BULLETINS DE Vi q L'ACADÉMIE ROY ALE SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. VINGT-NEUVIEME ANNÉE. — 2me SÉRIE, TOME IX. ho RU Mo. Bot. Garden, 1896. BRUXELLES. M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. LÉ 1860. BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1860. — No 1. CLASSE DES SCIENCES. — Séance du 7 janvier 1860. M. Mersens, directeur. M. Ap. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Sauveur, Can- traine, Kickx, Stas, De Koninck, Van Beneden, De Vaux, de Selys-Longchamps, Nyst, Gluge, Schaar, Liagre, Bras- seur, Poelman , d'Udekem, Dewalque, membres; Lamarle, associé; Montigny, Candèze, correspondants. 27" SÉRIE, TOME IX. 1 (2) - CORRESPONDANCE. — Il est donné communication d'un arrêté royal du 28 dé- cembre dernier qui approuve l'élection, faite par la classe, de MM. Dewalque et Jules dUdekem, en qualité de mem- bres titulaires. MM. Dewalque et J. d'Udekem expriment leurs remerci- ments pour la distinction qui leur est accordée. ` MM. W. Haidinger, de Vienne, et Lamont, directeur de l'observatoire royal de Munich, remercient également la classe pour leur nomination d'associés. — M. Haidinger exprime le désir d'obtenir un fragment de Paérolithe tombé à Saint-Denis-Westrem, le 7 juin 1855, et qui se trouve actuellement dans les collections de luni- versité de Gand. « En échange, dit-il, nous serions prêts à mettre à la disposition de la bienveillante direction du musée des fragments d'autres aérolithes ou fers météo- riques dont nous possédons des exemplaires bien intéres- sants, » Sir Charles Lyell, récemment nommé associé, fait hom- mage de deux de ses publications : l’une sur les laves du mont Etna, et l'autre sur Porigine submarine du pic de Ténérifle. — Remerciments. ~~ — M. Henry Storks Eaton écrit d'Angleterre pour ob- … tenir des renseignements sur létat des instruments mé- . téorologiques à Bruxelles, pendant les tempêtes de la fin d'octobre et du commencement de novembre derniers, | afin de les comparer à ceux obienus dans les iles Britan- . 4 3 Eb ques. M. le secrétaire perpétuel fait connaître qu'il a pris oin de répondre à la demande de ce savant. - — M. D. Leclereq communique, pour la ville de Liége, et M. Lanszweert, pour la ville d'Ostende, les résultats des observations météorologiques faites en 1859. E — MM. Alf. Wesmael et Émilien de Wael font parvenir leurs observations sur l’état de la végétation faites, a Vil- vorde et à Eeckeren, pendant la même année. = — M. Florimond fait connaître qu'il a observé à Lou- vain, le 4% janvier, vers 4 heures 10 minutes du soir, une aurore boréale qui s’est prolongée jusqu’à 4 heures 25 mi- — M. Quetelet fait hommage de l’ Annuaire de l'Observa- toire royal de Bruxelles, pour 1860 , ainsi que de la notice - par M. Éd. Mailly, qui y est insérée : Résumé de l'histoire de l'astronomie aux États-Unis d'Amérique. — Remerciments. = —M. W. Zytphen, de Copenhague, fait parvenir une notice avec plan d'un bateau sous-marin. (Commissaire : | M. Liagre.) PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1860. PREMIÈRE QUESTION, Ramener la théorie de la torsion des corps élastiques à des termes aussi simples et aussi élémentaires qu'on l'a fait pour la théorie de la flexion. (4) DEUXIÈME QUESTION. On demande d'exposer la théorie probable des étoiles filantes et d'indiquer les hauteurs où elles se forment, apparaissent et s'éleignent, en appuyant cette théorie sur les faits observés. TROISIÈME QUESTION. Faire le relevé des espèces qui servent de nourriture aux animaux inseclivores et celui des parasites qui se trouvent dans les unes et les autres. QUATRIÈME QUESTION. Faire un exposé historique de la théorie du tonus muscu- laire , et rechercher, pour les phénomènes expliqués autrefois à l'aide de cette théorie, une interprétation conforme aux faits établis par la physiologie expérimentale. CINQUIÈME QUESTION. Déterminer, par des recherches à la fois anatomiques et chimiques, la cause des changements de couleur que subit la chair des bolets en général et de plusieurs russules, quand on la brise ou qu'on la comprime. La classe adopte, dès à présent, pour le concours de 1861 , les deux questions suivantes : PREMIÈRE QUESTION. Établir, par des observations détaillées, le mode de déve- A Lee Le US A LU à ESN (3) loppement, soit du Petromyzon marinus, soit du Petromyzon : fluviatilis, soit de l'Amphionus lanceolatus ou d'un poisson plagiostome. DEUXIÈME QUESTION, Les belles recherches de Bunsen sur les coefficients d'absorp- tion des gaz simples et composés par les liquides, ont été faites sous des pressions peu considérables ; l'Académie désire qu'on institue une série d'expériences pour déterminer l'in- fluence que pourraient exercer de fortes pressions sur ces coefficients d'absorption et sur l'exactitude de la loi que Bun- sen a déduile de ses recherches. Le prix de chacune de ces questions sera une médaille d'or de la valeur de six cents francs. Les mémoires devront être écrits lisiblement en latin, français ou flamand , et ils seront adressés, francs de port, à M. Ad, Quetelet, secré- taire perpétuel, avant le 20 septembre 1860 pour le pre- mier concours, et avant le 20 septembre 1861 pour le second. L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations; à cet effet , les auteurs auront soin d'indiquer les éditions et les pages des ouvrages cités. On n’admettra que des planches manuscrites. _ Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage, mais seulement une devise, qu'ils répéteront sur un billet cacheté, renfermant leur nom et leur adresse. Les mé- moires remis après le terme prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront connaître de quelque manière que ce soit, - seront exclus du concours. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils —— (6) | - sont déposés dans ses archives, comme étant devenus sa propriété. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet au secré- taire perpétuel. . ÉLECTIONS. La classe procède à l'élection de son directeur pour l'année 1861; M. Liagre est désigné par la majorité des suffrages. M. Van Beneden, directeur pour 1860, propose de voter des remerciments à M, Melsens, directeur sortant. Des applaudissements accueillent cette proposition. D = “ . RAPPORTS. La classe, aprés avoir entendu la lecture des rapports présentés par MM, Schaar, Lamarle et Timmermans, vote l'impression de la note de M. Gilbert, Sur quelques pro- priélés des lignes tracées sur une surface quelconque. D'après l’avis de ses commissaires, MM. Plateau, Ad. Que- telet et Liagre, la classe a voté également l'impression de la notice Sur la vitesse du bruit du tonnerre, par M, Mon- tigny, correspondant de l'Académie. (7) Recherches sur la genèse et les métamorphoses de la Peziza SCLEROTIORUM; par M. Eugéne Coemans. Rappori de M. Martens. « La notice de M. Coemans, sur la Peziza sclerotiorum Lib., est consacrée à l'étude d'un de ces cas de polymor- phisme qui sont si fréquents dans la classe des champi- gnons, et dont la découverte doit, en compliquant les organismes, et en simplifiant les classifications par la suppression d'un grand nombre de genres et d’espèces, opérer une révolution complète dans l'étude de la myco- logie. - La Pezize qui fait l'objet des recherches de l’auteur fut découverte sur plusieurs Sclerotium , par M™ Libert, notre compatriote, qui la prit pour une espèce complète, développée parasitiquement sur ces productions fongoides. Il résulte, au contraire, des investigations de M. Coemans qu’elle n’est que la dernière phase du développement d'une espèce qui passe successivement .par les formes néma- toide el sclérotienne avant de revêtir la forme d'un cham- pignon de l’ordre des discomycétes. La Peziza sclerotio- rum West, du reste, pas la seule thécasporée qui naisse sur des sclérotes, Outre la découverte importante qu'a faite M. Tulasne du Cordyceps purpurea qu'engendre l'ergot du seigle, nous devons en mentionner quelques-unes qui se rattachent plus particuliè t au sujet en question. C'est ainsi que | M. . Durieu de Maisonneuve a vu se développer une Pezize sur le Sclerotium sulcatum qui croit à l’intérieur des tiges de Carex, et, tout récemment, M, Currey a vu, de | (8), 1 son côté, le Sclerotium roseum des tiges de jonc en pro- | duire une autre. E Les observations de M. Coemans viennent donc com- pléter celles des botanistes précédents. Son travail est d'autant plus intéressant que l’auteur y suit la Peziza sele- « rotiorum à travers toutes les phases de son évolution et l'étudie dans ses moindres détails. Sa notice est une mono- | graphie complète de cette curieuse espèce : elle est de nature à jeter un nouveau jour sur une des parties les plus | obscures de la mycologie. J'ai l'honneur de proposer à la | classe des sciences de la faire insérer, avec la planche qui l'accompagne, dans les Bulletins de l'Académie. » Rapport de M, Kicke, « Les Sclerotium furent envisagés jusqu’en 1843 comme des cryptogames autonomes. A cette époque, M. Leveillé émit l'opinion qu’ils n'étaient qu'une sorte de mycélium secondaire, succédant toujours au mycélium filamenteux primitif, Quoique appuyée sur des considérations justes et sur des recherches nombreuses, cette manière de voir ne fut cependant pas généralement admise : c'est qu’en effet, il lui manquait ce que nous appellerons le contrôle phy- siologique. Il fallait avant tout chercher à saisir, au moyen d'observations directes, la filiation de ces divers orga- nismes, successivement créés pour produire à la fin une espèce d’une organisation supérieure. M. Tulasne étudia à ce point de vue, en 1853, le Selero- tium clavus, si commun sur les graminées. Il confirma (9) les prévisions de M. Leveillé, en démontrant que cette espèce n'est que la souche du Cordyceps purpurea, et en faisant connaitre toutes les phases par lesquelles passe l'hypoxylée, à partir de la dissémination de ses spores. Mais les Sclerotium sont nombreux. Il était donc inté- ressant de vérifier si d'autres se conduisent de la méme maniére. M. Coemans a voulu résoudre cette question en suivant le développement des Sclerotium varium, com- pactum , etc., dont la station est complétement différente, puisqu'ils habitent les carottes, les navets et plusieurs autres racines alimentaires. Ses essais ont été couronnés d'un plein succès. Il a vu naître de ces Sclerotium une pezize décrite par M™ Libert, sous le nom de Peziza selero- tiorum, dans la croyance, où elle était, qu’elle avait sous les yeux un fait de parasitisme. La pezize de M™ Libert est done exactement au S. va- rium ce qu'est le Cordyceps purpurea au sclerotium clavus. De part et d'autre, le Sclerotium est une forme passagère d'une espèce de champignon appelée à atteindre une organisation plus élevée. La spore de la pezize produit un prothalle filamenteux qui donne naissance à un mycé- lium sclérotique, lequel à son tour se développe sous forme d'une pezize destinée à continuer le même cycle. Il y a là, comme le fait remarquer avec raison M. Coemans, une existence à trois termes « présentant à peu près les » mêmes métamorphoses que celles des insectes : l'état » primitif ou nématoide représente en effet assez bien la » larve des insectes; l’état sclérotique, état de vie latente, rappelle leur second âge, leur vie à l'état de nymphe : et l’état pezizoïde celui d'insecte parfait. » Pour remonter à l’origine du sclérote, l’auteur a semé les spores de la pezize ; il a vu se former le prothalle ” Y y (40) Í ou mycélium byssoïde, puis celui-ci produire le riyasi sclérotique. En un mot, il a suivi pas à pas la nature dans sa marche constamment ascensionnelle. On sait que, dans ses recherches, M. Tulasne sani l'existence de stylospores chez la forme mycéloide, spha- _célienne, du Sclerotium clavus. M. Coemans les a a retrouvés chez le Sclerotium varium. Il y a observé, en outre, d'autres corps reproducteurs qu'il hésite, peut-être à tort, à regarder comme des spermogonies, puisqu'ils paraissent en avoir tous les caractères. Cette découverte aurait d'autant plus d'intérêt, que M. Tulasne, après avoit cru aussi, de son côté, à Pexistence de ces organes, à reconnu son erreur. Nous craindrions d’être trop long en analysant dans ses détails la notice que la classe nous a chargé d'examiner. Ce qui précède suffit pour apprécier l'importance des recherches de M. Coemans, à qui nous devons d'autant plus savoir gré de les avoir entreprises, qu’il n’a rien été publié sur le même sujet, croyons-nous, depuis le mé- moire de M. Tulasne. On a bien découvert, comme l'in- dique notre honorable corapporteur, une pezize sur le Sclerotium sulcatum et une autre sur le Sclerotium roseum; mais cela n'a jeté aucun jour sur la question qu'il s'agis- sait d'élucider. On ne manque pas, en effet, d'exemples analogues , ni dans le genre Peziza, ni dans les Clavaires» les Typhules, les Pistillaria, les Agaricus, etc. Est-ce à dire que la matière traitée par l’auteur de la notice soit épuisée? Nous ne le pensons pas. Il reste en- core des questions spéciales à étudier. Comment se fait-il, par exemple, que telle espèce qui possède habituellement un mycélium sclérotique, se développe exceptionnelle- ment sans passer par cet élat intermédiaire? L'absence 3 : (11) de ce mycélium serait-elle alors compensée par un dévelop- pement inusité de pyenides ou de spermogonies? Nous faisons des vœux pour que M. Coemans entreprenne une nouvelle série d'observations dans le but de résoudre en- - Core cette autre partie du problème. Me ralliant aux conclusions de M. Martens, premier commissaire, j'ai l'honneur de proposer à la classe de - décider que la notice de M. Coemans sera publiée, avec la planche qui “popompagne, dans les Bulletins de l Aca- démie. » Conformément aux conclusions de ces rapports, PAca- démie ordonne l'impression de la notice de M. Eugène - Coemans. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Occultation des pléiades , le 8 décembre 1859; notice de M. Ad. Quetelet, directeur de l'Observatoire royal. D’après les désirs de M. Bache, associé de l’Académie - el directeur des travaux géodésiques des États-Unis, lob- servatoire royal de Bruxelles a continué l'observation de Poccultation des pléiades. Le ciel était assez favorable le 8 décembre dernier; mais le 4 de ce mois, l'observation devint tout à fait impossible, à cause de la quantité des nuages. Les observations ont été faites, comme précédem-. ment, par mon fils et par moi; on en trouvera ci-après les résultats exprimés en temps sidéral, M, Ernest Quetelet (12) observait à l’équatorial de Troughton; je me servais d'une lunette libre de moindre dimension. Occultation des pléiades, le 8 décembre 1859. NUMÉROS des IMMERSION, ÉMERSION, Observateurs. ÉTOILES. 17 21h 32m 152 _| 22h 10m 29% Ern. Quetelet, 11 21 42 19,5 » Ad. Quetelet. 11 >» _» 3L6() 22 3 56,1 Ern. Quetelet. 2 » 21 50 11,4 » 27 21 54 0,4 » Ad. Quetelet, 27 » 53 58,9 » Ern. Quetelet. 34 21 57 34,5 » Ad, Quetelet, 34 » > 341 22 47 53,6 Ern. Quetelef. 42 22 46 5,6 » Ad. Quetelet. 42 A T 23 2 225 Ern. Quetelet, (°) Douteuse. A AS Note sur l'écoulement des eaux qui circulent à la surface de la terre; par M. Lamarle, associé de l'Académie. 1. L'objet que je me propose dans la présente note est d’élucider certains points relatifs aux effets de la rota- tion de la terre sur l'écoulement des eaux qui circulent à sa surface. Une question soulevée par M. Babinet, au sein de lIn- stitut, a donné lieu tout récemment à une discussion qui s'est continuée pendant plusieurs séances et où MM. Ber- D A > >: 5 (15) trand, Delaunay et Combes sont particulièrement inter- venus. M. Babinet avait dit que, par suite de la rotation de la terre sur son axe, les cours d’eau de notre hémisphère tendent constamment à ronger leur rive droite, tandis que ceux de l’autre hémisphère tendent à ronger leur rive gauche. Il avait ajouté que cette tendance est propor- tionnelle au sinus de la latitude et indépendante de la direction suivie par les différents filets fluides. MM. Bertrand, Delaunay et Combes sont tous trois tombés d'accord sur l'existence réelle de la tendance signalée par M. Babinet. Toutefois ils n'admettent point que la rotation de la terre ait exercé ou exerce une in- fluence appréciable sur les directions actuelles des cours d'eau. M. Combes ajoute que, si cette influence est sen- sible quelque part, ce ne pourrait être que dans les par- ties voisines des embouchures, et encore lui semble-t-il qu'elle est impuissante à produire autre chose que des effets très-faibles et peu étendus. 2. L'explication du phénomène sur lequel M. Babinet a appelé l'attention de ses savants confrères, peut s'établir de diverses façons plus ou moins simples, plus ou moins complètes. M. Delaunay déduit cette explication de la considéra- tion d'une force fictive, introduite par Coriolis dans la théorie des mouvements rélatifs et désignée sous le nom de force centrifuge composée. . M. Combes ne méconnait point l'importance et Puti- lité du théorème de Coriolis sur le mouvement relatif d'un système de points matériels. Il préfère toutefois recou- nie ici à des considérations purement géométriques et ne faire usage que des principes élémentaires de la méca- (14) į nique rationnelle. Il procède, en conséquence, par unék simple décomposition de la rotation de la terre, comme l'ont fait antérieurement MM. Poinsot et Liouville, lors- | qu'il s'agissait d'expliquer la rotation apparente du plan d'oscillation du pendule dans la belle expérience des M. Foucault. F M. Bertrand ne pense pas qu'il soit utile d'introduire dans la discussion du problème la force centrifuge com- posée de Coriolis. Ces forces fictives conduisent sans doute à un résultat exact, mais précisément parce qu'elles sont fictives, elles ne paraissent pas de nature à faire bien comprendre le mécanisme du phénomène, en donnant l'analyse des causes réelles qui le produisent et de la manière dont elles sont mises en jeu. , Je partage entièrement cette opinion de M. Bertrand. Il me semble d’ailleurs que le procédé suivi par M. Com- bes n'est pas assez direct pour montrer clairement ce. qui se passe en réalité, et établir entre les différents cas qui se présentent les distinctions qu'ils comportent. J'ajou- terai que ce procédé laisse subsister quelques doutes , soit parce que les rotations composantes dont on fait abstrac- | tion ont pour axes des droites incessamment mobiles, soil parce que Pobjection formulée par l’auteur contre la. théorie de M. Babinet paraît trop absolue, notamment dans le cas d'un cours d’eau qui se meut, avec une vitesse constante, le long d’un parallèle. « Notre confrère, dit M. Combes, n’introduit dans ses » raisonnements et ses calculs que la force centrifuge » due à la vitesse effective dont un point matériel est » animé suivant la circonférence d'un parallèle terrestre. » Un calcul correct ne peut ainsi lui donner que la com- » posante horizontale de la force qui pousserait les points | i , ] | q E (15) de ce parallèle vers le pôle ou vers l'équateur, si la vitesse angulaire de rotation de la terre venait tout à coup à diminuer ou à augmenter de la vitesse relative a qu'il -prête au point matériel divisée par le rayon du parallèle terrestre, c’est-à-dire en employant ses no- tations de 2. Or, ce n'est là qu'une vue incom- plète du sujet en discussion où le seul point délicat est laissé de côté. Si dans la note imprimée au compte rendu, notre confrère arrive à un résultat exact, Cest par suite d’une erreur de calcul que M. Liouville a du reste signalée à l'audition de la note. » Il semblerait, d'après ce texte, que, dans le cas d’un cours d’eau qui circule uniformément le long d'un paral- lèle, on n’est pas en droit de considérer directement et d'une manière absolue le mouvement effectif de chacun des filets fluides. Selon moi, dans ce cas, le plus simple de tous, il convient précisément d'opérer d'une manière directe, ce qui n'offre aucune difficulté, el montre mieux que tout autre procédé le mécanisme du phénomène. 3. Soit p un point matériel dont la masse est m el qui se meut, par hypothèse, suivant un parallèle, avec une vitesse relative u supposée constante, Nommons : r le rayon du parallèle où se trouve le point p; À l'angle que fait avec la verticale passant par le pointp la perpendicalaire abaissée de ce point sur l'axe terrestre; w la vitesse de rotation de la terre autour de son axe; R la partie de la verticale comprise entre le point p el l'axe de rotation. Il est visible que le point p tourne autour de l'axe de la terre avec une vitesse angulaire © + = et qu'il est animé d’une vitesse totale effective représentée par ro + u. La conséquence est que la réaction produite par ce mouve- v Y vv OY y MA. Me Wes u-- (16) A er e ment se réduit exclusivement à l’action centrifuge dirigée suivant le rayon vecteur r et ayant pour expression u u? m |o + =] (ro + u) = mro + Imus + m —. f: E Cela posé, mro? est la force centrifuge qui subsisterait seule si le point p n'avait point de vitesse relative. De même aussi mo est la force centrifuge qui subsisterait seule si la terre ne tournait pas sur son axe et que le point p n'eût d'autre vitesse que sa vitesse relative u. On voit donc qu'aux deux réactions qui résultent de l’un et l’autre des mouvements composants, considérés chacun comme subsistant seul, s'ajoute, par le fait de la combinaison de ces mêmes mouvements, une réaction additionnelle, Imou. La composante horizontale de cette réaction est évidem- ment 2 2mou sin } , ainsi que Pont trouvé MM. Delaunay et Combes. Veut-on comparer les deux états qui correspondent respectivement, l’un au cas où le point p n’a pas de vitesse relative, lautre à celui où le point p a une vitesse rela- tive u supposée constante? Il faut, en se plaçant à ce point de vue, considérer l'augmentation totale que subit la force centrifuge dans le passage du premier état au second. Cette augmentation est égale à mu? mu? — + mou = p R così + mu. (17) Il s'ensuit qu'elle a pour composante horizontale mu? Mie ere 2mou sin à + — tang à et pour composante verticale, dirigée en sens contraire du poids du point matériel p, mu? Do oea MUCOSA + Désignant par v la vitesse communiquée par la rotation de la terre aux différents points du parallèle considéré, on a v. = rw = Ro cos 1. De là résulte, en substituant dans l'expression (1) de la composante horizontale la valeur de œ fournie par celle dernière relation, (3 : mu? 2muv u ) . 2mœu sin à + —— tang à = lng À Li: R à 2 On a de même pour la composante verticale mu? 2muv u (4). ai Gun cos à E. R 2v En général, la quantité Š est une fraction qui reste très-petite pour tout parallèle situé en dehors du voisi- nage des pôles. Il s'ensuit qu’on peut presque toujours la négliger, et poser, en conséquence, les déductions sui- 2"° SÉRIE, TOME IX. 2 (18) Selon que la vitesse u est dirigée dans le sens de la | vitesse v ou en sens contraire, la composante horizontale, l due à l'intervention de la vitesse u, est dirigée vers l'équa- | teur ou vers le pôle; ce qui revient à dire que, dans notre | hémisphère, elle se porte toujours vers la droite du cou- | rant, et, dans l’autre, toujours vers la gauche. 4. Considérons, en second lieu, le cas d’un cours d’eau qui se meut avec une vitesse uniforme le long d’un mé- ridien. Concevons qu'on ait pratiqué le long de ce méridien un canal à fond horizontal et à parois verticales. Imagi- | nons, en outre, que le point p se meuve dans ce canal avec | une vitesse relative u supposée constante. À chaque instant le point p est animé de deux vitesses rectangulaires entre elles, l'une u constante et dirigée suivant la tangente | au méridien, l'autre v variable et dirigée suivant la tan- gente au parallèle. La composante v est la vitesse com- muniquée par la rotation de la terre au point du parallèle contre lequel le point p s'appuie à l'instant que Pon con- | sidère. Lorsque le point p se meut dans notre hémisphère de l'équateur vers le pôle, il tend, en vertu de la vitesse | acquise, à se déplacer vers la droite, perpendiculaire- ment au méridien, et plus rapidement que ne le font les points des divers parallèles qu'il touche successivement. PTE Pen Te Rene à De là résulte un obstacle apporté à la marche da pointp par la paroi verticale située à droite de la vitesse u, el, conséquemment, une action exercée par le point p contre cette même paroi. Lorsque le point p se meut du pôle boréal vers l'équateur, il tend, en vertu de la vitesse acquise, à se déplacer vers la droite, perpendiculairement au méridien, et moins rapidement que ne le font les points des divers parallèles qu'il touche successivement. De la (19) résulte une action exercée sur la marche du point p par la paroi verticale, située à droite de la vitesse u, et, con- séquemment, une réaction égale et contraire exercée par le point p contre cette même paroi. Sil s'agissait de l'hé- misphère austral, la gauche se substituerait à la droite : rien d'ailleurs ne serait changé. Telle est ici l'analyse très-simple du phénomène. S'agit-il ensuite d'évaluer la pression que supporte la paroi verticale, on peut y parvenir, soit en opérant, comme l'a fait M, Combes, d’après la considération des infiniment petits, soit en suivant la marche tracée par M. Delaunay en faisant intervenir la force centrifuge composée intro- duite par Coriolis dans la théorie des mouvements rela- tifs, soit en s'en tenant au procédé direct et rigoureux du calcul différentiel. Voici d'abord ce que donne la considération des infini- ment pelits. La vitesse du point p, dirigée perpendiculairement au méridien , étant ro, l'espace qu'il décrirait en vertu de celte vitesse, pendant le temps dt, est rod. L'accroisse- ment de ce même espace, après le temps dt, est exprimé par la différentielle odr. dt. I suit de là que la force capable de produire cet accroissement, c’est-à-dire que l'action ou la réaction exercée par le point p sur la paroi verticale contre laquelle il s'appuie a pour expression 9 dr mo de , et remplaçant S par sa valeur u sin 2. (5) ’ 2muv ; . +. 2muu sin à = R tang 2. ( 20 ) Cette expression est précisément celle qui représente ici . la force centrifuge composée. On peut donc l'écrire direc- tement, lorsqu'on fait. usage du théorème de Coriolis invoqué par M. Delaunay. 3. Voyons maintenant comment s'applique le procédé i direct et rigoureux du calcul différentiel. Observons d’abord qu'étant donnée la position du point p sur le méridien qu’il décrit, nous pouvons substituer à ce . p méridien le cercle osculateur qui le touche en p. Cela posé, prenons pour axe des æ laxe terrestre, et pour plan des zy le plan décrit par le centre du cercle osculateur substitué au méridien, à partir du point p. Conservons les notations précédentes, et nommons : t l'instant que Pon considère; 6 langle que le méridien mené par le point p fait, à l'instant t, avec le plan des zx. o Le rayon de courbure du cercle osculateur substitué au méridien á partir du point p. b la distance du centre de ce cercle à l'axe de rotation. De là résulte d’abord : r = R cos à = b + p cos ). On voit d’ailleurs, sans la moindre difficulté, que les coordonnées du point p, à l'instant t, sont respecti- vement : == p simai; yro; sere Différentions deux fois de suite, en observant que les quantités b, Bar > = © sont censées constantes, et a faisons ¿=0 el les résultats de la derniére différentia- tion, ce qui revient à prendre pour plan des zx le méri- ” ja EIA EE Ee (H) ; dien qui passe par le point p, à l'instant t. On trouve ainsi à dix da? t’ 6. — = — sna (E) E E E (6) dt? P “Xd p da dr de di ; (7). 8 = 92 +. — = — 20.p . sin À = — 2ou SIN àe de? dt dt dt d?z dé\3 dr u? (8). — = — r =] q A E ro? — — COS 2. di? dt de P De là résultent évidemment les réactions suivantes : 1* Suivant le rayon du parallèle mené par le point p, la réaction mro?, c'est-à-dire la force centrifuge due à la rotation de la terre, prise isolément; | 9 Suivant la verticale, la réaction m 7? c’est-à-dire la force centrifuge due au mouvement relatif du point p sur le méridien, ce mouvement étant pris comme s'il subsis- tail seul; zo Suivant la normale au méridien, la réaction 9mou sin À, c'est-à-dire celle que nous avons déjà trouvée ci-dessus et qu'on désigne, d'après Coriolis, sous le nom de force centrifuge composée. Ces résultats concordent avec la théorie de Coriolis sur les mouvements relatifs. Ils ont l'avantage de mettre en évidence toutes les réactions qui se produisent, el de fournir ainsi, conformément à cette théorie, les divers éléments dont on a besoin pour résoudre le problème d’une manière complète. Concluons que, dans le cas d’un point matériel qui se meut uniformément le long d'un méridien, les réactions qui s'ajoutent au poids apparent sont au nombre de deux, l’une horizontale et perpendiculaire au plan du méridien, # ( 922 ) l’autre verticale et agissant en sens inverse de la pomno ; apparente. La première a pour expression i 2muv Me. o oi 1 — tang A. | La deuxième est e ai a 0) mu? e 6. Considérons en troisième lieu le cas d'un cours d'eau qui se meut uniformément suivant une ligne géodé- sigue (*). En substituant au cours d'eau un point matériel, nous pourrons opérer comme nous venons de le faire. Les modi- fications à introduire consisteront en ce que les vitesses angulaires LS g “esseront d’être constantes. On aura d'ailleurs, comme équations de condition, 9 d\° 3 a'h 2 | (11) . . . pr de + r 16) = u = cons, ! di : (12) 3 P i w étant la partie de la vitesse angulaire E ¿ qui corres- pond au mouvement relatif du point p. ‘À (*) On observera que, dans le cas général d'une ligne quelconque autre qu'un parallèle ou un méridien, il y a nécessairement combinaison des effets particuliers et distincts qui correspondent respectivement à chacun des deux cas traités précédemment. (25) Il vient alors, au lieu des équations (6), (7), (8), dx : d} \? de (13). Fm Te pan) (5) + p COS À Te’ dy dr de ag 14). baa De pa A (14) de di a “ap? d?z dex? dr Re (5) (15) de AT La relation r = R cos i= 6 + p così donne E A à — == — p SIN À —, TAC Le e pe (2) rl: — = — x) — pain: 2 p COS ; Fr g Si de On a de même en différentiant les équations (11) et (12) OR Le A A dt de? ro dt de dt De là résulte, par voie de simple substitution, dx di Y? > S (18). msn: (E) + p Cos À ——, at į? de d). dà d?) (1 9). dt. à == — { Li me ANTE e — — de plim) a” rm o nero a 2 di) (20). = r (o+) p 0085. (EJ sin a" (24) Supposons que le mouvement relatif du point p subsist seul. Pour appliquer à ce cas les formules (18), (19) et | (20), il suffit d'y poser œ — o. Ce qui reste alors ce sont les réactions qui correspondent à celte hypothèse pour. l'unité de masse. Prises toutes ensemble, ces réactions se composent en une réaction unique, celle qui provient de la force centrifuge dans le mouvement du point p, sur la ligne géodésique qu'il décrit. Il Sensuit que cette réac- tion est dirigée, suivant la verticale, en sens contraire de la pesanteur apparente et qu'elle a pour expression u? ns. P o’ étant, pour le point p, le rayon de courbure de la ligne décrite dans le mouvement relatif de ce point. Par hypothèse, la ligne dont il s’agit est une ligne géo- désique. Elle a donc en p même courbure que la section normale de même direction. De là résulte, ainsi qu’on le voit aisément, 4 1 | a ce] Po e y dt À a Ro On peut donc écrire u? d} \2 7222 22 : MIE ABE 1—— (5) | se + [: aT A Ayant soustrait des seconds membres des équations | (18), (19) et (20) les termes qui ne sévanouissent pas dans l'hypothèse o = o, et dont l'ensemble nous a donné . . > . la réaction centrifuge m * , il ne nous reste plus que les réactions suivantes, l’une parallèle à Paxe des y et repré- (2) sentée par da (23) . . > . . . Im er sin As dt l'autre parallèle à Paxe des z et exprimée par DRE... , rot mar Retranchons, pour la laisser à part, la réaction mro*, qui n'est autre chose que la réaction centrifuge due à la rotation de la terre prise isolément. Opérons ensuite sur la réaction 2morw/ et décomposons-la en deux autres, l’une dirigée suivant la verticale et ayant pour mesure Ph o rs CDN l'autre dirigée suivant la tangente au méridien et exprimée par Ur. Imoro sin 2. Il est visible que la résultante des réactions (25) et (26) est dirigée dans le plan horizontal, perpendiculaire- ment à la vitesse u, et qu'elle agit de manière à porter le point p vers la droite ou la gauche du courant, selon qu'il s'agit de notre hémisphère ou de l’autre. On voit de même que celte résultante a pour expression . e d) 2 . 2mo sin à p? STE 1212 = Imou sin ). € ` Concluons que, dans le cas traité ci-dessus, les réactions qui s'ajoutent au poids apparent du point p se réduisent à deux, l’une horizontale et dirigée normalement à la vi- (26 ) tesse u, sur la droite ou la gauche, selon qu'il s’agit de - notre hémisphère ou de l'hémisphère austral, l'autre ver- | ticale et agissant en sens contraire de la pesanteur appa- . rente. La première a pour valeur Mi. ad an do ( La deuxième est représentée par la somme algébrique - 2 2. A [+ (2) sd =) + 2mrow cos 3, la vitesse angulaire «+ devant être affectée du signe + ou du signe —, selon qu’elle est de même sens que la vi- tesse o’ ou de sens contraire. 7. Au lieu de procéder, comme nous venons de le faire, on peut s'appuyer directement sur le théorème de Coriolis, En vertu de ce théorème, on connaît d'avance les réac- tions qui se développent dans le mouvement du point p. Ces réactions sont au nombre de trois. La première est due à la rotation de la terre, prise à part et isolément : c'est la force centrifuge mr”. En se composant avec l'attraction que la terre exerce sur le point p, elle produit la pesanteur apparente et détermine la direction du plan horizontal, La deuxième est celle qui résulterait du mouvement relatif du point p, si ce mouvement subsistait seul. Elle se réduit ici à une force centrifuge dirigée suivant la verticale et ayant pour mesure l'expression (22), savoir mu? [ k à | 222 —- = M = | + — E Par R La troisième est ce qu'on nomme, d’après Coriolis, la are ds EEE EEEE E EN E E E PD E ENERE T Ar E i l i à (27) force centrifuge composée. Elle est exprimée en grandeur par le produit Omo.u Sin &, a étant l'angle que la direction de la vitesse u fait avec l'axe terrestre. Cette réaction est perpendiculaire au plan mené par la vitesse u parallèlement à l'axe de rotation. Elle agit en sens contraire du sens dans lequel la droite qui repré- sente la vitesse u serait entraînée si l’axe de la rotation o passait par le point p. Imaginons deux plans menés par le point p, l’un, P, per- pendiculaire à l'axe des æ, l’autre, Q, perpendiculaire à la vitesse u. Soit D l'intersection de ces deux plans. La force centrifuge composée est dirigée suivant la droite D. Les cosinus des angles que la vitesse u fait avec les axes coordonnés sont respectivement À de 1 dy A cos (u,x) = ir: cos (u,y) sn. cos (u,3) = As: De là résulte, en désignant par y l'angle que la droite D fait avec Paxe des z et par y celui qu’elle fait avec la ver- ticale menée par le point p. cos y = COS À COS y. On a, d’ailleurs, dz 107 - — osy + — — SIN Y = 0, u dl u di vu que la droite D est perpendiculaire à la vitesse w. Le plan Q, contenant à la fois la droite D, la verticale (28 ) menée par le point p et l'horizontale qui part de ce même | point suivant la direction perpendiculaire à la vitesse u, £ il s'ensuit que la force contrifuge composée se décompose en deux forces, l’une dirigée suivant la verticale et ayant € pour mesure 2mwu sin g. COS y, l'autre horizontale, perpendiculaire à la vitesse u, et ayant pour expression 2mou sin œ. sin y. Cela posé il est visible qu’en restreignant au mouvement relatif du point p les équations générales 3 z= psn}, y—rsine, Z—rcosé, r—C+p 008 à Il suffit de différentier une fois ces équations et de poser 6 =0 dans les résultats pour obtenir immédiatement les valeurs suivantes dx di dy d ps + COS == dz dr vos di a e mn + Sin à On a d’abord 1 dx cos. (u,x) = cos a == —, u dt et, par conséquent, Il vient ensuite d tang y = — —+ On déduit de lá, en premier lieu, dy ë V dy? + dz? : cos y = en second lieu V dy?. sin?) + dz? dy?+ dz? sin y = V1 — cos? à cos? y = Dès lors il ne reste plus à faire que de simples substi- tutions. On trouve ainsi a S dy ` (9) , 2mou sin œ cos y = 2mo FA cos à = 2m4ow' COS À. On a de même dt Y, (e). +10? udt sin à sin y — FA A V dy? + dz? V dy? + dz? et, conséquemment, Imou sin « sin y = mou sin à. De la résultent évidemment les résultats définitifs for- mulés ci-dessus comme conclusions du numéro qui pré- cède. | 8. Considérons, en dernier lieu, le cas général d’un point matériel qui se meut, avec une vitesse constante t, le long d’une ligne quelconque s, tracée à la surface de la terre. Sans rien changer à ce qui précède, désignons par ? ( 50 ) l'angle que le plan de la section normale, menée pao Y point p suivant la direction de la vitesse u,-fait avec le plan osculateur de la ligne s. La seule modification con- siste en ce que la force centrifuge due au mouvement re- latif du point p est dirigée suivant le rayon de courbure de la ligne s et qu’elle a pour expression p!” étant ce rayon de courbure. On sait qu'on a généralement p = f cos p. Il vient donc pour la réaction dont il s’agit mu? mu? m [ di | +] —— AZ a Srania -a ode . B p Cos? cos a R Cette réaction, dirigée suivant le rayon de courbure de la ligne s, se décompose en deux autres, l’une dirigée sui- vant la verticale et représentée, comme ci- -dessus, pe a nf, (=y EE l'autre horizontale, perpendiculaire à la vitesse u et ayant pour mesure dì. 2 7227 D. (à) cios (30) m[ + + ns R tang + Aai SAR EIE ¿ + y EE da z A. A A SAN E On observera que cette dernière réaction agit du dedans | au dehors de la courbe suivant laquelle le cercle oscula- (51) teur de la ligne s se projette horizontalement. On voit d’ailleurs qu’elle peut acquérir une énergie prépondérante, Concluons que, dans le cas général d'un point matériel, décrivant, avec une vitesse constante u, une ligne quel- conque tracée à la surface de la terre, les réactions qui s'ajoutent au poids apparent de ce point sont au nombre de deux, l’une horizontale, dirigée normalement à la vi- tesse u et, toutes choses égales d’ailleurs, agissant sur la droite avec plus d'énergie que sur la gauche, l’autre verti- cale el agissant en sens contraire de la pesanteur appa- rente. La première a pour expression (51) mou sin à + [ (E blo de + >» 2mou SIN m et le ce an Pi R S ?» La deuxième est représentée par (32) mres cos àm | (5) esa * «¿fon COS À +M rca PE . 4 Na R ] 9. Passons du cas d'un simple point matériel à celui d'un Cours d'eau dont tous les filets auraient une même vitesse constante u et couperaient à angle droit la section verti- cale perpendiculaire à l'axe du courant. L'effet des réac- lions qui s'ajoutent à la pesanteur apparente est de modifier cette pesanteur en grandeur ainsi qu'en direction. Il en résulte que la ligne qui limite la surface du cours d'eau dans la section transversale, s'incline à l'horizon d'un angle à détermine par la relation générale wu sin à + P -+ Le tang p (55). . tangi = py? di? ie R (52) Il en résulte en même temps qu'à la pesanteur appa- rente, représentée par mg pour la masse m, se substitue. ; la force P, exprimée comme il suit : hie mm 00 54 J 4 P = m -— dy sš S ) ]. + (54) [s 0%) COS À — p F i , Les formules (33) et (34) se simplifient dans les cas par- ticuliers traités ci-dessus; elles s'appliquent au cas d'un. parallèle, en posant 4 Lorsqu'on fait abstraction du défaut de sphéricité de la terre, les quantités p et R deviennent toutes deux égales ` au rayon terrestre, et lon a en général pour une ligne. quelconque s 24 sin 2 + 2 tang ? (6j: O a pa : À u? g — Qro così — Es (56) si P = m (g — 2ra" oos à — À). R. Ces dernières formules sont, dans tous les cas, très-ap- prochées. On peut d'ailleurs y négliger, par rapport à 9» les quantités relativement trés-petites Sroxw" cos À et A Mo vient alors très-simplement , : 4 ; u? G 2. {ang i= F (un si À À R tang e); NI DI o À 5 (35 ) et l'on peut s’en tenir à cette dernière formule, qui donne, pour le cas d’un parallèle, : : 4 i u? (58) . . tangi —— (2v sin à + — tang 2), g R et pour le cas d'une ligne quelconque géodésique Jeu SIn À g (39) . » + tang à — 10. Empruntons à M. Combes l'application particu- liére qu'il a prise pour exemple, en partant de la for- mule (59). La valeur moyenne de 45° étant attribuée à 2, on trouve ou V9 v = 6,28u va tang à = = g 86400. 9,809 — 0,00001048. u. Il en résulte que, pour un fleuve large de 4 kilomètres et qui coulerait dans notre hémisphère avec une vitesse uniforme de 5 mètres par seconde, le relèvement de l'eau du côté de la rive droite serait de 12 centimètres. Un pareil effet, s’il subsiste seul, ne paraît pas de nature à exercer aucune influence sur le cours du fleuve, lorsque les deux rives, supposées de niveau, conservent chacune une cer- taine élévation au-dessus du périmètre mouillé. En est-il de même, en cas de crue, lorsque les eaux s'élèvent, et notamment lorsqu'elles débordent. Nous ne le pensons pas. Si le courant peut surmonter la rive droite, tout en res- lant au-dessous de la rive gauche, il semble qu'il doit exercer sur la rive par laquelle il déborde une action plus marquée que sur l’autre rive. 9me SÉRIE, TOME IX. 5 (34) Imaginons que cette action ait pour résultat une érosion dont la concavité soit tournée vers la rive gauche. Con vons, en outre, qu'un petit cercle de la sphère terres remplace la ligne géodésique, considérée d’abord et permettait l'emploi de la formule (59). Il faut, en ce cas recourir à la formule (58), et poser 4 2 tang i a” En sin o + . tang ) . Soit ? le rayon du petit cercle pris pour axe du Cours d'eau. On a exactement VR — è tang ọ = E O > et approximalivement, pour toute valeur de | T | pelite par rapport à R, tan = — 5 ? l De la résulte ; 1 - u? (40). . + + UDR i == - (20m sin A + a . g ; On voit aisément, par cette dernière formule, que, pout des valeurs de u et de l, les unes au moins égales à l unité l les autres égales ou inférieures à à 42 kilomètres, le term z acquiert une importance relative prépondérante. Cellé importance est telle qwavec les données précédentes Y el pour une valeur de 42 kilomètres attribuée à 1, le ter me — dé i : : À P dépasse le triple du premier terme. Ce ne serait dont (55) plus de 12 centimètres seulement, mais de 48 centimètres au moins que les eaux tendraient à se relever du côté de la rive droite. L'hypothèse d'un courant dont tous les filets auraient même vitesse ne peut se réaliser dans l’ordre naturel où l'adhérence, que ces filets contractent entre eux et avec la paroi mouillée, retarde inégalement leur marche, Il suit de là que le relèvement des eaux vers la rive droite est moindre qu'on l'a supposé tout à l'heure, et qu'un autre effet remplace en partie la dénivellation. Cet effet consiste en ce que les filets animés de la plus grande vitesse se rapprochent de la rive droite plus que de la rive gauche. Il semble assez naturel d'admettre, comme conséquence applicable aux cours d’eau de notre hémisphère, une ten- dance à ronger leurs rives plus prononcée vers la droite que vers la gauche. Suivant la remarque de M. Combes, ce n’est sans doute qu'à proximité de l'embouchure des fleuves que cette tendance peut, à l'aide du temps, produire des déviations sensibles. Peut-être aussi doit-elle avoir pour effet général d'étendre sur la droite plus que sur la gauche le développement des sinuosités naturelles. M. Desfontaine a observé sur le Rhin, fleuve à fond de sable et de gravier, sujet à des crues subites d'une grande violence, que les rives où la courbure des coudes avait un rayon de 2 kilo- mètres et demi n'étaient plus sensiblement affouillées, En admettant une vitesse moyenne de 3 mètres par seconde et une courbure uniforme au rayon de 2,500 mètres , on Hours pour valeurs correspondantes des termes zz €t wuya g — 0,00005144. u? v2 == 000007, Tu gl g (56 ) Il suit de la qu’en assimilant entre eux les effets de courbure des coudes et ceux de la force centrifuge com posée, les premiers devraient l'emporter de beaucoup sur les seconds. Or, s’il est permis de généraliser l'observation k de M. Desfontaines, l'effet d'une courbure au rayon 2,500 mètres cessant d’être sensible, on peut conclure que, la rotation de la terre est presque partout sans influencé. | appréciable sur la direction des cours d’eau considérés. dans les conditions actuelles de leur régime ordinaire. ni vie Lei O Note sur la vitesse du bruit du tonnerre ; par M. Montignÿs correspondant de l’Académie. On admet que la distance d'un observateur au poi le plus rapproché du sillon lumineux tracé par la foudre dans Pair, est égale à autant de fois 340 mètres qu'il s'écoule de secondes entre l'apparition de l'éclair et la premiére impression du bruit du tonnerre pour Pobser- vateur. Tel est le mode d'évaluation de la distance d'un orage. Mais, en présence des faits suivants, je me suis demandé si ce mode est bien fondé, et si la vitesse du bruit du tonnerre n’est pas de beaucoup supérieure à la vitesse du son ordinaire, qui, comme on le sait, est x 540 mètres par seconde, à la température de 16°. Dans la nuit du 28 au 29 septembre dernier , vers deux heures et demie, un violent orage éclata aux environs de Namur, pendant lequel la foudre incendia une ferme a. village de Flawinne. Je me trouvais alors à Rhisnes, dans une habitation qui est éloignée de 5200 mètres de cette | À (57) ferme (1). Éveillé dès le commencement de l'orage, je vis tout à coup la vive lueur d’un éclair, et presque aus- sitôt un violent coup de tonnerre éclata avec fracas en produisant ce bruit sec particulier qui annonce la chute de la foudre aux environs. L'intervalle de temps écoulé entre l'éclair et l'éclat de la foudre ne dépassa certaine- ment pas deux secondes. Quelques minutes après, j'aper- çus à l'horizon les premières lueurs de l'incendie que la foudre venait d'allumer à Flawinne. Si Pon calcule le temps qui, pa. aurait dú sécouler entre l'apparition de l'éclair et l'audition du coup de tonnerre, en divisant par 540 mètres la distance de 5200 mètres de l'habitation de Rhisnes à la ferme incen- diée, considérée comme ayant été le foyer sonore, on obtient le chiffre 15,5, qui exprime le nombre de secondes que j'aurais dû compter entre l'éclair et le tonnerre, Or, j'ai la certitude que cet intervalle n’a pas dépassé deux secondes. Dans le but d'expliquer une différence aussi marquée entre l'observation et le résultat du calcul, on invoquera d’abord l'accélération que la vitesse du vent peut produire Sur la propagation du son, quand leurs directions coinci- dent. A la vérité, un vent du SO. assez intense s'étant élevé pendant Porage, il aurait pu affecter la vitesse d'un son dans la direction de Flawinne vers Rhisnes, ce der- nier village étant au nord du premier. Mais il est impos- sible d'attribuer à l'action du vent une accélération de la vitesse du son qui puisse expliquer la différence, si mar- (1) Les distances rectilignes, dont il sera question, ont été mesurées à Vaide de la carte détaillée de la Belgique, publiée par MM. Vandermaelen. (58 ) : quée, entre le court intervalle de temps observé et les quinze secondes déduites du calcul. ait été frapper la ferme de Flawinne en tracant un sillon lumineux très-incliné à l'horizon? Alors l'audition l'éclat du tonnerre aurait pu succéder à l'éclair après à deux secondes, comme je l'ai observé, parce que la plus | courte distance du sillon fulminant au lieu d'audition eùt été égale au double des 540 mètres que le son parcourrait & en une seconde. Mais, si telle était la cause de la différence | signalée, le bruit du craquement de la foudre aurait dù persister pendant 45 secondes environ, tout en perdant progressivement de sa violence. Je n’ai rien observé de semblable : la foudre produisit un bruit sec très-fort, # mais de courte durée. Il fut suivi de Deer de ton- nerre assez prolongés. Voici, d’ailleurs, une circonstance qui enlève toute poil sibilité à la supposition émise. Le lendemain de lacci- dent, jen parlai à M. Raucoux, curé de Temploux, | village situé à l’ouest de Flawinne. Il avait vu l'éclair et entendu le craquement de la foudre. Je lui demandai quel | avait été, d’après son appréciation, l'intervalle écoulé. entre les deux phénomènes; il me dit que cet intervalle ne lui avait point paru excéder deux secondes. Or, le presbytère de Temploux se trouvant à 5050 mètres de la ferme incendiée, le son aurait dû employer 14,7 secondes à parcourir cette distance avec la vitesse ordinaire de 340 | mètres. Cette nouvelle différence entre le résultat caleulé E et Pappréciation d'une autre personne détruit entièrement | la supposition faite plus haut, parce que la distance du f presbytère de Temploux à l'habitation de Rhisnes étant ii is (39) de 4050 mètres, l'intervalle de temps écoulé, pour M. Rau- coux, entre Péclair et le coup de foudre aurait dú dépas- ser de beaucoup les deux secondes qu'il a évaluées au maximum, si l'éclair eût jailli d'un nuage situé à 680 mètres au-dessus de Rhisnes, et si le bruit se fût pro- pagé avec la vitesse ordinaire de 540 mètres. l est important de signaler un troisième fait. M. Rau- coux avait jugé, me dit-il, d’après le temps appréciable écoulé entre l'éclair et le coup de foudre, que le point frappé, pendant la nuit du 29 septembre, devait être assez éloigné de son habitation, parce que, la veille, vers cinq heures du matin, pendant un autre orage, la foudre atteignit un arbre de la graud'route, au delà du château de Boquet, et, d'après sa remarque, la détonation suivit immédiatement l'éclair. La distance du château de Boquet au presbytère de Temploux étant de 1500 mètres, si le bruit du coup de foudre avait franchi cet intervalle avec la vitesse de 340 mètres, l'audition du bruit à Temploux, aurait dû survenir après au moins 4 + secondes, tandis que l'intervalle de temps entre l'éclair et ce phénomène a élé presque inappréciable. Je citerai un quatrième fait, celui qui le premier a sérieusement attiré mon attention sur la question traitée. Pendant l'été de 1859, la foudre frappa deux habitations du faubourg de Borgerhout, près d'Anvers, à deux orages différents. La seconde fois, elle commit beaucoup de dégûts dans une petite maison de la rue Digue de Pierres. Je vis Péclair, puis j'entendis le violent coup de tonnerre après un intervalle de temps tellement court, que je crus à un coup de foudre sur un point assez rapproché, tel que la tour de la cathédrale. Cependant, la distance de mon habitation au point qui venait d’être frappé de la foudre ( 40 ) à Borgerhout étant de 1800 mètres, avec la vitesse assi gnée au son, le bruit aurait dû succéder à l’éclair apr 5,5 secondes de temps seulement. Il faudrait conclure des faits précédents que le bruit - 540 mètres. Je ferai remarquer que les différences entr les résultats de Pobservation et du calcul sont trop consid rables pour que Pon puisse les attribuer à des erreurs d'ap- préciation de ma part. D'ailleurs, lors de l'orage qui | alluma Vincendie à Flawinne, l'intervalle de temps mazi- | mum auquel jai limité l'instant écoulé entre l'éclair et | l’audition du coup de foudre, coincide avec lapprécia- | tion personnelle de M. Raucoux, qui se trouvait à peu près à la même distance que moi du lieu atteint par Le | foudre. Le fait signalé a peut-être déjà frappé Re des observateurs; en recueillant leurs souvenirs, ils pour- 3 ront se rappeler avec quelle surprise ils ont connu le. lieu que la foudre venait d'atteindre pendant un orage, | sa distance ayant surpassé de beaucoup celle qu'ils pré- | sumaient d’après le court intervalle de temps écoulé entre | l'éclair et le fracas de la foudre. Quoi qu'il en soit, je n'ai trouvé ni dans la remarquable Notice sur le tonnerre | d'Arago (1), ni dans plusieurs ouvrages de météorologie, | aucun fait d’après lequel il faille attribuer au bruit du | tonnerre une vitesse de propagation supérieure à 540 | mètres, q Ce manque de baie ne doit pas trop nous sur- prendre : c’est accidentellement que les circonstances de rt (1) OEuvres complètes d'Arago, Notices scientifiques , t. 1. | (41) nature à éveiller l'attention et à la fixer sur le fait en question peuvent se trouver suffisamment précisées, comme elles le furent pendant l'orage du 29 septembre dernier. Il aurait fallu d’ailleurs que les observateurs prévenus se fussent pour ainsi dire tenus aux aguels pendant des orages, afin de noter le temps écoulé entre chaque éclair et le bruit du tonnerre, et qu’en outre, parmi tous les coups, l’un d'eux pút être infailliblement attribué à la chute de la foudre sur un objet terrestre situé à une distance bien déter- minée. Je désire vivement que des observations soient entreprises afin de bien préciser le fait signalé. Je ferai ici une remarque qui n’est pas sans impor- tance. Pendant les orages, le bruit du tonnerre succède souvent très-rapidement à l'éclair; 'invoquerai à ce sujet, le témoignage d'Arago : « En consultant mes propres sou- » venirs, dit-il, je suis certain de rester dans les limites » dela vérité; je me flatte même de ne m'exposer à la déné- » gation d'aucun observateur exercé, si je dis que souvent > l'intervalle entre l'éclair et le bruit n'est pas d’une demi- » seconde (1). » D'après cette appréciation que personne ne contestera, il faut nécessairement admettre que si la vi- tesse du bruit du tonnerre est de 340 mètres seulement, au plus fort des orages, au moment où moins d’une demi- seconde s'écoule entre les éclairs et les fracas de la foudre, sans chute à la surface du sol, les nuages orageux sont éle- vés à moins de 170 mètres au-dessus de nos têtes. Or, la généralité des observations les mieux établies prouve que dans nos contrées, et surtout dans les pays de montagnes, où ces sommités présentent des espèces de repères dont la hauteur a pu être fixée par des nivellements, l'élévation (1) Notices, p. 85. (42) des nuages orageux la plus ordinaire dépasse plusieurs centaines de mètres et quelquefois plus de deux à tr mille mètres. Faut-il admettre qu’au plus fort des orages lorsque les éclats de la foudre succèdent si rapidement aux éclairs, les nuages orageux s'abaissent toujours à moins 170 mètres au-dessus du sol? Cette conséquence de l'appré- ciation d'Arago et de la vitesse du bruit du tonnerre limit à 340 mètres, est difficilement admissible, me parait-il pour la généralité des cas, quoique M. Haidinger ait cité deux exemples très-remarquables où des nuages fulminanis. ont été vus très-près du sol (1). Sil faut attacher à cette remarque l'importance que je suis porté à lui attribuer, on doit en conclure que la vitesse | du bruit du tonnerre surpasse 540 mètres, non-seulement | lorsque la foudre frappe des objets terrestres, comme dans les cas cités, mais aussi quand elle s'élance entre les - nuages. L'excès de nes à si marqué du bruit du tonnerre sur celui du canon, qui, d’après Vexpérience, parcourt 540 mètres par seconde, ne serait pas la seule particularité qui distinguàt le premier bruit du second. Des éclats de foudre, dont le brait formidable, entendu à proximité, 2 été quelquefois comparé à la détonation de cent pièces de canon éclatant à la fois (2), ne se propagent pas à de plus grandes distances que 4 à 6 lieues de poste, tandis que le bruit du canon s'entend quelquefois à plus de 20 et même 50 lieues de distance (5). Je ne puis passer sous silence le désaccord qui surgit OPAS ring AEEA I S LÉ EIEL OT EEE N EE EEE EERTE REEN (1) Notices d'Arago, : i à 28. (2) Ta., ; (5) HE A e (45) entre les faits cités, d'après lesquels la vitesse du bruit du tonnerre excéderait de beaucoup celle du bruit du canon, et la théorie ordinairement admise, qui indique que les sons, forts ou faibles, doivent se propager également vite dans l'air, ll est vrai de dire que cette non-influence théo- rique de l'intensité du son est établie pour un état vibra- toire de Pair qui est excité par de pelites condensations, telles que celles qui se produisent dans le mouvement on- dulatoire provoqué par un son musical. Mais les excita- tions vibratoires de Pair sont tout autres lors des détona- tions de la foudre : le passage du fluide électrique dans l'air détermine, aux points qu'il traverse, des effets de dila- tation et de condensation extrêmement violents. Déjà Pétin- celle électrique de nos machines dilate fortement Pair, en franchissant la courte distance des deux petites boules qui sont placées dans le cylindre de l'instrument connu, en phy- sique, sous le nom de thermomètre de Kinnersley. D'après quelques expériences que j'ai faites récemment, par un temps assez sec, à l’aide d’une machine électrique dont le plateau a 0",58 de diamètre, la décharge d’une bouteille de Leyde, après quinze tog du plateau, produisit une dilatation subite égale à 4; du volume d'air que étincelle traversa dans le cylindre fermé de Resa cité, Après trente tours, cette dilatation s’est élevée à 25 (1). (1) Dans ces premières expériences, le niveau entre le cylindre et le petit tube latéral du thermomètre de Kinnersley, ne s'est point rétabli aussitôt après la décharge : le liquide est d’abord retombé au tiers environ de la plus grande hauteur à laquelle il s'était élevé dans le petit tube; puis il re- descendit progressivement jusqu’à son point de départ, après un temps très- court, mais appréciable. Ce fait démontre d'une manière irréfutable, et contrairement à ce qui a été déjà prétendu, que le volume d'air traversé par Pétincelle électrique éprouve une élévation de température sensible. (44) | L'effet d'une simple décharge électrique, lui-même si faible comparativement aux effets que développe la foudn dans l'air, surpasse de beaucoup en grandeur les conden: sations que Pair subit au voisinage d'un corps sonore Ainsi, il résulte des fluctuations qu’un baromètre a acci: sées auprès d’une forte cloche en vibration, que les at: croissements de la force élastique de Pair, dus aux ondes sonores produites par les percussions mêmes du battant wont point dépassé z$; de la force élastique de Pair am biant (1). ; Si lon ajoute à ces considérations que la foudre, en sillonnant Pair, non-seulement développe de la chaleur, mais qu’elle donne lieu à des phénomènes chimiques, tels que la combinaison partielle de l'oxygène av l'azote de l'air pour former de petites quantités d'acide azotique, on concevra que le bruit du tonnerre diffère essentiellement, sous le rapport de sa génération dans l'air, des ondes sonores produites par un corps vibrant, | ondes que la théorie mathématique ordinaire considère | particulièrement dans les lois de la propagation du son. Voici, d'autre part, un fait qui tend à prouver qu contrairement aux conséquences théoriques, appliquées à la propagation de toute espèce de bruits ou de sons, les. bruits très-forts se propagent plus vite dans Pair que des | sons faibles. Lors d’une expédition au pôle nord du capi- | taine sir J. Franklin, pendant que Pon faisait des expé- riences où il était nécessaire de tirer le canon sur un mot de commandement donné par un officier, des personnes (1) Voir une notice concernant Influence du son des cloches sur le baromètre, publiée dans les Bulletins de Y Académie , 2"* série, LV. n° ( 45 ) stationnées à la distance de quelques milles, avaient constamment entendu le commandement de feu après le bruit du canon. Ce fait tendant à prouver que le bruit du canon se propage plus vite que la voix humaine, avait été rapporté dans le temps par sir James Ross; il l'a de nouveau confirmé dans une des séances de l'Association britannique, en 1858. Sir J. Ross faisait partie de Pex- pédition dont il s’agit, et il est précisément l'officier qui commandait le feu dans l’occasion en question (1). Le fait précédent a été rappelé dans la séance de l'As- sociation à l’occasion d'une observation très-importante, faite par un de ses membres, au sujet de la théorie ma- thématique du son, et dont il convient de parler ici. M. Earnshaw aurait fait voir que les conséquences de Ja théorie ordinairement admise ne sont point rigoureuses, parce que, dans le but de surmonter une difficulté d’inté- gralion, on a recours à une supposition ou moyen approxi- matif qui est incompatible avec les propriétés de l'air. Par- tant de là, M. Earnshaw aurait réussi à traiter le problème sans supposition approximative. Il est arrivé, paraîtrait-il, à une solution qui l’a mis en possession de la clef de di- verses propriétés du son. Entre autres particularités, cette solution explique le décroissement rapide des sons vio- lents, et elle montre que, si la vitesse de propagation dans Pair est la même pour les sons dont la génération ne diffère pas beaucoup en intensité, il n’en est plus ainsi quand les sons se distinguent essentiellement sous le rapport de la force. Ainsi, d’après cette nouvelle théorie, (1) On peut consulter, à l'égard du fait cité et des remarques de M. Earns- haw, le n° 1507 du journal l'Institut, p. 25, et le t. XIII ” journal Cosmos » P- 565, d'après lesquels les résumés en question ont été fails. (46) ; un son violent, par exemple, le bruit d'une arme à feu doit se propager plus rapidement qu’un son doux, tel que celui d'un instrument ou de la voix humaine. tuent-ils nn nouvel argument en faveur de la théorie d Note sur quelques propriétés des lignes tracées sur une sur face quelconque ; par M. Ph. Gilbert, professeur à Font | - versité de Louvain. : Le but de cette note est de faire connaître quelques pro priétés générales des lignes tracées sur une surface quel conque d'après certaines conditions. Ces propriétés E tirent facilement de la formule qui, dans le calcul des, varialions, conduit à l'équation différentielle des lignes de surfaces courbes; mais nous ne pensons pas que depuis. d'autres géomètres aient fait usage des mêmes considéra- | tions pour en tirer de nouvelles propriétés. SI. 1 Si de représente par s la longueur d'une courbe quel- conque tracée sur une surface donnée, entre deux pointes SS A O A A e A e E dd (47) (tr, Yis 21») et (E, LE 6), on a; E s a [Via dy? + dz?, Y et sa variation òs, lorsque les extrémités se déplacent en méme temps que la forme de la courbe change sur la sur- face, est donnée, en posant : dx dy dz ds — 2 ly? s lados Pi PERE SE hasl s =V du +dysdz?, da q de ds par la formule suivante : sp + q + 700 — (p Ir, + Qué + Titi) — Sera (dp.dx + dq.dy + dr.d3). On sait que (p”, q”, r’) sont les valeurs de p, q, Y, cor- respondantes à l'extrémité (€, y, €) de la ligne tracée, et (Ps, qi» ri) les valeurs correspondantes à (£1, Yy 31) n sait aussi que p, q, r sont respectivement les cosinus des angles que fait la tangente à la courbe donnée en un point quelconque (x, y, z) avec les axes Ox, Oy, Oz. L'équation de la surface étant : F (z, y, 2) =0, les variations dx, dy, dz satisfont à l'équation : et si Pon cherche à déterminer la courbe de telle manière qu'elle soit la plus courte que l'on puisse mener entre ses (48) extrémités sur la surface, on doit poser ds=0, ce qui con- duit, comme on sait , AUX équations : : G o dx dy ž qui montrent que le plan osculateur de la courbe cherchée à est constamment normal à la surface. L'équation (1), doù se tirent ainsi les équations des a géodésiques d'une surface donnée, peut aussi servir à établir diverses propriétés de ces lignes, et cela d'une manière assez simple. Concevons en effet que la courbe variable dont Labor est représentée par s, ne cesse pas. d’être une ligne géodésique. Comme elle satisfera en chacun - de ses points aux équations (2), la partie de >s, qui est exprimée par une intégrale dans l'équation (1), sera nulle d'elle-même , et disparaîtra, de sorte que la variation de la longueur d'une ligne géodésique sera donnée simple- ment par la formule : (3). . ds =p + q'dy + 70e — (px, + qd + r221). Les extrémités (£, y, €), (æ, y, z) seront soumises à certaines conditions. Appelons de, ds, les arcs infiniment petits qu'elles doivent décrire sur la surface, p, 91 les angles sous lesquels ces ares sont coupés par la ligne géo- désique variable que l’on considère. On a évidemment : , À , E cos ¿=P + —+r ds de ds ox Cos y; = P ETH y 08; 08; ds; AS a NN ns O AA AN AA A AE ida > a (49) d'où nous concluons de suite : (4) . . . . de = de cos,e — ds, 008 9, Cette expression est celle dont nous allons faire usage; on en déduit sans peine les propriétés des lignes géodé- siques données par Gauss, dans son mémoire sur la théorie des surfaces (*). $ IL Considérons une courbe PMQ (fig. 1) tracée sur une surface, et définie par une relation entre les longueurs s et s’ des lignes géodésiques, menées d'un point quel- conque de cette courbe normalement à deux courbes don- nées AB, CD sur cette surface. On aura donc pour équation de la courbe PMQ : F (s, 8) =0. Désignons par Ẹ, o! les angles sous lesquels les lignes géodésiques coordonnées MM,, MMa, coupent respective- ment la courbe PMQ. Les variations ds, òs’, calculées par la formule (4), en observant que chaque ligne géodé- sique reste toujours normale à l’une des courbes AB, CD, sont : 5 ds =— d5 0089, 08 = ds cos, et comme on a d’ailleurs : pro pie —* 08 — Y == $ Mr T RER (*) Gauss, Disquisitiones generales circa superficies curvas; Comm. de Gôttingue, t. VI. 2% SÉRIE, TOME IX. 4 Mo. Bot. Garden, 1896 (20 ) On obtient l'équation : (5). ps q a de aae a a de Examinons quelqu Me A jouisse de cette pro- E priété, que la somme edi i: des distances géodési- ques MM, , MM», soit constante. On aura donc : s + 9 = const., et équation (5) deviendra : COS y + (08 = 0, ce qui montre que les angles y et g’ sont supplémentaires Fun de l’autre (fig. 2). De a là cette propriété : À f E m, telle que la somme des 4 pese es distances géodésiques a E chacun de ses points 4 #2 deux courbes tracées su celte surface soit constante, sa tangente sera également in- clinée sur les deux lignes géodésiques qui mesurent les dis- 1 tances du point de contact à ces deux courbes. 4 L'ellipse est un cas très-particulier , celui où la surface E est un plan et où les deux courbes directrices se réduisent | E à deux points. (31) $ IH. Supposons que la surface donnée se réduise à un plan : les lignes géodésiques devienñent des lignes droites, et l'on peut facilement réaliser les conditions ci-dessus au moyen d’un tracé continu. Tracons deux courbés à volonté, EF, GH : suppo- sons un fil fixé par ses ex- trémités en deux points pris sur ces deux courbes, et en- roulé sur ces courbes dont il se détache tangentielle- ment, suivant les tangentes T-M, T,M, au moyen d’une Pa) pointe à tracer qui tient ce fil constamment tendu, de telle manière qu’en senrou- lant sur EF, par exemple, il se déroule sur GH. Il est clair qu'un point M, du fil décrira une développante de la courbe EF; un autre point, tel que Ma, décrira une développante de la courbe GH : cela résulte de la con- struction même, et les portions rectilignes MT,, MT; , du fil, seront constamment normales à ces développantes respectivement. Il est donc évident que la courbe tracée par la pointe sera telle que la somme des distances MM,, MM2, de chacun de ses points à deux courbes données, sera constante, ce qui rentre dans les conditions du théorème précédent. D'où il suit : que la courbe décrite par la pointe dans les conditions que nous venons d'indi- quer, a sa tangente en chaque, point également inclinée sur les deux portions du fil qui aboutissent à ce point. (32) Le théorème a lieu, quelles que soient les deux courbes données : il subsiste donc si l’on prend deux portions d'une même courbe. Prenons, par exemple, une courbe fermée (fig. 4), entou- rons-la d’un fil sans fin, tendu par une pointe à tracer, de manière qu’une portion du fil. T, UT» soit appliquée sur la courbe, et l’autre forme deux droites T,M, TaM qui se rat- cordent au point décrivant M. Il est clair que la proposition (Fig. 4.) précédente subsiste. | Si la courbe donnée est une ellipse, on sait que les tan- gentes MT,, MT;, menées d'un point extérieur M, sont également inclinées sur les rayons MF’, MF, menés res- pectivement du point M aux deux foyers. Rapprochons cette propriété de celle que nous venons de démontrer: il devient évident que la courbe décrite par la pointe M coupe à chaque instant, sous des angles égaux, les deux rayons vecteurs MF, MF”, et n’est autre, par conséquente qu'une ellipse qui a F et F’ pour foyers. Done : Si l'on enroule un fil fermé, de longueur quelconqu! autour d'une ellipse, et que l’on tienne ensuite ce fil tou- jours tendu au moyen d'une pointe à tracer, en sorte gu'il s'enroule dans un sens el se déroule dans l’autre, la pointi décrit une ellipse homofocale à l'ellipse proposée. Et comme le périmètre total du fil est constant, ainsi que celui de Pellipse donnée, leur différence est aussi CON stante, et Pon a ainsi immédiatement cette belle propriété — cos % —0, ọ =}, done la courbe engendrée suivant cette loi coupe en deux parties égales l'angle des lignes géodésiques menées de chacun de ses points normalement A 225008 courbes données (fig. 7.) A pl r Sans entrer dans les dé- Vs. / ^N, / tails, comme plus haut, ob- M \, 7 servons qu'il sera facile , pa EN a AMA dans le cas où la surface "à donnée est un plan, de réa- (Fig. t. liser le mouvement d'une ( 26 ) pointe traçante dans les conditions ci-dessus, en géné- ralisant la description de l'hyperbole par un mouvement continu (). On peut donc, d'une manière très-simple, trouver dans le plan une infinité de systèmes de courbes qui se coupent orthogonalement et même les décrire par un mouvement continu. En effet : ; Traçons dans le plan deux courbes à volonté, enrou- lons un fil sur ces deux cour- es et tracons, comme au $ HI, une courbe au moyen d une pointe qui tienne le fil toujours tendu : en donnant successivement à ce fil diver- ses longueurs, nôus obtien- drons un premier système de, courbes. Faisons ensuite mot- voir la pointe de manière à retrancher constamment des quantités égales sur les deux parties du fil qui sont tan- gentes aux deux courbes données, nous aurons un second système de courbes. Or, il résulte évidemment des pro- priétés démontrées que ces re systèmes se coupen partout orthogonalement. C'est une généralisation de la propriété des ellipses el des hyperboles homofocales. On pourrait étendre ces consi- dérations à des courbes tracées sur une surface quelconque: (Fig. 8.) (*) Ainsi, Pon pourra fixer deux fils par une de leurs pr chacun en un point pris respectivement sur les deux courbes; on enroulera chaque fil sur la courbe correspondante, et on tiendra ces divx ps peme tendus au moyen d'un anneau but sur ces deux fils, en sorte que, son mouvement, il retranchera constamment des quantités égales sur ces deux fils, ce qui suffit pour réaliser les conditions proposées. (37) $ VE. On pourrait encore faire bien d’autres applications de l'équation (4). Bornons-nous à certains cas particuliers très-simples. Considérons une courbe telle que le rapport des dis- lances géodésiques de chacun de ses points, à deux courbes données sur la même surface, soit constant. On aura ici : cos o s — k — —. cos y s’ . Ca —=k, ou s — ks’ — 0, cos > —k cos y = 0, S Les angles ọ et o’ auront donc leurs cosinus dans un rapport constant. Lorsque la surface est un plan, que l’une des courbes se réduit à une ligne droite et lautre à un point, la courbe est une section conique dont k est le rapport e de l'excentricité au demi-grand axe. Ainsi, dans toute section conique, les cosinus des angles que fait la tangente avec les droites menées du point de contact à un foyer et à la direc- trice correspondante , sont dans un rapport constant, égal à e. i D'où Pon déduit cette propriété curieuse relativement à la réfraction. Les rayons lumineux qui arrivent, parallèlement au grand axe, sur une ellipse dont l'indice de réfraction est égale a 7» Vont converger à l’un des foyers. Les rayons lumineux qui arrivent, parallèlement à l'axe réel, sur une branche d'hyperbole dont l'indice de réfrac- tion est égal à pa , divergent , aprés la réfraction, comme s'ils venaient du foyer de l'autre branche. (58 ) Supposons maintenant que le produit des distances géo- | désiques de chaque point de la courbe à deux courbes tra- cées sur la surface, soit constant : 1 na 88 =k, 8 0087 +8C0879 =0. 0 MN Le rapport des cosinus des angles ọ et ọ' est donc égal au | rapport des distances s et s', pris en signe contraire. , Dans le cas particulier où la surface proposée se réduit 4 à un plan, l'équation (2) donne la construction suivante: Lorsqu'une courbe est telle que le produit des normales | abaissées de chacun de ses points sur deux courbes données | est constant, si Pon prolonge ces deux normales chacune d'une longueur égale à l'autre, la diagonale du parallélo- E gramme, construit sur ces deux prolongements, sera la normale à la courbe cherchée. i Cette construction s'applique immédiatement à la lem- | niscate, où les deux courbes données se réduisent à deux points, et à l'hyperbole, où chaque courbe se réduit à une | ligne droite. $ VIT. L'équation (4) peut aussi être utile dans la théorie des surfaces. 1 Supposons qu'une surface soit définie par une équation | entre les normales s, s’, s””, menées d’un point quelconque | (E, #, 6) de cette surface à trois surfaces fixes ca” q En sorte que E Pis, Es: s”) == 1 sera l'équation de la surface cherchée exprimée au moyen | ( 59 ) des coordonnées s, s’, s'”. Si l’on désigne, en outre, par de l'are infiniment petit pris à partir du point (£, #, €) dans une direction quelconque sur la surface, et par 9, 9,9”, les angles respectifs de cette direction, qui est une tan- gente à la surface, avec les prolongements des normales 5,5',s'”, on aura, en vertu de la formule (4) : ds = de cosp, ds = do. cosp’, Js" = do cosg”, i el comme, d’ailleurs, dF dF dF — ds + — ds + — js" = 0, ds ds’ ds” il vient : (6) dE dE dE le O O + A COS A A Ce == 0. ds ds' ds” Cette équation donne cette proposition remarquable que, Si l'on prolonge les normales s, s', s” au delà du point E Hur à » . dF dF (E, #, €), de longueurs égales respectivement à =, p> q> la somme algébrique des projections de ces longueurs sur une tangente quelconque à la surface au point (E, y, 6), est egale à zéro. Mais, d'un autre côté, on sait () que, Si lon pro- Jette trois arêtes contiguës dun parallélipipède sur une droite perpendiculaire à la diagonale qui aboutit au point de concours de ces trois arêtes, la somme algébrique de ces e EUA * A ) Cette Propriété du parallélipipède se démontre très-simplement en Partant des théorèmes connus sur la composition des forces. ( 60 ) trois projections sera égale à zéro; d'où il suit que le lieu des tangentes à la surface au point (£, 7, 6), Cest-a- dire le plan tangent, est perpendiculaire à la diagonales du pe d rallélipipède construit sur les prolongements -, 5, 5 De là cette construction : Une surface étant définie par les distances s, S’, s'' de chaque point à trois surfaces données, au moyen d'une équation F (s, s', s'!) — 0, on prolongera les normales | s, s/,S/”, de quantités respectivement proportionnelles a z ; e D et l’on construira un parallélipipède sur ces ; trois prolongements : la diagonale de ce parallélipipéde est la normale à la surface proposée au point considéré. Supposons, par exemple, que la somme des distances s, S’, S”! soit constante, on aura ; ES dF BES +5" —=0con0, — == a. s Donc on prolongera les coordonnées s, s', s'! d'une méme a longueur arbitraire, et le parallélipipède construit sur ces | trois prolongements aura pour diagonale la normale à la surface cherchée. Cette cónstruction s'applique sans peine au cas où les trois surfaces fixes se réduisent à trois points; la surface engendrée correspond dans l’espace à ellipse dans le lan. : Soit encore une surface telle que le produit des distances de chacun de ses points à trois points fixes est constante. On a ici : CRU NS AN A QE LE) à ou bien On portera donc sur le prolongement des rayons #15 A des longueurs respectivement proportionnelles à <; 5» z> et on construira la diagonale comme ci-dessus, qui sera la normale à la surface ss’s”” — K. M. Van Beneden, en déposant deux mémoires nou- veaux, présente les observations suivantes : « Pai l'honneur de communiquer à la classe deux mé- moires sur la faune littorale de la Belgique; l’un traite des „Cétacés, lautre des Turbellariés. » Le premier mémoire comprend le résultat de quelques observations faites sur le Delphinus globiceps qui a été trouvé mort en mer, il y a un mois, par des pécheurs de Heyst, puis quelques remarques sur deux individus de La- genorhynque albirostre, et un squelette de Lagenorhynque d'Eschricht. Dans un chapitre à part, je fais l'énumération des espèces de cétacés vivants, observés jusqu'à présent dans nos parages ou vus dans la mer du Nord, et qui peu- Yent venir échouer sur notre littoral. » Pour prévenir autant que possible la confusion des espèces, j'ai indiqué les musées où les divers squelettes Sont déposés » Ce mémoire est accompagné de deux planches, repré- sentant le Lagenorhynque albirostre et quelques détails anatomiques. (62) 1 » Le second mémoire a pour titre : les Turbellariés. Wl est divisé en deux parties : la première comprend la des- cription des espèces que j'ai eu l’occasion d'observer sur | nos côtes, avec des remarques sur leur structure anato- mique et leur développement; dans la seconde partie, je plus étendus que les œufs sont moins grands et ple nom- breux, y est pleinement confirmé. E » L'évolution embryonnaire est bien plus variée qu'on - ne le supposait, il y a quelques années. 3 » Ce travail est mn dé de sept planches. » Ces mémoires sont renvoyés à l'examen de MM. de Selys-Longchamps et Jules d'Udekem. Recherches sur la genèse et les métamorphoses de la Peziza | A SCLEROTIORUM Lib.; par M. Eugéne Coemans. Vix wllibi plura observanda restant, historia Sclerotiaceorum. (Fairs, S. V. S.) On avait longtemps cru, avec le célèbre ont d'Upsal (1), que toute production fongine présentant une cette forme était une espèce véritable, un champignon (1) Fries, Sum Peg. Scand., p. 483. ( 65 ) autonome, Mais aujourd'hui de nombreuses observations, el surtout les belles recherches de- M. Tulasne, de l'Insti- tut, Ont prouvé qu'une même espèce possède souvent deux et même trois modes de reproduction; que ce qui avait élé considéré dans bien des cas comme un être parfait et complet, n’était cependant parfois qu’un simple organe, un appareil de reproduction; enfin qu'une même espèce pouvait, selon les différents âges de sa vie, ou sous l'influence de certaines circonstances, se présenter sous les aspects les plus divers. C'était ouvrir un champ nouveau à la mycologie et soulever bien des questions jusqu'alors à peine entrevues. Parmi celles-ci, deux surtout sont de première impor- lance: celle de l'autonomie des espèces et celle du nombre el de la valeur physiologique des appareils reproducteurs d'une même espèce. L'avenir de la mycologie dépend en grande partie de la solution de ces deux problèmes; mais leur élucidation est en méme temps entourée de tant de difficultés et de tant de mystéres, quil faudra certaine- ment encore bien des années de pénibles recherches avant de pouvoir leur donner une solution convenable et pleinement satisfaisante. ans cet état de choses, toute expérience, tout fait nouveau tendant à éclaircir l’une ou l’autre de ces ques- tions est, je crois, un renseignement précieux à recueil- lir : ce Sont, pour ainsi dire, des éléments de synthèse qui pourront servir plus tard à établir les bases d'un nou- vean Système de classification, certainement bien différent de celui que nous possédons aujourd’hui. C'est ce qui m'engage à publier ici les recherches que Jai faites, ce printemps, sur la genèse et les métamor- phoses de la Peziza sclerotiorum Lib., et à présenter à (64 ) l'appréciation savante de l’Académie le résultat de ces études, persuadé que , dans les travaux de ce genre, rien n'est plus facile que de s'égarer et de se méprendre, tant sur la nature que sur l'interprétation de faits d'une obser- vation difficile et souvent extrêmement délicate. Au mois de mars de cette année, je découvris, dans les | caves de l'hôpital civil à Gand, un grand nombre de Sclé- rotes, appartenant pour la plupart au Sclerotium varium, qui s'étaient développés sur diverses racines conservées | en tas. Ils croissaient de préférence sur les carottes et sur | les navets; on en trouvait aussi, mais en moindre nombre, | sur des racines de betteraves et de chicorée. Comme ils étaient abondants et qu'ils se présentaient a dans diverses phases de développement, l’idée me vint | d'observer leur végétation, et de répéter sur eux les expé riences faites en 1855, avec tant de succès, par M. Tulasne, sur un de leurs congénères ; le Sclerotium clavus D. C. | Jemportai donc un certain nombre de ces racines, qui, disposées convenablement, continuèrent à nourrir leurs sombres parasites; et c’est sur elles que je pus observer la végétation, le développement et les métamorphoses du champignon polymorphe dont j'essaye aujourd’hui de faire l’histoire. | En zoologie, les métamorphoses sont loin d’être rares : les batracides, les insectes, les cirrhipèdes, les vers: les échinodermes , les polypes, nous en offrent de curieux exemples. Mais en botanique, ces cas de métamorphose, d'observations assez suivies et consciencieuses. Quoi qu'il en soit, l'histoire du développement de la Peziza sclero- tiorum est certainement, pour la physiologie végétale, un | (65) nouveau cas de dimorphisme et de métamorphose, dans l'acception même la plus rigoureuse du terme, Ainsi, au jeune âge, notre plante vit en parasite sur les racines de diverses plantes bisannuelles, riches en sucs nourriciers; mais ce parasitisme est loin d'être inoffensif , comme nous l’observons souvent pour le règne animal : ici, C'est une ennemie qui tue et détruira rapidement la racine qui lui avait accordé l'hospitalité. Un germe s’est introduit sous l’épiderme de la racine; bientôt il émet de longs filaments nématoïdes qui enve- loppent et attaquent les cellules d'alentour. En quelques jours, il se forme tout un système de filaments absorbants qui, s'étendant au loin, épuisent et détruisent le paren- chyme de la racine attaquée. En même temps, le parasite se produit à l'extérieur, montre d'innombrables filaments aériens de formes diverses , Qui tous, en peu de jours, se chargent de Spores acrogénes. Prévoyance de la nature! la forme adulte de la plante vient-elle à avorter ou ne peut- elle pas se produire, la reproduction du végétal est néan- moins assurée, dès son enfance pour ainsi dire, dès sa Première forme. Mais au bout de quelques semaines, la racine est entiè- rement épuisée, le tissu cellulaire a disparu; il ne reste Plus qu'un épiderme décomposé et les filaments isolés du Ussu vasculaire: notre parasite, le mycelium primitif de la Pezize, Va périr et mourir sur le corps même de sa victime. “1S non; en un grand nombre de points ces filaments nématoides, isolés au jeune âge, se resserrent, s'unissent, “e Condensent pour former une masse arrondie ou irré- gulière; un épiderme noirátre, se formant aux dépens des extrémités de tous ces filaments, vient entourer cette Ormation nouvelle et Jui donner une existence indé- 2" SÉRIE, TOME IX. 5 ( 66 ) pendante; c'est ce que nous nommons un score 4 le reste de l'hiver, abritée contre le froid et les accidents | qui pourraient la détruire; elle attend ainsi le retour de | la belle saison pour prendre son dernier développement et revêlir sa forme spécifique adulte. y Le printemps venu, quelques cellules épidermiques dnd q sclerotium se gonflent, sSallongent, se multiplient et | s'unissent en un stipe arrondi ou colonnette brunátre, qui s'épanouit bientôt à sa partie supérieure, pour former une cupule d'un beau jaune de cannelle, La surface supé rieure du sclerotium se couvre souvent entièrement de l productions pareilles, La plante alors est facilement re- l connaissable : c'est la Peziza sclerotiorum Lib.; c'est si | dernière métamorphose, la forme parfaite et adulte de l'être, ayant sa reproduction à elle, reproduction théca- , spore, et qui met fin à l'existence polymorphe de la plante. Voilà bien trois phases distinctes d'une même vie, une existence à trois termes, et présentant à peu près les : mêmes métamorphoses que subissent les insectes. L'état primitif ou nématoide représente, en effet, assez bien la y larve des insectes; l'état sclérotien, état de vie latente, rappelle leur second âge, leur vie à l'état de nymphe; e l'état pezizoïde, celui d'insecte parfait, ayant, comme celui-ci, toute la supériorité d'organisation, de forme et de . couleur qui caractérise en zoologie les formes adultes. D'après ce que nous venons d'esquisser, nous partag® | rons la vie de notre plante en trois périodes : nous nom | merons la première période nématoïde ou sphacélienne; la seconde période sclérotienne, et la troisième période pezi- zéenne. . « L’exposé des caractères de chacune de ces périodes et (67) des modifications que subit la plante en parcourant cha- cune de ces phases, sera, il me semble, l’histoire la plus naturelle et la plus facile de la vie de ce champignon. PÉRIODE NÉMATOIDE OU SPHACÉLIENNE. Dans tous les cas de formation de sclerotium à l'exté- rieur des racines, j'ai toujours observé que cette produc- tion, quelle que soit sa forme, commence par une espèce de sphacélie. Cette sphacélie n'est cependant pas ici, comme on le croirait peut-être, toute semblable, strictement ana- logue à celle qui précède la formation du Sclerotium cla- vus. La sphacélie que décrit M. Tulasne (1) était formée de touffes de très-petites basides naissant à angles droits sur des hypha rameux et eloisonnés, reposant eux-mêmes Sur un stroma celluloso-gélatineux. J'entends ici par spha- célie, dans un sens plus large, une formation celuloso- filamenteuse, extrêmement polymorphe, vivant essentiel- lement en parasite, se reproduisant par génération acrogène et susceptible de former, dans certaines condi- tions, des espèces de tubereules qu'on nomme sclerolium, et qui mettent fin à cette première végétation. La sphacélie du Sclerotium clavus présentait générale- ment une structure assez uniforme : des basides égales, des stylospores de même forme et de même grandeur. Notre sphacélie, malheureusement, se laisse moins faci- lement caractériser : d’une polymorphie presque insaisis- Sable, forme, arrangement anatomique, consistance, tout varie souvent d'un individu à l’autre, et l'on rencontre en TR Rosie OR (1) Tulasne, L. R , Mémoire sur l'ergot des glumacées; Ann. DES SC. NAT., t. XX. 1855, i ( 68 ) E mème iemps des filaments sporophores, des stylosporeset | des spores les plus dissemblables. ! Me bornant donc à décrire ce que j'ai observé dansla | généralité des cas, je crois pouvoir néanmoins faire con- | naître suffisamment ce premier âge de la plante, sa forme . sphacélienne, en décrivant : ` 4° Ses caracteres extérieurs ; 2° Sa structure anatomique générale ; 5° Ses différents corpuscules reproducteurs; ; 4° Les parasites qui Vattaquent ou vivent en commen- saux avec elle, : Cette dernière partie, quoique paraissant peut-être ne se rattacher que faiblement à notre sujet, est cependant de toute nécessité pour pouvoir reconnaître les organes . de reproduction et les spores de tout genre qui se trou- vent souvent confondus, et pourraient donner lieu à de graves méprises, | I. — Caractères extérieurs. La Peziza sclerotiorum au jeune âge, à l’état de myce- lium, peut se présenter, d’après mes observations, sous | deux formes : s A. sous forme de sphacélie, ou B., plus rarement, sous | forme de filaments nématoides secs, ou, ce qui revient au | même, sous forme de byssoïdée sèche. 2 A. Forme sphacelienne. — La sphacélie se montreà tra- vers l'épiderme de la racine attaquée (navet, carotte, chi- | corée ou betterave), tantôt comme un petit mamelon hu- | mide, d'un blanc opalin et de consistance trémelloïde; i tantôt sous forme de lobes allongés et irréguliers, de même | couleur et de même consistance, imitant assez bien les circonvolutions du cerveau des mammifères supérieur (69) quelquefois enfin, sous forme de simple pellicule humide et blanchátre, Sous ces trois formes, la sphacélie peut être fructifère, je veux dire, peut se modifier en sclerotium. Il y arelation, jusqu’à un certain point, entre la forme primitive de la sphacélie et celle du sclerotium qui doit la suivre : ainsi, la 4% forme produit ordinairement des sclerotium irrégulièrement arrondis ou pisiformes, le Sclerotium varium Pers.; la 2% forme donne souvent naissance à des sclerotium plus aplatis, rugueux, de for- mes diverses, qui se rapportent généralement au Sclero- tium compactum D. C.; la 5" forme ne fournit guère que des sclerotium petits et maladifs, creux à l'intérieur, et peu différents du Sclerotium bullatum D. C., ou même parfois ne donne qu'une simple pellicule noirâtre, épi- derme de sclerotium avorté. B. Forme byssoidéenne. — Sous certaines influences que je n'ai pu bien apprécier, le mycélium de notre pe- zize ne prend pas la forme et la consistance humide de la Sphacélie, mais se développe plus appauvri, sous forme de filaments irréguliers, simples où rameux, qui forment de petits groupes isolés; ou bien se couchent, rampent, Sentortillent et s'étendent assez au loin sur l’épiderme de à racine, faisant l'effet de taches floconneuses et blanchà- tres. Cette dernière forme west pas toujours fructifère, tandis que la premiére produit toujours des stylospores ou des Spores; l’une et l’autre, cependant, donnent naissance A des Sclerotium, et se composent à peu près des mêmes éléments anatomiques. : ouvent la présence de la sphacélie est caractérisée par une espèce d'aire ou de tache humide et foncée, non sans quelque analogie avec celle qui entoure les Septoria et les Phyllosticta, Examinée au microscope, on reconnait que (70) cette tache n'est pas uniquement due à l’action épuisante des radicelles de la sphacélie, mais plus encore à uneallé ration morbide des cellules du parenchyme de la racine, el à une modification chimique de leur contenu, fort sem- . blable à ce que M. Schacht appelle reinefaule chez les pommes de terre (1). De nombreux infusoires, diverses espèces d'Acarus, et deux ou trois espèces de larves assez grandes, contribuaient aussi largement à troubler et à altérer ces tissus, et empêchaient souvent même les spha- célies de produire des sclerotium. IL — Structure anatomique. Quant à la structure anatomique de cette première for- mation, je ferai remarquer d’abord, que deux sortes de mile, de nature fort différente, s’y rencontrent comes éléments simples constitutifs : 4° Des cellules incolores, à parois minces, de forme plus ou moins allongée, qui» placées bout à bout, ou anastomosées entre elles, forment les radicelles, les hypha et les basides ou les filaments sporophores de la plante; 2 des cellules verdâtres, rondes ou arrondies, opaques, solides ou à parois trés-épaisses, isolées entre les filaments de la sphacélie, ou adhérentes entre elles au moyen d'un mucilage grumuleux, qui re- présente sans doute la matière intercellulaire des algues et des lichens. Par leur couleur, leur nature azotée el leur position dans l'arrangement anatomique de la plante, : ces cellules me semblent assez analogues aux gonidies de lichens. : (1) Janssen u. Schacht. Uber Kartoffelkrankheit. Mit. d. dato asco Gesell. zu Hamburg. 1846. E (11) - On ne peut se faire une meilleure idée de l'arrangement de ces parties constitutives qu'en comparant notre para- site à une plante plus élevée dans la série végétale. Le cen- tre de végétation de la sphacélie, que je comparerai ainsi à un rhizome tracant, se trouve sous l’épiderme de la rà- cine hospitalière; il se compose de cellules incolores de forte dimension, simples, plus rarement rameuses, qui, placées bout à bout, forment de gros filaments, ordinaire- ment un peu étranglés aux articulations; ou bien se réu- nissent irrégulièrement pour imiter un réseau lacuneux. Ces cellules sont ordinairement remplies d'un prolo- plasma granuleux, incolore ou jaunâtre d’après la colora- tion de la racine qui les alimente: ainsi incolore, quand on les prend sur les racines de navet ou de chicorée, jaunâtre, Quand on les extrait des carottes. De ce centre de végétation partent un système descendant où radicellaire , et un système ascendant ou aérien. Le sys- tème descendant sert évidemment à la nutrition de la plante, et le système ascendant doit pourvoir à sa repro- duction. Le système descendant se compose de radicelles cylindriques, plus ou moins fréquemment septées, se ra- Mifiant en d'autres plus gréles, qui se divisent à leur tour en filets plus déliés encore. Les radicelles de forte dimen- sion sont souvent remplies de protoplasma, les radicelles terminales, au contraire, ne contiennent qu’un liquide limpide et clair, Ces derniers filaments ont leurs extré- mités arrondies et ne diffèrent guère des radicelles des cinia. Ces radicelles pénètrent fort avant dans les racines attaquées; on les trouve souvent à une profondeur de 2 à 5 centimètres, Elles entourent et désagrégent les cel- lules du parenchyme, souvent même les pénètrent, et s'em- (12) parent évidemment des substances nutritives qu’elles con- tiennent. J'ai remarqué également que les filaments radicellaires portaient parfois latéralement, placées en angle droit, de. petites cellules saillantes, à parois épaisses, aplaties du côté de la radicelle et arrondies du côté demeuré libre. Ces cellules imitent assez bien ces boucles en métal qui garnissent les courroies des malles de voyage; c’est pour- quoi le professeur Hoffman (1), qui les a trouvées chez d’autres champignons, les nomme Schnallenzellen. Elles étaient en tout semblables à celles que M. Schacht figure dans son grand ouvrage sur la cellule végétale (2). Le système ascendant de cette formation est plus diffi- cile à bien caractériser, parce que les types de plusieurs genres s’y rencontrent et s’y trouvent souvent littéralement mélés. Au fond , cependant, il se compose d'kypha, qui ne sont que la continuation des filaments du rhizome central, el qui, suivant une direction horizontale ou verticale, Se - ramilient irrégulièrement, se modifient en basides ou en pseudo-basides, pour produire enfin des stylospores 0U- des spores. Entre ces hypha, et surtout à leur base, se. trouvent éparpillées ou réunies en amas plus ou moins considérables, ces cellules arrondies et verdátres dont nous avons parlé un peu plus haut. Disons d’abord un mot de la structure microscopique de ces filaments, pour nous occuper ensuite de leur mode d'arrangement. Siructure microscopique. — Ces filaments, considérés isolément, sont blancs, creux, inégalement septés, formés A at (1) Bot. Zeit., 1856, p. 156. (2) Hermann Schacht, Die Pflansenzelle, taf. VI, fig. 15. (75) de cellules irrégulières et tortueuses, ou de cellules tubi- formes, à parois parallèles. Leur paroi cellulaire mesure à peu près 2 millimètres. Leur diamètre varie considérable- ment; on en trouve qui n’ont guère que 4 millimètres d'épaisseur , et d’autres dont le diamètre doit être évalué à 10-15 millimètres. Le contenu des cellules diffère égale- ment d'une plante à l’autre et souvent de filament à tila- ment : ainsi c’est tantôt un liquide hyalin et limpide, tantôt un liquide granuleux , semblable à celui du système radi- cellaire, qui les remplit; souvent le liquide est remplacé par des espèces de noyaux ou de cellules vacuoliformes qui, placées sur un ou sur deux rangs, remplissent l'intérieur du filament, Une cellule, ou articulation de filament, con- lient souvent trois ou quatre de ces cellules vésiculeuses, parfois davantage, et même jusqu'à quinze et vingt. J'ai remarqué qu’en règle générale, plus un filament s'éloigne du centre de la plante, plus il est rarement septé; aussi les filaments terminaux n'offrent-ils souvent presque pas de cloisons. Ces filaments se composent de cellulose insensible aux acides et à l’action de l’iode, même aiguisé d'acide sulfurique. Ils résistent à Poxyde de cuivre ammo- niacal (paracellulose de M. Fremy. Institut, 1859, n°1519); mais la matiére granuleuse intracellulaire se dissout rapi- dement dans ce réactif. : Arrangement. — Ces filaments plongés dans un gelin abondant, qui donne aux sphacélies cel aspect humide et trémelloide, ou , développés en touffes séches, affectent, le plus souvent, dans leur groupement une des formes Sulvantes ; 1° Sur les hypha horizontaux du rhizome central, en- tremélés de cellules verdátres, sélévent de courts fila- ments, composés de deux ou trois cellules, dont la der- niére donne naissance à une baside beaucoup plus grêle, a tongue de 0,02 à 0,05 mm., qui porte une stylospore cy- | lindrique d'assez forte dimension : c'est la forme la plus régulière et qui se rapproche le plus des sphacélies du | Selerotium clavus. 2 Les hypha du rhizome se modifient en filaments ta- | meux , irrégulièrement entortillés, formant les lobes de la | sphacélie ou des coussinets laineux ; leurs extrémités ter- | minales et latérales produisent une infinité de spores | acrogènes ou de stylospores généralement de moindre dimension que celles de la forme précédente et de figure | ovoide ou ovalaire. Parmi ces filaments, il s'en trouve d'autres qui rappel lent parfaitement le port des Fusisporium: ils portent de - grandes spores fusiformes ou cylindriques, ordinairement bi-triseptées, droites ou courbées et se rapprochant beau- coup des stylospores de la forme précédente. En étudiant ces formations, on croirait satiété ll deux plantes vivant ensemble et mélant leurs filaments el | leurs spores ; je n'ai cependant jamais pu parvenir à sépa- rer les deux plantes , et j'ai trouvé toutes les transitions entre les petites spores ovalaires et les grandes spores cylindriques ou fusiformes. Il n'est pas rare, dans cette forme, de voir toute la partié | supérieure de la sphacélie, sous l'influence d'une grande d humidité, se désarticuler en spores de forines très-diverses, l et imiter partiellement le genre Cylindrium, Bonorden. 5° Aux filaments irréguliers de la forme précédente vient se mêler une troisième espèce de filaments : dés | filaments toruliformes, imitant parfaitement le genre Hormiscium Kze. Ils se désarticulent facilement en spores rondes ou arrondies, mais de diamètre fort variable. (75) 4 Enfin les filaments que nous venons de décrire se développent parfois stériles, formant des coussinets blanes et laineux ou des flocons moins denses et plus étendus. On remarque souvent, dans ces formations, des filaments à cellules noueuses et qui indiquent leur tendance natu- relle à se transformer en sclerotium. Cette hétérogénéité de formes et de spores chez une même espèce, quoique toujours embarrassante pour Pob- servateur, n'est cependant pas sans exemples en crypto- gamie. Ainsi 'Oídium violaceum Hart., et le Fusisporium solani Mart., appartiennent au méme mycelium (1). Le professeur Caspary a également vu le Fusisporium melanochlorum et le Fusisporium concors produire en même temps les spores arrondies du genre Hormiscium et les spores fusiformes propres à leur genre (2). Maintenant, me suis-je trompé, prenant pour des modi- fications d'un même mycelium des plantes réellement dis- tinctes, et confondant notre plante avec d’autres parasites secondaires? Je l'ai longtemps craint, et je suis loin encore d'avoir sur ce point mes pleins apaisements; mais plus dé cinquante examens microscopiques mont toujours et par- tout donné les mêmes résultats, et présenté la même con- fusion. Au reste, il n’y aurait rien d'étonnant que, dans un tel dédale de formes, le fil d'Ariane ne me fût échappé quelque part. EA Me pa rene Lehrbuch der Anatom. u. Phys. der Gewásche , Theil ipi (2) Robert car, Monatsberichte der Kön. Akad, d. Wissensch. zu Berlin, mai 1855 (76) BEI, — Corpuscules reproducteurs. I. Quand on examine au microscope ces masses de spores ou de stylospores qui forment, à la surface des sphacélies, une couche souvent assez épaisse, ou qui en- | combrent les filaments de formations plus sèches, on reconnaît, malgré la grande variabilité de ces corps re- producteurs, trois types assez constants auxquels pere E se rapporter toutes les formes intermédiaires. E C'est ainssi qu'on rencontre assez généralement en | même temps, a. de petites spores ovalaires (microspores); b. de grandes spores cylindriques ou fusiformes (macrospo- E res), et c, des spores arrondies. 4° Les spores de petite dimension, que je pourrais nommer microspores, quoique généralement ovalaires, varient néanmoins assez de forme et de grandeur. On en trouve de pyriformes, d'ellipsoides et W'ellipsoides-fusi- formes. Elles mesurent générálement 0,006, 8 ou 10 mm. À de longueur sur 0,004 à 5 mm. d'épaisseur. Rarement | septées, elles montrent plus souvent 1,2 ou 3 gouttelettes opaques, qui leur donnent parfois une apparence cloi- sonnée. Ces spores sont portées par des filaments sporo- phores, ou proviennent de la désarticulation des filaments | mêmes. 2° Les grandes spores, les stylospores fusiformes ou cy- lindriques, que Pon pourrait nommer macrospores , sont | droites ou arquées, à extrémités aiguës ou arrondies. Elles | mesurent généralement 0,010, 20 ou 30 mm. de longueur E sur 0,004 à 5 mm. d'épaisseur, et offrent 4, 2, 5 cloisons : transversales, ou bien une série de gouttelettes ou nu- cléoles opaques variant en nombre de 5 à 40. E EE E CT) | 3° Enfin les spores arrondies mesurent communémen 0,004, 5 ou 6 mm. de diamètre. Elles contiennent éga- lement, sauf les toutes jeunes, une ou deux gouttelettes opaques, placées, tantôt au milieu de la spore, tantôt sur l'un de ses bords. Elles proviennent de la désarticulation des filaments toruliformes, ou même naissent du fond de la sphacélie, comme des conidies. Ces spores, ainsi que celles que nous avons décrites en premier lieu, portent Souvent, à l'une de leurs extrémités, une petite cellule claire, ronde ou ovale, et qui leur a servi de baside. Toutes ces spores ou stylospores, dont nous venons de parler, germent facilement au bout de 2 ou de 3 jours. Elles se gonflent et s’aliongent d’abord, puis émettent un filament mycélin à l’un de leurs bouts ou à leurs deux extrémités à la fois. Ces filaments s’allongent souvent con- sidérablement sans se diviser; dans d'autres cas, ils se ramifient abondamment et de bonne heure. Au bout de © Tà8 jours, ils commencent déjà à montrer ces cloisons ou ces nucléoles opaques qui caractérisent les filaments . de la sphacélie adulte. Il. De véritables spermaties n'ont pas encore été dé- Couvertes dans les formations sphacéliennes. M. Tulasne avait considéré un moment les stylospores de la sphacélie du Sclerotium clavus comme pouvant être des sperma- ties; mais il a été, plus tard, le premier à reconnaître son erreur (1). Espérant découvrir peut-être ces corpuscules chez notre Sphacélie, j'observais soigneusement toutes les formations qui se montraient dans le rayon de végétation des spha- célies, quand j'aperçus poindre, conjointement sur des tuent nd + à ne UN (1) Mémoire sur l'ergot des Glumacées y pag. 8, not. 2, (78 ) navets el des betteraves, autour des sphacélies, un grand nombre de mamelons transparents, d'un beau rose incar- | nat et d'un diamètre d'environ un demi-millimètre. Ils s’élevèrent bientôt en longs filets arrondis, également | roses, el contournés en spirale, pour s’affaiser ensuite e E tomber en déliquescence. 4 Ces productions se rapprochaient beaucoup, pour les i caractères extérieurs, des Naemaspora, Libertella et Cyti spora, mais en différaient totalement par leur structure anatomique. Examinés au microscope, ils me montrèrent l'organisa- tion des véritables spermogonies, c'est-à-dire un périthèce propre, arrondi, formé de fines cellules verdátres, €t tapissé à l'intérieur de cellules saillantes, donnant pais- | sance à une quantité prodigieuse de spermaties. Celles-ci étaient cylindriques, incolores, droites, à extrémités obtuses et toutes parfaitement semblables; elles mesu- raient 0,005 à 4 mm. de longueur, sur un peu plus dé 0,001 mm. d'épaisseur. | Ces spermogonies, percées supérieurement d'un port! plus ou moins large, se maintenaient au milieu des cellules polyédriques de Pépiderme, au moyen d'une multitude de radicelles vraiment capillaires. Malgré cette organisation | peu équivoque, et leur position autour ou à proximité des sphacélies, je ne me crois pas suffisamment autorisé à considérer ces mamelons comme les spermogonies de cettè première période. LS ap IV. — Parasites. Durant cette première période, des parasites assez nome breux se montrèrent en compagnie de notre plante, où vivant sur elle en parasites secondaires; car, dans bien (79) des cas, il est souvent très-difficile ou presque impossible de déterminer s’il y a véritable parasilisme ou seulement cohabitation. Le Mucor rufus Pers. et ' Ascophora mucedo Tode, qui naissent si facilement sur toutes les substances en putré- faction, se montrèrent les premiers sur mes sphacélies. Le Fusarium roseum Link, et le Trichothecium domes- ticum Corda, les suivirent bientôt, élevant partout leurs coussinets roses au milieu des masses blanches et opalines des sphacélies. Quelques semaines plus tard, les Penicillium apparais- saient en grand nombre : c'étaient les P. crustaceum (L.), candidum Link et bicolor Fr.; les deux premiers affectaient le plus souvent leur forme corémienne. Un joli parasite, Y Haplotrickum roseum Corda, exerça aussi de grands ravages parmi les hypha de cette première période : véritable cuscute pour le port et pour les mœurs, il détruisait souvent en peu de jours toutes les mucédinées qu'il rencontrait sur son passage. Je remarquai également sur les sphacélies le Fusidium clandestinum el sa variété microsporum Corda, l’Acrosta- lagmus cinnabarinus Corda, et lOïdium virescens Fr. Il me reste encore à parler d'une forme vigoureuse et robuste du Polyactis vulgaris Link (1), qui se montra Souvent autour des sphacélies et attira spécialement mon attention pour deux raisons que je ne puis passer sous silence : 1° Les sclerotium en voie de formation sont toujours Couverts d'un fin duvet laineux, qui n'est autre chose qu'une te t pas Syst. der Pilze, tab. IV, f. 57; Corda , Icon. Fung., t. I, tab. V, 4 ( 80 ) toison d'hypha encore non soudés; mais il n'est pas rare de voir ces hypha prendre un développement extraordinaire et s'élever même au-dessus du sclerotium à une hauteur d'un centimètre. Examinant au microscope ces hypha, j'ai été souvent frappé de leur tendance à se transformer en filaments de. Polyactis, et il west arrivé d'en trouver qui, i nférieure- ment encore hypha de sphacélie, montraient à leur partie supérieure les fines cloisons et le protoplasma grisâtre des filaments de Polyactis. Jamais cependant je ne les a vus fructifier. Cette seule observation ne suffit certes pas pour en inférer que les filaments de sphacélie peuvent, | sous certaines influences, se modifier en Polyactis; je ferai néanmoins remarquer qu'un mycelium de champignon, devenant fructifère sous forme de Polyactis , ne serait pas un phénomène sans antécédents dans la science. C'est ainsi que le Rév. Berkeley a vu le mycelium de sa Sphaeria Des- mazieri, fructifier sous cette forme (1). 2° J'ai trouvé des racines de navets et de chicorée sut lesquelles le Polyactis seul s'était développé, et qui $ trouvaient néanmoins remplies, à l’intérieur, de beaux Sclerotium varium. La décomposition de ces racines était déjà trop avancée, quand je découvris ces tubercules, etje ne pus plus retrouver que les gros filaments générateurs, qui suivaient ordinairement les faisceaux vasculaires de ceS racines. Comme les radicelles des Polyactis et des sph célies se ressemblent beaucoup, je n'ai pu décider à laquelle de ces plantes appartenaient les filaments sclé rotifères. Il se peut que la sphacélie, étouffée par les A 6 (1) Gardn. chron., 1851, p. 805. E ad Polyactis, se soit développée sous forme de Rhizomorpha et ait néanmoins produit des sclerotium. PÉRIODE SCLÉROTIENNE. Dans la première partie de ce travail, nous avons étudié la vie de la Peziza sclerotiorum à l'état de mycelium diffus; nous avons vu ce mycelium naître, se développer et fruc- lifier comme la plupart des mucédinées parasites; mais chez celles-ci, le moment de la fructification est ordinaire- ment une époque fatale qui met fin à leur existence; ici il n'en est pas de même : une partie du mycelium, celle qui avait servi à la fructification, périt seule, tandis que l’autre, plus vivace, se modifie , Au contraire, en sclerotium, pour reprendre, aprés quelques mois de repos, une nou- velle activité vitale. La partie radicellaire de ce mycelium a done un double rôle à remplir: elle doit d'abord former et nourrir la Sphacélie, puis, quand celle-ci a fructifié et va périr, elle doit former un certain nombre de tubercules radicellaires Où de sclerotium, destinés à produire la forme adulte de la plante; quand le sclerotium est formé, son rôle physiolo- s!que étant rempli, elle périt à son tour. Four procéder avec le plus d'ordre possible, nous exa- Minerons suecessivement les trois questions suivantes : a. L'origine et la formation du sclerotium ; b. Sa morpho- logie et son anatomie; c. Sa valeur physiologique. 1° Formation du sclerotium. — C'est le rhizome cen- tral de la sphacélie qui donne naissance aux sclerotium. Ceux-ci peuvent se former tant sous une sphacélie fruc- tifère qu'autour d'elle, comme formation secondaire et plus indépendante, et c'est ce dernier mode de forma- 27" SÉRIE, TOME 1x. 6 (82) tion qui donne d'ordinaire les sclerotium les plus robustes, Je veux dire que la partie inférieure d'une sphacélie $è modifie bien souvent en masse sclérotienne, comme cela à | lieu chez la sphacélie du Selerotium clavus, mais que plus E souvent encore c'est la partie intramatricale de la spha- { célie, ses stolons cachés dans la racine hospitalière, qui ' | donnent directement naissance à des sclerotium , sans que E ceux-ci aient toujours été surmontés d'une formation frut: E tifère. C'est ce dernier mode de formation que nous allons £ principalement décrire. Disons d’abord, comme le prouve examen microsco | pique, que les tissus avoisinant la sphacélie sont tout remplis et traversés de forts et robustes stolons, qui nt E sont que des prolongements des hypha du rhizome cel f tral. Ce sont ces stolons qui percent Pépiderme de la racine atlaquée, le plus souvent autour des sphacélies, € | viennent se montrer, à l'extérieur, sous forme de petits mamelons ou coussinets humides et transparents. Ces mamelons ou coussinets sont formés de courts filaments: à articulations très-rapprochées et naissant, serrés les uns | contre les autres, de la réunion de deux ou trois ou d' un nombre plus considérable de ces stolons. Au bout d'une couple de jours, ces mamelons ont considérablement grandi; leur forme trahit déjà leur destination el indique de jeunes sclerotium. L'aspect s'est également modilié dans l'intervalle; leur surface a perdu cette apparent humide et s'est couverte d'une courte laine blanche, due? l'épanouissement des filaments terminaux. E A mesure que ces jeunes sclerotium gagnent en dimet sion, la toison qui les couvre s'allonge également; ce 0%. veloppement cependant n'est pas toujours régulier, el l e voit des sclerotium de même âge, couverts les uns d'une AD) . laine courte et épaisse, les autres de filaments plus longs et plus légers, s'élevant souvent même à un centimètre au-dessus de la surface du sclerotium. Nous avons déjà fait remarquer la grande analogie de certains de ces filaments avec ceux du Polyactis vulgaris (forma robusta). Il faut en règle générale quatre ou cinq jours à un sclerotium pour - atteindre ainsi sa croissance parfaite. Le sclerotium alors entre dans une nouvelle période, que nous pourrions nommer lacrymante et qui est ca- ractérisée par une exsudation abondante dont toute la surface libre du champignon est le siége, Cette période de courte durée s'achève en deux ou trois jours et fait la tran- sition de l’état laineux à l’état de sclerotium proprement dit. De tous les aspects sous lesquels peut se présenter ce pa- rasite, celui-ci est, sans contredit, le plus beau et le plus gracieux, et je n'ai pu sans plaisir les contempler portant ainsi, sur un turban de belle laine blanche, un diadème de perles tremblotantes aussi pures que le cristal. Le premier jour, l’exsudation est peu abondante, le second elle Pest davantage, et le 5"* ou 4” jour, les gouttelettes s'unissent pour découler autour du sclero- tium, Cen est fait alors de sa belle laine blanche, elle se Nétrit à la surface du sclerotium , qui s'est coloré dans l'entre-temps en noir, et disparaît insensiblement. C'est cet etat qui avait été pris par Fries comme caractérisant une espèce nouvelle dont il avait fait son Sclerotium tectum. Une pareille exsudation se remarque encore chez d'au- tres champignons. M. Tulasne la signale chez la spha- célie du Sclerotium clavus (1), el je Pai observée, cet élé, e A E e (1) Tulasne, 1. e., p. 17. (84) sur de jeunes individus de Polyporus squammosus, de Tee- phora purpurea et de Xylaria cornuta. Elle a pour but, je crois, de décharger la plante de la partie aqueuse des sucs abondants que lui fournit à cette époque son système radicellaire, et dont les parties plus substantielles sont converties en couches d'épaississement intracellulaire. En : effet, des incisions pratiquées de manière à isoler le sele rotium de la majeure partie de ses fibres radicales, fout cesser entièrement cette exsudation. Examinant la liqueur exsudée, elle m'a paru limpide, sans goût et sans odeur et ne laissant aucune trace sul. le papier. Elle était ordinairement chargée de spores de diflérentes grandeurs. | Il paraît qu'à une certaine époque de la vie de not, mycelium, il suffit de mettre ses filaments à nu ou de les blesser pour leur faire produire des sclerotium; c'est ainsi | que, sur différentes racines recélant de nombreuses radi- celles de sphacélie, j'ai pu produire à volonté des selero tium de diverses formes, en pratiquant des incisions où 3 des décortications partielles. J'ai déjà fait observer plus haut que ce n'est pas seule ment à la surface des racines que peuvent se produire des sclerotium; on en rencontre également à l’intérieur de certaines racines. Ces sclerotium entogènes ne diffèrent. guère de ceux qui se sont formés librement; ils sont géné ralement arrondis, présentent souvent une cavité inté rieure, et peuvent se transformer en Pezize, comme | autres. Il west arrivé de trouver à l'intérieur de navet qui s'étaient excavés par la décomposition de leur pare ` chyme, des sclerotium suspendus à des faisceaux de fibres vasculaires, qui avaient présenté plus de résistance su ravages des sphacélies. 3 (85 ) Si Pon examine maintenant au microscope de jeunes sclerotium en voie de formation, il n’est pas possible de méconnaitre leur origine et de ne pas voir que ce sont les filaments du mycelium qui se modifient, se resscrrent el se soudent, pour former ces masses noires ou brunátres qu'on considérait autrefois comme des productions autonomes. Les filaments destinés à former le sclerotium se distin- guent cependant des filaments ordinaires de la période sphacélienne par les caractères suivants : a. par la fré- quence et le rapprochement de leurs cloisons; b. par la propriété qua chaque articulation de se gonfler et de de- venir, pour ainsi dire, noueuse; c. par la propriété qu'ont ces mêmes articulations d'épaissir intérieurement leurs parois par la formation de nouvelles couches d'épaississe- ment, et de se souder entre elles au moyen d’une espèce de matière intercellulaire grumeleuse. Chaque cellule de selerotium représente ainsi originairement une articula- tion de filament. La figure 42 de notre planche représente un fragment de jeunes sclerotium où la transition de l’état filamenteux à l’état cellulaire compacte se remarque très- bien, Le sclerotium formé, il se passe un phénomène assez Curieux, mais dont je mai pu bien saisir la cause : les cel- lules de la périphérie se colorent en noir pour former un épiderme général, et puis se détachent, se désarticulent, d'une part, des filaments laineux qu’elles portaient supé- feurement, et de l’autre, des filaments radicellaires qui nourrissaient jusqu'alors la plante. Ces cellules possèdent probablement une propriété isolante semblable à celle qui caractérise les cellules subéreuses des phanérogames Supérieures. > For : à = Forme et structure anatomique du sclerotium. — Les (86 ) selerotium que produit la sphacélie de la Peziza sclero | tiorum sont loin d'affecter une forme constante el guliére et de présenter un type qui puisse servir àl caractériser; ainsi on en trouve de globuleux, de lobés d'aplatis, de convexes, de cylindriques, et d'autres formes les plus irrégulières et les plus bizarres. Au milieu de cette irrégularité, on reconnait ce dant certaines formes dominantes se présentant plus sou vent que les autres, et rappelant des formes qui recu des auteurs anciens des dénominations spéciliqu Cest ainsi que le Sclerotium varium Pers., et sa variélè elongatum Chev., se montraient fréquemment sur les carottes; le Sel. compactum D.C., et le Scl. tectum Er, sur les navets et les chicorées; le Sel. bullatum D.C., sur les navets et les betteraves. Certains sclerotium étaient à peu près lisses, d'autres fortement rugueux; quelques- uns montraient une surface plissée; il s'en trouvait qüi, tout couverts de petits mamelons, rappelaient fort bien le Sel. sphaeriaeformis Lib. Les proportions de grandell ne varient souvent pas moins que la forme et l'aspect des sclerotium, et l'on en trouve qui mesurent depuis 2 milli- mètres jusqu'à 5 et 4 centimètres de longueur. a Il arrive assez souvent aux sphacélies de ne point former de véritables sclerotium; ce cas est surtout fré quent chez les sphacélies fructifères trop humides. 0% trouve alors, quand la sphacélie a disparu, une espèce de pellicule, souvent très-étendue, noirátre à sa surface sur périeure et intérieurement blanche, mais dans laquelle où reconnaît cependant facilement les éléments anatomiq du sclerotium. La pellicule noirâtre, dans d'autres ca% est remplacée par un amas informe de cellules scléro tiennes, présentant un aspect spongieux ou irrégulière (87) ment rangées en chapelet. Toutes ces formations sont évi- demment des sclerotium avortés, et sont incapables de pro- duire des Pezizes. Une coupe transversale de sclerotium (fig. 11) montre la structure anatomique bien connue de la généralité de ces productions. Sous un épiderme noirâtre, formé de trois ou quatre rangs de cellules, se trouvent des cellules blanches ordinairement un peu plus grandes, de formes diverses, à parois épaisses, laissant apercevoir, quand les coupes sont très-fines, des couches d'épaississement fortement serrées et soudées entre elles. Ces cellules sont grandes ou petites, arrondies ou prismatiques (lig. 11), allongécs ou même canaliformes, d’après la nature des filaments qui les ont produites et le degré de pression qu'elles ont subi. Les cellules de jeunes sclerotium ont les parois plus minces et contiennent souvent encore un protoplasma granuleux non utilisé : celle des sclerotium adultes sont souvent presque pleines, et ne montrent, sous le micros- cope, leur cavité intérieure que comme un point noir. Les cellules épidermiques ne diffèrent guère des cellules inté- rieures que par leur coloration foncée. Corda dit avoir examiné plus de 1000 sclerotium, sans leur avoir jamais reconnu de spores : cela se conçoit aisé- ment : c'est comme si l’on cherchait des graines sur un tubercule de pomme de terre. Fries (1), De Candolle, Che- vallier et d'autres auteurs, qui ont remarqué autour de coupes de sclerotium des corpuscules sporuliformes, ont vu les spores de la période sphacélienne que les sclerolium portent souvent en grand nombre, ou bien des granula- mm A E ET RE M D tn dE tt nai E E item (1) Fries, Sum Jeg. Scand., p. 477, et S. M., t Il, p. 247. (88 ) - tions protoplasmatiques , qui sont très-abondantes dans | cerlaines préparations. A 5° Valeur physiologique du sclerotium. — Si l'on tient compte maintenant de la naissance du sclerotium, el de. la transformation que nous lui verrons subir bientôt, il n’est plus possible de le considérer comme une espèce végétale. L'espèce est quelque chose d'absolu, capable de: se nourrir et de se reproduire. Le sclerotium, comme tel, n’est qu'un être relatif, privé d'organes de nutrition et de reproduction. L'opinion de M. Bonorden (1), qui regarde les selero- tium comme des dégénérescences d'espèces , n’est pas non plus admissible; l’évolution postérieure de celte forma: tion et sa métamorphose en champignon d'un ordre supé rieur contredisent cette manière de voir. Reste la théorie de M. Léveillé (2), qui ne voit dans les sclerotium que des mycelium condensés et destinés à une évolution ultérieure, el, cette opinion trouve ici une pleine confirmation. même qu’en phanérogamie, on trouve des racines fibreusès et des racines tuberculeuses : ainsi on rencontre, en M} cologie, des mycelium nématoïdes et des mycelium tuber- culeux ou sclérotiens. Le sclerotium remplit ici parfaite- ment le rôle d'une racine bisannuelle. Chez les plantes bisannuelles, nous voyons l’activité de la première année tendre principalement à accumuler des matériaux, diffé- rentes substances nutritives, destinés à l'entretien delà pousse de l'année suivante; pareillement, chez notre plantè l'activité de la première période végétative, de la période E a SR - (1) H. F. Bonorden, Handbuch der algemeine Mykologie, p. 281, 1851. 4 (2) Léveillé, Mémoire sur le genre Scienoriun. (Ann. se, nal, t, xx | (89 ) sphacélienne, sert en grande partie à former ces sclero- tium, dans lesquels les Pezizes, représentant la seconde période de végétation, devront trouver leurs éléments de développement et de nutrition. La nature et la destination des sclerotium ne sont donc plus, dans ce cas donné, des énigmes : ce ne sont que des mycelium tuberculeux, mais qui offrent ceci de remar- quable , c'est que l’activité vitale de la plante, après s'être concentrée quelque temps dans ces espèces de nymphes végétales, ne se réveille et ne reparaît que pour affecter des formes aussi nouvelles el commencer une existence aussi neuve que celles de l'insecte qui sort de sa chrysalide. PÉRIODE PEZIZÉENNE. Ayant récolté plus de 200 sclerotium, de forme et de grandeur différentes, et que j'avais vus se former sous mes yeux, il ne me restait plus qu’à les placer dans des conditions favorables à leur germination, pour leur faire produire la forme adulte et parfaite. A cet effet, je suspendis une partie de mes sclerolium dans des flacons à large col, à moitié remplis d’eau et à un centimètre au-dessus de la surface du liquide, croyant qu'une atmosphère humide suffirait pour les faire germer; Mais ce procédé, qui avait réussi à M. Tulasne, ne me donna aucun résultat; el, depuis prés de sept mois que je les observe, je ne les ai vus donner aucun signe de vie. Je semai une autre partie de sclerotium dans des ter- rines remplies de terreau, ne les couvrant que très-légère- ment et ayant soin de séparer les sclerotium de navet, de “arotte et de chicorée, pour les reconnaitre, au cas qu'ils Yissent à donner des champignons différents. Je ne parle (90) E pas des sclerotium de betteraves , qui, mal formés, ne prô- duisirent jamais rien. 4 Je fis une première expérience le 46 mars. Je semi deux terrines, séparées en compartiments par des lamis de verre, employant pour chacune d'elles des terreaux de provenance diverse; et je plaçai l’une dans une de mes chambres de travail qui, n'étant pas chanffée, offrait la. température assez douce du printemps de cette année, Je déposai l’autre dans une serre à boutures, assez éloignée de mon habitation et où régnait habituellement une tempé rature de 15 à 20 degrés centigrades. Ces terrines élaient couvertes d'un carreau de vitre, pour y maintenir une. humidité plus uniforme, Pendant deux mois, mes selerotium demeurèrent en- gourdis ; mais vers la mi-mai, je vis apparaître, sur les sele- rotium cultivés en chambre d’abord, puis, quelques jou plus tard, sur ceux que je conservais en serre, des espèces de clavaires brunåtres (fig. 1) que je pris pour de jeunes TY- phula. Ces espèces de clavaires se développaient assez rap dement, mais périssaient au bout de huit jours, sans pro duire, à mon grand regret, d'organes de fructitication. Jelis plus heureux à la fin de mai et pendant le mois de juin, Y je vis tous les sclerotium produire abondamment de belles | Pezizes, couleur de cannelle, que je reconnus de suite pouf être la Peziza sclerotiorum Libert. Le retard des sclerotiuih semés en serre chaude sur ceux cultivés à une températurè beaucoup plus froide, est un fait que nous signalons e (1) La chaleur de nos serres est sans effet sur le blé, Pavoine, la bet rave, etc, : (91) paraissent peu sensibles à une addition de chaleur artifi- cielle, et chez lesquelles la saison ou l’époque de l'année a beaucoup plus d'influence sur la végétation qu'une aug- mentation ou une diminution de calorique. Dans l'intervalle, j'avais fait une seconde expérience, et le 1% mai j'avais semé en plein air trois nouvelles terrines. La 1" contenait des sclerotium dé navet ; la 2™° des sclero- lium de carotte et la 3™° des sclerotium de chicorée. Je les laissai placées à l'ombre, ne les couvrant que d'une vitre blanchie. Dans les premiers jours de juin , tous ces sclero- tium produisaient indistinctement les mêmes Pezizes, qui se succédèrent par intervalle jusqu'à la fin du mois d'août. Je fis enfin une troisième expérience, le 4% juillet, mais elle manqua complétement, parce que mes sclerotium, trop humides et privés d'air, entrèrent en fermentation dès les premiers jours. Les expériences précédentes suffisent ce- pendant pour constater ici avec certitude que plus de deux cents sclerotium, provenant de différentes plantes, quoique produits par la même cn pre ps beer: semés à diverses époques, dans des Jans des localités éloignées, ont toujours donné la même plante, la Peziza sclerotiorum Lib. J'ai remarqué que pendant leur germina- lion, les sclerotium ne se gonflent pas considérablement, seule leur tissu se ramollit et devient flasque, et si on les laisse sécher après qu'ils ont produit leurs Pezizes, ils se ratatinent et n’offrent plus que la moitié du volume primitif : ce qui prouve qu’une partie de leur substance à élé employée à nourrir les Pezizes. J'observai également que c'était bien toujours la surface Supérieure des sclerolium qui portait les Pezizes, mais que st on les tournait, leur surface inférieure, devenue alors Supérieure, en produisait tout aussi bien. Li (92) Un point qui me parut très-important, fut de m assure de la manière dont les Pezizes se rattachent aux sclero- tium, el de constater les rapports qui existent entre ces deux formations. Je vis ainsi que les Pezizes commencaient à à pari sous forme de petits tubercules, souvent un peu plus pâles que l’épiderme du sclerotium. Ces tubercules, géné ralement très-nombreux, ne prenaient, dans certains Cas, pas de développement ultérieur, dans d’autres s'allon- geaient et se transformaient en Pezizes. Examinés au mi eroscope, je reconnus que ces tubercules n'étaient qu'un bourgeonnement, une multiplication des cellules épider- miques du sclerotium même. Une coupe perpendiculaire au travers du sclerotium et du stipe d’une Pezize adulte, me montra également qu'il y avait identité de cellules el union non interrompue entre Vépiderme du sclerotium tl celui de la Pezize. Ici done la métamorphose est certame, et on ne peut soupçonner une espèce de parasitisme» comme chez l’Agaricus tuberosus et l’ Agaricus stercorarius, où les sclerotium producteurs se couvrent d'un mycelium blance qui se transforme ensuite en stipe. La Peziza sclerotiorum, espèce formée par M™ Libert u) malgré son pédicelle quelquefois tuberculeux, qui lul donne alors un caractère tout exceptionnel, se rapproche néanmoins beaucoup de la Peziza Candolleana Lév. (2), plus encore de la Peziza subulipes Bull. (5), dont elle nè diffère que par son mycelium sclérotien et sa couleur de cannelle. (1) Plantae crypt. Arduennae , n° 396. : (2) Mémoire sur le genre Sclerotíum. (Any. Sc. Nar., t. XX, p. 235. 