BULLETINS DE L'ACADÉEMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. B8me ANNÉE, 5" SÉRIE, T, XVI. 1888. —— D CO 000 me "4 ) * Mo. Bot. Garden 1896. BRUXELLES . F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE, rue de Louvain, 108. MDCCCLXXXVEET. L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, ee Je ET DES DEAUX-ARTS DE BELGIQUE. BULLETINS L'ACADEMIE ROYALE SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. ae CINQUANTE-HUITIÈME ANNÉE. — 3we SÉRIE, T. 10. ds Mo. Bot. Garden, 1896. BRUXELLES, F. HAYEZ, IMPRINEUR DE L'ACADËMIE ROYALE DES SCIENCES, ETC., ET DE L'ACAD. ROYALE DE MÉDECINE DE BELGIQUE, rue de Louvain, 108. 1888 ACADÉMIE ROYALE | | Fra A Le noue: ÿ j : 58 auuee, 3 serie, loue BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1888. — Ne 7. ee sn nn CLASSE DES SCIENCES. Séance du 50 juin 1888 (1). M. Crépin, directeur. M. Lure, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J.-S. Stas, P.-J. Van Beneden, le _ baron de Selys Longchamps, Gluge, H. Maus, E. Candèze, É Ch. Montigny, Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, | C. Malaise, F. Folie, F. Plateau, Éd. Mailly, J, De Tilly, . Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, Louis Henry, M. Mourlon, P. Mansion, J. Delbœuf, . membres; E. Catalan, Ch. de la Vallée Poussin, associés ; _J.-B. Masius, P. De Heen et Ch. Lagrange, correspondants. (1) Par exception, la séance du mois de juillet a été avancée de à | huit j jours. 3" SÉRIE, TOME xvi. 1 (2) 4 M. L. Errera, absent de Bruxelles pour motifs de santé, s'excuse (le ne pourvoir assister à la séance. a M. le directeur adresse à M. Brialmont les félicitations de la Clisse au sujet de sa promotion au grade de grand : cordon de l'Ordre de Léopold. « Cette distinction, ajoute-t-il, honore à la fois notre célèbre ingénieur militaire et le corps savant dont il est une des plus hautes illustrations. » — Applaudissements. M. Brialmont remercie ses confrères pour cette marque de sympathie qui rehausse, à ses yeux, la distinction que … le Roi à bien voulu lui conférer. — Applaudissements. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des ; Travaux publics soumet à l’a aprécialion de l'Académie: 1° Une lettre, avec annexes à l'appui, par laquelle M. Émile de Munck sollicite un subside du Gouverne- : ment en vue de l’élude des musées préhistoriques de Copenhague et de: Stockholm. — Renvoi à l'examen de. MM. P.-J. Van Beneden et Briart; : 2° Un rapport de M. Julin, chargé de cours à l'Université de Liège, sur les travaux du congrès de l'Association - britannique pour l'avancement des sciences tenu à Man- chester en. 1887. — Renvoi à MM. P.-J. Van Beneden, Éd. Van Beneden et Van Bambeke. — M. Donders, associé de la Classe, professeur émérit à l'Université d'Utrecht, adresse ses remerciements à sujet des félicitations dont il a été l'objet de la part de l’Académie lors de son 70° anniversaire. “ (5) — L'Association britannique pour l’avancement des sciences annonce que sa 58° session annuelle s'ouvrira à Bath le 5 septembre prochain. — M. Swarts, professeur à l’Université de Gand, fait _ honimage de la troisième édition de son Précis de chimie générale et descriptive. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : 1° Rapport de la commission qui a examiné le travail _ de M. le D° J. Denys, à Louvain, intitulé : Note prélimi- _naïre sur la structure de la rate et sur la destruction des globules rouges qui s’opère normalement à l’intérieur de . cet organe; par Ch. Van Bambeke ; 2° Trois brochures relatives à la physiologie des batra - ciens, par Héron Royer (présentées par M. Van Bambeke); 5° Aachenosaurus Multidens, reptile fossile des sables _ d’Aix-la-Chapelle ; par l'abbé Gérard Smets (présenté par ? M. P.-J. Van Beneden avec une note qui ligure ci-après) ; . 4 American geological classification and nomencla- | ture; par Jules Marcou (présenté par M. Dewalque). — Remerciements. | EE — Les travaux manuscrits suivants sont FR à à l'examen de commissaires : De 41° Sur la différentiation mutuelle des fonctions inva- riantes; par Jacques Deruyts. — Commissaires : MM. Le Paige et Mansion ; * 2° Sur la nature des comètes; par François Thiry, à Pecq. — Commissaire : M. Folie; 9 Recherches de chimie et de physiologie appliquées | l'agriculture; par A. Petcrmann. —— Commissaires : M. Suas et Spring. (4) NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. J'ai l'honneur de présenter à la Classe un mémoire de M. l'abbé Smets sur un reptile fossile nouveau des sables d’Aix-la-Chapelle, qu'il désigne sous le nom d’Aacheno- saurus mullidens. En 1887, malgré l'exiguité de ses matériaux, l’auteur avait déjà reconnu ce nouveau reptile de la famille des Hadrosauriens, dont aucun représentant n’a encore été rencontré dans le vieux monde. Il prendra place à côté des Iguanodons. Au sujet du doute qui avait été exprimé sur l’âge géolo- gique de ce nouveau genre, M. l’abbé Smets à visité de nouveau le gîte fossilifère au village belge de Moresnet, et, quoi qu'on en ait dit, ce nouvel examen ne laisse plus aucune incertitude ni sur l’âge du sable, ni sur la présence de la glauconie qu’il renferme. L'auteur fait remarquer qu'il existait de nombreux ver- tébrés à l'époque où ce dépôt a eu lieu, et, depuis un certain temps déjà, il est en possession d’une écaille mar- ginale de Chélonée Hofinanni, qu'il a recueillie lui-même dans ceite assise. L'abbé Smets promet de publier prochainement une étude sur les empreintes de pieds d'oiseaux dans les grès blanchâtres de la vase des assises crétacées et, nous pou- vons bien le dire, ce travail sera bien reçu de tous ceux qui.s’intéressent à la faune des terrains secondaires du pays et de l'étranger. P.-J. Van BENEDEN. : * VAS PR TOR 3 5 4 * Had Mere nr hi ÉRMENEEES (5) RAPPORTS. Sur lunification du calendrier proposée par l’Académie Royale des Sciences de l’Institut de Bologne. Rapport de M. Folie, « L'Académie Royale des Sciences de Bologne, à l’occa- sion du huitième centenaire de la fondation de sa célèbre Université, a voulu rehausser l'éclat et la dignité de ce jubilé, dont elle peut s'enorgueillir à juste titre, en y trai- tant des questions de l’ordre scientifique le plus élevé. C’est là une noble idée dont notre Académie doit, je pense, féliciter sa sœur italienne, qui a su suivre le précepte d'Horace : Omne tulit punclum qui miscuit utile dulci. Parmi les questions qui seront posées aux nombreux savants, venus de tous les pays civilisés pour congratuler la plus ancienne Université du monde, il en est une qui tient plus que toute autre à cœur à l’Académie de Bologne, tant par l’universalité de son importance que par le légi- time sentiment de fierté patriotique qu’elle réveille; c’est celle de la généralisation de la réforme scientifique la plus utile, sans conteste, dont le monde ait été doté depuis Jules César, la réforme du calendrier,due à Grégoire XHIE, lun des enfants les plus illustres de la savante Bologne. Comme le dit avec infiniment de raison le rapport fait à l’Académie de Bologne, l'unification du calendrier sur- passe de beaucoup l’utilité de toutes les autres unités de mesure; elle a une importance sociale que celles-ei n’ont pas. « En effet, dit Laplace, si l’on considère que ce calen- drier est aujourd'hui celui de presque tous les peuples d'Europe et d'Amérique, et qu'il a fallu deux siècles et (6) toute l'influence de la religion pour lui procurer cet avan- tage, on sentira qu’il doit être conservé, même avec ses imperfections, qui ne portent pas d’ailleurs sur des points essentiels ; car le principal objet d’un calendrier est d’at- tacher, par un mode simple d’intercalation, les événements à la série des jours, et de faire correspondre, pendant un très grand nombre de siècles, les saisons aux mêmes mois de l’année; conditions qui sont bien remplies dans le calendrier grégorien. » L'Académie de Bologne, désireuse d'employer tous les moyens les plus propres à hâter la réalisation de son vœu, a décidé de solliciter le concours des plus importantes Sociétés savantes du monde, et elle a fait à sa sœur de Bruxelles l'honneur de la désigner spécialement. C'est un honneur, Messieurs, dont nous devons nous montrer : reconnaissants. 4 Quelles sont les raisons qui ont empêché jusqu'à ce jour l'adoption universelle du calendrier grégorien ? Tout d’abord, ç'a été bien certainement l'insurrection des princes protestants et des patriarches grecs orthodoxes contre l’autorité du pontife romain. Mais ce prétexte a bientôt cédé devant des considéra- tions d'intérêt général; on s'est vite aperçu que cette réforme était exclusivement scientifique, qu'elle ne tou- | chait à aucun point de dogme ou de rite, et les peuples protestants, plus antipapistes certainement que les catho- liques grecs, l'ont tous successivement adoptée. Ces derniers seuls ont résisté. À Et pourtant cette réforme n’eût modifié en rien lecarat- | tère essentiel qui différencie les rites grec et romain, | caractère qui existait déjà avant elle, comme il eût conti- nué après son adoption, et qui consiste dans la différence mi dd AE SE sf dans (7 des dates auxquelles on célèbre, dans l’un ou l'autre rite, la fête de Pâques. Comme le fait remarquer l'Académie de Bologne, la difficulté provient aujourd’hui, non plus d'une hostilité religieuse, mais de l'habitude invétérée des peuples qui n’ont pas encore adopté la réforme grégorienne. Et parmi ceux-ci, il en est un dont l'accession consti- tuerait le plus beau présent scientifique fait dans ce siècle à l'humanité, c’est le peuple russe, dont les possessions el l'influence s'étendent sur presque toute la région tempérée de l’ancien continent et atteignent jusqu'au nouveau dans sa partie septentrionale. Il est même permis d'espérer que l'extension récente de cette influence civilisatrice au centre du continent asia- tique, qui avait été, jusqu'ici, entièrement fermé aux Européens, hâtera l’unification du calendrier, en raison de l'importance .tous les jours plus considérable qui s’y attache. : Pour les astronomes, les météorologistes et les physi- ciens, l'unité du calendrier s'impose à un tel point qu'il est presque superflu d'en démontrer la nécessité. La date est, en effet, dans les sciences dont ils s'occupent, l’un des éléments fondamentaux de toute observation. Et l’on ne doit pas craindre d'affirmer que, si des publications astro- nomiques, météorologiques ou magnétiques prenaient pour | base un calendrier autre que le grégorien, elles seraient _ immédiatement discréditées par ce fait seul : il y a déjà tant de labeur dans la comparaison des observations basées sur un calendrier unique qu’on s'habituerait bientôt, avec raison, à laisser dans l'oubli celles qui vous obligeraient encore au labeur inutile et fastidieux de la EE _ des calendriers. (8) Aussi je ne connais pas un seul exemple de publication astronomique, météorologique ou magnétique sérieux, qui n'ait pour base, même au Japon, le calendrier grégorien. Et c'est ce qui autorise à nourrir l'espoir que bientôt ce calendrier deviendra universel parmi les peuples civilisés. Il est permis de dire qu’il est déjà adopté officiellement par le Gouvernement russe dans ses grandes publications scientifiques. Toutes les annales astronomiques, météoro- logiques et magnétiques, publiées aux frais du Gouverne- ment de ce vaste empire, qui possède des observatoires de tout premier rang, dirigés par les hommes les plus illus- tres, toutes ces annales sont rédigées exclusivement dans le nouveau style depuis plus de cinquante ans. Les sympathies du Gouvernement russe sont donc acquises à l'unité du calendrier; la réalisation de cette unité, s’il voulait la décréter, serait plus simple encore que ne l’a été l'adoption du nouveau calendrier par toute _ la catholicité sous Grégoire XI, à raison de la plus grande diffusion des lumières; et, si elle se fait attendre, ce ne peut être qu’à cause de l'opposition d’un parti encore puis- sant, qui y verrait un affaiblissement des traditions natio- nales. Mais la nécessité de répandre l'usage d’un calendrier nouveau parmi les peuples des contrées lointaines de l’Asie centrale, qui auront des relations fréquentes avec ceux qui, sous la domination anglaise, font déjà usage du calendrier grégorien, décidera certainement bientôt le Gouvernement russe à achever son œuvre de civilisation par l'adoption de ce calendrier. Ce pas fait, il n’est pas douteux que l'usage du calendrier grégorien, qui serait universel parmi tous les peuples civilisés des deux mondes, les Mahométans et les RS no Chinois exceptés, ne s'impose à ces derniers, au moins dans leurs relations avec les autres peuples : car le fana- tisme sera, pendant plusieurs siècles encore, un obstacle à l'introduction du calendrier chrétien dans leurs usages nationaux. L'Académie royale de Belgique a une raison toute spé- ciale de s'intéresser à la question ouverte par sa sœur de Bologne. C'est de Liè5e, en effet, qu'est partie l’une des premières tentatives de réforme du calendrier. Nicolas de Cusa, archidiacre de la cathédrale de cette ville, proposa déjà un projet de réforme au Concile tenu à Bâle en 1431. J'estime done, Messieurs, qu’il convient que l’Académie félicite l’Académie Royale des Sciences de Bologne d’avoir associé une noble idée de progrès et de civilisation aux fêtes séculaires de son Université ; Qu'elle lui transmette l'expression de ses vœux les plus ardents pour la prochaine unification du calendrier dans le monde civilisé; Qu'elle la remercie de l'honneur qu’elle lui a fait en sollicitant son concours à cette œuvre; Et qu’elle lui promette enfin d’y coopérer dans la inesure de ses forces. » M. Alph. Wauters, commissaire, au nom de la Classe des lettres, déclare se rallier de la manière la plus com- plèle au rapport présenté par M. Folie, et en appuie de toute manière les conclusions. L'Académie a adopté les conclusions de ses deux com- missaires. (10) Note sur l'aspect physique de Mars, pendant l’opposition de 1888; par L. Niesten, astronome à l'Observatoire royal de Bruxelles. Rapport de M. Liagre. « Pendant la dernière opposition de Mars (avril 1888), M. Perrotin, directeur de l'Observatoire de Nice, a fail quelques curieuses observations au sujet de certaines particularités physiques que présente la surface de cette planète. On sait que les astronomes, adoptant une nomencla- ture topographique purement hypothétique, ont désigné sous le nom de continents les taches d’un blanc rougeûtre que l’on observe à la surface de Mars; sous le nom de mers les taches dont la teinte est noire ou bleu foncé, el sous le nom de canaux certaines raies sombres, les unes simples, les autres doubles, qui se projettent suivant des … lignes droites sur le fond clair des continents. En comparant les dessins de la planète, que lui a four- nis l'opposition de 1886, à ceux qu’il a pris pendant | l'opposition de 1888, M. Perrotin a constaté que l'aspect de la surface de Mars avait subi, dans l'intervalle, plu sieurs modifications importantes. Des continents ont dis- paru et ont été envahis par la mer; un nouveau canal esl apparu au nord de l'équateur de la planète; enfin, chose plus inattendue encore, l'habile observateur a constaté, dans la tache blanche du pôle nord, une sorte de canal, d'origine récente, qui semble relier en ligne droite, à tra- vers les glaces polaires, deux mers voisines du pôle. ONE Po NET TRUE VS ÉRT FES N ES, Ne en li ent (11) La note dans laquelle M. Perrotin signale ces particu- larités a été présentée à l’Académie des sciences de Paris dans sa séance du 14 mai dernier, et cette curieuse com- munication a engagé M. Niesten, astronome à l'Observa- toire royal de Bruxelles, à présenter sur le même sujet quelques remarques, déduites des observations qu'il a faites de son côté, sur l’aspect physique de Mars pendant la dernière opposition. Ainsi que le montre un dessin de la planète, pris par M. Niesten à la date du 5 mai, le continent signalé par M. Perrotin comme ayant disparu était, à la date précitée, redevenu visible ; de sorte que, dans l'intervalle des obser- vations faites à Nice et à Bruxelles, il a dû se produire à la surface de Mars une modification inverse à celle qui avait été primitivement signalée par le directeur de l’Observa- toire de Nice. Des variations analogues, mais moins caractérisées, s'étant déjà présentées dans la forme et la couleur des taches de Mars, et ces variations paraissant accuser un caractère de périodicité, M. Niesten saisit l’occasion actuelle pour attirer sur ce phénomène l'attention des astronomes des différents pays. Les observations faites - dans une même opposition, el ayant pour objet une même _ région de la planète, permettront, dit-il, sinon de préciser . J'époque,du mcins de resserrer l'intervalle de temps durant ; lequel ces changements ont dù se produire, ct pourront 3 aider à en démontrer la cause. 4 L'auteur ajoute quelques remarques fort justes au sujet _ de la différence d'aspect que présente une même tache, selon qu'elle est vue de face ou obliquement. Il est donc prudent, avant de pouvoir affirmer que des changements sont survenus à la surface de la planète, de s’assurer que RS 5 ie ESP E Po do Ge LE hic nc dE (12) les objets ont été observés dans les mêmes conditions d'aspect. La Note de M. Niesten entre dans quelques détails inté- ressants sur la topographie de Mars. Elle est accompagnée de deux dessins fort bien faits, représentant l'aspect de la planète pour les dates du 29 avril et du 5 mai 1888. Ces dessins sont le résultat d'observations faites à l'équatorial de 38 centimètres, et à l’aide de grossissements différents. On sait combien peut varier l'aspect d’un objet céleste (d’une nébuleuse, par exemple) lorsqu'on lobserve at moyen d'instruments dont les pouvoirs optiques diffèrent. Les observateurs qui voudront rendre comparables entre eux les dessins d’une même planète feraient donc bien, à notre avis, de faire connaître la véritable valeur optique des instruments qu'ils emploient, c'est-à-dire la netteté avec laquelle, sous un grossissement donné, ils définissent les objets célestes. Ils devraient, à cet effet, se communi- quer une liste comprenant un certain nombre de fesl- objects. Je conclurai en proposant à la Classe d'adresser des remerciements à M. Niesten pour son intéressante COm- municalion, et d'insérer au Bulletin, avec la planche qui l'accompagne, son travail qui présente un véritable carac- tère d'actualité. » La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles M. J. C. Houzeau, second commissaire, s'était rallié. À (15) Nouvelles recherches sur l’origine optique des raies spec- trales en rapport avec la théorie ondulatoire de la lumière ; par C. Fievez. Rapport de M, Spring, premier commissaire. « Dans ce travail, M. C. Fievez formule une interpré- {ation nouvelle de l’origine des raies spectrales. Kirchhoff expliquait l'apparition des raies etdes bandes, dans le spectre, à l’aide de son principe de l'égalité du pouvoir émissif et du pouvoir absorbant des corps pour la lumière, la température restant constante. Il n’y à pas lieu d'entrer dans les détails de cette expliéation qui est deve- nue classique. Pour M. Fievez, les phénomènes spectraux seraient un cas particulier des interférences optiques. Des rayons lumi- neux produiraient en un point du spectre un mouvement vibratoire dont l'intensité pourrait être maximum ou minimum selon que l’un des rayons serait en retard sur l'autre d’un nombre pair ou impair de demi-lougueurs d’ondulations. Si je comprends bien la pensée de l’auteur, un spectre présentant des raies obscures ou brillantes émanerait tou- jours, non pas d’une source lumineuse, mais au moins de deux sources différentes ; il nous renseignerait sur la nature des rayons dont le mouvement ondalaloire aurait eubi un renversement par l’action simultanée des diverses sources lumineuses. ; S'il en est vraiment ainsi, il faut nécessairement que le factes d'un spectre soit modifié quand on superpose à la lumière qui le produit « des vibrations de longueurs d'ondes très voisines, mais différentes de marche et d’inten- sité. » (14) Cette prévision s’est pleinement vérifiée par l'expé- rience. En plaçant sur le trajet des rayons lumineux émanant d'une source quelconque, une autre source lumi- neuse, on voit les raies se modifier complètement. Tantôt elles deviennent plus trillantes, tantôt elles s’obscurcissent davantage, leur largeur varie également. En un mot la superposition de vibrations de longueurs d’ondes très voisines altère profondément l'état des raies spectrales émanant d’un gaz incandescent. M. Fievez en conclut que la théorie de l'absorption de la lumière n’est pas seule en état de rendre compte des faits observés, ceux-ci pouvant s'expliquer aussi à l’aide de la théorie ondulatoire. La tentative que fait M. Fievez a une importance scien- üfique réelle. À mon avis, elle mérite d’autant plus d’être connue qu'elle est de nature à soulever certaines ques- tions dont la solution ne peut qu'être avantageuse à la science. J'ai donc l'honneur de proposer à la Classe d’ordonner l'insertion du travail de M. Fievez dans le Bulletin de la séance. » Rapport de M, Slas, deuxième comonissaire. « Le travail de M. Fievez renferme une série d’expé- riences d'analyse spectrale fort ingénieusement conçues et parfaitement exécutées. Les résultats anxquels i! est arrivé me semblent inexplicables par le principe de Kirehhof sur l'égalité du pouvoir émissif et du pouvoir ne pour la lumière. M. Fievez démontre, en outre, l'influence considérable du pouvoir dispersif et de la mise au point, de l’analyseur RAT. ttes SN ne RRDEN CET 2 ve KES RS ag Ed Le GS PR ce LÉ (352 employé, sur le facies de la raie jaune sodique et de la raie brune lithique. J'engage M. Fievez à soumettre d'autres raies, et spécialement la raie verte thallique, aux mêmes épreuves, pour s'assurer s'il est permis de tirer une con- clusion générale des observations. Je me joins à mon. savant confrère, M. Spring, pour proposer à la Classe d’ordonner l'insertion du travail de M. Fievez dans le Bulletin de la séance, et j'ai l'honneur de proposer en outre de voter des remerciements à l’auteur pour sa communication. » M. J. C. Houzeau, troisième commissaire, adopte les conclusions des rapports de ses deux savants confrères. Elles sont mises aux voix et adoptées aussi par la Classe. Mémoire sur quelques formules de calcul intégral, par J. Beaupain, Docteur ès sciences, Ingénieur au corps des Mines. apport de M, Catalan. I. a Dans le Mémoire qu’il a présenté à l’Académie, M. Beaupain s’occupe, en premier lieu, des intégrales æ— LÀ ‘2 2 à cos” x cos qrux, cos? x sin qxdx, 0 LA 3 LA "2 . 2 . * È sin? x cos qædx, sin? x sin gxdx, L L 0 u (16) considérées par divers Géomètres, parmi lesquels il faut citer Serret. La méthode adoptée par M. Beaupain n'est peut-être pas nouvelle, mais il en fait d’heureuses applica- tions. Ainsi, pour déterminer la première intégrale, le jeune Docteur observe que l’on a, en série convergente, k=00 2P cos? x COS qx = >: C,,x cos(g — p + X)x; k=0 et, par conséquent, à 4 md [sin (q — p + 2k)x 13 p = > f cos? x cos grdx ÿ C.« HORS ou J C 2 La . 2p, k P P ess MR pu NE ne of cos? x'eos gzdx—sin LC ?) :] 2 1) pis Li] Et comme la somimne de cette série auxiliaire est 3 hr. "( — x) dx; on {rouve . ( La sin — _ q P); [cos x cos qads — Sa s(iTr, p + 1)o: (1) (”) Bien entendu, M. Beaupain détermine les conditions de conver- gence de toutes les séries qu'il emploie. # à (17) De même, (4—p)= Z . cos(q—p)- 2: _p Fm l Le 2 B LE Le : cos? x sin qudx = — — »? v ) (2) À 1 rt os f. x (1 + x) dx; - 9 elc. IL. “ La formule (2) donne lieu à un rapprochement assez curieux. D’après Serret () : a 3 OR NE ON | F(p ae 1) È : / Re PT P—4q 4 Û Etes) | : G) È A | Fo. 4 . Je (+ PO — 0 _ } | à à | La formule (2) suppose qg — p > 0; la formule (5), q — p < 2. Si donc cet argument est entier, il ne peut (") Journal de Liouville, tome VHE, p. 7. - _(‘*) À l'endroit cité, le second membre contient deux fautes : | sigrialées par M. Beaupain. D'ailleurs, nous remplacons, dans la for- mule de Scrret, m par p, n par q, afin de faciliter la comparaison. 9° SÉRIE, TOME XVI. (18) différer de 4. Dans ce cas, on trouve, par un simple chan- gement de variables, ‘4 1—6" T(p+i)V/7 OUEN PE (1+BY (1 = PTE à £ SAT m4 et, si p est un nombre entier, APR: #7 4 PR Er up Fp+ihp/* f'uxar- ( 5 [LR Après ces études sur des résultats connus en partie, | M. Beaupain cherche les valeurs des intégrales T T 2 Li 2 . sin” x cos" x cos grdx, 1 À sin” x cos" x sin qxdx ; 0 intégrales que je crois nouvelles (**). Il la fait dépendre, | - (”) Dansles Mélang (hé léveloppc ujet. (*) Dans Bierens de Haan (T. LXII), on éseréa ces deux ents cs. . particuliers : 1 T . ë VE sine-1 cost! g sin (p + g)ædz = PT RP, v< . É T(p+Q) 2 4 " _ sin? 1œcost1 x cos (p + qjædr = T(PITig) cos des < F0 2 (19) très simplement, des intégrales à différentielles algébriques: fs + l crea à : L æ ? (I—zx)(I+zx)dr, F. x ? (1I+zx)(Il—x)dx, ete; o 0 intégrales que l’on pourrait appeler ultra eulériennes, el dont il fait connaître quelques propriétés. Chemin faisant, le jeune Géomètre rencontre la transcendante ue u Hors ne PL. 9\s fe: (+aÿ (a) —(t— 2) (1 + 2) Fr x 0 sur laquelle il se propose de revenir. IV. E. Cette analyse, très incomplète, du Mémoire de M. Beau- pain, suffira, je l’espère, à montrer qu'il est fort intéres- sant, En conséquence, j'ai l'honneur d’en proposer l’im- pression dans le Recueil în-quarto. En outre, je prie la Classe de vouloir bien adresser des remerciements à | l’auteur, afin de l'encourager à suivre la voie qu’il s’est - ouverte. » | LE #7 M. Maosion fait savoir qu'il se rallie, comme M. Le Paige, deuxième Commissaire, aux conclusions du rapport de M. Catalan; « mais il engage vivement, ajoute-t-il, M. Beau- pain à s'assurer directement, pour les séries qu'il soumet à une intégration, si elles sont uniformément convergentes; _ pour celles qu'il soumet à une dérivation, il y a lieu de _ prendre des précautions analogues. » Lie? Les conchisions précitées sont mises aux voix et adop- técs. (20) De la longueur d'une ligne; par le lieutenant E. Goedseels, répéliteur à l'École militaire de Belgique. fiapport de M, P. Mansion, « La note que j'ai l'honneur de présenter à la Classe avait été primitivement destinée à Mathesis par son auteur. Bulletins de l’Académie, à cause des difficultés que pré- sente la question qui y est traitée par M. Sr d'uve manière simple, rigoureuse el complète. En 1843, comme on le sait, M. Catalan a fait observer, dans ses Éléments de Géométrie, qu’on ne peut avoir une idée précise des grandeurs géométriques, longueur, aire, volume, relatives aux lignes et aux surfaces courbes, à moins d'introduire, dans leur définition même, la notion de limite (”). Pour lui, par exemple, l'aire d’une courbe | plane est la limite de l'aire d'un polygone variabk, inscrit à la courbe et dont les côtés diminuent indéfini- ment de manière à devenir moindres que toute grandeur donnée. Il définit d’une manière analogue les longueurs des lignes courbes, les aires des surfaces courbes et les volumes compris sous ces surfaces. Quand il s’agit des aires planes, on démontre assez facilement que la limite de l'aire du polygone variable | inscrit à la courbe est toujours la même, quelle que soit la manière dont ses côtés décroissent indéfiniment. Ainsi, pour fixer les idées, supposons que la courbe considérée | ail pour équation, en coordonnées rectangulaires, y— x, 4 9x élant une fonction positive, continue, ayant une seule valeur pour chaque valeur de x. L’aire de la figure com- . () Comparer PEyrann, Préface de la eq des OEuvres : d'Archiméde. : Il m'a semblé qu’elle serait mieux à sa place dans les és Sr LE A MEL ES 1% is die RPC (21) prise entre l'axe des x, les ordonnées Yxs, YX correspon- dant à r, et X, est la limite de l'aire du polygone inserit variable dont les sommets ont pour abeisses équidifférentes Los Lis Ta,..,, — X, aussi bien dans le cas où » prend les valeurs successives 2, 4, 8, 16,... (puissances successives de 2), que dans celui où n = 5, 5, 7, 11, 15, (nombres premiers impairs). On observera que, dans ce dernier cas, les polygones inscrits successifs n’ont jamais de sormets communs. Mais quand on veut traiter la question analogue relative à la longueur des lignes courbes, on rencontre des diffi- cultés inattendues. Dans le cas où les polygones inscrits _ successifs, pour un certain mode défini de décroissement de leurs côtés, ont des sommets qui ne sont pas conservés dans les polygones considérés ultérieurement, on ne voit pas d’abord comment on peut prouver que le périmètre variable a une limite et que cette limite est la même pour un autre périmètre variable. La plupart des auteurs ont esquivé la difficulté en ne considérant que des courbes ayant, en chaque point, une tangente, et telles que cette tangente s’infléchit d’une manière continue quand on passe d’une extrémité de l’are à l’autre. Dans ce cas, on ramène aisément la rectification des courbes planes ou ganches à la quadrature d’autres courbes et la question peut être regardée comme résolue. Il y a quelques années, SCHEEFFER a essayé de s'affranchir _ de la restriction relative à l'existence d’une tangente à inflexion continue d’un bout de la courbe à l’autre. Il à démontré que, si la fonction qui représente l’ordonnée de la courbe plane est continue et si la somme de ses oscilla- tions est finie, les périmètres de tous les polygones variables inscrits à côtés indéfiniment décroissants ont une limile unique et finie, pourvu, toutefois, que chaque (22) polygone variable varie seulement par addition de nou- veaux sommels, sans suppression d'aucun de ceux qui on! servi antérieurement ('). M. Jorpan, daus la Note qui termine son beau Cours d'Analyse, a traité (n° 46-51) la question d’une manière plus générale, aussi pour les courbes planes. 1] a montré que la limite des périmètres des polygones inscrits est encore unique, même si ces polygones varient non seule- ment par addition de nouveaux sommets, mais aussi pr suppression d'anciens. Pour étendre à ces polygones la démonstration de Scheeffer, M. Jordan a été amené à introduire, dans son exposé, une quantité L, égale ou supérieure au périmètre de n'importe quel polygone inscrit, et telle cependant qu'il y ait des périmètres qui soient plus grands que toute quantité inférieure à L. La considération | de celte quantité L (limite supérieure des périmètres, dans le sens de Weiïerstrass) rend naturellement la démonstra- tion de M. Jordan plus subtile que celle de Scheeffer, mais, comme nous venons de le dire, elle est plus complète. Dans la Note que nous soumettons à l’Académie, M. Goedseels, sans connaître, semble-t-il, les recherches de Scheeffer et de M. Jordan, à abordé, par une méthode nouvelle, la question de la longueur des lignes courbes continues, planes ou gauches. Le point de départ de son Rd () Allgemeine Untersuchungen über Rectification der Curven (Acta mathematica, 1884, t. V, pp. 49-82). Voir pp. 50-51, 54-56. C'està la dernière ligne de la démonstration du théorème f, que s’introduit nécessairement la restriction que nous signalons dans le texte: . Ni Scueerrer, ni M. Jonpax, ne s'occupent des courbes gauches, auxquelles on peut pourtant étendre leurs démonstrations; en revanche, l'un et l’autre traitent, dans leurs recherches, de celles où l'ordonnée est une fonction discontinue de l'abscisse. ; l (25) travail est le théorème suivant, dont il donne une démon- stralion élémentaire et rigoureuse : On peut inscrire dans un arc de courbe, un polygone n'aboutissant pas aux extré- milés de cet arc et ayant néan moins un pér imèlre supérieur à la corde qui joint ces extrémilés; tous les polygones inscrits, dont les côlés sont ihférieurs à une quantité sufi- sanment pelile, convenablement te jouissent de la même proprielé (*). Au moyen d'un lemme er relatif à la limite d'une väriablé toujours croissante, à part certaines oscil- lations, l’auteur déduit sans peine du théorème précédent les conséquences suivantes : 1° Le périmètre de tout poly- gone variable, insérit à la courbe, à une limite finie ou croît indéfiniment, si ses côtés décroissent indéfiniment, d'après une loi déterminée quelconque; 2° le périmètre de tout autre polygone analogue à la même limite ou croit indéfiniment en même temps que le premier. Ces théorèmes suffisent évidemment pour définir avec précision ce qu’on entend par longueur finie ou infinie d’un arc de courbe, et ils excluent la possibilité de courbes continues ayant une longueur indétérminée. Comme on le voit, la petite Note de M. Goedseels élu- cide, d’une manière simple et complète, une question difficile de géométrie infinitésimale. Je propose donc à la Classe de vouloir bien en voter l'impression au Bulletin de la séance. » — Adopté. (‘) La démonstration s'appuie implicitement sur la remarqué suivante : Si une corde inscrile dans une courbe (non fermée et sans boucle) a pour limite zéro, il en ést de même de la différence des valeurs de la variable indépendante correspondant aux extrémités de la corde {Jonpan, Cours d'analyse, t. I, p. 588, n° 39, fin): (2%) Ets de création d’un aquarium marin à Ostende; par Ferdinand de Stuers. Rapport de M. P,-J, Van Beneden, « À la séance du mois de juin, l'Académie m'a prié d’examiner une lettre de M. Ferdinand de Stuers sur le pro- jet de créer à Ostende un aquarium marin, qui serait pour le public une source de distractions et qui servirait, en même temps, les intérêts de la science. Pendant longtemps on n’a connu que des observatoires pour étudier les phénomènes du ciel; depuis quelques années on comprend qu'il n’est pas moins important d'avoir des observatoires pour étudier les phénomènes de la vie, el il est temps que la Belgique, qui possède depuis plus de quarante ans une installation de ce dernier genre, établie sur une petite échelle, suive l’exemple de nos voisins du Midi et du Nord. Du reste, comme le dit M. de Stuers, coins | pays doil connaître ses productions naturelles et le naturaliste peut, par l'observation, indiquer le moyen d'augmenter Îles richesses que l'homme tire de la mer. Nous ne pouvons donc qu'émettre un avis favorable sur _ le projet de M. de Stuers de créer un grand aquarium à Ostende, et exprimer l'espoir que ceux qui s'intéressent à la pêche sur le littoral du pays, comme ceux qui ontà cœur le progrès des études biologiques, voudront bien contribuer au succès de cette entreprise. » Ces conclusions ont été adoptées. ES : À st (25 ) Sur la persistance de l'aptitude régénératrice des nerfs ; par le D' Vanlair. FBapport de M. Van Bambeke. « Dans le travail soumis à notre examen, M. le profes- seur Vanlair, auteur d’une série de travaux importants sur la régénération des nerfs, étudie un nouveau et très inté- ressant côté de la question: la persistance de l'aptitude régénératrice des nerfs. Il énumère d’abord les obstacles auxquels il faut attri- bucr l'insuccès relatif de ses essais antérieurs en vue d'obtenir la régénération d'un nerf après des sections 1té- ratives. Ces obstacles doivent-ils être ou non considérés comme insurmontables? Par les expéricnces nouvelles dont les résultats sont consignés dans le présent mémoire, l'auteur arrive à cette conclusion que ces conditions, quelque défavorables qu'elles soient, n'empêchent pas toujours une seconde reproduction. En d'autres termes, un nerf totalement divisé, puis intégralement reconstitué, peut encore suffire à une nouvelle régénération aussi par- faite que la première, quand on vient à le sectionner une seconde fois. Suit alors Ja relation des deux expériences instituées par le D* Vanlair. Ces expériences, faites sur des chiens, ont été conduites avec toute la rigueur scientifique dési- rable, et toujours un examen histologique soigné est venu compléter l'observation. Impossible, à moins de tout repro- daire, de donner une idée complète de ces expériences. Contentons-nous de signaler ce qui suit : ( 26 ) Dans les deux cas, la section itérative a porté sur le sciatique poplité interne; dans les deux cas aussi, l'inter- valle entre les deux sections a été de plus d’un an. Dans la seconde comme dans la première expérience, on a pu observer, après la double section, le retour intégral de la sensibilité. Dans la première expérience, la régénération à la suite de la première section était si complète, que l’auteur n’a pas hésité à pratiquer, au lieu d’une simple division, une rescision du nerf, dans le double but d'examiner microscopiquement le tronçon et de rendre plus frappante; dans l'éventualité d’une reproduction, la démonstration du phénomène. Supérieurement le nerf fut tranché à quelques inillimètres au-dessous da renflement correspondant à la précédente section, et inférieurement à près de deux cen- timètres plus bas. Il n’y eut que peu ou point de rétraction. Dans la seconde expérience, lors de la nouvelle section, et afin de pouvoir ultérieurement établir une comparaison entre les effets d’une section simple et ceux d’une section itérative, le D' Vanlair a divisé simultanément les deux poplités : le poplité interne à deux centimètres au-dessous du renflement, et le poplité externe au même niveau. Pas de suture. Ce qui frappe, dans le nerf régénéré après section ilé- rative, c’est le développement considérable, malgré la gracilité des fibres nerveuses, du tissu interstitiel intrané- riculaire; non seulement ce développement est plus pro- noncé qu’à l’état physiologique, mais il l’est même sensi- blement plus que dans les nerfs régénérés à la suite d'une seule section. L'auteur démontre qu'il ne saurait être question, pour expliquer cette disposition, d'une hyper- plasie, suite d'un travail phlegmasique. D’après lui, il faut l'attribuer à la persistance des anciennes gaines de (27) Schwann vidées de leur contenu et fondues en quelque sorte avec le tissu endoneural primitif. Dans les deux cas, il s’est produit le fait remarquable que la seconde régénération à pris moins de temps que la première. D’après l’auteur, la brièveté relative du second délai doit trouver son explication dans la présence des fibres embryonnaires développées aux dépens du bout central sous l’influence de la section. On sait que M. Van- Jair, partageant en cela la manière de voir de la plupart des analomistes qui se sont occupés du même sujet, considère le bout central comme seul actif dans le processus de régé- néralion. Bourgeonnant plus vite que les anciennes, ces fibres embryonnaires fournissent plus promptement des fibres nouvelles au bout périphérique, et le retard que peut éprouver ultérieurement leur progression, par suite de la densité excessive du segment qu’elles ont à parcourir, se trouve plus que compensé par leur développement rapide. En résumé, M. Vanlair a démontré qu’il n’est nullement impossible d'obtenir expérimentalement plusieurs fois de suite la reproduction d’un même nerf. Comme il en fait la remarque, en dehors des accidents imprévus, le seul obsta- cle à ces régénérations multiples consiste dans l’épais- sissement endoneural du segment périphérique, épais- sissement occasionné par la multiplication excessive des gaines de Schwann. Encore cet obstacle lui-même est-il aisément surmonté par la pression centrifuge des fibres nouvelles. Comme on vient de le voir, il est d’ailleurs compensé, et au delà, lors de Ja seconde reproduction, par l'accroissement considérable de leur puissance prolifé- ratrice. Cette analyse du travail du professeur Vanlair est loin ( 28 ) d’être complète; elle suffit toutefois à démontrer que l’au- teur à fait faire un nouveau pas à la question de régéné- ralion des nerfs, question si importante, non seulement au point de vue purement scientifique, mais encore au point de vue de la pratique médicale. Nous proposons à la Classe : 4° D'insérer le travail de M. Vanlair dans le Bulletin de uos séances ; 2° De voter des remerciements à l’auteur. » M. J.-B. Masius a déclaré qu’il souscrivait aux con- clnsions du rapport de M. Van Bambeke et qu’il n’avait rien à y ajouter; ces conclusions ont été mises aux voix _et adoptées, COMMUNICATIONS ET LECTURES. Note sur le coup de foudre qui a frappé l'Observatoire de Bruxelles le 23 juin 1888; par F. Folie, directeur de l'Observatoire et membre de l’Académie. _ Pendant le violent orage qui a sévi sur la Belgique entière le 23 juin, et qui a occasionné partout de nom- breux dégâts, la foudre a frappé l'aile ouest des bâtiments de l’Observatoire (côté du boulevard), à 6 h. 10 m. du soir. On sait que cette aile ouest est surmontée d’une petite coupole (abritant l’équatorial de Troughton et Simms) et de l’anémomètre Robinson à coupes, relié par un câble au météorographe universel de M. Van Rysselberghe, installé dans une pièce du rez-de-chaussée de l'aile est. (2%) “ameutoaed np anotonpuon © “DAQUOTANEÉ NE JUEfE votod-eyn$ p MANOIA [ OQNOY —*+— | “UOISN} 2p Soata] sp gnbavuraa e 107 no sIU10g J ‘ATQUOUWQUE | 2p TUBUIA OQUUOIPNOË 9101 2P WMIANOIO1 SI XIP e 2149 2 "SAQNINOS S2p 2818499p 9p 9qnL © “OLIQUUOS 0P [LI — —— ‘288 op ounpuon © ‘ ré 9p HMOANODOA S[I SIOA E 9[QRTD) ---- ES > b LL. ? End +0 ; RE AL nt a Li pape nen ee ne ions eee Le Aesin 22 ss RATE PP PO NS ; | e Je op susop np 4 é 24 d ; ELPTI00 puuerwe np #3 an een un ® || 224 FA FE 3 oydouborogayf TT . h Ke PARA CS D (50 ) Cette seconde aile est également surmontée d’une cou- pole de dimensions beaucoup plus notables que celles de la coupole ouest, et du paralonnerre (système à tige unique). La distance entre ce paratonnerre et l’anémomètre sur lequel la foudre s’est portée d’abord, est de 25 mètres. La hauteur de la tige du paratonnerre est de 6 mètres à par- tir du faîte du toit et de 22 mètres à partir de la surface du sol. Le moulinet dépasse le loit de 4 mètres. On ne remarque aucune trace du passage du fluide à l'extérieur du moulinet-girouette, mais à l'intérieur de la boîte en fonte ont voit distinctement deux traces de fusion aux points d'attache du câble avec les ressorts frotteurs servant à donner la direction du vent au météorographe Van Rysselberghe. A l’intérieur de ce dernier instrument, au point où les huit fils du câble se réunissent, toutes les pièces métalliques sont fondues. D’autres pièces, devant glisser l’une sur l’autre, sont soudées; les six bobines d’électro-aimant, sont brûlées. L'appareil est hors de ser- vice. Le fluide à suivi ensuite le câble en plomb — qui envoie le courant des piles — le fondant en partie, et il est entré en terre par les conduites de gaz et les tuyaux de gouttière. On voit, en effet, des traces de fusion aux points où ces conduites rencontrent le câble. L'enseignement à tirer de l'accident que nous venons de relater brièvement, c’est que le paratonnerre à tige unique est absolument insuffisant pour protéger des atteintes de la foudre les objets plus ou moins élevés qui se trouvent dans son voisinage. Sur les moyens d'évaluer et de combattre l'influence de la capillarité dans la densimetrie; par G. Van der Mensbrugghe, membre de l’Académie. 1. Dès 1859, Langberg (1) a appelé l'attention des phy- siciens sur les erreurs produites par la capillarité dans les indications aréométriques : b'en qu'à cette époque, la tension superficielle n’eût pas encore été mise én évidence et mesurée par des méthodes variées, le physicien alle- mand ne l’a pas moins invoquée, à l’exemple de Hagen, comme une force hypothétique, qui lui permettait d’éva- luer exactement les erreurs dont il voulait démontrer l'existence; c’est Langberg qui a,le premier, je pense, énoncé formellement la véritable condition de l'équilibre d'un aréomètre, savoir que la poussée doit être égale à la somme du poids de l'instrument et de celui du relèvement capillaire autour de la tige. En outre, il a confirmé la théorie par de nombreuses expériences ‘faites avec l’alcoo- mètre normal, n° 535, de Geissler, deux alcoomètres de Greiner et l'alcoomètre de Gay-Lussac. . En 1869 (2), j'ai conclu des observations de Lang- berg et de mes nombreuses expériences sur létalement (1) Weber den Einfluss der Capillar- Attraction auf Aräometer- Messungen (Ann. de Pogg., t, CVI, p. 299 (2) Sur la tension superficielle des liquides considérée au point de vue de certains mouvements observés à leur surface, 17 mêém., $ 55 (Mém. cour. et des sav. étrangers de l'Acad. roy. de Belg., t. XXXIV). YU 6 Y % VV v% % (:32 ) d’un a liquide sur un autre, « qu'une mesure aréométrique peut être altérée quand on amène en contact avec la surface du liquide un thermomètre qui n’est pas par- faitement nettoyé; comme la tension ajoute son effet à celui du poids de l’aréomètre, et que le contact d'un corps gras diminue celte tension pour un grand nombre de liquides, il en résulte que, dans ces conditions, l'aréo- mètre montera d’une certaine quantité. » 3. En 1870, M. Koster (1) a publié un mémoire dont les conclusions singulières prouvent que Pauteur ne con- naissait pas les recherches antérieures sur la question; quant aux faits décrits par le physicien italien, ils ont été reconnusexacls par une commission nommée par la Société médico-physique de Florence, et dont M. Zanneuti (2) à rédigé le rapport; mais, dans celui-ci, on ne signale pas la cause réelle des bizarreries observées par M. Koster, à savoir la variation plus ou moins prononcée de la tension superticielle. 4. Deux ans après, M. Duclaux (3) est revenu sur la question : il part du principe de la tension considérée, non plus comme une hypothèse, mais comme une force réelle; on le conçoit, il arrive ainsi à la même proposition que Langberg; il en conclut, comme je l'avais fait en 1869, que l’aréomètre se soulève quand on diminue la tension superficielle du liquide où flotte l'instrument. (1) Nuovi fatti che demostrano la inesattezza degli areometri per misurare la densità dei liquidi (Lo sperimentale, anno XXI, p. 265). (2) 11 filicritico, fase. 1, p. 25, et fase. If, p. 67, 1870, (3) De l'influence de La tension superficielle des liquides sur les me- sures arcométriques (Journ. de phys. de d’Alméida, t, 1, p- 197, 1872). k El Di gr STE es Ai Au RÉEL NES (55) 5, En 1880, M. Marangoni (1) s’est appliqué à trouver des dispositions propres à montrer dans les cours de phy- sique les effets indiqués dans mon mémoire de 1869 et dans le travail de M. Duclaux. Pour atteindre son but, il s’est servi de flotteurs assez délicats pour qu'une variation de tension amenât des points d’affleurement très différents. Il déclare, qu’à son avis, les aréomètres peuvent servir à déterminer le poids spécifique des liquides avec une pré- cision égale à celle que donne une balance très sensible, 6. En 1886, le même physicien (2) a publié la deserip- tion d’un volumètre double destiné à la détermination exacte des densités des liquides; il propose l'emploi de deux volumètres de poids différents, mais à tiges de même diamètre ; en réalité, il élimine ainsi, du moins théoriquement, l'effet des variations de tension d’un liquide à un autre; seulement l’auteur avoue que ses résultats n’ont pas encore toute la précision désirable, 7. Après ce petit aperçu historique, incomplet sans doute, mais qui m'a permis de constater que Langberg a le premier, je pense, évalué exactement le poids du relè- vement capillaire autour d’une tige mouillée et supposée parfaitement calibrée, j'arrive à l'objet de la note actuelle. Je me propose : 1° de décrire un moyen fort simple pour évaluer numériquement le poids du relèvement capillaire qui intervient dars la condition d'équilibre d'un densi- (4) /nfluenza dell’ imbraltamento di superficie sulle misure areome- triche (Rivista scientif, industr. de Vimerceati, 1880, p. 55). (2) 11 doppio volumetro per la determinazione esatta dei pesi speci- : fici dei liquidi. (Nuovo Cimento, 5° série, sept.-oct, 1886.) 3"* SÉRIE, TOME XVI. 3 (34) mètre donné; 2° de montrer, par un exemple, l'importance du bon calibrage des densimètres; 3°, enfin, de faire con< naître un procédé commode pour assigner aux obser vations densimétriques leur maximum de précision. 1. — Moyen très simple de constater l'influence du releè: vement capillaire et d'évaluer numériquement le poids du liquide soulevé. 8. Rappelons que, d’après Langberg et Duclaux, l'équi- libre d'un densimètre dans l'eau distillée à + 4°C n'a lieu que moyentiant la condition ; P + QrrF — V, P étant le poids de l'instrument, 2r le diamètre de la tige au point d'affleuréement, F la tension de l’eau dis- üllée à son maximum de densité, et V le volume d’eau déplacé. On voit, d’après celle formule, que si l'on parvenait à supprimer le relèvement proie par la capillarité autour de la tige, le terme 27rF s’évanouirait, la poussée V l'em- porterait sur P, et conséquemment l'appareil monterait d'une quantité x facile à calculer : car au poids 2zrF corres- pond évidemment une poussée rr°x, de sorte que x == c’est-à-dire que le nouveau point d’affleurement serait à une distance du premier, égale au quotient du double de la tension de l’eau distillée par le rayon de la tige. . 9. Pour vérifier ce résultat, j’ai marqué le point d’affleu- F2 € it Ge EE Pise, 7e (55 ) rement (1) d'un densimètre dans l’eau distillée à + 4°; j'ai essuyé ensuite l'appareil, puis j'ai couvert d’une mince couche de cire blanche (dont la densité est très peu infé- ricure à celle de l'eau) toute la surface latérale de la lige qui avoisinait la section d’affleurement déjà marquée, et cela sur une longueur de 10 millimètres environ au-dessous de cette section; comme la cire est difficilement mouillée par l’eau, on peut rendre impossible la formation d’un ménisque capillaire autour de la portion recouverte; à la vérité, l’appareil est devenu ainsi un peu plus lourd , mais de quelques milligrammes seulement. Cela étant, j'ai plongé le densimètre avec grande précaution dans l’eau distillée toujours à + 4°C, et, quoique un peu plus pesant, il a pu demeurer en équilibre quand il affleurait la surface liquide à 5"®,9 plus bas que le point d’aflleurement primitif; donc l'instrument, bien que réellement plus lourd, semblait peser moins. Mais, en revanche, il n’y avait plus de relè- vement du liquide autour de la tige, ou, s’il y en avait en quelques points du contour, ces relèvements partiels étaient .Si peu marqués que la surface de l'eau paraissait à peu près horizontale autour de la tige. Pourévaluer numériquement la quantité dans l'exemple actuel, il suffirait de déterminer le diamètre de la tige dans la section de l’affleurément ; à cet effet, j'ai mesuré au cathé- tomètre le diamètre de cette section dans deux directions rectangulaires; j'ai trouvé 4°",93 et 4"",65; la moyenne de ces valeurs est 4,79; comme la tension de l’eau distillée (4) Comme on sait, on vise la section de la tige qui se trouve à peu près au niveau extéricur du liquide; e’est cette section qui contient Je point d'affle urement dont il s'agit. (56) à + 4 vaut 7°",6, on à x — Ares —6"",3; celle quan- tité diffère de la valeur observée, Dem 9 de 0,4; la dif- férence provient sans doute, d’une part, de la petite aug- mentation du poids de l'appareil, d'autre part et surtout de l'effet des relèvements partiels, qu'il est malaisé d’annuler également partout dans une même section droite de la tige. Cette expérience, qu'on peut faire avec un liquide quel- conque ne mouillant pas la cire, me paraît fort instruc- tive : elle a le double avantage d’être facile à répéter et de donner une mesure approchée de la poussée complé- mentaire due à la capillarité. 10. Pour démontrer d'une autre façon que le principe d’Archimède n’est rigoureusement applicable que dans le cas où il n’y a pas de ménisque soulevé autour da flotteur et où la surface ambiante est partout sensiblement hori- . zontale, j'ai construit un flotteur tubulaire, terminé vers le haut par une section droite ouverte et n’ayant qu'un demi-millimètre de diamètre moyen; je l’ai lesté de ma- nière que, plongé dans l'eau distillée à 15°C, il émergeil de 8 ou 40 millimètres au-dessus du niveau, afin que le relèvement capillaire pût se former avec toute l'ampleur possible. J'ai augmenté alors le lest (du sable très fin et sec) par de très petites portions à la fois; de celte manière, les dimensions du ménisque soulevé ont bientôt diminué et onf fini même par s’annuler complètement, ce dont je pouvais m'assurer en observant que la surface liquide paraissait horizontale jusqu’au contact avec la section terminale du flotteur. Dès lors, le principe d’Archimède s’appliquait dans _Loute sa rigueur, comme je l'ai constaté en pesant l'appa- reil et en caleulant ensuite avec grand soin le volume du | liquide déplacé par le flotteur. On peut alors impunément hé de Lay Le Ar EEE EE Re % OS en Shoes bo EN AA Mens 20221 00 1x Lee Éd ÉTÉ ELLE RL, D fe Ce Er PRE VE à % Bt C7 diminuer la tension du liquide sans que les conditions de l'équilibre du flotteur soient différentes. Si l'on continue à augmenter très graduellement le lest, le flotteur peut encore se maintenir en équilibre, mais alors il se forme un ménisque convexe autour de la section terminale; le poids du liquide déplacé pour que le ménisque convexe puisse se former s'ajoute alors à la poussée pro- prement- dite pour contrebalancer avec celle-ci le poids total du flotteur. I. — De l’importance du bon calibrage des densimètres. 41. Dans les industries où les densimètres sont d'un usage fréquent pour fournir une évaluation approchée de la densité d’un liquide, on regarde les tiges de ces instru- ments comme suflisamment bien calibrées pour qu’on puisse considérer leurs sections droites comune étant par- tout, non seulement circulaires, mais encore de même surface; malheureusement, cette double condition est loin d'être généralement satisfaite. Le plus souvent, lorsqu'on mesure l'épaisseur de la tige suivant deux directions rec- tangulaires dans une même section, on obtient des valeurs dont les différences ne sont pas négligeables; en outre, si l'on effectue ces mêmes mesures dans plusieurs sections de la même tige, on arrive à des résultats qui démontrent l'inégalité de surface d’une section à une autre plus ou moins éloignée; or, on le comprend, ce double défaut peut entrainer des erreurs que, du moins à ma connaissance, on n'a pas encore signalées et, qu’en pratique, on n’a pas suf- fisamment cherché à éviter; car la graduation des densi- mètres se faisant ordinairement au moyen d'un densimètre- (58 ) type, le défaut plus on moins prononcé de calibrage doit amener des erreurs qu’on a tort de négliger. 42. Reprenons l'exemple du densimètre du n° 9 ci- dessus; j'ai déjà dit qu’au point d’affleurement de la tige dans de l’eau distillée à + 4°C, les diamètres, dans deux directions rectangulaires, avaient pour valeurs 4"",93 et 4°®,65, dont la moyenne est 4"",79; on voit donc que, dans cette partie de la tige, la section droite n’était pas circulaire. J'ai fait ensuite les mêmes opérations pour une section voisine du point où la tige était soudée au réservoir infé rieur; j'ai trouvé, pour valeurs de deux diamètres à angle. droit, 4°",67 et 4°" 50, moyenne 4,585. [1 suit de là, que non seulement cette deuxième section s'écartait aussi de la forme circulaire, mais encore qu'elle avait une sur- face très sensiblement inférieure à celle de la première _ section : deux colonnes d’eau de même poids et ayant res- pectivement pour bases les deux sections dont 3 QE auraient des hauteurs 4, h', dont le rapport serait À SE Xe ou bien 5; je conclus dé là qu'un densimètre ne peut fournir des résultats satisfaisants que si l’on tient compte, non seulement des effets de la capillarité, mais encore des valeurs exactes des dimensions de la tige dans les sections d’affleurement. I. — Sur un moyen très simple de donner aux observa- lions densimétriques le maximum de précision. 13. Reprenons la relation qui exprime la condition d'équilibre d’un densimètre dans l’eau distillée à + 4°C, savoir : P + 2rrF = V. k (39) ‘On aurait de même, pour l'équilibre du même appareil. dans un liquide de densité 9 et de tension F' : P+°nrE' = Vo, où P représente encore le poids du densimètre, 2r' le dia- mètre moyen de la section d'affleurement, et V’ le volume du liquide déplacé, volume qu’il est facile de connaître si la tige a été préalablement divisée en parties d’égale capa- cité, En combinant lesdeux relations précédentes,on obtient: P+H9zrr V d — P+92rrE V' Cette relation montre immédiatement que: 1° si l’on fait abstraction du poids du relèvement capillaire, comme le font sans doute la plupart des constructeurs de densimètres destinés à l’industrie, on a pour densité : ; V __ volume déplacé dans l’eau distillée à + 4° C V' volume déplacé dans le liquide employé L’erreur commise ainsi est d’autant plus grande que le poids P de l’appareil est moindre, que r l'emporte davan- tage sur r”, et la tension F de l’eau distillée sur la tension F’ du liquide; 2° Si le diamètre moyen 2r’ est plus petit que 2r, en même temps que F > F', l'influence exercée par la capil- larité est plus forte que si 2r est au contraire moindre que 2r' ; celte influence s’annulerait même pour r' =}; 3° La densité d se trouvant liée à la densité apparente ‘ ( 40 ) par un facteur qui dépend du poids du densimètre et de l’épaisseur de la tige, l’erreur commise avec un appareil ayant un poids P, et muni d’une tige d'épaisseur 92r, sera différente en général de célle qu’on commet avec un densimètre ayant un poids P’ et une tige d'épaisseur 2r’. Voilà pourquoi les différents densimètres employés dans Pindustrie ne sont généralement pas comparables entre eux. | 14. Il est aisé de déduire de ce qui précède à quelles conditions un densimètre donné peut fournir, dans un cas particulier, la densité approchée d’un liquide : 1° L’instrument doit être divisé en parties d’égale capacité, afin qu’on puisse connaître immédiatement le quotient ;,, c’est-à-dire la densité apparente; 2° Do doit déterminer le poids P de l'appareil et mesurer les diamètres moyens 2r, 2r' des sections d’affleu- rement, respectivement dans l’eau distillée à + 4C et dans le liquide proposé; 3° Enfin, il faut connaître, entre la tension 7,6 mil grammes de l'eau distillée à + 4°C, la force contractile F du liquide dont on recherche la densité. Cette dernere s'obtient alors en multipliant la densité apparente ÿ ; par le quotient P + 2r71'F' P+rE 15. Toutes ces opérations seraient bien pénibles à effec- tuer pour les industriels qui ont fréquemment besoin d’employer des densimètres : heureusement, pour cer- taines industries, on peut rendre les calculs ci-dessus absolument inutiles, tout en assurant aux indications des appareils une précision suffisante. ee NS SU RS de ns 0 CF) Supposons, par exemple, que les densimètres doivent servir à la détermination du poids spécifique du moût de bière, Comme la densité réelle s'écarte de la densité appa- rente, principalement parce que la tension F’ du liquide peut différer notablement de la tension F de l’eau distillée, l'écart serait à peine sensible du moment où les deux ten- sions F et F’ deviendraient égales. Or le moût de bière ayant environ 1,04 pour densité a sensiblement la même tension que le moût de densité 1,08, savoir 4,5 milligrammes; d’autre part, j'ai démontré, en 1869, que l’eau distillée qu’on a agitée avec quelques mor- _ceaux de camphre a également pour tension 4,5 milli- grammes environ; d'après ce double résultat, il suffit de marquer 1.00 au point d’affleurement du densimètre dans : l'eau distillée à la surface de laquelle ou a déposé quelques goultelettes d'eau camphrée, ce qui moditie la tension de l’eau pure et la ramène à la valeur 4,5 sans altérer la den- sité de la masse totale. Dès lors, les deux termes de la: fraction ci-dessus deviennent d'autant moins différents entre eux que la tige est mieux calibrée. La différence entre la densité apparente 9’ =; et la densité vraie d peut alors s’écrire, puisque la tension F coïncide avec F' : vi P + 2+rF' 2r(r—7r)F RE pen QE P+92zrF P +97rF 16. Appliquons cette formule au densimètre dont j'ai parlé au n° 9; il pesait environ 39,35 ou 39550 milli- grammes; on avait 2r — 4.79 et 2r' — 4.585; F'— 4.5; conséquemment 2n(r—r)P 3.14x(4.79—4585)4.5 9,85 1 P+2rrE 59550+5.14x4.79x45 5942448 15483 (4) On voit par là que l'erreur 9 —9 ne vaut que la 13483"° partie de la densité 9’ marquée ordinairement sur re reil. Au contraire, quand on laisse à l’eau distillée sa tension totale 7,6 milligrammes, l’erreur 9’ — 9 devient : 5.14}4 79 X 7.6 — 4.585 X 4.5, 59350 + 5SA14XATIK7.G ? c’est-à-dire : AoIb 1, 09464,5 797 L'erreur est donc alors environ vingt fois plus grande que dans le cas où l’eau distillée dont on se sert pour obtenir le point 1.00, est ramenée à la même tension que le moût de bière dont il s’agit d'évaluer la densité. On voit aussi qu’il est fort utile de choisir des densi- mètres dont le poids soit suffisamment grand pour que l'influence du défaut de calibrage cesse d’être sensible. 17. Un procédé analogue serait applicable aux densi- mètres destinés à apprécier la densité d'un liquide quel- conque ayant une tension superficielle déterminée; dans chaque cas particulier, il faudrait ramener la tension de l’eau distillée ayant la température de + 4°C, à la même valeur que la force contractile du liquide spécial proposé. Au contraire, la méthode ci-dessus cesse d’être appli- cable aux liquides dont la tension varie notablement avec le degré de concentration, par exemple les solutions alcoo- liques. Il faut alors effectuer les mesures et les caleuls indiqués plus haut. DR RE ENT NE NOIR SZ (45 ) Sur la réaction chimique des corps à l'état solide; par W. Spring, membre de l’Académie, Je me suis assuré, il y a déjà quelques années (1), par un nombre d'expériences assez grand, que les corps solides jouissent de la faculté de se combiner quand ils se trouvent au contact intime sous l'influence d’une pression.sufli- sante. - Cependant toutes les combinaisons chimiques ne se font pas également bien dans ces conditions. Les corps qui fournissent une combinaison dont le volume est plus petit que la somme des volumes des composants, réa- gissent avec une facilité plus grande. Par exemple, en comprimant du cuivre et du soufre, il se produit aisément du sulfure cuivreux (Cu?S); dans ce cas, la condensation de la matière est telle que 138 volumes formés de Cu? + S deviennent 400 volumes de CS. En poursuivant ces recherches j'ai été conduit à obser- ver un fait Curieux, qui tend à prouver que la matière solide jouit véritablement de la propriété de diffuser, comme les gaz et les liquides, mais avec une vitesse incomparablement moindre. Si lon comprime, en effet, du sulfate de baryum et du carbonate de sodium, ou inversement, du carbonate de baryum et du sulfate de sodium (2), la réaction commencée sous pression se con- (1) Bulletins de l’Académie royale de Belyique (2), t. XLIX, 1880. (2) Bulletin de la Société chéeique de Paris, t. XLIV, p: 166, ct t. XLVE, p. 299. Ce] tinué lentement en dehors du compresseur et plus rapi- dement à chaud qu’à froid. La pression n'intervient apparemment, du ce phéno- mène, que pour réaliser le contact intime. Après, il se produit comme une interpénétration de la matière dont la vitesse paraît dépendre au plus haut degré de la tempé- ralure. Dans un autre travail (1) j'ai montré, par l'étude des _ phénomènes thermiques des alliages de plomb et d’étain, que ces corps se décomposent lentement, au-dessous de leur point de fusion, de manière à devenir de simples mélanges mécaniques de leurs constituants, el inverse- ment, qu'ils se forment, à l’état solide, à partir d'une température de 150° environ aux dépers du mélange de leurs éléments. Le fait se vérifie parce que, pendant leur refroidissement, ces alliages abandonnent, depuis leur point de fusion jusque 150° environ, une quantité de chaleur plus grande que ne le prévoit le caleul basé sur la chaleur spécifique du plomb et de l’étain. Il se produit donc dans la masse solide de ces métaux au contact, un véritable travail moléculaire; il y a comme une diffusion réciproque des métaux l’un dans l'autre. Je me suis proposé de vérifier, par des expériences nou- velles, les conclusions que je viens de rappeler, à cause de leur importance pour la théorie de la matière. Je signa- lerai aujourd'hui quelques faits nouveaux, et je deman- derai la permission de prendre date ensuite pour d’autres expériences dont l’exécution nécessitera un temps assez long, peut-être quelques années. tt (1) Sur la chaleur des alliages de plomb et d’étain, Bulletins de l’Académie royale de Belgique (5), t. XI, 1886. (45 ) 1° J'ai mélangé de la limaille de enivre avec du chlorure mereurique en poudre absolument desséché par la subli- mation, et j'ai abandonné ce mélange dans un tube fermé en ayant soin de l’agiter de temps en temps, pour renou- veler et multiplier les surfaces de contact. La réaction des deux corps n'a pas tardé à se mani- fester ; mais elle a progressé avec une très grande lenteur. Aujourd'hui, c’est-à-dire, après un intervalle de quatre années, la réaction paraît terminée; elle a abouti à la for- mation de chlorure cuivreux et de chlorure mercureux. La moitié du chlore contenu dans le chlorure mercu- rique a donc diffusé lentement dans le cuivre. On remar- quera que celte réaction diffère, quant aux produits, de celle du cuivre sur une solution de chlorure mercurique qui donne, au moins au début, du chlorure cuivrique et du mercure à l’état libre. 2° J'ai mélangé de l’azotate de potassium en soude desséché au préalable par fusion, avec de l’acétate de sodium en poudre, privé également autant que possible de son eau de cristallisation par une fusion ignée. Le mélange a été abandonné sous un exsiccateur, Comme les deux sels employés (KNO5 et CHSCO2Na) ne sont absolument pas déliquescents tandis que le produit de leur double décomposition l'est à un haut degré, il est très commode de s'assurer, au moins qualitativement, si la réaction à eu lieu, ou non. Il suffit de porter le mélange à l'air, s'il devient humide d’une façon évidente, c'est qu'il y a réaction. En fait, c'est bien là ce que j'ai pu constater. Après quatre mois de séjour seulement sous un exsiccateur, la combinaison est déjà assez avancée pour donner une masse dont Ja déliquescence ne laisse aucun doute. ( 46 ) J'ai tenu à m'’assurer alors de l'influence de la tempé- rature sur la vitesse de la réaction. A cet effet j'ai chauffé le mélange fraichement préparé, au bain-marie, dans un tube en verre fermé, c’est-à-dire complètement à l'abri de l'air humide. Mon étonnement à été grand, je dois l'avouer, en trouvant toute la poudre fondue en une masse blanche, au bout de trois heures de chauffage environ. Si l'on se rappelle que l’acétate de sodium ne fond qu'à 319° et l'azotate de potassium à une température plus élevée encore, on ne pourra douter de la combinaison des deux corps. Il reste seulement à savoir s’il s’est produit vérila- blement une double décomposition dans le sens indiqué plus haut, ou bien une addition moléculaire, à point de fusion situé assez bas, combinaison de la nature des alliages. Ce qui me porte à admettre comme plus probable la première hypothèse, c’est que cette masse fondue el refroidie a manifesté, à l'air libre, une déliquescence qui ue le cédait guère à celle de l’acétate de potassium. Ces expériences préliminaires manquent, à la vérité, de précision ; cependant il me paraît qu’elles démontrent déjà assez la réaction des corps solides entre eux, dans des conditions ordinaires, pour engager à poursuivre des recherches dans ce sens. Je me propose de maintenir dans un état d'agitation continu des mélanges variés de corps en poudre, parfaite- ment secs, el de m’assurer des progrès de la réaction chi- mique après des intervalles de temps de plus en plus longs. Comme il n'est pas possible de prévoir la durée d'un travail de cette espèce, je demande la permission de prendre date au moyen des lignes précédentes. Eu, (47) Pourquoi les rails en service se rouillent moins vite que les rails au repos; par W. Spring, membre de l'Académie. De longue date déjà l’on a observé que les rails en ser- vice se couvrent moins facilement de rouille, toutes autres conditions restant égales d’ailleurs, que les rails ne servant -pas à la circulation des trains; peu importe qu’il s'agisse alors de rails en magasin ou de rails en position. Une explication satisfaisante de ce fait curieux — et avan- tageux — n’a pas encore été donnée, à notre connaissance du moins. On à fait. valoir le mouvement de trépidation imprimé au métal par le passage des trains comme facteur de protection contre la rouille, mais sans préciser son mode d'action et même sans s’être assuré, au préalable, si des vibrations élastiques ou moléculaires étaient de “nature à contrarier l’action chimique d'un air humide et faiblement acide. Parfois on a cru pouvoir invoquer une action électrique qui devrait son origine au mouvement des véhicules. Ici, comme tantôt, l'explication est vicieuse parce qu'elle s'appuie sur une hypothèse qui n'est rien moins que démontrée, et à laquelle on n’eût sans doute pas songé sans la nécessité de trouver une raison au phéno- mène de la conservation des rails. Enfin, soit dit encore à titre de renseignement, certains ingénieurs regardent les rails en service comme graissés, en quelque sorte, par l'huile et le cambouis qui se détachent des roues des voi- tures. Il est inutile d’insister, pensons-nous, sur ces explica- tions; le vague qui les caractérise suffit pour leur enlever toute valeur sérieuse. ( 48 ) Nous nous permettrons, dans celte note, d'appeler l’attention sur une circonstance bien simple, qui, pour avoir passé inaperçue, n’en est pas moins de nature à résoudre la question d’une manière satisfaisante, tant au point de vue chimique qu’au point de vue physique. Lorsque la surface supérieure du rail, plus ou moins décapée à la suite du frottement de roulement des roues, est mouillée par la pluie, ou seulement exposée à l'air humide, elle se rouille comme le fait le fer dans les con- ditions ordinaires. Cette rouillure progresserait indéfini- ment, si un train ne passait bientôt sur le rail. Alors, sous l’action simultanée de la pression et du frottement des roues, la rouille, fraîchement formée, se combine avec le fer qu'elle couvre pour donner de l'oxyde magnétique, et celui-ci, par suite de la polarité électrique qu’il donne au fer, rend le métal passif, comme on le sait, et protège le rail contre l’action corrosive ultérieure. Tel serait, en résumé, le procédé; mais, pour être com- pris, ce procédé demande sans doute un développement et, pour être admis, il réclame, en outre, une démonstration. Nous allons nous acquitter de ce double soin. On le sait, la corrosion, ou la dissolution, des métaux, tels que le zine, le fer, etc, dans les acides faibles ou même dans les acide forts suffisamment étendus d'eau, n'est pas un acte provoqué immédiatement par l'affinité du métal pour les éléments de l'acide, mais bien le résultat d’une action électrolytique du liquide acide. L'électricité dynamique nécessaire à cette électrolyse est produite au contact du métal et des parties hétérogènes qu’il renferme toujours, quand il a été préparé par les procédés métal- lurgiques ordinaires. Par exemple, le zine chimiquement pur est absolument sans action sur l'acide sulfurique étendu, tandis que le zinc contenant du plomb (zinc du D SC ESS Te Sn (49) commerce) se dissout avec grande facilité. C’est que le zinc prend, au contact du plomb, une polarité positive de manière qu'il s'établit un courant allant, dans le liquide acide, du zine au plomb. Ce courant fait l’électrolyse de l'acide : l'hydrogène se dégage sur le plomb et l'oxygène se combine au zinc pour former l'oxyde basique ZnO qui sature l'acide (4). De même, le fer ne se dissout dans un acide étendu que s'il peut prendre une polarité positive suffisante. On sait qu’au contact du zine le fer est négatif et se trouve pro- tégé alors contre l’action des acides; c’est pour ce motif que le fer dit galvanisé (couvert dé zinc) se conserve assez bien dans l'humidité. Mais la présence d'un métal étranger n’est pas indis- pensable pour polariser électriquement le fer. La rouille rend le fer positif ; aussi une tache de rouille est-elle funeste par la prédisposition spéciale qu’elle donne au fer à se rouiller davantage. Au contraire, l’oxyde ferroso- ferrique communique au fer une polarité négative et le protège contre l’action des acides faibles. Le fait est bien connu et appliqué tous les jours lorsque l’on oxyde au feu les instruments, les armes, etc., qu’on veut défendre contre la rouille. D'ailleurs, la solubilité plus ou moins facile des métaux dans les acides étendus selon leur polarité, peut se démontrer par une expérience décisive. En effet, ayant fixé à chaque pôle d’une pile Leclanché de trois éléments (1) Au contraire, le zinc, au contact d'un métal plus positif, le magnésium, par exemple, se trouve protégé contre l'action dissol- vante de l'acide. 5"* SÉRIE, TOME XVI, 4 Mo. Bot. Garden, 1806. … ( 50 ) un fil de cuivre nu, c’est-à-dire non entouré de soie ou de coton, mais isolé sur des supports, j'ai abandonné le système dans le laboratoire où l'atmosphère est toujours plus ou moins humide et acide, de manière que les fils ne fussent -pas au contact. De cette façon, je réalisais, sans courant, une polarité différente, perpétuelle dans les deux fils. Eh bien, au bout d'environ deux années, le fil positif se trou- vait rongé en certaines places au point de ne plus pré- senter de solidité, tandis que l’autre fil s'était conservé incomparablement mieux. Un électricien de Liège, placeur de sonneries électriques, m'a d’ailleurs communiqué, à la suite de cette expérience, qu'il avait toujours observé une durée moins longue por les fils positifs que pour les fils négatifs. En résumé, la dissolution d’un métal dans un acide n’est pas une conséquence immédiate de sa nature chi- mique, mais plutôt le résultat d’une polarité déterminée qui lui est communiquée par le contact de certaines matières étrangères. Le cuivre, par exemple, absolument insoluble dans l'acide sulfurique étendu dans les condi- tions ordinaires, fournit facilement du sulfate de cuivre s’il devient l’anode d'un circuit galvanique. Il nous reste encore à prouver qu'il se forme véritable- ment de l’oxyde de fer magnétique par la compression de la rouille avec le fer. A cet effet, nous avons soumis, dans une première expérience, à une pression de 1000 à 41200 atmo- sphères (1) de l'hydrate ferrique bien sec dans lequel se (1) Cette pression ne dépasse pas de beaucoup celle qu'excreerait, ‘sur les rails, chacune des six roucs d'une locomotive pesant 50,000 kilogrammes. (51) trouvaient intercalées des lames de fer bien décapées à l’aide d’une lime fine. I est clair que si l’hydrate ferrique réagit avec le fer dans ces conditions, les lames doivent se trouver entamées; en outre, la couleur brun-clair de l’hydrate doit se changer dans la couleur noire de l’oxyde magnétique. Le résultat à d’abord été nul, ou peu s’en faut : l’oxyde de fer s'élait aggloméré, mais il n’adhérait presque pas au fer dont la surface n'était pas sensiblement altérée. Nous avons employé ensuite de l’hydrate ferrique rendu humide par l’addition de trois gouttes d'eau à un centimètre cube de poudre sèche. Cette fois le résultat a été évident. L’hydrate de fer adhérait fortement au métal ; il était devenu noir sur une épaisseur de près d’un demi- millimètre et les lames de fer étaient corrodées d'une manière visible. En laissant agir la pression pendant un temps plus long, l'effet a été plus marqué encore. L’analyse quantitative de la matière détachée des lames de fer a démontré, à son tour, la présence de l’oxyde magnétique. Soit dit en passant, cette expérience doit être regardée comme venant à l'appui des recherches que nous avons entreprises, depuis quelques années déjà, sur la combi- naison et sur la diffusion des corps à l’état solide (1). (1) On trouvera l'explication du role de l’eau dans ce phénomène dans une note que nous avons lue à la Société géologique (séance du 17 juin 1888), intitulée : Sur les phénomènes qui accompagnent la Compression de la poussière humide des corps solides. (52) On reconnaîtra que les conditions de celte seconde expérience réalisent bien ce qui doit se passer sur les voies ferrées. La rouille formée sur un rail après la pluie, ou dans l’air humide, a rarement le temps de se dessécher avant le passage du train qui déterminera sa tranforma- tion en oxyde magnétique. Il est donc permis de conclure de l'expérience de laboratoire au phénomène produit en grand. D'ailleurs, nous avons tenu à nous assurer directemen si les rails en service sont chargés d'oxyde magnétique. Pour ccla, nous avons détaché, à l’aide d’une petite brosse de cuivre, les pellicules qui couvrent le rail à l'endroit du bourrelet où s'appuient les roues des voitures et nous les avons analysées. Nous les avons trouvées formées d’oxyde magnétique mélangé de quantités variables d'oxyde fer- rique et d’une faible quantité de fer à l’état libre. Du moins nous avons conclu à la présence de ce dernier parce qu'il se produit, pendant quelques instants, un faible dégagement d'hydrogène au contact de l'acide chlorhy- drique. L'ensemble des faits précédents nous permet de con- clure, pensons-nous, que la conservation des rails en ser- vice n’est pas le résultat du mouvement vibratoire où d’une action électrique due directement à la circulation des trains, mais bien qu’elle peut avoir pour cause la for- mation de l'oxyde magnétique engendré par la compression de la rouille sur le métal. En un mot, les rails son! protégés contre la corrosion de l'air humide de la même façon que le fer oxydé au feu. $ Re SE RUN Ban, noi iniais Notice sur l'éclat métallique ; par W. Spring, membre de l’Académie. Les métaux jouissent d’un éclat particulier, indéfinis- sable, mais d’une nature si caractéristique, pour le plus grand nombre de personnes, que l’on en a fait le prédicat nécessaire du concept métal. Ce n’est pas à dire, cepen- dant, que tout ce qui brille d’un éclat métallique soit un métal, encore moins qu’un corps de ce genre ne puisse prendre une forme ou se présenter sous un état où l'on ne retrouve rien de la définition ordinaire. En réalité, l’on est devant une proposition trop large et dont la réciproque n’est pas toujours vraie. D'ailleurs, l’idée de métal n’a rien d’absolu en elle-même. Mais puisque l'éclat métallique, malgré son évidence, n’est pas une propriété fondamentale de la matière, on peut se demander à quelles circonstances physiques on doit le rattacher. Dove (1) a fait le premier une tentative de ce genre, si je ne me trompe. Î] avait regardé, dans un stéréoscope, les . deux images d’une pyramide, après avoir coloré l’une en bleu et l’autre en jaune, croyant obtenir de la sorte une image en relief de couleur verte. À son grand étonnement le mélange des couleurs donna une surface miroitante comme un métal poli. Ayant répété l’expérience en super- posant, toujours à l’aide du stéréoscope, une image noire et une image blanche, il vit apparaître l'éclat gris métallique du plomb ou de létain. Dove conclut de ces expériences que l’éclat métallique, ou plutôt le brillant, est toujours dû (1) Poggendorff ’s Annalen, LXXXHE; 169. _ (54) à la réflexion de la lumière sur deux surfaces placées l'une derrière l'autre. Car l'accommodation de l’œil étant diffé- rente pour chaque couleur, il ne peut se produire, dans le stéréoscope, une superposition complète de deux images différemment colorées : l’une des images sera toujours en retraite sur l’autre. Dans le cas d’un métal il se produirait aussi deux réflexions de la lumière : l’une sur la surface véritable et l’autre en dessous de cette surface. Celle explication attribue une transparence sensible aux métaux; je dirai même une transparence assez grande, puisque les réflexions de la lumière devraient avoir lieu sur des surfaces dont l'éloignement moyen serait de l'ordre des différences d’accommodation de l'œil pour des couleurs déterminées. C’est là une difficulté, me paraît-il. En outre, l'explication de Dove ne s'applique pas bien au brillant des substances véritablement transparentes. Elle a cependant été généralement admise, et même Brewster (1) la développe encore, en disant que l'éclat métallique est un phénomène subjectif produit par l'effort fait par notre œil pour s’accommoder à des couleurs diffé- rentes. On ne trouve, par la suite, qu’une seule interpréta- tion différente de la précédente; elle est due à Brücke (2). Pour lui, la couleur de la lumière réfléchie sur la surface d’un corps non doué d'éclat métallique serait indépen- dante de la couleur locale, c’est-à-dire de la couleur propre au corps réfléchissant, tandis que pour les métaux, la cou- leur de la lumière réfléchie est celle que nous attribuons aux métaux, la lumière incidente étant blanche. Brücke mentionne encore, comme condition de l'éclat métallique, l'intensité de la réflexion de la lumière, intensité subor- (1) Fortschrilte der Physik, t. VII, 1859, p. 351. (2) 4d., t. XVII, 18614, p. 513. PA ARE rime 75: Sn RM NP TE NE Re 17 rer Plat 1 @ 1 f (55 ) donnée à l'opacité des métaux, il rappelle d’ailleurs que la réflexion totale de la lumière produit une imitation com- plète de l'éclat métallique. La théorie de Brücke est presque l'opposé de celle de Dove : elle attribue à l’opacité ce que l’autre cherche dans une certaine transparence des métaux. J'ai fait une observation qui est peut-être de nature à contribuer à la solution de la question; elle enlève à l'éclat métallique ce qu’il peut encore avoir de spécifique et, de cette manière, elle accorde les théories de Dove et de Brücke. | Dans les recherches que j'ai entreprises, depuis près de dix années, pour savoir si les propriétés caractérisant la matière à l’état liquide ou gazeux se retrouvent, plus ou moins atténuées, dans l’état solide, j'ai eu l’occasion de comprimer, sous des pressions très fortes, un nombre con- sidérable de corps. a La compresssion se faisail chaque fois (1), comme on le sait probablement, dans un cylindre en acier dont les parois intérieures élaient polies. Les poudres, soumises à la compression, étaient loujours extrêmement fines ; toutes les fois que la chose était possible, je les préparais par précipitation chimique. C'était notamment le cas pour les sulfures, les oxydes, les carbonates, et en général les sels et les corps insolubles dans l’eau. Un certain nombre de corps ont donné des cylindres à éclat métallique plus où moins complet, alors même que la poudre employée n’était pas celle d’un métal; les autres, au contraire, ont produit des cylindres dont la surface avait un éclat vilreux, plus ou moins parfait selon le degré d’agglutination provoqué par la pression. Par (1) Voir Bulletins de l'Académie de Belgique, [2], t. XLIX, 1880, D ( 56 ) exemple, le sulfure de bismuth, le sulfure de cuivre, le per- oxyde de manganèse, etc., prenaient l'éclat métallique, tan- dis que le sulfure de zinc, l’oxyde de mercure, le carbonate de cuivre, elc., paraissaient comme vernis à la surface. En examinant au microscope la poudre fine des corps de l’une et de l’autre catégorie, sous un éclairage ascendant, il a été facile de reconnaître à quelle circonstance physique on devait rapporter ces phénomènes. Sans aucune excep- tion, les corps prenant l'éclat métallique ont une poudre Opaque ou du moins paraissant telle dans les conditions où ils ont été examinés, et les autres sont plus ou moins transparents quand ils sont en poudre fine. Il résulte de là que l'éclat métallique se produit chaque fois qu’une surface lisse est formée an moyen d'un corps suffisamment opaque. Plus l'opacité de la matière est complète et plus l’uni de la surface est parfait, plus aussi l'éclat métallique est prononcé. Mais, de même qu'il n'existe probablement pas de corps absolument transpa- rent, il n’y a pas non plus de corps absolument opaque; tout dépend de l'épaisseur plus ou moins grande sous laquelle on considère la matière. Entre l'éclat vitreux et l'éclat métallique parfait, il y a done tous les degrés que l'on peut observer entre la transparence et l'opacité. D'après cela, l'éclat métallique ne dépend en aucune façon de la nature chimique spécifique de la matière, mais bien de son état physique. Un métal qui admettrait un état allotropique, sous lequel il serait suflisamment trans- parent, se présenterait avec un éclat vitreux. On voit comment cette remarque peut concilier les théories de Dove et de Brücke. Le brillant métallique se produirait à la vérité parce que la lumière jouerait entre deux surfaces réfléchissantes (théorie de Dove), mais à la condition que ces deux surfaces soient près dese confondre, ( 57 de manière à donner une réflexion aussi complète que possible (théorie de Brücke). En résumé, on peut dresser le babes synoptique sui- vant, qui embrasse les résultats acquis jusqu'’aujourd’hui sur la question de l'éclat des corps. discontinus. (poudres) éclat terne, couleur transparents | blanche ou autre. sé continus. . éclat vitreux (couleurs variées). Les corps sont : : : poudre; ternes. discontinus à opiques . . en masse (non lisse); ternes, continus. . éclat métallique. Détermination des variations que le coefficient de frot- lement des solides éprouve avec la température ; par P. De Heen, correspondant de l'Académie. Les déterminations expérimentales de la grandeur du frottement qui se produit à la surface de contact de deux solides, semblent avoir été entreprises jusqu'ici dans un but inclusivement pratique. Nous allons voir que ces déter- minations ne manquent cependant pas d'intérêt si lon se place au point de vue de la philosophie naturelle. Nous avons recherché si le frottement qui se produit à la surface des solides offre quelque analogie avec le frot- tement intérieur des liquides. On sait que cette dernière grandeur diminue lorsque la température s'élève ou, en d’autres termes, lorsque les molécules s’écartent les unes des autres; cet écartement ayant pour effet de diminuer le nombre de chocs des molécules périphériques. Il était dès lors intéressant d'examiner si le frottement des solides diminue également lorsque la température s'élève. à Voici la méthode que nous avons adoptée alin d'effectuer ces détermina- tions : appareil se com- pose d’un bain en cuivre À disposé horizontalement el traversé par un tube a parfaitement poli el ou-. vert à ses deux extrémi- tés. Un cylindre c glisse en frottant sur la surface intérieure du tube. Le mouvement de ce cylindre est déterminé à l’aide d'un poids P, lequel est sus- pendu par un fil très délié. Celui-ci s'engage dans là gorge d’une poulie m de manière à obtenir une traction horizontale. Afin d'éviter tout frot- tement de la part de la poulie m, les choses étaient disposées de la même manière que dans la machine d’Atwood, c'est- à-dire que l'axe de poulie m reposait lui-même sur quatre poulies n. Échelle au 1/49 de la grandeur d'exécution, (59) On pouvait introduire dans le tube a des tubes de diverses substances munis de cylindres semblables au cylindre c. Atin d’opérer, on introduit de l’huile dans le bain A que l'on porte à la température à laquelle on désire observer. Cette température élant donnée par le thermo- mètre { el maintenue homogène à l’aide d’un agitateur. On amène ensuite le curseur à l’extrémité / à l’aide du fil Z. A un moment donné le cylindre c est abandonné et l’on mesure le temps employé à parcourir la longueur du tube. On est averti du moment de l’arrivée à l'extrémité du tube par le choc qui se produit contre la plaque p. Il est facile de déduire de ces observations le frotte- ment ou la force qui s'oppose au mouvement du cylindre. Si l’on représente par v l'accélération du cylindre c se mouvant sans frottement sous l’action du poids accélé- rateur P, et par v' cette même accélération observée alors que le frottement que nous représenterons par f s’oppuse à la production du mouvemont, on a : P v Pf 6 D'autre part, si l’on représente par M et par M’ les masses du cylindre a dont le poids est P' et du poids P, it vient SL rer a Si t représente le temps employé à parcourir la longueur du cylindre on a encore 0 = =: ( 60 ) Remplaçant v et v’ par leurs valeurs il vient finalement M P b: ain ‘Per Dar tr. "1 Ê a d’où L(P + P’ ir ( ) gt Voici les résultats que nous avons obtenus : Frottement de laiton sur laiton. Valeur du poids P’ du cylindre frottant : 105,95. l— 0,85 m, , fe Températures. : | Valeur de P. Valeur de £. Valeur LTRa . 00 4Ter,11 2,2 1,000 20 » 2,03 0,987 50 » 1,78 0,966 100 » 138 0.904 450 » 0,98 0,752 200 4,2 0,632 250 82,41 (1 4,34 4,606 973 4,60 1,689 300 » 1,90 4,733 {1} À cette guess le poids primitif était insuffisant pour déterminer le mouvement du cylin (61) F2 Frottement de verre sur verre. Valeur du poids P' du cylindre frottant : 149515. Températures, Valeur de P. Valeur de 4. Valeur de. Oo 34sr,70 3724 4,000 20 » 4,20 0,974 50 » 4,14 0,926 100 » 4,04 0,828 450 » 0,95 0,637 200 » 0,82 0,480 250 » 4,1 0,890 300 » 1,3 1,035 Frottement de fer sur laiton. Valeur du poids P' du cylindre frottant : 955,40. Températures. Valeur de P. Valeur de £. Valeur de à | 0 Oo 348r,70 24 1,000 | 20 » 23 0,995 50 » PA | 0,982 100 » 4,84 0,958 450 » 4,56 0,949 200 » 4,31 0,862 250 59,47 4,54 4,635 300 59,47 2,08 4,678 D’après ces résultats, le frottement diminue lorsque la (62) température s'élève. La distance qui sépare les surfaces en contact s'accroît donc avec la température, et l’on assiste à une véritable dilatation qui se produit entre des molé- cules appartenant à deux corps faisant partie de masses différentes. Cependant, à partir d’une certaine température, l’effet de cette dilatation de contact, qui tend à diminuer le frottement, est contrebalancé par un phénomène d’un ordre différent, la substance solide tend à se désagréger ; c'est le phénomène que l’on désigne vulgairement sous le nom de grippement. Dès ce moment le frottement croit rapidement avec la température. Recherches sur l’action du pneumogastrique et du grand sympathique sur la sécrétion urinaire; par J.-B. Masius, correspondant de l’Académie. Dans une note communiquée à la Classe des sciences, j'ai démontré dans les nerfs vagues du chien la présence de fibres vaso-constrictives dont l'excitation intense au cou diminue et arrête la sécrétion urinaire. Mais, chez le chien, le nerf pneumogastrique et le nerf grand sympa- thique sont réunis en un seul tronc dans la région cervi- cale. Il fallait donc se demander si la vaso-constriction n'était pas provoquée plutôt par l'excitation des fibres du grand sympathique cervical que par l'excitation des fibres du pneumogastrique. J'ai étendu mes expériences au lapin : chez cet animal le nerf vague et le nerf grand sympathique sont isolés au cou. Dans une première série d’expériences, j'étudie l'ac- tion sur la sécrétion urinaire en excilant successivement le bout inférieur du grand sympathique et le bout péri- phérique du pneumogastrique. (65) J'établis, dans une seconde série de recherches, l'effet exercé sur la diurèse par l’excitation du bout supérieur du grand sympathique, et je détermine la voie par laquelle celle action est produite. I. 1° Lapin femelle de 2,800 grammes. — Légère anesthésie par le chloroforme. — Nerf pneumogastrique et nerf sympathique droits isolés au cou dans toute leur étendue et sectionnés à mi-hauteur de la région cervicale. — Canules dans les deux uretères. La diurèse s'établit bien et marche régulièrement. En trois minutes : L’uretère droit donne, . , . 16 gouttes. L'uretère gauche donne . , . 15 Faradisation du bout inférieur du sympathique droit par un courant fort (distance des bobines du chariot de du Bois-Reymond : 5) pendant trois minutes : L'uretère droit donne. . . . 18 gouttes. L'urctère gaucle donne . 14 Après la faradisation, pendant une période de trois minules : L'uretère droit donne . :. . . 17 gouttes. L'urctère gauche donne . . . 414 — J'excite le bout périphérique du nerf pneumogastrique droit pendant trois minutes (distance des bobines : 5) : L'uretère droit donne. . . . 15 gouttes. L'urctère gauche donne . . . 12 — Le (64) Je suspends la faradisation, la sécrétion urinaire ne tarde _ pas à devenir plus active : on obtient, en trois minutes: Par l’uretère droit. . . . . ‘21 gouttes. Par l'uretère gauche . . . . 20 Nouvelle faradisation du bout périphérique du nerf pneumogastrique pendant une période de trois minutes (distance des bobines : 4) : L'uretère droit donne. . . . 9 gouttes, L'uretère gauche donne . . . 411 — Après la faradisation, en trois minutes : L’uretère droit donne. . . . 29 gouttes. L’uretère gauche donne . . . 25 — J'excite alors le bout inférieur du nerf grand syÿm- pathique droit pendant trois minutes (distance des bo- bines : 4); en ce temps : L’uretère droit donne. . . . 927 gouttes. L'uretère gauche donne . . . 21 — 2< Lapin mâle de 5 kilogrammes. — Légère chloroformisation. — Mise à nu au cou et section des nerfs pneumogastrique et grand sympathique droits. — Canules dans les uretères. La sécrétion urinaire ne se faisant pas convenablement, j'injecte dans la veine jugulaire externe trois grammes de sucre de raisin (en solution à 10 °/,) et quatre cenli- grammes de salicylate de soude et de caféine. L’uretère droit donne en une période de trois minutes 48 goultes. L'uretère gauche _— nn (65 ) Faradisation pendant trois minutes du bout périphé- rique du vague droit (distance des bobines : 5): L'urctère droit donne, SRE cette pres, 5 gouttes. L’urctère gauche ‘ — — Après l’électrisalion, en trois Mes “ L'urctère droit donne . . , . 6 gouttes, L'uretère gauche donne . » . an Nouvelle faradisation (avec un courant à 5) du bout périphérique du nerf vague droit pendant trois minutes : L'uretère droit donne. ,. , . 2 gouttes. L'urctère gauche donne Après l’électrisation, en trois minutes : L'uretère droit donne, . , . 4 gouttes. L'uretère gauche donne . J’injecte deux centigrammes de caféine dans la veine jugulaire externe. Effet nul. En trois minutes : L’uretère droit donne. , . . 6 gouttes, L’uretère gauche donne . o . __. Faradisation du bout inférieur du sympathique droit (avec un courant à 5) pendant trois minutes : L'uretère droit donne. . . 6gouttes. L'uretère gauche donne . . . 4 — Après la faradisation, en trois minutes : L’uretère droit donne, . . . 5 gouttes. L'uretère gauche donne . . ÿ 5e SÉRIE, TOME XVI. 6) (66) Faradisation du bout périphérique du vague droit (dis- tance des bobines : 5) pendant trois minutes. Pendant cette période : L’uretère droit donne. . , . 5 gouttes. L'uretère gauche donne , . . 2 — À droite comme à gauche ces gouttes tombent au début de la faradisation : dans la suite, il y a arrêt de la sécrétion. Après la faradisation, en trois minutes : L'urctère droit donne. . . . 7 gouttes. L'uretère gauche donne . . . 6 — Faradisation du bout inférieur du sympathique droit (avec un courant à 4) pendant trois minutes; sur ce temps : L’urctère droit donne. . . . 7 gouttes. L'uretère gauche donne . . . — J'excite alors le nerf vague (bout périphérique) avec le même courant pendant trois minutes ; sur ce Lemps : L'uretère droit donne. . , . 4 goutte. L'uretère gauche donne . . . 2 gouttes. Après la faradisation, au contraire, on obtient en trois minutes : Par l’uretère droit. . . . . 10 gouttes. Par l’uretère gauche . , . . 9 — Avant de terminer l’expérience, j'observe l'écoulement du sang par la veine rénale gauche : il s'écoule 14 gouttes en une minute. Pendant la faradisation du bout périphé- rique du pneumogastrique droit, l'écoulement est réduità 7 goultes en une minute. Il redevient actif quand on cessé l'électrisation. RÉ RES er SE (67 ) Les résultats de ces expériences me paraissent très concluants. Ils prouvent d’abord que c'est bien l'excitation du nerf pneumogastrique qui est suivie de la diminution de la sécrétion urinaire; la faradisation du bout infé- rieur du nerf grand sympathique paraît, au contraire, n'avoir aucune influence sur la diurèse. En outre, ils démontrent que les effets de l'excitation du bout périphé- rique d’un seul nerf pneumogastrique se manifestent éga- lement et en même temps sur les deux reins. Dans toutes mes expériences, quand la sécrétion urinaire était bien établie, qu’elle continuait régulièrement, que les deux uretères donnaient la même quantité d’urine dans la même période de temps, j'ai toujours observé le même phéno- mène : ralentissement dans l'écoulement par les deux uretères après l'excitation forte du bout périphérique d’un seul nerf pneumogastrigue droit ou gauche. Après la fara- disation, l'écoulement reprenait d'ordinaire, par les deux uretères, avec la même activité qu’antérieurement. Je n'ai pas constaté, pas plus chez le lapin que chez le chien, la dissymétrie signalée dans une note qu'ont communiquée les deux savants français, MM. Arthaud et Butte, à la Société de biologie dans la séance du 5 mai dernier. On sait que le chloral, à dose suffisante, paralyse les fibres vaso-constrictives. L'arrêt de la sécrétion urinaire, s'il est provoqué par une vaso-constriction, ne devra plus se manifester à la suite de l'excitation da pneumogastrique chez des animaux préalablement chloralisés. + ( 68) 5° Lapin mâle de 5100 grammes. — Injection de deux grammes de chloral dans le rectum, — Deux heures après l'injection, mise à nu au Cou du vague et “ sympathique droits. — Canules daus les uretères. Pour activer la diurèse, j'injecte quatre centigrammes de salicylate de soude et de caféine dans la veine jugulaire externe. En trois minutes : L'uretère droit donne. +. . . 10 gouttes. L'urctère gauche donne . , , 12 — J'excite le bout périphérique du pneumogastrique pendant trois minutes avec un courant à 5. Pendant ce temps il s'écoule : Par l'uretère droit. . . . . 9 gouttes. Par l’urctére gauche . . . . — Après la faradisation, en trois minutes : L'uretère droit donne. . . . 9 gouttes. L’uretère gauche donne . . . 8 — La faradisation du pneumogastrique est done sans efel sur la sécrétion urinaire chez le lapin soumis à l'action ‘d’une dose suffisante de chloral. L'écoulement du sang par ‘Ja veine rénale n’est pas non plus modifié dans cette cir- constance par l'excitation du bout périphérique du nerf vague, ainsi que nous avons pu nous en convaincre plu- sieurs fois. Il est, par suite, permis de conclureque l'arrêt de Ja diurèse est dû à une vaso-coustriction qui s'exerce sur les reins; car l'écoulement du sang par les reins est considé- rablement diminué par l'excitation faradique da bout (69 ) périphérique du pneumogastrique, lorsque les fibres VASO= constrictives n’ont pas été paralysées par une injection de chloral. Cela résulte suffisamment de l'expérience 2; néan- moins je relaterai ici l'observation suivante : un lapin femelle de trois kilogrammes sert à l'étude de l'influence du nerf vague et du grand sympathique sur la sécrétion urinaire. De la veine rénale gauche s’écoulent 13 gouttes de sang par minute. Le boat périphérique du pneumogas- trique droit est excité pendant nne minute avec un courant à 5 : la veine rénale ne fournit que 4 gouttes. Je cesse la faradisation : la circulation reprend, il s'écoule 9 gouttes en une minute. IL. J'ai fait un grand nombre d'expériences pour détermi- ner l’action produite sur la sécrétion urinaire par l'exci- tation du grand sympathique au cou. J'ai eu soin, comme dans toutes les recherches précédentes, de bien séparer le grand sympathique du nerf pneumogastrique et du nerf dépresseur ; l'isolement était complet. 1° Lapin mâle de trois kilogrammes. — Légère anesthésie par le chloroforme, — Mise à nu au cou des se vagues el sym-. pathiques. — Canules dans les uretères. Après une injection dans la veine jugulaire externe d’un gramme de sucre 1e raisin en solution (10 °/,), la diurèse devient immédiatement très active (13 gouttes en une minute par un uretère), puis elle se ralentit et marche régulièrement à 6 gouttes par minute. (70 ) J'excite alors l'extrémité supérieure du sympathique droit sectionné à mi-hauteur du cou, avec un courant fara- dique à 6 pendant deux minutes. L’uretère droit donne : 0 goutte la première minute. 4 goutte la seconde minute. Après la faradisation on obtient : G gouttes la première minute. 6 gouttes la seconde minute. Je coupe le vague droit; la diurèse continue avec la même activité : 6 gouttes en une minute. J'excite le bout supérieur du sympathique droit pendant deux minutes avec un courant à 6 : 5 gouttes pendant la première minute (au commencement de la minute). 0 goutte pendant la seconde. Je cesse la faradisation : 4 gouttes pendant la première minute. 8 gouttes pendant la seconde. Nouvelle excitation du bout supérieur du sympathique droit pendant deux minutes avec un courant à 6 : 2 gouttes pendant la première minute, 5 gouttes pendant la seconde. Après la faradisation : 7 gouttes pendant la première minute. 10 gouttes pendant la seconde. ES J'excite le bout inférieur du sympathique droit pendant deux minutes avec un courant à 6 : l’urine s'écoule comme avant l'excitation : 11 gouttes la première minute. 11 gouttes la seconde. L'excitation du bout périphérique du nerf vague droit pendant deux minutes (distance des bobines : 6) diminue et arrête la sécrétion : 1 goutte la première minute. 0 goutte la seconde. Après la faradisation : 3 gouttes la première minute. 4 gouttes la deuxième. 4 gouttes la troisième. 12 gouttes la quatrième. On excite le bout supérieur du sympathique droit pen- dant deux minutes avec un courant à 6 : il s'écoule : 5 gouttes la première minute. 5 gouttes la seconde minute. Après Ja faradisation : 10 gouttes en une minute, Excitation du sympathique gauche in continuo pendant deux minutes avec un courant faradique (distance des bobines : 5). 5 gouttes la première minute. 1 goutte la seconde. (2) Après l’électrisation : 5 gouttes la première minute, 8 gouttes la seconde. Le nerf sympathique gauche et le nerf pneumogastrique gauche sont sectionnés à mi-hauteur du cou. L'uretère donne 8 gouttes par minute. Le bout supérieur du sympa- thique gauche est excité _. deux minutes avec un courant à à : 2 gouttes la première minute. 1 goutte la seconde, Après la faradisation : ÿ gouttes en une minute. Excitation du bout périphérique du vague gauche pen- dant 2 minutes avec un courant à 5 : 4 goutte la première minute. À goutte la seconde. Après la faradisation : 7 gouttes la première minute. 6 gouttes la deuxième. 5 gouttes la troisième. Excitation du bout inférieur du sympathique gauche pendant 2 minutes avec un Courant à à : 5 gouttes la première minute. 5 gouttes la seconde. Excitation du bout supérieur da sympathique gauche pendant trois minules avec un courant à 5 1 goutte la première minute. 5 gouttes la deuxième. 1 goutte la troisième. (75) A près la faradisation : 2 gouttes la première minute, 4 goultes la deuxième. 4 gouttes la troisième. J'ai seulement mentionné le nombre des gouttes four- nies par l’uretère droit ; mais la sécrétion urinaire se com- portait à gauche comme à droite. Il résulte de ces expériences que le grand sympathique cervical renferme des fibres centripètes dont l’excitation provoque la diminution et l'arrêt de la sécrétion urinaire, Cette action s'exerce encore après la section des deux nerfs pneumogastriques, alors que l’on irrite le bout supé- rieur du grand sympathique au cou. 2° Lapin femelle de 5550 grammes. — Anesthésie légère par le chloroforme. — Section de la moelle au-dessous de la 9° vertèbre dorsale. — Section des nerfs vagues et des nerfs grands sym- pathiques à mi-hauteur du cou. — Canules dans les uretères. Injection de 2 grammes de sucre de raisin dans la veine jugulaire externe. L’uretère droit donne 34 gouttes d'urine en une minute. Excitation du bout supérieur du grand sympathique gauche à 4 pendant deux minutes : 10 gouttes la première minute. 4 goutte la seconde. Après la faradisation : O0 gouttela première minute. 1 goutte la deuxième. 17 gouttes la troisième, (74) Nouvelle excitation du bout supérieur du sympathique gauche avec un courant à 4 pendant deux minutes : 4 gouttes la première minute. 0 goutte la seconde. Après la faradisation : 4 goutte la première minute, 7 gouttes la seconde. 11 gouttes la troisième. La section de la moelle épinière au-dessous de la 9° vertèbre dorsale n’influence donc pas les effets produits sur la diurèse par l'excitation du bout supérieur du grand sympathique au cou. Ilen est de même d’une section de la moelle faite plus haut, entre la 7° et la 8° vertèbre dorsale. Mais quand la moelle est coupée au niveau de la 6° ver- tèbre dorsale, l'excitation du bout supérieur du grand sym- pathique reste sans action appréciable sur la sécrétion urinaire ; je relaterai l’expérience suivante : 9° Lapin de 5500 grammes. — Légère anesthésie par le chloro- forme. — Section de la moelle au niveau de la partie supérieure de la 6° vertèbre dorsale. — Mise à nu du grand sympathique droit et section de ce nerf à mi-hauteur du cou. — Canule dans luretère droit. L’uretère donne quatre gouttes en une minute. Électrisation du bout supérieur du sympathique, pendant une minute, avec un courant à 5 : 5 gouttes pendant cette minute. (75 ) Après la faradisation : 5 gouttes en une minute. En résumé, il résulte des expériences que je viens de rapporter : 4° Que le nerf pneumogastrique renferme des fibres vaso-constrictives dont l'excitation diminue et arrête la sécrétion urinaire ; 2 Que le nerf grand sympathique contient des fibres centripètes qui exercent une action sur la diurèse. En effet, l'excitation du bout supérieur de ce nerf par un fort courant faradique diminue et arrête la sécrétion dans les deux reins, tandis que la faradisation de l'extré- mité inférieure est sans influence appréciable sur la diu- rèse ; 3° L'effet sur la diurèse, à la suite de l'excitation du bout supérieur du grand sympathique, continue à se manifester, alors que les deux nerfs vagues sont coupés et que la moelle est sectionnée au-dessous de la sixième vertèbre dorsale, L'influence ne se produit plus quand la moelle est détruite au-dessus de la sixième vertèbre dor- sale. Il est donc probable que l'excitation du bout supérieur du grand sympathique provoque son action sur la sécrétion urinaire, par voie réflexe et par l'intermédiaire de la moelle épinière et des splanchniques. (76) Sur l'aspect physique de la planète Mars pendant l’oppo- sition de 1888; par L. Niesten, astronome à l'Obser- vatoire royal de Bruxelles. (Communiqué par M. Folie, directeur de cet établissement.) M. Perrotin, directeur de l’Observatoire de Nice, a pré- senté récemment à l’Académie des sciences de Paris (1), une note signalant trois modifications importantes qui se sont produites dans l'aspect de la surface de la planète Mars depuis l'opposition de 1886. . L'importance de cette note relativement à l'étude de lAréographie m'engage à présenter quelques remarques déduites des observations que j'ai faites sur l'aspect phy- sique de Mars pendant cette opposition (1888), ainsi que deux dessins représentant les régions de la planète qui auraient subi certaines modifications. Comme le montre tout d’abord le dessin n° 2, dont le méridien central correspond à 273° de longitude, le conti- nent A, qui s'étend de part et d'autre de l’équateur par 270° de longitude (Lybia, carte de Schiaparelli), était nette- ment visible le 5 mai à 10 heures. Il était coloré de jaune orange, couleur qui teinte ordi- nairement les terres de Mars, et séparé de la mer (Tyrrhe- num mare) qui le limite au Sud par une bordure blanche. Pa M EE Let nes (1) Observation des canaux de Mars (Lettre de M. Perrotin à M. Faye). Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences de Paris. Tome CVI, n° 20, 14 mai 1888, p. 1395. Bulletins, 5° Serce, t AV. Mars pendant l'opposition de 1888 . 29 Avril 18868 . 9 k 15m ZL-316? à-(+) 25° 3 Mai 1888. 10 h L=-275? À-(+) 25° 3 (47 Le canal (Nepenthes) qui sépare ce continent de l'Isidis regio était très apparent et parfaitement détaché de la mer qui se trouve à l'Ouest (Syrtis major). D'après les observations de Nice, ce continent aurait complètement disparu, la mer voisine (si mer il y a) l'aurait totalement envahi, et à la teinte blanc rougeätre des continents aurait succédé la teinte noire ou plutôt bleu foncé des mers de Mars. Nous devons donc admettre qu'entre la date à laquelle cette région a été observée à Nice, et le jour (5 mai) où Mars a été dessiné à Bruxelles, 1l s’est produit une modification inverse à celle signalée par le directeur de l'Observatoire de Nice. Il est certain, d’après les observations, que, dans des oppositions successives, la plupart des taches, claires ou sombres, changent d'intensité et même de forme, et que ces variations paraissent accuser un caractère périodique. Les observations faites à Nice et à Bruxelles, dans une même opposition et sur une même région de la planète, permet- tront, sinon de préciser l'époque, du moins de resserrer l'intervalle de temps durant lequel ces changements ont dû se produire, et pourront aider à en démontrer la cause. On conçoit que, par suite de la forte inclinaison de l'axe de Mars, l’aspect que doit présenter la planète dans des oppositions successives sera notablement différent. Lorsque l'hémisphère boréal est tourné vers nous — ce qui est le cas pour celte opposition, pendant laquelle le centre du disque apparent correspond au 25% degré de latitude boréale aréographique, — les taches qui couvrent cette partie de la planète, se présentant de face, seront plus visibles, tandis que celles qui teintent l'hémisphère austral seront moins apparentes; les continents élant vus en (78 ) raccourcis, présenteront une délinéation différente et cer- tains détails pourront même échapper à l'observation. On s'explique de la même façon la disparition de certaines taches, quand, par suite de la rotation de Mars, elles se présentent au bord oriental ou au bord occidental de la planète, alors qu'elles sont nettement visibles quand elles occupent le centre du disque. C’est ainsi que, dans le dessin du 29 avril, le Nepenthes se confond avec la tache sombre (Syrtis magna) et que les détails compris entre les méridiens 270° et 510°, occupant à cette date la partie orientale du disque, n’ont pu être dessinés que lorsqu'ils se présentaient au centre de la planète. Il est donc prudent, avant de pouvoir affirmer que des changements sont survenus à la surface de la planète, de s'assurer si les observations relatives à certains détails de la planète ont été faites dans les mêmes conditions d'aspect. Si, comme nous le supposons, les dessins de la région comprise entre les méridiens 240° et 310° ont été pris à Nice lorsqu'ils se présentaient au centre du disque, comme c’est le cas pour Bruxelles, on pourra avec certitude com- parer les deux dessins et rechercher les canses physiques qui ont pu provoquer un changement dans l'aspect de la planète. Jusqu’à ce jour, je n’ai pu dédoubler les canaux tels que es a dessinés Schiaparelli après l'opposition de 1882, el qui ont été revus dans la suite à l'Observatoire de Nice. Certains canaux qui n'étaient pas visibles dans la lunette de 15 centimètres d'ouverture ont pu être facilement dessinés à l’aide de l'objectif de 38 centimètres; d'autres _n’apparaissaient que vaguement et semblaient plutôt pro- _ duits par la démarcation de teintes différentes recouvrant des régions adjacentes de la planète. (7) Dessin du 5 mai. — 10 heures. Longitude 275°, | latitude + 25. Equatorial 0",38. Grossissements 260, 360 et 480. La Syrtis magna est la tache la plus sombre du disque, elle se prolonge vers lorient par la Tyrrhenum mare et vers le nord par le Nilus. L’alcyonus sinus est presque aussi sombre que la Syrtis magna. Les”cmbouchures du Thot et du Lethes y sont bien apparentes ct séparées par une tache ovale et blanche. Plus au Sud on distingue l’Isidis regio, belle tache blanche, dont les contours à l'occident forment le Nepenthes et le Triton Lacus. Une troisième tache blanche ovale, plus étendue que les deux précédentes, correspond à l'Elysium qui a toujours été remarquable par sa teinte blanche. Enfin, près du bord occidental, on remarque une qua- trième tache blanche correspondant à l’Aethiopis. Cette tache est aussi brillante que la tache polaire boréale. : Dessin du 29 avril. — 9 h. 15 m. Longitude 316”, latitude + 25°. Équatorial 0,38. Grossissements 260, 360 et 480. La Syrtis magna est à l'Est du disque, le Nilus est bien marqué ainsi que l’'Euphrales qui paraît relier le Nilus au Sabœus sinus. L’Hammonis cornu est bien apparent et blanc. Un large fleuve, qui n’a pas été revu le 5 mai, coule entre le Nilus et la calotte polaire boréale. ( 80 ) Deux taches blanches brillent à l’ouest de la Syrtis magna. Mon attention a été surtout attirée, pendant cette oppo- sition, par la forme ovale et la blancheur que présentaient certaines régions de Mars. Leur couleur et leur éclat pouvaient rivaliser avec ceux de la tache polaire boréale. = Des taches blanches analogues ont déjà été aperçues dans d’autres oppositions. Dawes, Green, Burton, Schia- parelli, Trouvelot, les ont dessinées. Les plus importantes ont été dénommées Fontana Land, Rosse Land, Hall Island, par Green. Schiaparelli en indique plusieurs dans l'hémisphère austral, Thyle, Argyre, Noachis, Hellas, et dans l'hémi- sphère boréal l'Elysium,, Nix Atlantica (près du Triton Lacus), Nix Olympica, etc. La persistance que certaines de ces taches présentent pendant plusieurs oppositions écarte complètement la supposition qu’elles soient produites par des nuages. Ainsi l'Elysium (Fontana Land) à été vu d'un blanc brillant pendant les oppositions de 1884, 1886 et 1888. Ces taches ont été vues quand l'été où l'hiver régnait pour l'hémisphère où elles ont leur siège. Admettre, d’un autre côté, qu’elles représentent des régions encore couvertes de neiges, paraît impossible, attendu que pendant cette opposition l'été règne dans lPhémisphère nord de Mars (solstice d’été le 16 février 1888. Equinoxe d'automne le 8 janvier 1889) et que cependant la couleur blanche de ces taches a été beaucoup plus accusée. On peat ainsi expliquer la couleur blanche de la tache polaire boréale, mais des régions équatoriales recouvertes (81) de neige, alors que l’été y règne, ne se a pas aussi facilement. Il y a là un point intéressant à élucider, et dis ce but il est nécessaire de suivre la planète de jour en jour pour s'assurer des modifications que peut subir la teinte des régions qui paraissent blanches, et décider si l’on doit l'attribuer à une cause météorologique ou à l'état particu- lier d’an sol éclairé plus où moins obliquement par les rayons solaires. Nouvelles recherches sur l’origine optique des raies spec- trales, en rapport avec la théorie ondulatoire de la lumière ; par C. Fievez, astronome à l'Observatoire royal de Bruxelles. On sait que toutes les altérations de facies des raies spectrales, telles que changement de réfrangibilité, allon- gement, élargissement, renversement, etc., de ces raies, sont dues à une cause extérieure au spectroscope, puis- qu'on peut les observer sans modifier l'ouverture de la fente et la mise au point de l’instrument analyseur, dont toutes les parties restent invariables les unes par rapport aux autres pendant la durée des observations. | Ces altérations de facies des raies spectrales corres- pondent à une moditication du mouvement lumineux de la vapeur incandescente observée, car on peut les produire en modifiant seulement le mouvement lumineux de cette vapeur, ainsi que je l'ai démontré précédemment (1). (1) Cu, Fievez, Essai sur l’origine des raies de Fraunhofer, Bull. de l'Acad. roy. de Belg., 5° série, t. XII. 3° SÉRIF, TOME XVI. 6 (82) Il en résulte que toute altération du mouvement lumi- neux d'une vapeur incandescente, quelle qu’en soit la cause, peul se manifester par une altération correspon- dante dans la constitution des raies spectrales de celle vapeur, si le pouvoir dispersif de l’analyseur est suffisam- ment puissant. On constate, en effet, en introduisant une certaine quan- tilé de sodium dans une flamme Bunsen sodée, que les raies sodiques (primitivement brillantes et fines) de celte flamme ne présentent aucune modification d'aspect si la dispersion équivaut à deux prismes, qu’elles deviennent plus larges si la dispersion équivaut à six prismes, qu’elles deviennent plus larges et qu’elles se renversent si la disper- sion équivaut à douze prismes, enfin qu’elles présentent un double renversement si la dispersion est plus considé- rable encore. Ces faits nous montrent que ces altérations de acies sont des phénomènes du même ordre que ceux observés dans l'étude du spectre solaire, lorsqu'on emploie des pou- voirs dispersifs de plus en plus puissants. Là aussi On observe que la raie noire D paraît simple si la dispersion est d’un prisme, qu'elle devient double, c'est-à-dire formée de deux raïes noires et d’un espace brillant intermédiaire, Si la dispersion est de deux prismes, et qu’elle se résout cn plus de quatorze raies noires de différentes largeurs, sépa- rées par des espaces lumineux aussi de largeurs différentes, lorsque la dispersion employée est très considérable (1). Ce qui nous autorise d’abord à considérer une raie spec- Rd (1) Cu. Fievez, Étude du spectre solaire, Annales de l Observatoire royal, 1. IV, 1832. (85) trale comme formée par des radiations, de longueurs d'ondes très voisines, superposées cn raison inverse du pouvoir dispersif du spectroscope. Alors l'élargissement d'une raie n’est plus autre chose qu'une altération de la longueur d'onde d’une partie des radiations constituant celte raie. Les raies les plus longues étant les plus intenses (1), l'allongement d’une raie n’est qu’un accroissement d’ampli- tude d’oscillation d’une partie, ou de la totalité, des radia- lions constiluant cette raie. Pour expliquer le renversement d’une raie, les faits précédents nous montrent déjà qu’une raie noire peut être formée par la superposition de radiations lumineuses, ce qui ne peut avoir lieu que si ces radiations sont en discor- dance de phases, c’est-à-dire en tnterférence au foyer de l'analyseur. On vérifie cette conclusion en observant l'apparence d'une raie en deçà ou au delà du foyer. On constate ainsi : 1° Qu'une raie brillante au foyer paraît renversée en deçà et an delà de ce foyer ; 2 Qu'une raie renversée au foyer paraît doublement renversée en deçà el au delà de ce foyer. S'il y a concor- dance au foyer, il y a donc discordance en decà et au delà, el réciproquement. D'ailleurs, du fait que les radiations constituant une raie spectrale sont originaires d’une même source el con- courent en un même point, il résulte [selon le principe fondamental de la théorie ondulatoire (2)] que ces radia- (1) Cu. Ficvez, Essai sur l’origine, etc. (2) Venper, Leçons d'optique physique, 1869, L I, p. 100. ( 84) tions doivent apporter en ce point un mouvement vibra- toire d’intensité variable, suivant la différence de marche et d'intensité des radiations qui constituent ce mouvement, l'intensité minimum pouvant être nulle. Mais pour démontrer directement cette conséquence de la théorie, il ne suffit pas d'établir, ainsi que je l'ai fait précédemment (1), que des modifications dans la constitu- tion des raies spectrales d'une vapeur incandescente peuvent se produire sous linfluence de causes diverses et multiples, agissant sur le mouvement lumineux de celte vapeur; il faut encore montrer que ces modifications peuvent être obtenues par la superposition de radiations (de longueurs d'ondes très voisines) différentes de marche et d'intensité. Tel est le but des expériences suivantes, exécutées avec un très grand pouvoir dispersif (le même qui a été employé dans l'Étude du spectre solaire) afin que les plus faibles altérations ne puissent passer inaperçues. La superposition des radiations a été réalisée en plaçant un corps luminenx transparent, une flamme, sur le trajet des rayons d'un autre corps lumineux (flamme, soleil, arc électrique, lumière Drummond) : ces deux corps étant pla- cés dans l'axe optique du spectroscope et leurs images projetées et superposées ensemble sur la fente de l'instru- ment analyseur, au moyen d’un objectif. = Dans ces conditions, la superposition des raies brillantes de deux flammes Bunsen sodiques donne comme résul- tante des raies brillantes plus intenses. (1) Cu. Fievez, Essai sur l’origine des raies de Fraunhofer, 1856, Bull. de l’Acad. roy. de Belg., 5° série, t. XIE. ( 85 Si les raies sodiques sont primilivement renversées, leur résultante est plus brillante et moins renversée (raie noire plus fine). : La superposition des raies brillantes carbonées, du spectre de l'are électrique sur le spectre solaire, donne comme résultante des raies brillantes. 11 en est de même : 1° Des raies sodiques, d'une flamme Bunsen, superposées sur le spectre continu d’un fil de platine chauffé à blanc (sous faible dispersion) ; 2° De la raie rouge du lithium, d’une flamme Bunsen, superposée sur le spectre continu de la lumière Drummond. La superposition des raies sodiques renversées, d’une flamme oxvhydrique, sur les raies noires D du spectre solaire, donne comme résultante des raies noires moins intenses et moins larges. La superposition des raics sodiques brillantes, d’une flamme Bunsen, sur les raies noires D du spectre solaire, donne comme résultante des raies noires plus larges. La superposition de la raie brillante rouge da lithium, d’une flamme Bunsen, sur le spectre de l’arc électrique, donne comme résultante une raie noire très large. La superposition des raies sodiques faiblement renver- sées, d’une flamme Bunsen, sur les raies sodiques aussi faiblement renversées, de l’arc électrique, donne comme résultante des raies noires très larges. La superposition des raies sodiques brillantes et très larges, d'une flamme Bunsen, sur les raies sodiques faible- ment renversées, de l'arc électrique, donne comme résul- tante des raies présentant un double renversement. La superposition des raies sodiques brillantes, larges, d’une flamme Bunsen dans laquelle on a introduit de l'oxygène, sur les raies noires D du spectre solaire, donne aussi comme résultante un double renversement. ( 86 ) Ces faits me semblent bien démontrer que les modifica- tions des raies spectrales d’une vapeur incandescente peuvent être obtenues par la superposition de radiations de longueurs d'ondes très voisines, mais différentes de marche et d'intensité. Et par suite, que le renversement d'une raie est dù à üne altération de la phase ondulatoire d'une partie des radiations constituant la raie brillante primitive, altéra- tion ayant pour résultat de rendre l'intensité lumineuse nulle aux points où le renversement se produit. De la longueur d’une ligne (*); par le lieutenant E. Goed- seels, répétiteur à l’École militaire de Belgique. I. — Lemme. Si, à tout terme u, d'une suite indéfinie de quantités Uos Us ls, … u,,;, .…… en correspond un autre, de rang supérieur, à parti duquel chaque terme de la suite indéfinie surpasse u,, le terme u,, tend vers une limite déterminée, ou croît au delà de toule limite, lorsque n augmente indéfiniment. En effet, si, à partir d’un certain rang, chaque terme est supérieur au précédent, le lemme énoncé se confond avec le principe fondamental de la théorie des limites. Il n’en est plus de même, si la suite renferme indéliniment des termes inférieurs à d’autres de rangs moins élevés. (*) Nous espérons examiner prochainement le cas où les cooï- données sont des fonctions discontinues de la variable indépen- dante #, ct étendre à l'aire des surfaces courbes les considérations exposées dans ce petit travail. (87) Dans ce second cas, prenons parmi les termes de la suile #9, y, … etc., une suile indéfinie et croissante Vos Vis Vas. Vs En vertu du principe fondamental déjà rappelé, v, tend vers une certaine limite L, ou croît au delà de toute limite, lorsque n augmente indéfiniment. Or, par hypothèse, à tout terme v, ment un terme w,,, à partir duquel les termes de la première série surpassent tous v,. De même, tout terme ”,,,,,, est surpassé par un terme v, Done, si n, et par suite, n + k + r, augmentent indé- finiment, le terme w,,,,,, Compris entre v, et v,,,, converge vers L, ou croît au delà de toute limite, en même temps que v, et v,... IE. — On peut considérer t le lieu géométrique d’un point mobile, dont les coordonnées seraient des fonctions continues d’une même variable 4, m=F(), y=f(, z—p (1 telles, qu’à chaque valeur de £ correspond une seule valeur pour x, y, Z. Désignons par a et b deux valeurs particulières de #, et par A et B les points correspondants. Le lieu géométrique des points de la courbe corres- pondant aux valeurs de £ appartenant à l'intervalle (a, b) s’appelle l’are AB de cette courbe. : Les points À et B sont appelés les extréinités de cet are, et tout point de l’arc AB différent des deux extrémités est dit intermédiaire entre A et B. 1: t: £ + - ( 88 ) HI. — Ces préliminaires étant posés, inscrivons dans l'arc AB un polygone ACD BB. Puisque chaque côté de ce polygone est inférieur à la somme de ses projections sur les trois axes coordonnés, et que l'intervalle (a, b) peut être divisé en intervalles partiels, dans chacun desquels les oscillations des fonc- tions F(t), f(?) et o(t) sont inférieures à une longueur + d donnée d'avance, quelque petite qu'elle soit, on peut prendre le polygone ACD … B tel, que la distance entre deux points choisis arbitrairement sur tout are sous-tendu par un côté du polygone, soit inférieure à d. 0, R ; 4 Fa NA F Nz Kq BE, Soit M,N, un côté quelconque d’un polygone AC,D,.