lieu de 1665 à 1668. Qme SÉRIE, TOME XLII. 69 ( 1066 ) voir lui orner le cou d’une crinière et lui garnir les pieds de sabots. Les derniers chapitres de l'ouvrage traitent des perles, des diamants, du corail, etc. Pendant son retour, il aurait vu deux baleines dans la Méditerranée, non loin de Toulon. Peut-être s'agit-il de la Balaenoptera musculus (1). Aux voyages en Terre-Sainte se rattache un souvenir douloureux ; c’est en revenant d’un pèlerinage à Jérusalem que notre illustre André Vésale, le fondateur de l'anatomie humaine, celui dont Sénac a dit qu’à vingt-huit ans il avait découvert un nouveau monde , périt misérablement sur les côtes de l'ile de Zante, le 2 octobre 1564. Mais quittons ce sombre tableau et terminons la liste des expéditions qui comprirent à la fois une partie de l'Asie et de l’Afrique par quelques mots sur les longs voyages de Pierre Van den Brouck d'Anvers (2). Au XVII siècle, il planta le premier le pavillon hollandais sur les côtes de Guinée, en Arabie, et en Perse, et créa les puissants établissements de la Compagnie des Indes- Orientales. Commercant et marin avant tout, mais intel- ligent et sachant voir au delà de ses livres de compte et des exigences du service, il sut profiter et faire profiter plus tard ses compatriotes de tout ce qu’il vit durant seize ans de navigation et de séjour en pays étranger. C'est ainsi qu’il nous décrit quelques animaux du Congo, qu'il nous donne la relation de chasses auxquelles il assista (1) J. de Saint-Genois, Les voyageurs belges, t. II, p. 167. (2) Né à Anvers en 1584 ou en 1585. Ses voyages fatada de 1605 à 1621. ( 1067 ) dans PIndoustan et où il vit employer des guépards dressés (Cynailurus jubatus) (1). ASIE, ILES DE L'OCÉAN INDIEN, ETC. La foi, une foi ardente devant laquelle sont obligés de S'incliner les plus sceptiques, peut faire exécuter des en- treprises qui tiennent du prodigieux. Au XIII siècle, à une époque de moyens de locomotion rudimentaires et d’igno- rance profonde en fait de géographie, un moine cordelier brabancon ou flamand, Guillaume de Ruysbroek (2), s'en- gage presque seul dans les contrées qui séparent le Dnieper du Don; inclinant vers l’est, il franchit le Volga, traverse les immenses steppes des Kirghiz, atteint la Mongolie chi- noise et pénètre au centre de ce pays à peu près inconnu jusqu’à Karakoroum. Son retour s'effectue par Astrakan, la Caucasie, la Mésopotamie et la Syrie. Sa mission ap- partient à l’histoire, mais il nous est permis de rappeler ses observations scientifiques; Ruysbroek rectifia les idées erronées que l’on avait sur la mer Caspienne considérée jusque-là comme un vaste golfe, il fit connaître l'Yack ou bœuf grognant et les chevaux sauvages des steppes asiatiques, rappela les propriétés médicales oubliées de la rhubarbe et donna des renseignements très-exacts sur les alunières (3). (1) J. De Saint-Genois, Les voyageurs belges, t. Il, p. 57. (2) De en ou de Rubruquis, né vers 1220. Son voyage dura de 1252 à 12: (3) ven J. de Saint-Genois, Les voyageurs belges, t. I, p. 95 pour les sources et aussi Hoefer, Histoire de la zoologie, p. 66. Nous devons nous borner à regret à indiquer pour la Chine le séjour qu'y fit le père perte de Pithem (Flandre occidentale) de 1659 à 1688. (Voyez abbé Carton, Annales de la Soc. d'émulation de Bruges, t. I, ( 4068 ) L'ensemble des contrées qui rattachent l'Asie à lAfri- que, la Syrie, la Palestine, l'Arabie, a été parcouru de notre temps (1832) par un courageux botaniste luxem- bourgeois, N. Bové de Mühlenbach; il étudia particulière- ment la flore du Sinaï et rapporta beaucoup de plantes intéressantes (1). Si une foi religieuse telle que celle de Ruysbroek peut aplanir les difficultés de la route sous les pas d’un voya- geur, l’ambition d'attacher son nom à une œuvre considé- rable donne aussi l'énergie nécessaire pour triompher des obstacles. On possède sur l'Inde un ouvrage remarquable qui prend place dans toutes les grandes bibliothèques à côté de l’expédition d'Égypte et des voyages de Humboldt. Qui ne connaît les Hindous de François-Balthazar Solvyns d'Anvers (2)? Or Solvyns fut trois fois l’auteur de son ouvrage; il en rédigea le texte, en grava les innombrables planches et alla, dit-on, jusqu’à fabriquer de ses mains le papier qui servit à l'impression. 1859 ,pp. 85-156) et le voyage tout récent (1868), de M. l'ingénieur F. Du- pont, chargé par le gouvernement chinois d'étudier les richesses miné- rales de l'île Formose. (1) Nicolas Bové, né à Mühlenbach près d'Eich(Grand-Duché de Luxem- bourg) le fer janvier 1802, mort à Birkadem en Algérie le 22 décembre 1842, fut successivement chef de carré au Jardin des Plantes de Paris, directeur des jardins d’Ibrahim-Pacha au Caire, et enfin chargé par le gouvernement français de la direction d'un établissement d’acclimatation à Birkadem. Une partie des plantes recueillies par lui ont éte intercalées dans les collections Delessert et décrites par M. Decaisne dans les Annales des sciences naturelles. (Nouv série, t. H et HI,1854-55.) Une autre parties comprenant près de an plantes, figure dans l’herbier du Jardin botanique de l'Université de Gan oyez: Notice sur Ru Bové par M. Koltz dans le BULLETIN DE LA Soc. ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE, t. VIII, 8e année, p. 202, 1869. (2) Né à Anvers en 1760, mort dans la même ville en 1824. et Sik eri ( 1069 } 5 L'œuvre est surtout utile à consulter au point de vue des mœurs et des costumes des Hindous; mais elle se termine par une trentaine de planches d'histoire naturelle représentant un certain nombre d’animaux et de plantes. Celles qui concernent les grands arbres de l'Inde donnent une idée exacte du port de ces végétaux et du développe- ment qu'ils peuvent acquérir. Revenant en Europe, l’auteur fit naufrage sur les côtes d'Espagne et faillit perdre le fruit de ses labeurs en tou- chant au port (1). L'immense archipel d'îles, les unes madréporiques, les autres volcaniques, qui s'étend, semblable à un con- tinent émietté, le long de l'équateur, au travers de l'Océan indien et du Grand Océan, n’a été que bien peu visité par des naturalistes belges; heureusement que parmi eux se détache une personnalité si intéressante que la France revendique, mais par erreur, l'honneur de la compter parmi ses enfants : Francois Pyrard de Laval, né à Stembert près de Verviers (2), commandant une petite expédition partie de Saint-Malo le 18 mai 1601 à la recherche d’une voie nouvelle vers les Indes, vint faire naufrage sur les îles Maldives, le groupe le plus curieux peut-être d’iles madréporiques. Fait prisonnier, mais traité avec douceur, il y resla cinq ans, observant les mœurs, étudiant la configuration des Attollons et toutes les pro- ductions des deux règnes. Parvenu enfin à s'échapper à la faveur d’une attaque faite par une flotte venue du Ben- (1) Delvenne, Biographie du royaume des gelia II, p. 417. J. de Saint-Genois, Les voyageurs Wn, introduction, p. 90. (2) Et non à Laval en France, comme le dit la Biographie universelle ; né vers 1570, mort à Saint-Malo en 1652. ( 1070 ) gale, il ne revit l’Europe qu’après une absence de dix ans. En lisant la relation qu’il a publiée et qui jouit long- temps d’une grande faveur (1), on ne peut s'empêcher de regretter qu’un observateur aussi sagace n'ait pas eu une instruction scientifique solide. Il y avait en lui létoffe d'un véritable savant. Ainsi quand il nous décrit les crocodiliens de la côte du Bengale, il signale la disposition des dents, de facon à permettre d’assurer qu'il ne s’agit ni du crocodile vulgaire, ni du crocodile à deux arêtes, mais du gavial. On reconnait dans les tortues marines qu'il vit aux Maldives, la tortue franche et le caret; il décrit parmi les poissons deux plectognathes, un Ostra- cion et un Diodon. Il nous serait impossible d'analyser ici, même briève- ment, ce qu'il dit d’une foule d’autres animaux et d'un grand nombre de plantes; mais nous lui laisserons la parole au sujet d’une aventure singulière ; il raconte son voyage vers le Bengale (2) : « Après nous être rafraichis quatre ou cinq jours dans ces îles (Dinandurou?), nous remîmes à la voile, tirant vers le sud, pour aller dou- bler la pointe de Galles....... En allant, nous fimes ren- contre d’un si grand nombre de baleines qu'elles pen- sèrent nous renverser nos galiotes. Mais ceux de dedans, avec des tambours, poêles et chaudrons firent un si grand bruit qu'ils les firent fuir. » Il est à remarquer que Néarque, l'amiral d'Alexandre, avait eu recours à un moyen semblable dans le Golfe Persique (5). (1) Elle eut successivement trois éditions. (2) Chapitre XXII du 1°r volume de l'édition de 1679, (3) E. Charton, Voyageurs anciens et modernes, t. 1, p. 181, Paris, 1854, et t. IV, Paris, 1857. ( 1071 ) D'intéressantes vues de Java décorent une petite salle du Paviljoen du bois de Harlem. Elles sont dues au pinceau d'un peintre naturaliste belge, Antoine Payen. Parti pour Java en mars 1817, Payen entra comme dessinateur dans la commission sous la direction du professeur Reinwardt organisée par le gouvernement hollandais pour l'étude phy- sique des Indes néerlandaises. Il accompagna en 1825 et 1824 le gouverneur général à Bornéo, à Célèbes et aux Moluques, et ne revint en Belgique qu’en août 1826. Poussé par l’exemple de ses compagnons de travail ou, ce qui est plus probable, séduit en artiste par la beauté des productions naturelles de ces riches contrées, il utilisa ses loisirs à la formation de collections entomologiques fort importantes pour l’époque, mais malheureusement disper- sées après sa mort (1). Enfin, en 1861, les îles Fidji et les Nouvelles-Hébrides furent explorées aux frais du roi Léopold I°% par l'ingé- nieur Éloin et le lieutenant de vaisseau Michel. AFRIQUE. L'Afrique, qui attire aujourd'hui tous les explorateurs étrangers, a révélé quelques-uns de ses mystères à un explorateur belge. Édouard Blondeel de Roulers étudia sérieusement l'Abyssinie au point de vue géographique et zoologique et son voyage dans des contrées dont on a tant parlé depuis quelque temps est digne de fixer l'attention. Blondeel, qui avait résidé successivement dans différents pays étrangers , était consul général à Alexandrie lorsqu'il fut envoyé en Abyssinie par le gouvernement belge pour (1) Renseignements fournis par la famille, 1072 ) y négocier un traité de commerce; malheureusement, sa mission remplie, notre voyageur fut en quelque sorte retenu prisonnier et se vit obligé de prolonger sou séjour pendant quatre on cinq ans. Philosophe, naturaliste et imitant à son insu Pyrard de Laval, il voulut tirer de sa demi-captivité tout le profit possible pour la science en étudiant la nature abyssinienne, les pays de Galla et de Kaffa, dressant des cartes, rédigeant de nombreuses notes et formant de riches collections d'animaux. Son retour fut marqué pour un de ces accidents dont l’histoire des voyages scientifiques fournit plus d'un exemple (1) : le vaisseau qui le portait, abordé par un paquebot français, fut coulé dans les eaux de la Toscane. Blondeel perdit à peu près tous les fruits de ses penibles travaux. Seules les collections ornithologiques qui avaient été chargées sur un voilier arrivèrent en Europe et furent acquises (1849) par le Musée royal d'histoire naturelle de Bruxelles (2). Je ne crois pas amoindrir le mérite de quelques autres compatriotes qui ont franchi la Méditerranée dans un but scientifique, en disant qu'ils n’ont parcouru que le Maroc, l'Algérie et l'Égypte , c'est-à-dire la région la mieux connue, la moins susceptible de fournir beaucoup de résultats nouveaux. Livrés presque toujours à leurs seules ressources personnelles, ils ne pouvaient guère faire plus. Le bon exemple qu’ils nous ont donné en allant courageusement braver le soleil africain et Fhumeur peu sociable des Arabes, trouvera, nous l'espérons, des imita- teurs. (1) Voyez plus haut Solvyns, p. 19. (2) Renseignements fournis par notre t confrère M. B. Du Mortier. i D i ee ; ! v = HE iede ln Ne del a OISE ans qe A pai EENT YY u ra a oe € EN ONE RAD EEEN Er ah PEER eg ren pee ( 1075 ) Je citerai les séjours successifs de N. Bové au Caire (1829) et en Algérie (1855-1842) (1), le voyage minéralo- gique au Maroc (1868) de M. l'ingénieur Desguin qui pénétra jusqu'à Fez et qui put étudier des régions vierges, jusque-là, de toute investigation scientifique (2), les trois excursions botaniques de M. Jean Chalon (1870, 1872, 1875) en Algérie, au Maroc et en Égypte (3); enfin le. voyage entomologique en Portugal, sur les côtes du Maroc et dans le midi de l'Espagne (1871) que fit le regretté Camille Van Volxem enlevé sitôt à la science dans laquelle il promettait de s’illustrer. « Les résultats de ce voyage, disait M. Putzeys, en retraçant la courte carrière du jeune savant, ont été remarquables ; bon nombre d'es- pèces rares et nouvelles ont été recueillies (4). » Parmi les îles africaines visitées par des Belges signa- lons les iles du Cap vert explorées par Van Houtte (voyez plus loin Amérique méridionale) et Madagascar où rési- dèrent deux Bruxellois Mouatt et Gheude (5). (1) Voyez la Note sur Bové, p. 18. Suivant une communication de