1845) | (5) Herbier de France, t.1X, tab. 500, fig. 2. na (95 ) Elle varie beaucoup de forme et de grandeur, et l'on serait tenté d'y voir des espèces différentes, si de nom- breuses transitions ne venaient unir ces formes diverses. Elle se présente ainsi : a. Clavariforme (fig. 1). Cette forme n’est qu'un état de développement arrêté. b. Infundibuliforme (fig. 2). L'humidité et le manque de lumière produisent cette forme. c. Sublurbinée (ig. 5). Courtement pédicellée on pres- que sessile, d. Enfin hypocratériforme, longuement pédicellée, à pé- dicelle tantót droit et robuste (fig. 4), tantót gréle et flexueux (fig. 5). Les échantillons de M"° Libert reprodui- sent cette derniére forme. Sa cupule d’abord globuleuse, puis légèrement concave, Saplatit ensuite et finit par se recourber après l'émission des spores. Elle varie en diamètre d'un millimètre à un centimètre; sa chair est céracée et transparente, et brunit en séchant, L’hymenium concolore, à l’état frais, appa- rait alors pruineux, ce qui est dû aux spores qui le cou- vrent, Les thèques (fig. 9) sont nombreuses, linéaires, longues de 0,015 à 47 mm., implantées sur un hypothecium brun foncé et contiennent 8 spores (fig. 10) ovales, incolores ou très-légèrement jaunátres, simples, mesurant 0,005 mm. de longueur sur 0,002 mm. d'épaisseur, et renferment Souvent une ou deux gouttelettes claires. Les paraphyses sont rares, de même longueur que les thèques, mais beaucoup plus gréles, et ne sont peut-être que des thèques avortées. > Cette Pezize se développe en huit ou dix jours et en vil vingt ou trente; elle émet, comme le font beaucoup de (94) Pezizes, ses spores sous forme de petit nuage coloré. L’ menium ne se vide pas en une fois, et j'ai vu cerlaines Pezizes lancer ainsi leurs spores quinze jours de suile, quand je levais, le matin, le verre qui les couvrait. Les spermaties sont déjà connues chez plusieurs Pezizes; mais chez celle-ci, je n’ai rien pu découvrir, même au toul jeune âge, qui pût être considéré comme un organe de (e genre. A La structure anatomique de notre plante est assez re- marquable. Un tissu cortical, naissant du sclerotiun même, entoure très-régulièrement la plante entière. Ce tissu (fig. 6) est formé de cellules colorées, ovales, régi lièrement superposées , faisant quelquefois saillie sous forme de poils cloisonnés, et forme, en modifiant un peu ses cellules, la partie extérieure de la cupule. Le centre du pédicelle est ocenpé par un faisceau de cellules grêles (fig. 7), incolores, très-allongées, fortement serrées el adhérentes entre elles, qui se prolonge ainsi jusqu'à là cupule. A ce point, son tissu se modifie, devient plus lâche, agrandit ses cellules et s'épanouit pour former hf pothecium. A Quand la cupule prend une grande extension, les cel lules du faisceau central, trop pen nombreuses pour rem- plir son intérieur, se séparent alors pour former UM charpente, souvent très-ingénieusement disposée, el $. réunissent ensuite de nouveau pour soutenir l'Aypothé cum. : Nous avons vu, dans la première partie de ce trava qu'un assez grand nombre de parasites se montrèrent sur lé formations sphacéliennes de notre plante : quelques par? sites envahirent également les sclerotium pendant leur ge” mination; çe furent : le Chaetostroma stipitatum Corda, ES : (95) le Botrytis cinerea Pers., et le Trichothecium domesticum Corda. Leur présence rendait généralement les sclerolium stériles. Nous terminons ce travail par quelques remarques ou considérations générales, qui ne seront peut-être pas sans intérêt pour la mycologie générale. Ainsi : 1° La genèse des Sclerotium varium, compaclum, tec- tum, etc., est, par analogie, une preuve de plus que le Scle- rotium clavus D. C., est bien une production sui generis, un vrai mycelium et non une déformation de Povule, de l'ovaire ou d'un organe quelconque de graminée. 2 Il est très-probable que, de même que les sphacélies des Claviceps purpurea , microcephala, nigricans, et de la Peziza sclerotiorum, un grand nombre de gymnomycètes ne sont pas des espèces autonomes, mais simplement des mycelium fructifères de champignons supérieurs qui, ren- contrant rarement les conditions requises à leur dévelop- pement parfait, sont dotés, pour cette raison, d'un sys- tème de fructification supplémentaire. 5° Il est presque moralement certain que ces nombreux sclerotium , qui formaient autrefois la plus grande partie de la famille des sclérotiacées, sont précédés et produits par une forme sphacélienne. Ainsi, j'ai observé, cet automne, le Sclerotium pubescens Pers.: il était formé par une véri- table sphacélie grisátre, produisant de nombreuses Sty- lospores arrondies, ovales ou ovales allongées. Les Scle- rolium semen et stercoreum sont formés par un mycelium blanc, quoique je n’aie pas eu l'occasion de vérilier sil était fructifère. C'est une sphacélie d'un jaune grisätre qui donne naissance au Sclerotium pyrinum Fr. Elle fruc- tifie el porte des spores ovalaires à extrémités souvent tronquées. Il est certain que le Sepedonium mycophilum (96 ) | forme dans les bolets de véritables sclerotium brunátres, souvent creux en dedans et présentant la même texture que le Sclerotium boletophilum Corda (1). Ces Sepedoniun vivaient presque toujours en compagnie du Monosporiul agaricinum Bonorden. ; 4 Ayant vu un même mycelium produire des selero tium de structure anatomique très-différente , c'est-à-dire à cellules grandes ou petites, arrondies ou très-allongées, minces ou à nombreuses couches d'épaississement, ll donner néanmoins naissance à la même Pezize, on doll en inférer que la nature des cellules du sclerotium sot d'une valeur déterminative très-minime. 3 Sil est vrai, comme nous l'avons vu, qu'un mém? mycelium peut produire des sclerotium de forme et das pect très-divers, il est au moins assez probable que dé mycelium spécifiquement différents peuvent former dé sclerotium semblables. Ceci serait important pour le 0 où des sclerotium de même forme viendraient à produit? des champignons différents. | 6” Enfin, je crois qu'il ne faudrait plus que quelque expériences heureuses et conduites avec soin , pour po voir formuler une théorie générale de métamorphose che les champignons sclérotiphorés. Il faudrait surtout, dans ces expériences , rechercher les causes qui peuvent influer sur la nature du mycelium et qui font qu'une même espec se présente tantôt munie d'un sclerotium, tantôt privée de ce mycelium. L'époque de l’année où se développe le myt lium et le genre de spore qui lui a donné naissance, $ contribuent probablement pour une large part. | o | (1) Zeon. Fung., t. TI, icon. 54, f. 10. Nat e LTS AR RE serte, Tom IX, 27° E Bodiam at. rat Lal. à (97) Nous devons la planche qui accompagne ce mémoire à l'amitié et au talent de M. Gustave Boddaert, de Gand. Nous regrettons beaucoup de ne pouvoir y placer les figures explicatives de la période sphacélienne, parce que ces dessins, pris sans intention de publication, ne pré- sentent pas celte stricte exactitude que nous leur dési- rerions, EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. 2,5, 4, 5. Formes diverses de la Peziza sclerotiorum Libert. : gran- deur naturelle., f — 6. Tissu épidermique {grossi 500 fois). — 7. Faisceau central (500 fois). — 38, Coupe horizontale d'une cupule. — a. Aymentum , hypothecium. c. — Tissu de la cupule (500 fois). — 9. Théque et paraphyse isolées (500 fois). — 10. Spores (500 fois). — 11. Coupe transversale d’un sclerotium (400 fois). — a. Épiderme. — b. Tissu interne. — 12 et 12 bis. Fragments de sclerotium en voie de formation, et où se remarque la transition de l'état filamenteux à l'état celluleux 6 ; 7 2™° SÉRIE, TOME IX. ( 98 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 9 janvier 1860. M. le baron DB GERLACHE, directeur. M. Ap. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. de Ram, Roulez, Gachard, Borgnel, | David, De Decker, Snellaert, Carton, Haus, Bormans, z Leclercq, Baguet, Arendt, Ducpetianx, Chalon , membres; | Nolet de Brauwere Van Steeland, associé; Defacqz, corres | pondant. À MM. Sauveur, membre de la classe des sciences , Éd. Fétis | et Jehotte, de la classe des beaux-arts, assistent à l | séance. CORRESPONDANCE. Une lettre du Ministre de l’intérieur fait connaître e M. Gachard , directeur de la classe des lettres pour 1860, | a été nommé par Sa Majesté, président de l’Académie ve la méme année. a Par une seconde lettre, M. le Ministre transmel w (99) arrélé royal qui nomme membres du jury chargé de dé- cerner le prix de littérature flamande, pour la deuxiéme période quinquennale, MM. De Decker, Snellaert, Bor- mans, Carton, C. Vervier, Ph. Blommaert et Ch. Stal- laert. — M. le Secrétaire perpétuel dépose un manuscrit por- tant pour épigraphe : La numismatique est l'un des flam- beaux de l'histoire, Cet ouvrage est destiné au concours de 1860, sur la question : Quelles sont les localités des dix- sept provinces des -Pays-Bas et du pays de Liége où l'on a frappé monnaie depuis l'invasion des Francs jusqu'à l'éman- cipation des grands feudataires ? — M. de Ram présente l'Annuaire de l'université de Louvain pour 1860, en même temps que le compte rendu : des fêtes qui ont eu lieu à l’occasion du 25°* anniversaire de cette université. M. Chalon offre un opuscule sur les Jetons du comté de Saintpol. — Remerciments. . RAPPORTS. M. Dupont-Marin avait communiqué à la classe un mé- moire sur la question suivante : Quelles sont les causes des Suicides qui deviennent de plus en plus fréquents de nos jours, et quels seraient les moyens de les prévenir? MM. Éd. Duc- petiaux et De Decker, qui avaient été nommés commis- Saires dans la séance précédente, font connaître que le mémoire présenté west pas susceptible d'un examen dé- ( 100 ) : taillé et pensent que la classe pourrait se borner à remer- cier l’auteur pour sa communication. Ces propositions sont adoptées. ÉLECTIONS. M. LecLerco, membre de la commission administra tive pour Pannée 1859, est maintenu dans ses fonctions pour l’année courante, et veillera, avec M. le ire aux intérêts de la classe des lettres. M. bz Ram est nommé directeur de la même classe de l’année 1861. M. GacmarD, en prenant possession du fauteuil pos l'année 1860, remercie, au nom de l'Académie, M. baron de Gerlache, directeur sortant. A O TES FOUT RTE Se 2e À | E (401) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 12 janvier 1860. M. F. Fénis, président de l’Académie. * M. Ap. Quereuer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, G. Geefs, Navez, Roelandt, Van Hasselt, Érin Corr, Snel, Fraikin, Baron, Ed. Fétis, De Busscher, membres; Calamatta, associé; Balat, correspondant. CORRESPONDANCE. L'Académie royale des beaux-arts d'Anvers fait parvenir le programme de son grand concours de peinture, qui com- mencera le 8 mai prochain et dont le prix consiste en une pension de 2,500 francs payée pendant quatre'ans. Pour être admis à ce concours, il faut être artiste belge ou na- turalisé et avoir moins de 30 ans. (102) RAPPORTS. Composition musicale intitulée : PETITE CANTATE DE NOEL; par M. Benoit. A Rapport de M, Fr. Fétis. « J'ai lu avec beaucoup d'intérêt la cantate fournie pat M. Benoit, lauréat du grand concours de composition de 1857, parce que ce morceau, bien que renfermé dans des limites peu étendues, a un caractère d'originalité et de set- timent individuel qui devient plus rare chaque jour, él que le mérite de l’art d'écrire, ainsi que la connaissance . des effets de sonorité, y sont en harmonie avec le sujet. Ce sujet , pris par l’auteur dans le Nouveau Testament, est in- E diqué par ces paroles de lÉcriture sainte: Des bergers gar daient leurs troupeaux, lorsque tout à coup ils entendirent j dans les airs des chants célestes; une voix mystérieuse leur dit de se rendre à Bethléem pour adorer le Dieu fait homme qui venait d'y naître. Le début du morceau est un dialogue d'instruments | champêtres, tels que le hautbois, la flûte et le chalumeat;. ces instruments forment un concert pastoral qu'interrompl tout à coup un chœur céleste de voix qui chantent Glori in excelsis Deo, accompagnées par les harpes saintes e l'orgue. Ce chœur, d'un caractère solennel, offre des 0" positions d’un bel effet entre les voix de soprano et de con- tralto, et celles de ténor et de basse. Ces voix forment LA (103 ) deux chœurs à quatre parties chacune, ils se répondent etse réunissent tour à tour; puis la voix mystérieuse chante les paroles : Adeste fideles læti triumphantes; venit in Bethléem. Le chant de la voix de ténor sur ces paroles est noble et plein d'onction. Là seulement entrent les instruments à archet avec une douceur infinie, pour accompagner le chant, sans nuances et sans accents, afin qu’il n’y ait rien qui puisse rappeler les passions humaines dans ce moment solennel de l'aurore de la rédemption. De temps en temps, une note de deux instruments à vent, à l’octave, fait enten- dre un son mystérieux sur cet accompagnement : puis le chœur céleste reprend avec les harpes et l'orgue. La voie mystérieuse reprend ensuite le chant Adeste fideles , etc., mais cette fois avec un accompagnement rhyth- mique de deux flûtes et de deux bassons d'un effet aussi heureux qworiginal, sur lequel les instruments à archet font entendre un léger murmure qui indique le mouve- ment de la marche vers Bethléem. Le charme de cette in- Strumentation montre l'intention du compositeur d'ac- croître la force de persuasion de la voix céleste, Vers la fin du chant, la sonorité va crescendo et amène une der- nière reprise du chœur des anges , où toutes les splendeurs des voix et toutes les richesses de Pinstrumentation écla- tent sur les paroles : Gloria in excelsis Deo. Insensiblement celle sonorité s'éteint; les voix s'éloignent, et l’on n'entend Plus que les sons des instruments champêtres, qui finis- sent par se perdre dans le lointain. a M. Benoit, dans cette heureuse conception, semble avoir eu pour but la restauration du drame hiératique qui se jouait, dans le moyen âge, à certaines occasions solen- nelles; mais il en fait disparaitre ce qui s'y trouvait parfois d'inconvenant et de théâtral. Une note placée sur sa parti» (104) tion nous apprend que sa cantate fait partie du Salut | Noël, qu'il a composé et qui renferme quatre morceaux. Il serait intéressant de connaître les autres parties de son : ouvrage, et je pense que M. le Ministre de l’intérieur : pourrait inviter ce jeune artiste à les soumettre à l'examen de la section permanente du jury des grands concours de composition musicale. 0 Je m'ai que des éloges à donner à ce que je connais de Son œuvre, » : Rapport de M. Snel, « Le début de cette cantate est un dialogue d’instri ments, tels que les hautbois, les flûtes, les clarinettes, E bassons et les còrs. Cette introduction, d’un style pastoral, l ment d'orgue, de violoncelles et de harpes , dont le l accords et les arpéges qu'ils jettent au travers du chœur, doivent produire des effets splendides. Ce chœur est suivi d'un chant de la voix de ténor m les paroles : Adeste fideles. On remarque dans cette mé lodie, pleine de simplicité, un style religieux bien appro- prié à la situation et un accompagnement dont la parti de basse fait reconnaître le compositeur aux idées distm- guées. La fin de cette prière amène une dernière reprist du morceau d'ensemble : Gloria in excelsis Deo; accom ( 105 ) P r ter- pagné cette fois par un orchestre complet, ce chocu mine dignement la partition de M. Benoit. » Rapport de M. Daussoigne-Méhul. jet sui- « M. Benoit, en écrivant une a are vant : Des bergers, conduits par une ae boei k vient à Bethléem pour adorer le fils de Dieu ER > loa di de produire une composition FH de ce morceau, titre, quoique peu développée. n à François Fétis, présenté par notre illustre confrère, détails sur sa COn- me dispense d'offrir à la classe de longs < tte œuvre, bien texture, Je me bornerai donc à dire que us affecte un disposée pour les voix et doce charmes. Sauf Caractère de douceur religieuse plein >. de Etre disp de légères irrégularités qu'il serait facile reté. M. Benoit raitre, elle est écrite avec une grande : de beaucoup West plus un élève, mais un jeune maitr d'avenir, » iHi Pavi ses com- La classe a favorablement accueilli faaee pre missaires et a ordonné l'impression de leurs rap son Bulletin. (106 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Fr. Fétis rappelle que la classe a eu la douleur perdre récemment l’un de ses associés les plus distingués M. Louis Spohr, maitre de chapelle à Cassel. Il annone en même temps que son intention est de consacrer une. notice à cet artiste célèbre, dans l’ Annuaire. Cette annonce est favorablement accueillie. — MM. Braemt et Éd. Fétis font connaître que le comité directeur de la Caisse centrale des artistes belges s'est réuni avant la séance, et qu’il a arrêté les comptes de lann précédente. L'avoir de l'association s'élève à la somme de 66,545 fr. 57 c., dont 6,121 fr. ont été reçus en 1859. ÉLECTIONS. M. BraeuT est maintenu, pour l’année 1860, dans | fonctions de membre de la commission administrative d | l’Académie, M. Suys est nommé directeur pour l'année 1864. M. Baron, directeur pour l’année actuelle, exprime | remerciments de ses confrères à M. Fétis, directeur de | classe et président de l'Académie pendant l'année précé dente. ( 107 >) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Rapport sur les travaux de l Académie royale de médecine de Belgique, pour les années 1857-1859; par le docteur D. Sauveur, secrétaire et membre titulaire de la Compagnie. Bruxelles, 1859; 1 broch. in-8°. Histoire du règne de Charles-Quint en Belgique; par Alexan- dre Henne. Tome IX. Bruxelles, 4859; 4 vol. in-8°. La révolution des Pays-Bas au XVI" siècle, par John Lothrop Motley, traduit de l'anglais par Gustave Jottrand et Albert La- croix. Tome IH, Que partie. Bruxelles, 4860; in-8°. La province de Brabant sous l'empire romain ; aperçu histori- que, archéologique et physique par L. Galesloot. Bruxelles, 1839; in-8°. La Belgique ancienne et moderne : Géographie et histoire des communes belges ; par Jules Tarlier et Alphonse Wauters (province de Brabant, canton de Genappe). Bruxelles, 1859; grand in-8°. La statue d'Ambiorix à Tongres; par François Driesen. Ton- gres, 1859; 4 broch. in-80. Notice sur un dépôt de monnaies romaines du IV” siècle, décou- vert près de Bitbourg ( Beda vicus), cercle de Bitbourg, régence de Trèves, par M. le docteur A. Namur. Bruxelles, 1859; in-8°. Méthode infinitésimale en géométrie; par J.-N. Noël. Liége, 1859 broch. in-&. Notice sur Josse de Harchies, médecin théologien montois au X LA siècle; par G. Broeckx. Anvers, 1860; in-8°. Analyse de l'ouvrage de M. Diegerick, intitulé : M. Jehan Yperman, le père de la chirurgie flamande (129744 329); par le Même, Anvers, 1860 : in-&. Journal des beaux-arts. Deuxième année, no 1 et 2. Anvers, 1859; 2 feuilles in-4°, 4 ( 108 ) Revue trimestrielle, 25% volume. Bruxelles, 1860; 1 y in-12 L'abeille, revue pédagogique. V"* année, 10° à 12% Bruxelles, 1859; 3 broch. in-8°. Revue populaire des sciences; rédigée par J.-B.-E. Husson. Ime année, 4859, n° 10 à 42; Bruxelles, 1859; 3 broch. in-® Annales de la Société d'Émulation pour l'étude de l'histoire t des antiquités de la Flandre. Tome XI, 2° série, n* 1 Bruges, 1857-1858; in-8, Messager des sciences historiques, ou archives des arts et de li bibliographie en Belgique. Année 1859, 4** livr. Gand, 4 broch. in-8°. > Revue de l'administration et du droit administratif de la | gique. VIe année, 8™e à 49e livr, Liége, 1859; 1 cahier gra in-8°. 12 Annales de la Société de médecine pratique de la province d'Anvers, élablie à Willebrock. XWI®° année, 9™° et 10™°li Malines, 4859 ; in-42. Annales de la Société archéologique de Namur. Tome 2% livr, Namur, 1859 ; grand in-8°, Annales de la Société médico-chirurgicale de Bruges. XX” née, juillet à octobre, Bruges, 1859; 2 broch. in-8°. | .. Le Scalpel. XII™ année, n 9 à 48. Liége, 10 feuilles in-4 4 Koninklyke Akademie van wetenschappen te Amsterdam: — Verhandelingen, afd. Letterkunde, deel 1; Verhandeling deel VII; — Ferslagen en mededeelingen , afd. Natuurkunde deel VIH, IX; afd. Letterkunde, deel IV; — Jaarboek voor180% Amsterdam , 4838-1839; 2 vol. in-4° et 8 cahiers in-8°. Hippocratis et aliorum medicorum veterum reliquiae; edi a Franciscus Zacharias Ermerius. Vol. primum, Trajecti ad Rhe num, 1859; 4 vol. in-4°, ; E Collection des orchidées les plus remarquables de l'archipel indien et du Japon; par Ch.-L, de Blume, Vol. 4. Amsterdam 1858; in-fol. A OS ce CS A e o el a à ( 109 ) Annales de la Société historique et archéologique de Maestricht. Tome Il, 4™e fascicule. Maestricht, 1858; in-8°. Les contemporains portugais, espagnols et brésiliens ; par A-A. Teixeira de Vasconcellos. Tome premier. Paris, 1859; 1 vol. grand in-8°. L'aveugle de Fossi; par madame Jaubert. Paris, 1860; in-8°. L'architecture du moyen åge jugée par les écrivains des deux derniers siècles ; par M. l'abbé J. Corblet. Paris, 1860; in-8°. Les grands artistes-contemporains : Hyacinthe-Louis- Victor- Jean-Baptiste-Aubry Lecomte, dessinateur lithographe, 1797- 1858; par Auguste Galimard. Paris, 1860; in-8°. Traitements de la métro-péritonite puerpérale (maladie des femmes en couche); par le docteur Télèphe P. Desmartis. Bor- deaux, 1859; in-8°. Etudes sur les épidémies de croup, d'angine couenneuse et fièvre typhoide et de dyssenterie, qui ont sévi dans le départe- ment de la Dordogne en 1859; par le même. Bordeaux, 1859; in-8°, : Le Tasse à Sorente, poémes; par Jules Canonge. Quatrième édition. Paris, 4859; 4 vol. in-12. Revue et magasin de zoologie pure et appliquée ; par M. F.-E. Guérin-Meneville, 1859, n°5 40 à 12. Paris, 1859; 3 broch. in-8°. L'Investigateur, journal de l'Institut historique. XXV”* année, 299% livr, Paris, 4839; in-8°. Journal de la Société de la morale chrétienne. Tome IX, n° 6. Paris, 1859; 1 broch. in-8°. Mémoires de la Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts, 1858-1859, VI"* vol. Dunkerque, 1859; 4 vol. in-8>. i Collection de thèses inaugurales et de règlements; publiés par l université de Fribourg, en Brisgau en 1859. Fribourg; 5 broch. In-8°, Archiv der Mathematik und Physik, herausgegeben von J.-A. Grunert, XXXII Theil, 4-4 Heft. Greifsweld, 1859; in-8°. (110) Heidelberger Jahrbucher der Literatur, unter mitwirkung der vier Facultáten, LH Jahrg., 10-12 Heft, October-December. delberg , 1859; 3 broch. in-8°, Neues Jahrbuch für Pharmacie und verwandte Fächer. XI Band, Heft 5-6. Heidelberg, 1859 , 2 broch. in-8°. ; Die antike Landwirthschaft und das von Thunen'sche Geselz, aus den alien Schriftstellern dargelegt ; von D" Heinrich Wiske- mann. Leipzig, 1859; in-4>, a Collection de 35 thèses inaugurales, publiées par U'universil de Marbourg. 1859; 35 broch, in-4° et in-8°. 5 Untersuchungen über die Richtung und Starke des Erdmague tismus an verschiedenen Puncten des südwestlichen Europa, in allerhochsten Auftrage seiner Majestät des Konigs Maximilian ll von Bayern, ausgeführt von D" J. Lamont. Munich , 1858; 1 vol. in-4°. : Magnetische Untersuchungen in Nord - Deutschland, Belgien, Holland, Danemark; von D' J. Lamont. Munich, 1859; 1 vol, In-4°. Gelehrte Anzeigen ; he gegeben itgliedern der k. bayer. : Akademie der Wissenschaften, 48% Band. Munich. 1859; £ vol. in-4°, Erinnerungen an Johann Georg von Lori; ein rede vol D" Georg Thomas von Rudhart. Munich, 4859; 4 broch. ind Monatliche und jährliche Resultite der an der K. Stermvark bei München von 1823 bis 1856 angestellten meteorologische Beobachtungen; von D° J, Lamont. II Su pplementband. Munich, 1859; 1 vol. in-8o, E Silzungsberichte der kónigl böhmischen Gesellschaft der Wisse schaften in Prag. Jahrg. 1859, Januar-Juni. Prague, 1859; in-8* Ueber die Fische und ihr Leben in den Waldbichen des cet tralstockes des Bólmerwaldes; von Johann Nep. Woldrich. Pra- gue, 1858; in-8°. Abhandlungen der königlichen böh J senschaften, V'* Folge, 10°* Band. Prague, 1859; in-8°. , Pal PS F fi der wis- LA (HI) Württembergische naturwissenschaftliche Jahreshefte. xy Jahrg., 3'" Heft; XVI" Jahrg., 1'" Heft. Stuttgart, 1859; 2 broch. In-9. i Kongliga Svenska vetenskaps-akademiens Handlingar ;ny följd, 2 Bandet, 4 Häftet, 1857. Stockholm; 1 vol. in-4°. Ofversigt of kongl. vetenskaps-akademiens Fórhandlingar. 15 Argangen, 1858. Stockholm, 1859; 1 vol. in-8°. Berättelse cm framstegen à insekternas, m yriapodernas och arachnidernas naturalhistoria för 1855 och 1856, till kongl. Vetenskaps-Akademien, Afgifven af C.-H. Boheman. Stockholm, 1859; 1 vol. in-8°. ; : Berättelse om Framstegen i Fysik under är 1855, afgifven till kongl. Vetenskaps-Akademien, af E. Edlund. Stockholm, 1859; 1 vol. in-8°, | Kongliga svenska Fregatten Eugenies, Resa omkring Jorden - Under befäl af C.-A. Virgin åren 1851-1853. Zoologi, HI. Stock- holm, 1859; 4 cahier in-4°. Bulletin de l'université impériale de Kasan. Année 1859. Kasan, 4859; 4 cahiers in-8° (en langue russe). ons scientifica in Roma. Vol. VI", n* 14-19. Rome, 1859-1860; 6 feuilles in-4°. A Dell agro acerranoe della sua condizione sanitaria; richerche fisiche statistiche topographiche storiche di Gaetano Caporale. Napoli, 1859; in-&. The annals and magazine of natural history, including , z00- logy, botany and geology. Third series, vol. IV, n% 19 à 24. Londres, 1859; 6 cahiers in-8°. : Observaciones astronomicas hechas en el observatorio naciana de Santiago de Chile in los años de 1855, 1854 i 1859; E el D" Carlos-Guill. Moesta. Tomo 1. Santiago de Chile, 1859 ; A vol. in-4e. Fpi LEZ AIT are vo BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1860. — No 2. CLASSE DES SCIENCES. KIAIAAáAA Séance du 4 février 1860. M. Van BENEDEN, directeur. M. An. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Sauveur, Wesmael, Martens, Stas, De Koninck, De Vaux, Du Bus, Nyst, Gluge, Neren- burger, Melsens, Liagre, Duprez, Poelman, d'Udekem, Dewalque, membres; Lamarle, associé; Ernest Quetelet, Montigny, correspondants. 2%" SÉRIE, TOME IX. 8 (M4) CORRESPONDANCE. Le Gouvernement transmet un arrété royal portant que : « La somme de cinq mille francs, affectée au prix quinquennal des sciences physiques et mathématiques pour la période de 1854 à 1858, sera appliquée à un 0u plusieurs concours extraordinaires, dont le sujet sert déterminé par le Ministre de l'intérieur, après avoir en- tendu l'Académie royale, classe des sciences. » Une commission spéciale est. nommée par la classe, afin d'indiquer les matières scientifiques les plus propres à fournir les sujets des concours extraordinaires proposés. — La Société impériale des naturalistes de Moscou, la Société royale des sciences de Bohème à Prague, la Société de physique de Francfort, etc., remercient l’Académie poùr l'envoi de ses publications. — ll est fait hommage d’une notice nécrologique sur. Gérard Vrolik, associé de la classe, décédé le 10 novem bre 1859, par M. J. Vander Hoeven, membre de l'AG démie d'Amsterdam. M. le docteur C. Poelman, membre de la classe, dé pose une notice imprimée sur une.lumeur cornée déve loppée sur la téte d’une femme. — Remerciments. — La classe ordonne l'impression des documents vants qui lui sont transmis sur la météorologie et Sul LE phénomènes périodiques des plantes et des animaux ge - dant l’année précédente, savoir : A 1° Observations météorologiques faites en 1859, à Sur ) velot, par M. Dewalque, membre de l’Académie; à à Namur : par M. A.-J, Maas, professeur de physique au collége E O NT M ES E O mn pa lad S, (HS) la Paix; à Venise, par M. Buchinger, jardinier en chef du Jardin botanique; à Herve, par M. Parent; 2" Observations sur les plantes el les animaux faites à Bruxelles, par M. Quetelet, à l'Observatoire, et dans les environs de Bruxelles, par MM. Vincent père et fils; à Melle, près de Gand, par M. Bernardin; à Stavelot, par M. Dewalque; à Ostende, par M. Ed. Landzweert, phar- macien. — M, W. Haidinger, associé de l’Académie, transmet quelques détails sur un météore observé dans la partie Sud-ouest de la Bohême, le 28 novembre dernier, à peu près vers 14 heures et demie. Il se pourrait même, écrit l'auteur, qu'on trouvát quelque aérolithe; mais il a été impossible jusqu'ici de faire les recherches nécessaires, la neige étant survenue trop tôt et ayant couvert la place où peut-être la chute a eu lien. » Après avoir communiqué cette lettre, M. le secrétaire perpétuel en dépose deux autres qu'il a reçues de M. Flo- "mond , professeur à Louvain; elles concernent un bolide des plus brillants qui sest montré à Louvain, le 20 jan- vier dernier, vers 4 heures et demie du matin. « Tout à coup, dit l’auteur, la chambre où je me trouvais s'éclaira graduellement d'une lumière jaune franchement pronon- cée et tellement vive qu'on put lire, très-distinctement, l'heure à une petite horloge, à trois ou quatre mètres de distance, A cette lumière jaune succéda une lumière uge. Ce changement de couleur n’a pas été équivoque; il se caractérisait fort bien par les reflets successifs des Mars blancs de la chambre. » Le phénomène a duré 4 à ndes, 6 seco Dans une seconde leltre, M. Florimond ajoute qu'un veilleur de nuit «a vu un éclair, duquel est sorti une (6) boule de feu d'environ la grosseur du poing et d'un éclat éblouissant. Cette boule est tombée jusqu’à terre d'abord avec un mouvement lent qui est devenu ensuite très-ra- pide. » Le veilleur wa pas entendu de détonation. « Cette boule de feu aurait fait sa première apparition non loin du zénith et se dirigeait vers la Vierge. » die done it été observé également 2 A E; 2 p a à Mulhouse et à Colmar. Quelques membres disent avoir ; été informés également de Vexistence de ce phénomène lumineux, mais sans avoir pu l’observer eux-mêmes (1). — M. Lamont, directeur de l'observatoire de Munich et associé de l’Académie de Belgique, transmet les renseigné ments suivants Sur la période annuelle de l'intensité hore zontale du magnétisme terrestre : « Dans la théorie du magnétisme, c'est une question de grande importance de savoir si la position opposée du a leil, en hiver et en été, exerce une influence sur la valew moyenne des constantes magnétiques, ou si l'effet du soleil consiste seulement à produire des oscillations diurnes Qui comme les ondes d'une masse fluide, troublent pour le : moment la surface extérieure sans en changer le niveal moyen. Quant à la déclinaison, les observateurs sont d a cord que s'il existe une période annuelle, elle doit êle + LN (1) Les journaux français mentionnent que, dans la nuit du 19au 20 janvier 1860, vers 5 h. */¿, un grand nombre de personnes furent réveillées, à fy i bières, par Je bruit d'une explosion accompagnée d'une vive lueur due à s aérolithe. La même détonation a été entendue à Mulhouse et était également précédée d'une lueur, blanche d’abord, rouge ensuite, qui a duré environ deux secondes. (FA) tres-petite : à l'égard de l'intensité, les résultats qu'on a obtenus présentent des différences remarquables. Il y a des séries d'observations qui donnent deux maxima et deux minima annuels, d’autres ne donnent qu'un seul maximum et un seul minimum; les périodes diffèrent aussi par rap- port à la grandeur, et on y rencontre des irrégularités qui semblent indiquer que les causes accidentelles ou les imperfections des instruments ont une grande influence. Pour contribuer en quelque mesure à la décision d'une question si importante, j'ai calculé de nouveau, en employant une méthode uniforme, les résultats des observations horaires de Munich, commencées en 1840 et continuées, depuis la fin de 1841, avec des instruments perfectionnés, et j'ai obtenu, en réunissant dix-sept an- nées d'observations pour la période annuelle, les nombres Suivants : Janvier .. . . .— 0,00059 Juillet . . . . . + 0,00019 DR. 0005 août. . . . . . — 0,00003 er ie «us :=0..0 00020 Septembre. + 0,00043 PMR NS, |. 000011 Octobre. . . . . + 0,00047 LR e . — 0,00002 Novembre. . . . 0,00000 wa a e + 0,00006 Décembre. . . . — 0,00023 Ces nombres sont beaucoup trop petits et offrent trop Mir régularités pour qu’on puisse en conclure avec quelque certitude l'existence d'une période annuelle. Je crois de- voir attribuer les différences entre les mois aux pertur- hons magnétiques qui, comme on sait, sont plus ou moins nombreuses, suivant l’époque de l’année, el ten- dent toujours à produire une déviation en même sens. > L'intensité horizontale augmente maintenant en Eu- "ope, sans qu'on y puisse reconnaître une loi régulière et Uniforme, A Munich, le changement moyen annuel est de 0,0027 (en mesure absolue). Dans la table suivante, quí. (AEB: ) contient les résultats obtenus pour l'intensité moyenne d chaque année, j'ai employé ce changement annuel pour réduire les nombres à 1842. Les nombres ainsi réduits seraient égaux si l'intensité augmentait en progressió INTENSITÉ IRRÉGULARITÉ ANNÉE. i a ——— du observée. réduite à 1842 f mouvement séculaire, 1842 1,9282 1,928 1845 1,9343 ,931 1844 1,9562 1,9348 1845 1,9383 1,9502 1846 9417 1,9310 1847 1,9458 1,9303 i848 1,9453 1,9291 -s 1,9468 1,9279 1850 1,9499 1, 1851 9544 1,9 1852 1,9519 1,9249 1855 1,9578 1,9281 1854 1,9615 1,9291 1855 1,9639 1,9288 1836 1,9680 1,9302 83 9706 1,9304 » Ces nombres, comme ceux qui ont été obtenus par dar tres observateurs, démontrent Pirrégularité du changement séculaire de lintensité. Ce qui me paraît très-importanl c'est qu'on n’y remarque aucune trace de la période décel: nale. 11 paraît done que la période décennale est indé? » Eu considérant les résultats que je viens d'exposer, À crois devoir conelure que le mouvement diurne de l'ai et le changement périodique de la grandeur de ce M ment ont leur source exclusivement dans le soleil, el nel que produire des oscillations transitoires sans affecter des moyen. Une onde électrique telle que je Pai suppe” ( 149 ) dans ma lettre du 4 août 1859, servirait à expliquer ce mouvement : en tout cas, les conditions que j'ai signalées pourront étre utiles, quand il s'agit de représenter par une hypothèse mathématique les mouvements du magné- tisme terrestre. » — M. Jérôme Martynowski, professeur agrégé à luni- versité de Liége, présente un mémoire manuscrit sur la congruence a zoi =$ (1), mod: Ea, Cette note est renvoyée à Pexamen d'un commissaire, M: Schaar, o mare RAPPORTS. MM. de Selys-Longchamps et Jules d'Udekem font des rapports favorables sur deux mémoires présentés dans la séance précédente , par M. Van Beneden, directeur de la classe, concernant la faune littorale de la Belgique et trai- tant l’un des cétacés, l’autre des turbellariés. Ces deux mémoires seront insérés dans les publications de la Compagnie. — M. Liagre fait connaître le résultat de son examen sur un mémoire de M. Zytphen, concernant l'Emploi de la daguerréotypie pour le dessin des cartes et diverses autres inventions, « Le travail soumis à la classe, dit-il, peut être Considéré comme ayant été livré à la publicité; par suite, il me parait devoir être rangé dans la catégorie des ou- vrages sur lesquels il n’est pas fait de rapport. » Ces con- clusions sont adoptées. ER (120 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Observations de la lune et des étoiles de méme culmination faites en 1859. Notice de M. Ernest Quetelet. J'ai l'honneur de présenter à la classe les observations de la lune et des étoiles de culmination lunaire qui ont été faites à l'Observatoire pendant le courant de l’année 1859. | Ces observations font suite aux trois séries qui ont , déjà été publiées dans les Bulletins. Elles sont au nombre de quarante-trois, et elles portent à 289 le nombre des — passages lunaires observés. Ainsi que dans les séries pré cédentes, ce ne sont que des positions relatives calculées de Surtout en vue de la détermination des longitudes ter- restres. Observations des Passages de la lune et des étoiles de même E culmination, faites en 1859. ia (Les initiales B. et EQ. désignent les observateurs MM. Bouvy et Ern. Quetelet.) £ Nombre | OBSERYA- Ad DATES, OBJET. % OBSERVÉE. | | rem] 1859. 18 ar E 2+ 28m 7:24 5 EQ. Ÿ Arietis .., 3 3 35,49 5 £ Añietis : , 3 6 49,52 5 Mo Sagittarii. . | 18 19 20,02 | 5 E ? Sagittarii 18 3654,71:| 5 | 10 e 4 Sagittarii . 18 19 19,96 5 EQ. 7 E P Sagittarii. . | 18 36 54,69 | 5 1 Ce. 19 01598 | 5 h? Sagittarii. . | 19 28 11,52 5 f Sagittarii. . | 19 58 11,62 | 5 3 Nombre |OBSER VA- DATES. OBJET. 0 OBSERVEE. Tauna a 1839. 6 juillet, 4 Virginis. 12% 1243594 5 EQ. uk 0e. 12 19 43,69 | 5 8 — ‘gs RAS 14 2 022 | 5 EQ. 22 Libræ 14 45 7,94 | 5 Ms a 14 55 12,82 | 5 EQ. 59 Libræ 15 98 51,84 | 5 42 Libræ 552 0,59 | 5 10 — 59 Libræ 15 28 51,79 5 EQ. 42 Libræ 1532 054 | 5 CA 15 50 16,58 | 5 o Scorpii... | 16 12 41,18 5 æ Scorpii. .. | 16 20 49,85 5 U ar æ Scorpii... | 16 20 49,69 | 5 B. AU CIS 16 46 45,12 | 5 0 Ophiuehi . . | 17 15 25,14 5 d Ophiuchi. . | 17 18 25,39 | 5 e 6 Ophiuchi.. | 17152517 | 5 | EO. d Ophiuchi. . | 17 18 25,56 | 5 CRT. 17 45 36,01 | 5 3 Sagittarii. . ! 18 12 -2,40 5 À Sagittarii. . | 18 19 20,55 5 >- 5 Sagittarüi. . | 1812 244 | 4 | EQ. A Sagittarii. . | 18 19 20,55 | .5 Grt 18 39 29,57 | 5 7 Sagittarii. . | 18 58 12,45 5 x. Sagittarii. . | 19. 1 26,76 5 Nombre 5 septembre, . DATES. OBJET. & OBSERVÉE. La 1859. 16 juillet . . 21 Capricorni . | 20h52m59;356 5 9 Capricorni . | 20 58 4,98 5 O E 21 14 41,00 5 y Capricorni . | 21 32 20,57 5 ð Capricorni . | 21 59 19,09 5 6 août .. 20 Libre" . ..| 14 55 52,39 | 5 LAA: 15 32 23,02 5 a Scorpii. 16 12 40,89 5 a Scorpii...| 16 20 49,59 5 1 = e Scorpii. 16 20 49,50 5 Gir 16 28 47,27 4 0 Ophiuchi.. | 17 13 25,01 5 d Ophiuchi .. | 17 18 25,26 5 ¿rs EPM 20 7 58,75 5 e Capricorni . | 20 20 53,08 5 7? Capricorni . | 20 31 27,26 5 depa t Capricorni . | 2 14 27,79 | 5 4 5 5 5 5 5 5 5 5 5 4 * Faible. a Ay, e ~ 8.802 Aquarii . . Aquarii. . Sagittarii. . Sagittarii. . Capricorni . Capricorni , Capricorni . Capricorni ` 21 52 20,72 21 45 50,58 22 9 97,47 22 25 14,95 18 2 51,41 18 36 54,96 18 46 55,47 20 20 53,13 20 40 43,80 20 58 5,27 21 14 27,77 ; Nombre |OBSERVA- DATES. OBJET. A | cha 1859. 12 septembre. .| x Piscium. . . | 93h 19w46:99 5 EQ. AT A 25 44 52,87 5 45 Piscium. . 0 18 29,90 5 5 octobre. . .| 9 Sagittarii. . | 18 12 ,1,60 G EQ. A Sagittarii. . | 18 19 19,59 5 Gs . 18 57 15,39 5 5 Sagittarii. . | 18 46 54,95 5 T Sagittarii. . | 18 58 11,92 5 Aire o Sagittarii. . | 18 46 34,93 5 EQ. T Sagittarii.. | 18 58 11,89 5 2 A 19 31 18,98 | 5 © Sagittarii. . | 19 47 15,86 5 A Sagittarii. . | 19 50 25,49 5 a © Sagittarii. . | 19 47 15,91 5 EQ. A Sagittarii.. | 19 50 25,55 5 Ebo.” 20 22 94,40 | 5 21 Capricorni . | 20 52 59,58 5 9 Capricorni . | 20 58 5,04 4 se dee 0 Aquarii...| 22 99754 | 5 | EQ o Aquarii...| 22 93 1514 | 5 bkn 22 41 41,58 5 f Aquarii. 25 7 5,32 5 * Piscium. . . | 23 19 46,40 5 Fe B. A. C. 149 0 28 40,96 | 5 | EQ. ð Piscium 0 41 26,59 | 5 E 058 3,08 | 5 £ Piscium. , 1 18 45,96 5 4 Piscium. .. 1 24 0,89 5 (126 ) DATES. OBJET. Y OBSERVÉE. 4 1859. E 3 novembre. . | » Aquarii. ..| 21h 1788514 5 EQ. t Capricorni . | 21 14 27,10 5 E Gba. 2158 836 | 5 7 |e Aquarii. . . | 2158 5294! 5 1 9 Aquarii. ; | 22 0 27,18- 5 1 v Ema. 23 52 690 5 | I0 d Piscium ..| 015 24,76 |. 5 a 45 Piscium ..| 018 30,04! 5 A 90% — 3 Arietis ...| 14656,10 | 5 EQ RACUN.. | 1srst20| 5 E LEN: 2191655 | 5 E d Arietis ...| 3 33925 | 5 : č Arietis . 5 63515| 5 E au 3 Arietis . 5 33025| 5 | £ Arietis . 5 6 55,05 5 A MEE; 5 18 26,98 5 Mo Var... | ::859:11,66 5 ÀN Tauri. .. . | ..3:56:20,88 | 5 3 décembre. . | $ Aquarii. . . | 23 7 4,82 5 # Piscium. . . | 25 19 46,00 | 3 z bo, 23321280 | 5 : 26 Piscium. . . | 23 47 58,94 | 3 à o Piscium. . . | 2552 8298 | 5 > Arietis . a 305396 | 5 A M eur. 2 48 5119 | 5 3 Arietis 3 5 39,40 5 4 Arienk-* 5 5 6 53,26 (427) , Nombre [OBSERVA- DATES. OBJET. COR ST 18509. 8 décembre. . | à Arietis .. 3h 339546 5 EQ. Co cAñetS. ais 3 6 53,50 5 AO or 5 48 57,72 ut Tauri 4 17 58,00 5 T Tauri 4 53 52,72 5 Y. — . | ut Tauri 4 17 57,99 9 EQ. | r Tauri 4 55 59,60 | 5 | EN EL U SEIN 4 52 54,16 5 | B Tauri 5 17 28,67 5 | x Aurigæ 5 95 59,25 | 5 Solution géométrique d'une série de problèmes relatifs à l'art | Constructions; par M. Lamarle, associé de PAca- émie. RÉSISTANCE [DES MATÉRIAUX: POUSSÉE ET BUTÉE DES TERRES. l. Le présent travail a pour objet une série d'applica- tions rel atives à l'art du constructeur et reposant toutes sur la solution préalable d'un seul et même théorème fon- ia Ce théorème, étant traité par la méthode qui etil dé propre, n'implique aucune notion transcendante, Sélablit directement par voie géométrique. Les ques- (128 ) tions qu'il sert à résoudre empruntent à ce mode parti- culier de solution une clarté remarquable et de grandes facilités pour les différents cas d'application. E Plusieurs de ces questions se rapportent à la résistance des matériaux à contexture grenue, tels que la pierre oi la fonte. Les résultats auxquels nous parvenons sonten partie nouveaux. Nous les croyons curieux et très-propres à faire ressortir la concordance qui subsiste entre la théorie et la pratique, là même où certains faits expérimentaut avaient fait penser à l’un de nos plus habiles ingénieurs (] qu’il existait un complet désaccord entre ces faits et les déductions théoriques. Fe. Les autres questions ont principalement pour objet la rè sistance des terres dans des conditions diverses, la pousé 4 et la butée des massifs de forme quelconque polygonale. n On connaît les travaux publiés sur la poussée des terres, par MM. Prony, Français, Navier, Persy et Audoy. On salt a comment M. Poncelet a substitué aux méthodes de calel qu'on employait avant lui, et qu'il était difficile de géné raliser sans une grande complication, une méthode 8°% métrique beaucoup plus simple; on sait aussi comme cette dernière méthode s’est étendue d'elle-même à la butét : des terres. Nous empruntons à M. Poncelet une des trans formations dont il s’est servi. Notre méthode est d'ailleur tout à fait originale et plus générale encore que celle M. Poncelet. Comparativement aux autres, elle a l'a facilité et de s'appliquer sans modification notable aux CS” plus simples et aux cas les plus complexes. Veu —= Frant (*) M. Vicat. (Voir les Annales des Ponts et Chaussées de année 1855, 2™° semestre.) (#9 ) compte à la fois, ou séparément, du frottement, de la cohésion , et de l’action simultanée de plusieurs forces qui concourraient ensemble à équilibrer la poussée ou la butée des terres? La solution reste toujours la même, purement géométrique et tout élémentaire. THÉORÈME. Il. Soient D, A deux droites fixes. Un point m glisse sur la droite D et entraîne avec lui deux droites mobiles, ma, mn. Les droites ma, mn sont respectivement assujetties , la première à passer par un point fixe a, la seconde à faire avec la première un angle constant amn. Cela posé, n étant le point où la droite mn coupe la droite A, on a le théorème suivant : ll existe sur la droite À une position limite que le point n Peut atteindre et qu’il ne peut pas dépasser. Cette limite correspond à la position du poime. "i iei laquelle les angles man, nmD sont égaux. DÉMONSTRATION. Désignons par à le point d'intersection des droites D, A, A De m E. IE ea 0 > e + ES ji pS > D us o (Fig. 4) : 2° SÉRIE, TOME 1x. 9 ( 130 >) et par m’ la position du point m pour laquelle l'angle am/i est égal à l'angle constant amn. n On voit aisément ce qui se passe dans l'intervalle im'. Tandis que le point m va de i en m’, le point n part dei, i s'éloigne et revient en i, après un certain écart Maximum. Cet écart maximum correspond à la position du point m pour laquelle la vitesse du point n sur la droite À change . de sens et s'annule. Soit o le centre instantané de rotation des droites m4, mn pour une position quelconque du point m sur le sêg ment im’. e Le point o est à l'intersection des deux droites mo, 0 respectivement perpenditulaires, Pune en m à la drollé D, l’autre en a à la droite am. A Du centre o abaissons sur mn une perpendiculaire 4 prolongeons-la jusqu’à sa rencontre en o! avec la perpeit diculaire élevée en n sur la droite A. a La rotation w, qui s'établit autour du centre 0 par sus " du mouvement du point m sur la droite D, peut él. transportée autour du centre 0’. Il suffit pour cela quo ; la compose avec une translation déterminée en direcuol sens et grandeur, par la vitesse actuelle du point 0: I Il suit de la que, dans le mouvement du point m sur% droite D, la droite mn peut être considérée à chaque "| stant comme animée de deux mouvements simultan®, i Pun de translation qui la fait glisser sur elle-méme, ei i vitesse actuelle du point o”, l’autre de rotation qni a3 E tourner autour du point o! avec la vitesse angulaire” | La translation qui fait glisser la droite mn sur y" même, ne modifie en rien ni la position ni la viles® point n sur la droite A. Il s'ensuit que celle va A M > A A 7: SS | ( 431 >) résulte exclusivement de la rotation œ transportée autour du centre o’ (‘). On peut, en conséquence, poser, dès à présent, la déduction suivante : RSC. ss ns Pour que la vitesse du point n sur la droite A change de sens et s'annule , il faut que le point o! coincide avec le point n, c'est-à-dire que la perpendiculaire, abaissée du point o sur la droite mn, tombe précisément en n, Supposons cette condition remplie. Le quadrilatere LA FFL = | | | (Fig. 2.) | mnao (fig. 2) est inscriptible dans la circonférence de cercle ayant mo pour diamètre, et, comme les angles man, nmD Ont pour mesure commune la moitié de l'arc mn, il s'ensuit qu'ils sont égaux, De là résulte le théorème énoncé ci-dessus, théorème également applicable au cas où les droites D, À se coupent et à celui où elles sont parallèles. C) Les vitesses simultanées qui animent, Pune le point m sur la droite D, l'autre le point n sur la droite A , sont respectivement proportionnelles, la première à om, la seconde à o'n. (132) COROLLAIRES. HI. Soient m/’ et n’ les points où la circonférence mnao est rencontrée pour la deuxième fois par la droite am' et par la droite A. Soit d’ailleurs s le point où la droite an’ va couperh | droite D. L'égalité des angles amn , am'm implique celle des arts mn, mm'', et, par conséquent, aussi celle des angles man, mam’. On voit, en outre, que les angles amn , an'n sont néces- | sairement égaux. j E i ; i ` Cela posé, les droites am’, an’ étant toutes deux déter | minées à priori par la condition qu’elles remplissent de i couper, sous un même angle donné amn, l'une la droite D, : l’autre la droite A, il est visible qu'indépendamment deli solution directe énoncée ci-dessus, on a en outre, pol a déterminer la position du point m, qui correspond à Péga | lité des angles man, nmD, les corollaires suivants: 4° La position limite du point n sur la droite À, one pond à la position du point m , pour laquelle la droite Es A divise en deux parties égales l'angle nam’. E 2 La position limite du point n sur la droite À cortë pond à la position du point m, pour laquelle le carré en distance sm est égal au produit des deux longueurs sa, | N. B. On observera que si la droite an’ était parallèle? la droite D, le point m à déterminer serait à la rencor de la droite D avec la perpendiculaire élevée sur le mil du segment an’. | (133 ) APPLICATIONS. Première question. IV. Soit amn un angle constant, tournant autour de son Sommet m; À une droite fixe ; an le segment intercepté sur cette droite par les côtés de l’angle amn. On demande de déterminer la position de l'angle mobile amn pour laquelle le segment an est le plus petit possible. Par le point m, D ze 22? : menons une droite D parallèle à la droite A A. Imaginons que le + y point m glisse sur la ia droite D, et qu’il en- traîne avec lui les deux droites ma, mn respectivement assujetties, la première à passer par le point fixe a, la seconde à faire avec la première un-angle constant amn. ll est visible que, sans rien changer á la longueur du segment an pour une même direction quelconque de la rone am, on peut substituer à la rotation de Pangle amn - autour dusommet m supposé fixe, le glissement de ce même Sommet sur la droite D dans les conditions définies ci- essus, Cela posé, menons la droite am’ de manière à ce qu'elle cpe la droite D sous un angle am'm précisément égal à l'angle donné amn, Conformément au corollaire 4 du n° HI, la position du point m pour laquelle le segment an est le plus petit pos- sible, est à Ja rencontre de la droite D avec la bissectrice de l'angle nam’. ( 134 ) Soit am cette bissectrice. L'égalité des deux angles am'm, amn combinée avec celle des angles mam’, man, implique celle des angles man, mna. Concluons que le triangle anm est isocèle et que, en i conséquence, on peut énoncer, comme il suit, la solution du problème à résoudre. a Le segment an est le plus petit possible, lorsque la bissec- trice de l'angle amn est perpendiculaire à la droite D. Cette solution peut aisément s'établir d'une manière di- recte. Nous avons préféré la déduire du théorème exposé au n° IF, ce qui montre uné première application de ce théo- rème et permet d'y ramener toutes les questions suivantes. Deuxième question. Section de rupture et résistance d’un solide prismalique encastré horizontalement et sollicité par un poids. V. Soit GLBEFK la section longitudinale, supposée par (Fig. 4.) ( 135 ) tout la même, d'un prisme droit, encastré verticalement en GK et sollicité en e par un poids P. La Section de plus facile rupture étant plane, perpen- diculaire au plan de la figure, et partant du point B, il s'agit d'en déterminer la direction BA. La direction cherchée est évidemment celle pour la- quelle, sans sortir des limites de l'élasticité, l'extension produite en B, perpendiculairement au plan de rupture, est un maximum. Soit y. cette extension pour l'unité de longueur, E le coellicient d'élasticité, m le milieu de la droite BA. La réaction développée en B et rapportée à l’unité de surface a pour mesure le produit Ep. Les réactions développées de m en B et de m en A sont d’ailleurs, ainsi qu'on le sait, respectivement proportionnelles aux distances comprises entre les points que l’on considère et l'axe d'équilibre pro- Jeté en m. Partant de la, et procédant par voie purement géomé- trique, on déduit aisément l'équation suivante (') : D EE rer (*) La résultante des forces développées B de m en B, perpendiculairement au plan BA, est représentée en grandeur par l'aire du triangle mBB', rectangle en B, et dont ES p’ le côté BB est pris égal à Ex pour l'unité T de longueur. De là résulte, en désignant par R ceite résultante, _ Eubl 3 2 R , et, comme elle agit au centre de gravité de ce même triangle, elle a pour (156 ) où l représente la longueur Bm, b l'épaisseur du p is a et æ les distances des points e et m au plan de la section transversale LB1. ; L'équation (1) montre que le maximum de la quantité w correspond au minimum de l'expression fractionnaire 2 a + TI Le point e étant pris sur Paxe mD , tirons la droite Be et menons la droite Bn de manière à ce que l'angle mbr soit précisément égal à l'angle Bem. La similitude triangles mBn, mBe donne immédiatement Il suit de la, conformément au principe établi n° IV, q" le minimum du segment mn, et par suite le maximum de la quantité p, correspond à la direction de la 4 BA pour laquelle la verticale BI divise en deux égales langle mBn, pris égal à l'angle Bem. moment par rapport à Paxe projeté en m Eub® 5 Le moment des forces développées de m en A étant le même, le mon total des réactions à considérer est évidemment s = Eubl, 22 ce qui donne l'équation d'équilibre 2 P (a+ z) = š Epbi’. (137 ) De là résultent en premier lieu les conclusions sui- vantes : 1° La ligne de plus facile rupture est la perpendiculaire abaissée du point B sur la bissectrice de l'angle Bem (`). 2 A mesure que le point e s'éloigne de la verticale Bl, la ligne de plus facile rupture se rapproche indéfiniment de celle même verticale. 5° Lorsque le point e se rapproche de la verticale BI, la ligne de plus facile rupture s'en écarte sans pouvoir dépasser l'inclinaison de 45°. 4 Ala limite, lorsque le poids P agit suivant la verticale BI, la ligne de plus facile rupture fait un angle de 45° avec l'horizontale. Ces résultats que nous croyons nouveaux, offrent une vérification remarquable des faits expérimentaux constatés par M. Vicat et publiés par lui dans les Annales des Ponts et Chaussées. (Année 1833, 2”* semestre, pages 201 et sui- vantes.) VI. Supposons que le poids P agisse suivant la verti- cale BI et qu'il ait l'intensité nécessaire pour que Vexten- sion y soit la plus grande extension compatible avec la conservation de l'élasticité. On a, dans ce cas, Pages et, désignant par À la hauteur BI, h h? z == 3 , B = 2 o étermi | eB et ( La ligne de plus facile rupture se détermine en prenant em — tirant Bm, ll serait curieux de vérifier par l'expérience cette déduction théo- ( 138 ) L'équation (1) donne, en conséquence, 2 (2) P = Ex.b.h a Si Pon admet avec M. Navier que la force transverse permanente soit les quatre cinquièmes de la force tirante permanente; si Pon désigne en même temps par P” la plus grande valeur admissible pour P, dans l'hypothèse où li | rupture s’effectuerait suivant la section BL, on doit post. Le (3) é . . . . . ER Exb.h. La comparaison des équations (2) et (5) montre quê, dans le cas oú le poids agit suivant la verticale BE, rupture est plus facile suivant le plan BA que suivant le plan BI. Cette déduction est entièrement conforme ai! | faits constatés par M. Vicat et consistant en ce que @ n’est point, en général, par insuffisance de la force Lai verse que la rupture s’accomplit. me. Observons en terminant que si la section d’encastr était reportée en BI, à la ligne de plus facile rupture, TE , présentée par BA, se substituerait la ligne brisée d'égale résistance Bml. ` doit avoir pour longuenr minimum la moitié de leur pe seur. La limite de l'effort qu'ils peuvent supporter d'u manière permanente se trouve d’ailleurs déterminée P“ l'équation (2). . | ; ( 139 ) Il est facile d'étendre ces déductions au cas de rivets à section quelconque et des tourillons. Toutefois, on ne perdra pas de vue qu’elles supposent une matière homo- gène, ou du moins également résistante dans tous les sens. Troisième question. Section. de rupture et résistance d’un solide prismatique chargé d'un poids. VII. Soit un solide homogène, affectant la forme d'un parallélipipède rectangle et reposant par sa base sur un plan fixe horizontal. La face supérieure du massif étant sollicitée par un poids P, on suppose que l’action de ce poids tend à rompre le parallélipipède suivant une section plane R, normale à la face ABCD (fig. 5) et dirigée suivant am. la posé, il s’agit de déterminer la position de la droite am pour laquelle la rupture est la plus facile, c'est- à-dire la position de la droite am pour laquelle le poids capable de produire la rupture est le moindre possible. Observons qu’à l'instant précis où le poids P atteint l'intensité nécessaire pour produire la rupture, il y a équi- libre entre ce poids et les réactions développées le long de la section R. Observons, en outre, que ces réactions se ré- duisent à deux, lune T parallèle à am, l’autre N normale à la première, La réaction T doit en général être considérée comme dépendant à la fois de la cohésion et du frottement. En tant qu'elle dépend de la cohésion, on peut la désigner par T" et la représenter par am. En tant qu'elle dépend du frottement, on peut la composer avec la réaction normale ( 140 ) N, ce qui donne pour résultante une réaction N’, incliné sur N dun angle précisément égal à langle du frotte ment. Dans tout ce qui suit, nous conserverons ces notations, | et nous désignerons , d’ailleurs, Par y Pangle du frottement; a Par f la tangente de l'angle o ou, ce qui revient a même, le coefficient du frottement; | Par y la cohésion pour l'unité de surface; Par II le poids de l'unité de volume de la matière dl a massif, poids dont nous faisons d'abord abstraction dans ce premier problème, ke La droite am étant prise pour ligne de rupture, de m représente par am la cohésion T’, et que, par le poini on tire la droite mn sous l’angle amn =7 + pr visible que le segment an, intercepté sur la verticale Ab par l'angle amn, représente l'intensité que doit avoir poids P pour produire la rupture suivant la droite a Concluons que la direction de plus facile rupture est cell E pour laquelle le segment an est le plus pè a n tit possible, le point m glissant sur la Ye” ticale DC et entraînant avec lui les dE : B droites ma, mn, respectivement assujet ties, la première à passer par le g p m fxe a, la seconde à faire avec la premi? un angle constant amn = z + ® i , On voit par ce qui précède commet . re 7” question à résoudre se ramène au AM A ÿ a ‘ème fondamental exposé au n° H. e it aa’ l'horizontale passant pe E AD point a. Tirons la droite am! sous = (Fig. 53 a'am! =0. La ligne cherchée de plus f de 4 (1H ) rupture est la droite am qui divise en deux parties égales l'angle nam’. (Corollaire 4, n° III.) On a par construction : o EE ya T TRES | —_— n zT maa = ». espec Mus mam = map = 3 2 . Menons par le point m, 4° la droite mn sous Pangle amn = + ©, 2 l'horizontale mp. On a T A ai. Pa: == >=: pal mis $ a + = 3 amn. ll suit de là que le triangle amn est isocèle, que le point p est le milieu du segment an, et qu'en désignant par P le plus petit poids capable de déterminer la rupture, on doit rire P ma’ o dam” T ma > Soient a la largeur aa! et b la longueur du massif me- surée perpendiculairement à la figure 5. On a T = y.b.am, et par suite P = 2y.b.ma'. On a d’ailleurs ma = a t E | y : De | der RE + re ge 2 ' =a(f + VA f?) ll vient done VE O EA vin T (442 ) | et si Pon désigne par æ langle que fait avec l'horizontale la direction de plus facile rupture +. | ER mnga=154 (3 + p) =/ + VIFF | On observera que s’il s’agit d'une matière grenue el très- : cohérente, telle que certaines pierres, la cohésion doll | être considérée comme intervenant seule jusqu’à la rup ture. En ce cas donc, il faut poser f—0, ce qui donne tang «a = 1 et montre que le plan de rupture est dirigé suivant l'indi- | naison de 45°. Ce résultat est confirmé par l'expérience. La formule (1) se réduit, pour f— 0, à BF. LU Va ak Si Pon voulait appliquer cette formule, il ne faudra : pas perdre de vue que la cohésion représentée par y 08 pas la cohésion primitive de la pierre soumise à rep : mentation, mais bien la cohésion qui subsiste à l'instant : de la disjonction, après l’altération plus ou moins e : plète qui prépare et précède la rupture. Faute de pre" dre garde à cette circonstance, on serait conduit à QE buer à la formule (5) un sens qu'elle ne comporte poinh el à créer artificiellement entre la théorie et l'expérien®. un désaccord qui n'existe pas en réalité. Ajoutons comme dernière observation que les formule (1) et (2) sont particulièrement applicables aux M. composés de terres cohérentes ou de matières analogus (145) Quatrième question. Section de rupture et résistance d’un solide prismatique pesant et chargé d'un poids. a A yz ` (Fig. 6.) VII. Reprenons la question précédente en tenant compte du poids du prisme qui tend à se détacher et qui se trouve au- dessus de la ligne de rupture. Désignons par h la distance aB et prolongeons l'horizontale aa! d’une longueur a'a'' déter- minée par l'équation de condi- tion ce qui donne 2y aa" == — - Il Il en résulte qu’en représentant par 24. le poids IL a.b.h ob prisme aBCa’, la cohésion développée suivant la sec- lion aa’ est représentée par a'a'”. Il en résulte en même temps que, pour une ligne quelconque de rupture aem , coupant en e la droite DC et aboutissant en m à la verti- cale menée par le point a”, le poids du prisme qui tend à ya détacher et la cohésion suivant ae sont représentés res- Pectivement, Pun par 2h — a'e , l’autre par em. Soit n le point de rencontre de la verticale DC avec la (144) droite menée par le point m sous l'angle amn =3+9 Il est visible qu'en désignant par P l'intensité du poids capable de produire la rupture suivant ae, la quantité P +Tla.b.h est représentée par 2a/n. Or Ila.b.h est wie quantité constante. Donc la moindre valeur de P corres l pond à la position du point m pour laquelle la distance a'n est la moindre possible. Ici, comme tout à l’heure, nous voici ramenés au théo- | rème fondamental exposé au n° I. | Tirons la droite an’ sous l'angle n'aa'—9 el prolot: | geons-la jusqu'à sa rencontre en s avec la verticale añ a L'angle an'e est égal à E + q. Il s'ensuit, conformémen au corollaire 2 du n° HI que Pon a pour déterminer la | position du point m, qui fixe la ligne de plus facile rop ture am, la relation suivante : a e A O sm = sa. sn’. Soit « l'angle que la ligne am de plus facile rupture hal : avec lhorizontale aa'', on a d’abord tué ma” as sm Fa m a = = — + pa = EN . aa” aa" aa , aa On a d’ailleurs d f 7 : a'a” aa’ dis a a.aa : : n's = , as = —, m = 2 à COS y cos p cos ? E Il vient done en substituant m1 VE . ang æ = f + — —, ro cos y aa” na NES i -o CAE PRE A EEE REN FISA AEA (145 ) et eu égard aux valeurs de cos o et de a'a”. oy (1 + ft) Mu ie Ha ee O A Ha + 2y D'un autre côté, mp étant la perpendiculaire abaissée du point m sur la verticale CD, l'angle nmp est égal à z 3— (2 — q), et Pon a an= ma” + np = aa” tanga + w'a”. cot (x — y). De là résulte (5) AV 2 A= tang 2x ÉS eoira p tang «— f Pour passer de la valeur a'n à celle de la quantité P +Ta.b.h, le facteur à introduire est, comme on l'a vu ab : plus haut, 224. 11 vient donc enfin 4 + tg 2x 11a2b tang e — f Mis... P + mabk — tang a + yab Les équations (2) et (4) résolvent complétement la ques- tion proposée. L'équation (4) montre, ainsi qu'on le voit d'ailleurs à priori, que la ligne de plus facile rupture doit partir du point A. On observera qu'il y a lieu d'apporter ici les mêmes res- trictions qu'au numéro précédent. Les ayant déjà men- “onnées, nous croyons superflu de les reproduire. 2™ SÉRIE, TOME IX. 10 (146 ) Cinquième question. Équilibre d'un massif coupé latéralement. e IX. Soit aeb le profil dun. i a massif limité à sa surface st- périeure par un plan beetcoupé latéralement suivant un talus (Fig. 1.) plan ea. ; Il s’agit de déterminer la plos grande longueur qu’on peut donner au talus ea sans qui- y ait disjonction. On suppose que la rupture tend à se faire suivant ut plan mené par l’arête inférieure du talus ea. ; Soit ac une droite quelconque prise pour ligne de rup ture. e Les forces à considérer sont au nombre de trois: 4° Le poids P du prisme aec; 2 La cohésion T’ dirigée suivant ac; 5° La réaction N’ dont la direction fait avec cell droite ac un angle égal à Ẹ +. 0 Considérons le système de ces trois forces et faisons tourner de manière à donner à la force P la direction e. Cette rotation étant effectuée, si nous représentons par! la réaction T’ et par dn la direction de la réaction N, est visible que la longueur nc représente le poids PP lequel il y a précisément équilibre entre l'action de @ poids et les réactions développées suivant la section rupture ac. Cela posé, pour qwil y ait équilibre, il pa que le poids P qui agit en réalité soit inférieur ou tow: plus égal à P”. E - Le poids P est proportionnel à la base ec du triangle ed R 6 e TES NM UT EN a ee ET edeli RA IS > añ ( 147 ) Supposons qu'on ait pris celte base pour le représenter et qu'on ait déterminé en conséquence la longueur ed. Le prin- cipe énoncé tout à l'heure implique la déduction suivante : La plus grande longueur que l'on puisse donner au talus ea, sans qu'il y ait disjonction, correspond à la position du point a pour laquelle le point n tombe en e, pour une direc- tion particulière de la droite ac, et reste à gauche du point e, pour toute autre direction. Observons ici que, pour une direction quelconque déter- minée de la droite ac, la direction de chacune des forces P, T’, N’ demeure invariable, indépendamment de toute inclinaison de la ligne eb. Il s'ensuit que pour un méme angle quelconque eac, le triangle cdn reste semblable à lui- même, et qu'un rapport constant s'établit entre les côtés cd, cn. Mais, d'un autre côté, si Pinclinaison de la droite eb varie seule, le poids P et la réaction T’, tous deux pro- portionnels à la longueur ac, changent dans un même rapport. Il suit de là que, pour un même angle quelconque eac, le rapport des longueurs cn, ce demeure invariable pour toutes les inclinaisons possibles de la droite eb. Concluons que La direction eb peut étre choisie arbitrai- rement. Quelle que soit cette direction, elle n'admet jamais qu'une seule et méme détermination pour la longueur maxi- mum du talus ea. Ce résultat curieux n'était pas connu, croyons-nous. Íl Offre un moyen très-simple de résoudre la question pro- posée pr rca A R + C) Le procédé général, suivi dans ce travail, ne cesse pas d’être applica- -'l comme ailleurs. L'artifice auquel on a recours a uniquement pour objet une simplificatio: | . (148 ) X. Par le point e menons deux droites, Pune el dim gée suivant le talus naturel, c’est-à-dire faisant un angle avec l'horizontale, l’autre eb perpendiculaire à la pr mière et, par conséquent, faisant avec la verticale un an égal à q. e Si nous prenons la droite eb pour | mite supérieure du profil et que n reproduisions (fig. 8) la constructioni diquée (fig. 7), il est aisé de voir quen prolongeant la droite nd jusqu'à sa ret- contre en m avec la droite ac, on forme un triangle dme rectangle en m et d l'angle dem est égal à 9. (Fig. 8.) On a par construction, h étant la perpendiculaire ap abaissée du point a sur h droite eb. De là résulte o e ea . cd =—. —- Par le point m menons une parallèle à eb et désign® par o et q les points où cette parallèle rencontre les d et,apon a | le triangle cdm donne d’ailleurs (3) - . . . . . em = cd cos y. (449) _La combinaison des égalités (1), (2), (5) fournit immé- diatement l'équation finale 2 Mi 0 e06 8 H L'équation (4) montre que le point m est assujetti à rester sur la droite fixe omq , et que la question proposée se résout par application du théorème fondamental ex- posé au n° IE. Voici d’ailleurs la solution : Prendre sur la droite et, pa- rallèle au talus naturel, la lon- gueur eo égale à = COS q; Par le point o élever sur et la * perpendiculaire om; Mener par le point e la droite emq' dirigée suivant la bissectrice de l'angle oea; Par le point m , où les droites emg? et om se coupent, élever sur emg’ la perpendiculaire ma; Le point a situé à la rencontre des droites ma, ea est le point cherché : am est la ligne de rupture, ae la plus grande longueur que comporte le talus latéral, pour toute direction de la surface supérieure du massif. o (Fig. 9.) On vérifie cette solution en observant que l'angle ema est droit et que les angles ome, eam sa égaux comme complément d'un même angle oem = Par le point a tirons la droite aq! paralile à eo. Lan- ( 150 ) gle eg'a, égal par construction à l'angle oem, est égal i langle mea. Il s'ensuit que le triangle eg'a est isocèleet qu’on a généralement UN Lei. O Par le point q’ menons la droite o'q’ parallèle à om et, par conséquent, perpendiculaire à eo. és e point m étant le milieu de la base eg! du triangle isocèle eag’, on a 00'= eo et, par suite, Ed e0 nT COS q. Il suit de là que la droite o'q’ est fixe. Concluons, ® vertu de l'égalité (5), que le lieu des points a, correspondant aux diverses directions que peut prendre le talus latéral ea, est une parabole ayant son foyer en e, son sommet en 0,™ droite eo’ pour axe principal et la droite o'q! pour direcintt Concluons, en outre, que la ligne de rupture am est ES droite qui touche cette méme parabole au point a. Déjà, depuis plusieurs années, nous étions parvent’ ce résultat curieux. Le calcul qui nous y avait cont” était moins simple et moins satisfaisant que la solutio? précédente. Il avait dissimulé à nos yeux la généralité d cette solution qui paraissait restreinte au cas d'une surho supérieure horizontale, Il n’avait pas non plus mis é e dence la direction remarquable affectée par la ligne” plus facile rupture. a On observera qu'en pratique, on doit exclure des pe tions assignables à la droite eb, qui limite supérieure" le profil aeb, celles de ces directions qui feraient a l'horizontale, et au-dessus, un angle supérieur à 9- ( 151 ) On observera également que la solution précédente cesse d’être applicable, lorsque la ligne am est inclinée sur la gauche de la verticale élevée par le point a. N. B. Ilest aisé de voir comment la solution qui pré- cède s'étend d'elle-même au cas d'une charge uniformé- ment répartie à la surface supérieure du massif considéré. En désignant par p la charge répartie sur Punité de sur- face, il suffit, pour en tenir compte, de remplacer 11 par M- +, h étant la perpendiculaire abaissée du point a sur la base du prisme qui tend à se détacher. Un nouveau genre de Crustacé lernéen; par M. P.-J. Van Beneden , membre de l’Académie. Déjà à diverses reprises, nous avons eu l’honneur d'en- tretenir l’Académie de quelques nouveaux genres de crus- tacés de la grande famille des lernéens, qui hantent nos Parages et prennent des poissons marins ou fluviatiles pour habitacles, sinon pour victimes. La classe des crustacés est, sous ce rapport, une classe bien remarquable : quelques décapodes brachyures de- mandent l'hospitalité à des moules, des huîtres ou des Jambonneaux, et, sous le nom de Pinnothéres, vivent en bonne intelligence sous un toit commun, en prétant à ces mollusques aveugles, disaient les anciens, le bénéfice de leurs yeux nombreux et pédiculés. D'autres décapodes, les Pagures ou Bernard-l'Hermite, sans demander l'hospitalité à un vivant, s'établissent dans la coquille abandonnée d'un Buccin ou d'un Turbo mort, ( 152 ) a et s'installent dans cette demeure d'emprunt comme le: vrai et légitime propriétaire. | Plusieurs isopodes, dédaignant la vie monotone dun crustacé se trainant avec peine sur ses sept paires de pattes, choisissent un poisson bon nageur, se crampoi- à nent solidement à sa peau, et, sans lui demander autre chose qu'un simple gite, traversent d'un trait, gráced leur véhicule vivant, l'Atlantique ou la mer du Nord, dl voyagent avec toute célérité et sans fatigue du pôle à l'éque teur. Les cirrhipèdes, qui sont bien de véritables crustacés, à surtout les balanes, s'établissent indifféremment sur des a pierres, des pieux, des moules ou des crabes, tandis que i les anatifs en général s'établissent plutôt sur la quille des a navires, el recouvrent, d'une vaste forêt de corps pédi- A culés, toute la partie submergée de la carcasse : nous él avons vu de quatre à cing pieds de longueur. On trou l aussi des cirrhipèdes sur des squales, des dauphins, des o baleines, ainsi que sur la carapace des chélonées, ak plus souvent ces singuliers voyageurs servent de pavillol au navire vivant qui les a transportés. dE Enfin, les crustacés siphonostomes ne demandent p . seulement le passage à leur hôte débonnaire; ils en font une victime qu'ils assassineront au besoin pour s'abreuvť de son sang, mais que, par une cruauté raffinée, ils laiss ront vivre dans leur propre intérêt. Ces derniers crusta sont communément désignés sous le nom de lernéens, © hantent surtout la cavité branchiale des poissons. : C'est d'un nouveau genre de ce groupe que j'ai Thor neur d'entretenir aujourd'hui la classe ; mais, au lieu de vivre sur un poisson et de se colloquer à Paide de fo pinces et crochets, il se blottit dans le premier comp?!” (155 ) ment d'un tunicier composé, le remplit à lui seul, guette au passage ce qui lui convient, et passe sa vie à prendre sa nourriture solide et gazeuse avant de se transformer en étui sexuel. Si ce lernéen n’a plus besoin de ses organes pour amarrer le corps, s'il vit dans un obscur compartiment où nulle agression ne peut l'atteindre, si son rôle ne consiste plus qu'à pondre sans danger les œufs qui doivent perpétuer l'espèce, on ne sera pas surpris que ce nouvel animal éloigne si notablement de ses congénères, qu'on n’est pas Sans quelque embarras pour découvrir ses véritables affinités. Ces lignes étaient écrites lorsque nous avons reçu le numéro des Archives de Troschel, contenant l’intéressant travail de M. R. Leuckart, ayant pour titre Carcinologis- ches (1). Nous y lisons que notre savant ami a trouvé, en 1855, à Nice, dans la cavité branchiale et le cloaque des Phallusia mamillaris, entre autres parasites, un lernéen extrêmement curieux, connu déjà de Costa, au moins le genre, et que M. Leuckart désigne sous le nom de Notopterophorus Veranyi. Krohn avait observé le même lernéen à Naples, dans différentes espèces de Phallusia, mais sans en avoir parlé dans ses écrits. Ce Notoptero- _ Phorus est voisin de celui que nous avons trouvé dans l'Aplidium ; mais il se fait particulièrement remarquer par les prolongements des ailes qu'il porte sur chaque anneau thoracique, et qui lui ont valu son nom de No- loplerophore, Quand la drague des pêcheurs racle, à quelque dis- m A a a O (1) 1859, p. 232. (154 ) tance de nos cótes, le fond rocailleux de la mer, le file remplit généralement de grandes huítres, de spatang pourpres et d'énormes aleyons, au milieu desquels o trouve des corps arrondis d'un jaune verdátre, ridés àl surface, de la grosseur d’une pomme de reinette, et dont la ressemblance avec des figues desséchées est assez pante : ce sont des tuniciers composés que les naturalistes désignent sous le nom générique d'Aplidium, et dont i existe deux espèces non loin de nos côtes, l'Aplidium ficus et l'Aplidium ficoides Van Ben. C'est souvent une tige de tubulaire qui sert de siége u fondateurs de la colonie, et Cest autour d'elle que se dé veloppent successivement les diverses générations qui coi- stituent le mollusque composé. Depuis longtemps nous connaissions ce fruit de met; mais ce mest que depuis quelques mois que nous à Fe appris à connaître l'hôte qu'il héberge, et dont les carat tères méritent une attention particulière. i C'est une circonstance toute fortuite qui nous la découvrir. E En faisant dernièrement, avec un scalpel très- : | chant, une coupe mince et transparente du fruit, c'est dire de la colonie, et en portant cette lame mince sur le porte-objet du microscope, il nous tomba sous les } un petit sac rempli d'œufs d'un beau rouge amarante nous Supposions provenir de l’Aplidium lui-même. Nos mimes ces œufs à nu à l'aide d'une aiguille, et, comptat trouver un tétard de tunicier, quelle ne fùt pas notre $ prise de trouver une larve de crustacé au lieu d'un je mollusque. Comme on le pense bien, des suppositions de genre se croisèrent dans notre esprit. Était-ce un ex ( 155 ) de transition véritable d'une classe à une autre classe? était-ce un mollusque affectant d'abord les allures d'un crustacé? Nous fimes bientôt une seconde coupe, puis une troisième et une quatrième, et tout s'expliqua. Ce n'était point du merveilleux qui se déroula, mais du nou- veau : aux sacs à œufs amarantes, nous voyons appendu un corps allongé que nous retirons tout entier de la loge qui le renferme, et en l'isolant, la nature lernéenne saute aux yeux, Nous avions donc affaire à un crustacé para- site logé dans la cavité respiratoire de l’Aplidium, et dont nous trouvions au moins une vingtaine de femelles dans une seule colonie. Depuis plus de vingt ans, nous possédions un dessin de ce crustacé en portefeuille; il était marqué : Trouvé sur un Aplidium ; mais comme les tubes ovifères manquaient, sa nature véritable, crustacé ou acaride, nous était restée in- connue, Ce problème est résolu aujourd'hui. Ce lernéen est nouveau pour la science; à cause de la cavité qu'il habite et de la couleur de ses œufs, nous le désignons sous le nom de : ENTEROCOLA FULGENS, Van Ben. La femelle a le corps un peu allongé, comme certains acarides, très-régulier el à peu près du même diamètre dans toute sa longueur; la tête est distincte et porte une de pigment rouge au milieu du front; les appendices de la bouche sont couchés pendant le repos, de manière qu'on n’en voit aucune trace, à moins de placer l'animal sur le dos; le thorax compte quatre segments semblables, tous les quatre portant une paire d'appendices bifurqués rts; l'abdomen est peu développé sans segments et ( 156 ) se termine postérieurement par deux lobules fort cours … sans dents ni soies; les tubes oviféres ont la largeur di corps et sont couverts à leur base d'un appendice pro- lecteur. Le mâle nous est inconnu. Il habite la cavité branchiale des Aplidium. La tête est parfaitement distincte du thorax; sa forme i est triangulaire et légèrement bombée en dessus; vers le a bord antérieur, sur la ligne médiane, on voit un reste de 7 pigment oculaire rouge, mais ni sur le côté, ni en avant, E on n'aperçoit aucun organe particulier, soit pour amat- rer le parasite, soit pour donner l'éveil en cas de danger. On dirait qu'il ne lui reste plus aucun rapport avec le l monde extérieur, qu'il est condamné pour toujours à . immobilité du patron qu'il habite, enfin qu'il n'a plos d'autre rôle à jouer dans l'économie de la nature, que de veiller à Ja propagation de l'espèce. da La téte porte cependant quelques appendices, mais ils S sont réduits à un tel degré de simplicité, ils sont si PIE mitifs dans leur composition, que, pour les reconnaitre, il est indispensable d'en avoir fait une étude ailleurs. | Sur le côté du segment frontal, on voit, en ayant sol de redresser les pièces qui sont couchées les unes SU. les autres, s'élever un appendice foliacé, large à la hash pointu au sommet, mince et souple comme une mem- brane, composé de deux articles à peine distincts, e n'ayant à sa surface ni filaments , ni soies, ni épines: ® sont les antennes. Elles semblent pouvoir se loger dans une excavation latérale du segment frontal. La seconde paire d'appendices est insérée à la base dë antennes et ne semble former avec elles qu'un seul as ( 157 ) même organe, Nous trouvons en effet la plus complète ressemblance entre ces appendices réunis et les quatre paties thoraciques. Cette seconde paire n’est formée que d'un seul article assez volumineux et qui porte à son ex- trémité libre deux ou trois courts feuillets membraneux : c'est la première paire de pieds-máchoires, si nous ne nous trompons. Il existe une seconde paire de pieds-máchoires, situés un peu au-dessous et en dedans des précédents, mais que leur état rudimentaire permet à peine de distinguer. Il n’est pas facile de bien connaître ces pièces qui en- tourent la bouche, à cause de la petitesse de ces crustacés et plus encore du peu de transparence de la carapace. La troisième paire de pièces, qui correspond évidem- ment à celle que nous avons décrite ailleurs comme la troisième paire de pieds-máchoires, est la plus forte de . toutes, et les deux appendices, en se rapprochant, peuvent faire la pince : ils sont formés de deux articles dont le ba- silaire est fortement gonflé, pendant que Particle terminal est bidenté au bout. Ces pieds-máchoires portent en avant un palpe rudimentaire. ous ne voyons nulle part des organes d'adhésion aussi peu faits pour amarrer le parasite, et c’est tout au plus si, au besoin, la dernière paire, généralement si bien condi- tionnée dans les lernéens, pourrait rendre quelque service à PEntérocole. à région du corps qui porte les organes appendicu- laires et que Pon désigne avec raison sous le nom de thorax, forme presque tout le corps du parasite. Quatre segments parfaitement semblables constituent cette ré- 8100, et, sur le côté de chacun d'eux, on voit une paire de pattes d'une conformation plus simple encore que les ( 158 ) appendices de la tête. Par le thorax et le peu de dévelop: pement de leurs dépendances, les Entérocoles, sans les tubes ovifères toutefois, ne sont pas sans ressemblance avec les tardigrades. Les quatre paires de pattes sont exactement semblables et par le nombre d'articles et par leur volume; elles sont courtes, formées de deux pièces, comme les nageoires bira- mées, une pièce extérieure terminée par un onglet, sem- . blable aux antennes, etune autre pièce interne arrondie,un peu allongée et terminée par deux onglets membraneus. : Chaque paire d'appendices mo et: exactement E conforme aux deux prem dices e ques, et les a antennes interprétées de cette manière, ne seraient que la dépendance de la première paire de pieds-máchoires. Outre les appendices du thorax, on voit, à la hauteurde la base de l'abdomen, de chaque côté, un feuillet membra- neux recouvrir la base des tubes ovifères et protéger les : œufs au moment de leur entrée dans le sac. Cet appendice a se retrouve dans plusieurs lernéens, mais c'est le seul gentè dans lequel nous le voyons jouer aussi évidemment so rôle d'organe protecteur. ee Chaque tube ovifère est presque aussi gros que le corps de l'animal et porte trois ou quatre œufs dans la large et une dizaine dans la longueur. Les œufs sont irréguliérement entassés et sont remar- quables moins par leur volume que par leur belle couleur amarante. Cette couleur, comme on le pense bien, 6t celle du vitellus; aussi la voit-on dans tout l'intérienf des ovaires qui ont envahi la cavité thoracique. Sans Y œufs extérieurs, on pourrait croire que la femelle est UN jeune animal qui n’a pas encore digéré sa masse vitelline. C'est un des motifs pour lesquels nous avions eu toujoUÉ a eal E ara E E d eah ET Ae a E ( 159 ) du doute sur la nature de l'animal dont nous conservions depuis si longtemps un dessin colorié. Affinités. — La diversité de formes est souvent si grande dans ces crustacés lernéens, leur physionomie est parfois si singulièrement grotesque , qu'il n’est pas rare de voir les affinités naturelles des genres se dérober au coup d'ceil le plus sagace et le mieux exercé. Le genre dont nous cher- chons ici à connaître le rang est du nombre de ceux qui nous ont offert le plus de difficulté. C'est une forme, en apparence, frappée dans le cours de son évolution, et ce- pendant les œufs dont la femelle charge son robuste ab- domen démontrent que cela n'est pas. Aussi dans le tableau général des lernéens, où il faudra tout classer d’après les termes plus ou moins éloignés de la larve et de l'em- bryon, les Entérocoles ne peuvent-ils s'éloigner beaucoup des genres qui doivent correspondre aux premiers áges embryonnaires. Si nous considérons, d’après ce que nous avons appris à Connaître des lernéens de nos côtes, ce qui reste encore à découvrir, nous ne nous sentons pas le courage de former Un Cadre général, et nous nous bornerons à signaler les fortes affinités que présente ce nouveau genre avec les Eudactylina des branchies des Squatine ange et des Spinax acanthias. Ces genres ont tous les deux le corps d'une forme très- régulière, assez semblable à un isopode ou même à un acaride, montrant un segment céphalique de forme trian- gulaire, armé en avant d'une paire d'antennes et de trois Paires de pieds-máchaires autour de la bouche; tous les deux ont un thorax composé de quatre segments sembla- bles, portant des appendices assez mous, à peine articu- êS, Dilides et diversement terminés au bout; un abdomen ( 160 > e 4 court, ayant sur le côté de courts tubes ovifères, et le ’ segment caudal terminé par un double appendice uniar- ticulé, non sétifère. Comme nous avons cru devoir placer les Eudactilina dans la tribu des dichélestions, qui ont pour type l'espèce de l’esturgeon, nous y mettrons également les Entérocoles, en attendant que l’ensemble des affinités puisse être mieux apprécié. EXPLICATION DES FIGURES. ENTEROCOLA FULGENS. Fig. 1. L'animal complet, grossi une dizaine de fois, vu du côté du dos, | l 19 | er E] ae tel qu'il sort de la cavité branchiale de T Aplidium, Les deit sacs à œufs ont pris un pli d’après la cavité dans laquelle ik sont logés. On voit encore un œil rudimentaire sur le front; mais, en général, les appendices , sauf ceux qui recouvrent les sacs à œufs, ne sont guere visibles de ce côté du corps. Un animal complet, vu de profil au même grossissement, moniras! les quatres paires de pattes. Les sacs à œufs manquent. La partie antérieure de la tête et le premier segment thoracique pi“ fortement grossis, vus en dessous, montrant les différents apP® dices qui entourent la bouche et la première paire de pattes raciques. 4 La partie postérieure du corps, vue du même côté et au me grossissement , montrarit les deux derniers segments ce avec leurs appendices, la portion abdominale, le sac à d'un côté, et les corps protecteurs des sacs des deux côtés. e La moitié d’un individu, vu du côté du dos, comprimé entre lames de verre et montrant surtout les quatres paires ap au complet, Un embryon contenu encore dans l'œuf Un embryon isolé, mais dont l'éclosion est provoquée par là i pression, | | A age 160 Lim M2 ¿Action Dull de (161 ) Recherches sur le groupe urique; par MM. A. Schlieper ; et A. Baeyer. 4 I. ACIDE PSEUDURIQUE. Malgré le grand nombre de dérivés connus de Pacide urique, nous ne sommes pas encore suffisamment éclairés Sur sa nature, et tous les efforts pour sa production artifi- cielle ont échoué jusqu’à présent. Déjà Liebig et Woeh- ler (1), dans leur travail classique sur le groupe urique, ont communiqué les tentatives faites par eux pour résou- dre ce problème. Ils traitaient Puramile par les vapeurs de l'acide cyanique sans obtenir un résultat. L'uramile (Pamide de l'acide dialurique), en sé combinant avec l'acide cyanique, doit donner un corps qui présente la même proportion des éléments que l'acide urique, plus deux équivalents d'eau : Uramile, Acide urique. CHA, + C¿AZHO, = C,¿11,42,0, = Co H,42,0, + 1,03. Nous avons réussi/a effectuer cette réaction en traitant Puramile par le cyanate de potasse; mais le corps obtenu n'est pas Pacide urique : c’est un acide nouveau que nous appellerons acide pseudurique : Pseudurate de potasse. C¿H,Az¿0, + C¿A2KO, = C, H,KAZ,0,. En chauffant Puramile avec une solution concentrée de cyanate de potasse jusqu’à P'ébullition, on le transforme A Es OS 1 A (1) Annalen der Pharmacie, etc., de Liebig et Woehler, t. XXIV, p. 284. 2%" SÉRIE, TOME IX. a ( 162 >) en pseudurale de potasse, qui forme un dépôt cristallin. On reconnaît la fin de l'opération à ce que le liquide ne rougit plus à Pair. Si cela a lieu, il faut ajouter encore du cyanate. Au lieu de Puramile, on peut se servir aussi de la murexide. Ce corps chauffé avec le cyanate de polase perd peu à peu sa couleur et donne des paillettes bril- lantes, qui ne sont que le pseudurate de potasse. Celle réaction n'est pas surprenante , puisque les alcalis conver- tissent la murexide en uramile. 0 Acide pseudurique.. . . . C,,H,4z,0. Pour obtenir l’acide ren on dissout dans l'eau bouillante le pseudurate de potasse brut lavé, et on faiteris talliser; le produit séparé est dissout ensuite dans une les- sive de potasse caustique et Pacide est précipité par l'acide chlorhydrique. Préparé de cette manière, l'acide pseud- ; rique se présente sous la forme d'une poudre. blanche cris talline, composée de petits primes. Les cristaux sont plis grands précipités à chaud qu'à froid. L'acide pseudurique chauffé à 160” ne perd pas de son poids : il ne contient pis d'eau de cristallisation. A l'analyse, il a donnéles nombres suivants : + 1. 0,5041 gr. ont donné par la combustion 0,3596 CO, et 0.0871. AS IL 0,5555 gr. ont donné 0,6510 CO, et 0,1798 HO. MI. 0,1964 gr. ont fourni 0,4085 gr. de SAER IV. 0,5255 gr. ont donné par titration 0,0974 A CALCUL, I. Il. HI. I. a » Cio == 52,2 52,2 52,0 re La H, = 5,2 5,6 5,6 BE: Li X Az, = 600 — — 195 50, 0, == — ee — mes Tru : L'acide pseudurique est sans saveur et sans odeur; peu soluble dans l’eau froide ou chaude. H se dissout 2 ( 165 ) ment sans décomposition dans les alcalis caustiques, et chasse les acides carbonique et acétique de leurs sels. L'hy- drogène sulfuré et l'acide sulfureux ne l’altèrent pas; Pacide nitrique le convertit facilement en alloxane. En suspen- sion dans l'eau chaude, le peroxyde de plomb le décompose avec énergie, en dégageant de l'acide carbonique et en se transformant en oxalate et en pseudurate de plomb, mais il ne se forme pas de l'allantoïne ; à la fin de la réaction, les eaux mères ne renferment que de l’urée et une combi- naison plombique, qui paraît être l'oxalurate. Le perman- ganate de potasse le décompose aisément à froid. Les pseudurates s’obliennent facilement en traitant les hydrates, les carbonates ou les acétates par l'acide, ou par double décomposition. Hs se forment aussi directement par le traitement de l’uramile avec les cyanates correspondants. Le pseudurate d'ammoniaque se prépare, par exemple, très- bien en chauffant l'uramile avec une solution de sulfate d'ammoniaque et de cyanate de potasse. Les pseudurates sont tous solubles dans l’eau, mais pas en grande quan- lité : le sel de soude est le plus soluble. D'une solution saturée à chaud , ils se déposent en cristaux par le refroi- dissement; calcinés ils fondent en formant des cyanures. Pseudurate d'ammoniaque. . . . CoH; (A2H,] A,0, + 2 aq. Lorsqu'on sature par l’acide une solution d'ammoniaque étendue et portée à l'ébullition, on obtient, par le refroi- dissement le pseudurate d’ammoniaque, sous la forme de petites paillettes ou aiguilles très-volumineuses. Il n’est pas plus soluble dans l’a iaque concentrée qu'étendue, el ne se combine pas avec une plus grande quantité d'am- Moniaque. Ce sel contient deux équivalents d'eau de cristallisation , qu'il perd au-dessus de 100°; chauffé au- (164) | dessus de 150°, il se colore en rouge en dégageant de l'ammoniaque. Il est préférable de le préparer à l’aide de l'ammoniaque caustique que par Pacétate d'ammoniaque, parce qu'on l'obtient plus blanc par le premier procédé. A l'analyse, ce composé a fourni les nombres suivants: I. 2,5580 gr. desséchés dans le de ont perdu à 1500 0,2106 HO. Il: 0.9717 gr. ont perdu à 1300 20 II. 0,9256 gr. ont perdu à la nue doté 0,0766 HO. Calcul pour 2 éq. HO. L I II. 8,5 8,5 8,1 8,5 IV. 0,2592 gr, Fe dans le vide ont donné 1,2988 gr. de hlo- platinate d'ammoniaque. V. 0,4577 gr. idia à 150° ont fourni 0,4752 CO, et 0,1926 Ho. VI. 0,1522 gr. desséchés ont donné par titration 0,0459 Az. VIL 0,2578 gr. desséchés ont donné 0,0901 A CALCUL, IV. CALCUL. Y < NE Cio — — Ge: A _ ae Ha — — H, 4.5 4,9 = goo Az, 31,6 31,4 Az, 345 — 546.00 Oio Ex Ge 0, A aN he ne Les sels d'éthylamine et d'aniline ressemblent au sl d'ammoniaque. Pseudurate de soude. ..... C, H¿NaAz,O, + 4 aq. En saturant une solution bouillante d'acétate de soude avec l'acide pseudurique, on obtient le sel de soude pal le refroidissement sous la forme de choux-fleurs com- posés de petits prismes. Ce sel est assez soluble dans l'eau, surtout à chaud, et cristallise avec quatre équivalents d'eau de cristallisation, qu'il perd à 140”. Comme % pseudurate est très-soluble dans une lessive de soude (aus tique, on pouvait supposer qu’il se formait un sel avet double quantité de sodium. L'alcool sépare de cette S tion une couche huileuse qui se prend bientôt en (465 ) masse blanche et amorphe; mais ce sel posséde la méme composition el renferme la méme quantité d'eau que le sel cristallisé. En effet si on dissout la masse blanche dans l'eau chaude, on obtient le même corps que celui qui se prépare avec l’acétate de soude. On peut profiter de cette préparation pour purifier un produit impur. Il suffit de précipiter un sel brun une ou deux fois par de l'alcool et de le faire cristalliser pour le rendre parfaitement blane. Voici les résultats de l'analyse : I. 0,9411 gr. du sel précipité par l'alcool ont perdu à 140° 0,2950 HO. IL 0,2132 gr. du même corps; séchés dans le vide ont fourni 0,0630 gr. de sulfate de soude, II 0,2196 gr. dn même sel ont donné 0,0653 gr. de sulfate de soude. IV. 0,5058 gr. ont donné 1,0901 gr. de chloroplatinate d’ammoniaque. V. 2,0376 gr. du sel précipité cristállisé de l'eau ont perdu 0,5021 gr. HO. VI. 0,2564 gr. du même sel, séché à 140°, ont donné par la titration 0,0700 gr. Az. VII. 0,2501 gr. du même sel ont donné 0,0849 gr. de sulfate de soude. Le pseudurate de soude + 4 éq. d’eau de cristallisation renferme 15,0 p. c. d’eau. CALCUL, i: Y. 15,0 15,1 14,5 De e AE i HI. IV. carcuz. VÍ vil. Co — T — — Cio a e E Ni ia en. H; — = .- Ma DE 96 OÙ .— Na. 115 -. MO 38 250 — 25 in 210 5 — ys ee mr ui. Ü — — — Pseudurate de potasse. . ... C¡ H,KAz,0, + 2 aq. Le sel de potasse se dépose d'une solution bouillante de l'acide dans Pacétate de potasse sous la forme de petites paillettes brillantes très-volumineuses. Cest le même corps que l’on obtient directement par une cristallisation (466 ) du produit de l'action du cyanate de potasse sur luramile ll est moins saluble dans l’eau que le sel de soude, el renferme deux équivalents d’eau de cristallisation, quile perd qu'au-dessus de 140". Chauffé au-dessus de 180°, il rougit fortement et se décompose. Dans une lessive de potasse caustique, il se dissout en grande quantité; l'acide acétique ou carbonique l'en précipitent. Mais il se dépose même d’une solution fortement alcaline , et ne parait non plus pouvoir fournir un sel avec deux équivalents de po- tasse. Le pseudurate de potasse a donné à l'analyse les résultats suivants : I. 2,0850 gr, ont perdu à 170° 0,1602 gr. HO. IL 0,8026 gr. ont perdu à 170° 0,0617 gr. HO. HI. 0,2219 gr. du produit brut une fois cristalisó ont donné 0.0770 gr. sulfate de potasse. IV. 0,2636 gr. du sel déposé d'une solution dans la potasse caustique ont fourni 0,0926 gr. sulfate de potasse. Le psendurate de potasse à deux équivalents d'eau doit renfermer 7,4 p. e. d'eau. CALCUL. IL. H; 7,4 7,1 7,5 ni. IV Cio sn H, e — -- Az, a a me K 15,0 15,5 15,0 O. e LE Fa i Pseudurate de chaux. Le sel de chaux s'obtient en beaux prismes, lorsqu'on ajoute du chlorure de calcium à une solution bonillan d'un des sels précédents. Pseudurate de baryte...... CoH, Baz, 0; + 504. RS E ES (467 ) Le pseudurate de baryte s'obtient, par le refroidissement d'une solution d'acótate de baryle saturée à chaud avec l'acide, sous la forme d'aiguilles très-fines et longues, réunies en sphères comme la bile cristallisée. 11 renferme cinq équivalents d’eau de cristallisation, S'il se dépose très- lentement, les aiguilles sont moins délicates. Le même sel s'obtient par double décomposition sous la forme d'un précipité cristallin , composé de petits prismes. Il n’existe pas un sel renfermant plus de baryte; en effet on obtient le même composé en ajoutant une solution ammoniacale de chlorure de barium à un pseudurate. Le sel de baryte est moins soluble que les sels des alcalis, A l'analyse, il a donné les nombres suivants : I. 4,2558 gr. du sel préparé à l'aide de l'acétate de baryte, ont perdu à 160° 0,6549 HO, IL 0,5830 gr. du sel desséché ont donné 0,5061, CO, et 0,1240 HO. II. 0,2672 gr. du même sel ont donné 0,1022 carbonate de baryte, IV. 0,2954 gr. du même sel ont donné 1,0070 de chloroplatinate d'am- moniaque. V. 0,4521 gr, desséchés dans le vide ont donné 0,1774 sulfate de baryte. YE 0,2263 gr. 4 fon ME 2) CS GR, préparés par d et desséchés dans le vide, ont donné 0,0884 gr. de baryte. VIL 0,8149 gr. de ce sel ont perdu 0,2724 gr. HO. VHI. 0,2652 gr. du même sel, desséchés à 150°, ont donné 0,1218 gr. de sulfate de baryte, Cinq équivalents d'eau de cristallisation reprósentent une Perte de 15,0 p- e. CALCUL, E VI. 15,0 14,9 15,0 CALCUL, v VI CALCUL. H. II. IV. VI. sn — Co 257 Bl — — ~= Hio Mi a m e un Ba 250 21 230 Ba 27,0 26,6 — an + is MU — A5 — ( 168 ) Le pseudurate de cuivre s'obtient en aiguilles très-pe- tites d'une couleur verdátre, lorsqu'on mélange une solu- tion saturée à chaud d'un pseudgrate alcalin avec du sul- fate de cuivre. Les sels mercureux et mercurigues , obtenus par double décomposition, forment des aiguilles ou pail- lettes brillantes. Le pseudurate de plomb se prépare en saturant une solution bouillante d'acétate de plomb avec l'acide pseu- durique. Par le refroidissement, ce sel se sépare en petils cristaux, formant des croûtes fortement attachées al : verre. Il renferme deux équivalents d’eau de cristallisation. Lorsqu'on ajoute une solution d'un pseudurate à Pacétale de plomb basique restant en excès , le précipité formé au premier moment se dissout de nouveau dans ce réactil. L'ammoniaque en précipite une poudre blanche et amor- phe, qui est composée en grande partie d'hydrale de plomb. Le nitrate d'argent donne, avec les pseudurales, al premier moment, un précipité blanc qui brunit bientót, de sorte qu'il était impossible d'examiner le sel argentique. En résumant les faits exposés ci-dessus, on voit qué l'acide pseudurique ne forme qu'une espèce de sel, tl qu'il est, dans ce sens, monobasique. Il n’offre pas de res- semblance avec Pacide urique; en effet il ne fournit pis de l’allantoïne lorsque, suspendu dans l’eau, on le traite par le peroxyde de plomb. omme nous ne connaissons pas encore nas ' la nature de Placide dialurique, il est impossible d donner une formule rationnelle de l'acide pseuduriqu® qui dérive de Pamide de l'acide dialurique. CPR a RSS nr je Me ES A ET, Ni of (469 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 6 février 4860. M. Gacnarp, président de l'Académie et directeur de la classe M. An. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le baron de Gerlache, Grandga- gnage, de Ram, Borgnet, le baron de Saint-Genois, De Decker, Snellaert, Carton, Haus, Bormans, Leclercq, Faider, Arendt, Ducpetiaux, Chalon, membres; Nolet de Brauwere Van Steeland, associé; Thonissen, Th. Juste, Correspondants. MM. Wesmael, Sauveur et Alvin, membres de deux au- tres classes, assistent à la séance. Z CORRESPONDANCE. M. le chevalier Texeira de Vasconcellos fait hommage de la première partie de son ouvrage sur le Portugal et la maison de Bragance. : M. de Ram, membre de l'Académie et recteur de luni- ( 470 ) versité de Louvain, présente un exemplaire d'un discours qu'il a prononcé après le service funèbre de M. Éd. Jos. Delfortrie, président du collége de Marie-Thérèse à Lou- vain. — Remerciments. — M. J.-J. De Smet, membre de l'Académie, fait par- venir un travail manuscrit sur la première croisade, spé- cialement étudiée au point de vue belge. (Commissaires : MM. de Saint-Genois, Carton et de Ram.) — M. De Pouhon fait connaître qu'il serait disposé à donner, pour faciliter la copie des pièces concernant Charlemagne, qui se trouvent aux archives du Vatican, à Rome, une somme de mille francs, et qu'il ajouterait deux mille francs si les recherches amenaient la connaissance du lien ou du pays de naissance de cet empereur. I a écrit dans ce sens à M. Kervyn de Lettenhove, qui se rend dans les États pontificaux. « Il regrette, dit-il, tout en l'hon0- rant, le sentiment qui engage les membres à s'exclure du concours ouvert sur cette question importante. » A CONCOURS DE 1859 La classe a recu les ouvrages suivants sur les questions qu'elle avait mises au concours : PREMIÈRE QUESTION. Quelles sont les localités des dix-sept provinces des Pay* Bas et du pays de Liége où l'on a frappé monnaie, depuis A TP EE MERE EME EPL EE QUE OEM RL VE PU Tu PU TN ES RO CT M Re (171) l'invasion des Francs jusqu'à l'émancipation des grands feu- dataires? Décrire ces diverses monnaies, et, au besoin, en discuter l'attribution. Il est arrivé deux mémoires portant les devises, n° 1 : Cherchez et vous trouverez; n° 2: La numismatique est l'un des flambeaux de l'histoire. Les commissaires sont ; MM. le baron de Witte, Chalon et le baron de Saint-Genois. DEUXIÈME QUESTION, Quelles sont les applications utiles et pratiques du prin- cipe de l'association pour l'amélioration du sort des classes ouvrières el indigentes ? Deux mémoires ont été envoyés avec les devises, n° 1: Avant de compter sur les autres, il faut pouvoir compter Sur soi; n° 2 : Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci. Les commissaires sont : MM. Ducpetiaux, De Decker et le baron de Gerlache. QUATRIÈME QUESTION. L'éloge de Cats, au point de vue de l'influence exercée par cel écrivain sur la littérature flamande. Les deux mémoires qui ont été recus portent les devi- Ses : 1° Vader Cats; 2 Vives et vivent istis tua carmina sæclis, Les commissaires sont : MM. Snellaert , David et Nolet de Brauwere Van Steeland. CINQUIÈME QUESTION. Quelle a été l'influence littéraire, morale et politique des (472) sociétés et des chambres de rhétorique dans les dix-sept pro- vinces des Pays-Bas et le pays de Liége. Il est parvenu un mémoire sous la devise : Geduld is cene schoone zaak. Les commissaires sont : MM. Snellaert, le baron de Saint-Genois et David. Il n'a pas été reçu de réponse à la troisième et à la sixième question du programme. Sur la question relative à l’origine belge des Carlovin- giens, il a été reçu un seul mémoire portant la devise: Jaloux de suivre la trace des anciens, etc... (Commis saires : MM. Borgnet, Arendt et Polain.) ÉLECTIONS. MM. Leclercq, De Decker et le baron de Saint-Genois sont nommés membres de la commission qui, avec Mi. Gachard, de Ram et Ad. Quetelet, membres du bureau de la classe, sont chargés des présentations pour les pro- chaines élections aux places vacantes dans le sein dell classe des lettres. i ji i 3 EA) RAPPORTS. —— Projet d'un concours pour l'histoire de la ville d'Ypres, soumis à l'examen de l’Académie. Afin de satisfaire au désir exprimé par la ville d'Ypres el communiqué à l’Académie par M. le Ministre de l’inté- rieur, la classe des lettres avait chargé trois de ses mem- bres, MM. Carton, le baron J. de Saint-Genois et de Smet, » d'examiner le projet de concours conçu par le conseil communal d'Ypres, et ayant pour objet l'élaboration d'une histoire de cette ville. Ce programme était formulé dans les termes suivants : « Faire la biographie des princes et princesses dont les statues sont placées dans les fausses croisées des fa- cades méridionales et nord de la Halle, au nombre de trente et une. » L'ouvrage sera écrit au point de vue de l’histoire d'Ypres et formera pour ainsi dire l’histoire de cette ville sous le gouvernement de ces princes; aussi l’auteur, tout en tenant compte des détails biographiques et des faits gé- néraux, Sattachera-t-il spécialement à décrire les événe- ments de toute nature dont la ville d'Ypres fut le théâtre Où auxquels elle prit une part directe ou indirecte. > Tl ne perdra pas de vue les points suivants, savoir : » Histoire civile. — Institutions civiles, — politiques, — administratives, — priviléges octroyés ou modifiés, — taxes ,— finances , — topographie et agrandissements suc- cessifs de la ville. i ( 174 ) » Histoire des corporations. — Création, organisation, — Statuts, — priviléges, — influence de ces corporations sur les institutions et les événements. » Histoire industrielle et commerciale. — Naissance des industries, — leur développement rapide, — leur déca- ence, — causes, — priviléges, — traités, — voies de communication, — population à diverses époques. » Histoire militaire. — Organisation militaire de la bourgeoisie, — gildes, — combats auxquels les Yprois prirent part sous leurs comtes, — siéges, — troubles, — émeutes, — massacres. > Histoire religieuse. — Fondation des abbayes el cou- vents, — construction des églises, — priviléges du clergé séculier et régulier, — institutions de charité. » Monuments et édifices publics. — Dates de leur con- truction, — leur destination, etc. D A donnera quelques détails sur les hommes remarquables nés ou ayant passé une partie de leur vie à Ypres. » L'ouvrage formera trente el un chapitres; chaque cha- pitre contiendra la biographie d’un prince et d'une prit- cesse, ainsi que l’histoire des événements, etc., ete., qui Se sont passés sous leur règne, décrits dans l’ordre d'idées el avec les détails indiqués plus haut. » Enfin, l'ouvrage sera précédé d’ une introduction in- diquant à grands traits l'époque de la construction dela Halle, les restaurations qu’elle a subies, même en dernier lieu, sa destination à diverses époques. Une description de ce monument et des quarante-huit statues qui la déco rent. » ES AA Rapport de M, Carton. « L'active et intelligente administration communale d'Ypres a pris l'initiative de plusieurs mesures qui mérite- raient d’être imitées par nos autres villes de Flandre. „Elle a compris que ses concitoyens, en la choisissant, ne lui confiaient pas seulement leurs intérêts présents, le développement de leur industrie, de leur commerce, la prospérité de la ville et sa part dans le bien-être du pays, mais qu’ils lui remettaient en même temps le dépôt sacré de son passé, l'honorable mission de conserver le souve- nir de son histoire, du rôle important qu'Ypres a joué dans les siècles passés, de son renom et de sa gloire. Ses magistrats ont accepté cette charge et la remplissent dignement. La belle église de Saint-Martin, autrefois la cathédrale d'Ypres, lorsque cette ville était la capitale de la West- Flandre et le siége d'un évêque, est restaurée en grande partie, et s'élève à présent comme jadis, belle, fière et majestueuse au milieu de la ville, protestation publique de sa foi et de son espérance en Dieu. La Halle, qui rivalise avantageusément avec toul ce qu le moyen áge nous a légué de beaux monuments civils, est rétablie dans son style primitif et de plus ornéedes statues de nos comtes et comtesses. L'idée de compléter ce monument en plaçant dans cha- cune de ses fenêtres murées une statue de nos princes, fait honneur à la ville : c'est une expression de la recon- Naissance que Pon conserve d'eux, un excellent moyen de Fappeler les actes qu’ils ont posés en faveur de la cité, les (176 ) événements qui se sont passés sous leur régne, le souve- nir des monuments dont ils ont doté Ypres et des institu- tions qui y ont été fondées sous leur gouvernement. L'administration avait autre chose encore à faire. La ville posséde un riche dépót d'archives. Ce que le respectable M. Lambin en avait fait connaitre au public excita vivement l'attention du pays et des pays avec lesquels la Flandre avait eu des rapports. Tous espé- raient y trouver des éclaircissements sur des points 0b- scurs de leur histoire, tous avaient des documents à lui demander. La ville, la première, était intéressée à ce que le dépouillement de ce trésor se fit par un homme coni- pétent : ses annales, sa chronique, les noms de ses grands hommes, de ses bienfaiteurs et leurs œuvres étaient là ensevelis sous une poudre séculaire. M. Alphonse Vanden- peereboom , actuellement bourgmestre de la ville, eut le bonheur de trouver dans M. Diegerickx, l’homme savant et laborieux, l'infatigable investigateur qu'il lui fallait pour répondre à Pattente et aux vœux. L'inventaire d'un nombre considérable de pièces, el plusieurs volumes, a paru; des documents nombreux ont été publiés par lui dans les revues et les mémoires de dif férentes sociétés savantes du pays et de l'étranger. AUS! l'administration de la ville a-t-elle pensé que le tem était arrivé de coordonner tout ce que les recherches fal- tes ont révélé, et de mettre au concours la rédaction d'une histoire de la ville et de ses institutions. e L'administration de la ville d'Ypres consulte PAcadémi? sur la position de la question et la prie de vouloir bien a accepter la mission de juger les mémoires des cono" rents. Vous nous avez chargé de vous faire un rappor! Le ces demandes. A E A AE. 7: EN y La question de concours est vaste, mais en discutant les différentes matières qu'elle signale comme entrant essentiellement dans sa solution, je suis arrivé à la con- clusion que le programme ne sort pas des limites conve- nables, Il m'a para cependant, Messieurs, qu'il y a lieu d'expli- quer plus nettement les intentions de Padministration communale, sur lesquelles les concurrents pourraient peut-être se méprendre à la simple lecture du pro- gramme. Dans la lettre de M; le Ministre de l’intérieur, il est dit que l’on demande une histoire des comtes el comtesses de Flandre, au point de vue de l'histoire d'Ypres. Dans le programme du concours, on expose la question dans ces termes: Faire la biographie des princes el prin- cesses dont les statues sont placées dans les fausses croi- sées des façades au nord et au midi de la Halle. 11 semble- rait résulter de cette formule que ce que l’on demande est avant tout une histoire ou biographie des comtes et des comtesses ; or, c’est là une erreur; la biographie et la vie des comtes sont très-connues; elles ont été bien décrites par plusieurs de nos savants. Les concurrents me paraissent donc devoir remarquer que cette partie de leur travail est de beaucoup la moins importante. Tout en tenant comple des détails biographiques sur les comtes et des faits géné- raux de leur gouvernement, ils doivent s'attacher spécia- lement à décrire les événements de toute nature dont la ville fut le théâtre, à constater la part directe ou indirecte que les Yprois prirent dans les actes politiques du pays et l'influence des comtes sur les intéréts de leur ville, Le programme fixe le nombre des chapitres à trente el un, el stipule que chaque chapitre contiendra la biogra- 2%* SÉRIE, TOME IX. 12 (178 ) phie d'un prince et d'une princesse. J'ose conseiller de laisser la division du mémoire à la sagacité de l'auteur. La marche de l’histoire, surtout dans ces fortes communes de la Flandre, au moyen âge, dépend moins de lindi- vidualité du prince que de la vigoureuse initiative du peuple appuyé sur ses droits et ses priviléges. i Si l’auteur était forcé d'interrompre à chaque succession d’un comte, le développement des idées et des faits d'une époque, l'histoire manquerait souvent d'unité et de clarté. L'histoire de la ville doit être décrite jusqu'au règne de Philippe 1I exclusivement. Tels sont les termes du pro- gramme. Je ne comprends pas la raison de l'exclusion de .ce règne; je crois qu'il est essentiel, au contraire, de le faire figurer dans l’histoire qui va devenir l’objet d'un concours. Au moyen âge, la ville atteignait un haut degré de pros- périté; ses plus beaux monuments, ses plus importantes institutions datent de cette époque. A ces jours de splen- deur, de richesse, de bonheur, succédèrent le dépérisse- ment, la déchéance du commerce et de l’industrie; M Charles-Quint les releva et ramena une ère de prospérité relative qui se serait probablement développée sous $ puissante impulsion, si les guerres de religion n'étaient venues entraver les vues du grand Empereur, surlout sous le règne de son fils Philippe II. \ La position actuelle de la ville, Pabaissement de $0% importance, le délabrement de ses monuments, la disp rition d’un grand nombre de ses institutions; la destrut- tion d'une quantité considérable d'œuvres d'art, tout cela date de ces affreuses guerres et s'explique par elles. Aux faits qui se passèrent sous ce règne finit la pe mière et la plus importante partie de l’histoire E i ( 179 ) ils expliquent les causes de sa déchéance et rendent compte de son état actuel. L'histoire de: la ville jusqu’au règne de Philippe I in- clus forme donc ùn tout inséparable; exclure ce règne ce serait finir cette histoire en Pair. Je crois done devoir vous proposer de dire que, en acceptant le jugement du concours, vous invitez les auteurs du programme de changer le mot: jusqu'au. règne de Philippe 11 exclusive- ment en inclusivement. » apport de M. le baron J. de Saint-Genois, « Je me rallie entièrement aux conclusions raisonnées prises par M. le chanoine Carton, et j'insiste particulière- ment avec lui sur la nécessité de laisser aux concurrents le soin de diviser leur Mémoire comme ils Pentendront; mais je n’admets pas la variante qui consisterait à faire entrer le règne de Philippe 11 dans le programme du con- Cours, en substituant le mot inclusivement à exclusive- ment, » Rapport de M, De Smet. « Je suis parfaitement d'accord avec mes deux savants confrères pour proposer à la classe d’accepter le jugement du concours que veut ouvrir l'administration communale d'Ypres; mais je pense avec eux qu’il faudrait la prier de Modifier son programme. Un ouvrage composé de trente el un chapitres, dont chacun contiendrait la biographie d'un prince et d'une princesse, dans leurs rapports avec ( 180 >) la ville d'Ypres, manquerait absolument, me parait-il, d'unité et de proportions. Sous tel comte, en effet, on ne trouve rien ou presque rien qui mérite d’être cité au point de vue de l'ancien chef-lieu de la West-Flandre, tandis que sous tel autre il s’est passé bien des événements d'un haut intérêt pour son histoire. Il faut donc nécessaire- ment laisser aux coneurrents la liberté de diviser leur travail de la manière qui leur paraîtra la plus convenable. Je crois, comme M. le chanoine Carton, que leur ouvrage serait réellement incomplet, s'il ne comprenait pas le règne de Philippe Il, au moins jusqu’à la restauration de sou pouvoir dans les Flandres. Mais la statue de ce prince ne figure point parmi celles qui décorent la Halle d'Ypres el, par conséquent, en se tenant aux termes du pro gramme, son règne doit être exclu comme son effigie. » Sans statuer sur la divergence qui se remarque dans les conclusions de trois rapports précédents, la classe des lettres décide qu'ils seront transmis à M, le Ministre de l'intérieur. Notice sur un Psautier manuscrit du LX" siècle; par M. Namur, de Luxembourg. Rapporti de M, Bormans. « M. Namur, professeur bibliothécaire à l'athénée de Luxembourg, a communiqué à la classe une potice his- torico-bibliographique sur un psantier écrit en | d'or, provenant de l'ancienne abbaye de Saint-Hubert, mais appartenant aujourd'hui à M. le procureur d'État Neumann. Il a joint à sa notice des fac-simile, des des cures (181 ) sins et des photographies représentant l'écriture et les ornements tant extérieurs qu'intérieurs du livre. Ces appendices , M. Namur demande qu'on les lui ren- voie, comme élant la propriété de la société archéolo- gique du Luxembourg, qui a bien voulu les lui confier. La notice même se compose de deux parties : l'une descriptive, l'autre historique. La partie descriptive, dans laquelle M. Namur examine le contenu du livre, ne vaut pas la description qu’en a donnée Dom Martène, dans le Second voyage littéraire, pp. 156 et suivantes; elle n’est ni aussi complète, ni même exacte. Ainsi dans le huitième vers sur David, au lieu de Organa , M. Namur a lu Arcana, que le sens et le mètre repoussent également, Il ne donne de plus que quelques détails sur l'écriture et la forme des lettres initiales; en- core les observations qui les accompagnent ne sont-elles que ce que l’on trouve dans tous les traités de diploma- tique et de paléographie. La description de la reliure et du parchemin, quoique passablement longue, ne fournit pas non plus les éléments nécessaires pour résoudre les questions qui ont été soulevées depuis longtemps par rap- port à ce manuscrit. La partie historique n’a d'autre mérite que de nous apprendre à quel titre M. Neumann est aujourd’hui le possesseur de ce précieux monument. bligé de me servir de la main d'autrui pour mettre mes observations sur le papier, je préfère m'arrêter ici, en m'engageant à compléter ce rapport oralement. En attendant, j'ai l'honneur de proposer à la classe comme conclusion, d'adresser des remerciments à M, Na- Mur pour sa communication, en lui renvoyant les acces- soires qu'il redemande, » Rappori de M, A. Borgnet. « Je partage, sur le mérite du travail présenté à la classe, la manière de voir de mon savant confrère, M. Bor- mans, et j'adopte, en conséquence, les conclusions de son rapport. » Rapport de M. le baron Jules de Saint-Genois. « Le travail de M. Namur, le zélé bibliothécaire de Pathénée de Luxembourg, a été rédigé avec tout le soin que comporte la description d'un manuscrit aussi important, sous le rapport paléographique et de l'antiquité, que le Psautier de Saint-Hubert. On y reconnait une main habile, familiarisée depuis longtemps avec ces sortes d'études. Tout le monde.ne connaît pas la notice de ce précieux manuscrit, faite il y a environ cent vingt-cinq ans pal Dom Martène, dans son Second voyage littéraire. Nous nè saurions donc considérer comme des redites les détails consignés dans ce mémoire, où M. Namur s’est peut-être abandonné à trop de prolixité, en voulant tout dire, mai qui, dans tous les cas, offre des particularités trés-com- plètes el très-curieuses sur ce précieux manuscrit el sur les vicissitudes que son sort a subies avant de se trouver dans la possession de M. Neumann. Nos Bulletins et nos Mémoires renferment beaucoup de notices du même gent qui ne présentent pas l'intérêt de celle de M. Namur. Toutefois, si vous ordonnez l'impression de ce travail, rien n’empêcherait de supprimer les passages latins, déjà rep"? Ke A NS RS E ne (185 ) duits par Marténe, pp. 136-145, et auxquels M. Namur pourrait se contenter de renvoyer. Quant aux fac-simile d'écriture qui accompagnent cette dissertation, nous re- connaissons volontiers qu’on en trouve de la même es- pèce dans les Éléments de paléographie de Léon de Wailly et dans la magnifique Paléographie universelle de Syl- vestre. D'autre part, la figure de l’empereur Lothaire, dont le dessin colorié a été joint au mémoire, diffère essentielle- ment, sous le rapport iconographique, de la figure du même empereur publiée par Charles Louandre, dans les Arts sompluaires au moyen âge; planches : t. T, n°11 (1), d'après un livre des Évangiles, conservé à la Bibliothèque impériale à Paris, fonds Latin, n° 256. — Costume ct attributs, tout y est différent. Nous regrettons donc de ne pouvoir nous rallier aux conclusions quelque peu rigoureuses de nos honorables confrères, MM. Bormans et Borgnet. Nous croyons, au contraire, que cette notice figurerait honorablement dans nos Mémoires, sans qu’il soit toutefois nécessaire d'y joindre le fac-simile et les planches photographiques que M. Namur a cru pouvoir y annexer, en guise d'Allustra- lions, et qui, nous l’avouons , occasionneraient des frais considérables à la classe. Nous opinons, par conséquent, pour que ce travail Soit imprimé par l’Académie, avec la reproduction, à l’aide de la chromolithographie, de la figure de l'empereur Lo- Chaire, bien que celle-ci ait déjà paru, mais notablement embellie et modernisée, dans le Voyage de Martène. Quant a RA , (1) Paris, 1858, in-4. (184) a aux inexactitudes signalées par M. Bormans, nous nons 4 plaisons à croire que l'auteur tiendra à honneur de les faire disparaître de sa notice. » Après une longue discussion à ce sujet, il est décidé que le mémoire ne sera pas imprimé, et qu'on remerciera l’auteur pour la communication intéressante qu'il a bien voulu fafre à l'Académie. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M: Th. Juste communique la note suivante : » Par une lettre que la classe a bien voulu accueillir dans le Bulletin de la séance du 1” août 1859, j'ai pris l'engagt- ment de retracer la carrière politique des comtes d'Egmont i et de Hornes. Deux raisons m'obligent à retarder l'aceom- plissement de cette tàche : premièrement, je n'ai jamais eu l'intention d'intervenir avec une dissertation purement - polémique; secondement, au lieu de me borner à un simple notice, comme c'était d'abord mon projet, je me propose de faire un travail plus considérable, à l'aide des j nombreux matériaux que j'ai pu réunir. Je poursuis atli- o vement cet ouvrage. » (185 ) La guerre el la philosophie de l'histoire; par M. Thonissen, correspondant de l’Académie. E Dans les nombreux et remarquables travaux sur la phi- losophie de l'histoire, publiés dans la première moitié du XIX” siècle, l'origine, la nature, le rôle, le but, les ré- sultats, en un mot, la mission dé la guerre occupe invaria- blement une large place. Les causes de cette préoccupation constante des histo- riens et des philosophes ne sont pas difficiles à saisir. En- visagée des hauteurs où doit se placer l'homme qui sim- pose la rude tâche d'étudier et de juger le mouvement progressif d’une longue série de siècles , la guerre est à la fois l’un des faits les plus grandioses et l'un des phénomè- nes les plus étranges de nos annales. L'homme aime la paix, et il a besoin de la paix. La guerre est en opposition avec les instincts les plus élevés e son âme, avec les affections les plus pures de son Cœur, avec les enseignements les plus manifestes de sa raison, La guerre renverse les villes, dévaste les récoltes, épuise les richesses, anéantit en un jour le travail de tout un siécle. La guerre réclame des torrents de sang, décime les peuples et jette le deuil dans d'innombrables familles. Quelle est l'époque où l’homme ne se soit pas écrié: La paix est un bienfait, la guerre est un fléau ? El cependant, jusqu’à la fin du dernier siècle , la paix qu'on aime a été l'exception , la guerre qu'on abhorre a été la règle dans la vie de l'humanité! A toutes les époques, ( 186 > sous toutes les latitudes, au sein des civilisations les plus diverses, nous trouvons les peuples sur les champs de ba- … taille. Le long des fleuves, au fond des vallées, sur les rivages des mers, dans les gorges des montagnes, au mi- lieu des solitudes du désert, partout où l’homme a ren- contré l'homme, la terre est pour ainsi dire imbibée de sang (1). : Comment expliquer la permanence et l'intensité de ces luttes fratricides? Pourquoi la grande voix du christia- nisme, assez puissante pour faire tomber les chaines des esclaves, n'a-t-elle pas réussi à mettre un terme à cetle effroyable effusion de sang chrétien? Pourquoi la civilisa- tion occidentale, après avoir renversé tous les monuments de la barbarie paienne et de la barbarie féodale, n'a-t-elle pas établi le règne de l'ordre, du droit et de la juslice dans les relations internationales? Pourquoi n'a-t-elle pas fait pour les peuples ce qu’elle a fait pour les individus, les cités et les provinces? Pourquoi les guerres nationales sont-elles restées en honneur après la proscription des ‘ . guerres privées? On vante les bienfaits et les charmes de la paix; 0 aime les joies douces et pures de la concorde ; on exalte l'influence féconde des travaux immenses qui s'accomplis- sent partout où la guerre cesse d'exercer ses ravag Mais, aux yeux de l'immense majorité du peuple le plus a civilisé, qu'est-ce que la gloire paisible du philosophe, di a (1) Dans un de ses premiers ouvrages, le comte de Maistre s'est donné la x peine de compter Jes années de guerre et les années de paix, depuis wik eS de le république romaine. C'est ayec une pénible surprise qu'on Y e a permanence de la guerre et les rares apparitions de la paix. (V. Considere Se tions sur la France, p. 55 à 40; éd. belge, Goemaere , 1852.) COF) savant, du littérateur et de Partiste, à côté de la gloire retentissante du général qui fait avancer les drapeaux de ses régiments sur des monceaux de cadavres? On accorde une estime silencieuse au penseur dont les longues et pé- nibles veilles agrandissent les idées , étendent le domaine et augmentent les forces de l'humanité. On élève des arcs de triomphe au soldat heureux qui réussit à faire couler à flots le sang le plus généreux des nations étrangères ! Les poëtes maudissent le carnage et les dévastations que la guerre entraîne à sa suite; ils poussent des cris d'indignation quand ils voient l’homme convertir en arme meurtrière le fer que la nature lui a donné pour en faire l'instrument le plus précieux de son industrie. Et cepen- dant, qui pourrait compter les cordes de la lyre usées sous les doigts des bardes chantant la guerre et les conquêtes? Quelle série de volumes ne pourrait-on pas publier à l’aide des strophes composées, dans toutes les langues anciennes et modernes, à la gloire des destructeurs des villes, des dominateurs des peuples, des fléaux de Dieu qui furent l'épouvante de leur siècle? Que d’épopées guerrières depuis Plliade d'Homère jusqu’à la Tanisiade de Pyrker! Mais où Sont les épopées du travail et de la science ? En présence de cet amour contradictoire de l’ordre et du carnage, du travail et de la destruction, de la paix et de la guerre, un philosophe catholique se permit une hy- pothèse ingénieuse, que ses contemporains ont persifée parce qu’ils n’en comprenaient pas la portée réelle. Il sup- pose qu'une intelligence supérieure, étrangère à notre globe, y vienne avec la permission de Dieu pour s'entre- tenir avec l'un de nous sur l’ordre qui règne dans les so- ciétés humaines. Parmi les choses curieuses qu’on lui ra- conte, on lui dit que la corruption et les vices répandus (188 ) Sur la planète exigent que, dans certaines circonstances, i l'homme meure par la main de l'homme; on ajoute quece droit de tuer sans crime west confié qu'à deux représen- tants de la puissance publique, le soldat et le bourreau. vaincus et condamnés; et ses exécutions sont heureu- sement si rares, qu'un seul de ces ministres de mort suffit dans une province. Quant aux soldats, il n'y ena jamais assez; car ils doivent tuer sans mesure, et lou jours d'honnétes gens. De ces deux tueurs de profession, le soldat et Pexécuteur, lun est fort honoré, et l'a tot- jours été parmi toutes les nations... ; l’autre, au con- NN Y WM M > w: WA Devinez, je vous prie, sur qui tombe Panathéme? » L'habitant des astres, ignorant le charme magique attaché à la gloire militaire, donne la préférence au bourreau (1). Nous ne partageons pas Pavis de cette intelligence sidé- rale. Nous estimons le soldat; nous prouverons que l'es- time lui est due, et qu'il y aurait une injustice révoltanie à le placer sur la même ligne que le bourreau. Mais nous n'en avons pas moins le droit de nous demander pourquoi l’Europe, après avoir extirpé la guerre entre les individus, n'éprouve aucune répugnance à ériger la force brutale en arbitre suprême et permanent des contestations qui Sur gissent entre les peuples. Est-ce une conséquence inévita- ble des infirmités de la nature humaine? Sommes- -nous ici en présence d'une inexorable nécessité contre laquelle toutes les lumières de la raison seront à jamais impois santes? (1) Soirées de Saint-Pétersbourg, p. 9; éd. Goemaere, 1853. L'un , ajoute-t-on, donne la mort aux coupables, con traire, est tout aussi généralement déclaré infame. ETC RS RTE RS M EAN = En 4 lala A A MA EA (189 ) IL Aujourd'hui, comme à l'origine des temps historiques, il est permis de dire avec le comte de Maistre : « Expliquez » pourquoi ce qu'il y a de plus honorable dans le monde, » au jugement de tout le genre humain sans exception, » est le droit de verser innocemment le sang innocent(1).» Faut-il en conclure que, dans le cours de trente à qua- rante siècles, les idées des peuples sur la nature el les conséquences de la guerre soient restées invariablement les mêmes? En aucune manière. Les modifications radicales que ces idées ont subies, dans l'opinion des masses aussi bien que dans les théories des savants, doivent occuper une place considérable dans la philosophie de l’histoire. Citons quelques exemples. Voici un Grec qui s'écrie, au milieu des splendeurs ar- listiques et littéraires du siècle de Périclès : « I y a entre > tous les États une guerre toujours subsistante... Ce » qu'on appelle ordinairement la paix n'est tel que de > nom, et dans le fait, sans qu'il y ait aucune déclaration » de guerre, chaque État est naturellement toujours armé » Contre tous ceux qui Penvironnent. » Quel est aujourd'hui le publiciste occupant une position élevée dans le monde littéraire: quel est le gouvernement ou le tribun qui oserait prétendre que le désordre, le car- nage, la dévastation, l'emploi de la force brutale, en un Mot, la guerre sous tous ses aspects, forme la condition normale, l’état naturel des peuples dans leurs papar» A (1) Soirées de Saint-Pétersboury, p. 14. ( 190 > avec les nations voisines? Et cependant le Grec dont nous avons transcrit les paroles est lun des génies les plis … grands, les plus lumineux et les plus purs de l'antiquité: c'est Platon (1)! | Voici un autre Grec qui esquisse le portrait d'un géné ral digne de commander les armées d'un peuple libre. « Un bon général, dit-il, doit être rusé, voleur et rapace. » Plus il fait de mal à la nation ennemie, plus il mérite » de louanges. Il se conforme aux exigences de la justice » en réduisant les populations vaincues à la dégradation » de l'esclavage. » Qu'on formule en ces termes le rôle et les devoirs des généraux d'une armée moderne; qu’on place le vol et la rapine au nombre de leurs qualités supérieures; qu'on leur impose la mission de détruire pour toujours le bon- heur des femmes, des enfants, de toute la partie désar- mée de la nation ennemie. Ils briseront leurs épées pout ne pas se charger de ce rôle infame! Et cependant, encor? une fois, l’homme qui professait ces désolantes maximes | était grand entre tous , et son nom, consacré par les hom- i mages des siècles, rayonnera toujours dans les annales i de l'esprit humain. C'était Socrate (2)! a Et quel langage tenait-on au soldat vainqueur, le len- demain de la victoire? Lui recommandait-on le respectde | la faiblesse, le maintien de l'ordre, l'amour de la disti- pline, le mépris du pillage? De telles idées m'étaient pS (1) Lois, LI, p. 5; trad. de M. Cous e (2) Les propositions que j'attribue à illa découlent es E passages suivants des aero de Xénophon (Y. l. JI, c ai E et e. 3, 6 14; L 111, c. 12505 1. IV, c. 2, $ 15; pp. 123, 159, 200 Édit. Wells, Utrecht, ( 191) l'apanage des siècles les plus brillants de l'antiquité! Loin d'imposer un frein aux convoitises brutales du soldat, on excilait sa cupidité, son orgueil, sa luxure, toutes ses passions et tous ses vices; on lui disait : « Nous 'possédons » un pays vaste et fertile; nous serons nourris par ceux » qui le cultivent ; nous avons des maisons, et, dans ces » maisons, tous les meubles qu'il faut. Que nul de nous » donc ne considère ces biens comme n'étant pas à lui; » car Cest une maxime éternelle chez tous les hommes » que, quand on prend une ville, tout ce qui se trouve » dans la ville, corps et biens, appartient aux vainqueurs. » Loin donc que vous détruisiez injustement les biens que > Vous avez, ce sera une concession de votre philanthropie » d'en laisser quelque chose aux vaincus. » C'est mot pour mot le discours que l'esprit droit, ferme et pratique de Xénophon place sur les lèvres d’un roi dont il voulait faire le type idéal du conquérant et du prince (1)! Vingt-trois siècles se sont écoulés depuis le jour où l'au- teur de la Cyropédie tracait les lignes que nous venons de transcrire, Du haut de ses chaires, élevées par milliers, le christianisme a préché le dogme de Porigine commune el de la fraternité des hommes. La religion et la philoso- phie ont adouci les mœurs, rectifié les idées, répandu les lumières. Une longue et coûteuse expérience nous à prouvé que, dans leurs joies et dans leurs douleurs, dans leurs profits et dans leurs pertes, les nations sont toujours plus ou moins solidaires. Et cependant, qui pourrait énumérer les cruautés, les débauches et les crimes qui souilleraient le drapeau moderne, si le chef d'un grand empire, au rm re tt (1) Cyropédie, 1. VII, c. 5; trad. de M. Talbot, t. II, p. 585. ( 192 ) e moment d'entrer dans la capitale du peuple vaincu, adres- sait aux soldats, aigris par les privations el exaltés parla victoire, les paroles que Xénophon met dans la bouche de | son prince idéal ? : Aussi les déploraBles conséquences des guerres an- ciennes ne sont-elles que trop connues. Les villes réduites en cendres; les autels renversés; les soldats, c'est-à-dire l'élite du peuple, vendus à Pencan; des populations en- tières arrachées à leurs foyers, privées de leurs richesses, abreuvées de tous les outrages et parquées, comme un vil bétail, dans les provinces éloignées du vainqueur; les fon- taines comblées et les arbres abattus, pour que les venls et les sables du désert ne rencontrent plus de résistance: tels étaient souvent le prix et le résultat de la victoire, les ` honneurs et l'éclat du triomphe (1) ! Ces horreurs devaient nécessairement devenir plus rars et plus odieuses après la prédication de la doctrine de pait, de fraternité, de concorde et d'amour qui forme l'essence de la morale évangélique; mais, — il importe de ne p l'oublier, — même depuis l'admission incontestée du chris- tianisme en Europe, les idées des rois et des peuples sur les droits de la guerre ont successivement subi des modi: i fications profondes. pS Citons encore un exemple, et, pour en rendre la sg" fication plus saisissante, renfermons-nous celte fois dans les limites étroites de la Belgique. Le oits dans oule ve de modé- a (1) Le vainqueur n’exerçait pas toujours ses prétendus dr leur rigueur. Les Romains, entre autres, firent souvent preu ration; mais ces exceptions ne portaient aucune atteinte à la ga droit, le vainqueur, ainsi que le dit Xénophon, disposait à son gré a corps et des biens des vaincus. ( 195 ) Un prince puissant a mis le siége devant une ville de 120,000 ámes. La plupart des défenseurs de la cité sont morts au pied des remparts, et les survivants ont pris la fuite pour se soustraire à Vatteinte de lennemi victorienx. Celui-ci franchit la brèche dans l'appareil de la force et du triomphe. Les prétres, les moines, les femmes, les vieillards, les enfants se pressent dans les rues et im- plorent à genoux la clémence du vainqueur; mais, l'œil enflammé par la haine, les traits contractés par la colère, le prince traverse cette foule suppliante sans daigner la regarder, et se dirige lentement vers la place de l'hôtel de ville. Arrivé devant l'édifice où, la veille encore, sié- geaient les magistrats qui avaient bravé ses ordres, il s'ar- réte, tire son épée et pousse un cri de triomphe. C'était le signal du massacre d'un peuple désarmé ! Quarante mille bourreaux, dignes soldats d'un tel maître, se dispersent dans toutes les directions. Le meurtre, le viol, le pillage, tous les crimes s'accomplissent impunément à la lumière du soleil. Un immense cri de détresse s'élève des maisons, des monastères, des églises, de tous les lieux où les fa- milles des vaincus ont vainement cherché un asile. Des ruisseaux de sang inondent les rues, et bientôt trente mille cadavres attestent Péclatante vengeance du vainqueur. Mais cette vengeance n’est pas satisfaite encore! On réunit les survivants par dizaines, par vingtaines. On lie les en- fants aux mères, les époux aux épouses, les vieillards aux derniers représentants de leur race, et, du haut des ponts, on précipite ces fardeaux vivants dans le fleuve. Est-ce assez d'horreurs, assez de crimes? Non. La cité rebelle reste debout, et elle doit partager le sort de ses habitants. On dépouille les sanctuaires, on enléve les cloches des temples, on arrache le plomb des édifices, on brise les ome — SÉRIE, TOME IX, 15 (194) marbres des tombeaux pour s'emparer des métaux dont ils sont ornés; puis, quand il n'y a plus de richessesd prendre, quand de longues files de chariots ont emporté jusqu'aux poutres des toits, quatre mille soldats reçoi- vent des torches et deviennent les exécuteurs d'une der- nière vengeance. Le tigre couronné se retire alors; ilse place sur une colline pour jouir de la vue des flammes qui s'élèvent, comme une montagne de feu, du sein de cette immense fournaise ! Quel est ce prince? Charles le Téméraire. Où se sont accomplies ces horreurs? A Liége. A quelle époque?Al lin du XV™ siècle de l'ère chrétienne! « Qu'on ne parle » pas de pardon, disait le Bourguignon, Maître, parle » droit de la guerre, de la vie et des biens de cette rate » de rebelles, je puis les châtier à plaisir (1). » N'est-il pas évident que le prince qui, à la suite de toutes les révolutions du XIX™ siècle, oserait commettre 0% atrocités et proclamer ces doctrines sauvages, serait mis immédiatement au ban de toutes les nations civilisées? La guerre existe encore et la victoire distribue top | des lauriers enviés. Mais la guerre n’est plus ce qu'elle ; était dans la civilisation gréco-romaine, pas même tt qu'elle était au XV"* siècle. Les idées chrétiennes on adouci ses horreurs, circonscrit ses droits et limité $5 x ravages. Montesquieu a parfaitement résumé les tendance e du droit des gens de l'Europe moderne, quand il ps a « Les diverses nations doivent se faire dans la pots > plus de bien, et, dans la guerre, le moins de mal qu a ÓN i (1) On trouve les détails de cet épisode de nos annales dans se a de Liège du baron de Gerlache. OEuv, comp., t. IV, pp. 234 el suit. - (195) » est possible, sans nuire à leurs véritables intérêts (1). » I. Mais le progrès a-t-il dit son dernier mot? Les conflits internationaux seront-ils éternellement réglés par le droit de la guerre, tel qu'il se trouve aujourd’hui admis et dé- terminé dans les usages diplomatiques de l'Europe? Des philosophes , des savants, des jurisconsultes, un roi même, ont cru que l'extinction de la guerre et le maintien d'une paix perpétuelle entre les peuples civilisés n'avaient rien d'impossible. Ils se sont efforcés de prouver que le progrès des lumières aura la puissance d'amener l'établis- sement d'une « cité des nations, » d'une « république chrétienne universelle (2). .» Nous nous contenterons de jeter un rapide coup d'œil Sur les systèmes imaginés par trois hommes de nature et de position très-diverses : l'abbé de Saint-Pierre en France, pm nt rl Li à (1) Esprit des Lois, 1. I, ch. II, — On comprendra que j'ai dû me borner à l'indication de quelques traits saillants. Pour discuter ce sujet d'une manière approfondie, il faudrait passer en revue toute l’histoire du droit des gens. () Le roi auquel je viens de faire allusion est Henri IV, Sully, dans ses Mémoires (Économies royales), lui attribue le projet de partager l'Europe cntre un certain nombre de puissances n'ayant rien à envier les unes aux autres du côté de l'égalité, ni rien à eraindre du côté de l'équilibre. Un con- seil général, représentant tous les États de l'Europe, eût été chargé de se Prononcer sur les querelles internationales, les intérêts fédéraux , ete. Sully ajoute que ce projet fut accueilli avec empressement par la reine Élisabeth, pe Jacques Ie et par plusieurs autres souverains de l'Europe. (Mémoires de Sully, t. VI, pp. 97 à 154. Ledoux, Paris, 1827). Qu sail que la véracité du récit de Sully, dans la matière qui nous occupe, a eté sérieusement révoquće en doute, Jérémie Bentham en Angleterre, Emmanuel Kant en Al- lemagne. (196 > Le projet de paix perpétuelle de l'abbé de Saint-Pierre, … publié en 1714, consiste dans les cinq articles suivants: Wow: 6 wW. vw w We veo e... W wm o Y VU OV Vu uy « 1. Il y aura désormais entre les souverains qui auroni signé les articles suivants une alliance perpétuelle... Ils sont convenus de prendre pour point fondamental la possession actuelle et l'exécution des derniers traités, | et se sont réciproquement promis, à la garantie les uns des autres, que chaque souverain qui aura signé cetrailé fondamental sera toujours conservé, lui et sa famille, dans tout le territoire qu’il possède actuellement... El afin de rendre la grande alliance plus solide en la ren- | dant plus nombreuse, les grands alliés sont convenus que tous les souverains chrétiens seront invités d'y tl trer par la signature de ce traité fondamental. » 11. Chaque allié contribuera, à proportion des reve- nus actuels et des charges de l'État, à la sûreté el alí dépenses communes de la grande alliance. Cette cont: bution sera réglée chaque mois, par les plénipolentie res des grands alliés, dans le lieu de leur assemblée Pr pétuelle, à la pluralité des voix pour la provision, el aux trois quarts des voix pour la décision définitive. ; » 111. Les grands alliés, pour terminer entre eux leurs a différends présents et à venir, ont renoncé et renoncent E pour jamais, pour eux et pour leurs successeurs Ja voie des armes, et sont convenus de prendre toujont dorénavant la voie de conciliation par la médiation 0! J reste des grands alliés, dans le lieu de l'assemblée g“ rale. Et, en cas que cette médiation m'ait pas de succó, de ils sont convenus de s’en rapporter au jugement q"! | sera rendu par les plénipotentiaires des autres allis, (197) » perpétuellement assemblés, et à la pluralité des voix » pour la décision définitive, cinq ans après le jugement » provisoire. » iv. Si quelqu'un d'entre les grands alliés refuse d'exécuter les jugements et les règlements de la grande alliance, négocie des traités contraires, fait des pré- paratifs de guerre, la grande alliance armera et agira contre lui offensivement, jusqu'à ce qu'il ait exécuté lesdits jugements ou règlements, ou donné súreté de réparer les torts causés par ses hostilités et de rembour- ser les frais de Ja guerre, suivant l'estimation qui en sera faite par les commissaires de la grande alliance. » v. Les alliés sont convenus que les plénipotentiaires , à la pluralité des voix pour la décision définitive, régle- ront dans leur assemblée perpétuelle tous les articles qui seront jugés nécessaires et importants pour procurer à la grande alliance plus de solidité, plus de sûreté, ej tous les autres avantages possibles; mais l’on ne pourra ja- mais rien changer à ces cinq articles fondamentaux que du consentement unanime de tous les alliés (1). » On sait qu’un immense éclat de rire accueillit la publi- cation de ces idées généreuses, dictées cependant par VU Y VV SU ww Y Y v y vyv y Y Y Y (1) Le Projet de paix perpétuelle fut publié en 3 vol. in-12, dont le pre- mier parut en 1714 et le dernier en 1716. L'auteur en fit un abrégé en 1728 sous ce titre : Abrégé du projet de paix perpétuelle , inventé par le roi des affaires générales de Y Europe; démontré infiniment avantageux pour tous les hommes nés et à naitre en général, et en particulier pour tous les souverains et pour les maisons souveraines. Cet abrégé, auquel nous renvoyons dans les notes, forme le premier volume et les quatre-vingt premières pages du deuxième volume des ouvrages se de l'abbé de Saint-Pierre, publiés à Amsterdam, chez D. Beman, en 1735 ( 198 ) - l'amour le plus pur et le plus désintéressé de l'humanité Dédains des hommes d'État, ricanements des hommes de guerre, moqueries des courtisans , épigrammes des poêles, | toutes les déceptions arrivèrent à la fois, et, de l'aveu des- à amis mêmes de l’auteur, le Projet de paix perpétuelle fut placé à quelques degrés au-dessous de PUtopie de Moris. . L'auteur, il est vrai, procédant avec une inconcevable | naiveté, s'était singulièrement trompé sur le caractère a pratique de son œuvre de prédilection. T) avait dédié un abrégé de son livre à Louis XV, en pressant vivement ct A priuce de ne pas laisser échapper « l'honneur d'exéculer » ce magnifique projet. » Il s'était flatté d'obtenir l'asen timent immédiat de tous les monarques de l’Europe, en proposant d'ajouter au traité d'alliance un article supplé mentaire , portant « que les souverains pourraient dis > poser pour leur dépense particulière et domestique de » la moitié du revenu que leur produirait le retranche- » ment de la dépense militaire (1). » Il avait poussé les précautions au point de promettre à tous les ministres de - la guerre une pension considérable, pour eux el leurs en- fants , áfin de les dédommager de la perte de leur em- ploi (2). Tl avait commis l'étrange inconséquence de vo loir inaugurer l'ère de la paix perpétuelle par une guerre acharnée, faite à tous ceux, peuples ou rois, qui refuse raient d'entrer dans la grande alliance (5). Enfin, par sà prétention de vouloir garantir les princes en même temps contre les altaques du dehors et contre les révolutions du a dedans, il avait plus que doublé les difficultés déjà si cole ER A (1) T.1, p. 77. (2) T. 11, p. 54. (3) T. I, p. 140. * ( 199 ) sidérables de sa tâche (1). Mais les cris et les rires d'une génération frivole, qui ne soupçonnait pas même la gran- deur du problème, wen étaient pas moins aussi injustes que déplacés. Au milieu de ses illusions et de ses erreurs, l'abbé de Saint-Pierre avait émis une foule d'idées saines et fécondes qui lai vaudrout, dans un avenir peu éloigné, l'approbation et la reconnaissance de la postérité. La pen- sée d'établir un rapport harmonique et constant entre la vie séparée dés peuples et la vie collective de l'humanité ; l'institution d'un tribunal européen, entretenu à frais communs, siégeant en permanence et pourvu d'une force fédérale assez puissante pour faire respecter ses décisions; le projet de prévenir Penvahissement du bien d'autrui, en mettant l’envahisseur, quel qu'il soit, en présence de tous les autres États réunis; la prétention hautement manifes- tée de rendre le commerce entre toutes les nations chré- tiennes parfaitement sûr, libre et inaltérable (2); le noble et généreux conseil de préférer aux agrandissements de territoire, obtenus par la violence et la rusé, ces autres agrandissements qu'on peut conquérir « à l'intérieur, » par l'amélioration des lois, la diffusion des lumières et le développement pacifique des ressources du pays (5) : tout cela, entremélé de la peinture vive et saisissante des maux de la guerre et des bienfaits de la paix, ne méritait pas les dédains d'une société insouciante qui marchait gaiement vers l’abime. Soixante et dix-huit ans plus tard, en 1795, au milieu des guerres et des troubles qui suivirent la révolution fran- E Di. 4 nd (1) T. E. pp. 21, 51,60, 84,86 et suiv. (2) T. 1, p. 61. (5) T. I, pp. 122, 152 et suiv. ~ (200 )* çaise, l'abbé de Saint-Pierre et ses œuvres étaient € plétement oubliés, lorsque la thèse de la paix perpétuelle atlira l'attention du génie lucide et vigoureux du philo- sophe de Koenigsberg (1). dá De même que le philanthrope français, Kant, invoquant les leçons de l'histoire, commence par rappeler que les. traités de paix n'ont été que des tréves; d’où il conclut, comme son prédécesseur , que les rapports des peuples ti- vilisés doivent être établis sur des bases nouvelles, si l'on veut meltre un terme aux calamités qui, depuis les âges primitifs jusqu’à la fin du XVHI™ siècle, ont constamment afiligé notre race. Lui aussi envisage la paix perpétuelle comme possible; mais, loin de partager l'optimisme de l'abbé de Saint-Pierre, il la voit à une incommensurable distance, que les progrès constants de l'humanité pourront seuls abréger (2). On remarque une différence non moins sensible dans les arguments qu'il invoque à l'appui de son système. L'abbé de Saint-Pierre se fonde principalement sur les avantages qu’une paix non interrompue procurerait aus souverains et aux peuples. Kant, sans méconnaitre la va. leur de ces profits nationaux, s'appuie exclusivement St! les exigences de la nature, du droit et de la raison. Jl voit dans la guerre un défaut de civilisation , une source dan” lissement pour l'humanité. Les individus ayant renont? à la liberté anarchique des sauvages, il veut que les e ples forment de même une alliance pacifique (/ædus pa pa (1) L'opuscule de Kant, intitulé Zum ewigen Frieden, Ein philosoph scher Entwurf, forme les pp. 229 à 291 du t. VIL des Œuv. compl W Rosenkranz et Schubert, Leipzig, 1838). E (2) P. 291 in fin. ( 201 > ficum) et organisent, en se soumettant à des lois communes, l'État des États, la cité des nations (civitas gentium). I prouve que la guerre, expression de la force brutale, ne saurait être admise comme voie de droit; et, puisque l'humanité s'avance lentement mais visiblement vers le règne du droit, il espère que l'avenir verra se former une grande confédération d'États libres, dont tous les membres se garantiront réciproquement contre le retour des barbaries du passé (1). Le projet de Kant se compose de six articles prélimi- naires el de trois articles définitifs. On commencera par faire entrer les premiers dans le droit des gens de l’Europe; puis on adoptera les seconds comme autant de bases de la paix perpétuelle. Les articles préliminaires sont : « 1. On ne regardera pas comme valide le traité de » paix, où les parties se réserveraient tacitement la ma- » tière d’une guerre nouvelle. » m. Aucun État indépendant, grand ou petit, ne > pourra passer sous la domination d'un autre État, ni > par succession, ni par échange, ni par achat, ni par » donation. » 11. Les armées régulières et permanentes (miles per- > peluus) doivent être entièrement supprimées avec le » temps. » 1Y. On ne contractera aucune dette nationale en vue > de se procurer des ressources pour défendre les intérêts > de l’État au dehors. > v. Aucun État n'interviendra de force dans la con- > Slitution ou le gouvernement d'un autre État. rte (1) PP, 247 et suiv. (202 ) » vi. Aucun État en guerre avec un autre ne se per: > meltra des hostilités qui auraient pour conséquence » de rendre impossible la confiance réciproque à l'heure » Où Pon songera à la paix : telles que l'emploi d'assassins » on d'empoisonneurs, la violation d'une capitulation, » l'encouragement à la trahison dans l'État envahi (1). > Les articles définitifs sont rédigés de la manière suivante: « 1. La constitution de chaque État doit être représen- > tative (2). » 11, Il faut que le droit des gens (Völkerrecht) sot » fondé sur une fédération d'États libres. : » m. Le droit cosmopolitique { Weltbürgerrecht) $ > bornera aux conditions d’une hospitalité universelle(5), x Rien n'était moins pacifique que la situation de l'E: rope, au moment où Kant se livrait à ces spéculations philosophiques sur la possibilité d’une paix perpétuelle Les guerres de la République avaient fait couler des tors rents de sang; mille symptômes annoncaient le voisinage de la crise universelle d'où devaient sortir, quelques at- à DR De de (1) Pp. 232 et suiv. : (2) Kant se sert du mot républicaine ( rea mais ue éi- thète ne rend que trés-imparfaitement sa pensée. 11 considère commè P blicaine toute constitution dans laquelle o piii législatif est séparé pouvoir exécutif. Il dit, en termes formels, qu'on ne doit pas el la constitution républicaine avec la conslisation démocratique ee 244). Je crois avoir exactement traduit sa pensée en me servant de Pexpres: sion constitution représentative. Quant aux motifs po est. ry la préférence à ce régime, ils sont on ne peut plus pus pire » de l'essence de ce gouvernement que la guerre ne aire | sans rs des citoyens; ceux-ci ctra donc s'attirer volonta toutes les calamités de la guerre, etc. (P. 2 traité et (5) Kant entend ici par droit Pitié celui de ne pas être ennemi dans le pays où Pon arrive, (P. 25 ( 205 ) nées plus tard, à la suite du bouleversement de tous les rapports internationaux, les guerres plus sanglantes en- core de l'Empire. Et cependant, vers la même époque, l'idée de la paix perpétuelle avait préoccupé un homme que personne n’accusera de sacrifier à l'imagination; un jurisconsulte profond, qui cherchait avant tout le côté positif el pratique des choses; un philosophe qui voyait dans le profit personnel la source de nos opinions et le mobile de tous nos actes; en un mot, Jérémie Bentham. Après avoir recherché les causes des guerres et les moyens de les prévenir, le restaurateur de l’école utili- taire fait aboutir son système à l'institution d'une diète générale, laquelle, sauf quelques changements sans im- portance, n’est autre chose que le tribunal fédéral ima- Siné par l'abbé de Saint-Pierre, La diète représenterait tous les États civilisés, et chacun d'eux y enverrait deux députés. Elle aurait pour mission de vider les conflits qui surgiraient entre les peuples confédérés, en prenant pour base de ses décisions un code international perfectionné, consacrant dans son texte tous les usages que les progrès de la civilisation ont fait admettre dans la diplomatie euro- péenne. La sentence rendue recevrait la publicité la plus étendue et la plus solennelle; et si, malgré cet appel à la Conscience publique, le prince ou le peuple condamné refusait de se soumettre, des contingents fournis par les autres Etats seraient chargés d'amener, par l'emploi de la force, l'exécution du jugement prononcé par Paréopage européen (1). di E A A (1) Forks of Jeremy Bentham, now first collected under the super- intendence of his executor John Bowring, t. VIH, pp. 558 et suiv. (Lon- don; 1859.) (204 ) Tel était l'état du problème à la fin du XVI" siècle, IV. | | Ainsi qu'on devait s’y attendre, l’abbé de Saint-Pierre, Kant.et Bentham ont trouvé de nombreux contradicteurs parmi les philosophes, les historiens et les jurisconsulles 3 du siècle actuel. Les uns repoussent la paix perpétuelle comme incompatible avec les dogmes et les traditions du christianisme; les autres, laissant de côté la question reli- gieuse, se prévalent des malheurs interminables du passé, des luttes meurtrières du présent, des orages menacanis ba ` , . , . , y 2 Fe ; qui s'amassent à l'horizon de 1 avenir, pour déclarer l'extir pation de la guerre à jamais impossible. Les publicistes qui repoussent la paix perpétuelle au nom des idées chrétiennes trouvent leur personnification la plus brillante et la plus énergique dans l'illustre auteur des Soirées de Saint-Pétersbourg. « L'homme étant donné avec sa raison, ses sentiments ment... Pourquoi toutes les nations sont-elles demeurées : les elles pas eu autant d'esprit ou autant de bonheur pt individus; et comment ne sont-elles jamais conven nations, comme elles sont convenues d'une sou nationale pour terminer celles des particuli VEU O Y E MI Y : y : À stablir que ajoute ; « Toutes les raisons imaginables, pour établ qu respectivement dans l’état de nature, sans avoir fal . jamais un seul essai, une seule tentative pour en 0 tir?... Comment la raisonnante Europe n'a-t-elle jamai . rien tenté en ce genre?... Pourquoi les nations wont d'une société générale pour terminer les querelles o verainele E et ses affections , il n'y a pas moyen, dit le comte de Mais- E tre, d'expliquer comment la guerre est possible humait (205 ) celte société (des nations) est impossible, militeront de même contre la société des individus. L'argument qu'on tirerait de l’impraticable universalité qu'il faudrait don- ner à la grande souveraineté, n'aurait point de force; car il est faux qu’elle dût embrasser l'univers. Les na- tions sont suffisamment classées et divisées par les fleuves, par les mers, par les montagnes, par les reli- gions, et par les langues surtout qui ont plus ou moins d'afinité, Et quand un certain nombre de nations con- viendraient seules de passer à l’état de civilisation, ce serait déjà un grand pas de fait en faveur de l'huma- nité (1)! » Pourquoi donc les peuples ne se sont-ils pas constam- ment préoccupés de l’extinction définitive de la guerre, puisque cette œuvre, malgré ses proportions colossales, n'offre rien d'impossible en soi? Le comte de Maistre ré- pond : « Les fonctions du soldat tiennent à une grande loi > du monde spirituel... La guerre résulte d’une loi occulte » et terrible qui a besoin du sang humain... Partout, dans le vaste domaine de la nature, il règne une violence manifeste, une sorte de rage prescrite qui arme tous les êtres in mutua funera. Une force, à la fois cachée et palpable, se montre continuellement occupée à mettre à découvert le principe de la vie par des moyens vio- lents... Mais cette loi s'arrétera-t-elle à l'homme? Non VU uv Y Y VON u Y yw CU W"W WM W v LE AN ME RM ne CE (1) Soirées de Saint-Pétersbourg, septième entretien, t. I, pp. 7, 14, 16 (édit. belge de 1853). Le comte de Maistre ne se conforme pas rigoureu- sement à la vérité historique, quand il dit que l'Europe n'a jamais rien tenté en ce genre. Elle a tenté, mais elle n’a pas réussi. Pour ne pas sortir des emps modernes, n'est-ce rien que la conféderation germanique? Ce qui est Vrai, c'est que les essais n'ont été que partiels et insuffisants. Y E W NV A A O A O à IAS » (206 ) sans doute. Cependant quel être exterminera celui qui les exterminera tous? Lui. C'est l’homme qui est chargé d'égorger l'homme. Mais comment pourra-t-il accomplit la loi, lui qui est un être moral et miséricordieux; lui qui est né pour aimer; lui qui pleure sur les autres comme sur lui-méme?... C'est la guerre qui accomplira le décret. Nentendez-vous pas la terre qui crie et de- mande du sang? Le sang des animaux ne lui suffit pas, ni même celui des coupables versé par le glaive des lois... La terre entière, continuellement imbibée de sang, west qu'un autel immense où tout ce qui vit doit être immolé sans fin, sans mesure, sans relâche, jus qu'à la consommation des siècles, jusqu'à l'extinction du mal, jusqu'à Ja mort de la mort?... La guerre est divine en elle-même, puisqu'elle est une des grandes lol du monde. La guerre est divine par ses conséquences d'un ordre surnaturel tant générales que particulières, La guerre est divine dans la gloire mystérieuse qui l'en- vironne, et dans l'attrait non moins inexplicable qui nous y porte... Dieu aime à s'appeler Je Dieu des armés, le Dieu de la guerre (1), » E Il nous sera facile de prouver que rien n'est moins chré tien que cette théorie soi-disant chrétienne de la guerre; mais il importe de rappeler d'abord les arguments dé publicistes qui, mieux avisés, placent le débat sur le ter- rain des faits, des intérêts et des passions qu'on rencontré inévitablement dans la vie des peuples. Évidemment le problème n’est pas même discutable yeux des hommes d'État qui nient le progrès général ¢ (1) Soirées de Saint-Pétersbourg, t. I, pp. 16, 22, 25et 54. (207 ) continu de l'humanité, Hs disent que le XVIH™ siècle, qui vit paraître le projet philanthropique de l'abbé de Saint- Pierre, subit quarante-huit années de guerres acharnées. lls ajoutent que les spéculations pacifiques de Kant et de Bentham furent suivies de vingt-cinq années de révolu- tions et de batailles, depuis le Nil jusqu’à la Baltique, depuis Lisbonne jusqu’à Moscou. Ils croient avoir tout dit quand ils ont cité les immenses déceptions qu'éprouvèrent les membres de tous ces Congrés de la paix, annonçant le terme du règne de la force au début de la crise européenne de 1848. Pour eux, nous le répétons, la discussion n'est pas possible; car, niant la grande loi historique du pro- grès, ils voient dans le passé le type invariable et éternel de l'avenir, Mais il est une autre classe d'hommes qui, tout en ad- mettant le perfectionnement graduel de l'humanité, n'en croient pas moins à l'éternelle durée de la guerre et ran- gent, eux aussi, au nombre des réves des gens de bien, tous les moyens imaginés pour restreindre ses ravages, lis "admettent ni la possibilité ni l'efficacité de l’établis- sement d'un tribunal souverain des peuples. Ils soutien- nent que les intérêts et les passions opposés de ses mem- bres amèneraient des débats, des luttes, des tiraillements et des coalitions au sein même de cet aréopage européen, et par suite sa dissolution et le recours à la force, c'est-à- dire la situation actuelle et la guerre. Ils ne nient pas en- liérement la valeur des espérances que Kant a fondées sur la généralisation des gouvernements représentatifs; mais ils répondent que les peuples ont leurs ambitions, leurs haines, leurs colères et leurs caprices, aussi bien que les rois, alors surtout que les luttes inévitables des partis ont pour résultat de faire envisager, de points de vue tout (208 ) à fait opposés, l'honneur, les intérêts et la sécurité dela nation. Ils ont aperçu l'influence sans cesse croissante de la morale et de la raison dans les rapports internatio- naux; mais ils persistent à dire que, quels que soient les progrès qu'on réalise dans cette sphère, la force physique sera toujours l'arbitre suprême des querelles qui surgis sent entre les peuples voisins. « Ce ne seront jamais, » disent-ils, les idées qui gouverneront Je monde, car » l’homme n'est pas une intelligence pure; ce seront » toujours, plus ou moins, les besoins, les penchants » et les passions; les passions sont immortelles, parce » qu'elles renaissent avec les générations qui les éprou- » vent et les objets qui les inspirent et les nourrissent? Confondant ici leurs objections avec celles des partisans arriérés de l’immobilité sociale, ils font remarquer que la logique inexorable des faits a toujours triomphé des lamentations des philosophes et des tendances naturelle: ment miséricordieuses du cœur humain; puis, pour com- pléter leur tâche, ils s'étendent avec complaisance sur les avantages moraux que la guerre procure aux peuples, él compensation des malheurs dont elle les accable dans le domaine des intérêts matériels. Frédéric Ancillon, qu a brillamment développé le système, termine sa disserli” 7 tion par les paroles suivantes, qui ne seraient pas déph cées dans une apologie des batailles : « La paix ame » Populence, Vopulence multiplie les plaisirs des Sel» » et l'habitude de ces plaisirs produit la mollesse Y | l'égoisme. Acquérir et jouir devient la devise de tout le monde; les âmes Sénervent et les caractères se U à sa suite développent des vertus mâles et fortes D » » gradent. La guerre et les malheurs qu’elle entraine » D sans elle le courage, la patience, la fermeté, le A De a a à: i A A A 2 E E ÈrS HD CSS dE DA RS RE RE EE Ne Re À PARENT ET, ( 209 ) vouement, le mépris de la mort disparaitraient de dessus la terre. Les classes mémes qui ne prennent aucune part aux combats apprennent à s'imposer des privations et à faire des sacrifices. Ces sacrifices sont forcés, sans doute; mais, en les faisant, l'âme acquiert de la vigueur, apprend à vouloir, et vient à en faire de volontaires; l'existence et les biens devenant précaires, on sait mépriser ce qu'on peut perdre d'un moment à l'autre. Chez un peuple civilisé jusqu'à la corruption, il faut quelquefois que l'État entier périclite pour que l'esprit public se réveille, et c’est le cas de dire ce que Thémistocle disait aux Athéniens : Nous périssions, si nous n’eussions péri (1). » » » » » » » » » » » D D D v: Quy a-t-il de vrai dans ces systèmes contradictoires? Quels sont les faits et les idées qu'il faut admettre pour ne pas aboutir à la négation de la loi du progrès histo- rique? Quelles sont les doctrines et les espérances qu'il faut rejeter pour ne pas se placer sous la bannière des ulopistes modernes? Écartons d’abord la théorie prétendúment chrétienne du comte de Maistre. Quand on réduit le système à sa dernière expression, on s'aperçoit que le célèbre philosophe piémontais se fonde Sur trois arguments principaux : le texte de l'Écriture sainte, le dogme de l’expiation par le sang, la gloire Mystérieuse qui entoure la profession des armes. » ntm emmener, (1) Voy. Tableau des révolutions du système politique de P Europe. Discours préliminaire ,t. I, pp. 15 et 24, édit. belge de 185 me - SÉRIE, TOME 1X. 14 ( 219 ) | On s'étonne vraiment de voir invoquer ici le texte de l'Écriture. Sil est une vérité à Vabri de toute controverse, c’est que la Bible, depuis son premier jusqu’à son dernier chapitre, manifeste partout l'horreur de l’effusion du sag humain. Lorsque la famille du patriarche, à la suite de la catastrophe universelle du déluge, reçut la mission de | repeupler la terre délivrée de ses peuples sacriléges, Dieu ; lui dit : « Vous ne répandrez pas le sang de l’homme; r » j'ai fait l’homme à mon image. Je redemanderai jusqu » la dernière goutte le sang de l'homme versé par h » main de son frère (4). » Lorsque Moïse, au milieu de la manifestation solennelle de toutes les puissances de la nature, reçut le Décalogue au sommet du Sinai, il y lut ce commandement suprême : Vous ne tuerez point 2! Quand Isaie, ravi par l'esprit prophétique, aperçut ge le lointain des siècles la régénération universelle qui de- 3 vait sortir de l'humble grotte de Bethléem, il séria: … » Un Enfant nous est né, un Fils nous a été donné; el E » l'Empire a été posé sur ses épaules; et on l'appelle » PAdmirable, le Dieu fort et puissant, le Prince de » Paix (5). » Il n’est pas nécessaire d'ajouter 7 "m mêmes préceptes et les mêmes aspirations se révèlent à 4 toutes les pages de l'Évangile. a On objectera peut-être que la Bible donné a nuellement à Jéhovah le titre sublime de Dieu des or | mées. Nous répondrons que le fait n’est rien sois que certain. Des hommes profondément versés e l'étude des langues orientales prétendent que lor m i à (1) Gen., IX, 5 et 6. (2) Exod., XX, 15. (5) Isaïas, IX, 5. (NT) Tseba, Tsebaoth, qui reviennent si souvent dans le texte des Psaumes et des Prophètes , désignent, non les armées de la terre, mais les phalanges qui se meuvent dans l'es- pace, les tourbillons célestes, l’armée des astres : image grandiose et admirablement choisie pour donner au peuple la notion la plus élevée de la puissance, de la gloire et de l'incomparable grandeur de l'Étre des êtres (1). Mais quand même ces mots devraient recevoir l'interprétation que leur donne le comte de Maistre, il ne serait pas permis d'en conclure que Dieu fasse de la guerre, des batailles, de l'effusion incessante du sang humain, la condition du pardon accordé à l'humanité coupable. Ils prouveraient uniquement que les sociétés humaines, dans tout l'appa- reil de leurs forces et de leurs colères, ne sont que de faibles instruments que le Tout-Puissant fait mouvoir au gré des décrets de son éternelle et universelle providence. Déclarer la guerre indispensable, parce que Dieu est le maître souverain de la guerre, comme il est le maître souverain de toutes les forces répandues dans l'univers, cest commettre un étrange oubli de toutes les règles d'une interprétation rationnelle, Sans doute la guerre, de même que les maladies et toutes les misères qui nous environnent, est la conséquence de la déchéance origi- nelle de l'humanité, et à ce point de vue les souffrances de la guerre sont une expiation. Sans doute encore, Dieu peut se servir et s'est servi de la guerre pour châtier les peuples et les ramener dans les voies où il veut les faire marcher. Mais la guerre n’a rien de plus divin que les épidémies, les inondations, les incendies, la famine et (1) Telle est notamment l'opinion de Péminent orientaliste de Louvain, Beelen, tous les autres fléaux qui ont tant de fois désolé le monde. Quel moraliste oserait affirmer que l’homme qui cherche heurter contre une loi générale du monde spirituel? Que répondrait-on au philosophe qui dirait : « Nentendes- » vous pas la terre qui crie et demande la peste et la » lèpre? » Et cependant, à part l'éclat de l'image, le comte de Maistre ne dit rien de plus quand il écrit: « Nentendez-vous pas la terre qui crie et demande du » sang? » A Lillustre auteur des Soirées de Saint-Pétersbourg nest pas plus heureux dans les considérations qu'il déduit du dogme éminemment chrétien de l’expiation. Un savantel célèbre jurisconsulte lui a répondu avec autant d'éloquence que de raison : « Sans doute, le salut par le sang, 0U lez- piation du péché au prix d'un sacrifice sanglant, est le fondement de la foi chrétienne; mais ce n’est ni le Sang des animaux, ni le sang des hommes qui doit couler; ce ne sont pas des victimes mortelles qui doivent être | immolées : c’est une victime sans tache. C'est un Mé diateur divin qui opère, par son généreux sacrifice, à réhabilitation du genre humain déchu. Selon la révèle i tion, une personne divine pouvait seule égaler la rép ration à l'offense, et offrir à la miséricorde de Dit ’ une satisfaction capable de tempérer la rigueur supé de ses jugements (1). » Telle est en effet T'économ? divine de la révélation. Partout le philosophe chrénet ; rencontre les preuves et les conséquences de la de ña E ; | iii Hi (1) Paroles du comte Portalis. Voy. Séances et Travaux de T deaden? . rt erie fi des sciences morales et politiques. (Compte rendu par Ch. Vergé, 3" * E t XVIIL, p. 17.) VOY E vyuvVovovvsoy $ (93) chéance de 'humanité; mais partout aussi il trouve une promesse de miséricorde et une garantie de réhabilitation dans le dévouement sublime du Rédempteur. Nalle part Dieu n’a dit à l'homme : « Tu verseras éternellement le » sang de tes frères! » La guerre est légitime quand elle est indispensable à la défense des droits des peuples, tout comme l'emploi de la force est légitime quand celle-ci devient Punique moyen de sauvegarder les droits de Pin- dividu; mais, en dehors de cette situation exceptionnelle, la guerre est un crime de lèse-humanité, une violation flagrante des lois fondamentales du christianisme. Aussi n’y a-t-il rien de divin ni de mystérieux dans la gloire qui environne la profession des armes. La guerre étant admise comme l'arbitre suprême et permanent des destinées de l'Europe, le soldat doit nécessairement oc- cuper la première place dans la hiérarchie sociale. Tl se sépare de la foule, il se soumet à une discipline sévère, il méprise la mort, il place sa poitrine entre les canons des envahisseurs et la frontière menacée de la patrie. Plaisirs, richesses, honneurs, joies et intérêts de la fa- mille, tout ce que les hommes aiment et désirent est sacrifié par le soldat au premier appel de ses chefs. Ce n'est qu'à ce prix qu'il procure à ses concitoyens la sécu- rité, l'honneur, l'indépendance et l'intégrité du terri- toire! Enumérez et placez, d'un côté les vertus héroiques que réclame la vie militaire, de lautre les services im- menses rendus par les armées qui donnent la victoire au drapeau national, et vous ne serez plus surpris de Péclat qui entoure les vainqueurs. Vous étes dans le vrai en disant que les préjugés populaires ont exagéré la gloire du soldat aux dépens de toutes les autres professions qui requièrent le dévouement et le sacrifice; mais vous blessez les sus- ( 244 ) ceptibilités légitimes de la conscience humaine, vous mé : connaissez les exigences de la justice et de la raison, - quand vous placez sur la même ligne le guerrier et le bour- reau. L'un et l’autre sont les exécuteurs de la volonté na- tionale; mais le bourreau tue sans gloire, parce qu'il tue ? sans péril (1). : Nous croyons avoir suffisamment prouvé que les dogmes … chrétiens sont ici hors de cause. Il est temps de placerle débat sur le terrain des faits. nn. La science, la diffusion des lumières, le travail et lin- : fluence souveraine des idées chrétiennes ont extirpé d'innombrables misères qui pesaient lourdement surha majorité du genre humain. Le même phénomène $% produira-t-il à Pégard du mal quarante fois séculaire de . la guerre? C'est là le seul problème à résoudre. Réduit à ces termes, il n’en est pas qui soit plus digne d'oceapet les méditations des hommes d'État, des économistes et des philosophes. i. A notre avis, les divers systèmes que nous avons pass en revue ont tous le défaut d'être trop absolus. Il n'est e possible d'arriver à des combinaisons politiques assez ph a santes pour garantir l'existence d'une paix perpéluetti mais, par contre, il n'est pas permis d'affirmer Ebert a guerre sera, comme par le passé, la règle el non pas lts" ception dans les relations internationales. i à Il ne suffit pas, en effet, de hausser les pe E crier à Putopie, de prononcer solennellement le mot A . 4 (1) Nous avons passé sous silence l'argument que le comle papai puisé dans l’effusion incessante du sang des animaux. Ce phenom d g nature n’a rien de commun avec la guerre. Assurément, 5l les po ER mangent les uns les autres , ce n'est pas à titre de peine. (215 ) possible. Les hommes d'État de la Grèce ancienne pre» naient cette attitude et tenaient ce langage, quand les utopistes de leur temps protestaient contre ce crime universel, cette iniquité des iuiquités, qu'on nommait l'esclavage. Malgré la rectitude de ses idées et la force de son génie, Aristote disait : « L'esclave n'est, par sa nature, » qu'un instrument plus parfait et susceptible de manier » d'autres instruments... Si un outil poavait pressentir > l'ordre de l'artiste et Vexécuter, si la navette courait » d'elle-même sur la trame, si le plectrum tirait sponta- » nément des sons de la cithare, Part n'aurait pas besoin » d'ouvriers, ni les maîtres d'esclaves (1). » Aristote croyait avoir à jamais réduit au silence les adversaires les plas déterminés de l'esclavage. Mais le temps et le progrès se sont chargés de lui répondre! L'outil reçoit aujourd’hui l'ordre de l'ouvrier; des forces naturelles asservies par la science obéissent à l'impulsion de l'artiste; la navette court sur la trame sans que l’homme ait besoin de lui prêter la vigueur de ses muscles, et l'esclavage a disparu de l'Europe chrétienne! Tout n’est pas dit quand on répond en ricanant comme Voltaire: « La paix est une chimère » qui ne subsistera pas plus entre les princes qu'entre les » rhinocéros et les éléphants, entre les loups et les chiens: » les animaux carnassiers se déchirent toujours à la pre- » mière occasion (2). » Il ne suffit pas davantage d'invoquer sans cesse l'expé- rience du passé. Le passé ne ressemble pas au présent, et l'avenir sera plus dissemblable encore. Sans mériter en k e + (1) Politique , 1. L, e. UL (2) De la paix clado? OBov. combr., € XXIX, p. 35, édit. de la Soc, Typ. (1784). (216 ) aucune manière le titre d’utopiste, on peut affirmer hr- diment qu'il est possible de faire aujourd’hui bien des choses qu’il n’était pas possible de faire à d'autres époques. Qu'on se souvienne des siècles où l'unité de l'espèce hu- main n’était connue que dans un coin de l'Asie, où les peuples étaient naturellement en guerre et toujours armés les uns contre les autres, où le droit de la guerre rendait le vainqueur propriétaire et maître des corps et des biens des vaincus, où le massacre d'une population désarmée était envisagé comme la conséquence naturelle d'une ba- taille malheureuse. Qwon se rappelle que, malgré ces mœurs barbares et ces innombrables obstacles, le progrès a continuellement manifesté sa puissance dans la sphère des idées guerrières; et qu’on nous dise ensuite pourquoi le progrès devrait brusquement s'arrêter au seuil du XIX" siècle! : a En vertu de cette loi mystérieuse qui fait sortir le bien du mal et la régénération de la souffrance, la guerre plis d’une fois rendu des services immenses à Phumanilé. Elle a rapproché les peuples, détrôné la barbarie et disséminé les idées fécondes; elle a facilité la prédication du chris tianisme en réunissant les peuples dans l'unité majestueusè de la domination romaine; et l'on conçoit sans peine que, depuis saint Augustin jusqu'à Bossuet, depuis Lessing jusqu'a M. Michelet, des intelligences vigoureuses, tout en se plaçant à des points de vue très-différents, se soient | préoccupées de la mission de la guerre dans le dévelop- pement de la civilisation générale. Mais où sont les ser vices que, sous ce rapport, elle puisse rendre aujourd E aux peuples civilisés de l'Europe? Les idées, les doctrines les inventions, tous les produits de l'esprit humain, tonie E les merveilles de la science se répandent avec la rapidité - (97) de l'éclair, au point que nous voyons souvent plusieurs nations se disputer la priorité de la même découverte! Mais il est une réflexion bien plus importante encore ct sur laquelle on ne saurait trop appeler l'attention de tous ceux qui s'occupent des destinées futures de l’huma- nité, La guerre trouvera dans le développement du travail el l'extension du commerce des obstacles de plus en plus con- sidérables. L'industrie, marchant à pas de géant, étend chaque jour son domaine, ses richesses et son influence. Les capitaux qu’elle féconde se comptent par milliards ; les bras qu’elle emploie, les familles qu'elle nourrit se. comptent par centaines de mille. C'est un pouvoir nou- veau avec lequel les princes et les ministres auront désor- mais à compter ; et ce pouvoir, qui vit et se développe à l'aide du crédit, autre puissance que l'antiquité n’a point connue, est lennemi naturel de la guerre. Ce n'est pas tout! Grâce à la solidarité que les progrès de la civilisa- tion ont établie entre les intérêts de tous les peuples, la guerre ne peut plus éclater sur un point de l'Europe, sans que l'Europe entière souffre et se plaigne. A l’époque où les communications étaient rares et difficiles , où le com- merce extérieur était dénué d'importance, où chaque peu- ple vivait de sa vie et de son travail propres, les luttes armées dépassaient rarement les proportions d’une que- relle locale. Il n’en est plus de même au XIX”* siècle. Quand deux nations tirent aujourd’hui l'épée et descendent sur les champs de bataille, toutes les autres salarment et doivent inévitablement s'imposer de pénibles sacrifices. Qu'on y ajoute la grande et belle idée de l'équilibre néces- saire des puissances, admise en principe par toutes les chancelleries modernes, et l’on sera convaincu que la proposition que nous venons d'émettre ne dépasse en au- (218 ) : cune maniére les limites d'une espérance raisonnable Ainsi, d'un côté, la guerre a perdu les seuls avan | qu'elle pt offrir avant la diffusion des idées chrétiennes; de l’autre, elle rencontre et rencontrera des obstacles chi- que jour plus formidables dans les intérêts les plus im- portants des peuples modernes. Et c'est alors qu'on ne craint pas d'affirmer que la guerre sera, dans les siècles de l'avenir, ce qu’elle a été dans les siècles du passé! Aux yeux de tout homme qui sait réfléchir, un grand | travail se manifeste dans le monde. Ce travail amènera des complications, des tiraillements et probablement des a guerres; mais le résultat final n’en sera pas moins uù grand progrès dans la vie de l'humanité, Partout se mon- tre une tendance visible vers l'alliance, vers le rapproche ment, vers l'harmonie des intérêts et des institutions des | peuples civilisés. Les distances disparaissent, les commi- nications deviennent chaque jour plus faciles, les préjt gés nationaux s'affaiblissent, la grande et puissante Com- munauté du travail s'étend sans cesse et dans toutes les À directions. fe Si ce mouvement se propage et se développe; — el tout E semble prouver qu'il acquerra chaque jour une fort nouvelle, — il est évident que nous approchons du temps où les peuples, à défaut de leurs chefs, songeront sériet: sement à se prémunir contre le fléau de la guerre. w époques où la grande voix de lopinion publique de toutes les autres, les besoins universellement sentis D peuvent longtemps tarder à recevoir leur satisfaction . AS VD SET CA VE as RUE os Tee AE AT RER O ARLES AN EU Pet a AE (1) On peut consulter à ce sujet les faits et les preuves réunies pe Molinari, dans l'introduction placée à la tête de son intéressant O7"? L'abbé de Saint-Pierre et ses OEuvres (Paris, 1857). Fe ( 219 ) Est-ce à dire que la paix sera perpétuelle, ainsi que Pes- pérait l'abbé de Saint-Pierre? Non; et, sous ce rapport, les nombreux adversaires qu'il a rencoutrés ont eu raison de le placer parmi les utopistes. Quelles que soient les com- binaisons qu’on adopte, les luttes politiques au dedans et les coalitions au dehors pourront toujours déranger les plans le plus ingénieusement combinés. On se contentera de prendre contre la guerre des pré- cautions qu'on n’a pas prises dans les siècles passés. Mais en quoi consisteront ces précautions? Quelle sera la forme de cette assurance d'une nouvelle espèce ? Les leçons du passé, les besoins du présent et les ten- dances visibles de l'avenir fournissent la réponse. On n'arrivera pas à l'unité monstrueuse el impossible rêvée par les despotes sous le nom de monarchie univer- selle, L'existence des peuples, avec leur vie propre et leur activité particulière, ést évidemment réclamée par les vœux de la nature, les décrets de la Providence et les be- soins les plus essentiels de l'humanité. On n'arrivera pas non plus à une confédération univer- selle. Les différences de race, de langue, de civilisation , d'intérêts et de besoins la rendront toujours impraticable. On devra maintenir la variété dans l'unité, les différen- ces partielles dans l'harmonie générale, et dès lors il ne reste qu’un seul système susceptible d’être traduit en fait. C'est la fédération de groupes plus ou moins nombreux de peuples placés dans des conditions plus ou moins identi- ques. Quand cette Sainte- Alliance, plus vaste, plus forte et Surtout plus démocratique que la première, sera conclue aux applaudissements du monde; quand l'Europe, éclairée par ses longues souffrances, entrera dans cette ère nou- ( 220 ) velle , la gloire des armes cessera de primer toutes les ai- tres, et l'historien-philosophe ne trouvera plus, dans les sentiments et les vœux des peuples, ces contradictions in- cessantes qui déroutaient le génie puissant du comtede Maistre. La guerre, sans doute, sera toujours possible; mais, à la différence de ce qui s’est passé jusqu’à nos jours, la paix sera la régle et la guerre une rare exception dans la vie des nations civilisées. : On dira que l'heure est mal choisie pour manifester ees espérances. Mais que sont les perturbations passagères dans la vie générale de l'humanité? Les orages politiques ne dérangent pas plus les lois de l’histoire que les orages de l'atmosphère ne dérangent les lois de la nature. Que de temps, que d'efforts, que de peines m'a-t-il pas fallu pour arriver à l'établissement de tribunaux investis du droit de punir et chargés de régler les conflits qui surgissent entre les individus! Pourquoi done l'intelligence et le cœur se troubleraient-ils à l'aspect des obstacles que rencontre l'établissement d’une justice internationale ? C'est surtout aux époques d'agitation et de découragt- ment qu'il importe de s'écrier avec le poëte : y Inter spem curamque , timores inter et iras, Grata superveniet , quae non sperabitur, hora! CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 2 février 1860. M. Baron, directeur. M. Ap, Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, Fr. Fétis, Navez, Roelandt , Suys, Van Hasselt, Jos. Geefs, Érin Corr, Snel, Fraikin, Ed. Fétis, De Busscher, membres; Calamalta, associé; Demanet, correspondant. MM. Chalon et Nolet de Brauwere Van Steeland, de la classe des lettres, assistent à la séance. == CORRESPONDANCE. Au sujet de l'illustre compositeur Gossec, sur l’origine el le nom duquel il s'était élevé des doutes, M. Eug. Bo- chart écrit : « Pour jeter quelque jour sur cette contro- verse, au moins quant à l'endroit et à l'époque de sa nais- sance, j'ai consulté des papiers que je possède, et j'ai acquis la certitude que François-Joseph Gossé est né à Vergnies (province de Hainaut), le 47 janvier 1754; que, le même jour, il a été tenu sur les fonts baptismaux par Francois Gossé et Anne Gossé; qu'il était fils d'un simple ouvrier; qu'il y avait encore dans la même commune, a 1829, des habitants du même nom, et qu'un de ceux-ci avait très-bien connu le compositeur dont le nomadé changé à Paris, pour en faire Gossec. » M. Bochart ajoute que les études musicales de Gossec s'étaient faites à Anvers, où, pendant huit ans, il avall : été enfant de chœur à la cathédrale; finalement qu'il vint à Paris en 1751. CONCOURS DE 1861. La classe adopte, dès à présent, pour le CE . sera fermé le 1 juin 1864, la question suivante, qui! o est proposée par M. Roelandt : Le Faire l'historique des systèmes successifs de couvertut des édifices chez les différents peuples. En déduire appre E _ priation des formes et des matériaux aux divers pays etant a divers climats. | o CAISSE CENTRALE DES ARTISTES BELGES- M. Ed. Fétis, secrétaire du comité de la caisse, p j p- nique les principales décisions prises dans la réunion 4 a précédé la séance de la classe des beaux-arts; ildo d (25 ) ensuite lecture du rapport annuel, sur les revenus de l'as- sociation pendant l’année 4859. Ce rapport sera inséré dans l'Annuaire de l'Académie pour 1860. COMMUNICATIONS ET LECTURES, Les Artistes belges à l'étranger : GérarD EDELINCK; par M. Ed. Fétis, membre de l’Académie. La date de la naissance de Gérard Edelinck a été sou- vent indiquée d'une manière inexacte par les biographes. Ce serait 1627 suivant les uns, 1641 selon d'autres. Il en est qui, mieux renseignés, ont donné le millésime de 1640. C’est, en effet, à la fin de cette année que le célèbre artiste est né à Anvers, ainsi que le constate l'inscription de son acte de baptême dans les registres de l'église Saint- Jacques, à la date du 20 octobre. Gérard était fils de Ber- nard Edelinck et d'Anne de Winter. A l’âge de douze ans, (16592) il entra, comme élève, dans Vatelier du graveur Gaspard Huberti ou Huybrechts. Après un apprentissage de onze années (1663), il était reçu maitre dans la corpo- ration de Saint-Luc, Ces renseignements ont été recueillis par M. L. De Burbure dans les actes originaux; ils doivent inspirer toute confiance. Il y a done lieu de considérer comme mal fondée l'opinion, précédemment accréditée, que Gérard Edelinck fut destiné par sa famille à la profes- sion d'avocat, et qu'il eut à lutter contre la volonté pa- ternelle, pour obtenir l'autorisation de suivre le penchant ( 224 ) a qui l'entrainait vers la carrière des arts. Si l'on alt voulu faire de lui un jurisconsulte, ou ne l'aurait pas mis, - dès l’âge de douze ans, en apprentissage chez un graveur, E Un point plus difficile à éclaircir se ptésente. Il existe à l’école des beaux-arts de Paris des mémoires manuscrits sur la vie et les ouvrages des membres de l’ancienne Ata- i démie de peinture et de sculpture. Ces mémoires, qui ont été publiés pour la première fois il y a quelques années E (1854), ont été rédigés par des écrivains contemporains des artistes dont ils renferment les notices biographiques, d'après des renseignements fournis par les familles de ees derniers. L'auteur du mémoire sur Edelinck, qui déclare se conformer aux notes dont il a reçu la communication, et qui donne très-exactement, d'ailleurs, la date de la nais- sance du graveur anversois, dit que Gérard Edelinck > d'abord placé par son père sous la direction d'un peintre, el que Passiduité avec laquelle il copiait les plus bie estampes de l’école flamande ayant fait connaître sa Vel! table vocation , il fut confié aux soins de Corneille Gall | le jeune. S'il faut en croire l’auteur du mémoire, CE (225) plus rien à lui montrer, ajouta-t-il; il grave à présent mieux que moi. Si je le gardais encore, je lui ferais perdre son temps. Je vous le rends donc, » Ces détails circonstanciés ont-ils été inventés par lau- teur du mémoire auquel nous les empruntons? On a peine a le croire. Il y a tout lieu de supposer qu'Edelinck étudia sous la direction d'un peintre, en même temps qu'il ap- prenait le maniement du burin de Gaspard Huybrechts, chez lequel il est incontestable qu'il fit son apprentissage. Il s'est montré trop grand dessinateur, pour qu'on puisse admettre qu’il mait eu des leçons que de ce graveur dont les estampes accusent une absence complète du sentiment et de la science de la forme. Un motif semblable nous porte à penser que Gérard quitta l'atelier d'Huybrechts pour entrer dans celui de Galle, le jeune. Ce dernier n'était pas, il Sen faut de beaucoup, un graveur de pre- mier ordre; mais l’enseignement qu'il avait reçu de son père n'avait pas été tout à fait stérile, ainsi qu'on en peut juger par les portraits qui forment la meilleure partie de son œuvre, et notamment par celui d'Octavius Piccolo- mini. Il n’y aurait rien de surprenant à ce que Gérard Edelinck eût étudié sous sa direction la pratique du burin, qu'il connaissait bien, tandis qu'Huybrechts, obscur fabri- cant d'images de dévotion, n’était capable que de porter alteinte à ses heureuses facultés naturelles, en lui faisant contracter de mauvaises habitudes dont il lui aurait été difficile de se débarrasser par la suite, et dont ses premiers travaux ne présentent pas de trace. Il n'existe heureuse- ment aucune analogie entre la gravure d'Edelinck et celle de Gaspard Huybrechts; l'impossibilité de son séjour près de ce maître inhabile, pendant une période de onze années, est démontrée par le caractère même de son talent. On me - SÉRIE, TONE IX. 15 (226 ) est, au contraire, fondé à rattacher ce talent aux piit- cipes dont Galle le jeune a fait l'application dans ses oit- vrages, et qui tenaient encore de la grande école des | maitres formés par Rubens. Nous ne récusons pasle témoignage fourni par les registres de la corporation de saint Luc; mais nous osons affirmer qu'il est incomplet. Gérard Edelinck entra d’abord chez Gaspard Huybrechls, puis il passa sous la direction de Corneille Galle. La com- paraison des estampes de notre artiste avec celles des deux graveurs que lui donnent pour maîtres des versions différentes, mais facilement conciliables, est, pour former notre opinion, une preuve qui ma pas besoin de la con- lirmation des docaments officiels. Lacombe a dit dans son dictionnaire des beaux-arts que la réputation qu'Edelinck s'était acquise par ses 0l- vrages l'avait fait désirer en France, et que « Louis XIV, cel auguste protecteur du mérite, attira par des bienfaits tpa r 5 a * 4 a mt le célèbre artiste. » Cette énonciation d’un fait qui n'esl pas conforme à la vérité, a induit en erreur plusieurs bio- graphes sur les circonstances qui ont motivé Pespaliik: tion de Gérard Edelinck. Notre Anversois m'était pas Ct a lèbre lorsqu'il vint en France; Louis XIV ne } par ses bienfaits. C'est un lieu commun qui se ret dans les notices de tous ceux de nos Flamands qui allés à Paris, vers la fin du XVII siècle, che fortune que les hommes de talent ne manquaient pas contre trouver, Par suite des événements politiques, la vies retirée de nos provinces, tandis qu'un grand mouv? se faisait en France, dans la sphère des arts, sousun qui a bien justifié la prétention d’être grand en choses. Edelinck quitta donc Anvers, pour se rendr e dansa était A toutes (227) ville qui offrait le plus de ressources à son talent et le plus d'aliments à son activité. Mariette nous apprend, dans ses annotations de l’Abecedario, que Jean Edelinck, frère de Gérard et graveur comme lui, lavait précédé à Paris. Il cite, à ce propos, un fait qu'il affirme tenir d'un certain M. Chaufourier, gendre d'Edelinck. Le jour de son arrivée à Paris, notre Anversois alla voir son frère, et, tout en Pentretenant de ses projets, de ses espérances, lui demanda de quels travaux il était lui-même occupé. Jean lui fit voir un portrait du médecin hollandais Re- nier de Graef qu'il venait d'entreprendre d’après un des- sin d'H. Watelé. Gérard dit à son frère d'aller préparer le Souper, car le voyage l’avait mis en appétit, et que pendant ce temps-là il travaillerait à sa planche. Jean Edelinck avait un vrai ménage d'artiste. Ne pouvant se permettre le luxe d’un domestique, il se servait lui-même. I] alla aux provisions et se mit en devoir de préparer un repas d’une recherche inusitée chez lui, pour fêter l’arrivée de son frère, Pendant son absence, Gérard grava entièrement la tête du médecin hollandais. Dans un autre endroit, Ma- riette rapporte la même particularité avec quelques va- viantes : « M, Edelinck le fils et M. Wleughels, dit-il , con- viennent que M. Edelinck, arrivant à Paris, trouva son frère occupé à graver des têtes dans une planche, el que, ayant sçu qu'il en avait un écu de chacune, il en grava deux dans le jour même de son arrivée, pendant que son frère était occupé à donner ordre à sa réception, et l’un et l'autre m'assurent que ce fait leur a été raconté souvent par M. Edelinck même, » C'était une rémunération bien médiocre qu'un écu pour la gravure d’une tête, fút-elle de la plus petite dimension. Quoi qu'il en soit., l'anecdote que nous venons de trans- (298 ) crire et dont le fond est le même dans les deux vers well donne sur l'artiste dont nous nous occupons, elle est im- portante en ce qu'elle prouve qu'à son arrivée à Paris, Edelinck étant un graveur singulièrement habile, el en qu’elle répond à certaine allégation de l’auteur du Mémoire académique : « Edelinck, dit naïvement cet écrivain, travailla sous François Poilly et grava plusieurs tableaux d'histoire et plusi portrait quels cet excell tartisio. ne dédaigna pas de mettre son nom. » Cette condestl dance du graveur francais s'explique parfaitement, et elle lui fait moins d'honneur que ne parait le croire l'écrivain dont nous avons cité les paroles. Poilly avait recon que le jeune Flamand maniait supérieurement le burin. Il | pouvait donc signer ses œuvres en toute sécurité d'amont propre, et sans faire preuve, en cela, d’une grande gen rosité, Du reste, nous verrons tout à l’heure qu'il sat rendre justice au mérite de celui que nous appellerons not | pas son élève, mais son aide, et qu'il facilita son début dans la carrière où il devait sillustrer. a Si Edelinck était entré dans Patelier de François Poil, L ce n'était point assurément pour recevoir des leçons dont | il n'avait pas besoin, c'était afin de gagner quelque argent pour vivre, en attendant qu'il se fût créé des die | personnelles et qu'il eùt obtenu des commandes de | Poilly fit mieux que de daigner mettre son nom y m | des planches exécutées par Edelinck. Il abrégea A > 4 d'une situation subalterne où il répugnait à sa Con” e | de laisser végéter l'artiste anversois. Un jour qUé* à ia avait terminé une estampe complétement réussió, `, patron lui dit de la signer et le nom de Gérard e il fut révélé au monde connaisseur, « Ce trait de géneros! ( 229 ) dit l'auteur du Mémoire, est d'autant plus digne d’être publié, que la jalousie a fait marcher trop d'artistes dans un chemin tout opposé. » Pour le graveur comme pour le peintre, le seul moyen d'arriver à la fortune était d'obtenir les bonnes grâces de Le Brun, dont l'avis faisait loi en matière de commandes et d’encouragements. Edelinck se proposa de solliciter celle puissante protection. Il s'était lié d'amitié avec Phi- lippe de Champagne, son compatriote, Ce maître lui confia un saint Jérôme, qu'il venait de terminer, pour en faire la gravure. Edelinck exécuta sa planche avec soin et en porta une épreuve à Le Brun. Le premier coup d'œil suflit au peintre des Batailles d' Alexandre pour lui faire discer- ner le mérite de l’estampe qui lui était présentée par notre Anversois, et pour lui faire entrevoir l'avenir réservé à celui-ci. Un intérêt personnel influa, il est permis de le supposer, sur la résolution que prit Le Brun de se faire le protecteur d'Edelinek dont le burin promettait à ses compositions un interprète habile. Le Brun mit sous les yeux de Louis XIV l'estampe du saint Jérôme et en obtint la promesse que l’auteur de ce bel ouvrage ne serait pas oublié dans la distribution des faveurs royales. Edelinck , ayant eu connaissance de cette démarche et de son issue favorable, adressa au roi une demande qui prouve que le sentiment artiste parlait plus haut, chez lui, que l'ambition; c'était d'obtenir une place à l'Académie de Rome, avec la pension dont jouissaient temporairement les titulaires. Son désir était d'aller étu- dier les beaux modèles de l'art antique et de la renaissance italienne, puis de revenir à Paris avec un talent qui eùt été, suivant lui, plus à la hauteur de la tâche qui pourrait lui être confiée, Sa requête fut accueillie; mais Colbert, (230 ) E d'après l'avis de Le Brun, représenta au roi qu'il n'y alors à Rome aucun graveur d'un certain mérite el était à craindre qu'on n'ofírit à Edelinck d'assez grands avantages pour le décider à se fixer dans cette ville. L'ordre déjà donné pour expédier au jeune artiste le brevet de Sa pension fut revoqué. En même temps qu'il en était informé, Edelinck recevait de Colbert l'invitation de gras ver la sainte Famille de Raphaël, faisant partie du cabinet du roi. Ce n'est point, comme on l’a dit généralement, sur la proposition de Le Brun et pour le compte de la cour qu'il fut chargé de ce travail. On lit ce qui suil dans les annotations de Mariette : « Gérard Edelinek ne gran pas cette planche pour le roi, mais pour M. Colbert el pour servir à une thèse soutenue par un de ses enfants; . depuis, M. Colbert la donna au roi , et l’on effaça les noms qui étaient au bas de la planche. » Le ministre de Louis XIV avait voulu, sans doute, dédommager Ede a linck, par cette commande importante, du désappoinlér ment qu'il lui avait causé en mettant obstacle à son départ : pour Rome. Louis XIV ayant, plus tard, exprimé son al- 0 miration pour la superbe estampe de la sainte Famile, Colbert crut devoir faire hommage à son souverain del A Planche, qui eutra, par la suite, dans la calehographt E royale. Il existe de cette gravure deux épreuves précieuse a | avant toute lettre et avant les armes de Colbert. L'une est à Vienne; l'antre est au nombre des richesses iconogh® . | phiques de la Bibliothèque impériale de Paris, qui RÉ O A TE EEA PA le ax el ee GR STE TPE SEL EE EA, a LE A 7 2 achetée, en 1854, pour la somme de 2,500 franes, Aw vente du due de Buckingham. Edelinek, en gravant il sainte Famille de Raphaël, avait produit une œuvre nn. mérite supérieur. « Cette estampe, dit l'auteur wm 2 , j tde moire, porta son nom dans toute l’Europe et kih a (231) prime abord une très-grande réputation, et on peut affir- mer sans exagération que le burin n'avait même rien ac- compli d'aussi parfait en France. » Le talent seul d'Edelinck lui avait mérité la faveur de Louis XIV, Cependant, s’il fallait en croire plusieurs de ses biographes, une circonstance particulière et toute per- sonnelle au monarque aurait été l’origine de cette faveur. Le Brun avait peint sainte Madeleine renonçant aux va- nités du monde, C'était, disait-on, M" de la Vallière qui lui avait commandé ce tableau, destiné à l'église du cou- vent des carmélites où elle avait pris le voile. On croyait généralement qu'une allégorie transparente confondait, dans un même personnage, la pécheresse convertie par Jésus et la belle pénitente qui venait de changer son titre de duchesse contre le nom de Louise de la Miséricorde. Edelinck fit, d'après ce tableau, une superbe estampe; une épreuve en fut mise sous les yeux de Louis XIV qui, charmé de voir une aussi parfaite reproduction d'une peinture qu'il affectionnait, voulut que le graveur anver- sois lui fùt présenté. Il y a un fond de vérité dans cette histoire; mais, sur ce fond, on a brodé des incidents imaginaires. D'abord, ce n'est pas à la demande de M' de la Vallière que Le Brun peignit sa Madeleine repentante, Ce tableau lui fut commandé par M. le Camus, bienfaiteur du couvent des carmélites, en même temps qu'un autre représentant la Madeleine aux pieds de Jésus-Christ chez le Pharisien. En second lieu, des mémoires particuliers de la famille de Brienne ont fait connaître que Louis XIV s'était formelle- ment opposé, dans une autre occasion, à ce que M™ de la Vallière fût représentée en Madeleine. Quant au fond de vérité dont nous parlions tout à l'heure, le voici : l'estampe à (252) d'Edelinek fut admirée du roi, qui souhaita en con l'auteur, L'artiste flamand fut conduit à l'audience royale par celui qui était à la fois son obligé et son protecteur D’après les détails qui ont été conservés sur cette audience, Edelinck y conserva une simplicité digne, dont s'étonnè- récompense. Si ce qu'on rapporte est vrai, Edelinck, quí n'avait pas songé d'avance au parti qu'il pourrait tirer de la bienveillance du prince, fut pris au dépourvu; ne sachant quelle demande faire, il dit naïvement que son seul désir était de devenir marguillier de sa paroisse. Les assistants avaient grande envie de rire de cette naiveté; mais, dans ce qui leur semblait une sottise, Louis XIV vit l'indice d'une droiture de caractère peu commune, surtout à la cour, et réprima par son sérieux les velléités mo- queuses, Jl dit à Partiste que ce qu'il désirait lui serait accordé, et qu'il donnerait, en outre, des ordres pott qu'on fit quelque chose de plus pour lui. | * Edelinck reçut le brevet d'une pension, le titre den veur du cabinet du roi et un logement aux Gobelins, tout, bien entendu, sans préjudice des fonetions de mar guillier. A dater de ce moment, il entreprend des tri a considérables qu'il poursuit sans relâche et es mort seule mettra fin. Tous les peintres ambitionnent l'avoir pour interprète : plusieurs obtiendront la aw voir leurs œuvres popularisées par son burin ; mais (® Le Brun qu'il prêtera, avant tous, sa précieuse coll me tion. C'est ici le lieu de citer les principaux tableaux‘ peintre gravés par notre artiste. = ( 235 ) Parmi les sujets religieux, la composition du Christ aux anges se présente en première ligne. Le Brun aimait à rap- peler dans quelles circonstances ce tableau avait été exé- cuté. La reine mère, Anne d'Autriche, étant un soir absorbée dans de pieuses méditations, se représenta le Christ attaché sur la croix et entouré d'anges qui venaient l'adorer. Le lendemain, elle fit appeler Le Brun et lui demanda s'il serait possible de faire de cette scène mys- tique le sujet d'une composition pittoresque. On se doute de la réponse. Quelques jours après, l'artiste venait sou- mettre à sa royale cliente Pesquisse du tableau connu sous le nom du Christ aux anges. Anne d'Autriche en fut si satisfaite, qu’elle fit don à Le Brun de son portrait en- touré de diamants, et attaché à une chaîne d'or qu'elle voulut lui passer elle-même au cou. Le Christ aux anges fut placé à Versailles dans l’oratoire de la reine. L'estampe qu’en a faite Edelinck est capitale et d'une grande beauté. Elle a valu au graveur anversois l'honneur d’une seconde audience de Louis XIV. On voit ce qui suit dans la vie de Le Brun, lue par Guillet de Saint-Georges à l’Académie : « Le 4 février 1686, M. Le Brun présenta au roi M. Ede- linck, qui a gravé le Crucifix des anges. Cette estampe a été dédiée au roi par ledit M. Edelinck. Le Brun avait d'abord désiré que la dédicace eût lieù sous son nom, mais il accéda au désir exprimé par le graveur. Ils avaient dú faire l'entreprise de la publication en commun et il avait été Slipulé que Le Brun payerait 2,000 livres à Edelinck pour Sa part. Le marché fut rompu. » Cette stipulation. de 2,000 livres pour la part de Le Brun dans l’entreprise, nous fait connaître qu'Edelinck estimait au double la valeur de Sa planche. Pour un pareil travail, un graveur demande- rait aujourd'hni 60,000 francs, 11 est vrai qu'il mettrait ( 234 ) : sept où huit ans à Pexécuter, Edelinck allait plus vite en besogne. sy Le Brun n’était pas seulement le peintre de la cour, il était aussi celui de la bourgeoisie, et même de la classe | ouvrière. Au bas de l'estampe qu'Edelinck a gravée d'après sa sainte Famille connue sous le nom du Benedicite, on lit l'inscription suivante: LE TABLEAU DE CETTE ESTAMPE PEINT à PAR MONSIEUR LE BRUN, PEINTRE DU ROY, ET GRAVÉ PARLE | CHEVALIER EDELINCK, APPARTIENT A MESSIEURS LES COMPAGNONS CHARPENTIERS DE LA CONFRÉRIE DE SAINT-JOSEPH, ERIGÉE EN a L'ÉGLISE pe Sarvr-Paun a Paris. Avec la Madeleine dont il : a été question plus haut, nous n'avons plus à mentionner que deux tableaux religieux de Le Brun gravés par notrè artiste, savoir : Saint Louis devant la vraie croix et devant la couronne d'épines, composition dont l'original se trouvait à Choisi-le-Roi, dans la chapelle du château de Pelletier, , ministre d'État; Saint Charles Borromée implorant Di au pied d'un crucifix pour obtenir la cessation de la peste Sd qui désolait Milan. C'est à l’auteur du tableau Jui- meme que le graveur dédie son estampe : Illustrissimo viro Carol Le Brun equiti... . . . offerebat G. Edelinck. j a Dans la série des compositions historiques de Le Brot, illustrées par le burin d'Edelinck, la Famille de Dorm aux pieds d'Alexandre doit être citée en premier liet, C'est un des chefs-d'œuvre de notre artiste qui a Sold pour consacrer le souvenir d'un fait dont le peintre $ glorifie, de placer au bas de son estampe l'inscription qu voici : Gravé par le S Edelinck d’après le tableau qunt fait M. Le Brun, premier peintre du roy, et que Sa Ma prenait plaisir de luy voir peindre à Fontainebleau ent a née 1661. Cette particularité est, en effet, consignée dal le mémoire de Guillet de S,-Georges sur Le Brun+* (255 ) | roi étant à Fontainebleau, dit-il, commanda à M. Le Brun de travailler sur quelque sujet tiré de l'histoire d'Alexandre, et Sa Majesté voulut bien se faire un plaisir de donner quelques moments de ses heures de relâche pour le voir peindre. Ainsi, elle le fit loger dans le château et proche de son appartement, et le venait voir dans des moments inopinés, lorsqu'il tenoit le pinceau à la main, et daignoit même s'entretenir avec lui sur les grandes ac- tions de ce héros. » On sait que Mignard, jaloux de la gloire et du crédit de Le Brun, entreprit de traiter aussi le sujet de la fa- mille de Darius implorant la clémence d'Alexandre, avec l'espoir de faire une œuvre supérieure à celle de son rival. ll eut également l'ambition de voir sa composition gravée par Edelinck. Cette double espérance fut déçue. Son ta- bleau fut jugé très-inférieur à celui de Le Brun, comme il Pest en effet, et Edelinck mourut sans avoir achevé sa planche, qui fut terminée par Drevet. Les grandes thèses gravées par Edelinck, d'après Le Brun, suffiraient pour placer l'artiste anversois au pre- mier rang des maîtres qui, dans tous les temps, ont manié le burin, La thèse du Triomphe de la religion ou de l'Ex- lirpalion du calvinisme, celle dite De la Paix, dont le sommet est occupé par l'image de Louis XIV à cheval, celle où le monarque, vêtu à la romaine, est couronné par Pimmortalité, sont des œuvres aussi remarquables par la vigueur que par la délicatesse du travail, par un mé- lange de ces deux qualités, qui souvent s'excluent, et qui concourent ici à former un harmonieux ensemble. Si la reconnaissance avait fait un devoir à Edelinck de meltre son talent à la disposition de Le Brun, dont les bòns offices lui avaient été d'une incontestable utilité, ( 256 ) l'amitié qui Punissait à Philippe de Champagne, son com. patriote, le porta naturellement à se faire l'interprète des œuvres de ce maître. Pour graver le Moïse, il associa son burin à celui de Nanteuil, ou, ce qui est plus juste, il termina la planche qu'avait commencée ce graveur célèbre et qui lui était échue par succession, ainsi qu'on le verra à plus tard. Il fit seul les planches de Jésus et de la Sama- ritaine, de la Vierge de douleur, du Roi Salomon el de saint Jérôme. Reportant sur le neveu l'affection qu'il avait vouée à l'oncle, il grava, d’après J.-B. de Champaghe, dont les productions n'étaient guère faites pour l'inspiret, Un Ange planant dans le ciel, saint Ambroise, saint Atht nase, saint Basile le Grand et saint Grégoire de Nazianze L'Annonciation, d'après le Poussin, est une des belles planches de l’œuvre d'Edelinek. Parmi les artistes de l'école moderne dont il reproduisit les compositions; 0% remarque : Jacques Stella, D. Hallé, H. Sourley, H. Watel, Van Plattenberg (connu en France sous le nom de Platle- Montagne), Coypel el Le Pautre. Plusieurs maitres al- ` ciens eurent également en lui un traducteur fidèle deie | pensée, de leur style, des effets de leurs œuvres; Caron est frappé, en examinant la nombreuse série de ses Y tampes , de la variété qu'il a mise dans son travail, avet l'intention, heureusement réalisée, d'appliquer à cha i peintre un mode particulier et caractéristique d'interpré tation. C'est ainsi que le Déluge, d'après Alexandre ve nèse, morceau d'une singulière vigueur, diffère lement de la Sainte Famille de Raphaël , où tout est suave et moelleux; c’est ainsi que le Combat des quatre pe d'après Léonard de Vinci, présente, à son tour, ue autre aspect. En vain dira-t-on, pour expliquer e e rences dont nous parlions, que les planches ou ( 257 ) présentent appartiennent à des époques diverses de la car- rière de l'artiste qui se serait modifié lui-même, soit in- volontairement , soit par système. Elles sont, nous en avons la conviction, le résultat de sa volonté, d'un parti bien pris de conformer le style de la gravure à celui du tableau, de rendre non-seulement l'idée du peintre, mais encore la forme dont il l’a enveloppée; non-seulement la composition , mais encore le coloris. On en aura la preuve en comparant entre eux ceux de ses portraits qui datent de la même époque, et dont Pexécution varie selon qu'il a eu à rendre des peintures, de Le Brun, de Philippe de Champagne, de Rigaud, de Mignard, de Tortebat , de Largiliére, de Vouet, de De Troy, etc. L'auteur du Mé- moire définit très-bien ce côté particulier de son talent, lorsqu'il dit : « Je crois ne pouvoir trop louer la manière d'Edelinck; plus on apporte d'attention à l'examen de ses ouvrages et plus on trouve qu’elle lui est personnelle. Ce n'est point Vischer, ce n'est point Bolswert, ce n'est eo Pontius; ce n’est ni Poilly, ni Nanteuil, ni Masson, aucun des autres graveurs de ce temps-là : C'est Edelinek. Les élèves, que j'ai principalement en vue, ne sauraient trop s'appliquer à se faire, comme lui, une manière à eux, à faire en sorte que tous les peintres ne deviennent pas un même homme sous la main du graveur. Qu'ils travail- lent, Sil est possible, dans le secret, jusqu’à ce qu'ils aient toutes les manières sans en avoir aucune, jusqu’à ce qu'on trouve dans leurs ouvrages non-seulement l’école, mais encore chaque peintre de cette école. » Nous avons dit que Gérard Edelinck avait obtenu un logement aux Gobelins. Un ordre du roi lui fit conférer le titre de professeur perpétuel de la petite Académie qu'on avait annexée à cet établissement pour l'instruction des ( 238 ) tapissiers. « Là, dit l’auteur du Mémoire, il fut so visité par des princes et par des ambassadeurs ét et, ce qui contribua plus à sa gloire, par Philippe, due d'Orléans, qui depuis a gouverné ce grand empire. (e prince, si éclairé pour les arts, après avoir examiné. tableaux et les statues, dit qu'il avait réservé le plus digne d'attention pour le dernier, C'était Edelinck, le burin la main, ce burin si obéissant à la volonté de l'artiste, que presque jamais ni repoussoir, ni grattoir ne mar- chaient sur ses traces, et que très-rarement il rentrait dans ses tailles. » D'après ce que nous apprend l'auteur du Mémoire, le due d'Orléans passait volontiers de longs instants à voir travailler Edelinck et à Sentretenir avec lui. H ajoute que si les discours de l'artiste plaisaient at prince, ce n’était point par la beauré du langage, Cat m'avait jamais pu apprendre à bien parler français; Mal vif et spirituel, il s'était fait un jargon flamand-francisé original et pitloresque qui n’était pas sans charme. Quejque talent qu'Edelinck ait déployé dans les estam- pes que nous avons mentionnées précédemment, il est peut-être élevé encore plus haut dans ses portraits. A lá qu'on admire surtout la magie de son burin; Cest% qu'il se montre un puissant coloriste, si l'on peut e ployer celte expression en parlant de l'artiste qui 0 pour seuls moyens d'effet que les oppositions du blanc du noir, de l'ombre et de la lumière. L'auteur du Mémo a dit d'Edelinck : « Il se fraya une route nouvelle. À 2 - (239 ) leurs différents assemblages, il se forma un goût de travail très-varié, si bien choisi et si heureusement appliqué aux différents choses qu’il avait à traiter, qu'il fait distinguer jusqu’à la matière de chaque objet. Il acquit l’art de ren- dre les différentes sortes d'étoffes, le bois, les métaux, le linge; de rendre les chairs avec cette vérité molle propre au burin flamand et de faire sentir dans l'estampe les eou- leurs du tableau. Il parvint à allier le feu de Vischer à la suavité de Bolswert; pour m'exprimer par une comparai- son, à fondre en un seul homme Corneille et Racine. » Cet art de donner aux objets, par la disposition des tailles, l'apparence de la matière dont ils sont formés, cet art de faire sentir dans l’estampe les couleurs du tableau, ce n'est pas Edelinck qui l'a inventé. Il le tenait de Rubens par transmission; c'est Rubens qui eut, parmi tant d'autres gloires, celle de trouver le principe en vertu duquel le burin, jusqu'alors asservi à de certaines procédés de con- vention , allait pouvoir lutter, en quelque sorte, avec le pinceau , pour le rendu de la nature. Edelinck importa en France le style auquel ce principe, qui faisait de la gravure un art nouveau, avait donné naissance, Ces paro- les, prononcées par un membre de l’Académie de pein- ture de Paris, en faisant l'éloge de l'artiste anversois, sont significatives. « Avant lui, nos graveurs ne connaissaient que les tailles carrées et leur travail était monotone, uni- lorme. » Cette assertion est parfaitement exacte, Cepen- dant, quelques iconographes ont prétendu rattacher Ede- : linck à l’école française, se fondant non-seulement sur ce qu'il a passé en France la plus grande partie de sa car- rière d'artiste, mais encore, et c'est leur principal motif, Sur ce qu'il a travaillé dans l'atelier de François Poilly. Le premier argument n'aurait de valeur que si Edelinck (240 ) s'était modifié au contact des graveurs parisiens, sil avail abandonné les traditions flamandes pour adopter leurs: procédés; or, c’est lui qui, au contraire, les a contraints de changer de manière, de corriger, d’après son exemple, la froide monotonie de leurs tailles. Loin qu'il ait rie appris de Francois Poilly, on surprend une trace de son influence dans les travaux de cet artiste postérieurs at séjour qu'Edelinck fit dans son atelier. Il se trouve que c'est l'élève qui a donné des leçons au maitre. Voici en quels termes Mariette, juge excellent en (2 qui concerne l’art de la gravure, apprécie le talent de notre artiste, lorsqu'il parle de l’estampe de La famille de Darius aux pieds d'Alexandre : « Rien n’y est négligé, chaque objet y est traité de la manière et dans le goût qui leur convient, et il y règne une suavité de tons soutenue pi! une couleur brillante que l’on ne rencontre point ailleurs. C’est que Gérard Edelinck travaillait avec tant d'aisance, que ce qu'il gravait, il le faisait presque toujours au pie mier coup, sans étre obligé d'y revenir comme la plupart des autres graveurs. C'était un don de la nature, are qui Pont vu travailler étaient surpris de la facilité avet laquelle il promenait son burin sur le cuivre; de la e grand nombre de pièces que l'on voit de lui, dont ila 1 en a aucune qui ne soit très-terminée et qui toutes cep dant sont gravées au burin, manière qui est d'ailleurs“ a peu expédilive. » Peut-être aurions-nous pu nous durs ` ser de rapporter ce qui a été dit du talent d'Edelinck, E | le mérite des œuvres de ce maître parle trop haut, PP. qu'il soit nécessaire d'appeler des autorités à l'appui l'éloge qu’on en fait; mais la crainte de paraître n ( 241 ) parler à notre place les critiques étrangers , dont le témoi- gnage n’est pas suspect. Revenons aux portraits du graveur anversois. Ceux qu'il a faits de Louis XIV, sont au nombre de treize, soit séparé- ment, soit dans des compositions de thèses ou de titres de livres. Jl nous a montré le grand roi en armure de che- valier; en empereur romain et assis dans un char traîné par des lions que conduit la victoire; assis sur un nuage et couronné par l’immortalité; entouré d'une couronne de palmes au sommet de laquelle brille lesoleil; sous la forme d’une statue équestre et regardant les grands hommes de la France qui défilent à ses pieds, ete. Louis XIV éprouvait une satisfaction particulière à voir sa majestueuse image reproduite par le burin d'Edelinck. Il n’en fallait pas davantage pour mettre notre artiste à là mode, n’eût-il en d'ailleurs qu’un talent médiocre. Ce fut à qui obtiendrait d'avoir son portrait gravé par cet homme privilégié qui, au prestige du plus grand mérite, joignait celui de la faveur royale. Bien des gens mirent à profit cette occasion de passer à la postérité. Souvent aussi Edelinck fit spontané- ment les portraits de personnages illustres dans les lettres, dans les sciences et dans les arts, dont il se plaisait à po- pulariser les traits. Enfin, les éditeurs de certains recueils iconographiques sollicitèrent de lui ‘des planches qui de- vaient faire le succès de leurs publications. Edelinck a gravé quelques portraits d’après d'anciens maitres, Tels sont les portraits des grands ducs de Toscane, François de Médicis et Anne d'Autriche, d'après les pein- tures de Rubens; tels sont encore les sept portraits d'ar- tistes connus des amateurs sous le nom des grandes barbes : Abraham Teniers, Albert Durer, Jean Cousin, Gilles Sadeler, Abraham Bloemaert, Pierre Van Bouc et 2" SÉRIE, TOME IX. 16 ( 242 ) a du Titieh , auxquels s'ajoute, pour cause de grande barbe, celui de Nathanael Dilgerus, ministre de Dantzig. Celle série est très-recherchée; on la trouve rarement complète. Parmi les hauts et puissants personnages dont les portraits : ont été gravés par Edelinck; nous citerons : le due de Berry, le duc de Bourgogne, le duc du Maine, Isabelle de A Bragance, infante de Portugal; le prince de Galles (le prétendant), dont notre artiste a reproduit trois fois les traits à des âges différents; Philippe V d'Espagne, deu : fois, comme duc d'Anjou d’abord , Charmant portrait, puis comme roi; Pierre I, de Portugal; la reine de Suède, Ulrique-Eléonore; le duc d'Orléans, douteux suivant Ro- bert Dumesnil; Henri Casimir, comte de Nassau; les papes 3 Clément IX (douteux) et Innocent XIL. Ce dernier n'est pas habituellement compris dans l'œuvre d'Edelinck, qm ne voulait pas lui-même s’en reconnaître Pauteur. Voici ce E que raconte Mariette (Abecedario) à ce propos: « M. Chan- : fournier m'a dit qu’à l'élection du pape Innocent XII, | M. Edelinck trouva cette petite planche qui trainoit che luy; il y donna quatre coups et la donnoit à vendre å Ses ze enfants. Il ne veut pas que cette pièce soit dans son cr — M. Edelinek le fils wa dit que son père, ayant appli a sur les dix heures du matin la nouvelle de l'élection de E 4 pape Innocent XII, remonta après le déjeuner dure, : chambre, et qu'il se mit sur-le-champ à graver en quatre a coups le portrait qui fut achevé à midi, et je tiens cela Ea pour vray. » Edelinek, comme tant d'autres, profite de la a circonstance; mais il faut remarquer qu'il abandonne àS® a enfants le produit de cette petite planche, qu'il segu” bien de signer et qu'il ne veut pas qu'on place dans e œuvre. Sa réputation n’en souffre donc aucune atteinte. Le portrait de la duchesse de Ja Vallière est donen SEN ( 243 ) suivant certains iconographes; celui de la marquise de Montespan est authentique. Edelinek a gravé Colbert, il devait bien cela à son protecteur. L’efligie du puissant mi- nistre Sencadre dans la composition dessinée par Le Brun pour décorer la thése de philosophie que soutenait, en Sor- bonne, M. Claude-Nicolas Morel, en juillet 1682. Louvois, surintendant des maisons royales, arts et manufactures, avait droit à occuper aussi le burin d'Edelinek. Toutefois, ce n’est pas à raison de ces pacifiques fonctions qu'il est représenté par notre artiste, car nous voyons son portrait soutenu par les figures de Mars et de Bellone. Louvois était-il plus fier d’avoir fait brûler le Palatinat, que d’avoir décidé le roi à entreprendre les grandes constructions de Versailles, de Trianon et de Marly? Parmi les guerriers illustres, on remarque Bussi-Rabutin, les maréchaux de Luxembourg, deNoailles et de Villeroy; dans le haut clergé, les cardinaux d'Ossat et du Perron. La série des portraits de littérateurs, de savants el d'artistes est d'un intérêt supérieur à celui qwoffrent les autres parties de l’œuvre du maître. Il semble qu'Edelinck ail réservé les plus puissantes ressources de son art pour ces princes du royaume de l'intelligence. Mentionnons, en tête de cette précieuse série, les portraits d'Antoine Ar- nauld et de Pascal, au sujet desquels M. Robert Dumesnil donne la note suivante dans Le peintre-graveur français : « La table de cet ouvrage (Les hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, de Charles Perrault) prouve que les portraits d'Antoine Arnauld et de Pascal devaient en faire partie; leurs noms ont disparu sous de pelites bandes imprimées aux noms de Du Cange et de Thomassin, soigneusement collées. La raison de cette substitution doit être cherchée dans la querelle des jésuites contre les jan- ( 244 >) | sénistes, qui était dans toute sa violence à l'époque de _ publication. » M. Robert Dumesnil aurait dú ajouter e existe des exemplaires des Hommes illustres de Ge Perrault où la substitution dont il parle n'a pas été faite. La Bibliothèque royale de Bruxelles possède un es a exemplaires. Edelinck a gravé deux portraits d'An se Arnauld, d’après des peintures de Philippe de mn le premier du vivant du personnage, le second T mort, Celui-ci nous montre l'illustre théologiéni p i assis dans une grotte au delà de laquelle apparait, au ba du paysage, une vue de Bruxelles, ville où RU à pauld est mort. Arnauld d'Andilly figure également y la galerie iconographique de notre artiste. Dans un i touche ménagé au bas de l’encadrement, on voit une rep 4 sentation de l’abbaye de Port-Royal. Nous voudrions 7 nous fút permis de nous arrêter devant chacun re Js traits, dont il est peu qui ne soient des chefs de mais nous dépasserions les limites que nous me ye d'assigner à ces notices. Citons rapidement, dans pos gorie des savants et des littérateurs : Descartes, Fure Qui Moreri, Huygens, d'Hozier, Racine, La Fontaine, y nault, Saint-Evremond, Santeuil, Nicolas Rigault, g2 de la bibliothèque du roi. rtrait Ouvrons la liste des artistes par cet admirable po à de Philippe de Champagne, celui de tous ses CU auquel Edelinck donnait la préférence, et qu'il me se le triomphe de son burin, suivant ce que di ris biographes Contemporains. Le portrait de Le Brun, a si ; Largilière, est accompagné de cette devise m Cunctis sublimior et de cette dédicace : offerebat humit ps servus Gerardus Edelinck. Nous aimons mieux jeee du portrait de Rigaud; elle est moins humble et plus ( 245 ) cère : Edelinck Eques Romanus et Regius Sculplor in ws incidit amicum simul et amicitiam œternitati consecralurus. Mignard devait faire pendant à Le Brun comme Louvois à Colbert. Le burin d'Edelinck ne pouvait manquer de rap- procher ces rivaux illustres, dans des genres différents. Citons encore Desjardins (Van den Bogaert), Mansart, Nanteuil, Perrault, Claude Mellan, Israel Silvestre, Jean Warin, Chauveau et Blanchard. Les musiciens ne furent pas oubliés par notre artiste. Il fit le portrait de Lully presque par devoir, car le compositeur affectionné de Louis XIV avait une place marquée toùt naturellement parmi les grands hommes du siècle, dont son burin retra- çait l'histoire figurée. Quant à celui du célèbre théorbiste Jean Mouton , il le fit par reconnaissance. L'auteur du Mé- moire auquel nous avons emprunté plusieurs particula- rités intimes relatives à Edelinck, dit qu'il grava ce portrait e Mouton pour s'acquitter envers cet excellent musicien, qui avait donné des leçons à sa fille sans vouloir recevoir d'argent. 4 : Un des plus beaux portraits d'Edelinck est incontesta- blement celui de Frédéric Léonard, imprimeur du roi. I y a dans nos biographies, au nom de ce personnage, une lacune qui devra être remplie. Frédéric Léonard était de Bruxelles, ainsi que le témoigne Pinscription du portrait : Fredericus Leonard Bruxellensis, regis, serenissimi Del- Phini, et cleri gallicani archi-typographicus, aetatis LXV, nno M. DC. LXXXIX. Imprimeur du roi et du clergé, il publia le plus grand nombre des volumes de la collection des auteurs latins, ad usum Delphini, entreprise par ordre de Louis XIV. 11 demeurait rue Saint-Jacques, et avait pour enseigne à l'escu de Venise. Piganiol de la Force nous fait Connaitre dans la Description de Paris, à l'occasion de ( 246 ) l'imprimeur bruxellois, une particularité assez piquante. Au chapitre consacré à l’église de Saint-Benoît, nous lisons ce qui suit : « Contre un des piliers de la nef, on remarque un petit monument de marbre de très-bon goût, qui a élé imaginé par Gilles Marie Oppenord et a été exécuté, d'après son dessin , par feu Vancleve, un des plus habiles sculp- teurs de nos jours. On y lit : MARIA ANNA DES ESSARTZ Fredericus Leonard Amissam conjugem moerens Hoc amoris et grati animi Monumentum posuit. On se sent presque ému par ce témoignage de douleur conjugal; l'émotion cesse lorsqu'on lit, immédiatement après l'inscription où sépanche les regrets d'un époux af fligé, cette phrase ajoutée par l'écrivain qui la transcrit: « Ce Frédéric Léonard était le plus riche libraire de Paris, et sa femme une des plus aimables et des plus malheu- reuses de son temps. » Dans l'un des chapitres où il dé- crit les environs de Paris, Piganiol de la Force parle d'une fort belle maison située à Ruel, laquelle appa tenait à l'intendant du comte d'Argenson, ancien Mr nistre de la guerre, et « avait été construite, dit-il, por les célèbres Léonard père et fils, imprimeurs du ro! de Une inscription gravée sur une table de marbre, qu? les premiers propriétaires avaient fait placer dans le vesli- bule de leur luxeuse habitation, constatait qu'ils fait élever avec le produit de leur travail commè inpe meurs du roi et du dauphin. Si nous entrons dans o% a détails étrangers au sujet que nous traitons ici, cm l'avaient -= (HE) nous reprenons volontiers nos Belges partout où nous les trouvons , et qu'il y a une place à donner dans la biogra- phie nationale à l'industriel artiste qui fut imprimeur de Louis XIV, et dont les presses mirent au jour la plupart des célèbres éditions ad usum Delphini. Le portrait d’un autre Belge, d'un autre Bruxellois , gravé par Edelinck, nous a fort occupé. C'est en quelque sorte une énigme dont il ne nous a pas été possible de trouver le mot, en dépit de:recherches persévérantes. Disons, d'abord, que le portrait est de toute beauté, Aucun ouvrage plus parfait n’est sorti des mains d'Edelinck. On lit dans la bordure qui entoure le personnage : Joannes- Carolus Parent Bruxellensis eques romanus. Qui est ce Jean-Charles Parent, de Bruxelles? Aucune biographie ne nous le fait connaître, Dans la mention qu’ils font de son portrait gravé par Edelinck, d’après Tortebat, Hubert et Martini (Manuel des curieux), le qualifient d'imprimeur du roi. Le Catalogue général des portraits de la collection d'Orléans désigne ce même Parent comme un peintre flamand, Il y a erreur de part et d'autre, et nous conser- vons le regret de ne pouvoir faire plus ample connaissance avec le compatriote dont le burin d'Edelinck a illustré la figure, remarquable, d'ailleurs, par la noblesse du ca- ractère aussi bien que par la vivacité de l'expression. Le portrait de M. de Montarsis est encore une des pièces de choix de l'œuvre iconographique d'Edelinck. Quels sont les titres du personnage pour figurer parmi les célèbres modèles qui viennent tour à tour poser de- vant Edelinck ? Ces titres étaient des plus respectables aux yeux de Coypel, le peintre du portrait, et aux yeux du graveur anversois. M. de Montarsis, joaillier du roi, était amateur des beaux-arts; il avait formé une des belles collec- ( 248 ) | tions de tableaux et de dessins qu'il y eût à Paris de son temps. L'inscription de l’estampe est ainsi conçue: Petri de Montarsis de bonis artibus optime meriti effigies, quam a se depictam , Antonius Coypel , in amicitiae et grati animi monumentum a Gerardo Edelinck aere incidi curavit. Le goút des beaax arts, s'il n'était inné, pourrait devenir quelquefois une heureuse spéculation d'amour-propre. Qui connaítrait M. de Montarsis , tout joaillier du roi qu'il fût, si la belle estampe d'Edelinck n’eût perpétué le souvenir … de son nom avec celui du noble emploi qu'il faisait de sa fortune ? : Comme pour prouver que les célébrités de tous les genres devaient étre représentées dans sa galerie, Ede- linek fit le portrait d'Evariste Ghérardi, le spirituel Arle- quin de la comédie italienne, et celui de Raimond Poisson, l'excellent Crispin. Une inscription qualifie le premier de Regiae italorum comediae princeps. Cette pièce est attribuée par certains iconographes à l’un de ses frères, ainsi que nous le dirons tout à l'heure. Sous l’image du second, 0n lit ces vers : Le peintre et le graveur nous ont dans ce portrait Du célèbre Crispin donné la ressemblance. 11 vit, il va parler; mais est-il aucun trait Qui pust de ses talents nous peindre l'excellence ? Cet mots : il vit, il va parler, peuvent s'appliquer à tous les portraits gravés par Edelinck. Ce ne sont pas, en effet, des images inertes; la vie les anime; le feu jaillit de leur regard; elles respirent; il semble qu’au premier moment elles vont se détacher du fond où, par un prestige ess son burin avait le secret, l'artiste a fait circuler l'air. La délicatesse du modelé des têtes, la morbidesse des chairs, | ( 249 ) le moelleux des étoffes , la perfection de tous les détails des accessoires, font des beaux portraits d'Edelinck, de ceux de Philippe de Champagne, de Desjardins (Vanden Bogaert), de Léonard, de Parent, de Santeuil et de Blampi- -gnon, curé de Saint-Merri, par exemple, les chefs-d'œuvre, non-seulement du maître, mais de l'art de la gravure. Outre les tableaux et les portraits dont nous avons donné l'indication sommaire, et dont on trouve la descrip- tion détaillée dans le Peintre graveur-français de M. Ro- bert Dumesnil, Edelinck a gravé plusieurs frontispices de livres, parmi lesquels on peut mentionner particulière- ment ceux du recueil des poésies latines de Ferdinand, prince-évéque de Munster et de Paderborn, des poésies du P, Jean Commire, de la Dioptrique oculaire du P. Ché- rubin d'Orléans. De ces trois ouvages, les deux premiers renferment également des vignettes charmantes de l'ar- tiste anversois. Edelinck fit aussi quatre planches pour l'édition de Vitruve donnée par Perrault. Lorsqu'il con- sentait à graver, pour cet ouvrage, les modèles des ma- chines dont se servaient les anciens pour élever des far- deaux ou transporter des pierres, l’auteur de la Famille de Darius, du Christ aux anges et de la Madeleine donnait un exemple de modestie, d'abnégation, que les célèbres graveurs de notre temps, seraient, sans doute, peu dis- posés à imiter. Y Edelinek, au milieu de ses importants travaux, trouvait encore le temps de graver les reproductions d'environ quatre-vingts médailles pour l'ouvrage intitulé : Médailles sur les principaux événements du règne de Louis le Grand. ll est à remarquer que ces mêmes médailles avaient été modelées par un compatriote d'Edelinek, par Jean Warin, el que Louis XIV dut ainsi recourir aux talents de deux (250 ) artistes belges pour illustrer les événements de son règne. On voit dans la calchographie du Louvre dix planches de statues gravées par Edelinck. Voici une note de Ma- riette qui se rapporte à cette série de pièces : « Statues de Versailles sur des piédestaux, gravées par Edelinck. — Ces statues sont présentement fort rares; il doit y enavolt, pour être complètes, quatorze. Ce sont les derniers ou- vrages du sieur G. Edelinck. Il s'en trouva à sa mort douze de gravées entièrement, et deux dont il n’a jamais été tiré une seule épreuve, et qui même n'estoient pas encorè | achevées de graver. Je scay cela de M. Chaufourier qui est son gendre. Ces planches sont rares présentemenl; mais dans la suite elles ne le seront"pas, selon toutes appa- rences. On les mettra au jour; elles sont chez M. Colle, RAT RE CAS z - dl PP as vo A NUES E E me uen We SE premier architecte du roi. » La prédiction de Marielle ne s’est pas réalisée; les planches d'Edelinck qui devaient cesser, suivant lui, d’être rares, sont introuvables, celles da moins dont les cuivres étaient déposés chez M. De Cotte, et dont il ne paraît pas qu'on ait tiré des épreuves, Edelinck fut élu,en 1677, membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Dans la séance même 04! prêta serment en cette qualité, la compagnie le nommada la place de conseiller devenue vacante par la mort de Chauveau. « Son mérite seul, dit l'auteur du Mémoirè plusieurs fois cité, et le cas que l'Académie faisoit de sl probité, lui procurèrent cette distinction si marquée. Il m paroit pas qu'il ait fait aucun morceau de réception; mal, vraiment reconnaissant, il donna en différents temps * l'Académie des épreuves de la thèse de Vextirpation de l'hérésie et de celle de la paix, 450 épreuves du portrait de Le Brun, le Crucifix des anges et le portrait de P hie a lippe de Champagne. » y (251 ) On a vu plus haut que Colbert avait pris Edelinek sous sa particulière et puissante protection, Cet homme d'État ne se borna pas à procurer au graveur flamand les avan- tages qui résultèrent pour celui-ci de la faveur royale. Il voulut, suivant ce que nous apprend le Mémoire acadé- mique, se charger de son établissement , el négocia lui- même son mariage avec M'* Regnesson dont le père était graveur et riche. Cette union établit un lien de parenté entre trois artistes du même genre, car Nanteuil était le beau-frère de Nicolas Regnesson et par conséquent l'oncle de la femme d'Edelinck, Le célèbre portraitiste étant mort -ans enfants, ce fut sa nièce qui devint son héritière; Gérard Edelinek aurait dû être riche, tant des biens qui lui venaient de sa femme que du produit considérable qu'il retirait de la vente de ses estampes. Cependant, il paraît qu'il ne laissa lui-même qu'un héritage médiocre, car l'auteur du Mémoire croit devoir défendre ses contem- porains du reproche d’avoir mal récompensé ses talents. Edelinck n’était pas un dissipateur ; le nombre des plan- ches dont se compose son œuvre prouve qu’il n'avait pas le temps d'avoir ce défaut, si nous pouvons NOUS exprimer ainsi. Si ses dépenses étaient considérables, C'est qu’il traitait avec magnificence ses amis et les hommes distin- gués qui recherchaient sa société. Le logement qu'il avait aux Gobelins et dont il s'était plú à faire une sorte de pelit musée, était le rendez-vous des artistes de tout genre, peintres, sculpteurs, architectes, graveurs: Les visites qu'il recevait n'étaient pas toujours désintéressées. Ceux-là venaient solliciter la reproduction de leurs œuvres par son burin; ceux-ci lui demandaient des conseils dont les plus habiles pouvaient faire utilement leur profit. Gé- rad Andran, lui-même, mécontent de l'eau-forte de sa 4 ( 252 ) planche du Triomphe d'Alexandre, vint un jour lui sou- mettre son travail, en lui confiant l'embarras où il se trouvait et en le priant de l'aider de son expérience, ce que notre artiste fit loyalement. a Le nombre total des pièces gravées, en tout ou en par- | tie, par Gérard Edelinck s'élève à 339, d'après le catalogue qu'en a donné M. Robert Dumesnil. Quand on examine cet ensemble imposant, quand on voit quelle perfection d'exécution a déployée Partiste dans une foule d'estampes capitales, el lorsqu'on songe au temps que les graveurs de notre époque emploient à l'achèvement d'une seule planche, on se demande par quel miracle ces maîtres du XVII™ siècle, dont nous admirons les impérissables ou- vrages, arrivaient à réaliser de tels prodiges de fécondité. Edelinck forma peu d'élèves. On ne cite guère, outre ses frères et son fils, qu'un certain Trouvain, qui a gravé à Majorité de Louis XIII de la galerie du Luxembourg. 1 wa donc pu être beaucoup aidé; on sait seulement què son frère Gaspard-Francois et Pitau ont travaillé aux fonds d'un certain nombre de ses planches. Les différences qu'on remarque dans ses estampes, qui ne sont pas toutes d'une égale beauté, il faut bien le reconnaître, provien- nent de ce qu’il ne donna pas le même soin aux planc dont la commande lui était faite par des éditeurs de tè- cueils iconographiques, qu'à celles dont il entreprenait l'exécution de lui-même et pour ainsi dire d'inspiration. L'auteur du Mémoire dit qu’on distingue dans son œuvre: < Ce qu'il a fait, pressé par sa grande dépense, de ce qu'il a fait poussé par lamour de son talent. » H ajoute : « L6. ouvrages produits par ce dernier motif l'emportent bhar coup sur les autres, et Pose dire que le besoin fut toujours et sera toujours un foible Apollon, » A part sa forme my- ( 255 ) thologique qui sent le XVIII" siècle, cette remarque sera d’une application juste dans tous les temps. Le biographe-académicien qui avait recu, comme nous Pavons dit, de la famille et des amis d'Edelinck des indica- tions exactes sur des particularités intimes de la vie du cé- lèbre artiste, dit que : « Sa probité, le crédit qu'il avait à la Cour et l'estime que ses compatriotes avaient pour lui, le firent élire administrateur perpétuel de la chapelle des flamands, dans l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, et qu'il en soutint la charge avec l'honneur et la générosité qu'il faisait éclater en tout. » Edelinck a signé ses estampes de sept manières diffé- rentes que voici : Edelinck, G. Edelinck, Gérard Ede- linck, G. Edelinck eques romanus, Edelinck chevalier romain et le chevalier Edelinck. Le titre de chevalier romain lui avait été conféré sans qu'il eût fait aucune démarche pour l'obtenir, ainsi que l'affirme l’auteur plu- Sieurs fois cité. Gérard Edelinck mourut le 5 avril 4707 et fut inhumé à Saint-Hippolyte , paroisse des Gobelins. La vente de son Mobilier attira un grand nombre d'artistes et surtout de graveurs, qui venaient pour acheter ses burins dont leurs enchères firent monter le prix bien au-dessus de leur valeur réelle, « Était-ce vénération, était-ce imagination frappée? demande un biographe. On leur attribua dans le lemps (aux graveurs) de croire que les burins d'Edelinck Claient autrement faits et beaucoup meilleurs que ceux des autres, et que de la venait sa supériorité. » Jean Edelinck, frère aîné de Gérard, né à Anvers en 58, fut, ainsi que ce dernier, élève de Gaspard Huy- brechts où Huberti. Nous avons dit qu'il précéda son frère à Paris, où celui-ci le trouva installé. Son talent ne s'éleva (254) point au-dessus d’une honnête médiocrité. Mariette dit s'être assuré qu'il mourut en 1680. M. Génard, qui a publié récemment une généalogie de la famille des Edelinck , dans la Revue d'Histoire et d'Ar- chéologie , ajoute la note suivante à la mention qu’il fait de la naissance de Bernard Edelinek, baptisé à Notre-Dame d'Anvers en 1647 : Nous ignorons si c’est à ce frère de Gérard Edelinck que s'applique ce passage de Mariette: « Gérard et Jean Edelinck avoient un troisième frère, à qui ils avoient appris la graveure, mais comme il y faisoll peu de progrès et qu’il lui survint d'autres occupations, il abandonna de bonne heure. » Si M. Génard avait eu con- naissance du mémoire dont nous avons cité plusieurs pas” sages dans le courant de cette notice, ses doutes au sujet du second frère de Gérard Edelinck, qui cultiva Part delà gravure , eussent été éclaircis. Ce n'était pas Bernard, mais Gaspard-Francois, né en 1652, suivant l'indication donnée par le savant sous-bibliothécaire d'Anvers. L'auteur de Mémoire exprime le doute que Gérard Edelinck ait jamas composé, à moins qu'on ne regarde comme une compo" tion un petit portrait de Philippe V qu'il a gravé, group? avec quelques figures allégoriques , et sous lequel il te Edelinck fecit sans nom de peintre. Jean était doué dure certaine facilité d'invention, ainsi qu'il Pa prouvé dans des frontispices de livres et dans des vignettes bien cap? bles de le faire regretter, ajoute notre auteur. à Gaspard-François, il avait fait, à ce qu'il parait, de bonn | humanités au collége des jésuites d'Anvers, avant e dans la carriére des arts. 1 étudia ensuite sérieuseme”" le dessin et se distingua parmi les jeunes artistes ue : sois qui, suivant un usage établi dès longtemps, sam a saient, l'hiver, à modeler des statues de neige sur ta F" (255 ) ; de l'Hôtel de Ville. Il avait commencé la peinture, quand Gérard le fit venir à Paris et lui enseigna le maniement du burin. Gaspard-François répondit, par des progrès ra- pides, au soin que son frère prit de le former. Sans égaler jamais Gérard, il acquit assez de talent pour qu’on ait attribué à ce dernier les portraits du chanoine Feuillet et du comédien Poisson , dont il est l’auteur, si le Mémoire dit vrai, On assure que si Gaspard-François signait sim- plement ses estampes G. Edelinck, c'était par modestie. Cette modestie aurait pu devenir préjudiciable à la répu- lation de son frère, en lui faisant attribuer des œuvres au-dessous de son mérite. La conformité des initiales du prénom a été cause, en effet, que des pièces de Gaspard- Francois ont été rangées dans l’œuvre de Gérard par des iconographes qui my ont pas regardé d'assez près. Quand le plus jeune des deux frères eut terminé le Déluge, d'après Alexandre Véronèse, que Painé retoucha et qui est signé : Edelincks sculpserunt, Gérard voulut que Gaspard-Fran- çois se présentát à l’Académie; mais celui-ci, toujours par modestie, refusa de faire les démarches nécessaires pour obtenir un honneur dont il ne se croyait pas digne. « Étre assis entre les deux Gérard , dit l'écrivain qui nous fournit ces détails, entre son frère et Audran, parut à son peu dambition une place trop brillante, trop élevée pour son Mérite, qu'il regarda toujours comme médiocre en se com- parant à ce frère dont il eût fait au moins un demi-dieu. » Gérard Edelinck eut plusieurs enfants : à l'exception d'une fille et d’un fils, ils lui furent enlevés dès leurs plus Jeunes années. La fille épousa Jean Chaufourier, dessi- "aleur-paysagiste de peu de talent. Le fils, appelé Nicolas, montra des dispositions pour la gravure; mais, d'après ce qtenousfait connaître Mariette dans une note de l'Abece- (256 ) ' dario, une extrême indolence lempêcha de profiter des leçons que son père avait entrepris de lui donner. Gérard crut que le meilleur moyen de combattre ce défaut était de faire voyager le jeune artiste. Il l'envoya d'abord à Munich auprès de C. G. Amling, graveur de mérite qui avait tra- | vaillé à Paris, où l'électeur l'envoya pour se perfectionner, et qu'Edelinck eut pour compagnon d'études dans l'atelier de Francois Poilly. Amling s'efforça de vaincre l'apathie de son élève et lui fit exécuter quelques planches. Son aptitude naturelle continua de se manifester, en même temps que sa paresse. De Munich, Nicolas Edelinek se rendit à Venise, où il se lia avec le peintre anversois Phi- lippe Wleughels; son séjour dans cette ville fut assez long, mais il n’y grava que deux planches. Le goût du travail E lui vint pas davantage à Rome où il alla ensuite. Quan il revint à Paris, son père avait cessé de vivre. Le pmi que celui-ci lui avait laissé, quoique n'étant posee A | ble, lui permit de se livrer à son penchant et 11 ne prit plus guère le burin que pour graver d'après s tebat le portrait de Gérard Edelinck. Il devait au pue cet hommage à la mémoire de son père. Nicolas Ede de mourut en 1768 des suites d'une chute. Il était age 87 ans. Antoine Coyzevox avait modelé en terre cuite ” psi de Gérard Edelinck, lequel passa entre les mains d'Au pri qui succéda à notre artiste dans son logement des 6 F lins. Le portrait de Gérard, peint par Tortebat pan une première fois par Nicolas Edelinck, le fut mes par P. Dupin, pour Europe illustre de Dreux du Ra à el Pa été dernièrement encore pour la collection des leries de Versailles. (257) OUVRAGES PRÉSENTÉS. — Discours prononcé à la salle des promolions, le 26 janvier 1860, par P.-F.-X. de Ram, recteur de l'université catholique de Louvain, après le service funèbre célébré en l'église primaire de Saint-Pierre, pour le repos de l'âme de M. Edouard-Jos ph Delfortrie. Louvain, 1860; in-12. Note sur une tumeur cornée développée sur la tête d'une femme de vingt-huit ans; par le docteur C. Poelman. Gand , 1860; 1 br. in-8°, De la situation et de l'avenir des caisses des veuves el orphe- lins, instituées par la loi du 21 juillet 1844; par M. Aug. Vis- schers. Bruxelles, 1859; 1 vol. in-4°. L'économie politique ramenée aux principes du christianisme ; par le docteur Th. Olivier. Paris- Tournai, 1860; 1 vol. petit in-§°. 7 Le lard et ses auxiliaires dans l'alimentation des habitants des campagnes; par le docteur de Wachter. Anvers, 1859; 4 br. in-8°. Notice sur le frère Abraham de l'abbaye d’ Orval et les tableaux qui lui sont attribués ; par le doeteur A. Namur. Anvers, 1860; 1 broch. in-8°. Essai de tablettes liégeoises ; par Alb. d'Otreppe de Bouveite. 30% livraison. Liége, 1860; 4 broch. in-12. Association scientifique universelle ; projet de Victor Helt- man. Bruxelles, 1860; 1 broch. in-8°. Annales de l'Académie d'archéologie de Belgique. Tome XVI, We" live, Anvers, 1859; 4 br. in-8°. Journal des beaux-arts. Deuxième année, n° 3 el 4. Bruxel- S. 1860; 2 feuilles in-4°. Revue de la numismatique belge. 5%* série, tome IV, 1% live. Bruxelles, 1860; 4 broch. in-8°. 2 SÉRIE, TOME IX. 17 ( 258 ) Annales de la Société pour la conservation des monuments historiques et des œuvres d'art de la province de Luxembourg., Années 1854-1855 et 1855-1856, 3"* cahier. Arlon, 1856; 1 br. in-8°. Bulletin de la Société scientifique et littéraire du Limbourg. Tome IV, 2”* fase. Tongres, 1860; in-8°. Levensberigt van Gerardus Vrolik; door J. Vander Hoeven. Amsterdam , 1859; 4 broch. in-8°. Handelingen der jaarlijksche algemeene vergadering van de Maatschappij der nederlandsche letterkunde te Leiden, gehouden, den 46° junij 1859, in het gebouw der maatschappij tot Nut van 't algemeen te Leiden. Leide, 1859; 1 vol. in-8°. Natuurkundige vereeniging in nederlandsche Indië: — Ver- handelingen, deel IV; — Tijdschrift, deel I, ML, IV, V, XM, afl. 4-6, deel XII, XIV, XV, XVI, XVII. Batavia, 1852-1807; 4 vol. in-8° et 27 broch. in-8°. di Bulletin de la Société géologique de France. Deuxième série, tome XV, feuilles 52, 55 et titre; tome XVI, feuilles 60-64; tome XVII, feuilles 1-6. Paris, 1860; 3 broch. in-8°. L'Investigateur, journal de l'Institut historique. xxvi" année, 500-501™° livr. Paris, 4859; 4 broch. in-8°. De la femme dans l'état social; de son travail et de sa rému- nération; par M. Boucher de Perthes. Abbeville, 1860; in-S”. Archéogéologie; par Boucher de Perthes. Abbeville, 1859; reau de la Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts. Dunkerque, 1859; 1 vol. in-8°. Réponse à M. Fétis et réfutation de son mémoire sur cell question : Les Grecs et les Romains ont-ils connu Charmont $! in-8". Réunion mensuelle du 15 janvier 1860 et installation Ke de , k r S multanée des sons ? en ont-ils fait usage dans leur musique? P? M. A.-J.-H. Vincent. Lille, 1859; 4 broch. in-8. Mémoires de la Société de physique et d'histoire na Genève. Tome XV, 4r+ partie. Genève, 1859; vol. in-8°. Observations astronomiques faites à l'observatoire turelle de de Gente, (259 ) | dans les années 1833 et 1854; par E. Plantamour. XIII: et XIV° séries. Genève, 1859; 4 cahier in-4°. Résumé météorologique de l'année 1858 pour Genève et le Grand Saint-Bernard; par E. Plantamour. Genève, 1859; 1 br. in-8°. Koniglichen preuss. Akademie der Wissenschaften zu Berlin : — Abhandlungen, 1854, 2: suppl. Band, — 1 858; — Monats- bericht, 1859. Berlin, 1859; 2 vol. in-4° et 11 cahiers in-8°. Die Fortschritte der Physik im Jahre 1857; dargestellt von den physikalischen Gesellschaft zu Berlin. XIH® Jahrg., 2° Abth. Berlin, 1859; 4 vol. in-8°. Chemische Untersuchung der Hermannsborner Stahl- und Saurquellen; von D" Wilh. Von der Mark. Dortmund, 1860; 1 broch. in-4°. . Senckenbergischen natur forschenden Gesellschaft : — Abhand- lungen, lle" Bandes, 1** Lieferung. Francfort S/M, 1859; 1 ca- hier in-40, Universität zu Kiel : — Schriften aus dem Jahre 1858, Band V. Kiel, 1859; 4 vol. in-4°. . Compte rendu annuel adressé à S. Exc. M. de Brock, ministre des finances ; par le directeur de l'Observatoire physique central, A.-T. Kupffer. Année 1855. Saint-Pétersbourg, 1856; in-4°. Rendiconti delle adunanze dell Accademia economico-agraria dei Georgofili di Firenze. Triennio MI, anno 5, disp. 6°-7°. Florence, 1859; 2 broch. in-8°. Atti dell imp. reg. Istituto Veneto di science, lettere ed arti. Tomo Ve, seria terza, disp. 2-3". Venise, 1839-1860; 2 broch. In-8S?, Observations météorologiques faites à l'observatoire de l'École Polytechnique à Lisbonne. Octobre à décembre 1859; in-plano. Linnean Society of London : — Transactions, vol XXI, p- 5- 4;— Proceedings, Botany, n° 7-15, supplément, n° 12, — Zoology, n% 7-15 — List, 1838, 1859; — address of Th. Bell, esq., ete., the president, read at the ann. meeting of the Linn. ( 260 ) | Society, on monday, 24 mai 4838, — mai 24, 1859. Londres, 1858-1859; 2 cahiers in-4° et 24 broch. in-8°. Architectura numismatica , or architectural medals of classic antiquity, illustrated and explained by comparaison with the monuments and descriptions of ancient authors, and copious text. One hundred lithographs and woodcuts; by T.-L. Donald- son. Londres, 1859; 1 vol. in-8°. Popular tables arranged in a new form, giving information at sight for ascertaining according to the carlisle table of mor- tality the value of lifehold , leasehold, and church property, re- newal fines, ete.; by Charles Ab. Willich. Fourth edition. Lon- dres, 1839; 1 vol. in-8°. Royal irish Academy : — Transactions, vol. XXH; — Pro: ceedings, vol. VIF, parts 4-8. Dublin 1858-1839; 1 vol. in-4° el 7 broch. in-8 Memoirs of the geological survey in India. Vol. 1, part |: Calcutta, 1839; 1 vol. gr. in-8°. k Journal of the geological Society of Dublin. Vol. 1, part dt: vol. HE, part 4-4; vol. IV, part 1-2; vol. V, part 1-3; vol. VI, per 1-2; vol. VIH, part 4, 4 et 5; vol. VIH, part 4-2. Dublin, 1858- 1859; 18 broch. in-8>. On the iron ores of carnarvonshire ; — Experimental resto” ches on the granites of Ireland ; — On some rocks «nd mine" als from central India, including two new species hislopite and hun- terite; — On the felspar and mica of the granite of Canton: ~ On the black mica of the granite of Leinster and Donegal: its probable identity with Lepidomelane; by Samuel Haughton- Dublin, 1854, 1858 et 1859; 5 broch. in-8%. : E The american Journal of science and arts, second series. Vol. XXIX, n° 85. New-Haven, 1860; in-8°. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1860. — No 5. CLASSE DES SCIENCES. —_—_—_ Séance du 5 mars 1860. M. Van BENEDEN, directeur. M. Ap. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius, Sauveur, Timmermans, Wesmael , Martens, Cantraine, Kickx, Stas, De Koninck, À. De Vaux , de Selys-Longchamps, Gluge, Nerenburger, Melsens, Liagre, Duprez, Brasseur, Poelman , d'Udekem , Dewalque, membres; Schwann , Lamarle, associés; Ernest Quetelet, Montigny, correspondants. M. Éd. Fétis, membre de la classe des beaux-arts, assiste à la séance me A SÉRIE, TOME IX. 18 ( 262 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'intérieur répond à la demande qui lui a été faite, que les académiciens ne sont point exclus des concours extraordinaires qui seront ouverts par le Gouvernement, en conformité de l'arrêté royal du 10 dé- cembre dernier, relatif à l'emploi des 5,000 francs non décernés par le jury du prix quinquennal des sciences physiques et mathématiques. — La Société linnéenne de Londres remercie pour le dernier envoi des publications de la compagnie. — M. Ch. Willich écrit à l'Académie en lui faisant hom- mage de ses tables populaires sur différents sujets scien- tifiques. — Remerciments. RAPPORTS. M. Kickx fait connaître que la commission pour la Bio graphie nationale s'est réunie avant la séance; que les membres se sont mis d'accord sur la forme qu'il convient de donner à la publication projetée; et que le plan, Fe Visoirement adopté, sera soumis au jugement de P'Acadé- mie entière, dans sa prochaine séance générale du mo'š de mai, avant de le soumettre au Gouvernement. ; La réunion se composait des représentants des 1:05 ar eae SS A R LT ( 265 ) classes, MM. Gachard, président de l'Académie, Kiekx, Wesmael, Van Hasselt, Ad. Quetelet et le baron Jules de Saint-Genois, qui avait bien voulu se charger de la rédac- tion du projet et du règlement des travaux. — La commission académique, composée de MM. Ne- renburger, Martens, Stas, Liagre et De Koninck, propose deux questions pour les concours extraordinaires à ouvrir par le Gouvernement dans le domaine des sciences phy- siques et mathématiques. Quelques membres font remar- quer que les deux questions appartiennent aux sciences physiques et que les mathématiques ne figurent pas au programme. Il est répondu que le programme n'est pas définitif et que la classe peut le modifier. Différentes ques- tions nouvelles sont proposées; le secrétaire aura soin de les réunir et de les faire imprimer avant la prochaine séance, pour permettre à la classe de fixer son choix, EE COMMUNICATIONS. Orage du 19 février 1860, note de M. Ad. Quetelet, directeur de l'Observatoire. Le dimanche soir, 19 février, a éclaté, sur la Belgique, le plus terrible orage dont les annales de la science fassent mention pour ce pays. Il a suivi à peu près la route ordi- naire que parcourent la plupart des fléaux semblables qui ont affligé nos contrées. Vers sept heures, il éclatait Sur Rolleghem et Courtrai; une heure après, ses ravages Sexercaient sur Gand, Bruxelles el les environs d'Anvers; ( 264 > se détournant ensuite vers Liége, où il éclatait à neuf | heures, semant la dévastation sur son passage, il pénétra sur le territoire prussien , et, vers dix heures, il incendiait l'église de Melhem près de Cologne. Pendant ce trajet, l'orage se dédoublait : vers neuf heures du soir, il frappait plusieurs tours dans les environs de Charleroi, et se dirigeait également sur Liége, en longeant la Sambre et la Meuse. y Jamais l'orage n’a atteint, dans notre pays, autant de points à la fois: il est tombé sur plus de vingt clochers qu'il a plus ou moins endommagés; ce sont les églises de | Saint-Martin à Courtrai , de Rolleghem, de Moni Nazareth , de Berchem près d'Audenarde, d'Oordegem, 7 Saint-Rombaut et de Notre-Dame à Malines, de Saints-Jean et Nicolas à Schaerbeek, de Saint-Gommaire à Lierre, de Puers, d'Aertselaer, de Wesemael , de Rillaer, d'Aerschol, de Hoegaerde, de Lobbes, de Walcourt, de Marchienne- au-Pont, de Saint-Paul à Liége, de Melhem et M‘ berg dans la Prusse rhénane. De ces vingt-deux églises, 7 cathédrale de Liége est pour ainsi dire la seule qui a souffert aucun dommage; et c’est au paratonnerre qui surmonte qu'elle a dû cet avantage. ol On peut Comparer à cet orage celui qui éclata avec du de violence sur une partie de la France dans la nuit z 14 au 45 avril 4748. M. Duprez, membre de ra fait observer que la foudre tomba alors sur ari clochers. Voici le renseignement qu'il a bien voulu communiquer : : « et Académie des sciences de Paris a palo tré dans ses volumes (1) les détails relatifs à un oragé (1) Année 1719, partie historique, page 21. (265 ) marquablé qui éclata sur une partie de la France dans la nuit du 14 au 45 avril 1718. Du rapport transmis à ce sujet par Deslandes, il résulte que, pendant cette seule nuit, la foudre tomba sur vingt-quatre clochers, dans les- pace compris, le long de la côte de la Bretagne, entre Lan- derneau et Saint-Pol-de-Léon , et occasionna la mort ou de graves blessures aux personnes qui, d’après la funeste habi- tude de cette époque, sonnaient les cloches dans l'espoir d'écarter le météore. » f L’orage qui, durant la soirée du 19 février dernier, a sévi presque simultanément dans un grand nombre de localités de notre pays, a produit des désastres dont il est bon, je crois, de conserver également le souvenir. La fou- drea frappé vingt-deux tours ou clochers, indépendamment de deux maison et d'un moulin. Voici, d’après les rensei- gnements puisés dans les journaux, les divers lieux où ces accidents sont arrivés. Bruxelles. — Un orage épouvantable a éclaté dimanche Soir, Rien ne saurait donner une idée de la violence de celte tempête de neige, de bourrasques, de rafales, d'éclairs et de tonnerres qui, phénoméne atmosphérique des plus rares à cette époque de l’année, s'est abattue cette nuit sur la capitale. : La foudre est tombée dans la cour d'une maison contigué à l'église Saints-Jean et Nicolas, faubourg de Schaerbeek ,/ et a failli faire deux victimes. La fabrique: de chicorée de M. Navez Van Themsche, chaussée de Jette, à Koekelberg, a eu beaucoup à souffrir de l'orage, La cheminée principale servant de foyer à la Machine à vapeur a été détruite. Vers le milieu de la nuit la tourmente s'est apaisée, et (266 ) la neige, qui a continué de tomber, couvrait hier matin le sol à une épaisseur de plusieurs centimètres. Courtrai. — Hier dimanche, vers sept heures du soin, le plus horrible temps, pluie battante, tempête continuelle, a régné sur notre ville. Un violent orage, accompagnée | gros grélons, a éclaté, et tout à coup un craquement for- a midable, précédé d'un rapide et brillant éclair, se fit en- tendre. Les' habitants effrayés du quartier avoisinant l'église Saint-Martin, virent que l’une des quatre tourelles de cette église, frappée par la foudre, était en feu. Aussitôt tout le monde fut sur pied, et on put éteindre l'incendie. Rolleghem, arrondissement de Courtrai. — Un journà signale que le clocher de cette commune a été foudroyé, mais il ne donne aucun détail. Moorslede, arrondissement de Roulers. — Vers six heures, on entendait dans Vair-un bruit sourd, avant-coureur des orages. Bientôt les nuages s'amoncellent, le vent le plus violent s'élève : il tombe à la fois et de la neige el de la pluie, pendant que les coups de tonnerre redoublent à chaque instant. C'était un spectacle vraiment émouvant, aussi avons-nous bien des désastres à déplorer. a a renversé quelques petits bátiments, enlevé la toiture a bon nombre de maisons, déraciné des centaines d'arbres et maltraité même quelques habitants. : F De plus, la foudre est tombée sur la tour de l'église. Vers sept heures, on entendit un coup de tonnerre Si aigi et si perçant que personne ne put douter de sa chute. 