…B correspondant à une valeur particulière, p, de d. Prenons arbitrairement sur l’arc M,N, un point fixe R, et repré- sentons par à une longueur inférieure à chacune des trois distances M,R, RN,, (M,R + RN, — M,N,). Opérons de même sur chacun des côtés, et appelons p la plus petite des longueurs 0. Donnons ensuite à d une nouvelle valeur g < +p£: Quels que soient les points F, G, H, pris sur un arc quelconque (59) sous-tendu par une corde inférieure à p, sur l'arc M,R par exemple, on a périmètre M,FGHR > MR > p > #4g; donc l’un des quatre côtés au moins de ce périmètre est supérieur à g. Le polygone AC,D,...B correspondant à d—q, a donc plus de trois sommets sur l'arc M,R, et sur chacun des arcs analogues. Partant de là, considérons la partie K, L. AMP sn Ne du polygone AC,D, ...B, inscrite dans Tarc M,N,. Par hypothèse, deux Doirle quelconques de la courbe, situés sur un arc sous-lendu par un côlé de ce polygone, sont distants d'une quantité inférieure à q. On a donc 4q > MK, + OR + RP, + V.N,. D'autre part, on a évidemment périmètre M,K,L, … O,RP, ... V,N, > M,R + RN,, et, d’après les définitions de p et de q, MR +RN,—MN, >e, e > 4q. D'où, en additionnant ces quatre inégalités membre à membre, et en supprimant de part et d’autre les parties communes, périmètre K,L, ... 0, + périmètre P,-e UV, — MN, > 0, ou périmètre K,L, … 0, + périmètre P, .. U,V, > M,N, Ainsi, nous sommes parvenu à démontrer que, pour ( 90 ) tout polygone correspondant à une valeur de d < #p, le périmètre de la partie de ce polygone inscrite dans le segment de la courbe sous-tendu par la corde M,N,, est supérieur à celte corde. En ajoutant toutes les inégalités analogues à la dernière, puis rétablissant dans le premier membre les côtés manquants du polygone AC,D, …B, il vient, a fortiori, périmètre AC,D, … U,V,B > périmètre AC,D, … B. IV. — Il résulte de là que, si l’on donne à d une suite de valeurs tendant vers zéro, d'après une loi quelconque, les périmètres inscrits correspondants constituent une suite indéfinie, dont tout terme AC,D, … B est suivi d'un autre, AC,D, … B, à partir duquel tous les termes de là suite sont supérieurs à AC, D, .… B. D'après le lemme, le périmètre inscrit ACD … B tend donc vers une limite déterminée, ou croît au delà de toute limite, lorsque d tend vers zéro. La limite, finie ou infinie, du périmètre inserit est d’ailleurs indépendante de la loi de variation de d. En effet, supposons que, pour deux systèmes différents de variation, le périmètre tende vers deux limites L el L'. On peut évidemment faire varier le périmètre inserit suivant une loi résultant de la combinaison des deux premières, c’est-à-dire où d prendrait successivement les valeurs correspondant au premier et au second mode de variation. En vertu des raisonnements précédents, je périmètre tendrait ainsi vers une certaine limite, L finie ou infinie, On a nécessairement L’ = L, L’—L: Donc L — L’ La limite vers laquelle tend le périmètre du polygone inscrit ACD … B, lorsque d tend vers zéro, s'appelle la longueur de l'arc AB. (94) V. — Soient X, Y, Z les sommes arithmétiques des projections orthogonales des côtés d’un polygone inscrit ACD … B respectivement sur les axes des x, des y et des z. Le périmètre du polygone est supérieur à X, à Y, à Z, et inférieur à X + Y + Z; donc pour que ce périmètre ait une limite finie, il faut et il suffit que X, Y, Z ne croissent pas indéfiniment. Cela arrivera notamment : 1° Lorsque le nombre des valeurs maxima, et le nombre des valeurs minima de x, de y et de z dans l'intervalle (a, b) est fini. En effet, désignons dans ce cas par M la somme des valeurs maxima de x, de y et de z; par m la somme de leurs valeurs minima ; et par s la somme arithmétique des différences F(a) — F (b), f(a) — f (b}, g(a) — ?(b). On aura X+Y+2 h—— Pr ] d’où l’on déduit facilement périmètre ACD BB > G. La courbe dont l’ordonnée est représentée par la fonc- tion de Weierstrass a donc, entre deux quelconques de ses points, une longueur infinie, dans le sens défini plus haut. (95) Sur la persistance de l'aptitude régénératrice des nerfs; par C. Vanlair, professeur à l’Université de Liège. Dans un précédent mémoire (1) j'ai cu l'occasion de mentionner l'insuccès relatif des essais auxquels je m'étais livré en vue d’obtenir la régénération d’un nerf après des sections itéralives. Ayant une première fois coupé le scia- tique et attendu patiemment la reproduction totale du nerf, reproduction exigeant généralement près d’une année, j'avais pratiqué une seconde section du même nerf, espé- rant assister au curicux phénomène d’une nouvelle régé- nération. À priori, rien ne s'opposait à la réussite d’une pareille tentative. - Étant admis d’une part que le bout central est toujours prêt à fournir des fibres nouvelles, et, de l’autre, que ces fibres nouvelles poussent leurs prolongements dans le seg- ment périphérique et vont se répandre avec lui dans les muscles et dans la peau, il semblait que ce double pro- cessus pût s’accomplir dans un nerf ayant subi une pre- mière régénération aussi bien que dans un nerf normal. Le résultat n’a cependant point répondu à mon attente. Je ne suis arrivé qu’à une reproduction très imparfaite. J'avais observé, il est vrai, que les chiens ainsi opérés (1) Nouvelles recherches expérimentales sur la régénération des . nerfs. Arch. de b'ologic, 1885, p. 232. (94) pour la seconde fois avaient été pris de suppuration et de marasme, et j'émettais l’idée qu'en opérant après un plus long intervalle et dans de meilleures conditions, il ne serait sans doute pas impossible de produire chez un seul et même animal et sur un seul et même nerf plusieurs régénérations successives. La section d’un nerf de l'im- portance du sciatique n’est pas en effet sans réagir le plus souvent d'une manière fâcheuse sur la santé générale de l'animal; en sorte que si l’on n’a pas soin de laisser entre les deux sections un intervalle de temps assez long pour donner au sujet le temps de se refaire, il se trouvera mal préparé pour une seconde opération. Ajoutons que la circulation cicatricielle établie dans le nerf et les tissus ambiants aux environs de la section ne saurait remplacer complètement la circulation normale. Elle n’a ni la même étendue nila même activité; de là une réduction notable dans les échanges nutritifs, sufli- sante pour constituer un obstacle sérieux à l’évolution régulière du processus réparateur. Une troisième difficulté résulte enfin des changements imprimés à la structure du bout périphérique par la pre- mière reproduction. On sait aujourd'hui que les fibres nou- velles émanées du bout central ne parviennent à revivi- fier le bout périphérique qu’en s’insinuant dans les espaces prismatiques endoneuriaux ménagés normalement entré les anciennes gaines de Schwann. Celles-ci ne disparaissent pas : c'est leur contenu nerveux qui seul dégénère el st résorbe. Or, la masse de ces gaines ainsi transformées en une sorte de filament fibreux communique au nouveau nerf une compacité plus grande, une cohérence plus prononcée, dont on s'aperçoit aisément quand on cherche à le disso- cicr. Par suite de cette circonstance, les fibres de seconde (9% ) génération auront plus de peine à pénétrer dans le seg- ment périphérique et devront s’y propager avec beaucoup plus de lenteur. La question était de savoir si de tels obstacles doivent être ou non considérés comme insurmontables. Par les expé- riences qui suivent, on verra que ces conditions, quelque défavorables qu'elles soient, n’empêchent pas toujours une seconde reproduction. En d’autres termes, un nerf totale- ment divisé, puis intégralement reconstilué, peut encore suffire à une nouvelle régénération aussi parfaite que la première quand on vient à le sectionner une seconde fois. à EXPÉRIENCE I. Le 1° juin 1886, le sciatique poplité interne droit, lequel forme ici un cordon volumineux, est totalement divisé. Immédiatement après l’opération, on constate l’anesthésie du coussinet plantaire et d’une portion de la face plantaire du pied ayant la forme d’un triangle allongé, dont la base répond à celle du coussinet et dont le sommet s'arrête à quelque distance du talon. Par exception, l’insensibilité s'étend ici aux pulpes plan- taires des orteils. Toutes les autres régions du membre ont gardé leur sensibilité normale. Quelques jours plus tard, dans un but de contrôle, on pralique une nouvelle seras elle fournit les mêmes résultats. L'opération s’est faite sans perte RS appréciable et la plaie s’est très promplement cicatrisée. Le 8 janvier 1887, donc un peu plus de six mois après j'opéralion, les orteils commencent à sentir, mais le coussi- (96) nel plantaire, constituant le territoire propre du nerf, est encore inexcitable. Vers la fin de ce même mois, cette par- tie du pied commence elle-même à réagir à l’égard des excitations mécaniques et électriques. Le 18 avril de la même année, soit dix mois et demi environ après le début de l'expérience, le coussinet plan- taire a récupéré sa sensibilité normale. On laisse alors s'écouler un nouveau laps de près de deux mois et demi; puis, au 1° juillet, le nerf est mis à nu dans le but de le soumettre à une nouvelle section. Le nerf ainsi dénudé se présente sous forme d’un cor- don blanc opaque, homogène et continu. C’est à peine si l’on constate la présence d’un léger renflement au niveau de la première section. Pas d’adhérences entre le nerf et les tissus ambiants. La situation se présentait sous un aspect si favorable que je n'hésitai pas à pratiquer, au lieu d’une simple divi- sion, une rescision du nerf dans le double but d'examiner microscopiquement le tronçon et de rendre plus frappant; dans l'éventualité d’une reproduction, la démonstration du phénomène. Supérieurement, le nerf fut tranché à quel- ques millimètres au-dessous du renflement ; inférieurement, à près de 2 centimètres plus bas. Il n’y eut que peu oû point de rétraction. La plaie fut refermée el suturée. Une portion du tronçon extirpé examinée séance tenante par dissociation dans la liqueur de Flemming un peu modi- fiée, se montra composée de belles fibres vivantes. Une autre partie fut durcie dans le même liquide et débitée ultérieurement en coupes. Voici le résultat de l'examen auquel elles furent soumises : Les névricules sont magnifiques et ne diffèrent des for- mations normales que par les particularités suivantes : au (97) lieu de voir les fibres de petite dimension dissémineés comme au hasard dans le champ névriculaire, ainsi que cela s'observe dans les conditions physiologiques, les petites fibres en question forment ici de véritables fais- . Ceaux au milieu des fibres ordinaires, et cela surtout dans les névrieules les plus grêles. Entre les névricules, on ne constate l'existence d'aucune traînée de Lissu nerveux aréolaire. La graisse épineuriale fait absolument défaut. La régénération avait donc évolué ici de la façon la plus régulière et l'on de la considérer comme parfaite ou peu s'en faut. — A la suite de la nouvelle section, il se produit instanta- nément, comme après la première, une extinction com- plète de la sensibilité dans le coussinet plantaire et les orteils. À six mois de là, le 16 décembre 1887, on constate que le sentiment à reparu dans toutes les parties primitive- ment anesthésiées. La seconde reproduction a donc exigé un peu moins de temps que la première. Ce même jour l’animal est sacrifié. Le tronc du sciatique interne mis à découvert offre un double renflement : le supérieur correspondant au nivean supérieur de la résection, lequel était à peu près le même, on s’en souvient, que celui de la première section, l’infé- rieur correspondant au moignon du bout périphérique, c’est-à-dire au niveau inférieur de la résection. La distance qui sépare les deux renflements est d'environ 2 centi- mètres. Le premier renflement présente à peu près la même apparence que lors de la première exploration; il est fusi- forme, régulier, non adhérent. Le second est volumineux, inégal, intimement soudé aux parois de l’interstice. Le seg- 3"° SÉRIE, TOME XVI. 7 ( 98 ) ment intercalaire est mince et mal délimité. Au-dessous du renflement inférieur, le nerf apparaît avec ses qualités macroscopiques normales. II est disséqué jusqu’à la région malléolaire, puis extirpé avec le segment intercalaire et mis dans la liqueur de Flemming. Analyse microscopique. — Examiné à 2 centimètres au-dessus du renflement supérieur, le sciatique interne (le nerf opéré) ne montre aucune altération. Il ne diffère en rien, comme structure élémentaire, du sciatique externe auquel on n'a point touché. Le segment intercalaire affecte la composition névro- mateuse. Il est formé d’un funicule fibroïde dont la masse est parcourue par des faisceaux nerveux de volume varia- ble; les uns ne comptent qu’une dizaine de fibres ; d'autres en renferment une trentaine. Toutes les fibres entrant dans la constitution d’un faisceau déterminé présentent un parallélisme à peu près parfait et ont atteint presque loutes le même degré de maturité. Mais les faisceaux eux- mêmes sont entrecroisés dans tous les sens, et chacun d'eux pris en particulier offre une structure qui lui est propre, en ce sens que la qualité des fibres dont les faisceaux s€ composent varie de l’un à l’autre. Celui-ci, par exemple, ne contient que des tubes volumineux à gaine myélinique épaisse; celui-là renferme exclusivement des fibres grêles amyéliniques; dans un troisième enfin ne se rencontrent que des fibres intermédiaires, c’est-à-dire pourvues d'une couche myélinique mince et réduisant peu l'acide osmique: Il y a lieu de supposer, d’après cela, que toutes les fibres composant un faisceau donné sont de même âge et de même provenance, Ce qui, soit dit en passant, fournit une preuve nouvelle de la réalité du fait découvert par Remar, à savoir qu’une seule et même fibre du bout central donne C99) naissance par scissiparité à tout un faisceau de fibres secondaires. Le renflement inférieur revêt également l’aspect névro- mateux dans toute son étendue. Mais presque immédiate- ment au-dessous dudit renflement, on observe déjà une névriculisation à peu près parfaite du cordon. Tous ces névricules sont composés de fibres vivantes, mais dont la majeure partie est représentée par des tubes relativement jeunes. Encore ici, certains fascicules, dans un névricule donné, sont presque exclusivement composés de fibres très fines à peine myélinisées, tandis que d’autres sont formés par des fibres presque mûres, répartition qui ne s’observe jamais dans les conditions normales. Il est à remarquer aussi que le diamètre des névricules et du nerf lui-même est relativement considérable, malgré la gracilité des fibres et que le tissu interstitiel intranévri- culaire est incomparablement plus développé qu'à Pétat physiologique. Il l'est même sensiblement plus que dans les nerfs régénérés à la suite d’une seule section. Si cette disposition se manifestait seulement dans les régions très voisines du point de section, on pourrait croire à une simple hyperplasie fibreuse d'origine inflammatoire ; mais on la rencontre également beaucoup plus bas, à un niveau où il ne saurait être question d’un travail phlégmasique. Force est donc de lattribuer à une autre cause : et je n’en vois pas d’autre que la persistance des anciennes gaines de Schwann vidées de leur contenu et fondues, en quelque sorte, avec le tissu endoneurial primitif. Comme il s’est produit ici, par le fait des deux sections successives, une double obsolescence, on doit trouver dans le segment péri- phérique, non pas une, mais deux espèces de gaines de Schwann sans contenu nerveux : les gaines primitives et - ( 100 ) celles de la première régénération. De là une accumulation excessive de ces gaines et la formation, entre les fibres vivantes de la seconde génération, d'une masse fibroïde considérable, simulant une hyperplasie très prononcée de la substance endoneuriale. Rien n’est plus facile d’ailleurs que de constater la nature réelle de ces prétendues for- mations endoneuriales : on arrive en effet par la dissocia- tion à isoler plusieurs de ces éléments, et l’on voit alors qu’ils sont constitués par de longs filaments homogènes, parallèles à l’axe du névricule et munis de noyaux de distance en distance. Mais continuons l’examen du bout périphérique. Plus bas, à 10, 15, 20 centimètres au-dessous du renfle- ment inférieur, la structure du nerf conserve les carac- tères que je viens d'indiquer, avec cette différence seule- ment que les fibres sont généralement plus fines et leurs noyaux excessivement rapprochés. On découvre, de plus, par-ci par-là, au milieu des fibres vivantes, des fibres anciennes en dégénérescence atrophique. Toutes les particularités de texture que je viens de faire connaître se dessinent avec la dernière netteté, quand on compare le segment périphérique régénéré à l’une quel- conque des portions du poplité externe resté intact. Afin d’être mieux à même d’apprécier comparativement les changements amenés par une double section, j'avais soumis le sciatique interne gauche, celui de l’autre membre, à une section unique le jour même où le sciatique droit avait été divisé pour la première fois. Voici le résultat de cette opération, résultat conforme d’ailleurs au schéma de la régénération après section. Au point de vue fonctionnel, la sensibilité avait disparu à la suite de l'opération dans la même étendue qu’à droite. (101) Vers la même époque aussi, c'est-à-dire dans le cours du : mois de janvier 1887, la sensibilité commença à reparaître dans les régions primitivement anesthésiées ; elle était redevenue normale longtemps avant la mort du sujet. A l’autopsie, le nerf présente la même apparence qu’à droite, lors de la première exploration, avec cette diffé- rence loutefois que le renflement a presque totalement disparu. Le nerf avec ses principales branches est extirpé jusqu’au voisinage des orteils. Les caractères histologiques en sont normaux, hormis que l’on rencontre quelques faisceaux de petites fibres au lieu de trouver ces dernières. disséminées dans la masse neuriculaire, et qu’en raison de la présence des anciennes gaines de Schwann, la dissocia- lion des éléments s'opère avec plus de difficulté. Toutefois, l'épaississement de la substance endoneuriale est beaucoup moins considérable que du côté droit. Cette restauration quasi parfaite du sciatique interne gauche, après une simple section, n’a rien que de très ordinaire. Mais il n’en est pas de même de celle du scia- tique droit, lequel s’est reproduit deux fois ses avoir élé deux fois divisé. Il n’est pas impossible qu’une semblable restauration se soit produite déjà entre les mains des chirurgiens — et cela bien malgré eux — à la suite de névrotomies réitérées dirigées contre des névralgies opiniâtres. Rien cependant ne prouve qu’elle ait jamais eu lieu. L’argument tiré de la disparition et du retour alternatifs des douleurs après plu- sieurs sections consécutives du même nerf est en effet Sans valeur : car il s’agit le plus souvent, sinon toujours, en pareil cas, de phénomènes d'inhibition. Quant à la Preuve objective, elle fait absolument défaut, par la raison qu'on n’a jamais pratiqué ni l'examen macroscopique ni ( 102 ) l'éxamen microscopique du segment périphérique d'un nerf plusieurs fois sectionné. Jusqu'ici non plus, que je sache, on n’était point parvenu à obtenir expérimentalement la reproduction itérative d’un: nerf. Jamais du moins elle ne s’est présentée avec les mêmes caractères d'évidence. Le même nerf a bien réelle- ment été divisé deux fois; la seconde fois il a subi par surcroît une excision d'une certaine étendue, et la repro- duction du nerf après les deux sections ne saurait être l'objet d’aucun doute, Ici la restitution du nerf n’est pas seulement prouvée par les alternatives de l’activité fonc- tionnelle deux fois abolie et deux fois restaurée; elle trouve une démonstration plus positive encore dans Îles conslalations microscopiques, car il résulte de l'examen du nerf que le segment périphérique s’est complètement revivifié, aussi bien après la seconde section qu'après la première. L'analyse histologique a fait voir de plus que cette res- tauration s’est accomplie pour les deux périodes suivant le même mécanisme. Après comme avant la seconde opéra- tion, les fibres émanées du bout central ont pénétré dans _ les interstices du bout périphérique, entre les gaines de Schwann, en refoulant et comprimant ces dernières, el se sont propagées ensuite d’un bout à l’autre du nerf. En raison de la double reproduction, le segment périphérique devait finalement contenir trois fois plus de gaines de Schwann que le segment primitif, les deux tiers de ces gaines étant réduites à l’état de simples filaments. En fait, le segment périphérique de la dernière génération offrait, comme je lai dit, une compacité fibreuse remarquable et la dissociation montrait que cette prédominance de l’élé= ( 105 ) ment fibreux était due cn réalité à l’abondance extrême des gaines anervées dans l'intérieur des névricules. On © ( 155 ) analomiques permettent de distinguer ces végétaux les uns des autres et cela précisément à un âge où les moyens ordinaires de détermination font défaut. Il commence par un aperçu historique, dans lequel il analvse les travaux de Mohl, de Martius, de Mirbel, de Karsten, de Pftzer, de Firtsch et de Gebrke. Martius avait distingué deux modes de germination chez les Palmiers : la germinatio admotiva, dans laquelle la jeune plante reste accolée à la graine dont elle est issue, et la germinatio remotiva, dans laquelle elle en est plus ou moins écartée. Notre auteur est amené à établir plutôt trois types différents : le type Phœnix, le type Sabal et le type Dictyosperma, qui rappellent, à certains égards, deux des types admis par Klebs pour la germination des Mono- cotylédones en général (1). Dans trois chapitres fort détaillés, M. Micheels décrit les jeunes Palmiers de ces trois types. Il s'attache à la structure de la racine principale, de la partie libre du coty- lédon et de la section moyenne des premières feuilles ger- minalives. Quoiqu'il n’examine toutes ces régions qu'au moyen de coupes transversales, les descriptions sont extrêmement minutieuses; peut-être même le sont-elles un peu trop. C'est ainsi que vingt-quatre pages du manuscrit sont consacrées au jeune dattier, si souvent étudié déjà; et beaucoup d’autres espèces sont presque aussi bien partagées. Parmi ces détails, il en est qui ne paraissent justiliés ni par leur nouveauté, ni par le but spécial auquel l'auteur visait. (1) Beiträge zur Morph. u. Biol. der Keimung, Untersueh. aus dem bot, Institut in Tübingen. Band 1. | 5"* SÉRIE, TOME XVI. 11 ( 154 ) Il résulte de divers passages que les descriptions de l’auteur se rapportent en général à des coupes indivi- duelles, prises, comme il dit, pour types, alors qu’il aurait plutôt dû comparer entre elles de nombreuses coupes homologues de la même espèce, afin de nous indiquer les particularités constantes el caractéristiques. On ne sait pas si le nombre de onze lames ligneuses, par exemple, qu'il attribue à telle racine, est fixe ou variable. Je crois, d’après quelquesobservations fugitives, que le nombre des faisceaux fibro-vasculaires est moins déterminé dans chaque espèce qu'on pourrait le supposer en lisant le mémoire. En somme, ce que l’on esten droit d'attendre d’un observateur aussi habile que M. Micheels, ce n’est pas l'énumération de lout ce qu’il a vu, mais le choix judicieux des détails inté- ressants. Les matériaux bruts fournis par l'observation sont assurément précieux; mais pour qu'ils soient scientifique- ment assimilables, ils doivent subir, qu'on nous passe l'expression, une sorte de digestion intellectuelle. Le style en général est clair. Parfois seulement l’auteur s’est écarté, sans raisons sufisantes, de la terminologie reçue : ainsi il appelle « base de la racine » ce que l'on est habitué à regarder comme le sommet; il fait entre des «éléments grillagés » et des « tubes cribreux » une distinc- tion difficile à comprendre; il confond la coléorhize et la coiffe, etc. Mais ce sont là des vétilles faciles à corriger. Un point qui me paraît plus important, c'est que la rédac- tion elle-même n’est pas exempte de longueurs. Dans son excellente Phytographie, Alphonse de Candolle reproche aux anatomistes leur tendance à être verbeux. « Payer et Schacht, dit-il (1) (deux anatomistes plus brefs Rd (1) Phytographie, 1880, pp. 226, 225. ( 159 et plus clairs que la moyenne)... auraient pu diminuer leurs volumes d’une grande moitié en donnant exactement les mêmes faits. Ce n'est pas l'emploi de la langue latine qui aurait beaucoup abrégé; c'est plutôt la suppression de certains mots inutiles. Depuis Linné, on doit savoir qu'il est plus commode ct plus court de dire : Cellules ellipsoïdes contiquës que : Les cellules sont ellipsoides et ne présentent aucun interstice visible ; ou bien : Faisceaux vasculaires en anneau complet, au lieu de: Les faisceaux vasculaires sont disposés en anneau complet. Je ne veux pas exagérer en supposant des phrases comme celle-ci, qu'on trouve dans beaucoup de mémoires : Si l’on coupe l'organe transver - salement et qu’on lPobserce avec un grossissement de quatre-vingts fois seulement, on remarquera des faisceaux vasculaires qui sont disposés en un cercle parfait autour de la moelle. » En admettant même que de Candolle soit un peu trop sévère, il est permis de recommander ce passage aux méditations des anatomistes. Ils sont d’ailleurs les pre- mières victimes de leur prolixité, car les meilleures décou- vertes sont comme noyées sous le flot des détails acces- soires ou inutiles. . Le dernier chapitre contient, sous le titre de Conclusions, un résamé de tout le travail et des diagnoses anatomiques puur les 21 genres étudiés. Il s’agit, on le voit, d’une application intéressante de la méthode anatomique à la classification. Depuis les pre- mières recherches de Duval-Jouve en France, de Chalon dans notre pays et de quelques autres, les travaux de ce genre se sont maltipliés durant les dernières années et, sans aller aussi loin que Radikofer, d'après qui le XX° siècle appartiendra à la méthode anatomique, on peut être assuré que le mouvement ne-fera-que s’accentuer. Nous ( 156 ) assistons aux débuts d’une véritable anatomie systéma- tique. Bientôt sans doute les caractères histologiques pour- ront trouver place dans les diagnoses des espèces végé- tales, à côté des caractères extéricurs considérés jusqu'ici d'une manière presque exclusive. Ce sera un progrès. Mais si l’on veut que les efforts actuels ne soient point perdus pour l’œuvre future, il importe de procéder avec ordre et de prendre successivement toutes les espèces d'un même genre, puis tous les genres d’une même tribu ct ainsi de suite, pour connaître cet élément essentiel de toute bonne classifieauion : le degré de fixité des caractères que l'on invoque. C'est ce dont M. Micheels ne paraît pas avoir assez Lenu compte. Il n’a examiné qu’un petit nombre d'espèces dans chaque genre, souvent même une espèce unique; on peut se demander si cela suffisait pour établir les diagnoses ana- tomiques des genres, alors que la vaste famille des Palmiers compte plus de 130 genres et plus de 1,000 espèces. Il à, du reste, vu le danger, puisqu'il dit Ini-même vers la fin de son mémoire : « L'étude de nouvelles espèces permettra seule de déterminer quelle valeur on peut attribuer aux caractères employés. » Les conlusions du travail ne doivent done être regardécs que comme provisoires. Mais sous cette réserve, il faut louer hautement l'auteur pour la peine considérable qu'il s’est donnée, pour l'étude minutieuse et ingrate à laquel'e il s’est livré. C’est un effort sérieux auquel l'Asadémie ne voudra pas refuser ses encouragements. Je n'ai rien dit encore des figures, qui constituent une des meilleures parties du travail. Il y en a une centaine, la plupart exécutées avec beaucoup de soin. Mais, par un oubli inconcevable, le texte ne contient aucun renvoi aux dessins, et comme l'explication des planches fait également ( 497 ) défaut, on se trouve extrêmement embarrassé, Certaines figures paraissent faire double emploi, d'autres ne paraissent pas indispensables; il en est qui se rapportent à des états plus jeunes que ceux dont le texte s'occupe. En revanche, on est étonné de ne voir aucun dessin qui représente la germination complète du Dictyosperma, dont l’auteur fait un de ses types. J'ai donc l'honneur de proposer à l’Académie de voter en principe l'impression du mémoire dans la collection in-4°, à condition que l’auteur le condense notablement et y indique les renvois aux planches, tout en supprimant certaines figures qui ne sont pas tout à fait nécessaires. » La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles s’est rallié M. Giikinet, second commissaire. | Sur la nature des comèles; par François Thiry, à Pecq (Tournai). Rapport de M. Folie, « Il semble que l'astronomie, l'une des sciences qui exigent les connaissances les plus approfondies en ana- lyse, en mécanique et en physique, ait, de nos jours snr- tout, le privilège de donner lieu à des élucubrations tout à fait fantastiques de la part d'amateurs qui ne sont cepen- dant pas dépourvus de connaissances variées. C’est ainsi qu'un amateur allemand démontre, à grand renfort de brochures, que c’est le Soleil qui se meut autour de la Terre, et qu'un Américain démolit l'hypothèse newto- nienne de l'attraction universelle. La Belgique, où fleurit malheureusement assez peu l'amour désintéressé des ( 158 ) sciences spéculatives, vient de payer également son tribut à celle manie innocente de démolition, qui n’a, du reste, d'autre effet fâcheux que de faire perdre une couple de quarts d'heure à ceux qui sont mis dans l'obligation de prendre connaissance des arguments invoqués par l'au- teur. Dans le cas actuel, ceux-ci font complètement défaut. Aussi ne puis-je voir sur quels faits il fonde sa conclusion, consistant en Ce qu'une comète n’est que l’image de la Terre, projetée par le Soleil sur les poussières, les astres, et tous les corps que l'image rencontre sur sa route. L'auteur ayant entendu parler, sans doute, des relations qui existent entre les comètes et les étoiles filantes, est d'avis que ces dernières doivent s'expliquer de la même façon ; il avoue toutefois modestement n'avoir pas encore xérilié les faits pour celles-ci, comme il l'a fait pour les comèles. Si l’Académie ne devait conserver le manuscrit comme pièce de conviction, je lui proposerais de le ren- voyer tout simplement à son auteur, sans un mot de com- mentaire. 1 ne me reste donc qu’à en proposer le dépôt aux archives. » — (Adopté.) Note relative à des photographies d’éclairs; par M. Prinz, assistant à l'Observatoire royal de Bruxelles. fapport de M. Folie. « Dans la Note que j'ai l'honneur de présenter à l'Aca- démie, M. Prinz expose les résultats auxquels l’a conduit l'examen attentif des photographies qu’il a prises de diffé- rents éclairs, et de leur comparaison avec celles qu'il à ob'enues de trajectoires de fusées, Les explications données par M. Prinz des apparences ( 159 ) rencontrées dans ces diverses photographies, comme dans celles de ses devanciers, me paraissent rationnelles et fort claires. Et, la question étant à l'ordre du jour en ce moment, je prie la Classe de bien vouloir ordonner l'in- sertion de la Note de M. Prinz au Bulletin de la séance. » — (Adopté.) Sur quelques cucurbitacées rares ou nouvelles, principa- lement du Congo; par Alfred Cogniaux. Rapport de M, F, Crépin. « J'ai pris connaissance du travail de M. Cogniaux, et l'estime que ce nouveau mémoire descriptif mérite d’être inséré dans le Bulletin. » — (Adopté.) SD COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. A. Renard donne lecture de la première partie d'un travail sur les Iles océaniques et leurs relations avec le relief sous-marin. M. F. Plateau donne lecture de la quatrième partie de ses Recherches expérimentales sur la vision chez les Arthropodes (1). La Classe décide l'impression de ces deux communica- tions dans la collection des Mémoires in-8°. (1) Voir pour les trois premières parties : Bulletins, 5° série, tome X, p. 251; XIV, pp. 407, 545; XV, p. 28. ( 160 ) De l'intensité de la scintillation des étoiles dans les diffe- rentes parties du ciel; par Charles Montigny, membre de l’Académie. Dans un travail récent concernant l'influence des bour- rasques sur la scintillation, j'ai cité, au sujet de la violente tempête du 8 décembre 1886, les intensités particulières de la scintillation dans les régions du ciel Est, Sud, Ouest et Nord, pendant les soirées où cette tempête sévit sur nos contrées; ces intensités présentèrent, le même soir, des différences marquées dans ces diverses régions (1). De telles inégalités sont-elles exceptionnelles, et faut-il les attribuer exclusivement au trouble atmosphérique sous l'influence duquel elles ont été relevées ? Ou bien de scm- blables différences se présentent-elles aussi en temps ordinaire, soit quand l’air est sec ou qu'ilest pluvieux? Telles sont les questions que j'examinerai dans cette nolice. Près de mille soirées d’observations de scintillation se sont coupe soi des F année 1880, Éd où je distinguai, dans | t à l'Observatoire, les intensités de scintillation particulières aux quatre régions principales du ciel. Un tel ensemble de détermina- tions me permettra de répondre avec certitude aux ques- tions posées. Il est peut-être superflu de faire remarquer que les intensités qui, dans les tableaux suivants, sont attribuées (4) /nfluence des bourrasques sur la scintillation des étoiles. BULLE- TIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE, 9° série, t. XIV, 1887. ( 161 ) à la direction Nord, par exemple, sont déduites de mesures relatives à des étoiles observées dans la région céleste comprise entre le Nord-Ouest et le Nord-Est, et non exclusivement au Nord. Évidemment, une semblable remarque s'applique aux autres directions. J'ai réuni dans un premier tableau, pour les quatre régions du ciel indiquées : 1° les intensités moyennes cor- respondant à un temps parfaitement sec, ou pour lequel il n'est survenu de pluie ni le jour de l'observation, ni le lendemain, ni le surlendemain; 2 les moyennes générales déduites de l’ensemble des observations recueillies dans le cours de 986 soirées, et parmi lesquelles sont nécessaire- ment comprises les déterminations qui ont coïncidé avec des jours de pluie; 5° les moyennes des intensités qui ont été relevées sous l’influence de 177 dépressions dont il a été question dans ma notice précédente, et pour lesquelles les intensités de scintillation ont varié entre 240 et 120 (1). Nombre des Intensité de la scintillation. Est. | Sud, | Ouest.| Nord. Moyennes, 8 Moyennes par un temps sec . | 345 | 330 | 325 | 386 | 346 | 327 Id. générales. . . . | 415 | 450 | 445 | 535 | 416 | 986 Id, sous l'influence des ession (1) Dans mes travaux précédents les intensités indiquent les nombres de changements de couleurs qui ont été mesurés pendant ( 162 ) Voici les conséquences qui résultent de ce tableau : 1° Les différences d'intensité de la scintillation suivant les quatre directions indiquées sont faibles quand l'air est sec; elles sont plus marquées à l’égard des moyennes générales qui ont été déduites de l’ensemble des résultats obtenus, tant sous l'influence de la pluie que sous celle de la sécheresse; enfin, ces mêmes différences sont très fortes sous l’action des dépressions; 2° Pour chacune des trois comparaisons établies, l'inten- sité est la plus marquée au Nord; ce maximum s'accuse particulièrement sous l'influence des dépressions ; 5° À l'Est, la scintillation, quoique plus faible qu'au Nord, est plus marquée dans les trois cas qu’elle ne l'est au Sud et à l'Ouest, directions auxquelles corres- pondent les intensités les plus faibles pour chaque com- paraison. Ces résultats répondent avec certitude aux questions posées, en nous montrant que les inégalités qui, lors de la tourmente du 8 décembre affectèrent la scintillation sui- vant les directions Nord, Est, Sud et Ouest, ne caractérisent pas exclusivement l'influence des dépressions : des difé- rences semblables se présentent aussi, quoiqu'elles soient une seconde de temps dans les observations scintillométriques. Comme les différences que présentent les intensités suivant les quatre directions du ciel sont en réalité peu marquées, j'ai élevé au quintuple les valeurs absolues des intensités de la scintillation pour former les tableaux suivants, dans le but de rendre les différences plus sensibles. Les intensités qui y figurent représentent done, en réalité, les nombres moyens de changements de couleurs qui se sont produits dans l'intervalle de cing secondes. ( 165 ) moins marquées, par un temps sec el dans les conditions atmosphériques ordinaires (1). L'examen comparatif des intensités de la scintillation sous l’influence de la sécheresse tend à nous indiquer que leurs différences peuvent être attribuées à des inégalités de température, qui affectcraient l’ensemble des couches d'air dans les diverses régions de l'atmosphère indiquées, que traversent Îles rayons stellaires. Ainsi, le maximum d'intensité correspond à la direction Nord. Est-il néces- saire, pour montrer l'influence de la température de Pair sur la scintillation, de rappeler qu’en Hiver, lorsque Île temps est serein et qu'il fait excessivement froid, les étoiles scintillent très vivement à l'œil nu, tandis qu’en Été, par une température élevée, la scintillation est faible ? Une série d'observations appartenant à des périodes de sécheresse, m'a permis de préciser précédemment les effets des variations de la température de l’air mesurée au niveau du sol. Ainsi, l'intensité de la scintillation, qui est moyen- nement 39 entre 25 et 20°, s'élève respectivement à 44 entre 20 et 15°, puis à 55 entre 15 et 10°, à 60 entre 10 et 5°, pour ie 7b entre . se Ces résultats nous nus quent que l'intensité de la sci gment à mesure que la température de l'air diminue. Afin de montrer cette influence de la température sous (1) La progression croissante des moyennes de l’avant-dernière colonne du tableau s'explique aisément, car la scintillation est plus faible par un temps sec que par un temps pluvieux, et celle est le plus accentuée sous l’influence des bourrasques, comme je l'ai fait voir dans un travail antérieur. (Recherches sur les variations de la scinlillation des étoiles selon l’état de l’atmosphère.) BULLETIN DE L'AcaDÉmE, 2 série, t. XLII, 1876 ;t. XLVHII, 1878. ( 164 ) une autre forme, au point de vue de la question traitée, j'ai réuni, dans le tableau suivant, les intensités de seintil- lation correspondant aux quatre saisons de l’année dans les directions principales du ciel. J'ai calculé ces moyennes à l’aide des observations faites par un temps de sécheresse, pendant les 327 soirécs indiquées précédemment. Fondée, -Saisons, Est. | Sud. | Ouest. | Nord. | Moyennes. de Fair à Bruxelles. Printemps. .| 315 | 300 | 295 | 385 320 9,5 M os | 00 | 2% | 54 290 17,8 Automne . . | 359 358 320 380 358 40.7 HER + 5 399 H0 445 49 3,1 Moyennes. . 344 329 326 387 346 HU Voici les conséquences qui résultent de ce tableau : 1° Pour toutes les directions, la scintillation est la plus forte en Hiver et la plus faible en Été ; 2 Pour chaque saison elle est plus marquée au Nord que suivant les autres directions ; 3° Sauf en Été, elle est plus forte à l'Est qu'au Sud et à l’Ouest, 4 Les intensités moyennes de la scintillation corres- pendant aux quatre saisons, suivent g liè tions de leurs températures moyennes (1). var [HT (4) Les moyennes de la température de l'air sont extraites du lra- vail de M. Lancaster Sur la température de l’air à Bruæelles, qui à paru dans l'Annuaire de PObservatoire pour l’année 1886. ( 165 Ces résultats s’accordent avec ceux du premier tableau pour nous autoriser à attribuer, sans conteste, les difé- rences d'intensité que présente la scintillation à Bruxelles, sous l'influence de la sécheresse, dans les régions du ciel Nord, Est, Sud et Ouest, aux différences de température qui affectent ces régions de l'atmosphère. Il n’est pas possible de préciser quel est, pour chaque saison, l’état généra! de la température dans chacune des principales régions atmosphériques que les rayonsstellaires traversent, le soir, avant d'atteindre l'observateur placé à Bruxelles. Cependant, si nous prenons en considération les faits suivants, qui résultent d'observations concernant la distribution de la chaleur dans les couches inférieures de l'air, nous nous expliquerons, en nous appuyant sur les: inégalités de température de l'air, les différences d’intensité que la scintillation présente suivant les divers azimuts dans les comparaisons précédentes. Disons ici que les nombreuses étoiles dont j'ai déter- miné l'intensité de scintillation depuis l’origine de mes observations, ont été observées, à peu d’exceptions près, entre 48 et 68° de distance zénithale. Cette indication nous montre que, dans ces déterminations, les rayons stellaires ont traversé, sur de grandes étendues, des couches d'air peu élevées dans les parties inférieures de leurs trajectoires. - Le maximum d'intensité qui caractérise la scintillation au Nord en toute saison et particulièrement en Hiver, où il s'élève à 445 par un temps sec, a pour cause évidente le froid qui règne dans les régions septentrionales de l'atmosphère et dans les régions voisines, que traversent les rayons émanés des étoiles observées, non seulement au Nord, mais à l'Est, direction suivant laquelle la seintil- lation est aussi très marquée en Hiver. On sait que, pen- dant cette saison, les vents les plus froids arrivent en ( 166 ) Belgique suivant une direction qui est comprise entre le Nord et l'Est. D'après cela, on conçoit qu'en Hiver un second maximum d'intensité de scintillation 435 coïncide avec la direction Est. En Été, au contraire, la scintillation présente à l'Est un minimum 265; cette diminution d'intensité s'explique par l'échauffement notable que les couches d'air épouvent sons l’action du soleil, à la surface des terres formant les régions immenses qui s'étendent à l'orient de notre pays. Les couches élevées de lair participent évidemment de cet échauffement, même dans la soirée, par un temps sec et relativement calme. Dans le premier tableau, les intensités les plus faibles, 330 et 525, correspondent aux directions Sud et Ouest sous l'influence d'un temps sec. Il n’est point surprenant qu'un minimum se présente dans la direction Sud, car les rayons stellaires qui nous arrivent de cette partie de l'hori- zOn, ont traversé des couches d’air s’élevant au-dessus des régions méridionales, Quant au minimum correspondant à l'Ouest, il s'explique par cel autre fait que les rayons stel- aires qui nous arrivent, à Bruxelles, suivant cette direction, ont traversé des couches atmosphériques qui s'élèvent au- dessus de l’océan Atlantique. « En général, la température » de l'air qui repose sur la mer est plus constante. Elle » s'élève moins pendant la journée et s'abaisse moins pen- » dant la nuit. L’échauffement le plus considérable se produit à la surface des terres nues et sablonneuses, où la couche d’air inférieure reçoit à la fois la chaleur directe da » » » soleil et la chaleur renvoyée par la surface réfléchissante: D» du sol (1). » Comme on. le voit, la température de Fair (1) Traité élémentaire de météorologie ; par J.-C. Houzeau et: A. Lancaster, p. 46. AP ee ee ee ( 167 ) au-dessus de l'Atlantique restant plus élevée pendant la nuit, ce fait nous explique comment il arrive que, par un temps sec, la scintillation est moyennement plus faible à l’Ouest de Bruxelles. Parmi les considérations précédentes, je n'ai fait inter- venir que la température de l'air, afin de réduire cette étude, si difficile, à ses moindres termes, en présence de Pincertitude de nos connaissances à l'égard d’autres phé- nomènes qui, dans les régions supérieures de l'air, doivent exercer une influence sur la scintillation. Nous avons rai- sonné forcément comme si les régions atmosphériques tra- versées par les rayons stellaires dans les directions Nord, Est, Sud et Ouest ne présentaient d’autre différence, par un temps sec, que sous le rapport de la température, et comme si elles étaient relativement calmes. Mais, remarquons-le, ces différences de chaleur dans les principales régions de l'air suffisent, comme nous venons de le voir, pour expliquer d'une manière satisfaisante les inégalités que présente la seintillation suivant ces directions par un temps de sécheresse. Concluons de cet accord que, dans ces conditions, ce sont les différences de la température de l'air précisées plus haut, qui exercent l'influence la plus marquée sur les intensités de la scintillation suivant les régions célestes considérées. Cette conclusion s'accorde avec la proposition que j'ai formulée dans les termes sui- vants il y a précisément dix ans : Parmi les indications des phénomènes météorologiques que nous pouvons apprécier au niveau du sol, la température de l'air est celle qui, pendant les périodes de sécheresse, exerce l'influence non seulement la plus marquée, mais la plus régulière sur l'in- tensilé de la scintillation (1). (4) Recherches sur les variations de la scintillation des étoiles selon l’élat de l'atmosphère ; Etc. ( 168 ) Dans le premier tableau, les intensités générales de la scinlillation suivant les principales régions du ciel sont respectivement plus fortes que les intensités correspon- dantes par un temps sec. Ces supériorilés relatives s’ex- pliquent aisément quand on considère que les premières sont déduites d’un ensemble de 986 observations compre- nant 659 soirées se rapportant à des périodes de pluie, et seulement 327 soirées appartenant à des périodes de sécheresse. Comme la pluie exerce une influence prépon- dérante sur la scintillation, les intensités générales déduites de ces 986 observations doivent être respectivement plus élevées que les intensités correspondant exclusivement à des observations appartenant à des périodes de sécheresse. . Remarquons que les mêmes intensités générales suivant les quatre directions varient dans le même sens que les moyennes correspondantes par un temps sec. La même concordance se présente aussi sous l'influence des dépres- sions. Ainsi, les minima caractérisent le Sud et l'Ouest dans les trois cas. Les bourrasques exercent, comme on le sait, une influence très marquée et qui s'étend à des distances consi- dérables, sur la scintillation. Dans le premier tableau, les intensilés sont très accusées pour les quatre directions sous l’action de ces grands troubles. C’est suivant la direc- tion Nord que l'intensité est plus forte, et cela, par la raison que la plupart des bourrasques passent ou s’éloignent dans celte région relativement à Bruxelles. En effet, si nous considérons la carte des trajectoires suivies par les dépres- sions, qui accompagne un Lravail sur ce sujet que M. Vin- cent, météorologiste de l'Observatoire, a publié récemment, nous remarquerons que, parmi les sept trajectoires qui ÿ sont indiquées, six traversent la région septentrionale par rapport à Bruxelles. On conçoit ainsi que le maximum PR pe TN se ( 169 ) d'intensité de la scintillation sous l'influence des dépres- sions corresponde à la région Nord dans le premier tableau, puisque c’est suivant cette direction qu’elles s’éloignent de nos régions (1). | Dans le premier tableau, sous l'influence des dépressions, l'intensité de la scintillation à l’Ouest est plus faible qu’elle ne l’est au Sud, tandis que les intensités relatives à ces deux directions sont respectivement à très peu près égales entre elles par un temps sec et à l'égard des moyennes générales. Cette différence s’explique aisément. Les dépres- sions abordent le plus souvent nos contrées par les régions Ouest et Nord-Ouest. Il est reconnu qu’en Hiver l'in- fluence des dépressions sur l’état météorologique s’observe Surtout par la hausse notable du thermomètre à leur approche. Or, parmi les 177 dépressions du premier tableau, presque toutes sont des dépressions d'Hiver ; on conçoit ainsi que la température de l’air a subi dans la région occidentale, à l’approche de celles-ci, un accroissement qui a eu pour résultat de diminuer l'intensité de la scin- lillation dans cette direction. D'après tout ce qui précède, la température de l'air dans les régions élevées ne serait pas rigoureusement la même, suivant les principales directions azimutales, au-dessus de Bruxelles, même par le temps le plus favorable aux obser- vations astronomiques. Des observations de seintillation poursuivies, en nombre suffisant, dans une localité éloi- gnée de celle-ci, et située dans des conditions topogra- (1) Trajectoire des minima barométriques. Ciez Er Terre, n° du 15 août 1885, 3"* SÉRIE, TOME XVI. 12 ( 170 ) phiques différentes, montreraient sans aucun doute que les intensilés de scintillation à l'Est, au Sud, à l'Ouest et au Nord n'y sont pas rigoureusement égales entre elles. La succession des différences entre ces intensités serait pro- bablement autre qu’elle ne l'est pour Bruxelles, si le lieu des observations était situé plus au Nord ou plus au Sud, ou loin de l'Océan. Quoi qu'il en soit, on peut se demander, en présence des inégalités de température que l'air doit présenter dans les régions supérieures suivant les divers azimuts, si la correction résuliant de l'effet de la tempéra- ture de l'air sur la réfraction astronomique doit être rigou- reusement la même pour tous les azimuts. Précisons le doute que je soulève ici. Mes observations de scintillation ont eu lieu en général entre 48 et 68° de distance zénithale _ apparente. Si l'on suppose que deux étoiles soient simulta- nément observées à Bruxelles, chacune à 50° de distance zénithale apparente, l’une au Nord et l'autre au Sud, lorsque la température de l'air au niveau du sol est de 20°, convient-il d'employer rigoureusement le même facteur de réduction qui correspond, dans les tables de réfraction, à la tempé- rature de Pair 20°, pour réduire respectivement à leurs distances zénithales vraies les distances zénithales appa- rentes de ces deux étoiles observées l’une au Nord et l’autre au Sud? La réduction ne devrait-elle pas être sensiblement augmentée pour l’observation faite au Nord, région où les couches d’air sont plus froides ? Les corrections dépendant de la réfraction ont une telle importance en Astronomie, que je crois devoir attirer l'attention sur celte question, qui est une conséquence des résultats auxquels je suis arrivé dans cette étude eee lière de la scintillation. (FFE) Note contenant la vérification numérique d’une formule relative à la force élastique des gaz; par Ch. Lagrange, correspondant de l’Académie. La pression P' d’un gar par unité de surface à pour expression : (1). PA ON en P=#%.T —A, T étant la température absolue, A un terme dépendant de l'attraction moléculaire et + une fonction qui, d’après la loi de Mariotte,est à peu près proportionnelle à la densité du gaz. A l’aide de quelques inductions très simples, basées sur l’expérience, et dont je dirai un mot en terminant, j'ai trouvé que % à la forme : nn, 12 L <= | | [ étant une constante indépendante de la nature du gaz, r le rayon de l'élément gareus. et p la demi-distance des centres élémentaires; à 3 est donc proportionnel à à la densité; (1) devient Dh es. (472) Sans même connaître la fonction Z de la densité, la formule générale (1) permet de calculer A si l’on connait, pour une même densité, deux valeurs de P correspon- dant à deux températures T ; ou, ce qui revient au même, si l'on connaît le coeflicient de dilatation x, du gaz à volume constant. On aura alors évidemment : | dT dP = 4.dT = (P + A) d’où : dp 4 D Si l’on peut calculer ainsi À pour différentes densités, la formule (3) fournira, à l’aide de deux valeurs de A, deux équations entre les inconnues f el ; correspondant à une densité donnée, et la concordance des valeurs de ces inconnues, obtenues en partant de données expérimentales différentes, servira de vérification à la formule. Parmi les expériences de Regnault et d'Amagat, quel- ques-unes renferment tous les éléments nécessaires à cet objet. Ce sont : 1° celles qui concernent la compressibilité de l’hydrogène; 2° les déterminations des coefficients de dilatation de l'acide carbonique à pression et à volume constants. Hydrogène. La compressibilité de l'hydrogène diminuant quand P, ou la densité, augmente (pour T constant), si l’on admet en conséquence que l'attraction élémentaire est très faible de rés dans ce gaz et qu'on la néglige, dans une sente approxi- malion, on aura simplement : (M: 5 171 07) Reise (Le coefficient de dilatation de l'hydrogène à volume constant, de 0° à 100°, est 0.3667, d'après Regnault (Mém. de l'Institut, t. XXH, p. 91). La formule (4) donne : A 0.5667 P 0.3665 d'où À — (0,0005 P seulement. La détermination de 2, sous différentes pressions et densités, qui nous serait ici indispensable pour discuter les observations en tenant compte de A, n’a été effectuée par lui que pour l'acide carbonique. Soient P, et P;, deux valeurs de P correspondant aux valeurs po, pi de p, c'est-à-dire Je valeurs Vs, V, d’une masse donnée de gaz; en posant FA — 2, la formule (5) donnera facilement pour le rapport du rayon r de l'élément à la distance 2o, des centres élémentaires : si 7. Voici maintenant quelques données expérimentales ( 174 ) (RecnauLr, Mém. de l'Institut, t, XXI, p. 394, et Amacar, Comptes rendus, t. LXV, 1879, p. 479), obtenues dans des conditions différentes : Vo Temp. cent. £. Po P YF œ 1,22 5989.47 8003,20 2,000484 0,996961 4,22 3989,47 1583205 3445385 0,995206 Ÿ Rernaul. 422 35989,47 20110,99 4,974765 0,986857 250200 760,00 1341,28 2000000 0,99986 Amagal. En calculant par (6) les valeurs correspondantes de 95 € _ réduisant par la loi de PhroRe, supposée exacle, à 5989"",47 et 4°,22 la valeur de 5 5, luurnie par l'obser- _ vation d'Amagat pour 760 et 230 , on trouve les résultats suivants : P, — 5989,47 7 = 0,07255 1 — 49,922 70h 07095 0,07440 0.0555 Ainsi ces données différentes concordent toutes pour donner r — 0,06 à 0,07 de la distance des centres. Voyons encore comment la formule (6) satisfait aux résultats de la formule empirique par laquelle Regnault a résumé loutes ses observations sur l'hydrogène (loc. cit., p. 427). La table de Regnault donne, en partant d'une pression initiale P, — 1 (P, — 1000""), les geeus de P, correspondant à une réduction de volume * F =", ( 175 ) depuis m — 2 jusqu'à m — 20. On trouvera facilement que (6) peut se mettre sous la forme : r 1 e a m (7) . s . . ° J = 9 + Po PA I LL 1 ce qui donne, pour m=— 4 — — 0,0411 =. m = 10 0,0427 im — 20 0,0445 à 0,04 (0,045 : c'est-à valeur moyenne des 3 déterminations). Bien plus, si nous ramenons cette valeur, qui convient à P — 1000®,00, à P — 3989%,47 en la mulpliant par la racine cubique du rapport des pressions, nous devrons retrouver le nombre 0,07 trouvé plus haut. Or, on a effec- livement : En 3989,47 0,045 A or. 05 V 3660.00 On peut juger par là que la formule (5), dont (6) et (7) ne sont que des transformations, satisfait aux données de l'observation avec une remarquable exactitude. Acide carbonique. Dans l'acide carbonique, l'attraction moléculaire n'est nullement négligeable, comme nous allons le voir. Regnault donne (4. c., p. 112) les valeurs de la dilata- tion de 0° à 100° de ce gaz à volume constant, pour quatre 3 ( 176 ) pressions initiales différentes, ainsi que les densités corres- pondantes. On à: Acide carbonique, dilatations à volume constant +, Te de 0 à 100° P ay Densité relative À à U® 1—0° 758,47 0,56856 1,0000 901,09 0,56945 1,1879 1749,75 0,37523 2,2976 5389,07 0,38598 4,5718 On en déduit par la formule (4), où © 7 — 0,56650, pour les valeurs de l'attraction moléculaire à Densité A A 1,0000 23% ou 0,0086 1,1879 7,24 0,0095 2,2976 41,61 0,0547 4,3718 190,06 0,250 Ces valeurs de A, tAnapo rer dans l'équation fonda- mentale (5), donnent entre © el Ê des relations de la forme: Pre Es +: ne PE QT nn (177) En désignant par PP; AA; Aoà, des valeurs corres- pondantes de P A A, on trouve alors facilement : EE ; P, + À Dress +: 0 . (9) 20 (—) 1 P, + À Nos quatre séries de valeurs correspondantes pe per mettent de calculer trois valeurs du rapport > — COrres- pondant à & — 0° P — 758,47. Nous obiengns ainsi : ,. — — 0,24 0,24 0,92 Po Si l’on fait attention que les valeurs de 7 dépendent, au numérateur, des très pelites différences ‘entre ? RE sé et l'unité, différences qui sont calculées en Sariant des nombres déciinaux peu différents à, tandis que le déno- minaleur varie considérablement, on a lieu de considérer la concordance de ces valeurs comme satisfaisante. Nous allons calculer maintenant la valeur de 5 en nous appuyant sur une expérience entièrement différente de celle qui vient de nous servir. Regnault a mesuré pour lacide carbonique la dilatation à pression constante a, pour deux valeurs de cette pres- sion, et trouvé, pour P— 760» a, = 0,57099 P — 2520 d, = 0,38455 ( 178 ) Pour faire usage de ces nombres, différentions l'équa- tion (1) en y laissant P constant. Il viendra : O0 = AT + dy.T — dA. Mais fr? d. 1 dy = — 4, — + —— d'où ÿ Ÿ 5 = 24 p Ÿ = ds res r° el en remarquant que, V étant le volume du gaz, on à ds. AY = A, RTS Ro et que y =" +, dT CA dA O=— — ——— — T ; r P+A p° D'où r 3 101 + — | e / adT dA + P + A On voit quelle est ici l'importance de la variation dA, négative dans la dilatation du gaz. Si l'on faisait abstraction de dA, comme à, est ici plus grand que Eu — 0,566, 5 Serait imaginaire. La valeur de £ va donc dépendre essentiellement de celle de dA combinée avec les nombres peu différents entre eux «, et +. Considérons d'abordles valeurs correspondantes P 761 a, = 0,37099. (#79) Nous avons trouvé plus haut pour A == 1,0000 a = 1,1879 P — 758,47 À = 4,95 901,07 A = 7,21 On a donc ici, pour = 0,1879 dA — 7,91 — 4,25 — 9,96. Pour se — — 0,57099 = — dy — on aura donc 0,57099 — — 9,96 d _ rh 0,1879 0 D'ailleurs on aura très sensiblement P + A — 760 + 4,98 — 764,98. On en déduit rs AP 0,00765, P + A d'où d se Ê — 0,37415 T P + A et (10) donne : ut VA 00 5904 à 760» 057415 et 0° (‘) L'inspection de la courbe qui représente A en fonction de 4 montre que le simple procédé d'interpolation est ici plus exact que emploi de la formule empirique que nous construisons plus loin. L] ( 180 ) Pour calculer la valeur de ; correspondant à P — 2520 a, — 0,38455, comme À varie ici avec une extrême rapi- dité, ainsi que le montrent ses valeurs calculées plus haut (et encore mieux la courbe que l’on tracerait à l’aide de ces valeurs en prenant pour abeisses les pressions ou les densités), il est nécessaire de déterminer avec soin la marche de A entre les valeurs 1742,95 et 3589,07 de la pression qui comprennent la valeur actuelle P — 2520. Posons : A — 4,95 + (P — 758,47) x + (P — 758,47)'y. En donnant à À et à P les valeurs correspondantes trouvées plus haut, nous obtenons, pour déterminer les coefficients x, y, les équations : 2,96 | 142,62 0: ue 1 42,62 57,56 x + 984,26: . 2e 1 983,26 185,81 x + 2850,60 y — "0 | 2850,60 | qui, résolues par la méthode des moindres carrés, donnent: x + 0,020 y =— + 0,0000163. En faisant P — 2590, on obtient alors À — 90,06. Déterminons semblablement la variation de A dépen- dante de A, densité. Posons, en nous reportant aux valeurs correspondantes de À et A : — 4,95 +(a—1)x+(a—1jy. (181) Cette relation nous donnera les trois équations : 2 x + 0,1879 y — — 0,1879 57,56 @ + LADIB Ye ee 1,2776 185,81 =0 5,5718 | x + 5,5718 y — dont la résolution donne x — 13,1, y — 12,4 et A = 4,95 + 13,1 (a — 4) + 12,4 (a — 1}. La valeur de A correspondant à A — 90,06 est A = 51159. On aura en outre : dA = 15,1 da + 24,8 (a —4)da et pour a — 5,1159, dA — 63,57 da. Mais da=—,.a = —0,58435 X 5,1159. Donc dA = — 65,57 X 0,58455 X 3,1159. D'où nn 0,050101, P + ‘0T dA a P + A — 0,596601 (18 ) et enfin 3 _ re 0,58455 ses ÊTES 0,51 à 0° et 4 — 3,139. £ 0,596601 La valeur de A à 0° et a = |, c’est-à-dire très sensiblement da 70, sera donc : 0,51: V5,1159 — 0,21. valeur presque identique à celle (0,20) que fournit la pre- mière observation. Il résulte des calculs qui précèdent que la formule (3) dont la forme est très simple, relie entre elles des données numériques très délicates fournies par l'expérience. Appli- quée à des conditions très différentes des gaz et à des phénomènes de différentes natures (comme les deux espèces de dilatations), elle donne dans chaque cas sensi- blement la même valeur pour le rapport du rayon de l’élément à la distance des centres, sous une densité don- née. On a obtenu ainsi pour l’hydrogène les cinq déter- minalions : 1—4, P— 5989.47 = — 0,07 0,07 0,07 0,06 0,07 ( 185) ce qui donne, pour 760 millimètres et 0°, r — — 0,046; 2P pour l'acide carbonique, les cinq déterminations mm. FE r t—0, P=— 760,00 ——0,%% ——0,12 Fo 9 O2 7 012 0,32 0,16 0,204 0,10 0,21 0,11 Moyenne. . . 0,245 0,1215 Après avoir établi, pensons-nous, avec une grande probabilité l'exactitude de la formule (3), à l’aide des données numériques que l'expérience a pu nous fournir, nous allons faire voir comment cette formule peut dès lors faire connaitre pour l'hydrogène et l'acide carbonique les masses relatives de leurs éléments, et les nombres relatifs de ces éléments dans des conditions données. De la formule (3) on tire QD P ce qui donne à @° et 760 millimètres, c'est-à-dire pour T = 273, P — 760, pour l'hydrogène, en faisant F Q A=0 -— 2 X 0,0405, pu = 0,002556 /; (184) pour l’acide carbonique, en faisant À D À = 4mn — 0,245, Pcoz — 0,021407 [: On en déduit, pour le rapport des distances élémentaires dans l'acide carbonique et l'hydrogène, à 760 millimètres ét ®, bi. . Soient À... A, les densités des deux gaz à 0° et 760 milli- mètres; Mo: My leurs masses élémentaires ; on aura Mcgs (ee) à co? Mu 2 Pa ay: ce qui donne, pour Scot = 1,5290, An —= 0,0695, Mcoz = 16626 Me La masse de l'élément d'acide carbonique serait donc près de dix-sept mille fois celle de l'élément d'hydrogène. Soient N,,:, N, les nombres d'éléments contenus dans deux volumes égaux, à 0° et 760 millimètres. On aura Nu An Mco: — 754. Neon. ‘hon My Enfin les densités moyennes A, A+ des éléments seront données par la formule A'— A (): on trouve ainsi, pour l’hydrogène, an = 1882 a, — 0,17 de la densité de l'eau; (185) pour l'acide carbonique, d6os = 70 àçps = 0,14 de la densité de l'eau. L'élément d'hydrogène est donc 1882 fois plus dense que le gaz lui-même; celui d'acide carbonique, 70 fois plus dense que le gaz. m, est plus dense que m,.., et lun et l’autre étant moins denses que l'eau, dont la densité est elle-même moindre que celle de ses molécules, il faut en conclure que l'hydrogène est moléculaire aussi bien que Pacide carbonique. On trouve facilement encore que le rayon de l'élément d’acide carbonique est égal à 27 fois celui de l'hydrogène, Ct par conséquent son volume 20 000 fois plus considé- rable. Des calculs analogues aux précédents, mais basés sur la combinaison de certaines données incomplètes tirées des mémoires d'Amagat, donnent la distance des centres de l'acide sulfureux égale à 13 fois celle de l'hydrogène, et la masse élémentaire de SO? égale à 65 000 fois celle de H. L'élément d'acide sulfureux pèserait d’après ecla envi- ron 3,9 fois plus que celui d’acide carbonique. La validité de ces résultats dépend de celle de notre équation fondamentale que mesurent elles-mêmes les véri- fications numériques que j'ai présentées. IL est inutile d’insister sur l'immense importance que, celle validité étant établie, ils auraient pour la chimie et la physique. L'objet de cette note est d'appeler l'attention des physiciens sur cette voie nouvelle de recherches et de les engager à reprendre d’une manière appro- fondie l'étude des anomalies des lois de compressibilité et de dilatation des gaz et des vapeurs, en s’attachant me SÉRIE, TOME XVL. 15 ( 186 ) surtout aux corps simples. De l’étude de ces anomalies doit résulter, d'après ce qui précède, la connaissance des masses, des distances et des nombres relatifs des éléments des corps. Il suflirait de déterminer, pour quelques pres- sions initiales différentes, les coeflicients de dilatation à volume constant. Je terminerai cette note en indiquant brièvement la signification très simple de la formule (5) et la manière dont j’y suis parvenu. L. — Si l’on considère, dans un gaz parfait, la pression comme étant le résultat d'une force répulsive émanant des éléments, on trouve aisément, en remarquant que la loi de Mariotte subsiste, quelque petite que soit la masse du gaz, que la répulsion exercée par un élément sur l'unité de sur- face est en raison inverse du cube de la distance. IE. — Mais, avec une pareille loi d'action, si la force répulsive des éléments se transmettait à travers la matière, c'est-à-dire à travers la masse du gaz, la pression du gaz sur une paroi devrait, à égalité de densité, varier avec le volume du gaz. Or, cela est contraire à l’expé- rience. Donc la matière intercepte la force répulsive. HI. — Donc 1° les atomes ont des dimensions finies; 2 La force répulsive d’un atome s'exerce contre la sur- face des autres atomes; 3° La force répulsive d'un atome émane de la surfuce de cet atome (car, même si les points intérieurs de l’atome étaient actifs, ne pouvant transmettre leur action à travers la masse de l'atome, ils n’interviendraient pas dans la répulsion de l'atome). (187) IV.— La discussion des hypothèses possibles sur le mode d'action de la force conduit à la loi suivante : La force répulsive émane d’un élément de surface suivant les normales à cet élément et s'exerce dans la direction de ces normales contre toute surface rencontrée par elles. La pression qu’elle exerce par unité de surface est propor- tionnelle à la température absolue, à l'étendue de élément de surface répulsif et en raison inverse dn volume com- pris entre les norinales. Il en résulte que pour une sphère nue de rayon r la répulsion est, comme dans la formule (5), proportion- nelle à T, à la surface r? de la sphère et en raison inverse du volume compris entre les sphères de rayon 9 et de rayon r, c'est-à-dire à p5 — r5. V. — La quantité de chaleur d'un atome est propor- tionnelle à sa surface et à la température absolue. Le calorique spécifique absolu mesure donc la surface totale Là des atomes dans l'unité de poids d'un corps douné. VE. — Dans l'hypothèse où la pression des gaz est due à une force répulsive, émanant des éléments en équilibre dans des positions déterminées, ce qu'on nomme attraction moléculaire est une force qui s'exerce non sur la masse des atomes, mais contre leurs surfaces. En eflet, si les anomalies de la loi ce Mariotte dépendent, comme on l’admet, non de la nature du réci- pient qui reçoit la pression, mais bien de la nature du gaz lui-même, il est évident que pour une densité donnée, c'est-à-dire pour une valeur déterminée de la distance des éléments, l’attraction de ces éléments ne peut faire ( 188 ) varier la pression reçue par une paroi qu'en modifiant la force répulsive exercée sur la surface de cette paroi, ce qui revient à dire que l'attraction moléculaire est une dépression attractive comme la répulsion est une pression répulsive. VII. — On est ainsi amené à reconnaître l'existence : 1° D'une force d’attraction universelle proportionnelle avee masses, en raison inverse du carré de la distance, d'intensité constante g et se transmettant à travers la matière; 2 D'une force de répulsion universelle proportionnelle aux surfaces, en raison inverse du cube de la distance, d'intensité variable T et interceptée par la matière. L’attraction moléculaire se présente comme un effet dérivé de ces deux grands principes; c’est une force s'exerçant contre la surface des atomes, et qui parail pro- venir d'une modification produite par l'attraction newto- nienne de chaque atome dans le milieu transcendant qu'on appelle le vide et qui transmet la répulsion. Hypothèse sur la loi de l'attraction moléculaire. — Va nature de l'attraction moléculaire étant connue, il est pos- sible de faire une hypothèse sur sa loi d'action. En admet- tant que l'accroissement dA de l'attraction A d’un atome m, pour une varialion dp de la distance p à son centre, est proportionnel à A et au travail élémentaire de l'attraction newlonienne de latome, l'expression la plus simple à laquelle on est conduit est la forme exponentielle Rss + à … Ame, A étant l'attraction par unité de surface et a, k deux constantes; c'est-à-dire que, A étant la densité du gaz par HSE C RE PR NR (489 ) el a, b deux constantes, on aura CS En éliminant a et b entre les valeurs A,, A, À; … de l'attraction correspondant aux densités A, As, A5.…, On trouve ainsi la loi 1e log A; — log A, log A; — log A; 1 1 1 1 Va: Vu Va ve Voici comment cette loi satisfait aux données expéri- mentales dont j'ai pu disposer. Vapeur d’eau (Expériences de M. Hirn, Théorie mécanique de la chaleur, 1. I, p. 474). J'ai déduit des données immédiates de l'expérience les valeurs de l'attraction moléculaire, en mètres d'eau, pour différentes densités, indiquées ici par le poids du m5 de vapeur, et trouvé ainsi Poids spécifique A A k. m. 2,4017 A, 7,915 A, 3,0050 Ag 11,418 À: 5,4120 As 26,510 A; 6,0520 A, 31,545 A4 6,6290 … 40,340 A, Valeurs correspondantes de 1 log À — log A, et —————; Da 1 log A — log A, 0,159158 0,324939 0,597690 0,707285 A i sn Re. 0,05374 0,17715 O0, 19757 0,21459 V 3: Va ( 190 ) On voit à première vue que les premières valeurs valent à très peu près trois fois les secondes. Les quotients sont 5,0 3,0 5,0 3,3 et leur moyenne exacte est 3,0629. Posons A—ab VS © logh— 3,069. Les valeurs de log a fournies par les cinq valeurs de À seront alors log a = 3,18555 3,18009 3,16791 3,1787% 5,25624 Moyenne. . . 5,18971 et on aura 1 1 a qe A=1[3,1897][3,0629] V3 = 1548 x 1156 V2 1 aim. Ty = 1302 x 1156 V4 les crochets ![ ] désignant des logarithmes. Voici la comparaison de l’observation et du calcul : Acale. 7,9910 11,674 927,875 52,145 356,241 Aobserv. 7,915 11,418 96,510 51,343 40,540(‘) (") En corrigeant des valeurs de l'attraction moléculaire les pres- sions expérimentales, les pressions corrigées doivent satisfaire à la loi de la répulsion, C'est en effet ce qui arrive. Réunissant alors les (19) Acide carbonique (Expériences de Regnault, citées déjà plus haut.) On aura ici, à l’aide des quatre observations, log À — log A, 0,2295464 0,9908088 1,6505018 0,05578 0,24216 . 0,58845 el on voit à première vue que les premiers nombres valent à très peu près quatre fois les seconds. Les quotients sont 4,12 2,09 4,25 et leur moyenne est 4,152. Posant pe = A = ab Y 4, ctfaisant log b — 4,159, expressions numériques des deux forces, répulsive et attractive, on obtient pour P en fonction de 4 et T, ail ] j - 2,688795 | AT A Wr [3,6887 —15,1897)(5,0629] Ÿ 4. 1 —[3,280058] 4 Les constantes de ectte formule sont déduites d'observations de pressions variant de 43 mètres à 150 mètres d'eau, à des tempéra- tures de 160° à 260, ct pour des densités de 2,4 à 6,6. À Oc et une atmosphère, on a A — 0,8055. Ces dernières données sont très éloignées des précédentes, Or, voici à leur égard la comparaison de l'observation et du caleul : P cale. 10w,110, obs, 10,550. Une concordance de ce genre me paraît une démonstration de l'exactitude des deux lois. (19 ) on obtient pour log a log a — 4,780 4,778 4,776 4,818 Moyenne. . . 4,7855 On aura donc 4 Ï A—[4,7855] (4,199) V3 2 8030 x 12200 V2. Comparaison de l’observation et du caleul : aim, atm. atm. atm. Acale. 0,0057 0,0096 0,057 0,232 A observ. 0,0056 0,0093 0,055 0,250 Ces concordances numériques me paraissent assez remarquables pour faire penser que la loi exponentielle ab”, qui se rattache par une série de déductions simples à tout un ordre d'idées déjà appuyé sur des vérifications numériques, est réellement celle de l'attraction molécu- laire, ou pour mieux dire atomique. On peut étendre cette expression simple au cas d’un système attractif quelconque, par la considération des surfaces de niveau. L'attraction moléculaire à une distance donnée du centre d’un élément, dépendant du potentiel de tous les éléments en présence, est beaucoup plus considérable dans l’état liquide ou solide que dans l’état gazeux. La forme de l’élément intervenant aussi dans la valeur de son attraction, il importerait de faire des expériences sur les gaz simples, ceux dans lesquels vraisemblablement cette forme a le moins d'influence, afin de soumettre ia formule à de nouvelles vérifications. La portée de ces recherches est évidente; que les physiciens me permettent de leur demander instamment, en faveur du but à atteindre, les données expérimentales qui font eucore défaut. Bi PEER (195) VIN. — La répulsion (et aussi l'attraction, d’après notre hypothèse) d’un atome m sur un atome m' n’est pas en général égale à celle de m° sur m. L'équilibre moléculaire est donc en général impossible au contact de deux corps différents. L'égalité des actions réciproques n'existe que si m el m' sont identiques et à la même température; or, ce cas est aussi le seul dans lequel la polarité électrique ne se manifeste pas quand deux atomes sont en présence. Cette polarité apparaît chaque fois que l'action de m sur »' est différente de l’action de m’ sur m, et elle disparait avec la différence de ces actions. Si l'on peut s'exprimer ainsi, la polarité électrique apparaît chaque fois que les deux forces réciproques ne se saturent pas. Cette polarité se présente done, relativement à la non égalité des actions réciproques, dans la relation d’effet à cause. On comprend dès lors comment et pourquoi la différence des masses des alomes intervient dans leur tendance à s’unir (affinité et théorie électrochimique). Toutes les formes de l'énergie (car le magnétisme se ramène à l'électricité et les conditions d'existence de l’éther lumineux, en vertu de la répulsion dépendante des surfaces, ne diffèrent pas de celles des gaz), semblent donc dériver de l'existence des deux principes antagonistes de l'attraction et de la répulsion universelles, dont les lois sont liées aux deux éléments géométriques fondamentaux de l’espace : volume et surface. L’attraction, proportionnelle aux volumes (masses) des atomes, répartit son action sur les surfaces successives de sphères concentriques; la répulsion, proportionnelle aux surfaces, répartit son action dans les voluines successifs de ces mêmes sphères. Erratum : p. 474, formule (2), supprimez les deux T. (194) Sur un cas particulier de la formule du binôme; par E. Catalan, associé de l'Académie. Soit S, = 1 + Cr + Cine + eee + Conan 1%" la somme Li n premiers termes du développement de (1 — x} ?, p étant un nombre entier; soil R, le reste correspondant. On trouve, assez facilement : ({ —xÿ"S,+ [C4 Cite (l —X)+ + Gns(t-xy*| x" A — x" (A) 1—x° (x, = [Cu + Cnen (12) ee Cp m2) Te (8 a — —" Remarques. — 1° La relation (A), que nous croyons nouvelle, ramène le calcul de Sn à celui d’un polynôme composé de p — 1 termes : Si n est beaucoup plus grand que p, le second caleul sera bien plus simple que le premier; 2% L’équation Lx rs —[ Cun+Cosnn (x) et Cyan (1x ]r"= ‘& p — 1 racines égales à 1; 3° Le reste R, est le produit de la fonelion proposée, ({ — x) ?, par un polynôme entier. (195 ) Determination des variations que le frottement intérieur de l'air pris sous diverses pressions éprouve avec la température; par P. De Heen, correspondant de l’Aca- démie. Je crois inutile d’insister longuement sur l'intérêt que présente actuellement l’étude du frottement intérieur des gaz. Ces recherches ont acquis, dans ces derniers temps, une importance d'autant plus grande que l’un des plus émi- nents physiciens, M. Hirn, conclut de ses observations qu'il y a lieu de rejeter définitivement la théorie cinétique des gaz. Voici la principale objection de ce savant : si la théorie cinétique des gaz est vraie, il faut nécessai. ement admettre que le frottement intérieur de ces corps varie proportion- nellement à la racine carrée de la température absolue. M. Hirn trouve, par l'expérience, que le frottement inté- rieur des gaz ne varie pas avec la température et qu’il y a par conséquent contradiction entre la thtorie et l'observa- lion. Sans vouloir en aucune façon méconnaître le talent expérimental de M. H'rn, il y a cependant lieu de tenir compte des résultats obtenus par d'autres physiciens, résultats qui, disonc-le dès à présent, sont en contradiction complète avec ceux du savant français. Voici les conclusions des travaux qui ont été entrepris sur le sujet qui nous occupe : | M. Peluj ("), en déterminant la vitesse d'écoulement de (‘) Kaiserliche Akademie der Wissenschaften in Wien. Math.- naturw, Classe, 4 juillet 1878. ( 196 ) l'air par des tubes capillaires, trouve que l’on peut expri- mer les variations que cette grandeur éprouve avec la température par la formule : 2 #= (1 + at), ?, représentant le frottement intérieur à la température f, * Celle même grandeur à la température 0, et x le coefli- cient de dilatation du gaz. En opérant sur l’éther, il trouve : # = 0,0000689 (1 + 0,00415751)"%. M. E. Wiedemann ("}, en opérant à l’aide de la même méthode, trouve les nombres suivants : oc sn dre … : 4000 184,5 : . . 400 133,1 UTR! mr dé cichite si ds O0 » Acide carbonique . . . . . . 80,48 404,8 123,7 Protoxyde d'azote . . . . . . 80,41 105,6 124,1 PUIIUND 4 D ait: à: s. VOS 73,89 87,58 Ces valeurs peuvent être reliées entre elles par la relation : # = wo(1 + at)", Les valeurs de n sont les suivantes : Hs ph + + « . 00—100 O—484 100-1845 *. Ni » 0,670 (sensiblement */5) RE de sibésé ie » 0,605 ” Acide carbonique . . 0,929 » 0,802 ei d'azote . . 0,960 » 0,787 PUENS 5: 0. O0 » 0,822 M. Schumann (‘’) trouve également, à l'aide de la mme (‘) Archives de Genève, 1875, t. LVI, p. 277. (”) Ann de Wiedemann, t. XX, p. 555-405. PR Al EL ER TE Ur (497) méthode des disques oscillants, que le frottement intérieur de l’air croît plus rapidement que la loi de M. Clausius ne l'exige, et il représente ses résultats par l'expression == V1 + al (1 + y), 7 représenterait dans cette expression une diminution du rayon de la sphère d'activité moléculaire. M. Silas Holman (‘), en opérant sur l'air à l'aide de la méthode des tubes capillaires, obtient des résultats très voisins de ceux obtenus par M. Wiedemann. Ealin, le travail de M. Carl Barus (‘”), de Washington, présente un très vif intérêt, par cela qu'il a opéré dans des limites de température extrêmement étendues (5° — 1400°). Le tube capillaire dont ce physicien a fait usage avait été exécuté en palladium. Les résultats qu’il a obtenus Ont entièrement confirmé ceux qui avaient été admis par ses prédécesseurs, il trouve que dans ces limites de température il faut admettre pour l'air et pour l’hydro- gène : | ? Lo (1 . al}, Ces résultats, si nombreux, ne nous permettent non seulement pas de douter de l'accroissement du frottement intérieur des gaz avec la température, mais ils nous obli- gent encore à admettre que cet accroissement est plus rapide que la théorie des gaz ne l'exige. En recherchant la cause de cette anomalie, il nous à semblé qu’elle pouvait être attribuée à ce que pour les gaz (*) Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences, vol. XI, 1876, pp. 41-50 ; vol. XXI, 1885, pp. 1-44. (*) The American Journal of Science, mai 1888, t. XXXV, p. 407. (196 ) pris sous la pression relativement élevée de l'atmosphère, les trajectoires des molécules ne pouvaient être considé- rées comme reclilignes que sur une partie relativement petite de leurs parcours. En effet, on sait que le frottement intérieur d'un gaz est représenté par la formule théorique = 1 il = = gmnul. sa 9 Dans laquelle g représente la gravité, m la masse d’une molécule, n le nombre de molécules, leur vitesse, et / la longueur du chemin moyen parcouru en ligne droite. Cela étant, rien n'empêche d'admettre la variabilité de !, alors même que la quantité n est maintenue constante, suivant que les trajectoires sont plus ou moins tendues. Il semble, de plus, assez plausible que la longueur du chemin rectiligne soit une fonction de la quantité u ou de la, température absolue. Quoi qu'il en soit, on peut conclure que si l'on rappro- che les molécules an delà d’une certaine limite, l’état actuel de nos connaissances ne peut permettre de prévoir ni la grandeur, ni le sens des écarts qui se manifesteront entre la théorie et l'observation. Mais, d'autre part, on peut afliriner que si les conceptions théoriques de M. Clausius sont vraies, elles seront vériliées pour des pressions rela- tivement basses. Car on peut admettre pour celles-ei que les longueurs { représentent presque la totalité du chemin parcouru. = Eu nous basant sur ces prévisions, il nous a semblé. indispensable de déterminer par l'expérience si la variation .que le frottement intérieur des gaz éprouve avec la tempé- ralure, est une fonction de la pression à laquelle on -SOumet ces Corps. (499 ) Ts Apparcil au !/59 de la grandeur d'exécution, SSS SNÈNNN SRE SSSR NTENX ÉÈUhUo,oJvosvS Rp — ASSET a SSSNSSSSSSSS SS ON SS SS ( 200 ) L'appareil dont nous avons fait usage se compose d'un cylindre A en tôle de cuivre, de 0”,85 de longueur, monté sur un axe de rotation r. Ce cylindre est traversé par un tube en laiton de 0",02 de diamètre, dont la surface intérieure est parfaitement polie. L'une des extrémités de ce tube est munie d’un robinet R, tandis que l’autre extrémité est munie d’un électro-aimant E. Un com- mutateur C permet de faire passer ou d'interrompre le courant. A l'intérieur du tube se trouve un curseur M de 85 mil- limètres de longueur et pesant environ 21 grammes, exécuté en fine tôle de même métal et parfaitement poli ; son dia- mètre est légèrement inférieur au diamètre du tube (de 0®",35 environ) et sa partie supérieure est manie d’un fil de fer susceptible d’être attiré par l’électro-aimant. Afin d'opérer, on introduit de l'huile dans le cylindre A dont le thermomètre £ indique la température, puis on introduit dans le tube de l'air sous la pression à laquelle on désire observer. On fait ensuite basculer l'appareil de telle manière que l’électro-aimant E occupe la partie infé- rieure et que le curseur y reste fixé par sa partie magné- tique. Le cylindre A est ensuite redressé de manière que la partie n vienne s'appuyer contre le butoir b. Lorsque l'appareil se trouve dans cette position, le tube T est parfaitement vertical, ce dont on s'est assuré à l’aide d'un fil à plomb. Les choses étant ainsi disposées, on interrompt brusque- ment le courant à l’aide du commutateur C, le curseur M est alors abandonné à lui-même et l’on détermine, à l'aide d’un compteur battant le !/, de seconde, le temps employé par celui-ci à parcourir toute la longueur du tube. On est ( 201 ) averti de l'arrivée du curseur à la partie inférieure par le léger choc qui se produit. Afin d'observer à une température diflérente, il suffit de disposer l'appareil horizontalement et de chauffer l'huile à l’aide de becs de gaz disposés convenable- ment. Cela étant, il suffit de remarquer que le temps employé par le curseur à parcourir la longueur du tube n’est autre chose que le temps qu'emploierait l'air contenu dans ect espace pour s'écouler par l’espace annulaire compris entre le curseur et le tube, sous l’action d'une pression corres- pondant à celle qu’exerce le poids du curseur. En un mot, nous n'avons fait autre chose qu'une détermination de vitesse d'écoulement par un espace Capillaire. Si nous représentons par T le ob employé par le Curseur à parcourir le tube, et par x le frottement intérieur, nous pouvons écrire : y="T X const Voici le tableau dans lequel nous avons condensé le résultat de plusieurs centaines d'observations que nous a ons effectuées sur l'air. La première colonne renferme les lempératures, la deuxième colonne. renferme le coellicient de frotte- ment rapporté au frottement à 0° pour chaque pres- FUN la troisième colonne renferme le rapport du coeflicient de frottement pris sous diverses pressions au lrottement de l'air pris à la pression de 760 millimètres et à la température zéro. 9° SÉRIE, TOME XVI. 14 ( 202 ) Pression en millimètres Des Yo Températures. | Valeurs de — |Valeurs de Leo de mercure. 0 #0\760 0 1,000 0,927 100 1,457 » 40 millimètres . . . 200 41,345 » 300 1,473 » 0 4,000 0,951 | 100 4141 » 20 millimètres . . . | 200 1,269 » 300 4,193 » 0 1,000 0,975 ae 400 1,150 » 30 millimètres , , . : 200 4,275 » 300 1,5% » 0 4,000 0,975 100 4,150 » A1 millimètres . , 209 4,300 » 200 1,162 » (D 41,000 4,009 400 4,131 » 18 millimètres . , . 20) 41,262 » 300 1,400 » (D 4,090 4,000 400 1,179 » 405 millimètres . . . 2.0 1,359 » 200 1,538 » ( 205 ) Pression en millimètres 4 Températures. | Valeurs de — Valeurs de —— || 10 # de mercure. *0:760) 160 millimètres. 297 millimètres. 760 millimètres, . 1520 millimètres . 2980 millimètres . ee ne Te D 8 © UE ee = “à re e Fe 2 Ces nombres nous permettent de conclure : 1° Le coefficient de frottement intérieur de l'air pris à la température 0, ne varie que faiblement pour des pres- ( 204 ) sions comprises entre 10 millimètres et 760 millimètres de mercure; cependant on remarque une légère diminu- tion lorsque la pression s’abaisse ; 2% Pour des pressions s'élevant seulement à 2 ou 3 atmosphères, on constate que le frottement intérieur s'ac- croit considérablement ; 3° On peut admettre que le coefficient de frottement varie sensiblement de la même manière avec la tempéra- ture pour des pressions comprises entre 10 millimètres el 80 millimètres de mercure ; 4 Si l’on dépasse la pression de 80 millimètres de mer- cure, on. constate que le coeflicient de frottement varie plus rapidement avec la température qu'aux pressions inférieures; 5 La variabilité du coefficient de frottement avec la cms semble atteindre un maximum vers la pres- sion de 500 millimètres de mercure. Si l’on dépasse celle pression, le coefficient de frottement varie de moins en moins avec la température. Il est assez probable que si l'on opérait à des pressions élevées, la conception de M. Clausius cesserait complète- ment d’être applicable ; il serait très intéressant de consta- ter si, dans ces conditions, un accroissement de tempéra- ture ne déterminerait pes une diminution du frottement intérieur. Nous avons vu, lorsque nous nous sommes oué de l'historique de la question, que les observateurs sont actuellement d'accord pour admettre que le frottement intérieur de l'air pris sous la pression normale varie comme la puissance ?/; de la température absolue. : Il nous a donc semblé intéressant de comparer les ( 205 ) valeurs que nous avons obtenues aux valeurs calculées suivant cette loi. Voici le résultat de cette comparaison : Températures Valeurs Valeurs | Températures. | absolues VT de # de # | LS calculées. observées. | 0 373 41,08 = 4,000 1,000 100 373 51,83 1,261 1,209 200 113 60,71 4,477 1,MT 300 313 69,09 1,679 1,646 Ce tableau nous montre que les résultats de nos abser- valions s’écartent pen de ceux qui ont été obtenus par d’autres expérimentateurs ; cependant on peut remarquer qu'ils sont un peu plus faibles, circonstance qui est peut- être due à un léger frottement qui se produirait entre le curseur et le tube lui-même; ou encore à ce que la valeur du frottement de l'air contre le tube lui-même n’est pas complètement négligeable. Cela étant, si les prévisions que nous avons émises au commencement de ce travail sont exactes, il faut que le coefficient de frottement varie comme la racine carrée de la température absolue, si l’on considère les plus basses pressions auxquelles nous avons opéré. Si notre hypothèse se vérifie d’une manière absolument rigoureuse, nous constaterons même que les résultats observés seront légèrement inférieurs aux valeurs cal- culées. ( 206 ) Voici le résultat de cette comparaison : Valeurs moyennes Températures Valeurs de — observées Températures, | absolues LT de # Sen arte 4, calculées. 10, 20, 30, #1 et 78 millimètres. 0 273 16,52 1,000 1,000 100 373 19,31 1,169 1,116 200 473 21,75 1,316 1,284 300 573 23,94 1,449 1,137 1 nous semble impossible de désirer un accord plus satisfaisant eutre la théorie et l'observation, eu égard aux difficultés de ces recherches. ON PEUT DONC AFFIRMER DÈS A PRÉSENT QUE LA THÉORIE DE M. CLAUSIUS S’ACCORDE PAR- FAITEMENT AVEC LES FAITS QUI SE RATTACHENT AU FROTTE- MENT INTÉRIEUR DE CES CORPS, ET CELA CONTRAIREMENT A CE QU'ON AVAIT PENSÉ JUSQU'ICI. SEULEMENT, CETTE CONCEF- TION N’EST APPLICABLE QU'AUX GAZ PRIS DANS UN ÉTAT DE RARÉFACTION SUFFISANT. Qu'il nous soit permis, en terminant, de remercier M. F. Deruyts, qui a bien voulu s'occuper avec moi de ces déterminations. ( 207 ) Sur la différentiation mutuelle des fonctions invariantes ; par Jacques Deruyts, chargé de cours à l'Université de Liège. LE — Soit [= 1(q’, g”, q''..) une fonction invariante : celle fonetion contiendra en général des séries de quantités de trois espèces : 4° les variables 2, æ, .… æ,; 2 les variables contragrédientes £4, &, ... £,; 3° les coefficients de formes algébriques œ [= DPone ss tits se LS 73 fi =ÿP;b;, a,% aires. an, etc. 12 ge. (pour abréger, nous représentons par P., de … les coefli- cients polynomiaux 12 (u+au+.+a,) 12.(B + 8 +" +8) 4.2 4 1 2 Le À 9 PE 49 FT B1.4.2... A … 4.2 .… B, , ete...) Dans l'expression 1 (g', g’, g”'.…), chacune des lettres ds 43 q', … servira à représenter, soit les produits des variables æ ou des variables £ compris dans I, soit une série de coefficients relatifs à une même forme. Désignons par Q', Q”, Q'", … les transformées des séries de quantités q', q”, g'',.… quand les variables x4, 2, .. x, ( 208 ) se transforment en de nouvelles variables X,, Xo, ... X,, suivant les formules = di + oo + + + C7). Un Lo = au Xi + oo + ee + anX, . . 0 . . . . . Nous aurons 1(9,0”,0",.)=#1(g, 9" g".)t) + + (A en représentant par à le déterminant TH fou... «. La formule (A) résulte uniquement de la manière dont les séries de quantités q’, g”, g'”’,... se transforment en Q', Q”, Q'"... Par suite, on obtient : Lee sn, em (DS DD s'il existe entre les quantités p et r les mêmes relations qu'entre les quantités g et Q. En conséquence, la quantité I (p', p”, p'”, ..….) est une fonction invariante, si les conditions suivantes sont véri- liées : 1° les quantités comprises dans p', p”, Ps s'expriment en fonction entière de quantités analogues à celles qui sont comprises dans g’, g”, q'”, .… 2° les séries de quantités 7’, 7”, x’, ... s’obliennent, à part une puis- PRE (‘) Comme on le fait souvent, nous appellerons le nombre p l'indice de la fonction invariante, ( 209 ) sance de 0, en remplaçant dans p', p”, p'”’, .… les quantités gd d'',-.. par leurs transformées Q/, Q”, Q'" …. (*). Cette remarque bien simple peut être prise comme point de départ, pour établir la plupart des procédés de formation pour les fonctions invariantes. Nous en déduirons quelques propositions, qui n'ont pas encore élé signalées, du moins à notre connaissance. IL. — Dans ce qui suit, nous représenterons par les lettres majuscules, les transformées dés quantités repré- sentées par les lettres minuscules correspondantes; nous aurons ainsi : œ. x [4 df TS CA Ce Ml P, dA CA de: Quelle que soit la fonction 9, les dérivées gr ad transforment, par les mêmes équations linéaires en les dérivées - Re — . Par suite les produits aiixs? Je" Se Lrans- Ag. ————— | () Si les formes f, Paris au lieu Fe tre À ss song on le suppose d'habitude), in le raisonnement préciènt se maintient chaque fois ie la benoié (A) peut se vérifier, sans l'emploi des relations qui existent entre les coefficients de f fa. En particulier, les coefficients a, b, ... peuvent dépendre les uns des autres, de telle sorte qu'il n ‘existe entre eux aucune relation algébrique entière, dont les degrés soient inférieurs où égaux aux degrés correspondants de la fonetion invariante [. Par exemple, la forme / pourra être une puissance d’une forme linéaire, si la fonction 1 est da premier degré par rapport aux coefficients a : c’est ce qui a lieu quand on fait usage de la notation d’4ronhold. (210) forment en les produits X5:X7:... X%, de la même manière que les dérivées : page se tranforment en ;- pe Éranans pour 3 une fonction invariante; nous aurons mr * ®, si ® est l'expression obtenue en remplaçant dans o, les différentes quantités par leurs transformées. La remarque indiquée ci-dessus (SI) nous conduit à ce théorème : Si une fonction invariante J contient les variables x au degré ay + a3 + + + a,, on obtiendra une fonction inva- riante HA y remplaçant les produits x? 2x5? x%" par les iante & : l'indice de dérivées B la niet oi invariante est égal à la somme des indices de J et de ©. IH. —— D'après le théorème précédent, on déduit de l'invariant identique (abs + ab + ce + LE, la fonction invariante = Jen Ed Ch à <> 09 en représentant par äz,x, ….», les dérivées ,—%— d’une fonction invariante o. continuer le se de nota- tion, nous prendrons pour la suite, 2,8, … En PT + n g' étant une fonction tante diet où ounon Fa és elc.). PAR (") On à nécessairement à, + 4, + ...+ #, = %. (216) On à d’après la formule (B) : A1 Aa En REF ds 1 2 LE n dä CAT on obtient de même E,1z72 : Eÿn Ps Fr. x g': Par pe les produits £*£ :#..g se transforment en 2. L nm " de la même manière que les dérivées — æ 2 'E RE | se bnpont en RES d'1, k étant une De re quelconque des dérivées à 2. «+ SUPpOsSONs, en particu- lier, que la fonction # est eur nous obtenons ce théorème, corrélaiif du précédent : Si une fonction invariante contient les variables E au degré HHO%++ a, on obtient une fonction invariante, en y remplaçant les produits so He par les dérivées Me + une fonction invar iante k des quantilés Aux, ape IV. — Dans un travail que nous avons présenté récem- ment au jugement de l’Académie (}, nous avons obtenu la proposition suivante, comme généralisation d’an théo- rème établi par MM. Cayley et Sylvester, au moyen de considérations différentes (”) : () Sur la théorie des formes algébriques à un nombre quelconque de variables (Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 5° sér., t. XV). ("*) Cayzey : An Introductory Memoir upon Quantics (Philoso- Fair Anse vol nee P: ie Pire: Sur les actions Bd 85) (212) ge an ba ap, note $), est une fonction invariante, il en est de mème de : Ê 7 4 Ë r) ls P, “2 ns P: B, .… ne. à / quelles que soient les fonctions invariantes auxquelles se rapportent les symboles à, B, … Pour simplifier l'écriture, nous représenterons par @(F) la quantité ACER DU s). en supposant Fram 0apur 2 Ë) Nous appliquerons le théorème obtenu dans le para- graphe précédent, en supposant la fonction invariante À, égale à la transformée d’une fonction invariante g, par l'opération «; il en résultera : el nous pourrons énoncer la proposition suivante : Si une fonction invariante contient les variables Ë au degré æ; + 4ÿ + + + à, on obtient une fonction du même genre, en y remplaçant les produits Ei Ez2... En par les quantités ie Fe — , g étant une fonction invariante. Pœ Paie. de (A5) V. — Considérons actuellement une fonction invariante linéaire par rapport aux coefficients @s,2,.….æ, : ON aura encore une fonction invariante en remplaçant ces coeffi- cients par les produits 921 n£2 … 1%», si les lettres z désignent des quantilés cogrédientes aux variables &. On peut appliquer aux quantités n les raisonnements précédents relatifs aux quantités Z : on obtiendra ar une fonction nus en remplaçant les produits #r: mn" par les quantités + o (7 — . 1l résulte de à. que si une qu fonction nuls J contient au premier degré les coelli- cients aux; ….”,, ON aura encore jo fonction invariante, en remplaçant ces coefficients par = a+ XXe Ce résultat est susceptible de FANS en effet, une fonction invariante du degré r pour les coefficients « peut être réduite à une fonction invariante linéaire par l'introduction de r — 4 formes nouvelles, dont noes représenterons les coefficients par a’, a”, … a’; de plus, celle réduction s'effectuera de telle sorte, qu’en faisant a'=a, a"—=0a,… «=, on retrouvera la fonction invariante primitive. Nous appli- querons à la fonction invariante linéaire la transformation indiquée ci-dessus, en remplaçant les coeflicients tels que a ' ri si 4) ee lit à dj 1 d. LA “ ; es | Fe (ax - } el nous obtenons ce théorème : ‘ Aster ( 214 ) Si LAC b38...8, À, E), est une fonclion invariante, il en est de même de 1 dg ‘ ( : a + ba... pe: ee TX; e) ] g étant une fonction invariante. Il est visible que l’on peut remplacer en même temps 1 _dg! dans J, les coefficients b3,3,...8, par = ® 43 G, ete. VI. — Les résultats précédents peuvent s'étendre aux fonctions que nous avons appelées fonctions semi-inva- riantes directes ou inverses : la nature de ces fonctions conduit cependant à introduire quelques modifications. Nous pouvons énoncer les propositions suivantes. 1° Siune fonction semi-invariante directe (ou inverse) contient les variables x au degré à, + a, -+ + + a, ON obtiendra une fonction de même espèce, en remplaçant les produits xŸ1 X£2... x» par (2 (5 Fr 1 dy — —) | — OÙ — ———, dé} \dE, dE, P, da LyZa ln L élant une fonction semi-invariante directe (ou inverse). % Si une fonction semi-invariante directe (ou inverse) contient les variables Ë au degré 0, + ns + .… + Us ON obtiendra une fonction de même espèce en remplaçant les (25) produits Éf Es... Efn par dx\e [ dy\r dx\e, dy et Ve de ax ax x «a + - : P3l2 + ln : élant une fonction semi-invariante directe (ou inverse) exprimable dans le second cas au moyen des dérivées durs an (Je Si S(a., su,” base .p, … x, £), est une fonction semi-invariante directe (ou inverse), la quantité ] dt Ni mue (* T y ve Un }» ba a... He à :) esl une fonction de même espèce, si test une fonction semi- invariante inverse (ou directe) (‘). Nous pensons que l’on trouvera facilement la démon- Stration de ces propositions, en se reportant à notre travail déjà cité Sur la théorie des formes algébriques, etc. (") Les dérivées représentées par CPARECR doivent se rapporter à des fonctions semi-invariantes directes (ou inverses). 0 Par l'opération *, on introduit des dérivées analogues #, qui doivent se rapporter à des fonctions semi-invariantes _. 0e inverses). Liège, le 12 mai 1888. (246) Étude de l'action de l'acide chlorhydrique sur la fonte; * par Eug. Prost, assistant de chimie générale à l'Université de Liège. On sait depuis longtemps que la fonte traitée par les acides se comporte différemment suivant la concentra- tion de l’acide et l'espèce de fonte employée. Mais, jusqu'ici, aucun travail d'ensemble ne paraît avoir été entrepris dans celte direction. On ne trouve dans les ouvrages .dans lesquels la question est signalée, que la description de faits isolés, sans lien et sans suite. Perey (1), dans son Traité de métallurgie, parlant de laction de l'acide chlorhydrique dilué sur la fonte blanche, mentionne la formation d'un résidu volumineux de densité extrêmement faible et de couleur brunâtre. Mais cette description n’est accompa- gnée d'aucune donnée analytique; les conditions de la réac- tion ne sont pas davantage indiquées. Le même caractère vague se retrouve dans les quelques observations relatives à l'action des acides sur la fonte grise. En résumé, il semble que la plupart des faits actuellement connus ont été découverts accilentellèment et que les auteurs se sont bornés à décrire le côté physique des phénomènes qu’ils avaient eu l'occasion de constater. Et pourtant l'étude de l’action des acides sur la fonte peut avoir les conséquences rte (4) Percy. Die Métallurgie, 2° Bd., 2e Lief., pages 187 et suiv. (247:;) les plus intéressantes au point de vue de la constitution même de cette matière si utile. En effet, si, comme c’est le fait pour des concentrations différentes d’un même acide, le résidu indissous varie en quantité, il doit nécessaire- ment varier aussi en composition; en d’autres termes, pour une Concentration déterminée, il y a dissolution de cer- tains constituants, carbures, phosphures, ete, les autres restant inattaqués; en changeant suffisamment les condi- lions, on arrivera à réunir des séries de résultats dont la comparaison pourra fournir d’intéressantes conclusions. Si d'un acide on passe à un autre, de nouveaux faits apparai- l'ont el avec eux des déductions nouvelles. Il semble donc qu'on ait dans les acides un instrument qui permettra de pénétrer la nature intime de la fonte, d'en faire en quelque sorte l'analyse spécifique. Cette matière n’apparaîtrait plus alors comme un complexe d'éléments, sans union définie, mais bien comme la juxta- position d'espèces chimiques distinctes; et l'on trouverait dans la proportion relative de ces espèces l'explication des diflérences étonnantes que de faibles variations de la com- posilion élémentaire amènent dans les propriétés des fontes. Le présent travail a été dicté par ces considéra- lions. Il réunit un nombre de faits suffisants pour montrer combien l'acide chlorhydrique agit différemment sur la fonte suivant qu’il est concentré ou dilué, et par là même quelle est la variété des composés chimiques qui peuvent Coexisler dans cette walière. Je me propose de poursuivre dans des recherches ulté- ricures celte première étape réalisée dans la direction que Je viens d'indiquer. d"* SÉRIE, TOME XVI. 15 (28) Methode suivie dans les essais. La fonte sur laquelle j'ai fait agir l’acide chlorhydrique était une fonte blanche renfermant : À I pa Gathane 10h nn A4 8,17 Carbone combiné. . . . . ie 1 2,10 De ie 0.46 0,47 Re eus 85,92 Sn Phosphore s 2,65 2,75 SINEBie de es se dia F 0,91 0,92 Les concentrations desacides employésdansune première série d'essais étaient respectivement de 38:",454, 116,917 et 233,845 HCI par litre, c’est-à-dire qu’elles croissaient suivant une progression géométrique dont la raison est 2. Pour des motifs qui seront exposés plus loin, j'ai opéré ensuile avec des acides contenant par litre: 4695°,400, 310,998, 272,400 et 29,297 HCI. É Tous les essais ont été faits dans les conditions sui- vantes : 20 grammes de fonte pulvérisée étaient additionnés en une fois du double de la quantité d’acide nécessaire ponr dissoudre 20 grammes de fer conformément à l’équation : Fe + 2HC1 = Fe CE + H°, On chauffait ensuite au bain-marie (85° environ) pendant (219 3 six heures, en agilant de temps en temps le liquide, on laissait en repos pendant une demi-heure environ, puis on filtrait sur filtre en asbeste laré; après lavage complet à l'eau distillée, on desséchait le tout à l’étuve jusqu’à poids constant, à une température de 125° à 130°. On détermi- nait ensuite dans le résidu la proportion de carbone, hydrogène, fer et phosphore. Je ferai remarquer dès main- tenant que, bien avant le terme des six heures de chauffe, la réaction entre la fonte et l’acide se ralentissait au point de ne plus permettre de constater de dégagement gazeux continu, et cela, quelle que fût la concentration initiale de l'acide RÉSULTATS NUMÉRIQUES. Tableau A. Variation de la quantité de résidu suivant les concentrations de l'acide chlorhydrique. Teneur Volume Aspect Poids du ner Résidu ue des acides en HCI | d'acide employé | du résidu séché | de 20 ares Ds par litre, en €, €, | à 4200, + de fo de f ae 469,100 1 per | CPS 4,68 310,998 167 Idem 0.8380 4,19 272,40 491 Idem 19595 6.96 233,845 293 Idem. 19514 9,75 116,917 447 Noirätre ; dense. 5,1800 25,90 58,154 894 Idem. 6,8196 34,9 99,997 1788 Idem. 8,2668 M,33 (220) ‘SlURPAOIUOI sasÂ[eur X09P 9p SieINs9i sp ouuafow ej ju0s U9B0IPÂG] & 19 QUOGIED Ne SJNeJ91 So1quOu 59} €6'0 680 ro'e 86‘9 607 99°+F LFGY : * * * : oaoqdsoqy 08°F6 9F68 06'6L 8899 K' GG'EC 696 : “+ ‘MI da gro Sç'0 60 sr LOS £6r * + au980apiy LE er d 09 gs'e L0‘9 698 ad 44 + + *ouoque) LEG'6G rgr'8s LEG'OFT GrS'6e 00*'GLG 866'01€ 007"69» "SENANATI D onhaphy107y9 puy — *snpisaa Sap appuusaquor uornsoduo) *Æ nPoIqu,L (24) [HAE] 604€ 068 SL‘6 95'9 61 89'+ Fo??? ‘1807 npisoy Fo Ford O6‘ 0G8‘} 670‘ EG 2744 LOFS to, SDS L8£‘0 080 08L‘0 89‘0 989‘0 684‘ £68‘0 Re CNRS LY6' LE 80708 069‘08 OLY'e 18% &L6'0 TAN A à 0 0800 £60'0 900 &60‘0 600 L80‘0 460‘0 "+ .*. * ou980zpÂt LOIS 098 LEA 6908 019% [HAT A 209 +. NS L8S"0 AA) 6870 6840 0800 90‘0 L8F‘0 * * JUEJSAI QUIQUIO9 ”) Ly0‘F 880 6760 68ç‘0 0%g‘0 0&90 Ly90 Re (Mot "LOG 66 | ‘+0r'80 "LI69FT ‘CYS'RES "00FGLE "866'07£ "007'69F "SLNANATA D IPtIU] 9200 NU21Q0 NPIS2H ‘aju0] 2p soyand 004 » Saajioddpt snpisat op sjupnjusuoo sp S2R/08Q0 SRJUDN() ‘D nBOIQqB.L (22) EXAMEN DES RÉSULTATS. 1° Varialion de la quantité du résidu avec la concentration de l’acide. (Voir tableau A.) Pour plus de facilité, rapportons à deux axes rectangu- laires les résultats consignés dans le tableau A. Nous arri- vons ainsi au tracé graphique suivant : - .Alade renfamant par be .… 297227 HU à RC . 118.017 0 283, 885 » _ ” _ Lé PCR L2 - o v 8 ri 2 3 & :. fs à 6 7 ( 223 ) Dans ce tracé, l'axe des abscisses porte les concentra- tions des acides employés; les ordonnées représentent les résidus rapportés à 100 parties de fonte. L'examen de cette courbe montre tout d’abord que l'importance du résidu est d'autant plus considérable que l'acide employé est plus faible. Toutefois il n’y a pas de proportionnalité entre les concentrations et les nombres représentant les résidus. Il est à remarquer que les trois points correspondant aux acides 235,845, 116,917 et 98,454, sont en ligne droite. Ces trois points ayant été déterminés seuls d'abord, il devenait intéressant de savoir Si, pour des acides de concentrations supérieures à 255,845 HCI et inféricures à 38,454 HCI, l'allure se main- tiendrait, auquel cas, pour une teneur de 290 grammes environ HCI par litre, tous les éléments de la fonte solu- bles dans l'acide chlorhydrique auraient dù se dissoudre. Le point B du prolongement AB du tracé correspondrait alors à un résidu de 1#*,40 environ, somme approximative des éléments inattaquables(graphite, silice, etc.). Les essais entrepris dans cette direction ont montré qu'il n’en est pas ainsi. Pour toute concentration supérieure à 233°",845, la quantité de fonte attaquée croit très lentement. Il semble même qu’au delà de 310 grammes par litre, la force de l'acide soit sans influence. Comme le montre le tableau, le résidu obtenu avec l’acide à 469 grammes est même légè- rement supérieur à celui que laisse l'acide à 310 grammes. Toutefois il nous paraît que ce fait est dû exclusivement à la très grande concentration de la solution obtenue, vers la fin de la réaction, avec le premier de ces acides; on con- Slalé, en effet, que le liquide, dès qu'il cesse d'être chauffé, laisse déposer immédiatement une abondante cris- lallisation de chlorure ferreux. 11 se peut donc que, même ( 224 ) au bain-marie, un peu de ce sel se dépose et empêche le contact de l'acide avec les dernières parties de la fonte. Le fragment de courbe compris entre les concentrations 58,454 et 29,297 se relève notablement; cette allure per- met de supposer que, pour toute dilution supérieure à 29,227 HCI par litre, la quantité du résidu augmente rapi- _ dement; un acide ne contenant, par exemple, que 5 grammes d’acide chlorhydrique par litre, n’attaquerait probablement qu’une très faible quantité de fonte. 2° Influence de la concentration de l'acide sur la nature des résidus. (Voir tableaux B et C.) Comme le montre le tableau B, les résidus deviennent de plus en plus pauvres en carbone, hydrogène et phos- phore à mesure que la concentration des acides diminue. Le contraire a lieu pour le fer. De même que pour le résidu total, les différences sont surtout nettement accu- sées entre les acides forts (de 469,400 à 253,845) et les acides dilués, dont le premier terme contient 416:",917 HCI par litre. Si nous considérons les nombres qui expriment la quantité des différents éléments des résidus rapportés à 100 parties de fonte (tableau C), nous constatons d’abord que, dans aucun cas, la totalité du carbone combiné ne s’est dégagée. La partie restante va en augmentant à mesure que les acides deviennent plus dilués. En réalité, cet accroissement ne s’observe qu’à partir de l'acide à 104,998; mais l’anomalie, si l’on peut ainsi dire, que présente le nombre 0,187 obtenu avec l'acide à 469°°,400 provient probablement d’une attaque rendue incomplète par suite de la grande concentration de la solution; une (225 ) remarque analogue a d’ailleurs été faite antérieurement à propos du résidu total. On observe ensuite que l’accroisse- ment devient très brusqne lorsqu'on passe du dernier acide concentré aux acides dilués; tandis que la moyenne du carbone combiné restant avec les quatre acides concentrés est de 05115, soit 4,29 °/, du carbone combiné total, cette moyenne s'élève avecles acides dilués à 05°,490,scit 18,28 °/.. Le même fait s'observe pour le fer. Remarquons ici l'énorme quantité de fer laissée indissoute par les acides dilués; dans l'essai fait avec de l’acide à 29 grammes par litre, la proportion de fer inattaquée est à peu près la moitié de la quantité contenue dans la fonte. Les nombres fournis par le phosphore montrent que, dans la plupart des cas, le !/, environ de cet élément reste dans le résidu pro- bablement à l'état de phosphure de fer. Il est à noter Cependant qu'avec les deux acides les plus dilués, la quan- tité de phosphore qu’on retrouve dans le résidu est à peu près moitié moindre que celle qu’on observe dans les autres essais. La quantité d'hydrogène existant dans les produits de l'attaque de la fonte par l'acide chlorhydrique présente un intérêt tout particulier. Remarquons d’abord qu'il est absolument inadmissible que cet hydrogène soit exclusive- ment combiné à du carhone. Dans plusieurs cas, en effet, comme le montre le tableau €, la quantité de cet élément va même jusqu’à dépasser notablement celle du carbone combiné non dégagé. Ici encore, il existe des différences notables, suivant que l’on considère les produits obtenus avec les acides forts ou avec les acides faibles. On constate avec les premiers une moyenne de 0,091 d'hydrogène; avec les seconds, cette moyenne descend à 0:,056, soit une diminution de plus d’un tiers. De plus, les varialions ( 226 ) de l'hydrogène se produisent en sens inverse de celles d carbone, et il est particulièrement remarquable que ce soient les résidus les plus riches en carbone combiné qui renferment le moins d'hydrogène. Ce fait contribuerait encore à faire admettre qu'une notable partie de l'hydro- gène est en combinaison avec un des éléments des résidus autre que le carbone. Considérations générales sur les faits précédents. Les faits signalés dans les pages qui précèdent soulèvent plus d’un problème. Et d’abord, pourquoi l’acide chlorhy- drique, agissant sur la fonte, laisse-t-il, suivant son degré de dilution, des quantités de résidus si différentes? Bien qu'à première vue la concentration de l'acide paraisse seule en cause, en y regardant de plus près, on est forcé de reconnaître qu'il n’en est pas tout à fait ainsi. En effet, prenons deux résultats quelconques dans le tableau 4, par exemple ceux que fournissent les aciles à 253,845 et à 116,917 HCI par litre. Nous avons dans le premier cas une quantité x d'acide chlorhydrique dans un volume de 225 c.c. el un résidu de 1#*,93 pour 20 grammes de fonte. Dans le second cas,nous avons la même quantité x d'acide, mais dans un volume de liquide double du précédent, soit 4AT c.c. Or, si nous considérons l’état d’acidité du premier de ces deux liquides à la fin de la réaction, nous consta- tons que cet état d'acidité est plus grand que celui d'un égal volume du second liquide avant sa réaction sur la fonte. Et cependant, plus rien ne se dissout, tandis que le second acide mis au contact de 20 grammes de fonte en dissout plus de 15 grammes, malgré sa concentration ini- tiale plus faible. (2779 Il n'est guère admissible que le ralentissement de la dissolution soit dû au sel ferreux qui prend naissance dans la réaction; au contraire, dans l’état actuel de nos CONNAIS- sances, la présence de sel en solution doit, au contraire, activer l'énergie de l'acide. Peut-être les phénomènes qui nous occupent sont-ils aussi en relation avec l'état élec- tique des liquides à tel ou tel moment des réactions. En tous cas, ces considérations n’excluent pas une hypothèse que j'ai déjà indiquée au début de ce travail et qui repose Sur le manque d’homogénéité de la fonte. En nous repor- tant au tableau 4, nous sommes frappé de l'énorme dif- férence du poids du résidu laissé par les acides forts d’une part, et d'autre part par les acides faibles. Pour citer un exemple, l'acide renfermant 233 grammes HCI par litre laisse 10°/, environ de matières indissoutes, tandis qu'avec celui dont la concentration est moitié moindre, le résidu est à peu près trois fois plus considérable. Cet écart est trop grand pour être dû exciusivement à la dilution plus où moins grande des dissolvants. Il est plus que probable que si, dans les deux cas que je viens de rappeler, on avait employé, au lieu de fonte, du fer pur, c’est-à-dire une malière homogène, la dissolution eût été complète de part et d'autre au bout des six heures de chauffe. 1] cst done au moins plausible de supposer que le résidu laissé par un acide d’une concentration donnée possède une composi- tion, un groupement atomique spécial, qui le rend réfrac- taire à toute attaque ultérieure de cet acide, les autres Condilions restant les mêmes, tandis qu'il pourrait encore entrer en réaction avec un acide d’une autre concentra- tion. En un mot, le résidu laissé par un acide ne devrait pas être considéré comme étant de la fonte inattaquée, mais bien comme une sorte de fonte nouvelle, formée par ( 228 ) la réunion de certaines espèces chimiques inattaquables par l’acide employé. A l'appui de cette hypothèse, je ferai remarquer que le résidu que donnent les acides les plus forts, bien que renfermant une notable proportion de fer, sont d’une telle ténuité et d’une densité si faible qu'il . semble que cet élément n’y existe pas à l’état libre. Je me propose de revenir ultérieurement sur ce point que Je ne puis qu’indiquer aujourd’hui. Un fait très remarquable, dont il a déjà été question à propos de l’examen des résultats, consiste dans la présence de quantités relativement grandes d'hydrogène dans les résidus. Bien qu'il fût évident que le carbone combiné non dégagé était insuffisant pour saturer tout cet hydrogène, il était intéressant de connaître avant tout la proportion dans laquelle ces deux éléments étaient combinés lun à l’autre. J'ai dans ce but réalisé l'expérience suivante : 500 grammes de fonte ont été traités par du HCI contenant 510 grammes HCI par litre, en observant toutes les con- ditions des essais précédents en ce qui concerne la quantité d'acide employée et la température du liquide. Le résidu insoluble a, été après lavage, séché à 130°, puis traité à plusieurs reprises par de l’éther purifié au sodium. et ne laissant aucun résidu à l'évaporation. Dans cette opération, on constate que l’éther se colore fortement en brun en se chargeant de matières organiques. La solution éthérée soumise à l’évaporation a laissé un résidu brun-noir, de consistance pâteuse, dans lequel, après dessiceation à 100°, j'ai dosé le carbone et l'hydrogène. Les nombres obtenus étaient : CarhÔNe ss. +, . 19,70 Hydrogène . . . . 10,73 ? Moyenne de deux analyses concordantes Autres corps « . 9,55 (229) Ces nombres conduisent sensiblement au rapport ato- mique C'H!°5 ou C5H5 (allyle). Faisons application de ce résultat aux nombres obtenus dans l'essai fait avec de l'acide à 3105,998 par litre, dont la concentration est pour ainsi dire identique à celle qui a été choisie pour l’expé- rience précitée. Nous avons dans ce cas, pour 0,065 de carbone combiné non dégagé, 05,087 d'hydrogène. Si nous admeltons que 5 atomes d'hydrogène — 5 sont unis à 5 atomes de carbone — 3 X 12 — 36, nous trouvons, tout calcul fait, que seulement 05,009 d'hydrogène sont combinés au carbone. A quoi peuvent être unis les 0*,078 restants? Il est au moins peu probable que les éléments métalloïdiques du résidu, autres que le carbone, c'est-à- dire, le phosphore, le silicium, etc., retiennent de l’hydro- gène. On en arrive donc à se demander si l'hydrogène en excès n’est pas en combinaison avec du fer, bien que, « priori, il semble difficile d'admettre que de l'hydrure de fer, dont l'existence même est encore contestée, puisse se former en présence d'acide libre. H paraît, cependant, que tout au moins dans les résidus obtenus avec les acides con- centrés, le fer n’existe pas à l'état libre; outre leur ténuité comparable à celle de la magnésie, ces résidus flottent sur . l'eau, même après que cette eau a été chauffée de façon à ramollir suffisamment les matières organiques pour per- mettre au fer libre qui pourrait s’y trouver de se déposer au fond du vase. À côté de cette hypothèse, il en est une autre au moins aussi plausible. On admet actuellement dans la fonte deux espèces de carbone : le carbone dit graphitique et le carbone combiné. Certains travaux tendent même à faire admettre une troisième variété, désignée sous le nom de carbone semi-combiné, dont les ( 230 ) propriétés varieraient avec les conditions dans lesquelles il se forme. Le carbone graphitique supposé incapable d'entrer en réaction ne pourrait-il au contact du fer et d'un acide passer à l’état de cette variété instable dite semi-combinée et former des composés plus ou moins hydrogénés, que seule une ébullition prolongée parvien- drait à détruire. A l'appui de cette manière de voir, je rappellerai que, dans tous mes essais, j'ai obtenu dans les produits de la réaction des composés hydrogénés qui, une fois séparés du liquide au milieu duquel ils s'étaient formés, résistaient à une température de 130°. Or, en ana- lyse le dosage du graphite dans la fonte se fait par ébulli- tion avec de l'acide chlorhydrique dilué, ébullition par laquelle tout le carbone dit combiné se dégage. Est-il admissible que des corps qui, une fois formés, résistent à une température de 130°, soient éliminés mécaniquement par l’ébullition d’un liquide dont la température est sensi- blement inférieure? Je ne le crois pas. Il est tout aussi peu absurde d'admettre que l'acide chlorhydrique agit diffé- remment sur la fonte suivant la température et que le carbone dit graphitique pent entrer en réaction dans cer- taines conditions. Quoi qu'il en soit, l’existence de quan- lités relativement considérables d'hydrogène dans les résidus que laisse la fonte après traitement par l'acide chlorhydrique est assez curieuse pour que la question soit examinée de près. Je me propose d'y revenir par la suite en opérant sur du fer pur, carburé au moyen de carbone pur. CRUE.) De la présence de composés organiques sulfurés dans les produits de l'attaque de la fonte par l'acide chlor- hydrique. On à vu précédemment que la somme du carbone et de l'hydrogène contenus dans l’extrait éthéré provenant du résidu de la dissolution de la fonte dans de l'acide chlorhy- drique assez concentré ne représentait que les 90,5 °/, de la matière. J'ai constaté qualitativement qu’une partie de la différence était due à du soufre engagé dans des com- binaisons organiques. Malheureusement, la quantité de wmalière dont je disposais ne m’a pas permis d’examiner ce fait de plus près. J'ai pu toutefois me convaincre qu'il se forme des produits organiques sulfurés pendant la disso- lution de la fonte dans l'acide chlorhydrique. Malgré l'odeur dominante de la phosphamine et des autres gaz qui se dégagent sous l’action de l'acide, on parvient à distin- guer assez neltement l’odeur caractéristique des composés Sulfurés organiques. J'ai essayé d'isoler ces corps en opérant de la manière suivante : 130 grammes de fonte pulvérisée ont été traités par l’acide chlorhydrique dans un appareil disposé de telle manière que les gaz mis en liberté traversaient plusieurs flacons contenant de l'acide nitrique fumant. L'opération terminée, le contenu des flacons a été évaporé à plusieurs reprises avec de l’eau pour éliminer, autant que possible, l'excès d’acide nitrique. Il est resté finalement un liquide sirupeux constitué en majeure partie par de l'acide phosphorique; la solution aqueuse de ce liquide à été saturée par le carbonate de plomb; le filtrat séparé du précipité obtenu laissait déposer par évapora- on des pellicules d'aspect gras formées par un sel orga- ( 232 ) nique de plomb. Transformé en sel sodique et essayé sur la lame de platine, ce sel s’est comporté comme un sulfonate. Ici encore, je n'ai pu, faute de matière en quantité sufi- sante, identifier la substance obtenue. Il est donc acquis que, pendant la dissolution de la fonte dans l’acide chlorhy- drique, il se forme des composés organiques sulfurés, dont une partie se dégage avec l'hydrogène, tandis qu'une autre partie reste dans le résidu insoluble. Le soufre existant dans ces produits échappe en tous cas à la pesée dans les procédés ordinairement suivis'pour le dosage du soufre dans la fonte. De là, une erreur sur l'importance de laquelle je ne puis me prononcer actuellement. J’ai l'in- tention de reprendre plus tard cette questien qui, outre son côté scientifique pur, présente peut-être un certain intérêl pratique. Sur quelques Cucurbitacées rares ou nouvelles, principa- lement du Congo; par Alfred Cogniaux, professeur à l'École normale de l'État, et vice-consul de l'empire du Brésil, à Verviers. . Nous donnons ici l’énumération de vingt et une espèces ou variétés de Cucurbitacées provenant du Congo ou des régions voisines de l'Afrique tropicale. Quatre de ces espèces sont nouvelles et ont été récoltées par MM.Thollon et Jacques de Brazza, membres de la mission française qui explore le Congo sous la direction de M. Savorgnan de Brazza. L'année dernière, nous avons pu admirer au Muséum d’histoire naturelle de Paris les collections, extré- mement remarquables par leur richesse et admirablement (209 ) bien préparées, envoyées du Congo par ces deux bota- pistes. L'administration du Muséum a eu la bienveillance d’en extraire les Cucurbitacées et les Mélastomacées et de nous les confier pour en faire l’étude : nous décrivons ici les Cucurbitacées; les Mélastomacées seront comprises dans notre monographie générale de cette famille, dont la rédac- lion est actuellement déjà fort avancée. Les voyageurs anglais, français, portugais et allemands qui ont exploré les régions voisines de l’État indépendant du Congo, n’ont pas négligé la partie botanique, et leurs récoltes de plantes ont enrichi les collections publiques de leurs pays respectifs (1). Il est regrettable que l'État du Congo lui-même, où tant de Belges ont déjà résidé et résident encore, ne cherche pas à se mettre, sur ce point, à la hauteur des pays voisins : sa végétation indigène est à peu près inconnue, et nos collections publiques, du moins à notre connaissance, n’ont reçu des explorateurs africains aucun envoi de matériaux qui puissent servir à en faire l'étude. 1] y à là une lacune sur laquelle nous nous per- mettons d'attirer l'attention. Aux espèces africaines, nous avons ajouté la description de deux espèces et d’une variété nouvelles, récoltées par M. H.Schenck, botaniste allemand, qui a séjourné au Brésil pendant les années 1886 et 1887, et y a recueilli des col- lections botaniques fort riches. Non-seulement M. Schenck NOUS à confié toutes ses Cucurbitacées, Mélastomactes et Orchidées, mais il a eu l'obligeance de nous donner tous les doubles qu'il a récoltés de ces trois familles, el nous profitons de l'occasion pour lui en exprimer ici toute notre gratitude, md am (4) Voir, pour les collections recueillies dans la partie allemande du sud-ouest de l'Afrique, les travaux du D° Hars Schinz, in SÉRIE, TOME XVI. 16 (254) 2. Trochomeria debilis Hook. f.; Cogn. in Monogr. Phan.W, 599. — « In arenosis ad Kimberby, prov. cap. Griqualand West, allit. 1200 m., decembr. 1885 » (R. Marloth, Exsicc. austro-africana, n. 791). | 2. Peponia dissecta Cogn. sp. nov. Ramis glabris laevibusque; foliis ambitu late triangulari- ovatis, basi sinu angustiusculo profunde emarginatis, supra glabris sublaevibusque, subtus ad nervos longiuseule sparse- que hirtellis, caeteris glabris et tenuiter punctatis, fere usque ad basim 5-7-lobatis, lobis profunde lobulatis sese tegentibus; nervis lateralibus basilaribus imum sinum submarginantibus ; floribus masculis solitariis et longe pedicellatis, vel racemosis breviuseule pedicellatis et pediccllis basi minute bracteolatis; calyce glabro, tubo breviuseulo, ab apice ad basim attenuato, lobis subulatis, subadpressis, tubo triplo brevioribus. Rami graciles, elongati, sulcati, paulo ramulosi. Petiolus satis gracilis, striatus, longiuseule subsparseque histellus, 1-2 em. longus. Folia laete viridia, 6-7 em. longa, 7-8 Cm. lata ; lobis subaequalibus, ad basim valde constrictis, apice acutis; Jobulis divergentibus, margine remote acuteque Ccrenu- latis; sinus inter lobos angusti, obtusi, basilaris anguste rolun- datus, 1-1 ‘/, cm. profundus. Cirrhi filiformes, longiuseuli, glabri, bifidi. Peduneulus communis masculus satis gracilis, striatus, leviter puberulus, 7-8 em. longus, usque ad medium 8-10 florus; pedicelli patuli, 6-10 mm. longi; bracteolae reflexat, obovato-spathulatae, integrae, leviter puberulae, 2-5 mm: longae, Calycis tubus 15-15 mm. longus, apice 5-6 mm latus; PR Rd Abhandtungen des Botanischen Vereins der Provinz Brandenbury, année 1888. Dans le volume XXX de ce recueil, p. 449, nous avons décrit 7 espèces et 2 variétés nouvelles de Cucurbitacées es de cette région allemande. ( 255 lobi 4-6 mm. longi. Petala ut videtur lutea, crecta, oblongo- lanccolata, apiec acuta, utrinque glabra, 2 !