M. Du Mortier à l'Académie, she avait eu l'intention de visiter l'Atlas et le Sahara. (Bullet. Acad , 1838, (2) Michel Mourlon, as jolie sur le Maroc, Bouter. DE 70. L'ACAD. ROY. DE Be vooor, 2 série, iXX, p. 42, 18 (5) eige person (4) V Annales de la Gl entomologique de Belgique, séance du 6 nov Al 1875. (5) Mouatt et Gheude, partis en 1858, avec l'intention de faire une Hovas se refusaient à les laisser pénétrer à l’intérieur. D'après quelques renseignements qu’a bien voulu recueillir pour nous M Félix Muller, pré- nt de la Société linnéenne , il ne paraît pas que leur séjour assez long (du moins pour Gheude) ait eu des résultats d'une certaine valeur. ( 1074 ) AMÉRIQUE. Il semble que le nouveau monde offre aux naturalistes belges un attrait irrésistible; c'est en foule que les noms se présentent et le narrateur est embarrassé par la grande abondance de matériaux. Commençons par les Antilles groupées comme des ouvrages avancés protégeant l'Amérique centrale. Nous avons à prononcer des noms chers à tous ceux d’entre nous qui s'occupent de sciences et que nous citerons encore plus loin, car les Antilles n’ont constitué qu'une étape dans de He voyages. En 1840, Galeotti, revenant du Mexique, fait un court séjour à la Havane et recueille quelques observations géologiques intéressantes (1); mais Galeotti, quoique natu- ralisé Belge, était Français de naissance (2). Voulant éviter à tout prix d’avoir l'air d'orner notre couronne de joyaux d'emprunt et nous trouvant, du reste, assez riches, je me bornerai à cette indication concernant notre savant et regretté confrère. En 1837, deux luxembourgeois, Jean- Jules Linden et Nicolas Funck et un bruxellois Ghiesbreght, trio de savants el d’amis comprenant un botaniste, un dessinateur et un zoologue, partirent chargés d’une mis- sion scientifique du gouvernement ; nous reviendrons sur leur grand voyage. Signalons ici qu'ils s'arrêtèrent pen- (1) Aperçu géognostique sur les environs de la Havane, Buurer. . ROY, DE BEL (2) Henri-Guillaume Galeotti est né à Paris le 10 septembre 1814, d’après M. Quetele ns de 1859), à Versailles, d'après M. Édouard Morren (Belgique horticole, t. VIII, 1858), il est mort à Bruxelles le 14 mars 1858, à ( 1075 ) dant plusieurs mois dans l’île de Cuba et en explorèrent fructueusement les régions septentrionale et occidentale. Cuba fut visitée de nouveau par l'un d'eux quelques années plus tard (1844): Linden revenant de Colom- bie (1) et se dirigeant vers Kingston dans la Jamaïque fut, par des circonstances spéciales, obligé de se rendre à Santiago de Cuba. Ni lui ni la botanique n'eurent à s’en repentir; la partie orientale de l'ile, couverte de hautes montagnes et d’une végétalion magnifique, n'avait pas encore été étudiée. Six mois de recherches patientes enrichirent la science de plusieurs centaines d'espèces de plantes nouvelles. Avant son départ, Linden assista au spectacle grandiose et terrible de l'ouragan qui exerca de si grands ravages en octobre 1844 (2) Enfin un compatriote qui a dignement porté le nom belge sur bien des rivages, Jean-Charles Houzeau (3), a visité Cuba et résidé à la Jamaïque (4). Abordant ensuite le continent américain et procédant du Nord vers le Sud, nous pouvons d’abord citer le séjour en Géorgie d’un entomologiste belge de grand talent, M. Joseph-Léopold Weyers, qui s’est surtout occupé du beau groupe des Buprestides (5); le passage de M. Hou- — (1) En compagnie de M.Schlim. (2) Voyez : Troisième voyage de J. Linden dans les parties intertropi- cale de l'Amérique, 1° partie, Plantae columbianae, par J. Linden, et J.-E. Planchon, {re livraison. Bruxelles, 1865. (5) Né à Mons le 7 octobre 1820, membre de l’Académie et aujourd’hui directeur de l'Observatoire de Bruxelles (4) Houzeau, De New-Orleans à la Jamaïque, notes de voyage, Re- VUE TRIMESTRIELLE, 2° ijt XIX, 1868 (š) Ses collections se trouvent aujourd’hui au Musée royal d'histoire naturelle. ( 1076 ) zeau à la Nouvelle-Orléans, ensuite les explorations du Mexique qui ont été remarquables à plus d'un titre. Galeotti y résida cinq ans (1855-1840), ses observations géologiques et botaniques furent publiées en partie dans les recueils de l'Académie (1). Vers la même époque (1858) nous y retrouvons MM. Linden, Funck et Ghiesbreght. Malgré les dangers sans nombre auxquels les exposait une situation politique tendue, le pays étant, comme il devait l'être encore une trentaine d'années après, en guerre avec la France, nos hardis chercheurs quittèrent Mexico et s’avancèrent dans la région des montagnes volcaniques; ils visitèrent le Papocatepelt, le plus élevé des sommets du Mexique, le pic d'Orizaba, le volcan le plus actif de cette région du globe, le Coffre de Perote et tout le versant oriental de la chaîne. Au bout de deux années de recherches fruc- tueuses, ils s'embarquèrent à la Vera-Cruz pour Cam- pêche d'où ils étendirent leurs investigations sur la péninsule du Yucatan et le nord du Guatemala. Ce sol qui porte les restes imposants d’une ancienne civilisation tels que les ruines colossales de Palenque et d'Ocosingo n'avait pas encore été foulé par les pas d’un naturaliste; aussi la moisson que récoltèrent nos trois voyageurs fut-elle des plus riches (2). Un Anversois, Verheyen, envoyé par l'horticulteur De (1) Ad. Quetelet, Notice sur Henri num Galeotti, ANNUAIRE de l'Académie de 1859; Dewalque, Rapport séculaire, p. 76; Morren, id, p. 62; Ed. Morren, Biographie de Galeotti; 1858. _ (2) Plantae columbianae, ete., op. cit. p. XLVHI et Bulletin Acad. roy. de Belgique, t. VIL, 2° partie, 1841, Pour les plantes principales rap- portées par M Linden de son voyage au Mexique, voyez Ed. Morren, Les plantes de serre, p. 62, Paris, 1867, * ( 1077 )- Jonghe, a rapporté du Mexique, vers 1845-1844, beauconp de Yucca, de Beaucarnea, de Fourcroya, de Broméliacées, De nombreux envois de Cactées ont été faits par les frères Tonel, horticulteurs belges établis à Mexico (1). C'est aussi au Mexique que nous retrouvons notre savant confrère M. Houzeau. Il séjourna cinq ans dans les régions pastorales du Mexique et les parties les moins habitées du Texas. C'est là, en face de cette belle nature qu'il conçut probablement le plan de ses Études sur les facultés men- tales des animaux comparées à celles de l'homme (2), véri- table psychologie comparée qui donne à son auteur une place dans les premiers rangs des naturalistes-philosophes modernes (3). Depuis les tentatives de colonisation en 1841, quelques familles belges sont dispersées dans l'Amérique centrale sur le territoire du Guatemala; elles ont conservé le sou- venir de la mère patrie et accucillent avec joie les rares compatriotes que le commerce amène dans leur pays d'adoption ; mais leur influence est si faible que les excur- sions scientifiques restent entourées de dangers. Aussi, après MM. Linden, Funck et Ghiesbreght, ne pouvons- nous signaler qu’un seul naturaliste belge, Julien Deby , qui ait tourné ses efforts de ce côté (1852). [i parcourut surtout le district de Santo-Tomas dont, détail zoologique, un (1) Éd. Morren, Les plantes de serre, op. cit, p. 61. (2) Mons, 1872, 2 vol, in-8°. (3) Voyez : Houzeau, Souvenirs du Mexique, REVUE nE BELGIQUE, t. VIII, 3e année, 1871; Notices biographiques et bibliographiques con- cernant les membres de l'Académie, pp.51 et suiv., Bruxelles, 1874; Bul- jetin de l'Acad. roy. de Belgique, 2e série, t. XLI, n° 5, 1876, pour les “paroles de bienvenue prononcées par M. Liagre, secrétaire perpétuel, lors du retour de M. Houzeau. ( 4078 ) tiers des habitants était alors affecté du tænia (1), visita une gigantesque coupe de Mahoni sur le Golfète, le San Gill, les bords du Rio-Montagua et enfin le golfe Amatique où il signale le Lamantin dans la baie Graciosa (2). Le Guatemala nous amène à l'Amérique méridionale; pénétrons-y avec nos voyageurs belges par la Colombie. Il semblera peut-être monotone à certains auditeurs de m'entendre répéter encore une fois des noms qu'ils ont déjà entendus plusieurs fois et que, je les en préviens, ils entendront encore. Ce n’est là, heureusement , qu’une monotonie dans les sons; réjouissons-nous, au lieu de nous plaindre, de compter dans le pays des hommes qui ont eu le courage et la persévérance d’explorer une si vaste étendue du continent américain qu’on retrouve leurs traces d’un tropique à l’autre. La Colombie, en comprenant sous ce titre la Nouvelle- Grenade, le Venezuela et l'Équateur , a éte soigneusement étudiée par MM. Linden et Funck de 1841 à 1845 (5) et par M. Funck seul de 1845 à 1846 (4). Le temps nous . _fait malheureusement défaut pour résumer même briève- ment ces deux longs voyages (5) , le premier surtout, qui (1) Il est à regretter pour l’histoire des Cestoïdes que Deby n’ait pas indiqué l’espèce de tænia. 2) Voyez les articles qu’il a publiés dans la Revue trimestrielle,t. TI, 1854, t. IH, 1854, t. VIE, 1855, t. VIII, 1855. (5) ‘Accompagnés de Louis-Joseph Schlim. (4) Ce voyage exécuté encore en compagnie de M. Schlim se faisait pour compte de l'établissement d'introduction de plantes nouvelles que M. Lin- den venait de créer à Luxembourg. (5) Plantae columbianae, op. cit. Comme résultat botanique principal de ces voyages, signalons plusieurs centaines d'Orchidées nouvellés dé- erites par Lindley sous le titre Orchidaceae lindenianae (Éd. Morren , Les plantes de serre, op. cit., p. 65). A e ( 1079 ) fut le plus important et marqué d'incidents les uns drama- tiques , tels que le passage du Rio-Tocuyo grossi par les pluies et roulant avec impétuosité d'énormes troncs d'ar- bres, passage qui coûta à nos botanistes la perte d’une partie de leurs précieuses collections. Les autres d’un haut intérêt scientifique, comme la visite de la célèbre grotte de Caripe ou caverne des Guacharos dans la province de Cumana (Venezuela), habitée en quantités innombrables par un oiseau singulier voisin des engoulevents, le Gua- charo (Steatornis Caripensis de Humboldt) constituant, à lui seul, par ses caractères spéciaux, une famille distincte (1). Un de nos maîtres en zoologie, Lacordaire, consacra une de ses trois grandes explorations entomologiques à la Guyane francaise (vers 1831). Lacordaire n’était point Belge (2). Ne pas le citer, lui qui a tant travaillé parmi nous, eùt été de l'ingratitude , détailler ses travaux serait sortir de la réserve que nous nous sommes imposée. Nous nous bornerons donc, comme pour Galeotti, à de simples indications. Au Pérou, nous n'avons trouvé à citer qu'un seul Belge du XVI: siècle, Josse Ryckius (ou de Rycke), religieux récollet né à Malines (3). Busbecq et Quacquelbeen dotaient (1) Famille des Steatorninés. Le Guacharo fut découvert le 18 sep- tembre 1799 par de Humboldt et Bonpland. L'Herminier en fit connaître le sternum et quelques autres organes. M. Funck, d'accord, du reste, en cela avec d'autres observateurs, pense que cet oiscau est frugivore puis- qu'il a trouvé le sol de la caverne couvert des noyaux de différentes espèces de fruits. Bulletin de l'Acad, roy. de Belgique, 11° série, t. XI, 2° partie, p. 371. (2) J.-Théodore Lacordaire, né à Recey-sur-Ource (France) le 1er février 1801, mort à Liége, le 18 juille 1871. (5) Décédé vers l’année 1565, à Quito, qui faisait alors partie du Pérou. ( 1080 ) leur patrie de végétaux des pays étrangers, Ryckius effectua l'inverse et fit au Pérou le plus précieux des dons en y important le froment (1). L'histoire des nombreux voyages scientifiques au Brésil débute aussi au XVI° siècle ,par un Gantois, Pierre Megal- hanes de Gandavo (1572) (2). Sa relation, qui se fait remar- quer par un style simple et coulant, est naturellement con- sacrée en grande partie à la découverte du Brésil, à la description du pays, des habitants, des mœurs, etc.; mais on y trouve des pages curieuses sur les oiseaux, oe pois- sons, les plantes. Il raconte même, dans un chapitre spé- cial, l'histoire fabuleuse d'un monstre marin tué en 1564 dans la capitainerie de San Vicente. La liste des voyages modernes est longue; signalons d'abord celui de Lacordaire qui résida longtemps à Rio (1828 ou 1829) et rapporta des régions environnantes un grand nombre d'insectes nouveaux (3), puis l’éxploration de quelques parties du Brésil par MM. Crabbe et Degrolle (1833) pour le compte de l'établissement géographique Van der Maelen, ensuite le séjour de S.-J. Denis (4) qui habita pendant huit ans, en qualité d'ingénieur de la Compagnie brésilienne de l'Union des Mines, la province (1) De Saint-Genois, Voyageurs belges, t. I, p. 48, et Reusens, Biogra- phie nationale, t. V, 2e partie, col. 691. (2) Aug. Voisin, Messager des sciences, etc., 1841, p. 284; de Saint- Genois, ae yageurs tener 1. 