4% effet, aussitôt après, le sommet de la tour était en fet, sans secours instantané, c'en eût été fait de la fèche 0 peut-être de l’église tout entière. On est parvenu à maitriser : le feu en moins de deux heures. (267 ) Beerst, arrondissement de Dixmude.— La foudre a frappé l'aile d'un moulin. L'heure n’est pas indiquée. Gand. — Dimanche au soir, vers huit heures, un orage a éclaté sur cette ville et a occasionné un grand malheur à Nazareth. Nazareth-lez-Deynze. — Dimanche soir, vers sept heures un quart, à la suite d’un violent coup de tonnerre, l'on Sapercut que l'extrémité de la flèche de l’église, près de la croix, était en feu. A la hauteur où l'incendie avait éclaté et à cause de la violence du vent qui soufflait à cette heure, on ne pouvait espérer de l'éteindre; aussi les flammes se propagèrent- elles avec rapidité, et peu de minutes après, la tour entière était en feu. La violence du vent rendit les secours à peu près inu- tiles. Vers onze heures, la tour s'abima avec la croix, les cloches et la charpente : ce fut un fracas épouvantable. Bientôt la sacristie et la partie Est de l'église ne présentè- rent plus qu’un immense brasier. À minuit, tout espoir de se rendre maître des flammes avait disparu. Le clergé et les habitants de Nazareth uni- rent alors leurs efforts pour sauver le mobilier; mais toutes les tentatives faites dans ce but furent infructueuses; l'ar- deur du feu empéchait que personne ne sen approchát. Aujourd'hui les quatre murs de l’église restent seuls debout : tout le reste de l'édifice ne forme qu'un monceau de ruines fumantes. à Berchem-lez- Audenarde. — Hier, à huit heures du soir, le tonnerre est tombé sur la flèche du clocher de l’église : en un instant la partie supérieure était en feu, et aurait été infailliblement détruite par l'élément destructeur sans 'audace de trois habitants, qui ont eu assez de sang-froid ( 268 ) pour monter, au péril de leur vie, par l'intérieur du clo- cher, jusqu’au lieu de l'incendie, et ont pu, après une demi: heure d'efforts inouis, éteindre le feu en détachant les pièces de bois enflammées. Oordegem , arrondissement d'Alost. — En trois quarts d'heure, le feu allumé par la foudre au clocher de l'église a été éteint. Anvers. — Hier soir, nous avons eu un temps assez sin- gulier. Les éclairs sillonnaient les nues, et le tonnerre St faisait entendre pendant que la neige tombait à gros flocons : et que le vent soufflait avec violence. Le mauvais temps a duré une grande partie de la nuit. Ce matin encore là neige a continué de tomber presque sans interruption. Aertselaer, arrondissement d'Anvers. — La foudre est tombée sur le clocher de l'église; le dommage n'est pis considérable, Malines. — Hier, vers huit heures du soir, par suite d'un fort orage, la foudre est tombée sur la tour de Notre-Dame, au delà de la Dyle. Heureusement on s’en aperçut à temps, et, à dix heures, on croyait le feu éteint, quand une heut? après, le tocsin sonna de nouveau; des secours arrivèrent, et trente minutes plus tard tout danger avait disparu. Un journal cite également le clocher de Saint-Rombaut comme ayant été frappé par la foudre, mais sans ajouter aucun détail. E j k Puers , arrondissement de Malines. — La foudre est 100" bée hier soir sur l’église, Les habitants sont parv rendre maîtres du feu, mais il parait que les dégâts sont assez considérables. Lierre. — La foudre est tombée sur la tour de | Saint-Gommaire. Le feu s'est communiqué à deux pos presque au sommet de la tour. Grâce à de sa église j ges préc enusà® ( 269 } tions prises par plusieurs habitants accourus aussitôt sur le théâtre du sinistre, on a pu se rendre maître du feu. Louvain. — Dimanche soir, vers huit heures et demie, un fort orage a éclaté sur la ville et les environs. Wesemael, arrondissement de Louvain. — La foudre est tombée sur l’église et y a mis le feu; la tempête qui régnait à propagé l'incendie. La neige qui tombait en ce moment, mélée aux rafales de pluie et de grêle, rendait les secours difficiles; toutefois les boiseries de la tour ont été seules incendiées. Rillaer , arrondissement de Louvain. — La foudre est tombée sur les tours d'église des villages voisins : Wese- mael et Rillaer. Ces tours sont complétement détruites. Les dommages sont considérables. Aerschot. — L'orage de dimanche soir, qui a causé tant de sinistres, ma pas épargné notre ville. Vers huit heures, la foudre est tombée sur la flèche de notre antique cathédrale, et le feu s’est déclaré aussitôt au sommet de la tour. En moins d'une heure, le sommet était un immense brasier, lancant des gerbes de feu qui venaient retomber en pluie d'étincelles sur toute la ville. . Ce west que gráce à une épaisse couche de neige que les maisons ont été épargnées. Aux premiers sons du tocsin, toute notre population était sur pied; on est parvenu à monter une pompe près du foyer de l'incendie, et gràce à ce puissant secours, On à pu circonscrire le feu au sommet de l'édifice, lequel est entièrement consumé sur une largeur de trente-cinq pieds environ, L'église a peu souffert. „Hoegaerde, près de Tirlemont. — Dimanche, 19 de ce Mois, lors de l'orage épouvantable mêlé d'éclairs et de (270 ) | tonnerre, que différentes parties du royaume ont essuyé, la foudre est tombée, vers huit heures et demie du soir, sur le clocher de l’église d'Hoegaerde, laquelle est une des plus belles églises des communes rurales de la pro- vince, et y a mis le feu en trois endroits différents. Grâce à l'activité, au dévouement et au courage des habitants, qui se sont empressés de venir au secours, en moins d'une demi-heure le feu a été éteint. Les dégâts sont de peu d'importance. Charleroi. — Hier soir, vers neuf heures, un orage passé sur notre contrée ; aux éclairs et aux Coups de ton- nerre à succédé bientôt une grêle épaisse, puis de la neige abondante qui a tombé une partie de la nuit. Le vent sest remis ensuite au nord. Ce matin il avait gelé assez fort, el la neige a recommencé à tomber avec une extrême abon- dance. Il y en a au moins un pied d'épaisseur sur nos cam- pagnes et dans nos rues. L'orage, qui a éclaté hier soir, a frappé trois églises de nos environs, celles de Lobbes, de Walcourt et de Mar- chienne-au-Pont. Toutes trois ont été atteintes entre neuf et dix heures. : Marchienne-au-Pont, arrondissement de Charleroi. 7 La foudre a atteint le cadran extérieur de l'horloge, brisé les aiguilles, puis, pénétrant à l'intérieur, elle est sortie par le portail sans occasionner d'autres dégâts. Lobbes, arrondissement de Thuin. — La foudre est tom" bée sur la croix qui surmontait le clocher, et l'a renversée; en même temps, elle a communiqué le feu à la pointe pe clocher. a Grâce à de prompts et intelligents secours, l'incendie fut bientôt comprimé. A minuit tont danger avait dispari. L'extrémité du clocher a seule été endommagée. (94) | Walcourt, arrondissement de Philippeville. — Les effets dé la foudre ont été moins graves que dans les localités précédentes; elle a seulement effleuré le clocher de l'église en brisant une voie d’ardoises. Namur. — Une violente bourrasque, accompagnée d'éclairs, de coups de tonnerre et de neige, a sévi hier, dimanche, vers neuf heures du soir, sur notre ville. Pen- dant la tourmente, qui n’a duré que quelques instants, le vent soufflait avec une fureur extrême. Le temps était hier au dégel; mais, dans la nuit, le vent a sauté de l’ouest au nord, et il a gelé de nouveau. Liége. — Hier soir, vers neuf heures, le vent se leva avec une impétuosité étonnante et fondit sur notre ville en manière de trombe, soulevant des flots de neige qui se mélaient à une grêle épaisse dont la nuit fut pour ainsi dire obscurcie. En quelques minutes, la tourmente attei- gnit son plus haut degré. C'était une vraie tempête. Un éclair, d'un éclat éblouissant, auquel succéda immédiate- ment un très-fort coup de tonnerre, illumina le ciel dans son immensité. Cet éclair fut suivi, à peu de distance, de deux autres coups de foudre également violents. Puis tout cessa : vent, pluie, neige, tonnerre; la bourrasque avait tout emporté avec elle, se dirigeant vers l’est avec une rapidité sans égale, Si passagère qu'ait été cette tempête, la grêle et la neige n’en étaient pas moins chassées avec tant d'impé- tuosité vers la terre qu'en un instant le sol en fut cou- vert, La neige a encore tombé en abondance pendant une partie de la nuit. Dans les campagnes environnantes, la couche de neige a, ce matin, près d'un pied d'épaisseur. On rapporte que pendant l'orage, an moment où a ( 272 ) brillé le premier éclair, les environs de la cathédraleont | paru tout en feu. La maison du sonneur, adossée à la tour, | a été remplie d'une fumée sulfureuse qui a obligé d'en ou- vrir les fenêtres. On présume que la foudre est tombée sur le paratonnerre de la cathédrale, mais on n’a pas trouvé de trace de ce passage. Ces détails, donnés par les journaux, ont été affirmés par a M. de Selys-Longchamps, qui se trouvait, en ce moment à Liége. à Waremme. — Les mêmes phénomènes s’y sont produits, vers huit heures et demie, d’après M. Ghaye. Ils pren: a taient le caractère d'une trombe étroite de cent vingt-cinq mètres environ. +0 Spa. — Dimanche, vers neuf heures et demie du soif, un tourbillon de neige s'est abattu sur notre ville o une violence extraordinaire. Uu coup de tonnerre dag fait entendre sans produire d'accidents; mais, en peu d'in- stants, il y avait plus d'un demi-pied de neige dans les rues. Les routes de Stavelot et de Malmédy sont radicalement encombrées, et les voitures n’y circulent que sur traineau, comme en pleine Russie. H Melhem , près de Cologne. — Pendant l'orage qui a éclaté dimanche, 49, à dix heures du soir, la foudre est tombée sur l'église et l'a incendiée entièrement. Toutes les mai- sons de l'endroit ont été épargnées. Suivant une communication faite à la Gazette de se logne par le docteur Garthe, à l’occasion de l'orage se K manche dernier, les orages sont si rares dans les ma décembre, janvier et février que des observations jors lies à Berlin, depuis 1701 jusqu'a 4787, établissen i n'y en a eu dans cet espace de près d'un siècle que sis € décembre, cinq en janvier et huit en février. (273) Voyons maintenant les indications des principaux in- struments météorologiques pendant cette effroyable tem- pête, qui semble plus spécialement avoir sévi dans notre royaume. Variations météorologiques recueillies à l'observatoire royal ruelles. PRESSION VENT INFÉRIEUR. barométriq PÉRAT, (2). DATES. diet centigrade Notes. réduite à e Pair. | Direction. | Intensité, zéro À s mm. k 19 févr, midi. | 750,31 573 oso. 0,25 Temps gris, incertain ihs. | 49,0 3,9 oso. as: TE i e E 2 47,8 4,8 0S0. 0,25 peu de dsigé qui fond en 5 46,65 4,8 SO. 0,30 mbant, et l'après-midi 4 45, e 4,6 050. 0,30 quelques gouttes d'eau, 5 45,8 5,4 SO. 10 | entre 5 et 4 heures. — Vers 6 43, 3,1 | OSO. | 1,20(5)] 8 h. du soir a éclaté subi- 7 41,9 1,6 050. 1,90 (6) tement un orage; chu 5 (2 8 > ( de 5,4 (5) ONO.(4%)j 0,65 suivie de neige et ATT > 9 41, 0,6 O. 0,55 rt ou 10 40,8 0,1 050. 0,50 Après 9 h., le ciel s’est ” 11 41, 0,2 O. 0,30 pais par intervalles.— 20 févr. minuit, 41,2 0,8 ONO. 0,25 e lendemain, 20, neige im. | 41, 0,9 ONO. | 0,20 2 21 À 0.20 tinée; à midi, on a re- 5 M, SoA 9: 05 | evem À omo d'eau. 4 41 — 1,2 ONO. | 0,25 5 41,0 |—1,9 O. 13 6 40, 2,6 oso 0,05 7 40,8 |—92,9 OSO. | 0,05 8 40,6 2,0 oso. 0,20 9 40,56 |—1,5 OSO. | 0,20 10 40,6 ; ONO. | 0,25 À 41,1 0,7 ONO. 0,20 midi, 41,18 1,2 ONO 0,20 he ) La directi q le qu hi a Tr s n heure de l’annotation, tandis hu Mtensité expri epr Fat to d'ii anglais de côté, du plus fort d ad CES tre7h.88m. et 8 h. 5 SR az qui 140mm 5 à 7410™,7. li A 8 h. 50 m., la température était descendue à + 0° (s Vers 7 he 50 m., le pre de POSO à PONO. t ) Vers 6 h. 50 m, des e oups de vent croissant d'intensité se succèdent par inlerrup- ion depuis 5 h, 3 (8) Vers 7h. isas > ; ensuite 1 t complé ement vers 8 heure y i y (274) On voit qu'au moment du passage de l'orage, le baro- mètre était très-bas : il a subi en ce moment une secousse assez forte. Le thermomètre et le vent ont éprouvé égale- ment des oscillations très-sensibles. La chute de la neige el de la grêle emportées par la violence des vents, ne per- mettait pas aux bâtiments de présenter des conducteurs naturels depuis leur sommet jusqu’à la base, et c’est pro bablement à cette circonstance que sont dus la plupart des désastres physiques que nous signalons. Stavelot. — Voici les renseignements qu'a bien voulu me communiquer M. le professeur Dewalque : « L'orage que je n’ai remarqué à Stavelot que par des éclairs, à dé très-fort à Beaumont. | i A y oros gorra ÉTAT DU CIEL, VENTS} QUANTITÉ D'EAU; i servés à Stavelot, le 49 darie 1860. a INSTRUMENTS 6h 9h gh 6h ; observés, matin. | matin, a. aus soir. soir, | matin. À : : apio (m77 e Baromètre à 0°, |736m,40|733m,02 731,24 . [7295011207 an A Psychromètre, . | 0%6-0%0 | 193-026 128-132 138-432 157-450 251-551 à Thermomètre. . | 0,6 1,4 2,0 1,9 1,8 -2,8 a maximum 5,5 T | minimum 0,6 a Sérénité Ke S S 0 0 0 0 ; 2 bra E Vents (supér.). . [NNE-1 0-4 0-5 0S0-5 r N02 Vitesse. : : Quantité d'eau. | » SN mm5 > » » le 20, ri 83, de : les 5/7 de acig 3 3 Les premiers éclairs observés à Stavelot, Pont été Ye du soir; Je RES TR six heures et demie et les derniers vers huit heures mais on a observé sans soin. Il neigeait abondamment: wai pas entendu le tonnerre. Re OS CSE de LT PRES RÉCENT Eee (273 ) À Beaumont, village à une lieue à l’est de Stavelot, sur le versant méridional de la vallée de Amblève, l'orage a éclaté à onze heures et demie du soir, et a duré plus d'une heure , avec violentes rafales de neige. — M. Duprez a bien voulu me remettre les renseigne- ments suivants qu’on lira sans doute avec intérêt (1). « Le recensement ci-dessus. montre que toutes les pro- vinces de notre pays, à l'exception du Limbourg et du Luxembourg, ont payé leur tribu à l'orage du 19 février; il montre aussi que des vingt-deux explosions de la foudre qui ont eu lieu, quatorze ont déterminé des incendies plus Ou moins considérables qui causèrent, entre autres, la destruction complète de deux églises. Parmi les édifices atteints, un seul était pourvu de paratonnerre, et, comme on devait s'y attendre, la foudre s'est écoulée sans produire le moindre dégât : cest la un nouvel exemple de Pelfica- cité des paratonnerres propres, comme tant d'autres, à faire Ouvrir les yeux à ceux qui, dans notre pays, reculent en- core devant l'emploi de ce moyen préservatif. » Je rappellerai , à cette occasion, que, dans ma Sta- listique des coups de foudre qui ont frappé des paratonnerres 0u des édifices et des navires armés de ces appareils (2), j'ai mentionné cent soixante-huit cas de paratonnerres fou- droyés, parmi lesquels il ne sen trouve que vingt-sept, Cest-A-dire environ un sixième, où les paratonnerres , , Par suite dé graves imperfections constatées dans leur a 0 i (1) Nous avons reçu encore depuis une notice obligeante de M. Bernardin € Melle, près de Gand , mais qui cite les mêmes localités que nous avons dé- Signées, (2) Mém. de PAcad., tome XXXI. ( 276 ) construction, n’ont point complétement préservé les édi fices ou les navires qui les portaient. Ce résultat estds plus concluants en faveur de l'efficacité des paratonnerres, et il est, sans aucun doute, la meilleure réponse qu'on puisse faire aux objections mises en avant contre l'emploi des appareils dont il s’agit. > Les effets produits par Porage du 19 février vienne encore à l'appui de l'opinion qui admet que les orages des saisons froides sont plus dangereux que ceux des mois chauds. On sait qu'Arago partageait cette opinion, etquil chercha à la soumettre à l'épreuve de Pobservation, du moins pour les orages qui se manifestent en mer. En clas- sant par mois tous les coups foudroyants à dates certaines, signalés par les navigateurs et dont il avait tenu note, le. savant physicien français trouva que, malgré un nombre d'orages considérablement moindre en hiver qu'en été, les coups de foudre frappant des navires étaient cependant dé rhénane, entre autres lieux à Melhem, où l'église a réduite en cendres, et à Heinsberg, où le fluide men a mis le feu à la tour de l'église de Saint-Gangolpie i p Hollande, le tonnerre s’est fait également entendre; Mi on ne dit point qu'il y ait commis des dégâts. beaucoup plus nombreux dans la première saison que dans la seconde, » 9 Ce n'est pas seulement en Belgique que l'orage dul février a fait des ravages, il a aussi sévi dans la Prusse (271) Communication relative aux moyens de prémunir les édifices contre les ravages de la foudre; par M. Ad. De Vaux, membre de l’Académie. Le dimanche 19 février 1860, des nuages de neige, fortement chargés d'électricité et poussés par un vent des plus violents, ont présenté ce phénomène remarquable de frapper de la foudre un grand nombre de tours et de clo- chers situés en Belgique, et à peu de distance de nos fron- tières, dans les pays voisins. Ce fait concorde parfaitement avec les explications dé- veloppées par notre savant confrère M. Ad. Quetelet, dans une des dernières séances de l'Académie, à savoir que l'utilité des paratonnerres est surtout incontestable quand la foudre éclate avant la pluie, avant que les surfaces soient mouillées et offrent au fluide un moyen de s'écouler jusqu’au sol par l'extérieur des monuments. Ici, en effet, le vent Wapportait qu'une neige sèche et fine, et encore n'est-elle tombée qu'après le contact des nuages avec les sommets des édifices, c’est-à-dire après que les premières décharges du fluide avaient eu lieu. À ce point de vue, je crois opportun de parler d'une disposition administrative récente qui ne peut manquer de recevoir votre approbation. Un arrêté royal du 21 juil- let 1858 prescrit, pour les magasins à poudre, l'emploi « d'un toit en tôle galvanisée, muni d'appendices métal- > liques servant de conducteurs et plongeant profondé- > ment dans le sol en séloignant du pied des murs. » Des chéneaux métalliques feront partie de la toiture; > ils ne pourront être fixés aux murs. » Revenant à l'orage du 19 février, je me demande ce qui 2"* SÉRIE, TOME IX. 19 (278 ) : serait advenu si, en l'absence d'une couverture protectrice de ce genre et, à défaut de bons paratonnerres, les édifices foudroyés avaient été pourvus, depuis le sol jusqu’au faite, d'un ou plusieurs conducteurs métalliques d’une grosseur suffisante, Il me paraît vraisemblable que le fluide se serait | porté de préférence par cette voie vers la terre et que les monuments eussent eu beaucoup moins à souffrir. C’est un point généralement admis, à la suite de nom- : breux exemples, que les choses se passent comme si la foudre était attirée par les parties métalliques qui entrent dans nos constructions : on la voit souvent suivre et fondre | les cordons des sonnettes, serpenter d'une ancre à l'autre sur la face de nos murs; on sait le rôle que joue dans le paratonnerre la barre conductrice du fluide; on sait enfin ce qui arrive quand cette barre présente des solutions de a continuité ou qu’elle ne communique pas assez intimement - avec le sous-sol. Qu'il me soit permis, à ce sujet, de vous : entretenir d’un fait assez remarquable observé à Pumver sité de Liége et dont je Wai pas souvenir qu’il vous ait élé : rendu compte. Il y a deux ou trois ans, pendant un fort r orage, un élève de l’École des mines était au tableau pour | un examen de chimie. Il avait derrière lui, à la distan de 30 à 40 centimètres, les conduits en fonte servant au à chauffage des salles par la vapeur; ces tuyaux aboutissalenh 4 d'une part, à une chaudière placée au rez-de-chausst mo de l'autre, à un tuyau de décharge ouvert à la naissante a du toit. La foudre éclate, et en même temps une étincelle E bien nourrie, partant des tuyaux , vient frapper le jeune a homme dans les reins et lui fait éprouver une sense” à étrange et quelque peu douloureuse. L'explication est"? simple pour que je m'y arrête , el je me contenteral vs résumer en affirmant que rien ne se serait mani w dehors des tuyaux, si ceux-ci, au lieu de s'arrêter r (279 ) chaudière supportée par une maçonnerie plus ou moins isolante, s'étaient prolongés sans interruption jusqu’à une certaine profondeur dans le sol. Toutes ces observations concourent à établir la garantie que pourrait offrir, pour nos constructions, la présence de lignes non interrompues de substances conductrices de Pélec- tricité depuis le faite jusqu'au-dessous des fondations. Si cette opinion est partagée par la classe, il paraîtra peut-être utile de la signaler à l'attention du Gouver- nement, en décidant l'insertion de la présente note au Bulletin. La classe a également écouté avec intérêt quelques détails particuliers qui lui ont été donnés par MM. de Selys-Longchamps, d'Omalius, Dewalque, ete. M. Ami Boué, membre de l’Académie impériale des sciences de Vienne, adresse au Secrétaire perpétuel une lettre renfermant le programme d'une nouvelle publica- tion qu'il fait connaître dans les termes suivants : « Je vous avais promis, il y a deux ans, de faire imprimer le catalogue méthodique de 30,075 sociétés et de 10,548 Journaux périodiques, non compris 6,000 journaux poli- tiques, 4,063 journaux d'amusement et 3,051 écrits de Sociétés savantes, 14,959 instituts, universités, musées el écoles supérieures publiant 514 écrits divers. > de suis forcé d'ajourner à un moment plus calme o de ce catalogue, et, d'autre part, je disparait Adant publier au moins un tableau numérique el sy NOplique des résultats. Je vous envoie, comme prospectus, € commencement de ce tableau général, tout en vous fai- - (280 ) sant remarquer que, dans mon travail définitif, je placera a dans des colonnes séparées, les différentes publications: i bulletins, mémoires et comptes rendus annuels des cod y tés savantes. he DÉSIGNATION des q SCIENCES ET DES MATIÈRES. Sciences. .| | Sans siége central fixe . . . . . | 479-481 pet a | A siége central fixe. . . . . . . |] 48-50 ey K 2 | De société à résidence fixe . . . . 8456 |. W Arts . . EN De délégués d iôtés > Po 57 Y Oo Y S | Pour des royaumes . . . . . : die |! Économie $ — des régions . . . . . +. + y 4 domestique. 2 | — des provinces nationaux. . ¡pues our E . Sociaux et} — un pays . fio del internationaux Ep ci répétés . . . cosmopolites périodiques. > - Sciences d ist de toute espèce, y compris les toute espèce.| écoles académiques avec les anciennes. Sciences (| Académies de A ordre. . et érudition. Demi-académi Sciences, arts et belles- E e ied : ` lettres, ee do éduca-< Grandes sociétés. . . . - tion soi gné Petites sociétés . gamas : Physiques, chimiques et naturelles avec » géo- Eme arts et belles-lettres, Mathématiques S. se avec ie vies PES LA E Mami et physique . — avec les sections taie : » À ce tableau devraient se joindre, comme corollaires, d'autres tableaux faisant la répartition des races, des enltes, de la chronologie et des lieux où se trouvent les sociétés ou les publications... » NS, PUBLICATIONS. Annuaires, comptes r $ $ ÉS, bulletins, mémoires et au Journaux périodiques. He 3 E vantes. -écoles MUSÉES. Heak eb , a To re T 1 TOTAL, ACTUEL. TOTAL, | ACTUEL. = » 83 81 | + - 20 20 P e » 6-8 1 ‘4 » 12-20 a] k | ELER | q | he | E i | S : 44-116 | 41-13 | a 4 b 56 48 EN » el » > qe lazo] w y 156) à 133) 192 ves » LA x » a it ; y 7 » » 215-218 ¿ 46-49 : ee » E Z » » 747--149 114-121 e » do i 50 12-13 le Environ 30 collections. 15-16 ro) 9 2 161 10-21 Environ 56 collections. + ( 282 ) DÉSIGNATION des SCIENCES ET DES MATIÈRES. a A A IN a ee Nos à si Ea na Sd à à. «© > OR DR su, + +) + ME st TE Magnétisme terrestre et météorologie. . . a pa Ne md Météorologie / sur des montagnes. . au même temps horaire . . aux solstices et équinoxes Phénomènes périodiques de la vie organique . ES O AO de Hydrométrie , commissions. . . . . =. Seismométrie , commissions. . . . . . . Physique et chimie . . . ABS... ouo n s. A R E E — avec les sections d'académies . . . — avec les sociétés de pharmacie. . . . . . . . . Pharmacie. . . . . . OR Ne nos mo de MaUTQqUe 0 A — avec les sections d'académies. (285 ) dd PUBLICATIONS. qe Í Annuaires, comptes rendus, VERSITÉS, AS ve Journaux périodiques. 3 MUSÉES. psico © Nombre 1 TOTAL. ACTUEL. TOTAL. ACTUEL. 67 = Ra él date E o 2 55 18-21 196- toires, 8 » 70 10 5 ls » » 11 2 ns » 3 2 1 1 e? » 2 2 9 9 : 6 Dont 2 rapports. » 6 1 8 | 4 rapports ti d'obser » » 2 1 Pp t dons: di à es p 13 13 4 rapports, au moins 80 collections d'observations. 2-31 » Au moins 29 29 i np »* Beaucoup. » » 1300-1330 nel Plus de 32 rapports. sde » » » » » E » “a. Plus de 1600-1620 collections d'observations. : » » » Pius de 50. Ñ > » » » Plus de 49. 4 » » » ve Plus de 45. ne” re” » » Plus de 42. E x » » Plus de 15 d » » » Plus de 170-200 { » » » Plus de 32 5 » » » Pour mémoire. Ba x 5-6 25 2-3 Fr 12 7 72 8 2 53 7 y » » » » » ppo ! 62 collections 23 répertoires- ? 2 » 3-4 Plus de 140 i t. Princip » 3 3 74 26-27 s » » 18 rapports à » » » l » collectio: 25 répertoires ai Jes écoles. , 22 10 67-68 | 52-53 SCIENCES NATURELLES. Géologiques. Paléontologiques. Géographiques. es. Horticulturales , ete. Haag Apiculture , ete, itair Technologiques de toute espèces Beaux-Arts SCIENCES D'ÉRUDITION. Historiques, ( 284 ) Archéologiques. Héraldiques. Pédagogie. re , ete. Éducatio Bubtimens a d'éduca- n supérieurs de toute ice). ne de lecture et bi- othèques principales. roma populaires. ÉCONOMIE POLITIQUE ET SOCIAL Juifs Émigrations. Esclaves. Protection des sauvages. e Nutrition. Mora Franc- a hiloso Borg avec buit grandes sous-divisions, d'après le but. Journaux d'amusements. Gazettes politiques. — M. Quetelet communique, d'après une lettre de M. Henri Storks Eaton, une note sur les oscillations 1a- pides du baromètre qui ont été observées, pendant la der- nière partie de 1859, en Angleterre et jusqu'en Belgique — M. Melsens fait une communication verbale 4 K perfectionnement d'un manomètre métallique , et M. lo - ‘Beneden sur un effet d' hypnotisme observé chez un mard. (285 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 5 mars 1860. M. Gacuarp, président de l’Académie et directeur de la classe. M. An. Querezer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. de Ram, de Saint-Genois, De Dec- ker, Snellaert, Haus, Bormans, Leclereq, Polain, Ba- guet, Faider, Arendt , Ducpetiaux , Kervyn de Lettenhove, Chalon, membres; Nolet de Brauwere Van Steeland, as- socié; Defacqz, Thonissen, correspondants. MM. Sauveur, Alvin, Ed. Fétis, membres des deux au- tres classes, assistent à la séance. ns ==] CORRESPONDANCE. n - le président du Sénat remercie l'Académie pour len- Vot de son dernier bulletin. — Il est remis un mémoire sur le lieu de naissance de Charlemagne. Ce sujet n'étant pas inserit au Concours ( 286 ) annuel de la classe, ce travail est déposé dans les archi- ves de la Compagnie. — M. J. Jehotte, correspondant de la classe des beaux: arts, fait connaître qu'il a exécuté le buste de feu M. De- a wez, ancien secrétaire perpétuel de l’Académie. I de mande que ce corps veuille honorer la mémoire du savant qui, depuis la réorganisation de l’Académie, en 1816, jusqu’en 1835, n’a cessé de lui rendre les services les plus importants. Tous les membres présents rendent hommage à leur ancien confrère, et expriment le désir que le local de l’Académie soit orné du portrait de cet écrivain de - mérite, qui a tant contribué aux progrès des études his- toriques. Une demande sera adressée à M. le Miaa e l'intérieur, pour obtenir que le Gouvernement fasse quisition du buste de M. Dewez. — M. Chalon fait hommage d'une brochure sur le ql | nier duc de Bouillon ; M. Quetelet présente également Y a pus le hysique, du ne exemplaire du travail qu'il vient de publier $ De la statistique considérée sous le rapport du p moral et de l'intelligence de l'homme. — Remerciments. COMMISSIONS. La commission pour la Biographie nati | présente, par Pintermédiaire de son président , UN du travail général que l’Académie aurait à faire pour , pondre aux désirs du Gouvernement. Ce rapport ÿ qu! on présenté à la réunion générale des trois classes, al aura lieu au mois de mai prochain. La commissi a onale des Belge mais ee RE IS TRES TU ele. sE ( 287 >) composée de MM. Gachard, président de l’Académie, Kickx, Wesmael , Van Hasselt, Quetelet et le baron J. de Saint-Genois, qui avait bien voulu se charger de la rédac- tion du rapport. — La commission nommée par l’Académie pour la pré- sentation de candidats aux places vacantes d'associés et dé correspondants de la classe, dépose sa liste de présenta- tion. La commission se composait des trois membres du bureau , MM. Gachard, président; de Ram, vice-directeur; Quetelet, secrétaire perpétuel , et des trois membres ad- joints, MM. Leclercq, De Decker et le baron J. de Saint- Genois. COMMUNICATIONS ET LECTURES. — Renaissance dela ville de Gand , aprés la retraite des pee du Nord. Notice par J.-J. De Smet, membre de l'Aca- démie, Déjà, sous le règne de Charles le Chauve, la ville de Gand avait une certaine importance, puisque, à cette époque, il y fut frappé des monnaies avec la légende se” (1), et celte importance ne fit que grandir quand l'Empereur accorda à Baudouin Bras de Fer, avec la main de sa fille, le titre et les honneurs de comte de Flandre. Baudouin se fit un devoir d'embellir et de fortifier les places les mieux (1) Leblanc, Monnaies des rois de France, p. 151. ( 288 ) situées de sa principauté (1); mais son attention fut bientôt appelée ailleurs, et ce fut le cas de dire : Pendent opera interrupta minaeque Murorum ingentes (2). ` Les flottes des pirates normands menacaient le pays, et le comte aimait mieux en défendre l'entrée à ces bar- bares que leur permettre de le ravager, en les attendant derrière les murailles de ses villes. Cette résolution était digne d’un esprit généreux et d'une âme fortement trem- pée : elle devait réussir, Aussi longtemps que vécut Ba douin , les corsaires du Nord insultèrent rarement, Où avec perte, le littoral flamand, trouvant moins de résis- tance à leurs rapines en Frise et dans la Grande-Bretagne. Malheureusement le comte, à qui ses talents militaires et sa bravoure assurent une place glorieuse parmi nos meilleurs princes (5), fut enlevé à son peuple vers 880, ne laissant que deux fils, dont l'aîné, qui lui succéda sous le nom de Baudouin le Chauve, ne manquait pas de gu et de valeur, mais avait à peine atteint sa dix-huitième année et ne possédait d’ailleurs ni le caractère généreux D! la loyauté de son père. Une expédition redoutable de Nor- mands, qui semblaient avoir guetté son avénement, abor en Flandre et vint prendre ses quartiers d'hiver à Gand, en 880. Toutes les fortifications qu’on avait construites depuis vingt ans pour leur résister, et tous les monastères situés le long de l’Escaut et de la Lys furent pillés et O (2) Aeneid., lib. IV. (3) Acta S. S. ord. St Ben., saec. II, p. 511. (1) Baudouyn fit édifier aulcuns chasteaux et forteresses. D'Oudegh I, p. 150. red- LA (289 ) - versés de fond en comble; les villes de Tournai, Saint-Omer, de Térouanne livrées aux flammes. Le tombeau de saint Liévin, à Hauthem, fat seul épargné. La situation de Gand , au confluent de deux rivières et près d’autres courants d'eau, avait engagé les pirates à faire de cette ville leur place d'armes et leur résidence la plus ordinaire (1). Ils s’y réfugiérent plus d'une fois, et en particulier après un échec que Baudouin le Chauve leur fit essuyer dans la forêt de Mormal , et, après leur défaite beaucoup plus san- glante, à Saulcourt en Vimeu. Leur séjour dans nos contrées se prolongea pendant plus de douze ans, marqués par les dévastations et les cruautés les plus affreuses : ils quittèrent le pays, quand ils eurent transformé en désert. La ville de Gand surtout, dont les deux abbayes ne présentaient plus que des amas de ruines noircies par le feu, avait perdu sa population presque entière. Le comte, qui avait d’abord eu soin de fortifier Bruges, où il s'était retiré, avec les débris d'Aldenburg (2), ne songea que plus tard à relever la ville de Saint-Bavon. Est-ce à lui ou à son père qu’on doit la fondation de la forteresse célèbre appelée depuis Petra Comitis ou s Gravensteen ? Nos annalistes ne s'accordent pas sur ce point historique. Tandis que d'Oudegherst Vattribue à Baudouin Bras de Fer, plusieurs autres écrivains en font honneur à son fils. Comme le traité de Verdun, signé vers 843, avait placé Gand à l'extrême limite entre le royaume de France et PEm- pire, et que dès lors les Normands menacaient nos pays, la première opinion peut très-bien se justifier; mais après (1) Contra Nortmannos in Ganto residentes, Annal. BERT., ad an. 880. (2) Aujourd’hui Oudenburg. (290 ) tous les ravages exercés par ces barbares, la construction du château se motive aussi justement. Nous sommes porté à croire que le comte Baudouin 1* a fondé la forteresse, à mais qu’elle fut rasée par les Normands, et que son sut- cesseur fut obligé de la reconstruire entièrement. Ainsi se i concilieraient les deux opinions. Ce château, qui porta d’abord le nom de Castrum novum (1), sans douu né position avec le Castrum où saint Amand établit l'abbaye de Saint-Bavon, étendit plus tard ses fortifications depuis l'endroit où les eaux de la Lieve se mêlent à celles dela Lys jusqu'au pont de la Lieve (2), et de lá par les deux rues du Château (5) jusqu'à la porte fortifiée qu'on appé lait la Porte Grise ou Grauwer-Poort, abattue en 1540 m ordre de Charles-Quint. Elles communiquaient près de la au fossé d'Othon, et se trouvaient limitées par le fossé aut Sept Ponts ou fossé des Corroyeurs. Quant au château pi prement dit, il existe encore, et l'entrée, renouvelée m Philippe d'Alsace, est un vénérable monument de noir ancienne architecture militaire. Baudouin le Chauve bâtit aussi, sur la rive gauche de la Lys, l'église de Sainte-Pharailde, érigée plus tard E collégiale, pour servir de chapelle aulique (4). I y pe voqua une assemblée générale des seigneurs et des ab deFlandre, afin d'aviser aux mesures qu’on pouvait prendre pour mettre ordre aux affaires du comté. L'évéque de bo nai, Rembert, y réunit, la même année, un synode, afín (1) Plus tard Castrum vetus. (2) Ou Pont aux Pommes. cri (3) Lange en Korte-Steenstraet , ce qu'on a bien mal traduit a des Pierres. . (4) Meyer, ad an, 912. Ls A A OAST] ( 291 ) pourvoir, autant que possible, à la restauration des églises et aux besoins spirituels des paroisses (1). Les remèdes qu'on employa eurent cependant peu de succès, puisque le chef des Normands, Rollon, à qui Charles le Simple avait offert la Flandre, lui préféra le pays inculte et hé- rissé de bois qu’on appela depuis Normandie. Les moines de Saint-Pierre avaient réparé leur monastère; mais ceux de Saint-Bavon n’avaient pas même donné un successeur à leur abbé Hélyas, mort en 893; ils restèrent dispersés dans les couvents du Laonnais, et parurent oublier, pendant plus de quarante ans, qu'ils possédaient, à Gand, une ab- baye et des biens considérables. Aussi leur couvent ne présentait-il plus que quelques pans de murs couverts d'épines et de ronces, comme le pays environnant res- semblait à un véritable désert. Le savant historien de l'abbaye pense que rien ne motivait plus, depuis 895, l'exil volontaire de ces religieux (2). Nous sommes porté à croire qu’ils craignaient de nouvelles invasions de pirates, et ce qui prouve que cette crainte n'était pas tout à fait sans fondement, c’est qu’en 918, ces derniers dévastèrent encore les côtes de Flandre, et ne les quittèrent qu'après avoir essuyé une défaite sanglante à F auquenberge, où les deux fils de Baudouin le Chauve avaient fait preuve de pru- dence et de valeur. Ce comte mourut la même année. Il avait pris une trop grande part aux divisions qui agitaient Ja France el à la spoliation des monastères, assez commune alors, pour faire au comté tout le bien qu'il aurait pu pendant une administration paisible de plus de vingt ans. Ji fut ense- rie J. Goethals, Jaerb. van Cortryck, 1*° deel, p. 107. (2) Van Lokeren , Histoire de l’abbaye de Saint-Bavon, P- 25. (292 ) veli à l'abbaye de Saint-Pierre, et sa veuve Elstrude, nièce du roi Alfred le Grand, et ses fils Arnould et Adolphe | donnèrent au couvent, pour le repos de son âme, k domaine considérable de Liefesham, dans le Kenishire, avec toutes ses dépendances et tous ses revenus (1). Le nouveau comte, que les chroniqueurs appellent Ar- nould le Grand ou le Vieux, joignait à une mâle beauté (2) une grande énergie de caractère et des qualités gouverne- mentales peu communes. Il avait, il est vrai, hérité de E son père une ambition qui ne reculait devant aucun moyen , quelque criminel qu'il fût, pour atteindre son but, | et l’histoire doit lui reprocher des actions aussi perfides que cruelles. Il n’en a pas moins beaucoup de droits à la : reconnaissance de la ville de Gand, dont il fut en réalité i le second fondateur (5). A peine arrivé au pouvoir, il jei les fondements d'une nouvelle ville sur le vaste terrain qui est situé entre les deux bras de l’Escaut et le détour que fait la Lys au delà de ces deux bras, terrain qui € nommait alors Hereheim. Les anciens habitants, que la terreur des pirates du Nord avait éloignés de leurs foyers, et une multitude de gens de la campagne, vinrent se . E dans une localité protégée par deux riviéres el par B puissante citadelle. Le comte avait pris des mesures m à raviver l’industrie et le commerce des cuirs; il avait même a introduit des industries nouvelles, et en particulier celle i des toiles de lin, qui prit plus tard des développement Dy soutos suce abisu aa CE (1) Annal. $" Petri, p. 85. ten (2) Une chronique le nomme Den groeten ende schoenen mem Arnodt. Voy. aussi Annal. Meyeri , ad an. 964. (3) On s’en est seulement souvenu de nos jours, en don u une rue nouvelle de la 5"* section. RA ES EVER e LN son nomå ( 295 ) si considérables. Il créa des foires et des marchés dans la ville qu'il venait d'établir, lui donna des lois, et prit toutes les mesures qu'il crut utiles pour assurer son avenir. Un écrivain du XI"* siècle nous apprend que, de son temps, les étrangers y élaient attirés en grand . nombre, au commencement d'octobre, les uns par dévo- tion, les autres dans un but de commerce, et la plupart par l'attrait de curiosité qu'offrent toujours les foires (1). La position heureuse de la ville, dont les rivières ren- daient si facile le transport des marchandises; des règle- ments qui garantissaient aux marchands tout à la fois la liberté et la sécurité nécessaires; enfin, Pexemption de cerlains droits d'octroi, quinze jours avant et quinze jours après la Saint-Bavon , devaient attirer dans la nouvelle cité une grande affluence d'étrangers. Après avoir fait exploiter longtemps à son profit les abbayes de Flandre, comme l'avait fait son père, le comte Arnould se repentit de cette usurpation , et, à la prière de Saint Gérard , abbé dé Brogne (2), et de Transmarus , évé- que de Tournai, il s’obligea à restituer aux religieux la plupart de leurs domaines. Et, en effet, par un diplôme, daté du monastère de Blandin , Pan 939, et souscrit par Arnould, l’évêque Transmarus, Baudouin, fils du comte, et plusieurs membres de son conseil (3), le prince rend à l'abbaye de Saint-Pierre le cens qu'on perçoit des maisons Situées dans la nouvelle ville, les dimes qu'y doivent payer les habitants et les péages qu'on reçoit des passagers. Il leur restitue ensuite, avec les Prés fleuris qui touchent au PE LE tt (1) Acta S. S. Belgii, t. IL, p. 565. (2) Au pays de Namur. (5) A. Kluit, Cod. dipl, 1.1, p. 18. 2" SÉRIE, TOME IX. se ( 294 ) port de Gand (1), le vignoble qu'il a replanté à côté du monastère, le terrain qui y est attenant jusqu'au port, el toutes les autres terres contiguës au couvent, ôù les reli- gieux pourront , à leur convenance, construire des ateliers ou planter des jardins potagers. Deux ans plus tard, l'évêque Transmarus rétablit, dans l'abbaye de Saint-Pierre, la règle de Saint-Benoît, laissant aux chanoines qui y demeuraient le choix de prendre l'habit monastique ou de retourner dans le monde: beat- coup d’entre eux prirent ce dernier parti. ds Sept moines de Saint-Bavon qui vivaient encore disper- sés à l'étranger, y avaient appris cependant les disposi- tions religieuses du comte Arnould , et s'étaient enfin dé- cidés à revenir au couvent qu'ils avaient trop longtemp abandonné. Le prince leur fit l'accueil le plus bienveillant, et comme les ruines de l’abbaye ne leur offraient pas le moindre abri, quoiqu'il eùt déjà commencé, avec le sr cours des fidèles, à relever les lieux conventuels el lora toire, il leur accorda un asile au cloitre de Sainte-Pha- railde, qui put à peine les héberger avec leurs saintes reliques. Il leur fallut néanmoins y prolonger leur séjour pendant trois ans, qu'on mit à reconstruire le monastère. Enfin, le 4% octobre 940, ils en reprirent possession; mais avant d'y rentrer processionnellement avec saint Gérard à leur tête, ils se virent obligés à exposer sous les yeux de tout le monde les reliques de saint Bavon, d'e ouvrir la châsse et de montrer aux assistants que le ge qu'on y avait apposé avant l'émigration vers Laon étai | entièrement intact (2). Cette vue excita une vive allégressé (1) Nommés depuis Prairies des moines. (2) Acta S. S. Belgii, t. 11, p. 617. ( 295 ) parmi le peuple, à qui l'on avait fait accroire que les reli- ques du saint patron avaient été enlevées, - Ainsi se trouvèrent restaurées les deux abbayes fondées par saint Amand, et, grâce aux travaux de saint Gérard, les religieux , ramenés à la régularité et à la ferveur primi- tives, promettaient à l'agriculture et aux arts utiles, comme à la religion et aux connaissances humaines, de nouveaux progrès. Cependant il n'était pas suffisamment pourvu par Ces monastères, placés l'un et l'autre à une extrémité de la ville, aux besoins spirituels des habitants déja nombreux dela nouvelle ville. Le comte et l’évêque n'avaient pu man- quer d'apercevoir qu'un centre aussi considérable de popu- lation exigeait la construction d'une église. On y mit la main en même temps qu'on travaillait à la restauration-de l'abbaye de Saint-Bavon, et bientôt on vit s'élever, sur un tertre voisin de la rive gauche de l’Escaut, un modeste ora- toire que Transmarus, évêque de Noyon et de Tournai, consacra, le 45 avril 941 , sous l'invocation de saint Jean- Baptiste, de saint Vaast et de saint Bavon. Dans une Charte qu’on nous a conservée, il le nomme une < basili- que convenable pour le commun des fidèles (1) : » c'est le berceau de la magnifique église de Saint-Jean, devenue cathédrale, au XVI” siècle, sous le vocable de Saint- von, Ces institutions eurent bientôt les résultats que le comte et l'évêque en avaient espérés. La barbarie qui avait en- vahi la contrée avec les Normands disparut peu à peu. Des hommes pieux et austères rappelèrent le peuple au repen- A M. ue à se (1) Basilicam vulgo congruentem. ( 296 ) da tir, rouvrirent les écoles, et, au lieu de Pindiscipline: : de Pignorance, fruits d'une longue anarchie, rétablirent parmi les religieux les lois de l'obéissance, des mœurs, du travail et de l'étude. À ; Si Pon en croit d'Oudegherst (1), les espérances qu'on en i avail conçues furent aussitôt compromises. L'empereur - Othon I", ayant eu des démélés avec le comte Arnould, A prit d'assaut le château de Gand, le fortifia et y mit une garnison nombreuse. Diericx place cet événement vers92l; mais cette date est tout à fait impossible, puisque Othon Y ou le Grand, n'avait à cette époque que neuf ans et ne sut” céda à son père, Henri l'Oiseleur, et seulement comme rol de Germanie, qu'en 956. Aussi, Meyer ne parle de cet événement que sous l'an 949, et son opinion est encorè peu probable, car en ce temps-là Othon faisait la guerre aux Danois. « Nous ne pouvons croire, dit M. Van Loke- ren (2), qu'à cette époque, le Cháteau-Neuf fùtau pot de l'empereur Othon; » et nous partageons entièrement cet avis. i p Chose étonnante! le chevalier Diericx et le chanoine e Bast admettent tous deux le fait et croient avec d'Oude- gherst que le comte Arnould fit de grandes et diverses PS poursuites pour ravoir ledict chasteau. Mais que e. qu'il n'y pouvoit parvenir , et que ledict Empereur ny "e loit entendre, il ordonna que l'on fit audit port aulcuns petits chasteaux et maisons défensables. Mais où le pe avait-il fait construire ces fortins et ces maisons pe bles de défense? Dieriex les place au Marché aux Herbes 6 | AA O It NUL Un A 2 (1) Tome I, p. 151. (2) Hist. de l’abbaye de Saint-Bavon, p. 26. (5) Topographie de Gand, p. 52. ( 297 ) et assure que lui-même en a encore vu les fondements, en 4807; ce qui n’a rien d'invraisemblable (1). M. de Bast ne pense pas de même toutefois. Il veut trouver ces mai- sons defensables au marché du Vendredi, à la rue Basse et dans la ruelle qui conduit de cette rue à la Haute-Porte (2), c'est-à-dire à près de quatre cents mètres de la place Sainte-Pharailde, où s'élevait le château impérial. On ne peut pas exiger sans doute qu'un chanoine, bien qu'il s'oc- cupe d'histoire et d'antiquités, connaisse les traités de l’at- laque et de la défense des places de Vauban; mais ''hypo- thèse de M. de Bast est par trop bizarre, et nous sommes surpris que son caustique adversaire ne l'en ait pas raillé davantage. Les faits qui ont amené cette discussion paraissent in- contestables, car tous les chroniqueurs en font mention; mais on doit les reculer jusqu'au commencement du XI”* siècle. On ne peut nier cependant l'existence d'un château fondé ou pris par l'empereur Othon I" à Gand, vers 946, Car nos meilleurs historiens en font foi, et leur témoignage est confirmé par plusieurs actes d’une authenticité incon- testable. Mais comme l'avait déjà remarqué le judicieux Sueyro (5), ce château était tout autre que le ’sGravensteen; car Thielrode dit, en termes formels, qu'il était construit Sur le territoire de Saint-Bavon, in libera S. Bavonis pos- sessione, et non pour dépouiller l’abbaye, mais pour la défendre, non ad spoliationem ecclesiae sed ad defensio- ado a La grande boucherie ne fut bâtie en cet endroit qu’à la fin du XIV” siecle, 6) Recueil d'ant. rom., p. 21, note 1. 5) Anal. de Flana , 1.1, p. 49 ( 298 ) | nem (1). Diericx en aurait parlé tont autrement, sil avait eu connaissance de cette chronique. Othon ne mit pas dans sa forteresse des chátelains proprement dits, mais des comtes, qui reçurent en fief de l'Empire les pays de Waes el d'Alost avec les Quatre-Métiers. Ces dispositions étaient si peu hostiles à Arnould qu'il s'empressa de don- ner sa fille Lietgarde en mariage à Wicman de Saxe, le premier de ces comtes et la tige de la maison de Gand ou d’Alost (2). Re L'histoire nous présente peu d'événements particuliers | à folre ville pendant les dernières années de l'administra- | tion du comte Arnould, assez malheureuses sous d'autres : rapports. On peut inférer toutefois de quelques actes con- e nus que la paix continuait à régner dans cette partie de la Flandre. Ainsi le comte fit transporter à l'abbage ( a Saint-Bavon les reliques de plusieurs autres monasteri qu'on avait enfouies pour les soustraire aux profanations des Normands; il mit à la téte du même couvent un va : ple éprouvé de saint Gérard et obtint ensuite (en 958) ES roi Lothaire Papprobation du rétablissement de wo munauté et la confirmation de ses statuts el de "a priétés, avec le privilége d'élire les abbés après la mot de l'abbé Womare (5). sais Dans une assemblée de grands et d'évéques, gts. Gand, en 958, le comte Arnould, qui gouvernait la pt 7. dre depuis quarante ans et sentait ses forces sati (1) Chron. S. Bavon., cap. VIIL j ge (2) Duchesne, Zst, gén. des muisons de Gand et dë Guines, pP a suivantes. nn nommé (5) Les Ann. S. Bavon. se trompent quand ils nous donnent E Hugo comme abbé de Saint-Bavon jusqu’en 965. ( 299 ) abdiqua le pouvoir en faveur de son fils, Baudouin le Jeune (1). Ce nouveau prince encouragea surtout le com- merce des Flamands : il établit des marchés dans plusieurs villes qui n’en avaient pas encore et introduisit des tisse- rands et des foulons dans la ville de Gand, dès lors très- peuplée (2). Comme. l'argent était rare dans le pays, il autorisa le commerce par échange : on donnait une oie pour deux poules, deux oies pour un cochon de lait ou un agneau déjà fort, trois agneaux pour un mouton et trois jeunes veaux pour un bœuf. L'administration de Baudouin, qui promettait d’être si prospère, fut malheureusement de courte durée. Le prince, dont on admirait la valeur, l'amour pour son peuple et la loyauté, mourut après trois ans de règne, de la rougeole, selon quelques auteurs, et de la variole, selon d’autres. Il laissait de sa femme , Mathilde de Saxe, un fils en bas âge, nommé Arnould. Le vieux comte, obligé de reprendre une autorité qu'il avait résignée, convoqua une nouvelle assem- blée à Gand (5), et fit reconnaître son petit-fils comme marquis et comte de Flandre; mais il retint encore de ses débiles mains, jusqu’en 964, époque de sa mort, les rênes du gouvernement, Pendant la minorité d'Arnould IF, le roi Lothaire s'em- para des pays d'Arras et de Térouanne, mais il en rendit plus tard une partie, composée des comtés de Boulogne, de Saint-Pol et de Guines. Le même roi se montra plus gracieux envers l’abbaye a AN SCEE E A 1) En Po avec nos chroniques, l'Art de vérifier les x qu'il se l'assoc (2) Srey Aéh. Gallo-Flandr. , pag. 1 (5) D'Oudegherst transforme ces adi en états de Flandre. ( 500 ) de Saint-Bavon. Par une charte, datée du 5 mai 967, ce. souverain défend aux archevéques et évêques, non de sim- miscer dans les affaires de l’abbaye, comme traduit M. Van Lokeren, mais de l’envahir et de la mettre au ban. Elle y est maintenue dans toutes les propriétés qu'elle possède au delà de la Lys au port de Gand; de l'église d'Hec- cringhem, avec toutes ses dépendances et dix manses; le fief de Marca avec ses dépendances, c’est-à-dire une manse à Maglina et le village de Gundinglehem, Evergehem el son église; Dotnest (1) avec sa forét, qui peut nourrir mille porcs; le manoir seigneurial de Fronstalla, dont relèvent les domaines précédents; l'église de Vindreholt avec une manse; le village de Ledringehem (2) avec ses terres, prairies et bois; les hameaux de Sclota, Selotrahiga, Thesledung ; Thornesela, Spergedung et Metmedung avec une église. Ce document d'une haute importance pour la topographie des environs de Gand (5), bien que plusieurs des endroits qu'il désigne ne se retrouvent plus aujour- d'hui, prouve que le nom de Hereheim avait déjà cédé la place à celui de Gand, comme aussi qu'un grand nombre d'églises et de fermes s'étaient déjà relevées de leurs ruines. « À en croire les chroniqueurs, dit M. Van Lokeren (4), les Normands n'avaient laissé derrière eux que ruines el déserts, et à peine trente années sétaient-elles écoulées depuis leurs dernières invasions, que l’abbaye réclame et A S Ut N E R EAE (1) oe E dépendance d’Afsné. (2) Lae E (5) Il est de dans le Cartulaire de Saint-Bavon, pP- 6 et suiv. nous en avons dit quelques mots dans la deuxième étude sur les Origin de Gand. (4) Hist, de Pabbaye de Saint-Bavon, pag. 54. De Oa ed a APE ( 501 ) qu'on lui restitue une foule de métairies el Véglises. » Le savant auteur conelut de la que les chroniqueurs ont beau- coup exagéré les ravages des Normands. Il ne se serait pas hâté de conclure ainsi, pensons-nous, s'il avait remarqué que ce n’était pas depuis trente années, mais depuis plus de soixante et dix, que les pirates du Nord n’avaient plus reparu dans les pagi de Courtrai et de Gand, et que leurs dernières incursions n'avaient pu ravager que la Morinie. Sans doute, on ne regardera pas comme très-prodigieux qu'en soixante et douze ans on ait relevé quelques églises et un nombre de métairies qui n'avaient rien de magnifique. Arnould le Jeune épousa Rosale, fille de Bérenger, rot de Lombardie. C'était là un mariage brillant, mais qui n'était pas toutefois plus illustre que celui des premiers comtes de Flandre : il donna lieu néanmoins à une tradi- tion populaire qui devint avec le temps un petit roman historique. Le X"* siècle étant stérile en mémoires Sur notre pays, au point que Vexact de Meyere ne craint pas d'afirmer que nous ne connaissons pas la dixième parlie des événements qui ont eu lieu en Flandre à cette épo- que (1), on comprend que l'imagination d'écrivains peu consciencieux pouvait s'y jouer tout à son aise. À les en croire, le roi lombard avait appelé les seigneurs et les princes d'Italie, de Flandre et d'Angleterre dans la ville de Pavie, pour prendre part à un tournoi, dont le vainqueur obtiendrait la main de sa fille, une des princesses les plus accomplies de son temps. Sorti victorieux de la passe d'armes, plus encore par son adresse que par Sa valeur, le comte Arnould devint gendre du roi et fut obligé de rester assez longtemps à sa cour. Mais son triomphe avait excité PAI E E (1) Ann, Fland., pag. 19 verso. (1302 >) la jalousie des rois de France et d'Angleterre, déjà irrités parce que les Flamands avaient capturé dans la Manche plusieurs de leurs vaisseaux. À yant attiré dans leur alliance le roi d'Écosse, ces princes envabirent la Flandre, que gouvernait alors Thierri de Beveren dans l'absence du comte, et mirent le siége devant Gand avec toutes leurs forces réunies. Le siége durait, sans aucun progrès, depuis sept ans et menacait d'égaler en longueur celui de Troie, el on ne pouvait se promettre la même issue, car les assié- geants ne comptaient aucun Ulysse dans leurs rangs, quand les hauts alliés se décidèrent à la retraite. Mais, comme le roi d'Angleterre avait juré d'entrer à cheval dans Ja ville par une brèche et de semer du grain sur la grande place, les Gantois daignérent lui permettre d'abattre un pal de muraille entre la porte de Thorhout et du Sable, et d'en- trer par là, monté comme un saint Georges, afin qu'il pút se donner Pair d'accomplir son serment. Le bon Mare Van Vaernewyck ne peut croire à ce siége de sept ans, mais il paraît disposé à admettre le récit, et ajoute même que la retraite des trois souverains donna lieu à de grandes réjouissances, auxquelles 50% annotateur rapporte l'établissement de la foire de E carême (1). Sanderus, à son tour, raconte que Thier € Beveren soutint vaillamment le siége que les trois POIS avaient mis devant Gand , et qu'il rendit tous leurs efforts inutiles; mais il ajoute ce correctif : Quibus tamen ea 16% quamque solidis auctoribus nitatur, hactenus mihi income pertum (2). Philippe de l'Espinoy, tout en modifiant u" (1) Hist. van Belgis , Ie deel, bl. 180, enz. (2) Flandr. illustr., tom. Ir, pag. 28. Il y revient, Pag: 5 correctif. 88, sans aucun e ( 305 ) peu l'histoire, est plus affirmatif. On lit en effet dans son principal ouvrage : « Durant l’absence dudit comte audit » voyage, ledit seigneur de Beveren défendit vaillamment » la ville de Gand, et soustint le siége de trois roys, à » sçavoir de France, d'Angleterre et Escosse, lesquels » avoyent assiégé ladiete ville à tout leur effort par plu- » sieurs temps, mais furent contraincts à lever ledit » siége, et eux retirer à grande honte et nul proufit, » comme nous tesmoignent les vieux tiltres qu'on en » trouve par escript (1). » Plusieurs manuscrits parlent encore de ce siége, mais lui assignent une autre époque (2), M. Van den Bogaerde y croit aussi (5). Un bel esprit du XVI" ou de la fin du XV” siècle , assez judicieux pour garder Vanonyme et ne pas publier son œuvre, broda sur ce sujet un petit roman historique qui n'aurait pas déparé la Bibliothèque Bleue. On lim- prima néanmoins à Gand, avec quelques additions, vers le milieu du XVII" siècle (4), et un rhétoricien drama» turge s'avisa même d'en faire une tragédie, qui jouit à son tour des honneurs de l'impression. de Le prétendu siége n'en est pas moins une fable puérile qui wa d'autre fondement que le nom mal interprété d'une rue (5), mais qui eut quelque vogue, parce que le roman qu'elle avait produit caressait la vanité de quelques familles o URSS ARTE Rae (1) Recherches des antiq., etc, Douai, 1631 , pag. 72. i (2) L'annotateur de Vaernewyck cite de plus un Belleforest, qu'il a lui- même créé cardinal, mais le texte qu'il donne ne dit rien du siége. (5) Het dist. van S'-Niklaes , 111: deel, bl. 13. F2 (4) Les bibliophiles flamands l'ont réimprimé en 1845, comme resp littéraire, Z Engelandgat.; ce qui ne signifie pas brèche, mais rue ou porte @ An- Jielerre, ( 304 ) puissantes, en faisant remonter leur illustration jusqu'au X™ siècle, Sueyro l’a réfutée avec plus de gravité et d'éru- dition qu’il n’était nécessaire (1). Un autre fait longtemps controversé, mais qui ne res- semble en rien à ce roman, se rattache encore au règne d'Arnould le Jeune : c'est le creusement du fossé ou canal d'Othon. Le chanoine De Bast en nie l'existence, et le che- valier Dieriex soutient avec sa verve ordinaire que ce fossé n'était autre chose que le canal nommé encore Othograchl, qui commence à l’écluse appelée Paddegat, près du con- fluent des deux rivières, et s'étend jusqu'à la Lys. Une tra- dition constante, les chroniques de Thielrode (2) et de Saint-Bavon , que confirme la keure des Quatre-Métiers, nè permettent pas de sen tenir à l'opinion de De Bast; el celle de Diericx n'est pas moins en contradiction avec ces chroniques, qui font, à la vérité, passer le canal devant le pont de Saint-Jacques, à Gand, mais qui le font débou- cher, non dans la Lys, mais, à l'embouchure du Hont, dans la mer du Nord. D'ailleurs, nos annalistes auraient- ils cru nécessaire de faire mention d'un fossé aussi p% considérable que l'Othogracht actuel? ous sommes porté à croire que le canal a été € en eflet pour servir de démarcation entre l'Austrasie et là Neustrie, par suite du traité conclu à Reims, en 980, entre l'empereur Othon le Roux et le roi Lothaire, et po? tant la cession de la haute Lorraine à l'Empire. Mais com ment constater le parcours de ce canal? M. Van Lokeren d'abord (5) et ensuite MM. Warnkoenig et Gheldolf, qu o O ria iS (1) 4nn. de Fland., tom. Le, pag. 58. (2) Pag. 10. 5) Chron. de Thielrode, Notes hist., p. 105. ( 305 > ont porté un nouveau jour dans la question (1), pensent que l'Ottogracht actuel en faisait réellement partie, mais qu'après avoir rejoint la Lys, à l'endroit dit Krommen-Wal, il était remplacé sur l’autre bord par le fossé navigable, appelé aujourd’hui fossé de bateaux ou Schipgracht, et se prolongeait au nord de Gand, dans la direction de Rooden- huize vers Cluisen et Ertvelde, sous le nom de ruisseau des Chátelains (Burggraven-Stroom), séparant les métiers de Bouchaute et d'Assenede de la partie de la chátellenie de Gand qui relevait autrefois de la couronne de France. Quand on se dirige encore plus au nord, ajoutent-ils, en Suivant la limite du métier de Bouchaute, on la trouve formée par un fossé nouveau qui du Burggraven-Stroom “étend jusqu'au territoire de Caprycke. On ne peut le Suivre plus loin à cause des ensablements et des inonda- tions successifs qui en ont, dans beaucoup d'endroits, fait disparaitre les traces. Après avoir longé encore la frontière du métier de Bouchaute , le canal Othonien devait se jeter - la mer entre Botersande ou Wevelswale, à Pextré- mité NỌ, de ce métier et Gatternesse, qui appartenait au Franc-de-Bruges. Cette solution d’un problème historique ardu et long- lemps douteux nous semble rationnelle et appuyée de preuves solides. Le nouveau canal séparait de la Neustric Une lisière de pays qu'on appela du nom de l'empereur FER il protégeait en même temps les limites de ‘Austrasie, l'abbaye de Saint-Bavon et le Château-Neuf. être devint-il bientôt inutile sous ce dernier rapport; tar Baldéric et Sigebert de Gembloux nous apprennent deux que Baudouin le Barbu était en possession de no aaa UNA a } Mist. de la Fland., 4.11, pp. 17 et suiv. ( 306 ) ce château, et on ne lit nulle part que ce comte ousa mére, pendant sa minorité, ait songé à s'en emparer, D'où résulte que le fort se trouvait déjà entre les mains d'Arnould le Jeune. Aussi, le savant Duchesne croit que ce prince s'en rendit maître pendant que le chátelain Thierri 1 et son fils Arnould faisaient la guerre en Hol- lande (1). C'était là un nouveau gage de sécurité pour l'industrie et le commerce de Gand , et la population dut considéra- blement s'en augmenter. La tradition constante de l'église de Saint-Nicolas, mieux que les assertions de Van Vaer- newyck et de Sanderus, prouve que son existence date de la fin du X siècle. On n'aurait pu songer à bâtir une seconde église si près de celle de Saint-Jean et après u demi-siècle seulement, si la multitude croissante des li bitants n’en avait pas fait une loi. Les bibliothèques de Rome (notes et extrails); par M. Ker- vyn de Lettenhove, membre de l’Académie. Près de deux mille ans se sont écoulés depuis que PES la plus belle, selon Virgile, des choses qu'il y ait“ monde (rerum pulcherrima Roma), tient dans ses mains le sceptre des lettres et des arts. Fille de Saturne 0U de s, : cob, cité impériale d'Auguste ou cité pontificale de Léon elle réunit dans son sein toutes les gloires el veille are l le même soin à ce qu’elles se transmettent de généra (1) Hist. gén. des maisons de Gand , etc; p. 59. ] (507) en génération. Les Césars avaient placé le tabularium au Capitole : les papes ont ouvert à leur bibliothèque et à leurs archives le palais du Vatican. Cependant quand on s'arrête aux bords du Tibre, ce n'est plus dans la poussière des archives et des bibliothèques que l'on se sent conduit à chercher la vie du passé. Il n est pas une pierre muette et abandonnée qui m'ait ses enseignements bien supérieurs à ceux des livres, et le hasard même semble multiplier entre toutes ces ruines également désolées, de grandes et mystérieuses associa- tions de souvenirs. La carte de Rome n'est plus tracée sur le marbre du Capitole, mais l'histoire de Rome n lit encore tout entière dans les débris mutilés qui en- lourent le temple de Jupiter, devenu l'Ara cæli. Là était l'autel de la Victoire, là était le temple de la Concorde. Si l'autel de la Victoire couronnait le Capitole, c'était le tem- ple de la Concorde qui en marquait la base : utile leçon e Rome ne comprit pas plus sous la république que pog l'empire. Là se trouvaient les rostres antiques où le tribun, qui s’adressait aux passions populaires, avait à sa nn la statue de la Fortune, à sa gauche les Gémonies. à se voyait la statue de Pompée au pied de laquelle tomba César, De ce côté s'étendait la voie Appienne qui s'ouvrait Par le tombeau du premier des Scipion , BONORUM OPTIMUS, De non loin de Literne, tombeau d'un autre ee - quí y fit graver ces mots trop célèbres : Ingrata ire : piy quidem. Plus près, la voie Sacrée commence ra Re fontaine de Servilius, et atteint son point nus tá Parc de Titus, pour descendre et s'éteindre mata peman mêmes de l'empire, au monument de Con- a res temps, autres destinées. C'est dans la pri- jan que saint Pierre répand l'onde purilicatrice “190 ) : du baptéme : c’est dans le cirque de Néron que sa sépul- ture indiquera la place où s'élèvera plus tard la sublime basilique de Michel-Ange. Deux points extrêmes dominent la Rome antique et la Rome chrétienne : au nord, les jardins où Salluste se re posait dans la mollesse, après avoir rudement flagellé ces mœurs dont il était le complice; du côté opposé, sur les hauteurs du Janicule, la cellule de Saint-Onupbre, où Tor- quato Tasso, après avoir chanté la Jérusalem terrestre, saluait dans l'ardeur de ses hymnes et de ses prières, un autre Jérusalem. Quel abime entre ces deux noms, entre ces deux collines! | Au milieu de tous ces grands souvenirs qui placent à Rome le centre de la conquête du monde, d'abord par les armes, ensuite par la foi, il était bien difficile de songer à d'autres annales que celles qui ont été écrites au Capitole avant de se continuer dans les catacombes; il élait bien difficile de songer à une autre histoire, et quelle histoire? Celle de ces pays éloignés où Virgile plaçait, sur des rivage sans cesse menacés par les fureurs de l'océan, la limité des peuples visités par la conquête, et où longtemps y lui les écrivains romains ne découvraient du Rhin à gei caut, sous un ciel toujours sombre, que d'éternels broul- lards. Et néanmoins, c'est de cette contrée longtemp’ méprisée que sont venus et Charlemagne, qui triomp sous le portique de Saint-Pierre vis-à-vis de Constanti, et Baudouin de Flandre, qui recueillit le sceptre ppe Constantin, et ce pieux Godefroi, qui reçut quelque € i de mieux qu'une couronne, quand un grand P ds choisit pour héros de son épopée. C'est de la aussi" 5 accourus ces glorieux disciples de Part moderne, We mêlant leurs chefs-d'œuvre à ceux de l'Italie, 0! (309 ) le marbre à leur ciseau sous la coupole de Saint-Pierre (i); ou placé Pange d'airain armé de l'épée au sommet du mau- solée d'Adrien (2). Ily a à Rome un cloître qui fut jadis un temple de Mi- nerve, et où l’on ne rencontre que des religieux portant la robe blanche de saint Thomas d'Aquin. Là se présentè- rent à moi pour la première fois d'autres souvenirs, que je croyais étrangers aux traditions classiques ou religieuses de Rome. On me montra une bible magnifique, et j'y re- connus le lion de Flandre et de Brabant devenu, à la fin du XIV siècle, le noble insigne des ducs de Bourgo- gne. On voulut bien aussi m'y faire voir un précieux exemplaire d'une histoire universelle, et à la dernière page, quelques lignes, écrites en flamand, étaient signées de Jossine de Briarde et de Françoise de Vormizeele. De la Minerve, je me dirigeai vers les archives de la basi- lique de Saint-Pierre, et là, sur le premier feuillet d'un manuscrit des Satires de Perse, je lus une note dans la- quelle un ancien conservateur de la bibliothèque du Vati- can, qui a rédigé le catalogue des manuscrits de Saint- Pierre, et qui, dans cette même basilique, a dù à la reconnaissance publique un monument digne de sa Science, a pris plaisir à omettre son nom pour ne rappe- ler que sa patrie : Emmanuel de Belgio, Antverpiensis (5). E IA N (1) On sait que la statue de saint André par François Duquesnoy est la Plus belle des statues colossales placées dans les niches des piliers de la cou- Pole de Saint-Pierre, (3) La statue qui a donné son nom au château Saint-Ange est de Pierre Verschaffelt, (5) Cette note porte la date du 8 mai 1688. On conserve aux Archives de à THS le catalogue de tous les ouvrages imprimés ou manuscrits, dus à Plume féconde d'Emmanuel Van Schelstrate. pd La bibliothèque de la basilique de Saint-Pierre, quoique peu considé- 2%? SÉRIE, TOME IX. 21 ( 510 ) Ces souvenirs m'avaient touché; cet exemple m'encoura- gea, et bien que, ni dans la disposition de mon esprit ni dans l'état de ma santé, rien ne me rendit propre à un travail sérieux, bien que je ne fusse aucunement préparé à des recherches de ce genre, je me décidai, sans trop regarder en arrière, à offrir aussi mon tribut patriotique, quelque faible qu’il dût être, à la science et à l'étude con- sciencieuse du passé. J'oubliai que je ne disposais que de quelques heures, ou, tout au plus, de quelques fragments de journées déjà bien remplies, et je formai le vœu d'être introduit aux archives pontificales, et de consulter les pré cieuses collections du Vatican, sans négliger compléle- ment les trente mille manuscrits mentionnés dans catalogues des bibliothèques Angelica, Vallicellana, Ĉi- sanatense, Chigi, Barberini et Corsini. Aux archives, la perte constatée depuis longtemps des documents originaux du VHI” et du IX” siècle (1) rendait fort difficiles les recherches que, selon le vœu de la classe, A rable, renferme de précieux MSS. des philippiques de Cicéron, de e Augustin, de saint Hilaire, de Dante et de Vincent de Beauvais. On } mire un missel orné des plus élégantes miniatures de Giotto. e Le MS. de Dante offre, m'a-t-on assuré, des variantes qui. un sérieux examen. J'en reproduirai une seule, que J ai recueillie PA qu’elle se rapporte aux vers consacrés à Siger de Courtray : mériteraient r ” Quest ordine- ritorna '1 tuo riguardo C'illume d'uno spirto chei pensieri Gravi a morir li parve venir tardo : Essa la luce eterna di Siggieri Che leggendo nel vico degli Strami Silogizzo invidiosi veri. ; (1) Voyez à ce sujet les savantes recherches de M: Periz, Reise , pp. 24-52. [talianish® EA a ee E E (511 ) jeusse été heureux de consacrer aux origines carolin- giennes. J'avais inutilement interrogé, dans plusieurs bi- bliotheques, des textes vénérables, écrits, selon quelques érudits, de la main méme des Alcuin et des Agobard (1); j'avais pu m'assurer que le manuserit si précieux de Hogues de Fleury, conservé à Bruxelles, était conforme à celui de saint Benoit-sur-Loire, déposé au Vatican (2). Il ne me restait qu'à remettre le sort el l'espoir de ces investigations entre les mains savantes du directeur des archives pontificales. Si un jour quelque texte nouveau, heureusement retrouvé , vient suppléer au silence d'Egin- hard, c’est au R. P. Theiner que nous devrons la solution d'une question encore si obscure.. Cependant le désir de profiter de l'autorisation qui m'avait été accordée, m'engagea à porter mes investiga- tions sur un autre point, et le R. P. Theiner voulut bien me communiquer des documents relatifs au siècle de Bo- niface VII et de Philippe le Bel, époque mémorable, qui na jamais été assez profondément étudiée. La classe me A E er (1) La Bibliothèque de Francfort (n° 67) possède aussi un précieux frag- pe sur Charlemagne. Il a été publié par Grafft, Alt-hochdeutscher prachschats, IT, p. 853. Le disciple de Raban Maur, qui l'a écrit, y Àd m ginhard : Unus qui sapientior caeteris dicebatur, nomine Ein- FE, Se, Le MS. de la ’aticane, reg. 545 (X11" siècle), est adressé, comme celui Bruxelles, à Yves de Chartres, et les premières pages offrent exactement Pr pm après la mort de Charles le Martel. La Yaticane possède pd 45) un autre MS. de Hugues de Fleury, bien moins ancien que le ut sources relatives à Phistoire du VITA et du IX siècle abordent å ( 512 ) permettra de rappeler que j'ai publié en 1855, dans ses Mémoires, plusieurs pièces importantes qui ont trait au démélé du pape et du roi de France, et tout récemment un manuscrit de Mayence m'a révélé une face nouvelle de cette lutte, face caractéristique, quoique grotesque et po- pulaire, car on y fait remonter l’histoire de la caricature politique en France, à 1505, en nous apprenant quà la mort de Boniface VII, le roi Philippe fit promener dans ; les rues de Paris l'image du pape armé d'une fourche, pour combattre l'aigle germanique et le coq gaulois, mais soudainement abattu et dévoré par les vers (1). A Rome, je recherchai avec un vif intérêt les écrits de Jacques de Viterbe, le docteur spéculatif, qui fut Papologiste de la papauté contre Gilles Colonna, Papologiste du pouvoir royal (2). Je copiai quelques pages éloquentes du livre de A (315) : -Regimine christiano, où Jacques de Viterbe déclare qu'il prend la plume pour rétablir la vérité, dans un lemps où elle est profondément troublée (1) : « Sil n'ya plus qu'un » petit nombre de bons rois, s'écrie-t-il, c'est que leur puis- » sance est trop grande, et c’est surtout leur cupidité, » qui les porte à la tyrannie. On oublie le dicton de nos > pères : Tu seras roi tant que tu feras le bien; sinon , non. » Rex eris si recte facias. Sinon facias recte, rex non » eris (2). » Jacques de Viterbe désignait plus ouverte- ment encore le roi faux monnayeur, quand alléguant je ne sais quel passage des étymologies d'Isidore, il ajoutait : > Si un mauvais denier n’est pas un denier, il faut dire » aussi qu'un mauvais roi n’est pas un roi (5). > D’autres recherches entreprises sur des bases plus lar- ges, dans le but de découvrir des documents inédits rela- tifs à notre histoire politique et littéraire, trouvèrent de toutes parts un bienveillant”appui. Son Éminence le car- O A me cad mediis constitutus); et par-dessus tout, de son avarice (diversi modi sunt lucrandi pecuniam et aliqui horum modorum sunt regibus congruentes), et de l'inflexible rigueur de sa volonté (expedit populo cum re reverentia obedire regibus ne reges provocentur ad iracundiam), Principalement contre ceux qui sont les plus faibles (consideranda est poten: tía adversarium, ad meli n CREI ecos Depor tunitas temporis in quo ex eis congrue possimus vindictas assumere). (1) Casanatense, B. VIIL, 17. La Bibliothèque 4ngelica posséde une Précieuse copie (faite à Padoue, en 1408, par frère Jean de Austria ) du pe aeni professé à l’université de Paris, par Jacques de eea Gilles de L r t nos anciens docteurs , notamment Henri de Gand et essines. À y a ad tyrannidem deficiunt et maxime propler cupiditatem , quae radix est omnium malorum , secundum apostolum. ei TO NON oero potest dici rex, sicut falsus denarius non tus, Vide Isidorum , 1. IX, Etym. (514 ) dinal Antonelli m'avait accordé immédiatement l'autori: sation dont j'avais besoin. Monseigneur de San-Marsano, archevêque d'Ephèse et préfet de la Vaticane, qui a rempli il y a peu d'années près de notre Gouvernement les hautes fonctions de nonce apostolique, voulut bien (je ne saurais assez lui en témoigner toute ma gratitude) se rappeler les liens qui l'avaient uni à la Belgique. Au même titre, mon- … seigneur Angelini , dont le nom n'est pas étranger à lanon- , ciature actuelle de Bruxelles, et qui professe lui-mème - pour les lettres le goút le plus éclairé (1), me facilita l'accès de plusieurs autres dépôts, et je trouvai un accueil non moins obligeant chez l’un des associés de la classe, déjà célèbre par d'admirables travaux d'archéologie chré- a tienne : j'ai nommé M. le chevalier dé Rossi. Grâce à un concours si précieux et si utile, mes notes se multiplié: rent, et bien que j'aie cru plus tard devoir supprimer la plupart de celles qui se rapportaient au XVI" siècle, parce qu’elles reproduisaient les données recueillies avec le plas grand soin en 1857 par notre confrère M. Borgnet, ee en M E ‘ > (1) Monseigneur Angelini a eu la bonté de me montrer, dans sa nom- A breuse collection d'autographes, des livres portant des annotations margi- a nales du plus grand prix. Il en est qui sont écrites de la main de Galilée où a de celle du Tasse. D’autres, tracées sur les feuillets des Masimes Pm i dame de Sablé par la reine Christine de Suéde, sont des plus intéressantes a L'auteur des Maximes avait fait l'éloge de la science; il avait 2. o. que les princes n'entendaient la vérité qu’au berceau; il avait dit pe comédie à ses dangers, parce qu’elle porte trop à l'amour. Sur ces w + si différentes, Christine est. d’un avis tout opposé. Elle ne croit pas 2 o science, puisque le plus haut degré oú elle puisse nous élever est de | naílre que nous ne savons rien. Les princes sont déjà craints au hami 2 par suite leur enf: é t déjà livrée aux flatteurs. Quant à la cet : elle nie l'influence qu'on lui attribue, en ajoutant qu'elle pa men na nce.. 5 + a (3155 il en est d'autres que je renvoie à un appendice, qui ne sera peut-être point sans quelque utilité. La classe me permettra de ne m'arrêter ici que sur deux manuscrits qui m'ont paru, entre tous ceux que j'ai vus, plus dignes de fixer son attention. Les auteurs de ces deux textes appartiennent l'un et l'autre au Hainaut, la plus chevaleresque et la plus litté- raire de nos anciennes provinces. Le premier chanta la chevalerie, mais n'écrivit que des vers; le second, à la fois chroniqueur et poéte, célébra également les faits d'armes, les prouesses et les aventures. Le premier est resté presque inconnu, le second est l'Hérodote du moyen âge. Dans la forme, c’est la même langue, gracieuse et naïve; pour la pensée, ce sont les mêmes traditions, les mêmes ins- is le même culte de la gloire et de Phonneur. Le poëte (à notre avis, il mérite d’être placé parmi les trouvères les plus élégants du XIV" siècle) était attaché à Guillaume de Hainaut, « ce seigneur prud homme el > loyal, craint et redouté de ses ennemis, aimé de ses > amis, pourvu de grant sens et de parfait honneur (1). » ll se nomme lui-même Jchans de Condet qui estoit De son maisnage et qui viestoit Des robes de ses esquyers. Li gentieus quens des Hainnuiers Lui a dou sien donné maint don. Jean de Condé désigne quelque part ses vers sous ce titre : Li recors d'armes et d'amours. 1 prodige aux che- EE a (1) Froissart, Chron, EE ` (316) valiers, à qui s'adresse ce double enseignement, des con- seils qu'ils ne doivent pas oublier. Tantôt il s'écrie : Haus hons doit à honneur entendre ! Tantót il répète : Noble ordène est de cevalerie : Si doit iestre sans tricerie. Mais déjà la corruption et l’avarice se répandent, tl le poëte les accable de ses sévères invectives : Trop est li siècles pervertis... Ne sai c’onneurs est devenue Et pouvrement est maintenue Par ciauls qui par droit le deuissent Maintenir s’en leur cuer euissent L'estat d'onneur. Poursuivant avec une noble hardiesse, il s'adresse el ces termes au prince à qui il offre ses vers : Tu ies de gens d'onneur estrais, Bien te dois warder de tous fais Si e'onneur à honte ne ranges. Ce poëte du Hainaut, qui n’est pas historien, ee tefois le plus magnifique éloge de l'histoire, quand : de aux grands que cette gardienne fidèle de la vérité ma"! sans cesse à côté d'eux pour leur présenter deux mé l'an qui perpétuera leur gloire, l'autre qui éternisera Z honte. Une.fois seulement, il s'occupe des faits ae porains, et c’est pour payer à la mémoire du comte Gul e RTS RE RP laume de Hainaut un juste tribut de douleur et de grati- tude : Puis, après avoir loué les vertus dé sa veuve, Jeanne de alois, le poële ajoute : Y (517) Morir est usaiges communs ; Pour chou doivent pluiseur sans faindre Le boin conte Willaume plaindre Qui tenoit Haynnau et Hollande. Nul prince plus preu, ne plus noble N'avoit jusqu’en Constantinople. Fieus fu au boin conte Jehan Qui mainte paine et maint ahan Eut pour se pays à deffendre. Il fu plains de grant gentillèce, De valour et de grant prouèce, De largèce et de grant frankise. On ne poroit en nulle guise Plus large donnéour trouver. C’est li pères de ménestrès : Cil doivent bien iestre espierdu Quant il ont leur père pierdu. En armes fu preus et isniaus, Et débonnaires comme aigniaus, Et selonc sa nobilité Fu plains de grant humilité, As povres boins aumosniers. Se dite Le prier pour i tina, IH filles saiges et senées Eurent noblement assenées, ( 318 ) L'ainsnée estoit empereys Femme à l’empereur Loeys : L'autre ot le conte de Viler Vaillant conte et biau baceler; La tierce, n’estoet trop long quierre, Elle est roinne d'Engleterre (1). La reine d'Angleterre est madame Philippe de Hainaut, généreuse protectrice des lettres comme son père, el ces vers, consacrés à la noble compagne d'Edouard II, nous conduisent naturellement à nommer l’auteur du seco manuscrit, qui n’est autre que le bon chroniqueur « qu elle fit el créa. » Froissart, qui s’accointait si volontiers des hommes de son temps, est aussi un ami pour quiconque id A . +0 . P Y de se laisse entraîner aujourd’hui à vivre avec lui, Cesta dire, à chevaucher avec lui de ville en ville, de récil en récit; il semble qu'on l'interroge d’abord à grand pene, mais bientôt il s'offre à vous pour vous semonner el me délitter lors même que vous ne songez plus à lui. Cest, Jai hâte de le reconnaitre, messire Jean Froissart qui: lui-même, est venu me mettre sous la main, à Bow son premier et son dernier poëme, et qui plus #7 Cambray, m’a révélé ses touchants adieux aux Me la terre. C’est encore Froissart qui, dans la splen 2 bibliothèque de Sixte-Quint, et alors que je ne ye guère quà Charlemagne, a placé sur ma table, a m0 RUE STATS OR RP un (1) Sur Jean de Condé, voyez la notice de M. Dinaux , dans les e du nord de la France » 1857, p. 575. M. Sandras (Étude sur Cha ii marque que, parmi les trouvères du XIV=* siècle, une place exe pan _ doit être réservée à Jean de Condé, « âme courageuse qui a la haine a » et qui le poursuit au grand jour, » Le manuscrit que jai diot Minerve offre plus de vingt poëmes ou fabliaux de Jean de Condé; Inconnus jusqu’à ce jour, j ( 319 ) grand étonnement , un texte tout nouveau de ses chro- niques, un texte si précienx, que je suis heureux d'étre le premier à le signaler à l'attention des érudits. Froissart avait annoncé qu'il remplirait jusqu'à son der- nier jour sa tâche de chroniqueur, revoyant, modifiant, corrigeant sans cesse d'après ses informations et ses en- quêtes, l'immense recollection de faits historiques qu'il avait réunie. On était assez disposé à penser que, dans les dernières années de sa vie, le découragement s'était em- paré de lui, et que sa retraite à Chimay avait été aussi silencieuse qu'obseure. On avait calomnié Froissart, car la Vaticane nous offre un manuscrit où le chroniqueur, près de descendre dans la tombe, proteste de nouveau de son zèle pour la cause sacrée de la vérité, et complète son œuvre par des chapitres inédits el des souvenirs person- nels, qui répandent une vive lumière sur les événements du XIVwe siècle. La dédicace au comte de Blois ne s'y re- trouve plus, car le comte de Blois est mort, et avec lui s’est lristement éteinte l’une des plus illustres maisons du Moyen âge. Il ne faut pas en chercher une autre adressée Soil au roi de France, soit au roi d'Angleterre; car si le roi de France est le faible Charles VI, le-roi d'Angleterre est aussi le faible Richard I, peut-être même est-ce déjà Pusur- Pateur Henri IV. A Chimay, l'isolement du chroniqueur est complet : rien ne le rattache plus au siècle des Clisson et des Chandos, mais il a déjà devant lui la postérité. Voici le prologue du manuscrit de la Vaticane (1): se Alin que les grans merveilles et li biau fait d'armes » liquel sont avenu par les guerres de France et d'Engle- nd ee NS | em (1) Reg, 869. Voyez l'appendice. (32 ) terre et des roiaulmes voisins soient notablement regis- tré, et ou temps présent et à venir veu et congneu, je Jehans Froissars, trésoriers et chanonnes de Chimay, me voel ensonnier de metre en prose et ordonner se- lonch la vraie information que je ay eu des vaillans hommes, chevaliers et esquiers , qui les dites armes ont aidiet à accroistre, et aussi par auquns rois d'armes nommés héraus et lors marescaus qui , par droit, sont et doient estre juste inquisiteur et raporteur de tels beson- gnes; et devés savoir que je ai ce livre cronisiet et his- toriet, ditté et ordonné apriés et sus la relation faite des desus dit, à mon loial pooir, sans faire fait ne porter partie, ne colourer non plus l'un que l'autre, et seront dedans ce livre li bien fait ramenteu de ceulx qui Pont desservi de quel pais et nation il soient, Car esplois d'armes sont si chèrement comparet et achalet, ce St vent cil qui i travellent, que nullement on n'en doi mentir, » Le chroniqueur ajoute que jamais il n'y eut pl merveilles de bravoure que de son temps, mais qu avant d'aborder ses récits il veut « un peu exemplier les bons. ? Il continue-en ces termes : « Tout homme qui demande à estre preus doit regarder > à la vie des anciens... Le nom de preu renlumine les » coers parecheus et resplendist dans les salles el dansles » palais, on l'enseigne au doi, on recorde son bienfait, » on li donne glore en ce monde. Proesce ne voet point » séjourner en Postel, mais errer et travillier et quer? » » ES y y y y Y v VU v Y Y v y v us de partout ès pais prouchains et lointains les armes et les aventures. » ad Froissart fait observer que les bacheliers Se pe de ne pas être assez riches pour chercher au loin les ave E | a (321 > tures, mais la plupart des héros de son livre ne l'étaient pas davantage, et jamais ils ne songèrent à se plaindre de leur pauvreté. 11 n’en est pas de même au moment où Froissart dicte ce dernier texte de ses chroniques: « or se » débrise li mondes. » Puis viennent quelques lignes où Froissart, parlant de son imagination de chroniqueur, nous apprend pour la première fois, qu'il avait étudié avec soin l'histoire des temps anciens. Il ne se contente pas de dire que l'on trouve dans le monde, à la suite des héros qui sillustrent, a voix du peuple qui raconte confusément leurs ex- ploits, et le récit des cleres plus exact et plus fidèle « qui » registre lors œvres et baceleries par quoi elles soient > mises et couchiés en mémoire perpétuelle : » il se plaît aussi à rechercher Phistoire de la gloire des armes depuis les premiers temps du monde. € Or ai eu plusieurs fois grant imagination sur lestat > de proèce, et penset et imaginet comment et où elle a > tenu ses termes et venu d'un roiaulme en aultre, et aussi en ma jonèche j'en ay moult oy parler auquns vaillans hommes, li quel s'en esmervilloient ensi que je, et pour Venir à la vérité et apaisier m'imagination, je ai leu lant ens ès livres anciens que je quide savoir auqune we, et selonch mon avis, je en ferai aucune détermi- » nation. » gal des armes compte sept re principales. en Judée av FRE: en Chaldée avec Ninus et Sémiramis, té ec Josué, David et les Machabées, en Perse et en la A Cyrus, Assuerus et Xercès i elle a donné á bites ae Thésée, Jason, Achille et d'autres preux empereur ki e Rome elle a passé en France, sous le grand iarlemagne. » » » » (322 ) « Apriés a resgné proèce un temps en Engleterre pour. histoire eronisié est toute remplie de fais d'armes, Jl ai un petit tenu le degré de proèce, à la fin qu RE ES W- W Y Y YU Y yw W W € y W Y Y plier. » Dans cette rédaction des chroniques, Froissart remonté a la bataille de Courtray, pour expliquer Paffaibliss de la noblesse française, puis passant en Angleterre, mais « où li communs peuples est de fele, périlleuse €t » desloiale condition (1). » Comme Comines le remar quera quelques années plus tard , l'Angleterre est le pass a où les lois sont le plus respectées, où la levée des 1 est la plus régulière et la plus équitable, et pour . i > E (1) Je copie au hasard Pantres phrases relatives aux po a leot montrer que Froissart ne fut pas coupable de trop de pa mr” a ARI a faveur : « Nuls qui sages est m'i doit avoir trop grant fiance... À * ne pevent amer les Escos, ne ne fissent onques, ne ja ne fero le fait dou roi Edouwart et de la bonne roine Philippe de Hainnau sa femme, et par lors enfans el par les vail- 4 lans hommes de céli roiaulme. Or, ne scai pas si elle voelt encores aler plus avant ou retourner, més elle est de si noble et poissant condition , que là où elle trueve les hommes qui l'aiment et la servent, elle Sencline el | se tient et demoure aveeques euls, car proèce D'a cute - des couwars et des preceurs, mais les fuit et esquéve tl elle a droit. Homs qui voelt venir à vaillance par probe considère comment on asciet à table dou roi, de dah | et de conte le preu, et on met arrière le couwars prè ceus, ja soit-il de plus haut linage; et pour que a. à citer les tout baceler qui aiment les armes s'i puissent esem h trace un précieux tableau de da situation de ce par les gentils-hommes sont pleins de loyauté et d'honneur, TR E Se RAR $ A CA ES SEENEN A ES SSN IGT O EE ENRE NOR SE (32) termes mêmes dont se sert ici Froissart : « Engleterre est » la terre dou monde la mieulx gardée. » J'ai voulu rechercher, dans ce manuscrit, les chapitres où il est question de Jacques d'Artevelde. Là aussi, si le texte nouveau se rapproche quelquefois du texte ancien, le plus souvent il s’en éloigne pour entrer plus avant dans là narration des faits. Quand Artevelde paraît pour la première fois, le chro- niqueur s'exprime ainsi : En ce temps avoit, à Gand, un » bourgois qui se nommoit Jaquemon Dartevelle, hauster > homme, sage et soutil durement, et fist tant par sa pois- » sance que toute la ville de Gand fu encline à lui et a ses > Volentés, » Quand il prend la parole sur la place publi- que de Valenciennes, dans la patrie même de Froissart, nous lisons encore : « Dartevelle parla si proprement à la > plaisance dou peuple qui là estoit assemblés pour oir ee > qu'il voloit dire, que quant il conclut son sermon , une > vois généraus et murmuracions se eslevèrent en disant : > Dartevelle a bien parlé et par grande expérience, et est 4 dignes de gouverner et excerser le païs. de Flandres. » Mais ce qui mérite bien plus l'attention , c'est le récit que nous allons rencontrer des derniers moments du cé- lèbre capitaine des communes flamandes. Une conférence avail élé tenue à l'Écluse, et il y avait été résolu qu’on feraitun nouvel effort près du comte de Flandre pour l'en- Sager à rendre hommage à Édouard MI. Artevelde avait ijouté que s'il persistait dans son refus, le roi de France el d'Angleterre pourrait, en le déclarant déchu de ses droits Pour défaut d'hommage à son seigneur suzerain, investir Son propre fils du comté de Flandre; mais tous les dé- putés des communes qui i 4 E. Q remontré qu'une assemblée générale des représentants du t Artevelde. avaient | ( 524 > pays avait seule le droit de prendre une résolution aussi importante. Ceci se passait au moment où le duc de Bra- bant traitait du mariage de sa fille avec Louis de Male; il s'alarma pour le prince qui devait plus tard être son gendre, et soudoya secrètement les tisserands de draps, dont le doyen était Thomas Denis (1). Quatre cents tisserands se réunirent devant l’hôtel de Jacques d'Artevelde en l'appe- lant par leurs insultes et leurs clameurs. En vain Arte- velde parut-il à sa fenêtre et les supplia-t-il de revenir dans trois jours : ils ne se laissèrent point toucher par ses discours : « Nous ne voulons point tant attendre, s'écriè- » rent-ils tout d'une voix, mais viens hors de ton hostel > compter à nous. » Artevelde , comprenant que sa mort était jurée, quitta la fenêtre pour gagner son écurie el fuir à cheval, mais Thomas Denis réussit à l'atteindre et le frappa le premier d'un coup de hache. Thomas Denis était un ingrat : « Se li avoit Jaques Dartevelle, dit Froissart, > fait plusseurs biens et l’avoit mis en l'office dou doyent? » des telliers et si estoit son compère, et fu là ochis Jaques » Dartevelle mescamment , qui tant avoit eu d'estat, » d'amour et de prospérité en Flandre. Ensi vont les for- » lunes de ce monde, ne nuls ne se peut, ne doit confier, > se sages est, trop grandement ens ès prospérités de € » monde. » Édouard lui-même crut que, la Flandre lui restant fidèle, il ne devait pas rechercher trop sévèrement les auteurs du complot. TI fit bon accueil aux députés des communes qui s'excusèrent près de lui « et demora li pas » en pais, Dartevelle fu oubliés, li roi d'Engleterre tnt > à amour les Flamans et ne leur osta nulles des 8% » faites. » A (1) Et voelt-on bien dire que le duc de Brabant fu cause... A EE A AE D ( 525 ) Si je ne me trompe, ce sont surtout les emprunts faits à la chronique de Jean le Bel qui se sont effacés dans le manuscrit de la Vaticane. Aussi n’y trouve-t-on plus cette phrase si souvent citée, où Froissart déclare qu'il a rédigé la première partie de ses chroniques d’après la relation de Jean le Bel. Peut-être ceci explique-t-il pourquoi j'ai cher- ché inutilement dans le manuscrit de la Vaticane l'épisode des amours d'Édouard IH pour la comtesse de Salisbury qui, sauf la magie du style qui appartient en entier à Froissart, remonte évidemment à la narration de Jean le Bel. Notre bon chroniqueur , alors âgé d'environ soixante 105, se serait-il reproché d'avoir dépeint trop vivement cette passion que, malgré les calomnies de Jean le Bel, il avait renfermée du moins dans les étroites limites de l'honneur et du devoir? Mais, lors même que cet épisode n'aurait pas été conservé (et je n’ose l’aflirmer, tant a été rapide mon examen du manuscrit de la Vaticane), que de détails nouveaux abendent ailleurs! combien les aperçus Mails et piquants du chroniqueur sur les hommes et les choses de son temps occupent ici plus de place, surtout en ce qui se rapporte à la glorieuse monarchie d'Édouard HI! Combien Froissart n'est-il pas heureux de rappeler que € li roi Edouwars d'Engleterre et la roine Philippe sa » femme en lors temps furent moult larges en dons et > Courtois et plentureus dou leur, et sceurent moult bien > acquérir lamour et la grâce de toutes gens. » Tantôt cest un chapitre consacré à des joutes et à des fêtes, où l'on vit accourir les plus braves -chevaliers de toute la chrétienté, surtout ceux du Hainaut (4); tantôt c'est une S e s O m Froissart cite entre autres chevaliers du Hainaut les sires d'Enghien , si j m Gommignies et de Ghistelles. Le sire de Ghistelles, bien qu'issu me < SÉRIE, TOME IX. d ( 326 ) rapide dissertation sur la construction du château de Windsor, promptement achevée sous la direction d'ún elerc nommé Guillaume, qui chaque samedi payait tous les ôt- vriers et qui devint, grâce à sa probité et à sa vigilance, l'un des plus puissants seigneurs d'Angleterre. Ailleurs ce sont des passages encore mille fois plus précieux pour nous; car c'est Froissart lui-même qui s’est mis en scène, et qui confirme par son témoignage précis ce que j'ai dil ailleurs des enquêtes où il s’accointa des plus hauts sei- gneurs d'Angleterre. Ainsi dans les lignes suivantes nous le voyons chevaucher avec les Spencer sur les bords de la Tamise ou de la Savern : « Je Froissars, actères de ces chroniques, le di pour tant que en ma jonèce je fus moult bien et tous dis ames de Painnet frère Espensier, que on nommet Edouwart ensi que son père, et ot en mariage la fille à messire Bertremieu de Bruhes (Barthélemi de Burghersh), UN moult vaillant chevalier, et fu cils sires Espensiers de son temps el dou mien le plus joli chevaliers el le plus courtois, li plus honnourables et amoureus el bace- leureus assés, qui fa en toute Engleterre, el le plus larges de donner le sien la où il véoit que il estoit bien employet, et qui mieuls sceut vivre, et dou plus biel estat el bien ordonné; et oy dire en mon temps les se hautes et nobles dames dou païs que nulle feste g'estoil parfaite se li sires Espensiers m'i estoit, et pluisseurs a avint que quant je cevauchoie sus le país avecques lu! » (car les terres et revenues des barons d'Engleterre e » par places et moult esparses) , il m'appeloit et me disoil: Y Y Y YU YO E Ov YO M oy Y Md ds : à noblesse du d'une maison de chevaliers de Flandre, était compris dans la By ciennes. Mainaut, parce qu'il habitait la terre de Raismes, près de Valen AAA A ( 32T ) »» Froissart, voés-vous celle grande ville et ce haüt clo- »» eher? — Je respondoie: Monseigneur, oil: Pourquoi »» le dictes-vous? — Je le dis pour ce, elle deust estre »» mienne, mais il i ot une male route en ce pais, qui »» tout nous tolli » et ensi par pluisseurs fois m'en mons- » tra, et il sen voet en Engleterre plus de XL, et appel- » loit la roine Isabiel mère au roi Edouwart la male roine, » el ausi faisoient si frères (1). » Le jour n’est pas éloigné (il est permis de Pespérer) où le plus admirable monument historique du moyen áge trouvera un éditeur consciencieux et érudit, qui le repro- duira d'après les meilleurs textes et avec toutes les va- riantes de ses rédactions successives. Le manuscrit de la Vaticane occupera, sans doute, dans ce travail, la place qui lui est due si légitimement. Les citations que jé lui ai empruntées en ont assez fait connaître toute Pimpor- lance, mais il convient aussi de rechercher d’où est venu ce texte, écrit à la fin du XIV" siècle, qui longtemps après passa de la bibliothèque de Paul Petau dans celle de la reine Christine de Suède, Quelques lignes sufliront pour éclaircir cette question, et peut-être ajouteront-ellés à ce texte une autorité de plus én plus grande. Il faut remar- quer, d'une part, qu’une main presque contemporaine a tracé sur l’un des feuillets cette signature incomplète : J. de.., d'autre part, que le nom des sires de Moreuil est souligné toutes les fois que Froissart mentionne ces braves en e 15 A M NE SRE RE ose (1) Le manuscrit de la Vaticane est, si je ne me trompe, le seul qui ren- ferme à sa véritable place l’histoire des années 1550 à 1556; qu'après de longues recherches, M. Buchon retrouva dans une copie du manuscrit Soú- bise, aujourd’hui perda, et qui existe aussi comme supplément à la in d'un manuscrit du British Museum. . ( 528 ) chevaliers du Vermandois. N'y a-t-il pas lieu de croire que ce manuscrit a appartenu à Jean de Moreuil, capitaine de Compiègne, qui succomba à Azincourt, comme son aïeul avait péri à Crécy? Ce nom ne permettrait-il pas de re- monter à l’origine même de notre texte? Le sire de Moreuil avait recueilli l'héritage de la veuve du comte Louis de Blois, fille de Jean de Beaumont, et si nous admettons que ce fut pour elle que Froissart composa cette rédaction de ses chroniques, nous comprendrons aisément Com- ment, avant 1445, elle se trouvait entre les mains de Jean de Moreuil. Notre texte serait donc le dernier monument de la fidélité de Froissart à ces nobles maisons de Beau- mont et de Blois, qui lui avaient confié le soin de perpe- tuer leur gloire. Je devais retrouver quelques jours plus tard, dans la collection de l’Arsenal, à Paris, le Froissart de la biblio- thèque de Bourgogne, vanté par Godefroy et vainement cherché par M. Buchon. Enlevé de Bruxelles il y a plus d'un siècle, il a passé depuis par plusieurs mains, et nous n° saurions assez déplorer le soin que l’on a pris d'en dissl- muler Pillustre origine, en arrachant les premiers feuillets qui portaient la signature de Charles-Quint (1). A a e Op POS A E A NE eee ne RS 7 IA e (1) La lettre de Godefroy à Dacier, qui lui transmettait la description Froissart de la Bibliothèque de Bourgogne, quatre volumes in-folio reliés ancienne basane blanche, m'avait aisément permis d'y reconna! du e de France) est incontestable, ét il suffit de remarquer 1° qu du second feuillet et à Pezplicit de chaque volume, les mots in l'inventaire de 1487, y compris la faute : Constantin pour Cotentin; # les quatre volumes contiennent le nombre de feuillets mentionnés pat Gode ( 529 ) Si des textes mêmes de Froissart, nous descendons aux documents qui, dans une bonne édition , doivent servir de pièces justificatives, nous ajouterons qu'un vol récent a fait disparaître à Mayence les célèbres prophéties de Jean de la Roche-Taillade, mais qu’elles sont conservées à la bibliothèque de Bâle (1). J'ai remarqué, dans les dépôts de Rome, plusieurs autres manuscrits dignes d'un sérieux examen. J'aurais pu citer, parmi les narrations historiques, une chronique achevée en 1520, où les grands événements qui avaient la Flan- dre pour théâtre sont fidèlement retracés, et une chro- nique de Baudouin d'Avesnes avec des variantes; j'aurais pu invoquer aussi, comme l’un des titres qui appelleront lindulgence sur mon travail, la découverte d’une lettre dont la date révèle assez tout le prix, car elle fut écrite à Damiette, par Jean de Beaumont, chambellan de saint Louis, le 26 ; juin 4249. Je craindrais toutefois de donner trop de développements à cette notice, et je me bornerai à mentionner ici un manuscrit de la Vaticane, qui, par nt à S A froy et qu'on y remarque également , au commencement du second volume, une miniature représentant le supplice de Guillaume de Pommyères. Ce Manuscrit, et sis à l'Arsenal, avait fait partie de la bibliothèque du Marquis de Pau (1) Le Ms. rs à la Bibliothèque de Mayence y portait le n° 247. Il est décrit ainsi au catalogue : Fratris Johannis de Rupe-Scissa, ord. min. libellus excerptus de prophetali libello, Fade mecum , de futuris eventibus, Les prophéties de Jean de la Roche-Taillade , conservées à Bâle, out été écrites à Avignon, dans une prison qu'on appelait la prison du es Elles sont adressées à un frère mineur, médecin, nommé oi re nn À les der q j'en avais spi, et je le ae Herr d ase us qu'ils o écrit sur To de la Roche-Taillade, Froissart et le continuateur de rires hume de Nangis, ( 550 ) ses généreuses nspirations , touche de fort près aux récits du chroniqueur de Valenciennes. Par un hasard étrange , l’un des derniers livres qu'ait écrits Christine de Pisan, repose à côté de la dernière relation historique qu'a dictée Froissart , et si cette rédaction de F roissart à échappé aux patientes investigations des érudits, le livre de Christine de Pisan est également resté inconnu, même à ses biographes les plus zélés. Il porte pour titre : Des- cription et definition de prodommie selon l'opinion de mon- seigneur d'Orléans (1) , et nous n’oublierons pas que ce due d'Orléans, qui traçait à Christine de Pisan les véritables règles de la prodommie, fut ce prince-poéte, captif pendant vingt-cinq ans, qui sut tour à tour combattre en chevalier el chanter en trouvère. Peut-être ai-je déjà occupé trop longtemps la classe de ces recherches, péniblement entreprises et presque aus- sitôt interrompues. Elles eussent exigé plus de temps, plus de soin, plus d'attention, mais je ne regrette point de les avoir tentées. L'ouvrier du Trastevére, qui poursuit les fouilles du Forum, recueille avec respect le mona débris du passé, et lors même qu'il abandonne sa ps dès le premier jour, il ne la juge pas complètement stè ” , £ de la s'il a exhumé quelque marbre tout empreint encore & gloire et du génie d'un autre âge. (1) Vaticane, reg. 1258, (331) APPENDICE (1). Vaticane, reg, 712. — Lamentatio de morte Karoli comitis Flandriae. : Incipit: Proh! dolor, ducem Flandriae Et defensorem Ecclesiae. Explicit : Hoc sunt digni supplicio uibus placet perditio. Foy. Bolland., Acta SS. Marti, Casanatense, X} V, 31. — Lettre de Baudouin, comte de Flandre, au pape Innocent If, en faveur d'Othon de Saxe, qui ` venait d'être élu empereur (1198). Casanatense. — Lettre de Jean de Beaumont, chambellan de saint Louis, à son ami Geoffroi de la Chapelle, panetier de France (à Damiette, le 26 juin 1249). T lui annonce que le roi, la reine, le comte et la comtesse d'Anjou et le comte d'Artois se portent fort bien. I jouit lui-même, ainsi que ses fils Gui et Guil- laume, d'une bonne santé. Le roi s'est embarqué le jour de l'Ascension : les flots étant soulevés par des tempêtes, il est resté treize jours en mer. La flotte comprenait au moins 120 gros vaisseaux et 1,800 navires d’un ordre inférieur (M mora el DCCC vasa). On arriva à Damiette le vendredi après la Trinité. Le lendemain matin, le roi, « auditis horis et divino servicio, » fit préparer, pour le débarquement, les galées et les petits navires (vasa minora). Le roi se montrait étranger à tout sentiment de + (1) Un grand Sa: À PAPAS DE UPS PER À à vt celles de M. Bor- pa ont été supprimées: je joins à celles que j'ai eo servées quelques extraits pris à Naples et à Gênes. (532 ) crainte, et les chevaliers luttèrent de courage pour assaillir les Sarrasins (Absque timoris strepitu, laeto animo... usque ad mi- al millas mittebant se in aqua, tenentes in manibus lances el A balistas). Les croisés ne perdirent presque aucun des leurs, etle lendemain, les lueurs de l'incendie allumé par les hr ed T's noncèrent qu'ils avaient abandonné Dami compte plus de 1,900 chevaliers du royaume de France (de regno Franciae). Ceux de Syrie et de Chypre, ceux du Temple, ; de l'Hôpital et des autres ordres religieux d'outre-mer sont at l nombre de 700. Il y en a beaucoup d'autres dans l'armée, dam que Pon peut porter à plus de 3,000 le nombre de ceux quise trouvent sous la banniére de la eroix. Cette lettre est, je crois, signalée pour la première fois, On E sait combien sont rares les documents originaux relatifs aux a - eroisades. Je ne retrouve pas le n° du manuscrit où elle est trans- crite sur le feuillet de garde : C'est, si je ne me trompe, Une histoire des Lombards, portée fol. 88 verso du catalogue. Barberini. — Chronicon breve comitum Flandriae. Fragai : inséré dans une chronique italienne du XIV™® siècle. Vaticane, reg. 595. — Chronique qui paraît offrir Le à grand intérêt pour l'histoire de la Flandre. Elle s'arrête en 192 + . 0 de et se termine par quelques lignes où l’on rapporte qe E Nevers, étant sorti de sa prison, vint à Paris, où, saisi dun ©? “grin mortel (mortali ægritudine) dont sa captivité était la caus® 5 $ ute que s il ne tarda pas à rendre le dernier soupir. L'on ajo obsèques furent célébrées le lendemain de la fête de sainte Mani? : Madeleine. Cf. la cont. de Guill. de Nangis. Barberini. — Congiura del popolo minuto di Fian Fragment en italien peu intéressant. fi Vaticane, 798. — Cathalogus et chronicon principuM riae, : - Jncipit : Anno Domini 621, temporibus Eraclii. Explicit : Fluctibus octobris valles maduere leonis, mbres octobris luxerunt corde coloni. o ir > plan- a 4 . — À ( 555 ) liem in flammingo: Schonendycke dranc dryf win coel Doe Vlander hadde menighen poel. Cette chronique a été publiée par M. le chanoine Desmet; mais le texte du manuscrit de la Vaticane paraît plus correct. Cf. Chro- niques de Flandre, t. I, p. 257. > Vaticane, reg. 923. — Chronique de Flandre, dite de Denis Sauvage. Ce manuscrit de la fin du XIV”: siècle s'arrête au siége de Calais. Il faut remarquer qu'il commence par rapporter la fonda- lion de l'abbaye des Dunes : « L'an 1138 fu fondé l'abbie des Dunes, » Vaticane, reg. 869. — Chroniques de Froissart, portant la Signature : Pa. Petavius. Premier volume incomplet qui se termine à la mort de Philippe de Valois. Vaticane, reg. 726. — Chroniques de Froissart avec une con- tinuation jusqu’à la mort de Charles VI. Ce manuscrit, écrit à la fin du XVw* siècle, m'a paru peu important; je remarque toutefois qu'il commence à la mort de Philippe de Valois, c'est-à-dire au point où s'arrête le précieux manuscrit 869. es deux manuscrits avaient été indiqués en 1777, par Du Theil à Dacier, sans faire toutefois l'objet d'un examen sérieux. Vaticane, reg. 811. — Chronique relative aux affaires de France et de Bourgogne sous Charles VII (autographe 1). Elle parait offrir quelques rapports avec la chronique publiée Par Godefroy, sous le nom de Berry. (Hist. de Charles VII, P. 369.) | à Vaticane, reg. 899. — Chronique de la méme époque, prin- ‘ipalement consacrée à Jeanne d'Arc. Semblable au n° 10297 de la Bibliothèque impériale de Paris ? Cest la rédaction primitive d'où a été tirée la chronique de la Pucelle, Cf. M. Quicherat , procés de Jeanne d'Are, IV, p. 204, (554 ) ; Bibliothèque Bourbon, à Naples. — Histoire des guerres de XV™=e siècle, écrite en 1439. : Je n'aïpu voir ce manuscrit. + Vaticane, 3881. — Instructions d'Érard de la Marck, évèque de Liége, à son chancelier, qui se rend en France et à Rome, la première corrigée de sa main, la seconde entièrement aulo- graphe (1515 ou 1516). pee ; Dans la première, l'évêque de Liége charge son conseiller de 4 voir Madame (Louise de Savoie, mère de Francois I° ) et de lui exposer ses différends avec les Liégeois. Il proteste de son dé Youement au roi de France : « À cause que ceulx de par deçà, » quant ils ont veu que ils ne m'ont peult tirer à leur cordele, | » el que pour rien ne vouloie habandonner le servico du Fe a » ils m'ont requis de neutralité, laquelle je ne veux jamais Fi » Cepter, après moy avoir voulu faire déclarer, moy et mon » pays, pour leur alié. » Il émet le vœu d’être promu au atli- nalat, et après avoir dit qu'il espère être soutenu par pesos et par le roi, il ajoute: « Soit que je sois cardinal ou mé a » veux demourer à eux servir, toutefois si j'estoie cardinal, » j'en pouroye mieulx servir pour des raisons que mon chanet- a » lier seest. » . : E Dans la seconde instruction, qui se rapporte à l'envoi ge mn chancelier à Rome, l'évêque de Liége lui recommande de voir” cardinal Soderini, qui a été autrefois ambassadeur de pes : près de Louis XIL, et dont le neveu (il était évêque de ya est son ami, le cardinal Vigerius, qu'il a connu du We E pape Jules II, le eardinal San-Severino , qui est chargé des > faires du roi de France, les cardinaux Accolti, Farnése, Gras d'Aragon , ete. Il s'adressera plus particulièrement an d'Unce et au eardinal de Médicis. Il compte moins we mes : du cardinal Pucci, auquel il a toutefois rendu service ò ica y de Saint-Germain, sous le roi Louis XII, quand il e dé : l'évêché de Vannes. Le chancelier exposera au pape pgs só |! enlevé le temporel à l'évêque de Liége et qu'on melo 4 enlever le spirituel, ( 335 ) Vaticane, 3881. — Concordia inter episcopum et praelatos Leodienses, necnon studium Lovaniense. 2 novembre 1428. Vaticane, reg. 894. — Discours sur les prétentions des An- glais et lettre au dauphin de Viennois, par Jean de Montreuil, prévôt de Lille. Vaticane, vez. 332. — Lettres de Jean de Montreuil, secré- taire du roi de France et prévôt de Lille, à Nicolas de Clémengis. Vaticane, Ottob. 1212. — Épitaphe rimée de Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Vaticane, 1323. — Complainte de Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol. Incipit : Mirés-vous cy , perturbateurs de paix. Ce manuscrit, écrit par Jean Panice, marchand au palais à Paris, a appartenu à Jean de Gouy. Cf. Lenglet Dufresnoy, Pr. de Commines, UI, p. 458, et Keller, Romvart, p. 146. aticane, 1323. — Relation de la bataille de Nancy. Texte publié par Lenglet Dufresnoy, Pr. de Commines, WF, p. 493 Vaticane, 1523. — Vers latins sur la mort de Charles le Hardi, duc de Bourgogne. ; Vaticane, 889. — Jean d'Auffay, Mémoire sur la question qui est entre le due d'Autriche et madame la duchesse sa femme, et le roy de France. Vallicellana. — Négociations entre le roi de France et le due d'Autriche (1478). ibliothèque Bourbon, à Naples, 1. G. 22. — Traité de la guerre sur terre et sur mer, par Philippe de Clèves (texte fran- (ais et traduction italienne). Vaticane, 756. — Relation de Vincent Quirini sur les Pays- $, 1504. Barberini. — De Belgio, Relatio Vincentii Quirini. Vaticane, 756, — Ricordi del imperatore Carlo per suo figliolo fatti in Augusta l'anno 1548 (traduction italienne). (356 ) Cf. Papiers d'État de Granvelle, t. Ul, p. 2 Vaticane, reg. 826. — Comm. de bello Erro sub Cardo (par Marius). L'auteur déclare s'être informé avec soin de tous les erre ments auxquels il n’a pas assisté lui-même. Chigi, R. 1,5. — Relazioni diverse di Carlo V et del re en e de’ suoi stati. Corsini, 1402. — Diverses relations vénitiennes. e Vallicellana. — Theatrum crudelitatum heret. in Belgio. Bibliothèque de la ville, à Génes. — Ant. Perez. Discorso ge le disenzioni del 1575. lbid. — Antoine Perez. Lettera al duca di Lermo del modo che dee tenere chi vivendo presso qualche principe desidera con- i servare la sua buona fortuna. Corsini, 445. — Discorso sopra l'andata del principe Mathias in Fiandra (lettre écrite à Rome, le 3 novembre 1577). h Barberini. — Articoli proposti al duca di Terra Nova gi stati di Fiandra (1% juin 1579). i so. Vallicellana. — De urbe Cameracensi relatio historica, 9 Vallicellana. — Memoria belli Belgici, 1397. Vallicellana. — Discursus fr. Mariae Vailardi de cessione plo" vinciarum belgicarum, 1598. Vullicellana, — Exposé des motifs qui engagérent Philippe ña à céder les Pays-Bas à sa fille (ut Hispania facilius par beret, nec assiduis ob easdem provincias vexaretur bellis). 3] Barberini. — Compendii di trattamenti istorici € 8 sopra li stati delle Flandrie. J; and Barberini.— Lettere d i ale eme Barberini. — Risposta al manifesto che fa faillisima He resa di Fiandra. Vallicellana, N. 22. — Memoriae de moribus provincia Belgii cum notitiis historicis bellorum, dominantibus Aust: al + Corsini, 459, 694. — Francois Campanella. wa ip modo come i Paesi Bassi volgaremente dini di Fiandra 4 (337) ; sano redurre sotto l'obedienza del re di Spagna e nel quale si discor sopra la natura di Fiamminghi e di Spagnardi. Bibliothèque de la ville, à Gênes. — Instruzione lasciata dal conte d'Ognate ambasciatore cattolico al suo successore (le duc de l'Infantado ) come si dovea governare nella corte di Roma. Corsini, 491. — Nunzi apostolici. Instruzioni di tions adressées à monseigneur l'archevêque de Patras, nonce aux Pays-Bas (Rome, 1% mai 1621). Casanatense. — Bentivoglio. Relazione del trattato della tre- gua di Fiandra (Anvers, 9 avril 4609). — Relazione delle pro- vincie unite di Fiandre. — Relazione della Fiandra inviata a Roma (6 avril 1613). — Relazione del movimento d'arme in Fiandra (1614). Corsini, 303. — Relazioni del cardinal Guido Bentivoglio, fatti nella nunziatura di Fiandra. Le manuscrit porte la note suivante : Questi relazioni sono diverse in molte cose dalle stampate. Bibliothèque de la ville à Génes. — Bentivoglio. Lettere. Ibid. — Bentivoglio. Cifre delle letterre, 1617-1621. Chigi, A, IL 49. — Lettere a mons. Nunzio di Colonia circa le missioni di Paesi Bassi , 1659-1648. _Chigi, A, IL. 36. — Lettere a mgr. Vezcovo di Nardo | plu- leurs sont relatives à la paix de Munster), 1629-1651. Casanatense, X, VI. 23. — Lettre sans date ni signature (apocryphe?), par laquelle Puniversité de Louvain, en renvoyant au cardinal de Richelieu quelques écoliers instruits par ses soins (un poco piu dotti che non erano quando vennero a Lovanio), “usil cette occasion pour signaler li perversi costumi de scolari rancesi, pse (Instruc- Casanatense, X, V. 24. — Lettre écrite par un marchand de lége, le 10 août 1651. Il annonce que Zongo Oncledei a été Arrêté à Clermont, porteur d'un chiffre et de papiers très-impor- tants, À l'aide du chiffre, les papiers ont été lus par l'ordre de D. Étienne de Gamarra. Ceci démontre assez che i Francesi non . ( 558 ) sono ancora al fine delli travagli che dato loro il saranat Má pea. A cette cio se trouvent jouis s instructions du ct- er sus pris seigneurs de France, afin de préparer son retour aux affaires Corsini, 1556. — Negociati al congresso di Cambrai eg tion du marquis Neri Corsini). Corsini, 1571-4574. — Dépêches du marquis Neri Corsini. Corsini, 1192, — Accorso di M. Tempi in núñizio di Passi Bassi, 1736. POÉSIE. Vaticane, Urbin, 375. — Fragment d'une ancienne chanson ] de geste relative aux guerres de Bérenger el de Baldzon ina : li-Court) en Italie (XIIe siècle). J'en citerai re passages : Folio 2 Dist Berengers : or, entendez, barons ; Droit à Bologne, no estore ferons. Par tous les pors de Flandres en irons; Des bons vasaus les mellors. eslirons. : Et à Bologne trestous les enmerons. Plus loin, folio 53 : Signors, fait-il, or oiés mon avis, e ai noveles estoré et ol - Bauces li tors qui fu fix Baudoin, Celui de Flandres qui gist à Saint-Sevrin, Et Berenger fix Ysoré le gris; Et bien C™ chevalier de pris Viennent aider vo dame en cest pais. Ce fragment comprend environ 2,300 ver Casanatense. — Poésies de Jean dé Condé XIV®e siècle). Ce manuscrit, malheureusement incomplet ferme les compositions suivantes : Mer di (359 ) Li dis des trois estas dou monde. Incipit: Cils fait grant sens qui voelt avoir L'amour de Dieu; c'est noble avoir. Les trois estas sont : Chevalerie et prestrage Et puis ordre de mariage. Li confiesse et li pèlerinaige Renart. Incipit : + Jadis estoit Renart empais A Maupertuis en son palais. Explicit : Si ont faite leur retournée Et Bernart et Belin; Ains puis ne furent pèlerin. Cf. le Roman du Renard, édition Méon, I, p. 127. Li dis des VIII blasons. Incipit: Or si comme avénturé mainne Ciaus qu’elle tient en son demainne. Explicit: Li Rois des rois qui sans fin siècle. Li dis dou lyon. Incipit: Hons d'armes d'honneur convoiteus e doit mie iestre si honteus Explicit : Qui chi en droit dou lion finne. Li dis dou roi et des hiermites. Incipit: Ki bien set dire et recorder Explicit : Boins exemple prendre y poront. Li dis des trois mestiers d'armes. Incipit: Noble ordène est de cevalerie; Si doit iestre sans tricerie. Explicit : Jehans de Condé qui chi finne Son dit, le tiesmoingne et afinne. (340 ) Li dis de boine chiére. Incipit : Salemons dist en ses proverbes. Explicit : S'en a de tous homs los et pris. Li dis d'onneur, quongié el honte. Insipit: Grans-fuissons de biaus mos de sise. Explicit: A tant ma prière de fin. C'est dou fighier. Incipit: Quant boins ouvriers devient wiseus. Explicit ; Ce devons pryer de cuer fin. Li dis dou miroir. Incipit : Trop est li siècles pervertis. Explicit : Et en tiel manière el en tiel fourme Que cils exemples t'en afourme Que Jehans de Condé t'a dit Qui chi en droit finne sen dit. Li recors d'armes et d'amours. Incipit : Or sont-il 11 mestiers ensanle. On lit vers la fin : Che dist bien Jean de Condé. Explicit : Et cou que J'ai dit retenra, Li dis de l'aigle, Incipit : Haus hons doit à honneur entendre. Explicit : Chi finne de l'aigle li dis. Li dis dou sengler. Jncipit : Hardis cuers au Les prive. Explicit : Chi finne li dis dou sengler. E i A : E E 3 | ( SA ) Li dis des III saiges. Incipit: Au fait des gens et des usaiges. Explicit : Et des trois saiges me tairai. Des braies le priestre. Incipit : Recorder ai oy maint conte. Explicit: A tant me tais que plus ne sai. Li dis dou plicon. Incipit: Gens sont qui ont plus kier risées. Explicit : Et pour cou finnerai men conte. Li dis des rikièces c'on ne puet avoir. Incipit : Fols est qui voet tendre à avoir. Explicit : Et pour tant m'en tais ci en droit. Li dis dou sens emprunté. Incipit : Jehans de Condet certifie. Explicit : Et à tant voel men dit finner. Li dis dou frain. Incipit : Li coers des gens sont-si hatant. Explicit : (ou qu’en ai dit à ceste fie. Li dis Pourquoi II cozes on vit au monde. Incipit : Qui a le cuer nice et rubieste. Explicit : Si qu’à lui soyens ravoyel. Li dis don chien. Incipit : Par exemple de créatures. Explicit : Cil qui Poront dire et reprendre. Li dis de seurté et de confort. Incipit : Tels est vaincus qui yaint apriès, Explicit : Et chi en droit finne men dit. Yme ù SÉRIE, TOME IX. : 29 ( 542 ) Li dis de l'oliette. Incipit : C’est sierviches biaus et courtois, Explicit : Jehans de Condet qui chi finne Ses sierventois le nous affinne. Li dis dou chevalier à le mance. Incipit : Saiges est qui sa langue atempre. On lit vers la fin : Dieus qui pooirs ne poel finner Laist Jean de Condet finner. Li dis dou varlet ki ama le femme au bourgois. Incipit : Ki pourcace à autrui grevance. Explicit : Et à tant mon conte de fin. Li dis de le Pasque. Incipit : Parler voel à tous crestiens. Li castois dou jovène gentil homme. Incípit : Hons de gens de vilse estrais, On lit vers la fin : Jehans de Condet qui reprent Celui qui ot et nens n'aprent. Li dis de boin non. Incipit : Chieus qui set loquence amoyer. Explicit : Qui du bien faire as boins recort. Li dis de le pelote. | Incipit : Boine amour et viertus si finne. Explicit : Et bien et honneur maintenir. Li dis de le mortel vie. Incipit : Povre cose est de mortel vie. Explicit : A tant prent cils dis finnement. (345) Li dis de le nonnete. Incipit : On ne doit mie trop reprendre. Li dis dou mariage de hardement et de larghece. Incipit : Nobles hons qui à honneur tens. Li dis dou bon conte Willaume. Incipit : Morir est usaiges communs. Cette pièce de vers est consacrée à l'éloge du comte Guillaume, qui mourut le 7 juin 1337, « fort travaillé de gouttes. » Del amant hardi et del amant cremeteux. Je citerai les premiers vers comme modèle de style descriptif : En le douce saison jolie, Que toute créature est lie, Par droit de nature et joieuse, Et que naist la flour en la prée, Kentent oysiel main et viesprée, Et mainnent vie glorieuse, N'est si petite créature Qui ne soit joians par nature. Li dis dou lévrier, Incipit : Ki sens a de biaus mos trouver. Li dis dou magnificat. Incipit * Par orgueil et par fol cuidier. Li dis des estas dou monde. Incipit : Par défaute d'entendement. Le nom de Jean de Condé n'est pas indiqué dans le catalogue. Poésies se trouvent à la suite du Roman de la Rose de Guil- laume de Lorris et de Jean de Meun. Vaticane, — Michaut Taillevent , le psaultier des vilains. (544 ) BIBLIOGRAPHIE; AUTEURS BELGES. Casanatense, B. IV, 3. — Guibert de Tournay. Sermons. La bibliothéque de Marseille posséde, sans indication de nom e . fl T d'auteur, un précieux manuscrit de ces sermons. Íl offre e E marge quelques vers français relatifs aux croisades, qui parais- i sent écrits sous le règne de saint Louis. Casanatense. — Petrus de Flandria. Histoire de la première guerre punique, écrite à Nègrepont, en 1464. 3 pd al Le méme ouvrage se trouve aussi, si je ne me trompe, J bibliothèque Bourbon, à Naples, XII, aa. 20. Petrus de Flandria ne serait-il pas l'auteur de l’ Epistola lugubris de P a sula Nigropontia Turcis , edita a Roderico, episcopo P E (Bibl. de Mayence, n° 42)? lles, Bibliothèque Bourbon, à Naples. — Gérard de Bruse Commentaires sur Euclide. 13 Casanatense, — Copia di lettera del marchese de Mondesar ‘ favore del Papeproquio (sic) , Mont- Un manuscrit du marquis de Montexar, sur l'ordre du E Carmel, est conservé dans la méme bibliothèque. . Rar- 2 Vallicellana. — Bollandus. Epist. autogr. ad Odericum hay: naldum (2 juin 1651). S, Aug. Casanatense, — Lupus Christianus, Belga, ord. rs Plusieurs manuscrits sur diverses contrées de l'Asie, sur la Palestine et la Chine. PR istianus Angelica, R. 3, 10. — Documents relatifs à Christi a upus. tensis, Traité de la grâce. Chigi, F. IV, 98 et A, 11, 32-34. — Vander "à m 1° Ephemerides sanctorum; 2 Epistolae ad pp. Alexandri 5° Patrocinia, 1660-1664, a Ee ie notamment Casn Casanatense. — Joannes Poelman , Belga, theologus en(S. 1). | VE (345) HISTOIRE RELIGIEUSE. Casanatense. — Abbas Ursi Campi, ord. Cist. Propositions adressées au pape Martin V, de acceleratione concilii (1425). Casanatense. — Baius (Michaël). Epist. ad Antonium Sabbi- nium, ord. min. Flandriae. Vallicellana. — De iis quae facta sunt jussu apostolicae sedis per episcopos Belgii in causis M. Baii et C. Jansenii. Angelica, V. 66. — Epistolae PP. Aug. Belgii quibus se justi- ficant a calumnia ipsis imposita de doctrina Jansenii. Corsini, 283. — De l'état de la religion dans les Pays-Bas (in Fiandra); rapport présenté par la congrégation de la Propa- gande à Innocent XI. Bien que les protestants tiennent encore quelques conventi- cules, le clergé s'efforce de les ramener par la persuasion et la douceur, Éloge du clergé belge. Corsini, 285. — Lettre adressée au pape Clément XI et rela- tive aux religieux récollets de l'ordre de Saint-François, en Flandre. Jindiquerai de plus, d’après l Fer Romanum du docteur Dudik: Vaticane, reg. 838. — Chronicon Andreæ Marchianensis. Vaticane, reg. 696. — Chronicon Lamberti Ardensis. alicane, reg. 711. — Chronicon Giraldi de Antwerpia (Xume siècle). Vaticane, reg. 760. — Gesta episcop. Cameracensium. Vallicellana , B. 19. — Traités entre l'Empereur et le due de Bourgogne (novembre 1475). Vallicellana, B. 19. — Négociations entre Louis XI et Maxi- milien d'Autriche (à Boulogne, 1429, lisez 1478). Vaticane, reg. 910-914. — Opera Stradæ. Vallicellana, M. 8. — Epistola Gasparis Furstenbergii scripta : ab urbe Bruga, novembre 1596. RP oo "~ Y rS [e ut Séance du 1” mars 1860. M. Baron, directeur. M. Ab. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, De Keyser, G. Geels, Navez, Roelandt, Suys, J. Geefs, Erin Corr, Snel, Ed. E Fétis, De Busscher, Portaels , membres. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'intérieur annonce l'envoi du pe de M. André Dumont, exécuté par M. Simonis, el mande que ce buste figure à Vexposition des beaux-arts de cette année. i e même Ministre annoncé qu’un subside de cmq T : francs a été accordé par le Gouvernement au comité a nistratif de la Caisse centrale des artistes. ES COMMISSIONS. i be ire x ntérieur a Dans une troisième lettre, M. le Ministre de l'inté a (347 ) | fait connaître qu'il est sollicité fréquemment d'allouer des subsides pour la restauration d'anciennes peintures qui ont subi des dégradations par suite de l’action des temps ou de circonstances défavorables. os « L'administration n'autorise jamais par son Concours, dit-il, ce genre de travaux que lorsque Pavis motivé d'hommes compétents lui semble en démontrer la com- pléte opportunité. Toutefois, même avec cet usage prudent du moyen, la restauration des tableaux, lorsqu'il s’agit d'ouvrages de valeur, constitue en principe une mesure si grave que l'application n’en saurait être entourée de trop de précaution, dans l'intérêt de Part et pour la responsa- bilité du Gouvernement et des administrations publiques qui possèdent des collections d'œuvres anciennes. » Cette question ne me semble pas indigne de fixer l'at- tention de la classe des beaux-arts et de faire l’objet d’un examen spécial de sa part. j » La restauration d'anciens tableaux doit-elle être en- couragée , recommandée ou même seulement autorisée? À quels caractères reconnait-on que la restauration d'un tableau est devenue indispensable? Dans quelles limites y à-t-il lieu toujours de la circonscrire? A quels systèmes de restauration convient-il de donner la préférence ? _» Tel est le programme général que je crois pouvoir livrer à l'appréciation de l’Académie, qui le complétera dans son rapport, si elle juge que la matière offre d’autres Questions à examiner. » Cette lettre est renvoyée à lavis de MM. Navez, Portaels, eyser, Leys et De Busscher. | — Sur la demande de quelques-uns de ses membres, la Classe des lettres avait eu à s'occuper de la question qui se ( 548 ) rattache à la propriété des manuscrits destinés au con- cours. La classe avait cru devoir renvoyer cette question à l'examen de l'assemblée générale de l’Académie, avec le rapport d'une commission composée de deux membres pris dans chaque classe et du secrétaire perpétuel. Les ea bres nommés sont MM. Alvin et Ed. Fétis, pour la classe des beaux-arts: De Koninek et Stas, pour la classe des sciences; Leclercq et Arendt, pour la classe des lettres. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Braemt, trésorier de la Caisse centrale des eb belges présente un aperçu succinct de l’état PR celle caisse depuis son origine. Le nombre de ses si bre est assez restreint, et cependant son avoir, ls torze ans qu’elle existe, s'élève à plus de 60,000 dust M. Alvin rappelle que, depuis longtemps, une Mera sion a été nommée pour la révision du règlement de i ra centrale, et il demande que le bureau cocoa! E ed Opération. M. Ed. Fétis, secrétaire du comité et I y de la Caisse, répond qu'il ne tardera pas à convoq membres désignés. ( 549 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Compte rendu des séances de la Commission royale d'histoire, ou Recueil de ses bulletins. 3%* série, tome 1**, 4° à 37* bulletins. Bruxelles, 1860; 2 cahiers in-4°. Rapport triennal sur la situation de l'instruction primaire en Belgique, présenté aux chambres législatives, le 14 mai 1859, par M. Ch. Rogier, ministre de l'intérieur. Cinquième période triennale , 1855-1857. Bruxelles, 1860; 1 vol. in-4°. Bulletin du conseil supérieur d'agriculture du royaume de Belgique. Tome XII (situation de l'agriculture, année 1858). Bruxelles, 1860; 4 vol. in-4°. Compte rendu des travaux du conseil de salubrité publique de la province de Liége , pendant l'année 1859, présenté à la séance du 14 février 1860; par M. A. Spring. Liége, 1860; 1 br. in-8°. Rapport du conseil de salubrité publique de la ville de Liége , hal léchauffement du sol des jardins du quartier de Saint-Jacques, 1 Liége. Liége 1860; 1 broch. in-8°. Histoire du règne de Charles-Quint en Belgique; par Alexan- dre Henne, Tome X. Bruxelles, 1860; in-8°. lice sur une monnaie carlovingienne , trouvée au lieu dit Altkirch, à Rahling, canton de Rohrbach, département de la Moselle ; par le docteur A. Namur. Bruxelles, 1860; 4 br. in-8°. e E instruction publique en Belgique. VIII'”* année, i. e série, tome HI, janvier à mars, n* À à 5. Bruges, ; 5 broch. in-8°. y o Populaire des sciences; rédigée par J.-B.-E. Husson. année, n*“ 1 à 5, Bruxelles, 1860; 3 broch. in-8”. E rca sur la situation de lu Société archéologique de Namur, 1859. Namur, 1860; 4 br. in-8°. : e 2%" SÉRIE, TOME IX. 94 (350 > Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie. XVIe année, XXX"* vol., janvier à mars. Bruxelles, 1860; 3 broch. in-8°. Archives belges de médecine militaire. XI™ année, t. XXV, 1e à 5" cahier. Bruxelles, 1860; 2 broch. in-8°. Annales de médecine vétérinaire. IX™ année, 1° à 5™ cahier. Bruxelles, 1859; 3 broch. in-8>, Annales d'oculistique. XXII”: année, 41 à 3™e livr. Bruxelles, 1860; 3 broch. in-&. La Presse médicale belge, XH®° année, n°4 à 43. Bruxelles, 1860; 13 feuilles in-4°. Journal de pharmacie, publié par la Société de pharmacie d'Anvers. XVI"" année, janvier à mars. Anvers, 1860; 3 broch. in-8°, Annales médicales de la Flandre occidentale. Tome VI, n° 11 à 22. Roulers-Thourout, 1859; 5 broch. in-8°. Journal d'horticulture pratique de la Belgique. 1W”" année, janvier à mars. Bruxelles, 4860; 3 broch. in-8°. L'Illustration horticole. NH vol., 17 à 3° livr. Gand, 1860; 5 broch. in-8?, i Publications de la Société pour la recherche et la conser valion des monuments historiques dans le grand-duché de Luxembourg: Année 1858, XIV. Luxembourg, 1859; in-4°. se Comptes rendus hebdomadaires des séances de ratai sciences, par MM. les secrétaires perpétuels. Tome L, n° 14 Paris, 1860; 13 cahiers in-4°. i ée evue de l'instruction publique en France. XIX” amé n°® 31 à 52, Paris, 1859; 22 doubles feuilles in-4°. pe Revue et magasin de zoologie pure et appliquée. a à 5 Paris; 3 broch. in-&. ile : Revue de l'art chrétien, recueil mensuel d'archéologie 45 | gieuse, dirigé par M. l'abbé J, Corblet. IV"? année, n° 13% Paris, 1860; 3 broch. in-8. nbd : Discours d'ouverture prononcé à l'assemblée générale du | © Gustay (351 ) cembre 1859 de la Société de géographie; par M. Elie de Beau- mont. Paris, 1860; 1 broch. in-S. Nouvelle biographie générale, depuis "a temps les Se és Jusqu'à nos jours ; publiée par MM. Firmin Didot frère, a. direction de M. le docteur Hoefer. Tome XXXI. Paris, - 1 vol. in-8o, : o a Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie. Année 1859, 1” 4. Amiens, 1859; 1 broch. in-8>. : E Programme de la 27%* session du congrés od de France, qui aura lieu à Cherbourg, le 2 septembre 1860. Cher- bourg, 1860; 1 broch. in-4°. ve Académie des sciences et lettres de Montpellier : — MR de la section des sciences, tome IV, 1'* et 2e fase. ; bo us de la section de médecine, tome IH, 4°" et 2° fase. ; sas art de la section des leltres, Lohe IL, 4% fasc.; — Memoire i $ que el biographique sur l'ancienne Société royale des sh r Montpellier, par Junius Castelmau, opta de ta ” de vd tl suivi d'une notice historique sur la Société des a” el moe leltres de la même ville ; par Eugène Thomas. Montpellier, 185 1859; 6 cahiers in-4o, : | Verhandlungen der naturhistorischen Vereines der PRA Rheinlande und Westphalens; herausgegeben von m 5 (ò C. 0. Weber. XVIme Jahrg; 191-4 Heftes. Bonn, 1859; 2 e: hiers in-8°, Sechs und dreissigster Jahres-Bericht der Rp me af für vaterlándische Kultur; enthält : Arbeiten un “re ngen der Gesellschaft im Jahre 1858. Breslau, : in-49, th Neues lausizti sches Magasin ; ein Auftrage der oberlausitzi- schen Gesellsch aft der Wissenschafien, herausgegeben ne Köhler. XXX Viste Band. Górlitz, 1859; 4 broch. Ei Mitthelungen aus Justus Perthes geographischer coa t. Sinzungsheft; 1860, 1-111. Gotha, 1860; 4 cahiers in-4 pe The terrestrial air-breathing mollusks of the United-States, (352 ) W. G. Binney. Boston, 1859; 1 vol. in-8°. American Academy af arts and sciences : — Memoirs, new and the adjacent territories of North- America. Vol. IW; by series, vol. VI, part 2; — Proceedings, vol. IV, feuilles 12-51. Cambridge, 1859; 1 cahier in-4° et 4 cahier in-8°. Proceedings of the American association for the advancement of science. XII meeting. Cambridge, 1859; 4 vol. in-8°. E Zwólfter Jahresbericht des Ohio Staats-Ackerbaurathes, mil — einem Autzug der Verhandlungen der County Ackerbau » an die General-versammlung von Ohio, fúr das Jahr 1857. Co lumbus, 1858; 4 vol. in-8°. Annals of the lyceum of natural history of New-York. Vol. Vil. | n% 4-5. New-York, 1859; in-8°. The first and second annual report of the geological survey of Missouri; by G. C. Swallow. Jeffersomity, 1855; 1 vol. in Report on the geological survey of the state of Towa; pa | 0 | cing the results-of investigations made during portions years 1855, 1856 et 1857; by James Hal}, J. D. Whitney. Vol), part 1-2. Jowa, 1858 ; 2 vol. in-8°. First report of a geological reconnoissance countries of Arkansas, made during the years 1857 and 185, by David Dale Owen. Little Rock , 1858; 1 vol. in-8°. Academy of natural sciences of Philadelphia : e Á new series, vol. IV, part 2; — Proceedings, 1859, feuilles 11% Philadelphie, 1859; 4 cahier in-4° et 4 cahier in-8°. American philosophical Society held at Philadelphia. — a sactions, new series, vol. XII, part 2; — Proceedings, Yol Y n% 59 à 61. Philadelphie, 1859; 1 cahier in-4° el in-8°. of the Northern Tran 3 bro. BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1860. — No 4. ee e . CLASSE DES SCIENCES. Séance du 31 mars 1800. M. Van Bengoen, directeur. M. Ap. QuereLer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy , Sauveur, Wes- mael, Martens, Cantraine, Stas, De Koninck, A. De Vaux, de Selys-Longehamps , le vicomte B. Du Bus, Nyst, luge, Nerenburger, Melsens , Liagre, Duprez, Poelman , PUdekem, Dewalque, membres; Lacordaire, Lamarle, associés ; Ernest Quetelet, Ch. Montigny, correspondants. i M. Nicolas de Khanikoff , membre de l Académie impé- des sciences de Saint-Pétersbourg, assiste à la séance. 2% SÉRIE, TOME 1x. 25 (354 ) CORRESPONDANCE. — M. le Ministre de l’intérieur transmetdifférents ou vrages destinés à la bibliothèque de l’Académie. M. Maury, directeur de l’observatoire de Washington fait parvenir, par l'intermédiaire de M. Ad. Quetelet, les résultats de la discussion de 6,455 observations baromé triques indépendantes et séparées , recueillies sur mer, à partir du 40”* degré de latitude australe jusqu'au sy. Ces observations sont divisées en trois groupes pour une même longitude, dans la vue de reconnaître l'influence du cap Horn sur Pabaissement du baromètre. On voit qu cet abaissement est assez sensible, en se rapprochant de la latitude du cap. Hauteur moyenne du baromètre ENTRE LES MÉRIDIENS DE MOYENNE “Entre les a nn générale. 20° O. et 140° E. | 440° E. eu 80° O. | du cap Horn- ya PARALLÈLES DE |- mrn [ar Ye TT ak a a ÑO! Fed [noir Fita PRE Fc [enr er Et P p 400 S. et 430S. | 115 | 29,90 | aro | 29,84] 378 | 29,86] 1705 45 et45 738 | 3,80 | 135 |29,73| 257 | 99,75 1130 [29,18 A Le 611 | 29,58 | 226 [29,71 | 337 29,08 n7 95] 48 et50 178 | 90,55 | 247 [29,56 | 250 [20,61] 67 ee 50 el53 108 | 29,35 | 108 | 29,45 | 359 | 29556 | 00 cd 53 el55 6 | 29,17 | 92 |29,35 | 377 | 29,37 ( 355 ) — M. Maury ádresse en même temps ses remerciments pour sa nomination d'associé, et témoigne ses regrets de ce qu'une négligence dans la transmission du diplôme ait relardé jusqu’à présent sa réponse. Des remerciments sont adressés aussi par M. Struve, directeur de l'observatoire de Pulkowa, pour sa nomina- tion d’associé. — M. Encke, secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Berlin, fait connaître qu'il a remis au comité chargé de la fondation de Humboldt, la souscription que l'Aca- démie royale de Bruxelles destine au monument consacré à la mémoire de son ancien associé. _—M. le major Henry James, chargée de la triangula- tion de l'Angleterre, transmet des renseignements sur ses lravaux géodésiques, et fait parvenir en même temps quelques beaux exemplaires photo-zincographiques, pris Sur un ancien munuscrit qui se trouve dans le dépôt de la guerre, — L'Association britannique pour Pavancement des Sciences annonce que sa 58™° réunion aura lieu cette année, à Oxford, le mercredi 27 juin, sous la présidence de lord Wroutesley. — M. Antonio Aguilar, directeur de l'observatoire de Madrid, fait connaître les facilités qui seront accordées aux astronomes désireux d'observer, en Espagne, Péclipse Solaire du mois de juillet prochain. F —M. le docteur B. Schnepp, en donnant connaissance pi premières réunions de l'Institut égyptien, annonce le Prochain envoi des publications de cette société savante. ( 356 ) L'Académie des sciences et lettres de Montpellier, la Société des sciences de Görlitz, et l’Institut de Venise re- mercient l’Académie pour l'envoi de ses travaux. M. H. Namias, secrétaire de cette dernière société sa- vante, annonce en même temps l'envoi de son ouvrage sur les principes électro-physiologiques, qui a été couronné par l’Institut de Milan. — Remerciments. — L'Académie reçoit les résultats des observations qe ont été faites, le 21 mars dernier, sur l'état de la végéta- tion : 4° à Waremme par MM. de Selys- Longchamps € Ghaye; 2 à Jemeppe-sur- Meuse, par M. Alf. de Berre 3° à Melle près de Gand, par M. Bernardin; 4° à Bruxelles: par M. Ad. Quetelet; 5° dans les environs de Munsler, pr: M. le docteur Heis. ; M. le professeur Rigouts-Verbert fait, de son côté, parve- nir les résultats de ses observations sur la feuillaison, la floraison, la fructification et la chute des feuilles, observés à Anvers, pendant l’année 1859. — M. Alexandre Vander Looy, ancien marin el actuel lement représentant des verreries de la Louvière, tante met quelques renseignements sur des découvertes 8 sé phiques, non encore indiquées sur les cartes ofici po récemment publiées, et qui ont été faites en Sa pe pendant l’année 1851, à bord du trois-måts-barquê holla dais Timor, commandé par le capitaine Koning- « 1° Le 9 mai 1851, nous púmes constater Aso i Wake, qui se trouvait placée sur nos cartes par 1% a tude septentrionale et 166"46' longitude orientale (0 ge vatoire de Greenwich) avait disparu. Quoique pas marché frane-ouest sur la parallèle de la latitude a Wake, à partir de 167°24' de longitude orientale (0 que l'ile ( 357 ) vatoire de Greenwich) jusqu’à 165"57' de longitude orien- tale (même observatoire), et que de cette manière, nous ayons coupé diamétralement l'endroit où cette ile aurait dù se trouver, cette dernière pourtant ne s’est point offerte à nos regards. » 2 Le 2 septembre 1851, à six heures du soir, entre 129 de latitude nord, 12059" longitude est (observa- toire de Greenwich) et 40°52’ latitude nord, 121°44/ lon- gitude est (méme observatoire), nous apercúmes sur un fond de trois brasses et demie, des bancs de corail, qui ne figurent pas sur les cartes marines. » 5° Le 11 septembre 1851, à huit heures et quart du matin, entre 6°41” latitude nord, 122°27/ longitude est (observatoire de Greenwich) et 5°17/ latitude nord, 121°50/ longitude est (même observatoire), nous vimes dans la direction E. ‘/; N., à un mille de distance, un petit rocher, qui était inconnu sur nos cartes. » — M. J.-J. d'Omalius d'Halloy, membre de la classe, présente une notice biographique de sa composition sur Alexandre Brongniart. — Remerciments. gm Il est fait hommage d'une médaille en bronze, des- tinée à conserver le souvenir de M. Pierre Simons, ingé- nieur de l'État et ancien correspondant de l’Académie. Cette médaille, gravée par M. Veyrat, a été dessinée par M. Eug. Delbarre, chef de bureau au Ministère des travaux Publics. — Remerciments. > La classe reçoit différents ouvrages manuscrits, Savoir : 1° Sur un nouveau système enregistreur des observa- tions de tous les instruments météorologiques, par M. Ch. ( 558 ) Noël, de Paris. (Commissaires : MM. Duprez et Ad. Que- telet.) ? 2° Sur les ossements fossiles découverts à Lierre, le 28 février 1860, par M. François Scohy, médecin de ba- taillon dans l'armée belge. (Commissaires : MM. Nyst, De Koninck et Van Beneden.) 5° Note sur l'orage du 19 janvier 1860, sur la généra- tion de l'électricité des orages en général, et sur la fré- quence des coups de foudre pendant les orages d'hiver, par M. Florimond. (Commissaires : MM. Duprez et Ad. Que- tele.) CONCOURS. Par sa lettre du 26 janvier 1860, M. le Ministre de l'in- térieur avait transmis une expédition d'un arrêté royal disposant que le prix quinquennal des sciences physiques et mathématiques non décerné pour la période de 18544 1858, serait appliqué à des concours extraordinaires. n réponse à cette demande, la classe des sciences Soumis au Gouvernement deux questions de sciences me thématiques et deux de sciences naturelles, pour faire l'ob- jet du concours dont il s’agit. AS ( 559 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Suile des observations sur la lumière zodiacale faites, à Münster, du 20 décembre 1859 au 25 février 1860, par M. le docteur Heis, de Múnster. Communication de M. Ad. Quetelet (1). Décembre 20, 1 859, 7h, pi desta 300°+ 10, 510°— 2, 520— 5, — 5°. Som nel 341? — 110 Bord inférieur : 330—15", 5200—18, 510° — 20". 2,1860, 7», sep e 5004119, 31094100, 5309410", 0%, 550°+ 10, 0049, 10°+9c. Som : 190 +7 Bord i ue 100 — æ, 0°— 7°, 3500°— 11°. Le bord supérieur passe par %, y Perk Pe le som- Janvier autrefois, on remarque une anomalie vers la région de p Baleine. y... HE ps supérieur : 54594100, 5554-1290, 524-140. Tog 55° + 19 Février 9 Som o AT + Dorn inférieur : 5% +9, 2 +5B% 950 + 19 +.%, 335 — 80, ga Bord supérieur : 34504109, 50150, 250+ 20°, 55° 29, Sommet : 50° + 230, Bord inferieur : 4594-15, 35% + 7°, 950 — 1% o Dr 8h Bord supérieur: 54004240, 3554 925, 54-260, +26%, 25°+ 269, 3504-25, 5, 45°+25, Ps : 510 + 20°. Bord inférieur : 45°+-15°, 35°+ 17°, 2340", 15° — 10°. 1 ey x ; š (1) Voir Buli. de 1 Acad. royale de Belgique, 2° série, t. VIIL, p. 375. ( 360 ) Février 25, 1860, 7° 5. ge e: nl is 0° 30°, 20420, P e? bin ae. Bord inférieur 3 + 17%, 400411, 3045 A 20° — 3°, M. Heis communique aussi l'extrait d'une lettre de M. Neumayer, directeur de l'observatoire magnétique et météorologique de Melbourne (Australie). M. Neumayer, dans ces derniers temps, a observé plusieurs pertarbano a 3 magnétiques (1) : 1859. Octobre 18, de 85 45” à 10b 45" (8h 30" aurore australe). 21, soir » » 22, matin > Novembre 7, de 10% à 13h 30" petites perturbations. -A $, matin gg grue 2, S (aurore australe). $ » 15, où 807, » » 25, > » n poche 6, poe » » » 8, soir, grandes nl, » » 11, de 2h à 3h, grandes perturbatio ale ” » 15, de 7h 19™ à 20h, grandes pra (aurore austral) Tras 16, de 9h à 10h 30”, perturbatio! 1860. Janvier > 15h 55m, gey perturbations. side 12b à 16» ‘ag ti perturbations. | Position de +de latitude — 37°48/6. ió longitude 9» 39" 53° est de Greenwich. EEEE TS F ACA A o (1) A Bruxelles, M. Ernest Quetelet a observé une forte perturbations 18 octobre pres au soir; le a re et le 15 «ao pe e perli Enfin , 1 ée (1860), on a observ ne forle aili bation des éléments magnétiques. Elle « a été Deus pen Paris ie bonne; et le 29 , au soir, une brillante aurore boréale a été apergue ns les né hations (361) Solution géométrique d'une série de problèmes relatifs à Part des constructions; par M. Lamarle, associé de l'Aca- démie. (Suite et fin.) (). RÉSISTANCE DES MATÉRIAUX. — POUSSÉE ET BUTÉE DES TERRES. Sixième question. Equilibre d'un massif sollicité latéralement. XI. Soit ABCD le profil d'un massif compris entre deux plans verticaux parallèles, et sollicité en E par une force horizontale Q. On demande la plus grande valeur admissible pour Q, dans l’état d'équilibre, et en suppo- sant que la rupture tende à se produire par glissement , sui- vant un plan quelconque ae perpendiculaireau profil ABCD (fig. 10). Menons par le point a l'ho- rizontale aa'a'' et, procédant comme au n° VIII, prenons sé Te (Fig. 10.) na — eel On sait quen représentant par 2h’ le poids (”) Hab, h’ ha . C) Voir Bulletins, 9e série, tome IX , page 127. LE: , ae w est la hauteur aB, a, la largeur aa’, b, la longueur du massif me- Perpendiculairement au profil ABCD. (362 ) : du prisme aBCa/, la cohésion développée suivant la set- tion aa! est représentée par a/a//. On sait également que, pour une ligne quelconque de rupture aem coupant ent la droite DC et aboutissant en m à la verticale menée par le point a’, le poids du prisme qui tend à se détacher el la cohésion suivant ae sont représentés respectivement, lun par 2k/—a'e, l’autre par em. Prenons a/b égal à 2h”; par le point b menons l’horizon- tale bn et par le point m la droite mn, sous l'angle amn nhay, | Le poids du prisme qui tend à se détacher étant repte- senté par be, de même que la cohésion l’est par em, On voil aisément que le segment bn représente l'intensité que ta avoir la force Q pour équilibrer la résistance du massif à la rupture par glissement suivant ae. , Imaginons que la droite ae s'abaisse ou s'élève parallèle ment à elle-même. Lorsque le point a descend, le point D remonte d'une égale quantité. De la résulte un double accroissement de la longueur be et, par suite, Une e i nution córrespondante du segment bn, 0u, au contr une augmentation de ce même segment, selon qué la pa mw s'incline à gauche ou à droite de la verticale a "h c'est-à-dire selon que langle maa’’ est plus grand ou pr petit que ọ. a Dans le premier cas, la rupture est plus facile à partir du point A, et Pon a en général bn < au”. + ri Dans le second cas, la rupture est plus facile à pa du point E, et Pon a généralement bn > ada”. (363 ) Les déductions qui précèdent supposent que le point m resteau-dessous de l'horizontale bn. S'il en était autrement, la réaction N’, représentée par mn, changerait de sens, et, des lors, ce ne serait plus par glissement que la rup- ture du massif tendrait à se produire. (Fig. 41.) ne b XII. Tirons la diagonale ; AE. Deux cas sont possi- 4 bles, selon que l’angleEAD 4 \ | | est plus grand ou plus pe- - srr - tit que ©. Soit dabord EAD > o. Q Prolongeons les droi- tes AD, DC et prenons sur leurs prolongements 2y DD” = cd Db—9DC—92h. mm e e Par le point.b menops une horizontale et par le point D’ une verticale. Soit b' le point où ces droites se coupent : Re- présentous-nous la droite a AD! (Age A): Wat x La droite Ab’ peut s’a- aiie ai eo de la droite AE et faire avec Phori- doi ip bm de inférieur à a Lorsqu'il en est ainsi, la peut être considérée comme ligne de plus facile + Le lecteur est mime E ( 364 >) rupture (); la force Q est représentée par DD’, et! e 11 hd e y TR En général, la droite AD” fait avec l'horizontale un angle supérieur à y, et, dès lors, voici quelle est la sol tion : a Par le point A, on mène une droite inclinée sur bn de E l'angle Z + o, ou, ce qui revient au même, inclinée sur AB E de langle y. Soit SAn’ cette droite qui coupe en sh droite D'm et en n’ la droite bn. : On détermine le point m en prenant Sm = SA. Sn’. On tire la droite Aem et l’on achève la construction ps le tracé de la droite mn, l'angle Amn étant pris égal 5 g E Cela posé, la ligne de plus facile rupture esl la droite Ae, ou la diagonale AE, selon que la droite Ae reste al dessous ou qu'au contraire, elle s'élève au-dessus de cell diagonale. T Le reste s'achève aisément, la valeur cherchée pour étant représentée par bn et Péquilibre n'étant pona qu'autant que le point n tombe à droite du point b. Supposons maintenant que Pon ait i EAD < +. nt des dies P faite à Ja fin : (*) La rupture par glissement n'est possible que suiva inclinées que la droite Ab”, (Voir au besoin la remarque vie SEa. AER TAR Ae A RS Ne NA I RR AS o o A NS El, ( 365 ) Prolongeons les droites AD, AB (fig. 12) et, sur leurs prolongements, prenons les points D' et b, de manière que Pon ait 9 AD' = = Fb = 2FB. () Par le point b menons une horizontale et par le point D’ une verticale. Soit b’ le point où ces droites se coupent. Le point m, où la diagonale AE vient rencontrer la verticale D'b', peut se trouver au-des- sous ou au-dessus du point b’. Dans le premier cas, la ligne de plus facile rupture est AE, et, si, par le point m, on mène la droite mn, sous l'angle Amn =" + ọ (n étant le point de rencontre des droites mn, bb”), la valeur cherchée pour Q est représentée par le segment bn (*). Dans le se- cond cas, la ligne de plus facile rupture est le prolonge- ment de la droite menée du point b’ au point E; la force Q est représentée par AD’, et Pon a, comme ci-dessus, Q =y.4,.0,- Nous laissons au lecteur le soin de traduire, au moyen AS O O Le point F est sur l'horizontale menée par le point E ve em de droite Am, bA représentent respectivement, Pune la sn mn AE, l’autre le poids du prisme AECB. Il s'ensuit que les lon- e A reos en même temps, l’une la réaction N’, Pautre la ( 566 ) | du calcul algébrique ceux des résultats Per nous n'avons fait qu'énoncer. | On observera que la direction de ‘la force 0 poil | quelconque, sans que la solution qui vient d'être ex cesse d'être applicable. On observera , en outre, que S'assurer de l'équilibre du massif, il faut considérer sue cessivement tous les modes de rupture qu'il comporte, ! rupture par glissement pouvant être moins facile que pa rotation , comme au n° V, ou autrement. Septième question. Poussée des terres contre une paroi plane. XIII. Étant donnée une paroi plane ae, pressée pre massif de terre et maintenue par une force Q, dont on connaît la direction, on demande la valeur que doit avoi la force Q pour équilibrer l'action de la poussée. Soit ael le profil du massif à considérer. a Opérons d'abord comme l'ont fait MM. Prony, Frangais Navier, ete., c’est-à-dire en supposant la force Q perpen diculaire à la paroi ae, et la droite el horizontale. Soit ac la ligne de rupture. Si le massif est cohérent, les forces à considérer sont m nombre de quatre : po 1° La force Q, "OF male à la paroi de; 9 Le bar P : priem Lars à Je cohésion et dirig suivant ac; (367 > 4 La réaction N’, dont la direction fait avec ac l'angle +0. Faisons tourner d'un angle droit, le systéme de ces quatre forces et représentons par ec le poids P, qui est évidemment proportionnel à ce segment. Après cette rotation , la force T’ est dirigée suivant une perpendiculaire à ca; la force Q suivant ea; la force N' suivant une droite faisant avec ac un angle égal à q. Représentons par cd la force T’ et menons par le point d la droite dm sous l'angle dme — 9. Le prolongement de cette droite venant couper en n la droite ea, il est aisé de voir que le segment en représente la grandeur que doit avoir la force Q pour équilibrer la poussée du prisme eac. On a, par construction, cd. , YT 2y .ac e. L uh. ec h étant la hauteur du triangle eac, y la cohésion pour l'unité de surface, I le poids de Punité de volume de la matiére du massif. De là résulte % ac rie Sup as y sayron, (1) A y m h Le triangle cdm, rectangle en c, donne, O si Par le point m menons la droite ms paralléle a ce et du point a abaissons sur les droites ce, ms la perpendiculaire commune apq. Soit z la distance comprise entre les droites el, ms, on à AA . de pue à En multipliant membre à membre les équations (1), (2), (5), on trouve immédiatement, OR A A TM ET: li suit de là que la distance pg est indépendante de la direction ac, et, conséquemment, que, pour toute ligo de rupture partant du point a, le point m reste sur une même horizontale ms. , Cela posé, si nous observons que la poussée maximum correspond à la plus grande longueur du segment g na pouvons conclure immédiatement que la solution cherchée est fournie par le théorème fondamental exposé ai Il. le Par le point a menons la droite am! dirigée sur talus naturel et coupant, en conséquence, la droite 74 sous langle am'm =o. : En ee du corollaire 4 du n° IHI, la ligne de plus as rupture est dirigée suivant la bissectrice de l'angle gp elle divise donc en deux parties égales l'angle que la pa fait avec le talus naturel. : ice de à Supposons la ligne ac dirigée suivant la pisse E l'angle nam’ et prolongeons la droite ae jusqu'à Sa contre en s avec la droite ms. ER Les angles smn, sam étant égaux, les triangles ® > sma sont semblables et donnent a A OTE ( 569 ) Le prisme eac est dit prisme de plus grande poussée. Désignons par £ le rapport de la base ec de ce prisme à sa hauteur h, et par e l'angle que la paroi ae fait avec la ver- ticale. Il vient h + z z sm=!(h +2), sa = » se =~. cos € cos € On déduit de là (6). . en = sn — se = t’ (h + 2) cos e — . cos € Soit A la valeur de h pour laquelle on a en = o. Cette valeur est déterminée par l'équation de condition Meis 1 —P cos? 2y 41— t’ cos? e oo e ? t” cos *e I tgp ( cos? > PR De * rs Ki (*) En désignant par + le complément de l'angle $, on trouve aisément THE et, par suite, 2y sin T cos € À Loy Y db s k = sin 2 7. On parvient à ce même résultat d’une manière plus A directe et plus simple en opérant comme il suit : | Soit ea (fig. 13») la longueur pour laquelle le à point n tombe en e. Par construction, les angles THE eam, mec sont égaux entre eux et à = ; 0 on d'ailleurs ema = p. De là résulte T . TE cos a z= em sin » hé=aecos E, em? a a (Fig. 13bis,) Il vient donc : 2%" SÉRIE , TOME IX. 26 (370 ) et Pon peut écrire, en conséquence, | (8). « . . . . em—t1" (h — h') cose. De là résulte I À ut? h Do Te en = —— (h — h') cos e. 2 x On voit ainsi comment se déterminent , dans le cas ticulier traité ci-dessus, d’une part, la hauteur h! sur quelle le massif se maintient de lui-même en équilibre; d'autre part, la poussée maximum exercée sur la parot pour une hauteur quelconque h supérieure à h. XIV. Reprenons la question précédente en opérant comme M. Poncelet, c’est-à-dire en tenant comple de frottement qui se développe le long de la paroi ae, E supposant la droite el inclinée d'une maniére quelconque. (Fig. 14.) Pour plus de généralité, nous admettrons, €n ° que le massif peutétre cohérent. a pa FU A A w qe cos E ay sin 7 cos E = Z — A AT € em in TAE a HF et ce résultat s'accorde avec la solution générale exposée nX, ; libre d’un massif coupé latéralement. nes E THE) Désignons par « l'angle que la droite el fait avec l'ho- rizontale, et par 9” l'angle du frottement relatif au glis- sement des terres sur la paroi ae. Les forces à considérer sont les mêmes que tout à l'heure. La seule différence consiste en ce qu’au lieu d’être perpendiculaire à la droite ae, la force Q fait avec cette droite un angle égal à Z + 9’. Procédons comme au n° XIII, en faisant tourner le sys- tème des quatre forces Q, P, T’, N’, non plus d'un angle droit seulement, mais de l'angle Z + x. Après cette ro- tation, les quatre forces à considérer sont représentées respectivement : par ec ; T par cd, l'angle dem étant égal à Z + z; N' par dn , l'angle dme étant égal à 9 — z; Q par en, l'angle aen étant égal à 9! + 2. Les équations (1) et (3) du n° XIII restant les mêmes, l'équation (2) change et devient "sin (p—«) sin(¿—2) “e qui donne pour la distance z comprise entre la droite el et la parallèle à cette droite menée par le point m. (1). 2 cos y ou = const. rn sin (p—a) ll suit de la que, pour toute ligne de rupture partant ce 4, le point m reste sur une même droite ms, parallèle “el, el quen conséquence, la solution cherchée est four- "ie par le théorème fondamental exposé n° IT. (372) Par le point a menons une droite an’ bl droite en sous l'angle an'e =p — a. Soit s le point où la droite an' vient renerlil droite ms. Conformément au corollaire 2 du n° HI faut prendre E . m0 et dès lors tout est résolu. 5 Supposons le point m déterminé par réla 2. la direction acm correspond la plus grande longueur segment en, et, par conséquent, aussi la plus gr poussée du massif sur la paroi ae. Soit Q cette poussée maximum ; elle a pour mesure (hu o en (Fig. 45.) en, et pour faciliter les applications ultérieures, ; Y une maniére générale. st - Étant donnés le triangle ais et la droite în’ (375) points m el n sont déterminés, le premier par la distance sm prise égale à Vsa, sn’; le second, par la rencontre des droites in' et mn, la droite mn étant assujettie à faire avec la droite ma l'angle nma — in'a. la posé, il s'agit de trouver l'expression du seg- ment in. Désignons par 6, y, œ, les angles sin’, n'ia, an'i. On d'abord d Sine + sinc . , sin(w+#) (1). $4 = Si pai y. SN = si. PET == RAN sin (o + 4) SIn w sın (o TO 6) De là résulte sin 6 sin (f + y (2). . .sm—V/sa. = si \/ à ) sin w.sin (v + #) el, par suite, - i i /sin Csin (€ + y) (5). M=si—sm=ia merj, E > - ( | sin (w — €) sin w. sin (v + #) On sait, et d'ailleurs on voit aisément que le quadrila- lére mnan’ est inscriptible dans une circonférence de cercle, tangente en m à la droite is. il s'ensuit y peut kibire + (4). D the ete AW ES Í in’ el comme on a a . im K sin (w + #) i sin. o ° déduit aisément des égalités (3), (4), (5), la relation (374) cherchée V sin o sin (w + y) — V sin €.sin E+ ñ ; sin (a — 6) (6). in = ia | Du point à abaissons sur sa la perpendiculaire iy í représentons-la par q. Soit d’ailleurs p — ag la perpen culaire abaissée du point a sur la droite is. Les trian iag, ¡aq donnent i sin (© + y) = E sin (€ + jerai ia 14 De là résulte, en substituant dans l'équation (6), : V q sin o --Vp sin 4 Frs SES a A os Considérons un point e situésur in’ et déterminé pa au n° XIV. La distance de ce point à la droite is eam E présentée par z, on a d'abord lus E RE d'écrire l'équation L) Une transformation, facile à vérifier, permet sous la forme suivante : ho i à sin (6 + © + #) | n = 10 N AA NE: x — ji p sin © sin (w + Y) + Y sin 6 sin (E+) . " , ¿dul í la E Dans le cas du parallélisme des droites is, an , ON déduit ee é sin? (26 + Y) E TT memeh : TT : : sans la Ce dernier résultat s'établit, d’ailleurs, directement : ( 375 ) hétant la perpendiculaire ap abaissée du point a sur la droite ep menée par le point e parallèlement à is. Du point e abaissons deux perpendiculaires, l'une eo sur ig, l’autre et sur is. La comparaison des triangles ice, ite donne sin v sin w Mire 5 10 = el, — Fr 2 F : sin 6 sin E Désignons par e Pangle que la droite ea fait avec la ver- ticale : æ étant l'angle que la droite is fait avec l'horizon- tale, ou, ce qui revient au même, l’angle que la droite apq lait avec la verticale, il s'ensuit que l'angle eap est égal àc — 2. D'un autre côté, l'angle des droites ag, ig est le même que celui des droites as, is, c’est-à-dire o — 6. On voit donc que l'angle des droites ea, ig, a pour expression la différence o — 8 — (e—a). On déduit de la les deux relations 0g = ea cos (o + a —C— e), ap = h = eg cos ( £ — à) et, par suite, E E L E A cos (e — a) Les équations (9) et (10), ajoutées membre à membre, donnent cos (o — C + a — £) (11). sin w TSF 8 sin 6 cos (e — a) i VI. Veut-on appliquer les résultats qui précèdent à la termination numérique des grandeurs introduites dans “solution du n° XIV? On doit remplacer & par p— ?» © par Z į ; w E E Etpa mi er (38) Les quantités p et q prennent alors les vale vantes : pi à kaa cos. ? (1). | Il sin (Y BY cos. » in), ON cos (e + 9) cos (e — 0) On a ensuife e) ea V q sin (p — a) — V p cos DETTE cos (p + Y + € — à) et en même temps a z z 2y cos. MR a E, ee pese ni Siné cos(e + y) T sin (p — a). cos (e + De là résulte en général —— q sin (p — a) — Vp cos (e + £) he pa PA A a a E (5). . . en = in — ie = ++) e tad PREPA TL sin (p — a) cos (£ + F) s le cas ordinaire des applications, la co12 étant supposée nulle , il vient plus simplement : [ Sn? asno y) —V coses a) ; h = a cos (p +p +50) On a d’ailleurs e sin (o + y) me ( 311 ) el, remplaçant les angles w,6 , y, par leurs valeurs respec- tives ọ — a, =—( +9), 9 +a sin (9 + y) : sin (+ — a) eos (e — a) On déduit de la — A sin ($ + $) = en. en' = hk ma em” =en.en MO aa ERT x|" sin (p — æ) sin (p + g) — V cos (£ — æ) cos (£ + ag cos (p + Pp + e—o0) et désignant par £ le rapport de la base em à la hauteur h. (5). V sinp asin p) — V cos (e — æ) cos (£ + y /sin(p++p) : oee a osp Ay +E—0) sin(p—%) Le rapport de la base du prisme de plus grande poussée Asa hauteur étant ainsi déterminé, on peut écrire sin w.sin (6 + *) em en = — =1”.h : en sin (o + y) ou, ce qui revient au même, sin (p — a) cos (e — a) sin (p + 4) (6). ©» . en —=th De la résulte Mo. QU, sin (g — a) cos fe — 4), 2 sin (+ + $) $ : re = E - , i 7 XVIL Considérons , en dernier lieu , le cas d’un massif (378 ) dont le profil est limité supérieurement par une | (Fig. 16.) brisée ecdfl. Pour ramener ce cas aux précédents, il sulit d'un simple artifice que nous empruntons à M. Poncelel. Supposons que la ligne de plus facile rupture vienne aboutir quelque part en m sur le segment fl. Nous pr longeons la droite If, d’abord jusqu’en g, où elle vient un triangle e'af équivalent en poids au polygone Cela fait, il est visible que, pour toute ligne de raptor? à comprise entre les droites af, al, le profil ae'l peut étre substitué au profil primitif, sans qu'il en résulte aucune modification dans les conditions d'équilibre. Or, dans le profil ae'l, la ligne supérieure e'l est droite; On est U ramené à l’un des cas traités précédemment, et la questio! peut être considérée comme résolue pour toute lig : rupture aboutissant quelque part en m sur le tf La solution qui vient d'être indiquée peut donner ligne de plus facile rupture une droite située à gauche E la droite af. Il s'ensuit alors que, relativement au ilya fl, la droite af est la ligne de plus facile rupture, ety? lieu d'examiner si cette droite remplit la même ©” i par rapport au segment df. Cette nouvelle recherche 4 fait comme la première, en opérant sur le segmé” (319 > la même manière qu’on Pa fait d’abord sur le segment fi. Dans l'hypothèse où la ligne de plus facile rupture tombe quelque part en m sur le segment fi, et où la čo- hésion du massif est considérée comme nulle, si Pon dé- signe par p le pied de la perpendiculaire h, abaissée du point a sur la droite e'l, et qu’on applique la formule (7) du n° XV, il vient d’abord __[V g sin o — ET sin (— €) Doo En On a ensuite (2). PA d= h: o e D à NÉ cos (¿ — a) Cela posé, si Pon désigne par a? le produit constant h. e'g, et qu’on remplace les angles w, 6 par leurs valeurs octi T Fos respectives p — a, — (e + q”), on peut écrire (3). AAA, cos (p + y +E— à), cos (e — x) h cos (9 + Y -+ e —a) Mica RAC ITS —Vh cos (e + y) y . Q == T en . , A i i 3 1 L'action Q exercée sur la paroi ea, pour le prisme de plus grande poussée , se trouve ainsi déterminée numéri- queme nt. XVIH. Les solutions exposées dans les numéros qui Précèdent s'étendent d'elles-mêmes au cas d'une charge ( 580 >) supérieure uniformément répartie: Elles s'étendent ment au cas d'une paroi résistante composée de ns plans distincts. AREA Pour tenir compte d'une charge supérieure unifomé: ment répartie et représentée par y. pour l'unité de surface, il suffit de substituer à IT la somme IT + Cela résulte de ce que le facteur à introduire pere lexjrcandi linai des forces considérées devient Y + y au lieu de En ce qui concerne le cas d’une paroi tompa le plusieurs plans distinets, montrons par un exemple co ment peut se faire cette extension noûvelle. Soil eac une parei plane composée de deux parties, ac, admettant chacune un coefficient -particulier de fro tement. Soient Qı, Q2 les forces nécessaires pour maintenit À l’une le segment ea, l’autre le segment ac contre la pous du massif, On connaît d'avance la direction de ces forces, et il s’agit d'en déterminer la grandeur. Considérons d’abord la force Q,. On opère sur le ment se, comme s il subsistait seul , et rien ee chang totale eac. La force Qı étant connue en grandeur, il qu'en direction, on la porte sur une droite menée à parit du point pris pour origine de là force P. Cela ii s'achève d’après le procédé général, la seule modi consistant à prendre pour origine de la force Q2, 10% l’origine de la force P, mais bien l'extrémité du $ sur lequel on a porté déjà la force Qi. i XIX. Supposons cònnue la poussée que sopor paroi plane pressée par un massif, et cherchons 1 a E (381 ) d'application de cette poussée en nous bornant aux cas les plus simples. Reportons-nous d’abord au n° XVI. La valeur de Q, dans l'hypothèse d'une cohésion nulle, est donnée par l'équation nh? sin (¿—a)cos (e — a) 2 sin (p + y) Soit a’ un point mobile, à par- tir du point e, sur la paroi ea. Pour appliquer la formulle (1) au segment ea”, il suffit d'y con- sidérer h comme une quantité variable, qui représente, pour chaque position du point a’, la perpendiculaire abaissée de ce (Fig. 17.) point sur la droite em. Cela posé, voici les conséquences : 1° Le triangle eam étant pris pour représenter la poussée exercée sur la paroi totale ea, le triangle sem- blable ea'm/ représente celle qui correspond au seg- ment eg”, s Une relation facile à saisir s'établit entre le point d'application de la poussée, Q sur la paroi ea et le centre de gravité du triangle eam. Cette relation consiste en ce que ces deux points sont sur une même droite parallèle AU Côté ma. | Mules point d'application de la poussée Q est situé, Sur "+ 4 une distance du point a égale au tiers de la lon- Sueur ea, e Reportons-nous maintenant au n° XII. La valeur “90née pour Q par l'équation (9) peut s'écrire comme il ( 382 ) h* z) suit: ( == 1107 COB. 1% Q «(> pe lèles, la première à ea, la se- A TAP ` conde à ma. Les triangles aiy, boc étant égaux, on voit aise- ment que la pression exercée © par le massif n ‘agit sur la paroi ea qu’à partir du pointé et que, pour toute position du point a prise au delà de d, elle est proportionnelle à laire du trapèze coim. De là résulte, ainsi qu'on l’a vu tout à l'heure, la conclusion suivante : (Fig. 18.) Le point d'application de la poussée sur la paroi ea cor- respond au centre de gravité du trapèze coim, ce et ce centre se trouvant tous deux sur une méme à parallèle à la base im : Menons par le point c la droite cc’ parallèle à o: Ob trapèze coim est ainsi décomposé en un parallél 5 coic’ et un triangle cc'm, ayant E So Eh pe mesure , le premier (h—h')<, le second ÉZ- Soit 7% distance au point a du point d'application de ha! br sur ae, on a évidemment ps S(h=N)h (h=N)N z(h=N) A e A) ni tmini o + (383 ) On déduit de là ad 2h + W PA AO h ; h— K remplaçant ad par sa valeur ae ——, y e (h—W) (2h +h) _ (h — NJ (2h + w) uG h? EF 6h cos € Dans le cas d’une charge uniformément répartie sur la face supérieure du massif et égale à p pour Punité de sur- face, on doit remplacer TI par I + E , et h’ par h'”, en posant ll en résulte à h —h" 2 Q = Tii cos e a. (h Po Sagit-il ensuite da point d'application de la poussée Q Sur la paroi ea? On procède, comme tout à l'heure, sauf les Modifications suivantes. 3 Les longueurs eb, be sont prises égales à £, Les droites *, am sont prolongées jusqu’à la droite fn menée paral- lélement à em à la distance É, L'aire du parallélogramme cfam ayant pour mesure le produit (Es , il s'ensuit o qu'il ne reste plus qu’à substituer le trapèze foin au tra- ~” coim pour rendre la solution qui précède littérale-" ment applicable. La quantité A peut être nulle ou négative. Lorsqu'elle est nulle, le point c se confond. avec le point e; lors- ( 584 ) qu'elle est négative, le point c tombe à gauche du po On observera que la pression du massif sur la paroi a commence à partir du point d ou à partir du pointe, selon que la quantité h'” est positive ou négative. Lorsqu'on ne prend pas garde à ces conditions diverses, on ne parvient point aux résultats qu’on devrait obtenir, et l'on s'expose voir des anomalies là où, en réalité, il n'en existe point () Huitième question. Butée des terres contre une paroi plane. XXI. Soit ae une paroi plane pressée contre un massi de terre et exerçant sur ce massif un effort Q dont on connaît la direction. On demande la valeur maximum que la force Q peut atteindre sans rompre le massif, la ropi tendant à se produire par glissement et pouvant avoy p suivant un plan quelconque mené par l'arête inférieure de la paroi ae. ai Tel est le problème de la butée des terres, exposé Pa : la première fois par M. Poncelet. On voit aisément que problème peut et doit se résoudre comme celui de poussée, rien n'étant changé, si ce n’est les direcho tives d'une ou plusieurs des forces désignées ci-dessus les lettres Q, T’, N’. ; Dans le cas du n° XIII, sil s'agit-de la butée au la poussée, la réaction T’ change de sens et P signe. Il en résulte qu’à la figure 45 se substitue 14 lo" 19, les droites cd, md se trouvant placées au cos diiad des (*) Voir M. Prony (Poussée des terres) et M. Navier (Résumé ; données à l’École des ponts et chaussées). S ( 585 ) cm précisément comme elles l’étaient au-dessus (*). La so- m' K ” di + Pali Ne 3 i” ‘“ -i p` X £. Z sa si: NAS ne AO vez \ / de ed de à (Fig. 19.) lution cherchée s'obtient en menant la droite am’ de ma- mere que l'angle am'm soit égal à q. La ligne de plus facile rupture est la droite am dirigée suivant la bissec- trice de l'angle nam’. Le prisme correspondant au triangle ‘eac est dit prisme de moindre butée. La plus grande valeur que la force Q puisse atteindre sans déterminer la rupture du massif est exprimée par la relation Th === LM Q 2 i Le prisme de moindre butée se substituant au prisme € plus grande poussée, le rapport désigné pour celui-ci a prend une autre valeur. Soit 4 cette valeur, on "ouve très-simplement Te cos > 1 t,- cos € = —— = —+ . THE tcose sin —— 2 (*) Les gu dem, emd sont Pun droit, l'autre égal à p- SÉRIE , TOME IX. 21 (386 ) Ou a de méme, en désignant par h, la saber correspond à celle que nous avons représentée d' par h': R dy sin 7 COS € a ETT cos? = — De là résulte Q = = h (h + h,) cos e. s m XXII. Considérons | \ fi core le cas traité n° | Ai supposons qu'il s'ag E | ; maen F) t la butée au lieu de la pous N / sée du massif. Les a a o, y” changeant de sig pas / et la force T’ de sens, à / figure y se substitue à A figure 4 ja Dans e nouvelle fig Lg la droite en est au-des de la droite ea, la droite md au-dessous de la droite L'angle aen gal égal à y! — a; l'angle cmd à q $ l'angle med à Z — a. Il en résulte que la distance 4 point m à la droite ecl a pour expression 2y cos p o =z mt, © Me sin (p +2) Soit n/as une droite menée par le point a, de couper la droite en sous l'angle an'e =9 + # ( 387 ) point de rencontre de cette droite avec la droite ms menée par le point m parallèlement à el, supposons le point m déterminé, par rapport au point s, par l'équation de con- dition — , s sm = sa.sn. Cela posé, le prisme de moindre butée correspond au triangle ace et le reste s'achève comme au n° XIV. On voit suffisamment par ce qui précède comment les solutions, obtenues d’abord pour les différents cas de la poussée d'un massif contre une paroi plane, sétendent delles-mémes au cas de la butée. RÉSUMÉ GÉNÉRAL. XXII. Les questions traitées dans cette note compren- nent les objets suivants : Section de ruplure et résistance d'un solide prismatique encastré horizontalement et sollicité par un poids. Section de rupture et résistance d’un solide prismalique chargé d'un poids. Section de rupture et résistance d'un solide prismalique pesant et chargé d’un poids. Equilibre d'un massif coupé latéralement. Equilibre d'un massif sollicité latéralement. Poussée des terres contre une paroi plane. Butée des terres contre une paroi plane. _ Ces diverses questions se résolvent toutes par Papplica- tion d'un seul et même théorème d géométrie élémentair i lecteur observera que si Pon sen tient à la solution seométrique, tout se réduit à des résultats d'une extrême (388 ) #1 simplicité et v'exigeant que le tracé d’un très-petit no lesquelles on opère et celles qui représentent les solutions cherchées. — M. De Koninck fait une communication verbale rela: tive à différents fossiles dont il est fait mention dans le travail de M. Scohy; il en présente plusieurs exemplaires, ainsi que quelques autres qui ne sont pas mentionnés dans le travail soumis à la classe. M. de Selys-Longchamps fait, de son côté, différentes observations sur la découverte des fossiles trouvés à Saint- Nicolas. bi ( 389 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 2 avril 1860. M. GacHarD, président de l’Académie et directeur de la classe. M. An. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le baron de Gerlache, Grandga- gnage, de Ram, Borgnet, le baron J. de Saint-Genois, P. Devaux, De Decker, Snellaert, Haus, Bormans, Le- clercq, Polain, Baguet, Arendt, Ducpetiaux, Kervyn de Lettenhove, Chalon , membres ; Nolet de Brauwere Van leeland, associé. MM. Sauveur et Alvin , membres des deux autres classes, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'intérieur fait parvenir une lettre de M. le gouverneur de la province d'Anvers contenant une liste des hommes célèbres de cette province dont le “ouvenir mérite d'être consacré par des inscriptions pu- bliques, Cette lettre est renvoyée à la commission des (390 ) trois classes chargée de rédiger un y. de Biographie nationale. — M. Wilbert, président de la Société d'émulation de Cambrai, avait fait des démarches pour obtenir la com- munication d'un mémoire de dom Bévy, ayant pour objet les huits grands chemins militaires romains qui condui saient de Bavay aux huit principales villes de la seconde Belgique. Le secrétaire perpétuel s'est empressé de répon- dre, en communiquant quelques-uns des renseignements demandés; il fera faire des recherches pour voir s'il ne serait pas possible de compléter ces documents, par les manuscrits de dom Bévy, que renferment encore lesar | chives de l’Académie. Le Congrès archéologique de France annonce que si M 27% session aura lieu à Dunkerque, du 16 au 25 a prochain. Le programme comprend un grand nombre de questions qui intéressent l'histoire de la Belgique. E l — M.J. Nolet de Brauwere Van Steeland, a À classe, dépose un fragment d’un poëme hollandais ue composition, intitulé : Het Verhael des monniks. — merciments. RAPPORTS. Es í décisions M. le président fait connaître verbalement les glo prises dans la commission mixte des trois coco d'examiner les questions relatives à la propr iété (39) les mémoires publiés dans les recueils de l’Académie. Le rapport relatif à ces questions sera imprimé et distribué aux membres avant la séance générale du mois de mal. — ll est donné lecture des rapports de MM. le baron J. de Saint-Genois, Carton et de Ram, sur un mémoire manuserit de leur collègue, M. De Smet, relatif a Robert de Jérusalem, comte de Flandre. Conformément à la de- mande des trois commissaires, ce travail sera imprimé dans le recueil des mémoires. — MM. Ducpetiaux , De Decker et le baron de Gerlache donnent successivement lecture de leurs rapports concer- nant les mémoires envoyés au concours sur la question relative au droit d'association. Le jugement sera prononcé dans la prochaine séance. | M. Ducpetiaux donne ensuite lecture du discours sur le même sujet qu'il compte lire à la séance publique de la classe. — [Íl est également donné une première lecture des rap- ports de MM. le baron J. de Witte, Chalon et le baron J. de Saint-Genois, sur les deux mémoires envoyés en réponse à la question du programme de concours de 1860 : Quelles sont les localités des dix-sept provinces des Pays- Bas et du pays de Liége où l'on a frappé monnaie depuis l'invasion des Francs jusqu'à l'émancipation des grands feudataires ? Les décisions relatives à ces mémoires seront prises dans la séance du 9 mai. (392) ÉLECTIONS. La classe arréte définitivement la liste des can pour les places de correspondants regnicoles et d' étrangers à élire lors de la prochaine séance du mois mai. | IA ( 393 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 5 avril 1860. M. Baron, directeur. M. Ab. QueteLEr, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, De Keyser, Fr. Fétis, G. Geefs, Leys, Madou, Navez, Roelandt , Suys, Van Has- selt, Jos. Geefs, Érin Corr, Snel, De Braekeleer, Fraikin, + Fétis, De Busscher, Portaels, membres; Daussoigne- óhul, associé. M. Nolet de Brauwere Van Steeland, associé de la classe des lettres, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'intérieur annonce que, désirant Slisfaire au vœu exprimé par l'Académie, il a chargé M. Louis Jehotte d'exécuter le buste en marbre de Dewez, ancien secrétaire perpétuel de la Compagnie. M. le Ministre demande lavis de la classe sur une lettre sieur Van Poucke, professeur de musique à Ostende, ( 394 >) qui soumet à la Chambre des Représentants diverses con- sidérations tendantes à l'adoption d'un diapason musical : uniforme. Cette lettre avait été renvoyée au Ministère | par décision de la Chambre; elle sera soumise à l'examen 7 de la section de musique de l’Académie, qui fera son rap- port dans une prochaine séance. — La députation permanente du conseil provincial u Hainaut fait parvenir un exemplaire de la médaille frappée, en vertu d'une résolution de cette assemblée, pour per- pétuer le souvenir de la naissance de S. A. R. le comte de Hainaut. \ k M. Fr. Fétis fait hommage du premier volume de la Bio- graphie des musiciens, deuxième édition, qu'il sen faire paraitre. l E M. Galimard , peintre à Paris, fait don d'un se i de la reproduction photographiée de son tableau la » : toire. — Remerciments. | — M. Chrétien Holst, secrétaire de l’université royale de Christiania, fait parvenir différents ouvrages de ce e i savant, et fixe particulièrement l'attention de la ME un grand travail contenant la description de la er a de Drontheim. « Le Gouveruement, dit-il, a lintentiot de restaurer ce monument, et il est à désirer que des f servations faites à l'étranger renferment des Er: archéologiques propres à faciliter cette resi e manière irréprochable. » La classe désigne MY, Bra ñ i Suys èt Balat comme commissaires pour faire l'examet © cet ouvrage. RAPPORTS. MM. Fétis, Daussoigne-Méhul et Snel, formant la sec- tion permanente du jury de composition musicale, avaient été chargés, sur la demande de M. le Ministre de l’intérieur, d'examiner sil n’y avait pas lieu de donner à M. Radoux, lauréat du grand concours de 1859, d’autres instructions que celles que mentionne le règlement. Voici le rapport présenté, au nom de la section, par M. Fr. Fétis : « La section permanente du jury de composition mu- sicale est d'avis que, dans la situation politique actuelle de Pltalie, M. Radoux serait exposé à ne pas jouir, dans Ce pays, du calme nécessaire pour ses études et ses tra- vaux. » D'autre part, l'Allemagne est en ce moment divisée par des opinions si divergentes, en ce qui concerne Part Musical , que le lauréat pourrait être livré à l'incertitude Sur la direction à donner à son talent. s Le jury pense donc que l'Angleterre, Londres parti- culièrement, dans la saison des oratorios et des concerts, el Paris, où le goút est toujours le plus pur et où les occasions d'entendre de bonne musique bien exécutée se Présentent fréquemment, sont les lieux les plus favorables à la continuation des études de M. Radoux. > La section permanente du jury croit devoir faire ob- Server que le séjour de Londres, pendant trois où quatre MOIS, exigerait une dépense mensuelle supérieure à la (396 ) pension accordée aux lauréats pour leur séjour en pays étrangers ; elle croit donc qu’un supplément d'indemnité serait nécessaire pour ce Cas. » — L'Académie, dans sa séance précédente, avait nom- mé une commission chargée d'examiner la question sou- levée par M. le Ministre de l’intérieur et relative aux demandes de subsides qui lui sont fréquemment adressées pour la restauration d'anciennes peintures. La commis- sion s’est réunie une première fois et fait connaitre qu'elle présentera prochainement son rapport. — La classe s'occupe ensuite de différents sujets qui doivent être discutés dans la prochaine assemblée gént- rale. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Notice biographique sur Alexandre Brongniart; par JA d'Omalius d'Halloy. Paris, 1860; 1 broch. in-8°. Fa De la statistique considérée sous le rapport du physique, moral et de l'intelligence de l’homme ; par Ad. Quetelet. Bruxelles, 1860; in-4°. Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique ; par Fr. Fétis. Deuxième édition, tome [o (Aaron Bohrer). Paris, 1860; 4 vol. gr. in-8°. Het verhgel des monniks (fragment); Brauwere Van Steeland. Utrecht; 1 broch. gr. in-8°. à A E a ; door D" J. Nolet de E (397 ) De l'emploi du procédé Bessemer pour la fabrication de O ; par M. A. Delvaux de Fenffe. Liége, 1859; 1 broch. in-8°. Notice sur les Faunkuxsr de M. Haurez, suivie de quelques considérations sur l'emploi des Man ENGiNEs en Angleterre; par le même. Liége, 1859; 1 broch. in-8. Influence de l'enseignement sur la prospérité industrielle aio merciale; par Eugéne Gauthy. Bruxelles, 1860; 1 broch. rl Notice sur la tribu des marantées, suivie de la nomenclature des espèces cultivées dans les jardins; par le D" Fr. Koernicke, de Pétersbourg, traduit de l'allemand, par Alf. de Borre.-Gand, 1860; 1 broch. in-8°. de Charles Morren, sa vie et ses œuvres; par Édouard Morren. Seconde édition. Gand , 1860; 1 broch. in-8°. Fragments de voyayes en Hollande, premitre et mg parties; par Alb. d'Otreppe de Bouvette. Liége, 1860; 2 broch. in-12, Archéologie liégeoise. Vestiges des âges, empreintes des ans ou étude de l'histoire au moyen des fragments d'arts pe e des débris des vieux monuments : par Alb. d'Otreppe de - Velte. Liége, 1 860; 1 broch. in-8°. Abeille, revue pédagogique, publiée par Th. o année, 4re à ¿me Jiyr, Bruxelles, 1860; 3 broch. in-8°. Journal des beaux-arts. H®° année, n° 6 et 7. Anvers, 1860, 2 feuilles in-4°. De viaemsche school, Vi“ Jahrg., feuilles 1 à 7. Anvers, 1860; 7 feuilles in-4e. - Bulletin de la Société historique et littéraire de Tournai. Tome VI. Tournai, 1860; 1 vol. in-8. o 0312 Journal historique et littéraire. Tome XXVI, arte Liége, 1859; 3 broch. in-8°. Annuaire de la Société libre d'émulation de Liége pour l'année 1860. Liége, 1860; 1 vol. pet. in-8°. E ema la Société lpactis de littérature wallonne. Mi année, Liége, 1860; 4 vol. in-8°. ( 398 ) Monographie des brachiopodes fossiles du terrain crélacé supérieur du duché de Limbourg; par J. Bosquet. 4"° partie, Haarlem, 1859; 4 cahier in-4°. i L'Investigateur, journal de l'Institut historique. XXVII année, 3027*-305"* livr. Paris, 4860; in-8°. Ls Observations sur les phénomènes qui se sont passés à la spa ration des périodes géologiques; par M. Hébert. Paris, 1809; 1 broch. in-8°. Note sur la limite inférieure du lias et sur la composition du trias dans les départements du Gard et de l'Hérault; par le même. Paris, 1859; 1 broch. in-8°. Rapports faits à la section des sciences du comité des Sociétés savantes, sur le tome XI du Bulletin de la Société archéologique a de Soissons; par le méme. Paris, 1859; 1 broch. in-8°. : i Rapport fait à la section des sciences du comité des Socitiés savantes sur les mémoires de géologie publiés dans le tome VII : des annales de la Société impériale d'agriculture de Lyon; par | M. Hébert. Paris, 1859; 1 broch. in-8°. ia Rapport fait à la section des sciences du comilé des Sociétés savantes sur les mémoires de géologie contenus dans le denia volume des Mémoires de la Société d'émulation de Doubs; P% M. Hébert. Paris, 1858; 1 broch. in-8°. us Hippocrate, de la vision ; par J. Sichel. Paris. 1860; 1 broth- in-8°, : De la chasse des hyménoptères; par le même. Paris, 1 broch. in-19. : Bulletin de la Société industrielle d'Angers et du de Maine-et-Loire. XXX"* année. Angers, 1859; 1 Mémoires de l'Académie d'Arras. Tome XXX”*. Arras, 1 vol. in-8°. xl Mémoires de la Société d'émulation de Cambrai. Tomes 22" re ` 359: , in-8”. Ne XXVI, 1% part. Cambrai, 1850-4839; 4 vol. in8° june 1859; département vol. in-8” 1858 Bulletin de la Sociéte linnéenne de Normandie, 1 Caen, 1859; 4 vol. in-8°. (399 ) Nouvelles observations et recherches historiques sur la ma- ladie de la pomme de terre et sur celle de la vigne; par Victor Chatel, Caen, 1860; 4 broch. in-8°. Culture des pommes de terre, n° 16; par le même. Caen, 1860; 1 broch. in-8°. : Mémoires de l'Académie impériale des sciences, arts et belles- lettres de Dijon. Deuxième série, tome VII. Dijon, 1859, 1 vol. in-8°, Programme du congrès archéologique de France qui sera ou- vert à Dunkerque le 16 acút 1860. Dunkerque, 1860; 4 broch. in-4°. Essai sur Uhydrologie (extrait de la Géologie pratique de la Louisiane); par R. Thomassy. Montpellier, 1859; in-4°. Cartographie de la Louisiane (extrait du même ouvrage); par le même. Montpellier, 1859; in-4°. Novus codex diplomaticus Brandenburgensis; von D" Adolph Friedrich Riedel. XVII, XVIII Bandes. Berlin; 2 vol. in-4°. Catalog der hinterlassenen Bibliothek des am 28 April 1858 in Berlin vustorbenen geh. medicinal- Rathes, Professors der Anatomie und Physiologie D” Johannes Müller. Bonn, 1858; 1 vol. in-8o, Jahres- Bericht des physikalischen Vereins zu Frankfurt am Mainz für das Rechnungsjahr 1858-1859. Francfort IM., 1859; 1 vol. in-8°. Von der Bedeutung der Sanskritstudien für die griechische Philologie; von Wilhelm Christ. Munich, 1860; 1 broch. in-4°. zur feier ihres eenhundert und ersten Stiftungstages, ye ħalten ; von Justus Freiherrn Liebig. Munich, 1860; 4 br. in-8°. Magnetische und meteorologischen Beobachtungen 44 Pray. Lwangister Jahrgang. Prague, 1860; in-4°. : Archiv für die Naturkunde Liv-, Ehst-und Kurlands; he- - MWsgegeben von der Dorpater Naturforscher- Gesellschaft. Erste | Serie, 1%*-2%" Band. Dorpat, 1839; 2 vol. in-8°. Notizie storiche intorno l'invenzione e l'uso della bussola ( 400 ) presso tulti i popoli antichi e moderni ; raccolte da Montano Magliozzi. Naples, 4839; 4 vol. in-8°. Sui principii elettrofisiologici che devono indirizzare he ; medici della elettricita; studii di Giacinto Namias. Venise, 1859; 1 vol. in-8% . se Betoenkning og Indstilling, fra den ved k. resolution of 1% ! September 1838 nedsatte Commission angaande Almueskole- voesenet. Christiania, 1859; in-4. E Foreningen til Noreba fortidsmindesmerkers Bevaring; Aars- beretning for 1858, Afgiven i Generalforsamling den Juli 1859. Christiania , 1859; 4 broch. in-8°. Statistike Tabeller for kongeriget Norge, udgivne efter Forans- taltning af Departementet for det Indre. Attende Raekke. Chris- tiania, 1858; 4 vol. obl. in-4°. | Fortegnelse over Modeller af Landhuskoldnings- Redskaber fra on horedgaard ved Christiania. Christiania, : 1859, 1 broch. in-8 Personalier rss ved Haus Masse, kong Oscar i 1*", begravelse i Ridderholmskirchen den 8” August 1859. + Christiania, 1859, 4 broch. in-8°. j | Om aedrueligheds - Tilstanden i Norge; ved Eilert Sud Christiania, 1859;4 vol. in-4°. f Om. Saedeligheds: Ti Pd i Norge; af Eilert Sundt. Chris- 4 tiania, 1857; 4 vol. i Fortsat a om y Fantefoldetz ved Eilert Sundt. qe tiania, 1859; 1 vol. in-8>. Om Sistermaal i Norge; af Eilert Sundt. Christiania, 15 1 vol. in-82, Om a i Norge; af Eilert Sundt. Christiania, 185 1 vol. i Al- PRE opus de re grammatica arabicum, cut Abul- Kásim Mahmüd bin "Omar Zamahs ario; ad fidem g3; cum manu scriptorum edidit J. -P. Broch. curan Ai 1 vol. in-8°. ( 401 ) Karlamagnus Saga ok kappa Haus; udgivet af C.-K. Unger. I. Christiania, 1859; 4 vol. in-8>. Diplomatarium norvegicum; Samlede og Udgivne af Chr. C.-A. Lange og Carl R. Unger. Vie Samling. Christiania, 1858; 1 vol. in-8°. Nyt Magazin for Naturvidenskaberne ; Udgives af den phy- siographiske Forening i Christiania ved M. Sars og Th. Kjerulf. X'e Binds, 4% Hefte, Xite Binds, 4** Hefte. Christiania, 1859; 2 cahiers in-8°, Den norske Kirkes historieunder Katholicismen ; af R. Keyser. Christiania, 1856; 2 vol. in-8°. | Uber die geometrische Repräsentation der Gleichungen Zwi- schen zwei veránderlichen, reellen oder Komplexen Grössen; von C.-A. Bjerknes. Christiania , 1859; 4 broch. in-4°. : Forhandlingar i Videnskabs - Selskabet i Christiania aar 1858. Christiania, 1859; 1 vol. in-8°. Norske Huldre- Eventyr og Folkesagn; fortalte af P. Chr. Asbjorusen. I. Christiania , 1859; 1 vol. in-12 Tale og Cantate ved det norske Universitets mindefest for kong Oscar den 224 September 1859. Christiania, 1859; 4 broch. in-8°, Beretning om Bodsfoengsslets Virksomhed i aaret 1858. Christiania , 1859; 4 broch. in-8°. ; Norges Budget 1859 : — n° 1, civil Administrationen; E n' 2, Armeen; — n° 5, ophlysningsvoesenets; — Toldiariffer. Christiania , 1859; 4 vol. in-4°. Throndhjems Domkirke, udgivet efter Foranstaltning af den norske Regjering; Text af Prof. P.-A. Munch, tegninger af arch. H.-E. Schirmer. Christiania, 1859; 4 vol. in-fol. Geological sketch of the estuary and fresh water deposit 4 7 ming the bad lands of Judith river, with some remarks upon the "rounding formation ; by F. V. Hayden. — Extinct eiea from the Judith river and great lignite formation of Nebraska ; y Joseph Leidy, Philadelphie, 1859; 1 cahier in-4°. > e A 28 SÉRIE, TOME 1X. ce ( 402 > The transaction of the Academy of science of S. ps: Ê n° 3. S.-Louis, 1859; 1 cahier in-8°. Geological report of the country along the line of the sde western branch of the Pacific railroad state, of Missouri, > G. C. Swallow. S.-Louis, 1859; 4 broch. in-8°. Annual report of the board of regents of the Smithsonian in- stitution for the year 1858. Washington, 1859; 1 vol. in-8°. Report of the superintendant of the U. S. Coast Survey for 1857. Washington, 1858; 4 vol. in-4°. Exploration and surveys for a railroad route from the Mis- sissipi river to the Pacific ocean. Vol. X. Washington, er 1 vol. in-4°. BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1860. — No 5. —— e CLASSE DES SCIENCES. Séance du 11 mai 1860. M. Van Bexenex, directeur. M. Ap. QuereLer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius, Sauveur, Wesmael, Martens, Cantraine, Stas, De Koninck, A. De Vaux, de Selys-Longehamps , le vicomte B. du Bus, Nyst, Neren- burger, Gluge, Melsens, Schaar, Liagre, Duprez, Bras- seur, Poelman, Dewalque, d'Udekem, membres; Spring, chwan, Lacordaire, Lamarle, associés; Maus, Donny, “loesener, Correspondants. 2™ SÉRIE, TOME 1x. (404) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur demande quelques now | veaux renseignements sur la répartition du prix de 5,000 francs, destinés à différents concours dans le domaine des sciences physiques et mathématiques et en remplacement du prix quinquennal non décerné. — MM. de Selys-Longchamps, Dewalque, Ad. Que telet, Émile Rodigas, Husson, Bernardin et Maas com- - muniquent les observations qu'ils ont faites récemment pour Pétude des phénomènes périodiques des plantes él des animaux. E Les observations météorologiques faites en Angleterre, à Madrid, à Lisbonne et à Rome sont également commi- niquées à l’Académie. : — M. A.-J. Maas, professeur au collége de la Paix, à Namur, transmet quelques nouvelles observations concer sam létat de latmosphère le 49 février 4860, pen Porage qui a frappé 26 églises dans le royaume, « Le vent le plus violent, dit-il, s’est fait sentir à à Bruxelles, LES heures du soir; il ne s'est produit à Namur qu'une e. plus tard. C'est donc dans des circonstances me a ques pareilles que les deux élévations ont eu lieu; © - dire quand la violence des vents s’est calmée... Le ton / n'a éclaté qu’un peu avant 9 heures du soir; et, UP pa après, le ciel était très-resplendissant. Cette lueur ne p être attribuée à la lune, qui était couchée depuis 1008- E ( 405 ) temps, ni à l'éclat des réverbères de la ville. Je crois pou- voir l'appliquer à l’état électrique des flocons de neige; il n'y a eu ici aucun dégât. » RAPPORTS. Sur une découverte d'ossements fossiles; notice de M. le docteur Scohy. Rapport de M. Nyst. « M. Scohy, docteur en sciences naturelles et médecin de bataillon de l'armée belge, actuellement en garnison à Lierre, a présenté à la classe une notice fort intéressante sur les ossements fossiles découverts en cette ville, le 28 février dernier, notice que nous avons été chargé d'exami- ner conjointement avec nos honorables confrères, MM. De Koninck et Van Beneden. Cetravail, qui est accompagné de six planches, représen- lant presque tous les objets les mieux conservés, est divisé en deux sections : dans la première, l'auteur décrit les dents el dans la seconde, les divers ossements recueillis. D'après M. Scohy, quatre grosses dents constilueraient E deux premières et les deux dernières mâchelières de Elephas mammouteus, Cuv., ou l'Elephas primigenius, une des plus petites mâchelières a été représentée pl. E fig. 4. Un fragment en cône tronqué, mesurant 45 cen timètres semble devoir être une défense ayant appartenu à un élé- ( 406 > phant femelle, tandis que d'autres débris appartiendraient à une défense d'éléphant mâle de la plus grande dimen- sion. Ces objets, étant trop brisés, n’ont pu être figurés. La planche II, fig. 1 et 2, représente dans ses différentes faces, une dent, sixième molaire inférieure gauche, supé rieurement conservée, appartenant au genre rhinocéros, - que l’auteur rapporte au R. megarhinus. Une dent figurée pl. HI, fig. 1-4, est une quatrième molaire de la mâchoire gauche du cheval, et enfin les deux dernières (figurées pl. IV, fig. 4 et 2) sont une dent canine et une molaire que l’auteur pense devoir rapporter au genre Canis (chien), et qui ont, en outre, beaucoup d'analogie avec les genres Pterodon et Lyenodon. Elles ont, d'après M. Scohy, une grande affinité avec le Canis familiaris. Parmi les ossements qui font l’objet de la seconde set- tion, l’auteur décrit un os ilMaque d'une pesanteur estri- ordinaire qu’il dit être un tiers plus grand que celui de l'éléphant moderne. Une tête de fémur, une première phas lange d'un doigt (figurée pl. T, fig. 2, réduite à 0), W radius (pl. I, fig. 3, à la même réduction). Dix fragments de còles, dont l'une semble avoir appartenu à la pe mière, et enfin un grand nombre de débris du crane la les articulations temporo-maxillaires, etc. a D'après M. Scohy, tous ces débris auraient apparteni al au même squelette qu'il rapporte, sans hésiter, à rage mouth de la plus grande puissance, et qui n'aurait pa a acquis Pextréme limite de son développement. idus a Deux humérus droits provenant de deux indi : adultes et un humérus gauche d'un individu jeune, 2. portent également au genre Elephas. La planche I, n A représente l’un de ces humérus réduit à */e a E A A SA E RAR E O IS ANS e o E Saa sd. IR ie A A e EU EA ( 407 ) Trois extrémités d'os sont considérées par l’auteur comme des humérus de rhinocéros différents. (Voir pl. V, fig. 4 et 5, réduits à */s). Un os d'environ 25 centimètres et de la grosseur d'un humérus humain, semble être le radius et le cubitus sou- dés ensemble du Cervus primigenius. (Voir pl. VI, fig. 1.) La planche V, fig. 1 et 2, montre : 4° l'extrémité infé- rieure d'un humérus du même animal que ci-dessus; 2 une vertèbre cervicale répondant à la quatrième du même animal : 5° un fragment de bois de cerf d’un demi- mètre et fracturé au sommet, figuré pl. VI, fig. 2. Enfin, d'après l'étude qu'a faite M. Scohy de ces diffé- rents objets, il pense qu'ils appartiennent à huit individus différents, représentant cinq espècés, qui sont les sui- vantes : 1” Elephas primigenius; 2% Rhinoceros megarhinus ; 5 Equus fossilis ; 4° Canis faíiliaris (l'espèce est douteuse) el 5° Cervus primigenius. _À la suite de son travail descriptif et de la détermina- tion de ces objets, M. Scohy s'occupe de la question géo- logique, c’est-à-dire celle de la nature du terrain dans lequel ils ont été trouvés enfouis. Il pense, d’après len- semble des caractères, qu'il a pour base le terrain diestien, lequel serait remanié ou plutôt altéré par le mélange des terrains plus récents. Si, d'un autre côté, nous consultons les travaux impor- tants de Cuvier, nous trouvons que l’on connaît depuis longtemps les éléphants fossiles de Belgique, et que le sa- vant Van Gorp a combattu, dès le XVI" siècle, les préju- és qui faisaient attribuer à des géants des os et des dents d'éléphants tronvés anciennement aux environs d'Anvers, tout aussi bien qu'aujourd'hui on les qualifie encore, à ( 408 ) Lierre, d'os de monstres marins. Il dit, en outre, que - Van Gorp parle aussi des os de deux éléphants déterrés près de Vilvorde. Jean Lauerentzen rapporte l'histoire d'un squelette déterré à Bruges en 1645. De Burtin, dans sa Dissertation sur les révolutions dela surface du globe, couronnée à Harlem en 1787, annonce qu'il possède une dent d'éléphant découverte en Brabant, et ajoute qu'une très-grande tête fossile appartenant at même genre a été retirée d'une rivière, à 2 lieues de Louvain. De Limbourg (1) parle aussi d'os d'éléphants fossiles trouvés dans les Flandres. Cuvier cite des fragments de défenses recueillies dans les couches supérieures el met- bles de Saint-Pierre, près de Maestricht. D’après les recherches de Morren (2), les environs d'Os- À tende, les communes de Tamise, de Melsbroeck el de Niel ont offert aussi de nombreuses et curieuses trouvailles el ossements d’éléphants. Notre savant et modeste confrère et ami Crahay, quel mort a enlevé trop tôt aux sciences , annonce, en 1856, à l’Académie (3), qu’en creusant le canal de Zuitwillems- ameal dalé phants et de rhinocéros. L'on y a constaté depuis da "Equus adam ticus et des dents molaires du Bos primigenius. J'Hal- à vaart, on a trouvé, en traversant le Caberg, dans le h de Smeermaas, une quantité immense de débris bris de Cervus, d'Elephas primigenius, de | En 1840, notre savant confrère M. d'Omalius Se D) (1) Mémoires de P Académie, vol. 1, p. 410. (2) Bulletins de l’ Académie royale des sciences el belles- p. 152. 1855; in-8o, 3) Ibid., t. UI, p. 43. 1856; in-8>. lettres, A ( 409 ) ] loy (1), présente à l'Académie un rapport sur une lettre à 3 s adressée à cette compagnie par M. Biver, médecin, qui annonce qu'aux environs d'Ettelbruck, dans la vallée de l'Alzette (Luxembourg), il a recueilli, enfoncées d'environ 2 mètres, dans un dépôt de débris et à 15 décimètres au- dessus du niveau de la rivière, deux défenses qui étaient à 12 centimètres l’une de l’autre, ce qui faisait supposer qu'elles avaient appartenu au même animal. Dans la notice de M. Biver, qui a été insérée ensuite dans le même volume des Bulletins, p. 432, l’auteur annonce en outre que, dans les bois de la commune de Nedderkern, à 11 lieues SSO. d'Ettelbruck, il a encore été fait une découverte semblable. Morren (2) cite encore de Melsbroeck une vertèbre d'un autre pachyderme du genre hippopotame, gisant dans l'ar- gile supérieure. l ne sera pas sans intérêt de mentionner ici l'opinion de Cuvier au sujet de l’Elephas primigenius. Ses osse- ments, dit-il, se trouvent en grand nombre dans beau- coup de pays, mais ils sont ordinairement mieux con- servés dans le nord que dans le midi de l’Europe; ils ressemblent plus à l'espèce de l'Inde qu'à celle de PAfri- que; se trouvent pour Pordinaire dans les couches meu- bles superficielles de la terre et le plus souvent dans les terrains d'alluvion qui remplissent (comme dans notre pays) le fond des vallées, ou bien bordent le lit des rivières (comme à Lierre). Ils n’y sont jamais seuls, ajoute le grand naturaliste , mais mélés avec les os d'autres qua- a (1) Bulletins de p ? Académie royale des sciences et belles-lettres de Tuzelles , € VII í 9 , part. 1re, p. 64. 1840; in-8. x Pa ss Systématique des nouvelles découvertes d'ossements fossiles , 's dans le Brabant. Gand, 1828; 1 pl.; in-8°. (40) i drupèdes de genres connus, comme ceux de rhinocéros, de y beufs, Vantilopes, et souvent même avec des débris d'ani- maux marins. Îl est permis d'en conclure que le cataclysme qui a enfoui les objets qui font le sujet de ce rapport doit avoir été l’un des plus récents. En effet, les débris … dont nous venons d'entretenir la classe wont pu être E transportés violemment dans cet endroit, puisqu'ils ne sont pas roulés. E Nous rappelons ici avec plaisir que notre confrère et … ami feu Galeotti (1), en parlant des restes de l’Elephas pri- migenius trouvés à Melsbroeck, avait déjà, avec sa saga cité habituelle, su distinguer la formation infra-marine dans laquelle on rencontre, à Anvers et à Saint-Nicolas, les vertèbres de cétacés, du dépôt argileux alluvien an- cien qui lui est supérieur et qui renferme les ossemenis ; et dents qui nous occupent. a En terminant mon rapport, je constale avec plaisir que a m'étant rendu avec mon confrère, M. De Koninck, à Lierre, pour voir ces ossements fossiles, nous avons trouvé chet M. le bourgmestre Bergmann , ainsi que chez M. Scohy, tout l'empressement désirable pour nous fournir les ren- seignements dont nous avions besoin. Je propose dont à. la classe : 1° de voter l'impression de l'intéressante notice de M. Scohy, dont le zéle et les connaissances sont dignes d'éloges, et 2 de remercier MM. les bourgmestre el éche- vins de Lierre, qui wont rien négligé pour faire es : celte découverte au profit de la science. » à ai a 4 , E io (1) Mémoire sur la constitution géologique du Brabant pa p. 18 (1837). (Mémoires couronnés de l’Académie royale de t. XIL) (411) Rapport de M. De Koninck. « Au mois de février dernier, un assez grand nombre d'ossements fossiles furent découverts à Lierre et déposés, par les soins des autorités de cette commune, dans un local dépendant de l'hôtel de ville. M. le docteur Scohy, médecin de garnison à Lierre, s'oc- cupa immédiatement du classement et de l'étude de ces ossements et mit beaucoup de zèle à réunir tous les débris qui avaient été dispersés ou enfouis avant qu'on eût re- connu l'importance de la découverte qui venait d'être faite. Cest aux démarches actives de ce jeune savant que l'on doit la conservation de plusiêurs des pièces qu'il a décrites et figurées dans sa notice. Je suis d'accord avec lui pour admettre que la majeure partie des ossements découverts appartiennent au Mam- mouth, c'est-à-dire à cette espèce d'éléphant fossile que Blumenbach a désignée sous le nom d'Elephas primige- mue, quoiqwelle soit loin d’être celle qui a paru la pre- mière à la surface de notre globe et dont les débris se rencontrent dans les terrains d'alluvion de la plupart des contrées de l'Europe. Je diffère d'opinion avec lui sur quelques-unes des au- tres déterminations qu'il a faites. de doute fort que la dent de Rhinocéros qu'il a décrite comme provenant du Rhinoceros megarhinus, de Christol, “ppartienne réellement à cette espèce. Elle m'a paru être àu Moins aussi rapprochée des dents que M. Owen a figu- rées, sous le nom de Rhinoceros Schleiermacheri, Kaup , parmi celles qui ont été découvertes dans le crag d'eau vuce de Sutton et que M. Herman Von Meyer prétend (412) être identiques avec celles du Rhinoceros incisivus, Cuvier, La dent de cheval que M. Scohy dit provenir de l'Equus fossilis n'appartient pas à cette espèce, mais bien réelle- ment à l Equus plicidens de M. Owen; elle est facile à dis- tinguer par la ramification arborescente d’une partiede son émail, ramification que n’offrent pas les dents du che- val ordinaire ni du cheval fossile. Quant à l'espèce de chien dont M. Scohy a figuré un fragment de mâchoire inférieure, mais à laquelle il map- plique positivement aucun nom spécifique, je la crois nou- velle, et je propose de la désigner sous celui de Canis Liranus, afin de rappeler le lieu de sa découverte. Ayant été chargé par M. le Ministre de l'intérieur de recueillir tous les ossements qui ont fourni le sujet du mémoire de M. Scohy et de les déposer au musée d'his- toire naturelle de l'État, je n'entrerai pas plus avant dans l'examen de ce travail, parce que je comple moi-méne publier le résultat de mes recherches, après que jaurl terminé les nouvelles fouilles qui seront bientôt entre- prises à Lierre, et pour lesquelles M. le Ministre a el Pobligeance de mettre à ma disposition une somme de 500 francs. Je ne terminerai cependant pas mon rapport sf: observer que, parmi les ossements déjà extraits, jai 1% connu une côte d'une grande espèce de cétacé, dont M. Scohy ne fait pas mention, ce qui élève à six le nom® | des mammifères trouvés. pe Je me rallie néanmoins aux conclusions de mon savant sans faire pt nd confrère M. Nyst, pour demander avec lui l np mémoire de M. Scohy; mais à la condition que a. - soient dessinées avec une exactitude plus rigoureuse 4%? celle fournie par les figures actuelles. NES N ASS A A E a NA E o S à ( 415 ) Je demande, en outre, que des remerciments soient te M. le Ministre de l’intérieur pour la sollicitude et l'empressement avec lesquels il a pris Loutes les mesures nécessaires pour conserver les fossiles recueillis et en com- bris ; La béargméstce et échevins de la ville de mA M. Lumen, conducteur au corps des ponts el chaussées, chargé de la direction des travaux du canal de dérivation de la Nèthe, sur le trajet duquel les ossements ont été découverts. Ce fonctionnaire a puissamment Con- tribué à la conservation d'une grande partie de ces fos- siles ; Æ Enfin, à M. Scohy pour la part qu'il a prise dans toutes ces opérations. » j Rapport de M. Van Beneden. « Je me rallie avec empressement à l'avis favorable que nos savants confrères viennent d'exprimer sur le mémoire du docteur Scohy. Je dois cependant faire remarquer quê, à mon avis, il serait plus prudent de ne pas se pre sur le genre auquel se rapporte le fragment de maxi aire de carnassier, rien n'indiquant jusqu’à présent en e an vienne d'une espèce du genre Canis, et nemn 4 De saurais partager l'avis de notre honorable A hi- oninck au sujet de la détermination de la dent re d hocéros. Cette dent, nous semble-t-il, se rapporte bien a Rhinoceros megarhinus de Christol. ¡bé Tons ces ossements de mammifères terrestres, exhibés (414) à la dernière séance de la classe, ont-ils été enfouis en- semble, à la même place, avec la côte que M. De Koninck considère comme une côte d'une grande espèce de cé- tacé? Notre savant confrère de Selys-Longchamps, qui s'est rendu le premier sur les lieux, exprime du douteà ce sujet, et nous voyons, du reste, à chaque fouille que lon E fait le long de la Néthe, ou à chaque rupture de digue, combien ces ossements fossiles sont communs dans le lit de cette rivière. Le musée de Bruxelles possède depuis longtemps plusieurs ossements de rhinocéros trouvés à Duffel, lors des travaux de terrassement du chemin de fer de Malines à Anvers. D'ailleurs, le mélange de fossiles appartenant à des a époques géologiques différentes n'est pas un phénomènes! exceptionnel, el nous en voyons un exemple remarquable à Ostende, que je demande la permission de rappeler. ll west pas très-rare de trouver sur la plage de noté littoral des débris de Rhinoceros tichorinus et des 088: ments, même des défenses entières, d'Elephas primigenius, mélés à des coquilles vivantes et des coquilles fossiles, parfaitement reconnaissables pour des coquilles du sable d'Aeltre. Tous ces fossiles proviennent du fond de la mer, et l’on sait que, surtout à quelque distance de la côtes de l'Angleterre, des ossements se rencontrent en sl grande o abondance que les pêcheurs trouvent très-souvent ms. leurs filets qui ont gratté le fond de la mer, avec les pois- - sons vivants, des os, des défenses et des molaires de mal” | mouth de Sibérie. Je conserve à Louvain des débris de 0% deux grandes espèces de pachydermes et, entre "a un humérus, trouvé dans un filet, qui est encorè Ese E vert de coquillages vivants qui y ont élu leur domt u Je sais que M. Scohy n’a pas ajouté toutes les plan i ( 415 ) qui accompagnent son mémoire, avec l'intention de les faire reproduire, et j'ai l'honneur de proposer de faire figurer seulement la dent de rhinocéros et le fragment de maxillaire de carnassier. » Le mémoire de M. Scohy et les trois rapports auxquels il a donné lieu seront imprimés dans le Bulletin de la séance. { COMMUNICATIONS ET LECTURES. Projet de conférence internationale, pour étendre, sur le` globe entier, le système des observations météorologiques adopté pour la mer, dans la Conférence de 1855. Lettre de M. Maury, directeur de l'observatoire de Washing- ton, à M. Ad. Quetelet. On sait que le gouvernement des États-Unis avait fait, en 1853, un appel aux différentes nations maritimes du globe, en vue d'unir leurs efforts et d'établir un système - uniforme d'observations météorologiques pour simplifier la navigation. M. Maury fut le promoteur de ce vaste sys- léme, et Bruxelles le lieu choisi pour point de réunion de la Conférence. Les principales nations répondirent à Pap- Del; les États-Unis d'Amérique, la France, l'Angleterre, la Russie, la Suède, la Norwége, le Portugal, le Dane- mark, les Pays-Bas, la Belgique envoyérent des repré- sentants, On sait quel fut le succès de cette première conférence et les services immenses qui en sont résultés pour la (416) navigation : les trajets furent généralement abrégés, quel- trefois. M. Maury fait actuellement un nouvel appel aux difé rentes nations; il demande que chacune d'elles envoie des délégués pour établir, de commun accord, un système uni- versel de recherches météorologiques sur mer et sur terre, et pour généraliser les beaux résultats obtenus déjà par quelques-unes d’entre elles. Voici la lettre écrite parluià | : | celte occasion : « Vous avez été le président de la Conférence de Bri- xelles; c’est vous qui avez contribué à l'harmonie de ses réunions et à la bonne issue de ses délibérations. L'époque est venue où, d’après les prévisions des membres, il serait désirable de se réunir de nouveau pour essayer d'étendre nos recherches au delà des mers. » La Conférence recommandait un programme dans lequel étaient spécifiés tous les genres d'observations quexige la bonne conduite des vaisseaux. Ce plan à été encouragé par toutes les nations commercantes el géné- ralement adopté par les marins les plus intelligents nav guant sous les divers pavillons; la mer est maintenant couverte d'observatoires flottants qui tous agissent de con- cert et qui observent, avec un intérêt philosophique; ds phénomènes des vents, des ondes et du temps » Ce système a si bien réussi, il a été si abona?” résultals pratiques et si riche en promesses pour Frs que j'ai pris la liberté, comme un hommage du respect de l'estime que mes collègues mont inspirés pen Conférence, de vous transmettre, comme à son p! ché la communication ci-jointe : faites-en tel usage per” bondant CU dant a ques-uns même du quart ou du tiers du parcours dau à í j Je ( 417) , jugerez convenable. Ce n’est pas, vous le verrez, un rap- port sur les progrès accomplis, car cela exigerait la col- laboration de chacun de nos collègues et associés à nos travaux; ce n’est point un exposé des résultats obtenus depuis notre réunion, en 1853, ni un aperçu de la durée des voyages à travers les mers, qui ont été tant abrégés et dont les dangers ont tant diminué; ce n’est point un compte rendu de ce que chacun de nos corps sociaux a si admirablement opéré, c’est le simple récit de quelques faits, de quelques-unes des circonstances qui ont passé de nos travaux collectifs dans l'expérience , et qui montreront que ce mode de recherches ne doit pas être resserré plus longtemps dans les limites des mers. » L'avantage d'evoir à terre des météorologistes, pour, coopérer avec les navigateurs dont la conférence récla- mait l'appui, est maintenant rendu si évident, que tout progrès ultérieur de la science météorologique demande absolument que ce système s’étende à la terre. La note suivante a pour but de démontrer brièvement un ou deux des grands problèmes sur lesquels nous avons appelé l'at- tention des marins, de ces problémes qui se rapportent à l'atmosphère entière et qui ne peuvent être résolus qu'à ' aide d'observations correspondantes faites sur les conti- ents, » { La Conférence maritime de Bruxelles de 1853 a re- commandé que le programme de recherches physiques Proposées sur mer, sétendit de manière à comprendre aussi les observations sur terre. Depuis cette époque, les mers ont été traversées par des milliers d'observateurs qui, “sissant expérimentalement et de concert, ont prouvé la “igesse de cette recommandation. Je rappellerai quelques ` (418) faits, quelques conséquences acquises pendant le ct rieure de problèmes, dont la solution est d'une grande importance pour le commerce, la navigation et en généra pour tous les intéréts des peuples. ; » En partant de ce principe que, pour ce qui dejati mouvement général de Patmosphére, nous avons sur mer la règle et sur terre les exceptions, j'ai entrepris, à l'assistance de mes collègues, de déterminer ce mouvement général par les observations faites sur mer. » Notre globe a été séparé par zones ou ceintures 5 degrés de largeur s'étendant, de l’un et de l’autre côté de l'équateur, jusqu'au parallèle de 60 degrés. Au delà de En comptant de l'équateur jusqu'au 3° degré, depuis le parallèle de 5 degrés jusqu’à celui de 10 degrés, el ainsi de suite, il semble que nous avons assez d'observations pour 12 des 18 zones que l’on compte de chacun des côtés fournit la direction dominante du vent pendant cet i valle. Nous déduisons de ces données le tableau suivant, qui montre la direction et la durée moyenne 1 vent pour chacune des zones de 5 degrés qui Sy | indiquées. Ce tableau est construit d’après 1, 159,55 servations seulement du grand total de 1,252,994 Y nous avons mentionné plus haut. j "949 Cg ne 1p NAND sug “IA RN Ap dapaenb sp ‘sowe sanof ‘D , z ‘) 6 LV 801 vo Lý *9 01 88 + SL +8 ‘+ samof | LI9‘er NITO | 'O 88 S| *S 08 ‘4 |* H'N | vos“; 'N 62 "0 | ‘O L? 'S | 'S 87 ‘a | “Hor ‘N foo9rosgoa ll a ‘99 gs} Sot 85 eg “9 vr v6 so) 8L va + + sanog Ifo ` 98544 N°01" 09S"S S IS ‘4 | ‘A£L£ 'N 0LQ‘1y °N8£ ‘O | 'O 'S | S 87 ‘A | “A Fr 'N fog8 009 94 8 ar 9H ze Sg 95r LOY 261 99 * + sanof 72163 Nr "0 | 'O SS 'S | 'S 14 "9 | ‘HE "N | 19463 | “NOr “O | 0179 'S | S 0 ‘a | Arr’ N loo gost oq 98 ay sal 02 6% ‘D 91 D} 811 ) ) * + sanof 69929 N St "0 | 009 :S | SIS A | ‘HIS CN | EL | Nr ‘O | 00 sr 08 | S 27H] asr’ loge voor aa y "96 egy tor rs ga ‘D SF 6 I ) 3 * * sanof à VEB “LOF N 6r ‘O | ‘O Fr 'S | 08879] 962 N | eec "NY 'O | OS S |'S 0S ‘A | Hr 'N looy vogc eq ‘D $ 8 90H 86 89 ‘1 Si 9 € 8 B * * sanof ATATA 'N7r:0 | ' 07t'S]| 887081 ‘A Fr N| rie "NIF °O | 'OL£ SS | 'S Sr A) AL N oge E 002 °q "2 0) y 19 + 66 ‘) LH G +9 5 2} * sanof no 22999 NOS ‘O | ‘O 82 'S | ‘S #5 ‘a | AIN LLL‘89 'N87 'O | 'O Fr 'S | 'S LS ‘A | ‘I F9 ‘N [0f 7088 9 "2 04 6% 8£ 68} 66 "9 €) e 1 rd * * sanof © 6299 NES ‘O |'092'S|'S15 A| A'N LoS rr ‘NES "0 | ‘O 6 :S | *S 6C ‘A | AIN og Y 0039 + 0 9 2 dd AAA YL DH 4 č 69 d * sanof 10991 N 390 | ‘O 22 'S | S 82 ‘4 | ‘A 09 N | cores °N #8 0 | 'O 67 'S | 'S 26 ‘A | ASSN 008 P 081 9 re "96 £ e5 623 49 "arr 5 z Éd * sanof L18'er N 69 ‘O |'08£2'S | 'S 0r ‘A | ‘A 69 N| 62213 'N 67 "0 | 'O St S | 'S LG ‘4 | "A ES *N fogt to0Hoq ||: ‘D 0) L 22 023 Sr ‘7 #6 6} 0 211 6£} ‘+ smof || = 8Y9°8e N 6% '0 |:'O 92 S] *S 8€ "4 | ‘HIS 'N 1#8‘9c ‘N S% "O | 'O IS 'S | "SL HAS AN lo01 rosa a + "0 54 eg Ly dd og » D 8 &} 6 66} L9 Fee roi Z aro &L NoSr'0 | 0 08£'S | "Sor? ‘A | “HL oSS “N "ers" L9 "N 068 '0 | 'O olé 'S | 'Solr 'H | 'AoSS'N Jog Y o0 ea A 'su1BALISTO,p |, b > b E b E *5u18 41950 p 3 À ï A b $ El AMAMON JOMABUD owp | *9naenb sue | INTEND swg | cdonaenb aF dan Où 19M LND om? | “L9p40nb swg INTEND owg | *49MIBND 453 HNOZ E x IS A SRE A AER E A T, sé Yu ‘ans ‘ŒWMON È “SIUD $3) anod op “anol us opuradoo suonuonb sowpu s0) anod jusa np oyonuur suusfow vo4np 20 ‘4otaionb anboyo «nod JUJA np ouuofiom uoroeup ‘ouoz onboyo supp 7 Q0,P 70307 PAQUOA] “SAWIVO LA SINTA — "Y AVATAV, O aan: (420 ) >» J'ai exclu les observations faites dans l'océan Indien du nord, dans la mer de Chine et dans les Indes occiden- tales, parce que les vents, comme c'est le cas pour les moussons, présentent dans ces mers des exceptions bien connues aux mouvements généraux de l'atmosphère. » Les observations faites dans ces trois régions des mers s'élèvent au chiffre restant de 75,351; c’est d'après elles qu'on a construit le tableau suivant : Jä a —TanLzau B, — Vents et calmes dans Pocéan Indien du nord, la mer de Chine et les Indes occidentales. | NOMBRE | ZONE 4® quartier, | 2%* quartier, | 3m quartier. | 4”* quartier. de le : De 0° à 50 N, | N. 335° E. | E. 5198. | S. 40 0. | 0. 44° N. 13,205 4 Jours . .. 94 72 126 107 sue. E De 50å 10°N. | N. 44 E. | E. as S. | S. 46 0. | 0. 38 N. | 15518 1 Jours ...| 418 48 137 52 r De10°à15°N. | N. 51 E. | E. 36 S. | S. 47 0. | 0. 43N. 13,500 1 Jours... 474 67 82 35 i Dets4z0oN. | N. 50 E. | E. 55 S. | S. 39 0. | 0-34 N. | 5%] Jours... | 4167 80 76 o . De 20025 N. | N. 47 E. | E. 40 S. | S. 41 O. | 0. 60 N. va a Jours . .. 158 79 74 4 e De2%0à300N.| N. 44 E. | E. 43 S. | S. 36 O. | 0.51 N. ye Jours .. . 158 73 42 39 ” C. Jours calmes, » La direction du vent sur mer pendant la péri se observation (8 heures), est donnée par estimation, “i À avec et tantôt sans égard à la déviation dé la ge qui résulte de la combinaison des deux forces, la m . du vaisseau et la vitesse du vent. Jamais la direct a A 36 , 3 4 , 3 y À q E $ o y á ( 421 ) vent n’est donnée sur la carte des pilotes pour des cours différant entre eux de moins d’un intervalle de la rose des vents, ou 22° 50’, mais ces sources d'erreurs sont élimi- nées en quelque sorte par le nombre des observations in- dividuelles et par leur groupement par quartiers. La fig. 1 est construite d’après le tableau A, en ce qui concerne la prédominance du vent. Les flèches à l’intérieur du cercle, par leur position , indiquent la direction, et par leur lon- gueur, la moyenne annuelle de la durée, en mois, des vents dans chacune des douze zones boréales et australes. Les vents prédominants, dans chacune de ces zones, sont représentés par des flèches entièrement empennées; ceux qui s'en rapprochent le plus, par des flèches empennées d'un seul côté, et les moins fréquents par des flèches à moitié barbelées, Dans certaines zones, vers les calmes du Cancer et du Capricorne, les vents nord-ouest et sud-ouest - Sont également prédominants; dans ce cas, ils sont repré- sentés l’un et l’autre par des flèches entièrement empen- nées. Les vents dont la durée moyenne annuelle ne s'élève Pas à un mois ne sont pas indiqués. » Le profil de l'atmosphère, représenté par le pointil- lage, est construit d'après plus de 100,000 observations barométriques. Plus de 90,000 ont été faites en mer et le reste dans les observatoires avoisinant la mer, tels que Hobart-Town, Greenwich et Saint-Pétersbourg. Je dois à mon collègue, le lieutenant Andrau (1), de la marine hollandaise, 85,534 observations faites en mer. Elles D D a SE a i Maandelijksche zeilaanwijzingen van Java naar het Kanaal. — A uitkomsten van wetenschap en ervaring aangaande winden en a ngeh in sommige gedeelten van den Oceaan , uitgegeven door in ijk 3 + 3 L , m » Y PE, Utrecht, L. ; Bosch en Zoon; 1859. ` g | ( 422 >) s'étendent depuis le 50™° degré de latitude N. Jusqu'au 56” de latitude S. , et sont réduites à 0 degré de température, » L'abaissement du baromètre au cap Horn a beaucoup préoccupé les météorologistes, et embarrassé les naviga- teurs. Et comme mes amis, les navigateurs hollandais, ont produit une très-grande masse d'observations pour les lati- tudes les plus septentrionales, j'ai résolu immédiatement d'examiner leurs livres de loch (ou journal de navigation) pour les observations recueillies dans la région polaire au delà du 40" degré de latitude méridionale, et d'étendre ainsi la série vers le Sud aussi loin que vont ordinairement les vaisseaux, en comprenant toute la circonférence du globe. > Afin de reconnaître si Pabaissement barométrique des régions australes se borne à certaines longitudes seulement, la calotte terrestre au sud du 40”* degré austral a été di- visée en trois segments et a présenté les résultats suivanis: TABLEAU C. — Moyenne des observations barométriques. Près Du 200.4 | Du 140E. à | ,yprs pa ENTRE LE CAP HORN. 1400 E. 80° 0. í n | aaa e | 1042" | toutes | les parallèles | somar | “OFE | omar | "FE | owen E pose te yal Ë Pobeer!. pias. d'obser*. pie. obser”. | pouces A P. P. P. P-a l 1.705! 29,88 De400 et 430 | 378 | 29,86 1,115 | 29,90| 210 | 29,84] 1, 4 ia 43 et 45 237 | 29,75] 738 | 29,80| 155 | 29,73] 1,130} a 45 et 48 337 | 29,68| 611 | 29,58] 226 | 29,71 | 1,174 ee 48 et 50 as0 | 29,61 | 175 | 29,55! 247 | 29,56] 672 ps 50 et 53 359 | 29,56) 4108 | 29,35] 198 | 29,45] 665 à 5 55 377 |2957| 6| 297| 9e | 29,35} 4 pue S5et au dela 1, | 1,055 | 29,28 7 | 29,27] 64 | 29,42] 1,126 5,945 1 Ou à la latitude moyenne de 56°,5. ( 425 ) > Ces observations ne sont pas corrigées pour la tempé- ralure, parce que les données manquent entièrement. Cette correction abaisserait encore, au sud du 40° degré austral, la hauteur moyenne du baromètre. Ce tableau prouve que la dépression atmosphérique ne se borne pas au voisinage du cap Horn, mais que ce même phénomène se produit lout autour de la terre sous un parallèle déterminé. » En prenant la moyenne de ces observations, celles du docteur Kane, dans l'océan Arctique, et celles des vaisseaux hollandais, et en faisant usage de la méthode graphique, la courbe barométrique du pôle nord au pôle sud se projette sur le canevas, comme elle est représentée dans la fig. 2. TasLeau D. — Vents avec composante nord ou sud. Hémisphère nord. HBémisphère sud. INTER- — o ES ua r VALLES, | "028E de joue du a RA de jours de o d'obsery. sie TR E d'observ. die ri pes nord. | sud. | nord.| sud. nord. | sud, | nord. | sud. Wa 5e 167,829 | 79 |268 | » |189 | 72,945) 83 | 269 | » |186 $ 10 [364 | 158 |183 | » | 25 À 54608) 72 | 283 | » |211 10, 15 [27559 | 278 | 73 |205 | » | 45,817] 82 | 275 | » |195 15 20 À33,105 | 273 | 91 |182 | » | 46,604! 91 [266 | » [175 0 25 À 44,527 | 246 | 106 | 140 | » 66,395] 128 | 227 | » | 99 5 30 Jos,777 | 185 | 165 | 22 | » | 66,635! 147 [208 | » | 61 30 55 [oasis Jass | i95 | » | 40 | 16254) 150 [204 | » | 54 % 40 41,253 | 175 | 179 | > 6 |107,251| 178 |178] 0,0 10 45 [35,250 | 163 | 186 | » | 23 | 63,660! 202 | 155 | 47 | > 5 so [2461 | 164 | 189 | » | 25 | 20,152) 209 | 148 | 61 | > 0 55 farstol 188 | 205 | » | ss À 14,286! 208 [154 | 57 | > da 60 147,874 | 142 | 215 | » | 71 À 13,617] 224 | 132 > > Dans le tableau précédent D, pour condenser les ( 424 ) données, les vents des quatre quartiers ont été groupés en vents du nord ou vents du sud : il montre la durée moyenne en jours pour chaque zone. » La figure 5 repro- duit ce tableau par la méthode graphique. Puisque sur mer nous devons nous attendre à trouver la règle et sur terre l'exception en ce qui concerne la dyna- mique de Pair, nous pouvons nous attendre aússi à ce que les lois générales de la circulation atmosphérique soient plus clairement exprimées dans l'hémisphère austral que dans l'hémisphère boréal. Tournons, par conséquent, un moment notre attention exclusivement vers l'hémisphère sud. » Nous observons que là les vents polaires et équalo- riaux se balancent mutuellement entre les parallèles de 55° et de 40° S. Voyez le tableau D et la fig. 5. Supposons que ces vents soufflent avec la même force et font mou- voir de mêmes volumes d'air, dans un temps donné, nous oblenons une barrière atmosphérique, une ceinture qui eutoure la terre et que ne peuvent franchir les venis de surface (1); car si un vent polaire traverse de temps à autre celle barrière, un vent équatorial le repousse immédiate- ment. Cette ceinture coincide avec la zone calme du Ci- pricorne. En nous éloignant d'elle et en nous rapprochant du pôle, les vents polaires deviennent de plus en plus E minants; lorsque nous nous rapprochons au contraire i l'équateur, les vents dominants de cette zone deviennent de plus en plus fréquents. Cela est si remarquable quê, at | ceinturé pendant que nous nous éloignons de celle all . moyenne, nous voyons les vents équatoriaux d'un €O A A A ALO E eN h mr (1) Vents de surface par opposition aux courants supérieurs. i h i i | 4 (425 ) les vents polaires de l’autre (fig. 5) Saccroitre de proche en proche et presque à pas égaux. » Maintenant, que Von peut admettre comme une loi météorologique que le vent de surface souffle toujours du lieu où se trouve une accumulation d'air vers celui où Pair est plus rare, en d’autres termes, d’une pression baromé- trique élevée vers une pression barométrique moindre, nous observons que les vents nous indiquent une dépres- sion atmosphérique dans les régions antarctiques, une dé- pression plus grande qu’à l'équateur; ce qui doit être, sinon cette barrière des vents ou ceinture calme du Capri- corne, au lieu de se trouver plus près de l'équateur, serait à la moyenne distance entre la moindre pression baromé- trique de l'équateur d'une part et la même pression au pôle de l’autre. Mais, au lieu de cela, le courant, pour rem- placer la raréfaction polaire, s'étend à 50 degrés autour du pôle, tandis que le courant pour remplacer la raréfac- tion équatoriale, ne s'étend pas à plus de 35 degrés. Tel est le langage par lequel les vents révèlent une faible hau- teur barométrique au pôle austral. Ce résultat est rendu sensible par les figures 1 et 2. » L’abaissement du baromètre vers le pôle antarctique et établi d'une manière décisive. Sir James Clark Ross la observé à 60, 66 et 74 degrés sud. Si nous projetons la courbe entre les points R au pôle sud (fig. 2), elle don- nera une hauteur moyenne du baromètre inférieure envi- ron d'un pouce à la pression vers le nord. Les détermina- tions de sir James Ross ont été faites sur un seul vaisseau et ne comprennent qu'un petit nombre de jours. Celles D} ont servi à prolonger la courbe jusqu'au pôle, ont été faites sur plusieurs vaisseaux et sont elles-mêmes les Moyennes de quelques milliers d'observations. Soil que (426 ) nous donnions plus de poids à l’inconnue résultant de ces - dernières déterminations, soit que nous les combinions avec celles de Ross, il est évident qu'il y a une grande raréfaction d’air au-dessus du continent antarctique, assez grande pour abaisser la moyenne du baromètre considé rablement au-dessous de 29 pouces. » Comment nous expliquer ce phénomène, à moins de | nous appuyer sur la théorie de la chaleur latente de la vapeur fournie par les mers environnantes du Sud au delà du tropique; cette vapeur précipitée au lieu où les vents ré guliers du pôle cessent de souffler laisse libre le calorique; … celui-ci échauffe Pair, lui donne l'expansion et l'amène à a souffler en arrière comme un courant supérieur, el à lais- 4 ser ainsi après lui une pression barométrique peu élevée. Si nous adoptons cette théorie, ne devons-nous pas la pour: Š À suivre et admettre que, contrairement à l'opinion réglés les climats circompolaires antarctiques, au lieu d'être plus rigoureux que ceux des régions arctiques, sont comparati- | vement plus tempérés ? E » Les tableaux et figures montrent que la position a | zones calmes des tropiques est déterminée par le deat de raréfaction au-dessus des régions calmes polaires, comparées au degré de raréfaction de la zone calme de, ; l'équateur. Les calmes tropicaux sont pour ainsi dire la | résultante de la raréfaction aux pôles et à l'équateur: su | posons qu’en vertu d'une cause quelconque, la presos barométrique de la zone calme à l'équateur, au lieu dele de 297,93, soit réduite à 27,95, tandis que celle des calmes | polaires reste constante; il est évident que la région jé courants équatoriaux serait considérablement élargie, et conséquemment que les lignes moyennes entre les 7 des pôles et de l'équateur seraient reculées vers les pe | re ES e AA SNS RER ( 427 ) En d’autres termes, les zones calmes des tropiques se rap- procheraient des pôles. » Le tableau D nous indique que les vents de la zone équatoriale augmentent en durée à mesure qu'ils appro- chent de l'équateur, et d'autres résultats (1) montrent qu'ils croissent aussi en vitesse; ainsi, dans les zones de 40 à 35 degrés, de 35 à 50 degrés, de 30 à 25 degrés, de 25 à 20 degrés, de 20 à 15 degrés, de 15 à 10 degrés, de 10 à 3 degrés sud, les vents équatoriaux sont en excès sur les vents de la région polaire respectivement dans l'ordre de leurs zones de O, 54, 61, 99, 175, 193 el 211 jours. Il est, par conséquent, démontré qu’en approchant de l'équateur, les vents alizés sont renforcés par des masses d'air que fournissent les courants supérieurs. A Il paraît, de plus, d’après les déterminations baromé- triques du lieutenant Andrau, que la pression moyenne de l'air est de 0,06 de pouce plus grande entre l'équateur et 25 degrés sud qu'entre l'équateur et 25 degrés nord. Mes propres observations (2) montrent une différence de 0,05 de pouce, également du côté des’alizés du sud-est ; mais comme cette détermination ne résulte que de 1981 mesures et celle d'Andrau de 22,917, la différence de 0,06 de pouce semble avoir une plus grande valeur. Une diffé- rence barométrique de 0,06 de pouce équivaut, en nombre rond, à une pression de 4,3 livres par pied carré. C'est ce - Surcroit de pression qui rend les vents alizés du sud-est plus paN que les alizés du nord-est. Ces deux vents passent une plus grande à une moindre pression , et la différence de 4,5 livres par pied carré suffit pour rendre comple de la A o IO NV DE A a E (1) Nautical monograph n° 1. ©) Sixth Ed. Maury’s Sailing direction, 1854, p- 692. ( 428 ) ; position de la zone calme équatoriale, aussi bien que dè la vitesse plus grande des vents alizés du sud-est. Cette zone calme étant la résultante dynamique de ces deux vents, ceux-ci la maintiennent dans sa position au nord de l'équateur. La chaleur latente, -rendue libre par la con- densation de la pluie qui en résulte, détermine de méme la position de l'équateur thermal. L'amiral Chabannes, commandant de la flotte francaise sur la cóte du Brésil, a promis obligeamment de déterminer la différence de vitesse des deux systèmes de vents alizés par des mesures positives. D’après la rapidité moyenne des vaisseaux pen- dant qu'ils naviguent sous l’un ou l’autre vent, j'estime que la vitesse moyenne du vent sud-est est de 25 à 50 milles par heure, et celle du nord-est de 15 à 18 seulement (1). > En étendant un peu la méthode de représenter pa des ordonnées et des abscisses la différence de pression barométrique pour des latitudes différentes el en se servan! des nombreuses observations du lieutenant Andrau ent? 50 degrés nord et Péquateur, nous obtenons, pour les vents alizés du nord-est, une courbe T (fig. 4), que j'ai cru pour nommer la déclivité barométrique des vents; cetle déclivilé 1 est d'un centième de pouce de pression barométrique poi! un degré de latitude. a » Quant à la mousson nord-est de Pocéan Indien, cest simplement le passage des vents alizés nord-est de po : mer, allant rejoindre, comme dans les autres mers, À vents alizés sud-est dans la zone calme de l'équateur pr fluence des agents météorologiques exerçant leur ke i durant le printemps et l'été, dans l'intérieur w produit, sans doute, une raréfaction plus grande que“? , , (1) Physical geography of the sea. E i E i A à à da (499) - la zone de calme équatorial. Ceci admis, les vents alizés sud-est arrivant en été dans la région de plus basse pres- sion équatoriale, y ressentent l'influence d'une dépression barométrique plus grande encore vers le nord; et ainsi, au lieu de s'arrêter, pour former un calme équatorial, ces vents passent outre (1), Sinclinent au nord et deviennent, par suite de la déclivité M (fig. 4), la mousson sud-ouest de l'océan Indien. > Ainsi Pexigerait du moins la loi météorologique, qui eut que les vents aillent du lieu de plus forte pression vers le lieu où elle est moindre. Afin de déterminer la déclivité barométrique de la mousson sud-ouest, j'ai pris la hauteur moyenne du baromètre qui a été bien déter- minée à Madras, Bombay et Calcutta, aux latitudes diffé- tentes de 13° 4/, 48° 54/ et 22 54 nord, par le docteur Buist et le colonel Sykes (2), pendant la mousson sud- Quest, et par ce moyen, j'ai obtenu la courbe M (fig. 4) QU montre la déclivité barométrique de la mousson sud- ouest; elle est d'environ 0,05 de pouce par trois degrés de latitude, et elle indique, ce que l'observation prouve, que la mousson sud-ouest est plus forte que la mousson nord-est > Nous avons obtenu de cette manière les indices d'une pression barométrique moindre dans le nord de l'Inde ou ns son voisinage pendant la mousson sud-ouest. > D'après ces déductions barométriques, les vents po- laires du sud extratropical seraient beaucoup plus forts, leur déctivite barométrique étant d'environ 0,04 de pouce | Carte de la mousson de Pocéan Indien. Observatoire de Washing- 1860 , . 9 . . e) P hilosophical Transactions, 1850, 2* parle. ( 450 ) à par degré de latitude (fig. 2), que les vents polaires du nord extratropical, dont la déclivité ne dépasse pas 0,01 de pouce par degré de latitude. L'expérience des marins et la vitesse moyenne des vaisseaux confirment pleinement le résultat des observations. ; » On constate donc en mer dans les plus grandes pro- l portions, la suprématie de la même loi physique qu'on i observe partout ailleurs dans les plus petites proportions. Lair qui alimente la flamme d’un foyer, quand il afluedh point où il est le plus dense vers le point où il est le plus raréfié, ne fait qu'obéir à la même loi que celle qui déter- mine les moussons. 4 » Îl'existe, par conséquent, une relation physique entiè la hauteur du baromètre, en avançant d'un parallèle à l'autre, et les vents quand ils soufflent au travers de“ mêmes parallèles; cette relation, dans certaines latitude | sur mer, est clairement exprimée par les vents alizés comme par les moussons. Nous n'avons plus à conjecturer sl même relation entre les différences de pression el le vent ; existent sur terre comme sur mer, car le professeur Bus Ballot, d'Utrecht, m'informe qu’il a découvert la 2 | numérique entre le vent et la différence simultanée w la pression barométrique dans certaines localités pe Hollande. Elle est si exacte et si invariable que, pendant les deux dernières années, elle lui a permis di d'avance, dans toutes les circonstances, la force et la % rection du coup de vent qui s'approchait (1). e hauteurs (1) « La relation numérique qui existe entre la différence p dernière » simultanées et la force du vent s’est confirmée pendant les deu deM. le » années, et la direction est (a été) prédite sans exception. * u professeur Ballot, 14 février 1860.) ( 451 ) = » Ce qu’il a fait pour la Hollande peut être fait pour . d'autres contrées. Les ouragans marchent lentement rela- _ tivement aux messages télégraphiques, et plus la région . pour laquelle ces relations barométriques peuvent être établies serait grande, plus avantageuse serait leur décou- Verte; car elles permettraient au savant de donner ses aver- lisements d'autant plus longtemps à l'avance. =» Les télégraphes électriques, étant mis ainsi en con- . nexion avec nos recherches sur les vents en mer, devien- _ draient des instruments météorologiques d’une grande importance, d’un pouvoir immense et d'une valeur incal- culable, Par des conventions spéciales et avec la coopéra- lion des nations qui ont adopté le programme de la Confé- - Ténce maritime de Bruxelles, il est maintenant au pouvoir A de la science, aidée par les télégraphes, d'établir partout, le long des côtes et loin à l’intérieur des continents, des | Sentinelles qui nous avertiraient d'avance de l'arrivée des Stands ouragans. On sait qu'on est parvenu à annoncer, - ĉu moyen du télégraphe, la tempête qui a éclaté sur la mer | Noire en 1854. L'orage d'octobre dernier, qui fit périr, a dans la Manche, le Royal Charter et oceasionna tant de o désastres le long des cótes de France et d'Angleterre, Montre ce qu'aurait pu faire un avertissemént télégra- E phique de son approche. > Les vagues de la mer avertissent souvent le pêcheur et de le cabotier de l'approche des tempêtes. « Près des côtes | eh les tempêtes sont annoncées environ 12 ; tes avant de se manifester (1). » Si les vagues peuvent E se Capitain Becher, royal navy. — Sailing directions for the Atlantic 4 eans, p. 54. tan Oc ( 432 ) faire cela pour la mer, que ne feraient pas, à la fois. terre et pour la mer, le fil et Pétincelle électriques donc inutile d'insister davantage sur une propositior est d’une importance aussi évidente pour les intérêts triels et commerciaux de tous les peuples qui ont: les télégraphes. Il en a été dit assez pour prouver que qui étudient les vents en mer, pour le perfectionneme de la navigation, doivent demander également des vations sur terre. » Dans le cours de mes recherches ici, j'ai sign en mer, par leur action sur l'eau, plusieurs des cé influencent les vents sur terre, et réciproquement action-sur terre, celles qui empêchaient la navigat mer. Maintenant quand nos observateurs arrivent leur tâche est finie ; il n'existe aucune coopérations continent, el toute investigation ultérieure est abandoun Les nations qui ont établi des bureaux et ch cialement des officiers de coopérer à ce sysltl recherches sont la France, la Hollande, l'Angleterre pagne, le Portugal, la Russie, la Suède et la À Celles qui ont coopéré à l’aide de leur marine co! servateurs et collaborateurs, sont les États ila Belgique, l'Autriche, la république de Brême, le Danemark, le Chili et le Brésil. Je suis persuadé que dans toutes ces contrées lègues concourront avee moi, tant dans l'intérêt science que de l'industrie, à agrandir le cercle de servations, à étendre les recherches sur terre el ainsi ce système universel. i p ` S PHÈRp PC z j TS O -p | == a z ES y PA E e PU se da ESOS a pS LÉO | Wi j a à 3 ASNN DDA 4747 A AAA NN Hor à 3 A | N Ë E Y DE $ E- y 3 5 E eS A À} À N. y A > TT ++ $ A Ad Hd II E E 27/4 dd D x! ET ELA p% EE am aaa S SS OA a aaa aa a S OS O EL ii L ses Ba tt Li |. = HHHH LE. TERRE DUR UN DE UN DS Me mme ee en SE où En (435) PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES. Aurore boréale. — M. Quetelet fait connaître que, le 9 avril dernier, entre 9 et 40 heures du soir, son fils a observé une belle aurore boréale qui s'étendait, comme d'ordinaire, du nord-nord-ouest vers le zénith : les jets lumineux étaient assez intenses et se projetaient dans le ciel à intervalles rapprochés. On a appris depuis que le même phénomène a été vu dans différents pays. À 9 heures, le nord était blanchâtre; plus tard, les jets lumineux passaient du blanc au rose-rouge; le fond était couvert et sombre; vers 11 heures, le ciel s'est entière- ment couvert, et il est tombé de la pluie. Déjà, vers 3 heures de l'après-midi, il s'était manifesté Une perturbation assez marquée dans les instruments magnétiques : les valeurs en seront données dans les An- nales de l'Observatoire de Bruxelles. Magnétisme terréstre. — Les éléments magnétiques ab- solus ont été déterminés par M. Ernest Quetelet à la fin de ma et au commencement d'avril. Les observations ont “té faites, comme d'ordinaire, dans le jardin de l’Observa- Wite, et, à l'exception de la petite variation annuelle, elles Ront rien présenté de particulier. Elles seront consignées avec les autres observations magnétiques que M. Ernest Quetelet a déjà recueillies à Paris, à Marseille et à Naples, nsi qu'avec celles qu'il se propose de recueillir en Grèce. Halo lunaire, — Le 6 avril dernier, vers 10 h. */2 du šor, par un ciel serein mais légèrement opalin, la lune, “Son 15% jour, se montrait entourée d'un halo double. nión, bien qu'assez fréquent, présentait quelques ances qui méritent d’être notées. (434 ) Le cercle vertical intérieur, ou halo ordinaire, était très- distinct dans sa moitié supérieure, c’est-à-dire jusqu'à son intersection avec le cercle horizontal ou parasélénique passant par la lune. Aux deux points d'intersection se … dessinaient assez nettement deux parasélènes avec prolon- gements brillants et irisés en forme de queue, dont la di- rection extérieure coincidait avec celle du cercle hori- … zontal. Il n'y avait pas de trace d'arc tangent au sommet du halo ordinaire. A Le grand cercle vertical extérieur; ou halo extraordi- naire, ne montrait également que sa moitié supérieure, el son intensité lumineuse était beaucoup moindre que celle du cercle intérieur; les extrémités du demi-cercle, surtout celle à l’ouest, n’atteignaient même pas les prolongements brillants des parasélènes. Au sommet se dessinait très- distinctement Pare tangent circumzénithal externe, pré- sentant les teintes brillantes du spectre. a La lune elle-même offrait, au centre des deux halos, ` une apparence assez rare (1) : elle se montrait au milieu d'une croix lumineuse d'un blanc jaunátre; une bande 7 perpendiculaire à l'horizon, formait, avec une portion di cercle horizontal, les quatre branches de la croix en forme de pinceaux ou flammes. é Nous rappellerons, à ce propos, une autre observation dans la soirée du 3 mars dernier, il était tombé une pluie abondante de 7 à 8 1/2 heures environ; vers 9 heures, un halo ordinaire se dessinait dans le léger voile de vape" E NR S E AA A AD z (1) Kæmtz dit : « … Il est plus rare de voir une bande au-dessous pose à ou de la lune, plus rarement encore un arc horizontal passe par bam manière que cet astre se trouve au milieu d'une croix. » Page 455 du Cours complet de météorologie, traduit par Ch. Martins. Paris, 1845. e . ( 455 ) qui couvrait les régions supérieures de Patmosphére, tandis qu'une belle couronne lunaire se formait simulta- nément dans les vapeurs légères qui flottaient dans les ré- gions inférieures. Cette observation confirme une assertion de Kæmtz (1) : bien que certains auteurs assurent avoir vu en même temps des halos et des couronnes, cette coexistence, d'après ses propres observations, est bien rare, et les deux phénomènes sont distincts : la disposition des nuages West pas la même dans les deux cas, les couronnes se montrent au milieu des cumulus, les halos dans les COMMUNICATIONS. M. le Ministre de l’intérieur ayant témoigné le désir d'obtenir une notice propre à constater l'efficacité des paratonnerres et à dissiper les préjugés populaires qui subsistent encore à ce sujet, M. Duprez a bien voulu se charger de rédiger la notice nécessaire et l’a déposée sur le bureau, M. le secrétaire perpétuel est chargé de trans- mettre ce document à M. le Ministre de l'intérieur. — =M. J.-S. Stas dépose une note qui constate le ré- sultat de certaines expériences chimiques , et se réserve de Rire connaître plus tard les découvertes importantes qu'il à laites. Cette note est contre-signée par le directeur et par le secrétaire perpétuel de la classe. T ie PARENT Et (1) Page 451 de l'ouvrage cité. 2% SÉRIE, TOME 1x. 51 ( 436 ) Sur des ossements fossiles découverts à Lierre, le 28 février 1860; par M. François Scohy, médecin de bataillon dans l’armée belge, docteur en sciences. Le 98 février 1860, vers 6 heures du soir, des ouvriers travaillant au creusement du canal de dérivation de la Nèthe, à Lierre, trouvèrent, entre la porte d'Anvers el celle de Malines, à 150 mètres de cette dernière, un vé ritable nid d'ossements. L'inattendu de la découverte el l'obscurité qui commençait à se faire dans les travaur firent que, d’abord, on enleva et jeta plusieurs pièces avet les terres du déblai. Mais bientôt on mit à nu de nouv pièces que les ouvriers eux-mêmes reconnurent pour des os, malgré leurs dimensions extraordinaires. À dater de ce moment, l'attention des plus indifférents fut éveillée : on remua les terres avec plus de prudence, et on en extraÿà successivement tout ce que nous avons vu. Parmi ces pièces, les unes ọnt une très-grande valeur paléontologique, ce sont celles qui suffisent pour déter- miner le genre et même l'espèce des animaux auxquels elles ont appartenu : telles sont, par exemple, les dents; les autres n'ont qu'une importance moins grande, pare? qu'elles ne font, pour ainsi dire, que compléter € mer les indications fournies par les premières : tels les fragments d'os des membres, du bassin, du crâne, etè- C’est dans cet ordre que nous les étudierons. Section 1'*, — Des dents. 1° Quatre dents noires, extrêmement vol t confite umineuses el : j 1 t T É ( 457 ) pesantes, appellent d'abord l'attention. Elles sont à peu près exactement semblables deux à deux. Les deux plus petites d'entre elles ont la couronne très- aplatie, elliptique, allongée. Le corps de la dent semble se composer de lames verticales, dont les soudures sont indiquées, d’ailleurs, par de légers sillons sur les grandes faces latérales. Chacune de ces lames est formée d'une galette de cément revétue d'une lamelle d'émail à stries longitudinales. La surface triturante figure de la sorte une plaque de cément parcourue en travers par des filets d'émail en petit relief, qui s'anastomosent deux à deux près des bords alvéolaires. Ces filets, vus de près, offrent de petits festons correspondant aux stries longitudinales de la lamelle d'émail que ces filets terminent. Dans la moitié antérieure de cette surface triturante, le filet d'émail est continu; il se replie sur lui-méme en anses allongées de Chaque côté de la ligne médiane. Prés de Pun des petits tds se trouvent huit petites faces de cément entourées d'émail très-usé, et disposées à peu près comme les pa- billes de la base de la langue chez l'homme. L'usure de ` toute cette partie de la couronne annonce qu’elle a servi beaucoup à la trituration. Ces deux dents ont chacune qUinze à vingt racines évidentes, conoïdes, de longueur inégale. Les deux autres dents, plus grossières, sont formées de lames verticales très-distinctes, ayant presque la forme et ur de grosses semelles. Elles n’ont pas de racines. Leur surface triturante est disposée de telle façon que la moitié antérieure seule pouvait utilement servir à broyer les aliments , la moitié postérieure reposant sur un plan 'que et déprimé, Les filets d'émail y figurent encore dans leurs contours des ovales transverses à bords sensi- ( 438 ) blement parallèles. Quelques-uns de ces ovales sont légè- rement dilatés vers leur centre. On peut comparer toutes ces dents à des prismes rec- tangulaires obliques, à arêtes obtuses, ayant environ 15 à 17 centimètres de haut, 8 à 10 de large et 16 à 18 de long. Les deux molaires à racines paraissent formées cha- cune par la soudure d’une quinzaine de plaques verticales; elles pèsent chacune deux kilogrammes. Les molaires sans racines ont, l’une 21, l’autre 24 de ces plaques, appli- quées les unes sur les autres comme des ressorts de voi- ture, et pèsent chacune environ 5 kilogrammes. Ce sont donc les deux premières et les deux dernières mâchelières de l’ Elephas mammouteus (Cuvier) ou Elephas primigenius (Blum.). 2 Un cône tronqué, extrêmement dur el plein, long de 45 centimètres, arrondi et courhé en arc. Les deux E extrémités sont brisées et mesurent, l’une 6, lautre 4 *)a centimètres de diamètre. Du côté de la grosse extré- mité se trouve un creux médullaire en entonnoir, de _4 centimètres de profondeur, et sur les parois duquel on voit manifestement que la pièce tout entière est for de feuillets concentriques. Une portion de la surface de cassure montre, près du petit bout, les arcades cellulets®® caractéristiques de l'ivoire. Prolongé jusqu'à sa terminaison en pointe, | aurait environ un mètre de longueur, ce dont il est, ali reste, facile de s'assurer, en reconstruisant géométriql” ment la figure d’après les génératrices que nous €n avons données. i -Cest évidemment une défense d'éléphant. : 3” Un grand nombre de débris d'une pièce eylindr” conique, dure et fragile , très-altérée par son séjour ce cóne a A E A ai a CIE MT ( 439 ) la terre. Il en reste trois morceaux ayant en moyenne 45 centimètres de longueur, 6 à 8 de largeur, 1 à 2 d'épais- seur, Ils sont constitués par des feuillets qui se coiffent intimement les uns les autres. Ce cône était arqué et d'un très-grand rayon de courbure. Le cercle de sa base élait légèrement aplati; complété par le calcul, il devait avoir envirou 25 centimètres de diamètre. L'épaisseur et le nombre de feuillets augmentent à mesure qu'on se rap- proche du sommet. Des fragments, ajustés ensemble, font voir que le creux médullaire, très-large à la base, se ré- trécit insensiblement et disparaît à 3 décimètres plus loin. Une partie indique que la surface externe de celte pièce élait lisse, polie, et marquée de fines stries longitudinales; une autre semble établir que son extrémité terminale était en forme d'olive très-allongée. Entière, cette pièce n'avait pas moins de 2 mètres et demi de longueur, si Pon en > par la proportion graduelle dans laquelle elle se ecit. Cest une défense d'éléphant de la plus grande dimen- sion, et il est probable qu'elle a appartenu à un individu måle, celle que nous avons décrite précédemment ayant plutôt l'aspect de la défense d’une femelle. # Une dent volumineuse dont la couronne aplatie re- présente deux colonnes de cément adossées et entourées chacune d'une lame épaisse d'émail. L'une de ces lames dessine un ovale très-aplati et recourbé en tiers de cercle; l'autre un ovale très-aplati et recourbé en deux tiers de cercle, (fig. 4.) Toutes deux sont en relief saillant au- dessus du reste de la couronne. La concavité extérieure de ces deux ovales courbes est tournée vers le même bord de la surface triturante, et limite deux fossettes ou vallons creusés dans l'épaisseur de la couronne. Le vallon borné ( 440 ) par la lame la plus contournée est moins large que l'autre à son ouverture et sensiblement moins profond. Dans son ensemble, le contour des lignes d'émail figure assez exac- tement un chiffre 5. Les faces latérales de la couronne sont remarquables par leur couleur noire très-foncée et leur aspect chagriné, Cette coloration noire tranche assez vivement sur celle des racines, qui est terreuse. Un bourrelet coronal mince, mais évident, ajoute encore à la netteté de cette démarca- tion, Examinés de très-près ou à la loupe, les filets d'émail de la surface de trituration présentent. un nombre infini de raies fines, transverses, parallèles, très-régulières, at- leignant seulement la moitié de l'épaisseur des filets, dout elles côtoient les bords centraux. Les racines, au nombre de quatre, sont soudées deux à deux, irrégulièrement conoides, à sommet tronqué el rugueux, peu divergentes, et parcourues par un canal dentaire très-étroit (fig. 2). Cette piéce, dans son ensemble, est d'une admirable conservation et pèse 120 grammes; elle se rapporte al genre rhinocéros. Quant à Pespéce, nous l'attribuons m R. megarhinus, dont elle serait la sixième molaire ¡nf rieure gauche. ; 9° Une dent, plus petite de moitié que la précédente» constituant une sorte de prisme à base carrée légèreme courbé sur sa longueur. La couronne indique deux pelis croissants de cément placés bout à bout, entourés e mince ruban festonné d'émail. Dans chacun de ces crol sants est creusé un trou rond d'un centimètre de pre fondeur. L'un de ces trous a le diamètre d'une paiia colza, l'autre le diamètre d'une graine de chanvre: j (441) deuxiéme ruban d'émail, moins festonné, fait le tour de E presque toute la dent, dont il enveloppe ainsi les petits croissants et le reste du cément. Ce dernier ruban forme, près d'un bord, du côté de la convexité des croissants , ce qu'on pourrait nommer une presqu'ile de cément en- tourée d'émail. L'usure plus grande du cément rend tou- les ces lignes d'émail très-saillantes sur la surface de tri- luration. Les faces latérales de la dent n'offrent rien de particu- lier; seulement l’une d'entre elles, celle qui correspond à la concavité des croissants, est parcourue du haut en bas par une gouttière médiane profonde, limitée de chaque còlé par une demi-colonne qui se perd sur la racine cor- respondante. Les racines comprennent quatre tubercules rugueux , grossièrement cylindriformes, presque pleins et assez dis- lincts les uns des autres. À La détermination de cette pièce est, au reste, très-facile : cest une dent de cheval, et très-probablement la quatrième molaire de la mâchoire supérieure gauche. 