/,-5 em. longa. Staminum filamenta filiformia, glabra, 3 mm. longa; capitulum antherarum anguste eylindricum, 6 mm. longum. Flores _feminei et fructus ignoti. Habitat in Congo ad Brazzaville, « dans les eultures, au bord des eaux, novembre 1884. » (Mission Savorgnan de Brazza, coll. Thollon n. 449 in herb. Mus. Paris.) * Cette espèce a certains rapports avec le P. Cienkowskii Hook. f. (Cogn. L. c., 409), à côté duquel elledoit se placer; mais les caractères de la diagnose donnée plus haut la dis- linguent beaucoup de toutes les autres espèces du genre Peponia. Cogniauxia. — Depuis que nous avons parlé de ce genre, en y ajoutant deux espèces inédites (Descr. de qq. Cucurb. nouv., pp. 6-8, et Bull. Acad. Belg., sér. 3, XIV, pp. 549- 351), nous avons eu l’occasion d'étudier des matériaux nou- veaux très abondants, dus principalement aux récoltes de M. Thollon, compagnon de M. Savorgnan de Brazza dans son exploration du Congo français, — matériaux faisant Partie de l’herbier du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Nous pouvons ainsi signaler des localités nouvelles et précises pour deux des trois espèces déjà connues et en décrire une quatrième. De plus, comme M. Baillon n'avait pas décrit son espèce, mais l'avait seulement caractérisée en peu de mots, nous croyons utile de la décrire aussi; celle description est basée sur l'analyse d’une série d'exem- Plaires nouveaux, et aussi sur l’exemplaire-type de M. Bail- lon, que nous avons sous les yeux pour le.comparer aux autres. Cette étude nous montre que le C. podolaena, ( 256 ) comme toutes les autres espèces du genre, a les vrilles bifides, et non simples, même dans l'exemplaire récolté par le P. Duparquet. Le caractère des vrilles ne pent donc servir à distinguer les espèces et devient inutile dans les diagnoses spécifiques. La description du genre (Hist. des PI. VIT, p. 446) doit aussi être rectifiée pour cet organe. 8. C. podolaena H. Baïll. in Bull. Soc. Lin. Paris, p. 424. Foliis amplis, ovato-cordatis subhastatis, apice acutis et bre- viter acuminatis, margine obtuse vel acute sinuato-angulatis, utrinque tenuissime valde reticulatis glaberrimisque; racemis masculis folio paulo longioribus, apice tantum floriferis, pedi- cellis ad medium bracteatis ; calÿce tenuissime denseque punce- tato-furfuracco. Rami robusti, elongati, angulato-sulcati, juniores tenuissime furfuracei, vetustiores glaberrimi. Petiolus robustiuseulus, leviter sulcatus, densiuseule furfuraceo-puberulus, 2-4 em. longus. Folia submembranacea, supra lacte viridia, subtus paulo pallidiora, 1 !} -2 dm. longa, 12-18 em. lata ; sinus basi- laris subrotundatus, 3-5 em. profundus, 2-4 em latus; nervi laterales imum sinum submarginantes. Cirrhi robusti, elongati, leviter suleati, tenuiter furfuraceo-puberuli, inacqualiter bifidi. Pedunculus communis masculus robustus, mullistriatus, glaber vel leviter furfuraceus, circiter 2 dm. longus; pedicelli erecto-patuli, satis graciles, densiuscule furfuraceo-puberuli, 1/4-1 /9 em. longi. Bracteae lineari-subulatae, leviter flexuosae, rigidiusculae, tenuissime furfuraceo-puberulae, 8-12 mm. lon- gae, 1/,-1 min. Jatae. Calycis tubus leviter 10-costatus, inferne saepius vix incrassatus, apice abrupte satis dilatatus, 14-18 mm. longus, ad medium 1 ‘/,; mm. et ad apicem 5-7 mm. latus ; dentes triangulares, acuti vel breviter acuminati, basi remoti, 2-5 mm. longi. Petala flava, patula, tenuiter membranacea, anguste obovata vel obovato-oblonga, paulo asymmetrica, (‘237 ) subaequalia, grosse 3-5-nervia, intus glabra, extus vix punc- tato-furfuracea, apice subrotundata et breviter apiculata, 21/,-5 1}, em. longa, 1 ‘/-2 em. lata. Staminum filamenta bre- vissima ; antherae liberae, 6-7 mm. longae, biloculares 4 mm. latae, Flores feminci et fructus ignoti. Habitat in Gabonia (Duparquet}; in Ogôoué ad N'Gounier, mart. 1885 (Thollon n. 265); in Congo ad Brazzaville, novembr. 1884 (Thollon n 553 part.); ad Abo prope Kame- roon, januar, 1874 (Buchholz in herb. Engler). M. Thollon à mis en note à son n° 535 : « servant à faire des bonnets »; mais nous ignorons quelle est la partie de la plante qui est employée à cet usage. 4. C. cordifolia Cogn. in Bull. Acad. Belg., sér. 5, XIV, p- 550. — In Congo ad Brazzaville, novemmb 188% (Thollon n. 555 part.); in Ogôoué ad insula Azangué-Ningué, mart. 1883 (Thollon n. 453). 3. C. Brazzaei Cogn. sp. nov. Foliis magnis, ovato-cordatis, apice breviter acuteque acu- minatis, margine integerrimis vel leviter undulatis, subtus ad nervos leviter furfuraceis caeteris utrinque glaberrimis et te- nuiter valde reticulatis; racemis maseulis folio satis longioribus, usque ad medium vel interdum fere usque ad basim floriferis; pedicellis elongatis, paulo supra basim bracteatis ; calyee den- siuscule punctato-furfuracco. Rami robusti, elongati, leviter angulato-suleati, glabri vel vix furfuracei. Petiolus robustus, plus minusve tortuosus, teretiusculus, supra leviter canaliculatus, glaber vel vix furfu- raceus, 5-4 em. longus. Folia submembranacea, utrinque siccitate lurida, 18-22 em. longa, 12-16 em. lata; sinus basi- laris anguste rotundatus, 4-5 em. profundus; nervi robusti, ( 238 ) laterales imum sinum marginantes. Cirrhi robusti, longissimi, obseure angulati vel leviter sulçati, glaberrimi vel vix furfu- racei. Peduneulus communis maseulus robustissimus, teretiu- seulus vel vix suleatus, glaber, 2-5 dm. longus; pedicelli crecti, robustiuseuli, tenuissime furfuraceo-puberuli, 5-6 em. longi. Bractcac lineari-subulatae, sais flexuosae, rigidae, tenuissime furfuraceae, 6-12 sam. longac, 1-1 !/; mm. latae. Calycis tubus tenuiter 10-costatus, inferne paulo incrassatus, apice leviter dilatatus, 11-14 mm. longus, ad medium 2-2 !/, mm. et ad apicem 5-6 mm latus; dentes anguste triangulares, breviter acuteque acuminati, basi remoti, 2 mm. longi. Petala membra- nacea, anguste ovata, paulo asymmetrica, grosse 5-5-nervia, intus glabra, extus densiuseule furfuraceo-puberula, 1 !/,-2 em. longa. Staminum filamenta brevissima ; antherae liberae, 5-6 mm. longae, biloculares 3-4 mm. latac. Flores feminei et fructus ignoti. Habitat in Ogôoué, decemb. 1883 (Mission Savorgnan de Brazza, coll. Thollon n. 560 in herb. Mus, Paris.). 6. Lagenaria vulgaris Ser.; Cogn. L. c. 417. — In Congo ad Brazzaville (Thollon n. 451). 3+ Momordica cissoides Planch. ; Cogn. L. c. 450. — In Congo ad Bolobo et Lukolela (Büttner n. 475). 8. M. enneaphylla Cogn. sp. nov. Dioica; foliis biternatis; foliolis 9, membranaceis, oblongo- lanceolatis, basi subrotundatis, apice longiuseule aeuteque acu- L = | O0 a | +] 1: L'4 se À nin , queg ; 5. ad medium late bracteato; ealyce glabro, regulari, segmentis ovalo-triangularibus, margine pellueidis et tenuissime cilielis, apice acutis vel acutiuseulis. Rami graciles, elongati, profunde suleati, glabri, paulo ramu- (259) losi. Petiolus gracilis, suleatus, glaber, 1-2 cm. longus; petio!uli 5, divaricati, trifoliolati, 1-2 em. longi, intermedius saepius lon- gior; petioluli secundarii patuli, intermedius 8-10 mm. laterales 2 mm. longi. dre a ins viridia, subtus paulo palli- diora, laet ote spinuloso-denticulata, 5-5 em. longa: 12-18 mm. lata, latcralia satis asymmetrica et paulo minora. Cirrhi filiformes, breves, angulato-suleati, glabri, bifidi. Peduneulus masculus inferne gracilis, superne filiformis, glaber, striatus, 1-1 1/, em. longus; bractea reniformi-subor- biculata, rigidiuseula, concava, sessilis, siccitate fusca, margine integra, intus glabra, extus leviter furfuracea, 1-4 1/9 em. lata. Calyeis tubus late cyathiformis vel subrotatus, fere 4 em. latus; segmenta adpressa, 4-5 mm. longa, basi 5-4 mm. lata. Petala ut videtur flava, ereclo-patula, ovato-oblonga, apice obtusa, multinervia, extus tenuiter furfuracea, 1 1/9 em. longa, 7-10 «ur Jata. Stamina 5, filamentis crassiuseulis, glaberrimis, 5 mm. longis;, antherae late ovatae, 3 mm. longae, biloculares connectivo lato, superne papilloso, apice bifido Flores feminei et fructus ignoti. | Habitat in Ogôoué (Thollon n. 448 in herb. Mus. Paris.). Cette espèce est voisine du M. clematidea Sond., Cogn. L.c. 434; mais ce dernier a les feuilles à /olioles beaucoup plus nombreuses et plus petites, crénelées-dentées, les pédoncules des fleurs mâles plusieurs fois plus longs, les fleurs notablement plus grandes, les segments du calice oblus, etc. 9. Momordica Thollonii Cogn. sp. nov. Foliis ambitu ovato-suborbicularibus, subglabris, fere usque ad basim 5-lobatis, lobis obovato-oblongis, profundiuseule lobulatis; eirrhis simplicibus; floribus monoicis, omnibus soli- tariis; peduneulo maseulo ebracteato vel rarius prope basim minutissime bractealo; calycis segmentis anguste ovalis, apice ( 240 ) aeutis; fructu parvo, ovoideo, leviter verrueuloso, apice lon- giuseule acuteque rostralo. Rami gracillimi, angulato-sulcati, glabri, laeves. Petiolus subfliformis, tenuiter striatus, glaber, 5-4 em. longus. Folia tenuiter membranacea, laete viridia, 5-8 cm. longa ct fere totidem lata, lobis acutis apiculatisque; sinus inter Jlobos angusti, obtusi, basilaris subreetangularis, 1-1 1/9 em. pro- fundus, 1 1/2-2 em. latus. Cirrhi filiformes, breviusculi, suleati, glabri. Peduneulus masculus capillaris, suleatus, glaber, 3-5 em. longus. Calycis tubus late campanulatus, tenuissime furfuraceo-puberulus, # mm. latus; segmenta pallida, tenuiter membranacea, 5 1/2-4 mm. longa, 2 1/2-5 mm. lata. Petala ut videtur flava, oblonga, apice subrotundata, vix furfuracca, 5-b-nervia, 11-12 mm. longa, 5-6 mm. lata. Staminum fila- : menta vix À mm. longa ; antherae ovatue, 2 mm. longae, loculis flexuosis, connectivo latiusculo, Peduneulus fruetiferus fili- formis, 8 em. longus. Fructus flavescens, 2 em. longus, 12-13 mm. crassus, 2-3-spermus. Semina compressa, utrinque obseure tridentata, sub utraque facie leviter exseulpta, 9 mm. longa, 5-6 mm. lata, 5-5 1/2 mm. crassa. Habitat in Ogôoué, octobr. 1885 (Thollon n. 450 in herb. Mus. Paris.). Cette espèce se rapproche du M. Welwitschii Hook. f, Cogn. L. ce. 435, qui s’en distingue par ses feuilles divisées à peine jusqu'au milieu en 5-9 lobes seulement dentés, ses vrilles bifides, ses fleurs plus grandes, son calice à seg- ments noirätres et ovales-orbiculaires, elc. 40. M. Charantia L.; Cogn. L. c. 456. — In Gabonia (Büttner n. 21); in Congo ad Mongo (J. de Brazza n. 49). 22, M. Charantia, var. abbreviata Ser.; Cogn. L. c. 457. — In Gabonia (Büttner n. 22) ; in Congo (Büliner n. 525). ( 241 ) 42. M. Gabonii Cogn. {. c. 450.— In Gabonia (Büttner n. 17 in herb, Berol.). 13. M. fœtida Schum. et Thonn.; Cogn. L c. 451. — In Gabonia (Büttner n. 16); in Kameroon ad Victoria (Buchholz in herb. Engler). 44. Luffa cylindrica Roem. ; Cogn. L. c. 456. — In Congo ad Brazzaville (Thollon n. 452). 25. Sphaerosicyos sphaericus Cogn. L. c. 466. — In Africa orientali ad Gonda (Bühm, Deutsche Exped. nach Ost-Africa, n. 44). 26. Cucumis ficifolius A. Rich. var. €. dissectus Naud.; Cogn. L. c. 49%. — In Africa orientali ad Gonda (Bühm n. 272). 47. Physedra Barteri Cogn. {. c. 525. — In Kameroon ad Mungo (Buchholz). 48. Melothria deltoidea Benth.; Cogn. [. c. 594. — In Kamec- roon (Buchholz in herb. Berol.). 29. M. tridactyla Hook. f.; Cogn. [. e. 596. — In Congo ad Gareiü, mart, 4884 (Jacques de Brazza n. 50). 20. M. hederacea Cogn. L. c. 611. — In Africa australi ad Hang Klipp (Mund et Maire in herb. Bcrol.). 21. M. punctata Cogn. L. c. 615. — In Africa australi ad Hang Klipp (Mund et Maire). 22. Gurania ovata Cogn. L. c. 687, var. $. parviflora var. nov. (242) Peduneulus communis masculus satis gracilis, !/2-1 1/2 decim. longus, apice tantum fluriferus. Flores dimidio minores. Ia Brasiliae prov. Rio de Janeiro ad Corcovado (Schenck n. 2147). 28. Ceratosanthes parviflora Cogn. sp. nov. Monoica; foliis utrinque subadpresse breviter sparseque sctuloso-scabris praccipue subtus, margine non ciliatis, usque ultra medium trilobatis; lobis ovatis vel oblongis, acutis vel acuminalis, remotissime spinuloso-denticulatis ; floribus mas- culis in racemos 12-16 floros folia paulo superantes digestis; calycis tubo brevi, vix puberulo, inferne leviter attenuato. Rami scandentes, subfiliformes, glabri, laeves, angulato- suleati. Petiolus subfliformis, striatus, densiuseule breviterque hirtellus, 1-1 ‘} cent. longus. Folia membranacea, 4-6 em. longa et fere totidem lata, supra intense viridia, subtus paulo pallidiora, pedato 3-5 nervia, nervis subtus leviter prominen- tibus et leviter hirtellis; lobus terminalis ad basim satis con- strictus; sinus basilaris subrectangularis, circiter 1 em. pro- fundus. Cirrhi capillares, breviuseuli, sulcati, glabri. Pedun- culus communis masculus gracilis, leviter puberulus, saepius usque ad medium floriferus, 4-6 em. longus; pedicelli patuli vel reflexi, puberuli, 2 mm. longi. Calycis tubus teretiuseulus, 3-5 ‘/; mm. longus, apice 2 mm. latus; dentes erecti, fusces- centes, ovati, obtusiusculi, 4 mm. longi. Corolla extus dense furfuraceo-tomentosa Antherae cohaerentes, 1 ‘/; mm. longae, connectivo apice non producto. Flores feminei geminati ad apicem peduneuli communis 2 em. longi; pedicelli brevissimi. Fructus ovoideus. Semina pallide fusca, ovoidea, non margi- nata, 9 mm. longa, 6 mm. lata, 2 ‘/, mm, crassa. Habitat in Brasiliae prov. S. Catharina ad Blumenau, 2 octobr. 1886 (Schenck n. 293). ( 245 ) Cette espèce a quelques rapports avec le Ceratosanthes Hilariana Cogn. !. c. 722; mais ce dernier a les feuilles plus grandes, relalivement plus larges, presque lisses et légèrement pubescentes sur les deux faces, à pétiole glabre ; les inflorescences plusieurs fois plus longues, à pédicelles atteignant / à 2 centimètres de longueur; le tube du calice au moins 3 ou 4 fois plus long (10 à 15 mm.), renflé inférieurement, etc. 24. Cayaponia Schenckii Cogn. sp. nov. (sect. Encayaponia). Monoica; foliis tenuiter membranaceis, ambitu ovatis vel suborbicularibus, eglandulosis, basi profundiusceule emargi- natis, utrinque glabriuseulis et sparse punctato-scabriusculis praecipue supra, subintegris vel usque ad medium trilobatis, lobis ovato-oblongis acuminatisque; cirrhis simplicibus vel inaequaliter bifidis ; ealyce vix puberulo, tubo anguste campa- nulaio, basi paulo attenuato, dentibus linearibus, remotis, tubo multo brevioribus; staminum filamentis filiformibus, ad basim dense villosis vix dilatatis, antheris subacqualibus. Rami gracillimi, sulcati, laeves, vix puberuli. Petiolus gra- cilis, tenuiter striatus, brevissime et densiuscule hirtellus, 3-5 cm. longus. Folia laete viridia, 7-10 em. longa lataque, superiora saepius subintegra ; lobi margine remote spinuloso- denticulati, laterales breviores; nervi graciles, supra brevis- sime hirtelli, subtus paulo prominentes, laterales basilares imum sinum marginantes. Cirrhi filiformes, clongati, suleati, leviter puberuli. Flores maseuli solitarii; pedunculus gracilis, suleatus, leviter hirtellus, 1 ‘/,-2 ‘/, em. longus. Calycis tubus tenuiter membranaceus, superne leviter constrictus, 3 em. longus, paulo supra medium 2 em. et ad apicem 1 ‘/, em. latus; dentes erecti, trinervii, apice acutissimi, 7-9 mm. longi, basi 2 mm. lati. Corolla extus brevissime puberula, intus furfuraceo- tomentosa, segmentis ovato-triangularibus, 5-7-nerviis, apice ( 244 ) obtusiuseulis, 9-11 mm. longis, 6 mm. latis. Staminum fila- menta 6-7 mm. longa; antherac in capitulum 4 em. longum 21,-5 mm. crassum cohaerentes. Flores feminci solitarii; pedunculus satis gracilis, leviter sulcatus, brevissime hirtellus, 2 cm. longus. Fructus (immaturus) ovoideus, glaber, laevis, 12-13 mm. longus. Habitat in Brasiliae prov. S. Catharina ad [toupava prope Blumenau, 28 octobr. 1886 (Schenck n. 865). Cette plante n’a d’affinités bien tranchées avec aucune des nombreuses espèces de Cayaponia connues jusqu'ici. Nous pensons cependant qu’il faudra la placer près du C. podantha Cogn. {. c. 753, qui en diffère considérablement, car il a les feuilles rigides, très scabres, à lobes oblus; les fleurs dioiques; le calice d’une forme totalement diffé- rente, à lobes aussi longs que le tube, etc. Étude de la structure des éclairs par la photogra- phie; par W. Prinz, attaché à l'Observatoire royal de Bruxelles. L'application, assez récente, de la photographie à l'étude des éclcirs, a fourni d’intéressants documents sur la forme de ces météores. Toutes les images ayant indistinctement ‘donné, pour la trajectoire de létincelle, une ligne finement ondulée, on en a conclu que l'éclair se meut suivant une spire, très irrégulière d’ailleurs. Les ramifications, souvent très nombreuses, qui s'échappent du trait principal et que l'œil a tant de peine à suivre, ont été fixées dans leurs ( 245 ) moindres détails. Enfin, il a été reconnu que beaucoup de décharges, qui paraissaient produiles par une seule étin- celle, l'étaient en réalité par plusieurs, partant simultané- ment ou à des temps excessivement rapprochés. Mais on est allé plus loin. Quelques opérateurs ayant obtenu la reproduction de coups de foudre tombant à pro- ximité de l'appareil photographique, ont signalé de remar- quables particularités structurales dans les éclairs. C’est exclusivement de ces dernières que nous nous occuperons dans ce qui suit. En 1884, M. Duquesne, à Billancourt, obtint l’image d’un éclair qui, vu au microscope, montrait qu'à « côté du sillon principal en courait un second, plus étroit, qui se rapprochait du premier à divers endroits jusqu’à se con- fondre entièrement avec lui (1) ». Quelques jours plus tard, le D° Kayser, de Berlin, photographiait un coup de fouure très rapproché et trouvait la traînée lumineuse divisée en quatre lignes parallèles. Trois de ces lignes, plus faibles, forment un groupe séparé du jet principal par une large bande finement striée transversalement. Du trait principal partent plus de soixante décharges latérales. M. Kayser a tenté d'expliquer cette structure compliquée par des décharges oscillantes et par la volatilisation de gouttes de pluie (2). Des éclairs constitués par des lignes parallèles, visibles à la loupe, sont encore signalés par M. Selinger, à Olmütz (3). EN AS SR (1) La Nature, 4883. 1er sem, p. 32. (2) La photographie instantanée, par J.-M. Eder, traduction fran- çaise publiée par l'Association belge de photographie. 1888, p. 125. (5) Jahrbuch f. Photographie, de J.-M. Eder. Halle, 1888, p. 421. ( 246 ) La striation transversale, observée par le D' Kayser, se retrouve également sur des épreuves discutées dans un travail de M. Moussette, Cet auteur, qui a serré la solution de la question de très près, compare la trajectoire de l'éclair à celle d’une fusée. Il pense que la foudre se produit géné- ralement sous la forme globulaire (1). . Le résultat de nos recherches établira que les déduc- tions de M. Moussette sont exactes. Une dernière observation du même genre a élé récem- ment publiée par M. Trouvelot, qui assimile l’éclair à un ruban strié transversalement (2). Ces détails ne nous parurent point correspondre à une structure réelle de l'éclair et ils nous semblaient devoir être examinés de plus près, avant d'en tirer les conclusions pré- cises que nous venons d’énumérer. . Les photographies que nous avions prises jusqu'ici ayant été obtenues à des distances relativement considérables (3), nous ne pouvions élayer notre appréciation par l'examen d'épreuves comparables à celles des auteurs précités. Le violent orage qui a passé sur Bruxelles le 25 juin dernier, entre 9 et 10 heures du soir, nous a fourni l’occasion de nous procurer les documents qui nous manquaient. Une couche d’épais nuages et la pluie ne permirent pas d'ob- tenir des clichés convenables avant que l'orage fût sur la ville. Le coup de foudre tombé sur l’église de la Chapelle (4) Comptes rendus, 1886, i. CI, p. 50. Les photographies de M. Moussette sont reproduites dans La lumière électrique, 1887, 554. (2) Comptes rendus, 1888, t. CVII, p. 155. (5) Deux d'entre elles ont été rente dans Ciel et _. 7° année, p. 162, ( 247 ) (à environ 1,700 mètres de l'Observatoire) nous donna une première image bien définie. Comme l'orage passa peu de temps après sur l'Observaloire même et que nous avions encore pu saisir quelques éclairs dans l'intervalle, nous espérions avoir rempli les conditions avantageuses de nos devanciers. En effet, au développement qui fut poussé jusqu’à voiler. les plaques, nous avons trouvé des images présentant les particularités structurales signalées plus haut. Ainsi que nous l'avions supposé, ces images s'expliquent par les défauts inhérents à toute lentille photographique, défauts rendus sensibles et ineffaçables par l'énorme quantité de lumière projetée dans l'appareil. Nous nous occuperons d’abord des tracés d’éclairs con- situés par des traits parallèles. On pourrait admettre qu'ils répondent à une réalité, car un grand nombre d'épreuves montrent des décharges simultanées ayant une tendance au parallélisme. Il est done possible qu’il y en ait de rigoureusement parallèles. A l'appui de cette manière de voir, nous citerons les photographies obtenues par Ducretet en faisant jaillir directement sur la plaque l’étincelle d’une forte bobine de Rhumkorff. Stein (1) les compare à des cordes constituées par plusieurs brins. Des images similaires, fournies par les étincelles des machines de Holtz et de Tôpler, ont été fixées par MM. Van Melkebeke, Plücker et Welten (2). (1) Das Licht im Dienste wissenschaftlicher Forschung, Heft IV, Halle, 1886, p. 157. . (2) Toutes ces photographies sont reproduites dans la traduction française de La photographie instantanée, de M. J.-M. Eder. Le ( 248 ) Mais dans les cas considérés ici il s'agit de traits, parfois d'une énorme longueur, qui restent strictement parallèles sur tout leur parcours. Généralement ils sont doubles et de force inégale. Une fois pourtant nous avons obtenu une image secondaire, presque aussi accusée que l’image réelle (fig. 1.) I arrive fréquemment que l’on compte trois ou quatre images accessoires. Quoiqu'il soit difficile, sans l’aide d'expériences précises, de déterminer l’origine de ces déduplications et de dire si elles dépendent uniquement de réflexions au dos de la plaque sensible, de réflexions dans les lentilles, ou surtout d’une légère différence dans la mise au point, il est certain que la reproduction constante de leurs caractères princi- _ paux, pour des éclairs pris dans des conditions très diffé- rentes, ne permet guère de croire à leur réalité. Il n’est pas admissible que les traits accessoires se soient toujours produits dans un plan parallèle à celui de la sur- face sensible et qu'ils soient, pour plusieurs éclairs succes- sifs, silués du même côté. Cela frappe surtout lorsqu'on examine plusieurs images prises sur la même plaque. Souvent les images accessoires montrent une certaine indépendance; elles se confondent par places, ou passent d’un côté à l’autre du tracé principal, ce qui a fait croire à une torsion. Toutes ces apparences résultent d’un simple déplacement de l’image accessoire dans un seul plan. La torsion n'existe pas, ainsi qu’on s’en assure facilement par l'inspection de la figure 2 qui représente, au triple, une partie d’un éclair très rapproché, dont les images acces- soires sont déplacées vers la droite et vers le bas, Ordinairement les décharges latérales, qui sont bien moins lumineuses que la décharge principale, ne montrent pas d'images accessoires. ( 249 ) Quant à l'aspect rubané et strié des images de l'éclair, il tient à «les causes bien précises. | Les lentilles photographiques, les plus parfaites, ne couvrent correctement qu’une surface donnée, au delà de laquelle les images perdent leur netteté. Lorsqu'on photo- graph'e des points lumineux, des étoiles par exemple, ce défaut se traduit par un allongement d'autant plus consi- dérable de ces points qu'ils sont plus éloignés du centre de la plaque. Vers les bords ils deviennent ovalaires, et plus loin se changent même en tirets. De plus, si la pose et le développement sont suffisants, on voit apparaître à chacun de ces tirets un appendice en furme de caustique. Toutes ces caustiques sont radialement orientées autour da centre de la plaque (1) (fig. 3). I était à prévoir qu'un trait brillant, un éclair, subirait des déformations analogues, la projection de la spirale lumineuse, sur le plan de la plaque, présentant à chaque tour un point d'éclat maximum. De fait, l’image d’un éclair, (1) Nos photographies ont été prises avec un antiplanat de Steinheil, de 48 millim., travaillant à pleine ouverture et possédant les qualités reconnues à cetinstrument. de ahieeue type Petzval, de Ross, nous a donné des deux côtés des tirets. Les images de étoiles prennent ainsi lapechl irré- gulièrement erueiforme signalé par M. Christie. Ces déformations offrent de grands inconvénients pour la mensuration exacte des clichés stellaires. Elles paraissent bien dépendre d'une correction incomplète de l'astigmatisme comme le veut M. Christie. (The obser- vatory, 1888, janv. p. 62). — Voir aussi l'intéressant article de M. Miltenzwei sur la correction de l’astigmatisme dans Jakrb. f. Photoyr. 1888, p. 515. 3"* SÉRIE, TOME XVI. 17 ( 250 ) située en dehors de la surface correctement couverte, montre une bande dans laquelle chacun de ces points, plus intense, marque un tiret terminé par la caustique dont nous venons de parler (fig. 4). L'impression n'étant pas toujours aussi forte, les tirets seuls apparaissent au déve- loppement, el on a un tracé représentant un ruban strié el tordu (fig. 5). Ces moditications sont surtout intéressantes à suivre, sous le microscope, dans un tracé d’éclair orienté suivant l’un des diamètres de la surface correctement couverte par l’objectif. Vers le centre le trait est fin et sans structure apparente; insensiblement il s’élargit, montre des stries de plus en plus nettes, puis des stries avec les caustiques. Les extrémités de ces dernières, étant toutes orientées dans le même sens, produisent, en se recouvrant, l’impres- sion d’un axe central (fig. 6). Les stries existant aussi entre les points plus lumineux causés par les ondulations et les boucles de léclair, nous avons pensé qu’elles dépendaient de la marche sautillante de l'étincelle. Pour nous en assurer, nous avons comparé la trajectoire photographique de cette dernière au tracé que fournissent d'autres mobiles ignés, animés d’un mou- vement rapide, tels que les fusées. Le tracé de la marche d’une fusée est également une spirale allongée; mais elle est très régulière compara- tivement à celle de l'éclair. Dans le centre de la plaque le trait est plein; il s’estompe lorsqu'il dépasse la partie correclement couverte et montre un axe central plus foncé, dont on connait l'origine, quoique les stries trans- versales et les caustiques ne soient pas visibles, le mou- vement étant rapide. Près du sommet de la trajectoire, Bulletins, 3° Serie, Tome XVI. Sens ax déplacement ë (2863 la force propulsive n’équilibrant presque plus la pesan- teur et la résistance à l'air, la fusée ralentit sa marche. Le défaut d’homogénéité de la cartouche, composée de charges de poudre successivement tassées, produit alors un mouvement saccadé. Chacun des sauts imprime un üiret dans la trajectoire ; le plus accentué de ceux-ci se trouve naturellement au sommet de la courbe, où il y a une pause (fig. 7 et 8). Puis la fusée fait encore quel- ques sauts et descend en s’éteignant. Les fusées mal construiles se meuvent ainsi par saccades dès le début de leur ascension et tracent une ligne perlée et striée sur la plaque (fig. 9). Les striations des images de l'éclair, interprétées à la lumière de ce qui précède, indiquent donc, comme M. Moussette l'avait prévu, un acheminement vers l'éclair en chapelet, ou, plus exactement, vers l'éclair en boule, II n'y aurait entre les diverses formes de la décharge qu'une différence de rapidité: Le sillon lumineux, que notre œil croil souvent suivre pendant un temps appréciable et que la plaque sensible conserve en moins d'un millicnième de seconde (Wheatstone), n’est que l'addition de tous les points par lesquels l’étincelle a passé (Stein). De même, le globule électrique produit par les puissantes batteries de M. Planté, découpe un trait continu dans là feuille de mica sur laquelle il a capricieusement cireulé, (252) Sur l'existence d’un nouvel étage de l'Éocène moyen dans le bassin franco-belge; par Michel Mourlon, membre de l’Académie. Dans ma dernière communication à l’Académie (1), j'ai montré que, parini les dépôts rapportés par Dumont à ses systèmes laekenien et tongrien, au S.-E. de Bruxelles, il en est un formé de sables et grès calcarifères, dont cer- tains banes très fossilifères à Nummulites variolaria, Turritella crenulata, ete., rappellent entièrement ceux de Lede, près d’Alost. Ces roches passent latéralement à des sables fins, blan- châtres et jaunâtres, parfois d’un jaune d'ocre et présen- tant fréquemment un aspect bigarré tout particulier, rap- pelant celui de la peau de daim. Elles s’observent entre les sables et grès calcarifères laekeniens, dont elles sont séparées par un mince gravier, et les sables blanchâtres quartzeux grossiers avec plaquettes ferrugineuses à Num- mulites wemmelensis, présentant à leur base un épais gravier avec lit argileux. J'ai proposé, d'accord avee M. Ém. Vincent, qui a étudié ces mêmes roches en d’autres points, de les considérer comme formant un nouvel étage, et de désigner ce dernier sous le nom d'étage ledien. (1) But. de l’Acad. roy. de Belgique, 5° série, tome XIV, 1887, pp. 598-616. ( 253 ) Une série La coupes relevées près de Lede m'a permis de faire connaître la composition de cet étage dans la localité qui lui a donné son nom (1). Ce sont des bancs de sables et de grès calcarifères et très fossilifères, renfer- mant, outre d’abondantes Num. variolaria, de grandes Turritelles (T. sulcifera), de petites Turritelles (T.crenu- lata) et autres fossiles, tels que : Ostrea gryphina, Tel- lina filosa, Cardium, etc. Ces couches, qui ont près de quatre mètres d'épaisseur aux points où il m’a été donné de les observer dans cette région, deviennent de plus en plus graveleuses vers le bas, où elles présentent des blocs de si'ex blond perforés, recouverts de bryozoaires el se confondant, pour ainsi dire, avec le gravier de base laekenien renfermant des blocs de silex altérés à Num. lœvigata et Num. scabra roulées ; ce dernier gravier repose sur le sable vert pani- sclien. Elles sont surmontées par un mince lit graveleux avec un peu d'argile, recouvert de sable jaune avec con- crélions ferrugineuses ct petits nids de glauconie, que j'ai rapporté à l'étage wemmelien, parce qu'il est identique à celui qui, à Schepdael, est inférieur et presque en contact avec la bande noire de l'argile glauconifère. Il résulte aussi d’une autre communication que j'ai faite récemment à la Société royale malacologique (2), que les sables ct grès lediens qui ont été exploités à l'O. de Bruxelles, entre Schepdael et Ganshoren, se trouvent à un niveau inférieur à celui des sables jaunâtres avec petites (4) Annales de la Soc. roy. malacol. de Belgique, tome NXII, séance du 4 février 1888. (2) Séance du 2 juin 1888, pp. LxItI-Lxx. ( 254 ) concrétions ferrugineuses, que j'ai aussi rapportés à l'étage wemmelien. M. G. Vincent m'a dit avoir recueilli dans ces mêmes sables, un peu au S. de la 9° borne de la route de Ninove, une petite faune incontestablement- wemmelienne, ce qui confirmerait mon assimilation. Il est à remarquer que, dans loute cette région, et par- liculièrement entre Dilbcek et Berchem-Sainte-Agathe, les dépôts tertiaires sont affectés de nombreuses failles, comme on peut le voir, notamment au S.-E. de cette der- -nière localité, dans la sablière de Scheutbosch dont j'ai figuré la coupe. Il existe dans cette sablière deux niveaux de graviers “entre le sable vert paniselien et les sables jaunes blan- châtres, parfois très stratifiés, doux au toucher, avec petites concrétions ferrugineuses, qui semblent bien aussi devoir être rapportés à l'étage wemmelien. Or, ces graviers présentent des solutions de continuité qui ne sont qu’ap- parentes et résultent de l’action des failles. C’est ce qui fait qu’on est tenté, à première vue, d’attacher peu d’im- portance au gravier supérieur, qui est beaucoup moins épais que l'autre. En l'absence de fossiles, j'ai rapporté au nou- vel étage ledien le sable jaune-grisâtre qui sépare les deux graviers, bien que, par ses petites tubulations sableuses, il rappelle assez bien les couches supérieures des sables laekeniens de Saint-Gilles, qui seront examinées plus loin. En attendant qu'une circonstance heureuse permette d'étudier le contact des dépôts que je rapporte aux étages wemmelien et ledien, à l’O. de Bruxelles, je me suis attaché à poursuivre mes recherches sur ces mêmes dépôts au S. et au S.-E. de Bruxelles, et le but de la présente note est d’en faire connaître les résultats. AFFLEUREMENTS AU S. DE BRUXELLES. — Les grands travaux de terrassement effectués dans ces dernières années au S. de Bruxelles, sur les territoires de Saint- Gilles, de Forest et d'Uccle, ont donné naissance à de nombreuses coupes, dont les plus importantes ont été décrites et figurées. La plus ancienne parmi ces dernières est celle prise à la nouvelle avenue d’Uccle, dite avenue Brugmann, que j'ai relevée en 1879, qui fut décrite et ligurée pour la pre- mière fois, l’année suivante, dans mon article étendu de la Patria belgica, et sur laquelle il ne sera peut-être pas inutile de revenir ici. Coupe prise à l'avenue Brugmann, à Uccle. J'ai reproduit cette coupe, en 1880, dans le tome I‘° de ma Géologie de la Belgique, en en modifiant seulement la légende, mais en laissant le figuré des couches tel qu’il avait pu être observé cn 1872, Cependant, depuis cette époque, de nouveaux déblais, d’un mètre de profondeur, pratiqués tout le long des accotements de l'avenue pour les plantations de celle-ci, me permirent d’en compléter la coupe, précisément pour la partie supéricure formée du dépôt qui fait l’objet de cetle commu- nicalion. Le déblai de l'accotement oriental a permis de suivre l'épais gravier d à partir de la ruc du Chat (Kalte strael) vers le N., sur une longueur de plus de 50 mètres; au delà, on ne voyait plus que les sables jaune et blanc (d'), parfois rou- geâtres, avec concrétions ferrugineuses, qui surmontent le gravier, Ce dernier, que je regardai en 1880, avec la plupart des géologues, comme formant la base des dépôts wemmeliens, ( 256 ) correspond exactement à celui qu'on verra plus loin à Saint- Gilles passer à un véritable conglomérat pétri de Num. vario- laria et de Ditrupu strangulata. Les sables jaunes qui recouvrent ce gravier se retrouvent encore un peu à l'O. de l'avenue Bragmann, au hameau Le Chat. J'ai observé, en cffet, en février 1872, dans le jardin de l’estaminet Au Roi d'Ivelot, des sables jaunâtres tirant sur le rouge. Ces sables étaient recouverts de limon et ont été ren- contrés du N. au S., sur une longueur de 60 mètres. A l'O. - dudit estaminet, les mêmes sables se retrouvaient sur une longueur de 37 mètres et présentaient sur 2 mètres, vers le milieu, une partie non décalcarisée de sable blanc très calcarifère. Au N.-0. des points précédents on a pratiqué, en face de la maison de santé d’Ucele, une série de déblais dont j'ai relevé la succession des couches à différentes reprises depuis 1872 jusqu’aujourd’hui. Ce sont encore les mêmes sables jaunes, présentant à la partie supérieure un mince gravier el surmontés des dépôts argileux que Dumont rapporte à son système tongrien. En voici la coupe telle qu’elle se présente à une cin- quantaine de mètres à l'O. de la chaussée d’Alsemberg et à la cote 98. Coupe relerée en face de la maison de santé d'Utccle. @. sc. Limon ct cailloux roulés à la base . mètres. 1,00 #, b. Argile sableuse grise bigarrée de jaunâtre, parfois blanchâtre et plus sableuse vers le 200 as, LA - L - LA L2 LA L La L2 - LA À reporter. . . 3,950 (257) Report." ."17350 c. Sable argileux jaunâtre, et brunâtre vers le bas; cette couche forme, avec la précédente, la paroi septentrionale de lenfoncement dans lequel sont HE les différents déblais . . . mètres, 2,60 d. Gravicr dans un réble jaune ee (visible en un point, un peu au S. des affleure- ments précédents, et où les cailloux quater- naires se trouvent, par ravinements, presque en contact avec le gravier), parfois peu apparent et ne présentant guère épaisseur de 0,09 à . . 0,03 L. ee. Sable jaunâtre nuancé de Manette ct pré- sentant le facies ledien si caractéristique au S.-E. de Bruxelles, bien visible sur . . . 35,00 Toit: 22 La coupe qui précède montre le contact des sables jaunes de l'avenue Brugmann avec les dépôts argileux tongriens (Dumont), dont ils ne sont séparés que par un gravier peu épais. Il reste maintenant à fixer l’âge relatif de ces sables jaunes; c’est ce que l’examen des affleurements mis à nu à l'occasion des grands travaux de terrassement effectués sur la commune de Saint-Gilles, va permettre de résoudre. Affleurements de Saint-Gilles. — Entre la rue Saint- Bernard et la rue de Turquie, sur le prolongement de la rue d'Irlande, il existe encore aujourd'hui une grande sablière présentant, sur 13 mètres d'épaisseur, des sables bruxelliens quarizeux vers le bas, et des sables et grès 258 ) calcarifères vers le haut. Ces derniers renferment, à leur partie supérieure, des tarêts et de nombreux fruits de Nipadites Burlini. Sur le prolongement, vers le S. de la ruc Saint-Ber- nard, on observe, de l'autre côté de la chaussée de Waterloo, au-dessus des sables précédents représentés également par des sables et grès calcarifères avec tarêts et bois fossiles et se terminant par une couche de 0",80 de sable blanc quartzeux, le gravier laekenien à Numnnulites lœvigata et scabra. Ce gravier affleure aussi en maints endroits sur les talus de Ja chaussée de Waterloo, où on le voit surmonté de sables et grès calcarifères et fossilifères avec petites nummulites et tubulations sableuses, présentant au moins 5 bancs de grès presque continus. Ces roches sont fréquemment décalcarisées, principale- ment sur le talus oriental, qui présentait en mai 1879, lorsque j'en relevai la coupe, de nombreuses poches d’al- térations entre la chaussée de Waterloo et la rue Moris. Près de cette dernière rue, on observait, à la partie supérieure du talus, à travers une grande poche d’altéra- tion et à 5 mètres au-dessus du gravier laekenien, un deuxième gravier avec matière noire, correspondant au gravier à Num. variolaria de l’avenue Brugmann, et sur- monté, comme ce dernier, de sable jaune. On voit encore aujourd’hui ce même gravier, toujours associé à un sable jaune, en un puint au sommet de l’autre talus de la chaussée de Waterloo. En mai dernier, je l’observai encore sur les deux talus de la rue de la Prison, et principalement sur le talus orien- tal et à mi-chemin de la route de Waterloo et de la Prison, où je relevai la coupe suivante, qui vient de disparaître : (259 ) Coupe relevée sur le talus oriental de la rue de la Prison, à Saint-Gilles. @. a. Limon et cailloux roulés à la base . mètres. L. D. Sable jaune moucheté de 7. surtout vers le D ie en c. Gravicr très apparent en de. certains pains, mais à peine marqué en d’autres . . . . d, Sable jaunâtre plus pâle que b et graveleux . e. Gravicr bien apparent . LK. /. Sable gris verdâtre avec traces in ubnlations sableuses (0,50) que j'ai pu observer, à laide d'un déblai sous le niveau de la route, s0r.F7,10,:80i en (OU SUP .: : .: , Total. Les travaux de terrassement pour la construction de la prison de Saint-Gilles ont mis à découvert de belles coupes, dont je crois devoir reproduire la plus importante, telle qu’elle se trouve consignée dans mes notes, sous la date du 24 mai 1879. Coupe relevée sur l'emplacement de la prison de Saint-Gilles. @. a. Dépôt sableux ct cailloux ronlés. . mètres. L. b. Sable ct grès calcarifères présentant, à 0,50 sous la couche a, des blocs de grès schisteux et friables avec Cardium (b') et, 0",50 plus bas, un banc de grès parfois arrondi, con- crétionné et pétri de Turrilella crenu- lata 7, ne À reporter. . . 0,50 ( 260 ) Report. . . 2,40 ce. Gravier congloméré fossilifère avec grès sub- marneux à tubulations . . . . mètres. 0,50 LK. d. Sable ct grès calcarifères, très fossilifères, pétri de petites nummulites avec tubulations sableuses. Le banc de grès supérieur (d') est presque continu et varic en épaisseur de 0,20 à 0,40; il se trouve à 1 mètre sous le gravier et est séparé également par 1 mètre du deuxième bane de grès discontinu (d”'); le troisième banc de grès (d'’) fossilifère (Lucina arenaria) est à 1",80 du précédent et séparé du suivant (d") par 0,70 . . . 5,30 e. , Banc graveleux à Num. lœvigata et scabra roulées. Totali :. 60 On observe encore aujourd'hui en face de l'aile gauche de la prison, sur le talus occidental de la rue de ce nom, le prolongement d’une partie des couches de la coupe pré- cédente, offrant la curieuse disposition que voici : Coupe relevée sur le talus occidental de la rue de la Prison, à Saint-Gilles. @. a. Limon ct cailloux roulés à la base . mètres. 1,00 L. b. Sable blanc calcarifère, fin, doux au toucher, avec petites nummulites, présentant un ni- veau de grès calcarifère et fossilifère à Purritella trenulalg . : , 5. : .- . 1,90 A reporter. . 2,50 ( 261 ) Report, ; : 2,50 c. Sable semblable au précédent, parfois très stratifié et très fossilifère, pétri de petites nummulites et autres fossiles ; ce sable pré- sente plusieurs niveaux de conglomérats fossilifères graveleux pétris de Turritella crenulata avec Cardium, Nalicu, ete. (c’). Le gravier de la base (c”) est lui-même sur- monté, à droite de la petite faille (/), par un conglomérat pétri de Vum. variolaria et de Ditrupa et passant à un grès submarneux HET ae trrmns qu Cia NS Re NE SNS so. À N-E. ÆEchells 1/200. également pétri de fossiles (Tellina filosa), tandis qu'à gauche de la même faille, il est simplement surmonté d’un lit mince d’argile schistoïde, par suite de décalcarisation . . 0,80 LK, d. Sables et grès calcarifères grisâtres, offrant un aspect tout particulier par leurs tubula- tions sableuses (Bryozoaires) et leurs concré- tions phosphatées, comme à Laeken, dissé- minées dans toute la masse. . . + - . 2,00 TO : - De À peu près vis-à-vis de la coupe précédente, au S. de la prison et à l’entrée de la rue qui longe celle-ci, on observe de nouveau la succession des mêmes couches; seulement on y voit le sable blanc calearifère avec banc de grès à ( 262 ) Turritella crenulata passer latéralement vers Le haut, sur plus de 2 mètres, à un sable jaune et blanehâtre, parfois très ferrugineux, d'aspect ledien. Ce dernier sable se retrouve sur le tie oriental de la rue de la Prison, à partir de la route qui conduit au hameau Le chat jusqu'à la limite des communes de Saint-Gilles et de Forest. es PRIQure un sable jaune tacheté de blanc avec g atteignant 4 mètres d'épais- seur en ce point. Les faits qui précèdent permettent d'affirmer que l'épais gravier qui, Sur le territoire de Saint-Gilles comme sur celui d’Uccle, recouvre les couches laekeniennes, est sur- monté des sables et grès à Turritella crenulata tout à fait identiques à ceux qui, au S.-E. de Bruxelles, s’observent sous les sables grossiers renfermant les concrétions ferru- gineuses à Num. wemmelensis. Celles-ci ne s'observent pas au S. de Bruxelles, où lon a vu que le sable jaune ledien décalcarisé est surmonté directement par l'argile glauconifère, dont il est séparé par le gravier de base de ce dépôt. Je rappellerai à celle occasion que lorsque je relevai, en 1879, la belle succession de couches mise à nu pour la construction du Pare de Saint-Gilles, j’observai, en un point au-dessus des sables et grès fossilifères que les géo- logues qui en publièrent la coupe, rapportèrent au wem- melien, du sable argileux glauconifère qui semble bien représenter les dépôts tongriens (Dumont), et confirmer l'absence du véritable wemmclien dans cette région. AFFLEUREMENTS AU S.-E. De BRUXELLES. — Après avoir montré quelle est la composition du nouvel étage ledien au S. de Bruxelles, à Uccle et à Saint-Gilles, je me pro- ( 265 ) pose de faire connaitre le résultat de mes recherches sur cet étage au S.-E, de la même localité. On a déjà vu quelle est son importance sur les terri- toires d’Ixelles et d’Ettcrbeek; il me reste à rechercher s’il se poursuit au delà, vers le S., et, à cet effet, je me bornerai pour le moment à l’examen de la région com- prise entre Watermael ct Boitsfort. Le sol tertiaire de cette région est formé de sables quart- zeux bruxelliens, présentant à la partie supérieure des banes de sables ferrugineux dureis, passant au grès-ferru- gineux et même par fois à la limonite. Ces roches sont sur- montées d’autres sables également ferrugineux, par places, et que l’on pourrait confondre avec les premiers si l'on n'avait égard à l’épais gravier qui les sépare. Ces derniers sables d’un grain assez fin, blane el jaune, d'un aspect tout particulier, apparaissent notamment dans les chemins creux si pittoresques qui séparent Watermael de Boitsfort. Je ne sache pas qu'ils aient attiré sérieusement l’attention des géologues jusqu'ici et, en l'absence de fossiles, il n'est pas aisé de déterminer la position qu'ils occupent dans la série tertiaire. Comme ils semblent bien ne constituer qu’un seul dépôt, on peut se demander s'ils se rapportent au laekenien, au wemmelien ou au nouvel étage ledien. C'est là un point sur lequel l'examen des afileurements encore visibles à Boitsfort va peut-être permettre de jeter quelque lumière. La seule sablière de quelque importance dont on peut encore observer les couches supéricures, est celle ouverte dans les terrains appartenant à la famille Verhaegen et sitäée près la rue du Pinson, qui aboutit à la drève du Due en face de la propriété de M. Van Becelaere. J'ai relevé la-coupe de cette carrière à différentes reprises depuis 1885 jusqu'aujourd'hui, et voici la succession des couches que ont été mises à découvert. ( 264 ) Coupe de la sablière Verhaegen, à Boitsfort. @. «a. Cailloux roulés quaternaires formant, vers l'ex- trémité N. de la sablière, d’épais amas avec un peu de limon recouvert de terre végé- tale ‘+ mètres, BL. bb. Sable jaune et biche se durcissant etdevenant argileux à proximité des cailloux roulés de la couche a. . ce. Gravier avec lit argileux . . . d. Sable graveleux . :.... e. Gravier semblable à c . . . f. Sable jaunâtre avec Din grains . gravier g-. Gravier épais. . . B. h. Sable quartzeux conerétionné TR au grès ferrugineux, formant un ou deux banes épais dont le supérieur, presque continu, atteint parfois plus d’un mètre d'épaisseur. Ce banc est séparé du gravier g par une couche de 0,50 de sable quartzeux bruxel- lien, présentant, au contact du sa un lit ferrugineux géodique. . i. Sables blanc et jaune avec grès tetes arr icons disséminés dans la masse . . j. Sable blanc quartzeux avec grès hits . 1°,20 de long, recouvert d’Ostreu cymbulu é sable est Mnuehels de noir vers le bas et présente par places des matières noires avec fragments d’argilite brune et petits lits presque continus et très serrés d’ocre jaune. MHest viblesur. : . . |. . . méêires. 2 3,00 EE el To : 14,00 ( 265 ) On remarquera que les couches graveleuses qui surmontent les sables bruxelliens 4-7 ne renferment pas les Nummulites lœvigata ct scabra et autres fossiles roulés que présente toujours le gravier laekenien. Elles semblent bien représenter la base des sables dominants de Boitsfort, dont la coupe ci-dessus ne montre qu’une faible épaisseur et qui sont beaucoup mieux caractérisés sur leur prolongement au N.-E., où les déblais effectués l’an dernier pour l'élargissement de la rue des Trois Tilleuls n'ont permis de relever sur le talus oriental la coupe ci-après : Coupe relevée sur le talus oriental de la rue des Trois Tilleuls, à Boitsfort. PE Re peu S Haut. 1/,600 Échelle. rh ou @. o. Limon stratifié et cailloux roulés formant par places de puissants amas. . . . mètres. 4,00 LL. b. Sable jaune à grains fins, graveleux vers Île bas, avec bandes rougeâtres et un lit argilo- ferrugineux, parfois concrétionné (b'); cette couche sableuse varie en épaisseur de 4 à . 5,00 A reporter, . . 9,00 3°* SÉRIE, TOME XVI. | 18 ( 266 ) Report... : 9,00 c. Sable jaune graveleux, à grains fins, d'aspect gris-cendré par places, présentant vers le haut, et seulement dans la partie méridio- nale de la coupe, comme le montre la figure ci-dessus, de petites couches de gravier avec lits minces argileux (c'), 0",50. Au contact des sables bruxelliens il présente aussi un épais gravier surmonté d’un petit lit argileux très mince (c”’), 0",55. . 2,15 B. d. Sable bruxellien avec grès fistuleux efrités, présentant au contact du gravier c” des linéoles argileuses avec matières noires, eo." 4,08 Total. . . 15,15 En août 1875, j'ai observé dans la même rue des Trois Tilleuls, un peu plus bas que la coupe précédente, sous 6°,50 de limon avec lignées de cailloux roulés vers le bas, 4 mètres de sable bruxellien semblable à celui de ladite coupe, et 5 mètres de sable blanc exploité, très quartzeux, avec rares Concrélions arrondies et parfois volumineuses de grès lustrés. On à vu que cette dernière zone sableuse se retrouve également dans la sablière Verhaegen, et je l’ai observée en différents autres points, notamment en août 1879, dans un déblai pratiqué pour.la construction d’une serre der- rière l’habitation portant le n° 19 de la drève du Duc. Le contact des sables bruxelliens et des sables jaunes sus-jacents s’observe en maints endroits dans les chemins creux entre Watermael et Boitsfort, et différents déblais ( 267 }) pour les fondations de villas de la drève du Due m'ont aussi permis d'en étudier les moindres détails. Il en est de même à la station de Boitsfort, où un déblai pratiqué pour la construction d'une citerne m'a permis de relever, en juin 1885, la coupe ci-dessous : Coupe d'un déblai à la station de Boïitsfort. a. Terrain remañié . . . *< . miêtres. 0,95 L. b. Sable jaune-brunâtre à grains dei: _ mou - cheté de noir . è 0,55 c. Sable semblable à b, mais Epraééious et présen- tant des linéoles de gravier dans la masse . 0,60 d. Litferrugineux Se de 0,05 à à 0,10 B. €. Sable blene rai Abyreltion avec grès fcrrugineux vers le Das 7, Leur Oo Tétel..+ .: 200 Le sable jaune b de la coupe précédente qui surmonte les couches graveleuses qui le séparent du sable bruxellien, ne présentant qu'une très faible couche, il importait de pou- voir l’étudier dans la tranchée assez profonde qui s’étend au N.-0. du pont de la station et dont j'ai pu relever la coupe que voici : Coupe relevée sur le talus oriental de la tranchée au N.-0. de la station de Boïtsfort. Cette coupe n’est plus visible depuis que les talus de la tran- chée sont recouverts de végétation et d’arbustes, mais quelques déblais-que j'ai pu faire pratiquer sur le talus oriental per- mettront de donner une idée de sa composition. ( 268 ) Déblai n° 1 (à 27 mètres du Pont). a Een Be as 24: métres 2,70 D CANOUR POUR nu 0,30 c Hamon sableux jJaunc . 4, . . . 0,75 d. Lit de cailloux roulés 0,05 e. Sable jaune-brunâtre lerraginebt: avec its minces de sable durci ferrugineux. . 1,00 f. Sable jaune et gris-blanchâtre plus pâle, de. nant argileux par places et séparé seulement du sable e par un mince filet brunâtre fer- a io. on + à 4 g. Gravier 0,25 h. Sable tnuts bocllien, oué DRsiolé de jaune ferrugineux et présentant à 0,25 sous le gravier, un banc de 0",20 de sable durci, brun, passant au grès ferrugineux (4') . Le sable k présente jusqu'au niveau de la voie ferrée une épaisseur de . . . . 1,50 Fois... 00 Déblai n° 2 (à 96 mètres du Pont). a. Limon recouvert de terre végétale . mètres. 4,00 b. Cailloux dans un sable brunâtre argileux . . 1,53 c. Sables à grains fins jaunes et plus rarement blanchâtres, devenant grisâtres vers le bas. 2,55 d. Sable semblable à c, mais argileux par places, devenant jaune-brunâtre et légèrement gra- veleux vers le bas et présentant plusieurs A reporter. 7,40 ( 269 ) à Report. .. . : 7,70 lits argilo-ferrugineux dont le plus inférieur, séparé par un mètre du gravier e, rappelle tout à fait celui du premier déblai de la tranchée du Grand Pont au S.-E. de la sta- tion d'Etterbeek (4) . . . . . mètres. 2,40 e. Gravier . . [10,10 B. ff. Sable nou bniseilion blanc et jaune. + 0,50 g. Sable ferrugineux durci passant au grès fer- rugineux et visible jusqu’au niveau de la voie ferrée sr: ui da nt 0 Total, 81,20 Déblui n° 53 (à 173 mètres du Pont). @. a. Limon brun recouvert de terre végétale . . 4,50 b. Limon jaune plus ou moins sableux. . . . 0,30 c. Cailloux roulés dans l'argile sableuse grisâtre. 0,35 L. dd. Sable fin jaune ferrugineux, passant à l'argile sableuse avec matière noire vers le bas, SO is PU Sables fins blanc et hé avec lits Riu: 4,00 Gravier à 1°,40 sous le niveau de la voie ferrée. . US AE € CUIT B. 9. Sable onde brusiliést ir sort 9 Total: , : 410,29 Il résulte du relevé des déblais qui précèdent que dans la tranchée de la station de Boitsfort, comme dans les autres aMleurements de cette localité, les sables et grès bruxelliens sont surmontés par un dépôt présentant tous les caractères des sables décalcarisés, qui, dans la tranchée ( 270:) du Grand Pont, au S.-E. de la station d’Etterbeek, s’observent entre les sables wemmelien et laekenien. Or ces sables passent latéralement aux roches calcareuses à Num. variolaria, tout à fait semblables à celles de Lede et qui constituent avec elles le nouvel étage ledien. J’ajouterai qu'un coup d'œil jeté sur la coupe de la tran- chée du Grand Pont, telle qu’elle est figurée sur la planche qui accompagne ma dernière communication, montre que le gravier ledien avec son inclinaison accentuée vers le S. semble bien indiquer sa tendance à raviner les dépôts laekeniens sous-jacents au point de se confondre avec le gravier laekenien pour se trouver finalement, vers Water- mael et Boitsfort, en contact avec les sables bruxelliens. On à déjà vu que le gravier qui, à Boitsfort, surmonte les sables bruxelliens, ne m'a pas encore fourni jusqu'ici la moindre trace des fossiles roulés si caractéristiques du banc séparatif laekenien. 1l en est de même à la station de Watermael où des déblais à la bêche, pratiqués sur les petits talus de châque côté de la voie ferrée, m'ont permis d'observer le contact des sables bruxelliens et du sable jaune . que je rapporte, de même que celui de Boitsfort, au nou- vel étage ledien et dans lequel M. G. Vincent m'a dit avoir constaté la présence des Num. variolaria qui sont, en général, si abondantes à ce niveau. Lorsque le gravier laekenien surmonte les sables bruxelliens comme à Auderghem, par exemple, il est tou- jours pétri de Num. lævigata, N. scabra et autres fossiles roulés dont je n’ai encore trouvé de traces ni à Boitsfort ni à Watermael. Cette circonstance jointe à celle de l'identité pétrogra- phique des sables décalcarisés qui, dans ces localités, sur- montent les roches bruxelliennes, avec ceux qui, dans la ( 274 ) tranchée du Grand Pont comme dans celle au N. de Watermael, font partie intégrante du nouvel étage ledien, semble bien autoriser de les rapporter à ce même étage. Conclusion. — Les recherches dont je viens de résumer les principaux résultats m'ont amené à cette conclusion, assez inattendue, que non seulement les dépôts sableux qui en font l'objet constituent un nouvel étage de l'Éocène moyen, mais qu'ils acquièrent un beaucoup plus grand développement que les dépôts laekeniens qu’ils recouvrent, et surtout que les sables wemmeliens dont on ne les voit surmontés qu’en de très rares endroits. On peut dire que ce sont les sables lediens décalcarisés qui, par leurs teintes particulières d’un jaune d'ocre ou d'un aspect bigarré et moucheté, rappelant celui de la peau de daim, donnent le caractère dominant du sous-sol des environs de Bruxelles, sur la rive droite de la Senne. C’est ainsi, par exemple, que lorsqu'on parcourt l'avenue Bruginann, à Uccle, l'attention est immédiatement attirée par la teinte vive des sables jaunes qu’on utilise dans les nombreuses briqueteries de chaque côté de l'avenue. De même aussi après le creusement de l'avenue Louise, on à pu voir, notamment à l’ancienne butte Defacqz, les mêmes sables jaunes de la partie supérieure, recouvrant par éboulements tous les talus et leur donnant cet aspect particulier qu’ils ont conservé jusqu’au moment où ils ont fait place aux habitations qui s’élèvent aujourd’hui tout le long de l'avenue. On vient de voir qu'il en est de même entre Watermae] et Boisfort et j'ajouterai, jusque bien au delà vers le S. J'ai montré que le gravier à Num. variolaria, considéré par la plupart des géologues comme formant la base de (272) l'étage wemmelien et qui est si bien caractérisé à Uccle, à Forest et surtout à Saint-Gilles, est surmonté dans cette dernière localité par des sables et grès calcarifères dont un banc renferme en abondance la Turritella crenulata et autres fossiles caractéristiques des sables de Lede, près d’Alost. Or, j'ai montré que ces derniers se retrouvent, avec tous leurs caractères lithologiques et paléontologiques, daous la tranchée du Grand Pont au S.-E. de la station d’Etterbeek où ils passent latéralement aux sables jaunes décalcarisés qui viennent d'être étudiés à Uccle, à Saint- Gilles (au S. de la Prison) et qui, dans toute la région com- prise entre Watermael et Boisfort, recouvrent le sable bruxellien et se montrent jusqu'aux points les plus culmi- nants, tel que celui des Trois Tilleuls. Enfin, on a vu que dans cette même tranchée du Grand Pont, les sables et grès lediens reposent sur les roches laekeniennes et sont recouvertes par des sables renfermant des plaquettes ferrugineuses à Num. wemmelensis. Je me suis attaché à établir qu’il en est de même à l'O. de Bruxelles ainsi qu'à Lede, près d’Alost, et j'ai montré qu’à Baeleghem, près de Gand, comme au Mont des Récol- lets, dans le N. de la France, les roches qui ont été rapportées à l’étage wemmelien doivent être rangées, en majeure partie, si pas en totalité, dans le nouvel étage ledien (1). Dans une communication récente (2), M. Rutot examine, avec une grande compétence, la question du ledien, et, (4) Bull. de VAcad, roy. de Belgique, t. XIV, n° 7, 1887. (2) Bull. de la Soc. belge de géologie, de paléontologie et d’hydro- logie, t. I, pp. 109-121, séance du 25 avril 1838. ( 275 ) tout en admettant en principe l'introduction de ce nou- veau terme dans la série éocène, il voudrait voir se géné- raliser les observations qui ont été publiées jusqu'ici sur ce sujet. C’est là un vœu que partageront tous les géolo- gues, non seulement pour ce qui concerne le ledien, mais plus encore peut-être pour d’autres termes de l’Éocène, tels que l’asschien sur lequel la discussion reste complè- tement ouverte malgré les recherches étendues de M. Ratot qui en est l’auteur. Seulêment, je ferai remar- quer que si la conclusion à laquelle m'ont conduit les observations de M. M. Vincent et les miennes propres est fondée, il en résulterait nécessairement que les dépôts wemmeliens, au lieu d’être prédominants dans le bassin franco-belge comme on l’a cru jusqu'ici, seraient, au con- traire, répartis suivant une aire géographique extrême- ment restreinte et ne dépassant guère au S,., sur la rive droite de la Senne, une ligne pre par la Petite Suisse et Tervueren. Il s’en suivrait done que le nouvel étage ledien de l'Éocène moyen comprendrait la plus grande partie des couches sableuses que l’on rapporte aujourd'hui à l'étage wemmelien de l’Éocène supérieur, et que celles-ci seraient représentées sur la rive droite de la Senne par un dépôt sableux qui aurait, en général, passé complètement ina- perçu jusqu'ici. Maintenant, si l'on réfléchit que sur la rive gauche de la Senne on constate un passage insensible des sables wem- meliens à l'argile glauconifère et de celle-ci aux sables d’Assche, et qu'il en est à peu près de même sur la rive droite, en faisant abstraction d’un faible lit de gravier qui ne s’observe qu’en de certains points entre les deux pre- miers de ces dépôts, on sera porté à considérer loule celte ( 274 ) série de sables et d'argile comme formant un seul et même étage : l’étage wemmelien, lequel avec son épais gravier de base, sur la rive droite de la Senne, ravine fortement les couches sous-jacentes. On comprend, dès lors, pourquoi, en dehors de la zone fort restreinte des sables de Wemmel proprements dits, on voit l'argile glauconifère séparée du dépôt ledien sous- jacent par le gravier de base de l'étage wemmelien tel qu’il vient d’être défini. Dans ces conditions, les couches argilo-sableuses que M. Rutot range dans son étage asschien rentreraient pure- ment et simplement dans l'étage wemmelien, où il les avait lui-même placées naguère. La création du nouvel étage ledien entraînerait donc la suppression de l’étage asschien. Telle est la conclusion qui semble pouvoir être tirée de l'étude stratigraphique des dépôts qui font l'objet de cette communication, mais il va de soi qu’elle doit être subor- donnée à l'examen minutieux des faunes de ces dépôts. Ce n’est qu'après une revision complète de la liste des fossiles de Wemmel et la publication de celle des fossiles d’Assche, qu’on pourra se rendre compte si les couches auxquelles elles se rapportent peuvent, malgré leurs diffé- rences fauniques déjà entrevues, être groupées dans un même étage, et si ce dernier doit être classé dans l’Éocène supérieur ou dans l'Oligocène inférieur. Il est à remarquer à ce sujet que les couches wemme- liennes ne semblent pas s'étendre, vers Louvain, au delà de la vallée de la Dyle, et qu'on ne les voit nulle part en contact avec les couches argilo-sableuses de l'Oligocène tougrien dont le gravier de base renferme, sur la rive droite de ce cours d’eau, les Nummulites lœvigata et scabra roulées du banc séparatif laekenien. (275 ) Dans ces conditions, il est permis de se demander si les dépôts wemmeliens ne constitueraient pas un faciès particulier des couches tongriennes marines des environs de Louvain et du Limbourg. Si celte opinion se vérifiait par la suite, elle apporterait une nouvelle et éclatante sanction aux vues stratigra- phiques de Dumont, qui assimilait, comme on sait, l'argile glauconifère à l’étage inférieur de son système tongrien. Le tableau suivant permettra de résumer la nouvelle interprétation que je propose, sous les réserves mention- nées ci-dessus, pour les dépôts rapportés par M. Rutot à ses étages wemmelien et asschien, dans la légende de la nouvelle carte géologique détaillée de la Belgique à l'échelle du 20000". Classement TU . des a Pré Nouveau de "Éocène moyen et supérieur | classement M. Rutot. dans le pate ps -belge, proposé. Sablé d’Assche, , du een Argile glauconifère . . wWemmelien. Gravier local et bande noire. . . (Oligocène ou Éocène supérieur.) Gravier à Num. wemmelensis Wemmeli, (Éocène supér) | Sable et grès de Léde . . + : -} Ledien. Gravier à Num. variolaria . . . j (Eocène moyen.) Laekenien, ( Sable et grès de Laeken . rase (Éocène moyen) Gravier à Num. lœvigata roulées . ei (Éocène moyen.) À Péri j Sable et grès siliceux et calearifères. | rene: a de Wemmel . . . ( 276 ) Avant de terminer cette étude, je dois faire remarquer que M. Rutot s’est mépris sur le sens d’une courte note résumant une communication verbale que je fis à la séance du 3 mars dernier, de la Société royale malacologique. Ce géologue termine, en effet, sa communication sur le ledien, en annonçant que dans la note en question j'expose des vues toutes personnelles, remettant en question tout ce que j'ai dit précédemment, d'accord avec M. M. Vincent au sujet du ledien. Dès lors, dit-il, le banc graveleux à Num. variolaria ne constituerait plus la base du ledien, mais un niveau graveleux contenu dans le ledien dont la base deviendrait indécise. Il n’est pas douteux, ajoute M. Rutot, que cette nouvelle opinion ne soit combattue aussi bien par ceux qui admettent l’autonomie du ledien, que par ceux qui n’acceplent pas encore la distinction du ledien et du wemmelien comme démontrée. Il est évident que l'opinion exprimée iei par M. Rutot ne peut être que le résultat d’une équivoque qu’il importe de faire disparaître. A cet effet, il me suffira de faire remarquer que, dans la note incriminée par M. Rutot, il ne s’agit que de la couche graveleuse à Num. variolaria telle qu’elle se présente à Lede dans la coupe d’une sablière à 500 mètres au S. de l'église de cette localité, couche e (1) et non pas du gravier Séparatif à Num. variolaria dont je mentionnais déjà l'existence à Uccle, en 1873, et dont je viens de faire ressortir l'importance à Saint-Gilles, par la description de plusieurs coupes dont le levé de certaines d’entre elles remonte à près de dix ans. (4) Bull. de la Soc. roy. Malacol., t. XI, séance du 4 février 1888. Se 006009 ——— (277) CLASSE DES LETTRES, Séance du 6 août 1888. M. Bormans, directeur, président de l’Académie. M. Liacre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Ch. Potvin, vice-directeur ; J. Tho- nissen, À. Wagener, Alph. Wauters, Alph. Le Roy, P. Willems, Ch. Piot, Aug. Scheler, J. Gantrelle, Ch. Loo- mans, G. Tiberghien, L. Roersch, membres; Alph. Rivier, associé; Alex. Henne, A. Van Weddingen, correspondants. CORRESPONDANCE. M. Thonissen exprime, par écrit, ses remerciements au sujet des félicitations qui lui ont été adressées par la Classe Pour sa nomination de docteur honoris causa de l'Univer- sité de Bologne. — Le comité d'histoire et d’ethnographie, établi à la mairie de Passy (Paris), fait appel à la participation de ( 278 ) l’Académie en ce qui concerne l'histoire ancienne et l'eth- nographie, en vue des séances publiques qu'il se propose de tenir dans l’année courante et en 1889. — M. Alphonse Wauters présente, au nom de M. Victor Tahon, ingénieur, secrétaire généal de la Société archéo- logique de Charleroi, un exemplaire de sa brochure inti- tulée : Les armes franques et leur fabrication en Belgique. — Remerciements. M. Wauters fait, en même temps, hommage à la Classe de ses derniers travaux : La famille Breughel, avec une phototypie. Bruxelles, 1838; in-8° Discours prononcé par M. A. Wauters dans la séance inaugurale de la Société d’archéologie de Bruxelles, le 10 juin 1887. In-8°. A propos de la ville de Léau, de son ancienneté, de son nom et de ses origines. 1888; in-8°. De l'emploi de la pierre et de la brique en Brabant pen- dant le moyen âge. 1888; in-8°. Discours prononcé, au nom de la Classe des lettres, aux funérailles de Jules Van Praet, 1888; in-8°. A propos d'un nouveau système historique sur le régime relatif à l'établissement des Francs en Belgique. 1888; in-8°. Sur l’épistémonomie de feu Philippe Vander Maelen. 1887. in-8°. _ bibliographique : « Le canton de Léau. » 1887; in- Note bibliographique sur l'ouvrage de M. Tes « Les origines de la ——— au pays PER Ie Sambre 7. » 1887; in-8°. (Ar Les Suêves ou quelques variations sur ce thème : & La CRITIQUE EST AISÉE ET L'ART EST DIFFICILE. » 1887 ; in-8°. Note sur le tome VI des Relations politiques, de M. le baron Kervyn de Lettenhove, 1888; in-8°. Note sur un travail de M. Castan : « Les noces d'Alexan- dre Farnèse et de Marie de Portugal. » 1888; in-8°. Les serments prétés aux villes principales du Brabant par les ducs, lors de leur inauguration. 1887; in-8°. Sur des documents apocryphes qui concerneraient Henri de Gand. 1888 ; in-8. Exposé des travaux de la table des chartes et diplômes. 1885; in-8°. * Geschiedenis der oude vrijheid en heerlijkheid van Overys- sche (extrait de l'Histoire des environs de Bruxelles, traduit et annoté par E. Rigaux), Overyssche. 1888; in-12. — Remerciements. ( 280 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS, Séance du 2 août 1888. M. ALEx. ROBERT, directeur. M. Lucre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. F.-A. Gevaert, vice-direcleur ; C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, le chevalier L. de Burbure, Ernest Slingeneyer, Ad. Samuel, Ad. Pauli, Joseph Schadde, Joseph Jaquet, J. Demannez, Charles Verlat, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, le chevalier Edm. Marchal, Jos. Stallaert, J. Rousseau, membres; Max. Rooses et J.-B. Meu- nier, correspondants. M. le directeur adresse à M. Fétis les félicitations de la Classe au sujet de sa promotion au grade de commandeur dans l'Ordre de Léopold. — Applaudissements. M. Fétis remercie ses confrères pour cette marque de sympathie. CORRESPONDANCE. ane La Classe apprend avec un vif sentiment de regret la perte qu'elle vient de faire en la personne de M. Louis- Alphonse François, associé de la section de gravure, décédé à Paris, le 7 juillet dernier, à l’âge de 73 ans. ( 281 ) — M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics envoie : 1° Une nouvelle série de bulletins résultant des recherches de M. Edmond Vander Straeten dans les col- lections musicales de la Bibliothèque royale de Munich et formant le relevé complet des compositions manuscrites concernant la Belgique que renferme ce dépôt. — Renvoi à la commission de publication des œuvres des anciens musiciens ; 2° Un exemplaire de la septième livraison de l'œuvre de Grétry portant pour titre : Anacréon chez Polycrate, opéra en trois actes. — Remerciements et dépôt dans la bibliothèque. — M. Charles Meerens adresse une nouvelle commu- nicalion sur la us musicale. — Renvoi à la section de musique. RAPPORTS. .I'est donné lecture des appréciations suivantes : 1° De MM. Fétis, Slingeneyer et Robert, sur le 7° rap- port semestriel de M. Verbrugge, prix de Rome pour la peinture en 1883; 2 De MM. Hymans, Demannez et Biot, sur le 2° rap- port semestriel de M. Van der Veeken, prix de Rome pour la gravure en 1886. Ces documents seront transmis à M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics. 9"* SÉRIE, TOME XVI. 19 ( 282 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. David Teniers le jeune (1610-1690) ; Notice (1) par H. Hymans, membre de l’Académie. Teniers (David), dit le jeune (1610-1690), peintre fla- mand dont la célébrité égale presque celle de Rubens et de Var Dyck, naquit à Anvers le 15 décembre 1610. Son père, David le vieux (1582-1649), dont il eultiva le genre avec une puissance très supérieure d'invention, avait été l'élève d’Elsheimer à Rome, et de Rubens à Anvers. Pourtant, si l'œuvre de Teniers le jeune trahit cette double influence, il en est une troisième qui s’accuse avec une netteté absolue au début de sa carrière : celle d’Adrien Brouwer. Si les procédés du jeune peintre évoquent plus d’une fois le souvenir de Rubens, il est dans ses œuvres des pages nombreuses où l'influence de Brouwer se traduit d'une manière évidente, qu’on les considère au point de vue du type ou même au point de vue de l’arrangement. Nous ne possédons toutefois aucune preuve de l’interven- tion de Rubens ou de Brouwer dans l’éducation du jeune Teniers, et Smith a sans doute raison de croire que l’admi- ration excilée à un certain moment par les œuvres de : Brouwer, à seule poussé Teniers à les imiter. En somme, (1) Cette notice a été écrite pour l'Encyclopédie britannique. ( 283 ) unique relation que l’on puisse signaler entre Teniers et Rubens est le fait du mariage d’Anne Breughel, pupille de ce dernier et fille de Jean Breughel de Velours, avec Teniers, union célébrée en 1637. Franc-maître de la gilde de Saint 006 en 1632, c'est-à-dire à 22 ans, Teniers n'avait point attendu jusqu'alors pour fixer sur ses œuvres Pattention du public. Le Musée de Berlin possède de lui un groupe de cava- liers et de dames, portant la date de 1630, Il faut ajouter qu’au début le peintre ne cherche en aucune sorte à diffé- rencier ses œuvres de celles de son père, et rien ne nous autorise à croire, avec certains auteurs, qu'il ait débuté par des sujets religieux. Le D' Bode, dans une étude des p'us remarquables sur Biouwer et son œuvre, constate que les premières peintures de Teniers portent le nom de leur auteur avec l’omission de l’s final. En effet, Teniers est la forme flamande du nom très franchement wallon sous lequel Taisnier, le grand-père de notre peintre, mercier originaire d’Ath, était venu exercer son commerce à Anvers en 1558. La remarque de M. Bode se trouve con- lirmée par la circonstance que non seulement David le vieux, mais encore son frère Abraham et ses quatre fils, furent inscrits aux registres de la gilde de Saint-Luc d'Anvers comme Tenier. Des œuvres de premier ordre, l'Enfant prodigue et un groupe de Buveurs à Munich, la peinture connue sous le nom des Cinq sens au Musée de Bruxelles, toutesïsignées comme il vient d’être dit, prouvent éloquemment la supé- riorité de Partiste à une époque où probablementiil avait: à peine atteint sa vingtième année. À une touche des plus délicates il joignait dès lors un coloris tout ensemble harmonieux et étincelant. ( 284 ) Waagen est d'accord avec Smith pour affirmer que les œuvres de la période de 1645 à 1650 donnent l'expression la plus complète du génie de Teniers. Nous nous permet- tons d’ajouter que, dès avant celle époque, un nombre con- sidérable de productions auraient pu suffire à immortaliser le nom du peintre. A peine alteignait-il sa trentième année que le Serment de Saint-Georges d'Anvers lui fournissait l'occasion de produire l’œuvre merveilleuse que possède aujourd'hui l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, la célèbre parade de la garde bourgeoise d'Anvers en l'honneur de son vieux commandant Godefroid Sneyders. La minutieuse étude du détail n’a point altéré l'effet d'ensemble de ce prestigieux tableau, où se combinent à un degré surpre- nant le savoir, fruit du travail, et le bon goût naturel. Cette page, l’une des quarante productions antérieures ou posté- rieures que possède de Teniers l’'Ermitage, nous amène à parler d’un tableau grandiose, daté pareillement de 1645, et faisant partie de la Galerie Nationale de Londres (n° 952). 11 en existe une magnifique répétition, datée de 1646, chez le duc de Bedford. Cent cinquante personnages sont ici groupés. Hommes, femmes, enfants se reposent des fatigues d’un pèlerinage entrepris à quelque châsse véné- rée, à quelque fontaine miraculeuse. La pieuse cohorte attend le repas qu'on voit préparer dans une rangée d'énormes chaudrons. Vérité Je physionomie, savante dis- position des groupes, prodigieuse entente du clair-obscur, tout concourt à provoquer l'admiration non moins que la surprise du spectateur. « Pareille œuvre, dit Waagen, doit faire ranger son auteur parmi les plus grands peintres de sa classe. » Que pareille composition ait pu être désignée comme une Fête dans le catalogue de la Galerie Nationale, cela suffit à établir combien peu il entrait dans les habi- ( 285 ) | tudes de Teniers d'envisager le côté dramatique des choses. La franchise d'expression, la liberté d’allure décidaient . avant tout de ses préférences dans le choix d’une donnée. On pourrait même admettre qu'il lui arrive d’exagérer l’une et l’autre. IL semble tenir essentiellement à ce que nous sachions que, loin de participer aux danses et aux baveries de ses rustauds, il vit en personnage et qu'il en a les dehors. Que de fois il nous montre les tourelles de son château de Perck et que de fois aussi, au milieu du tour- billon de la fête du village, nous le voyons apparaître environné des siens et reçu avec les marques d’une pro- fonde déférence par les notables de l’endroit. Au surplus, il a ses Lypes préférés dont le retour est, dans son œuvre, un Caractère très spécial. Il nous souvient même d'avoir rencontré la série de ces modèles, grands comme nature, au palais Doria Pamphili à Rome (1) et dans un tableau signé, appartenant à M. H.-R. Hughes, à Londres, où l'homme représenté comme un marchand de poisson est simplement le frère du peintre, Abraham Teniers, comme le démontre un portrait de ce dernier gravé par Edelinck. En 1644, la municipalité d'Anvers appela Teniers à exercer les fonctions de doyen de la gilde de Saint-Luc. Vers la même époque, larchiduc Léopold -Guillaume, gouverneur général des Pays-Bas catholiques, amateur d'art passionné, eut recours à son talent à la fois comme peintre et comme conservateur de la galerie qu'il s’occu- pait de former. Comme conséquence, peu après 1647, Teniers, revêtu du titre « d’Ayuda de camara », vint se lixer à Bruxelles. Des sommes immenses furent affectées (1} Sous le nom de Weeninx. ( 286 ) par l’archiduc à l'acquisition de peintures. Sa collection put s'enrichir notamment d’une quantité de précieuses peintures italiennes provenant des galeries de Charles [°° et du duc de Buckingham, lesquelles figurent présente- ment au Belvédère à Vienne. Nous savons par De Bie que Teniers séjourna un certain lemps à Londres, com- missionné par le duc de Feunsaldaña, lieutenant de Léopold d'Autriche dans les Pays-Bas. 1] s'agissait nécessairement d'y acquérir des tableaux. Des peintures de Madrid, de Munich, de Vienne el de Bruxelles nous renseignent sur l'aspect de la résidence impériale au temps de Léopold. On y voit fréqnemment l'Archidue, conduit par Teniers, admirant quelque nouvelle acquisition de sa galerie. Au surplus, aucune peinture n'en est omise. Les cadres portent à Ja fois les noms des auteurs et les numéros d'inventaire, si bien que l’ensemble des tableaux de l'espèce pourrait constituer comme un cata- logue illustré de la collection (1). Plus intéressante encore est une œuvre, aujourd'hui conservée à la Pinacothèque de Munich, et où nous voyons Teniers occupé à peindre sous les yeux d’un groupe de courtlisans, dans une des salles du palais, avec un vieux paysan pour modèle. Le départ de Léopold pour Vienne mit fin à la tâche de Teniers. Du reste, les tableaux furent transférés en Autriche (1) L'inventaire manuscrit de la galerie de Léopold-Gui'laume a été découvert, il y a peu d'années, dans les archives du prince de Schwartzenberg, à Vienne. Il a été publié par M. Adolphe Berger. Teniers fit exécuter en 4658 un ensemble de 243 caux-fortes d'après les meilleurs tableaux italiens de la collection de son maitre. Le volume parut en 4660 sous le titre de Et Teatro di Pinturas. ( 287 ) et ce fut un ecclésiastique, excellent peintre de fleurs lui-même, le chanoine Vander Baren, qui en eut la garde. Mais Teniers demeura en haute faveur auprès du nouveau gouverneur général, don Juan, fils naturel de Philippe IV: Le prince devint son élève et, si nous en croyons De Bie, fil même un jour le portrait du fils même de son peintre. Honoré comme un des grands artistes de l’Europe, Teniers paraît s’être rendu fort malheureux par des aspi- rations aristocratiques. Peu de temps après la mort de sa femme, arrivée en 1656, il épousa, en secondes noces, Isabelle de Fren, la fille du secrétaire du Conseil de Brabant. À dater de ce moment il fit l'impossible pour faire recon- naître ses droits à porter des armoiries. Dans une requête au roi, il se plaît à rappeller que l'honneur de la chevalerie a été conféré précédemment à Rubens et à Van Dyck. De . guerre lasse, le roi fit savoir qu’il était disposé à accueillir la demande du peintre, sous la réserve expresse, pourtant, qu'il cesserait de faire trafic de ses œuvres. La condition, heureusement, parut un peu dure à Teniers, et nous inclinons très fort à supposer que ce fut là une des causes de son grand zèle à vouloir doter la ville d'Anvers d’une Académie des beaux-arts dans laquelle ne seraient admis dorénavant que des artistes, à la différence de ce qui se pratiquait à la vénérable gilde de Saint-Luc, où fabricants de cadres, relieurs et doreurs étaient mis sur un pied d'égalité avec les statuaires et les peintres, si exalté que fût leur mérite (4). Il v eut de grandes réjounissances à Anvers, le 26 janvier 1663, lorsque Teniers arriva de Bruxelles, porteur du décret royal instituant l’Académie, dont l’exis- (4) La séparation définitive n'eut lieu qu’en 4775. ( 288 ) tence, on peut l’affirmer, était due entièrement à ses démarches. Teniers mourut à Bruxelles le 25 avril 1690 (1). Un tableau de la Galerie de Munich (n° 906), daté de 1680, nous le montre sous les traits d’un alchimiste, et consi- dérablement plus vieux, en apparence, que son âge. À dater de cette époque, il est plus fréquemment question de lui comme marchand de tableaux que comme peintre, ce qui peut avoir donné naissance à cette légende qu'il fit répandre le bruit de sa mort pour obtenir de ses peintures . un prix plus élevé. David, son fils aîné, peintre de talent et de réputation, mourut en 1685. Une œuvre de ce troisième Teniers, Saint Dominique agenouillé devant la Vierge, peinture datée de 1666, orne l’église de Perck. De même que son père, le troisième David fournit de nombreux patrons aux célèbres ateliers de tapisseries de Bruxelles. Cornélie, fille de Teniers, devint l'épouse de Jean Erasme Quellin, le peintre bien connu (1654-1715). Le Catalogue raisonné de Smith décrit plus de 700 pein- tures acceptées comme œuvres originales de Teniers. De fait, peu d'artistes ont donné des preuves d'une plus haute facilité, et il est dans son œuvre des paysages semés de figurines que l’on désigne sous le nom « d’après-diners », non pas à cause de la nature de leurs sujets, mais à cause du temps affecté à leur production. Les Galeries de Madrid, de Saint-Pétersbourg, de Vienne, de Munich, de Dresde, de Paris, de Londres et de Bruxelles, possèdent ensemble plus de 200 Teniers. En Angleterre, les collections particulières (1) On a souvent publié à tort 1694 et 1695. ( 289 ) en montrent plus de 150 et les galeries privées de l’Europe en possèdent au moins un nombre égal. S'il est parmi ces créations un très grand nombre de pages qu'il est permis de qualifier de merveilleuses, d’autres, en revanche, laissent infiniment à désirer sous le rapport de la conscienec. C’est surtout dans la période la plus avancée de la carrière du mailre que nous constatons un manque de sincérité, de calme, de concentration dans lPétude de la nature, qualités qui seules empêchent l’expression de dégénérer en grimace dans les scènes où se complait le talent de Teniers. On peut, à certains égards, attribuer cette circonstance à l’origine même du peintre et, davantage encore, à la position qu’il occupait ou prétendait occuper dans la suciété, Brouwer se sentait infiniment plus à l'aise dans les tavernes, Ostade dans les milieux rustiques. C’est surtout par la pleine lumière que triomphe Teniers, et s’il est permis d'envisager comme des œuvres de premier ordre nombre de ses scènes d'intérieur, rarement elles égalent ses Joyeuses kermesses, où sont prodiguées les ressources de sa prestigieuse palette. Sous ce rapport, comme sous bien d’autres, Teniers évoque presque invinciblement le souvenir de Watteau. k Pétillants et joyeux au suprême degré, ils semblent, l'un et l’autre, se mouvoir dans un monde idéal, où les peines et les soucis de tout genre ne nous atteignent que pour être bientôt noyés dans l'oubli, où le soleil ne cesse de luire. Daus les scènes de la vie intime, les villageois boivent, jouent aux boules, dansent et chantent; rarement ils se battent. S'ils en viennent aux mains, on hésite à les prendre au sérieux. ( 290 ) Chez Teniers l'interprétation des sujets de la légende sacrée confine au grotesque. L’admirable tableau du Louvre, le Reniement de saint Pierre, a pour théâtre un corps de garde flamand où des soldats fument et jouent aux cartes. C'est avec une prédilection évidente que nous voyons le célèbre Anversois revenir aux sujets illustrés deux siècles auparavant par Jérôme Bosch : la Tentation de saint Antoine, le Riche aux Enfers, les sabbats et Îles magiciens. Autant de prétextes à l’exhibition des monstres les plus fantastiques. Avec l’âge, les facultés du maître déclinent certaine- ment. À dater de 1654, ses œuvres paraissent hâtives. Cela n'empêche que, de tous les peintres, Teniers ne soit celui qui possède, au degré suprême, la faculté de tirer d’un sujet de genre la plus haute somme de satisfaction per- sonnelle jointe à la plus irrésistible éloquence pour nous la faire partager. Ses œuvres se caractérisent par une sponta- néilé de conception, une sincérité de moyens et de visée qui rend leur étude incomparablement attrayante. Comme le dit Reynolds, cette étude s’impose à l'attention la plus sérieuse de tout peintre qui aspire à exceller dans la pratique de son art. En qualité de graveur à l’eau-forte, Teniers est très infé- rieur à Ostade, à Corneille Bega, à Du Sart. Plus de 500 plan- ches ont été gravées d’après ses œuvres, et s’il est exact que Louis XIV ait trouvé ses « magots » indignes de figurer dans les collections royales, en revanche il a trouvé en France de splendides interprètes par le burin et des admirateurs passionnés. Le superbe tableau de la collection du duc de Bedford fut vendu 18,030 livres en 1768, l'Enfant pro- digue du Louvre 30,000 livres, en 1776. Les plus hautes (“291 ) estimations de Smith sont aujourd’hui de beaucoup dépas- sées. I! taxait à 2,000 livres sterling, c’est-à-dire 50,000 francs, le grand tableau de Saint-Pétersbourg. Le Gouver- nement belge a payé, en 1867, 5,000 livres sterling la grande kermesse du Musée de Bruxelles, et neuf ans après, en 1876, à la vente de San Donato, un tableau de l'Enfant prodique, mesurant à peine 35 centimètres sur 60, à pu atteindre 432,000 francs, c'est-à-dire 5,280 livres. Bien que Van Tilborgh, qui fut à Bruxelles l'élève de Teniers, ait suivi parfois avec succès le style de son maître, que d’autres artistes flamands aient excellé dans la peinture des figures de petites dimensions, on ne peut dire que Teniers ait fait école. Il demeure, en réalité, dans l’histoire de l’art, le dernier représentant de la grande école flamande du XVII: siècle. Le 06 7000 ——— OUVRAGES PRÉSENTÉS. Renard (A). — La reproduction artificielle des roches volcaniques, conférence faite le 18 mai 1888. Paris, 1888; extr, in-8° (28 p.). — Note sur quelques roches du pie du Teyde (Ténériffe). Bruxelles, 1888 ; extr. in-8° (16 p.) Wauters (Alph.). — La famille Breughel. Bruxelles, 1888 ; extr. in-8° (76 p., avec une phototypie). — Discours prononcé dans Îa séance inaugurale de la Société d'archéologie de Bruxelles, le 16 juin 1887. Bruxelles, 4887; extr. in-8° (4 p). — À propos de la ville de Léau, son ancienneté, son nom et ses origines. Bruxelles, 1888; extr. in-8° (6 p.). ( 292 ) Wauters (Alph.). — De l'usage de Pemploi de la pierre et de la brique en Brabant. Bruxelles, 1888; extr. in-8° (4 p.). — Discours prononcé au nom de la Classe des lettres aux funérailles de Jules Van Praet. Bruxelles, 1888; extr. in-8° (10 p.). — À propos d’un nouveau système historique relatif à l'établissement des Frances en Belgique. Bruxelles, 1888; extr. in-8° (7 — Sur l'épistémonomie de feu Philippe Vander Maelen. Bruxelles, 1887; extr. in-8° (3 p.). — Note bibliographique « Le canton de Léau ». Bruxelles, 1887; extr. in-8°(3 p.). — Note bibliographique sur l'ouvrage de M. Tahon « Les origines de la métallurgie au pays d’ Bütre-Sambres ct-Meuse ». Bruxelles, 1887 ; cxtr. in-8°-(2 p.). — Les Sidves ou quelques variations sur ce thème « La _ critique est aisée et l’art est difficile ». Bruxelles, 1887; extr, in-8° (4 p.). __ — Note sur le tome VI des Relations politiques de M. le baron Kervyn. Bruxelles, 1888 ; in-8° (5 p.). — Note sur un travail de M. Castan « Les noces d'Alexandre Farnèse et de Marie de Portugal ». Bruxelles, 1888; in-8° (1 p.). — Les serments prêtés aux villes principales du Brabant par les dues lors de leur inauguration. Bruxelles, 1887; extr. in-8° (19 p.). — Sur des documents apocryphes qui concerneraient Henri de Gand. Bruxelles, 1888; extr. in-8° (14 p.). — Exposé des travaux de la Table des chartes et diplômes. Bruxelles, 1885; extr. in-8° (3 p..). — Geschiedenis der oude vryheid en heerlykheid van Overyssche (extrait de l'Histoire des environs de Bruxelles, traduit et annoté par E. Rigaux). Overyssche, 1888; in-12 = (109 p) _Tahon (Victor). — Les armes franques et leur fabrication en Belgique. Bruxelles, 1888 ; in-8° (24 p.). ( 293 ) Toussaint (le chan.) — Histoire de l'abbaye de Marche- les-Dames. Namur, 1888; in-8° (124 p..). Devillers (Léop.). — L'église de Sainte-Waudru à Mons doit-elle être polychromée? Mons, 1888; extr. in-8° (7 p.). Thys (le cap.). — Au Congo et au Kassaï, conférences. Bruxelles, 1888 ; in-8° (62 p. et 5 cartes). — Le Kassaï et la Louloua de Kwamouth à Louebo, levés à bord du stcamer « Stanley ». Bruxelles, 1888; carte in-plano. Grétry. — OEuvres, VIF: livraison : Anacréon chez Polycrate, opéra en 5 actes. Leipzig [1888]; vol. in-#4°. Ronkar (E.). — Sur l'influence du frottement et des actions mutuelles intérieures dans les mouvements périodiques d'un systéme : applications au sphéroïde terrestre. Bruxelles, 1888; extr, in-4° (55 p.) Crispin (C.-J.). — Abrégé de l’histoire de Bouvignes. Bruxelles, 1887; in-8° (64 p.). Pelseneer (Paul). — Sur la classification des gastropodes d'après le système nerveux. Paris, 1888; extr. in-8° (3 p.). Deruyts (Jacques). — Sur la théorie des formes algébriques à un nombre quelconque de variables. Bruxelles, 1888; extr. in-8° (32 p.). Francotte (P.). — Recherches sur le développement de l'épiphyse. Liège, 1888; in 8° {71 p., pl). De Vos (André). — Promenades au jardin. Bruxelles, 1888; vol. in-8° (140 p.). Musée royal d’histoire naturelle de Belgique. — eee tome XIV : faunc du calcaire carbonifère de la Belgique, 6° partie (De Koninck). — Bruxelles, 1887; 2 vol. in-4°. Willems-Fonds, Gand. — Jozef I en zijne regcering, door Sleeckx. Karel VI en Maria-Theresia, id. 2 br. in-12. Société des mélophiles de Hasselt. — Bulletin de la section littéraire, 24° vol. ; in-8° cademie der schoone kunsten van Antwerpen.-- Jaarlijksch verslag, 1887-88; in-8°. (294) ALLEMAGNE ET AUTRICHE-HONGRIE. Hintzmann (Ernst). — Das Inncre der Erde. Magdebourg, 1888; in-8° (30 p.). Külliker (A.) — Die Entwicklung des menschlichen Nagels. Wurzbourg, 1888 ; in-8° (26 p., 3 pl.). Université de Giessen. — Thèses et dissertations, 1887- 88; 41 br. in-8° et in-4°. ones Gesellschaft in Wien: — Mitthcilungen, ne XXX, 1 ’erein ss rs Leipzig. — Mittheilungen, 1887. Fe Naturwissenschaftlicher Verein in Magdeburg. — Jahres- bericht und Abhandlungen, 1887. In-8° . Sternwarte zu Prag. — Beobachtungen, 1887. 1n-4°. Schlesische Gesellschaft für vaterländische Cultur. — Jahres- Bericht, 1887. Breslau ; in-8°. Gesellschaft für Geschichte, Kiel. — ‘Zeitschrift, Band XVII. — Regesten, IE, 5.— Der Rubenstein von Gottorp (Liliencron). Verein für Erdkunde zu Durmstadt. — Notizblatt, IV, 8. In-8°. Naturhistorischer Vereins, Bonn. — Verhandlungen, 45. Jahrgang, 1. In-8° Détnissensskatihichar Verein zu Regensburg.— Berichte 1, 1886-87. In-8 AMÉRIQUE. Annuaire statistique de la province de Buénos-A%res (Albert C. Dessein), 6° année, 1886. La Plata; vol. in-8°. Signal Office, Washington. — Annual report 4887, part 1. In-8°, (295 ) Second geological Survey of Pennsylvania. — Annual report for 1886, part IL, with atlas. — Atlas bucks and Montgomery counties, n° 1, C7. — Atlas western middle anthracite field, part 2, AA, Philadelphie ; 5 vol. in-8. American Association {or the épars of science. — Proceedings, 36'* mecting, 1887. In-8 … Geological and natural history Frs of Minnesota. — Bulletin, n° 2-4, — Annual report for 1886. Saint-Paul, 1887; 4 vol. in-8°, U. S. Coast and geodetic Survey, Washington.. — Réport for 1885-86; 2 vol. in-4°. Philosophical Society of Washington. — Bulletin, vol. X. In-8° Smithsonian Institution. — Report for 1885, part 2. In-8°. France. Perey (Lucien) [Luce Herpin]. — Histoire d’une grande dame au XVIII: siècle : la comtesse Hélène Potocka, 7° édition. Paris, 1888 ; vol. in-8°. — Histoire d'une grande dame au X VIT: siècle : la princesse Hélène de Ligne, 12° édition. Paris, 1888; vol. in-8°. Héron-Ro: List — Sur la présence d’une enveloppe adventice autour des fé hez les batraciens. Paris, 1888; extr. in-8°(3 p.). — Description du Pelobates Latifrons des environs de Turin, ete Paris, 1888; extr. in-8° (8 p.). — Nouvelles recherches sur le Pélobate des environs de Turin. Paris, 1888 ; extr. in-8° (8 p.). _ Bailly (Jules). — Pallas Athéné, poésie. Paris, 1888; in-4° (15 p.). Royer (Clémence). Paris, 1885; extr. in-8° p-) F: à» ñ sn 7 Se N ( 296 ) Lechalas (Georges). — L’agrandissement des astres à l'hori- zon. Paris, 1888 ; extr. in-8° {7 p.). Lemoine (Émile). — Questions diverses sur la nouvelle géométrie du triangle. Toulouse, 1887; extr. in-8° (30 — Quelques questions se rapportant à l'étude des anti- parallèles des côtés d’un triangle. Paris, 1888 ; in-8° (22 p.). — Notes à propos du cercle des neuf points. Paris, 1886; _extr. in-8° (5 p.). — Étude des points inverses. Paris, 1887 ; in-8° (15 p.). — Questions diverses sur la géométrie du triangle. Paris, 1886; extr. in-8° (19 p.). — De la mesure de la simplicité dans les constructions géométriques. Paris, 1888 ; extr. in-4° (2 p.). Lemoine (É.) et Vigarié (E.). — Note sur les éléments brocardiens. Paris, 1888 ; extr. in-8° (8 p.). Paillard (Ch). — Notes et éclaircissements sur l’histoire générale des Pays-Bas et sur l’histoire de Valenciennes au XVI: siècle. Valenciennes, 1879 ; in-8. Léon-Petit (le D'). — L'hystérie pulmonaire. Paris, 1888 ; in-8° (104 p.). Sociélé des études historiques. — Revue, 1887. Paris; in-8°. Société des antiquaires de Picardie. — Mémoires, t. XI. Bulletin, 1887, n° 4. Amiens, 1888. Société de l’histoire de France. — Annuaire-Bulletin, 1887. Paris ; in-8°. École polytechnique. — Journal, 57° cahier; in-4°. Muséum d'histoire naturelle. — Nouvelles archives, 2° sér., t. IX, 25 X, 1. Paris; in-&°. Société des beaux-arts de Caen. — Bulletin, vol. VIH, 4° cahier. In-8°. Ministère de l’Instruction publique. — Comité des travaux historiques et scientifiques : Revue des travaux seientifiques, t. II-VIL Paris, 1885-87 ; 6 vol. in-8°. ( 297 ) Socièle académique indo-chinoise, Paris. — Bulletin, 1881. In-8°. Académie de législation de Toulouse. — Recueil, t. XXXW. In-8° Société dunkerquoise pour l’encouragement des sciences, etc. — Mémoires, 1885-86. In-8°. Académie de médecine, Paris. — Mémoires, t. XXXIV et AXXV. 2 vol. in-#°. Ministère de la Guerre. — Catalogue de la bibliothèque, t IV ct V. Paris, 1886-87; 2 vol. in-8°. Société linnéenne de Bordeaux. — Actes, t. XL et XLI. 2 vol. in-8°. | : Sociélé des sciences naturelles de Cherbourg. — Mémoires, t. XXV. In-8° Sociélé linnéenne de Normandie. — Bulletin, 1886-87. Caen; vol. in-8°. Académie des sciences morales et politiques. — Collection des ordonnances des rois de France : Catalogue des actes de François 17, tome 1°", — Mémoires, tome XV. Paris, 1887-88; 2 vol. in-#°, Académie des Inscriptions, Paris, — Notices et extraits des manuscrits, tomes XXVIH, 1" partie; XXII, 1°° partie, — Mémoires, tome XXXHH, 1°° partie. GRANDE-BRETAGNE, IRLANDE ET COLONIES BRITANNIQUES. Cotes (E.-C). — A preliminary account of the wheat and rice weevil in India. Calcutta, 1888 ; in-8° (28 p. et fig.). — The experimental introduction of insecticides into India, with a short account of modern insecticides and methods of applying them. Calcutta, 1888 ; in-8° (8 p.). 9° SÉRIE, TOME XVI. ( 298 ) … DolloiL.). — On the humerus of Euclastes. Londres, 1888: extr.in-8° (8 p., | fig.). — The architects Register, vol. III, Londres, 1888; in-16. Smith (Piazzi), — Report on the royal Edinburgh Obser- valory for 1888. In-#°. Royal Society of New South Wales. — Journal and ne dings, vol. XXL Sydney, 1888; vol. in #°. Royal irish Academy. — Proceedings : science, and polite, jandurv 4888. — Transactions, vol. XXIX, 1 and 2. — Cun- ningham memoirs, n° IV, — List of the papers published in the Cunningham memoirs, and irish Lee ie series, (1786-1886). Dublin. Metevrologieul Department of the Goxernment of nie — Report of the metcorology of India in 1886. — Memoirs on the-winds and monsocns of the Arabian Sea and North Indian Occan. — Indian metcorological memoirs, vol, IV, part # Caleutta; 5 vol. in-4°. Observatory, Greenwich. — Observations; astronomical, magnelical and meteorological Results; Spectroscopie and photographie re 1885. Numerical lunar theory, à voi. in-4°. Linnean Society of New South Wales. — Proceedings, vol. H, — List of the names of contribators to the first series, vol. I-X. Sydney: in-&° Radcliffe Observatory, Oxford. — Observations, 188#. In-8°, Britisch Association [or the advancement vf science. — Report of the 57 meeting, Manchester, 1887, Londres, 1888; vol. in 8°. Australian Museum, Sydney. — Catalogue of the australian stalk- and sessile-eyed crustacea. — Catalogue of a collection of fossils. — Catalogue of the australian hydroid zoophvtes. — Catalogue of the cehinodermata, part. 1. — Descriptive catalogue of the general collection of minerals, — Descriptive L1 ( 299 ) catalogue of the medusae of the australian seas. Sydney, 1882-87 ; G vol. in-8°. Manchester literary and philosophical Society. — Procee- dings, vol XXV and XXVI. Memoirs, 3* sér , vol. X. Re 3 vol. in-8°. British Museum. — À guide to the die gold and silver coins of4he ancients, by Barclay V. He ad, 24 ed. Londres, 1881; vol. in-8?. — Medaillie illustrations of the history of Great Britain and Ireland to the death of George IT (Edw. Hawkins, Aug. Franks, Herbert A. Grucber), vol, 4 and 2. Londres, 1885; 2 vol. in-8°. — Catalogue of books in the library of the british Museum, printed in England, Scotland, and Ireland, and of books in coglish printed abroad to the year 1640, vol. IH. Londres, 1884; 3 vol. in-#°. — À catalogue of habus di in be seiliaeiés in the reading room of the british Museum. Londres, 1886; vol in-8°. — À subjeet index of the modern works added to the library of the british Museum in the years 1880-85. Londres, 1886 ; vol. in-4°, lioyal Suciety of Edinburgh. — Transactions, vol. XXI, païts 2-4; XXX, part 4; XXXI; NAIL parts | and ?. Proceedings, sessions 1883-87. JTrALIE. Osservatorio di Brera in Milano. — Pubblicazioni. n. XXXHIL : Osservazioni sulle stelle doppie. Serie prima. Milano, 1888; in-4% Accademia d'agricoltura di Verona. — Memorie, vol. LXU. In-8e, " (300) Pays-Bas. Nederlandsche Rijkscommissie voor graadmeting en water- passing — 1: Uitkomsten der Rijkswaterpassing (Cohen Stuart, Van de Sande Bakbuyzen en Van Diesen), 1875-85. La Haye, 1888; vol. in-#°. Pays DIVERS, Osservalur io de Madrid. — Obscrvaciones metcorologicas, 4882-85. Resumen, 1883; 5 vol. in-8°. Naturforscher Gesellschaft, Dorpat — Sitzungsbcrichte, Band VIll, 2. Schriften, H-IV. 4 ESS D US SC À RP TABLE DES MATIÈRES. CLASSÉ DES SCIENCES — Séance du 4 août 1888 cm — Aunonce de la mort de J c. Houzeau. M. Liagre ue d'écrire la notice du défunt. — Septième session du Congrès des méricanistes, à Berlin. — 70° anniversaire du D° Donders, à Utrecht Ua — e ge d’ouxr rages. — Ouverture d'un billet cacheté M. D et Reychler. — Travaux manuscrits soumis à l'examen. 158 D LE ANNUEL. - Ancuue des questions du programme n’a donné lieu | _ à réponse 141 Discours oh aux rareté de J c. FR he ne l'âcée démie, par 4.-B.-J. Liagre . . ib. Rapports. — Lecture des rapports de NM CAGbe Mansion et Folie: sur un mémoire de M Ferron concernant le flux et le reflux de la mer . 148 Rapport de MM. Stas et Spring sur un travail de M. À. Petermann intilalé : Recherches de chimie et de physiologie appliquées 2 l'agriculture, sé au 10, Rapport de MM. Le Page : et Monsion que do travail de M. J. Deruyts concernant la différe invariantes , 149,150 Rapport de M. Spri ng el Stas sur un travail dé M. E Pr Prost concernant _ l'action de l'acide . sis sur la fonte . . re . 152 Rapport de MM. Leo Erre se sur un mémoire de M _Micheels : | concernant les jeunes pr r : ISIN Rapport de F Folie sur une noté e de M. F. Thiry. concernant la nature des comèt ÿ 457 : FRS de 4 Folie s sur une note Fs M. res relative à de phone ; éclairs Note concernant la oééifention numérique d'une et relative à la force élastique des gaz; par Ch. Lagrange. ue Sur un cas particulier de la formule du dinde : par LE. Cstan : pe Détermination des variations que le frottement intérieur de sq pris sous diverses pressions éprouve avec la température ; par P. pate la D snen mutuelle des fonctions invariantes ; par J. pe Étude l'action de l'acide chlorhydrique sur la fonte ; par Eug. Prost. Sur q nouvelles, princi (ire du a ed Cogniau 6 Fa de se ous des ME à is Xe hote; b w Prin : Sur l'existence d'un nouvel étage de l'Éocèn, e bassin pote par Michel TR 5 CLASSE Des VETTRES. — Séance du 6 août 1888. \ NA, 4 NU An pe a ln PS Ses ee ressées au sujet de sa nomination de docteur oies ausa de Université de Bologne. — Séances publiques du Comité P “ ire et nt établi à la Mairie de Passy. — Hommage ouvrages a : k Con + € dh d CLASSE DES BEAUX-ARTS — Séance du » > avût 1888. ni) be tn ic _ Félicitations à M. Fétis pour sa Preis. au grade de commandeur de La l'Ordre de ses a ue Ju ré de | CORRFSPONDANCE | L' ARE SP Lu dt Le ns “HE: Re Pidigonh Asie. ur rats à Le Commission de paris des . sud anciens musi- 4 Ed. Sand Sin. Be ovre — “Lame deN Ch se. 1e ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. BULLETIN DE L’'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1888. — Nos 9-10. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 13 octobre 1888. M. Crépin, directeur. M. LiaGre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alph. Briart, vice-directeur ; 3.-S. Stas, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Longchamps, Gluge, H. Maus, F. Donny, Ch. Montigny, Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Plateau, Éd. Mailly, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, Louis Henry, M. Mourlon, P. Mansion, J. Delbœuf, membres; E. Catalan, Ch. de la Vallée Poussin, associés; À. Renard, P. De Heen, Ch. Lagrange et L. Errera, correspondants. . M. Folie écrit qu’une indisposition l'empêche d’assister à la séance. é 3°° SÉRIE, TOME XVI. . 21 ( 502 ) CORRESPONDANCE. os La Classe apprend avec un vif sentiment de regret la perte qu’elle vient de faire en la personne de l'un des associés de sa section des sciences naturelles, le docteur Rudolf Clausius, professeur à l'Universisé de Bonn, décédé en cette ville le 24 août dernier. M. Liagre donne, en même temps, lecture d’une lettre de M. Folie faisant connaître quels étaient les travaux dont M. Clausius s’occupait au moment de sa mort. — M. le Ministre de l'Intérieur envoie les ouvrages suivants ae la bibliothèqne : : À tudium der Geographie in und ausser, der Cars ss le professeur Stauber, d’Augsbourg. Prix Du Ror POUR LA GÉOGRAPHIE. 2 Bulletin de la Société belge de géologie, de paléon- tologie et d’hydrologie de Bruxelles, tome I‘, 1887. — Remerciements, _— M. Félix Leconte, à Tournai, adresse, sous la date du 25 septembre dernier, un pli cacheté portant en suscriplion : Sciences physiques. Un second pli cacheté est remis, de la part de M. le D° Léon Stilmant, et ne pourra être ouvert que sur sa demande ou celle de son associé, M. Joseph Dusseldorf, de Bruxelles. — Dépôt dans les archives de l'Académie. : — M, Delacy, à Roulers, adresse la troisième partie : Forces artificielles, de son travail portant pour titre : : Forces et moteurs. — Dépôt dans les archives. ( 503 ) — Hommages d'ouvrages : 1° Catalogue raisonné des orthoptèr es el des névroptères de Belgique; par le baron de Selys SR à avec une nole qui figure ci-après; % Sur le genre trigonia, et description de deux trigo= nies nouvelles des terrains supra-crélacé, de Maestricht et de Ciply; par À. Briart ; 5° a) Mélanges mathématiques, lome IT; b) Sur un cas particulier de la formule du binôme ; par E. Catalan; 4# Mémoires pour servir à l'explication de la carte géolo- gique détaillée de la France : L’Ardenne; par J. Gosselet. (Présenté par M. Malaise, avec une note qui figure ci-après); D° Introduction à l'étude descriptive des médicaments nalurels d’origine végétale; par À. Herlant. (Présenté par M. Stas); 6° Ueber eine neue Monadine, Endobiella Bambekii ; par C. De Bruyne; 7° Ueber das Fingerskelett der Pinnipedier und der Cetaceen ; par H. Leboucq ; (Ces deux derniers ouvrages sont présentés par M, Ch. Van Bambeke) ; 8° Flora Brasiliensis, fase. CHI : Melastomaceae If°; par A. Cogniaux. — Remerciements. — Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de rapporteurs : 1° Exposé des motifs de l’omission des forces tangen- tielles sighalée dans le rapport de M. Lagrange sur le Mémoire concernant une nouvelle théorie des marées ; par Eug. Ferron. — Commissaires : MM. Lagrange, De Tilly et Folie ; ( 504 ) 2° Sur quelques propriétés des transformations linéaires; par Jacques Deruyts. — Commissaires : MM. Le Paige et Mansion ; 3° Sur quelques phosphates et arséniates doubles ; par L. Chevron et A. Droixhe. — Commissaires : MM. Spring et Stas; 4° Sur un nouveau système de ballon dirigeable (avec 4 dessins) ; par Charles Weiler. — Commissaire : M. Maus; 5° Sur les valeurs numériques de la gamme musicale de M. Delezenne; par Charles Meerens. — Commissaires : MM. Van der Mensbrugghe et Montigny; 6° La saccharification diastasique; par A. Reychler. — - Commissaires : MM. Stas et Fredericq. NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. Présentation d'ouvrage. M. le baron de Selys Longchamps s'exprime ainsi, en présentant son Catalogue raisonné des Orthoptères et des Névroptères de Belgique, qui fait partie du t. XXXII des AnNaLes de la SociËTÉ ENTOMOLOGIQUE DE BELGIQUE : « Le travail que j'ai rédigé ne renferme aucune espèce nouvelle; ce n’est qu'un recensement statistique avec indication des localités et des époques d’apparition, aux- quelles j'ai ajouté souvent des observations pour faciliter la recherche et la détermination de certaines espèces rares ou difficiles à reconnaître. » Ce catalogue est le résultat de plus de cinquante années de recherches dans les parties les plus caracté- ( 505 ) ristiques de notre territoire : 47 espèces d'Orthoptères et 327 de Névroptères y sont énumérées. » Je suis persuadé qu’il est encore assez incomplet Pour certains groupes, notamment les Psocidæ, les Ephe- meridæ et les Phryganidæ ; mais un tel relevé manquant tout à fait jusqu'ici pour cette partie de notre Faune, j'ai lieu d’espérer qu’on le trouvera utile, tout au moins comme base el point de départ pour des recherches ultérieures. » En présentant : L’Ardenne, par J. Gosselet (1), M. Malaise appelle l'attention de l’Académie sur ce remarquable ouvrage. « Peu de géologues, ajoute-t-il, ont publié autant de travaux sur la Belgique que notre savant associé. » Le nouveau livre de M. le professeur Gosselet peut être considéré comme le complément, considérablement et heureusement augmenté, de son Mémoire sur les terrains primaires, paru en 1860, > Outre les observations, qui résultent de ses recherches, On y trouve analysés et discutés les nombreux travaux dont les différents terrains primaires, se rapportant à l'ARDENXE, ont été l'objet. » (1) In-4°, de 881 pages, XXVII planches photographiées, une carte, XI planches de coupes, et 244 figures sur bois, dans le texte. Mémoires pour servir à l'explication de la carte géologique détaillée de la France. Paris, Baudry et Cie, 1888. AY = ( 306 ) RAPPORTS. Il est donné lecture des rapports suivants : 1° De MM. Van Beneden, père et fils, et Van Bambeke, concernant le rapport soumis par Charles Julin au Gou- vernement, Sur les travaux physiologiques de la session de Manchester (1887) de l'Association britannique pour l'avancement des sciences. — Renvoi à M. le Ministre de l'Intérieur et de l’Instruction publique ; 2 De MM. P.-J. Van Beneden et Alph. Briart, sur une demande de subside adressée au Gouvernement par M. De Munck pour visiter, au point de vue paléonto- logique, les musées de Copenhague et de Stockholm. — Même renvoi; 5° De M. A. Renard sur une communication adressée à M. le Ministre des Affaires étrangères par M. Charlier, consul général de Belgique à Batavia, Sur le récent trem- blement de terre à l’île de Bali. — Même renvoi; 4 De MM. Mansion, De Tilly et Van der Mensbrugghe concernant le mémoire de M. Eug. Ferron, Sur les équa- tions fondamentales de la théorie de la lumière. — La Classe décide que ce travail, avec les rapports des com- missaires, sera déposé aux archives. Ê > ji de Neil 4 sir je Jos CS ER PE Te We eh ee Re SE PE TT CA CR EDEN ER MOST | PR NE (307) # De l'influence de la nutation diurne dans la discussion des observations de x Lyrae, faites à l'Observatoire de Washington; par L. Niesten, astronome à l'Observa- toire. Bapport de M. Kolie, premier commissaire, « Le nouveau travail de M. Niesten lui a sans doute été inspiré par le succès qu'il avait obtenu dans un travail du même genre sur les observations de y Drac. faites à Greenwich, qui, grâce à l'introduction de la nutation diurne, avaient donné pour cette étoile une parallaxe positive. Il n’en est pas de même du travail actuel, portant sur les observations de « Lyrae, faites à Washington dans le premier vertical. Mais je ferai remarquer, à ce sujet, que la nutation diurne ne peut pas s’introduire dans ce genre d’observa- tions comme une simple nutation en déclinaison, mais qu'il y faudrait introduire également la différence des. putations diurnes en AR entre les passages est el ouest. La réduction de ces observations, quant à la nutation diurne, est tellement compliquée, qu’étant donnée l’exis- tence certaine de cette nutation, et, par suite, la nécessité d’en corriger les observations faites dans le premier ver- tical, je n’hésite pas à déclarer que ces observations, sur lesquelles Bessel et Struve avaient fondé tant d’espérances, seront abandonnées dans un avenir peu éloigné. ( 508 ) Je publierai plus tard le calcul complet des réductions à faire subir à ces observations pour les corriger de la nulation diurne ; mais j'assure qu’il faudra être doué d’une , forte dose de patiente énergie pour les entreprendre. La parallaxe négative trouvée par M. Niesten, comme par A. Hall, ne me surprend donc nullement; j'ajouterai même qu’il manque encore, aux termes de réduction employés, ceux qui proviennent de la nutation initiale, et que les astronomes, Nyrén en particulier, ont en vain tâché de déterminer. Néanmoins le travail de M. Niesten, quoiqu'il ne puisse répondre, au point de vue de la correction des constantes de l'astronomie ou à celui de la parallaxe de l'étoile, à l'attente des astronomes, apporte une preuve de plus à l'appui de l’existence de la nutation diurne Le coefficient qui résulte de sa détermination est de 0,095", valeur que j'estime un peu faible. La longitude qui en résulte pour le premier Anéridieh est de 69° à l’est de Paris, Cette dernière concorde fort bien avec celle que j'ar déduite de ma formule de la différence systématique entre les catalogues, provenant de la nutation diurne, en appli- quant cette formule à la comparaison des catalogues de Paris et de Washington, tant en Æ qu’en D A ce titre, j'estime que le travail de M. Niesten, fruit d’un labeur considérable, mérite d'être publié dans les Mémoires in-4°, et je propose à la Classe d'en ordonner l'impression et de voter des remerciements à l’auteur. » ( 509 ) Rapport de M, Liagre, second commissaire, . « Tout en rendant justice à l'énorme somme de calculs numériques que le mémoire de M. Niesten a dû coûter à son auteur, je ne puis m'empêcher de regretter que ce laborieux et estimable astronome se soit livré à un travail pénible et ait dépensé un temps précieux, pour aboutir à un résultat nul au sujet de l’existence de la nutation diurne, Quoi qu’il en soit, puisque le travail est fait, et que le premier commissaire croit devoir en proposer l'insertion dans les recueils de l'Académie, plutôt que dans les Annales de l'Observatoire où il serait plutôt à sa place, j'adhère volontiers à la proposition faite par mon savant confrère, celle de l'impression dans notre recueil in-4°. Mon adhésion, toutefois, est subordonnée à deux condi- tions, savoir : une suppression et une addition. La suppression que je propose est celle des tableaux détaillés, conduisant aux valeurs des deux coefficients désignés dans le mémoire par les lettres Z, et 32. Lorsqu'un calculateur fait connaître les formules qu'il a employées, les données numériques qu’il y a introduites et les résultats auxquels il est arrivé, son devoir est accompli. Il est inutile qu'il fournisse, par le menu, tous les calculs intermédiaires par lesquels il a dû passer pour arriver aux résultats. Ces calculs qui, dans le cas actuel, s'élèvent à nn total de plus de 18,000 chiffres, grossissent inutilement le mémoire. | Quant à l’addition que j'ai-à suggérer à l’auteur, elle me paraît d’une importance capitale. L’utilité de la méthode ( 510 ) des moindres carrés, qu’il a employée, ne réside pas seule- ment dans le fait qu’elle conduit au résultat le plus pro- bable : un de ses avantages les plus précieux, c’est de per. mettre d'apprécier numériquement le degré d’exactitude que le résullat comporte, autrement dit son erreur moyenne. C'est un complément que l’auteur n'a pas donné à son travail et qui me paraît indispensable. C’est seule- ment lorsqu'il laura donné qu'il aura le droit de dire, comme il le fait, que son travail apporte une nouvelle preuve à l'appui de l'existence de la nutation diurne. Et, en effet, la valeur de cette constante uranographique, calculée par M. Niesten, est seulement de neuf centièmes de seconde, et rien ne lui prouve que l'erreur moyenne de ce résultat ne soit pas égale, ou peut-être supérieure au résultat lui-même. S'il en était ainsi, le travail de M. Niesten serait contraire plutôt que favorable à l'existence de la nulation diurne, Le fait d’une parallaxe annuelle négative, s'élevant à sept centièmes de seconde, trouvée par M. Niesten pour l'étoile observée, est de nature à nous inspirer une cer- laine défiance à ce sujet. En effet, si la valeur trouvée pour une des cinq inconnues que renferme le système des équations normales présente une erreur incontestable de plus de sept centièmes de seconde, rien ne prouve, a priori, qu'une autre de ces inconnues ne soit affectée d'une erreur égale, et peut être plus grande. » La Classe a adopté les conclusions des rapports de ses deux commissaires. (511) Re la genèse du placenta chez le Lapin; par J. Masius, étudiant à l’Université de Liège. Bapport de M, Éd, Van Beneden. « Le travail sommaire que j'ai l'honneur de présenter traite de la formation du placenta chez le Lapin. Il est l’exposé succinet de recherches étendues, qui paraîtront d'ici à quelques mois dans les Archives de Biologie. Ce travail a été exécuté sous ma direction, et c'est sur le conseil que je lui ai donné que M. Masius a présenté à l'Académie, afin de prendre date, un résumé de ses études. C’est assez dire que je n’hésite pas à proposer à la Classe de décider l'impression du travail de M. Masius dans le Bulletin de la séance. » M. Van Bambeke a appuyé ces conclusions, qui ont été mises aux voix el adoptées. der Note sur un nouveau procédé d'enregistrement à l'aide de la photographie; par M. Éric Gérard. Happort de M. W. Spring. « M. Éric Gérard fait connaître, dans cette note, un perfectionnement ingénieux qu’il a apporté aux procédés d'enregistrement à l’aide de la photographie. : Au lieu de faire usage de l'arc voltaïque, comme source lumineuse destinée à frapper le miroir concave dont il faut enregistrer les mouvements, il se sert de l’éuincelle secondaire fournie par la bobine de Ruhmkorff. Cette étin- celle étant périodique, par. suite de l’élasticité du ressort ( 312 ) interrupteur de la bobine, on a tout naturellement la division du temps, en intervalles égaux, inscrite sur la courbe enregistrée ; on supprime, de cette façon, l'emploi 4 de tout chronographe spécial. L'auteur a essayé sa méthode pour l'étude des courants variables fournis par les dynamos à courants alternatifs : les résultats ont été très bons. Le procédé de M. Éric Gérard sera certainement utilisé, à cause de son extrême simplicité, par le plus grand nombre des expérimentateurs. Aussi, est-ce avec empres- sement que je propose à la Classe d’ordonner l'insertion de cette note dans le Bulletin de la séance. » M. Candèze a adhéré à ces conclusions, qui ont été mises aux voix et adoptées. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur les formules de réduction des circompolaires en ascension droile et en déclinaison (suite); par F. Folie, membre de l’Académie, directeur de l'Observatoire royal de Bruxelles. Dans ma précédente note (*), les termes du second ordre en déclinaison n’ont pas été ramenés à une forme semblable à celle que leur a donnée M. Fabrilius. La chose est possible cependant. () Bull. de l’Acad. roy. de Belg., 5° sér.,t. XV, 1888; pp. 701 et suivantes. (515) En reprenant les expressions données dans mon Traité des réductions stellaires, et en cherchant à les rapprocher de la forme de Fabritius-Oppolzer, j'ai trouvé que l’ensemble des termes du second ordre en déclinaison, donnés pages 64, 78 et 79 du Traité, peut se mettre sous la forme suivante : A = — 1 sin 2d [(Aa + Bb + Ce + Dd) + cot?9 (Aa + Bb)]. Si l’on néglige le second terme, dont le facteur cot? à compense les facteurs tg? 9, implicitement contenus dans (Aa + Bb)?, cette expression se réduit simplement à : A°d = — } sin 20(4%), assez analogue à la formule de Fabritius-Oppolzer à°9 = — } cot (Ac), où à la formule revue par Fabritius à la suite de mes critiques (”) : ST ab où —5— [la + (a9ÿ]. Dans la même Note, une inadvertance dans le calcul m'a fait écrire une expression incorrecte des termes en F. Je m'empresse de la réparer en donnant l’expression complète des termes du second ordre : aa = tg (ax ad + F), (*) Bull. astronomique, mai 1888, p. 187. ( 914 ) l'expression de F, par laquelle ma formule dise de celle de Fabritius-Oppolzer, étant F— — } sin 2 cos « (ay) + + cos & sin & NN” sin 2Q : + COSE SIN &. = sinQ—3%?N nd où < désigne l'obliquité de l'écliptique, P, N, N', en onde d'arc, 50.9, 9.2, 17.2 et où log (— 01) = 9.528537. J'ajouterai que les formules de mon Traité, desquelles j'ai déduit les précédentes (qui n’en diffèrent que par des termes peu importants, dont aucun n’a du reste tg 0 pour facteur) concordent avec ces du Berl. Jahrb. pour 1884, pp. (14) et (15) de l'Add. Je n’ai fait la comparaison que pour les termes du second ordre de la nutation seulement, les autres termes, c'est-à-dire ceux de l’aberration et ceux qui proviennent de la combinaison de Ja natation et de l’aberration, étant les mêmes dans mes formules, dans celles de Fabritius, du Bert, Jahrb. et de Poulkova. Dans la recherche de ces termes, je n’ai pas tenu compte, à Lort sans doute, de ceux qui dépendent de la double longitude du Soleil, et qui sont donnés dans le Berl. Jahrb. Par contre, mes formules renferment d’autres termes importants qui ne se trouvent pas dans celui-ci. J'omels donc les termes en 20 et 3© donnés dans le Bert. Jahrb. Quant à ses termes en © + Q, ils proviennent de la com- ( 515 ) binaison de la nutation et de l’aberration, et figurent, comme je viens de le dire, dans mes formules complé- mentaires A?x et A29. Ces formules complémentaires renferment aussi, implicitement, les termes en 20 du Berl. Jahrb. Le calcul, fait pour 1850, à donné les résultats inscrits ci-dessous, dans la deuxième ligne, la première repro= duisant ceux du Berl, Jahrb. dx= + 0°’.000134 cos 2x (tg°d + +)sin 2(2 153 . : 5. pr) — 0.000160 sin 2x (tg°9 + I)cos 2 159 + (0.002241 cosatg9+ 0.000975 sin 2a(1g°9+4)]r° 293 WI —[0.001 535 cosatg9 + 0.000677 sin 2a{1g9+ 4) |r sin ÇQ 15 155 663 LAS, + [0.002061 sinatg3— 0.001798 cos 2a{tg*9+ 4)]rcosQ 205: 0890 ee On voit que ces résultats sont absolument identiques, sauf en ce qui concerne le dernier coefficient, qui est exactement deux fois plus grand dans la formule du Berl. Jahrb. que dans la mienne. Je l'ai cependant véri- liée avec beaucoup de soin. Quant aux termes que donne ma formule, et qui ne figurent pas dans celle du Bert. Jahrb., les voici : — 07.000694 sin x tg d sin Ç2 & — 0”,000176 sin x tg d sin 2 — 0.000151 cos à 18 d cos 2 Ç3 — 0.000445 + cos Ç2. ( 516 ) On peut faire abstraction du dernier, égal au plus à 0”.0005. Je ferai remarquer que ces termes sont contenus dans ma précédente formule : ax = 1g d'(ax A0 + F) (*), et que celte dernière renferme même implicitement, comme je l'ai dit ci-dessus, les termes en 20 du Berl. Jahrb., par la raison que ceux-ci sont contenus dans les expressions Az et A. 11 semble donc que cette formule fort simple est même plus rigoureuse que les longues formules du Berl. Jahrb.; elle mérite, en tous cas, la préférence sur celle de Fabri- lius. ‘ (") La formule suivante est toutefois plus rigoureuse : 2 A x Ad, sin 29 _ Aa =1gJ(4z4nd+F) + les termes du premier ordre de la variation en décli- naison due à la précession et à la nutation; A,3 ceux de la variation due à l’aberration annuelle. (547) De la genèse du placenta chez le Lapin; par Jean Masius, étudiant en médecine. (Travail du laboratoire d'embryologie de M. le professeur Éd, Van Beneden à Li Dans ce mémoire, nous avons cherché à donner la solu- tion de quelques questions très discutées, sur l’origine et la signification de divers éléments qui se trouvent dans le placenta complètement constitué. De ces questions les plus importantes sont : 1° de déter- miner les’ modifications précises que subit la muqueuse utérine dans le cours de la gestation; 2° de fixer dans quelle mesure l'embryon, d’une part, la mère, de l’autre, interviennent dans l’édification du placenta. Les opinions les plus contradictoires ont été émises sur ces points, et les divergences d'interprétation proviennent très probablement de l'ignorance relative où l’on se trouve “encore actuellement, quant aux premiers stades de la for- mation du placenta. C’est cette lacune que ce travail veut combler. Le mémoire complet, avec figures, qui justifie nos con- clusions, paraîtra ultérieurement et donnera un exposé détaillé des premiers stades du développement du placenta chez le Lapin. D’après nos observations, voici les conclusions aux- quelles nous sommes arrivé : 3"° SÉRIE, TOME XVI. * 22 ( 518 ) 1° Préalablement à la fixation du blastocyste, la muqueuse utérine acquiert une grande épaisseur et forme à sa surface de grosses papilles dermatiques, tapissées par l’épithélium utérin. Ces grosses papilles, séparées les unes des autres par les grandes eryples au fond desquelles s'ouvrent les glandes de l’utérus, forment avec le reste du derme une grande saillie sur laquelle se fixe l’épiblaste et se développe le placenta. 2% Ni les glandes, ni l'épithélium de l'utérus nc prennent part à la genèse du placenta; l'extrémité profonde des glandes se conserve pendant toute la durée de la gestation dans la profondeur de la muqueuse ; tandis que l'épithélium utérin qui entoure les papilles dermatiques, et aussi l’épi- thélium glandulaire dans la région de l'embouchure des glandes utérines, dégénèrent et disparaissent .complète- ment. Les noyaux de l'épithélium en dégénérescence commen- cent par augmenter très considérablement en nombre, en suivant un processus qui n’est pas la division mitosique; puis ces noyaux deviennent irréguliers et anguleux, et, se chargeant de granulations brillantes et incolores, ils ne sont bientôt plus colorés qu’à la périphérie. Ainsi consti- tués, ils sont logés dans une substance fondamentale abon- dante. Unis à cette substance, les noyaux au niveau des ébau- ches placentaires se rassemblent fréquemment en grand nombre, et forment alors des amas globuleux qui, par étranglement de leur base, se séparent du reste de l'épithé- lium, lequel, par ce fait, devient souvent discontinu. Dans ces gros globules les noyaux se groupent dans l'un des hémisphères, la substance fondamentale persistant seule dans l’autre; chacun de ces hémisphères se séparant par ( 319 ) la suite, il peut en résulter la formation de globules secon- daires constitués, les uns, exclusivement de noyaux, les autres, exclusivement de substance fondamentale, La suite des modifications que subissent ultérieurement ces éléments globuleux amène la disparition respective des noyaux et de la substance fondamentale de l’épithélium utérin pri- mitif. Les noyaux brillants, anguleux, colorés seulement à la périphérie dont nous venous de parler, se modifient d’une façon identique dans les globules et dans les autres parties de l’épithélium entré en dégénérescence. Ces noyaux devenus plus petits sont ultérieurement uniformé- ment colorés, ne présentent plus la moindre granulation et se transforment bientôt en simples grumeaux chroma- tiques. Quelques-uns de ces grumeaux se confondent par- fois en masses chromatiques très irrégulières avant de se résoudre en une sorte de poussière chromatique qui se perd dans les tissus ambiants. À des stades relativement jeunes, au niveau des ébauches du placenta, les cavités limitées parles cryptes se conservent encore plus où moins bien, mais sur les côtés des ébauches placentaires ces cavités sont très réduites, et peuvent même disparaître par suite du grand développement que prend la substance fondamentale. À ce niveau cette substance acquiert une teinte brun- verdâtre par l’action du liquide de Flemming, ses contours deviennent très nets, et elle semble se désagréger en petits fragments sphériques qui peuvent se répandre dans la cavité utérine, entre l'épiblaste et la muqueuse. Ces frag- ments deviennent de plus en plus petits et finissent par disparaitre. Les formations glubuleuses formées de substance ris :.( 320 ) mentale qui se trouvent au niveau des ébauches du pla- centa subissent la même dégénérescence. 5° Les vaisseaux de la muqueuse s'entourent d'une gaine de cellules, qui sont toutes dérivées des éléments cellulaires fixes du derme. Ces gaines en se développant, par division mitosique des cellules qui les constituent, acquièrent de très grandes dimensions et forment la masse dominante du derme dans les stades avancés de la genèse du placenta. Au début, les cellules des gaines périvasculaires épaisses renferment d'ordinaire plusieurs noyaux, 2, 5 ou 4, et leur protoplasme, rosé par le carmin, est uniformément étalé dans toute la cellule. Plus tard, les contours de la cellule deviennent de plus en plus nets, le protoplasme se con- centre autour des éléments nucléaires, et de là envoie de fins prolongements vers la périphérie de la cellule. Entre ces prolongements se trouvent souvent des hématies. Les cellules des gaines arrivées à ce stade constituent les cel- lules dites sérotines et forment la plus grande masse du derine. 