1, pp. 52 et ane M rd a retrouvé en 1844 à la Bibliothèque de VEscurial un ma- nuserit en portugais ie Jones du Brésil de Megalhanes, écrit dans la deuxième moitié du XVIe siècle. (Compte rendu des séances de la Com- mission royale d'histoire, t. IX, 1844 (publié en 1845) (5) Candèze : aroga sur Lacordaire, ANNU«IRE de l’Académie pour 1872 d) Sébastien-Joseph Denis, né à Herve. ( 1081 ) de Minaë-Geraës et publia dans nos recueils académiques une description de cette contrée curieuse, de ses sources thermales et des exploitations de diamant (1). De nouveaux renseignements géologiques intéressants sur les mêmes localités nous furent adressés quelque temps après par P. de Claussen qui entreprit, un des pre- miers, des recherches sur le diluvium à ossements (2). L'horticulture belge doit, en grande partie, sa réputation européenne aux frais qu’elle s'impose pour envoyer par tout le globe des chercheurs habiles qui enrichissent sans cesse nos serres de nouvelles curiosités végétales; nous en avons déjà cité plusieurs beaux exemples, mais la série est loin d’être épuisée. Van Houtte, dont la tombe est à peine fermée, visita le Brésil et introduisit en Belgique beaucoup de plantes re- marquables (3). De 1835 à 1837 MM. Linden, Ghiesbreght (1) I a fait connaître pour la première fois le gisement du diamant dans Pltacolumite. (Bulletin de l'Acad. roy. de Belgique, t. VII, 1r° partie, Pp: 155, (2) Il avait déjà recueilli à cette époque, tant seul qu'avec Lund, plus de cent espèces. Ré ei sur la province de Minas-Geraës au Brésil, Beru. Acab., t. VIII, 1r° partie, p. 322, avec 4 planches ; Dewalque, envois très-importants de plantes du Brésil (Voyez : Biographie de Jacob Makoy, par Éd. Morren, BELGIQUE HORTICOLE, 18 (5) Voyez Gesneria macrorhiza, G. Houttei. Malais Parthoni (Burr. Acan. ROY. De BELGIQUE, t. III, p. 199, 1856 et t. V, 1858). Louis Van Houtte. né à Ypres le 4er juillet 1810, mort à Gentbrugge le 9 mai 1876, était parti pour l'Amérique dès 1834. Débarqué au Brésil, il a visité les mon- tagnes des Orgues et d’autres localités; mais ses efforts ont été partiel- lement paralysés par I xiguïté de ses ressources et le manque d’en- couragements (De Puydt, horticulture dans Patria be Igica , t. T, p. 600 Avant son départ en 1832 il avait fondé PHorticulteur belge, après son Qme SÉRIE, TOME. LXII. 70 ( 1082 ) et Funck (1), envoyés par le gouvernement, explorèrent successivement , au double point de vue zoologique et bota- nique, les provinces de Rio-Janeiro, de Spiritu-Santo, de Minas-Geraës et de Sào-Paulo. De même que, tout récem- ment, MM. Filhol et de l'Isle, naturalistes francais, ayant accompagné les astronomes chargés d'observer le passage de Vénus à Ille de Saint-Paul, exposaient au Muséum les collections qu’ils avaient formées, les richesses en plantes et en animaux recueillies par nos compatriotes au Brésil eurent (1837) les honneurs d’une exposition publique à Bruxelles (2). De 1842 à 1859, Joseph Libon, animé d’une véritable passion pour les explorations scientifiques, fit successivement trois voyages botaniques fructueux au Brésil, y séjournant chaque fois plusieurs années et en- voyant en Europe des collections importantes. Il avait malheureusement trop présumé de ses forces et ne revit pas son pays. Il mourut à Insaima, près de Rio, victime de son amour excessif pour les excursions aventureuses (3). Enfin, en 1846, Fr. Devos, envoyé par la maison Ver- retour, il fut successivement directeur du Jardin botanique de Bruxelles et de l'École d'horticulture de l’État à Gentbrugge près de Cand. Il dirigeait avec succès une revue horticole qu’il avait créée en 1845, la Flore des serres et des jardins. (1) Ajoutez le nom de Jaquet qui n’est pas cité dans la relation de _M. Linden. (Voir : Bullet. Acad. roy. de Belgique, t. III, p. 199, 1856.) (2) Plantae HRE op. cit., et Bullet. Acad. roy. de Belgique, t.I, pp. 199 et 4 (3) Joseph rg né à Verviers le 18 mars 1821, mort au Brésil le 2 aoùt 1861. On lui doit entre autres plantes : Theophrasta imperialis, Libonia floribunda, BELGIQUE HORTICOLE, , P. 14; d'après le Wo- chenschrift d'août 1865, BELGIQUE HORTICOLE , 1865, et ibid., 1874, p. 15.) Pour les plantes principales envoyées par Libon en Europe voyez : Éd. Morren, Les plantes de serre, op. cit., p. 70. ( 1085 ) schaffelt de Gand, mit largement à contribution la flore du Brésil méridional et de l’île Sainte-Catherine (1). Dans le beau rapport que notre savant confrère M. Ed. Morren a publié à l’occasion du centième anniversaire de fondation de l'Académie, il disait, après avoir parlé des résultats de quelques-unes des explorations dont je viens de vous entretenir : « On voit... combien les voyages des naturalistes belges dans les régions tropicales, voyages auxquels le gouvernement accordait alors son concours, ont été uliles et ont laissé d’impérissables souvenirs... ll est à regretter que, depuis de longues années, aucune nouvelle expédition scientifique n’ait plus été entreprise et il nous semble que le moment est venu d’accueillir les dévouements qui pourraient se présenter (2). » Cet appel était entendu aussitôt que formulé, puisque, peu de temps après, trois jeunes savants, MM. Éd. Van Beneden, Camille Van Volxem et Walthère de Selys Long- Champs entreprenaient, sous les auspices du gouverne- ment, un voyage scientifique au Brésil, dans Uruguay et dans la République Argentine (1872-75). Vous avez en- tendu M. Éd. Van Beneden vous résumer les résultats considérables de leurs recherches (3). M. W. de Selys, de son côté, a publié un charmant récit de la partie pitto- resque de l’excursion (4). H serait déplacé , de notre part, A EE Be :Vv w bd (1) Éd. Morren, Les plantes de serre, op. cit , p. 71, et De Puydt, Horti- _ Culture dans Patria belgica, p. 601. (2) Rapport séculaire sur les travaux de botanique et de ph gsiologie végétale, 1872, p. 64 (5) Rapport sommaire sur Nes résultats d'un voyage au Brésil et à la Plata, Buiuer. pe L'AcAD. roy. DE BELGIQUE, 2° série, t. XXXV, p.775, 1875. (4) Notes d'un nr au Bi sil, REVUE DE BELGIQUE, 7° année, t. XX, Pp. 118, 240, 257, 552, 18 ( 1084 ) de substituer notre prose à ces descriptions encore pleines de l'enthousiasme du voyageur et nous terminerons ce qui concerne l’Amérique en rappelant que la République Ar- gentine etl’ Uruguay avaient déjà été ex plorés par Lacordaire dans ses trois voyages successifs au Chili. VOYAGES AUTOUR DU MONDE. Les voyages autour du monde, exigeant beaucoup de temps et des ressources toutes spéciales, seront toujours rares. En 1858, la France ayant organisé un voyage de _cireumnawvigation sur le navire-école l’'Hydrographe, quel- ques Belges obtinrent, par l'influence du gouvernement, l'autorisation de prendre part à cette expédition scienti- fique. Mais celle-ci se termina tristement, l’'Hydrographe fit naufrage à Valparaiso (1). Dans ces dernières années, un voyageur qui mérite bien ce titre et qui a enrichi la botanique et l’entomologie de découvertes intéressantes, M. Jean Van Volxem, a réalisé, en partie, la conception originale de Jules Verne, en effectuant le tour du monde en quatorze mois (2). Nous voici arrivés à la fin de cette revue, trop rapide- ment esquissée pour permettre de bien juger la part de travail et de mérite qui revient à chacun en particulier, mais suffisante pour faire apprécier ce que les Belges ont (1) Voyez : Goblet- d'Alviella : Voyages , découvertes, émigrations, PATRIA BELGICA, t. IN, p. 211, Bruxelles, 1875. (2) On doit à M. Van Volxem une belle Passiflorée, la Tacsonia Van Volæemi de Bogota, et beaucoup d'insectes faisant aujourd'hui partie des collections du Musée royal d'histoire naturelle de Bruxelles ( 1085 ) fait et surtout ce qu'ils pourront faire un jour comme assi geurs naturalistes. Les sciences sont cultivées dans le pays avec plus d’ar- deur que jamais; les communications affluent aux sociétés savantes et à l’Académie, au point d'exiger une augmen- tation sérieuse dans les budgets mis à leur disposition; nos musées regorgent de richesses soigneusement classées par des spécialistes de talent. Ce west point trop; le mot trop ne devrait, du reste, jamais être prononcé en fait de pro- grès intellectuel; mais c'est assez pour sentir qu’il y a chez nous une exubérance de forces qui demandent à être dépensées, pour comprendre que bien des natures, jeunes, généreuses, qui végéteraient probablement dans nos villes, accueilleraient avec transport la proposition de prouver leurs capacités et leur dévouement dans des expéditions lointaines. Nous avons à cet égard la plus grande foi dans l'avenir. La Belgique n’a-t-elle point, comme protecteur éclairé des sciences, un Roi qui nous a donné l'exemple des longs voyages, des voyages sérieux? recueillant à Ceylan, dans l’Inde anglaise, en Chine, des éléments précieux pour l’ex- tension de nos relations commerciales (1) et prenant, tout (1) Le 14 novembre 1854, le duc et la duchesse de Brabant partirent sii X pis séjournèrent à Venise, Verone, Trieste et visitèrent ensuite ‚ Alexandrie, le Caire, sd Beyrouth, Rhodes, Candie, Aita, Palerme, Naples, Rome et Tur n 1860, le duc de Brabant fit un due à à Constantinople. Enfin le 6 novembre 1864 eut lieu son départ pour l'Égypte, Ceylan, l'Inde anglaise et la Chine. Le 25 décembre 1858, le prince royal développe au Senat ses vues sur le commerce avec la Chine et le Japon. Le 21 mars 1861, il prononce devant la même assemblée un discours sur l'extension de nos rapports commer- ciaux avec l'extrême Orient et félicite le ministre des affaires étrangères Pour la création à Shang-Haï (Chine) d’un consulat général de Belgique. ( 1086 ) récemment encore (1), l'initiative d'un congrès où s’est discutée la meilleure marche à suivre pour faire pénétrer dans l’Afrique centrale les bienfaits de la civilisation. Un auteur a dit : voyager c’est vivre; voyager en obser- vateur, en savant, en cherchant toujours et partout, dans la mesure de ses forces, à étendre le cercle de nos connais- sances, c'est bien plus que vivre, c’est être utile, et, fùt-ce aux Terres australes, c'est encore servir la patrie. — La parole est donnée à M. le secrétaire perpétuel pour proclamer les Résultats suivants des concours et des élections de 1876. RÉSULTATS DU CONCOURS. Un mémoire, portant pour devise : Le progrès est lent et pénible, avait été envoyé en réponse à la première ques- tion demandant de Perfectionner en quelque point impor- tant, soit dans ses principes , soit dans ses applications, la théorie des fonctions de variables imaginaires. La classe, après avoir entendu la lecture des rapports des commissaires, a décidé qu’il n’y avait pas lieu de- décerner le prix à ce travail. — Un mémoire, portant pour devise : La structure moléculaire des corps est prévue par analyse et confirmée par la synthèse, avait été envoyé en réponse à la question (1) 12 septembre 1876. C’est encore Léopold IJ qui offrait récemment à la Société de géogra- phie de Londres de contribuer pour 100,000 francs aux frais des explora- . tions du lieutenant Cameron dans l'Afrique centrale. ( 1087 ) | demandant de nouvelles expériences sur l'acide urique et ses dérivés, principalement au point de vue de leur struc- ture chimique et de leur synthèse. La classe, après avoir entendu la lecture des rapports des commissaires, a décerné à ce travail la médaille d'or du prix de 800 francs. L'ouverture du billet cacheté a fait connaître comme auteur M. Édouard Grimaux, agrégé de la Faculté de médecine et répétiteur à l’École polytechnique de France à Paris. ÉLECTIONS. La classe a eu le regret de perdre, pendant le courant de l’année, son directeur, M. Michel Gloesener, membre de la section des sciences mathématiques et physiques, et deux de ses associés : Sir Charles Wheatstone, apparte- nant à la même section , et M. Adolphe Brongniart, de la section des sciences naturelles. Elle a appelé par ses suffrages, pour la place de membre titulaire, l'un de ses correspondants M. ÉpouarD Maury; Pour la première place d’associé Dom Pepro Il D'ALCANTARA, Empereur du Brésil, et pour la seconde placeM. Juus Gos- SELET , professeur à la Faculté des sciences de Lille. M. Mod Mouron, conservateur de la section de miné- ralogie et de géologie au Musée royal d'histoire naturelle à Bruxelles, a été élu correspondant de la section des sciences naturelles. L'élection de M. Mailly sera soumise à la sanction du Roi. ( 1088 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Catalan (E.). — Nouvelle correspondance mathématique, tome II, 4876. — Réhabilitation d'un pléonasme. Bruxelles, 1876; vol. et br. in-8°. Dewalque (G.).— Rapport sur les moyens d'exécution de la carte géologique. Liége, 1876 ; br. in-8°. Guillaume (le baron). — Histoire des régiments nationaux des Pays-Bas au service d'Autriche. Bruxelles, 1876; vol. in- 8°. Andrimont (Léon D’). — La coopération ouvrière en Bel- gique. Liége, 1876 ; vol. in-8°. Banning (Émile). — L'Afrique et la conférence géogra- phiqne de Bruxelles. Bruxelles , 1877; br. in-8°. Bernimolin (Eugène). — L'École populaire et le rationa- lisme contemporain, tome II. Liége, 1876; vol. in-8°. Courtin (A.