6" La dernière pièce de cette catégorie, et sans COn- Wedit la plus importante, est un fragment d'os portant x dents encore implantées dans leurs alvéoles. Ces dents sont évidemment une canine et une molaire. La canine est: fusiforme, arquée. Sa couronne est Co- wide, courbée, convexe en avant, à pointe arrondie. La lace de cette couronne, qui regarde au dedans de la bouche, est légèrement aplatie, c'est-à-dire triangulaire, et limitée Sur les côtés par deux côtes sensibles qui naissent près de la Pointe et se terminent assez brusquement au niveau du coller, Un bourrelet appréciable à la vue et au toucher termine inférieurement la couronne. La racine est unique, (442) reuflée au milieu, à sommet tronqué; elle est creusée très- largement à l'intérieur. Sa direction prolonge l'arc que décrit la couronne dont elle est cependant trés-netiement séparée par la coloration noire et le bourrelet de celle-ci. La dent molaire est plus courte; sa couronne est co- noide, aplatie de dehors en dedans, surtout en dedans. La face interne de cette couronne est un peu concave de haut en bas; sa face externe, c'est-à-dire celle qui regarde hors de la bouche, est convexe. Une côte sensible règne sur le bord antérieur de la couronne, une autre sur le bord postérieur. Ces côtes naissent près de la pointe, qui est mousse; à partir de là, elles se renforcent, deviennent trés-apparentes au bas de la couronne, où elles semblent se bifurquer, surtout l’antérieure, pour grossir ou pour constituer le bourrelet qui limite et entoure la base de 4 couronne. Ce bourrelet est, en effet, plus manifeste 6t avant et en arrière qu’en dehors et en dedans, où il sem se relever et s’effacer , offrant ainsi une légère échancrure qui correspond à l'intervalle qui sépare les racines. Les ra cines sont au nombre de deux, cylindroïdes, très-creusés Pantérieure est droite, la postérieure légèrement courbe; toutes deux semblent sortir de dessous le bourrelet Co pour fixer la dent dans son alvéole. Ces deux dents sont deux véritables perles de la plus : parfaite intégrité et de la plus merveilleuse conservation. des el Leurs couronnes sont brillantes, un peu chagrin mi d'un noir de jais qui contraste vivement avec la con terne brunátre des racines. arte 08 Le fragment d'os auquel elles sont adhérentes porte ha outre deux traces d'alvéoles d'incisives au- devant Je canine et deux traces d'alvéoles de molaires, l’autre derrière la molaire restée en place. ( 445 ) ces incisives était aussi grosse que l’une des racines de la molaire. Il résulte de cette disposition des alvéoles que toutes ces dents, incisives, canines et molaires, étaient implantées si près les unes des autres, que non-seulement il n'y a aucune trace de barre, mais qu'il y a même à peine des traces de cloison osseuse entre la canine et la première molaire, comme entre celle-ci et celle qui la suit (fig. 4.) La première molaire suivait immédiatement la canine; elle avait deux racines qui touchaient en avant celle de la canine et en arrière celles de la deuxième molaire; tl ce n'étaient pas des molaires rudimentaires, puisque telle qui est conservée a déjà presque le volume de la ca- nine elle-même. Le râtelier d'aucun carnassier vivant, ni celui du tigre, ni celui de l'ours, ni celui des différentes espèces du genre Canis, n'offre l’image d'un rapproche- ment aussi étroit de toutes ces dents, ni d'un développe- ment aussi considérable des premières molaires. La tête de l'animal qui portait ce râtelier atteignait les dimensions de celle du tigre, qu'il devait aussi égaler en férocité ou plutôt en carnivorité, à moins que les molaires du fond de sa bouche ne fussent plus aplaties et moins tranchantes, “e qui est, d'ailleurs, une pure supposition. Tout en reconnaissant, dans cette pièce que nous venons d'analyser, beaucoup d'analogie avec les genres Pterodon tt Hyenodon, nous l’attribuons au genre Canis. Quant à l'espèce, nous n’en avons vu aucune, ni décrite, ni figurée, qui lui corresponde exactement. Nous admettrions peu vo- uers qu’elle appartint au Canis familiaris fossilis, avec lequel elle a plutôt une grande affinité qu'une complète similitude, Au-devant de la canine, le fragment d'os porte, outre deux traces d’alvéoles incisives, une surface ovalaire, ( 444 >) rugueuse, destinée à former avec Pos similaire du cûlé opposé, la symphyse du menton. Cette surface rugueuse empiète sur la table interne de Pos. Le fragment d'os est donc l'extrémité antérieure brisée du maxillaire inférieur gauche; car le bord de cet os, opposé au bord alvéolaire, est un bord lisse et continu. Les dents sont, par consé quent, la canine et la deuxième molaire inférieure gat- ches d'une espèce à dénommer du genre Canis. E Section IE. — Des ossements. Indépendamment des dents, on a encore exhumé wi | grand nombre d'ossements, fracturés et brisés pour la pli- part en différents morceaux. Nous les avons rangés tl plusieurs catégories, suivant les animaux auxquels ils oùt appartenu, et nous avons pu, sans trop de difficultés, tè connaitre, au milieu des débris, les pièces suivantes : : A. — 1° Un os iliaque droit, d'une pesanteur el d'une dimension si extraordinaires, qu'un homme seul peut à de peine le transporter. La symphyse pubienne mesuré ma viron un demi-métre de hauteur. Les distances de lépte iliaque antérieure el supérieure à Vischion et à la syt- : physe sacro-iliaque, sont d’un mètre. La cavité cotyloidė a 20 centimètres de diamètre. La crête iliaque est détac A E en fragments spongieux , el, à son niveau, Pos al a l'épaisseur énorme de 20 centimètres et plus. a Malgré Pirrégularité anatomique de sa forme, cette ple. est complète, et n'offre des traces d'altération que po | la symphyse du pubis. Il règne dans ses proportiopti™ la disposition relative de toutes ses parties, tant € semblance avec celles de Pos iliaque humain, ait pas une seule saillie, pas une seule anfractuosilé E - ( 445 ) ci qui ne se retrouve, dans l’autre, à la méme place et avec les mêmes caractères. Cet os iliaque est d'un tiers plus grand en tous sens qu'un os iliaque d'éléphant moderne. ~% Une demi-boule osseuse, s'adaptant si exactement à la cavité cotyloidienne du précédent, qu'on y reconnait , sans plus d'examen , une tête de fémur, détachée du corps ; de l'os par fracture, ou peut-être aussi par consolidation -encore imparfaite des adhérences épiphysaires; = © Une rotule ovoide avec sa face articulaire en dos dàng; # Une première phalange d'un doigt, deux fois plus longue que large (15 centimètres sur 8, et 25 à 28 de tirconférence). Son corps est cylindro-prismatique, à trois hces arrondies. Les fossettes d'insertion des ligaments léraux sont rugueuses et profondes; les surfaces articu- hires sont l’une plano-convexe, l’autre plano-concave. Cette pièce et la précédente offrent, au volume près, beau- “up de ressemblance avec leurs analogues chez l’homme; 5 Un os long (65 centimètres sur 8 de diamètre moyen), dont une extrémité surtout offre un renflement considé- rable en forme de massue ou de palette. Toutes les arêtes el les faces de repère de cet os sont effacées, érodées par le séjour dans la terre. Néanmoins, sa forme, sa longueur, Ys renflements, la légère courbe qu'il affecte sur sa lon- gueur, caractérisent un radius; l'extrémité eu palette ippartient à la tête inférieure ou carpienne de Pos. $ Dix fragments de côtes, reconnaissables à la gout- liére des vaisseaux et nerfs intercostaux. Ils ont en Moyenne 6 à 7 centimètres de diamètre, 40 à 30 de lon- gueur. Leur rayon de courbure est de plus d'un mètre. Ces fragments sont plus arrondis vers leur extrémité ver- (446 ) tébrale, plus aplatis et moins rugueux vers leur extrémilé A sterno-abdominale; mais aucun ne présente assez d'élen- due ni assez de caractères pour permettre de lui restituer . son rang probable. L'un d'eux cependant parait être la première côte. T° Le crâne et la face sont représentés par un grand nombre de débris, si mutilés et pour la plupart dans un tel état de dégradation, que ce n’est qu’au prix des plus laborieux tátonnements que nous sommes parvenu à nous y orienter, Deux masses informes, dont l’une n’a pas moins de 16 à 20 décimètres cubes de volume, se distinguent chacune par un condyle occipital à leur partie postéro-inférieure Ces condyles sont très-convexes et figurent deux elip soides allongés d'avant en arrière ou plutôt de haut el bas, dans la station naturelle de l'animal. Leurs pelits E axes mesurent 42, leurs grands axes, ou axes verticall, sensiblement parallèles, 18 à 20 centimètres de longueur. Leur rapprochement symétrique rétablit le trou occipital, E è ouverture oblongue dans le sens transverse, ayant 2 centimètres de diamètre horizontal, sur 10 à 15 . L mètre vertical, dimensions qui sont presque doubles de celles des éléphants. Au-devant des condyles occipital, : à ments, on voit, de chaque côté, sur les deux mêmes fragmen® un énorme condyle convexe, transverse, derrière | se trouve une excavation profonde : ce sont les al tions temporo-maxillaires. Il Sen faut beaucoup que les os du crâne turés et séparés dans le sens de leurs sutures. qu'une même pièce porte souvent des parties app à à : yi s de „à plusieurs os voisins. Celles que nous venons d tionner se rapportent à Poccipital et au tem ticula- soient fra De la vient poral. Leur E E (447) coaptation avec les autres est si grossière et présente tant | de lacunes, qu'il est impossible de reconstituer les ré- auditif, et, au-dessous, la base de l’apophyse zygomatique. Une face large, unie, convexe d'un côté et spongieuse de l'autre, est un reste de la table externe d’un pariétal. Mais les caractères les plus frappants de la plupart de - Ys ossements sont leur épaisseur et leur structure excep- tonnelles, Cette épaisseur dépasse presque toujours 10 centimétres; elle en atteint plus de 30 à la partie supé- rieure et postérieure du crâne. L'énorme espace compris entre la table externe et la table interne est occupé par une innombrable quantité de cellules, de sinus alvéolaires à minces parois. La table interne est peu anfractueuse du cóté cérébral. D’après ce qui en reste, d’après la prise en considération de cette monstrueuse épaisseur des os, on peut estimer que l'animal, dans une tête, de moitié plus Wlumineuse que celle d'un éléphant, portait nn encéphale arrondi, à peu près aussi long et aussi haut que large, et Qui, cependant, atteignait à peine les dimensions d'une tête d'homme adulte, Parmi les débris qui représentent la face, on trouve deux portions symétriques des maxillaires supérieurs. Elles por- tent chacune une apophyse montante, et une tubérosité "gueuse qui est destinée à l'insertion de Pos jugal, et (m constitue l'extrémité antérieure de Varcade zygoma- Un fragment volumineux d'os intermaxillaire figure une espèce de gouttière , longue de plus d'un demi-métre, de 2 centimètres d'épaisseur et courbée en arc dans le A sens de sa longueur. La concavité de la gouttière est - lurnée du côté de la convexité de cette courbe en lon- ( 448 >) gueur, Sa courbure et le diamètre intérieur da cylindre creux auquel elle appartient s'adaptent d'ailleurs pari tement à la courbure et au diamètre extérieur que nous avons attribués aux grandes défenses décrites précédem- ment. Il est donc probable, pour ne pas dire plus, qu'elle à leur a servi d'étui ou d'alvéole. Sa face externe ou cula- née est lisse; sa face interne est chagrinée, et çà eli on y voit des empreintes nervoso - vasculaires, comme oi en voit, chez l’homme, sur la face des os que tapisse une muqueuse. L'orifice antérieur de cet étui alvéolaire et- sensiblement évasé; un léger bourrelet osseux règne à son pourtour, et son axe intérieur est oblique en bas et en dehors, d’où il résulte que les défenses se din- geaient en bas, se recourbaient en haut et divergeaient en dehors. dl Les seules piéces de la téte qui méritent encore quelque mention, sont deux petits fragments de la symphyse men- tonniére, dont l’adossement reconstitue; en partit, pe gouttière horizontale antéro-postérieure qui termine él. surmonte en avant la máchoire inférieure. i Un simple coup d'œil jeté sur tous ces ossements q nous venons d'énumérer, suffit pour convainere qU its ont tous appartenu au même squelette; nous les rap . sans hésiter un seul instant, à la charpente onest mammouth de la plus grande puissance ; el, malgré là + gigantesque que ces restes lui assignent, On peut de qu'il n'avait pas encore acquis l'extrême limite de S0 veloppement. syiden 8° Mais trois pièces importantes se rattachent rit e ment à ce groupe colossal : ce sont deux humérus ge E chacun un demi-métre de long, et plus d'un de circonférence moyenne. Ces deux portion EIA AA TE TE ( 449 ) identiques; elles proviennent chacune d'un humérus droit, done, de deux animaux différents. La troisième pièce est un homérus gauche, mais d'un individu manifestement plus jeune et plus petit. 11 est digne de remarque que ces trois humérus ont été fracturés presque aux mêmes en- droits, et que, dans tous les trois; par conséquent, ce sont exactement les mêmes parties qui manquent, à sa- voir la tête etes tubérosités humérales supérieures, les fossettes et l'articulation huméro-cubitale. L'empreinte deltoidienne est une longue côte rugueuse, et la fosse toronoide est plutôt une face un peu concave en avant qu'une fosse proprement dite. Il résulte de la que nous avons des restes de trois mam- mouths différents : deux grands et un plus petit. Cette conclusion concorde avec celle à laquelle conduit le seul “amen des défenses et des dents. L'un des deux grands provient d'un individu mâle et l’autre d'une femelle qui, “ns doute, aura été fidèlement suivie par son petit, dans la mort comme dans la vie. B.— Après avoir fait l'examen de toutes ces pièces, l'at- ation et la curiosité sont naturellement entrainées vers tois extrémités d'os longs que nous n'avons pas encore indiquées. Elles sont presque semblables; deux sont de même | tille, une droite et une gauche; la troisième provient évidemment d'un sujet plus petit; les trois os longs aux- quels elles ont appartenu ont été rompus précisément à la méme place, c’est-à-dire vers leur tiers inférieur, et dans les trois, une même moitié du condyle articulaire Welles portent a été fracturée. Le diamètre de ces pièces n’est pas inférieur à celui ¿wa fémur ou dun humérus d'éléphant moderne; el ce- ( 450 ) pendant elles n’appartiennent à aucun des mammouths dont il vient d’être question. Elles indiquent une artien- lation à deux condyles, séparés par une coulisse et ter- minant un os fortement tordu sur son axe : or, Ces carat- tères excluent le fémur et l’humérus d'éléphant, quise … distinguent facilement par la simplicité exceptionnelle de - leur forme. L'excavation qui surmonte la convexité arli- culaire, en avant comme en arrière, indiqué un humérus, ou plutôt trois humérus. En nous fondant sur le volume et la configuration de Varticulation, sur la torsion etla fracture ovalaire du corps de Pos, sur les circonstances mêmes et sur le mode de cette rupture, nous les attrik buons à deux rhinocéros différents. Il sufit, en effet, dè - Jeter un simple coup d'œil sur un humérus de rhinocéros pour saisir toutes ces analogies et pour se convainerequil a y a, dans cet os, deux lignes de moindre résistance m vant lesquelles il se fracturera toujours invariablement,à savoir, la base du condyle radial et le rétréci brusque que subit le corps de Pos à son tiers inférieur, ah: dessous de cette énorme crête qui représente l'insertit deltoidienne. e C. — 4° Un os long d'environ 25 centimètres, deh grosseur d'un humérus humain, à corps convexe artt en avant, excavé en gouttière longitudinale en arrière, porte, à l’une de ses extrémités, plusieurs facettes obligi | avec une apophyse styloide très-saillante, el à pu extrémité, une sorte de cupule et de demi-poulie ar 4 : laire : c’est évidemment le radius soudé au cubitus ® 5 renne ou d'un cerf. Une crête, qui parcourt presque | e la longueur de l’un des bords de la gouttière ai . indique le cubitus. Cette crête a été fracturée à l p précis où elle se détache de l’os pour constituer Polécral i a E | (451) en sorte qu'il ne reste aucune trace de cette apophyse. La 4 fce convexe présente au bas des coulisses tendineuses. Nous rangeons à côté de cette pièce, d’ailleurs bien - conservée : Y Une extrémité inférieure d'humérus avec le condyle radial et la trochlée cubitale séparés par une coulisse, et {ne la comparaison force d'assigner au même animal que los précédent 3° Une vertèbre cervicale, très-exactement semblable à quatrième vertèbre cervicale chez les cerfs; 4 Enfin un fragment de bois de cerf d'un demi-métre delong, fracturé au sommet et de la grosseur moyenne Fon fémur humain. Une ramification basilaire naît im- - Médiatement au-dessus du bourrelet d'insertion; deux tres se détachent de Parbre sur son trajet. Toutes trois sont fracturées; néanmoins, on peut constater qu'elles élaient arrondies. Cela suffit, au reste, pour caractériser le cerf fossile. Le volume des os annonce un animal aussi grand que . les plus forts rennes actuellement vivants. Cependant son $ E bois était comparativement très-petit. Il n’en pouvait être E trement, en raison de la lengueur du cou, qui était, à en Deer d'après sa vertèbre, deux fois plus longue que chez (animaux. o En résumé, on a exhumé à Lierre des dépouilles fossiles E E individus différents, représentant cinq espèces, sont : 1 L'Elephas primigenius (mammouth, Elephas mam- Mouteus) ; a ? Le rhinocéros megarhinus ; E : ` Le cheval fossile (Equus fossilis); — Une espèce du genre Canis; 2 SÉRIE, TOME IX. 32 ( 452 ) 5° Le cerf fossile (Cervus primigenius, ou Elephas fossil Malheureusement, les fouilles ont été interrompues d le lendemain par l'urgence d’autres travaux de terrasse ment. Cependant des ouvriers affirment avoir senti sous la béche, et même avoir vu d'autres ossements que la conduite des eaux dans la tranchée ne leur donna paske temps de retirer. La certitude est done bien acquise quil y a là un gisement d'os fossiles presque à découvert que l'on pourrait exploiter avec la plus grande facilité, en mettant le fossé à sec et en endiguant 20 ou 50 seulement de son lit. Au reste, la disposition des écluses permet de faire écouler les eaux à volonté, circonstance qui, jointe au peu de cohésion du terrain à enlever, Si plifierait, au point de réduire, pour ainsi dire, à rien, le travail de cette exhumation. : Mais il y a lieu d'espérer que ce travail sera exérulé sous les auspices du Gouvernement lui-même. Ces considérations nous amènent naturellement à noss occuper un instant de la question géologique, non molt importante que la question paléontologique soulevée par cette découverte : Quelle est la nature du terram dans lequel elle était enfouie ? D'après le témoignage de plusieurs entreprentl! officiers du corps des ponts et chaussées et de di $ reneurs, des de 15 et même de 25 mètres. Elle commence I ps ment au-dessous de la terre végétale, qui a 4 as demi-pied d'épaisseur, de sorte qu'elle en constitue fois la base chimique et le sous-sol. Elle est s | sable glauconifère grossier, mêlé, dans la proportion" — ( 453 ) liers ou d'un quart, de ces granules foncés qui donnent à l'ensemble une teinte bleu-verdátre, quand le terrain est fraichement remué. On y trouve, de plus, de petits frag- … ments de quartz, tantôt vitreux et tantôt opaques, à angles tá faces plus ou moins arrondis, de la grosseur moyenne - Uwe graine de chanvre et plus. Après un certain temps de séjour à Pair, la coloration #huque de ce terrain se modifie sensiblement et vire au … funed'ocre, par la peroxydation dn sel de protoxyde de fer quil renferme. Telle est méme, en certains endroits, la leinte primitive dont se rapproche la couche sur place; mais test évidemment le même terrain , puisque ces couches plus jaunâtres ne diffèrent en rien des couches bleues devenues jaunátres au contact de Pair ou de l'eau aérée. Lexploration attentive de plus de 1000 mètres cubes de ® sable fraichement déblayé ne nous y a fait découvrir ni “oquillages, ni cailloux roulés. ~n peut conclure et établir positivement, d’après la prise en considération de cet ensemble de caractères, Jue ce terrain a pour base le terrain distien de Dumont, Mais remanié, altéré dans la pureté de ses éléments constitutifs par la superposition, ou plutót le mélange terrains plus récents. Les ossements ont été trouvés ' tous à la méme place, comme si les animaux dont ils pro- “ennent avaient été ensevelis ensemble dans la même losse. On était à 10 et 14 mètres au-dessous du niveau du sol, eta 2 mètres, 2 mètres et 30 centimètres au-dessus du Mivean moyen de la mer. 'verses circonstances cependant tendent à enlever une partie de son importance à la mesure exacte de cette pro- 'ondenr : le canal de dérivation que Pon construit aujour- Chai west en réalité que Papprofondissemen! du fossé de ( 454 ) j l'enceinte moderne de la ville, enceinte qui date de 1406, et le long de ce fossé, il a existé, de mémoire d'homme, des travaux de fortification qui ont été démantelés dans cours du siécle dernier. i Dans cet endroit, comme dans presque toute l'étendue de la vallée où serpente la Grande-Nèthe, il y avait des tourbières qui ont été exploitées dans le cours du Al et du XVIII" siècle. On en exploitait même encore à peu de distance du gisement des os, quand fut promal- guée la législation de Marie-Thérèse sur cette exploi- tation, et plus d’une famille, dans la localité, a conservé le souvenir des procès interminables auxquels ces noi- veaux règlements purent à peine mettre fin. On aurait même découvert, à ce qu’il paraît, dans ces tourbières, une grande quantité d’arbres à peu près entiers et offrant celle particularité remarquable, qu'ils étaient couchés dans le même sens, comme s'ils avaient tous été renverse par un même ouragan ou par un même torrent, et se diri- geant du NO. au SE. de la province d'Anvers. —— = Quoi qu'il en soit, nulle commune peut-être ne justibe y mieux la comparaison qu'on a faite de cette provinceare un ossuaire, un immense cimetière du vieux monde. E musée du château de Léau, que Joseph H fit transférer à Vienne et dont les dues de Bourgogne avaient ramm | les premiers matériaux, était littéralement rempli, À 8 E qu’on assure, de fossiles recueillis aux environs de Liens ” Vers lan 1790, un chanoine nommé Vissers, qui longtemps dans cette ville, se réfugia à Vienne, empor avec lui, au dire d’un magistrat qui l'a connu; cing CA? retées d'ossements collectionnés dans la banlieue, ps sont allés, comme les précédents, enrichir le musée * périal d'Autriche. Un fait, très-simple en apparent Pull. de dead. hoy, à a Er ‘t M: LA t A i 1 T ` i à r, 4 Ea P pe fi As t gi: $ pa e 1-2, Rhinoceros megarhinus.3_4. Canis(C. familiaris fassilis ?) grand „natur. ( 455 ) ve d'ailleurs combien de semblables découvertes ont être fréquentes dans le voisinage, c’est que les villageois eux-mêmes ont un nom pour les qualifier. D'après eux, ce sont des os de monstres marins. Cette dénomination cu- rieuse ne semble-t-elle pas, à elle seule, résumer toute une chrouique ou une légende ? EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. 1, Surface de trituration de la dent de rhinocéros montrant le liséré de raies sur les lames d'émail. 0 Una 2 de la méme dent sous ses faces latérales. . 5. Même pièce vue par la face e — Surface ovalaire rugueuse ~ Pour la symphyse du me 4 | Fragment d'os maxillaire qu Ke portant deux dents, vu par sa face externe, — éoles incisives au-devant de la canine ; deux alvéoles ppt tn. devant, l’autre molaire restée en place. (Grandeur naturelle. ) (436 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 9 mai 1860, M, GacHaro, président de l’Académie. M. Ad. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Grandgagnage, de Ram, Roulez, Borgnet, le baron de Saint-Genois, David, Paul Devaus, De Decker, Snellaert, Haus, Bormans , Leclercq, Polain, a Baguet , lë baron de Witte, Faider, Arendt, Ducpeliux, Kervyn de Lettenhove, Chalon, membres; Nolet de Brat- l were van Steeland, associé. o === CORRESPONDANCE. M, le Ministre de l’intérieur fait connaitre eve quinquennal de littérature flamande, pour la période | 1855 à 1859, a été accordé aux ouvrages intitulés : Van Artevelde et Nazomer, par feu Prudeus Van Duyse Aux termes de l'arrêté royal du 8 de ce mois, la 4 e de 5,000 francs, montant de ce prix, sera liquidée de profit de la dame veuve Van Duyse et de ses enfants. 4 | je ; a de OS ( 457 ) — Un arrêté royal du 1° décembre 1843 porte que l'Académie royale sera chargée des travaux suivants : Une biographie nationale; la collection des grands écri- vains du pays avec traductions, notices, etc.; la publica- lion des anciens monuments de la littérature flamande. M. le Ministre, en rappelant ces dispositions, ajoute : « Jusqu'à présent la compagnie s'est occupée seulement de la première et de la troisième partie de cet important Programme. La publication des anciens monuments de la littérature flamande a été commencée et se poursuit d'une manière satisfaisante. Des mesures ont été prises pour Préparer celle de la biographie nationale, et il est à es- pérer que cette œuvre intéressante ne tardera pas à être sérieusement entreprise. Mais rien n’a été fait jusqu'ici pour remettre au jour d'une manière digne de l'Académie el du pays, les grands écrivains nationaux ayant écrit dans d'autres langues qu'en flamand. Cependant la Belgique possède sous ce rapport des monuments littéraires d'une incontestable valeur, et elle s’est laissé devancer déjà par l'étranger pour plusieurs publications dont elle aurait dù peut-être prendre l'initiative. Je citerai notamment les his- toriens du XV" siècle. Je vous prie, M. le secrétaire per- pétuel, d'appeler sur cet objet l'attention spéciale de la compagnie. Elle trouvera le Gouvernement très-disposé à à seconder pour toutes les mesures se rattachant à l'ac- “omplissement de cette partie de sa mission. » Les questions que cette lettre souléve seront examinées dans la prochaine séance. — Par une autre lettre, M. le Ministre de l'intérieur fait er que l'Académie possède, dans la salle de ses séan- ĉes publiques, les bustes des membres les plus distingués ( 458 ) qui ont été associés à ses travaux, et dont la suite formera, en quelque sorte, l'histoire même de la compagnie. « À cette gloire, ajoute ce haut fonctionnaire, manque l'image d'une princesse illustre dont le nom se rattache a la fone dation de l’Académie. J'ai décidé, par application de l'ar- ticle 2 de l'arrêté royal du 4% décembre 1845, que le | portrait en pied de Pimpératrice Marie-Thérèse serait exé cuté aux frais de l'État, pour être placé dans la salle des : séances publiques de la savante assemblée. Je suis certain : que cette disposition rencontrera l'assentiment de l'A démie, à laquelle, je vous prie, M. le secrétaire perpé tuel, de vouloir bien en donner communication. » a Des remerciments seront adressés à M, le Ministre pour ce témoignage de haute bienveillance. — Le Gouvernement communique le programme d concours arrêté par la ville d'Ypres , relativement à His toire de cette ville sous les comtes de Flandre : depuis Bū douin, Bras de fer, jusqu'à Philippe 1 exclusivement 1 Le premier prix se composera d'une somme de 4,500 frants et d'une médaille d'or; le second prix, d'une somme dè 800 francs et d’une médaille d'argent. Les ouvrages dol- vent être écrits lisiblement en français ou en flamand, el seront adressés à l’administration communale de la ville d'Ypres avant le 1% mars 1862. Les ouvrages présentés au concours contiendront, les pièces justificatives, la matière d'un volume ordinare in-8°; ils seront jugés par l'Académie royale de Belgiq"? (classe des lettres) pires outre Tous les manuscrits resteront déposés dans les arc da (1) Voyez le Bulletin de Y Académie royale, 4. IX, n°2; .. ( 459 ) ou à la bibliothèque publique de la ville d'Ypres. Les au- teurs pourront, à leurs frais, les faire copier, traduire et imprimer. S'ils n'usent pas de cette faculté avant le 1” juillet 1865, la ville se réserve le droit de faire imprimer leurs ouvra- ges; mais, dans ce cas, le quart des exemplaires sera remis aux auteurs. On exige la plus grande exactitude dans l'indication des sources et des citations. A cet effet, les auteurs au- ront soin d'indiquer les pages et les éditions des livres cités, i Les concurrents ne mettront point leur nom à leurs Ouvrages, mais seulement une devise, qu'ils répéteront Sur un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Ceux qui se feront connaître de quelque manière que “e soit, ainsi que ceux dont les manuscrits auront été re- mis après le terme prescrit, seront exclus du concours. == M. le secrétaire perpétuel annonce que le congrès international de statistique, qui s'est successivement réuni à Bruxelles, à Paris et à Vienne, se réunira le 46 juillet prochain , à Londres. On y arrétera le programme général pour l'observation des phénoménes périodiques dont le projet de rédaction a été confié aux soins de deux savants qui s'occupent depuis plus de vingt ans, en Allemagne el en Belgique, de l'observation de ces phénomènes. 7 M. Quetelet fait hommage d'un mémoire de statis- tique contenant une table générale de mortalité pour la Igique et deux tables spéciales de mortalité pour les °mmes et pour les femmes, dressées d'après le recense- ment de 1856. ( 460 ) — M. le baron de Witte présente les derniers numéros de la Revue numismatique el un opuseule de sa composi: tion. — Remerciments. E | CONCOURS DE 1860. La classe des lettres avait mis au concours sept ques tions sur différents sujets et une huitième concermil l'origine belge des Carlovingiens. PREMIÈRE QUESTION. Quelles sont les localités des dix-sept provinces des Pays E Bas et du pays de Liége où Pon a frappé monnaie , depui l'invasion des Francs jusqu'à l'émancipation des feudataires ? Décrire ces diverses monnaies et, au besoin, discuter l'attribution. Rapport de PE. de Witte. « La question offre un grand intérêt : elle touchea origines de notre histoire. Bien comprise, bien traitée, E elle aurait dû produire un travail des plus instructifs. Lé premier des deux mémoires qui ont été prés" concours porte pour devise : Cherchez el vous tro en eN L'auteur s’est borné à donner une description pee a des monnaies mérovingiennes et carlovingiennes au. attribuées avec plus ou móins de fondement à des! pr des Pays-Bas et du pays de Liége; de plus, ho w limites tracées par le programme, il a compris dans Y (461 ) catalogue les monnaies de quelques villes du royaume . d'Austrasie, et y a fait entrer des monnaies féodales qui vauraient pas dû y figurer. C'est ainsi qu'il cherche à jus- tifier sa seconde devise : Quod abundat non viciat, axiome vrai, quand il s’agit d'une véritable abondance de docu- ments, mais qui n’a pas de sens, quand on veut introduire dans un travail des éléments étrangers. Ce premier mé- moire n'offre qu'une sèche nomenclature des villes et bourgs, sans critique aucune, sans la moindre observa- tion historique. L'auteur semble ne pas avoir compris Pim- portance de la question, l'utilité qu’elle présente pour jeter du jour sur la géographie ancienne de notre pays. Il accepte les attributions les plus hasardées et ne les dis- cute pas. Ce mémoire annonce une grande inexpérience. La seule chose qu’on puisse louer dans ce travail, c'est l'idée qu'a eue l’auteur de reproduire par le dessin les mon- naies qu'il décrit; l’idée est heureuse, et il faut convenir que les dessins sont bien faits et exécutés avec soin. Le second mémoire porte pour devise : La numismati- que est l'un des flambeaux de l'histoire. L'auteur a mieux Compris la portée de la question. Il a senti que ce n'était pas une simple nomenclature que l’Académie demandait. Il est entré dans quelques détails sur l’origine et l’histoire des localités auxquelles on a attribué des ateliers moné- taires. Malheureusement, il accepte sans critique presque toutes les attributions, sans discuter leur valeur, Sans tenir compte de certaines observations. Glanant un peu partout, il ne fait aucune distinction entre les sources auxquelles il emprunte ses matériaux. En général, il ne remonte pas aux sources originelles et se contente de rap- porter l'opinion de ses devanciers, sans la soumettre à un nouvel examen , sans faire connaître ses propres impres- ( 462 ) sions, méthode facile et qui dispense de recherches sé- rieuses. Ce second mémoire laisse aussi à désirer sous le rapport du style et de la rédaction. ll existe un ouvrage qui aurait pu servir de guide aux concurrents, et on est étonné, vu que lun et Pautre le | citent assez souvent, qu'ils n'aient pas songé à le prendre pour modèle. C'est la Notice des monnaies françaises AA sant la collection de M. J. Rousseau , accompagnée d indiat i tions historiques et géographiques par Adrien de Longpérier, Paris, 1848, 1 volume in-8° avec planches et nombreuses vignettes sur bois. Ils auraient pu puiser, dans cel our des notions exactes, des appréciations justes, ee re E sentées avec circonspection, des hypothèses ingénieusés, mais sages el réservées et basées toujours sur des pe raisons de fabrique et de style. La numismalique, si à l'histoire, est une science sérieuse, et ce an a pa inspirations d'un moment, mais à une étude sévère, à ps recherches longues et laborieuses qu'il est permis de mander le succès. k i Aux observations qui précèdent, J'ajouteral encore les remarques suivantes sur ce second travail. pe L'auteur prétend que l'existence des ateliers RE dans les Pays-Bas ne remonte qu'à l'époque mér Me Nous savons par des preuves irrécusables que e me les tres gaulois ont frappé monnaie : je ne rappelle ici his: 1 monnaies gauloises anépigraphes trouvées dans al de localités de la Belgique. Plus tard, les Belges on aait monnaies portant des légendes aussi bien que les peuples de la Gaule. i des ale On ne sait rien relativement à l'établissement pis liers monétaires dans les Pays-Bas sous les Méroving De UE PRE PTE ( 465 ) mais cette obscurité existe également par rapport à la France. Dire qu'au VI™ et au VHP? siècle, la Gaule était plus riche, plus commercante et plus peuplée qu'au temps des Romains, est une erreur. On ne saurait attribuer Péta- blissement de nombreux ateliers monétaires de l'époque mérovingienne au développement des relations commer- ciales, au défrichement des landes et des forêts ou à la fondation de nouvelles villes. Tout ce qu'on peut dire, c’est que, sous les rois francs, le système de garantie change; le nom du prince paraît rarement sur Ja monnaie : C'est le nom de l'officier monétaire qui le remplace, et c'est sous sa responsabilité qu’elle entre dans la circulation. Pour savoir si une monnaie a pu être frappée dans telle ou telle localité, il est nécessaire de s'assurer avant tout que cette localité existait à l'époque où la monnaie a été rappée et que cette localité portait dans ce temps-là le nom qu'on croit reconnaître sur la monnaie. L'auteur attribue à Bavai, d’après M. Combrousse, une monnaie qui, selon M. de Longpérier (1) porte LAVACA tl que ce savant donne à Liége, sans dissimuler les diffi- cultés qui s'opposent à cette attribution. La non-existence de Liége à l'époque mérovingienne n'est pas prouvée. ll est question de Leodium , vers la fin du VI” siècle, du temps où vivait Monulphe, vingt et unième évêque de Tongres. Kien n'est moins certain que l'attribution d'une mon- naie quelconque à Beaumont de Hainaut. nom de Bellus Mons se trouve partout; il y a nom- bre de villes et de villages qui portent ce nom el il devient lors presque impossible de fixer la monnaie de cha- fune des localités désignées sous ce nom, à moins que AS A nr mine mm (1) Notice de la collection Rousseau, p: 224. ( 464 ) des indices particuliers n’en déterminent l'attribution. Pourquoi Pauteur émet-il des doutes sur Pexistence des monnaies frappées à Bergues-Saint-Winox au X1”* siècle, quand il décrit lui-même des pièces qui portent BEREAS ou BERGA S. WINOC? Il ajoute : cette abbaye parait avoir possédé le droit de frapper monnaie! L'auteur donne une monnaie à Binche. Cette pièce de Charlemagne est de Bingen. M. Chalon (1) n'avait ié Binche que d'une manière dubitative. a Le tiers de sol d'or mérovingien, portant le nom du monétaire Nectarius, attribué à Gembloux par l'auteur, est rangé à Jumillac dans le Limousin par M. Max. De loche (2). En parlant de Gand, l’auteur cite D. Bouquet, d'après Dewez, tandis qu’il était facile de remonter aux sources: A l'article Mons, l'auteur décrit une monnaie mérovit- gienne supposée; il dit lui-même que c'est une pié fausse; il ne fallait done pas la décrire, ni même en faire mention. Il semble aussi confondre Castri Locus, Mons, avec Castrum Lucii, Chalus en Limousin. | La pièce carlovingienne qui porte C. L. 5. est de Co logne, Colonia Sancta (5). We La monnaie de Pepin, NOVINO MO, attribuée à Nimé gue, a été expliquée par M. de Longpérier (4), par Boa monetarius. On connaît plusieurs noms de monétaires car- lovingiens. a Je me borne á ces courtes observations. Je laisse de | Re un ee (1) Revue de la numismatique belge , 27* série, t. Il, P. 158 (2) Revue numismatique française, 1859, p. 177- (5) Note communiquée par M. Renier Chalon. (4) Revue numismatique française, 1858, p. 356. x i. ~ ( 465 côté une foule d’autres questions qu'il serait intéressant de discuter, par exemple, ce qui se rapporte aux monnaies frappées dans des localités désignées sous les noms de Wick ou Wyck, les pièces attribuées à Maestricht, Tra- jectum ad Mosam , et à Utrecht, Trajectum ad Rhenum. Mais ce que j'ai dit suffit, je crois, pour faire voir que s'il ya des points qui offrent de grandes difficultés, il y en a d'autres dont la solution est facile; souvent on se déter- mine pour des attributions, selon le besoin de la cause que l'on s'efforce de défendre. Pour conclure, je dirai qu'aucun des deux mémoires présentés au concours ne me semble mériter le prix. L'auteur du second mémoire peut avec du travail et en remontant surtout aux sources améliorer son mémoire et le rendre sinon aussi complet qu'on aurait pu le désirer, du moins intéressant et instructif. Je voudrais encourager l'auteur et, dans ce but, je propose à l'Académie de lui accorder une mention honorable. » Rapport de M. Chalon. > Je me range tout à fait à l'avis de mon honorable con- frère, M. le baron de Witte. Je pense, comme lui, que les deux mémoires qui nous ont été présentés ne répondent pas à ce que l'Académie était en droit d'attendre, el ne Peuvent mériter le prix proposé par elle. | Cependant, je reconuais au second mémoire une supé- niorité relative qu'il serait peut-être juste de constater, en accordant à l’auteur une mention honorable. » — ( 466 ) Rapport de M. le baron de Saint-Genois. « Mon incompétence en matière de numismatique el d'histoire monétaire m'engage à vous prier de ne consi- dérer que comme un simple appoint l'avis que je dois émettre, après mes deux collègues, MM. le baron de Witte et Chalon, sur le mérite des mémoires envoyés en réponse à la première question du concours annuel. En leur aban- donnant le soin d'apprécier le côté essentiel de la ques- tion, je regrette comme eux que les auteurs de ces deux mémoires aient négligé de faire précéder leurs nomencla- tures numismatiques de vues générales sur les premiers temps de notre histoire. La position de la question dé- montre suffisamment que la description des monnaies de- vait avoir surtout pour but de déterminer l'importance des localités où elles furent frappées, ainsi que l'époque à laquelle remontent leur origine. L'examen de ces points intéressants eût d’ailleurs fait disparaître la sécheresse qui caractérise ordinairement ces sortes de dissertations. Je me rallie done entièrement à l'avis des deux premiers commissaires, el, laissant de côté le mémoire qui porte pour devise : Cherchez et vous trouverez, je VOUS propose d'accorder une mention honorable à l'auteur du mémolf* portant la devise : La numismatique est un des de l'histoire. » Conformément à l'avis de ses trois comm! e classe décide qu'une mention honorable sera accordée 1 second mémoire, et elle exprime le regret de ne ponvo lui accorder la médaille du concours. ssaires, là i y flambeauz A o lus lr ia E E $ l l (467) DEUXIÈME QUESTION. Quelles sont les applications utiles et pratiques du prin- cipe de l'association pour l'amélioration du sort des classes ouvrière el indigente ? Rapport de M. Ducpeliaux. « Deux concurrents ont répondu à l'appel de l'Académie. Le premier, dans une simple note, fait ressortir les avan- lages assurés aux ouvriers, dans quelques établissements industriels, par la construction et la location d'habitations saines et commodes à prix réduit, par la création d'un service médical gratuit, d’une société de prévoyance pour les cas de maladie et d'infirmités, de magasins d'approvi- Sionnement pour la vente en détail d'objets de premiére nécessité, ete. Il se borne à recommander cet exemple et à faire des vœux pour sa propagation. Le second, dans un mémoire plus étendu, propose la fondation d'une dou- ble association, l’une qui assurerait aux ouvriers des se- Cours pour les cas de chômage et de maladie, l'autre qui se chargerait du patronage et de l'assistance des indigents. Il entre dans quelques détails sur l’organisation de ces deux Sociétés; mais bien que ces détails soient exposés Sous forme réglementaire, ils ne permettent pas néanmoins de bien saisir le système de l’auteur, de distinguer la part quil fait à l'initiative et à l'action soit de l'État, soit des Patrons, soit des ouvriers, et donnent lieu à des objections nombreuses que nous croyons pouvoir nous dispenser de Passer en revue. En résumé, tout en rendant hommage à la pensée géné- “nel philanthropique qui a inspiré les concurrents, 2™ SÉRIE, TOME IX. 55 ( 468 ) nous sommes d'avis qu'ils n’ont pas fourni de réponse s- tisfaisante à la question posée pour l’Académie. Cette ques tion nous paraît assez importante pour qu’elle soit main- tenue au prochain concours. C’est en vue de ce maintien que nous croyons utile de soumettre à l’Académie quelques considérations et quelques données qui développent le pro- gramme et contribueront peut-être à guider les concur- rents (1). » Rapport de M. De Becker. « Aucun travail, digne de l'attention de l'Académie t, a wa été présenté en réponse à la question relative atx a} plications utiles du principe de l'association pour lioration du sort des classes ouvrières. Il y avait là cependant matière à une étude térêt par les questions sociales à traiter, plei par les conséquences pratiques à en déduire. ne d'utilité Le résultat négatif du concours paraît donc devoir être E tentionsde attribué à l'exposé incomplet des vues et des in l’auteur de la question mise au concours. Les savants développements que cet ho vient de donner à sa proposition auront pour résu mienx poser le problème et d'en faciliter la solution. Dans la prévision de ce résultat désirable, (1) La partie du rapport de l'honorable membre à laqu à fait l'objet du discours qu'il a prononcé à là séance publique des lettres du 11 de ce mois. pleine din rable autenr n9 de E i | j'émets de o E NOS ( 469 ) lement le vœu que la question soil consérvée au pro- gramme du concours. » Rapport de M. le baron de Gerlache. « J'estime, comme mes honorables confrères, qu'aucun des mémoires soumis à l’Académie ne répond sullisam- ment à la question proposée, « relativement aux applica- > tions utiles du principe de l'association, pour l'amélio- » ration du sort des classes ouvrière et indigente; » et que celte importante question doit être maintenue qu con- tours. L'excellent rapport de M. Duepetiaux jette un grand Jour sur cette matière, et aidera puissamment les concur- rents, sil Sen trouve qui soient à la hauteur du sujet. » Conformément à l'avis de ses commissaires, la classe a Jogé qu'il n'y avait pas lieu à décerner le prix. —— QUATRIÉME QUESTION. Prix D'ÉLOQUENCE FLAMANDE. — L'éloge de Cats, au point de vue de l'influence exercée par cet écrivain sur la littérature flamande, Rapport de M, Snellaert, * Dans la littérature des Pays-Bas, Pindividualité la Populaire est sans contredit le poëte Cats : ce n'est Pas sans raison. Dans aucun pays, peut-être, jamais auteur (470 ) n'a mieux réussi à satisfaire aux besoins moraux de toule une nation. Ce succès est si complet que les œuvres de Cats ont acquis, depuis plus de deux siècles qu'elles ont paru, le surnom de Bible des ménages, et que lenomde l’auteur lui-même n’est dans la bouche des Flamands et des Hollandais qu'accompagné de l'épithète de père : Vader Cats. Enfant ou vieillard, amant ou époux, riche ou pauvre, heureux ou opprimé, l'homme, dans les situi- tions les plus opposées, trouve dans les œuvres de notre poëte consolation et conseil. Au milieu d’une littérature riche en tous genres et malgré la transformation insensible de la langue, la marche progressive de l'esprit humain et les variations des idées , les œuvres de Cats ne cessent dè nous charmer, de nous instruire, Cet épais in-folio repo sant sur la table du bourgeois, dans le comptoir du mat chand, sur les rayons du savant et du riche, est transmis de père en fils, précieux par les souvenirs qui $y rati chent : c’est l'emblème du grand-père assis au Coin du feu et racontant les histoires de son jeune áge ou distribuant les maximes recueillies, par l'expérience, sur le chemios varié de la vie. Informez-vous en Flandre, ou en Hollande, E de Jacob Cats, le plus humble villageois vous racon les traits principaux de sa vie d'étudiant, d'agronomè d'homme d'État, de poéte; même la légende renchérit sur l’histoire. Comme poëte, nous possédons nombre ( littérateurs infiniment supérieurs à Cats pour tion hardie, expression et Je style; mais l’ wershaven a su faire vibrer la fibre flamande dans € qu'elle a de primordial, le sens moral. a minemmen! La classe des lettres a choisi celte figure si é - prose populaire pour sujet de son premier concours dep a mande, Deux mémoires lui ont été présentés. Le RUE la concep enfant de Brai- a A MR E y i ( 471 ) porte pour devise le vers latin du poëte zélandais Hoffer, adressé à Cats : Vives et vivent istis tua carmina saeclis : l'autre a pour épigraphe les mots : Vader Cats. Le premier de ces mémoires est une œuvre non dépour- vue de mérite; elle est bien conduite et dépeint agréable- ment le poéte et ses qualités. Le style en est simple et assez correct; les très-rares fautes contre le génie de la langue qui s’y trouvent doivent en effet être moins impu- tées à l'ignorance des formes propres à notre idiome qu'à un vice plus général parmi nos jeunes littérateurs et qui consiste à accepter, presque sans examen, les néologismes que les journalistes se permettent de forger dans leur hâte de traduire ce qu'ils ont sous les yeux. Après un exposé des mérites de Cats, l’auteur aborde la question de l'influence exercée par notre poëte sur la littérature néerlandaise. Ici l’auteur perd tout à fait le ter- min: il aurait dû suivre le littérateur éminent dans son génie et ses formes particulières, il aurait pu écrire des pages intéressantes en exposant les luttes que les admira- - teurs de Cats ont eues à soutenir en Flandre contre les défenseurs d’une poésie plus måle; il se contente, au con- iraire, de citer soixante et dix poëles hollandais et fla- mands, à commencer par Daniel Heinsius jusqu'à Bellamy, poetes qui la plupart, dit-il, se rapprochent, dans leurs “Hits, d'une manière frappante, de notre moraliste : Waer- van meest allen, in hunne hier aengewezene werken, de valbaerste, de treffendste toenadering tot onzen zedemeester tenbieden, Cette liste n’a même pas le mérite d'être le ré- sultat d'une étude spéciale : l’auteur s'est contenté de con- sulter quelques ouvrages traitant d'histoire littéraire, ce MMi l'a égaré et conduit à des malentendus ou à des appré- tations inexactes, (472 ) L'auteur du second mémoire divise son travail en trois paragraphes. Le premier est une sorte d'essai sur la ma- nière de concevoir l'amour chez les anciens et chez les modernes, et sur les efforts faits dans les Pays-Bas pour a y appliquer la poésie didactique; le deuxième traite spé- cialement de Cats, surtout à ce point de vue; le troisième est une liste raisonnée des auteurs qui ont imité Cats, soit comme moralistes, soit dans ce qu'il a de caractérise tique dans son style. L'auteur a eu surtout en vue les œuvres de Cats qui traitent de l'amour, notamment le Trouw-Ring (FAN nuptial) et het Howwelyck (le Mariage). A vrai dire, ce sont | là les œuvres capitales du poëte, celles qui ont peut-étre passé le plus par les mains du public : il a été longtemps d'usage de donner l’Anneau nuptial en cadeau de noces à une nouvelle mariée. L'auteur ne néglige cependant pas absolument les autres œuvres du poëte; mais le tab qu'il en donne est d'une étendue très-restreinte, Il y règne parfois certaine confusion, qu'on serait tenté d'attribuer à un défaut de l’auteur, et qui résulte de cë qu'il ne distingue pas assez l'amour de la galanterie, Cet ce que Coornhert avait fait en séparant, l'un de l'autre, liefde et minne. | L'auteur n'est pas toujours exempt d'asserti0ns hasar dées. Après avoir fail ressortir que Cats plus que de | autre a su se défaire de ce fatras mythologique qul, JP a dans ces derniers temps, entravait chez la plupart 2 E nations européennes le libre élan de la poésie, il qh Cats penchait plutôt vers le mysticisme. Il est wra e ; ye cl de ajoute : « pour autant que celui-ci (le mysticisme) sol » domaine de la Bible, » C'est lá une phrase qui sor Pa: comme prise en l'air par ceux qui ont lu Cats, et qui doh ( 473 ) induire en erreur ceux qui ne connaissent notre poëte que de nom, Les tableaux de Cats sont une description franche el pure: le corps et l'âme y ont également leur place; on n'yaperçoit ni pruderie, ni malice; pas d'équivoque, mais un laisser-aller d'honnête homme poli. Les convives du père Cats ne sont ni des enfants, ni des bigots, ni des blasés, Il range Zevecote parmi les imitateurs de Cats. Or, déja en 1616, ce poéte érotique quittait le cloitre, où l'avait conduit son amour, qui nous charme encore dans maint joli morceau de poésie. Ses tragédies, datant d'une époque postérieure, ne respirent en rien la manière de Cats, ni pour la pensée ni pour l'expression, De même Heinsius ne peut-il être rangé parmi ceux qui doivent de la reconnais- sance à Cats. Ses poésies, qui avaient déjà paru séparément, reçurent, en 1615, privilége des états généraux, el furent publiées en 1618, l'année que Cats donna son premier recueil, les Emblèmes, Ce que l'auteur dit des deux poëles précités ; dat Heinsius en Zevecote meer dan eene kunstver= plichting hadden aen den dichter, est done invraisemblable. ll n'est pas moins hasardé de prétendre que l'éminent orateur Borger ait subi, dans sa première jeunesse, l'in- uence de Cats par la lecture de la Bible des ménages que lui fit sa mère. Mais combien de littérateurs n'y a-t-il pas qui, dans leur enfance, ont lu on entendu lire ou réciter des milliers de vers du poëte? Ce qui est arrivé au jeune Borger n'est pas, à beaucoup près, un fait exceptionnel. L'auteur embrasse une opinion trop exclusive sur la part minime que les classes supérieures de la société au- aient prise, dans les deux derniers siècles, au mouvement littéraire, Il dit, page 18 : Niet te min hebben zich de eige- lijk geheeten geleerden in Vlaenderen DENKELIJK mel onzen (474) | schrijver vroeger niet bijzonder bezig gehouden, al kan hun zijn grieksch en latijn wel eens uitgelokt hebben tot eenige kennismaking met den volksdichter. C'est la une assertion sans appui. Les études se faisant en latin, les philologués de ce temps-là ne cherchaient l’objet de travaux pas plis dans Cats que dans Vondel, quoique, vers le milieu du siècle dernier, la lutte devint assez étendue, assez piquante chez nous entre les partisans de ces deux génies si dissen- blables. Ou bien, l’auteur veut-il dire que, parmi les poêtes de ce temps, on ne rencontre pas d'hommes savants? Cela A serait aussi injuste que cette autre assertion, Où il piè tend que, de nos poëtes flamands, Lambrechts seul etpar exception, appartenait à la haute société. Je ne rappellerl pas les savants ecclésiastiques, les avocats et les méde cins qui ont manié avec succès la lyre flamande; je lui citerai cependant Thierri Van Liesvelt, seigneur d'Opdorp Éverard Wassenbergh, Ignace d'Hanins, messires Ymmè loot, De Coninck et Van den Brandt, les jurisconsullés $ De Wree, Van der Borcht, Deck-her, De Condé, ete. , t005 : appartenant, par leur naissance et leur position, ala cane élevée de la fraction des Pays-Bas qui fut ramenée sous le 4 sceptre de l'Espagne, tous Flamands ou Belges; cetl - nom que l’auteur préfère donner à nos ancêtres quoique ce dernier terme soit tout à fait inexact comme exp. historique. Le terme générique de Belge s'appliquait bo distinctement aux habitants des dix-sept provinces, © nous ferons remarquer que le mot fut encore employé dat ce sens par Feith et Bilderdyk. Le mémoire est écrit dans un style correct; il est w ce qu'on nomme chátié. Mais l’auteur a le défaut i loir à tout moment décliner ses substantifs à la M me vacilé des auteurs du moyen âge : cela enlève au style sav (475) Nous avons le plus grand respect pour les formes si riches et si cadencées de la prose flamande antérieure à l'époque de la réforme, et nous sommes de ceux qui croient que, pour la beauté et l'harmonie du style, il convient de ré- server une part à ces formes antiques dans notre prose moderne, Mais c’est se perdre, c’est rendre un bien maigre service à la cause qu’on défend , que d'abuser inconsidéré- ment de ressources qui, employées avec sagacité, relèvent avec d'autant plus d'éclat et de solennité la richesse et la force de la langue. Vous qui êtes si prodigue, dans vos écrits, de formes dont les anciens ne vous ont pas encore dévoilé tous les secrets, emploieriez-vous un tel langage pour entraîner votre auditoire, si un jour vous vous trou- viez en face d'un public nombreux, soit à la tribune, soit dans une assemblée délibérante? Non certes; car vous dé- sireriez trop le triomphe de la cause dont vous auriez pris la défense, pour la compromettre ou pour vous exposer à ùne sévère accusation de pédantisme. - Malgré ces observations, qui ne touchent qu'à des points ou secondaires et qui ne sont, pour la plupart, que le résultat d'un sentiment personnel, je suis d'avis que le mémoire portant pour épigraphe les mots Vader Cats mé- "ite la médaille d'or et les honneurs de l'impression. » l E 3 À : E i à E Rapport de M. David. © Je me rallie sans réserve au jugement porté sur ces Ut mémoires par mon honorable confrère, M. le docteur iellaert, ainsi qu'aux conclusions de son rapport. » ee Rapport de M. Nolet de Brauwere van Sleeland, « adopte volontiers les conclusions du rapport de mon savant confrère, M. le docteur Snellaert, sans toutefois me rallier au jugement qu'il porte sur le mémoire n’ 1, qui se distingue par la grande érudition du fond autant que par la correction et l'élégance de la forme. C'est à celle belle œuvre, bien digne de figurer au nombre des savantes publications de l’Académie, que je propose de décerner la médaille d'or. Je m’estime heureux de ne point partager tous les scrupules de mon savant confrère : C'est précisée ment ce qui me permet de faire miennes ses conclusions et d'aboutir comme lui, mais par une voie plus directe el à coup súr moins hérissée d'encombres littéraires, all but que lui-même s'était proposé. » Conformément aux conclusions des rapports des trois commissaires, la médaille d'or a été décernée au premier mémoire dont l’auteur est M. Prudens Van Duyse, 0" respondant de l'Académie, récemment décédé. CINQUIÈME QUESTION. Quelle a été l'influence littéraire, morale el politique des sociélés et des chambres de rhétorique dans les dix-sept pr" vinces des Pays-Bas et le pays de Liége ? Rapport de M. Snellaert, « C'est la troisième fois que le même mémoire voust présenté en réponse à la question ci-dessus: Te a A A E PE î y à E 5 Le (477) L'année précédente, la classe a décerné la médaille d'argent à ce travail, fruit de longues recherches. L'au- teur, mettant à profit les observations consignées dans les différents rapports, a eu le courage de revoir son œuvre, de la remanier en partie. Il s'ensuit que ce travail, de lourd et indigeste qu'il était, est devenu digne d'attirer l'attention du monde savant. On peut différer d'opinion avec l'auteur sur certaines appréciations et lui reprocher parfois d’avoir trop précipité son jugement; on peul re- gretter qu'il ait oublié de fournir les preuves des faits nou- veaux qu'il allègue; on peut lui reprocher la réapparition de légères contradictions, de quelques redites, même de certaines inexactitudes, le nouveau mémoire pris dans son ensemble, n'en reste pas moins une œuvre ulile, l est vrai qu'il laisse à désirer sous le rapport de la correction : des noms propres, des dates sont estropiés; parfois un néologisme insoutenable, tel que welkdanig (p. 140), vous arrête; plus souvent c’est un mot impropre qui donne à la phrase un sens que l’auteur n’a pu vouloir lui donner, C'est ainsi que nous trouvons onbekend pour overbekend (p. 90), slatvogel pour slotregel (p. 129), vermaerd pour vermaend (p. 149), et bien d'autres encore, Dans la plupart des cas, l'erreur est pertinemment due au copiste’, faute de pouvoir déchiffrer l'original; cela est si vrai qu'en un certain en- droit, le pauvre scribe se permet de remplacer le mot ou les mots indéchiffrables par un signe d'interrogation. Je propose de couronner l'auteur du mémoire el de pu- blier l'ouvrage dans nos annales, » (478) Rapport de M. le baron de Saint-Genois. a C’est pour la troisième fois que vous m'avez fait l'hon- neur de me nommer commissaire pour examiner le ré- sultat du concours relatif aux chambres de rhétorique. Cette importante question, inscrite cinq fois de suite au programme des concours de la elasse, a reçu, en 1858, une première solution qui n’a pas été jugée satisfaisante, Remise au concours l'année suivante, elle a été traitée de nouveau par l’auteur du premier mémoire et, celte fois, d'une manière assez remarquable pour que deux commis- saires sur trois proposassent de lui décerner la médaille d’or. Toutefois, après une longue discussion, la classe n'adopta point ces conclusions, mais décida, avec le trol sième commissaire, qu'on accorderait à l'auteur la mé- daille d'argent, et que la question serait reportée au pro- gramme de l’année 4860. Conformément à cette résolution, la question a "e paru au programme, et son maintien nous à valu cette fois un mémoire concis, rédigé avec soin, méthode € ensemble, Les nombreux défauts d'exécution, les lon- gueurs interminables, la défectueuse distribution des mi» tériaux, l'absence de résumés clairs et substantiels q0? j'avais eu à signaler dans les mémoires des deux an précédentes, ont disparu du travail que nous avons SOUS les yeux. Ce qui, dans le résultat des deux autres conco m'avait été que des notices, intéressantes sans doute, ré dépourvues de cohésion et d'homogénéité, hérissées notes parasites, de citations et de hors-d'œuvre genre, est devenu une véritable dissertation, urs, ii ii ii CN eE: y idad E $ Gyi pi à Lu ( 479 ) ture cesse de fatiguer et dont les proportions démesurées se sont reserrées dans de justes limites. fi: heu À LE a étranges ou très-contestables, y sont aussi présentées d'uhe tout autre manière; nous en citerons un exemple. Dans notre rapport de 1858, nous avions été surpris, à bon droit, de ce que l’auteur du premier mémoire se fùt refusé à reconnaître que les rhétoriciens avaient contri- bué, au XVI"* siècle, à la diffusion des doctrines de la ré- lorme dans les Pays-Bas. L'auteur du mémoire actuel prend le contre-pied de celui des mémoires précédents. Enthousiaste de la révo- lution religieuse du XVI" siècle, il se complait à exalter, avec trop d'insistance peut-être, le concours actif que les rhétoriciens prétérent aux réformateurs de celte époque. Nous avouerons même qu'il fait preuve d'une grande par- lialité, lorsqu'il nous montre ces sociétés littéraires aux prises avec l’orthodoxie de l'Église. Il s'ensuit que son tra- vail est devenu, çà et là, en même temps, un panégyrique de la réforme, comme instrument obligé de Pindépen- dance des Pays-Bas au XVI": siècle, et un acte d'accusa- tion contre Rome, qu’il présente comme complice aveugle du despotisme espagnol dans nos provinces. Dans certaines parties du mémoire, le plaidoyer trop vif, trop ardent, a remplacé le calme de la dissertation ; mais, ces réserves faites, nous nous empressons de recon- mitre que le travail qui nous est présenté est resté dans les limites de la question posée par l'Académie : Quelle a ‘lé l'influence littéraire, morale et politique des chambres de rhétorique ? Son plan, bien conçu et bien disposé, a été fidèlement Exécuté, La forme littéraire annonce de l'élévation dans ( 480 >) la pensée; elle est empreinte de la gravité qui convientá un sujet de ce genre, quoique, çà et là, le style soit peut- être un peu roide, un peu contourné; mais, en somme, nôus inclinons volontiers pour que la médaille d'or soit décernée à l’auteur et pour que sa dissertation soit insérée dans la collection de nos mémoires in-quarto. Rapport de M. David, a Mes honorables collègues Pont déjà dit, d'est pour la troisième fois que ce même mémoire, en réponse à là cinquième question du programme, est soumis à notre appréciation, Comme eux, je reconnais que ce travail, complétement remanié par l’auteur, est devenu plus précis et plus mé- thodique. Au fond cependant, c'est toujours, comme dans Jes deux premiers mémoires, l’histoire des sociétés de rhétorique et des divers genres de littérature auxquels 088 sociétés se livrèrent, plutôt qu'une véritable dissertation sur leur triple influence, demandée par la classe. Sele- ment, dans la nouvelle rédaction du mémoire, cette pa de la question est moins négligée que dans les précédent L'auteur y consacre à peu près le tiers de son travail; et quoique cette partie soit faiblement traitée; quoique je" puisse ni entrer dans toutes les vues de l'auteur, nie mettre tous ses principes, ni reconnaître Ja justesse % tous ses raisonnements, je me range néanmoins à 19" de mes confrères, et je pense avec eux que la classe perl lui décéraer la médaille d’or. sd | Quant à l'honneur de l'impression, j'hésite à le e ( 481 ) order, D'abord, comme l’a fait remarquer M. le doctetr Snellaert, la copie que nous avons eue sous les yeux est irès-défectueuse, non-séulement pour l'orthographe des noms propres, mais aussi pour une foule de mots que les copistes (car on distingue deux mains) n'ont pas su lire et qu'ils ont ou complétement défigurés, ou remplacés par d'autres ne présentant aucun sens. Il sera done très-difi- cile de corriger el de rectifier le texte, à moins qu'on ne puisse recourir au manuscrit de l’auteur méme. Mais il y a autre chose. L'ouvrage tel qu'il est et tel qu'il landrait le reproduire, laisse beaucoup á désirer sous le apport littéraire. Les néologismes inadmissibles, les lermes impropres ou détournés de leur vraie significa- lon, les fausses métaphores s’y rencontrent en grand nombre. Ensuite l’auteur est de ceux qui croient mar- cher dans la bonne voie en essayant de faire revivre cer- lines formes grammaticales observées par nos écrivains du XIII" et du XI yne siécle, mais généralement négligées de nos jours : ils ne se doutent pas que c’est aller à Pen- Contre du développement historique de la langue et du Progrès de l'esprit humain. La langue flamande, comme loutes les langues modernes, a parcouru trois périodes. Dans la Première, celle de son enfance, elle est pauvre, » flexible; dans la seconde, elle prend des formes Smmalicales, elle exprime les rapports par des dési- » les idées complexes par des compositions : c'est "gue de nos auteurs du moyen âge, belle, naïve, a » Mais dénuée de qualités littéraires. Par con- % dans sa troisième période, qui est celle d'aujour- Sa langue, en se dépouillant en partie de ses dés ES formes, est devenue plus souple, plus claire, Wte, mieux appropriée à la précision du raison- la la (482) nement, au rhythme de la poésie, aux élans de Pélo- quence. Ce que l'écrivain moderne doit rechercher, ce ne sont pas les déclinaisons du XIII" siècle, mais la pureté, l'harmonie, la variété, en un mot, les qualités du style sans lesquelles toute ceuvre littéraire, dans l'élal actuel de la civilisation, est fatalement vouée à l'oubli Je regrette de devoir ajouter qu'à mon avis, ces qualilés manquent généralement au mémoire que nous avons examiné, » La classe a décerné la médaille d'or à l’auteur, M. Pro- dent Ván Duyse. CONCOURS EXTRAORDINAIRE. — Exposer l'origine belge des Carlovingiens. Discuter les fails de leur histoire qui se rattachent a la Belgique. Rapport de M. Borgnet. « Le concours ouvert sous votre patronage, il ya quie ans, après avoir produit un premier travail, produire un second. Malheureusement ,— el Je gret, — le dernier me paraît plus faible encore s qui l’a précédé, et il a tout particulièrement méconnt caractère et la portée de la question. Les termes ss ne question, surtout avec l'explication qu'on y à ja doivent cependant laisser aucune incertitude. mande-t-on , en effet? Deux choses : la démon A vient d'en : le disáre de ( 483 ) l'origine belge des Carlovingiens , l'exposé des faits de leur histoire qui se rapportent à notre pays. Pour traiter convenablement un tel sujet, il faudrait, mesemble-t-il, prendre à son début la lutte de VAustrasie el de la Neustrie, en dire les causes et en retracer les principales phases. En procurant à l’Austrasie l’occasion de conquérir d'abord son indépendance, puis d'imposer à son tour sa prépondérance à la Neustrie qui, jusque-là, avait dominé par les Mérovingiens, celte lutte amena l'élévation de la famille carJovingienne en l'appelant à per- -~ SOmnifier la nationalité même du pays qui lui donna nais- - Since, Après avoir rapporté ce qu'on sait du père de Pepin de Landen, on peut aborder directement la narration re- lative à ses descendants, et la continuer sans embarras Jisquan traité de Verdun. Mais une fois arrivé à ce grand épisode, quel ordre “onvient-il de suivre? Sans doute, les règnes des succes- urs de Louis le Débonnaire ne présentent plus pour nous même intérêt que ceux des héros fondateurs de la dy- astie. L'empire franc s’est partagé, et la Lotharingie, qur s'est formée de la partie essentielle de l’ancienne Aus- | taste, doit particuliè t attirer l'attention. Néanmoins, il Convient de suivre encore les Carlovingiens dans les Wes pays, d'autant plus que la Lotharingie, aprés deux anes tentatives Pour obtenir une dynastie propre, se trouva ensuite disputée entre l'Allemagne et la France, me t partagée entre elles, tantôt adjointe à l'une ou à re il exi | e. En Allemagne, d’ailleurs, de même qu’en France, iej certains règnes intéressants à étudier pour nous : ar exemple, ceux de Charles le Simple et de son 1 Pets Lothaire, là celui d'Arnulf. : | sat | s'arrêter? La fin me paraît encore bien net- “SÉRIE, TOME 1x. 54 O ET PU ( 484) | tement indiquée. Il ne peut être question de scruter l'his- toire de toutes les familles souveraines qui, par les femmes, se rattachent à Charlemagne, L'expression Carlovingien est assez claire, et, dans le langage historique, ne sap" plique qu'aux descendants mâles de notre illustre com- patriote. Ainsi, Louis, dit le Fainéant, en France, Louis l'Enfant, en Allemagne, seront le terme naturel du travail. Mais une branche a continué à gouverner la Lotharingie, même après la disparition de cette famille dans les deux États voisins, et si nous connaissons peu de chose de l'ad- ministration du duc Charles, comme de celle de son fils Othon, il est toutefois intéressant de constater que la dy | nastie est venue s'éteindre dans le pays qui lul a servi de berceau. 3 Tel est, à mon avis, le cadre à remplir, en y faisant entrer, je le répète, non tous les événements de l’histoire des Carlovingiens, mais uniquement ceux qui concernent plus ou moins directement notre pays. Je vais dire main- tenant la manière dont l'auteur du mémoire, Sur leg vous êtes appelés à vous prononcer, a compris sa Pour cette partie de mon rapport, je me sul assez embarrassé. J'avais sous les yeux le travail le pl volumineux peut-être qui jamais ait élé envoyé à l'Acadé- mie. Eút-il été bou, que j'y aurais certainement W matière à mainte controverse; mais comme je suis for éloigné de le trouver tel, sous le double rapport du sul et des idées, j'y ai recueilli une ample moisson de remil ques critiques. Les énumérer et mettre sous Le rectifications qu’elles m'ont suggérées, c’eût elé infiniment un rapport qui ne sera déjà que trop | J'ai cru que je devais être fort sobre d'observations ll" lées, et qu’il fallait avant tout donner une s trou étend. connaissant? MES ee 5 (485 ) exacle du mémoire, sauf à résumer ensuite les motifs qui ont déterminé mes conclusions. Le titre déjà prouve que l’auteur n’a guère tenu compte des intentions du fondateur du concours. Dans une lettre aux membres du jury, il donne à ce sujet des explications que j'avoue ne pas avoir bien saisies, Je suis encore à me demander pourquoi, réformant la rédaction de l’Académie, ila intitulé son œuvre : Histoire philosophique, politique , civile, religieuse et généalogique des origines belges de la famille des Carlovingiens, avec discussion des points con- testés relatifs aux événements survenus en Belgique. Voilà Un titre qui nebrille ni par la correction ni par la préci- Sn; et qui promet plus qu'il ne tiendra. L'introduction renferme trois chapitres consacrés à ex- Poser successivement les éléments gaulois, germains, chré- tiens et barbares de la civilisation carlovingienne. Toute “elle partie du travail porte sur les premiers temps de la mination franque en Gaule, c’est-à-dire sur une époque oi il mest pas encore question de famille carlovingienne. lors cela serait plus applicable aux Mérovingiens, qui Son venus les premiers. Je voudrais bien savoir aussi s'il y à, dans ce que l’auteur appelle civilisation carlovingienne, des éléments germains qui ne soient pas barbares, et des éléments barbares qui ne soient pas germains. En tout aS, Cést un abus de consacrer soixante et quinze pages y des préliminaires, quand on devrait se contenter d'es- WiSSer à grands traits l'établissement des Franes en Gaule. Première partie est intitulée : les Carlovingiens, issus a odion., détrônés et proscrits par les Mérovingiens , re- ent à la cour, pour s'y élever à la dignité de maires du palais , eq faire une première tentative infructueuse pour "éupérer leur couronne. Cette partie comprend six chapt- ( 486 ) tres, dont le premier porte ce titre : Les Carolinges sous les Mérowinges. Je n’attache pas une grande importanceà ces nouvelles dénominations; si toutefois, aux yeux de l'auteur, elles valent mieux que les anciennes, pourquoi ne pas en user constamment? Quand on se permel des néologismes, en fait de noms propres, il faut être consé quent avec soi-même, et ne pas reculer devant une recti- fication complète. Mais je dois m'arrêter quelques instants à ce chapitre, qui contient un exposé des idées de l'auteur sur l’origine des Carlovingiens et la cause qui l'a entrainé dans des développements inutiles. Je l'ai dit plus haut, il n’y a pas à se méprendre sur le sens ni sur la portée du mot Carlovingiens. Prenet quelque historien que ce soit, jamais il n’est question de l'appliquer à d’autres personnages qu'aux membres 0 celte famille qui, parte de Pepin de Landen, a produit Charlemagne et sa descendance directe. Pour l'auteur, Îl n'en est pas ainsi, et les Carlovingiens sont tout autre chose. Je tácherai de résumer son systéme en peu de mots. Selon lui, Clodion aurait eu trois fils qui, dépouillés par Mérovée, auraient été forcés de quitter le pays. De l'u d'eux, Réginald., serait issu saint Arnould, le père d'A A gésise, mari de Begge. Quant au père de Begge, Pepin » Landen, on sait qu’il descend de Carloman, lequel pour” rait bien aussi, dit l’auteur, appartenir à la famille des Clodioniens : c'est le terme dont il se sert pour indigi’ saint Arnould et ses ancêtres. ; Je n'entends pas contester l'intérêt d'une discussion SU! l'origine de saint Arnould, l'aïeul paternel de P epin de Herstal; mais je ne saisis pas, je l'avoue, limpo ia qu'on y attache dans la question posée par raai QwAngésise soit un Romain ou un Germain, cela n'en- ( 487 ) pêche pas son fils, carlovingien par sa mère, d’être né sur notre sol, d'y avoir passé sa vie, d’être belge en un mot, comme son aïeul et ses premiers descendants. Pour ce qui est des Clodioniens, je me contenterai de hire remarquer que leur existence est fondée uniquement Sur la légende, qu’il n’en est pas question dans des docu- ments historiques sérieux , et qu'il n’y a pas plus de raison d'admettre la tradition qui les concerne, que toutes les autres traditions recueillies sur nos origines au moyen âge. Libre à l'auteur de priser haut l'autorité de Jacques de Guyse, et de se facher très-fort contre les ignorants qui ne l'ont pas apprécié; je lui conseille toujours, s’il veut devenir un historien sérieux, de ne pas admettre légère- mentles allégations de nos chroniqueurs, sur les faits dont ils n'auront pas été les témoins immédiats. | Institutions mérovingiennes, tel est le titre du chapitre IF. Je ne vois pas trop la différence essentielle que l'on peut constater entre les institutions mérovingiennes et les in- Stutions carlovingiennes, et je me fais encore celte ques- lon, après avoir lu les pages que l’auteur y a consacrées. Les Franes sont restés tels sous l'autorité des Carlovin- siens comme sous celle des Mérovingiens, et s'il a existé quelque différence entre les Austrasiens, compatriotes des Premiers, et les Neustriens, compatriotes des seconds, elle na pas réagi sur les institutions au point de les différen- “er dans leur essence. En tout cas, le bon sens et l’ordre chronologique réclamaient la priorité pour les Mérovin- siens, et il me semble que l’auteur aurait dû examiner Pme avant de parler des éléments de ce qu'il ü i ea carlovingienne. ; j de jalit; c apitre HI, Les Carlovingiens deviennent maires > ÓN voit cet avénement prendre le caractère ( 488 ) a d'une restauration, et cela à l’aide d'une généalogie éii- demment fabriquée pour caresser l'orgueil de nos dynas- ties provinciales. Viennent ensuite le chapitre IV, Le chris- tianisme en Austrasie, le chapitre V : Les descendants máles de Carloman, et le chapitre VE : Les monastères sous Pepin de Landen et ses enfants. | Après s'être tenu jusqu'ici presque constamment dans les préliminaires, l’auteur aborde le terrain réellement historique, en commençant la deuxième partie. Elle est intitulée : Les Carlovingiens acclamés ducs souverains de Belgique (basse Austrasie) et maires du palais du resto des Gaules. Cette partie renferme cinq chapitres consacrés: le premier, à Anségise, Pepin de Herstal et son cousin Martin; le deuxième à Pepin de Herstal seul, et devenu chef de tous les Francs après la bataille de Testry; le trol sième à Charles Martel; le quatrième à quelques apótres, dont la mission évangélique fut appuyée par les Caron giens; le cinquième aux événements qui précédèrent retraite de Carloman , frère de Pepin le Bref. . se J'aurais sur tout cela beaucoup d'observations de a à présenter, si je ne croyais devoir me restreindre autan que possible. Je ferai seulement remarquer que, gr l'énumération des causes qui expliquent l'élévation 4 Carlovingiens, l’auteur ne fait pas suffisamment ms la principale, la lutte entre l'Austrasie et la Fe semble tenir pour plus efficace l'action du clergé qui e fut en effet favorable, mais dont la sympathie gp Coup súr pas suffi pour leur transmettre l'héritage po rovingiens. Je suppose aussi que les expressions P° e absolu, employées pour désigner l'autorité qui leur fut ps férée, est une erreur de plume, et que l'auteur a o dire pouvoir suprême. Ce serait la première fois, je pense, E E ( 489 ) quil viendrait à l’idée d’un historien de transformer en despote le chef d'un des États quelconques fondés par les Germains. Quant à la science étymologique de l'auteur, elle n’est guère solide, à en juger par l'explication du mot Herstal et par l'origine assignée aux dénominations Mar- tinrive et Raborive, deux localités situées au pied des ruines pittoresques appelées ordinairement château d'Am- blève ou château des quatre fils Aymon. Ala fin de la deuxième partie, l’auteur a traité, mais d'une manière bien insuffisante, la question du lieu de naissance de Charlemagne. Il cherche à expliquer le silence | d'Eginhard à ce sujet, en le rattachant à la légende de sa mère Berthe, qui aurait été supplantée dans la couche de Pepin par la fille de sa nourrice. Je Wai pas compris l'ex- plication, et j'ai moins compris encore un système qui tend à donner une valeur historique à une légende qu'on aconte comme telle; c’est cependant ainsi que procède l'auteur, en Pemployant à expliquer le silence du biographe de Charlemagne. La troisième partie, les Carlovingiens de rois deviennent PÉTEUrS e pereurs redevi t rois, s'étend de Lavé- nement de Pepin le Bref au trône au partage de l'empire lane entre les fils de Louis le Débonnaire. Le chapitre I" St consacré à Pepin le Bref, les trois suivants à Charle- magne, le cinquième à Louis le Débonnaire et à ses en- fanis. Il ya 12, même dans le chapitre IV, vestiges du règne de Charlemagne en Belgique , bien peu de données qui in- léressent réellement notre pays. # . L'ancienne Belgique, de royaume d'Austrasie devenue royaume de Lorraine, en perdant plus d'un tiers de son te primitif, s'organise en grands fiefs dont s'empare he cadette de la famille des Carlovingiens. Tel est le ( 490 ) titre, passablement long et détaillé, de la quatrième par- tie. Elle comprend quatre chapitres, dont le premier, l'arène féodale en Belgique, est resté à l'état d'ébauche, Les trois autres chapitres sont consacrés à Lothaire I, à Charles le Chauve, à Louis le Germanique, à Louis le Bègue, à Louis de Saxe, à Charles le Gros, à Arnulf, à Zwentibold, à Louis l'Enfant et à Charles le Simple. Le mémoire contient une cinquième et dernière partie intitulée : L'ancienne Belgique, d'abord réduite en royaume d'Austrasie, puis en royaume de Lorraine, devient duché de Lorraine, pour étre de nouveau morcelée et ne plus for- mer que le duché de basse Lorraine, avec des membres de la famille Carlovingienne pour ducs souverains. Cette par- tie se compose de dix chapitres consacrés à l'histoire des ducs de Lotharingie jusqu’à Godefroid de Bouillon inclu- sivement. De ces dix chapitres, les deux derniers sont restés à l’état d'ébauche, comme le premier de la qu trième partie. Même pour ceux qui sont donnés comme définitivement rédigés, on peut, au style et à l'écriture, constater la précipitation avec laquelle ils ont élé oe posés, L'auteur s'excuse de m'avoir pu mettre la dernière main à son travail, en alléguant une maladie causé, dit-il, par l'excès de fatigue. Avec son système des Clodio- niens, il n’a pas cru devoir s'arréter à la descendance de Begge et d'Angésise. J'ai déjà dit que la dénomination Carlovingiens me paraissait suffisamment claire, et e comprenait que les personnages auxquels tous les his- toriens sont convenus de l'appliquer. Dès lors cette prë tendue lacune, qui affecte tant l’auteur, n'a aucune 10: portance à mes yeux, puisque je considère cette cinquième Partie comme étant tout à fait en dehors de la question: je ne vois d'exception à faire que pour deux des individi - ( 494 ) qui y sont mentionnés : Charles de France et son fils Othon. ll ne me reste plus qu'à conclure, ou plutôt à motiver des conclusions que j'ai fait connaître au commencement. Le mémoire ne mérite pas le prix. Quoique deux ou trois chapitres attestent un talent d'écrire assez remarquable, ils ne peuvent racheter la faiblesse générale de l'œuvre. L'auteur n'a pas travaillé d’après les sources; il ne paraît même pas les connaître. Quand il les cite, c'est d’après ü historien moderne , Bertholet, par exemple. Il ne pro- duit done qu'un travail de seconde main, et n’a pas même choisir ses guides avec discernement. Vos rapporteurs ont eu plus d'une occasion de sourire à la lecture de cer- ins noms cités comme d'imposantes autorités. Le style SL entaché de boursouflures et de néologismes; cependant il ne Manque pas d'élégance ni d'entrain. Pour dire toute M pensée, cela me parait être l'œuvre d'un jeune homme “qui l'expérience fait défaut, mais qui, malheureusement, ède une haute opinion de lui-même. La présomption ne sied à personne, et Thucydide ou Tacite seraient à Peine exensables de parler de leurs œuvres, dans les rmes que l'auteur du mémoire emploie à célébrer la senne, Quoi qu'il arrive , dit-il quelque part, son travail Sera Publié. Ces paroles font tout l'effet d'une ménace dont je ne crains guère la réalisation, car j'ai assez de confiance dans le bon sens du public instruit, pour être a de voir ratifier le jugement que je porte mpu S Propose à la classe de ne pas décerner le prix; je lui questi aussi, en présence de ce double échec, de rayer la ( 492 ) Rapport de M, Arendt, « L'examen attentif du mémoire présenté en réponse la question sur l'origine belge des Carlovingiens, m'a con- dnit à des conclusions semblables à celles que notre si- vant et honorable confrère, M. Borgnet, vient de soumettre à la classe. Comme lui, je ne puis proposer d'accorder un prix au travail dont il s’agit. L'auteur, à qui je recon- nais volontiers une grande ardeur d'étude, des lectures étendues, un certain talent d'écrire, s'est complétement trompé sur la portée de la question, en confondant l'ori- gine belge de la famille des Carlovingiens avec les origines belges en général. Il en est résulté qu'une partie conside: rable de son volumineux travail se trouve tout à fait en dehors du sujet spécial et limité du concours, où n'a ave celui-ci que des rapports vagues et éloignés. Je m'explique d'autant moins cette erreur, que les observations dont la classe avait accompagné son programme de 1859, 408 que celles présentées par les rapporteurs du concours de E Vannée derniére, ne pouvaient laisser de doute sur k À sens dans lequel la question doit être comprise, pos à l'étendue qu'il convient de lui donner. Dans la partie k son mémoire qui rentre le plus dans le sujet m concours, l’auteur, à mon avis, pèche surtout par ul manque presque total de critique, quant à la ae sources où il a puisé ses récits, et par une conni fort incomplète des travaux de l’érudition moderne AL la plupart des points qu'il avait à traiter. Je pap ait fait une étude approfondie des écrivains et des au. E documents de diverse nature, qui seuls peuvent four" a les éléments d'une histoire de l'époque carlovingien?: =. A (495 ) … delle que l'exige l'état actuel des sciences historiques. Sil les a connus tous, ce que je n'oserais affirmer, il ne sest guère préoccupé de rechercher le degré de confiance qu'ils méritent. A ses yeux, il wy a, pour ainsi dire, qu'une seule source que l'historien moderne doive suivre, čest la chronique de Jacques de Guyse, dont il exalte le mérite outre mesure, dans lequel il voit le père des sciences historiques en Belgique et dont il suit les récits avec une confiance que je ne crois pas qualifier trop sévèrement en l'appelant aveugle. « C'est surtout dans » l'œuvre de ce bon Jacques, dit-il, que nous irons cher- > cher nos origines carlovingiennes. Nous savons qu'on > lui a reproché avec amertume son défaut de critique, > sa facilité à se faire l'écho de toutes les traditions; mais, » à nos yeux, là se trouve un de ses principaux mérites. » Selon nous, en effet, toutes les légendes, toutes les tra- a ditions, les mythes et les symboles, reposent toujours > sur des faits, mais transfigurés par l'imagination po- > pulaire, La science consiste à retrouver le héros sous » l'auréole symbolique, la vérité sous les voiles brodés de > hbles. Loin de nous le superbe dédain de P'ineptie et . l'ignorance! Nous ne savons pas rire quand on nous dit que les Trévirs viennent de Trever, tils de Sémiramis, * e Tullus Hostilius fonda la ville de Toul, que les erviens descendent des Romains, et les anciens Volgs i Volsques du Latium. La docte Germanie n'a-t-elle i Pas constaté que les races germaniques proviennent des > le =” et asgardiennes , de même que les peuples de à “am nd que les races galliques, teutoniques et pélasgi- > do. . trois rameaux d'une même souche. Sachez k 8 ha le mythe avant de le couspuer : les S ne mentent jamais! » ( 494) Je ne sais si dans la docte Germanie, l’auteur trouvera beaucoup de savants, surtout parmi ceux qui s'occupent sérieusement d'études historiques, disposés à souscrite à son système par trop absolu sur la valeur des mythes en histoire, et qui, comme lui, voudraient s'écrier : que les tra- ditions ne mentent jamais. Mais ce que je sais avec une très- grande certitude, c’est qu’au nombre des travaux publiés récemment dans cette même docte Germanie et qui ont été fort applaudis par les hommes les plus compétents, figure un travail critique sur la chronique du même Jacques de Guyse démontrant de la manière la plus irréfragable que la partie de cette chronique où il est traité des ori- gines belges n’est pas même tirée de la tradition, mas d'un genre de productions, fort répandues à cette époqié du moyen âge, qui ressemble plus au roman qu'à toute autre chose (1). Il est regrettable que l'auteur, avant de sengigtt dans un système qui doit enlever toute valeur aux ésul: tats auxquels il dit être parvenu après de grands efforts et un travail opiniâtre, ne se soil pas entouré des ren: seignements que fournissent, à l'égard des sujets su quels portaient ses recherches, les travaux, sous tons w rapports si remarquables, sur les événements et les insti- tutions de l’époque carlovingienne , que nous M. Pertz et aux nombreux savants qui marchent sur les traces de ce grand érudit. Il est ainsi arrivé à l'auteur de traiter d’une manière insuffisante el souvent ouvertemen! défectueuse, des questions qui même, à son point de (1) V. Jacobi de Guisia Annales Hannonie , Untersuch mans, dans Periz, Archiv., ete., t. IX, p, 292-582. p les devons à i t von D W- au EO o Ai E f | i | ( 495 ) el pour le système qu'il adopte, offraient une importance majeure, L'auteur parle quelque part de son âme impression- nable de poëte et de penseur. J'aime beaucoup les bons poéles, et je respecte infiniment les vrais penseurs; mais l'auteur me permettra de lui dire que, pour résoudre la question qui lui était posée, il faut avant tout être histo- rien, c'est-à-dire un homme qui, dans la recherche de la vérité, sache se garder autant des entrainements de l'ima- gination que d'opinions absolues et systématiques qui sont en dehors des faits et quelquefois même en contra- diction avec eux. Cette absence presque totale de critique et le manque d'une connaissance complète des matériaux sur lesquels à fallait travailler, me mettent, à mon grand regret, dans l'impossibilité de proposer à la classe un prix ou un accessit en faveur de l'auteur du mémoire, et je ne puis quadhérer simplement à la première partie, si bien mo- Uvée, des conclusions de M. Borgnet. Quant à la seconde parte de ces conclusions, qui est relative à la radiation de la question du concours, je me réserve de développer * “ive voix à la classe les raisons qui m'empêchent de my rallier, » Rapport de M. Polain. line entièrement la manière de voir de mes le mém norables confrères, MM. Borgnet et Arendt, sur es o se Concours que la classe a envoyé à notre > Cl suis également d'avis qu'il n’y a pas lieu (496 ) d'accorder le prix ni de remettre la question en pre gramme. » Conformément aux conclusions des trois rapports qui précèdent, la classe a décidé qu'il n'y a pas lieu de dé cerner le prix. ÉLECTIONS. La classe a procédé à l'élection de quatre correspon- : dants, pour compléter le nombre de dix qu'elle peut sad- joindre, aux termes de son règlement. Les choix, faits at scrutin secret, se sont successivement portés sur MM. le colonel Guillaume, directeur au Ministère de la guerre, F. Nève, professeur à l’université de Louvain, Alph. War- ters, archiviste de la ville de Bruxelles et P. Blommaert, littérateur à Gand. H a ensuite été procédé à Pélection de quatre associés, et les suffrages se sont portés sur MM. G. Grote à Londres, Lelewel à Bruxelles, Ph. Le Bas à Paris, et le R. P. Themet ` a Rome. — La classe s’est aussi occu pée de former la liste double 4 de candidats parmi lesquels le Ministère de l'intérim . . 5 ¡ n choisira les cinq membres chargés de juger le on : ouvert en l'honneur de Van Maerlant, institué par le vernement. i treat M. le Secrétaire perpétuel est chargé de vana à Ministère de l'intérieur les dix noms proposés par la € : — On s'est occupé ensuite de régler les dispositions o prendre pour la séance publique du surlendemain- a AS e ai A TS A EE LA (497) Séance publique du 11 mai 1860, à 1 heure. M. Gacuaro, directeur de la classe et président de l’Aca- mie, M. pe Ram, vice-directeur. M. An, QuereLer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Borgnet, le baron J. de Saint- Genois, Paul Devaux, De Decker, Snellart, Haus, Bor- Mans, M.-N.-L. Leclereq, Polain, de Witte, Ch. Faider, Arendt, Duepetiaux, Kervyn de Lettenhove, Chalon, mem- res; Nolet de Brauwere van Steeland, associé; Th. Juste, Guillaume, correspondants. Assistaient à la séance : ` Classe des sciences. — MM. Van Beneden, directeur ; Liagre, vice-directeur; d'Omalius d'Halloy, Sauveur, Wes- mael, Martens, Cantraine, Stas, De Koninck, De Vaux , m. de Selys-Longchamps, le vicomte B. du Bus, Nyst, Gage, Nerenburger, Melsens, Schaar, Duprez, Brasseur, Man , membres ; Th. Schwann, A. Spring, Th. Lacor- daire, Lamarle, associés. ; Classe des beaux-arts : — MM. Baron, directeur, Alvin, '. Fétis, Navez, Van Hasselt, Snel, Ed. Fétis, De Bus- scher, membres ; Daussoigne-Méhul, associé. (498 ) M. le Directeur ouvre la séance par la lecture du tra- vail suivant, sur la captivité de Francois I” et le traité de Madrid : MESSIEURS, Une voix que vous écoutez toujours avec sympathie, ét que vous regrettez de ne pas entendre plus souvent, procla- mait, l’année dernière, à cette même place d'où j'ai l'hon- neur de vous adresser la parole, les maximes que doit prendre pour règles celui qui veut écrire l'histoire (1) Les considérations présentées par mon illustre devancier étaient d'autant plus propres à porter Ja conviction dans vos esprits, que, gráce á un heureux et rare privilége, le précepte chez lui s'appuie de l'exemple. a Messieurs, c'est surtout en méditant sur ces considé rations, fruits d'un jugement si sûr et d'une critique $ éclairée, que je sens toute mon insuffisance. Aussi, PU me rassurer quelque peu, ai-je besoin de me rappeler lis : dulgence avec laquelle vous avez toujours accueilli 18 modestes essais, résultats de mes recherches Sur notre histoire nationale. Cette indulgence, j'ose Ja réclamer encore, ; A Je me propose de vous entrelenir aujourd'hul, a sieurs, d'un événement qui occupe une place considér : dans l’histoire de notre grand empereur Charles-Quinl* a A nce du 6 5 (1) Discours de M. le baron de Gerlache, prononcé à la séa 1859. (Bulletins de V Académie , 2: série, t, VII, p. 201.) ( 499 ) j'ai entrepris de vous retracer la captivité de François 1°” el les négociations qui y mirent un terme. Ce n’est pas que les récits nous manquent sur cet épisode dramatique de la longue rivalité des deux souverains; mais que d'inexac- titudes, de lacunes, de faits controuvés ou travestis dans les uns! que de partialité dans les autres! N'a-t-on pas avancé, par exemple, que Charles de Lannoy usa d'artifice pour déterminer le roi de France à se laisser conduire en Espagne? N'a-t-on pas reproché à Charles-Quint de s'être éloigné tout exprés de Madrid, pour ne pas s'y rencontrer avec le prince que le sort des armes avait fait tomber en son pouvoir? Ne Pa-t-on pas accusé, non-seulement d’avoir manqué des égards dus au malheur et au rang de son pri- Sonnier, mais encore de l'avoir soumis à toute sorte de Mauvais traitements? N'a-t-on pas été jusqu'à prétendre qu'il voulut faire arrêter la duchesse d'Alençon , qui avait traversé les Pyrénées pour venir consoler: son royal frère, tl moyenner un accommodement entre les maisons d'Au- riche et de Valois? Ne s'est-on pas, en un mot, appliqué à peindre des couleurs les plus défavorables les senti- mes et les actions de l’empereur, pour faire mieux res- sortir la noblesse d'âme et la générosité du roi de France? + but, messieurs, dans cette étude, est de restituer ses droits à la vérité. Depuis une quinzaine d'années, de nombreux et précieux documents, exhumés des archives Iges et françaises, ont jeté de vives lumières sur le sujet que je vais traiter devant vous (1); je les ai examinés el T OL (1) i sz X. ) Nous devons placer en première ligne l'important recueil publié par \imé C mpollion-Figeac, dans la Collection des documents sur l’histoire ite le tome Ier de la Correspondenz des Kaisers Karl F, SÉRIE , TOME IX. 33 ( 500 ) comparés avec une scrupuleuse attention; je les ai mis en regard des relations contemporaines, des relations espa- gnoles surtout, dont les auteurs ont été naturellement les mieux informés; j'ai eu aussi cette bonne fortune, dont parlait votre éloquent directeur de l’année dernière (i), de pouvoir puiser à des sources qui n’ont pas été jusqu'ici à la portée des historiens. Je m'efforcerai d'être un narra- teur fidèle, et je n'aurai pas moins à cœur d'être un juge impartial. L Charles-Quint avait été atteint, à Valladolid, sur la fin de l'été de 1524, d'une fièvre opiniâtre; ses médecins, wen pouvant triompher, lui avaient donné le conseil d'al- ler respirer l'air vif et pur de Madrid. Il était venu en cettè ville au mois de novembre (2). Il s’y trouvait encore, el il commençait à reprendre des forces, à se livrer à S® plaisirs favoris de l'équitation et de la chasse (5), lora IEA e Glay. Ce dernier volume, qui a été mis en lumière en 1845, de la Collection des documents sur l’histoire de France. On t iibi quelques pièces relatives à la captivité de François 1 dans le premier le des Papiers d’État du cardinal de Granvelle, i0-4”, mp re Gé Lettres de Marguerite d’ Angouléme, publiées, la même année, pea nin, in-8°, (1) Bulletins, 2° série, t. VII, p. 205. (2) Description des voyages de Charles-Quint, par ; manuscrit de la bibliothèque de Madrid. — Quintana, Historia de dezas de Madrid, 1629, in-fol., p. 329. (3) Voyez sa lettre du 9 février 1525 au duc de Sessa, SON à Rome, dans la Correspondance de Charles - Quint el page le sieur de Herba}ss las gra” A MS O ambass a f: å g Adrien Fh: à j E | | - ] ( 504 ) le 10 mars 1525, il reçut les dépêches de son vice-roi de Naples, Charles de Lannoy, qui lui annonçaient la grande victoire remportée par son armée d'Italie et la prise du roi de France. Quelle que fût sa confiance dans l'habileté de ses généraux et la valeur de ses troupes, Charles était loin de s'attendre à un succès aussi éclatant; son esprit, au contraire, était rempli de troubles et d'inquiétudes. Et, à la vérité, sa situation en Italie, depuis l'entrée de Fran- çois I" dans le Milanais, était des plus critiques. Entrai- nés par la supériorité qui semblait acquise aux armes de la France, les princes et les États italiens se pronon- çaient successivement contre l'em pereur ; ses alliés mêmes 'abandonnaient l'un après l’autre. Le pape avait déjà traité avec François I‘; les Vénitiens s'apprêtaient à sui- ve son exemple; le duc de Ferrare n’en avait pas eu besoin pour fournir des secours de tout genre aux Fran- Ris; seul, Francesco Sforza restait fidèle à la cause du prince qui lui faisait espérer, pour prix de ses services, l'investiture du duché de Milan. Et ce qui aggravait encore le situation, c'était que les chefs de l’armée impériale manquaient d'argent. Afin de se procurer quelques res- Sources, ils s'étaient imposé des sacrifices personnels; "Oy el le connétable de Bourbon avaient engagé tout ce qu'ils possédaient; mais ces ressources avaient été bien- épuisées, Il était dù trois mois de solde à l'infanterie ms re et un mois aux lansquenets allemands. Tel était Mais qu'il voulait avoir aussi le royaume de ( 502 ) | Naples. Il ne restait aux généraux de Charles-Quint d'au- tre alternative, que de livrer bataille au roi de France, an risque de la perdre, et cette perte pouvait entrainer celle de toute l'Italie, ou de souserire aux conditions de paix ou de trêve qu’on voudrait leur dicter. Déjà l'empe- reur avait autorisé le vice-roi à remettre, entre les mains du pape, qui les aurait tenues en séquestre jusqu'à la con- clusion d'un arrangement, les places de la Lombardi occupées par ses troupes (1). On se figure aisément l'impression que, dans de telles conjonctures, Charles-Quint dut éprouver, à la nouvelle de la victoire de Pavie. Rien n’en parut toutefois — là chose nous est attestée par un témoin oculaire el qui De saurait être suspect, l'ambassadeur vénitien Gaspar Contarini — rien n’en parut ni sur son visage ni dans ses paroles (2). Charles, c’est le même diplomate qui nous INR A O y TSE (1) Lettres de Charles de Lannoy à l'empereur, des 19 octobre, 5,15, 1% 25 novembre, 2, 6 et 21 décembre 1524; à la duchesse douairière de Saro? Marguerite d'Autriche, des 1°, 5 et 21 PRES 1525; lettres de Charles Qui Lannoy, des 15 décembre 1524, 11 janvier et 5 février 1525; jne pape Clément VII à ed dí 14 janvier-1525, dans les manoti historiques du comte de Wyn | Le comte de Wynants, Re général des archives des Metro o les règnes de Marie-Thérèse, Joseph II, Léopold I et François où. To la papal e times de Charles-Quint ps rehires i | le à Vienne. Ses manuscrits, pr M. le chevalier Gustave son petit-fils par alliance, a bien voulu mettre à la disposition x gol sion royale d'histoire, nous ont été, comme on peut le moon secours. TLA (2) o... Veramente, in questa così grande vittoria che contro ne stianissimo, usò tanta modestia che fu un miracolo; non si hie car 4 d'insolenza, ne in parole, nè in movimento alcuno. ” (ao Ses Mar Contarini, faite au sénat de Venise le 16 novembre 1525, dans O NO A UE EPS A A O A a O y à RES ( 505 ) l'apprend, était un prince, « extrèmement modeste; la » prospérité ne Penorgueillissait pas plus qu'il ne se lais- » sait abattre par la mauvaise fortune (1). » Jl passa incontinent dans son oratoire, s'y agenouilla, et durant une heure resta en prière, rendant des actions de gráces à Dieu. Bientôt l'heureuse nouvelle s'étant répandue dans Madrid, le palais se remplit des grands, des officiers de la couronne, des envoyés des puissances étrangères, qui venaient le féliciter. Charles reçut leurs compliments avec le même calme, la même gravité, la même retenue qu'il avait montrés dans le premier moment; il leur dit qu'ils Là a . . ” 0 . 2 i remerciassent Dieu, car lui seul était Parbitre des vic toires, comme il l'était du châtiment des hommes (2). Le lendemain, il se rendit, avec toute sa cour, à l'ermitage de Santa Maria de Atocha, patronne de Madrid, situé à quelque distance de la ville; il y entendit la messe et un sermon prêché par fray Juan de Hempudia , de Pordre des dominicains (5). Il ne voulat pas permettre que, dans sa A rE A ments de la diplomatie vénitienne ; p. 69.) — Voy. aussi Sandoval, His- toria de Carlos Y, t, 1; liv. XUL, $ 2, p. 485. Charles de Poupet, seigneur de la Chaulx, conseiller, chambellan el som- nd de corps de Charles-Quint, écrivit à Parchiduchesse Marguerite que $ prince recevant une si grande et si heureuse nouvelle n'avait témo Moins de fierté et de gloire , et rendu à Dieu autant d'actions de grâces ; que. ne l'avait fait l'empereur. C'est ce qui résulte d'une lettre de Parchiduchesse * Charles de Lannoy, du 21 avril 1525. (Manuscrits historiques du comte de Wynants.) (1) « Cesare èdi natura molto modesta; non si eleva molto nelle ċose p ete, nè si deprime nelle avverse. « (Les Monuments de la diplomatie veni- ne, |. e.) is 5 Diziendo que diessen à Dios las gracias por todo lo que hazia, en cuya disposicion solo estava la vitoria y castigo de los mortales. » (Sandoval, l. c.) 6) Relacion de lo sucedido en la prision de Francisco I, por or ( 504 ) résidence ni en aucun autre endroit de ses domaines, des réjouissances publiques eussent lieu. Il écrivit aux grands, aux villes, aux prélats, pour les informer du succés des armes espagnoles. Sa lettre était, comme ses discours, pleine de modération; il y attribuait la victoire qu'il avait obtenue à la justice de sa cause (1). i C'était par le commandeur don Rodrigue de Peñalosa que Lannoy avait donné avis à l’empereur de la défaite de l'armée française. Peñalosa avait passé par Lyon. Il appor- tait à Charles-Quint, avec les dépêches du vice-roi de Naples el des autres chefs des troupes impériales, une lettre de Louise de Savoie, duchesse d'Angouléme, que François I" avait déclarée régente du royaume, à son dé part pour l'expédition d'Italie. Louise de Savoie écrivait à Charles-Quint : « Monsieur mon bon fils, » comme at temps où les relations les plus étroites existaient entré les deux cours, où la fille du roi de France devait s'unir avet le roi de Castille; elle louait Dieu de ce que, dans le mai- heur arrivé à son fils, il était tombé aux mains « du » prince de ce monde qu’elle aimait le mieux; » elle ex- primait l'espoir que la « grandeur » de l’empereur nè lui ferait point oublier la « prochaineté de’ sang et lignage ? qu'il y avait entre lui et le roi; elle le suppliait de pense! au grand bien qui pourrait résulter, pour toute la chré- tienté, de l’amitié des deux monarques d'Espagne et de France; enfin elle lui demandait de faire traiter son PI! sonnier comme « l’honnéteté » de l'un et de Pautre Y requérait, et de permettre qu'elle eût souvent des nou- HE ationale, à Gonzalo Fernandez de Oviedo, manuscrit de la Bibliothèque naliona, Madrid. Voy. Y Appendice. (1) Sandoval, L e. (505 ) velles de son fils (1). François 1% avait prié Peñalosa de dire à l'empereur qu’il avait espoir en sa vertu (2). Quelle détermination Charles-Quint allait-il prendre ? Poursuivrait-il sa victoire? Profitant de la consternation el de l'abattement où la France était plongée par la perte de la plus florissante armée qu'elle eût eue depuis long- temps, par la captivité de son roi, par la mort ou la prise de ses meilleurs généraux, ferait-il rentrer son armée d'halie en Provence, et envahir en même temps le Lan- guedoc par les gens de guerre qu'il avait dans le Roussil- lon, tandis que ses troupes des Pays-Bas pénétreraient en Picardie? Chercherait-il, au contraire, à conclure une paix avantageuse? Plusieurs de ses ministres inclinaient pour le premier parti (3); et c'était aussi l'opinion de Parchiduc inand , qui était venu jusqu’à Inspruck, afin de secon- der les mouvements de l’armée impériale: Ferdinand pen- sail, et il représenta à son frère, qu'il fallait marcher en avant, afin qu'il ne lui arrivát pas ce qui était arrivé à Annibal, après la bataille de Cannes (4). Mais Charles- Quint était d'un caractère pacifique; depuis l’origine de “s querelles avec François I", il n'avait cessé de désirer (Wun arrangement fondé sur le respect du droit et de la Justice vint y mettre fin. Le langage qu'il tenait, à cette “poque méme, aux ambassadeurs de Venise découvre bien les sentiments qui régnaient dans son Cœur : < Sachez — Mi e idas > à Sd d'État du cardinal de Granvelle, 1, 259. a Ki Sd de Lannoy à Charles-Quint, du 25 février, dans Lanz, l, A E M tite de Charles-Quint à Parchiduc Ferdinand, du 25 mars $1949. FE historiques du comte de Wynants.) 155 Lettre de Ferdinand à Charles-Quint, du 14 mars 1525, dans gri, : le Mstruction donnée, le 12 avril, par Ferdinand à son envoyé vers pereur, (Manuscrits historiques du comte de Wynants.) ( 506 ) leur disait-il — que, si je le voulais, rien ne me serait plus facile que de troubler la chrétienté; mais la seule gloire à laquelle j'aspire est qu'on dise que, de mon temps, l’Europe a joui de la tranquillité et de la paix, laquelle je désire tellement affermir qu'elle subsiste après moi, el que nos armes se tournent contre les infidèles (1). » Il faut reconnaître aussi que des raisons d'un ordre supérieur lui conseillaient de traiter avec le roi de France. Il lui importait de pouvoir passer sûremeul en Italie, afin de s’y faire couronner; il n’ignorait pas que sa présence devenait de jour en jour plus nécessaire en Allemagne, où son autorité souffrait de graves atteintes, él que les progrès de la secte de Luther remplissaient d'agi- tations et de désordres; il savait aussi que les chefs deson armée ne sentendaient pas entre eux : il aurait donc fallu qu'il allát en prendre lui-même le commandement, etil n'avait personne qu'il pút laisser, en son absence, à la tête du gouvernement de l'Espagne. Ajoutons que, de ses alliés, celui sur lequel il aurait dû compter le plus, le roi d'An- gleterre, commençait à lui donner des motifs légitimes de défiance (2). Il se décida donc pour la paix. Il chargea À wv v y v v v Y drien de Croy, seigneur du Roeulx, l'un des principaux personnage doy A E = bo della cri- stianitá , la cosa sarebbe in mia mano; ma io non cerco altro che y. LA ria, che si dica a’ miei tempi sia stata la p l quillita nella D la qual desidero che sia talmente ferma che anche perseveri dopo di me? 3 armi nostre si voltino contra gl'infideli. » (Lettre des ambassadeurs x Ge Priuli et Navagero au sénat de Venise, du 28 juillet 1525, citée par M. 0% gna, Della vita e delle opere di Andrea Navagero, etc., P- 178) mani- (2) Lettre de Charles-Quint à Lannoy, du 15 juin 1525, dans les serits historiques du comte de Wynants. HS (507 >) de sa cour, d'aller visiter de sa part le roi de France. I mauda à Lannoy et au connétable de Bourbon de suspen- dre toutes hostilités, « lui semblant honnête — c'étaient » ses propres expressions — de ne pas les continuer pen- » dant que le roi était entre ses mains; » il donna les mêmes ordres aux Pays-Bas et sur les frontières d'Espagne. ll commanda à Lannoy de faire bonne garde de son pri- sonuier, mais aussi d'avoir pour lui les plus grands égards, de le défrayer de sa dépense journalière, de permettre quil fat servi par ceux de ses officiers qui lui étaient le Pusagréables ; il invita particulièrement à prendre garde Won ne l'empoisonnt, car — lui disait-il — leur hon- neur et leur réputation à tous deux y étaient intéressés (1). ldéclara qu'il voulait user de pitié, de maguanimité et de clémence envers le roi, et traiter avec lui comme s'il tart libre (9). Enfin il énonca, dans une instruction com- mune à Croy, à Lannoy et à Bourbon, les conditions aux- quelles il était prêt à rendre la liberté au monarque fran- ts (5). Croy, en passant par Lyon, les communiquerait il régente, à laquelle il remettrait en même temps la ré- ponse de l'empereur. Cette réponse était toute courtoise. Charles-Quint y exprimait sa joie d'avoir appris que le roi pe oae santé; il assurait la régente qu'il le ferait omme il voudrait être traité lui-même; il lui an- OT rre AN (1) 7 aasia l'empereur à Charles de Lannoy et au duc de Bourbon, du aussi T525, dans les manuscrits historiques du comte de Wynants. Voir dans Lanz, i pig mars à son ambassadeur en Angleterre, le sieur de Praet, ) . “ne ‘empereur à Lannoy du 27 mars, déjà citée. — ne lettre Pondance de AE ambassadeur à Rome, du .. mars 1525, dans la Corres- (3) Elles sont a uint et d' Adrien VI, p. 215. ans la Captivité de François I, p. 1 49. (508 ) nonçait qu'il avait donné les ordres nécessaires pour qu'elle pût avoir des nouvelles de son fils aussi souvent qu'elle le désirerait ; il ajoutait que, nonobstant la victoire qu'il avait plu à Dieu de lui envoyer, il ne voulait pas prolonger la guerre, avant d’avoir tenté tous les moyens de conclure une bonne paix. « Pay, à ceste cause — lui » disait-il — faict mettre, tant en mon nom comme de » mes alliez, ma résolution par escrit de:ce qu'est mon » intention d’avoir et recouvrer, comme chose qui jusle- » ment m'appartient... J'espère que vous y penserez, él » ne me refuserez chose tant juste et raisonnable pour le » bien et repos de Vuniverselle chrestienneté (1). » H: Aussitót après que les chefs de l’armée impériale avaient eu le roi de France en leur pouvoir, ils s'étaient occupé du choix de celui d'entre eux à qui serait confiée la garde du prisonnier ; leurs suffrages s'étaient unanimement pot- tés sur don Fernando de Alarcon. C'était un des plus at ciens capitaines des troupes espagnoles. Il avait servi SOUS les ordres de Ferdinand le Catholique, lors de la conquête du royaume de Grenade; il s'était fait distinguer” de Got- salve de Cordoue dans les guerres de Naples; il avait pris part, depuis, à toutes les campagnes d'Italie. Ses exploit lui avaient mérité de nombreux témoignages d'estime di roi Ferdinand, de l'empereur Maximilien, de Charles Papiers dul donné un aut. de Fr (1) Cette réponse de Charles-Quint a été publiée dans les du cardinal de Granvelle, 1, 265, M. Champollion en a À texte, mais d’après des copies défectueuses, dans la Captivite çois I”, p.169. Il y en a une copie aux Archives du royaumé, dansla # tion des cartulaires et manuscrits, Documents historiques; e 1, fol ( 509 ) Quint; il occupait, depuis plusieurs années, le poste de gouverneur des deux Calabres. Dans la campagne de 1523, il avait fait les fonctions de capitaine général de Pinfan- lerie, en Pabsence du marquis de Pescaire. A la bataille de Pavie, il commandait l’une des trois divisions de la cavalerie; c'était lui qui avait chargé et mis en désordre l'escadron au milieu duquel était François 1° (1). On l'ap- i pelait communément le seigneur Alarcon; ce titre d'hon- Meur, que deux autres capitaines, cités parmi les plus menx de cette époque, Antonio de Leyva et Fernando de Gonzaga, partagèrent seuls avec lui, lui avait été donné par Charles-Quint (2). Alarcon mena le royal captif au château de Pizzighitone, pres de Crémone. Ce fut la que le seigneur du Rœulx vint Penter au roi de France les compliments de l’empereur. : Le projet de traité dont Adrien de Croy était porteur | devait être proposé à François [°° par le vice-roi de Naples ‘lle connétable de Bourbon. Il y avait, dans: ce projet, clauses auxquelles on devait s'attendre qu'il se refu- a Souscrire, ou ne souscrirait du moins qu'avec la ps “IVe répugnance : telles étaient celles qui l'obligeaient à restituer le duché de Bourgogne à l’empereur, à donner urbon le comté de Provence, et à consentir que ce comté, réuni aux autres domaines du connétable, formát n Etat indépendant de la couronne de France. Charles- "Mt, prévoyant bien l'effet que de telles propositions broduiraient sur Je roi, avait expressément recommandé sn "EN A Lis ee ne 1) Com i : Pe tos de los hechos del señor Alarcon, marqués de la Falle el sie Por don Antonio Suarez de Alarcon, Madrid, 1665, in-fol., p. 291 À Ibid p. 442 (510 ) à Bourbon et à Lannoy d'employer, pour les lui faire, les paroles les plus honnêtes et les plus douces, de manière à ne pas Pirriter ni le désespérer (1). On a rapporté que, lorsqu'il fut donné connaissance à Francois 1% des ouvertures de l’empereur, il fut saisi d'un tel accès d'indignation que, tirant tout à coup son épée, il s'écria : Mieux vaudrait pour un roi mourir ainsi (2)! Les dépêches de Lannoy et de Bourbon ne disent mot de ce mouvement de désespoir, et les deux généraux ne l'au- raient certainement point passé sous silence. Suivant cè qu'ils écrivirent à l’empereur, rien de semblable n'aurait eu lieu; le roi se serait seulement attaché à les convaincre que les demandes qui lui étaient faites étaient exorbi- tantes, et il se serait remis du soin de les discuter àla régente, sa mère, à laquelle il donnait tous ses poi voirs (5). Nous avons cependant un témoignage des senti- ments pénibles qu'elles firent naître en son áme, dans la lettre remarquable qu'il écrivit aux grands et aux compa- gnies souveraines de son royaume: « L'empereur — » disait-il — m'a ouvert quelque party pour ma e ais » vrance, et ay espérance qu'il sera raysonnable... » soyez seurs que, comme pour mon honneur el celluy » de ma nassyon , j'é plustost esleu Ponneste pryson ” » l’onteuse fuyte, ne sera jamès dyt que, si je n'é eslé si AAA 97 mars, (1) Lettre de Charles-Quint au vice-roi et au connétable, du déja citée. 491 (2) Robertson, Histoire de Charles-Quint, trad. de Suard, t-l P% ' édit. de 1844. — Rey, Histoire de la captivité de François To, > ra (5) Lettres de Bourbon et de Lannoy à Charles-Quint, des 25 et? > lettre commune des mêmes au même, du 26 avril, dans les manuscrits e riques du comte de Wynants. — Lettre de Lannoy à l'empereur, nor dans Lanz, 1, 161. ? (AU) » eureulx de faire bien à mon royaulme, que pour envye » d'estre délyvré je y face mal, me estimant bien eureulx, » pour la lyberté de mon pays, toute ma vye demeurer » en pryson (1). » Nobles paroles, que l’histoire devrait graver en lettres d'or sur ses tablettes, si la conduite ul- lérieure de François I" ne les avait pas démenties! Quelques jours avant l’arrivée de Croy à Pizzighi- lone (2), ce monarque avait obtenu de Lannoy la permis- sion d'écrire à l'empereur, et de lui envoyer sa lettre par Philippe de Chabot, seigneur de Bryon, l'un de ses favoris, hit prisonnier comme lui à Pavie. Elle était bien humble, celte lettre d’un prince naguère si fier de sa puissance et de ses succès. Après s'être excusé de n’avoir pas plus tôt « fait son devoir » envers l'empereur, sur ce que la liberté ne lui en avait pas été donnée, il lui disait « qu’il n'avait > d'autre confort en son infortune que l'estime de sa > bonté; » il exprimait la ferme confiance « qu'il userait > Avec modération de la victoire, » et qu'il ne voudrait le “ontraindre à chose qui ne fùt honnête; il le suppliait de 8er, en son propre cœur, de ce qu'il devait faire de lui, étant sûr que la volonté d'un tel prince qu'il était ne pou- "alt être accompagnée que d'honneur et de magnanimité. “Sil vous plait done — ainsi terminait-il — d'avoir ceste > honnesteté et pytié de moyenner la seurelé que mérite > la prison d'un roy de France, lequel on veult rendre > amy et non désespéré, pouvez estre seur de faire ung aso RS SAN one lettre, qui ne porte point de date, est dans la Captivité de Fran- > P. 159, (512) » acquest, au lieu d'ung prisonnier inutile, et rendre un » roy à jamais vostre esclave (1). » Après avoir reçu communication des instructions ap- portées par le seigneur du Rœulx, François 1° écrivit à l’empereur une nouvelle lettre. Dans celle-ci , il lui annon- çait qu'il avait mandé à sa mère sa résolution; il le sup- pliait de l'accepter et de la juger, « en cœur d'empereur,» qui désirait plutôt se faire honneur que honte à celui qui était en son pouvoir; il lui protestait que, par la, de son esclave il ferait à jamais son bon frère, son ami el son trop obligé (2). Cette seconde lettre fut remise à Adrien de Croy, qui retournait en Espagne. | Charles- Quint répondit en peu de mols à lune et à l'autre. Tout en se montrant sensible aux « bons propos » el aux honnestetez » qu'elles contenaient, il témoigna au roi son étonnement que, ni de sa part, ni de celle dela régente, il ne lui eût été rien dit sur les propositions qu il avait mises en avant, ni fait quelque autre ouverture: « Ce aten osado SAINS (1) Cette lettre a été publiée dans l’Æistoire de la captivité de ide , 200, le textes n'est entièrement correct. a SRE MM. Rey, Weiss et Champollion ont cru qu'elle avait été écrite Imm ment après la bataille de Pavie, et portée à l'empereur par EE Peñalosa. Il suffit d'en lire attentivement le texte, et de le mettre eR recon- avec la réponse de l'empereur (Papiers d’État, etc., p- 268), pour naître cette erreur. i Elle n’a pas été commise par Sandoval, qui donne de la h á une traduction espagnole (t. I, liv. XIII, $ 5, p. 488). Cel pan LE informé en général des choses de ce temps , nous apprend même ques" pas de Charles-Quint envoya le seigneur du Rœulx en Italie il ne lui mo lettre pour le roi, parce que le roi ne lui avait pas écrit. (Zbid-; P- ® (2) Papiers d’État du cardinal de Granvelle, 1,268. lettre de François!” (513 ) » West pas, observait-il, le chemin pour parvenir à la » paix, laquelle je désire générale et durable pour le ser- » vice de Dieu et bien de la chrestienneté, y gardant mon » honneur sans souiller le vostre (1). » Cependant les généraux de Charles-Quint étaient fort préoccupés de la garde du roi de France. Ils savaient que des intrigues se formaient pour sa délivrance, en Italie et au dehors. Le château de Pizzighitone ne leur paraissait pas offrir toutes les conditions de sûreté désirables. L'em- pereur avait autorisé Lannoy à transférer le royal prison- nier dans le château neuf de Naples ou dans celui de Milan (2). Le vice-roi ne pensa point qu'il convint de de- mander au duc Francesco Sforza le château de Milan, car ce prince ne l'aurait prêté qu’à regret, et il ne fallait pas hire naitre en Italie le soupçon, si peu fondé qu'il fùt, (Won voulút le lui ôter (3); mais, d'accord avec les autres chefs de l'armée impériale, il résolut de conduire le roi à Naples (4). Le 18 mai, François I” quitta la forteresse de Pimighitone (5), accompagné de Lannoy el d'Alarcon; il pit la route de Gênes, où il devait être embarqué sur les o d'Espagne. Il avait été prévenu des intentions dy i il €n profita pour suggérer secrètement à je mere ' de faire attaquer la flotte espagnole par l'armée ettre du 6) Lettre 600. e Lannoy à Pem du 10 juin, dans Lanz, 1, 164. ( a oy pereur, du 10 juin, 1 F Pan NE du bailli de la Barre à la duchesse d'Angoulême , du 18 mai, Aplivité de F rangois Ie, p. 185. - (514) navale de France, daus le trajet de Gênes à Naples (1). C'était là pourtant une entreprise bien chanceuse et dont il courait le risque d'être la première victime : aussi, lorsqu'il arriva à Gênes, d'autres pensées agitaient son esprit, Jl se figura que, s’il pouvait avoir une entrevue avec l'empe- reur, il recouvrerait bientôt sa liberté; alors il employa les moyens les plus persuasifs pour faire consentir le vice- roi à le mener, non pas à Naples mais en Espagne (2). Charles de Lannoy souhaitait avec ardeur qu'un prompt arrangement se fit entre les deux souverains (5); il préla done volontiers l'oreille aux instances de François l" : mais il voulut avoir des garanties contre toute agression de la flotte rassemblée dans les ports de Toulon et de Mar seille; de plus, il exigea que six navires de cette flotte fussent mis à sa disposition. Ces deux points furent s% E NAN MEA MR" E (1) Lettre du 12 mai, dans la Captivité de François 1”, p- 180. (2) On ne peut s'expliquer Passertion des écrivains d' A serait Lannoy qui aurait engagé François I" à se laisser conduite Espagne : en effet, dans le préambule même du traité de umes de par o Le rapport que le trésorier Babou fit au parlement de Paris, le à bat i bre 1525 (Captivité de François I”, p. 452), est encore plus a b égard; on y lit: « Après la perte de Pavie, le roy, se YOy ant pi » Pempereur, espérant que l'empereur luy feroit quelque gr “on à » d'humanité envers lui, procura envers, le vice-roy de N apie y » mené en Espagne, et jusques à bailler ses propres galères rra » conduire. » | (5) Il écrivait à Paudiencier du Blioul, le 26 avril : » bonne paix, car il seroit temps de vuider la guerre, $ I tui-méne, : | ‘empereur » avoir ce que de raison il peult demander! » et à | après lesquels ¢ a Madrid, ilet t bonne amitié a® 6 mai : « Bien vous ose supplier que ce que porez avoir par z m7 » honneur, ne veuillez refuser, » (Négociations entre lé Fron triche, 11, 600, 603.) (515) difliculté accordés par le roi. Le maréchal de Montmo- rency, son compagnon de captivité, qui avait été échangé contre don Ugo de Moncada (1), s'offrit à amener les six navires au vice-roi, et il s’obligea, en sa qualité de lieu- tenant général de l’armée de mer, à donner les ordres requis pour qu'elle ne fit aucune offense ou dommage aux sujets et serviteurs de l’empereur, tant que les galères impériales ne seraient pas retournées à Gênes, ou du moins rant les quinze jours qui suivraient leur arrivée en Espagne (2). De son côté, Lannoy prit le double engage- ment de faire, dans le même délai, reconduire les six galères françaises à Marseille ou à Toulon, et d'empêcher, Jusqu'à ce que cette restitution eût été effectuée, toute attaque de l’armée navale de l’empereur contre les pays et sujets du roi (5). François 1e", arrivé à Gênes le 24 mai , monta, le 28 (4), avec Lannoy et Alarcon, sur le navire qui lui avait été Préparé. La flotte leva l'ancre comme pour se diriger vers Naples; mais, selon les ordres de Lannoy, elle ne s'éloi- na pas de la côte de Gênes, où elle attendit l'apparition des galères françaises. Celles-ci la joignirent à Portofino le 8 juin, Lannoy en remplaça les équipages par des ma- * as E inar ie ano AROS (1) Lettre de Lannoy à l'empereur, du 3 mai 1325, dans Lanz, I, 161. E poa donnée par Lannoy, le 11 juin 1525 , à Emmanuel Malve- Dr envoyait à l’empereur, (Manuscrits historiques du comte de Wy- B Captivité de François I, p. 912. ci dates nous sont fournies : la première, par la lettre du baron a nt-Blancard à la duchesse d'Angoulême, du 50 mai, insérée dans 14 , Qui est dans Lanz, 1, 164, et dans les Négociations l'Autriche, 1, 604. 9m L 4 =" SÉRIE, TOME IX, 36 . (516 ) rins espagnols; il y mit des gens de guerre de la même nation, Le 10, elle tourna le cap pour prendre la route de la Catalogne; elle se composait alors de vingt galères bien armées (1), Lorsqu'elle toucha à Monaco, François 1“ dé- pécha le sieur de la Pommeraye à la régente, sa mère, pour lui donner avis de sa nouvelle destination (2). Après avoir, le 17 juin, jeté l'ancre dans le port de Pa- lamos (3), les navires qui amenaient le roi de France mouillèrent devant Barcelone le 19. Le roi descendit à terre et alla loger au palais de l'archevêque de Tarragone. Il avait témoigné le désir qu'on ne fit aucune démonslra- tion pour le recevoir; néanmoins son débarquement fut salué par des décharges de l'artillerie de la flotte el de la ville, par le bruit des timbales , des trompettes el des clai- rons. L'afíluence de scurieux accourus pour y assister était immense (4). Le lendemain , les femmes les plus distinguées de Bar- celone allèrent, en cavalcade, au nombre d'une vingtaine, lui rendre visite. I] reçut leurs hommages du haut d'une galerie, leur faisant un accueil plein d'amabilité, et les assurant que l'attention dont il se voyait l'objet de leur part était l'une des choses du monde qui pouvaient lyi An le plus agréables. Le jour suivant, il se rendit à leg heel (1) Lettre de Lannoy à l’empereur, du 10 juin, déjà citée. de Lannoy à Emmanuel Malvesino, déjà citée. — Lettre « duchesse d'Angoulême, du 10 juin, dans la Captivité de p. 214. — Guichardin, /storia d'Italia , IV, 42, édit. de 1776, (2) Lettre de la Barre à M. d’Alluye, du 10 juin, dans la € François I", p. 215. (5) Lettre de Lannoy à Pempereu entre la France et l Autriche, 1, 605. (4) Comentarios de los hechos del señor Alarcon, PP- 298, 209: A de la Barre dh Bo HN e, du 17 juin, dans les Négociatin! | (517 ) Principale de la ville, pour y entendre la messe; il mar- chait, accompagné de Lanuoy et d'Alarcon, et suivi d'un grand nombre de gentilshommes, tant de la ville que de la flotte, au milieu des hallebardiers du vice-roi de Naples; une compagnie de soldats armés de piques et d'es- copettes complétait Pescorte. L'église avait été tendue de riches tapisseries; elle resplendissait de lumières; un dais était dressé près du grand autel. Le roi ne voulut pas y prendre place, mais il sagenouilla à côté, et resta dans celte attitude pendant la plus grande partie de l'office. Tou- a les cérémonies dont on avait l'habitude d'user quand x 9 d'Espague étaient présents, furent observées pour Cette translation du roi de France en Espagne causa un a universel. Lannoy crut devoir l'expliquer au tel di caidas écrivit à Henri VII que la garde d'un Fès nier « lui était grande; » qu'il ne fallait pas plus pS pour aller de Gênes en Espagne qu'à Naples; at er de Naples était dangereux pour ceux qui y $ n Juin, juillet et aoùt, et qu'il aurait eu trop de "egret, s'il fat survenu au roi quelque maladie (2). Bour- > ca chefs de l’armée impériale, à qui il en* rer ère, en conçurent un vif mécontentement : reur (5), Demos plaignit en des termes amers à Fempes son chef: on nne ne supposait que le vice-roi eût agi de vs ra Fa était persuadé qu'il avait reçu des ordres mpereur, Charles-Quint, sachant les bruits 0 té be hechos del señor Alarcon, p. 500. : fois Je, D, 910. u port de Gênes, le 8 juin, dans la Captivité de Fran- ©) Lettre du 12 juin, ibid., p. 216. (318 ) qui, autour de lui, et surtout parmi les représentants de la diplomatie étrangère, couraient à cet égard, jura, par Dieu et par l’ordre de la Toison d'or qu'il portait, qu'il n'avait eu aucune connaissance des projets de son vice- roi: ce qui frappa tout le monde, car il ne lui arrivait jamais de jurer (1). Le 22 juin, Lannoy et Alarcon reprirent la mer avec leur prisonnier, se dirigeant vers Valence. Là, comme à Barcelone, François I" débarqua au milieu d'un concours innombrable de monde, et il se présenta à lui une foule de personnes atteintes d'écrouelles, qu'il toucha avec la plus grande complaisance (2). Il profita des quelques in- stants qu'il passa dans cette ville, pour aller visiter la reine Germaine de Foix, veuve du roi catholique, et te- mariée au marquis de Brandebourg, qu'elle devait perdre aussi quelques mois après (5). S En apprenant la prochaine arrivée du roi de France en Espagne, Charles-Quint avait délibéré avec ses ministres sur le lieu où serait gardé ce monarque; il s'était décidé pour le château de Játiva, situé à neuf lieues de Valence (4). C'était une forteresse imposante, entourée d'un double fossé, défendue par une trentaine de tours, presque Ia cessible d’ailleurs de tous les côtés. Sous les rois T'AT- gon, elle avait servi de prison d'État. Alphonse Ii, q"! ee 525, Della vil? (1) Dépéche des ambassadeurs de Venise, du 21 juin 1 delle opere di Andrea Navagero , Pp. 177, 258. s olède 2) Lettre du président de Selve au parlement de Paris, écrite de TUE” le 18 juillet, dans la Captivité de François 1°, p. 255. (5) Comentarios de los hechos del señor Alarcon , P. 501. manus- (4) Lettre de Charles-Quint à Lannoy, du 20 juin 1525, dans ” crits historiques du comte de Wynants. r La lieue d'Espagne est égale à peu près à une et demie o gi ( 519 ) monta sur le trône en 1285, y fit enfermer les infants don Alonso et don Fernando de la Cerda. Ferdinand, dit le Juste, ayant vaincu, en 1412, le comte d'Urgel, un des prétendants à la couronne d'Aragon, l'y constitua pri- sonner, Un siècle plus tard, Ferdinand, duc de Calabre, fils aîné du malheureux roi de Naples, Frédéric HF, subit le même sort par ordre de Ferdinand le Catholique; il ne recouvra sa liberté que lors de Pavénement de Charles- Quint à la couronne d'Aragon (1). L'empereur, dans la lettre où il fit connaître ses intentions à Lannoy, lui lais- sait la faculté, s'il savait un endroit plus convenable que Játiva, d'y conduire son prisonnier, pourvu que ce ne fût pas un port de mer (2). Ce qui avait surtout fait désirer à Francois I“ le voyage d'Espagne, c'était l'espoir detraiter directement avec Pem- pereur de sa délivrance. Lannoy ne douta point que, se voyant relégué à Játiva, il ne fût amèrement déçu et ne fit entendre les doléances les plus vives. Cette considéra- lion Pengagea à mener le roi à Benisano, village fertile et riant, habité par les Morisques, à cinq heures et demie seulement de Valence. Le gouverneur de cette capitale, on Gerónimo Cabanillas, possédait à Benisano une mai- ŝon spacieuse, ayant servi autrefois de résidence aux sei- gneurs Mores de la contrée; le roi y fut logé; Alarcon Sy établit avec Jui (5). Lannoy prit la poste pour aller rendre compte à l'empereur de ce qui s'était passé, et demander NO OS a E () Madoz D l 1 yA te? FRA , = ı Diccionario geográfico-estadístico -histórico de España, 1X, 601,607. geográfi e o 20 juin, ci-dessus citée. Diecionar;, tarios de los hechos del señor Alarcon, p. 501. — Madoz, E geográfica-estadistico-histórico de España , IV, 224. ( 520 > ses ordres. Le maréchal de Montmorency Paccompagna, chargé d’une mission de son souverain, Charles-Quint tenait en ce moment, à Tolède (1), les cortès de Castille. Il accueillit Lannoy avee la distinction que méritaient ses services, et il approuva sa conduite. Le maréchal de Montmorency avait pour instruction de lui demander trois choses : 1° que le roi pùt s'approcher du lieu où il était et avoir une entrevue avee lui; 2 quil voulüt donner un sauf-conduit à la duchesse d'Alençon, sœur du roi, laquelle aurait plein pouvoir de conclure la paix; 5° qu'une trêve fût faite, et que, pendant sa durée, les ambassadeurs et les courriers eussent la liberté d'aller de France en Espagne, et vice versa. Il accorda le sak conduit pour la duchesse d'Alençon, à condition que le duc de Bourbon en obtint un semblable; il consentit à une trêve jusqu’à la fin de décembre : quant à la personne du roi, il donna l'ordre qu'elle fit amenée à Madrid sans prendre d'engagement au sujet de l'entrevue désirée par François 1" (2). Il avait écrit à ce monarque aussitôt quil | avait su son arrivée en Espagne, lui exprimant le plaisir . qu’il en éprouvait, et l'espoir qu’elle háterait l'œuvre d'une 4 pacification générale, si nécessaire à la chrétiente Bt AN (1) N était à Tolède depuis le 27 avril. Il avait quitté Madrid le $ yi mois. ( Deseription des voyages de Charles-Quint, pat le 5° de eh : Ces simples dates mettent en évidence l'absurdité du reproche ae Charles-Quint, de s'être éloigné de Madrid pour ne pas Sy et rancois le”, : is (2) Mémoire au seigneur de Montmorency de ce qu'il a à dire a je reur de la part du roi, dans la Captivité de Frangois F7, p» mo i port de ce qui a été négocié auprès de l'empereur par M. ni de ibid, p. 241. — Lettre de Charles- Quint à Varebidue Fenlinabd» 31 juillet, dans Lanz, I, 166. e (5) Sa lettra est dans la Captivité de Frangois F”, P- qe. (921 >) lui envoya, pour le visiter et le complimenter de sa part, léréque d'Avila, don fray Francisco Ruiz (1). Alarcon, ayant recu l’ordre de l'empereur par le com- mandeur Figueroa, quitta Benisano avec son prisonnier le 20 juillet. Le gouverneur de Valence, le comte d'Al- bayda, et plusieurs autres personnes de distinction firent cortége au roi jusqu'à Requena, distante de cette capitale de dix-huit de nos lieues. A Requena, Francois 1” rencontra l'évêque d'Avila, qui s'acquitta auprès de lui de la commis- sion dont il était chargé (2). Le 5 août, à Santorcaz, il vit venir au devant de lui le vice-roi de Naples, qui lui remit une nouvelle lettre de l'empereur (5). Il entra, le IO aoùt, à Guadalajara, où don Diego Hurtado de Men- doza, due de Infantado, lui fit une réception magni- fique, et Jui donna l'hospitalité dans son palais, l'un des plus beaux d'Espagne, H passa trois jours dans cette ville, Pendant lesquels des courses de taureaux, des joutes et autres divertissements furent donnés en son honneur. Il fut si émerveillé de tout ce qu’il vit, qu'on Ventendit dire Plus d'une fois que l'empereür faisait injure à Mendoza, en lant due comme les autres, et qu'il devrait, par ex- cellence, le qualifier de prince (4). A Alcala de Henarès, qu'il traversa ensuite, il fut reçu par l'ayuntamiento et le “orps de l’université, que suivaient onze mille étudiants . md mn pl Comentarios de los, hechos del señor Alarcon, p. 301. ee, p. 301. — Lettre de la Barre à la duchesse d'Alençon , du 19 à Me z la Captivité de François Ie", p. 262. — Lettre du Sr de Bryon Angoulême, du 20 juillet, ¿bid., p. 263. skag de Lannoy à l'empereur, dans Lanz, I, 167. i az est à 8 lieues de Madrid , 2 d'Alcala et 15 de Tolède. (4) Sandoval, +. 