4° L’endothélium des vaisseaux de la muqueuse dégé- nère et disparaît. L’endothélium devient d’abord fort épais, de façon à former une couche de protoplasme dans laquelle sont logés des noyaux qui ne sont plus aplatis. Ces noyaux deviennent très grands et irréguliers, la chromatine se rassemble sur quelques gros grains, les contours des noyaux deviennent clairs et disparaissent, et dès lors des amas de grains chromatiques sont immédiatement logés dans le protoplasme. Bientôt celui-ci se désagrège pour laisser tomber ces grains dans la cavité vasculaire. A partir de ce moment, le vaisseau n'ayant plus d’endothélium, la gaine ii dé oh #5 (u SR RES TES TE ( 321 ) périvaseulaire délimite immédiatement sa cavité, et le sang peut filtrer en faible quantité à travers les cellules périvas- culaires ou sérotines. d° Dans des stades jeunes, la muqueuse renferme un grand nombre d'éléments qui, pour nous, sont des leuco- cyles; ces leucocyles se transforment en corpuscules formés d’un cordon chromatique moniliforme, ou de granulations chromatiques entourées par une zone hyaline el incolore, qui limite vers l'extérieur un contour cireu- lairé ou ovalaire. Ces corpuscules sont disséminés dans le derme même de la muqueuse et dans certains vaisseaux qui sont probablement des veinules. Ces éléments, dont la signification nous échappe, n’existent que dans les stades moyens, car, avant buit jours et après dix-huit jours environ, on ne peut pas constater leur présence, ni dans la muqueuse, ni dans les vaisseaux. 6° Déjà, avant la fixation du blastocyste à la muqueuse, on distingue deux couches dans l’épiblaste embryonnaire : l'une profonde, à cellules cylindriques, l’autre plus super- ficielle, irrégulière, plus foncée par le caririn, à noyaux groupés en nids nucléaires et jamais en mitose. Dans cette couche superficielle, on ne voit pas de division en terri- toires cellulaires. C’est par cette couche que se fait l'union à la grande saillie de la muqueuse utérine; celle couche prend bientôt un énorme développement et constitue une masse protoplasmique multinucléée, dans laquelle la couche épiblastique profonde envoie des papilles primor- diales, d'abord non vascularisées, formées par lépiblaste et la somatopleure, D'autre part, des capillaires sanguins maternels s’en- gagent dans ce protoplasme polynucléé d'origine fœtale ; ( 322 ) ils y perdent bientôt leur endothélium et se continuent, dès lors, dans un système de lacunes sans paroi propre, extrêmement nombreuses. L’allantoïde, par sa soudure à la séreuse de von Baer, vascularise les papilles primordiales en leur formant un axe conjonctif riche en vaisseaux sanguins. Mais à ce moment la couche profonde de l’épiblaste devient inter- rompue autour de cet axe conjonctif des villosités allan- toïdiennes, el il en résulte que le sang maternel du pla- centa circulant dans de grands espaces lacunaires n’est, dans beaucoup d'endroits, séparé de la villosité conjoncti- vovasculaire que par une couche plus ou moins épaisse de protoplasme épiblastique multinucléé. D'après nos observations, le placenta du Lapin serait une néoformation d’origine fœtale, formée par les villosités allantoïdiennes ramifiées dans un tissu, qui provient uniquement de l'épiblaste de l'embryon. Cette néoforma- lion est soudée au derme de la muqueuse, dont les vais- seaux ont formé tout un système de lacunes sans paroi propre qui parcourent une masse protoplasmique multi- nucléée, non divisée en territoires cellulaires, et provenant d'un très grand accroissement en épaisseur de la couche superficielle de l’épiblaste. Dans le placenta, le sang maternel cireule donc dans une masse épiblastique d'ori- gine embryonnaire. 7° Dans le cours. du développement du siicents. les cavités des cryptes lapissées par l’épithélium utérin très alléré peuvent se remplir de sang maternel. Celui-ci arrive dans les cryptes par l'intermédiaire de trouées sans paroi propre s'étendant à travers la masse épiblastique, de façon à établir des communications entre le système san- guin lacunaire du placenta et les cryptes épithéliales. ( 525 ) Par cette disposition s'explique done la présence pos- sible de sang maternel entre l'épiblaste et la surface de la muqueuse ulérine. La formation des ces trouées est importante, en ce sens que c’est peut-être en suivaut un processus analogue que se constitue une partie du système lacunaire du placenta. Les diverses ramifications de ce système sont, en effet, {trop nombreuses pour pouvoir provenir toutes des vais- seaux maternels modifiés. Note sur un nouveau procédé d'enregistrement à l’aide de la photographie; par Éric Gérard, directeur de l’Institut électro-technique, annexé à l’Université de Liège. Les méthodes d'enregistrement automatique sont uti- lisées de plus en plus dans la technique des sciences natu- relles. L'enregistreur remplit l'office d’un observateur patient et fidèle, lorsqu'il s’agit d'étudier des phénomènes à allure lente. Il permet aussi de saisir au vol et de fixer des déplacements qui, par leur rapidité, rs à l’ana- lyse de nos sens. L'enregistrement d’un mouvement rapide se fait le plus souvent au moyen d’un style, lié à la pièce mobile, et mar- quant une trace sur un cylindre rotatif, enduit de noir de fumée. Lorsque le mouvement du cylindre n’est pas parfaite- ment régulier, el qu'on cherche la loi du déplacement en (: 324 }! reve de: sa es on enregistre le temps à l'aide d’un , commandé par un diapason (1). Ce procédé a conduit à des résultats importants, mais il peut. difficilement être appliqué, lorsqu'il s’agit de relever la tra- jectoire décrite par des pièces très légères, attendu que les frottements causés par la rugosité du cylindre, peuvent altérer les mouvements que l’on étudie. - Dans un cas semblable, on peut amplifier les déplace- ments par des procédés optiques, et fixer les images pro- duites à l’aide de la photographie. A titre d'exemple, je citerai l'inscription des courants variables fournis par les dynamos à courants alternatifs, sujet qui a fait cette année l’objet de recherches suivies dans le laboratoire de l'Institut électro-technique Montefore. A cet effet, on s’est servi d’un galvanomètre extrême- ment délicat, apériodique et possédant très peu d'inertie. Un faisceau de lumière voltaïque était envoyé sur un petit miroir concave, fixé à l'équipage mobile du galvanomètre, de manière à donner une image, réduite par une lentille, sur un Cylindre enregistreur, recouvert au préalable d’une: feuille de papier sensibilisé (Eastman ou Morgan). Le temps était inscrit simultanément sur le cylindre, grâce à l'envoi d'un second faisceau sur un miroir concave mobile, dont l’axe était lié à l’une des branches d'un électro-diapason. Ce procédé a bien réussi par suite de l'emploi de l'arc voltaïque, qui fournit des images extrêmement brillantes. Mais il nécessite un matériel encombrant et coûteux, et le (4) Voir Marey. La méthode graphique dans les sciences sf mentales. ( 32% ) succès du double enregistrement ne s'obtient ss des tâtonnements assez longs. Ce sont ces raisons qui m'ont conduit à imaginer un procédé notablement simplifié, et pouvant être réalisé avec les appareils que l'on rencontre dans les laboratoires les plus modestes. a source lumineuse est fournie par une bobine de Ruhmkorff, de dimensions moyennes, dont l'étincelle secondaire jaillit entre un fil d'aluminium et une pointe de charbon, semblable à celui qu’on utilise dans les lampes à arc. Les deux électrodes sont fixées à moins d’un milli- mètre de distance. L’étincelle est projetée vers le miroir concave dont on veut étudier-les oscillations, et réfléchie sur le papier sensibilisé, recouvrant soit un cylindre rotatif, soit plus simplement un châssis descendant entre des glissières. La périodicité de l’étincelle, déterminée par l’élasticité du ressort interrupteur de la bobine, fournit tout naturcl- lement la division du temps en intervalles égaux, sur la courbe enregistrée. Si la courbe doit être graduée suivant des intervalles de durée connue, on emploie comme inter- rupleur un électro-diapason de période déterminée. On forme alors un seul circuit comprenant la pile, le fil primaire et la bobine du diapason. On obtient une étincelle courte, blanche et dont la posi- tion est invariable, en reliant les bornes secondaires de la bobine aux armatures d’une petite hontcille de Leyde. En outre, il est bon de réduire image de l'étincelle, en inter- calant une lentille biconcave sur le parcours du rayon réfléchi. La figure suivante représente une réduction de moitié d'épreuves négatives, obtenues en se servant de papier ( 526 ) Eastman développé à l'hydroquinone. Les courbes n° 1, 2, 3, 4, données à titre d'illustration de la méthode, montrent la variation des courants induits produits par la rotation d'une bobine dans un champ non symétrique. . PT EU 0 . . . . RS EU Re ER CR net ee DT EU A rés rs s 0 s 5 0 - . at se L’interruption du courant primaire de la bobine se faisait avec un électro-diapason, de telle manière que les intervalles entre les ordonnées des points marqués corres- pondent au centième de seconde. — La Classe se constitue en comité secret pour s’occu- per de la liste des candidats pour les places vacantes, arrêtée par les sections. D C0 6 C0 9 ——— (327) CLASSE DES LETTRES, Séance du 6 octobre 1888. M. Porvix, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Luacre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. P, De Decker, Ch. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon, F. Nève, Alph. Wauters, Alph. Le Roy, A. Wagener, P. Willems, Ch. Piot, J. Stecher, T.-J. Lamy, Aug. Scheler, P. Henrard, J. Gan- trelle, Ch. Loomans, G. Tiberghien, L. Vanderkindere, membres; Alph. Rivier, associé; Alex. Henne, A. Van Weddingen, le comte Goblet d’Alviella et Ad. Prins, correspondants. M. Jos. Stallaert, membre de la Classe des beaux-arts, assise à la séance. M. Bormans écrit que les opérations des jurys d'examen de l'école des mines l'empêchent de venir diriger les tra- vaux de la séance. ( 328 ). CORRESPONDANCE. La Classe apprend avec un vif sentiment de regret la perte qu’elle a faite en la personne de l’un de ses membres titulaires, M. Théodore Juste, décédé le 40 août dernier. Une lettre de condoléance sera adressée à la famille du défunt, et le discours prononcé aux funérailles par M. Piot paraîtra dans le Bulletin de la séance. M. Henrard écrira pour Amir an notice académique sur M. Théodore Juste. — M. Wauters accepte de rédiger pour le même recueil la notice sur Jules Van Praet, dont M. Juste s'était chargé. M. Faider fait savoir qu’il vient de terminer la notice sur François Tielemans. — Remerciements. — M. le Ministre de l’Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics envoie : 1° Trois exemplaires du rapport du jury du concours de 1886 (littératures anciennes et modernes) pour le prix de 25,000 franes, institué par le Roi; 2 Le compte rendu des travaux du congrès de la Fédé- ration archéologique et historique de Bruges, 1887; 5° Conférences de la Société d’art et d'histoire du dio- cèse de Liège; 4 Bijvoegsel aan de Sevenste Bliscap van Maria, Woordenlijst ; 3° De abdij van Tongerloo; par Fr. Wallman Van Spil- beeck. — Remerciements. (329 ) — M. le marquis de Bute fait hommage à la Classe, par l'entremise des RR. PP. Bollandistes de Bruxelles, du livre qu'il vient de publier sous le titre : Acta Sanctorum Hiberniæ ex codice Salmanticensi nunc primum integre edita opera Caroli De Smedt et Josephi De Backer e Soc. Jesu, hagiographorum Bollandianorum; auctoreet sumptus largiente Joanne Patricio Marchione Bothæ. Vol. in-4°. — Remerciements. Il est également fait hommage des ouvrages suivants, au sujet dequels des remerciements sont adressés aux auteurs : : Homère a-t-il existé? Discours prononcé à la séance solennelle et publique de la Société d’archéologie de Bruxelles, le 44 juin 1888; par Alph. Wauters, président. Atlas des villes de la Belgique au XVF° siècle. Cent plans du géographe Jacques de Deventer. Texte par Alphonse Wauters. Divisione etnografia della popolazione di Palermo nel secoli XI, XIE, XHII. Memoria di Vincenzo di Giovanni; pré- senté au nom de l’auteur par M. Le Roy. — L'Académie nationale de Reims adresse le pro- gramme de ses concours pour les années 1889 et 1890. — M. P. Willems écrit pour prier la Classe d’agréer sa émission de membre de la Commission pour la publica- tion des anciens monuments de Ja littérature flamande. — Pris pour notification. — M. Ch. de Harlez soumet à l'appréciation de ses con- frères un mémoire portant pour titre : Le Yih King. Texte originaire, restilué, traduit et commenté. — Commissaires: MM. Le Roy, Lamy et Willems. ( 530 ) Discours prononcé aux funérailles de Théodore Juste, par Ch. Piot, membre de l'Académie. MESSIEURS, Un douloureux devoir m’est imposé en ce moment. Je suis ici l'interprète des regrets qu’éprouve l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Bcl- ique. La mort inopinée notre confrère Théodore Juste nous a surpris autant qu’afligés, mais, si l’historien est mort avant l'heure, il a eu une existence bien remplie, une vie toute d’études et de travaux, de succès aussi. Né à Bruxelles, le 11 janvier 1818, Théodore Juste fut nommé correspondant de la Classe des lettres, le 26 mai 1856, membre le 5 mai 1866. La savante Compa- gnie ne pouvait mieux reconnaître le talent du jeune historien. A l’âge de 20 ans il avait déjà publié une histoire populaire de nos provinces. Après plusieurs éditions, celte œuvre de jeunesse, refondue tout entière, considéra- blement augmentée, devint, en 1850, la grande histoire de Belgique, qui est aujourd’hui dans toutes les biblio- thèques. Si notre confrère n’a pas émis dans ses Hvres des vues nouvelles sur l'histoire du pays, s’il a suivi parfois les récits de ses devanciers, il a le grand avantage d’avoir exposé les faits dans un style clair, simple et lucide. L'impar- tialité était à ses yeux un devoir, une règle absolue, dont (551 ) il ne s'est jamais écarté. Repoussant de parti pris la cou- leur et le pittoresque des expressions, il a suivi dans ses narralions l’exemple de nos écrivains classiques les plus estimés. Il ne s’évertuait pas à imiter Schiller, ni Michelet, ni Augustin Thierry, ces inimitables. En un mot, il possédait par intuition l’art de narrer les événements d'une manière nette et précise, en les dégageant de la sura- bondance des détails. Éclectique avant tout, il n’entre- coupait pas ses récits de dissertations critiques et systé- matiques. Ces qualités ont fait ses succès. Notre regretté confrère est et restera longtemps encore l'historien popu- laire de la Belgique. Dans ses œuvres sur la révolution néerlandaise au XVI siècle et sur la révolution belge de 1830, il a su rendre justice à qui de droit. Jamais il n'a subordonné les intérêts moraux de ces crises sociales aux résultats maté- riels. Ses jugements s'inspiraient du respect de nos grandes libertés sociales et religieuses, et il expliqua les événements de notre histoire par le jeu de nos libres institutions. Toujours guidé par un patriotisme éclairé, il s’adonna, depuis 1870, à l'étude de l'histoire contemporaine. Je citerai à ce propos, comme une œuvre originale, les biographies des hommes qui ont reconstitué la Belgique sur des bases nouvelles. En correspondance avec les hommes d'État anglais et du continent, honoré de l’estime des principaux souverains, il puisa ses renseignements officiels aux chan- celleries, et établit en connaissance de cause la situation de la Belgique vis-à-vis de l'Europe. Les ouvrages de Juste ont contribué, dans notre pays, au respect et à l'amour de nos institutions nouvelles et de la dynastie qui en est la gardienne la plus vigilante. ‘( 352 ) Constamment à l’œuvre, notre confrère a produit un nombre considérable de livres et d’écrits, dont plusieurs ont eu un légitime succès. C’est ainsi qu’il a obtenu, à deux reprises différentes, le prix ququenna: d'histoire nalionale. Cette vie si active, ce labeur sans relâche, ont fini par épuiser complètement une constitution très affaiblie depuis quelque temps. La mort l’a surpris subitement au milieu de ses travaux. Lutteur infatigable, il est mort sur la brèche. Adieu, cher confrère, un dernier adieu sur cette Lerre. Puissiez-vous trouver là-haut l’équitable et définitive récompense des services que vous avez rendus à la science et à la patrie. RAPPORTS. Il est donné lecture des rapports de MM. Scheler, Le Roy et Stecher sur un projet de Classification des patois wallons, d’après leur phonétique, par M. Zanardelli, pro- fesseur du cours d’italien organisé par la ville de Bruxelles. Ces rapports seront transmis à M. le Ministre de l’Inté- rieur, qui avait soumis le travail à l'appréciation de l'Aca- démie. (355) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Le Tricüla ou Vardhamaäna des bouddhistes; ses origines et ses mélamorphoses ; par M. le comte Goblet d’Alviella, correspondant de l'Académie. F1G. 4. Triçüla de Sanchi (Musée des moulages, à Bruxelles.) I. Lorsqu'on pénètre dans le pavillon, encore trop ignoré du publie, qui abrite le Musée des échanges, récemment fondé à Bruxelles, l'attention est aussitôt allirée par une porte monumentale dont le style et les détails dénoncent une origine indienne. C’est la reproduction, en grandeur naturelle, de la porte qui donne accès, du côté du nord, au célèbre tope bouddhique de Sanchi, dans la principauté de Bhopal. Si, sans nous arrêter aux sculptures des piliers-et des architraves, qu’un de nos principaux initiateurs aux merveilles architecturales de l’Inde, James Fergusson, a 9"° SÉRIE, TOME XVI. ( 554 ) longuement commentées dans son curicux ouvrage Tree and Serpent Worship, nous portons le regz:rd vers le cou- ronnement de ce véritable arc de triomphe, nous voyons s’y dresser, dans le prolongement des pilastres, un amor- tissement à la fois gracieux et bizarre dont on chercherait en vain l'équivalent parmi nos motifs d'ornementation. C'est la figure à laquelle la plupart des indianistes ont appliqué le nom de triçüla ou triçoula (1), bien que le mot rende exclusivement l’idée d’un trident et représente la partie au lieu du tout. On à défini le triçüla assez exactement comme un omi- cron surmonté d’un oméga. Toutefois il est rare de le rencontrer sous une forme aussi simple. L’arc supérieur de l'omicron ou plutôt du disque est presque toujours flanqué de deux petits cercles ou de deux traits horizontaux qui prennent souvent l'aspect de deux feuilles ou de deux ailerons (fig. 9, e, /, g). Les pointes de l’oméga se transforment en fleurons; le disque lui-même se pose sur une hampe ou un piédestal et de son arc inférieur descendent deux spires semblables à des queues de serpent, dont l'extrémité enroulée se dirige tantôt en haut (fig. 1), tantôt en bas (fig. 2 et 3). Fic. 2. Triçüla d'Amaravati, (Journal de la Royal Asiatie Society, t. XVII (nouv. sér.), fg. 1.) senti (1) Les Anglais écrivent généralement trisul. \ 209 ) Le triçûla semble parfois n'avoir qu'une valeur décora- tive. C’est ainsi que nous le voyons couronner des balus- trades et des portiques, orner des gaines d'épée, former des pendants de collier et des boucles d’orcille (1). Mais, le plus souvent il remplit incontestablement une fonction de symbole et même de symbole religieux. Grayé sur de nombreuses monnaies, à côté d’emblèmes et d’images reli- gieuses, il ouvre et ferme des inscriptions votives dans les cavernes de l'Inde occidentale. Les sculptures des bas-reliefs nous le montrent tour à tour sur la hampe des bannières, sur le dos d’un éléphant, sur un autel où il reçoit des hom- mages, enfin sur un pilier d’où sortent des flammes. A Bharbut il figure au-dessus du trône du Bouddha. À Ama- ravali, il est un des signes gravés sur la plante des pieds du Maître (2). FiG. 3. Triçûla sur pilier flamboyant, (FERGUSSON, Tree and Serpent Worship, pl. LXXI.) Les plus anciennes représentations du trisüla se rencon- trent, associées aux principaux symboles du bouddhisme, sur les monnaies d’un souverain indigène, contemporain (4) A. Cunxixcuam, The Stupa of Pharhut. Londres, 1879, pl. XLIX, fig, 10; pl. L, fig. 5 et 6. (2) A. Cuxxincnam. /d. et J, FerGusson. Tree and serpent Worship, 4 vol. avec atlas. Londres, 1868, passim. ( 556 ) d'Alexandre ou des premiers Séleucides, Krananda (1). I! s’en faut néanmoins que le triçûla ait été exclusivement utilisé par les bouddhistes. Dans les cavernes, il est parfois juxtaposé aux symboles du culte solaire et, sur les mon- naies des princes indo-scythes, il est accolé non seulement aux images du dieu hindou Çiva, mais encore, ce qui d’abord ne laisse pas de surprendre, à celles de divinités grecques, telles que Zeus (2); il est possible, au reste, qu’il soit devenu une simple marque monétaire, ainsi qu'il arrive souvent aux symboles religieux employés dans le monnayage. IE. On peut s'étonner au premier abord que les innom- brables textes laissés par le bouddhisme ne nous rensei- gnent pas d’une façon certaine sur la signification et sur l'origine du triçüla. Peu de symboles ont donné lieu, de nos jours, à des interprétations plus diverses. Les uns y ont vu le monogramme du Bouddha (3), d’autres le symbole du Dharma, la loi qui résume la doc- (1) M. Edward Thomas a soutenu que Krananda était identique au Xandramès de Diodore (Journal de la Royal Asialic Society. Londres, t. I, nouv. sér., p. 477: On the identity of Xandramès and Krananda). — De son côté, Wilson fait de Xandramès, Chandra- goupta, l'ancêtre d'Acoka (Introduction à la traduction du Müdra- râkshasa. The Theatre of the Hindus, HW, 151-152). (2) Percy GanoNen. Catalogue of the Indian Coins in the British Museum. Greck'and Seythic Kings. Londres, 1886, pp. 106 et 107. (5) 3. FerGussox., Description of the Amuaravati Tope, dans le Journat de la Société royale asiatique. Londres (t. HI de la nouvelle série, p. 162). : È ( 357 ) trine du bouddhisme (1); d’autres encore une représen- tation du Tri-Ratna, le triple Joyau, formé du Bouddha, de sa Loi et de son Église (2). Certains y ont découvert la juxtaposition du Dharma chakra, la « roue de la Loi » à la vieille lettre L, y, qui elle-même tiendrait lieu de Ja formule mystique ye dharma (3). Il y a même des savants qui croient y reconnaître la combinaison de cinq lettres symbolisant respectivement l'intelligence (ma) et les quatre éléments constitutifs de la matière : l’air (ya), le feu (ra), l’eau (va) et la terre (la) (4). Eugène Burnouf pensait y trouver le Vardhamäna kaya « le Prospère », un des soixante-cinq signes qui, selon la tradition bouddhique, décorent l'empreinte du pied du Bou ldha (5). Enfin, suivant quelques auteurs, il faut en chercher les origines parmi les images moins abstraites des cultes natu- ralistes antérieurs au bouddhisme. — M. Kern, s'appuyant sur le sens même de vardhamäna, participe présent d’un verbe qui signifie « croître », en fait l’image de la « lune cornue » et voit dans la projection centrale du triçûla le nez dont nous-même nous affublons parfois la représentation du croissant lunaire 3 (6). — M. Edward Thomas y cherche « une combinaison idéale du soleil et (1) Enw. Tnomas, dans le t. IV (nouv. sér.) de la Vumismalic Chronicle, p. 282, note. (2) A. Cuxnincnam. The Stupa of Bharhut, p. 111. (5) F. Pixcorr. The Tri-Ratna, dans le ne. de la Royul Asiatic Society. Londres, t. XIX (nouv. sér.), p (4) A. Cunnincuam. The Topes of Central ee dans le Journal de la Royal Asiatic Society. Londres (t. XII, 1"° sér.), p. 114. (5) Euc. Bunnour. Le Lotus de la bonne Loi. Paris, 1852, p. 627. (6) Kenn. Der Buddhismus, trad. allemande de Jacobi, Leipzig, 1884, t. IE, pp. 241-242. # ( 538 ) de la lune »; l'altération de la forme primitive serait peut-être due à une modification dans les croyances ou au renversement des souverains dits lunaires par une dynastie solaire (1). Enfin M. Bcal y retrouve la superposition de la flamme à la fleur du lotus, M. Sénart du trident à la roue (2). Parmi toutes ces opinions plus ou moins contradictoires, l'interprétation de M. Sénart n'est pas seulement la plus simple et la plus rationnelle; elle est, en outre, stricte - ment confirmée par le témoignage des monuments. Il existe de nombreux triçülas où la partie supérieure de la figure est isolée du disque, d’autres où elle prend nette- ment les formes angulaires # au lieu des formes arrondies de l'oméga w; d’autres enfin, où elle devient un trident incontestable, comme parmi les sculptures de Bouddha Gayà et de Bôrô-Boudour (3). ® | 4. Sculptures de Bouddha G Sr hote t XX (nouv. sér I, n° 37.) (1) Enw. Tuomas. On the identity of Xandrames and Krananda, dans le Journal de la Royal A siatic Society. Londres, t. I (nouv. sér.), pp. 485-484. (2) S. Beaz. À Calena of Buddhist scriptures from the East. Londres, 14871, p. 11. — E. Séxanr, Essai sur la légende du Bouddha, dans le t. VI du Journal asiatique. Paris, 1875, p. 184. (5) Boro-Bocdoer op het ciland Java. Leyde, 1875, Atlas, pl. CCCXVI. ( 359 ) Le trident superposé au disque se rencontre également sur les monnaies du prince anonyme connu par son titre de Basileus Sôter Megas et sur celles de plusieurs sou- verains indigènes (1). Le seul point sur lequel je me permettrai quelques réserves, c’est quand M. Sénart présente le trident comme le trait original, et, pour ainsi dire, le noyau primitif du triçüla; — ce qui en ferait, du moins à l’origine, un symbole essentiellement civaïte, destiné à figurer le feu de l'éclair. Pour ma part, je serais plus enclin à chercher ce noyau dans le disqne, et, par suite, à rattacher le tri- çûla aux symboles solaires. Le culte du soleil a été, dès les temps les plus rétulse, fort répandu dans l'Inde, et, de même que presque par- tout ailleurs, le soleil y fut d’abord représenté par un disque, comme on peut le voir par les sculptures des plus anciennes cavernes et par les marques des lingots d'échange antérieurs à l'introduction des monnaies pro- prement dites (2). Plus tard le disque est devenu une roue, et les bouddhistes, qui ont appliqué à leurs croyances tant d'images et de symboles solaires, en firent la Roue de la Loi « faite de mille rais, lançant mille rayons ». Le caractère secondaire de l’oméga (ou du trident) dans: le triçûla résulte clairement de certaines figures relevées, par M. E. Thomas dans son précieux travail sur les symboles solaires de l'Inde. Ce sont des cercles dessinés (1) Percy Garoven. Op. cit., pl. XXIV, fig. 4-6. Voyez aussi Sénart, Journal asiatique. Paris, 1875, t. VE, p. 185. (2) Eowarn Tuowas. The eartliest Indian Coinage, dans le t. IV (nouv. sér.) de la Numismatic Chronicle, p. 271. Voyez aussi son article dans le t. XX de la même série, The Indian Swastika. ( 540 ) entre quatre omégas. Un de ces cercles nous montre quatre flèches rayonnant entre les omégas. Fic. 5. Ancienne monnaie G. 6. Grotte de Baja. (Numismatic rh, € XX (nouv. sér.), “ ss fig. 39 et 40.) Ces figures font bien comprendre le rôle du trident dans le triçüla. Sans doute, entre les mains de Çiva — comme auparavant entre les mains de Neptune, et, plus anciennement encore, entre celles du dieu assyrien de atmosphère et de l'orage (1), — le trident doit symboliser le feu de l'éclair. Mais ne pouvons-nous pas nous demander si, considéré en lui-même, il ne devrait pas être pris, dans un sens plus large, comme une image de la flamme à triple dard et, par conséquent, lorsqu'il est accolé au disque, comme un emblème du feu ou du rayonnement solaire. Parmi les sculptures de Bôrô-Boudour dans l’île de Java, le trident, qui dans certaines scènes religieuses se montre au-dessus du disque ou de la rosace, est remplacé, sur d’autres bas-reliefs, par une flamme à trois pointes (2). Eug. Burnouf avait déjà remarqué que, dans les représen- tations coloriées des Bouddhas népälais, la coiffure du Maître offre une boule terminée en haut par une sorte de (1) Rawzunson, The five great Monarchies of the East, t. H, p.251. (2) Boro- Bocdoer op het eiland Java. Leyde, 1873, Atlas, pl. CCLXXX, fig. 400. ( 541 ) flamme et que, sur bon nombre de statues singhalaises, cette flamme prend la forme « d’une sorte de lyre ou de trident » (1). Enfin, chez les bouddhistes du nord, au dire de M. Beal, le triçûla personnifierait le ciel de la flamme pure superposé au ciel du soleil (2). JIL. Une fois admis que le triçcûla a pour facteurs originaires le disque et le trident, me sera-t-il permis d’insister sur le véritable air de parenté qui se montre entre les formes les plus développées de ce symbole et certains types du disque ailé observés en Asie mineure, en Mésopotamie et en Perse? Des deux côtés, le centre de la figure est un disque, pas- sant quelquefois à la roue ou à la fleur de lotus. La partie supérieure du triçûla, que nous avons appelée l’oméga, ne rappelle-t-elle pas les cornes de l'emblème mésopotamien, sion veut bien tenir compte, soit du renflement parfois laissé entre ces dernières par l'arc supérieur du disque, Fic. 7. Cylindre de chalcédoine. (LAJARD, Culte de Mithra, pl. LIL, fig. 2.) (4) E. Bunnour. Le Lotus de la bonne Loi, p. 5359. (2) S. Bear. À catena of Buddhist Scriptures from the Chinese, p. 4, ( 542 ) : soit de la saillie produite par la touffe de plumes qui cou- ronne le disque de certains globes ailés ? iQ FiG. 8. Monnaie des satrapes de Tarse. (LazaRD. Culte de Mithra, pl. LXIV.) Le fût, souvent conique, sur lequel reposent certains triçülas, prend la place de la queue en éventail, et les spires dessinées aux deux côtés de ce support correspondent aux traits, terminés en boucle, qui s’abaissent à droite et à gauche de la queue dans les disques ornithomorphes de l'Asie antérieure. Pour trouver l'explication de cette ressemblance, je hasarderai l’hypothèse que ces formes du triçüla ont dû subir, dans leur développement, l'influence plastique du vieux symbole égyptien, le globe ailé, émigré chez les Hindous à travers l'Assyrie et la Perse. Le temps n’est plus, où, éblouis par la soudaine révé- lation de la littérature védique, fascinés, en outre, par les perspectives que semblait nous ouvrir sur les origines mêmes de la civilisation la constatation récente de notre parenté avec les races aryennes de l’Asie, nous nous tour- pions vers l'Inde pour y chercher la source universelle des symboles et des dogmes, des mythes et des dieux. Depuis que nous entrevoyons l'antiquité prodigieuse des civilisa- tions qui se trouvaient en plein épanouissement sur les bords de l’Euphrate et du Nil, à l’époque où les ancêtres des Aryas erraient encore sur les plateaux de l'Asie cen- trale, nous sommes bien plus tentés de placer en Mésopo- lamie, voire en Égypte, les premiers foyers artistiques ( 343 ) qui ont rayonné sur le monde ancien, de la Méditerranée à la mer des Indes. D'autre part, l'Inde n'a pas vécu jusqu'à la conquête mahométane dans l’état d'isolement où les historiens se sont longtemps complu à la reléguer. Sir George Bird- wood va peut-être un peu loin quand il affirme, d'une façon générale, que presque tous les symboles de l'Inde sont de provenance mésopotamienne (1). Mais il n'en est pas moins avéré aujourd’hui que les produits de l'art et de la symbolique occidentale ont dù déboucher dans la vallée de lindus avant l'apparition des plus anciens monuments figurés où l'Inde nous à laissé la trace de ses croyances. Sans parler des relations .encore hypothétiques que les riverains de l’Indus auraient entretenues avec ceux de l'Euphrate et du Nil, sans insister davantage sur les comp- toirs que les Phéniciens auraient fondés dans l’Inde méri- dionale, je rappellerai que, dès la fin du VI° sièele avant notre ère, Darius I avait annexé la vallée de l’Indus et la province actuelle du Penjàb (5). Des autorités aussi com- pétentes que James Fergusson et le général Cunningham ont établi que l’Inde à emprunté aux Perses son premier style d'architecture(4), et l’on a trouvé, à plusieurs reprises, (1) Journal de la Royal Asiatie Society. Londres, 1886, vol. XVIKI (nouv. sér.), p. 407. (2) G. Rawuinsox. The five great Monarchies of the East. Londres, 1862, t. 1, p.101. — A. H. Savce. Religion of the ancient Babylonians. Londres, 1887, pp. 137-138. (3) G. Masrero. Histoire ancienne des peuples de l'Orient. Paris, 1886, p. 618. (4) J. Fercussox. Tree and Serpent Worship, p. 94. — A. Cuxxix- GHaM. Archcological Survey of India, t. V. Append. A. ( 544 ) dans le nord-est de la péninsule, des produits de l’art perse remontant à Darius et à ses successeurs — notamment des cylindres et des monnaies qui portent le disque ailé (1). — Dans une de ces trouvailles s’est rencontrée une des monnaies de Tarse qui renferment un disque ailé si voisin du triçüla. On paraît aujourd’hui d'accord pour admettre les ori- gines sémitiques des alphabets indiens (2). Pourquoi les symboles religieux n'’auraient-ils pu prendre les mêmes voies que les symboles du langage et les créations de l’art? Dans les siècles qui suivirent l'expédition d'Alexandre, c’est l’art grec ou plutôtgréco-asiatique qui influence le déve- loppement de l'architecture et de la sculpture indiennes. La numismatique nous montre d’abord des souverains, d'origine grecque, hellénisant la Bactriane, le pays de Caboul et la vallée de l’Indus, jusqu’au bassin du Gange; ensuile des princes scythes et parthes maintenant, jus- qu'au 1° siècle de notre ère, la langue et les traditions de cette civilisation importée de l’ouest. Pendant plus de deux siècles, le panthéon grec est le seul qui fournira des mages aux monnaies de l'Inde occidentale. Tout au plus des emblèmes bouddhiques s'y montrent-ils çà et là : l'arbre Bô et le Stoupa sous Agathoclès, la roue sous Ménandre. A partir de Gondopharès, la représentation de Civa alterne avec celle de Poséidôn; encore le type des (1) Relies of ancient Persia, dans les Proceedings de la Société asiatique du Bengale, Calcutta, 1884, 1r° partie, p. 151; 1885, 1re partie, pp. 64 et 261. (2) Voir pour cette question le résumé de M. Cust dans le Journal de la Royal Asiatic Society. Londres, 1884, t. XVI (nouv. sér.), p. 525; aussi un article de M. Halévy dans le Journal asiatique. Paris, 1885, t. NM. ( 545 ) deux divinités reste-t-il tellement analogue qu'on est embarrassé de décider sur certaines pièces si c'est le dieu grec ou le dieu hindou (1). Mais en même temps il se produit dans l'Inde une véri- table invasion de divinités iraniennes. M. Percy Gardner et M. James Darmesteter sont arrivés simultanément, le premier par l’examen des médailles du British Museum, le second par l'étude des traditions perses dans l'épopée hindoue, à la conclusion assez inattendue que l’Inde occi- dentale, après avoir été grécisée sous les indo-bactriens, avait été largement iranisée sous les Indo-Scythes (2). Sur les monnaies de ces derniers, non seulement Zeus, Pallas, Hèlios, Sélènè, Poséidôn, Hèraclès, Sérapis alternent avec Mithra, Mao et Atar, comme avec Çiva, Lakshmi et même le Bouddha, mais encore les formes classiques du foudre, du caducée et de la corne d’abondance se montrent à côté du triçüla et de la roue bouddhiques, aussi bien je du trident et du taureau civaïles. L'Inde a toujours été la terre promise du syncrétisme religieux, mais, à aucune époque de son histoire, elle ne s’est ouverte à tant de cultes divers, même sous Akbar, ce grand Mogol qui devait entreprendre de fondre dans une même religion les croyances des mahométans, des hindous, des guèbres, des juifs et des chrétiens. Comment les symboles auraient-ils échappé à un mou- vement qui entrainait même les dieux? En tout cas le bouddhisme aurait été infidèle à l'esprit de toute sa sym- bolique, si, familiarisé avec les symboles par lesquels les (1) Percy Ganpner. Indian Coins. Greek and Scythic Kings, page LvI. (2) Percy Garpner. /d., $ IV. — J. Danersres, dans le ieruel asiatique. Paris, os août 1887. ( 546 ) religicns voisines figuraient leur grande divinité solaire ou même leur dieu suprême, il n'avait cherché à se les approprier, soil en les adoptant tout d’une pièce avec une signification nouvelle, soit plutôt en les assimilant, par de légères modifications linéaires, à l’un ou à l'autre de ses symboles favoris. C'est, comme nous l'avons vu, parmi les sculptures d’Amaravati que le triçüla revêt la forme la plus voisine du disque ornithomorphe. Or, nulle part on n’a constaté d'une façon plus sensible l'influence générale de l'art gréco-asia- tique sur l'architecture et la sculpture indigènes. Déjà en l'an 645 de notre ère, le pèlerin chinois Hiouen Thsang comparait le sanctuaire d’Amaravati aux palais des Tahia, c'est-à-dire des habitants de la Bactriane (1). La même const: lation a été faite de nos jours par James Fergusson : « 1 y a, écrit-il, tellement de grec ou plutôt de bactrien dans les détails architecturaux d’Amaravati, que ce monu- ment doit appartenir à une époque plus rapprochée de l'ère chrétienne que le caractère des inscriptions ne le ferait supposer. » Et l'éminent archéologue ajoutait que l'étude de ces sculptures lui semblait destinée à élucider notablement l'intéressante question des rapports, voire des éch nges d'idées entre l'Orient et l'Occident (2). Dans une intéressante élude, lue en 1886 à la Royal Asiatic Society de Londres, M. Robert Sewell a peut-être (4) Pour l'identification des Tahia aux Bactriens, voir Percy GanDNer. Op. cit., p. xxx1. (2) Description of the Amaravati Tope, dans Ie t. MI (nouv. sér.) du Journal de la Royal Asiatic Society. Londres. — Les portes de Sanchi paraissent dater des premières années de notre ère, bien que le tope lui-même soit antérieur de plusieurs siècles (RoussELET, L'Inde des Rajahs, p. 515). ( 347 ) le premier cherché à l'occident de l’Inde,et jusqu’en Égypte, le berceau du triçüla (1). Celui-ci aurait pour prototype le scarabée volant, Nous devons reconnaître que le rappro- chement n’a rien de forcé, surtout si l’on fait intervenir entre les deux figures, à l'instar de M. Sewell, le type du scarabée aux ailes relevées el aux jambes torses qui sur- monte certaines colonnettes assyriennes. , Fi. 9, (Journal de la Royal A siatic Society, t. XVII (nouv, sér..), fig. 43.) Mais, en Égypte même, le scarabée volant a emprunté, comme le constate M. Perrot, le galbe des globes ailés (2), ce qui explique suffisamment, dans notre hypothèse, sa ressemblance avec le triçüla. Il faut remarquer, en outre, (1) Early buddhist Symbotism, dans le t. XVIIE (nouv. sér.) du Journal de la Royal Asiatic Society. Londres. (2) Voir Perror et Cuipiez, Histoire de l’Art dans l’antiquité, t. 1, p. 811. — M. Gaidoz pense que le globe ailé pourrait bien avoir eu pour prototype l'image du scarabée (Le dieu gaulois du soleil el le symbolisme de la roue. Paris, 1886, p. 53). — 11 me semble que les deux symboles s'expliquent micux par l'hypothèse d’une origine indépendante et d'un rapprochement ultérieur. En tout cas, l'idée de représenter le soleil par un disque ou un globe est à la fois plus générale et plus naturelle que celle de le figurer par un scarabée, ( 348 ) que plusieurs de ces scarabées assyriens tiennent entre les pattes de devant le disque orné des urœus (1). Observons, en passant, que, chez les Égyptiens, le trident se trouve déjà associé au globe ailé, tout au moins dans les textes. L'inscription d'Edfou qui nous rapporte la transformation d’Horus en globe ailé pour combattre les armées de Set, lui attribue pour arme une lance à trois pointes (2). EY. Le disque ailé n’est pas le seul symbole qui ait influé du dehors sur la genèse ou au moins sur le développement du triçüla. L’examen des monnaies bactriennes, photogra- phiées par M. Percy Gardner, nv'a convaincu qu'il y avait également un passage incontestable du caducée au triçüla. Peut-être même est-ce pour se rapprocher du caducée que le trident primitif du symbole indien a pris les formes arrondies de loméga et qu'il s’est directement juxtaposé au disque. Le caducée classique aux serpents symétriquement enlacés figure encore aujourd’hui dans la symbolique de l'hindouisme (3). M. J. Fergusson semble croire qu’il y a là une image empruntée directement à la nature (4). Mais il : (1) Penrror ct Caipiez, t. IE, fig. 599, (2) H. Brucscn. Die Sage von der geflügelten Sonnenscheibe, dans les Abhandlungen der kôniglichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Gütltingen, t. XIV (1868-1869), p. 201. (5) The Snake Symbol in India, by 3. H. Rivett Carnac, dans les Proceedings de la Société asiatique du Bengale, 1879, part. 1, pl. VI, fig. 4, et Huit jours aux Indes, par M. Guimet, dans le Tour du monde de 1855, 1er sem., p. 244. (4) Tree and Serpent Worship. Appendice. (:349 ) est plus probable que, dans l'Inde même, ce symbole est d'importation grecque. On le trouve, en effet, dès le siècle d'Alexandre, sur les monnaies de Sophytès, prince indien qui imila les monnaies des Séleucides, el il ne cesse de se reproduire sur les pièces indo-scythes. Mais on l’y rencon- tre aussi sous une forme plus simple, qui semble se ratta- cher, comme le type primitif du caducée grec, au caducée phénicien, formé d’un disque que surmonte un crois- sant. Le caducée indien est tantôt placé au bout d’une hampe, tantôt isolé, comme notre signe astronomique du Taureau, S. La transition de ce caducée au triçûla est nettement mar- quée dans le tableau suivant, dont j'ai emprunté les élé- ments à la numismatique el aux monuments figurés de l'Inde. BV Fic. 10. Caducées et triçlas (1). (1) a Monnaie de Sophytès (Percy Ganpner, pl. I, fig. 5). b Ancien lingot d'échange (Wumismalic Chronicle, t. IV, nouv. sér., pl. X1, fig. 28). € Ancienne mouanaie (Numismatie Chronicle, t. IV, nouv. sér., .* PLALD RE 10h d_Monnaie d’Azès (Pcncy Ganpwen, pl. XX, fig. 2). 3"* SÉRIE, TOME XVI. 24 (550) J'appellerai notamment l'attention sur les figures d et e. Leur ressemblance est telle que des auteurs assimilent généralement la première à un triçûla, quand ils la rencon- trent sur les monnaies de certains princes indo-scythes. Cependant il est incontestable qu’elle se rattache directe- ment au caducée. Du reste, M. Fergusson lui-même a écrit à propos du triçüla : « Il ressemble curieusement au signe de la planète Mercure ou au caducée du dieu qui porte ce nom (1). » Ce sont également des représentations de serpents entrelacés, fort voisines du caducée, qui nous fournissent le premier type des appendices inférieurs, en forme de spires, observés dans les triçülas de Sanchi et d’Amaravati, RAR Fic. 41. Variétés de caducées indiens (2). e Monnaie de Krananda (Journal de la Royal Asiatic Society, t. I, nouv. sér., p. 475 [ Sur un autel sculpté à Sanchi (FenGusson. Tree and Serpent Worship. Atlas, pl. XX V, fig. 5). g Sur une hampe d'étendard à Sanchi (Cunnincuam. The Bhilsa Topes, t. I, pl. XXXII, fig. 8). hk Sur une hampe d'étendard à Sanchi (Fencusson. Tree and serpent Worship, pl. XXX VII, fig. 1). (4) Tree and Serpent Worship, p. 116 (2) a Pency Garner. Op. cil., pl. XXI, fig. 9. b Sénart. Journal asiatique, 1875, t. VI, p. 157. e Riverr-Cannac, Coins of the Sunga or Mitra dynasly, dans les Proceedings de la Société asiatique du Bengale, 1880, t. XLIX, pl. IX, fig. 19. ( 551 ) Il existe bien d’autres symboles encore dont les formes se sont littéralement combinées avec celles du triçüla. Dans de nombreux monuments le disque du triçûla se transforme, comme sur la porte de Sanchi, en une rosace imitant la fleur épanouie du lotus. Le mêmemonumentnous montre encore des lotus au bout de deux tiges qui partent de la naissance du fleuron central; enfin, les deux pointes extrêmes de l’oméga assument une forme qui rappelle le calice d’une fleur. Il serait superflu d’insister ici sur le caractère solaire du lotus dans la symbolique du brahma- nisme. Les bouddhistes l’adoptèrent pour symboliser, sui- vant les tendances de leurs différentes écoles, la Nature impersonnelle, l’Essence universelle des êtres et des choses, la génération spontanée, les innombrables mondes qui emplissent l’espace, et le Bouddha qui réside dans chacun d’eux (1). — La métamorphose du disque en lotus dans le triçûla est donc l'équivalent figuré, la traduction plastique de la transformation qui, dans les textes, substitua le Padma mani, ou Joyau du Lotus, au Süra mani, ou Joyau du Soleil ; — d’où la formule mystique bien connue : Om ! mani padme, « Oh! le Joyau dans le Lotus! » qui, aujourd’hui encore, accueille le voyageur comme une parole de sanctification et de bienvenue, jusque dans les vallées les plus écartées de l'Himalaya (2). (1) S. Bear. À Calena of Buddhist Scriptures, p. 11. (2) 11 faut toutefois remarquer que le disque se trouve déjà intime- ment associé à la fleur de lotus, dans la symbolique de l'Asie mineure. (Voir l'Histoire de l'Art dans l’antiquité de MM. Perrot et Chipiez, t. IL, fig. 509). LL (352) Ailleurs le triçûla paraît reproduire l'emblème çivaïte du lingam entre deux serpents dressés. Cette figure qui, superposée au disque, a peut-être une portée double- ment phallique, semble assurément fort étrangère à la doc- trine primitive du bouddhisme. Cependant, ici encore, les bouddhistes se sont montrés passés maîtres dans l’art d’ac- commoder les symboles des autres religions. M. G. Lebon, dans son Voyage au Népaul, donne un exemple caractéris- tique des interprétations fantaisistes à l’aide desquelles le bouddhisme opère ou justifie ces adaptations : « Le lin- gam, écrit-il, est également adopté par les bouddhistes du Népaul, comme emblème du lotus dans lequel Adi-Boud- dha s’est manifesté sous forme de flamme au commence- ment de l'univers (1). » 11 convient de noter que, dans l'opinion de certains auteurs, tels que feu Ch. Lenormant et notre savant confrère, M. le baron de Witte, le caducée a par- fois symbolisé chez les Grecs la confusion des sexes dans un même personnage, l’hermaphrodisme en un mot (2}, el nous trouvons dans l'importante publication de ces deux archéologues sur l'Élite des monuments céramo- graphiques de la Grèce, une forme de caducée, où une projection verticale, analogue à la représentation du (4) Dans le Tour du Monde de 1886 (t. LI, p. 266). — A Bôrd- Boudour le lingam civaïte est devenu une représentation du dägoba, ou édicule à reliques ss Ris pbs ités p- 452). (2) Étite des monuments graphiques de la Grèce. Paris, 1868, t II, p. 197. ( 355 ) phallus, se dresse au centre du croissant, ici un peu séparé du disque. 42. Caducée sur une amphore antique ({)}. (D'après ue des monuments céramographiques, t. I, pl. XCI.) Sur les monnaies de la dynastie des Çungas, le lingam placé entre les serpents devient la coiffure du Bouddha ; le disque figure la tête du Maître, et les appendices latéraux : du triçûla sont représentés par deux projections qui s’allon- gent horizontalement à droite et à gauche de cette tête (2). Nous voyons ainsi le triçûla passer à une figure anthro- poïde. Une métamorphose du même genre, plus accentuée encore, se constate dans les célèbres idoles de Püri, que le général Cunningham a depuis longtemps signalées comme trois anciens triçûlas (3). Ces triçülas étaient sans doute un grand objet de vénéras tion populaire, à l’époque où Püri formait un sanctuaire bouddhiste. Quand le brahmanisme s’y installa à son tour, il se borna à les transformer, moyennant quelques légères (4) Cf. la forme du triçüla sur le pilier du soleil à Bouddha Gayà (notre figure 4). (2) A. Riverr-Cannac. Coins of the Sunga or Mitra dynasty, dans les Proceedings de la Société asiatique du Bengale, vol. XLIX, 4e part., pl. VIE et VIII. (5) The Topes of Central India, dans le Journal de la Royal Asialic Society. Londres (t. HE de la °° série). — M. Cunningham . atoute aua lac almananle ind LA ÿ : figures pour figurer Vishnou dans son avatar de Bouddha. ( 354 ) altérations, en image de Vishnou ou plutôt de Jagannath, de son frère et de sa sœur (Cf. fig. 1). — En s’appropriant ainsi le vieux symbole solaire, encore reconnaissable sous ses défigurations successives, Vishnou ne fit, du reste, que reprendre sôn bien, puisqu'il est, dans l’hindouisme, la divinité solaire par excellence. 43. Idole de Jagannath RE L'Inde des Rajahs, … 517.) Enfin le triçüla, dont la plasticité n’a d'égale que la puis- sance d'absorption, prête ou emprunte parfois des formes au règne végélal avec la même désinvolture qu'à la physio- nomie humaine. M. Rousselet signale la ressemblance du symbole mystique des bouddhistes avec le Kalpavriksh, ou arbre de la science, que les Jainas ont figuré par une tige à trois branches sur la mitre des tirthamkars sculptés dans les cavernes de Gwalior (1). Une combinaison analogue s'observe sur des monnaies de la dynastie des Çungas, où la partie supérieure du triçüla, formant la coiffure du Bouddha, se métamorphose en une véritable couronne de branchages (2). Sur d’autres monuments, la tige qui (4) Roussecer. L’/nde des Rajahs, p. 370. (2) Riverr-Cannac. Loc. cit. ( 355 ) supporte le triçûla devient un tronc d'arbre avec des rameaux chargés de feuilles conventionnelles, et reliés par des colliers de bijoux (1). Nulle part cette végétalisation du triçûla, ou, à propre- ment parler, du trident qui le couronne, n’est plus sen- sible que parmi les sculptures de Bôrô-Boudour, où il passe littéralement à l’arbre Bô par une suite de transfor- malions graduelles. « On a pu emprunter quelquefois, écrit M, Ch. Leemans dans son savant commentaire de l'Atlas, publié sous les auspices du Gouvernement hol- landais, la forme des dents du triçüla à celle d’une flamme, ou bien au calice d’une fleur, ou encore à un arbre sym= bolique » (2). Peut-être pourrait-on retrouver à Bôrô- Boudour d'autres métamorphoses encore du triçûla, notam- ment son passage à une ébauche de figure humaine. Je me bornerai à y signaler un détail qui ne manque pas d'intérêt : le même disque qui, transformé en un orne- ment des plus compliqués, se couronne parfois d’un t'ident, se rencontre aussi placé entre deux serpents, — ce qui nous ramène à l’origine du disque ailé : le globe aux uræus de l'Égypte. Fic. 44. Bas-relief de Bôrô-Boudour (3), (Boro-Boedoer, Atlas, pl. CCCX VI et CCLXX.) (1) F. Pincorr. The Tri-Ratna, vol. XIX (nouv. sér.) du Journal de la Royal Asiatic Society. Londres, p. 245. (2) Boro-Boedoer, p.455 du commentaire. (5) Voir aussi, même Atlas, pl. CCXXXVI, 11; CCLXXXVINH, 114, ete. ( 556 ) Bien plus, cel ornement, dont il n’est pas difficile de marquer le passage à certaines formes du trisul indien, surmonte généralement l'entrée des pagodes représentées ‘dans les bas-reliefs, — absolument comme le globe ailé orne le linteau des temples en Égypte et en Phénicie. ‘FiG. 45. Bas-reliefs de Bôrô-Bodour, (Boro-Boedoer, Atlas, pl. CCLXXXIII, n° 403.) * En résumé, si nous avons pu retrouver les antécédents et, en quelque sorte, les facteurs du triçüla, voire sa signi- fication probable dans les cultes qui ont précédé le bouddhisme, nous ne sommes guère plus éclairés sur le sens de ce symbole dans la religion qui en a le plus fait usage. C’est qu'ici les monuments figurés ne peuvent sup- pléer au silence des monuments écrits. Tant que les sym- boles restent des images et qu’ils s'appliquent à des objets concrets ou à des phénomènes physiques, il n’est pas impossible de retrouver le sens qu’ils ont vraisembla- blement comporté. Mais lorsque, entrés dans ce qu’on peut nommer leur phase dérivée ou secondaire, ils deviennent des signes et servent à exprimer des idées abstraites, — ce qui est presque toujours le cas dans le bouddhisme, ( 357 ) — le champ de l'interprétation devient, en quelque sorte, illimité pour les criliques, comme parfois pour les fidèles. La signification propre du triçûla reste done à l’état con- jectural, bien que l'intention de ses métamorphoses ne nous échappe pas toujours, Seule la publication de quelque texte encore inédit pourra peut-être nous révéler le sens général et authentique de ce symbole, devant lequel se sont inclinés des millions de nos semblables et dont nous ne savons même pas le nom avec quelque certitude. Mon but, d’ailleurs, était moins de résoudre un problème dont la solution à échappé jusqu'ici aux esprits les plus compétents que de retracer les transformations du triçüla au cours de ses développements plastiques et de montrer avec quelle facilité les symboles les plus différents d'origine passent de l’un à l’autre, pour peu qu'il se rencontre dans leur forme ou dans leur signification des points de contact suffisants pour faciliter graduellement ce passage. (358 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 11 octobre 1888. M. ALex. ROBERT, directeur. M. Liacre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. F.-A. Gevaert, vice-direcleur ; C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Alph. Balat, le chevalier L. de Burbure, Ernest Slingeneyer, Ad. Samuel, Ad. Pauli, G. Guffens, Jos. Schadde, Émile Wauters, Jos. Jaquet, Jos. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, le chevalier Edm. Marchal, Jos. Stallaert, H. Beyaert, J. Rousseau, membres; Max. Rooses, corres- pondant. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur et de l’Instruction publique fait savoir que M. Lebrun, second prix du grand concours de composition musicale de 1887, a été invité à prendre les dispositions nécessaires pour l’exécution de sa cantate dans la séance publique annuelle de la Classe, fixée au dimanche, 28 octobre, à 1 heure et demie. ( 359 ) — Le même Ministre demande, d'urgence, si la section permanente du jury des grands concours de composition musicale, n’a pas à donner à M. Heckers, lauréat _ LE cours de 4887,d'autres i q à l’article 26 du règlement. — Renvoi à MM. Gevaert, Samuel et Radoux. — M. le Ministre envoie 1° une copie du procès-verbal du jury chargé de juger le grand concours de sculpture de 1888 et dont voici les résultats : grand prix à M. Jules Lagae, de Roulers, élève de l'Académie royale des beaux- arts de Bruxelles; second prix à M. Gustave Van Hove, de Weltéren, élève de la même Académie; mentions honorables à MM. Pierre Braecke, de Nieuport, élève de l’Académie de Louvain, et à Charles Samuel, de Bruxelles, élève de l’Académie de cette dernière ville; 2 A. Le deuxième rapport semestriel de M. Constant Montald, lauréat du grand concours de peinture de 1886 ; B. Le premier rapport de Joseph Dierickx, boursier pour la peinture, de la fondation Godecharle. — Renvoi à MM. Fétis, Robert, Guftens, Verlat et Slingeneyer; 5° A. Le cinquième rapport semestriel de M. Jules Anthone, lauréat du grand concours de sculpture de 1885; B. Le premier rapport de M. Égide Rombaux, boursier pour la sculpture, de la fondation Godecharle en 1887. — Renvoi à la section de sculpture (rapporteur M. Marchal); 4 Le premier rapport semestriel de M. Charles De Wulf, lauréat du grand concours d'architecture de 1887. — Renvoi à la section d'architecture ; » Le tome VIII de l'ouvrage de M. Edm. Vander Straeten : La musique aux Pays-Bas avant le XIX° siècle. — Remerciements. ( 360 ) — M. Hymans remet, pour le prochain Annuaire, la notice académique sur Nicaise De Keyser, ancien membre de la section de peinture. — Remerciements. M. Marchal remet pour le même recueil la notice sur Alexandre Pinchart, ancien membre de la section des sciences et des lettres dans leurs rapports avec les beaux- arts. — Remerciements. JUGEMENT DU CONCOURS DE 1838. QUATRIÈME QUESTION. Déterminer les caractères de l'architecture flamande du XVI et du XVII° siècle. Indiquer les édifices des Pays- Bas dans lesquels ces caractères se rencontrent. Donner l'analyse de ces édifices. Happort de M. Adolphe Pauli, premier commissaire. « Le seul mémoire envoyé en réponse à celte question se compose de 12 pages in-folio, dont environ 4 sont consacrées à l’histoire du pays du XVI: et du XVII: siècle. Il ne reste donc guère que 8 feuilles pour traiter la question architecturale proprement dite et remplir le cadre tracé par l'Académie. Ce que demandait celle-ci n'était nullement une étude générale sur l’histoire de larchi- tecture des Pays-Bas à cette époque, mais un travail dans lequel l’auteur aurait tâché de rendre compte d'une manière précise des caractères spéciaux de l'architecture flamande du XVI° et du XVI: siècle. Or, sous ce rapport, le mémoire me paraît tout à fait insuffisant. ( 364 ) Après avoir exposé la situation politique du pays, l’auteur nous dit que l’un des premiers édifices élevés pendant le XVI° siècle est la Maison du Roi à Bruxelles. Cet édifice, auquel concoururent la plupart des architectes belges en renom, appartient à la dernière époque ogivale. Ce monument, de plan rectangulaire, dont la façade a environ 30 mètres de développement, est d’un grand intérêt, bien qu’il présente dans la plupart de ses éléments l’incohérence de la décadence ogivale. Cet édifice a beaucoup souffert du bombardement de 1695, comme la plupart des édifices de la Grand'Place. Sous une maçonnerie construite à la fin du siècle der- nier vraisemblablement, on découvrit presque intacte la - curieuse et riche ornementation des pignons. Vers la même époque aussi s'élevait l'hôtel de ville d’Audenarde dont la construction fut décrétée en 1595. Un premier projet fut demandé à Jean Stassins, de Gand; le beffroi est dû à Henri van Pede, architecte de la ville de Bruxelles, qui acheva la Maison du Roi en cette ville. Il suffit de com- parer ces deux édifices pour constater l'exactitude de ce fait. : L'auteur du mémoire commet une erreur en attribuant le plan de l’hôtel de ville d’Audenarde à Jean Stassins. Il est vrai que cet architecte fut chargé de dresser des plans, mais son projet n'ayant pas été admis, c'est bien le plan de Henri van Pede dans son ensemble qui reçut une exécution complète. Voilà tout ce que l’auteur. dit de ces importants édifices. Il cite encore d’autres exemples, tels que le tribunal du Franc de Bruges, la Maison des bateliers, à Gand. La chapelle du S'-Sang, à Bruges, les tabernacles de Léau et de Tongreloo, mais sans entrer ( 362 ) dans des détails qui pourraient instruire ou intéresser beaucoup. En parlant des habitations du XV° et du XVI: siècle, l’auteur se rend la tâche plus facile encore en reproduisant presque textuellement la description de la plupart des constructions civiles renseignées dans l'Histoire de l’archi- tecture de Belgique, par Schayes. L'auteur du mémoire, en parlant de l'architecture de la seconde moitié du XVI° siècle, dit très bien que l'art ogival était presque complètement abandonné par l’archi- tecture civile et que s’il se montre encore, il n’y est plus que comme accessoire et comme dernier sacrifice à une tradition en voie de s’éteindre et de disparaitre. Les ouvrages des maîtres italiens étant mieux connus à ce moment, on vit s'élever des édifices importants dans lesquels on ne retrouve plus rien de l'architecture ogivale; tels sont notamment l’hôtel de ville d'Anvers, commencé en 1581, et celui de Flessingue en 1594, évidemment inspiré de celui d'Anvers. Ces deux édifices on! une grande analogie : tous les deux sont composés d’un rez-de-chaussée percé de baies en plein cintre dont les pieds-droits sont décorés de bossages. Au-dessus de ce stylobate s'élèvent deux étages, le premier rappelant l’ordre dorique romain, le second l’ordre ionique. La galerie qui termine la facade de l'hôtel de ville d'Anvers, en accusant le troisième étage, n'existe pas à Flessingue. Là se borne l’appréciation de l’auteur sur le caractère architectural de ces importantes constructions de la fin du XVI° siècle. : Cette époque, continue l’auteur, marque pour nos pro- vinces une période de guerres intestines, de soulèvements et de répressions sanglantes par la soldatesque étrangère. (365) Cutte période dure un demi-siècle à peu près. Ce n’est guère que sous l’administration d'Albert et d'Isabelle que les Pays-Bas connurent un peu de tranquillité. Le prince rappela d'Italie Rubens, le grand artiste qu'avait vu naître la fin du XVI: siècle. Après s'être étendu assez longuement sur les ouvrages d'architecture publiés par le célèbre artiste anversois, il termine en disant que la publication de ces ouvrages eut une influence considérable sur l'art architectural des Pays-Bas, et il arrive à cette étrange déclaration que, dans la plupart des édifices. dus aux architectes des Pays-Bas, qui s’inspirèrent des œuvres de Boromini ou de Rubens, on retrouve encore la tendance des lignes heurlées de la dernière époque ogivale. Ns avaient encore sous les yeux et dans l’esprit ces conceptions bizarres de l’art ogival de la décadence. C’est alors, continue l’auteur, qu’apparurent ces formes brisées déjetées. Les frontons interrompus, les consoles attachées par un clou, les éléments posés sans raison et sans logique et reliés entre eux par des bandeaux ou guirlandes. On vit alors apparaître les conceptions les plus étranges enfantées par une imagination surexcitée et qui n’était guidée par aucune règle qui pût y mettre un frein. Le mémoire soumis à notre examen est bien rédigé, mais l'impression générale qu’il m'a laissée, c’est qu'il ne me paraît pas réunir les conditions requises pour être couronné. La partie architecturale, qui devrait être de beaucoup la plus importante, est très faiblement traitée; on y cherche vainement les détails qu’on aurait le droit d'y rencontrer et qui pourraient donner une idée précise des caractères spéciaux de l'architecture flamande du XVI et du XVIF: siècle. » (364 ) R ppart de M, Schadde, deuxième commissaire. « Après mür examen du mémoire présenté à la Classe, en réponse à la quatrième question : Déterminer les caractères de l'architecture flamande du XVI et du XVIF siècle. Indiquer les édifices des Pays- _ Bas dans lesquels ces caractères se rencontrent. Donner l'analyse de ces édifices, je suis d’accord avec M. Pauli, que l’auteur du mémoire s’occupe plutôt de l’histoire du pays que de la question proposée; que les descriptions qu’il donne de divers édi- fices sont inexactes et que certaines dates sont erronées. Entre autres, en parlant de la Bourse primitive d'Anvers, située dans une maison sise rue du Jardin, il décrit une Halle, tandis que le lieu de réunion des négociants était une cour rectangulaire avec une petite galerie sur les deux côlés du rectangle. La date de 1581 qu'il donne pour la construction de l'hôtel de ville d'Anvers n’est pas exacte, ce monument ayant été élevé en 1564. Je me rallie done complètement aux conclusions du rapport de mon honorable collègue M. Pauli. » M. Balat, troisième commissaire, déclare se rallier aux conclusions de ses confrères MM. Pauli et Schadde. apport de M. Beyaserl, qualrieme commissaire, « Je partage entièrement l'opinion exprimée par mes honorables collègues sur la valeur du mémoire envoyé en réponse à la question : Déterminer les caractères de l’archilecture flamande du XVI° et du XVII® siècle. Indiquer les édifices des Pays- Bas dans lesquels ces caractères se rencontrent. Donner l'analyse de ces édifices. L'auteur n'aborde pas même la première partie de la question. J1 se borne à des données historiques ; il cite un certain nombre de monuments construits au XVI° et au XVII siècle, et émet souvent sur leur valeur artistique des Opinions que l’on peut se permettre de ne pas partager. De même que mes collègues, je suis d’avis qu’il n'y a pas lieu de couronner le mémoire signé Esthos. » La Classe se prononcera sur les conclusions des rapports précédents dans la séance du 25 octobre prochain. — La Classe procède au jugement de son concours d'art appliqué se rapportant à l'architecture et à la gravure. Les résultats en seront proclamés en séance publique. pt Ge sie, role: ah À 1: 5 0" 25 (566 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS, Séance du 25 octobre 1888. M. Alex. Roger, directeur. M. Liacre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MN. Gevaert, vice-directeur; c. -À. Frai- kin, Éd. Fétis, le chevalier L.de Burbure, Ern. Slingeneyer, Jos. Schadde, Th. Radoux, Jos. Jaquet, Jos. Demannez, IP.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, ‘le chevalier Edm. Marchal, Jos. Stallaert, J. Rousseau, ‘membres; et Alex. Markelbach, correspondant. CORRESPONDANCE. Par une lettre du Palais, LL. MM. le Roi et la Reine font exprimer leurs regrets de ne pouvoir assister à la «séance publique de la Classe, fixée au 28 de ce mois. . Des regrets, semblables sont exprimés de la part de LL. AA. RR. le Comte et la Comtesse de Flandre. MM. les Ministres de la Guerre, de l'Agriculture, de l’Industrie et des Travaux publics, et des Chemins de fer, Postes et Télégraphes, ainsi que M. le secrétaire de l’Aca- démie royale de médecine (au nom du bureau de ce corps savant) remercient pour les invitations à celte séance. — M. Portaels offre, de la part de M. Roulleau, sta- ( 567 }) tuaire à Paris, la photographie de sa statue monumentale du général Carnot. — Remerciements. — M. Édouard Grégoir adresse, à titre d'hommage, un exemplaire de ses Souvenirs artistiques. — Remercie- ments. RAPPORTS. nee | M. Gevaert fait savoir, comme président de la section permanente du jury des grands concours de composition musicale, qu’il a donné à M. Heckers, lauréat du grand concours de 1887, toutes les instructions nécessaires pour son voyage d’études à l'étranger. JUGEMENT DU CONCOURS ANNUEL. La Classe, conformément à l’article 23 du règlement général, ratifie les conclusions des rapports des membres de la section d'architecture, proposant de ñe.pas couron- ner le mémoire de concours avec la devise : Esthos. Gr à PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE. Conformément à l’article 45 du règlement de la Classe, M. le directeur donne lecture du discours qu’il se propose de prononcer à la séance publique fixée au dimanche 28 octobre, à 1 heure et demie. ——— 260000 — ( 368 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance publique du dimanche 28 octobre 1888. M. ALex. ROBERT, directeur de la Classe. M. LiGre, secrétaire perpétuel. Prennent également place au bureau : M. F.-A. Gevaert, vice-directeur de la Classe; M. Fr. Crépin, directeur de la Classe des sciences. Sont présents : MM. C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, le cheva- lier L. de Burbure, Ern. Slingeneyer, Ad. Samuel, Godfr. Guffens, Radoux, Jos. Jaquet, Jos. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, le chevalier Edm. Marchal, Vinçotte, Joseph Stallaert et J. Rousseau, membres. Assistent à la séance : CLASSE DES sciENCEs. — MM. Gluge, Ch. Montigny, C. Malaise, F. Folie, Éd. Mailly, J. De Tilly, G. Van der Mensbrugghe, membres; E. Catalan, Ch. de la Vallée Poussin, associés. CLASSE DES LETTRES. — MM. Ch. Potwvin, vice-directeur; P. De Decker, Ch. Faider, Alph. Wauters, Ch. Piot, P. Henrard, membres; Alph. Rivier, associé; Alex. Henne, correspondant. ( 369 ) À 1 heure et demie, M. le directeur ouvre la séance et prononce le discours suivant : Messieurs, MESDAMESs. Appelé, selon la traditionnelle coutume académique, à prononcer lallocution présidentielle qui ouvre chaque année cette séance, ce n’est pas sans une certaine appré- hension que je prends la parole. D'après le roulement établi entre les branches artis- tiques dont la Classe s'occupe, c'est à un peintre qu’a été dévolue cette année la mission de diriger ses travaux. Comme membre de la section de peinture, c’est de la peinture que je me propose de vous parler : cet art qui a valu à la Belgique tant de noms glorieux, notamment Louis Gallait, que nous comptions encore dans nos rangs l’année dernière à pareille solennité, et à la mémoire de qui je me plais à rendre hommage. _ de ne me dissimule nullement la hardiesse de cette entreprise. Je ne me propose pas de faire étalage d’éru- dilion en cette matière après d'éminents devanciers, entre autres, ceux dont les beaux travaux esthétiques font auto- rité dans l’histoire de l’art, et qui sont plus à même que moi de s'occuper de ce sujet et d'en parler en maîtres. Je me bornerai à quelques idées, à quelques considé- rations sur. la mission de lartiste à propos de certaines tendances vers lesquelles visent, depuis un certain temps, une partie de nos jeunes peintres, et sur le but à entrevoir dans l’art considéré sous son aspect général. À en juger par certaines exhibitions de tableaux qui surgissent périodiquement et qui menacent de se perpétuer — Si ceux qui ont pour mission de s'occuper de tout ce ( 570 ) qui se rapporte au domaine de l’intelligence, ne cherchent sérieusement à enrayer ce mouvément, ou, tout au moins, à le ramener vers le but réel de l’art, — les principes sur lesquels repose la peinture n’ont plus de raison d’être : pour cultiver l’art illustré par Rubens, il ne s'agirait plus, dorénavant, que de suivre son impulsion sans se préoccu- per s’il existe des Académies ou des Écoles de dessin. Selon les coopérateurs de ces exhibitions, une forme nouvelle de l’art serait née, non de ses cendres, comme le Phénix, ce qui impliquerait une ascendance ou un passé, mais sous l’action d’une génération spontanée. Il semble donc, d’après ces novateurs, que le passé dans l’art ne doit pas seulement être renié, mais qu’il n’a jamais existé. Depuis l'antiquité, l’enseignement du dessin a toujours été considéré comme l'apanage des Académies, ces sanc- luaires chargés d’en conserver les principes les plus purs. Il est la base des arts graphiques et plastiques, son élé- ment essentiel d’existence. Selon le sentiment qui se dégage déjà de la soi-disant école, qui s’exhibe en vue de se créer droit de cité dans ce grand mouvement qui s'appelle la marche continue de la civilisation, à laquelle la peinture contribue également, les principes académiques seraient d’un autre temps. L'école nouvelle serait celle de la véritable étude de la nature, c'est-à-dire telle qu’il faut rendre celle-ci, et contraire- ment à la manière dont elle a été interprétée jusqu’à nos jours. En présence de ces exhibitions, où le caractère sérieux fait souvent défaut et qui n'arrivent qu’au seul résultat d'amuser la foule, toujours avide de nouveautés, il serait temps — selon mon sentiment personnel — de chercher à réagir contre ces tendances si funestes autant pour ceux ( 374 ) qui poursuivent cette voie sans issue que pour l’Art et le: sentiment du Beau. Elles font supposer que nous sommes: sur le chemin d'une décadence morale, le signe distinctif de la chute de tout peuple. Avant tout, je me plais à le constater, les tendances nouvelles n’ont encore envahi qu'un nombre restreint d'adeptes. Une certaine partie de nos jeunes artistes restent heureusement fidèles aux vrais principes; quelques-uns continuent, par des œuvres d’une réelle distinction et d'un remarquable caractère, la renommée de notre vieille école de peinture, Ils n’ont pas oublié que l'artiste exerce une influence éducatrice immense sur les masses, s’il interprète la nature dans tout ce qu’elle offre de beau et de poétique, s'il représente les faits les plus importants de la vie de manière à en dégager des enseignements, s’il fait revivre les grandes figures qui ont marqué dans les annales de l’histoire et qui sont les jalons de la marche de la civilisation, s’il choisit des sujets intéressants -et dramatiques où les sentiments qui élèvent l'humanité ont le rôle principal. Telle a été la manière de considérer la peinture par tous ceux qui se sont distingués parmi nous, depuis les Van Eyck, et dont les noms et les œuvres sont l’objet de l’admiration des nations qui nous entourent. Pour rendre leurs conceptions, ils alliaient à une savante exéculion une pureté de dessin, un style aussi ia que Correct el un harmonieux coloris. En Belgique comme en France, aux fanatiques de la ligne, ont succédé, depuis peu d'années, les enthousiastes de la tache, autrement dit les Impressionnistes. Or, nous le constatons avec regret, c’est souvent parmi les élèves — et même les lauréats des Académies, — que se rencontrent ces derniers. Ils ne considèrent l’enseignement dans les ( 372 ) écoles que comme un simple exercice de grammaire et de rhétorique et — soit effet de l'impuissance chez les uns où toute autre cause chez les autres, — ils s’en dégoûtent dans l'application, sans songer que l’art d’ap- prendre a été créé pour aider au développement raisonné du sentiment personnel. A Dieu ne plaise cependant que je m’élève contre l’in- stinet naturel de la composition, lequel est le meilleur inspirateur de l’artiste ; mais cet instinct, livré uniquement à lui-même, ne saura jamais arriver qu'à produire des œuvres où le sentiment réel que comporte l’art fait défaut. Déjà, l’an passé, mon honorable prédécesseur au fauteuil faisait ressortir ici combien la virtuosité, à laquelle tend certaine jeunesse artistique, sacrifie l’art proprement dit au procédé technique; elle est néfaste, non seulement, au but que ces peintres veulent atteindre, s’ils sont sincères dans leurs intentions d’aider au mouvement et au progrès de l'art, mais à la mission réelle de l'artiste. En s’attachant à des compositions dont la banalité des sujets frise bien souvent la vulgarité et qui méritent, par ce fait, moins que de l'indifférence, en employant une tonalité des couleurs, qui ferait supposer que l’accommodation de l'œil à la perception des objets est sous l'influence d’une aberration que l’on pourrait qualifier de daltonisme pictu- ral, certains jeunes artistes oublient qu'ils amoindrissent et rabaissent même le cercle de leurs idées. Pourquoi ne puisent-ils pas dans les côtés poétiques de la nature, dans les faits de la vie qui parlent à l'imagination, c’est-à-dire dans le sens de l’idéal et non dans le sens matériel, dans les actes, enfin, qui honorent l’existence des nations, des sujets dont la simple reproduction ou la synthèse seraient à la fois un beau thème et un utile enseignement. ( 375 ) Imbus du scepticisme, triste fruit du matérialisme moderne, les novateurs dédaignent le passé comme n’étant plus digne de leur offrir des sujets d’études; ils recherchent dans leur cercle étroit d’idées l’art vrai, l'art libre, le grand art enfin. Tout, cependant, appartient au grand art, comme l’a fait remarquer, dans les termes suivants, M. Bigot, un des critiques les plus autorisés de nos jours ({) : « La vie moderne aussi bien que le passé reli- gieux ou historique, les scènes familières aussi bien que les scènes historiques, les ouvriers et les paysans aussi bien que les empereurs et les rois. Il n’est pas jusqu'aux paysages et aux animaux qui ne puissent avoir place dans la grande peinture. La noblesse et la beauté sont partout. Aucune époque ni aucune condition sociale, aucun être même n’en a le monopole. Le tout est d’avoir des yeux et de les découvrir où elles sont, c’est-à-dire partout. Ce qui constilue le grand art, c'est le sentiment personnel de l'artiste, c'est la pensée qui l’inspire, c’est la façon dont il interprète les êtres et les choses, c’est l'impression qu'il communique à celui qui regarde son œuvre. » Ces réflexions sont corroborées par les grandes pages de peinture sorties de notre École depuis quatre siècles et qui ornent les principaux musées; elles touchent à tous les genres, et leur magistrale exécution a valu à la Belgique l'admiration de l'Europe ! Les productions des impressionnistes constituent un déni de justice à l'égard de l’enseignement dans les Écoles de dessin, dans les Académies créées depuis plusieurs siè- cles en vue de perpétuer les vrais principes sur lesquels (1) Salon de Paris, 1885, Revue bleue, IX, 6-75. (-374 ) l'art repose depuis l'antiquité. A voir leurs täbleaux, plus n’est besoin de savoir correctement dessiner, cette probité dans l’art, comme le disait Ingres, ni de connaître la perspective, l’esthétique, l’archéologie, l’anatomie pitto- resque, la composition. En proclamant la négation de toutes ces choses, en repoussant toul ce que comporte l’enseigne- ment académique, il est tout naturel pour les impuissants d'y adhérer en déclarant la guerre aux principes qui ont guidé leurs devanciers Ce qui caractérise surtout les productions des novateurs de l’art soi-disant libre, c’est l'absence des principes, l'absence des idées. Il n’est pas même possible d’entrevoir chez eux des tendances, si ce n’est vers une personnalité qui vise directement la virtuosité dont je parlais tout à l’heure. Ils n’atteignent pas même le but que Courbet indiquait dans le manifeste placé en tête du catalogue de son Exposition particulière de 1855 : « Être à même de traduire les mœurs, les idées, l'aspect de mon époque selon mon appréciation — c’est-à-dire selon le sentiment qui caractérise l'artiste — être non seulement un peintre, mais encore un homme, faire de l'art vivant, tel est mon but. » Considéré sous un aspect général, c’est surtout à la tra- dilion que s’attaquent les exhibitions des novateurs. Rien n’est néfasle, à vrai dire, comme la tradition lorsque celle-ci aboutit à faire de l'art un métier. Le respect sans limite des doctrines de l'atelier sans que l'artiste se retrempe à chaque instant dans la nature, ne peut aboutir qu'à l'impuissance. Mais si l’on ne fait rien de durable en art avec les seuls préceptes du métier, on fait encore moins chose durable sans la possession de ces secrets conquis l’un après l’autre par un travail séculaire raisonné. Or, ce : ( 575 ) n'est que dans la jeunesse, l’âge réel des études, qu’il faut apprendre les principes sur lesquels l’art repose. Il faut n'être, en même temps, ni intolérant, ni révolutionnaire, et considérer le passé comme le chemin nécessaire, le plus court et le plus sûr pour arriver à l'avenir. La lutte pour le progrès qui caractérise la fin de ce XIX° siècle, lutte dans laquelle les arts sont également entrés, a sa juste raison d’être : elle est la principale con- dilion, non seulement de l’existence, mais de l'intelligence. Tous, nous ne pouvons qu’applaudir et coopérer à ce mouvement, mais la lutte ne se comprend qu'en utilisant ce qui a été acquis par nos devanciers. Car, ne l'oublions pas, dans n’importe quel ordre d'idées se rapportant aux arts, le progrès vers la perfection consiste en l'application des lois et des principes qui président depuis l'antiquité au développement du beau devenu, par l'effet de la sélec- tion naturelle, la science du beau. La rivalité toutefois est le plus grand stimulant pour l’éclosion du talent, mais la lutte ne repose sur des principes équitables que pour aulant que le respect de la tradition marche de pair avec l'amour et le besoin incessant du nouveau. Par un de ces étranges effets du mouvement des idées, la nouveauté, nous le reconnaissons, vient souvent du dehors; et ce sont les réfractaires de l’École et même ceux qui n’ont jamais suivi ses principes que par inluilion, qui, parfois, en ont ouvert le chemin. Mais la nouveauté ne constitue l’art que pour autant qu’elle se rattache à l'ordre de succession voulu dans l’enchaînement perpétuel qui relie tout ce qui se rapporte au domaine de la pensée et, conséquemment, forme le progrès. Or, dans la pein- ture, le progrès n’existe réellement que s’il marche avec les concessions au passé, la seule route possible pour ( 376 ) tenir continuellement l'idéal à la hauteur du ‘mouvement. L'idéal devient alors l’incarnation du besoin de beauté supérieure et de survivance intellectuelle qui agite, tour à tour, les générations, et que la Belgique ressent depuis plus de quatre siècles, c’est-à-dire depuis les Van Eyck et les Memling. Le mal que je signale en ce moment n’a pas été sans préoccuper d’autres que nous. J'en trouve la preuve dans les lignes suivantes qui terminent le livre que vient de publier William Powell Frith, notre éminent confrère anglais, qui est considéré comme l'un des plus remar- quables modernistes : « Il a surgi dans l’art un nouveau style qui semble plaire à un public toujours avide de nouveauté. Je passerai probablement pour un académicien rococo qui ne veut pas voir une preuve de génie dans l’excentricité, ou dans l'audace une manifestation du talent, et je serai justement Ou injustement accusé d’injustice si je déclare que le style impressionniste, récemment importé de France en Angle- terre, causera un dommage incalculable à l’école moderne de l’art anglais. Mais je réclame le droit de jugement que m'a donné le constant exercice de mon art pendant un demi-siècle, et je veux que les derniers mots de ces Rémi- NISCENCES soient un avertissement à la génération nou- velle : » Soyez impressionniste si vous le voulez, mais que vos impressions soient aussi complètes et aussi fidèles à la nature que celles des vieux grands maîtres. Qu'on ne puisse pas dire de vos impressions ce qu’on a dit avec rai- son de tel ouvrage impressionniste devenu populaire : « Si » la nature a fait cette impression sur l'individu, il aurait » mieux fait de la garder pour lui. » Songez aux granûs ( 377) peintres d'autrefois, étudiez leurs ouvrages et, en vous convainquant qu’ils furent produits par une simple, sérieuse ct ardente étude de Ja nature, efforcez-vous de les imiter ! » Tout est en corrélation dans la société. L'homme, par le fait qu’il appartient à la civilisation, est tenu d'apporter à celle-ci le concours de ses facultés. Aller à l'encontre de ce principe serait reculer vers l’état primitif ou se préci- piter dans l’anarchie. Le peintre, comme l'écrivain, a sa lâche dévolue dans le mouvement des idées, et il ne lui appartient pas plus de rester stationnaire que de marcher à reculons. Par le fait qu’il a éveillé ses facultés dans le sens de ses aspirations et de sa vocation, il est tenu d’aller avec le progrès, et tout ce qui sort de son pinceau doit se ressentir du mouvement, en ce sens, de la société. La culture des arts, comme de tout ce qui tient au domaine de l'intelligence, a un but des plus élevés qu'il est bon et salutaire de rappeler de temps en temps aux jeunes peintres, surtout à ceux qui cherchent à se faire une originalité par l’excentricité. Que ceux-ci ne l’oublient pas : c’est surtout la condition morale du peuple que l’art doit avoir pour objectif et vers laquelle doivent tendre tous ses moyens pour arriver à l'amélioration des masses. L'art réconforte et vivifie les sentiments par les formes attrayantes du dessin ou du tableau. Son influence sur les couches sociales est tout aussi grande, si pas plus grande même que le livre, car pour com- prendre ses enseignements il ne faut pas, comme pour les écrits, passer par le mécanisme mental nécessaire à l'assimilation de la pensée et à l'expression des idées. S'il tire son origine des besoins mêmes de l’homme, s'il a ( 578 ) placé celui-ci au-dessus du reste des êtres organisés par les instincts qu’il a fait surgir dans le sens des besoins pour ses facultés morales, il doit avoir pour but l’amé- lioration de l'esprit, l’amélioration de l’âme et celle du cœur. L'art, au surplus, est l’efflorescence de la civilisation générale, et celle-ci dépend à la fois de la configuration du sol, du climat, de la race, des mœurs, des idées religieuses et des événements politiques, comme le rappelait d’une manière si pittoresque, dans une récente lecture acadé- mique, notre confrère M. Wagener, un archéologue doublé d’un artiste. En effet, lorsqu'on suit la marche des civilisations, à la satisfaction des exigences matérielles succède le besoin de développer le sentiment instinctif, de chercher à retracer ou à reproduire tout ce qui frappe l'imagination afin de rendre tangibles — si je puis m’exprimer ainsi — nos aspirations. L’art est, sans contredit, le plus sûr indice de l'élévation morale des peuples et ce n'est pas sans raison que notre éminent confrère Édouard Fétis disait, dans son remarquable ouvrage : Sur l’art dans l'État et dans la Société (1), que « les beaux-arts sont dans un état prospère - chez les peuples arrivés à la plénitude de leur dévelop- pement, là où règne un harmonieux accord des facultés individuelles et des institutions sociales. S'ils sont en souffrance, c’est qu’il existe quelque obstacle à la libre expansion des forces vitales. » Pris dans le sens général, l’art s'étend sur toute la nature. Ï1 Ja fait aimer et on ne la connaît réellement, on ne l’apprécie et on ne la comprend, que lorsqu'on s’est (1) Page 8. ( 579 ) appliqué à la rendre en toutes ses beautés, en toutes ses formes, en toutes ses manifestations. Pris dans le sens de ses applications, l’art rattache le présent au passé par les enseignements de l’histoire Il caractérise les grandes époques en les présentant comme le miroir de la société dans lequel les générations se reflètent et se retrempent et, par cela, il devient la base fondamentale de la connaissance des hommes et des choses. En un mot, l’art est le plus grand initiateur du mouvement de l'esprit humain, le levier de la marche progressive de la civilisation, — — M. le secrétaire perpétuel proclame de la manière suivante le résultat des concours : Les concours annuels ouverts par la Classe des beaux- arts de l’Académie ont donné les résultats suivants : PARTIE LITTEÉRAIRE. Un mémoire portant la devise : Esthos, a été reçu en réponse à la question : Déterminer les caractères de l'architecture flamande du XVI et du XVII: siècle. Indiquer les édifices des Pays- Bas dans lesquels ces caractères se rencontrent. Donner l'analyse de ces édifices. Un prix de mille francs était attribué à la solution de celle question. La Classe, adoptant les conclusions des rapports de ses commissaires, a décidé qu'il n’y avait pas lieu de couron- per le mémoire. mi OT D a j ne 4 SUJETS D'ART APPLIQUÉ. Architecture. L'Académie demandait les plans, coupe et élération d’un PHARE à l’échelle de 0"O1 par mètre. a tour devait avoir environ 50 mètres de hauteur, sous la lanterne, et être élevée sur une terrasse compre- nant les dépendances, logement des gardiens, etc. Un prix de huit cents ps était réservé à l’auteur du projet couronné. Dix-sept projets ont été reçus; ils portaient les devises ct marques dislinctives suivantes : N° 1. Allez en avant. 2. Phare. 5. Pharos. 4. Phare Bavdovin. 5. Fiat Lux. 6. C’est le bon qu’on poursuit. 7. [Une feuille de trèfle.] 8. Quos egos. 9. Phebus. 10. Fiat Lux. 11. Light. 12. [Un cercle et un triangle.] 45. Stella. 14. Utilité et agrément. 15. Hélice. 16. Tha- lassa ! Thalassa! 17. [Une ancre.] Par trois voix contre une, la section d'architecture a proposé de couronner le projet portant pour devise : Thalassa! Thalassa! Le jury a ensuite émis le vœn de voir accorder une mention très honorable, ainsi qu’une récompense pécu- niaire de quatre cents francs, au projet portant la devise : Phare Bavdovin. Ces propositions ont été adoptées par la Classe. L'ouverture du billet cacheté qui accompagnait le pro- jet couronné a fait connaître comme en étant l’auteur M. Désiré Van der Hacghen, architecte à Gand. (381) L'auteur du projet portant : devise : Phare Bavdoëin a déclaré qu’il acceptait la mention très honorable qui lui était décernée par la Classe. Ce travail est dû à M. Victor Horta, architecte à Bruxelles (1). Gravure. Un prix de six cents francs avait été attribué à la meil- leure gravure en taille douce exécutée depuis 1884 per un artiste belge (ou naturalisé). Deux gravures ont été reçues. La première porte pour devise : Sans repos ! ! La seconde : Honneur et patrie. D'après le jury, cette seconde gravure, appartenant à la catégorie des eaux-fortes, ne remplissait pas les conditions - du programme. Il ne restait donc plus qu'une question à décider : la gravure le Moine, d'après Memling, portant pour devise : Sans repos ! mérite-t-elle le prix? La réponse ayant été alfirmative, cette œuvre a été couronnée, L'ouverture du billet cacheté a fait savoir que cetle gravure est due à M. Auguste-Michel Danse, professeur à l’Académie des beaux-arts de Mons. (4) Sur la proposition de la section d'architecture, appuyée par la Classe, la Commission administrative, dans sa séance du 22 octobre, a accordé une gratification de quatre cents franes à M. Victor Horta. 9"° SÉRIE, TOME XVI. 26 (382 ) PRIX DE ROME. GRAND CONCOURS DE SCULPTURE DE 1888. Comme suite aux opérations du jury qui a été chargé de juger le grand concours de sculpture, dit Prix de Rome, pour l’année 1888, le grand prix a été décerné à M. Jules _Lagae, de Roulers, élève de l’Académie royale des beaux- arts de Bruxelles ; Le second prix a élé décerné à M. Gustave Van Hove, de Wetteren, élève de la même Académie ; Une mention honorable a été votée à M. Pierre Braecke, de Nieuport, élève de l’Académie de Louvain, et à M. Charles Samuel, de Bruxelles, élève de l’Académie de Bruxelles. La séance a été terminée par l’exécution de la cantate : Les Suppliantes, poème couronné de M. Louis de Casem- broot, musique de M. Paul Lebrun, de Gand, second prix du grand concours de composition musicale de 1887. Voiei les noms des solistes : M'e Clémence Van de Weghe (Éthra); M'e Irma de Jaeger (Évadné); M": Hortense De Béozières (Une Argienne); M. Jules Wauters (Adraste); M. Charles Wayenberghe (Thésée). Les chœurs ont été chantés par les élèves du cours d'ensemble vocal du Conservatoire royal de Gand et les membres de la section chorale de la Société Royale « des Chœurs » de la même ville. > @ 0 00€ © ——— (383) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Wauters (Alph.). — Atlas des villes de la Belgique au XVI: siècle, Cent plans du géographe Jacques de Deventer exé- cutés sur les ordres de Charles-Quint et de Philippe IE, texte sous la direction de Charles Ruelens, Texte par Alph. Wauters. Bruxelles [1888]; in-folio. — Homère a-t-il existé? discours prononcé à la séance solennelle et publique de la Société d'archéologie de Bruxelles, le 14 juin 1888. Bruxelles, 1888; in-8° (19 p.). Selys Longchamps (Edm. de). — Catalogue raisonné des orthoptères et des névroptères de Belgique. Bruxelles, 1888; extr. in-8° (96 p.). Briart(4.). — Sur le genre Trigonia et description de deux trigonies nouvelles des terrains supra-crétacés de Maastricht et de Ciply. Bruxelles, 1888; in-8° (19 p., et 1 pl.). Catalan (E.). — Mélanges mathématiques, t. IIL Bruxelles, 1888; vol. in-8°. : — Sur un cas particulier de la formule du binôme. Bruxelles, 1888; extr. in-8° (2 p..). Mailly (Ëd.). — La Société de littérature de Bruxelles (1800-1823). Bruxelles, 1888; extr. in-8° (78 p.). Gosselet (J.). — Mémoire pour servir à l'explication de la carte géologique détaillée de la France : L'Ardenne. Paris, 1888; vol. in-4°. Bothae (Joanne-Patricio, marchione). — Acta sanctorum Hiberniae ex codice Salmanticensi nunce primum integre edita opera car. De Smedt et Josephi De Backer e Soc. Jesu, hagio- graphorum Bollandianorum. Bruges, 1888; vol. in-4° (975 p.). ( 384 ) Vander Straeten (Edmond). — La musique aux Pays-Bas avant le XIX® siècle, tome VII, 2" partie. Bruxelles, 1888; vol. in-8°. Herlant (A.).— Introduction à l'étude one des médi- caments naturels d’origine végétale. Bruxelles, 1888; vol. in-8° (88 p.). De Bruyne (C.). — Ueber eine neue Monadine, Endobiella Bambekii. Iléna, 4888; extr. in-8° (5 p.). Terby (F.). — Les premières observations de Mars et de Saturne faites à l'Observatoire Lick, sur le mont Hamilton, en 1888. Bruxelles, 1888; extr. in-8° (12 p.). — Les canaux de Mars, leur péminetion ‘el et les observations de 1888. Bruxelles, 1888; extr. in-8° (32 p. — à Cygni. — Performance of a béni, — The pleiades and « Lyrae. — Tache rouge de Jupiter, — Saturne; trapèze d'Orion. —- Saturne, compagnon de Sirius. — L’anneau de Saturne. La tache rouge de Jupiter. — Saturne. — Mars. Londres, 1886-88; 10 extr. in-8°. — Encore la planète Mars. Paris, 1888; extr. in-8°, — Un observatoire d’amateur à Louvain. Marseille, 1888; in-8°. — Schreiben Betreffend eine Zeichnung des Saturn. Kiel, 1888; extr. in-4°, pl. ® — Études sur l'aspect physique de la planète ‘Jupiter, 2e partie: observations faites de 1882 à 1885. Bruxelles, 1887; extr, in-4° (46 p., pl.). Micheels (Henri. — Sur Fépstiquement moyen de la bota- nique. Bruxelles, 1888; extr. in-8° (8 p.). Nyns-Lagye (J.). — Jean Charles Houzeau, sa vie ct ses œuvres. Bruxelles, 1888; extr, in-8° (32 Delvaux (E.). — Essai d'une carte anthropologique préhis- torique de la Belgique à l’échelle de !/20 000°, — Notice explica- tive de la feuille de Flobecq. Bruxelles, 1888 (164 p., cartes), Segers (Gustaaf). — Joost van den Vondel : Verslag der antwerpsche feesten, in 7 studiën, Anvers, in -8° (298 p.). ne ( 385 ) Meunier (Fernand). — Description d’une nouvelle espèce d'Euménides du Brésil. 1888; extr. in-8° (4 p.). — Tableau synoptique des espèces belges du genre Geo- trupes, Linné, Extr, in-8° (2 p.). — Prodrome pour servir à la monographie des espèces, variétés belges, du genre Bombus, Latreille. 1888, extr. gr. in-8° (15 p.). Deruyts (Jacques). — Sur la différentiation mutuelle des fonetions invariantes. Bruxelles, 1888 ; in-8° (11 p.). Spilbeeck (Fr. van Waltman). — De abdij van Tongerloo, geschicdkundige navorschingen. Lierre, 1888; vol. in-8°. — Conférences de la Société d’art et d'histoire du diocèse de Liège. Liège, 1888; in-18 (259 p.). Leboucq (H.). — Ucber das Fingerskelett der Pinnepedier und der Cetaccen. léna, 1888 ; extr. in-8° (7 p.). Cogniaux (A). — Flora Brasiliensis : Melastomaceae, I°. Leipzig; in-folio. Pelseneer (Paul). — Sur la valeur morphologiqne des bras et la composition du système nerveux contesl des céphalo- podes. Liège, 1888; in-8° (34 p., pl.). Cumont (Georges). — Médaille de la Société littéraire de Bruxelles. Bruxelles, 1889; extr. in-8° (12 p.). Wouters (L.). — Cahiers d'histoire naturelle à l'usage des collèges et des pensionnats, 2° partie : éléments de botanique. Malines, 1888; in-18 (192 p Vlaamsche Academie vour taal- en letterkunde. — Bijvoeg- sel aan de sevenste bliscap van Maria. Gand; in-8°. Société d'émulation de Bruges. — Compte rendu des tra- vaux du Congrès archéologique et historique de Belgique, tenu à Bruges, les 22-25 août 1887 [Léon de Focre). Bruges, 1888; in-8?, Conseils provinciaux. — Exposé de la situation administra- tive des provinces, avec annexes, 42 vol. in-8°. Société belge de géologie, de paléontologie et d’hydrologie, Bruxelles. — Bulletin, 1887, tome I". Bruxelles; in-8°, ( 586 ) Ministère de la Guerre. Institut cartographique. — Notice sur les cartes, documents et objets exposés au grand concours en 1888. Bruxelles, 1888; in-8° (32 p.). Club Alpin belge. — Bulletin, n° 11. Bruxelles, 1888; in-8°. ——— ALLEMAGNE ET AUTRICHE-HONGRIE. Stauber (Anton). — Das Studium der Gcographie in und . ausser der Schule. Augsbourg, 1888 ; vol. in-8° (170 p..). Académie des Sciences de Hongrie, Budapest. — Alma- nach, Mémoires, Bulletins, etc. 1887-88. Physikal.-Okonom. Gesellschaft, Künigsberq. — Sébrifien, 1887. In-4°. Naturwissenschafilicher Verein. Le Vorhañhdlangen, Bd. X, 1885-1888. Carlsruhe, 1888; in-8°. Gesellschaft für Natur- und Heilkunde, Dresden. — Jah- resbericht, 1887-88. In-8°. Historischer Verein, Steiermark.— Mittheilungen, 56. Heft. Graz, 1888; in-8°. Stutistisches Bureau, Budapest. — Publicationen, u' XXII. In-8°. Université de ace — Thèses et dissertations, 1887-88. 29 br. in-4° et i Geodätisches AE — Jahresbericht, 1887-1888. Berlin; in-8°, AMÉRIQUE. Guthrie (Ossian). — The great Lakes and their relations to the lakes and Gulf Water-way [Chicago, 1888]; in-8° (51 p-). Freire (D Domingos). — Réfutation des recherches sur la ( 587 ) fièvre jaune, faites par M. P. Gibier à la Havane. Rio de Janciro, 1888 ; in-8° (28 p., fig.). Faye (H.). — Teoria de los errores, traducion del frances, por de Mendizabal Tamborrel. Mexico, 1888; in-8° (55 p He Academy of arts and sciences. — Transac- tions VII, 2. New-Haven, 1888; in-8°, Denison University. — Bulletin of the scientific labora- tories, vol. I-IIL. Granville, Ohio, 1885-88. 3 vol. in-8°. — Banqnet given by the learned societies of Philadelphia at the american Academie of Music, september 17, 1887. Phi- Jladelphie, 1888 ; in-8°, Oficina meteorologica Argentina. -— Analces, tomo VI. Buenos-Ayres, 1888; vol. in-4°, Sociedad mexicana de historia natural. — La Naturaleza, tomo I, 5. In-#°, Instituto historico e geographico, Rio de Janeiro. — Re- vista, tomo L, 1 e FRANCE. Barrois (Charles). — Note sur l’existence du genre Oldhamia dans les Pyrénées. Lille, 1888; extr. in-8° (4 p., À pl.). — Observations préliminaires sur les roches des environs de Lanmeur (Finistère). Lille, 1888 ; extr. in-8° (10 p., 1 pl.). Commines de Marsilly (L.-J.-A. de). — Réfutation de l'interprétation de la géométrie non euclidienne essayée par M. Beltrami. Paris, 1888; extr. in-8° (15 p.). — Souvenirs inédits de François Hennequin, prisonnier de la Bastille, de 4675 à 4677. Paris, 1888; in-12 (72 p. Société des sciences de Nancy. — Bulletin, tome IX, 24: 1887. In-8°, ( 588 ) Journal des savants. — 1884-1887 ; 1888, janv.-juill. Paris; in-4°. Société d'agriculture, sciences el arts d'Angers. — Mémoires, 4° série, EI, 1887. In-8 Catalogue de la Bibliothèque de la ville de Montpellier, sciences et arts. In-8°. Académie des sciences de Rouen. — Précis analytique des travaux, 1886-87. In-8°. Sociélé du Limousin. — Bulletin, tome XXXV. Limoges, 1888; in-8°. | Ministère de l’Instruction publique, Paris. — Remontrances du parlement de Paris au XVII: siècle, tome I. In-4°. Société nationale d’agriculture de France, Paris. — Mémoires, tome CXXXII. In-8, PAYS DIVERS, Kammermann (A.). — Résumé météorologique de l’année 4887 pour Genève et le Grand Saint-Bernard. Genève 1880; in-8°. “ Warfvinge (F. W.). — Arsberättelse fran Sabbatsbergs Sjukhus i Stockholm, 1887. In-8° Steen (A.-S.) — Die Polarforschung 1882-85 : Beobach- tungs-Ergebnisse der norwegischen Polarstation Bossekop in Alten, I, Theil. Christiania, 1888 ; vol. in-4°. Comité international des poids et mesures. — Procès- verbaux des séances de 1887. Travaux et Mémoires, tome VI. Paris. Société historique et archéologique de Limbourg. — Publi- cations, t. XXIV, 1887. Ruremonde; in-8°, nine € mt Pre TABLE DES MATIÈRES. CLASSE DES SCIENCES. — Séance du 13 octobre 1888. CORRESPONDANCE, — Annonce de la mort de Rudolf Clausius. — UE etés déposés par MM. F. Leconte et L. Stilmant, — Envoi hommage d'ouvrages. — dns aux SRCHIVES La BR rt partie re travail de M. re ue: l'examen BIBLIOGRAPHIE. — ; t des Néinpidre de Belgique (Edm. de Selys Longchamps): pots par l'aute Mémoire pour servir à l'explication de la carte as ERA je s France: L *Ardenne (J. Gosselet); note par M. Malaise. . Rapports. — Communication au Ministre des rapports : 4 . My. Van Beneden et de M. Van Bambeke sur la communication de M. Ch. Julin relative aux travaux risque de LE session me à Manchester | (1887) par l'Associa itio: sciences . 2% De MM. P.-J. Van on et Briart sur une à de rabside < point de vue paléontologique, les musées de Copenhague et de Stockholm. 3 De M. A. Renard sur une communication de K chain relative : au. * récent tremblement de terre à l’île de Bali + _ Lecture des rapports de MM. Mansion, De Tiity w ve ee Re . . de la théorie de Ia lumière . es st 52 À L covenpiit: ja tré de la nutation diurne dans da discussion des observations ites à l'Obse Loire de ashi 11 adressée au Gouvernement par M. Munck à l'effet de pouvoir visiter, au _sur un‘travail de M. Eug. Ferron concernant les ea fondamentales 6. CLASSE DES LETTRES. — Séance du 8 octobre 1888. NT me en de CORRESFONDANCE, — Annonce de la mort de Théodore Juste. M. Henrard, ésigné pour faire la notice du défunt. — M. Wauters accepte de remplacer M. Juste pour écrire la notice sur J. Van Praet. — M. Faider remet sa notice sur F. Tielemans. — Envoi et hommage d'ouvrages. — L'Académie de Reims adresse son programme de concours pour 1889 et 1890. — M. P. Willems offre sa démission de membre de la Commission | E pour la publication des anciens monuments de la littérature flamande. — Envoi à l'examen d’un travail de M, Ch. de Harlez intitulé : a Yih King. 327 Discours ir earapé au es mraté _ as is pre gr Pio 350 P PORTS. ne Sohéler, 1 Le Roy et Stecher sur un projet de ire dés’ patois wallons, 4 d’après leur phonétique; par M. Zanardel 552 COMMUNICATIONS ET LECTURES. — Le Hans ou : Varie ds nd _ dhistes; ses origines et ses métamorphoses; par le C* Goblet d'Alviella. 555 Eu a ét 2 à on à de à “ CLASSE DES BEAUX-ARTS. — Séance du 11 octobre 1888. _ CORRESPONDANCE. — Dispositions à prendre pour l’exécution de la cantate _ dem. Lebrun. - _— er pesto de ee: * nr à M. Heckers, prix de _de 1888. te vor à l'examen de béorté de Huréats des nt “concours. — Hommage d'ouvrage. — M. Hymans remet pour l'Annuaire sa notice sur Ne De _—. et M _—_— sa notice sur te > Pinchart + serrer DU toNeovis ANNUEL, t:: She littéraire. — aiuphôbis de M. “pat e, Balat et Beyart sur le mémoire concernant les caractères de ù —— flamande du XVIe et du XVIIe siècle. Édifices des Pays- : 360, 564, 565 dé Sujets à d'or appliqué — dé di shibiié d'ardittectié et de ; : este: + 30,380,581 | CLASSE Des BEAUX-ARTS. — Séance du 25 octobre 1888. : 0 nos. — Remerciements pour les iavitations à la séance ne poblique. — M. Rouleau offre la photographie de sa statue an Carnot, — Hommage d’ouv vrage e JUGEMENT pu coxcours ANNUEL. Sujet littéraire. — La lame rauiie a. ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. BULLETIN - DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1888. — N° 11. ne CLASSE DES SCIENCES. Séance du 3 novembre 1888. M. Crériy, directeur. M. Lracre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alph. Briart, vice-directeur ; J.-S. Stas, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Long- champs, G. Dewalque, H. Maus, E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Brialmont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, F. Plateau, Éd. Mailly, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke Alf. Gilkinet, G. Van der Mensbrugghe, Louis Henry, M. Mourlon, P. Mansion, J. Delbœuf, membres; E. Catalan, Ch. de la Vallée Poussin, associés; A. Renard, Ch. Lagrange et L, Errera, correspondants. 3°° SÉRIE, TOME XVI. 27 ( 590 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur et de l’Instruction publique demande que la Classe lui soumette une liste double pour Ja formation du jury chargé de juger la huitième période du concours quinquennal des sciences mathématiques et physiques, qui sera close le 51 décembre prochain. — Voir plus loin, page 391. — Le mème Ministre envoie, pour la bibliothèque de l’Académie, les ouvrages suivants : Portefeuille de John Cockerill, 4° volume, 5° livraison ; Archives de biologie, par Éd. Van Beneden et Ch. Van Bambeke, tome VII, fasc. 1-3; tome VIII, fase. 1-4. — Remerciements. — La Classe accepte le dépôt, dans les archives de l’Académie, de deux plis cachetés ; Le premier, portant en suscription : n° 2, Hommage à J. Plateau ; envoyé le 31 octobre dernier, par M. Félix Leconte, professeur à Tournai; Le second, remis séance tenante par M. Folie au nom de M. Ronkar, et portant en suseription : Influence de la pression dans les piles. — Elle autorise la restitution à M. le lieutenant-colonel Huberty, commandant la place d’Ypres, et à M. Ch. Mee- rens, artiste compositeur à Bruxelles, des communications TS TT EN EE r ( 391 ) qu’ils avaient soumises à l'Académie et sur lesquelles il n’a pas encore été fait de rapport. — La Société médico-chirurgicale de Liège offre un exemplaire des discussions qui ont eu lieu dans son sein le 9 février et le 5 avril 1888, relativement au projet de loi sur la collation des grades académiques. — Remer- ciements. — Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires : 1° Nouvelles recherches sur quelques formules de calcul intégral; par J. Beaupain. — Commissaires : MM. Catalan et Mansion ; 2 Deux nouveaux bryozoaires cténostomes des environs de Naples ; par Éd. Pergens. — Commissaires : MM. Van Beneden, père et fils, et Plateau; 9° Recherches sur les organismes inférieurs; par Jean Massart. — Commissaires : MM. Delbœuf et Errera. ÉLECTION. La Classe procède à la formation de la liste double des candidats pour le choix du jury chargé de juger la huitième période du concours quinquennal des sciences mathématiques et physiques. Cette liste sera communiquée à M. le Ministre de l’Inté- rieur et de l’Instruction publique. ( 392 ) RAPPORTS. Sar l'avis favorable de M. Catalan, le recueil des Mémoires in-4° des savants étrangers renfermera une addi- tion au Mémoire intitulé : Sur quelques formules de calcul intégral; par J. Beaupain. Sur quelques phosphates et arséniates doubles ; par L. Chevron et A. Droixhe. Rapport de M, Spring, premier comonissaire, « Le travail de MM. L. Chevron et A. Droixhe fait connaître deux nouveaux phosphates doubles de magné- sium et de potassium, et trois nouveaux arséniates doubles des mêmes métaux. La préparation de ces sels a pour origine des tentatives faites pour obtenir un phosphate de magnésium et de potas- sium (Mg K PO‘) mentionné dans le Dictionnaire de chimie de Wurtz et dans l'Encyclopédie chimique de Fremy. En observant les prescriptions données dans ces ouvrages, c’est-à-dire en neutralisant une solution de phosphate acide de potassium à l’aide de la magnésie calcinée ou de l'hydrate de magnésium, les auteurs n’ont pu obtenir que du phosphate de magnésium (Mg H PO‘), même en variant les proportions d'hydrate de magnésium. L’insuccès de l'opération fut attribué, avec raison, à l'influence du milieu acide. Pour combattre celle-ci, ( 393 ) MM. Chevron et Droixhe ont ajouté aux réactifs des quantités plus ou moins grandes de bicarbonate de potas- sium. Ils sont arrivés alors à former deux sels nouveaux, insolubles, dont l’un contient une proportion plus. forte de phosphate de potassium quand il prend naissance dans . un milieu plus dense. Ainsi, dans un premier cas, ils ont obtenu le sel répondant à la formule 4 (Mg K PO‘), 2 (Mg H PO‘), 8 H°O; et dans un autre cas, où la solution était environ 2 !/2 fois plus diluée, le sel : 2 (Mg K PO‘) 2 Mg H PO‘, 6 H°0. La proportion de phosphate de potassium peut varier, à l’origine, sans exercer une influence sensible sur le produit. Ces sels, peu stables, sont décomposés par l'eau qui enlève le composé de potassium. Il est possible que dans un milieu acide la tension de dissociation soit trop forte pour permettre l'isolement de ces corps composés à l’état de précipités. Les auteurs ont cherché ensuite s’il est possible d’obte- nir des sels analogues, dans lesquels l’arsenic remplacerait le phosphore. Cette fois, même en opérant en milieu acide, ils ont pu obtenir un précipité ayant la composition donnée par la formule suivante : 2 (Mg K AsO'), 2 (Mg H AsO!), 82 HO; et en milieu alcalin, il s’est formé : 2 (Mg K AsO'), 4 (Mg H AsO'), 11 H°0; (394) enfin, si la solution est étendue : 2 (Mg K As0'), 2 (Mg H AsO‘), 10 HO. On à vérifié ensuite si, dans tous ces sels, on peut remplacer le potassium par le sodium ou le lithium : les résultats ont été négatifs, en ce sens qu’il ne s’est jamais formé que du phosphate magnésique tertiaire plus ou moins hydraté. L'analyse des produits mentionnés plus haut a été bien exécutée ; elle ne laisse aucun doute sur leur composition. Les auteurs ont eu l’obligeance de m'adresser un échan- tillon de leurs sels, ce dont je m’empresse de les remercier. Le travail de MM. L. Chevron et A. Droixhe complétant l’état de nos connaissances sur la formation des sels doubles dérivant de l'acide phosphorique et de l'acide arsénique, j'ai lhonneur de proposer à la Classe son insertion dans le Bulletin de la séance. » Ces conclusions, appuyées par M. Stas, second commis- saire, sont mises aux voix et adoptées. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. P.-J. Van Beneden présente, pour le recueil des Mémoires in-8°, la suite de son Histoire naturelle des Del- phinides de Belgique. ( 395 ) Recherches expérimentales sur la vision chez les Arthro- podes (cinquième partie). — a. Perception des mouve- ments chez les Insectes. b. Addition aux recherches sur le vol des Insectes aveuglés. c. Résumé général; par Félix Plateau, membre de l'Académie royale de Bel- gique, professeur à l'Université de Gand, etc. AVANT-PROPOS (1). Dans l'introduction de la quatrième partie, puis dans le corps même du Mémoire, j'ai insisté sur la nécessité de tenir compte de la visibilité des mouvements, si l’on vou- lait interpréter convenablement la nature des perceptions visuelles chez les Arthropodes en général et surtout chez ceux qui possèdent des yeux composés. Espérant contribuer à vulgariser une notion encore méconnue de la plupart des naturalistes, je consacre le premier chapitre de cette cinquième partie à l'exposé des recherches spéciales que j'ai entreprises sur la perception des mouvements par les Insectes. Le sujet n'était plus absolument original; cependant je crois avoir rendu quelque service en prouvant, par les résultats d’un certain nombre d'observations, c'est-à-dire par des faits, l'exacti- tude des conceptions théoriques. (1) Voyez: Première partie. Bullelin de l’Acad. roy. de Belgique, 3° sér., t XIV, n° 9-10, p. 407, 1887. Deuxième partie. /bid., n° 41, p. 545, 1887. Troisième partie. /bid., t. XV, n° 1, p. 28, 1888. Quatrième partie. Mém. de l’Acad. roy. de Belgique (collection in-8e), t. XLHI ( 596 ). Dans un deuxième chapitre, je reviens à la question intéressante du vol des Insectes aveuglés et je montre, à l’aide d'expériences nouvelles, sur les Lépidoptères noc- turnes, que mon interprétation première était probable- ment juste. Enfin, je résume, dans un chapitre troisième et dernier, l’ensemble de mes études sur la vision des Ta des Arachnides et des Insectes. CHariTRE XIIL Perception des mouvements chez les Insectes. $ 58. — Historique. Depuis que l'homme observe les phénomènes de la nature, on sait que beaucoup d’Insectes diurnes peuvent être approchés de très près et se laissent parfois toucher, pourvu qu’on avance lentement en prenant la précaution de garder sensiblement la même attitude; cependant, au premier mouvement brusque du bras ou de l’ensemble du corps, les animaux sortent de leur quiétude et fuient. . Ce fait vulgaire, bien connu de tous les entomologistes chasseurs, s'explique parfaitement : les yeux de l’Insecte ne lui permettent pas de distinguer nettement la forme des objets (1); mais, comme S. Exner (2) l'a signalé le (1) Toute la quatrième partie est consacrée à la démonstration de ce principe. ‘a E. Exxer. Ueber das Sehen von Bewegungen und die Theorice. usammengesetzten Auges (Sitzungsberichte de l'Académie de Visas LXXIE Band, HI Abtheilung, pp. 165 et suiv. 15 ls 1875, publié en 1876). (397) premier, ces mêmes yeux sont admirablement construits pour la perception des mouvements. Un corps vivement éclairé sur un fond sombre, se déplaçant devant deux yeux composés bombés dont les éléments récepteurs, séparés les uns des autres par des gaines de pigment, sont tournés dans toutes les directions des rayons d’un hémisphère, se trouvera, au début, dans le champ visuel d’un groupe de ces éléments, puis, par suite du mouvement, sortira de ce premier champ visuel pour se trouver dans celui d’un autre groupe, etc. Des - éléments auparavant non éclairés recevront de la lumière, d’abord obliquement, ensuite en plein; tandis que ceux qui étaient primitivement éclairés relomberont dans l'ombre. En d’autres termes, l'excitation lumineuse ne portera pas, à la fois, sur l’ensemble des terminaisons excitables, mais portera successivement, dans le sens du déplacement, sur des séries nouvelles de ces terminaisons. Si l’on me permet une comparaison grossière, les choses ont lieu, a peu près, comme lorsqu'un train de chemin de fer passe le soir devant la façade de mon habitation et éclaire l’une après l’autre, de la lumière émise par ses lanternes, les différentes chambres d’un même étage. Il est évident qu’un résultat identique, c’est-à-dire une perception fort nette du mouvement, sera produit par le déplacement d’un corps obseur se détachant en silhouette sur un fond lumineux, sur le ciel par exemple; enfin que l'Insecte qui marche ou qui vole doit, pour des causes semblables, avoir, par la vue, une notion beaucoup plus claire de l'existence des autres êtres que lorsqu'il est immobile. | | . Cette adaptation de l'œil composé à la vision toute ( 598 ) spéciale des mouvements reste vraisemblable, quelle que soit la théorie vers laquelle on penche, théorie des images cornéennes multiples, ou théorie de la vision mosaïque de J. Müller. A la suite d'Exner que je citais plus haut et qui revint, dans un second travail, sur les mêmes considérations (1), se rangent encore : J. Notthaft (2), Nuel (5), Carrière (4), Forel (5) et Bleuler (6), qui tous arrivent à la conclusion diversement exprimée que la plupart des Insectes voient infiniment mieux les mouvements que les objets (7). (1) Exner. Die Frage von der Functionsweise der Facettenaugen (Biol. Centralblatt. Erster Band, p. 277, 1881-82). oTTHAFT. Ucber di Gesichiswahrnehmungen miietst des Facettenauges (Abhandlungen herausgegeben von der Senckenber- gischen naturf. Gesellschaft. Band XII, pp. 108 et 125. Frankfurt a M. 1880). (5) Nue. Article œil dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, publié sous la direction du Dr Dechambre, 2° sér., XIV, p. 528. (4) Cannière. Die Sehorgane der Thiere, p. 194. München und Leipzig, 1885. (5) Forez. Expériences et remarques critiques sur les sensations des Insectes (Recueil zoologique suisse, t, IV, n° 1, pp. 29, 58, 50, 1 novembre 18 6) Bzeucer. Dans le travail précédent. p. 41. (7) Je désire qu’on ne se méprenne pas sur mes intentions. Je donne le sens général des conclusions; celles-ci sont exprimées d’une façon très absolue par les uns, avec certaines restrictions par d’autres. On se rappellera, en outre, qu'il résulte d'observations de Dugës, de Hutchinson, de Dahl, de Forel et de mes propres recherches (fre et 2e parties), que la perception des mouvements existe aussi, pour des distances variables, chez des Myriopodes, des Aranéides et des Scorpionides, c'est-à-dire chez des Arthropodes ne possédant que des yeux simples. ( 399 ) Je pourrais reproduire iei les exemples que ces auteurs donnent à l'appui de leur thèse; mais je crois qu’il est plus rationnel de les mettre, au fur et à mesure, à côté de mes résultats personnels. Ceux-ci forment deux groupes : 1° les résultats des observations et des expériences fort simples effectuées sur environ une centaine d'espèces d’Insectes en liberté; 2 les résultats d'expériences faites, dans une chambre obseurcie, en employant un orifice lumineux mobile, $ 99. — Méthode employée pour observer la perception des mouvements chez les Insectes en liberte. L'humidité et le froid paralysant presque tous nos Insectes au point de les mettre à la merci de leurs enne- mis, un grand nombre d’entre eux n’entrant en activité que lorsque la lumière est vive et restant immobiles par un ciel couvert (1), je me suis astreint à n’opérer que lorsqu'il faisait beau et vers le milieu du jour. Aucun des résultats signalés ne peut donc être considéré comme entaché d’erreur par suite de l'état atmosphérique ou du manque d'éclairage (2). Les observations ont été faites un peu partout, quand les conditions étaient bonnes : dans mon jardin, au jar- din botanique de Gand, dans des promenades publiques, (4) Voyez le $ 3 de ma notice préliminaire : Les Fnsectes distinguent-ils La forme des objets (Bull. de l’Acad. roy. de Belgique, 5° sér., t, X, n° 8, 1885) et le $ 43 de la troisième partie des recherches actuelles. (2) Quelques cas d'observations à l'ombre sont décrits plus loin avec indication précise des conditions. . ( 400 ) en pleine campagne, enfin dans les dunes du littoral. Les ayant répétées durant deux étés successifs, j'ai pu con- trôler une première série par une seconde, corriger plusieurs inexactitudes et arriver à des données assez précises. Les faits qui m'ont servi de points de départ sont les suivants : lorsqu'on circule dans les allées d’un jardin ou lorsqu’on foule en marchant l'herbe d’une prairie, on voit une parlie des Insectes occupant une zone de quelques mètres à peine de largeur fuir dans diverses directions ; mais si on cesse de bouger, ou, pour parler plus exacte- ment, si on cesse les grands mouvements, car il n’est pas nécessaire de garder une immobilité de statue, la con- fiance renaît bientôt dans tout ce petit monde et, au bout de peu de minutes, parfois de quelques secondes, les Lépidoptères et les Hyménoptères visitent les fleurs à vos pieds, les Libellules passent si près que vous entendez les battements de leurs ailes, et des Diptères se posent effron- tément sur vos vêtements. Ce qui avait inquiété les Insectes, ce n'était donc ni votre forme, ni la couleur dominante de vos habits, ni l'odeur du corps humain, c'étaient uniquement vos mou- vements et, dès que ces mouvements ont pris fin, vous êtes devenu pour ces animaux une chose dont ils se préoccupent aussi peu que d’un tronc d'arbre, d’un pan de mur ou d’un quartier de roc. Entre les mouvements assez étendus que l’observateur effectue soit en marchant, soit en agitant le bras armé ou non du filet à papillons et limmobilité presque complète, il y a naturellement tous les degrés. En outre, les Insectes qui perçoivent immédiatement les déplacements rapides et qui, dans de certaines limites, les perçoivent d'autant mieux que l’objet mobile est plus volumineux, s'inquiètent ( 401 ) peu des déplacements lents de corps à surface restreinte. De là résulte, qu’en"s’arrêtant de temps en temps, puis en avançant la main d’un mouvement gradué (1), il est rela- tivement facile, avec un peu d'expérience acquise, de toucher (2) la plupart des Arthropodes ailés ou même de les prendre à l’aide des doigts. Quant il s'agit d’un simple attouchement et que l’en- semble du corps de l'opérateur conserve la même attitude, les Insectes sont généralement si peu effrayés et com- prennent si mal le danger auquel ils sont exposés, qu'ils ne s’envolent qu’à quelques pas de là, quelquefois à quelques centimètres seulement, sur la fleur ou sur la feuille voisine. Ces expériences sont aisées à répéter; mes enfants s’en amusent, el une de mes filles, âgée de onze ans, imitant ce qu’elle m’a vu faire, a transformé l’expérimentation en jeu (3). Ici, cependant, ainsi que dans toute observation scienti- fique, il faut éviter les causes d’interprétations fausses : l'acte de récolter le pollen ou de le manger, de sucer les liquides floraux, ete., absorbe souvent à un tel point l’atten- (1) IL est parfaitement inutile d'agir avec une lenteur excessive; il suffit qu’it n’y ait ni saccades ni oscillations latérales. (2) Toucher en plein, sur le thorax, sur la tête, etc. (5) La facilité avec laquelle on prend au grand nombre d'Insectes à la main est telle que, formant, depuis quelques années, une petite collection locale d'Hyménoptères et de Diptères, je ne fais presque plus usage du filet. Je me borne à coiffer les Insectes posés du goulot d'un flacon contenant des rognures de papier humectées de quelques gouttes de chloroforme. Bien que l’orifice du vase n'ait que 25 milli- mètres de diamètre, cet instrument élémentaire me suffit pour réaliser en quelques heures de bonnes récoltes. ( 402 ) tion de l’Articulé qui s’y livre que l’animal devient beaucoup moins allentif à ce qui se passe autour de lui (1). … J’ai toujours tenu compte de ect état particulier d’indiffé- rence relative; mais comme de nombreuses espèces appartenant surtout aux groupes des Hyménoptères et des Lépidoptères ne se posent ordinairement que pour buti- ner, j'ai été obligé de comprendre les faits qui les con- cernent dans la liste générale. Les paragraphes suivants renferment, outre le résumé des quelques indications rencontrées dans les ouvrages de mes prédécesseurs : 1° des mesures approximatives des distances où les Insectes étudiés perçoivent les mouve- ments du corps ou du bras de l'observateur; 2 l’énumé- üion d’un grand nombre de formes se laissant toucher ou prendre à la main; 3° des détails de mœurs ou d'allures fournissant des données pour la perception des mouve- ments. Quant aux lacunes existant çà et là dans les tableaux, elles proviennent de ce que les devoirs de ma position et des périodes de pluie amenant de nombreuses interrup- lions forcées dans mes recherches, je ne rencontrais plus certaines espèces pour lesquelles de nouveaux essais étaient nécessaires. On ne doit donc pas en conclure que tel ou tel Insecte faisait exception ou que des expériences réussissaient mal. Un entomologiste pouvant consacrer Lout son temps à ce genre d’études, doublerait et triplerait facilement les listes. (1) Je ne parle évidemment pas d'insectes ayant la tête ou le corps entier engagés dans une corolle tubuleuse comme celle de la Digitale ou dans une fleur infundibuliforme telle que celle d'un Convolvulus. Ce serait absurde. t 405 ) $ 60. — Hyménopières. A. Tenthrediniens, lchneumoniens, Vespiens, Apiens. I est probable que si l’on avait le loisir de parcourir avec soin la longue série des publications ayant trait à l’Api- culture, on trouverait à glaner çà et là quelques faits susceptibles d’être expliqués par la visibilité spéciale des mouvements. N'ayant pu me livrer à une recherche biblio- graphique aussi ardue, en vue d'un résultat d’ailleurs assez mince, je me bornerai à rappeler la découverte Capitale de François Huber (1), qui démontra le premier que les mâles suivent l'Abeille-reine en volant et que l'accouplement a lieu dans les airs (2). À. Forel (3), auquel l'importance de cette poursuite aérienne n’a pas échappé, relate en outre une observa- üon curieuse qu’il a faite sur une Guëêpe : une Vespa germanica chassait sur la paroi d’un péristyle et se jetait (4) F. Husen. Nouvelles observations sur les Abeilles, pp. 45 et suiv. Genève, 1792, (2) On sait que ce fait n’est pas général chez les Apiens. Ainsi, suivant Pierre Huber (Mém. sur les Bourdons, 1802), les femelles de Bourdons attendent le passage d'un mâle sur un mur ou sur un tronc d'arbre en plein soleil, (5) Forez. Expériences et remarques critiques, €lc., op. cit., 1° partie, p. 12. ( 404 ) au vol sur les Mouches posées qui, du reste, lui échap- paient la plupart du temps. En un point de la paroi était planté un clou noir ayant par hasard la grosseur d’une Mouche; or le savant naturaliste vit fort souvent (ce sont ses termes) « la Guêpe, trompée par ce clou, se jeter dessus, puis l’abandonner aussilôt après avoir reconnu son erreur par l’attouchement. Cependant elle était de nouveau induite en erreur par le même clou peu de temps après. » L’immobilité des Mouches posées et du clou, constitue probablement ici la cause première des bévues répétées de la Guëpe. Distinguant mal les formes des corps, elle confondait entre eux deux objets noirs de même dimen- sion. On peut supposer qu'elle n’eût pas hésité entre le clou fixe et une Mouche se promenant à côté. Mes observations personnelles ont porté sur vingt- sept espèces el sont résumées dans le tableau ci-après. (Verso de la page suivante.) Si l’on n’emploie pour le caleul que les chiffres les plus élevés fournis par chaque forme, on trouve que la distance moyenne à laquelle nos Hyménoptères indigènes (les Four- mis exceptées) perçoivent les mouvements des objets volu- mineux, tels que les déplacements du corps ou du bras de l'observateur, est de 58 centimètres. On voit aussi, par le tableau, que la plupart des Insectes de ce groupe se laissent toucher facilement, et que l'expé- rience réussit même dans les cas assez rares où les ani- maux se posent sur autre chose que sur des fleurs. ( 405 ) B. Fourmis. À. Forel dit, dans un de ses travaux : « On m'objectera : pourquoi choisissez-vous les Fourmis? A cela je répondrai qne je connais leurs mœurs... » Jai une réponse tout aussi raisonnable à faire à ceux qui me reprocheraient de n’avoir pas tenté d'expériences sur ces intéressants Hyménoptères : c'est que je les connais mal et que, pour ajouter aux admi- rables et patientes observations de mon savant confrère de Zürich, il faudrait d’abord posséder un savoir à peu près égal au sien. Afin de ne pas trop allonger les citations, je résumerai en aussi peu de mots que possible les résultats principaux de Forel concernant la perception des mouvements par les Fournis : 1° D'une façon générale, ces Insectes voient mal (1). Ainsi, privées d'antennes, mais ayant encore les yeux intacts, les Fourmis ne parviennent plus à regagner leur nid « elles sont entièrement perdues. » Sans yeux et pos- sédant usage des antennes, elles peuvent encore arriver à retrouver leur chemin si on ne leur donne pas une tâche trop difficile (2) ; (4) Forez. Beitrag zur Kenntniss der Sinnesempfindungen der Insekten (Mitthcil, d. Münchener entomol. Vereins, p. 11, 1878). DEM. Études myrmécologiques en 1886 (Ann. Soc. entomol. de Belgique, t. XXX, p. 156, 1886). Grenacuer. Untersuchungen über das Sehorgan der Arthropoden, p- 15. Gôttingen, 1879. (2) Fore. Appendice à mon Mémoire sur les sensations des Insectes (Recucil zoologique suisse, t. IV. n° 4, 20 avril 1888). 