-J.). — La chaleur et ses applications aux ma- chines à air chaud, aux machines à air comprimé et aux machines à vapeur. Mons, 1876; vol. in-8°. : Diegerick (Alphonse). Le sculpteur Charles Van hi et l'autel du S'-Sacrement de l’église de S'-Martin à Ypres. Ypres, 1875; br. in-8°. Génard (P.). — Antwerpsch archievenblad, VII deel, 4° aflevering; VIIe deel, 2% aflev. Anvers, 1876; in-8°. Le Paige. — Note sur la transformation des coordonnées dans la géométrie analytique de l’espace. — Notes sur lenve- loppe d’un eylindre et sur une équation aux différences me Bruxelles, 1876; 2 extr. in-8°. Lyon (Clément). — Jean Guyot dit Castileti, célèbre musi- cien wallon du XVI: siècle. nente Frs si in-8°. Paillard(Charles). — Histoi ieux de Valen- ciennes (1560-1565), t. IV. Paris, Bruxelles, 1876; vol. in-8°. Van den Broeck (Ern.). — Esquisse géologique et paléonto- logique des dépôts pliocènes des environs d'Anvers. Fascicule I, les sables inférieurs d'Anvers. Bruxelles, 1876; br. in-8°. ( 1089 ) Académie royale de médecine de Belgique. — Bulletin, tome X, n° 10. Bruxelles, 1876; br. in-8°. Commissions royales d'art et d'archéologie, à Bruxelles. — Bulletin , 45° année 1876 , n° 7 et 8. Bruxelles ; in-8°. Analectes pour servir à l’histoire ecclésiastique de la Bel- gique, tome XIII, 4876, 4"° liv. Louvain, Bruxelles; in-8°. Musée de Pinderi de Belgique à Bruxelles. — Bulletin , tome LXX, 55”° année, octobre-décembre 1876. Bruxelles; 5 liv. gr. in-8°. _ Annales des travaux publics de Belgique, tome XXXIV, 2%° cahier. Bruxelles, 1876; in-8°. Annales de médecine vétérinaire , 25"° année, 1876 ; juillet- décembre. Bruxelles; in-8°. Société royale des sciences médicales et is de Bruxelles. — Journal, 1876, juillet-déc. Bruxelles; in-8°. Annales d’oculistique , 11° série, tome VI, 1876, juillet- décembre. Bruxelles; in-8°. La Presse médicale belge, 28“ année, 1876, n° 51-52, juillet-novembre. Bruxelles; feuill. in-4°. Société royale de pharmacie de Bruxelles. — Bulletin, 20% année, 1876, juillet-décembre. Bruxelles; in-8°. Le Bibliophile belge, livraisons 1-8. Bruxelles , 1876; in-8°. L'Abeille, 22*année, 1876, juillet-décemb. Bruxelles ; in-8°. Association belge de photographie. — Bulletin, 5"* année, 1876-1877, n° 1-4. Bruxelles ; in-8°. Annales de l'électricité médicale, 16%° année, 1875-76, mai-juin. Bruxelles ; in-8°. Fehiogranhid de rie gme année, 1876, n° 6-10. _ Bruxelles ; in Société etoiles de Belgique à Bruxelles. — Compte- rendu , série II, n°* 29-53, septem.-déc. — Annales, tome XIX, fasc. 4 et 2. Bruxelles; feuill, in-8°. Société malacologique de Belgique. — Procès-verbaux des séances de juillet-décembre 1876. — Annales, tome X, 1875. Bruxelles; feuilles et vol. in-8°. ( 1090 ) Moniteur industriel belge, vol. IH, 1876, juillet-déc. Bruxelles; in-folio. Académie d'archéologie de Belgique. — Annales, tome XXXII, ge livraison. — Bulletin, tome II, 2*° fase. Anvers, 1876; in-8°. Société de pharmacie d'Anvers. — Journal, 52"° année, 4876 , avril-septembre. Bruxelles ; in-8°. Société de médecine d'Anvers. — Annales, 57% année, mai-octobre. Anvers ; in-8°. Revue de l’instruction publique en Belgique, tome XIX, liv. 5-6. Gand; in-8°. Willemsfonds. — Jaarboek en volks-almanak voor 1877. Gand , 1876; vol. pet. in-8° et br. in-16. L'Écho vétérinaire, 6° année, 1876, juillet-décembre. Liége; in-8°. Société médico-chirurgicale de Liége. — Annales, 15"° année, 1876, novembre-décembre. Liége; in-8°. Le Scalpel, 28° année, 1875-1876, n°“ de juillet-décembre. Liége ; feuill. in-4°. Fédération des sociétés d’horticulture de Belgique. — Bulletin, 1875. Liége, 1876; vol. in-8°. Journal des Beaux-Arts, 18% année, 1876, n° 13-24. Louvain; feuilles in-4°. — ALLEMAGNE ET AGTRICHE. Clausius (R.). — Ueber die Behandlung der zwischen linearen Strömen und Leitern stattfindenden ponderomoto- rischen und electromotorischen Kräfte nach dem electrodyna- mischen Grundgesetze. Bonn; extr. in-8°. Hermann (Dr. Jos.). — Ueber die Natur und Wesenheit der Syphylis und deren Behandlung ohne Mercur. Vienne, 1876; broch. in-8°. Schneid (Dr. Math). — Aristoteles in der Scholastik. Ein Beitrag zur Geschichte der Philosophie im Mittelalter. Eich- stätt, 1875; in-8°. + ( 4091 ) Astronomische Gesellschaft in Leipzig. — Vierteljahrs- schrift, XI. Jahrgang, 4° Heft. Leipzig, 1876; br. in-8°. Archaeologische Gesellschaft zu Berlin. — LXII. Pro- gramm : der Musenchor Relief einer Marmorbasis aus Hali- karnass, von Ad. Trendelenburg. Berlin, 1876; br. in-4°. Ferdinandeum zu Innsbruck. — Zeitschrift, XX“ Heft. Innsbruck, 1876; vol. in-8°. Justus Perthes’ geographische Anstalt. — Mittheilungen , 1876, X u. XII. — Ergänzungsheft n° 49. Gotha; 3 broch. in-4°. Archiv der Mathematik und Physik, LX. Teil, 1. Heft. Leipzig, 1876; broch. in-8°. Medicinisch-naturwiss.-Gesellschaft zu Jena. — Jenaische Zeitschrift für Naturwissenschaft, X. Band, 2. Suppl.-Heft. léna , 1876; in-8°. Oberhessische Gesellschaft für Natur-und Heilkunde. — XV. Bericht. Giessen , 1876; in-8°. Handelsstatistisches Bureau. — Tabellarische Vebersichten des hamburgischen Handel im Jahre 1875. Hambourg, 1876; vol. in-4 K. bayerische Akademie der Wissenschaften in München. — Abhandlungen der mathem.-phys. Classe, XII. Bd. 2. Abth. . — Ueber den Inhalt der allgemeinen Bildung in der Zeit der Scholastik, Festrede von R. v. Lilieneron. — Nanak, der Stifter dés Sikh- Religion, Festrede von D" Ernst Trumpp. Munich, 1876 ; 3 broch. in-4°. Fürstlich Jablonowskische Gesellschaft zu Leipzig. — _Preisschriften, XIX. Die Declination im Slavischlitanischen und Germanischen ; XX. Ueber den zusammenhang des letto- slavischen und germanischen Sprachstammes. Leipzig, 1876; 2 broch. in-4°, Verein für Kunst und Alterthum. — Korrespondenzblatt, 1876, n° 7-42. Ulm; feuilles pet. in-4°. Deutsche chemische Gesellschaft zu Berlin. — Berichte, 1876, No 14-19. Berlin; in-8°. Kaiserliche Akademie der Wissenschaften 2 zu Wien. — Sitzungsberichte, philos.-histor. Classe, 1875, Juni-December:; ( 1092 ) 1876, Jänner, Februar. Sitzungsber. mathem.-naturw. Classe, 4. Abth. 1875, Juni-December; 2. Abth. 4875, Juni-De- cember; 4876, Jänner-März; 5. Abth. 1875, März-December. — Denkschriften, philos.-histor. Classe, XXIV. und XXV. Band; mathem.-naturw. Classe XXXVI. Band. — Almanach, 1876. — Atlas der Hautkrankheiten von D: Hebra, IX. und X. Lieferung. Vienne, 1875, 1876; 48 broch. in-8° et atlas in-folio. K. k. geolog. ficichsanstals — Jahrbuch, 1876, n° 3. — Verhandlungen 1876, n°° 11-13. — Catalog der ausstellungs- Gegenstände bei der wiener Weltausstellung 1873. Vienne ; in-8°. Deutsche Gesellschaft für Natur-und Vülkerkunde Osta- siens. — Mittheilungen , 10. Heft. — Das schoene Maedchen von Pao, eine Erzaehlung aus der Geschichte China's, HI. Kapitel. Yokohama, 4876; 2 br. in-4°. AMÉRIQUE. Pimentel (Joaquim-Galdino). — Mecanismo de distribuicao applicavel as locomotivas de eylindros exteriores, ete. Rio-de - Janeiro, 1876; br. in-8°. The Penn Monthly, 1876, october-december. Philadelphie; in-8°. The american journal of science and arts, ed series, vol. XII, december 1876. New Haven ; br. in-8°. Geological Survey. — Rapport des opérations (1874-1875) de Yexploration géologique du Canada. — Descriptive cata- _logue of a collection of the economic minerals of Canada, and notes on a stratigraphical collection of rocks. Montréal, 1876; 2 vol. in-8°. FRANCE. Carret (Jules). — Le déplacement polaire, preuves des ( 1095 ) variations de laxe terrestre. Paris, Chambéry, 1876; vol. in-12. 5 Carrière (Denis). — Nouveau procédé pour opérer la trans- formation rotatoire des coordonnées dans l’espace. — Nou- velle théorie touchant la réduction à sa forme la plus simple _ de l'équation générale du second degré à trois variables. Paris, _4876; cahier in-4°, = Académie des sciences de Paris. — Comptes rendus, _t. LXXXIII , 4876, octobre-décembre; table du t. LXXXII. _ Paris; in-4°. Revue scientifique; Revue politique et littéraire, 2° série, 1876, octobre-décembre. Paris; in-4°. Le Progrès médical, 4" année, 1876, juillet-décembre. Paris; feuill. in-4°. Société centrale d'agriculture de France. — Bulletin, 1876, n° 4-8. Paris; in-8°. … Revue britannique, octobre-décembre , 1876. Paris, 5 demi- _ vol. in-8°. Archives de médecine navale, tome XXVI, août-décembre. Paris ; feuilles in-8°. Journal de l’agriculture, tome IV°, 1876. Paris; in-8°. Société d’ugriculture de Valenciennes. — Revue agricole , industrielle, etc., tome XXIX, n° 5 et 6. Valenciennes; in-8°. Société méréordlogique de France, à Paris. — Nouvelles météorologiques, 9° année, 1876, octobre; Annuaire, 1876 : Bulletin des séances, tome XXIV, feuilles 10-18; Tableaux météorologiques, feuilles 1-4. Paris; 4 fasc. in-8°. Société géologique de France, à Paris. — Bulletin, tome IV, 1876, feuilles 21-27. Paris; in-8°. Société linnéenne de Normandie. — Inauguration de la statue d’Élie de Beaumont à Caen. Caen, 1876; br. in-8°. Société linnéenne du Nord. — Bulletin DORE 1876, n° 49-54. Amiens; in-8°. Société d’anthropologie de Paris. — Mémoires, 2°* série, tomes Tet II, ter et 2° fase. — Bulletin, mai-juillet 1876. Paris, 1873-1875; 4 broch. gr. in-8°. (1094 ) École normale supérieure. — Annales, décembre 1876. Paris; br. in-4°. Société des études historiques. — L'Investigateur, 1876, juillet-octobre. Paris; 2 br. gr. in-8°. Académie de’ Stanislas. — Mémoires, tome VIII, 1875. Nancy, 1876; vol. in-8°. GRANDE-BRETAGNE ET SES COLONIES. Smith (J.-Lawr.). — Researches on the solid carbon com- pounds in meteorites; Description d’une masse de fer météo- rique, dont on a observé la chute dans le sud de l'Afrique, en 1862, et Remarques sur l’enstatite ; extr. in-8° et extr. in-4°. Sourindro Mohun Tagore (the Rajah). — Or a treatise on citara. — A treatise on mridunga. — A treatise on harmo- nium. — A treasury of the musical instruments of ancient and of modern India, and of various other countries. — Fifty stanzas in sanskrita, in honor of the prince of Wales; English verses, set to hindu music in honor of the prince of Wales; Victoria-Gitika, or sanskrit verses, composed and set to music. — Hindu music from various authors, part. I. — Six principal ragas with a brief view of hindu music. — Hindu musie. — Elementary rules for the hindoo musical notation with a description of signs frequently used in airs intended for the aekatana. — Ill? and IV' annual report of the bengal music school. — Deux ouvrages en sanscrit., Calcutta, 1872 à 1876; 11 broch. in-8° , 2 broch. et 1 vol. in-4°. Nature, vol. 14, novembre. Londres; cah. gr. in-8°. Iron, Journal of Science, tome VIII, octobre-décembre , 1876. Londres; in-fol. Society of antiquaris of London. — Proceedings, vol. VIT, 1876, n° 1. Londres; br. in-8°. Royal astronomical Society. — Monthly notices, vol. XXXVI, n° 9; vol. XXXVII, n% 4 and 2. Londres, 1876 ; in-8°. London mathematical Society. — Proceedings, n°* 97-100. Londres, 1876; in-8°. ( 1095 ) HOLLANDE. Donders (F.-C.) en Engelmann (Th.-W.). — Onderzoe- kingen gedaan in het physiologisch laboratorium der Utrecht- sche Hoogeschool, derde reeks, aflevering 4. Utrecht, 1876; br. in-8°. Nederlandsche entomologische vereeniging. — Tijdschrift, XIX" deel, 5° en 4° aflevering. La Haye, 1876; 2 br. in-8°. Kon. instituut voor de taal- land- en volkenkunde van Nederlandsch Indië. — Bijdragen, derde reeks, XIe deel, 2% stuk. — Verslag der feestviering van het XXV: bestaan van het instituut (1851-1876). La Haye , 1876; 2 br. in-8°. Euphonia, weekblad voor letterkunde en welsprekend- heid, 1876 , october-december. Utrecht; feuilles iñ-4°. 0 MERE. Campori (G.).— L'arazzeria estense, cenni storici, Modène, 1876; br. in-8°. Omboni (Giovanni).— Di due antichi Ghiacciaj che Hanno lasciato le loro tracce nei setti comuni. Venise; extr. in-8°. _ Volpicelli (Paolo). — Le proprieta dell elettricità indotta contraria o di prima specie, del professore Felice Marco, con alcune note. Rome, 1876; br. in-8°. R. Accademia delle scienze fisiche e matematiche di Napoli. — Atti, vol. VI. — Rendiconto , vol. XII-XIV. Naples , 1875- 1875; 4 vol in-4°. R. Accademia delle scienze di Torino. — Atti, vol. XI, _novembre 1875-giugno 1876. — Memorie, serie seconda, tomo XXVIII. Turin, 1875, 1876; 6 br. in-8° et 4 vol. in-4°. Universita di Torino. — Bollettino dell’ Osservatorio, 1874, 1875. Turin, 1875, 1876; 2 broch. in-4°. Società italiana di scienze naturali di Milano. — Atli, volume XVIII, fase. 2-4. Milan , 1875, 4876; 5 br. gr. in-8°. ( 1096 ) Accademia delle scienze dell’ istituto di Bologna. — Me- morie, serie III, tomo 6. — Rendiconto, anno 1875-1876. Bologne; 1 vol in-4° et br. in-8°. Rivista scientifico- industriale, 1876, ottobre - dicembre. Florence; in-8°. Russie. Société de chimie de St-Pétersbourg. — Bulletin, tome VIH, fascicule 8. St-Pétersbourg, 1876; vol. in-8°. Société impériale des naturalistes de Moscou. — Nouveaux Mémoires, tome XII, 5e livr. — Bulletin, 1876, n° 2. Moscou; broch. in-4° et br. in-8°. SUÈDE ET DANEMARK. Université d'Upsal. — Bulletin météorologique mensuel de l'Observatoire, tome VII, 1875. Upsal; br. in-4°. Société royale des sciences d’Upsal. — Nova acta, 5™° série, tome X, fase. 1. Upsal, 1876; 1 vol. in-#°. K. nordiske oldskrift-selskab. — Aarboger, 1875, 1876, 1-2. Hefte. Copenhague ; in-8°. and . SUISSE. Favre (Alph.). — Notice sur la conservation des blocs erratiques et sur les anciens glaciers du revers septentrional des Alpes. Genève, 1876 ; extr. in-8°, | Schweizerische Gesellschaft für die gesammten Natur- wissenschaften. — Neue Denkschriften, XXVII. Bd. 1. Abth. Zürich, 1876; br. in-4°. - Fin pu Tove XLII DE LA 2" SÉRIE. BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. TABLES ALPHABÉTIQUES DU TOME QUARANTE-DEUXIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE. ii o TABLE DES AUTEURS. A. \ Abrassart (J.). — Lauréat du concours des cantates de 1875, 411, 459; Meermin , cantate couronnée , 440, eg des lettres, sciences , arts et agriculture de Metz. — Adresse n pr ogramme de concours pour 1876-1877, 597. die impériale des sciences de St-Pétersbourg. — Communique un rapport imprimé concernant la question de la diminution de l'eau des rivières et des fleuves, 665 Académie royale danoise des sciences et des lettres de Copenhague. — Adresse son programme de concours pour 1878 et 1879, 5. Adan (Le major d'état-major). — Hommage d’un compte rendu et des rag faits sur les travaux de géodésie et de nivellement exécutés en Belgique, rats BEREA de Br ruges. — Hommage d'ouvrage, 185, 792. Alberdingk Thym. — Hommage d'ouvrage, 792. _ Alvin (L.). — Communication relative à la Commission pour le choix des _ œuvres d'art à reproduire par les lauréats des grands concours, 224, 920; lecture d'un chapitre de la Biographie d’André Van Hasselt, 404; demande relative à l'inauguration du monument Van De Weyer, 410; assiste à cette solennité, 629: la plus ancienne gravure en taille-douce me SÉRIE, TOME XLII. TI + 1098 TABLE DES AUTEURS. exécutée aux Pays-Bas, 798; communication relative à la Caisse cen- trale des artistes, 920. Voir Errata, pour la page 629. Andrimont (Léon d’). — Hommage d'ouvrage, 910; note concernant ce volume, par M. Le Roy, 915. Arisqueta (P.) et Spring (W.). — Présentent une notice concernant l'action du chlore sur le peroxyde d'argent, 240; rapport de MM, Stas . et Donny, 479, 480 ; impression, 565. Association française pour l'avancement des sciences. — Fixation de sa cinquième session , 4. B. à Baer (Ch.