1, liv. XXIII, $ 10, p. 492. (52) immatriculés dans cette école célèbre (1); enfin il arriva à Madrid. Le premier jour, il fut logé en la maison de don Fernando Lujan, l'une des principales de la ville, située sur la plazuela de San Salvador. Le lendemain, on le con- duisit à l’alcazar, qui devait lui servir de prison jusqu'à ce qu’il fùt rendu à la liberté (2). | HI. Pendant que François [°° traversait les provinces d'Es- pagne, objet de l'empressement et de la curiosité des po- pulations, pour lesquelles la vue d'un roi de France captif était un spectacle aussi nouveau qu'extraordinaire, les conditions de sa délivrance donnaient lieu, à Tolède, aux discussions diplomatiques les plus animées. Dès le mois d'avril, Louise de Savoie avait envoyé à la cour de l'empe- reur Yatcheréqe d'Embrun (5), qui, bien jeune encore, préludait par celte mission au rôle important qu'il était de PS us ont e NS (1) Comentarios de los hechos del señor Alarcon, p. 7 (2) Teatro de las grandezas de Madrid, por el maes Y Avila, 1625, in-fol., p. 168. — Historia de la MEERE: nobleza Y grandeza de Madrid, , por Gerónimo Quintana, 1629, in-fol., pp- 26 et 556. — Comentarios de los hechos del señor Alarcon, p.505. La plupart des maisons seigneuriales de Madrid avaient alors de hautes tours qui leur donnaient l'aspect d'une forteresse; d'où était venu le dieton: ril , Madril, Altas torres, villa gentil. On croit que François Ier logea dans la tour même de la maison . pa u moment oú nous corrigeons l'épreuve de ce travail, nous lisons web les journaux que le gouvernement espagnol vient d'acquérir la tour iin Lujanes, qui était dans un assez grand état de délabrement, pour la restaurer et la conserver comme LA TESTS historique, Bour- (5) François de Tournon, l'Embrun , de f 302. ges, de Lyon, cardinal, ambitsadeirá à Rome, etc., né en 1489, morten de Lujan. A O (523 ) ss. e appelé à jouer sur la scène politique (1). Elle lui adjoignit, plus lard, Jean de Selve, premier président du parlement de Paris, magistrat renommé pour sa science des lois el du droit public de la monarchie (2). De son côté, François I", du moment où don Ugo de Moncada partait de Pizzighitone pour l'Espagne (5), s'était décidé à faire, par son entre- mise, des propositions à l'empereur (4); mais celles-ci, qu'avait dictées au roi son vif désir de sortir de prison, ne furent pas agréées du conseil de la régente, « pour estre » telles les aucunes d'icelles qu’elles ne se pouvoient bonne- > ment accorder, consentir ni permettre (5). » François I“ pourtant n'accordait pas la restitution du duché de Bour- sogne, regardée par l’empereur comme la base de tout “rangement; mais sur les autres points qui étaient en débat entre eux il faisait de grandes concessions. Les ambassadeurs de la régente eurent leur premiére audience de Charles-Quint le 17 juillet. De Selve porta la parole. Son discours dura plus d'une heure. Il sétendit Mr les calamités qu'entrainait la guerre et les biens qui sultaient de la paix. Il fit appel à la magnanimité et à lè clémence de l'Empereur, lui montrant, par une ample uction généalogique, la parenté qui existait entre les ns IAEA (1) Son instruction, datée du 28 avril, à Lyon, est dans la Captivité de SI, p. 174. () Son i la date nstruction, qui est commune à Varchevéque d'Embrun, porte du 6 juin. Voy. ¿bíd., p. 198. E ds q mai. Voir la lettre de Charles de Lannoy à Tempereni, du 6 mai, WE “Jociations entre la France et l Autriche, IL, 605. lles sont données par Sandoval , liv. XII, $ 8, p- 490. on ks SS meN dans la Captivité de François I°”, p. 170; mais ici on dit erro- "Quelles furent apportées à l’empereur par le sieur du Rœulx. mpa’ dans les Négociations entre la France et l'Autriche, 1, ' Instruction de Pierre de Warty; envoyé à Marguerite d'Autriche. (52) | maisons de France et d'Autriche, lui citant de nombren exemples, tirés de l'Ecriture sainte et des historiens de la Grèce et de Rome, de personnages qui avaient usé de libé ralité envers leurs prisonniers, même de rois qu'avaient rendus à la liberté ceux au pouvoir desquels ils étaient — tombés. ll lui mit devant les yeux le tableau de la situi- tion de l'Europe, qui rendait plus nécessaire que jamais l'union des princes; lui parla des rois d'Égypte; lui rap pela ce que Dieu fit dire au roi Cyrus par le prophète Jé- rémie, ete., ete. C'était la l'éloquence du temps. Charles Quint, quiavait écouté a ti te longue harangue, avec patience cette longue harang répondit qu’il n’était pas en état de réeiter autant d'histoires et de beaux exemples qu'il lui en avait été allégué, mas qu'il avait toujours désiré et qu'il désirait encore la pars universelle de la chrétienté; qu’il ne tiendrait done pas lui qu’on ne parvint à s'entendre. Les ambassad alors qu'ils étaient autorisés à traiter de la rançon du 10h ou, si l’empereur persistait dans les demandes excessit et déraisonnables dont le sieur du Rœulx avait été pontet qu'ils étaient prêts à les débattre, mais qu'à leur avis meilleur moyen de parvenir à la paix était la coneluitl d'une alliance entre les deux couronnes. Charles% leur répliqua qu'il ne voulait aucune rançon du Fo qu'une alliance était dans ses vœux, s'il pouvait la faire en gardant son honneur, et, quant aux questions en litige que, sa profession n'étant pas de connaitre les male de droit, il chargerait des gens de son cons! muniquer avec eux (1). 1 I ett de | h a PE LE t cr président de Selve par d'Angoulême, écrite de Tolède, le 19 juillet, dans la Captivit ®t çois T”, p. 245. i eurs dirent e E } d'en com E E TER. A E FO A ON ( 525 ) Les commissaires qu'il nomma furent son grand chan- celier, Mercurino de Gattinara; le comte Henri de Nassau , son grand chambellan; Laurent de Gorrevod, son grand maitre d'hôtel; le grand commandeur Hernando de la Vega, le vice-roi de Naples, le seigneur du Rœulx et le secrétaire d'État Jean l'Allemand. La première conférence eut lieu le 20 juillet, Les discussions roulèrent principa- lement sur le duché de Bourgogne, Au XVI" siècle, on croyait que la politique devait avoir pour fondements le droit et la justice : le président de Selve et le chancelier Gattinara firent assaut d'éloquence et d'érudition, afin de justifier les prétentions de leurs souverains respectifs sur ce duché, Les ambassadeurs de la régente, voyant qu'ils ne pouvaient convaincre leurs adversaires, offrirent de remettre la décision du différend à la cour des pairs de France, Sur la question de Milan, ils proposèrent Varbi- irage des électeurs de l'Empire, et celui du collége des car- dinaux en ce qui concernait le royaume de Naples. Quant à Gênes, à Tournay et au Tournaisis, à Hesdin, à la sou- veraineté des comtés de Flandre et d'Artois, ils se mon- lérent aceommodants (1). Tout cela n'aboutit à rien, et w négociations restèrent en suspens jusqu'à l’arrivée de " d'Alençon. Nous verrons plus loin quels furent les fruits de l'intervention de cette princesse. Revenons à François Ier, | Depuis qu'il était tombé au pouvoir de ses ennemis , — a : i i ' cháteáu de Benisano comme dans la forteresse de Piz- 1 3 š ; 1 A Lait des procès-verbaux des conférences de Tolède, dans la Capti- du F rançois Ie, p.264 et suiv. — Première protestation du rói, en date bg" 1525, ibia,, p, 500, —Denxiéme protestation, du 13 janvier 1526, 3 P. 467. i (326 ) zighitone, durant le trajet de Benisano à Madrid aussi bien 1 que pendant la traversée de Gênes à Valence, — Fran- çois 1” n'avait pas cessé un seul instant de jouir d'une santé parfaite. Le bailli de Paris, la Barre, en envoyail régulièrement le bulletin à la duchesse sa mère, pour la- quelle c'était une grande consolation (1). La veille du dé part de Benisano, la Barre écrivait à la régente: « La santé » du roy, madame, est, je vous asseure, sy bonne que » meilleure ne pourroyt estre; et ne fut oneques, sur Mi » foy, plus beau ny plus net qu'il est (2). » Ceux qui étaient préposés à sa garde, exécuteurs fidèles de la vo- : lonté de l'empereur, lui prodiguaient les soins les plis empressés, les attentions les plus respectueuses : les am , A LES bassadeurs de France déclarent eux-mêmes « qu'il estoit » tant et si humainement traité et honoré qu'il nestol » possible de plus, hormis la liberté (3). » À Madrid, ot. redoubla d'égards envers lui (4) : il avait la faculté d'aller dans les champs, de se promener sur sa mule, de cha quand cela lui faisait plaisir; on lui permettait 1 autres passe-temps compatibles avec sa situation (5) Cependant, soit l'effet de causes naturelles, soit o grin de wentrevoir encore aucun terme à sa captivite, S A a > 2,185, 214, 21. Vo” (1) Voyez la Captivité de François I”, pp. 15 aussi, pp. 141 et 144, les lettres du maréchal de Montmoren chesses d'Alencon el d'Angouléme. (2) Ibid., p. 254. (3) Lettre des ambassadeurs au parlement de Paris, (4) « En todo se mirava mucho por darle gusto. » (Sando' $ 11, p. 492) e (5) Sandoval, L c. — Comentarios de los hechos del ep? 7 p- 504. — Quintana, Historia de las grandezas de Madrid, du 18 juillet, Dir al, lis. Xib E ous les A E IR IE SA RR A O AE E MI de ee (527) la mortilication ressentie de l'indifférence de l’empereur, auprès duquel il avait fait faire de vaines démarches pour en obtenir la faveur d’un entretien (1), soit enfin que ses pensées se reportassent avec tristesse vers cette « amye » à qui il adressait l’épitre touchante que l’on connaît sur la bataille où il avait été vaincu (2), François I“, peu de temps après son arrivée à Madrid, tomba dans une mélancolie profonde. Son sang s'échauffa; il eut une fièvre qui bientôt prit le caractère le plus violent. Deux de ses médecins, Bourganey et maître Jean de Nimes, étaient à ses côtés (5); Charles-Quint lui envoya le sien propre avec le vice-roi de Naples (4) : au premier avis de sa maladie, il avait dépéché Madrid don Juan de Zúñiga, l'un de ses gentilshommes, pour Savoir de ses nouvelles (5). ll était loin de croire pourtant que la vie du roi fût en péril. Il revenait de Ségovie et avait quitté le matin Buitrago, en intention de coucher à San Agustin, vil- lage Situé à mi-chemin à peu près de Madrid et de Tolède. C'était le 18 septembre. Il yétait à peine arrivé de quelques "stants, qu'un courrier expédié par Alarcon lui apporta eee E ES E AN a son départ de Benisano, il avait envoyé un de ses servi- Vue avec AR de Naples, afin de solliciter, par son entremise, une entre- les empereur. (Captivité de François 1°, p. 261.) Ces sollicitations, (2) Ca hirs qu’il avait à Tolède les renouvelèrent plusieurs fois. M. Ch e de François Ie", p. 114 adressé se pese (pp. xvn et 125) croit que « l'amye » à qui cette épitre est lard a fior de Pisseleu, dite mademoiselle de Heilly, qui devint plus (3) c ba Etampes. de François 1%, pp. 135 et 165. No P. 179, vita e delle opere di Andrea Navagero, par M. Cicogna, (5) Voi - » Ps oir, dans la Coptivité de François Ier, p. 522, la lettre de l'empe- (328 ) des dépèches alarmantes. Cet officier lui mandait que le — roi était très-mal , qu’on avait des craintes sérieuses de le A perdre, et que le malade réclamait instamment la pré | sence de l’empereur, comme le seul remède qui pit le soulager (1). 0 Charles-Quint s'était refusé jusque-là à voir le roi, son 1 prisonnier; il ne croyait point qu'il pùt le faire avec bien: séance, tant qu'il ne serait pas d'accord avec lui sul les conditions de sa mise en liberté (2). Mais, après avoir lu , _les dépêches d'Alarcon, il aurait manqué à ses devoirs de monarque chrétien, s’il avait persisté dans cette résolutions Il dit aux ducs de Calabre, de Bejar, de Nájara et aux at- + tres personnes de sa cour qui Pentouraient : « Il faut que » je fasse tout mon possible pour voir le roi, et j'entends » y aller par la poste, Que ceux qui veulent demeurer 1 » y demeurènt ! que ceux qui veulent venir avec mol 3è » pressent (5)! » Au même instant, il monta à cheval el ON (1) Sandoval, liv. XI, $ 16, p. 496. — Comentarios de los hechos del ze señor Alarcon, p. 306. a (2) « Cesare non voleva trovarsi con lui, se prim concluse. » (Dépêche de l'ambassadeur vénitien Andrea Navagero, citée par M. Cicogna, pp. 179 et 247.) el fait de (3) Guichardin, qui commet plus d’une erreur dans le récit a la captivité de Francois I", prétend que le grand chancelier Gattinara pe dissuader Charles-Quint d'aller à Madrid, lui disant que 508 "” ya geait qu'il ne vit pas le roi sans le mettre immédiatement €n pe mais que d’autres furent d’un avis contraire, et que l'empereur les a (Istoria d Italia , liv. XVI, t. IV, p. 55.) comentais A Cette version, répétée par la plupart des historiens, aveë les D. dont Guichardin Paccompagne, manque d'exactitude, La Charles-Quint fut toute spontanée; Gattinara n'était pas Agustin; il ne put donc lui donner lesconseil qu'on lui attribue. us Jue le grand chancelier eût été contraire jusque-là à une 2" al maitre avec le roi de France, c’est ce dont on ne saurait guère den a le vertenze non fosser ‘ du 50 aol, ; avec hi à 9 : } ( 529 ) courut, à bride abattue, jusqu'à Madrid. En moins de deux heures el demie, il franchit une distance égale à neuf de nos lieues. Ayant mis pied à terre au palais, il se fit aussilól annoncer au roi; il fut introduit dans sa chambre par le maréchal de Montmorency : seul des seigneurs de «suite, Lannoy l'accompagnait; les autres étaient restés en dehors, afin que la présence de trop de monde ne fati- guát point Pauguste malade, François essaya de s'asseoir Sur son séant; dès qu'il aperçut l'empereur, il lui tendit les bras; Charles s’y précipita avec effusion. Pendant quelques instants, ils restèrent dans cette attitude sans proférer une parole. Francois rompit le premier le silence : « Empereur, > mon seigneur, lui dit-il, vous voyez ici votre serviteur » el votre esclave. » — « Non, répondit Charles, je ne » vols en vous que quelqu'un de libre et mon bon frère » el véritable ami. » François repartit: « Je ne suis que > Votre esclave. » Charles répéta à son tour qu'il était libre et son bon frère et ami. « Ce qui importe le plus, » ajouta-t-il, c'est votre santé; ne pensez pas à autre chose : > pour le surplus, à la venue de M”* d'Alencon, tout s'ar- > rangera comme vous le désirerez. » Il voulait par ces paroles lui donner courage el ôter toute inquiétude de son prit, François répliqua : « C'est à Votre Majesté de com- > mander; je ne puis qu'obéir à ce qu'elle ordonnera. » ll dit encore : « Sire, ce dont je vous prie et vous supplie, i ses Que je puisse traiter avec vous sans intermédiaire, » Prés ce court entretien, l'empereur se retira. Le lendemain, dans l'après-midi, Charles-Quint fit une RE ie ss ch ié e D + . . qui pe y le caractère de ce ministre, et la part qu’il prit aux négociations Plécédérent le traité de Madrid. ( 550 ) seconde visite au roi; elle se passa comme la premiere: l'empereur y renouvela à Francois 1” les témoignages d'intérêt et d'amitié qu'il lui avait donnés la veille. Le roi lui dit alors que, sil mourait, il le priait de tenir ses fils pour ses serviteurs, de ne prétendre d'eux que ce à quoi . ils étaient obligés, et de leur accorder sa protection, at cas que quelqu'un les offensát (1). En ce moment, on vint avertir l’empereur que la du- chesse d'Alençon entrait à Palcazar. Marguerite d'Angou- (1) Nous avons particulièrement suivi, dans ce récit de la visite de Char- les-Quint à Francois I“, la relation inédite de Gonzalo Fernandez de Oviedo, conservée á la Vbliotiéque de Madrid (voir l’ 4ppendice). Cette relation, qui concorde d’ailleurs avec celle de Sandoval (liv. XIII, y 16), nous pè- rait digne de toute confiance, l’auteur ayant, le soir même du retour de l'empereur à Tolède, sine raconter tout ce qu’il rapporte, par le duc pet de Calabre aux ambassadeurs de Ferrare, au marquis de Mantoue a d'autres gentilshommes; mais nous avons profité aussi des détails don- nés par M. Cicogna, d'épis les dépéches de l'ambassadeur Andrea Nara- ro, et, comme l'ouvrage de ce savant est peu connu en Belgique De ici le texte du passage qui nous les a «... In questo mezzo peggiorando il re, Cesare sole le vall in person a Madrid. Accostatosi al letto, il re si sforzd di sollevarsi il meglio che pa : ed abbracciato Cesare, gli diste 1 in francese queste formali parole : Impere rispose che el tor mio signor, ecco qui un tuo servitore e schiavo. Cesare cosi non era, ma suo buono amico e fratello, che tale sperava gli s che MECO pure a star allegro, e non pigliasse altro risanare, perché alla venuta di madame d'Alanson seguirebbe tra pr pace, perch'egli non voleva se non il dovere, e pensava che anche non sarebbe mancato di fare il dovere, e perciò sarebbe presto in di quello ch'era il dovere, e li pigliasse sotto la protezion Sua) e delle offesi. Cesare conforiolló a stare di buon animo.» (Della opere di Andrea Navagero , p. 179.) „nous i pensiero che loro buonè libertà. l! e re repiglió che a Sua Maestà stava il comandare, perch'egli non poe m2 à (551) Jime s'était embarquée à Aigues-Mortes le 27 août (1). A peine arrivée sur le territoire espagnol, elle avait appris la maladie du roi son frère; elle avait mis alors la plus grande diligence dans son voyage (2) : « Je vous asseure, » écrivait-elle au maréchal de Montmorency, peu de jours » avant den avoir atteint le terme, je vous asseure que » je me trouve bien lasse; mais le désir d'être là fera que > tout faix me sera gracieux (3). » Elle ne laissait point Pourtant, malgré les fatigues de la route, de se montrer ele à son goût pour la poésie. Les vers suivants qu'on ous à conservés montrent les sentiments dont son àme élait remplie durant cette longue pérégrination : Le désir du bien que j'attends Me donne de travail matière; Une heure me donne cent ans, Et me semble que ma litière Ne bouge, ou retourne en arrière, Tant Pay de m'advancer désir O qu’elle est longue la carrière D e ARE Li +5, . (1) Voir sa lettre de cette date au maréchal de Montmorency, dans les X Gin à 4 Mage Fini , seur de Freee I, publiées par iei ki i. celte lettre, l'éditeur en a placé une que la duchesse sai au maréchal, de Fargue, le 10 septembre, et il met en note que Far- gue > aik. y age a de Bordeaux. Celte unions est vraiment inex Desea à 55 lieues de ne a et à 19 de ange 6) Le un Septembre, citée à la note précéden + ni pe Ea ni este de lieu, rs les ps de Marguerite Qme sie , TOME IX. 37 (532) Où gist à la fin mon plaisir ! O qu'il sera le bienvenu, Celui qui, frappant à ma porte, Dira : « Le roy est revenu » En sa santé tres-bonne et forte ! » Alors sa sœur, plus mal que morte, Courra baiser le messager nd Qui celles nouvelles apporte, Que son frère est hors de danger (1). Charles-Quint avait envoyé jusqu’à Barcelone don Ugo de Moncada au-devant de la duchesse; il avait prescril qu'on la traítát partout comme si elle était sa propre sœur (2); il sem pressa d'aller la recevoir au pied du grand escalier du palais. Marguerite était. vêtue toute de blanc, en signe de deuil pour la perte qu'elle avait faite de son mari quelques mois áuparavant; elle avait une suite de femmes nombreuse. L'empereur Paccueillit de la mamere la plus cordiale, la- baisa sur la joue, et, lui offrant la main, la conduisit lui-même à la chambre de son frère: Comme elle pleurait, il Sefforca de la consoler par tout? sorte de paroles affectueuses et encourageantes. Quand elle fut après du roi, il prit congé d'eux. H se propos! ce jour-là d'aller coucher à Getafe, à deux lieues de Ma- drid. Un instant après; il montait: à cheval. Le 20. sep tembre; ił fut de retour à Folède (5) : (1) Lettres de Marguerite d'Angoulême, p. 19. à nie (2) Lettre de l'empereur à la régente de France, du 25 aott; 1 Manuscrits histori lu comte de Wynants. > > ques seu com e de y : dans ý dppēndict, a que j'ai cité plo haut, contiént sùr l'arrivée de la duchesse d'Alengon les « Uscito Pimperadore di camera, e passegiando il castello, GE O DO EE E DA O e T F EDA EEE RE S nd p (335 ) Frangois i" éprouva quelque soulagement de la visite de Pemperéur, et Surtout. de la présence de sa: sœur ché- rie. Mais cetté légère amélioration ne se soutint pas; ur abeès que le maláde avait à la tête donna bientot les plus vives inquiétades (1); lé 22 septémbre, òh crut qu'il né passerdit: poine la journée; le bruit de sa mort se répandit Même dans la ville, et deli dans toute l'Éspagne el jus: quie Paris (2 J. Ses médecins et ceux dé l'empereur nat- tendalent! plus rien du sccours de l'art: les signes’ düne lin prochaine et inévitable étaient empreints Sur Son vie sige; pendant un certáin temps, il fuv sans diré tn mot tl Sans voir j sans entendre, sans connaître personnes Dans cette situation désespérée, et après que la science hommes avait épuisé toutes ses ressources, Marguerite Angoulême eut recours au seul refuge qui lui restàt, à ièu. Elle fit dresser un autel dans la chambre même du 101: (ous tés gentilshomimes dé ta maison dé! son frère el les'siens .'aímsi! que les dimies et les autres Prangais pré- sents à Madrid, selon le désir exprimé par elle, avaient Préalablement « communié. L'archevéque d'Embrun dit la Messes lorsqu'il fut à l'élévation, ikexhorta le roi à fixer ses regards sur lé saint sacrement: François 1 lë fit, en O A O EE e, x re esaré andolle incontro, e visté che montava la’ scala y jin- à abbraccio el bacid, € pikata pel braccio le disse alcüné parole, ¿ as meno nella camera del re, e-quivi lásciolla: Egli disceso, monto » Si riduèse fuor di Madril due leghe’, e iP giorno dopo; che fu Seltembré 1523, giunse in Toledo ‘sul tardi. » ips vita” è delle 0: + Pépgioräva ancora il re ¿ARAS avérido Aspe ùi Oppresso da un apóstema nella tésta, sa che ad ogni mo- édélté ge: doy vesse moriré; e'ció a 22 del setembre 1595. y (Della vita di Andrea With: p. 180.) A Captivité de Frangois Fo, pp. 358 et 548. ( 554 >) élevant les mains. La messe finie, le saint sacrement lui fut présenté, pour qu'il Padorát. On entendit alors sortir ces paroles de sa bouche : « C'est mon Dieu qui me gué- » rira l'àme et le corps; je vous prie que je le regoive. » La duchesse d'Alencon fit séparer une partie de la sainte hostie, qu’il reçut avec une dévotion exemplaire; elle de- manda pour elle-même ce qui en restait. A partir de ce moment, une crise salutaire s'opéra dans l'état du malade; la fièvre qui le dévorait depuis vingt-trois jours le quilla, et sa convalescence fit des progrès assez rapides pour qu, le 2 octobre, madame d'Alençon pút se rendre à Tolède, où Pappelaient les graves intérêts qui avaient été commis à ses soins (1). à pl IV. François I°” s'était promis beaucoup de l'interventiot de sa sœur; c'était lui qui avait désiré qu’elle vint en Espi- ongf ida ar R (1) Tous ces détails sont tirés de la lettre du président de Selve au ” n] ment de Paris, du 1° octobre, qui est dans la Captivité de François”: à p. 551. Voyez aussi la notice de M. Génin, dans les Lettres de Mar, d’Angouléme, p. 20. s Je l'écho : Il y eut alors des personnes qui crurent (et cette opinion a trouvé Lee | parmi quelques écrivains) que François I” avait feint une maladie plus 6 q e qu'il it réell t, dans le but de toucher le coeur « Non mancò peraltro, dit M. Cicogna, » d'aver maggior male di quello che avea, acciochè Ces » vederlo; » mais il ajoute : « Attestava perd il Navagero ! » gravissima malattia, e non essere tuttavia fuori di pericolo. e delle opere di Andrea Navagero, p. 180.) En présence de cette assertion de l'ambassadeur s documents que renferme la Captivité de François P sible de douter du danger que présentait la maladie du rol. = o + [5 vénitien, corroboré i a il n'est pas P% ( 555 ) gne (1). Marguerite d'Angoulême était jeune encore (2); elle était belle, gracieuse, spirituelle; elle possédait plu- sieurs langues et parlait en perfection l'espagnol; les poëtes de son temps chantaient à l'envi ses louanges; ils la sur- nommaient la dixième Muse, la quatrième Gráce; son frère l'appelait la Marguerite des Marguerites; bref, selon le mot de Brantôme, « c’étoit une princesse digne d'un grand > empire (5). » N'était-il pas permis de supposer qu’elle se ferait écouter avec faveur d'un monarque de vingt-cinq ans? Mais Charles-Quint était peu accessible aux séduc- lions de la coquetterie; et, sil eut pour la duchesse d'Alençon toute la courtoisie, tous les égards auxquels elle était en droit de prétendre, il ne se montra point disposé à lui sacrifier les princi pes essentiels de sa politique. Lorsque, le 3 octobre, il apprit que la duchesse ap- prochait de Tolède, il envoya le duc de Medinaceli pour la complimenter hors de la ville; lui-même il alla à sa rencontre, avec l'archevêque de Tolède, les dues de Ca- labre, de Bejar, de Nájara, le connétable de Navarre, Pamiral des Indes, le marquis de Villafranca et plusieurs Autres seigneurs de sa cour. Marguerite venait dans sa litière; une vingtaine de ses femmes la suivaient sur des laquenées. Voulant prévenir l’empereur, elle pressa sa Marche; elle était déjà bien avant dans la ville, quand ils *e rencontréerent. Elle avait alors quitté sa litière, pour monter un cheval qu'on lui tenait préparé. Charles-Quint “il à cheval aussi. Du plus loin qu'il aperçut la duchesse, Robbie certo à à nih cer rule A O (1) Lettre de la duchesse d'Alencon au roi, sans date, publiée par M. Gé- MA, p. 178, e 2. était dans sa 34° année, étant née le 11 avril 1492. ?! Vies des dames illustres , frangoises et estrangères. ( 536 ) ce il se découvrit. S'étant approché delle, il Jui fit la révé- rence; puis il se placa à sa gauche, et l'accompagna jus qu’à l'hôtel de don Diego de Mendoza, comte de Melito, ot elle devait loger (1). ma «Le lendemain , Marguerite alla visiter l’empereur; illa E reçut dans sa chambre, où il était senl; ellevayait,amené üne de ses femmes qui garda la porte: L'empereur avait promis à François 1*.qu'il en agirait ainsi avec elle) La veille; Charles-Quint s'était montré trés-gracienk pour Marguerite; il Jui avait es primé la joie qu'il éprouvait du rélablissement de la santé du, roi ,-et.son désir. de ol! 4 une Solide amitié suecéder à leurs divisions:(3): CeJour: E la, elle Je trouva: «bien froid (4). » Elle miten avantle mariage. de son frère avec la reine Éléonore,iel lempe: reur lui dit.que sa sœur était promise au duc de PO bon, que sa parole était sacrés (5). Elle renouvela: lobe de s'en rapporter au jugement. des pairs de France sur. la question relative au duché de Bourgogne; là-dessus il répondit qW'ilavait à consulter somconseil:(6); Bref, cehe première entrevue namena aucun résultat, Après un 255 a + AE NS A E E E are Oviedo, dans l'4ppe - honpeste # POE (1) Relation manuscrite de Gonzalo Fernandez de ds a PPE E pa “Dans la lettre sañs date {elle est du 4 octobre) où Marguerite au'rai ¿de sa réception, elle reconnait que l'empérebr lui a ul ». bon recueil. » (Captivité de François 17, p: 342.) (2) C'est ce qu’elle dit dans sa lettre sans date au roi, la Captivité de François Je. Voy. aussi sa léttre du 4 oct Gén, note précédente , et sa lettre sans date (5 octobre) publiée po = A (5) Lettre de Marguerite; du 4 octobre. ::" (4) Lettre du 5 octobre, citée ci-dessus. E m ` (5) Della vit è delle opere di: Andrea Navagero, pIi" (6) Lettre du 5 octobre; déjà citée. nn eg, 5 (537 ) long entretien (1), Charles conduisit la duchesse chez la reine douairière de Portugal, qui lui fit le meilleur ac- cueil (9). Le 3 octobre, il rendit à Marguerite la visite qu'il avait reçue d'elle, et, plus tard, il la fit chercher par le vice-roi de Naples, pour reprendre leur conversation de la veille. De grands débats avaient eu lieu, dans la matinée, entre les négociateurs francais et les ministres impériaux (3). Charles, après plusieurs autres propos, dit à la duchesse qu'il désirait la délivrance du roiet son amitié, mais qu'il lui était impossible de se soumettre, en ce qui concernait le duché de Bourgogne, au jugement des pairs de France tl du parlement de Paris, qui n'étaient manifestement pas, à son égard, dans les conditions d'indépendance et d'impartialité requises. Elle proposa alors de choisir des arbitres; il y consentit pour lui complaire, bien qu'il sy lt précédemment refusé (4). o PEN (1) Selon la relation de Gonzalo Fernandez de Oviedo, il avait duré plus de deux heures. B Lettre du 5 octobre, Dans la protestation du 13 janvier 1526 (Capti- vité de Francois Ie”, p. 471), on fait un grief à Charles-Quint de ce que la reine Éléonore avait quitté Tolède le 6 octobre. La lettre de Nicolas Per- renot à Marguerite d'Autriche, du 18 novembre 1525 (Négociations entre la France et l'Autriche, IL, 644), nous apprend quléonore pers par pa tôt pour Talavera, et qu'elle avait différé son voyage « par EE en d'autres choses alléguées dans cette fameuse protestation ne sont pas Mieux fondées. ; Lettre du trésorier Babou au maréchal de Montmorency, du 5 oc- , dans Ja Captivité de François E, p. 544. ré sa lettre du 5 octobre citée ci-dessus, la Auchesne nedi pas que la elle qui proposa Parbitrage; mais Nicolas Perrenot l'afirme, vo un de éme. (Voy. sa lettre du 49 octobre à l'archiduchesse Mar- Guerite, dans les Négociations entre la France es V Autriche , 11, 622.) tobre ( 538 ) C'était là de sa part une concession importante, et il était fondé à croire que les ambassadeurs de France l'ac- cepteraient avec empressement; aussi écrivait-il au roi, en lui envoyant un de ses gentilshommes pour s'informer de son état : « J'espère et ne fais doubte que madame d'Alen- » çon, vostre sœur, conclura tost une bonne paix (1). » Son attente fut trompée. Les ambassadeurs ne crurent pas pouvoir prendre sur eux d'admettre l'arbitrage; l'arche- vêque d'Embrun et le trésorier Babou allèrent à Madrid, pour en référer au roi : Francois 1% persista dans la pré- tention de faire décider la question en litige par le parle- ment de Paris (2). 11 était évident dès lors qu'on ne parviendrait pas à s'entendre. La duchesse d'Alençon fit une dernière tentative : elle offrit la vicomté d'Auxontt, avec tout droit de souveraineté, ressort et hommage, de manière qu'elle pût être jointe au comté de Bourgogne, pour en former un duché. Charles-Quint, qui regrellait peut-être de Sétre montré trop facile en consentant à un arbitrage, déclara catégoriquement qu'il ne rendrait pas la liberté au roi, si le duché de Bourgogne, avec toutes ses appartenances, y compris la vicomté d'Auxomne el les comtés de Mâcon et d'Auxerre, n'était remis entr ses mains (5). Marguerite quitta Tolède le 14 octobre, les ambassadeurs de France, piquée d'avoir si mal réussi du 9 octo ives de la de (1) Sa lettre est dans la Captivité de François I”, p. 344. ~ (2) Lettre du président de Selve au maréchal de Montmorency, bre, dans la Captivité de François 1e, p. 557. — Offres respecti duchesse d'Alençon et des ministres de l'empereur, avec les roi, ibid., p. 359. (5) Lettre de Nicolas Perrenot à l'archiduchesse Marguerite , bre, déjà citée, Deuxième protestation du roi, du 13 janvier 1526. EAS di AE Y: si Me € N ELO EN T OR SES avee da to E KR 599 >) dans son entreprise (1). L'empereur l'accompagna jus- qu'en dehors de la ville : après lui avoir fait ses adieux, il prit le chemin d'Aranjuez, où il alla chasser pendant plusieurs jours (2). On conçoit la résistance de Francois [* à la cession du duché de Bourgogne que l’empereur exigeait de lui : il ne pouvait aliéner une province aussi considérable de la mo- harchie, sans encourir les reproches mérités de la France, sans attirer sur lui une impopularité qui se serait à jamais illachée à sa mémoire. Ce qui se conçoit moins, Cest qu'un si grand roi ait eu recours à de si petits moyens pour désarmer la rigueur du prince qui le tenait en sa puissance : nous voulons parler de l'envoi qu'il fit à Tolède, quelques jours après le retour de la duchesse d'Alençon à hdrid , du médecin que l'empereur lui avait donné. Do- cile aux conseils de sa sœur (5), il s'était appliqué à per- Suader ce médecin qu’il était très-malade; que le chagrin quil ressentait de sa détention le conduirait infaillible- ment au tombeau; que jamais il ne partirait d'Espagne; que l'empereur aurait donc avantage à accepter une bonne a AS (I) Son dépit perce dans ses lettres. Il y en a une, entre eelles qu'elle écrit Ant maréchal de Montmorency, où elle dit : « Si j'avais affaire à * gens de bien et qui entendissent que c'est que d'honneur, je ne m'en soul- iMr mais c'est le contraire... » (Lettres de Manyuerite d'Angouléme, or Porta; poscia andò di lungo per un’ altra strada alla caccia, sette leghe lontano da 3 ul . gneur, fère devant le sieur Larcon (Alarcon) contenance foible et en- (54 ) somme d'argent pour sa rançon (1). Mais ni l'empereur ni ses ministres ne furent dupes. de ce manége, Remarquons qu'à Ja nouvelle du rejet de ses dernières ouvertures, François 1* avait écrit à Charles-Quint : « Je vois que vous p: me voulez toujours tenir prisonnier, puisque vous: m6 » demandez chose impossible; eh bien, je me suis résolu » prendre la prison en gré, estant seur que Dieu, qu » cognoist que je ne l'ai mérité longue, estant pr isonnier » de bonne guerre, me donnera la force de la porter pa- » ciemment (2). » Sur ces entrefaites, l'évêque de Tarbes (5) arriva à To- léde, pour y résider en qualité d'ambassadeur de la gente de France. La première chose qu'il demanda à l'em- pereur (4) fut que l'archevêque d'Embrun et le président de Selye pussent venir lui faire de nouvelles propositions Charles- Quint y consentit, Le 13 novembre, il donna ai- dience aux deux plénipotentiaires. Les offres qu'ils étaient autorisés à Ini faire étaient trois millions d'écus pour * rançon du roj leur maître, son mariage. ayel la a douairière de Portugal, à qui l'empereur céderail ses p! F tentions sur la Bourgogne, et, sur tous les autres points ell eere (1) Voyez la lettre de Nicolas Perrenot à J'archiduchesse Marguerite, d 27 octobre, dans les Négociations entre la France et l'Autriche; 11,6%. M. Cicogna, d’après une dépêche de l'ambassadeur Navagero Le Lin vembre, dit : « Malgrado che il re di Francia avesse riacquistala io pare » la salute, nondimanco ne continuavya il male, € il medico dell im Ti » che ne era alla cura e altri dicevano che in breye. sarebbe per de » etico o idropico. Molti altri però ripetevano che voleasi far credere is i » giore il suo male, per indur Cesare al sospirato accordo, » (Delat delle opere di Andrea Navagero , p. 182.) & (2) Captivité de François I‘, p. 384, (5) Gabriel de Grammont, (4) Le 10 novembre. | (54 ) débat, un arrangement conforme aux articles qui avaient élé remis à-don Ugo de Moncada (1). Dans d'état où se trouvaient les finances de l'empereur, une somme de trois millions d'écus eût été pour lui une ressource ipappréciable; elle l'aurait mis à même, Non- seulement. de payer ses troupes, dont la solde élail depuis si longtemps arriérée, mais encore de pourvoir à à d'autres nécessités publiques. La paix lui donnait aussi le moyen d'aller se faire couronner en Julie el. d'y établir sa pré- pondérance : double objet de ses plus ardents. désirs (2). Enfin, une fois d'accord avec Francois 1”, rien ne se serait opposé à ce qu'il passát en: Allemagne. Mais Charles- Quint, comme le remarque un diplomate qui l'avait ob- seryé de près, placait au-dessus de tout sa dignité et son honneur: (3). Le duché de Bourgogne avait été usurpé par Louis XI.sur son aïeule Marie; il croyait de son honneur tl desa dignité d'exiger la restitution d'une province d'où sa maison tirait son origine, dont il portait le nom el les armes „et qui. était, selon ses expressions, le fondement M “qn ordre (4). C'était Je même sentimeul qui l'avait mů, au Lettre de Nicolas Perrenot à hana: Marguerite, du 13 no- ed dans lés Négociations entre la France el VAutriche, 11, 642. pm de ios au sieur de Praet; son radars en France, du novembre, ¿bid,, 646 ¿e ypy Desidera endo sommamente di venire in n Italia , pensando che questa sua Tooma Rgn la grandezza sua... » (Relation de Gasparo Contarini , déjà cit cit O Sua Maestà à e pi a quel solo che alla « ments de la -» (Belation de Niccolo Tiepolo, faite en 15 u a P vénitienne, p- 78) ) Telle était aussi la manière de voir de l’archidue Ferdinand, son frére, trie une lettre qu'il écrivit à 'empereur, le 1% septembre. historiques du comte de Wynants.) lignità ed onor suo 52, dans les Monu- ni (542 ) lorsque le connétable de Bourbon était devant Marseille, à lui mander de faire tout son possible pour avoir la croix de saint André, conservée dans l’abbaye de Saint-Victor, où l'avait déposée un de ses prédécesseurs, roi de Bour- gogne (1). Ses prétentions m'avaient rien, d'ailleurs, qui ne fût conforme au droit public de l’Europe; elles repo- saient sur l'engagement formel que Louis XII avait pris dans le traité de Blois (2). Aussi il répondit aux ambassadeurs français, comme il l'avait fait plusieurs fois déjà, qu’il n'entendait prendre aucune rançon du roi; qu'il voulait avoir ce qui lui appar- tenait, et principalement le duché de Bourgogne; que, s'ils n'avaient pas le pouvoir d'accorder ce point, il était inutile qu'ils prolongeassent leur séjour à Tolède. Le len- demain , l'archevêque et le premier président sollicitèrent une nouvelle audience; ils lui dirent que, si le roi n'était pas en France, il lui serait impossible de restituer la Bour- gogne, car il ne serait point obéi par les états ni par les parlements; ils proposèrent de livrer des otages, à condi- tion que l’empereur en donnerait de son côté, pour le cas que les arbitres prononçassent contre lui. 11 leur répliqua qu'il ne rendrait la liberté au roi que lorsque la possession de la Bourgogne lui aurait été assurée; que là où son droit était si clair, des arbitres étaient inutiles, et qu'il ne pot- vait être question d'otages à livrer de sa part. Ils demandè- rent alors quelles súretés on leur offrirait de la ee du roi, s'ils remettaient préalablement la Bourgogne: dra A (1) Lettre du 2 octobre 1594. ( Précis de la correspondance de Quint, affaires d’ Italie et de Portugal, 1521 et 1527, manuser! chives du royaume, fol. 57.) TY, (2) Du 22 septembre 1504. Voy. le Corps diplomatique de Dumon!, 1" partie, p. 57, Charles- t des Ar- À ( 545 ) ce point, l'empereur ordonna à ses ministres de commu- biquer avec eux. La conférence eut lieu le 21 novembre. l'archevêque et le premier président de Paris, qui s'étaient tavisés sans doute, en revinrent à vouloir que la délivrance du roi précédät la restitution. Les ministres impériaux leur déclarèrent que jamais leur maître ne laisserait partir le roi, sans que la Bourgogne, avec toutes ses apparte- lances, lui eùt été remise (1). C'était toujours, on le voit, depuis le commencement des négociations, la même diffi- talté. La conférence se termina donc sans que les choses t plus avancées qu'auparavant. ] E rauçois I" chercha, à cette époque, dans d'autres com- binaisons, les moyens de recouvrer sa liberté : il concerta, «Tec sa sœur et quelques serviteurs alfidés, un projet lésion. A la faveur de la trêve , un grand nombre dgents fr ançais traversaient incessamment l'Espagne, allant de Lyon à Madrid et de Madrid à Lyon; il ne leur “lit pas difficile de faire disposer, de distance en distance, pl pour eux-mémes, des chevaux qui auraient servi la fuite du roi (2) : ce qui l'était davantage, c'était de neltre en défaut la vigilance d'Alarcon. Essayer de gagner el comme vassal. Je rends grâces à Dieu de la victoire > Qu'il a donnée à V. M. Ce que j'ai risqué en cela est peu > de chose, comparativement au zèle dont je suis animé > Pour la gloire de V. M.; et si, de même que j'ai perdu > Mon Etat, j'avais perdu un grand royaume, je ne le > Tegrelterais point. » L'empereur lui répondit : « Duc, 2 Votre Etat n’est point perdu et ne le sera pas. Vous le ? Tecouvrerez; c'est moi qui vous le donnerai, et un autre » bien plus considérable. Je sais que tout ce que vous > dites est la vérité; le temps et les faits vous montreront o TA A š (1) Lettre du 5 juin. (Manuscrits historiques du comte de Wynants.) le 15 juillet, Charles envoya à Bourbon le sauf-conduit qu'il avait recu D de la régente de France, en échange de celui qu'il venait de donner chesse d'Alençon. (7 bid.) B “= H duca di Borbone a 15 del novembre 1525 entro in Toledo... i Della vita e delle opere di Andrea Navagero, p- 182.) j ? Lellres de Nicolas Perrenot á Parchiduchesse Marguerite, du 4 e a > edu secrétaire PAN 1, du 21 novembre, dans les Négociations France et l'Autriche, II, 644, 649. Qme LA * SÉRIE, TOME IX, 38 ( 548 ) » la volonté que j'ai de contribuer à votre grandeur. En » vous voyant, jai vu l’homme du monde que j'ai le plus » désiré de connaître personnellement, car vos actions, » je les connais très-bien. » Bourbon lui dit qu'après la bataille de Pavie, il aurait voulu poursuivre l'ennemi, mais que, n'ayant pas trouvé les mêmes dispositions dans plusieurs des chefs de l’armée, il avait jugé préférable de prendre les mesures nécessaires pour la garde du roi de France et des personnages de marque faits prisonniers avec lui : « Vous fites beaucoup mieux ainsi, répliqua » l'empereur, et ce fut très-bien raisonné et très-sage, Je » suis parfaitement informé de tout : je n’ignore pas que » c'est vous qui, avec l'aide de Dieu, avez été une des » principales causes de cette victoire; je vous tiendrai » compte de tout cela, comme c'est raison. » Ils continue- rent de causer ensemble jusqu’au palais, où le connétable soupa avec le comte Henri de Nassau. I se rendit ensuile à l'hôtel du comte de Cifuentes, qui avait été préparé p= son logement (1). Pendant toute la durée de son séjour à Tolède, l'empereur ne cessa de lui montrer la plus grande considération, et de le combler d'égards et de prévenances: Y: François 1* avait tout fait pour persuader à l’empereur que, plutôt que de céder la Bourgogne, il resterait sà vie entière en prison; le langage que la régente sa mère pe. à Lyon, au sieur de Praet (2) était conforme à bars a (1) Relation manuscrite de Gonzalo Fernandez de orale dans 4P pendice. (2) Louis de Bruges, sieur de Praet, que Pempercur, au mois d „oit 152%, | ñ (549) | tenaitlui=méme à Madrid et qu'il faisait tenir à Tolède par ses ambassadeurs. Tel n'était pourtant pas le fond de sa pensée; loin de là : son impatience de sortir de captivité était extrême, et augmentait chaque jour. La duchesse d'Alençon venait à peine de se séparer de lui, qu'il tenta We dèrnière fois d'émouvoir Charles-Quint. Il lui envoya le maréchal de Montmorency (1), pour lui dire que, étant - tésolu à demeurer perpétuellement son prisonnier, il dé- Mall Voir fixer, d’une façon définitive, le lieu où il serait … Vélenu et le nombre de gens qui lui serait donné pour son Service. Charles était prévenu que cette démarche serait fite auprès de lui (2) ; il répondit froidement qu'il était … Mél à accéder au désir du roi (5). trait nommé son ambassadeur près la régente de France. (Manuscrits histo- tiques du comte de Wynants.) Il remplissait auparavant la même charge à la - “Mrde Londres | p= lettres du 14 novembre à l'empereur, et du 12 décembre à lar- Marguerite dans les Wg koa. 4 PA sa? a; r : l, 651, 650. : i 0 sA vec dépit et aversion , » con despecho y aborrecimiento, dit San- sliv. XIII, $ 14, p. 498, ° © À) Voir la lettre du sieur de Praet, du 14 novembre, déjà citée. + a, Lc. Dans un rapport que le trésorier Babou fit au parlement ab le 18 décembre (Captivité de François Ie", p. 452), on lit « que A ue ópécha un homme au roi , Pour qu'il contremandát la duchesse Alençon, et qu'il FR ds 4 EE Madrid, pour délibérer ' dufait de la Paix eta ESR 1 EIPS Pep s tornan D ODi na y 14 P 1 i : sh Point la duchesse, que très-volontiers il ouirait les ambassadeurs de : Wi > el qu'il était délibéré et résolu de ne rien faire au proue yd - ni T) ele. » Nous regardons ces détails comme ayant été imaginés a. — de la cause : non-seulement ils sont contredits par ER ; å ils sont en Opposition avec tous les faits authentiquement ra à Deer documents connus; s'ils eussent été vrais, il en aurait gai - sad » Soit dans les dernières instructions données par le roi se e de la régent (Captivité, ete., p. 425), soit la protestation SN ISERE . (350 ) Francois 1” comprit, par ceite réponse, qu'il ne gagne- rait rien à feindre davantage. Il fit insinuer à Lannoy qu'il avait reçu de la régente, sa mère, d'amples pouvoirs pour traiter, et que, si l’empereur voulait nommer des plénipo- tentiaires, il espérait que la paix serait bientôt conclue entre eux (1). Charles-Quint y consentit; il donna ses pleins pouvoirs au vice-roi de Naples , à don Ugo de Mon- cada et au secrétaire l'Allemand (2). Les plénipotentiaires du roi et de la régente étaient, comme précédemment, l'archevêque d'Embrun et le président de Selve, auxquels avait été adjoint le sieur de Bryon. Louise d'Angoulême, en effet, dans des instructions remises à ce dernier, autorisait ses ambassadeurs à céder la Bourgogne, s’il fallait absolument à ce prix acheter Ja délivrance de son fils; la personne du roi était à ses yeux d’une valeur telle que, pour obtenir sa mise en liberté, on ne devait pas balancer à faire le sacrifice, non-seule- ment d’une province, mais encore d'une portion plus con- sidérable de la monarchie (5). Le traité d'Arras, conclu a deg EEE du 15 janvier (¿bid., p. 467). Et puis quel était cet homme dépéché au pe. pourquoi ne le nomme-t-on pas? (1) Sandoval, L c. : (2) Leur commission est du 2 décembre 1525. (Manuscrits histori comte de Wynants.) 3) « Si la délivrance du roy ne se peut recouvrer sans gne, et aux conditions qu’ils demandent, si aucune cho la personne dudit seigneur est tant à estimer, avec les commoditez 4 dront de sa délivrance, et pour ne tomber aux inconvénients quipe survenir de si longue prison, vaut trop mieulx, et non-seullement a Bourgogne, mais trop plus grand’chose , que de le laisser en l (Dernières instructions de la régente à ses ambassadeurs , dans de François 1°", p. 408.) Ces instructions renfermaient-elles la véritable pensée de 1 ques du le duché de Bourg” se n'estoit raballue, ui vien- la Captivilé estat où ilest® le à n a régente? 0% ( 551 ) entre Charles VIT et le due de Bourgogne Philippe le Bon, le traité de Bretigny, qui rendit à la liberté Jean H, prisonnier du roi d'Angleterre Édouard IH, étaient les exemples sur lesquels elle s'appuyait pour justifier une si grave détermination. Lannoy, Moncada et l'Allemand s'étant rendus à Madrid, la première chose que Francois I" leur demanda fut la - main de la reine Éléonore (1). Charles-Quint avait con- - Slamment refusé jusque-là d'entendre au mariage du roi avec sa sœur ; il s'y refusa encore, en permettant toutefois que la reine fùt consultée à cet égard, et en réservant lacquiescement du duc de Bourbon, à qui elle était pro- mise. Séduite autant par les brillantes qualités du rol que par la perspective de monter sur le tróne de France, Eléo- nore, sans hésiter, se prononça pour le vaincu de Pavie (2), malgré tout ce qu’on avait pu lui dire de l'inconstance de te prince, des infidélités qu'il avait faites à sa premiere, emme, dont on lui imputait même d’avoir causé pa mort, él enfin du caractère impérieux de la duchesse d'Angou- lime (5). Bourbon, instruit de cela, dégagea l'empereur de * A A AS II IA bien étaient-elles destinées à être communiquées aux plénipotentiaires rd ; eur, et à leur faire prendre le change? En d'autres EEE : Savoje avait-elle concerté avec son fils le plan qu’il exécuta, et qui EEO Souscrire aux conditions que l'empereur mettrait à sa délivrance, avee sol “ation de ne pas les accomplir? Les éléments nous manquent pour nd question, 4) Sandoyal Le > e qe : int lui-même €) Sandoval, liv. XIII, $ 19, p. 498. On sait, de E TER i Me c fut Éléonore qui choisit Francois I. Voir sa lettre du is Qui; ; nastère de mis Quijada, dans la Retraite et mort de Charles-Quint au mo Fuste, 1, 554. sir 1e nous i ; : i intéressants, qi 65) Dans son livre, si rempli de faits nouveaux el E née Avons cité plusi : i 5 encore até plnsienrs fois déjà, et que nous citerons en ye ( 552 ) sa promesse. Charles-Quint, pour l'en récompenser, lui donna le duché de Milan (1). Ce point réglé, on passa au plus épineux de tous, à celui qui concernait le duché de Bourgogne. L'empereur avait exigé, en dernier lieu, que la Bourgogne lui fût re- mise préalablement à la délivrance du roi, Les plénipoten- tiaires français persistèrent à soutenir que c'était demander la chose impossible, et que, sans la présence et l'autorité du roi, on ne saurait triompher de l'opposition universelle que soulèverait, en France, ce démembrement de la mo- narchie; ils offrirent de donner en otage le dauphin et l'un de ses frères, pour garantie de l'exécution de leurs pro- messes (2). Charles-Quint accepterait-il l'arrangement qui lui élait présenté comnie le seul au moyen duquel il pút entrer en possession de la Bourgogne? Cette question fit éclater une grande divergence d'opinions dans le sein de son Coll: seil (3). Les Belges — Charles de Lannoy, Henri de Nas- qu S E en PEU ER den tn E analyse ainsi une dépêche du 10 juillet 1525 de l'ambassadeur vénitien An- drea Navagero : « Dice il Navagero che avendo cogli altri suoi colleghi desi- * nato un giorno con monsignore di Lursi, agente del duca di Borbone » presso la corte cesarea, questo Lursi loro disse che mos. d Me i eol » cercava di rimovere la reina di Portogallo dal pensiere di ARE > suddetto re Francesco, perche andrebbe soggetta a madama la regge? í » la qual era terribilissima donna, et che la trattaria come serva; pre » lei havria cagion di esser sempre la più gelosa donna del mondo pas il re di tal natura, oltra questo che il re, come si sapea da pute : » havuto et havea di molto mal francese, et che la reina, p reage. Na- » Maesta , era morta da questo, » (Della vita et delle opere di Andren? vagero, p. 259, (1) Sandoval, liv. XIIL, $ 19, p. 498. (2) Sandoval, liv. XIV, $ 2, p.518. (3) Guichardin nous d les prétendus di oncés à celle 00% 2 sion par le grand chancelier Gattinara et par Charles de Lannoy z RÉ o - Ci r À ñ (Istoria E SS sau, Adrien de Croy — étaient favorables à un accord avec la France. Suivant eux, la prospérité des affaires de leur maître, aussi bien que le repos de la chrétienté, dépen- dait de cet accord; il facilitait le passage de l'empereur en ltalie el son couronnement, car le pape ni les Vénitiens , ai aucun autre potentat, n’oseraient rien contre lui, dès que l'appui de la France leur échapperait; il lui permettait de mettre ordre aux affaires de l'Allemagne et aux progrès de l'hérésie Juthérienne; enfin il lui offrait l’occasion, si ardemment désirée par lui, de réunir ses forces et celles des princes chrétiens contre le Ture (1). Des raisons par- ticulières à la situation de leur patrie inspiraient aussi Ces conseillers de l'empereur; ils savaient tout ce que Îles Pays-Bas avaient souffert par la guerre passée; ils pré- Voyaient tout ce que ces provinces auraient à souffrir en- core, si les hostilités se renouvelaient. Antoine Perrenot, envoyé par Varchiduchesse Marguerite à Tolède, n'avait tien négligé pour les convaincre de la nécessité de la paix (2). Plus que tout autre, Lannoy souhaitait que la paix se tonclüt, IL n'avait cessé de faire espérer au roi sa déli- Mance; il mettait sa gloire à être l'instrument de la récon- ciliation des deux souverains; en outre, il régnait entre ui et Bourbon une animosité qui datait de l'expédition de Provence et s'était accrue depuis; ils avaient eu ensem- - Os a dla, A IV, pp. 75 et 80); mais ce sont là des amplifications dues á nanon de l'historien. (l) Sandoval, liv. XIV, $ 2, p. 518. — Lettre de Lannoy à l'empereur, du 7 avri a teip 1526, dans les Négociations entre la France et l'Autriche, U, (a) Voir ses A 2, : Z EP «same outre la France "P Autriche ı IT, passim, ( 554 | ble de vifs démêlés, même en présence de l’empereur (1); rien ne lui aurait été aussi pénible que de devoir partager encore avec le connétable le commandement des armées impériales. Il employa donc tout le crédit dont il jouissait auprès de Charles-Quint, et ce crédit était grand , pour le faire entrer dans ses vues (2). On sait combien il s'en re- pentit plus tard (5). Le grand chancelier Gattinara, d'accord en cela avec la plupart des ministres espagnols, était d’un avis opposé à celui des conseillers belges. Il soutenait qu'il ne fallait pas mettre le roi en liberté tant qu'il n'aurait point rendu la Bourgogne; que, puisqu'il ne voulait pas la restituer pour sortir de prison, il était fort à craindre qu'il y fùt moins disposé encore, étant libre; qu'on ne pourrait sè fier à ses promesses, non plus qu'aux súretés qu'il donne- rait, à cause de son naturel bouillant et entreprenant a); qu'il aspirerait à se venger de l'affront qu'il avait reçu à Pavie, et qu'il ne manquerait pas de gens pour Py exciler au besoin; que, l'empereur ayant le roi de France en wi pouvoir, personne n'oserait lui déclarer la guerre; qu'il était assuré ainsi de passer sans obstacle en Italie et de Sy Foi 1 : 2 (1) On trouve à ce sujet de cürieux détails dans Sandoval, liv. XII, § 4h 499 (2) Andrea Navagero écrivait au doge , au mois de juillet 1526: < = ps » € il primo uomo di questa corte; ognuno vuol farselo amico... » (Cicogn%, Della vita e delle opere di Andrea Navagero, p. 191.) 245 Les lettres de Gilbert Bayard au connétable de Montmorency; des janvier 1526, qui sont insérées dans la Captivité de François r » pr. 462, font assez voir avec quelle chaleur Lannoy s'employa aupres mr reur pour la conclusion de la paix. (5) Voir sa lettre du 25 mai 1 526 à l’empereur, dans les la France et P Autriche, II, 663. (4) « .... Porque era bullicioso e esforzado... » ( Sandoval.) Négociations emè +1 ARS ares TIE PR A (599 ) i hire couronner; qu'au lieu de traiter, il devait profiter des conjonctures pour s'unir étroitement avec le pape et la seigneurie de Venise, et régler le sort du duché de Milan (1). Gattinara conclut en disant qu'il fallait, ou relâcher le roi sans condition, ou le retenir toujours prisonnier (2). Charles-Quint, nous l'avons déjà dit, n'avait rien tant à cœur que de voir la paix fermement établie dans la chré- tienté (5). Il avait toujours déclaré que, la Bourgogne lui élant restituée, il mettrait en liberté le roi de France; on était parvenu à le convaincre que le roi ne serait pas obéi de ses sujets, sil ordonnait cette restitution, sans être dans son royaume : il voulut prouver à tout le monde Qu'il n'avait que sa parole. Il ne pouvait se persuader, d'ailleurs , que Francois 1”, après avoir signé et juré le traité qui serait fait avec lui, ne l'exécuterait pas (4). En Min son grand chancelier insista de la manière la plus forte, lui disant que le passé devait Péclairer sur l'avenir ; qe jamais les Francais n'avaient observé les promesses ites à la maison de Bourgogne (5) : il enjoignit à ses ambassadeurs de passer outre. Telle était la nature de ce E O promo A RA (1) Sandoval, liv. XIV, $ 2, p. 518. — Cicogna , Della vita e delle opere di Navagero, p. 185 3 sieur de Praet , ambassadeur de Pempereur en France, était assez de l'avis du chancelier Gattinara, ainsi qu’on peut le voir dans ses lettres publiées «Lanz, Correspondenz des Kaisers Karl F, 1, passim. ; (2) sE chanciller dixo resueltamente que ò le soltasse libremente, ò le tu- viesse siempre preso y seguro. » (Sandoval, l. c.) A ; i E “+ Altro non bramava che pace in tutta la cristianità, » dit Andrea De. dans une dépêche du 11 décembre, 1525, citée par M. Cicogna, (f) Sandoval, liv. XIV, $ 2, p. 518. 5 f) Cicogna , Della vita e delle opere di Andrea Navagero, P a (556 ) monarque, qu'il revenait difficilement sur ce qu'il avait une fois résolu (1). Il y eut encore quelques débats au sujet des otages. L'empereur voulait avoir le dauphin, le duc d'Orléans el douze des personnages principaux de France à désigner par lui; le roi n’entendait donner que le dauphin seul, ou ses deux autres fils et douze jeunes gens appartenant aux familles les plus considérables de son royaume : apr divers pourparlers, on convint que les otages seraient le dauphin et le duc d'Orléans, ou, à la place de ce dernier, si la régente le préférait , douze personnes qu'indiquérent les plénipotentiaires impériaux (2). | Si Charles-Quiat était ferme dans ses opinions, le cha- celier Gattinara ne tenait pas moins obstinément aux siennes (5). Lorsque l'empereur lui ordonna de rédiger les articles du traité, il s’y refusa d’abord (4); il voulut Le eee (1) Le nonce Castiglione, qui était à sa cour à cette époque, écrivait 4 Rome: « L'imperatore è giovine di xxvr anni, assai fe » nioni...» (Cicogna, p. 252.) Andrea Navagero mandait au doge, 1526, « che l'imperatore , siccome padrone di tutto, voleva far a suo modo. * (Zbid., p. 190.) a Il y avait plusieurs années déjà que le caractère de Charles-Quint $ était manifesté sous ce rapport. Gérard de Pleine, seigneur de la Roche, Pun de ses conseillers, écrivait de Vitoria le 14 janvier 1522, à l'archiduches* Marguerite : « Il n’y a si grand ni si sage en son royaume qui lui fasse chat- » ger son opinion, s’il ne lui semble que la raison doive la lui faire change. » Pai connu beaucoup de princes en divers âges; mais je mena » aucun qui disposát du sien plus absolument que lui, » (M. Théod. Juste» Charles- Quint et Marguerite d’ Autriche, p. 155.) (2) Cicogna , p. 183, (3) «... Quando il gran cancelliere si metteva una fantasia in M tanto fermo che alcuno non avrebbe potuto rimovernelo... » (Dépêche 61 drea Navagero du 22 octobre 1525, citée par M. Cicogna, P- 181) (4) Cicogna, p. 183. | ( 557 ) mémese démettre de sa charge, et ne renonça à ee dessein, que parce qu'il en fut dissuadé par le cardinal Salviati (1). Enfin, le traité ayant été couché par écrit et toutes ses dispositions bien débattues, on convint qu'il serait signé eljuré à Madrid le 44 janvier, non-seulement par les plé- nipolentiaires des deux souverains, mais encore par le roi lui-même (2). La veille, Francois 1", en présence de l'ar- chevéque d'Embrun , du président de Selve et du baron de Bryon, protesta « qu'il ne pouvait et n'entendait faire » aucune chose contre l'honneur de Dieu, ni contre son » honneur, ni au préjudice et dommage de son royaume ; > que le traité qu’il lui fallait signer au profit de Pempe- ? reur, il l'avait fait et le faisait pour éviter les maux et ? inconvénients qui pourraient avenir à la chrétienté el a à son royaume; que c'était par force et contrainte, ? détention et longueur de prison; que tout ce qui y était ? convenu serait et demeurerait nul et de nul effet; que > son intention était de garder et poursuivre les droits de - ? la couronne de France, » ete, Il fit dresser acte de lle protestation par les secrétaires qui se trouvaient près de lui (5). E P T eR gran cancelliere , in mezzo a° trattamenti di pace colla Francia, den » TOAN 7. non passassero com’ egli avrebbe vol, deliberato ; * totalmente di partiesi da Cesare; pure avendo comunicato questo suo p 18) al legato e dimandato consiglio, questi lo dissuase. » (Cicogna, 4 es protestation du 15 janvier, François 1** se plaint d'avoir K > anticleg Ang for mais, « combien que l'empereur ne fust tenu ppe n Es eut baille. traité, ne jurer entretenir et garder, jusques 4 ce que k y shr és et madame sa mère aussi, lettres de ratification, après que rd roy seroit en France, en sa liberté. » (Captivité de Fran- À 1 P. 467.) E 6) I est dans le recueil de Léonard, 1, 210, dans le Corps diploma- ( 558 ) Nous n'énumérerons pas toutes les stipulations du traité de Madrid (1). Nous dirons seulement que le roi cédait à l'empereur, en pleine souveraineté, le duché de Bourgo- gne, avec le comté de Charolais , les seigneuries de Nevers et de Cháteau-Chinon, la vicomté d'Auxonne, le ressort de Saint-Laurent; que l’empereur s'obligeait à remettre le roi en son royaume le 40 mars au plus tard; qu'au même instant où il sortirait des terres d'Espagne, il de- vrait être échangé contre ses deux fils ainés, ou contre le dauphin et les douze personnages désignés à cet effet (2), au choix de la duchesse régente, lesquels resteraient en otage pour garantie de l'exécution du traité; que si, dans les six semaines qui suivraient sa mise en liberté, il n'avait pas accompli la restitution de la Bourgogne, ou Si, dans les quatre mois, il n’avait pas fait ratifier el entériner le traité par les états généraux et les parlements de son royaume, il prenait l'engagement de retourner en quelque lieu que se trouvát l'empereur, pour y tenir prison de nouveau; qu'il renonçait, en faveur de l’empereur, à Ses droits sur le royaume de Naples, le duché de Milan, les seigneuries de Gênes et d'Asti, la cité d'Arras, le Tour- naisis, la ville et le bailliage d'Hesdin, ainsi qu'au ressort et souveraineté de la couronne de France sur les comte de Flandre et d'Artois; que la reine Éléonore lui étall donnée en mariage avec 200,000 écus de dol, outre les tique de Dumont st IY, qre partie, p. 410, et dans la Captivite de Fran çois Ze", p. 466. (1) Voyez Dumont, Corps diplomatique, t. IV, 15° partie, P- a Saint: (2) C'étaient le duc de Vendôme, le duc d’Albanie, le comte de dde Pol, M. de Guise, M. de Lautrec, M. de Laval, le marquis de Saluces, j de Rieux, le grand sénéchal de Normandie, le maréchal de Montmorenc)) ** Bryon et M. d'Aubigny. : ( 559 ) comtés de Máconnais et d'Auxerrois el la seigneurie de Bar-sur-Seine; qu'il pardonnait au duc de Bourbon, de même qu'à tous ses adhérents, et les rétablissait dans leurs biens; enfin qu’il contractait une ligue offensive et défensive avec l’empereur, à la disposition duquel il met- irait son armée navale de la Méditerranée, lorsqu'il vou- drait aller en Italie, et qu'il seconderait dans ses entre- prises, tant contre les infidèles que contre les hérétiques aliénés du giron de la sainte Église. VE. : Le 14 janvier 1526, un autel fut dressé dans la chambre du roi, L’archevéque d'Embrun y célébra la messe, en présence des plénipotentiaires. Le traité fut ensuite lu de Mota autre; puis le roi, et après lui les plénipotentiaires Espagne et de France, en vertu de leur mandat, firent *rment, sur l'Évangile, entre les mains de l'archevêque , de Pobserver dans toutes ses dispositions (1). Cette pre- Mère cérémonie fut suivie d’une solennité plus imposante ucore, Sur celle-ci les historiens francais, anglais, 1ta- lens, gardent un silence absolu; Sandoval en fait men- on, mais d’une manière si sommaire et en des termes sl "agues, qu'on ne saurait, par ce qu'il dif (2), en apprécier RS 0 Procès-verbal dressé par le secrétaire l'Allemand le 14 janvier, en rs Archives du royaume, Collection de documents historiques , = er 172. — Sandoval, liv. XIV, $ 4, p. 545. f i j a) Voici comment il exprime : « El virrey de Nápoles tomó la fe y p Las a 503 Je en sus manos al rey de Francia, en que, como príncipe y 2 ma n “MO, prometia y dava su fe y palabra real de IP see s pe Bos assí como era prisionero, si á caso ye ee p jes Por él capitulado, Con cara alegre y con palabras risueñas dió el rey ( 560 ) le caractère ni l'importance. Il est essentiel de la raconter avec quelque détail. Pour déterminer Charles-Quint à lui rendre la liberté, Francois I" avait offert de donner sa foi de chevalier, en garantie de Pexécution de ce qui serait convenu entre eux; l'empereur avait commis Charles de Lannoy pour la rece- voir (1). La foi donnée au nom de la chevalerie était de tous les serments le plus sacré; les souverains, en jurant par le titre de chevalier, se regardaient comme aussi étroi- tement liés que s'ils eussent juré par leur couronne (2). Le chevalier devait garder sa foi, à peine d'être déclaré infàme et parjure (5). Après la cérémonie que nous avons rapportée, Fran- çois 1" et Charles de Lannoy se levèrent simultanément. Le vice-roi de Naples rappela au monarque l'offre qu'il avait faite, François I° lui répondit: « Monsieur le vice » roy; mon cousin, je vous promets que j'avons me » donné ma foy par ce que maintenant j'ay juré et signè, » el qu'avons tous ouy lire : car l'empereur ni Yous, M » homme du monde, ne trouvera jamais faulte en cel, » el aymerois plutost morir, et de tant plus que tout est » fait de mon bon gré et contentement. Toutesfois, pour » ce qu'il est vray que je lui offris semblablement de luy » donner ma foy'en la manière que de sa part me requéreh RU ns à aunque » manos del virrey su fe real, y hizo un solemne pleyto omenaje, » después lo cumplió mal... » (Liv. XIV, $ 4, p. 545. E (1) Par des lettres patentes données à Tolède le 16 décembre 1525. ( du royaume; Collection de documents historiques, t: 111, fol. 167.) pes (2) Mémoires sur l'ancienne chevalerie, par La Curne de Sainte-Palay® édit. in-8 de 1826,1, 116. (5) Le vray Théâtre d'honneur et de chevalerie, ou de Miroir héroïque ; de la noblesse , in-fol., 1648, p. 24. E E : | j! l; ( 561 ) » Cest raison , puisque je veulx accomplir bien et loyalle- » ment ce que j'ay promis, [que] je n’en sçaurois donner » trop de seureté..... Mon cousin, je vous tiens pour gen- » lilhomme de nom et d'armes congneues; et puisque je » çay l'empereur vous a habilité de son coustel, je veulx » davantaige que soiez habilité du mien, et dès mainte- » nant vous habilite ét vous tiens pour habilité par luy et ? par moy, pour prendre et recevoir ma foy en son nom... » Or, dictes maintenant la manière et la substance des » motz que je doibs dire à cest effect. » Lannoy repartit que ces mots devaient être réglés sur les termes mêmes du traité. François 1* reprenant la parole : « Mon cousin , dit-il, » vous dictes vray. Or oyés, et vous tous, messieurs ley > présens, approchés-vous de plus près. » Alors il se dé- couvrit, et mettant sa main droite en celle du vice-roi de Naples, il prononça à haute voix les paroles suivantes : « Je, Francois, roy de France, gentilhomme, donne ma foy à l'empereur Charles, roy catholique, gentil- * homme, en la personne de vous, Charles de Lannoy, > commis et habilité par luy et par moy pour la recevoir, : que, en cas que, dedans six semaines après le jour que : l'empereur maura fait délivrer et effectivement mis en > liberté dedans mon royaulme de France, au lieu et selon : e Par lediet traicté de paix est dict, je ne luy accom- r= la restitution da duché de Bourgogne et aultres > ak déclairées par icelluy traicté, que j'ay maintenant A als et signé, et selon la forme d'icelluy, et pargillement í aag ee les ratifications et autres seurtés mention- i hip traicté, selon qu'en icelluy est contenu et FR 'S, ne fussent délivrées dedans quatre mois, Cn “cun desdicts cas je retourneray au pouvoir de l'em- ( 562 ) » pereur et viendray incontinent, passé ledict temps, par- » devers luy, quelque part qu'il soit, et me rendray son » prisonnier de guerre, comme suis de présent, pour » tenir prison là où il plaira audict empereur me ordon- » ner, tant et si longuement que le contenu audict traité » soit entièrement fourny et accomply. » Lannoy accepta cette déclaration; et tous deux, leurs mains droites toujours jointes ensemble, demandèrent acte de ce qui venait d'être dit, lequel fut à l'instant dressé par le secrétaire d'État l'Allemand, en qualité de notaire public et impérial (1). Voilà la comédie que ne eraignit pas de jouer un prince réputé le modèle des chevaliers et des gentilshommes! Il est triste pour l'histoire d’avoir à enregistrer de pareils faits. | Lannoy avait reçu les pouvoirs de la reine Eléonore pour conclure son mariage avec le roi très-chrétien e); le 20 janvier, il se rendit auprés du roi, qui était au lit, indisposé, et la, sans autre cérémonie, se firent les fian- cailles (5). François I”, dès qu'il eut connu l'intention d l'empereur sur le titre qu'il devait donner à sa fiance, écrivit à Éléonore une lettre qu'il lui fit porter par Je sien! ut a RO (1) Procès-verbal du 14 janvier, cité ci-dessus. (2) Dumont, Corps diplomatique , t. IV, 1"° partie, (3) Manuscrit de Gonzalo Fernandez de Oviedo , dans doval, liv. XIV, $5, p. 545. — Captivité de François 1%, p.306- y Lannoy, qui allait partir pour Tolède, se présenta devant le rol “ a houssé etesperonné. » (Captivité, 1. c.) On a fait entendre qu'il manqué des égards d isonnier. (Zbid., Introduction, pe Il ne paraît pas que Francois 1" en ait jugé ainsi, puisqu'il écrites ss le temps après, à la régente sa mère : « Croyés, madame, que mo” mence- » vice-roy y va honnestement et de bon pied, el toujours dež sect » ment ainsy Pa faict. » (Captivité , p. 505.) p. 410. P Appendice. St! (363 ) de Bryon, et à laquelle elle s'empressa de répondre (1). «Le traité de Madrid n'entrainait pas un changement immédiat dans la situation de Francois I"; Cétait seule- ment, comme on l’a vu, pour le 10 mars que l’empereur ‘était engagé à le rendre libre : on se relácha toutefois des mesures de surveillance dont il était l’objet. Le 29 jan- vier, il alla en litière à Notre-Dame d'Atocha entendre les Vépres, et revint sur la mule qu'il montait habituelle- ment; le lendemain il assista à la messe dans un des cou- venis de la ville, où il passa toute la journée, Lorsqu'il sortait, la curiosité du public, et des dames surtout, pour le' voir, était très-grande; les personnes qui avaient des écrouelles ne manquaient pas de se trouver sur son pas- “ge, afin d’être touchées par lui. Il avait à cette époque TéCOuvré toute sa santé. Il se portait si bien qu'il disait à “serviteurs qu’il se sentait capable de courir le cerf (2). Aussitôt après la signature du traité, il avait écrit à l'empereur, pour lui en témoigner sa satisfaction, et lui “primer le désir de le voir (5). Charles-Quint, répondant “Si lettre, Passura que ce désir était aussi le sien; qu'il se "endrait à Madrid dès qu'il aurait expédié les affaires les plus Urgentes qui réel ient ses soins : en attendant, il lui “voya le comte d'Egmont, pour le visiter de sa part (4). Il a AE A de ré nlE (1) Lettre du bailli de la Barre à la duchesse d'Alençon, du 1* février 1526, es la Captivité de François I", p. 487. — La lettre du roi et la réponse oree tre, du 1er février, citée ci-dessus. ba Nous n'avons pas cette lettre; mais la réponse de co À Connaître la substance. I 4 o de g lanz, » 190. Le comte d'Egmont dont il est question pe dy o. Bo Septiéme seigneur et troisième comte 'Egmont. Il était fils Jean ère aîné de Lamoral Egmont et de Françoise de Luxembourg, et frère ainé de E; Toug ix. 59 ( 564 ) lui réitéra ces assurances dans une autre lettre : « Je trouve » — lui dit-il — le temps que j'ay tardé de vous veoir » long; et si ce n’estoit que ce délay est causé de vouloir » me dépescher de ce lieu pour estre avee vous plus lon- » guement, l'eusse treuvé encores plus long...(1).» Était-il possible de se montrer plus courtois, plus gracieux? Charles ne quitta cependant Tolède que le 12 février; il avait, ce jour-là même, malgré les remontrances réité- ` rées de son grand chancelier, donné sa ratification au traité de Madrid (2). François alla au-devant de lui, le len- demain , jusque près du pont construit sur le Manzavarés; il avait un manteau de drap frisé et une épée à l'espagnole, et montait sa mule richement harnachée; à sa droite mar- chait le grand maître de Rhodes, Villiers de l'Ile-Adam, el le capitaine Alarcon à sa gauche; les gens de pied de sà … à L'an Ce d'Egmont, qui périt sur Dee à Bruxelles en 1568. Il de bonne heure à la pers e l'empereur. H mourut le 7 déc au retour de espion ee (Bullet. de la Comm. roy: d'histoire, 2e série, IX, 61.) (1) Captivité de François I”, p. 485. (2) Voir la lettre qu'il écrivit, le 9 février, à Parchiduchesse des sa tante, et où il déduieait les raisons qui l'avaient « principallemen » ¡oo à á la conelusion de la paix. Guichardin prétend que Gattinara refusa de sig alléguant qu'il ne devait point user de l'autorité qui faire une chose aussi dangereuse et pernicieuse que l'était celle-là, * » gando che l'autorità che gli era stata data non doveva essere usata »_nelle cose pericolose e perniciose come questa ;» que l'empereur, tout le mécontentement qu'il en éprouva, ne put le faire change" de de propos et qu'alors il se décida à signer le traité lui-même. (Zstoria t. IV, p. 89.) Ce qui nous porte à mettre cette anecdote au gado c’est, d’abord, qu'il eût été contraire à tous les usages, et dhourda , que l’empereur signât, au lieu de son grand ehh ensuite, que les traités n'étaient point signés du grand souverain, et contre-signés par un secrétaire d'État. avait été attaché embre 1541, ner le traité de Madrid, scsi de , mais de à Fe ie ñ o 3 F A a a E lui avait été donnée sr à d'hab} liv. i (565 ) garde ordinaire formaient l’escorte. Charles-Quint, vêtu de Yelours noir, était à cheval; il venait accompagné de ses Principaux officiers et d'environ 250 hommes d'armes. Quand les deux monarques se furent joints, ils s'embras- rent avec de grandes démonstrations d'amitié. Il s'agis- sit de savoir qui aurait la droite; Pun et Pautre s'en ticusaient avee non moins de vivacité : après bien des compliments, l’empereur céda: Ils arrivèrent ainsi au pa- is, où ils prirent part, à la même table, à un souper Somptueux; ils restèrent seuls ensuite pendant un très- long temps. François [o demanda à Charles-Quint deux choses aux- quelles il semblait attacher une grande importance : la Pemière était de voir le plus tôt possible la reine, sa fian- %; l'autre de emmener en France avec lui (1). L'empe- teur, pour lui complaire, non-seulement accorda l'entre- "e quil désirait, mais encore il consenti que la reine le "enla á quatre ou cinq journées de distance, de manière Welle pút lui être délivrée à Bayonne, presque dans le éme temps qu'il aurait ratifié et juré le traité fait entre S 16). Deson côté, Charles pria le roi d'accorder au due urbon une pension de vingt mille livres, jusqu’à ce + Procès pendant au sujet du comté de Provence fût "+ et François la promit (5). a 2 ss devait, selon le traité , être conduite en France qu'après l'en- "stitution de la Bourgogne. Cendres tre de Charles de Lannoy à Parchiduchesse Marguerite, du jour des 14 février ), dans les Négociations entre la France et Jutriche; wier), E Lettre de Charles-Quint à Louise de Savoie, oy Le ide cd +1 054, — Sandoval, liy. XIV, $3, P- 545. — Rel ppendice. ` , , de Procès-verbal du traitement fait à François I“, etc, dans la Capti- 507. » js vité, ete., p. (566 ) Le 14, l'empereur et le roi allèrent ensemble à la messe à l'église de San Francisco; les rues, dit l'historien San- doval , étaient pleines de gens qui pleuraient de joie, en voyant ces deux puissants princes, qu'une inimitié pro- fonde avait divisés , devenus de si grands amis, et qui en tiraient le présage d'une longue et heureuse paix (4). Le jour suivant, les clauses du traité furent publiées à Madrid; elles le furent successivement dans toute la monarchie (2). Charles-Quint croyait réellement à la bonne foi de Fran- çois I" et de la régente. Il écrivit à Louise de Savoie : « Madame ma bonne mère, il m'a semblé que, puisque » ay recouvré au roy vostre filz un bon frère, el que je » vous baille la royne ma sœur pour fille, que pour ne » vous rendre ung seul filz, debvois reprendre le nom dont autresfois avois usé, et vous tenir pour bonne mère... Ce ne m'a esté petit plaisir avoir entendu du roy vostre filz l'amour et amitié qu'il ma déclairé il me porte, laquelle ne fays doubte et vous prye que ay diés à Pentretenir, comme par vos lettres m'avez escript ferez; et de mon cousté, je vous asseure qué lamour jé amitié que j'ay à luy est toute bonne et vraye, el qU il n'y aura faulte aux choses par moy promises (5). ? Il chargea son grand maître, Laurent de Gorre prendre possession du duché de Bourgo nomma gouverneur provisoirement, et en à Philibert de Chalon, prince d'Orange, eût été mi liberté (4). =x Y y V Y YY y ttendant que is en > (1) Liv. XIV, $5, p. 345. (2) Ibid. (5) Lettre du 16 février, ci-dessus citée. (4) D. ipti 3 A Cha 1 vr dy Quilt) y Onint. par le S* de Herbays. — Phi . vod, d'aller ; gne, dont ile (367 ) Le 16 février, Charles et Francois partirent pour Illes- tas, Ils couchèrent à Torrejon de Velasco, dans un château appartenant au comte de Puñonrostro. Le 17, de bonne heure, ils arrivèrent à Illescas, qui n’est qu’à deux lieues de Torrejon. La reine Éléonore y était depuis la veille, ayant en sa compagnie la reine Germaine de Foix et le Wométable de Castille, qui lui servait de chevalier d'hon- eur. L'empereur et le roi logèrent dans une maison peu distante de celle qu'occupaient les deux reines. Après qu'ils eurent diné, ils allèrent à pied les voir. Charles entra le premier. Francois, qui le suivait, ayant fait une révérence à Éléonore, elle fléchit le genou et voulut lui -baiser la main; il lui dit : « C'est la bouche que je dois > vous donner, » et la baisa sur la joue. Il embrassa aussi Plusieurs des dames qui étaient là. Les présentations ichevées, toute la cour passa dans une salle disposée pour danse; le roi donnait le bras à Éléonore, et l'empereur à Germaine de Foix. Le bal dura deux heures environ. tles et Fr ançois prirent ensuite congé des reines, et Ælournèrent à Torrejon. ¿Le 18, ils revinrent à Illescas, tous deux en une même "lere, Il y eut, au palais de la reine Éléonore, une nou- 1 ve fête qui se prolongea fort avant dans la soirée; à la Piere de l'empereur, la reine dansa à l’espagnole avec la quise de Zenete, Les deux princes reprirent le chemin E le Torrejon le méme soir (1). 4 Aucun de nos documents ne fait connaître l'impression ber de je ; Parie ne iris umo passa à Ma 2 la signature du traité, dans la Captivité de François I”, p. 992 Chalon avait été pris en Italie quelque temps avant la bataille de France » ( 508 ) qu'Éléonore produisit sur Francois I", Cette princesse, âgée de quinze mois de plus que Charles-Quint, était veuve, depuis quatreans, d'Emmanuel le Fortuné, roi de Portugal. Elle n’était ni jolie ni laide; son abord élait froid, son regard sérieux, quoique expressif, Elle avait les cheveux d'un blond ardent, les yeux petits, les lèvres saillantes, signe Caractéristique des Habsbourg. En un mot, rien en elle ne rappelait le sang espagnol; tout, au contraire, selon l'expression d'un ambassadeur vénitien qui résidait, à cette époque, à la cour impériale, montrait qu'elle était flamande, Ce qui la distinguait, c'était une grande bonté, une douceur admirable et une soumission sans réserve aux volontés de son frère (1). On aurait pu appliquer à toute sa vie ce que le commandeur don Luis d'Avila disait d'elle, lors de sa mort : « qu'elle était une » sainte innocente, el n'avait pas plus de malice qu'une » Colombe (2). » Nous laissons à juger, d'après ce por- trait, si Éléonore avait les qualités qu'il fallait pont fixer le cœur volage et l'esprit inconstant de François l". mm Ho CO PEN à PSE (1) « Madama Leonora... non è brutta nè bella; a me pare m nos buona; non ha per alcun modo di quelle grandezze ispane, ma € lar à a” minga... » (Relation de Gasparo Contarini sur PEspagne, lue an sénal Venise le 16 novembre 1525.) ; Andrea Navagero, dans une dépêche du 1* juin 1528, disait baye e Questa regina, com’ è buona così è fredda, ed ha tanto rupali jù » tello che non seppe far quello che era bisogno per scegliere ea » » expressif, la chevelure d'un blond plus ardent encore que celle de j » Quint, les lèvres saillantes. » (Captivité de François I”, Introd P LXHI.) ' un 515. (2) Retraite et mort de Charles-Quint au monastère de Fuste, t RÉ NME RE Te MES see (569 ) Ce fut pendant son séjour à Illescas, et en présence du mi, que Charles-Quint, voulant récompenser les services de Lannoy, lui donna la principauté de Sulmone, avec siz mille ducats de revenu (1). Il ne borna pas là ses bienfaits, mais il y ajouta le comté d'Asti et la charge de grand maître de sa maison, devenue vacante par la nomi- lion de Laurent de Gorrevod au gouvernement de Bour- sogne (2); il Pavait créé; quelques jours auparavant, tomte de Lannoy et du saint-empire romain (3). Il fit ssi à François 1* une gracieuseté qui mérite d’être citée. François, à la bataille de Pavie, portait la Toison d'or que Charles lui avait envoyée lors de la conclusion du traité de Noyon. Dans le feu de l’action, il la perdit; elle fut trouvée par un soldat espagnol, auquel l'empereur la racheta au prix de 400 ducats. A Torrejon, il la replaça lesa propre main au cou du roi (4). Le 19 février, Charles-Quint et Francois I” quittèrent Torrejon à cheval, l'empereur pour aller se marier à Séville ‘ee Pinfante Isabelle de Portugal, le roi pour retourner Madrid, d'où il devait se diriger vers la France. [ls che- “uchérent ensemble quelques instants. Au moment de se a l'empereur, ayant pris le roi à part, lui dit: « Mon re po vous souvenez-vous de ce dont vous êtes convenu ; We mor » — « Je m'en souviens si bien, répondit le . > qUe je vous dirais tous les articles de notre traité, » be dit en effet. L'empereur repartit sk Puisque vous en souvenez si bien, dites-moi franchement a o Ee route i le Sr de Herbays. Upplément au te r a a 100. (4 Sandoval, Le. a à sp (570 ) » si vous avez l'intention de les accomplir, ou si vous y » trouvez quelque difficulté; car, dans ce dernier cas, nous » serions exposés à voir nos inimitiés se renouveler. » Le roi répliqua : « J'ai l'intention d'accomplir le tout, et je » Sais que personne n’y mettra obstacle en mon royaume. » Si VOUS voyez que j'agisse autrement, je veux et consens » que vous me teniez pour méchant et lâche. » — « Je veux » que vous en disiez autant de moi, reprit l'empereur, si » je ne vous rends pas la liberté, Je vous demande surtout » une chose : c’est de ne pas m'abuser en ce qui touche la » reine ma sœur, à présent votre femme, car ce serait là > une injure que je ressentirais vivement et que je devrais » venger. » Là-dessus ils se saluèrent, se disant mutuelle- ment : « Dieu, mon frère, vous ait en sa garde (1)! » YI Deux jours après, François I" se mettait en route pour la France, heureux de quitter ce château de Madrid qui lui rappelait de si pénibles souvenirs. C'était encore en la compagnie de Lannoy et d'Alarcon qu'il devait voyage! : Lannoy avait reçu de l’empereur la mission de le conduire à la frontière, et, en le délivrant, de recevoir les otages nommés dans le traité de paix (2). Le 26 février, à Aranda de Duero, il fit avec le vice-roi une convention pour ré- gler le cérémonial de sa délivrance (5). Un arrangement complémentaire relatif au même objet fut signé à Saint- e. (1) Sandoval, L c. ; (2) Lettre de Lannoy à Parchiduchesse Marguerite, du 15 février, les Négociations entre la France et P Autriche, 11, 653, (5) Elle est dans la Captivité de François I”, p. 510. dans SET Es ete y (211) Sébastien le 15 mars (1). Francois écrivit de cette dernière ville à l'empereur, lui disant « qu'il espérait dedans peu > de jours être en liberté, pour après mettre fin à ce qui »avait été traité entre eux le plus tôt qu'il serait possi- »ble(2). » Le 17 mars (5), à sept heures du matin, sur la Bidassoa, entre Fontarabie et Andaye, eut lieu sa délivrance, qui se fit conformément au cérémonial con- tenu, Au milieu de la rivière, et à une égale distance des deux rives, était amarré un bateau en forme de pont; sur chaque rive, il y avait une barque. François I", qu'accom- Pignaient Lannoy, Alarcon et dix gentilshommes espa- gnols (4), descendit dans la barque qui était sur la rive apartenante à l'Espagne, tandis que le dauphin et le duc d'Orléans (5), avec Lautrec et dix gentilshommes français, sembarquérent sur la rive opposée. Les deux barques arri- rent an pont en même temps; les personnages qu'elles portaient y montèrent en même temps aussi. Lannoy remit le roi de France à Lautrec, lequel en échange lui délivra les deux jeunes princes, que leur père embrassa tendre- nent, en leur donnant sa bénédiction. Lannoy dit alors M ie ore dwa dl ee im (1) Sandoval, liy, XIV, $ 12, p. 550. È) Captivité de François Ter, p. 518. Pile le 18, comme le disent Robertson, Gaillard, Rey, etc. La » le a le président de Selve écrivit au parlement de pa Pa AA : manche, 18% jour de mars, » et que M. Champollion a donnée dans la aptivité de François Ier, p. 518, est très-précise quant à cette date. La con- vention du 15 mars portait expressément que la délivrance aurait lieu le 17. i Robertson et Rey ne parlent que de huit gentilshommes de Pun et autre côté; mais la convention du 15 mars en fixe positivement le re à dix. (5) La régente de France et ses ministres, usant de l'alternative que leur it le traité, avaient mieux aimé donner en otage le second fils du 2 E douze seigneurs qu’il remplaçait. Ils ne se séparaient ainsi que d'un “3 €t gardaient les meilleurs capitaines du royaume. (572 ) à Francois I" : « Sire, vous êtes libre maintenant; que » Votre Altesse, comme un bon roi, accomplisse ce qu'elle » a promis. » Francois répondit : « Tout sera accompli » ponctuellement. » Alors il entra dans la barque de Lau- trec, et il mit une telle précipitation à sauter à terre qu'il se mouilla les pieds. Un cheval ture l'attendait près de la rive; il partit au grand galop, en agitant sa main au- dessus de sa tête, et s'écriant avec des transports de joie : Je suis roi encore! sans tenir compte, dit un historien, de l'autorité ni de la gravité royales. TI s'arrêta à Saint-Jean de Luz, pour y passer la nuit. Le lendemain il arriva à Bayonne (1). Charles-Quint avait chargé son ambassadeur en France, le sieur de Praet, de recevoir la ratification que le roi devait donner du traité de Madrid, dès qu'il serait arrivé dans ses États. A Bayonne, Francois 1” prit des prétexles pour la différer. De Praet le suivit à Mont-de-Marsan, 4 Bordeaux, à Cognac, sans pouvoir en obtenir autre chose que des assurances vagues et des raisons spécieuses (2): Alors l’empereur lui envoya Lannoy, comme celui qui, ayant reçu sa foi, était, plus que personne, autorisé à lui rappeler le devoir que lui imposait cet engagement d'hon- neur (3). Lannoy ne réussit pas mieux que de Praet. Une (1) Lettre du président de Selve du 18 mars, déjà citée. — Sandoval, liv. XIV, $$ 12 el 15, pp. 550 et 551. — Rey, Histoire de la captivité dt François Le, p. 173. ; 5 (2) Lettres du sieur de Praet à l’empereur, des 21, 25, 50 me dit 17 avril. (Manuscrits historiques du comte de Wynants.) — Explications la roi données, le 2 avril, à Mont-de-Marsan, dans les Végociations a France et l Autriche, Il, 656. (5) Lettre de Charles-Quint à Lannoy, du 14 avril 1326. ( riques du comte de Wynants.) ré- Lannoy n'accepta cette mission qu'avec regret, ainsi que le prouve $ Manuscrits bisto- (573 ) nouvelle comédie fut jouée à Cognac le 27 et le 28 avril. … Sptou huit députés avaient été appelés du duché de Bour- gogue, Le roi, qui avait fait assurer les villes et les états … Üécelte province que jamais il ne les céderait à lempe- Tear (1), remontra à ces députés l'obligation qu'il avait tntractée, et déclarant qu'il la voulait remplir, les re- … Quitde lui donner conseil et aide pour le faire én la meil- | leure façon’ possible. Hs répondirent naturellement que E le roi, à son avénement à la couronne, avait juré de ne - Jimais rien aliéner de la monarchie, et qu'il devait plutôt doir égard à ce serment qu'à tout autre. L'orateur de la | députation, le docteur Pouillot, qui avait été ambassadeur “Angleterre, appuya cette opinion sur quantité de textes “d'arguments qu'il développa avec prolixité. 11 dit, entre Ares, qu'il en était de tout royaume comme de la robe | Notre Seigneur, laquelle était faite de manière à ne … Müoir être décousue; il compara la prison du roi à Ma- à celle de Daniel dans la fosse aux lions. Le sieur de : i était présent à cette scène, à laquelle assistaient a “I le chancelier du Prat et le duc de Vendôme. Fran- - WSi*eut l'air de recevoir avec déplaisir les remontrances O A T Le 3 avril. Il arriva à Cognac le 8 mai, avec Alarcon. Il suivit la cour : al Angoulême. Sur la fin de juin, il retourna en Espagne. AE A ee Ex, qui lui avait eu tant d'obligations pendant sa captivité, lui De ge présents, Il les refusa. (Zbid.) y y Sieur de Praet écrivait à l'empereur, de Mont-de-Marsan, le 50 bailli ip qu'il avait appris de bon lieu que, seize jours auparavant, le assemble: Jon avait été envoyé en cette ville par la régente; qu'ayant fait Da les membres du conseil municipal, il leur avait déclaré qu il était Lo roi, pour sortir de prison, avait promis de rendre le duché de > Mais que, ce nonobstant, ils ne devaient rien craindre, Car LE. RESOLU DE NE PAS TENIR SA PROMESSE. (514) des députés bourguignons; il les invita à étre sages, à se soumettre à la loi qu'il était forcé de subir lui-même, et à conseiller à leurs compatriotes d'obéir de bonne volonté, car il était décidé à accomplir ce à quoi il était tenu. À l'issue de la séance, il prit à part l'envoyé de l'empereur, pour lui dire que l'opposition de ces députés n'avait rien dont il fallut être surpris, tous étant ses officiers et à ses gages, et pour l’assurer qu'il n'en ferait pas moins Ce qu'il avait à faire (1). Toutes ces feintes, tous Ces subterfuges devaient cependant avoir un terme : le 22 juin, à Angou- léme, le chancelier du Prat, dans une assemblée solen- nelle du conseil, où étaient le duc de Vendôme, Lautrec, les premiers présidents de Paris et de Bordeaux, les grands ofliciers de la couronne et plusieurs autres, déclara nette- ment au vice-roi de Naples et au sieur de Prael que le gouvernement français tenait le traité de Madrid pour nul et non avenu (2). Dès l'instant qu'il sut que le roi était parti de Bayonne sans ratifier le traité, Charles-Quint comprit qu'il avait été joué. Il en ressentit une indignation profonde. La pri- dence ne lui permettait pas cependant de la faire éclater. Les circonstances étaient graves. Il avait sincèrement compté sur la paix; il n’était pas prêt pour la guerre. e ressées par le sieur de ts historiques (1) Nous tirons tous ces détails de deux dépéches ad Praet à l'empereur, en date des 28 et 30 avril 1526. (Manuseri du comte de Wynants. Dans celle du 50 , de Praet dit que le roi, pour donner à » entendait bien la farce », fit semblant, la plupart du temps, écouter la harangue de l'orateur bourguignon. a (2) Lettre de Charles de Lannoy, du sieur de Praet et de Nico” à l'empereur, écrite d'Angoulême le 22 juin 1326. (Manuscrió x du comte de Wynants.) de ne ps ga (319 ) -alliance avec Henri VIH était rompue; il ignorait encore dans quelles dispositions se trouvaient le pape et les Véni- liens; il avait des craintes pour les Pays-Bas et l'Italie (1). - Mais lorsque, au mois de septembre 1526, à Grenade, : lesambassadeurs de Rome, de France et de Venise voulu- _ tt le persuader d'adhérer à la sainte ligue (2), et de tendre les fils du roi, en lui déduisant les raisons qui devaient l'engager à la paix, il donna un libre cours à ses ntiments. Se tournant vers l'ambassadeur de France, il lui dit que, si son maître avait observé ses promesses , la chrétienté serait en paix; qu'il avait usé envers le rol le magnanimité et de libéralité; que le roi, en échange, | aait montré que de la pusillanimité et de la malice; Wil ne s'était conduit ni en chevalier ni en gentilhomme, mais qu'il avait agi láchement et méchamment, et que, Sil y prétendait contredire, il était prêt à le lui prouver par combat de sa personne à la sienne (5). (0 My a une lettre de Charles-Quint au vice-roi de Naples et au sieur de » du 9 juin 1596, où il leur dit « qu'il est résolu de dissimuler pour » . - ` ancun temps, et d'entretenir toujours le roi de bonnes paroles de confi * dence =. s : i et d'amitié, jusqu’à ce qu’il sache ee qu’on pourra conclure avec le : ( Pape, les Vénitiens et les autres princes d'Italie, ainsi qu'avec les Anglais. » y rits historiques du comte de Wynants.) / “€ traité du 22 mai conclu à Cognac entre le pape, le roi de France , “igneurie de Venise, le duc'de Milan et la république de Florence. (Du- 20%, Corps diplomatique , t. IV , 1" partie, p. 451.) + Sandoval , liv. XV, $ 12, p. 570. : ambassadeur vénitien Navagero , qui était présent à cette audience, en He, dans une dépêche du 6 septembre 1526, avec plus de détail ct que Sandoval. qe Voici comment il rapporte les paroles de Charles-Quint : , a oltatosi all ambasciadore francese , disse che, Se il re di en he Osservato quanto aveva promesso , ora la cristianità smeebbe sé th "lr “Sare aveva usato verso il re magnanimità € liberalitá, ue con lui pusillanimita e malizia, e non si era portato Dé da buon gen- (576 ) Cette apostrophe était sévère; mais n'était-elle pas mé- ritée? Francois I" n’avait-il pas abusé Charles-Quint? n'avait-il pas signé et juré un traité dont il était résolu d'enfreindre les conditions? n’avait-il pas violé la foi donnée par lui comme roi et comme chevalier? Ses apo- logistes ont allégué les mauvais traitements qu'il aurait essuyés, la contrainte qu'il aurait subie : le récit que nous venons de faire, et qui s'appuie, dans tous ses détails, sur des témoignages irrécusables, démontre la futilité de cette justification. On a prétendu aussi qu'il ne fut pas le maitre d'exécuter le traité de Madrid; que la France entière se serait opposée à la cession de la Bourgogne. En admettant cela pour vrai, l'exemple d'un de ses prédécesseurs lui tra- çait la conduite qu’il devait tenir. Jean H avait été fait prisonnier comme lui; comme lui il avait signé un traité désastreux pour la monarchie : l'exécution de quelques- uns des articles de ce traité ayant rencontré des obsta- | cles, il alla, sans hésitation , se remettre au pouvoir d'Édouard II. En vain on avait voulu Jui persuader que les engagements contractés en prison n’obligeaient pas; il avait rejeté cette défaite frauduleuse : « Quand la bonne » foi, avait-il dit, et la vérité auraient disparu de la terre, > elles devraient se retrouver dans la bouche et dans le » cœur des rois (1). » | AA és oi de ali shout of. sra 2h AA » tiluomo, nè da buon cavaliere, ma mecantemente (che in lingua rs » à assai peggio che dir vilmente nella nostra); che Dio*volesse che questa » Cosa si avesse à terminare tra loro due, accid che fosse con menor e. » della cristianità, ete. » ( Cicogna, Della vita e della opere di Andrea 0, p. 192. (1) L'Art de vérifier les dates, t. VI, p. 47, édit. in-8°. (577) APPENDICE. - Estraits d'un manuscrit de la Bibliothèque nationale, à Madrid, intitulé: RELACION DE LO SUCEDIDO EN LA PRISION DE Francisco Î, Por el capitan Gonzalo Fernandez de Oviedo y Valdez (1). Fol. 2 y. sw É fué cosa muy notable, é digna de quien el empera- dorés, que ansi como le fué dicho, sin hablar palabra ni mos- trar alteracion , se entró en un oratorio é retraimiento solo á dar gracias à aquel soberano señor y Dios dispensador de todo, por | l victoria avida, y estuvo bien media hora retraido alabando : Dios. En el cual tiempo se hinchió el alcazar de cuantos gran- Y señores y embajadores se hallaron en su corte, que fueron E tarle el parabien de tan próspera nueva é glorioso suceso; é (1) Ce manuserit, coté X 297, est in-4°, en papier; il a 165 feuillets. : té en maroquin rouge, avec filets et vignettes dorés. H est original ni cu même autographe. Re parle en homme bien informé des faits qu'il raconte. IF dit Vo Lv): « Depuis le mois de décembre 1595, que j'arrivai en Espagne, o on w Indes, jusqu'en 1526, que l'empereur, notre seigneur, pat- # aa ile, je résidai en la cour de S. M., et je pus bien voir et con- K quelques-unes des choses qui se passèrent en ces trois années, - Gun que J'apportai grand soin à nen enquérir. » : : SE Fernandez de Oviedo est auteur de plusieurs ouvrages qu "e a in, entre autres d'une Historia general de las Indias, in-fol., Sé- 7 1 ef Salamanque 1547; d'une Historia del estrecho de Maga- Vamos 1559. ; 3 ? vart ¿al > 992, in-fol., etc. II avait laissé aussi, en manuscrit, un Memo? : “Ea acciones del cardenal don Francisco Ximenez de Ci Moy Biy er y Otkeca hispana nova , de Nicolas Antonio, l; 554.) ( 578 ) no se conoció en su persona alteracion ni movimiento, ni sele oyó palabra que sele pudiese notar á imprudencia , sino con la gravedad é semblante comun á su alta magestad, respondia å todos que se diesen muchas gracias á Dios de todo lo que hacia é hiciese, en cuya disposicion está la victoria y el castigo de los mortales. Otro dia por la mañana, sabado, cavalgó é fué á una devota hermita llamada Sancta Maria de Atocha, que es agora casa de frailes domínicos, á oir misa, bien un cuarto de legua fuera de la villa; é predicó fray Juan de Hempudia, fraile de la misma órden, muy altamente al próposito de el Evangelio é de tan encunbrada nueva. E de allí, oida misa, se tornó á Madrid à comer, con tanta humildad é aun con tanta flaqueza que el verdad dió admiracion, y que contemplar à cuantos le vimos aquel dia... Fol. 15 y. as É partió de Buitrago, para se tornar à Toledo, un lunes que se contaron diez y ocho de setiembre, € llegó á dormir temprano á San Agustin, lugar de Juan Arias, primero conde de Puño en Rostro, pensando de parar alli aquella noche, po" que llegó bien hora y media antes que fuese de noche; y lueg’ llegó una posta por la cual le hacian saber los médicos que cur: ban al rey de Francia, que estava enfermo en Madrid, que $t Magestad lo queria ver vivo, que se debia dar prisa à camino porque estaba ya muy al cabo de la vida. É ansí como al emp ; e rador le dieron esta carta, é la leyó en presentia del duque d Calabria, é del duque de Bejar, é del duque de Nájara, é A E duque don Pedro Giron, é de don Beltran de la Comas A2 otros caballeros, dixo : « Yo entiendo hacer todo lo que 4 » fuere posible, é me entiendo ir por la posta ; el qe q » quedar, quédese , é el que quisiere ir comigo, qu» 14 aquel instante cavalgó, é se fué camino de Madrid cási 410% correr del cavallo. É como llegó al lugar que tres leguas de San Agustin é tres de Madrid, llegó allí al encuentro, en que los médicos escrivian que A 0 visiere llamad Alcovendas, tra posta a Magestad ARA E r a, “HE RER PR RE EN D PAPE ae br RAT Ka ss i ( 519 ) aguijase, y que si no se daba prisa, aunque lo hallase vivo, lo lallaria frenético ó sin sentido, porque cada momento empeo- mba. El emperador se dió muy mayor prisa, de manera que llegó à Madrid entre las ocho é las nueve, por manera que, en obra de dos horas é media, corrió aquellas seis leguas que hay del lugar de San Augustin à Madrid. É ansi como iba de camino, Miró en la cámara donde estaba el rey de Francia, solamente - “nel visorey de Nápoles, Mingoval, é delante con un candelero - Monsieur de Memoransí, gran privado del rey de F rancia. A la puerta de la cámara, al tiempo que el emperador quiso entrar en ‘la, bolvió la caveza al duque de Calabria é á los otros duques, édijoles que se sperasen à la puerta, porque no le diesen con- ja al enfermo; que luego se saldria y entrarian, é ansi que- laron aquellos señores à la puerta de la cámara, é el emperador | Mt, Y como entró, quitó su chapeo de la cabeza, quedando "Min bonetico de gualteras de grana, é llegó á lo abrazar; é el 78e sentó en la cama, é se quitó unos paños que en la cabeza tenia con ciertas unciones para su salud, é abiertos los brazos tomó, € estuvieron asi gran espacio sin hablar. É en soltán- , Ambos tuvieron los ojos asaz tiernos, é el rey dixo: «Señor, * Vels aquí vuestro esclavo é prisionero. » El emperador dixo : EN No, sino libre y mi buen hermano é amigo verdadero. » El ES "y replicó : « No, sino vuestro esclavo. » El emperador tornó á e: « No, sino libre y mi buen hermano é amigo; é lo que e “vi deseo es vuestra salud, é á esta se atienda, que en 77 mas todo se ha de hacer como vos, señor, lo quisiéredes. ; E A que no, sino como él lo mandase. E dixo mas : i » 10 Que yo os ruego é suplico es que entre vos y mí no à otros terceros, » É estas palabras dijo el rey no entera- E a en su sentido. Estuvo el emperador allí algun espacio, >, Me se pasó al cuarto donde durmió esa noche. É entraron el °° Señores que à la puerta habian quedado, 4 lo ron i en tron la mano, é no sela quiso dar, é los saludó á ellos; "eves palabras lo consolaron é animaron, é se salieron de 2m SÉRIE, TOME 1x. 40 (580 ) la camara. El emperador durmió esa noche en el cuarto à que se havia pasado. E el dia siguiente, en la tarde, tornó à visitar al rey; y estando con él, supo como llegava de camino madama de Alanzon, hermana del dicho rey. El emperador la salió à reci- vir hasta el patio é escalon mas bajo de la escalera principal del dicho aleazar ; la cual venia vestida de blanco, que es el luto que las señoras traen en Francia, el cual traia por su marido el duque de Alanzon, que escapó herido de la batalla de Pavía, € desde à pocos dias que llegó en Francia, era muerto. El empe- rador la abrazó é besó en el carrillo, é Ja llevó de la mano hasta la cámara donde estava el rey, consolándola con muy dulces palabras, é diciéndole que con su venida luego el rey estaria bueno; que todo lo demás en las otras cosas se haria muy bien é como Dios se sirviese, é mediante ella havrian buen fin los negocios; é la madama respondió que ansi lo esperava ella en Dios y en la clemencia de Su Magestad que ello seria, Después que la madama llego al rey é él Ja vidó, se consoló mucho con ella. Desde á poco espacio que el emperador estuvo alli, é les dijo otras muchas palabras dulces de buena esperanza, equivo- cas, aunque tiravan á consuelo para entrambos, cabalgó é fué ; dormir à Xetafe, dos leguas de Madrid; é otro dia siguiente, miércoles, que se contaron veinte del dicho mes, entró en To- ledo hora y media ó mas antes que fuese de noche : ansi que anduvo diez leguas este dia. Y esa mesma noche, oi contar todo - lo que dicho es al serenísimo señor duque de Calabria á los e bajadores del duque de Ferrara y al marqués de Mantua é a obispo de Niza, é á otros caballeros que le suplicaron les digest como se havia avido el emperador en la visita Con el dicho j de Francia; y como yo fuí criado un tiempo del rey Federico” : Nápoles, padre del dicho duque, é le servi en la caman pis que salió de Nápoles, y ansí mesmo fui después en Castilla > de los criados que, por mandado del rey católico, sirvieron $ mesmo señor duque, y doméstico de Su Excelencia, halléme la plática cuando el duque dixo todo lo que dicho es .-- Ne N AARE NEE |: M Madama ( 5814 ) Fol. 25 vw. Martes, tres dias de octubre, entró en Toledo madama de Alanzon, hermana del rey de Francia; é el emperador la salió á tecivir; é ella sospechando esto se dió tanta prisa à caminar, que cuando el emperador salió de palacio, ya ella estava en la ciudad, é se toparon al tiempo que ella entrava en la plaza de Zocodover, donde poco antes ella havia parado é salido de una litera, é aca- baba de cabalgar en una hacanea , é venian con ella el arzobispo de Ambran é otros cavalleros franceses ancianos, é hasta veinte mugeres en sus hacaneas. É como el emperador la vidé, se quitó la gorra é se llegó par della, é le hizo gran mesura; é ella le hizo grande acatamiento é reverencia; é Su Magestad la tomó á su mano derecha, Iban con el emperador el duque de Calabria, el obispo de Toledo, el duque de Bejar, el duque de Nájara, el Condestable de Navarra, el almirante de las Indias, el marqués de Villafranca é otros muchos señores de título é eaballeros; é on así hasta las casas de don Diego de Mendoza, conde de Welt, donde la dicha dama posé. A la puerta de la dicha casa % despidió el emperador de ella con la gorra en la mano, é no “apeó; éla dicha madama, fecha una gran reverencia al César, "e quedó en su posada. El emperador se fué á su palacio. Antes Me la dicha madama entrase en la ciudad, havia enviado S. M. “que de Medinaceli al camino à recivirla; é fué muy acom- ha ado de cavalleros sus parientes, é de los de su casa, é la halló "Wa legua antes que llegase à Toledo. É otro dia siguiente, ; de Alanzon fué à palacio, y estuvo con Su Magestad a ode dos horas, hablando en la deliveracion de su hermano o he Francia; é desde allí pasó al aposento de la viuda reyna - tual rtugal madama Leonor, hermana del emperador, con la “ele hasta que fué bien tarde; é de allí se tornó à su po- ; otro dia siguiente, el emperador fué á la posada de de Alanzon, é estuvo con ella mas de una hora. É ansí de 4 sta manera se Visitaron tres 6 cuatro Veces... ( 582 ) Fol. 32. .. Las primeras palabras que Borbon dixo à César, después que tornó á cabalgar, é continuando el camino para la ciudad, fueron estas : « Señor, yo he perdido mi Estado en vuestro servi- » cio, y en lo demás mi persona ha hecho lo que os ofrecí como » caballero é buen servidor é vasallo, é ya doy gracias à Dios » porque las cosas están en tal estado é con tanta gloria é vie- » toria de V. M. Lo que yo he aventurado en esto es poco, segun » lo que deseo la prosperidad de Vuestra Magestad; é si, como » perdí mi Estado, perdiera un gran reyno, tambien lo tuviera » por bueno é por muy bien empleado. » El emperador le res- pondió así : « Duque, vuestro Estado no es perdido, ni se per- » derá; vos habreis vuestro Estado, é yo os lo daré, é otro muy » mayor; é yo conozco que es verdad todo lo que decís, ¿el » tiempo é la obra dirán la voluntad que tengo para vuestro » acrecentamiento. Yo he visto en véros el hombre del mundo » que mas deseaba ver é conocer de vista, pues de obra os teng? » muy bien conocido. » É ansí procediendo en su razonamiento, replicó el duque : « Yo quisiera, señor, el dia de la batalla de Pavía, seguir el alcance; é si lo dexé de hacer, fué porque conocí que no havia tal voluntad en algunos cavalleros de los del egército de Vuestra Magestad, porque me pareció que conociendo yo esto, convenia mas al servicio de Vuestra Ma- gestad atender al recaudo de la persona del rey de Francia é de los otros eavalleros principales que se prendieron Con él, é á reintegrarnos de la victoria. Por esto cesé en el alcance, é atendi juntamente con la victoria à poner en ello el recaudo que me pareció que en esto debia haver. » El emperador e Muy mejor hecho fué lo que hicistes, é muy bien pan acertado; é yo estoy muy certificado é informado de todo, ° conozco que vuestra persona fué, mediante Dios, Una de las mayores causas de esta victoria, é yo lo pagaré todo eso cOmO es razon. » De estas palabras saltaron á pre xXx AY YO y uyy yyy guntarle el empe- RS PS MINES E N SIN SRRE + (083 ) … tadorcomo le havia ido en la mar en su pasage, é después en su camino. El duque de Borbon le dió la cuenta de su navegacion | Helo demás. É ansi fueron hasta palacio, donde cenó con el conde de Nasao; é después se fué á su posada, que fué la casa del conde de Cifuentes. Fol. 40 yo, = "m Viernes, 16 del dicho mes de febrero, partió de Toledo a madama Leonor, hermana del emperador, á la cual ya todos a llamaban reyna de Francia, é fué à Illescas, é con ella la reyna na, para se ver con el rey de Francia. É antes desto, el Marles trece del dicho mes, dia de Carnestolendas , havia llegado | Madrid el emperador, é salió el rey de Francia á lo recivir, E é fué desta manera : iba el rey, con una capa de paño frisado é - "espada á la española, en una mula bien guarnecida, é á | “mano derecha el gran maestre de Rodas, é á la siniestra el a wor Alarcon, que tenia en guarda al dicho rey, é muchos caba- = “con ellos. É hacia áspero dia de aire; é como el rey estava A flaco de la enfermedad que havia tenido, entróse en el hos- E E de la Concepcion , que está á la salida del arrabal de la villa E à Toledo, Estuvo allí un poco, é salió de allí, é fué poco mas : “lente, 6 entróse en un meson que está par del camino. É Supo que el emperador pasava ya la puente que llaman A ¿cami “pis está sobre el rio, salió del meson é procedió por RN é ivan entorno todos los campos llenos de gente, Mi por ser la paz deseada , como por ver é notar como se ha- à ki rm en sus cortesías é cuando juntos fuesen. A Alaro de 1 Continuos del emperador, de la capitanía de don | Una é de otros hombres d'armas, hasta docientos é 0 a muy bien aderezados é armados, sin armaduras de n, las cuales llevaban detrás de ellos sus pages de la-lanza Geo ÿ ps an, por los costados de fuera del camino, tre- antes de la guarda que el dicho señor Alarcon tenia 2 ( 584 ) ordinaria con el rey de Francia; é poco adelante de una cruz estañada, que está en aquel camino, se encontraron el empera- dor é el rey. El emperador venia en cuerpo en una hacanea, con un sayo de terciopelo negro é una espada en la cinta; é en vién- dose, se quitaron á la par el rey el bonete, é el emperador un chapeo, é se abrazaron muy estrechamente é gran rato é con mucho placer, é luego comenzaron á porfiar sobre cual iria á la mano derecha : en fin'el emperador, vencido de cortesía, tomó al rey à su mano siniestra; é ansí fueron hasta el aleazar, donde se apearon, é comieron é cenaron juntos en un banquete sufi- ciente al dia que era é 4 tan grandes príncipes. Al tiempo que se vieron en el campo, aquellos gentiles hombres de armas hicie- ron unas gentilezas en sus cavallos. Ya el casamiento del rey de Francia é de la reyna madama Leonor estaba asentado, porque un sábado en la noche, veinte dias del mes de enero, el visorey de Nápoles, cavallerizo mayor del emperador, por su mandado é con poder de la reyna, se desposó en nombre de ella con el rey de Francia, en el alcazar de Madrid, secretamente, hasta tanto que el desposorio fuese manifiesto é personalmente se celebrase... Fol. 49. Viernes, diez y seis de febrero, partieron de Madrid el emperi- dor y el rey de Francia, é fueron cuatro leguas à dormir á Tor- rejon de Velasco, lugar del conde de Puño en Rostro, á una te taleza muy buena que en aquella villa ay. Y este mesmo dia, la reyna de Francia y la reyna Germana partieron de Toledo, é fueron seis leguas à dormir á Illescas, villa del arzobispo de To- ledo, que está á dos leguas de la dicha Torrejon de n É otro dia, sábado siguiente, partieron el emperador y el rey Francia de Torrejon después que oyeron misa, é fueron á Illes- cas, donde las reynas estavan , é llevaba el emperador á su mano derecha al rey de Francia; é fuéronse á apear à una casa muy cerca de aquella donde las reynas estavan, en las casas de Luis ES MU A ee M dE Ne Re En A AT ESS EM re FF TNC n Da £ (585 ) de Herrera. É al tiempo que entraron en la posada el emperador ¿el rey con los chapeos en las manos, el uno al otro se requi- Heron de cortesía sobre cual entraria primero : en fin el empe- tidor entró delante, é comieron cada uno en su aposento. É después que ovieron comido, salieron de la posada, é fuéronse … Apiéä la de las reynas; é en saliendo de la puerta con los cha- peos en las manos, porfiaron un poco por cual iria à la mano derecha : en fin el emperador fué à la mano derecha, y ansí entraron en la casa donde las reynas los atendian, é subieron lvescalera; é las reynas estavan en pié en un corredor, esperán- … (ol á la puerta de la escalera. É como el emperador llegó delante, quitó su chapeo, é hizo una gran reverencia de pié á su hermana; ella le hizo otra muy baja. En continente el empe- tidor hizo otra à la reyna Germana ; ella hizo otra à Su Magestad. À todo esto el rey de Francia estava quedo, é su chapeo en la tabeza, dos 6 tres pasos desviado. É luego que se hizo lo que es dicho, el emperador é las reynas volvieron los rostros hácia : el rey, el cual se quitó el chapeo, é hizo à su esposa una gran - Mverencia de pié, é ella otra à él muy vaxa. Estando à dos pasos el uno del otro, la reyna se hincó de rodillas, é le pidió la "ano; el rey le dixo : « No os he de dar sino la boca, » é la abrazó é besó, é se dió por todos los cavalleros una grita mostrando Mucho regocijo. É hechoesto, el rey hizo otra gran reverencia à la reyna Germana; ella le hizo otra muy baxa; é luego todas … Muellas señoras é damas de entrambas reynás llegaron á besar ho manos al rey, é algunas selas besavan, é él las abrazava, é Muchas no las dava. Después tomó de la mano á la reyna su Sposa, é el emperador á la reyna Germana, é á la par todos A "Abe, con mucho placer, se entraron de los corredores à una a sa, é de alli en una cuadra donde estuvieron hasta dos horas DO mas G menos tiempo; é danzaron algunos cavalleros é E = Hecho esto, salieron el emperador é el rey, é las ir z ellos hasta la puerta del corredor, é con sendas reverencias —“Spidieron; é el emperador é el rey cavalgaron é se fueron à (586 ) dormir á la dicha fortaleza de Torrejon de Velasco. El empe- rador llevó à su mano derecha al rey. É otro dia siguiente, domingo, tornaron el emperador y el rey de Francia à Illescas, é vinieron ambos dentro en una litera; é fueron al palacio donde las reynas estavan; é ovo fiesta de danzas, é danzó la reyna de Francia con la marquesa del Cenete, é luego danzaron otros cavalleros é damas; é duró la fiesta mas de cuatro horas. El rey de Francia se despidió de la reyna su esposa é de la reyna Ger- mana, é se fué con el emperador, en la dicha litera en que vinie- ron ambos juntos, á dormir á Torrejon de Velasco; é las reynas se quedaron en Illescas. Lunes siguiente, veinte de febrero(1), $e despidieron el emperador é el rey de Francia el uno del otro; é el rey se fué á Madrid, é el emperador se fué á Illescas á se des- pedir de las reynas, y estuvo allí aquel dia é el siguiente. PA Après la lecture de cette étude historique, M. Ducpe- tiaux entretient l'assemblée du principe de l'association dans ses rapports avec l'amélioration du sort des classes ouvrières et indigentes. Les considérations étendues dans lesquelles l'auteur est entré, et que l'importance de là question motivait d’ailleurs pleinement, Pont détermine, d'accord avec la classe, à faire insérer son travail dans la collection des Mémoires in-octavo; il paraîtra dans tome X. — M. le secrétaire perpétuel a ensuite donné con- naissance des élections faites dans la séance précédente, ainsi que des résultats du concours académique (Voyez pages 466, 469, 476, 482 el 495). Li a (1) L'auteur s’est ici trompé de date, Le lundi était le 19 février. Fe ( 587 ) ll a donné également lecture de l'arrêté royal qui ac- corde le prix quinquennal de littérature flamande, pour les années 1855-1859, à feu Prudens Van Duyse, confor- mément aux propositions faites par le jury el consignées dans le rapport de M. Snellaert. A la suite de cette proclamation, M. le président de l'Académie s’est rendu l'interprète des sentiments de la compagnie el s’est, aux applaudissements unanimes de l'assemblée, exprimé dans les termes suivants : Messieurs, Vous assistez, en ce moment, à un fait extraordinaire, unique dans les annales de notre Académie, et qui peut- êlre ne se produira plus jamais. Al suite de son concours annuel, la classe des lettres - décerne deux médailles d'or. Ces médailles sont attribuées à deux questions essen- -tellement distinctes. L'une exige de l'éloquence, la connaissance des origines de notre vieille poésie flamande, une étude approfondie écrivains qui l'ont illustrée. L'autre veut de longues et patientes recherches; elle ne - Milëtre traitée avec succès que par quelqu'un qui pos- | “ele parfaitement l'histoire politique et littéraire de nos Provinces Malgré ces différences essentielles, c’est le même con- “rent qui remporte les deux prix. Avec le concours annuel de la classe coïncide le con- | tns, inquennal que le Gouvernement a institué en | de la littérature flamande. ( 588 ) Et c'est encore à ce même concurrent que la palme est décernée par le jury. N'ai-je pas raison de dire qu’un pareil fait est extraor- dinaire? L'Académie, messieurs, aurait été heureuse de pouvoir placer cette triple couronne sur le front de celui qui l'a- vait si justement méritée : c'est avec une vive douleur qu’elle se voit réduite à la déposer sur un tombeau. . Elle veut du moins saisir cette occasion, la première qui se soit offerte à elle, pour payer publiquement un tribut de regrets à Prudens Van Duyse, au confrère qui, entré l’un des derniers dans la famille académique, était destiné à y occuper une place brillante, si la mort ne l'eüt prématurément enlevé; au poéte qui a chanté en si beaux vers nos gloires nationales; à l'écrivain varié et fécond qui, toujours inspiré par les élans du plus ardent patrio- tisme et par les principes de la plus saine morale, a Té: pandu tant d'éclat sur cette littérature flamande dont on aurait grand tort de méconnaitre l'importance : car il lui revient une part considérable dans l'illustration de la Bel- gique, et elle constitue l’un des plus solides fondements de notre nationalité. iia ( 589 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 10 mai 1860. M. Baron, directeur. M, Ap, Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, Fr. Fétis, Leys, Ne, Van Hasselt, Snel, Fraikin, Ed. Fétis, De Bus- Sher, Portaels, membres; Daussoigne- Mehul, associé ; - Balat, Demanet , correspondants. M. le baron de Witte, membre de la classe des lettres , asiste à la séance. CORRESPONDANCE. prun M. le Ministre de l'intérieur transmet une expédition de l'arrêté qui confie au sieur Fabri, d'Anvers, lauréat osrand concours de sculpture en 1859, la pension de “500 francs instituée par arrêté royal du 47 avril 1817. A ~ La Société royale pour Pencouragement des arts, à “a fait parvenir le programme de son concours pour année 1861. =M. Delbarre fait hommage d'un exemplaire de la (590 ) médaille frappée en 'honneur de M. Pierre Simons, avec une inscription rappelant l'inauguration du buste de cet ingénieur distingué qui faisait partie de l'Académie, en qualité de membre correspondant. Ce buste a été placé dans une des salles de la station du chemin de fer à Bruxelles. RAPPORTS. M. Edmond De Busscher, rapporteur de la commission chargée de répondre à M. le Ministre de l'intérieur pour les questions relatives à la restauration des anciens tableaux, donne lecture du rapport suivant : « Une commission a été nommée, dans la séance du mois de mars dernier, pour délibérer el aviser sur la mis- sive qui vous a été adressée par M. le Ministre de Pinté- rieur, au sujet de la restauration des anciennes peintures. Elle s'est réunie à deux reprises, et il a été décidé de vous présenter le rapport dont je vais avoir l'honneur de vous donner lecture. » Le département de l’intérieur est sollicité fréquem ment d'allouer des subsides pour la restauration d'an- ciennes peintures qui ont subi des dégradations. L'admi- nistration n'autorise, par son concours, ce genre de travaux, que lorsque l'avis motivé d'hommes compétents lui en a démontré la complète opportunité. » Cette manière de procéder est à la fois sage A Lu _ tionnelle; vos commissaires y applaudissent sans réserve. » Toutefois, dit M. le Ministre, même avec cel usag? (391 >) prudent du moyen, la restauration des tableaux, quand il sagit d'ouvrages de valeur, constitue une mesure si grave, que l'application ne saurait en être entourée de trop de précaution, dans l'intérêt de l’art, et pour la res- _ ponsabilité du Gouvernement et des administrations pu- bliques qui possèdent des collections d'œuvres anciennes. = > Vos commissaires partagent ce sentiment, et ils pensent que si la commission royale, instituée pour la Conservation des monuments et des œuvres d'art, était forcée de deux ou trois membres peintres, elle serait plus à même de remplir son important mandat, au point le vue surtout de la conservation et dela restauration des inciennes productions plastiques. L'avis officiel de ces hommes Spéciaux sauvegarderait pleinement la responsa- bilité du Gouvernement et des administrations qui s'adres- raent à leurs lumières et à leurs connaissances pra- liques, ) ; Le Gouvernement vous demande ensuite si la restau- Mton des anciens tableaux doit être recommandée ou - Wulement autorisée; —á quels caractères on reconnaît que a h "stauration d'un tableau est devenue indispensable; a ~ dans quelles limites il faut la circonscrire; — à quels mes il convient de donner la préférence? > Ce sont autant de problèmes qui ne peuvent être "solos que dans des cas déterminés, et aprés examen des - Wintures détériorées. : : o qe si, en principe, la conservation et la res- . e la plupart des tableaux anciens sont recom- E De Ces tableaux peuvent le mériter à des titres qa Mia i sera pour sa valeur artistique, tel autre pour E neté, Su sas ou local; celui-ci pour son ancien- | E “u-la pour sa rareté. Mais, dans chacune de ces ( 592 ) circonstances, la restauration n'en doit être autorisée, encouragée et parfois subsidiée par le Gouvernement, qu'après examen et appréciation par les membres compé- tents de la commission des monuments. » Sil est difficile d'énumérer et de constater ici les cas où la restauration des anciennes productions est à recom- mander, il ne l’est pas moins de spécifier les différents, les multiples caractères auxquels on reconnait que la res- taurätion d'un tableau est devenue nécessaire, indispen- sable, et, tout autant, de fixer ainsi dans le vague les limites où il faut la circonscrire, le mode, le procédé auquel il convient d'accorder la préférence. » Sans doute, la missive de M. le Ministre de l'intérieur soulève une question artistique bien digne de fixer l : tention de notre classe, qui s'intéresse avec une extréme sollicitude à la bonne conservation des anciennes pell- tures; mais ce serait manquer complétement le but, que de généraliser la solution de cette question. Les spéeifica- tions qui nous sont demandées sont du domaine des hommes d'expérience que le Gouvernement honorera de sa confiance, et elles dépendent de considérations parti- culières et de Pexamen des œuvres sur lesquelles ils auront à se prononcer. » Ces conclusions ont été adoptées, à l'unanimité, paf MM. Navez, De Keyser, Leys, Portaels et De i membres de la commission. i Ce rapport est également adopté par la classe, et il y sera donné communication à M. le Ministre de l'intérieur: e ( 593 ) E Séance génerale des trois classes (10 mai 1860, à 1 heure). e a t M. GACHARD, président de l’Académie. M. Ab. QuereLer, secrétaire perpétuel. Sont présents : Classe des sciences : MM. Van Beneden , directeur; Liagre , vice-directeur ; d'Omalius d'Halloy , Sau- weur, Wesmael, Martens, Cantraine, Stas, De Koninck , Ad. De Vaux, de Selys-Longchamps, le vicomte B, du Pus, Nyst, Gluge, Nerenburger, Melsens, Schaar, Du- prez, Brasseur, Poelman, d'Udekem, Dewalque, membres ; wann, Lacordaire, associés; Donny, Gloesener, cor- e ants. Classe des lettres : MM. de Ram, vice-directeur; Bor- giet, le baron de Saint-Genois, Paul Devaux, De Decker, a Hans, Bormans, Léclereq, Polain, le baron de Witte, : Fader, Arendt, Duepetiaux, Kervyn de Letienhove, Cha- E: : Classe des beaux-arts : MM. Baron, directeur ; Alvin, » membres; Nolet de Brauwere van Steeland, associé; «Juste, correspondant. . Les questions suivantes sont inscrites à l’ordre du jour: p e : . - TP opositions de la Commission des trois classes char | ( 594 ) gee de présenter un plan pour la rédaction d'une Biographie nationale (M. le baron J. de Saint-Genois, rapporteur) ; 2° Rapport et propositions de la Commission des trois classes chargée d'examiner les questions relatives à la pro- priélé des mémoires académiques. La première de ces deux questions ayant donné lieu à une discussion prolongée, l'examen de la seconde a du être renvoyé à la séance générale de l’année 1861. Il a été dé- cidé, en même temps, que la note publiée par M. Alvin en qualité de membre de la commission spéciale, note qui m'est cependant que l'expression de son sentiment personnel, sera insérée au Bulletin de la séance. Rapport présenté par M. le baron J. de Saint-Genois, se les moyens de mettre à exécution l’arrété royal du r dé- cembre 1845, en ce qui concerne la publication d'une Biographie nationale (4). -Nous n'insisterons pas, au début de ce rapport, sur l'oppor- tunité qu'il y a de publier enfin une Biographie nationale, ” sur les nombreux titres de gloire que nous avons à faire valoir pour que cette biographie soit à la hauteur des monuments littéraires du même genre, entrepris par d'autres nations. Nous aborderons de prime abord le côté pratique de la ques- tion, afin de mieux aboutir à une prompte solution. | En réorganisant, en 1845, l'Académie royale, un ministre ami des lettres, M. Sylvain Van de Weyer, membre de notre SL A (1) Les membres de la commission étaient, outre le président el ptes crétaire perpétuel de l’Académie, MM. Kickx et Wesmael > pour la c ; des sciences ; MM. le baron de Gerlache et le baron J. de Saint-Gen0l5, dl la classe des lettres; MM. F. Fétis et Van Hasselt, pour la per beaux-arts. r E iS i | E A ( 595 ) Compagnie, proposa à S. M. le Roi un arrêté qui avait entre titres pour but la publication d'une biographie générale de ous les hommes remarquables du pays. Dans le rapport qui précède cet arrêté, le Ministre déclare (ue cette entreprise sera confiée à l'Académie, et que celle-ci _ ra autorisée à Sadjoindre des savants et des littérateurs pris - dehors de son sein, pour la mener à bonne fin. Dès le 6 avril 1846, M. le Secrétaire perpétuel fut chargé de hire, aux trois classes réunies, un rapport sommaire sur les moyens de satisfaire aux dispositions de l'arrêté royal de 1845, M dans la séance générale du 12 mai suivant, il proposa de Tommer une commission composée d'académiciens des trois E » à qui serait confiée la tâche de présenter un plan et dindiquer les voies pour répondre d'une manière pratique aux Vues de l'arrêté susmentionné (1). Celte commission fut constituée au mois de juin suivant (2) tl composée, indépendamment du président et du secrétaire perpétuel de l'Académie, de MM. Morren et Kickx pour la classe “sciences, de MM. le baron de Gerlache et le baron de Reiffen- : berg pour la classe des lettres, et de MM. Fr. Fétis et A. Van Has- slt pour la classe des beaux-arts. | À peine était-elle nommée que M. le baron de Reiïffenberg, le zèle pour l’Académie ne se refroidissait jamais, sem- Pa, dans la séance du 3 août 1846, de communiquer à la E {lasse des lettres quelques-unes de ses vues sur la manière de Mettre l'arrêté de 1845 à exécution (3). Cette première tentative arriver à un résultat immédiat, resta sans suite. | Toutefois , — et nous saisissons cette occasion pour rendre Mage à la sollicitude de M. Quetelet pour tout ce qui touche intérêts de l’Académie, — M. le secrétaire perpétuel dans la D o xi A a ae {) Dre t. XII, F° part., pp. 389 et we- 5 bid . ad , He part., pp. 685, 754 et 795. + y [le part., p. 203, Ome .