3"° SÉRIE, TOME XVI. ‘soseuxixes 4ns JUEULIME RENE “SORA ANS JUEUNNA Eu a or *An Ut UN ANS 904 + Re no ts ‘21191 & JUBANO') + 00F 8 07 re * * ‘A osomngvs vyrydouuwuy “UMBUÂIE ans Jueuring + Mots sn el tt + lo DIN DNNUOMAUDEZ "SAIISOA ANS ++ 09 & 06 7 * ‘IN vimospfanbunb 1499497) ‘S9IQJIT[PUI( ANS JUeEutINg + + 09 & 07 HN MR ME APDADUIAN 140010 DE "p410) RIURINON | "eee 09 R 08 ts + * ‘q snouvta snprduog *SAAJQUO ANS jueuring + 08 e y tt tt wmoutod sntouñpO "SIA IU( ANS JUEUTINE RE RAR NRA ETS D RTE DR DUO ‘OITNO} aun ANS SO | 7 mes. 07 e 0€ RON RER ESS DI0)0s DIU L . L2 LA L L LA L ‘suaq np QUI UN INS 9504 0L s\uatuaanopq re “uen PT * , * ‘A tovbusur vydund " “SOITIN9} SOp ANS PS0q GET “pu, = ‘SAIT ANS Jueuring + 08 R 08 Ft tt T7 anumpiqydouos snsuvnF sr ‘INdJUA -19S{0 9p St *S10} San9isnjd no np . Se . ‘949001 9[ & 921949 BE UOJ no n “10 x ns as SIUAWI9ANOU Sa] IUQUIOUL NE 9)99SUJ, 2P FEI MER mn 110919 9799SuI. aSSIE, 9S 9)99SUJ/T ajronber 8 soxjaur -Nu29 U9 9PUEISI( ( 407 ) *SIUDUIDANOUL XNE SJUAIQGIPUL JUSWNIOSqE S10j18d JUeTqUOS HOANOUY R SO[LOHIP S01908u4 {}) “WMIBUÂIY ANS JUEUIIN *S9SI9A1P SANT} S9P ANS JUEUIMNE ‘SUOPIEUT) ANS JUEUNING queuting ueunng Jueurng ‘jueurnng *SUOPABUT) ANS IUEUIING *S29IqU'T ANS Jueurinq *S99IqU"T ANS JUEUTN ‘ES0IQE9S ANS JUEULINY “apesstyed aun 4ns 2504 *S09IQR'T ANS JUBUIN “jueuring *S][Ina} Sap Ans ?S0q *SOBBIJIXES ANS JUEUIMN *S0IUO ANS JueutINE - » * * + * ‘ds vousnôny sdF +?" vosinamstdy ‘ * * ‘7 umaoudhy snqgwuog tt A MNAOPSNU SNQUIO * * ‘T sauvpido snquog " ? * ‘TT un410710ÿ snquog tt CT SAUS2449) SNQUOY * ‘14 Stusaduno snafyNSg * + ‘dy vaopound shroroon * ‘qyuus »Im9spf yyovbay *ÂM SuWnounuo9 27490694 NID WNIPRQIUF * * * ‘Ld DINAJNAND DIS ‘2 Viopnonutiponb vioydoyuy 9 + ÂY snaonaqnf vuaipuy RE de La “d7 SRIDIAS O4Q PA!) ( 408 ) % Lorsqu'on agite un objet à 1 mètre de distance au- dessus d’un dôme de Formica rufa, ou même au-dessus de Fourmis ouvrières renfermées dans des cages vitrées, ces animaux remarquent tous les mouvements. Il se dres- sent sur leurs pattes de derrière et éjaculent leur venin. La perception des mouvements à lieu par les yeux et non par un autre organe sensoriel, puisque l'expérience réussit très bien malgré l’interposition du verre (1); 3° Les Fourmis voient beaucoup moins bien les objets immobiles. Des Formica rufa n'aperçoivent pas des cocons ou des larves placées dans leur champ visuel et qu'elles cherchent cependant avec ardeur. Dès qu'on déplace un peu ces cocons ou ces larves, l'attention des Fourmis s’éveille et elles viennent reconnaître l'objet de leur solli- citude à l’aide des antennes (2) ; 4 Dans les batailles entre deux fourmilières de For- mica pratensis, l'ennemi n’est vu que de très près et Lors- qu’il se meut. Quand il se tient immobile, il n’est discerné que par l’altouchement des antennes (5); 3° Rappelons enfin le fait bien connu que les Fourmis mâles poursuivent les femelles au vol. (1) Forez. Les Fourmis de la Suisse (Mém. de ba Société helvétique des sciences naturelles, p. 120, 1874), Beitrag zur Kennlniss, etc., op. cit., p. 42. (2) Inem. Beitrag zur Kenntniss, ete., op. cit., p. 15. Inem. Expériences el remarques critiques, 1° partie, op. cit., p. 18. (3) Ioem. /bid., p. 59. ( 409 ) $ 61. — Diptères. La perception des mouvements par les Muscides et l'indifférence de ces animaux vis-à-vis des objets immobiles non odorants, rentrent dans les catégories des notions vulgaires. Exner rappelle à ce sujet que les Mouches se posent sans crainte sur les oiseaux empaillés, exemple qui -me paraît mal choisi, parce qu’on peut supposer que les Diptères prennent d’abord les oiseaux en question pour des cadavres; Nuel, résumant le travail d’Exner, indique le fait plus démonstratif qu'on peut toucher une Mouche à condition d’en approcher très lentement. Cependant, Forel (1) admet chez le même animal la . faculté d'apprécier les distances indépendamment du mou- vement et signale « la sûreté avec laquelle une Mouche mâle se jette sur une femelle à partir du repos » ajoutant : « il est vrai que l’Insecte se meut un instant, mais s’il n'avait pas mesuré son élan au moment du départ, il aurait manqué son but. » Telles sont les seules données rencontrées dans les ouvrages que j'ai pu consulter. Mes propres observations, souvent répétées sur des séries d'individus concernent vingt-huit formes différentes. (1) Forez. Expériences et remarques critiques, ete, op. cit., p. 58. (MO) eh ei 268 CUT PRET He EME *219 “SOTHIBANUL SO Ans pan né _. ns ?SOd | "s[[INa} Sap ANS 950q “jueurnq no [0S 9, ANS PS0 “apuerd oun ans 950q *SOIAIIUIO ANS JUEUTINY GY € 007 08 (LAL “1949n0) 9[ & 9421942 € uOJ NO IUAWOU NE 9199SUL,[ 2P 1U1Y Xn9p + + 810} aun + : 19492001 aSSIE] 9S 9190SUL,T "saunp S2p [ES AT ANS 2504 + "Salqie p S2UO4) ANS 2S04 + “old [Ans go le 77 CF & 0€ *AI{S 9[ ANS 2504 + 09 8 0G *a[[tBINUI UN ANS 2S04 + + D ‘Sa[[Ina; S9p ANS 9S04 an 09 & 0f "SOJUIUIEIT) S9P ANS 9S04 es 0g *Sa[[INF Sp Ans 9S0q + TN ‘ogauerd ou ans gs 09 “AnoJuA *s10} sana/snjd no nn 11009 uo rt ‘y vranuavo vÜvydoouns *"] D42f DUIYODI ‘| SNAa0q EnNUvUD]I * ‘7 su2rn92209 sdoshayr) * “boy supargn vaauauy ‘7 v29v0d00os suda7 * “AIS SnA1S2D Snp'SF * * ‘IIZ S7JNS09S SnlISF 7 © 1 PAK 0!q!4 ‘"] 22904210 ini} * * N Psonoou vindif, A viounuviuoo v1a1doy9h1q * ‘4 D0702a0yf vaoydouar) (4H) i *Sa[[In2} S9P Ans 9504 *sanoy S9P NO SA[[INA S9P ANS 9S0q *SO[[MA} SP ANS 9504 “SOU. P SAN9T ANS 9504 "Sa[IN9} S9p ANS 250q *SO[[MA} S9P Ans 2504 *SAN9f} Sap Ans 9s0q *SIN9 S9p ans 2504 ‘sAn9f} S9) ANS ?S04 ‘san2t S2P NO SOI[INA} SaP ANS ?50q | “efpeanur oun Ans #50 *SIU2UP19X9 ANS P9S0q “019 “Sa[IBANUL SP ANS SAI[IN9} SP ANS ?SO4 + 'Sa][Ina; S9P ANS 2504 afIteanut eun ANS ?S04 “a[[eAnut aun Ans 9S0q *SAn2t SAP ANS 9504 - “sinod 19 spueië sJUouaAnout XNE JU2IHIPUI 9190suf {}) 0 TL RE. HS De | CNRS De * “Sa sn1v0070q snydiñis 4 20710409 snydifiS 1 tosvadhid snydifis +1 suardid puis tt + ‘ sn240ÿ snyrydoyon ns *2S SNAU2D SIJDISUA T MRAOUIU SYDISLUT “TT UINAOISNQUD SJDISUT ‘1 TDOU9) SDS * * + ‘boegg vosn/f vthiuoyora] ‘7 DDA09491$ HÜvydom»oS tt ‘7 momo paoydiyor MNT * * [08 ne 91ŒUIO , & “T 4DS@9 DIJ'oNT 4 09118 OP DISnJ ( 413 ) La distance moyenne à laquelle sont perçus les mou- vements des corps volumineux, calculée encore une fois à l’aide des chiffres les plus élevés, est de 68 centimètres, c'est-à-dire un peu plus grande que celle que l’on observe pour les Hyménoptères. Le tableau montre aussi que les Diptères posés sur un support quelconque où l’on ne peut les soupçonner d’être absorbés par la recherche de la nourriture, se laissent tou- cher assez aisément. J’ajouterai, à cet égard, quelques détails qui ne manquent pas d'intérêt. On s’imagine généralement que pour arriver à toucher les Muscides, il faut user de précautions extraordinaires et ne les aborder que par derrière, de façon que la main ne soit pas dans le champ visuel de l'individu. C’est là une erreur résultant de ce qu’on oublie ou qu’on ignore que le Diptère, out en percevant admirablement les mou- vements, ne voit que très mal les formes des objets. Ainsi des Calliphora vomiloria étant posées, au soleil, sur un mur exposé au midi, je puis, presque à coup sûr, approcher le doigt perpendiculairement au corps d’an de ces Insectes, jusqu’à 1 centimètre environ du dos de Pani- mal, sans qu'il s'envole. Lorsque j'arrête le mouvement à cette distance, la Calliphore devient inquiète et se déplace, mais de quelques pas seulement, ce qui prouve qu’elle n’a rien vu nettement et qu’elle a perçu surtout la présence de mon doigt par l'odorat. Enfin, quand je veux toucher la mouche, j’y parviens en n’accélérant pas trop le mouve- ment pour les quatre ou cinq derniers centimètres à par- courir, tandis que si je brusque ce déplacement, celui-ei est perçu et je manque régulièrement le Diptère. On a vu plus haut que les distances que j'indique pour la visibilité des mouvements sont toujours assez faibles. ( 415 ) Je conseille à ceux qui douteraient encore d’expérimenter sur lInsecte très commun dont je viens de parler. Se plaçant à des distances diverses devant le mor bien éclairé ou le végétal sur lequel les Calliphores sont posées, on effectue de temps à autre nn grand mouve- ment du bras. On constatera ainsi que les Calliphores s’en- volent lorsqu'on se trouve à { mètre ou 1",50 au plus, et qu'à moins d’agiter l’air violemment ou d’être placé de façon à projeter son ombre, elles demeurent indifférentes lorsqu'on se recule plus loin. J'ai déjà dit ($ 59) que les Insectes mangeant du pollen ou suçant le suc des fleurs, spécialement les Hyménop- tères, étaient parfois si absorbés par leurs opérations qu'ils ne faisaient plus aucune attention à ce qui se passait autour d'eux. L’excitation génésique amène des résultats du niême genre; lorsqu'un mâle d’Eristale (£ristalis nemorum) vole en planant au-dessus d’une femelle posée, on peut toucher ce mâle du doigt maintes et maintes fois, lui donner même de petits chocs sans parvenir à l’écarter. $ 62. — Lépidoptères diurnes. D'après un passage de G.-R. Treviranus (1), reproduit peu de temps après par J. Müller (2), les grands Lépidop- tères diurnes se laisseraient approcher jusqu’à 10 ou 15 pieds (3 à 5 mètres) de distance, pourvu que l'on (1) Trevrmancs. Biologie oder Philosophie der lebenden Natur Bd. VI, p. 442. Güttingen, 1822. (2) J. Mürver. Zur vergleichenden Physiologie des Gesichtsinnes des Menschen und der Thiere, p. 559. Leipzig, 1826. ( 414 ) évite de projeter son ombre sur les Insectes ou de faire du bruit (1). L'assertion est irréfiéchie, puisque, dans ces conditions, jamais un chasseur aux papillons ne parvien- drait à capturer‘ une Vanesse ou un Machaon. Exner est bien plus dans le vrai lorsqu'il dit qu’en avançant très lentement on arrive même à toucher un Lépidoptère. Comme on le constatera par le tableau ci-après, les Insectes de ce groupe sont mieux doués que les Diptères en ce qui concerne la vision des mouvements; cependant les distances indiquées par Treviranus et J. Müller sont trop grandes de moitié. La distance moyenne calculée à laquelle les Lépidoptères diurnes les plus communs perçoivent les déplacements des grands objets est 1",30 (1*,50 pour adopter une valeur . d’un sens plus général). La vision des mouvements est done beaucoup meilleure que chez les Hyménoptères et les Diptères, puisque les Papillons distinguent ces’ mouvements à une distance double, Mais prenons garde d’en déduire que la vision proprement dite, c’est-à-dire la perception des contours, soit plus nette pour les Arthropodes en question que pour les autres. Cette vision est tout aussi confuse, comme le prouvent la facilité relative avec laquelle on prend les Papillons à la main et le fait suivant sur lequel j'appelle l'attention. (1) Le bruit, sans agitation spéciale d'air, ne peut être indiqué ici comme cause. La plupart des Lépidoptères semblent être sourds. ( 415 ) ‘Sa[[IN9p S2p ANS 9504 + 007 "Sa[{IN2] Sap Ans ?S04 + 007 ‘queurng d ‘+ nn *S9[LIN2y Sop Ans ?S04 d ‘+ 0Y “JueurIng d ‘+ OGF & 007 “afpteinut aun ANS NO UOSSINE UN ANS PS0 | * * * * * * * 006 € 08 ‘HIS ne Anut Un ANS 9S04 d'‘++ OGF & 00 ‘TIUS ne 941191 LR 904 d°+ F & 007 ueuring d'‘+ 0£ ‘jueunng d ‘+ 007 8 C8 *ueunng d ‘+ 007 & 02 ‘jueurng d ‘+ OST & 007 “Jueuring d ‘+ 008 * 007 "paix np ans quéunng | * * * + * 00F "An97eA *SI8I0p SO] 241U9 91pPUTAd 97 8 110$ 1249001 9[ R J0S JUYMÈU2 E UO] no IUOWIOU LE 9199SUL, 9P 1814 *“d S1810p nl axua 91puoud ‘+ 4949n01 SSIEL 9$ 9199S1],] -19S{0, 9P SEiq np uo sdioo np SJUAHAANOUL SJ Wodto 97998uJ,I 199 U2 20U8]SI{ . * * ‘r] 27209 SAIS "+ ‘ 0496] sn4ñms L snyiuntodfipg snañignS "y ouung sn4ims . “" 0] DSS2UVA * ‘| DIUDIDIF DSSAUDA * tr] 2090AN DSSAUD { “7 so40pyohjod nssaur 4 * ‘AIN S2409] Duo * Cf HUUDYA DA290POYY 7 roue snvuuoñ)od * + qidvou stw14 20918804 Sd "T uovyovy oo ( 416 ) Les collectionneurs de Lépidoptères diurnes citent un certain nombre d'espèces qui, lorsqu'elles ont échappé à un coup de filet malheureux, reviennent se poser à peu près à l’endroit où l’on avait essayé de les capturer (1). Cette façon de se comporter résulte évidemment de ce que les Papillons, comme tous les Arthropodes munis d’yeux composés, voient surlout les mouvements et ne distinguent que très mal les formes. S'il en était antre- ment, les Lépidoptères reconnaitraient l'être qui vient de les effrayer et ne retourneraient Ac élourdiment se mettre à sa portée. Dans les chasses de mes débuts à naturaliste, j'avais observé, sans me l’expliquer, la particularité rappelée ci- dessus. Anjourd’hui que le phénomène n’a plus pour moi rien de mystérieux, je parviens quelquefois, en agissant sans brusquerie, à toucher du doigt le même Papillon à plusieurs reprises, sur l'abdomen, sur le thorax, sur la tête même (2), et cela en plein soleil, alors que l’Insecte n'est pas absorbé par la succion des liquides d’une fleur ou de la sève qui découle d’un tronc d'arbre. Ce qui précède est probablement vrai aussi pour les Lépidoptères nocturnes. Ainsi,un soir du mois d’août (vers 9 heures), de nombreux Plusia gamma (3) volaient au- dessus d'une plate-bande de Dianthus barbatus. Comme je restais immobile, les animaux circulaient avec confiance (1) Voyez, par exemple, Cuenu. Encyclopédie d’histoire naturelle, Papillons, 1°" vol., pp. 104 et 150 (2) Vanessa urticae, par exemple. (3) Je n'oublie pas que le Plusia gamma vole aussi en plein jour; mais c’est surtout le soir qu'il plane, la trompe étendue, au-dessus des fleurs. ( 417 ) autour de moi et, quoique je fusse obligé de me pencher à cause de l'obscurité qui m'empêchait de distinguer net- tement, je pus toucher à peu près tous les individus qui s’'approchèrent suffisamment. Après chaque contact, la Noctuelle touchée décrivait en volant un arc de cercle d’un demi mètre environ de rayon, puis revenait au même groupe de fleurs ou à un groupe peu distant. $ 65. — Odonates. Les allures des grands Odonates (Libellula, Cordulia, Aeschna, etc.) et le volume considérable de leurs yeux à faceltes ont fait regarder ces Insectes, par beaucoup de naturalistes, comme doués d’une vue remarquablement nette. Swammerdam (1), l’un des premiers, a appelé l’atten- tion sur ce fait que les Libellules capturent leur proie en volant. C’est probablement au même trait caractéris- tique de mœurs que Marcel de Serres (2) fait allusion lorsqu'il écrit : « l’on sait à quelle distance l'Insecte car- nassier, comme l'oiseau de proie, aperçoit l’objet dont il veut faire sa pâture.….. » Treviranus (3) et J Müller (4), dans le passage que j'ai cité à propos des Lépidoptères, (4) Swammenpam. Biblia naturae. Édition de Leyde in-folio, t. IH, p. 502, 1757-1758. (2) Mancez ne Serres. Mémoire sur les yeux composés et les yeux lisses des Insectes, ete., p. 1. Montpellier, 1815. (3) Tnevinanus. Biologie, ete., op. cit., p. 442. (4) 3. Müzer. Zur vergleichenden Physiologie, ete., op. cit., p. 559. ( M8 ) adrmettent que, malgré des précautions, on ne peut appro- cher les grands Odonates à moins de 3 à 5 mètres. Thompson Lowne (1) suppose que des Libellules distin- guent des objets d’un centimètre de diamètre à 6 mètres de distance. A. Forel (2), dont je reproduis en partie le texte pour avoir une base de discussion, s'exprime comme suit : « La plupart desentomologistes ont observé avec quelle finesse et quelle sûretéles Libellules, qui, de tous nos Insectes, sont, sans Comparaison, Ceux qui voient le mieux, distinguent, poursuivent et attrappent au vol les plus petits Insectes... » Leurs chasses aériennes ressemblent à celles des Hirondelles. Chacun peut facilement s'assurer soi-même, en essayant de les atteindre, combien les Libellules s'amu- seront à se moquer de lui en le laissant toujours appro- cher juste assez ponr ne pas se laisser prendre... On peut voir ainsi à quel point elles savent mesurer la distance et la longueur de leur ennemi. C’est un fait certain : les Libel- lules (à moins que le froid ou le soir n'arrive) s’arrangent toujours à voler Juste à la distance où l’entomologiste ne peut les atteindre et voient fort bien si l’on est armé d’un . (4) Tuowrsox Lowne. On the Modification of the simple and compound Eyes of Insects (Philos. Trans. of the Royal. Soc. of London, vol. 169, part IE, p. 595, 14879). (2) Forer. Expériences et remarques critiques, etc., op. cit., re partie, pp. 12 et 15. Forel renvoie, en note, à Meyer-Dür (Mittheilungen der schweizerischen entomologischen Gesellschaft, vol. IV, n° 6, pp. 520 et 557, 1874). « L'auteur, dit-il, décrit les habitudes des Libellules et leur bonne vue avec une grande vérité et une connaissance approfondie des faits... » ( 419 ) filet ou si l’on n’a que ses mains (1); on dirait même qu’elles mesurent la longueur du manche du filet, car l’on n’est pas moins déçu ainsi qu’ainsi. Elles éloignent leur vol précisément de la longueur dont on allonge son instru- ment, quelque peine qu’on se donne pour le cacher en le relirant et en le jetant tout à coup... » Enfin Lubbock, dans l’intéressant ouvrage : On the Senses, Instincts and Intelligence of Animals (2), qu'il vient de publier, cite, encore une fois, les Libellules, pour prouver la netteté de la vision chez certains Insectes. Habitant un pays de prairies coupées de nombreux cours d'eau el où les Odonates foisonnent pendant tout l'été, j'ai trop observé les mœurs de ces jolis animaux pour leur refuser une vue meilleure que celle de la plupart des autres Insectes; cependant j'estime que tout, ou presque tout, ce qu'on décrit au sujet de l'adresse des Lihellules peut s'expliquer, non par la netteté des images qui se forment dans leurs yeux, mais par une perception très claire du mouvement. Bien que Forel ne le dise pas d’une façon expresse à propos des Odonates et qu'il insiste plu- (1) J'ai interrogé, à ce sujet, des confrères spécialisant l'étude zoologique des Névroptères et des Odonates. Leurs réponses, je dois le dire, confirment entièrement le passage emprunté à Forel. Pour eux, plusieurs formes de Libellules et surtout les Aeschna sont extrêmement difficiles à capturer. Ils m'ont répété spontanément que certaines espèces ont l'air de se douter de la longueur du manche du filet, On doit avouer que c'est prêter à ces animaux des raison- nements bien complexes, et d'autant moins admissibles que les entomologistes ne sont pas encore assez nombreux pour que Îles Insectes en question aient pu faire leur éducation quant aux engins employés à les capturer et puissent transmettre, par hérédité, cette association spéeiale d'idées à leurs descendants. (2) /nternationat scientific Series, vol. LXV, p. 171. London, 1888. ( 420 ) tôt sur l'appréciation des distances, je crois qu’on peut déduire de l’ensemble de son Mémoire qu’il pense au fond comme moi. Ma conviction quant au rôle prépondérant de la visibilité des mouvements dans les allures des Insectes dont il est question ici, repose sur une longue expérience. Laissant de côté mes chasses de collectionneur, je rappellerai que, pour mes recherches expérimentales successives, Sur la force musculaire (1866), Sur la position du centre de gra- vilé (1872), Sur les phénomènes de la digestion (1874), Sur les mouvements respiratoires (1884), Sur la vision (1885 à 1888), j'ai dû capturer bon nombre de ces ani- maux dans des conditions toutes particulières; il me les fallait éntacts, vivants, el en quelque sorte à point nommé. Le 4° du $ 54 (quatrième partie, chapitre XP) renferme déja la description de quelques-unes de mes observations sur les Libellula vulgata et EL. fulva ; j'y attire l'attention sur ce fait que les Libellules, comme certains Lépidop- tères, retournent à l'endroit même où on les a manquées une première fois, prouvant ainsi qu’elles n’ont été effrayées que par le mouvement effectué et qu’elles ne reconnaissent, quoiqu'on dise, ni le chasseur, ni le filet. Afin de préciser, j'ajouterai que le filet dont je fais usage est, en apparence, l'engin le plus défavorable; il est en gros lulle blanc, par conséquent très visible,et se monte sur une simple canne de 80 centimètres de longueur. C’est armé de cet instrument que j'ai pu, au milieu du jour et, par un temps chaud, constater ce qui suit sur des Libellula fulva Müll (L. Conspurcata, V. 4. Lind.), L. Qua- drimaculata L., Cordulia metallica, N. d. Lind, Gomphus pulchellus Selys, Brachytron pratense Müll, Aeschna cyanea Müll, Aeschna Grandis L. et Calopteryx virgo L., toutes formes à allures rapides. (421) a. Lorsque l’Insecte est posé, il est généralement facile de le capturer, pourvu qu’on avance lentement et que l'approche puisse se faire sans courber les roseaux et sans agiter de branches. Si l'Odonate s'envole avant que le filet soit assez près, il faut rester dans la même position, le bras tendu; on a grande chance que l'animal revienne planer au-dessus du filet ou se poser de nouveau, soit à la même place, soit à quelques décimètres de là. Dans ce cas il suffit d’un coup sec pour le prendre. b. Lorsque les Odonates volent le long des bords d’une rivière ou d'un étang, ces êtres, loin de s’apercevoir qu’on est muni d’un instru- ment de capture, loin de mesurer la longueur de la canne, en un mot, loin de faire preuve de raisonnements dont ils sont parfaitement incapables, n’évitent le filet que si celui-ci est en mouvement. En effet, le meilleur moyen de s’en emparer, quand la nature des berges permet d'approcher assez du bord de l’eau, consiste à tendre franchement le filet en avant. Alors, si l’on conserve soi-même une immobilité suflis- sante, les Libellules et les Aeschnes ne se détournent pas et on parvient souvent à cueillir, d’un mouvement court et vif, celles qui passent à portée. J'ajouterai encore ceci, a propos de l'opinion émise par Forel et par d’autres que les Odonates paraissent mesurer les dimensions du manche du filet : lors de mes anciennes expériences à l’aide d’orifices de formes différentes percés dans les volets d’une chambre obscure, on m'a reproché, avec raison, de supposer, chez les Insectes, l'asso- ciation d'idées qui leur permettraient de comprendre que telle ouver- ture est praticable et que l'ouverture voisine ne l’est pas (1). Or, il est au moins étrange de voir les auteurs mêmes de cette objection fondée admettre, lorsqu'il s’agit de Libellules, un raisonnement aussi étendu, si pas plus complique, (4) Voyez quatrième partie, chapitre IX, & 48 et chapitre XII, $$ 55 et 56. 3°* SÉRIE, TOME XVL. (42) c. Tandis que ces animaux sont momentanément posés sur des roseaux ou qu'ils volent soit au bord des marais, soit dans les clai- rières, tout ce qui est mobile attire leur attention et ils se précipitent brusquement vers d’autres Insectes qu'ils ne mangent pas, et même vers leurs semblables, autour desquels ils décrivent quelques zigzags pour les abandonner ensuite dès que l'erreur est reconnue. Ici on sera tenté de me répondre que la copulation des Anisoptères s'effectue au vol, et que ce que j'ai pris pour des erreurs résultant de la perception des mouvements avec absence de vision nelte des formes, n'était qu’une manifestation de l'instinct de reproduction. Cette critique serait juste, si le fait relaté ne se passait qu'entre individus de la même espèce; mais l'observateur suffisamment patient pourra s'assurer que l’acle en ques- tion à lieu entre Libellules et Lépidoptères, et entre Odo- pates non seulement d'espèces, mais de genres différents. Ainsi j'ai vu des Libellula fulxa quitter brusquement la pointe d'un roseau pour se jeter sur des Papillons (Saty- rus), décrire des crochets brusques autour de ces proies illusoires, puis retourner au même support. J'ai vu et revu, au bord d’un étang sillonné de centaines d'Odonates, des Aeschna cyanea, au vol, se précipiter vers des Libel- lula quadrimaculata, chaque fois qu'un de ces Insectes, cependant si différents, passait à une faible distance. Le crochet latéral effectué et la nature de l’animal en mouve- ment vaguement reconnue, les Aeschna reprenaient leur direction rectiligne (1). (4) Bneus (Les Insectes. Trad. franç., t. I) avance que les grands Odonates font eux-mêmes la police de leur chasse et, p. 496, il dit, à propos de l'Aeschna grandis : « elles voltigent..… le plus souvent ( 425 ) Admettons que l’instinet de la reproduction fût en jeu, il n’y en avait pas moins erreur grossière sur la forme, et illusion provenant de la visibilité des déplacements. Ce qui précède suffit, me semble-t-il, pour réduire à de justes proportions ce que l’on pourrait appeler la légende des Libellules, et j’engage les naturalistes qui conserve- raient des doutes à cet égard à recommencer leurs obser- vations, en ayant, cette fois, bien présent à l'esprit le principe général que les Insectes munis d’yeux composés ne voient les contours que d’une façon confuse et per- coivent surtout les mouvements; ils seront témoins de faits curieux et, s’ils ont la patience de régler leurs actes Suivant le principe en question, ils ne tarderont pas à reconnaître l'exactitude de mes interprétations. Pour terminer, voici quelques indications sur les dis- tances où les mouvements sont perçus par un certain nombre d’espèces., Je regrette vivement que des circon- Stances indépendantes de ma volonté ne m'aient pas permis de réunir les éléments d’une liste plus longue. isolées, car FT d'elles défend avec üne ardeur farouche son territoire de chasse et n’y supporte aucune rivale ». Cette opinion est erronée et me semble le résultat- d'observations superficielles. Quelques jours avant d'écrire ces lignes, j'ai assisté pendant une demi-heure aux manœuvres de deux Aeschna grandis chassant ensemble dans un espace d'environ un demi-hectare. Chaque fois que les hasards du vol les amenaient en présence, elles décrivaient quelques zigzags l’une autour de l’autre et c'était tout. Dans nos Flandres il n’est pas rare de voir deux et même trois Aeschna parcourir durant longtemps la surface du même champ de trèfle, (424) "Sopultuei) ANS 2504 "SAQUIUIEIT ANS 9S0d "SOQUIUIEI) ANS ?S0d ‘XNP9S0Y ANS 9504 "JUEIOA “JUELOA "SOQUIUIEI) ANS PS0 *SAJQUE S101) & aurez as 110anod ajquuos uordeotod ej juatuanex SQL (}) *SONQUNU02 0% E 0E ‘S01JQUINU90 09 & 0 SONQUU2 09 E 08 "SOAQUIU00 08 € OP *SIQU & 8 F ‘SaQu GR} ‘(F) Su & & Ou "aaua1194x9 | ep Juauou ne 2129SUL 9p 1814 *AN91EALIS AO [ 2P SEIQ np no sdioo np sJuau9AnOUt 9] 1109194 2199SUT.] opjonbe] re souuSIQ . “dieq) unaobryrofo (ubopouz) uouby . “TD ‘A suvboge (vanuyos) uoubY + + j'p'A wnyayoqgnd uouby * * ‘WOSUE DsUOdS s2/52T * ‘y stpuvAil vuy9s2y * ‘NN v2uvfño puyosay "T vm6pna (xwydiq) vin112qr1 ( 425 ) Les mouvements peu étendus 5e peut objets ne som naturellement perçus qu'à des dista es ainsi, la Lestes viridis V. d. L. ne voit les mouvements des doigts ou de la main qui cherche à la saisir qu’à 10 cen- timêtres, l’Agrion elegans, qui s'envole pour des mouve- ments du bras effectués à 50 on 60 centimètres, ne distingue non plus ceux de la main qu'à 10 ou au maximum à 20 centimètres. Il en résulte qu’avec un peu d'adresse, on arrive à toucher les Odonates comme les Lépidoptères (voyez le tableau du $ 62) ; l'expérience est facile pour les Zygoptères (Agrionides), mais elle réussit aussi pour les Anisoptères ; en plein soleil, j'ai pu toucher des Libellula vulgata, et je me propose de répéter les essais sur nos autres formes indigènes, dès que la saison favo- rable et quelques loisirs me le permettront. $ 64. — Orthoptères. Bien qu’il soit connu, depuis longtemps, que les Orthop- tères Locustiens et Acridiens sautent ou s’envolent lors- qu’on les approche sans précautions, les divers ouvrages consultés ne m'ont fourni aucune indication spéciale quant à la perception des mouvements. Je ne puis donc rendre compte que de mes observations personnelles. Un premier fait intéressant nous est fourni par les Forficules : tandis que tous les autres Orthoptères voient les grands déplacements des objets à une distance géné- ralement voisine de 40 ou 50 centimètres, la Forficula auricularia semble ne rien percevoir de ce genre à aucune distance. Les essais variés que j'ai faits à l'air libre et dans le laboratoire pour constater la perception des mou- ( 426 ) vements par cel Insecte sont toujours restés sans résultats appréciables. On serait tenté, au premier abord, d'attribuer cette -particularité curieuse à la structure exceptionnelle des -yeux, Carrière (1) ayant montré, en effet, que les organes visuels des Forficules sont dépourvus de cônes cristallins et rentrent, par conséquent, dans la catégorie des yeux acônes de Grenacher. Mais cette explication est évidem- ment erronée, puisque les Diptères du genre Tipula, qui possèdent des yeux acônes typiques, voient les déplace- ments aussi bien que la plupart des autres Insectes, et s'envolent lorsque le corps en mouvement est à 50 ou 60 centimètres (voir le tableau du $ 61.) Le lecteur pourrait faire remarquer que les Forficules sont lucifuges et qu'il n’est, par suite, pas étonnant que des expériences effectuées dans le jour ne fournissent pas de résultats. Ici encore le raisonnement tombe à faux, : car : {° les essais effectués le soir (à 7 heures le 3 sep- tembre) n'ont pas mieux réussi que les précédents; et -2 la Blatte (Periplaneta orientalis) ainsi que la Courti- lière (Gryllotalpa vulgaris), dont les habitudes nocturnes sont connues, perçoivent parfaitement, au milieu de la journée et en pleine lumière, les grands mouvements que l’on fait dans leur voisinage ; la Blatte fuit, la Courtilière gratte le sol pour s’enterrer. Il est bien entendu que, dans les expériences sur la visibilité des mouvements, il faut toujours éviter de détér- miner des trépidations du support sur lequel l’animal est 2148} Cannière. Die Sehorgane der Thiere, p. 139, fig. 110. (497 ) posé ou des ébranlements de l'air, ébranlements probable- ment perçus par l'intermédiaire des antennes et des cerques. Ainsi une Gryllotalpa complètement aveuglée par l'application de plusieurs couches de couleur à l'huile noire sur les yeux simples et les yeux composés, manifes- tait incontestablement de l'inquiétude lorsque j'agitais l'air, à l’aide de la main, à 30 ou 40 centimètres au-dessus de son corps; l'Orthoptère s’arrêtait brusquement quand il était en marche, ou se mettait en mouvement si l’agita- tion de l’air le surprenait pendant une phase de repos. Chez les Orthoptères diurnes, de même que pour la majorité des Insectes, la visibilité des mouvements dépend de l'intensité de l’éclairage : la Sauterelle verte (Locusta viridissima) à la lumière diffuse de l'intérieur d’une Chambre, ne voit pas les déplacements du doigt ou d'un autre Corps de dimensions analogues même à un centi- mètre de distance; en plein air, par un beau temps, alors qu'elle est posée à l'ombre, elle se laisse facilement approcher et prendre entre deux doigts; elle ne com- mence à manifester une certaine inquiétude que lorsque la main n’est plus qu’à 10 centimètres ; enfin, au soleil, l'Insecte perçoit parfois les mouvements du chasseur à un mètre et se dissimule alors brusquement en passant à la face inférieure d’une feuille. Quant aux petits Orthoptères communs de nos prairies ou des dunes du littoral, Platycleis grisea Fab., Stenobo- thrus biguttulus L., Oedipoda cærulescens L., observés dans de bonnes conditions, ils ne voient réellement les grands mouvements (mouvements de marche, mouvements imprimés au filet de tulle blanc, etc.) qu’à 40 centimètres au maximum, ( 498 ) $ 65, — Coléoptères. Thompson Lowne (1), s'appuyant sur des considérations anatomiques, a avancé que la distance de vision distincte devait être fort courte chez les Coléoptères. Les expé- riences relatées dans le $ 50 de la quatrième partie nous permettent de substituer à ces suppositions théoriques une donnée positive : la vue des Coléoptères est ordinaire- ment mauvaise à toutes les distances. Parmi nos espèces indigènes, les Cicindèles {Cicindela hybrida et C. campestris) seules, semblent percevoir les déplacements.des corps mobiles avec une netteté compa- rable à ce qu’on observe, par exemple, chez les Lépidop- tères diurnes. En effet, il est difficile, en marchant, c'est- à-dire en faisant mouvoir un corps volumineux, d'approcher de ces Insectes à moins d’un mètre et, en expérimentant à Pair libre, à l'ombre comme au soleil, j'ai constaté que la C. campestris voit les oscillations d'un simple bâton, ou d’un objet de dimensions restreintes, à 50 ou 60 centi- mètres. ; Sauf pour ces formes privilégiées, la vision des mouve- ments paraît bien confuse chez le plus grand nombre des Coléoptères, même chez les Carabiques, dont les allures rapides et les mœurs feraient cependant supposer le contraire. Des Carabus monilis et C. nemoralis convenablement (1) TaomPson Lowxe. Modification of the simple and compound Eyes of Insects (Philos. Trans. of the Royal Society of London, vol. 469, part II, p. 598, 1879). Li L ( 429 ) nourris et très vifs restaient parfaitement indifférents aux déplacements des objets que j’agitais dans leur voisinage, el ne réagissaient jamais que lorsque je les touchais directement. Le Carabus auratus se montra un peu plus sensible: un individu dont les antennes étaient coupées depuis plus de cinq jours, qui ne pouvait, par conséquent, sentir les légers ébranlements de l'air par l'intermédiaire des appendices antennaires, ayant été lâché sur le parquet d'une chambre, se détournait de sa route, pendant des instants fort courts, lorsque je déplaçais un peu brusque- ment, soit vers sa droite, soit vers sa gauche, une petite plaque verticale de carton ou de liège fixée à l’extrémité d’une canne (voyez quatrième partie, pl. IV, fig. 15.) La vision des mouvements par les Dyticides semble aussi réduite à peu de chose; je nourrissais, depuis plu- sieurs semaines, de viande crue et de vers de terre, un Dytiscus dimidiatus placé dans un bocal plein d’eau. Or, l'attention de l’Insecte n’était attirée ni par les contorsions d'un Lombric suspendu par une de ses extrémités sous la surface du liquide, ni par les oscillations imprimées à un fragment de viande soutenu dans l’eau par un bout de fil. Le Dytique nageait çà et là, sans rien voir, et il fallait que le hasard le fit se heurter en quelque sorte à la viande ou au ver pour qu'il se fixàt sur sa proie et y enfonçàt ses mandibules (1). (1) Forez (Expériences et remarques critiques, 2° partie, op. cit, p- 256) cite, il est vrai, un Dytiseus marginalis qui se meltail en mouvement dès qu’il voyait l'auteur entrer dans l'appartement, qui sautait hors de l’eau, saisissait la nourriture qu'on lui donnait, ete, Les faits sont certainement exacts, ear, comme Forel, j’ai observé, ( 450 ) Cette absence de perception contrastait vivement avec les faits que m'offraient à la même époque de petits Ver- tébrés aquatiques d’une taille analogue à celle des Dytiques: des Épinochettes (Gasterosteus pungitius L.) s’élançaient, comme des flèches, à partir de 30 ou 40 centimètres de distance, sur les plus petites proies que je leurs jetais. Les Coléoptères non carnassiers ne m'ont guère fourni de résultats, et je ne puis gaère citer que le Geotrupes syl- vaticus qui donne des preuves évidentes de la visibilité des mouvements : un exemplaire privé d'antennes depuis deux jours percevait, à une dizaine de centimètres, les mouve- ments quelque peu rapides de la main; il s’arrêtait chaque fois et baissait brusquement la tête vers le sol. $ 66. — Expériences dans une chambre obscurcie. Dans Ja quatrième partie (chapitre XII, $ 55) j'ai rendu compte d'expériences variées prouvant qne les Insectes volants, lâchés dans une chambre dont les fenêtres sont garnies d'écrans percés de deux ouvertures de formes dis- semblables, s’orientent fort bien, mais sont incapables de distinguer la différence existant entre l’orifice qui peut lar- par exemple sur des Araignées, que des Arthropodes peuvent s’apprivoiser jusqu’à un certain point; mais l'interprétation de ces manifestations est probablement fausse en ce qui concerne la vision : plongé dans un bocal plein d’eau, le Dytique ne pouvait voir ce qui se passait au dehors. Tout le monde a eu l’occasion de s'assurer que, dans les aquariums publics, les animaux ne s'inquiètent nullement des mouvements des visiteurs. Le Dytique reconnaissait qu'il allait recevoir de la nourriture à la trépidation imprimée au liquide ou pour une autre cause, la vue n’intervenant pas. ( 451 ) gement leur livrer j passage et celui dont la configuration ne permet pas la fuite. Ce genre d'essais m’a suggéré l’idée d'offrir aux animaux le choix entre deux ouvertures de mêmes dimensions et de mêmes formes, dont l’une serait immobile et dont l’autre serait animée d’un mouvement continu. Je faisais ce rai- sonnement très simple que, puisque les Insectes munis d'yeux composés perçoivent si bien les déplacements des objets, ils devraient voir beaucoup mieux un orifice mobile qu'un orifice fixe et que, par conséquent, lâchés dans la chambre obscurcie, ils se rendraient en général de préfé- rence à l'ouverture en mouvement. Utilisant donc le matériel décrit (quatrième partie, $ 55) et représenté planche IV, figure 12, je conservai à gauche un orifice immobile, mais je munis l’écran de droite d’un système tournant que je vais décrire brièvement en lais- sant de côté des détails de construction très délicats qui n'intéresseraient guère le lecteur. La portion de l'écran droit portant l’orifice se compose (pl. V) d’un grand disque vertical D de 55 centimètres de diamètre, monté sur un axe horizontal et mis en rotation par un apareil à poids. Toutes les précautions ont été prises pour éviter les causes d’erreurs : ainsi le disque est constitué des mêmes matières que l'écran de sorte qu’il laisse passer la même quantité de lumière et qu’il se confond avec la surface générale, Grâce à des rebords modifiés par tàtonnement aucun jour ne filtre entre entre le disque et la portion fixe de l'écran. De plus, le mouvement est doux, sans saccades el sans bruit. La distance entre le centre de l'orifice mobile et l'axe du disque étant de 49 centimètres et le disque effectuant ( 432 ) une rotation en 1”,7, il en résulte que l'œil humain suit parfaitement le mouvement et qu'il n’y a, pour cet œil, aucune confusion résultant de la persistance des impres- sions. L'orifice fixe de gauche (f) et l'orifice tournant de droite (») ont tous deux 10 centimètres de côté ou 100 centimètres carrés de surface. Ces dimensions peuvent être diminuées à volonté. Enfin l'un et l’autre sont munis d’une vitre dépolie. En résumé, les Insectes, accoutumés au demi-jour qui règne dans l'appartement, puis lâchés, avaient réellement le choix entre deux ouvertures identiques en grandeur et en forme, l’une immobile, l’autre décrivant, avec une vitesse modérée, un cerele de 58 centimètres de diamètre. Trois cas pouvaient se présenter : ou bien les animaux seraient altirés par l'ouverture mobile et s’y rendraient presque toujours, ou bien ils seraient elfrayés par le mou- vement de cette ouverture, chercheraient à l’éviter et pré- féreraient en général l'orifice fixe, ou bien encore ils feraient preuve d’indifférence et se porteraient tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Or, à mon grand étonnement, ce fut le troisième cas qui se réalisa, les Insectes ne témoignèrent ni répulsion, ni préférence pour l'ouverture tournante et, cependant, comme je vais le montrer, ils percevaient certainement le mouvement de celle-ci. Les expériences nombreuses (plus de 130 essais) por- tèrent sur les espèces suivantes : Apis mellifica, Bombus hortorum, Calliphora vomitoria, Pieris brassicae, Pieris napi; c’est-à-dire sur des Hyménoptères, des Diptères et des Lépidoptères diurnes. (453) Les résultats peuvent se grouper comme il suit : A. Orifices de mêmes dimensions (tous deux de dix centimètres de côté), laissant passer des quantités de lumière sensiblement égales : les Insectes montrent l'indifférence la plus complète et volent à peu près un nombre égal de fois vers l'ouverture fixe et vers l'ouverture mobile. B. Orifices de mêmes dimensions, mais laissant passer des quantités de lumière inégales. On à atténué tantôt l’éclat du carré fixe, tantôt celui du carré mobile, par l'application d’une ou deux couches de papier à calquer : les animaux se rendent plus souvent à l’orifice le plus lumineux, qu’il soit immobile ou tournant. C. Orifices de dimensions inégales, l’un ayant dix centimètres de côté et l’autre cinq seulement : les Insectes se dirigent de préférence vers l’orifice le plus grand, que cet orifice soit fixe ou qu'il soit animé d’un mouvement de rotation. Tout cela signitie que, comme dans les expériences à l’aide d'oritices de formes différentes, les Insectes choisis- saient en général l'ouverture la plus lumineuse ou l’ouver- ture qui leur paraissait la plus grande, et cela sans que l'immobilité ou le mouvement de l'ouverture en question füt pour rien dans le choix manifesté. Si les faits observés s’étaient bornés là, on pourrait, à la rigueur, trouver dans les résultats ci-dessus un argu- ment pour soutenir que la perception du mouvement n'existe pas; mais un détail fort curieux, dont je n'ai pas encore parlé, prouve incontestablement que le mouvement de rotation de l’orifice mobile était parfaitement perçu. Lorsque les Insectes volaient vers l'ouverture fixe, ils s’y portaient en droite ligne ou à très peu près; au contraire, lorsqu'ils se dirigeaient vers l'ouverture tournante ils décri- ( 454 ) vaient souvent une large hélice à axe horizontal, traçant ainsi dans l’air un véritable pas de vis et cherchant, en apparence, à combinér leur progression horizontale avec le mouvement tournant de l’orifice lumineux. Les Abeilles faisaient entendre alors un bourdonnement très différent du son qu’elles émettent d’habitade. Les individus volant ainsi en hélice parvenaient rare- ment à l’orifice même. Leur rotation étant plus ou moins rapide que celle de l’instrament, ils aboutissaient en un point quelconque du disque sur lequel ils se posaient et avec lequel ils continuaient à décrire des cercles. La première fois que j'ai assisté au vol héliçoïdal, je me suis demandé si le phénomène provenait bien de ce que les Insectes percevaient le mouvement de l'onverture et s’efforcaient de le suivre. En effet, les animaux pouvaient, comme par un miroir à Alouettes, être éblouis et pris d’une sorte de vertige. Les expériences instituées dans le but spécial de résoudre cette question consistèrent à rendre l'ouverture mobile soit moins lumineuse, soit plus petite que l’ouver- ture immobile, à faire partir, comme toujours, les Insectes d’un point situé à égale distance des deux orifices (4), de façon qu'ils pussent être influencés, dès le début, par le mouvement de rotation et à observer, dans ces conditions, la nature du vol. Ainsi que je l’ai indiqué plus haut en B et C, les exem- plaires essayés se laissèrent exclusivement guider tartôt : (4) Les Inscetes étaient lâchés à quatre mètres de la paroi offrant les ouvertures ; celles- ci étaient distantes l’une de l’autre d’un peu plus de deux mètres. ( 455 ) par l'éclat plus considérable, tantôt par les dimensions plus grandes du carré fixe; ils volèrent ordinairement (parfois exclusivement) vers celui-ci et en ligne droite. Il devient dès lors impossible d’accepter l'hypothèse de l’éblouisse- ment ou du vertige, et il ne reste plus qu'à admettre que les Insectes qui ont choisi une ouverture en mouvement parce qu'elle leur semble plus grande ou plus éclairée, per- coivent ce mouvement et cherchent à le suivre pour parve- nir à passer. J'admets comme très probable que si mon instrument avait été disposé de manière à imprimer à l’orifice mobile un mouvement horizontal de va et vient, les Insectes se portant dans celte direction auraient décrit des zigzags. Les résultats obtenus dans une chambre obscurcie (1) où les Arthropodes ailés peuvent se rendre, soit vers des ouvertures lumineuses exclusivement fixes (2), soit vers des ouvertures dont l’une au moins se déplace ont, en réalité, une assez grande portée, parce qu’ils permettent d'expliquer, sans faire intervenir la vision nette des formes, comment les Insectes en liberté, volant au milieu du feuillage des taillis et des bois, se ‘dirigent en général d’une façon si sûre. Ni les troncs d'arbres, ni les branches, ni les feuilles isolées, ni les groupes de feuilles ne sont évidemment vus nettement, comme nous les voyons (3), mais ces masses _ (4) On remarquera que je ne dis pas chambre obscure, mais obscurcie ; j'ai fait justice de cette dans la quatrième partie. (2) Quatrième partie, chapitre XI, $ 55 (3) Inutile de revenir sur ce fait, toute D mien partie a été écrite pour le démontrer. ‘ ( 456 ) brunes ou vertes encadrent de nombreuses ouvertures dont la plupart oscillent, se déplacent par la moindre. brise. Les unes, parmi ces ouvertures mobiles, laissent voir le ciel, d’autres ont pour fond soit une portion éclairée du paysage, auquel cas on peut encore les appeler lumineuses, soit la profondeur obscure d’un massif, le cadre de feuil- lage constituant alors, par contraste, une masse plus claire. L’Insecte qui butine de fleur en fleur est guidé dans ses déplacements restreints, surtout par l’odorat et un peu par la perception plus ou moins vague des taches colorées que forment les inflorescences à la surface du tapis de verdure. Il n'a guère à passer par des trous et c'est alors surtout, dans les jardins où la flore offre sur un petit espace une variété exceptionnelle, qu'on peut lui voir commettre les erreurs résultant de sa mauvaise vue, erreurs dont j'ai cité des exemples frappants (1). Mais l’'Hyménoptère qui, sa récolte terminée, regagne le nid, ou l’Insecte dérangé dans ses occupations par un chasseur et qui fuit à tire d’aile, doivent l’un et l’autre utiliser soit les espaces qui séparent les buissons, soit les orifices qui criblent le feuillage. Pour peu qu’on puisse les suivre de l'œil pendant un certain temps, on constate que ces animaux décrivent des courbes afin d’enfiler les ouvertures et modifient leur vol en suivant les oscillations de ces dernières. : De nombreuses observations spéciales seraient néces- saires avant de formuler une affirmation absolue. Cepen- dant ce que j'ai vu, depuis que mon attention est portée (1) Quatrième partie, chapitre XI, $ 54, - ( 457 ) sur ce point, m’autorise à penser qu'en liberté, comme dans le laboratoire, les Insectes choisissent très générale- ment, entre plusieurs orifices, les plus larges et surtout les plus lumineux. Ea effet, en uti'isant les dispositions favorables d’un berceau de vigne dont l'ouverture principale est tournée à l'est, de sorte que, le matin, la lumière arrive en majeure partie par cette ouverture, tandis qu’aa milieu de la journée elle pénètre verticalement par les trous existant dans le feuillage de la voûte, et en lâchant sous ce berceau des exemplaires de Megachile centuncularis, Megachile fasciata, Pieris brassicae, Calliphora vomitoria, Eristalis tenax, Syrphus balleatus, Tipula oleracea, j'ai observé qu'à peu d’exceptions près, les Insectes essayés s’échap- paient horizontalement le matin et verticalement vers midi, c’est-à-dire par les ouvertures les plus lumineuses au moment où l'expérience était effectuée. En outre, lorsqu'ils traversaient la voûte, ce n'était pas par l’une quelconque des solutions de continuité, mais bien par l’une des plus spacieuses. $ 67. — Conclusions quant à la perception des mouvenents. S. Exner, Notthaft, Nuel, Carrière, Forel et Bleuler, partant de considérations exclusivement théoriques, ou s'appuyant à la fois sur la théorie et sur l'observation, étaient arrivés à ce résultat que la plupart des Insectes voient beaucoup mieux les mouvements des corps que ces Corps eux-mêmes. Forel s'exprime, à cet égard, de la manière suivante : « Les Insectes perçoivent particulièrement bien les mou- 3"* SÉRIE, TOME XVI. ( 438 ) vements des objets, c'est-à-dire le déplacement des images visuelles relativement à l'œil composé. Ils voient donc mieux au vol qu’au repos, car pendant le vol l’image des objets immobiles se déplace par rapport à l'œil (Exner); cette perception de la mobilité des objets dimi- nue (de même que le déplacement relatif à l'œil) à mesure que la distance augmente (1). » Mes recherches confirment pleinement l'opinion des naturalistes cités, et me permettent de formuler, à mon tour, les conclusions ct-dessous : 1° La faculté de percevoir les déplacements des objets mobiles est très développée chez beaucoup d’Insectes pourvus d’yeux composés; 2 Les Insectes les mieux doués à cet égard sont les Lépidoptères, les Hyménoptères, les Diptères et les Odo- nates. 5° La distance à laquelle les mouvements des corps un peu volumineux sont distingués ne dépasse cependant pas 2 mètres. Elle est, en moyenne, de 1°,50 pour les Lépi- doptères diurnes, de 58 centimètres pour les Hymé- noptères et de 68 centimètres pour les Diptères obser- vés (2). 4 La perception des mouvements joue un grand rôle comme cause déterminante des manifestations extérieures des Insectes. Elle explique, en effet, sans vision netle des formes, pourquoi les espèces à allures un peu rapides échappent souvent à leurs ennemis, pourquoi les individus 1) Forez. Expériences et remarques critiques, Âr° partie, op. cit., q q P P p. 50. (2) Je n'indique pas de moyenne pour les Odonates, le nombre dé faits constatés étant malheureusement insuffisant. ( 439 ) de sexes différents parviennent à se poursuivre dans les airs, comment les Odonates chassent leur proie au vol, enfin comment ces divers animaux circulent au milieu du feuillage agité par le vent. 5° D'un autre côté, les erreurs nombreuses commises par les Insectes qui se laissent toucher ou capturer quand les déplacements du chasseur sont suffisamments lents, qui, après avoir fui, reviennent se poser à proximité d’un ennemi devenu immobile, ou même qui poursuivent des proies illusoires, nous prouvent, encore une fois, que la perception complète des contours fait défaut. L’Insecte muni d’yeux à facettes voit immédiatement qu’un objet bouge, mais lorsque, soit l’odorat, soit un autre sens, soit la connaissance acquise, par hérédité, de l'aspect caracté- ristique de cerlains mouvements n’interviennent pas, la nature même de l’objet lui reste inconnue. Cet objet, cessant de se déplacer, se confond aussitôt, pour l’Arthro- pode, avec l’ensemble absolument vague de tout ce qui se trouve dans son champ visuel. CHaPiTRE XIV. Addition aux recherches sur le vol des Insectes aveugles. $ 68. — But de ces nouvelles expériences. Dans la troisième partie, chapitre VII, $$ 40 et 42, j'ai montré, par les résultats de nombreuses expériences faites dans des conditions variées sur des Hyménoptères, des Odonates, des Lépidoptères et des Diptères, que les Insectes diurnes que l’on aveugle, soit en recouvrant leurs yeux de couleur à l'huile noire, soit en sectionnant les ( 440 ) cordons nerveux optiques, puis qu'on lâche à l'air libre, s'élèvent verticalement vers le ciel à une grande hauteur. J'avais cru trouver l’explication du phénomène dans les perceptions dermatoptiques et je m'exprimais à cet égard : dans les termes suivants (1) : « V. Graber à prouvé expé- rimentalement que les perceptions dermatoptiques, ou perception de la lumière par la surface du corps, dont il avait reconnu l'existence chez le Ver de terre et chez le Triton cristatus, existaient aussi chez la Blatta germanica aveuglée, par conséquent chez les Insectes. Moi-même j'ai observé la sensibilité pour la lumière des Myriopodes normalement dépourvus d’yeux (Cryptops, Geophilus, Blaniulus) ; enfin A. Forel s’est occupé de la question à propos des Fourmis, et a trouvé que les perceptions dermatoptiques de ces Hyménoptères paraissent faibles. » « L'homme ayant les yeux fermés perçoit un peu la Jumière du jour au travers de la peau des paupières; beaucoup d’Arthropodes, grâce à la translucidité de leur enveloppe cutanée, perçoivent probablement cette même lumière au travers de la peau de la presque totalité de leur individu. » « De là à conclure que les Abeilles, les Bourdons, les Calliphores, les Éristales, les Hélophiles et les Lépidop- tères dont Forel et moi nous noircissions ou nous détrui- sions les yeux, percevaient plus ou moins la lumière par la surface générale du corps, il n’y a évidemment qu’un pas. » (4) Troisième partie, $ 41. Je supprime ici les notes et les citations que le lecteur retrouvera dans le texte primitif: Causes du vol ascendant chez les: Insectes aveuylés. ( 441 ) « Si l'on se rappelle que les Insectes ailés intacts, lâchés dans une chambre où le jour ne pénètre que par une ouverture restreinte, volent vers celle ouverture, ce qui veut dire qu’ils se précipitent instinctivement vers l'endroit d’où émane la lumière ; si l’on se rappelle aussi que les Éristales et d’autres Diptères, chez lesquels, par le noircissement des yeux, on abolit la vision proprement dite, sans supprimer entièrement l'accès d’une petite quantité de lumière aux organes visuels, finissent fré- quemment par aboutir aux fenêtres d’une chambre ordi- paire, ce qui signifie que, même dans ces conditions défavorables, ils se dirigent du côté où l'éclairage est le plus intense ; si l’on fait attention que les Arthropodes réellement aveuglés n’ont plus, en fait de sensations lumineuses, que des sensations dermatoptiques, et si, enfin, on remarque que, dans les circonstances ordinaires, à l'air libre, la lumière vient d'en haut, on est bien tenté de croire que c’est l'éclat du ciel qui pousse l'Insecte privé de vision à s'élever continuellement jusqu’à épuisement de force musculaire. » Enfin, après avoir montré à quoi pouvaient tenir quelques insuccès, je terminais le $ 41 par ces mots qui résumaient mon opinion : « Ainsi, jusqu’à preuve expéri- mentale du contraire, on peut admettre que les Insectes ailés privés de l’usage de leurs yeux simples et composés, et qui volent verticalement vers le ciel, sont poussés à cet acte anormal par des perceptions dermatoptiques. » Sortant des idées reçues, l'hypothèse devait être accueil- lie par des objections. Celles-ci me furent opposées par A. Forel, puis par Tiebe, professeur au Gÿmnase de Steltin, dans des lettres que ces savants me firent l’hon- ( 442 ) neur de m'écrire à ce sujet. Le second à ultérieurement reproduit ses remarques dans une analyse de mon travail publiée en juillet 1888 (1). Les objections de Tiebe que j'examinerai d’abord se réduisent à ceci : 1° à l’air libre, la lumière ne vient guère du zénith; par un temps couvert, elle arrive de partout et, par un temps clair, du point du ciel où se trouve le soleil; 2 j'aurais fourni moi-même un argument contre ma théorie en disant que, dans une chambre, des Insectes aveuglés, au lieu de se diriger vers les fenêtres, montaient vers le plafond. La réponse à la première de ces critiques est facile : je n'ai jamais dit que la lumière venait du zénith; j'ai dit, comme on peut le vérifier dans le passage reproduit, que la lumière vient d'en haut, c’est-à-dire qu’elle arrive d'une facon générale verticalement et non horizontalement. J'ai dit aussi ($ 59) que, « sauf dans des cas très rares, tous les essais ont été effectués par un beau temps et en plein soleil » et j'aurais pu ajouter : toujours au milieu de la journée, alors que le soleil est fort élevé. Mais, même par un jour couvert, la lumière diffuse n'arrive pas de tous les côtés à la fois; la couche de nuages fait à peu près l'effet d’un plafond lumineux, et lorsqu'on place alors à l'air libre, n'importe à quelle hauteur, un cylindre blanc horizontal, tel qu’un rouleau de papier, on constate immédiatement que c’est la surface convexe supérieure du cylindre qui est (4) Tiese, Plateau’s Versuche über das Sehvermôyen der einfachen Augen von Schmetterlings-Raupen und vollommenen Inseklen (Biolog. Centralblatt. Band VII, n° 9, 1888). ( 443 ) la plus éclairée et que les portions latérales et inférieures sont ombrées. Enfin suggérer que, pour que la théorie füt exacte, les Insectes aveuglés auraient dû se diriger vers le point du ciel occupé par le soleil, c’est oublier tout à fait que les sensations dermatoptiques sont des sensations générales qui ne peuvent avoir la précision de celles que fournissent des organes sensoriels localisés. Il en est propablement des sensations dermaloptiques comme des sensations de chaleur et de froid : un aveugle perçoit fort bien de quel côté d’une chambre lui arrive la chaleur provenant d’un poêle; mais s’il ne connaît pas la disposition des lieux et si vous lui demandez de marcher vers le foyer, sa direction ne sera que fort approximative et il ne trouvera le poêle qu'en modifiant cette direction lorsqu'il sera suffisamment rapproché. | La deuxième objection de Tiebe est plus sérieuse; cepen- dant j'y ai déjà répondu d’avance, partiellement, dans la troisième partie, en disant que le jour qui règne dans une chambre étant incomparablement plus faible que celui qui règne à Pextérieur, les perceptions dermatoptiques y deviennent probablemeut insuflisantes pour amener, dans le vol, une direction déterminée et en faisant remarquer, en outre, que des Insectes voyants et intacts, tels que des Libellules, des Lépidoptères diurnes et certains exem- plaires d'Éristales, poussés par une cause inconnue, refu- sent de faire autre chose que de tournoyer au plafond de l'appartement et doivent être rejetés comme impropres aux expériences ordinaires sur la vision. Les arguments que m'oppose Forel sont d’une autre nature : s'appuyant d’abord sur mes recherches concer- ( 444 ) nant la perception de la lumière chez les Myriopodes aveugles (1), il rappelle que, d’après mes propres résul- tats, les réactions produites chez les Géophiles et les Cryp- tops par les sensations dermatoptiques sont lentes (il faut 4 secondes environ) et ne s'explique pas que chez les Insectes elles puissent être assez rapides pour que ces animaux partent immédiatement en l'air. Puis, après avoir dit que des Hannetons dont il avait noirei les yeux volaient dans des directions quelconques et non droit vers le ciel, le savant myrmécologue m'engage à répéter mes expériences sur des Insectes nocturnes : « c’est, écrit-il, le plus simple moyen de confirmer ou de réfuter votre hypothèse : s’ils ne volent pas en haut, vous avez peut-être raison, s’ils volent en haut votre hypothèse est insoutenable.. » L'objection tirée de la lenteur relative avec laquelle s’établissent les perceptions dermatoptiques n’a pas grande valeur , puisque l'opération par laquelle on aveugle un Insecte, puis les petites précautions à observer pour le lâcher convenablement, demandent un temps largement suffisant pour que l’effet se produise, Quant à l’idée d’es- sayer des Insectes nocturnes, elle était trop simple pour que je n’y aie déjà songé, mais je remercie Forel de m'avoir en quelque sorte obligé à effectuer des expé- riences qui, sans ses critiques, seraient peut-être restées à l'état de projet. (1) Journal de l’anatomie et de la physiologie normales et patho- logiques, t. XXI], septembre-octobre 1886, (443) $ 69. — Expériences sur des Lépidoptères nocturnes. Le déplorable été pluvieux que nous venons de traverser ne m'a pas permis de donner à mes essais le développe- ment que j'aurais désiré. Cependant, en utilisant les quel- ques occasions que j'ai rencontrées, j'ai pu expérimenter sur vingt-cinq individus appartenant à douze espèces diffé- rentes et obtenir un ensemble de résultats suffisamment démonstratif. J'opérais ainsi : le Lépidoptère trouvé généralement dans le jour, appliqué sur une muraille ou sur un tronc d'arbre, était recueilli, sans le froisser, dans un flacon ren- fermant quelques feuilles fraîches et clos par une toile métallique, L'animal captif restait ordinairement parfaitement im- mobile, Le soir, vers 8, 9 ou 10 heures, suivant l'époque de l'année et alors que la nuit était complète, j'ouvrais une porte donnant sur le jardin, de façon à ne pas être gêné dans mes allées et venues, puis, dans une chambre d'où la lueur de la lampe ne pouvait arriver à l'extérieur, je noircissais les yeux du Papillon à l’aide de couleur à l'huile noire, absolument comme je l’exécutais pour les Insectes diurnes (1). Cette opération terminée, je portais l’Insecte à l’air libre, (1) Troisième partie, $ 39. ( 446 ) j'attendais la minute nécessaire pour que mes yeux fus- sent assez habitués à l'obscurité d’une nuit d'été (sans lune), j'étendais le bras verticalement de manière à faire se profiler l'animal sur le ciel, enfin je le lächais. Ces quelques actes longs à décrire prennent en réalité fort peu de temps, et le fait que les exemplaires non aveuglés employés comme termes de comparaison s’envo- laient toujours d’une façon normale, permet de repousser d'avance l’objection que les résultats obtenus avec les individus aux yeux noircis proviendraient des manipula- tions subies. J'avais cru, au premier abord, faciliter les observations en déposant à l’aide d’un pinceau un peu d'huile phos- phorée sur la face dorsale de l'abdomen des animaux employés. Ceux-ci luisaient en effet dans l'obscurité, mais les vapeurs de phosphore pénétrant par leurs stigmates les empoisonnaient si vile, qu'intacts ou aveuglés, ils tom- baient comme des masses inertes. J'ai donc dà renoncer à ce moyen. A la vérité, un Lépidoptère lâché en pleine nuit dispa- rait très vile aux yeux de l'observateur; cependant la grande expérience que j'avais acquise en opérant sur les Insectes volant dans le jour ne permettait guère d'erreurs de ma part et, sauf dans des cas très rares, j'ai toujours su dans quelle direction les papillons partaient. Voici les faits constatés : a. EupreEpiIA LUBRICIPEDA L. Premier individu (yeux noircis), descend rapidement vers le sol. Deuxième individu (yeux noircis), part horizontalement, ( 447 ) b. Laparis pispar L. à. Un individu (yeux noireis), court sur la main de l'expérimentateur, puis se laisse tomber à terre. c. Liparis sauicis L. &. Il importe de remarqner que les mâles de L. salicis volent natu- rellement vers le haut à la recherche de femelles posées dans le feuillage des peupliers. C’est du moins ce que j'ai observé en juillet de cette année, alors que le Lepidoptère était fort abondant. Premier individu (yeux noircis), vole obliquement vers le sol. Deuxième individu (yeux noircis), id. i Troisième individu (yeux noireis), part loss tnt Quatrième individu (intact), s'élève immédiatement, d. ACRONYCTA MEGACEPHALA L. Un individu (yeux noireis), vole obliquement vers le sol. €. ACRONYCTA RUMICIS L. Un individu (yeux noircis), vole obliquement vers le sol. [. TRIPHÆNA PRONUBA L. Un individu (yeux noircis), vole obliquement vers la terre. g. AGROTIS SEGETUM Wv. Un exemplaire (yeux noircis), cireule sur la main de l’expérimen- tateur, puis plonge vers le sol, h. PLusta Gamma L. Ce Noctuelien vole aussi pendant le jour, cependant c'est surtout le soir qu'on le voit butiner en passant rapidement de fleur en fleur, Premier individu {yeux noireis), vole obliquement vers le sol. (448) Deuxième individu (yeux noircis), vole obliquement vers le sol. Troisième individu (yeux noircis), id. id, Quatrième individu (yeux noircis), id. id. Cinquième individu (intact), part en décrivant une courbe ascen- dante, Sixième individu Gr eux sata court avec vivacité, mais refuse de voler, Septième individu (yeux noircis), se laisse choir sur le sol. Huitième individu (yeux noircis), vole obliquement vers le sol. Neuvième individu (intact), part horizontalement. î. CATOCALA NUPTA L. Premier individu (yeux noircis), court sur la main de l'observateur, puis vole obliquement vers le sol. Deuxième individu (intact), court aussi sur la main, puis s'envole horizontalement. | j- PHiGaLIA piLosartA Hs. 6. Un individu (yeux noircis), vole obliquement vers le sol; le lende- main je le retrouve vivant, à terre. k. PHALÆNA indéterminée. Un individu (yeux noircis), plonge vers le sol. l. TEPHROSIA PUNCTULARIA H. Un individu (yeux noircis), plonge vers le sol. (449) $ 70. — Conclusions concernant le vol des Insectes aveugles. Comme on vient de le voir par ce qui précède, aucun . des Lépidoptères nocturnes aveuglés lâchés la nuit à Pair libre, alors que la lumière envoyée par le ciel était très faible, ne s’est élevé verticalement. J'ajouterai que l’on est en droit d'affirmer que si, pen- dant la période d’excitation nocturne de ces Insectes, le ciel devenait suffisamment lumineux pour une cause extraordinaire quelconque, les individus aveuglés parti- raient vers le haut absolument comme les Insectes diurnes, placés dans les mêmes conditions. En effet, il est arrivé, à plusieurs reprises, que des Lépidoptères noc- turnes dont je venais de noircir les yeux et que je main- tenais naturellement le plus délicatement possible, s’échap- paient d’entre mes doigts. Toujours, dans ce cas, ils se précipitaient contre la face interne réfléchissante de l’abat- jour de la lampe à pétrole placée au-dessus de la table. Chassés de cet endroit, ou bien ils battaient le plafond là où celui-ci était vivement éclairé, ou bien, s’ils s'étaient engagés dans une région de la chambre où la lumière ne parvenait plus d’une façon directe, ils se fixaient inertes sur la première surface venue. Je dois donc maintenir intacte la conclusion que je for- mulais dans la troisième partie, à la fin du $ 41 « jusqu’à preuve expérimentale du contraire, on peut admettre que les Insectes ailés privés de l'usage de leurs yeux simples et composés et qui volent verticalement vers le ciel, sont poussés à cet acte anormal par des perceptions dermalop- liques. » ( 450 ) CHAPITRE XV. Résumé des résultats obtenus dans l’ensemble de ces recherches expérimentales (1). Chacune des subdivisions principales du travail étant suivie d'un certain nombre de conclusions, j'aurais pu, à la rigueur, terminer ici; mais comme ces cinq notices suc- cessives ont été publiées à des intervalles parfois assez longs, ceux qui ont bien voulu me lire peuvent avoir perdu le souvenir de points importants et doivent alors rencon- trer de la difficulté à gronper le tout sous la forme d’un ensemble satisfaisant. Je crois donc bien faire en exposant à grands traits comment, d’après mes études personnelles et d’après quelques autres travaux récents, il semble qu'il faille comprendre aujourd'hui la vision des Arthropodes. Ce résumé était d'autant plus nécessaire que, depuis le dépôt du manuscrit de la quatrième partie (séance de l’Académie du 4 août 1888) et pendant la rédaction de la cinquième, John Lubbock a publié, sous le titre : On the Senses, Instincts and Intelligence of Animals (2), un (4) Cet exposé ne concerne que les faits que je considère comme acquis. On trouvera les citations, les discussions, les observations de détails et les descriptions d’expériencés dans les divers chapitres précédents. (2) {nternational Scientific Scries, vol. LXV, 18388. ( 451 ) ouvrage que j'ai déjà cité à propos des Odonates ($ 63), ouvrage de vulgarisation fort intéressant, d’une lecture attachante qui, à la faveur du nom justement célèbre de l’auteur, tend, malheureusement, à perpétuer pi notions me paraissant erronées (1). 2 . bu à J* (1) Laissant de eôté les points qui approfondie, je dois au moins signaler au lecteur les passages où Lubbock, en me citant soit d’une façon incomplète, soit d’après des travaux anciens, présente involontairement mes résultats sous un jour inexact : Page 166, il reproduit l'interprétation de la théorie de Müller qui figure dans ma notice préliminaire de 1885, interprétation que j'ai rectifiée (quatrième partie, chapitre VIN, $ 46). Lu dé : me cite comme pour sonne Fay pyiss cs Grenacher, »Parccq ue l'i image cornéenne peut se peindre à diverses hauteurs dups l'épais- seur du cône cristallin, alors que, dans une note du bas de la page, j'annonce que je combattrai cette théorie. Je suis revenu effectivement sur ceci (quatrième partie, $ 47, pl. I, fig. 6). Page 175, Lubbock décrit mes expériences primitives dans une chambre obseure et formule naturellement les critiques que j'ai exposées moi-même lors de mes nouvelles recherches (quatrième partie, chapitre IX et chapitre XII). Page 177. Enfin l’auteur ne cite que ma notice préliminaire de 1885 à propos des yeux simples des Insectes parfaits, quoique la troisième partie, où figurent tant d'expériences démonstratives, lui fût connue, comme le prouve le passage où il parle de la vision des Chenilles, (452) $ 71. — Yeux simples. Les Arthropodes privés d’yeux, tels que certaines Myrio- podes, distinguent la lumière de l’obscurité. Ces perceptions dermatoptiques existent très probable- ment chez la généralité des animaux articulés pourvus d'organes visuels ou non. Ce sont elles qui expliquent en grande partie les faits spéciaux présentés par les individus arlificiellement aveuglés. Chez les Arthropodes ne possédant que des yeux simplés (Myriopodes, Aranéides, Scorpionides, Phalangides, Che- nilles de Lépidoptères), la vue est, d’une façon générale, _ fort mauvaise : les uns, comme les Myriopodes, les Ara- néides tendant des toiles, et les Phalangides, ne semblent percevoir la forme des corps à aucune distance; d’antres, comme les Aranéides chasseuses, les Scorpionides et les Chenilles, paraissent voir, mais plusou moins confusément, les contours des objets. La distance où cette vision est la moins imparfaite est toujours petite (1 à 2 centimètres pour les Aranéides chasseuses, 1 à 21/, centimètres pour le Scorpion commun d'Europe, 1 centimètre pour les Che- nilles). Un grand nombre d’Arthropodes n'ayant que des yeux simples, perçoivent, à l’aide de ces yeux, les déplacements des corps mobiles. Tous, du reste, suppléent à l'insuffi- sance de la vision en utilisant fort habilement des organes du toucher : les Myriopodes et les Chenilles emploient leurs antennes, les Chenilles velues ont des poils tactiles spéciaux (poils avertisseurs) portés par les premiers seg- ments, les Aranéides font usage de leurs pattes, les Pha- (455 ) langides se servent surtout de leurs longues pattes de seconde paire; enfin, les Scorpions explorent à l’aide de leurs pinces (1). Malgré l'absence de vision réellement distincte, c’est-à- dire de vision nette de la forme des objets, dans le sens où nous l’entendons pour les Vertébrés, trois causes princi- pales : 1° la perception de la lumière (2) qui fait, par con- séquent, reconnaître l’existence de corps éclairés à surface réfléchissante un peu grande et qui permet donc souvent à l'animal de se détourner à temps; 2° la perception des mouvements qui rend possibles la poursuite ou la capture d’une proie ; 3° l'emploi incessant d’organes tactiles explo- raleurs, ont pour résultat que les Arthropodes à yeux simples circulent assez adroitement, pourvoient à leur subsistance et présentent parfois des allures telles qu’un observateur superficiel les croirait doués d'une bonne vue. Lorsque l’Arthropode possède, à la fois, des yeux com- posés et des yeux simples (Ocelles frontaux des Hymé- noptères,des Orthoptères, des Odonates, des Diptères, etc.), ces derniers organes sont d’une utilité à peu près nulle et ne permettent aux animaux que des perceptions très faibles dont ils ne savent pas se servir (3). (4) On voudra bien remarquer qu’il ne s’agit pas ici de suppo- sitions fantaisistes, telles que celles qu'on répète à propos de mœurs d'animaux dans les traités d’entomologie; tout ce que j'avance au sujet de l'emploi des organes tactiles auxiliaires est le résultat d'observations ou d'expériences personnelles. (2) J'entends ici la perception de la lumière à l’aide des yeux. (3) Je parle du cas où l'Arthropode chemine ou vole à l’air libre. En cffet, A. Forel admet que, chez les Hyménoptères, les ocelles frontaux serviraient à une vue myope, c’est-à-dire à très courte #* SÉRIE, TOME XVI. : (454) $ 72. — Yeux composés des Insectes (1). L’Insecte muni d'yeux composés n’a pas la perception nette des formes; aussi n’arrive-t-il à circuler au mnilieu de corps immobiles qu’en utilisant soit des impressions d'en- semble, telles que celles qui résultent des ombres projetées sur le sol ou de la lumière réfléchie par des surfaces éclairées, soit des impressions tactiles, soit des impressions olfactives, soit, enfin, toutes ces impressions à la fois. Au point de vue fonctionnel, les yeux à faceltes sont done inférieurs aux yeux des Vertébrés. Tandis que la perception complète des formes manque, celle des mouvements un peu rapides existe chez beau- coup d’Insectes, et principalement chez les Lépidoptères, les Hyménoptères, les Diptères et les Odonates. A des dis- lances qui oscillent, suivant les types, de 58 centimètres à 2 mètres, ces animaux voient infiniment mieux les dépla- cements des objets d’un certain volume que ces objets eux-mêmes (2). distance, dans la demi-obscurité des nids. Lubbock, op. cit., p. 181, a adopté la même hypothèse gratuite. N'ayant pas fait d'expériences spéciales dans ce sens et n'ayant pas le temps de m'en occuper actuellement, je laisse la question posée. (1) J'espère pouvoir étudier expérimentalement la vision chez les Crustacés dès que les circonstances favorables me permettront de réaliser les installations nécessaires. (2) Ces nombres sont des distances moyennes. Les à chaque espèce essayée se trouvent dans les tableaux des $$ 60, 61, 62 et 65. ( 455 ) En partant des données qui précèdent, ainsi que des résultats de l’observation directe, on peut décrire, de la façon suivante, ce qui doit se passer, en général (1), pour l'Insecte susceptible de voler. L'animal circulant dans l’air à la perception très vive de l'ombre et de la lumière, de sorte que, sans distinguer, comme nous, les détails du paysage, il sait éviter les masses, telles que troncs d’arbres, arbustes, rochers, murailles, etc., et passe à distance convenable. Engagé, pour une cause quelconque, au milieu d’un taillis ou de tout autre groupe de végétaux, il profite, afin de con- tinuer sa route, des solutions de continuité par où filtre le plus de lumière ou de celles qui, à éclat égal, lui semblent offrir la plus grande surface. Si le vent agite le feuillage, les ouvertures oscillent, mais grâce à la percep- tion des mouvements, l’Insecte les voit alors mieux; il décrit, en volant, des ondulations pour suivre la direction des déplacements et pour franchir les orifices sans se heurter. Lorsque son mode d'alimentation exige qu'il visite cer- taines fleurs, il se porte vers celles-ci, tantôt avec sûreté, en se laissant guider par ses sensations olfactives seules, si son odorat est très développé, tantôt au hasard, si cet odorat est relativement obtus. Incapable de distinguer par les formes les fleurs différentes mais de même cou- leur, il se précipite vers les taches colorées que consti- luent, pour lui, les corolles ou les inflorescences, tournoie, hésite et ne se décide que lorsque la distance devenue (1} J'essaie de tracer un tableau général et ne puis rentrer dans la description de cas particuliers. ( 456 ) assez faible lui permet de constater par l'odeur s’il a trouvé ou non ce qu’il cherchait. Lorsque l’Insecte se nourrit d'animaux vivants, ou à besoin de proies de ce genre pour ses larves futures, les mêmes causes amènent des faits analogues : si la proie habituelle est ordinairement immobile, l’'Arthropode, qui ne saurait la reconnaître à sa forme, a recours à l’odorat et cherche en se servant de ce sens; si, au contraire, la proie est agile, court ou vole, l’Insecte carnassier l'aper- çoit, lui donne la chasse et parvient à la capturer par suite de la perception des mouvements. Chez l'Insecte‘qui visite les fleurs, comme chez l’Insecte carnassier, Podorat seul ou l’odorat et la visibilité des mouvements assurent le rapprochement sexuel. Enfin, c'est encore la perception des mouvements qui avertit l’un et l’autre de l'approche d’un ennemi et qui permet la fuite à temps. Ce résumé suffit pour faire comprendre comment, tout en n’ayant que des perceptions visuelles confuses pour les objets immobiles, les Insectes munis d’yeux à facettes se comportent fréquemment de façon à suggérer à celui qui n'analyse pas les phénomènes de près, l’idée que ces êtres ont une vue aussi nette que celle des Vertébrés. Le lecteur qui conserverait des doutes n’a qu'a relire les diverses parties de mon travail où j'ai indiqué de quelle manière on parvient, en évitant les causes d'erreurs, à constater ce qui existe réellement, et s’il veut faire beau- coup mieux, s’il désire se former une conviction dans un sens ou dans l’autre, il observera les allures de ve espèces ou répétera les principales expériences. Je puis m'être trompé, je suis même persuadé que j'ai commis certaines fautes; je sais qu’une grande partie de sex pere ee ( 457 ) mes résulats heurtent des idées enracinées et qu’ils sou- lèveront des critiques; mais, dans l'intérêt de la science, il ne suffit pas de formuler des objections théoriques, sl faut prouver par des faits qu'il y a erreur et en quoi l'erreur consiste. C'est pourquoi, n’ayant moi-même rien avancé sans observation ou expérience préalables, je me permets de reproduire, en finissant, la phrase qui termine un de mes travaux antérieurs : « On ne répond à des expériences physiologiques que par des expériences (1). » EXPLICATION DE LA:PLANCHE V. a, b, c, d. Ensemble des écrans appliqués devant les fenêtres de la chanibre à expériences. D. Disque tournant de 55 centimètres de diamètre. m, Orifice mobile. f. Orifice fixe. La distance moyenne horizontale entre les deux orifices est 2 mètres. La teinte de la figure reproduit à peu près exactement la couleur et le degré d’opacité des écrans employés. (1) Expériences sur le rôle des palpes chez les Arthropodes monililé 1r< partie (Bull. de la Société zoologique de France, t. X, 1885). ( 458 ) Sur des appareils destinés à démontrer le mécanisme de la turgescence et le mouvement des slomates; par L. Errera, correspondant de l’Académie, professeur à l’Université de Bruxelles. Les appareils de démonstration qui occupent, en physio- logie animale, une place si considérable sont assez peu employés jusqu'ici pour l'étude de la physiologie des plantes. Leur utilité, cependant, est incontestable ; ils ne servent pas seulement à faciliter l’enseignement, ils peu- vent encore, en exagérant et en rendant plus frappants certains détails des phénomènes, conduire parfois à des découvertes nouvelles. On sait que la cellule végétale adulte présente, de dehors en dedans, la membrane de cellulose, l’utricule protoplasmique (avec le noyau) et le suc cellulaire. Grâce à son pouvoir osmotique, le suc cellulaire attire et absorbe l’eau ambiante, augmente de volume et exerce une pres- sion sur l’utricule protoplasmique et la membrane de cel- lulose qui l’enveloppent. La cellule est ainsi distendue, comme un ballon gonflé. L’accroissement de volume s’arrête lorsque l’élasticité de l’utricule protoplasmique et de la membrane fait précisément équilibre au pouvoir û ( 459 ) osmotique du suc cellulaire. À ce moment, un état de ten- sion règne dans toute la cellule : elle est, comme on dit, lurgescente. Un appareil très simple (fig, 4), sorte de cellule sché- matique, peut servir à illustrer ces notions qui sont d’une grande importance dans l’enseignement de la physiologie végétale. II se compose d’une ampoule en caoutchouc A, entourée d’un solide réseau en fil de soie et terminée à chaque bout par un petit tube rigide. Les branches du support métallique S, qui sont bifurquées à leur extré- mité, reçoivent et maintiennent les tubes en question. L'un des tubes, T, est fermé; l’autre, T', est creux et porte un robinet, V. On ouvre ce robinet et l’on injecte de l’air dans l'appareil par le tube T', au moyen d’un petit insufateur en caoutchouc B. On comprend ce qui arrive. En insufflant de l'air, on gonfle l’ampoule qui s'applique contre le réseau et le tend à son tour. Mais celui-ci, peu extensible, s’oppose bientôL à tout accroissement nouveau de volume et le système est tendu, rigide, turgescent. On ferme alors le robinet V.. Trois facteurs déterminent la turgescence des cellules, comme Sachs le fait remarquer dans ses excellentes Con- férences de physiologie végétale (1) : « 1° Il importe, dit-il, que de l'eau soil sans cesse absorbée par la cellule, grâce aux actions endosmotiques des substances dissoutes dans le suc cellulaire, et c’est là la cause première de tout le phénomène; 2° l’eau absorbée -_ (4) Sacns, Vorlesungen über Pflanzenphysiologie, 2=° éd., 1887, p. 577. Ft ( 460 ) avec énergie dans la cellule ne doit pas, malgré la forte pression qu’elle exerce, en ressortir par filtration, et ce résultat est dû aux propriétés spéciales de l’utricule pro- toplasmique appliqué contre la membrane cellulaire; 5° l’utricule protoplasmique, à lui seul, s'oppose bien à la filtration, mais l’eau qui pénètre avec violence par endos- mose finirait par le distendre de plus en plus, à la manière d’une bulle de savon, n’était la paroi de cellulose résis- tante et élastique dont est entouré. En un mot, l’utricule protoplasmique résiste à la filtration, mais il est extrême- ment extensible, et ce qui met un terme à son extension effective, c’est la faible extensibilité et la grande élasticité de la membrane cellulaire, qui, de son côté, se laisse faci- lement traverser par filtration. » J'ai tenu à citer complètement ce passage pour que le lecteur se rende bien compte de la signification de notre schéma. Les trois facteurs se retrouvent dans l'appareil : le suc cellulaire est représenté par l'air insuffé, l’utricule protoplasmique par l’ampoule de caoutchouc, la membrane cellulaire par le réseau de soie. Quoique douée d'une élasticité bien supérieure à celle du protoplasme, l'am- poule, très extensible, se gonflerait de plus en plus, n’était le réseau de soie qui, par sa faible extensibilité et sa grande élasticité, met bientôt un terme au gonflement. D’un autre côté, le réseau seul laisserait échapper l'air, et c’est l'am- poule en caoutchouc qui s SR à la filtration du fluide emprisonné. Dans l’appareïl, comme dans la cellule, les diverses par- ties prises isolément n’offrent aucune résistance, et c’est de leurs réactions mutuelles que résulte la solidité de l’en- semble, D eu M MB UC < 2 CRT PAPE * + PU Ph FA LA Se ‘ N g 2 È [TI à % L: ia . { X 4 * Ar ( 461 ) Là ne s'arrête pas l’analogie entre notre schéma et la cellule véritable, Qu’arrive-t-il si l’on enlève de l'eau à une cellule tur- gescente, soit en l’exposant à l’évaporation, soit en l’im- mergeant dans une solution saline ou sucrée d’un pouvoir osmotique supérieur à celui du sue cellulaire? En perdant de l’eau, le suc cellulaire diminue de volume. Tout d’abord, membrane et protoplasme suivent cette diminution, et la cellule entière se rapetisse; mais bientôt la membrane, peu extensible, a atteint ses dimensions naturelles et son raccourcissement s'arrête, tandis que le protoplasme, très extensible, continue à suivre la diminution de volume du suc cellulaire. 11 en résulte que le protoplasme se déta- chera peu à peu de la membrane et formera comme un sac isolé au centre de la cavité cellulaire. C’est le phéno- mène bien connu auquel de Vries à donné le nom de plasmolyse. A joutons que si l'expérience est conduite avec soin, la cellule reste vivante et il suffit de la plonger dans l'eau pure pour la ramener en peu de temps à son état primitif, Revenons à notre appareil (fig. 4). Si nous ouvrons len- tement le robinet V, l'air s'échappe petit à petit. Le réseau de soie et le ballon de caoutchouc suivent d’abord, en- semble, la diminution de volume de l’air (comme on le voit dans les figures 2 et 3) et restent appliqués l’un contre l’autre. Bientôt le réseau de soie, peu extensible, est arrivé à ses dimensions naturelles; mais le caoutchouc très extensible continue à revenir sur lui-même et se détache par conséquent du réseau : la plasmolyse a lieu (fig. 4). ( 462) Le second appareil se rapporte aux stomates. On sait que les stomates des plantes s'ouvrent ou se ferment sui- vant les conditions extérieures. Grâce au beau mémoire de Mohl (1) qui est demeuré classique, et aux recherches récentes de Schwendener (2), de Leitgeb (3) et d'autres, le mécanisme du mouvement des stomates est assez bien connu. Nous rappellerons en deux mots qu'un stomate ordinaire est furmé de deux cellules semi-lunaires ou, plus exacte- ment, en forme de graine de haricot, —les cellules stomati- ques — soudées l’une à l’autre par leurs extrémités, laissant entre elles, à leur partie moyenne, une fente — la fente stomatique — et encadrées par les cellules épidermiques environnantes. Sur une section transversale, perpendicu- laire à la fente du stomate, chacune des deux cellules stomaliques présente en général une cavité cellulaire plus ou moins aplatie, souvent en forme de triangle étroit, à côtés inégaux, allongé dans le sens horizontal : les deux triangles sont tournés l’un vers l’autre par le sommet, tandis que les bases sont adossées aux cellules épider- miques voisines. La membrane des cellules stomatiques (1) H. v. Mouz, Welche Ursachen bewirken die Erweiterung und Verengung der Spaltôffnungen? Botan. Zeitung, 1856, p. 697. (2) Scawenpener, Ueber Bau und Mechanik der Spaltoffaungen, Monatsb. der k. Akad. d. .. zu pie nn P: node (5) H. Lerress, Beiträge zur P l gsap} Mittheil, aus dem bot. Inst. res 1886, E, p. 193. ( 465 ) est inégalement épaissie : mince dans la partie contiguë aux cellules épidermiques et dans l’étroite portion interne qui borde la fente stomatique, elle est partout ailleurs épaisse et rigide. Dans les cas où la section est triangu< laire, on représentera aisément cette disposition, en disant que la membrane est mince au sommet et à la base du triangle et fortement épaissie le long des deux autres côtés. C’est par un accroissement de turgescence que les cellules stomatiques s'écartent l’une de l’autre et ouvrent le stomate; la lumière, en particulier, produit cet effet. Lorsque ces cellules sont, au contraire, flasques ou peu turgescentes, leurs bords internes arrivent au contact et le stomate se fermé. Sans entrer dans les détails de ce mécanisme, que Schwendener a soigneusement étudié, on voit que les deux bandes épaissies, l’une supérieure, l’autre inférieure, doivent agir comme deux lames d’acier et chercher sans cesse à aplatir la cellule stomatique, la crête interne mince faisant l’office de charnière. La cellule vient-elle maintenant à se gorger d’eau et à accroître ainsi sa lur- gescence, une tendance inverse se manifestera, la cellule S’cfforcera d'augmenter de volume, ce qui peut se faire de deux manières : par un changement de forme de la cellule (la surface de sa membrane restant constante) ou par une extension de la membrane elle-même. D'une part, en effet, la cellule, si elle est irrégulière et aplatie, tendra à passer à une forme régulière et la plus isodiamétrique possible, puisque le cercle est la plus grande de toutes les figures de même périmètre. D'autre part, en vertu de l'épaisseur variable de la membrane, les différents élé- ments de surface se distendront inégalement, comme ( 464 ) Mohl l'avait déjà compris (1) : le bord externe, convexe et mince de la cellule s’allongera le plus, tandis que les côtés qui sont épaissis, el la crête interne, plus courte que le bord externe et en outre gênée dans son extension par la soudure des cellules stomatiques l’une avec l’autre, s'allongeront beaucoup moins. 11 résulte de cet inégal allongement que les cellules stomatiques se courberont, devenant concaves le long de la fente et augmentant de convexité du côté des cellules épidermiques qui les bordent; en même temps, au moins dans les cellules aplaties, on verra le diamètre vertical de la cellule aug- menter, et le diamètre horizontal, c'est-à-dire la largeur, diminuer par suite de la tendance à la section cireu- laire (2). La courbure et la diminution de largeur des cellules auront toutes deux pour résultat d'ouvrir la fente du stomate. (4) Loc. cit., p. 702. (2) Mobl {4 c., p. 719) indique très bien ces changements de dia- mètre : « Ganz constant nimmt bei Erweiterung der Spalte der in der Hälfte der Länge der Spaltôffnung gemessene Querdurchmesser der einzelnen Porenzelle ab, und bei Schliessung der Spalte in Zuckerwasser zu » ; et il cite plusieurs mesures à l'appui. Il ajoute, en note, qu'il arrive dans l’Amaryllis, après la fermeture du stomate, que les cellules stomatiques soient encore comprimées par les cellules épidermiques environnantes ; il se pourra alors qu'on les trouve plus étroites dans le stomate fermé que dans le stomate ouvert. Mais ce n’est point là, dit-il, l'état ordinaire et normal. — Cette remarque de Mohl explique peut-être, au moins en partie, pourquoi Schwen- dener {1 c., p. 844, 864, etc.) a souvent constaté un élargissement des cellules stomatiques pendant l'ouverture du stomate. Les chiffres de Leitgeb (L e., p. 151) viennent, du reste, confirmer ceux de Mohl. < < : s, El : 4 RS, # ose ( 465 ) Ces diverses particularités sont faciles à démontrer au moyen de l'appareil auquel je donnerai le nom de stomate schématique (1). La figure 6 le représente de face, la figure 7 de côté, au t/,9"° de la grandeur naturelle (2). 11 se com- pose de deux grandes cellules en caoutchouc, A et A’, soudées ensemble par leurs extrémités, libres au milieu, comme le monte la figure 8. Les cellules ne commu- piquent pas directement entre elles, mais chacune d'elles est en communication avec l’une des branches d’un tube en caoutchouc en forme d’Y, qui se termine en bas par un ajutage avec robinet v. Aux endroits £, t', où ce tube débouche dans les cellules, on a eu soin d’y loger, avant de le souder aux cellules, de petits cylindres creux en plomb. C’est par ces deux portions rigides que le tout est lixé au support métallique S, analogue à celui de notre premier appareil. (4) Dans un travail récent, dont je n'ai eu connaissance qu'après la lecture à l'Académie de la présente Note, R. Schäfer décrit un petit appareil ingénieux qui repose sur les mêmes principes que le mien (Scuærer, Ueb. des Einfluss des Turgors der Epidermiszellen auf die Funktion des Spaltüffnungsapparates, Pringsheim’s Jahrb, XIX, 1888, 2 Heft, p. 205). Mais nos deux appareils n’ont ds commun que le principe, celui de Schäfer étant précisément destiné à expliquer le mouvement des stomates d’Azolla, tout différents des stomates ordinaires par leur structure et leur mécanisme. (2) Cet appareil ainsi que le premier ont été construits avec beau- coup de soin, sur mes dessins, par la manufacture de caoutchouc Mairlot, 18, place Ste-Gudule, à Bruxelles, où on peut se ste la cellule schématique au prix de fr. 14,50, et le stomale schématique au prix de 21 francs. L'insuflateur eoûte 4 francs; il sert pour les deux appareils: ( 466 ) Les cellules A et A’ sont formées de feuilles de caout- chouc de 2 millimètres d'épaisseur; elles sont renforcées intérieurement par deux bandes de caoutchouc de même épaisseur mn, op, mn'n', o'p', ainsi que l'indique la coupe (fig. 5). Ces bandes d'épaississement s'étendent sur presque toute la longueur de la cellule. La paroi a donc en réalité presque partout 4"" d'épaisseur; elle n'est mince que le long de la fente stomatique en n0, n'o', et le long du bord libre en mtp, m'l'p'. Les épaississements sont destinés à simuler plus ou moins exactement ceux qui existent dans les stomates véritables et, comme ceux-ci, ils se décourbent et apla- tissent la cellule quand la pression intérieure diminue. Quant à l’attache du stomate aux cellules épidermiques voisines, elle est imitée dans l'appareil par la fixation au supporl:en £ et {’. Pour ne pas compliquer l'appareil sans nécessité, je ne lai pas fait entourer d’un réseau en fil de soie, comme on l’a vu pour la cellule schématique. Le réseau était destiné, on s’en souvient, à représenter la membrane de cellulose. Or, ce détail peut ici être négligé, d'autant que les feuilles épaisses de caoutchoue sont par elles-mêmes suflisam- ment élastiques et suffisamment peu extensibles. La paroi en caoutchouc de notre stomate correspond donc à la fois au caoutchouc et au réseau de soie du premier appareil, c'est-à-dire qu'elle représente et l’utricule de protoplasme et la membrane cellulaire. Après avoir ouvert le robinet v (fig. 6), on comprime de l'air dans l'appareil au moyen de l'insuflateur B. Grâce à la bifurcation du tube en Y, cet air se répand d’une manière uniforme dans les deux cellules A et A’. À ( 467 } mesure que leur turgescence augmente, elles se gonflent, se rétrécissent un peu et s’incurvent (absolument comme il a été expliqué pour les cellules stomatiques réelles) et le stomate s’ouvre : la figure 8 le montre dans cet état, vu de face, la figure 9, de côté. Lorsque le stomate est bien ouvert, on arrête l’insufflation et on ferme le robinet. Les chiffres suivants donneront une idée des change- ments de dimensions des cellules À et A’, qui amènent l'ouverture du stomate artificiel. Les mesures ont été prises au compas quand cela était nécessaire; elles sont exprimées en millimètres. Stomate fermé, |Stomate ouvert, non turgescent (fig. 6, Tu fig. 8, 9}, Largeur totale de l'appareil der àt”,. , . 444 mm. 433 mm. Largeur de chaque cellule A et A!.. , . , 72 61,5 Épaisseur de AS ra à sa pas prouvé que la maçonnerie soit du même temps. C’est » en effet un ouvrage admirable, trop régulier et trop » imposant pour dater de cette époque (le XI° siècle); » mais l’emploi exclusif du plein cintre ne permet pas de » le rejeter en deçà des premières années du XIHI° siècle. » Les auteurs d’un travail consacré spécialement à la première enceinte et qui a paru récemment, MM. Combaz et de Behault, émettent l’opinion que les remparts ont été construits vers le milieu du XII° siècle, et ajoutent : « le » moment était bien choisi : le Brabant jouissait d’une » paix profonde, succédant à une période troublée, qui >» ne s'était terminée que vers 1150 (2). » Ils auraient dû remarquer que la paix n'avait duré que peu d’années et avait fait place à une nouvelle série de combats, pendant laquelle le château de Grimberghe fut pris d'assaut par le duc de Brabant, Godefroid I, en 1159. Ailleurs ils préci- sent leur opinion, en présentant une hypothèse se rappro- (1) T. 1, p. 18. (2) Annales de la Société d'archéologie de Bruxelles, 11° livraison, PP. 141 et suiv. ( 498 ) chant de la nôtre : La ville, comme d'autres localités, aurait ‘abord été entourée, au XI[° siècle, de remparts en terre avec palis et haies vives, remplacés au XII° siècle par des murs de pierre. La lecture de leur essai m'a déterminé à reprendre l'examen de ce sujet, qui intéresse à un haut degré notre belle capitale. Je n’espère pas porter la conviction dans tous les esprits; je veux simplement présenter quelques données de nature à éclaircir le débat. Il s’agit d’abord de déterminer l’époque où Bruxelles, après n’avoir élé qu’une bourgade, fut rangée parmi les cas- tella ou les oppida, c'est-à-dire les localités fortifiées, le castellum étant moins important que l’oppidum. La plus ancienne mention du premier de ces termes se rencontre dans un chroniqueur qui a écrit l'histoire de la première croisade, Albert d'Aix. En parlant d’un chevalier nommé Guntmar, il lui donne pour patrie un château du Brabant appelé Bruxelles (de Bruxella, castello Brabantiæ) (1). La (1) L. IX, e. 48. Le témoignage d'Albert d'Aix est important. Cet écrivain, dont l'ouvrage se termine brusquement en l’année 1120, peut être considéré comme appartenant au XIe siècle. S'il ne se trouva pas à la première croisade, comme on peut le penser d’après quelques expressions de son entrée en matière, il dut cependant passer une partie de son existence en Orient, à en juger par les détails dans lesquels il entre à propos du règne de Baudouin, le frère de Godefroid de Bouillon, et de son successeur, Baudouin du Bourg. Un témoin oculaire ou à même de recueillir sur place des renseignements nombreux, peut seul rendre compte, comme lui, d'événements semblables à ceux qu’il raconte. S'il est constant qu'il fut chanoine-sacristain (custos) de l’église d’Aix-la-Chapelle, on peut supposer aussi qu’il a vu le pays sur lequel il nous apprend tant de choses. Ses connaissances sur la Belgique dateraient donc de la ( 499 ) même expression se retrouve dans la légende de saint Guidon, écrite probablement dans les premières années du XII° siècle. Le bienheureux aventura son avoir dans le négoce, par les conseils d’un marchand. L’essai ne fut pas heureux et l’argent de Guidon, comme tant de fortunes englouties au XIX° siècle dans les spéculations commer- ciales, sombra avec le bateau qui en portait la représenta- tion en objets de tout genre. Seulement ce ne fut ni l’océan, ni un fleuve qui l’absorbèrent dans leurs profon- deurs, ce fut la modeste rivière dont on a, de nos jours, dissimulé l’aspect peu engageant, c’est-à-dire la Senne, et le fâcheux conseiller était un Bruxellois, de Bruxella vicino castello (1), le mot vicinus étant employé ici par rapport à Anderlecht, où habitait Guidon. Il ne s’agit pas, dans ces deux exemples, d’un château ducal ou féodal, le mot cas- tellum se rapporte au lieu de résidence du marchand et à la patrie de Guntmar, c’est-à-dire à une localité. En 1154, et non pas en 1179, comme le disent MM. Combaz et de Behault, apparaît pour la première fois, si je ne me trompe, la qualification d’oppidum, ville. Le duc Godefroid, après avoir fondé près de Bruxelles une chapelle en l'honneur de la Vierge, cha- pelle dont il posa la première pierre, la donna, avec les terrains environnants, à l’abbaye du Saint-Sépulcre, de Cambrai (allodium quoddam meum Bruxellæ opido adjacens, cum capellam in eo ad honorem Dominici Sepulcri dominæque genitricis Mariæ construclam... (2). première partie de sa vie; elles devaient être considérables, car il cite une foule de croisés originaires de notre pays et mentionne, plusieurs fois Guntmar de Bruxelles. (1) Acta sanciorum, Septembris, t. IV, p. 42. (2) Minazus et Forpens, Opera diplomatica, t. 1, p. 174. ( D00 ) Cette chapelle, devenue de nos jours l'église de Notre- Dame de la Chapelle, était siluée dans la paroisse de . Sainte-Gudule, dont elle ne fut séparée, pour former le centre d’une paroisse particulière, qu'en 1210, mais elle n’était pas dans la ville (capellam Beatæ Mariæ Bruxellæ contiguam, dit-on en 1138 (1); capellæ quam præcepit dur in alodio suo extra oppidum Bruxellæ fieri, dit-on en 1141). En l’année 1141 on oppose aux biens situés hors de cette dernière des courtils qui s’y trouvaient (cur- tilia quatuor infra Bruxellam (2), de même que, en 1138, on date un diplôme de la chapelle même, mentionnée comme se trouvant à Bruxelles (Actum Bruxellæ in eadem capella), mais en signalant des terrains dont il lui est fait don, comme se trouvant hors de la ville (extra Bruxellense oppidum) (5). Cet oppidum avait-il la même étendue que celui dont la première enceinte formait le pourtour (ambitus)? Oui, car une bulle du pape Alexandre HT, du 9 avril 1174, y place les églises de Sainte-Gudule, de Saint-Jacques-sur- Coudenberg, de Saint-Nicolas, de Saint-Géry, outre trois hospices pour les pauvres et les étrangers (peregrini), sans doute l’hospice de Saint-Nicolas, près de l’église da même nom, dit depuis des Saccites, et ensuite supprimé; celui des Apôtres, depuis de Sainte-Gertrude, aux pieds des escaliers de l'église Sainte-Gudule, et Saint-Jacques, à côté duquel on bätit, au XVII° siècle, l’église Notre-Dame de Bon-Secours (4). (1) Opera diplomatica, t. I, p. 687. (2) Jbidem, t. HE, p. 690. (3) /bidem, t. AV, p. 199. (4) bidem, t. 1, p. 1179, et mieux dans nos Analectes de diplo- malique, p. 109. ( 501 ) Cet ambitus était-il formé dès le principe de maçon- neries? On ne le sait, car il n’en est question, pour la _ première fois, que dans une charte de confirmation, par le duc Henri 1‘, des biens attribués à la chapelle appelée dans ce document la chapelle de Notre-Dame hors des murs de la ville de Bruxelles (capella Beate Marie extra muros oppidi Bruxellensis sita). Cette charte, encore iné- dite, est sans date, mais à en juger par les noms des témoins qui y sont mentionnés, elle doit remonter aux dernières années du XII° siècle (1). Il faut pourtant se mettre en garde contre les expres- sions des actes officiels. Ainsi, de même qu’Anvers est simplement qualifié de bourg (burgus) dans les plus anciens documents relatifs à l'abbaye de Saint-Michel, bien que cette localité fût très importante comme centre de commerce el comme forteresse, de même on donne ce nom à Bruxelles, dans le diplôme par lequel le duc Gode- froid III, en l’année 1183, cède aux frères de l’ordre de l'Hôpital un hospice situé à Coudenberg dans son alleu, c'est-à-dire son domaine propre (domum hospitalitatis super alodium meum apud Brussellam burgum meum in Frigido monte fundatam) (2). Mais cette désignation inso- lite ne peut prévaloir contre celles que l’on rencontre plus fréquemment et antérieurement; c’est sans doute le résul- tat d’un moment d’inattention, comme cette erreur d’un diplôme de l’an 1210 où l’on place l’église de la Chapelle dans la ville de Bruxelles (capellam.. in opido Bruxel- lensi) (3). En effet, en l’année 1210, le faubourg de ce côté (1) Chronique manuscrite de la prévôté de. la Chapelle. ‘ (2) Waurens, Mélanges d'histoire et da a p. 44. Revue d'histoire et d’archéologie, t. N°, p. 482. . (5) Opera diplomatica, t. WU, p. 986. 3"° SÉRIE, TOME XVI, 34 ( 502 ) avait peut-être déjà pris tant d'extension que l’église pou- vait être considérée comme se trouvant dans l’aggloméra- tion; mais elle resta jusqu’en 1357 hors de l’enceinte; elle se trouvait à une distance d'environ 100 mètres de la Steenporte, dans la direction du sud. On rencontre souvent une autre indication, qui mérite dè nous retenir un-instant. Bien des actes du XII° siècle sont signalés comme passés à Bruxelles, au château (in castello, in castro), et quelquefois, comme préposition au lieu de in, dans, on lit super ou supra, sur, dessus, peut- être parce qu'il s’agit d’un lieu placé sur la hauteur. Tan- tôt on lit : Actum est anno MCXXI apud Brucselle, super castellum (1), ou Actum est hoc Bruxelle in castello,… anno Domini MCLIIIT (2); tantôt : Bruxelle in castro, coram hominibus meis, … anno MCL (5), ou Actum est Brucsellae, supra castrum, anno Incarnationis Domini- cae MCLI (4). On distingue dans ces phrases la ville d’une de ses parties. Dans l'acte par lequel le duc Godefroid [°° assigne une dot à son fils Henri et à sa belle-fille, Mathilde d'Alsace, ou sépare encore Bruxelles du château ou palais qui s’y trouvait : Brussellam cum castello, homi- niis (les fiefs compris dans le territoire) et omnibus perti- nentiis. Et, en effet, lorsque le duc Godefroid parle d’une donation accomplie à Bruxelles, dans le château (castel- lum ou castrum), en présence de ses vassaux, il semble qu’il fait allusion à une formalité accomplie devant ses (1) Histoire des environs de Bruxelles, t. 1, p. 482. (2) Analectes de diplomatique, p. 91 (Bulletin de la Commission royale d'histoire, 4° série, t. VIT). (5) Analectes, loc. cit, p. 86. (4) Opera diplomatica, t. 1, p. 592. ( 505 }) familiers, ses courtisans habituels, et à l’intérieur de l’édi- fice qui lui servait de résidence. Quelle que soit la signification donnée au mot castrum Gu castellum, qu’il désigne la ville même ou simplement le palais des Comtes, l'emploi que l’on en fait implique l'existence de fortifications, au moins sur la hauteur de Coudenberg. Cette dernière aurait done été emmuraillée ès 1121, et nous voilà de nouveau bien près de la date déjà acceptée. Mais, comment a-t-on pu réaliser une entreprise aussi difficile et aussi coûteuse à la fois ? Ici, la . Auestion se complique, car Bruxelles n’occupe en aucune façon un site facile à fortifier. Si, vers l’ouest, on pouvait utiliser dans ce but la Senne et les prairies voisines, du côté de l’est la ville est bâtie sur le versant d’un coteau divisé par plusieurs ravins très encaissés, tels que l'Orsendael ou Vallon aux chevaux, rue de Schaerbeek; de Vlade, rue des Douze-Apôtres, et le Ruysbroeck, dans la rue de ce nom. Ayant à traverser un sol très sablonneux et où les sources Sont abondantes, il a fallu travailler avec une extrême atten- tion pour asseoir convenablement l'enceinte et atteindre le Sommet du plateau. Puis, en longeant ce dernier, arrivé à l'endroit où se trouvait jadis une-dépression considérable du sol, on s’est trouvé dans la nécessité d’établir un énorme remblai entre ce que l’on appelle aujourd’hui, d’une part, la Montagne du Parc, et d’autre part, la Place Royale. Là Coulait un ruisseau qui portait le nom de Coperbeke, Ruis- seau au cuivre; il prenait sa source dans un vallon dont le Borgendael et les bas-fonds du Parc conservent des traces, et qui se continuait vers le bas de la ville à travers la rue d'Isabelle, celle des Doûze-Apôtres et la Putterie. On peut juger des mouvements de terrain qu'il y avait en cet endroit, par ce fait que, lors de la construction de la rue Royale, on a été obligé de remblayer le sol à une élévation ( 504 ) de 60 pieds environ. Aujourd’hui encore, cette partie de la ville est très mouvementée, comme on peut en juger par les chiffres suivants, empruntés à un plan publié par Mols. Treurenberg, en son milieu, à Li de la rue du Gentiibomme : :: . . ,. ir , : DOS D Du à » «2 41961 Rue Royale. : 4 for e dus . 5880 Place du Trône et de DU . 6891 Rue de l’Arsenal, à son débouché dans la rue de Mn us us ui 61008 (D Notez que la rue d'Isabelle était primitivement plus basse, et qu'avant d’être convertie en voie publique, elle constituait un jardin de tir à l’arbalète, dont le nom, de Honsgracht, le Fossé aux chiens, n’a pas besoin de com- mentaire. Le jardin a été certainement exhaussé en 1626 lorsqu'on lui fit subir une transformation, de même que l'ouverture de la rue Royale et l'établissement de la rue des Palais ont fait disparaître les cours, les jardins et les pièces d’eau qui séparaient l’ancien palais de nos souve- rains de leur parc. Mais pour annuler l’abaissement du niveau, pour con- tinuer l'enceinte, dont les vestiges sont encore apparents de ce côté, il fallut élever un énorme remblai, tout en ménageant l'écoulement des eaux, écoulement qui s'opé- rail par un aqueduc dont quelques traces ont été rencon- trées de nos jours à une énorme profondeur. Au delà de celle jetée, l’enceinte, profitant d’un surhaussement du sol qui portait le nom de Coudenberg ou la Montagne ui (4) Le bas de la ville, représenté par le débouché de la ruc de Laeken, vers la place Sainte-Catherine, mesure 1747: ( 505 ) froide (en latin Frigidus mons), en suivait le contour en englobant le château ou palais, le manoir des châtelains au Borgendael et l'église Saint-Jacques-sur-Coudenberg, puis allait atteindre la naissance du vallon dit le Ruysbroeck. À partir de là on dut faire de nouveaux efforts pour parvenir à la rivière, en profitant d’un coteau descendant d’une manière très rapide. On jugera de la grande déeli- vité du sol par ces deux chiffres : Le Ruysbroeck, près de la rue des Petits-Carmes, est à l'altitude de 53"9®%, et au bas, vis-à-vis de la porte d'entrée de l’ancien Palais de Justice, là où l’ancienne enceinte, s'inclinant vers le sud pour former un angle à l'endroit ou fut bâtie la Steen- Porte, traversait le vallon, il est à l'altitude de 37"89, soit à 16"03 plus bas. Est-il probable que de simples rem- parts de terre auraient résisté pendant des siècles aux pluies, quelquefois si torrentielles dans nos climats, aux fontes de neige, s'ils n'avaient été renforcés aux endroits les plus vulnérables par des maçonneries, accompagnées d'arcades de soutien et de conduits pour les eaux, et, dans la partie inférieure de la ville, de fossés ménagés pour contenir de l’eau et en rejeter à l’occasion l'excédent ? Sans loutes ces précautions, l’enceinte aurait présenté peu d'utilité et, sur un pourtour assez vasle, aurait pu être forcée sans trop de peine. Elle n’a pu remplir le rôle qu'on lui assignait, rôle justifiant les immenses dépenses qu’elle à dû occasionner, que lorsqu'elle a été complète, C'est-à-dire entourée de larges fossés, les uns pleins d’eau, les autres secs, mais très profonds, et munie de portes et de tours solidement construites et reliées les uns aux autres par une épaisse courline, qui était à un élage dans le bas de la ville, à double étage dans le haut, et dont les parties existantes offrent tant d'uniformité ( 506 ) qu’elles doivent toutes remonter à la même époque. I! suffit pour s'en convaincre, si l'on n’a pas l’occasion de les étudier sur place, de parcourir les planches accompagnant le travail de MM. Combaz et de Behault. Encore une fois, quelle est cette époque ? Dans quel temps la ville de Bruxelles se trouva-t-elle dans une situa- tion si périlleuse qu'il devint nécessaire de la fortifier avec le plus grand soin? Ce fut, tout me porte à le croire, au milieu du X[° siècle. Auparavant Bruxelles, situé au cœur de l’ancien Brachbantum, n'avait pas d’ennemnis bien redou- table à craindre. Les comtes de Louvain, étroitement appa- rentés avec les comtes de Mons ou de Hainaut, étaient alliés aux comtes de Flandre, et hostiles comme eux à la suprématie des empereurs d'Allemagne. Mais, tout à coup, la situation change : Baudouin à la Belle-Barbe, comte de Flandre, envahit le pays d’Alost, et étend ses États de l'Escaut à la Dendre, et après lui Baudouin de Lille s'empare à la fois de la comtesse Richilde et du Hainaut pour son fils. Bruxelles n’est plus qu’à quelques lieues d’Alost, de Ninove et de Hal, d'où l’on peut arriver pour l’assaillir en peu de temps. . Les liens d'amitié, d'ailleurs, ne tardent pas à se rompre. Les princes de la maison de Louvain combattront : pour Richilde, contre son ennemi Robert le Frison, qui lui a enlevé la Flandre; pour l'autorité impériale, contre Robert de Jérusalem, fils de Robert le Frison; pour Clémence, veuve de ce second Robert, contre Charles de Danemark ; pour Guillaume de Normandie, contre Thierri d'Alsace. Ces quatre prises d’armes s’échelonnent de 1070 à 1130 el toutes, si elles n'ont pas amené l’embastillement de Bruxelles, justifient cet énorme travail, sans lequel la sécurité des domaines des comtes ou ducs de Louvain ( 507 ) aurait été illusoire. Si Louvain même ne fut fortifié qu’en 1156 ou en 1161, ce fut peut-être à cause de sa situation plus centrale. Que sait-on d'ailleurs de positif au sujet des commencements et des développements succes- sifs de cette ville? Des données plus positives ne viendront- elles pas, quelque jour, affaiblir ou modifier la portée des allégations, assez vagues d’ailleurs, de Boonen et de Divaeus ? La manière dont on traça le pourtour de la première enceinte de Bruxelles est tout à fait en coïncidence avec les agrandissements de cette ville au X[° siècle. Le principal de ses édilices religieux, l’église Saints-Michel et Gudule, avait été rebâti par les soins du comte Lambert II et fut consacré en 1047. L'enceinte, si elle ne fut commencée ayant ce temple, fut en tous cas établie de manière à le “Protéger ; on n’aurait pu la rejeter plus au nord sans ren- contrer les sinuosités du sol à l’Orsendael. Les comtes de Louvain habitaient d’abord près de la Senne, à proximité de la chapelle Saint-Géry. Lorsque Lambert II fit trans- porter à Sainte-Gudule les restes de la patronne de ce temple, jusqu'alors conservés à Saint-Géry, son intention -était bien de changer d'habitation, quoique, d’après le chroniqueur A-Thymo, lui et sa femme Ode continuèrent à habiter la demeure de leurs parents (1). Mais le dépla- cement de la résidence comtale ne tarda pas à s'opérer, car dès l’année 1107 on constate l'existence d’un prêtre desservant l’oratoire de Coudenberg (Onulphus sacerdos de Caldenberch) (2). La chapelle ou église de ce nom (1) A-Tavmo, Historia Brabantiæ diplomalica, 5° partie, titre V, €. L. — Histoire de Bruxelles, t. 1, p. 26. (2) Burkens, Trophées de Brabant, t. 1, preuves, p. 58. ( 508 ) n'était pas un temple publie, c'était une propriété parti- culière de nos princes, confiée à leurs chapelains particu- liers, et dont ils firent don, d’abord à l’ordre de l'Hôpital de Jérusalem, puis à une communauté religieuse apparte- nant à l'ordre de Saint-Augustin. On ne l’ouvrit que pour le service du château, et son existence présuppose l'exis- tence de ce dernier, qui, à son tour, n’a pas été bâti, selon toute apparence, isolé sur la hauteur et sans être relié à la ville proprement dite. Tout permet donc de fixer la construction première de l’enceinte dans la dernière moitié du onzième siècle. Il faut relever, à ce propos, une erreur singulière de MM. Combaz et de Behault (1) qui, tout en se servant des données accumulées daus l'Histoire de Bruxelles, ont con- fondu le château ou palais ducal et le château des châte- Jains. Celui-ci, disent-ils, menaçait ruine, lorsqu'il fut rebäti par les ducs Jean IT et Jean HF, à l’époque où les châtelains auraient été dépouillés de leurs anciennes pré- rogatives. Nous nous sommes cependant, M. Henne et moi, expliqués bien clairement. Le château des châtelains et le château des comtes ou dues étaient deux édifices bien distincts. Quant au Borgendael, il constituait une propriété des châtelains, qui y conservèrent la juridiction jusqu’à la signature de la convention par laquelle le comte de Sart en fit abandon, le 13 septembre 1774, à la ville de Bruxelles (2). Mais l'étendue de cette propriété avait été peu à peu restreinte dans d’étroites limites. Les châtelains en avaient maiates fois aliéné des parcelles, surtout au pro- (1) Loc. cit., p. 170. (2) Histoire de Bruxelles, t. I, p. 350. ( 509 ) fil des religieux de Coudenberg. Le Borgendael propre- ment dit, ou Vallée du château, séparait la résidence ducale du château des châtelains, comme le dit expressément un acte de l'an 1259 (1). Ce château, abandonné par ses maitres et réduit à un monticule qui conserva le nom d'Oudeborch où Vieux-Château, fut donné à cens, en 1331, par Roger de Leefdael, et devint la propriété de l’abbaye de Coudenberg. D'après un acte de l’an 1529, il touchait par derrière à l’ancienne enceinte (2) ; mais il n’était pas adjacent au palais, il se trouvait plutôt derrière l’église de Saint-Jacques et les autres bâtiments conventuels. Il avait alors remplacé son nom par celui de : la Vigne, den Wyngaert. Du temps de Gramaye, on en voyait encore les ruines (3). Il est probable que le Borgendael fut cédé en propriélé aux châtelains, à condition de le tenir en fief et peut-être à charge d'y construire un manoir, d’où ils pourraient plus aisément veiller sur la demeure du due, car, on ne doit pas l’oublier, ils étaient à Bruxelles les chefs militaires et c'étaient sons leurs ordres que les Bruxellois marchaient au combat. C'était au châtelain qu'était confiée, un jour de bataille, la bannière bruxel- loise (4). (4) Inter domicilium domini ducis et castrum castlellani, in loco qui dicitur Borchdat. Archives de Sainte-Gudule. (2) Gocden geheeten d’Oudenborch, nu gemeynlyck geheclen den Wyngaert,.… commende achter op d’oude mueren der stadt van Brussele. Cartulaire de l’abbaye de Coudenberg. (5) Visuntur apud palatium ruinae, uhi vicecomitis aedes fuisse quidam contendunt. P. 4 (édit. in-4e) et 2 (édit. in-f). (4) Voir l'indication des prérogatives du châtelain dans l'Histoire de Bruxelles, t. Ver, p. 27. ( 510 ) La conclusion naturelle de tout ce qui précède est que la première enceinte est une construction de la fin du XI° siècle. C’est à celte époque, en effet, que Bruxelles reçut la qualification de castellum, bientôt remplacée (dès 1134) par celle d’oppidum ou ville fermée de murs; c'est alors qu’un danger sérieux la menaçant du côté de l’ouest, on a dû se préoccuper de sa sécurité; c'est alors que les édifices de tout genre s’y multiplièrent. On peut même dire que la population ne tarda pas à s’y déverser en dehors des remparts, car, dès l’année 1179 existait la léproserie de Saint-Pierre, aujourd’hui l'hôpital de ce nom, qui devait être dans une situation écartée, mais pour laquelle il fallut s'éloigner considérablement de l'enceinte, puisqu'elle en est à une distance de plus de mille mètres. Les fragments encore debout d’une construction appar- tenant à une époque si reculée méritent d'être conservés avec le plus grand soin. Il serait difficile, croyons-nous, d'en retrouver de pareils et en si grand nombre dans une autre ville du pays. Ce sera, sans contredit, un travail intéressant à tous les points de vue que la restauration de la tour des anciens remparts de Bruxelles à laquelle on a donné le nom de Tour Noire, et qui nous montrera, complété, le seul spécimen, encore existant, de l’archi- tecture civile (1), telle qu’on la pratiquait en Belgique au XI° siècle. (1) Civile, dans le sens de non religieuse. - — —"“_— 00000 —— (511) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 8 novembre 1888. M. Azex. Roger, directeur. M. Lure, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Gevaert, vice-directeur ; J. Portaels, Éd. Fétis, le chevalier L. de Burbure, Ern. Slingeneyer, Ad. Samuel, Ad. Pauli, Godfr. Guffens, Joseph Schadde, Th. Radoux, Em. Wauters, Peter Benoit, Joseph Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, Charles Verlat, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, le chevalier Edm. Marchal, Joseph Stallaert, Henri Beyaert, J. Rousseau, membres ; Max. Rooses et J.-B. Meunier, correspondants. CORRESPONDANCE. M. le vicomte Henri Delaborde, associé de l’Académie de Belgique et secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux- arts de Paris, adresse, à titre d'hommage, un exemplaire de sa Notice sur la vie el les ouvrages de M. Victor Massé, lue dans la séance publique annuelle du 20 octobre 1888. — Remerciements. memes Zu (512) RAPPORTS. Il est donné lecture des rapports de la section de sculpture (rapporteur M. Marchal) : 4. Sur le cinquième rapport semestriel de M. Julien Anthone, prix de Rome pour la sculpture, en 1885; B. Sur le premier rapport semestriel de M. Égide Rombaux, boursier pour la sculpture, de la fondation Godecharle, en 1887. — Renvoi à M. le Ministre de l'Intérieur et de l’Instruction publique; ——— Sur la gamme mineure; par Charles Meerens. Happort de la section de mrsique (rapporteur F.-A. Gevaert) « La lettre de M. Ch. Meerens soulève, au point de vue de la pratique musicale, plusieurs objections graves dont je me borne à résumer les deux principales. 1. I n’y à pas, comme le croit M. Meerens, une vraie gamme mineure et d’autres gammes qui seraient plus ou moins fausses. La musique moderne, depuis J. S. Bach jusqu'à R. Wagner, fait usage de trois formes de la gamme mineure, toutes également légitimes, que les com- posileurs entremêlent au gré de leur inspiration. Il serait difficile de trouver un morceau de quelque étendue où une seule de ces gammes fût exclusivement employée. Il est vrai que la gamme préconisée par M. Meerens esl ensei- gnée, à l'exclusion des autres, dans la plupart des traités d'harmonie depuis Catel; mais c’est là une erreur didac- tique et non un progrès : en effet, la science n’est pas chargée de corriger l’art, mais de l'expliquer, quand elle le peut. D'ailleurs, en tant que gamme proprement dite, la ( 513 ) gamme mineure appelée harmonique est la moins régu- lière de toutes, puisqu'elle renferme un intervalle qui ne constilue pas une progression mélodique mais un véritable saut : la seconde augmentée. 2. En ce qui concerne les déterminations numériques de la susdite gamme, il y a à remarquer que M. Meerens, dans ce petit travail comme dans ses publications anté- rieures, considère le quatrième degré, uniquement comme appartenant à l’accord de septième de dominante, et le constitue en dissonance avec la tonique (?7/,, au lieu de #/;), ce qui exclut du système harmonique l’accord parfait de la sous-dominante. C’est là manifestement une violation du principe géné- rateur de la tonalité qui met la tonique au centre, ayant à sa droite l’accord parfait de la dominante et à sa gauche l’accord parfait de la sous-dominante. - Malgré les critiques de détail auxquelles ils prêtent le flane, les travaux de M. Meerens sont dignes d'être encou- ragés et mériteraient davantage l'attention des artistes, qui s’imaginent à tort que le domaine des rnathématiques musicales est absolument sans intérêt pour eux. Une science qui a occupé les penseurs les plus éminents du monde antique et moderne, depuis Pythagore et Platon jusqu’à Descartes et Wronski, pour ne citer que les plus célèbres, ne doit pas rester lettre morte pour les musiciens qui prennent leur art au sérieux ». PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1890. La Classe s'occupe de Ja formation de son programme de concours pour 1890. Elle fait choix, à cet effet, de quatre questions pour la partie littéraire, ( 514 ) Les sections de peinture et de sculpture ont été char- gées, pour la prochaine séance, de présenter chacune un sujet d’art appliqué. Ce programme sera définitivement rédigé dans la séance du 6 décembre. La Classe se constitue en comité secret pour prendre connaissance de la liste des candidats aux places vacantes, présentés par les sections. 0 6 G—— OUVRAGES PRÉSENTÉS. Wauters (Alph.). — Inventaire des cartulaires et autres registres faisant partie des archives anciennes de la ville de Bruxelles; t. 1°", 4° fascicule. Bruxelles, 1888 ; vol. in-8°. Georges (Édouard G.-J.). — Souvenirs historiques. Docu- ments pour servir à l’histoire de la musique, vol. I et II. Bruxelles, 1888; 2 vol. in-8°, - Detroz. — Du secret des instructions criminelles et de leur communication dans un intérêt public, discours. Liège, 1888; in. 8° Jorissen (A.). — Sur la présence du tellure et du bismuth dans la galène de Nil-Saint-Vincent. Liège, 1888; ext. in-8° (2 p.). — Le beurre et la margarine, Bruxelles, 1888; extr. in-8° (12 p.). Caster (G. van). — Histoire du prieuré de Notre-Dame d'Hanswyck.. à Malines. Malines, 1888; in-8° (110 p.). Banning (Émile). — Le partage politique de l'Afrique d'après les transactions internationales les plus récentes (1885-1888). Bruxelles, 1888; in-8°. Neuss (Henri Van). — Inventaire des archives du chapitre noble de Munsterbilsen. Hasselt, 4887 ; in-4° (207 p.). (5145) Archives de biologie, t. VIH, 1-5; VIN, 4-4. Gand; in-8. Kon. vlaamsche Academie, — Woslenboek op Alexanders geesten van Jacob van Maerlant, door L. Rocrsch, cerste afle- vering. Gand, 1888; in-S. — Over de verbinding der volzinnen in ’t gotisch, door P.-H. Van Mocrkerken. Gand, 1888; in-8°. — Bibliographie der middelncderlandsche taal- en letter- kunde (L. Petit). Gand, 1888; in-8°. Soctélé royale des sciences de Liège. — Mémoires, 2° sér., t, XV. Bruxelles; in-8°, Portefcuille de John Cockerill, vol. IV, 5° liv. Paris, 1888; in-folio. Willemsfonds. — Vlaamsche bibliographie : lijst van ncder- landsche boeken... in België in 1887 verschenen, Jaarboek voor 1888, Gand, 1888; in-8°. Société médico-chirurgicale de Liège. — Projet sur la col- lation des grades académiques : discussions dans les séances du 9 février et du 5 avril 1888. Liège; in-8°. es ALLEMAGNE ET AUTRICHE-HONGRIE. Verein für Erdkunde, Dresden. — Festschrift zur Jubel- feier des 25 jährigen Bestehens des Vereins, 1888; in-8°. Verein für Geschichte der Mark Brandenburg. — Fors- chungen, 1 Bd. 2. Leipzig ; in-8°. Geodälisches Institut, Berlin. — Gradmessungs-Nivelle- ment zwischen Aneclam und Cuxhaven. In-4°. Münster-Blälter (Beyer und Pressel), Heft V. Ulm, 1888 ; in-#°. Université de Giessen. — Catalogus codicum manuscripto- rum bibliothecæ (J. Valentino Adrian) ,et additamenta Franc- fort-sur-le-Mein, 1840-62 ; in-4°. Handelsstatistisches Bureau. — Hamburg's Handel in 1887. Hambourg; vol. in-4°. ( 516 ) Naturforschende Gesellschaft, Freiburg in Br. — Bcrichte, 1887. In-8e. - Société d’histoire naturelle de Colmar. — Bulletin, 1886- 1888. Colmar, 1888; vol. in-8°. Senckenbergische naturforschende Gesellschaft. — Abhand- lungen, Bd. XV, 3. Francfort-sur-le-Mein; in-4°, Physikalische Gesellschaft zu Berlin. — Verhandlungen im 1887. Die Fortschritte, Jahrgang XXXVIIH, In-8. Ferdinandeum für Tirol und Vorarlberg. — Zeitschrift, 62. Heft. Inspruck, 1888 ; in-8° Académie des sciences de Cracovie. — Annuaire pour 1887. — Scriptores rerum Polonicarum, t. XIE — Comptes rendus- des séances : a. Mathématiques, t. XVII et XVII; b, Histoire et philosophie, XXI, — Mémoires (mathémat.), t. XIV et XV. — Monumenta medii aevi historiea res gestas Poloniæ illus- trantia, t. XI. — Compte rendu de la Commission pour l'étude de l’histoire physiologique et exposé des matériaux pour la physiographie de la Gallicie, t. XXI. — Recueil de notices sur l’anthropologie du pays, t. XII. — Andrac Cricii, carmina (cas. Morawski). — Grand Kourhan de Ryzanowka, d’après les recherches faites en 1884 et 1887 (Ossowski). Akademie der Wissenschaften, Wien. — Sitzungsberichte philos.-hist, Classe, Band 194, Heft 2; 115. Sitzungsberichte math.-naturw, I. Abthlg. 1887. 11, Abthlg. 1887, n°’ 5 bis 10. JL. Abthlg. 4887. Denkschriften philos.-hist. classe, Band 56. Denkschriften math.-naturw., Band 53. Archiv für Kunde ôsterr. Geschichtsquellen, Band 71 und 72, Halfte 2. Alma- nach, 1887. FRANCE, Rey-Pailhade (J. de). — Existe-il dans le règne animal unc fonction oxydante spéciale analogue à la fonction cblorophyl- lienne des végétaux? Toulouse, 1888; in-8° (à p.). ( 17 ) Delaborde (Henri). — Notice sur Victor Massé. Paris, 1888; extr.in-4° (19 p.). Lemoine (E.). — De la mesure de la simplicité dans les constructions mathématiques. Gand, 1888; ext. in-8° (9 p.). — De la mesure de la simplicité dans les sc'ences mathéma- tiques. Paris, 1888; extr. in-8° (20 p.). — Notes sur diverses questions de la géométrie du triangle. Paris, 1888; extr. in-8° (12 p.). Catalogue de la bibliothèque de la ville de Montpellier (L. Gaudin), sciences et arts, 1"* part. 1888; vol. in-8°. GRANDE-BRETAGNE ET COLONIES BRITANNIQUES. Barker Smith (John). — Ydeation. À new philosophy. Lon- dres, 1888; in-18 (32 p..). Mueller (F. von). — Iconography of australian species of acacia and cognate genera, decade 9-11. Melbourne, 1888; in-4°. Cotes (E.-C.). — A catalogue of the moths of India, part 5. Calcutta; in-8. Commission géologique du Canada. — Rapport annuel, 1886. Ottawa; vol. in-8°. Geographical Society of Australasia. — Proceedings and transactions, vol. III, 4. Brisbane, 1888; in-8°. Australian Museum, Sydney. — Catalogue of the fishes, part 4. Sydney, 1888; in-8°, — Report for 1887. In-4°. Meteorological service of the Dominion of Canada. — Report for 14885. Ottawa, 1888; vol. in-8°. Society of Queensland. — Proceedings, 1888 ; vol. V, 1 and 2. Brisbane, in-8°. Department of Mines, Sydney. — Mineral products of New South Wales (H. Wood). Notes on the gcology of N.S. "> (Wilkinson). Description of the seams of coal worked in N.S. W. (J. Mackenzie). In-4°. 