-Ern. von). — Annonce de sa mort, 922, Baes (J.). — Lauréat du concours d'architecture de la classe des beaux- arts, 415, 459; remercie , 659. Balat (Alph.). — Commissaire pour l’examen du ter rapport semestriel du lauréat De Coster, 401, 639; appréciation des 12e et 15™e rap- ports semestriels du lauréat Dieltiens, 402 ; réclamation au sujet de Bambeke (Ch. van). — Rapport sur le travail de M. A. Swaen concernant la cornée des grenouilles, 14; commissaire pour un travail de M. le Dr in sur [histologie du limaçon , 665. Bastelaer (D.-A. van). — Lecture des ee de MM. le baron de Witte et Roulez sur sa notice concernant les vernis, etc., des poteries romaines, 192; M. Stas est également chargé de l'examen de ce tra- vail, 241; M. Van Bastelaer est remis en possession de son manuscrit, Bastin. — Hommage d'ouvrage , 460. Bellynck (Le R. P.). — Commissaire pour un travail de M. Cogniaux concernant des cucurbitacées nouvelles (2° fasc.), 240; rapport, 485. Beneden (Éd. Van). — Rapport sur le travail de M. Swaen concernant la cornée des grenouilles, 21 ; les Dicxemibes, survivants actuels d’un embranchement des Mésozoaires (suite), 55; commissaire pour une saire res de M. Chandelon concernant l’ bionce de courant sanguin sur le contenu en glycogène des muscles , 665; rapport, 840. Beneden (P.-J. Van), — Commissaire pour un travail de M. Mourlon sur les dépôts des sables vers des environs d'Anvers, 241; rapport, 666. TABLE DES AUTEURS. 1099 Le SELACHE (HANNOVERA) aurata du crag d'Anvers, 294; remet le manuscrit de sa notice sur F.-X. de Burtin, 665; réélu membre de la Commission spéciale des finances, 829; exprime des regrets au sujet de la mort de M. von Baer, 922. Bormans (St). — Hommage d'ouvrage, 185; fait lecture d’un travail sur . l’origine des libertés communales à Namur , 651. ssinesq (J.). — Rapport de MM. De e Tilly, Maus et Folie sur le sup- plément à son mémoire concernant les massifs pulvérulents , 242, 245. Brachet (Achille e). — Présente une note sur un régulateur arlie: igny, 487. .). — Présente un travail concernant les nn 4; rap- port de MM. Stas, Donny et Melsens, 250, 252; impression, 570 __Buisset. — Dépose un billet cacheté , 922 . C. Carrara (F.). — g’ ges, 627 t ces volumes, =- 651; souscription paar une médaille à lui offrir, 628. Castan ug.). — Hommage d'ouvrage, _ Catalan (Eug.). — pR apport sur une note de M. Saltel concernant la détermination de l’ordre d'un lieu géométrique, 254; commissaire pour trois zp du mêmg Ae concernant : 1° la loi de décomposi- tion, 241 ; 2 la théorie des caractéristiques, 461; 5° les surfaces et les Mtéthes puce 828; nee sur les deux premières de ces notes, ; missaire : 1° pour un mémoire de concours concernant da théorie des rare de variables imaginaires, 254 ; rapport, 923; 2 pour une note de M. Mansion concernant les équations différentielles homogènes, 461 ; 5° pour une demande de subside faite par M. Namur 826; présente la suite de ses Notes d’algèbre et d’analyse, 665 ; rap- ports de MM. Folie et De Tilly (voir Errata); hommage d'ouvrage, = Cercles artistiques et litléraires d'Anvers et de Bruxelles. — Let - relatives à la propriété des œuvres artistiques, 919. ë Ceuleneer a De). — — Présente une agree rédaction de : on (J.). — Présente un travail concernant la cellule végétale, 240; ion de son manuscrit, 458. — Commissaire pour la rédaction du programme du prix Littéraire de Stassart, 4, 195 ; assiste à la remise de la médaille d'Oma- da, 1100 TABLE DES AUTEURS. lius, 662, 909; hommage d’ouvrage, 627; réélu membre de la Commis- sion spéciale des finances , 911. Chandelon (Th.). — Présente un travail concernant influence du cou- rant sanguin sur le contenu en glycogène des muscles, 665; y some de MM. Schwann et Ed. Van Beneden, 856, 840; impression, 885. Cogniaux (Alfred). — Hommage d'ouvrage, 259; présente la suite de son travail concernant des cucurbitacées EE 240; rapports de MM. Morren, Bellynck et Crépin, 482, Comité pour le son à ei à la nie ces de Arret — Adresse un Commission de la Biographie nationäle. - — Hommage d'ouvrage, ré Congrès d'hygiène et de sauvetage. — Hommage d'ouvrages, 828. Conscience (H.). — Réélu membre de la Commission spéciale des finances, è Conseil de l'ordre des avocats près la Cour d'appel de Lucques (Le). — ral une souscription pour offrir une médaille au professeur F. Car- rara, Si js a ). — Hommage d'ouvrage , 828. Crépin (F.). — Commissaire : 1° pour un travail de M. Cogniaux concer- nant des cucurbitacées nouvelles (2me fasc.) , 240 ; rapport, 485 ; 2° pour un travail de M. J. Chalon concernant la cellule végétale, 240, 458 ; hommage d'ouvrage, 460. Cuypers (J.). — M. le Ministre transmet eopie de son 8% rapport ‘semestriel, 412, D. Danet. — Hommage d'ouvrage, 460. David (F.). — Annonce de sa mort, 410. De Coster (J.). — Envoi de son premier rapport semestriel, 401, 659. Decker (P. De). — Rééla membre de la Commission spéciale des finances, Oil. De Cross (P.). — Présente un mémoire sur la puissance des a et mère, tuteurs et curateurs , aux XVIe et XVIIve siècles, etc., De Doss (Adolp.). — Lauréat du concours de musique Pa ie classe des beaux-arts, 414, 458 ; remercie, 658. De Heen (P.). — Dépose un pli cacheté, 259; présente une note concer- nant la dilatation des métaux, 461. ` Deitz (Léopold). — Adresse une lettre relative aux aérostats, 829. De Jans (Éd.), — Lauréat du grand concours de peinture de Das (men- “tion honorable), 411, 440. TABLE DES AUTEURS. 1401 De Koninck (L.). — Rapport sur le travail de MM. Spring et. st con- cernant les acides tétra- et trithioniques , 13; sur la notice de boi ois concernant le chlorure de sulfuryle, 14; commissaire pour un les chlorures et les bromures, 240; lecture de son rappert, 461; com- missaire pour un mémoire du R. P. Renard concernant le colicule, 240 ; rapport, 462; commissaire pour les travaux de M. Mourlon con- cernant : 1° les s dépôts des sables verts des environs d'Anvers, 241 ; rapport, 668; 2° l'étage devonien des psammites du Condroz dans la vallée de la Meuse, 461, rapport, 829 ; commissaire pour un mémoire de concours concernant l'acide urique et ses dérivés, 255, rapport, 940; hommage d'ouvrage ; 460 ; assiste à à remise de la médaille d’Oma- lius, 662, Delaborde (Le ed Henri). — Hommage d'ouvrage, 7 Delmotte (H.). — Lauréat du concours triennal de re dramatique en langue française, 626 De Man (G.). — de Ah examen du premier rapport semes- triel du lauréat De Coster ‚ 639; appréciation des 12me et 15e rap- ports semestriels du as LE 402; réclamation de M. Balat au sujet de cette mir 659 ; réélu membre de la Commission spé- ciale des finances, 919. De Pauw (J.-B ef — Lauréat du grand concours de composition musicale de 1875 (mention honorable), 411, 459. Dépôt de la guerre de Belgique (M. le Directeur du). — Hommage de travaux manuscrits, 2, 457. De Potter (F.). — Hommage d'ouvrage , 599 De Vos (J). — Lauréat (ter prix) du gra concours de composition musicale de 1875, 411, 459. Dewalque (G.). — Hoaimide d'ouvrage, 5, 828; sur les manuscrits d'André Dumont et les commentaires de M. Éd. Fees, 97 ; proposi- tion relative à la publication des manuscrits précités, 183; décision 41. Dewalque (Fr.). — Hommage d'ouvrage, 5 De Witte (Le baron). — Lecture de son AERES sur la notice de M. Van Bastelaer concernant les vernis, etc., des poteries romaines , 192, : Dieltiens (E.). n de ses 12me et 15° rapports semestriels, 402 ; réclamation de M. Balat au sujet de cet examen, Donny (F.). — Commissaire : 1° pour un travail i M. Beuvlantë concer- nant les résines, 4; rapport, pour un mémoire de M. Stas concernant le rapport proportionnel entre SA les chlorures et les 1102 TABLE DES AUTEURS. bromures, 240; lecture de son rapport, 461 ; 5° pour un travail de MM. Spring et Arisqueta concernant les actions du chlore sur le pe- roxyde d'argent , 240 ; rapport , 480; 4° pour un mémoire de concours ) ‚ Stas, notice concernant le chlorure de sulfuryle, 15, 14; impression, 126. Dupont (Éd.). — Commissaire pour la rédaction du programme du prix littéraire de Stassart, 4, 195 ; commissaire pour les travaux de M. Mour- lon concernant : 1° les dépôts des sables verts des environs d'Anvers, 241 ; rapport, 669; 2 l'étage devonien des psammites du Condroz , 461 ; rapport, 851 ; proposition relative à la publication des manuscrits de Dumont, 183; décision prise sur cette proposition, 241 ; découverte de nombreux vestiges de l’âge de la pierre polie, 489. Duprez (F.). — Commissaire pour un travail de M. W. Spring concer- nant l'écoulement du mercure par les tubes capillaires, 4; rapport, 250; commissaire pour un travail de M. J. Plateau intitulé : Bibliogra- phie analytique des principaux phénomènes subjectifs de la vision, 828. E. Empereur du Brésil (S. M. t). — Élu associé, 1087. Engel. — Hommage d'ouvrage, 460. Ertborn (Le baron Oct. van). — Présente une note sur lobservation de Vénus, 828. Evans (John). — Hommage d'ouvrage, 627. Exposition d'horticultüure à Amsterdam. — Adresse son programme, 258. F. Faider (Ch). — Hommage d'ouvrage, 397, 794; paroles prononcées lors de la remise de la médaille votée à M. d'Omalius d’Halloy, 662, 909; commissaire pour un mémoire de M. De Cross concernant la puissance des père et mère, tuteurs et curateurs, aux XVIe et XVIIe siècles, 795 ; sur le IXe Congrès international de statistique, à Budapest, 795; réélu membre de la Commission spéciale des finances , 911. Flandre (Mor le Comte de). — Fait exprimer ses regrets de ne pouvoir assister à la séance publique de la classe des beaux-arts, 410 ; mêmes regrets pour la classe des sciences, 922. Folie (Fr.). — Commissaire pour un travail de M. W. Spring concernant l'écoulement du mercure par des tubes capillaires, 4; rapport, 245; TABLE DES AUTEURS. 1105 rédigera pour Annuaire la notice biographique de M. Gloesener, 938 ; commissaire pour une note de M. Le Paige concernant la transforma- tion des coordonnées, 241; rapport verbal, 255; rapport sur le supplé- ment au mémoire de M. Boussinesq concernant les massifs pulvérulents; 245; rapport sur une note de M. Saltel concernant la détermination de l'or jte d’un lieu géométrique, 255 ; commissaire pour trois notes du même auteur concernant : te la loi de décomposition, es ; rapport, 486: 2 la théorie des caractér GEL AR 461 ; ra pes , 486 ; 5° les surfaces et les courbes gauches, 829; commissaire : 1° pour une note de M. Mansion concernant les équations ie Bean 461 ; 2° pour une note de M. P. de Heen concernant la dilatation des métaux, 461; 5° p la suite des Notes d’algèbre et d’analyse de M. Catalan, 665 ; rapport Errata); 4 pour une note de M. Pérard sur le développement du ma- gnétisme induit par la terre dans le fer laminé nerveux, 665; rapport, 842; 5° pour une demande de subside faite par M. Mine. 826; obser- vations des étoiles ee du mois d'août 1876, 555. Fraikin (Ch). — Avis sur les œuvres à reproduire par les lauréats des grands concours De p ania 293; commissaire pour l'examen du 8me rapport du lauréat Cuypers, 412; réélu membre de la Commission spéciale des ~ 919: Franck (J.). — Commissaire pour examen du premier ar semestriel du lauréat 4 PEES 401; appréciation de ce travail, 412; réélu membre de la Commission spéciale des finances, 919. ” Gachard (P.). — Commissaire pour un mémoire de M, Paillard, intitulé : Les Pays-Bas du ter janvier au der septembre 1566, 910 ; rééin membre de la Commission spéciale des finances, Gallait (L). — Donne lecture d'une note concernant la propriété des œuvres artistiques, 642; don fait à la caisse centrale des artistes, $ rde in Me Dr F.). — Demande relative aux sources PS et aux de la Belgique, 457 ; hommage d'ouvra ut 16 ) — Avis sur les œuvres à reproduire par ze lauréats des grands concours de sculpture, 2 réélu membre de Ja Commission spéciale des finances, 949. Geefs (J.).