- “SERIE, TOME IX. 41 ( 596 ) séance du 10 janvier 1848, rappela de nouveau à la classe des lettres la nécessité de commencer enfin la Biographie natio- nale (4). Depuis cette époque, diverses circonstances mirent obstacle à la réalisation de ce projet, et la question était de nouveau per- due de vue, lorsque M. le Ministre de l'intérieur crut devoir rappeler à l'Académie l'accomplissement de la mission dont il lavait chargée (2). A la suite de cette communication, la classe des lettres dé- cida, dans sa séance du 4% décembre 1851, que la commis- sion serait assemblée dans un bref délai pour satisfaire au veu exprimé par M. le Ministre de l'intérieur. Quoique ces divers faits attestassent la volonté de l'Académie de ne point perdre de vue les prescriptions de l'arrêté royal du 1* décembre 1845, les choses en restèrent à ce point pendant quelques années encore. : ó Dans l'intervalle, MM. de Reiffenberg et Morren vinrent à décéder me Dans la séance de la classe des lettres du 4 avril 1859, J'ai ps pouvoir appeler Pattention de la Compagnie sur l'inexécution cette partie de l'arrêté royal en question, et Pai priée de pi mettre, à sa séance générale des trois classes, les ess que j'avais émises à ce sujet. Cette note, accueillie favorable- ment par l'Académie, fut insérée dans nos Bulletins (5)- ió Peu de temps après, M. le Ministre de l'intérieur, par $ wi d du 28 mai 4889, insista de nouveau auprès de l'Académie por que l'arrêté du 4% décembre 1845 reçût son exécution. Voici contenu de cette missive : De E E E (1) Bulletins, t. XV, I part., p. 35. (2) Ibid., t. XVIII, Ie part., p. 510. (5) Ibid., 2™° série, t, VI, p. 484. EE EE r a « MONSIEUR LE SECRÉTAIRE PERPÉTUEL, * L'arrêté royal du Ae décembre 1845 porte que l'Académie - Soecupera de la publication d'une Biographie nationale. Mon dépar- lement a rappelé plusieurs fois cet objet à Pattention de l’Académie. Je vous prie, Monsieur le Secrétaire perpétuel, de vouloir bien lui Signaler de nouveau l'intérêt que le Gouvernement attache à lac- . Hmplissement de cette partie de sa mission, » Dès que l'Académie, en conformité de l’article 2 de l'arrêté Myaldu 4e décembre 1845, m'aura soumis les mesures d'exécution de ce travail, j'examinerai le concours que le Gouvernement pourra préter pour le faciliter. A Un point sur lequel je crois devoir attirer l'attention de l'Aca- démie, cest celui de savoir si tout en lui laissant la direction et la piri principale de la rédaction de la Biographie nationale, il n'est pas * e enable d'admettre également la collaboration d'écrivains belges "appartenant pas à la Compagnie, qui auraient fait preuve, dans des travaux antérieurs, d’un mérite distingué. > Agréez, Monsieur le Secrétaire perpétuel, l'assurance de ma ,usidération très-distinguée. » Le Ministre de l’intérieur, » Cm. ROGIER. » < Cette nouvelle communication, qui nous assure d'une manière “positive le Concours du Gouvernement, vous engagea à com- Sans délai la commission de la Biographie nationale par _ “action de MM. Wesmael et le baron de Saint-Genois, en "placement de MM. Morren et de Reiffenberg. llest important de se bien convaincre que la commission spé- - ont nous faisons partie n’est pas chargée de rédiger et de e j'éeation et d'indiquer les meilleurs moyens pour y arri- | Da cela se borne son rôle. L'Académie aura à diseuter ce plan “y Prononcer sur Jes différents points qu'il contient. pe "olre commission s'est réunie la première fois d'une manière ( 298 ) régulière le 3 juillet 1859. Dans cette séance, elle a décidé qu'avant d'arrêter un plan pour la publication d'une Biographie nationale, il faut entreprendre un travail préalable, à savoir l'examen des éléments qui, dans l'état de la question, existent - déjà pour faciliter l'exécution de cette vaste entreprise litté- raire, hérissée de tant de difficultés de tous genres. A raison des occupations bibliographiques dont je suis chargé, comme bibliothécaire de l’université de Gand, votre commission a bien voulu me confier le soin de vous faire, en son nom, à ce sujet, un rapport circonstancié, suivi d'un avant-projet de rè- glement. Je m'acquitte aujourd'hui de cette mission, avec l'espoir que de la lecture de ce rapport résultera pour vous à l'évidence la conviction qu'on peut atteindre plus promptement qu'on ne le pense le but indiqué par l'arrêté royal. Les matériaux d'une Biographie nationale existent, pour la plus grande partie, mais épars, disséminés dans des ouvrages sans nombre qu'on ne lit plus , perdus dans des recueils périodiques , dans des brochures, où il s'agit de les rechercher patiemment. Depuis une trentaine d'années surtout, il a été énormémel! biographié en Belgique, si nous pouvons nous exprimer cios et employer un néologisme qui traduit exactement notre pensée. Il n'y a pas d'hommes de quelque mérite que ce soit, déc chez nous pendant le dernier quart de siècle dont on n'ait publié une notice nécrologique; les vivants mêmes n'ont pas échappé à cette manie d'accorder une certaine notoriété à tout le monde. Il est essentiel de bien se fixer de prime abord sur la signifi- cation des mots : biographie nationale, expression très-élas- tique, lorsqu'il s'agit d'y comprendre des morts de toute espèce. À la première vue, il semblerait qu'on n'ait à s'occuper bale e hommes les plus marquants et qu'il ne s'agisse que de inis leur éloge dans un style plus ou moins pompeux. Ce serait là tout simplement reprendre en sous-œuvre la publication des Belges illustres, faite il y a quelques années, avee un certain luse pú" mément (399 >) un intelligent éditenr de Bruxelles, et refondue plus tard dans une seconde édition. Mais en y regardant de plus près, on s'aper- (oit bien vite qu'une pareille entreprise s'éloignerait complé- lement du but de l'arrêté royal de 1845, qui a réellement de- mandé un ouvrage où tous les Belges remarquables, n'importe à quel titre, reçussent l'hospitalité; un ouvrage qui présentât l'en- semble biographique de tous les noms du pays dont la mention ` et digne d'être conservée, c'est-à-dire un dictionnaire bio- pos dans toute l'acception du mot, consacré à la nation 3 : : D << II AA E E AAN | CNE de. Dans la note qu'il communiqua à la classe des lettres, le 4 août 1846, M. de Reiffenberg envisageait la question d'une autre - manière, Le travail confié à l'Académie devait être, d'après lui, un perçu historique, un résumé dans l'ordre chronologique des hits et gestes de tous les hommes qui ont contribué à rehausser la gloire de la Belgique, tant sous le rapport artistique, scienti- Íque etlitiéraire que sous d'autres également dignes d'être signa- l ll proposait done de charger chaque classe de la rédaction los la publication d'aperçus généraux de cette espèce dans les conditions suivantes : la classe des lettres aurait rédigé : 4° la biographie littéraire, 2° la biographie politique et militaire; la a des sciences, la biographie scientifique; la classe des beaux-arts, la biographie artistique. i On Voit que l'honorable et savant académicien confondait la biographie proprement dite avec un travail du genre de ceux dont, Pn autres, la classe des beaux-arts a chargé une commission Peciale, prise dans son sein, en ce qui concerne la rédaction de toire de l'art en Belgique. ; Selon M. de Reiffenberg le meilleur plan à suivre était celui na pa les rédacteurs de l'Histoire littéraire de France. ‘reconnaissant sa parfaite compétence en cette matière, pensons que le savant académicien, ne Sattachant qu'à un dela question, a considéré trop exclusivement l'œuvre dont ( 600 ) l'Académie est chargée, au point de vue de l'histoire de la litté- rature seule. Revenant done à notre point de départ, à savoir que la Biogra- phie nationale doit être purement et simplement uti dictionnaire biographique, nous abordons l'indication des sources qu'il con- vient de consulter, avant tout, pour rédiger les notices. Dans les vastes compilations qu'on nomme dictivnnairés bio- graphiques et encyclopédies, compilations qu'on rencontré par- tout, tels que Bayle, Moréri, Michaud, Courtih, Ersch el Grüber, les Belges sont en général fort oubliés, et quand nos illustrations nätionales y obtiennent droit de bourgeoisie, elles y apparaissent si défigurées , si inexactement traitées, qu'on ne peut sé fier aux assertions qui les concernent. Nous en exceptons le dictionnaire de l'abbé de Feller où, à raison de la nationalité dé l'autéur, qui était Luxembourgeois, nos célébrités militaires, aftistiques, littéraires, occupent une plus large place et y sont mieux appréciées; nous éii exceptons encore l'excellent Dictionnaire universel d'histoire et de géographie (1), où les noms belges sont traités avec un soif tout particulier; si nous sommes bién informé, nous ajouterons que c'est rt regretté confrère M. Séhaÿes qui s'y était chargé de cette partie. - La Belgique possède déjà quélques dictionnaires biographiques nationaux et provinciaux; tout le monde connaît les trois YO” lumes des Belges illustres, dont nous avons parlé tantôt. Nous citerons encore: Ader, le Plutarque des Pays-Bas; — Delvenne, la Biographié du royaume des Pays- Bàs; — Pauwels-Devis » Dictionnaire biographique des Belges morts et vivants; — Nu. dermaélen, Dictionnaire des hommes de lettres, elC., de la Belgi- que; — Piron, Algemeene beschryving der mannen en vrouwen van Belgie. e g o Nous nous abstenons de mentionner les grands ouvrages histo- dl ui, E (8) Quátre volumes in-8°, publié à Bruxelles par F. Parent en 1883011864 A tiques anciens et modernes qui existent sur nos différentes pro- vinces : Ernst, Kervyn de Lettenhove, Meyer, Sanderus, Bouille, guis, des Hennnyers, des Namurois, des Brabancons remar- quibles, Pour les provinces et les villes, nous avons: le comte de Becde- lèvre, Biographie liégeoise, — Delvaux de Fouron, Dictionnaire biographique de la province de Liège, — Ul, Capitaine, le Vécro- loge liégevis ; — la Biographie des hommes remarquables de la Flandre occidentale; — Ad. Mathieu, Biographie montoise; — lonographie montoise ; — l'Appendice de Marc Van Vaernewyck, -Historie van Belgie. Sinous sommes bien informé, M, le docteur Neyen, de Wiltz, propose de publier prochainement un recueil biographique Consacré au Luxembourg. On trouvera également des notices logra hiques intéressantes dans les différentes monographies historiques que M. Wolters a fait paraître sur le Limbourg. D'autre part, nous avons à vous signaler quelques biographies a ionnelles , c'est-à-dire des ouvrages spéciaux où les hom- célèbres sont classés par groupes de professions. r les peintres, les sculpteurs, les artistes de tout genre, Tiaux de cette espèce sont des plus abondants. Campo- Man, Descamps, Houbraken, Van Mander, P. Baert, Siret, l hiels, Balkema, Kramm , Van Hasselt, Immerzeel, Éd. À. Pinchart et d'autres ont presque épuisé ce vaste sujet. ne connait l'important dictionnaire des musiciens de Fétis, monnment biographique unique dans son genre, édition paraît en ce moment? à écrire l'histoire des hommes de lettres? une pléiade de S, latins, français et flamands se presse sous notre Je Citerai les plus connus : Sanderus, Valère André, (602 ) Sweerstius, Vernulæus, Hoffman -Peerlkamp, de Stassart, Van Hasselt, Snellaert, de Reiffenberg , Serrure fils, Lecouvet, les frères De Backer, Willems, Van Hulst, Broeckx et Goethals, dont les écrits forment déjà un ensemble très-respectable sur cette malière. De leur côté, MM. Van der Meersch et Van der Haeghen ont traité d'une manière complète et détaillée l'histoire des impri- meurs. Nos gloires militaires ont été mises en relief dans les excel- lentes monographies du colonel Guillaume et dans le travail de M. Vigneron : la Belgique militaire. Les Bollandistes sont, pour l'histoire des saints belges, une source inépuisable à laquelle il faut ajouter un vaste travail que notre savant confrère, M. de Ram, publie en ce moment sous le titre d Hagiographie nationale. š es Permettez-moi de citer aussi l'essai que j'ai fait parattre, il ya quelques années, sur les voyageurs belges. Mais en fait de biographie professionnelle , une regrettable lacune existe encore pour les hommes qui se sont distingués dans les sciences proprement dites: les mathématiques, l'astrono- mie, la mécanique, l’histoire naturelle, la chimie et la physique Nous n'avons aucun ensemble de biographie sur cette catégorie de savants. Cependant håtons-nous de le dire, cette partie des connaissances humaines a toujours eu de dignes représentants en Belgique. Dans les siècles passés, nous pouvons citer avec orgueil les Simon Stévin, les Philippe Laensberg, les Dodonée, les Gré- goire de Saint-Vincent, les Van den Spiegel, les Van Helmont, les Charles de l'Écluse. Pour l'époque actuelle, les noms distingués abondent; un sentiment de convenance seul nous interdit de les citer. Grâce aux notices de MM. Quetelet, Morren, Kickx, el , les Bulletins, les Mémoires et Y Annuaire de l'Académie ont ye blé quelques-unes des lacunes que nous signalions tout à l'heure. Les sciences oceuperont done un rang digne d'elles dans une biographie nationale, (603 ) la Vie de quelques jurisconsultes belges a été racontée avee sin dans plusieurs discours de rentrée de MM. les procureurs + généraux de nos différentes cours de justice. Nous mentionnerons | le notices de M. Raikem sur De Méan et Louvrex, de M. de | Divaysur Stockmans et Van Espen, de M. Ganser sur Philippe y Wielant, Nous ajouterons que les préfaces des œuvres de nos _ Pincipaux jurisconsultes contiennent presque toujours leur biographie, Nous ne grossirons pas cette nomenclature des différentes - talégories d'hommes remarquables dont la biographie a été publiée, i Après avoir jeté un rapide coup d'œil sur ce qui a été écrit hit de biographie nationale, nous avons eru répondre d'une Manière plus complète aux vues de votre commission en vous sou- E e dans l'ordre alphabétique, une liste bibliographique : de dictionnaires, de recueils périodiques et autres ouvrages dus ` Pupart à des plumes belges, et dans lesquels se trouvent Foupés, tantôt dans un certain ordre, tantôt disséminés sans — "arrêté, un nombre considérable de biographies , de notices . "erologiques et de mémoires utiles à consulter pour connaître la vie de nos compatriotes distingués. Nous sommes loin de con- Wérer cette liste comme complète; chacun de vous trouvera doute à y joindre d'autres publications. Votre commission a manifesté le désir de me voir joindre “elte énumération une appréciation des ouvrages que j'aurais “ignaler dans ce rapport. Pour autant qu'il m'a été possible de Ee à cette partie de ma táche, je fais suivre chaque titre bre note sommaire sur le caractère, le mérite et la valeur du ds que j'ai eu sous les yeux. Il est bien entendu que Je nal . … Prétention de présenter ces jugements comme absolus. Jassure que presque tous ces ouvrages m'ont passé par les A elte liste déjà très-bien fournie, il convient d'ajouter les res des villes qui ont été publiées en Belgique, surtout de- ( 604 > puis quelques années, et où Pon trouvera des biographies locales très-étendues. Nous citerons les histoires d'Anvers, par Mertens et Torfs; de Bruxelles, par Henne et Wauters; de Bruges, par Couvez; d'Audenarde, par Van Cauwenberghe; de Termonde, par Wytsman; d'Eecloo , par Neelemans; d'Alost, par De Smet; l Historiae Lossensis compendium, par Mantelius; de Huy, par M. Gorissen; de Tongres, par Driessen, etc. Une source d'une valeur inappréciable pour la rédaction d'une Biographie nationale, c'est le vaste dictionnaire de M. Oettinger. Il faut avoir parcouru, page par page, ce répertoire de qua- rante mille noms propres, pour être convaincu de l'incontestable utilité d’une pareille entreprise littéraire, malgré les erreurs de détail sans nombre qui en sont inséparables. Le but de l'auteur n'a pas été de présenter la biographie des hommes remarquables du monde entier, mais d'indiquer ceux de ces hommes dont la vie a été publiée dans des monographies. A cet effet, M. Oettinger a placé sous chaque nom, classé dans l'ordre alphabétique, la liste des notices spéciales qui Ini sont consacrées, avec les indications bibliographiques nécessaires pour les retrouver au besoin. J'ai extrait de cette nomenclature les huit cents noms belges recueillis par M. Oettinger, avec les titres de leurs biographies. Je les ai rangés également dans l'ordre alphabétique pour €" faciliter le classement, Je dépose ici ces extraits à titre de ren- seignement. i cast A la fin de l'ouvrage, le savant bibliographe donne une liste des publications biographiques connues, groupées d'abord par nationalités et ensuite par professions. J'y ai tronvé plus d'une . indication précieuse pour le travail dont j'ai été chargé. Je dépose encore comme appendice à mon ra per. i de ; "état actuel de spécimen de l'utilité que l'on peut retirer, dans l'état w la question , des matériaux bibliographiques éparpillés dam cl recueils périodiques : c'est la nomenclature de toutes les biogr™ phies qui ont successivement été insérées, de 1823 jusqu'à pati ( 605 ) dans le Messager des sciences historiques. Elles sont au nombre de près de cent. En faisant le même travail pour les Bulletins et limuaire de l'Académie (1), on verrait que ce corps savant a dÀ fourni un contingent très-riche à la Biographie nationale. Mon but, en vous faisant cet exposé bibliographique, est de démontrer que le travail préalable à faire ést d'extraire de tous les ouvrages dont j'ai fourni la liste (sauf les dictionnaires), ¿msi que de ceux qui seront encore signalés dans la suite, les lies des innombrables notices qui y sont comme enfouies. Cette listé, augmentée de la nomenclature des biographies ‘les recueillies par M. Oettinger et du catalogue de celles - uiexistent à l'état de livres ou de brochures qu'il faudra recher- Mr, donnera un ensemble complet des notices qui ont été pu- Mides sur des Belges remarquables. Je suis déjà à méme,.par ma bibliothèque particulière, de Ms présenter les titres d'une centaine de ces biographies indi- Milueles, surtout d'hommes morts récemment. e Quant aux prélats, quant aux religieux célebres, les Acta Sane- Im, l'histoire de nos évêchés, l'histoire des différents ordres re suppléeront aisément aux lacunes qui existent dans Partie, Une part notable dans cette entreprise littéraire doit aussi "venir aux Belges qui sont allés résider à l'étranger, et qui y a hit rayónner leur nom du plus vif éclat dans les arts, les he ' les sciences , l'industrie, la carrière militaire, l'église et Miglstrature, | nombre est plus considérable qu'on ne le pense. En effet, “tendue restreinte, les provinces belges, soumises, depuis int surtout, à des vicissitudes sans cesse renaissantes, ‘Annuaire seul contient 76 biographies dues à MM. de Reiffenberg, Voisin, de Chênedollé, Cornelissen, Morren, Roulez, L, art, de Ram, De Decker, Lonyet, de Stassart, de Koninck , Snel- Win, Sauveur, Kickx, de Saint-Genois, ete, ( 606 ) virent beaucoup de leurs enfants s'éloigner de leur patrie pour aller chercher à l'étranger un ciel plus libre, un essor plus vif, une carrière brillante, où honneurs, richesses, considérations accompagnaient leurs pas. Suivant l'exemple de ceux qui , à la suite de la cour et des armées du grand Empereur, parcouraient brillamment l'Europe et se faisaient un nom dans les affaires importantes du temps, nos artistes allaient peindre et s'inspirer sous le beau ciel de l'Italie, nos savants et nos lettrés enseignaient à Bologne, à Salamanque, à Oxford, à Paris, devenaient précepteurs des fils de rois, con- seillers, ministres, diplomates, au service des princes et des empereurs. Des papes et des souverains étrangers choisissaient leurs maîtres de chapelle parmi nos musiciens et nos composi- teurs; des prêtres et des religieux nés sur notre sol, obtenalent le cardinalat, des siéges épiscopaux, de grandes charges ecelé- siastiques dans des contrées lointaines. Nous avions de coura- geux missionnaires qui partaient pour évangéliser el civiliser les sauvages de l'Amérique, de hardis navigateurs qui s'en allaient fonder des factoreries dans le nouveau monde, et prêter leur génie entreprenant à la Compagnie des Indes. Tous ces titres de gloire sont à rechercher patiemment. Îl y 4 là pour une biographie nationale un côté intéressant, trop long- temps négligé, que nous recommandons à votre attention Déjà MM. Gaillard et Édouard Fétis ont traité quelques parties de cette importante question dans les Mémoires et les Bulletins de l'Académie. a Nous ferons remarquer en passant que plus d'un compatriolt, + ainsi sorti du pays natal, a son nom orthographié d'après Lis : idiome prononciation de la langue du pays ou traduit dans UN à étranger. Cette circonstance fort commune, surtout pou" = noms flamands, a fait perdre la trace de la véritable bao à lité de l'individu, et a été cause qu'on a attribué à unè con br étrangère ce que nous avons le droit de revendiquer RE nôtre, ( 607 ) Sous ce dernier rapport, la biographie qu'on se propose d'en- ireprendre, peut rendre des services réellement patriotiques. On sera étonné de voir le nombre de Belges distingués qu'on a dé- pouillés de leur nationalité, soit par erreur, soit avec intention, puren faire des Anglais, des Francais, des Italiens ou des ands. Encequi me concerne, j'ajouterai que depuis bien des an- nes, je réunis les éléments d’un ouvrage intitulé les Belges à ger, et qui sera particulièrement destiné à faire connaître tôle que les Belges ont joué en dehors de leur patrie. | En terminant ce long aperçu, nous émettrons quelques obser- Mons finales sur lé point de vue auquel il importera, à notre » de se placer dans cette vaste entreprise. Ane suffit point de faire connaître Je lieu et la date de nais- “nce de chaque personnage, les circonstances de sa vie, les Productions qu'il a laissées, s'il est artiste, savant, homme de Jato, penseur, philosophe; les hauts faits d'armes qui lui sont P és, s'il est homme de guerre; les découvertes qu'il a D sil est navigateur ou géographe; les lois et les institu- los politiques auxquelles il a pris part, sil est jurisconsulte M magistrat; les vertus dont il a brillé; sil est prince, philan- > prélat, religieux, homme d'Église. Il nous semble que, ¿Se travail, surtout dans les biographies d’une certaine im- Ee il faudra insister sur le mouvement imprimé à la civi- 0n générale par les individus dont on donnera la vie, sur les Pogrès dont les sciences, les arts et les lettres leur sont rede- » Sur la part que chacun d'eux a prise au développement Melectuel de l'humanité. Cette manière élevée de concevoir et de traiter le sujet fera laltre Paridité qui caractérise ordinairement les diction- biographiques et montrera que, dans tous les temps, les PME rempli un rôle qui les met au niveau des autres na- E | aphie nationale deviendrait ainsi le tableau par- Me scientifique, littéraire, artistique, morale et ma- ( 608 ) térielle du peuple belge, en même temps qu'elle serait une page éloquente de ce grand livre qu'on appelle l'histoire du monde, Toutes les notices ne comportent certes point un pareil déve- loppement; mais partout où la pensée que nous venons d'émet- tre peut se produire, nous devrons nous applaudir de la voir paraitre. Notre pays a produit de grands génies, comme Rubens, Van Dyck et Grétry, de grandes figures historiques, comme Godefroy de Bouillon , Jean le Victorieux, Charles-Quint, Il est permis de leur consacrer des notices étendues, Majs il ne faut pas vouloir donner des proportions exagérées à la biographie d'artistes d'un mérite éminent aussi, à des savants estimables , à des écri- vains laborieux, à de vaillants capitaines d'un courage éprouvé, mais qui, hissés trop haut, ne se trouveraient plus évidemment á leur place, Gardons-nous done d'exagérer outre mesure la valeur des hommes qui doivent figurer dans ce livre, Une biographie na tionale ne doit pas élever la prétention de ne raconter la vie que d'hommes célèbres, ou d'accueillir tous ceux qui opi oMa quelque notoriété. Ne cherchons pas davantage, poursuivant w vaine gloire, à grossir ce dictionnaire de noms dont la an lité est contestable; ce serait là un double écueil qu'il faut éviter dans notre entreprise, Une semblable œuvre ne doit pas être a plaidoyer en faveur de l'excellence du caractère belge. La ms- sion qu'il convient de remplir, c'est de mettre en relief la red moire des hommes distingués du pays, et d'arracher par“ à Poubli des noms qui, pour être modestes, nen ont p” men un mérite réel. Soyons animés d'un vif amour de la patrie, "i que ce sentiment n’étouffe pas celui, plus sacré encore, delay rité et de la justice, Le ehauvinisme littéraire est surtout déplacé dans une biographie nationale. E ( 609 ) ANNEXE. alphabétique des recueils périodiques , mémoires et autres vrages, surtout récents, que l'Académie pourra consulter fruit pour la rédaction de la Biographie nationale, or- te par l'arrêté royal du 1% décembre 1843. * — Académie d'archéologie de Belgique, Bulletins et Annales , nvers , 1843-1859, A od E La ` . . La . . y z 1 Ə o 1 + Pole dana pi A j cg — Plutarque des era, ou vies des hommes illustres de ce “Ang Bruxelles, 1828; 3 ouvrage emphatique, sans savoir véritable , comme toutes les publications sous le nom de Plutarques, renferme pourtant quelque introduction est la meilleure partie du livre. — Annales de la Société royale des beaux-arts et de littérature 1842-1859 ; in-8e, 1. I-VI. recueil renferme quelques notices biographiques peu étendues, mais faites assez A faites, L'¡ nnales belgiques des sciences, arts el littérature de Gand. - e. 14 vol. in-8°, raphies des Belg CA se nd à de la Société d'émulation pour l'histoire el les anti- la Flandre occidentale, Bruges t, I-IV ; 2e série, t. I-X (1859- Aa rares que qu nolices sur des hommes célèbres , tels (610) Annuaire. — Annuaire de la Bibliothèque royale de Belgique, par le con- ; servateur baron de TTE: Bruxelles, 1840-1851; 12 vol, in-18. l il à M. de Reiffenberg el i "F écrites avec l'esprit et la verte dont ce ei auteur avait si bien le secrel. Annuaire. — Annuaire de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de RE 1834 et suiv. Ce recueil contie décédés de ANSeS “oies desta avec soin, parie et Mer elles sont dues pour la plupart à des membres de la Compagnie. Annuaire. — Annuaire de la Société libre d'émulation de Liége. 18.. à 1860; in-18. Quelques notices ar de Liégeois remarquables, faites avec beau- coup de soin, y sont i Annuaire, — Annuaire de l’Université meurt de Louvain. 1857 à 1859 et suiv.; 25 vol. in-18, On trouve dans cet annuaire un bon nombre de notices littéraires 7 faites , très- “détaillées s sur des savants aora qui ont brillé à l'université Louvain, tels que Clenardus, Molanus, Archives. — Archives historiques et littéraires du nord de la France el du midi de la Belgique. Valenciennes , 1857 à 1858; in-8°. | Plusieurs paea de Belges distingués ont été insérées dans cel excellent recueil. Quelques-unes sont écrites avec beaucoup de développement el re- ferment des détails peu connus. er (Aug. et A. de). — PET. des écrivains de la compagnie del Jésus. Liége 1855 et suiv.; in-8”, 1, 2, liste Chaque nom d'auteur est suivi d'une courte nolice biographique et dela exacte de ses ouvrages. — Très-complet pour la Belgique. dl Balkema (C.). — Biographie des peintres flamands el RER a existé depuis Jean et Hubert Van Eyck jusqu’à nos jours. Gand, 18%, Ouvrage abrégé qui n'est pas sans mérite. Becdelièvre (le comte de). — Biographie liégoise, ou Précis et chronologique de toutes les personnes qui se sont rend Pancien diocèse et pays de Liége, Limbourg , etc., ra la confiance du lecteur; les assertions hasardées y sont été un pet contrôler la véracité du comte de Becdelievre, D'autre fs ce liyre a (611) le litde Procuste ; on ya, degré ou de parmi fait esiet iosi ce ga anh Pair )partenir à la nation podas: Toutefois, à PE modernes , l'ouvrage est plus digne de foi et api exi, l non ). — Belges illustres (les). Bruxelles, 1845-1846, avec gravures; 5 vol.in-8 OEltinger, I, 1971, donne tout au u long les noms des hommes célebres qui y figurent, Toutes ces notices ont été écrites en général avec soin el une cerlaine recherche de style, Belgisch Museum. — Belgisch Museum voor de Nederduitsche tael en Eee enz. , “uitgegeven door J. F. Willems. 1837-1846; 10 vol. a le meilleur de tous les recueils littéraires flamands qui aient paru en ; . Les notices qu’on y a insérées sont faites avec le plus grand soin et con- tiennent des aperçus vraiment intéressants. raphie. — Bibliographie académique, ou Liste des ouvrages pu- Diés par les membres, correspondants et associés résidents de l’Académie … royale des sciences, e lettres et des beaux-arts de Belgique. Bruxelles, 1854; in-12 Bibliophile. — Le Le iii Belge. Bruxelles, 1845, 1"* série, k LIX; 2 série, t, I ets Cai B. La {re série a une table alphabétique .) fstéreseant renn patat, sur des REA des An de leltres et ublie, » moment, une biographie luxembourgeoise. — Biographie universelle, ou Dictionnaire de tous les hommes Mise sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions. Bruxelles, 1845; » in-8o, ms partie des biographies belges y a été mieux soignée qu elle ne l'est générale- dans ces sortes d'ouvrages; mais elle est peu complète. ie. — Biographie des hommes remarquables de la Flandre occi- dentale. Bruges, 1843 à 1849; in-8°, I, 11, et HI et IV formant le a- nt (publiée sous les auspices de la Société d'émulation, à Ša quelques exceptions, les notices contenues dans ces SSR a Quoi + D'autre part, il y a bien des noms insignifiants qui y = ste ; ie soit, les renseignements qu'on y a réunis ont le ee de Pexacti rité, sont d'une nationale, — Vie des hommes et de femmes illustres de e E 2" SÉRIE, TOME AX. 42 (612) la Belgique wi. les temps les plus reculés: Bruxelles; 2 vol. in-8°; gra- vures dans le texte Biographie. — Biographie nationale, ou Dictionnaire historique de tous les hommes morts et vivants nés dans le royaume des Pays-Bas. e Leroux, 1827. Ouvrage j jugé assez défavorablement par M. le baron de Reiffenberg ( Nouvelles Archives philologiques , t. YI, pp. 260-263). Brasseur (Ph.). — Sydera illustrium Hannoniae scriptorum seu elogia el scripta eórum carmine complexa. Mont.; 1657; in- Ed. — Bibliotheca Hannoniae. Mont. ; 1639; in-4°. Broeckx (C.). — Essai sur l'Histoire de la médecine belge avant le xix siècle. Gand, 1837; in-8*; portr. 5 Mémoire précieux pour l'histoire des anciens médecins belges et pour la biblio- graphie de leurs ouvrages. Rulletin, — Bulletin de PA dónde royale des sciences , des lettres pe e de Belgique. Bruxelles, 1832 et suiv., 1"* série, vol. 1 à xx (et table); 2me série, 1 et suiv.; in-8°. Ce vt contient un nombre considérable de notices et de documents qui se in: sh à "= rares célebres et qu'on ne peut s ’abstenir de consulter Po birti — Bulletin de la Commission royale d'histoire. Bruxelles, dir A suiv., t. XVI; (table) 2: série, t. 1-XI1 ; 3% série, t, Iet suiv.; in t Sans former des biographies proprement dites, il y a dans ce er importan des notices et des renseignements nombreux sut nos hommes I Bulletin. — Bulletin de la Société historique et littéraire de Tournai, t. et suiv, in-8°, Quelques Mariik et notices nécrologiques qui intéressent particulièrement Tournai, y sont i mt el Busscher (Ed, de). — ear e sur les peintres gantois des + ieda XVe siècles EET. 1859; i os ée de d t Ta qui éclaircissent toite ps Paita de tú peinture à l'huile. Capitaine (U.). — Nécrologe Fem Liége, 1851 à 1857 et suiv.; 6 vol Chaque année ne voit point di ds génies ast De cependant il meurt tous pa ans pa cerlain sabre d'hommes utiles relati? ne E ed NS | EST surtout phis- (615) dont le souvenir mérite d'être conservé dans la localité ou ils ont eu | leurcercle d'activité. C'est ce que M, Capita ompris pour Liége I y a dans le Nécrologe liégeois bon nombre nee à se dignes de figurer dans une -biographie nationale. Nous ignal t 1 Île de l'évêque Van Bommel. l Caron No). — Biographie des Contemporains belges. Bruxelles, 1847; in-8”. | On y trouve des notices sur le comte Félix de Mérode , Gendebien , Van Meenen. — C'est une espèce de sati 3.). — Album des Belges célebres; Bruxelles , 1843 à 1850; 2 vol. el orné de beaux portraits. Le texte est quelquefois sujet à caution. Chalmot (3,-4. de), — ste A Woordenboek der Nederlanders. Amsterdam. 1800; 8 vol, in-8° Collin, — Notices mara sur les personnages illustres des Pays- Bas; Bruxelles, 1827 ; in-8°. Collot d'Ese Escury (H.). — Hollands roem in kunsten en wetenschappen; 's Gravenhage, 1825-1840; deel I-VI; in-8°, Ouvrage à "un grand mérite; jen Belges proprement dits ne sont point oubliés dans les savants aper a y a rédigés sur la civilisation des Pays-Bas. Coomans (ainé). — Notices biographiques. Gand, 1836; in-18. Courtin (™.). -iat iini zae à n° z des hom- meset des se des sciences et des ari Bras e 850; 25 Siol; pl. On trouver a dan: ans ce 4 2: 0: er complet, Mais où les rares sea consacrés à de Belges sont en poc écrils à un giint de vue peu natio; tristyn (da. ). — Les tombeaux des hommes illustres qui ont paru au Tete > n Catholique des Pays-Bas. Liége, 1675, in-12; Amster- dan, nH. iy cn pour les dates. , T ).— nad du royaume des Pays-Bas, ancienne el mo- Seti: ll 2 vol. in-8° incomplet , mais assez bien fait, de s). — Dictionnaire biographique de la province de Liége, avec des chronologies des princes, etc. Liége, 1845; in-8°. mps (3.-R.). — Vie des peintres flamands, allemands et hollandais. | pa 1755; 4 vol. in-8e, etc. ( 614 ) bictionnaire. — Dictionnaire universel et classique d'histoire et de géo- graphie. Bruxelles, 1855-1854; 4 vol. in-8°. Dans ce dictionnaire, dont F. Parent fut l'éditeur, on a fait une large part aux célébrités belges, qui y sont traitées avec soin , exactitude et impartialité. Dictionnaire. — Nouveau dictionnaire de la conversation, ou Répertoire universel, etc. Bruxelles, 1845; 25 vol. in-8°. 3 vaste Parmi les articles biographiques , la Belgique en a obtenu bien peu d recueil. Dictionnaire. — Dictionnaire historique, ou Histoire abrégée de tous les hommes , nés dans les dix-sept provinces belgiques qui se sont fait un nom par le génie, les talents, les vertus, les erreurs, etc. , depuis la naissance de Jésus-Christ jusqu’à nos jours. Anvers, 1786; 2 vol. in-8°. Dufau (3.-B.). Hagiographie belge. Bruxelles, 1846; 1* vol. Ce Joue, y seul qui ait pars, donne la vie des premiers aa de la Bel- gique et pay moyen áge Notices e es quoique sous la forme légindaire, Eendragt (De). — ero Tydschrifs voor letteren, kunslen en welenschappen. Gent, 1846-1859; Recueil littéraire flamand où Pon trouvera de nombreux documents biogra- phiques sur des hommes de lettres, des voyageurs , des peintres , etc., appartenant aux provinces flamandes. Eloy (N.). — perea N de la médecine ancienne et moderne. Mons, 1778; 4 vol. i Une grande partie de ce dicti timé de nos jours, est consacrée à la aerei ne Pre (il était né à AR e n'a pas mb e. triotes dans ce recuei Fastes. — Fastes militaires bee er Bruxelles, up a pe (act A 1 yn sur une assez ganie échelle: on y trouyera sur des hommes qui se son dis 5 gués dans la carrière militaire, chez nous, d’intéressants détails historiques: Fétis (Fr.) — Bibliographie universelle des musiciens et o générale de la musique. Bruxelles , 1858-1844; 8 vol. in-8°. Ha, 2me édition, entièrement refondue et augmentée de plus de la moitié: Paris, 1860; t L des Y = 124 à e Ouvrage capital dont aucune autre publication n’a jusqu'ici égalé | importance ; (615 Fétis (Ed.), — Les musiciens belges. Bruxelles, 1847; 2 vol, in-18, Y. Éa. Fétis a développé avec beaucoup de science dans cette popii les mtices biogra aphiques consacrées, dans le grand Dictionnaire de son père, aux musiciens d'origine belge. Flamme — Biographie des hommes célèbres de la Belgique. Tour- nai, 1848; in D'une médiocre importance. Foppens (3.-F.). — Bibliotheca Belgica, seu virorum in Belgio vita scrip- lisque illustrium catalogus, librorum nomenclatura. Bruxelles, 1739; -2 vol. in-40; portraits. _ Ouvrage estimé, faillard (Victor). — De l'influence exercée par la Belgique sur les Pro- vinces-Unies, sous le rapport politique et intellectuel, depuis Pabdication de Charles Y jusqu’à la paix de Munster (1555-1648). Bruxelles, 1855; in-$e, ST vire ; couronné par l'Académie royale, en 1854, contient un grandnombre de notices sur les Belges qui émigrèrent , dans les Provinces-Unies, . “pres les troubles religieux, — Maillard (Victor). — Épitaphes des Neerlandais (Belges et Hollandais) : Ne à amh publiées avec introduction et notes biographiques, SR e ¿10 i sa notices dont ces épitaphes sont précédées, sont très-courtes, mais inté- a taing, =B.) — Précis de biographie belge, ou Exposé des principaux traits de la vie des Belges qui se sont illustrés dans les lettres, les sciences, etc. hFerié-sous-Jouarre, 1853; in-8>, ra Quoiqu'écrite par un étranger, cett hie n’est mérite on ierus (3.). — Acta Sanctorum Belgii selecta. 1785; in-4°. 6 vol. „Pour la vie des saints belges les plus illustres, cette vaste et savante compila- fon est inestimable. à ma 4 «-V.). — Lectures relatives à l'histoire des sciences, des arts | . Bruxelles, 1837-1838; + de ces notices littéraires , une table, jointe au 4% vol., range lo us les cités q dans un ordre chronologique. L'auteur, ce qui dl regrettable, ses sources, (616 ) Goethals (F.-V.). — Histoire des lettres, des sciences et des arts en Belgique et dans les pays limitrophes. Bruxelles, 1840-1 844; 4 vol. du Pa. Dans chaque volume , les notices sont classées d m a pas de table générale. L'auteur, comme dans seme p<: pe ciler ses sources. Henne (A.) et Wanters(A.). — Histoire de la ville de Bruxelles. Bruxelles, 1845; 3 vol. in-8 Le 3me yol., in fine, contient, dans l’ordre alphabétique, une liste biographique sommaire en ‘Bruxellois célebres Histoire. — Histoire littéraire de la France, ouvrage commencé par des religieux bénédictins , ete., I-XXIII (fin du XIII®- siècle). Paris, in-4°. Cette importante collection où, grâce à de bonnes tables, les recherches sont faciles, contient de précieux renseignements sur les écrivains romans nés en Belgique. Hoffmann (L.-3.) — Essai d'une liste chronologique des oivia et dis- sertations concernant l'histoire Ae l'imprimerie en Belgique et en Hol- lande. Bruxelles, 1839; in-8°, (Extrait des Bulletins du bibliophile belge.) Hoffmann-Peerlkamp (P.).—Liber de vita, doctrina et frenljale Neder- landorum qui carmina a iauna composuerunt; ed. altera, emendata et aucta. Harlemi, 1828; in-8 Cette excellente AA contient la ijai sommaire et l'indication des pae latines composées par des auteurs nés dans les anciens Pays- , de r 850 1800; Travail consciencieux et méthodiquement fait, avee une bodne PR (4.). — De Groote Schouburgh der nederlandsche kunstschil- ders en schilderessen. Amsterdam , 1718-1721; 3 vol. in-8. Ouvrage capital pour l’histoire des peintres. woe. ma A. chronologique pour servir à l’histoire de Tournal; 118 vol. in Dans celte Ende e o report due à un pá amas penses on nb Multhem rs ah — Bibliotheca a Garid in ts vol. IV, p. 27-39, on trouvera nelat la THE Iconographie. — Iconographie montoise, Biographies des Montois ee 4 bres; in-4v, avec portraits lithographiés. Intéressant surtout à cause des portraits. Les notices sont exacles. A ds à à A SS A (Qi) doly (V.) — Biographie des hommes de la pi (belge) , humble allo: «cation à nos hommes d'État. Br uxelles ; 183 Quatre livraisons de cet ouvrage ont paru sous be e de V. Loy, Immerzeel (J.). — De Levens en Werken der hollandsche en vlaamsche kunstschilders , beeldhouwers , Pu... en bouwmeesters. Amsterdam, A 1842-1 5 die in-8°, a Publication extrémement bien faite et complétée depuis par Krämm. — Por- rails dans le texte, Journal. — Journal historique et littéraire. Liége, 1854 à 1859 et suiv.; LI à XXVI ; in-8e, … M. Kersten est, comme t comme écrivain, un des hommes les plusges- peetables - littérature. ds notices pera Do 108 et articles néerologiques insérées dans ce recueil , méritent toute confiance nn. : N. Van). — Geschiedenis e Wetenschappen en Letteren in Pau 's Hage, 1812; 3 deelen in- A de Volkaersbeke. — nr des de Gand. 1858; 2 vol. in-8”, “ás plein de yo de os curieuses sur les artistes qui ont eon- tribué à enrichir nos église uwaert. — Klauwaert (de). Brussel, 1855, 1856 et 1857; 3 années, Renferment rs notices biographiques littéraires flamandes faites avec skens Me — Des hommes célèbres dans les sciences et les ans # des médailles qui consacrent leur souvenir. Gand, 1859; 2 vol. ; pl notices consacrées à des illustrations belges y sont très-nombreuses. Cette le y est traitée avec beaucoup de soin. Ces notices as souvent à nouveaux, nn en Riyecourt (Jomkh. W, de). — Beknopt juei woordenboek van Nederland. Zutphen, 1846 et suiy. (2 vol. in-18,) € consacré aux Hollandais principalement, cet ouyrage, rédigé conscien- "ment, mais da Le e assez laconique , contient beaucoup de biogra- Belges cel cele Eos. — Vaderlandsch woordenboek, Amsterdam, 1785 à 179%; i si ns estimé, eonsacré spécialement aux puis hommes (618) des Provinces-Unies, mais où l'on trouvera une foule de noms appartenant à la Belgique, mm (C.) — De Levens en Werken der hollandsche en vlaamsche kunst- schilders , beeldhouwers, graveurs en bouwmeesters. Amsterdam 1857- 185 Suite et complément de l'ouvrage de M. Immerzeel, dans l’ordre alphabétique , avec indication des sources Kunst en Letterblad. — Kunst en Letterblad. Gent, 1840-1846; in-4. Contient un grand nombre de biographies et d'articles nécrologiques sur des peintres, des hommes de lettres , des voyageurs , ete., asie ant aux provinces flamandes. Exactitude et vérité. Lecouvet (F.) — Hannonia poetica, ou les Poëtes latins du Hainaut. Tour- nai, 1859; in-8o, oo mémoire couronné par la Société des sciences de Mons; il renferme s hennuyers. — Bonnes appréciations littéraires. Le Mayeur. — La Gloire ES Louvain, 1850; 2 vol. in-8°. Poë tional médiocre, mais enrichi d'un grand nombre de notes curienses, surtout pour la biographie des Belges illustres. Livre d'or (le). — Le Livre d'or de l'ordre de Léopold et de la croix de Fer. Bruxelles, es 2 vol. in-8; p pe À ienci t fait , on se plaise surtout à glorifier les: vivants, ceux-ci passent si vite à l’état de mo te å Pa ou moins incon- nus ; qu'on LE consulter le Livre d'or sans trop de danger pour les notions bio- graphiques men d'Anstaing e ele Ag Rs sur l'histoire et l'architec- tre-Dame de Tournai, Tournai, 1842-1845; Da aut un EN i l e E T + ne lé E 2 vol in-8e. Le 2m€ volume, où . PER des de des dou- bles emplois, par exemple, aux articles à see et Des Pres, Masuris et Des Ma- a sures, est consacré à la partie biographique des évêques, chanoines , ele, de Tournai. Ce recueil a une a locale id Mander (K. V Levens der Doorluchtige Nederlansche en eenige an). — Sn. Schilders. Amsterdam , 1764; 2 vol. . + Aion © à À Mathieu da) — Rte montoise, Mons, 1848; in-8°. Cette biographie locale, dont les éléments té réunis avec beaucoup dessin, (619) | a la vie d'hommes célèbres ou distingués nés principalement à Mons et dus los lieux environnants. _ Mémoires. — Mémoires des membres , mémoires couronnés et des savants in (format in-4° et format in-8°), publiés par l’Académie royale des siences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. Bruxelles, 1816 et suiv. | Carreneits renferment des notices sur des célébrités des Pays-Bas. (Voyez la Table des mémoires, ete., publ. à la fin de l'Annuaire de 1858 , art. Biographie.) Mémoires, — a de la Société des sciences et des lettres du Hainaut ; F à XIV; in-8 mémoires, e il [ye pat: à Ar pour EEN pp pays, contiennent -welques bi "E: k e , Mos, Roland de Látire, Buisseret, Malpert , Senault , Ep uier , G. de Brès, E art, Ph. de Mons Me Lucidel, Fahocaberg; Facial, le géné- y ¡er — Messager des sciences historiques de Belgique, années 1823- 1800; Gand, 34 vol. in-8° (avec la table jusqu’à 1855). À Aa Des Bibliographiques propensa -e , On cf frs htc encore bon 60-61-99 ~ En avec des portraits (et années 1854-1838, v. jà la table - que volume , article Nécrologie). Mels (Alfred). — Histoire de la peinture flamande et hollandaise. e, 1845-1848; 4 vol. in-8° Onine peut refuser à M. ] MESE sáb de és aù original, un style ls entraine, des vues neuves; mais il a des idées préconçues qui ont besoin ‘de ai est parfois fort léger dans ses assertions. 4°: els (Alfred). — Les peintres brugevis. Bruxelles, 1846; in-80, E ti (le P.). — Het Groot Beggynhof van Gent. 1850; in-8°, 6 biographie des principales béguines de Gand. Ouvrage où l'auteur 3 exactitude et la conscience des détails jusqu’à la minutie, "ale, (Sp. ). — Histoire et bibliographie analytique de l’Académie » ele., de in Bruxelles; in-8; 17° édit., 1838; 2%* édit., 1852. Gi avec ee > l'Académie, x a un sng abrió: On y ra un assez pai de hio- 1850 … rara EET Jaerboekje. Gent, 1854 tot “R volg.; 26 boekd. in poétique in qui ; depuis 25 ans, parait sous la direction in- telligente de M, Rens, contient el biographiques su sur mes poëtes et des prosateurs flamands distingués. Nieeron (3.-P.). — Mémoire pour servir à l’histoire des hommes illustres dans la république des lettres. Paris, 1729-1745, t, 43 (44 vol.) in-8, Normand (l'abbé). — Galerie des Saints et des Saintes qui protégent la Belgique et les Pays-Bas. Bruxelles, 1841 ; gr. in-8”. Notices sans valeur PEOR Notice, — Noti y S `I ntl tat es, bustes et médaillons décorent la “Grand'Place de Bruges. Brpges, 1850; in-8° avec lith. Cette nomenclature prune est peu détaillée; toutefois elle eine le noyau d'une biographie brugeoise Nouvelle re — Nouvelle biographie des Contemporains. q Mons, 1 À On y trouve entre autres une bonne notice sur a Oettinger r (E. M. } — _ ph g h: 11 Dictionnaire . des ouvrages relatifs à l'histoire. Le. Fes personnages célèbres de tou les temps et de toutes les nations, Bruxelles, 1854; 2 vol. in-8 Ouvrage d'une grande érudition et où il y a au moins 800 noms de Belges remarquables, Paquot (3.-B.). — Mémoire pour servir à l'histoire littéraire des dix-$ep! provinces des Pays-Bas, de la principauté de Liége et de quelques eontpóes voisines. Louvain, 1765; 18 vol. in-18. vil Paquot, dans Vénumération des prétactièns littéraires de chaque auteur qu t-elle qu'à de rares intervalles, Les noliees es biographiques sont cou en général. Malgré ces défauts, Paquo cé sur ce sujet. On peut se fier à ses seine H 4 en outre, le mérite pis Pr les sources où il puise ses renseignements, Les notices , insérées sans ordre, faciles à trouver au moyen de la table A ee qui termine le 18m volume. Pauwels-Devis (J.), — Dictionnaire biographique des Belgan, Mens ih e o el femmes , morts et yivants, qui se sont fait remarquer par eur? leurs actions, etc. Bruxelles, 1844; in-8o, | mere (Alex.). — Recherches sur la vie et les travaux des se médailles, de sceaux et des monnaies des Pays-Bas, d'après ments inédits. Bruxelles; 1858 y in-8°; ( EL E Dans ce premier volume, plein de eurieuses recherches, 3. Pinchart énum | ( 621) … Jesnoms des 490 artistes, dont quelques-uns de grand mérite et qui étaient en même temps orfévres et ciseleurs. Cette monographie est des plus intéressantes … faunllhistoire des arts , aux Pays-Bas. Piron. — Algemeene levensbeschryving der mannen en vrouwen van Belgie, welke zich door hunne dapperheid, vernuft, geest, wetenschapper , kunst, deugden, dwalingen of misdaden eenen naam verworven hebben, Vilroorden, 1050; ; ia-4 à deux colonnes. Cet ouvrage , qui est en voie de publication, en est à la lettre G; il ne donne , Giro qu'un choix de biographies, en général, très-sommaires , et plus re lement de D morts récemment. Les notices sont exactes ; point d'in salon de source Plutarque, — Plutarque belge (le). Bruxelles, 1840; in-8°. Biographie choisie de nos plus grands hommes; recueil assez bien fait et d'une letur agréable. s ; Revue, — Revue nationale de Ponas, ie 1839- Aai t.I, 17; in-8°. de e En Mya dans cet esti grag j s sur de célebres, entre autres sur Vésale, kok. ete., ete. Revue, — Revue de Bruxelles. Bruxelles, 1837-41; in- 18. Revne, — Revue trimestrielle, Bruxelles, 1843-1859; in-18, Re trouvera quelques études sur des hommes pa et des littérateurs a Po — Revue belge, publiée par l'Association nationale pour l'éman- le à le développement de la littérature en Bel gique. Liége, 1835- e wei pu ia fondé et rédigé par tout ce qu'il y avait, à cette époque Belg gique, z "my tiellement derends aux mate depi notre re ation litté- contien (au, — Biographie as des Belges morts ou vivants, nil ir s politiques, membres des assemblées délibérantes, ecclésiastiques, y Savants, artistes et gens de lettres. Bruxelles, 1849; in- 8%; fig. es e biographie, généralement assez exacte, est surtout inté te pour l A `E es de quelque e réputation qui vivaient en 1 7. Toutefois de est trés- piete d aĝi re part, nous y Foye . ; r. n o de — Bibliograpbie montoise. als de l'imprimerie y "t, depuis 1580 jusqu’à nos jours, Mons, 1858; in- -8e, ( 622 ) mas (Justi). — Parcae id est Epitaphiorum a se conscriptorum libri res. Gandavi , 1624; in-18, Ces épitaphes, composées en vers latins, l lités et les vertus de Belges distingués de l’époque. Au miin da la prendo rimée qu'on y rencontre, il y a çà et là d'intéressants renseignements à recueillir. Saint-Genols (B™ J. de). — Les voyageurs belges du XII» au XIX": siècle. Bruxelles, 1846-47; 2 vol., Sanderus (A.). — 1. De scriptoribus Flandriae, libri II. Ant., 1624; in-#, Ouvrage estimé. - 2. Id. de Brugensibus eruditionis fama claris, libri IL. Antv., 1624; in-#°. 5. Id. de Gandavensibus eruditionis fama claris, libri HI. Antv., 1624; in-4o, Las énrito d . 1 = > pi nsulter, quand il s’agit de la Flandre et du Brabant. Scènes. — Scènes de la vie des peintres de l’école flamande et hollan- daise , publiées par Madou. Bruxelles, 1842; in-fol. Ces notices, au nombre de 20, contiennent les biographies des principaux pois" A tres de ces deals écrites, ayec soin et avec une recherche toute pre MM. Polain, iiia; De Decker, arii Lesbroussart, le baron de Rei berg, de Milai Cénois ete. Serrure D père). — Vaderlandsch museum, vol. I-II. Gent, 1857- 1860; in-8° r On y trouve a E biographiques tres-exacts sur des poëtes fla- mands peu conn Serrure (C.). — Geschiedenis der Nederlandsche en Fransche Letterkunde, in het graefschap van Vlaenderen. Gent, 1855; in-8°. i Tres-bon mémoire renfermant une foule d'excellents dus e ' littérateurs de la Flandre ancienne, Siret (Ad.). — Dictionnaire historique des peintres de toutes les écoles. Bruxelles, in-4°; 1848. Sous forme de tableaux synoptiques ; les artistes belges y sont très au complet, i 4 . Steyaert (3.-3.). — Volledige beschryving van Gent. Gent, 1857; in- > avec pl. Gan- Le rie IX, p. 551-362 contient une notice biographique sommaire des 121”. tois célebr ; FE Germaniae Sweerts (F.), — Athenae Belgicae seu nomenclator inferioris ( 625 ) seriptorum qui disciplinas philologicas, philosophicas, etc., illustrarunt. Antv., 1628; in-fol. Ouvrage estimé, E Swert (F. de). — Necrologium (Belgicum) cigit utriusque sexus romano ~ catholicorum. Insul., 1739; in-8°. E a — E Taelverbond. Letterkundig Tydschrift. Antwerpen, 1845-1854; in Recueil contenant diverses notices biographiques faites avec beaucoup de soin. Trésor — Trésor national. Recueil historique, littéraire, scientifique, etc. Bruxelles , 1842-44; 8 vol. in-8o. E Contient des notices détaillées sur Louis de Blois, er hs de Bouillon, Bau- dnin de Constantinople , Gabriel Mudée , Jean Ier, J. Hubin Vaderland. — Het Vaderland Tydschrift voor letterkunde en gosciie: denis, Antwerpen , 1844-46 ; 3 vol. in-8°. Notices sur André Vésale et Carausius. E lerius Andreas. — Bibliotheca Belgica in qua Belgicæ sive Germa- Mie inferioris provinciae viri item in Be elgio vita scriptisque clari et librorum nomenclatura, etc. Lovanii, 1623 ; in-18. Vnumération a mps az | assez near du me du nene, ers á alia aille chercher dans ce liv tr, la onimi, biographiques sont presque sas. aii le Piarre pia a de l'auteur, il zal 4 ne shersher sh écrivains . ‘il cite par p EPA A lieux où Pa sont nés. ias Andreas. — Fasti academici studii generalis Lovaniensis, Lo- Mi 11655; in-4r; id, ed. de 1650. ¿rage qui brille. autant par l'érudition que par la grande multitude de ren- littéraires qu'on y rencontre. z Aa. — Biographisch woordenboek. Haarlem , 1849 et suiv.; in-4° à Cete biographie comprend tous les hommes célèbres nés dans les deux parties bros re et Hollande). Elle est faite avec beaucoup de "Mi Al schoone kunsten. (Litt. À à G et suiv.) i a (Fera.). — Bibliographie gantoise. Recherches su be ai t les travaux desi imprimeurs de Gand, 1"° et 2° parties, mA A 1858-1850. …. de Consacrées aux imprimeurs de Gand sont rédigées avec beaucoup tia “tl un excellent esprit de critique, ( 624 ) andermacien (Ph.) — Dictionnaire des hommes de lettres, des savants et des artistes de la Belgique, présentant l'énumération de leurs princi- paux ouvrages. Bruxelles, 1837; in-8°. PB. e IMTP 4 bel lécede ¡ourd hui, ont eté, quantà l'enumé- , e cis j Tioti ire LA Ne pre Re | ration de leurs écrits, etc., traités Vander Meersch (Pol.) — Recherches sur la vie et les travaux des im- primeurs belges et néerlandais établis à l'étranger. Gand, 1856; 4 1, in-8°. En restituant aux imprimeurs belges à l'étranger le rôle qui leur appartient, M. Vand 4 q mal Phicanisa intallartuella de notre pays. — Ces notices sont de véritables dissertations. Van Hulst (Fél). — Vie de quelques Belges. Liége, 1841; in-8°. Bonnes biographies de Ph. de Commines , Carlier, Fassin , Ransonnet , Lam- brechts, Jardon et Plasschaert. Van Vaernewyck (M.). — De Historie van Belgis, of Kronyk der neder- lansche oudheyd. Gend, 1829; 2 vol. in-8°; portrait. 04 a joie: sa qué volume us Alphabetisch Noël yat der perse Ciext un formanti à LE o ` ejn 156 pp. Plusieurs ti j un ua] pastel et original, le sieur ps qui ne se gênait point pour mM- in- vent tro ouvait pas d e documents à à sa PR Toutefois, ce vice DS J n Voorst. — On trouvera une nomenclature très- complete Te tionnaires biographiques, de biographies locales et professionnelles rs le re de la Sas ms ique bibliothèque de MM. Van Voorst père el Hs, m en janvier 1860. a V. Catal, I partie, p. 9-18, n° 117-289. Vapfresu (&.). — Dictionnaire universel des contemporains. Phi 185; in-8°, Nos contemporains seront les ancêtres de nos enfants, et plus s vite qu'on ne part de = pense. Bon nombre de Beigu figurent dans ce dictionnaire. La plupart articles sont.exacts. Vernulæus (N.). — Academia Loyaniensis; ejus origo, ¿ncrenenten, 1 forma, etc. Loyanii, P. Sassenius, 1667; in-4°. a ne EE histoire de l'université de Louvain, mare del de moires publiés par le baron de Reiffenberg sur cet éta ssement , renferme = ques chapitres consacrés aux hommes qui Pi PE, Ces A Disgrephiet ( 625 ) classeescomme suit : théologiens, Le, médecins, mathématiciens, phi- ; lsophes, philologues , Done Quoique sommaires, elles renferment des ren- -seignements intéressa | Vigneron (Hipp.) — La Belgique Fi biographies Uy Roi, des généraux qui ont été revêtus de commandements dans l’armée, de 1830, et des officiers supérieurs qui ont PREPAY à fonder l'indépendance nationale, Bruxelles, 1855; 2 vol. in-8° ; port. La plüpart des officiers généraux qui figurent dans cette monographie (ils sont - nombre de 84) sont décédés aujourd’hui. Quelques-uns, comme Tilly, Clair- : ayi, Jordan, appartiennent aux siècles passés. Les biographiés sont faites avec Mactilude et respirent un sentiment des plus patriotiques. - Vlaemsche. — De Vlaemsche Rederyker. Tydschrift ter bevordering van | RRENEN Rae 1844-1854; 22 vol. in-8°. ncorsac ha i i y sont IRSC CECS. Vlaemséhe, — De saii School. Antwerpen, jaren 1-6 en vol- Gende; in-4°; gravures On y trouve différentes adi _ Weyerman (3.-€.). — Levens Beschryvingen der nederlandsche konst- A Schilders, lada o 1729-1769; 4 vol. in-4°; avec portraits. | Ouvrage capital pour la vie des peintres. Willems (3.-F.). — Verhandeling over de nederduytsche tael- en letter- kunde, opzigtelyk de zuydelyke provintien der Nederlanden. Antwerpen, ON d » À vol i o, 4 A intéré qu de l'origine el du progrès s de la littérature et de la : tu amande, Willem e consacre aux auteurs qui ont éerit dans cette langue ! “nombreuse n notices fort intéressantes pour l'epoque où elles ont été écrites. e vd S. de). — Bibliotheek der nederlandsche geschiedschryvers; * dee (anno 970-1648). Mi 3 t ün ouvrage estimé qui domne la nomenclature exacte des ouvra ouvrages écrits ' 7 auteurs belges ou hollandais sur l'histoire des Pays-Bas. Chaque nom est © Une courte notice biographique. LT k (P). — Biograpisch, anthologisch en iii denboek der nederduitsche dichters. Amsterdam; 6 vol. in-8°. ” pon justement estimé, ( 626 >) Le projet de règlement, annexé au présent rapport, ayant été transmis au Gouvernement a été approuvé par lui et a fourni, après quelques amendements, la matière d'un arrêté royal dont voici la teneur : PUBLICATION D'UNE BIOGRAPHIE NATIONALE. == LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR , Vu l'arrêté royal du 1% décembre 1845, portant que l’Académie royale des sciences, des lettres el des beaus- arts de Belgique sera chargée de la rédaction d’une Bio- graphie nationale et qu’elle soumettra à la sanction du Gouvernement les mesures d'exécution de ce travail; Vu le projet adopté en conséquence par l’Académie, dans sa séance générale du 10 mai 1860; ARRÊTE : Arr. 1%, L'Académie royale des sciences, des lettres el des beaux-arts est chargée de la rédaction et de la publi- cation d'une Biographie nationale. Arr. 2. Elle institue à-cet effet une commission de quinze membres qui sont élus, en nombre égal de emq, par chacune des trois classes, au scrutin secret et à la majorité des suffrages. a Tous les six ans, chaque classe sera appelée à réélire 0u à remplacer les membres de la commission. La commission nomme dans son sein un président el un secrétaire, id ArT. 5. La commission peut s'associer, pour le traval! de rédaction , les autres membres de l'Académie. ( 627 > Elle est autorisée aussi à y faire concourir des savants tl des littérateurs du pays qui n'appartiennent pas à la - Compagnie. = Ant. 4. La commission dresse préalablement une liste _ ilphabétique, aussi complète que possible, de tous les lommes remarquables , à quelque titre que ce soit, qui li paraissent dignes de prendre place dans la Biographie nationale, Ne pourront être compris dans cette liste que des per- | Wnnages décédés depuis dix ans au moins. ART. 5, Cette liste est imprimée et rendue publique par wie du Moniteur. ART, 6. La commission revoit et approuve la rédaction E des notices, avant de les livrer à l'impression. E ¿elle peut en limiter l'étendue d’après les convenances le la Publication et selon l'importance relative des per- _ Mnnages. Les révisions sont communiquées à l'auteur de la notice ut la publication. te notice porte la signature de celui qui en est leur, l Am, T. La commission fait un rapport annuel au Mi- tre Sur l'état de ses travaux. Elle en donne aussi element connaissance à Vassemblée générale de sademie, Arn, 8. La Biographie nationale sera publiée dans le e M-Oclavo, par volume de cinq cents pages au moins. - M, 9, Une indemnité par feuille d'impression, à fiser = urement, sera accordée aux auteurs des notices bio- igues, i | Ed 10. Les membres de la commission qui ne rési- PAS à Bruxelles recevront une indemnité de déplace- = SÉRIE, TONE IX, 45 45 ( 628 >) ment, chaque fois que la commission se réunira en de- hors des jours ordinaires de la séance académique. ArT. 11. Une allocation spéciale sera mise à la dispo- sition de l'Académie, afin de l'aider à pourvoir aux dé- penses qui résulteront de l'exécution du présent arrêté. Bruxelles, le 29 mai 1860. Cm. ROGIER. Deuxième question relative à la propriété des mémoires académiques. La commission spéciale (1), nommée par les trois classes pour faire un examen préalable de tout ce qui se rattache à ce point, a mis aux voix, après une longue discussion, dans la séance du 51 mars, les propositions suivantes : Les auteurs des mémoires insérés dans les recueils de l a démie ont-ils le droit de les faire réimprimer ? Quatre membres votent pour 'affirmative, quatre voten Il est décidé que la question sera soumise à l'assem rale des trois classes. A la demande de plusieurs membres, la proposition ppe est ensuite mise aux voix et résolue affirmativement par sis contre une : L'Académie a-t-elle le droit de faire imprimer tous es mé rt teontre. géné- ano h la quer des lettres: (1) La commission était composée de MM. Gachard, pré mie, Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel, De Koninck et classe des sciences, Leclereq et Arendt, délégués de Alvin et Ed. Fétis, délégués de la classe des beaux-arts. (629 > moires qui ont été envoyés aux concours ou qui lui ont élé pré- snlés, et sur lesquels il lui a été fait rapport? TNG hi. Avant de se séparer, les membres de la commission votent l'impression de la note Jue, à l'ouverture de la séance, par M.L. Alvin, et décident que cette note sera distribuée aux mem- bres de la compagnie. ) Note communiquée par M. Alvin à la commission mixte Nommée par les trois classes pour la question du droit des auteurs des mémoires. . Nous sommes invités à résoudre une question de règlement Mtérieur qui semble sujette à controverse, mais dont la solution M paru difficile que parce qu'elle s'est produite à l'improviste, e pma on n'était point préparé à la discuter. Il s'agit de déter- a Miner les droits respectifs de l'Académie et des auteurs sur les | Mémoires qui sont soumis au jugement de la compagnie …, Délégué par la classe des beaux-arts, à raison de l'opinion que a di eu l'occasion d'exprimer verbalement, j'ai éprouvé le besoin ; dej tifier mon sentiment, et aussi de m'éclairer moi-même, à de me rapprocher, autant que mes facultés me le permet- Ynt, des intelligences d'élite auxquelles il a plu à mes honorés icdémique, ne nYoecupant que des principes et en cherchant la formule absolue, s formule logiquement dégagée, j'ai analysé le règlement le compagnie, afin de voir s'il était d'accord avec les prin- S que le raisonnement m'indiquait. — Tésultat de ce travail a été de fortifier ma conviction anté- et de me confirmer dans l'opinion, que le règlement de ( 650 ) l'Académie consacre, sur la matière qui nous occupe, un système de dispositions en tout point conformes avec les déductions de la théorie; que l'interprétation de ces dispositions ne pent paral- tre obscure que si on les isole les unes des autres, en détournant de leur signification les termes dont s'est servi le législateur. C'est l'objet de la présente note. Elle se divise en deux parties. Dans la première, je me suis demandé : Quelle est l'étendue du droit que doivent se réserver les corps savants sur la propriété des ouvrages soumis à leur appréciation? Dans la seconde partie, je crois avoir démontré que les disposi- tions de notre règlement sont en parfait accord avec la solution que j'ai obtenue de la première question. Arrivé à ce résultat, je me suis cru en droit de conclure, sans faire intervenir, à l'appui de mes conclusions, l'exemple des usages consacrés dans les autres académies. E Quelle est l'étendue du droit que doivent se réserver les corps E vants sur la propriété des ouvrages soumis à leur appréciation: ll existe, pour l'auteur d'un écrit, un droit de propriété d'une nature spéciale, qui prend naissance dans le fait méme de la composition de Pouvrage. Ce droit, qui consiste principalemen! dans la faculté de reproduire un livre par des copies, soit a moyen de la presse, soit autrement, est ce qu'on appelle pr opriélé littéraire. L'auteur peut aliéner cette propriété, en la cédant, en tout ou en partie, pour un temps plus ou moins long, à titre onéreux ou gratuit, suivant ses convenances. Le plus souvent, c'est à un libraire, qui prend, dans ce le nom d'éditeur, que l'auteur cède son droit. Dans le contrat qui intervient alors, l'éditeur s'engage à payer à l'auteur A somme que l'un et l'autre acceptent comme représentant P valeur de la chose cédée. D'une part, l'auteur s'assure la rém- cas, : ( 651 ) néralion de son travail; d'autre part, l'éditeur prend ses súre- és, afin que les dépenses qu'il va faire, les peines qu'il va se donner pour publier l'ouvrage ne soient point perdues, el qu'il en retire un honnête bénéfice. L'auteur alors commettrait une action coupable s'il cherchait à exercer concurremment avec son éditeur le droit qu'il a vendu, tU celui-ci pourrait lui intenter une action en dommages et in- _ Wréts, Les tribunaux ne manqueraient pas de faire respecter le - tontrat par les parties. po Les choses se passent-elles de même entre l'auteur d'un mé- noire académique et la compagnie savante qui a mis une ques- tion au concours? Il s'établit sans doute un quasi-contrat entre leconcurrent et l'Académie. Ce contrat, d'une nature partieulière, réside dans le programme publié d'avance, programme qui est tensé accepté des concurrents par le fait seul de l'envoi de leurs mémoires, et qui lie à son tour la compagnie. Celle-ci, stipulant, non point dans un intérêt mercantile, mais dans un intérêt scientifique et moral, doit agir autrement que l'éditeur, qui n'a à sauvegarder que l'intérêt matériel de son négoce, L'Académie et l'éditeur n’ont done point un rôle iden- lique; le but étant différent, les moyens doivent l'être aussi. A Nous venons de voir que le mobile de l'éditeur est le désir de E taliser le plus possible de bénéfices; nous connaissons les pré- tutions qu'il prend d'ordinaire, afin que ces bénéfices ne puissent di échapper, et bien souvent c'est au détriment des auteurs qu'il e sûretés. día Rappelons-nous la mission d'une académie. Nous déduirons a les moyens légitimes qu'elle doit employer pour la lemplir i - L'objet que toute académie se propose, C'est l'avancement des ‘onnaissances humaines et la diffusion des Jumières, Pencoura- gement des lettres, des sciences et des arts; c'est donc aussi conragement de ceux qui se livrent à ces utiles travaux. ohseures el ‘Académie provoque la diseussion des questions ( 632 ) controversées, afin d'en amener la solution; et, la solution trouvée, son devoir est de la porter, le plas promptement possi- ble, á la connaissance de la grande famille des savants. De plus, elle enregistre et donne une date certaine aux découvertes qui lui sont communiquées. Elle assure ainsi la propriété des idées à leurs auteurs. On ne saurait concevoir un rôle plus noble, plus généreux, plus désintéressé. Aussi doit-on bien se garder, dans le choix des moyens, de faire déchoir l'Académie de cette magistrature élevée. Les moyens qu'elle emploie sont les suivants: Elle publie des recueils, formant des séries continues, dans lesquels viennent prendre place les travaux de ses. membres, ainsi que ceux des savants étrangers qui ont répondu à son appel. Elle imprime et publie, pour répandre au loin, non pas paa vendre et réaliser des bénéfices. Elle n’a point à se couvrir de ses dépenses; celles-ci sont couvertes, soit par une dotation de l'État, soit par des fondations, soit par de généreuses cotisations. Elle ma done point, comme l'éditeur, à se préoccuper de soin d'acquérir à bon marché et de vendre cher, ce qui est l'unique secret, comme le but unique, du commerce. Elle ouvre des concours et donne aux vainqueurs des palmes, des médailles et quelquefois méme une somme d'argent. Mais ces prix ne sont point une rémunération du travail, un salaire, tel que celui que l'éditeur paye à un auteur, c'est la récompense d'un service rendu à la société, et l'Académie, en la ge ne croit point donner au vainqueur une valeur équivalente à cel du manuserit que celui-ci lui a confié. Il n'y a point là a de vente et d'achat. Mais pour qu'une académie soit assurée de parvenir à son e pour qu'elle puisse user, sans obstacle, des moyens qui doiven l'aider à Patteindre, il est de tonte nécessité qu'elle impose aux auteurs certaines conditions, qui sont en réalité l'abandon d'une part de leur droit. Elle doit d'abord s'assurer la faculté di imprimer danes pr ( 655 >) pres publications tout ouvrage qui aura été soumis à son appré- dation. Il faut que l'auteur ne puisse y venir mettre obstacle. L'impression devant être conforme à la minute qui a été sumise au jugement de l'Académie, l'auteur doit renoncer à amender son ouvrage. La société savante est autorisée à se ré- server l'appréciation de la convenance de tel ou tel changement quil pourrait plaire à l'auteur d'opérer pendant l'impression. Elle peut, en consentant à des additions ou modifications, exiger quelles portent la date du jour où elles ont été opérées. Autre- ment elle donnerait à ces additions la date du dépôt du mémoire, te qui équivaudrait à l'attestation dun fait faux, attestation qui, dans certains cas, pourrait avoir des conséquences graves. Si le changement est de nature à modifier d'une manière sensible une solution ou l'expression d'une opinion scientifique, il faut encore que l'Académie soit mise à même de l'apprécier , sans cela, elle pourrait paraître approuver et avoir couronné un Mémoire contenant des doctrines qu'en réalité elle repousse et condamne; Le mémoire imprimé doit être la reproduction identique du mémoire couronné ou seulement approuvé. Hne suffisait pas, pour garantir la responsabilité de la com- Migue, de ces précautions qui assurent, dans ses recueils, une teproduction fidèle des mémoires; mais il fallait encore se tenir “garde contre les impressions qui peuvent se faire en dehors du -rele des publications académiques. Un auteur qui a échoué dans un concours peut reprendre Mn travail, le refaire entièrement, lui donner la perfection qui Ai manquait lorsqu'il a été soumis aux juges; le rendre meil- “ur que le mémoire du concurrent qui lui a été préféré. Il peut "Isi en appeler au publie du jugement de l'Académie. L'Aca- o démie doit être armée contre un tel procédé. Elle le sera, si elle Pie dans ses archives une pièce probante, ne pouvant en Meur, sous aucun prétexte. Cette pièce, c'est le manuscrit du a Mémoire, la copie même qui a été envoyée à la compagnie el que ” ( 634 ) les commissaires ont eue entre les mains pour motiver leurs con: clusions. Telles sont les concessions que l'Académie est en droit de demander aux auteurs qui lui soumettent leur travail; elles se réduisent à trois : I. L'abandon par l'auteur à l'Académie du droit d'imprimer son travail dans les recueils de la compagnie ; II. L'engagement, de la part de l'auteur, de n'apporter à son travail aucune modification, sans l'agrément de l'Académie, el de donner, si celle-ci le juge utile, aux changements importants la date de l'époque à laquelle ils ont été opérés ; MI. L'abandon, en toute propriété, à l'Académie de la copie du travail qui a été soumise à la compagnie pour obtenir son jugement. Aller plus loin, exiger davantage, ce serait non-seulement dé- passer le but, mais agir contrairement à l'esprit de Pinstitution. En dehors des restrictions qui viennent d'être indiquées, l'au- teur reste, et doit rester, absolument maître de son ouvrage. Il peut en faire autant d'éditions qu'il le juge convenable; il peut y apporter tous les changements qu'il eroit nécessaires, l'abréger, le développer, le compléter, lui donner une forme nouvelle. - Le sentiment des convenances lui commande, sans doute, de prévenir le lecteur des modifications qu'il a apportées à PP. vail, dans les éditions qu'il produit, en dehors de la publicité académique, mais aucune loi ne peut lui en imposer l'obligation: c'est une simple question de délicatesse. m C'est la copie du mémoire et non pas le mémoire lui-même qu! devient la propriété de l'Académie; et la compagnie ne peut, en dehors de ses publications officielles, faire une nouvelle édition d'un mémoire déjà inséré dans ses recueils. Supposons le contraire : que l'Académie se considère comme ayant acquis la propriété littéraire de lœ qu’elle a couronnée, qu’elle insère dans son règlement une disposition consacrant € principe : quelle pourrait en être la sanetion? L'auteur couranné, (635 ) ne tenant aucun compte de Particle du règlement, fait, sans l'agrément de la compagnie, une nouvelle édition de son mé- moire; quel expédient la compagnie pourra-t-elle employer pour téprimer cet abus? Un procès? Je ne vois pas d'autre moyen. Dabord on se demandera si une académie est une personne civile, apte à ester en justice. La question, quant à l'Académie de Bruxelles, est résolue négativement: mais admettons que celle-ci ait qualité pour poursuivre et qu’elle gagne son procés, quel en pourrait être le résultat? La suppression de l'édition considérée comme une contrefaçon, c'est-à-dire une restriction apportée à la diffusion du mémoire et des lumières qu'il peut refermer, L'Académie se serait mise en flagrante contradiction avec le but qu'elle poursuit. Elle aurait restreint la publicité donnée à une découverte jugée, par elle-même, utile et pro- fitable au progrès des sciences, puisqu'elle lui a accordé un prix. El pour quel intérêt se placerait-elle dans une situation aussi fausse et aussi peu digne? Je le cherche en vain; je n'en vois incun. La suppression de l'édition condamnée ne profiterait à Personne. Cette édition ne pouvait causer aucun dommage aux Publications de l'Académie; sa disparition ne lui sera d'aucune utilité. - En effet, les mémoires des corps savants forment collection, msemblent dans un méme volume des travaux de natures trés- diverses; ils sont tirés à un nombre déterminé d'exemplaires qui ont, tous on à peu près, leur destination et leur placement Wsurés, Sil en reste quelques-uns pour le commerce, après la -distribution officielle, ce n'est pas la compagnie qui en tire pro- Ce mode de publication présente d'ailleurs, quant au débit, sieurs inconvénients qui le distinguent des exploitations in- ; dustrielles, Pour se procurer un mémoire, il faut acheter le volume entier dont le mémoire ne forme peut-être que le dixième Partie. L'Académie ne peut vendre les tirés à part; elle ne peut Même autoriser l'imprimeur à le faire. ; ny a done aucune concurrente possible entre les publica- (636 ) tions de l'Académie et les éditions qu’un auteur peut publier d'un mémoire couronné. Voici une autre conséquence du système restrietif que je combats. Les questions que posent les académies sont, la plupart du temps, des questions spéciales; on ne demande guère ni un traité complet, ni une histoire générale, on pose des problèmes déterminés, on demande des monographies. Qu'un écrivain dont toute la vie a été consacrée à l'étude de l'histoire de la peinture, par exemple, soit en train d'achever un grand ouvrage sur cette matière, lorsqu'il voit, dans le programme de l'Académie, une question telle que celle-ci : Dire en quoi consiste l'invention des frères Van Eyck, quant à la peinture à l'huile. Un chapitre de son ouvrage général, non encore imprimé, traite cette ques- tion et en donne une solution admissible. Il détache ce fragment de son œuvre et l'envoie au concours; l'Académie lui décerne le prix. Dans le système opposé à celui que je défends, l'auteur; par le fait seul de sa participation au concours, abandonnerait | propriété de ce chapitre de son livre, et il lui faudrait Jagr» ment de la compagnie pone l'imprimer avec le reste. Un tel résultat serait absurde; il constituerait un tort sérieux pour l'auteur sans le moindre avantage pour la compagnie. H. Les dispositions du règlement de l'Académie royale de Belgi- que sont en parfait aceord avec les principes qui viennent d'être exposés. Quelles sont, dans le règlement général de l'A cadémie ront de Belgique, les dispositions qui peuvent être appliquées 0 r vers cas dont je viens de m'occuper! L'arrêté royal du 1° décembre 1845, portant réorganisation de la compagnie, dit, en son article 21 : « Les mémoires des trois classes sont publiés, dans un mine E E EDESA e e RSR ( 657 ) 1 volume, et ont chacun leur pagination. H en est de même » pour la collection des mémoires couronnés et des mémoires » des savants étrangers, dont l'impression aura été ordonnée par » chaque classe. Un bulletin paraît mensuellement et contient » le résumé des travaux des trois classes. » Cette disposition faisant partie des statuls organiques, déter- mine la forme des publications de l'Académie; elle est exclusive de toute autre; c'est ensemble et dans les mêmes volumes que les mémoires doivent être publiés : l'Académie n’est point libre de ls imprimer séparément. On peut encore tirer, de cet article 21, la conséquence, que l'Académie a le droit de publier les mémoires qui sont soumis à s0n jugement par leurs auteurs, sans être obligée de demander l'assentiment desdits auteurs : cet assentiment est préjugé. Le règlement de Marie-Thérèse et celui du roi Guillaume Wallaient pas aussi loin : ils exigeaient Je consentement des au- leurs, Dans l’un et l'autre, on trouve un article 17 ainsi conçu : «Tous les écrits que les académiciens apportent aux assemblées Sont laissés par eux aux mains du secrétaire, et l'Académie ? Ne peut les rendre publies par l'impression que du consente- > ment des auteurs. » Cette seule restriction au droit d'imprimer attribué à l'Aca- démie à disparu de la législation de 1845. I} en résulte que ce droit reste aujourd’hui tout entier à la compagnie, que personne "e peut s'opposer à l'impression d'un mémoire ou d’une notice, lu moment qu'il y a eu décision de l’Académie. Le règlement général du 1% décembre 1845 consacre seize árticles au mode de publication des productions académiques; cest la que se rencontrent spécialement les dispositions relatives aux droits respectifs des auteurs et de la compagnie, dans les Aricles 29, 23 et 24, _“aminons les successivement. 4. a « Art. 22, Le secrétaire peut confier aux auteurs les mémoires ? ui ont été adoptés pour l'impression, afin qu'ils y fassent les ( 658 ) » corrections nécessaires, mais il est tenu de les reproduire aux » commissaires , si ces mémoires ont été modifiés pour le fond, » ou si Pon y a fait des intercalations. » Quand de pareils changements ont été faits, il faut les » désigner d'une maniére expresse ou donner aux mémoires la » date de l'époque à laquelle ils ont été modifiés. » Cet article consacre : d’une part, en faveur de l'auteur, la fa- culté de corriger son travail avant l'impression; — en faveur des juges, le droit de contrôler ces changements et d'exiger qu'ils soient désignés d'une manière expresse et, au besoin, de faire reporter la date du mémoire à l'époque des corrections. Tout cela est parfaitement légitime, parce que tout cela est nécessaire et que, sans ces précautions, la responsabilité de l'Académie pourrait être compromise, ainsi qu'on l'a exposé plus aut. « Art. 23. Dans aucun cas, on ne peut rendre aux auteurs » les manuscrits des mémoires qui ont concouru. Les change- » ments qui peuvent être adoptés pour des mémoires de con- » Cours qu'on imprime sont placés, sous forme de notes ou » d'additions, à la suite de ces mémoires. » La sévérité est plus grande à l'égard des mémoires de con- cours, et cela se conçoit. Le jugement de l'Académie constate la supériorité du travail du lauréat sur celui de tous ses rt rents; c’est donc l'ouvrage couronné lui-même, tel qu'il était T moment où les commissaires l'ont apprécié, qui doit être mis sous les yeux du public. Et si des changements y sont apportés, ils doivent être produits d'une manière assez distincte pour qu'il ne puisse y avoir de méprise, volontaire ou involontaire. Les manuscrits des mémoires ne peuvent être rendus au teurs. Il y a ici une différence notable entre les mémoires de concours et les mémoires simplement adoptés pour FC sion. L'article 22 autorise le secrétaire à confier ces derniers à leurs auteurs; Particle 23 interdit cette faculté, en ce qui con- cerne les pièces de concours. C'est qu'il se pourrait quan antes x au- i ( 659 ) substitut une nouvelle copie à la première ou qu'il fit à son manuscrit des modifications contre lesquelles on ne saurait prendre trop de précautions. ; « Art. 24. Les mémoires des membres dont l'impression n'a » pas été ordonnée peuvent être rendus aux auteurs, qui, dans » tous les cas, peuvent en faire prendre une copie à leurs frais, » Les manuscrits des mémoires de concours, de même que » des mémoires communiqués par des associés, des correspon- » dants on des savants étrangers, sur lesquels il a été fait des » rapports, deviennent la propriété de l'Académie. » . Cet article consacre encore la distinction signalée plus haut entre les mémoires des membres et les mémoires de concours. Les premiers peuvent être rendus à leurs auteurs, si l'impres- sion n’en a pas été ordonnée; les auteurs peuvent, en tout cas, en faire prendre copie. Il n’en est pas de même des pièces des Concours et des mémoires des associés, des correspondants et des savants étrangers : les manuscrits de ces travaux sont dé- darés la propriété de l'Académie, du moment qu'ils ont donné lieu à un rapport. C'est qu'en effet, la compagnie est sérieuse- Ment intéressée à demeurer nantie des pièces d'un procès dans uel elle a prononcé son jugement. Et ce n'est pas seulement le manuscrit du mémoire couronné qu'elle doit conserver dans Ses archives, ce sont aussi les manuscrits des concurrents moins Ureux, Toutes ces dispositions sont parfaitement légitimes; elles sont d'accord en tout point avec les principes qui ont été ex- posés dans la première partie de ce travail. D'où vient donc la difficulté ? Comment peut-il y avoir des doutes sur l'interpréta- lion? Le texte n'est-il pas clair? Et quelle est la question que Tous sommes appelés à résoudre? # On a soutenu que par ces mots : les manuscrits des mémoires "ment la propriété de l'Académie, le rédacteur du règlement Bénéral avait attribué à la compagnie le droit de propriété lit- téraire sur ces productions. ( 640 ) ll y a ici, me semble-t-il, une double confusion d'idée. D'abord, on confond la possession effective d'un manuscrit avee le droit qu'a l'auteur de reproduire son œuvre; en second lieu, on at- tribue une signification égale aux mots réunis manuserits des mémoires, et au mot isolé mémoires. C'est de cette confusion que provient toute la difficulté. Chaque année, l'Académie contribue, sans s’en douter, à ac- créditer l'erreur. A la suite du programme du concours, on lit: « L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès » que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont dé- » posés dans ses archives comme étant devenus sa propriété. » . D'après cette rédaction, ce sont les mémoires eux-mêmes, el non la copie des mémoires envoyée par les concurrents, qui de- viennent la propriété de l'Académie. C'est, à mon avis, la copie seule, et une copie déterminée, celle qui a servi au jugement, qui devient la propriété de l'Aca- démie. L'Académie n'a pas besoin d'autre garantie, et, n'en ayant pas besoin, elle n’a pas le droit de Vexiger. L'abandon ab- solu de leur droit d'auteur, qu'on semble vouloir demander aux concurrents, serait une véritable spoliation dont personne ne profiterait. C'est tellement bien d'une copie, et non du mémoire lui-même, de Pautographe de l'auteur, que le règlement s'occupe, que, la plupart du temps, l'auteur qui enverrait un travail écrit de sá - main sexposerait à se voir repoussé du concours, puisque Ce pourrait être pour lui un moyen de se faire connaitre avant le prononcé du jugement. Si done c’est une copie qu'il a adressée à l’Académie, l'auteur conserve la possession effective du mami- scrit original; quel moyen pourrez-vous employer pour l'empé- cher d'en faire usage ? Bien loin de consacrer un système aussi étroit, le règlement de l'Académie montre la plus grande libéralité à l'égard des au- teurs. C'est dans tout l'ensemble de ce règlement qu'il faut cher- cher l'esprit qui l'a dicté. Ainsi, l'article 28 me paraît un élo- (641 ) quent commentaire de l'article 24. En vertu de cet article, « les » auteurs des mémoires et notices insérés dans le Bulletin de > l'Académie ont droit à recevoir cinquante exemplaires parti- » euliers de leur travail. Ce nombre est porté à cent pour les » écrits imprimés dans le recueil des mémoires. Les auteurs » ont, en outre, la faculté de faire tirer des exemplaires en » sus de ce nombre, en payant à l'imprimeur une indemnité de » quatre centimes par feuille. » … Remarquez qu'aucune limite n'est apportée au droit accordé aux auteurs de faire tirer des exemplaires à part. L'auteur peut profiter de l'occasion pour faire une édition de son ouvrage; lAcadémie l'y autorise; elle l'y convie même par la modicité des prix imposés à son imprimeur. En résumé , je crois que la législation académique, en ce qui concerne les droits respectifs de la compagnie et des auteurs sur les mémoires qu'elle a appréciés, est parfaitement d’ accord avec les principes, et qu'il n'y a rien à y changer. 5 Seulement, à l'avis qui suit le programme du concours, au lieu de supprimer le mot manuscrits, dans l'expression manu- šrils des mémoires , il faudrait maintenir les deux mots, comme l'article 24 du règlement général, et de plus, expliquer l'ex- Pression, dans ce sens, que c'est la copie mème qui a servi Pour le jugement qui devient la propriété de l'Académie, et non le droit d'auteur ou de copie, connu sous la dénomination de Propriété littéraire. f - Les seules conclusions à présenter me semblent celles-ci : Ha n’y a pas lieu de demander une modification quelpongue des statuts. Il n'y a qu'un léger changement à apporter à la ré- duction de l'avis qui accompagne le programme des concours. L'intervention de l'assemblée générale serait même inutile, Sl š trois classes adoptaient successivement ces conclusions. ( 642 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Recueil des ordonnances des Pays-Bas autrichiens, 3™ sé- rie. — 1700-1794, tome 1“, contenant les ordonnances du 18 novembre 1700 au 23 juin 1706; par M. Gachard, Bruxelles, 1860; 4 vol. in-fol. ji Observations sur Agrippine et Postume; par J. de Witte. Paris, 1 broch. in-&. Programme du cours de géométrie descriptive, fait à luni- versité de Liége; par J.-B. Brasseur, 3"* édition. Liége, 1859; in-4°, Vaderlandsch museum voor nederduitsche letterkunde, owl: heid en geschiedenis; uitgegeven door C.-P. Serrure. Derde deel, 1% en 2% stuk. Gand, 1859-1860; in-8°. Académie royale de peinture, de sculpture, d'architecture cl de gravure de Bruxelles. Réponse à quelques critiques adressées à l'enseignement de cette institution (par L. Jéhotte). Bruxelles, 1860; 1 broch. in-8°. dsd Documents statistiques publiés par le Département de l'inté- rieur , avec le concours de la Commission centrale de statistique. Tome IV. Bruxelles, 1860; in-4°. es Mémoires anonymes sur les troubles des Pays-Bas, 1565- 1580, avec notices et annotations par J.-B. Blaes. Tome I. Bruxelles, 1860; 4 vol. in-8°. > Mémoires de Frédéric Perrenot, sieur de Champagney, q 1580 ; avec notices et annotations par A.-S.-P. de Robaulx de Soumoy. Bruxelles, 1860; 4 vol. in-8°. b Mémoires du prince de Ligne, suivis de pensées el précédés d'une introduction; par Albert Lacroix. Paris- Bruxelles, 1860; 1 vol. in-12, La révolution des Pays-Bas au XVI" siècle; par John . ( 645 ) Lothrop Motley, traduit de l'anglais par Gustave Jottrand et Albert Lacroix. Tome IVe, 4re partie. Bruxelles, 1860; in-8°. Examen des doctrines religieuses de M. Renan; par l'abbé Doyen. Bruxelles, 1860; in-8. Mémoire sur la machine à vapeur ; par M. Steichen. Bruxelles, 1860; 1 vol. in-S>. l Manuel d'anatomie générale ; par E.-M. Van Kempen, nou- . Welle édition. Louvain, 1860; in-&. Essai sur la queue des comètes; par Léonard Pirmez, seconde élition. Bruxelles, 1860; in-8>. Prolégomènes philosophiques de la géométrie et solution des - Dostulals; par J. Delbœuf. Liége, 1860; 1 vol. in-S”. Rapport de la commission directrice de la Société royale pour lencouragement des beaux-arts, à l'assemblée générale des socic- Mires, tenue le 20 mars 1860. Gand, 1860 ; in-8°. … Considérations sur la vie et le principe vital; discours par BE. Husson. Bruxelles, 18603 4 broch. in-8°. Note sur la visite des lépreux à Anvers depuis le 44 mai a 1517 jusqu'au 14 mars 1524; par C. Broeckx. Anvers, 1860; 8, Bisloire de la révolution belge de 1850 ; par Carlo Gemelli, - Vaduit de l'italien par P. Royer. Bruxelles et Ostende, 1860; Me, > Répertoire général de photographie pratique el théorique; par a Van Monckhoven, 3"* édition, avec atlas composé de 10 Manches, Gand , 1859; 2 vol. in-8°. …, Lhumanité, poëme; par Denis Sotiau. Liége, 1800; pet. Etude économique sur le porc, ses races, ses dépenses et ses Produits; par Phocas Lejeune. Bruxelles, 1860; in-8°. : Portefeuille de John Cockerill, 58% à 62" livraisons. Paris- lige, 1860; in-fol. de la numismatique belge; troisième série, tome IV, live, Bruxelles, 1860; 1 cahier in-8°. 2% SÉRIE, TOME IX. l 44 ( 644 ) L Abeille, revue pédagogique, 1Y"* année, 4" à 6” livr. Bruxelles, 1860; 3 broch. in-8°. j Revue populaire des sciences, rédigée par M. J..B.-E. Husson. Ht”* année, n°: 4 à 6. Bruxelles, 4860; 3 broch. in-8% Revue trimestrielle, 26" volume. Bruxelles, 1860; 4 vol. in-12. Journal des beaux-arts, °° année, n°‘ 8 à 10, Anvers, 1860; 5 feuilles in-4°. Annales de l'Académie d'archéologie de Belgique, tome XVI {re liv. Anvers, 1860; 1 broch. in-5°, Messager des sciences historiques, ou archives des arts el de la bibliographie. Année 1860, 1° livr. Gand; 1 broch, in-8°. Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, tome I, 4% livr. Liège, 1860; in-8°, Revue de l'administration et du droit administratif de la Bel- gique, VI" année, 41? à 5" live. Liége, 1860; in-4°, Bulletin de l'Académie royale de médecine de Belgique, annee 1860; 2% série, tome II, n° 1 à 2, Bruxelles, 1860; 2 broch. in-8°. Mémoires de l'Académie royale de médecine de Belgique, am fascicule du tome IV. Bruxelles, 1860; 4 cahier in-4°. Mémoires des concours et des savants étrangers, publiés par l'Académie royale de médecine de Belgique, 1* fase. du tome vV. Bruxelles, 1860; 4 cahier in-4°, = Le Scalpel, 21" année, n°° 24 à 30. Liége, 1860; 7 feuilles in-4°. Journal d'horticulture pratique de la Belgique, avril à juin. Bruxelles, 4860 ; 5 broch. in-8°. La Belgique horticole , rédigée par Édouard Morren. Prologue m Jy"* année, et frontispice du 1X™° volume; 10% année, 4™ à 6" liv. Liéger a 1860; 4 broch. in-4°. i di Annales de la Société historique et archéologique à Maestricl té tome Il, 2e et 3% fascienles. Maestricht, 1807: ? € in-8°, (615 ) Historisch Genootschap gevestigd te Utrecht : — Werken, Rro- nyk, 1859, bl. 14-24 met omslag; — eodex diplomaticus, 2% serie, 1Vd* deel, 2% afd., blad 4-12; Vèe deel, blad 51-60 met litels, inleiding en omslag. Utrecht, 1859; 3 vol. in-8°, Tijdschrift voor entomologie, onder redactie van prof. J, Van der Hoeyen, D' M.-C. Verlaren en M' S.-C. Snellen Van Vol- lenhoven, vol. I, n° 6; vol, HL, n% 1-2-5. Leide, 1859; 4 broch. in-$°, Journal de l École impériale polytechnique, publié par le con- sil d'administration de cet établissement, t. XXI. Paris, 1838; 1 vol, in-8>, | Revue numismatique, publiée par J, de Witte et Adrien de Longpérier, nouvelle série, tome IV, mars à décembre; tome Y, janvier à avril. Paris, 1859-1860; 6 cahiers in-&. Journal de la Société de la morale chrétienne, tome X, n° 1 42, Paris, 1860; 2 broch, in-89 L'Investigateur , journal de l'Institut historique, XXVII innée, 504% Jivp, Paris, 1860; in-8°. Revue de l'art chrétien, IVe année, n% 1 à 3, janvier à Mars. Paris, 4860; 3 broch, in-8°. Bulletin de la Société géologique de France, deuxième série, m XVime, feuilles 7-12; 13-20. Paris, 1859 à 1860; 2 broch. Revue de l'instruction publique en France, XX™ année, n* 1 410. Paris, 1860; 40 doubles feuilles in-42. ; Traité élémentaire des séries; par Eugène Catalan. Paris, 1860; in-8°, 1 Ménoir e sur le calendrier musulman et sur le calendrier hé- # x €; par Martin (René), d'Angers. 1% partie. Paris, 1857; Observations sur les données qui ont servi de base qua diverses aries des vents, el principalement sur le système de cirewlalion 4 ique de M. Maury; par M. Lartigue, Paris, 1860; 1 (646 ) Traité de perspective- relief; par M. Poudra. Paris, 1860; 1 vol. in-8° et 4 atlas in-4° obl. Biographie du général baron Testot-Ferry, vétéran des armées républicaines et impériales, et exposé des événements militaires de 1792 à 1815; par Mignard. Paris-Dijon, 1859; 1 vol. in-8°. Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie, année 1860, n° 4. Amiens, 1860; 1 broch. in-8°. ai Institut des provinces de France. Mémoires, 4"° série, sciences physiques et naturelles. Caen, 1859; 1 vol. in-4°. Programme du congrès archéologique de France, qui sera ou- vert à Dunkerque le 16 août 1860. Dunkerque, 1860; in-4°. Précis analytique des travaux de l'Académie impériale des sciences , belles-lettres et arts de Rouen, pendant l'année 1858-59. Rouen, 1859; 1 vol. in-8°. Société des sciences naturelles de Neuchátel : — Mémoires, tome IV ; — Bulletin, tome V, 1% cahier. Neuchâtel 1850; 1 vol. in-4* et 4 cahier in-8°. Zeitschrift für die gesammten Naturwissenchaften ; herausge- geben von dem naturw. Vereine für Sachsen u. Thúringen m Halle; redigirt von C. Giebel und W. Heintz. Jahr. 1859, XI, XIV Bandes. Berlin, 1839; 2 vol. in-8°. Verhandlungen des naturhistorisch-medizinischen Vereins zu Heidelberg, Band 11, N° 4. Heidelberg, 1859; in-12. Heidelberger Jahrbücher der Literatur, unter Mitwirkung der vier Faculiäten. LII Jahrg., 4ses-5's Heftes. Heidelberg, 1860; 3 broch. in-8°. Verhandlungen der kaiserlichen -leopoldi nischen-carolinischen deutschen Akademie der Naturforscher, XXVII Band. Jena, 1860; 1 vol. in-4, ; Allgemeine geographische Meteorologie, oder versuch be uebersichtlichen Darlegung des Systems der Erd-Meteoration a ihrer klimatischen Bedeutung; von A. Mühry. Leipzig und Het- delberg, 1860; in-8°. s Anzeiger für Kunde der deutsche Vorzeit, neue Folge, 1850, - ( 647 ) titre el n° 12; 1856, 1857, 1858, 1859 et 1860, n 1 à 4. (Man- quent 1856, n° 7, 10, et 1859, n° 2). Nuremberg, 1855-1860; in-4°, Germanischen national Museums zu Nürnberg; 3-61" Jahresb. Nuremberg , 1856-1859; in-4°. ` Denkschriften der k.-bayer. - botanischen Gesellschaft zu Re- yensburg, VI Band, 1°° Abth. Regensburg , 1859; 1 vol. in-4°. Flora, oder allgemeine botanische Zeitung, herausgegeben von der königl.-bayer.-botanischen Gesellschaft zu Regensburg. Neue Reihe, XVII Jahrgang. Regensburg, 1859; 4 vol. in-8°. Das Gesetz des menschlichen Wachsthumes und der unter der norm zuruckgebliebene Brustkorb als die erste und wichtigste Ur- sache der rhachitis, scrophulose und tuberculose; von Franz Liharzik. Vienne, 1858; 4 vol. gr. in-8°. Verhandlungen der physicalisch-medicinischen Gesellschaft in Würzburg ; herausgegeben von der Redactions-Commission der Gesellschaft, Xt" Band, 2° und 5° Heft. Wurtzbourg, 1860; 1 cahier in - 40, Würzburger naturwissenschaftliche Zeitschrift; herausgege- ben von der physicalisch - medicinischen Gesellschaft, redigirt Yon H. Müller, A. Schenk, R. Wagner. I* Band, 1 Heft. Wizbourg, 1860; 2 broch. in-8°. ~ Corrispondenza scientifica in Roma, vol. VI", n° 21-23. Rome, 1860; 3 doubles feuillés in-4°. Bullettino nautico e geografico. Appendice alla € Sorrispondenza scientifica di Roma, vol. I, n% 1 et 2, Rome, 1860; 2 feuilles A Atti dell imp.-reg. Istituto Veneto di scienze, lettere ed arti, N V", serie terza, disp. 5-6. Venezia, 18359-60; 2 mere A in- $°, | Almanaque nautico para 1861, calculado de ceden de S. M. mel observatorio de marina de la ciudad de San Fernando. Cadiz, 1859; 4 vol. in-8°. Observations météor ologiques faites à l'observatoire de l'infant ( 648 ) don Luis, à l'École polytechnique (Lisbonne), pendant les mois de - janvier à mars 1860. Lisbonne; 3 broch: in-fol, The quarterly Journal of the chemical Society, n° XLVIIl. Londres, 1860; in-8°. The american Journal of science and arts, vol. XXIX, second series, n° 86. New-Haven, 1860; in-8°. FIN DU TOME IX DE La 2° SÉRIE, BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. DU TOME NEUVIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE. | i E TABLES ALPHABÉTIQUES j a — 1860. TABLE DES AUTEURS. A. : » iiini: royale des beaux-arts d’ Anvers. — Envoi de son ibn taa du grand concours de peinture, 101. Aguilar (Antonio). — Avis aux astronomes relatif à Péclipse de soleil du Mois de juillet 1860, 355. 5 Alvin, — NE TE relative à la révision du règlement de la caisse tentrale des artistes, 348; note communiquée à la commission mixte nommée par les trois dattes pour la question du droit des auteurs des oires, 269, Anonyme. — Envoi d'un mémoire pour le concours sur le lieu de naissance de Charlemagne , 285. Arendt, — Commissaire pour un mémoire de concours, 172; rapport sur cre, ed annique pour FAURE des sciences. sa aie réunion, à Oxford , 355, LES OUT RSR ET E E ee a TER 5 — Annonce de 630 TABLE DES AUTEURS. B. Balat. — Commission pour un travail de M. Holst , 394. Baron. emerciments au directeur sortant, 106. Bayer. — “ès Eee Benoit. — Rapports de MM. Fr. Fétis , Snel et re sur sa COM- position és intitulée : Petite es de Noël, 102 Bernardin. — Dépôt d'observations botaniques faites à cu. en 1850 et ca 115, 556, 404. Blommaert. — Élu correspondant de la classe des dp 496. B peer — Note sur le lieu de naissance du musicien Gossec , 221. Borgnet. — Commissaire pour un mémoire de concours , 172; rapport sur ce mémoire , 482; papra sur une notice relative à un psautier manuscrit du IX™e ele, par M. Namur, 182. Bormans. — Rapport sur une notice relative á un psautier manuscrit du IX”: siècle , par M. Namur, 180. Boué (Ami). — Statistique rEllsétinellé : 279. Braemt. — Situation de la eaisse jipii des artistes belges au 1% janvier 1860, 106; idem depuis son sg 348 ; réélu membre de la commission administrative pour 1860 Buchinger. — Dépôt tre botaniques faites à Venise en 1859, 114. €. Carton. — Commissaire pour un mémoire de M. De Smet, 170; lecture de n rapport sur ce mémoire ut ; rapport sur un projet de concours pour ri de la ville d'Ypres, 175. Chalon. —. Hommage SEE 99, 286; commissaire pour deux mé- moires de concours, 171 ; rapport Pt mémoire, Coemans. — Recherches sur la genèse et les inétémerphésés se DEN sclerotiorum , Lib., 62; rapports de MM. Martens et Kickx sur cette n0- tice, Comprá archéologique de France. — annonce de sa vingt septième ea nion à Dunkerque, 390. D. Daussoigne-Méhul. — Rapport sur une composition miento de M. Benoit intitulée ; Petite cantate de Noël, 105. TABLE DES AUTEURS, 651 David. — Commissaire pour trois mémoires de concours, 171, 172; rap- ports sur ces mémoires , 493, 480. Durs — Dépôt d'observations botaniques faites à Jemeppe en 1860, $ E — Commissaire pour une lettre du Ministre de l'intérieur relative à la restauration d'anciennes peintures, 347; rapport sur celte lettre - De Decker. — Rapport verbal sur un mémoire de M. Dupont-Marin, 99; commissaire pour deux mémoires de concours , 171; rapport sur ces mé- . moires, 391, 468; membre de la commission pour la présentation de candidats aux places vacantes dans la classe des lettres , 172. De Gerlache (le baron). — Commissaire" pour deux mémoires de concours, 171; rapport sur ces mémoires, 391, 469. er. — Commissaire pour une lotes de M. le Ministre de l’intérieur relative à la Spa d'anciennes peintures , 547. De Koninck. — Commissaire pour une sé de M. Sons sub aa a sur cette notice, 411; Delbarre, — Lune de par 357, 589. D'Omalius. — Hommage d'un ou , 557. De Pouhon. — gSA re à la question sur le lieu de naissance de D; st tion SAGE du conseil provincial du Hainaut (la). — Hom- sa To médaille , 594. De Ram, — Hommage d'ouvrages, 99, 169; élu directeur pour 1860, 100; commissaire pour un mémoire de M, De Smet, 170; lecture de son rapport ` Sur ce mémoire De Saint- enoti (le baron J.). — Commissaire pour un mémoire de M. De Smet , 170; lecture de son rapport sur ce mémoire , 591 ; commis- saire pour buis mémoires de concours, 171, 172; rapports sur ces mé- moires, 391, 478; rapport sur un programme de concours pour l'histoire de la ville Fo 179; rapport sur une notice de M. Namur relative á un Psautier manuscrit du IX”* siècle, 182; membre de la commission pour la présentation de candidats aux places vacantes dans la classe des lettres, 172; rapport sur les moyens de mettre à exécution l'arrêté royal du le décembre 1841 relatif à la Biographie nationale, 594. De Selys- Longchamps. — Commissaire pour deux mémoires de M. Van Be- n , 62; lecture d’un rapport sur ces mémoires, 119 ; dépôt d'observa- tions Mois: faites à Waremme, en 1860, 356, 404; communication - Werbale concernant des fossiles , 588. de FR + — Présentation d'un uiii sur la première eroisa de , 169; lec- 659 TABLE DES. AUTEURS. ture des rapports de MM. de Saint-Genois, Carton et de Ram sur ce mé- moire, 391; rapport sur un programme de concours pour l’histoire de la ville d'Ypres, 179; renaissance de la ville de Gand, après la retraite des pirates du Nord, 287, D'Udekem. — Approbation royale de son élection de membre, 2; remerci- ments pour son élection, 2 ; commissaire pour deux mémoires de M. Van , 119. De Vaux (Ad). — Communication relative aux moyens de prérií les édifices contre les ravages de la foudre, 277. De Wael (Émilien). — Envoi d'observations botaniques faites à Eeckeren, | en 1859, 5. é p Dewalque. — Approbation royale de son élection de membre, 2; remerci- ments pour son élection , ¿bid.; dépôt d'observations météorologiques et botaniques faites à Stavelot en 1859 et 1860, 114, 115, 404; pp: qm rg à Serpent ere e” du 19 février 1860, De Witte (le b le concours, in j rapport sur ces pe 391, 460; hommage d'ouvrages , 460. Ducpetiauz. — Rapport verbal de un mémoire de M. Dupont-Marin, 99; commissaire pour deux mémoires de concours , 171; rapport sur cês mé- moires, 391, 467; lecture d'un discours sur le principe de l'association dans ses rapports avec Pamélioration du sort de la classe ouvrière , 591, Dupont- Marin. — Lecture des rapports de MM. Duepetiaux et De Decker sur son res capote au Rire. e Duprez 5 lant l'orage du 19 février 1860, 275; commissaire pour un inétnoire de M. Noël, 558; commissaire pour une notice de M. Florimond , 558; annonce d'un travail sur les para- tonnerres, 455. > E. Encke. — Accuse la réception du montant de la souscription destinée à la fondation de Humboldt, 555. F: Fabri. — Arrêté royal qui lui accorde une pension comme lauréat du grand i concours de sculpture, 589. Fétis (Éd.). — Présente la situation de la caisse centrale des artistes belges au 1% janvier 1860, 106, 222; notice sur Gérard Edelinck , 225. Fétis (Fr.). — Rapport sur une composition musicale de M. Benoit Wa tulée; Petite cantate de Noël, 102; annonce de la mort de M. Spohr el 653 TABLE DES AUTEURS, 3 Rd ER di Vs KT PS, ces dé lui consacrer i hommage d'un ouvrage, 394; rapport sur une demande peer se je: lative au voyage d'un lauréat di grand concours de musique , 395. rim — Aurore boréale de 1859, observée á Louvain, le 1* janvier 1860, 5; bolide observé á Louvain, 115; note sur l'orage du 19 février 1860, ete., 358. G. Gachard, — Nommé président de l'Académie pour 1860, 98; remerci- ments au directeur sortant , 100 ; rapport verbal concernant la bigraphie nationale, 286; rapport sur * propriété des travaux publiés dans les recueils académiques, 390 ; sur la captivité de François 1% et le traité de adrid , 498. — Hommage d'une photographie ; 594. Ghaye, — Dépôt d'observations botaniques faites à Waremme, en 1860, 556, Gilbert, (Ph.). — Note sur quelques propriétés des lignes tracées sur une surface quelconque, 46 ; lecture des rapports de MM. Schaar, Lamarle et immermans sur cette nu j6: += Élu associé de la classe des lettres , 496 Guillaume, — Élu correspondant de la delos de lettres , 496. H. dinger, — Remerciments pour son élection d'associé, 2; exprime le désir d'obtenir un fragment d’un aérolithe tombé à Saint-Denis-Westrem, le 7 juillet 1855, 2; renseignements sur un bolide observé en Bohême, A5. | Meis, — — Dépôt d'observations botaniques faites à Munster, en 556 ; _ Suite des observations sur la lumière zodiacale, faites à Munster, du 20 - Mécembre 1859 au 25 février 1800, 559. Holst (Chrétien). — Présentation d'un travail imprimé, 594. 7 Husson, — Dépôt d'observations botaniques , 464. J. ames (Henri). — Transmet des renseignements géodésiques el hommage : an ou é, 555, a otte, — Annonce l'exécution d'un buste de feu M. Dewez, 286, 654 TABLE DES AUTEURS, Juste (Th,). — Note concernant un travail historique sur les comes d'Eg- mont et de Hornes, 1 K. Kervyn de Lettenhove. — Proposition relative à la question sur le lieu de naissance de Charlemagne, 170; les bibliothèques de Rome (notes et ex- traits), 306. Kickæ. — Rapport sur les recherches sur la genèse et les métamorphoses de la Peziza sclerotiorum , de M. Eug. Coemans, 8; rapport verbal concer- nant la Biographie frere 262. L. marle, — Lecture de son rapport sur la notice de M. Gilbert, relative à quelques propriétés des lignes tracées sur une surface quelconque, 6; note sur l'écoulement des eaux qui circulent à la surface de la terre, 12; solution géométrique d’une série de problèmes relatifs à Part des con- structions , 127 , suite et fin, 361. Lamont. — Bones iments pour son élection d'associé, 2; sur la période annuelle de l'intensité horizontale du magnétisme terrestre, 116. Lanzweert. — Envoi d'observations ornithologiques faites à Ostende en 1859, 5, 115. Le Das. (Ph. ). — Élu associé de la classe des lettres , 496. Leclereg. — Envoi d'observations météorologiques faites à à Liége en 1859,5. Leclereq (M. N. J.). — Réélu membre de la commission administrative a 1860, 100; membre de la commission pour la présentation des candi tie: vacantes dans la classe des lettres, 172. Peas — Élu associé de la classe des es 96. Leys. — Commissaire pour une lettre de M. le Ministre de l'intérieur rela- tive à la restauration d'anciennes er 547. Liagre. — Commissaire pour une notice de M. W. Zytphen, 5; rapport verbal sur cette notice, 119; élu directeur de la classe des sciences pour 1861, 6; lecture de son rapport sur une notice de M. Montigny ri relative à la vitesse du bruit du tonnerre , 6, Lyell. — Hommage d'ouvrages, 2 M. aas. — Dépôt d'observations météorologiques et botaniques faites à PE mur en 1859 et 1860, 114, 404; observations pemet faites Namur pendant l'orage du 19 février 1860, ' TABLE DES AUTEURS, 655 Mailly. — Hommage d’un ouvrage, Maury. — Observations petaca recueillies en mer, 554; remerci- ments pour son élection d'associé, 555; projet de conférence interna- tionale pour étendre, sur le monde entier, le système des observations météorologiques deja pour la mer, dans la conférence de 1855, 415. Martens. — Rapport sur les recherches sur la genèse et les métamorphoses dela Peziza solerotiorum , Lib., de M. Eug. Coemans, 7. E ski. — Présentation d'un mémoire, 119. E Melsens. — Communication verbale sur le rain d'un mano- | mètre métallique , 284. E Ministère de l’intérieur, — Communication d'un arrêté royal approuvant l'élection de deux imbre dans la classe des sciences , 2; idem formant un concours extraordinaire d'une somme de 5000 frances, 114; annonce que les membres de l’Académie ne. Le part à ce concours; 262; au- -nonce Penvoi du buste de M. Dumont, 546; accorde une somme de 500 _ francs, destinée à la Caisse Esp is artistes belges , ¿bid ; lettre rela- live à la restauration d'anciennes peintures, 346; envoi d'ouvrages pour la bibliothèque de l'Académie, 554; adresse des documents pour la Bio- ue nationale transmis par le ere de la province g’ 395; envoi d'une lettre _ ännonce Le du portrait de Marie-Thérèse, ibid; e oa ica pl l'histoire de la ville d'Ypres, ibid; arréte ra Au, au sieur Fabri, igny. — Note sur la vitesse “a bruit du tonnerre, 56 ; lecture des rap- : ports de MM. Plateau , Ad. Quetelet et Liagre sur cette notice, 6. N. Namias. — Hommage d'un ouvrage, 356. , Namur, — TERA de MM. de Borgnet et le baron de Saint-Ge- nois, sur la notice relative à un psautier manuscrit du jxme siecle, 180, 18 Vavez. — Commissaire pour une lettre du : Ms aa peintures, 507. tumayer. — Perturbations magnétiques observ Ministre de l'intérieur relative à ées à Melbourne en 1859 et 1860, 360. : Nive (11). — Élu correspondant de la classe des lettres , 496. 656 TABLE DES AUTEURS. Noël (Ch.). — Présentation d'un travail sur un nouveau systéme enregis- treur des observations de tous les instruments météorologiques, 557. Nolet de Brauwere van Stecland. — Commissaire pour deux mémoires de concours, 171; rapport sur ces mémoires, 476; hommage d'un ouvrage, 590. yst, — Commissaire pour une notice de M, Scohy, 558 ; rapport sur cette nelice, $ i Parent, — Dépôt d'observations botaniques faites à Herve , en 1859, 114. Plateau. — Lecture de son rapport sur une note de M, Montigny relative à la vitesse du bruit du tonnerre , 6, Poelman. — Hommage d'un ouvrage, 114. Polain, — Commissaire pour un mémoire de concours, 172; rapport sur ce mémoire, 495, Portaels. — Commissaire pour une lettre du Ministre de l'intérieur, relative à la restauration d'anciennes peintures, 347, Q. Quetelet (4d.). — Hommage d'ouvrages, 3,286, 459; lecture de son rap- port sur une notice de M. Montigny, relative á la vitesse du bruit du fon- rre, 6; occultation des pléiades, le 8 décembre 1859, 11 ; dépôt d'ob- doridi al et botaniques faites à Sai en 1859 et 1860, 115, 556, 404; note sur l'orage du 19 février 1860 , 263; commis- saire pour un raval de M. Noël, 358 ; commissaire pour une note de ‘M. Florimond, 558 ; annonce de di réunion du Congrés international de statistique á Land 459. Quetelet (Er.). — ovina de la lune et des étoiles de méme culmina- tion faites en 1859, 120 ; aurore boréale observée le 9 avril, et halo lunaire observé le 6 avril 1860, 455 3; éléments magnétiques du mois d'avril 1860, 455. R. Rigouts-} erbert. — Dépôt d'observations botaniques faites à Anvers, € 1859, 356. odigas. — Dépôt d’observations botaniques faites à Lierre , en 1860, 404. Roelandt. — Commissaire pour un travail de M. Holst, 594. S. Schaar. — Lecture d’un rapport sur la note de M, Gilbert, relative à quel- TABLE DES AUTEURS. 657 ques proprictés des lignes tracées sur une surface quelconque, 6 ; com- nis e de M. dass - 119, Sehlieper. — Recherches sur le groupe urique , 161. Sehepp. — Envoi de publications de l'Institut égyptien, 35 ohy. — Sur des ossements fossiles découverts à Lierre, le e nie 1860, 558, 456; rapports + MM. Nyst, De Koninck et Van Beneden sur-cette notice, 405, 411, E ~- (le o. — BRES pour l'envoi des publications acadé- *,: 285. le Eo nes sur une a musicale de M. Benoit intitulée : Pelile - Cantate de Noël, 10 Snellaert, — io pour trois mémoires de concours, 171, 172; -apports sur ces mémoires, 469 Société E E arts d’ pra. -— Envoi de son programme de concours Pour 1861, E Spohr, — loue qu sa mort par M. Fr. Fétis, 106, Stas. — Pr ote concernant des découyertes chimiques, 435. storks Eaton (Henri). — Demande de renseignements météorologiques E sur les tempêtes d'octobre et novembre 1859, 2; communication d'une + note sur les oscillations du baromètre, 234. — Remerciments pour son élection d'assacié , 555. qa — Élu ol pour 1861, 105; commissaire pour un trayail de olst, + H E. +A de Vasconcellos (le chevalier). — Hommage d'un ouvrage, 169. Theiner (le R. P.). — Élu associé de la classe des lettres, 496. Den. — La guerre et la philosophie de l'histoire, 183. mans. — Lecture de son rapport sur la note de M. Gilbert, relative à Quelques propriétés des lignes tracées sur une e quelconque, 6. vV. Fan Beneden. — Remercíments au directeur sortant, 6; présentation de deux mémoires manuscrits sur les Cétacés et sur les Turbellariés y 61 ; lec- Wre des rapports de MM. de ci dió” A d'Udekem su ces mé- moires, 119; sur 151; dal verbale sur un effet d’ hypnotisme observé chez un pa 284; commis- il une notice de M. Scohy, 558; rapport sur cetle notice, 415. Hoeven. — Hommage d'un ouvrage , 114. 65 TABLE DES AUTEURS. Vander Looy. — Découvertes géographiques faites en mer, 556. Fan Duyse. — Lauréat du concours quinquennal de littérature pré o lauréat du concours de la classe des lettres pour 1860, 476, 482 an Poucke. — Demande relative à Padoption d'un disain miia uni- fon 395. Vincent (père et fils). — Dépôt d'observations ornithologiques faites à Bruxelles , en 1859, 115 Vrolik (G.). — Annonce de sa mort, 114. wW. Wauters (Alph.). — Élu correspondant de la classe des lettres, 496. Wesmael (41f.). — Envoi d'observations botaniques faites à Vilvorde, en 1859, 5. Wilbert, — spa relative à la communication de documents académi- ques manuscrits, 590. Willich (Ch.). — aie d’un ouvrage, 262. Z. Zytphen (JF) — Présentation d’une notice avec plan d'un bateau sous- marin , 5; rapport de M. Liagre sur cette notice, 119, TABLE DES MATIERES. A. Arrélés royaux. — Approuvant Vélection de MM. Dewalque et d'Udekem comme membres, 2; nommant M. Gachard président de l’Académie pour 1860, 98; nommant les membres du jury chargé de décerner le prix de littérature flamande pour la 2° période quinquennale, 98; appliquant à un concours extraordinaire la somme de 5,000 francs provenant du prix quinquennal non décerné des sciences mathématiques , 114; accordant à M. Van Duyse le prix go de ica EEG 456; accordant au sieur Fabri, lauréat du grand concours de scul 1859, la pension de 2,500 francs, 589; chargeant l'Académie de Fr Fute d'une bio- graphie mationalo- € 26. Astronomie. — Occultation des pléiades, le 8 décembre 1859, nolice par M. Ad. Quetelet, 11; observations des passages de la lune et des étoiles de même culmination , faites en 1859, notice par M. Ern. Quetelet , 120; suite des observations sur la lumière pa sd faites, à Münster, du 20 décem- bre 1859 au 23 février 1860, par M. Heis, 359, na Si 4 B. ) ) M. Kervyn de e 306; lettre de M. Wilbert relativ: . Scrit de dom Biographie. — = de M. Eug. Bochart sur le lieu de naissance du musi- Gien Gossec , 221; notice sur Gérard Edelinck par M. Ed. Fétis, 223; rap- - Ports TPSA snr la Biographie nationale instituée par arrêté royal, liste des hommes m 286 ; envoi par le Ministre de l'intérieur- de la 2"* SÉRIE, TOME IX. 660 TABLE DES “MATIÈRES. célebres nés dans la province d'Anvers, 389; lettre ministérielle relative arrêté royal du 1° décembre 1845, 457; rapport présenté par M. le baron de Saint-Genois, sur les moyens de mettre à exécution l'arrêté royal du 1% décembre 1845, en ce qui concerne la publication d'une Bio- graphie nationale, 594. Botanique. — Recherches sur la genèse et les métamorphoses de la Peziza ~ sclerotiorum, Lib., par M- Eug. Coemans, 62; rapports de MM. Martens Kickx sur cette notice, 7, 8 Cc. Caisse centrale des artistes belges. — Situation au 1°" janvier 1860, 1065 lecture du rapport annuel o par M. Ed. Fétis, 222; situation de la caisse depuis son origine, 348. Chimie. — aa sur le groupe urique, par MM. A. Schlieper el À. sde: 161; ig dun billet constatant des découvertes nouvelles faites par M. úl pormidaiienas — à le programme d'un concours extraordinaire ouvert ans le domaine des sciences mathématiques, 114; pour la présentation de candidats aux places vacantes dans la classe des lettres, 172,287; pour Pexamen du meilleur mode de restauration des anciennes peintures, 347. Concours (grands). — Envoi du programme du grand concours de peinture par l’Académie des beaux-arts d'Anvers, 101. Concours. — Projet d'un concours pour l’histoire de la ville d'Y pres soumis à l'examen de l’Académie, 173; rapports de MM. Carton, le baron de Saint-Genois et De Smet sur ce basées 175, 179; programme de ce con- cours , 458. + E Concours de la classe des sciences. — Programme pour 1860 et 1861, Concours de la classe des lettres. — Présentation d’un travail sur la ques- tion de numismatique, 99; proposition de M. de Pouhon relative au con- cours sur le lieu de naissance de Charlemagne, 170; résultats du concours de 1859 et nomination de commissaires, 170; lecture du rapports sur Ce concours , 391 ; rapports de MM. de Witte, Chalon et le baron de Saint- Genois sur la question concernant les localités des dix-sept provinces des Pays-Bas où Fe a frappé monnaie, etc., 460, 465, 466; rapports M , De Decker et le baron de Gerlache sur la question rela- tive au poiciod He l'association , 467, 468, 469; rapports de MM. Snellaert, David et Nolet de Brauwere van Steeland sur l'éloge de Cats, 469, 475, z 476; rapports de MM. Snellaert , le baron de Saint-Genois et David surla * e TABLE DES MATIÈRES. 661 question relative aux chambres de rhétorique 476, 478, es deis de MM. Borgnet, Arendt et Polain sur la question concernant b des Carlovingiens, 482, 492, 495. E Concours de la classe pa al — Question pour le programme de 1861, D. Dons. — Hommage d'ouvrage par sir Charles Lyell, 2; par M. Ad. Quetelet, 3, 286, 459; par M. Mailly, 3, par M. de Ram, 99, 170; par M. Chalon, 99, 286 ; par M. Vander Hoeven, 114; par M. Poelman, gr par M. le chevalier Texeira de Vasconcellos, 169; par M. Willich, 262; par le major Henry James, 555; par M. Námias, 356; par M. 'Omalins, ar médailles par M Diiia: 357, 390; ouvrage par M. Nolet de Brauwere, 590; mé daille par le está ¡rosada du Hainaut, 394; ouvrage par M. F. Fétis, ibid.; photographie par M. Galimard, ¿bid. ; ouvrage par M. de Witte, 469. E. $ Élections. — M. Liagre, élu directeur de la classe des sciences pour 1861, 1,6; M Leclercq, réélu membre de la commission administrative pour 1861, 100; M. de Ram, élu er de la pot des te pour 1861, 100; M. Braemt, réélu membre de la 1860, 106; N. Suys, élu directeur de la classe des beaux-arts poùr 1861, 106; MM. Le- clercq, De Decker et le baron de Saint-Genois, élus membres de la com- mission chargée de la présentation des candidats aux places vacantes dans la classe des lettres, 172; MM. Guillaume, Nève, Wauters el Blommaert , élus correspondants, et äi. Lelewel, Le Bas et le R. P. Theiner, élus Associés de la classe des lettres, 496; élection des candidats pour le end chargé de décerner le prix du concours ouvert en l'honneur de de Van os G. Géographie. — Découvertes faites en mer et communiquées par M. A. Van- y, 556. s H ~ | à | Histoire, — Note de M. Th. Juste concernant un travail historique sur les i “omtes d'Egmont et de Hornes , 184; Renaissance de la ville de Gand, après 662 TABLE DES MATIÈRES. la retraite des pirates du Nord, notice par M. De Smet, 287; sur la cap- tivité de François Is" et le traité de Madrid , par M. Gachard , 498. M. Mathématiques pures et appliquées. — Note sur l'écoulement des eaux qui circulent à la surface de la terre, par M. Lamarle, 12; note sur quel- a propriétés des lignes tracées sur une surface pare h. Gilbert, 46 ; solution géométrique d'une série de pere relatifs à ir art des Sihing, par M. Lamarle, 127; suite et fin, 561 A: et physique du globe. — NES cd, un aérolithe trs RE par M. Haidinger, 2; note sur la vitesse du bruit du r M. Montigny, 56; météore per en Bohême, note par a e 115; bolide dti Louvain par M. Florimond, 115; sur la IPR iR de l'intensité ino du magnétisme terrestre, r M. Lamont, 116; orage du 19 février 1860, note de M. Ad. Quetelet , ae: ul rente recueil à Stavelot pendant ce même ones, par M. Dewalque, 274; idem, par M. _ Duprez, pour la ville de Gand, 275 les édifices contre les réviges de la foudre, par M. Ad. De Vi, 277 ; observations barométriques recueillies en mer et perra ae par e cil cd ai lettre de M. Neumayer sur d bourne en 1859, 360; note sur Pétat de l'atmosphère à Namur le 19 février 1860, par M. Maas, 404; nécessité d'une nouvelle conférence des nations pour étendre, sur le ob entier, le système des observations météorolo- + sa adopté pat, la mer, dans la conce de 1853, lettre de aury, 4 ar M. Duprez, q Musique. — Rapports de M. Fr. Fétis, Snel et Darp sur une enpe re de M. Benoît intitulée : Petite te de Noël, 102, 104, 105; lettre de M. Van Poucke sur naa aye diapason mo MPa 395; rapport fait par M. Fr. Fétis sur une demande ministérielle ERA au voyage d'un lauréat du grand concours de mu- e, 595. N. Nécrologie. — Annonce de la mort de M. Spohr, 106; annence de la mor de M. G. Vrolik, 114. A O O CUVE ARTE SA A E T TUE SENTE RE SE E O A 3 M. Thonissen , 185; statistique intellectuelle par ique. — Annonce de la réunion du cong à Lond res, par MM. Quetelet , 559. 255,348, FABLE DES MATIÈRES. 665 o. Ouvrages présentés. — 107, 257, 349, 596, 642. . P. Paléontolog Sur une découverte d'ossements fossiles, notice par AL Serby, 105, 436; noii - MM. Nyst, De Koninck et Van Beneden _ Sur cette noti , 405, 41 Peinture. = Lie Me relative à la restauration des anciennes peintures , 546; rapport de M. De Busscher sur cette communication , 590. Phénomènes s pér iodique s. — Dépôt d'observations faites, 5,114, 556, 404. rs, 4 nal de herida flamande pour 1860, 456. M. Ami ¡ Boué, 457. 1 da statist ique Ds morales et politiques. — La guerre et la phi M re. — Exécution du dé de M. Dewez, par M. Jehotte z. à en, 62; un 0ologie. — Présentation de deux mémoires par M. F Beneden, 62; Nouveau genre de crustacé lernéen , par le même, ERRATA. Page 3, ligne 5, ajoutez et ornithologiques. — 170, — 19, au lieu de : concours de 1859, lisez : concours de 1860. — W, — 16, — E. 14 N., — E. NE. Ton o — naturelles, — physiques. m. 38, — 1, — St-Nicolas , — Dierre. PUBLICATIONS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE res de l’Académie royale des sciences et belles- se de B: oi 0 I à XIX; in-4e. M s de PAcadémie royale des sciences, des lettres et des rea pe Belgique, > XX à XXXI; in-4e, — Prix : 8 franes ¿aa volume, à m r du ré agp par PA ue ba des seiences et Mie Pa Bruxelles, tome I à XV Mémoires couronnés et Mémoires des el EN étrangers, publiés a FAcadémie royale des sciences et des belles-lettres de Bruxel tome XVI à XVIH; in-4°. Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers, publiés par l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de on 9 ae. XIX à XXIX; in-e - — Prix : 8 franes par volume, Kt |” Mémoires couronnés et autres Mémoires, collection in-8°, tome I à X. — Prix 4 franes par volume. ; Annuaire de l'Académie, {re à 26m année. 1855-60; in-18. _ Bulletins de l'Académie royale des sciences et belles-lettres de ; in Bulletins de l'Académie ro le des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, rosé Nur à XXI. — 2e séri A IX; 4860; in-8e. Annexe aux Bulletin de 1854, 1 vol. in-8°. — Prix : 4 francs. Bibliographie ae peo u liste des ouvrages publiés par les membres, = rpm res dents. 1834; 4 vol. in-18. _ fables des Mémoires des es Mémoires couronnés o ; des savants étrangers ( Tee 1, ca Su-18; 1838... Fables. ales et analytiques du recueil a Bulletins de émie rc Me. des scienbe s, des lettres et. des beaux-arts de Bel- prenant tomes KI (1832-1806) 1 1858; HER ; Catalogue des livres de iothèque de l'Académie royale des sciences, des lettres et des eau art de Peiper. 10m0; A e. Commission pour dé publication des monuments de la