3"* SÉRIE, TOME XVI. 35 ( 518 ) Challenger Office, Edinburgh. — Report of the scientific results of the voyage of H. M.S. Challenger, during the years 1875-76, vol. XXIII-XXVII. 1888; 6 vol. in-4°. Literary and philosophical aa Manchester, — Procee- dings, vol. XXV. Memoirs, vol. Greenwich Observatory. — Far magnetical and meteorological observations, 1886. Results, 1887; in-4°, Cape Observatory. — Annals, vol. II, 2. Observations, 1882-1884. Linnean Society of N.S. Wales. — Proceedings, I, #4; I, 1. Sydney, 1887-88. Linnean Society of London. — Botany : Jo urnal, n°*152-55, 159-162. Transactions, vol. IF, 45; HI, 4. Zoology : Journal, n° 118, 150, 1431, 136-159. Transactions, vol. II, 5 and 6. Trigonometrical survey of India. — Account of the opera- tions, vol. X. Debra Dun, 1887; vol. in-4° Asiatic Society of Bengal. — Descriptions of New indian lepidopterous insects (Fr. Moore) Calcutta, lié in-4* 300 p., pl). ITALIE, Giovanni (V. di). — Divisione etnografica della popolazione di Palermo, nel secoli XI, XIE, XIII. Palerme, 1888; in-8° (74 p.) Buzzati (G.-C.). — L'urto di novi in mare. Padoue, 1889; in-8° (122 p.). R. Scuola normale di Pisa. — Annali, filosofia e filologia, vol. V. In-8°. Accademia di _. lettere ed arti in Modena. — Memorie, serie 11, vol. V. In-% Accademia di belle arti in Milano. — Atti, 1887. Milan ; in-8°, à (519) Pays-Bas. Akademie van wetenschappen, Amsterdam. — Jaarbock voor 1886 en 1887. — Afdeeling Natuurkunde : verhande- lingen XXVI; verslagen, III en IV. Letterkunden : verhande-. lingen XVII; verslagen, IV. — Catalogus der verzamelingen Bilderdijk en van Lennep. — Prysvers : Matris Querella et . Esther; Susanna. Me pucro. Ad Urbem Bononiam, Maatschappy van nederlandsche letterkunde, Leiden. — Levensberichten en handelingen voor 1887. Dierkundige vereeniging, Leiden. — Tijdschrift, supple- ment, deel IT. 14888; in-8°. Musée Teyler, Harlem. — Archives, vol. IN, 2° p. Catalogue de la Bibliothèque, 7° et 8° liv. Zeeuwsch genootschap van wetenschappen. — Levensbe- richten, 4% aflever, — Zelandia illustrata, de ARTE cure VI, 3. Middelbourg. Utrechtsch genootschap van kunsten en direnseNäpel — Aanteckeningen en verslag, 1887. — Geschiedenis van Esse- quebo, Demerary enz (Netscher). Genceskundige plaatsbe- schryving van Leeuwaarden (Kooperberg). — Bijdragen tot de geSchicdenis van de Kerspelkerk van S!' Jacob te Utrecht (van Riemsdyk). Zoologisch genootschap « Natura artis magistra » te Amster- dam. — Bydragen tot de dicrkunde, aflevering 14-16. Feest- nummer, In-#°. PorTuGAL,. Academia real das sciencias de Lisboa. — Historia e memo- rias, sciencias moraes ete., nova serie, tomo. V, partie 2; VI, 4; sciencias mathematicas etc., nova serie, tomo VI, parte 1, — Jornal de sciensias mathematicas etc., num. XXX-XLVIL -— Conferencias : âcerca dos infinitamente pequenos; e âcerta ( 520 ) da cireulaçäo da materia. — Documentos remettidos da India, tomo IT e III. Historia dos estabelecimentos.., de Portugal, tomo X-XV, — Corpo diplomatico Portuguez, tomo VI-IX. — Portvgaliae Monvmenta, vol. 1, 4 e 2. — Cartas de Affonso de Albuquerque, tomo I. — Roteiro de Lisboa a Goa, por D. Joâo de Castro. — A electricidade estudo de algumas das suas principaes applicaçôes (V. Machado). — Estudos sobre as provincias ultramarinas (J. de Andrade Corvo), I-IV. — Curso de Silvicultura (Ant. Xavier Pereira Coutinho, I e IL. — Licôes de pharmacologia et therapeutica geraes (Ed.-Aug. Motta). Academia de ciencias y bellas letras de San Salvador. — Repertorio Salvadoreño, tomo I, 4. In-8°. Pavs DIvERS, Instituto y observatorio de Marina de San Fernando. — Almanaque nautico, para 1890. Madrid, 1888 ; vol. in-8°. Societa pro fuuna et flora Fennica. — Meddelanden, 14. . Häftet. Acta, vol. III et IV. Helsingfors, 1886-88. Finlands geologiska Undersükning. — Beskrifning till kartbladet n° 10 och 11. Helsingfors, 1887; 2 cah. in-8° avec cartes. Finska vetenskaps-societet, Helsingfors. — Ofversigt, 1885-87. Bidrag.. Natur och Folk, Hefte 45-47. Acta, t. XV. Organisation oeh verksamhet (1838-1888) af A.-E. Arppe. Université d’Upsal, — Dissertations, thèses et annales pour 1887. In-8° Vilsbane-solsh ab; Christiania. — Fordhandlingen, 1887. In-8°, Naturforschende Gesellschaft, Graubündens. — Jahres- Bericht, 4886-87. Coire ; in-8°. Association géodésique internationale. — Comptes rendus des séances de la réunion de Nice en 1887, avec supplément. Berlin, Neuchâtel; 2 cah. in-4°. QE TABLE DES MATIÈRES. CLASSE DES SCIENCES. — Séance du 3 novembre 1888. CORRESPONDANCE. — Formation de la liste double de ets st ue choix du jury de la 8e période du tiques et physiques. — Billets cachetés déposés par MM. F. Leconte et Ronkar. — ue le Come! Huberty et Le ae dot ia sont remis en — Hommage d' ouvrages. : — Travaux manuscrits soumis à l'examen. ÉLecrions. — Communication au Ministre de la liste ie dé à pour le choix du jury de la 8° période du concours quinquennal des sciences mathématiques et physiques . . Rapports. — Avis favorable de M. Catalan sur un HS de M. a concernant quelques formules de calcul intégral. rappon de. MM. Spring et ‘Stas sur Loue se ” _. L. Ghevron et A.D 392 Re. ne ATIONS ET LECTURES. — Histoire naturelle des. Delphinides " LE Delique ‘lecture de M. 1. Van Bei R ches expérimentales sur la vision chez les 8 Arhropodes(euquiène | partie. avec planche), par F. Plateau. ï | Surdesa péreile des ; ire Hifi osé A tinés le mouvement des Stymaies (plane che), pi L. Errera . Sur quelques phosphates et arséniates doubles, par Cheoë: . A. Droixhé A — Candidatures ai aux en PA + CLASSE DES LETTRES. — Séance du 5 novembre 1888. CORRESPONDANCE, — Arrêtés royaux : a) décernant à M. G. Tiberghien le px. décennal és sciences | PAOREESS b) attribuant ie l'Académie ie pnyala à décerner le pris qe de titérature dramatique 20. langue néerlandaise. — à publier | notice sur feu son père ati F-I-F. Marchal, — Travaux manu- es - scrils envoyés à l'examen, — Hommage d'ouvrages. : Comumcanons # Er LECTURES. — La premi mière enceinte de Bruaale, par re k Pa ' se es | CLASSE vs BEAUX-ARTS. _ Séance du 8 osabés. 1888. . RT ms _. {Communication au à Ministre des appréciaions des s rapports : t ’ 591 594 495 Bit ’ Fe. ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 58° auuce , 3° seue, tome 16 | Ë ÿ RÉPENEENES BULLETIN DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1888. — No 12. nee CLASSE DES SCIENCES. Séance du 1° décembre 1888. M. Crépin, directeur. M. Luacre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alph. Briart, vice-directeur ; J.-S. Stas, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Long- champs, G. Dewalque, H. Maus, E. Candèze, Ch. Mon- tigny, Brialmont, Éd. Dupont, C. Malaise, F. Folie, F. Plateau, Éd. Mailly, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, AÏf, Gilkinet, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, Louis Henry, M. Mourlon, P. Mansion, J. Delbœuf, membres ; Ch. de la Vallée Poussin, associé; À. Renard, P. De Heen Ch. Lagrange et L. Errera, correspondants. 5e SÉRIE, TOME XVI. 56 ( 522 ) CORRESPONDANCE. —— M. le Ministre de l’Intérieur et de l’Instruction publique demande, au nom de son collègue du Département des Affaires étrangères, que la Classe veuille bien désigner les agents consulaires belges à l'étranger qui pourraient servir — en vue de réaliser la proposition faite par l’abhé A. Renard, de l’Académie (V. Bulletin, octobre 1888) — d'intermédiaires pour l’achat, l'échange ou l'obtention pure et simple des produits naturels des contrées où ils sont établis, — Renvoi pour rapport à M. Renard. Le même Ministre communique : 1° Un rapport transmis à son Département par M. Per- gens, au sujet de la mission dont il a été chargé à la Sta- tion zoologique du D' Dohrn, à Naples. — Commissaires : MM. P.-J. Van Beneden, Édouard Van Beneden et Plateau. 2° Une lettre par laquelle M. De Bruyne, docteur en sciences naturelles, préparateur à l'Université de Gand, demande à être envoyé à la dite Station de Naples, en vue d’y étudier les organismes parasitaires des algues marines. — Commissaires : MM. P.-J. Van Beneden, Édouard Van Beneden, Plateau et Errera. (525) 3° Cing exemplaires des rapports des Commissions médi- cales provinciales sur leurs travaux pendant l’année 1887. — Remerciements. — M. Folie communique une lettre de M. C, Tondini demandant que l’Académie veuille bien s'intéresser à Ja proposition suivante, soumise à une commission nommée lors de la dernière session de l'Association britannique pour l’avancement des sciences (Bath, 5-12 septembre 1888) : « Que les marins et les astronomes demeurant libres de continuer à se servir de leurs méridiens initiaux, on choisisse un méridien vraiment international pour tous les usages en dehors de l'astronomie et de la marine, pour lesquelles l'unification du temps est désirable; de plus, puisque le méridien de Jérusalem a déjà pour lui l'appui d’autorités scientifiques, qu’on examine sérieusement l'opportunité de ce choix. » — Pris en considération par la Classe. La Classe accepte le dépôt, dans les archives de l’Académie, de trois billets cachetés : Le premier, daté du 23 novembre 1888, et portant : n° 5, Acoustique, envoyé par M. Félix Leconte, professeur à Tournai; Les déis autres, remis par M. Spring, au nom de M. Charles, et portant en suscription : le n° 1 : Idées scientifiques; le n° 2 : Théories analytiques. — Le a Centre technique des électriciens brésdiouk », à Rio de Janeiro, annonce sa formation et demande à (524 ) entrer en relation d'échange de publications avec l’Aca- démie. — Renvoi à la commission administrative. — Hommages d'ouvrages : 1° Les ziphioides des mers d'Europe, par P.-J. Van Beneden ; 2 Note sur les champignons qui ont provoqué les cas d’empoisonnnement observés par le docteur Pregaldino; par Ch. Van Bambeke; 3° Recherches sur la structure de la substance fonda- mentale du tissu osseux ; par O. Vau der Stricht; présenté au nom de l’auteur par M. Van Bambeke ; 4 Report of the scientific results of the voyage of H.-M.-S. Challenger during the years 1873-1876, volumes 23 à 27 (zoology); offerts par M. John Murray, au nom du « Challenger Office » ; 5° a, Minéraux artificiels pyrogénés : Fayalite; b. Allu- vions modernes de la vallée de la Meuse à Liège; par Ad. Firket; 6° a. Nouveau cours de géométrie élémentaire ; b. Précis d’arithmétique , 5° édition; c. Cours de trigonométrie rec- tiligne et sphérique, 5° édition, par Léon Lecointe; T° Sur l’épipodium des mollusques ; par Paul Pelseneer. — Remerciements. — Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires : 1° Nouvelles notes d'algébre et d’analyse ; par E. Cata- lan. — Commissaire : M. Mansion; 2% Nouvelle théorie scientifique; par Ed. Wattier. — Commissaire : M. Montigny. (595 ) ÉLECTION. La Classe procède au renouvellement de sa commission spéciale des finances pour l’année 1889. Les membres sortants sont réélus. RAPPORTS. Explorations scientifiques des cavernes de la Méhaïgne. — 1. La grotte du Docteur ; par le professeur J. Fraipont et le D° F. Tihon. Rapport de M. G&. Dewalque, premier commissaire. « Après les belles recherches de notre confrère, M. E. Dupont, sur les cavernes des environs de Dinant, l'étude des cavernes de notre pays a été abandonnée pen- dant longtemps. Depuis quelques années diverses per- sonnes s’y sont adonnées, principalement au point de vue archéologique. Les auteurs du travail soumis à mon examen n’en sont pas à leur coup d'essai ; ils se sont associés pour étudier méthodiquement les cavernes des rives de la Méhaigne, Ils se proposent de soumettre leur travail au jugement de l'Académie : le présent mémoire est relatif à la grotte du Docteur, située à Huccorgne, sur le Roua, un des affluents de la rive gauche de la Méhaigne, et à peu de distance de cette rivière. I. — Cette caverne est formée d’une grande salle avec deux annexes latérales, ou couloirs, et un couloir au fond, le tout rempli complètement, sauf le couloir du fond. L'entrée, qui est fort large, était entièrement obstruée par les dépôts les plus récents, formant terrasse. Elle a été expiorée par des tranchées successives, entamant tout jusqu’au roc. IL. Description géologique. — On y a observé cinq cou- . ches de dépôts meubles, se montrant partout, sauf dans lé couloir du fond, où ne se voit guère que la couche infé- rieure, et sous la terrasse, formée surtout de la cinquième. 1. La couche inférieure, épaisse de 0",30 à 1",50, sui- vant la configuration du plancher, est formée de nom- breux cailloux roulés, avec beaucoup de rognons de silex bruts et de rares blocs anguleux de la roche encaissante (le calcaire carbonifère). On la trouve partout, même dans les cheminées secondaires qui partent du couloir du fond. 2. La deuxième couche, épaisse de 1",50 à 2,50, est une terre brune, renfermant d'assez nombreux cailloux rou- lés et un grand nombre de blocaux anguleux de la roche encaissante. Elle existe dans toute la salle principale avec ses annexes latérales, et elle se retrouve à l'entrée du couloir du fond. Elle se continue dans la terrasse extérieure en diminuant graduellement d'épaisseur ; elle disparaît dans la moitié droite, à partir de 3,50 de l'entrée, tandis que, vers la gauche, elle se continue jusqu’à plus de cinq mètres de celte entrée. Elle est très riche en débris d'animaux et en restes de l'industrie de l’homme. ( 5279 3. Couche de terre jaune, avec blocaux anguleux de la roche encaissante et rares cailloux roulés. Elle est séparée de la couche 2, sur certains points, par une croûte de stalagmite atteignant une épaisseur de 2 à 5 centimètres. Sa puissance varie de 1",25 à 2 mètres. On la trouve dans toute la salle principale et dans ses annexes latérales, mais elle manque dans le couloir du fond. Épaisse de 2",50 à l'origine de la terrasse, elle s’atténue, puis disparaît à 7 mètres de l'entrée, reposant directement sur la couche 1 à partir de 3,50 d’un côté, et de 5,30 de l’autre. On y a trouvé relativement peu d’ossements et de silex taillés 4. La quatrième couche est une terre noire, mêlée d'éboulis de la roche encaissante et de nombreuses racines d'arbres. Elle occupait le haut de la salle principale et ses annexes latérales. On n’y a trouvé que quelques débris d'animaux modernes, et vers l'entrée, les restes d’un ou deux squelettes humains. 9. La cinquième couche est le dépôt superficiel ou terre végélale de la terrasse. Elle atteignait 4 mètres près de l'entrée, recouvrait la terre jaune, 3, jusqu'à 7 mètres de l'ouverture, puis reposait sur les cailloux jusqu'à 9-10 mè- tres de l’entrée. Elle renfermait des cailloux roulés ee ou moins nombreux. On n’y a trouvé que quelques restes d'animaux actuels et quelques débris de l’industrie de l'homme. HIT. Partie zoologique. — Les restes des couches 2 et 5 seuls méritent l'attention. Dans la couche 2 ont été trouvés les débris de 19 espèces (528) | de mammifères, dont 16 sont sûrement déterminées. Ce sont : Rhinoceros tichorhinus, Equus caballus, Sus scrofa, Cervus elaphus, — canadensis, Megaceros hibernicus, Rangifer tarandus, Antilope rupicapra, Bison priscus ? Bos primigenius, Castor fiber, Elephas primigenius, Ursus spelœus, ferox ? Meles taxus, Canis lupus, — vulpes, Hyœna spelæa, Felis spelæa. nee Les débris les plus abondants sont ceux du cheval; ils proviennent de 124 individus au moins. Ils appartiennent à une petite race trapue, souche vraisemblable de notre cheval ardennais. Viennent ensuite les ossements de l’hyène des cavernes et du rhinocéros à narines cloisonnées, puis de Bos primi- genius, dont on a recueilli plus de 200 molaires ; ensuite ceux du mammouth. Les restes de l’ours des cavernes sont relativement rares. one 529 ) On n’a rencontré que 12 espèces dans la terre jaune qui constitue la couche 5, savoir : Equus caballus, Cervus elaphus, Rangifer tarandus, Capra hircus primigenius, Les ossements sont peu nombreux, surtout comparati- vement à ceux qui ont été rencontrés dans la couche pré- cédente. | Dans la couche n° 6, terre noire, on n’a guère trouvé que quelques os modernes de lapin, de renard, de blai- reau. Près de l'entrée, on a rencontré les débris d’un sque- lette humain adulte, enterré à 30 centimètres de profon- deur, et quelques fragments du squelette d’un enfant de six à sept ans. Le crâne de l'adulte ne se rapporte à aucune des races fossiles connues. L'existence d’un troisième trochanter au fémur et une certaine platyenémie du tibia tendent à le faire rapporter à l’époque néolithique; ce que confirme la présence d’une hache polie, etc, La couche 5, terre végétale de la terrasse, n’a fourni que quelques dents de cheval et de bœuf, une demi- mâchoire inférieure de mouton, et, sur l’extrême limite de la terrasse, une demi-mâchoire inférieure humaine, qui se rapporte également, par l'usure des dents, à l'époque néo- lithique. C'O90) IV. — Les auteurs donnent ensuite la description détaillée des instruments de pierre et d'os qu’ils ont recueil- lis dans les divers dépôts. : 4. Instruments de pierre. — Le niveau inférieur de la grotte a fourni 950 instruments ; la terrasse, 650. La plu- part sont de silex crétacé, un certain nombre de grès lustré bruxellien, quelques-uns en phtanite carbonifère, et un en quartzite. Mon assistant, M. M. Lohest, y a remarqué un ou deux éclats qui ne lui paraissent pas provenir du pays, notam- ment un silex blond, très translucide. Je ferai remarquer ici qu'on à fabriqué, dans la province de Liège, des pierres à fusil avec de tels silex, mais j'en ignore la provenance exacte, La plupart de ces outils sont plus ou moins patinés. Les racloirs sont les plus nombreux et les plus caracté- ristiques pour le niveau inférieur (couche 2). La plupart sont du moustiérien typique; un assez grand nombre, tail- lés à grands éclats sur les deux faces, rappellent le type chelléen. Une vingtaine de disques se rapportent aussi à ces deux types. Une cinquantaine de pointes offrent plus rarement le type moustiérien ; la plupart sont taillées sur les deux faces. Les neuf dixièmes présentent de nombreuses retouches sur les grands bords. Viennent ensuite un per- çoir de silex, une cinquantaine de lames, la plupart sans retouche, et quelques nuclei. 2. Instruments d’os.— Une cinquantaine de pièces sont suffisamment caractérisées. Ce sont des stylets de cheval, dont l'extrémité inférieure a été brisée, puis affilée, et des esquilles d’os longs, retouchées et usées. Dans le niveau supérieur, c’est-à-dire dans la couche 5, - ( 551 ) les instruments de silex sont plus rares et plus petits. Ce sont quelques racloirs, une soixantaine de burins à pointe biseautée, d’un caractère magdalénien, des perçoirs, une centaine de lames, presque jamais retouchées, un cer- lain nombre de grattoirs, également magdaléniens, et, enfin, une cinquantaine de petits éclats taillés en pointe, dont une douzaine ont une arête retouchée, un certain nombre de nuclei. Pas d'instruments d'os. La terre noire, n° 4, n’a rien fourni. La terre végétale de la terrasse renfermait une: vingtaine de lames et éclats amenés par les eaux pluviales ou perdus par l’homme, avec un fragment de hache polie et une belle pointe de flèche. PARTIE GÉNÉRALE. L Origine des dépôts meubles de la grotte. — On sait que de longues discussions ont été soulevées au sujet de l'origine des matériaux de remplissage des cavernes. L'année dernière, MM. Fraipont et Lohest sont arrivés à Confirmer chez nous la théorie adoptée par la plupart des géologues et défendue, même pour fa Belgique, par M. Fraas au Congrès préhistorique de Bruxelles en 1872. Depuis cette manière de voir, la plupart des grottes, tout au moins, ont été remplies, après le creusement des val- lées, par du limon et des cailloux entraînés par les eaux pluviales dans les cavités des collines et accrus des pro- duits de décomposition des roches qui en constituent les parois. Au contraire, d’après notre honorable confrère, M. E. Dupont, les choses se seraient passées tout autre- ment. Les cavités qui préexistaient dans les roches cal- ( 532 ) caires auraient été ouvertes lors du creusement des val- lées, à mesure que les eaux quaternaires approfondissaient leur lit, et auraient été remplies des alluvions de ces cours d'eau. Sans nier qu'il puisse exister des grottes remplies de cette façon, les auteurs démontrent que ce n’est pas le cas ici. M. M. Lohest à examiné les matériaux retirés de la caverne et ceux recueillis sur le plateau qui la surmonte ; ces matériaux sont les mêmes. On y retrouve : 1° Beaucoup de quartzites, probablement devilliens, d’autres reviniens; 2 Arkose miliaire gedinnienne et grès coblencien; 3° Un caillou bien roulé de roche tourmalinifère, et un autre, calcédonieux, qui doivent avoir été arrachés au poudingue de Burnot ou de Fépin, ainsi que certains cailloux de quartz blanc laiteux ; 4° Deux cailloux de phtanite carbonifère; »° De très nombreux silex non roulés. De sa source à Huccorgne, la Méhaigne a creusé son lit dans des roches siluriennes, recouvertes de couches cré- tacées el tertiaires. A Huccorgne, elle rencontre le calcaire devonien, puis, bientôt, le calcaire carbonifère. Si la grotte avait été remplie par celte rivière, on n’y trouverait que des roches siluriennes ou crétacées. Au contraire, nous Y voyons des cailloux de roches dont les affleurements ne se trouvent qu’en aval. Il y en a même, comme la roche tour- malinifère, qui ne se rencontrent pas dans la vallée de la Méhaigne. On ne peut supposer que cette rivière, à l’époque qua- ternaire, coulait en sens inverse de son cours actuel. MM. Fraipont et Lohest ont montré ailleurs que, dès ( 535 ) l’époque du mamouth (1), le pays présentait eiblou ht son relief actuel. 1 faut donc admettre que le rent de la grotte est dû à des matériaux venus du plateau. Comment s'est-il effectué? Ici encore, comme dans d’autres grottes exami- minées par MM. Lohest et Fraipont, les dépôts dans la grotte sont formés, en partie des alluvions du plateau, entrainées par les pluies à l’intérieur, en partie de terres et de blocaux provenant de la décomposition des roches constituant les parois de la grotte et de ses couloirs. I s'ensuit que cette grotte a été habitée par l’homme après le dépôt du diluvium du plateau. Nous l’avons visitée à diverses reprises et nous parta- geons l'opinion des auteurs. IL. De l'âge des dépôts de la grotte. — Dans des publi- cations antérieures, MM. Lohest et Fraipont ont montré qu'il n’est pas possible, comme l’a tenté M. E. Dupont, d'établir l'âge des divers dépôts des grottes par des con- sidérations purement pétrographiques. Ainsi, le dépôt à cailloux roulés et le limon stratifié qu’on y rencontre, ne constituent pas exclusivement du quaternaire inférieur; de même, le dépôt à cailloux anguleux et à limon homogène n’est pas exclusivement de l’âge du renne ou quaternaire supérieur. lei, comme ailleurs, l’âge est donné avant tout par la faune. (1) Je persiste à écrire « mamouth » parce que je crois que c’est A vraie orthographe de ce nom. Je m'en rapporte à l'avis des savants russes, ( 534 ) Pour la grotte du Docteur, les auteurs concluent ainsi : 1° La couche à cailloux, n° 1, est plus ancienne que la suivante. On ne peut rien dire de plus. 2% La terre brune, n° 2, dont la faune est caractérisée par l’abondance de Rhinoceros tichorhinus, Bos primige- nius, Elephas primigenius, Hyæna spelæa, appartient au quaternaire inférieur. Nous verrons plus loin que l'étude des restes de l'in- dustrie de l'homme permet de préciser davantage. 3° La terre jaune, n° 3, dont la faune est beaucoup plus pauvre, renfermait, avec de rares débris de Bos pri- migenius, Ursus spelœus, Hyæna spelæa, Felis spelæa, des restes de renne relativement plus abondants. Elle doit dater de la fin du quaternaire inférieur ou du commence- ment du quaternaire supérieur. 4 Les couches 4 et 5 ne renfermaient les restes d’au- cune espèce éteinte. En outre, les caractères des restes humains et la présence d’une hache polie ne permettent guère de les faire remonter à l’époque quaternaire. HS. Mode d'introduction des ossements dans la grotte. — Les auteurs sont d'avis qu'ici, comme dans la plupart des cas, on a affaire à des restes apportés par l’homme. Les caractères de ces reliefs de repas ont été parfaitement indiqués par M. E. Dupont; les auteurs reproduisent sa description pour en confirmer l'exactitude. IV. Industrie de l’homme contemporain dela couche n° 2. — Instruments de pierre. — Le racloir, instrument mous- tiérien par excellence, d’après M. G. de Mortillet, est le plus abondant dans notre grotte; même le plus grand nombre des autres outils ont été retouchés et adaptés à ( 535 ) cet usage. Mais il y a de nombreux vestiges de l’industrie chelléenne, souvent dégénérée, que les auteurs discutent avec le soin que mérite cette question. Ces considérations ne se prêtent pas à un résumé, non plus que la discussion sur les usages probables des disques. D'ailleurs, ce que nous pourrions en dire ici serait presque sans valeur faute de figures, Instruments d'os. — | y a particulièrement à remar- quer ici que, contrairement à une opinion défendue avec persévérance par M. G. de Mortillet, l'homme moustiérien de notre grotte utilisait les os comme instruments. Les nombreux objets trouvés (dont les plus remarquables sont figurés) ne laissent aucun doute à cet égard. Il résulte donc de tout ce qui précède que la couche n° 2, postérieure au diluvium des plateaux, et appartenant par sa faune au quaternaire intérieur, correspond chez nous à la décadence de l’industrie chelléenne et à l'aurore de l'industrie moustiérienne. V. Industrie de l’homme contemporain de la couche n°3. — Jci, les pointes n'existent plus, les racloirs sont très rares et très réduits, mais deux nouveaux Lypes sont Carac- téristiques : les burins et les fines pointes à bord abattu et retouché. Ils se rapportent aux types magdaléniens, sauf quelques exceptions du type solutréen. VI. L'homme néolithique de la grotte du Docteur. — Il est probable que l’homme qui habitait le plateau à cette époque est venu à la grotte, y a pris quelques repas et y a perdu une hache polie et une pointe de flèche. Il y a sans doute enterré deux des siens. ( 556 ) VIL Voici les conclusions du mémoire. 1° L'homme à habité notre grotte pendant un temps probablement très long, à l'âge du mamouth. Il y a laissé de très nombreux reliefs de ses repas, et des restes non moins nombreux d'une industrie correspondant à l’aurore du moustiérien et à la décadence du ckelléen pour la France. Il utilisait, comme instruments de travail, non seulement la pierre, mais encore des esquilles d'os plus ou moins façonnées et des stylets de cheval. 2° L'homme a encore habité cette caverne vers la fin de l’âge du mamouth ou au commencement de l’âge du renne. Il y a laissé de rares débris de cuisine, mêlés à des silex taïllés peu nombreux, rappelant l’industrie magda- lénienne mélangée de quelques formes solutréennes. Nous ne possédons de lui aucun instrument d'os. 3° Les abords de la grotte ont été enlin visités par l’homme de la pierre polie, lequel y à pris vraisemblable- ment plusieurs repas sur la terrasse. Il a enterré deux des siens dans la couche la plus élevée de l'intérieur de la caverne. Ce long résumé Décors, je l'AS pÈCE à l’Académie d'apprécier toute l'import luiest soumis Les auteurs ont étudié la question avec méthode, à tous les points de vue, et avec les développements nécessaires; ils sont arrivés à des conclusions dont deux, sur le mode de remplissage de la caverne et l'emploi des instruments d'os, appelleront l'attention des savants. Je suis heureux de proposer à la Classe de voter l'impression de leur tra- vail dans les Mémoires in-8 de l’Académie et de leur adresser des remerciements. » (557 ) Mapport de M, Briart, deuxième commissaire, « Tel est le titre sous lequel les auteurs, l'un professeur à l’Université de Liège, l’autre docteur en médecine à Burdinne, proposent de grouper diverses communications sur les fouilles qu’ils ont entreprises, le long des rives de la Méhaigne, dans les grottes qui ont été habitées par l’homme des temps préhistoriques. La première communi- calion, soumise aujourd'hui à notre examen, est intitulée : La grotte du Docteur. Le résumé si complet qu’en a fait l'honorable premier commissaire, me dispense d’entrer dans de longs détails. Les fouilles des cavernes de notre pays, commencées dans la province de Liège par Schmerling, avec un dévoue- ment si absolu à la science, poursuivies d’une façon si brillante par M. Éd. Dupont dans la province de Namur, ne peuvent pas être abandonnées; l’Académie doit des encouragements à ceux qui s'occupent de les continuer. Tout n’a pas été dit, en effet, surles premiers habitants dela Belgique, sur leurs mœurs et leur industrie, sur les ani- Maux qui vivaient en même temps qu'eux, sur les cavernes si nombreuses dans nos terrains calcaires, dont l'origine est encore discutée, et qui servaient, semble-t-il, de prinei- pale habitation, soit à l’humine, soit à quelques-ans de ces anitnaux troglodytes comme lui. Beaucoup d'obseurité persiste sur le mode de remplissage de ces cavernes aux lemps quaternaires ou plus récents, et sur une foule d’autres questions qu'il est inutile d'énumérer ici. IL'est surtout un point sur lequel l'attention des explo- raleurs doit principalement être attirée : c'est la recherche des relations qui doivent exister entre les terrains de rem- 3" SÉRIE, TOME XVI. 5 ( 538 ) plissage des cavernes et les dépôts extérieurs. Des diver- gences de vue continuent à exister entre les savants les plus compétents sur le synchronisme de ces deux ordres de dépôts. Les fouilles des cavernes, conduites avec méthode et intelligence, soulèvent tonr à tour un coin du voile qui nous cache, non seulement les commencements mystérieux de lFhumanité, mais encore les causes des phénomènes qui en ont été contemporains et qui paraissent être spéciaux à cette époque géologique. Nous ne devons pas perdre de vue que toutes ces recherches contribuent à compléter un des chapitres les plus difficiles de la géologie, la théorie des temps quaternaires, si rapprochés de nous, et cependant si discutés. Le travail qui nous est soumis n’a pas la prétention de résoudre toutes ces questions; mais, Comme vous la montré notre savant confrère M. Dewalque, il n’en con- stitue pas moins une importante contribution à leur étude et quelques points essentiels se trouvent déjà élucidés. C’est done avec empressement que je me joins à lui pour vous proposer limpression du travail de MM. Fraipont et Tihon dans les Mémoires in-8° de l’Académie, et de voter des remerciements aux auteurs. » £ Rapport de M. P.-J, Van Heneden, troisiè commis « Je me rallie volontiers aux conclusions de mes honorables confrères, tout en me demandant si trois ou quatre planches ne suffiraient pas à reproduire les objets les plus importants. » Ces conclusions sont mises aux voix et adoptées. Sur quelques propriétés de transformations linéaires ; par J. Deruyts. Rapport de M. €, Le Paige. « Je me vois forcé, par la nature même du travail de M. Deruyts, à exprimer seulement ma pensée sur sa valeur, sans entrer dans le détail de théorèmes et de procédés de démonstration dont l'analyse serait malaisée. Je me bornerai donc à signaler lintérêt que présen- tent les nouvelles recherches de notre jeune collègue, et la sigacité avec laquelle il a su appliquer diverses théories, qu'il a communiquées récemment à la Classe, à des sujets intéressants. C'est ainsi qu’il déduit de quelques remarques fort simples, et pour ainsi dire sans effort, la généralisa- lion de théorèmes curieux et importants dus à l’illustre géomètre anglais, M. Sylvester. Aussi est-ce avec un grand plaisir que je propose à la Classe de voter l'impres- sion de la note de M. Deruyts dans le Bulletin de la séance. » M. Mansion, second commissaire, se rallie aux conclu- sions de M. Le Paige et exprime le vœu de voir prochai- nement M. J. Deroyts réunir en un mémoire d'ensemble ses travaux sur la théorie des formes algébriques. — Adopté. (540 ) Sur les ballons dirigeables ; par Charles Weiler. Rapport de M, Maus. o] « M. Charles Weiler à présenté à l’Académie un mémoire sur les ballons dirigeables. L'auteur compare d’abord les ballons à air chaud et à gaz hydrogène pur ou carburé et donne la préférence à l'emploi de Pair chaud. Il décrit ensuite une mongolfière, qui a la forme sphé- rique allongée par le bas, et présentant les dispositions suivantes : L’enveloppe en soie gommée est soutenue par des méri- diens en jonc attachés, par leurs extrémités inférieures, à un anneau en fer qui forme le bord de l'ouverture infé- rieure du ballon; les extrémités supérieures des méridiens sont fixées au sommet d’une tige en bois qui constitue l’axe rigide du ballon; elle traverse l'ouverture précitée et porte, à son extrémité inférieure, une plateforme circu- laire en bois qui compose le fond de la nacelle complétée par un cylindre en tôle reposant sur le contour de la plateforme, mais sans y adhérer, afin de pouvoir faire tourner le cylindre sur la plateforme. L’air contenu dans l'enveloppe imperméable est chauffé par un tuyau en toile d'amiante faisant l’office de cheminée; ce tuyau est fixé à l'anneau qui relie les méridiens, fait plusieurs tours en spirale dans l’intérieur et laisse échapper les gaz chauds dans l'atmosphère près du sommet du ballon. Un foyer, placé sous la cheminée, produit les gaz chauds, mais l'inventeur s'est réservé d'indiquer plus tard le com- bustible à employer. ( 54€ ) La dernière partie du mémoire contient la description des appareils moteurs qui comprennent : une vis pneuma- tique établie en avant du ballon et un ventilateur placé à l'arrière; tous deux sont installés au niveau du grand diamètre horizontal du ballon ét soutenus par de légères charpentes en fer qui sont attachées au cylindre en tôle de la nacelle. Une transmission de mouvement communique, au ven- tilateur et à la vis pneumatique, le mouvement d’un arbre à manivelle mû par un homme placé dans la nacelle. L'auteur croit que l'aspiration produite par la vis pneu- matique et le courant d’air injecté par le ventilateur contre l’aérostat le mettront en mouvement. Enfin, pour donner la direction, il suffit, d'après le mémoire, de faire tourner le cylindre en tôle sur la plate- forme en bois qui fait corps avec le ballon. La lecture de ce mémoire fait naître les réflexions sui- vanles : é Les premiers appareils construits par Mongolfier étaient gonflés par Pair chaud; mais, dès 1783, MM. Charles et Robert ont remplacé l'air chaud par l'hydrogène; depuis lors, l'air chaud a ëté rarement employé, puis complète- ment abandonné. Le gaz d'éclairage ou hydrogène carburé, d’un poids spécifique plus grand que l'hydrogène mais plus facile à se procurer, a souvent remplacé l'hydrogène pur, lorsque l’aérostat étant soumis à l’action des courants atmosphé- riques son volume peut être agrandi sans inconvénient. Mais les ballons dirigeables devant emporter un moteur aussi puissant que possible et offrir la moindre prise aux Courants contraires, doivent contenir le gaz le plus léger, (542) afin de pouvoir, à volume égal, soutenir la plus grande charge. Comparant l’air chaud à l'hydrogène, on trouve que 1"5 d’air chauffé à 400° c.(335° déterminant la fusion du plomb) et sous la pression barométrique de 0"76 pèse 0525, tandis que 15 d'hydrogène à 0° et pression baro- métrique de 0"76 pèse. . . . fu 1e 0000 C’est donc l'hydrogène pur qui ren être préféré pour essayer de résoudre le difficile problème de Ja navigation aérienne. Les méridiens en jonc, la cheminée en amiante, le foyer et le combustible deviennent inutiles lorsqu'on emploie l'hydrogène. Si le ventilateur et la vis pneumatique du ballon décrit dans le mémoire, avaient des points d'appui en dehors du corps à mouvoir, ces appareils moteurs pourraient exercer un certain effort de propulsion, mais réagissant sur des appuis fixés au ballon, leur action motrice devient nulle. Pour changer la direction en faisant tourner le cylindre en tôle sur la plateforme en bois, il faut que cette plate- forme oppose une résistance que l’on n’aperçoit pas, la plateforme et le ballon pouvant tourner sans difficulté autour de l'axe vertical. En résumé, ce mémoire ne contient aucune disposition nouvelle utilement applicable aux appareils de locomotion a . je suis d’avis de n’y donner aucune suite. » — Ado Nouvelles recherches sur quelques formules de calcul intégral; par J. Beaupain. Rapport de M, E, Catalan, premier commissaire, « Ce nouveau Mémoire complète celui qui a été, il y a quelques mois, approuvé par l’Académie. M. Beaupain, creusant son sujet, cherche les cas, très nombreux, dans , lesquels les transcendantes F “TS (1 + x}? dé CE Carre — x) (1 + x) dx, f- Hæ+sx)(—a}—({—a) (+), La sont réductibles à la fonction F; et, bien entendu, 1l démontre les formules qui permettent d’effectuer celte réduction. Certaines intégrales définies, considérées par le jeune Géomètre, sont surtout intéressantes, parce qu’elles ont été (*) Celle-ci est, pour ainsi dire, conjuguée de l'intégrale eulérienne : . F +" U— zpux. ( 544 ) traitées autrement par l'illustre Legendre. Ce sont, par exemple, les quantités : f. dx Le dx V1 Per" à F ASE qu’il ramène aux intégrales elliptiques de première espèce (‘). Au contraire, comme nous l'avons déjà dit, M. Beaupain les réduit aux fonctions F. Pour la seconde, celte réduction est évidente et connue; mais il n’en est pas de même à l'égard de la première; et, à plus forte raison, pour les intégrales ‘à x*dx L x°dx s ——_—————— , CIC. (A+ a)V1— 2 (1 + xt) — x * 0 e 0 A priori, on ne voit pas qu’elles soient réductibles aux intégrales eulériennes. Il semble donc, si je ne me trompe, que M. Beaupain a complété, utilement, une théorie difficile et intéressante. Je n’ai pu, faute de temps, refaire tous les calculs contenus dans le nouveau Mémoire; mais, par la manière dont ils sont présentés et par les vérifications auxquelles s’est livré l’Auteur, il y a lieu de les croire exacts. D'ailleurs, il pourra les revoir encore. En résumé, le nouveau Mémoire de M. Beaupain me paraît valoir, pour le moins, celui qui a reçu l’approbation de l’Académie, et j'ai l'honneur d’en proposer l'impression dans le Recueil in-4. » (*) Traité des fonctions elliptiques, t. I, p. 382. (545) Rapport de M. P. Mansion, second commissaire, « Dans son premier mémoire, M. Beaupain a réduit un certain nombre d'intégrales trigonométriques aux inté- grales algébriques suivantes : +1 a= f x? (1 + x) dx, ù 1 s if at — x) (1 + x) dx, ù fa) (Aa) —(a) (+, Dans le travail actuel, il parvient à exprimer, dans certains cas, les intégrales A, B, C, au moyen de la fonc- tion gamma, en cherchant directement la valeur des intégrales trigonométriques dont nous venons de parler. Pour cela il développe, au moyen de la formule connue, les sinus ou cosinus d’un multiple entier d’un angle o, en fonction des puissances de sin ® et de cos 9; il multiplie les deux membres de la formule obtenue par sin” cos° ?, intègre entre les limites 0 et 4 x et observe alors que le second membre est une somme de fonctions eulériennes de première espèce. Nous n’avons pu vérifier en détail les calculs assez labo- rieux de M. Beaupain; mais la méthode ingénieuse que nous venons d’esquisser est légitime, et l’on comprend à priori qu’elle doive permettre de réduire un assez grand nombre d'intégrales définies à la fonction gamma. D'ailleurs, ( 546 ) nous avons recherché à ramener directement aux eulé- riennes plusieurs des intégrales considérées par M. Beau- pain, et nous avons trouvé des résultats concordant avec les siens. Nous proposons donc à la Classe, avec votre premier rapporteur, de voter l'impression du second travail de M. Beaupain daus le Recueil in-4° de l'Académie, comme elle l’a fait pour le premier. Peut-être y aurait-il avantage à les fondre ensemble, afin de pouvoir rapprocher l’une de l’autre les parties similaires de ces deux mémoires. Voici maintenant quelques remarques relatives à diverses formules de M. Beaupain, qu'il pourra probablement uti- liser pendant l'impression de son travail. 1° La relation, numérotée (6), page 2 du manuscrit, p “1 os (rep A + x (1+x)? d& == 008 p = (6) k TR peut se mettre sous une forme plus simple et elle subsiste même si p est égal on supérieur à l'unité. On a, en effet, r( de r (1 l) se er que Tp° 2 rs ® 2 Par suite, le second membre de la relation (6) devient (547 ) On à donc + 1h £) A'-Ble, 2), 2 (. 9 On peut établir directement cette formule de la manière suivante. Faisons, dans A’, x — y"!. Nous trouverons ‘© p A’ =. ÿ (1 + y)? dy. 4 Par suite, La F: di ds. FE : " 24 ” f a (l+x) ”dr+ -[ ÿ (1+y) dy=f (+07? 0 : ° ou encore, avec la seule condition que p soit positif, % L'intégration par parties appliquée k fois à l’inté- grale À, la ramène à “1 f PRE D RP dE, 0 comme le remarque l’auteur en bas de la page à de son manuscrit. Si cette dernière intégrale est du type À’, c’est-à-dire si 2(p—k)+r+k—=0 où 2p+r—=k, l'intégrale À est ramenée aux eulériennes, un peu plus rapidement que si l’on suppose préalablement r + 1 > 0. ( 548 ) Dans le cas où r — — 1,la réduction ne peut se faire en intégrant par parties, mais elle s’opère plus simple- ment encore, en observant que xP—1 ES (— Ava x +1 est une expression immédiatement intégrable. Par suite, l’intégrale LR ea: À» 1f x +1 4 € id se réduit à 1 yP-k-1 1 É EN nt == ra Re À ae d'à phén dx * ea é 0 0 du type A’sip—k—+% ou 2p — 1 —92k, c'est-à-dire 9p + r — 2%k, puisque r — — 1. 4 L'intégrale, dite de Poisson, co e28< BE e-?Pz É RÉ CERe dB == tang x 9 7 se déduit sans peine de celle-ci «1 AP mTP / ——— dx = 7 cot pr, À — x 0 qui se trouve dans les Exercices de calcul intégral de Legendre, 1. I, p. 264, et est due sans doute à Euler. Il faut donc citer ces derniers géomètres plutôt que Poisson, en haut de la page 8. 5° On peut obtenir de nouveaux cas de réduction des ( 549 ) intégrales B, en intégrant entre zéro et l'unité l'identité suivante, où l’on a fait u — 1 + x : dax? (A — x ut = Pt (A — x) tu K = fpu(2—u)—qu(u—1) + (7 +1)(2—u)(u —1)}. 6° Les intégrales C peuvent s'exprimer au moyen d’in- tégrales de même forme, où les exposants r et s sont aug- mentés ou diminués d'une unité et d’intégrales de la forme B. Il suffit pour cela de multiplier chacun des termes du numéraleur par l’unité, mise sous la forme (1 + x) — x, Où (1 — x) + x, ou encore de remplacer CHE (+) respectivement par HÆa Er Er, MEN LTatEN Si nous ne nous trompons, cette remarque permet de ramener la réduction des intégrales C à celles des inté- grales B. » Les conclusions des commissaires sont adoptées par la . Classe. Sur deux nouveaux Bryozoaires des environs de Naples ; par Ed. Pergens. Rapport de M. P.-J, Van Beneden. « La notice de M. Pergens, Sur deux nouveaux Bryo- zoaires clénosiomes des environs de Naples, a pour objet, comme le titre l'indique, la description de deux nouveaux dire dans cet Ines groupe: Cet e deux planches représen - tant ir Loecies grossiers et de grandeur naturelle, Comme M. Pergens a l'intention de publier ultérieure- ( 550 }) ment Île résultat de ses recherches embryologiques et histologiques sur ces animaux, nous sommes d'avis que celle notice ne pourra que gagner à être accompagnée de ces recherches. Nous avons, par conséquent, l’honneur de proposer à la Classe de ne proposer l'impression que quand cette des- cription sera accompagnée du résultat de ces derniers tra- Vaux. » M. Éd. Van Beneden et F. Plateau, autres commissaires, s'étant ralliés à ces conclusions, elles sont mises aux voix et adoptées. Recherches sur les organismes inférieurs. La loi psycho- physique de Weber vérifiée pour l’héliotropisme d’un champignon ; par Jean Massart. Happort de M. Delboeuf, premier commissaire, « La note soumise par M. Massart à l’examen de la Classe des sciences, est intéressante. Par une expérience très ingénieuse et très simple, l’auteur établit un fait vraiment curieux. Ses recherches ont porté sur l’héliotro- pisme d’un petit champignon de moisissure, le Phycomyces nitens. Il se trouve que ce champignon soumis aux actions opposées de deux lumières de même nature, mais iné- gales, s’incurve toujours vers la plus forte, du moment que leurs intensités respectives sont dans le rapport de à à 6, ou, plus exactement, de 100 à 118, quelles que soient d’ailleurs leurs intensités absolues. Des faits analogues avaient déjà été constatés par d'autres savants, mais ils étaient loin d'atteindre une pareille précision. ( 551 ) La loi énoncée par M. Massart pour cette mucorinée, est une loi de proportionnalité, comme il s’en rencontre un grand nombre dans toutes sortes de domaines. Il la rapproche de la loi de Weber, et il en a le droit. Je me permets cependant de lui faire observer qu’il ne peut s'agir dans l’espèce d’une loi psychophysique. Fechner a donné aux lois découvertes par Weber le nom de psychophysiques, parce que, dans son idée, elles exprimaient des rapports entre un élément psychique, la sensation, et un élément physique, la cause extérieure, lumière, poids, son, etc. Mais ici, quoi qu'en pense M. Massart, l'élément psychique me semble faire défaut, ou du moins, il est inutile de le faire intervenir. C’est une affirmation gratuite et à première vue contes- table de dire que l’incurvation du Phycomyces est « la manifestation extérieure de la sensation » et en donne la mesure. Un fruit se colore différemment suivant qu'il est frappé par la lumière directe ou la lumière réfléchie — y a-t-il là quelque chose de plus qu'une action chimique analogue à celle dont la photographie nous donne tant d'exemples? N'est-il pas aujourd’hui téméraire et en tout cas oiseux de le prétendre, en vue de l'explication des faits? C’est là non simplement les expliquer, mais les interpréter; et quoi qu’il en soil de cette interprétation, la flexion des plantes vers la lumière n’en reste pas moins un phénomène chimico-mécanique, biomécanique, si l’on veut, mais non psychophysique. Au surplus, ce que j'en dis ici n’est qu'une critique accessoire ne touchant en rien au fond du travail, qui figurera honorablement dans les travaux de la Classe. Je propose, en conséquence, de l’insérer dans les Bulle- tins el d'adresser des remerciements à l'auteur. (552 ) Rapport de M. Errera, second commissaire. « Pfeffer a prouvé récemment que les spermatozoïdes des Fougères et des Mousses, ainsi que beaucoup d'orga- nismes inférieurs, sont très sensibles à certains excitants chimiques. Il a étudié la loi suivant laquelle se manifestent ces phénomènes de chimiotropisme, et il a vu qu’il existe ici une proportionnalité semblable à celle que la loi « psy- chophysique » de Weber exprime. Les expériencés de M. Massart établissent la même rela- tion pour la sensibilité héliotropique du PAycomyces nilens. Le savant premier commissaire estime qu'il n’y a pas lieu de parler de loi psychophysique (ce qui implique un élément psychique) lorsqu'il s’agit d’un simple Champi- gnon. Je pense, comme lui, que la physiologie végétale n’a rien à gagner à l'emploi de ce terme. Mais voici la difficulté, L’héliotropisme des plantes est un vrai phéno- mène d'irritabilité, et je ne vois aucune différence essen- lielle qui le sépare des phénomènes d'irritabilité des ani- maux inférieurs. Pour être conséquent, il faut, dès lors, s'interdire de faire intervenir un élément psychique dans tous les actes des animaux les plus simples. Et celui-là sera bien habile qui nous montrera où commence, à ce point de vue, la série des animaux supérieurs. Mais c’est là une question que M. Massart n'avait pas à traiter. La note qu'il nous adresse ajoute un fait nouveau et intéressant à nos connaissances sur l’héliotropisme. C'est donc avec plaisir que je me joins à mon savant con- frère, M. Delbœuf, pour proposer l'impression de cette note dans le Bulletin de l'Académie et l'envoi de remerciements à l’auteur. » — Adopté. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Crépin annonce que le monument de Léopold Cor- net, ancien membre de la Classe, à été inauguré le 25 novembre dernier, dans le cimetière de Mons. Il donne une relation de cette cérémonie, à laquelle plusieurs membres de la Classe, amis du défunt, ont pris part. Sur les diverses apparences que présentent les images des éloiles scintillantes selon l’état du ciel. — Description du scinlillomètre; par Ch. Montigny, membre de l’Aca- démie. Parmi les indications concernant la scintillation que j'ai transmises presque journellement à l'Observatoire, pour être insérées au Bulletin météorologique, figurent les caractères du trait circulaire que décrivent les images des étoiles dans une lunette, par le jeu du scintillomètre qui y est adapté. Cette courbe, sur laquelle s’étalent les brillantes couleurs rouge, orangé, jaune, vert, bleu, violet, qui caractérisent la scintillation, présente des particu- larités différentes selon l’état du ciel. Le temps est-il beau et sans apparence de pluie, le trait est étroit, net et précis, sans franges ni rayons sur ses bords. Au con- traire, l'atmosphère est-elle plus ou moins troublée aux approches de la pluie ou sous son influence directe, le trait s'épaissit, perd de sa netteté et présente des irrégularités qui sont d'autant plus marquées que le trouble atmosphé- 5"° SÉRIE, TOME XVI, ( 554 ) rique est plus proche et plus profond. L’altération plus ou moins accusée du trait coïncide alors avec un accroisse- ment d'intensité de la scintillation, et avec l’apparition d’un excès de teinte bleue parmi les couleurs du trait, pour annoncer un changement dans l'état atmosphérique et particulièrement la pluie. Dès l’origine de mes observations, en 1870, la diversité des apparences du trait selon l’état du ciel attira mon atten- tion, au point de vue de l'importance de ce caractère comme pronostic des changements qui s’y préparent. Aussi, ai-je signalé cette importance dans des travaux précèdents (1). Actuellement, je me propose de préciser les caractères du trait tels qu’ils ont été spécifiés dans le Bulletin de l’Obser- vatoire, depuis sa création en 1876, sous les dénomina- uons de trait régulier, trait diffus, etc., et d'indiquer ensuite quelles sont les valeurs moyennes de l'intensité de la scintillation correspondant à chacun de ces caractères, puis les quantités moyennes d’eau de pluie qui ont été recueillies après l’observation des apparences pronostiquant la plaie, suivant des probabilités différentes pour celles-ci. Les résultats que je mets en œuvre dans l'examen de ces questions, sont déduits de déterminations se rapportant à près de quatorze cents soirées, ce qui constitue un ensemble d'éléments suffisant pour les traiter. Précisons d’abord les divers aspects du trait tels qu’ils ont été indiqués au Bulletin, afin de montrer d’abord leur diversité, puis pour établir une classification destinée à être utilisée par d’autres observateurs. (4) Recherches sur les varialions de la scintillation des étoiles selon l’état de l’atmosphère. BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE, 2e série, t. XLII, 1876, t, XLVI, 1878. (555 ) Trait régulier. — Quand l'atmosphère est ealme et sereine, et que, dans ses régions supérieures, elle n’est troublée par l'approche d’aucune perturbation, qu'il fasse chaud ou froid, la ligne circulaire décrite par l’image stel- laire est étroite, parfaitement régulière dans sa forme générale, et nettement limitée sur ses bords (fig. 7). Les couleurs dont la succession rapide et continue forme ce contour, sont plus vives et plus nombreuses quand le temps est froid. Trait assez régulier. — Le contour du trait s’est sensi- blement épaissi, et ses bords ne sont plus nettement limités. Le temps se prépare à la pluie. Trait irrégulier. — Non seulement le trait est plus épais, mais il présente souvent, espacées sur son contour, des ondulations plus ou moins marquées qui détruisent la régularité géométrique de sa forme circulaire. Trait difjus. — Le contour lumineux est fort épaissi; il a perdu toute netteté; aussi paraît-il diffus, comme s’il élait estompé. Trait frangé. — Dans un temps très troublé, les bords du trait présentent en saillie des franges plus ou moins larges; on voit parfois aussi ces rayons lumineux s’élancer de ce contour suivant différentes directions (fig. 8). Trait perlé et pointillé. — Quand l'atmosphère est pro- fondément troublée par le passage d’une bourrasque, on remarque sur le trait, en outre des arcs colorés, des parties plus brillantes qui sont espacées sur son contour ; celles-ci présentent jusqu’à certain point l'aspect de perles disposées (556) avec plus ou moins de régularité. Ces points lumineux sont plus brillants, plus étroits pour le trait pointillé que sur le trait perlé. Pour plus de simplicité, je n’ai conservé que la dénomination de trait pointillé dans mes communications à l'Observatoire. Les subdivisions précédentes paraîtront peut-être trop nombreuses et susceptibles d'être réduites à une quantité moindre. Je ferai remarquer d’ahord que leurs différences sont parfaitement établies par les indications précédentes ; de plus, à chacune de ces apparences, qui, l’une et l’autre, ont très souvent figuré au Bulletin, correspond une inten- sité particulière de scintillation; l’ensemble de ces intensités constitue d’ailleurs, comme on le verra, une série régulière el continue. Ajoutons enfin que le P. Secchi, en procédant, à Rome, à une série d'observations d'étoiles doubles dont les composantes étaient séparées d'environ trois secondes, dans un excellent équatorial de Merts, de 217 millimètres d'ouverture, et cela, dans le but d'établir des rapports entre l’aspect de ces étoiles et les divers états du ciel, est parvenu à distinguer six aspects différents du système des deux étoiles, d’après les caractères de netteté ou de trouble que présentaient leurs images immobiles dans l’instru- ment. Ces six aspects distincts, que ce savant a parfaite- ment précisés, correspondent à six états particuliers de l’atmosphère, à Rome (1). (4) Voici les distinctions établies par le P. Secchi: « 1° Atmosphère parfaite. L'image est formée de deux disques »_très petits, nettement circonscrits et définis, sans franges ñi rayons. » Cet état est très rare, même à Rome, 2° A/mosphère très bonne. » Les disques sont encore nets ct précis, mais on les voit déjà » entourés de rayons très fins et déliés. 5° Atmosphère bonne. Elle LA ( 557.) Sauf pour le trait pointillé, les autres caractères du trait donnent lieu à des rapprochements intéressants entre ceux- ci et les diverses apparences que présentent les images des . étoiles, selon l'état du ciel, dans une lunette ordinaire, comme on peut en juger par les indications précédentes du P. Secchi. En effet, l'atmosphère est-elle parfaite, l’image s’y. présente sous forme d’un petit disque nettement défini, sans: franges ni rayons. Dans les mêmes conditions, cette image décrit, dans la lunette scintillométrique, un cercle parfait, nettement limité sur ses bords. Quand l'atmosphère est plus ou moins troublée, que l’image de l'étoile dans la lunette simple paraît agrandie et même diffuse ou bordée de rayons, alors le trait circulaire décrit dans la lunette scintillométrique est plus ou moins épaissi, diffus ou bordé de rayons sur son contour. Remarquons aussi que, d’après le P. Secchi, quand l'atmosphère est mauvaise, la lunette ordinaire produit une image qui n’est plus unique, mais est assez commune lorsque le ciel est serein ; les rayons très pro- noncés qui entourent les images ne sont pas assez longs pour amener un commencement de fusion des composantes. 4° .{{mos- phère passable. Déjà l'image de l'étoile est entourée d'une sorté de halo, ou anneau coloré, confus et irisé.…. Cet état précède la formation des nuages. 5° Atmosphère mauvaise. L'image n’est plus unique: elle ressemble à une fleur dont les images secondaires oscillantes représentent les pétales ; elle est constamment en mou- » vement. Les images tremblent et saulillent continuellement. 6° Atmosphère très mauvaise. Le diamètre des grandes étoiles’ altcint jusqu’à 8 secondes; la lumière diffuse forme une auréolé de plus de 20 secondes ; c’est dans tout le champ comme un halo mal défini... » Annuaire du Cosmos, par l'Abbé Moigno. Année 1859, 2e partie. La ( 558 ) multiple; qu’elle est constamment en mouvement, et ressemble à une fleur dont les images secondaires repré- sentent les pétales. Il est évident que cette apparence correspond, dans la lunette scintillométrique, au contour lumineux présentant les caractères du trait frangé qui est occasionné par les déplacements incessants de l’image stellaire. Ce savant signale aussi ce fait qui est connu des astronomes: c'est que, par un temps troublé, les images des étoiles tremblent et sautillent continuellement. De tels déplacements occasionnent évidemment dans la lunette scintillométrique, des ondulations étendues qui détruisent la régularité de la forme circulaire du trait et caractérisent le trait irrégulier dans ma classification précédente (1). L'observation des caractères du trait au point de vue de la prévision du temps, présente l’avantage de pouvoir s'exécuter sans le secours d’une lunette puissante. En effet, c’est au moyen d’une lunette scintillométrique de huit cen- timètres d'ouverture, supportant un grossissement 81, que J'ai étudié ces caractères. On conçoit que les changements de position sur la rétine qu’éprouve l’image stellaire en y décrivant un cercle, permettent de distinguer avee plus de facilité les particularités signalées, que celles qui affectent l’image de l’étoile immobile dans le champ d’un instrument plus puissant, lors de troubles atmosphériques. (4) Il serait facile de vérifier l'exactitude des rapprochements comparatifs précédents, avec une lunette puissante, munie d'un scintillomètre: selon que celui-ci fonctionnera ou non, les images stellaires se présenteront soit avec les caractères scintillométriques du trait, soit avec les diverses apparences de l'étoile immobile indi- quées par le P. Secchi, selon les différents états du ciel. ( 559 ) Remarquons ici que, pour observer convenablement les particularités dont il s’agit, il importe d’abord que la vitesse de rotation de la lame de verre du scintillomètre qui imprime le mouvement circulaire à l’image stellaire, soit telle que celle-ci décrive une courbe fermée, et que, d’autre part, cette vitesse ne dépasse pas certaine limite, afin d’éviter toute confusion dans la perception des carac- tères du trait. Tout observateur déterminera aisément, chaque soir, la vitesse qu’il conviendra de ne pas dépasser d’après l’état du ciel; il réglera en conséquence la vitesse du mécanisme moteur de la lame de verre, comme je le dirai dans la description du scintillomètre qui est annexée à ce travail. J'ai réuni dans le tableau Sault pour chaque caractère du trait, l'intensité moyenne de la scintillation correspon- dante, puis la quantité moyenne d’eau de pluie recueillie, et enfin les fréquences relatives des chutes de pluie qui sui- virent l’observation du trait. Ces résultats généraux ont été déduits de tableaux particuliers se rapportant chacun à l’un de ces caractères, et au sujet desquels je dois donner quel- ques indications. Dans le tableau concernant le trait régu- lier, par exemple, je n’ai compris que des résultats obtenus pendant 362 soirées appartenant à des jours où il n’est tombé de pluie ni le jour même, ni le lendemain, ni le sur- lendemain de l'observation. Il importe de dire ici que, dans une même soirée, toutes les étoiles observées accusent rarement le même caractère : ainsi, parmi 7704 étoiles observées pendant les 362 soirées se rapportant au trait régulier, 6514 étoiles seulement présentèrent le trait par- faitement régulier. Pour les autres, la régularité n’était pas aussi absolue. La même remarque s’applique aux autres ( 560 ) caractères du trail, c’est-à-dire que, dans une même obser- vation, la plupart des étoiles ont présenté le trait frangé, par exemple, et quelques-unes le trait simplement diffus. Dans ce cas, j'ai inscrit les éléments recueillis, pendant cette soirée, dans le tableau se rapportant au trait frangé, puisque ce caractère a été accusé par le plus grand nombre des étoiles observées le même soir (1). Les quantités d’eau de pluie attribuées à des caractères du trait ont été recueillies le lendemain et le surlendemain de lobservation. Quant à la fréquence des ous de pluie, elle exprime, pour chaque apparence du trait, le nombre relaif de fois où de l’eau de pluie a été recueillie les lendemain et surlen- demain des soirées d'observation, comparativement au (4) Voici la raison des différences que peuvent présenter les carac- tères du trait dans diverses parties du ciel, ct que j'ai remarquées dès l’origine de mes observations. J'ai été conduit à admettre, ce qui ne peut nous surprendre d’ailleurs, qu'il existe dans l'océan aérien, surtout pendant les plus fortes tempêtes qui l’agitent, des courants qui se distinguent de la masse d’air en mouvement, par leur vitesse, leur température, ou par leur degré d'humidité, ete. On comprend, d’après ce fait, que l’on ne peut mettre en doute les différences que la scintillation doit présenter souvent, dans une même soirée, sous le rapport des caractères du trait, dans les diverses parties du ciel, où ces courants affectent d’une manière différente les rayons émanés des étoiles qui les traversent. Rappelons ici que, dans un travail récent, j'ai Dorbé à l’aide de nombreux exemples, que la fréquence relative du trait pointillé qui caractérise l'influence des bourrasques, augmente, ainsi que l'intensité de la scintillation, avec la violence de ces tempêtes. (Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 5° série, t, XIV, 1887.) ( 561 ) nombre total de celles-ci. Ainsi, pour le trait assez régulier, par exemple, après 340 soirées où ce trait fut observé pour un grand nombre d'étoiles, on a recueilli 187 fois de l’eau de pluie à l'Observatoire les deux jours suivants. Le rapport 187/510 où 5 °/, exprime ainsi la fréquence relative des jours de pluie pour le trait assez régulier. Il importe de remarquer que les jours où l’on a recueilli une quantité d’eau mesurable à l'Observatoire ayant été pris seuls en considération, les fréquences relatives eussent été numé- riquement plus nombreuses si javais tenu compte des deux jours suivant chaque soirée d’observation, où il ne tomba qu’une trop petite quantité d’eau pour qu’elle pût être mesurée. D'après ce qui précède, les fréquences relatives telles qu'elles figurent au tableau suivant, expriment aussi les probabilités de chutes de pluie donnant des quantités d'eau appréciables, après l'observation de chacun des caractères du trait annonçant ce phénomène. Intensité | Quantité | Fréquence Nombre : F i des Caractèr | moyenne | moyenne ( re de la d'eau de pluie de ; scintillation. | recueillie. la pluie. |d'observation. Régulier 5 "5 59 » » 362 Assez régulier. . 69 5,8 hr 340 Irrégulier : 99 6,0 67 262 DR ni. 102 6,7 | 70 170 Frangé à." 192 6. EL 0 73 Pointillé. . , . 434 6,4 74 176 ( 562 ) Ces résultats nous montrent que les caractères du trait s'accordent avec les intensités de la scintillation pour nous permettre de présager la pluie, et que les probabilités de sa chute sont d'autant plus grandes que les irrégularités du trait sont plus marquées. Les quantités moyennes d’eau de pluie recueillies après l'observation des différents carac- tères du trait annonçant la pluie, sont également en rap- port avec ces irrégularités. J'ai fait voir précédemment que, quand la teinte bleue prédomine relativement aux autres couleurs qui s’étalent sur le trait, cette prédominance annonce avec d'autant plus de certitude l’approche dela pluie et de pluies d’autant plas abondantes, qu’elle est plus marquée (1). Ces faits nous prouvent que, dans application de la scintillation à (1) De l’accord entre les indications des couleurs dans la scintillation des étoiles el les variations atmosphériques. BULLETINS DE L'ACADÉMIE, 5° série, t. IX, 1885. Il importe de rappeler ici que, dans ce travail, j'ai expliqué la prédominance du bleu aux approches de la pluie, par ce fait que l’eau pure est bleue sous les états liquide et solide (W. Spring), et très probablement à l’état de vapeur. On conçoit ainsi que, quand il y a beaucoup d’eau dans l’atmosphère aux approches de la pluie, ou lorsqu'elle est survenue, la teinte bleue prédomine sur les autres couleurs lors des observations scintillométriques. Dans mes communications journalières à l'Observatoire, j’ai employé les expres- sions {rès faible, faible, assez marqué, marqué pour désigner les excès progressifs du bleu dans la seintillation. J'ai fait voir, par des résul- tats numériques, que ces expressions sont en concordance parfaite avec les variations correspondantes de l'intensité de la scintillation, de la quantité d’eau de pluie recueillie, du degré d'humidité de l'air au niveau du sol, et avec le nombre relatif des étoiles qui accusent l’un ou l’autre excès de bleu dans la même soirée. ( 565 ) la prévision du temps, il importe de tenir compte tout à la fois de l'intensité de la scintillation, des caractères parti- culiers du trait et enfin de la prédominance relative du bleu comme présage de pluie. Il était très important de mettre ici en évidence cette concordance entre les trois espèces d'indications spécifiées, c’est-à-dire l’intensité de la scintillation, les caractères du trait et ceux des couleurs, puis de rappeler les résultats concernant la prédominance du bleu, qui est un indice de pluie important, comme je l’ai fait voir. Remarquons ici que l'intensité de la scintillation, qui a l'avantage d’être exprimée par un nombre, est notablement affectée, non seulement par la pluie, par la neige, mais par la température de l'air, la scintillation étant d'autant plus forte que celle-ci est plus basse, toutes choses égales d’ailleurs. I résulte de là et de tout ce qui précède, que si, dans une soirée d’observation, la scintillation est très forte, mais que le trait soit régulier pour le plus grand nombre des étoiles, et qu’il n’accuse aucun excès de bleu, les pro- babilités seront favorables au beau temps : dans ces condi- tions, il y aura lieu de présumer que la pluie ne survien- : dra pas tout de suite: Voici un fait qu’il importe de signaler ici. Lorsque le ciel est favorable, le trait étant régulier, celui-ei n'offre pas la même épaisseur apparente pour toutes les étoiles obser- vées : il paraît plus large pour les étoiles brillantes que pour celles qui le sont moins. Quoique cette différence soit indépendante de la hauteur à la quelle les étoiles sont obser - vées, c’est surtout pour les étoiles élevées qu'elle est le plus sensible, parce que la scintillation étant très faible pour celles-ci, le trait présente alors une teinte sensiblement ( 564 ) uniforme qui est celle de la couleur de l’astre. Quand deux étoiles voisines, d’éclats différents, se trouvent dans le champ de la lunette, leurs images y décrivent deux circon- férences de même diamètre, très rapprochées, qui se coupent : dans ces conditions, la différence des épaisseurs du trait est facilement appréciable. Si ce sont des étoiles doubles, le trait circulaire décrit par l’image de l'étoile principale est visiblement plus large que le contour très délié tracé par son compagnon. Les étoiles doubles Castor, & de la grande Ourse, y d'Andromède m'ont donné fréquem- ment l’occasion d'observer cette différence. Ce phénomène doit être attribué, non aux diamètres absolus des étoiles, mais à un effet d'irradiation qui se produit sur la rétine malgré le mouvement circulaire de l’image d’une étoile. La vitesse de ce déplacement ne s’oppose nullement ici à la production du phénomène, car la durée d’une révolution complète de l’image stellaire est en moyenne d’un quart de seconde dans mes observations; le point lumineux repasse rapidement ainsi par les mêmes lieux de la rétine et y trace le trait lumineux sur un fond obscur. J. Plateau a constaté, comme on le sait, que lirradiation s'étend d'autant plus sur la rétine que l’objet lumineux est plus brillant. D’après cela, on conçoit que le trait décrit par l'étoile principale d’un système double, dont l'éclat est beaucoup plus vif que celui de son compagnon, paraisse, dans la lunette scintillométrique, plus large et plus brillant que le contour décrit par cette petite étoile, qui présente très souvent aussi une teinte différente. D’après ce fait, lorsque le temps est beau, le trait régu- lier ne présente pas rigoureusement la même épaisseur pour des étoiles dont l'éclat est très différent. L'ensemble des résultats précédents témoigne de nou- ( 565 ) veau de l’importance de l'application de la scintillation à la prévision du temps. Ce fait ne doit point nous surprendre, car la lumière est un agent physique qui est excessi- vement sensible aux changements qu’éprouvent les milieux qu'elle traverse. L'examen si délicat des rayons émanés des étoiles après leur passage dans l'air, nous révèle, dans la scintillation, les variations de courte durée et particulière ment les troubles profonds que notre atmosphère éprouve. Un fait récent, la prévision, par la scintillation, de l’arrivée de la violente tempête du G décembre 1886, avant que les fluctuations barométriques l’annonçassent, nous a montré que les indications de la scintillation permettent de prévoir le temps à certaine échéance (1). Rappelons également qu'en juin 1885, en m'appuyant sur ce fait que, depuis un certain temps, la fréquence de la couleur bleue avait nota- blement diminué, j'annonçai que les pluies seraient moins abondantes et moins persistantes que M et il en a été ainsi (2). Je suis persuadé que l’observation de la scintillation est apppelée à étendre nos connaissances à l'égard de phéno- mènes météorologiques qui se passent dans les régions supérieures de l'air. Il est à remarquer, du reste, que les observations qui seront faites dans diverses régions, au moyen de lunettes de diamètres différents avec scintillo- mètre, seront comparables entres elles. En effet, je démon- trerai prochainement, en m’appuyant sur des observations (1) Influence des bourrasques sur la Re des étoiles, Buzz. DE L'Acap. ROYALE DE BELGIQUE 5° série, t. mé (2) Influence de la couteur bleue de l’eau c ue dans d Patniocphère sur la scintillation aux approches de la pluie. BULL. DE L'ACAD. ROYALE ne Beucique, 5e série, t. V, 1885; t. VII, 1884; t. IX, 1884, ( 566 ) spéciales, que l'intensité de la scintillation qui, toutes choses égales d’ailleurs, change avec la largeur de l'objectif des lunettes, varie en fonction de cette grandeur d’après une loi simple, quand les diamètres des objectifs sont dans un rapport numérique compris entre 1 et 2. Les considérations qui précèdent m’engagent à adjoin- dre, comme annexes à ce travail, une description complète du scintillomètre avec les perfectionnements notables que j'ai apportés récemment à sa disposition, puis un exposé succint de la méthode d'observation que j'ai suivie. Le principe seul de l'instrument a été exposé dans les publi- cations de PAcadémie (1). SCINTILLOMÊTRE. Cet instrument se compose essentiellement de trois parties : 1° Une lame ou disque de verre circulaire monté obli- quement sur un axe de rotation, en avant et près de l’oculaire de la lunette; 2% Le mécanisme moteur; 5° Le compteur du nombre de révolutions que la lame de verre accomplit en une seconde de temps. La disposition telle que je vais la décrire dans ses par- (1) Nouveau scintillomètre. BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE Bezcique, 2° série, t. XVII, 4864, On trouvera dans cette notice les formules sur lesquelles repose la théorie de cet instrument, qui est susceptible d’être utilisé dans des expériences d'optique où il serait nécessaire de faire décrire une circonférence à l’image d’un point lumineux. ( 567 ) ties principales, est celle que j'ai tout récemment adoptée pour le scintillomètre de Observatoire de Bruxelles, grâce à la demande obligeante de M. Folie. Lame de verre oblique. — Fig. 1. Cette partie essen- tielle consiste en un disque C d’un verre blane, exempt de stries, de 50 millimètres de diamètre environ, de 6 à 7 millimètres d'épaisseur, qui est monté obliquement, sous un angle de 16 à 17°, sur un axe de rotation T placé en avant de l’oculaire, parallèlement à l’axe de la lunette et près de celui-ci. Une ouverture centrale percée dans la lame, permet d'y sertir un anneau de cuivre qui en couvre le bord intérieur. L'ouverture est traversée par l'axe de rotation T de la lame. A la partie de cette traverse sont fixés sur cet axe deux pivots a et b de direction per- pendiculaire à l’axe; leurs extrémités pénètrent dans deux petites ouvertures qui sont pratiquées à la face intérieure de l'anneau serti dans l'ouverture centrale. Cette disposition permet de donner au disque une inclinaison qui est réglée au moyen d’une vis de pression d, taraudant l’extrémité d’une petite pièce de cuivre c fixée perpendiculairement à laxe de rotation. Une lame métallique e, formant ressort, presse le disque de verre du côté opposé à la vis, de façon qu’il s'appuie avec stabilité contre sa pointe d. L'axe de rotation T porte une poulie H et un pignon 1. Un fil élastique sans fin ee, fig. 2 et 3, passant dans la gorge de la première, transmet à la lame de verre un mouvement révolutif très régulier qu'il reçoit du moteur, et qu’il com- munique au compteur par le pignon I. L’axe T est disposé, en avant de l’oculaire F de la lunette (fig. 4), parallèlement à l’axe optique, dont il n’est éloigné que de 18 millimètres environ. Dans cette disposition, que montre la figure 4 dans ( 568 ) | son ensemble, le disque de verre est constamment traversé par le faisceau de rayons lumineux convergeant vers l’ocu- laire, pendant chaque révolution qu'il accomplit. A cause de l'inclinaison de la lame de verre sur son axe, celle-ci imprime aux rayons, els que R, Y, figure 4, un déplacement latéral dans la place d’incidence, et ce plan tournant avec la lame, l’image focale m tourne également et forme un contour lumineux circulaire mn, qui paraît continu quand la vitesse de rotation est suffisante. Sur ce contour, qui est le trait, s’étalent de nombreux ares colorés; chacun correspond à la couleur fugitive que présente l’image de l'étoile scintillante pendant le très court instant que cet arc est décrit ({). __ La vitesse de rotation du disque de verre doit être telle, que le contour décrit par l’image soit fermé, Cette vitesse, qui peut dépasser la limite nécessaire à cette condition, est réglée par le mouvement du moteur, comme nous allons le voir. (1) J'ai démontré précédemment que si l’on désigne par y l'incli- naison du disque de verre par rapport à son axe de rotation, par e son épaisseur, par F la longueur focale de l'objectif de la lunette, et que, si l’on impose comme condition que le diamètre du cercle décrit par l'image de l'étoile scintillante paraisse, dans la lunette, égal à n fois le diamètre de Jupiter vu dans le même instrument, on a la relation suivante: F siny=n"— -0,00022, e La grandeur du trait circulaire mn, fig. 4, dépend, en ce qui concerne le disque de verre, de son épaisseur e, puis de son incli- naison >. Pour le scintillomètre adapté à ma lunette, e — Gmm 4 ety= 17°. Dans ces conditions, le trait se présente, dans le champ de l'instrument, sous un diamètre apparent qui est un peu moindre que celui des circonférences, fig. 7 et 8. ( 569 ) Moteur. — C'estun mécanisme d’horlogerie D, fig. 2 et3, à ressort, dont le mouvement est réglé par un volant V; il est adapté en dehors de la lunette sur le porte-ocu- laire B, fig. 4. La rapidité de son mouvement peut être réglée à l’aide d’un petit ressort f, fig. 2, dont la pression Sur une roue pleine du moteur s’exerce au moyen de la vis g. Ce frein sert également à arrêter le mouvement du mécanisme lorsque les observations sont terminées. Au lieu de régler la rapidité du mouvement du moteur par la pression de 7, qui peut varier, il est préférable de modifier celle vitesse en augmentant ou en diminuant la résistance que l'air oppose à la rapidité de la rotation du volant V, par l'obliquité plus ou moins grande de ses ailettes, que l’on fixe au commencement de chaque soirée d'observation. Les ailettes sont adaptées sur la monture s £ de façon à rece- voir une obliquité différente par rapport à la circonférence qu’elles décrivent; le changement est légitimé par ce fait, que quand la scintillation est faible, le contour m n, fig. 4, décrit par l'image stellaire ne présentant qu’un petit nom- bre de couleurs, on les énumère aisément si la vitesse de rotation de la lame C est modérée. Au contraire, quand la scintillation est forte, les couleurs étant nombreuses, il est nécessaire d’accélérer la vitesse de rotation de la lame, afin de diminuer la quantité de couleurs différentes que l'œil perçoit sur le contour m n, et d’en faciliter le dénombre- ment. Le changement de position des ailettes permet de régler avec précision la vitesse du moteur, qui reste con- Slante, La transmission du mouvement de rotation à la lame de verre C s'effectue à l’aide du fil sans fin e e, fig. 2 et 3, pas- Sant dans la gorge d’une poulie extérieure K du mécanisme 3"* SÉRIE, TOME XVI. 39 ( 570 ) D; elle est montée sur le prolongement de l’axe de l’une de ses roues intérieures; le fil passe ensuite sur la poulie H adaptée à l’axe de rotation de la lame. Ce mode de transmis- sion s’effectue avec plus de régularité que si le moteur D communiquait directement le mouvement au disque de verre C au moyen d'un petit engrenage spécial. D'ailleurs, l'adaptation du fil e permet de placer le moteur au-dessus et en dehors du porte-oculaire B. Compteur. — Il se compose uniquement d’une roue dentée P armée de 60 dents, qui engrène avec le pignon [, formé de 6 ailes, que porte l'axe de rotation de la lame de verre C. La roue P conduite par ce pignon, accomplit ainsi une révolution quand la lame en à fait dix. L’axe S de la roue est prolongé en dehors de la platine qui supporte cette disposition et le moteur au-dessus du porte-oculaire B. Cet axe porte une aiguille destinée à indiquer le nombre de tours accomplis par la roue en un temps donné, sur un cadran adapté à la platine. Pour plus de simplicité, cette platine, ainsi que les ponts supportant les axes de la roue P et du disque de verre C, n’ont pas été indiqués sur les fig. 2 et 3. Dans la disposition indiquée, la roue P, la poulie H et le fil e se trouvant au-dessus de l’axe optique RR’ de la lunette, par conséquent en dehors du champ, ne nuisent en aucune façon à la perception des couleurs produites par la scintillation, qui forment le trait circulaire mn, fig. 1. Ajoutons que celui-ci est notablement agrandi par l'effet des lentilles composant l’oculaire de la lunette. Notons ici que, pour déterminer exactement le temps d’une révolution de la lame de verre C, il convient d’esti- mer, à l'aide d’un chronomètre à arrêt, le nombre de secondes £ nécessaire pour que l'aiguille S accomplisse ( 571 ) / deux révolutions, par exemple : dans ce cas le temps écoulé pendant un tour du disque de verre C sera égal à à. Si t égale cinq secondes, la durée d’une révolution du disque sera 0,25 ou d’un quart de seconde. Afin d’énumérer le plus exactement possible le nombre des ares colorés, si fugitifs, qui s’étalent sur le trait mn, j'ai adapté en F (fig. 4) au foyer de la lentille placée derrière l'œilleton de l’oculaire, un micromètre spécial qui est repré- senté figures 5 et 6. 11 se compose de trois fils fins, croisés diamétralement de manière à présenter, dans le champ de l'instrument, quatre secteurs égaux, opposés deux à deux, et valant chacun un seizième de cet espace circulaire. Ce micromètre étant convenablement éclairé à chaque obser- valion, son centre est amené en coïncidence, soit avec le centre fictif de la circonférence décrite par l’image de l'étoile scintillante, soit en un point de celte circonférence. Dans la première position, fig. 5, le nombre des couleurs qui apparaissent à un instant donné sur l’arc compris entre les deux fils limitant l’un des secteurs, indique évidemment la quantité de couleurs qui s’étalent sur un seizième de la circonférence, laquelle présente des arcs colorés semblables sur toute son étendue. Dans la seconde position, fig. 6, la moitié du nombre des colorations comprises entre les fils d’un secteur, indique la quantité de changements de cou- leurs qui correspondent à un seizième du contour cir- culaire. En combinant le nombre des ares colorés étalés sur ce contour avec la vitesse du mouvement révolutif que le mécanisme imprime à la lame de verre, on calcule de la manière suivante le nombre de changements de couleurs que l’image de l’astre scintillant éprouve, en une seconde de temps, dans la lunette télescopique. Supposons que le ( 572 ) contour mn décrit par l’image de l'étoile présente seize ares colorés, ce qui a lieu quand un de ces ares occupe l’un des secteurs de la figure 5 ou un seizième du contour; si, d’après les indications du compteur, la lame accomplit une révolution en un quart de seconde, il est évident que, dans ces conditions, et vu la rapidité avec laquelle s’effectuent les variations de couleur, l’image de l’étoile scintillante éprouve soixante-quatre changements en une seconde de lemps. Ce résultat indique évidemment l'intensité de la scintil- lation de l'étoile à la hauteur au-dessus de l'horizon où on l'observe. Cette hauteur, ou plutôt la distance zénithale qui en est le complément, est immédiatement mesurée au moyen d'un petit cercle divisé G muni de son alidade et d'un niveau à bulle d’air, qui est adapté à la lunette (fig. 4). L'observation a montré que, le même soir, c’est-à-dire sous l’influence de conditions atmosphériques variant peu, l'intensité de la scintillation d’une étoile diminue à mesure qu’elle s'élève au-dessus de l’horizon. 11 importe de tenir comple de ces variations dépendant de la hauteur, qui affectent la scintillation de toutes les étoiles observées pendant une même soirée. Une loi trouvée par M. Dufour, de Morges, à l’aide d'observations faites à l’œil nu, permet de convertir l'intensité absolue correspondant à la distance zénithale d'observation de chaque étoile, en une intensité relative, qui est celle que la même étoile eût accusée si elle avail été observée à une distance zénithale choisie, à 60° par exemple. C’est à cette distance que, depuis l’origine de mes observations, je rapporte l'intensité de la scintillation des étoiles observées, après avoir vérifié l'application de la loi suivante aux observations faites à l’aide de la lunette scintillométrique. Voici la loi établie par M. Dufour : « Sauf ( 573 ) » près de l’horizon, la scintillation est proportionnelle au » produit que l’on obtient en multipliant l’épaisseur de la » couche d’air que traverse le rayon lumineux émané de » l'étoile, par la réfraction astronomique à la distance » zénithale où l’on considère celle-ci, » Conformément aux applications de cette loi indiquées par M. Dufour, applica- Lions qui ont été faites par ce savant dans la supposition d’une élévation de latmosphère égale à !/so du rayon terrestre ou à 79,5 kilomètres à peu près, j’ai construit une table de réduction d’intensité de la seintillation à 60° de distance zénithale pour chaque degré de cette distance. D’après ce qui précède, elle sert à ramener l’intensité abso- lue, ou le nombre des variations de couleur qu’une étoile a accusées, en une seconde de temps, à une distance zéni- thale observée, à son intensité relative, c’est-à-dire au nombre que sa scintillation eût accusé si celte étoile avait été observée à 60° de distance zénithale, pendant la même soirée (1). Supposons que l'observation ait eu lieu à (1) Voici quelques termes de cette table: Distance zénithale Coefficient pparente de réduction, 550 1,38 560 1,30 570. 4,22 ban. 4,14 59e 4,07 60° 1,00 éte. 0,93 62, 0,87 630. 0,81 640 0,75 Sauf pour la Polaire cet quelques autres étoiles principales, mes observations ont été généralement comprises entre 48 ct 68 ns distance zénithale apparente. ( 574) d9°, le coeflicient de réduction correspondant à cette distance zénithale ayant pour valeur 1,38 dans la table, l'intensité absolue 64 calculée plus haut, réduite à 60°, devient 88. D’après ce qui précède, cette valeur repré- sente lintensité relative de la scintillation de l'étoile, si celle-ci avait été observée à 60° de distance zénithale. Les fils du micromètre doivent être nécessairement éclairés à l’aide d’une petite lanterne à la main, dont la lumière est projetée dans leur direction par l'ouverture pratiquée dans le porte-oculairé, pour le passage du disque de verre. Avant d'entreprendre des observations de scintilla- tion, il importe de prendre quelques précautions, si elles out lieu par la fenêtre d’un appartement. Il est néces- saire que celui-ci se trouve sensiblement à la même température que l'air extérieur, afin d'éviter les effets de courants d'air à des températures différentes qui, en se mélangeant, en avant de la lunette et près de son objectif, nuiraient à la netteté du trait. Il est évidemment nécessaire que l’intensité moyenne d'une soirée soit déduite des intensités particulières aux quatre régions principales du ciel, lesquelles doivent être déterminées chacune par l'observation d’un certain nombre d'étoiles. Au mois d’octobre 4887, j'avais observé, depuis 1870, un total de 31817 étoiles dans le cours de 1815 soirées. A ces chiffres correspond pour chacune de celles-ci une moyenne de 17 étoiles observées. Très souvent, grâce à la pureté de l'air; j'ai pu obser- ver 50 à 40 étoiles par soirée; mais, parfois aussi, lorsque le ciel se couvrit fréquemment le même. soir, je n'ai pu en observer qu'un petit nombre. Ces cas ont été : Bulletins. Série. Tome Scintillometre. ( 575 ) extrêmement rares, comune on peut en juger par la valeur de là moyenne précédente. D’après tout ce qui précède, l'observation de la scintil- lation d’une étoile dans une même soirée, comporte les délerminations suivantes : 1° le nombre des couleurs que l’observateur perçoit sur un seizième de la circonférence du trait; 2° les différentes couleurs que l'œil y distingue; 5° la prédominance du bleu quand il y a lieu; 4 les caractères du trait; ° la distance zénithale apparente à scintillante est observée; 6° les heures du commencement et de la fin de l’ensemble des observations de la soirée. Quant à la durée d’une révolution du disque de verre, pour plus de simplicité, on la détermine au commencement et à la fin de chaque soirée, si la marche du moteur ne reste point parfaitement régulière pendant tout le cours de celle-ci. L'observation de la scintillation réclame de la part de toute personne qui voudra entreprendre celte étude, une certaine aptitude et une assiduité constante. Mais elle sera récompensée de ses travaux par des décou- vertes qu’elle accomplira, sans aucun doute, dans ce champ si vaste de la météorologie des régions élevées de l'atmosphère. laquelle l'étoile Cr ( 576) Sur quelques propriétés des transformations linéaires ; par Jacques Deruyts, chargé de cours à l'Université de Liège. L — Soit un système illimité de formes à n variables : [= >» S Pia,r ir. an, ; fi= P: barres ann, etc. P,, Ps, .… représentant les nombres polynomiaux. Désignons par 5,, £,, .… £, les variables contragrédientes de x, 2%, .… x, el par &, b, les dérivées d3 + ds, are b == — , …. da,” F db a, —= de fonctions indéterminées +, «,, .… dépendant des varia- bles x, 5 et des coeflicients des formes du système (S). Étant donnée une fonction 4, exprimée au moyen des éléments x, £, a, à, b, b, …, nous représenterons par dp dy “dy 2 eut er RE les dérivées obtenues en considérant x, &, a, a, b, b, comme indépendants entre eux. Soit /4, l, 1, une suite de quantités composée : ou bien, des coefficients d’une forme du système (S), des coefficients a par exemple; ou bien des dérivées a corres- pondantes; ou bien des variables x, ou enfin des variables £. ( 577 ) Soit À, 2e, ..… À, la suite des quantités contragrédientes composée ou bien des dérivées &, ou des coefficients a, ou des variables «, ou enfin des variables x. Nous représenterons par m,m2,...mM,501,Na,.….n,, CC... des séries de quantités, différentes entre elles et nue à la série (l) : 124, 142 +. ps3 V1: Vo. ve, lC..., représenteront de même les séries de quantités contragrédientes, ana- logues à la suite (À). On peut énoncer le théorème suivant qui ne paraît pas avoir été indiqué : Les produits homogènes PT CR EP PO MARS 0 Là (pi + 6e + + psp, Ci HF Go + + +0, = 0.1) sont cogrédients des quantités pe. ce \dAi/ de d) du, du, dY d 7x1 o ï ee | . # . (C) ATEN VO PHNTE sue el Sat - ——, .. . . -) dAÏTOAST ... dust... D 4e. Li, ya, La étant des fonctions quelconques. Pour L démontrer, nous introduirons de nouveaux éléments, savoir : 1° des variables y,, 2 ... Y,5 n15 n2...n, cogrédientes des x et des ; 2° des formes re » Ci %3 ce En, à [ 1e > P,a,;yi Ye Ya Fe (S’) ==: ÿ Psbay yet... yo, cie. des mêmes ordres que les formes du système (S); 5° les dérivées de fonctions &', #:... qui dépendent uniquement des variables (y), (n) et des coefficients du système (S'). Enfin, nous représenterons par (}') (u').. les quantités ()) (4)... dans lesquelles on a substitué aux lettres x, £, a, a, b, bi: les lettres y, n, a’, à’, b’, b'; de même (B'}, (C'), (D) repré- senteront les quantités (B), (C), (D), dans lesquelles on a substitué aux lettres }, u, .… les lettres X, n°. Supposons = +R +. +lx, X = Mai + Mau + ve + MU, el... 1 doux + BA + ee, p: 1 x: = — (mu + Molts He)", CLC..., c! 1 pro! (225 + LAS + +) (mes + maps + +) 5 n “Rae | - ces fonctions sont égales à leurs transformées par une substitution linéaire des variables x ("). (‘) Après la transformation linéaire des variables x, les dérivées analogues à a, sont remplacées par les dérivées des mêmes fonctions ® par rapport aux coefficients a, transformés; semblablement, les dérivées contenues dans les expressions (A), (B), (C), (D) sont remplacées par les dérivées des mêmes fonctions 4, y ... par rapport aux éléments À, 1, ..… transformés. (5797 Pour ce cas particulier, les quatre séries de quantités (A), (B'), (C'), (D') sont cogrédientes : en effet, elles sont iden- tiques et il en est de même de leurs transformées. D'autre part, une substitution linéaire des variables détermine, pour les quantités (A), (B'), (C’), (D), des transformations linéaires indépendantes du choix des fonctions 4, y ….; les quantités (A), (B'}, (C'), (D’) sont donc cogrédientes dans le cas général. En supposant Y—=X, = E, d'0, 04, on voit que les quantités (A), (B), (C), (D) sont cogrédientes entre elles. En particulier, on retrouve une propriété bien connue, en supposant que les variables x ou £ sont les seuls facteurs des produits x et qu’en outre les fonctions à, y … ne contiennent pas les dérivées à, b … La méthode que nous avons suivie permet encore de démontrer cette autre propriété : Les produits JET y Ds" + % . Ÿ1 ou 6... (8) se D G 1 JA TJAÏS es dé use .. AUS ue du? PE sont cogrédients des dérivées U] À de 8 rs DAËT Du Duts DAT)... Due Eee « Er Lib Nethét:: ] B=p+otie + +S +: ( 580 ) IL. — Sous certaines conditions, on peut déduire d’une fonction invariante d’autres fonctions invariantes, en remplaçant une série de quantités par une série de quan- tités cogrédientes (”). Nous ferons usage, à ce point de vue, des résultats obtenus dans le paragraphe précédent. Soit 1 une fonction invariante : supposons les fonc- tions 6,01...0", of... d, y... y, Y1... a, invariantes et dci : la fonction I ire sa te d’invariance, quand on y remplace les éléments à, b, . par à’, d', .…($ 1). Nous pouvons énoncer ce théorème : Le caractère d’invariance de la fonction 1(x,5,a, a, b, b :) n’est pas altéré, si l’on remplace les produits (A) par l’une ou l’autre série d'expressions (B), (C), (D) (”). D'après la supposition indiquée ci-dessus, on peut vérifier la propriété d’invariance de la fonction I, en faisant seulement usage des formules qui expriment les quantités x, Ë, a, b, à, b .… au moyen de leurs transformées respectives. On peut, du resle, trouver facilement des fonctions I satisfaisant à cette condition. En effet, soient deux fonctions invariantes J==J(0,, b::.2,Ë), gæœglu; 0.26): (*) Voir la note que nous avons publiée récemment Sur la différentiation mutuelle des fonctions invariantes (BuiL. DE L'ACAD. ROY. DE BELGIQUE, 5° sér., t. XVI, n° 8). (**) On obtiendra un théorème du même genre, en se servant de cette propriété que les produits (E) et les dérivées (F) sont des quantités cogrédientes, (381 ) on en déduira la nouvelle fonction invariante 1 dq 1=7J Le (EE) b3...x, e| pour F=F(a,, bg.. a... 7,6) [Voir le paragraphe V de la note citée plus haut | Si l'on remplace J et g par | Ja, bo. El: et g egia, dx; 6) on obtient de même la fonction invariante 1 # RS à RS RUE [re CE # rl Il est visible que 1’ et I diffèrent seulement par la substitution des lettres a', b' .… aux lettres à, b, AppLicarions. — 4° Soit I une fonction invariante des des degrés r, p… pour les coefficients a, b... et des degrés À, k pour les variables x, Ë: nous l’écrirons F Là Fes h h k k “ I Deco... LED. méast HE “re (G) .€n représentant par e un facteur numérique. ( D82 ) Par la généralisation d’un théorème de MM. SYLVESTER et CayLey (‘), on déduit de I la fonction invariante = 0) TL EE" 2" à da.) \oa,, dbg/ \obs dx, A dË,/ Vé en posant PA: PU PE En appliquant à la fonction J le théorème énoncé plus haut, on voit que la quantité y EP+... +h+# Ÿ = Ye pion h k RO Vi 0e. du da p. est invariante. Exemple. — Prenons pour I, l’invariant simultané Se» a de deux formes binaires f, f’ de même ordre A. Nous aurons —1Y d'y dl, = see —. (‘) da di _> L4 (‘) Voir notre travail : Sur la théorie des formes algébriques, ele. (Buz. pe L'Acan., 5° sér., t. XVI, n° 6, 1888). ( 585 ) Le nombre À étant pair, la fonction d°? FA Se de ges (i) da JU a _ y LA est encore invariante. Si l’on prend pour y le résultant d'une forme quadratique (açaia>) (x1x2)? et d’une forme cubique (b5b1babs) (xyx2)5, J2 se réduit à l’invariant “lo (bb; os bi) Gants (bob: a bb.) “Folle (bob, nas bi). 2° Les produits si H, et K, sont respectivement les coefficients de k k à ait de x étde 7,557 dans des formes d'ordres À et k. En remplaçant par 4 do M ÉTÉ eu Pa DHy0K4 les produits 4 9 2 — ———. à P, dH, K, on voit que le caractère d’invariance d’une fonction 1 se ( 584 ) conserve si l’on subslilue aux produits des variables x et £, se 8 h k k analogues à x,'...x,"6,"...£,r, les dérivées correspondantes 4 dy P, ù BK, REMarRQuE. — Les modes de transformation indiqués pour les fonctions invariantes s’appliquent immédiatement aux fonctions semi-invariantes. Ils s'étendent de même au cas de plusieurs séries de variables. Par exemple, si (x’) (x”) .… (x"); (81) (87) … (£”) représentent n séries de variables cogrédientes aux (x) et aux (£), le déterminant His ou. "6 ER re est une fonction invariante; nous l’écrirons m2zTER...e, a, b,... l élant une permutation des nombres 1,2,3...n On déduit de là que si U est une fonction invariante à 7 séries de variables, il en est de même de S: vU "JET. D? Pour n — 92, on retrouve une propriélé indiquée par M. Gorpan dans ses débat uber Invariantentheorte(") (1. I, p. 22). : (‘) Herausgegeben von G. Kerschensteiner. Leipzig, 1887. ( 585 ) I. — Reprenons encore les produits + [formule (A)), en écrivant d’une manière explicite r= a, LESC CO MEERE Le "RE Etre les sommes r — Yr,, pe —= Ÿp,, = Eh, k = ER, sont les mêmes pour tous les produits +, el actuellement les fonctions &, +, .. ne sont plus assujetties à la condition d'être invariantes. Une substitution linéaire effectuée sur les variables x sn des substitutions linéaires pour les quantités ë , 0,0... Par ces substitutions, x, £, a, à... APE X, = , À, À … et les produits + sont remplacés par les expressions II obtenues en substituant aux lettres x, 6, a, a, .… les lettres majuscules correspondantes. Soient w et Q les quantités déduites de x et de IT en Substiluant aux lettres x, £, a, a... el X # À A... les lettres £, x, à, a .… et Æ, X, À, À …. Les produits (x) sont contrapetiimls des quantités (w) Mmullipliées par certains coefficients numériques. Pour le vérifier, nous ferons usage des éléments y, », a’, V', bd’... que nous avons introduits dans une démonstration précédente ($ 1). Les fonctions 2aûs 200,249 Zu sont égales à leurs transformées par une substitution linéaire quelconque des variables x; il en est de même de H == (Saa'j (a'af ... (Zxx) (2yé}. 3" SÉRIE, TOME XVI. 40 ( 586) On peut écrire H==2P,P,... PiPi mo’ (*), si l’on désigne par (w') les quantités w dans lesquelles on a remplacé x, £, a, a... par y, n, a’, a, Les quantités + EPP; 0 Re transforment linéairement (' ) et elles sont nécessairement contragrédientes, d’après la propriété de la fonction H. : : Il en sera de même si l’on fait a — a, a —àa...y— 7, n—£:en conséquence, les produits x et PP... P.Piv sont contragrédients. IV. — Considérons actuellement les deux substitutions contraires : La == dy y + Gjo Ne + : ge: +a,X,, Lo = An X, + lg >, à re À As NE LE (T) el A A A RE PC ed, OT el EE d d d: A de... (to To = — Ken à + Euh e, EA d d r! €! + PRE, pe, ee. () A us CALE AUS pipi. È (**") Le module de la transformation des quantités + ne peut pas être nul pour toute substitution des x : en supposant l'inverse, on trouverait qu'il existe une relation linéaire entre les produits x. ( 587 ) A;; étant le mineur de +, dans le déterminant ne LA Les variables x et £, par la substitution (T,), se trans- forment comme les variables £ et x par la substitution (T). D'autre part, les produits EE. En el a ter... de r 3° . pe La 1 sa sont cogrédients des coefficients a, et des dérivées ÿ- 4, : en conséquence, les quantités a,, &,, be, bz…, par la substi- tution (T;), se transforment comme les quantités 1 | Le Rs Pots — bg, Psbg al P, Pa par la substitution (T). D’après celle comparaison, les produits + se trans- forment par la substitution T;, de la même manière que les quantités +: MEN 2 AE h P; ii ps 2. Pa a par la substitution T. Nous appellerons produits préparés, les expressions mr fPe PP rte (") Le facteur numérique est indépendant de la composition de w, Par rapport aux lettres x, 5. # ( 588 ) les quantités contragrédientes de (x4) seront P,P,...P,P, | D —= & . , pr ips ts. D'après ce qui précède, les produits préparés x, se transforment par la substitution T, , de la même manière que les quantités contragrédientes w,, par la substitution T. Pour une même substitution T, les quantités contra- grédientes (4) et (r;) se transforment selon des modules contraires. En conséquence, on est conduit au théorème suivant : Deux substitutions contraires effectuées sur les variables, déterminent deux substitutions contraires pour les produits préparés formés au moyen des éléments x, &, a, à, b, be Supposons en particulier que les produits préparés contiennent seulement, et à la première puissance, les coefficients a d’une forme f : nous retrouvons ce théorème de M. SYLVESTER : Deux substilutions contraires effectuées sur les variables d’une forme préparée induisent deux substitutions con- traires sur les coefficients (”). (*) American Journal of Mathematics, 1. 1. On sait que M. Sylvester a désigné sous le nom de forme préparée, une forme dans laquelle les nombres polynomiaux sont remplacés par leurs racines carrées. Nous avons cru devoir employer la déno- imination de produits préparés, parce que les facteurs numériques introduits ne dépendent pas seulement des coefficients considérés isolément, mais aussi de la manière dont ils sont groupés en produits. ( 589 ) Si l’on effectue sur les variables x la substitution T et la substitution adjointe A A A, ne ne A Ag * L2 == Xe Xe + S x, Ge on obtient évidemment deux transformations adjointes pour les produits préparés. Les substitutions T,, T, sont transposées, en ce sens que leurs modules diffèrent seulement par le changement des colonnes en rangées et réciproquement; d’après le théorème précédent, il en est de même des substitutions correspondantes pour les produits préparés. Du reste, les coefficients de la substitution T, peuvent être supposés tout à fait quelconques; de là Faite sen propriété : Deux substitutions transp les variables déterminent deux substitutions transposées pour les pro- _duits préparés des éléments x, £, a, à, b, b.- Cette proprieté donne comme cas nafricaliee le théorème suivant, qui est dû à M. Le Pace (°): Deux substitutions transposées effectuées sur les variables induisent deux substitutions transposées sur les coefficients d’une forme préparée. (*) Sur une propriété des formes algébriques préparées (MaTRe- MATISCHE ANNALEN, Bd. XV). ( 590 ) Recherches sur les organismes inférieurs. — 1. La loi de Weber vérifiée pour l’héliotropisme du Champignon; par Jean Massart, docteur en sciences naturelles. Les différents auteurs qui se sont occupés de la loi de Weber ont employé trois méthodes : celle des plus petits accroissements perceptibles, celle des cas vrais ou faux, et celle des erreurs moyennes. M. Delbœuf y a ajouté la méthode dés contrastes. Dans tous ces procédés, c'est la sensation que l’on mesure. Mais la sensation est un fait intime, non communicable, ne pouvant être connu que du sujet chez qui elle se produit. De plus, la sensibilité d’un individu donné est extrêmement variable suivant l’état de repos ou de fatigue. Il était donc bien désirable de mesurer une manifestation extérieure de la sensation et non la sensation elle-même, et d’expérimenter sur des êtres chez lesquels l'élément fatique peut être négligé. Dans ses études sur la sensibilité des êtres inférieurs et des spermatozoïdes des Cryptogames vis-à-vis des sub- stances chimiques, M. Pfeffer (1) a fait un grand nombre d'expériences sur la loi de Weber. Un Bacterium Termo, placé dans une solution déterminée de peptone, se dirige vers une solution de peptone cinq fois plus concentrée, tandis qu'il est indifférent à une solution dont la concen- (4) W. Prerrer. Locomotorische Richtungsbewrgungen durch che- mische Reize. (Untersuchungen aus dem botanischeu Institut zu Tübingen. Erster Band, p. 563.) W. Prerrer. Üeber chemotactische Bewegungen von Baclerien, Flagellaten und Volvocineen (Ibid. Bd. 2, p. 582). CES tration n’est que trois ou quatre fois plus forte. Un sper- matozoïde de Fougère se dirige vers une solution d'acide malique trente fois plus concentrée que celle dans laquelle il se trouve. Ainsi qu’on le voit par l'exposé de ces quel- ques faits, la méthode employée est celle des plus petits accroissements perceptibles; mais pour mesurer cette différence d'excitation, M. Pfeffer se base, non pas sur la sensalion, mais sur le mouvement déterminé par là sensa- ion, ce qui est une condition très favorable pour l’expé- rience : landis que la sensation ne peut pas se manifester directement à nous, le mouvement produit est perçu avec la plus grande facilité. Ce qui prouve l'excellence de la méthode, c'est que jamais l’auteur n'a obtenu de résullats douteux. M. Pfeffer suppose que les mouvements héliotropiques, bhototactiques, géotropiques et haptotropiques sont sou- mis également à la loi de Weber. M. Wiesnér (1) a montré que certaines plantes sont dés Photomètres différentiels d’une extrême sensibilité. Il place une tige, de Vicia sativa, développée à l'obscurité, entre deux sources lumineuses dont l'égalité a été vérifiée à l'aide du photomètre de Bunsen. La tige s'incline vers l’une ou l’autre des deux lumières. Cette courbure prouve que cette plante est un photomètre plus sensible que ceux dont on se sert dans les laboratoires de physique. M. Wies- ner ne s’est pas occupé de la relation qui existe entre la grandeur de l'excitation et la grandeur de la réaction. (1) Wiesxer, Dée heliotropischen Erscheinuüngen im Pflanzenreiche : 1 Theil (Denkschrifien der kaiserlichen Akademie der Wissenschaf- ten zu Wien. Bd. 59, 1878); H Theil (Ibid. Bd. 45, 1880). ( 592 ) LÉ ‘y ai fait, pendant les mois d’août et de septembre der- niers, des expériences sur l’héliotropisme du Phycomyces nitens. J'ai cherché à déterminer. quelle est la plus petite différence de lumière que cette Mucorinée peut percevoir. On sait qu’une plante douée d’héliotropisme et de géotro- pisme positifs, placée entre deux lumières d’égale intensité et à égale distance de chacune des lumières, continue à croître verticalement. Mais pour peu que l’une des lumières soit plus forte que l’autre, la plante subit une courbure héliotropique, sur l’existence de laquelle il est impossible de se méprendre. En tout cas, la courbure ne se mani- feste que s’il y a une différence entre les deux lumières. Si l'héliotropisme du Phycomyces suit la loi de Weber, cette différence doit être proportionnelle à l'intensité de la lumière employée, quelle que soit l'intensité absolue. C'est ce que je me suis proposé de vérifier. Pour donner aux résultats toute la netteté désirable, diverses conditions étaient à remplir. I fallait que les Phycomyces fussent cultivés dans des conditionsidentiques jusqu’à leur mise en expérience. Les sources de Inmière devaient garder une intensité constante pendant toute la | | durée des expériences. Les champignons ne pouvaient pas recevoir d'autre lumière que celle qni venait des foyers. L'intensité lumineuse devait être facile à graduer. Les cultures étaient faites dans de petits godets en porcelaine, contenant 2 centimètres cubes de gélatine nutritive, Dans une première série d'expériences, le milieu de culture se composait de : Eau . . + + 100 parties en poids. Extrait de viande. 2 — _ . . . , Sucre. Gélatine. : ; . 8 — un ( 595 ) Dans une seconde série, je me servais de moût de bière additionné de 8 °/, de gélatine. Les deux milieux convien- nent également bien. Les deux séries ont donné des résul- tats identiques. Les recherches ont été faites au laboratoire de phy- siologie de l’Université de Bruxelles, dans une salle que M. le professeur Héger a eu l’obligeance de mettre à ma disposition. Cette salle était transformée en chambre noire. J'avais pensé d’abord à employer deux lampes à incandescence. J'ai dû y renoncer à cause de l’inconstance de la lumière donnée par ces foyers. J'ai employé une lampe à pétrole à double courant d’air (système Sépulchre), dont la constance avait été vérifiée par des essais pho- tométriques. Les Phycomyces étaient placés sur une plan- chette (cc' des figures 1 et 2) et recouverts d’une caisse . rectangulaire allongée, ouverte aux deux extrémités pour laisser pénétrer la lumière. Pour éviter toute réflexion nuisible de la lumière, l’intérieur était enduit d’une couleur noire mate, La lampe (fig. 1, A) se trouvait au milieu de la face supérieure (fig. 1, BB') de la caisse, de sorte qu'aucun rayon lumineux parti de A n'arri- vait directement aux Phycomyces. Sur la tablette (fig. 1, DD’), longue de 8 mètres, qui supportait tout le dispo- sitif, étaient placés à égale distance de la lampe deux petits miroirs (fig. 4, M et M’) qui réfléchissaient hori- zontalement la lumière. Ces miroirs avaient été découpés dans une même glace pour assurer l'égalité du pouvoir de réflexion. (594) “anbrjqo ouiy oun wo spsodsip s22hwu09hyq So] 2048 ‘y oan8y EL op (99 op ONOUEIQ — *G ‘OM 09 59 op 58 os sc ot 9 où 5 0 Peu hell stt ere ‘alle ad — ‘soolucofye sal quesodou epponber ans 29npeus anoqouetq (29 — oouengdxo ua HET S[ 21ANOD01 nb ossieo ef op aunolipdns 10484 (HA — ‘SLOUX (IN 10 (N — “odure ef op euuuer} (V — ‘49 Æ , 120 03 91 ot ie au $ 454 F1 h Tage 06 le sehs 58e Ÿ Œ NE AIME SRE F5iT 1 ANANSNERENETEe" se AL : a ES J je : : Hu W Re , LS MER tr Mate Le CELA Ft VE à AA ( 595 ) Ainsi que le montre la figure 2, les champignons étaient disposés en une ligne oblique, de sorte que l'ombre ne pouvait être projetée de l’un sur l’autre. L’un des Phyco- myces était posé verticalement au-dessous de la lampe, au point O (fig. 1); ceux de droite étaient à 5, 10, 15... 50 centimètres du premier; ceux de gauche en étaient distants de 2.5, 7.5, 12.5... 52.5 centimètres. De cette façon chaque expérience portait sur vingt-deux cultures et équivalait en réalité à vingt-deux expériences individuelles. Lorsque les miroirs étaient fixés, le Phycomyces placé en O était également éclairé par chacune des images lumineuses; l'individu placé à 7.5 centimètres du milieu était à 15 centimètres plus près de l’une des lumières que de l’autre. Il est à remarquer que la distance entre chaque Phycomyces et les sources lamineuses est égale, d’un côté, à la ligne qui joint la plante au centre du miroir M, plus la ligne MA qui joint le miroir à la flamme; de l’autre côté, à la ligne qui joint la plante au centre du miroir M, plus la ligne M'A. Le dispositif employé permettait un contrôle très sérieux. Supposons que les Phycomyces placés à 0, 2.5, 5, 7.5, 10, 12.5 ne soient pas influencés, c’est-à-dire, ne présentent pas de courbure, tandis que les individus à 15 et à 17.5 soient fléchis, l’un à droite, l’autre à gauche, il faut que tous ceux qui sont placés à 20 centimètres et plus, présentent également la courbure. C'est ce qui avait toujours lieu. D'autre part, la courbure doit se montrer à droite et à gauche en des points correspondants, à 15 et à 17.5 centimètres, ou à 22.5 et à 25 centimètres, elc. Lorsque cette concordance ne se manifeste pas, lorsqu’à droite, par exemple, la courbure se montre à 20 centi- ; (:596: ) mètres, tandis qu’à gauche elle commence seulement à 97.5 centimètres, on peut en conclure que les deux sources lumineuses ne sont pas égales : c’est ce qui arrive lorsque l’un des miroirs est déplacé accidentellement pendant le cours de l’expérience. . La graduation de la lumière était obtenue par l'éloi- gnement et le rapprochement des miroirs M et M" (fig. 1). J'augmentais ainsi la valeur des lignes MO + MA et M'O + M'A. Les deux miroirs étaient toujours à égale distance du point O. L’intensité lumineuse la plus faible correspondait à une distance de 7,50 (7",50 — MO + MA — M'O + M'A). La plus grande intensité correspon- dait à une distance de 2",50 : elle était neuf fois plus forte que la première. Le temps pendant lequel on laisse agir la lumière con- stitue un facteur important. Lorsque la durée de l’expé- rience est trop faible, la courbure n’est pas nette. Quand la lumière exerce son action pendant trop longtemps, les Phycomyces rapprochés du O peuvent eux-mêmes présenter la courbure, même pour une lumière de faible intensité, Une exposition de quatre heures m’a paru la plus convenable : c’est toujours après quatre heures que les observations ont été faites. Dans toutes les expériences, je cherchais quel était le Phycomyces le plus rapproché du point O, qui présentait la courbure héliotropique. Connaissant la distance de cet individu au point O, on en déduit facilement le rapport des intensités lumineuses. \ ‘| À ; En % k Eh 7e 1 Fic. 3 £ 28 «| nr x Es HD ù rie ds Le 0 |25/'5. 175 |10.|125|18 |175| 20 |225125 275|39 |8253€ 1375 7.5 AE 11 7. à : 6,5 Z 6 5,5 5. Ai : ‘é D A] TABLEAU 1. _ [9 |45:5. |7f{10 2.515 77520 |225,25.|275|50 |\325 7.50 x 1,173 rt x 1,186 BELGE 6,50 x 1,184 6. x #, 18F 5,50 x 1, 177 £ x 7,173 SPORTS FREE 4,50 x 1,168 ie * 1,188 RENE x 1,186 L ê. | x 7, 181 NEA | x Le TABLEAU 2. : ( 598 ) Soit a la distance correspondant à MO + MA — M'O + M'A de la fig. 4, et b la distance du point O au premier Phycomyces qui s'est courbé; soit à l'intensité lumineuse à gauche et ÿ celle de droite (fig. 3). D’après la loi de l'intensité de la lumière, nous pouvons poser Rte Et el en posant : — À, nous avons by EU Dans le tableau 1, se trouvent consignés les résultats obtenus. La première colonne verticale indique en mètres les valeurs de a, les colonnes suivantes indiquent en centimètres les valeurs de b, la dernière colonne indique les valeurs de (a + bŸ | Houné b} A partir de la croix, dans chaque colonne horizontale, les Phycomyces sont courbés; à gauche, ils sont restés verticaux. Ainsi que le montre l'inspection du tableau 1, la valeur de (4 + bŸ {u— bb} reste sensiblement constante dans toutes les expériences. La plus grande divergence n’atteint pas 0,02. La moyenne est égale à 1.179 ou en chiffres ronds à 1.18; un Phy- ( 599 ) : comyces placé entre une lumière d'intensité Î et une autre ma d'intensité 1.18, se courbe donc vers cette dernière; il _ distingue une différence lumineuse de 18/100 ou !/5,55 : cette fraction est sa constante proportionnelle. Cette fraction aurait probablement été plus faible si la lumière avait agi pendant plus de quatre heures. Pour l'homme, les constantes proportionnelles sont : Sensations lumineuses. . ‘/100 Sensations musculaires. . {/; Sensations thermiques. . ‘/3 Sensations auditives. . . !}z Sensations tactiles . . + !}s Quant aux constantes proportionnelles déterminées par M. Pfeffer pour la sensibilité aux substances chimiques, elles sont : Spermatozoïdes de Fougère . . 50/, Spermatozoïdes de Mousse . . 50/, Bacterium Termo . - - + + ji Ainsi qu’on le voit, la sensibilité lumineuse du Phyco- myces est un peu plus fine que les sensibilités thermique, acoustique et tactile chez l'homme, et elle est beaucoup plus fine que la sensibilité aux substances chimiques chez les organismes étudiés par M. Pfeffer. En réunissant par un trait les croix du tableau 1, on obtient la représentation graphique des résultats (trait plein du tableau 2). Si dans toutes les expériences, (a + bŸ (a —b} ( 600 ) avait été égal à 1.18, c’est-à-dire, si les erreurs d'expé- rience avaient été nulles, le graphique serait une droite. M. le professeur Errera a bien voulu calculer cette ligne. Substituons dans la formule (a + bŸ (a — 0)” aux lettres a et b, les ordonnées et les abscisses y et x, nous aurons : 2 GR els (yÿ— 2} j c étant une constante. Extrayons la racine carrée: A = Ec, y — c devant être positif, nous aurons: Y+X=CY —CT; Cy—Yy—=CL+T; « étant l'angle que fait la droite avec l'axe des x. ( 601 ) Sur le tableau 2, l'unité des grandeurs comptées sur l'axe des y étant 20 fois plus grande que l'unité des gran- deurs comptées sur l’axe des x, nous devrons, pour avoir l’angle « sur le tableau, diviser + 1 20 ar D qu , ce qui donne tg & — 1,209; d’où « — 50°2430". La ligne ainsi calculée est représentée au tableau 2 par le trait fin. Ainsi qu’on le voit, elle s’écarte peu de la ligne brisée. Laboratoire de physiologie humaine et laboratoire de physiologie végétale de l'Université de Bruxelles, 9° SÉRIE, TOME XVI. 4 ( 602 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 3 décembre 1888. M. Bormans, directeur, président de l’Académie. M. LGre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Ch. Potvin, vice-directeur; P. De - Decker, Ch. Faider, R. Chalon, Alph. Wauters, Ém. de Laveleye, Alph. Le Roy, A. Wagener, P. Willems, G. Rolin- Jaequemyns, Ch. Piot, J. Stecher, T.-J. Lamy, Aug. Sche- ler, P. Henrard, J. Gantrelle, Ch. Loomans, G. Tiber- ghien, L. Roersch, L. Vanderkindere, membres ; Alph. Rivier, associé; Alex. Henne, A. Van Weddingen et le comte Goblet d’Alviella, correspondants. em CORRESPONDANCE. La Classe apprend, avec un vif sentiment de regret, la perte qu’elle a faite en la personne de l’un de ses corres- pondants, M. Jean Van Beers, décédé à Anvers, le 17 novembre dernier. R M. Potvin, vice-directeur, a bien voulu parler, au nom de l’Académie, lors des funérailles, en remplacement de M. le directeur, empêché. (Voir, ci-après, son discours.) ( 605 ) Une lettre de condoléance sera écrite à la famille Van Beers. — M. le Ministre de lIntérieur et de lInstruction publique demande l'avis de la Classe sur l'ouvrage que M. Wilmotte, chargé de cours à l’école normale des huma- nités à Liège, se propose de publier sur la grammaire des patois romans de la Belgique et sur les traditions popu- laires qui s’y rattachent. — Commissaires : MM. Scheler, Le Roy et Stecher. — Le même Ministre envoie des exemplaires des rap- ports des jurys qui ont décerné : 1° le prix décennal des sciences philosophiques (1878-1887) ; 2° le prix quinquen- nal de littérature française (1883-1887) ; 3° le prix trien- nal de littérature dramatique en langue française (1885- 1887). — Remerciements. — L'Académie royale des sciences d'Amsterdam offre un exemplaire, en bronze, de la médaille qu’elle vient de faire frapper pour consacrer le souvenir de la fondation, | par Jacques-Henri Hoeufft, d’un prix de poésie latine. — Remerciements. — M. Roersch donne sa démission de membre de la Commission chargée de la publication des anciens monu- ments de la littérature flamande. — Acceptée. —- Le même membre remet sa notice biographique sur J. Nolet de Brauwere Van Steeland, pour le prochain Annuaire. — Remerciements. ( 604 ) — M. Ernest Gilon fait hommage à l’Académie de cent cinquante volumes de la Bibliothèque Gilon, qu'il a fondée à Verviers. — Remerciements. La Classe reçoit encore, à titre d’hom mages, les ouvrages suivants, au sujet Es elle vote des remerciements aux auteurs : 4° Introduction au droit des gens; par Franz de Holt- zendorff et Alphonse Rivier. (Présenté par M Rolin-Jae- quemyns avec une note qui figure ci-après) ; 2% Napoléon et Carnot, épisode de l’histoire militaire d'Anvers (1803-1815), par le général Wauwermans. (Pré- senté par M. Henrard avec une note qui figure ci-après); . 8° Progetto di codice penale, F. Canonico, rapporteur. (Présenté par M. Thonissen) ; 4 M. F.-H.-Geffcken; par Ch. Potvin ; 5° Études d'histoire du droit; par Rod. Dareste ; 6° L'origine et le développement de la vie sur le globe; par le marquis de Nadaillac ; . 7° Des libertés faites en faveur des établissements publics de communaules religieuses, elc.; par Gustave Beltjens; = $° Kaf en koorn, verzameld uit CXXVIII dichtaren; par K.-H. de Quéker; 9° De l'indemnité à allouer aux iris indument condamnés... ; par H, Pascaud; . 40° De la propriélé consolidée, etc.; par Émile Worms; 41° Trois volumes, en allemand, relatifs à la généalogie de la famille von Eberstein ; par L.-F. von Eberstein. ( 605 ) Discours prononcé aux funérailles de Jean Van Beers; par: Ch. Potvin, membre de l’Académie. L'Académie royale de Belgique a iei un devoir à remplir et, en l’absence du directeur de la Classe des lettres, c’est le vice-directeur qui a été chargé de la douloureuse mission d'exprimer ses regrets de la perte d’un de sés membres les plus chers et de rendre un suprême hommage à un poèle. A ce nom de poète, on s'incline à l’Académie; moins on l'y prodigue, plus on le place haut; et si l'on aime à peser les titres des écrivains qui aspirent à le porter, ce n’est pas pour leur en marchander l'honneur mérité. Van Beers a été appelé tard dans une Classe obligée à répartir le nombre réglementaire de ses membres entre tant de branches diverses, et qui ne peut réserver à nos deux: littératures autant de places qu'il y conviendrait. C’est ainsi que, pendant longtemps, l'on a pu croire qu'un romancier populaire pouvait, avec quelques savants, y résumer à lui seul les lettres flamandes, et, quand il nous fut enlevé, c’est un poète qui, à son tour, parut désigné pour y représenter, par un nom célèbre, comme ela Sas d'une littérature. Ce poète était digne de tenir ainsi dans nos rangs le drapeau de la Flandre. Je me fais un honneur d’avoir été l'un de ses parrains et de lui avoir souhaité la bienvenue dans cette langue des vers qu'il aimait tant. Arrivé tard, dans un âge où l’on reste volontiers chez soi — et Le chez soi pour lui n’était pas seulement son ( 606 ) intérieur et sa ville natale, avec l’Athénée où il professail et le Conseil communal dont il était membre; c'était aussi sa patrie politique et cette grande famille littéraire qui réunit dans un même esprit toutes les provinces néerlan- daises — il ne prit guère part à nos travaux; il luttait ailleurs, et chez nous ses œuvres antérieures suffisaient à tout. Nos archives gardent le souvenir de ses succès de concours qui ne comptent que quand l’œuvre mérite de survivre aux circonstances. Quatre fois il s’était senti tenté par des sujets qu’il importe que des poètes ne laissent point passer sans essayer de les traiter dignement. Et quel idéal à mettre en scène, par exemple, pour un poète, que la vie du père de la poésie flamande, de ce Van Maerlant qui, jeune, a aimé — et que chanter alors si ce n’est ce qui vous remplit l'âme? — mais qui, devant les désastres de la Flandre, se retrempe dans la douleur, aspire à vivre de la vie de tous, juge le beau inséparable du bien, veut consacrer Île gay savoir à de grands devoirs, laisse la chevalerie pour la Bible, l'amour pour la satire — et quelle satire à résumer en vers modernes que le Wappen Mar- tyn ! — s’assied comme le psalmiste sur les ruines de la patrie, pour l’appeler à la délivrance, demander au charme des vers l'instruction qui répare toutes les brèches, et relever l'esprit des vieilles communes : « Déchirer le suaire » du latin, s’écrie-t-il, où la science dort du sommeil des » morts, et la revêtir de la large robe de la langue » vivante... telle doit être la vocation du poète dans cette » époque troublée ! Qu'il devienne un semeur de vérités » et un fondateur de nation. » Le lauréat moderne n’a pas compris sa fonction autre- ment. Maïs les temps n’étaient pas les mêmes. La Belgique ( 607 ) étant indépendante et libre, l'heure avait sonné de la renaissance intellectuelle. Après les fiers Sursum corda et les utiles polémiques des premiers jours, il fut un de ceux qui, réclamant ce droit pour la Flandre, surent le lui assurer par des œuvres durables et lui rendre sa vieille langue dans une jeune et forte littérature. Van Beers était né pour la poésie lyrique, il en possédait tous les élans et tous les rythmes. Sans parler de tant de poèmes, on ne le vit jamais mieux peut-être que dans cette ode où il salue Ja lumière qu’il vient de revoir après une cécité cruelle, On le sent aussi lorsque, de plus en plus préoccupé du spectacle de la vie moderne et des tendances du réalisme artistique, il s'inspire des intérieurs flamands, en fait des croquis d’une simplicité touchante, des tableaux de maîtres coloristes, que l’on a comparés souvent à ceux de Leys et qui ont fait dire à M. Van Camp: « Il n’est pas seulement poète, il est peintre. » Dans ses drames du pauvre, le vrai est si vivement saisi qu’il illusionne, et rendu avec tant de sympathie qu’il s’idéalise. Alors les cheveux blancs de la béguine deviennent une auréole, le jeune malade attendrit par le contraste des joies indiffé- rentes du village, et, quand le poète ouvre l’adjudieation au rabais des enfants orphelins d’une commune, par un paysage d’automne, vu, au coup de l’angelus, à travers l'œil d’un peintre, ce n’est plus un Leys qu’il faudrait dire, c’est un Lamorinière ou un Verwee. Tous les tons étaient aussi dans sa voix. Sa diction était Puissante et souple et il disait le vers admirablement. Ceux qui l’ont entendu ne peuvent loublier, se plaisent à rappeler le lieu, le jour, la pièce lue, et il semble que le poète ne leur apparaisse plus que dans le cadre de cette ( 608 ) tribune littéraire où dominait sa parole : — « Qui ne voudrait avoir assisté à la leclure de l’Aveugle faite par Van Beers au congrès d'Utrecht? » dit M. Stecher dans la Revue de Belgique. — « Et nous-mêmes, avait dit M. Van Camp dans la Revue trimestrielle, réunis à la Société des Vlamingen vooruit, n'avons-nous pas tressailli aux accents tour à tour énergiques ou douloureusement émus de la voix du poète déclamant sa traduction de VEsprit et ce chef-d'œuvre d'observation et de coloris qu’il intitule: Coup d’œil par une fenêtre? » Van Beers dut ses meilleurs succès à ses tableaux flamands, et lorsque des amis des lettres portèrent sa candidature, s’il n’avait pas été incontesté et indiscutable, on eût pu rappeler encore à l’Académie, comme je l'avais fait dans une autre occasion, quelle consécration, en dehors des concours, des éloges de la presse et d'éditions plu- sieurs fois répétées, ses œuvres avaient trouvée sous la plume de traducteurs allemands et anglais et dans la mise en vers français de plusieurs de ses poésies par l’un ou l’autre de nos écrivains wallons qui, comme moi, n'avaient pu résister au charme. Ce n’est pas non plus à un hasard, c'est au même désir de compléter dans nos rangs la représentation des genres les plus élevés des lettres, que Van Beers doit d’avoir été élu en même temps que le poète Beets pour la Hollande, et pour la France Sully-Prudhomme. Messieurs, en honorant les poètes, une Académie ne fait pas seulement son devoir, elle s’honore elle même. Mais l’Académie royale de Belgique a au cœur un autre devoir, un autre honneur, qu'elle place dans la fraternisa- tion de nos deux langues. Son cercle est trop étroit pour ( 609 ) qu’elle puisse y satisfaire comme elle l’aimerait; mais nos deux familles littéraires peuvent se grouper ailleurs en nombre, sans qu’elle renonce à chercher dans leurs rangs les hommes qui auront le plus d’autorité pour cette œuvre d'art et de patriotisme. « Prècher partout : égalité, liberté, fraternité, telle est là plus grande tâche du poète. » Ce mot d'ordre que Van Beers, jeune encore, prêtait au père de la poésie flamande, devait être celui de toute sa vie. Dès 1858, il était entré à la Société des Vlamingen vooruit, où s'altes- lait la tendance libérale du mouvement flamand. En 1880, après toute une vie consacrée à l’enseignement, au milieu de ses luttes pour le libéralisme anversois qui ont dû sou- vent troubler ses pures visions de poète, dans la pièce qui clôt son dernier volume de vers et ses poésies complètes, intitulée : Confiteor, il le reprend, ce mot d’ordre, pour le frapper au coin de l'esprit moderne. Fidèle à sa mise des idées en action, il s'adresse à un prêtre qui vient de lui rappeler le temps où ils étaient de bons amis de collège, ‘au séminaire de Malines. Ce souvenir a pour lui toute la fraicheur d’une matinée d’été, dont le soleil va disperser les vapeurs. Mais il parle fièrement. — On lui demande où est son amour pour l'Église. Cet amour c'est l'Église elle-même qui le lui a tué au cœur. — Des échos du Wappen Martyn traversent cette épître mouvementée par les souvenirs historiques. Enfin, à ce vieux compagnon d'études qu’il va nous montrer courbé sous le regret d’un vieux ami, brave instituteur de village, que l'intolérance d'en haut a séparé de lui: « Mais tu baisses la tête et je crois que lu pleures! » il fait son aveu suprême : Il n’a rien gardé de chrétien que cette maxime : Aimez-vous les uns les autres. ( 610 ) Cette parole, éternelle consigne du cœur à la raison, est de celles qu’on ne peut trop répéter jamais. Aussi, devant de telles pensées, vivifiées par de belles formes, ce n’est pas adieu que la Flandre dit à son poète, c’est au revoir : Au revoir dans ses exemples, au revoir dans ses œuvres. « Les ombres de nos frères nous entourent sans cesse, a dit un poète flamand, son ami (1), elles font que nos cœurs jamais ne fléchissent dans le combat ». La Flandre reverra longtemps ainsi le poète qu’elle pleure aujourd’hui; elle le reverra dans Livarda, dans une Fleur du Peuple, dans Begga, dans Tante Gertrude, dans l’Aveugle, dans le Beste- deling, et tant d’autres poèmes sortis de son cœur pour aller au nôtre. Elle le reverra toujours vivant, dans les mâles accents de Van Maerlant ou du Remorqueur et la fière simplicité du Confiteor. Nous, cependant, devant le cercueil d’un confrère aimé, nous ne pouvons nous défendre des profondes tristesses de la séparation ; mais nous avons surtout un éclatant hom- mage à rendre, une sorte de dette nationale à payer à un poète qui illustre les lettres néerlandaises et la patrie belge. Le citoyen a fait son devoir, l’homme est tombé, l'écrivain se relèvera dans l’histoire. Gloire à toi, donc, poète, au nom des écrivains français de la Belgique et, au, nom de l’Académie royale, gloire à toi ! (4) De Geyter : Nos morts. (611) NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. J'ai l'honneur de présenter à la Classe l'édition fran- çaise d’un important traité dû à la collaboration de deux associés de l’Académie. Je veux parler de l’Introduction au droit des gens. — Recherches philosophiques, histo- riques et bibliographiques, par MM. de Holtzendorff et Rivier (1). Cet ouvrage correspond au tome I de l'édition alle- mande d’un manuel complet du droit des gens : Hand- buch des Vülkerrechts, auf Grundlage europæischer Staat- spraxis, qui doit comprendre quatre volumes et auquel Ont collaboré, sous la direction de M. de Holtzendorff, douze des représentants les pr autorisés de la science du droit international. L’Introduction au droit des gens se compose de quatre parties, dont les trois premières sont de M. de Holtzen- dorff, la quatrième de M. Rivier. La première partie, intitulée : Le droit des gens, ses nolions fondamentales, ses rapports avec d’autres sciences, et la seconde, intitulée : Source du droit des gens, ont un Caractère essentiellement philosophique. D'après M. de Holtzendorf, il n’y a pas d’antithèse entre le droit des gens naturel ou philosophique et le droit des gens positif : tous deux ont, au contraire, une origine rationnelle com- (1) Hambourg, Richter, 1889. (612) mune et trouvent leur expression dans le développement progressif de la conscience publique des nations ou d’un groupe de nations, développement qui se manifeste par la convention ou la coutume. Le communis consensus n’est donc une source du droit de gens que parce qu'il est la traduction visible de cette conscience collective. C’est dans cet esprit élevé que M. de Holtzendorff parle successive- ment de la reconnaissance des États, du droit coutumier, des traités internationaux et des lois nationales, de Ja rencontre de ces sources, de leurs rapports entre elles et avec les sources du droit national. _ La troisième partie concerne le développement histo- rique du droit international j jusqu’à la paix de Westphalie. Elle fournit, je pense, un aperçu plus complet que ne Fa fait jusqu'ici aucun autre traité des données existantes au sujet des relations internationales entre les peuples de l'antiquité. Malheureusement, ce que nous savons sous ce rapport des Égyptiens, des Phéniciens, de Babylone et de l’Assyrie, des Perses et des Mèdes, est peu de chose à côté de ce qui reste à apprendre! L'époque approche, sans doute, où le progrès des relations internationales, s'élendant aux pays habités ro pa ces peuples et aujourd’hui sujets à la d , donnera un élan décisif à l'étude de leurs monuments. Peut-être cette étude et celle des antiquités de l’Inde et de la Chine démontrera-t-elle que l'extrême Orient à, lui aussi, joué dans la formation des idées et dans l'origine des rapports juridiques entre nations, un rôle dont il nous est à peine permis de soupçonner vaguement l'importance. Les notions deviennent plus précises quand on arrive aux Israélites et surtout aux Grecs et aux Romains. Mais ( 6145 ) le terrain se raffermit tout à fait et les matériaux devien- nent de plus en plus abondants à l’approche des temps modernes. M. de Holtzendorff embrasse cette vaste matière d'un coup d'œil sûr et en fait ressortir, avec une netteté parfaite, les traits saillants et caractéristiques. Ce sont d'excellents chapitres que ceux où il parle du moyen âge, de la part que prirent, dans le développement du droit international, l'Église chrétienne, l'élément germanique, les communes avec leur commerce et leurs relations mari- times ; enfin, de l'influence exercée sur le droit interna- tional par la Renaissance et la Réforme. La quatrième partie, due à M. Rivier, est l’esquisse d’une histoire littéraire des systèmes et des méthodes du droit des gens, depuis Grotius jusqu’à nos jours. Je n'ai pas besoin de signaler à l’Académie la compétence spéciale de notre savant confrère en tout ce qui concerne l’histoire du droit et des jurisconsultes. La classification qu'il a adoptée pour son histoire littéraire me paraît supérieure à celle des précédents recueils bibliographiques. Une grande difficulté se présente pour toute classifica- tion de ce genre. Queile base de groupement faut-il adop- ter? Est-ce la date des écrits, le système ou la nationalité des écrivains? En général, M. Rivier se tient au groupe- ment par écoles. 