— Avis sur les ceuvres d'art à reproduire par les lauréats des grand s concours, 225; commissaire pour l'examen du gme rapport du lau pers, 412. Gervais IRNOS et Gervais (Paul). — Hommage d'ouvrage, 5. 1104 TABLE DES AUTEURS. Gevaert (F.-A.). — Discours sur l’enseignement public de l'art musical à l'époque moderne, 418; assiste à l'inauguration du monument Van De» Weyer, 410, 629; hommage d'ouvrages, 920. Gloesener (M.). — Annonce de sa mort, 238. Gluge (Th.). — Hommage d'ouvrage, 827; réélu membre de la Commis- sion spéciale des finances, 829. ne (Jules). — Élu associé, 1087. Greindl (Le baron G.). — Dépose un billet cacheté , 922, Grimaux (Édouard). — Rapports de MM. de Koninck, Sas et Donny sur son mémoire de concours concernant l'acide urique, 40 , 950, 951; roclamé lauréat, 951, 1087. Guillaume (J.). — La Sirène (cantate), 448. Guillaume (Le baron). — Commissaire pour la rédaction du programme du prix littéraire de Stassart, 4, 195 ; hommage d'ouvrage, 910. H. Hane-Steenhuyse (Ch. d’). — Hommage d'ouvrage, 399. Hennequin (Le capitaine d'état-major). — Hommage d'ourage, 259 Heremans (J). — Commissaire pour un travail de M. Ch. Piot sur les beers de Flandres, 599. Hermann (Le D' Jos.). — Hommage d'ouvrage, 828. Houzeau (J.-C.). — Rapport de MM. Liagre, Quetelet et Montigny sur son mémoire intitulé : Uranométrie générale, 5, 11; commissaire pour un travail de M. Mailly concernant l’histoire des sciences et des lettres en Belgique, pendant la seconde moitié du XVIII: siècle, 240, 460 ; rapports, 475, 675 ; étoiles filantes du mois d’aoùt 1876, 552; bolide du 22 septembre 1876, 534; commissaire pour une note de M. le baron van Erlborn intitulée : Observations de Vénus, 828. I. Ibañez (Le général). — Hommage de cartes, 459. J. Juste (Th.). — Présente le manuscrit de sa notice biographique sur Syl- vain Van De Weyer, 397; assiste à l'inauguration du monument Van De Weyer, 410, 629; commissaire pour un mémoire de M. Ch. Paillard, inti- tulé : Les Pays-Bas du 1° janvier au 1°" septembre 1566, 910. Su soie TABLE DES AUTEURS. 1105 K. Kervyn de Lettenhove (Le baron). — Commissaire pour un projet de bibliographie belge par M. Van der Haeghen, 396 ; rapport, 629 ; com- munication relative à la publication des chroniques de Froissart, 400 ; proposition relative au remplacement de M. Ad. Mathieu dans la com- mission des grands écrivains, 629, 795. L. _ Lauwers (F.). — Envoi de son Jer rapport semestriel, 401 ; appréciation de ce travail par MM. J. Franck et J. Leclercq, 412. Leboucq (Le De H.). — Hommage d'ouvrage _ Leclercq (J.). — Commissaire pour l'examen du 1°r rapport semestriel du uréat nee 401; prenait de ce travail, 412. _ Leclercq (M.-N.-T.). mmissaire pour l'examen d’un mémoire de M. De had OEE RME Lu puissance des père, abe tuteurs, etc., aux a Te et a. siècle C.). — kak: d'ouvrage, 627. 3 de (Fr.). — Hommage d'ouvrage, 185. Le Paige (C.).— Hommage d'ouvrages, 259, 828; présente une note sur la ‘ transformation des coordonnées, 241 ; rapport verbal de M. Folie, 255; impression, 584. | Le Roy (Alph.) — Commissaire pour la rédaction du programme du prix . littéraire de Stassart, 4, 195; notes bibliographiques concernant : 1° un ouvrage historique édité par MM. Van der Haeghen et J. Stecher, 635; 2 un volume publié par M. L. d'Andrimont, 915; de lecture de la 1re partie de sa notice biographiquee sur Van Mee 17. Levy (A) et Spring (W.). — Recherches sur les sas Fr et trithio- niques, 105; rapport de MM. Stas, de Koninck et Melsens sur ce tra- vail, 11, 15. Liagre (J. y: — Rapport sur le mémoire de M. J.-C. Houzeau intitulé : Uranométrie pére 5; proclame les résultats des concours et des élections : de la classe des beaux-arts, 437; de la classe des sciences, ___ 1086; assiste à Tsel du monument Van De Weyer, 410, 629; _ présente le tome XL des Mémoires couronnés in-4°, 664; commissaire -pour la demande de subside faite par M. Namur, 826. Loo (F. Van). — Hommage d'ouvrage, 4 Luesemans (C.-J. de). — Hommage Birket, w, 628. Ve ET NGE # 1106 TABLE DES AUTEURS. M. Mailly (Éd.). — Présente, pour rare une notice sur Richard Van a , 460; rapports de MM. mn et etn 475, es , 675, 676; site à se du monument Van De Ta, 40, 629; élu - membre titulaire, 1087. Malaise (C.). — Commissaire : 1° pour un mémoire du R. P. Renard concernant le coticule, 240; rapport, 475; 2° pour un travail de M. J. Chalon concernant la cellule végétale, 241 , 458; 5° pour un tra- vail de M. Mourlon concernant l'étage devonien des psammites du . Condroz , 461 ; rapport, 855; 4° pour un travail de M. Petermaun con- cernant ee graines originaires des hautes latitudes, 829, T .). — Présente une note concernant W équations différen- tielle Mathieu (Adolp se — anas de sa mort, 184; discours prononcé à ses funérailles par M. Wauters , 186 Matteucci (Félix). — Hommage d'ouvrages , 259. Maus (H.). — Rapport sur le supplément au mémoire de M. Boussinesq concernant les massifs pulvérulents, 245; réélu membre de la Com- mission spéciale des finances, 829 ; discours sur les travaux des mem- bres de la classe des sciences pendant l’année 187 5. Melsens (L.). — Commissaire pour un travail de M. G. Bruylants con- cernant les résines, 4; rapport, 252; rapport sur un travail de MM. Spring et Lévy concernant les acides létra-et trithioniques , 15; sur un travail de M. Dubois concernant le chlorure de sulfuryle, 14; commissaire pour une note de M. L. Pérard sur le tte ppement du magnétisme induit par la terre dans le fer laminé nerveux, ; rapport, 844; commissaire pour un travail de M. “ee concer- nant les graines originaires des hautes latitudes, 829. Meugy.-— Hommage d’une carte dci Ministre de la Justice (M. le). — Hommage a ouvrages , 792. Ministre de l'Intérieur (M. le). — gsm d’ asri 2,185, 597, 457, 626, 665, 978, 918; communiquera en copie les rapports des lauréats des grands concours, 197; adresse : 1° deux partitions musicales manuscrites du lauréat Servais, 196; 2° copies des rapports semes- triels des lauréats Lauwers, De Coster, J. Cuypers et Em. Dieltiens, 401, 412; communique : 1° programme des fêtes nationales, 410; 2° les $ 5 TABLE DES AUTEURS. 1107 résultats du concours des cantates et des grands concours de composi- tion musicale et de peinture, 411, 459; demande la liste double de can- didats pour le choix des jurys : 1° de la 6e période du concours quin- quennal des sciences naturelles, 456, 665, 826; 2° de la 7®° période du concours de littérature dramatique en langue flamande, 791; transmet l'arrêté royal cri le prix triennal de littérature dramatique fran- çaise, à M. Delmotte, 626; adresse : 1° le projet d'une bibliographie belge par M. Van da PAS : 56 2° une lettre relative au projet d'un établissement belge à Rome, pour les lauréats des grands con- , 657; 5° une demande de halte faite par M. Namur, 826. aid (Ch). — Commissaire pour un travail de M. W. Spring con- cernant l'écoulement du mercure par des tubes capillaires, 4; rapport, 247; commissaire pour une note = . A. Brachet sur un ré gulatenr epe ineztin nguible, 4; Sea , 487 ; rapport sur le mémoire de M ntitulé : Uranométrie ds. 41; ta enn des ze pen haat del die: 255 ; commissaire pour une note de la terre dans le fer laminé nerveux, 665; rapport, 840 ; réélu membre de la Commission spéciale des finances, 829 ; commissaire pour une lettre de M. Deitz relative aux aérostats, 0 Morren (Éd. ). — Hommage d'ouvrage, 5 ; com aire : fe pour un tra- vail de M. Fi concernant des eruit nouvelles ee fasc.), , 482; 2 pour un travail de M. Chalon concernaut la 240 ; rappo celle sise, 241, dé ur le rôle des ee dans la TE ‚489, 676 and commissaire pour un tra en “ae sante ts graines originaires des hautes rer ger Mourlon (M.). — Présente : 1° un travail concernant les dépôts des sables verts des environs d'Anvers, 241 ; rapports de MM. P.-J. Van Beneden , de Koninck et Dupont, 666, 9; impression, 760; 2e un travail con- cernant ns devonien des psammites du Condroz , 461 ; rapports de M. de Koninck, Dupont et Malaise, 829, 851, 855 ; impression, 845 ; élu ne es , 1087. N. Namur. — de un ere pour la continuation de ses travaux, 826. Neeffs (Emma re de P.-P. Rubens, à Malines, 200; rap- . ports de mi pe iid et Portaels sur cette notice, 197, 200. Nève (F.). — Hommage d’auvrage, 627; commissaire pour la nouvelle 1108 TABLE DES AUTEURS. rédaction du mémoire couronné concernani Septime Sévère, 628; lec- ture de son rapport, 911. Nuel (Le D"). — Présente un travail sur I'histologie du limaçon , 665. Nypels (G.). — Note sur les dernières publications de M. Carrara, 651. Nyst (H.) — Réélu membre de la Commission spéciale des finances, 829. 0. Omalius d'Halloy (M. Vee d'). — Il lui est fait remise de la médaille votée à son mari, 662, 909 P. Paillard (Charles). — Hommage d'ouvrages, 598, 599, 910; notes biblio- graphiques sur ces volumes par M. Wauters, 598, 916; présente un mé- moire intitulé : Les Pays-Bas du 1° janvier au fer septembre 1566, 910. Papanti (G.). — Hommage d'ouvrage, 627. Pedro II d'Alcantara (Dom). — Élu associé, 1087 Pérard (L.). — Présente une note sur le développement du magnétisme induit par la terre dans le fer laminé nerveux, 665; rapports de MM. Montigny, Folie et Melsens, 840, 842, 844; impression, 894. Pertz (George). — Annonce de sa mort, 625. Petermann (A). — Présente un AEREA sur les graines originaires ces hautes latitudes , 829. Piot (Ch). — Présente un travail concernant les beers de Flandre, 599; les objets d'art emportés de Belgique en Allemagne en 1794, 404, 642. Plateau (F.). — Phénomènes de la digestion chez les Phalangides, 719; les voyages des naturalistes belges, 1050. Plateau (J.). — Sur les couleurs accidentelles ou subjectives, 555, 684; présente une ee analytique des principaux phénomènes sub- jectifs de la vision, 828 Portaels (J.). — apporta sur la notice de M. Neefs concernant l'œuvre d> P.-P. Rubens, à Malines, igi motion relative aux règlements de ; grands concours de peintu Potvin (Ch.). — Hommage nn, 599; les bardes du désespoir (poésie), 911. Poullet (Edm.). — Hommage d'ouvrage , 792. Putzeys (Le D" F.) — Dépose un pli cacheté, 2; présente une note sur de nouveaux agents anesthésiques , 240; rapports de MM. Schwann et Éd. Van Beneden, 480 , 481 ; impression , 574. Putzeys (Le D" F.), et Swaen (4.). — Déposent un pli cacheté, 259. ‘4e me BENEN reef 2 Ue À 7 rk: TABLE DES AUTEURS. 1109 Q. _ Quetelet (Ern.). — Rapport sur le mémoire de M. Houzeau intitulé “À M. . Uranométrie générale, 11; commissaire pour un travail de M. Mailly concernant l'histoire des sciences et des CA en Belgique SRDA la seconde moitié du XVIIIe née 240, 460; rapports, 477, (er) ml en commissaire pour un travail d jateni intitulé : Bibliographie . analytique des principaux hen subjectifs de la vision , 828. R Raemdonck (Le D' J. van). — Hommage d'ouvrages, 186. | Renard (Le R-P. A). — Présente un mémoire concernant le coticule, x Rivier (Alph.). — Lecture d’un travail sur la science du droit au moyen âge, 195; commissaire pour un mémoire de M. De Cross concernant la tse des ges et mère, tuteurs et curateurs, aux XVIe et XVIIe siè- cles, Robert en bet — her relative à la propriété des ceuvres artistiques, 225, 404, 642, 7 Roi (S. M. le). — pete à la séance publique de la classe des beaux- arts, 410; fait exprimer ses regrets de ne pouvoir assister à la séance publique de la classe des sciences, cs Rouillet (A.). — Hommage d'ouvrage, 628 Roulez (J.). — Lecture de son rapport sur ik notice de M. A. Van Baste- laer concernant les vernis, etc., des poteries romaines, 192; commis- saire pour la nouvelle rédaction du mémoire couronné concernant Sep- time Sévère, 628; lecture de sou rapport, 911. S. Sabbe (J ). — Lauréat du concours des cantates de 1875, 411, 459, Saltel (L.). — Rapports de MM. Folie et Catalan sur sa note concernant la détermination de Pordre d’un lieu géométrique, 2 sio a e présente trois autres notes concernant : te la loi de décom- , 241 ; 2° la théorie des skregani h rapports pa les surfaces courbes gauches, 828 ; dépose un sr cacheté, 8 827. anore (Jos.). — Lauréat du grand concours de peinture de 1876 (mention honorable), 111, 440. + 4140 _ TABLE DES AUTEURS. Scheler (Aug.). — Commissaire pour un projet de bibliographie belge par M. Van der Haeghen, 596; rapport, 650. Schwann (Th.). — Rapport sur le travail deM. Swaen concernant la cor- née des grenouilles, 21; commissaire pour une note de M. le Dr Putzeys sur de nouveaux agents anesthésiques, 24 a mis saire pour un travail de M uel c rnant [histologie du lima- n, 665; commissaire pour un travail de M. Chandelon concernant l'influence du courant sanguin sur le contenu en glycogène des mus- cles, 665, rapport, 856. Selys Longchamps (Edm. de). — Synopsis des agrionines, 490, 952. Servais (F.). — Adresse deux partitions musicales manuscrites, 196. Siret (Ad), — Rapport sur la notice de M. in concernant l'œuvre de P.-P. Rubens à Malines, 200; hommage d'ouvrage, 796. Slingeneyer (Ern.), — Demande ee ar been À à fonder à Rome pour les lauréats des grands concours, 225, 637, 797 ; réélu membre de la Commission spéciale des és. 919. Société batave de philosophie expérimentale de Rotterdam. — Adresse son programme de concours pour 1876, 665 Société belge de géographie, à Bruxelles. — Annonce sa fondation, 826. Société des sciences naturelles de Cherbourg; — Célébration de son . 25e anniversáire Société des sie d'études autour du monde. — Hommage d'ou- vrages, 2. Société géologique de France. — Réunion extraordinaire de 1876, 4. ger littéraire, scientifique et artistique d'Apt. — Adresse son pro- . concours pour 1870-1877, 795. wel philanthropique de symphonie ùü d'harmonie; LA FRATERNITÉ, — Adresse une liste de souscription pour le monument à ne. a feu Isidore De Vos, 795. Société royale des beaux-arts et de littérature de Gand. — Adresse son programme de concours pour 1876-1877, 412. Société zoologique de France, à Paris. — Demande d'échange de publi- cations , 826. Sourindro Mohum Tagore (Le Rajah). — Hommage d'ouvrage, 920. Spring (Walthère) — Présente un travail concernant les phénomènes del’écoulement du mercure par les tubes capillaires, 4 ; rapports de MM. Folie, Montigny et Duprez, 243, 247, 250 ; impression, 555 ; rapport de MM. Stas, de Koninck et Melsens sur son travail concernant les acides tétra- et trithioniques, 11, 13; impression, 105. Spring (W.) et Arisqueta (P.). — Présentent une notice concernant l'ac- TABLE DES AUTEURS. 4111 # tion du chlore sur le peroxyde d’argent, 240; rapport de MM. Stas et Donny, 479, 486; inmense 565. ee (F.). — Rapport sur la notice de M. Neefs concernant l'œuvre P.-P. Rubens, : Malines, 197. Hy (J.-S.). — Commissaire pour un travail de M. Bruylants concernant les résines, 4; rapport, 250; commissaire pour la rédaction du programme du prix littéraire desta, 4, 195; rapport surle travail de MM. Spring et Levy concernant les acides gren pt dees niques, 11; rapport sur la- notice de M. Dubois concernant la c e de sulfur ve 15 ; présente un mémoire Concernant le pen ae entre l'argent, les cblorures et les bromures, 240; lecture des rapports de MM. De Koninck et Donny sur ce amok res ea commissaire pour un travail de MM. Spring et Arisqueta concernant l’action du chlore sur le peroxyde d'argent, 240; rapport, 479; commissaire pour trois notes de MM. Tovo sur l'iode pur, 241 ; rapport verbal, 487 ; commissaire pour examen d'une notice dé M. jja Bastelaer Es les vernis, etc., des pote- ries romaines, 241, ; commissaire pour un mémoire de concours concernant l'acide ur et ses dérivés, 254; rapport, 950; commis- saire F une note de M. P. De Heen concernant la dilatation des métaux, 461. Stecher U) — Hommage dan 627 ; note biographique sur ce volume, 635; nommé membre de la Commission de publication des œuvres kts grands écrivains da pays Steichen (M.). — Commissaire pour le PRE de concours en réponse à la question concernant la théorie des fonctions de variables imagi- t Swaen (A.).— Des éléments geen et des canaux plasmatiques dans la cornée de la grenouille, 144; rapport de MM. Van Bambeke, Schwann et Ed. Van Beneden sur ce travail, 14, 21. Swaen (A) et Putzeys (F.). — Déposent un pli cacheté, 259. T. Thiry (V.). — Hommage d'ouvrage, 627. Tilly (J.-M. De). — Rapport sur le supplément au mémoire de M. Boussi- nesq concernant les massifs are pe commissairé pour un mémoire de concours concernant la t des fonctions de varia- bles imaginaires, 254; rapport, 956; ais r une note de M. Mansion concernant les équations oan homogènes, 461 ; 1112 TABLE DES AUTEURS. hommage d'ouvrage, 664; ire pour la suite des Notes d’ algèbre et d'analyse par M. Catalan, 665; rapport (voir Errata). Tilman (Alf.). — Lauréat (second prix) du grand concours de composition musicale de 1875, 411, 459. Tovo (F.) et Tovo (E.). — Présentent trois notes concernant : 1° l’iode pur; 2° un antielmintina; 5° un automatico-compasso, 241 ; rapport verbal de M, Stas sur ces communications, 487 y. Valérius (H.). — Sur la limite inférieure de la température de combustion des houilles, 676. Van den Broeck (Ern.). — Hommage d'ouvrage, 828. Van der Haeghen. — Présente le projet d’une Bibliographie belge, 596 ; rapport de MM. le baron Kervyn de Lettenhove, Wauters et Scheler, 629 ; hommage d'ouvrage, 627 ; note bibliographique sur ce volume, 655. Van der Mensbrugghe (G.). — Application de la thermodynamique à l'étude des variations d'énergie potentielle des surfaces liquides (suite), 21; relation entre les perturbations météorologiques et les variations magnétiques , 755. Vandeveld (H.). — Lauréat du concours d'architecture de la classe des beaux-arts, 415, 439; remercie, Vreede (C.). — Hommage nn 627. W; Wagner (A.). — Commissaire pour la nouvelle rédaction du mémoire couronné concernant Septime Sévère , 628; lecture de son rapport, 911; mage d’'ouvrage, 792. Wauters (Alph.). — Discours prononcé aux funérailles de M. Ad. Mathieu, 186; commissaire pour un projet de bibliographie belge par M. Van der Haeghen, 596; rapport, 630; notes bibliographiques sur un ouvrage publié par M. Ch. Paillard, 598, 916; commissaire pour un mémoire du même auteur intitulé : Les Pays-Bas du fer janvier au ter septembre 1566, 910; commissaire pour un travail de M. Ch. Piot sur les beers de Flandre, 599; hommage d'ouvrage, 627. TABLE DES MATIÈRES. A. Académie. — M. le secrétaire perpétuel fait savoir qu’il a mis en vigueur Particle 18 du règlement de la classe des lettres, 628; inauguration du nument Van De Weyer (délégation), 410, 629 ; remise de la médaille d'Omalius, 662, 909; la classe des sciences ratifie les décisions qu’elle a prises au sujet de la publication d'une nouvelle carte géologique de la Belgique, 827. Archéolo oi — Lecture des rapports de MM. le baron de Witte et Roulez sur une notice de M, Van Bastelaer concernant les couvertes, lustres, vernis, etc.;employés par les Romains sur leur poterie, 192 ; M. Stas est chargé également de l'examen de ce travail, 241 ; M. Van Bastelaer est remis en possession de son manuscrit, 458. Architecture, — Examen des projets d'un pont monumental envoyés au ncours annuel de 1876, 415; appréciation par MM. De Man et Balat des 12e et 15° rapports du lauréat DRE 402, 412; réclamation de 9. n, Arrêtés royaux. — M.le Mi papi de l'Intérieur transmet un arrêté royal décernant à M. Delmotte le prix triennal de littérature drama- tique française AREA rs né 826 gede — Rapport de MM. Liagre, Quetelet et Montigny sur un mémoire de M. SR Bina: Uranométrie générale, 5, 11 ; la scin- Matin des étoiles selon l’état de l'atmosphère, 255 ; nhier des étoiles filantes du mois d'aoùt 1878, par M. J.-C. Houzeau et F. Folie, 55 . 555; les compagnons de la polaire par M. LE uzeau, 758; e baron Van Ertborn présente une note intitulée : Oloa raai de Ean (1876), 828. B. Beaux-arts. — L'œuvre de P.-P. Rubens, à Malines, 200; rapports de ag Stappaerts, Siret ét Portaels sur cette notice, 197, 200; motion e M. Robert relative à la propriété des œuvres rn ar 404, 2%e SÉRIE, TOME XLII. 4414 | TABLE DES MATIÈRES. 642, 797, 919; les objets précieux emportés de Belgique en Allemagne Km l'année 1794, par M. Ch. Piot, 404, 642, oir : Concours. Prix de Rome. Fer — M. le Ministre soumet un projet d'une Bibliographie e par M. Van der Haeghen, 596 ; rapports de MM. le baron Kervyn de Lettenhove, Wauters et Scheler sur ce travail, 629; notes sur un ouvrage historique de M. Ch. Paillard, par M. Wauters, 598, 916; sur les dernières publications (études juridiques) de M. Carrara, par M. G. Nypels, 631 ; sur des ouvrages édités par MM. Van der Haeghen et Ste- cher et par M. d'Andrimont, notes par M. Le Roy, 655, 915 ; M. J. Pla- teau présente une Bibliographie analytique des principaux phénomènes . subjectifs de la vision, 898 ; note sur un wida de M. d'Andrimont, par M. Le Roy, 915. Billets cachetés. — Dépôts de plis cachetés par MM. : Putzeys, 2 ; Put- zeys et Swaen, 239; De Heen, ibid. ; le baron G. Greindi et Buisset, 922; - L. Saltel, 827. Biographie. — Voir Notices biographiques pour l'annuaire et Histoire naturelle Botanique. — M. Cognìaux présente le 2e fascicule de son mémoire con- cernant des cucurbitacées edn 240; rapports de MM. Morren, Bellynck et Crépin, 482, 485; M. J. Chalon présente un travail sur la structure de la cellule ès, 240; rentre en possession de son manuscrit, 458; le rôle des ferments dans la nutrition des plantes, par . Éd. Morren, 489, 676, 1019; M. Petermann présente un travail concernant les graines originaires des hautes latitudes, 829. c. Caisse centrale des artistes. — iben de l'exposition des portraits de LL. MM., par M. L. Gallait, Chimie. — M. Bruylants us une notice sur le pilipit. et l'acide pimarique, 4; rapport de MM. Stas, Donny et Melsens, 250, 252 ; im- pression, 570; rapport de MM. Stas, de Koninck et Melsens sur un tra- vail de MM. Spring et Levy concernant les acides tétra-et trithioniques, 11, 15; impression, 105; rapport des mêmes commissaires sur un tta- vail de M. Dubois concernant le chlorure de sulfuryle, 15, 14; impres- sion, 126 ; M. Stas présente un mémoire concernant le rapport propor- tionnel entre l'argent, les chlorures et les bromures, 240 ; lecture des rapports de MM. de Koninck et Donny, 461 ; MM. Spring et Arisqueta présentent unenote concernant l’action du chlore sur le peroxyde d'ar- gent, 240; rapport de MM. Stas et Donny, 479, 480 ; impression, 565; TABLE DES MATIÈRES. 4115 M. Putzeys présente une note concernant de nouveaux agents anes- thésiques, 240; rapport de MM. Schwann et Éd. Van Beneden, 480, 481 ; impression, 574; MM. Tovo présentent une note sur Piode pur, 241 ; rapport verbal de M. Stas, 487 ; demande de M. le D" F. Garrigou concernant les eaux minérales de la Belgique, 457; sur le rôle des fer- ments dans la nutrition -des plantes, par Ed. Morren, 489, 676, 1019; M. Chandelon présente un travail concernant l'influence du courant sanguin sur le contenu en glycogène des muscles, 665; rapport de MM de MM. de Koninck, Stas et Donny sur le mémoire de concours concer- nant l’acide urique et ses dérivés, 940, 950, 951. Voir : Archéologie. Commissions : POUR La LISTE DES OEUVRES D'ART A REPRODUIRE PAR LES LAU- RÉATS DES GRANDS CONCOURS. — Communication relative à la formation de la liste générale, 224, 920; envoi au Ministre de la liste des sujets de sculpture, 225. — CHARGÉE DE DISCUTER TOUTES LES QUESTIONS RELATIVES AUX LAURÉATS PRÉCITÉS. Demande de M. Slingeneyer relative au projet d’un établissement à fonder à Rome, 225; dépêche de M. le Ministre relative à cette demande, 638, 797; motion de M. Portaels relative au règlement du grand concours de peinture, 798. — Pour La PUBLICA- TION D'UNE COLLECTION DES GRANDS ÉCRIVAINS DU PAYS. Motion de M. le baron Kervyn de Lettenhove beeld à la publication des conique d Froissart, ri élection de M. Stechėr, ig 795. — De La BIOGRAPHIE NATIONALE. Fait hommage de Le 2e derive du Det de son gen 412. — D i Remise de la médaille His 662, 909. — Spé CIALES DES FINANCES. Réélection, 829, 911, 919 Concours de la classe des beaux-arts. — Jugement du concours de 1875, 415; sten des résultats, zl remercîments des lauréats, 658; programme pour 1878, 640, 796, 9 ln ee la classe des lattes. — noi de concours pour 1878, 192; M. de Ceuleneer présente une nouvelle rédaction de son mémoire couronné sur Septime Sévère, 628; lecture des rapports de MM. Rou- lez, Wagener et F. Nève, 911 Concours de la classe des sciences. — Mémoires reçus en réponse aux _ questions du programme de 1876 et nominations de commissaires, 254; . rapports de MM. Catalan, De Tilly et Steichen sur le mémoire ee _nant la théorie des fonctions de variables EER 925, 956, rapports de MM. de Koninck, Stas et Donny sur le mémoire concernan l'acide urique et ses dérivés, 940, 950, 951; Er de résultats du concours et des élections, par M. J. Liagre, 1086. 4116 TABLE DES MATIÈRES. Concours des cantates. — Lauréats de 1875, 411, 459; cantate couron- née, 440, 448. Concours (grands). Prix de Rome : Composition musicare. M. le Minis- tre fait parvenir deux partitions du lauréat Servais, 196; lauréats de 1875, 411, 459. — Gravure. M. le Ministre transmet le jer rapport du lauréat F. Lauwers, 401 ; appréciation de ce rapport par MM. Franck et Leclercq, 412. — Ancurrecrure. M. le Ministre transmet le 1er rapport du lauréat J. De Coster, 401, 659; examen par MM. De Man et Balat des 12e et 13° rapports du lauréat Dieltiens, 402, 412 ; réclamation de __M. Balat au sujet de cet examen, 639. — Peinture. Résultats du con- cours de 1876, 411, 459; motion de M. Portaels relative au règlement du concours, 798. — Scuzrrure. M. le Ministre transmet le 8e rapport -~ du lauréat Cuypers, 412. Voir : Commission pour la liste des œuvres d'art, etc. Concours quinquennaux : Histoire NATIONALE. M. le Ministre transmet 50 exemplaires du rapport du jury de la 6° période, 185. — pes NATURELLES. Candidats pour le jury de la 6e période, 456, 665, Concours triennaux de littérature dramatique. — Libé FLAMANDE. Candidats pour le jury de la 7e période, 791. — tampi française. Lau- réat de la 6° période, 45 D. Discours. — Discours prononcé aux funérailles de M. Ad. Mathieu, par Alph. Wauters, 186; sur l'enseignement public de lart musical à l'époque moderne, par M. F. Gevaert, 418; paroles prononcées par M. Faider lors de la remise de la médaillé d'Omalis , 62, 909; sur les travaux faits par les membres de la classe des sciences, pendant l'année 1876; discours, par M. Maus, 995. Dons. — Ouvrages, par MM.: le Ministre de l'Intérieur, 2, 185, 597, 457, 626, 665, 918 ; Adan, 2, 457; Dewalquë, G.; 5, 828; Morren , Ger- vais, P. et S. Give: Den A ; de ` échevins de la ville de Bruges, 185, 792; Bormans, S., Lenormant , F., 185; le Dr Van Raemdonck, 186; Matteucci, ex. Beépèquin, 239; Le Paige, 239. 