11 ne fait qu’une exception, en donnant une place à part, marquée d’après leur nationalité, aux juristes anglais du XVII* et du XVII siècle, Zouch et autres qui, eneffet, pourraient difficilement prendre rang dans un des groupes continentaux. M. Rivier explique bien les causes de ce particularisme scientifique. Si l’in- fluence de Grotius a été moindre en Angleterre qu'ail- leurs, ce n’est pas seulement parce que les Anglais étaient ( 614 ) portés par les intérêts de leur politique nationale à se ral- lier aux vues de Selden plutôt qu’à celles de Grotius sur la liberté des mers. Il y eut autre chose encore. Avant l'apparition du Jus belli ac pacis, Albéric Gentil avait traité à Oxford une grande partie du même sujet, et Wellwood avait publié, en 1615, son ouvrage De dominio maris. De plus, nombre de juristes, de philosophes et de penseurs originaux, à commencer par le chancelier Bacon, donnè- rent de bonne heure à la pensée anglaise une direction indépendante, que les événements politiques intérieurs et extérieurs contribuèrent à maintenir, mais qu'ils ne créè- rent pas. Après Grotius, auquel il fait l'honneur mérité d’un cha- _pitre, M. Rivier répartit les écrivains du droit des gens en cinq écoles : l'école du droit naturel, à la tête de laquelle se trouve Pufendorf ; l’école de la tradition grotienne, dont Wolff et Vattel sont les plus illustres représentants ; l’école du droit des gens positif inaugurée par le fécond Moser, mais dont Georges-Frédéric de Martens est le véri- table fondateur; les auteurs qui, à la suite de Kant, ont écrit sur la philosophie du droit: enfin, le positivisme - philosophique et éclectique de nos jours. Sous cette der- nière rubrique, un peu vague dans sa généralité, M. Rivier comprend presque tous les juristes internationaux de notre siècle. Il trouve, pour caractériser rapidement chacun d'eux, un mot, une phrase décisive, ou, pour les plus importants, une citation marquante. L'Académie voudra bien excuser la longueur de cette notice, en considération de l’intérêt exceptionnel de l'œuvre à laquelle elle se rapporte. G. Rozix-JAEQUEMYNS. (645) J'ai l'honneur de présenter à la Classe des lettres, au nom de son auteur, M. le lieutenant-général Wauwermans, le livre intitulé : Napoléon et Carnot; épisode de l'histoire militaire d’ Anvers (1803-1815). C’est l’histoire, mal connue jusqu’aujourd’hui, des pro- jets gigantesques que, premier consul, puis empereur, Napoléon avait imaginés et exécutés en partie, pour faire d'Anvers le premier port militaire du continent, et celle, non moins ignorée bien que pleine d’enseignements utiles, du gouvernement militaire de cette place par le général Carnot, pendant un bombardement de six jours et un blocus de quatre mois. L'auteur, un de nos officiers généraux qui connaissent le mieux la place d'Anvers dans son passé et son présent, à particulièrement utilisé la correspondance de Napoléon, publiée sous le second empire, et les nombreux mémoires et histoires militaires auxquels la période impériale a donné naissance. En mettant dans le même cadre ces deux grandes ligures historiques, restées vivantes dans la mémoire des peuples comme deux personnifications du génie de la guerre, Napoléon et Carnot, l’un qui mérita le nom d'organisateur de la victoire, l’autre qui pendant plus de vingt ans sut l'attacher à ses drapeaux, l’auteur ne s'est pas proposé un parallèle impossible, vu les destinées Si différentes des deux hommes; mais en les présentant côte à côte, il a su faire ressortir les caractères particu- liers de chacun : la féconde imagination, la sûreté de vue, l'intuition du premier dans les choses mihtaires; le juge- ment sain, le génie d'organisation, la droiture et la simpli- cité du second. ( 616 ) Bien écrit, le livre du lieutenant-général Wauwermans sera lu avec intérêt, même par les personnes les plus étrangères aux questions militaires, P. Henrarn. ÉLECTIONS. La Classe procède au renouvellement de sa Commission spéciale des finances pour 1889. Les membres sortants sont réélus. RAPPORTS. Il est donné lecture des rapports de MM. Le Roy, Lamy et Willems, sur un travail de M. de Harlez, portant pour titre : Le Yik king. La Classe vote l'impression de ce travail dans le recueil des Mémoires in-4°. Une loi phonétique de la langue des Francs-Saliens par Martin Schweisthal. Mapport de M. Scheler, premier commissaire. « J'ai l'honneur de soumettre à la Classe, au nom de M. Martin Schweisthal, docteur en philosophie, un manuscrit intitulé : « Une loi phonétique de la langue des Francs-Saliens. » Si j’ai consenti à prendre cette œuvre sous mon patro- nage, ce n’est pas sans avoir acquis la conviction qu'elle (687) intéresse vivement la philologie romane et qu'elle est élaborée dans toutes les conditions de savoir et d'expé- rience que celle science est en droit d'exiger aujour- d'hui. M. Schweisthal, Luxembourgeois, n’est pas novice dans la matière; j'ai par devers moi, pour établir sa compétence, une étude remontant à six ans et qui accuse un savant sérieux et solidement préparé: « Essai sur la valeur phonétique de l’Alphabet latin, principalement d’après les grammaires de l'époque impériale » (Paris et Luxembourg, 1882, 110 pp. in-8°). En outre, M. Schweis- thal cultive avec ardeur l'archéologie grecque; je citerai ici un travail extrait de la Gazette archéologique de Paris, de 1887, et traitant de « l’image de Niobé et l’Autel de Zeus Hypatos au mont Sipyle ». C’est cette dernière étude qui lui a valu dans ces derniers temps, de la part de S. A. R. le Comte de Flandre, l'honneur d’une mission scientifique en Asie Mineure. Dans les lignes qui suivent, j'aurai l'honneur, M. le Secrétaire perpétuel, de vous exposer le plus succinctement possible le sujet et la marche du travail présenté, ns la première partie (pp. 1-18), après avoir déterminé le but qu'il poursuit, savoir la démonstration de la loi phonétique suivante : « En francique, le groupe nd placé entre deux voyelles, dont la première est tonique, se réduit ou s’assimile en nn », l’auteur cherche à élablir pour cette démonstration, en présence surtout de la pénurie de textes franciques suivis, les principes d'argumentation raisonnables à poser, et aborde ensuite l'énumération des thèmes franciques constatant la: loi énoncée, et puisés en grande partie dans les noms propres 3"* SÉRIE, TOME XVI. 42 ( 618 ) cités dans le Polyptyque de Saint-Remi de Reims; ce sont : Branp, ex. Brannoïidis, Wibrannus. Gun», ex. Gunhardus (fr. Gonnard), Gunhildis (fr. Gonnil). Lan», ex. Lanno, Lanhardus, Berlannus, Rollannus, Sinp, ex. Adelsina ; Senoald (à côté de Sinduald). Lixn, ex. Theodelina (à côté de Theodelinda). Nano, ex. Nanno, Nannius. Muxn, ex. Monoald (du terme juridique haut-allemand munthwall. Dans la deuxième partie (pp. 19-37), M. Schweisthal met au profit de sa thèse les données de ce que les germa- nisles comprennent sous le nom de glose malbergique et y déploie un vrai talent de subtile et à la fois sobre argu- mentation. Nous y trouvons les en-têtes suivants se ratta- chant à autant de gloses malbergiques : se Caunxa = goth. hunder (all, hundert). 2. Caunxi = all. hund, chien ( d’où fr. hogner). 3. Wano = v. fr, wain, quaignon, all. wind (lévrier); ici l'auteur émet d’ingénieuses et acceptables conjectures sur les composés chunawano, rephuouano et autres similaires. 4. Curenecuauoa, expliqué par « poussière du sol ». 5. Curanne (étable), plus tard hranne, ranne (encore dans quelques dialectes français on trouve ran signifiant cochon d’étable); composé chrannechalte, « cochon d’étable », 6. Banvo — germ. band; composé ortobanno. Ici vient l'examen étymologique, d’un eôté de fr. bannière, d’un autre du verbe fr. bannir, subst. ban. 7. Cuanno — germ. hand; composé channecreudo, anecre- nodum = all. hand-kleinod. ( 619) 8. Ogronnis, forme latinisée et se rattachant au thème germ. bondi = all. bund (dans kopfbund, mitre, türkenbund, turban), moyennant le préfixe ob — all. au Une dernière partie (pp. 37-41) est consacrée à l'exa- men, au point de vue de la loi phonétique en question, de quelques mots spéciaux, rentrant dans le sujet, savoir: 1. Fr. verbe pannin, subst pan, signifiant prendre gage, saisir et (subst.) gage ; ces mots ne viennent pas du lat. pannus, mais ils représentent all. pfand, verbe p/änden, luxembourg. pannen (du même radical : v. saxon penning, pennig, all. pfennig, angl. penny). 2. Francique manno, dans le terme de droit médiéval bas- lat. mannum et bannum, all. mann und bann, que l’auteur préfère tirer du thème germ. mind (v. saxon gemynde, memor, angl. Lo mind), plutôt que du v. haut-all. manen (auj. mahnen), qu’il tient lui-même d’origine francique ou du lat. mandare. 5. Fr. ManNE, variante francique de l'équivalent picard mande, — anglo-saxon et néerl. mande; diminutif manne- quin, corbeille, 4. Le nom propre GanELox, avec les variantes non assimilées Wandilo, Wandalin, ete., reproduit la forme francique de l’adj. vieux haut-all. wandelih, wendiling, «qui tourne» , n’est, malgré le fameux personnage affublé de ce nom dans la Chanson de Roland, pas nécessairement une flétrissure; il a sa bonne acception et se voit porté par des personnages considérables appartenant à l’Église, 5. Vieux-français Gueneie, banderole (auj. guenille, lambeau), représente fidèlement l’all. windel, lange, de winden, tourner, enrouler, emmaillotter. Un article de conclusion s'attache à rendre compte de quelques cas particuliers, en apparence contradictoires à ( 620 ; la loi phonétique; sundolino est un composé de sund + dolino; dans tuschundi (all. tausend), la syllabe da groupe nd est atone, donc la règle sauvée; la variante ortopondo (p. ortopodum) est l'effet d’une altération de la part d’un copiste et fautive; le vrai mot est ortopodum, composé de orto (arbre) + podum (greffe); cp. l'all. poten, potten, greffe, qui à son tour rappelle le lat. émpotus, d’où, soit dit en passant, fr. ente. Loin de présenter des exceptions, la loi d’assimilation offre précisément un critérium pour accueillir ou repousser l’origine francique de toute une série de vocables. Je ne puis, pour ma part, terminer qu’en déclarant le travail offert par M. Schweisthal très intéressant et tout à fait digne d’un accueil favorable. » fapport de M. Willesmns, deuxième comonissaire, « Le rapport de notre savant confrère, M. Scheler, présente un résumé fidèle et complet du Mémoire de M. Schweisthal. Je m'associe aux éloges adressés par notre confrère à l'auteur du Mémoire, el je suis d'avis que M. Schweisthal a fort bien démontré la loi phonétique des anciens dialectes francs-saliens, qui fait l’objet principal de son étude. Je ne suis pas d'accord ethnique des Francs-Saliens et des dialectes francs. A mon avis, les dialectes parlés actuellement dans les provinces d'Anvers et de Brabant dérivent directement des anciens dialectes francs-saliens, comme ceux de Maastricht, d’Aix- la-Chapclle et de Cologne sont d’origine ripuaire. La M LE LAPS MEME à 1 arantôro ( 621 ) connaissance de ces dialectes aussi bien que celle du néerlandais littéraire me semblent, par conséquent, des conditions essentielles non seulement pour l'étude des anciens dialectes francs, mais encore pour reconnaître l'influence qu’ils ont exercée sur les dialectes romans de la France. M. Schweisthal aurait trouvé précisément dans plusieurs dialectes flamands une preuve éclatante de la loi en question. Si l’auteur se propose de persévérer dans ces études, dans lesquelles il a si bien débuté, il ferait chose utile d'approfondir les dialectes flamands et le néerlandais littéraire, car un petit détail que j'ai relevé m'indique que le néerlandais ne lui est nullement familier. La préposition sur ne se dit pas üp, mais op. Quoi qu'on en dise, je ne suis pas convaincu qu'avec la dynastie carlovingienne le haut allemand soit devenu la langue de la cour. Les Carlovingiens étaient des Ripuaires, et ils ont parlé sans doute un dialecte ripuaire. Or, ces dialectes tenaient alors, comme encore aujourd’hui, une sorte de juste milieu entre le bas-allemand et le haut allemand. Je dois, enfin, faire des réserves sur certains points de détail. Faire dériver, par exemple, wano de wind (lévrier), me semble contraire à toutes les lois phonétiques de l’ancien germanique. Remplacer la glose chrenechruda par un mot dérivé de grund et de gruf, me semble trop hardi pour être convaincant. Maïs je me borne à indiquer quel- ques divergences d'opinions, dont l’exposé m’entraînerait à des développements trop considérables. D'ailleurs, comme je le disais plus haut, je reconnais pleinement la valeur scientifique du Mémoire, et je souscris volontiers aux conclusions du premier rapporteur. » ( 622 ) apport de M. Vanderkindere, troisième commissaire. « Je me rallie bien volontiers aux conclusions des deux premiers commissaires. Je crois le travail de M. Schweis- thal très digne d’être imprimé dans les Mémoires de l'Académie. Ce n'est pas à dire cependant que j’en accepte, sans réserve, toutes les conclusions. J’hésite, par exemple, à croire que le mot bann (banno) puisse être rattaché au thème band et trouver son explication dans l’idée de lier. Je suis disposé à croire plutôt avec Brunner que le bannum regis est l'équivalent de verbum regis, sermo regis de la loi salique. Aussi le ban a-t-il conservé en français le sens de proclamation, et je ne vois pas nette- ment comment M. Schweisthal, qui mentionne (p. 35) cette signification : « proclamer, annoncer » pour la racine ba + nn et le verbe bannen qui en est dérivé, refuse d'accepter cette explication pour le banno de la loi salique. Quoi qu'il en soit, ce n’est là qu’un point de détail, et si l’auteur a été tenté peut-être d'élargir un peu trop l'application de la loi qu’il a découverte, il ne s’ensuit pas que celle loi même ne soit pas exacte et qu’il n’y ait eu un réel mérite à la mettre en lumière. » . La Classe, adoptant les conclusions de ces trois rapports, décide l’impression du travail de M. Schweisthal dans le recueil des Mémoires in-8°. ( 625 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Recherches sur l'histoire du globe ailé hors de l'Égypte; par le comte Goblet d’Alviella, correspondant de l’Aca- démie. Fic, 4. Globe ailé d'Égypte. (Leprsius. Denkmäler, t. ALI, pl. 3b.) Les Égyptiens, à l'instar de tous les peuples qui se sont fait une image du soleil, l'ont représenté par un cercle. C'est ainsi que, dans leur écriture hiéroglyphique, le soleil est désigné par un disque centré. La symbolique religieuse devait notablement compliquer cette représentation figurée. Au disque, devenu un globe, s'accolèrent symétriquement deux uræus ou vipères lovées, dressées sur la queue et parfois coiffées de la couronne. En arrière des uræus, le disque reçut les ailes largement épandues de l'épervier ; par-dessus s'allongèrent les cornes ondulées du boue, et de ce mélange hétéroclite sortirent ces globes ailés, qui, atteignant leur perfection classique sous la 18° dynastie, Ont formé, pendant toute la durée de l’art égyptien, un motif de décoration aussi original que gracieux sur les: Corniches des pylônes et les linteaux des temples. ( 624 ) On à dit, à juste titre, que le globe ailé forme le sym- bole égyptien par excellence (1). Suivant une inscription d'Edfou, c'est Toth lui-même qui l’aurait fait placer au- dessus de l'entrée de tous les temples, pour commémorer la victoire remportée par Horus sur Set, c’est-à-dire par le principe de la lumière et du bien sur celui de l'obscurité et du mal (2). - Les Égyptiens se sont-ils imaginé que le soleil — ou l’âme du soleil — prenait réellemént la forme d’un globe flanqué de serpents, muni d'ailes et surmonté de cornes ? : Ou bien, après avoir figuré l’astre sous sa forme naturelle, lui ont-ils adjoint des uræus pour symboliser sa souverai- neté, des cornes pour rappeler sa force et des ailes pour indiquer son pouvoir de translation à travers l’espace ? Peut-être n'est-il pas nécessaire de choisir ici entre les deux systèmes qui se partagent les égyptologues. Une troisième explication, qui me semble mieux rendre compte de la formation du globe ailé, c’est qu’il serait le résultat d’une synthèse consciente et voulue entre diverses personnitications du soleil. M. Maspéro, lui-même, un des défenseurs les plus autorisés et les plus convaincants de la thèse que les Égyptiens ont commencé par tenir pour réelles les créatures bestiales ou fantastiques dépeintes sur leurs monuments, admet que les prêtres ont pu fabriquer de toutes pièces des figures composites, avec lintention (4) G. Pennror et Cu. Cmipiez. Histoire de l’art dans l’antiquité, Paris, 1882-1888, t. I, p. 604. (2) H. Brucscn. Die Sage von der geflügelten Sonnenscheibe dans les Abhandlungen der kôniglichen Gesellschaft der Wissenschaflen zu Gôültingen, 44° année (1868-1869), p. 209. ol ( 625 ) bien arrêtée d'exprimer l’union d'idées et de symboles distincts (1). Or, nous savons que, dès les temps les plus reculés, le soleil avait été respectivement personnifié, dans certains nomes, sous la forme de l’épervier, du bouc, du scarabée et d’autres animaux encore. . Quand la fondation d’une monarchie nationale amena l'établissement d’un panthéon commun, les dieux les plus rapprochés de signification ou d’attributs furent mis en rapport les uns avec les autres, soit comme membres d’une même famille, soit comme formes diverses du même: être. Est-il déraisonnable de supposer que ce mouvement d’unification entre les personnifications locales de la même divinité se soit traduit at la fusion des images qui les représentaient ? 1 — Le globe ailé dans l'Asie antérieure. Il suffit de feuilleter les beaux volumes publiés par MM. Perrot et Chipiez sur l'Histoire de l'art dans l’anti- quité ou de jeter un coup d'œil sur les premières planches de l’atlas annexé par Lajard à son Introduction à l’étude du culte de Mithra, pour se convaincre que le globe ailé a été également un des symboles les plus répandus et les plus vénérés dans toute l'Asie antérieure. La Phénicie en offre de nombreux exemplaires sur des stèles, des bas-reliefs, des cylindres, des bijoux, des patères, des coupes. Fréquemment le globe ailé orne, comme en Égypte, le linteau des temples. Un des cas les plus curieux, (4) G. Masréno dans la Revue de l’histoire des religions, t. V, p. 97. ( 626 ) cité par M. Renan dans sa Mission de Phénicie, nous est fourni par le linteau d’une église chrétienne construite à Eddé, près de Gébal, avec les matériaux d’un temple antique. Le globe et les uræus y ont été martelés pour recevoir une croix rouge; au bas se lisent des inscriptions que le savant académicien rapporte au culte d’Adonis (1). Le globe ailé des Phéniciens se retrouve partout où leur art s’est implanté, à Carthage, en Chypre, en Sar- daigne, en Sicile, chez divers peuples de la Palestine. On l’a même relevé sur des sceaux israélites de l’époque la plus ancienne (2) et rien ne nous empêche de supposer qu'il y a peut-être servi, — comme le serpent, le taureau ou veau d’or, et les images idolâtriques dénoncées par les prophètes, — à fournir une représentation figurée de Jahveh. M. Renan va encore plus loin dans son Histoire du peuple d’Israël, quand it croit découvrir les deux uræus du symbole égyptien dans l’urim-tummim ou les deux urim (ha-Ourim où ha-Ouraïm) que l’Exode décrit, en termes assez obscurs, comme un moyen mécanique de consulter la volonté divine. « Peut-être, conjecture-t-il, les deux uræus du globe ailé, signifiant l’un oui, l’autre non, S’agilaient au moyen d’un ressort caché derrière le disque (3). » Je laisse naturellement à l’éminent écrivain toute la responsabilité de cette théorie qu’on peut diffici- (1) Enxesr Renan. Wission de Phénicie. Paris, 1864, 4 vol. avec atlas, pp. 227, 241, 857. (2) CLenmoxT-Gaxneau, Sceaux et cachets dans le Journal asia-. tique, 1885, 1. I. (5) Histoire du peuple d'Israël. Paris, Levy, 1887, t. I, p. 276. (03 ment controler sans être à la fois égyptologue ethébraïsant. En tout cas, rien ne prouve que les Israélites aient directement apporté d'Égypte le type de leur globe ailé; celui-ci reproduit plutôt, comme le reconnaît M. Renan, les formes de l'art phénicien. ; A la vérité, les globes ailés de la Phénicie s'efforcent souvent de reproduire le type classique de l'Égypte, mais loujours avec des divergences qui permettent aisément d'établir la distinction. Tantôt les uræus semblent sortir de l'arc inférieur du globe, si bien que les appendices supérieurs peuvent figurer autant les queues des vipères que des cornes de boue comme en Égypte (1). Fic. 2. Globe ailé de Phénicie. (RENAN, Mission de Phénicie, pl. XXXII.) Tantôt ces appendices sont remplacés par une touffe de plumes qui représente peut-être un faisceau de rayons, sur- tout quand elle se reproduit en forme de queue au-dessous du globe (2). Tantôt encore, les ailes se recourbent vers le bas, comme dans certains types archaïques du symbole égyptien (3). Enfin, dans quelques cas, le globe ailé emprunte plutôt les formes que nous allons rencontrer dans l’Asie Mineure et dans la Mésopotamie (4). (4) E. Renan. Mission de Phénicie, p. 227. (2) Pennor et Cairiez. T. I, fig. 71, 72, 449, 467. (3) Penror et Cmiptez. T. I, fig. 25, 505, 546. (4) J. Mexanr. Les pierres gravées de la Haute-Asie. Paris, 4886, t. I, p. 295. dar ( 628 ) : Il est assez difficile, en l'absence de documents positifs, de déterminer exactement la signification que les Phéni- ciens altachaient à ce symbole. Il est plausible qu’on doive y voir une représentation solaire. Toutefois, d’après ce que nous connaissons de la religion phénicienne, elle com- portait moins le culte direct de l’astre que celui des per- sonnages mythiques dans lesquels s'étaient incarnés les principaux aspects de la puissance solaire (1). Au nord de la Phénicie, en pleine Asie Mineure, — chez ces Khétas ou Hettéens dont les monuments révèlent toute une civilisation à peine soupçonnée il y a trente ans, — le globe ailé s’observe, associé à des sujets religieux, sur des cachets, des stèles, des dalles sculptées et des bas-reliefs. Mais il est traité d’une façon assez lourde et incorrecte, parfois déformé jusque dans ses détails essentiels. Le globe devient plus indépendant des ailes ; celles-ci, dans certains cas, lui servent de support plutôt que d’appen- dices (2); il passe aussi au disque, voire à une étoile inscrite dans un cercle. Fic. 3. Disque ailé d'Asie mineure. (LASARD. Mithra, pl. I, fig. 21.) Je n'’insisterai pas sur ces variations dont l'intention (1) C. P. Tieue. Histoire des anciennes religions des peuples sémi- tiques. Paris, 1882, chap. IL. : (2) Pernor et Cuipiez, t. IV, fig. 556. ( 629 ) nous échappe. Peut-être dérivent-elles de tentatives pour adapter le symbole étranger à des croyances locales; peut- être faut-il simplement les attribuer à une fantaisie ou à une méprise de l’artiste indigène s’attaquant à des modèles étrangers. On s'accorde, en effet, à reconnaître que l’art hettéen, comme l’art de la Phénicie, a tiré ses inspirations de l'Égypte et de l'Assyrie. Descendant vers la Mésopotamie, nous trouvons le globe ailé au premier rang des symboles relevés sur les bas- reliefs et les cylindres de l’Assyrie et de la Chaldée. Tan- tôt il y plane au-dessus des rois et des prêtres, tantôt il y préside à des scènes d’adoration et de sacrifice. Les formes qu’il affecte offrent de nombreuses variantes, mais celles-ci peuvent presque toutes se ramener à deux types. L'un présente un disque coiffé d’une banderole dont les extrémités, s'enroulant par le haut, produisent l'effet de deux cornes, non pas allongées comme dans le symbole égyptien, mais recourbées à la façon d’un chapiteau ionique renversé, Au-dessous du disque, qui parfois se transforme en rosace ou en rouelle, une queue pennée s'ouvre en éventail, entre deux appendices ondulés ou légèrement courbés qui descendent obliquement de l'arc inférieur. Fic. 4. Disque ailé d'Assyrie. (LAyARD. Monuments of Nineveh, 4re sér., pl. VI.) ( 650 ) L'autre type se distingue par la présence d’un génie anthropoiïde, inscrit dans le disque, entre les ailes, de telle façon que les cornes semblent sortir de sa mitre et que la queue pennée lui forme une jupe à volants plissés (1). Sui- vant la nature des scènes où apparaît ce personnage, tan- tôt sa main droite est élevée dans une attitude de protec- tion ou de bénédiction, tantôt il tient une couronne ou un arc; tantôt, assamant l'attitude belliqueuse qui convient surtout aux divinités de l’Assyrie, il décoche une flèche à triple dard (2). >, Disque ailé anthropoïde, (LAYARD. Monuments of Ninevek, 1re sér., pl. XIIL.) Les textes cunéiformes révèlent que, dans ces variétés du globe ailé, il ne s’agit plus exclusivement d’un emblème solaire, et que nous sommes devant l’image d’une divinité à la fois plus abstraite et plus anthropomorphique que le (1) Suivant M. Léon Heuzey (Revue archéologique, 1887, p. 256), ces prétendues jupes plissées et tuyautées du costumes assyrien ne seraient qu'une étoffe frangée, à longues mèches de laine, drapée autour du corps à la façon d’un chäle. (2) G. Rawzinsox. The five great Monarchies of the ancient eastern World, Londres (1862-1867) 1. II, p. 255. | (64) soleil : Assour à Ninive, Bel ou [lou à Babylone. Peut-être même celle image a-t-elle servi à exprimer l'idée générale de divinité, si l’on en juge par l'importance qu'elle a prise dans l’art religieux de la Mésopotamie; parfois, en effet, elle y remplace le disque simple, le croissant, la rouelle, la croix, l’étoile et les autres symboles qui, dans le champ des plus anciens cylindres, se montrent au-dessus des person- nages divins, des autels, des pyrées, de l’arbre sacré, etc. Cependant les globes aïilés du bassin de l’Euphrate, comme ceux de la Phénicie et de l'Asie Mineure, ont bien leur point de départ dans la vallée du Nil. C’est là seule- ment qu'ils peuvent être ramenés à leurs éléments simples et intelligibles : le disque, l’épervier, le bouc, les serpents. De plus, — alors qu’en Égypte le globe ailé s'observe sur les monuments dès la sixième dynastie (1), — on le chercherait vainement en Mésopotamie sous le premier empire chal- déen et même sous le premier empire assyrien (2). C’est seulement à partir des Sargonides qu’il apparaît sur les cachets et les bas-reliefs. La fondation de Khorsa- bad marque, du reste, au dire de M. Layard, l’époque où se montrent pour la première fois, dans l’art assyrien, le scarabée, la clef de vie, la fleur de lotus et les autres sym- boles empruntés à l'Égypte (3). Mème la découverte du globe ailé sur des monuments (1) Lersius. Denkmäler aus Ægypten und Æthiopien, t. W, pl. 42, 116, 195, 155, 156. (2) V. le classement établi par M. J. Menant dans son précieux ouvrage : Les pierres gravées de la Huute- Asie. Paris, 2 vol., 1885- 1886. (5) Lavanp. Nineveh and its remains, Londres, 1848-49, t. HI, pp. 213-214. * ( 632) plus anciens de la Mésopotamie ne serait pas encore un argument contre la provenance égyptienne du symbole. Les révélations de l’assyriologie ont singulièrement reculé le commencement des relations entre l'Égypte et la Chal- dée. Ces rapports semblent remonter, pour le moins, à Naram-Sin, le fils de Sargon, qu’une tablette de Nabounid, confirmée par divers caleuls chronologiques, fait régner dans le pays d'Accad au XXX VIIT* siècle avant notre ère (1). S'il est un fait surprenant, c’est que les principaux sym- boles de l'Égypte n’aient pas pénétré plus tôt dans l’ima- gerie chaldéenne. Ils ont dû, en effet, se répandre bien avant la constitution de l’empire assyrien, avec les ivoires, les cachets, les bijoux qu’apportaient d'Égypte les armées et les caravanes — témoins les nombreux scarabées au cartouche de Totmès II et d’Aménophis III retrouvés de nos jours dans le bassin du Tigre (2). Plusieurs savants, entre autres MM. George Rawlinson ét J. Menant, se sont demandé si le disque ailé de Ja Méso- potamie n'avait pas son prototype dans l'oiseau sacré aux ailes déployées qu'on promenait dans les processions reli- gieuses et qui couronne déjà les enseignes sculptées à Telloh (3). 11 est très vrai que le disque mésopotamien, grâce à la présence d'une queue pennée, présente en géné- ral une physionomie ornithomorphe plus accentuée encore que celle du globe ailé de l'Égypte. Toutefois, le principe même de cette combinaison est d’origine égyptienne. C’est (4) A. H. Savce. Religion of the ancient Babylonians.. Londres, 18387, pp. 21 et 137. (2) Lavanv. Nineveh and Babylon, Londres, 1855, chap. XIE. (5) J. Msnanr. Les pierres gravées de la Haute- Asie, t. A, p. 17. ( 055 ) l'Égypte seule qui a pu donner aux Assyriens l’idée d'intro- duire, en quelqne sorte, dans la représentation de l'oiseau divin, le globe, les uræus et les cornes. S'il restait quelque doute à cet égard, il serait levé par l'examen des formes intermédiaires qui servent de transition graduée entre les globes ailés des deux pays. On à voulu voir dans les traits rectilignes, terminés en boule, qui servent d’appendices inférieurs à quelques disques ailés d’Assyrie, l'équivalent des pattes qui tiennent un anneau dans les représentations du vautour ou de l'épervier égyptien. Il n’y aurait rien d’étrange à ce que, empruntant les ailes de l'oiseau sacré, le globe ornitho- morphe lui ait également pris ses pales. Toutefois, dans la grande majorité des disques asiatiques, ces traits sont ondulés ou recourbés et dérivent incontestablement des uræus égyptiens, comme on peut s'en assurer par le rap- prochement des deux figures ci-dessous : x —..- 6. 6, Globe égyptie F1G.7. Globe mésopotamien PP Denkmäler, t. W, ps 436.) (Lasarb. Mithra, pl. XXXVI, fig. 43.) Reste à expliquer comment le symbole égyptien du soleil est devenu, en Mésopotamie, la représentalion figu- rée du dieu suprême. Sir G. Rawlinson suppose que les Assyriens ont tracé un cercle pour signifier l'éternité, puis qu'ils y ont ajouté des ailes pour exprimer l'omniprésence et inséré une figure humaine pour symboliser la suprême 3° SÉRIE, TOME XVI. 45 ( 634 ) sagesse (1). Il est possible, bien que nous manquions de renseignements à cel égard, qu'une interprétation ana- logue ait été appliquée dans les écoles sacerdotales de Babylone et de Tyr, à l’époque de spéculation métaphy- sique où Sanchoniathon délinissait, comme un symbole du mouvement perpétuel, la double paire d’ailes de certaines figures divines empruntées par la Phénicie à l’art de la Mésopotamie ou de l'Égypte (2). Mais des intentions aussi raffinées se chercheraient vainement chez les premiers artistes assyriens qui façonnèrent les disques ornitho- morphes et anthropoïdes. Il est bien plus probable que, sous l'influence envahissante de l’art et de la symbolique égyptienne, ils se bornèrent à copier, pour représenter leur dieu suprême, le symbole qui leur semblait, dans l’imagerie de leurs voisins, exprimer l’idée équivalente, En Égypte même, le soleil apparaissait, depuis long- temps, comme la manifestation essentielle, la face visible, la « prunelle » du dieu unique. Toute la mythologie de l'Égypte, à l’époque de son complet développement, avait fini par devenir, suivant une expression de M. Paul Pierret, . un drame solaire (5). Dès lors, il est facile de comprendre que le globe ailé, c’est-à-dire la synthèse des principales images appelées à représenter le soleil dans la vallée du Nil, ait été adopté par les peuples soumis à l'influence de l'Égypte, pour symholiser leurs propres conceptions du divin dans ses plus hautes manifestations. (4) G. Rawzinson. The fve great Monarchies, t. U, p. es (2) Sanchoniathonis fragmenta, éd. Orelli, p. 58. FE P. Prenrer, Essai sur la mythologie égyptienne Paris, 1876, p. 15. ( 635 ) Là ne devaient pas s’arrêter les destinées du globe ailé, Nous voyons, par l’accueil que lui firent les Perses, comment les symboles passent d’un peuple à un autre et même d’un culte à un culte rival. Lorsque Cyrus soumit le second empire de Babylone, en 538 avant notre ère, les Perses n'avaient guère d'imagerie religieuse. Tout en maintenant leur foi nationale, ils empruntèrent bientôt à la religion, ou plutôt à l’art du peuple vaineu, les repré- sentations figurées qui leur semblèrent de nature à expri- mer leurs propres croyantes. C’est ainsi que les génies assyriens à double paire d'ailes fournirent un corps aux sept esprits supérieurs du mazdéisme, les Amshaspands, Les démons chaldéens, aux formes hideuses et bestiales, servirent à figurer les daevas, ces personnifications iraniennes de tout ce qui est ténébreux, faux et impur (1). Jusque-là Ahura Mazda, le Seigneur omniscient, avait été peut-être exclusivement représenté dans le culte par la flamme des pyrées, ainsi qu’il convenait à un dieu « sem- blable de corps à la lumière, et d'esprit à la vérité ». Désormais il empruntera le symbole de Bel et d’Assour : le disque ailé sous l’une des deux formes que lui a données l’Assyrie, mais avec des modifications généralement heu- reuses. Dans le type anthropoïde, le disque, avec ses appendices inférieurs, devient de plus en plus une cein- lure aux bouts flottants. Toute trace des cornes disparaît. Le génie inscrit dans le cercle échange la tunique collante et la mitre basse des Assyriens contre la robe à larges (1) Fr. Lexonmanr. Les origines de l’histoire, 2° éd., t. I, p. 79, ( 656 ) manches et la haute tiare des Mèdes. Cependant l'attitude reste celle d’Assour. Tantôt planant au-dessus du char royal, le dieu décoche une flèche aux animaux féroces ou aux ennemis du souverain, tantôt il a la main droite levée et tient de la gauche une fleur de lotus. Fig. 8. Ahura Mazda. (LAJARD. Mithra, pl. Il, fig. 32) L'autre type offre également des formes plus élégantes et plus déliées qui peuvent soutenir la comparaison avec les meilleurs exemplaires de la Phénicie et de l'Égypte. M. Dieulafoy a, du reste, démontré que l'architecture et l’ornementation des Perses se sont fréquemment inspirées de l’art égyptien, pris à ses sources mêmes et non dans ses imitations assyriennes (1). IL. — Les origines du caducée. En Europe, je ne sache pas que le globe ailé se soit ren- contré jusqu'ici, sauf dans les îles de la Méditerranée où il a été directement importé par les Phéniciens. La Grèce ne semble pas lui avoir donné droit de cité, quoiqu’elle se soit (4) Dreucaror. L'art antique de la Perse, 5° part., $ IV, pp. 55 et suiv. ( 637 ) ouverte à des symboles asialiques moins importants ou moins répandus, tels que le svastika, le triscèle, le foudre, le lotus, etc. I1se montre bien à Tarse, à Paphos, à Carthage, sur des monnaies dont la facture révèle l'influence plastique de l’art grec. Mais ces pièces se rattachent trop aux civili- sations de l'Asie par leurs sujets, leurs symboles et même leur légende pour qu’on puisse les porter à l’actif de la symbolique classique (1). Celle-ci a sans doute connu le Symbole du disque ou de la roue solaire (2); il est même possible que certaines représentations d’Ixion sur la roue aient été empruntées, comme le suppose M. Gaidoz, au tÿpe du dieu assyrien inscrit dans le disque ailé. Mais l'art grec était trop anthropomorphique pour prêter des formes contre nature aux incarnations figurées de son idéal divin. I laissa donc aux monstres les corps mon- Strueux et s’il attacha des ailes aux épaules de quelques- uus de ses génies ou de ses dieux, ce furent des simples accessoires qui n’altérèrent ni les formes ni les proportions de la physionomie humaine. Même la roue ailée, dont la symbolique de nos arts industriels fait un si fréquent usage, n'apparait qu'excep- tionnellement sur les monuments grecs et romains, si on laisse de côté l'espèce de vélocipède que monte Triptolème ; encore, dans ces rares exemples, ligure-t-elle simplement (1) Duc pe Luvnes. Numismatique des Satrapies. Paris, 1846, pl. 1, fig. 1, 9, 5, pl. H, fig. 5, 4, 5. — Banccay V. Hean. Guide to the Coins of the Ancients. Londres, 1881, pl. Xi, n° 40 et pl. LIX, n° 55. (2) H. Garmoz. Le dieu gautois du soleil et le symbolisme de la roue- Paris, 1886, pp. 44 et suiv. ( 638 ) comme abréviation de : ou comme symbole de mou- vement, et, dans aucun cas, elle ne peut se rattacher à l’image de la rouelle ailée qui, sur certains monuments asiatiques, dérive du globe égyptien (1). Il existe, néanmoins, dans la mythologie figurée de la Grèce, un symbole qui pourrait bien se relier indirectement au globe ailé de la Phénicie et de l'Asie mineure. C’est le caducée. Le caducée classique est formé d’une verge ailée, autour de laquelle deux serpents s’enroulent symétriquement pour former une sorte de chiffre huit ouvert par le haut. Mais ce type ne représente pas la forme primitive du symbole chez les Grecs (2). Il est probable que le caducée a été d’abord une simple baguette magique, un bâton fleu- ronné — à trois feuilles, +oiréræhos, comme dit l'hymne homérique à Hermès, — voire une fourche comme celle que la tradition assigne à Hadès, el qu'une pierre gravée du cabinet de France nous montre dans la main d’un Mercure coiffé du pétase ailé (3). Dans les représentations les plus anciennes, le caducée apparaît comme un bâton dont la tête noueuse donne naissance à deux rameaux qui s’arrondissent pour se rapprocher à leur extrémité. (4) V. dans les Monuments inédits de Raoul Rochette (Paris, 1855), la scène du jugement d’'Oreste (pl. XL, fig. 1) où Minerve s'appuie sur une roue ailée, qui, dans l'opinion de l'auteur, représente le char de la déesse; aussi (pl. XLHI, fig. 2) le personnage qui semble s'avan- cer à l’aide de roues ailées placées sous ses pieds. (2) P. Decnanme, Mythologie de la Grèce antique, p. 162. (3) N° 1601 du catalogue, reproduit dans l'Histoire des Romains de M. Duruy. Paris, 4885, t. VII, p. 50. ( 639 ) Il prend ainsi l'apparence d’un cercle placé sur une hampe et surmonté d’un croissant. a b OG F16. 9. Caducée des Gre Fic. 40. Caducée punique, (OVERBECK. Kunstmythologie, pl. LEE fig. 6.) (Pennot et CHIPIEZ, t. IL, p. 232) Or, s sous celte forme, il s’observe si fréquemment sur les monuments phéniciens (fig. 10) qu’on doit se demander avec M. Perrot « si le caducée a été emprunté par les Phéniciens à la Grèce et à son Hermès, ou si celui-ci n’a pas plutôt dérobé cet attribut à quelque dieu de l'Orient, son aîné de bien des siècles (1) ». MM. Perrot et Chipiez nous semblent eux-mêmes fournir une réponse décisive à celle question, lorsque, dans un volume ultérieur, ils nous font voir le Caducée sur des monuments hittites de l’Asie Mineure où personne ne peut songer à des imitations ou même à des réminiscences de l’art grec (2). A Carthage, le caducée est presque toujours associé au cône sur des stèles dédiées, soit à Tanit « face de Baal, » soit conjointement à Baal Hamman et à Tanit. S'il est pro- bable que le cône des monuments puniques figure le sym- bole de Tanit, est-il téméraire de supposer que le caducée (4) Pernor et Carrez. T. II, p. 465. (2) Pernor et Cuipiez. T. IV (Judée, Syrie, etc.), fig. 274 et 555. ( 640 ) pourrait bien y représenter, soit l'associé de la grande déesse de Carthage, le dieu phénicien du soleil ou de la chaleur solaire, Baal Hamman, — soit l’hypostase ordinaire de Baal Hamman, son « messager », son ç ange », Malac Baal (1), — soit enfin le troisième personnage de la triade carthaginoise, Iol ou Iolaüs, le divin enfant solaire, tour à tour perdu et retrouvé, comme Atys el Adonis (2)? Le caducée des Grecs semble avoir été un symbole essentiellement solaire — bien plus que, par exemple, un symbole de l'éclair, comme le voudrait M. Schwartz (3). — D'après les termes d'Homère, c’est une verge d'or qui tour à tour « charme les yeux des hommes et les fait sortir de » leur sommeil » (4); il attire les morts aux enfers et il peut les ramener au jour; enfin, vraie baguette magique, il change en or tout ce qu’il touche. — Je n’en conclus nulle- ment qu'Hermès ait été un dieu solaire ou même un dieu du soleil sous l'horizon. Mais, chez les Grecs mêmes, Ja (1) Pu. Bencer. L'ange d’Astarté dans la Facullé de théologie pro- testante à M. Édouard Reuss. Paris, 1879, pp. 52-54. (2) Fr. Lenoruant. Gazelte archéologique, 1876, p. 127. — M. Philippe Berger est plutôt tenté de voir dans le caducée un sym- bole de Tanit, comme évoquant l’image de l’asherah, ce pieu ceint de bandelettes qui figurait chez les Cananéens la grande déesse de la nature (Gazette archéologique, 1880, p. 167.) — Cependant ces sortes de mais ont servi également à représenter des dieux mâles et même des dieux solaires. C'est par un pin couronné de violettes et orné de bandelettes qu'on symbolisait Attis dans les fêtes commémoratives de sa mort (P. Decuanme. Mythologie de la Grèce antique, Paris, 1886, P LA 5 L * (3) W. Scuwanrz. Der Blitz als geometrisches gebilde dans Jubi- läumschrift des Posener Naturwissenschaftliche Vereins, 1887, p. 226. (4) Odyssée, V, v. 47-48. ( GAL ) tradition voulait que le caducée lui eût été donné par Apollon en échange de la lyre. Où el comment peut-on supposer que le caducée phéni- cien aurait remplacé, dans la main d'Hermès, l’ancienne bagelle à trois feuilles? Peut-être cette substitution se scra-t-elle faite chez ces colons grecs de la Cyrénaïque qui ont plus ou moins contribué à introduire des éléments Puniques et même égyptiens dans la mythologie et dans le culte des Hellènes (1). Peut-être aussi se sera-t-elle opérée, sur le sol de la Grèce, au contact direct des trafi- quants phéniciens qui n’ont pu manquer de répandre avec leurs produits religieux et artistiques les attributs de leurs propres divinités nationales (2). (1) Maury. Histoire des religions de la Grèce antique. Paris, 1859, t. IE, pp. 265 et suiv. CE Il en pas même nécessaire hs e Grecs cru à Me ainsi le caducée. 11 convient pre de faire observer qu'entre Hermès et Baal Hamman les ressemblances étaient trop nombreuses Pour ne pas frapper leurs adorateurs respectifs, une fois que ces dieux se trouvaient en contact. Tous deux sont unis à la déesse de l'amour, Aphrodite-Astarté, Tous deux ont pour animal sacré le bélier; ce dernier trait leur est méme commun avec l’'Ammon des Libyens et l'Amoun-Ra des Égyptiens. La divinité qui protégeait le trafic des Phéniciens devait aisément passer, aux yeux des Grecs, Pour le dieu du commerce, et l’on sait qu’Hermès s’attribua cette qualité aux temps post-homériques. Quant à Malac Baal, M. Ph. Berger fait observer qu'il est, comme Hermès, un initiateur, un intermédiaire entre les hommes et la divi- nité supérieure. Tout deux sont représentés, voire personnifiés par des stèles : hermès ou bétyles. Tous deux revêtent parfois la figure humaine avec des ailes, sauf que l’art grec a mis celles-ci aux talons de son dieu — de même qu’il a changé de place, dans le caducée, les ailes du globe ailé (Ange d’Astarté, loc. cit., pp. 32-54). ( 642 ) D'autre part, il y a également passage du caducée phé- aicien au disque sacré de l’Asie, avec ses cornes arron- dies vers le haut, sa queue triangulaire et ses appendices inférieurs, tantôt semblables à des bandelettes, comme les stemmata des caducées grecs, tantôt analogues à des espèces de pattes, comme les traits enroulés que nous avons constatés sous certains globes ailés de la Mésopota- mie et que nous avons vus également descendre du disque dans quelques triçûlas bouddhiques (1). &) [= | Fi. 41. Variétés de caducées puniques (2). Ces figures offrent bien la charpente du globe ailé. A la vérité, les ailes manquent. Mais il faut se rendre compte On peut ajouter que les Grecs eux-mêmes avaient senti cette ana logie entre le messager de Zeus et les hypostases de Baal Hamman, car Pausanias (EËlide, XV) nous apprend que, dans le prytanée d’Olympie, on rendait des hommages à Héra Ammonienne (proba- blement Tanit) et à Parammon, divinités de la Libye. « Parammon, ajoutc-t-il, est un surnom d’Hermès. » (1) Voir le Bull. de l’'Acad. roy. de Belgique, 1888, nes 7-10, p. 554. (2) a. W.S. W. Vaux. AE in the Phænician character. Londres, 1865, pl. I, fig. 2. b. Id. pl. VII, 20. ( 645 ) que, quand les symboles, pour une raison quelconque, se départent de leur rigidité hiératique, ils tendent à se sim- plifier, comme si la partie valait pour le tout. C’est ainsi que, sur certains monuments de l’Assyrie, le type conven- tionnel de l’arbre sacré est remplacé par sa palmette ter- minale, sans que la valeur religieuse de l’image en paraisse amoindrie. Les ailes manquent à maint globe solaire de la Phénicie, que cependant la présence des uræus et même d’une touffe de plumes au sommet du disque rat- tache d’une façon incontestable au globe ornithomorphe de l'Égypte. Au-dessous de ces globes sans ailes apparaît fréquemment, tant en Palestine qu’en Libye, un des sym- boles favoris de la symbolique phénicienne : le croissant encadrant le disque. FiG. 12, Globe phénicien à uræus sans ailes (RENAN. Mission de Phénicie, pl. LV.) Renversez cette figure et placez-là sur une hampe, comme certains disques ailés de l'Asie antérieure (1); vous aurez incontestablement une transition au caducée. Il existe, d'autre part, des caducées asiatiques où le cercle est remplacé par un globe en relief surmonté d'une véritable paire de cornes (fig. 13). Même en Grèce, nous trouvons sur une amphore tyrrhénienne reproduite par (4) V. un disque ailé servant d'étendard, dans le champ d’un cylindre que M. J. Ménant croit d’origine hettéenne, et M. Perrot, de facture phénicienne ou assyriennc. Penror ET Cuipiez, Op. cit, L. IV, p. 770, ( 644 ) MM. de Witte et Lenormant un caducée formé d’un disque plein, que couronne un croissant fortement creusé (fig. 14). F16. 43. Caducée hittite (1). Fic. 14. Variété de caducée grec (2). Il ne faut pas oublier non plus que les ailes ont ulté- rieurement reparu dans le caducée grec, ainsi que les serpents. La disposition de ces accessoires y est sans doute différente, mais ce sont là de simples transpositions, comme l'art grec ne s’en est jamais refusées dans ses préoccupations esthétiques. Non pas que je veuille attacher à cette réapparition des ailes et des serpents une impor- tance exagérée. Mais, sans faire injure au génie inventif de la Grèce, on doit reconnaître que cette double coïnci- dence est au moins étrange, s’il n’est permis d’y chercher soil une réminiscence archéologique, un retour à des formes anciennes ou étrangères, soit même la persistance d'une tradition plastique dont les anneaux intermédiaires ne nous sont point parvenus. Îl est à noter que le serpent enroulé au bout d'une perche figure, dans l'imagerie punique, parmi les symboles de Baal Hamman (3). (4) Pennor et Cuiriez, t. IV, f. 555. (2) ne Wrrre et Cu. Lexonmant. Élite des monuments céramogra- phiques de la Grèce, t. I, pl. XXXVI A (5) Pu. Bencen. Bandeau d'argent trouvé aux environs de Balna dans la Gazette archéologique de 1879, p. 135. ( 645) Une légende assez tardive, dont Hygin s’est fait l'écho, prétend bien expliquer la présence des serpents dans le caducée grec par un exploit d'Hermès jetant son emblème entre deux serpents qui se battaient. Mais il est clair que nous avons là un cas de ce que M. Clermont Ganneau a appelé la mythologie iconologique. Ce n’est pas l’image qui a été fabriquée pour illustrer le mythe, mais le mythe qui a été inventé pour expliquer l’image. : HT. — De quelques combinaisons du globe ailé. J'ai montré, dans une précédente communication, com- ment le globe ailé avait pénétré dans l’Inde et quelle influence il avait pu exercer sur le développement du symbole connu sous le nom de triçüla où vardha- mana. Fic. 45. Tricüla d'Amaravati. (Journal de la Royal Asiatic Society, t. XNIII (nouv, sér.), p. 392.) Je me suis également efforcé d'établir comment le tri- çûla, après avoir absorbé d’autres symboles indigènes ou étrangers — tels que le disque et le trident, le caducée, la roue, le lotus, le scarabée, le lingam entre les serpents, — avait prêté ses formes à la coiffure du Bouddha, aux idoles de Jagannâtha, à l'arbre sacré des traditions bouddhiques, ( 646 ) pour revenir, dans les bas-reliefs de Bôrô-Boudour, au globe orné des uræus (1). I! est intéressant d'observer que des combinaisons ana- logues se sont produites, à l’autre extrémilé de l'Asie antérieure, autour du globe ailé ou de ses dérivés. On rencontre, sur un vase trouvé à Citium, dans l’île de Chypre, par le général de Cesnola, une figure assez bizarre, à propos de laquelle M. Perrot se demande : « Faut-il l'appeler colonne, stèle ou palmette? » (2) F1G. 46. Vase de Citium (PERROT et CuiPiez, t. IL, fig. 518.) (4) Le Triçüla ou Vardhamäna des bouddhistes ; ses origines el ses métamorphoses, dans le BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE, t. XVI (5° série), pp. 333 et suiv. (2) T. Il (Phénicie), p. 706. ( 647 ) Les traits les plus saillants de cette figure, ses feuilles médianes, son fleuron terminal, les deux paires de volutes qui la coupent en sens inverse, enfin et surtout sa position entre deux animaux affrontés qui, dressés sur les pattes de derrière, semblent chercher à atteindre de la gueule les extrémités du fleuron — tous ces détails paraissent révéler l'intention de représenter l'arbre sacré de la Phénicie dans sa forme conventionnelle et avec ses accessoires si carac- téristiques. G. 47. Arbre sacré de Phénicie. res Mithra, pl, LIV 4, fig. 3) D'autre part, l’image se termine en bas par une véri- table queue pennée qu’on dirait empruntée à un globe ailé de l'Asie antérieure; les feuilles médianes peuvent être prises pour des ailes; les volutes inférieures font songer aux appendices obliques du disque assyrien qui se ter- minent en boucle; enfin, les volutes supérieures repro- duisent la banderole qui surmonte certains exemplaires du Slobe mésopotamien {1). (4) Sir G. Rawlinson, décrivant le type le plus répandu de l'arbre sacré chez les Assyriens, compare l'espèce de chapiteau ionique renversé qui supporte la palmette terminale à « la banderole qui surmonte ordinairement le globe ailé » (The five great Monarchies of the East, t. I, p. 256). Voir plus haut, fig. 4. ( 648 ) En résumé, il n’y manque que deux choses pour en faire un globe ailé : ce sont le globe et les ailes. Cependant, dût-on me reprocher de faire un eivet sans lièvre, je ne puis m'empêcher de soutenir que jamais ne s'est mieux révélée, sous le pinceau d’un décorateur oriental, l'obses- sion du globe ailé (1). Je citerai encore, comme exemple de la même obsession, une figure gravée sur une pierre recueillie aux environs de Damas et reproduite par M. Renan, qui la croit d’origine moabite ou 2imonite. | N 9 o Fic. 48. Symbole sur une pierre de Damas. (RENAN. Mission de Phénicie, p. 351.) « Ce signe, écrit M. Renan, est fréquent sur les monu- (1) On remarquera en passant combien cette figure offre d’analogie avec les tricülas d'Amaravati et de Sanchi. Les volutes supérieures, avec la projection fleuronnée qui coupe le centre de l'arc, ne rappellent-elles pas étonnamment les trois pointes du triçüla avec leur fleuron central? De même, la paire de volutes qui s'arrondit vers le bas, aux deux côtés de la base, fait songer aux appendices- ophidiens qui, dans le symbole bouddhique, s’abaissent à droite ct à gauche du piédestal. Enfin, de part et d'autre, on observe, dans la partie médiane des figures, deux feuilles qui, par leur position comme par leur forme, évoquent l'idée de deux ailerons. (V. les figures 4 ct 2 de ma communication précédente. Bull. de P'Acad. roy. de Belgique, 1888, n° 9-10, pp. 535 et 554.) ( 649 ) ments phéniciens; il paraît venir de l’image d’une personne en prière, non moins fréquente au haut des stèles phéni- ciennes. » Voici comment est généralement dessinée linge en question : F16. 19. Simulacre de Tan (VAUX. Inscriptions in ñ the Phæœnician sys pl. IX, fig. 25.) Aujourd’hui l’on admet universellement que ces pré- tendus orants représentent les cônes en pierre employés à figurer les grandes déesses de la nature dans les religions phéniciennes (1). On s’est borné à les enrichir d’un cercle en guise de tête et de deux bras levés. FiG. 20, Simulacres des déesses adorée à Byblos et à Paphos (2). msn (1) Pn, Bencen. Représentations Rubis des stèles puniques dans la Gazelte archéologique de 1876, t. 1, p. 124. (2) a. Monnaie de Byblos, Pennor et Cmivrez, t. III, fig. 19. b. Médaille cypriote de Julia Domna. Guienaur. Les religions de l'antiquité (Paris, 1825-1841), pl. LIV, fig. 206. nd SÉRIE, TOME XVI. 44 ( 650 ) Il est incontestable que l'image reproduite par M. Renan rentre, par certains traits, dans cet ordre de représenta- tions. La parenté se révèle. jusque dans les deux petits cercles qui se voient à droite et à gauche du cône, dans la pierre de Damas, comme ils se voient aux deux côtés du simulacre cypriote (1).— Mais, en même temps, ne sent-on pas du premier coup d'œil que cette figure dérive égale- ment du disque ornithomorphe à la queue triangulaire, aux ailes allongées et aux cornes rectilignes ? Nous sommes, d’ailleurs, à même de vérifier l’exactitude de cette impression, grâce à la découverte d’un cylindre moabite où M. de Vogué a lu le nom d’un adorateur de Kamos et que M. Joachim Menant fait remonter aux origines de l’art phénicien (2). . OIL ie o oo Fic. 21. Symbole sur un cylindre moabite. (DE VOGuÉ. Mélanges d'archéologie orientale, p. 89.) Ce cylindre exhibe à l'état isolé les deux symboles qui se sont amalgamés sur la pierre de Damas, c’est-à-dire le cône et le globe ailé, l’un planant sur l’autre — toujours avec les deux petits cercles qui flanquent les côtés du cône. (1) Il est encore à noter que ces mêmes cercles se montrent aux deux côtés du disque dans un grand nombre de triçdlas. (Voir ma communication sur le Tricäla, fig. 10 8.) Peut-être ont-ils originai- rement figuré le soleil et la lune, (2) 3. Menanr. Pierres gravées de la Haute-Asie, t. WI, p. 225. (651 ) Si l'on m'accorde l'identité de la combinaison symbo- lique sur les deux pierres — et je ne vois pas comment On pourrait s’y refuser, — me sera-t-il permis de faire un pas de plus et de chercher l'explication même de celle image dans un des motifs favoris de la symbolique assyrienne : le disque ailé planant au-dessus de l'arbre sacré. L'arbre sacré parait représenter chez les Assyriens, — au même litre que l’asherah cananéen, dont il serait l'équivalent, — la grande déesse de la nature, adorée, chez Presque tous les Sémites, sous des noms et des aspects divers. Des savants aussi compétents que Fr. Lenormant et Sir G. Rawlinson ont suggéré que ce rapprochement du globe ailé et de l'arbre sacré pourrait bien symbo- liser l'union d’Assour, le dieu du ciel, avec Istar, en lant que personnification féminine de la terre féconde (1). Or, nous avons vu que d’autres formes de cette dernière personnification étaient représentées par des pierres Coniques, à Paphos, à Byblos, à Carthage. Ne doit-on pas se demander si les combinaisons où le cône remplace l'arbre sous le disque ne procèdent pas d’un symbolisme analogue ? Peut-être la fusion des deux emblèmes dans la pierre de Damas a-t-elle eu pour objet d’accentuer encore la représentation figurée de celte union mythique. Mais peut- être aussi faut-il simplement y voir, prise sur le fait, la façon souvent inconsciente dont les figures, rapprochées (1) Fn. Lenonmanr, Les origines de l’histoire, Paris, 2° édit, t. 1, p. 88. — G. Rawzinson. The five great Monarchies of the East, t. H, pp- 252 et suiv. ( 622 }) par les hasards ou les calculs de la symbolique, finissent par se souder et se confondre. A plus forte raison, cette interprétation s’appliquerait- elle à la figure peinte sur le vase de Citium, si l’on consent à y reconnaître une pénétration réciproque du globe ailé et de l'arbre sacré, que nous avons également montrés pla- nant l’un au-dessus de l’autre dans un cylindre de facture phénicienne. (V. fig. 17.) Que faut-il déduire de tous ces parallélismes et de tous ces emprunts ? A retrouver ainsi les mêmes traits dans les symboles les plus divers de provenance et de signification, on serait Lenté de croire que la symbolique à dû se con- tenter d’un nombre extrêmement restreint de signes el d'images afin de pourvoir aux exigences plastiques du sentiment religieux. Cependant telle ne sera pas notre conclusion. Rien de plus riche, en réalité, que le monde des représentations symboliques, ouvert à toutes les créa- tions de l'esprit d’analogie, qui n’a, pour ainsi dire, pas de limites chez l'homme. Mais certaines figures, une fois formées, se sont tellement emparées de l’œil et de l’ima- gination qu’elles sont devenues les lieux communs du langage figuré et que la main de l'artiste n’a pu se déga- ger de leur influence dans la production des symboles nouveaux. Parfois aussi l'intérêt sacerdotal a dû conduire à accen- tuer les analogies plutôt que les dissemblances des sym- boles, voire à favoriser sciemment leur fusion, en vue de faciliter l'absorption ou lunification des doctrines qu’ils représentaient. ( 655 ) Enfin, il faut tenir compte de la tendance populaire au syncrétisme, qui, là où elle n’est point contenue par une orthodoxie rigide, s'exerce aussi bien sur les symboles que sur les croyances. C’est de la sorte qué, chez Îles Égyptiens, nous avons vu le rapprochement des dieux solaires entraîner la fusion de leurs symboles. Il faut remarquer que les autres cas de syn- crétisme symbolique relevés, tant dans ces recherches que dans mon étude précédente sur le triçûla, se rencontrent particulièrement chez les Phéniciens et parmi les boud- dhistes. Trafiquants infatigables, hardis navigateurs, les Phéni- ciens furent des assimilateurs et des intermédiaires, non des théoriciens et des inventeurs. Ils se bornèrent a com- biner chez eux et à transborder d’un rivage à l’autre les inspirations artistiques et, en général, tous les éléments de culture qu'ils avaient recueillis chez leurs voisins de l’est et du sud-ouest, dans les grands empires de l’Assyrie et de l'Égypte. Quant aux principaux apôtres du bouddhisme, leur doctrine, au début surtout, s'élevait fort au-dessus du symbolisme vulgaire. Mais, par cela même qu’elle était un système de tolérance et de rationalisme, elle n’hésita point, pour favoriser sa propagande, à accepter, en y attachant un sens nouveau, les symboles de tous les cultes avec lesquels elle vint en contact. Au sein de pareils milieux, un symbole aussi impor- tant que le globe solaire devait nécessairement attirer et absorber les plus importantes des représentations figurées qui gravitaient dans sa sphère d'expansion, alors surtout que, de leur côté, elles se rapportaient à la lutte de la ( 654 ) lumière contre les ténèbres, et, par extension, de la vie contre la mort, du salut contre la perdition, du bien contre le mal. Comment s’élonner, dès lors, qu’autour de ce premier noyau, les mêmes combinaisons d’images se soient reproduites, au service des cultes et des peuples les plus divers, sur les rives de la Méditerranée, comme dans le bassin de l’Euphrate et dans celui de l’Indus? La symbo- lique a beau avoir à sa disposition des éléments aussi nombreux que les caprices de l'imagination : elle aussi obéit à des lois qui ont leur fondement dans la constitu- tion de l'esprit humain. (655) CLASSE DES BEAUX-ARTS, Séance du 6 décembre 1888. M. Azex. RoBErT, directeur. M. Liacre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, J. Portaels, Alph. Balat, le chevalier L. de Burbure, Ernest Slingeneyer, Ad. Samuel, Ad. Pauli, Jos. Schadde, Th. Radoux, Émile Wauters, Peter Benoit, Jos. Jaquet, Jos. Demannez, P.-J. Clays, Ch. Verlat, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, le chevalier Edm. Marchal, Th. Vinçotte, Jos. Stallaert, J. Rousseau, membres; Max. Rooses, correspondant. CORRESPONDANCE. ee M. le Ministre de l'Intérieur et de l’Instruction publique communique : 4° Le 3° rapport semestriel de M. G”° Van der Veeken, lauréat du grand concours de gravure de 1886. — Renvoi à la section de gravure ; % Une nouvelle série de bulletins relatifs aux recher- ches de M. Edmond Van der Straeten dans les collections et bibliothèques musicales de Rome. — Renvoi à la Com- mission de publication des œuvres des grands musiciens du pays. ( 656 ) — M. Désiré Van der Haeghen, architecte à Gand, envoie la reproduction photographique de son projet de phare, couronné par la Classe dans sa séance du 11 octobre dernier. : — M. Charles Meerens adresse une nouvelle communi- cation relative à la gamme musicale. — Commissaire : M. Gevaert. ÉLECTION. La Classe procède au renouvellement de sa Commission spéciale des finances pour l’année 1889. Les membres sortants sont réélus. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Hymans donne lecture d’une notice sur le peintre Jacques Jordaens, destinée à être publiée par la Commis- sion de la « Biographie nationale ». COMITÉ SECRET, La Classe se constitue en comité secret pour discuter les titres des candidats aux places vacantes et pour la proposition de candidatures nouvelles. nn e-» einstimmung. » Traduction littérale: « M.G. Van der Mensbrugghe a » admis à la surface des corps solides une force d’exten- » sion, en opposition avec la force contractile d’une » surface liquide. Cette hypothèse n’est pas d’accord avec » l'expérience. » _ Cette citation m'a surpris, d'autant plus que jamais, dans aucun de mes écrits, je n’ai exprimé l’idée que m'attribue le savant physicien d’Heidelberg, et qui, au surplus, est en contradiction non seulement avec les faits, mais avec le simple bon sens. Comme M. Quincke jouit à juste titre d’une grande notoriété, spécialement pour ses recherches relatives aux ( 696 ) phénomènes capillaires, je tiens à mettre en regard de l’assertion qu’il me prête, les propositions que j'ai énon- cées réellement : I. — La surface de contact d’un solide et d’un liquide qui ne le mouille pas, possède une force contractile. IL. — Si un liquide mouille plus ou moins parfaitement un solide, la surface commune aux deux corps est douée d’une force d'extension. Aux preuves expérimentales que, dès 1875, j'ai citées à Pappui de cette double proposition, j’espère pouvoir en ajouter prochainement de nouvelles; à celte occasion je ne manquerai pas de montrer que les expériences de M. Quincke, au lieu de confirmer ses prémisses d’après _ lesquelles la surface de contact d’un solide et d’un liquide serait toujours douée d’une force contractile, sont, au contraire, parfaitement conformes à ma théorie. ere d PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE. Conformément à l'article 17 du règlement intérieur de la Classe, MM. Crépin et de la Vallée Poussin donnent lecture des discours qu’ils prononceront dans celle séance. aa © n—— ( 697 ) CLASSE DES SCIENCES. Séance publique du 15 décembre 1888. M. Crépin, directeur. M. Lucre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alph. Briart, vice-directeur; J.-S. Stas, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Long- Champs, G. Dewalque, H. Maus, E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Éd. Mailly, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, Louis Henry, M. Mourlon, Mansion, J. Del- bœuf, membres; E. Catalan, Ch. de la Vallée Poussin, associés ; P. De ts C. Lagrange et L. Errera, corres- pondants. Assistent à la séance : CLasse pes LETTRES : MM. P. De Decker, Ch. Faider, R. Chalon, Alph. Waaters, P. Willems, T.-J. Lamy, P. Henrard, G. Tiberghien, membres ; Alph. Rivier, associé. CLASSE DES BEAUX-ARTS : Alex. Robert, directeur ; C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, le chevalier Léon de Burbure, Ernest Slingeneyer, Joseph Jaquet, Jos. Demannez, G. De Groot, Gustave Biot, le chevalier Edm. us et J. Rousseau, membres. 9" SÉRIE, TOME XVI. 47 ( 698 ) La séance est ouverte à 1 heure et demie. Les Roses aux prises avec les savants. — Histoire d’une Monographie; discours par F. Crépin, directeur de la Classe. Messieurs, Depuis un demi-siècle, les sciences ont pris un dévelop- pement extraordinaire. La botanique n’a pas échappé à ce merveilleux progrès. Elle n’est plus, comme aux temps passés, une branche de l’histoire naturelle exclusivement consacrée à la dénomination et au classement des plantes. La physiologie, l'anatomie, la morphologie, la géographie botanique et la paléontologie, sont devenues, pour ainsi dire, autant de sciences distinctes. L'étude du règne végétal abonde aujourd’hui en ques- tions variées dignes de fixer l'attention générale. Parmi ces nombreuses questions, il semble que le choix d’un sujet à traiter en public soit devenu très facile. Malheureusement, il n'en est rien. De nos jours, les savants concentrent tous leurs efforts sur des objets de plus en plus étroitement limités; beaucoup vont même jusqu'à se retrancher dans un seul compartiment scientifique. La division du travail est devenue tellement accentuée que les adeptes d’une même branche constituent entre eux des groupes n'ayant presque plus de rapports les uns avec les autres. Confiné, à mon tour, dans un très petit département botanique, je me suis vu forcé d’y puiser le sujet de mon discours. Peut-être parviendra-t-il à éveiller votre curiosité, grâce surtout à sa nature: il s’agit de la Rose. Mais n’espérez pas entendre ici un éloge brillant de la ( 699 ) Reine des fleurs, dont l'histoire a été si glorieuse depuis l'antiquité. La Rose associée aux fêtes des anciens, la Rose chantée par les poètes, ce n’est pas celle que je connais. = Je vous parlerai seulement de la Rose des botanistes, dont l’histoire, aussi chargée de difficultés que sa tige est hérissée d’épines, commence à peine à entrer dans sa période scientifique vers le milieu du XVI° siècle. Malgré les recherches et les travaux d’observateurs qui se comptent par centaines, cette histoire, après plusieurs siècles, n’est pas encore complètement achevée. Comment se fait-il que cette fleur soit si difficile à connaître? C’est que la Rose ne se compose pas, ainsi qu'on le pense généralement, d’une seule et unique espèce avec d'innombrables variations. C’est un groupe générique, tel que le genre Chêne ou le genre Saule, constitué d'un nombre assez considérable de types spécifiques, d'espèces ayant chacune son mode de végétation, ses Caractères particuliers, son aire de distribution et son cortége de variétés. En raison de leur nature, les formes de ce genre présentent de grandes difficultés, qui touchent aux questions les plus délicates et les plus controversées de la classitication et, par conséquent, à la question si débattue de l'espèce. Dans le domaine physique, comme dans le domaine de la pensée, l'homme, sans cesse préoccupé de la distinction des faits et des phénomènes, cherche à les classer d'après une méthode scientifique, c’est-à-dire naturelle. L'apprécia- tion des phénomènes et des faits varie en raison du savoir et de l'expérience de l'observateur; de là, celte grande diversité d'opinions que nous voyons régner sur toutes les choses soumises à notre examen. ( 700 ) Le naturaliste, et plus spécialement le classificateur, doit, avant d'échafauder un système, éludier avec le plus grand soin les vériläbles éléments de son œuvre. Ces éléments, matériaux de construction, sont ici ce qu’on appelle les espèces. L'espèce, l’unité fondamentale dans toute classification, qu’est-elle en réalité ? à quels carac- tères peut-on la reconnaitre? C'est là une question troublante qui obsède sans cesse l'esprit du naturaliste. On peut certes y répondre par l’une ou lautre définition théorique, mais, dans la pratique, cette définition est vaine et sans valeur comme crilérium. L'espèce, ou du moins l'association d'individus désignée sous ce nom, ne peut être, dans chaque groupe générique, reconnue que par une étude approfondie, dirigée avec une extrême sagacité. * * * Dans l’antiquité, la botanique, de même que les autres branches des sciences naturelles, consistait en connais- sances vagues et tout à fait empiriques; les anciens se bornaient à étudier les végétaux au seul point de vue de l'utilité. La véritable distinction scientifique des espèces, comme la constitution des genres, ne les avait aucunement préoccupés. Pour eux, le genre Rose n’était qu'une inco- hérente association de plantes détachées de plusieurs familles, possédant seulement, en commun, une fleur en forme de rosace. Il serait vraiment curieux de découvrir quelle Rose attira l'attention des premiers peuples civilisés dans la partie occidentale de l’ancien monde. Les documents les plus antiques se rapportant à la Rose ne permettent pas ( 701 ) de faire une attribution spécifique; il faut arriver aux Grecs et aux Romains pour renconter, sur le sujet, des notions un peu moins vagues. Au surplus, leurs auteurs ne parlent guère que des variétés cultivées, passant à peu près sous silence les espèces sauvages, autrement dites les Églantiers. Les Grecs et les Romains avaient-ils trouvé chez eux la souche des Roses de leurs jardins ? Celles-ci étaient-elles, au contraire, de provenance étrangère ? Tout doit nous faire supposer que cette souche fut l'espèce sauvage dési- gnée aujourd'hui sous le nom de Rose de France ou de Pro- vins. Cette dernière croît naturellement et souvent en abondance sur une grande étendue de l’Europe, notam- ment en Îtalie et en Grèce, et, vers l'Orient, elle s’avance jusqu’au pied méridional du Caucase. Arbuste ou arbrisseau peu élevé, d’une transplantation facile, au feuillage élégant, à la corolle grande, incarnate ou pourprée, la Rose de France a dû, de très bonne heure, provoquer l’admiration de l’homme et lui inspirer le désir de la cultiver autour de sa demeure. De simple qu’elle était dans les champs, cette Rose ne tarda pas à voir sa fleur se doubler par la multiplication des pétales ; le temps lui fit produire peu à peu des variétés, parmi lesquelles se trouva, probablement, la Cent-feuilles. Il est vraisemblable que les Romains eurent recours aux semis pour peupler leurs vastes cultures et que, parmi ces semis, ils obtinrent les deux hybrides connus plus tard sous les noms de Rose de Damas et de Rose blanche. Celles-ci devinrent sans doute bientôt les rivales de la Rose de France, Les descriptions des anciens ne nous autorisent guère à identifier leurs variétés cultivées; toutefois, nous sommes porté à croire que sous les noms de Roses de Prénestre, de ( 702 ) Pæstum, de Campanie, de Milet, d'Héraclée et d’Alabande, les Grees et les Romains avaient eu en vue les espèces citées précédemment, auxquelles il faut peut-être joindre la Rose musquée qu’ils avaient importée de l'Orient. Sous les empereurs, Rome fit une consommation prodi- gieuse de Roses, qu’elle tirait en été de ses campagnes et, pendant l'hiver, des plaines de l'Égypte. Suétone rapporte que pour une fête donnée par Néron les Roses seules avaient coûté quatre millions de sesterces, plus d’un demi million de notre monnaie ! Cette étonnante prodi- galité a-t-elle été exagérée ? Nous l’ignorons, mais il n’en reste pas moins vrai que les Roses abondaient dans toutes les fêtes, dans une foule de cérémonies ; les tables et les lits en étaient jonchés; le luxe allait même jusqu’à en couvrir les rues et les places publiques. Après la chute de lempire et pendant tout le moyen âge, la culture de la Rose fut presque partout délaissée ; en dehors du royaume de Grenade, occupé par les Maures, cette fleur ne trouva plus guère un refuge que dans les jardins des monastères. Le goût de sa culture semble avoir reparu vers le XV° siècle, La botanique, nous l'avons dit, était tout à fait empirique chez les anciens, qui n'avaient vu, dans les végétaux, que des choses utiles ou agréables, mais dépourvues, pour eux, de tont intérêt scientifique. Les auteurs qui ont écrit sur les plantes au moyen âge et jusque vers le milieu du XVI: siècle, se sont à peu près bornés à commenter les ouvrages des Grecs et des Latins, ( 705 ) sans rien ajouter d'original à leurs œuvres d’érudits. Ils ne nous apprennent, du reste, que peu de choses sur "les Roses, Il nous faut arriver à l’année 1546 pour boue dans l'Histoire des plantes de Tragus, la première mention, du reste encore assez vague, de deux espèces sauvages, la Rose canine et la Rose rouillée. En 1554, Dodoens, notre illustre compatriote, dans un livre célèbre, qui marque, en quelque sorte, l’aurore de la botanique à l’état de science, décrit, d’une façon assez claire, les Roses blanche, de France, de Damas, la mus- quée, la canine et la rouillée. Après Dodoens, ses deux émules, de L'Escluse et de L’Obel, ajoutèrent trois espèces nouvelles à celles du Cruy- deboeck, deux originaires d'Europe, une troisième exo- tique, la Rose jaune. À la fin du XVI siècle, le genre comptait huit ou neuf espèces connues. Pendant le siècle suivant, ce nombre fut porté à seize Ou dix-sept par l'addition de plusieurs types européens et de deux espèces étrangères, l’une d'Amérique, l’autre de PAsie Mineure. Le XVIII: siècle était appelé à enrichir le genre de qua-_ torze Roses nouvelles, cinq originaires de la Chine ou du Japon, quatre de l'Amérique du Nord, trois d'Europe et deux de Sibérie. Au cours de ce siècle, la botanique se développa d’une façon remarquable par les travaux de savants très nom- breux. Parmi ceux-ci, brille au premier rang Linné, le célèbre Suédois qui vint renouveler la face des sciences naturelles, en proposant une nouvelle classification et en - imposant des lois dont la plupart sont encore respectées, ( 704 ) Par malheur, pour le genre Rose, ce puissant naturaliste, dont le coup d'œil était habituellement si sûr, se méprit tout à fait, dans ce groupe, sur la nature des espèces. L'autorité du maître était telle que son erreur fut acceptée comme une vérité démontrée. Aujourd'hui, cette erreur n’a pas encore Cntièrement disparu. La marche embarras- sée et vacillante du genre Rose, depuis un siècle et demi, est assurément due, en grande partie, à la confusion faite par Linné. Dans les sciences d'observation, on se laisse trop facile- -ment influencer par une réputation acquise. Si l’auteur est célèbre, on est porté à considérer les diverses parties de son œuvre comme ayant toutes une égale valeur, comme ayant toutes fait l'objet des mêmes soins, du même travail personnel. C’est là une tendance fàcheuse, surtout quand il s’agit d'apprécier le mérite des travaux descriptifs ren- fermant un grand nombre d’espèces. Il est rare, il est sou- vent impossible que tous les types décrits aient été étudiés d’une façon également approfondie, et qu’ils portent bien tous la vraie marque de l’auteur. Quelle que soit la renom- mée d’un descripteur, gardons-nous d'accepter, sans exa- men, toules ses apprécialions ; évilons de tomber ainsi dans une sorte de félichisme et rappelons-nous que le génie lui-même ne peut suppléer à l’observation. Reprenons maintenant notre marche chronologique, en passant au XIX:° siècle. Celui-ci débutait avec un nombre considérable d'espèces de plantes. Ce nombre atteignait environ vingt-cinq mille, alors qu’un demi siècle aupara- vant Linné en avait à peine décrit huit mille. Actuellement, Jes seuls végétaux phanérogames s'élèvent au delà de cent mille! Cet énorme accroissement doit être attribué, principalement, aux facilités croissantes des longs voyages; ( 705 ) il est aussi dû, pour une large part, au dévouement de ces botanistes intrépides, qui n’ont reculé devant aucun danger pour explorer les contrées lointaines, mais qui, hélas ! ont trop souvent payé de leur vie ou de leur santé les services rendus à la science. Le genre Rose a amplement profité de ces heureuses circonstances, puisque son actif a été doublé depuis le commencement du siècle. Il comprend aujourd’hui une soixantaine de types spécifiques. Le monographe a vu de la sorte son cadre s’élargir, et le genre dessiner plus nettement ses divisions naturelles. D'autre part, les simples amateurs de floriculture ont trouvé, parmi les nouveaux types découverts, des formes dignes de figurer dans leurs collections. Ils se sont empa- rés, par exemple, de la Rose Banks, de la Rose à pelites feuilles, de la Rose multiflore et de la Rose à fleurs d’Ané- mone, originaires de la Chine et du Japon, de la Rose rugueuse de Kamtschatka et surtout de la Rose de Chine. Cette dernière espèce, cultivée aujourd’hui sous toutes les latitudes chaudes et tempérées du globe, est venue révolutionner et métamorphoser complètement nos anciennes collections. Pourvue de la précieuse faculté de fleurir sans interruption durant tout l'été et jusqu'aux approches de l'hiver, elle a donné naissance, par son croisement avec la Rose de France, à ces magnifiques hybrides remontants si recherchés des amateurs. Lors de son importation en Europe, cette merveilleuse Rose était cullivée partout en Chine et au Japon depuis un temps immémorial. Dans l'extrême Orient, elle a joué le même rôle que la Rose de France dans nos contrées occiden- ‘tales. Les détails très incomplets que je viens de donner sur ( 706 ) l’histoire des Roses, sont loin de suffire pour vous faire apprécier la place importante occupée par ces plantes dans les livres publiés depuis le XV° siècle. Le genre a été traité par des centaines d’auteurs, dont les observations rassemblées formeraient aujourd’hui de gros volumes. En consultant cette longue série d'ouvrages, on suit, en quelque sorte, pas à pas les progrès successifs de la botanique systématique. On est, de plus, témoin de la marche progressive de l’iconographie. En effet, dans les publications anciennes, on voit la Rose représentée par de grossières figures sur bois; plus tard, le bois fit place au métal avec la fine gravure en taille douce; enfin le pinceau vint nous donner le portrait de la Rose dans toute sa beauté. Parmi les peintres de cette fleur ravissante, n'oublions pas de citer notre compatriote Redouté, dont les vélins sont de véritables chefs-d’œuvre de fidélité et d'élégance. Certaines fleurs ont eu leurs jours de splendeur — telle est, par exemple, la Tulipe —, mais la mode, qui est capri- cieuse, les a laissées tomber dans l’oubli ou du moins dans l'obscurité. La Rose à eu un meilleur sort; elle a résisté au temps; elle a vu sa gloire naître avec la civilisation, se perpétuer à travers le moyen âge, durant la Renaissance, et briller d’un rouvel éclat avec le XIX° siècle. I est vrai- semblable que cette aimable création du règne végétal sera admirée et choyée aussi longtemps qu'il y aura des hommes sensibles à l'élégance des formes et à la délicatesse des parfums. Les Romains ont fait une consommation effrénée de Roses, mais il est douteux qu'ils les aient cultivées avec l'abondance de nos jours. Les Roses étaient, dans la Rome ancienne, un luxe réservé aux riches, aux puissants; ( :707-) aujourd’hui, elles sont devenues le luxe de tout le monde. Partout, nous voyons les amateurs s’en composer de magni- fiques collections; partout nous en trouvons les jardins remplis et il n’est pas de pauvre habitation qui ne soit entourée de ces rustiques variétés des temps anciens dont la beauté n’a pas été surpassée. . ÿ 4 L'état actuel de nos connaissances sur la distribution géographique des Roses nous permet de distinguer, pour le genre, plusieurs régions botaniques, chacune caracté- risée par la présence de certains types particuliers. À vant d’examiner ces régions, disons tout d’abord que les Roses croissent à l’état sauvage seulement dans l’hémisphère boréal, et que la limite méridionale du genre ne dépasse l'équateur sur aucun point. En suivant cette limite de l’est à l’ouest, nous la voyons passer dans l’île de Luçon vers le 18°, au Tonkin et dans le royaume de Burma vers le 20°, dans les monts Nilagiri, vers le 11°, en Arabie, vers le 44° ei dans les montagnes de l'Abyssinie au voisinage du 12%. De ce dernier point, la limite se porte brusquement au nord en gagnant l'Algérie et le Maroc, où elle passe dans la chaîne de l'Atlas entre le 35° et le 30°, pour atteindre les îles Canaries sous le 28°. De l’autre côté de l'Atlantique, elle traverse la Floride an delà du 26°, se poursuit dans l’Alabama, le Texas, la province de Coa- huila, au Mexique, vers le 27°, pour aboutir sur les bords du Pacifique sous le 32°. Le vaste empire de la Chine, en y ajoutant une partie du Japon, l’île de Formose, le Tonkin et le royaume de ( 708 ) Burma, paraît constituer l’une des régions botaniques du genre. On y compte 19 espèces de Roses, dont 7 lui sont propres. A l’ouest des hauts plateaux et des montagnes de l'Asie centrale, nous trouvons, dans le domaine de la flore orien- tale, une deuxième région botanique. Elle comprend entre ses limites l'Afghanistan, le Béloutchistan, la Perse, la Syrie, l'Asie Mineure, le Caucase et une partie du Turkestan. Ses Roses sont au nombre de 18 ou 19, dont 5 lui sont particulières. L'Europe, à son tour, constitue, peut-être, une troisième région, que d’étroits rapports relient cependant à la région orientale, Elle possède 18 espèces, dont 7 ou 8 lui appar- liennent en propre. Enfin, l'Amérique du Nord est une quatrième région bien caractérisée par 13 ou 14 espèces, dont 12 ou 13 sont exclusivement américaines. Cette dernière région n’est pas toutefois aussi isolée des autres qu’on pourrait le supposer. Ainsi elle nous offre un type qui est largement répandu dans la zone septentrionale de l’Asie et de l'Eu- rope; en outre, plusieurs espèces de sa section des Cinna- momées ont des traits frappants de ressemblance avec certaines Cinnamomées de l’ancien monde. Cette distribution géographique des Roses eut jadis fait naître la question de savoir si la Chine, l'Orient, l'Europe et l'Amérique n'avaient pas été autant de centres primitifs de création et de dispersion. Aujourd’hui, en présence des enseignements de la paléontologie, est-il encore possible de se baser sur les seuls faits actuels pour déterminer quels ont pa être les centres de création et de dispersion? Si les Roses ne sont pas d’origine moderne, si elles ont possédé des ancêtres au temps tertiaire, dont elles seraient ( 709 ) les descendants directs par voie de génération, c'est à la paléontologie surtout que revient la mission de découvrir la patrie primitive du genre; c’est elle qui pourra, peut-être un jour, nous dire quelles ont été les migrations des Roses durant les temps géologiques et nous indiquer les terres émergées qui, au début de l’époque quaternaire, ont vu les premières associations d’espèces. Jusqu’à présent, la paléontologie ne nous a révélé que des vestiges très rares de Roses fossiles, mais ils paraissent suffire pour faire remonter l'existence du genre à l’époque lerliaire. En attendant la solution paléontologique du problème, on peut supposer avec quelque raison que la Chine, l'Orient, l’Europe et l'Amérique ont été, sur l’un ou l’autre de leurs points, les foyers d’une antique distribution des Roses actuelles. * + L'étude de la paléontologie doit non seulement aider à résoudre les questions de géographie botanique et de géo- graphie zoologique, mais encore nous fournir des docu- ments propres à élucider la question capitale de l’origine des espèces dans le règne organique. Nos types spécifiques modernes proviennent-ils d’ancè- tres absolument identiques, ayant possédé les mêmes Caractères? Sont-ils destinés à se perpétuer indéfiniment sans modifications essentielles ? ou bien sont-ils les descen- dants transformés d’espèces disparues, qe vécu durant les âges antérieurs? Ce problème, à la solution duquel une foule de savants ( 710 } se sont appliqués avec la plus grande ardeur ét souvent même avec passion, divise depuis longtemps le monde scientifique en deux camps, entre lesquels se sont échangés tous les arguments possibles pour ou contre la théorie de l’évolution. On a vraisemblablement épuisé tout ce que le raisonnement peut fournir sur les faits connus. Îl importe, avant de reprendre la discussion, de recueillir de nouveaux faits, observés sans préjugés et avec la plus entière indépendance. : Devons-nous attendre de la paléontologie seule les preuves de l’immutabilité ou de la variabilité des espèces? Ne pouvons-nous pas trouver, dans l'étude approfondie des formes vivantes et dans l’examen attentif des groupes génériques, des faits pouvant servir à résoudre le problème de l'origine des êtres organisés? Une réponse affirmative à cetle question ne paraît pas douteuse. Quelle signification les savants donnent-ils au genre? Le genre est la réunion d’un nombre variable d'unités spécifiques ayant entre elles des liens plus ou moins étroits. Dans nos classifications, il existe des genres véritablement naturels, sur la constitution desquels les paturalistes sont et doivent être d'accord ; mais il en est d’autres, fort nom- breux, dont les limites varient au gré de l'observateur, selon l'importance que celui-ci attribue aux caractères génériques. Il en est de ces derniers genres comme des types spécifiques douteux, espèces pour les uns, variétés pour les autres; ils doivent être soumis à un examen approfondi pour recevoir un jour leurs véritables limites naturelles. k Dans tous les genres, qu'ils soient naturels ou artificiels, les unités spécifiques, c'est-à-dire les espèces, sont systé- matiquement classées sur le même rang, les unes à la suite ÉE des autres, toutes estimées à une égale valeur. Cette disposition est-elle naturelle et répond-elle aux faits? Pour ce qui concerne le genre Rose, étudié par nous depuis un très grand nombre d'années, on peut répondre négati- vement à cette question. Dans ce groupe générique dont les limites sont rigou- reusement tracées el parfaitement naturelles, les espèces, au point de vue du nombre et de l'importance des carac- tères distinctifs, sont de valeur morphologique très inégale. Ce fait, d’une haute portée scientifique, est-il isolé? est-il limité à ce genre seul? Nous sommes porté à croire, au contraire, qu’il est fréquent et peut-être même général. Cette inégalité spécifique dans le genre Rose n’est pas obtenue par la comparaison de bonnes espèces avec des espèces liligieuses, mais par la comparaison de types linnéens admis par la grande majorité des botanistes. Le monographe ne doit pas se contenter de constater le fait de l'inégalité spécifique, il doit encore s’efforcer d’en découvrir l’origine et les causes. En voyant le genre Rose nous montrer, d’un côté, un Certain nombre d’espèces fortement caractérisées, consli- tuant chacune une section monotype, et, d'autre part, des groupes d'espèces plus ou moins aflines composer des secLions pléiotypes, en voyant, chacun des types isolés nous présenter, par l'importance et le nombre de ses caractères, la valeur morphologique de chacun des groupes d'espèces aflines, on est tenté de considérer le genre entier comme le fragment d'un arbre généalogique. Certains rameaux seraient restés simples dès l’origine ou auraient perdu leurs ramifications au cours des âges; d’autres se seraient bifurqués ou multipliés en faisceaux de ramifications terminales. Quel que soit leur couronnement, ces divers rameaux paraîtraient avoir une égale valeur entre eux. (712) Que représente, en réalité, cette association de rameaux au sein du groupe générique? Ne marque-t-elle pas une descendance véritable? Ne sommes-nous pas en face de générations parvenues à des stades, à des âges différents? Nos Roses ne sont-elles pas les descendants directs de quelques ancêtres, d’un seul peut-être, dont elles ont emporté les traits affaiblis ou modifiés? Le genre Rose ne serait-il pas enfin l’une de ces mille ramifications vivantes du gigantesque tronc paléontologique, dont la souche plonge au sein des strates les plus profondes du globe, tandis que sa cime, émergée à l’aurore des temps quaternaires, est seule visible à nos yeux ? Par prudence scientifique, laissons à l’avenir le soin de répondre à ces obscures et délicates questions. Quelle que soit la solution définitive réservée à ce grave problème, souhaitons que la phytographie, abandonnant la routine, adopte désormais la méthode de distribuer, dans chaque genre, les espèces d’après leur valeur morpholo- gique, de façon à nous représenter fidèlement ce qui existe dans la nature. Cette nouvelle méthode astreindra les descripteurs à se livrer à des recherches approfondies, dignes d’être comparées à celles qui sont faites dans les autres branches de la science. * Î * + Il ne sera pas superflu, je pense, de vous tracer main=, tenant le tableau des épreuves auxquelles les Roses ont élé soumises. Il me permettra de vous les montrer aux prises avec les savants, et de vous faire voir par quelles phases successives l’histoire d’un genre peut passer avant d'atteindre un certain degré de perfectionnement. (739) Le genre Rose, nous le savons, s'est trouvé dans une situation exceptionnelle; ses espèces ont été étudiées par une foule d’observateurs ; ceux-ci ont émis des opinions très variées et souvent contradictoires. Chose bien curieuse, à ce propos, chaque fois qu’un groupe générique est étudié par un grand nombre de botanistes, il ne tarde pas à subir le sort du genre Rose. Chez ce dernier, la confusion est devenue tellement grande qu’on a été jusqu’à croire que la nature n’avait pas encore achevé son œuvre, que les Roses se trouvaient à l'état de simples ébauches, attendant leurs limites spécifiques. Que la nature soit encore à l’œuvre dans ce groupe, qu'elle le soit encore dans tous les genres indistinctement, la chose est possible. Il est même permis de penser qu’elle Poursuit sa marche, quoique peut-être avec moins d'énergie que par le passé; qu'elle continue à entraîner le monde des êtres organisés vers des transformations et des destinées nouvelles. Mais tout en admettant cette marche lente et ininter- rompue, nous repoussons, comme contraire à la vérité, l'idée que les Roses sont moins spécifiquement distinctes que les espèces de tout autre genre. Jugeons les Roses dans la nature et non pas dans nos livres, où la confusion est devenue extrême et pour ainsi dire inextricable, Cette confusion n’est certes pas le fait de la nature, mais plutôt le résultat d’une analyse livrée au Caprice d’observateurs méticuleux, ou la conséquence d'arrangements systématiques dépourvus d’un contrôle suffisant. Il y à une trentaine d’années, quand je commençai mes premières études sur les Roses, le genre se trouvait déjà dans un état lamentable. L'arrivée d’une nouvelle école de descripteurs vint rapidement aggraver le mal. Les nova- 3"* SÉRIE, TOME XVI. 48 ( 714 ) teurs, s’imaginant que les anciens types étaient constitués d'associations d'espèces méconnues, multiplièrent les créa- tions spécifiques dans une proportion effrayante. Les gens craintifs considérèrent, dès lors, la phytographie comme une seience en voie de se décomposer au même degré que les espèces qu’elle a pour mission de décrire. Les Roses n’échappèrent point à ce morcellement, que l'on peut qualifier d’insensé, et nos livres se sont bientôt trouvés remplis d'espèces nouvelles se comptant par centaines et même par milliers ! Je m'étais imposé la tâche de débarrasser le genre du monstrueux bagage qui l'encombre, de dégager ses vrais types spécifiques et de les mettre en lumière. J'étais loin de soupçonner que cette tâche m’entrainerait dans des recherches qui ne sont pas encore complètement terminées après un quart de siècle d'efforts incessants. On se demande avec surprise comment une soixantaine de Roses aient pu réclamer une telle somme de travail, alors que l’on voit assez souvent un même auteur décrire, en peu d'années, des centaines et même des milliers d'espèces ? A moins de s'étendre en longs détails très fastidieux et de citer de nombreux exemples, il est bien difficile de faire clairement saisir, aux personnes étrangères aux travaux monographiques, l'énorme différence qui existe entre l'étude complète d’une espèce et celle qu'on a l'habitude de faire pour la plupart des ouvrages descriptifs. Les auteurs, pour établir une description, se contentent ordi- nairement d'un petit nombre de spécimens desséchés ; ils passent assez rapidement d’un type à l’autre, sans prendre la peine de résoudre complètement les difficultés. Aussi doit-on considérer beaucoup de travaux rédigés d’après ce ( 715:) système comme des inventaires provisoires attendant une revision approfondie. … Pour embrasser complètement une espèce dans toutes ses manifestations, il ne suffit pas de lui consacrer quelques instants et de l’étudier sur un nombre restreint d’échantil- lons ; il faut la suivre pas à pas dans toute son aire d’ex- tension, rassembler des matériaux très nombreux, observer avec le plus grand soin l’action des circonstances exté- rieures sur ses individus, enfin il faut se défier sans cesse des faits exceptionnels et des apparences. Entreprise dans cet ordre d’idées, l'étude d’un seul type spécifique peut réclamer un temps extrêmement considé- rable, car chaque espèce devient ainsi l’objet d’une véri- table monographie. C'est la méthode que j'ai adoptée. Si l’on tient compte des difficultés accumulées, on ne sera pas trop étonné de la longue durée de mon travail. Après trente ans de recherches, après avoir dieé presque toules les sources d'informations, je me trouve seulement en mesure de conclure et de démontrer : Que les espèces, dans le genre Rose, sont de valeur Spécifique inégale; qu’elles se distinguent parfaitement les unes des autres; qu’elles présentent, en général, les mêmes séries de variétés et de variations parallèles; qu’elles constituent des sections très naturelles, et qu’enfin le genre n’offre aucunement ce polymorphisme exceptionnel, ce désordre que certains observateurs ont cru y avoir découvert. Voilà, dira-t-on sans doute, de bien minces résultats Pour autant d’efforts et de soins. Ces résultats ou, si l’ôn veut, ces conséquences gagneront, peut-être, de la valeur par leur application à d’autres groupes génériques, en édi- fiant les futurs monographes sur la marche à suivre pour ( 716 ) apprécier les espèces à leur valeur réelle. Celles-ci, répé- tons-le, ne peuvent être bien connues qu'après avoir été étudiées sous tous leurs élats et dans toute l’étendue de leur aire de distribution, qu'après avoir été observées pen- dant un temps suffisamment prolongé. La nature est un véritable Protée qui déroute à chaque instant nos connaissances en renversant les semblants de vérité que nous croyons lui avoir arrachés. Les êtres orga- nisés, les espèces, sous les masques variés qu’elles doivent aux circonstances, nous dissimulent souvent ce qu’elles possèdent d’essentiel, de général. Durant des années, on s’imagine avoir bien compris un type et l'avoir enserré entre des limites infranchissables, quand, à l'improviste, un fait nouveau ou méconnu vient détruire votre création spécifique, en ébranlant, du même coup, tous les types voisins. Le doute vous envahit et vous vous demandez, avec anxiété, si toute votre expérience, si toute volre science n’est pas vaine, et, plus encore, si vous n'êles pas dépourvu des conditions indispensables pour bien observer et pour juger sainement les choses de la nature. Quel est le savant qui n’ail jamais passé par ces moments de cruelle incertitude, où la vérité se dérobe subitement, laissant à sa place la confusion ou l'erreur ? : Le monographe, au cours de ses recherches, doit inévi- tablement s'attendre à commettre des erreurs, mais, s’il est sage, celles-ci pourront lui profiter autant que des véri- tés nouvelles. Elles le fortifieront en le mettant plus en garde contre les apparences trompeuses. Pour faire un travail monographique qui puisse long- temps résister aux progrès incessants de la science, il ne suffit pas d’être parfaitement outillé, de posséder les matériaux d'étude nécessaires, il faut en outre, et j'insiste (C7) fortement sur ce point, le temps indispensable pour s’assi- miler les travaux de ses devanciers et pour livrer, à un contrôle répété, la masse des faits analysés. Le temps est le grand facteur de la perfection de toute œuvre. C’est là une vérilé banale, mais que l’on doit incessamment rappe- ler, surtout aux jeunes savants, qui sont trop souvent portés à publier le résultat de recherches hâtives ou insuf- fisantes. N'est-ce pas dans l'application de cette vérité, dont ils avaient compris l'extrême importance, que les naturalistes célèbres ont trouvé la source d'un succès qui leur a fait devancer leur temps par des découvertes brillantes ou par des conceptions originales ? Creuser le même sujet avec une patience à toute épreuve el sans se préoccuper du temps, y faire converger toutes ses méditalions el tout ce qu'on peut acquérir d'expérience, s’acharner au même travail jusqu’au moment où la lumière soit devenue complète, nous paraît plus utile au progrès de la science que de disperser son activité sur des objets variés dont l'étude ne peut être achevée par un seul omme. à A mon tour, j'ai tenté de suivre cette méthode en l’ap- pliquant à l'étude des Roses. Aurai-je réussi dans cette modeste entreprise ? Je n’ai pas la prétention d’avoir fait une découverte, d’avoir même émis une idée nouvelle, mais j’ose espérer que le fruit de mon long travail ne sera Pas perdu, que mon exemple engagera les jeunes phyto- graphes à creuser plutôt qu’à étendre leurs recherches et à les faire désormais concourir à la solution du problème qui domine aujourd’hui les sciences naturelles, celui de l’origine des êtres organisés. (718) -— M. Charles de la Vallée Poussin vient prendre place au bureau pour faire la lecture suivante : La cause générale des mouvements orogéniques. Les hommes illustres qui ont eu le mérite et le bonheur de révéler des faits d’une grande portée dans le domaine de la nature n’ont pas toujours allégé la tâche de ceux qui devaient poursuivre après eux les conséquences de leurs découvertes. Tout rapport nouveau dégagé des faits de l'observation pose à la raison de nouveaux problèmes, souvent plus embarrassants que les premiers. Dans sa marche, le progrès scientifique fait penser à ces brouillards qui disparaissent tout à coup de la surface de l’océan pour ouvrir aux regards des perspectives lontaines aussi mysté- rieuses que jamais. On médit volontiers de la géologie à cause de ses incer- litudes. Cependant il est tel chapitre de cette science dont les principes ont la fermeté et la sûreté d'application des sciences les mieux établies. Ainsi, l'explication des formes du terrain, en tant qu’elles dépendent des agents de l’at- mosphère et de l’eau courante, est d’une rigueur admi- rable; comme s'en convainera tout lecteur du beau et savant livre récemment publié par MM. de la Noë et de Margerie (a). Mais il n'est que trop vrai : la géologie, en (a) Service géographique de l’armée, Les formes du terrain, Fe G. de la Noë, lieutenant-colonel du génie, avec la collaboration de Ém. de Margerie. Paris, Imprimerie nationale. MDCCCLXXX VIII. (728 ) s'attachant à un but aussi élevé que le développement historique de notre planète, rencontre de ces questions qui peuvent défier longtemps, et les meilleures méthodes d’ob- servalion, et les méditations les plus profondes. Au surplus, même en dehors des solutions certaines, les efforts persis- tants de l’homme de science pour atteindre aux grands mystères naturels, malgré les déconvenues de la recherche, sont un objet digne d'intérêt. Nulle part ailleurs on ne prend mieux la mesure du génie humain : car il est égalc- ment impossible d'y méconnaître sa grandeur, el son infirmité. Vers 1760, Fuchsel, à la suite de ses explorations du Hartz et du Thuringerwald, reconnut que beaucoup de couches originairement formées au fond de la mer ont été soumises à l’action de forces motrices d’origine inconnue qui les ont redressées après qu'elles étaient déjà consoli- dées (1). Vingt ans plus tard, Benedict de Saussure, en ignorant les vues de ses devanciers, arrivait à la même conclusion à propos des poudingues célèbres du Val Orsine, en Savoie, relevés dans le plan vertical. Il saisissait immé- diatement l'importance que devait prendre, dans l’édifica- tion du mont Blanc et des autres massifs alpins, le redressement étonnant de ces couches puissantes, néces- sairement horizontales à l’origine. « Quelle est la cause, dit-il, qui les a ainsi redressées? C'est ce que nous igno- rons encore. Mais, ajoute-t-il, c'est déjà un pas important que de constater les mouvements qu’elles ont subis » (2). À partir de Saussure, les déplacements éprouvés par les terrains des âges antérieurs n’ont plus été perdus de vue par les géologues. Relèvements, plissements, renverse- ments, fractures de toutes formes, ont élé notés, inter- prétés; et la littérature géologique est encombrée de ( 720 ) descriptions minutieuses relatives à ces phénomènes. Si, après un siècle écoulé, Saussure, reparaissant parmi nous, nous adressait sur la cause qui a relevé les couches dans tant de contrées la question qu’il se posait à lui-même, serions-nous à même de lui faire une réponse sûre et péremptoire ? C’est ce que nous allons examiner en consul- lant, autant que le permet une courte lecture, les princi- pales autorités du temps (3). L'étude des dérangements dans les régions tourmentées du globe a été poursuivie avec une exactitude croissante et embrasse déjà une partie notable des continents. La possession de cartes topographiques plus précises et l'ap- plication de la paléontologie à la connexion des strates fossilifères chiffonnées ou rompues, ont rendu possible de déchiffrer des structures d’une complication extrême, qui témoignent de bouleversements qui passent tout ce que l'on pouvait soupçonner (4). De l’ensemble des connaissances, il ressort que les grands déplacements de terrains affectent deux types. Les uns constituent des séries de plis on d’ondulations plus ou moins parallèles, formés ordinairement de couches sédi- mentaires. Tels sont le Jura, les Alpes, les Pyrénées, les Balkans, le Caucase, l'Himalaya, les Alleghanys, les Cor- dillères, etc., etc. D'autres résultent de déplacements dans le sens vertical, qui semblent avoir rapproché ou écarté la zone superficielle du centre du globe. Ce sont des bombe- ments ou des voûtes très surbaissées, parfois d’une étendue immense, embrassant des centaines de mille kilomètres (721 ) carrés, comme dans l'Inde péninsulaire, ou bien dans les contrées du Colorado, de l’'Utah et de l’Arizona du Far West américain (5). On a des exemples contraires, et l’on tient la preuve de l’abaissement considérable du fond de certains océans. Toutes ces dénivellations peuvent être accompagnées de fissures et de failles, entre lesquelles des compartiments ont joué à la manière des claveaux d’une voûte. Voici d’autres particularités recueillies par l'observation. Les bandes montagneuses, accompagnées de plis et de redressements des couches, affectent communément des zones étroites et longues, en dehors desquelles les terrains de même âge sont peu dérangés. Elles se prolongent sur des centaines, des milliers de kilomètres de distance; lantôt gardant une direction plus ou moins constante, tantôt coudées ou infléchies. Fréquemment leur profil, leur charpente et leur composition sont dissymétriques. Les plis seront penchés ou couchés dans le même sens; d'énormes paquets de strates auront glissé sur des plans de cassure voisins de l’horizon et auront été refoulés laté- ralement (6). On connaît leur àge géologique, plus ou moins lié à leur direction; et dans tous les continents explorés, il est des chaînes de montagnes datant les unes des périodes anciennes, les autres des périodes récentes. On sait aussi que leur édification a été longue; d’où il ressort que la force orogénique inhérente à notre planète n’est pas un simple accident de son histoire, mais une fonction essentielle liée à son développement naturel, bien qu’elle ait pu s'exercer avec plus ou moins d'énergie dans certains temps et dans certains lieux. Enfin, comme James Hall l’a remarqué le premier, les couches contournées et chiffonnées dans les montagnes sont généralement beau- ( 722 ) coup plus épaisses que les sédiments, de la même époque demeurés horizontaux (7). En envisageant l’ensemble de ces caractères, il n’est plus permis d'assigner au phénomène orogénique une cause identique à celle qui fait monter les laves dans la cheminée d’un volcan, comme on le pensait au commencement du siècle sous l'influence de Hutton et de de Buch (8). Une force simplement ascensionnelle n’expliquerait pas la compression transversale et la dissymétrie si fortement exprimées dans des chaines d’une grande longueur. Pour justifier ces grands traits du visage de la Terre, on est porté à s’enquérir d’une cause générale, en rapport avec l'ampleur des phénomènes dans le temps et dans l’espace. Cordier, à la suite de ses belles études sur la distribution de la chaleur interne, revenant à une pensée de Descartes, parla un des premiers du refroidissement et de la compres- sion graduelle du globe comme d’une cause des rides de sa surface. Mais l’idée ne trouva sa formule précise que sous la plume d'Élie de Beaumont. Personne n’ignore que, d'après lui, les grands dérangements de terrains dérivent de l'enveloppe solide de la Terre devenue trop grande avec le temps pour recouvrir exactement une masse interne encore fluide sur laquelle elle doit reposer et qui se con- tracte en se refroidissant. Pour y rester appliquée, l'écorce, en se rapprochant du centre, subit une compression tan- gentielle qui lui fait perdre de son ampleur : elle se déforme et se partage en compartiments plus ou moins étendus, séparés par des rides correspondant aux zones de moindre résistance (9). Que de traits géographiques ou géologiques s’encadrent heureusement dans cette conception où la grandeur s’unit à la simplicité! Elle a l'avantage d’enchaîner les principaux ( 725 ) accidents du globe à la doctrine universellement acceptée sur l’évolution des astres par concentration avec déperdi- tion de la chaleur. Grandes flexions de l’écorce à la suite de ses déformations immanquables; contorsions des terrains pincés par la compression transversale; alignement des volcans le long des fractures qui l’accompagnent infailli- blement; dissymétrie des chaînes provoquée par le glisse- ment tangentiel ; succession et orientations variées de ces mêmes chaînes d’après les étapes du refroidissement, tout. cela, et bien d’autres phénomènes accessoires, se lient et s'expliquent. Au premier abord, on put croire que la lumière était faite ! C’est pourquoi, la doctrine qui voit dans la diminution séculaire du volume du globe la cause essentielle des dérangements de sa surface est entrée largement dans la science. J. Dana a pu dire qu'Élie de Beaumont et ses disciples, en attribuant les plissements et soulèvements de terrain à la contraction de l'écorce du globe, ne font pas une hypothèse; ils expriment un fait. Is n’abordent la théorie qu’en lui assignant comme explication le refroidis- sement de notre planète (10). Pourtant la plupart des savants acceptent l’assertion dans son entier. Naumann et Credner, Heim, Baltzer, Suess et Neumayr, Mallet, Prest- wich, Green et Thomson, l’adoptent comme J. Dana et l’école française. Mais ils ne s'accordent que sur cette thèse : le globe perd graduellement la chaleur encore très considérable qu'il possède à l'intérieur et, par suite, l'écorce se contracte. On ne s’entend ni peu ni point sur l’état physique de la matière interne, Aux yeux de Beaumont et d’un bon nombre de nos contemporains, l'écorce du globe peut être ( 724 ) assez mince, et elle repose sur une masse que la chaleur maintient à l’état liquide (11). Plusieurs physiciens et mathématiciens éminents d'Angleterre affirment, au con- traire, que le globe est éminemment rigide, ou comprend du moins une écorce de 4,500 kilomètres au minimum (12). Ils prétendent le déduire de diverses raisons astrono- miques et surtout de l’absence de marée terrestre sen- sible. D’après quelques géologues de cette opinion, les volcans puisent les laves dans des réservoirs isolés et restreints enchässés dans une masse solide. Pour d’autres géologues, les roches soumises dans les profondeurs à d'énormes pressions restent solides malgré leur chaleur intense. Elles sont, disent-ils, à l’état de fusion potentielle, c’est-à-dire susceptibles de se fluidifier immédiatement à la condition d’une diminution de pression. Il n’est pas un argument de ces écoles qui ne soit contesté. II n'en est pas moins vrai, qu’au moment où je parle, il est impossible de connaître avec certitude si la terre est solide jusqu'aux approches du centre ou si elle enferme une nappe fluide universelle à une profondeur médiocre. Qui ne voit cepen- dant combien doivent différer les mouvements de l'enve- loppe contractée selon qu'on part de l’une. ou de l'autre hypothèse ? Que d’actions de grâces n’aurions-nous pas à rendre à mon cher et savant confrère M. Folie, si, faisant triompher la nutation diurne dans le monde astronomique, il nous apportail du ciel une vérité comme celle-ci : la croûte de la terre est mince et elle repose sur une masse fluide (13) ! “ Les divergences sont grandes aussi sur la nature et la valeur des mouveinents qui ont produit le relief actuel du globe. Les uns acceptent, les autres nient plus ou moins la permanence des océans et du piédestal des conti- ( 725 ) nents (14). Élie de Beaumont déclarait que le retrait de l’écorce s’opérait avant Lout par la compression d’un fuseau sphérique. Pour M. de Lapparent, l'équilibre se refait par un rempli, qu'il définit comme une grande dépression suivie d’une saillie. D'après MM. Dana et Whitney, les montagnes surgissent le long des zones de sédimentation très active (géosynclinal), contiguës aux côtes océaniques. Le fond de l’océan venant à s’abaisser par suite de la con- traction générale du globe comprime et plisse ces zones littorales, par une action semblable à celle d’une voûte qui s’affaisse et refoule ses pieds-droits. C’est ainsi que les grandes chaînes sont généralement parallèles aux bords des grands océans. Pour MM. Hall, Sterry Hunt, Judd, Le Conte, ces zones littorales, où les sédiments s’entassent sur de grandes épaisseurs, se plissent nécessairement par suite de l’affaissement qu’elles subissent, puisque leur con- vexilé disparaît avec le temps. Adoptant, au surplus, une vue remarquable d’Herschell et de Babhage, ils pensent que les zones de sédimentation très active produisent peu à peu une ascension progressive des lignes isogéothermes, qui les ramoilit à leur base. Elles deviennent ainsi les régions faibles de l’écorce et elles cèdent à la poussée transversale en se plissant. De là, cette curieuse coïnci- dence des montagnes et des sédiments les plus épais. Pour MM. Suess et Neumayr, les plissements ont moins d’impor- tance que les effondrements dans le retrait continu du globe. Ils s’opèrent autour de compartiments résistants qui demeurent comme de larges piliers au milieu des régions voisines tout ensemble enfoncées et comprimées (15). Voilà des vues disparates à bien des égards. Elles éma- nent d'hommes d’un grand savoir, d’une rare expérience ( 726 ) du terrain et à qui l’on doit des travaux de premier ordre. Grande preuve d'incertitude ! Mais abandonnons à l’avenir le soin de décider la part de vérité qui revient à chacun de ces savants illustres, car tous peuvent avoir raison dans une certaine mesure, el contentons-nous de vérifier ce que j'appellerai l'hypothèse contractive, c'est-à-dire, d'examiner rapidement si l’on peut tenir comme établi que les grands dérangements des couches dérivent du refroidissement séculaire. IL. Quand il s’agit d'évaluer la perte par irradiation dans un corps échauffé, le temps est un facteur. Les physiciens ont donc abordé la question de la durée probable écoulée depuis la consolidation de la pellicule extérieure de notre planète. M. W. Thomson a publié sur ce point des conclu- sions auxquelles il est fait appel très souvent dans notre Jittératüre scientifique. Il a eu égard au volume de la Terre, au degré de fusibilité des roches, à leur capacité calorifique et à Paccroissement connu de la température dans la profondeur (16). Il.est parvenu, à l’aide d’une savante analyse, à obtenir une période de millions d'an- nées qui comporte un maximum et un minimum. fort écartés l’un de l'autre. Il assigne au maximum cent millions d'années à l'apparition des premiers organismes. De leur côté, les géologues connaissent la date géologique de beaucoup de soulèvements et de plissements de couches: -et ils possèdent, en outre, certaines appréciations plus ou moins probables sur Ja durée relative des grandes périodes. Partant de là, il existe un procédé direct pour vérifier (727) l'hypothèse contractive. C’est de comparer la diminution de volume subie par le globe en raison du rayonnement calorifique pendant un temps déterminé, avec le resserre- ment de sa surface déduit des contorsions de terrains. Si les deux résultats numériques se déduisent rigoureuse- ment des faits et de l'application légitime des lois connues, et s'ils sont à peu près de même ordre, la question serait résolue. Elle a donc été travaillée depuis vingt ans dans ce sens par des physiciens et des géologues, Mais, hélas ! sa difficulté est à la hauteur de son importance. Il est impossible, dans l’état de la science, de connaître la mesure du resserrement éprouvé par l’ensemble des zones disloquées et plissées. On n’a exploré avec attention que Ja moindre partie des continents. Mais il y a plus. Même dans les régions constamment visitées, quand elles sont tourmentées comme les Alpes, l'allure des terrains prête à des doutes fort graves. On conçoit qu’en parlant d’un bassin de peu détendue, assujetti à des allures uni- formes et exploité dans ses trois dimensions, Am. Burat ait affirmé que les couches du terrain houiller de Charle- roi, repliées vingt-deux fois sur elles-mêmes, n’occupent plus à la surface qu’une zone de 6,600 mètres en largeur au lieu de 41 kilomètres et demi qu’elles rempliraient si elles étaient déployées (17). Mais en Suisse, dans le Dau- phiné, en Tyrol, où les roches sont fréquemment inacces- sibles ou revêtues de glace, les mouvements prodigieux des terrains ont ramené, à la crête des rides, des masses cristallines ensevelies d’abord dans la profondeur. Comment faut-il entendre ces larges apparitions de roches cristal- lines, aujourd'hui insérées dans la mosaïque de la surface ? Si, par une cause quelconque, elles se sont fait jonr vio- lemment à travers les couches qui les recouvraient d’abord, ( 728 ) il est évident que celles-ci, refoulées à droite et à gauche, ou s'étant chiffonnées en glissant latéralement sur des plans inclinés, porteront les preuves d’une compression horizontale, alors même que la superficie du globe aurait gardé son étendue. Dans celte hypothèse, rien de plus illusoire que d'apprécier la contraction terrestre d’après les ondulations des couches, puisque ces ondulations com- pensent les déchirures. Au contraire, si les noyaux mon- tagneux formés de roches anciennes ne sont que l’axe de grands plis dont les arcades supérieures ont disparu par Ja dénudation, il faut que l’espace ait diminué, et l’on est autorisé, tout au moins d’une. manière générale, à inter- préter les circonvolutions des couches dans le sens d’une contraction du volume de la terre (18). De ces deux alter- cations, la première paraît devoir être écartée dans maints cas; mais elle est aussi vraisemblable que la seconde dans beaucoup d’autres. EL remarquons que des observateurs vieillis dans l'étude des Alpes, un Studer, un Favre, un Al. Heim, un Lory, sont loin de s’accorder toujours entre eux (19). _Nonobstant ces réserves, on doit attacher grand prix aux chiffres avancés à l'occasion de quelques régions spé- ciales par des savants qui les ont épiées avec tout le soin possible. Voici quelques chiffres : M. J. Le Conte déclare que les replis de terrains engagés dans le Coast Range de la Californie ont concentré les couches dans l’espace de 6 milles, au lieu de 18 à 18 qu’elles occuperaient si elles étaient développées. C’est done une réduction de près des deux tiers de l’extension primitive. Le professeur Claypole nous apprend que, dans un des terrains les mieux explorés du monde, les Appalaches, les grès de Meana sont réduits (729: par les ondulations de 100 milles à 63. C’est une diminu- uon de largeur de 57 kilomètres. Albert Heim assure que les couches contournées des Alpes centrales ont de 115 à 120 kilomètres de plus dans leurs circonvolutions que sui- vant leur ligne de base (20). En acceptant au pied de la lettre cette dernière valeur, aflirmée par un observateur éminent, il faut croire que des portions plus ou moins considérables de la croûte ter- restre, glissant sur le noyau interne, se sont rapprochées de 120 kilomètres pour construire les Alpes de Suisse. Ce resserrement est considérable; cependant il ne peut exprimer qu'une fraction de celui qui s’est accompli sur le pourtour entier du sphéroïde pendant le même temps. D'abord, il existe bien d’autres régions montagneuses datant des mêmes époques. Mais on ne connaîtrait pas ces zones comprimées de l’ancien et du nouveau continent que l’on pourrait encore affirmer sans témérité, dans l'hy- pothèse du refroidissement, que la contraction des Alpes ne représente qu’une partie de la réduction générale éprouvée par le globe durant la phase tertiaire. N'est-il pas, en effet, de toute invraisemblance qu’un seul groupe Wontagneux, une région très restreinte, assument inté- gralement le refoulement d’une écorce de 510 millions de kilomètres carrés, forcée de s’écraser sur elle-même tout en conservant la forme sphéroïdale ? Même dans la sup- position d’une masse fluide interne facilitant tous les glis- sements de l’enveloppe, cette restitution de la figure d'équilibre, moyennant un froissement anssi local, serait inadmissible, Qu'en dire dans la supposition d'un intérieur rigide ? Le très probable done, au eas où un resserrement Sénéral à provoqué les froissements de la surface, c'est que la compression tangentielle a opéré des dati pass D" SÉRIE, TOME XVI. ( 750 ) d'une manière ou d’une autre, dans un grand nombre de régions à la fois. Ce qui revient à dire que, si l'on s’en remet aux ondulations mesurées avec exactitude dans cer- tains pays pour apprécier la diminution totale du volume de notre planète, rien que depuis le dépôt de la craie blanche, on est conduit à une valeur considérable. C’est l'impression de la plupart des géologues; et il est permis de s’associer à leur avis, sans aller jusqu’à M. Heim, pour qui les seuls mouvements orographiques alpins impliquent un raccourcissement de 49 kilomètres dans le rayon du globe. Tournons-nous maintenant du côté des physiciens, el demandons-leur dans quelle mesure probable la Terre a pu diminuer de volume par suite du refroidissement. Ils nous répondront qu’au temps actuel la perte en calorique est extrêmement faible. Déjà Fourier disait que la chaleur centrale ne contribuait pas pour un trentième de degré à la température de la surface; et l’on savait au temps de Laplace que le jour sidéral n’avait pas varié d’un deux centième de seconde depuis les plus anciennes observa- tions chaldéennes, il y a 25 siècles. D'où l’on conclut en mécanique que le rayon terrestre est demeuré sensiblement invariable pendant ce même temps (21).Mais, pensera-t-0n, à l'époque tertiaire, à l’époque secondaire, la croûte ter- restre élait beaucoup plus mince, plus chaude, la déper- dition interne, et partant la contraction de l'enveloppe, élaient autrement actives. Or, l’on ne peut plus se donner carrière à cet égard depuis le docte mémoire de Sartorius van Waltershausen sur les climats anciens, où il accumule un grand nombre d'arguments pour établir qu'en ces temps, si éloignés de nous, la croûte solide, déjà très épaisse, formait une écran difficile à traverser (22). Dès ( 751 ) les temps jurassiques, il gardait si bien la chaleur centrale, d’après Sartorius, que celle-ci entrait à peine pour !