828; Comité pour le siotirsent à élever à la mémoire d’Arcisse de Ginio nt, Ch. Faider, 397, 794; e Luesemans - Danet, prisl et dr Van Loo, 460; R. Chalon, Wauters, Nève, Vreede, rara, Van der Haeghen, Papanti, Evans, 627; Rouillet ien on: pine des sciences de St- -Pétersbourg, 663; TABLE DES MATIÈRES, : 1117 Éd, Van Beneden, De Tilly, 664; Ministre de la Justice , Alberdingk Thym, Wagener, qu 792; Siret, vaert, 796; Congrès rand et de sauvetage, Ca a Gus f erman, Van den Broeck, Cour 827, 828; le baron rid d’Andrimont, vie: Gevaert et le et Srinäro Mohum Tagore, E. ctions et nominations. — Commission pour le choix d'une Ee _ tion des Commissions spéciales des finances, 829, 911, 919; denn aux places vacantes dans la classe des ne: de nie et Embryologie. — Recherches sur les DicvEMIDEs, survi- vants actuels qua embranchement des MÉzozoaiRes, par M. Ed. Van ‚35. ne Pésoarérie ge nombreux ningen de l'âge de la pierre ob, ia G. Géodésie. — M. le major Adan fait hommage de travaux concernant la . Dupont. par M G. Dewalque, 97; proposi- ; doi M. Dupont et Dewalque pauses aux manmells précités, sente moire concernant le co ir nies de MM. de ur et Poe 462, 475; M. Rele présente les travaux ma- crits suivants : 1° sur les dépôts qui, aux environs d'Anvers, sépa- sables noirs miocènes des couches gn scaldisiennes , e 275 | AURATA du crag d'Anvers, par M. P.-J. Van Beneden, 294; la à des sciences ratifie ses décisions prises au en de Pexécution carte géologique de la Belgique, 827 - Examen par MM. Franck et J. keken du 1er rapport du i , 412; la plus ancienne gravure exécutée aux Pays- 78. 1118 | TABLE DES MATIÈRES. t H. Histoire. — Note sur l’ouvrage de M. Paillard concernant les troubles religieux de Valenciennes, par M. Wauters , 598; M. Piot , présente un travail concernant les beers de Flandre, 399 : Ks objets d'art emportés de Belgique en Allemagne en 1794, 404,642 ; M. de Ceuleneer présente - une nouvelle rédaction de son mémoire couronné concernant Septime * Sévère, 628; lecture des rapports de MM. Roulez, Wagener et F. Nève, 911 ; sur l’origine des libertés communales à Namur, lecture par M. S. Bormans, 631; note, par M. Alph. Le Roy, sur un ouvrage édité par MM. Van der Haeghen et J. Stecher concernant la Pacification de Gand, 655 ; M. Paillard présente un travail manuscrit intitulé : Les Pays-Bas du 1er janvier au ter septembre 1566, etc., 910. Histoire des sciences el des lettres. — M. Mailly présente un travail con- cernant l'histoire des sciences et des lettres en Belgique pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle, 240, 460; rapports de MM. Houzeau et Quetelet, 475, 477, 675, 676 Voir : Discours de M. Maus sur les travaux des membres de la classe des sciences, etc. annet ne — Les voyages des naturalistes belges, par M. F. Pla- Histo és — | Voir Zoologie. é Hydrographie. — Communication d’un rapport sur le travail de M. Wex -- concernant la diminution de l’eau des rivières et des fleuves , 665. è “Les Législation. — La science du droit dans la tie du moyen âge, lecture par M. Rivier, 195 ; motion de M. Robert relative à la propriété des œuvres artistiques, 225, 404, 642, 797, 919 ; les cercles artistiques de Bruxelles et d'Anvers appuient cette ouden, 919; note bibliogra- phique sur les dernières publications de M. Carrara, par M. G. Nypels, 631 ; M. P. De Cross présente un travail manuscrit sur la puissance des père et mère, tuteurs et curaleurs , aux XVIe et XVIIe siècles, dans les pays aujourd’hui belges, ete., 7 Littérature. — Voir Histoire dei sciences et des lettres et Poesie. TABLE DES MATIÈRES. 4419 M. $ Mathématiques pures et appliquées. — Rapports de MM. Folie et Catalan sur une note de M. Saltel concernant la détermination de l'ordre d'un lieu géométrique, 253, 254; impression, 500; M. Saltel présente d'autres notes concernant : 4° la loi de décomposition, 241; 2° la formule indi- 3 $ 39. IÀ fr \ tning t à He ann } re. auant | on dition, 461; 3° les surfaces et les courbes gauches, 828; rapports de MM. Catalan et Folie sur ces notes : 1° 484, 486 ; 2° 486; impression, 1° 386; 2° 617; M. Le Paige présente une note concernant la transfor- mation des coordonnées, 241 ; rapport verbal de M. Folie, 253; impres- 8 t pulvérulents , 242, 245. édailles. — Remise de la médaille votée à feu M. d'Omalius d’Halloy, 662, 909; souscription pour une médaille à offrir à M. Carrara, 628. édecine. — Voir Chimie. Météorologie et physique du globe. — La scintillation des étoiles selon l'état de l'atmosphère, etċ., par M. Ch. Montigny, 255; observation des étoiles filantes du mois d'aoùt 1876, par MM. J.-C. Houzeau et F. Folie, 539, 533; bolide du 24 septembre 1876, par M. J.-C. Houzeau, 554; rela- tion entre les perturbations météorologiques et les variations magnéti- ques, par M. Van der Mensbrugghe , 755. Monuments. — Hommage d’un rapport imprimé concernant l’inaugura- tion du monument d’Arcisse de Caumont, 397; membres délégués char- gés d'assister à l'inauguration du monument Van De Weyer, 410, 629; liste de souscription pour le monument Isidore De Vos, 795. Voir Errata pour la page 629. Musique. — Appréciation de la section de musique sur les partitions envoyées au concours annuel de 1876, 414; discours sur l'enseignement public de l'art musical à l'époque moderne, par M. Gevaert, 418. Voir Concours. Prix de Rome. 1120 TABLE DES MATIÈRES. / N. Nécrologie. — Annonce de la mort de M: Ad. Mathieu, 184; discours pro- noncé à ses funérailles, 186; mort et funérailles de M. Gloesener, 238; annonce de la mort de M. F. David, 410 ; de M. George Pertz, 625 ; de Ch.-Ern. von Baer, 922. Notices biographiques pour l'Annuaire. — M. Wauters accepte a ré- iger la notice de M. Ad. Mathieu, 185; lecture, par M. Alvin, d'un cha- pitre de la Biographie d'André Van Hasselt, 225, 404; M. Folie rédigera la notice de M. Gloesener, 258; M. Mailly présente une notice manu- scrite sur Richard Van Rees,240 ; M. Juste présente la première partie de la notice sur S. Van de Weyer, 597 ; M. P.-J. Van Beneden remet le ma- nuscrit de sa notice sur F.-X. de Burtin, 665; M. Le Roy donne lecture de deux chapitres de sa notice sur H.-J. Van Meenen, 917. 0. Ouvrages présentés. — Juillet, 226; août, 404; septembre-octobre , 651 ; novembre, 813; décembre, 1088. P. Peinture. — Voir Beaux-Arts. i Piit- — M. W. Spring présente un travail concernant l'écoulement du mercure par des tubes capillaires, 4; rapports de MM. Folie, verlenen et Duprez, 243, 247, 250; impression, 555; M. Brachet présente une note sur un hirta électrique inextinguible, 4; t de M. Montigny, 487; application de la thermodynamique à ia des variations d'énergie potentielle des surfaces liquides, par M. G. Van der Mensbrugghe, 21; M. P. De Heen présente une note concernant la dilatation des métaux, 461; sur les couleurs acciden- telles ou subjectives, par M. J. Plateau, 535, 684; le même auteur présente une bibliographie analytique des principaux phénomènes sub- jectifs de la vision, 828; M. Pérard présente une note sur le dévelop- pement du magnétisme induit par la terre dans le fer laminé nerveux, 665; rapports de MM. Montigny, Folie et Melsens, 840, 842, 844; impression, 894 ; sur la limite inférieure de la température de com- bustion des houilles, par M. H. Valérius, 676; M. Deitz adresse une lettre relative aux aérostats, 829. TABLE DES MATIÈRES. 1121 Poësie. — De Meermin a Sirène), 440, 448; les bardes du désespoir, par M. Ch. Potvin, 9 . Pria de Stassart. prasi sur un belge célèbre. — Commission pour le ie d’une question pour le programme de la 5e période, 4; rédaction de ce programme, 195. Pos uns — Demande d’échange de publications, 3, 826. M. le secrétaire perpétuel dépose le tome XL des Mémoires couronnés in-40, 664. Rapports. — Rapports sur le mémoire de M. Houzeau, intitulé : Urano- ` métrie sat, 5, 11; sur le travail de MM. Spring et Levy concernant les acides tétra- et biagi 11, 15; sur la notice de M. Dubois con- cernant le chlorure de sulfuryle, 15, 14; sur le travail de M. Swaen concernant les éléments LL de la cornée des grenouilles, 14, 21; lecture des rapports sur une notice de M. Van Bastelaer doéésititut .-P. Rubens, à Malines, 197; sur le supplément au Mémoire de . M. Boussinesq concernant l'élasticité des massifs pulvérulents, 242; 245 ; sur un nouveau mémoire de M. Spring concernant l’écoulement du mercure par les tubes capillaires, 245, 247, 250; sur le travail de M. Bruylants concernant le galipot et l'acide pimarique, 250, 252; rapport verbal sur une note de M. Le Paige concernant la transforma- tion des coordonnées, 255; sur plusieurs travaux de M. Saltel concer- nant : 1°la détermination de l’ordre d’un lieu géométriqne, 2° Ja loi de décomposition, 484, 486; 5° la formule indiquant le nombre de coniques d’un système (x, 9) satisfaisant à une cinquième condition , 486; appréciation des 12° et 15° rappor ts semestriels du lauréat Dieltiens, 402; réclamation de M. pe au sujet de cette ap- préciation, 639; sbuféciation du premier rapport semestriel du lauréat Lauwers, 412; jugement du concours d'art appliqué de la classe des beaux-arts, 414, 415; lecture des rapports sur le mp de M. Stas concernant le rapport proportionnel entre l'argent, chlorures et les bromures, 461; rapports sur le mémoire de M. piss Renard concernant le coticule, 462, 475;sur un travail de M. Mailly concernant l'histoire des sciences et des lettres en Belgique pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle, 475, 477, 675, 676; sur le travail de MM. Spring et Arisqueta concernant l’action du chlore sur le peroxyde dargent, 479, 480; sur la note de M. Putzeys concernant de nouveaux agents anesthésiques, 480, 481; sur le 2e fascicule du travail de M. Cogniaux concernant les smaken’ 482, 485; sur diverses notes 1122 TABLE DES MATIÈRES, de MM. Tovo, 487 ; sur un régulateur de la lumière électrique, par M. A. Brachet ‚4875 sur un projet de bibliographie belge, par M. F. Van der Haezhen, 629 ; sur les travaux de M. Mourlon concer- nant : fo les dépôts des sables verts des environs d'Anvers, 666, 668, 669; 2e l'étage devonien des psammites du Condroz dans la vallée de la Res ei 831, eis sur un travail de M.Chandelon concernant Fin- le contenu en glycogène des muscles, 856, 840; sur une note de M. Pérard concernant le développement du magné- tisme induit par la terre dans le fer laminé nerveux, 840, 842, 844; lecture des rapports sur la nouvelle rédaction du mémoire couronné concernant Septime Sévère, 911; sur les mémoires de concours con- cernant : 1° la théorie des fonctions de variables imaginaires , 925, 956, 959 ; 2, l'acide urique , 940 , 950, 951, 4 voir Errata. S. Sciences. — Voir Histoire des sciences , etc. Statistique. — Sur le IXe congrès cmt de statistique; lecture par M. Ch. Faider, 795. Z. Zoologie. — Des éléments cellulaires et ce canaux plasmatiques dans la cornée de la grenouille, par M. A. n, 144; rapport sur ce travail, 14, 21; le SELACHE ANDRE) e AURATA du crag d'Anvers, par M. P. JV an Beneden , 294; aa des agrionines, par M. Edm Selys Longcham ‚490, ; M. le Dr Nuel présente un on sur l'histologie du SR a; Ro de la digestion chez les Pha- ugides, par M. F. Plateau, 719; les voyages des naturalistes belges, Voir Embryogénie et Histoire naturelle. TABLE DES PLANCHES. tuels d’ l h t des MÉso- Page 82, glt: ‚su AIR — 182, esta á la cornée de la grenouille. — 299. Appendice måle et ergot du squale pèlerin vivant. 754. Phénomènes de la digestion et structure de l'appareil digestif chez les Phalangides. — 760. Coupes géologiques prises à Berchem et à Deurne (Anvers). — 812. Gravure en taille-douce exécutée aux Pays-Bas vers 1467 (2 épreuves différentes). — 845. Coupe à Hun (Annevoye) sur la rive gauche de la Meuse. — 892. Développement du magnétisme, par la torsion dans une barre de fer laminé nerveux. ERRATA. Page 41, titre = tee de M. Stas, au lieu de : trithionique, lire : trithio- — 20, an p au lieu de : Note, en italien, sur l'iode lei (bisublimé) ren- due, lire: .. . sur l'iode pur amen ren — 439, ligne 20, au lieu de: Devos, lire: De sée de MM. Gevaert, Juste, — 629, premier §, Liagre , Montigny et Mailly, hre:..: . composée de MM. Gevaert, Alvin, Liagre, Juste et Mailly — 836, avant le titre du rapport de M. Schwann, il faut ajouter: Sur l'avis par