/: degré dans la température à l'équateur. Quelques années plus tard, le savant géologue d’Erlan- gen, F. Pfaff, empruntait aux expériences de Mallet le Dr moyen de contraction des roches volcaniques, t, l’appliquant à la masse entière du globe, il énonçait du une diminution de 1000° centigrades, affectant toute cette masse, serait encore insuffisante pour justifier les rides de l'écorce (23). Cependant, si nous nous en rappor- tons aux déductions de W. Thomson, cette diffusion géné- rale de la chaleur centrale supposée par Pfaff est contraire aux lois du rayonnement propre à la Terre. Dans son tra- vail sur l’âge du globe, cité plus haut, W. Thomson part du théorème de Fourier relatif aux échanges de tempé- rature dans un corps inégalement échauffé, et il en tire cette conséquence, qu’au delà de quelques centaines de kilomètres en dessous de la surface, le noyau central est encore, à peu de chose près, aussi chand que jamais, parce que, depuis l’époque la plus reculée, l’irradiation calori- fique ne s’y opère que d'une manière insensible. Ainsi, dans cette doctrine, la déperdition calorifique n’affecte que l'en- veloppe, la très grande partie du sphéroïde n’y prend, ou peu s’en faut, aucune part, et conserve ses dimensions originaires. Ce qui faisait dire récemment et un peu bru- lalement à l’un des plus éminents géologues de l'Amérique, Clarence Dutton, que les plis et les rides de la peau n’ont pas le resserrement du noyau pour cause, puisqu'il ne se Contracte pas du tout (24). Néanmoins, en admettant que le globe se soit refroidi suivant le mode conçu par W. Thomson, il y a possibilité d’une diminution de volume pour la planète; seulement L ( 752 ) celte diminution est très faible. Dans cette théorie, sui- vant M. G. Darwin (25), le noyau immense et de dimen- sions à peu près invariables qui occupe le centre, est entouré d’une calotte sphérique épaisse de quelques cen- taines de kilomètres, qui perd graduellement sa chaleur et diminue réellement de volume. Il faut distinguer deux zones dans cette caloite en train de se refroidir. Une zone inférieure qui en comprend presque toute l'épaisseur. Elle est formée de couches contractées par la perte du calo- rique, qui re peuvent se rapprocher du centre en propor- tion de cette perte, parce que l’invariabilité du noyau s'y oppose. Les couches y subissent un amincissement et une tension. Il ne peut donc être question de plissement pour elles. Reste la zone supérieure qui n’embrasse que la por- tion la plus superficielle de l'écorce et où les phénomènes se modifient. La diminution de volume causée par la dissi- pation de la chaleur y est moindre que l’amincissement de la zone sous-jacente. Elle présente donc un excès d’ampleur par suite du mouvement centripète auquel elle est astreinte, De là possibilité pour elle de plissementis el d’écrasements dans la suite des âges. Mais cette zone susceptible de se rider n’est qu’une pel- licule infinitésimale par rapport au rayon terrestre. On peut lui assigner depuis 2 ou 3 jusqu’à 8 ou 10 kilomètres. Cela dépend de l’âge qu’on accorde à la croûte consolidée, et suivant les mathématiciens anglais, cet àge oscille entre 400 millions d'années maximum de Sir Thomson et 10 à 15 millions d'années où aboutit M. Tait. Le raccourcisse- ment radial est nécessairement très petit dans celle méthode, et.le savant Osmond Fisher, dans un livre et divers mémoires consacrés à discuter l'ensemble de la question, le-porte entre 2 milles et 6 milles anglais, soit ( 733 ) entre 5 et 10 kilomètres, pour tout le temps écoulé depuis la première consolidation de la Terre : ce qui revient à . dire que la contraction est insignifiante (26). C’est pour- quoi le Rév. Fisher rejette absolument la possibilité d’ex- pliquer les grands mouvements de terrains dans la voie suivie par M. Thomson. Sur quoi, M. Green, convaincu par une foule de convenances géologiques et astronomiques de la légitimité de l'hypothèse contractive, s'écrie que les cal- culs du Rév. Fisher prouvent un chose : c’est que le globe de la Terre se refroidit d’une tout autre façon que ne l’imaginent M. Thomson et ses disciples (27)! Toutefois, d’après le commentaire bienveillant de M. Georges Darwin (28), un dernier travail dû à M. Davi- son aurait fort avancé la question de la contraction de l'écorce par refroidissement. En reportant à 100 millions d'années en arrière, non point l'apparition des premiers organismes, comme le fait Sir Thomson, mais la première consolidation de la planète, les calculs conduisent à une pellicule actuellement contractile de 3 à 4 kilomètres. Or, depuis 10 millions d'années cette mince enveloppe se serait réduite de 228,000 milles carrés (575,000 kil. car- rés environ). C’est une perte d'espace considérable. Mais d’abord elle embrasse une fraction notable des temps fos- silifères, si la planète était encore fluide à sa surface, il y a 100 millions d'années. Et en second lieu, ce qui est autrement grave, comme l’ont fait observer MM. O. Fisher et Mellard Read à propos des calculs de MM. Davison et G. Darwin, une écorce contractile réduite à 3 kilomètres ne peut rendre compte de monvements tels que ceux des Alpes ou des Apallaches, qui enchaînent des terrains de 10 à 15 kilomètres d'épaisseur. La question n'est donc pas résolue. ( 734 ) De son côté, M. de Lapparent (29) s’est attaché à mesu- rer la perte annuelle de chaleur éprouvée par le globe, en raison du degré géothermique de 4° pour 35 mètres. Il évalue cette perte à 53 calories par an et par centi- mètre carré de la surface. Il en conclut la diminution de volume de la planète dans un temps déterminé, en attribuant la perte à la masse eutière, contrairement aux physiciens anglais, et en supposant que l'intérieur est métallique et possède un. coefficient de contraction égal à celui de la pyrite, soit 0,003 pour 100° centigrades, c’est- à-dire à plus de trois fois celui de la moyenne des roches connues. [| admet également que la capacité calorifique du noyau ne s'élève qu’à !/,, Dans ces conditions, dont la plupart ne sont que trop favorables à la contraction, il n'obtient qu’un racconrcissement radial de 89 mètres par million d'années, et il fait ressortir d'autant mieux les exagérations de MM. Suess, Heim et Neumayr. La perte en surface obtenue par cette méthode est assez minime, et M. de Lapparent dit qu’on pourrait la doubler ou la tri- pler s'il est nécessaire, pour expliquer les ridements opérés durant les dernières périodes géologiques. Par cette disser- tation remarquable, où malheureusement il en appelle plus d’une fois à l'inconnu, notre savant ami a montré peut-être dans une certaine mesure la possibilité de ratta- cher les rides de la surface au refroidissement de la Terre: mais avec des valeurs numériques aussi mal assurées, il n’a pas prouvé qu’il en soit réellement ainsi. En présence de toutes ces difficultés, il est significatif d'entendre MM. William B. Taylor et Alexander Winchell invoquer, pour expliquer les chiffonnements de l'écorce terrestre, des raisons absolument étrangères à l’état phy- sique interne de-notre planète, et dépendant uniquement ( 735 ) de la gravitation ou de causes astronomiques. Dans leurs idées, les rides sont déterminées par le changement qui s'opère en vertu de la pesanteur dans la forme géomé- trique de l'enveloppe. Celle-ci s’écarte de plus en plus de son ellipticité primitive pour se rapprocher de la sphère, en proportion du ralentissement qui paraît constaté dans la rotation diurne du globe. L’enveloppe doit donc s’écra- ser sur elle-même, la sphère représentant un maximum de capacité. Si l’on en croit les savants américains, on trouverait dans ce changement progressif de la figure de la Terre une réduction de surface largement suffisante pour expliquer le modelé des continents, étant donné le ralentissement probable de la rotation. diurne depuis les époques anciennes, en raison de la réaction due aux marées (30). Aux yeux des savants qui raisonnent de cette manière, il est clair que le procès est gagné contre la contraction par perte de la chaleur. Mon savant confrère M. Briart partage évidemment leurs convictions à cet égard. Il ne croit pas à la chaleur originaire du globe. I] ne la fait donc pas entrer comme facteur dans les dérangements de l’en- veloppe. Plus que personne, il est vrai, il admet que les plissements des terrains stratifiésaccusent le rapetissement progressif de notre planète. Il va même jusqu’à attribuer au rayon un raccourcissement de moitié depuis la forma- lion du terrain archaïque : ce qui dépasse toutes les éva- luations antérieures. Mais il attribue au tassement de la matière ce prodigieux amoindrissement du globe terrestre, ‘lequel se serait opéré depuis qu'il était déjà consolidé (51) ! En définitive, le mode de refroidissement de la Terre n’est pas mieux établi que le laps de temps écoulé depuis. sa première consolidation et que l’état physique du noyau (756 } interne, Le doute ou le mystère planent sur tout ce côté du problème. D'autre part, l'observation est loin d’en être arrivée à pouvoir évaluer d’une manière sérieuse, d’après l'allure des terrains, la réduction éprouvée par la surface depuis les périodes anciennes. Le contrôle est donc absent, puisque, d’un côté comme de l’autre, il faut renoncer pour le moment à mettre en présence des chiffres basés sur des données positives. Il s'ensuit qu’on ne peut aujourd'hui se prononcer définitivement sur la cause générale des bombe- ments et des rides de l'écorce du globe, ni répondre caté- goriquement à la question que se posait Saussure. L’hypo- thèse contractive a pour elle des probabilités, mais elle peut être fausse; et avant qu'elle soit acceptée comme une vérité, mon impression est qu’il y a du chemin à faire! Ainsi l'étude du rayonnement terrestre conduit à un raccourcissement radial presque nul, tandis que les boule- versements de la surface, au cas où il les faut rapporter à la contraction, indiqueraient pour celle-ci une valeur très notable pendant les derniers âges de l'histoire du monde. Une meilleure interprétation de la structure des continents, une appréciation plus exacte de l’intérieur du globe feront peut-être disparaître la contradiction. En attendant, comme le disait il y a peu de temps J. Dana, on ne doit pas épouser une doctrine quelconque sur la formation des montagnes (32). Après cela, rien d'étonnant que Dutton, Mellard Read, Taylor, et en dernier lieu Reyer, dans le savant ouvrage qu’il vient de mettre au jour (35), n’admettent pas le rapport de cause à effet entre le refroi- dissement de notre planète et ses irrégularités extérieures. Chose curieuse, qui fait bien voir l'incertitude où nous en sommes loujours relativement au phénomène orogé- ( 757 ) aique ! Un livre récent et spécial, le plus travaillé peut- être que la littérature anglaise ait produit touchant l’ori- gine des montagnes, développe sur la question des idées qui, sur la plupart des points, sont en opposition radicale avec celles qui ont cours dans les traités de géologie (34). M. Mellard Read, l’auteur de ce livre, y fait preuve de beaucoup de connaissances et de talent. Disons en peu de mots comment il entend la cause générale qui a produit les grands mouvements de l'écorce du globe. Son point de départ est le fait signalé par J. Hall, que les terrains tourmentés et plissés ont des milliers de mètres d'épaisseur, alors que les étages contemporains qui n’ont pas été bouleversés n’en possèdent souvent que quelques centaines. Quelle est la raison d’être de ces efforts méca- niques qui s'altaquent précisément aux dépôts les plus puissants ? À la suite de Herschel, de Babbage et de Scrope, M. Read répond que, dans le fond d’un bassin océanique où la sédimentation est active, l'ascension de la chaleur interne gagne progressivement les couches à mesure qu'elles sont recouvertes de dépôts nouveaux. Supposons que, dans une région déterminée, des sédi- ments s’empilent sur 15,000 mètres d'épaisseur ; le degré géothermique étant tel qu’on l’admet communément, il s’ensuivra un échauffement moyen de plusieurs centaines de degrés à partir de la surface pour toute la portion de l'écorce terrestre comprise dans l’area de sédimentation. Comme cette augmentation de chaleur porte sur une épaisseur de roches très considérable, elle détermine une énorme expansion de volume. Mais la masse échauffée, cernée par d’autres masses invariables parce que les causes modificatrices de la température n’y agissent pas, ne peut ( 758 ) s'étendre qu’à l'extérieur, et elle donne naissance à une protubérance en rapport avec l'excès d'expansion. Cet excès est très supérieur à ce qu’en ont dit certains savants, Lyell entre autres, qui avant M. Read ont traité le même sujet, car celui-ci observe avec raison qu'ils n’ont tenu compte que de la dilatation linéaire, et c’est la dilatation cubique qui entre en jeu. En se basant sur ses propres expériences et celles de quelques autres, il admet dans les roches un coefficient moyen de dilatation de 2 pieds 75 centièmes par mille anglais pour 100° Fahr. Cela posé, une région terrestre de forme carrée, de 500 milles anglais de côté et de 20 milles de profondeur, échauffée de 1000° Fabr., acquer- rait un accroissement de 52,135 milles cubes, soit 216 mille kilomètres cubes environ : ce qui peut constituer assurément une protubérance très respectable (35). Mais voici qui est nouveau. Dans les conditions admises par M. Read, un système de conches étendu souterrainement et arrêté à ses extrémités par des masses stables, ne peut obéir à l'expansion qu'en se tordant ou se plissant; comme il adviendrait d’une barre de fer encastrée dans deux mors, si on la portait au rouge. Telle est l'explication mécanique des plissements de couches. Si l’on en croit M. Read, ces fameuses ondulations des formations sédi- mentaires où chacun voyait le témoignage des resserre- ments de la surface sont simplement amenées par la dila- tation des strates. « Elles-mêmes, dit-il, se sont allongées en se plissant. » C’est le renversement d’une des induc- _ tions les plus plansibles de la stratigraphie, et il en découle strictement que les plis ne prouvent rien quant à la con- traction de l’enveloppe. Certes, le processus imaginé par ( 739 ) M. Read me parait tout à fait insuffisant; mais pour être impartial je dois ajouter que sa théorie satisfait mieux que Pancienne à certaines difficultés de détail (36). M. Read poursuit ainsi les conséquences de son système sur la genèse des montagnes dans une foule de directions, avec une sagacité, une ingéniosité tout à fait remarquables et qui donnent un grand attrait à son livre. Il restera quelque chose de cette œuvre hardie. Mais ie tiens néan- moins que l’auteur s'abuse entièrement sur la portée de son explication, qui rencontre plus d’une objection déci- sive. Je n’en signalerai qu’une. Le surchauffement qui produit des montagnes exige dans le bassin marin l'apport d’une immense épaisseur de sédiments, et ceux-ci impliquent à leur tour un abaisse- ment au moins équipollent du fond océanique. Cet énorme affaissement de la croñte, condition préalable du phéno- mène, s'explique peut-être dans d’autres théories, mais elle semble inconciliable précisément avec celle de M. Read. Car si la superposition des sédiments nouveaux finit par entraîner un gonflement considérable des roches du des- sous, le rayonnement interne doit produire une expansion souterraine qui s'oppose à tout abaissement 1rès prolongé des fonds marins. Je m’arrête, Dans ces annales grandioses du monde que nous habitons, l’investigation a compris et relié déjà bien des pages. Ce tableau véridique qu’on peut tracer aujour- d'hui des révolutions de la faune et de la flore à partir des premiers fossiles des couches anciennes, c’est une des plus belles conquêtes du savoir humain! Mais que de lacunes dans nos connaissances ! La vraie nature des forces ( 740 ) motrices qui ont creusé le bassin des océans, séparé, dis- tribué et ridé les continents, est au nombre de ces points obscurs. Nous voyons ce que ces forces ont produit : nous n’entrevoyons que très imparfaitement leur origine; et aucune des théories inspirées à leur sujet n’a la solidité d’une thèse définitivement acquise. Nous sommes parqués à la surface, Landis que l’intérieur du globe est le terrible inconnu, auquel ramènent à chaque instant nos làtonne- ments sur son histoire. Le voile tombera-t-il jamais? Je Pignore. Mais le jour où l’action des agents internes sur le modelé de l’écorce serait comprise et fixée dans ses traits essentiels marquerait un grand pas dans la connaissance de cette planète, ordonnée dès les âges les plus reculés par la Sagesse éternelle pour aider au développement phy- sique, intellectuel et moral de l'humanité. En effet, cette lente élaboration du globe de la Terre, que le géologue épèle de son mieux, elle a son but et son couronnement dans le développement des règnes orga- niques qui y trouvent leur condition d'existence, et finale- ment en l’homme qui est à leur tête. Dans l'enchaînement des choses, les continents et les océans avec toutes les particalarités physiques qui les distinguent aujourd'hui supposent l'existence des plantes et des animaux qui les peuplent; et tout cela suppose en dernier ressort l’exis- tence de l'humanité. L'homme donc, en un sens très vrai, renferme en lui-même le grand secret du monde où Dieu l'a placé. C’est ce qu’un des créateurs de la géographie comparée, M. Arnold Guyot, a exprimé dans une page remarquable par laquelle je termine cette lecture. « C'est la loi universelle de tout ce qui existe dans la nature finie de n’avoir en soi-même ni la raison ni le but ( 741 ) total de sa propre existence. Chaque être existe, non seu- lement pour lui-même, mais comme partie d'un grand ensemble, dont le plan et l’idée le dépassent infiniment lui-même, et dans lequel il est destiné à jouer un rôle. C'est ainsi que la nature inorganique n’existe pas seule- ment pour elle-même, mais pour servir de base à la vie de la plante et de l'animal, et elle accomplit, à cet effet, des fonctions d’un ordre bien supérieur à celles que lui assignent les lois purement physiques et chimiques de la matière. De même, la nature entière, notre globe, quelque admirable qu’en soit l'ordonnance, n’est pas le but final de la création; mais ilest la condition de l'existence de l'homme ; il lui sert d’instrument dans son développement el accomplit, à son service, des fonctions d’un ordre plus relevé et plus noble, pour lesquelles il a été fait. C’est donc l'être supérieur qui sollicite pour ainsi dire la création de l'être inférieur, et l’associe aux fonctions qui lui sont pro- pres; et il est vrai de dire que la nature inorganique est faite pour la nature organisée, le globe entier pour l’homme, comme l’un et l’autre sont pour Dieu, l'origine et la fin de toutes choses (37). » ae NOTES. (1) Acta Acad. Etlectoratis Moguntiæ, W, p. 127 f. — Stenon l'avait vu déjà dès la seconde moitié du XVIIe siècle, De solido intra solidum naturaliter contento dissertationis Prodromus. Florentiæ, 4669. Mais Füchsel ignorait sans doute les vues de l'illustre Danois. (2) Conf. d’Archiae. Géologie et paléontologie, pp. 49 et seq. Dans ‘un passage du Voyage des Alpes, Saussure considère le refoulement comme la cause du redressement des couches. (74) (5) Dans cette lecture, il ne s’agit pas des inégalités quelconques de la surface du globe, mais uniquement de celles qui se rattachent en grande partie à des redressements et dérangements des terrains. Il n'y est question d’ailleurs que de la cause physique à laquelle on peut rapporter les déplacements de roches qui se poursuivent sur des étendues considérables. On ne s'y occupe pas des déran- gements locaux dépendant de causes bien convues; tels que les effondrements provoqués par la dissolution de roches en profondeur, ou les glissements qui se produisent sur les pentes, (4) Comme, par exemple : au couchant et au milieu du bassin de Mons, le renversement, sous le terrain Crétacé, du Silurien et du Dévonien sur le calcaire carbonifère et le terrain Houiller. Conf. Gossecer, l’Ardenne, pp. 742-746. — De même, les plis-failles couchés et les chevauchements horizontaux ayant produit les pro- digieux renversements des Alpes de Glaris (A. Heim. Mechanismus des Erde, Bd. 1); les Thrustplane qui ont entrainé la superposition du Gneiss au Silurien dans le N. de l'Écosse (An. Geiie. Nature, nov., 15, 1884, pp- 29-55); ou les plis couchés formés par du Trias ou du Jurassique installés sur des couches crétacées dans le dépar- tement du Var (Bull. de la Soc. géolo. de France, 5° sér., t. XV, pp. 667-702 et t. XVI, pp. 748 et suiv.). Des faits de même genre (Cambrien sur Crétacé) viennent d'être signalés par M. Mac Cormell dans les montagnes Rocheuses (/bid., t. XVI, p. 515). (5) Sur les régions de plateaux. Conf. Meozicorr and BLanFoRD : Manual of the Geology of India, vol. 1. Sur les mouvements qui ont donné lieu aux plateaux des États-Unis, lesquels ont été l’objet de nombreuses observations des savants américains, voir Report on the Geology of the High Plateaus of Utah, 4880 : U. S. geographical and geological Survey of the Rocky Mountains Region, J. W. Powest in Charge. Voir aussi C. Durros. Mount Taylor and the Zuni Plateau (en particulier les considérations générales). U. S. geological Survey Sixth Annual Report, 1885, pp. 183 et suiv. - (6) Sur les divers modes de dissymétrie affectés par les montagnes, lire l'excellent livre publié simultanément en français et en allemand par MM. Eu. ve Mancene et À. Hein, et intitulé : Les dislocalions \ 745 ) de l’écorce terrestre (Die Dislocationen der Erdrinde). Zurich, 1888. Voir notamment le Liftera D, et la note 567, p. 1147. — Voir également Sruper. Geologie der Schweiz, 1, p. 5, et de LaPPaREnT. Traité de géologie, 2° édit., pp. 77 et 1440. (7) Le professeur James Hall a formulé le premier ce rappro- chement entre les contorsions de couches et la grande épaisseur des strates sédimentaires; c'est dans Presidential Adress to the American Association for the Advancement of Sciences, prononcée en 1857. Mais elle ne fut publiée qu'en 1882. Les idées d’ailleurs en étaient connues dans le mode savant avant l'impression, (8) Hutton, qui a saisi le premier l’importance capitale de la discordance des strates sédimentaires, attribuait le redressement des terrains à une sorte de poussée d'origine volcanique (Conf, Theory of the Earth, pp. 452, 458, 562 et seq.). La théorie des cratères de soulèvement imaginée par de Buch est invoquée souvent par lui- même comme par Élie de Beaumont et Dufrenoy pour expliquer le redressement des. couches contre les porphyres (ne Bucu. Beo- bachtung, vol. I, p. eus ou Late contre res groniique ” Mont Genèvre, de l'Oisans, d servir à une description shoibniges de la F ue bi, pp.5 559 et sui: D'Ausuisson. Traité de géognosie, 2° édit., t. HE, pp. 262 et suiv.) On pourrait interpréter dans le même sens une ancienne opinion de Studer considérant les masses cristallines des Alpes centrales comme un noyau éruplif injecté de bas en haut (Conf. Bazrzer. Beilrage zur Geognosie der Schweitzer Alpen. N. Jahr. f. Min. und Geol., 1878, pp+ 451 et suiv.). Les partisans de la doctrine qui rattache les mouvements orogéniques à la contraction progressive de l'écorce du globe admettent d'ailleurs l’existence de forces composantes ver- ticales, en raison desquelles les matières internes peuvent crever de bas en haut les assises superficielles, et les traverser, comme le doigt passe à travers une sons (Expression d'Élie de Beaumont.) À la suite de la découverte si précieuse des laccolites des Henry - Mountains, où M. Gilbert a saisi en quelque sorte sur le fait le redressement de plusieurs systèmes géologiques par des roches volcaniques tertiaires, l’idée de la puissance soulevante des roches ( 744) -éruptives a repris faveur surtout en Amérique, Dans le Far West américain les mouvements des terrains se sont presque exclusivement excrcés dans le sens vertical sur de vastes aréas. MM. Gilbert ct Dutton n’y font guère intervenir que des forces agissant suivant les rayons du globe. Ce sont des forces verticales d’origine inconnue, dit M. Dutton (Conf. Giserr. Geology of the Henry Mountains. — Geol. Survey West of the 100* Meridian, vol. I. — U. S. geol. Survey Sixth Ann. Rep., p. 198). (9) On est surpris de voir un esprit aussi pénétrant que M. Mel- chior Neumayr exprimer très imparfaitement la conception d'Élie de Beaumont, dans l'ouvrage très remarquable d’ailleurs qu'il vient de publier sur la géologie générale. Conf. Erdgeschichte, Band 1. Leipzig, 1886, p. 317. — La cause mécanique générale assignée par Élie de Beaumont aux dérangements de l'écorce terrestre doit être distinguée des idées trop absolues qu’il y avait associées dans sa Notice sur les Systèmes de montagnes, Paris, 1852, lesquelles n'offrent plus qu’un intérêt historique. Tels sont : le principe de la direction suivant l’âge géologique poussé jusqu’à un excès de précision géométrique qui le rend tout à fait inacceptable; le surgissement brusque des grandes chaines démenti par l'observation; et le réseau sphérique pentagonal dessiné par ces chaines, conception abstraite entièrement abandonnée, (10) Manual of Geology, 1865, pp. 721-725. (14) pe LaPparenT. Traité de géologie, 2° édit., p. 494. — Prof. Jos. Paesrwicn, On the Agency of Water in Volcanic Eruptions : with some Observations on the Thickness of the Earth’s Crust, from a geological Point of View. (Proc. of the roy. Soc, vol. XLI, pp. 158 et suiv.; 1886). — E Wapswonru. On the Evidence that the Earths interior is solid (Amer. Naturalist, 1884). — H. Crenner. Traité de géologie; trad. franc., p. 7. — Wizzram Dawson. Presidential Adress British Association, 1886, — Wicriam B. TayLon. On the Crumpling of the Earths Crust ee Journ. of Se., vol. CXXX, pp. 249 et suiv., 1885). (12) Voy. Sir Wir. Thewsès. British Association. ag 1876, et G. H. Darwin, Philos. Trans., 1879 et 1880, t. 1. — Conf Prof. (745 ) Jos. Le Conte. À Theory of the Formation of the great Features of the Eart}s Surface (Ann. Journ. of scien., vol. CIV, pp. 545 et suiv.). L'auteur combat l'existence d’une nappe fluide interne par des arguments dignes d'attention (Conf, surtout E. Reyer. Theoretische Geologie, pp. 193-204 et passim. (15) Voir sur la Nutation diurne et la Libration de l’écorce terrestre et sur leurs conséquences pour la structure du globe, une notice très intéressante de M. F. Folie, dans l'Annuaire de l'Observatoire royal pour 1888. Bruxelles. (14) Voir sur cette question un assez ancien travail de L. Agassiz : Report upon Deep-Sea Dredgings in the Gulf Streams, during the Third Cruise of the U. S. Steamer Bibb (Bull. of the Museum of comparative Zoology, pp. 565-586, 1870). Un grand nombre d’auto- rités se prononcent plus ou moins pour la permanence des océans et des socles continentaux, parmi lesquelles on peut citer J. Dana, Mallet, Alfred Wallace, Crosby, A. Geikie, Botella, etc. Conf. Dana. The geological History, etc., p. 94. À, WazLace. /sland Life, chap. VI. A. Gewmie. Geographical Evolution. Proced. Roy. Soc. Edinburg, 1879, p. 426. La question néanmoins présente beaucoup d’obseurité (A. H. Gneex. Physical Geology, p. 688), I y a de graves objections basées sur des considérations paléontologiques, par exemple : les rapports intimes des couches fossilifères de la Nouvelle-Zélande avee celles de l'Australie orientale, régions séparées aujourd’hui par la Fosse de Thomson, où la profondeur qui n'est jamais inférieure à 1000 mètres en dépasse souvent 4000, etc. Jerrrevs (Britisch Assoc., Rep., 1877), avant A. Wallace, avait développé les raisons paléontologiques pour lesquelles on ne devait pas considérer la craie. blanche comme un dépôt de mers profonces. Mais toutes les raisons de Jeffreys et de Wallace sont combattues par Fucus (Weiche À bla- gerungen haben wir als Tiefseebildungen zu beobachten. Neues Jabr. f. Min, Bcilage Band, 1885, pp. 487 et seq). Suess et Neumayr font de même (Erdgeschichte, 1, pp. 562-568), Ce dernier s'appuie notamment sur la constitution particulière de certaines couches des systèmes carbonifère et jurassique, et sur les connexions intimes que les fossiles décèlent entre des régions séparées aujourd'hui par 3°° SÉRIE, TOME XVI. ( 746 ) des océans profonds. 11 donne (Op. cit., II, p. 556) une carte approxi- mative du globe à l'époque du Malm, qui s'écarte tout à fait de la distribution actuelle des continents et des océans. Il admet qu’une grande partie du bassin de l'Atlantique n’a été creusée que pese l'ère tertiaire (Idem, pp. 546-550). (15) pe Lapparenr. Traité de géologie, 2 édit., p. 1458. — J. Dana. The geological Story briefly told, pp. 89-97. — On some Results of the Earth's Contraction from Cooling (Am. Journ. of Science, vol. CV). — J.-B. Warrney. North American Review, vol. CXUI, pb. 255. — Junp. Contribution to the Volcanoes, seconde série, pp. 155 ét seq. — Srenry Huwr. Chemical and Geological Essays, pp. 345 et seq. — Jos. Le Conte. À Theory of the Formation of the great Features of the Earth’s surface (Am. Journ. of Sc., vol. CIV, pp. 545 ét 450). — M. Neumayn (Erdgeschichte, 1, pp. 526 et seq, 565; 11, p. 693 et passim). L’Auteur allemand adopte les idées de Suess dans son livre en les renforçant encore. M. de Lapparent a combattu très habilement cette théorie de MM. Suess et Neumayr, selon laquelle les cffondrements le long de cassures sont le principal facteur des modifications de l'écorce terrestre. Il oppose des faits qui ne permettent pas d'accepter sans grandes réserves la doctrine des savants allemands (Conférence sur le sens des mouvements de l'écorce terrestre (Bull. de la Soc. géol, de France, 5° sér., t. XV, pp. 215-258) et Note sur le mode de formation des Vosges (Idem, t. XVI, pp. 181 et suiv.). Toutefois, les considérations développées dans une note récente de M. Le Verrier en faveur de M, Suess affaiblissent quelques- uns des arguments du savant géologue français (Op cit., 3° sér., t. XVI, pp. 492-503). (46) Sim Wiczram Tuowson. On secular Cooling of the Earth's (Trans. Roy. Soe. of Edinburgh, t. XXIII, p. 157). Les résultats obtenus par Sir Thomson relativement à l'âge du globe sont visés. ici pdrce qu’il s’agit dé mettre la contraction de la surface en présence des rides. Les caleuls de M. rireprese reposent en partie d'aill des affirmations trè lle-ci, par exemple, LUS vr que la croûte du globe n’a commencé de se consolider que lorsque la température de la masse entière était descendue à basses Fabr (747) Sur les objections opposables au physicien anglais, conf. l'adresse de M. Huxley quand il était président de la Société géologique (Quart. Journ. of Geot. Soc. of London, t. XXV, pp. 1u1-uim). On sait qu'il existe d’autres procédés pour évaluer l’âge de la Terre, basés sur la succession des périodes de grande et de petite excentricité de l'orbite terrestre, ou sur le temps nécessaire aux actions dénu- datrices pour édifier l’ensemble des couches détritiques qui figurent dans la série sédimentaire. MM. Croll, Haughton, Read, ont obtenu de la sorte des chiffres qui se rapprochent plus ou moins de ceux de Sir Thomson. Conf. A. GeixiE (Text Book of Geology, p. 192). Tous ces résultats numériques impliquent des assertions arbitraires. (17) Géologie de la France, p. 315. Voir l'explication des plisse- ments du terrain houiller du Haïnaut au moyen d’un glissement des couches encore flexibles le long d’un plan incliné produit par une poussée agissant du Sud. Ponson (Traité de Pexploitation des mines de houille, 1. I, p. 95). (18) Sur les causes diverses auxquelles il faut rapporter les plissements et circonvolutions des eouches, conf, les remarques judicieuses de K. Naumann (Lehrbuch der Geologie, 2 Auf, t. 1, pp. 943-959). (19) Quoi de plus frappant à cet égard que l'opposition de MM. Favre et Lory, deux géologues compétents s’il en fut, à propos de la structure en éventail du mont Blane, montagne classique dans l'histoire de la science? M. Favre y voit un pli anficlinal rompu par excès d'ampleur et fortement comprimé à sa base. (Recherches géolo- giques dans la Savoie, le Piémont et la Suisse, vol. HI, pp. 125-142.) Pour M, Lory, le mont Blanc n’est pas formé par une voûte centrale de soulèvement; il est constitué simplement par un pli synclinal des schistes cristallins, limité de part et d'autre par deux failles suivant lesquelles se sont affaissées les bandes liasiques de Chamouny et du Val d'Entrèves (Bull. Soc. géol. de France, 3° sér., t. IX, pp. 670 - et suiv.).. (20) 3. Le Conre (Amer. Journ. of Se., vol. CXI, pp. 298-299). — : E: W, CLavvoue. Pennsylvania before and after the Elevation of the Apallächian Mountains, ete. (Amer. Naturäalist, March 1885, pp. 257- ( 748 ) 268). — A. Herm. Mechanismus der Gebirge-Bildung, Band M, pp. 210 et seq. De son côté, M. Gosselet (Ardenne, p. 178) admet que le bassin dévonien de Dinant, qui occupe aujourd’hui 46 kilo- mètres environ de largeur entre Fepin et Dave, en occupait 100 avant les plissements. [Il aurait donc été réduit de plus de moitié. (21) En supposant la perte en chaleur constante depuis cinquante siècles, il n’en résulte qu'un raccourcissement moyen de neuf eenti- mètres dans le rayon du globe. 11 serait sans effet appréciable sur la duréc du jour. R. Mazer (Proc. Roy. Soc., vol. CLH, 1876). (22) SanToRius VON WALTERSHAUSEN (Untersuchungen uber die Klimat der Gegenwart und der Vorwelt. (25) Grundriss der Geologie, p. 161. (24) C. Durron. Hawaian Volcanoes (U. S. Geol. Surv. IVe Rep). (25) Amer. Journ. of Sciences (Apr. 1888). On the Distribution of Strain in the Earth’s Crust resulling from secular Cooling with special reference Lo the growth of Continents and the Formation of the Moun- tain Chains, by Ch. Davison. (26) Conf. Physics of the Earth’s Crust, pp. 185, 186 et passim, et Amer. Journ. of Sciences, CXXV, p. 415. Suivant M. C. Dutton le théorème de Fourier ne permet pas un raccourcissement radial supérieur à 50 milles (47 kilom.) depuis la première coagulation de la pellicule externe. On fhe contractional Hypothesis (Amer. Journ., CVHI, p. 121). 1 faudrait justifier avec cette valeur extrême toutes les contractions apparentes de l'écorce, y compris celles du terrain archaïque, ce qui est certainement impossible. R. Mallet se serait entièrement abusé, en attribuant 189 milles (300 kilom.) au raccour- cissement radial depuis l’origine (Phil. Trans., CLIHI, 172). (27) Physical Geology, 2° édit., p. 674. (28) Amer. Journ. of Sciences. Ap. 4888. Op. cit. — Conf. aussi les observations de MM. Fisher et Mellard Read (Phi. Magas. for January and Mars 1888). (29) Note sur la contraction et le refroidissement du globe terrestre : (Bull. de la Soc. géol. de France, 5° sér., t. XV, pp. 585 et suiv.). (50) On the crumpling of the Earth's Curst, by William B. Taylor (Amer. Journ. of Sciences, vol. CXXX, pp. 249 et seq.). — ALEX- ( 749 ) WincaeLL. Sources of Trend and cristal Surplusage in Mountain Struc- tures (Idem, pp. 487 et seq.). (51) Principes élémentaires de Paléontologie, pp. 508 ct suiv. — Sur les objections qu'on peut opposer à M. Briart, conf. la note de M. de Lapparent sur la contraction du globe. (Bull. de la Soc. géol. de France, 5° sér., t. XV, pp. 598 et suiv.) -(32) Amer. Journ., elc., vol. CXXIX, p. 537. (33) Theoretische Geologie. Stuttgard. 1888. Dans ce livre, l’auteur, M. E. Reyer, professeur à Vienne, étudie les principaux phénomènes géologiques, et en particulier ceux d'origine interne, avec la science la plus étendue. Il est un des partisans les plus absolus de la rigidité de la masse interne; et il s'efforce d'expliquer tous les phénomènes de structure, failles, soulèvements, effondrements, circonvolutions, indépendamment de la contraction du volume de la Terre, Voir part. Op. cit., pp. 786-799. (54) The origin of Mountains Ranges, considered experimentally, structurelly, dynamically, and in relation to their geological History. London, 1886. (35) Op. cit., pp. 115-116. (56) Ainsi, par exemple, en mettant en jeu pour expliquer les contournements des terrains une force comme la dilatation, qui siège en chaque particule des masses remuées, M. Read, à mon avis, fait mieux comprendre certaines ondulations des couches qui se pro- longent sur de grandes distances, que quand on invoque pour les expliquer une force extérieure agissant à la manière d’une com- pression tangentielle. La puissance qu’il faut attribuer à cette dernière pour remanier des masses étalées horizontalement sur de grandes surfaces est telle que, dans bien des cas, elle aurait dü, semble-t-il, broyer les roches et non les plisser. (37) Anvon Guyor. Géographie physique comparée. Paris, 1888, p. 54. (750) — M. le secrétaire perpétuel proclame, de la manière suivante, le résultat des concours el des élections : CONCOURS ANNUEL DE LA CLASSE POUR 1888. Des : six questions inscrites au programme de concours pour l'année actuelle, aucune n'a été l'objet d’une er Concours extraordinaire pour la purification et le repoissonnement des cours d’eau. La Classe des sciences de l’Académie, acceptant la pro- position d’un de ses membres, qui a mis généreusement à sa disposition une somme de 3,000 francs, a ouvert un con- ‘cours, en vue d'aider le Gouvernement et les Chambres législatives dans les mesures prises pour la purification et le repoissonnement des cours d’eau. Trois mémoires lui ont été soumis en réponse aux ques- tions à la fois chimiques et biologiques que comportait ce concours. : Ils portent les devises suivantes : 4° Trutta ; 2 Travail et Persévérance, et 3° Der Fisch ein nützlich Thier ja tst, Drum, Hausfrau, du ihn nicht vergist. La Classe, adoptant les conclusions dés rapports des commissaires qui ont jugé ces mémoires, a décerné une (191 ) | médaille d’or, de la valeur de mille francs, au travail écrit en allemand, portant la devise: Trutta. Ce travail sera publié en français, dans les recueils académiques. Une médaille de la valeur de cinq cents francs a été votée au mémoire écrit en français et portant la devise : Travail el Persévérance. Les auteurs de ées mémoires sont priés de faire savoir s'ils acceptent ces récompenses. Prix decennal des sciences philosophiques. Par arrêté royal du 25 octobre 1888, pris sur les con- clusions du rapport du jury qui a jugé le premier concours décennal pour les sciences philosophiques, le prix de cinq mille francs, pour la première période (1878-1887), a été décerné à M. Guillaume Tiberghien, membre de la Classe des lettres de l’Académie, pour la deuxième édition de son Introduction à la philosophie et Préparation à la méta- physique. ÉLECTIONS, La Classe à eu le regret de perdre celte année un de ses membres titulaires : Jean-Charles Houzeau, de la section des sciences mathématiques et physiques, et deux de ses associés : Antoine de Bary et Rodolphe Clausius. ( 752 ) Ont été élus : Membre titulaire, sauf approbation royale : M. Pierre De Heen, correspondant. Correspondants : MM. Ch. Fievez, astronome à l'Obser- valoire de Bruxelles, et C. Vanlair, professeur à l’Université de Liège. Associés : MM. le marquis de Caligny, correspondant de l’Académie des sciences de Paris, à Versailles; Karl Weier- strasse, de l’Académie des sciences de Berlin ; et Joseph Prestwich, à Darent-Hulme (Londres). OUVRAGES PRÉSENTÉS. Bambeke (Ch. Van). — Note sur les champignons qui ont provoqué les cas d’empoisonnement observés par le D° Pre- galdino. Gand, 1888; extr. in-8° (9 p.). Potvin (Ch.). — M. F.-H. Geffcken. Bruxelles, 1888; extr. in-8° (14 p.). Beneden (P.-J. Van). — Les ziphioïdes des mers d'Europe. Bruxelles, 1888; extr. in-8° (120 p.). Putsage (J.). — Études de science réelle : L’instinet et l'in- telligence. — De la responsabilité. — Discussion philoso- phique. Mons, 1888; vol. in-8° (360 p.). Petermann (4.). — Essais sur l'assimilabilité de l'acide phosphorique des scories de déphosphoration. Bruxelles, 1888; extr. in-8° (32 p.). ( 753 ) . Meunier (F.). — Tableau dichotomique pour servir à l'his- toire naturelle des chrysides que l’on rencontre aux environs de Bruxelles. 1888; extr. in-8° (6 p.). Snyers (Paul). — De l'emploi du calomel comme diuré- tique Liège, 188$; in-8° (8 p.). Wauwermans (Le général). — Napoléon et Carnnt, épisode de l'histoire militaire d'Anvers (1803-1815). Bruxelles, 1888; in-8° (264 p., pl.). Van der Stricht (0.). — Recherches sur la structure de la substance fondamentale du tissu osseux. Liège, 1889; extr. in-8° (27 p., pl.). Grétry. — OEuvres, 8° livr. : morceaux inédits de l'opéra Anacréon chez Polyerate. Leipzig et Bruxelles [1888]; in-4°. Preudhomme de Borre (A.) — Liste des passalides recueil- lies en 4872... au Brésil. Bruxelles, 1888; extr. in-8° (2 p.). — Sur le Bembidium... et les formes voisines. Bruxelles, 1888; extr. in-8° (6 p.). Kayser (A.). — Rapport sur les travaux du Comité local de salubrité publique, 1887-88. Bruxelles, 1888; in-8° (9 p.). Genard (P.). — Antwerpsch archievenblad, deel XVI, 2%° en 5% aflevering. Anvers, 1888; in-8°. Beltjens (Gustave). — Des libéralités faites en faveur des établissements publics, des communautés religieuses, et par personnes interposées, au point de vue des articles 910 et 911 du Code civil. Bruxelles, 1888; in-8° (65 p.). De Quéker (K.-H.) — Kaf en koorn, verzameld uit CXXVIII dichtaren. Bruxelles, 1888; in-12 (250 p.). Firket (Ad.). — Minéraux da pyrogénés : Fayalite. Liège, 1887 ; extr. in-8° (10 p. — Alluvions modernes de j vallée de la Meuse à Liège. Liège, 1887; extr, in-8° (10 p.). Lecointe (Léon). — Nouveau cours de géométrie élémentaire, Paris [1888]; vol. in-8° (216 p.). ( 754) … Lecoinle (Léon). — Précis d’arithmétique, 5° édition. Paris, Bruxelles, ete., 1889; vol. in-8° (164 p.). — Cours de trigonométrie rectiligne et sphérique, 3° édi- tion. Paris, Bruxelles, etc., 1889 ; vol. in-8° (203 p.). Pelseneer (Paul). — Sur l'épipodium des mollusques, Paris, 1888; extr. in:8° (18 p., 1 pl.). : Vander Haegen(F.). — Bibliotheca Belgica, obreurs 87-89. | Bibhoihèque Gillon. : Pergameni (H.). — Le secret de resp 2* éd. Verriers, 1886; pet. in-8° (112 p Deros (M"° F.) [Violotte, — La famille Gerelin ou les vic- times des préjugés, 2° éd. Verviers; pet. in-8° (96 p.). Flammarion (Camille). — Tableau de l'astronomie, 5° mille. Verviers; pet. in-8° (151 Lemonnier (Camille). — En Brabant. Verviers, 1884; pet. in-8° (97 p.). : Linge (Édouard de). — Hermann et Dorothée, poème de Gœæthe traduit en vers, 3° éd. (107 p.). Sanceau (C.-A.). — La faim et la soif, 2° éd. (96 p.). * Gravrand (Ferdin.). — De Bruxelles à Venise, 3° éd. Verviers (112 p.). Gilon (Ernest). — Nos dents. (118 p.). Driessche (E. Van). — Ce que peut une jeune fille (traduit du flamand par Ed. Barlet), 2° éd. (110 p.). Lyon (Clément). — L'homme de verre, 2° éd. (98 p.). Chalon (J.). — En attendant bébé (90 p.). Küntziger (J.). — Nos luttes contre l'intolérance et le des- potisme du XVI: siècle, 2° éd, (131 p.). Leclercq (Émile). — À quelque chose malheur est bon, 2° éd., 1885 (128 p). (755 ) Wellmer (Arnold). — La chasse au mari (traduit: de l'alle- mand par Auguste Lavallé), (90 p.). Duverger (Arthur). — L'inquisition en Belgique. Verviers, 1887; pet. in-8° (125 p.). Lefèvre (Victor). — Huit jours en singe 2° éd. (100 p.). Pergameni (H). — Dix ans d'histoire de Belgique, 2° éd. (102 p.). De Bruycker (Pol.), — Les glaciers, 2° éd. (100 p.). Lemonnier (Cam.).— Les bons amis, nouv. éd. (96 p.). Chalon (J.). — Aux pyramides, 2° éd. (96 p.) Croquet (Frédéric). — La Constitution belge commentée, 2° éd., 1888 (245 p.). Richard (Henri). — La santé de ane 5° éd. (100 p.). Testard (Henri). — Théodore Parker, sa vie et son œuvre 6 p.). Bruneel (Alfred). — Constantinople et Athènes (104 p.). Richald (H.). — De la nourriture de l'homme (96 p.). Lemonnier (Cam.). — Trois contes (94 p.). De Grave (Félix). — Chapuis décapité à Verviers (112 p.). Lallemand (A.) et Piters (A.). — 1830-1880 : extraits des œuvres patriotiques des poètes belges (94 p.). Juste (Théodore). — Les jésuites (120 p..). Van de Wiele (Marguerite). — Le roman d’un chat, 2° éd. 2 vol. (135 + 122 p.). Corbisier (Ch.) — Mes voyages dans les deux Amériques, Nord et Sud, 2° éd. (94 p.). Van Driessche (E.). — Monsieur Cinq-pour-cent (traduit du flamand par Ed. Barlet) (99 p.). … Goblet d'Alviella (Comte). — Comment je n ’allai pas en Espagne (110 p. avec une carte). | Robert (Henri). — Le corps humain, 2° éd. (108 p..). Gilon (Ernest).— Chez les sauvages, 2° éd. (101 p.). Leclereq (Émile). — Fleurs de jeunesse, 2° éd. (103 p.). Mallet (Georges). — Les terres, 2° éd. (118 p..). ( 756 ) Chalon (J.). — Mes vacances en Suisse, 2° éd. Verviers, pet. in-8°, 1887 (119 p.). Gilon (Ernest). — Le pétrole, 2° éd. (101 p.). Fredericq (Le D'). — Avant l’arrivée du médecin : les acci- dents. Ouvrage couronné (132 p.). . de Laveleye (Ëm.). — Les États- Unis, tomes I et Il (96 + 96 p.). Combes (Paul). — Bleu-de-ciel et Pervenchette (98 p.). De Blocq (Léopoldine). — Histoire de l'Océan (97 p.). Fredericq (Le D'). — Hygiène mess tomes Jet Il (104 + 108 p.). Greyson (Émile). — Bons ou mauvais au choix. 2° éd. (95 p.). Geiregat (Pierre). — Récits gantois (traduits par an Leyse- muer) (96 p.). Combes (Paul). — Les idées d’un vieux rat (107 p. Geiregat (Pierre).— Douleurs et joies du peuple (traduction du flamand par J. Elseni et F. Gueury) (112 p.). Desoer (Emmunuel). — Le Salzkammergut (106 p.). Combes (Paul). — Contes d’un apothicaire (105 p.). Deros (M"° F.) | Violette]. — Les histoires de tante Julienne. Verviers; pet. in-8° (110 p..). Gance (René). — Un jeune poëte à Paris (110 p.). Malaise (C.). — Simples causeries sur la botanique (101 p }- Bahlenbeck Fr La Belgique et les garnisons dé la Barrière (106 p.). Potvin (Ch.) et Frenay (Félix) — Essai de poésie populaire (104 p.) Mauric (J. de). — Les jeudis de M. Toby, causerics sur l'architecture (111 p.). Greyson On — Aventures en Flandre (104 p.). Hymans (Louis). — Confucius, le sec et le législateur de la Chine (99 p.). Lafvuge-Agimont (M®*). — Ce que se disent les poupées. Verviers ; pet. in-8° (96 p.). ( 757 ) Bost (Th). — La liberté par l'instruction (110 p.). Combes (Paul). — Ernest Gilon, édition elzévirienne ornée d'un portrait gravé sur acier, 1884 (176 p.). Dormoy (Léon). — Les deux pôles de l'infini (144 p.). Loveling (Virginie et Rosalie). — Scènes familières (tra- duction du néerlandais par J. Elseni et F. Gueury-Dambois) (103 p. Michiels (Alfred). — Membline, sa vie et ses ouvrages 141 p.). De Sacher-Masoch (L.). — Juifs et Russes, idylles (traduc- tion par Auguste Lavallé) (103 p.). Hache (F.-G.). — Les papes et la Belgique du XV[: siècle et d'aujourd'hui (155 p.). Mauriac (Jean de). — L’oncle Van Beck (101 p.). Courtmans (M"°). — Tante Sidonie (traduit du flamand par J. Elseni et F, Gueury-Dambois) (111 p.). Gueury (Fr.) et Grégoire (Émile). — Le sourd-muet (419 p.). Combes (Paul). — Cage dorée (105 p..). .Greyson (Ém.). — Entre bourgeois (134 p.). Gibbon (Ch.). — Contes écossais (traduction de l'anglais par Louise Juste) (103 p.). Teirlinck-Styns. — Baas Colder (traduction du néerlandais : par J. Elseni et F. Gueury-Dambois) (141 p.). Juste (Théod.). -— La justice des ee de Liège. Verviers; pet.-8° (103 p.). Boulland (E.). — En Afrique centrale (114 p. ). Lejeune (A.). — Le ciel et la terre (99 p.). Verhaeren (Albert). — Notes et souvenirs d’un voyage à La Plata (94 p.). Farina (Salvatore). — Mon fils (traduit de l'italien par Fer- dinand Gravrand) (108 p.). Combes (Paul). — Le darwinisme (114 p.). Harven (Ém. de). — La Nouvelle-Zélande (156 p). Chalon (J.). — Quelques expériences de chimie (104 p.). Carlier (Jules). — Richard Cobden (128 p.).. ( 758.) Dub (A.-C.). — Souvenirs d'un émigrant : La lutte pour l'existence (109 p.). De Sagher (L.). — Les musiciens liégeois : Grétry, Gresnick, J -N. Hamal (94 p.). Farina (Salvatore). — Mon fils [suite] (traduit de l'italien par Ferdinand Gravrand) (99 p.). Dormoy (Léon). — Le merveilleux dans la nature (95 p.). - Cauderlier (Émile). — Une excursion en Sicile (108 p.). Poradowska-Gachet (M). — Tournesol, esquisse de mœurs ruthènes (102 p.). Bost (Th.). — Le père de famille (103 p. Farina (Salvatore). — Mon fils [2° suite] (traduit de l'italien par Ferdinand Gravrand) (96 p.). Courtmans (M®). — La perle du hameau (traduction du néerlandais, précédée de « Un pèlerinage littéraire à Malde- ghem », par J. Elseni et.Gueurv-Dambois) (104 p.). | Rosy (J.-B.). — La monnaie et les machines (111 p.). Juste (Louise). — Gontes honnètes (111 p.). Fr Geiregat (Pierre). — Où gît le bonheur pro du néer- landais par Elseni et Gueury-Dambois) (94 p Farina (Salvatore). — Mon fils [5° ae] (traduetion e l'italien par F. Gravrand) (134 p.). Komar (M° Mary de). — Romans de bêtes (97 p.). Déros (F.} [Violette]. — Pierre le hiercheur (96 p. Le Trasenster (Z). - — L'instruction nl nn de la femme (105 __ Combes (Paul). — L'âne à Tomy (102 p.). | ‘Pierantoni (Grâce), née Mancini. — Le manuscrit dé la grand'mère, publié par sa petite-fille (traduetion de J'italien , par M": M, de Laveleye et V. Fredericq), 188% (105 pe Chalon (J.). — Le monde tel qu'il est (132 p.). Baring (W.-F.)..— L'Anglais éhez lui : Les FAURIENES politiques, 1884 (98 p ). Dumas (Léon). — Le jardin de mon onele (1 50. je Lefèvre (Ém.).— Letires à mon fils (128 p.). (709: ) : Bost (Th.). — La solidarité, 1885 (97 p.). Combes (Paul). — Les chargeurs de thé, 1885 (110 p.). Pergameni (H.).— Le feu, 1885 (96 p.). Farina (Salvatore). — Cheveux blonds (traduction de lite lien par Amélie van Soust de Borkenfeldt) {254 p.). Combes (Paul). — Nos cousins : les animaux, 1885 (110 p.). Baring (W.-F.). — L'Anglais chez lui : La vie mondaine, 1885 (105 p.). Combes (Paul). — Le Hanneton (114 p.). Potvin (Ch.). — Les Artevelde, 1885 (99 p.). Combes (Paul). — L’atoll, 1885 (111 p.). ‘Miclieels (Jean). — Benjamin Franklin (traduction du néerlandais par Elseni et Gucury-Dambois), 1885 (100 p.). Dumas (Léon). — Le pays du café, 1855 (109 p.). . Juste (Louise). — Le malheur de l'Irlande, 1885 (102 p.). Combes (Paul). — La grotte aux hirondelles, 4885 (119 p.). Combes (Paul). — Les systèmes de votation des peuples libres, 1885 (98 p.). Sluys (A.). — L'enseignement des travaux manuels dans les écoles primaires de garçons (195 p.). Flammarion (Cam.).— Les tremblements de terre. Nova: pet. in-8°, 1886 (101 p. Franck (L.). — Viciar Hugo, 1886 (116 p.). Laveleye (Ém. de). — La crise et ses remèdes, 1886 (94 p ). Mahutte (Franz). — Contes mieroscopiques, 1886 (110 p.). Goblet d’Alviella. — Histoire Rae Le du feu, 1887 (109 . Meunier (Stanislas). — PRES scientifi ique à travers les âges, 1887 (441 p.). Raïberti (Giov.). — Le voyage d’un orne à Pise recette contre l’hypocondrie (traduit de l'italien per F. Gravrand), 1887 (205 p.). Hocart!.(James). — Ge s A de la liberté, 1887. Verviers ; pet. in-8° (95 p |Larelge (Ëm. de). — : Ne 1887 (155 p.). ( 761) ) Flammarion (Cam.). — Variétés scientifiques, 1887 (109 p.). : Zschokke (H ). — Fleurette, ou le premier amour d’un roi (traduit par M'° Mary de Komar), 1887 (112 p.). Hirsch (Max). — Les associations ouvrières et le socialisme (traduction de l'allemand par M. Philippson), 1887 (96 p.). Picard (Edmond). — La forge Roussel, 4° éd., 1887 (116 p.). Poulanges (Jeanne de). — Tout à bébé, 1886 (101 p.). Duren (Eugène de). — Autour de mon jardin, 1887 (257 p.). . Wright (Miss Guktrie). — La cuisine (traduction de l’anglais par Louise Juste), 1887 (124 p.). Leclereq (Ém.) — en frère et sœur, 1888 (112 p.). Combes (Paul). — L'amock, aventures de deux pilotins, 1888 (111 p.). Juste (Th.). — Napoléon Ir, 1888 (112 p.). Bordeu (Ch. de). — La Marie bleue, nouvelle basque, 1888. Verviers; pet. in-8° (112 p Komar (M'° Mary de). — Journal d’une enfant, scènes de. la vie. de pension, 14888 (112 p.). Pergament (H.). — Le mariage d’Ango, 1888 (124 p.). Juste (Théod.). — Napoléon IN, comment on cesse d’être empereur, 1888 (110 p). Laurent (F.) — Le livre de l'épargne, 5° éd. Verviers (116 p.). Bosth (Th.). — Du véritable honneur 405 p.). Hall (Misstress S.-C). — Contes anglais (95 p.). Leclercq (Émile). — Contes populaires, 2° éd. (96 p.). Bruneel (Alfred). — Damas. Jérusalem. Suez (103 p.). Teirlinek-Styns. — Six nouvelles (traduites du flamand par Elseni et Gueury) (93 p.). Deros (F.).— Les mésaventures de Rosine (104 p.). (761) Commissions médicales provinciales. — Rapports sur leurs travaux pendant 1887. Bruxelles, 1888 ; in-8°. Vlaamsche Academie van taal- en letterkunde, Gent, — Jaarbock, 1888; in-8°. Académie d'archéologie de Belgique. — Bulletin, 4° sér. des Annales, XV, XVI, Annales, t. XLII ct XLIL Anvers; in-8°, Académie royale de médecine de Belgigne. —— Procès-ver- baux des séances, 1888. Bulletin, 1888. Mémoires couronnés, L VIE, 5° à 5° fase. Mémoires in-#4°, t. VII, fase. 2-5. Analecta Bollandiana, t. VE, k; VII, 1, 3. Déudtiies 1887-88; in-8°. Annales des travaux publics, t. XLV, 4. In-8e. Ministère des Affaires Étrangères — Recucil consulaire, t. LXI à LXHIL Bruxelles; in-8°. Musée royal d'histoire naturelle de Belgique. — Bulletin, nd . V, 1. Bruxelles; in-S°. Observatoire royal de Bruxelles. — Annuaire pour 1889. Société d’émulation, Bruges. — Annales, 4° série, X, 1-3. In-8°, Cercle archéologique de Mons. — Bulletins, 5° série, n° 5. ALLEMAGNE ET AUTRICHE-HONGRIE, Sternwarte, Kiel. — Untersuchungen über das Cometen- system, 4343 1, 1880 1, und 1882 II, 1. Teil (H. Kreutz). Acquinoctium für 1860, 0 (E. Lamp). In-4°. Verein für Erdkunde, Halle. — Mitteilungen, 1888. In-8°. Senckenbergische naturf. Gesellschaft. — Bcricht, 1888. In-8°, ù Nehring (A.). — Ucber den Charakter der Quartärfauna von Thiede, bei Braunschweig. Stuttgart, 1888; cxtr. in-8° (50 p.). 9"° SÉRIE, TOME XVI. 51 ( 762 ) bauernfeind (Max von). — Das baycrische Praecisions- Nivellement, 7. Mitteilung. Munich, 1888 ; in-4°. Eberstein (Louis-Ferdinand Freihern von). — Urkundliche Nachträge zu den geschichtlichen Nachrichten von dem rcichsritterlichen Geschlechte Eberstein vom Eberstein auf der Rhôn, fünfie und sechste Folge. Berlin, 1885-87; 2 vol. pet. in-4°. — Entwurf ciner zusammenhängenden Stammreihe des freifränkischen Geschlechts Eberstein, von den in den ältesten Urkunden erscheinenden Vorväteren an bis zur Gegenwart. — Fchde Mangold’s von Eberstein zum Brandenstein gegen die Reichsstadt Nürnberg 1516-1529, 5. Auflage. Berlin, 1887; vol. pet, in-4°. Holtzendorff (Franz de) et Rivier (Aiph.). — Introduction au droit des gens : recherches philosophiques, historiques et bibliographiques (édition française). Hambourg, etc., 1889 ; vol. in-8°. Akademie der Wissenschaften zu Berlin. — Sitzungsbe- richte, 1887-1888. — Abhandlungen, 1887. — Politische Correspondenz Friedrich’'s des Grossen, Bd. XV und XVI. Geographische Anstall, Gotha. — Mitthcilungen, 1888. — Ergänzungsheft, N° 89-92. Gotha, 1888; in-4°. Gesellschaft der Wissenschaften zu Leipzig. — Mathem. phys. Classe : u) Abhandlungen, Bd. XIV, 5-15; b) Berichte, 1887-88. Philos.-hist. Classe : a) Abhandlungen, Bd. X, 8, 9; und XI; b) Berichte, 1887-88. K. bayerische Akademie zu München. — Histor. Classe : Abhandlungen, Bd. XVII, 4. — Philos.-philol. Classe : Abhandlungen, Bd. XVII, 4. — Sitzungsberichte, math. physikal. Classe, 1887-88. — Abhandlungen XVI, 2 —. Monumenta Tridentina, Heft 53. — Ueber historische Dramen der Rümer. Repertorium der Physik, München, Bd. XXIV, 1888; in-8. (765 ) Ungar. geologische Gesellschaft, Budapest. — Jahresbe- richt, 4886. — Mitthcilungen, Bd. VI, 6. — Zeitschrift, XVI, 7-12; XVII, 1-4. Geologische Reichsanstalt, Wien. — Jahrbuch, Jahrg., 1888. — Verhandlungen, 1887-1888. Abhandlungen, Bd. Al, 2. Anthropologische Gesellschaft in dues — Mittheilungen, Bd. XVIL, 1; XVIII, 1-3. Akademie der Wissenschaften zu Wien. — Anzeiger, 1888. In-8°. — Mitthcilungen des präbistorischen Commission, n° 1, 1887. In-4e. - K.k. naturhistorisches Hofmuseum. — Annalen, HI, 1-5. Vienne; in-8°. AMÉRIQUE. U. S. geological Survey, Washington. — Monographs, vol, XL In-4». Museu nacional do Rio de Janeiro. — Archivos, vol. VII. In-4e, Smithsonian Institution. — Miscellaneous collection, vol. XXXI and XXXHI. New-Orleans Academy of sciences. — Papers, 1887-88. In-8e, | New-York Academy of sciences. — Transactions, vol. VI, 5-8. Annals, IV, 5-8. In-8° Geological survey of Pennsylvanie. — Annual report, part IV, with atlas. Northern coal field atlas, part 2. Kansas Academy of science. — Transactions, vol. X, 1885-86. Topcka, Kansas, 1887 ; in-8°. Essex Institute, Sulem. — Historical collections, vol. XXII and XXIV, Bulletin, vol. 19. ( 764 ) Estado de Puebla. — Boletin de Estadistica, tomo }; HE, 1-5, 1887-88. In-folio. The american naturalist, vol. XXII, n° 253-257. Phila- delphia, Boletin mensual de estadistica municipal, ano I, 1887, julio-deciembre; ano II, 1888. Bucnos-Ayres ; in-8°. John Hopkins University, Baltimore. — American chemi- cal journal, vol. X, 2, 3. — American journal of philology, vol. VIH, 4. — American journal of mathematics, vol. X, 2-5. — Cireulars, n°° 60-65. — Studies from the biological laboratory, vol. IV, 3. — Studies in historical and political science, 5" series, XII — History of coüperation in the United States. Boston Society of natural history. — Memoirs, vol. IV, 1-C. American Academy of arts and sciences, Boston. — Pro- cecdings, XXII, 4. — Memoirs, vol. XI, part. 5, n°° 6 and 7. Museum of comparative zoülogy, at Harvard College, Cambridge. — Bulletin, vol. XHI, 7-10; XIV; XV; XVE, 1; XVII, 1. — Annual Report for 1887-88. Astronomical Observatory of Harvard college, Cambridge. — Annals, vol. XIIT, 2. — 42% and Annual report. Sociedad de geografia.. mexicana. — Boletin, tomo I, 4 y ?. Department ofthe Interior, Bureau of Education, Washiny- ton. .— Report, 1885-86. Cireular of education, n° 3, 1887. Academia nacional de ciencias en Cordoba. — Boletin, t. À, L?2:XL 1,2 us, V5 Estados Unidos Mexicanos. — Informes y documentos rclativos a comercio, agricultura e industrias, 1887, agoslo- diciembre; 1888. Mexico; in-8° Suciedad cientificu « Antonio Alzate ». — Memorias, L0MO 1,1-12; II, 2 Mexico ; in-8°. War Department, Washington, Signal Office. — Summary of international metcorogical observations, 1857-88. American philosophical Society, Philadelphia. — Procec- dings, vol. XXIV, n° 196. — Transactions, XV{, 2. “. ( 765 ) FRANCE. Chavée-Leroy. — Le peronospora ou la brülure des vignes en 1888. Laon, 1888 ; extr. in-4°. Fort [J.-A.). — Nouveaux faits confirmant leflicacité de l'électrolyse linéaire dans le traitement des rétrécissements de l'urêtre, procédé rapide et inoffensif. 2% mémoire. Paris, | 1858 ; in- 8° (50 p.). Nadaillac (le Mi de). — L'origine et le développement de la vie sur le globe. Paris, 1888 ; extr. in-8° (74 p.). Dareste (Rodolphe. — Études d'histoire, du droit. Paris, 1888 ; vol. in-8°. Pascaud (Henri). — De l'indemnité à alloucr aux individus indûment condamnés ou poursuivis en matière criminelle, correctionnelle ou de police. Paris, 1888 ; extr. in-8° (46 p.). Worms (Emile). — De la propriété consolidée ou tableau historique et critique de tous les systèmes les plus propres à la sauvegarde de la propriété foncière et de ses démem- brements. Paris, 1888 ; vol. in-8°. Daly (César). — Revue générale de l'architecture et des travaux publics, 1888. In-4°. de Witte (le baron J.) et Lasteyrie (Robert). — Gazette archéologique, 1888. Paris ; in-4°. Académie d’Hippone. — Comptes rendus, Bulletin, n° 29, fase, 5 et 4; n° 24. Bone; gr. in-8°. Académie de médecine, Paris. — Bulletin, 1888. Paris; in-8°. Académie des inscriptions, Paris. — Comptes rendus des séances de l'année 1888. In-8°. Académie des sciences, Paris. — Comptes rendus des séances, 1888. In-4°. ( 766 ) Ministère de l’Instruction publique à Paris. — Bulletin du comité des travaux historiques et scientifiques : (a) section d'histoire et de philologie, 1887; (b) archéologie, 1887, 1-5; 1888, 1; (c) sciences économiques et sociales, 1887 ; (d) de géographie historique et descriptive, 1886-1888. — Collection des anciens alchimistes grecs (Berthelot) 1" et 9e livr. Paris; in-4°. — Revue des travaux scientifiques, t. VII, nt 12: VHS Musée Guimet. — Annales, tomes X, XIII et XIV. Revue de l'histoire des religions, t. XVI et XVII. Paris. AT universel de médecine dosimétrique, 1888, août. Paris; in-8°, Société des sciences naturelles; Rouen. — Bulletin, 1887, 2° semestre, in-8°. Société archéologique du Midi de la France, Toulouse. — Bulletin, n° série, n° 4. Série in-8°, n° 1. — Mémoires, t. XIV. 2 livraison. GRANDE-BRETAGNE, IRLANDE ET CoLoniEes BRITANNIQUES, Department of Mines: Geological Survey of N.S. Wales. — Memoirs, palaeontology, n° 1. — Annual report, 1886. Sydney; 2 cahiers in-4°. South african philosophical Society, Cape Town. — Trans- actions, vol. V, 1. Le Cap, 1888; in-8°. . Royal Society of N.S. Wales. — Journal and proceedings; vôl. XXI, part I, 1888. Sydney ; in-8°. ie Royal Society of Canada. — Proceedings and Transactions, vol. V. Montreal, 1888, vol. in-4°. Philosophical Society of Glasgow. — Proccedings, vol. XIX, In-8° ( 767 ) Royal Society of Victoria. — Transactions and Probcodihge, vol, XXIV, { and 2. Melbourne; in-8°. _ Asiatic Society of Bengal. — Proceedings and donnes (1888), parts F, IL. — Bibliotheca Indica : new series, n°° 625- 684 ; old series, n°° 263, 264. Calcutta; in-8°. Geological Survey of India, Calcutta. — Records, vol. XX, 4; XXE, 1, 2, 5. -— Memoirs in-8°, XXIV, 1. — À Manuel of the geology of tdi, part 4. — Memoirs in-4: ser. X, vol. IV, 5; ser. XIE, vol. I, part. 7. Meteorological Department of the Government of India, Calcutta. — Indian meteorological Memoirs, vol. I, 2. — Report on the meteorology of India in 1886-87. Cambridge philosophical Society. — Proceedings, vol. VI, ds Transactions, vol. XIV, 2 Geological Society of Ireland. — Journal, vol. XVI, part, 2; Dublin, 1888 ; in-8° Botanical Society, Edinburgh. — Transactions and procec- dings, vol. XVII, 1. In-8 : Observatory, Greenwich. — The Nautical almanac and astronomical ephemeris for the year 1892. Londres, 1888 ; vol. in-8°, Society of antiquaries of London. — Proceedings, second series, vol. XI, 4. — Archaeologia, vol. L, part 2; LI, part 1. Royal Institute of britisch architects, London. — Procee- dings, 1888. -- Transactions, new series, IV. Londres ; in-4°, Royal Institution of Great-Britain. — Proceedings, XI, 1. Royal asiatic Society of Great Britain and freland, Lon- don. — Journal, vol. XIX, 1, 2; XX, 1, 2. — Journal of the China branch, XXI, 1-6. Royal Society, London. — Transactions, vol. 178, 1 and 2. Proceedings, 1888. — The eruption of Krakatoa. Zoological Society, London.— Proceedings, 1887-1888. — Transactions, vol. XI, 7. il ( 768 ) Natural history Society of Montreal. — The canadian record of science, vol. HI, 1, 2, 5; in-8°. lastilute of mining and mechanical engineers. — Transac- ions, 1888. Newcastle-upon-Tyne ; in-8°. Canadian Institute, Toronto. — Proccedings, vol. V, 2; VI, 4. Annual report, 1887. JTALIE, [Canonico (T.)]. — Progetto di codice penale : relazione della commissione speciale del senato d'Italia. Rome, 1888 ; vol. in-4° . Zigno (Achille de). — Antracoterio di Monteviale, memoria. Venise, 1888 ; in-4° (15 p., pl.). — Nuove aggiunte alla ittiofauna dell’ epoca eocena. Venise, 1888; in-4° (24 p., pl.) — Sopra uno Mari fossile di myliobates. Venise, 1888; extr. in-4° (13 p., p Stazioni agrar À e laboratori di chimica agraria, Roma. — Le stazioni sperimentali agrarie italiane, vol. XIV, 1, 2, 5. Socielà venelo-trentino di scienze naturali. — Bullettino, 1888; t. IV, 2. Padoue. R. Accademia delle science di Torino. — Atti. vol. XXIT. Pays-Bas, LuxeusourG Er INDES NÉERLANDAISES. Halbertsma (Justus). — Lexicon Frisieum (A-Feer). La Haye, 1876; vol. in-8°. Eeden (F. W. Van). — Flora batava, aflevering 275-282. Leyde; in-4°. K 769 ) Verwijs en Verdam (D' J.). — Middelnederlandsch woor- denboek, deel IE, 9% tot 16%° aflevering, La Haye, 1888; in-8. De dietsche Warande, nieuwe recks, cerste jaargang, n°% 2-5. Gand, La Haye, 1888 ; in-8°. Bataviausch Genootschap van Kunsten en Wetenschappen, Batavia. — Tijdschrift, deel XXXI, 1. Notulen, deel XXV, 2-4. — Catalogus der archeologische en numismatische verza- meling. — Dagh-register gehouden int Kasteel Batavia (1653). École polytechnique, Delft. — Annales, 1888. Leyde; in-4°. Jardin A de Buitenzorg. — Annales, vol. VIF, 2; In-8°. Anstituut voor de taal-, land- en volkenkunde var Neder- lansch-Indië. — Bijdragen, 5° reeks, I, 1-4; IV, 1. Reis in Oost- en Zuid-Borneo, 2% gedeelte. La Haye; in-8°. Société hollandaise des sciences, Harlem. — Archives néer- landaises des sciences exactes et naturelles, t. XXIL, 4 et 5; XXII, 1 Dierkundige vereeniging. — Tijdschrift, II, 4 en 2. Leyde, 1888 ; in-8°. Russie. Université de Saint-Pétersbourg. — Catalogus alphabeticus librorum, 1888 ; in-8° Yarkovski (Jean). — Hypothèse cinétique de la gravitation universelle, en connexion avec la qe des éléments chimiques. Moscou, 1888; in-8° (140 p Société impériale des amis d ed naturelle, ete. — Catalogue, I-IV. Moscou ; in-8°. Société des naturalistes de la Nouvelle-Russie. — Mémoires, t. XIE, 2; XII, 15 t. XV, 5-5. Odessa, 1888; in-8°. ( 770 ) Société impériale des naturalistes de Moscou. — Bulletin, 1887, 4. — Nouveaux mémoires, t, XV, 5-b. Académie des sciences de Saint-Pétersbourg. — Mémoires, t. XXXV, n° 8-10. Bulletin, 1888. — Repertorium für Meteo- rologie, Band X ; Supplementband, V; Band XI. In-4°. Comité géologique à Saint-Pélersbourg. — Mémoires, vol. Il, n® 4 et 5; II, 5; V, 2-4; VI; VIIL, 4, 2. — Bulletin, 1888. SUÈDE, NORWÈGE ET DANEMARK. Académie royale de Copenhague. — Mémoires : Classe des lettres, vol. Il, n°° 4-5; Classe des sciences, 6° série, vol. IV, 6-7. Oversigt, 1888. Société des antiquaires de Copenhague. — Aarboger, 1887, L; 1888, 2. Mémoires, 1887. Régime des alcools en Suède publié par le bureau royal du contrôle et de la vérification. Stockholm, 4888; in-8° (67 p.). - Bergens Museum. — Aarsberetning for 1887. In-8°. —— SUISSE, Bibliothèque universelle : Archives des sciences physiques et naturelles, 1888. Genève. = Astronomische Miüttheilungen(R. Wolf), LXXL. Zurich; in-8°. Société vaudoise des sciences naturelles. — Bulletin, n° 97 et 98. Lausanne; in-8°. L) (719 PAys DIVERS. Imperial University of Japan. — The calendar for 1888- 89. — Journal of the college of sciences, vol. IT, 2-4, — Mittheilungen aus der medicinische Facultät, Band I, n° 4 und 2. Tokyo, 1888; in-4°. Deutsche Gesellschaft für Natur-und Vülkerkunde Ost- asiens. — Mittheilungen, Heft 58, 40. Yokohama, 1888 ; in-4°. Seismological Society of Japan. — Transactions, vol. XI, XIL. Tokyo. Société khédivale de géographie, Le Caire. — Bulletin, 2° série, supplément. In-8°, Schweizer. naturf. Gesellschaft. — Beiträge zur geolo- gischen Karte der Schweiz, 24. Lieferung. Bern, 1888 ; vol. in-4°. Jornal de sciencias mathematicas e astronomicas (F. Gomes Teixeira), vol, VI, 2-6. Coïmbre ; in-8°. En outre, durant l’année 1888, l’Académie a reçu les recueils cités ci-après, ainsi que les publications des Sociétés savantes dont les noms suivent : Anvers. Société de géographie. — Société de médecine. — Société de pharmacie. Bruxelles. L’Abeille, revue pédagogique. — Annales de Médecine vétérinaire. — Annales d’oculistique. — Association belge de photographie. — Bibliographie de la Belgique. — Ciel et Terre. — Commission royale d'histoire. — Commissions royales d’art et d'archéologie. — Moniteur industriel belge. — Institut de droit international et de législation comparée, — Presse médicale belge. — Sociétés d’Anthropologie, centrale d'Architecture, de Botanique, d’Électriciens, Entomologique, (77) ile Géographie, ou de Microscopie, de Médecine publique, de Numismatique, de Pharmacie, des Sciences médicales et naturelles. — Société scientifique. Charleroi. Société paléontologique et archéologique. Enghien. Cercle archéologique. Gand. Messager des sciences historiques — Revue de l'instruction publique — Société de médecine. Liège. L'Écho vétérinaire. — Le Scalpel. — Socièté des Bibliophiles liégeois. — Socièlé médico-chirurgicale. Namur. Société archéologique. Nivelles. Société archéologique. Saint-Nicolas, Cercle archéologique. Tournai, Sociélé historique et Meg Berlin. Deutsche chemische Gesellschaft. — Geologische Gesellschaft. — Gesellschaft für Erdkunde. — Gesellschaft für Anthropologie, Ethnologie und Urgeschichte. — Physio- logische Gesellschaft. Halle, Naturwiss. Verein für Sachsen und Thüringen. léna, Medic.-naturwissenschaftliche Gesellschaft. Leipzig. Astronomische Gesellschaft. — Archiv der Mathe- matik und Physik. — Beiblätter zu den Annalen der Physik und Chemie. — Zoologischer Anzeiger. Marbourg. Jahresbericht über die Fortschritte der Chemie. Strasbourg. Sociélé des sciences, agriculture el arts de la Basse-Alsace. Wurzbourg. Physikal.-mediz. Gesellschaft. Buenos-Ayres. Sociedad cientificu Argentina. New-Haven, Journal of sciences and arts. Philadelphie. Franklin Institute. — Historical Society. — Academy of natural sciences. Rio de Janeiro. Club de Engenharia. — Observatorio. — Sociedade de gevgraphia. | (773) Madrid. Sociedud geografica. — Academia de la historia. Amiens. Société industrielle -- Société des antiquaires. — Société linnéenne du Nord de la France. Cacn Sociélé des beaux-arts. Lille. Bulletin scientifique du département du Nord. — Société géologique. Marseille, Société scientifique industrielle. Paris. L’Astronomie (Flammarion). — Bulletin scientifique de La France et de la Belgique (Giard). — École normale supé- rieure. — Journal de l’agriculture. — Le Cosmos. — La Nature. — Le Progrès médical. -— Les Mondes. — Le Poly- billion, — Moniteur scientifique. — Revue brilunnique. — Revue des questions historiques. — Revue politique et litté- raire. — Revue scientifique — Revue numismatique. — Revue internationale de l'électricité. — Semaine des constructeurs. — Sociélé nationale d'agriculture. — Société des antiquaires. — Société de biologie — Société des études historiques — Société géologique. — Société zoologique. — Société de géographie. — Sociélé mathématique. — Société philoma'ique. — Société d'anthropologie. — Société météorologique. Saint-Omer. Société des antiquaires de la Morinie. Toulouse. Société franco-hispano-porlugaise. — Société d'histoire naturelle. Valenciennes. Société d'agriculture, sciences et arts. Édimbourg. Royal physical Society. Londres. Anthropological Institute. — Astronomical Society. — Chemicul Society. — Entomological Society. — Geographical Sociely. — Geological Society. — Historical Society. — Insti- tution of mechanicul engineers. — Institution of civil engi- neers. — Institution of Great Britain. — Iron. — Numismatic Society. — Mathematical Society. — Meteorological Society. — Microscopical Society. — Nature — Statistical Society. (774) Brescia. Ateneo. Florence. Società entomologica ilaliana. — Rivista scien- lifico-industriale, — Biblioteca nazionale centrale. Milan. L’Industria, etc. Modène. Socielà dei naturalisti. Naples. Zoologische Station. Palerme. Circolo matematico. Pise. Socielà toscana di scienze naturali Rome. Bulletin del vulcanismo italiano. — Comitato di arligliera e genio. — Ministerio dei lavori publici. — Biblio- teca nuzionale centrale Viltorio-Emanuele. Saint-Pétersbourg. Sociélé de géographie. — Sociélé de chimie. Stockholm. Entomologisk Tidskrift. — Nordiskt medicinsk Arkiv. Genève. Société de géographie. Zurich, Vaturforschende Gesellschaft. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. —_—2Pe— TABLES ALPHABÉTIQUES DU TOME SEIZIÈME DE LA TROISIÈME SÉRIE. 1888. TABLE DES AUTEURS. ———— A. Académie des sciences de l'Institut de Bologne. — Rapport de MM. Folie et Wauters sur son projet d’unification des calendriers, F Académie nationale de Reims. — Adresse le programme de ses con- cours pour 1889 et 1890, 399. Académie royale des sciences d'Amsterdam. — Offre un exemplaire de la médaille consacrant le souvenir de la fondation J.-H. Hoeufit, ? Anonymes. — Rapports de MM. Pauli, Schadde, Balat et Beyaert sur le mémoire de concours concernant les earaetères de l'architecture flamande du XVIe et du XVIIe siècle, 360, 364, 365; ratification des conclusions de ces rapports, 367, 379; rapports de MM. Gilkinet, le baron de Selys Longehamps et P.-J. Van Beneden sur les mémoires du Concours extraordinaire se rapportant à la conservation du poisson et au repeuplement des rivières, 660, _ Anthone (Jules). — Envoi à l'examen de son cinquième rapport semestriel, 359; communication au Ministre de l'appr éciation de ce travail, 519. Association | britannique pour l'avancement des sciences. — Session de Ée Manchester, 2, 306; session de Bath, 3. — Voir Julin. = Aumak(S. A. R. le due d’). — Voir d'Aumale. 776 TABLE DES AUTEURS. B. Bailly (Jules). — Hommage d'ouvrage, 113. Balat (Alph.). — Rapport : Voir Anonymes. Bambeke (Ch. Van). — ape d'ouvr ages, 3, 023. — Rapports : Voir Julin, Masius (Jean), V : Beaupain (J.). — Rapports "1e MM, Catalan, Mansion et Le Paige sur ses recherches concernant quelques formules de caleul intégral (insérées dans les Mémoires in-4o), 15, 19, 399, 543, 545 Beers (J. Van). — Annonce de sa mort, 602; discours prononcé à ses funérailles par Ch. Potvin, 605. Beltjens (Gustave). — Hommage d'ouvrage, 604. Beneden (Éd. Van). Rapports : Voir De Bruyne, Julin, Masius (Jean), Pergens. Beneden (P.-J. Van). — Présente, pour être imprimé dans les Mémoires in-8°, un travail intitulé : Histoire naturelle des Delphi- nides de Belgique, 394; réélu membre de la Commission spéciale des finances, 524; hommage d'ouvrage, 523. — Rapports : Voir Anonymes, De Bruyne, De Munck, De Stuers, Fraipont, Julin, | Pergens, Tihon. — Note bibliographique : Voir Smets (G.). Beyaert (Henri). — Rapport : Voir Anonymes. Biot (Gustave). — Rapport : Voir Vander Veken Braecke (Pierre). — Lauréat (mention honorable) du grand concours de seulpture de 1888, 359 ; proclamé, 382. Brialmont (A.). — Promu au grade de grand cordon de l'Ordre de Léopold, 2, ac Briart (Alph). — Hommage d'ouvrage, 303. — Rapports : Voir Munck, Fraipont et Tihon. Bute (Le marquis de). — Hommage d'ouvrage, 329. C. Caligny (Le marquis de). — Élu associé, 752. Candèze (Ern.). — Rapport : Voir Gérar ie Canonico (Tancrède.) — Aceuse récegtion de son diplôme, 1; a hommage d'ouvrage, ie Catalan (Ern.).— Sur un cas 8 particulier de la formule du binôme, 194; à soumet un travail intitulé : Nouvelles notes d’algèbre et d'analyse, . D24; hommage d'ouvrage, 303. — Rapport: Voir Beaupain. \ TABLE DES AUTEURS. 777 Centre technique des électriciens brésiliens, à Rio de Janeiro. — Demande d'échange de publications, 593. halon (R.). — Réélu membre de la Commission spéciale des Charles. — Dépose deux billets cachetés, 593. Charlier (A.). — Lettre sur le récent tremblement de terre de l’ile de Bali, 138; communication au Ministre du rapport fait sur cette lettre par A. Renar resies (L). — Sur quelques phosphates et arséniates doubles, 473; apport sur ce travail par MM. Spring et Stas, 392, 393. Clusius (Rudolf). — Annonce de sa mort, 302; etre de M. Folie mentionnant les derniers travaux du défunt, Cogniaux Alfred. — Sur quelques un iicies rares OU nou- vélles, principalement du Congo, 232; rapport sur ce travail par . Crépin, 159; hommage d'ouvrage, 303. Comité d'histoire et d'ethnographie de Passy (Parisi. — Se propose de tenir des séances publique en 1888 et 1889, 277. Congrès. — Noir Table des matières. Crépin (Fr.). — Rend compte de la té émonie de l'inauguration du monument élevé à feu L. Cornet, 553; les Roses aux prises avec les savants. Histoire d’une monographie (discours), 698. — Rap- ort : Voir Cogniaux. Cumont (G.). — Hommage d'ouvrage, 496. D. Danse (Aug.-Michel). — Prix de six cents franes accordé à sa gravure Le Moine, d'après Memling, 381; rapport de la section de gravure sur ce travail, 381. Dareste (Rod.). — Hommage d'ouvrage, 604. d'Aumale (S. A. R. le duc). — Hommage d'ouvrage, 113. De Bruyne (C.). — Hom mage d'ouvrage, 303; denéndé à être envoyé à la station zoologique de Naples, 522; communication au Ministre des rapports faits sur cette demande par MM. Van Beneden, père et fils, Plateau et Errera, 658. Decker -(P.1. — Lens membre de la Commission spéciale des finances, 616. D" SÉRIE, TOME XYI. D2 778 TABLE DES AUTEURS. De Heen (P.). — Détermination des variations que le coefficient re frottement des solides éprouve avec la température, 57; déterm nation des variations que le frottement intérieur de l'air pris sous diverses pressions éprouve avec la température, 195; élu membre titulaire, 752. Delaborde (Henri. — Hommage d'ouvrage, 511. Delaey (C.-H.). — Hommage de la troisième partie d’un travail manu- scrit, 302. de la Vallée Poussin (Ch.). — La cause générale des mouvements orogéniques, 718. Delbœuf (T.). — Rapport : Voir Massart. F Demannez (J.). — Réélu membre de la Commission spéciale des finances, 656. — Rapport : Voir Vander Veken. Des De Munck (Émile). — Sollicite un subside pour aller visiter, au point de vue paléontologique, les musées de Copenhague et de Stock- holm, 2 ; communication au Ministre des rapports faits sur cette deinande par MM. P.-J. Van Beneden et Briart, 306. De Quéker (K.-H.). — Hommage d'ouvrage, 604. ‘#4 Deruyts (Jacques). — Hommage d'ouvrage, 140; sur la différentiation À mutuelle des fonctions invariantes, 207; sur quelques propriétés des transformations linéaires, 576: rapports sur ces travaux par MM. Le Paige et Mansion, 149, 150, 539 x. De Stuers (F.). — Rapport de M. P.-J. Van Beneden sur son projet de création d’un aquarium-marin à Ostende, 24. Detroz. — Hommage d'ouvrage, 496. ‘és Dewalque (G.). — Rapport : Voir Fraipont et Tihon. ne De Wilde. — Soumet les travaux suivants concernant : 4° l'action de l'iode sur les acides gras non saturés (contenu d’un billet cacheté}; 440; 20 la transformation de l'acide oléique en acide gras saturé, 140. De Wulf (Charles). — Envoi à l'examen de son premier rapport ne 359. ; “ hr — Communication de son premier rapport ds Godecharle), 35 nulers (F.-C.). At pour les félicitations au sujet de som septantième anniversaire, 2; la médaille frappée à l'occasion de cette solennité est offerte à l’Académie, 139, Droixhe (A.). — Sur quelques phosphates et arséniates doubles, #73; rapport sur ce travail par MM. Spring et Stas, 392, 393. 2 } F: » x Dumercy (Charles), — Hommage d'ouvrage, 113. im « : 7 s mr TABLE DES AUTEURS. 779 Fe Eberstein (L.-F. von). — Hommage d'ouvrages, 604. Errera (L.). — Sur des appareils destinés à démontrer le mécanisme de! la turgeseence et le mouvement des stomates, 458. — cbr Voir De Bruyne, Masssart, Micheels. F. “ Faider (Ch.). — Remet pour l'Annuaire sa notice sur F. Tielemans, 28 ; réélu membre de la Commission spéciale des finances, 616. Ferron (Eug.) — Remis en possession du manuserit de son mémoire. sur les causes du flux et du reflux de la mer, 148; lecture des rap- _ ports faits sur ce travail par MM. Lagrange, De Tilly et Folie, 148; soumet un exposé des motifs de l’omission des forces tangentielles signalée dans le rapport précité de M. Lagrange, 303; lecture des rapports de MM. Mansion, De Tilly et Van der Mensbrugge sur son travail (déposé aux archives) concernant les équations fondamen- tales de la théorie de la lumière, 306. Fétis (Éd). — Promu au grade de commandeur dans l Ordre de : Léopold, 280. — Rapport : Voir Verbrugge. Feys (E.). — Hommage d'ouvrage (Les frères Lauryn et Lernutius, 113; note sur ce fascicule, par M. Roersch, 417. Fievez (Ch.1. — Nouvelles recherches sur l’origine optique des raies spectrales, en rapport avec la théorie ondulatoire de la lumière, 81; rapports sur ce travail par MM. Spring, Stas et Rouzeau, 13, ; élu corrrespondant, 752. Firket (Ad.). — Hommage d'ouvrage, 524. Folie (F.\. — Note sur le coup de foudre qui a frappé l’Observa- toire de Bruxelles, le 23 juin 1888, 28; mentionne les derniers travaux dont s’est occupé feu R. Clausius, 302; sur les formules de réduction des cireompolaires en ascension droite et en déclinaison (Suite), 312. — Rapports : Voir Académie des Sciences de l'Institut de Bologne, Ferron, Niesten, Prinx, Fraikin (Ch). — Réélu membre de la Commission spéciale des finances, 656 Fraipont ([.).— Soumet un travail intitulé : Explorations scientifiques des cavernes de la Méhaigne : I. La grotte du Docteur, 140; rapports 780 ._ TABLE DES AUTEURS. de ei Dewalque, Briart et P.-J. Van Beneden, sur ce travail qui figurera dans le recueil des Mémoires in-80, 595, 537, 538. Ps (Louis-Alph.\. — Annonce de sa mort, 280. Francotte (P.). — Hommage d'ouvrage, 139. G. Gérard (Eric). — Sur un nouveau procédé d'enregistrement à l’aide de la bn un 323; rapport sur ce travail par MM. Spring et. Candèze, 311, Gevaert F. -A.). — a. : Voir Heckers, Meerens. Gilkinet (AIf.) — Rapports : Voir Anonymes, Micheels. Gilon(Ern.) —Hommage de 150 volumes de la Bibliothèque Gilon, 604 Giovanni (V. di). — Hommage d'ouvrages, 113, 329; note par M. Le Roy sur sa brochure intitulée : Giordano Bruno e le fonti delle sue doetrine, 1 Gluge (Th.). — Réélu membre de la Commission spéciale des fi- |. nances, 5214. Goblet d'Alviella (le comte Eug.). — Le Triçüla ou Vardhamäna des bouddhistes, 333; recherches sur l'histoire du globe ailé hors de l'Égypte, 623. Goedseels (E.). — De la longueur d’une ligne, 86; rapport sur ce tra- vail par M. Mansion, 2%. ose de ). — Hommage SR à (L'Ardenne), 303; note sur ce volume par M. Malaise, Gvernenent hollandais. — Hommage d'ouvrage (livraisons du > ée de Leyde), 113. Ga A.). — Soumet un Essai de psychologie FE er sur MER paralysies d’origine psychique), Grégoir (Édouaïd). — Hommage d'ouvrage, 367. Harlez (Ch. de. — Remercie pour son diplôme de membre titulaire, 119; des croyances religieuses des premiers Chinois (travail inséré dans les Mémoires in-8o), 195; soumet un mémoire intitulé : Le. Yih King, 329; lecture des rapports faits par MM. Le Roy, SRE el Willems sur ce travail destiné aux Mémoires in-4°, 616. TABLE DES AUTEURS. 181 Heckers (Pierre), — M. le Ministre demande s'il a reçu les instruc- tions de voyage nécessaires, 359; avis exprimé sur cette demande Henrard (P.). — Chargé d'écrire pour l'Annuaire la notice de Th. Juste, 78. — Note bibhographique : Voir Wauwermans. Herlant (A.) — Hommage d'ouvrage, Héron-Royer. — Hommage d'ouvrages, 3. Herpin (Luce). — Hommage d'ouvrages, 113. Holtzendorff (Franz de). — Hommage d'ouvrage (Introduction au droit des gens, 604; note sur ce volume par G. Rolin-Jaequemyns, 611 5e es — Mention très honorable accordée à son projet de e, 381; rapport de la section d'architecture sur ce travail, 380. M (J. Ch. )— Rapports : voir Fievez, Niesten. — Annonce de sa mort, 138; discours prononcé à ses funérailles par J. Liagre, 141. Hove (G. Van). — Lauréat (second prix) du grand concours de seulp- ture de 1888, 399; proclamé, 382. Huberty (E.-T.) — Remis en possession de son manuserit concernant plusieurs théorèmes, 3% ymans (Henri), — bai: Teniers le jeune (1610-1690, 282; notice sur Jacques Jordaens, lecture destinée à la « Biographie nationale », 656; remet pour l'Annuaire sa notice sur Nieaise De Keyser, 360 J. Julin (Ch.). — M. le Ministre adresse son rapport sur les travaux du Congrès de l'Association britannique, tenu à Manchester en 1887, 2; communication au Ministre des appréciations de ce rapport, faites par MM. Van Beneden, père et fils et Van Bambeke, 306 Juste (Théodore). — Annonce de sa mort, 328; discours prononcé à ses funérailles par Ch. Piot, 330. K. Kervyn de Lettenhove (Le baron J.-B.-M.-J.). - Hommage d'ouvrage, 496 Kolliker (A.). — Hommage d'ouvrage, 139. 782 TABLE DES AUTEURS. L. Lagae (Jules.) — Grand prix du grand concours de seulpture de 1858, 99 ; proclamé, : Légrunge (Ch.). — Note contenant la vérification numérique d’une formule relative à la force élastique des gaz, 171. — Rapport : Voir je erron. he Lallemand (Léon.). — Aceuse réception de son diplôme d'associé, D A ; Lamy iT.-d.). — Rapport : Voir Harlez (de). Leboucq (H.). — Hommage d'ouvrage, 303. Ras Lebrun (Paul). — Invité à prendre des dispositions pour l'exécution e de sa cantate, 358; exécution de sa cantate, 382. | Lechalas (Georges). — Hommage d'ouvrage, 140 : Lecointe (Léon). Hommage d'ouvrages, 524. * Leconte (Félix). — Dépose trois plis PR 302, a 523. | Le Paige (C.). — Rapports : Voir Beaupain, J. Der 1 Le Roy (Alph.). — Rapports : Voir ps (de), dal — Note ” bibliographique : Voir Giovanni (V. Liagre (J.-B.-T.). — Discours ue aux funérailles de J.-C. Hou- | zeau, 141; chargé de faire la notice du défunt, 138. — Rapport: Voir Niesten. Loomans (Ch.). — Le huitième centenaire de l'Université de Bologne, 126 * . " à “ . PA AS 1” : Lucchini (Luigi). — Aeceuse réception de son diplôme d'assotié, 112. M. Mailly (Éd. — Lecture des rapports de MM. Wauters, Piot et Stecher sur son travail concernant la Société de littérature de Bruxelles __(4800- -1893), inséré dans le recueil des Mémoires in-8°, 195; réém. membre de la Commission spéciale des Mere) 324. Malaise (C.). — Note bibliographique : Voir Gos d Mansion rs — Rapports : Voir Beaupain, gi yts, Ferro es 10) e. Marchal (Lido. Edm.).— Remet pour l'Annuaire ses notices : 4) sur A. Pinehart, 360; b) sur feu son père, le chevalier F.-J.-F. Mare 495. — — Rapports : Voir Anthone, Rombaux. PA NE EE TABLE DES AUTEURS. 783. Marcou (J.). — Hommage d'ouvrage, 3 Masius (J.-B.). — Recherches sur l’action du pneumogastrique et du grand 7 sur la sécrétion urinaire, 62. — Rapport : Voir Vanlai Masius Fr — De la genèse du placenta chez le lapin, 317; rapport sur ce travail par MM. Éd. Van Beneden et Van Bambeke, 311. Massart (Jean). — Recherches sur les organismes inférieurs. I. La loi de Weber vérifiée pour l'héliotropisme du Re 290; rapports sur ce travail par MM. Delbœuf et Errera, 550, 55 Maus (H.). — Réélu membre de la Commission spéciale des Éaneés. 52%. — Rapport : Voir Weiler, Meerens (Charles). — Adresse les lettres suivantes relatives : 40 à la gamme mineure, 981; rapport sur cette communication par M. Gevaert, 512; % aux valeurs numériques de la gamme musicale de M. Delezenne, 304; remis en possession de son manuserit, 390 ; 39 à la gamme musicale, 656. Micheels (M.). — Rapport de MM Errera et Gilkinet sur son travail - Concernant M, jeunes palmiers, destiné à figurer dans les Mémoires in-4o, 159 Ministre de 5 griculture, de l'Industrie et des Travaux publics. — Envoi d'ouvrages, 119, 981, 398, 529. Ministre de l'Intérieur et de Instruction publique. —Envoi d'ouvrages, 302, 359, 390, 495, 603. … Montall (Constant. — Communication de son deuxième rapport semestriel, 359. Montigny (Charles) _— De l'intensité de la seintillation des étoiles dans les différentes parties du ciel, 160; sur les diverses apparences que présentent les images des étoiles scintillantes, selon l’état du ciel. Description du ‘scintillomètre, 353; réélu membre de Ja Commission spéciale des finances, 524, Mourlon (Michel). — Sur l'existence d'un nouvel étage de l’éocène moyen dans le bassin franco-belge, 252. . Murray (John). — Voir : Challenger Office. Musée d'antiquités de Leyde. — Noir : Gouvernement hollandais. Musée royal d'histoire naturelle de Bruxelles. — Hommage d'ouv 7. 139. Museum australien de Sydney. — Hommage d ouvrages, 139, 784. TABLE DES AUTEURS. N. cl nn (Le Has de). — Hommage d'ouvrage, 604. mage d'ouvrage, 1 Niesten (L.), — “ses “l'aspect physique de la planète Mars pendant l'opposition de 1888, 76; rapport sur ee travail par MM. Liagre et Houzeau, 10, 19; unet un travail sur l'influence de la nutation diurne dans la discussion des observations de « Lyrae faites à l'Observatoire de Washington, 140; rapports de MM. Folie et Liagre sur ce travail destiné au recueil des Mémoires, 307, 309 _Nolet de Brauwere van Steeland (J.1. — Annonce de sa mort, 111. Pascaud (H.). — Hommage d'ouvrages, 113, 604. Pauli (Ad.). — Réélu membre de la Commission spéciale des nances, 656. — Rapport : Voir Anonymes. Pelseneer (Paul). — Hommage d'ouvrage, 524. Perey (Lucien). — Voir Horde (Luce Pergens (Éd.). — Soumet un travail concernant deux nouveaux bryozoaires cténostomes des environs de Naples, 391; rapport ns ce travail par MM. Van Beneden, père et fils, et Plateau, 549, 550; communieation de son rapport sur les résultats de sa mission à la station zoologique de Naples, 522; envoi au Ministre des appr é- ciations de ce rapport faites par MM. Van Beneden, père el fils, et Plateau, 658. ; Peiermann (A.). — Rapport de MM. Stas et Spring sur son travail destiné aux Mémoires in-8e et intitulé : Recherches de chimie et . de physiologie appliquées à l'agriculture, 148, 149; hommage | d'ouvrage, 658 Piot (Charles). — Discours prononcé aux funérailles de Th. Juste, 330 ; réélu membre de la Commission spéciale des finances, 6106. — Rosport: Voir Mailly. Plateau (F.\. — Recherches expérimentales sur la vision chez les Arthropodes, quatrième partie (communication imprimée dans les FT HÉ RN # TABLE DES AUTEURS. 785 Mémoires in-8°), 1 159; Id., einquième parte tes aux Bulle- tins, 395. — Rapports: Voir De Bruyne, Per Potvin (Charles). — Hommage d'ouvrage, 604: nas prononcé aux funérailles de J. Van Bee ers, 605. Prestwich 14.) — Élu associé, 752 Prins (W.). — Étude de la structure des FS par la photogra- phie, 244; rapport sur ce travail par M. Folie, Prost E.) — Étude de l’action de l'acide États que sur la fonte, 216; rapport sur ce travail par MM. Spring et Stas, 151, 152. Putsage (J.!, — Hommage d'ouvrage, 658. R,. . Renard (A.). — Hommage d'ouvrage, 139; iles océaniques et leurs relations avec le relier sous-marin (lecture imprimée dans les Mémoires in-8°), 159; dépèche ministérielle relative à sa proposition d'employer la voie corisulaire pour obtenir des spécimens des pro- duits des différentes contrées, 522. — Rapport : Voir Charlier. Keychler. — Soumet les travaux suivants concernant : a) l’action de l'iode sur les acides gras non saturés (contenu d’un billet cacheté), 140; b) la transformation de l'acide oléique en acide gras saturé, 140; c; la saccliarification diastasique, 304. Rivier (Alph.). — Félicité pour sa nomination de docteur honoris causa de l'Université de Bologne, 111; hommage d'ouvrage (Intro- duetion au droit des gens), 604; note sur ce volume par M. G. Rolin- Jaequemyns, 611. Robert (Alexandre). — Discours sur les tendances actuelles en pein- ture, 369. — Rapport : Voir Verbri 1gge. Roerseh (L.). — Désigné pour faire la notice biographique de J. Nolet de Brauwere van Steeland, 112; remet, pour l'Annuaire, le manus- erit de cette notice, 603; offre sa démission de membre de la Com- te pour la publication des anciens monuments de la littérature e, 603. — Note bibliographique : Voir Feys. tante (G.). — Note bibliographique : Voir Holtzendor/f et ivier. Rombaux (Égide). — Envoi à l'examen de son premier rapport (Prix _ Godeeha arle), 359; communication au Ministre de l'appréciation de ce travail, 512, L 786 TABLE DES AUTEURS. Ronkar (E.). — Hommage d'ouvrage, 139; dépose un pli cacheté, Rouleau. — Hommage de la photographie de sa statue du général rnot, 367. Royer (Clément). — Hommage d'ouvrage, 113. S. Samuel (Ad.). — Réélu membre de la Commission spéciale des inances Samuel (Charles). — Lauréat (mention honorable) du grand Goncours _ de sculpture de 1888, 359; ts 382. Schadde (T.). — Rapport : Voir Anonymes. Scheler (Aug.).— Rapports : Voir Schweisthal, Zanardelli. Schweisthal (Martin). — Rapports de MM. Scheler, Willems et Van- derkindere sur son travail (loi phonétique de la langue des Franes Saliens) destiné au recueil des Mémoires in-8, 616, 620, 322. Selys Longchamps (Le baron Edm. de). — Hommage d'ouvrage (ata- logue raisonné des orthoptères et des ra de Belgique), 303; note sur ce volume, 304. — Rapport: Voir Ano mes Slingeneyer (Ern.). — Réélu membre de la Sen epéciale dés finances, 656. — Rapport : Voir Verbrugge. Sels (Gérard). — Hommage d'ouvrage (Aachenosaurus multidens), 3; note sur cette brochure par P.-J. Van Beneden, 4. Smith (J. Barker). — Hommage d'ouvrage, 496. Société dan urgucale de Liège. — Hommage d'ouvrage, 391. Sohm (G.-T. Rudolphe). — Aceuse réception de son diplôme, 112. : Spring (W.). — . réaction chimique des corps à l'état solide, #5: ë pourquoi les rails en service se rouillent moins vite que les rails au repos, 47; sur l'éclat métallique, 53. SR Voir GA “ et Droixhe, Five Gérard, Petermann, Proo Stas (J.-S.). — rt ts : Voir Chevron et Far Fievez, Petermant, Fe Proost. Stecher (J.). — Rapports : Voir Mailly, Zanardelli. Stilmant (Léon). — Dépose un pli cacheté, 302. Swarts (Th.). — Hommage d'ouvrage, 3. de 3 : 5 Fe < De TR D ee en 4 FN NOÉMEESS EN Rare 2: TABLE DES AUTEURS. us 787 T, Tahon (Victor). — Hommage d'ouvrage, 278. : Thiry (F.). — Rapport de M. Folie sur sa note concernant la nature des comètes a ne archives), 157. Thonissen (J.-J). — Félicité pour sa nomination de docteur honoris causa de Y He . Bologne, 111; remereie, 277 ; réélu membre de la Commission spéciale des finances, 616. Thys (Le capit.). — Hommage do 140. Tberghien (Guillaume). — Lauréat de la première arm décennale du prix des sciences philosophiques, 494; proelam Tihon (F.).— Soumet un travail intitulé : aile séiéntifiqués des cavernes de la Méhaigne : I. La grotte du Docteur, 440; rap- ports de MM. Dewalque, Briart et P.-J. Van Beneden sur ‘6 travail, destiné au recueil des Mémoires ad 02, 931, 938. Tilly (J. De). — Rapport : Voir Ferro Tondini (C. La — ei de comme nérilen international celui de Jéru- salem, NS Vander Haeghen (Désiré). — Prix de huit cents franes accordé à son projet de phare, 380 ; rapport sur €e travail par la section d’archi- en 380; envoie une reproduction photographique de son pro 5 vont (L.). — Remercie pour son diplôme de membre titu- Jai — Rapport : Voir rene L. Van der den ghe (G.). — Sur les moyens d'évaluer et de com- battre l'influence de la re dans la densimétrie, 31; sur les propriétés physiques de la surface de eontact d'un solide et d’un < liquide; ne préliminaires, 695: dépose un billet eacheté, ort : Voir Van der “né (Edm.). — Envoi à l'examen de nouvelles séries de Bulletins résultant de ses recherches dans les collections musi- cales de Munich et de Rome, 981, 655. Van der Stricht (0). — Hom mage d'ouvrage, 524 Vander Veken (Guillaume). — Communication au Ministre des appré- ciations de son deuxième rapport, faite par MM. Hÿmans, Demannez et Biot, 981 : envoi à l'examen de son troisième rapport, 655. 788 TABLE DES AUTEURS. Vanlair (C.). — Sur la persistance de l'aptitude régénératrice des Li 93; rapport sur ce travail par MM. Van Bambeke et cb 98; élu correspondant, rt (Émile). — de nina au Ministre de l'appréciation de son septième rapport semestriel, faite par MM. Fétis, Slinge- neyer et Robert, 281. Vosmaer (C.). — Annonce de sa Do 132, W. Wattier (Ed.). — Soumet un travail intitulé : Nouvelle théorie scien- tifique, 524. Wauters (Alph.). — Hommage d'ouvrages, 278, 329, 496; chargé de. rédiger la notice de J. Van Praet, 328; la première enceinte de Brux xelles, 496. — Rapports : Voir Académie des sciences de l'Institut de Bologne, Mailly. Wauwermans (H.). — Hommage d'ouvrage, Napoléon et Carnot, épi- sode de l’histoire populaire d'Anvers, 4803-1815, 604; note sur ce volume, par P. Henrard, 615 Weierstrasse (Karl). — Élu associé, 752. Weiler (Ch.). — Soumet un nouveau système de ballon dirigeable, 304; rapport de M. Maus sur ce travail, qui est déposé aux archives, D40. He (P.). — Offre sa RE de mr de la Commission r la publication des anciens monuments de la littérature Matane. 329. — Rapports : Voir Harles (de), Lo e Wilmotte (M.). — Demande d'avis sur l'enquête qu'il a entreprise au sujet de sa grammaire des patois romans de la Belgique et des traditions populaires qui s’y rattachent, Worms (Émile). — Hommage d'ouvrage, 604. Z. Zanardelli. — Envoi à l'examen de son travail sur la classifica- tion des patois wallons d'après leur phonétique et leurs affinités avec les dialectes des pays limitrophes, 112; communication au Ministre des rapports faits sur ce travail de MM. Scheler, Le Roy je et Stecher, 332. Te LOC CT m—— HUDT ne Fe à TABLE DES MATIÈRES. A. Aérostation. — M. Ch. Weiler soumet un nouveau système de ballon dirigeable, 304’; rapport de M. Maus sur ce travail qui est déposé aux archive s, 0. Agriculture. — Noir Chimie (Travail de M. Petermann). Anatomie. — Voir Botanique. Anthropologie et Archéologie préhistoriques. — Voir Géologie. Archéologie. — Noir Histoire et Symbolique comparée. Astronomie. — M. F. Thiry soumet une note sur la nature des comètes, 3 ; rapport de M. Folie sur ce travail, déposé aux archives, 457; rapports de MM. Folie et Wauters sur l'unification des ealen- driers proposée par l'Académie royale des sciences de l'Institut de Bologne, 5, 9; sur l'aspect physique de Mars, pendant l'opposition de 1888, par L. Niesten, 76; rapport sur ce travail par MM. Liagre et J. C. Houzeau, 10, 19; M. Niesten soumet un travail concernant l'influence de la nutation diurne dans la diseussion des observations de « Lyrae, faites à l'Observatoire de Washington, 140; rapports de MM. Folie et Liagre sur ce travail destiné au recueil des Mémoires in-4o, 307, 309; sur les formules de réduction des cireompolaires en ascension droite et en déclinaison (suite), par F. Folie, 319; lettre de M. Tondini proposant comme méridien universel celui de Jérusalem, 592. — Voir Spectroscopie. B. . Beaux-arts. — Communication au Ministre du rapport de la Commis- sion chargée d'examiner les documents relatifs à l'enseignement des arts appliqués à l'industrie, 133. — Voir Biographie, Concours (Prix de Rome), Concours de la Classe des beaux-arts, Musique, Peinture. : Bibliographie. — Notes sur les ouvrages suivants : Les frères Lauryn RE ET el ri! I EDR TABLE DES MATIÈRES. et Lernutius (E. Feys), par L. Roersch, 417; Giordano Bruno e le fonti delle sue doctrine (di Giovanni), par Alph. Le Roy, 114; l’Ardenne (J. Gosselet), par C. Malaise, 305 ; latroduetion au droit na sn Œ. Lie re ent ns An Riv ier) part re pr . Belcique cn de Selys Longehamps), par l’auteur, 304; Aachenv: saurus multidens (G. Smets), par P.-J. Van Beneden, 4; Napoléon et Carnot (Wauwermans), par P. Henrard, 615. .… Billets cachetés déposés par MM. : F. Leconte, 302, 390, 523; Léon Stilmant, 302 ; Ronkar, 390; Charles, 593 ; Van der Mensbrugghe, 658 2 Biographie. — Discours prononcés aux funérailles : 1° de J. C. Hou- zeau, par J.-B.-J. Liagre, 141 ; % de Th. Juste par Ch. Piot, 330; 3° de Jan Van Beers, par Ch. Potvin, 605. — David Teniers, le jeune (1610-1690), par H. Hymans, 282; Jacques Jordaens pus desti- née à la Biographie nationale) par H. Hymans, ï Biologie. — Voir Physiologie et Zoologie. Botanique. — Rapports de MM. L. Errera et Gilkinet sur un travail de M. Micheels, concernant les jeunes palmiers (destiné au recueil des Mémoires in-4o), 153, 157; sur quelques cueurbitacées rares ou nouvelles, principalement du Congo, par A. Cogniaux, 932; rapport sur ce travail par Fr. Crépin, 159; les Roses aux prises avec les savants. Histoire d’une monographie, discours par Fr. Crépin, 698, — Voir Physiologie (Travaux de MM. Errera et Massart). C. Chimie. — M. Petermann soumet un travail intitulé : Recherches de chimie et de physiologie appliquées à l’agriculture, 3; rapport de MM. Stas et Spring sur ce travail destiné aux Mémoires in-8°, 148, 149; sur la réaction chimique des corps à l'état solide, par -W. Spring, 43; pourquoi les rails en service se rouillent moins vite que les rails au repos, par W, Spring 47 ; envoi à l'examen to de deux notes de MM. De Wilde et Reychler concernant : a) l’action de l'iode sur les acides gras non saturés, 140 ; b) la transformation de l'acide oléique en acide gras saturé, 140; % d’une note de M. Rey- chler sur la saccharification diastasique, 304; étude de l'action de fe TABLE DES MATIÈRES. se 791 à l'acide ehlorhydrique sur la fonte par Fe Prost, 916: rapport sur Rx ce travail par MM Spring et Stas, 151, 152; sur quelques phosphates Ÿ et arséniates doubles, par L. Chevron et A. Droixhe, 473; rapport de W. Spring et J. Stas sur ce travail, 399, 393 _ Commission pour la PR des œuvres des anciens musiciens D belges : chargée de l'examen de nouvelles séries de Bulletins ; résultant dé recherches de M. Edm. Vander Straeten dans les collections musicales de Munich et dé Rome, 281, 655; — pour la publication des anciens monuments de la liliépdture flamande. MM. P. Willems et Roersch offrent leur démission de membres 329, 603 ; — spéciale des finances. Réélection : Classe des sciences, D24 ; Classe des lettres, 616 ; Classe des beaux-arts, 656. | Concours. — L'Académie cable de Reims adresse son programme, . — Voir Prix Concours de la Classe des beaux-arts (1888). SUJET LITTÉRAIRE ? Rapports de MM. Pauli, Schadde, Balat et Beyaert sur le mémoire concernant larohiteiré flamande du XVIe et du XVIIe siècle, it 364, 365; ratification des conclusions de ces rapports, 367. SUJET D'ART APPLIQUÉ. Avis des sections d'architecture et de gravure sur les travaux présentés (plan d’un phare et gravure en taille-douce), 365, 380, 381; M. D. Vander Haegen envoie la reproduction de son projet de phare couronné, 656. — Proclamation des résultats, 379, 380, 381. Concours de la Classe des lettres (1890). — Programme, 118. Concours de la Classe des sciences (18 Pen —_ Sans résultat, 141. — Concours extraordinaire se rapportant à la conservation du poisson et an Moine des rivières. Rapports de MM. Gilkinet, de Selys Longehamps -J. Van Beneden sur les mémoires reçus, 660, 686, 694, — “> ra des résultats, à | Concours (grands). Prix de Rome : Communication au Ministre du rapport de la Commission chargée de la revision du règlement pour la peinture, la seulpture, la gravure et l'architecture, 133. — ARCHI- * TECTURE (4887). Envoi à l'examen du premier rapport de M. Ch. De Wuilf — GRAVURE (1886). Communication au Ministre de ‘l'appréciation du deuxièmé rapport de M. Vander Veken, 281; envoi à l'examen du troisième rapport du même lauréat, 655. — Musique (1887). Instructions à donner à M. Heckers, avant son épart, 359, 367; exécution de la cantate de M. Lebrun, 358, 382, 492 TABLE DES MATIÈRES. — PEINTURE (1883). Communication au Ministre de l'appréciation du septième rapport de M. Verbrugge, 281 (1886). Envoi du deu- xième rapport de M. Constant Montald, 359. — ScuLrTURE (1885). Envoi du cinquième rapport de M. Jules Anthone, 359; communi- se au Ministre de l’appréciation de ce rapport, 512 (1888). Lau- s, 359; proclamation des résultats, 382. D décennal des sciences philosophiques (première période). — M G. Tiberghien, lauréat, 494, 751: M. le Ministre transmet des exemplaires du rapport du jury, 603 k Concours quinquennal des sciences mathématiques (huitième période’. Formation de la liste double des candidats pour le choix du jury, 390; communication de cette liste au Ministre, 391; — de littérature française (huitième période). M. le Ministre envoie des exem- plaires du rapport du jury, 603. .Concours triennal de littérature dramatique en langue flamande. La présentation de candidats pour le choix des jurys est attribuée à l’Académie royale flamande de littérature et de philologie, 494; — en langue française. M. le Ministre envoie des exemplaires du rapport du . 603. Congrès, Sessions. — Ouverture de la einquante-huitième session annuelle de nodatés britannique pour l'avancement des sciences, 3; envoi à l'examen d’un rapport de M. Julin sur les tra- vaux de la cinquante-septième session, 2; communication au Ministre des rapports faits sur ce travail par MM. Van Beneden, père et fils, et Van Bambeke, 306; septième session du congrès des Américanistes, à Berlin, 138. D. Dons. — Ouvrages imprimés par Bailly (J.\, 113; Bambeke (Ch. Van, 3, 923; Beltjens (G.), 604; Beneden (P. à. Van, 523; Briart (A.), 303; Bute (le marquis der, 329; Canonico (T.), 604; Catalan (E, 303; Challenger Office, 524; Cogniaux (A.). 303; Cumont (G.), 496; Darese (R.), 604; d'Aumale (S, A. R. le duc), 113; De Bruyne (C.!, 303; Delaborde (H. }, o11; De Quéker (K. H.), 604; Deruyts (J » 140; Detroz, 496; Dümerey (C1, 413: Eberstein (L. F. von), 604: Feys (E., 113; Firket (A.), 524; Franeotte (P2; 439; Gilon (E.), 604 Giovanni (V. di), 113, 329; Gosselet (J.), 303; Gouvernement TABLE DES MATIÈRES. 795 hollandais, 143; Grégoir (Éd.), 367; Herlant (A.), 303; Héron-Royer, 3; Herpin (Luce), 113: Holtzendorf (F. de), 604; Kertyn de Letten- … hove (le baron), 496; Kôlliker (A.), 139; Leboueq (H.), 303 ; Lecha- las (G.), 440; He (L.), 524; Mtooë (1), 3; Ministre de l’Agri- _ culture, de l'Industrie et des Travaux publies, 119, 981, 328, 599: Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique, 302, 359, 390, 495, 603; Murray (J.), ; Musée royal d'histoire naturelle de _ Bruxelles, 139; Muséum australien de Sydney, 139; Nadaillac (le marquis de), 604; Nève (F.1, 113; Paseaud (H.), 113, 604; Pelse- neer (P.), 524; Petermann (A.), 658; Potvin (Ch.), 605; Putsage (J.), 658; Renard (A. ), 139; Rivier (A.), "604: Ronkar, 139; Royer (C.), | 13; Selys Longehamps (Edm. de), 303: Smets (G.), 3; Smith . Barker), 496; Société médico- chirurgicale de Liège, 391; Swarts T.), 3; Tahon (V.), 278; Thys, 140; Van der Stricht (0. ), 524; . : Herr 918. 390, 496; Wauwermans (le général), 604; Worms (E.), 604. _ Photographie par M. Roulleau, 367. — Ouvrage … manuserit, par M. Delaey, 302. — Médailles : a) par le Comité pour da célébration du séptantième anniverscire de M. Donders, 139; b) par l'Académie royale des sciences d'Amsterdam, 603. E. lections, nominations, distinctions. — CLASSE DES SCIENCES. M. Brial- mont, promu au grade de grand cordon de l'Ordre de Léopold, 2: M. P. De He een, cu membre titulaire; MM. Ch. Fievez et Vanlair, élus eorrespondan s; MM. le marquis de Caligny, Karl Weierstrasse et J. Prestwich, “aus associés, 791, T2. — CLASSE DES LETTRES. MM nissen et Rivier nommés docteurs. pre Codes de l’Uni- commandeur de l'Ordre de Léopold, 280. ricité. — Note sur le coup de foudre qui a frappé l'Observatoire Bruxelles le 93 juin 1888, par F. Folie, 98; étude de la structure éelairs par la photographie, par W. Prinz, 244; rapport de olie sur ce travail, 459; sur un nouveau procédé d'enregistr e- t à l’aide de la photographie, par Érie Gérard, 323; rapport sur : travail par MM. Spring et Candèze, 311, 312. 3" SÉRIE, TOME XVI. 53 794 TABLE DES MATIÈRES. G. Géo minéralogie et paléontologie. — Demande de subside adressée . De Munck en vue de l’étude des musées préhistoriques de isipheie et de Stockholm, 2; communication au Ministre des rapports faits sur cette dnioie par . P.-J. Van Beneden et Alph. Briart, 306; envoi à l’examen d’une lettre de M. A, Charlier sur le récent trembtement de terre de l'ile de Bäh, 438; communica- _tion au Ministre du rapport fait sur cette lettre par M. Renard, 306; MM. J. Fraipont et F. Tihon -soumettent un travail intitulé : explo- rations scientifiques des cavernes de la Méhaigne : I. La grotte du Docteur, 140; rapports de MM. Dewalque, Briart et P.-J. Van Bene- den sur ce travail, destiné au recueil des Mémoires, 595, 537, 538; Îles océaniques et leurs relations avee le relief sous-marin, Le A. Renard (lecture destinée au recueil des Mémoires in-8), 15 sur l’existence d’un nouvel étage de l’'Éocène moyen dans le on franco-belge, par M. Mourlon, aa, la cause générale des mouve- _ ments orogéniques, par Ch. de la Vallée Poussin, 718. Histoire. — Appel fait par le Comité d'histoire et d’ethnographie de + Passy (Paris', en vue de ses séances publiques, 277; la première enceinte de Bruxelles, par Alph. Wauters, 496. Histoire des beaux-arts. — David Teniers le jeune (1610-1690), par H. Hymans, 282; Jacques Jordaens, lecture destinée à la « Biogra- phie nationale », par H. Hymans, 656. Histoire des religions. — Voir Orientalisme et Symbolique comparée. Histoire des sciences et des lettres. — Lecture des rapports de MM.Wau- ters, Piot et Stecher sur un travail de M. Mailly intitulé La Société littéraire de Bruxelles (1800-1823), et inséré dans lerecuei des Mémoires in-8°, 195; le huitième centenaire de l’Université de logne, relation par Ch. Loomans Ft istoire naturelle. — Envoi à l'examen d'une dépêche ministé- rielle relative à la proposition de M. Renard d'employer la voie rt pour obtenir des spécimens des produits naturels m1 ‘a diverses contrées, 522. pe J. | ï pare et fêtes. — Remerciements de M. Donders pour les félicitations * de l’Académie au sujet de son rs anniversaire, 9; M TABLE DES MATIÈRES. 795 comité d'organisation fait hommage d’une médaille en bronze frappée à l’occasion de cette solennité, 139 ; le huitième centenaire de l’Université de Bologne, relation par Ch. Loomans, 1926. M. Mathématiques. — Sur la différentiation mutuelle des fonctions inva- - riables, par J. Deruyts, 207 ; sur quelques She des transfor- _ mations linéaires, par le inédie, 916; rapports sur ces travaux, par MM. Le Paige et Maniiôn. 149, 150, 530. nr de MM. Catalan, Le Paige et Mansion sur les travaux de M. J. Beaupain concernant de quelques formules de caleul intégral (destinés au ja ueil d . Mémoires in-4o), 15, 19, 392, 543, 545: de la longueur d’une ligne, … parle lieutenant E’ Goedseels, 86; rapport sur ce travail il par P. Man- Sion, %; sur les conelusions des rapports lus par MM. Lagrange, . De Tilly et Folie, il est fait remise à M. Ferron de son manuscrit sur les causes du flux et du reflux de la mer, 148; M. Ferron sou- met un exposé des motifs de l’omission des forces ARR signalée dans le rapport précité de M. Lagrange, 303 ; lecture des . apports faits par MM. Mansion, De Tilly et Van der Mensbrugg sur le travail de M. Ferron concernant les équations fondamentales de la théorie de la lumière (dépôt aux archives’, 306; sur un cas particulier de la formule du binôme, par E. Catalan, 194; M. Cata- : lan soumet de nouvelles notes d’algèbre et d'analyse, 524; M. Hu- erty remis en possession de son manuserit concernant quelques | théorèmes, 390. Météorologie et physique du globe. — De l'intensité de la scintiMation des étoiles dans les différentes parties du ciel, par Ch. Montigny, 60; sur les diverses apparences que présentent les images des es scintillantes, selon l’état du ciel. Description du seintillo- par Ch. Montigny, 553. — Voir Électricité pour les coups: de ir) Géologie (pour les tremblements de terre). ts. — M. Crépin ca une relation Par de la cérémonie .de Fisgurton du monument L. Cornet, 553. a ar M. Ch. Meerens ae les lettres suivantes : {° relative a gamme mineure, 984: rapport sur cette communication par k Gevaert, 512; 2% aux valeurs numériques de la gamme musicale de M. Delezenne, 304; remis en possession de son manuscrit, 390; 3 à # gamme musicale, 65 "406 TABLE DES MATIÈRES. N. Nécrologie. — Annonce de la mort de : I.-C.-H. Nolet de Brauwere van Steeland, 411; C. Vosmaer, 132; J. C. Houzeau, 138; D PS Francois, 980 ; R. Clausius, 302 : Th. Juste, 398 ; 1: Van Beers, 602. - Notices bibgraphiques pour l'Annuaire. — La notice de M. J. Nolet de Brauwere sera faite par L. Roerseh, 119; celle de M. J. C. Houzeau par J. Liagre, 138; celle de M. Th. Juste par P. Henrard, 328; celle de M. Van Praet par Alph.. Wauters. — Les notices sui- vantes figureront dans l'Annuaire de 1889 : François Tielemans par Ch. Faider, 398 ; N. de Keyser par H. Hymans, 360; A. Pinchart par Edm. Marchal, 360; le chevalier F.-J.-F. Marchal par Edm. Mar- chal, 495; J. Nolet de Brauwere van Steeland par L. Roersch, 603. 0. Orientalisme. — Les croyances religieuses des premiers Chinois; lecture faite par Ch. de Harlez et destinée au recueil des Mémoires in-80, 195; M. de Harlez soumet un mémoire intitulé : Le Yih King, 329; lecture des rapports faits par MM. Le Roy, Lamy et Willems sur ce travail, destiné au recueil des Mémoires in-%, 616. — Voir Symbolique comparée. Ouvrages présentés. — Juillet, 133; août, 291: octobre, 383; RATE. 514: décembre, 752 E. Peinture. — Sur les tendances actuelles en peinture ; discours pa F1 Alex. Robert, 369. — Voir Biographie. Philologie. — Envoi à l'examen d'un mémoire de M. Zanardelli sur hi classification des patois wallons d'après leur phonétique et leurs aflinités avec les dialectes des pays limitrophes, 112; communiea- tion au Ministre des rapports faits sur ce travail par MM. Scheler, Le Roy et Stecher, 332; M. Schweisthal soumet un travail concer- nant une loi phonétique de la langue des Franes-Saliens, 495; rap- ports de MM. Scheler, Willems et Vanderkindere sur ce travail, ne + TABLE DES MATIÈRES, : : 797 destiné au recueil des Mémoires in-8o, 616, 620, 622; M. le Ministre demande avis sur l'enquête entreprise par M. Wilmotte au sujet de sa grammaire des patois romans de la Belgique et des oideser éntiaites qui s’y rattachent, 603. — M. G d'origine psychique, 495. — Voir Orientalisme. Physiologie. — Sur la persistance de l'aptitude régénératrice des + Huris, par OC, ut 93; rapport sur ce travail par Ch. Van Bam- beke et J.-B. Masius, %5, %; recherches sur l’action du pneumo- gastrique et du grand sympathique sur la sécrétion urinaire, par J.-B. Masius, 62; envoi à l'examen d’un rapport de M. Julin sur les travaux de physio siologie de la 57e session de l'Association britan- nique, 9; communication au Ministre des appréciations faites sur -ce travail par MM. Van Beneden, père et fils, et Van Bambeke, 306; recherches sur les organismes inférieurs. La loi psycho- physique de Weber vérifiée pour l’héliotropisme du champignon, a ne 590; rapports sur ce travail par MM. Delbœuf ; 90, 59 à Err , 992; sur des Na ae à démontrer le bite de la turgescence et le mouvement des Ne gr par ra, 458. — Voir Chimie nue de M. Poe “PA nr — Sur les moyens d'évaluer et de combattre linifuence de sur les propriétés physiques de la surface de contact d’un solide et d'un liquide. Remarques préliminaires, par G. Van der Mens- brugghe, 695; notice sur l'éclat métallique, par W. Spring, 55; détermination des variations que le coefficient Gé amies solides éprouve avec la température, par P. De o1; déter nation des variations que le frottement intérieur de Var, pris sous . diverses pressions, éprouve avec la température, par P. De Heen, 195; note concernant la vérification numérique d'une formule rela- tive à la force élastique des gaz, par Ch. Lagrange, 171; M. Wattier _ présente une nouvelle théorie scientifique, 524. — Voir Électricité, Chimie. : Pisciculture. — Concours de la Classe des sciences (Consours extraordinair: rix Castiau. Ts RENE 1887-1889.) — Programme, 124. ic Godecharles. — P RE. Envoi du premier rapport de Jos. Die- rickx, 399. — SCULPTURE. *Eniel du premier rapport d'Égide Rom- hi ilosophie. Grafé Sens un mémoire sur quelques ardivaie : f - 798 TABLE DES MATIÈRES. baux, 359; communication au Ministre de l'appréciation de ce _ rapport, rt, 519. … Prix Guinard. (Quatrième période, 1883-1887.) — M. le Ministre envoie vingt-cinq exemplaires du rapport du jury, 112. | Prix de Keyn. (Cinquième concours, première période, 1887-1888.) — Programme, 1922... Prix de Saint-Genois, pour une question d'histoire et de littérature en langue flamande. (Troisième période 1888-1897.) — Programme, Prix de Stassart. Notice sur un Belge célèbre. (Septième période, 1887-1892.) Programme, 120. — Question d'histoire nationale. {Sixième période, 1889-1894.) Programme, ja. Prix du Roi. — M. le Ministre transmet des exemplaires du rapport _ du jury de 1886 (littératures anciennes et modernes), 3 Prix Teirlinck, pour une question de littérature flamande. (Troisième période 4887-1891.) — Programme, 122. Publications académiques. — Le Centre technique des électriciens brésiliens, à Rio de Janeiro, demande l'échange de publications, 7% Q S. Sciences médicales. — Voir : Physiologie et Stone Séances. CLASSE DES SCIENCES : 30 juin, 1; 4 août, 137; 13 octobre, 301; 3 novembre, 289; 4er décembre, 521; 14 décembre, 657; séance . publique din 15 décembre, 697. — CLASSE DES LETTRES : ? juillet, 411; 6 août, 277; 6 octobre, 327; 5 novembre, 494; 3 décembre, 602. — CLASSE DES BEAUX-ARTS : 5 juillet, 132; 2 août, 280; 11 octo- bre, 358; 95 octobre, 366; séance publique du 28 octonre, 368; 8 novembre, 511; 14 décembre, 657. Spectroscopie. — Nouvelles recherches sur l'origine optique des raies . spectrales en rapport avee la théorie ondulatoire de la lumière, par Ch. Fievez, 81; rapports sur ce travail par MM. Spring, Stas et M) _ Houzeau, 43, 14, 15. Symbolique comparée. — Le Triçûla ou Vardhamäna des bouddhistes; ses origines et ses métamorphoses, par le comte Goblet d'Alviella, 24 333; recherchés sur l’histoire du on ailé hors de l'Égypte, par le Duc même, 693. 4 TABLE DES MATIÈRES. Z _ Zoologue. — Rapport de M, P.-!. Van Beneden sur un projet de création . d’un aquarium marin à Ostende, par F. De Stuers, 24; recherches cinquième partie, imprimée aux Bulletins, 395; de la genèse du He chez le lapin, par Jean Masius, 317; rapport sur ce travail par MM. Éd. Van Beneden et Ch. Van Bambeke, 311; M. Pergens : ur une notice sur deux nouveaux bryozoaires ctenostomes des environs de Naples, 391; rapports sur ce travail par MM. Van Bene- un pere et tils et Plateau, 549, 550; M. P.-J. Van Beneden pré- e, pour le recueil des Mémoires in-8°, une suite à son Histoire PME des Delphinides de Belgique, 394. M. le Ministre commu- nique le rapport de M. Pergens sur les résultats de sa mission à la station zoologique de Naples, 522; envoi au Ministre des apprécia- ue vi ce spé faites par MM. Van Beneden, père et fils et , 658; envoi à l'examen d’une demande faite par M. De Er à lefet de tre envoyé à la Station zoologique de Naples, 2; communication au Ministre des rapports faits sur cette demande par MM. Van Beneden, père et fils, Plateau et Errera, 658. Voir Physiologie. TABLE DES PS ET DES FIGURES. Pages 99. Coup de foudre qui à sie l'Observatoire de Bruxelles, 4 ce le 93 juin 1 : — 58. dd des mine que le coefficient de frotté: solides éprouve avec la température, par: P. De Heen. tabhases eil.) — 76. Mars pendant l'opposition de 1888. (L. Niesten.) 4 — 88. De la te d’une ligne par le lieutenant E. Goedseels_ { 198. Détermination des variations que le frottement DU É e l'air pris sous diverses te éprouve avec la te te . P. De Heen. (App - 9%, Étude de l’action de l'acide ose sur la fonte par Eug. Prost. (Tracé graphique — 951. Étude _ structure des Acte par la photographie, par | wW. Pr — re ar se l'exi stenee d'un nouvel étage de l'Éocène moyeu : s le bassin franco-belge, par Michel aq is SE 396. Rocco procédé d'enregistrement à l’aide a photo- raphie par Las Gérard. (Courbes rbnitant a on : ants. $ ss cou 3 - 333 à 396. Tr jcalio ou Vardhamäna des bouddhistes, par ke comte Eug. Goblet d’Alviella. 1 — 457. Vision au les Arthropodes, cinquième partie, par F. Pla- teau (écrans). ‘A — 412. Appareils destinés à Hope le mécanisme de ja turges- ent des stomates, par L, Err — 19. Scintillomètre, se “Ch. Montig — 693 à 654, Histoire du globe aïlé Nes . F Égypte, par le comte Eug. Goblet d’ Alviella. * ee ERRATA. | A SNS A ne à à Page 670. Tome XV, ligne 9, au lieu de : Robert Keith, lisez : Jacques Melvill ; Même page Au re renvoi. Au lieu de : Un frère de Robert Keith, lisez ee Un frère de Jacques Melvill. ME 89. Tome XVI, ligne 1, au lieu de : inférieure, lisez : supérieure. ligne 3, au lieu de : Mansion, hsez : De Tilly. PO (© TABLE DES MATIÈRES CLASSE DES SCIENCES. — Séance du 1° décembre 1888. CORRESPONDANCE. — Dépêches ministérielles : 4° relative à Ia abs : ns de M. Renard, d'employer la voie consulaire obtenir pécim des produits des diverses contrées; 2 communiquant rapport re les résultats de sa mission à la station zoolo e de Naples; 3° soumettant la demande de M. De B e d’être envoyé à la même sg ri ns Han ra sé. exemplaires des rapports des Com- i re d ini comme éridien universel dou} de Je Jérusalem. — Billets ss déposé par M. Félix Leconte et M. rles. — Demande d'échange par le Centre technique des électriciens Las — — Hommage ouvrages. — Travaux manuscrits soumis à 22 ns DE LA peine SPÉCIALE DES FINANCES 524 Rapronrs. — Rapports de MM. Dewalque, Briart et ip. “ Van pétoien % un ations scientifiques des cavernes de la Méhaigne faites at “MM. J. Fraipont et F. Tihon 525, 557, 538 port de MM. Le Pai ige et Manéièt sur st (avait de Mi a Deruyts con- “Cernant quelques propriétés des trausformations linéa Rapport de M. Maus sur un he de M. Ch. Weiler MSN es balise dirigeables . ‘ 540 Rapports ue MM. ss “ Mansion sur 4 PAL Hoehe d M. Beaupain concernant quelques formules de calcul intégral. . 545, 545 Rapport de sn. ie Beneden, père et fi ls, et Plateau Va une see de ens Concernant ho nouveaux ets es environs : de Naples » wire . ei 549, 550 $ Rapports de MM. J. Dclbdéo fet Er rera sur 5 avai M. Lilatettote _Cernant la Joi de Weber vérifiée pour l'héliotropisme du Ps, "0 532 _ Communicarioxs Er LECTURES. — /nauguration du nl é hs og au cimetière de Mons; relation verbale par Fr. Céépin. 553 ur les diverses apparences que présentent les images des étoiles scintil- “tantes, selon n Fétat d u ciel. — Deser dise du scinlillomètre RE Ps Monti . 4 ; Ni, Rires repris des {transformations linéaires ji seques : à Eu 576 on + organismes infra k La ti ide Weber vérifiée pour rer du champignon J.M CLASSE DES LETTRES — me . 3 Pb 1888. RESPON de la mort de Jean Van Beers. — M. le rire transmet : 4 steve demande crue ce de M. Wilmotte Fu à sa grammaire des patois romans de Bogique “. aux Jpte. : Recherches | AE ne 2 el LOU pts dés gens. Napoléon et Carnot, proie à A phobie militaire are de 1803-1815 rard e par P. OM anus DES-FINANCES . RapPpo AR des rapports de MM. Le Roy, Lamy 4 el Willems : sur un de il de M. de Harlez, Rien Le Yik king Rapports de MM. Scheler, Willems et Vanderkindere sur un jesy ie di . Martin Schweisthal intitulé : Une loi Requete de la une des Francs-Salien: . + 616, 620,622 ec ET LECTURES, — Rec Lise ho sur l histoire du mare ailé hors de l'Égypte ; par le comte Eug. Goblet d’Alviella CLASSE DES BEAUX-ARTS. — Séance ! 6 décembre 1888. CORRESPONDA — M. le Ministre transmet: 1° le 3e rapport semestriel . 4 M. G. Vander Veken; 2 une nouvelle série 2 ‘Bulletins, ne tdes | e M. Edm. Vander pe cod les collections musicales pr Rome. — “4 Vander Haeghen remet un pren de son p rojeL “ee cs p l'AG adémie. Nou mu sicale M Mie. x S.à % 1% di . . lacque s. Jordaens; par Hymans etre. aux dope PE nationale, ») ; FU Évecriox. — - Candidatures aux places vacantes . : PR tr No : à CLASSE Des SCIENCES. — Séance du:14 décembre 1888. Coiasiosiiiee .— - Remerciements pour la séance publique. — Billet - see déposé par M. Van der Mensbr Homma rage d'ouvrages . 658 R tion au Ministre : 4° des appréciations faites par “MM. Va Van Beneden, père et ils, et et Plateau sur le rapport de M. Pergens ‘0 concernant les résultats de sa mission à la “mation zoologique de Naples; s: L s mémes commissaires sur la demande de M. De Fév A onservali _ poisson 1 repeuplement ; 3 des rivi — Rap _de MM. LGilkinet, de Ses Longcham ns ets ve henalen surles mémoires reçus . . 660, 686, Go4 _ : Commuxearross ET LECTURES. sue les s propriétés physiques Ps la surface à de contact solide. et.d' RÉsE qe ; ve és res a . . AUS LS NS . u bleue a du 5 décembre 1888. » PUBLICATIONS DE L'ACADÉNIE ROYALE DE BELGIQUE. Nouveaux Mémoires, tomes I-XIX (1820- 1845); in-4°, — Mémoires, - XX-XLVI, (1846-1886); in-4, — Prix: 8 fr. par volume à partir du tom oires ral tomes 1-XV (1817- di Sel in-4, — Mémoires ronds et Mémoires des savants étrangers, tomes XVI-XLIX ; (1845- 1888); in-4°. mr vo 8 fr. par vol. rte 4 tome XII. Mémoires cour x re in- Fe dev Pt : 4 fr. par vol. Tables de L . P: es in-80. Tables des peste (SIG. ASS) LINE 1878 1 nnuaire, {re à 55me année, 1835-1889; AS. raie 2 a série, tomes se sér. t. I- _ — 5 sér., t, ur in-$°. — Annexes aux Bulletins de 1854, i n-8°. — Prix: 4 fr. par Tab _ ep ales des Bulletins : tes L XXII, je série (1832- RE 1858, in-W°. — 2e série, tomes I-XX (1837-1866), tomes XXI-L (1867- 1880), 1883 : in-8°. mibliographie académique, re édit., 1854, 2e édit., 1874 et 3° édit., res e de la SAR tp def Académie, {re peus Dar savantes et Recueils bérlodique e partie : sciences, lettres, 1881-87; Ris alogue de la bibliothèque di baron de Stassart. 1865; in fondation (1772-1872).1872; ED er. in-80. Commission pour la ane Vi A et monuments de la littérature bg vres de Poe der es NATUREN BLOEME , tome ler, publié par + ns. asr: à ne L. in-80; — Rymeysez, avec Glossaire, publié . r M.93. David, 1853-18 or |. in-8o; FR, 6 NDERS GEESTEN, publié par M. Snellaert, 1860- 1802 - re ol. in-8". — Nederlandsche gedichtén, elc., rent par M. Es a 1869 : 1 vol. ne. ee À rréone pied us van Hloys, publié par M.3. Bormans, 1871 ; 1 vol. in-8°, — ghel der wWysheit, van Jan Prat. publié Par . Bormans, 1872 ras in-8°. Commission pour la publication dure collection des œuvres des grands écrivains du pays. vres de Ft — par A rhin pi Lettenhove. 1865-1865 , 8 vol. in-8. e des Chroniques de Froissart,s publié par le même. 1863, 2 2 ph Pt — Chroniques mi Po hs le Bel, publiées par M. Polain. 1865, 2 vo in-8°,— Li Roumans de Cléomadès, publié par M. Van per 1866, 2 2 vol. in-8°, — Dits et contes de Jean et Baudouin de Condé, publiés ar M. Auguste Scheler. 1866, 3 vol. in-8°, Ad 867- 1477, 26 vol.in-3°; — Poésies, publiées par M. Scheler. 1870-1872. 3 vol. in-8°; — Glo: be Tor par le mêm me. 1874, un vol. in-8°.— Lettres de Commines, publiées par M. Kervyn de Re ove. 1867, 5 vol. in-8°. — bits de Watriquet de Couvtn Pubs e à Scheler. 1868. 1 vol. in-8°, — Les Enfances Ogier, publiées de ème. 1874, 1 vo ph on de Com marchis , par re da ta Rois, publié par le même. 1874, vol. in-8°, — LE Htoumans de ferte aus grans piés, publié par le LC